HISTOIRE

DU MARECHAL

DUC DE BOUILLON.

Ton trouve ce qui s'efl paffé de plus remarquable lous les Règnes de François IL Charles IX. Henry III Henry IV. la minorité & les premières années du Règne de touis XIII

Tome Troisième.

A AMSTERDAM , Chez le Sincère, à la Vérité

M. DCC. XXVI.

SOMMAIRE da feptiéme Livre.

LA Régente accorde au, Trime de Condé & atix Seigneurs de [on paru la tenue des Etats Gé- néraux' Elle met en même- temps une Armée fur fied* Elle envoie en Suif- fe le Colonel G allât i pour y faire une levée defx mille Hommes. On en- gage le Duc de Rohan Colonel Géné- ral des Suijfes k fe défaire de cette charge > Bajfompierre l'achette du confentemeut de la Régente. Le Prin- ce de Condé par ïentremtfc du Duc de Bouillon tâche k engager le parti Calvinifte k fe déclarer pour lui . L a Régente rompt fes mefures en propo- fant un accommodement. Le Prince de Condé le refufe > mais le Duc de Bouillon lui perjuade de l'accepter. Ses raijons pour cela. L'arrivée des ftx mille Suijfes levez, par Gallatt avance fort le Traité de Faix. On la traite a Soijfons. Apres ^len des dijficulte^ elle eji conclue a Sainte

ai;

Sommaire. Menehould. A quelles conàitions. Le Prmce de Co^dé dr les Seigneurs de fon paru reviennent k la Cour, ils accompagnent le Roy au Parle- ment ok il efi déclaré Majeur. Les Etats Généraux fe tiennent a Paris: la divifion s'y met , ^ les rend inu- tiles : ils font congédiez, fans avoir rien obtefm pour la reformation de l'Etat. La Reine reprend fa première autorité. Nouveaux mecontentemens du Prmce de Condé , des Grands d* du Duc de Bouillon en particulier, Jl forme un nouveau parti contre la Reine , plus redoutable que le pre- -mitr. Il gagne les Députez des Cal- vinifles & tout le parti par leur moten- Il entreprend d'y faire entrer le Parlement de Paris '> fes intrigues & fes négociations pour y réufjir. Il vient k bout de commiettre le Par- lement avec la Cour. Récit de ce grand différend. La part quy eut le Duc de Boiiillon. Le Parlement fait des rem'ontrances,mais jans effet. Le Duc de Bouillon engage le Prince de Condé a s opposer en plein Confeil

Sommaire. au àejfcin de la Reine , de mener le Royjur la Frontière d'EJfagne tour y consommer Vajfaire du d^ouble Ma- riage. Raifons de fon oppojiùon. La Reine ny a aucun égard , & nen fycffe que plus 'vivement le départ du Roy> Le Prince de Condé mé- co}îtent à' résolu de s y oppofer , quitte la Cour avec tous les Seigneurs de fon parti. Ecrits de part & d'au- tre. La Reine tente inutilement de faire revenir a la Cour le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti. Divcrfes négociations À cette occa- fonr y mais Jans fruit. La Reine levé deux Jrmées '> elle donne le comman- dement de la première au Maréchal de Bois-Dauphin , c^ celui de la fé- conde au Duc de Guije. Elle fait donner au Roy plufieurs Déclarations tres-fortes contre le Prince de Condé &fes /Jdherans.Elle part avec le Roy pour la Guyenne. Le Prince de Condé levé une Armée. La Cour arrive a Poitiers. Le Prince de Condé & fes Adherans y font déclarez, Rebeles & Criminels de k;:,C'Majefé. Malgré

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. s O M M A ï B. E.

tout le créait au- Bue de Botdllon t la Déclaration ejl: vérifiée & enre- gijlrce au Parlement de Paris. Le Prince y répond fortement par un Manifejle adrejfe a tous les Etats dté Royaume^ Le commandement de l Ar- mée du Prince de Cvndé ejl donné att Duc de Bouillon. L' A ff emblée géné- rale des Calvinifiesje tient a Greno- ble avec la permi[Jlon du Roy. Le Duc de Bouillon entreprend de la faire déclarer pour le Prince de C on- de. Les Ducs de Rohan & de Sully, du Pleffis - Mornay & plufieurs au- tres gagnez, par la Cour s'y oppo- fent. Maigre toutes ces oppcfitions , le Duc de BoïttHon engage tout le parti Cahinijle kfe déclarer pour le Prince de Condé. Mot en s qu'il em- ploie pour en njenirk bout. Dans la 'Vue de rendre les Calvinifles irré- conciliables avec la Cour > il porte t A ff emblée de Grenoble hfe tranf- ferer k Nîmes defon autorité privée , Cr fans la permijjion du Roy. Lefdi- guieres Gouverneur duDauphiné s'y oppofe en vain^ La Cour ejt étonnes

s O M M A I R î,

de cet attentat k l^ autorité Sauverai" ne dont il ny av oh point d'exemple s mais comme le Duc de Bouillon l'a- njoit prévu , elle efi obligée de dijji- muler. Le Duc de Rohan efi contraint de prendre les Armes en faveur de Jon Ennemi. Le Comte de Saint Toi en Guyenne , dr le Comte de Candale en Saintonge fe déclarent pour le F rince de Condé. Elifabeth de Fran- ce efi attaquée de la petite vérole a Poitiers '> ce qui retarde de deux mois fo?i départ pour la frontière d'Efiagne. Ce contre -temps emba- rajjefort la Reine. Le Duc de Boùil^ Ion en profite pour ajfembler l'Armée du Vnnce de Condé. Cette Armée s'ajfemble k Noyon. Le Duc de Bouil- lon qui avoit plu fleurs rivières k pajfer , marche vers Taris. Grande confiernation des Varifiens qui a- handonnent Us Fauxbourgs pourfe jetter dans la Ville. Bois-Dauphin campé avec l'Armée du Roy k Dam- fnartin , tient ferme dans ce pofie. Cela donne lieu au Duc de Bouillork de tourner hrufquement du coté de

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Sommaire. château - Thierry > il l'attaque , le vrenà , cir y pafj^e la Marne avant que JBois'Vaufhm fut le joindre- il . donne le change k Bois-Dauphin. Il fait jemhiaiit de marcher k Reims ^ à' "ja promptement pajfer la Seine au gué de Mérj > & marche vers la Lotre. Bois-Dauphin avecï Armée dtt Roy fort fupérieure le fuit -, ^ le joint k Bony. Le Duc de Bouillon s y retranche fi-bien i que Bois-Dau- fhm defejpere de l'y pouvoir forcer , é' s'éloigne de la Loire. Le Duc de Bo'ùi/Ionpaffe la Loire fans perdre un féal homme -, entre dans le Berry « marche vers le Poitou » oh Rohan à* Soubife ajfembloientdes Troupes pour le joindre Les Comtes de Saint Pol dr de Candale s accommodent avec la Cour i ce qui retarde l'exécution des dejfeins du Duc de Bouillon. La Reine en profite. Le Duc de Guife k la tète d'une petite Armée conduit la Rrincejfe Elifaheth jufques k la Frontière d'EJpagne. Il y reçoit l'in- fante A?me d'Autriche. Il la mené À Bûurdeaux ou le Roy i'époufc»

Sommaire. V Armée du Duc de Boïiillon gro/Jlf par la jonUion des Trouves Calvi- niftes. Grandes difficultés, four le retour du Roy à Paris. Elles portent la Reine a penferferieujement À la Paix. Elle s'adrejfe pour cela aux Ducs de Bouillon & de Mayenne qui étoient les Principaux Seigneurs du parti du Prince. Le Duc de Bouil- lon y entend d^ autant plus 'volontiers^ qutl nétoit plus po\jlhU di^ empêcher le double Mariage. Raisons du Duc de Boïir'.llon pour faire la Paix. Il y fait conjcntir le Prince de CondJ é^ les autres Seigneurs de fon parti. Vues du Duc de Boïtillon en traitant de la Paix. On accorde de part é* d'autre une jujpcnfion d'Armes. Le Roy c^ les deux Reines Je rendent k Poitiers. Loudun eji nommé pour y traiter de la Paix. L'Affemhlée de Nîmes ejl transférée k la Rochelle de ï autorité du Roy. Intrigues de part à" d' autre k ïoccafion du Trai- té. Le Prince de Condé tombe dan- gereufement malade, il guérit & figne la Paix- Ses conditions. Corh

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Sommaire. duite dti Duc de Boiïtllon a l'égard des Calvmtfies. Le Prince de Condé far la Patx efi déclaré ChefdU' Con- feilduSoj. La Cour retourne a Fa" ris. Le Prince de Condé & les Sei- gneurs de jon farti s y rendent aujjî> Démêlés du Duc de Longueville avec le Maréchal d'Ancre terminez^ h la fatts faction du premier. Les Sei- gneurs du farti du Prince de Condé & plujïeurs autres mécontcns dtt Maréchal d^ Ancre conjpirent Ja per- te. Divers moiens propofez, pour s en défaire. Le Prince de Condé ï aban- donne & favorise les de (feins formez, contre lui. Aff emblée s termes pour fe défaire du Maréchal d' jlncre. Le Prince de Condé y affljle. Il y pro- poje d'éloigner la Reine Mère dit Gouvernement^ & defe rendre Maî- tre des affaires. Ce dcffein nefl pas approuvé. Le Prince en efi choqué , & fait avertir le Maréchal d'Ancre de fe tenir fur fe s gardes. La Reine Mère efi avertie de ce quil avoit proposé contre- elle. Elle U fait arrê- ter & co'cdutre k la Baftillç.

HISTOIRE

DE HENRY

DE LA TOUR

D'AUVERGNE,

DUC DE BOUILLON.

LJFRE SEPTJE'ME.

E N D A N T que le Duc de Bouillon fe donnoit tous les mouvemens dont on vient de parler pour fortifier le parti des Seigneurs Mécontens j la Régente ne fe fioit pas tellenient à la voie de la négociation qui avoit été réfoluc dans le Confeil , qu'elle ne pensât encore à mettre une Armée fur pied , pour s'en fervir au beioin , files mécontens refufoient l'accom- modement qu'elle étoit réfolue de leur propofer. Dans c cte vue elle jetta les yeux fur le Colonel Gallati Tom, m. A

2 Histoire ce Henry

pour Tenvoier en Suiire y. lever fix mille Hommes de fa Nation. Ce def^ fein n'étoit pas Cans difficulté. Le Duc de Rohan Colonel Général des Suillès étoit lulped à la Régente ; elle n'o- Ibit pas lui confier un corps de Trou- pes qui devoi,t faire la principale for- ce de l'Armée du Roy. Pour lever cet- Memoi- te difficulté , elle lui fit propofer de "'^ '^^ fe défaire de fa Chargée dont on le pierre, rccompenleroit en argent. Rohan qui ne penfoit qu'à fe faire Chef de ceux de fa Religion , ne s'accom- modoit pas d'une Charge qui l'atta- choit à la Cour & à la perfonne du Roy. Il écouta les propolîtions de la Régente. Le marché fut bien -toc conclu. Cent mille écus que Balfoni- pierre avança de fes deniers , & la Faveur de la Régente le mirent en poiïeflion de cette belle Charge , du confentement des Suilîès que Galla- li eut l'adrefTe &c le crédit de lui mé- nager. Elle lui fervit depuis de degré pour parvenir à la dignité de Maré- chal de France , qu'il mérita d'ailleurs par fes fervices & par la confiante fi- délité pour le Roy dans un temps l'on ne faifoit pas de fcrupule de man- quer à une obligation fi elTentielle. Pendant que le Colonel Gallati me-

Duc DE Bouillon. Liv. VU. j na^eoit en Saille la levée des lix mille Hoiiimes j le Prélîdent de Thon fut envoie par le Régente pour propo/cr un accomniodement au Prince cic Condé &z aux Seigneurs de Ton parti. L'arrivée de ce Magiftrat les furprir. Ils étoient au plus fort de leur négo- ciation avec le parti Calvinifte ; ils n'en faifoient plus demyftere, par- ce que foit qu'elle réuffit ou qu'elle ne réuffit pas , elle ne pouvoit que fervir à leur donner de la conlidera- tion à la Cour , & à leur procurer un accommodement plus avantageux. C'avoit été la vue du Duc de Boiiil- lon. Il s'étoit apperçû d'abord que ie peu de confiance qu'avoient les Proteftans au Prince de Condé , ôc le relîentiment qu'ils avoient de ce qu'il avoit quitté leur Religion pour fe fai- re Catholique , ne leur permettroient pas ni de fe fier à lui , ni de fe dé- clarer en fa faveur. Mais comme le bruit d'un Traité faifoit à peu près le même efFet que la réalité même , il n'avoit pas lailfé de periuadcr au Prin- ce de Condé d'envoïer Defmarais Lieutenant de fcs Gardes , à Saint Jean d'Angely Se à Saumur, pour trai- ter avec Te Duc de Rohan & avec

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4 Histoire de Henry

du Pleiïis-Mornay. L'on attendoit fon retour lorfque le Prefident de Thou arriva de la part de la Régente. Le Prince deCondc qui comptoit fur le fuccès de fon Traité avec les Cal- viniftes , Se qui fe croïoit à la veille de fe voir à la tête d'un parti qui le mettroit en état de donner la Loy à la Cour, étoit d'avis de porter fi haut fes prétentions , que la Régente per- dît l'efperance de finir cette affaire. par un accommodement. Mais le Duc de Boiiiilon qui étoit mieux in^- formé que lui des difpofitisns des Cal- viniftes, fut d'un autie fentiment. Il foutint dans le Confeil qui fut tenu à cette occafion , qu'il ne faloit ni con- clure, ni rompre l'accommodement, avant que l'on eût fçû précisément le parti que prendroient les Calviniflies fur les propofitionsqueDefmarais étoit chargé de leur faire. Tout le monde approuva cet avis. Ainfi tout ce que le Préfident de Thou put obtenir , fut que l'on fe rendroit de part & d'autre à Soilfons , & que la Régente y en- Yoïeroit fes Commififàires avec un plein pouvoir de traiter. Cet expé- dient fufpendoit toutes chofcs ; l'on gagnoit du temps , &c l'on nQïi étoi*

Dire DE Bouillon. Liv« VIÎ. f pas moins en état d'accepter ou de refufer raccommodement.

Le Duc de BoUillon penchoit à l'ac- cepter. Deux motifs l'y portoient j Tan qu'il étoit perfuadé qu'on ne pou- voir pas compter fur le fecoursdesCal- viniftesj ou que quand même on l'ob- tiendroit , il arriveroit fi tard , que la Cour auroit le temps de les opprimer, ou que le Prince de Condé qui en étoit vivement follicité , feroit fon accommodement particulier , & que les Seigneurs Mécontens feroient contraints d'en palfer par il plai- roit à la Régente. Un autre motif ne lui paroiffoit pas moins preiîant. C'eft qu'il ne convenoit point d'être armé pendant la tenue des Etats Généraux. Il prévoïoit que la Reine ne manque- roit pas d'y faire valoir les démarches qu'elle auroïc faites pour amener les chofes à un accommodement raifon- nable j que le refus qu'ils en auroient fait,& le renouvellement desGuerres- civiles qui s'en feroit enfuivi , fuffi- roient pour les rendre odieux à toute laNatioiv, & pour les faire déclarer Perturbateurs du repos public; qu'ain- fi les Etats dont l'on n'avoit demandé la convocation que pour abailfer Tau-

6 Histoire de Hènr? toi-ité de la Régente ôc des Minières , ne ferviroient qu'à TafFermir & à raugmencer.

Ces condderations parurent for- tes au Duc de BoUilion , qu'il réloluc de porter le Prince de Condé & les Seigneurs Mccontens à un accommo- dément. Le retour de l'Envoie du Prince de Condé au Duc de Rohan ne lui fit pas changer de réfolution, quoiqu'il fût revenu accompagné d'une perfonne de confiance de ce Duc , envolée exprès pour traiter des conditions auiquelles les Calviniftcs fe déclareroient pour le parti des Mécontcns. Le Duc de Rohan fe fai- foit fort de les y porter j il n'eft pas bien certain qu'il en fût venu à bout s'il l'eût entrepris. Le Prince de Con- dé étoit alors à Sainte Menehould , . Place du Gouvernement du Duc de résidu" Nevers qui s'en étoit faifi j il y tint Duc deConfeil fur les propolîtions que le Liv.^w" ^^^ ^^ Rohan faifoit faire par fon Envoie. Le Duc de BoUilion y opina conformément aux vues que l'on vient de rapporter. Son fentiment fut fuivi. On tint la délibération fecrette , & l'on congédia l'Envoie du Duc de Rohân avec de bonnes paroles j mais

Doc DE BoiîîLtON. Liv* VIT. 7 l'accommodement qui fat conclu quelque temps après , en empêcha l'efFet.

Le Duc de Bouillon tira un double avantage de cette négociation. Elle augmenta les mauvaifes diipofitions de la Régente pour le Duc de Rohan ; elle détermina cette Princeire à con- clure au plutôt l'accommodement a- ^^"^' vec les Mécontens. En effet le Duc de Bouillon aïant fait courir le bruit que le Duc de Rohan avoit ofFert an Pnnce de Condé huit mille Hommes de pied , & deux mille Chevaux ^ la Régente effraiée nomma le Duc de Ventadour , les Prélîdens de Thou &z Jeannin , BoinTile &c Bulion Confeil- 1ers d'Etat pour aller à Soillons trai- ter l'accommodement avec le Prince de Condé &c les Seigneurs de foii parti.

Le quatorze Avril , les Conferen- ^,_^^ ces commencèrent dans le Château ,^14 de SoifTons. Le Prince de Condé & les Seigneurs Mécontens demandè- rent d'abord trois choies j que les Etats Généraux fuilènt convoquez au plutôt ; que le double Mariage fût différé jufques après la tenue des £tats ; qu'on defarmàt de part Ôc d'au-

8 Histoire de Henry tre. La convocation des Etats fut accordée fans difficulté ; la Régente i'avoit promife dans fa réponie au Manifefte du Prince de Condé. Il y eut de la conteftation fur le fécond article. Les Seigneurs Mécontens de- mandoient la furfeance du double Mariage jiifques à la fin des Etats j les Commilîàires avoient ordre de ne l'accorder que jufques à la Majorité du Roy^ On Convint cependant fur cet article , par ce que les CommiL faires firent remarquer qu'il ne s'a- gifloit que de donner les apparences à la Reine , qui ne voulait pas qu'il jparût qu'on lui eût donné la Loy filr tous les articles propofez ; mais qu'en efFet le Prince Scies Seigneurs avoient tout ce qu'ils prétendoient , puifque ou les Etats leroient allèmblez avant la Majorité du Roy , ou que fi la Majorité les précedoit , le Roy ne partiroit pas pour aller recevoir Tln- fente fur les Frontières d'Efpagne , comme l'on en étoit convenu , ou dans le temps que les Etats s'aifem- bleroient j ou pendant qu'ils feroient alTemblez ; qu'ainfi on pouvoic alfu- rer que le Mariage feroit en effet dif- féré jufques après la conclufion des

Duc DE Bouillon, tiv. VIÎ. ^ Etats j mais que la Reine pour fau- ver les dehors de fon autorité , ne vouloir pas que cela fût exprimé dans m\ Traité. Pour ce qui eft du troiiîé- me article , il fut accordé qu'on dé- farmeroit de part &: d'autre , des que le Traité feroit fîgné.

Ce que le Prince de Condé &c les Seigneurs de Ton. parti propoferent enfuite pour leurs interêtsparticuliers, donna lieu à de grandes conteftations. Il falut envoïer des Couriers à la Cour ; & comme il naiiToit tous les jours de nouvelles diificultez , les CommilTaires avoient de temps en temps befoin de nouvelles inftruc- tions. Cela donna le temps à TAr- mée du Roy de fe renforcer coniidé- rablement. Gallati amena les iix mil- le SuilTes qu'il avoit eu ordre de le- ver. Balfompierre leur nouveau Co- Merr.oU lonel Général alla les recevoir à f" /•* Troyes en Champagne j de-là il les pienv. conduifit à Vitry du Plefïîs-Prâ- linalTembloit rÀrmée du Roy. Ces mouvemens donnèrent de l'ombrage au Prince de Condé. Quoique le Duc de Bouillon lui pût dire pour le ralKt- rer , il fortit promptement de SoilTons après avoir écrit à la Régente , qu il

ïo Histoire de Henry y laiiïbit les Ducs de Boiiillon & de Mayenne avec plein pouvoir de con- clure le Traite. Il marcha enfuite vers Vitry avec Ton Armée dans le delfein de le furprendre j mais les Troupes du Roy le prévinrent ; ce qui Tobligca de fe retirer à Sainte Menehould , il fe crut plus en fureté qu'à Soilfons.

Quoique Tonfouhaitât de part & d'antre la conclufîon du Traité, il ne laiffoit pas de tirer en longueur ; peut- être même que la Régente choquée des demandes que le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti lui fai- foient , l'eût rompu , & qu'elle fe fût déterminée à la Guerre. Les Ducs de Guife, d'Epernon , de Bellegarde , le Cardinal de Joyeufe &: Villeroy la , lui confeilloient ; mais le Parlement, meZorie ^^ ViUe dc PaHs , & les Députez Gé- rjcond.'enérauxâes Eglifes Calviniftes deman- i^m. s-derent la Paix avec tant d'inftance , que la Régente fe crut obligée d'en- voïer Vignier au Prince de Condé qui étoit toujours à Sainte Menehould. r«'Te1 ^^ nouvel Agent avoit ordre d'ob- Regencc ^cnir de lui , que les Ducs de Mayen- j! tîfi':' "f ^ "^^ Bouillon conclulfent le Trai- té avec les GommilTaires du Roy qui

«le Médi- cis

Dire DE ÈouiiiON. L IV. VII. n étoient reftez à Soiirons. Le Prince à qui on avoir infpiré de la défiance du Duc de Bouillon , & qui ne fe rap- portoit de Tes intérêts qu'à lui-même , répondit que les affaires fe termine- roient plus facilement , Sa Majefté agréoit que le Duc de Ventadour &c fes Collègues s'avançalfent jufques à Sainte Menehould pour traiter avec lui même.

Sur cette réponfe la Régente fît expédier à fes Députez une Commif- fion exprcffe d'aller terminer à Sainte Menehould la négociation commen- cée à Soilfons. Ce fut-là que le Trai- té fut conclu & figné. Par cet accom- modement le Gouvernement d'Am- boife fut donné au Prince de Condé pour lui tenir lieu de celui du Châ- Menoi. tcau-Trompete qu'il ne put jamais ^^ ''" obtenir. Le Duc deNevers eut Sainte Rihi,], Menehould , ielon des Mémoires du^^- '• temps , quoiqu'il n'en foit point parlé dans le Traité j on lui donna encore de l'argent pour le dédommager de fa Mailon qui avoir été abatue , à caufe des Fortifications faites à Mé- zieres. Le Duc de Vendôme ( qui s'é- toit fauve de fa prifon du Louvre huit jours aprc.s fa détention dont on

îz Histoire de Henry a parlé ) fut rétabli dans fon Gouver- nement de Bretagne & dans toutes fes Charges. Les Ducs de Mayenne &: de Longueville furent encore mieux traitez. Pour ce qui eft du Duc de Bouillon , comme de l'argent conve- noit mieux à Tétat de fes affaires , que toute autre chofe , le Duc de Rohan affure dans fes Mémoires , qu'il eut i ibid. ijg^ d'être content. Le Traité fut exécuté de part & d'autre avec beau- coup de pondtualiîé. Le Pnnce de Condé 6c les Seigneurs de fon parti revinrent à la Cour j ils accompagnè- rent le Roy au Parlement , le pre- i-'an mier jour d'Oélobre il le fît déclarer Majeur. Alors tout étant en Paix, chacun ne penfa plus qu'à faire dé- puter aux Etats Généraux des perion- nes fur lefquelles on pût compter.

La Cour fe donna fur cela de grands mouvemens. Le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti ne s'en don- nèrent pas de moindres. Ils n'avoient pas perdu de vue le delfein d'abailfer l'autorité de la Régente & celle des Miniftres. C'eft dans cette vue qu'ils avoient demandé avec tant d'inllan- ces la tenue des Etats Généraux. On ne racontera point ce qui fc

1614.

Duc Di Bouillon. Liv. VII. ij

palla dans cette Airemblée ; le détail reroit trop- long , & même inutile , puifqu'elle ne produifit rien moins que ce qu'on s'en étoit promis. On fe contentera de dire qu'après avoir été convoquée à Sens pour le zj. d'Août , elle fut transférée à Paris , les Etats furent ouverts fur la fin d'Oétobre. Le Prince de Condé ÔC le Duc de Bouillon travaillèrent en- vain à leur infpirer ce qu'ils croïoient convenir au bien de l'Etat. La divi- fion qui s'y mit d'abord ne leur per- mit pas d'en rien efperer de bon, Ainfi après qu'on y eut fait quanti-, d'excellentes propofitions qui n'eu- rent aucun fuccès , ils fe féparerent le 23. de Février de l'année 161^. avant même que le Roy eût répondu le cahier qu'ils lui avoient prefenté. Dès que les Etats eurent été con- gédiez j la Reine qui ne portoit plus le nom de Régente depuis la Majo- rité du Roy , les Miniftres ôc géné- ralement tous ceux qui étoient de la confidence de Marie de Médicis , re- prirent leur première autorité. De- puis le Traité de Sainte Menehould , avant la tenue des Etats , & pendant qu'ils avoient été alTemblez , iacraia-

L'aa

i^. Histoire de Henry te de ce qu'ils pouvoient entrepren- dre à fon préjudice , Tavoit obligée à garder de grands ménagemens avec le Prince de Condé , & les Seigneurs qui s'étoient déclarez pour lui. On les coniultoit fur toutes chofes , & l'on ne difpofoit de rien fans leur participation. Mais des qu'elle fe vit affranchie de la contrainte cette Aujmblée la tenoit , elle reprit fa première indépendance avec d'autant plus de hauteur que le Roy lors de fa Majorité l'avoit priée en plein Par- lement , de continuer à donner fes foins au Gouvernement de l'Etat , ÔC que d'ailleurs il lui étoit bien plus aisé de faire approuver fa conduite à un jeune Roy dont elle étoit )a Mère , qu'à des Princes ôc à des Seigneurs dont les vues étoient bien fouvent fort différentes des fiennes.

Ce changement de conduite déplut infiniment au Prince de Condé & au Duc de Bouillon. Il avoir repris tout l'afcendant qu'il avoit eu autrefois fur l'efprit du Prince, malgré toutes les défiances qu'on avoit tâché de lui infpirer , & dans lefquelles il n'avoit pu fe défendre de donner. Le Prmce ne pouvoit fe confoler d'avoir laifle

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 15 prendre à la Reine raucorité abrolue qu'en qualité de premier Prince du Sang , il croïoic devoir du moins par- tager avec elle. Le Duc de BoUillon ne pouvoic foufFrir le j. ' de recon- noUfance de la Reine pou. les fervi- ccs qu'il lui avoit rendus, h étoit fur- tout choqué de ce qu'elle ne s'étoit pas contentée de lui manquer de pa- role pour le Gouvernement de Poitou, mais de ce qu'elle en avoit promis la furvivance au Duc de Rohan , à la foUicitation de Ton beau-pere le Duc de Sully. Cette préférence lui parut tout-à-fait injurieufe , & il la rellen- tit d'autant plus vivement qu'une ja- ioulie fecrette lui faifoit regarder le Duc de Rohan , comme un des Hom- mes du monde qu'il eût le moins fouhaité qu'on lui eût préféré. Ils prétendoient tous deux à la fuperiori- dans le parti Calvinifte. Un Gou- vernement de l'importance de celui de Poitou ne pouvoit qu'augmenter extrêmement la conlideration que le Duc de Rohan y avoit acquifc. D'ail- leurs , comme il fentoit toute la capa- cité qu'il avoit pour le Gouverne- ment, & que les preuves qu'il en avoit données ne permettoient pas qu'on l'ignorâc , il ne pouvoit voir fans

i6 Histoire de Henry chagrin qu'on lui préférât des Minif- tres qu'il prétendoic lui être Ci infé- rieurs en toutes chofes -, qu'ils difpo- falfent des Charges &c des Emplois ; & qu'on ne le confultât que pour la forme , ôc pour faire le plus louvent tout le contraire des confeils qu'il avoit donnez. La fortune fubite &c furprenante du Maréchal d'Ancre avec qui il s'étoit broUillé, les Gou- vernemens qui lui étoient prodiguez , fes immenfes richelfes , & fur- tout fa hauteur ôc fon infolence augmen- toient fon indignation,8(:lui rendoienc encore le Gouvernement de la Reine plus méprifable & plus odieux.

On ajoutera à ces fentimens qui le regardoient perfonnellement , qu'il foufïroit avec peine , qu'on abandon- nât les maximes du Gouvernement qu'on avoit fuivi jufques alors ; qu'on négligeât les anciennes alliances pour s'attacher à l'Efpagne dont il étoit perfuadé que la grandeur devoir tou- jours être fufpeéie à la France. Le double mariage n'avoit jamais été de fon goût. Il n'avoit paru le favorifer que parce qu'il s'y fût inutilement opposé , & l'intérêt du parti Calvi- nifte j celui des Provinces unies , des

Princes

Duc DE Bouillon. Liv. VU. 17 Princes Proteftans d'Allemagne , des Princes d'Orange ôc de TEledeur Pa- latin les beau- frères , non feulement ne lui permcttoient pas de l'approu- ver lincerement , mais ne pouv oient que lui infpirer une envie fecretce d'en empêcher l'exécution.

Cependant quelque intérêt qu'euf- fent les Grands du Royaume 5c les hauts Officiers de la Couronne à s'op- pofer à ce qui peut nuire au bien de l'Etat &c en altérer la conftitution, il n'y avoit proprement que le Prince de Condé en qualité de Premier Prin- ce du Sang qui fût en droit de s'op- pofer au double Mariage , 6c à tout ce que la Reine pouvoit entrependre contre les maximes du Gouverne- ment fur Jefquelles on s'étoit réglé depuis pluficurs fiecles. De plus pour former un parti qui pût être de quel- que utilité &c qui pût engager les Grands 6c le peuple à le favorifer, il faloit un nom aufïï refpedable que celui de premier Prince du Sang.

Le Duc de Bouillon fçavoit que la plupart des Grands écoient mécontens de la Cour j les uns pour des oflfen- ccs reçues ^ d'antres pour des intérêts aufqucls elle avoit eu peu d'égard j Tom. III. B

iS Histoire de Henry d'autres enfin par l'envie qu'ils por- toienc au Maréchal d'Ancre. Car quoique ce vice foie le plus lâche , éc parconféquent le plus indigne de ceux qui le piquent de quelque gé- nérolité, il ne laifïè pas d'être très- crdinaire à la Cour 5 peu de ^ens s'en défendent : il eft louvent la caufe des plus grandes révolutions. Le Duc de BoUillon içavoit encore que les Provinces étoient remplies de gens mal-iatisfoics du Gouvernement. Ce- toit le fiuit du peu d égard qu'on avoit eu aux remontrances des Etats Généraux , &c du peu de ratisfa6tion Meroo! que la Cour leur avoit donné. Pour ùu çQ q^i Q^ ^Q p^i-is , le Duc de Boiiil-

Duc de , i ,. j 1 r n- - i

Rohm . Ion n ignoroit pas qu li lumloit de le Liv. I- déclarer l'ennemi du Maréchal d'An- cre qui y étoit univerfellement haï, pour être favorifé du peuple ôc du Parlement.

Toutes ces confîderations portè- rent le Duc de Bouillon à prendre de ' nouveaux engagemens avec le Prince de Condé , & à former un nouveau parti fous Ion nom plus redoutable que celui à qui l'on avoit été obligé d'accorder la convocation des Etats Généraux. Le Priiice y avoit toutes les

Duc DE Bouillon'. Liv. VÎT. i^ ^ilpcficions que ces mécontentemens particuliers pouvoient lui inlpircr , mais il lui faloit un homme du ca- radlere du Duc de Boliillon , profond, adroit, mfmuant , égalemenc habile pour la Guerre &c pour le Confeil , en un mot capable de former un grand delfein ôc plus capable encore de réxécuter. Jamais toutes ces qua- litez ne parurent plus que dans l'exé- cution du projet qu'on va raconter.

La première démarche que fit le Duc de BoUillon pour former un nou- veau parti , fut d'engager /î-bien le Prince de Condé , qu'il ne s'en pût plus dédire. Loriqu'ii s'en vit alîliré , il gagna les Seigneurs mécontens, Mémoî- ôc Edmond Ambaffadeur d'An2;!eter- ^'^Tn re qui porta le Roy Ion Maître a fa- ibid. vorifer Tes delTeins. Enfuite il s'aiïura de Rouvray député Général des Eçli- fes Calvimftes , de Defbordes-Miran- de , & de BerteviUe Députez a l'Af- femblée générale des Pnétendus Ré- formez qui alloit fe tenir a Grenoble. Il les engagea à porter le parti Cal- vinifte afe déclarer pour le Prince de Condé ; & afin qu'ils le filfent plus efficacemicnt, il fit efpercr au prenner s'il y réufElfoit , l'Ambaflade aux Pio-

Bij

±o Histoire de Henry vinces unies ; il promit au fécond , une charge de Confeiller en la Cham- bre de l'Èdit , & au troifiéme , la Dé- puration générale : puifïàns motifs de perfualîon , &c qui eurent aufîi l'efFet qu'il s'en étoit promis. Ces mefures prifes , il envoïa des perfonnes affi- dées dans les Provinces , pour pro- fiter du mécontentement général dont on a parlé.

Il etoit difficile d'engager tant de gens de earafteres fi oppofez , ôc d'in- térêts fi difîcrens à s'unir & à con- courir tous à la même fin. Le Duc de Bouillon ne lailTa pas d'y réufîir , ïhk\. Se il le fit avec tant d'art ôc d'une manière fi imperceptible, que le Duc de Rohan avoue que ceux même qui avoient réfolu de ne fe point mêler des aflTaires du Prince de Condé , fe trouvèrent infenfiblcment de la par- tie. Le Duc de Bouillon n'^n demeu- ra pas- ; il entreprit de faire décla- rer le Parlement de Paris en faveur du Prince de Condé. Pour en venir à bout , il prelTentit d'abord Ci les Chefs de cette Compagnie feroient d'hu- meur à favorifer le Prince en cas qu'il fît quelque démarche d'éclat contre la Cour. Cet expédient ne lui

Duc DE Bouillon. Liv. VII. u

aïant pas réuflî , il crut que fes nie- fures feroient plus juftes s'il engageoic le Parlement à fe déclarer le premier, & s'il le métcoic par-là dans la nécei^ flté de recourir au Prince Se aux Seigneurs de Ton parti , afin qu'ils appuïairent de leur nom & de leur autorité ce qu'il auroit commencé.

C'étoit ce femble , prendre 1 affai- re par le biais le plus difîicile ; mais il n'en eft point qui ne réufîiire quand on prend les gens par leur foible , & qu'on fçait remuer à propos certai- nes dirpo(itions fecretes dont perfon- ne n'eft exempt , & dont les Compa- gnies font d'ordinaire plus fufcepti- bles que les particuliers. Voila donc le Duc de Bouillon en commerce avec les Gens de Robe. Il fçavoit qu'ils croient très-mécontens du peu d'é- gard que la Cour avoir eu aux remon- trances du tiers-Etat pendant la tenue des Etats Généraux. Il profite de ce mécontentement j il entretient les uns des ateintes que la Cour avoit elle- même données à l'autorité du Roy pour établir de plus en plus celle de la Cour de Rome j il parle aux au- tres de l'audience favorable accordée au Clergé 6c à la Nobleife , au pré-

Biij

21 HiSTOIRI DE HeHRY

judice du tiers-Etat , lorfque ces deux ordres avoient demandé la ré- ception du Concile de Trente. Il exa- gère la diminution de la jurifdicflion des Magiftrats Civils , au regard des affaires Eccleiîaftiques. Il fait voir les conséquences de la réfolution fugge- rée aux Etats Généraux , fur Tac- compliirement du double Mariage avec TElpagne. Il réveille leur déli- catelTe fur Tautorité prétendue par le Parlement. Il leur reprefente qu'il ne doit pas fouitrir qu'on la réduite à ju- ger feulemeat les difFerens des parti- culiers ; que les Princes du Sang , les Pairs, & les grands OfSciers de la Couronne ne font pas membres da Parlement , pour s'occuper du juge- ment des procès ; que il fon autorité n'alloit pas plus loin , on ne les y eue pas afl'ociez.

Par tels & femblables difcours , le Duc de Bouillon entretient , augmen- te , autorife les mécontentemens du Parlement. Il l'excite enfuite à pren- dre des réfolutJons vigoureufes pour la réformation de l'Etat , à profiter de la jeuneife du Roy , & à ne pas attendre que fon autorité mieux éta- blie ne leur permît plus de parler^

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 23 ou les réduisît à faire des remontran- ces mutiles. Il reprefente enfuite à tous ces Magiftrats la gloire & la confideration , que le Parlement ne manquera pas d'acquérir en obtenant ce que les Etats Généraux avoient demandé inutilement , Se peut-être avec trop de foibleire. Enfin il leur fait comprendre que s'ils veulent faire leur devoir, & témoigner un peu de zeîe pour le bien public , les Princes &:les Grands Seigneurs appuieront ii- bien leurs remontrances , que la Rei- ne feroit contrainte d'y avoir égard. Le Duc de Bouillon étoit trop ha- bile, il connoiiroit trop bien la Cour pour ne pas prévoir que le Parlement n'auroit d'elle que des mortifications , des qu'il entreprendroit de fe mêler du Gouvernement de l'Etat. Mais il lui étoit indiffèrent que les remon- trances du Parlement fulîent bien ou mal reçues. Quoiqu'il en pût arriver, il avoit ce qu'il prétendoit ; tout con- fîftoit à le porter à les faire. En efFet la Cour y avoit égard l'on donnoit des bornes à l'autorité de la Reine 3c à celle des Miniftres : il au contraire elles étoient rejettées , le Peuple en faveur duquel elles auioient été fai-

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24 Histoire de Henry tes , ne manqueroit pas de fe décla- rer pour le Parlement , Se pour ceux qui auroicnt appuie fes demandes. Il ruffifoit donc au Duc de Bouillon , qu'une Compagnie aufîi refpeélée du Peuple que le Parlement l'écoit , fût engagée à faire une démarche qui Tobligeroit enfin à éclater.

Le Parlement ne porta pas fes vues û loin : flaté de l'autorité que le Duc de Boiiillon lui avoir attribuée , par rapport à fes propres intérêts , fans examiner li elle étoit aufli-bien fon- dée que le Duc paroilfoit le croire , il s'émeut , il entre dans fes vues. En un mot les intrigues 3c les per- fuafions du Duc de Bouillon , fécon- dées de quelques perfonnes qu'il avoit gagnées, y cauferent un li grand mou- vement que toutes IcsChambres com- mencèrent à agir de concert , & à fuivre les impreiïïons que le Duc leur avoit données. Trois jours après que le Roy eut congédié les Députez aux Etats Généraux , les Chambres des Enquêtes députèrent deux Confeillers de chaque Chambre , pour aller à la grand' Chambre , prier le premier Préfident de Verdun , d'afl'embler toutes les Chambres , pour délibérer

Duc DE Bouillon, Liv. VII. ly fur les remontrances que le Parle- ment avoir réfolu depuis long-remps de faire au Roy. Le premier Préîî- dent avec qui Ton aG;i(Tôit de con- cert , les fit aufîi-tôt aliembler. Fayet Préfident à la première des Enquêtes, reprefenta à la Compagnie , qu'on avoit demandé rAfTcmblée de toutes les Chambres , pour faire fouvenir le Parlement de la parole que le Roy lui avoit donnée de ne répondre pas -aux Cahiers qui lui leroient prefen- tez par les Députez des trois ordres du Royaume , S>c de ne prendre au- cune réfolution fans entendre premiè- rement les remontrances que fon Parlement avoit à lui faire. Il eil ce temps de penfer, ajoura Fayet , à ce « que nous avons à reprefenter à Sa. a Majefté. Nos remontrances ne fu- ce rent jamais plus nécelfaircs au bien « public, & au fervice du Roy, qu'elles « le font à prefent. w

La propofition du Préfident Fayet fut favorablement reçue. On emploïa trois feances à délibérer des moïens de l'exécuter. Tout le monde ccnve- îioit qu'on ne pouvoit pas fe difpen-

fer de faire des remontrances au Roy fur l'état prefent des affaires

B V

1^ HisToîRB DE Henry Royaume , & que rien n'écoit plus peinicieux & n'alJoit plus à la ruine entière de TEcat , que de lui Lulfer ignorer Tahus que Ton faifoic de fou autorité. Mais les avis furent parta- gez lur le temps 3c fur la manière d'exécuter cette rélolution. Les uns difoient que le bruit étoit que le Roy devoit venir au Parlement dans peu de jours ; qu'il falo.'t remettre à ce temps-là à lui faire les remontrances. D'autres opinèrent a prier première- ment le Roy , d'ordonner au Chan^ celier , aux Princes , aux Ducs ôc Pairs , & aux grands Officiers de la Couronne qui ont voix déliberative au Parlement , de s'y rendre , ôc de donner leur avis fur les remontrances qu'il étoit nécelTaire de faire à Sa. Ma- jefté. Mai^ cet avis fut rejette fur ce que l'on fit réflexion que c'étoit faire au Roy une demande que la Reine 8c les Miniftres qui feroient infaillible- ment confulcez , ne lui confeillcroient jamais d'accorder.

On en prit cependant occafion de

faire une autre propofîtion qui fut

généralement acceptée. « Puifque les

n Princes , les Ducs Se Pairs , ôc les

M grands Officiers de la Couronne font

Ï)UC DE BOITILLON. LîV. VII. ÏJ

membres du Parlement ( dirent quel- « ques-uns de ceux qui n'étoient aifec- « lionnez ni à la Reine ni aux Minif- « très ) nous pouvons bien les inviter « de nous mêmes à fe trouver à une « délibération auflî importante quv' €« celle dont il s'agit. Ces Meffieius ce n'ont pas befoin pour cela d'une per^ tt million exprefle du Roy. Leur naif- « lance , ou leur dignité ne leur don- « nent-elles pas droit d'aHifter au Par- « lement quand ils le veulent ; L'avis étoit rpécieux ^ on n'en prévit aucun inconvénient : auflî fut-il fuivi d'un Arrêt rendu le 18. Mars l'an 161$, Il portoit que les Princes , les Ducs tx ôc Pairs , & les grands Officiers de la ^ Couronne , aïant léance & voix déli-. ,;« bérative au Parlement , qui le trou- voient alors à Paris , fcroient invitez « à venir délibérer avec Monficur le £« Chancelier , & avec toutes les Cham- te bres alfemblées fur les propolîtions ec qui feroient faites pour le fervice du « Roy , le foulagement de les Sujets , «« &: le bien de l'Etat.

Le Duc de Bouillon qui conduifoic tous ces mouvemens , voïoit avec piaifir le fuccès de fon entrepriie. D^ quelque maiiicre que la choie

Bvj

2.S Histoire Henry tournât , la démarche dont on vient de parler ne pouvoit que commettre le Parlement avec la Cour j c'eft ce qu'il avoit prétendu. Il prenoit fes mefures pour en profiter , lorfque les Miniftres cfFraïez de l'Arrêt du Par- lement furent trouver la Reine , qui n'en étoit pas moins allarmée qu'eux^ Ils lui reprefenterent avec la chaleur que l'intérêt a coûrume d'inipirer , « que le Parlement entrcprenoit mani- M feftement fur l'autorité fouveraine , « qu'il en vouloit à fa Régence , & qu'il >s ne penfoit à rien moins qu'à s'ériger M en Examinateur ôc en Juge , de ce qui M s'étoit fait pendant la minorité» Que >s fi l'on ne s'oppofoit pas promptement M à cette entreprifb , on ne feroit plus M en état de la réprimer , ôc qu'il en M étoit decesmouvemens, comme d'un «incendie très-facile à éteindre dans »> fon commencement , mais qui fait »î de terribles ravages quand une fois » il a été négligé.

La Reine reconnut d'abord la main qui lui portoit le coup. Perfuadée que le parti du Prince de Condé avoit ex- cité ce mouvement dans le Parle- ment , elle fit défendre de la part da Roy au Prince & aux Seigneurs , q^ui

"Duc CE BouiriON. Liv. VÎT. i^ s'étoient déclarez pour lui Tannée précédente , de fe trouver au Parle- ment s'ils y étoient invitez. Mais comme cette Compagnie pouvoir pourfuivre l'exécution de fon deffein, ôc drelFer fes remontrances indépen- damment des Princes & desSeigneurs, le Procureur Général Mole , Servin, 6c le Bret Avocats Généraux , furent mandez au Louvre pour y apprendre les volcntez du Roy. Y étant arri- vez , ils furent admis à l'Audiance de leurs Majeftez , & le Chancelier de Sillery leur déclara que le Roy les avoir mandez fur l'avis qu'il avoit reçu de l'Arrêt rendu par le Parle- ment le jour précédent j que leurs Majeftez trouvoient fort étrange que cette Compagnie s'ingérât d'alfem- bler ainii de fon autorité pri- vée , les premières perfonnes de l'E- tat pour prendre des mefures avec elles furie Gouvernement du Royau- me j que c'étoit entreprendre fur l'Au- torité Souveraine , & que cela n'étoit '* pas de la competance des Magiftrats " uniquement établis , pour rendre la " juftice aux particuliers. **

L'Avocat Général Servin répondit, *' que le Chancelier leur apprenoit ce

HiSTÔîRfi DE HEhîRY

qu'ils ne fçavoient pas j que le Paif- D> lement n'avoir jamais eu la pensée d'entreprendre fur l'autorité Souve- M raine , &c que les Chambres ne s'é- toient alTcmblées que pour donner au » Roy une preuve publique du zèle lin- »3 cere qu'elles avoient pour le fervice 3} de Sa Majefté , pour la fureté de fa >5 perfonne , & pour le bien de l'Etat, 95 La Reine prit alors la parole &c dit, 3] que le Roy avoit été averti de bonne 9j part de tout ce qui s'étoit palTé dans at> l'Alfemblée des Chambres ; qu'on y 35 avoit tenu des difcours contre l'auto- 3j rite du Roy j que l'Arrêt en ctoit une « preuve bien claire, que cette entre- n prife étoit nouvelle 8c inoiiie jufques- M alors , & que le Roy n'étoit pas lé- »j folu de la foufFrir.

Les Gens du Roy fe trouvèrent alors dans une conjon6bure fort dé- licate. D'un côté comme leurs Char- ges les attachoient aux intérêts du Roy , il ne leur convenoit point de faire une réponfe qui déplût a Sa Ma- jefté , dans une occalion elle fe plaignoit d'une ateinte donnée à fon autorité Souveraine que leurs Char- ges les obligeoient de défendre. Mais de l'autre , comme ils écoicnt perfua.

Duc DE BôtTItlON. llV, VIÎ.

dez que le Parlement ne penfoit à rien moins qu'à entreprendre fur Tautorité du Roy , ils fe croïoient obligez de juftifier la démarche qu'il avoit faite , mais en forte qu'on ne dît rien qui pût marquer plus d'atta- chement aux intérêts du Parlement qu'à ceux du Roy.

Ce fut le parti que prit Servin , il répondit à la Reine , que qui que ce fût qui entreprît fur l'autorité du Roy , ils fçavoient à quoi leurs Char- ges les obligeoient ; qu'ils ne foufFri- roient jamais qu'on y donnât la moin- dre atteinte j mais que comme ils connoilfoient auflî l'innocence des intentions du Parlement , ils fe «« croïoient obligez de reprefenter à Sa «« Majefté qu'ils fçavoient très certain- « nement que le Parlement n'avoit ja- «« mais pensé à entreprendre fur l'au- « torité du Roy y qu'il n'avoit delTein « que de faire quelques proportions «« avantageufes au fervice de Sa Ma- « jefté , & au foulagement du peuple 5 «« que la Compagnie en invitant les «« Princes , les Seigneurs & les grands <e Officiers de la Couronne à fe rendre «« au Parlement , n'avoit point eu d'au- «c tre YÛë que d'avoixMoniîeur le Chan-

31 ' Histoire de Henry celier & les premières perfoniies du a, Royaume , pour témoins de fa fide- >, lité , & de Ton attachement inviolable a, au fervice du Roy ; qu'enfin tous les membres du Parlement feroient bien 35 fâchez ^u'onpût feulement les foup- », çonner d'avoir manqué à ce qu'ils dévoient au Roy & à l'Etat. Servin ajouta , qu'il croioit devoir ce témoi- gnage au Parlement , &c qu'il prioit " Sa Majefté de trouver bon qu'il le lui rendît.

Le Roy qui n'étoit pas à beaucoup près II irrité que la Reine contre le Parlement , ôc qui commençoit à fe lalfer de la dépendance ou elle le te- noit , s'étoit contenté de répondre qu'il alTembleroit fon Confeil pour avifer à ce qu'il ordonneroit touchant l'Arrêt du Parlement j & il alloit congédier les Gens du Roy , lorfque ^j la Reine prit la parole , ôc dit qu'il ^^ fâloit alfembler à l'heure même le ^^ Confeil , ôc que l'affaire dont il s'a- gilfoit, ne fouffroit point de remife. Le Confeil fut donc ajfemblé , Se les Gens du Roy fe retirèrent pour at- tendre ce qui y auroit été réfolijf. Quelque temps après , le Roy les fit appeUer , Ôc leui dit , qu'il les fai.

Duc DE BoiilLION. LlV. VII. 33

foit entrer pour leur commander de « faire fçavoir eux-mêmes au Parle- « ment , ce qu'il avoit réfolu dans Ton « Confeil. Servin reprefenta envain , « qu'il ne convenoit point au fervice du Roy, qu'on les chargeât de porter des ordres fâcheux au Parlement. Il fit inutilement tout ce qu'il put pour s'en difpenfer ; le Roy voulut abfo- lument qu'ils lui déclaralTent de fa part , que Sa Majefté vouloit que le «c Regiftre de la délibération lui fût en- «c voie 5 & que fon Procureur Général , ce & fes Avocats Généraux lui appor- et taffent eux-mêmes l'Arrêt du Parle- « ment j qu'elle défendoit aux Magif- « trats de palTer outre à l'exécution de ce l'Arrêt , 8c qu'elle entendoit que les Gens du Roy lui vinlTent donner avis de la manière dont le Parlement re- « cevroit Tes ordres. et

Un commandement Ci abfolu ne foufFroit point de réplique. Le Par- lement obéit , le Regiftre & l'Arrêt furent portez à Sa Majefté , & les Gens du Roy furent chargez de lui faire les excufes de la Compagnie , & de l'ailurer de fa fidélité. La Cour parut contente de la foumiflîon du Parlement ; elle écouta avec plaifir

^4 Histoire de Henry la Harangue de l'Avocac Général , & 9t le Roy fe contenta d'y répondre qu'il n verroit l'Arrêt , & qu'au premier jour ïî il feroit fçavoir fa volonté au Parle- ment.

La Reine & les Miniftres efperoient que les chofes en demeureroient-là. Mais le Duc de Boiiillon qui fuivoit cette affaire , en pcnfoit tout autre- ment. Les difficultez ne fervoient qu'à l'animer , & il fe rebutoit d'au- tant moins de fon entreprife , qu'il n'étoit rien arrivé qu'il n'eût prévu , & à quoi il ne fe fût attendu. Les mortifications que le Parlement avoit reçues de la Cour fervoient même au deflein qu'il s'étoit proposé , d'enga- ger enfin le Parlement à faire un coup d'éclat. Il prétendoit par-là préparer les efprits à bien recevoir les plain- tes & les manifeftes que le Prince de Condé & ceux de fon parti méditoient pour engager tous les ordres de l'Etat a en procurer la réformation. Mais ce qui ne rebutoit pas le Duc de Bouillon , avoit fi fort étonné le Par- lement , qu'il paroifibit impoffible de le faire revenir de la conftei nation où? les ordres fulminans de la Cour l'a- voient jette. Il eft vrai que le relïên-

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 55 timent qu'il en avoit conçu ne pouvoit être plus vif ^ 8c que la vio- lence qu'il fe faifoic pour le difîîmu-» 1er , ne fervoit qu'à Tanimer d'avan= tage contre les Miniftres & contre la Reine même. Il les regardoit comme les auteurs de tous les mauvais trai- temens qu'il venoit d'eiTuïer, & qu'il croïoit n'avoir pas méritez.

Le Duc de Boiiillon perfuadé de ces difpofitions du Parlement ne man^. qua pas de s'en prévaloir. Il témoi- gne à tous les particuliers de la Com- pagnie à qui il crut fe pouvoir fîer, que les Princes ôc les Seigneurs regar- doient comme faites à eux-mêmes les mortifications que venoit de recevoir une compagnie dont ils écoient mem- bres , ôc qu'ils les reifentoient d'au- tant plus vivement qu'ils en croient en partie la caufe innocente -, qu'ils ne comprenoient pas qu'on pût faire un crime au Parlement d'avoir pro- posé de les inviter à leur Alïèmblée , eux qui en étoient membres , &c qui ne manquoient jamais de s'y trouver lorfqu'ils en étoient priez par des par- ticuliers -y que cela s'appelloit prendre les chofes d'une hauteur qui ne pou- voit ni fe foufFrir , ni fe dilïïmuler.

3^ HistoiRE DB Henry Que fi un pareil traitement venoit du Roy , la Majefté Souveraine obligeoit à une foumifïion dont l'on fe croïoit difpensé à l'égard des Miniftres , & d'une Reine même qui n'étoit plus Régente, &: qui abufoit du nom de de l'autorité d'un jeune Roy , pour fe mettre à couvert des fuites que les remontrances du Parlement pour- roient avoir , par rapport à fes inté- rêts & à ceux de fes créatures. Après que le Duc de Bcruiilon fe fut ainfi infinué dans les efprits , ôc qu'il eut pris chacun par fon foible , il repre- fenta le mépris que le Parlement ne manqueroit pas de s'attirer, en ne fou- tenant pas une démarche aufll jufte , auflî nécelïaire & aufîî éclatante que l'Arrêt donné pour la convocation des Princes , des Pairs , & des grands Officiers de la Couronne. Il parle enfuite d'autant plus fortement de tous les abus contre lefquels le Par- lement avoit delfein de drelTer fes remontrances, qu'ils étoient tous très- oppofez aux maximes du Parlement , qu'il entroit par-là dans fes vues , & qu'il flatoit ion relfentiment.

Ce difcours fait dans un autre temps >uroit eu ton: l'cfFec que le Duc de

Dtjc DE BotJiLLOî4. LiV. VIT. 57 Bouillon prétendoit j mais le Parle- ment étoit fi confterné des menaces de la Cour , qu'il étoit réduit à ap- prouver ce que le Duc difoit fans ofer rien entreprendre. Il parut dans cette occalîon combien un Homme habile de d'un caradere fupérieur quand il veut fortement une chofe , eft capa- ble de l'infpirer aux autres. Le Duc de Bouillon ne fe rebuta point ; plus le Parlement lui paroît abbatu , plus il s'efforce de le relever. Il anime les uns , il fortifie les autres , il infpire aux plus timides une partie de fon ar- deur & de fa réfolution. Enfin quand il connut que leParlement étoit ébran- lé , & qu'il commençoit à revenir de fa confternation , pour achever de le déterminer à faire un coup d'éclat : Vous ne ferez pas feuls ( lui dit-il ) à vous commettre avec la Cour. Le ti premier Prince du Sang & les princi- paux Seigneurs du Royaume, atten-w dent avec impatience que vous vous ce acquittiez de ce que vos charges ôc le ç« bien de l'Etat demandent de vous, ce Dès que vous aurez fait vos remon- ce trances , ils fe déclareront en vôtre ce faveur , & nous reverrons tous enfem- ce ble fi trois ou quatre Miniftres nous donneront la Loy,

jS Histoire de Henrv

Une alïurance pofitive du con- cours des Princes , des Pairs & des Grands Officiers de la Couronne avec le Parlement , rendit à cette Compa- gnie fa première vigueur. Elle s'af- fembla quelques temps après , & pour parvenir enfuite à l'afFaire des remon- trances , on propofa d'abord ce que le Roy avoit dit à l'Avocat Général M Servin , qu'il feroit fçavoir fa volon- n au Parlement, fur fon Arrêt rendu M pour la convocation des Princes & des Seigneurs. L'on prit enfuite oc- cafion de délibérer s'il ne feroit pas à propos de fupplier le Roy de donner la réponfe au Parlement , ôc de lui fai- re fçavoir fa volonté , félon que Sa Majerté l'avoit promis. Car enfin ai ( ajoûta-t-on ) il ne convient point 3, que les réfolutions du Parlement >j foient arrêtées , parce que certains «Courtifans furprennent le Roy , &c îî abufent de fa confiance.

La Cour qui étoit attentive aux mouveraens du Parlement , n'eut pas plutôt appris cette nouvelle démar- che , qu'il fut ordonné à la Compagnie de fe rendre au Louvre par Députez. Toutes les Chambres députèrent ; le premier Préfident de Verdun fe mit à

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 59 la tête des Députez. On les conduilît à TAudiance du Roy , & Sa Majefté leur dit que puifque le Parlement vouloit fçavoir fa réponfe , Ton Chan- celier alloit la leur faire. Le Chance- lier prit alors la parole , & fit un long difcours , qui fut d'autant plus mor- tifiant pour les Députez , qu'il fe ré- duifoit à prouver que le Parlement n'étoit point en droit de fe mêler des affaires d'Etat , & qu'il ne pouvoit même faire des remontrances au Roy, que lorfqu'il en étoit requis par Sa Majefté. Cependant comme il remar- qua fur Icvifagedu premier Préfident éc de ceux qui l'accompagnoient , l'indignation que fon difcours leur avoir causée , il crut le devoir adou- cir. Ce fut ce qui l'obligea d'ajouter que Sa Majefté içavoit que les jeunes Confei 11ers avoient fait donner l'Ar- rêt j que le plus grand nombre l'avoit empoité fur les anciens & fur les plus fages ; que le Roy en fçavoit bon-gié à ces derniers ; qu'il fe fou- viendioit de leur fidélité, & qu'il les prioit de continuer : que cependant Sa Majefté leur défendoit d'exécuter l'Arrêt rendu pour la convocation des Princes de des Pairs du Royaume ,

40 Histoire d e Henr?" éc de faire déformais aucune délibé- ration fur cette affaire. Le Roy con- firma enfuite en peu de mots tout ce que fon Chancelier avoit dit.

Le premier Prefident indigné con- tre le Chancelier ne daigna pas lui ré- pondre ; mais adreifant la parole au Roy , il lui dit avec beaucoup de relped , que comme le Parlement n'avoit pas pu prévoir ce que Sa Majefté avoit à leur dire, il n'avoic pas pu non plus leur donner com- mifîion de lui expliquer fes vérita- bles lentimens ; qu'ils ne manque- roient pas de lui faire un rapport fîdele de ce que le Roy leur avoit déclaré , &: de tout ce que Monfieur le.Chancelier avoit jugé à propos de leur dire ; que cependant ils fup- plioient Sa Majefté d'agréer les ref- peds de fon Parlement , ôc les afTu- rances de fa fidélité , & de prendre l'Arrêt rendu en bonne part. Il ajou- ta pour mortifier a fon tour le Chan- celier , que l'Arrêt avoit été rendu non par Tavis des derniers de la Com- pagnie, mais d'un contentement una- nime j que Ifs jeunes ôc les anciens y avoient également concouru j & que tout le Parlement avoit cru que

bien

Duc DE Bouillon, Liv. VII. 41 bien loin d'entreprendre lur Tauco- ricé de Sa Majefté , c'écoic lui donner une nouvelle preuve de la droiture de fes intentions , &c de Ion attache- ment à fon fervice.

La Reine qui julques alors avoit gardé le filence jugea à propos de le rompre ; mais ce ne fut que pour ré- peter ce que le Chancelier avoit dit : »î je fuis informée , dit-elle , à n'en « pouvoir douter que les jeunes Con- « feillers font les Auteurs de l'Arrêt , a & qu'ils l'ont fait pafTer à la pluralité « des voix. Je n'en Içai pas mauvais « gré à la Compagnie. Je remercie les « Anciens &: tous ceux qui s'y font op-u pofez. Le Roy mon Fils fe fouvien- « dra de leur fidélité , & je ferai enior- u te qu'il leur donne des marques de fa « bonne volonté. te

Le premier Préfident perfuadé ( comme il étoit vrai ) que la Reine fçavoit tout le contraire de ce qu'elle difoit 5 prit fon diicours pour une nouvelle in fuite faite au Parlement. Ce fur ce qui l'obligea de lui répon- dre qu'il la lupplioit très - humble- ment de croue que tout le Parlement avoit concouru a l'Arrêt ; qu'il étoit l'ouvrage de toute la Compagnie ^ Tome ///. C

^1 Histoire de Henry que ceux qui lui avoient dit le con- traire , ne lui avoient pas fait un rap- port hdele : qu'ainiî il la prioit de ne point faire de diflindtion , de les ho- norer tous é2;alement de la bien-veil- lance , & de la protedion auprès du Roy. C'eft ainfi que finit l'Audiance donnée aux Députez du Parlement, La Cour crut encore que l'affaire n'iroit pas plus loin, & qu'après des défcnfcs fi exprelfes , le Parlement ne feroit oas allez hardi pour continuer fes délibérations. Mais foit que le Duc de BoUillon qui ne perdoit point fon projet de vue , eût renouvelle fes follicitations -, foit que Palfurance qu'il avoic donnée du concours des Princes & des Seigneurs avec le Par- lement, ralfurât la Compagnie ; le premier Préfident n'eut pas plutôt faic fon rapport aux Chambres allem- blées , qu'il fut unanimement réfolu que fans fc départir de la première délibération , un certain nombre de Confeillers feroit choifi dans chaque Chambre pour drelfer de concert avec les Préfidens, les Remontrances qu'on avoit réfolu de prefenter par écrie à Sa Majefté.

La Reine promptement avertie

Duc DE Bouillon, Liv. VIL 4; que le Parlement perfiftoit dans la première réfolution , crut qu'en pre- nant les chofes de hauteur , elle en empêcheroit les fuites. Dans cette vue elle envoïa un Huifficr du Ca- binet commander au premier Préfi- dent de la part du Roy , de fe rendre au Louvre , accompagné _, comme il étoit deux jours auparavant. Le pre- mier Prélldcnt obéit, & le Roy lui dit qu'il les avoit mandez , iur ce qu'on l'avoit averti , que nonobftant fes défenfes le Parlement perllftoit à drelîèr fes Remontrances ; furquoi ( ajoûta-t-il ) la Reine ma Mère vous déclarera ma volonté. Elle prit auiïî- tôt la parole , &c dit d'un ton aigre & menaçant , que l'entrepriie du Par- lement étoit ians exemple ; que le Roy en puniroit les Auteurs s'ils perfiftoient dans leurs defobéiflance , Se qu'il leur défendoit encore abiolu- ment de lui faire des Remontrances fur le gouvernement de l'Etat. Le premier Préfident répondit froide- ment & en peu de mots , qu'il feroit fçavoir au Parlement les intentions de Sa Majefté : après quoi il fut con- gédié. Le lendemain il fit fon rap- port aux Chambres aflèmblées. Mais

C.j

44 Histoire de Henry rimpi'eiîion que le deinier diicours du Duc de BoUillon avoit faite fur les efprits , étoit force, &: fes offices réi- térez fi efficaces , que les Magiftracs nommez pour concerter les Remon- trances , ne lailferent pas de continuer leur travail.

La fermeté du Parlement étonna la Reine , Se efFraïa les Miniftres, par- ticulièrement le Chancelier. Il avoit évité de fe trouver à la dernière Au- diance ^ mais il n'en étoit pas pour cela mieux avec le Parlement. Il craignoit d'avoir part aux Remon- trances , mais c'étoit un coup qui ne fe pouvoit plus détourner. En effet , après bien dôs délibérations , le Con- feil crut que ce feroit commettre l'au- torité du Roy que de s'oppofer da- vantage au delîein de cette Compa- gnie ; qu'il faloit lui lailfer faire les Remontrances dont elle paroilfoic Ci entêtée j & qu'on en feroit quitte pour n'y avoir d'égard qu'autant qu'on le jugeroit à propos. La Cour abandon- na donc cette affaire , pour fe donner toute entière à rompie les mefures que prenoic le Duc de Bouillon , du côté des Calviniftes. La Reine em- barralfée de tous cotez connut alors ^

Duc DE Bouillon. Liv. VII. ^^ mais trop tard , qu'elle n'avoir pas né!:^lic;cr un Homme du caraftere ôc de riiabileté du Duc de Bouillon. Le pallé l'en avoir alfez inftruite j mais elle étoit tellement livrée aux con- feils du Maréchal & de la Maiêchale d'Ancre qui avoicnt rompu avec le Duc , ôc avec tous les Grands de Ton parti , qu'elle ne voïoit plus que par leurs yeux.

Cependant elle n'étoit pas oc- cupée de ce qui le palFoit dans les Provnices , qu'elle ne pensât de temps en- temps à gagner le Parlement ; "mais elle l'avoit traité avec tant de hauteur qu'il n'étoit pas aisé d'y réufl fîr. Elle crut pourtant que comme l'intérêt vient à bout de tout , elle adouciroit du moins Ton mécontente- ment , en lui accordant la continua- tion de la Paulctte , ou du Droit an- nuel. L'Arrêt du Confeil qui l'or- donnoit , fut publié dans le temps même que le Parlement travailloit avec le plus d'application à fes Re- montrances. La Compagnie reçue volontiers ce qu'on lui donnoit ; mais comme la continuation de la Pauletre n'étoit pas moins avantageufe au Roy qu'aux Magiftiats , ils ne la regar-

Ciij

Mfmoi-

Liv.

