/ Len L9/L € WTA D | iversity of où PE Te à HISTOIRE ET TRAVAUX 7 | . j DE LA DU . MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 1897-1905 | DÉLÉGATION EN PERSE a ce, à, nu 6 » Ce RSS — IMPRIMERIE DE À! BURDIN DE LA DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE 1897-1905 PAR J, DE MORGAN DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL Re. PARIS __ ERNEST LEROUX, ÉDITEUR re 26, RUE POPAPARTE, vi 1905 eu ELÉGATION EN qe AVANT-PROPOS 3 . Dans une notice intitulée La Délégation en Perse du Ministère de l'Instruction pu- _blique', j'ai, en 1902, sommairement exposé les principales phases de nos recherches _ dans l'Iran, leurs résultats ainsi que quel- | ques- unes des difficultés que nous avons … rencontrées, Il était utile de familiariser les - nombreux visiteurs de notre exposition avec . notre vie d’'explorateurs, afin qu'ils pus- - sent bien comprendre l’importance et la Le. _ portée scientifique des matériaux qu'ils _ avaient sous les yeux et le prix des sacri- . fices dont ils sont le résultat. - Un monde nouveau venait de s’ouvrir F dans le domaine de l'Histoire ; il ne nous ap- … paraissaitencore qu'au travers d’un voile ne D Hépesr.que les grandes silhouettes 4 W: VI AVANT-PROPOS noyées dans un ensemble encore confus. Aujourd’hui que notre vision est devenue plus précise, que nous sommes à même de marquer sûrement les époques, de com" prendre l’enchaînement des faits histo= riques, ce n’est plus une brochure pleine d'anecdotes que je dois offrir au public, mais bien un exposé des résultats obtenus et des moyens qui nous ont permis de les atteindre. C’est un véritable rapport que j'adresse au public. En débutant, ; ‘exposerai l'historique de ND la Délégation, je ferai connaître les bases sur lesquelles elle repose; püis je parlerai … des moyens mis en œuvre pour réaliser pra- tiquement les avantages dont jouit notre pays en Perse. Je montrerai quelles ont été les conséquences de huit années d'efforts, n tant au point de vue des collections recueïl= lies qu’à celui des publications dans les Mémoires de la Délégation. Enfin, je par-… lerai de l'exposition elle-même, de la mé=" thode adoptée dans la présentation des. monuments et des nombreuses toiles dues … au pinceau d’un artiste habile dont le seul but a été de montrer au public l'Iran avec ses ruines et ses sites antiques, l'aspect AVANT-PROPOS VII Les objets d’art chaldéens, élamites et * assyriens, les textes cunéiformes, quel que soitleur intérêt, ne sont certes pas attrayants pour un public inaccoutumé à l'Orient an- » tique. Ces arts, cette écriture sont s1 éloi- - gnés de ceux vers lesquels nous porte notre E. éducation qu'à moins d'en avoir fait une : _ étude spéciale nous avons peine à les conce- voir. Aussi ai-je pensé qu'il était de mon devoir d’initier par la peinture le visiteur — à l'ambiance dans laquelle ces œuvres ont ” été conçues. …_ Une carte des pays chaldéo-persans rap- _ pelle au public les grands traits géogra- . phiques du berceau des civilisations. On y ment voir la position reve 4 empires et à tières A titéllee qui En un $1 LU #à rôle dès les débuts de l'humanité. Ce livre n’est pas un catalogue. La Délé- % bon ne publie pas de ces énumérations — sèches et sans critique des monuments D. Re - qu'elle découvre. Le catalogue de nos collec- » tions est dans nos Mie il y est com- Br scientifique etraisonné, mais à la portée des spécialistes seulement, On ne peut, en VIII AVANT-PROPOS effet, en quelques lignes de vulgarisation, … instruire sans effort un visiteur de choses pour la compréhension desquelles de. lon- gues études sont indispensables; il n’est possible que de lui signaler les objets prin- cipaux dignes de son attention. Dans notre galerie, chaque monument porte une étiquette détaillée indiquant les civilisations et les époques, traduisant som- mairement les textes. Ces indications nous les devions au public aux frais de quiles col- lections ont été faites; nous n'avions pas le droit d'imposer au visiteur l’achat d’un ca-- talogue et moins encore l’ennui de le feuil- leter pour y chercher les renseignements. La liste des monuments que je donne dans ce volume ne porte aucun numéro de classement, elle ne renferme que ceux des objets exposés dont je recommande l’exa- men au visiteur soucieux de son instruc- tion et ménager de son temps. Croissy-sur-Seine, Le 20 avril 1905, J. DE MORGAN. Historique de la Délégation De tous les pays ayant droit de cité dans le monde des sciences, la France est certainement - l'un de ceux dont les efforts sont les plus éner- giques dans le domaine des recherches extérieures _à son territoire. Ses missions, ses écoles à l’étran- ger, apportent chaque année un contingent de découvertes et de travaux appréciés dans tous les pays marchant, comme elle, en tête du mouvement scientifique. _ Nous sommes certainement en droit d’être fiers denotre œuvre de progrès, mais nous devons jus- tice aux magnifiques travaux des Allemands, des * Anglais, des Américains; leurs efforts sont utiles au mème titre que les nôtres et nous saluons en eux non des concurrents, mais des collègues, sou- vent même des amis. La première g orande mission scientifique fut la commission que le général Bonaparte organisa en Égypte; l'exemple fut donné par la France répu- blicaine. La Royauté et l'Empire le suivirent et bientôt les autres pays nous imitèrent. C’est que - l'amour de la science ne connait ni frontières ni … politique et que si parfois le sentiment national peut intervenir, ce ne doit être qu'à titre d’émula- tion. Depuis plus de cent ans, la France tient à hon- 1 2 HISTOIRE ET TRAVAUX neur de suivre la puissante impulsion qu’elle rece- … vait à la fin du xvir° siècle; si elle a réussi dans sa tâche, c'est qu’à la tête de notre Instruction Su- périeure nous avons toujours eu des hommes … éminents par leurs connaissances comme par l'am- pleur de leur pensée, que nos missions scienti= fiques ont été dirigées avec une extrême habileté, avec une grande suite dans les vues, et que les chefs ont su faire naître chez nos missionnaires ce feu et cette ardeur nécessaires à l'exécution de plans toujours difficiles et souvent dangereux à réaliser; qu’enfin ils ont eu la fermeté de les pro- téger contre le venin des jalousies. Notre réputation s'est lentement établie, basée sur des services rendus à la science et à l'humanité tout entière. Il n'est pas un peuple qui ne té- moigne du respect pour le savant francais pour son énergie, son abnégation et sa valeur, Nos travaux en Egypte, en Syrie, en Grèce, en Babylonie, en Assyrie et dans lant d’autres foyers de recherches, nous ont fait une situation telle que notre diplo- matie trouve le terrain préparé lorsqu'elle demande une faveur pour des travaux scientifiques. Notre réputation nous vint en aide lorsque notre représentant en Perse ouvrit les négociations avec. Sa Majesté Le Chah, dans le but d'obtenir en Iran des avantages scientifiques spéciaux. Le Gouver- nement persan était d'autant mieux disposé à se montrer bienveillant qu’en dehors de l'estime qu'il professait pour nos savants, il entretenait depuis des siècles avec notre pays des relations fort ami- cales et souvent utiles. En 1894 le Ministre plénipotentiaire et Eva extraordinaire de France, M. René de Balloy, ami DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 3 D D crsonnel de toute la cour persane et jouissant de . l'estime du souverain, obtenait de S. M. Nassr ed- Din Chah la signature d’une convention réservant . à la France le monopole des recherches archéolo- giques dans toute l'étendue de l'Empire persan. Les négociations avaient été poursuivies pendant plus de Hé années. Il était, er effet, malaisé de fixer les termes de cet accord, le Gouvernement persan désirant la forme la plus courtoise pour la France, et notre représentant voulant que les per- sonnes qui auraient à mettre à exécution ce contrat fussent, autant que possible, placées, par la con- vention même, en dehors des difficultés pouvant surgir au milieu des populations, si différentes de celles de nos pays. Uneconvention archéologique estchosefortrare, sinon insolite, dans le domaine diplomatique et notre Ministre à Téhéran se trouvait er face d’un problème nouveau à résoudre. Me trouvant alors dans la vallée du Nil, à la tête du Service des Antiquités de l'Égypte, ayant par suite en main la plus vaste administration archéo- logique du monde et, de plus, connaissant la Perse pour l'avoir parcourue pendant près de trois ans (1889-91), j'étais à même de donner bien des indi- cations utiles ; aussi fus-je souvent consulté tant par le Ministère de l'Instruction Publique que par . M. de Balloy lui-même. C'est à M. Alfred Rambaud, membre de l’Insti- ut, Ministre de l'Instruction publique, et à M. X. Charmes, membre de l'Institut, Directeur, chargé des Missions, que nous devons la fondation de la Délégation en Perse. Ces Messicursavaientsuivide très près les négociations entamées à Téhéran. lls y . RTE 4 Er Z k HISTOIRE ET TRAVAUX 1e attachaient une très haute importance, voyants'ou- vrir pour la France un chàmp nouveau de recher- ches, dans des conditions inespérées. Le Ministre, Fes dès 1895, remit à M. X. Charmes le soin de faire exécuter les clauses de la convention. Une expédition de cette importance n'était pas chose facile à organiser. Il fallait proportionner les moyens d'action aux difficultés de l’entreprise et aux résultats qu'on en attendait. M. X. Charmes, assisté de M. R. de Saint-Arroman, Chef de bu- reau des Missions, parvint à force d’habileté et de: soin à réaliser les vues du Ministre, et, en juillet 1896, me trouvant alors de passage à Paris, je reçus officiellement communication de la convention que j'avais à examiner tant au point de vue des termes de l'instrument diplomatique qu'à celui des moyens à employer pour le mettre en valeur, Ma mission de Perse (1889-91) et la connaissance que j'avais de l'Empire du Chah m'avaient encore valu l’hon- neur d'être consulté. Je remis, à cette époque, deux rapports sur la question : l'un relatif à la Convention elle-même, l’autre ayant trait aux projets de travaux que j'avais conçus. Les choses en étaient restées là, quand, en 1897,- le Ministère de l’Instruction publique m'offrit de quitter la Direction générale des Antiquités de l'Egypte et de repartir en mission pour l'Asie avec le titre de Délégué général muni de pouvoirs très étendus et seul responsable des affaires du Mi- nistère en Perse. La convention prévoyait qu’un délégué du Mi- nistère des Affaires étrangères accompagnerait le chef de mission. Je fus moi-même désigné pour DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 5 remplir ces fonctions, en sorte que j'étais autorisé … à traiter directement avec les fonctionnaires indi- gènes pour les besoins de mes travaux. D'une part, j'éprouvais bien quelqueregret à quit- n ter la vallée du Nil et une situation qui passe, à juste titre, pour le bâton de maréchal de l'archéologie ; » mais, d'autre part, j'abandonnaisun service étranger + pour me consacrer à une œuvre-française dont, à mon sens, la portée scientifique devait être consi- dérable. J'acceptai donc les offres du Ministère et résignai mes fonctions de directeur en Egypte. La terre des Pharaons, explorée depuis un siècle avec de grandes ressources a, il est vrai, fourni bien des documents à l'histoire; mais elle est au- _ jourd'hui fort connue et les grandes découvertes deviennent de plus en plus rares. L'Egypte a parlé et elle nous laisse, somme toute, quelque dé- sillusion, car son champ n’embrasse guère au delà de la vallée du Nil et ses textes n'offrent presque toujours qu'un intérêt local et, plus souvent encore, religieux. La Perse, au contraire, était alors un pays neuf: car, sauf la période achéménide étudiée par la mission Dieulafoy, nous ne connaissions rien de sa haute antiquité. Ce que nous savions de l’Assyrie par les grands travaux de Place et de Layard, de la Chaldée par les belles fouilles de Sarzec à Sirpourla (Telloh), nous montrait ces pays habités jadis par des peuples respectueux de leurs annales, mettant leur stylet au service de l'Histoire, moins soucieux . de couvrir les murailles de leurs temples d'inutiles …_ inscriptions rituelles que d’y conserver la mé- — moire des hauts faits nationaux. 6 HISTOIRE ET TRAVAUX C'est de ces pays que nous devons attendre la solution du grand problème des origines; car . nous savons aujourd'hui, depuis la découverte des tombes pharaoniques des premières dynasties, qu'au préhistorique succéda dans la vallée du Nil une civilisation étrangère, sans lien d’origine avec celle qui la précédait, Tout porte à croire que cette civilisation étran- gère provenait d'Asie. C'est donc dans les pays voisins de l’Euphrate et du Tigre qn’il convient d'en rechercher les traces les plus anciennes, C'est là aussi qu’on trouvera un jour la solution du fameux problème des Akkads et des Choummirs. L'Egypte n'a jamais oflert de problème d'aussi vaste envergure. Cesconsidérationsavaient, dès longtemps, frappé les hommes éminents qui, dans notre pays, tiennent la tête du mouvement scientifique. Tant à l'Ins- truction Publique qu'à l'Institut l'émotion fut grande le jour où l’on connut l'accord intervenu entre la France et le Gouvernement persan. Le 26 mars 1896 les Chambres mettaient à la dis- position des Affaires étrangères un crédit spécial pour faire face aux premiers engagements de la convention. En juin 1897 se réunissait au Ministère de l'Ins- truction publique une commission chargée de pré- parer l’expédition scientifique. Cette commission présidée par M. Ernest Boulanger, ancien ministre, sénateur de la Meuse, se composait de MM. Xavier Charmes, Directeur, membre de l'Institut, Léon Heuzey, membre de l'Institut, conservateur au Louvre, le D' Ernest Hamy, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, Raoul ®w. 19 PL), LU rh t" s v F4 Ü Le NF ” 23 LA « : + ’ #} « À pa Le ;, : b . # TR la commission. J'étais invité à exposer devant ces Messieurs, - mes vues au sujet de l’exploration scientifique de Ja Perse. Le 19 avril 1897, M. A. Rambaud signait un ar- . rêté me nommant Délégué général en Perse et me - confiant la gestion des intérêts du Ministère dans ce pays. ne - Les pouvoirs les plus étendus me furent attri- r bués. J'avais liberté absolue dans le choix de mon .. personnel, dans la nature de mes dépenses qui, —. comme cela est de coutume dans toutes nos : ._ missions, étaient couvertes par une indemnité an- … nuelle. Ilétaitconvenu qu'aucune mission ne serait —. envoyée sans mon assentiment et en dehors de % moi dans les territoires compris par la convention =. et placés, au point de vue scientifique, sous ma ju- - ridiction. 4 C'est sur le Délégué général que retombaient —. toutes les responsabilités scientifiques, administra- … Lives et même diplomatiques : il devait choisir les sites à fouiller, en changer s’il le jugeaitconvenable | et reporter le centre des travaux dans toute localité 2 du vaste Empire persan qu'il jugerait bon; choisir Ë. son personnel, le rétribuer à sa guise, le conserver _ ou le renvoyer de sa seule autorité ; acheter le ma- … tériel, le modifier suivant les besoins, construire - Iles habitations, organiser les transports, faire ou - faire faire lous les travaux scientifiques, choisir ses J collaborateurs parmi ses attachés ou en dehors, diriger les publications. Si les pouvoirs du Délégué général étaient éten- dus, ses devoirs ne l’étaient pas moins. Il demeurait NS "TS (07 ' , 8 HISTOIRE ET TRAVAUX responsable de la réussite des travaux de re- cherches, de la valeur scientifique des publications, des bonnes relations de sa mission avec les auto- rités locales et les indigènes. Aucun traitement fixe ne lui était alloué et il prenait à sa charge. toutes les dépenses dépassant les sommes allouées: Tous les frais résultant de sa mission : voyages, fouilles, transports jusqu’à Paris des collections, achats de matériel, de chevaux et bêtes de somme, traitement du personnel etc... lui incombaient ; ex- ception était cependant faite pour les métaux pré- cieux découverts au cours des fouilles, leur valeur devant, suivant la convention, être payée au Trésor persan. La Délégation était remboursé par l'Etat au moment de la livraison des objets précieux. Le Délégué général se trouvait donc placé dans la situation d'un particulier opérant pour son propre compte, disposant d’une somme annuelle fixe, soutenu par la haute protection d’un gouver- nement puissant, et par la sympathie de ses hommes d'Etat. En établissant cette situation, le Ministère avait, d’ailleurs, agi avec grande sagesse, car, dans une | mission en pays difficiles, le succès ne peut être assuré que par l'autorité absolue du chef; reste au Ministère à choisir la personne qu'il honore d’une aussi grande confiance. Le 3 juin 1897 M. Paul Deschanel, membre de l’Académie française, Député, donnait àla Chambre lecture de son rapport sur la future Délégation en Perse!, et le 21 juillet de la même année le Parle- 1, CF. Procès verbal de la séance du 3 juin 1897, Pièces annexes, nos droits. Cette même loi consacrait l'allocation annuelle d'un crédit de 130.000 francs pour in- demniser le Délégué général des dépenses afférant à sà mission !. Toutes les questions se trouvant réglées en France, je quittai Paris le 15 septembre 1897, ac- compagné de G. Lampre, secrétaire de la Déléga- tion et d'un contre-maître. Nous nous rendions à Téhéran ou j’avais à me mettre en rapport avec les autorités persanes, à obtenir de S. M. le Chah un firman donnant exécution à la convention, et à or- ganiser mon personnel indigène de domestiques et de surveillants. Le C'° Jacques d’Arlot de Saint-Saud était alors Chargé d’affaires de France à Téhéran. Je n'eus qu'à me louer de la manière dont il m'’assista dans mes démarches. Les pourparlers étant terminés, nous gagnions Suse en quarante-cinq jours de voyage à cheval et le 18 décembre de la même année le premier coup de pioche était donné dans les ruines de la capitale élamite. Pendant que, accompagné de G. Lampre je tra- _versais la Perse du nord au sud, un de mes atta- chés, Gustave Jéquier venait en Arabistan par le sud, voyageant avec mon second contremaitre et Mr° Lampre, qui venait rejoindre son mari. Notre matériel, nos armes, nos provisions arrivaient par la même voie, en sorte qu’au 4 janvier 1898 la Délé- 1, Rapport sur le budget du Ministère de l’Instruction pu- blique Année 1897 et suivantes. 