4(j Histoire de Henry derent pas comme une grâce, & n'en firent pas moins leur chemm.

Api es que les Remontrances eurent été digérées avec beaucoup de foin , qu'elles eurent été lues & relues , avec toute l'cxailitude poiïible , & qu'on les eut unanimement approuvées, les Gens du Roy eurent ordre d'aller dire au Chancelier que le Parlement de- mandoit AudJanceauRoy.EUe fut ac- re'; vis cordée pour le 12. de May après midi. Rohan. j^^ premier Préfident , ilx Préiidens à Mortier , douze Confeillers de la Grand' Chambre , un Préfident dc trois Confeillers de chacune des En- quêtes 3 autant de celles des Requê- tes , &" les Gens du Roy allèrent au Louvre : ils étoient en tout quarante. Le Peuple averti de ce mouvement , & très-prévenu en faveur du Parle- ment , bordoit les rues , & il y avoit dans la Cour du Louvre , aux fenê- tres 3c fur les efcaliers , autant de monde que dans les occafions les plus extraordinaires. Les Députez du Par- lement furent conduits d'abord dans la Sale les Ambalîadeurs avoient coutume d'attendre que le Roy les cnvoïât prendre quand il devoit leur donner Audiance. Quelque - temps

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 47 après Vitry Capitaine des Gardes les conduific a la Chambre du Confeil. Le R oy & la Reine y écoient , accom- pagnez des Ducs de Nevers , de Gui- fe , de Vendôme , de Montmorency , d'Epernon , du Chancelier, des Ma- réchaux d'Ancre , Se de Souvré , de plufieurs autres Seigneurs , 5c des principaux Confdllers d'Etat.

Le premier Préiîdent harangua le Roy. Son difcours fat relpec- tueux & plein des proteftations ordi- naires de la fidélité & des bonnes in- tentions du Parlement : en le finilfant il prefenta au Roy le Cahier des Re- montrances j Sa Majeilé le remit à Lomcnie Secrétaire d'Etat , &: ordon- na aux Députez de fe retirer. Tout le monde croioit TAudiance finie , & les Courtiians commençoient à fe dire à l'oreille , voila bien du bruit pour rien 5 lorique le premier Préfident reprit la parole, de dit au Roy qu'ils étoient chargez de fupplier très-hum- blement Sa Majefté de faire lire les Remontrances en leur prefence. Il ajouta qu'il pourroit y avoir des cho- fes qui auroicnt befoin d'explication , &c qu'ils ladonneroient fur le champ , afin que perfonne ne pût douter des

C iiij

'4-8 Histoire de Henry bonnes intentions du Parlement.

Ce n'éroit ni la volonté de la Rei<. ne , ni celle des Minières , que ces ReiTiontrances fiiffent lues devant une compagnie il nombrcufe. Comme elle ne doutoit point qu'on n'y taxât fa Régence , & qu'on ne s'y plaignît de bien des chofes qui s'é^.oicnt paf- fees depuis la mort du feu Roy, elle eut bien fouhaité de s'en rendre Maîtrelfe , 3c de ne les communi- quer qu'à ceux qui avoient intérêt de loutenir fon adminiflration. Mais le Roy à qui de nouveaux Favoris corn- mençoient à rendre fa conduite luf- pe6le, fans prendre fcn avis, ordon- na qu'on fît la leélure des Remon- trances. Le Cahier fut donné au Fils de Lomenie ; il le lut à haute voix , Ôc tout le monde l'écouta avec beau- coup d'attention. On ne rapportera point ici ces Remontrances ; outre qu'elles font trop longues , ce ieroit Roiun. s'éloigner trop du fujet de cette Hif- Mcicui- toire j on peut les voir dans quanti- Fianç> i f^ ^Q Mémoires de ce temps-Là. On fe contentera de dire que cojîformé- n>ent aux viles & aux follicitations du Duc de BoUillon , le Roy y étoit fupplié d'entretenir les anciennes al-

Mcmoi

Ji^ 5

Duc DE B'OUILLON. LiV. VII. 4p

liances de la Couronne , d'avoir les nouvelles pour fuCpedes , & de s'at- tacher aux maximes du Gouverne- ment du feu Roy. Par-là le Parle- ment ne paroillbit pas approuver le double Mariage avec l'Elpagne ; ce qui déplut fort à la Reine qui le re- gardoit comme le chef-d'œuvre de ilv Régence. L'on s'y plaignoit encore de la mauvaife adminiftracion , & de la diiîipation des Finances , des Char- ges & des Gouvernemens donnez à des Etrangers -, ce qui regardoit le Maréchal d'Ancre , ôc ce qui choqua encore la Reine au dernier point. En- jfin les Miniftres & le Chancelier en particulier y étoient taxez. L'on de- mandoit la réformation du Confeil , & qu'il fût rétabli fur l'ancien pied. L'on peut juger par ces quatre ou cinq articles , Il la ledure de ces Re- montrances pouvoit être agréable à la plupart de ceux qui l'entendirent. La ledure des Remontrances finie , les Députez eurent o dre de fe reti- rer , Se d'attendre dans une chambre voifme jufques à ce que le Roy eût délibéré fur la rcponfe qu'il devoit leur faire. On les fi rentrer quelque jtcmps après , & le Roy Ijur dit qu'il

Cv

eo Histoire de Henry

étoit trcs-mécontent de leurs Remon« trances. La Reine prit enfuice la pa- role , & maltraita fort le Parlement. Le Chancelier qui parla après elle , n'en fit pas moins. En un mot les Députez furent congédiez après que le Chancelier leur eut dit de la part du Roy , que Sa Majefté feroit répon- fe à leurs Remontrances quand elles auroient été examinées dans fon Confeil.

Dès le lendemain * le Roy dans fon May Confeil d'Etat donna un Arrêt par le- »^'T- quel il caffoit celui du Parlement , donné le 28. de Mars , faifoit défenfe à la Compagnie de s'entremettre à l'avenir des affaires d'Etat , fînon quand elle en feroit requife ; & afin que la mémoire d'une pareille defo- béilfance fût tout-à-fait éteinte , Sa Majefté ordonnoit que l'Arrêt & les Remontrances feroient biffées & ô- tées des Regidres. Il n'y eut pas peu de difficulté à faire lire Se enregiftrer cet Arrêt au Parlement : mais enfin le Roy l'ordonna d'une manière abfolue , qu'il n'y eut pas moïen de s'en difpenfer. C'eft ainfi que finie cette grande affaire. Il en arriva ce que le Duc de Bouillon avoit prévu*

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 51 Le Pailemcnt ne fut point écouté j il fut même fort mal-traité j il en con- çut un reifentimcnt qui ne pouvoit être plus vif; ce relientmient le por- ta à s'attacher au parti du Prmce de Condé. C'eft ce que le Duc qui n'a- voit pas accoutume de le tromper ;,.s ae dans les conjeâiures , avoit prétendu. ;<ohan. Mais il reftoit une difficulté ; le Duc '''^' ^' de Boiiillon avoit promis pofitivc- ment au Parlement , que le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti fe déclareroient pour lui , au cas qu'il fît les Remontrances qui avoient été projettées. Le Parlement les avoit faites ; il s'étoit par-là commis avec la Cour. Il étoit queftion qu'on lui tint parole , & il en follicitoit forte- ment le Duc de Bouillon. Son embar- ras n'étoit pas petit ^ le Prince de Con- dé n'alloit pas aufîi vite qu'il le fou- haitoit ; les Seigneurs du parti n'a- voientpas encore pris leurs mefures ; la Cour qui s'en défîoit , les faifoic obferver. Tout ce que put faire le Due de Bouillon , fut de promettre au Parlement qu'il feroit content ; mais il ajouta que l'exécution des grands delFeins dcmandoit du temps , ^ qu'on s'expofoit a les faire échoUer

C vj

52 Histoire de Henry

en précipitant trop les chofe.s. En

conléquence de cette promeire , le

Duc de Bouillon lollicita il vivement

Mén.oi- Iq Prince de Condé de dégager fa pa- rts >ie h , , & t) r

■Rcftncc rôle donnée au Parlement , que le àe Man.- p^incc pour avoir lieu de rompre avec cis. ' la Cour , s'oppoia en plein Confeil au voiage de Guyenne. La Reine le propoioit pour accomplir le double Mariage. Elle en fouhaitoit la con- cmlîon avec toute la paiïîon dont eft capable une femme qui eft entêtée , & qui n'a pas accoutumé d'être con- tredite. Ainii c'étoit attaquer Marie de Medicis par l'endroit le plus déli- cat , ôc qui lui étoit le plus fenfible. Le Duc de Bouillon qui avoit don- né ce confeil au Prince de Condé , ne s'attendoit pas que la Reine défé- rât à l'oppoiltion du Prince , foute- nuë de celle des Seigneurs de fon par- ti. Il ne penfoit qu'à le commettre avec la Reine , sûr qu'après cela il le méneroit plus loin qu'il ne croioit. En efFet Marie de Medicis eut fi-peu d'égard aux Remontrances du Prince de Condé , 8c à celles des Seigneurs qui lui etoient liez , quoiqu'appuïees de très-fortes raifons , qu'elle n'en fit que hâter le voiage de Guyenne ^

Duc DE Bouillon. Liv. VÎI. 53

avec plus d'empreirement qu'elle n'a- voit fait jufques alors. Le Prince de Condé choqué au dernier point du mépris fi public que la Reine fai- foie de fes avis , & de la hauteur avec laquelle elle difpofoit de la perlonne du Roy , quoiqu'elle ne fût plus Régente , ht une alfemblée de les amis pour fçavoir ce qu'il avoit à faire. Le Duc de Bouillon qui n'a- voit garde de manquer Toccafion de dégager la parole qu'il avoit donnée au Parlement , y opina fortement. Les Ducs de Mayenne ôc de Longue- ville ôc les autres Seigneurs du par- ti en firent de même. En un mot il fut réfolu qu'on oppoleroit au voïa- ge de Guyenne autre chofe que des confcils pareils à ceux qui avoient été Cl mal reçus.

En exécution de cette délibération le Prince de Condé quitta la Cour , s'en alla d'abord à Saint-Maur , ôc de-là dans fon Comté de Clermont en Beauvoifis j ancien patrimoine de la Maifon de Bourbon. Le Duc de Bouillon fe retira en même - temps dans fa Principauté de Sedan , pour y prendre les mefures conformes aux projets dont on étoit convenu. Le

^4 Histoire de Henry Duc de Mayenne partit pour Soilfons, & ie Duc de Longuevilie fe rendit dans fon Gouvernement de Picardie. Ce départ du Prince de Condé & des Seigneurs qui avoient pris des enga- gemens avec lui , Fut comme le iîgnal de la Guerre dont on va parler.

Aufîî-tôt après cette retraite l'on vir plufieurs écrits de la part des Sei- gneurs mécontens. Un des premiers qui parut , fut une lettre du Duc de BoUillon au Préiident Jeannin , Con- trôleur Général des Finances. Il y juftifioit fon départ de la Cour , & fe plaignoit à peu près des mêmes chofes dont le Parlement s'étoit plaint dans fes Remontrances. Cet écrit fut fuivi d'un autre , le Chancelier de Sillery fut attaqué perfonnelle- ment j il avoit pour titre , la NobltjJ's ïrançoife au Chancelier. Le Gouver- nement y étoit décrié de la manière la plus affireufe. 0\\ crut que ie Par- lement en étoit l'Auteur. C'eft ce qui porta la Cour à y répondre dans une cfpece de Manirefte qui fut publié prefque auilî-tôt. L'on n'y parloit plus d'un ton fi fier , le Gouverne- ment y étoit juftifié avec beaucoup de modération.

Duc DE Bouillon. Liv. VIT. 5^ La Reine n'en demeura pas-là j elle Et réflexion qu'en traitant le Parle= ment avec trop de hauteur , elle avoic donné dans le piège que fes Ennemis lui avoient tendu. Elle craignit qu'il ne fe déclarât pour le Prince de Con- , & que le peuple entraîné par fou autorité , ne fît enfin la même chofe , s'il paroilfoit que le Prince agît de concert avec le Parlement. On cher- cha donc des expédiens pour conten- ter la Compagnie , & ménager en mê- me-temps l'autorité du Roy qu'on avoit un peu trop commife dans l'af= faire dont on a parlé. Ils furent d'au- tant plus faciles à trouver , que le Parlement croïoit s'appercevoir que le Prince de Condé alloit bien plus à fes fins particulières , qu'au bien public ; que cette Compagnie n'étoit plus foutenuë par les vives exhorta- tions du Duc de BoUilIon , ôc que fes Chefs commençoient à s'ennuïer de fe voir broiiillez avec la Cour, Il ne fut donc pas difficile d'accorder deux parties qui ne cherchoient qu'à s'ac- commoder. Le Parlement fit des ex- cufes au Roy dont il jugea à propos de fe contenter , & Sa Majefté de fon côté fe relâcha fur l'exécution de

y<? HiSToiS-Ë DE Henry l'Arrêt du Confeil d'Etat , qui caf- foic tout ce que cette Compagnie avoit fait. La reconciliation du Par- lement avec la Cour nuifit depuis beaucoup , aux projets des Seigneurs mécontens.

Cette affaire finie , la Cour s'ap-- pliqua à gagner le Prince de Condé. Le Roy lui écrivit plufieurs fois qu'il fouhaitoit que le premier Prince de fon Sang alîiftât à Ton Mariage j que îa bienfeance demandoit qu'une per- fonne de fon rang reçût l'Infante fur les frontières de France , & qu'elle y conduisît la Princeife fa Sœur deftinée au Prince d'Efpagne. Mais les ré- ponfes que le Prince faifoit à ces let- tres donnoient alfez à connoître que il l'on ne differoit pas le double ma- riage , il n'accompagneroit pas le Roy dans fon voïage de Guyenne.

Ces refus du Prince de Côndé don- noient d'autant plus d'inquiétude à la Cour , qu'il étoit de la dernière im- portance, que les Provinces en deçà de la Loire fulfent tranquiles pendant l'abfence du Roy. Il étoit aisé de juger que fi on y iailToit le Prince 6c les Seigneurs de fon parti , ils ne Awnqueroient pas d'y exciter du

Duc DE Bouillon. LiV. VII. 57 tfouble , 3c que peut-être même ils feroient foulever !a Ville de Paris qui étoit pleine de Meconrcns. Peur évi- ter cet inconvénient , il n'y eut rien que la Reine ne tentât pour engager le Prince de Condé a faire le voiage de Guyenne. Elle fuppofoit que Ls Ducs de Longueville 6c de Mayenne, dont le premier coinmandoit en Pi- cardie,& le fecon.d dans Tille de Fran- ce, iuivroient le Roy, le Prince leur en donnoit l'exemple. Pour ce qui eft du Duc de Bouillcn 5 fenrible aux embarras qu'il lui cauioit , (Se plus fenfible encore aux mouvemens qu'il avoit excitez d.ms le Parlement , elle affeda de le négliger , &: crut qu'in- dépendammen: de lui , elle pourroic gagner le Prince de Condé. Pour y réuiïîr , Elle commit cette négocia- tion à la Comtelfe de Soilfons & au Duc de Nc?vers , qui avoit aFredé d'être neutre , dans la vûë de fe faire Médiateur entre la Reine ôc les Me- contens. Mais ni la Com telle ni le Duc ne purent rien, obtenir du Prince. Le Duc de Eoiiilion lui étoit devenu trop nécellan-e pour rien conclure fans lui. Ainii plus la Reine tém.oignoit vou- loir fe palîér de Ion entremife , plus il s'appliquoic à rompre toutes les

jS Histoire d e Henry mefures qu elle prenoit , & il le fai- foit avec d'autant plus de fuccès qu'il s'étoit tellement rendu maître de Tef- prit du Prince de de celui des autres Seigneurs , qu'ils fuivoient en toutes chofes fes fentimens.

Le mauvais fuccès de la négocia- tion de la Comtelîe de Soillons &c du Duc de Nevers , obligea la Reine d'avoir recours à Villeroy , pour en commencer une autre. Il fout avouer qu'elle ne pouvoit pas mieux choifir ; ou\:re qu'il étoit très-habile , il avoit toujours entretenu d'étroites liaifons avec le Duc de Boïiillon ; & il ne pré- lendoit pas conclure Cans, lui l'accom- modement dont il s'agllfoit. Il s'at- tacha à le gagner, & il s'y prit fi-bien, que fécondé du Préfident Jeannin qu'on lui donna depuis pour adjoint, il eût conclu le traité , (i le Maréchal d'Ancre ôc le Chancelier de Sillery n'en eulfent empêché l'efFet. Comme ils étoient tous deux fort odieux au Prince de Condé &c aux Seigneurs de fon parti , ils appréhendèrent d'être les viétimes de l'accommodement , ôc qu'on ne les facrifiât à la fatisfadion du Prince. Pour l'éviter , ils rempli- rejît l'efprit de la Reine de tant de

Duc DE Bouillon. Lïv. VIT. ^5 foupçons contre Villeroy &: Jeannin , qu'elle fit faire une démarche au Roy qui renverfa toutes les efperances qu'on avoit d'un prochain Traité.

Dès le lecond jour de la Conférence qui fe tencit au Château de Coucy en Picardie j Pontchartrain Secrétai- re d'Etat fut envoie au Prince de Cou- dé avec une lettre du Roy , dattée du i6. de Juillet. Elle portoit en ter- i^nj; mes exprès que Sa Majefté aïant pris la rélolution de partir pour la Guyen- ne le premier du mois fuivant , elle envoïoit un de Tes Secrétaires d'Etat ^femoî- pour fçavoir précisément du Prince ^ohan. de Condé s'il vouloit ou ne vouloit pas l'accompagner dans Ton voïaee. ^^^°^' Cette lettre ne lurprit pas moins Vil- Régence Icroy & Jeannin , que le Prince de j:" '^"/jt Condé &c les Seigneurs alTèmblcz àcis. Coucy. Le Duc de Boiiillon qui n'a- voît confenti à un accommodement , que dans la vue de ne pas palfer pour être le feul Auteur d'une Guerre-Ci- vile , profite en habile homme de ce contre-temps. Il reprefente aux Sei- gneurs alfemblez que la Cour ne pen- foit qu'à les tromper , ou à les defu- nir , & que ians perdre temps , il faut lever des Troupes en France

'^ô Histoire de HenrV & en Allemagne. Tous y confentent, & fe donnent le rendez-vous à Sedan. Villeroy ôc Jeannin fe trouvent fort ofFenfez de la défiance que la Reine avoit d'eux , fans qu'ils y eulfent don- né lieu. On fe prépare de part & d'au- tre à la Guerre. C'eft amiî que des intérêts particuliers l'emportent fou- vent fur le bien public, fur-tout lorf- que les Rois ne font pas en âge de gouverner par eux-mêmes. La Reine ne penfoit qu'a fes intérêts & à ceux de fes Créatures. Chacun en faifoit autant ; le bien public & le fervice du Roy ne fervoient pus que de prétex- te. Dans le fonds c'eft à quoi l'on penfoit le moins.

L'on ne peut s'empêcher deremar^ queràToccafion de la négociation de Coucy dont on vient de parler , que le Préfidcnt Jeannin l'un des Com- miiTaires du Roy, quoique trcs-éciai- ëc tics-attaché a la Cour , étoit perfuadé que le parti des Seigneurs mécontens n'en vouloit pas a l'auto- rité du Roy , mais feulement à l'abus que les Créatures de la Reine en fai- foient, qu'il crut devoir le témoi- gner publiquement. En rcpaffant a Noyon pour s'en retourner a la

Duc DE Bouillon. Liv, VII. 6i Cour , les habitans lui demanderenç

comme ils en nferoient déformais avec le Duc de Mayenne qui étoit un des Seigneurs du parti du Prince de Condé , ce à la manière accoûtu- « mée ( répondit-il ) Monfîeur le Duc « eil toujours vôtre Gouverneur , & c< bon lerviteur du Rov. " Paroles re- marquîibles &z qui font bien connoî- tre que ce grand Homme n'approu- Yoit pas leGouvernement de laReine, êc qu'il ne regardoit pas comme des Ennemis de l'Etat , ceux qui en de- mandoient la réformation. C'eft aufïï ce que prétendoit le Duc de BoUillon , &■ ce que le Roy lui-même préten- dit depuis , comme on le verra par la fuite de cette Hiftoire. Mais comme les apparences le plus fouvent déci- dent de tout , le parti du Roy a tou- jours paffé pour être celui du côté du quel il fe trouve , & qui a l'avantage de fe pouvon- fcrvir de ion nom , quoiqu'il n'aille pas toujours au bien de fonfervice , & que les mterêts par- ticuliers l'emportent iur ceux de l'E- tat quidevroient être inséparables de ceux du Roy.

La première cliofe que firent les Seigneurs {iiécontens après la rupture

'6i Histoire de Henry de rA(Tèmblée de Coucy , fut de con- ccrter la réponfe que le Prince de Condé devoit faire à la lettre du Roy qui lui avoit été rendue par Pontchar- train. L'affaire étoit de confequence j aufïï y eut-il à fon occalîon de longues délibérations j enfin l'on en convint. Le Prince s'y plaignoit refpedlueufe- ment de ce que l'on précipitoit fi fort le voïage de Guyenne. Il reprefentoit que le Roy n'aïant pas encore quinze ans y étant d'ailleurs d'une comple- xion fort délicate , il ne lui conve- noit point de prelfer ainfi fon Maria- ge j qu'on y feroit toujours à temps quand on auroit réglé les affaires de l'Etat j & remédié aux defordres du Gouvernement , coriformément aux Remontrances des Etats Généraux , ôc du Parlement. Il difoit enfuice qu'une démarche fi à contre-temps ne fe faifoit que par les mauvais con- feils de quelques perfonnes mal in- tentionnées qui facrifioient le bien public à leurs intérêts particuliers ; que julqucs alors il les avoit ména- gez pour ne point s'attirer la Reine qui les protegeoit publiquement ; mais que puifqu'ils ne celï'oient point d'abufer du nom & de lautoritc du

Duc DE Bouillon. Liv. Vif. 6^ Roy à la fubverflon de l'Etat , à Taf- foiblilîement de la France qu'on rendoit fufpede à fes anciens alliez , à la ruine des Princes du Sang , des Officiers de la Couronne , & des principaux Seigneurs du Royaume qui écoient les membres naturels du Conieil d'Etat , comme ils étoient les appuis de la Couronne ; que pour toutes ces raifons il Te croïoit oblige de déclarer à Sa Majefhé que les au- teurs des defordres reprefentez par le Parlement , font le Maréchal d'An- cre , le Chancelier de Sillery , le Chevalier fon Frère , BuUion & Dole Confeillers d'Etat. Enfin le Prince prioit le Roy d'ordonner qu'on in- formât contre-eux que le Confeil fût mis fur un meilleur pied , & qu'on eût égard au Remontrances des Etats & du Parlement. Telle étoit la ré- ponfe du Prince de Condé au Roy , & tel étoit à peu - près le Manifefte qu'il publia quelque temps après.

Une déclaration fi peu ménagée contre las Créatures de la Reine n'é- toit pas du goût du Duc de Bouillon. Il fit ce qu'il put pour empêcher qu'on n'accusât il publiquement le Maréchal d'Ancre. Ce n'eft pas qu'il

■(^4 Histoire de Henry Mémo'- ^^^ moins foii Ennemi que les autres res de la Seigneurs j mais c'efl: qu'il écoit per- d'e'^Mar e ^^^^^ 'V^^ ^^ fculc confideration et oit de Mcdi- capable de porter la Reine à flicri- ^"* fier toutes cnofes pour le maintenir : au lieu qu'en l'épargnant , elle pour- roit fe réfoudre à abandonner les au- tres qu'on avoit nommez j ce qui fa- ciliteroit dans la fuite la ruine du Ma- réchal d'Ancre. Une fortune comme la fienne , difoit le Duc de Boiiillon , ne fe renverfe pas tout d'un coup j il en faut faper lentement les fonde- mens : quand on aura détruit fes ap- puis, au premier choc elle tombera d'elle-même. Le Prince de Condé entroit alfez dans les fentimens du Duc de Bouillon ; mais il falut céder au Duc de Longueville qui déclaroit qu'il quitteroit le parti plutôt que de foufïrir qu'on eût le moindre ména- gement pour le Maréchal d'Ancre. Ce que le Duc de Bouillon avoit prévu , arriva. La Reine offensée au dernier point du peu d'égard que l'on avoit pour elle de pour fes Créatu- res , animée par le Maréchal & par la Maréchale d'Ancre , perfuadée qu'on en vouloir à fon autorité , Se qu'il y alloic de fa réputation de ne

plus

Dtjc de Bouillon. Liv. VIL 6^ plus différer le double Mariage , ne garda plus de mefures , 3^ porta tou- tes chofes à rextrémité. Elle fait don- ner par le Roy les plus fortes Décla- rations contre le Prince de Condé. On levé contre lui une Armée donc le commandenîent eft donné au Ma- réchal de Bois-Dauphin de l'ancienne & illuftre Maifon de Laval. On prend toutes les mefures pofîîbies tant du côté des Calviniftes , que de tout au- tre pour rompre les delfeins du Prin- ce. On part pour le voïage de Guyen- ne après avoir donné les ordres pour la levée d'une féconde Armée que le Duc de Guife devoir commander , & qui étoit deiHnée à faciliter le paf- lage de leurs ALijeftez. Enfin lorlquc la Cour fut arrivée à Poitiers , le Prince de Condé & fes Adherans font d-éclarez Rebeles & Criminels de , - leze-Majefte. Tout le crédit du Prin- s.-ptem- ce ne put empêcher qu'après quelques conteftations la Déclaration ne fût vérifiée au Parlement de Paris.

Un coup d'un fi grand éclat étonna d'autant moins le Prince & les Sei- gneurs de fon parti , qu'il avoir été prévu. Il y répondit d'abord par un nouveau Manifeile qui fut envoie Tom. IIL D

bie lô^iç.

66 Histoire de Henry dans toutes les Provinces, &c adrefle à tous les ordres de l'Etat , Se à tous les Parlemens du Royaume en particu- lier. Enfuite il délivra des comniiL fions , il leva des Troupes dedans ôc dehors le Royaume , & le prépara à obtenir par la force ce qui avoir été refusé à Tes Remontrances. Heureu- fement pour les Mécontens , la Cour fut arrêtée près de deux mois à Poi- tiers , par la maladie de la Princefîe deft'inée au Prince d'Efpagne. Elle y fut attaquée de la petite- vérole ; il lui falut tout ce temps pour en guérir , Se pour fe mettre en état de continuer Ion voiage. Ce contre - temps em- baralEi extrêmement la Cour , Se l'on ne fut pas à le repentir de s'être tant hâté de porter les chofes à l'extrémité. L'Aifemblée Générale des Calvi. niftes fe tenoit alors à Grenoble. Le Roy leur avoit permis de s'y aifem- bler fur les aifurances pofitives que L^fdiguieres lui avoit données d'em- pêcher qu'il ne s'y traitât rien contre ion fervice , Se qu'elle ne ie laifFâc entraîner par les follicitations des Mécontens. Le Duc de Rohan Se du Plclîîs-Mornay Gouverneur de Sau- mur , tous deux fort accréditez dans

Duc DE Bouillon. Liv. VÎI. 6j îe parti avoienc promis la même cho- fe ; le premier par l'envie fecrecce de traverier les delFeins du Duc de Boiiil- Ion & de l'emporter fur lui j le fécond parce qu'il écoic perfiiadé qu'il ne convenoit point à ceux de fa Religion de Te brouiller avec la Cour. Outre ces précautions , la Reine avoit trou- vé le moïen de gagner un grand nom- bre de Députez , les uns par des pro- melFes , les autres par des grâces qui les attachoient aux intérêts de Sa Majeflé.

Malgré tous ces obftacics le Duc de Bouillon entreprit de faire déclarer l'Aifemblée en faveur du parti qu'il avoit embralfé. Pour en venir à bout , il porta le Prince de Condé à y en- voier la Haye l'un de fes Gentils- hommes qui avoit déjà négocié pour lui. Il y envoïa de la part la Forêt , avec des Lettres & des Mémoires pour les principaux du parti. Le Duc y reprefentoit avec fon adreiïè ordinai- re les inconveniens du double Mariage avec TEfpagne , par rapport aux Cal- viniftes , & l'intérêt qu'ils avoient de s'y oppofer. Il y faifoit valoir cer- taines paroles échapécs à des Catho^ liques zelez qui avoient dit en prefea-

Di,

- 68 Histoire de Henry

ce de la Cour , qu'il étoic furprenaiiç qu'un Catholique comme le Prince de Coudé condamnât le Traité fait avec l'El'pagne , dont la fin principale étoic l'extirpation de l'Herelie. Il leur don- noit tous les ombrages qu'ils étoient capables de prendre , du ferment que l'Altemblée Générale du Clerjré ve- noit de faire , par lequel elle s'obli- geoit à la réception du Concile de Trente , à laquelle les Calviniftes s'é- toient toujours oppofcz. Il exagéroit les coniequences de la Remontrance que l'Evêque de Beauvais Député de la même Alfemblée avoit faite au Roy avant fon départ pour obtenir le ré- . tablilfement de la Religion Catho- lique dans la Principauté de Béarn. En un mot le Duc de Boiiiilon fe prévaloit de tout ce qui pouvoit por- ter l'Alïemblée à rompre avec la Cour , & à fe déclarer pour le Prince deCondé. Les efprits commençoient à s'échauffer , 8c les anciennes défian- ces àfe réveiller, lorfque Jean-Fran- çois Biondy Vénitien arriva à l'Alïem- blée de la part du Roy d'Angleterre , Hifbir: pt>ur l'afTurer de la proteélion de Sa ail csivi- Majefté Britannique , ôc de l'intérêt uv!''i^. qu'elle prenoit à tout ce qui pouvoii

Di/c DE Bottillon. Liv. VIT. ^^

affermir le repos du parti , & favori- fer le progrès de leur Religion. Le Duc de Bouillon avoit ménagé cet envoi : afin que Voi\ n'en pût pas dou- ter , Biondy déclara à rAlfemblée , que le Roy d'Angleterre l'avoir en- voie d'abord directement au Duc de Eoliillon , pour prendre avec lui les n'iefures qui conviendroient aux avan- tages du parti ; qu'il lui avoit com- muniqué fes Lettres de créance , & qu'il ne s'étoit rendu à rAifemblée qu'après avoir conféré avec lui , & pris fes avis fur toutes chofes. .:■•

Comme cette Déclaration mectoit l'Alfemblée dans la dépendance du Duc de Boliillon, & qu'elle étoit d'ail- leurs ébloiiie de l'honneur qu'il lui avoit procuré en lui ménageant l'Am- ballàde &c la protedion d'un aufli grand Prince que le Roy d'Angleter- re , il n'en falut pas davantage pour rompre les mefures prifes par le parti opposé au Duc de Bouillon. Lefdi-. gui ères emploïa envain toute fon au- torité , & le Duc de Rohan tout fon crédit ; les lages Remontrances de du Pleflis-Mornay ne furent point écoutées. Les Partifans de la Cour fe donnèrent des mouveraens inutiles

Diij

^0 HisTGiuE BE Henry

pour renverfer les projets du Duc de Bouillon. Cet habile Politique avoic fi bien ménagé toutes chofes , que le parti Calvinifte fe déclara enfin pour le Prince de Condé. Le Duc de Ro- han fe vit obligé de prendre les Ar- mes , & d'aider lui-même Ton Enne- mi à exécuter la plus grande partie des delfeins qu'il avoir formez.

Ce fucccs étonna la Cour , & jetta la Reine dans un des plus grands em- barras oii elle fe fût trouvée de vie. Mais ce fut bien pis iorfqu'eile apprit que le Comte de Saint-Pol s'é- coit déclaré dans la Guyenne pour le Prince de Condé , &c qu'il y levoit des Troupes pour fon fervice ; que le Duc de Duc de Rohan Eiifoit la même chofe Rohan. j^j^g Iq Poitou, & quc le Comtc de Caudale Fils aine du Duc d'Epernon , mécontent de fon Père , ne s'étoic pas contenté de prendre le même parti , ,,. j & de promettre de faire foulever les

Vie oc r

fiupi.m; Gouvernemens de Saintonge & d'An- Varnr.y. goumois dout il avoit la furvivance, mais qu 11 avoit abandonne la Reli- gion Catholique , pour faire profef- iion de la Prétendue Réformée. La Reine qui attribuoit tous ces mouve- mens aux intrigues du Duc de Bouil-

Memoi res du

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 71 Ion s'apperçut un peu tard qu'elle Ta- voit trop négligé : « Vous verrez ** ( difoit-elle , ) que nous ferons con- « trains d'avoir encore recours à lui « pour nous tirer de tous ces embar- « ras. " Cet aveu coûtoit à cette fiere Princeire , mais elle fentoit trop vi- vement la faute qu'elle avoit faite pour la pouvoir dilïïmuler.

L'Aifemblée générale des Calvinif- tes ne fe fut pas plutôt déclarée en fa- veur du Prince de Condé , qu'elle ap- préhenda que la Cour ne lui envoïât ordre ds ie séparer , ôc que Lefdi- guiercs ne la contraignit d'obéir. Pour éviter cet inconvénient , le Duc de Bouillon qui l'avoit prévu, lui con- feilla de quitter Grenoble , & de fe transférer de fon autorité à Nîmes ea Languedoc , elle feroit plus en liberté d'agir , ôc de favorifer les def- feins du Prince de Condé. C'étoit une defobéiffance formelle aux ordres da Roy ; mais comme c'étoit une fuite prefque nécelTàire de la démarche quelle vcnoit de faire en fe déclarant pour le Prince , le Duc de Bouillon fçut fi bien lui perfuader que la Cour qui n'étoit pas en état de s'en reilen- tir, feroit obligée de diiïimuler,qu'clle

D iiij

72. Histoire de Henry

fuivit fon confeil malgré les Remon- Hifto'îre trances de I.efdiguicres 8c tout ce **^.^^'^''' qu'il put faire pour l'en empêcher, Liv. 8. Une action ii hardie quin avoit point ch.^p. s. d'exemple depuis la conceffion de l'E- dit de Nantes , redoubla rétonnemcnt de la Cour j mais ( comme le Duc de Boiiillon i'avoit prévu ) elle fut obli- gée de diffimuler , au grand préjudice de l'autorité du Roy.

Pendant que ce qu'on vient de ra- conter fe paiibit dans les Provinces de delà la Loire , le Duc de Bouillon qui commandoit l'Armée du Prince de Condé , fe piéparoit à paiîer cette Rivière , ôc à s'avancer vers le Poi- tou & la Guyenne les Ducs de Ro- han & de Soubize prétendoicnt fe joindre a lui avec les Troupes qu'ils avoient levées. Mais comme il lui ,, . importoit de cacher fes deifeins à

Meinoi- - f _^ , . . 1 1 ; 4

res de h Bois- Dauphin qui commandoit i Ar- p.egencc ^^^^ ^^ T^ j| fjj. (-Qurir Ic bruit qu'il

rie Mcc'i marcoeroit droit a Pans , ou les Par-

"*• tifaiïs du Prince de Condé de les Mé-

contens Pattendoient pour fe fouie-

T 1 ver. En effet il donna le rendez-vous

Journal , , , ^ -

te Bal- général de les Troupes a Noyon en fcmpiei- pjcardie. Cet artifice lui réafTit. Bois- Dauphin dont l'Armée étoit plus

Duc DE BouiitON. Liv. VII. 75 tiombreufe que la fîenne , devoir dans les règles marcher au-devanc de lui , 6c l'attaquer à fon avantage avant que toutes les Troupes fuiîent airemblées; mais foit qu'il craignît d'en venir aux mains avec un Général de la réputa- tion du Duc de Bouillon , foit qu'il fût retenu par les cris des Parifiens , ou qu'il eût des ordres de la Cour de s'attacher à couvrir Paris , il ne s'é- loigna point de Dammartin d'a- bord il s'étoit campé.

Le Duc de Boliillon pour l'y retenir, en efFraïant les Parilîens , ( Peuple crédule & fort fujet à prendre l'épou- vante , ) faifoit à delFein quelques mouvemens comme s'il eût voulu s'a- vancer vers Paris , pendant que les Emilîàires répandus dans la Ville la rempHlfoient d'épouvante & de crain- te. Déjà les Païfans des Villaj^es voi- fîns & les Habitans des Fauxbourgs fe retiroient avec emprelfement dans la Ville , chargez de tout ce qu'ils pouvoient emporter. Déjà l'on faifoic des Prières dans toutes les Eglifes , iorfque le Duc de Bouillon qui ne peni^it à rien moins qu'à marcher vers Paris , tourna brulquement vers Château-Thierry. La Ville eft invef-

Dv

74 Histoire de Henry lie &c prife avant que Bois - Dauphin pût la fecourir.

Après qu'il fe fut ainfî alfuré d'un palTage fur la Marne , il envoie lon- der le Gué à Mery fur Seine. Lorf- qu'il fut alTuré que TArmée, le Ba- gage , ôc le Canon y pouvoient aisé- ment paiFer , il donne encore le chan- ge à Bois - Dauphin. Il fait femblanc de marcher à Reims , &c rabat tout d'un coup à Mery fur Seine , oii il palFe cette Rivière (ans y trouver le moindre obftacle. Bois-Dauphin fui- voit toujours l'Armée des Mécontens, Memoi- &c il ii'eu étoit jamais éloigné que Baflbm- ^'^^^^ joumée , de forte qu'en forçant pierre, un peu fes marches il eût pu l'attein- dre & la combattre à fon avantage. Mais quoiqu'il lui fût fuperieur, (car il avoit près de douze mille hommes , &■ l'Armée du Prince de Condé n'é- toit que de cinq mille hommesdepied. Se d'environ deux mille cinq-cens che- vaux , ) il n'ofa l'attaquer, foit que la Cour le lui eût expreirément défendu, foit que le Duc de Boiiillon qui ne foûtint jamais mieux la réputation qu'il s'étoit acquife d'un grand Hom- me de Guerre , prît des mefures (i juftes que Bois-Dauphin moins habi-

Duc DE Bouiî-iON. Liv. VIT. 7^ îe & moins expérimenté ne put s'op- poTer à fes entieprifes.

Ces heureux fuccès. que la renom- mée avoit foin dcgrofîîr au-delà cîe ce qu'ils étoient en cfFet, firent croire au Prince de Condc & aux Seigneurs de fon parti , qu'il étoit temps de pu- blier une Déclaration contre ceiîc du n^, ,_^. Roy qui les déclaroit criminels de le- '^^^"bi-'e ze Majefté , & contre l'Arrêt que le*''^" le Parlement de Paris avoit rendu en conséquence. Le Prince y parle avec autant de hauteur , que s'il eût eu des forces capables de donner la Loy à tout le Royaume. Ce n'eft pas qu'il le crût ainfï ; mais c'efi: que dans ces occaiîons rien n'acrédite plus parmi le peuple qui s'en tiejit toujours aux apparences , que la confiance &• le peu de ménagement avec lequel un parti traite celui qui lui eft opposé. Si l'on ne fe fcntoit pas luperieur , parleroit-oii de la forte ? Que de gens s'en tiennent-là. Mais quelque vue qu'eût le Prince de Condé, en parlant comme il faillit dans fi Déclaration, dès que fon Armée eut palfé la Seine, elle s'avança vers la Ville de Sens. Il croioit la iurprendre par le moïen <ies intelligences qu'il y avoit prati-

D vj

7<j Histoire d e Hbkry quées ; mais Bois-Dauphin & le Mar- quis de Praflain fou Marc chai de Camp rompirent fes mefures en y arrivant pkicôt que lui.

Le Duc de Boiiillon quifeavoitmec^ tre à profit les mauvais lucccs comme les bons , pendant que Bois-Dauphin s'arrête à s'aifurer de Sens , continue fa marche vers la Loire , réiolu de la palier , de traverfer le Berry , & d'en- trer dans le Poitou. Bois- Dauphin le fuit , Se quelque diligence que put faire le Duc de Boiiillon , les deux Armées fe trouvèrent il proches aux. environs de Bony , que le Duc crut: lui-même qu'on ne pourroit pas fe difpenfer d'en venir à une bataille.. Il ne lui Gonvenoit point de la donner j fon Armée étoit aflbiblie par l'éloi- gnement de fa meilleure Cavalerie commandée par le Duc de Longue- •villc , &c d'ailleurs l'Armée du Roy auroit confervé la fupériorité qu'elle avoir fur la iîenne , quand même elle -eût été toute ralîemblée.

Le Duc de Bouillon fit dans cette oGcaiîoii tout ce qu'on pouvoit atten^ 'dre d'un gf and Général ; il porte fon Canon avantageufemenc , & il fe ,campe de manière qu'eu cas d'attaque;

Duc DE Bouillon. Liv. VIT, 7/ un moindre nombre pouvoir foûtenir refTort d'un plus grand. Mais malgré toutes ces précautions il Gouroit rif^ que d'être défait, Bois-Dauphin eût eu la rélolution de l'attaquer. Il pa- rut alors de quelle importance il eft à une Armée d'être commandée pac un Général de la réputation du Duc de Bouillon. On lui croit toujours des reirources , lors môme qu'il n'en a point d'autres que celles qu'il peU5 trouver dans fa capacité & dans fa valeur» Ce fut apparemment ce qui empêcha le Maréchal de Bois-Dau- phin de profiter de fes avantages. A- pics quelques efcarmouches que le Duc de Bouillon foutint avec beau- coup de vigueur , le Maréchal ie reti- ra le premier. Le Duc de Bouillon délivré du danger d'être défait, qui fe rencontre toujours lorfque l'on elt forcé de palfer une rivière à la vue d'une Armée fuperieure, ne perd point de temps ; il palfe la Loire avec beau- coup de diligence , & fe met en état de ne plus rien craindre de Bois-Dau- phin. L'a6bivité de la prudence de ce grand Capitaine furent autant louées, que l'incertitude & le trop de circonf- |ie(^ion de Bois-Dauphm fifeent blà-

yB Histoire de Henry mées. Il eut beau dire que les ordres exprès du Roy ne lui avoient pas per- mis de hazarder la bataille j les excu- fes furent mal reçues à la Cour ôc par-tout ailleurs. Comme on ne pré- tend pas que le Duc de Bouillon fût incapable de faire des fautes , l'on avoiiera qu'il paroît que c'en fut une de s'être trop avancé , fans être sûr que fa Cavalerie le fuivoit ; mais de faire quelquefois des fautes , n'em- pêche pas qu'on ne foit un grand Ca- pitaine y ôc les Hommes à qui on n'en reproche point , font ceux qui n'ont jam.ais commandé. D'ailleurs ce fut plutôt une faute au Duc de Longue- ville qui commandoit la Cavalerie , de ne l'avoir pas fuivi , qu'à lui qui ne pouvoir faire trop de diligence de s'être trop avancé. Ce fucces du Duc de Bouillon fut fuivi d'un autre. Six cens Allemans qui n'avoient pu le joindre , traversèrent toute la Cham- pagne depuis Sedan , Se fe rendirent à ion Armée dans le Berry.

Memoi. jLe Duc de Rohan ne fut pas à beau- tés du ^ /' L 1 T^ 1

Duc r'e coup près il heureux que le Duc de

Rohan. Boliillon. A fou arrivée cu Guyenne

il trouva que le Comte de Saint Pol

qui y avoit levé des Troupes pour le

Duc DE Bouillon. Lit. VIT. 7^ Prince de Condé , & qui l'avoit même follicicé de fe déclarer pour lui , avoir fait fon accommodement avec la Cour , & avoit abandonné le parti du Prince. Ce contre-temps qu'on n'a- voit pu prévoir , déconcerta le Duc de Rohan ; il Falut prendre d'autres mcfures. Le projet fut d'abord d'af- fembler avec toute la diligence pofïï- ble un petit corps d'armée de fix mille hommes de pied , & de cinq - cens chevaux. Cela fuffifoit pour rompre les delFeins du Duc de Guife qui pré- tendoit conduire la PrincefTe Elifabeth de France fur la Frontière , & amener l'Infante à Bourdeaux. Mais quelque diligence que le Duc de Rohan &c le Marquis de la Force puiFent faire , ils ne purent jamais mettre enlemble plus de deux mille hommes.

Cependant ce petit nombre conduit par deux Capitames auiîi expérimen- tez que le Duc de Rohan & le Mar- quis de la Force , eût pu fuffire pour retarder au moins la marche de la Cour , jufques à ce que l'Armée du Prince de Condé eût pu joindre, fi les delleins du Comte de Candale dont on a parlé , n'eulTent pas été découverts, & fi le Comte de Saint Pol n'eût pas

8o Histoire d e Henry abandonne le parti du Prince de Con- dé. Ces deux contre-temps , & rim- poflibilité ou fe trouva le Duc de . Bouillon , de faire entrer plutôt TAr- tesdes'û rnée du Prince de Condé dans le Poi~ «■ot- tou , donnèrent à la Cour le temps êc '^' '■ le moïen de fe mettre en marche , & d'arriver à Bourdeaux le 7. d'Odto- bre 1615. Marie de Medicis fe fçut bon gré d'avoir trompé les efperan- ces des Mccontens , ôc iurmonté tou- tes les difficultez qu'elle avoit ren- contrées dans l'exécution de fes de[- feins , qu'elle ne put s'empêcher de verfer des larmes de joïe en entrant dans Bourdeaux.

La Princeife Fille aînée de France en partit trois jours après. Une petite Armée l'efcortoit fous le commande- ment du Duc de Guife & du Maré- chal de BrifTac. Elle arriva le premier de Novembre à Bayonne , & le fîx à Saint-Jean de Luz. Le Roy d'Ef- pagne conduifit l'Infante fa Fille à -Fontarabie. L'échange des deux Prin- celTes fut fait fur la Rivière de Bi- dafiba qui sépare la France de i'Ef- pagne. Madanje de France fat con- duite à Burgos oii le Prince d'Efpa- ^p£ l'épouiar Anne d'Autriche In^

Duc CE Bouillon. Liv. VIT. faute d'Efpagne fut menée à Bour- deaux , elle fut mariée avec Louis XIII. Roy de France. C'cll ainlî que Marie de Medicis vint à bout de fon grand deiTein. Mais il en faut voir les fuites.

Pendant que le double Mariage s'c- xécutoit de la manière que l'on vienc de raconter , le Prince de Condé avec fon Armée toujours conduite par le Duc de Bouillon , étoit entré dans le Poitou , & s'avançoit vers la Guyen- ne. La Cour en fut d'autant plus al- Memoî^ larmée , qu'elle apprit dans ce même-.res «lu temps que les Ducs de la Trimouille poLn'^^ & deVendôme s'étoicnt déclarez pour Liv. i. ce Prnice, & qu'ils levoient des Trou- pes ou pour l'aller joindre , ou pour taire des diveriîons en fa faveur. Elle apprit encore que rAlfemblée Géné- rale des Calviniftes qui s'étoit tranf- ferée de fon autorité de Grenoble à Nîmes, avoir pris de nouveaux en- gagem.ens avec le Prince de Condé , p,.ocez & qu'elle lui avoit envoie des Dépu- vcibaide tez qui 1 avoient joint dans Ion Camp ^,^;. ^^ de Sanzai en Bas-Poitou ; qu'ils y K!m:s.

t T' ' 1 Tome 4.»

avoient conclu un Traite avec lui qui \

rendoit deiormais leurs intérêts msc- crics de parables : 6c qu'on alloit lever des Loncnic

*^ ' * Tome g.

$1 Histoire ce Henry

Troupes dans toutes les Provinces en exécution de ce Traité.

Marie de Medicis fe fouvint alors d'un confeii que lui avoit donné le Duc de Rohan avant qu'il fe fût dé- claré pour le Prince de Condé ; c'é- toit de rompre la Ligue de ce Prince, comme Louis XL avoit autrefois dif- res^T' ^P^ ^'^^^^ ^^ ^^^" public en gagnant Rohan. les uns après les autres tous ceux qui '^- '• y étoient entrez. Elle y fit réflexion , Memoi- &■ prit d'autant plus volontiers le par- R;gence ^^ fî'éxécuter cet avis , qu'elle crut <ii M.iK qu'il lui fuîfiroit de gagner le Duc de jf5^''^''"BoUilion qui avoit le plus de crédit dans le parti Calvinifte & dans celui des Mccontens , tout au plus le Duc de Mayenne avec lui , & que fi elle pouvoit une fois les engager à faire la Paix , elle viendroit aisément à bout de tous les autres. Elle s'af- fermit dans ce deltêin , & chercha les moïens de le faire réuiîîr.

Heureufement pour Marie de Me- dicis , le Duc de Boiiillon étoit entré à peu près dans les mêmes lentimens. Le double Mariage ne fepOLivoit plus rompre.L'exempie duComte de Saint- Pol , & celui de Châtillon que la Cour 'venoit de gagner , lui faifoit appré-

Duc DE Bouillon. Liv. VII. S?

hender qu'elle ne s'acquît aiiifî les uns après les autres les plus grands Sei- gneurs du parti , & qu'il ne demeurât chargé de la haine d'a.voir excité une Guerre-civile. D'ailleurs comme ii étoit riiomme du monde le plus pé- nétrant , il s'étoit apperçu que le Prince de Condé commençoit à fe lalfer de la Guerre ; que la gloire que lui ( Duc de Boiiillon) s'étort acqui- fcjtantdans les négociations que dans le commandement de l'Armée , lui cauioit une jaloulie fecrette qui pre- noit tous les jours de nouvelles forces. De plus il ne le croioit pas à Tépreu- ve des conditions avantageufes que la Cour pourroit lui offrir j &: il le connoilfoit alïez pour être perfuadé que Cl la Reine pouvoit une fois fe réfoudre à le contenter, il ne fe met- troit pas fort en peine de procurer aux Seigneurs de fon parti , les latif- faârions que les fervices qu'ils lui a- voient rendus, les mettoient en droit de prétendre. Le Duc de Bouillon croïoit encore qu'on traiteroit d'au- tant plus avantageufcment avec la Cour , que le parti du Prince de Con- dé à la tête duquel il fe trouvoit , n'a. voit jamais été plus en état de fe faire

i^ Histoire de Henry redouter , & qu'il ne faloic pas attcfï- dre que le temps , les conjonduies , 6c les intrigues de la Cour reulfcnt ruiné ou afFoibli , de forte qu'on n'eût plus de confideration pour lai. Le Duc de Bouillon faifoit encore réfle- xion que l'Armée du Roy groffifToit tous les jours. Le Maréchal de Bois- Dauphin qui avoit fuivi l'Arrnée du Prince de Condé, avoit joint celle que le Duc de Guife commandoit ; & cette jonétion n'avoit pas plutôt été faite , que la Cour mal-fatisfaite de Bois- Dauphin lui avoit Ole le commande- ment de l'Armée , & i'avoit donné au Duc de Guife , dont la valeur & les talens pour la Guerre l'emportoient de beaucoup fur ceux du Maréchal. Ce fut une faute que l'on reprocha depuis à Marie de Medicis. Les Poli- tiques n'approuvoient pas qu'on con- fiât le commandement d'une Armée qui étoit toute la reiTôurce du Roy au Chef d'une Maifon , dont les ambi- tieux deife-ins avoient pensé enlever la Couronne au Roy , Père de Sa Ma- jcilé. Mais ( comme on l'a déjà re- marqué ) Marie de Medicis ne portoit pas fes vues loin ; elle vivoit , pour ainfi dire,au jour la journécj ôc pourvu

Duc DE Bottillon. Liv. VII. 8^ qu'elle ie tirât d'un embarras , elle ne faiioit pas toujours réflexion il elle fe jettoit dans un autre, caradere dange- reux pour leGouvernement. Il deman- de une prévoiance plus étendue , qui perce dans l'avenir , de qui fâche né- gliger un avantage prefent , pour ne pas tomber dans la iuite dans des in- convéniens beaucoup plus dangereux , que le parti que l'on a pris n'a été uti- le. L'on peut dire que cette conduite de Marie de Medicis a été la caufe de tous les niouvemens qui ont traversé les commencemens du Règne de fou Fils ; comme au contraire , les maxi- mes toutes opposées du Cardinal de Richelieu , qui lui fucceda dans le Gouvernement, rétablirent la Paix , Se firent enfin ceffer les fa<5tions au dedans du Royaume.

Les confiderations que l'on vient de rapporter , difpolerent le Duc de Boiiillon à féconder les intentions de la Reine pour la Paix , dès qu'il s'ap- perçut que Marie de Medicis revenue la pensée qu'elle pourroit fe palier Proccz de lui , commençoit à le ménager. J^^J^?^ ""^ Mais ce qui acheva de le déterminer biéc de à s'accommoder avec la Cour j fut i^"""- l'ofFre que lui fit le Chevalier Edmond AmbaiTadeur d'Angleterre , de l'en-

tij Histoire de Henry tremife du Roy fon Maître , pour ob- tenir au Prince de Condé &c aux Sei- gneurs de fon parti , les juftes fatif- faétions qu'ils fe croïoient en droit de prétendre. Le Duc de Bouillon qui devoit ménager l'amitié du Roy d'An- gleterre , tant pour lui-même , que pour l'Eledteur Palatin fon neveu, par rapport aux projets dont on par- lera dans la fuite , crut que ce feroit l'ofFenfer que de ne pas accepter fa médiation. Il la propofa au Prince de Condé , ôc ce fut par-là qu'après l'a- voir engagé à faire la Guerre , il le difpofa à la Paix.

Mais s'il étoit glorieux au Prince de Condé 6c aux Seigneurs de fon parti , de traiter avec leur Roy par la média- tion d'un aufll puilïànt Prince que le Roy d'Angleterre , cette entremife avoit des confequences qui ne conve- Jioient point à la Cour. La Majefté du Souverain ne lui permet pas de reconnoître un médiateur entre lui & fes Sujets ; de quand un Roy fait tant .que de traiter avec fon peuple , il eft de fa dip-nité de donner la loy , ou du moins de paroître la donner. Aufîi guand le Chevalier Edmond qui s'é- toit rendu à Bourdeaux auprès du Koy , le pria au nom da Prince de

Duc DE Bouillon. Liv. VII. 87 Condé d'agréer que le Roy d'Angle- terre s'entremît de fon accommode- ment avec Sa Majefté , le Roy répon- dit qu'il ne lui convenoit point d'ad- mettre un médiateur entre lui &c fes Sujets , & que Condé tout premier Prince de fon Sang qu'il étoit , ne lailfoit pas d'en être du nombre. Mais comme la Cour defiroit la Paix , & qu'il ne paroiiToit pas qu'on pût la faire fans l'entremife du Roy de la Grande-Bretagne , il fut queftion de chercher un expédient qui la procu- rât fins déroger à la Majefté Royale. On le trouva enfin. Il fut que le Roy agréeroit que l'AmbafTadeur d'Angle- terre affiftât au TraitéjComme témoin des chofes dont on conviendroit de part & d'autre , quoique dans le fond il dût agir dans la fuite en véritable médiateur.

Dès que cet expédient eut été ap- prouvé , le Duc de Nevers qui par des vues qui tenoient un peu de la vifion , avoit gardé une efpece de neutralité entre le Roy 6c le Prince de Condé , & qui s'étoit rendu à Bourdeaux pref. que en même-temps que l'AmbalIa- dcur d'Angleterre , pria la Reine d'a- gréer qu'il fe joignît au Chevalier

SS Histoire de Henry Edmont dans la négociation qu'il al- loit commencer avec le Prince de Condé ôc les Seigneurs de Ton parti, La Reine à qui tout convenoit pour- vu qu'on fît la Paix , y conlentit. Ainfi l'Ambairadeur d'Angleterre Ôc le Duc de Nevers fe rendirent auprès du Prince de Condé à Saint - Jean d'Angely pour commencer les Con- férences, Ce fut une occafion au Duc deBoliillon de faire paroître Tes grands talens pour les négociations. La pre- mière vue qu'il d propofa , fut de donner au Roy toutes les apparen- ces , Se de fe réferver pour lui Se pour fon parti tout ce qu'il fe pourroit ob- tenir de réel , ôc de folide. Cela con- venoit au caradere d'efprit de Marie de Medicis j le Duc le connoilîbit , & il avoit fouvent éprouvé qu'elle fe rendoit aux déférences , aux manières rcipeélueufes & foumifes , Se qu'on obtenoit d'elle par cette voie ce qu'el- le n'eût jamais accordé à toute autre manière dont on eût pu s'y prendre. Les déférences du parti du Prince de Condé dévoient lui être d'autant plus agréables dans l'occaiion dont il s'a- ^ilfoit , que ce même parti qui paroii^ îoit fe foumettre, l'ayoic fait trem- bler

Duc DE Bouillon. Liv. VÎÎ, 8^ bler plus d'une fois , ôc qu elle n'écoïc pas encore bien remiie des craintes qu'il lui avoir causées , & de celles qu'il écoit encore en état de lui don- ner. Mais en même -temps que le Duc de Bouillon prit le parti de trai- ter avec la Reine avec tous les égards dûs à la Majefté Royale , il prit auffi celui de tenir ferme dans les chofes eirentiellcs , &: qu'il ne pouvoit relâ- cher fans manquer à la confiance que tout le parti du Piince de Condé avoitenlui. Car quoique le Prince, bs Seigneurs de fon parti , ôc tous leurs Adjoints afîiftailènt par eux- mêmes ou par leurs Députez aux Con- férences , & que chacun veillât à fes intérêts , il eft certain que le Duc de Bouillon avoit la principale diredion de la négociation , ôc que la plupart des Interelfez perfuadez de (a capaci- té s'en rapportoient à lui.

Une autre vue du Duc de Boiiil- lon dans tout le cours du Traité fut de traîner les affaires en longueur , de faire naître des incidens , ôc de ne fe point hâter de conclure. Il içavoit que les deux Reines & la Cour avoient une mipatience extrême de fe rendre à Paris , ôc il ne doutoit point que

Tom. III. E

po Histoire de Henry pour la fatisfaire , on ne fe relâchâç fur bien des chores. Dans cous les Traitez , dès qu'on s'apperçoic qu'une des parties a envie de conclure , les autres ne manquent jamais de s'en prévaloir -, c'cfi: ce qu'il faut cacher avec foin. Le Duc de Bouillon le fça- voit faire mieux que perfonne -, il a- voit une patience à l'épreuve detou-^ tes les longueurs , & il ne fe hâtoic jamais moins de conclure , que lorf- qu'il en avoit le plus d'envie. Le Prin- ce de Condé Scies autres Seigneurs du parti n'écoient pas de ce caradtere : c'eft ce qui les empêcha d'obtenir tous les avantages que le Duc de BoUillon leur eût procurez , s'ils a- voient fcû cacher comme lui l'em- prc(remei":t qu'ils avoient de fortir d'afï!iire. Cccte inquiétude , ces em- prelïbmens a contre-temps font une partie du caradere de la nation Fran-. coifc : c'eft ce qui donne de grands avantages aux Etrangers , quand ils ont à traiter avec elle. L'on s'apper- cevra aisément dans ce que l'on va raconter , que le Duc de Boiiillon a- voit les vues que l'on vient de mar- quer. £n éxecution de ce quç le Duc s'é*

' Duc DE Bouillon. Liv. VII. ^i toit proposé , dès que l'Ambalîadeur d'Angleterre &c le Duc de Ncvers le furent rendus à Saint -Jean d'Angcly , le Prince de Condé écrivit à i'AlFem- blée de Nîmes , qu'il n'avoit pu Ce difpenfer d'accepter la médiation du Roy d'Angleterre, & qu'il ne croïoit pas qu'ils deuflènt la refuler ; qu'on alloit traiter de la Paix , ôc qu'il étoit nécelfaire qu'ils envoïairent des Dé- putez à la Cour , qui agilfent de con- cert avec fes Envoiez, L'Aflèmblée pour fe conformer aux intentions du Prince , dont il lui étoit de la dernre- le importance de ne fe point séparer , nomma Bertheville & deux autres pour fe rendre à la Cour , avec ordre de fe joindre aux Agens du Prince de Condé.

Cette lettre fut fuivie d'une autre très-refpedueufe & très-foumife, que le Prince de Condé écrivit au Roy. Il le prioit de donner la Paix à fes Sujets , &: d avoir égard aux Kemon- i^ij trances des Etats Généraux , & à cel- les'du Parlement de Paris. Ce der- nier article n'étoit que pour la forme. Le bien public étoit ce à quoi l'on penfoit le moins ; il ne parut pas qu'on y fît une fort grande attention dans

Eij

L'an

c)z Histoire de Hehry toute la fuite du Traité : chacun n'a- voir en vue que Tes avantages parti- culiers. Mais il importoit au Prince de Condé &c aux Seigneurs de fon par- ti après de fi grands mouvemens , qu'on ne crût pas que le feul intérêt des particuliers les avoit caufez. Le bien public eft comme un malque dont on fe couvre le vifage tant que la pie- ce dure ; on ne le quitte que quand elle eft finie. Le Duc de Bouillon qui s'attachoit toujours à iauver au moins les apparences , difoit à cette occa- fion, que le Parlement avoit abandon- né le premier le parti des Seigneurs Mécontens , en vérifiant la Déclara- tion qui les déclaroit rebelles j qu'ain- fi il ne de voit pas le plaindre, fi l'on n'avoit pas eu pour les intérêts tous les cç.irds qu'il eût pu fouhaiter , a- piès qu'il les avoit lui-même fi mal ménagez.

Le Baron de Thianges fut chargé de la leitrc du Prince de Condé. Il la rendir au Roy fur le chemin de Poi- tiers cù Sa Majefté avoit réfolu de s'arrêter jufques à ce que l'on eût pris des mcfures certaines pour la Paix. LeRoy aiant répondu favorable ment à la lettre du Prince de Condé, il

t)T/c T>t Bouillon. Liv. VII. *)■} lui en écrivit une autre par laquelle il fupplioit Sa Majefté d'accorder une fufpenijon d'armes , de nommer le lieu le tiendroient les Confereii. ces , & les perfomies qui dévoient y aiîlfter de fa part , d'agréer que les Députez de l'AlIemblée deNnnes fuf- fent admis à ces Conférences , ôc de faire expédier un brevet qui transfe- lât cette Aifemblée dans un lieu moins éloicrné de celui que le Roy auroit nommé pour y traiter de la Paix. Thianges fut encore le porteur de cette lettre. Le Duc de Nevers jugea à propos de fe rendre en même-temps auprès du Roy pour en folliciter la réponie. Ce fut plutôt le mouvement d'un homme qui fe fait de fête, qu'une démarche nécelfaire. Comme le Prin- ce de Condé ne demandoit rien qui ne fût un Préliminaire nécelTaire au Trai- té de Paix , Thianges étoit bon de refte pour obtenir une réponfe favo- rable. En effet le Roy accorda d'a- bord une fufpenfion d'armes jufques au premier jour de Mars : mais com- me le Duc de Bouillon vouloitfe pré- valoir de l'impatience qu'avoit la Cour de fe rendre à Paris , ôc qu'il ïi'avançoic pas autant qu'elle l'eût

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L'an J616.

'1I14. Histoire de Henry fouhaité , il falut la prolonger jufqilé? ' à trois fois. Le Roy accorda encore que les Conférences le ciendroient . dans la Ville de Loudun ; qu'on en feroit l'ouvercure le dixième de Fé- vrier j & il nomma les CommilTaireS' qui dévoient y afîîfter de fa part.

La difficulté fut grande touchant les Députez de rAlFemblée de Nîmes* Comme elle s'y étoit transférée der Grenoble de Ton autorité , Ôc qu'elle avoit refusé de fe rendre à Montpé- lier fuivant les ordres du Roy , Sa Majefté ne la reconnoiiïbit point pour légitime. Elle ne vouloit ni recevoir la lettre que Bertheville avoit ordre de lui prefenter de fa part , ni écou- ter les Députez , ni confentir qu'ils afliftairent aux Conférences de Lou- dun. Comme îe Duc de Bouillon a- voit prévu que la Cour refuferoit cet article , Thianges avoit ordre d'y in- fifter, & de ne convenir de rien , qu'il ne fût accordé. On eut beau lui jpro- pofer des expédiens pour s'en difpen- fer , Thianges tint ferme , Se répon- dit toujours que c'étoic un Préliminai-» re nécelTûJrc , & qu'on ne s'alfem- bleroit point qu'on n'en fût convenu. La Cour fouhaitoit la Paix 5 ce fut à elle à chercher les moïens d'accom»

î^uc DE Bouillon. Liv. VII. 95"

moder ce difîerend. On convint enfin que le Roy recevroic les Députez ^^^^^^ comme des Particuliers qui venoicnt v.rbaide lui rendre leurs devoirs , & que i'Af- ^i'H'",' femblce de Nîmes feroit transférée Rochelle de l'autorité du Roy à la Rochelle , ^'''"- ^• afin de la rendre légitime, 8c qu'elle pût envoïer des Députez aux Confé- rences. Cet expédient ne donnoit au Roy que les plus foibics apparences j le parti contraire obtenoit par-la tout ce qu'il y avoit de réel & de folide : mais la Cour étoit laiFe de la Guerre , & les temps ne permettoient pas qu'on en usât avec plus de fermeté.

Cette diihculté aïant été réglée , le Roy partit de Poitiers pour fe ren- rendre à Tours il demeura jufques à la conclulîon de la Paix. En même- i-= 'o- temps les Conférences commence- \^^^J^' renc a Loudun. Ceux qui y afïïfterent de la part du Roy furent la Comtelîe de Soldons , le Duc de Nevers , le Maréchal de BrilTac , Villeroy & PontchartrainSecretairesd'EtatjlePré- (îdentdeThou&rdeViCjConfeillersd'E- tat. Du côtédcs Seigneurs mécontens , le Prince deCondé y vint en perfonne, accompagné de la Princcffe fa Mère , delà Ducheife Douairière de Longue-

EiJij

i^^ Histoire de Hinry ville, des Ducs de Mayenne, de Bouil- lon , de Vendôme , de Longueville , de Rohan , de Luxembourg , de la Trimouille , de Sully , du Comte de j^"T' Candale , &c des Députez de TAlTem- Rohj.n. bîée des Calviniftes qui par la permit ■^^^- '• fioi\ du Roy avoit été transférée à Rochelle. Le Chevalier Edmond Am- bairadcur du Roy de la Grande-Breta- gne s'y rendit auiîî pour y faire les fon- dions de médiateur.quoiqu'il n'en eût pas la qualité.

Dès que les Conférences furent ouvertes , on s'apperçut qu'elles ne finiroient pas fi-tôt. Il y avoit trop de perfonnes à contenter , & trop d'in- térêts difFcrcns & fouvent oppofez à concilier pour terminer les affaires en aulïi peu de temps que la Cour fe l'étoit miaginé. L^on avoit cepen- dant recommandé a Villeroy de les diligenter le plus qu'il fe pourroit , pour fatisfaire l'impatience qu'avoit la Reine Mère de fe rendre à Paris. Cela fît naître à cet habile Miniftre la pensée de s'attacher à contenter les principaux du parti , perfuadé que quand ils Icroient fatisfaits , ou qu'ils ameneroient les autres à leur fenti- ■ment , ou que leur oppofition & les difHcultez qu'ils pour roi ent faire

IDUC DE BOUIILON. LiV. VII. ' f)7

îiaitre , n'empêcheroient pas qu'on ne fît la paix. Villeroy raifonnoit jufte. Dans tous les partis il y a toûjoui-s quelqu'un qui gouverne les autres , & dont les intérêts décident de ceux des plus foibles ou des moins habiles. Heureufement pour Villeroy , il avoit toujours entretenu des liaiions étroi- tes avec le Duc de Bouillon. C'étoit le Seigneur de tout le parti qui avoit le plus d'afcendant fur relprit du Prin* ce de Condé , & qui étoit le plus ca- pable ou d'amener les autres à l'exé- cution de les delfeins , ou de le met- tre au-dellus de toutes les diflicultez qu'ils pourroient faire. Ce fut donc à lui que Villeroy s'adrclfa ; il lui offrit la carte-blanche pour le Prince de Condé Se pour lui. Mais le Duc de Bouillon lui fît comprendre qu'il avoit des liaifons trop étroites avec les Ducs de Mayenne 6c de Longue- ville , pour ne pas ménager leurs in- térêts comme les fîens. Il ne s'agif- foit donc plus que de contenter le Prince ôc ces trois Seigneurs. C'é- toit bien du chemin fait en peu de îemps j Villeroy le comprit , & com- me il avoit le fecret de la Reine , il promit au Duc de Bouillon , que le

Ev

/

5)8 Histoire de Henry Prince de Condé , lui- ôc fes deux amis auroient tout lieu d'être contens. Dès-lors ces trois Seigneurs s'atta- chèrent à tourner toutes les vues du Prince de Condé du côté de la paix j Se ils lui reprefenterent fi fortement les avantages qui lui en reviendroient, que le Prince charmé de refperance de fe voir à la tête des affaires , de faire changer le Conicil d'Etat ôc ce- lui des Finances , d'en exclure ceux qui lui déplaifoient , d'y placer fcs amis & fes créatures , & de dilpofer des charges & des emplois,réfolut de conclure la paix encore plus promp- tement , qu'il ne convenoit aux trois Seigneurs qui lui avoient confeillé de la faire.

Le Duc de Bouillon s'en tenoit tou>» jours à fa maxime. Il vouloitlapaix| mais il étoit perfuadé qu'elle feroic d'autant plus avantageufe pour le par* ti, qu'on fe prelTeroit moins de la cou«< dure. Le Prince de Condé au con- traire qui ne cherchoit que fes inté- rêts , & qui efperoit obtenir tout ce qu'il voudroit , croïoit qu'on ne pour- voit trop-tôt terminer cette grande affaire. Comme il efl: difficile de ca- cher long-temps ce que l'on fouhaite

Due DE Bottillon. Liv. VII. 5<> wivec beaucoup de paiîîon j quelque ijîterêt qu'eût le Prince de cacher fes Mémo'. dclTeins au parti Calvinifte , il le laii^ ^e fa pénétrer par le Duc de Rohan. Si li". i.' ce Seigneur en avoit été crû , ou Ton n'eût point fait la paix , ou on ne l'eût faite qu'à des conditions très-avan- tageufes aux Calviniftes , ou [qs inté- rêts particuliers n'auroient pas été oubliez : grand temporifeur de ion cara6bere , il ne pouvoit foufFrir qu'on précipitât les affaires, fur-tout quand elles étoient de l'importance de celle dont il s'agilfoit. Le temps félon lui faifoit toujours des ouvertures dont d'habiles gens i'çavoienc profiter. Il croïoit qu'on ne gagnoit rien en fe hâtant , ôc que le moins empreife à conclure étoit celui qui profitoit le plus dans les traitez. Il fit donc fur cela de fortes Remontrances au Prin- ce de Condé. On ne pouvoit pas lui ibU, parler plus jufte ni de meilleur iens qu'il le fit , Se l'événement juftifia toutes les réflexions qu'il lui fit faire. Mais tout ce que le Duc de Rohan put dire , ne fit aucune impreiïîon fur l'efprit du Prince : charmé des avan- tages que la Cour lui offioit , ôc que yilieroy fçavoic lui faire valoir , il

E vj.

100 Histoire de Henry n'écoit plus capable de revenir de fes préventions j de le temps qui a cou- tume d'ouvrir les yeux fur Tinterêt , ne fervoic qu'à les fortifier.

Le Duc de Bouillon étoit en bien des chofcs du fentimcnt du Duc de Rohan j prévoïant fur l'avenir il de- mandoit des furetez. Il vouloit bien regagner la confiance de la Reine Mère , en lui rendant !e plus fîgnalé fervice qu'il lui eût jamais rendu : c'é- toit de faire la paix , mais il fe déficit de fon inconftance , èc il prétendoit rendre le Prince de Condé affez puif- fant pour le lui oppofer en cas de be- Memoi- foii;i^ Qq fut j^ns cct efprit , que le RegencL^ Duc de BoUillon $c les Seigneurs unis de M^j-' ^^ Prince de Condé , du confente- eis. ment de ce Prince , drellerent les trente articles qui furent prefenrez aux Commiffaires du Roy à la Con- férence de Loudun. De ces trente ar- ticles qui feroient trop longs à rap- porter , les deux tiers avoient été dref= fez conformément aux Déclarations ôc aux Manifelles du Prince de Condé, &: regardoient le bien public. Mais comme la Cour étoit perluadée qu'on n'y iniifteroit pas , &c qu'ils n'avoient été mis que pour la forme, d: pour en

Duc DE Bouillon. Liv. Vit. loî mipofei: au public , elle accorda ceux qui n'étoienc pas de coiifequence j elle modifia les uns , elle éluda les autres , & furfit l'exécution des plus importans dans la pensée que le temps lui fourniroic des moïens pour s'en difpenfer.

Il n'en fut pas de même des arti- cles qui regardoient la fatisfadion perfonnelle du Prince de Condé. Il ne prétendoit rien moins que d'être le Chef de tous les Confeils duRoy , d'y faire les changemens qu'il juge- geroit nécelïaires au bien de l'Etat, de figner tous les Arrêts qui s'expe- diroient , les comptes de l'Epargne , ou du Trefor Royal , & ce qui (eroit réfolu chaque femaine touchant les Finances. En un mot le Prince de- mandoit la ^hirne ^ c'eft ainfi qu'on s'exprimoit alors. Comme ces arti- cles tendoient à la diminution de l'au- torité de la Reine Mère , il y eut à leur occafion desConferences particulières Se de grandes conteftations entre le Duc de BoUiUon&Villeroy.

Villeroy prétendoit qu'il étoit con« tre toute apparence de demander à la Reine,qu'elle lignât elle-même fa dé- gradation j que fi l'on accordoic les

tôt Histoire de Heicry demandes du Prince de Condé , cette Princeire n'auroit à l'avenird'autorité, qu'autant qu'il plairoit à ce Prince de lui en laiirer : qu'il en étoit de même de la prétention de ce Prince , de pouvoir faire dans le Confcil du Roy tous les changemens qu'il jugeroit à propos j que des que les Rois étoient majeurSjlcur Conieil dépendoit d'eux. Se que c'étoit à eux à admettre ou à exclure ceux qui convenoient ou ne convenoient pas au bien de leur fer- vice ; qu'en un mot tous les articles propofez par le Prince , demandoient des modifications fans lefquelles on ne pourroit jvimais les propofer à la Cour.

Le Duc de Bouillon foutenoit au contraire que le Prince de Condé en demandant d'être reconnu Chef de tous les Confeils du Roy , ne prétcn- doit que ce qui appartenoit de droit à fa qualité de premier Prince du Sang j qu'étant une fois reconnu Chef du Confeil , il devoit dépendre de lui d'y faire les changemens qu'il croiroit convenir au bien de l'Etat ; d'autant plus que le Roy n'étoit pas encore en âge de jnger du mérite des perfonnes qu'il faudroic admettre ou rejettcr.

Ï3uc DE BotJiLiON. Liv. vit ÎÔ^ Que quant à prefent ces changemens écoientabfolumentnécelîaires, &c que le Prince s'en étoit trop déclaré dans fes Manifeftes, pour pouvoir fe relâ- cher fur cet article. Le Duc ajouta que file Confeil n'étoit composé que de gens comme lui ( Villeroy ) il n'au- roit pas befoin de réformation j mais qu'il fçavoit mieux que perfonne, que la plupart prévenus de leurs intérêts particuliers, n'étoient quafî jamais diï même avis; que jaloux les uns des au- tres,ils craignoient qu'un d'entre-eux qui feroit trop fouvent prévaloir fon fentiment , ne perfuadât le Roy que fon génie Temportoit fur celui des autres,&que de leur égal, il ne devint leur Supérieur ; qu'ainfiaufli attachez à leurs avantages particuliers , qu'in- differens pour ceux de TEtat , ils corn- battoient tour-à-tour les avis les plus fages , quand ils pouvoient faire trop d'honneur à celui qui les donnoit, C'ell ce que le Duc de BoUillon lui- même avoit allez fouvent éprouvé pour en faire un motif de la réfor- mation du Confeil.

Le Duc de Boiiillon ajoûtoit enco» re qu'il y avoit dans le Confeil du Roy trop de Gens dépendans de la Cour

Î04 Histoire de Henry de Rome, & trop peu attachez aux véritables maximes du Gouverne- tnent j que ces perfonnes au préju- dice des anciennes alliances , avoient confeillé & ménagé le double maria- ge avec rEfpagne , dont on verroit tôt ou tard les dangereufes confé- quences : qu'on avoit jette par-là le parti Calvinifte , dans des défiances dont on auroit bien de la peine à le fairjè revenir , ôc qu'on avoit refroidi les anciens Alliez lufques-là fi affec- tionnez à la Couronne ; qu'à la vé- rité il avoit paru l'approuver, ou pour mieux dire , qu'il ne s'y é:oit pas au- tant opposé qu'il le devoit , parce que la Reine Mcre avoit pris fon parti , ôc que fon oppofition eût été inutile. Que la Reine elle-même fuivant les maximes de fon pais 6c celles de fa maifon écoit trop attachée à la Cour de Rome & à l'Efpagne ; que c'étoit par cette raifon qu'il faloitlui donner un contre-poids dans le Confeil , & modérer cette grande autorité qu'elle s'y étoit acqnïfe. Enfin le Duc de Bouillon prétendoit qu'il étoit contre toutes les Loix du Royaume , Se con- tre toutes les maximes du bon Gou- vernement , qu'un Etranger comme

î)uc DE Bouillon. Liv. VIÏ. lof le Maréchal d'Ancre fût revêtu des premières charges de l'Etat , & eût entrée au Confeil. Il demeuroit d'ac- cord que quand les Rois étoient en âge de gouverner par eux - mêmes , c'étoit à eux à former leur Confeil de Gens capables & afFedionnez au bien de l'Etat j mâ.is que le Confeil qu'il s'agilfoit de réformer , n'écoit point l'ouvrrtee du Roy : qu'il n'étoit pas même encore en âge de connoitre le mérite & les qualitez requifes , pour former un Confeil d'Ecat : que dans ces occalions , c'étoit au premier Prin- ce du Sang , c'eiVà-di re , à celui qui étoit le plus interellé à la conferva- tion de la Couronne, à y pourvoir ^ que c'étoit tout ce que le Prince de Condé prétendoit j ainfî l'on ne de- voit pas trouver fes demandes H étranges.

Villeroy qui étoit habile & affec- tionné au bien de l'Etat , convenoit avec le Duc de Bouillon de bien des chofes ; mais il foutenoit toujours que la Reine Mère de qui tout dé- pendoit , n'accorderoit jamais les de- mandes du Prince de Condé. Le Duc de Bouillon de fon côté demeuroit ferme , Ôc proteftoic que la Paix ne

îo^ Histoire de Menr-?^ fe feroit qu'à ces conditions.

On en écoit-là , lorfqu il furvinlË Une nouvelle difficulté. Le Duc de Longueville Gouverneur de Picardie , Ennemi déclaré du Maréchal d'Ancre^ s'obftina à demander que le Gouver^ nement de la Citadelle d'Amiens lui fût ôté , & protefta qu'il 41e figneroit point la paix que cet article ne lui fût accordé. Jamais ce Maréchal & Ta Femme n'avoient eu plus de part à la faveur de la Reine Mère qu'ils en avoient alors ^ & cette Princclle n'é- toit gueres moins feniible aux inté- rêts de fes créatures , qu'aux fiens propres. Il s'agilFoit de facrifier le Maréchal à Ton Ennemi , Se la fierté de Marie de Medicis ne lui permet- toit pas de confentir à une pareille propofition. Villeroy fit donc tout ce qu'il put pour l'éluder. Il propofa d'autres expédiens pour contenter le Duc de Longueville j mais ce Duc ne voulut rien relâcher de fa prcten-. tion. Celles du Prince de Condé é- toient encore plus embarraifantes , ôc il étoit encore plus obftiné que le Duc de Longueville à ne rien figner qu'on ne les lui eût accordées, iffalutdonc que Villeroy cédât , &: qu'il fe char-

t>vc tt Bouillon, llv. VIÎ. îof

geât d'aller à la Cour , pour faire a-/ gréer les prétentions du Prince ô^ celles du Duc de Longueville. Il lui étoit d'autant plus difficile d'y réuf- fir , qu'il avoit affaire à une Reine dé- fiance de jaloufe au dernier point de fon autorité, ôc que Pontchartrain l'avoit avertie qu'on vouloit la facri- fier au Prince de Condé. Toutes ces coniiderations n^empêcherent pas Vil- leroy d'aller fans détour à ce qu'il croïoit être du bien de l'Etat. Son uemoU' premier defifein étoit de ne s'ouvrir '^«^^'^'^ qu au Conieii de ce qu li avoit a pro- piene. pofer j mais la Reine Mère le prefTa (i fort de le lui dire en particulier ,. qu'il ne put s'en difpenfer. Il lui dit donc ce que le Prince de Condé de le Duc de Longueville prétendoient j ôc tout ce qu'il avoit fait pour les obliger de fe délîfter de leurs prétentions , ÔC il ajouta que la paix u defiréc par Sa Maj fté , ne fe pouvoit faire qu'aux conditions qu'ils propofoient. La Rei- ne qui avoit été avertie , ne parut point furprife j elle lui demanda d'un air allez tranquile ce qu'il liri con- feilloit.

Villeroy lui dit qu'après y avoir bien pense , il étoit pcrfuade qu'on

'îo§ HisTôïRE DE Henry cherchoità l'embarrairer&à la brouil- ler enfin avec le Roy j que il Sa Ma- jefté refufoit ce qu'on lui demandoit , le parti contraire publieroit par-tout que Ces intérêts particuliers lui étoient plus chers que ceux du Roy 5 qu'elle préferoit la moindre diminution de fon autorité au repos de la France , &■ qu'elle avoit rompu le Traité pref- quc conclu , dès qu'on lui avoit pro- posé de relâcher quelque chofe de ce qui la regardoit perfonnellemcnt.Vil- leroy ajouta qu'il étoit aisé de rendre tous ces artifices inutiles ; que ce qu'on demandoit à Sa Majeilé n'étoit pas d'une grande importance qu'on ^z ne pût l'accorder. » Le Duc de Lon- ajgueville ( continua-t-il ) ne peut fe 31 refondre à foufïrir que le Maréchal Si d'Ancre commande dans la Capitale n d'une Province dont - il eft Gouver- neur ; mais il ne demande pas que M votre Majefté ne lui donne pas une >5 autre Place équivalente pour le dé- 3, dommager. Vous pouvez même lui s, donner quelque chofe de meilleur, & confier la Ville & la Citadelle d'A- miens à une perfonne qui dépende jj uniquement de vous. Vous pouvez M encore donner le Gouvernement de

Duc DE Bouillon. Liv. VII, 109

Normandie au Duc de Longuevilleçe au>-lieu de celui de Picardie 5 alors ilcc ne s'embarralfera plus que le Mare- ce chai d'Ancre commande dans Amiens. te Il eft même de Tinterêt du Maréchal jcc que tout le monde fçache que fa con-ce lideration particulière n'eft pas uuce obftacle à la paix j & votre Majeftéce fera connoître fans qu'il lui en coûtecç rien , qu'elle préfère le bien publiccc aux avantages de fes ferviteurs & de^e fes créatures. « ^^

Le fin de ce difcours confiftoit à prendre la Reine par ce qui lui con- venoit à elle-même. Qu'on trouve le foible de l'amour propre j qu'on s'y attache, l'on ne manquera jamais de perfuader ; rien ne tient contre de pareils motifs. Aulîî la Reine toute prévenue qu'elle étoit contre ce que Villeroy devoit lui dire , ne put s'em- pêcher de lui témoigner qu'elle en étoit contente. Elle lui demanda en- fuite d'un air plus ouvert ce qu'il lui confeilloit , touchant les propofitions faites par le Prince de Condé.

Villeroy s'y prit de la même ma- nière. Il dit à la Reine que ce Princô ne demandoit rien qu'elle ne pût aCf. corder , ôc qu elle y trouveroit mêpiç

ïio Histoire de Henry de l'avantage j qu'il arriveroit de Àeux chofes Tune , ou qu'il viendroit à la Cour , ou qu'il n'y viendroit pas, »» n S'il n'y vient pas ( continua Ville^ M loy ) il ne pourra pas fe prévaloir de »î ce que vous lui aurez accordé. S'il y » vient dans le deflein de vivre en bon- »> ne intelligente avec votre Majefhé , »» vous perdrez un Ennemi dangereux , »>& vous gagnerez le premier Princç 9i du Sang , dont le concours Se l'auto- si rîté donneront encore plus de poids à »> ce que vous ferez ordonner dans le *> Confeil. Mais ( dira- t- on ) s'il y vient avec de mauvaifes intentions , M comme on lui aura accordé la plume , aj que n'aura-t-on point à craindre de lui ? Eh Madame 5 continua Villeroy, >s qu'avez-vous à craindre de la main » d'un Homme dont vous tiendrez le »3 bras ? Si le Prince entreprend fur vo- >5 tre autorité , s'il veut la partager avec » vous , il fera entre vos mains , & vous 35 aurez mille moiens de rompre fes me- wfures. Mais ( ajouta Villeroy ) lePrin- ce de Condé eft ii las des fadVions Ôc »> (1 revenu de fcs intrigues , que bien loin d'avoir k\ pensée de fe broUilIer «avec votre Majcfté , il ne veut pas wmlme lui douuer le moindre fcap-

Duc DE Bottillon. Liv. VIT. m çon ; &■ pour vous en donner des af- furances dont vous ne puifliez douter , j'ai un ordre fecret de lui , (fi vous te lui accordez ce qu'il vous demande ) «e de vous offrir de vous remettre le Gouvernement de Guyenne , & qu'il ce prendra en échange celui de Berry,«« Province foible & peu éloignée de Paris , il ne pourra plus vous don- ce ner aucun ombrage, co

Cette proportion parut fi extraor- dinaire à la Reine Mère , qu'elle eut de la peine à la croire : ôc en effet l'on ne comprend pas comme le Prince de Condé avoir pu fe réfoudre à un é- change il y avoir tant à perdre pour lui. Tout ce qu'on en peut dire, eft qu'il ne fit pas cette offre par le confeil du Duc de Bouillon. Ce Duc la defapprouva des qu'il la fçut , ÔC le Prince lui-même ne fut pas long- temps à s'en repentir. La Reine Mère le prit au mo: , & perfuadée par le difcours de Villeroy , elle lui accorda fes demandes , de les fit paffer au Confeil. Elle promit aufli de conten- ter le Duc de Longueville. L'on con- vint enfaite d'une Amniftie fans réf. tri(5tion pour le palfé. Tous les Sei- gneurs du parti du Piiuce furent ré»

ail Histoire de Henry tablis ôc maintenus dans leurs Etats , charges , & dignitez. L'on donna de plus quinze-cens mille livres auPrin-t ce de Condé , pour le dédom.mager des frais de la Guerre. Cette fomme fut apparemment partagée entre les Seigneurs du parti j ôc cela étoit bien jufte , puifqu'ils avoient contribué plus que les autres aux frais de la Guerre. Les chofes étant ainfî réglées, Villeroy partit de Tours pour aller confommer à Loudun le grand ou- vrage de la paix.

Il ne croïoit pas y trouver de nou- velles difficultez ; & en effet le Prin- ce de Condé , les Ducs de Bouillon , de Mayenne , de la Trimoiiille , &c Memoi- quelques autres Seigneurs du parti , Rohan. offroieut de figner le Traité. Mais les jLiv. I. Ducs de Rohan & de Sully,&rAirem- blée de la Rochelle , qui n'en étoient pas contens , y firent naître tant de difficultez , qu'il eût bien falu du temps & des expediens pour les fur- monter , fi le Prince de Condé ne fdt pas tombé dangereufement malade. Le Duc de BoUillon qui vouîoit con- tenter la Cour en faifant conclure la paix, fans qu'on fût obligé d'accor- der de nouveaux avantages aux Cal-

viniltes.

Duc DE BotriiiON. Lîv. VU. 'irj viniftes , fc prévalue de cet accident qui étonnoit tout le parti , pour por- , ^''^'^ ^'^ ter l'Aircmblée de la Rochelle à fe Mornay. défifter de fes prétentions. Le Che- -i^- î- valier Edmond Ambalïadeur d'An- gleterre & le Duc de Sully allèrent exprès à la Rochelle , pour remontrer à rA(remblée,que la maladie du Prin- ce demandoit qu'on conclût promp- tement la paix , & que s'il venoit à mourir , bien loin d'obtenir de nou- veaux avantages , l'on auroit bien de la peine à faire ratifier à la Cour ceux qui avoient été accordez.

Cette confideration porta l'Affem- blée à députer dix perfonnes a Lou- dun , avec pouvoir de fe déiîfter des ' demandes précédentes qui pouvoient retarder la conclufion du Traité , ôc de fe reftraindre à demander les fu- retez qu'elle jugeoit nécciïaires pour l'exécution des articles accordez. Ces furetez cônfrftoient à obtenir de la. Cour , qu'elle confentît que l'AfTem- blée fubfiftât à la Rochelle jufques à la vérification de l'Edit que le Roy avoit promis de donner en faveur des Calviniftes , ôc jufques à ce que tout ce que le Roy leur accordoit , eût été

exécuté dans toutes les Provinces j ' Tome IIL F

ri4 Histoire de Henry que cependant on défarmât de part de d'autre. La Cour n'avoit garde d'actorder une pareille demande. Elle n'avoit pas oublié la peine qu'avoit eu le feu Roy , de faire féparer ÏAC- femblée de Chateleraut, ôc celle que la Reine avoir eu pour obliger l'Airem- blée de Saumur à fe féparer , quoi- que l'Edit de Nantes eût été exécuté j éc d'ailleurs il étoit aisé de juger que l'AIfemblée ne cherchoit qu'a fe perpétuer, ce qui étoit très-opposé au Piocex lervice du Roy. SesCommilîairesaux rAfltn^^ Conférences de Loudun rejetterent b'éea;iadonc Cette propoiîtion , & la Cour Rodiei- s'adrella au Duc de BoUillon , pour ' jporter l'Airemblée à s'en défifter.

Les Princes qui ont aduellement des Souverainetez , ont plus de déli- catelfe que les autres , fur les propo- fitions qui peuvent donner atteinte à l'autorité Souveraine. Ils en pré- voient , ils en fentent beaucoup mieux les conféquences. Le Duc de BoUillon qui eût été très-fàché que les Sujets de fa Principauté de Sedan ne fe Fuli. fent p.is fiez à fa parole , qu'ils lui éulfent demandé des lûretez , en un mot qu'ils en culfent usé avec lui çomme rAIfemb'ée de la. Rochelle en

Duc DE Bouillon. Lîv. VÎT. ir| «foi: avec le Roy ; le Duc de Bouil- lon , dis-je, qui n'approuvoit pas le procédé de rAlTemblée , s'emploïa volontiers à la faire changer de lenci- ment. Il en parla à les Députez j il leur reprefenta que tant qu'ils n'a- voient demandé qu'à vivre dans leur Religion avec fureté , ôc même avec honneur , il avoit été leur plus ardent foUiciteur j que fes confeils ôc fon cré- dit ne leur avoient point manqué j qu'il avoit parlé $c agi hautement en leur faveur ; mais qu'aprefent qu'ils avoient obtenu ces deux avantages par l'Edit de Nantes que le Roy s'obligeoit de confirmer , auiîî-bieii que tous les Arrêts rendus en confé- quence -, qu'à prefent que le même Roy leur accordoit de nouvelles grâ- ces qu'autrefois ils n'euflTent osé efpe- rer , bien-loin de les demander & de les obtenir , ils dévoient mettre enfin des bornes à leurs demandes , & fe contenter de ce qui leur avoit été accordé. Que rien n'étoit plus inju-, rieux à la Majefté des Rois , que de ne fc pas fier à leurs paroles , fur tout quand elles étoient confirmées par des Edits autcntiques , exécutez de boujic foy depuis prés de vingc

ii(î Histoire de Henry années , &:ioutenus par de nouvel/es grâces qu'on n'étoit point obligé de ieur accorder, & qui ccoienc autant, de gages de la bonne volonté du Prin- ce Se de la fincere protedion qu'il étoit réiolu de leur continuer. Que dans le Traité dont il s'agilToit , il y avoit plufieurs articles qui regardoient le Prince de Condé & les Seigneurs de fon parti , qui ne feroient exécutez qu'après qu'on l'auroit ligné ; que ces articles n'étoient point fi peu impor- tans , qu'il ne s'y agît de leurs char- ges &c de leurs dignitez , en un mot de toute leur fortune ; que cependant ils ne demandoient point d'autre aflu- rance que la foy du Traité , la parole du Roy , & f^i fignature : que c'étoiî porter la défiance trop loin que de ne s'en pas tenir aux furetez dont le pre- mier Prince du Sang , les Pairs Se les grands Officiers de la Couronne vou^ loicnt bien fe contenter. Il ajouta que leur conduite ne pouvoit manquer de les rendre odieux au Roy ; qu'elle le fôrceroit à les regarder comme des Ennemis toujours prêts à entreprendre fur, fon autorité , Se enfin à les détruir* re comme une ccîballe de gens qui fûus .prétexte de Religion ne iongeoit

Dire DE Bouillon. Liv. VIT. 117 à rien moins qu'à Tindépendance & au lenverfemcnt de l'Etat.

Ce diicours du Duc de Boiiillon bien loin de perfuader les Députez de l'A tremblée de fe déiîfter de leurs prétentions , ne fervit qu'à le faire Mcmol-

* 1 I -^ 1 / .. / \ les de

regarder comme un homme dévoue a Rohan. Ifi Cour , & qui facrifîoit à la fortune liv. i. les intérêts de ion parti ; c'eft ainii que les Ducs de Rolian 3c de Sully en parlent à l'occalion dont il s'agit. On ne voit pas cependant les avanta- ges particuliers qui revinrent au Duc de Bouillon en vertu du Traité de Loudun j il n'obtint ni charges , ni gouvernement, ni penfîons. Le Duc ibîJ. de Rohan qui en parle Ci fouvenc , auroit( ce femble) les marquer j 011 n'eft pas obligé de l'en croire fur fa parole. Cependant le peu d'égard qu'eurent les Députez de l'Alfemblée aux Remontrances du Duc de Bouil- lon , Tindifpofa extrêmement ; & s'il ne prit pas ouvertement contre elle le parti de la Cour , il témoigna du moins hautement qu'il n'approuvoic pas fa conduite. Le Duc de Boliilloii étoit attaché à fa Religion , mais il ne put jamais s'accommoder de la do- mination desMiniftres ôc des Coniîrt:o-

F iij

Ïi8 HisToiRr DE Henry riaux.Le Duc de Rohan qui avoitplu* Hc complaifance pour eux , en eut de- puis beaucoup à foufFrir. Il s'en plaint en plufieurs endroits de fes Mémoi- res , &• juftifie par-là en bien des cho~ fes la conduite du Duc de Boiiillon,

L'obftination de l'Aflemblée de la Rochelle , &c l'extrême envie qu'a- voit la Cour de conclure la paix, obli- gèrent les Commifîaires du Roy de fe relâcher. Us accordèrent enfin au nom de Sa Majefté , que l'Aflemblée de la Rochelle (ubfifteroit iîx femai- nes après la iignature du Traité j 8c que pendant ce temps - le Roy or- donneroit la vérification de l'Edit ôc l'exécution des chofes qui lui avoient été accordées ; mais ce fut fous une condition fecrette que les grands Sei- gneurs du parti , ce terme expiré , obligeroient l'Airemblée de fe séparer même en eraploïant la force elle re-* fufoit de le faire.

Le Duc de Bouillon qui fçavoit concilier ce qu'il devoit au Roy & à l'Etat, avec ce qu'on prétendoit qu'il dût à fa Religion , ne fit point de dif- ficulté de le promettre , & même s'y obligea par un écrit figné de fa main qui fut remis encre les mains des Com^

Duc DE Bouillon. Liv. VII. ii^ iTiiflaires du Roy. Le Duc de la Tri- mouille & quelques autres Seigneurs en firent autant à Ton exemple Se par fes confeils. Les Ducs de Rohan ôc de Sully rcfuferent hautement de le faire. Les Hiftoriens Proteftans leur donnent fur cela de grandes loiianges, en même-temps qu'ils fe déchainent à cette occafion contre le Duc de Boliil- lon, comme Ci l'on étoit obligé d'é- poufer toutes les paillons & toutes les prétentions mal-fondées de ceux qui Font profedion de la même Religion que nous , ou qu'il ne fût pas permis de favorifcr une chofe aum jufte que la séparation de rAflcmblée , elle s'obftinoit à fubiifter contre la volon- té du Roy au-delà du terme qu'il lui avoit accordé. Le pouvoit-elle faire fans une défobéilTance formelle ? Le Duc de Bouillon n'étoit-il pas obligé en vertu de fon ferment fait au Roy , de s'y oppofer ; ôc les Ducs de Rohan & de Sully qui avoient fait le même ferment , n'avoicnt-t-ils pas la même obligation ? D'où vient donc qu'on les lotie , &c pourquoi blâmc- t-on le Duc de Boiiillon ? Que veut- on que l'on penfc des motifs qui font louer ou blâmer dans le parti Calvinifle î F iiij

izo HiSTôiRE Henry

Mais afin que l'on puifTe mieux nu ger fi le Duc de Boiiiîlon avoit raiioii 3e prétendre que l'Airemblée de la Rochelle devoit être contente des nouveaux avantages qu'il avoit pro- curez au parti Calvinifte par le Traité de Loudun, l'on a crû lesdevoir rap- porter icy. L'on dit que le Duc de Bouillon les avoit procurer , parce qu'en effet félon les mêmes Protef- tans, ce fut lui qui eut le plus de parc à tout ce qui fepalfa aux Conféren- ces de Loudun , 6c qui contribua ie plus à la conclufion de la paix.

Par le Traité de Loudun , outre la. veibare confirmation de TEdit de Nantes, des rAiibni- Arrêts rendus en confequence, ôc de RochcU toutes les grâces que le Roy avoit l'ï T. 4. accordées depuis ,îe parti Calvinifte obtint encore un Brevet de quarante- cinq mille livres d'augmentation pour l'entretien des Garnifons qu'il tenoic dans les places de fureté. Outre cela un autre Brevet de la fomme de quin- ze mille écus pour l'entretien de fes Miniftres , outre les quarante - cinq mille qui lui avoient été accordez par le feu Roy , & les quinze mille accordez depuis à l'Alfembléede Sau- mur. De plus il obtint encore U fom-

Duc DE Bottillon. Liv. VIT. m îîic de quatre-vingt-dix mille livres pour les frais du séjour de rAlFem- blée à la Rochelle. Mais ce qu'il y . a de plus confiderablc , c'efl: que par l'Edit de Nantes les Places de fureté ii'ctoienc accordées que pour huit aiis. Ce terme expiré, le parti devoit les remettre au Roy ; en 1616. ce terme avoit plus que doublé ; le Roy étoit en droit de les redemander , êc la dernière révolte du parti étoit uu motif plus que fuffiiant pour l'obli- ger à les rendre. Cependant par le Traité de Loudun , le Roy confentit que les Calviniftes les gardalTent en- core pendant fix ans , au grand pré- judice de fon autorité , & au grand mécontentement des Catholiques.

Tant de nouvelles traces accordées à un parti qui avoit a6fcuellement les Armes à la main contre fon Roy , n'étoient pas capables de contenter FAifemblée de la Rochelle. Elle en demandoit pluiieurs autres qui al- loient toutes à la diminution de l'au- lorité Souveraine. C'cft ce que le Duc de. Bouillon n'approuvoit pas ; c'effc ce qu'il refufa de favorifer , ôc c'cft ce qui lui a attiré les reproches des Ecri- ,vains Proteftans. L'on peut juger

Fv

m Histoire de Henry maintenant fi leurs plaintes font fon- dées , (Se 11 le Duc de BoUillon ne de- voit pas s'oppofer aux injuftes pré- tentions de rAiremblée de la Ro- chelle.

Comme les conteftations dont on vient de parler , avoient confumc beaucoup de temps , le Prince de Con-r commença à le mieux porter. Le premier uiage qu'il fit de la liberté d'efprit que la diminution de fou mal commençoit à lui donner , fut de s'informer où. en étoit le Traité de paix. On lui dit que les difficultez que faifoit l'Aifemblée de la Rochelle , en retardoient feules la conclufion. Il s'en fit rendre compte , ôc ne les aïanc pas trouvées raifonnables, nonobflanc fon extrême foiblcire il figna le Traitée Les Seigneurs du parti le fignerent après lui , aulTi-bien que les Députez de TAlfemblée de la Rochelle, après avoir fait de grandes plaintes de ce qu'on précipitoit trop les affaires. Mcmoi £j^ exécution du Traité de Loudun, Biflom- le Maréchal d'Ancre fe vit obligé de pierre, quitter la Lieutenance de Roy de Pi- cardie & le Gouvernement de la Citadelle d'Amiens, & de prendre la Lieutenance de Roy de Normandie ^

Duc DE Bouillon. Liv, VIÎ. 125 que le Duc de Montbazon lui donna en échange. Comme c'écoit le facri- fier au Duc de Longueville, il en eut tant de reirentimenc contre Villeroy &: contre le Préfident Jeannin qui avoient confeillé cet échange à la Rei- ne Mère , qu'il les fit tous deux dif- gracier au grand déplaiiir du Duc de Bouillon. Il les eftimoit tous deux les meilleures têtes duConfeil , & il étoit lié d'une amitié particulière avec Vil- leroy. Pour adoucir ce mécontente- ment , l'on ôta les Sceaux au Chan- celier de Sillery contre lequel le Prin- ce de Condé & le Duc de Bouillon s'étoient ouvertement déclarez. La charge de Secrétaire d'Etat fut aulîi ôtée au Marquis de Puifieux Ton Fils , ôc donnée à Mangot. Du Vair pre- mier Préfident de Provence fut fait Garde des Sceaux.

Du côté du Prince de Condé , dès qu'il eut tout-à-fait recouvré fa fan- , il fut prendre polPeffion de fon nouveau Gouvernement de Berry. Le Memoî- Duc de Rohan s'en alla à la Rochelle, '" . "^^

1 1 1 1 1 r Ronan.

& le Duc de Sully dans ion Gou-liv. i. verncment de Poitou. Les Ducs de Mayenne &: de BoUillon fe rendirent à U Cour. Le dernier y avoit été iii-^

F V j

114 Histoire de Henry vite par une lettre que le Roy lut écrivit exprès pour l'engager à y ve^ nir. De tous les Seigneurs du parti du Prince de Condé, ils furent les feuls qui demeurèrent étroitement unis. Les vues différentes , les intérêts op- pofez , la jaloufîe ordinaire à la Cour entraîna tous les autres du côté ou ils croïoient trouver leurs avanta- ges. Il étoit de la dernière conféquen- ce au Prince de Condé de maintenir leur union. Comme il fe trouvoit à leur tête , il en eût été beaucoup plus confideré , ôc l'on n'eût pas même osé penfer à ce que l'on entreprit depuis contre lui. Le Duc de Boiiillon qui avoit des vues , & qui fe gouvernoit par les maximes que le bon fens didte, & que l'expérience ne manque jamais de confirmer, lui avoit fouvent re- prefenté de quelle importance il étoic pour lui d'empêcher la defunion des Seigneurs dont l'union lui avoit pro- curé de grands avantages. Mais la plupart des hommes ne portent pis leurs vues fi loin , contens du préfent , ou ils négligent l'avenir , ou ils n'y font pas toute l'attention que leur intérêt même demanderoic qu'ils y fiircnt.

t)UC DE BOUILLOTÎ. LiV. Vil. îl/

Ceft ce qui arriva au Prince de Condé j fatisfain des avantages qu'il avoic obtenus par le Traité de Lou- dun , il ne fe hâta pas de s'en mettre en poireiïîon , ôc il s'arrêta long- temps & fi à contre- temps dans fou Gouvernement de Berry , que quanti il arriva à la Cour , tous les Seigneursr- qui s'étoient attachez à lui , défunis entre-eux avoient chacun pris leur parti. La Reine Mère qui avôit peut- être ménagé fous main cette defunion, ne lailTa pas de tenir parole au Prince de Condé. Elle le mit en poirefîîon de tous les avantages qui lui avoient été accordez par le Traité de Loudun, & le Prince de fon côté lui promit de" maintenir Con autorité , de protéger fes créatures , & de vivre avec elle^femo^ dans une parfaire intelligence. En'^s 'ie effet quelque haine qu'il eût pour 16^°/^"^'^ Maréchal d'Ancre , & quoiqu'il l'eut nommé dans tous fes Manifeftes com- me un des premiers auteurs de tous les deiordres du Gouvernement , il ne lailla pas , pour faire plaifir à la Reine Mère , de lui promettre d'être l'appui de fi fortune , &: de le défen- dre envers 6c contre tous. C'étoic promettre beaucoup, Ôc peut-être

îi<^ Histoire d e Henrt trop , comme la fuite de cette Hif^ toire le fera voir. ^émoî- j^ais quoique le Maréchal d'Ancre

t;s de la ^ i ri n

Régence comptac Dcaucoup lur la protection de Marie j;!^ Princc de Condé, il crut toujours fa dcMed]- - ^ rr ' ^i

cis. rortune mal alluree tant qu u auroit

les Ducs de Bouillon ôc de Mayenne pour ennemis. Il tâcha donc de rega- gner leur amitié, ôc il fit pour cela toutes les avances que la fouplelïe Italienne écoit capable de lui fugge- Memoi- rer. Le Duc de Bouillon fe trouva de clans des fentimens bien difïerens de picrnT c^ux du Prince de Condé, Quelque complaifance qu'il eût pour la Reine Mère , il crut qu'il fe deshonoreroit en fe liant d'amitié , & en prenant des engagemens avec un homme aufîî gé-r néralement haï que le Maréchal d'An- cre. D'ailleurs il ne put fe réfoudre à lui pardonner la difgrace de Villeroy dont il fçavoit qu'il étoit l'Auteur., Malheureufement pour le Maréchal , le Duc de Mayenne écoit dans des fentimens tous pareils à ceux du Duc de Boiiillon 5 il étoit perfuadé qu'il y alloit de fon honneur de renolicr avec un homme dont il avoit fait gloire d'être l'Ennemi. De plus il n'étoit pas moins ami duPréfidcnt Jeannin , que

Duc D5 Bouillon. tiv.VlI. tif

le Duc de Bouillon Técoit de Villeroy, & la manière dont le Maréchal s'étoit vangé de lui , lui étoit trop fenfible pour fe pouvoir réfoudre à le favorifer. Mais comme il eût été dangereux par rapport à la Reine Mère , de dé- clarer leurs véritables fentimens , les deux Ducs prirent le parti de diflîmu- ler , & à.<z ^Q fervir des offres que le Maréchal leur faifoit, pour fe faire de nouveaux Amis , &: pour lui fufciter un plus grand nombre de puiffans En-» nemis. Le Maréchal d'Ancre ne pé- nétra pas plus avant dans les fenti- mens des Ducs de Mayenne & de BoUillon ; rempli de cette préfomp- tion que la bonne fortune a coutume d'infpirer , il crut qu'ils s'eftimoient heureux d'avoir recouvré fon amitié, & il eut l'imprudence de leur propo- fer de travailler de concert à l'entière ruine des Ducs d'Epernon & de Bel- iegarde. Le Duc de Boiiillon n'eue pas de peine à éluder cette propor- tion. Le Maréchal étoit habile , mais le Duc rétoit encore plus que lui. Le Duc de Mayenne s'en tint à ce que le Duc de Boiiillon avoit répondu , & le trop crédule Maréchal les quitta dans la pensée que fon projet ne poui-

iiÈ Histoire de Henry voit plus manquer de léufïïr.

Les Ducs d'Epernoii & de Belle- garde étoient alliez & amis du' Duc de Guife ; il avoit par coniéquen: un fort grand intérêt à rompre le delTein du Maréchal d'Ancre. Lés Ducs de Bouillon ôc de Mayenne fe fervirenc de cette conjonélure pour porter le Duc de Guife a s'unir à eux pour perdre le Maréchal d'Ancre. Le Duc de Guife n'héiîta pas un moment à entrer dans cette efpece de confpira-^ tion -y plus ardent même que les deux autres, tous les moïens lui paroilToienc bons pour fe défaire du Maréchal , & à peine pouvoit-t-il confentir qu'on

f>rît des mefures pour fe défaire de ui , plus lentes à la vérité , mais aufTI beaucoup plus sûres. Cependant le Duc de Boiiillon qui prévoïoit les difïiculcez ôc les fuites de cette entre-, prife j le ramena infenfiblement à des moïens plus concertez, ôc le fit con- fentir qu'avant toutes chofes on tra- yaïUeroit à rallier tous ceux de la Cour & du Parlement , qui vouloient du mal au Maréchal j qu'on foule- veroit contre lui le Peuple de Paris , déjà fort animé , ôc qu'on tâcheroic par le moïen de Luines donc U

Duc Bouillon. Liv. VIT. iif

faveur auprès du Roy augmentoiç tous les jours , à faire approuver par Sa Majellé tout ce qu'on pourroit entreprendre contre le Marêcha! d'Ancre qu'on fçavoit lui être extrê- mement odieux.

On réufîît également bien dans ces trois projets. Tous les Ennemis du Maréchal d'Ancre fe rallièrent contre lui j de Luines promit de fai- re approuver au Roy tout ce qu'on feroit pour le perdre 5 ôc le Peuple de Paris parut tout difposé à fc fonle- ver à la première occafion qui s'en prefenteroit.

De Cl f^ivorablcs difpofitions en- courageoient les Ennemis du Maré- chal à tout entreprendre : mais les fentimens étoient partagez fur la ma- nière dont il faloit le perdre. Les uns propofoient de le mettre entre les mains du Parlement & de lui faire faire fon procez, ce qui n'eût pas été difficile vu les preuves qu'on avoit de Memoî- fes malverfations & de Tes intellieen-'l^ ^^.^' . ces avec les Etrangers au préjudice de re. l'Etat. Mais ceux qui craignoient l'au- torité de la Reine Mère dans le Par* lement , & qui ne doutoient point qu'elle ne l'emploïât toute entière

ijo Histoire de Henry pour fauver le Maréchal , ne furent pas de cet avis. La voie de la juftice étant fermée , l'on propofa celle de la violence , comme Tunique donc on pût fe fervir contre les perfonnes trop puiiïantes pour agir contre-el- les , avec toutes les formalitez pref- crites par les Loix , comme celle dont les Rois mêmes avoient usé dans de femblables occalîons , comme celle enfin , fans laquelle on étoit réduit à ne voir jamais finir la tirannique domination du Maiêch.il d'Ancre. Ce fut le Duc de Boliillon qui oii- , . vrit cet avis, & il l'appuïa de tant ï.i'^cie' d'exemples de l'Hiftoire ancienne & Rohan. moderne , qu'il fut enfin fuivi. Com- me il n'étoit plus queftion que du choix des moïens , le Duc de Mayen- ne s'offrit de faire une querelle au Maréchal , ôc de lui palfer fon épée au travers du corps , pourvu que l'on pût porter le Prince de Condé à ap- prouver ce qu*il auroitfait j il fe char- gea même de lui en parler , mais le Duc de Bouillon ne jugea pas à pro- pos qu'on lui fît une pareille confi- « dence. » Je connois , dit-il, le Prin- » ce & fes engagemens avec le Marê- » chai j il le hait, mais il le ménage j

Duc liE BOUILEÔN. LiV. VII. IJj

il ne manquera pas de l'avertir. Quand «« une fois le coup fera fait , Se qu'il ^t n'aura plus rien à craindre nf à efpé- « rer de lui , je me charge de le lui ce faire approuver. « Le Duc de Mayen- m ne d.t qu'il y penferoit ; & le projet de fe défaire du Maréchal d'Ancre ne fut pas pour lors pouffé plus loin.

Les affaires en étoient-là , lorfque le Duc de Longueville qui ne pou- voit foufRir que le Maréchal d'Ancre fon Ennemi , après avoir été obligé de fe défaire du Gouvernement delà Citadelle d'Amiens , fe fût réfervé ceux de Montdidier, de Roye , & de Peronne , entreprit de lui enlever ces trois Places. Il commença par la der- nière qui étoit la plus importante , ôc l'attaqua dans les formes. L'entre- prife fit un grand bruit à la Cour^ On dépêcha promptement Mangot Secrétaire d'Etat , avec des ordres pré- cis au Duc de Longueville de fe dé- fifter de fon entreprife , & des défen- fes aux Habitans de le recevoir dans leur Ville. Mais quand Mangot arri- va , tout étoit fait ; le Duc s'étoic rendu Maître de la Ville & du Châ- teau. Mangot le fomma de les remet- tre en leur preaiier état j mais le Duc

\i^t Histoire de Henry répondit qu'il étoit pour le moins aufli capable de les garder pour le Roy , qu'un Etranger comme le Ma- réchal d'Ancre qui par les Loix du Royaume n'y pouvoit avoir aucun Gouvernement.

Cette réponfe alloit attirer fur les bras du Duc de Longueville toutes Iqs forces que le Roy avoir fur pied , Cl le Prince de Condé ne s'y fût pas" opposé. Il propofa à la Reine Mère la voie de la négociation , & lui fie agréer que le Duc de Bouillon allât trouver le Duc de Longueville pour lui perfuader de remettre les chofes, en l'état elles étoient avant l'in- vafion de Peronne, L'on peut juger de-làj ou que le Duc de Boiiillon ne s'étoit pas ouvert au Prince de Condé de fes projets contre leMarêchal d'An- cre , ou que le Prince n'avoir pas def-* fein de fervir la Reine. En efïet le Duc de Boiiillon étoit la perfonne du mon- de à qui il fe falloir le moins adreifer pour l'affaire dont il s'agilfoit. Dans la vue de caufer de nouveaux embar-^- ras au Maréchal d'Ancre , & d'enga- ger de plus en plus le Duc de Longue- ville à fe joindre à ceux qui le vou- loient perdre , c'écoit le Duc de Bouil-

Duc DE BotyilLOM, tiV. VIÎ. î^j[

Ion lui-même qui lui avoir confeillé l'entreprife de Peronne. Cependant la Reine perfuadée de l'habileté du Duc de Bouillon , fuivant le confeil du Prince de Condé , lui propofa d'al- ler traiter avec le Duc de Longue- ville. Le Duc accepte la commilîion ; il fait deux voïagcs à Peronne j il s'a- bouche deux fois avec le Duc de Lon- gueville , & ne rapporte de fa négo- ciation , qu'un refus abfoiu du Duc de remettre Peronne au Maréchal d'Ancre. Il n'avoit garde d'en ufer autrement. Le Duc de Bouillon bien loin de le porter à fe défîfter de fon entreprife , s'étoit attaché à lui per- fuader de conferver fa conquête , & de s'unir fortement au parti formé contre le Maréchal d'Ancre fon En- nemi.

; La Reine Mère fe vit donc réduita à'emploïerla force contre le Duc de Longueville j mais comme elle fe dé- fioit de la plupart des Seigneurs de la Cour , & particulièrement de ceux qui avoient fuivi le paiti du Prince de Condé dans la dernière Guerre , elle jetta les yeux fur Charles de Valois Fils naturel de Charles IX. Comte d'Auvergne , ^ depuis Duc d'Angou*

iême , ( c'eft le nom qu'on lui donne- -ta dans cette Hiftoire. ) Il étoit pri- fonnier à la Baftille depuis l'an 1605. pour une confpiration contre Henry IV. dans laquelle il étoit entré. Onze ans de prifon ne lui avoient point af- foibli Tefprit , il avoit du courage & 4e la capacité pour les affaires. En un mot il eût pu pafîèr pour un hom- me de mérite , s'il n'eût pas aimé l'ar- gent jufques à donner dans la fauiTe- rnonnoïe. La Reine Mère le tira de la Baftille pour lui donner le Com- mandement de l'Armée deftinée con- tre le Duc de Longueville.

Pendant que cette Armée s'alfem- ble , le Duc de Bouillon reprend fon projet contre le Maréchal d'Acnre, que l'afFaire de Peronne avoit en quelque manière interrompu. Mais les chofes n'étoient plus fur le pied il les avoit lailfces. Le Duc de Mayenne contre le fentiment du Duc de BoUillon en avoit parlé au Prince de Condé , de forte qu'on ne pouvoic plus rien faire fans fa participation, Mcmoi- Le £)m; ^Q Bouillon fut obligé de

res de la y- ^ , . o _

Régence palier lut cct inconvenicnt j on tmt de Médf AlFcmb'écs iecrettcs , le Prince de cis. Condé y aiCfla j il confentoit alfez à

Duc DE BoutttON. Liv. VIT. 15/

ce que le Duc de Mayenne s'écoit of- fert d'entreprendre contre le Maré- chal , mais il portoit la chofe plus loin. Il en vouloit à l'autorité de la Reine Mère , & fon delfein alloit juC- ques à l'éloigner des affaires, & à s'en rendre le Maître. Comme on le pref^ foit de donner fon confentement à ce que le Duc de Mayenne avoit propo- sé , ( c'étoit de faire une querelle au Maréchal &- de le tuer ) il répondit qu'il y confentiroit volontiers, & qu'il n'y avoit que la violence qui pût dé- livrer l'Eiat d'un homme aufîî dange- reux Se auiïi généralement haïj « mais «< foiez perfuadez , ajoûta-t-il , que la «« Reine Mère fe vengera tôt ou tard , & « de vous ik de moi , Ci nous lui laifTons « fon autorité. Si nous perdons le Ma- « rêchal , il ne faut point ufer de mena- « gement avec la Reine , il faut l'éloi- «« gner de la Cour , ou tout au moins des «« affaires . « «

Le Duc de Boiiillon demeura d'ac- cord que le Prince raifonnoit jufte, &c que dans l'exécution des grands def- feins il n'en faloit point faire à deux fois , ni s'arrêter à mi-chemin. « «e Combien de gens , ajoûta-t-il , fe font ce perdus pour n'avoiï pas fuivi leurs «

13^ Histoire de Henry *• iefifeins dans toute leur étendue. Il faut laifïêr le Maréchal joiiir de toute ^ fa fortune & triompher de nous , ou »» il faut mettre la Reine Mère hors d'é~ P* tat de vanger fa mort, n Cet avis alloit paifer fans qu'aucun s'y oppo- sât, lorfque le Duc de Guife fentit que la haine héréditaire des Bourbons &: des Guifes fe réveilloit dans fon coeur. Il crut qu'il commcttroit la dernière imprudence , s'il foufîroic que toute l'autorité tombât entre les mains d'un Prince naturellement En- nemi de fa Maifon. Il s'oppofa donc à l'avis du Duc de Bouillon , & dé- clara hautement qu'il ne confentiroit jamais que la Reine Mère fût compri- £ê dans le delîein de perdre le Maré- chal d'Ancre. L'oppofîtion du Duc de Guife penfa renverfer tout le projet du Duc de Bouillon ; mais ce qui ache- va de le détruire fut que le Prince choqué de ce que fon deffein n'avoit pas été fuivi , fit avertir le Maréchal de fe tenir fur fes gardes , & lui fit di- rc qu'il ne fe fentoit pas alfcz fort pour le protéger contre le grand nom- bre de puilfans Ennemis qui avoient conjuré fa perte. Le Maréchal d'Ancre ne pr ofita pas

feule-

Duc DE Bouillon. Liv. VU. i^f feulement de l'avis du Prince , pour fe mettre à couvert de l'orage dont il étoit menacé ; il s'en fervit encore contre le Prince même , foit qu'il fe .défiât feulement des projets faits con- tre lui, Ôc qu'il crût ne pouvoir pren- dre trop de mefures pour fa fureté ; foit que quelqu'un eût révclc ce qui avoit été proposé contre la Reine &■ contre lui dans les Afïèmblécs dont on a parlé , ( car dans les Cours ora- geufes ôc pleines de défiances , com- me celle de Marie de Médicis , les plus grands Seigneurs font aiïez fou- vent les efpions les uns des autres ) ,, loit enhn qu il tut porte de lui-même i-s cfe i* à la violence, il fçut fi bien perfua- J°|5"" der à la Reine Mère que c'étoic fait ie Medi- de fon autorité , fi elle ne prévenoic*^''' pas le Prince de Condé , que cette Princelfe prit la réfolution de le faire Memoî. arrêter. La commilïion en fut donnée ^^' ''ï a Tiiemines homme de relolution , Rohan , 6c que l'envie de faire fortune ren- ^'^' ** doit capable de tout entreprendre : il l'exécuta deux jours après. A la fortie du Confeil le Prince de Condé fut arrêté prifonnicr j on le garda quel- que temps dans le Louvre, il fut en- fuite conduit à la Baftille. Les Ducâ

158 HiST. DE H. Duc DE Bouit. Memoi- de Boliillon & deMayenne plus atten- l^^J^ tifs que lui à ce qui fe palTbit à la pierre. Cour , 1 avoieiic tait avertir du mal- heur dont-il écoit menacé , & l'a- voient fait prier de ne point aller au Confeil le lendemain. Mais l'entre- prife de faire arrêter le premier Prin- ce du Sang au milieu de Paris , parut il extraordinaire au Prince de Condé , qu'il ne put fe réfoudre à la croire. En effet le coup étoit hardi , mais | il dcvoit tout craindre d'une Reine extrêmement jaloufe de fon autorité ji &c d'ailleurs il lui avoit donné trop de iiijets de défiance , pour ne s'en pas défier lui même.

Fin du Jeptiéme Livre,

^9

SOMMAIRE

du huitième Livre.

1J Reine Mère fait arrêter le ^ T rince de Cvnâéi tl eji conduit À la Bajh/Ie. Elle a de^cin ê^ en faire autant a tous Us Seigneurs de fon farti. Le Bue de Bo'nilion pénètre ce dejfein: les mcfures qti il prend pour prévenir î éxecution. Il fe retire de la Cour 5 // engage plufeurs Sei- gneurs k en faire atttMU : r?;efurcs qu'ils prennent tous enjcmble pour leur sûreté. La Reine Mère ncgocie enziain pour Us faire revenir h la Cour. On lève des Troupe: de part & d'autre y la Guerre- CivrU recom- mence i elle efi interron/puc par une Faix de peu de durée. La Guerre recommence. Le Roy tombe dange- reujement malade > il guérit ojèm- hle approuver C union & la conduite des Seigneurs lig^ie^ Le Duc de Bouilloîi s'en prévaut j & lève des Troupes m Alkmagne , en Hollande

Gij

*4o Sommaire.

& au Fais de Liège. Prétexte J^é"

deux dont iljefert pour cela. Il em"

ploie le même prétexte pour engager

le parti Calvim^e k Je déclarer en

faveur des Seigneurs liguer i il y

réujfit malgré les oppoftttons de plu-'

fleurs Çrands du parti. La Reine

Mère traverse les deffeins du Duc

de Bouillon. Il en écrit au Roy & ht

la Reine d'une manière trh-hardie>

Cette lettre efi mal prifc k la Cour..

Le Roy lui répond avec hauteur. Le

Duc de Bouillon écrit au Roy une fe^.

conde lettre en explication de lapre^

mi ère. Ilyperfifie dansfes prétentions

dont il s'explique d'une manière qui .

fte plat t pas k la Cour. Les Seigneurs

liguez» font de fortes Remontrances

au Roy , é" font déclare^criminels

de leze-Majefié' La Reine Mère en-

'Voie deux Armées contre- eux fous le

commandement de Montigny , dt^

Duc de Guife & de Themines. Le

Duc de Mayenne efi affiegé dans

Soijfons par le Duc d'Ângoulême.

Le Duc de Bouillon e^ déclaré Gêné-

rulds l'Arméç des Frtnces liguez*, ik

Sommaire. 14I

\it!arche aafecours du Duc de Mayen- jie avec douze mille Hommes de pied ^ deux mille chevaux. Le Con- >7tétable de Montmorency , le Duc d'Eve mon , & le Maréchal de Lef- diguieresfont une Ligue particulière contre le Maréchal d'Ancre- Tous les Ordres du Royaume joulevez. contre lui- De Luynes ert prend occajio/^ de le rendre fufpeÛ au Roy » il lui per^ fuade qutl ejl la caufe de tous les foulévemens du Royaume > il lui fait prendre la refolution de s en défaire. Le Maréchal d'Ancre ejl tué en en- trant dans le Louvre* Sa mortpaci" fc toutes chojes- Les Seigneurs ligue:^ mettent les Armes bas > &fe rendent auprès du Roy. Conduite particulière à" précautionnée du Duo de Bouil- lon- Ljfroi de la Reine Mère » elle abandonne les affaires» elle quitte la Cour, & fe retire k Blois. Le Duc de Bouillon je rend auprès du Roy , d* en cjl bien reçu. Le Duc de Vendôme & les Seigneurs du parti du Prince de Condc faujfement accujez par Gi- gnier d'une ConJ^iration contre le

Giij

Roy, Récit de cette importante affaî* te. ^ Les^ Seigneurs prouvent lafauf- fetéde l'acajatlon. Gignier efi exé- cuté h mort. Le Duc de Bo)ï lion de- jejpere du bon Gouvernement dt* Royaume ; il prend la réjolution de je retirer k Sedan , & de ne plus re- njemr k la Coun il prend congé dît Roy , à- exécute ce de(fein. La Reine Mère penfe a retourner a la Cour, & k former î'.n parti capable de lui rendre fa première autorité. L^Abbé Riicellài la fortifie dans cette réfo- lut ion. CaracïcredecetAbbé', il part deBlois pour a'.ler négocier h Sedan avec le Duc de Boùiïion , f> l'enga- ger da^s le parti de la Reine Mère. Le Duc de BoïàUon peu fatisfait de cette rrinceffe é^ rebuté des intrigues de la Cour , confeille k Rucelldi de sadrcffer au Duc d'Epernon. il lui donne de bons confeils pour réujfir dans cette négociation. Dijfcultez, que Rucelldi y rencontre i U les fur- monte , & engage le Duc d'Epemon /? tirer la Reme Mère de Blois. Le l>uc d' Epernon t entreprend^' y réuf

s O M M A I R î. 1+5

/?/. Le me de Boïtillon favorije le paru de la Remc Men , mais \ans Je déclarer ouvertement. La Cour tâche envain de pénétrer les dejjems du Duc de Botïîllon. On propoje au Roy un accommodement avec la Rei- ne {a Mère , tl y consent ; ï accom- modement Ce fait , mais il n ejt pas de durée. Le Duc de Bouillon en prend occasion de Je tirer des engage- mens qutl avoit pris avec la Reine. Nouvelles hrouilleries entre le Roy é- la Reine Mère. On arme départ & d'autre. Le Roy envoie Ba\\orn' pierre en Champagne pour y faire des Levées. Le Vue de Bouillon lut envoie m Gentilhomme. Ce qui je pafj a en- tre ce Gentilhomme &Ba(jompierre. Les Troupes de la Reme Mère jont hatucs auront de Cé. Bile sac- commode avec le Roy. Ajfaire de Bo^ heme. Ferdinand jecond efi élu Roy de Bohême. Les Bohémiens je ré- voltent contre lui , déclarent qu il ejt déchu de la couronne , & qt^ tl^ ^^^^ procéder k une nouvelle clecJion- Lj: Duc de Boïtillon en ^rend occajion clc

Giiij

144 S O M M A 1 R ï".

négocier four faire élire le Talati» fon Neveu. Ses négociatiom font fi fecrettes > c^uon efi long-temps fans fçavoirquilfe méloit de cette affai* re. Le Palatin a plujïeurs Compc îiteurs. ^uels ils étote?ît. Dijflcul- tez, de cette négociation, ohfiacles que le Duc de Bouillon y rencontre i- il ne laife pas de les vaincre. Palatin l'emporte fur fes Competi" teurs* il eft élu Roy de Bohême » il va prendre poffe[]ion de cette Cou^ tonne. Ferdinand fécond arme con^ tre lui : le Palatin arme de fia coté. La bataille de Prague fe don^ ne i le Palatin la perd , é* Ferdi" nand recouvre la Couronne de Bo* heme. Le Palatin efl mis au ban de ï Empire. On amufe le Roy de la Grande-Bretagne . beau-pere du Pa^ latin , par de frujfes négociations f on l'empêche par-lk de lui donner d'y^ fecours. Le Palatin efl dépouillé de fes Etats j il fe retire a Sedan auprès du Duc de Bouillon fon oncle qui fait de vains eff'orts pour U rétablir* Ferdinand (^ U Palatine

s C M M AIR n. I4.J

nt'l^cicnt a la Cour de France poi'fv obliger le Rcy k Je déclarer en leur faveur- Le Vue de BoHillo?^ en- écrit fortemeiit au Roy» Ses rai f on s -peur le porter k fe déclarer pour le Pa- latin. La Cour mal dtj^osée en fa- *veurde ce Prince. Le Duc de Boutl- lon croit faire beaucoup d^ obtenir dt^^ JRoy la neutralité entre les ditux Princes. Le Roy envoie une célèbre Jmbaffade en Allemagne pour ac- commoder ce fameux dtjfercnd , mais inutilement. Le Roy conformément à l'£d/t de Nantes ordonne le réta- bli ffement de la Religion Catholique dans le Bearn. Le parti Calvimjîe $y oppofe , cr refuje d'obéir au Roy- Le Roy arme contre-eux, Le Vue de Bouillon écrit au Roy en leur faveur, mais fans effet. Le Bearn eft fournis , la Religion Catholique y eft rétablie. Tout le parti Calvmifie je révolte » il partage toutes les Provinces du Royaume entre les Grands de ia reli- gion i il y établit des Coînmandans » kve des Troupes > & fe prépare à la Ctterre- hi i>m ^e Bouillon defat

1^6 SoMÎ^AlRE,

■trouve cette résolution > la fart quil eut fi cette ajfaire > comme il s y con- duifit. Les armes au Roy réujji(fent ■par-tou " > Montauban e?i> arrête la projperitéi il efi ajfiegé par le Roy. Mort du Connétable de Luines. Lefdiguieres lui fp^cccde^ & je fait Catholique. La Guerre continue. Le Duc de Bouillon obtient du Roy la neu-^ tralité pour [es terres. On tâche de perjuader au Roy de la rompre. BaJ- jompierre s'' y oppofe dans le Conjeil du Roy i dtjconrs remarquable quil y fit pour cela. Le Roy fe déclare pour l'avis de Baffompierre » & main- tient la neutralité. Stege de Mont- pellier. Les Grands du parti Calvi- nifie réconcilient entre-eux les Ducs de Bo'iiillon (jr de Rohan. Le parti Calvinifie efl réduit a demander la Faix. Mouvemens (^ négociations du Duc de Bouillon pour l'obtenir avantageufe. Le Roy accorde la Paix a [es Sujets Ca'vinifies- Service que le Duc de Bouillon rend au Roy A cette occajlon. Sa mort- IScs Mn- fans. Son éloge.

147

HISTOIRE

DE HENRY

DE LA T OUR

D'AUVERGNE, DUC DE BOUILLON.