4 10 | HISTOIRE ET TRAVAUX gation se trouvait au complet, les travaux étaient commencés et l’on creusait déjà les fondations de notre future demeure. Bien que M. René de Balloy eût apporté tous ses soins dans la rédaction de la convention, beaucoup d'articles restèrent lettre morte dansles débuts de notre séjour en Arabistan et il survint de graves difficultés que mes pouvoirs diplomatiques, subor- donnés, comme de juste, à ceux de notre représen- tant à Téhéran, ne me permettaient pas de régler. Je dois dire que le pays que j'avais choisi comme centre de nos travaux était l’un des moins surs de la Perse. Suse se trouve éloignée de tout contrôle et de toute protection de la part des autorités per- sanes. Il n’avait point été possible de tout pré- voir dans une première convention, en sorte que bientôt la nécessité se fit sentir d'en établir une seconde. M. Th. Delcassé, Ministre des Affaires étran- gères, et M. Georges Leygues, Ministre de l'Ins- truction publique me firent l'honneur de me confier la rédaction de ce nouvel instrument diplomatique que Sa M. Mozaffer ed-Din Chah voulut bien, à Paris même, en 1900, revêtir de son sceau, en souvenir de l'accueil qui avait été fait en France aux deux derniers souverains persans. Notre Mi- nistre des Affaires étrangères s'intéressa person- nellement à la signature de cette nouvelle con- vention qui règle d’une manière définitive nos relations avec le gouvernement persan et en vertu de laquelle nous travaillons depuis cinq ans. Cette convention accorde à la France le mono- pole exclusif et perpétuel de pratiquer des fouilles dans toute l'étendue de l'Empire persan, réserve 3 DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 11 … faite des lieux consacrés au culte et aux cimetières . musulmans. …—. La France possède la totalité des objets décou- … verts en Susiane. Elle doit remettre au Trésor - royal la valeur en poids de tous les métaux pré- … cieux (or et argent) découverts au cours des tra- vaux. | | Pour toutes les provinces de l'Empire autres que la Susiane, les découvertes sont partagées par moi- tié entre le gouvernement français et celui de S. M. le Chah. Les divers articles de la convention règlent des questions de détails relatives aux douanes, aux escortes, à la protection et aux égards dûs par les autorités provinciales à la mission. Telle est la genèse de la Délégation. J’ai pensé qu'il était utile de la rappeler en quelques pages afin que le public se rende compte du grand effort fourni par les ministères de l'Instruction publique et des Affaires étrangères dans le but de doter notre pays d’un champ d’études presque illimité. Si les services d'Etat ont droit à la reconnais- sance du public français et plus généralement du monde savant, les fondateurs de la Délégation ne doivent point être omis, etil est de mon devoir de proclamer très haut les noms des personnes qui — ont donné leur concours à cette œuvre nationale, … je dirai plus, mondiale. ; M. G. Hanoteaux et M. Th. Delcassé, ministres — des Affaires Etrangères ont assuré la réussite des | | Î f —…._ négociations et protégé nos efforts de toute leur | influence. — Au Ministère de l'Instruction public, M. Ram- k baud et M. X. Charmes ont été les véritables fon- 12 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE dateurs de la mission, assistés par M.R. de Saint Arroman, Chef du bureau des Missions, dont le dévouement à notre œuvre a été sans bornes, Ces Messieurs ont rencontré chez M. le sénateur Bou- langer un appui aussi éclairé que dévoué. MM. G. Leygues et J. Chaumié, ministres de l’Instruction publique n'ont rien négligé pour en- courager nos efforts, de même que MM. L. Liard et C. Bayet, Directeurs de l'Enseignement supérieur. Ces Messieurs on droit à la gratitude de tous les … savants, ils ont droit à ma reconnaissance dont je me permets de leur offrir ici l'expression la plus sincère. Il But de la Délégation La mission dont j'ai l'honneur d’être chargé est destinée spécialement à l'exploration archéologi- que de la Perse tout entière, depuis les rives de la mer Caspienne jusqu'aux bords du golfe Persi- que, et des frontières du Kurdistan turc jusqu'aux déserts salés et aux montagnes arides des Afghans et des Baloutches. Cette région, vaste comme quatre fois la France, je l'ai visitée en majeure partie au cours de ma mission de 1889-1891, et me suis rendu compte des ressources qu’elle pouvait présenter quant aux découvertes historiques. Les diverses parties de l'Empire persan sont loin de présenter, au point de vue spécial qui nous occupe, le mêmeintérêt; par suite, dans nos efforts et dans les sacrifices qui en résultent de la part de l'État, nous ne devons pas attacher la même im- portance à toutes les provinces. Les parties du pays les plus avantageuses sont celles où, dans la haute antiquité, ont vécu des peuples développés dans l’industrie et dans les arts et possédant l'usage de l'écriture. Sans l’écri- ture, en effet, aucun document d’ordre historique, moral, ou religieux, n’a pu être fixé et, par suite, se conserver jusqu’à nous. _ Vers les débuts de notre ère et pendant les 14 HISTOIRE ET TRAVAUX quatre on cinq siècles qui les ont précédés, la Perse tout entière était aux mains de gouvernements très civilisés. Au nord-est s’étendait le puissant royaume de Baktriane, sur le plateau l'Empire des . Arsacides et, à l'occident, celui des souverains sé- leucides, qui disparurent, avant notre ère, pour laisser en contact les Parthes et les Romains dans les plaines de la Mésopotamie. La Baktriane serait à coup sûr un champ d'étude du plus haut intérêt : on y retrouverait la transition entre la civilisation gréco-perse et celle de l'Inde, Malheureusement le site de Balk est en pays afohan, région inabordable, en dehors de la Perse; et le Khoracçan, seule province de ce royaume fai- sant aujourd'hui partie des domaines persans ne donnerait que des résultats très secondaires. La puissance des successeurs de Cyrus s’éten- dait sur toute l’Asie antérieure jusqu'à l’'Indus, mais le centre de laroyauté se trouvait en Perside, en Elam et en Chaldée ; il n’y aurait donc pas lieu d'explorer les provinces avec des garanties de réussite relativement à cette période. C’est à Suse et à Persépolis seulement qu'on doit tenter un effort. Antérieurement à l'époque des souverains aché- ménides, aucun peuple du plateau persan ne savait écrire. Seuls, dans toute cette partie de l’Asie, les Assyriens, les Chaldéens, les Elamites et les Ourartiens (près du lac de Van) possédaient l'usage des caractères cunéiformes.On a cru jadis pouvoir attribuer aux Mèdes l’une des langues des textes de Bisoutoun, mais cette erreur grossière a été relevée et la théorie de son auteur réduite à néant. Les peuples en possession de l'écriture vivaient ; ] Y V TR Sa Rte DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 15 sur les confins de la Chaldée et de l’Assyrie; leurs établissements stables n'ont jamais dépassé les provinces actuelles du Kurdistan, du Louristan et des Baktyaris, et encore ne se sont-ils que fort peu avancés dans ces montagnes. La plaine assyrienne et chaldéenne, an la Susiane, est aujourd’hui dans le domaine du Sultan et, par suite, échappe aux investigations de la Dé- légation. - L’aire fertile en documents demeurant à notre disposition est très restreinte, mais elle est aussi d'une extrème richesse ; quant aux autres parties du royaume elles ne peuvent renfermer que des restes relativement récents ou des vestiges de ce que nous sommes convenus de désigner sous le nom de préhistorique parce qu'ils sont anépigra- phes, quelle que soit leur époque. Mes recherches archéologiques dans le nord de l'Iran ‘ vérifient pleinement cette assertion. Au point de vue de l'importance que j'attache aux diverses parties de la Perse, je range en pre- mière ligne la Susiane et plus spécialement les ruines de sa capitale; puis viennent les nombreux tells de l’Arabistan, des monts Baktyaris, du bas Poucht-é-Kouh, aux confins de la Chaldée, du dis- trict de Zohâb et de la vallée de la rivière de Diyala. Le Louristan et la vallée du Seïn Mèrre (Kerkha) peuvent égalementoffrir unintérêthistorique, mais les villes qui jadis florissaient dans ces districts n'étaient guère que des chef-lieux de pres 1. Fouilles à Asterabad en 1890, et dans le Tälyche en 1890 et 1901, 16 HISTOIRE ET TRAVAUX La Perside (Persépolis) et Hamadan (Ecbatane) offriraient certainement un grand intérêt, mais les découvertes n'y seraient pas capitales comme celles qui se font au voisinage de la Chaldée. Le Ministère, je l’ai dit, me laissait libre, dans le choix des sites que je jugeais utile d'explorer, libre de modifier mes plans, de changer de place le centre de mes travaux et de le reporter, si je le jugeais utile, de l’une à l’autre des bornes de ce vaste empire à des milliers de kilomètres de dis- tance *. M'appuyant sur les considérations que je viens d’exposer sommairement, c'est aux ruines de Suse que je me suis arrêté pour en faire notre centre et le point principal de nos efforts. Suse est, il est vrai, dans l’un des districts de la Perse les moins sains, les moins sûrs, en un mot les moins habi- tables, mais je ne devais pas m'arrêter devant de telles raisons, car Suse, capitale d'un vaste royaume encore inconnu alors, renfermait à coup sûr des trésors scientifiques et, dans tous les cas, se trou- vaitau milieu de la zone que je considérais comme devant être la plus fructueuse. La Bible, les annales assyriennes nous mon- traient la civilisation susienne comme l'une des plus anciennes et des plus puissantes du monde antique et la capitale de l'Elam comme l'un des plus grands centres de la Chaldée. De toutes les villes éteintes de la Perse aujourd'hui, Suse était donc le site offrant les garanties les plus sûres de succès. C’est en vue de ce point que je préparai 1. De Suse au Khoracan on compte soixante-dix jours envi ron de cheval, | DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 17 mon expédition et mon matériel, bien que là ne se fussent pas bornées mes vues. On a cent fois dit etimpriméque la Délégation en Perse avait repris à Suse les travaux de la mission Dieulafoy. C’est là une erreur que je ne relèverais pas si, par sa fréquence, elle ne devenaitobsédante. La mission Dieulafoy avait en vue l'étude de la période achéménide: c'est sur [a partie des ruines appartenant à cette époque qu’elle concentra ses efforts, laissant vierge toute la région des ruines élamites, qui fait uniquement l’objet de mes travaux. | Les palais de Xerxès, d'Artaxerxès et autres, n'entrèrent pour rien dans le choix que je fis du site de Suse; c'est l’histoire de l'Elam que je cher- chais. M'appuyant sur les raisons que je viens d'exposer, je distinguai l'emplacement de sa capi- tale; peu m'importait qu'il existât ou non des ruines de basse époque explorées par une mission qui n'a jamais eu aucun lien commun avec celle que je dirige, le but de l'une et de l'autre, de même que les ruines attaquées par l’une et par l'autre, différant complètement. Les chaleurs de l’été ne permettant aucun tra- vail en Susiane depuis Le 1e° mai jusqu'au 1° dé-. cembre, cette période de six mois devait être consacrée à l'exploration méthodique de la Perse et à des travaux archéologiques, s’il y avait lieu d’er faire, dans les diverses provinces. Tous les dix-huit mois environ, les travaux et explorations devaient être suspendus pendant l'été afin de permettre au personnel d'aller se reposer en Europe et de surveiller l'impression des publi- _ cations. 18. HISTOIRE ET TRAVAUX L'étude archéologique du sol persan se trouvait donc organisée ainsi dans les meilleures condi- tions, étant donnés le personnel et les ressources . dont je disposais. Mais ce point de vue ne suffisait pas pour arriver à la connaissance complète de l'histoire. Il fallait appuyer nos Mémoires sur des notions très précises de géographie, de géologie, et, en général, d'histoire naturelle. Comment expli- quer, en effet, la vie intime des peuples sans con- naître l'ambiance dans laquelle ils vivaient jadis ? comment discuter les campagnes d’un conquérant sans posséder les cartes du pays, théâtre de ses hauts faits ? | Dans le but de combler, autant qu'il était en. notre pouvoir, ces importantes lacunes, la Déléga- tion entreprit, au cours de ses campagnes d'été, l'exploration d'un certain nombre de provinces au point de vue topographique et géologique et à celui de la faune et de la flore. Des cartes partielles furent dressées, des coupes géologiques relevées, et, chaque année, les mules de la Délégation transportèrent des collections considérables de fossiles, de minéraux, de mollus- ques, d'insectes, d'oiseaux, de plantes, etc., re- cueillis dans les pays les plus divers et souvent d’un accès très difficile *. De semblables études réclament des années de recherches avant que la richesse des collections permette de commencer les publications. Ces re- cherches exigent de la part des missionnaires, si- 1, Dans le seul voyage de 1898 dans les montagnes Baktyaris, la Délégation perdit quatorze chevaux et mulets morts de fati: gue ou d'accident et fréquemment eut à faire le coup de feu pour se protéger, C DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 19 non des connaissances approfondies dans toutes les branches de la science, du moins des notions très : sérieuses de chacune d’elles, afin que les notes des voyageurs puissent être d'utilité pour les spécia- listes se chargeant de la rédaction des Mémoires. Cette tâche, déjà bien lourde, se trouve étendue encore par les études sur les langues vivantes, sur leurs formes dialectales, par la recherche des manuscrits précieux, etc. Ainsi cette mission archéologique se double de toutes les branches scientifiques qui peuvent être étudiées en Iran. Car l'Histoire, but principal de nos études, n'est plus aujourd hui une simple nomenclature chronologi- que de souverains et de batailles : elle doit être philosophique et raisonnée, c’est-à-dire en dépen- dance directe de toutes les branches des connais- sances humaines. C'est avec l’aide de ces diverses branches, en effet, qu’on perçoit les causes des faits historiques et qu'on trouve leur explica- tion. Tâche immense pour des missionnaires, mais aussi tâche passionnante, car chaque jour d’études apporte de véritables révélations; l'esprit ne reste jamais en repos et se maintient toujours en acti- vité. Le modèle des missions, je l’ai dit, est sans con- tredit la Commission d'Egypte. En trois années, tous les sujets scientifiques furent abordés et étudiés dans la vallée du Nil. Cette œuvre gran- diose restera comme l’un des plus beaux monu- ments de l'intelligence humaine. Bonaparte en fut l'âme, il disposait de trente mille soldats, de crédits illimités et de l’Institut tout entier qui l’a- - vait suivi sur la terre pharaonique. L'œuvre devait 20 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE être à la hauteur du chef qui l'avait conçue et des moyens employés. Pour nous, qui disposons de ressources modes- tes, qui devons trouver en nous-mêmes toutes les connaissances scientifiques nécessaires, passer sans transition d’une étude à une autre, et souvent de la diplomatie à la défense de nos personnes, l'entreprise ne manque pas de difficulté; car, sans prétendre égaler l'œuvre de la Commission d'E- gypte nous n'avons pas moins le droit de la prendre pour modèle. î | 4 È 3 * + s A _— er ; à 4 É e. } Q V rs III La vie en Perse Sous ce litre je parlerai, non pas de la vie maté- rielle, de ses privations, de ses avantages, mais de la tenue que doivent avoir les missionnaires en Perse, de la ligne de conduite dont ils ne peuvent sortir sans danger pour le présent comme pour l’a- venir de la Délégation. Aidés du bienveillant appui de S. M. le Roi, se- condées par la diplomatie française, les personnes faisant partie de la Délégation peuvent circuler et travailler librement dans toute l’étendue de la Perse. Notre mission jouit, il est vrai, de préroga- tives importantes, mais, j'ose le dire, c’est à notre attitude vis-à-vis du Gouvernement et des popula- _ tions que nous devons, en majeure partie, l'estime dont nous sommes entourés par la haute société du pays. Cetle situation qu'officiellementje devais trouver dès mon arrivée en Perse, nous n’en jouissons, en réalité, que depuis quelques années seulement; car, si la Délégation a des droits, elle a aussi des de- voirs et les Persans attendaient de nous voir à l'œuvre pour se prononcer en notre faveur ou contre nous. La Perse est musulmane chiite et, par suite, les Européens y sont à priori suspectés. Ses mœurs, 22 HISTOIRE ET TRAVAUX ses usages diffèrent entièrement des nôtres, Ses habitants sont généralement fort polis mais leur civilité, si nous n'y sommes pas accoutumés, peut parfois choquer nos idées, de mème que la nôtre peut les froisser. Dans les grands centres comme T éhéran, Tauris, Ispahan, le Persan est porté à l'indulgence envers l’Européen nouveau venu dans sa ville; il l’excuse de son ignorance de la politesse du pays. Mais chez les nomades, dans les campagnes, le voyageur doit posséder à fond les usages s’il ne veut pas soulever de difficultés. Il lui faut mener un train propor- tionné à sa situation, se montrer large dans ses ca. deaux, compatissant envers les malheureux et les malades. Sans être médecin il doit savoir soulager la douleur, Le Persan du peuple est foncièrement lâche pris isolément, ou se trouvant en présence d'un voyageur entouré d’un nombreux personnel:il se montre, alors, d’une politesse souvent exagérée; mais se trouve-t-1il soutenu par le nombre, il devient insolent et souvent agressif, Quoi qu'il en soit, le voyageur se doit à lui-même de se montrer juste et bon; il enlève ainsi des prétextes aux querelles, qui, généralement, tournent fort mal. Pour connaître toutes ces choses et savoir les pratiquer, il faut un assez long séjour dans le pays, mais il est surtout nécessaire de parler la langue ou les langues indigènes. Car un mot dit soi-même a bien plus de valeur que tous les discours tenus par des interprètes. L'Oriental est d’un naturel mé- fiant, il se défie de toute communication qui ne lui est pas faite directement, Les interprètes, d’ailleurs, sont bien la pire des engeances de l'Orient; soit ignorance, soit mau- ; : DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 23 vaise volonté ils ne traduisent jamais exactement votre pensée. Votre drogman est-il chrétien, les musulmans le méprisent et ne tiennent aucun compte de ce qu'il dit ; est-il musulman lui-même, c'est alors vous-même qu’il méprise ettrompe, s'é- gayant à vos dépens avec ses coreligionnaires. Dans la majeure partie de l’Empire persan, la sécurité est très suffisante. Les gouverneurs y sont puissants, hospitaliers et savent, en général, faire respecter les étrangers. Mais il est des districts éloignés, des chaînes de montagnes où l'autorité royale est presque mécon- nue. N'en est-il pas ainsi dans bien des régions de la Turquie et, je dirai plus, dans certains pays de l'Europe? Dans ces districts, les escortes fournies par les gouverneurs sont plutôtnuisibles qu'utiles; elles désertent, d’ailleurs, de suite, dès qu’on pé- nètre dans les pays où elles ne se sentent plus en _ sürelé. Le seul moyen de parcourir les pays indépen- dants de fait, est de se mettre en bons termes avec les chefs locaux; cette précaution exige générale- ment une longue préparation, des cadeaux et beau- coup de diplomatie. L'amitié d’un chef nomade demeure tant qu'on l'entretient par des moyens sensibles pourles esprits simples ; on ne recoit alors chez lui que de bons procédés. Mais souvent ilest en guerre avec ses voisins ; alors la route est barrée et en dehors de son territoire, on se trouve en pays ennemi. Un voyage dans les montagnes du Louris- tan ou des Baktyaris ne peut être projeté à l'avance, car le moindre incident peut fermer les communi- cations pour des années. C’est ainsi qu'ayant pu, en 1891, suivre la route directe de Khorremäbâäd à Diz- Rat AR sn 6 he * RE MER 24 HISTOIRE ET TRAVAUX foul, je n’ai pas retrouvé depuis cette époque la possibilité de reprendre ce chemin qui se trouve coupé depuis treize ans par des tribus révoltées, et que, l’année dernière, deux officiers anglais ont failli y trouver la mort pour avoir méprisé les con- seils de prudence qui leur étaient donnés. Sur le plateau persan, de semblables faits ne se produisent pas et généralement la population est calme; toutefois, il est des centres de fanatisme que le voyageur chrétien doit éviter avec grand soin. A Koum, entre autres, ville sainte, un chrétien tra- versant le bazar sans s'arrêter, sera sûrement bom- bardé de pierres, d’ordures et de crachats, En pareille occurrence montrer une arme ou se. révolter contre d'aussi indignes traitements est s’exposer à une mort certaine. Il faut donc éviter avec grand soin d'approcher des foyers de fana- tisme, des monuments religieux, et, en général, des centres de population, car le bas peuple des villes a la haine du chrétien, et est porté à l'injure. | Lorsque je suis en voyage, je place toujours mon campement à bonne distance des lieux habités, afin d'éviter un contact d'où il résulterait presque toujours des ennuis; je fais venir le chef du village, le rends responsable de la sécurité de mon camp; il place des gardiens que mes domestiques doivent, d’ailleurs, surveiller eux-mêmes, et, le lendemain, suivant que ces hommes ont bien ou mal fait leur devoir, je leur donne une gratification ou les me- nace des colères du gouverneur de la province. En Perse, les gouvernements sont donnés en location à des personnages de marque; les gou- verneurs généraux sont responsables de tout ce qui se passe dans leur province : ils ont droit de DAT TET L'UTANERS PART E. duénlinet ch test SUD DÉ LA DÉLÉGATION EN PÉRSE 25 haute et de basse justice, organisent eux-mêmes leur armée, nomment les vice gouverneurs qui, comme de juste, paient leurs charges, et vendent tous les emplois de leur gouvernement. Il résulte de ceite organisation qu’un méfait ayant été com- mis dans un territoire, et le Grand Vizir l'appre- nant, le gouverneur général est tenu pour respon- sable et frappé d'une amende. IL s’en prend alors au vice-gouverneur dans le département duquel le fait s’est passé, qui lui-même condamne le chef de district'et ainsi de suite, en sorte que le village responsable finit par payer l'amende sou- vent décuple de celle prescrite par le Grand Vizir. Il est, comme de juste, impossible de faire sans cesse intervenir lé Grand Vizir; la Délégation doit se montrer très discrète à cet égard et, à plus forte raison, ne doit-elle, que dans des cas très graves, faire remettre sa plainte au Gouvernement persan par la diplomatie française à Téhéran. Dans la plu- part des cas elle s'adresse directement au gouver- neur général et souvent même à des administra- teurs subalternes. Les incidents étant fréquents, malgré toutes nos précautions, leur règlement est affaire de tact et de bonnes relations avec Les auto- rités provinciales. Enfin, et ceci est une règle générale pour tous les pays musulmans, le voyageur chrétien doit ignorer complètement l'existence des femmes per: sanes. Les mahométans, entre eux, à moins d'être très intimes ne s'informent jamais de l’état de santé des femmes de leurs amis. Ils professent pour la . femme un profond respect, et, même chez les tribus les plus sauvages, la présence d'une Européenne 2 26 * HISTOIRE ET TRAVAUX dans une caravane est une grande sauvegarde, si elle porte le costume féminin. Si j'insiste sur ce point, c’est que bien des mis- sions en Orient ont été arrêtées, voire même massa- crées, parce que les Européens qui en faisaient par- tie ont négligé ces principes. Cértains voyageurs même, seraient à coup sûr empoisonnés s'ils retour- naient en Orient, pour avoir commis l’indécence de publier le portrait de quelques femmes de per- sonnages importants. La haute classe de la société persane est loin d'être fanatique : elle recoit avec grande amitié les Francais, il est facile d'entretenir avec elle d'excel- lentes relations. Le clergé est souvent sceptique et ne partage pas sur les étrangers l'opinion de la plèbe ; mais l'influence qu'il exerce sur le peuple faisant sa force, il est tenu d’avoir l'air, tout au moins, de mépriser profondément le chrétien; mieux vaut s'abstenir de relations avec les mollahs, sauf dans quelques cas spéciaux où ils peuvent rendre de grands services. Telles sont les principales conditions de