LIVRE WVITJE' ME,

^^^R! 'Emprisonnement l^j du Prince de Coudé devoit /^:| avoir apparemment de -s—-' (grandes (S^defâchcufes fui- tes. Il cft vrai que contre l'avis du Duc de Bouillon ^ ce Prince avoit iailTédefunir les Seigneurs de Ton par- ti^ dont l'union feule pouvoit le ga-

G vj

148 Histoire de HsNRr rentir des entrepriies de la Cour; mais un coup d'un grand éclat n'é- toit que trop capable de les réunir , & le Duc de Bouillon qui avoit tou- jours confervé avec eux plus d'union- que les autres , avoit allez fait voir dans de moindres occalîons ce qu'il étoit capable de faire , pour ne pas craindre qu'il ne formât encore un parti aflTez paillant pour mettre en liberté le Prince de Condé , & pour renverfer tous les delFeins de la Rei- ne Mère. Aufïi le projet de cette Prin- ceife ne fe réduifoit pas au feul empri- fonnement du Prince : Elle avoit ré- folu de faire arrêter les 0ucs de Bouil- lon , de Mayenne y de Vendôme & généralement tous ceux qui avoient confervé quelque correfpondance a- Tec le Duc de Bouillon qu'elle crai- gnoit feul plu-s que tous les autres enfemble. C'étoit ce qu'il faloit fai- re : car dans des occafions pareilles à celles dont il s'agit , ou il ne faut rien entreprendre j ou il ne faut rien laifFer à faire.

Mais le Duc de Bouillon étoit trop prévoïant pour fe lailfer furprendrc 5 il cntretenoit des Efpions à la Cour, &: il étoit exaâ;ement .infor;né de tout

Duc DE Bouillon. Liv.VIIT. 14^" ce qui s'y palFoit. Il n'eue pas plûcôc été averti qu'on doubloit les Gardes au Louvre , & qu'il s'y faifoit des mouvemens extraordinaires , qu'il le fit dire au Prince de Condé , ôc à Tes amis î il fe tint renfermé dans fou Hôtel fous prétexte d'indifpofition : à [on. exemple les Ducs de Mayenne, de Guife & de Vendôme fe tinrent aufîi fur leurs gardes. Enfin le jour que le Prince fut arrêté , il fortit de Paris ôc s'en alla à Charenton. Com- me il en rèvenoit il apprit la déten- tion du Prince de Condé -, il envoïa fur le champ un Exprès au Duc de Alayenne pour lui dire qu'il i'atten- doit à la porte de Saint-Antoine. Le Duc de Mayenne s'y rendit auffi-tôt fort cmbarraiîé de ce qu'ils auroient à faire dans une pareille conjoncture. Mais le Duc de Boiiillon qui n'avoit jamais plus de préfence d'efprit que dans les dangers les plus preflàns , lui dit qu'il n'étoit plus temps de déli- bérer ; que leur parti devoit être pris ; qu'il faloit rentrer dans Paris , join^ dre le Duc de Guife , foûlever le peu- ple, & faire , s'il fe pouvoir , des bar- ricades femblables à celles du temps .de Henry III, qu'à la vérité la ré-

Î50 Histoire de Henry foiution étoic extrême , mais qu'il n'y avoic point d'autre moien de fauver leur liberté ôc peut-être leur vie.

Ils alloicnt exécuter ce delfein lorfl qu'il arriva un Exprès de la part du Duc de Guife. Il leur faifoit fçavoir que comme il écoit fur le point de les aller joindre , le Roy ôc la Reine Mè- re l'avoient mandé au Louvre j qu'il ne pouvoit fe diipenfer d'obéir , mais qu'il trouveroit le moïen de s'écha- per fur le foir , & de les aller trou- ver fur le chemin de Soiffons ils avoient delfein de fe rendre. Ce mef- fage furprit les deux Ducs ; ils fe re- gardèrent fans fe rien direjmais quand ils eurent renvoie l'Exprès du Duc de " Guife : » Je vous avoue ( dit le Duc *' de Bouillon ) que la conduite du Duc ^ de Guiie m'eft fufpcéte. Il prétend " apparemment fe prévaloir de la con- " jonélure préfente. Se fe faire acheter ^ bien cher par la Cour ; mais il fe " trompe. La Reine Mère eil abfolu- " ment livrée au Maréchal & a la Ma- *' rêchalc d'Ancre. Ces deux perfonnes ** veulent diipofer de tout , elles ne fou- ** friront aucun Seigneur à la Cour , qui " ne Toit abfolument dans leurs inte- " icts ôc dans leur dépendance. S'il ne

I Duc DE Bouillon. Liv. VIIL 151 s'aglifoit que de dépendre de la R ei- «e ne , on pourroic s'en accommoder, ce mais de s'alFujettir à deux perfonnes ce qui nous font (i inférieures , & qui te n'ont rien de confiderable qu'une ce grande fortune qui les rend infolens , te Si dont ils abufent , c'eft ce qui ne « conviendra jamais à un homme qui a autant de naiifance ôc de cœur que te le Duc de Guife. Il faudra que tôt « ou tard il fe brouille avec la Reine te Mère ; mais s'il abandonne aujour- te d'hui fcs amis , ils pourroient bien te alors l'abandonner aulîi à leur tour. « ^

Apres que le Duc de Boiiillon eut parlé de la iorte , le Duc de îvlayenne ôc lui prirent le chemin de Soillbns ; ils ctoient accompagnez d'environ cent-cinquante Gentilshonîmes atta- chez à leur fortune , de prêts à les fuivre par-tout. A peine eurent -ils fait une lieue qu'ils envoïerent à Pa- ris pour apprendre des nouvelles du Duc de Vendôme. On s'en informa inutilement, on ne put fçavoir ce qu'il étoit devenu. Les mêmes perfonnes ^voient ordre de s'adrelfer au Cor- r^^JJ^/â donnier Picard. C'étoit un homme Re;;encc d'importance &c fort accrédité parmi '\l J^^J^' ,iç Peuple depuis les differens qu'il cis.

i

Memoi-

'tji Histoire de Henry avoit eu avec le Maréchal d'Ancre ,• dont il étoit forti fort à Ton honneur. Les Ducs de Mayenne Se de Bouillon lui firent dire que s'il vouloit émou- voir la populace , ils rentreroient dans Paris avec cinq -cens Chevaux bien armez pour foûcenir ce qu'il auroic fait. Le Cordonnier fit de fon mieux , au(ïï-bien que la Princelfe doiiairici c de Condé : mais le peuple n'aimoit res <k pas allez le Prmce ion Fils pour le iou- pfet°c" ts^^"^ C'"i ^^ faveur. Cependant les Boutiques furent fermées , le com- merce celîa , &: la Populace attrou- pée dans le Fauxbourg Saint-Germain j, _ alla fondre fur l'Hôtel du Maréchal jour-" d'Ancre & fur la Maifon de Corbinei- l'H^ 1 ^^ ^^^^ Secrétaire ; il y eut pour deux des Am- cens-mille écus de meubles pillez. Là. feafla- Cour s'eftimafort heureufe d'en êtr^

«leurs. . N r 1 L '

ixtraor quittc a II Doii marche.

♦imairts. Pendant que ces chofes fe pairoient dans Paris , le Duc de Guife incertain des fentimens de la Reine Mère , crut qu'avant que de fe rendre au Louvre, il devoit y envoïer le Duc de Che- vreufe {^on Frère. C'étoit en apparen»* ce pour recevoir les ordres de leurs Majeftez , en effet pour s'informer s'il pourroit y aller eu fureté , de pou^^

ÏJtyc BouiLtoN. Lîv. Yltî. i/f fonder les intentions de la Reine. Le Duc de Chevreuie la trouva occu- pée à donner Tes ordres , qu'elle ne fit pas la moindre attention à ion com- pliment , ôc ne lui répondit pas. Che- vreufe furpris d'une pareille froideur n'en préfuma rien de bon pour fon Frère , il le hâta de fortir du Louvre. Quelque temps après la Reine reve- nue de fa diftradion fit réflexion que le Duc de Chevreufe feroit infailli- blement allé donner l'alarme à fon aîné -j pour en prévenir l'effet elle envoia promptement le Marquis de Praflain au Duc de Guife pour raflii- ter que leurs Majeftez feroient ravies de le voir. Le Duc de Guife prévenu par fon Frère lui demanda a fur fa parole il pouvoit aller au Louvre en lureté. « Perfonne ( lui dit Praflain ) m n'en peut mieux juger que vous. Si « votre confcience ne vous reproche •« rien , venez j fi-non , vous devez fça- u voir ce que vous avez à faire, m Cette «c ïéponfe augmenta les défiances Se les foupçons du Duc de Guife. Au-lieu d'aller au Louvre , il prend avec le Duc de Chevreufe la route de Soif- fons ; ils y arrivèrent avant les Ducs de Bouillon & de Mayenne. Pour ce

1^4 Histoire de Henry qui eft du Duc de Vendôme , fur le point d'être arrêté par Saint-Gé- ran , il s'étoit retiré à la Fere , Place dont il étoit Gouverneur.

La retraite de tant de Seigneurs devoit embarafler la Reine Mère ; mais la joie qu'elle avoit de l'empri- fonnement du Prince de Condé , ne lui permit pas d'y faire toute l'atten- tion qu'elle devoit. Elle regardoit le jour elle l'avoit fait arrêter comme un jour de vidoire & de triomphe : mais que le préfent eft un mauvais garand de l'avenir. Ce jour qu'elle s'imaginoit être un jour de gloire pour elle , ce jour elle croïoit s'être aflurée d'une autorité qui ne lui feroit plus conteftée , fut l'origine de fa difgrace & de fes premiers malheurs. De Luines qui avoit dès-lors beau- coup de pouvoir fur l'efprit du Roy , étonné d'un aufli grand coup que ce- lui de l'emprifonnement du premier Prince du Sang , en craignit un pareil pour lui-même , fi ( ce qui ne pouvoit gueres manquer d'arriver ) il deve- jioit fufpeft à la Reine. Il commença dès-lors à prévenir contre-elle l'efprit du Roy, & il lui donna tant d'om- brages de cette autorité fans bornes

!buc DE BoUTLlON. LÎV. vin. i^f

qu'elle s'atciibuoit & dont le Prince de Condé ne pouvoir plusfaiie le contrepoids; il lui rendit le Alarcchal d'Ancre fi odieux , &: l'on peut ajou- ter il redoutable , qu'il porta enfin ce jeune Roy à eiitreprendie ce qu'on va voir dans la luitc de cette Hiflioire. Après que les Ducs de Mayenne 3c de Boiiillon eurent tenté envain de faire foulever le peuple de Paris , ils fc rendirent ci Soiffons j ils y trou- vèrent les Ducs de Guife & de Che, vreufe , ôc le Cardinal de Guife Ar- chevêque de Reims leur Frère , qui les y attendoient. Ils dépêchèrent ^^'^^^ aufïï-tôt aux Ducs de Longueville &c R.^ence de Vendôme , pour les prier de fe ,'^'i^';* rendre au Château de Coucy , ou us eu. pourroient prendre tous enfemble les réfolutions qui conviendroient à l'é- tat préfent de leurs affaires. Tous ces Seigneurs joints enfemble pou- voient faire un parti redoutable ; mais le Duc de Bouillon qui ne penfoit qu'à le fortifier , crut qu'il y faloit encore engager le Duc de Nevers Gouverneur de Champagne. Il ne s'étoit point encore déclaré , & il pa- roilfoit avoir des vues bien éloignées de celles que le Duc de Bouillon pré-

1;^ Histoire d e HenrV tendoitlui inlpirer. D'ailleurs ce n'é- toit pas un homme aisé à gagner. Il avoit toujours des delFeins particu- liers , mais qui pairoient alfez louvent pour tenir un peu de la chimère, peu propre par conféquent à entrer dans les projets d'autrui , & à faire fon afïliire particulière de celle des autres. Ce caradtere du Duc de Nevers avoit empêché les autres Seigneurs dont on vient de parler , de penfer à l'engager dans leur parti. Mais le Due de Boiiil- ion qui jugeoit mieux qu'un autre quelle importance il étoit de le ga- gner , entreprit de l'y attirer. Il y réuilit enfin contre toute apparence , êc l'on peut dire contre les véritables intérêts du Duc de Nevers , mais trcs- avantageiifement pour lui - même j &c pour fa Principauté de Sedan dont la lîtuation fur la Frontière de Cham- pagne demandoit que ie Duc de Ne- vers fe déclarât pour le parti que Duc de Bouillon avoit embralle.

Avant que d'entamer cette négo- ciation , il fe vit obligé de fe rendre à Coucy. Il y trouva les Ducs Vendôme, de Longueville,de Mayen- ne , de Guife l de Chevreufe , le Car- dinal de Guife & le Marquis de Cœu- Tres depuis M^arêchal d'Eftrécs , que

f)uc DE BoTJîiLON. Liv. VIII. rj7 ics liaiions avec le Duc de Vendôme fon proche parent , & Tes broiiilleries avec le Maréchal d'Ancre avoienc engagé dans le parti des Mécontens. Dès les premières conférences , le Duc de Bouillon s'apperçut que le Duc de Guife ne tenoit au parti que par bien-féance ; ôc qu'on ménageoit ion accommodement avec la Cour, Il ctoit de la dernière importance de fixer fon irréfolution ; outre qu'un Seigneur de fa diftinftion faifoit hon- neur au parti , s'il l'eût abandonné , l'on perdoit en même-temps le Duc de Chevreufe & le Cardiiiaî de Guifc £es Frères dont les intérêts étoient ^^'^^'^' inféparablement unis avec les fiens. Duc j, LeDucde BoUillon n'oublia rien pour ^°^^'^' 1 obliger a rompre entièrement avec la Cour. Il réveilla fa haine contre le Maréchal d'Ancre j il lui fit fcntir toute la honte qu'il y auroic pour lui à vivre dans la dépendance d'un homme , qui ( fi la tortune ne s'en fût point mêlée ) n'eût pas même pensé à entrer en comparaifon avec lui , d'un Homme qui avoit conjuré la perte de fes parens & de fcs ami« & peut-être la fieane , d'un Homme ÇjijOii qui ctoit l'objet de la haine ^iqui

rjS Histoire de Henry blique , & dont il avoic faïc gloire d'être rennemi déclaré. Il lui repré- fenta enfuite le peu de fonds qu'il y avoit à faire fur les paroles de la Reir. ne Mère , tant qu'elle feroit gouver- née par le Maréchal ôc par la Mare- challe d'Ancre ; le Traité de Loudun violé par l'emprifonnement du Prin- ce de Condé , 6c le projet formé de traiter de même la plupart des Soi- »» gneurs aifemblez à Coucy. « Quoi- »» qu'on vous promette ( ajouta le Duc *' de Boiiillon ) vous tiendra-t-on pa- »' rôle mieux qu'on n'a fait au premier « Prince du Sang ? Vous donnera-t-on »' jamais une garantie pareille à celle *> du Traité de Loudun ? Quand on vous »' aura defuni d'avec nous par un ac- » comm.odement particulier , fera *' vôtic recours fi l'on ne vous tient pas " tout ce qu'on vous aura promis ? »> Comme le Duc de Bouillon , s'ap- perçut que ce difcours falloir imprel- fîon iur l'efprit du Duc de Guife, il ajouta que les motifs qu'ils avoient de prendre les armes, étoient les plus juftes du monde ; qu'il s'agiiToit de défendre leur liberté & peut-être leur vie ; que c'étoit pour délivrer le pre- jBiei" Prince du Sang injullemcnt em-

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. i^f

prilonné , ôc pour tirer le Roy des mains d'un Etranger que toute la France avoit en horreur ; que fa mai- Ton pillée fous les yeux de leurs Ma- jeftez , que la plupart des Grands du Royaume foulevez à fon occafîon en étoientune preuve bien convainquan- te ; que le Roy & la Reine fe lalFe- roient enfin de protéger un Homme fi généralement haïjqu'il n'étoit pas pof^ fible qu'il fe foutint encore long-tems contre tant d'ennemis déclarez , & que fa chute entraîneroit enfin tous ceux qui feroient attachez à fa fortune.

A toutes ces confiderations le Duc de Bouillon ajouta l'offre qui étoit la plus capable de tenter le Duc de Guife j c'étoit que tous les Seigneurs Mécontens , ceux même qui lui dif- putoient l-e rang , le reconnoîtroienc pour leur Chef. « Vous tiendrez ( luiu dit-il) la place que tenoit le premières Prince du Sang dans la dernière Guer-ie re. Quelle plus grande diftindtion « pouvez-vous eiperer , &c quels avan- ce tages ne devez-vous point vous en « promettre quand nous ferons nôtre accommodement ? c# i

Une propoiition fi avantageufe a- chcva de gagner le Duc de Guife ôc

ffjo HlSTOIR-X DE HENRf

de l'attacher au parti. Les Seigneurs

s'alfemblerent auiïï-tôt , & le Duc de

BoUillon leur propofa de marcher

droit à Paris avec huit à neuf mille

Hommes de pied & deux mille Che-

M vaux qu'ils avoient rallembiez. « Ce

M n'eil pas ( ajoûta-t-il } que je prétende

»• que nous prenions cette grande Ville

»» avec fi peu de forces ; mais montrons^

»nous feulement à fes portes ; conten-

•> tons-nous de brûler les moulins qui

»> font autour , ôc je vous réponds que

M le Peuple fe déclarera bien - tôt pour

»nous. Ainfi devenus les Maîtres de la

»> Capitale, nous romprons les delfeins

wde nos Ennemis , & la Cour fera ré-

••duite à nous donner la fatisfadion

»• que nous prétendons. «

Le Duc de Bouillon en donnant ce eonfeil agilfoit fuivant les maximes qu'il a toujours fuivies ; qu'il eft des circonftances l'on ne doit jamais faire les chofes à demi ; que le fuccès des grands deifeins dépend le plus fouvent de la diligence 8c de la nar- - dielïè qu'on emploie à les exécuter , Se que le trop de circonfpeétion ne fert d'ordinaire qu'à laifler échaper les occafions de réuflïr. Il fçavoit de pluç que comme U n'y a rien de plus

diiîicilô

Dire DE Bouillon. Liv. VIII. i^t difficile que de conreivcr riinion dans un parti composé de gens à peu près d'une égale autorité , il n'y a point de temps à perdre , & qu'il faut agir d'a- bord avec beaucoup de vigueur. Les plus éclairez d'entre les Seigneurs , ceux que le génie ou l'expérience éle- voient au-delTus des autres , furent de l'avis du Duc de Bouillon. Le plus grand nombre l'emporta j le fcnti- ment du Duc ne fut point fuivi ; l'on convint feulement qu'on feroit incef- famment de nouvelles levées , & que le rendez-vous général des Troupes feroit à Noyon. Ils fe féparerent en- fuite. Le Duc de Guife alla dans le Duché dont il portoit le nom , d'où il dépêcha un Gentilhomme au Duc de Lorraine , un autre au Duc d'E- pernon, ôc un troilîéme au Duc de Bellegarde pour les foUiciter d'en- trer dans le parti. Les Ducs de Mayen- ne & de Bouillon fe retirèrent , l'un à Soilfons , l'autre à Sedan. Longuevil- le retourna à Peronne , Vendôme à la Fere , Se le Marquis de Cœuvrcs prie le chemin de Laon donc il écoit Gou- verneur.

Le peu de réfolution des Seigneurs- mécontcns les ficméprifer de laCour. Tom. ///. H

î^i HisfOïS.E OE Henry Elle fie lever des Troupes pour Ie$ attaquer en même-temps de tous co- tez , elle prit contre-eux les réfolu- tions les plus extrêmes. Le fixiémc de Septembre i 6 i6. le Pvoy alla au Parlement pour y faire vérifier une Déclaration contre le Prince de Cou- dé. Il y étoit accusé d'entreprife con- tre l'Etat, & même contre la perfonnc du Roy , &: c'étoit par-là qu'on pré- tendoit juftifier fon emprifonnement. Il eft vrai que comme l'on n'en don- noit point de preuves , ou qu'elles étoient trcs-foibles , on n'en eut pas plus mauvaife opinion du Prince. Le Parlement ne laifla pas de verifier-la Déclaration , àc le Prince de Condc fut traité comme criminel de ieze- Majeflc fans avoir été convaincu.

Un traitement rigoureux à l'égard <lu premier Prince du Sang fit jugeï au Duc de Bouillon , que les Sei- gneurs qui s'étoient déclarez pour lui , feroient pour le moins aufli mal- traitez. Sur ce préjugé , il fe hâta de traiter avec le Duc de Nevers ; il le fit entrer dans le parti des Mécontens, & négocia avec le Prince d'Orange & quelques autres Etats Prot^ftans jpour en obtenir du fccours.

! T

Xi

0IfC OE BoiTULON. LiV. "VTflT. I^j

Pendanc que le Duc de Boiiilloii tgiiroic {I ucilement pour fortifier le parti des Seigneurs mécontcns , le Duc de Longucville penfoit à s'en détacher. Il étoit un de ceux qui dif- putoient le rang au Duc de Guife , &: qui avoit promis au Duc de BoUil- lon de lui céder le commandement des aimes, &c de le reconnoîne Chef du parti. Il n'avoit pas plutôt donné cette parole , qu'il s'en etoit repenti. Il penfoit aux moïens de la dégager , lorfque la DuchelTc fx Mère lui offrit de la part de la Cour un accommode- ment dont il auroit lieu d'être con- tent ; il accepta fes offres , fa Paix particulière fut bien-tôt conclue. Le Duc de Guife en ufa dans le même- temps à peu près de la m.ême manière;. Il s'accommoda avec la Cour par l'en» tremife de la Duchelfc fa Femme, C'eft ainfi que les liaifons qui ne re- gardent le bien public que comme un prétexte , &c qui n'ont en effet pour objet que l'ambition ou quelque au- tre inteiêt particulier, en un mot qui ne font pas fondées fur la juftice, net font pas de longue durée.

Cependant comme les deux Sci- eneius dont on vient de parler , a-

1(^4 Histoire be HïNRr

Mcmoi voient des mefures à garder avec les rcs d^ a Mécontens , ils obtinrent que le Roy de^Mar.c envoïcroit des CominifTaires à Soii- de Medi- fons pour traiter d'un accommode- '^^' ment général avec tout le parti , & Memoi- que cependant on garderoit le fecrec B^îVom- Tnr la Paix particulière qu'ils avoient pitn;. faite. Cette propofition obligea tous les Seigneurs du parti de fe rallembler à Soiilbns y ils s'y rendirent tous à la réferve du Duc de Longueville. Il trouva des prétextes pour s'en difpen- fer , quoiqu'il dût garder d'autant plus de mefures avec le parti qu'il aban- donnoit , qu'il en avoit été bien fervi dans tous les difFerens avec le Maré- chal d'Ancre.

Le Duc de Guife n'en ula pas de même j il fe rendit à SoilTons ; il y difïïmula le mieux qu'il put l'accom- modement qu'il avoit fait avec la Cour. Mais un Homme aulïï éclairé que le Duc de Bouillon n'étoit pas aisé à tromper 5 il foupçonna à fa ma-, niere d'r.gir qu'il n'alloit pas droit. Se que s'il n'avpit pas abandonné le

faiti, il avoit delfein de le faire. Pour obliger à fe déclarer , il le prella vi- vement fui ce qu'il n'avoit point exé- cuté la réfolution de lever des Trou»

Duc ROTJILLON. LiV. VÎTI. î^f

pes , qui avoit été pnib à Coucy. Le Duc de Guife s'excufa fi mal que le Duc de Mayenne & les autres Sei- gneurs ne purent s'empêcher d'entrer dans les foupçons duDuc de BoUillon. La conjondure étoit des plus emba- rallantes ; chacun fe regardoit fans fcavoir à quoi fe réioudre , ni à qui fe fier. Mais le Duc de Bouillon qui ^^^^-^ n'étoit pas moins décifif que péné- res du trant , aïant trouvé le moien d'afiem- ^^ëhan'!* bler les Seigneurs fans que le Duc de liv. u Guife y fût préfent , il leur propofa fans façon de l'arrêter & de le mettre en lieu de fureté. « La réfolution eft e, violente , je ravolie j ( ajouta le Duc ^ de Boiiillon ) mais avons^nous d'au- j^ très précautions à prendre contre un ^ homme , qui non content de nous a- ^^ bandonner dans le befoin après de « fi forts~>engagemens pris avec nous , j, penfe encore à fe prêter à la Cour (,. pour être l'inftrument de nôtre perte, c^ Il fçait nôtre fccret , il connoît tou- ce tes nos relfources ; fi nous lui laif- «; fons la liberté de nous nuire , perfcn- ce ne n'eft plus capable de renverfer ce tous nos delfeins , il nous perdra fi ,, nous ne nous allurons pas de lui. » Une pareille réfolution que le Roy

156 Histoire de Henut lui-même & la Reine Alere n'auroient peut-être pas osé exécuter , étonna tous les' Seigneurs. Cependant cet avis l'eût peut-être emporté , Ci le Duc de Mayenne qui étoit le maître dans Soilfons , ne s'y fût opposé. Il demcuroit d'accord qu'il eft des extré- mitcz dont on ne peut le tirer ou'efi prenant les réfolutions les plus extrê- mes j mais il fe fit un fcrupule de vio- ler les droits de l'hofpitalité àl'éeard d un proche parent qui etoit venu de bonne foy dans une Ville dont-il étoit Gouverneur. Il ajouta qu'il croïoit bien le Duc de Guife capable d'a- bandonner leur parti , mais qu'il ne le croïoit pas affez perfide pour le trahir , & pour fe prêter à la Cour pour le détruire. Le Duc de Bouil- lon infifta qu'il avoit de bons avis , ôc que la complaifance du Duc de Guife pour la Cour iroit juiques à prendre contre-eux le commande- ment d'une Armée. Il n'eft pas aisé de décider fi le Duc de BoiiiDon avoit ité averti des engagemens du Duc de Guife avec la Cour , ou s'il n'en ' parloit que par conjecture ; mais il cft certain qu'il devina jufte , Se que le Duc de Guife accepta dans la fuite

T>\ic DE BouîiLON. Liv. VIIÎ. i6y le commandement d'une Armée con- tre ces mêmes Seigneurs qu'il avoit engagé lui-même a prendre lesArmes. Une pareille conduite ne donne pas grande opinion du Duc de Guiie , au moins par rapport à la bonne foy & au véritable honneur. On ne trou», vera point à redire qu'il ait abandon- né un parti qui palToit pour être op- posé à celui du Roy. Les devoirs des Sujets à l'égard de leurs Souverains font indifpenfables , il y a de la gloire à y revenir -, en ce cas il ne faut ni s'en cacher , ni tromper perlbnne. Mais qu'un Homme com.me le Duc de Guife , qi»- fiifoit gloire ^ il n'y a pas long-tems , d'être l'Ennemi dé- claré d'un Etranger , haï de toute la France , haï du Roy^mcixic à qui il devenoît de jour en jour de plus en plus fufpeâ; , qu'un Homme , dis-je^ de la nailfance & du rang du Duc de Guife pour un léger intérêt , brigue le Commandement d'une Armée qui doit fervir à rétabblfement de Tau* torité de ce même Etranger, & à la ruine de fes parens &c de fes amis qui demandent qu'il foit éloigné des af- faires , & qu'il ne foit plus en état de leur nuire , c'eft ce qui n'eft pas-

H liii

j6B Histoire Hemr"? aisé à comprendre , ou plutôt c'eft ce qui donne lieu de conclure que l'am- bition ne connoît point de règles , & qu'il n'y a point de devoirs dont elle, ne fe difpenfe pour arriver à fes fins.

On propofa cnfuite dans l'AlTem- olée des Seigneurs de quelle manière on en uferoit avec Chanvalon & Boid file , à qui le Roy avoit donné la Commifîîon de traiter avec les Sei- gneurs mécontens. Le Duc de Bouil- lon rcprclcnta à cette occaiîon qu'il faloit fe déHer des intentions de la Cour j\u'apparemment les Commit, (aires étè^ient envoïcz plutôt pour travailler à les defunir, que pour leur donner les juftes fatisfaftions qu'ils avoient droit de prétendre j qu'ainfi Merroi il faloit s'attacher à demeurer unis, rcsdci'^ n'entendre à aucun accommode- dcNL.ric ment particulier , ôc à être toujours d." Medi- (^j-j garde contre les artifices de la Cour : que quant a 1 accommodement qui pourroit être proposé , il faloit l'accepter tel qu'il pût être ; que s'il étoit avantageux , il faudroit s'y te» nir , & que s'il ne l'étoit pas , ri leur donneroitau moins le temps de pren- dre leucs mefures , & de fe mettre e,^

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 1^9 état d'obtenir de meilleures condi» tions au Printemps prochain.

Ce fut dans ces diipofitions qu'on s'afTembla à Cravançon à une lieue de 5oiirons. L'accommodement fut bien- tôt conclu , parce que les Seigneurs n'étoient pas réfolus de s'y tenir , 8c qu'ils s'apperçurent que le temps n'é- toit pas propre à obtenir des condi- tions plus avantageufes. Dès que cette feinte Paix eut été arrêtée , le Duc de Guife fit agréer aux Seigneurs, qu'il ,..* rit un voiao;e a la Cour avec le Duc de Chevreule & le Cardmal fes Fre- ^'f/'^'-J' res , pour y ménager , dïf :)it-il , les Baflbrr- intérêts du parti, de y travailler à la ^'""'^* ruine du Maréchal d'Ajicre. Des trois Frères le Cardinal de Guife é-." toit le feul qui y allcit j bonne foy , &qui étoit véritable.: 'iitaffedionné au parti 5 aufîi lui r:;;dit-il dans lai fuite des fervices a Ibz importans.

Comme les Se ;iieurs mécontent diffimuloient de leur côté, la Cour diffimuloit aufli au fîen j elle parue contente des S .igneurs , de la Reine Mère fit verifijr au Parlement une Déclaration donnée en leur faveur. Cependant comme aucun de ces Sei- gneurs ne rçveuoiç à h Cour , quoi-

Hy

fJO HiSTOÏRÉ t>î HîNïlT

qu ils en eulFent tous la liberté , il étoit aisé de juger que la Paix ne du- reroit pas long-temps , & qu'on re- prendioit les aimes à la première oc- cafion.

Dans ce même-temps le Roy tom- ba malade allez dangereufement ^ on craignit même pour fa vie. La nou- •velle s'en étant répandue , perfonne n'en parut plus lenlîblement touché que ces mêmes Seigneurs que la Rei- ne & le Maréchal d'Ancre afFedtoient de faire palfer pour les plus grandsEn- nemis qu'eût le Roy dans tout Çor\ Royaume. Le Cardinal de Guife lié depuis peu avec de Luines dans le deffein de perdre le Maréchal d'Ancre, l'engagea à le dire auRoy,& deLuines ajouta du fien , que Sa Majefté n'a- voit point de plus fidèles Sujets & de plus afïeétionncz Serviteurs , que ces Seigneurs ; & qu'ils viendroient mê- me avec emprelTement lui faire leur Cour j dès qu'ils feroient alTurez de ne point trouver auprès de lui un Etrange? infolent , que la Reine Mère- vouloit rendre le Maître des affaires , & qui ne penfoit qu'à les perdre. Le Roy fut H fitisfait des bons fentimens 4e ces Seigîieiirs^ qu'il témoigna qu'ils

thrc Di BoiTTiLON. Liv. vnî. 171

lui feroient plaifir d'être toujours bien unis eiifemble , &: de ne fe réconcilier tan- ais avec le Maréchal d'Ancre.

5ur cette alTarance que de Luines eut grand foin de leur faire donner , le Duc de Nevers fit faire des levées ^ans fon Gouvernement & dans fes Terres. Le. Duc de Bouillon qui avoir fes intrigues en Allemagne , dans les Provinces -Unies , & dans le Pais de Liège , y fit aufïi lever des Troupes , & il donna ordre qu'on y achetât des armes & des munitions de guerre. Le Duc de Nevers ne prit aucun prétex- te pour rompre laPai"x qui venoit d'ê- tre conclue. Il crut que l'approbation que le Roy venoit de donner à Tu- nion des Seigneurs , lui fuffifoic , & que de Luines qui l'en avoit fait affû- rer , lui en étoit un bon garand. U connoiiroit tout le pouvoir qu'il avoit fur l'efprit du Roy , S>c il étoit perfua^ qu'on faifoit plaifir à Sa Majefl;é ôc à fon Favori en portant le", chofes un peu à l'extrémité , pour l.ur don- ner un pirétexte d'éloigner le Maré- chal d'Ancre , ôc même la Reine Mete dont le Roy continuoit à fe dégoûter de plus en plus. Le Duc de î^evcis ne fc crompoit pas.Cependanc-

Hvj

171 Histoire de Henrv comme l'approbation du Roy écoit fecrette , qu'il ne l'avoir point donnée par écrit , 8c qu'on pouvoir la defa- volier , les amis même du Duc de Nevers , defaprouverent le dehors de la conduite , quoiqu'ils l'approuvaf- fent dans le ifond.

Le Duc de Bouillon plus habile & plus précautionné , fe fervit d'un pré- texte qui parut rrès-plauiîble à bien des gens. Il lui fervit non-feulement pour autorifer les mouvemens qu'il ie donnoit , mais encore pour mettre le parti Calvinifle dans fes intérêts. Il avoit tenté inutilement de l'y engager depuis l'emprifonnement du Prince de Condé. Ce parti peu fàtisfait de ce qu'il n'avoit pas allez foutenu fes prétentions lors du Traité de Loudun, s'iétoit tenu fur la réferve , ôc paroif- loit ;ie prendre aucun intérêt à tout ce qui fe palFoit tant du^côté de la Cour , que de celui des Seigneurs mé- contens. Le Duc de Rohan Se du Plef- fis Mornay contribuoient de rout leur pouvoir à l'entretenir dans cette in- différence ; le premier par fa jalouiîe contre le Duc de BoUillon y le fecpnd par'^fon inclination pour la Paix , Se par fon grand âge qui ne lui permet»

Duc DE BouiLioN. Liv. VIIT. 1731 toit plus de s'engager dans des broiiil- leries. Malgré tous les mouvemens qu'ils fe donnèrent, le Duc de Bouil- lon trouva le moïen de tirer les Cal- viniftes de cette efpece d'afToupilfe- ment,&: de les engager dans Tes in- térêts. C'étoit un coup de partie j la Cour n'appréhendoit rien tant que leur union avec le Duc de Bouillon , dont le génie &: les intrigues n'étoient déjà que trop capables de l'emha- ralfer.

Le moïen que le Duc de Boiiilloft emploïa , & qui lui fcrvit en même- temps de prétexte .pour colorer les levées qu'il faifoit, fut de faire cou- rir le bruit que le Marquis deSpinola traicoit des prétentions de la Mark Maulcvrierfur la Souveraineté de Se- dan ; qu'en vertu de cette acquifition, vie dfe il viendroit afïïeger Sedan avec tou- ^^^ tes les forces des Archiducs des Païs- lIv. 4. Bas Catholiques , & que le Maréchal 5^^ m"-' d'Ancre Peniionnaire des Elpagnols , moires Jeur avoit promis de favorifer Spino- f^^^^^ la , en empêchant le Roy de fecourir 1 6 1 <f, le Duc de BoiiiUon , & même en fai- iànt en forte que les Troupes du Roy qui étoient fur la Frontière de Cham- pagne , favoriferDieut cette entreprir.

Ï74 Histoire HénrV fe. Si cette nouvelle eût été vraie ^ perfonne n'eût pu trouver à redire que le Duc de Bouillon prît fes pré- cautions pour la défenfe de Sedan ^. en levant des Troupes & en faifant entrer des munitions dans cette Place. D'un autre coté les Calviniftes ne craignoient rien tant que l'augmenta- tion de la puiïïance dzs Efpagnols fur les frontières de France , fur-tout cet* fût arrivé par la prife de Se- dan. Ils regardoient cette Place com- me étant à eux , parce que tous les Halbitans & le Prince même qui en ètoit le Souverain, faifoient profef- fion de leur Religion, D'ailleurs fr les Efpagnols en euifent été les Maî- tres , ils leur euflènt fermé la porte pour faire entrer en France de ce cô- té là les fecours d'Allemagne & de Holande , aufquels ils prévoïoienr cju'ils pourroient avoir recours. Rien n'étoit donc plus capable de mettre- les Calviniftes dans les intérêts du Duc de Bouillon , que la crainte de le voir dépouillé de la Souveraineté de Sedan.

Le Duc de Bouillon aïant donc trouvé un p.étcxte (i favorable à fes defTeins , il ne fut plus queftio^i qiia

Duc DE Bouillon. Lïv.VIIî. tyf de le faire valoir d'une manière qui répondît aux vues qu'il s'étoit pro- pofées. Pour cet efFet il engagea la Duchelfe de Bouillon fa Femme à fai- re un voïage dans les Terres qu'il avoir en France , en apparence pour y régler fes affaires , en effet pour y répandre le bruit dont on vient de parler , &: pour lui donner de Tauto- rité. Mais comme Ton ne peifuade ja- mais mieux les autres , que lorfquc Ton eft convaincu de la vérité de ce que l'on dit , le Duc de Bouillon porta la précaution jufques à faire croîre à la Duchelfe elle-même , que h bruit qu'elle devoir appuier , énoit véritable^ Par-la il ne laiifoit rien à la difcretion d'une Femme , qui eût peut-êtie été tentée de découvrir fon fecret.

La Duchelfe de Bouillon s'acquita d'autant mieux de fa commilîion , qu'elle étoit elle-même fort allarmée du prétendu Traité de Spinola. Par- tout où elle paffoit, dans tous les en. droits elle alloit, elle p.uloit dt de ce Tra'"té comme d'une chofe in- dubitable. Elle en paroilfoit allarmée, elle infinuoit que l.i principale raifon c^ui l'avoit obligée de quitter Sedan ^

i7(j HisToiP-E DE Henry écoit la ciainte qu'avoit eu le Duc de Bouillon de la voir exposée aux pé- rils d'un Siège : c'cft ce qu'elle difoit à tout le monde. Mais quand elle étoit avec des Calviniftes , elle leur repro- fentoit vivement l'intérêt qu'ils a- voicnt à la confervation de Sedan , ÔC la perte irréparable que feroit le par- ti , fi les Efpagnols fe rendoient les Maîtres de cette importante Place. Par ces difcours foutenus de fes lar- mes & de Tes inquiétudes fur les dan- gers où le Duc fon Epoux alloit être exposé , elle gagnoit les efprits , elle touchoit les cosurs , elle acqueroit des amis & des Partifans au Duc de Bouil- lon , elle mettoit le parti Calvinifte en mouvement.

Les plus éclairez d'entre les Préten- dus Reformez nepouvoient fe réfou- dre à croire ce que difoit la Duchef- fe de BoUillon. Ils ne pouvoient com- prendre que Spinola entreprît de trai- ter des pi étentions de Maulevrier fur Sedan , fans l'approbation des Archi- ducs , ni que les Archiducs confentif- fent à une entreprife qui cauferoit infailliblement une rupture ouverte entre les deux Couronnes. La fi tua- tiou des affaires de h Maifon d'Au-

t)UC t)Ê BoTTlLtON. LiV. Vllt. Ï7^

triché en Italie &: en Allemagne, ne permettoit pas qu'on s'engageât dans une Guerre avec la France. On de^ meuroit d'accord de la haine du Ma- réchal d'Ancre contre le Duc deBoUil- lon j & de la paffion qu'il avoit de îe perdre. Mais quelque puilfant qu'il pût être à la Cour, quelque cré- dit qu'il eût fur l'efprit de la Rqiné Mère , on ne pouvoit s'imaginer que cette Princclfe pût fe réfoudre àfouf- frir qu'un Etranger dépendant de l'EC. pagne fe rendît le Maître d'une Sou- veraineté fur la frontière du Royau- me. C'eft ainfi que le Duc de Rohan &duPleiïîs raifonnoient fur le pré- tendu Traité de Spindla. Mais le plus grand nombre , les Miniftres & les Confîftoriaux , gens défians , ombra- geux, & toujours prêts à fe fouîevcr, ne pouvoient foufFrir qu'on demeu- rât tranquiles fur le danger ils vou- loient que Sedan fût exposé, ôc ap- prouvoient les préparatifs de Guerre que faifoit le Duc de Boiiillon , & les précautions qu'il prenoit pour fe défendre.

D'uii autre côté la Reine Mère qui ne conlultoitpas la Duchelfe de Bouil- lon fur ce qu'elle devoit croire des

fyt HisfoiRE DE Henrv defleins du Duc Ton Epoux , ne fc contenta pas de fane filei des Trou- pes en Champagne. Elle écrivit au Réfîdent de France à Bruxelles , de faire en forte que les Archiducs em- pêch.ifl'ent qu'on ne pafsât fur leurs Terres pour porter des armes & des inunitions à Sedan, & pour y condui- re des Gens de guerre. Il l'obtint, & cette précaution jctta le Duc de Boiiil- londans un embarras qu'il n'avoit pas Decemt' P^évû. Pour s'en tirer , il écrivit une i^if. longue lettre au Roy -, il s'y plaint des Archiducs , & du grand nombre de Gens de f^uerre dont on augmentoit les garnifons des Places de Sa Majeflé voilines de Sedan. Il reprefente au Roy que ces préparatifs femblcnt marquer un delTein formé d 'invertir cette Place j enfin il le prie de trou- , ver bon que dans une pareille con- jondure , il ufe des moïens légitimes que la nature met entre les mains de chacun , quand il eft queftion de fe défendre , & de confervcr fon bien,. Cette lettre fut fort mal prife à la Cour. Le Roy y répondit le ly. de Décembre 1616. Sa Majefté y repro- che au Duc de Bouillon fes intrigues ôt fes caballes au dedans Se au dehors

ï)uc DE BoxntiON. Liv.VIIT. rj*}

du Royaume. Elle lui marque les rai- MzTcv.n fons qu'elle avoit eue , d'envoïer àcs f -nçois Troupes dans une province le Duc \,-^^^ de Nevers & lui témoignoient alTez ouvertement qu'ils avoient delfein de fe cantonner. Enfin le Roy lui deman- de une explication fur la fin de fa«» lettre. « Les moïens légitimes que •» vous avez de vous conferver ( ajoû- m te Sa Majefté ) font de vous adreifer •» à moi ; c'eft d'attendre de ma protec- «t tion la confervation de ce que vous m pofTedcz par la bien-veillancc du feu t* Roy mon Seigneur & Père j c'eft de u me rendre l'obéiflance que vous me devez. «

Le Duc de Boiiillon en écrivant au Roy avoit auffi écrit à la Reine Mère. Il lui reprefentoit l'intérêt qu'avoit la France à fa confervation , & à ne pas foufFrir que ceux qui n'en aiment pas la grandeur , augmentalfent leurj. Etats en entreprenant fur fa Princi- pauté de Sedan. Il femble par-là in- îînuer le prétendu Traité de Spinola quoiqu'il ne s'en explique pas claire- ment. Il prie enfuite la Reine de don- ner a cette occafion au Roy les con- feils qui conviennent à fa gloire , au bien de fon Etat j ôc aux obligatioiijs

iSo Histoire t> i HenrV qu'il a contradées en accordant fa prote(5tion aux Souverains de Sedan. On ne voit point la réponfe que lui fit la Reine Mère ; on peut juger de fes fentimens par rapport au Duc de Bouillon , par la lettre du Roy dont on vient de donner l'extrait. Cette PrinceiFe y avoit beaucoup plus de part que lui , auffi-bien qu'a tout ce qui s'étoit fait contre les Seigneurs mecontens , & à tout ce qui Ce fera ^, ^ dans la fuite. t6iy. le Au commencement de l'année fui- Tanvi^ vante le Duc de Bouillon fit réponfe ' à la lettre du Roy. Il s'y juftifie fur les cabales & les intrigues que Sa Majefté lui avoit reprochées , & gé- néralement fur tout ce qui s'étoit pafTé depuis le Traité de Loudun. Il avoiie qu'il a eu des commerces de lettres avec les Princes fes voifins , & que même il leur a rendu des vifi- tes ', mais il loutient que ce n a ete que pour fatisfaire aux devoirs d'a- mitié, de parenté , ou de voifinage ; qu'il a toujours eu en vue le fervice de Sa Aiajefté , & qu'il n'a ni rien dit , ni rien fait à fon préjudice. Cet arti- cle pouvoitiêtre vrai en un fens : tra- v^ilcr à i'éloignement du Maréchal

J3'ûc BouitLOK. Li"^ VIII. iSt d'Ancre &c de Tes créatures , c'étoic fervir le Roy fort utilement , & félon . que lui même avoit témoigné le lou- liaiter ; mais ce n'étoit pas fervir la. Reine Mère. Elle pouvoir tout , elle difpofoit de tout , Se le Roy quoique jnajeur ne pouvoit rien. C'étoit donc en ce fens que le Duc de Boiiillon, prétendoit fervir le Roy , & il fup- pofoit que le Roy l'entendoit bien , ôc qu'il concevoir que la confidera- rion de la Reine Mère l'empcchoic de s'expliquer plus clairemenr. On verra dans la fuite de cette Hiftoire , par ce que le Roy fit lui-même con- tre le Maréchal d'Ancre & contre 'la Reine Mère , que le Duc de Bouil- lon n'entroit pas mal dans fes fenti- mens en rravaillanr à l'éloignemenr de l'un, & en procurant la diminu- tion de l'autorité de l'autre.

Après s'être excusé de la forte, le Duc de Bouillon donne au Roy l'explication qu'il lui avoit demandée. « La nature , dit-il , nous apprend à ««. défendre nôtre bien, & à le conferver « à nos enfans. Les Sujets opprimez te doivent premièrement avoir recours « à leur Souverain -, car enfin les Rois «e !ie font établis que pout k défenfe

cSl HISTOIRE' DE HenRT

•> leurs peuples. Celui qui fans être Cn- •> jetjà des États fous la prote6tion d'un M plus grand Prince , en ufe autre- a> ment. Quand on l'attaque injufte- w ment , il a recours au Souverain qui aj lui a promis de le protéger ; & en cas « de refus , il ufe des moïens qu'il peut « trouver ailleurs pour oppofer une juf. »> te défenfe à une injufte violence. J'ai 3> le bonheur , Sire , d'être vôtre » Sujet ( continue le Duc de Bouillon ) Se j'efpere que Vôtre Majefté voudra bien me conferver dans la polïefîion »» des Terres que mes Ancêtres m'ont »> laifle en France , ôc des marques m d'honneur ôc de diftinébion dont une » des plus anciennes Maifons duRoyau- » me , de laquelle je defcens , jouitde- li puis plufîeurs iîecles. Ma Souverai- M neté de Sedan eft fous la protection de H vôtre Couronne , & je ne puis pas me »9 perfuader que Vôtre Majefté aitdef- » fein de la priver de cet avantage. Que » fi la mauvaife volonté de mes Enne- mis va jufques à me faire perdre «• l'honneur de vos bonnes grâces & de •• la proiedion que vous m'avez pro- »» mife , en ce cas , Sirh , je crois que •• la nature me permet d'oppofer à leur it injuftiçe le fçcpurj de mes Sujets , de

Duc PE BouiLtON. Liv. VITT. itj

mes Parens , ôc de mes Amis , fans cf qu'on puiife me reprocher que je m'é- ce carce de ce que je dois à Votie Ma- jefté en qualité de Sujet , & de Sei- c< gneur d'une Souveraineté que les <• Rois vos prédécelïeurs ont prife fous ec la protection de leur Couronne. «ce C'eft ainfi que le Duc de Bouillon s'explique fur une matière alTez déli- cate. Ceux qui trouvent fa réponfe obfcure ôc embarraflee, feroient peut- être bien en peine d'en faire une qui fût plus claire &plus précife. On la comprit fort bien à la Cour , &c l'on n'y douta point qu'il n'eût pris fes mefures pour fc bien défendre li l'on prenoit le parti de l'attaquer.

Cependant comme le Duc de Ne- vers dont les intérêts étoient fi liez avec ceux du Duc de Bouillon , ne fe contentoit pas de lever des Troupes , mais qu'il fe rendoit Maître des Villes de fon Gouvernement de Champagne, qui vouloient bien le recevoir , ou qu'on lui livroit ; la Reine Mère qui fe croïoit en état de tout entrepren- dre , fit donner au Roy une Déclara- tion par laquelle il étoit déclaré Re- bclc Se criminel de leze-Maiefté ; elle fut vérifiée au Parlement le 1 7. 49

1^4 HistoiRE ôÉ HenrV t-'Afl Janvier, Cette Déclaration fit beau- ^'''* coup de bruit,&le Roy lui-même n'en fut pas content. Mais on s'étoic ac- coutumé à tout faire fans lui en par- ler. Les Ducs de Vendôme , de Bouil- lon , & de Mayenne firent a cette oc- cafion de fortes Remontrances au Roy au nom des Princes, des Ducs & Pairs, des anciens Officiers de la Couronne, ôc des principaux Seigneurs duRoyau- me. Mais ces Remontrances ne fer- vfrent qu'à les faire déclarer eux-mê- mes criminels de leze-Majefté, fi dans quinze jours ils ne rentroient dans leur devoir. Le Marquis de Coeuvres & le Prefident le Jai furent compris dans la mêmeDéclaration qui fut aufîî vérifiée au Parlement.

En même-temps la Reine Mère fit

marcher le Maréchal de Montigny

avec des Troupes qui foumirent en

peu de temps le Nivernois. Le Duc

j^ ^^. de Guife &c le Maréchal de Themines

ie/de°a enlevèrent prefque toutes les Places

^'^'"'. que le Duc de Nevers avoir en Cham-

de Mr.rie x i t^ i •» i- r

«le Mea,- pagne ; Se le Duc de Mayenne tut

^ afliegé par le Duc d'Angoulcme dans

Soilfins , il fe défendit avec toute

la vigueur & labravou.e imaginable.

Cependant il eue été contraint de fe

rendre

Duc OE Bouillon. Liv. VIII. iB^ rendre enfin à difcretion , il le Duc ^^eivoi- de Bouillon n'eût marché à fon fe- B^.HbiH- cours avec douze mille Hommes de pi«"^' pied ôc deux mille Chevaux. Mais quoique fa capacité ôc fon expérience confommée dans la Guerre donnail fent de grandes efperances au Duc de Mayenne , qu'il feroit lever le fcge de Soilfons , ôc que tout le monde en fît le même jugement ; le Duc de Boiiillon crut qu'il devoit éviter au- tant qu'il le pourroit , de fe commet- tre avec une Armée qui avoit pour elle le nom &c l'autorité du Roy j ré- folu pourtant de le faire , s'il ne pou- voit pas par une autre voie fauver le Duc de Mayenne. Il crut donc qu'il falloit joindre aux Armes 1 intri<^ue & la négociation. II. fit agir les Par- tifans qu'il avoit parmi les Calvinifl tes , pour les engager à fe déclarer en fa faveur.

Mais la Duchclfe de Boiiillon avoit fi fort avancé les affaires de ce côté- là, que les Prétendus Réformez s'é- toient alfemblez à la Rochelle de leur autorité ôc fins la permiffion du Roy. Leur dcllein étoit en apparence de demander juftice a Sa Majefté con- ue le Duc d'Epernon , qui avoit fana TomellL l

ïSrr Histoire de Henry Ton ordre fait une cntrcprife fur la Rochelle, 3c de prendre des mefures pour empêcher qu'a l'avenir on ne tombât dans un pareil inconvénient j mais en effet ils s'étoient alfemblez pour demander la réformation du Gouvernement que les Seigneurs Mé- contens demandoient de leur côté , ÔC pour pourvoir à la confervation de Sedan. Cette entreprife dci Calvinif- tes embaradoit la Cour au dernier point : & effed-ivement rien n'étoic plus capable de faire échouer tous Tes delîeins ^ mais cette voie , quoique fort efficace, eût été un peu trop len- te pour dégager le Duc de Mayenne fans que le Duc de Bouillon attaquât l'Armée du Roy. Il crut donc qu'il faloit prclfer fc3 intrigues du côté de la Cour , de engager le Roy à fe dé- clarer hautement' contre le Maréchal d'Ancre. Il étoit perfuadé qu'une pa- reille démarche auroit des fuites qui ruineroicnc tous les deffeins de la Reine Mère, Se qui tircroient les Sei- gneurs Méco'itens du danger ils fe trouvoient d'être enfin accablez.

La conjondure étoit des plus favo- râbles. Le Connétable de Montmo- rency ^ le Duc d'Epernon, ôc le Ma-

i Duc DE Bouillon. Liv. VTII. iBy jrêchal de Lefdiguieies venoient de faire une Ligue particulière contre le Maréchal d'Ancre : tous les Ordies du Royaume crioicnt contre lui ; le peu- ple l'avoit en horreur , ôc le Roy lui- inêine prévenu par de Luines ne croioit ni la Couronne ni fa vie en fureté , tant que le Maréchal feroic en vie. Le Duc de Bouillon bien in- formé de ces diipo(îtions crut qu'il en devoit profiter. Il engagea le Cardi- nal de Guife à preifer de Luines de porter le Roy à prendre enfin une rélolution. Ce favori n'avoit pas be- foin d'ctre iollicité ; il hailloit le Ma- réchal , il en avoit été menacé , il le craignoit , & la propre iûreté dcm.an- doit qu'il le prévint. Mais le R.oy ennemi des aârions violentes avoit de la peine à fe réioudrc à perdre le Ma- réchal. De Luines étoit au dcfclpoir de cette indétermination du Roy j il agidoit , il faifoit agir tous ceux oui avoient du pouvoir lur l'cfprit de Sa Màjefté ; tant de mouvemens déter- minèrent enfin le Roy. Il confentit qu'on le défit du Maréchal d'Ancre. Sa mort fuivit d'affez près ce fatal conientemcnt qu'on avoit eu tant de peine a obtenir du Roy. Il fut tué de

i8S Histoire de Henry trois coups de piftolet en encrant dans, le Louvre. C'eft ainfi que finit cet Homme favorisé de la fortune , ÔC qui difoit lui-même qu'il vouloit é- prouver juiques où. elle pouvoit por- ter un particulier j parole qui le ren- dit fufpeâ: au Roy , & dont fes En- nemis içûrent bien fe prévaloir. On. Taccufoit d'une vanité, d'un luxe, d'u- ne hauteur , ôc d'une infolence infu- portable. On y ajoûtoit un defir in- fatiable de s'agrandir & de s'enrichir: vices à la vérité qui font des Enne- mis , mais qui ont toujours été infé- parables de la haute fortune ôc d'une trop grande profpericé ; ils n'ont ja- mais fait le caractère iïngulier d'au- cun Particulier , encore moins d'au- cune Nation à l'excluiîon des autres j tout autre en fa place les eût eus. Car enfin il eft auiïi difficile de trou- ver des Hommes que les fucccs &: l'é- lévation ne rendent point infoiens , qu'il eft rare d'en voir qui ne fe laif- fent point abatte par l'infoitune &: par les difgraces. Le Maréchal d'An- Memo! cj-e fy^ donc tel que font tous ceux ^," ^^ '^ que la fortune élevé au-dclïus des

Régence i -i -^ J i

de Marx autfcs ; il avoit mcmc de grandes qua-,

i^e^Medi-j-çç2 î c'cft UHQ juftiCC qUC fcs EnUC-

Duc deBouillotî. Liv. VIII. 1S9

niis lui ont rendu. Mais la fortune fe laifa de le favorifer j c'eft ce qui le diftingua de bien d'autres qui ne Yaloient pas mieux que lui , mais donc la fortune a été plus confiante.

La more du Maréchal d'Ancre chan- ibi !. gea en un inftant toute la face des af- faires. Cette nouvelle aïant été por- tée a Soilfons par un Courrier que le Cardinal de Guife y envoïa , elle fe répandit en même temps dans la Ville &: dans l'Armée. Au(Ti-tôt fans autre précaution tout le monde mit bas les Armes ; il n'y eut plus de difFerencc entre les amis & les ennemis , chacun fe regarda comme étant du même parti. Le Duc d'Angoulême même qui commandoit l'Armée du Roy , fut le lendemain dîner dans la Ville. La même chofe arriva dans les Ar- mées de Champagne ; il s'y fit ine réun'on générale, & le Duc de Bouil- lon qui marchoit droit à Soilîbns pour en faire lever le Siège , le vit par - délivré de l'enças-ement il le trou- voit d'attaquer l'Armée du Roy , 5c de livrer un combat dont le fucccs heu- reux ou malheureux eût pu lui attirer bien des affaires qui ne convcnoienc pas aux deircins qu'il avoit formez j,

Iiij

ipo Histoire de Henry comme on le verra par la fuite de cette Hiiloire. Il n'y eut pas julques à l'Airemblée de la Rochelle que tou- te l'autorité du Roy n'avoit pu porter à l'obéiiTimce, qui ne donnât des mar- ques de la foumifîion en Te féparant : tant tout le monde écoit peiTuadé que la mort du Maréchal d'Ancre alloit rétablir la tranquillité & le bon or- dre dans l'Etat. Ce qui donna cetce bonne opinion du Gouvernement du Roy fut que Villeroy , Jeannin ôc les anciens Miniftres furent aulîi-tot ra- pellez j que les Sceaux furent rendus à du Vair. C'étoit un homme d'un rare mérite & d'une grande intégrité j fa réputation l'avoit feule élevé à la dignité de premier Prcfident de Pro- vence. Au commencement de l'année 1616. la Régente pour donner bonne opinion de ion Gouvernement , lui donna les Sceaux. Elle les lui ôta au mois de Novembre de la même an- née. Ils lui furent rendus par le Roy l'année fuivante au mois de Juin. Après Con rétabliifement il perdit beaucoup de fa réputation , il le lailla gagner par la Cour de Rome , il s'y livra. Son rétablilfiimenc fut accom- pagné de la diigrace de la Reine Mère.

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 191

Elle fui éloignée des aftaires , & elle fe retira de la Cour. C'cft ce que pré- tendoit le Duc de Bouillon , & peut- être même qu'à l'égard de la Reine Mère , il n'eût pas fouhaité qu'on eût porté les chofes fi loin j mais de Lui- iics vouloit être le Maître , &c les pré- tentions de Marie deMedicis ne s'ac- commodoient pas avec les Tiennes. Leurs intérêts étoient d'autant plus incompatibles , que ce favori pour Tenir a bout de perdre le Ivlarêch.il d'Ancre, l'avoit mife ii mal dans l'ei- prit du Roy , qu'elle fe vit obligée de quitter la Cour , & de le retirer à Blois,

Le vuide que fon départ fit à la van Cour, ne dura pas long-temps , il fut *^'7' bien-tôt plus que rempli par le retour des Seigneurs mécontens. Peu de jours après la mort du Maréchal d'Ancre , ils convinrent d'envoïer quelqu'un au Roy , 8c de prier Sa Majefté de leur permettre de fe rendre auprès d'elle , fans qu'il fût parlé d'abolitioij & de traité -, démarche délicate qui palfa pour imprudente , mais qui ne lailla pas de réulTir.

Le Duc de Bouillon reprefenta en vain que c'étoit étrangement rifquer ;

liiij

ï^i Histoire de HenrV j^e^o;_ il les pria de faire réfl.xion qa'ils à- res de la voient été déclaiez dans les formes dcMane crimiiicls de leze-Majefté ; qu'en con- de Midi- fequence , s'ils ne prenoient pas les prccaucions néceflaires dans de pareil- les conjondures , on pourroit bien les arrêter, ôc travailler enfuite à 1 inf- truétion de leur procès : que fuppofé que dans le mouveme;it étoient les chofes , le Roy voulût bien nV pas regarder de Ci près , on pourroit tôt ou tard faire revivre cette afrai- re , & qu'au premier mécontente- ment qu'on auroit d'eux , on Ce croi- roit en droit de les traiter comme des Rebelles , toujours chargez du même crime , puifque le Roy ne leur en a- Toit point accordé d'abolition iqu'ain- Il il croioit qu avant que de le livrer a la Cour , il f.iloit s'attacher à l'obte- nir j qu'elle étoit d'autant plus né- celTaire , qu'il ne faloit pas s'imagi- ner que par la mort du Maréchal d'An- cre , le Gouvernement en devint beau-» coup meilleur : qu'au lieu d'un favo- ri l'on en alloit voir trois ; que leurs ■vues n'iroient pas apparemment au bien de l'Etat , mais à l'établilfement de leur fortune particulière j que de

Duc Bouillon. Liv. VIII. 195 Luines 5c Tes deux Frères Brantes Ôc C;\denet ne feroient pas contens , que chacun d'eux ne fût auiîi puilîantque l'avoit été le Maréchal d'Ancre : qu'il n'y auroit point de Seigneur , de quel- que rang qu'il fût , qui ne fc vît obli- gé de leur faire la Cour , &c que les plus grandes dignitez de l'Etat luffi- roient à peine à l'ambition des trois Frères. « Pour moi , continua le Duc de Bouillon , mon parti eft pris. Com- « me je n'cfpere plus que le Gouverne- «c ment devienne meilleur tant que le m Rov ne fera pas en âçie de g-ouverner « par lui-même ; comme je ne luis pas « d'humeur à dépendre éternellement « des favoris , ou à me commettre avec ce ^ux j dès que j'aurai rendu au Roy ce « que je lui dois , 8c que j'aurai fait par ce bienféance quelque iéjour à la Cour > « je prétends me retirer dans ma Prin- te cipauté de Sedan , pour ne m'y occu- ce pcr plus que des affaires de ma Mai- «e fon , que je n'ai que trop long-temps ce négligées. Le temps apprendra peut- «c ctre qu'une pareille retraite ne feroit pas le plus mauvais parti que nous « pourrions tous prendre ; nous n'en ferions que plus cftiniez Ôc plus confi- « derez à la Cour, « «

I V

ce

i5?4 Histoire de Henry

Memo^i- Le confeil que donnoic le Duc de

Régence Bouilloii , étoic d'autant plus lage ,

l" Yf\'^ qu'on opina fortement contre les Séi- de Medi- i 1 /- r -1 j T) 1 cis. gneurs dans le Conleil du R oy, quand

la demande qu'ils fiifoient à Sa Ma- jeiléy fut examinée,& qu'a l'égard du Gouvernement , les chofes s'y payè- rent à peu près comme leDuc deBouil- lon l'avoit prévu. Mais ces Seigneurs comptoient fort fur les aiîurances que de Luines leur donnoit , qu'ils fe roient les bien-venus à la Cour , & fur les mefures que le Cardinal de Guife avoir prifes avec ce Favori , qu'ils ré- folurent de fe fier au Roy , fans pren- dre aucune des précautions que la prudence & leur propre fureté de- mandoient qu'ils priffcnr. Le Duc de Bouillon qui s'en tenoit toujours au parti le plus fur lorfqu'il n'avoit que fes intérêts à ménager , laifla partir les plus prelfez , & réiolut de n'aller à la Cour, que lorfqu'il jugeroit qu'il y pourroit aller en toute fureté. Il prit pour prétexte de ce retardement l'obligation oii il fe trouvoit de con- gédier les Troupes étran2;eres qui a- voient ete levées lous ion nom. Il ne même une tentative du côté de la Cour pour en obtenir deux cens mille

Duc DE Bouillon. Liv. VIII, 195 livres qu'il faloit leur compter , & oa les lui eût ?.pparemment accordées , Çi les autres Seigneurs du parti avoient fait paroître auiïï pcud'cmprellement que lui de retourner à la Cour. Mais comme ils s'y livroient eux-mêmes fans exiger aucune condition,leRoy fe prévalut de leur impatience , &c rcfu- fa abfol'jment de contribuer au paye- ment de leurs Troupes. Il faluc donc cjue les Seigneurs les paialfent du leur. L'on n'entendit plus parler de cette affaire , ëc les Etrangers furent con- gédiez fans faire aucun deiordre.

Le premier des Seigneurs mécon- tens qui retourna à la Cour, fut le Duc de Vendôme. De Luines qui a- voit delfcin d'époufer la foeur , Fille naturelle du feu Roy , fit paifer au Confeil que le Duc reviendroit à la Cour , fans faire aucune fatisfadion publique à Sa Majefté , & fans atten- dre qu'elle eût donné une Déclaration en faveur des Seigneurs mécontens , &de ceux qui avoient fuivileur parti. L'accommodement particulier duDuc de Vendôme fut comme la règle Se le modèle de celui des autres Seigneurs. De Luines fit encore paffer dans le Confeil du Roy , que les Ducs de

Ivj

i9<3 Histoire de Henry

Reia- Mayenne, de Bouillon , de Nevers,^

tion lie o l' ^ t

la mort ^ ^^^ ^utrcs pourroicnt revenir a Ja |Jn Ma- Cour , & qu'ils y feroient cous égale- d'Aucti. iTienc bien traitez félon la diftindion de leur nailîance Se du rang qu'ils a- voient coutume d'y occuper. En con- fequence de cette réfolution du Con- feiljtous les Seigneurs mécontens à la réferve du Duc de Bouillon revinrent à la Cour , ëc furent fort bien reçus du Roy. Ce bon accueil ne conten- toit point le Duc de Bouillon ; il preC foit toujours les Seigneurs d'obtenir une Déclaration du Roy qui les mît à couvert des recherches qu'on pour- roit faire à l'avenir fur ce qui s'étoit palfé. Ils l'obtinrent enfin , elle fut vérifiée au Parlement le ii. de May ï6i-j. Elle portoit en termes exprès que le Roy mieux informé des véri- tables deifeins des Seigneurs mécon- tens , & fatisfait de leurs foumifîîons révoquoit les Déclarations précéden- tes données contre-eux , ôc les réta- bliifoit dans les biens , honneurs & dignitez , dont ils jouiffoient aupara- vant. Dès que cette Déclaration eue été vérifiée , le Duc de Bouillon qui paroiflbit n'avoir retardé fon retour à la Cour 3 que parce qu'il ccoit occupé

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. îe;y au licenciment des Troupes étrangè- res , fe rendit auprès du Roy qui lui fit tout le bon accueil qu'il eût pu fou- haiter. Il futfuivi de près par les Dé- putez de rAiremblée de la Rochelle, qui vinrent faire leurs foumiiîîons au Roy , ôc TaiFurer qu'elle s'étoit fépa- rée luivant Tes ordres.