la vie dans les pays persans, je dirai plus, dans tous les pays musulmans. Toutefois, en Perse, la religion chiite rend la vie plus difficile que partout ailleurs par l'intolérance de ses principes. Tout ce qui a été touché par un infidèle c’est-à-dire par un chrétien, est impur, sauf toutefois l'argent et les médica- ments, et le bon musulman doit avoir pour nous plus de répugnance que nous n’en avons pour un crapaud ou un porc. Un pur chiite ne donne pas la main à un Européen, ne mange pas dans ses usten- siles même bien lavés, ct souventil crache à terre en signe de dégoût lorsqu'on passe près de lui, è & DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 27 p' M” L sn Li d * . "a Cette intolérance persane doit certainement avoir la même origine que celle qui, aux Indes, a présidé à la formation de la société chez les brali- manistes. Pour les Hindous non seulementles Eu- ropéens cont impurs, mais les diverses castes le sont les unes par rapport aux autres. On ne s'attache pas ces sortes de fanatiques, car ils reportent à Dieu tout le bien qu’on leur peut faire, le chrétien n'ayant été et ne pouvant être autre chose qu'un vil instrument de la volonté divine. En Susiane, les conditions sont encore plus dif- ficiles que dans le reste de la Perse, les deux seules villes de PArabistan, Dizfoul et Chouster étant presque entièrement peuplées de saïds, pré- tendus descendants du Prophète, gens d’autant plus fanatiques qu’ils sont plus nombreux et s’es- pionnent les uns les autres, Les saïds de mauvais aloi sont le plus grand nombre; ils affichent des principes de rigorisme qui feraient pâlir Mahomet lui-même. Dans les campagnes vivent des nomades, de meilleure composition que les citadins au point de vue religieux; mais tous sont des bandits merveil- leusement armés et fort dangereux. A Suse, la proximité de la frontière turque com- plique encore les choses. Officiellement, cette fron - tière devrait se trouver à une trentaine de kilo- mètres des ruines, mais pratiquement elle n’en est qu’à deux mille mètres environ, sur la rive gauche de la rivière Kerkha. Entre cette rivière et la frontière s'étend une zone large en moyenne de 30 kilomètres, longue de 150 où jamais ne s’égare la police persane. Ce 287. HISTOIRE ET TRAVAUX territoire est absolument indépendant et sert de refuge à tous les out laws de Turquie et de Perse. D'ailleurs, du coté ture, entre la frontière et la rive gauche du Tigre, il en est à peu de chose près de même sur une largeur de cent kilomètres en- viron : le pays est entièrement livré aux bandits et aux Arabes Beni-Lams, souvent révoltés contre l'autorité du Sultan. Autour de Suse, sur le territoire persan, la po- pulation arabe est groupée par tribus d'importance variable, obéissant plus ou moins mal aux gouver- neurs et toujours en guerre les unes contre les autres, en sorte qu'il est fort difficile d’être en bons termes avec toutes à la fois. Au cours de l'hiver, chaque année, les nomades des montagnes loures, descendent avec leurs trou- peaux dans les plaines d'Arabistan, se battent contre les tribus arabes qu’ils cherchent à piller, et jettent dans le pays un indicible trouble. Après ce que je viens de dire de la Perse, on comprendra facilement pourquoi le Ministère de Instruction publique, en mettant sous la respon- sabilité de son Délégué général en Perse tous les travaux dans ce pays, lui a confié le soin de choisir ses attachés et lui a réservé le droit d'autoriser ou non des fouilles en dehors de celles de la Déléga- tion. Le pays est difficile, la situation de notre mission est fort bonne; il ne faudrait pas qu'elle fût gâtée par l'inexpérience ou l'étourderie d'un fouilleur mal avisé. Une difficulté provenant, au Khoraçan par exemple, d'un missionnaire français étranger à la Délégation, serait de nature à jeter le discrédit sur la mission principale et à entraver ses efforts dans les autres provinces. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 29 Si, à plusieurs reprises, j'ai refusé des autorisa- tions de fouilles en dehors de ma surveillance di- recte, c’est que les risques sont trop grands pour que je me permette de jouer avec une situation que nous avons mis tant d'années à créer. J'ai dit que les ruines de Suse se trouvent situées dans l’un des districts les plus difficiles de la Perse ; je dois ajouter que les moyens d'y par- venir sont longs et parfois fort pénibles. La voie la plus aisée est celle du sud. De Mar- seille on gagne soit directement, soit en passant par Bombay, la bourgade d'El Mohammerah sur le Chatt-el-Arab, au confluent du Kâroun. Ce voyage exige au minimum trente jours, quelquefois quarante-cinq jours de navigation. De El Mohammerah, grâce à un service assez régulier de bateaux anglais, on remonte jusqu’à Nasseri-Ahwaz sur le Kâroun; le trajet se fait en deux ou trois jours. | De Nasseri-Ahwaz on peut soit gagner Chouster — enchangeant de bateau et de là Suse par Dizfoul en 3 jours de caravane, soit se rendre directement à Suse en quatre jours de cheval au travers d’un … pays où jusqu'ici personne, sauf la mission, n'a osé …_ s’aventurer, tant sont difficiles les populations — campées sur la route. ê Un autre moyen de gagner Suse est de venir par —._ le nord et de traverser la Perse dans toute sa lar- { È - 4 ES : geur du nord au sud. Les principales villes sur ce trajet sont : Marseille, Constantinople, Batoum, —._ Tiflis, Erivan, Tauris, Kirmanchah; de ce dernier —_ point on traverse le pays des Kialhours, puis le Poucht-è-Kouh dans toute sa longueur et l’on ar- rive à Suse deux mois, au moins, après le départde “à 2, 30 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE Paris ; le trajet d'Erivan à Suse, soit 40 jours en- viron, doit se faire à cheval. A la fin d’une campagne en Perse j'ai, en 1900, gagné l'Europe en me rendant de Perse à Bagdad en 7 jours puis à Damas en 27 jours de cheval, et de là à Beyroutk et Constantinople. Une dernière voie; que je n’ai pas parcourue mais dont je dois parler, est celle de Suse, Bagdad, Mossoul, Diarbekyr, Erzeroum et Trébizonde; elle est fort pénible et exige environ deux mois entre Suse et Paris. Tous ces voyages sont extrêmement coûteux ; celui par le sud est le seul qui ne soit pas pénible, On comprendra facilement pourquoi j'organise presque toujours des campagnes en Perse de 18 mois, se décomposanten deux hivers de fouilles à Suse etune campagne d'exploration en été. Les missionnaires qui, pendant dix-huit mois de suite, ont subi les fatigues, en travaillant comme ils l’eussent fait en Europe, ont réellement bien mérité de la science. En Chaldée le climat en été est moins rigoureux qu'en Susiane ; les missions allemandes et amé- ricaines ne suspendent pas leurs travaux de fouilles tant à Babylone qu’à Niffer. Il est juste de dire qu’on ne voit jamais dans ces localités le ther- momètre centigrade indiquer + 57°5 comme le fait arrive journellement à Suse depuis le mois de uin jusqu’à la fin d'octobre. x IV …— Le personnel et le matériel de la Délégation. Mon premier soin, dès que j’eus connaissance de ce que le Ministère attendait de moi fut de choisir mon personnel ou mieux, mes collabora- teurs. Car, je n'ai jamais songé à faire de la Délé- gation une de ces administrations, malheureuse- ment si nombreuses, où les employés n'ont pour leur chef que d’apparents égards. 11 me fallait des hommes très instruits, il est vrai, mais sûrs, droits et loyaux de caractère, considérant la Délégation comme leur chose, leur chef comme leur ami, comme un simple collègue chargé des responsabi- lités. Ne devions-nous pas, en effet, vivre côte à côte pendant bien des années, dormir sous le même toit ou la même tente, manger à la même table, supporter les mêmes fatigues, les mêmes priva- tions, vaincre les mêmes obstacles, éprouver les nm mêmes espérances et les mêmes joies. Il fallait … entre nous une parfaite communauté d'idées. | Dans une mission militaire, où l'autorité du chef est absolue, le grade permet à ce chef d'obtenir une stricte obéissance ; il dispose de moyens de contrainte. Dans une mission civile scientifique, au contraire, le pouvoir du chef est presque nul, uses seuls moyens disciplinaires étant le blâme et le … renvoi. C’est par la conviction qu'il doit imposer … ses décisions et la base de la conviction ne peut 32 HISTOIRE ET TRAVAUX être que dans l'estime, la confiance et l'amitié des personnes placées sous ses ordres. Dans ces conditions, il faut bien connaître les gens, leurs antécédents, leur caractère pour se décider a les emmener avec soi dans une expédi- tion dont on prévoit les difficultés et les périls. Il faut les avoir vus à l’œuvre en d'autres circons- tances également pénibles, s’être rendu compte non seulement de leurs aptitudes, mais aussi de leur endurance et de leur humeur. Imbu de ces principes, j'ai choisi parmi les nombreux savants que ma situation en Égypte m'avait mis à même de fréquenter et, dès le mois de juillet 1897, le personnel de la mission était au complet. En première ligne il me fallait un assyriologue jeune, énergique, bon linguiste, capable de s’atta- quer avec succès à des langues encore inconnues. IL fallait un homme jouissant déjà d'une grande notoriété, car le plus important dans nos travaux, après les découvertes, était leur publication. Mon choix s'arrêta sur V. Scheil que j'avais connu en Egypte alors qu'il était attaché à l'Insti- tut français d'archéologie orientale du Caire. Dès 1891, MM. X. Charmes, G. Maspero, E. Grébaut, U. Bouriant, en somme tous ceux qui avaient été à même de l’apprécier, m'avaient fait de son carac- tère et de ses connaissances le plus grand éloge. Lessavants étrangers, à maintes reprises, m'avaient témoigné leur estime pour les travaux de cet assy- riologue, pour l'étendue de ses connaissances lin- guistiques et pour sa perspicacité d’épigraphiste. V. Scheil était alors dans la vallée du Nil, se fa- miliarisant avec l'égyptologie et publiant des DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 33 Tombeaux thébains. S'il était sorti pour quelques temps de l'assyriologie, ce n’était pas pour se spé- cialiser dans l'étude des textes pharaoniques, mais pour accroître ses connaissances générales dans la linguistique. Latiniste, helléniste, orientaliste égyptologue et avant tout assyriologue, V. Scheil possède une foule de langues anciennes; il parle presque toutes celles de l'Europe et bon nombre de celles de l'Orient. Sa modestie düt-elle en souf- frir, il était de mon devoir de présenter au public mon collaborateur tel qu'il est. Mon choix ne pouvait être meilleur et les faits l’ont montré. Avec une activité dévorante il se mit à l’œuvre dès nos premières découvertes, déchif- frant avec une extrême rapidité les textes cursifs écrits sur argile, inscriptions qui, comme on le sait, sont de lecture si ardue que de vieux profes- seurs, blanchis dans l’enseignement de l’assyrien, … nesen tirent parlois qu'à leur grande confusion. Mais une difficulté, prévue d'ailleurs, se présen- tait : la moitié environ des inscriptions rencontrées dans les fouilles de Suse était en langue anzanite et quelques-uns de ces textes, connus depuis long- temps, avaient résisté à toutes les tentatives d'in- terprétation. Nous espérions rencontrer un jour une inscription bilingue facilitant la solution de ce problème ardu, cette chance ne vint pas et V. Scheil dut se contenter de quelques indications que fournissaient des textes sémitiques analogues. Partant de là, et des noms propres qu'il avait à sa disposition, il parvint, de déductions scientifiques en déductions scientifiques, à la compréhension des longs textes. Ce fut un réel tour de force au- quel j'ai moi-même assisté avec un intérétextrême, 34 HISTOIRE ET TRAVAUX Rien dans cette étude ne fut livré au hasard ou à la fantaisie. Par des spéculations rigoureusement scientifiques mon collaborateur est en voie de re- constituer celte langue d’Anzan qui, très dégéné- rée, se retrouve dans le néo-anzanîte des textes trilingues achéménides. Elle n’est plus reconnais- sable à cette époque et, méconnaissant le caractère aryen des sujets de Cyrus, on en avait voulu faire la langue des Mèdes. J'avais remis à V. Scheil toute la partie assyrio- logique de notre expédition,/iui donnant pouvoir Fahede dans Te cho rar Lellaborateute s’il ju- geait utile de s'en adjoindre. Sa tâche se trou- vait être assez vaste pour que je n’y pusse ajouter un service archéologique. D'ailleurs l'expérience m'avait appris en Égypte que le linguiste, constamment préoccupé de ses traductions si ardues, ne peut généralement pas se plier aux exigences des observations minutieuses sur le terrain. Je songeai donc à m'entourer d'autres savants, moins spécialistes comme lin- guistes, et portés par la tournure de leur esprit aux fouilles archéologiques. Je m’adjoignis Gustave Jéquier et Joseph-Etienne Gautier. G.Jéquier avait été mon collaborateur en Égypte dès 1892, alors qu'avec U. Bouriant, directeur de l'Institut français du Caire, j'entreprenais les rele- vés de la publication du Catalogue des monuments et inscriptions de l'Égypte antique. 11 travailla au tome I: de cette série, entre Syène et Kom Ombos, surveilla avec moi les déblaiements du temple d'Ombos et participa à la publication de ce superbe monument. Plus tard, il m’assista dans mes fouilles à Dah- ds ds de DE LA DÉLÉUGATION EN PERSE 35 chour, dans mes travaux sur la préhistoire égyp- tienne, prit part à la découverte du tombeau de Ménès, à Négadah et explora avec moi le Fayoum, le Bahr-Bela-Mäh et la péninsule sinaïtique. Entre temps il avait, avec J.-E. Gautier, fouillé les pyramides et la nécropole de Licht, G. Jéquier, ancien élève diplômé de l'école des Hautes Études et de celle du Louvre, est un bon égyptologue, hébraïsant et helléniste. Ses connais- sances de la linguistique générale, de l’archéolo- gie et de l'histoire sont fort étendues. Ayant eu sa part dans de grands travaux de fouilles, il avait : une expérience consommée des recherches de ce genre. Mèlé à de grandes publications comme collaborateur, il s’est fait remarquer par la préci- sion de sa rédaction et son habileté comme dessi- nateur. J.-E. Gautier, porté par ses goûts vers les explo- rations, l'archéologie et l’histoire avait, lui aussi, un passé qui le recommandait. Ses débuts archéologiques avaient été à Homs, en Cœlésyrie où il pratiqua des fouilles de haut intérêt; de là, il vint en Egypte explorer la nécro- pole de Licht, travail difficile, fait en quelque sorte sous mes yeux, qui à donné de très beaux résul- tols et au cours duquel j'avais été à même de juger des grandes qualités de J.-E. Gavtier comme archéologue. Fort au courant des questions historiques, obser- vateur méticuleux, topographe habile, J.-E. Gautier est devenu linguiste au contact des peuples de l'Orient. Possédant le persan et l'arabe il s’est, Gepuis quelques années, adonné à Passy riolagie grâce à l’enseignement de V, Scheil à l'École des 36 HISTOIRE ET TRAVAUX Hautes Études, Son maitre, qui lui reconnaît de réelles aptitudes, le jugeant apte déjà à déchiffrer bien des textes, lui a confié la première lecture des inscriptions découvertes à Suse au cours de la campagne de 1904-5. En venant en Perse J.-E. Gautier n'était d'ail- leurs pas un étranger pour ce pays; il l'avait par- couru jadis, visitant le Kurdistan, les Baktyaris, Ispahan etc... Dans ce même voyage il avait exploré la majeure partie de la Turquie d'Asie, avait vu Bagdad, Mossoul, remonté l'Euphrate, visité Pal- myre, Halep, la Syrie etc... et avait conservé de ces pays l’ardent désir d'y retourner dans un but scientifique. Le côté archéologique et linguistique de la mis- sion se trouvant assuré dans les meilleures condi- tions, je devais me préoccuper également de l'ad- ministration de mon expédition et réserver ces soins à quelqu'un qui, au courant de l'archéologie et des travaux de fouilles, fût à même de rendre également des services scientifiques. Le poste de secrétaire de la Délégation n'était pas aisé à remplir, car il fallait que le titulaire füt . très au courant des choses de la Perse, de la langue et aussi de l'archéologie. C'est à Georges Lampre que j'ai confié ce ser- vice. Je l'avais connu en 1890 en Perse, oùil habitait Tauris avec sa femme, jouissant tous deux de les- time et de l'amitié des Persans, comme des Euro- péens. G. Lampre avait recu une éducation très litté- raire; fils d'un savant helléniste collaborateur de Burnouf, il avait dès son jeune âge témoigné un goût prononcé pour la litlérature et l'histoire. Un CON OPEN 3 rt CS Er De SE ARRETE DÉ LA DÉLÉGATION EN PERSE 33 “séjour de cinq années en Perse lui avait permis “d'apprendre la langue, d'étudier les mœurs du “pays et de bien connaître les Persans. La santé de M"°L Lampre l'avait obligé a quitter la Perse, il vint en Égypte pour la rétablir. Là, je l’invitai à venir “prendre part à quelques-uns de mes voyages et à “certains de mes travaux. Il assista aux découvertes “de Dahchour et collabora à mon second volume sur “les origines de l'Égypte, se faisant rapidement aux “études archéologiques et à la conduite des chan- tiers. Lors de la création de la Délégation je pensai “de suite à lui confier la partie administrative, il s'en tira à son grand honneur. Depuis, M"° Lampre, qui n’a cessé d'accompagner son mari dans ses “voyages, a pris sa part dans les fonctions de G. Lam- pre. La conduite de la maison et des domestiques dont cette vaillante femme s’est chargée, a permis à Son mari de faire œuvre d'archéologue pendant les “instants que lui laisse l'administration proprement “dite ; tous deux ont été pour beaucoup dans l'orga- nisation matérielle de la mission. —…._ La Délégation se trouvait donc constituée dans les conditions les plus favorables, car mes attachés _selrouvaient être dévoués à notre œuvre commune mel présentaient toutes les garanties requises. Mal- “heureusement, nous étions tous, à peu de chose mprès du même âge; des empêchements imprévus, “la maladie, pouvaient venir jeter le trouble dans le | bon fonctionnement de la mission. Il fallait de Deunes attachés, aptes à prendre un jour la suc- “cession des affaires. Je ne pouvais, comme de juste, “exiger d'eux les connaissances approfondies et à l'ex expérience achevée de mes collaborateurs du 3 AIT A 54 38 HISTOIRE ET TRAVAUX " début, tous hommes ayant fait leurs preuves.Mais: je ne pouvais aussi conserver près de moi que des jeunes gens travailleurs, passionnés pour la science, et ayant, par rapport à leur âge, un acquis scientifique tel que je pusse compter sur leurs rapides progrès. Nous ne pouvons, en Perse, tirer aucun parti de ces amateurs futiles, sans fond et sans volonté de bien faire et d'apprendre, qui ne verraient dans la Délégation qu'une occasion de faire de beaux voyages, ou de se faire donner une sinécure payée. Je ne conserve que des gens sé- rieux, dévoués à notre œuvre, faisant passer ses succès en première ligne dans leurs préoccupa=s tions. Les conditions générales de la vie sont plus’ dures qu’on ne le suppose en général, car outre les. dangers du climat, de la peste, du choléra,on risque encore les attaques des nombreux brigands qui infestent le pays. Quant au confort de l’existence. il est souvent plus que sommaire, il faut que les. jeunes attachés se placent au dessus de ces incon-. vénients et qu'ils travaillent comme s'ils étaient en. Europe entourés de toutes les facilités et de con-" fort. Savoir seulement supporter la vie de mis-" sion n'est pas un ttire suffisant pour rester dans! la Délégation. | Lorsque, sortant de l École des Mines de Paris" en 1882, j je mis le pied dans la vie, j'avais devant" moi tout à apprendre, tout à créer et personne. n’était là pour me guider dans la voie difficile” des explorations et des travaux sur le terrain. Je dus payer de ma personne, risquer ma santé et ma vie, La Scandinavie, l'Allemagne, l'Autriche, les Indes, la Malaisie, la Turquie, la Russie, le Cau- case me servirent d’école, car ce n'est qu'en 1889. ae Moi d'il 4 CANNES ENS Es 45e ER CE OR CRET NV nr ÊUX . « « « : DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 39 que je reçus pour la première fois une mission ré- tribuée de l'Etat. J'avais eu tout à faire par moi- même, aussi suis-je aujourd'hui à même de bien comprendre ce que doit être un jeune homme pour réussir dans la vie d’explorateur et ce que je dois faire pour le guider. Je donne aux jeunes lesconseils et l’appui que j'aurais été si heureux de recevoir moi-même autrefois, mais je renvoie impitoyable- ment ceux qui ne veulent ou ne peuvent s’aider eux-mêmes. Je n’ai qu’un jeune attaché, Roland de Mecque- nem qui, à peine sorti de l'Ecole des Mines de Paris en 1903, est venu me retrouver en Perse. Depuis un an qu’il est mon attaché, il a fait de fort bons travaux, a montré une grande énergie et une somme de connaissances acquises le préparant à “un brillant avenir. J'ai lieu de fonder sur lui de ’ MH grandes espérances. Six personnes, quelque instruitesqu'elles soient, ne peuvent à coup sûr pas constituer à elles seules une encyclopédie vivante, Quoi qu'il en soit, en réunissant toutes nos connaissances, nous sommes à même, sinon de traiter toutes les questions en . spécialistes, du moins de recueillir les matériaux avec assez d'entendement pour qu'un spécialiste en puisse faire bon usage. L’Archéologie, l'Histoire, la Numismatique, pres- à: que toutes les branches de la Linguistique, la To- pographie, la Géologie, l'Histoire naturelle, voire …_ même le Dessin, la Peinture et la Musique, sont représentés parmi nous, de telle sorte que nous soyons à même de ne laisser, dans aucune branche, passer un document important sans le recueillir. Pour la peinture, j'ai temporairement adjoint à 40 HISTOIRE ET TRAVAUX la mission un peintre de talent, G. Bondoux;j’aurai l'occasion de revenir sur l'utilité et la valeur de ses travaux. A côté du personnel scientifique, il fallait un personnel surveillant: j’ai pris deux contremaîtres français, ouvriers spéciaux dans des métiers diffé- rents qui, en dehors du temps qu il passent sur les chantiers, rendent bien des services. J'en ai plu- sieurs fois changé, car la vie que nous menons en Perse ne convient pas à tous. Les caractères se modifient parfois au préjudice de la discipline et de la qualité du travail. Ces hommes ne peuvent être soutenus par les sentiments d'ordre très élevé qui guident les attaches. Le personnel indigène, domestiques et surveil- lants, était d’un recrutement difficile car on ne ren- contre en Orient que fort peu de gens de confiance. Toutefois, après mille difficultés, nous sommes par- venus sinon à nous faire bien servir, du moins à ne pas éprouver trop d’ennuis. Quant à la surveillance indigène des travaux, elle fonctionne à notre satisfaction, ou mieux à notre moindre désagrément; mais je dois fréquemment changer le personnel dont je fais usage. Les ouvriers sont divisés en escouades de qua- rante hommes environ; ils sont commandés par un « Ser-Kar » ou chef de chantier qui recrute lui- même son personnel et en est responsable. Plu- sieurs chantiers sont en même temps employés à une tranchée que surveille un homme à gages mensuels; l'ensemble des tranchées est sous le contrôle des surveillants européens et des atta- chés ; les ouvriers sont payés chaque jour. La main d'œuvre est relativement bonne, quoi- LÉ don DE LA DÉLÉGATION EN PERSE A1 que payée à la journée ; le mètre cube, sans frais généraux ni frais de surveillance, revient à 1 fr. en moyenne. On vole peu dans nos chantiers grâce au soin que je mets à éloigner de nos fouilles tous les individus n’appartenant pas aux travaux, et - grâce aussi aux primes que je donne pour les moindres découvertes. Suse est fort loin de tout centre et cette situation estun avantage pour nous, car les ouvriers ne sont pas sollicités par les marchands d'antiquités si nombreux en Chaldée. Des tentatives ont fré- quemment été faites par des gens venus de Bagdad, d’Amara et d’autres points du territoire turc; mais renseigné par ma police secrète, j'ai pris, de suite, les précautions nécessaires pour éviter les détour- nements. Le vol certainement nous causerait un grand préjudice, mais il serait plus regrettable encore au point de vue scientifique ; car un objet trouvé à Suse et livré au commerce perdrait, par ce fait, tout caractère d'authenticité et cesserait d’être le docu- ment indiscutable si utile à l’histoire. Bien des collectionneurs particuliers, bien des Musées même, n'y regardent pas de si près et cher- chent à tout prix à se procurer les objets volés dans les grands travaux scientifiques, considérant le do- cument antique comme du bric-à-brac; leurs collec- tions ne peuvent être prises en considération dans des études sérieuses. Tout objet dérobé est donc une perte sèche pour la science. Avant de quitter la France, j'avais dû me pré- cautionner d’acheter et d'expédier en Arabistan tout le matériel nécessaire pour l'établissement de grands chantiers conduits rationnellement. Con- M2. TT © be Ma, 227: COR NT CRT ES A PEN Ne RE FETE € 42 HISTOIRE ET TRAVAUX naissant les tells de Suse, m inspirant de mes tra- vaux d'Égypte, j'avais arrêté à l'avance mon plan d'attaque et prévu dans les moindres détails notre matériel. Voici grosso modo sa composition : 3.000 mètres de voie d’acier de 0*,60 d’écarte- ment des rails; Plaques lourfantes : Aiguillages ; Courbes ; 50 wagonnets à bascule sur le côté, d’une con- tenance de 300 litres l’un; 2 plates-formes pour le transport des pièces lourdes ; Fourni par la maison Decauville, ce matériel nous a donné la plus entière satisfaction ; 30 brouettes, qui d’ailleurs n’ont jamais servi, les indigènes s'étant refusés à en faire usage ; 500 pioches ; 800 pelles type du génie.militaire; Crics, câbles, chaînes, palans, masses, marteaux, ciseaux, barres à mine, poudre, cordon porte- feu, etc. ; Forge complète avec ses outils; Atelier de serrurier ; — de menuisier; — de sellier; Outils de charpentier ; Scies pour débiter la pierre; Laboratoire de photographie, die el pro- duits; Laboratoire d'histoire naturelle ; Instruments de topographie; Appareils de météorologie ; B. NS E RE ET TE UTP NOR ER ON CP OR TR CC ONT A Tai ste Sn Nas =- os + à) À DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 13 Pharmacie ; - Fournitures de bureau, de dessin, etc. ; Papier spécial pour estampages ; Bibliothèque renfermant les ouvrages de pre- “mière nécessité (environ 400 volumes) ; - 50 carabines de guerre ; 10.000 cartouches environ ; » Un fourgon capable de porter 5 tonnes; 15 bâts de mulets (type de l'artillerie de mon- “tagne); “ Graisse pour les wagons; Le bois nécessaire pour la fabrication des caisses ‘emballage. (Ce bois, qu’au début je recevais de orwège, nous vient actuellement d'Odessa). Je ne cite que les principaux chapitres de mes “commandes, passant sous silence le matériel né- “cessaire pour établir notre maison, les provisions de bouche, etc. j L'Arabistan ne fournit aucune ressource, tout . être apporté d'Europe ou des Indes; c’est insi que pour la construction des fenêtres et des “Portes de notre habitation, j'ai dû faire usage de '. provenant de Java. … Tout ce matériel avait été choisi en vue de nos “travaux d'hiver, mais il fallait aussi emporter d'Eu- rope les fournitures de campement destinées aux “voyages d'été, puis acheter en Perse les chevaux et les mulets nécessaires. En sorte que pour faire “face à ses besoins, la Délégation s’est trouvée à la “tête d’un matériel énorme, Aujourd'hui, après huit “ans de patience, d'efforts et de dépenses, notre organisation est, à peu de choses près, com- plète. Vivre sous la tente à Suse et conserver sans abri 44 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE notre matériel, et nos découvertes sans protection, eût été vouer le tout à une perte certaine et nous exposer nous-mêmes à de grands dangers; l'expé-" rience que nous avons dû en faire pendant le pre-=" mier hiver (1897-98) a été concluante à cet égard. Il me fallait donc construire une habitation forti-- fiée capable de renfermer tout ce que nous possé= dions et d’abriter nos personnes. Ce fort, je l'ai construit en quatre mois, bâtissant à la hâte, en terre crue pilée. Mais les pluies torrentielles de l'hiver, et les tremblements de terre fréquents dans le pays, au: raient eu vite fait de renverser mes constructions sommaires ; aussi dois-je reprendre toutes les mu- railles et les garnir à l'extérieur de briques cuites que les fouilles donnent en abondance. Ces tra- vaux de réfection se font graduellement. J'en pro- fite pour donner aux murs une assiette solide et pour faire des fondations profondes et durables, de sorte que la première habitation se trouve aujour- d'hui comprise dans une autre plus solide et plus, vaste. Ne devons-nous pas compter avec la durée des fouilles et leur long avenir? Somme toute, les huit années qui viennent de s'écouler ont été employées en dehors des fouilles à réunir du matériel et à construire les bâtiments « nécessaires ; aujourd'hui nos trois couleurs flottent sur un établissement qui, je suis fier de le dire, est bien digne de la France. de. ‘at dé dt ÉD PE ns ds V Travaux effectués de 1897 à 1905 par la Délégation. _ La mission Dieulafoy a laissé dans ses publica- tions un superbe plan des tells de Suse dressé par M. Babin. Ce plan, d’une parfaite exactitude, qui renferme tous les monticules, quel que soit leur âge, m'a souvent été fort utile. Je m'en suis servi entre autres, pour fixer sur le papier mes observa- tions de 1891, et mes prévisions de travaux de la première campagne de la Délégation (1897-98). S'il n'avait existé, j'aurais été dans l'obligation de le dresser dès mon arrivée à Suse, car, si l'examen minutieux du terrain est indispensable, il n’est pas moins nécessaire d’avoir les plans sous les yeux pour décider de la direction à donner aux travaux, spécialement lorsqu'il s’agit de recherches, et les premières fouilles devaient présenter ce caractère plutôt que celui d’une exploitation. Ce n’est qu’en 1898-99 que l'exploitation méthodique, succédant aux recherches, prit la direction qu'elle conserve depuis ce temps. Les travaux de la première campagne furent plus variés que ceux des années suivantes; ils répon- daient à quatre objectifs différents : l'examen des couches profondes du tell de l'Acropole, l'étude en surface de la Ville Royale, la vérification des restes 3. 46 HISTOIRE ET TRAVAUX de l’Apadana, et l'exploration à ciel ouvert des couches supérieures de l’Acropole. I, Travaux en galeries. — Les recherches sou- terraines étaient destinées à percer, à divers ni- veaux, le tell de l'Acropole au moyen de galeries, qui, ouvertes dès mon arrivée à Suse en décembre 1897, furent espacées de 5 mètres en 5 mètres environ, suivant la verticale. Leurs ouvertures étaient placées en éventail afin de ménager l’espace nécessaire aux haldes, et leur direction conver- geaient vers le même point afin que toutes ces ga- leries pussent être réunies par un puits d’aérage et poursuivies au delà s'il était nécessaire. Voici le tableau de ces travaux : Altitude Altitude Dates d'ouverture Galerie Longueur au-dessus de la au-dessous du p'aine somimel du tell # m m m 18 déc. 1897. B 45,50 10,93 24,90 9 janv. 1898. C 38,90 14,30 20,70 23 déc. 1897. D 55,00 18,20 16,8u 12 janv. 1898. E 40,00 21,00 12,99 13 janv, 1898. F 45,00 29,07 8,90 La section des galeries était de 0",80 X 17,80. La longueur totale des travaux souterrains fut de 224",40; leur cube, y compris quelques élargisse- ments et le puis d’aérage, de 400 mètres cubes en- viron. Prévoyant qu’en Arabistan je ne trouverais pas d'ouvriers aptes à des travaux souterrains, j'avais amené avec moi de Bouroudjird (dans le plateau persan) un maître puisatier qui, en peu de temps, forma des équipes d'ouvriers mineurs. Les résultats de ces travaux furent ceux que j'at- tendais, Ils m'apportèrent la certitude que le tell . À k PT I CE ES EE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 47 est entièrement composé de débris des anciennes “civilisations, qu'aucune butte naturelle n'existait en ce lieu avant les premiers établissements de - l'homme, que les lits de débris sont rationnelle- ment superposés, c'est-à-dire que les couches sont d'autant plus anciennes qu'on pénètre plus profon- dément dans le sol, et qu'enfin le quart environ de —|a hauteur du tumulus s’est déposé avant l’époque — historique, c'est-à-dire celle où l'écriture fit son ap- — parition dans le pays. IL. Recherches dans la Ville Royale. — Ouverte le 22 décembre 1897, une première tranchée me- —… sure 194 mètres de longueur sur 4 mètres de lar- » geur et en moyenne 5 mètres de profondeur (cube : … 3.880 mètres); son but était d'explorer la partie mé- —… ridionale du tell qu'elle recoupe sur la moitié en- … viron de sa largeur totale à 50 mètres des bords. Unesecondetranchée, pratiquée au centre même du tell, fut commencée le 28 décembre 1897. Elle … mesure 30 mètres de longueur seulement sur 4,60 … de largeur mais descend à 11 mètres de profondeur (cube : 1.518 mètres). Son but était de percer les couches le plus profondément possible, sans faire usage du matériel roulant occupé ailleurs. Les résultats acquis à la Ville Royale furent de peu de valeur en ce qui concerne les découvertes ; à peine ces tranchées donnèrent-elles quelques vases et quelques objets d’époque grecque (sé- leucide et parthe) et sassanide; mais j'acquis la certitude que la région des tells dite Ville Royale est, en majeure partie, composée de ruines et de dé- bris achéménides, mes travaux les plus profonds + (11 mètres) n'ayant pu atteindre. les couches _ élamites. 48 HISTOIRE ET TRAVAUX Avant l’époque de Darius, c’est dans cette partie du pays que s’élevaient les habitations du peuple; les fragments qu’on rencontre dans les ravins en sont la preuve et la grande dépression qui s’ouvre au pied de l’Acropole, connue sur les plans sous le nom de place d'Armes, est encore désignée par les indigènes sous celui de Bazar. C’est l'emplacement de la ville élamite des artisans que choisirent les Achéménides pour établir la demeure royale. L’Acropole n'offrait pas une surface suffisante pour d'aussi vastes constructions et sa grande hauteur la rendait propre à la défense; ce site fut trans- formé en une citadelle que protégeait une ceinture de murailles très irrégulière de tracé. Nous rencontrons donc dans la Ville Royale, une énorme quantité de débris d'époque achéménide qu'il faudrait enlever avant d'atteindre les restes élamites. ILI. Travaux à l'Apadana. — Ces recherches n'étaient, à mon sens, que d’un intérêt très secon- daire. Elle s’appliquaient à un monument dontilne reste plus que d’informes vestiges et à une époque dont l’histoire est très connue et dont l'architecture apparaît à Persépolis dans toute sa splendeur. L’aspect seul du sol, montrait qu'il n'y avait pas grand parti à tirer de ces ruines. Les murailles, les dallages, les encadrements de portes avaient disparu; il ne restait plus que des fragments de bases de colonnes, apparents dans les sondages exécutés jadis pour les retrouver. (à et là gisaient quelques tronçons mutilés, des colonnes mêmes, et des morceaux de chapiteaux. G. Jéquier fut chargé de ce travail; il recoupa au moyen d'un grand nombre de tranchées l'aire du “ttes ut dtmus td. :i dé éd RS à, DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 49 monument et ses alentours, laboura méthodique- ment le sol, recherchant les murailles qu’il ne trouva pas, les pylones qui n’ontjamais existé, les escaliers dont il ne put saisir la moindre trace Toutefois les constatations ne manquent pas d’in- térêt, car elles fixent beaucoup de points douteux. La plus importante est celle de l'absence complète de toute ornementation polychrome à l’Apadana. Quelques très rares briques émaillées furent, il est vrai, rencontrées éparses, mais on en trouve dans toutes les parties des ruines, même à l’Acropole. Aucune accumulation de matériaux de ce genre, tombés de l’édifice lors de sa ruine ne vint affir- mer l'existence de frises ou de soubassements faits de bas-reliefs polychromes. Cette constata- tion n’a rien, d'ailleurs, qui doive surprendre, car c'est à cent mètres environ au sud-est de l’Apa- dana qu'ont été trouvés les éléments des beaux panneaux figurant aujourd'hui dans le musée du Louvre. Il fut fait dans l'Apadana et aux environs plus de 5.000 mètres cubes de terrassements; le monu- ment n’en comportait pas plus, en sorte qu'après cette première campagne les travaux furent aban- donnés, IV. Ouverture des chantiers d'exploitation à l'Acropole. — Le 29 janvier 1898, les travaux sou- terrains m'ayant déjà renseigné sur la nature des couches de l’acropole, j'ouvrais une première tranchée longue de 90 mètres, large et profonde de mètres, que je menais normalement au grand axe des ruines, Cette tranchée devint l’amorce de tous nos travaux d’exploitation dans la citadelle ; prolongée elle atteignit plus tard 180 mètres de « r re | M CNT SO 7 15 50 HISTOIRE ET TRAVAUX longueur, traversant le tell de part en part. Elle donna des résultats si appréciables que je n’eus plus la moindre hésitation et que l’exploitation ré- gulière commenca. (C’est, en effet, de ces premières fouilles que sortirent la stèle de Naram-sin, l’obé- lisque de Manichtou-Sou, la table de bronze et les premiers textes sur briques donnant la chronolo- gie des rois d’Elam. De suite j'organisai les travaux en vue de l'ex ploitation complète du tell de lAcropole, seule méthode à suivre pour recueillir les documents épars dans cette énorme butte de débris. Nous ne nous trouvions pas, en effet, en face de monuments bien conservés et exigeant un déblaiment; les ruines étaient informes et la superposition des restes de murailles montrait les traces d’une suc- cession de destructions totales de la ville, C’est dans ce chaos que, çà et là, se rencontrent les ob- jets sans qu’il soit possible de suivre aucune mé- thode dans leur recherche. L'exploitation générale s’imposait donc, sans tenir compte des niveaux na- turels qui sont insaisissables et dont il serait même enfantin de rechercher les limites. Je divisai, sur plan, le tell de l’Acropole en deux parties, joignant par un trait les deux extré- mités les plus éloignées. Cette ligne devint l’axe des travaux, elle est sensiblement dirigée du N.-N.-0. ou S.-S.-E. et laisse à sa droite et à sa gauche deux surfaces à peu près égales. Perpendiculairement à cet axe j’ai tracé une sé- rie de lignes équidistantes de 5 mètres en 5 mètres. L'intervalle de deux de ces lignes correspond à une | tranchée unité, les diverses unités devant déverser leurs déblais à l’est ou à l’ouest du tell suivant DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 51 qu’elles sont placées à droite ou à gauche de l’axe. Suivant la verticale, j'ai divisé les 35 mètres de hauteur maxima du tell en sept niveaux artificiels, de telle sorte que les unités supérieures sont va- riables d'épaisseur tandis que toutes celles des au- tres niveaux se présentent sous forme de prismes de 25 mètres carrés de section, mais de longueur inégale, suivant la position qu'occupe l'unité par rapport à l’axe. Cet axe n'est lui-même que la projection hori- zontale de l'intersection d’un plan vertical avec la surface du tell. Une première unité Ut ayant été ouverte, on fut à même d'y placer deux voies pour le transport des déblais et d'ouvrir, en jetant les terres de haut en bas, les deux autres unités voisines U*, amenant ainsi à 15 mètres l'ouverture totale. Grâce à cetteouverture,on put porter à 10 mètres de profondeur l'unité initiale U‘ qui, atteignant le second niveau devint U; pendant que grâce aux U* on ouvrait deux U” et ainsi de suite, le travailse faisant par gradins de 5 mètres de large. C’est ainsi que nous sommes parvenus, depuis, à 25 mètres de profondeur U; avec une ouverture minima de 45 mètres c'est-à-dire de neuf unités. Disposant fréquemment d’un trop grand nombre d'ouvriers pour qu'il me soit possible de les pla- cer tous dans des chantiers munis de wagons? j'ai 1. En réalité l'ouverture dépasse aujourd'hui une largeur de 150 mètres, car j'ai forcé les travaux d'élargissement, réservant pour plus tard ceux en profondeur. 2. J'ai employé un hiver jusqu’à 1,200 hommes, mais ai dû y renoncer à cause des difficultés qu'on rencontre pour la surveil- lance, étant donné le personnel dont je puis disposer. 52 HISTOIRE ET TRAVAUX fait attaquer, avec transports des déblais au panier, les bords du tell, amenant ces tranchées jusqu'au premier niveau, ne le dépassant pas-afin de ména- ger les transports des déblais des tranchées régu- lières. Toutefois, sur certains points, près du chà- teau entre autres, là où il ne devait pas y avoir d'autre exploitations dans l'avenir, j'ai poussé des travaux de ce genre jusqu’à 25 mètres profondeur. Le cube des fouilles exécutées au cours de la première campagne (1897-98) fut environ de Galerre’de mines: AN , 2 4oo me, Tranchées (ville royale) . . , . 5.400 _ (Apadana) "1,5 Ms 5.000 — (Acropole) Avec magpns "00 0x ie 1e: 4.500 OPA rs US le AE TOR 2.600 Total, . .. 17.900 soit environ 18.000 mètres cubes. Ce chiffre es! de beaucoup inférieur à celui atteint au cours des autres campagnes; cela tient à ce que je ne dispo- sai alors que de 15 wagons et que la plupart de nos premiers travaux furent destinés aux recherches. Depuis le début des fouilles jusqu’au 1° janvier 1904 nous avions exploité un cube total de 222,250 mètres cubes, ce qui donne une moyenne « annuelle de 35.000 mètres cubes (au déblai). Au- 1. Ces fouilles sur tout le pourtour du tell de l’Acropole m'ont permis d'examiner dans les moindre détails les restes des fortifications achéménides. Elles se composaient d’une simple muraille irrégulièrement tracée, construite en briques crues et garnissant la crête du monlicule, Rien ne peut faire juger de la hauteur que possédaient ces murs dont les fonda- tions sont situés à la cote de 26 mètres environ au-dessus du niveau de la plaine, Au dessous il n’existe pas trace de cons- tructions, his ss LA és se PONT Lodel. rte à pm v . * RTS SL 2 DE Sen SE " DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 53 jourd’hui (15 avril 1905) le vide produit est d’envi- ron 280.000 mètres cubes, sans compter une foule de recherches partielles et de travaux de détail que je ne fais pas entrer en ligne. La main d'œuvre, abondante dans cette partie de la Perse, se présente dans des conditions assez satisfaisantes. Voici la composition et le prix de revient d'un chantier muni de wagonnets. Krans LR TRS CT ET CEE 20 LRO AS PSC TE RE 4o DO TOUR ER LE en ne Mn Mets LUE 10 AL NS CR ET PR Te ai MOIS ÉQUIDES EU 5 0 à es Lo > 2 1 surveillant indigène . , , . . . . 2 HpOorteur den r26 0 2080), Li, I 76 hommes en tout. Surveillance européenne (p. mémoire), Usure du matériel — Graissage des wagons , ë 1 Cadeaux pour les trouvailles (p.n mém. }. 