Tout étant ainfi pacifié , le Duc de Bouillon qui n'aimoit pas les Favoris , & qui n'avoit jamais pu s'en accom- moder , reprefenta aux Seigneurs li- guez à l'occafion de l'emprifonne- ment du Prince de Condé , qu'il fa- loit au moins par bienféanee foUiciter fa liberté. C'eft à quoi ils n^avoiens pas pensé ; mais ils convinrent qu'on ne pouvoir pas s'en difpenfer. L'on fit donc tout ce que l'on put pour l'ob- tenir ; le Roy donna de bonnes paro- les , mais de Luines qui vouloit éta- blir fon pouvoir , s'y oppofa fous main, &c rendit inutiles toutes les fol- licitations que l'on fit en faveur du Prince. Ce coup de crédit fit juger au Duc de Boiiillon , que de Luines por- teroit fon autorité encore plus loin que le Maréchal d'Ancre ; & comme il étoit perfuadé que le rec^ne abfolu des Favoris eft la ruine d'un Etat ,

ïcfB Histoire de Henry parce que ce n'eft pas Ion bien qu'ils ont en vue , mais qu'ils rapportent tout à leurs intérêts particuliers , ce lui fut un nouveau motif de quitter la Cour pour n'y plus revenir. Com- me il étoit occupé de l'exécution de ce dcirein , il fut entièrement déter- miné à ne la plus différer par l'évé- nement que l'on va raconter.

Un Gentilhomme Servant de la iÎ!T°'' Maiion du Roy, nommé Gignier , qui ©aage- avoit uu grand accès auprès du Duc ^'" de Vendôme , dans le deflein d'avan- cer fa fortwne en fe procurant des liai- fons étroites avec de Luines , s'avifa de lui faire confidence qu'il avoit dé- couvert une des plus grandes confpi- rations qui fe fût jamais formée en France contre le Roy, contre l'Etat, ôc contre de Luines lui-même. Le Fa- vori efFraïé le prelTe , ôc lui promet de grandes récompenfes pour l'engager à lui dire tout ce qu'il fçavoit de ce furieux projet. Gignier paroît fe ren- dre aux inftances de de Luines , Se lui déclare qu'on avoit réfolu de fe défai- re de lui , de fe failîr de la perfonne du Roy , de l'obliger à mettre en li- berté le Prince de Condé , à rappeller la Reine Mère , & de lui rendre fa

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 199

première autorité. Que il le Roy fai- foit la moindre réiîftance , la réfolu- tion étoit prife de fe défaire de lui , & d'élever fur le Tronc le Duc d'An- jou pour qui la Reine Mère avoic beaucoup plus de tendrelle que pour le Roy. Voila ce que le propoloient les Conjurez félon Gignier. Il fut queftion de les nommer , de Gignier n''he(îta point à déclarer que c'étoit le Cardinal de Guife, les Ducs de Ven- dôme , de Nevers , de Longueville, de Mayenne , de Chevreufe , & de Boiiillon. Il y ajouta encore le Mar- quis de Coeuvres , le Préfident le Jay , êc plufieurs autres. Ces Seigneurs é- toienr amis , 8c fe trouvoient tous les jours enfemblc ou pour parler de leurs affaires , ou pour des parties de plai- fir. Cette circonftance fit que de Lui- nes qui fçavoit leur liailon , ôc k qui même elle étoit fufpede, trouva de la vrai-femblance à ce que diloit Gi- .gnier , & réfoïut d'approfondir cette affaire.

Pour y réuiïîr il s'en ouvrit à Dea- ibij, géant ( qui raconte dans fes Mémoi, res cette prétendue confpiration ) & le chargea de ne rien oublier pour en découvrir la vérité. Dcageant avoue

aoo Histoire de Henry lui-même que quoiqu'il fe défiât de Gignier , il trouva de la vrai-lem- blance au prétendu projet de la conf- piration. Ce qu'il en dit à de Luines redoubla fes allarmes & Tes précau- tions. Il met des perlonnes de confian- ce auprès du Roy pour veiller à la fu- reté de fa perfonne j il fait obferver tous ceux qni l'approchent -, en un mot il prend tant de précautions , que que les Seigneurs accufez par Gignief s'appcrçoivcnt qu'on fe défie d'eux , mais fans pouvoir feulement s'imagi- ner ce qui avoit pu y donner occafion. Le Duc de Vendôme fut le premier qui foupçonna Gignier j plus il exa- mine fes allures , plus il lui devient fufped: : il l'obferve, il le fait obfer- ver -, enfin il découvre fes conférences fecrettes & fréquentes avec de Lui nés êc Deageant. Sur cet indice le Duc de Vendôme va trouver de Luines 5 il lui dit fans décour qu'il a de fortes raifons de croire que Gignier lui rend de mauvais offices , il le preffe de lui dire ce qui en eft , il offre de fe re- mettre entre les mains du Roy , il demande qu'on faife arrêter Gignier , Se qu'on le lui confronte. L'alllirance avec laquelle le Duc de Vendôme

Duc BouiLiON. Liv. "Vni. ici parloit , augmenta le foupçon qu'a- voienc de Luines & Deagcant , que Gignier pourroit bien être un fourbe ; & comme de Luines en particulier n'étoit pas capable de garder un fecret, il découvre au Duc de Vendôme tout ce que Gignier lui avoit dit de la pré- tendue confpiration. Le Duc de Ven- dôme étonné d'une calomnie Ci atroce, 6c qui n'avoit pas le moindre fonde- tiK-iit , demande avec inftance que Gi- gnier foit arrêté. On Tarrête , il eft mis en prifon j au premier interroga- toire il Te coupe; on le preil'e, il avoue toute la fourbe , il e(i condamné à la mort , & le Roy convaincu de l'in- nocence des accufez quitte Tes foup- çons , & reprend avec eux fa premiè- re manière d'agir.

Le Duc de Bouillon qui étoit un des accufez , ne lailfa pas de faire de profondes réflexions fur une avanture aufîî extraordinaire , ôc qui a aufîî peu d'exemples , que celle qu'on vient de raconter. L'accufation de Gignier lui parut mal concertée , ôc tout fon projet lui fembla fi extravagant ( à le prendre piécisément comme de Lui- nes de Deageant leracontoient ) qu'il yfoupçonna du myfteie. Il crut que

101 Histoire de Henry cette accufation pouvoit venir de plus haut, & que Gignier avoit été poulfé , par une main qui n'avoit pas été alfez habile pour conduire fon projet juf- que il pouvoit aller. En effet il ii'eft pas vrai-femblable qu'un Gentil- homme comme Gignier qui ne man- quoit pas d'efprit , eût pu s'imaginer qu'on perdroit tant de grands Sei- gneurs fur fon feul témoignage, ou fur quelques vrai-femblances qui dif- paroilTent dès qu'on les examine avec un peu d'attention 5 ou que fans les perdre, & fans prouver une accufa- tion li importance, on lui donneroit les récompenlcs qu'il avoit prétendu ^ & qui n'alloient à rien moins qu'à cent mille écus comptant , &au Gou- vernement d'une des meilleures Pla- Msmoi- ces du Royaume. Dans la vérité ce dL- ^ projet paroît ridicule j mais foit qu'il géant, vint de plus loin , ou qu'il n'eût point d'autre auteur queGignier,cette avan- ture confirma le Duc de Bouillon dans le delfein il étoit de quitter la Cour & de fe retirer à Sedan, Il le fit agréer au Roy : mais avant que de partir , il obtint de Sa Majefté la neutralité pour les Villes & les Terres qu'il avoit en Fnwice , au cas qu'elle fe crût obligée

Duc DE BoUIILON.LlV.VITI. 1©5

de faire la guerre à Tes Sujets Calvi- niftes , c'eft-à-dire qu'il cionneroit or- dre qu'ils ne pourroient s'en prévaloir contre le Roy , Sz que Sa Majefté ne les feroit point attaquer , & ne s'en faifiroit point. Le cas que le Duc de BoUillon avoit prévu , arriva ; les Guerres lurvinrent, Tes Terres furent conlcrvées. Il n'y eut que Ncgrepe- lilfe qui fut entièrement détruite pour s'être opposée aux armes du Roy , 6c pour ne s'en être pas tenue au Traité le Duc de BoUillon l'avoir corn- prife.

Le Duc de Bouillon retiré à Se- vm dan ne fongeoit qu'à embellir la Vil- le , & à la rendre fameufe en y éta- bliirant une Académie qui y attirât la jeune Noblefle Proteftante d'Allema- gne, de France , & des Païs-Bas. Il avoit deilein d'y joindre une Biblio- thèque confidérable par le nombre 8c la qualité des livres dont il prétendoit la former , lorfqu'il furvint deux gran- des îifFaires , l'une en Allemagne, l'autre en France , aufquclles il crue devoir donner fon attention. La pre- mière rea:ardoit les troubles de Bohe- me qui commencèrent cette année. La féconde regardoic Marie de Medi-

l6iS,

3.04 Histoire ce Henry cis qui avoir été obligée de fe retirer à Blois après la mort du Maréchal d'Ancre. Il prit part à la première de fon propre mouvement , & dans la "vûë du grand defl'ein qu'il exécuta dé- puis , Se dont il fît dès-lors le projet. Il s'interelfa à la féconde par les iolli- citations qu'on lui en fit , & peut-être par le motif d'abaiirerlc Duc de Lui- nes dont il n'étoit pas content, ôc dont la fortune donnoit de la jaloufie aux plus grands Seigneurs de France. L'on commencera par ce qui regarde Marie de Medicis , parce que l'ordre dei temps le demande ainîi , èc qu'en ef- fet le Duc de Bouillon ne s'engagea dans les affaires de Boliemc, qu'après avoir pris part à celles de la Reine Mère, quoiqu'il eût déjà prévu l'inte- lèc qu'il pourroit prendre à ce qui fe pafl'oit en Bohême.

Il n'y arien dont on s'accommode moins que de la retraite , quand on ne s'eft pas fait une habitude de vivre avec loi - même , &: de fe palfer du commerce des autres. Marie de Me- dicis l'éprouvoit à Blois ; accoutumée aux intriojues & aux agitations de la Cour , elle regardoit la vie qu'elle oienoit depuis qu'elle l'avoit quittée.

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. lo^ comme une vie ennuieufe Se languif- fante ; elle penfoit fans ceire aux moïcns de recouvrer l'autorité qu'elle avoic perdue : mais en bien des choies elle ne pouvoit pas agir par elle-mê- me, ôc à qui fe fier d'un pareil delTein ! De tant de gens dont Marie de Me- dicis avoir fait ou foûtenu la fortune, il n'y eut que l'Abbé de Rucellai Flo- rentin qui eut le courage d'expofer fes biens Se fa vie pour tirer cette Princelfe de la captivité elle pré- tendoit être. Il étoit l'homme du monde dont on fe fût le moins défié pour l'exécution d'un grand delfein. Il avoit fait en France une fortune a.C- fez confiderable par l'appui que le Maréchal d'Ancre fon compatriote lui avoit donné. Il jouilFoit de foixan- te mille livres de rente , tant en pa- trimoine qu'en bénéfices , mais il en faifoit l'ufage qu'en font la plupart des Gens de Cour. Il aimoit les plai- vie fîrs Se la magnificence : c'étoit un des °"f *^'^'

1 1 TJ J r perron.

plus voluptueux Hommes de Ion Liv.vii. temps , peu propre par confequent à concevoir de grands projets , moins propre encore à les exécuter. Deux pafïions qui tendoient par rapport à lui a la même fin , l'ambition Se la

i.o5 Histoire de Henry vangeance eurent la force de tirer cet Homme plongé dans les plaifirs,de la molle oifiveté à laquelle il s'étoit a- bandonné. Le defir de s'élever le fie penfer à vanger la mort du Maréchal a'Ancre fon protecteur , en travail- lant à la ruine du Duc de Luines qui palToit pour en être lacaufe principa- le. Il crut enfuite que le plus sûr moïen pour perdre ce favori , confiftoit à ren- dre à Marie deMedicis fa première au- torité,Que n'endevoit-il point atten- dre après un fi grand fervice ? Eût-elle manque a vanger la mort d un Hom- me qui avoiteu toute fa confiance, fur tout fi elle en écoitfoUicitée par celui- même qui Tauroit mife en état de perdre Tauteur de fa difgrace & de celle de fon Favori ?

Rucellai entêté de ce double defîein fuivit la Reine Mère à Blois ; dès qu'elle y fut arrivée , il s'occupa jour éc nuit àcherclier les moïens de l'en tirer. Il fuppofa d'abord qu'il avoit befoin d'un Chef pour cette cntrepri- fe ; qu'il faloit que ce Chef fût un des plus grands Seigneurs de France, & qu'il eût d'ailleurs toutes les qua- litez qui pouvoient le rendre capable de formcr^d'éxécuter Ôc de foucenir uii

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 207

grand detrein. Tout ce qu'il y avoit de plus confiderable dans le Royaume lui palla alors par l'eiprit ; enfin il s'ar- rêta au Duc de Bouillon , &c réiolut d'aller à Sedan négocier avec lui la délivrance de la Reine Mère , &c fon récabliirement dans fa première auto- rité. Dequoi les grandes paiïions ne rendent-elles point les Hommes ca- pables î Rucellai cet homme fi déli- cat qui ne pouvoit fouffir ni le feraiii ni la moindre intempérie de l'air , comme s'il eût été changé en un autre homme, voiage jour &z nuit dans les Hiilons les plus fàcheufcs ; la lanté devient à l'épreuve des plus grandes fatigues.

Rucellai fous prétexte d'aller régler les affaires de fon Abbaie de Signi , part de Blois , s'arrête quelque temps en Champagne dans fon Abbaie , de- là il fe rend à Sedan. Le Duc de Bouillon fut fort furpris de voir Ru- cellai qu'il connoidoit pour un hom- me tout dévoilé à la Reine Mère ; mais il le fut bien davantage lorfque Rucellai après lui avoir demandé le fecret , lui fit la propohtion de la cirer de Blois , de la recevoir a Sedan , & de la rétablir dans fa première auto-.

tôt Histoire de Henry

rite. Il lui reprefenta eiifuite la gloire

de l'entreprife , piiifqu'il ne s'agifToit

de rien moins que de tirer le Roy , la

ReineMere,&le Prince de Condé,(qui

étoit toujours en prifon ) l'opprefiion

de dcLuines qui ne penfoit qu'à établir

fa fortune ôc celle de fes Frères , fans

fe mettre en peine du bien de l'Etat.

** Je fçai , lui dit-il , que vous n'avez

•• pas lieu d'être content de ce Favori j

*• tous les grands Seigneurs ne le font

** pas plus que vous j ils n'attendent

*' qu'un exemple comme le vôtre pour

fe déclarer. Le parti Calvinifte efl: en

** mouvement fur les affaires de Bearn ;

*• vous y pouvez tout ^ il ne tient qu'à

vous de le faire déclarer. Le Duc de

Rohan brouillé avec de Luines agit

'* ouvertement pour la Reine Mère ;

bien loin de vous traverfer , il vous

*' fécondera. J'ai des intelligences avec

*' le Maréchal de Lefdiguieres qui prcn-

*' dra le même parti. Toutes les créa-

tures de la Reine Mère qui font en

»» grand nombre , n'attendent qu'un

»» mouvement pour agir en fa faveur ;

» elle compte fur vôtre affedion , vous

»» êtes l'homme du monde le plus en

M état de la iervir , 5c à qui elle fouhai-

•• teroit le plus d'être redevable de fa

liberté»

DtJc DE Bouillon. Liv. VIIÎ. 105 liberté. Au refte elle ne met point «c de bornes à fa reconnoiiîance j vous « n'avez qu'à dire ce que vous fouhai- tez: j'ai un plein pouvoir d'elle de tout « accorder. « Rucellai ajouta que la Rei- ne Mère avoit de l'argent &c des pier- reries , & qu elle ne leroit pomt a charge à ceux qui prendroient foji parti.

La propofition étoit fpécieufe , &c peut-être que dans un autre temps le Duc de BoUillon n'eut pas fait diffi- culté de l'accepter. Mais foit qu'il ne fût pas content de la Reine Mère ; foit qu'il prévît que le delTein qu'on lui propofoit , ne réufTiroit pas , & qu'un accommodement feint ou véritable romproit toutes les meiures qu'on au- roit prifes j ou qu'il fût perfuadé que les affaires deBoheme lui donncroienc '• aifez d'occupation , & qu'il fût réfo- ^ lu de s'y livrer tout entier j il répon- dit à Rucellai, que la Reine lui failoit beaucoup d'honneur de le choifir pour lui procurer fa liberté ; que perfonne ne la fouhaitoit plus ardemment que lui î mais qu'il n'avoit pas quitté la Cour de France pour fe rengager dans fes intrigues ; qu'il devenoit vieux ôc incommodé j qu'il écoit temps de bor^

2.10 Histoire di Henry ner fa fortune & fcs defirs , & de fon- ger à l'éducation de fcs enfans j que cependant pour témoigner à la Reine Mère le zèle qu'il avoit pour fon fervice , il lui donneroit un confeil qui produiroit tout ce qu'elle avoit atten- du de lui : c'étoit de s'adreiFer au Duc d'Epernon ; qu'il étoit l'homme du monde le plus propre à bien fervic " la Reine. « Il a , continua le Duc de »> Bouillon , de belles charges ôc de grands gouvernemens j il a du cou- " rage , il eft riche , puilTant , entrepre- *' nant. Ses trois fils n'ont pas moins »' d'ambition que lui j ils aideront vo- >' lontiers leur père. De plus le Duc " d'Epernon a des Places confiderables " dans le cœur du Royaume & fur la »' Frontière. En un mot le voila broUil- »» ouvertement avec de Luines. Le " dépit de fe voir méprisé de la Cour , »' l'elperance d'abailîer un Favori qu'il »» n eftime pas , le defir d'acquérir de la >' gloire , & de fe faire rechercher , font " des motifs capables de déterminer uii »» homme comme lui , qui a de la fierté & du courage. Adrelfcz vous donc à »' lui , c'eft le meilleur confeil que je « vous puide donner pour le lervice de ** la Reine Mère. «

Duc DE Bouillon. IJv. VIII. ut Le Duc de Bouillon en donnanc ce confeil avoit apparemment plus- d'une vue ; il faifoit paroi cre de la générolîté à l'égard d'une Reine dont il n'avoic pas lieu d'être content j il ne commettoit ni fa fortune,ni celle de Tes enfans. De quelque manière que la chofe tournât , le Duc y trouvoit fou compte. Le fucccs de rentrcprilc abailFoit un favori qu'il n'aimoit pas j il avoit l'honneur & le mérite de l'ou- verture du projet ; ôc fi le part ide la Reine Mère avoit du delîbus , il avoic la fatisfaâiion de voir la grande for- tune du Duc d'Epernon qui avoit tou- jours été dans des partis oppofez au flen , ou entièrement ruinée , ou du moins fort diminuée.

Rucellai fut également furpris Se mortifié du refus que lui faifoit le Duc de BoUillon , d'être le Chef de l'entre- prife ; mais il avoiia qu'après lui , le Duc d'Epernon étoit l'homme le plus propre à fervir la Reine Mère. Ce- pendant deux difficultcz s'oppofoient a cette négociation. Le Duc d'Eper- non étoit mécontent au dernier point de Marie de Medicis : après avoir re- çu de lui les plus fignalez feïvices , elle l'avoic facrifié au Prince 4e Con*.

Kij

2.11 Histoire de Henry & au Maréchal d'Ancre. Cette dif- ficulté étoit iuivie d'une autre. Ru- cellai lui-même pour une affaire per- fonnelle étoit extrêmement brouillé avec le Duc d'Epernon. Le Duc de Bouillon applanit ces deux difïicultezj en confeillant à Rucellai de s'adrelFer à l'Archevêque de Touioufe qui fut " depuis leCardinal de la Valette."Il ne « cherche, lui dic-il , qu'à fe vanger de » de Luines qui vient de procurer à " l'Archevêque de Paris le Chapeau de " Cardinal qu'on lui avoit promis: il n'y *' a rien qu'il ne faife pour le mortifier. " Il vous reconciliera avec fon père , de " comme il a beaucoup de pouvoir fur *' fon elprit , il lèvera toutes les diiïî- " cuhez que vous prévoïez du côté de »* la Reine Mère. »>

Rucellai fuivit le confeil du Duc de Bouillon ; il partit de Sedan pour aller à Metz ou. le Duc d'Epernon &c l'Archevêque de Touioufe étoient a- lors. Mais avant fon départ , il fît agréer au Duc de Bouillon , qu'il le réconciliât avec le Duc d'Epernon, & tira parole de lui qu'il favoriferoit Tentreprife , s'il pouvoir obtenir du Duc d'Epernon qu'il fe déclarât pour la Reinç Mçie. Avant que de fe rea-.

T>t5c DE Bouillon. Liv. VIIÏ. 21$ dre à Metz , Rucellai palTa par Join- viile , il s'y aboucha avec le Cardinal de Guiie,& l'engagea dans le parti cle la Reine Mère.

Lorfque Rucellai fut arrivé à Metz, il y trouva toutes les facilitez qu'il f ouvoit fouhaiter de la part de l'Ar- chevêque deTouloufe.- Il n'en fut pas de même du Duc d'Epernon ; il ne voulut d'abord ni entendre parler de la Reine Merc , ni foufFrir que Ru- cellai fe prefentât devant lui. Enfin l'Archevêque de Touloule ôc Tes deux Frères lui firent tant d'inftances , qu'il confentit à voir Rucellai. L'habile Italien non feulement fe fit écouter, mais il fe conduiiît avec tant de dex- térité , que le Duc d'Epernon revenu de fes préventions prit une entière confiance en lui. Alors Rucellai don- na fes premiers foins à le reconcilier avec le Duc de Boliillon. Enfuite il l'engagea dans les intérêts delà Reine Mère , & le fit réfoudre à la tirer de Blois. Enfin il ménagea fi-bien tou* tes chofes , que le Cardinal de Guife & 1-es Ducs de Bouillon & d'Epernon convmrent de lever une Armée de douze mille Ho^mmes de pied & de Êîois mille Chevaux. Ce corps étoic

Knj

414 Histoire de Henry «ïeftiné à fliire une diverfion en Cham- pagne, en cas que le Roy fît marcher toutes fes Troupes vers Angoulême , «ù l'on écoit convenu que la Reine Mère fe retireroit à la fortie de Blois. il devoit encore fervir à donner du .fecours au Marquis de la Valette , fi <le Luines entreprenoit de le chaiîer ^e Metz, pendant que le Duc d'Eper- «on Ton père feroit occupé à la défen- fe de la Reine Mère. Dès que ce Trai- té eut été conclu , Marie de Medicis lit remettre deux cens mille écus à Metz j la plus p;rande partie fut don- 4iée au Duc d'Epernon , le refte fut partagé entre le Duc de Bouillon & le Cardinal de Guife , pour commen- cer la levée de l'Armée defcinée pour la Champagne. Toutes ces intrigues jdurerent jufques à la fin de Tannée 1618. Cen'efc pas que le Duc d'Eper- oion n'eût réfolu d'exécuter fon projet ^ 4iu mois d'Aouil , mais il furvmt tant ^e difficultez , qu'il ne put fortir de Metz qu'au commencement de l'an- née luivante. j^._^„ On ne s'arrêtera point à raconter »-6i^. toutes les mcfures qu'il prit pour tirer la Reine Mère de Blois , & pour la conduire à Angoulême , capitale de

Duc DE Bouillon. Liv. VIÎI. 115 fon Gouvernement d'Angoumois , parce que le Duc de Bouillon n'y a point de part. On dira feulement que lorfque la Cour apprit l'exécution de ce projet , elle fut avertie en même- temps que les Ducs de Boiiillon ôc d'Epernon brouillez depuis fi long- temps s'étoient reconciliez. Cela fit craindre au Roy, que le Duc de Bouil- lon n'eût pris des engagemens avec la Reine Mère , ôc qu'il ne fe déclarât pour elle , quand il le verroit occupé ^u côté de i'Angoumois. Sa Majefté pour s'en éclaircir & le faire expli- quer, lui envoïa un Exprès pour lui demander les avis fur l'état prefent des affaires du Royaume.

Le Duc de Bouillon s'apperçut du piège qu'on lui tendoit, il fe garda lîien d'y donner. Il répondit au Roy nioiie en termes généraux oc avec toute la ^^^ i-.4. réferve imaginable , que puifqu'il lui faifoit l'honneur de lui demander fon fentiment , il lui confeilloit de fe ré- concilier avec la Reine fa Mère , d'é- couter les avis qu'elle avoir à lui don- ner; qu'elle avoir gouverné affcz long- temps pour lui en pouvoir donner d'utiles ; qu'il faloit éviter fur toutes chofes la Guerre-civile , veiller à l'ob-

Kiiij

Vlttoii» Siri ine-

lïë HisTorRE DB Henry fervation des Loix du Royaume , or- donner que les Edits de pacification fulTent exadbement obfervez , & répa- rer les infradlions qu'on y avoit fai- tes. Le Duc de Bouillon ajoûtoit que le plus sûr moïen pour établir la paix & le bon ordre dans le Royaume, étoit d'ôter tous les fujets de jaloufie ôc de défiance , de diftribuer les hon- neurs ôc les emplois à des perfonnes choifies , &c qui fulfent capables de s'en acquitter ; qu'enfin il ne faloit point écouter certaines gens qui ne pcnfent point au bien public , qui n'ont en. vue que leurs intérêts & qui n'ofFrent leurs fervices que pour avoir cccafion de faire du mal dont (dit-il ) jI y a bon nombre dans le Royaume & à la Cour.

Ces avis du Duc de Bouillon étoient dignes de /a prudence & de la grande experierce qu'il avoit acquife dans le manimcr.t des affaires. Mais outre qu'ils n'étoJent pas tous du goût de la Cour , elle eût fouhairé qu'il fe fût expliqué en termes moins généraux , ôc c'eft.ce qu'il ne crut pas à propos de faire. Au fond , le Duc de Bouillon rebuté de riiiconftance &; des man- qusmens de parole de Marie de Me-

i)vc Bouillon. Liv. V III. 11*7 dicis n'avoit pas deflein de s'engager fort avant dans Tes intérêts j mais tomme il ne f^^avoic pas lequel des deux partis auioit enfin le deiFus , il îie crut pas auffi qu'il lui convint de 5"'expliquer plus clairement.

Cependant de Luines qui vouloii établir fon autorité , ne parloitque de lever des Troupes , ôc de porter tou-- tes choies à l'extrémité^ mais enfin l'on fit comprendre au Roy , qu'il ne convenoit point à un Fils de parokre' armé contre fa Mère fans avoir au moins auparavant tenté toutes! les voies d'accommodement. L'affaire de k\ Reine îvlere fut donc tournée en négociation , mais les efprits étoient û aigris de part & d'autre , qu'on eut toutes les peines du monde à conve- nir. On s'accorda pourtant à la fin, 'ôc cet accommodement tira le Duc Bouillon de l'engagement qu'il avoit pris touchant l'Armée de Champagi-jc ■qu'il s'étoit chargé de lever. Mais il étoit aisé de juger qu'un accommo- dement conclu avec tant de répu- gnance de la pn r. du Roy de de celle de la Reine Mei :: , ne feroit pas de longue durée. Dt: nouvelles brouille-- ..|àes fur vinrent , on arma de parc &-

K V

2iS Histoire de Henry d'autre , 6c l'on fe prépara à une guer^ re ouverte. î/cmoi- Le Marêch.il de BalFompierre ra- B^Hibin conte à cette occafion , qu'étant allé p-eire. en Champagne pour y lever des Troupes pour le fervice du Roy , un Gentilhomme Huguenot nommé Defpenfe l'y vint trouver de la parc du Duc de Bouillon ; qu'il lui de- manda s'il pouvoit lui parler en sûre- té ; que lui aiant répondu qu'il le pou- voit faire , & qu'il lui en donnoit Ta parole : ce Gentilhomme lui dit que le Duc de Bouillon l'envoïoit exprès <le Sedan , pour lui dire qu'il avoir appris Tordre qu'il avoitreçû du Roy, d'alFembler des Troupes & de les fai- re marcher en diligence ; que le Duc fçavoit aufîî les mouvemens qu'il donnoit pour exécuter l'Ordre du Roy j qu'il les avoir approuvez Se loiiez -, qu'il avoir pourtant chaTge éa Duc de Boiiillonde lui reprefenter a cette occafion , qu'il s'étonnoit des grandes diligences qu'il faifoit , ÔC ^u'il ne pouvoit pas comprendre de -quelle animofité il étoit pouffé contre la Reine Mère , ou quelles fi grandes «obligations il pouvoit avoir à Mon- iieur ie Liùnes^ pour agir avec tajiç

Duc TB BoviLLON. Liv. VIII. 219 -^e zèle & d'enipreirement pour ion fervice j qu'il ne s'agillbit dans la Guerre prcfcnte , ni des intérêts du Roy ni de ceux de TEtat , mais fcu- icment de fçavoir run & l'autre fe- roient gouvernez par la Reine Mère -qui avoir eu fi long-temps Tadminif-. tration des affaires , ou par trois nou- veaux venus qui n'entendoient xieii au Gouvernement d'un Royaume, 6>c qui cependant s'étoient laifis de l'autorité &: de la perfonne du Roy ^ui n'étoit pas encore en âge de bien juger de ce qui convenoit à [es vcri- -tables intérêts. Que le Duc de Boliil- -lon louoit la rilolution que Bairom- "pierre avoir prife de fe tenir toujours ,au gros de Tarbre , de iuivre non le iparti le meilleur ôc le plus jufte , mais «celui la perfonne du Roy , le Sceau /& la Cire le rencontroient. Que ce- -pendant le Duc de Bouillon ne com- prenoit pas ce qui pouvoir le porter à agir avec tant d'ardeur , d'aller au- ^ela des Ordres du Roy , d'emploïer unième fon bien pour des gens qui "^a'ioient d'ingratitude la Reine Merc leur première bien-faitrice 6c leurs amis , & qui l'en païeroient lui-mê- "jaae) qucn agiflant de la forte fans

Kvj

iio Histoire b i Henry Ordre du Roy il ruinoit le parti de îa?- Reine , femme du feu Roy qui ravoit: tant aimé , 8c de laquelle il tenoit une- des plus belles charges du Royaume. Que tous les loins qu'il prenoit , n'a- boutiroient qu'à fe faire marcher fur la tête par des gens qui ne le valoi^nt pas j qu'ils le mépriferoient enfin, 8c le ruineroient , parce que ceux qui dévoient tout à la fortune jfe décla- roient tôt ou tard contre un mérite dont l'éclat ne ferv-oi: qu'à les effacer. Le Gentilhomme ajouta , que ce- pendant comme le Duc de Boliillon n'écoit pas d'un caradlere à lui faire -des propofîtions qu'il ne pût accepter avec honneur , la Reine Mère fa bien- faitrice ne. demandoit point qu'il ie -déclarât pour elle , & qu'il fît rien> qa'il ciÛE être contre fon devoir j- ■qu'elle fouhaitoit feulement de lui, qu'il ne témoignât point tant de paf- fion de d'animoficé contre-elle j qu'il ie contentât mener au Roy les Tioupes qu'il avoit levées en l'état qu'elles étoient ; qu'il ne fe piquât pas de les augmenter à fes dépens , & flu-il retardât feulement fa marche 4e trois femaines , ce qu'il pouvoit- ikire fans fcrupule, puifque les Or-.-

Dire deBoVîiion. Lîv. TIIT. nr dres du Roy ne portoient pas qu'il ie rendît plutôt auprès de lui , ôc que Sa Majeftc ne l'actendoit pas plutôt. Que s'il vouloit accorder ces trois chofes à la Reine Mère , le Duc de Bouillon lui fcroit caution de cent mille écus ; qu'on les lui feroit tenir par-tout il voudroit, fans que jamais perfonnc en eût connoilïànce , & qu'il avoit charge du Duc de Boiiillon de lui paC-- fer en fon nom toutes les obligations, êc de lui donner toutes les sûretez qu'il pourroit fouhaiter.-

BalFompierre ajoute qu'il répondit à Defpenle , qu'il n'avoit garde de fc iîer à fa parole , puifqu'il lui avoic demandé sûreté pour lui parler fa/i- ^hewent , & qu'il lui avoit parlé yV- di-Moirmcnt \ qu'il ne croïoit pas que le Duc de Boiiiîlon le connût alTez peu pour pcnfer que l'interct fût ca- pable de le faire manquer à fon de- voir j qu'il n*avoit point d'animofîté contre 1 1 Reine Mère , mais beaucoup de palîionde bien fetvir le Roy j qu.'à^ près Sa Majefté perfonne n'écoit plus que lui fei vitcur de la Reins.^ îvîerc 5 mais que il s'agiflfoit du fer vice du Roy , il ne connoilToit point la Reine, Qu^e ce n'ctoit point à lui k décider le-;

tii Histoire ce Henry quel des deux avoir tort ou raifon j qu'il lui fufïi toit d'être Officier du Roy pour fe croire obligé de le fervir , 8c qu'il étoit prêt de dépeiifer tout Ton bien pour iatisfaireàcette obligation, BalTompierre lui dit encore que s'il ne lui avoir pas promis sûreté , il le feroit arrêter , mais que lui aïant don- né Ta parole , il pouvoit s'en retour- ner fans riea craindre. Ce Gentilhom- me fe retira , ôc BalTompierre conti- nua la levée des Troupes avec le même empreirement.

L'on ne peut pas nier que le procé- «lé de BalTompierre ne fût dans les resles ; il a raifon de s'en faire hon- neur. Cependant ce rccit fait voir que les plus grands hommes jugent diflFe- remment des mêmes chofes. Le Duc de Bouillon croioit que le fervice du Roy confiftoit dans ce qui étoit le plus avantageux à l'Etat, Il étoit per- fuadé que le miniftcre deMarie de Me- ;dicis lui convenoit mieux que celui de de Luines & de fes frères j qu'elle avoir plus d'autorité, plus d'ufage, plus de connoiiTaiice des affaires , plus d'affedion même pour le fervice du Roy ( dont elle étoit la Mère ) qu'un 'Pomcftique qui ne fongeoit qu'a éca-

Dire DE BouiLiON. Liv. VIII. nj -blir fa fortune & celle de fa maifon. Il ne penfoic pas que le Roy qui n'a- voic que dix-huit ans , fût capable de bien juger de ce qui lui convenoit le mieux ; il le croioit obsédé par de Luines qui s'étoit emparé de ion ef- prit. Il regardoit la guerre dont il s'agiffoit, plutôt comme une guerre de de Luines contre la Reine Mère , que comme une guerre du Roy. En un mot , il croïoit qu'un grand Offi- cier de la Couronne , qu'un homme comme lui du Confeil du Roy , agif- fant de concert avec plufieurs des plus grands Seigneurs du Royaume , pou- voit porter fes vues plus loin qu'un Officier comme Baifompierrc qui n'entroit pas encore comme lui dans le fecret de l'Etat.

BalTompierre au contraire , quoi- que redevable à la Reine Mère de fa belle charge de Colonel Général des SuilTes , étoit perfuadé que ce n'étoit pas à lui à décider de ce qui étoit ou n'étoit pas le bien de l'Etat ; qu'il lui /uffifoit que le nom 6c l'autoiité du Roy fulTent du côté d'un des deux par- tis pour s'y attacher ôc pour le bien fervir ; & qu'aïant les Ordres du Roy, iliiavoitiieii i faire qu'à les éxécu*

iT4 Histoire de î^ênry ter. Ce qu'il y a de fingulier cft que lie Duc de Bouillon devina jufte ; per- fonne ne s'oppofa plus que de Luinés à la faveur & à la fortune de BafTom- t>ièrre , par les mêmes motifs que ce Dac lui avoit marquez. Mais outre «qu'on ne pénètre point dans l'avenir , iàjalouiie d'un Favori & lestraverfes qu'il peut donner , rie doivent point décider du bien public , & de cequ*un Sujet ou un Officier doit à fon Roy. Quand BàfTompierre eut ralfemblé toutes les Troupes dont il crut que le Roy poùrroit avoir beioin , il les me- na joindre celles que Sa Majefté avoit fiait lever daris d'autres Provinces. Alors l'Arraée d-u Roy marcha vert Angers la Reine Mère & les Troa- pes qu'elle avoit aflemblées de fou -coté' s'étoient rendues. Il parut dans cette occafion qu'à la guerre , comme en toute autre chofe , on ne rculîit pas tant par l'habileté de ceux qui «ommaiîdcnt , que par les fautes que font les Ennemis.' Ceux qui «ommandoient la petite Armée dfe Marie de Medicis , en fi:ent tant, quelle fut mife en dérouce au Pont de Ce.' Ainfi la Rein:^ Mère fut ré- duite à s'accommoder avec le Roy s^ux coiîditions qu'il voulut.

ïîue DE BouitLO^. Liv. Vni. li^

Pendant que ces chofes fe paflbient L'a« en France, les troubles &c la révolte '*'^" de Bohême qui avoient commencé l'année précédente fur la fin de la vie de l'Empereur Mathias , furent por~ tez à Textrémité après fa mort. Il avoit eu la précaution de fon vivant de procurer la Couronne de Bohême à Ferdinand fécond fon Coufin , qui fut depuis fon faccefifeur à FEmpi- le. Il Favoii fait élire & couronner. Les Etats de Bohême au nom de la Nation lui avoient fait ferment de fidélité ; & les Provinces de Silefie, de Moravie , & de Luface , unies à la Bohême , avoient confenti à fon élec- tion. L'afFaire étoit confommée, &. il ne paroilFoit pas que rien pût trou- bler Ferdinand dans la polFefFion de la Couronne de Bohême. Il s'en te- noit lui-même aufll aiFuré que d un Etat héréditaire.

Cependant lorfqu'on s'y attendoit ^^^^^^_. le moins , les Bohémiens fe fouleve- dÔrf, re- rent d'un confentement unanime. Ils ':'.™^^^- prétendirent que Ferdinand avoit L b. t. " contrevenu aux conditions fous lef- Mémo*, fluclîcs il avoit été élu Roy de Bohe- ^'^ cjc me ; qu'en conlequcnce il etoit de- ^aVunz, chu de La Couronne, & qu'ils étoient

liG Histoire d e Henry en droit d'élire un autre Roy. Les Etats de Bohême aïant été alfemblez drelFerent un Ade autentique de cet- te prétention , & les Provinces de Si- lefie , de Moravie & de Luface y ad- hérèrent. Une révolution fi fubite é- tonna Ferdinand fans le déconcerter. Il emploïa tour-à-tour la négociation ôc la force pour fe maintenir dans la poirelïion du Royaume de Bohême , ôc pour empêcher une nouvelle élec- tion. Tous les mouvemens qu'il fe donna , furent inutiles. Les Bohé- miens laflTez de la domination de la Maifon d'Autriche , perfifterent dans la réfolution qu'ils avoient prife de dépofer Ferdinand & d'élire un autre Roy.

Jufques-là l'on n'a point de preuve que le Duc de Bouillon ait pris part aux troubles de la Bohême. Il s'étoit contenté d'y faire attention , & d'en prévoir les fuites. Mais dès qu'il eut appris que les Bohémiens étoient ré- folus de procéder à une nouvelle élec- tion , il forma le deflcin de la faire tomber fur l'Eledeur Palatin fon Ne- veu : Projet digne d'un homme aufîî capable que lui de conduire une gran- de entreprife , mais qui n'eût jamais

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 117 réufîi fi un politique moins habile s'en fût.mêlé. C'eft le jugement qu'en fie Maximilien Duc de Bavière l'un des plus habiles Princes de fon temps, lorfqu'on la lui propofa pour l'enga- ger à la favoriler. « Je fçai bien m ( répondit-il ) que le Comte Palatin « n'eft ni capable de former de lui-mê- »« me un fi grand delFein , ni de bien « conduire une entreprife fi difficile & « fi délicate ; mais il eft poufTé par fes « deux Oncles , ôc il Tuit les confeils du •« Prince d'Orange & du Duc de Boiiil- w Ion , qui veulent élever leur Neveu u fur le Trône de Bohême. Ces deux « Meflîeurs font des Politiques aufïi pé- ce nétrans Se aufïï rafinez qu'il y en ait ce dans l'Europe. « Cependant quelque te bonne opinion qu'eût le Duc de Ba- vière du génie de ces deux grands Hommes qu'il fçavoit être à la tête de cette entreprife , elle lui parut fi difficile qu'on ne put jamais l'enga- ger à la favorifer , quoiqu'étant lui- même de la Maifon Palatine , il dût fe faire honneur de lui procurer une Couronne , & quoiqu'on lui promît de l'élever à l'Empire s'il vouloir fe déclarer pour l'Eledeur Palatin. En effet il ne s'agiifoit de rien moins

que de l'emporter fur le grand crédit de laMaifon d'Autriche énAllemàgne, fur celui du Pape & de tous les Prin- ces Catholiques qui ne pouvoient paS manquer de s'oppofer à l'éledlion d'un Roy Calvinifte , comme étoit l'Eleéleur Palatin. Il faloit l'empor- ter encore fur les follicitations , les brigues , fur l'argent répandu dans Bohême par le Roy de Dannemarc , par le Duc de Saxe , & par le Duc de Savoye , Compétiteurs du Palatin , qui prétendoicDt ouvertement à la Couronne de Bohême.

Ce qui rendoit cette affaire encore plus embarallante , c^eft qu'au cas même qu'elle réunît ^ il faloit fe ré- foudre à s'attirer fur les bras toutes les forces de la Maifon d'Autriche & celles de la Ligue Catholique en Al- lemagne. On ne pouvoit pas même s'aifurer d'y oppofer les forces de la Ligue Proteftante , puifqu'il étoit aisé de prévoir qu'on feroit traversé par le Roy de Dannemarc 8c par l'E- leâreur de Saxe , qui ne feroient pas d'iîumeur de favorifer un Compéti- teur , qui l'auroit emporté fur eux. Il étoit à craindre qu'ils n'y réuiîifrent d'autant mieux , qu'il ne s'agilfoit pas

Duc DE Bouillon. L.iv. VÎII. 219

de maintenir fur le Trône de Bohême un Prince Luterien , mais un Calvi- nifte , pour qui le parti Luterien n'é- toic gueres mieux difposé que pour un Catholique. L'oppoiîtion de ces deux partis étoit fi grande , que ce

; fut en effet par cet endroit que le Duc de Saxe empêcha depuis la Lu ç;ue Proteftante d'agir du côté de la Poheme en faveur de TElefteur Pa- latin.

Malgré tant de difïicultez,le Duc de Bouillon entreprit de faire élire le Pa- latin , & il y rendît. L'on ne donne- ra point icy le détail de cette impor- tante négociation , parce qu'on n'en trouve rien ni dans les Mémoires qu'on a fournis pour la compofîtioii

. de cette Hiftoire , ni dans tous les Auteurs qu'on a confultez. Ils con- viennent tous que l'Eledbeur Palatin fut redevable de la Couronne de Bo- hême aux foins & aux intrigues du Duc de BoUillon ; mais ils ne difent rien des démarches qu'il fit , ni des moïens qu'il emploïa pour l'empor- ter fur les Compétiteurs de l'Eleâreur. Du caractère dont nous l'avons dé- peint , cela ne doit pas furprendre. Il etpit l'homme du monde le plus pr(^

15« Histoire de Henry fond & le plus impénétrable. Il ar- rivoit fouvent qu'il étoit l'ame d'une encreprife & le premier mobile d'un grand delTeiri, fans qu'il parût qu'il y eût part , ou du moins fans qu'on

fmt l'en convaincre. Il avoir d'ail- eurs tant de raifons de cacher fe$ démarches dans l'occafion dont il s'a- git , qu'on ne doit pas être furpris s'il a réulïï à les cacher aux plus pé- nétrans.

Tout ce qu'on peut dire de fa né-, gociation pour procurer la Couronne de Bohcme à l'Eledeur Palatin , eft qu'il gagna le Comte de Thurn ( ou de la Tour ) qui étoit le plus puiflant Seigneur & le plus accrédité duRoyau-. me ; qu'il engagea les Evangeliques , c*eft-à-dire les Calviniftes de Bohê- me dans le parti de l'Eleâieur ; qu'il n'omit rien pour fe prévaloir du grand crédit qu'ils y avoient , & qu'il Tçut bien faire vaioir les avantages qu'a- voit le Palatin fur Tes Compétiteurs , ou qu'il fuppofoit du moins avec beau- coup de rail'on qu'il devoir avoir fur tous ceux qui prétendoient à la Cou- ronne.

Ces avantages confiftoient en ce ^e l'Eledeur étoit de la même Reli-

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 151 gion que les Calviniftes ou Evangeli- ques de Bohême. Quelle protedion. n'en devoient-ils pas efperer ? Le mê- me Eledeur avoit épousé la Fille du Roy de la Grande-Bretagne j fes En- fans étoient les petits Fils du même Roy. Quels fecours en cas de befoin ne pouvoit-on pas s'en promettre ? Le Palatin étoit encore Neveu du Prince Maurice d'Orange , qui difpofoit des forces des Provinces - Unies ; autre fecours qui ne pouvoit manquer dans l'occafion. La France toujours inte- r&lfée à traverfer l'agrandiirement de la Maifon d'Autriche , devoir aulïi fe déclarer pour le Palatin , ou du moins on le ruppofoit ainfi. Enfin le Duc de Beiiillon lui-même. On- cle de l'Eledeur , étoit compté pour beaucoup par Tes confeils , par les fe- cours qu'il pouvoit donner par lui-mê- me , étant voilîn du Palatinat , & par- ce que le grand crédit qu'il avoit par- mi les Calviniftes de France , etoic capable d'engager la Noblelîe de ce parti à accourir au fecours de l'Elec- teur , au cas que la Maifon d'Autriche fe prévalût trop de fes forces contre lui. Il faut avoiier que tous ces avan- tages étoient fpécicux , ôc qu'éc«uic

iji Histoire de Henry propofez par un Homme du génie du Duc de Bouillon ils étoient capa^ blés dimpofer. L'événement fit voir qu'ils avoient plus d'apparence que de folidité ^ ou du moins que la viciC iîtude des chofcs humaines permet à

f)eine de compter fur le prelent ; que a plupart des hommes ne connoit point les véritables intérêts , & qu'il y en a encore moins qui fçachent les iuivre.

Mais comme on ne pénétre point dans l'avenir , &c qu'on fuppofe pref- que toujours que les hommes font tels qu'ils devroient être ; les Etats de Bohême éblouis des avantages donc on vient de parler , dépoferent Ferdi- nand, préférèrent l'Eledeur Palatin à fes Compétiteurs , & l'élurent Roy de Bohême , malgré les oppofitions du même Ferdinand , qui venoit d'ê- tre élu Empereur à Francfort. Dès que l'Eledteur eut appris la nouvelle de fon élection par une lettre que les Etats de Bohême lui en écrivirent , il fentit tout le poids de la grande affai- re dans laquelle il alloit s'engager. Jufques-là l'éclat d'une Couronne, le defîr de l'emporter fur Ces Compe- îiteurs , les mougrcnîçns des négocia^

lions ,

Duc DE Bouillon. Liv. VÎII. 235 tiens , rincertitude même de l'évcne- mcnt avoicnc fufpendu , pour ainfi di- re , toutes les réflexions que dcman- doit une entreprife de cette importan- ce. Mais quand il vit qu'il ne pouvoir plus reculer, qu'il faloit accepter ou refuier la Couronne de Bohême ; les fuites de l'acceptation , la honte du refus le jetterent dans le plus grand embarras il i'e fût trouvé de la vie. L'Elcdcur Palatin n'etoit pas de ces Héros que rien n'étonne quand il s'a- git d'aller à la gloire. Il pouvoir être heureux & faire la félicité de les Su- jets , s'il eût eu moins d'ambition , ou plutôt fi celle de l'Eledtrice fa femme ne l'eût pas jette dans une entreprife beaucoup au dclfus de fcs forces.

La fage Loniic Juliane de Na(Î3u Doiiairiere Palatine fa Mère n'épar- gna rien pour l'en détourner , &c pour lui perfui<ler de refufer la Couronne qui lui étoit ofFcrtc. Les Eledeurs de Memoi- Baviere, de Saxe, de Brandebourg, ''/ î^5 & les Rois de la Grande-Bretagne & juSnc. de Pologne confultez , furent du mê- . ^ me lentmient. Il n y eut aucun de ces if , Princes qui ne détournât Frédéric de '^'""'^ 1 acceptation de la Couronne de Bo- i;im. licme. Le Prince d'Orange au coiu ^'^' ^' Tom. JIA ' L

^34 Histoire de Henry traire 8c tous les Princes de l'urron proteftante en Allemagne, furent d'a- vis qu'il l'acceprât. Pour ce qui ell du Duc de Bouillon , quand on le con- fulta lur cette affaire , il répondit que tout ce qu'il avoit fait julques alors pour TElcîfleur marqupit alfez Tes [en- timens ; que cependant puifque ce Prince vouloir les içavoir plus préci- sément, on lui dit de fa part, que demander av|s fi l'on acceptera une Couronne qui eft offerte , étoït fe dé- clarer indigne de la porter , Se inca-: pable de la défendre. Ce reproche joint aux follicitations continuelles de l'Eledrice détermina Frédéric. Il ac- cepta la Couronne , Se partit quelque tems après avec la Princelfe l'afemme^ Ôc le Prince fon fils aîné pour fe ren- dre en Bohême. Il v fut rccû avec de grandes acclamations , couronné ÔC inflalé fur un Tiône dont la Mailon d'Autriche plus puifFante que la.fîenne devoit lui difputer la poircffion , 6c qui lui fit perdre depuis fes Etats hé- réditaires. C'eft ce que le Duc de •BoUillon n'avoit pas piévû , &c ce qui vraifcmblablement ne devoit pas ar- river, i^'on peut dire cependant qu'il ^jiiu tfe>âj3Lir^'-|:'roportionncr les en-»

T>vc DE Bottillon. Liv. VIII. 135 latreprires à ceux qui doivent les fouce- ;nii.- j tel échoue ou un autre l'cuiîîroit. L'Elcéleur croit un bon Prince propre il gouverner un petit Etat comme le ficn. L'afî'aire de Bohême étoit au- .dclkis de Con génie &c de Tes forces. . Les fautes cju'il fit contribuèrent .autant a le perdre, que les mefures -que la Maifon d'Autriche prit -contre lui. Tant qu'il fut ioutenu par les confeils du Duc de Boiiilion , il parut capable d'exécuter un grand dclfein. Dès qu'il l'eut perdu de vue , des qu'il fut livré à lui - même, l'on prévit fa chute. Les Bohémiens furent les premiers a s'en dégoûter. A peu près dans le temps que le nouveau Roy de Bohême partit pour Prague , quelques Amis que le Duc de BoliiHon avoit k la Cour de France , lui écrivis rcnt les grands mouvemens qu'on s'y donnoit pour être de la promotion :dcs Chevaliers de l'Ordre du Saint- Lfprit , que le Roy devoit faire l'an- née fuivante. Le Duc qui avoit en- core bonne opinion de l'affaire de Ba- heme , leur répondit d'un air plein de confiance. « Pendauï que vous penfez ci à faire des Chevaliers , nous travail- «« Ions à faire des Rois, u Ces paroles

L ij

i^ê Histoire de Henry font une preuve de ce que Ton a dit de la part qu'eut le Duc de Bouillon à l'élection du nouveau Roy de Bo- hême. Il n'en faiibit plus un myfte- re j il l'eût fait en vain ; trop de monde le fçavoit pour pouvoir croi- re qu'on put le cacher plus long- temps. D'ailleurs le fecret n'étoit plus néceifaire , puisque l'entreprife avoit «date.

Mais le Duc do Bouillon perdit tien-tôt la confiaîice qui paroît dans les paroles qu'on vient de rapporter. Il avoit trop de lumières pour ne s'ap- -percevoir pas que les chofes tour- noient d'une manière qui ne pouvoit être plus contraire aux intérêts du Palatin. En effet dans ce même-temps le Duc de Saxe fe déclara ouvertement pour l'Empereur. -L'on s'apperçuc que le Duc de Bavière prendroit bieru. tôt le même parti , &c que l'envie de joindre le Palatinat à la Bavière , &c <de fe voir revêtu de la dignité Elcdo- rale , lui feroit prendre les intérêts de Ferdinand contre ceux d'un Prince de Ta Maifon. Les Princes de l'union proteftante du fccours defquels oia troïoit être affûré, prévenus par le pue de Saxe ^édarereat «ju'ib ne fe

Ï3'uc DE Bouillon. Liv. VîII. 237 fhêleroient point de TafFaire de Bo-^, p^j^P^, heme , ôc ou ils n'envoïeroient au Pa- -^ort. latin ni 1 loupes ni argent. Ils pro* mirent ieulenient de le fecourir fi Fon attaquoit fcs Etats héréditaire?. Mais ce qu'il y eut de plus furpre- tiant , eft que le Roy delà Grande- Bretagne trompé par les artifices de la Maifon d'Autriche, abandonna les internes de fa Fille , de fon Gendre , de de fcs petis-Fils , ôc ne leur donna aucun Iccours. Après que la Maifom d'Autriche eut ainfi pris des mefures du côté de l'Empire 8c de l'Angleter- re , elle ctut les devoir prendre de celui de la France. Le Duc de Luines étoit alors le tout - puilfant ; il avoic un afcendant extraordinaire fur Fef- prit du Roy. Le Confeil toujours dé- pendant des Favoris ne pouvoit que féconder fes intentions. Il étoit quel- tion de le gagner. L'on prétend que la Maifon d'Autriche en vint à bouc en lui promettant de faire époufer à Cadenet fon frère la riche héritière de la Maifon d'Ailli de Pequigni en Picardie. On la faifoit élever à Bru- xelles auprès des Archiducs , & ron ne doutoit point qu'ils ne pulfent en diipofer. Ce ciu'ii y a de certain Cil

L iij

2.38 HrsToiRE D E Henry que Cadenec devenu Maréchal de. France époufa depuis Théritieie de Pe~ quigni , ôc Ton prétend qu'en confe- quence le Duc de Luines gagné em- pêcha que la France ne donnât du fc- cours au Palatin , & qu'il ne tint pas à lui qu'elle n'affiflât l'Empereur d'u- ne partie de fes forces. L'on ne dé- cidera point ii ce fut i'mterct domef- tique qui détermina le Duc de Luines dans l'occafîon dont il s'agit ; mais il eft certain que la Religion du Palatin; & les fecours tant de fois donnez par les Princes de fa Maifon aux Hugue- nots de France , nuilirent beaucoup à l'Elcdeur dans le Confeil du Roy„ Il eft encore certain que le deifein ou' étoit le Roy de rétablir la Religion Catholique dans le Bearn , & de re- tirer des mains des Calviniftes les Places de fureté qu'ils refufoient de rendre , ne permettoit pas qu'en fe- coarant le Palatin , on rompît la Paix faite par le feu Roy avec l'Efpagne. D'ailleurs une rupture avec la Maifon d'Autriche convenoit d'autant moins à l'exécution de ces deux delfeins , que l'expérience avoit appris dès-lors ( comme elle ne l'a que trop confir- mé depuis ) que les fecours de France

î5uc DE Bottillon. Liv. VÎÎÎ. 1-35? font toujours fulpeûs à l'Empire , &c qu'on ne peut pas compter fur une alliance sûre Se ilable avec fes Princes, même avec les Proceft.'^ns , lorfqu'il s'agit des intérêts de l'Empereur , 6c de les engagera le liguer contre-lui. C'eft ce qui parut dans, l'afFairc même dont il s'agit. La Lij^ue Proteftante d'Allemagne refuia Ton fecours au Pa- latin ^our le maintenir dans la poflef^ fion du Royaume de Bohême. Le Duc «de Bavière ôc celui de Saxe , tout Pro- teftahr qu'il étoit , aidèrent eux-mê- rnes à l'en dépoUiller, ôc fe chargèrent «le l'exécution du Ban -Impérial. Com- ment' pouvoit-on prétendre que la France prit plus d'inteiêt qu'eux à la tdéfenfe d'un de leursrnembres ? A ces âevvA confideradons on en ajoûtoit une troifiéme ; c'eft que dans l'afFai- re du Palatiai , il s'agilkiit d'appuïer un Prince Proteftant contre un Ca- tholique. Il efl: vrai que l'intérêt de la Religion n'eft pas toujours ce qui dé- cide dans le Conlcil des Princes. Mais dans loccailon dont il-s'"agit , il n'é- toit queftion de rien moins que d'a- jouter aux Etats déjà polledcz par les Proteftans , le Royaume de Bohême 3cles Provinces deSilefie , deMora-

Liiij

14.0 Histoire de Henry vie 6c de Lulace : ce qui eût trop fais pancher la balance du coté des Pro- teftans déjà plus puiiFans que les Ca- tholiques en Allemagne. L'on demeu- re d'accord que les Loix du Pais a- voient pourvu à la confervation de la Religion Catholique. Mais que iVavoit-on point h craindre d'un Roy Calvin-ifte , quand fon autorité feroiî: une fois bien établie ? Rome qui pré- voïoit cet inconvénient , foilicitoic fortement contre 'e Palatin , &: Louis XIII., fe fit un Icrupule de ne pas défé- rer à fes Remontrances. La coniide .a- tion de la Religion nuifit infiniment à l'Eledeur Palatin pour toutes ces raifons. Comme les intérêts de l'Etat s'accordoient alors avec ceux du Duc de Luines, laMaifon d'Autriche con- vaincue qu'on ne romproit point avec elle pour fcivorifer le nouveau Roy de Bohême , ne fe contenta pas que la France gardât la neutralité entre le Palatin & elle j elle lui demanda hau- tement du fecours , elle envoïa le Comte de Furftemberg en France pour le foUiciter.

Le Duc de Bouillon furpris de ce que contre les mefures qu il avoit pri- ics Ôc dont le fucccs lui avoit paru li |

Duc DE Bouillon. Liv. VïIÎ. 14.1 r certain , l'Allemagne de l'Angleterre fembloient comme à l'envi 6c de concert iuivrc le parti opposé à celui qu'elles dévoient prendre , crut qu'il devoit faire tous fes efforts pour em- pêcher que la France n'en fît autant. Dans cette vue il agit fortement au- près du Prince de Condé ( qui ctoit forti de prifon ) &: de tous les Minif- tres d'Etat , pour les prévenir contre les foUicitations&les remontrances de rAmbalfadeur de l'Empereur , ôc pour l'es- engager a appuïer la lettre qu'il avoit deilein d'écrire au Roy. Ces mefures prifes, il écrivit à Sa Majefté. Mais comme il étoit perfuadé que les intérêts d'autrui touchent peu , (k que nous n'y fommes fenfibles qu'autant qu'ils font liez avec les nôtres , il ne parle point dans cette lettre du droit qu'avoit Frédéric a la Couronne de Bohême , ni du befoin qu'avoir cet ancien Allié de la Couronne , d'être fecouru par la France. Il s'attache uni'- quement à la part que le Roy devoit prendre aux mouvcmens de l'Allcma- wne , à l'intérêt elfentiel qu'avoic Sa Majefté à s'oppofcr à l'agrandif- fcment de la Maifon d'Autriche , &c à «e pas foufFrir que fous des prétextes

L V

24- Histoire de Henry recherchez , elle opprhnât les Prin- ces de TEmpire , qu'elle profitât de leurs dépouilles , ôc qu'elle fît iervir leur abaiirement à fa grandeur. Qi^peut II reprcfente donc à Sa Majefté Té- voir cet tat des affaires de la Maifon d'Autri- Ibns "le che en Allemagne , la Hongrie foule- Mercurc y^e & prefqu'entierement conquife à' i\m '' par Bethiem Gabor Prince de Traniil- i^'P- vanie, la Bohême, la Sileiie , la Mo- ravie , la Luface & l'Autriche même révoltées , l'Empereur accablé de tous cotez , Se Ton autorité peu rerpedée. Que dans cette extrémité ce Prince çpi n'efpere pas de le pouvoir relever par Tes propres forces , ni par celles d'Efpagne , emploie toutes fortes d'artifices pour faire de ion intérêt particulier la caufe commune de la Religion : que Ton dedèin ell d'en- gager par tous les Princes Catho- liques à lui aider à recouvrer ce qu'il a perdu , &c à prévenir les pertes dont il eft encore menacé ; que c'efl: dans cette vue qu'il a envoie le Comte de Furftemberg demander du fecours à Sa Majefté contre le Roy de Bohe- mQ', mais qu'elle eft trop éclairée pour ne pas démêler la caufe véritable d'a- vec le prétexte qui n'a que de l'appa-

ï)uc DE Bouillon. L'iv. VIII. 243 rence & point de réalité. Que Sa Majefté fçaic que la Religion Catho- lique cil maintenue dans le Royaume de Bohême, 6i dans les Provinces qui lui font incor^îoiées , 6c qu'on ne peut la détmire lans violer les Loix du Païs : ce que le Palatin n'a garde d'en- tteprendre. Que cela étant , ce qui fe palfe en Bohême ôc dans TEmpire , eft une affaire purement de politique ou la Religion n'a point de part ; qu'ainfi les Alliez de Sa Majefté ne peuvent croire qu'elle voulût fe dé- clarer pour la Maifon d'Autriche con- tre le Chef de la Maifon Palatine, toujours alliée à la Couronne de France.

Le Duc de Bolifi-on ajoijte qu'ou- tre que le Roy de Bohême eft écroite:- ment lié avec les Princes 6c' les Vil- les Protefcantes de l'Empire , il appar^ tient de il près au Roy d'Angleterre-, qu'on ne pourroit pas fe déclarer con- tre lui , fans rompre avec Sa Majefté Bntaiiique avec qui il importe fi fort à la France de fe ménager. Que cela fupposé , li le. Roy avoir a prendre lin parti , il feroit de fa prudence Se du bien de fon Etat de préforcr les meilleurs Se les plus anciens Alliez de

Lvj

244 Histoire de Henrt la France à la Maifon d'Autriche, toujours ennemie de fa Couronne &c de la Maifon en particulier , comme il avoit paru toutes les fois qu'elle avoit trouvé l'occafion de lui nuire j qu'en agiffant de la forte , elle ne fe- loif que luivre l'exemple de fes Pré- decelTeurs. Que les Rois François I. Se Henry II. avoient toujours proté- gé les Princes Proteftans d'Allemagne contre les Empereurs de la Maifon d'Autriche ^ que le feu Roy père de Sa Majefté avoit toujours fecouru les Provinces Unies contre les entrepri- fes du Roy d'Efpagne : qu'enfin I2 Roy lui-même avoit liiivi les mêmes jmaximes en affiliant l'Eleéleur de Brandebouro; & le Duc de Neubourg ( lors de l'affaire de Julliers ) con- tre l'Empereur & le Roy d Efpagne ^«[ui vouioienc s'emparer de cette fuc- ceffion.

Après avoir ainfi rappelle dans l'ef^

prit du Roy les anciennes maximes

du Gouvernement de France très-

éloignées de celles qu'on fuivoic

■» alors , il ajoute encore. » C'ell une

» chafe digne de vôtre zèle ëc de vôtre

33 pieté , Sire, ( ce font fes propres

33 paroles } que d'avoir foin de la Reli-

Duc DE Bouillon. Liv.yilî, 243 gion dont vous faites profefîion. Vous î^« devez même la défendre contre ceux « qui voudroient l'opprimer. îl femble « que les Princes Catholiques de TEm- «« pire ont raifon de fe tenir armez , afin « d'empêcher qu'on n'entreprenne lur « leur Religion ou fur leurs Etats. Pour- « vu qu'ils s'en tiennent -là , l'on ne " fçauroit y trouver à redire , mais ^^ cela paroît prefque impoilible. L'on « emploie de trop grands artifices pour « les pouifer plus loin. Il n'y a que « i'entremife & l'autorité de vôtre Ma- « jcfté qui puilfe retenir les uns ôc les «« autres , en déclarant qu'elle veut con- « ferver la paix & le repos del'Allema- " gne, maintenir chacun dans la joiiif- « fance des Privilèges du Païs , tant « pour laReligion que pour le Gouver-^" nement politique , & aflïfter ceux qui «« les veulent défendre contre les autres « qui entreprenent de les violer 3c de " les détruire. Vous pouvez , S i r e , « procurer un Ci grand bien à l'Allema- «« gne , en moïcnnant la tenue d'une « Dicte les Rois Ôc les Etats voifins ** non intereficz foient conviez d'inter- « venir par leurs Ambalfadeurs. Dans «« une pareille Airemblée l'on cherchera *• d'un commun accord les nioïcjis les «

3>

24^ Histoire de Henry 5> plus convenables pour ôcer les divers | 3> prétextes de prendre les armes , pour ' 3T alFurer la Religion , pour guérir les 35 Catholiques de leurs défiances ôc de 3) leurs craintes , pour affermir i'autori- aïtéde l'Empereur afFoiblie & ébran- a»lée, pour éteindre enfin un feu capa- ,5 ble d'embrafer rAllemagne &c toute la Chrétienté. C'efl par-là , Sire, qu'à l'exemple des Rois vos Préde- ceiîeurs , vous vous rendrez le père commun & l'arbitre de la Paix dans sj^l'Empire & dans toute l'Europe. « Les chofes étoient alors mal difpofées dans le Confeil du Roy pour le Palatin ; au contraire les efprits y écoient fi favorables à l'Empereur , que le Duc de Boiiillon crut beau.4 ] coup faire d'infpircr au E.oy une ef- pece de neutralité entre les deux Gon- currenS à la Couronne de Bohême; Les avis furent fort partagez fur cette propofition. Enfin l'on en revint à peu de choies près à l'avis du Duc de Boiiillon. Aa commencement de L'an Tannée fuivante le Roy réfolut d'en- 16x0. voïer une célèbre Amballàde en Al- lemagne pour travailler conjointe- ment avec les Ambalfadeurs d'Angle- terre ôc ceux des Etats voifins , à Tac-

Duc DE Bouillon, Liv. VîIÎ. 247" commodemcnc des difFeréns furvcnus jentre l'Empereur ôc rEle6teur Pala- tin , à roccafion de la Coiuonne de Bohême. Charles de Valois Duc d'An- goulême fut choifï pour être le Chef de TAmballade. On lui donna pour Adjoints le Comte de Bethune , ôc Laubcfpine de Chateauneuf , Abbé de Prcaux ; le premier Confeiller d'Etat d'épée ; l'autre de robe. Ils partirent de Paris le huitième de May , fuivis d'un grand nombre de gens de qualité qui voulurent faire le voïage , &c d'un train de quatre cens chevaux.

Ils fe donnèrent inutilement de grands mouvemens pour terminer à î'amiable l'aiFaire de Bohême > ou du moins pour rendre la partie un peu plus égale entre l'Empereur ôc l'Elec- teur Palatin.. lien falut venir à une Guerre ouverte ; le Palatin fut mis au ban de l'Empire en qualité de Roy de Bohême. Les Ducs de Saxe & de Bavière acceptèrent la commilîion de l'exécuter. Ils entrèrent prefque en même-temps l'un en Lufacc , l'au- tre en Bohême, pendant que le Mar- quis de Spinola qui commandoit l'Ar- mée des Archiducs des Païs-Bas,s'em- paroit du Paiatinat. Enfin la bataille

x^$ Histoire de Henry de Prague décida de ce grand diffé- rent. Le Palatin la perdit, il fut chaf- du Roïaume de Bohême fans cfpe- rance de retour. Il Ce vit réduit à dé^ fendre Tes Etats héréditaires 5 mais aïant été mis au ban de l'Empire en qualité d'Eledeur Palatin , il en fut dépouillé auHî-bien que de la di- gnité Eledorale. Le Duc de Bavière exécuteur du ban Impérial proiîta de fa dépouille -, ôc le malheureux Frédé- ric abandonné du Roy d'Angleterre fon bcau-pere, mal fervi par fes amis;^ trompé par l'Empereur , fans aucune des reirources dont il s'étoit lui-mê- me privé par fon trop de crédulité, fe vit réduit à fe retirer à Sedan au- près du Duc de Bouillon fon Oncle. Ils y firent l'un ôc l'autre des projets très-inutiles pour fon récablilfement. Le Duc de Boiiillon ne vécut dûs alfcz long-teirps pour voir la Maifon Pa- latine rétablie dans fes Etats hérédi- taires ôc dans la dignité Eleâiorale par l'entremife de la France qui luivir enfin , mais trop tard fes véritables maximes. L'on a raconté cette gran- de affaire tout de fuite pour n'en pas interrompre le récit. Il faut mainte- nant reprendre les affaires de Francg

Duc DE Bottillon, Liv.Vîir. 245/ le Duc deBouillon a eu part.

Pendant que ce que l'on vient de raconter le paifoit en Allemagne , il y eut de grands troubles en France à TocGAfloud'un Arrêt rendu en faveur des Catholiques de la Principauté de Bearn, Cet Arrêt ordonnoit deux chofcs également odieufes aux Calvi- niftes ; Tune étoit le rétabliiïemcnt de la Rel'gion Catholique dans le Bearn, liins préjudice de la liberté de con- fcience accordée aux Calviniftes ; l'autre écoit la rertitution des biens ufurpez iur les Ecclefiaftiques dans Irt même Principauté. Par le même Ar- rêt le Roy accordoit pour Pentretien dcsMiniftrcs 6c pour les autre^ charges fur le plus clair revenu de ion Domai- ne , les mêmes fommes qui avoient été afîîgnécs fur les biens des Eccle- fîaftiqucs. Il n'y avoir rien de plus juftc que cet Arrêt rendu contradic- toirement entre les Catholiques Se les Calviniftes de la Principauté deBearnj & ces derniers avoient d'autant moins de fujec àè s'en plaindre , qu'il ne fai- foit qu'ordonner l'exécution du troi- lîéme article de l'Edit de Nantes il hivorable aux Calviniftes. Cependant ils y tirent tant d'oppofltions ^ ils ufe-

2?<^o Histoire de Henry rcnt de tant de délais , ils firent da refus fi abfolus dei'éxccuter , que le Roy Te vie obligé de marcher en' Bearn à la tête d'une Armée pour y rétablir la Religion Catholique , &: faire rendre aux Ecclcfiaftiqucs les biens qui a voient été ulurpez. Il exé- cuta ce defiein en fort peu de temps y les Bearnois pris au dépourvu n'eu- rent ni le temps ni les moïens de lui léfifter,-

Le parti Calvinifte étonné du ftic-- cès de cette entreprife , crie de tous côîez qu'on le veut opprimer ,& que fa perte e(l réfolue ; plainte d'autant plus injufte , que le Roy n'avoit rien entrepris dans le Bearn au-delà de ce qui étoit ordonné en termes for- mels dans l'Edit de Nantes. Cesplain-- tes, quoique très-mal fondées, neiaif- ferent pas de foulever tout le parti ^ on s'affemble.' tumultuairement dans les Provinces : enfin l'on convoque fans la permiffion du Roy une Alfem- blée générale à la Rochelle; les Dé- putez s'y rendent de tous cotez. L'Al- femblée eft formée , elle commence à agir en Souveraine , Se a prendre de:-, mefures pour empêcher ( difoit-ellc fa-ruine totale qu'elle fuppofoit f$y-

Î^TTC DE BOUIILON. LiV. VIÎT, iCÎ

fement avoir été réioluc duns le Con- feil de Sa Maiefté. C'écoic fait de l'au- torité du Roy , du moins parmi les Calviniflcs , s'il eût loufFert une pa- reille cntreprife. Aufïi Sa Majefté en aïant été avertie, donna une Décla- ration dattée de Grenade du ri. Oc- tobre 1620. , qui fut ver'Fiéc au Par- lement de Paris. Le Roy déclare illi- cite toute Aflèmblée tenue fans fa permiiîîon , & tous ceux quiy aiïîfte- ront Perturbateurs du repos public, & Criminels de Icze-Majeilé. Le Roy défend en conféquence au Maire ôc aux Habitans de la Rochelle & à tous autres , de recevoir les Députez en- voiez à l'Alfemblée dont on a parlé , &• veut qu'il foit procédé contre-eux félon la rigueur des Ordonnances.

Cette Déclaration n'étonna point rAlfemblée de la Rochelle ; 3c quoi- qu'elle reçût dans la fuite pluheurs Ordres réitérez de fe féparer, bien loin d'obéir , elle continua fes Tcan- ces , fit des Ordonnances , & prit des mefurcs qui tendoient à une rébellion manifefte. Les Grands & les Perfon- nes les plus fenfées du parti n'ap- prouvoicnt point la conduite de l'Ai- ieniblcc. Ils lui écrivirent de.fe sépar.-

i-^i Histoire de Henr^ rer , ils s'alFemblerent pour chercher les moïens qui puirenc l'obliger à o- béir au Roy. Tout ce qu'on put ob- tenir, fut de la porter à foire quelques foumiiïîons à Sa Mtijefté , & à lui de- mander la permifîîon de continuer fes féances à la Rochelle. Le R.oy la refuia avec hauteur , & lui fît enten- dre qu'il ne rccevroit ni Requête , ni Remontrances de fa part , qu'elle n'eût obéi , &c qu'elle ne fe fût fepa-' rée. Ce fut alors qu'on confeilla aii Roy de prendre les mefurcs les plu5 fortes contre l'Airembléè & contre tout le parti qui y avoit envoie ie5 Députez. L'an Le Duc de Bouillon en fut averti '^^'- p"ar fes amis j il avoit blâmé pluS qu'aucun autre Se la tenue de l'AlIem- blée & toutes les démarches qui s'y étoient faites. Son fentiment avoit été qu'elle obéît au Roy , Se qu'elle fe séparât. Cependant il ne put refu- fer à fes amis ôc à fon inclination pour le parti , d'intercéder pour elle auprès du Roy. Il étoit alors ii tourmenté de la Goûte ,• que ne pouvant écrire lui- même à Sa Majefté , il fe fervit de la main de ion Fils a'inc. Comme cette îettre n'eil pas lojiguej on la donnera.

Du-c DE Bouillon. Liv.-VîIT. 25.5

ici toute entière telle qu'elle à été écrite.

« Je prends la hardiefTe de vous re- te prefenter, Sire, avec le trcs-hum- « ble refped: que je vous dois , 5c avec la liberté qu'une alTez longue expe- « îience dans le,s affaires me donne, ^e que les Remonirances <taiit le feul.tc éc légitime moïen que vos Sujets de te la Religion aient de s'adrelfei a Vôtre « Majcfté , il eft plus utile à Ton fervice u de rccevoirxellesqu'ijs lui prefentent, « .que de les rejetter j puiique la défian- te ce efl: telle parmi eux , qu'ils croient « que leur luine eft réfoluë. Vôtre pru- ce dence , S i r e , peut détourner & pré- « venir ce mal , en continuant vôtre ce Royale protedion à vos Sujets de la ce Religion , Ôc en ne permettant pas te que pour avancer la perte de tant de te perfonncs innocentes qui .ne fouhai- te tentque la profperité de vôti;.e règne, «c & qui font attachées à vôtre Tervice , ce on falTe violence aux ^.dits des Rois te vos PrédecelTeurs , que Vôtre Majef- te a plufieurs fois confirmez. Je ne te puis croire , S i r e , qu'on lui donne te des confeils fi préjudiciables à Ton ce Etat , encore moins qu elle veiiille te Jes fuivre ^ ôc ralumer la Guerre-ci- «

iJi54 'Histoire d e Henry

î3 vile que le Roy votre Perc a éteinte

w avec tant de peine &■ de prudence ,;

M perfuadé qu'il étoit que la confcience

i' ne doit pas être forcée par les mena-

^j ces du fer & du feu , & qu'il ed im-

« poflible de contraindre i'efprit à croi-

*•) re une chofe dont il ne voit pas la ve-

?3 rite. ïl cft plutôt à craindre que dans

>j Tefperance incertaine de réunir tous

,n vos Sujets dans la même Religion,,

les Ennemis de la nôtre n'engagent

» vôtre autorité dans des inconveniens

.«dangereux. Dieu veiiille éloigner de

93 vôtre Perfonne facrée ceux qui ont

.3î envie de la porter à cette violence ,

» & détou! ner les préfages funeftes qui

» fe peuvent tirer de leurs mauvais coii-

.wfciis, " Le Duc de Eou'llon finilfoit

fa lettre en offrant fcs fervices au

Roy, au cas que SaMajefté le jugeât

capable de contribuer quelque choie

à la paix de à la tranquillité publique.

Il eft aisé de juger que le delfein de

cette lettre étoit de détourner le Roy

des réfolutions qu'où tâcho;t de lui

infpirer contre fes Sujets Calvimftes,

.&: que pour excufer leurs défiances ,

Se inlpirer à Sa Majcfté qu'elles n'é-

toient pas fans fondement , il afFcéle

de paroître perfuadé qu'on a deireia

-^Duc DE Bouillon. Liv. VII!. 15? de les penAie , de que le Roy ne veut plus foufFrir que Texercice de la Reli- gion Catholique dans Ion Royaume. Pîulieuis Grands du paiti en écrivi- rent ôc en parlèrent en ce iens au Roy, & n'épargnèrent rien pour détourner l'efFct des confeils qu'on tâclioit de lui infpirer.

Mais l'Aifemblée de la Rochelle piquée du refus que le Roy avoit fait de recevoir fes requêtes jufques à ce qu'elle fe fût: iéparée , en ula d'une manière qui ne permit pas à Sa Ma- jefté d'ufer de fa clémence ordinaire. Dans ce même-temps le Roy éleva le Duc de Luines à la dignité de Con- nétable. Cette grande charge avoic été promife au Maréchal de Lefdi- guieres pour le détacher du parti Hu- guenot , à condition qu'il i~e feroic Catholique : mais de Luines fit eu forte que Leidiguieres qui ne vouloic pas fe brouiller avec le- Favori , con- fentit qu'il lui fût préfeié , pourvu qu'il fût fait Maréchal Général, Le Roy écrivit aulïï-tôt aux Seigneurs âbfens de la Cour ce qu'il venoit de --^ i«"i« faire en faveur du Duc de Luines. I1m!;iciii; en écrivit en particulier au Duc de'^'^';ç°is Boiiillon. Le Duc répondit à Sa Ma- i^it?

On peut voir cet-

i^^ Histoire de Henry iefté ; comme ia lettre fut rendue pu- blique , l'on rapportera ici en fubftaii- ce ce qu'elle contenoit.

Le Duc de Bouillon y parie fort fobrement de la promotion du Duc de Luines à la dignité de Connétable. Il fe contente d'a,pprouver en termes généraux tout ce que le Roy jugeoit A propos de faire. Mais fur ce que Sa Majefté avoir ajouté dans fi ier.tre., qu'elle s'avanceroit jufques à Tours pprcs les Fêtes de Pâques j que elle aviferoit aux moï'ens de mainte- jîir fon aiuorité & fes Edits , & que pomme elle prétendoit protéger &c favorifcr ceux qui lui feroient fidèles^ fon delfein étoit aufll de réduire les Fadieux & les Rebelles : comme dis^ je , Sa Majefté mar<iuoit par-là qu'elle fe difpofoit à punir la rébellion de l'Alfemblée & de la Ville de la Ro- chelle 3 le Duc de Boiiillon lui repré- fente que dans cette fâcheufe affaire elle acquereroit plus de gloire , & ne maintiendroit pas moins ion autorité, en préférant les voies de la clémence à celles delà rigueur ; que c'étoit le moïen le plus sûr de difllper les crain- tes Se les défiances du plus grand nom- bre de fcs Sujets Calyiniftes j qu'ils

ctoieaf

Duc DE Bouillon. Lrv.VIIÎ. 2.57

«coient perfuadez que le bruit qu'on iaifoit de la derobéillance de rAirem- blée de la Rochelle, n'écoic qu'un pré- texte dont on prétendoit fe prévaloir pour révoquer tous les Edits qui leur avoient été accordez. Qu^e Sa Majci- fçaroit mieux que perfonne , que cette crainte n'étoit pas fans fonde- ment ; que Ci elle fe tournoit en per- fuafion, elle ne pouvoir produire que de fort mauvais effets j ôc que les Calviniftes fe croïans perdus croi- ■roient auflî qu'ils n'auroient plus riefi à ménager. Qiv^il étoit aisé de préve- nir ces inconvcniens , en témoignant par quelque chofe d'extérieur , que Sa Majefté vouloir ufer de clémence , 8c conferver fa bien.veillance &: fa pro- tc6tion à tous fes Sujets fans diftinc- tion de Religion : que fi après une pareille démaiche l'Alfemblée de la Rochelle continuoit à defobéir à Sa Majefté , il n'y auroit plus perfonne qui osât l'approuver , Se qui entreprît de la défendre.

Il eût été à fouhaiter que les Cal- viniftes de France euflent été dans les fcntimens que le Duc de Boiiillort fuppofoit , & qu'il leur eût infpiré lui. même , s'il eût été fur les lieux, Tm? III, M

lue

I5S HiSTOIRl DE HehRY

L'on peut alFurer que le Roy eût usé. de fa clémence ordinaire , h l'AfTem- blée de la Rochelle eût pu fe réfoudre à y avoir recours. Mais bien loin de faire là-deifus la moindre démarche , elle n'eut pas plutôt appris que le Roy devoit partir après Pâques pour s'a-, vancer jufques à Tours , qu'elle prie la réfolution de faire foulever toutes les Provinces de France , de réfifter au . Roy à main armée , & d'exécuter en- fin le projet de fa République chime- Supe j-ique ^Q,^[ Q^y ^ f^j^f parlé. Pour cet

...ont J- ^] r 1 ^ 1 I

nocet eftet elle ht un règlement par lequel ysibaii^e u divifoit la France en huit cercles , MéiJeiaou departcmcns prmcipaux. hue y Rochci- ^cablilFoit des Chefs , des Gouver-

le T. 7. '

neurs Se des Commandans. Elle don- na au Duc de Soubife la Bretagne , l'Anjou, l'Ifle-Bouchard , le Loudu- nois , le Poitou &c Tes dépendances. Le Duc de la Trimoiiille eut l'An- goumois , la Xaintonge , & les Ifles adjacentes. Le vieux la Force fut éta- bli dans la baflc-Guyenne , & le Mar- quis fon Fils dans le Bearn. Le haut- Languedoc & la haute- Guyenne fu- rent deftincz au Duc de Rohan ; & le Marquis de Chatillon fut pourvu du Commandement du Bas Langue-

Duc DE BoUlLLOTT. LiV. VIIÎ. 15^

doc, des Sévennes, du Givaudan&du Vivarets. Celui du Dauphiné , de la Provence &c de la Bourgogne fut don- né au Maréchal de Lefdiguieres. L'Af- femblée donnoic au Duc de Bouillon le Commandement général des ar- mées en quelque Province qu'il fe trouvât , Se elle lui accordoit pour [on. Gouvernement ou Département par- ticulier la Normandie, l'Ifle de Fran- ce, le Berry, le Pais du Maine , le Perche Ôc la Touraine , avec tous les Privilèges ôc Prérogatives de Chef de Commandant Général du parti Cal- vinifte. Ainfifon projet dont on a tant parlé , fe trouva pielque exécuté fans qu'il s'en fût mêlé , &: qu'il fe fût donné pour cela beaucoup de mou- vement.

Mais les chofcs n'étoient plus fur le pied elles étoient, lorfque le Duc de Boiiillon penfoit à fe faire Chef du parti Calvinifte , ôc il n'étoit pas homme à donner dans les chimè- res de l'AlTemblée de la Rochelle. Il a voit remarqué que dès que lés Cal- viniftes n'avoient plus eu un Chef du Sang Royal , ou d'une naiflance Ôc d'une capacité allez grande pour réu- nir tout le parti , chaque Seigneur

Mij

z6o Histoire d e Henry avoit afFedé l'indépendance j que la fubordination fi necedaire pour le maintien des focietcz s'étoit éva- noiiie ; que les Miniftres ôc les Con- fiftoriaux , gens pour la plupart d'une naiilance peu diftinguée , & d'une ca- pacité encore plus médiocre pour ce qui s'appelle les affaires d'Etat , a- voient pris le deifus , de s'étoient em- parez de la principale autorité j que cette efpece d'Anarchie avoit dégoûté la plupart des Seigneurs Calviniftes ; que la Cour profitant de cette difpo- fltion en avoit gagné une partie , & travailloit à s'acquérir l'autre^ qu'elle avoit des Penfionnaires ôc des Efpions dans toutes les Provinces ; qu'elle étoit informée de tout ce qui fe paf- foit dans les Alfemblées , de qu'il n'y avoit plus de fecret dans le parti.

A ces confiderations , le Duc de Boiiillon en ajoûtoit d'autres qui n'é- toient pas moins décifîvcs. Il faifoit réflexion qu'il étoic avancé en âge ÔC accablé d'infirmitez ', qu'il ne pouvoit plus fe donner les mouvemens , ni agir avec la vigueur que demandoic le commandement qu'on lui ofïroit j qu'il avoit des Enfans qui promet- toienc beaucoup , mais qui n'ccoien;

Duc DE BolTiLLON. LiV. VIIÎ. l(^î

pas en âge de'foutcnir Tes grands def- leins ; qu'en Te déclarant Chef du par- ti Calvniifte, il s'cxporoit à leur faire perdre la Principauté de Sedan , & toutes les belles terres qu'il polfedoic en France , qu'il ne pouvoit rien faire de mieux pour eux , que de les leur conferver , & de leur faire un Protec- teur du Roy de France , bien loin de leur en faire un Ennemi. Ces réfle- xions l'emportèrent dans l'cfprit du Duc de Boliillon , fur ce qu'une am- bition mal éteinte étoit capable de lui infpirer. Il refufa le Commandement général que l'Alfemblée de la Rochel- le lui ofFroit , de l'approbation &c du confentement des Grands du parti.

L'on ne fut pas long - temps fans s'appercevoir que le Duc de Bouillon avoir mieux jugé qu'un autre de l'état des affaires des Calvinifles , & qu'il avoir plus de lumières que l'AfTem- blée de la Rochelle ,& que tant d'au- tres de toutes conditions qui penfe- rent fe perdre , ou qui fe perdirent en effet pour avoir fuivi Se favorisé fcs mouvemcns. Le Duc de la Tri- mouille fuivit l'exemple du Duc de Bouillon : il refufa l'emploi qu'on lui propofoit. Peu de temps après le

Miij

2f^2 Histoire di Henry Maréchal de Lefdiguieres abandonna publiquement le parti Calvinifte. Il fe fit Catholique , & fucceda au Duc de Luines qui ne garda pas long-temps la dignité de Connétable de France. La Force &c Chatillon ne changèrent pas à la vérité de Religion , mais dans la fuite ils s'accommodèrent avec la Cour , & furent faits Maréchaux de France. A peine le Roy fut-il entré dans le Poitou , que toutes les Villes Calviniftes fe fournirent à Sa Majefté. H ftoiic- La Ville de Saint- Tean d^Angeli dont bciHon. le Duc de Roban etoit Gouverneur , Tome I. ^ dont Soubife avoit entrepris la dé- fenfe , fut affiegée ôc obligée de fe rendre. Toutes les Villes de la balFe Guyenne eurent le même fort. Enfin fi Montauban n'eût arrêté le progrès des armes du Roy, la Guerre eût été apparemment terminée dans une feu- le Campagne. Mais elle fut glorieu- fe au Roy , elle fut très-funefte au Connétable de Luines j il mourut d'u- ne fièvre pourprée au Château d'E- guillon le quatorzième de Décembre. Le Maréchal de Lefdiguieres lui fuc- céda Tannés luivante. On ne lui don- na point de Succelleur après fa raart. Jufques à prefent il a été le dernier Connétable de France.

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. i6^

Cependant comme la faifon deve- noit fâcheufe , & qu'on ne pouvoic continuer la Guerre fans perdre beau- coup de monde, le Roy qui étoit à Bourdeaux prie la réfolution de venir palfer THyver à Paris , & d'y faire les préparatifs de la Campagne pro- chaine. Son chemin étoit de palier à Caftillon , Ville qui appartenoit au Duc de Bouillon. L'importance de la Place fit croire au Comte de Schom- berg, qu'il étoit du fervice du Roy, qu'il Te faisît de la Ville & du Châ- teau ; qu'il en chafsât la Garnilon du Memoi- Duc de BoiiiUon , &: qu'il y en mît -c^ ''= une qui put lui aliurer un poire qui piene. lui étoit important pour la Guerre qu'on avoir delTein de continuer l'an- née fuivante. Il en fit au Roy la pro- pofition ; mais Sa Majefté qui fe fou- venoit de ce dont elle étoit convenue avec le Duc de Bouillon touchant la neutralité de Tes Terres , ne vou- lut rien réfoudre , que cette aiFaire n'eût été proposée au Confeil. Schom- berg y appuïa de fon mieux fa pro- portion. Marillac &: quelques autres furent de fon fentiment. Mais quand ce fut à Balfompierre a parler , il s'y ^^"^* oppofa fortement , de voici ce qu'il

M iiij

i6^ Histoire de Henry rapporte lui-même , qu'il dit au Rov, w Seroit-il po/Tible , S i r e , que vous » vouîuffiez manquer à vôtre parole.

« Quai donc la Ville de Caftil-

« Lon qui fe jrepofe fur la proreâiioii M que vous avez promife aux Terres »» de M. de Bouillon , fe trouvera op- ïî primée à caafe de fa bonne foy , en « préfence & par les Ordres exprès d'un 35 Prince à qui fcs Sujets donnent le beau far - nom de Jufte ? Comment « avez-vous écouté cette propofition ? 33 Comment pouvons-nous délibérer fur « la manière de Téxécuter ? S i r e , il » eft facile de tromper ceux qui fe fient M à nous j mais on les furprend rare- M ment deux fois. Un feul manquement «de parole eft capable de vous faire- » perdre la confiance de vos Sujets. Vous ferez le Maître de Caftillon fans M peine. Qjii en doute î Mais craignez >5 que toutes les autres Places des Hu- 5> guenots qui fe repofent fur vos pro- M melfes , ne vous échapent immedia- ai tement après , & qu'elles ne fe dé- 33 clarent pour rAlfemblée de la Ro- «chelle. M. de Bouillon m.écontent de ce que vous lui ôtez Cafbillon , fe «joindra peut-être à ceux de fa Reli- ai gion que vous prétendez réduire , ^

Duc i>E BouitiON. Liv. Vni. kT; €[uel avantage ne tireront-ils pas de la diverfion qu'un Seigneur qui a du « crédit au dedans & au dehors du « Royaume , peut faire en Champagne, « en Limofin & ailleurs î Meilleurs de «« la TrimoUilie & de Sully croiront « encore devoir chercher leurs furetez. Monfieur de Lefdiguieres qui vous a « fi bien fervi, fera tenté de penfer à «« lui en fe capitonnant dans le Dauphi- «c ni. J'ignore qui vous a donné ce con- « feil , mais je f<jai qu'il ne peut venir m que d'une perfonne interclfée , ou im- ce prudente,peut-être mal intentionnée, «e Pour moi je ferai toujours d'avis que " vous gardiez vôtre parole religieufe- « ment a vos amis^ à vos ennemis , à « vos voifins & à vos Sujets. Rejetiez , Sire, avec un noble & généreux « dédain , toutes les propofitions que « certaines gens vous feront jamais au « contraire. « Ces fentimens iont no- bles , fi conformes à la droite raifon & à la véritable politique , qu'on a. cru les devoir rapporter dans les pro- pres termes dans lefquels ils ont été exprimez. Balfompierre aïant achevé: de parler , les Maréchaux de Praflin, 4e Chaunes , de Crequi & tous ceux qui dévoient opiner après lui , témoi-

Mv

i6ij Histoire de Hinry

gnerent qu'ils étoient de fou fenti- ment. Ce fut aufîï celui du Roy ; ainfî il ne voulue pas même palTer par Caf- tillon, il prit le chemin de Ligourne. C'étoit le dernier jour de Tannée. L'an La fuivante ne fut pas plus favo- *'^"' rableaux Calviniftes. L'on ne s'arrê- tera point à détailler les fuccès des Armes du Roy. Ils ne font pas de mon fujet , puifquc le Duc de Bouil- lon n'y a eu aucune part. L'on rap- portera feulement un événement au- quel il eft trop intcrelfé pour n'en pas faire le récit. C'eft la Prife & le Sac de Négrépelilfe , Ville fort jolie qui appartenoit au Duc de Bouillon. Elle s'attira elle-même ce malheur en fe déclarant contre le Roy , & en égor- geant avec la dernière inhumanité une Garnifon de quatre cens Hommes du Régiment de Vailhac , que Sa Ma- jefté y avoit laifTée l'Hyver dernier avant fon retour à Paris. L'adion é- toit des plus énormes ; elle mettoit le Roy dans la néceffité d'en faire un exemple , &: de traiter cette Ville à la rigueur. Les Troupes du Roy ani- mées du defir de vanger leurs com- Mêmoi pagnons cruellement malficrez dans wL'J. Negrépelilîè , & flacées l'eiperaiis»

Duc DE Bouillon. Liv.VIII. i6y ce du pillage, l'attaquèrent avec beau- coup de valeur. Les Habitans après s'être défendus en defefperez , de- mandèrent à capituler. On le leur refufa : l'attaque recommença ; elle fut foutenuë d'abord avec toute la vigueur que le defefpoir a coutume fl'infpirer 5 mais enfin étant forcez de tous cotez , la Ville fut emportée <l'airiut. Tout ce que la brutalité du Soldat eft capable de commettre dans une Ville abandonnée à Ton avarice & à fa fureur , fut commis dans Né- grépeliffe. Rien n'y fut épargné , & la Ville réduite en cendres apprit aux autres Villes Calviniftes à garder au moins les loix de la Guerre , & à ne s'attirer pas un pareil châtiment en violant tous les fentimens de l'huma- nit€.

Le Duc de Bouillon eut un extrê- me déplaifir du traitement fait à Né- grépelilfe. H lui fembloit que leRoy ( fans en craindre les conféquences ) pouvoit & devoit la traiter avec moins de rigueur. Mais comme elle avoit violé la première les conditions fous lefquelles le Roy avoit pris toutes fos Terres fous ù protection , il ne jugea pas à propos de s'en plaindre,

M vj

i68 Histoire de Henry

J^uT'^. Après La prife de quelques autres b.'iiioii. Villes , le Roy prit le chemin du bas- °'^' '■■ Languedoc , & marcha droit à Mont- pellier pour en faire le (îege. Le fuc- cès des Aimes du Roy allarmoic extrêmement tous les Seigneurs du parti Calvinifte., Mais il n'y en eut- point qui en parût plus touché que le Duc de BoUillon. Il en prévoïoit les. conféquences j&: comme il étoit En- nemi des fpéculations inutiles, il pen- foit continuellement aux moïens de. les prévenir. Ce fut dans cette vue. qu'il crut devoir Ce raccommoder a- vec le Duc de Rohan qu'il regardoit. depuis long-temps comme un Com- pétiteur dont il auroit toujours à fe défier.. Ce Seigneur étoit alors à Isl tête des Calviniftes :, moins prévoïant que le Duc de Bouillon , il s'étoic iai(Fé entraîner aux foUicitations de l'Aiïèmblée de la; Rochelle , & il fou- tenoit ce parti prefque abbatu , & dont il prévoïoit lui-même l'entière, ruine, avec autant de conduite que de yaleur. Le Duc de Bouillon qui ai- Eûoit la fermeté &" le courage même dans Ces ennemis ^ lui envoïa un Gen- tilhomme de confiance avec une let^ îre de créance.

Duc DE BouïiiON. Lrv. VIÎT. kT^ Ce Gentilhomme avoir ordre du Duc de Boiiillon de reprefenter au' Duc de Rohan , combien il écoit fen- iîble aux malheurs de ceux de leur Commune-Religion. Mais que puif- qu'il écoit inutile de les plaindre , il ialoit penfer férieufement à y remé- dier ; qu'il étoic perfuadé que la con- tinuation de la Guerre ne pouvoit pro- duire que Tenciere ruine du parti j, qu'on ne pouvoit la détourner que par. la Paix ; qu'il faloit penfer à s'accom- moder inceilamment avec le Roy j, que pour faciliter cet accommode- ment , il ne faloit point s'opiniâtrer à. obtenir des conditions aufïï avanta- geufes ,. que certaines gens les vou- loienc -, qu'il fuffifoit que la Paix fût générale j mais que plus on difFereroit. â la conclure , moins les conditions, fbroient avantageufes.

Le Gentilhomme avoit ordre d'à-, jouter que fi le Roy inébranlable dans fès dcfTeins ou ne vouloit point de Paix , ou ne la vouloit que particu- lière j. le Duc de Bouillon conlèntoic. àfe déclarer , & à faire une diverfion du coié de la Champagne ^ que dans cette vue il négocioit a6luellement axec le Comte de Mansfeid ; qii'à.

xyo Histoire de Henry Toccafion de ce Traité,le Duc deBouil- îon demandoit trois chofes ; un pou- voir de tout le parti pour traiter avec Mansfeld ; que le même parti s'obli- geât de fournir aux frais néceiraires pour foudoïer Se faire fubfifter fon Ar- mée autant de temps qu'il feroit nc- ceflairc j qu'enfin on lui donnât une afTuiance poiitive qu'on ne feroit point la Paix fans que lui Duc de Boiiillon y fût compris. Les affaires du Duc de Rohan & du parti étoient alors dans une mauvaiie Situation , qu'il ne pouvoit leur arriver rien de plus avantageux que ce que le Duc de Bouillon oftroit. Ses propofitijons fu- rent donc acceptées , & le Gentilhom- me fut renvoie avec ordre de l'alTurer qu'on approuveroit tout ce qi/il fe- roit , ôc que s'il étoit obligé de fe dé- clarer, on ne feroit point la Paix qu'il n'y fût compris.

Voila donc le Duc de Bouillon en négociation avec le Comte de Manf- feld. Pour la mieux comprendre , il eft bon de dire quel étoit cet Homme extraordinaire dont l'Hiftoire a tant parlé. Le Comte de Mansfeld dont il s'agit, étoit fils naturel du Comte Erneft de Mansfeld , Gouveineur de-

Duc DE Bouillon. Liv.VIII. 271 la Province de Luxembourg pour le Roy d'Efpagne. Après la mort de fon père qui n'avoit point laifle d'autres enfans , il prétendit à fa fuccelîion. Les Efpagnols la lui refuferent , ôc fondèrent ce refus fur ce qu'il n'étoit pas légitime. Il devint par-là leur En- nemi 5 ôc comme il avoit de grands talens pour la Guerre , il les fit repen- tir plus d'une fois du refus qu'ils lui avoient fiit. A proprement parler , Mansfcldétoit unAvanturier qui n'a- voit ni feu ni liew ; il ne poffedoic pas un pouce de terre : cependant fa réputation attiroit fous fes Enseigne» les Troupes les plus aguerries de l'Al- lemagne. Par-là il le rcndoit redou- table aux plus grands Princes j il n'y en avoit aucun qui ne craignît de l'a- voir pour Ennemi, Il rendit de grands fer vices à l'Eledleur Palatin dans la Bohême & dans le Palatinat ; & il y eût apparemment fait échouer les delfeins de l'Empereur & ceux du Duc de Bavière , fi le Palatin ne l'eût pas congédié à contie-temps par le con- feil du Roy d'Angleterre fon beau- pere , auquel il crut qu'il ne pouvoit pas fe dilpenfer de déférer. Ce fut cependant ce qui caufa fon eiiftiere

i,ji Histoire de Henry luine. Mansfeld congédié par le Pa- latin fe joignit à un autre Avanturier qAii avoit auflî fort - bien fervi le nou- veau Roy de Bohême dans le Palati- nat , & qui fut auiïî congédié en mê- XHe - temps que Mansfeld. C'étoit Chriftian de Brunfwick Adminiftra- teur de TEvêché de Halberftat , grand Homme de Guerre , & qui n'étoit point inférieur à Mansfeld.

Ces deux Avanturiers après avoir rakvagé la Lorraine avec une Armée de quinze mille Hommes de pied & de dix mille Chevaux,, qui portoit par tout l'épouvante & la défolation ,, paflTerent la Meufe , & s'aprocherent de Mouzon à la follicitation du Due de Bouillon. Il avoit fait le plan de leur marche, & il leur avoit envoie des Guides. Son delïein étoit ou de porter le Roy par la crainte d'une irruption dans la Champagne à don- ner la paix aux Calviniftes, ou de pro- curer une diverfîon eiFcdtive ,. fi le Roy refufoit de la donner. Mais com- il eut appris que les proportions 4e paix avoient été rejcttées fur le. r^fus que firent les Habitans de Mont- pellier , de recevoir le Roy dans leur yille j il Et offrir à Mansfeld du ca-

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 275; non de des munitions pour faire le lîege de Mcuzon, Après avoir traité inutilement avec lui par des Envoïez , il lui fit propofer une entrevue. Manf- feld l'accepta , ils fe rendirent tous deux dans la Prairie de Donzi , ( c'ell le lieu dont ils étoiei;t convenus pour la Conférence. ) Le Duc de Boiiillon qui polfedoit en perfection le grand art de la négociation , n'oublia rien pour l'engager à faire une diverfîon du côté de la Champagne en faveur des Calviniftes. Mais il ne fut pas long-temps uns pénétrer , que ce n'é- toit pas Tintention de Mansfeld , ôc qu'il n'avoit delfein que de tirer de l'argent du Roy , &: d'aller fondre ailleurs avec fon Armée. Tout ce que le Duc de Bouillon put obtenir , fut qu'il ne fe prefTeroit pas de s'éloigner des frontières de France , afin qu'on pût fe prévaloir de cette conjonélure pour porter le Roy à la Paix , ou trou- ver pendant ce temps-là quelque moïcn pour l'obliger à fe déclarer ôc à porter laGuerre dans laChampagnc

Depuis cette Conférence , le Duc de BoUillon frappé de ce qu'il avoit remarqué dans cet Homme vraie- ment extraordiiiviire en tout , ne par.

i74 Histoire di Henry loit qu'avec admiration de ce mélan- ge bizarre & monftrueux de bonnes éc de mauvaifes qualitez dont l'af- femblage rendit Mansfeld un des pro- diges de fon fiecle. En effet outre le talent qu il avoit pour la Guerre , il avoit le cœur grand j toujours à Té- preuve des contre-temps , il trouvoit des relîources lorfqu'on leeroïoit per- du. Il étoit habile en politique, bon pour le confeil , excellent pour l'exé- cution, d'une bravoure héroïque. Per- fonne n'entendoit mieux que lui fes intérêts , il les fuivoit conftamment, & prenoit rarement de faufles mefu- res. Mais ces qualitez étoient mêlées de fi grands défauts , qu'on ne pouvoir alfez admirer , comme tant de contra- rietcz avoient pu fe rencontrer en- femble.

Cependant Mansfeld avec toutes

Vittono r ^ .

siri me- Ics quaiitcz qu on vient de reconnoi- "^°'^'^- tre en lui , ne laiiFa pas d'être la dupe

recondi- , •,. t « i i r

i£. T. j. du Duc de Nevers. Au bruit de ion arrivée fur la frontière de Ton Gouver- nement de Champagne , il y étoit accouru. Il commença par amufcr Mansfeld par diverfes propofitions qu'il lui fit faire de la part du Roy. Il luiéébaucha une partie de-fes Trou-

Duc DE BouiLiON. Liv. VIÎT. 171 pes -y il le prévint contre le Duc de JBoUillon , en forte que Mansfeld com- mença de fe défier de celui qui j'avoit appelle. Enfin le Duc de Ne vers fe conduifit avec tant d'adrelTe, qu'en trainant la négociation en longueur , il afFoiblit l'Armée de Mansfeld , & donna le temps aux Troupes du Roy d'arriver des Provinces voifines. Quand il fe vit aifcz fort pour faire tête à Mansfeld , ôc même pour le battre , il rompit fous divers prétex- tes la négociation qu'il avoit com- mencée , & fit dire à Mansfeld qu'il fi'avoit point d'autre parti à prendre que de s'éloigner de la frontière de fon Gouvernement. Mansfeld au dé- fefpoir d'avoir été trompé , lui qui a- voit coutume de tromper les autres , voulut renoiier fa négociation avec le Duc de Bouillon dont il reconnut qu'il avoit eu tort de fe défier ^ mais il n'en étoit plus temps. Le Duc de Nevers étoit trop fort pour entrepren- dre d'entrer en France malgré lui. A cet inconvénient il en furvint un autre. Mansfeld fe brouilla avec l'Adminif- trateur de Halberftat. Ils n'agirent plus de concert ; chacun forma des deHeins particuliers , ôc prit des me-

2.7^ Histoire Henry fures qui y étoient confoiaies. Sut le tout Gonzales de Cordoiie Général d'une armée Efpagnole s'avança fur les Frontières du Luxembourg , pour s'oppofer à Mansfeld & à l'Adminif- trateurde Halberftat , s'ils entrepre- noient d'y entrer. Ces deux Avantu- ricrs étoient perdus fans retrource , Cl le Général François & le Général Efpagnol eulFcnt voulu s'entendre & les attaquer de concert j mais ils a- voient tous deux des vues qui ne s'ac- cordoicnt pas avec ce defiein. Gon- zales avoit ordre de ménager fon Ar- mée &■ de ne rien riiquer , de de- meurer fur la défenfîve , &: de n'atta- quer qu'en cas que les Allemans en- trepriltbnt quelque chofe fur les Pro- vinces Catholiques des Païs-bas. Le Duc de Nevers au contraire content de les avoir empêché d'entrer en Fran- ce , fouhaitoit qu'Us tombalfent lur les Efpagnols , qu'ils marchalfent au fecours des Provinces Unies ,& qu'ils aidaflfent le Prince Maurice à faire le- ver le fiege de Bergopfom , que faifoit le Marquis de Spinola.

C'étoient aum les vues de la Cour de France. On y vouloit ménager l'Efpagne , mais on ne vouloit pas

Duc DE BOUItLON. LiV. VIII. I77

qu'elle fit des conquêtes fur les Pro- vinces-Unies , & quelle opprimât cette Republique nailîante. Il ctoit donc queftion d'engager les deux A- vanturiers à marcher au fecours des Provinces-Unies : mais ils étoient Ci irritez contre la France de la trompe- rie que le Duc de Nevers venoit de leur faire , qu'il n'y avoit point d'ap-

f>arencc ni de traiter avec eux , ni de es engager à faire quelque chofe à fa confideration. Dans cet embarras on réfolut de s'adrelïèr au Duc de Boiiillon. Les amis qu'il avoit à la Cour lui écrivirent que le Roy étoit informé de fes négociations avec Mansfcld &c Alberftat , & qu'il en étoit fort irrité j mais qu'il oubliroit le chagrin qu'il lui avoit donné , & le danger il avoit mis le Royaume, en appellant les Allemans furies fron- tières , s'il pouvoit engager Mansfcld ôc Alberftat à marcher au fecours des Provinces-Unies.

Quand la Cour ne s'en fût point mêlée , & qu'il n'eût point été quef- tion de Ce remettre bien dans l'elprît duRoy j c'étoit le delfein du Duc de Bouillon de procurer au Prince Mau- rice fou beau-frere le fçcours que U

2.78 Histoire oe Henry France vouloit lui ménager. Mais il crut qu'il devoit s'en faire un mérite auprès du Roy, Il répondit donc à fes amis de la Cour , que fon deiTèin avoir été d'engager Mansfeld ôc Alberftat à rentrer au fervice de l'Eledeur Pa- latin , &: à lui aider à recouvrer le Paiatinat ufurpé par l'Empereur & par le Duc de Bavière j mais que puifque le Roy le fouhaitoit, on pouvoit Taflii- rer qu'il engageroit les deux Généraux Allcmans à fe joindre au Prince Mau- rice , &c qu'ils arriveroient alFez à temps pour faire lever le fiege de Ber- gopiom.

Ce que difoit le Duc de Bouillon du fecours qu'il avoit eu delfein de procurer au Palatin , n'étoit pas fans beaucoup d'apparence , mais dans le fond il n'étoit nullement vrai. L'E- ledteur toujours retiré à Sedan étoit un Prince ruiné qui n'avoit rien à don- ner aux deux Avanturicrs. Ils n'é- toient pas d'humeur à le fervir pour rien , eux qui n'av oient en vue que leur intérêt , ôc qui n'avoient coutume que de fc donner au plus offrant. D'ailleurs le Roy d'Angleterre qui avoit obligé le Palatin a defarmer, fe faifoit fort de lui faire icftituer le

Duc DE BoviLLON. Liv. VIII. 179

Palacinac par la voie de la négocia- tion. Mais comme ces chofes ne fe fçavoient pas fi précisément à la Cour, le Roy ne pouvoit que fçavoir un fort grand gré au Duc de Bouillon de pré- férer ce qui écoit de fon fervice aux intérêts 4e fon Neveu.

En exécution des engagemens que le Duc Bouillon venoit de prendre avec la Cour de France , il entra en négociation avec Mansfeld &: Alber- ftat. Cela lui fut d'autant plus aisé , que dans la crainte d'être attaquez ou par le Duc de Nevers , ou par Dom Gonzales , ou par tous les deux enfem- ble , ils s'étoient retirez fous les mu- railles & fous le canon de Sedan. Le Duc de Bouillon commença par re- prefenter k Mansfeld & à Alberftat les fuites funcftes de leur divifion , ôc de celle des autres Chefs qui s'étoient brouillez entrc-eux à leur exemple par les artifices du Duc de Nevers. Il les obligea a fe reconcilier ôc à a^-ir déformais de concert. Il empêcha la dilîîpation de leur Armée en leur four- niflant des vivres &: des munitions dont ils avoicnt un extrême befoin. Enfaite il leur propofe d'aller au fe- cours des Provinces Unies , mais fîins

zSo Histoire de Henry fairetnention de l'inteiêt qu'y prcnoit la France : ( c'eût été tout gâter. ) Il ne paroît agir qu'en fon propre nom , & en celui du Prince Maurice qui a- voit tout pouvoir des Etats Généraux de Traiter avec eux. Mansfeld Ôc Al- berftat n'oppofent à cette propofition, que la difficulté des chemins Se l'em- barras de leur gros canon & de leur gros bagage. Le Duc de Bouillon levé ces deux difficultez en dreifant avec eux le plan de leur marche par le Hai- naut , & en leur permettant de laiiTèr leur gros canon & leur gros bagage à Sedan. Il leur promet d'en avoir foin , & de le leur rendre dès qu'il en fera requis. Ces deux difficultez le- vées , le Traité fut bien-tôt conclu. Mansfeld & Alberftat fe mettent en marche pour aller au fecours des Pro- vinces-Unies.

C'eft ainfi que la France fut tout-à- fait délivrée de la crainte que lui cau- loit le voiHnage de ces Etrangers. Car jufques à leur départ le Roy avoit été obligé d'entretenir une Armée en Champagne , pour les empêcher d'y encrer. C'efl ainfi que le Duc de Bouillon trouva le moïen de procurer un grand fecours au Prince Maurice

Ion

T>vc Bouillon. Liv. VIîÎ. iSr foii beau-frere , «Se de faire fa Paix: a\'cc le Roy. Celle qui fut conclue bien-tôt après devant Montpellier » rendit pour quelque temps le repos à' la France, &: reconcilia tous les Sei- gneurs Calviniftcs avec leur Souve- rain. C'eft ce que le Duc de Boiiilloit fouhaitoit avec pafïïon pour fe don- ner tout entier au rctablilTement de l'ElefVeur Palatin , & à la perfc«f>ion. des ouvrages qu'il avoit commencez à Sedan pour embellir la Ville &c pour la fortifier. Il y avoit déjà quelques années qu'il y avoit fondé l'Acadé- mie dont on a parlé , dons le delfeia d'y attirer la jcuncNoblclTèProteftan- te d'Allemagne , celle des Provinces Unies , & celle du parti Calvinifte de France, il eut foin d'y fliire venir d'habiles ProfclTeurs. On y cnfeignoic ^fcmo;- les belles Lettres, les Langues qui foLt f" «n- iiccclfaires pour l'intelligence des Ori- seâa». '^ ginaux de l'Ecriturc-Sainte, la Philo- fophie , la Théologie , le Droit, les Mathématiques , & tout ce qui peut rendre habile dans l'Art militaire. En un mot fans fortirde Sedan , on y pouvoir apprendre tout ce qui regar- de la Vie civile, le Monde , & la Guerre.

7'o?M. ///. N

tti. Histoire de Henry

L'exécution de ce grand deireiû fuc fuiyied'un autre qui n'étoit pas moins digne des foins ôc de l'attention d'u/i grand Homme. Il donna fes ordres pour amalfer une Bibliothèque confi- dcrable , composée des meilleurs Li- v.res qui fulfent alors dans l'Europe , Se il fournit aux frais qui ne pouvoienc être que grands , avec une libéralité qui a peu d'exemples. Il demanda à TEledeur Palatin plufieursManufcrits de la célèbre Bibliothèque Palatine ; mais on lui manda qu'ils ay oient été portez à Rome,&: qu'ils faifoient par- tie de laBibliothequeVaticanc.Il flilut donc fe réduire aux Livres imprimez : mais le Duc eut foin d'en amalfer un fi grand nombre 5 & ils furent fi bien choifis , que de fon vivant la Biblio- thèque deSedan fc trouva une des plus nombreufes ôc des mieux alforties qui fuirent alors.

Il eut été à fouhaiter qu'on eût con- fervé cette Bibliothèque dans fon en- tier ; mais les changemens arrivez à Sedan depuis fa mort donnèrent lieu à fa diflipation. C'eft ce qui'on re- connut en l'anncc 1(771. dans laquelle Monfieur le Cardinal de Boiiillon, de- puis Doïen duSacréCoIlege,fonpetic«

"Duc DE Bouillon. Liv. Vîîï. i8| îfîls , obtint du Roy , qu'elle lui feroit reftituée comme faii'ant partie des meubles de fa Maifon. Ceux qui fu^ rent envoiez à Sedan de Ta part , n'y trouvèrent prefque plus de Manuf- crits. La plupart des Livres imprimez les plus curieux étoient égarez , ou -perdus , ou en lieu dont on ne pou- voit plus les retirer j de forte qu'on ne put apporter à Paris que les débris ( pour ainfi - dire ) de ce que le Duc de Boiiillon avoir amalFé avec tant de foin&de dépenfe» Ils font aujourd'huy

Î>artic de la biblioteque de Alonfieur e Cardinal de Bouillon , l'autre par- tie cft composée d'un grand nombre de Livres qu'il avoir alors , & de la Bibliothèque du fameuxAvocatGéné- . -„ , . rai Servm. * 11 y a ajoute depuis la achetée curieufeBibliotheque de feuMonfieur^'^'"'** de Slufe Chanoine de i'Eglife Cathé- drale de Liège , frère de l'illuftre Se fçavant Cardinal de Slufe , &c fi dif- tingué lui-même parmi les plus fca- vans Hommes du dernier fieclc. Cette Bibliothèque fut léguée à Monfieur le Cardinal de Bouillon par un article exprès du Teftament de l'illuftre Mr. de Slufe , en datte du 5. Août 168^, Ce Teftament porte en termes exprès

^$4 Histoire de Henry que M. de Slufe lègue à Mr. le Car- dinal de Bouillon cous les livres qui compofent cette Bibliothèque , avec tous les manuicrits Grecs , Hébreux , Arabes , tous les inftrumens de Ma- thématique & toutes les Médailles qui en font partie. Il ajoute qu'il prie Son Altelfe Eminentiiîime d'agréer ce témoignage de la vénération qu'il a toujours eue pour elle, L'illuftre M. de Slufe mourut l'année fuivante le 19. deMars 1685. A cette bibliothèque du Icavant M. de Slufe l'on a encore ajouté depuis celle de M. l'Abbé d'Au- vergnç neveu de M. le Cardinal de BoUiUon : d'où il eft aisé de juger que cétteBibliotheque eftaujourd'hui l'une des plus nombreufes ôc des plus con- liderables de Paris , du moins de celles qui appartiennent à des particuliers. Le Duc de Boiiillon n'étoit pas tel- lement occupé des foins que deman- doient l'Académie qu'il avoit fondée , (SclaBibliothequedont on vient de par- ler , qu'il ne pensât encore à fortifier Se à embellir la Ville de Sedan. Il eu fit réparer les anciennes fortifications, il en fit faire de nouvelles ^ Si il four- nit les Arfenaux de tout ce qui étoic ;»ççeiraire pour la défenfe d'une Place

Duc DE Bottillon. Liv. VIII. lÈ^ de la réputation dont Sedan ctoit a- lors. Les Princes de Sedan julques à lui avoientlogé dans le Château ; les bàtimens étoicnt Ipacieux , mais tril^ tes & d'un abord difficile. Il fît bâtir une maii'on commode fur un terrain d'une Situation plus gaïc, plus faine & d'un abord plus aisé. Il la sépara de la Ville Se du Château par des foifez profonds Se d'épaiifes murailles , en forte toutcsfois que Ton communi- quoit aisément à l'une Se à l'autre.

L'aft-aire durétablilfcment de TE- v.» ledeur Palatin étoit encore une de '**3- celles qui occupoient le plus le Duc de BoUillon. îl agilfoit fans celle par lui-même & par les amis j mais la dé- férence qu'on étoit obligé d'avoir pour les fentimens de Jacques I. Roy de la Grande Bretagne , bcau-pere du Palatin , l'cmpcchoit d'agir avec tou- te la vigueur qui eût été nécelTaira pour empêcher l'entière ruine de fon neveu. Le Roy d'Angleterre avoir de bonnes intentions ; mais comme il n'aimoit pas la guerre, &c qu'il étoic naturellement grand tcmporifcur , il fe flaccoit toujours de procurer le ré- tablillement du Palatin par la voie de U négociation. Pour tirer leRoy d'An-

Niij

iS(j Histoire HsNRt glecerre de cette efpece d'afroupifTê-- liient, le Duc de Bouillon confeilla?^^ au Palatin de palïbr lui-même en An-' glecerre pour déterminer Ton beau--* père à prendre enfin le parti de ia^ guerre, & à ne fe plus laifFer trom-- per par les artifices des Cours dd' Vienne ôc de Madrid,-

Ce fut le dernier confeil que le Duc-' de Boiiillon donna à ce malheureux- Prince. Il mourut quelque temps a- piès fon départ de Sedan le 25. de Mars de l'an 1613. Comme il avoit toujours été bon mari, bon père , bon parent , &: bon ami , Se qu'il ne lui manquoit aucune des qiialitez d'un excellent Prince , il fut généralement regreté de fes Sujets , des Princes fes Yoifins qui étoicnt prefquc tous ou fes parens , ou fes allies , oufes amis ,, mais fur-tout de fon illuftre & nom- breufe famille,. Les Sça vans &: les Gens de Lettres perdirent en lui un îiecher, Protedcur, Lc Prelïdent Fauchet dans ^,^'ri''" fes reclierches , lui rend le glorieux: î.uichct. témoignage qu il en avoit toujours été l'appui, &: qu'en fon particulier, il le regardoit comme fon bien-fadeur. Cette circonftance eft d'autant plus remarquable que l'on a vu- au corn-

Duc deBouulon. Liv. VIII. 2S7

-nienccmenc de cette Hiftoiie , que le Connétable Anne de Montmorency fon grand-pcrc maternel , qui s'étoïc chargée de Ton éducation , avoit afîec- de'^lui ôter la connoillance des bel- les Lettres , 8c de l'élever dans une ignorance qui étoit alors fort ordinai- re parmi la haute Nobleire de France. •Mais ce n'eft pas d'aujourd'hui que l'on a remarqué que les grands Hom- ines deftinezàfairedes adtions dignes d'être tranTmifes à la pofterité ^ dans quelque ignorance qu'on les ait éle- vez , ont toujours aimé les Sçavans & les belles Lettres qui dévoient immor« talifer leurs noms.

Le Duc de Bouillon n'eftima pas feulement les belles Lettres ôc les Cens Içavans : dès qu'il fut le maître de Tes allions , il s'appliqua aux unes , il fréquenta les autres. Il fentit qu'il lui manquoit quelque chofe , 5c que les plus heureux génies ont befoiii d'être cultivez ; qu'il en eft k peu près de ceux que la na;ture a le plus favo- rifez , comme des meilleures terres qui lans le fecours de la culture ne produiroient qu'une plus grande quan- tité de mauvaifes herbes , & de plan- ïCi inutiles ou même nuiilbles. Le Duc

N iiij

3.S8 Histoire de Henrit de Bouillon s'adonna de lui-même k l'étude des Mathématiques , Se à tout ce qui pouvoit le perfe<ftionner dans l'art de la Guerre. Ces précautions foutenucs d'un grand iens qui fçavoic profiter de tout ce qui fe prélentoit à fes yeux , d'un feu , d'uiie activité , & d'une valeur très-dillinguée , le ren- dirent un des plus fameux Capitaines 6c un des plus grands Généraux d'ar- jnée de Ton iiecle. Mais le Duc de Eouillon ne Te borna pas à la gloire qui s'acquiert parles Armes. Il fentit que Ton génie alloit à tout j qu'il étoic également propre pour la Paix ôz pour "la Guerre , pour le confeil 8c pour l'c,- xécution. Dans la vûë de féconder de^ il heureufes diipolitions , il s'appliqua- à l'étude de la Morale, de l'Hiftoire & de la Politique. Il ne négligea pas- même celle de la Philofophie, de de la Théologie j il en apprit ce qui pou- voit convenir à un Seigneur de fa jiailTance &c de fon ranir. Il s'inftruiiic à fond des maximes du Gouverne- ment , foit par rapport au dedans du Royaume , foit.par rapport aux rela- tions qu'il peut avoir aux Etats voi- fms. Il apprit à connoître les hommes, talent il rare & il nccciraire à ceux qui

Duc DE Bouillon. Liv.VIII. 289 font appeliez au Gouvernement d'un Etat, Perlonne nepéuétroit mieux que lui leurs intérêts les plus cachez , leurs vues les plus iecrettcs , <$c ces inclina- tions dommantes qui l'ont, pour ainfi dire , la clef du cœur, Perfonne auiïï ne connoiiloit mieux que lui à quoi ils étoient propres , & par il les fliloit prendre. Ce fut ce qui le tic réufïïr dans la plupart de les entrepri- fes , quoique perfonne n'ait peut-être jamais formé de plus grands delleins que lui ; auffi n en confioit-il l'exécu- tion qu'à lui-mcmc , ou à des perfon- fonnes dont la capacité lui étoit par- faitement connue. Si quelquefois il n'a pas rculîi , ce n'étoit pas faute d'a- voir bien jUgé des choies j c'étoic manque de bonheur. Il leroit difficile de dire ce que c'elt que ce bonheur & ce malheur dont on parle tant -, l'ex- périence apprend qu'il n'y a rien de plus réel. Quand toute la fagelfe hu- maine préfideroit à vos confeilsjquand elle fe chargeroit de l'exécution de vos deifeins , fi vous n'êtes pas heu- reux , ou la fortune fe lalfe de vous favorifer, vous ne réulîirez pas.Ufons d'un langage plus chrétien. La fageilc «diYiiic fe pblc quelquefois à coiifo:a-r

N Y

2.90 Histoire be Henry dre la prudence des hommes &c à de- ranger les ciitreprifes les mieux con- certées. Le Duc de Bouillon n'a pas toujours été heureux , mais on ne lui reproche point ou d'avoir mal pensé,, ou d'avoir mal pris Tes mefuies. Dans les affaires qui demandoient dulecrer, perlonne n'étoit plus impénétrable que lui. Les pallions les plus sédui- i^ntcs , celles contre lefquelles rcfpric eft le moins en garde , ou dont le cœur eft le moins le maître y ne lui ont ja- mais fait dire ce qu'il étoit obligé de taire.. Le Duc de Bouillon ne puifoit pas feulement- fes lumières dans Ui ledure des bons Livres , ( occupation fi utile &c même fi néceiïaire , & pour- tant la plupart du temps il négligée par les perlonnes de fon rang, ) il en .acqueroit de nouvelles dans le com- merce des grands Hommes & des Sça- vans.. Il en avoit toujours dans fa Maifon ôc à fa fuite, à table, à la promenade.. Dans fes voïaees même il s entretenoit toujours ae choies uti- Jes , il mettoit chacun fur fon fort, & fur ce qu'il fçavoit le mieux. AiniL ces heures perdues pour la plupart des hommes n'étoient pas pour lui fans «jjielqiie profit. Il avoit coutume d^

Duc DE Bouillon. Liv. VIIÎ. i^i dire que la IcAure &c la converLitiou font à refprit ce que la nourntareeft au corps, &: que comme celui-ci Lm- guit & meurt enfin f\ 1 on n'a pas foui de le nourrir, de même refprit cft fans force Ôc lans a^lion quand on ne lui donne pas ce qui lui tient lieu de nourriture.

Par toutes les qualitcz dont on vient de parler , par cette attention conti- nuelle à les cultiver , le Duc de Bouil- lon devint un des plus grands Politi- ques de fon temps. Pcrfonne n'opi- noit mieux que lui dans un Confeil d'Etat. Perfonnc ne conduifoit une négociation, quelque difficile qu'elle fût, avec plus d'habileté , de dexté- rité & de fucccs. Toujours éclairé dans- fes viics , toujours Fécond en expé- diens , toujours attaché à fon objet, il amenoit les affaires les plus impor- tantes au point qu'il s'étoit proposé j. doux , infinuant , ferme 8z môme in- flexible félon les perfonnes avec ief- quelles ilavoit à traiter. Les négocia- tions importantes dont il fut charcrc ■pour l'Angleterre , pour les Provinces Unies , ôc pour rAllemagne, ou pour le parti Calvinifte , dans les temps les •çlus difHciles.j, le fucccs & la gloire'

25)2 Hi.^roiRE DE Henry avec leiquelles il s'en acquita , font une preuve de ce qne j'avance. Ce n'cft point un portrait d'imagination , il efl fait d'après nature. Tous les Hiftoriens ôc tous les Mémoires de fon temps parlent de lui , comme TAuteur de cette Hiftoire. Aufîi n'eft- ce pas un Homme du commun , que Ton dépeint ici. C'elt un des plus grands Hommes que la France aie produits. C'eil: un de ceux qui lui a fait le plus d'honneur , ôc qui a le plus contribué à fa gloire.

Il eft vrai ( car enfin ce n'efl: point un éloge que l'on écrit , c'eft une hiftoire ) il eft vrai , dis-je , que plu- iîeurs Hiftoriens prétendent qu'il a trop donné dans l'intrigue , qu'il avoit un efprit inquiet qui ne pouvoit de- meurer en repos , Ô€ qui ne fe plaifoic que dans l'agitation ôc dans le trou- ble. Ils l'acculent même d'avoir fou- vent troublé l'Etat pour parvenir à fcs fins , ôc d'avcvir eu une ambition qui n'étoit pas aile? réglée. Les Hif. toriens Protcftans ôc Calviniftes por- tent l'accufation plus loin.. En demeu- rant d'accord qu'il étoit un des plus grands hommes de Ion fiecle, iislui rcprochçnt d'avoir fouYCiit f^crific Ic^

Duc DE Bouillon. Liv. VIII. ic^^ intciêcs de fa Religion à Ta fortune Ôc au deiîr de fe rendre néceflaire à la Cour.

Ce n eft point ici la Vie d'un Saint que l'on écrit. C'ell: celle d'un grand Homme lelon le monde , d'un exce- Icnc Capitaine, d'un grand Politique, d'un habile négociateur, d'un homme dont les talens s'étendoient à tout , qui a rendu des lervices lîgnalez à fon Roy , a l'Etat , à fa Patrie , & qui s'efl: acquis beaucoup de gloire à lui- même , à [on illulh'e Maifon , & à la France qui lui avoit donné la naif-- fance. L'on ne prétend pas d'ailleurs que le Duc de Bouillon n'ait point eu de défaut. Tous les plus grands Hom- mes fans exception ont eu les leurs. En effet on ne peut pas le juftifier fur fon changement de Religion , &c fur ce qu'étant Catholique , il a aban- donné la Religion de fes Pères pour fe faire Calvinifte. Il fit encore une plus grande faute en y perfeverant jufqu'cà la mort., Ses deux ilîuftres fils ont été plus heureux , & font en cela dignes des plus grandes louanges. Nez dans l'erreur , malgré les préju- gez de leur nai (fance , ils l'ont aban- donnée ,. ôc Cq fonc réunis à l'Egii^

â5)4- Histoire de Henry Catholique , dans le Cçïn de laquelle^ tous leurs illultres Ancêtres avoient été élevez. Mais c'eft une grâce que Dieu ne Lait pas a tout le monde , ou du moins a laquelle tout le monde ne répond pas. Cependant qu il me foit permis de dire avec la iincerité d'un Hiftorien , que les autres défauts dont on vient de parler , paroilîént plutôt venir de la lîtuation des affai- res & du caraétcre de ceux qui gou- vernoicnt de Ton temps , que de cc-- lui de l'efpritdu Duc de Bouillon.

Lorfqu'il entra dans le monde, & qu'il parut la première fois à la Cour ,- il n'avoit que dix à douze ans. Char- les IX. qui venoir. de lucceder à Ton frère François II. n'en avoir gueres davantage. Catherine de Aledicis' PrincelTe habile , mais ambitieufe & intrigante au dernier point , étoit Re-» gente; &c l'on peut dire qu'elle en confcrva prefque toute l'autorité pen- dant le règne de Tes trois fils François Il , Charles IX. & Henry 1 1 1. Elle formoit elle - même les caballes & les partis j ôc elle étoit d'autant plus ap- pliquée à entretenir la divifion parmi ïës Grands , qu'elle étoit pcriuadée qiie la confervation d^ fon, autorité^

Duc Bouillon. ÎiV. \''IÎL i^f en dcpendoit. C'étoit , pour ainlîdire,. le temps des intrigues & des caballes j tout le monde s'en meloit , & ceux même qui y ctoient le moins portez ^ étoient entraînez par l'exemple , par la néceflité des temps ôc par le tor- rent des affaires. En effet dans quelles intrigues n'entrèrent point les Princes du Sang ,. les Seigneurs des Maifons de Guiie , de Montmorency , de Cha- tillon,ô:généralementtDuslesGrands- du Royaume , tant du parci Gatholi= que que du Calvinifte ?

Il étoit bien difficile qu'un jeune Scigrieur d'une aufîi grande nailïcince,, d'une auffî grande clpérance que le" Vicomte de Turenne , parent de la- Reine , élevé fous fes yeux & par Tes foins, lié d'ailleurs par le fang aux Maifons Palatine 3c de Natfau , à cel- les de Montmorency & de Chatillon ^ il étoit dis-je , bien difficile qu'il n'en- trât point dans les intrigues dutemps^,. Se qu'il ne fût point entraîné par des intérêts qui paroiiloient indifpenfa- bles. L'on fçait la force des premiè- res imprefîîons , 8c combien il eft dif- iicile d'y réfîfter. L'averlîon que lui fît paroître Henry III. à fon retour de Pologne ,.& les avances q^ie Hen*-

io^ Histoire de Henry ry IV. lui fit pour Tatciier & l'atta- cher à fon parti , le mirent dans une efpece de néeelTité de fe jetter dans les intrigues des Calviniftcs ; vraie Caballe d'Etat , qui ne fubriftoit que par les divisons des Grands , ôc qui commença de tomber dès qu'ils fu- rent réunis à leur Chef.

Sous le règne de Henry I V. plus paiiible fur fon milieu & fur fa fin , & l'on recommença à fuivre les an- ciennes maximes du gouvernement , l'on ne voit pas , ou du moins on ne prouvepasqueleDuc deBouillon fe foie mêlé d'autres intrigues, que de celles qui regardoient le fervice du Roy , bien de l'Etat ou fa propre sûreté.