78 Soit 39 fr. de notre monnaie environ, correspon- dant à une exploitation moyenne de 40 m. c. Pour les travaux dans lesquels le transport des déblais se fait au panier (couffe, zembil), le compte diffère ; il est d'ailleurs variable suivant la dureté du sol attaqué et la distance de transport des dé- blais. Considérons un atelier de 50 hommes attaquant un sol moyen et transportant ses déblais à 10 ou 12 mètres. 1. Depuis 1902 j'ai abaissé Je salaire des chefs d’équipe de 2 kr, à 1 kr, 54 HISTOIRE ET TRAVAUX Krans LD PIDRDEURSS, 4/00 OR NCAA ER Men 10 2g:pélleute ss. ir 11 TNT > 20 20 porteurs RCE CE RE 79 5 LR TE: 20 x chef d'équipe . DR he aide I 1/2 surveillant indigène ARTE 1 1 porteur d’eau MT ENT * 4 J Usure des paniers . . CEE 3 Surveillance européenne (p. mémoire). Total: 7 56 Soit environ 28 fr. de notre monnaie représen- tant une extraction moyenne de 16 m. c. Le mètre cube revient donc à 1 fr. 75 et son prix s'accroît dans de très fortes proportions si la distance des transports augmente. ; La surveillance, accrue des faux frais, revient à environ 10 0/0 du prix du travail effectif, en sorte qu’une paie de 800 ouvriers, dont 400 aux wagons et 400 aux paniers, coûte environ 880 krans, soit 440 fr. de notre monnaie pour un produit moyen de 300 m. c. au plus. Je ne fais pas entrer en ligne de compte les frais généraux qui ne peuvent être calculés que sur le total des dépenses annuelles. A Suse, tous les ouvriers sans distinction d’âge ni de force‘ sont rétribués au même prix, soit un kran par jour; il n’en est pas de même en Chaldée eten Égypte où les enfants recoivent 2 piastres (0 fr. 50) et les hommes faits 3 et même 4 piastres (de 0 fr. 75 à 1 fr.). Malgré cela j'ai remarqué que, par rapport au mètre cube, le prix d’Arabistan est inférieur à celui des autres pays ; quant aux frais généraux il n’atteignent pas chez nous les 2/3 du travail effectif, alors que, dans d’autres opérations de ce genre, je les ai vu monter jusqu'aux 5/6. 1, Les vieillards et les enfanté ne sont admis dans nos chan- tiers que lorsqu'ils sont en état de fournir un bon travail. 4 £ - { | } À DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 55 Je réduirai cette pr oportion en augmentant mon matériel roulant jusqu'à ce qu’il soit suffisant pour supprimer complètement le travail au panier; nous obtiendrons alors un rendement journalier (pour 800 hommes) de 400 m. c. et un rendement annuel de 43.000 m. c. Telles sont les conditions du travail en Arabis--. tan ; mais il s’en faut de beaucoup qu’elles soient aussi avantageuses dans toute la Perse. Dans le nord, entre autres, au Ghilan et au Tâlyche, j'ai dû payer mes ouvriers jusqu’à 2 krs. 50 (1 fr. 25) et 3 krs. (1 fr. 50) par jour, et encore n’avais-je que des travailleurs de très médiocre qualité. L’Ara- bistan, situé en dehors de tous les pays qui jusqu'ici ont progressé en Perse, se trouve de cinquante ans au moins en arrière sur les autres provinces; mais pour peu qu'il s'établisse dans le pays quelque in- dustrie, nous verrons très rapidement la main d'œuvre y monter de prix et atteindre les salaires du Nord. De tous les habitants du Sud, les Iraniens seuls peuvent être employés comme ouvriers ;onlesren- contre en abondance à Dizfoul, où ce sont de vrais Persans, et dansles tribus loures qui, l'hiver, quit- tent leurs montagnes pour amener leurs troupeaux dans la région chaude et humide. Des Arabes, si nombreux en Susiane, on ne peuttirer aucun parti : - paresseux et irréguliers ils font de suite monter le prix du mètre cube lorsque, par complaisance pour les cheiks mes voisins, j'ai la mauvaise ins- piration d’en introduire dans mes chantiers. En Chaldée, où l’on ne peut employer que des Sémites, le rendement est déplorable. Le recrutement des ouvriers ne se fait pas en 56 HISTOIRE ET TRAVAUX Perse comme dans nos pays européens et, si l'on cherchait à introduire chez nous les usages de l'Orient, on verrait éclater dans l'heure même, à très juste titre, la plus formidable des grèves. Voici comment les choses se font à Suse. Dès que je fais annoncer dans le pays que les travaux vont reprendre, les chefs des tribus voi- sines viennent me demander de donner du travail à leurs hommes; j'indique alors à chacun de ces chefs le nombre d'équipes (dastèh) auquelila droit, me basant sur l’importance relative des tribus et cherchant à faire gagner à toutes proportionnelle- ment au nombre des habitants. Les chefs choisissent alors chez eux autant de chefs d’équipe (Ser-kar) qu’ils ont droit d'envoyer de dastèhs ; ces Ser-kars me sont proposés, je les refuse ou les accepte suivant les qualités qu'ils présentent. | Le Ser-kar recrute alors son monde dans sa tribu (40 ou 50hommes) et les travaux commencent, mais chacun des Ser-kars a dû payer à son chef le choix qu'il a fait de lui. Les ouvriers doivent remettre 10 0/0 de leur paie au chef de leur tribu et 10 0/0 à leur Ser-kar sous peine d’être chassés par lui. Survient alors le Mollah qui prélève sa propre redevance sur le Ser-kar et sur ses hommes, puis mon propre sur- veillant indigène qui souvent exerce sur les Ser- kars un chantage éhonté ; en sorte que le malheu- reux ouvrier est fréquemment dépouillé de 40, voire même de 50 0/0 de son salaire. Je fais, comme de juste, les plus grands efforts pour enrayer ces abus dont l'influence est si grande sur la qualité du travail; mais, dans cette | , D TR TE y WELL L 7 PhrerEuS. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 57 lutte continuelle, je suis loin d’avoir toujours le dessus. Si je choisis moi-même les Ser-kars, ces bommes ont à s'entendre avec les chefs de tribu qui leur refusent les ouvriers s'ils n’en passent pas par leurs conditions, en sorte que cela revient au même ; quant àmes surveillants indigènes j’au rais à en changer chaque semaine, si je ne fermais pas souvent les yeux sur leurs malversations lors- qu'elles ne dépassent pas les limites que je me suis assignées. La rapacité des Orientaux n’a pas de limites; quelle que soit l'importance d'un cadeau, il est toujours inférieur à ce qu’on attendait de vous, et le bénéficiaire s'en va toujours mécontent et sou- vent insolent. Je n’en citerai que deux exemples. En 1898, alors que je voyageais au pays des Baktyaris, j'étais accompagné par un domestique du Vahli de ces montagnes. En cours de voyage je fournis à cet homme tout ce qui lui était nécessaire et souvent de l'argent (400 krans environ). Le voyage dura un mois et demi; arrivé à Ispahan je . fis remettre à ce domestique, avant qu’ilnous quit- tât, une somme de 500 krans. Il la refusa, espérant avoir plus et déclarant que ce cadeau n'était pas digne d’un homme de son importance : ce n’était qu’un simple domestique. Voyageant en Chaldée turque, en 1899, j'avais été prié par notre consul à Bagdad de faire largement les choses, afin d’effacer le mauvais effet produit, disait-il, par l’avarice d’un voyageur français qui m'avait précédé dans le pays. En un mois environ je donnai plus de 1,500 francs de pourboires, croyant avoir fait mieux que de remplir mon devoir. Grave erreur, ce n’était pas assez, et c'est 58 HISTOIRE ET TRAVAUX tout au plus si notre consul lui-même ne s’est pas fait l’écho des plaintes de ces rapaces. Qu'il fasse mieux s’il le peut. On comprendra aisément qu’en face d’une popu- lation dépourvue de toute loyauté, je dirai plus, de tout sens moral, il soit impossible de couper court aux abus ; le mieux qu'on puisse faire est de les restreindre. Je suis quelque peu sorti de mon sujet parce qu'il était nécessaire de montrer combien il est : difticile en Orient de ne pas être exploité d’indigne manière ; la qualité du travail en souffre forcément. Cependant nous obtenons des résultats satisfai- sants dans notre main d'œuvre. La Délégation ne s’en est pas tenue aux travaux dont il vient d'être question-et qui tous se rap-. portent à Suse. Elle a porté sa pioche jusque dans les provinces septentrionales du royaume, explo- rant en 1901, les bords de la mer Caspienne, inter- rogeant les nécropoles et les dolmens qui abon- dent dans la chaîne de l'Elbrouz. 1] fallut quarante jours de caravane pour atteindre de Suse le champ de nos investigations d'été. Pendant quatre mois la mission courut la montagne du Tâlyche et du Ghilan, Elle y fit de belles découvertes. En 1902, J.-E. Gautier désireux d'avoir ses fouil- les personnelles, entreprit, à ses frais, l'explora- tion de la plaine de Moucian, district couvert de tells antiques, situé au pied du Poucht-è-Kouh à trois jours au nord-ouest de Suse. Il fit dans cette région de fort intéressants travaux, assisté de G. Lampre que, pour l’occasion, j'avais détaché auprès de lui. Enfin l’été de 1904 a été consacré à des fouilles ! À È DE LA DÉLÉGATION EN PERSE * 59 géologiques près de Maragha en Azerbaïdjan. Là se trouvent des gisements de vertébrés fossiles du plus haut intérêt, appartenant à l’époque plio- cène. Maragha est, pour les paléontologistes, le Pikermi de la Perse; R. de Mecquenem fut chargé de ce travail dont il s’esttiré à son grand honneur‘. Ainsi la Délégation, suivant les ressources dont elle disposait, a porté ses efforts sur bien des points et bien des sujets différents,affirmant par là son droit d'opérer des fouilles dans toute l’éten- due de la Perse, et reconnaissant son devoir de ne laisser passer aucun sujet scientifique sans l’abor- der. 1. 145 caisses de fossiles provenant de cette expédition viennent de parvenir au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, elles renferment des collections d’une très grande valeur scientifique, VI L'avenir de la Délégation. La Perse offre aux travaux scientifiques un champ presqu'inépuisable, mais la Délégation, par suite des ressources dont elle dispose, n’est pas à même de l’embrasser d'un seul coup d’œæil. Elle ne peut que poursuivre l'exploitation méthodique des tells de Suse et faire, dans le reste de l'Iran, des recherches sommaires. Ce but est celui pour lequel elle a été dotée à son début; la Commis- sion, en fixant ses crédits, justement proportion- nés à la tâche qui lui était alors assignée, s’est nettement exprimée sur le caractère provisoire de l'entreprise comme des crédits, prévoyant qu'après les premiers essais il y aurait lieu d’accroître, en même temps que le champ et l'importance des tra- vaux, la force des moyens mis en œuvre. Ce pro- visoire dure encore, il a permis d'atteindre de grands résultats ; mais le sol est assez riche dans cette partie de l’ancien monde pour qu’on y puisse utilement employer un personnel et des ressources dix fois supérieurs à ceux dont nous disposons. A Suse seulement, nous nous trouvons en face de quatre champs de fouilles bien distincts, dont un seul jusqu'ici a été abordé, PAcropole; la Ville Royale, la Ville des Artisans et la région des petits tells sont encore à fouiller. de “Os à ‘à QE te tR- RE à a Fé HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 61 “ L'Acropole présentait, avant le début de nos “fouilles, une hauteur maxima de 35 mètres au “dessus, du niveau de la plaine environnante. Sa M ongueur est de 300 mètres environ, non comprise la partie occupée aujourd’hui par le château; sa “largeur maxima de 180 mètres. Ce tell entièrement “composé de débris antiques présentait donc un “cube de 1.500.000 mètres sur lequel, de 1897 à 1905, “nous avons exploité 280.000 mètres cubes. Il reste “donc aujourd’hui 1.220.000 mètres cubes de terrain entièrement vierge qui, pris à raison de 35.000 mètres cubes par an, nous assure une exploitation -de 35 années. Toutefois, je dois faire observer que les couches profondes entièrement composées de débris pré- “historiques ne mériteront probablement pas une exploitation régulière; nous pouvons donc sans crainte d'erreur réduire de dix ans la durée des fouilles utiles dans l’Acropole. La partie à laquelle je consacre 25 ans d'efforts, “est dans toute son épaisseur d’une richesse très homogène, et, comme je le disais plus haut, c’est cette homogénéité même dans la richesse qui m'a- mena dès le début des travaux à l'adoption d’une “méthode d'exploitation régulière. Nous travaillons depuis huit années dans ce tell : toutes les cam- pagnes ont été aussi productives. Les résultats obtenus ne dépassent certainement pas le quart de Ceux que nous sommes en droit d'attendre. Avec les ressources dont je dispose, le maximum | | | | “louvriers que je puisse employer utilement est de 800 par jour. Au-dessus de ce nombre la sur- ““cillance exige un personnel plus nombreux que “celui que j'emploie. Si nous voulions porter à 1.600 | 4 | F | os 62 . HISTOIRE ET TRAVAUX le nombre des hommes, cette augmentation aurait une répercussion sur les dépenses relatives à la. surveillance, au matériel et aux transports, les * autres frais généraux restant à peu de chose près les mêmes. L’acquisition du matériel répondant à des chan: tiers aussi développés coûterait 50.000 fr. Celle du matériel de transports, 5.000. Quant au supplément de dépenses annuelles, il serait de : Lraivañt 1 LED ELA NAME EE ET 0 Ar Sirvéilanees Hem UT SA 5.500 | LraGsborte TES Etes 60 20.000 | Imprévu , VAS 4.500: c Lotal et: 150.000 qui joints aux crédits actuels feraient une somme totale annuelle de 280.000 fr. On a vu que lexploitation complète des par ties riches du tell de l'Acropole exigera, avec les. moyens employés jusqu'ici, 25 années environ de travail, c’est-à-dire une dépense totale de“ 3.250.000 fr. En quadruplant notre effort, cette. fouille énorme serait terminée en 7 ans, ce qui por= terait la dépense à * 1.960.000 fr. Il en résulterait pour le Trésor une économie de 1.290.000 fr. ets pour le monde savant de grands avantages. | Nos travaux se font à la pioche et les ouvriers en, brisant les mottes de terre recueillent les petits. objets. Mais il est certain qu’un grand nombre. échappe aux regards. J'ai souvent songé à com= pléter ces travaux par le lavage des terres extraites du tell. Cette méthode aurait le double avantag de faire disparaître tous les déblais qui nous en- 1, 25 x 130.000, 2, 7 X 280.000, DE LA DÉLEGATION EN PERSE 63 | } 14 combrent et en outre de permettre la récolte des “ moindres objets et des particules de métaux pré- 4 cieux. Mais un traitement mécanique de nos dé- “ss exigerail des installations dont je n'ai pas encore osé risquer la dépense. Le Chaour, barré en amont de Suse à 3 km, en- . viron aurait à être détourné dans un canal pas- sant entre le tell de l’Acropole et celui de la ville royale. L'écoulement des eaux permettrait d'établir des sluices à pied d'œuvre; les boues entraînées “iraient se perdre dans un marais situé au sud dé -Suse et les eaux reprendraient leur cours dans le lit du Chaour. « Les travaux d'aménagement, de canalisation, de “barrages, etc., reviendraient à 120.000 fr. environ. “Quant à la dépense courante elle serait d'environ 100 francs par jour. — Les résultats seraient certainement très appré- ciaples au point de vue archéologique, mais comme par traité nous devons remettre au Gouver- nement persan la valeur en poids de tous les mé- taux précieux rencontrés dans les fouilles, nous - n'aurions à enregistrer aucune recette en argent | venant alléger nos charges. Cette considération “rend le succès de l’entreprise quelque peu problé- putque » La Ville Royale des Achémenides est d’une im- _mense étendue, elle ne couvre pas moins de 80 hec- | tares. mn. Cet énorme tumulus cube environ 15 à 20 mil- klions de mètres. Il se compose de deux couches “superposées fort irrégulières comme étendue et comme épaisseur ; la couche supérieure renfermant “des restes que nous dirons de basse époque (aché- D a. “ | — — ETA re * ménide, séleucide, parthe, sassanide et arabe), et la couche inférieure composée des ruines de la ville élamite au-dessous de laquelle se trouve pro- bablement le préhistorique. Il est impossible de dire, pour le moment, quelle était l'étendue de la Suse élamite, extérieure à l’Acropole ;noustrouvons des débris decette époque dans tous les ravins du tell au S.-0., depuis la Citadelle jusqu’au Donjon, sur une longueur de 7 à 800 mètres; le reste est aujourd'hui recouvert, d’épaisses couches postérieures les cachant à notre. vue. | Au nord, l’Apadana était assis sur un épais radier de galets; au sud-ouest, un radier semblable cou“ vre une grande surface, puis c’est une succession d’épaisses murailles en briques crues appartenant à des édifices que mes tranchées ont mis à jour Plus loin versle sud, au lieu dit le Donjon, nouveau radier de galets et vestiges d'un grand monument» Au centre, les couches achéménides, dépassant onze mètres d’épaisseur, sont percées d’une foules de puits funéraires creusés sous les Séleucides ets peut-être aussi les Parthes. Au pourtour de cette colline on voit encore les restes de la muraille d'enceinte des palais royaux et de leurs dépendances, murailles capables de su! bir un siège, mais qui, par ce que j'en ai vu, ne sem» blent par avoir été concues sur un plan militaire particulier. L'exploitation régulière du tell de la Ville Royale fournirait à coup sûr de très curieux résultats em ce qui concerne les basses époques, mais nous n pouvons préjuger de ce que donneraient les cous ches les plus anciennes. Cette exploitation est, d'ail 64 HISTOIRE ET TRAVAUX munis > DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 65 leurs, rendue impossible par lamasse même du cube qu'il faudrait enlever. Elle exigerait quatre siècles environ avec les moyens dont nous disposons. La seule méthode à employer pour l'exploration de cette partie des ruines sera, aprés la fin des tra- vaux à l’Acropole, d'employer le matériel à l'ouver- ture de longues tranchées poussées jusqu’au ni- veau de la plaine, et de n’exploiter régulièrement que les parties présentant un intérêt spécial. La Ville des Artisans, ou du moins la partie des ruines s'étendant à lorient de la Ville Royale, cou- vre une superficie d’une centaine d'hectares, mais les tumuli ne dépassent guère 15 à 18 m, de hau- teur. A la surface, on ne rencontre que des débris de très basse époque (parthe, sassanide, arabe). On voit encore sur bien des points affleurer des murailles en briques cuites. Je ne puis savoir ce que renferment ces tells; il faudrait, avant de se prononcer, y pratiquer un grand nombre de son- dages. Sous forme de tranchées de 10 m. de lon- gueur, 5 m de largeur et d’une aussi grande pro- fondeur possible. La région des petits tells s'étend sur la rive gauche de la rivière Chaour, depuis Suse jusqu'aux ruines dites Tépèh Sindjar, et occupe une lon- gueur de 15 kilomètres environ. La principale de ces buttes est Tépèh Soleiman qui, probablement, n'est autre qu'une Zigpourtat; puis vient au nord Tépèh Sindjar lui-même, que je crois renfermer les ruines de la ville de Haltemach, cité détruite par Assour bani-pal. Toute cette région est encore mystérieuse pour nous, car jusqu'ici la Délégation n’a pas été à même d'y pratiquer des fouilles. Trouverons-nous 4. b 66 HISTOIRE ET TRAVAUX là les nécropoles de la grande ville, les hauts lieux des rois d’Elam profanés par les soldats ninivites, ou de simples ruines de villas ou de villages? II faudrait pour s’en assurer, y effectuer des cen- taines de sondages en coupant les buttes par des” tranchées de peu de largeur. Telles sont les ressources archéologiques que présente Suse elle-même; mais, dans ses environs immédiats, dans la plaine d'Anzan où le roi d'As- syrie se vante d’avoir détruit quarante villes, s’é- lèvent des centaines de tells. Les rives du Käroun et de l’Ab-è-Diz en sont couvertes et, dans la plaine même, on rencontre partout les traces de canaux antiques conduisant à des ruines importantes. Jusqu'ici nous n'avons pu faire la carte complète de ces ruines, relevé qui cependant serait du plus haut intérêt; mais le pays est si peu sûr qu'il ne serait pas prudent de s’y aventurer autrement que pour le traverser rapidement, et encore ne Île peut-on pas toujours. En dehors de la plaine, susienne, sur les confins de la Chaldée et de l’Elam, se trouvent en bon nombre des districts importants par les ruines qu'ils renferment. Je citerai spécialement la plaine de Zokab où, au lieu dit Ser-i-Poul, s'élevait jadis la ville de Xkal- man ; la vallée du Sein Mèrré(Haute Kerkah) quia vu la splendeur de Madaktou, seconde capitale du royaume d'Elam; la plaine de Mouciän, auù pied du Poucht-é-Kouh dernièrement exploré par J.