Pendant la Régence de Marie de Medicis les intrigues &c les caballes re- eômencérent; il fe forma de nouveaux partis. La Régente les formoit elle- même , elle entretenoit les divifîons. Le Duc de Bouillon s'y lailfa entraî- ner , comme Les Princes du Sang , comme tous les plus Grands Seigneurs du Royaume , &c peut-être que fa pro- pre sûreté le demandoit. A qui le Â'Ia- rêchal d'Ancre n'en vouloit-il pas ? Qui fe pouvoit croire à couvert de £e& iucrigues , ôc de fes entreprifes :-■

t)uc DE Bouillon. Liv.VÎIÎ. i^f Que n'iivoit - on point à craindre d'un Homme qui polfcdoic toute la faveur de la Régente , qui avoit mis tous les Miniftres d'Etat dans fa dé- pendance , ôc qui avoit pour maxime d'éprouver julques la fortune le pourroit porter î II eft vrai que le Duc de Boiiiilon ne put fe refondre à dé- pendre d'un Homme qui, à la faveur près , lui étoit ii inférieur en toutes chofes. A t-il été le feul qui ait eu cette délicatellc ? Prefque tous les Grands du Royaume ne lont-ils pas entrez dans fes fentimens ? N'ont-ils pas pris le même parti que lui ?

Ce qui arriva après la mort de ce Maréchal , depuis que le Roy eut pris la réfolution de gouverner par îui- rncme ; lu refus conftant qu'il fit de fe mettre à la tête du parti de la Reine Mère , &c de celui des Calviniftes qui l'avoient choifî pour leur Comman- dant Général j l'éloignement qu'il hn paroître de toutes les caballes qui fe Formoient en France contre l'autorité du Roy , marquent mieux que toute autre chofe quel étoit fon véritable cara6bere , & que s'il s'eft laiifé quel- quefois entraîner aux intrigues & aux caballes, (I même il en a forme queU

^çS Histoire de HenvO- t[ues unes ; le temps, les circonftances, fa propre sûreté,ou celle de Tes parens & de fes amis , la nécelîicé même ou il s'eft vu fouvent de fe défendre contre fes ennemis , y ont eu plus de part que fon génie naturellement é- clairé , & qui ne donnoit point dans les mauvais partis , ou qui n'y don- noit que par néceflîté.-

Pour ce qui eft du reproche que liii font les Proteftans & les Calviniftes d'avoir facrifié fa Religion à fon am- bition ^ le reffentim^nt Se le chagrin d'en avoir été abandonnez lorfque leurs prétentions n'étoient pas juftes , èc qu'elles alloient trop loin contre le bien de l'Etat &c le fervice du Roy^ les a portez à former cette plainte. On l'a dit dans cette HiftoirCjiSc il eft vraij le Duc de BoUillon a toujours fou- haité que ceux qui faifoient profef- fion comme lui de la Religion Calvi- nifte , vécuuent dans le Royaume avec sûreté 5c avec honneur. Il les aida fes confeils , & de fon appui pour les y faire parvenir j mais des qu'ils eu- rent obtenu ces deux points par le ïnoïen de TEdit de Nantes , par les Déclarations & les Arrêts qui leur furent accordez en confequence , il

jbVc CE Bouillon. Liv. Vin, 239 ■^ruc qu'ils dévoient s'en contenter , & qu'il ne faloit point fatiguer la> Cour par de nouvelles demandes , par des plaintcis continuelles, le plus fou- vent mal-fondées, êc quinepouvoient manquer de les rendre ennn odieux' aux Rois , & iniuportables à l'Etat , êc d'attirer enfin leur ruine.- Il n'ap- ^rouvoit pas que contre la teneur de ■ces mêmes Edics , aufquels ils étoient redevables de la sûreté & de la liber- té dont ils jouiffoient en France , ils tinlfent des Alfemblées générales fans la permiflîon du Roy , ou qu'ils pré- tendilfenc continuer ces Alfembiées malgré fcs défenfes expreifes & réi- térées.- Ce fut ce qui le brouilla avec la fameufe Alfemblée de Saumur. Le Memol- Duc de Rohan prétend qu'il avoit été Rohan.. gagné par la Cour , Se que dans cette ^iv. 1. occafîon il lui lacrilîa la Religion. Mais ce Duc ne lui eft pas aflez favo- rable pour l'en croire lur fa parole. D'ailleurs il ne s'agilfoit point alors de fa Religion. Il étoit queftion d'o- béir au Roy , ôc de ne point contreve- nir aux Edits ; eft-ce-là ce que les Calviniftes appellent trahir leur Re- ligion ? Mais avoit-il été gagné par Jsi Cour y lui facrifîoit-il fa Religion y

^60 Histoire d e Ksnry lorfqa'il defapprouva depuis les Af- femblécs de Loudun, & de la Rochel- le : lorfqu'il refufa le Commande- ment général que cette dernière lui ôfFroit : lorfque Daniel Tilenus fa- meux Miniftre de Sedan fous fa pro- tedion , Se apparemment par fon or- dre j écrivit contre-elle : lorfqu il ré- pondit à l'Apologie qu'elle avoit faite pour juftifier fa révolte ; & qu'il dé- rendit les droits des Rois contre ces prétendus Républicains qui s'éri- geoient en Souverains contre l'auto- rité de l'Ecriture-Sainte Se les maxi- mes mêmes de leur Religion ? Le Duc de BoUillon n'étoit malheureufemeiit que trop attaché à la Religion Calvi- nifte ; mais il ne pouvoit approuver les excès de ceux qui en faifoient pro- felîlon. Comme il étoit Souverain lui- même j il en prévoïoit mieux qu'un autre les conlequences , & il ne pou- voit difîîmuler fur un point fi impor- tant à la tranquilité publique , dont les égards doivent toujours être in- séparables de la véritable Religion.

Le Duc de BoUillon n'eut point d'Enfans de Charlote de la Mark fa première Femme. Il en eut huit d'E- lifabeth de Nalfau qu'il avoit époufée

T}vc DE Bouillon. Liv.VIII. 50*

eti lecondes noces , fçavoir Frédéric Maurice Duc de BoUilloii ; Henry connu fous le nom de Vicomte de Turenne j Louife morte à Paris au mois de Novembre 1606. & portée à Sedan pour y être enterrée,au mois de Décembre de la même année ; Marie Julienne , Elifabeth , Henriete , Ca- therine , èc Charlote qui ne fut point mariée , ôc qui a été fort confidcrée fous le nom dcMademoifelIe deBouil- lon. Toutes les autres qui furvécu- rent à leur Père , furent mariées en differens temps , aufîl-bien que fes deux Fils , après fa mort ; leur trop grande jeunelfe ne lui aïant pas per- mis de les marier pendant fa vie.

Il auroit , ce femble , manqué quel- que chofe à la gloire de ce grand hom- me , fi fes Enfans , comme il n'arrive que trop fouvent , n'avoient pas ré- pondu à l'éxcelentc éducation qu'il eut foin de leur donner. Il eut encore ce bonheur, qu'ils furent tous dignes do lui. Mais l'on peut dire que fes deux Fils le feu Duc de Boiiillon , &c feu le Vicomte de Turenne allèrent plus loin qu'il n'eût osé cfperer. Ils Furent fans contredit deux des plus Grands Hommes de leur fiecle, Lo

^ô^i HïJT. Bi H. Difc DB BoTrii. premier ne vécut pas alfez long-tenis^; pour acquérir toute la gloire due à Tes grandes qualitez , quoiqu'il joiiît déjà, .d'une réputation à laquelle peu de gens font parvenus. Le fécond fi con- nu fous le nom de M. de Turenne ( car fon nom feul fait fon éloge ) a égalé ou furpailc tous les Héros de l'antiquité. La France fera éternelle-, ment obligée au Duc de Bouillon .dont je viens d'icrire l'Hiftoire , de lui avoir donné deux fi grands Hom- mes. C'eft ce qui met le comble à fa ^gloire -, c'eft ce qui achevé de le ren- dre digne de l'immortalité qu'il s'eft acquife par tout ce qui peut faire paf- :fer un nom illuftre à la plus éloignée «ofterité.

fin dHiroiJîéTm & dernier Tome.

i^-^^u

TABLE

ALPHABETI QJJ E

DES MATIERES Contenues dans les trois Folumes.

ADverfné. Reflexions fur l'Adverfité. Tom. i. liv. i. page 131 , & fuiv.

Albert. L'Archiduc Albert eft fait Gouverneur des Païs - Bas Catholiques. Tom- 1. 1. 4. pag. c)5). Il aiîiege & prend la Ville Calais, p. 100. Il emporte d'af- faut le Château, p. 113.

Alenpn. Portrait du Duc dA- lençon. Tom. i.l. i.p. i^.&fuiv. Sa jaloufie contre le Duc dAn- jou, p. 31. 6c fuiv. Sa réponfe à Reine au fujet du Vicomtç

TABLE de Turenne , p. 53. & fuiv; Il a la petite vérole , p. 34. ôc fuiv. Il tavorife les Huguenots , p. 44. & fuiv. 11 attache entièrement à foi le Vicomte de Turenne, p, 47. ôc fuiv. Il s'expofe témérai- rement au fiege de la Rochelle 5 p, 56. & fuiv. Il prend des enga- gemens avec la Noue , p. 68. 6c fuiv. Ses projets chimériques , p. 71. 6c fuiv. Il fait un Manifef- te , p. 74. Le Roy lui fait défen- dre d'abandonner le Camp , p. 76. Sa réponfe , ibid. La lettre que la Noue lui avoir écrite , eft portée à la Reine , p. §5. Stratagème dont il fe fert pour fortir d'em- barras , p. ?7- & fuiv. Il eft dé- tourné par le Vicomte de Turen- ne du defleiii que la Noue lui avoir infpiré , p. 85). 5c fuiv. Le Roy lui donne la Lieutenance générale du Royaume. La Reine Mère empêche l'expédition des Lttres Patentes , p. 5)4. &: fuiv. Il confpire 6c engage dans fon

DES MATIERES, parti plufieurs Seigneurs de la Cour , p. 95. & fuiv. 11 de'coLivre à la Reine la confpiration , p. 5)8. & fuiv. 11 renou- velle le projet de la confpiration , p. 109. Il eft découvert &; on le fait ob- ferver, p. m. Il fe rerire en Berry , 1. z. p. 174. 11 écrit au Vicomte de Turenne , p. 175. & fuiv. Il traire fe- crcteinentavec la Cour, p. 15)1. & fuiv. 11 confulte le Vicomte de Turenne fur l'embarras il fe trouve , p. i^i. &fuiv. On ajoute plufieurs Provinces a fon appanage , &: il prend la qualité de Duc d'Anjou , p. 103. Le Roy lui donne le Commandement delarmce, p. xYj- Il prend la Charité & liïbire, ibid. 11 traite avec les Députez des Païs- Bas , 1. 3. p. 303. il entreprend de faire la Paix àas Calviniftes avec le Roy, îbid 6c fuiv. 11 obtient du Roy de Na- varre une iufpenfion d'armes , p. 3o(>. Il conclud la paix , p. 307. Il levé à^s troupes &: va au fecoursde Cambray, ibid & fuiv. Il entre dans cette Place 6c il y eft reconnu Souverain du Cam- brefis , p. 311. 11 eil chalTç àiiî:,s Païs-Bas,

O

TABLE ibid. Sa mort ibid.

Jnceau. Anceau elt affbcié à la né- gociation du Duc de Bouillon en An- gleterre , T. 2. 1. 4. p. 118. Il follicite fans fruit les Princes de l'Empire d'en- trer dans la ligue contre l'Efpagne > p. 172.

Ancre. Conchini Marquis d'Ancre j fes qualitez ôc fa fortune , T. 2. 1. <3. p. 512. Il acheté du Duc de Bouillon la charge de Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy , p. 513. Il fe li^^ue contre les Minières, p. 383. Il eftfeit Maréchal de France à condition qu'il fe reconciliera avec eux , p. 402. Sa promotion a cette dignité lui attire la haine générale des Grands , p. 403. Sts fentimens au fu jet des mecontcntemens du Prince de Condé, p. 412. Il donne à la Reine des foupçons de la conduite <ie Villeroy & de Jeannin. T. 3. 1. 7. p. 58. Il eft accusé par le Prince de Con- <lé d'être l'Auteur des defordres de l'Etat , p. 62. & fuiv. On lui donne la Lieutenance de Roy de Normandie , en échange de celle 4je Picardie , p. iit^

D E s M A T î E R E s. Il fait Ces efforts pour regagner raml- tiédes Ducs de Bouillon ôc de Mayen- ne, p. 1 16. Il projette la ruine des Ducs- d'Epernon & de Bellegarde , p. 115. 6c fuiv. On conclud la fienne , p. 128. 2c fuiv. Il perfuade à la Reine de faire arrêter le Prince deCondé , p. 137. On pille Ton Hôtel , L ,8. p. 151. Haine gé- nérale qu'on lui porte, p. 1 87. Sa mort pacifie toutes chores, ibid. & fuiv.

Angouléme. Le Duc d'An goule me eft accusé d'avoir. eu part à la confpiration du Maréchal de Biron , T. 2. 1. 5. p, 112. Il eft arrêté, & il obtient fa grâce en découvrant les complices , ibid. &: fuiv. Il eft arrêté une féconde fois bc & il découvre toutes (qs intrigues, p. 167. Après -onze ans de priion la Reine Mère le tire de la Baflille pour lui donner le Commandement de l'ar- mée , T. 3. 1. 7. p. 133. 6c fuiv. Il aflie- ge le Duc de Mayenne dans Soiffbns , 1. 8. p. 184. & fuiv. II fait en Allema- gne a inutiles négociations pour paci-' tier les differens fur venus entre l'Em- pereur ôc rEle(^em: PaUtin , p. 246. ^ fuir, jO \]

TABLE

Anjou. Le Duc d'Anjou eil fingulie- rement aimé de la Reine fa Mère > T. i, i I. p. i6. Il répond avec hauteur au Prince de Condé, p. 23. ^ luiv. 11 ga- gne les batailles de Jarnac 6c de Mon- Gontour , p, 36, Il tâche d'attirer à foi le Vicomte de Turenne , p. 4.3. 6c fuiv. Il afliege la Rochelle , p. ^G. 6c fuiv. Il dégage d'un grand pcril le X)uq d'À- lençonôcle Vicomte de Turenne , p. 61, Il écrit à la Cour contre le Duc d'A- lençon , p. 75. 11 levé le fiegc de la Ro- chelle , p. 78. Il eil: élu Roy de Pologne, ibid. Raifons pour différer fon départ, p. 79. & fuiv. 11 propofe inutilement au Vicomte de Turenne de l'accompa- gner en Pologne , p. 81. 6c fuiv. 11 prend avant fon départ des Lettres de natu- ralité, p. 84. Voyez Henry 111. Roy de France.

Aramhures, Arambures tient le'parti d.11 Roy de Navarre : {t% exploits à la bataille de Coutras, T. 1. 1. 3. p. 35)4, £v fuiv.

Auwaic. Le Duc d' Aumalc eft défait d^yîuic Senlis par ks troupes du Koy:>

DÈS MATIERES. Tome (. liv. 3. page 416.

Auvergne- Origine de la Alaiibn d'Au- vergne, T. I. 1. I. p. I. Catherine de Medicis écoit de cette Mailon par fa Mère ^cl'eflimoit beaucoup , p. 16.

Le Prince Dauphin d'Auvergne Fils du Duc de Montpenficr comman- de les arme'es du Roy , au-delà de la Loire, T. i. 1, i. p. 100.

B

BJrthelemy. Journée de la faint Bar- thélémy , T. 1. 1. 1. p. 5v 11 y périt un o-rand nombre de NobleireCatholi- c]uc parmi les Huguenots , ibid. Ce Mafiacrc renouvelle la guerre , p. 51^. Bajjompterre. Bail empierre achette du Duc de Rohan la charge de Colonel General des SuilFeSjT. 3. 1. 7. p. 2. 11 levé en Champagne des troupes pour le lervice du lioy contre la Reine Mère, 1. 8. p. 118. Sa reponfe au Gentilhom- me que le Duc de Bouillon lui avoit envoie à cette occafion , ibid. & fuiv. Difcoui's remarquable qu'il fait au Roy

O iij

t A B L E ^ poiir maintenir la neutralité acccordée au Duc de Bouillon pour fes terres , p. 163. & fuiv.

Bellievre. Belli<;vre affifte au nom du Roy à rAfîemblêe des Calviniftes con- voquée à Montauban, T. ï. 1. 1. p. 158. &ruiy. 11 accompagne le Duc d'Anjou qui va traiter de la paix avec le Roy de JSlavarre , 1. 3. p. 306. Il demande inu- tilement à rÂlTemblée de Montauban la reftitution des Places que le Roy avoit accordées aux Calviniftes, p. 3*50*

Birm. Biron négocie fecretement la Paix avec les Calviniftes par Tordre à\i Roy , T. I. 1. i.p. 24.1. Il veut furpren* àtQ Perig;eux , p. 265. Le Roy de Nâ*- yarre 6c le Vicomte de Turenne pro- jfofçnt de l'arrêter prifonnier , p. 173. Il accompagne la Reine aux Confé- rences de Saint Brix , L 3. p. 375, Sa rnorcj T. 2. 1. 4. p. 50.

Le Maréchal de Biron affiege A- miens, T. 1. 1. 5. p. 178. Caraclcre de ce Maréchal, p. 106. Il confpircp. 207. & ftiiv. 11 commande l'armée du p.oy contre le Duc de Savoye, p. 211.

DES MATIERES. il s'entend avec ce Prince , p. 213. H avoue la faute & en obtient le pardon du Roy, ibid. Il revient à la Cour, p. 210. Il eft arrêté 6v condamné A mort, ibid. Qiiel étoit le deffein de cette confpiration , p. 111.

Bots-Dauphw. Le Maréchal de Bois- Dauphin commande l'armée du Roy contre le Prince de Condé , T. 3. 1. 7. p. 6y 8c fuiv. Il eft fouvent trompé par la prudence du Duc de Bouillon ,p. 71. 6c fuiv. On lui ôtc le commandement,

p. 84.

Boiiillon* Voyez Henry 1. Vicom- te deTurenne&buc de Bouillon,

Bourbon. Le Cardinal de Bourbon refufe de fnivre le parti du Roy de Navarre , T. i . 1. 3. p. 385. Il eft arrêté avec l'Archcvcquc de Lyon ,p. 420.

Bulfy. BufTy-d'Amboife favori du Duc^d'Alcnçon , T. i. 1. 2. p. 1^8. Dif- férent qu'il a avec le Vicomte de Tu- renne, p. 185. 11 eft: aflairmé par Mont- forcau , 1. 3. p. 305?.

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TABLE

c

Mumifies. Les Calviniftesfontk _ , guerre pour obtenir la liberté de confcience , T. i. 1. i. p. 14. Nouvel- les plaintes, p. 18. Ils recommencent la guerre , p. 24. Paix de peu de durée, p. 30. La guerre recommence > ibid. 6c fuiv. On s'accommode avec eux de nouveau, p- 41. 6c fuiv. La guerre re- commence à l'occafion du MafTacre de îa faint Barthélémy , p. 51. 6c fuiv- Us fe défendent dans la Rochelle , p. 5^. êc fuiv. On fait la paix avec eux , p. 7S. ils prennent les armes dans les Provin- ces de-dtlà la Loire, p. 105;. Ils recom- mencent la guerre , 1. 2. p. 1^8. Vains projets de paix , p. 171. 6c luiv. On leur prépare des fecours en Allemagne , p. 175). 6c fuiv. On leur accorde à la pai^ l'exercice public de leur Religion , p. 203. Ils proteftcnt contre l'Aircm- blcc àts Etats ^ reprennent les armes , p. 131. & fuiv. Ilsfurprennent plufieurs Places , p. 234. On fait la Pau avec cu:^

DES M A T î E Pv E S. "âii mccontentemcnt des Catholiques, p. 141. 6v Hiiv. lis recommencent les Aftesd'hoitilité , p. 24-4. 2< fiiiv. Siaode National de Sainte- Foy, p. 14^. Grand defTein de cette Aiïcmblée , p. 146. d: fuiv. Plaintes des entrcprifes des Ca- tholiques , p. X53. & (uiv. AlTemblje de Montauban, p. 258. 6: fuiv. De'liance qu'ils ont de la Reine Mcre, p. 163V Les Ailes d'hoftilité recommencent >^ p. 173. Paix conclue à Nerac , p. 173. AlTemblée de Montauban , 1. 3. p. i^}.,- & fuiv. Ils recommencent la guerre , •p. 301. On fait la Paix avec eux , p. 306'. êc fuiv. Airemblée de Montauban. Ih y forment le projet de fe mettre en République , p. 307. 6c fuiv. Afltfmblee à Saine Paul de Cap de Joux , p. 344. €c fuiv.- Us recommencent la guerre t "p. 351. ôcfuiv. On fait de grands mou- vemens en Allemagne pour leur pré- parer des fecours, p. 374. Conférences de Saint Brix , ibid.- On y convient d'une trêve , p. 375. Ils recommencent- k guerre, p. 383. ôc fuiv. Puiflants fe-- çours qu'on km envoie d'Al!emag,ne3>

TABLE p. 385?. Déroute 6c ruine de cette ar- mée 5 p. 407. Dv'iiancc qu'ils ont du Roy de Navarre 5c des autres Princes du Sang , p. 405?. Leur attachement pour le Vicomte de Turenne , ibid. Mauvais état de leurs atîaires , p. 410. On afTemble contre eux deux armées > p. 411. Reglemens politiques pour le maincien de leur Hcligion , p. 411. & fuiv. Leur oppofition à la converfion d'Henry I V. T. 1. 1. 4. p. 55. Avanta- ges qu'ils trouvent dans la guerre con- tre l'Efpagne , p. 71. & fuiv. Ils tien- nent plufieurs Àflemblées, L 5. p. 17^. & fuiv. D^:mandes avantageufes qu'ils font au Roy , ibid. Deputation au Duc de Bouillon , p. 186. Ils font fatisfac- tion a Madame par les confeils de ce Prince , p. i5?o. & fuiv. Ils transfèrent êe leur autorité l'AiTemblée de Vendô* jne à Chatelleraut , p. 15)2. Ils nom- ïoent le Duc de Bouillon Se d'autres pour conférer avec les Députez du Kofy p. 15)3. Ils obtiennent le fameux jEdit de Nantes , p. 1 5? 8- Ils font au Roy %& remontrances au fujet de TaiEiûç

DES MATIERE S. du Duc de Bouillon , p. 135- ^ ^'-^i^- On leur permet de s'aiTembler à Cha- telleraut , puis à Saumur , 1. 6. p. 320. ôcfuiv. Demandes exceiîives qu'ils font au Roy, p. 315). ^ fuiv. Ils s'interefTenc dans la difgrace du Duc de Sully , p. 334. & ruivTPvefus de fe féparer , p. 342.- & iuiv. Grands mouvemens dans TAf- femblée à l'occafion de k lettre de la Reine, p. 355.£cruiv. Ils obciiTeiit enfin & fe feparent , p. 357. Si fuiv. Aflem- blées fans la permiflion du Roy , 35)1. 6C fuiv. La Cour refufed'oiiir leurs Dépu- tez & déclare leurs A Semblées illicites 5 p. 353. S: fuiv.- Affemblée de Greno- ble , T. 3. 1. 7. p.- 66. 6c fuiv. Elle prend k parti du Prince de Condé , ibid. Elle fe transfère de fon autorite à Nîmes ,, p- 71. Le Koy la transfère à la Ro* ehelle , p. 5)4. 6c fuiv. Leur oppofition à la Paix, p. m. 6c fuiv. Ils fignentl*^ Paix 6c fe feparent , p. m. Ils fe raf-- femblent de leur autorité à la Rochelle, 1. 8. p. 185. 6c fuiv. Ils foutiennent le parti des Seigneurs Liguez , ibid. 116; h feparent , p. 15.7. Ils s'oppofent sxt

Ovi

TABLE jetablifTemcnt de la Religion Catho*- ïw]UQ dans le Bearn , p. 245?. & fuiv. Ils s'aiFcmblent à la Roche! le&refufent: ob- ftinément de fe fcparer, p. 150. &:{uiv. Ils lèvent des troupes ôc le préparent à la guerre , p. z^S, & fuiv. Us partagent les Provinces entre les Grands du parti, ibid. Ils font de'faics par-tout , p. 261. t^ fuiv. Le Roy leur accorde la Paix, p. 281.

Candale. Le Comte àc Candaîefe dé- clare pour le Prince de Condé ^ ie faic Calviniftc, T. 3. 1. 7. p. 70.

Cafimir. Le Prince Cafimir levé des Troupes ôc vient au fecours dits Me- contens de France , T. i. 1. 2. p. 180. èi fuiv. Il eil compris avantageufemenc dans la Paix , p. 204, 11 fe retire en AU kmagne , p. 215.

Catherine de Meàtcis. Catherine de. Medicis fe f.iit déclarer Régente du. Royaume au préjudice à^s Princes du Sang-, T. I. 1. i.p.. 10. Elle s'unit avec la Maifon de Lorraine , ibid. Elle exile leConnètable de Monimorency , p. ii.- Sa^oliticj^ue 3,£. i^.. Sa. rcpoufe. au Piluer

DES U A T T E R Ë S. ce de Condé » p. 23. Etranges conleib qu'elle donne au Duc d'Alençon , p^ 5n. 6c fniv. Elle furprend une lettre écrite par la Noue a ce Prince , p. 8(jv Elle refufe au Duc d'Alençon la Lieu- tenancc générale du Royaume, p. 85). 6-: fu i V . Sa ha i n e c on c re 1 e s M on t m o- rencvs , p. iii.Scfuiv. Elle veut ôter au iMarêchal Danville le ^oi-iverne-- nicnc du Languedoc , p. 124. & fuiv* Elle empêche Ion accommodement a- vcc le Roy , h 2. p. 151. & fiii-v. Elle obtient d'U Duc d'Aiencon une trêve de hx mois , p. 182. 6i fuiv. Elle con-- clud la Paix avec les Mecontens 5p. 103, Elle t cric avec menaces au Roy Navarre , p. 160. Elle fait le voïage de Guyenne j à quel deiTeIn , p. 261. èc luiv. Sa conduite donne delà défiance aux Calvinilles , p. 16}. Sa réponfe au- Vicomte de Turenne , p. 267. & fuiv. Elle conclud la paix avec les Calvi- niiles à Nerac , p. 273. oc fuiv. Elle fait raccommodement de f\ fille avec le Roy de Navarre , p. 274. Elle revient- ik Cour 3 1. 3. p. 2^i. Elle appuie eui

t A B L E jfecret la ligue , p. 31Ô. &: fur/. Elle propofe à la Reine de Navarre de ronv pre fon mariage , p. 337. & fuiv. Elle affifte aux Conférences de Saine Brix, p. 374. & (iiiv. Elle rompt les Confé- rences, p. 377. Elle reprend lesiiegocia- tions, ibid. & (uiv. Elle s'en retourne fans avoir rien fait qu'aigrir les efprits ,• p. 381. fa mort, p. 4.10.

Ceci!. Cecilaffifte'aunomde la Rei- ne d'Ancrleterre aux négociations du Duc de Bouillon , T. z. 1. 4. p. 1 15. Il ^ parle avec hauteur & d'une manière peu favorable à la France , ibid. ôc fuiv.

cham^efiereS' Champetieres eft nom- mé curateur du jeune Vicomte de Tu-- renne , T. i. L i. p. 4.

Charles 7X Charles IX. Roy de Fran- ce fuGcede à François II. à l'âge de dix ans &; demi , T. i. 1. i. p. 13, II levé une armée en apparence pour op- pofer à celle du Duc d'Albe , p. 21. Il époufe Eiifabeth d'Autriche fille de ï'Empereur , p. 39. Il ordonne le Maf- facre de la Saint Barthélémy, p. 52. ôc- foiv. llfaitafficger la Rochelle r p. 56*

D E s M A T I E R E 5. 11 prefTc le départ du Roy de Pologne? p. 80. &fiiiv. Samaladicp. 81. Sa mort>

chaùllon. Chatillon défend Mont- pellier,!, i.p. 143- 11 fe retire en Lan- i;iîedoc ,1. 3. p. 4 i 8. Il eft contraint d'cnfortir, p. 415}. Il commande l'In- fanterie du Roy de Navarre , p. 115- ^v fuiv.

Cocùnnaîi. Coconnati engage le Duc d'Alençon dans une confpiration , T. i. 1. I. p. J05?. Il eft arrêté £c il a la tète tranchée, p. 110. &; fuiv.

Coligny. L'Amiral de Coligny com- mande les armées des Calviniftes , To- 1. 1. I. p. 37. Il accompagne à la Cour la Reine de Navarre , p. 43. Il eft tue au MafTacre de la Saint Barthélémy, p. <)2. ôc fuiv.

Condé. Le Prince de Condé fe rend' le Chef des Huguenots, T. i. 1. i. p. 13. bL fuiv. On lui refufe le comman- dement des armées bi. la Lieutenance Générale du Royaume , p. ii. & fuiv» Il fe retire de la Cour ôc renouvellie la gucrre-civjde, p. 24. 11 eft tué à la

, ^ ï A B L E

bataille de Jarnac. p. 36-.

Le jeune Prince de Condécfl recoK- nii chef des Huguenots, T. 1. 1. i.p. 37. Il fauve fa vie au MaiTâcre de la Saint Barthélémy par une feinte abjuration^, p. 53. 11 va au fiege de la Rochelle , p. 56. 11 prend des engagcmeas avecla Noue , p. 68. ëc fuiv.'lL fe retire à StrafDourg, p. 05). Il négocie des fe- eours d'Allemagne en faveur des Cal- viniftcs,!. 2.p. 175;. 11 revient en Fran- ce, p. 183. & fuiv. On lui rend à la Paix le Gouvernement de Picardie, p. 204. Les Etats Généraux lui envoient des Députez , p. 230. 11 s'empare de plufieurs Villes de Saintonge &: de Poi- tou , p. 231. Il levé le fiege de Saintes , p. 237. Il fouhaite la Daix , p. 241. Il fait appeller en duel le Vicomte de Tu- renne, 1.3. p, 300 & fuiv. 11 furprend la Fere î p. 302, 11 obtient des fecours d'Allemagne , p. 306. Il affilie aux Af- femblées de Montauban & de Saint Paul de Cap de Joux , p. 308. ëc lùiv. Sixte V. fait pulDÎier une Bulle contre . ui , p. 345. Uiefufe les^ offres du. Yi**

DES M A T I E R E ^S. eomre de Turenne , p. 356. ii levé le fiege de Broiiage &: fe fauve en An- gleterre , ibid. 11 fait de grandes di- verfions djiis le Poitou , p. 571. Il af- fifte aux Conférences de Saint Brix, p. 375. Ses exploits à la bataille de Cou- tras, p. 35)3. 5c f 11 commande en An- goumois les troupes du R.cy de Navar- re , p. 400. Il écrit au Vicomte de Tu- renne de le venir joindre avec fes trou- pes , p. 401. il meurt empoii'onné , p. 408.

Le Prince de Condé de retour d'I- talie donne toute fa confiance au Duc de Boiiillon , T. 1, I. é.p. 306. 6^ luiv. Son peu de fermeté l'empêche de s'em- parer de toute l'autorité dans le Royau- me,p. 307. & fuiv» 11 fait difgracier le Duc de Sully, p. 315. & fuiv. Il fe re- tire de la Cour , p. ^66. Il y revient & donne fon conientenient pour le dou- ble mariage conclu avec rEfpagne>p. 368. êcfuiv. Il fe ligue contre les Mi- nillres , p. 383. 11 s éloigne de la Cour, p. 35)7. Il y revient à Toccafion des a£- iakes d'Italie, ibid. Scfuiv. La Reine

TABLÉ lui refufe le gouvernement du Châ- teau - Trompette , p. 404. Il fe retire de la Cour , p. 408. Il s'empare de Me- zieres,p. 41 y Scfuiv. II e'critàla Reine une longue lettre en forme de Mani- fefle, p. 416. 6c fuiv. 11 envoie deman- der du fecours aux Calviniiles , T. 3. 1. 7. p. 3. & fuiv. Il s'accommode avec la Cour , p. 7. &; fuiv. On lui donne le gouvernement d'Amboife, p. 11. Ses Jiouveaux mecontentemens , p. 14. & fuiv. 11 s'oppofe en plein Confeil ati voïage de. Guyenne proposé par la Rei- ne Merc,p. 51. ïï s'éloigne de la Cour 3 p. 53. Son accommodement prêt à être conclu fe rompt , p. 56. & fuiv. Il écrit au Roy & publie un Manifefle contre les Miniftres , p. 62. ôc fuiv. Il eft dé- claré criminel de leze-Majefté , p. 65. Il publie un fécond Manifefle , 6<: levé des troupes, ibid. & fuiv. L'Ailemblée des Calviniftes fe déclare pour lui, p. 66. & fuiv. Il publie une Déclaration contre celle du Roy , p. 75. Il conclud Un traité avec lesCalviniftes , p. 81. Il craite de la faix , p. 86. ôc fuiv. Ses

DÉS MATIERES^ demandes , p. loi. & (uW. Ses of^ fres , p- III. Il tombe dangereiifement malade , p. 112. Il guérit &: figne la Paix, p. 111. Il prend .le gouvernement de Berry en échange de celui de Guyen- ne, p. 1 23. On le met en poiTelîIon des' avantages promis par le traite' de Lou- dun , p. 125. Il veut faire dépouiller la Reine defon autorité, p. 134. 5c fuiv. Il avertit le Maréchal d'Ancre de fc tenir fur (es gardes, p. 136. Il eft ar- rêtée conduit à la Baftille 5 p. 137. Le Roy donne une Déclaration contre lui , 1. B. p. ï6i. II fort de prifon, p. 141.

Corui. Le Prince de Conti s'engage dans le parti du Roy de Navarre , T. î. I. 3. p. 385. &: fuiv.

Cofc. Le Maréchal de CoiTéed ac- cusé d'avoir trempé dans la confpira- tion du Duc d'Alençon , T. i. L i. p. III. Le Roy lui ordonne de fe rendre à la Csour & lui défend d'en fortir, ibid. On le remet en liberté, liv> z*

t>. 181.

*r A B L £ D

DAnvtUe. Le Maréchal d'Anvilfe fe fauve par fon abfence du A4af- facre de la Saint Barthélémy , T. 1. 1. i. p. 53. Il s'engage dans le parti du Y)mc d'Alençon , p. 5?6. La Pleine Mère fait de vains efforts pour lui ôter le gou- vernement du Languedoc, p. 114. & fuiv. Le Duc de Savoye lui offre fon entremife pour fon accommodement avec le Iloy , 1. z. p. 147. hL fuiv. Il va trouver le Roy à Turin, p. 14^. Il revient mécontent en Languedoc & ju- re de ne jamais voir le Roy qu'en pein- ture , p. 1 52. & fuiv. li fe met à la tête des Mecontens, p.^155. &1. Les Etats Généraux lui envoient des Députez , p. 230- ilfe broiiille avec les Calvinif- tes, p. 234. 11 levé le fiege de Mont- pellier, p. 243. 11 prend le nom de Mont- morency, p. i75>. Sa réponfe au Vicom- te de Turenne , p. 280. 11 devient fuf- pect aux Calviniites , 1. 3. p. 204. Il prefTe la reliitution des places accor-

DES MATIERES, dees aux Calviniftes à la Conférence de Nerac , p. 301. Il affilie à l'Aflem- blée de Saine Paul de Cap de Jeux, p. 344. Il eft d'avis qu'on prenne les armes afin de prévenir la ligue , p. 345, 5v iliiv. Il accorde au Roy de Navarre des fecours , p. 417. Il rcfufe l'accom- modement avec Chatillon , p. 4I5>. Il fe ligue contre le Maréchal d'Ancre, T. 3. 1.8. p. 18^.

Duras. Les deux Duras frères ap- pellent en duel le Vicomte de Tu renne, T. 1. 1. 1. p. 174. & luiv. Détail de ce combat, p. 176. 6c fuiv.

Lifaheth Reine d' Angleterre. Elifa-'

beth Reine d'Angleterre foUicite

en Allemagne du fecours pour Henry I V. Roy de France, T. 2. 1. 4. p. i^. &: fuiv. Elle affifte le Roy au fiege de Roiien , p. 43. Elle demande Calais au Rx)V po'-ii' fùrete' des fomnics qu'elle lui avoit prêtées, p. 103. Elle paroît cho- ^née ^c la converfioa du Roy , p. iro.

TABLE Conférence avec les Depucez de Fran- ce, 1. 5. p. 155. Traité avec la France r ibid. Elle fait tous fes efforts pour jufti- fier le Duc de Bouillon dans l'efprit du JÇloy, p. 238. ôcfuiv. Sa mort, p. 264,

Epernon. Le Duc d'Epernon fait de grandes carefTes au Vicomte de Tu- renne 5 dans quelle vûë , T. i. 1. 3. p. 315. Haine que la ligue lui porte , p. 325. Il va de la part du Rov trouver \q Roy de Navarre , p. 328. & fuiv. Il re- vient à la Cour lans avoir reufîî dans fa négociation , p. 336. La Reine Ma- rie de Medicis rapelle le Duc d'Eper- non qui s e'toit retiré mécontent de la Cour, T. 2, 1. 6. p. 411. Sesfentimens au fujetdes mecontentemens du Prince de Condé, p. 412. Le Maréchal d'An- cre projettera ruine, T. 3 . l.y. p. 125. & fuiv. Il fe ligue contre ce Maréchal , 1.8. p. i8é. if tire la Reine Mère de Blois , p. 210. & fuiv.

Ef^nax:. Pierre d'Efpinac Archevê- que de Lyon eft arrêté à Blois , T. i. 1. 5. p. 420.

^^cx. I*e Comte d'ElFex amené aui

DES MATIERES. Roy des Troupes d'Angleterre au (îegc de Kouen , T. *. 1. 4. p. 43. Il prepa* re un armement contre l'Efpagne , p- 104. Le Duc de Boiiillon le met dans ks intérêts du Roy,ibid. 6c fuiv. La Reine le fait partir pour Cadix , p. 113, Sa confpiration & fa mort, p. 137.

£tah Généraux. Aflemblée des Etat* Généraux à Biois , T. i. 1. i. p. 11^. 6c- fuiv. La révocation du dernier Edit de Pacification y eft réfoluë , ibid. Autre Aflembléedes Etats àBlois , 1. 3. p. 411, S: fuiv. On y prend des mefures contre les Calviniftes , & nommément contre le Roy de Navarre , p. 413. & fuiv. Autre Aiïemblée des Etats à Sens 6c transférée à Paris, T. 3. 1. 7. p. 12. 6c fuiv. La divifion s'y met> on fe fepare fans avoir rien fait , ibid.

FAyette. Le Marquis de la Fayette tient fur les Fonts de Baptême le- jeune V icomte de Turenne au nom du- Roy Hejnry 1 L T. 1. 1. i. p. i.

TABLE

Du Ferrier. Du Feriier Chanceiîer du Roy de Navarre affiftc aux Confé- rences de ce Prince avec le Duc d'E- pernon , T. i. 1. 3. p. 331. Il décourne ce Prince d'embrafler la Religion Ca- tholique , ibid.

Fue-fites. Le Comte de Fu entes Gou- verneur des Païs-Bas Catholiques arri- ve trop tard au {ecours de Ham , T. 1. 1. 4. p. 5)1. Il fait couper la tête à Gomeron qui lui avoit livré cette Pla- ce , ibid. Il prend le Câtelet, Dour- kns &: Cambrav , ibid. & iuiv. Il rc- lîiet fon Gouvernement à l'Archiduc Albert , p. 5)5).

GJliaù. Gallati leve.en Suiffe (ix mille hommes pour le fervicede la Reine Marie de Medicis, T. 3. 1. 7. p. I. & fuiv.

Cafies, Henry Prince de Galles 5 fou portrait, T. 1. 1. 6. p. 376, Ses corref- pondances avec le Duc de Rohan , it)id. 11- trayeffe le Duc de Bouillon ,

da«s

DES MATIERES, ilans fa négociation , ibid. & fuiv. Sa mort , p. 35?8.

Cigmer. Gignier accufe fauiTemenc le Due de Vendôme Se plufieurs autres Seigneurs d'une confpi ration contre l'Etat , T. 3. 1. 8. p. i5?S. & fuiv. Il eft arrêté & condamné à mort, p. lor.

Gomcro'û. Gomeron livre Ham aux Efpagnols , T. 2. 1. 4. p. 8r. Le Comte de Fucntes lui fait couper la tête, p. 5)1.

GuiÇe. La Maifon de Guife ennemie de celle de Montmorency , T. r. 1. I. p. 10. La Ligue lui fait porter {qs ef- perances jufqu'au Trône , 1. 3. p. 31^. & fuiv.

François Duc de Guife efl faitGrand- Maître de la Maifon du Roy , T. i. L I. p. II. Il efl aflaffiné par JPoltrot auL fiege d'Orléans, p. 14.

Henry fils de François défait les trou- pes que Thoréamcnoitd'Allcmaane, T. I. 1. 1. p. iSi. 11 y efl blelTé au vifagc 5c en acquiert le fur-nom de Balafré, p, 182., 1 1 contraint le lloy de fortir de Paris, 1. 3. p. 410. Il tâche

P

TABLE <î'attirer dans fon parti le Maréchal de Montmorency, p. 411. Il eft aflafïiné à Blois avec le Cardinal de Guife fon frère , p. 420.

Le Duc de Gnife s'attache au parti 4e la Reine Marie de Medicis, T. 2. 1, 6. p. 411. Il commande les troupes qui efcortent Le Roy dans le voïage de Guyenne , T. 3. 1. 7. p. 65. Il conduit Madame de France mr la Frontière > &:ramene l'Infante d'Efpagne, p. 80. On lui donne le commandement de TArmée , p. 84. Il complote la ruine du Maréchal d'Ancre, p. 128. Il empêche que la Reine ne foit comprife dans ce deflein , p. 136. Il quitte la Cour avec le Duc de Chevreufe ion frère , 1. 8. p. 150. & fuiv. 11 fe ligue avec les Sei- gneurs Mecontens , p. 155. & fuiv. Il ïait fon accommodement en particu- lier,p. 168. Uprcndle commandement de l'Arme'e contre les Princes liguez,

p. 184-

Guitry. Guitry envoie par la Noiie pour tirer le Duc d'Alençon de la Cour, T. I. p. 5?é. & fuiv. Sa rcpoiife aux Dé-

DES MATIERES, putez du Roy , p. loi. & fuiv. Il coa- fere en particulier avec le Vicomte Turenne,p. io6. 6: fuiv. Il vient trou- ver le Roy à Vincennes , p, loS.

H

HEtsry. I. Duc de Bo'ùtllon. Henry î, du nom Vicomte de Turenne, depuis Duc de Boiiillon : Sa naiffance, T* I. 1. I- p. 2. Son Baptême , ibid. Il perd fes parens en bas-age , ibid. Le Connétable de Montmorency fou Grand-Pere fe charge de Ton éducation, p. 3. On lui donne im Gouverneur & un Précepteur , p. 5. On lui change (on Gouverneur , p. 6. Sqs progrez dans l'étude des belles Lettres , p. 7. On lui ôte fon Précepteur, ibid. & fuiv. Ses exercices > p. 8. &: fuiv. Il eft élevé à Chantilly par le Connétable , p. 11. ôC fuiv. Excellentes inllruciions qu'il lui donne , ibid. Son entrée à la Cour, p. 15. & fuiv- Il s'attache au Ducd'A- iençon , p. 16. Le Connétable defap- prouve cet attachement 6c lui donne

pij

TABLE ^

diverfes inftrudions pour fe bien con- i duire à la Cour, p. 17. & fuiv. Il perd le Connétable , p- 14. Dommage que lui caufe cette perte , ibid. 6c fuiv. Il s'attache à 1 étude de l'Hiftoirc , p. 15. On lui donne de l'emploi , p. 16. On lui refufe à caufe de fa grande jeuneflc la permiffiondefervirdans l'Armée du Duc d'Anjou , p. z6. Ses occupations à la Cour , ibid, & fuiv. Il prend pour Maîtrefle Mademoifelle de Château- neuf, p., 19. & fuiv. On lui refufe une féconde fois la permifTion de fervir, p. 30. Il s'attache plus fortement au Duc d' Alençon , p. 30. 6c fuiv. Il ne l'abandonne point dans fa petite vérole, p. 3^. Il veut fe dérober de la Cour 6c aller offrir fes fervices au Comte de BrifTac , fon projet eft découvert , on l'empêche de l'exécuter , p. 37. 6c fuiv. Il paroît à la Cour avec éclat, p. 35?. 6c fuiv. Il perd fon Gouverneur , p. 40. Il s'habitue à jurer, ibid. 6c fuiv. Il prend querelle avec un Gentilhom- me de Touraine 5 le Duc d'Anjou les acconunode, p. 43. ôcfuiv. lUccom-

DÈS MATIERES, pacrne en Angleterre le Maréchal de Montmorency ion Oncle , p. 47. Tho- le prefle d'abandonner le parti du Duc d'Anjou pour s'attacher unique- ment au Duc G Alençon , p. 47. 5c miv. Sa réponfe , p. ^ i. & fuiv. Son abfence de la Cour & la puiflTance des Montmo- rency le fauvent du MalTacre de la Saint Barthélémy , p. ^3. ôc fuiv. 11 va au fiege de la Rochelle malgré fa fiè- vre & les inftances de fa famille qui veut l'en de'tourner , p. 56. & fuiv. 11 s'expofe témérairement , p. 61. 11 ren- force l'Armée navalle , p. 65. 6c fuiv. Il prend des engagemens avec la Noue , p. 68. & fuiv. Il ôte avec adrefle des mains du Duc d'Anjou le Manifeftedu Duc d'Alcnçon , p. 74. Se fuiv. Il re- vient à Paris î p. 79. 11 refufe de fuivre le Duc d'Anjou en Pologne & d'épou- fer MademoiicUe de Vaudemont > p. 8r. 6c fuiv. AdrefTe qu'il fuggere au Duc d'Alençon pour fortir d embar- ras , p. 87. 6: fuiv. 11 détourne ce Prin- ce du deffein qu'il a de fe joindre aux Alecontcns , p. 510. ôc fuiv. Il s'engage

Piij

TABLE ^ans le parti de ce Prince à l'infçû dfcf la Cour , p. 5^6. 6c fuiv. Il va conférer avec Guitry de la parc du Duc d'Alen- ^on, p. loi. ôc fuiv. Il refufe d'entrer dans une nouvelle confpiracion de ce Prince , p. iio. Le Roy lui ordonne d'aller fervir en Poitou ,p. 1 12. Sa ré- ponfe , ibid> Le Roy lui ordonne d'al- ler fervir en Languedoc ious le Maré- chal Danvilie fora. Oncle , p- 113. lien donne avis au Ducd'Alençon , ibid» Lé* Roy donne ordre de l'arrêter à tous les Gouverneurs des Villes par il doit pafrer,p. 114. 11 arrive par des chemins détournez au Château de Joze €n Auvergne , p. 115. Le Roy envoie Maignanne Enfeigne de Ces Gardes pou^r l'y arrêter , ibid. 11 en eft averti , & il part à Theure même pour fe retirer a Turenne , p. 1 17. Il fait challcr Mai.- gnanne de l'Auvergne , ibid. Il évite ]e pie2;e que lui avoit tendu le Comte de Montai, p. 118. Le Roy donne or- dre ou'on fe faififTe de Turenne 6c de toute la Vicomte , p. 115}. L'avis qu'il en a l'oblige de fc retirera Bouzols,

t)ES MATIERES, ibid. Ses reflexions a cette occafion, p. ii8. 6c luiv. Sa devifcp. 1^4. Il va à Turenne , ibid. Il oblige les armes à la main les Habitans de Cazillac de fai- re réparation à un Gentilhomme qu'ils avoicnt infulté, p. 135. & iliiv. Il con- traint les Habitans de Beaulieu de s'ac- commoder avec lui , p. 1^6. Son em- barras , lorfqu'il apprend que le Maré- chal Banville étoit allé trouver le Roy à Turin , L 2. p. 145?. &: fuiv. Il affifle Saint Heran au fiege de Miraumont, p. 1^0. & luiv. Il envoie demander au Roy la permifTion de fe rendre auprès de lui , p. I ')4. Il juge de la réponfe du Roy î qu'il n'a plus rien à ménager avec la Cour, p. 154. &fuiv. Il fe joint à Danviile , di encraiie le Comte de Ven- tadour a prendre ce parti : Us publient un Manifefle , p. 157. Il obtient des Mccontcns la Lieutenance générale de Guyenne , p. i-^f). Se fuiv. 11 fecourt Montauban bloqué par les troupes du Roy, ibid. Déhance que les Calvinif- tes ont de lui , ibid. 11 tombe dange- reufcmenc malade , p. 167. Il prend

Piiij

TABLE la refolution d'abandonner la Religion Catholique, p. i68. &: fuiv. Il va au fecours de Clerac , p. 170. 6c fuiv. A- drefTe de Ton Aumônier pour faire croi- re aux Ennemis que les troupes du Vi- comte étoient beaucoup plus confidera- bles , p. 171. Il fecourt Clerac , p. 175. 11 a un différent avec Duras le Cadet, ibid. Sa réponfe au Duc d'Alençon , p. i7<j. ôcfuiv. Il renonce publiquement à la Religion Catholique 6: fe fait Cal- vinifte , p. 183. Il joint le Duc d'Alen- çon , p- 184. ôc fuiv. Grand différent qu'il a avec Bufli , p. 185. Il eft bien traitté du Duc d'Alençon , p- 186. 6c fuiv. Confeils qu'il donne à ce Prince , p. 15)3. & fuiv. Le Duc d'Alençon lui refufe un Gouvernement , p. 105. & fuiv. Il rompt d'une manière éclatante avec ce Prince , p. 205?. 6c fuiv. II fe re- tire à Turenne , p. 215. & fuiv. Il y vit avec magnificence , p. ii6. Sa conduite domeflique lui acquiert l'eftime géné- rale du parti Calvinille , p. 217. & fuiv. Le Roy de Navarre lui donne toute fa confiance , p. m. 6c fuiv. Ses liaifons

DES MATIERES, avec la NoLië qu'il trouve à la Cour du Roy de Navarre > p. 114. Il l'empêche de quitter cette Cour , ibid- 11 refufe de rentrer dans l'obéifTance du Roy, p. 131. 11 s'empare du bas-Limofin ôc porte la guerre en Guyenne , p. 132- Il appaife par fon intrépidité une fedition qui s'e'levoit dans fes troupes , ibid. 11 fecourt Perigueux, p. 134. Il s em- pare de Figiac 6c de Calvinet , ibid. Il va trouver à Montauban le Roy de Navarre, ibid. Il prend querelle avec Lavardin , p. 255. &: fuiv. Il pourvoit à la fûrecé des Villes du Languedoc > p. 136. Il court deu^^ grands dangers, p. 238. ôcfuiv. 11 eft bleilé dangereufe- ment , p. ^40. Le Pvoy de Navarre Is fait tranfporter à Agen, p. 241. Il re- couvre fa .anté , p. 244. Il affilie au. nom du Roy de Navarre au Sinodc National de Sainte -Foy , ibid. L'Af- femblée lui donne de grandes marques d'eftime & de confiance , p. 247. Ôc fuiv- II retourne à Tu renne , p. 251. Le Roy <de Navarre le rappelle auprès de fa peifoiine ? ibid. Extellcns confeils qu'il

Pv.

TABLE donne à ce Prince , p. 255. & fuiv. îF va trouver à Touloufe la Reine Mère de la parc du Roy de Navarre , p. 163. Difcours hardis qu'il tient à la Reine 5 p. 264. 6c fuiv. Re'ponfe qu'il en reçoit , p. 267. & fuiv. 11 rend compte de fa négociation au Roy de Navarre > p. 272. 11 va avec ce Prince trouver la Keine Mère j ibid. 11 va à Agen en qualité de Député du Roy de Navarre & du parti Calv initie , p. 274. l\ accepte le duel que les deux Duras lui prefentent , p. xjy 11 eft bleffé en trahifon ,. p. 2760. Le Koy de Navarre le fait porter à Ne- rac, p- T-79' H recouvre fa fanté, ibid.- 11 écrit a la Reine Mère pour la prier de faire cefTer les pourfuites commen- cées contre les Duras , ibid. & fuiv. Il confulte le Maréchal Dan ville fur iti conduite qu'il doit tenir dans cette* «^ccafion , ibid. Avis pleins de fageiTe 4^p,'il donne dans la fuite au Prince de Sedan fon fils à l'occafion de ce duel, f. 281:. ôc fuiv. llaffifte à l'AiFemblée «renerale des Calvinilles à Montauban 5 ï 5-p' ^$5' ^^ accepte le commande^

I

DE S MA T i E R E S.^ nient du haut Languedoc 6c quitte la Lieutcnance générale de Guyenne , p. 294. Ses railons pour en ufer de la for- te, ibid. ôc luiv. Le Koy fait de vains cfForts pour lebroiiiller avec le Roy de Navarre , p. 25)7. 11 obtient du Roy de Navarre la Lieutenance générale de fes armées , p. 300. Le Prince de Condé le fait appeller en duel : Sa réponfe à ce Prince , ibid. & fuiv. 11 tient à Caf- tres une AfTemblée générale de fou' Gouvernement , p. 301. Il y reprefente la necciTité de lever des troupes , il fe met à leur tète 6c défend le Pais , p. 301. 6cfuiv. Il affifte aux Confcj^nces de Paix, p. 306. Il fe reconcilie avec le Duc d'Anjou , p. 307. 11 affiite-à l'Af- femblée des Calviniftes à Montauban >. p. 308. Il accompagne le Duc d'An* you. dans les Païs-ba.s , Y^^o^. Il obtient de ce Prince la permiîfion de fe jettei: dans Cambray , p. 311. 6c fuiv. Il eft fait prifonnier en voulant exécuter ce deflein ,p. 315. 6c fuiv. Il eft prefenté' au Duc de Parme qui le reçoit très- civilement , p. 317. Il eft conduit à^

Pvj,

TABLE Boiichain , p. 318. Il y efl traité dure- ment par le Commandant de cette Pla- ce 3 ibid. Il choifit d être prifonnier du Marquis de Roubais , p. 315?. 6c fuiv. 11 eft transféré à Vallenciennes ôc cn- fuite à Hefdin , p. 320. Le Roy lui of- fre de le tirer de Prilon, s'il veut lui promettre de ne plus porter les armes pour les Calviniftes , ibid. Se fuiv. Sa réponfe au Duc d'Anjou qui lui con- feilloit de prendre ce parti , p. 311. 11 s'occupe durant fa prifon à la ledure des livres qui traitent de la Politique & de l'Art Militaire , p. 521. Il recouvre fa liberté en païant cinquante -trois mille écus pour fa rançon , p. 313- H revient à la Cour il eft bien reçu eu Roy & des Favoris , ibid. & fuiv. 11 eft peu accueilli de la Reine Mère > pour quelle raifon , p. ^ 16. 11 va trou- ver le Roy de Navarre àNerac, p. 3i8» &fuiv. Avis qu'il donne a ce Prince tou- chant les intrigues de la Reine fon E- poufe avec les Partifans de la Ligue , p. 332. & fuiv. Il fe jullifîe des confeils c^u'il avoit donnez à ce Prince , p. 54c»

DES MATIERES.' te fniv. Reflexions qu'il fait à cette ©ccafion ,p. 341. Il conclud de b fuite de la Reine de Navarre qu on a def- fein de renouveller la guerre , p. 343. & fuiv. Il affifte à F Aflemblée de Saine PauldeCap-de-JouXjp. 344. Ilperfua- de aux Calviniftes de ne point armer les premiers , mais d'attendre la décla- ration de la guerre , p. 350. Confeils qu'il donne au Roy de Navarre , p- 35i.&:fuiv. Il afTemble des troupes que le Prince de Condé refufe de joindre aux tiennes, p. 3^6. Ses terres font me- nacées par l'armée du Duc de Mayen- ne , ibid. Il refufe d'accepter la Neu- tralité, ibid. & fuiv. Il donne de bons avis qu'on néglige, p. 355?. Il s'empa- re de Tulle fans canon , p. 360. Il em- pêche le Roy de Navarre de s'oppo- 1er à l'armée du Duc de Mayenne > ibid. & fuiv. Il commande en Chef l'armée des Calviniftes, p. 361. ôcfuiv. Il fait la vifite dts Places , & pourvoie â leur défenfe , ibid. Il s'empare de plufieurs Villes , p. 367. Il aiîifte aux Conférences de Saint i3iix , p. 375. Il

t A B L É' ^Sa:par ordre du Roy de Navarre côiî^ Jerer avec la Reine Mère à Fonrcnay >■ 3. 377. ôcfuiv. HardielTc avec laquelle il parle à cette Princeiïe , p. 379. & fuiv.- Il continue la guerre dans la Guyenne k reprend Caitillon par efcalade , p. ^83. 11 eft blefli à la cuiiïe d'un coup i'arquebufe à l'attaque du fort Nicole > :e qui cauie la difperfjpn de fes trou- pes , p. 384. 11 conduit des troupes au R^oydeNavarrcp. 386. Il met en fuite les troupes du Duc de Mcrcœur &: s em- pare du bagage , p- 387. La même ar-- tne'e jointe avec celle du Duc de Joyeu- fe ne peut s'ppofer à fon palîage » p. ^88. Avis qu'il donne dans le Confeii du Roy de Navarre , p 385?. &: fuiv. Ses exploits à la bataille de Coutras , p. 35J3. & fuiv 11 prend foin de la fépul-- aire des corps du Duc de Joyeufe ^ de fon jeune frère tuez à cette bataille , p. 3517. 11 donne au >< oy de Navarre âcs confeils qui l'empêchent de tirer tout le profit qu'il auroit pu de fa Viâioire, f. 35? 8. & fuiv. 11 entre dans le Péri- gord ôc afliege Sarlat, p. 401- 5w fuiv*

DES MATIERES. Il en levé le fiege 6c joint avec fes troui- pes le Prince de Condé 5 p. 401. Il ga* gne l'entière confiance des Calvinif- tes , p. 4o5>. 11 va a la Rochelle , il travaille auxReglemens politiques pour" le maintien de la Religion Calviniftcr p. 412. 6c fuiv. 11 obtient du Maréchal de Montmorency des fecours pour le Roy de Navarre , p. 414. 6c fuiv. Sd. Bleirure fe rouvre avec un grand dan-~ gerde fa vie, p. 41 o. H fe retire dans» fes terres pour penfer à fa guerifon a? ibid. 11 ne laiiïe pas de travailler à y- lever des troupes poffr le fervice du' Roy , ibid. 6c luiv. Il juftifie dans le' parti Cal vinifie les démarches du' Roy de Navarre devenu Roy de France , p. 4 6. 6c fuiv. 11 recouvre ^a fanté, T. 1. 1. 4, p. 2. 6c fuiv. Uamenede Guyen- fie des troupes à Henry IV. p. 3. il ap- prouve le changement de Religion du:- Roy , p. 5. 6c fuiv- Il lui confeille de" poulfer avec vigueur le fiege de Paris ,. p. 7. 6c fuivi iTlui confeille de lever ce fiege 6c de marcher avec toute fon ar- jnee au-devant du Duc de Parme j p. ïz.-

t A B L E

îi va en Angleterre , p. 15?. Il réuffit dans (es négociations auprès de la Rei- ne Elifabeth , ibid. ôc luiv. il va en Hollande 6c obtient des Etats des fe- cours pourle Roy,p. 14. Ses négocia- tions auprès des Princes Proteftans d'Allemagne, p. 15. & fuiv. Il en ob- tient une puiflante armée qu'il amené en France, p. :,6. ôc fuiv. Il epoufe l'hc- ritiere de Bouillon ôcde Sedan & prend le titre de Duc de Bouillon , p. 38 6c fuiv. il prend Stenai le propre jour de fes noces , p. 41. Il eft fait Maréchal de France , p. 44. Il va au fiege de Roiien , p. 47. Il conduit jufques fur la Frontière l'armée qu'il avoit amenée d'Allemagne , p. 50. Il furprend fur le Duc de Lorraine la Ville de Beaumont en Argonne, 6c y met garnifon , ibid. il attaque 6c défait Afriquain d'Anglure qui vouloit reprendre cette Place , ibid. & fuiv. 11 reçoit au combat deux blef- fures qui ne l'empêchent pas d'agir y p. 55. il prend la Ville de Dun fur la Meufe , p. 54.^ il revient à la Cour au ivijec de la coaverfion du Roy , ibid. &

DES MATIERE 5. fuiv. Il fait au Parlement le ferment des Maréchaux de France , p. 57. Mort de fon Epoufe , ibid. Elle le fait par fon Teftament héritier de tous fes biens, p. ^8. Cette fucceffion lui effc conteftée9 ibid. Il s'accommode avec les Preten- dans , p. 55^. Le Roy lui envoie faire des complimens de condoléance , ibid. Il epoufe en fécondes noces Elifabeth de NaiTeau , p. 5^. Il confeille la guerre d'Efpagne , p. 60. & fuiv. Son defTein en confeillant cette guerre , ibid. Il commande l'armée du Roy en Cham-

Î>agne , p. 75. Entreprife qu'il fait fur a Frontière du Luxembourg, ibid. & fuiv. Son armée fe diiîîpe faute de paie- ment, p. 77. & fuiv. Le Roy l'envoie en Picardie au fecours de Ham , p. 80. Sa conduite Se fa valeur dans la prife de cette Place, p. 81. & fuiv. Sa mode- ration , p, 91. & fuiv. 11 marche au fe- cours de Dourlens , p. 5)4. Sa mefintel- ligence avec les autres Chefs fait é- choiicr cette entreprife , p. 5^7. Il prend dans le Boulonnoisplufieurs petites Pla- ces, p. ^9, il conduit du fecours dans

t A B t E U Château de Calais, p. ïoi. îl eft^t- tâqué d'une fièvre violente , p. loi. Il va malgré fa fièvre en Angleterre pref- fer le lecoursponr Calais, p. 104. Il rnet le Comte d'F.flex dans les intérêts du Roy , ibid. &: fuiv. ! 1 obienc audien- ce de la Reine, p. m. ôc fuiv. Ses con- férences avec Cecil , Grand Treforier d'Angleterre , p. 115). & fuiv. Ditli- cultez qu'il trouve à conclure un Trai- té, 1. 5. p. 14,. & fuiv. Il prefente utî Mémoire à la Reine , p. 147. & fuiv. Il confère avec cette PrincefTe , p. 15^. 11 conclud enfin un Traité de Ligué ofFenfive & défenfive contre TEfpagne > p. 156. & fuiv. Il conclud en Hollande ton pareil Traité avec les Provinces- Unies , p. 164. 6c fuiv. 11 revient en France k va faire un tour à Sedan , p. 171. Il appuie les prétentions des Cal- viniftes , p. 178. âc fuiv. Raifons de cette conduite , p. 179. & fuiv. L'Af-- femblée des Cal vinifies lui députe d'O- rival , p. 1 86. Sa réponfe qu'il donne

Îiar écrit , mais dont il a foin de retirer 'Original , ibid. ôc iuiv. Kaiibns qu'il

DES MATIERES. a d'en nfer de la forte , p. i 8 S. & fuiv. Il confère de la part des Cal- tiniiles à rAfleniblée de Chatelleraut iavec les Députez du Roy , p. 15^. Il refufe d'obéir aux ordres du Koy qui l'invitoit au fiege d'Amiens , p. 15J4. &fuiv. 11 va à fa Vicomte de Turenne , p. 15)6. Il fe rend auprès du Koy par ion ordre 5 p. 15J7. Il va à Sedanàl'oc- cafion d'une entreprife qu'on avoit for-, mée fur cette Place, p. 1^5?. ôc fuiv.- II contribue à faire réuflir le mariage du Roy avec Marie de Medicis , p. 114.- Le Roy lui témoigne de la froideur y p. Il 6. Il fe retire à Turenne, p. iiy. Raifons qu'il a de prendre ce parti, p. Il}, bc fuiv. Sa réponfe au Roy qui lui a voit mandé de fe rendre auprès de lui , p. 114. & fuiv. 11 fe prefente à la Chambre de Caftres pour fe juftiiier ,- & obtient Acle de fa comparition , p. 228. ôc fuiv. Aïant appris qu'ily avoit un ordre du Roy pour l'arrêter , il prend la réfolution de fortir du Royau^ me , p. 230. 11 protelle de fon innocen- ce devant une nombreufe Affemblée de

TABLE Calviniftes , ibid. & fuiv. Il fe retire â Genève, p. 131. Les Calviniftes font au Roy des remontrances en fa faveur, p. 133. &fuiv. La Reine d'Angleterre fait tous fes efforts pour le juftiher dans l'efprit du Roy , p. 138. & fuiv. Il compofe lui-même fon Apologie , il répond à toutes les accufations qu'on lui avoit intentées , p. 144. ôc {uiv. Le public revient des mauvaifes impreifions qu'il avoit reçues , p. 155?. Il fe retire auprès de l'Eledeur Pala- tin fon Beau-rrere , p. 260. Cet Elec- teur foUicite fortement pour lui auprès du Roy , ibid. &: fuiv. Le Roy lui or- donne de fe rendre à la Cour dans deux mois pour tout délai , qu'autrement il le traitera comme un Sujet defobéif- fant , p. Z63. La mort de la Reine d'An- gleterre l'aiFermit dans la réfolution de ne point paroître devant le Roy fans s'être auparavant juftifîé , p. 164. II écrit au Roy pour juflifîer le refus qu'il fait de venir à la Cour , ibid. & fuiv. Il fe retire à Sedan , p. 265. Ce qui avoit donné occafion de croire qu'il

D E s M A T I E !t E 5. tvoit confpiréavec le Maréchal de Bi- ron , p. 168. & fuiv. Il excite des trou- bles dans les Provinces de delà la Loire, p. 171. & fuiv. Ses précautions dans cette occafion , ibid. 11 a recours à l'intercclTiondes SuifTes. Le Roy rejette leurs follicitations , p. 276. Il s'adrefTc à Jacques I. Roy d'Angleterre , qui lui confeille de fe foûmettre au Roy , ibid. Il négocie Ton accommodement par len* treniife de la Reine , p. 278. Il rentre dans les bonnes grâces du Roy en lui demandant pardon de tout le pafle, p. 275?. Il lui en coûte la Ville & le Châ- teau de Sedan , que le Roy lui remet un mois après , ibid. ôc fuiv. Il va à Sedan &: à Turenne mettre ordre à Ces affaires domeftiqnes , 1. 6. p. 25)2. Il abandonne le defiein de fe rendre Chef des Calviniftes de France , p. 2515. & fuiv. Il obtient une place au Confeil de Reçence,p, 300. Son avis pour la guer- re 1 emporte dans ce Confeil , ibid. & fuiv. Le Maréchal de la Châtre lui eft préféré pour le Commandement des axmées , p. 305. 11 travaille à abaiffcr

TABLE raUtorité de la Reine , p. 30^. & fcrîr* Confeils qu'il donne au Prince de Con- contre cette Princeiïe, p. 307. & fuivo Il fe reconcilie avec elle de ne laiiïc pas de demeurer attaché au Prince de Condé, p. 3rr. Il reclicrclie l'amitié du Marquis d'Ancre , p. 512. Illui vend fa Charge de Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy , p. 313. Il engage le Prince de Condé & les Miniftres à faire difgracier le Duc de Sully, ibid. & fuiv. Ses fentimens touchant les in- térêts des Calviniftes , p. 311. ôcfuiv. Il s'engage à fervir dans leur AiTembléc le parti de la Cour , p. 324. Moïens qu'il emploie pour cela , p. 325. & fuiv. On lui refiife la Prefidcnce de l'Aflembléc de Saumur , p. 518. Il s'oppofe aux de- mandes exceflîves de l'Ailemblée & n'eft point écouté , p. 331. &: fuiv. Il s'accom- mode en apparence avec le Duc de Sul- ly , mais fous-main il traverle fes def- féins , p. 333. ôc fuiv. Il conleille au Duc de Rohan de ne point prendre le parti du Duc de Sully contre la Cour, p, 354. ôc fuir. 11 reprefente U nscmc

DES MATIERES, çliofe à l'Aflemblée & n eft point écoû-« , p. 555). & fuiv. Il y fait d'inutiles remontrances d'obéir à la Reine > p. 347. & fuiv. Il envoie à la Reine le modèle de la Lettre qu'elle doit écrire à rAflemblée pour être obéïe , p. 348. Il oblige enfin rAfTemblée à obéir , ôC par-là il rend un fignalé fervice à la Régente & à l'Etat, p. 351. 6c fuiv. Il revient à Paris , il eft vifité par les Miniftres de la part de la Reine , p. 3^0. Cette PrincelTe lui donne l'Hôtel de Boiiillon , p. 361. Elle lui refufe le Gou- vernement de Poitou , p. 361. & fuiv. Il s'unit avec les Princes 6c les Seigneurs Mecontens , p. }66. Il fe retire à Sedan , ibid. 11 revient à la Cour , 6c confenc au double mariage avec l'Efpagne , p. 367. 6c fuiv. On lui donne l' AmbafTade extraordinaire d'Angleterre , p. 36^. L'intérêt qu'il a voit de fouhaiter cette AmbafTade , p. 370. On lui donne fes inftrudions, p. 371. & fuiv. Sa nego-t ciation , p. 371. 6c fuiv. Il y ell: traverfé par les intelligences fecrettes du Duc de Rohan avec le Priace de Galles , p.

TABLE 575. & fuir. Il obtient toutes fcs de- mandes , à l'exception de celle qui re- gardoit l'Aflemblée de Saumur , ibid. 6c luiv. Il conclud le mariage de la Prin- cefle d'Angleterre avec le jeune Elec- teur Palatin fon neveu , p. i^ 82 Ce ma- riage le rend fufped a la Cour , ibid. Il le ligue contre les Miniftres , ibid. & fuiv. Il accepte le commandement de l'Armée contre le Duc de Rohan, p. 386. & fuiv. Il fe reconcilie avec lui p. 3^1. & fuiv. Il donne à la Reine des confeils vigoureux , qui la tirent d'em- barras 5 p. 35)3. & fuiv. Il fait congédier les Miniftres , p. 35)6. A leur rappel il s'éloigne de la Cour & fe retire à Sedan, p. 35^7. Il revient à la Cour à l'occafion des affaires d'Italie , ibid. & fuiv. Il confeille la guerre , & n'eft point écou- té, p. 401. Il engage le Prince de Con^ 6c la plupart des Grands à fe reti- rer de la Cour , p. 40 V &: fuiv. 11 joint le Prince de Condé à Mezieres , p. 416. Il follicite les Calvlnilles à fe déclarer pour ce Prince, p. 411. & fuiv. llfait la paix ôc revient à la Cour , T. 3. 1. 7-

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DES MATIERES, p. 5. & fuiv. Ses nouveaux meconten- temens, p. 14. & fuiv. Il forme unpuif- fant parti contre la Reine , p. 18. Il ga- gne l'AmbalTadeur d'Anî^leterre ôc les Députez Calvinilles , p. 15}. & fuiv. Il entreprend de faire déclarer le Parle- ment en faveur du Prince de Condé , p. 10. Moïens qu'il emploie pour cela, ibid. &i fuiv. 1 1 engage le Prince de Con- dé à s'oppofer en plein Confeil au voïa- fe de Guyenne propofé par la Reine 1ère, p. 52. Il fe retire à Sedan , p. ^3. Il adreiPe au Prefident Jeannin un Manifefte ,p. 54. Il rep refente aux Sei- gneurs alTemblev!; que la Cour les amufc &: qu'il faut fonger tout de bon à la guer- re , p. 55?. Se fuiv. Il fait déclarer les Cal- viniftes pour le Prince de Condé , p. 66, & fuiv. Il commande l'armée de ce Prince , p. 71. Il la conduit avec toute la prudence polPible , ibid. & fuiv. Ses difpofitions èc Ces négociations pour la Paix, p. 81. 6c fuiv. il la conclud après bien d es difficultez , p. m. Il revient à la Cour, p. 115. Il projette la perte du Maréchal d'Ancre ,p. 116. 2c fuiv. Il

TABLE porte le Duc de Longueville à enlever plufieurs Places à ce Maréchal & à les garder 5 p. 131. Scdiiv. L'emprifonne- ment du Prince de Condé l'oblige à quitter la Cour, 1.'8. p. 147. ôc fuiv^ 11 forme avec plufieurs Seigneurs un puiiTanc parti contre la Cour , p. 145). ^ fuiv. Il propofe de faire arrêter le Duc de Guife qui lui étoit fufped 5 le Duc de Mayenne l'en empêche, p. 1(34. êc fuiv. 11 accepte la Paix 3 mais ni lui ni aucun des Seigneurs liguez ne re- viennent à la Cour , p. 168. & fuiv. Prétexte fpecieux qu'il prend pour af- fembler des troupes , p. 171. 6c fuiv. 11 fe fert du même prétexte pour engager les Calviniftes à fe déclarer en fa fa- veur , ibid. Il y réuiîit malgré l'oppofi- tlon de plufieurs Grands du parti , ibid. Les lettres qu'il écrit au Roy ôc à la Reine font mal prifes à la Cour, p. 178. &:fuîv. 11 efl déclaré Rebele 6c Crimi- nel de leze-Majefté , p. 184. Il marche zu fecours du Duc de Mayenne alTiegé d.ns Soiiïbns , p. 185. On defarmede parc ôc d'autre , p. i8p. 11 revient à la.

D E s M A T I E R E s. Cour après avoir obtenu une aboli- tion de tout le pafTé , p. 1511. & fuiv. Il médite fa retraite de la Cour, p. 15)7. 11 eft fauiïement accnfé par Gignier d'avoir confpiré,p. 158. 11 fait agréer au Roy fa retraite , & en obtient la neutralité pour les terres qu'il avoit en. France, p. 201. Il refufe de fervir ou- vertement le parti de la Reine Mère; mais il le favorife en fecret , p. 107. ai fuiv. Il confeille au Roy de s'accom- moder avec fa Merc , p. 115. & fuiv. Avis qu'il donne à Bafiompierre , p. ii 8. 2c fuiv. Il fait élire l'Elccleur Palatia fon neveu Roy de Bohême, p. 215.6c fuiv. Détail de cette affaire , ibid. Il écrit d'une manière preffante au Roy pour l'engager à donner du fecours au Palatin , p. 14'i. Ô: fuiv. Tout ce qu'il en peut obtenir , eft la neutralité , 1^6. &: fuiv. Il donne retraite à Sedan à cet Eiecleur chaflé du Royaume de Bohême d>c dépoiiillé de fes Etats héré- ditaires , p. 248. Il écrit au Roy en faveur desCalviniltcs mais fans efret, p. 252. ôi fuiy. il rtfufç le commande-

Qii

TABLE ment des armées que les Cal vinifies lui ofFjcnc, p. 15^. & fuiv. Le Roy main- tient la neutralité de [es terres , p. 16]. & fuiv. Son déplaifir de la priie & du Sac de Negrepeliiïe , p. 166. êc fuiv. 11 fe reconcilie avec le Duc de Rohan , p. 26S. 11 négocie des fecours en faveur des Calviniftes pour leur faire obtenir une Paix avantageufe , ibid. &: fuiv. Il traite avec Ivlansfeld , p. 270. & fuiv^ Cette conduite donne de l'ombrage à la Cour , p. 277. Il engage Mansfeld à aller au fecours des Provinces-Unies , ibid. èc fuiv. Il établit à Sedan une Académie pour les belles Lettres , p. 28 1. Il amafle à grands frais une Biblio- tHequeconfiderable, p. 282. Il embellit ^ fortifie la Ville de Sedan , p. 284. 6c fuiv. 11 confeille à P Electeur Palatin d'aller preffer le Roy d'Angleterre fon Beau-Pere de travailler à fon rétabliffe- ment , p. 285. & fuiv. Sa mort , p. 28^. î Son éloge , ibid. & fuiv. Ses Enfans , p. 300. 6c fuiv.

He^ry JII. Roy de France- Henry IIL Roy de France. Eftime qu'on avoit d'à;-

DES MATIERES, bord conçue de lui , T. 1. 1. 2. p. 145; &: fuiv. 11 revient en France , h pafTe par l'Allemagne 6c par l'Italie, p. 148. Tous le? Princes à la relerve du Pape lui confeillent d'accorder aux Protef- tans la liberté de confcience , ibid. Il fait publier une Déclaration qui donne lieu aux Calviniiles de reprendre les armes, page 153. Il ell: iacré a Reims , page 175. Il époufe Louife de Vau- demont , ibid. Il fait l'ouverture des Etats Généraux par un difcours des plus éloquens , page ii6. èc fuiv. Il confent à la revocation de PEdit de Pacification, page 115?. Il écrit à tous les Gouverneurs des Provinces , à la NoblefTe du Languedoc & de la Guyenne , ôc au Roy de Navarre , p. 215). & fuiv. Il levé deux armées , p. 237. Il s'avance julqu'à Poitiers, p. 141. Il accorde la Paix aux Caïviniftes , p. 242. d>: fuiv. Il veut contraindre la Rei- ne de Navarre à aller rejoindre fon E- poux , p. 153. Il tâche de broiiillerlc Roy de Navarre avec fon Epoufe , & avec le Vicomte de Turenne, l. 3. p.

TABLE 397. 6c fuiv. Il confent que le Duc d'An- jou aille traiter de la Paix avec le Koy de Navarre , p. 305. 11 refufe de voir aucun des Seigneurs qui doivent ac- compagner fon Frère dans les Païs-Bas , p. 311. Il regarde le Roy de Navarre comme fon fucceiTeiir neceflaire , & ac- cueille tous ceux qui font attachez à ce Prince, p. 323. de fuiv. Il eft obfedé 6c trahi par les EmifTaires de la Ligue , p* 317. Il preOTe le Roy de Navarre de fe faire Catholique & de venir à la Cour, p. 318. & fuiv. Il demande avec mena- ces un Valet de Chambre de la Reine de Navarre que le Roy fon Epoux avoic fait arrêter , p. 339. îl donne un rigou- îêux Edit contre les C al v in iftes Scieur déclare la guerre , p. 351. U donne le commandement de l'armée au Duc de Mayenne , p. 356. i 1 empêche fous-main la ruine du Roy de Navarre , p. 373. H envoie la Reine Mère conférer à Saint- Brix 6c lui donne des Efpions , p. 374. te fuiv. La Ligue extorque de lui de nouveaux Edits contre les Calviniiles > 2c contre le Roy de Navarre en parti-

DES MATIERES. rulier,p. 410. Il fe retire à Chartres, ibid. 11 convoque l'AfTemblée des Etats Généraux à Blois , p. 41 1. 6c fuiv. Il y fait alTaffiner le Duc & le Cardinal de Guife , & arrêter le Cardinal de Bour- bon & l'Archevêque de Lyon , p. 410. Il ufe de clémence à contre-temps , ce nui donne à tout le monde la facilite de fe foule ver contre-lui , p. 411. Il trake avec le Roy de Navarre & joint [es troupes aux fiennes , p. 411. & fuiv. Il aiTiege Paris , p. 418. Il eil aflailnié à Saiiit-Cloud, p. 415?. Il déclare le Roy de Navarre fon fuccefleur légitime , &: oblige tous les Seigneurs à lui prêter ferment de fidélité , ibid.

Hc?^ry IF. Roy de France. Henry IV. Roy de France ôc de Navarre. Il con- fultele Vicomte de Turennefur fa con- verfion , T. 2. 1. 4. p. 5. Il attaque £c emporte les Fauxbourgs de Paris , p. 5?. 11 abandonne le fiege de Paris & va avec toute fon armée au-devant du Duc de Parme , p. li. Il licentic une partie de fcs troupes , p. 14. Il envoie le Vi- comte de Turenne en Angleterre , en

TABLE Hollande , & en Allemagne demander des fecours d'hommes ôc d'ar^^ent , p. 15). Se fuiv. Il prend Noyon , p. 37. Il fait la revue des Troupes que le Vi- comte de Turenne lui avoic amenées d'Allemagne , ibid. Il fait époufer à ce Prince l'heritiere de Boiiillon &c de Se- dan;, p. 38. &: fuiv. 11 affiege Rouen 5 p. 43. & fuiv. Il en levé le fiege» p. 48. Il aÎTicge de prend Epernay en Cham- pagne ^ p. 50. Il licentie l'armée d'Al- lemagne , ibid. Réduction de Paris à fon obéifTance , ibid. Il fait le fiege de Laon î p- 58 II déclare la guerre au Roy d'Efpagne , p. 60. &. fuiv. Il prend à fon ferviceles troupes que le Duc de Lorraine avoit congédiées , p. 74. Il reçoit fon abfolution du Pape , p. 5?^. Il envoie demander à la Reine d'Angle- terre des fecours pour Calais , p. 100. & fuiv. Il rejette la demande que cette PrincelTe lui fait de cette Place , p. 104. Il fait un traité de ligue ofFenfive &: dé- fenfive avec l'Angleterre & la Hollan- de contre l'Efpagne , T. 1. 1. 5. p. 1^)6. &; fuiv. Il bloque Amiens que les Ef-.

DES MATIERES, pagnols avoient furpris jp. 17 . Il dé- pute le Comte de Schomberg & pki- ficurs autres Seigneurs à rAlTemblée des Calviniftes, p. ifji. Il invite le Duc de Bouillon àfe rendre auprès de lui au fiege d'Amiens , p. 15)4. 11 reprend A- miens , p. 1^6. Il va en Bretagne pour en achever la réduction , p. 157. 11 or- donne aux Ducs de Bouillon 6c de la Tremoille , de fe rendre auprès de lui , i'bid. 11 reçoit les foùmillions du Duc. de Mercœur, ibid. 6c fuiv. Il va à Nan- tes , p. I5?8. Il y accorde aux Calviniftes k fameux Edit de Nantes , ibid. llcon- clud la Paix de Vervinsavec l'Efpagne, .p 15)5). 11 marie la PrinceiTe fa Sccur a- vec le Fils aîné du Duc de Lorraine , p. 201. Il déclare la guerre au Duc de Savoye , & s empare de tout fon Païs > p. 2.12. li découvre les intelligences da Maréchal de Biron avec ce Prince , 6c lui pardonne . p. 21 3. Il fait rompre fou mariage avec Marguerite de Valois , & époufe Marie de Medicis , p. 214. il fait la paix avec le Duc de Savoye, ibic^. Il témoigne au Duc de Bouillon les fu-

TABLE jets de mécontentement qu'il avoit con- tre lui ? p. liy. Il apprend de Lafin en lui faifant grâce de la vie , toute la con- fpiration de Biron , p. irS. 6c fuiv. Il revient à Fontainebleau, p. no. liman- de le Maréchal de Biron , le fait arrê- ter , 6c l'abandonne à la rigueur des Loix , ibid. Qiiel étoit le deflein de €ette confpiration 5 p. m. Il foupçonne le Duc de Bouillon d'y avoir trempé , p. 211. 11 lui écrit de fe rendre auprès de lui ,p. 224. Le refus de ce Duc aug- mente fes foupçons , p. 117. Il fait dé- fenfes à la Chambre de Caftres , de connoître de cette affaire, p. 125). Il don- ne ordre d'arrêter le Duc de Bouillon > ibid. Il trouve mauvais que les Calvi- niftes lui aïent fait des remontrances en fa faveur , p. x}4.. 11 confulte la Rei- ne d'Angleterre fur la conduite qu'il doit tenir dans l'affaire prefente , p. 137. Il diflimule touchant la réponfe de cette Princefle,p. 243. 6c fuiv. Belle 6c fage réponfe qu'il fait aux Ennemis du Duc de Bouillon, p. 255). Il ordonne à ce Duc ÛQk rendre à la Cour dans deux mois

DES MATIERES, pour tout délai 3 autrement il protefte qu'il le traitera comme un Sujet rebele êc defobéiirant , p. 163. Il envoïe féli- citer Jacques 1. fur (on avènement à la Couronne d'Angleterre , àc renouveller avec lui les anciennes alliances ,p. i66. 6c fuiv. Il va rétablir fon autorité dans les Provinces de delà la Loire, p. 175. Se fuiv. Il en coûte la vie à plufieurs. Partifans du Duc de Bouillon , p. i7<. 11 rejette les follicitations des Suiffes en fa faveur, ibid. A quelles conditions, il lui oftre fa grâce , p. 177. 11 levé une armée confiderable & marche vers Se- dan , ibid. Il accorde au Duc de Boiiil- Ion l'abolition de tout le palfé , p. 275?. Il lui rend la Ville 6c le Château de Sedan, p. 281. Il forme de grands pro- jets qu'on n'a jamais bien connus , 1. 6. p. 25)2. &:fuiv. Il eftaflailîné, p. i5?3.

Saini-Heran. Képonfe de Saint-He- ran à l'Envoyé du Roy qui lui apportoit des ordres pour faire arrêter le Vicom- te de Turenne, T. 1. 1. 1. p. 115. &fun.:. Il avertit fecrettcmcnt le Vicomte d<4 penfer à fa siu'cté , p. 117.

T i\ B L E B'Humieres. Exploits de d'Humieres à l'attaque de Ham , T. 2. 1. 4. p. 81, £c fuiv. Il y eft tué , p. 87.

j^cqnes 7. Jacques I. fuccede en An- gleterre à la Reine Elifabeth , T. 2. 1. ^. p. 266. Il renouvelle avec le Roy de France les Traitez d'alliance , ibid. Il refufe fon entremife au Duc de Bouil- lon 5 p. 276. ! 1 traitte avec lui en qua- lité d'Àmbaiïadeur extraordinaire de France , 1. 6. p. 372. &;fuiv. Il lui accor- de toutes {qs demandes à la referve de ce qui conccrnoit la dernière Aflem- blée des Calvinifles à Saumur , ibid. Il donne en maria[re la Princeffe Elifa- beth au jeune Elecleur Palatin , p. 382. Il protège l'AlTemblée àts Calviniftes à Grenoble , T. 3. 1. 7. p. 68. & fuiv. Il s'entremet de l'accommodement du Prince de Condéavec ]aCour,p. 86. & f. Jeannin- Le Prefident Jeannin admi- niilre les Finances dans la minorité de Louis XIII. T. 1. 1. 6. p. 318. Haine

DES MATIERES. C|iie lui porte le Prince de Condë & les Grands de fon parti , p. 4O1. Il ne laifle pas d'être confideré du Duc de Bouil- lon, ibid. Ce Duc lui adrefTe une lettre en forme de Manifefte, T. 3. 1. 7. p. 54. 11 négocie l'accommodement du Prince de Condé , p. 58. La Reine l'empêche de réufllrdans fa négociation, p. 55). Sa rcponfe aux Habitans deNoyonaufu* jet du Duc de Mayenne, p. 60. & fuiv. Sa difgrace , p. 113. Son rappel, 1. S. p. 15)0.

Joyeufe. Le Duc de Joyeufe fait de grandes careffes au Vicomte de Turen- nej dans quelle vue, T. i. 1. 3. p. 315. Il favorife en fecret le parti des Gui- fes , p. 317. Il veut inutilement s'op- pofer au pafTage du Vicomte de Tu- renne, p. 388. 11 perd la bataille de Cou- rras , p. 35)1. & fuiv. Ily efttué,p.3<?^. Ses funérailles , p. 35)7.

L

Afin. Caractère , de Lafîn , T. 1. 1. 5. p. i 07. 11 gagne la confiance du

T A :■ L E Maréchal de Biroii, ibid. Il l'engage par fes artifices dans une confpiration, ibid. & fuiv. il découvre au Roy toute cette eonfpiracion , p. iiS. de fuiv. Il engage Biron à fe rendre à la Cour , p. iio.

Lavardin. Lavardin gagne la con- fiance du iloyde Navarre, T. i. 1. i. p. 113. Défiance que la Noue a de lui , ibid. Le Roy de Navarre lui donne le commandement de (qs troupes , p. 225. Mécontentement qu'en ont le Vicomte de Tu renne & la Noue , ibid. Le Vi- comte de Tu renne lui fait une querelle , p. 236. Ses exploits à la bataille de Cou- rras , p. 35)4.

Lej'dtgmeres. Le Maréchal de Lefdi- guieres s'empare de toute la Savoye > T. 2. 1. 5. p. 21 1. ôc fuiv. Il fe ligue con- tre les Minières , l. 6. p. 382. il accep- te le commandciTient de Tarmée contre le Duc de Rohan , p. 388. Il fe recon- cilie avec ce Duc , p. 35)1. & fuiv. Il fe ligue contre le Maréchal d'Ancre , T. 3. 1. 8. r. 187. Il fe fait Catholique jp. z6z. Il e.i. fait Connétable, ibid.

lig.c v rigine de la Ligue , T. i*

DES M A T T E R Ë S, ^ î. 1. p* 115. àc fuiv. Elle fe fait craindre du Roy , p. 142. 6c fuiv. Son deflein eft d'éloigner le Roy de Navarre de la fuc- ceilion à la Couronne , 1. 3. p. 316. ôC fuiv. Elle devient très-puillante , p. 317. Elle-contraint le Roy à déclarer la guer- re aux Calvinilles, p. 351. Sa haine par- ticulière contre le Roy de Navarre , p. 37 : . Se fuiv* Elle ne garde plus de me- fures avec Henry 1 1 1. p. 410. Elle fe dilîipe entièrement par la converfion d'Henry IV. &: par la réduction de Pa- ris , T. 2.1. 4. p. S7.

Longuevîlle. Le Duc de Longueville embraiîe le parti du Prince de Condé contre la Cour, T. 2. \. 6. p. 407. il joint ce Prince à Mczieres, p. 416. Il fait fa Paix, T. 3. 1.7. p. 12. Il fe brouil- le de nouveau avec la Cour & fe retire en Picardie , p. 53. Se fuiv. Sa haine contre le Maréchal d'Ancre, p. 64. Il refufe obftinément de figner k Paix à moins qu'on n'ôte à ce Maréchal le gouvernement de la Citadelle d'A- miens, p. 106. 11 enlevé plufieurs Pla- ces à ce Maréchal , di refufe abfolu-

TABLE jHent de les rendre , p. 131. & fuiv. Il fe ligue avec les Seigneurs Mecontens, 1. 8. p. 155. & fuiv. H fait (on accom- modement en particulier, p. 163.

Lorraine. La Maifon de Lorraine tou- te puiiïante en France (ousleRe2;ne de François IL T. i. 1. i.p. 10. Elle dé- choit de cette 2;rande autorité fous ce- lui de Charles jX. p. 13. La Ligue lui donne de grandes efperances pour la fucceffion à la Couronne , 1. 3. p. 316. 6c fuiv.

Louis XI IL Louis X i n . Roy de Fran- ce & de Navarre. Sa naiiFance , T. 2. 1. 5. p. 216. Son facre, 1. 6. p, 311.6c fuiv. On conclud fon mariage avec An- ne d'Autriche fille aînée de Philippe IIL Roy d'Efpagne , p. 367. Il eft dé- claré majeur , T. 3.1. 7. p. 12- llrefufe les remontrances du Parlement , p. 28. & fuiv. Il le traite avec plus de dou- ceur, p. 54. & fuiv. Il écrit plufieurs fois mais inutilement au Prince deCon- pour l'engager à revenir à la Cour, p. ^6. Il part pour la Guyenne , p. 65. Il donne uneDéclaration contre le Pria?

DES MATIERES. ce de Condé , & fes adherans , ibid. Il époiife l'Infante d'Efpagne , p. 8i. Il envoie des Commifînires à Louduii traiter de la Paix avec le Prince de Con- dé, p. 5?4. &:fuiv. II transfère l'Anem- ble'e des Calviniftes à la Rochelle, ôc leur permet d'envoïer des Députez aux Conterences de la Paix, ibid. Conclu- fion de la Paix , p. iii. Il fait arrêter 6c conduire à la Baftille le Prince de Con- dé , p. 137. Il donne une Déclaration contre ce Prince , I. 8. p. 161. 11 accor- de un Acie d'abolition aux Seigneurs liguez , p. 165?. Il tombe dangereufe- ment malade , p. 170. Il fe dégoûte du î^ouvernement de la Reine fa Mère Sc du Maréchal d'Ancre , ibid. èc fuiv. Sa réponfe à la lettre du Duc de Bouil- lon p. 178. & fuiv. Il déclare les Sei- gneurs Mecontcns , Rebeles ôc Crimi- nels de leze-Majelté , p. 185. 6c fuiv. Il eonfent à la perte du Maréchal d'An- cre , p. 187. Il rappelle les anciens Mi- niftres , p. ic)o. Il fe brouille avec la Reine fa Mère , ibid. Il accorde aux Seigneurs liguez une abolition de tout

T A Ë L E le paiïe, p. ïc)6. Il s'accommode avec la Reine fa Mère , p. 217. 11 fe brouille de nouveau avec elle 6c fe pre'parè à lui faire la guerre , ibid. & fuiv. Défaite de l'armée de la Reine par l'armée du Roy , p. 214. Il fait la Paix avec cette Princefle , ibid. Il envoie des Ambaifa- deurs en Allemagne pour pacifier les differens furvenus entre l'Empereur ôc l'Eledeur Palatin , p. 246. & fuiv. 11 rétablit la Religion Catholique dans le Bearn,p. 245>.&fuiv. Il déclare rAifem- blée des Calviniftes à la Rochelle illici- te > & ceux qui y affifteront Criminels de leze-Majefté,p. 251. 11 arme contre eux, p. 255. Il foumet le Poitou & la Guyenne , p. 161. 1 1 alîiege Montauban, ibid. Il maintient la neutralité pour les terres du Duc de Boiiillon , p. 263. 6c fuiv. Prife &c Sac de NegrepelifTe , p. 166. & fuiv. Il afîiege Montpellier, p. 268. Il accorde la Paix aux Calviniftes , p. 281.

De Lûmes. De Luines favori de Louis treize , T. 3. 1. 7. p. 128. Il entre dans h complot contre le Maréchal d'Ancre>

Ê«ES MATIERES, f. i '5?. Il prévient l'efprit dit Roy coîV* tre la Reine ôc contre ce Maréchal , 1. 8. p. 1 54. & fuiv. Il fait confencir le Roy à la perte du Maréchal , p. 187. il gou- verne ablolument refprit du Roy , p# i5>i. & fuiv. Il eflfait Connétable , p. 155. Sa mort, p. 261.

M

Fvf^y/f/^. Mansfeld fils naturel du _ _ Gomte de ce nom , vient avec des troupes fur les frontières de France à la follicitation du Duc de Bouillon , T. 3. 1. 8. p. 170. & fuiv. Caradlere de cet avanturier , ibid. Il fe laille amufer par le Duc de Nevers , p. 274. 6c fuiv. U va au fecours des Provinces-Unies , p. 275?. 6c fuiv.

Marguerite de Valois. Marguerite de Valois. Son mariage avec le Prince de Bcarn , depuis Roy de Navarre , enfuite de France, T. i.l. i.p. 41. ôc fuiv. Son ëloignement pour le Roy fon Epoux, 1- 2. p. 252. &: fuiv. Elle accompagne la Reine Mère tpi va en Guyenne pour

TABLE îâ reconcilier avec fon Mari , p^ 161, ôcfuiv. Réception que lui fait le Roy de Navarre , ibid. Son accommodement avec ce Prince , p' 274. Elle forme des intrigues &; donne au Duc d'Anjou des confeils qui achèvent de la perdre dans Tefprit du Roy fon Frère , 1. 3. p. ^5)6; Le Roy veut s'en venger en la brouillant avec fon mari , p. 2^7. &: fuiv. Elle tra- hit le Roy fon Epoux & favorife fous- main les entreprifes de la Ligue , p. 318. & fuiv. Ses intrigues de concert avecla Reine Mère en faveur de la Ligue, p. 537. &: fuiv. Elle quitte fecrettement ta Cour de fon Epoux & fe retire à Agen , p. 341. DilTolution de fon mariage > T. 2. 1. 5. p. 2 14. ' :

Aiarie de Aledlcis. Marie de Mcdicis. Son mariage avec le Roy Henry quatre, T. 2. 1. 5. p. 214. Elle accouche du Dau- phin , p. ik6. Elle s'entremet de l'ac- commodement du Duc de Bouillon avec le Roy , p. 278. Elle eft déclarée Régen- te du Royaume après la mort du Roy , 1. 6. p. 300. Elle craint le Duc de Bouil- lon ^ lui redonne fon amitié, p. 310.

DES MATIERES. Se fuiv. Elle dépouille le Duc de Sully de toutes fes Charges ëc Emplois , p. 317. & fuiv. Elle permet rAiremblée des Calviniftes à Chatelleraut, p. 310. Ses craintes au fujetde cette Alfemble'e , p. 32 1. Se fuiv. Elle mande le Duc de Bouil- lon pour en conférer avec lui ,p. 322. OfFrcs avanragenfes qu'elle fait faire à ce Duc , p. 314. Elle indique l'AfTem- blée à Saumur au lieu de Chatelleraut, p. 327. Sa réponfe aux Députez de l'Af- femble'e , p. 341. 6c fuiv. Elle écrit à F Af- femblée une lettre des plus vives par le Confeil du Duc de Boiiillon , p. 345^." & fuiv. Importance du fervice que lui rend ce Duc dans cette occafion , p. 352. àc fuiv. Elle envoie les Minillres en Corps l'en remercier de fa part, p. 362. Elle lui donne l'Hôtel de Boiiillon , ibid. Elle lui refufe le gouvernement de Poi- tou, ibid. &: fuiv. Elle conclud le dou- ble, mariage avec l'Efpagne , p. 367.- Elle rappelle à la Cour les Princes &: les Seigneurs qui s'en étoient éloignez me- contens , & obtient leur confentement" pour ce double mariage , p. 368. & fuiv.

TABLÉ Elle envoie des Ambafladeurs aux Prin- ces Proteftans pour leur communiquer ces mariages Se les prier de ne s'y point oppofer , p. 370. Elle envoie le Duc de Bouillon en Angleterre , ibid. Inftruc- tions qu'elle lui donne, p. 371. 6c fuiv. Elle veut punir le Duc de Kohan com- me un Rebele, p. 385. & fuiv. Elle re- çoit fes foumiffions , p. 385). 6< fuiv. Elle déclare illicites les Affemblées des Cal- viniiles , & leur défend de s'aflembler davantage fans la permiffion du Roy, p. 3^3. & fuiv. Elle congédie les Minif- tres , puis elle les rappelle , p- 35^6. Les*- affaires d'Italie l'obligent à rappeller à Cour les Princes & les Seigneurs Me^: contens, p. 35)7. & fuiv. Elle refufead- Prince de Condé le gouvernement du- Château-Trompette , p. 404. Elle tient confeil fur la fuite de ce Prince ,■ p. 411. & fuiv. Elle 1 envoie inutilemènc prier de revenir à la Cour ,• p. 414. ^ iliiv. Sa réponfe à la lettre de ce Prince, p. 418. ôcfuiv. Elle lui accorde la tenue des Etats Généraux , ibid. Elle met une ^rmée fur pied, T. 3. 1. 7. p. i. &fuiv.

DES MATIERES. Bile conclnd un Traité avec le Prince de Condé 6c les Seigneurs de fon parti , p. 3. & fuiv. Après la tenue des Etats Généraux , elle reprend fa première au- torité , p. 13. 6c fuiv. Elle traite le Par- lement avec beaucoup de hauteur, p. 28. 6c iuiv. Elle conclud malgré le Prin- ce de Condé le voïage de Guyenne, pour accomplir le double mariage , p. 51. 6c fuiv. Elle traite le Parlement avec plus d'égards , p. 54. èc fuiv. Elle s'at- tache à regagner le Prince de Condé , p. 56. 6c fuiv. Elle fait rompre les né- gociations avec ce Prince, p. 58. d>i fuiv.- Ellc ne garde plus aucunes mefures avec lui , p. 64. ôc fuiv. Elle part avec le Roy pour la Guyenne , p. 65. Elleconfomme l'affaire du double mariage, p. 80. Elle recherche la Paix , p. 82. 6c fuiv. Elle accorde toutes les demandes du Prince de Condé S>i des Seigneurs de fon parti >

Î>. 107. 5c Iuiv. Elle s'attache a divifer es Seigneurs du parti de ce Prince . p; ii'j. hlle tire le Duc d'Angoulème la Baftille pour lui donner le comman-' dément de l'armée deftinée contre le

TABLE Duc de Longue ville , p. 133. Elle fait arrêter 6c conduire à la Baiîille le Prin- de Condé , p. 1 37. & fuiv. Elle a def- fein de faire le même traitement à tous les Seigneurs du parti de ce Prince , mais ils fe retirent à propos de la Cour , I. S. p. 147. àc fuiv. Elle traverfe les dcf- feins du Duc de Boiiillon , p. 178. Elle envoie des Troupes contre les Seigneurs liguez , p. 1 84. Sa difgrace. Elle q u ie la Cour & fe retire à Blois , p. 1510. êc fuiv. Elle travaille à recouver fa pre- mière autorité , p. 204. & fuiv. Elle fe fauve de Blois 6c fe retire a Angoulê- me , p. 1 14. & fuiv. Elle s'accommode avec le Roy fon Fils , p. 2 17. Elle fe brouille de nouveau avec lui , 6c fe pré- pare à la guerre , ibid. 6c fuiv. La dé- route de fon armée au Pont de Ce , l'o- blige à s'accommoder avec le Roy , p.

De la Mark. Charlotte de la Mark , Sœur du jeune Duc de Boiiillon , hé- ïite de lui la Principauté de Sedan ^ de Bouillon , T. 1. 1. 3. p. 407. Claufes l^us lefquellefi elle peut joiiir de ces hé- ritages 5

DES MATIERES, rkages , T. i. 1. 4. p. 38. Elle efl: re- cherchée en mariage par plufieurs Princes, ibid. Elle fe marie avec le Vi- comte de Turenne , p. 40. Sa mort , p. 57. Elle fait fon Mari héritier de tous fes biens , ibid. &: fuiv.

Marmet. Marmet Miniftre du Roy de Navarre , détourne ce Prince d'em- brafTer la Religion Catholique , T. i. 1. 3. p. 331.

Aiatig?zon. Le Maréchal de Mati2;non commande les armées du Roy en Nor- mandie, T. 1. 1. I. p. 105). 11 joint {c% croupes à celles du Duc de Mayenne , 1. 3. p. 565). 11 fe brouille avec ce Duc, Ôc le traverfe fecrettement par l'ordre du Roy, p. 371. & fuiv.

Mayenne. Le Duc de Maïenne com- mande l'armée du Roy en Poitou , Te I. 1. 2. p. 137. il commande l'armée en Guyenne, 1. 3. p. 556. ^c fuiv. Il joinc fes troupes à celles du Maréchal de Ma- tignon , p. 565?. 11 eil traversé fecrette- ment par ce Maréchal , p. 37Z. Il com- mande en Dauphiné contre les Caivi- Hiflcs, p. 411. Il attaque & prend

TABLE Faubourg de Tours : Le Roy Na- varre l'oblige à fe retirer , p. 42^. & fuiv. Il obtient du Duc de Parme du fecours pour Paris , T. ,. 1. 4. p. 8. ôc fuiv. Il va au iecours de Roiien aflie- par le Roy , p. 48. Il prend le parti du Prince de Condé contre la Cour , 1. 6. p. 407. Il fe retire à Soiflons, p. 4u8. 11 joint le Prince de Condé à Me- zieres , p. 416. Il fait fa Paix ôc revient à la Cour, T. 3. 1. 7. p. 11. & fuiv. Il fe broiiille de nouveau & fe retire à Soinons , p. 53. & fuiv. Il revient à la Cour, p. 113 U demeure toujours at- taché au Prince de Condé , p. 124. II projette la ruine du Marêchafd'Ancre > p. 1 16. 6c fuiv. L'emprifonnement du Prince de Condé Tobllge à quitter la Cour , 1. 8. p. 145. 6^ fuiv. 11 forme une ligue avec les Seigneurs Mecontens , p. 1^5. & fuiv. Il cil déclaré criminel de leze-Majefté , p. 184. Il eft affiegé dans Soiflons par le Duc d'Angoulême, ibid. 1 1 fait fa Paix & revient à la Cour> p. 189. 6: fuiv.

Mmnetir^ L armée du Duc de Mer-

HD E s MATIERES, coeur eft mile en fuite par celle du Vi- comte de Turenne qui lui pille fon ba- gage, T. I. 1. 3. p. 387. il fe joint aa Duc de Joyeufe pour attendre le Vi- comte à fon retour , mais ils ne peuvent s'oppofer à fon pafTage, p. 388. 11 don- ne à la Reine Eliiabeth des avis qui retardent la conclufion du Traité avec la France, T. 2. 1. ^.p. 154. Il fait fa Paix avec le Roy , p. 197.

La Mole. La Mole gagne la confian- ce du Duc d'Alençon , T. 1. 1. i. p. 68. &; fuiv» Il engage ce Prince dans une confpiration , p. 105?. Il eft arrêté 6c condamné à mort , p. i to. & fuiv. Tra- hifon du Comte de Montai à Pendroit du Vicomte de Turenne , T. i. 1. r. p. 118. Il eft blelfé à mort au fiege da Château de Miraumont , 1. i. p. i^r»

Montgomcry- Le Comte de Montgo- mery vient d'Angleterre au fecours de la Rochelle : Il fe contente de piller Belle-lfle, T. i. 1. i. p. 65. & fuiv. Il fait une defcentedans la Normandie, & y prend plufieurs petites Places , p.

Rij

TABLE

Montmorency. Anne de Montmoren* cy Connétable de France , eft fait pri- fonnier à la bataille de Saint-Quentin , T. I. l. I. p. 3. Il fe charge de l'éduca- tion du Vicomte de Tiirenne fon petit- iils, ibid. & fuiv. Catherine de Medi- cis l'oblige à fe défaire de fa charge de Grand-Maître de la Maifon du Roy, & l'exile de la Cour, p. ir. Il s'appli- que à l'éducation du Vicomte de Tu- renne , ibid. 6c fuiv. Le nombre & les qualitez de fes Enfans & de {qs Neveux , p. 14. & fuiv. Il defapprouve l'attache- ment du Vicomte de Turenne , pour le Duc d'Alençon : Excellentes inftruc- tions qu'il lui donne à cette occafion, p. 17. ôc fuiv. Belles inftruclions tou- chant la conduite qu'il doit tenir à la Cour, p. I5>. & fuiv. Sa mort, p. 24.

Le Maréchal de Montmorency fils du Connétable , eft envoie en Angle- terre traiter avec la Reine Elifabeth, une Ligue contre l'Elpagne , p. 4<^. & fuiv. Son abfence de la Cour le fauve du MafTacre de la Saint Barthélémy , p. 53. ôc fuiv. Il détourne le Duc d'À-t

DES MATIERES, lençon du delTein qu'il avoit de fe met- tre à la tête des Mecontens , p. 5)2. Se fuiv. 11 demande & obtient pour ce Prince la Lieutenance générale du Royaume, p. 5)4. Il refuie de fe dé- clarer pour ce Prince contre le Roy , p. 5?6. Il eft accusé par Coconnati d'a- voir trempé dans la confpiration du Ducd'Alençon ,p. m. Le Koylui or- donne de fe rendre à la Cour éc lui dé- fend d'en fortir , ibid. Il eft remis en liberté , 1. 1. p. 181. Sa mort , p. 275^. Montpenfier. Le Duc de Montpenfier commande les armées du Roy au-delà de la Loire , T. 1. 1. i. p. 109. Il négocie fpcrettement par ordre du Roy , la Paix avec les Calviniftes , 1. 2. p. 242. Il refufe de fuivre le parti du Roy de Na- varre , 1. 3. p. 385.

N

NAvarrc. Antoine de Bourbon Roy de Navarre , eft fait Lieutenant General du Royaume de France , T. i. 1. 1. p. 13. Il eft tué au fiege de Roiien , p. 14. Riij

TABLE

Opporition de la Reine de Navarre au mariage du Prince de Bearn ion Fils, avec Marguerite de Valois, T. i. 1. I. p. 42. Elle confcnc à ce mariage , p. 43, Sa mort ,p 45. & fuiv.

Henry Roy de Navarre : fon ma- riage avec Magueritcde Valois, p. 42. & iliiv. Il fauve ia vie du MafTacre de la Saint Barthélémy , par une feinte abjuration de la Religion Prétendue Réformée , p. 53. Il va au fiege de la Rochelle , p. 56. Il prend des engage- mens avec la Noue , p. 6S. & fuiv. Il fe fauve de la Cour èc renonce à la Religion Catholique , 1. 2. p. 15?!. Il fe retire à Perigucux avec fa Sœur ,«p. ao5). 11 invite le Vicomte de Turenne à fe rendre auprès de lui , p. m. Les Etats Généraux lui envoient des Dé- putez, p. 230. Il fe rend à Montauban , p. 134. Ses difpofitionsà la Paix, p. 242. Son éloignement pour la Reine fon £- poufe , p. 252. & fuiv. Il confulte le Yicomte de Turenne 6c fuit fes avis, p. 15 1. & fuiv. Sa réponfe aux lettres pleines de menaces de la Reine Mère?

l

DE MATIERES. . 1^0. & fuiv. Réception qu'il fait à a Reine Mère , & à la Reine fon E- poufe, p. i6i. & lliiv. 11 demande JLif- tice à la Reine pour le Vicomte de Tu- renne contre les Duras , p. ijy. & fuiv. 11 fe trouve à l'Aifemblée générale des Calviniftes à Montauban , 1. 3. p. 253. 11 évite le piège que le Roy lui avoic dreffé , pour le brouiller avec la Reine fon Epoufe , oc avec le Vicomte de Tu- renne, p. 197. & fuiv. U tient une Af- femblée à Mazeres dans le Comté de Foix,p. 301. 11 refufe de rendre les Pla- ces de sûreté accordées aux Calvinif- tes à la C onference de Nerac , ibid. ôc fuiv. si fait la Paix , p. 30^. & fuiv. 11 affifle à l'AlTemblée des Calviniiles à Montauban , &: les empêche d'exécu- ter le deffein qu'ils avoient formé de fe mettre en République , p. 307. &; fuiv. Il confulte le Vicomte de Turenne 6c fuit fon avis dans fa réponle au Duc d'Epernon envoie de la part du Roy , p. 318. &fuiv. Il fait arrêter un Valet de Chambre de la Reine fon Epoufe, <jue cette PrinceiTe cnvoïoic au Duc de

Riiij

TABLE Gnife , p. 337. & fuiv. Il le renvoie à\t Roy qui le lui demande avec Mafelie- res qui l'avoit arrêté , p. 335). La fuite de la Reine Ton Epoufe , & quelques avis venus de la Cour, lui font conjec- turer qu'on a deffein de recommencer la guerre, p. 341. ôc fuiv. Il convoque une Aifemble'e de fon parti à Saint Paul de Cap-de-Joux , p. 344. 11 y va avec le Vicomte de Turenne, ibid. Il y ex- pofe les motifs qui l'avoient engagé à convoquer cette AfTembléejibid. Il con- fuite le Vicomte de Turenne à l'occa- fion de l'Edit du Roy , p. ^51. & fuiv. Il s'unit avec le Prince de Condé èc avec le Maréchal de Montmorency , p. 355. Il demande du fecours aux Prin- ces Proteftans d'Allemagne , ibid. Il envoie Pardailhan à la Reine Elifa- beth , pour la prier de Taffifter d'Hom- mes & d'argent , ibid. 11 entretient avec le Roy des correfpondances très-étroi- les & très-fecrettes , ibid. Il néglige la guerre pour fcs plaifirs, p. 355). & fuiv. Le Vicomte de Turenne l'empcche de s'oppofer à l'armée du Duc de Mayenn€>

DES MATIERES. 1p. 360. êcfuiv. 11 va à Montauban poar V affembler de nouvelles forces , & laif- ie Ton armée fous le commanciement du Vicomte de Turenne> p. 361. ^ fuiv. Il fe jette dans la Rochelle, 6c fait une grande diverfion dans le Poitou , p. 371. Le Roy empêche fou s- ma in l'exé- cution des deffeins de la Ligue contre lui, ibid. 6c fuiv. Il confère à Saint. Brix avec la Reine Mère , p. 374. 6c fuiv. Il négocie inutilement pour en- gager dans fon parti les Cardinaux de Bourbon & de Vendôme , Se le Duc de Montpenfier , p. 385. Il gagne abfolu- n-îent le Prince dcConti &le Comte de SoifTons , ibid. Il aiïcmble fon Confeil au fujet de larrivée des fecours d'Al- lemagne, p. 385?. &. fuiv. Il gagne la Bataille de Coutras , p. 391. &; fuiv* Sa démence l'empêche de profiter des avantages de fa vidoire, p. 35)7. & fuiv- Il retourne en Bearn , p. 401. 11 fc rend à la Rochelle , il invite le Vi- comte de Turenne à fe rendre pour l'aider de fes confeil s , p. 412. 11 dc- jn«inde à h Reiue £lifabeth des fecours

Ry

TABLE d'argent , 4p. 14. Il demande de nou- veaux fecours d'Allemagne, ibid. Il en- voie le Vicomte de Turenne négocier avec le Maréchal deMontmorcncy,ibidc Il prend plufieurs Villes, ôcpouîTe (es conquêtes jufques fur les frontières de la Tourainc &; de l'Anjou , p. 411. Il traite avec le Roy Henry III. &: joint ïes troupes aux ficnnes , ibid. Se fuiv. 11 fecourt la Ville de Tours , p. 415. Il engage le Roy à faire le iiege de Paris , p. 417. ôc fuiv. Le Roy avant que de mourir le déclare fon fuccef- feur légitime , p. 419. Tous les Sei- gneurs lui jurent fidélité 6c obéilTance y ibid. Sa réponfe aux Députez des Ca- tholiques , p. 433. 6c fuiv. Voyez Hen- jy IV. Roy de France.

Nevtrs. Le Duc de Nevers accom- pagne la Reine Mère aux Conférences de Saint Brix , T. 1. 1. 3. p. 375. Il commande en Poitou contre les Calvi- niftes,p. 411. Il commande l'armée du Roy en Picardie , T. 2. l. 4. p. 54. Il fe pique contre le Duc de Bouillon & fe retire à Amiens, p. 5^8. 11 fe recire

DES MATIERES, de la Cour mécontent des Miniflres , Se va en Italie , L 6. p. 35)7. Il prend le parti du Prince de Condé contre la Cour , p. 407. Il fe retire en Cham- pagne 5 p. 40S. Il flic (a Paix & revient à la Cour , T. 3. 1. 7. p. 11. 6c fuiv. Il s'entremet de l'accommodement du Prince de Condé avec la Cour , p. 87. & diiv. Il fe ligue avec les Seigneurs Mecontens, 1. 8. p. i6i. Scfuiv. Il levé des troupes, p. 171. Il eil déclaré Re- bele & Criminel de leze - Majelté , p. 183. Il revient à la Cour, p. 196. Ar- tifices dont il ufe pourarirufcrleComte Mansfeid , p. 274. S: luiv.

La Noue. La Noue défend la Ro- chelle , T. I. 1. I. p. 61. àc fuiv. Il a- bandonne les Rochelois & fe rend au Camp du Duc d'Anjou , p. 64. Son adrefle à s'infinuer dans les efprits du Roy de Navarre , du Duc d'Alcnçon , Se de quantité de Seigneurs Catholi- ques, p. 67. ôc fuiv. 11 rejette les pro- jets chimériques du Duc d'Alençon, p. 71. êc fuiv. Il lui mande de fe met- tre à la tcte des Mecontens , p. S6,

Rvj

TABLE Confideration qu'A pour lui le parti Cat- vinifte , ôc en particulier le Roy de Navarre, 1. i.p. 115). Scfuiv. ïl trouve mauvais que ce Prince s'abandonne trop à fes plaifirs , &: il vent quitter la Cour, p. 213. &: fuiv. Il fuit le Duc d'Anjou dans les Païs-Bas, 1. 5. p. 307- 11 défait l'armée du Duc d'Aumale de- vant Senlis , p. 416. Sa mort , T. 1. 1- 4-

PAis-Bas. Les Députez des Pa'ïs Bas traitent avec le Duc d'Anjou , & lui offrent la Souveraineté des 17. Pro- vinces, T. î. 1. 3. p. 303. &: (uiv.

Palatin. Frédéric V. Elecleur Pala- tin , époufela Princeiïe d'Angleterre, T. 2. 1. 6. p. 3^8. 11 eftélù Roy de Bo- hême 5 T. 3. 1. %> p. 215. 6c fuiv. li prend pofTeflion de cette Couronne , p. 234. Il s'attire par-là un grand nom- bre d'ennemis , p. 136. ôc fuiv. Il eft mis au ban de l'Empire , p. 247. Il perd ia bataille de Prague , la Couronne de

\

DES MATIERES. Bohême, fes Etats héréditaires , & fe retire à Sedan auprès du Duc de Bouil- lon fon Oncle ; p. 148.

Parlement. Le Parlement fe brouille avec la Cour à l'occaffion des remon- trances qu'il veut faire , T. 3. 1. 7. p. 10. & fuiv. Détail de toute cette affai- re, ibid. Il eft maltraité par la Reine, p. 28. Se fuiv. Le Roy refufe fes remon- trances , ibid. On le croitl' Auteur d'un Manifefte le Gouvernement eft dé- crié , p. 54. On le traite avec plus de douceur , p. 55.

Parme. Le Duc de Parme invertit Cambray , T. i. 1. 3. p. 30-). & fuiv. Il reçoit très -civilement le Vicomte de Turenne fon Prifonnier , p. 317. Il fe retire à l'approche de l'armée du Duc d'Anjou , ibid. Il vient au fecours de Paris afTiegé par le Roy, T. 2. 1. 4. p. 5. & fuiv. Il en fait lever le fiege , p. 13, Il vient au fecours de Rjiien, p. 48. Sa mort p. 67.

Bh PleffiS'Mornay. Du Pleffis-Mor- nay prefide à l'Affemblée des Calvinif- cçs à Saumur , T, 2. 1. 6. p. 327. ôc fuiv»

TABLE II s entremet de l'accommodemenc du Duc de Bouillon avec le Duc de Suiiy > p. 353. Il exhorte l'AlTemblée à fe fou- mettre aux ordres de Ja Reine > p. 351. & fuiv. Il fait aux Calviniftes d'inuti- les remontrances pour les dilTuader de fuivre le parti du Prince de Condé , T. 3. 1. 7. p. 66. & fuiv.

Saint- Pol. Le Comte de Saint -Pol commande en Picardie , T. 2. 1. 4. p, So. Ses exploits à la furprife de Ham , p. S6. &fuiv. Il va au fecoursde Dour- îens , p. 5)4. Sa mefintelligence avec les autres Chefs fait échouer cette en- treprife, p. 5)7. 11 fe retire dans le Bou- lonnois , p. 5)8. Il levé des troupes pour le fervice du Prince de Condé , T. 3, 1. 7. p. 70. H abandonne le parti de ce Prince & s'accommode avec la Cour , p. 78. & fuiv.

Pelonois. Surprife des Polonois à l'oc- cafion de l'ignorance de la Nobleiïè Françoife , T. i. I. i. p. 8. Ils élifent pour leur Roy le Duc d'Anjou , 6c lui envoient en France une célèbre Am- baiTade > p. 78.

DES MATIERES. PoUrot. Poltroc aiTaffine le Duc de Guife, T, 1. 1. I. p. 14.

K

RAjfignac. Raffignac efl fait Goa- verneur du jeune Vicomte de Turenne : Son éloge 6c Tes qualitez , T. 1. 1. I. p< 6. Il poite le Vicomte à l'Etude de THiUoire , p. 15. Sa mort, p. 40.

Rohati, Le Duc de Rohan forme le dcflein de fe faire Chef des Calvinif- tes de France , T. t.l. 6. p. 15)6. Moïens qu'il emploie pour y parvenir, p. 25)8. ëc fuiv. 11 afllfte à l' AfTemblée des Cal- viniftes à Saumur , &: s'oppofe aux pré- tentions du Duc de Boiiillon pour la Prefidence , p. 318. Entretien de ce Duc avec le Duc de Bouillon au fujet du Duc de Sully, p. 334. ôc fuiv. Il fou- tient le parti du Duc de Snlly , 338. & fuiv. Il traverfe la négociation du Duc de Bouillon avec le Roy d'Angle- terre, p. 375. ôc fuiv. il le brouille avec la Cour à l'occafion de l'éleclion du

t A B L E Maire de Saint Jean d'AngcIy , p. 385, & fuiv. Détail de cette affaire , ibid. Son accommodement avec la Cour , p. 55?o. Il fe reconcilie avec le Duc de Bouillon , 6c avec le Maréchal de Lef- diguieres , p. 35?!. & fuiv. Il fe défait de fa charge de Colonel General des SuilTes , T. 3. 1. 7. p. 2. Il promet au Prince de Condé le fecours des Cal vi- nifies, p. 6. Il levé des troupes pour le fervice de ce Prince , p. 70. Ses oppo- fitions à la Paix, p. 5)9.

Jtône. Rône un des Chefs de la Li- gue, fe donne au Roy d'Efpagne , T. i. 1. 4. p. 81. Il perfaade à Gomeron de livrer Ham aux Efpagnols , ibid.

Roquelaure. Roquelaure gagne lacon , fiance du Roy de Navarre", T. i. 1. ir p. 213. Défiance que la Noue a de lui, ibid. llaiîiile aux Conférences du Roy de Navarre & du Duc d'Epernon , 1. 3. p. 331. Il confeille à ce Prince dem- brafter la Religion Catholique, ibid.

Rouhais. Le Marquis de Roubais blo- que Cambray, T. i.l. 3. p. 307. Il fe retire de devant cette Place? p-3i7- Le

DES MATIERE .S. , Vicomte de Turenne choifit d'être foîl Prifonnier, p. 315?. &: iiiiv.

Rucellai. L'Abbé Riicellai travaille à tirer la Reine Mère de Blois, T. 3. 1. 8. p. 105. 6c fuiv. Caractère de cet Abbé, ibid. 11 négocie avec le Duc de Bouil- lon &: le foilicite fortement en faveur de la Reine , p 107. & fuiv. Il s'adrefle au Duc d'Epernon , 6: l'engage à fer- •vir cette Princefle, p. 210. ôc luiv.

SAlamac Le Baronde Salagnacfert de lecond au Vicomte de Turen- ne , dans un duel contre les deux Du- ras , T. 1. 1. 2, p. 275. àc fuiv.

Sa^ci. Le Baron de Sancy fait à fes dépens une levée de Suifles pour le fer- vice du Roy, T. I. 1. -y p. 417. Le Roy le fait Colonel General des SuiiTes , p. 418. 6c fuiv. 11 va en Angleterre commencer la négociation pour le fe- cours de Calais , T. 2. 1. 4. p. 103. 6c fuiv. Difficultez qu'il y trouve , ibid.

Savoje. Le Duc de Savoye ufurpe

t A B L Ë fur leRoy leMarquifat de Saluées, pen- dant les guerres civiles , T. i. 1. 5. p. 101. Il vient en France -pour traiter avec le Roy , ibid* Caradere de ce Prin* ce 5 p. 203. Il gagne le Maréchal de Biron ,p. 107. & luiv. Il rompt le Trai- té commencé avec le Roy , & retourne en Piémont, p. m. Le Roy s'empare de fon Païs , ibid. Il fait la Paix, 114. Ses prétentions fur le Montferrac r 1. 6. p. 35^5). & fuiv.

Schowberg. Le Comte de Schomberg envoie par le Roy à l'Aflemblée des Calviniftes à Chatelleraut , T. 1. 1. 5.

Î). 1^1. Il confeille au Roy de rappel- er le Duc de Bouillon, p, 19^

Sillery. Sillery follicite à Rome la dif- foîution du mariage du Roy Henry I V. avec Marguerite de Valois, T. i. 1. 5, p. 114. 11 va à Florence demander en mariage Marie de Medicispour le Roy, ibid. Haine que lui porte le Prince de Condé &les Grands de fon parti , 1. 6. p. 402. & fuiv. ^Qs fentimens au fujet des mecontentemens du Prince de Con- j p. 411. ôc fuiv 11 eft attaqué per-

DÈS MATIERE??, fonnelîement dans un Manifefte donc le Parlement efl cru l'Auteur , T. 3. 1. 7. p. 54. Il donne à la Reine des foup- çons de la conduite de Villeroy , 6c de Jeannin , p. ^8. 11 eit accufë par le Prince de Condé d'être l'Auteur des defordres de l'Etat , p. Gy On lui ôte les Sceaux, p. I2}.

Sixte V. Sixte V. fait publier une Bulle contre le Roy de Navarre 6c con- tre le Prince de Condé 3 T, 1. 1. 3. p,

345- ^

Soijjons. Le Comte de SoilTons s en- gage dans le parti du lloy de Navarre, T. I. 1. 3. p. 585. Il joint l'armée de ce Prince , p. 388- Ses exploits à la batail- le de Coutras,p. 35?3, 6c fuiv. Il fe re- tire à Dreux mécontent de la Cour, T. iA.6 p. }66. 11 revient à la Cour dC donne fon confentement au double ma- riage conclu avec l'Efpagne , p. 368. 6c fuiv. Il fe ligue contre les Miniitres, p. 383. Sa mort ibid. Su/Iy. Le Duc de Sully ou Baron de Rofny eaçne 1000. écus pour fa part au pillage du bagage de l'armée du Duc de

TABLE Mercœitr, T. i. 1. 3. p. 388. Il prefTe le Prince de Conti de s'aller mettre à la tête des Allemands qui dcmandoient tin Prince du Sang , p. 400. 11 va de la part du Roy faire au Duc de Bouil- lon des complimens de condoléance fur la mort de fa Femme, T. 2. 1. 4. p. 58. Il gagne entièrement la confiance du Roy, 1. 5. p. 215. 11 va de la part du Roy en Angleterre , & renouvelle avec Jacques I. les Traitez d'alliance , p. 3.66. 6c fuiv. 11 eft fait Duc & Pair de France , p. 277. Il eft difgracié & dé- pouillé de toutes fes Charges , 1. 6. p. 313. &fuiv. 11 fe retire à ion Chateaa de Sully , p. 318, Il affifte à rAffem- blée des Calviniftes à Saumur , ^ s'op- pofe aux prétentions du Duc de Boiiil- lon pour la Prefidence , p. 328. Il ie reconcilie avec ce Duc , p. 333. Il in- terefle toute TAlTemblée à fa difgrace,

P- 334-

Saint-Sulpice* Saint- Sulpice Gouve;

neur du Duc d'Alençon fait tous fc

efforts, pour éloigner du Duc, le Vp^

comte de Turenne > T. i. 1. i. p. 3^.

DES MATIERES. te fuiv. Il traite avec le Maréchal Danville de la part de la Reine Mère , p. Il 4. Il eft maltraité de paroles par le Vicomte de Tprenne , 1. 1. p. 211? èc fuiv.

THemines, Themines arrête prî- fonnier dans le Louvre le Prince de Condé , T. 3. 1. 7. p. 137,

Thoré. Thoré preile le Vicomte de Tiirenne fon Neveu de s'attacher uniquement au Ducd'Alençon, T. 1. 1, I. p.47. ôcfuiv. Il s engage entièrement dans le parti de ce Prince , p, ^6. Il fe retire à Strasbourg , p. 5^8. & luiv. Il eft batu près de Château-Thiery à la tête àts troupes qu'il amenoit d'Alle- magne, 1. 2. p. 175?. & fuiv.

La Trimouille. Le Duc de la Tri- mouille tient le parti du Roy de Na- varre : Ses exploits à la bataille de Coutras,T. r. 1 3 p. :;43. &: fuiv. Il afflfte aux Conférences des Calviniftes , T„ i, 1. 5. p. ij?3. 11 obéit aux ordres

TABLE du Roy , qui lui ordonne de fe rendre auprès de lui, p. 157. 11 levé des trou- pes pour le fervice du Prince de Con- dé, T. 3. 1. 7. p. 81. il refufe les of- fres des Calviniftes, 1. 8. p. 16 r.

Turenne. François III. Vicomte de Turenne : Son mariage avec Anne de Montmorency , T. r. 1. i. p. 1. Ses Enfans , ibid. H eft fait prifonnier à la bataille de Saint-Quentin , & meurt trois jours après de fes blefflires , ibid.

Henry I. Vicomte de Turenne. y oyez Henry Duc de Bouillon,

DV Va'iY. Du VairConfeiller d'Etat eftaflbcié à la négociation du Duc de Bouillon en Angleterre > T. 1. 1. 4. p irS. On lui donne les Sceaux , T. 3.. 1. 7. p. 113. On les lui ôte & on les lui rend, 1. 8. p. 15^0.

Venàor, t Le Cardinal de Vendô^ me refufe de fuivre le parti du Ro'' de Navarre, T. i 1. 3. p 385.

Le Duc de Vendôme prend le par-

DES MATIERES, tîdu Prince de Condé contre la Cour j T. 1. 1 6. p. 407. Il eft arrêté, p. 409. Il fort de fa prifon ôc il eft réta- bli dans toutes fes Charges &: Emplois , T 3 1. 7. p. II & fuiv. Il levé des troupes pour le fervice du Prince de Condé, p 81 L'emprifonnement de ce Prince l'oblige à fe retirer de la Cour, 1. 8. p IS4. Jlfe ligue avec les Sei- gneurs Mecontens, p. 1^5. &: fuiv. Il eft déclaré Rebele àc Criminel de leze- Majefté, p. 184. Il revient à la Cour, p 15)5. Il fe juilifîe de la fauflc accu- îation de Gignier, p. icjg. & fuiv.

yentaàour. Le Comte de Ventadour eft envoie par le Roy pour fe (liifir de toute la Vicomte de Turenne , T. i, 1. i.p. 115?. Il fe retire de Turenne fans y avoir fait aucun defordre , p. i 4; Il s'engage dans le parti de Banville m l. 1. p. 157.

Villars L'Amiral de Villars comman-

en Picardie , T. t. 1. 4. p g. Il mar-

he au fecours de Dourlens , p. 5)4, H

y eft tué, p. 5?7.

. Fîlleroy. Villeroy traite de la part de

TABLE DES MATIERES. !a Reine Mère avec le Maréchal Dan- ville , T. I. 1. I. p. 1 14. La Reine l'envoie à Turin pour empêcher lac- commodément de ce Maréchal avec le Roy, 1. 2. p. 151. Il négocie fecrette- ment par l'ordre du Roy, la Paix avec les Calviniftes , p. 242. Il conclud le Traité d'accommodement du Duc de Eoiiillon avec le Roy, T. 2. 1. 5 p. 178. 11 efb haï du Prince de Condé & des Grands de fon parti , à l'exception du Duc de Bouillon , qui ne laifTe pas d'a- voir beaucoup d'eftime pour lui , p. 402. & fuiv. Ses fentimens au fujet des niecontentemens du Prince de Condé, p. 4IZ. & fuiv. Il négocie de la part du Roy l'accommodement de ce Prince, ;T. 3. 1. 7. p. 58. La Reine rompt fa négociation , p. 55?. Il conclud au nom du Roy la Paix avec le Prince de Con- / dé, p, 5)5. & fuiv. Le Maréchal d'An^ | cre le fait difgracier,p. IZ3 Son rap- pel > 1. 8. p. i5?o. V

on, f^m de la Tablç^

♦V

t. 3

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DC Mrrsolli>;r, Jf^c^ues

J.21 Histoire du racrech? 1

.8 duc de Bouillon