-E. Gautier et G. Lampre, les dernières pentes du Poucht-è-Kouh du côté de la Chaldée; le district de Mâl-Emir, au pays des Baktyaris, lieu célèbre par ses stèles rupestres ; les environs de Ram- déc ns cd me ds. à à DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 67 hormuz puis Dilman, l'antique Dilmoun, que la fantaisie incompréhensible d'un auteur autrefois cependant fort apprécié, a voulu placer dans l’île de Bahrein ! etc., etc. Cette rapide énumération des principaux sites » chaldeo-élamites dont dispose la Délégation mon- a je BAT 7 mt Wu ne 44 , 2e À tre combien est vaste le domaine qui s’offre à nous. Entre la faculté de l’exploiter et la possibilité de le faire il ya malheureusement un grand écart, car la plupart des ruines que je viens de citer s'élèvent - dans des pays où il ne serait guère prudent de s’é- tablir en ce moment; beaucoup de ces sites n’ont été visités par nous qu'une seule fois, par suite de l'impossibilité d'y retourner. Si nous gravissons les pentes de l'Iran pour — atteindre le plateau, nous rencontrons en route, … dans le Louristan, une foule de ruines situées dans + des vallées que l’on peut à peine traverser aujour- « d'hui; puis s’offrent à nous les grands centres de la . Perside et de la Médie : Persépolis avec ses ruines …_majestueuses dont bien destextes sont encoretour- “nés la face contre terre; Pasargade et la nuée des …tells quis’élèvent dans les vallées du gouvernement de Chirâz. Ces ruines fourniraient à coup sûr, en dehors de nombreux documents sur l’époque aché- … ménide, bien des renseignements sur cette dynas- “tie princière qui régnait en Perside dès le temps des Séleucides et battait monnaie. Ecbatane, l'antique capitale des Mèdes, visitée par Herodote, s'élevait sur l'emplacement de l'Hama- dan moderne et, malheureusement, ses ruines sont aujourd'huirecouvertes par les maisons. Mais, dans les environsmêmes dela ville, les tellsne manquent pas; peut-être y trouverait-on quelque notion sur 68 HISTOIRE ET TRAVAUX ce premier flot de la conquête iranienne, sur l’his- toire des Mèdes, dont j'ai moi-même autrefois fait des Touraniens, sur la foi d’un auteurquejen’aurais « jamais cru à cette époque capable d’une aussi gros- sière erreur. L’Ecbatäne du nord, Takhtè Soleiman, n’a jamais existé que dans l'imagination du colonel Rawlin-" son. Ce n’est qu’un bouton de tuf, produit par une … source thermale, portant des ruines arabes et une enceinte qui, par sa construction et les voûtes de ses portes, appartient, au plus tôt, à la fin de l’épo-" que parthe ou mieux au début de celle des Sassa=w nides. Je n’en parlerai donc que pour détruire lan légende établie sur cette localité. Mais Kenghaver et son magnifique monument de style grec, Assadabad où fut trouvé le grand eu- kratidas d’or de la Bibliothèque nationale, Dinaver, Bisoutoun, Kirmanchah, et tant d’autres, sont des“ sites méritant d'être examinés. | Dans le nord, les tumuli et les nécropoles abon-" dent, les dolmens se rencontrent par milliers sur“ les flancs de l'Elbrouz; les tépèhs (buttes artificiel=« les) s'élèvent aussi bien sur le plateau dans less environs de Téhéran que dans les plaines basses du Mazandéran. Ragès (Chah Abdul Azim) elle=w même mérite attention. | La steppe turkomane, au sud de l'Atrek, dans la | partie appartenant à la Perse, renferme un grand nombre de villes ruinées dont quelques-unes sont extrêmement importantes. Je citerai seulement M Süghür tépèh, Tokhmakh tépèh, Altin tépèh (la butte d'or), Gümich tépèh (la butte d'argent)» comme étant les plus remarquables par la masse des débris accumulés. Ces villes sont attribuées: DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 69 aux Scythes, mais nous ne pouyons rien savoir de l'exactitude de cette supposition, car leurs ruines sont encore vierges de tous travaux. Il ne serait d’ailleurs pas aisé de les explorer. Toutes les ruines dont je viens de parler, je les ai visitées, j'en connais l'étendue et l'importance. Il n'en est pas de même pour les pays de l'Orient, de la Perse; nos invesligations n'ont pu encore s'étendre jusque là. Je ne doute pas que ces pays ne renferment bien des ruines et d’intéressants documents ; c’est là qu'il y aurait lieu de rechercher les traces des rela- tions qu'entretenait la Perse, dès le tempsdes Aché- ménides, avec les Indes et les pays de l’Asie cen- trale; c'est là qu’on trouverait les sources de l’his- toire detous les petits royaumes dont les souverains frappèrent au moyen âge des monnaies à légende pehlevies, bactriennes etindiennes. Nous sommes fort ignorants sur cette époque et puisque Balk et l'Afghanistan nous sont fermés, c’est au Khoraçan, au Seistan, que nous aurions des chances de nous instruire. Le Xirman, quoique fort méridional, ne serait pas sans fournir des documents nouveaux. Parmi les explorations en Perse, il en est une à laquelle je songe depuis des années et qui présente un caractère tout spécial d'intérêt : je veux parler de l'examen archéologique des côtes du golfe Per- sique. On rencontrerait certainement dans les îles, dans les baies, et près des embouchures des cours d’eau, des traces d'établissements antiques, des in- dications sur la voie commerciale suivie par les navigateurs élamites et chaldéens dans leurs re- lations avec l'Orient. Ces voyages ne se faisaient pas sans de nombreuses escales et les points d’ar- 70 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE rêt ont-dûù en conserver le souvenir. Ne voyons- nous pas à Bender Bouchir même, sur le bord de la mer, des ruines élamites contemporaines du roi Chithak in Chouchinak ? Le champ est vaste en Perse pour d'archéologue mais il est plus vaste encore pour le géologue et le naturaliste. J'ai moi-même effleuré seulement quelques-unes des questions du domaine de ces sciences, et tout ce que j'ai rapporté de mes voya- ges a été recu par les spécialistes avec grand inté- rêt. Que ne ferait pas, dans un tel pays, un natura- liste de profession, consacrant tout son temps aux études de sa spécialité ? Tout reste à faire en Perse et dans le golfe Persique dont la faune et la flore sont presque entièrement inconnues. VII Histoire de l'Élam. Quelque dix mille ans avant notre ère, au temps où l'homme ne possédait pas encore l'usage des métaux et la connaissance de l'écriture, le Golfe Persique s’étendait au loin dans ce qu’on nomme aujourd’hui la Chaldée. Quelques grands fleuves, descendant des mon- tagnes du Nord et de l'Orient, venaientapporter au fond du golfe les limons du haut pays et voyaient peu à peu leur estuaire s'avancer au milieu des flots. Le fond de la mer se releva sous l’action de ces incessants apports et bientôt apparurent, çà, et là des îlots boueux, mobiles d'abord, et que les ro- seaux et les joncs rendirent stables. Ces ilots furent les premiers points émergés de Chaldée ; peu à peu ils s’agrandirent, marécageux sur leur pourtour et couverts de prairies en leur milieu. , Les inondations, apportant les limons sur les parties du sol déjà sorties des eaux, en relevèrent le niveau tout en augmentant l’étendue des terres. Avec les siècles, ces terres se joignirent, laissant entre elles de vastes marais et le passage néces- Saire aux cours d’eau. Ainsi la Chaldée, à son origine, se composait- LP ESA AA €. 72 HISTOIRE ET TRAVAUX elle d'une multitude de petits districts, séparés entre eux par des nappes d’eau stagnante, ou par des fleuves les isolant les uns des autres. Cette situation géographique favorisa le déve- loppement d'une grande quantité de sociétés dis- tinctes dans leurs intérêts; elle fut la cause de la naissance en Chaldée d'un régime féodal qui durait encore au temps où les causes de sa forma- tion eurent disparu et où les communications devinrent aisées entre les divers districts. Quels furent les premiers hommes qui vinrent occuper cette région? À quelle race appartenaient-ils? Nous - ne possédons encore aucun document positif sur ces époques très anciennes; l’histoire reste muette.” | La légende chaldéenne nous apprend bien, il est vrai, les noms de quelques héros fabuleux, mais nous laisse ignorer à quel groupe ethnique ils ap- partenaient. Parmi les savants de nos jours, deux théories sont en présence. Celle qui veut faire de la Chal- dée un pays sémite, et celle qui suppose une popu- lation primitive non sémite déjà civilisée, con- quise et absorbée par les Sémites du sud-ouest et de l'ouest. En ce qui concerne le bassin de l’'Euphrate et du Tigre, nous devons nous contenter de citer les deux hypothèses sans avoir le droit de pencher vers l’une ou vers l'autre; mais, en ce qui regarde la Susiane, nous sommes mieux renseignés. Les Susiens n'étaient pas des Sémites, leur langue le prouve. De très bonne heure l'in- fluence sémitique pénétra dans les pays de la Ker- kha et du Kâroun, mais elle ne parvint jamais à dé- DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 73 _truire les caractères ethniques de la race, comme de la langue, Les premières inscriptions susiennes que nous possédons sont, il est vrai, en langue chaldéenne, mais certains noms propres demeurent anzanites. Ilsemblerait qu'antérieurement au xL° siècle avant notre ère, la race et la langue d’Anzan eussent été — sur le point de succomber sous l'influence étran- D gère. —._ Puis vint la renaissance des éléments locaux : la … Chaldée fut conquise, à son tour, par les rois d'E- …. Jam, et la langue anzanite reprit sa place dans les textesofficiels. Elle la conserva jusqu’au temps des Achéménides. A côté des caractères linguistiques du peuple élamite, nous possédons d'un élément non sémite … des traces perpétuées jusqu’à nos jours. En effet, … il existe encore en Arabistan bon nombre d’ indi- « vidus présentant tous les caractères de la race « négrito. 1 Est-ce à dire que ces négritos sont les derniers … descendants des hommes qui parlaient l'anzanite : ? K Nous ne saurions encore le dire de façon précise; 1 mais la présence de cette race en Susiane remonte, “ à coup sûr, à des époques très reculées. … On sait que les Négritos les plus voisins de la MSusiane sont ceux de l'Hindoustan; or, entre ces « deux groupes, il n'existe pas aujourd hui de té- «moins intermédiaires. D'où vinrent les Négritos du sud de la Perse ? . Nous l'ignorons ; mais nous devons nous souvenir “que la forme des continents s’est singulièrement r modifiée depuis l’apparition de l'homme sur la m terre et qu’il existait, peut-être, autrefois, entre 5 ‘4 1 7% HISTOIRE ET TRAVAUX l'Hindoustan, l'Afrique et l'Asie antérieure, un Con= tinent, aujourd'hui disparu, qui servit de lien entre les diverses colonies des Négritos. L'Arabie, les rives du Golfe Persique, la Susiane, et peut-être aussi la Chaldée, auraient été peuplées par ces hommes aux cheveux crépus. L’invasion sémitique, d'une part, celle des Aryens de Perse, de l’autre, auraient fait disparaître la race primi- tive. En Susiane seule il en serait resté quelques traces. | Les hypothèses que je viens de soumettre ne sont pas l’histoire, mais elles satisfont l'esprit et. peuvent servir de guide dans les recherches. | A côté de ces suppositions, nous avons la certi- tude que l’homme vivait dans le désert d’aujour-" d’hui, dès les temps quaternaires: J'ai trouvé en, effet, entre l'Euphrate et Palmyre, des instruments chelléens parfaitement caractérisés. En Chaldée, en Susiane et sur le plateau persan je n’en ai point. encore rencontré la moindre trace. | A l’époque de la pierre polie, époque qui, dans, ces pays, remonte à une très haute antiquité, la. Chaldée et la Susiane étaient fort peuplées, de, même que toutes les vallées chaudes de la chaînes occidentale de l'Iran; mais le plateau persan luiss même semble être resté presque désert. | L'apparition du métal, très rare d’abord, produi-. sit un essor dans les arts. Nous en pouvons juger. par la céramique et son ornementation, qualifiée. de pré-mycénienne par ceux qui rapportent à la Grèce les choses mêmes qui lui sont le plus étrans gères. Cet art est, en Susiane, antérieur de bien des centaines d'années à l'époque de Naram-Sin; on le retrouve non seulement à l'aurore du monde dan PPS REP Peu SL 2 mn DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 75 L les pays grecs, mais aussi en Syrie et surtout en - Egypte où, avant Menès, il avait pris un grand dé- veloppement. à La préhistoire chaldéo-élamite nous apparaît en . Chaldée dans les traditions, de même que nous la retrouvons en Égypte dans les âges fabuleux des 1 dynasties dites divines. | Si les personnages légendaires abondent dans les écrits épiques ou lyriques de la Chaldée, ils | sont bien plus rares en Susiane. —…._ Khoumbaba(roid'Élam)commesonnom l'indique, 1 personnifie, sans aucun doute, la puissance élamite * dans sa lutte contre la conquêté de l’élément sé- | mitique. Dans l'épopée du héros national mésopo- tamien Ghilgamech, se trouve relatée et chantée la : M défaite du roi d'Élam et l'asservissement de son k “pays. p Il n’est pas un peuple qui ne possède ses héros «légendaires nationaux, héros sur lesquels ont été reportés par la tradition les hauts faits de géné- Mine entières disparues et oubliées. n Le nom de Khoumbaba est longtemps resté en usage parmi les Élamites : nous le retrouvons vers le xin° siècle av. J.-C. porté par divers person- mages. Ce roi d'Elam semble donc avoir existé : Cestlui qui défendait la Susiane lorsqu'elle fut sou- mise au joug des Sémites, lorsque la langue de la “Chaldée fut imposée aux peuples de l’Anzan; les “documents nous manquent encore pour fixer l’épo- “que de ces guerres de races. Khoumbasitir fut aussi roi d'Élam, mais nous ne | possédons que son nom. Koudour- Houkoutial: roi éd Elam, plus heureux que Khoumbaba prit et dé- ‘4 wasta Babylone; les armes élamites avaient alors Fr L 76 HISTOIRE ET TRAVAUX vaincu_celles de la Chaldée. Nous ne savons pas si cette conquête fut durable, nous n'en connais- sons pas l'étendue. Dès les temps les plus anciens, les deux éléments ethniques sont en présence, les fortunes sont diverses ; parfois c’est l’Elam qui se courbe sous le joug, parfois aussi c’est la Chaldée qui obéit aux lois susiennes. J'ai dit plus haut qu’à l’origine la Chaldée ren: fermait une multitude de petites principautés, indé- pendantes les unes des autres, et dont l'importance variait suivant l'étendue de terrain formant un dis-" trict naturel. Quelques-unes de ces principautés, favorisées par le sort et plus puissantes que leurs voisines, parvinrent à les maîtriser toutes et à les soumettre” au joug d’un seul homme, véritable empereur dans le sens que présente ce titre lorsqu'on l’applique“ à Charlemagne ou à Louis le Débonnaire. Cetem-« pereur était roi d'Agadè, de Kich, d'Our, etc. Maisilm gouvernait aussi en suzerain ses féaux des Quatre Régions. Tant que dura la féodalité indépendante, l'Élam resta en repos, éloigné des centres chaldéens ; sé- paré des royaumes naissants par d'immenses marais et par les fleuves, il se développa sur lui-« même ; les guerres ne débutèrent qu’au moment où" la Chaldée entière fut réunie sous un même sceptre. L'histoire de l'Élam, comme celle, d’ailleurs, dem tous les pays chaldéens, débute par une liste de patésis, princes sacerdotaux héréditaires de Suse. Le premier patési de Suse dont nous connais sons l'existence est Our-ilim; il vivait au temps de Chargani-char-ali, roi d’Agadé, fils de Dati-Bél AL, DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 77 qui, au commencement de son règne, avait soumis l'Elam. Le second des suzerains de Suse, connus jusqu’à ce jour est Naram-Sin, roi des Quatre Régions, fils de Chargani, qui, suivant Nabonide, vivait en 3750 avant notre ère. Naram-Sin fut l’un des plus grands souverains » de la Chaldée, il parcourut à la tête de ses armées, accompagné de ses neuf grands vassaux, la ma- jeure partie de l’Asie antérieure ; suzerain du pa- tési de Suse par les armes de son père, il étendit ses conquêtes dans les districts élamites encore insoumis, s’empara du pays d'Apirak et fit prison- nier son roi Rich-Adad. Si l’époque de Naram-Sin fut brillante par les armes, elle ne le fut pas moins par les arts, car les monuments que nous possédons de ce souverain —— dénotent une connaissance très avancée dans la sculpture, tant au point de vue de la composition qu'à celui de l’exécution. Une telle perfection dans l’art ne peut se mani- fester que dans un milieu déjà très civilisé. Il est “probable que la Chaldée jouissait, à cette époque, des avantages que procure un gouvernement ferme et juste établi sur des traditions déjà très an- “ciennes. Nous ne possédons pas les lois de cette …—_ époque, mais sûrement il en existait de bonnes, peut-être déjà codifiées. Le peu que nous connaissons de Naram-Sin donne une très haute idée de la civilisation chal- déenne à cette époque et permet de se demander combien de milliers d'années ont été nécessaires pour développer les peuples jusqu’à un tel degré. - Deux pays alors se partageaient la civilisation du Lé 78 HISTOIRE ET TRAVAUX | monde :la Chaldée sous Naram-Sin et l'Égypte sous les pharaons du milieu de l'Ancien Empire. Malgré la puissance des grands rois de Chaldée, Suse semble avoir secoué le joug'et repris son“ indépendance, car Alou-oucharchid, roide Kich, doit recommencer la conquête de l'Élam. C’est vers cette époque qu'il faut placer Chim-bi-ichkhoug, patési de Suse, | Au temps où Dounghi, roi d'Our, régnait en Chal= dée, survint probablement encore une révolte, car « il dut intervenir par les armes, accompagné de son vassal Goudea, patési de Sirpourla, et battit Anzan d'Élam. Dounghi nous a laissé le souvenir desesconstruc- tions à Suse, mais les principaux édifices de cette 4 époque sont dus à Karibou-cha-Chouchinak, fils de | Chim-biichkhouq, patési de Suse. Ce seigneur, qui porte le titre de Chakkannak d'Élam, construisit un temple au dieu Chougou, des bassins, la porte M de Chouchinak et creusa le canal de Sidour. Malgré son asservissement l'Elam, se dévelop-« pait, les eaux empruntées au fleuve Kerkha irri- guaient les campagnes des environs de Suse,… grâce à de vastes réseaux de canaux dont on re=« trouve les traces, non seulement dans les textes, mais aussi sur le sol. Karibou-cha-Chouchinak passe pouravoir été légiss lateur, et avoir réglé les affaires du culte. C'est la première fois que, dans les annales susiennes,; nous trouvons la trace de travaux juridiques; les textes de ces lois n’ont d’ailleurs pas encore été retrouvés. | Le nom de Khoutran-tepti, patési de Suse, nous. apparaît sans lien avec Karibou cha Chouchinak. Il" DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 79 existe certainement une lacune entre ces deux princes ; puis vient Idadou 1 de lalignée de Khoutran- tepti, son fils Kal Roukhouratir, Idadou [I son petit- fils, qui, tour à tour, occupent le trône susien à l'époque de Bour-Sin, roi d’Our et des Quatre Ré- gions, suzerain d'Elam. : Enfin Ebarti Kin Daddou,... badidimma, Beli-a-(ou) rougal et Ourkioum, dont les noms ne peuvent être placés sûrement dans les listes chronologiques, mais qui furent patésis de Suse; le premier régna au temps de Ghimil-Sin, roi d’Ouretdes QuatreRégions, suzerain d'Elam, qui lui-même construisit à Suse. Le second fut contemporain de Idé-Sin, roi d'Our et des QuatreRégions qui, probablement pour calmer une révolte, envahit l’Anzan et le dévasta. Ce pays devait ètre puissant alors, car son patési épousa la fille du grand roi Idé-Sin. Les trois derniers patésis cités plus haut sem- blent avoir gouverné l'Elam à l’époque des der- niers rois d'Our. C’est vers cette époque que nous devons placer la princesse Mékoubi, fille de Billama, patési d’Ach- nounnak et probablement femme d’un patési de Suse. Elle construisit dans cette ville, Tels sont les renseignements que nous possé- dons aujourd'hui sur les origines susiennes, depuis les temps les plus reculés jusqu’au xxu° siècle avantnotre ère. Ils nous montrent la Susiane partici- pant au mouvement général de la Chaldée, s’éri- geant en principauté religieuse, possédant ses divinités locales, sa langue propre et, probable- ment aussi, ses coutumiers spéciaux. Si nous en croyons les textes parvenus jusqu’à … nous, les Elamites s’adonnaient à la culture, à l'éle- | F 4 +. A LE ÉT ES Led ne Fr Lu RTE. “oh an) he d'a Se Dr À | TT. ONE AT PETER _ TPANE PR 80 HISTOIRE ET TRAVAUX vage du bétail et vivaient simplement, réservant pour leurs temples tout le luxe et toutes les ri- chesses. A Suse nous n'avons jamais trouvé d'inscrip- tion rappelant la fondation d’un palais; tous les textes ont trait soit à des fondations religieuses, soit à des travaux d’utilité publique, canaux, ponts, réservoirs, etc. La maison royale semble, dans les débuts surtout, n'avoir pas attiré les regards, et les expéditions militaires, la gloire des armes sont à peine mentionnées. Cette particularité sépare nettement les popula- tions susiennes de celles de la Chaldée. Goudéa est fier de son palais de Sirpourla, il parle autant de lui-même que des dieux; les stèles chaldéennes énumèrent les victoires, les pays vaincus, les ri- chesses dérobées dans la guerre. C’est que les Chaldéens d'alors étaient des Sémites, qu'ils en possédaient la violence, la rapacité et l'amour du bien-être ; tandis que les Élamites, appartenant, en grande partie, à une tout autre race, étaient de paisi- bles cuitivateurs, imbus du respect de la divinité: L'invasion sémitique ne semble avoir apporté en Élam ni l'usage des métaux ni celui de l'écriture. Le cuivre et l'or étaient connus dès les temps préhistoriques; quant à l'écriture, nous la rencon- trons à Suse sous deux formes qui, bien que con- temporaines, diffèrent sensiblement : l'une d'appa- rence très archaïque, voisine des hiéroglyphes primitifs, paraît être propre à l'Élam; l’autre, plus développée, composée de signes cuné Fi Di-. néaires, est purement sémitique et de proyenance chaldéenne. Les deux systèmes ont eu la même érigine; mais | ET LL DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 81 alors qu'en Chaldée l'écriture se serait développée, elle aurait été figée en Élam, en sorte que, lors de de la conquête sémitique, les signes chaldéens n'étaient pas compris du peuple, auquel il était nécessaire de fournir d'autres textes écrits dans les seuls caractères qu'il connûüt. Nous possédons de ce système archaïque plusieurs inscriptions lapidaires et un grand nombre de tablettes que, jusqu'à plus ample informé, nous considérerons comme proto-élamites. La période des patésis dura, à Suse, vingt siècles au moins, Car nous ne connaissons pas ses débuts ; elle fut pour l'Élam, comme pour la Chaldée, une ère d’oppression politique. Mais les Susiens pro- fitèrent de leurs malheurs : ils apprirent à résister aux conquérants, s’accoutumèrent à la guerre, leurs nombreuses révoltes en sont la preuve, et purent un jour, non seulement conquérir leur indépendance, mais réduire sous le joug leur anciens maîtres. Vers 2280 av. J.-C. Koudour-Nakhkhounté secoue le joug des Sémites, envahit et soumet la Chaldée, rapporte dans sa ville royale le butin des temples, les statues des dieux. L'ordre des choses est ren- … versé : le roi de Suse devient suzerain de la haute et de la basse Chaldée, il prend la place des anciens maîtres des Quatre Régions. Les titres eux-mêmes changent : au régime des patésis de Suse succède celui des Soukkal-mah; les premiers se disent patésis de Suse et Chakkannak d'Élam; leurs suc- cesseurssont Soukkal d'Elam, de Siparki et de Suse. C'est que Koudour-Nakhkhountè venait de fonder l'empire élamito-chaldéen et que, devenu grand roi, - il avait confié Suse à un feudataire, ÿ, LAROTTEEL,, R , : Ge TC TRES LEA » 82 HISTOIRE ET TRAVAUX Certes, sous Koudour-Nakhkhountè etsous ses suc- cesseurs, le vice-roi de Suse devait jouer un grand rôle dans l'Empire ; c'est à lui qu'était remise l’ad- ministration du patrimoine élamite, des pays d'où sortaient les armées capables de maîtriser les po- pulations sémitiques de Chaldée, forcément hos- tiles à la domination étrangère. Cette dynastie élamiteest probablement celle que Bérose désigne sous le nom de Mède et, à laquelle il assigne, huit rois durant, un espace de 224 ans. Bérose aurait, dans ce cas, commis la même erreur qu’un assyriologue renouvela de nos jours en pre- nant des Aryens pour des Anaryens ; mais il est ex- cusable, car, à l’époque où il écrivait, les traditions les plus lointaines, venues d'Orient, se rapportaient toutes aux Mèdes. Le linguiste, disposant de l’ins- trument le plus délicat en matière d'ethnographie, n'est pas excusable de s'être trompé. Du vivant de Koudour-Nakhkhountè, plusieurs vice-rois gouvernèrent en Élam. Nous ne connais- sons jusqu'ici que Chiroukdou, qui construisit à Suse, et Temti-Agoun, fils de la sœur du précédent, qui éleva dansla ville un temple à Ichmi-Karab «pour la santé de Koutir-Nakhkhountë et des siens ». Lila-irtach, fils présumé du grand conquérant, oc- cupa peut-être, à la mort de son père, le trône chaldéo-élamite ; c’est à son époque qu'il convient de placer Temti khicha khanech, fils de Temti-Agoun, au gouvernement de Suse. Chimebalar khouppak, descendant de Chiroukdou lui succéda ; il construi- sit un temple dans la capitale de l’Élam. Sa lignée M semble s'être éteinte avec lui. | Le pouvoir à Suse échut alors à Ebarti, père de » Chilkhakha ou Silkhakha, et qui paraît avoir fait À am D de À TR CG A nr em Ets 100) DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 83 souche nouvelle ; Simti Chilkhak régnait alors en Chaldée. Lankoukou, mari d’une sœur de Chilkhakha, lui succéda du temps où Nour-Adad et Rim-Anoum, rois de Larsa, étaient vassaux de Simti Chilkhak'. Sousle même suzerainnous voyons encore Kouk- Kirmech ou Kouk-Kirpiach, fils de Lankoukou et de la sœur de Chilkhakha, nommé grand Soukkal, Souk- kal d'Élam, Sipar et Suse, et construire un temple dans le chef-lieu de son gouvernement. Aitapakchou ou Attakhouchou est, d’après ses pro- pres textes, fils de la sœur de Chilkhakha et pasteur du peuple de Suse. II construisit plusieurs tem- ples, dont un dédié à la déesse Naroute et établit un pont au voisinage de sa résidence. Koudour-Ma- . ‘boug, fils de Simti-Chilkhak était alors adda de l'Ouest et Emoutbal. Kourigougou qui se réclame dans ses inscriptions d’être le frère de Temti Khalki, semble avoir dirigé pendant peu de temps le gouvernement de la Su- siane, alors que Rim-Sin était roi de Larsa et de Kingi-Kibourbour ; Rim Sin était fils de Koudour Maboug et son vassal. A la même époque se range Temti khalki, Tepti khalki ou Tep Khalki, fils de la sœur de Chilkhakha, grand Soukkal, Soukkal d'Élam, Sipar et Suse ; il laissa le souvenir de ses constructions. Kal-Uli, de sang royal, épouse une sœur de Chil- khakha et commande à Suse. La série des gouverneurs élamites de Suse se termine, d'après les documents que nous possé- dons aujourd'hui, par Kouk-Nachour « grand Suk- 1. Ce synchronisme et les suivants, jusqu'à Khammourabi ne sont que très approximatifs. 84 HISTOIRE ET TRAVAUX kal, Sukkal d'Elam, Sukkal de Siparru et de Suse, fils d’une sœur de Chiülkhakha » qui régnait au temps d’Iri-Agoun (?) roi de Larsa (peut-être Rim- Sin) vassal de Koudour Lagamar (?). Vers 2056 avant notre ère, Khammourabi, roi de Babylone, d’abord feudataire du grand roi d’Élam et de Chaldée, secoua le joug et se rendit indé- pendant. Ses victoires, cependant, ne s’étendirent pas pour longtemps au pays d’Élam où se créa bientôt une puissante monarchie; mais la plaine chaldéenne tout entière forma l’apanage du nouvel empire. A la féodalité d'antan succèdent deux puissants États, divisés par des différences de races oppri- mées tour à tour l'une par l’autre. Désormais ces deux puissances seront toujours en guerre jus-! qu’au moment où un danger commun, celui de : l'Assyrie, viendra réunir leurs légions. Trente ans du règne de Khammourabis’écoulèrent sous la domination élamite. Le roi de Babylone eut tout le temps de fomenter la révolte en Chal- dée. Lorsqu'il prit les armes, ce fut pour chasser les étrangers, La haute et la basse Mésopotamie se rangèrent sous son sceptre. Il s’intitula roi de Babylone, roi des Quatre Régions, roi de Choumer et d’'Akkad, roi de l'Ouest. Khammourabi fut non seulement un grand con- uérant, mais il fut aussi un habile administrateur; il codifia les lois ou, du moins, en donna une édi- tion nouvelle. Deux siècles d'occupation élamite avaient ap- pris aux Chaldéens bien des choses que seul le malheur enseigne ; probablement avaient-ils été victimes des lois susiennes. Leur nouveau roi en PRE RENE fi rs SC RME VIT ME 25 DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 85 promulgua de nouvelles, basées bien certainement sur les coutumiers sémitiques locaux, peut-être aussi sur d'autres codes plus anciens, datant de Naram-Sin ou de tout autre grand roi sémite. Le code de Khammourabi est un ensemble de lois purement civiles, exemptes de tout règlement re- ligieux. C’est un fait remarquable entre tous, car il dénote de la part des rédacteurs du code un esprit administratif, qu’on serait loin d’attendre dans le monde oriental de cette époque. L'Egypte était alors en pleine prospérité, les Ramessides allaient porter sa'puissance et sa civilisation à son apogée. Cependant nous a-t-elle laissé un seul document comparable aux lois babyloniennes ? Dans le Nouvel Empire les fiefs d'autrefois sont transformés en gouvernements, la volonté du grand roi s'étend absolue sur tous ses domaines. Parfois quelques anciennes familles conservent l’autorité dans les terres de leurs ancêtres, mais cest seulement à titre de fonctionnaires du roi, de simples mandataires. IL a fallu plus de deux mille ans pour éteindre la féodalité de l’origine. Pala-ichchan semble avoir été le dernier des grands rois élamites de la Chaldée; vaincu par le roi de Babylone, il se retira dans les terres de sa race. Son domaine comprenait alors une partie des pays situés sur la rive gauche du Tigre, au sud des ruines qui s'élèvent aujourd’hui sur le site de Ktésiphon. Versla mer, il était limité par les ma- rais; à l'Orient, son autorité s’étendait sur les monts Baktyaris et une partie des rives du Golfe. persique ; au Nord, il possédait le Poucht é Kouh, la vallée du Sein Mèrrè et la majeure partie du Louristan. La Susiane était son centre, le pays le ++ 54 ns . 2: «4 86 HISTOIRE ET TRAVAUX ï plus riche, le plus peuplé de tout l'empire; c’est là ue se trouvait le siège de sa royauté. Babyloniens et Élamites ne pouvaient se ren- contrer que dans les plaines de la rive gauche dun Tigre. C'est là, probablement, que le second roi susien Sadi ou T'aki (! ?) fut défait par Ammi-Zadougga premier successeur de Khammourabi. Le roi d’ Élam | semble avoir voulu reconquérir les provinces per dues de l'empire chaldéo-élamite, mais il échoua“ dans son entreprise et se Fons dans les fron-« tières assignées par la nature au peuple d'Élam ;« protégés par des remparts naturels, les rois ses” successeurs semblent avoir été, pendant long- temps, occupés seulement des travaux de la paix. Jri-khalki, dont nous ne connaissons que le nom. Pakhir-ichchan, fils du précédent, bâtit un temple. Attar-Kittakh, frère du précédent, bâtit égale-" ment un temple et enrichit ceux qui existaient avant lui. Khoumban-oummenna, descendant de Chilkhakha, supplanta probablement la branche directe et s'em- para du trône; nous ne connaissons de lui que des fondations pieuses. Ountach-Gal, roi d’Anzan et de Suse, fils du pré-" cédent, épouse Napir-Asou; sonrègne nous apparaît | comme une renaissance des arts. Ses construc- tions sont nombreuses, toutes consacrées aux | dieux. Nous ne comptons pas moins de quinze di- vinités auxquelles ce roi consacra dans la ville de Suse des sanctuaires différents, soit qu’il les ait ” fondés, soit qu'il eût réparé ceux qui, construits par les anciens rois, tombaïent en ruines, Nous possédons, de l’époque de ce prince, une magnifique statue de bronze représentant la reines bé LL. à | PTS de LE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 87 Napir Asou, œuvre très remarquable tant par sa valeur artistique que par l'exécution d’une pièce de cette importance. La fin de son règne fut probablement troublée, car nous voyons Ountakhach-Gal, fils de Pakhir- ichchan, succéder et rétablir sur le trône la dynas- tie légitime. Le nouveau roi fit aussi quelques constructions pieuses. Kidin Khoutran, parait n'avoir eu qu’un règne de courte durée. Khourpatila, roi de Suse, lui succéda, semble-t-il. Ce prince fut malheureux dans ses guerres contre la Chaldée ; vaincu et fait prisonnier par Kourigalzou, roi de Babylonie, il ne fut remis en liberté que contre une cession territoriale ; les Sémites, encore une fois, s'emparèrent de Suse ou Kourigalzoureprit une amuletteau nom de Dounghi dont Koutour Nakh- khounte s'était emparé jadis dans le pillage de la Chaldée. Nous n'avons pas encore rencontré de textes relatant les faits d'armes des prédécesseurs de Khourpatila, mais, bien certainement, ces rois ne demeurèrent pas en paix. Pendant cette période la guerre fut continuelle entre les maîtres des deux royaumes, lesuns voulaientrétablir l'empire deNa- ram-Sin, les autres celui äe Khoudour Nakhkhountè. Kidin Khoutroutach, roi d’'Élam, emploie son rè- gne à venger les défaites de son prédécesseur ; vic- torieux de Bél-nadin-choum, roi de Babylone, il ra- + vage la Chaldée, s'empare de Nipour, de Dour Ili et de E-Dimgar-Kalama; plus tard il prit la ville d’Isin sur les armées de Adad-choumiddin, roi de Babylone (1183 à 1175 av. J.-C.). Une révolution s'était passée en Chaldée ; la dy- É le “4 > - 88 HISTOIRE ET TRAVAUX nastie nationale renversée avait été remplacée par celle des rois Cassites envahisseurs à laquelle ap: partient Kourigalzou. D'où venait cette innovation ? IL n’est pas possi- | ble de le dire aujourd’hui; mais le fait même qu’elle a frappé la Chaldée, sans troubler la Susiane,M montre qu'elle ne venait pas du Sud-Est. Descen- dit-elle des montagnes du Poucht-é-Kouh, du Lou-« ristan et du Kurdistan méridional? Nous ne som-" mes pas encore éclairés à cet égard. Les Cassites constituent un élément nouveau | dans l’histoire chaldéo-élamite. Peut-être doit-on faire coïncider leur descente des montagnes avec les premiers mouvements des Aryens iraniens dans l'occident du plateau persan. Quoi qu'il en. soit, ces peuples ne semblent pas avoir été appa: rentés aux Élamites, car les rois susiens continuent à guerroyer en Chaldée. Melichikhou (1144-1130) et Mardouk-apal-iddin (1129-1117) se succédèrent sur le trône babylonien, alors que Kalloutouch in Chouchinak occupait celui. de l'Élam. C’est à l’époque de Zamâmä-choum-iddin (1116) et de Bêl-Nadin-akhé (1115-1113), rois cassites, qu ‘ap- paraît Choutrouk-Nakhkhountè, grand roi susien cé- lèbre entre tous par ses fondations pieuses et sa gloire militaire. Fils de Khalloutouch in Chouchinak, roid' Anzan et Suse, prince des Khapirti, Choutrouk Nakhkhountè u continue les expéditions de ses prédécesseurs contre la Chaldée; il envahit la Babylonie, bat et tue le roi Zamâma-choun-iddin (1116); aidé de son fils Koutir-Nakhkhount,il détruit la ville de Sippar, y enlève les stèles de Naram-Sin, le code du roi Kham- Dé. LAS DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 89 + mourabi, défait le roi d’Ichnounouk, dérobe ses sta- tues, enlève une stèle de Mélichikhou au pays de Qarin, à Kich l’obélisque du roi Manichtousou et sa stèle, des têtes de sceptres au nom du roi cas- … site Bournabouriach, la table d’Agabtakha à Padan, les archives gravées sur pierre des propriétés princières cassites, les stèles de son prédécesseur et congénère Ountach-Gal, une foule de documents précieux dus aux ennemis de sa race comme aux grands rois élamites. Des fragments de stèles in- diquent qu'il dévasta et pilla toute la Chaldée, s'emparant d’un immense butin qu'il transporta dans sa ville de Suse. La guerre fut la principale occupation de ce grand monarque. Il abaissa pour bien des années la puissance rivale, enrichit Suse et ses temples des dépouilles du pays des deux fleuves, construisit quelques édilices religieux et assura la paix en Elam. Son fils Koutir Nakhkhountè qui; dans ses guerres, avait été son lieutenant, lui succéda au trône. Son règne fut de courte durée. Nous ne connaissons de … lui que la construction d’un monument et l’érec- tion de sa propre statue dans l’un des temples su- siens. Chilkhak-In-Chouchinak, frère du précédent, roi d’Anzan et de Suse, prince des Khapirti, bénéficia des campagnes de son prédécesseur. Les res- sources de l’Elam n'étant plus absorbées par les guerres extérieures, il les consacra aux œuvres de la paix. Ilépousa Nakhkhountè outou dont il eut de nom- breux enfants, cinq fils et quatre filles, suivant les inscriptions dans lesquelles il fournit leurs noms. A Suse, et dans bien d’autres villes de son royau- 90 HISTOIRE ET TRAVAUX me, il reconstruisit les temples des dieux tombés enruines, les décora richement d’émaux, de matiè- res précieuses et de bronze dont quelques spéci- mens sont parvenus jusqu'à nous. Cestemples avaientété édifiés par les souverains des anciens âges; Chilkhak-In-Chouchinak respecta leurs noms qu'il conserva sur les matériaux neufs. Tous les dieux eurent leur part, dans ses égards,“ même ceuxdes Sémites,tels que Beltiya et Tab Mi= girchou. Cette intrusion des divinités sémitiques dans le panthéon susien montre à quel point l’es- prit chaldéen s'était infiltré dans la population su- sienne. Depuis plus de trois mille ans ces peuples étaient en perpétuel contact pour la conquêtes comme pour le commerce; mais les Élamites de la plaine, environnés au Nord et à l'Est par leur con-. génères, n'ayant qu'une frontière commune avec. les Sémites, cellé de l'Ouest, conservèrent les élé- ’ ? ments principaux de leur vie nationale. S'il exista jadis en Chaldée des populations non sémitiques, elles furent rapidement absorbées," parce qu ‘envahies par les étrangers elles n’eurent pas près d'elles, comme l'Élam, de foyer national indemne pour se retremper. Le règne de Chilkhak-In-Chouchinak nous a laissé un grand nombre de documents; stèles, briques émaillées, figurines, etc. Pour la première fois, à cette époque, nous voyons apparaître la céramique polychrome dans l'architecture. Les fragments que nous en possédons ont été pour la plupart rencon=" trés épars, aussi ne savons-nous pas encore la po=" sition qu'ils occupaient dans l’ornementation. L'émail était de plusieurs couleurs, il était appli-« 2 LR. té Po = ali nt Des €} L è 1 % | ' he D A Pad 2 a et € hong mpmimmenr D DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 91 qué sur l'extérieur des matériaux qui formaient de grands bas-reliefs couverts de textes ; d’autres émaux sous formes de plaques, jadis incrustées dans les murailles, représentent en couleur des animaux fantastiques ; enfin nous rencontrons fré- quemment, dans les fouilles, des sortes de pom- meaux lisses, ou couverts d'écriture, dont l’usage reste inconnu. Ces vestiges montrent, à n'en pas douter, que l'ornementation architecturale fit, à cette époque de paix, de grands progrès ; ce fut pour Suse une ère » de prospérité, les arts s’y développèrent avec des caractères spéciaux qu'on ne rencontre pas en Chaldée à la date correspondante. Il résulte de cette constatationque nous devons admettre l’exis- . tence en Élam d'un foyer artistique spécial. Quelques débris de stèles de Chilkhak semblent porter lestraces de récits militaires, mais tout porte - à croire que la guerre ne fut, en ce temps, qu'une … œuvre accessoire. Certainement ce long règne ne … put être entièrement consacré à la paix; le gouver- nement élamite dut veiller à la sécurité sur les fron- « tières, réprimer quelques révoltes, mais il ne sem- ble pas avoir fait de conquêtes. Khouteloadouch-In-Chouchinak, fils aîné de Chil- khak In Chouchinak, quisuccède à son père, ne nous est connu que par des constructions sans impor- tance.” Vers l'époque de Chilkhina khamrou Laqamwar, - deuxième fils de Chilkhak 1n Chouchinak, la guerre reprit avec la Babylonie dont Nabou-koudour-out- sour I était alors souverain (vers 1030). Le roi d'É- - lam fut vaincu sur les bords du fleuve Oulaï, la Su- siane dévastée et l’armée victorieuse reprit des dé- T4 92 HISTOIRE ET TRAVAUX 4 pouilles enlevées jadis en Chaldée par les Élamites, “ entre autres la statue du dieu Eria de la ville de Din-Charri. Le fief de Namarfutenlevé duterritoire susien pour être réuni au royaume babylonien. Khoumbanimmena, successeur de Chilkhina kham: rou Laqgamar, ne nous est connu que par une fon- dation pieuse ; Choutrouk Nakhkhountè II ou Chou-… tosr Nakhkhountè, son fils, occupa le trône d'Élam après lui, Ses inscriptions relatent la piété de ses entreprises; il recontruisit une partie du temple, l'orna richement, releva les monuments des trois rois Houteloucdouch-In-Chouchinak, Chilkhina-kham- rou Lagamar et Khoumbanimmena, éleva sa statue en trente lieux conquis par ses armes sous le com- mandement de son ministre Choutrourou. L'histoire de cette époque est encore assez con- fuse, nous savons toutefois que, durant six ans, (939-934) régna sur la Babylonie un roi de race éla- mite dont le nom n'est pas connu. Ce fait semble in- diquer que les Susiens vaincus sous Chilkhina,etc., ayant réparéleurs désastres, auraient à nouveau en- vahila Chaldée, conquête éphémère quine dura que peu. Les victoires de Choutrourou correspondent probablement à ces événements. Chouchinak-char-Ilani et Tepti-akhar, se succèdent ensuite sur letrône d'Elam, sans se faire remarquer autrement que par leurs constructions. Pendant ce temps la face des choses se modifiait complète- ment dans la vallée du Tigre ; le royaume d'Assy- rie, devenu puissant, entrait en ligne. Ses armées jointes auxlégions sémites de Mardouk-balatsou-iqbi, roi de Babylonie, attaquaient l'ennemi commun, le Susien non sémite. Toukoulti-pal-Echarra II, roi d'Assour (824-812) DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 93 rencontrait sur le Daban les armées du roi d'Élam et les défaisait devant Dourpapsoukal (vers 810). Cette lutte, qui devait amener la ruine de Suse et la destruction de la puissance élamite, fut continuelle pendant un siècle et demi. Chaque année se passait en escarmouchessurlesfrontières, quand les Sémites étaient occupés ailleurs, et en campagnes ruineuses pour l'Elam, lorsque les peu- ples du Nord razziés laissaient en repos l'Assyrie. Khouban, Kalloutouch-In-Chouchinak et Chilhak-In- Chouchinak, rois d'Anzan et de Suse, semblent être restés en repos; mais leur successeur Tepti-Khou- ban-in-Chouchinak guerroya. Il est incertain si Indadari porta la couronne; en tout cas son fils Choutour-Nakhkhountè monta sur le trône. Les règnes de Takbkhikhi et de son fils Khanni sont douteux; peut-être ces personnages ne furent- ils que des princes locaux dominant sur le district qui, aujourd'hui, porte le nom de Mal-Emir, mais Oumbadarà régna sur Anzan et Suse vers 750, de même que son fils Khoumbanigach, qui monta sur le trône (742), la 5° année de Nabou-natsir roi de Baby- lone (747-734). Désormais c’est à la monarchie assyro-babylo- nienne que les Élamites auront affaire. Ninive a conquis la prépondérance dans les pays du Tigre et de l'Euphrate. En 729 Toukoulti-apal-Echarra III (745-727), roi d'Assyrie, s’intronise en Babylonie, mais ne paraît pas en Élam. Charrou-oukin (722-705), entra en campagne contre Khoumbanigach, mais le sort de la guerre reste indécis pour nous, car les diverses sources se contredisent. 94 HISTOIRE ET TRAVAUX La Chaldée ne supportant qu'avec peine le joug assyrien, se révolta sans cesse. | + Mardouk-apal iddin, usurpateur à Babylone (721= 709), se réunit à Khoumbanigach pour lutter contrem Sargon, mais tous deux sont défaits. La Chaldée, sans frontières naturelles du côté de l’Assyrie, était. vite tombée au pouvoir des armes d'Assour; elle ne se releva pour s’allier à l'Elam que, lorsqu’étant révoltée de nouveau contre les gouverneurs nini=M .vites,.elle redoutait le poids de la colère de ses maîtres. L'Élam, mieux protégé par ses montagnes du Nord et ses marais de l'Ouest, était à même de résister plus longtemps. Toutefois, les rois ne né- gligèrent pas de fortifier sa frontière. Khoumbauis gachy construisit Naboû-damiq-Ilâni. Babylone vaincue par Sargon, l’Élam terrif par ses défaites, aucun soulèvement ne se produi- sit tant que vécut le conquérant dont les coups avaient été si durs pour les peuples du Sud. Mais, dès l'avènement de son successeur Sin-akhe-irba (Sennachérib) (705-682), l'Élam releva la tête et le roi d'Assur, se souvenant de l’appui que jadis les rois de Suse avaient donné aux Babyloniens, mar- cha contre les Élamites. Choutour Nakhkhountè (ou Ichtar-Khoundou) (719- 701) occupait alors le trône d'Élam, il s’allia Daltä, roi d’Ellip. Mais les armées combinées furent dé- faites par les Assyriens, à Maroubichti. Tout le haut Elam fut dévasté et le roi dut s’en- fuir de sa seconde capitale Madaktou (dans la vallée du Sein Mêrré) pour gagner dans les montagnes sa résidence de Khaïdalou (dans le Louristan ac- tuel), Suse ne fut sauvée que par les rigueurs de la saison qui forcèrent à la retraite l'armée ninivite. A LT, 2 del ttqu C2 HN DEN LE 2 SE PO PERS AT DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 95 Ces désastres eurent comme conséquence une révolution dans l'Élam, Kallouchou (ou Khalousi) : frère du roi, le détrôna et usurpa le pouvoir (701-, 594). Son premier soin fut de se préparer à la guerre contre l’Assyrie et de s’allier au roi de Ba- | bylone Mardouk-apal-iddin ; mais les Assyriens vain- - quirent la coalition sous les murs de Kich. A Babylone la politique intérieure n'était pas meilleure qu'en Élam ; Mardouk-zakir-choum avait “ usurpé le pouvoir pendant un mois ; Mardouk-apal- iddin, l'ayant chassé avait repris le trône. Enfin le moi d'Assyrie, las de ces troubles, intronisa d'a- - bord Bëêlibni (702-700), puis enfin son propre fils Achchour-nadin-choum (699-694). Bien qu'ayant subi un échec dans la VI campa- gne de Sennachérib, Khallouchou s’avança jusqu'au cœur de la Chaldée, s’empara de Sippar et de Baby- … lone, fit prisonnier son gouverneur, fils du roi d’As- …sour, et le remplaca par un homme à lui, Nergal- ouchezib. Après un règne de six ans, en 794, Khal- Luioue. mourait assassiné par ses propres COmpa- CORPARENIT OURS, A | 7 sf | t | triotes. Choutour-Nakhkhountè lui succéda (694-693). IL allait entreprendre la lutte nationale contre l’As- “syrie quand il fut, après dix mois de règne, tué dans une émeute. … Khoumban-Menanou, frère du précédent, monta Li le trône (693-689). Son premier soin fut desecou- …rir Chouzoub, qui venait de chasserles Assyriens et “ d’ usurper le pouvoir en Babylonie; mais tous deux - furent vaincus par £ Sennachérib à Khaloule, Khou- . ban-khaltach1, qui lui succéda (689-681), ne régna qu'environ huit ans et mourut dans un incendie, “ Khouban-khaltach 11(681-675), accéda au trône- PA 96 HISTOIRE ET TRAVAUX d’'Élam en même temps qu’Achchour-akh-iddin (As- saradon) (681-668), montait sur celui d’'Assyrie, Lan guerre continua entre ces deux princes, plus achar= .née que jamais. Nabou-zir-napichti-lichir, roi de Ba- bylonie, fils de Mardouk, luttait avec les armées susiennes contre l’Assyrie, Il fut défait et perditlé trône qui passa à son frère Na’id-Mardouk. En 680= 679 Khouban-khaltach II tua Zirou-kinich-lichir, roi du pays maritime qui, pour une cause restée incon- nue, s'était réfugié dans ses Etats. Sur la fin de sa vie, il entra en Chaldée et dévasta la ville de Sippan qui, probablement, était demeurée entre les mains. des Assyriens. Ourtakou, son frère, s'empara du trône d’Élam par l'assassinat (674-661). C'est pendant son règne qu’entrent en scène Achchour-bani-apal, roi d'Assy= rie (667-625), et son frère et lieutenant en Babylo= nie Chamach-choum-oukin (667-647). La Chaldée, dé= finitivement soumise, ne pouvait plus être d'aucun. secours pour les Elamites. Bien au contraire, elle: devenait le grand centre d’approvisionnement de ses ennemis. | Une disette sévissait en Elam et venait aggraver ia situation de ce malheureux royaume épuisé par“ les troubles intérieurs et par les guerres extérieu- res ; son roi tenta, cependant, un efforten Chaldée;’ il porta la guerre en Akkad, mais, repoussé par les Ninivites, il rentra dans ses États et mourut peu après. Qurtakou ayant usurpé le pouvoir par le meurtre de son frère aîné Tep Khoumban (Téoumman des in- scriptions ninitives), s’empara du pouvoir et voulut se l’assurer en mettant à mort les fils d'Ourtakouet de Khoumban khaltach II ; mais ils s'enfuirent en DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 97 Assyrie, venant ainsi se mettre sous la protection du plus dangereux ennemi de leur oncle. Vaincu et pris par les armes d’Achchour, l’usur- : pateur fut décapité par ordre d’Achchour-bani-apal. Il laissait deux fils : Oundachi et Tamritou. Profitant de l’occasion qui lui était offerte, le roi d’ Assyrie partagea l'Élam en deux royaumes : l’un composé de l’Elam proprement dit fut remis à Khoumbanigach Il, fils de Tep-Khoumban; l’autre, ayant pour capitale Khidalou dans les montagnes, devint l'apanage de Tamri:ou, fils d’Ourtakou. Ces deux rois étaient forcément hostiles l'un à l’autre, quoique cousins germains. Khoumbanigach semble avoir exécuté loyalement ses engagements envers Ninive, car, appuyé par Chamach-choum-ukin, roi-lieutenant de Babylonie, il lutta contre le roi de Khidalou et trouva la mort dans cette guerre. Tamritou resta, dès lors, seul maître de la plaine et de la montagne de l’Élam. Un de ses propres généraux Indabigach le chassa du trône à son tour et usurpa le pouvoir; pour la seconde fois, Tamritou se réfugia à Ninive. Mais l’anarchie régnaittoujours en Élam, comme … il arrive presque toujours dans les États SU bissint —…._ de grands désastres; Khoumban-aldasi, fils d’Attou … metou, chef des archers, tue l'usurpateur et se substitue à lui. Khoumba khaboua, homme d’origine inconnue, lève, lui aussi, l’étendard de la révolte et cherche à renverser Khouban-aldasi, Assourba- nipal arrive; le premier usurpateur s'enfuit dans les montagnes, le second vers la mer. Tamritou est replacé sur le trône. La puissance élamite était à jamais terrassée; ce royaume passait au rang de feudataire ninivite, et 6 98 HISTOIRE ET TRAVAUX cependant tant de malheurs, fondant sur ce peuple, n’arrêtèrent pas la folie de ses chefs, Tamritou de- vint infidèle et fut renversé. Khoumban-aldasi (vers 640) descendit alors des montagnes où il s'était réfugié et renversa un rival, Paé, qui s'enfuit à Ninive. Il n’en fallait pas tant pour lasser la {patience du roi d’Assour. Achchour bani-apal marcha contre l’Elam ; le roi de ce pays s'enfuit à son approche. Il trouva le pays sans défenseurs, le dévasta dans “ toute son étendue, détruisit ses villes, ravageases campagnes. Le récit que le roi de Ninive fait lui-même de la” ruine de Suse est, à coup sûr, l’un des plus beaux morceaux de littérature que nous possédions des Assyriens, le voici textuellement : « .… J'ai pris la grande ville de Chouchân, Le siège de leurs grandes divinités, le sanctuaire des oracles.. je suis” entré dans ses palais et m'y suis. reposé avec orgueil, j'ai ouvert leurs trésors, j'ai pris l'argent, l'or, leurs trésors, leurs richesses, tous ces biens que le premier roi d'Élam et les rois qui l'avaient suivi, avaient réunis, et sur lesquels aucun ennemi n'avaient encore mis la main, je m'en suis emparé comme d'un butin... … Lingots d'argent et d’or, trésors el richesses du pays des Soumirs et des Akkads et du pays de Kar-Douniach, tout ce que le premier roi d’ Élam et ceux qui l'ont suivi avaient réuni et rapporté dans le pays d'Élam.… de bronze. pierres brillantes splendides et précieuses, trésors de la royauté ; que les premiers rois d’Akkad et Chamachchou= moukin lui-même, avaient, en témoignage d'alliance, donnés au pays d'Elam : riches vêtements du trésor royal, armes de guerre pour servir dans les combats et appropriées à ses nt, pat We RE AR ILE 1 AR. be = EViavrE » { NS ANT Ur DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 99 —… mains, ameublements de son palais, tout ce qu'il renfermait … el qui avait servi pour s'asseoir et se reposer, pour manger —. ct pour boire, pour verser, pour oindre, pesants chariots —… de guerre enrichis d’ornements de bronze et de peinture, … chevaux, bêtes de charge dont les harnais étaient d’or et d'argent, j'ai tout emporté au pays d'Assour, j'ai détruit la tour de la ville de Choûùchan dont la base était en marbre, j'ai renversé son faîte qui était revêtu d’airain brillant. j'ai envoyé tous les dieux et toutes les déesses, m avec leurs richesses, leurs trésors, leurs pompeux appa- - reils.. trente-deux statues de rois en argent, en or, en bronze et en marbre provenant des villes de Choûchan, de + Madaktou, la statue d'Oummanigach fils d'Oumba- . dara, la statue d'Istar Nakhountè, {a statue de Kha- » lousi, la statue de Tammaritou le second... j'ai em- » porté au pays d’Assour. J'ai brisé les taureaux et les lions à» ailés qui veillent à la garde des temples, j'ai renversé les - taureaux ailés fixés aux portes des palais du pays d’Élam » et qui jusque-là n'avaient pas été touchés, je les ai retour- nés... Leurs forêts dans lesquelles personne n'avait encore pénétré, dont les limites n'avaient pas été franchies, mes “ querriers les envahirént, admirant leurs retraites, el les …livrérent aux flammes. Les mausolées de leurs rois, les anciens et les nouveaux, qui n'avaient pas craint Assour el met Istar mes seigneurs, et qui étaient opposés aux rois mes pères, je les ai renversés, je les ai détruits, je les ai brûlés au soleil. J'ai emmené leurs ossements au pays d'Assour, j'ai laissé leurs mûnes sans refuge. Je les privai d'aliments et (le libations. Pendant une marche d'un mois et vingt-cinq pandu sur elles la destruction, la servitude et la famine. Les filles des rois, les épouses des rois, les familles des premiers et des derniers rois d’Elam, les préfets des pro- # vinces et les gouverneurs des villes, tous les pionniers et 100 HISTOIRE ET TRAVAUX les ouvriers, gens, hommes, femmes, les grands et les pe- tits, les chevaux, les mulets, les ânes, les bœufs, les mou- tons, j'ai tout emmené au pays d'Assour, » La poussière de la ville de Chouchân, de la ville de Ma- daktou, de la ville de Haltemach et le reste de leurs villes, j'ai tout remporté au pays d’Assour. Pendant un mois et un jour, j'ai balayé le pays d'Élam dans toute son étendue. De ia voix des hommes, du passage des bœufs et des moutons, du son de joyeuse musique je privai ses campagnes. J'ai laissé venir les animaux sau- vages, les serpents, les bêtes du désert et les gazelles. L'empire élamite tout entier serait devenu pro- vince assyrienne si Ninive elle-même n’avait suc- combé (607) sous les coups des Mèdes alliés aux Scythes. Depuis des siècles déjà les Iraniens avaient en- vahi le plateau qui sépare la mer Caspienne du Golfe Persique, mais, protégés vers l'Occident par les hautes chaines bordières, ils avaient eu peu à. souffrir du voisinage des Assyriens. L'invasion du plateau n'était pas terminée, les Mèdes n'en avaient été que le premier flot ; vinrent ensuite les Perses qui, occupant toute la partie méridionale, orientale et septentrionale du pays, ne laissèrent aux premiers occupants que les districts monta- gneux de l’Ouest dans lesquels ils les refoulèrent. Mèdes et Perses étaient encore plongés dans la barbarie : ils ne connaissaient pas l'écriture, n’é- taient ni architectes, ni généraux, mais leur nom-=« bre, suppléant à leur savoir, ils écrasèrent les maî- us des pays qu'ils TAUlREOr occuper. Les Mèdes ; descendirent dans la vallée du Tigre et ruinèrent | l'empire ninivite. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 101 Naboùû apal outsour (624-603), Nabou-koudour-ou-. tsour (603-560), Amil-Mardouk (562-560) et enfin Na- … bounaid (556-539), rois de Babylone, furent maîtres … de la Susiane. : Les Parsu s'avancèrent dans l’Elam montagneux, en chassèrent les habitants, et ne s’arrétèrent qu'aux limites de la plaine, accablés par les ar- deurs du soleil. Mn L'Elam se trouva ainsi divisé en deux parties : Je royaume perso-anzanite dans le haut pays, et la province babylonienne de Susiane; car la chute de …. Ninive avait rendu à la Chaldée un regain de pou- voir. | Chichpich, Kourach, Kambouziya (Cambyse) et en- M fin Kourach le Grand (Cyrus) furent rois aryens = d'Anzan. —…._ Cyrus détruisit le dernier royaume sémitique de Ja Mésopotamie et, dès lors, l'Asie antérieure fut . dévolue pour bien des siècles aux Aryens; ce n’est, «en effet, que la conquête musulmane qui ramena pour peu de temps le pouvoir entre les mains des Sémites, Après Cyrus, l'histoire de la Susiane est liée à » celle de l'empire aryen de Perse dont elle n’est —… plus qu'une province, Son empire fut l’un des plus vieux du monde sinon le plus ancien; sa capitale, aujourd’hui butte de décombres, nele cède en rien en âge aux plus antiques des cités. …… J'ai sommairement retracé les grandes lignes de l'histoire élamite. Cette histoire était complètement inconnue il y a quelques années. Nous la devons aux fouilles de Suse. Elle renferme encore bien des lacunes; mais ces vides seront comblés, car nous — ne disposons pas, aujourd’hui, du quart des docu- 6. 102 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE ments renfermés dans les ruines de l'Acropole. Notre liste de rois est encore incomplète, nous ne connaissons les actions que d'un petit nombre de ces monarques. Les annales susiennes vien- drontcontrôler celles de l’Assyrie etde la Chaldée; enfin nous apprendrons sur les origines bien des faits dont nous ne soupçonnons même pas l’exis- tence. Ces pages qu’on vient de lire renferment en elles les résultats de tous nos efforts depuis huit années; l’histoire de l'Elam est sortie de terre êt È les collections qu’on peut voir au Louvre n’en sont que les pièces à l'appui. Métis WF IX Peintures. Le visiteur qui, parcourant une salle de musée, - examine les objets qu’elle renferme ne peut, à moins d’être un spécialiste, se rendre un compte exact des principes généraux découlant des monuments qu'il a'sous les yeux. Chacun de ces vestiges du passé ne lui apparaît que comme une unité indé- pendante, la plupart du temps, des objets qui l'en- vironnent. S'il pousse plus loin ses études, le cadre s'élargit mais les notions qu’il en retire demeurent forcément incomplètes, imprégnées - qu’elles sont de nos usages modernes européens ; ]a tournure d'esprit imposée par notre éducation “reste dominante et influe sur les conclusions que nous sommes à même de tirer. C'est que bien des notions manquent à ce visi- “teur pour qu'il soit à même de se transporter par la pensée dans le milieu et aux époques dont les 1 très approfondies de l’histoire et de la géo- graphie, il ne lui est pas possible de faire abstrac- lion de l'ambiance de la vie commune. —_ Ce phénomène est fatal : il influe non seulement sur le commun des hommes, mais aussi sur les sa- | ones eux-mêmes, qui, dans bien des occasions, + 4 montrent une ignorance très regrettable des pays 10% HISTOIRE ET TRAVAUX où se sont passés les faits historiques dont ils ont à parler. 11 n’est pas aisé de supprimer ces fâcheuses in- fluences, mais nous pouvons du moins les atténuer dans une large part et c’est, à mon sens, ce à quoi doivent tendre tous les musées, toutes les exposi- tions de documents antiques. Les notions historiques, l'étude seule peut les donner et certes ilne manquent pas, les ouvrages, dans lesquels un esprit curieux peut s'instruire de la chronologie du passé. Les notions géographiques sont de deux natures bien distinctes. Celles qui ont trait à la figuration mathématique du sol que fournissent les nom- breuses cartes qui remplissent nos bibliothèques, et celles qui permettent de juger de l'aspect d’un pays, de sa richesse, des difficultés naturelles qu’on y rencontre, de son apparence riante ou triste, en- soleillée ou brumeuse. Ces éléments sont indis- pensables à celui qui désire se transporter par la pensée au cœur des pays dont les arts et l’histoire l'intéressent. Tel lieu fameux dans les annales du monde, telle ville antique dont la renommée est parvenue jusqu’à nous, apparaissent dans l'imagination de cent facons différentes, suivant l’état d'esprit de celui qui cherche à se les représenter, et sur ces cent manières il en est bien rarement une qui soit exacte. Il est donc nécessaire de donner au publie des notions précises el nettes tant par des cartes d'ensemble que par des plans de détail et par des vues exactes, authentiques, colorées comme l’est le pays lui-même, La photographie nous offre bien, ilest vrai, son | ' MA RLS AT D D Aaæréts ee gi À nn (N° : À LA DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 105 concours, mais elle reproduit brutalement l’ossa- - ture de la naturé, ne fournit aucune notion sur la transparence de l'air, sur la coloration des sites, sur la lumière qui a tant d'influence sur l'esprit hu- main. Cette lacune dans les expositions que toujours nous offrons au public me préoccupait depuis de longues années; je sentais qu'à côté des restes des - civilisations disparues il fallait procurer au visiteur la vision des pays où les événements s'étaient dé- roulés. I Qui comprendra Memphis sans avoir vu les li- …_ mons noirs de la vallée du Nil, le feuillage sombre … des dattiers, les sables dorés du désert et le s0- | leil de feu éclairant cette nature calme quoiqu é- | tincelante ? Qui se transportera par la pensée à Ba- — bylone, à Ninive, à Jérusalem s'il n’a jamais été 1 frappé par une vision de ces sites fameux? Il n’est pas à la portée de tous de parcourir les pays dont Lies annales excitent l'intérêt; notre devoir est de … suppléer autant que possible à ces voyages dispen- dieux et compliqués. A côté des monuments antiques, chaque musée devrait offrir au public les cartes des pays d’où proviennent ces objets, des vues des sites, voire même des ruines, ayant trait aux collections expo- sées. Aucune description ne peut remplacer ce que les yeux embrassent d'un seul coup; il faut que ces D ductions de lanature soient d'une rigoureuse exactitude, qu'elles prennent rang de document « scientifique, que la fantaisie, le goût, l'amour du k beau n’y occupent qu’un rang secondaire. L'art … doit être en elles au service de l'exactitude, ce qui L d'ailleurs ne les empêche pas d’être artistiques. 7-18 106 HISTOIRE ET TRAVAUX Quant aux restaurations, aux produits de l'ima-= gination moderne s'exerçant sur les restes du passé, nous n'avons pas le droit de les présenter au public sans qu’elles soïent accompagnées de tous les documents authentiques ayant servi à les établir. Elles doivent occuper le rang très secon- daire qui leur appartient, car, produit de déduc- tions, elles sont livrées à la fantaisie qui souvent dépasse les bornes permises, et induisent le public en erreur. J'estime même que si des essais de reconstitu- tion ou de restauration sont à leur place dans des livres spéciaux, ils ne doivent pas figurer dans des collections dont le principal mérite doit toujours être l’authenticité absolue. En visitant la salle ou sont renfermées les col- lections de la Délégation, on verra qu’enfin j’ai pu exécuter le projet que j'avais formé depuis si longtemps, d'offrir au public des vues du pays où se font nos travaux. Ce projet, j'ai mis des années à le réaliser, car, 2 d'une part, il fallait que je sois à même de prélever sur mes crédits les ressources nécessaires, et, d'autre part, j'avais à trouver l'artiste qui, répon- dant aux desiderata, consentit à s’expatrier pour de longs mois sans autre intérêt que la réalisation de pensées abstraites. Le choix de l'artiste auquel j'avais à donner ma confiance n'était pas aisé; il fallait, en effet, un homme jeune, habile dans son art, instruit et cu: rieux d'apprendre, porté par ses goûts vers les choses de l'antiquité et assez maître de lui pour mettre l'art au service de la science, et non la: science au service de l’art, DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 107 » J'ai choisi Georges Bondoux, ancien élève de notre École des Beaux-Arts', ayant déjà reçu bon “nombre de récompenses* et l'ai provisoirement attaché à ma mission. | G. Bondoux, sorti de la routine, connaissait déjà «l'Orient : il avait visité en artiste l'Egypte, la Pales- Mtine, la Syrie, la Grèce, l'Italie, et si ses voyages “dans les Flandres, la Hollande et l'Angleterre lui avaient appris à peindre les brumes du Nord, il “possédait aussi dans son pinceau la lumière de ‘Orient. Presque toutes les études de sa mission de Perse Mont été faites sous mes yeux et j’en puis garantir Ml'exactitude rigoureuse comme dessin et comme couleur. A l’occasion de l'ouverture de notre salle, j'ai xposé l’œuvre complète de G. Bondoux en Perse, “mais il ne restera définitivement que les peintures “ayant trait à l'archéologie et à l’histoire. Les autres, sortant du domaine de notre exposition, seront d endues à leur auteur. J'ai pensé RP que le Deux grandes fresques ont été exécutées à Paris par G. Bondoux, d'après ses études faites sur la mature ; elles remplissent deux des cinq grands panneaux de la salle; en attendant que le destin permette que les trois autres voûtes soient, elles ssi, décorées de motifs archéologiques relevés en Perse. … La première de ces toiles montre les ruines de : LS M 1. De 1884 à 1890. M2, Mention honorable (Salon de 1890), — Médaille de 3° h Classe (Salon de 1893). — Médaille de bronze (Exposition de | à 0). — Bourse de voyage 1893, nd PRE CA Lis ant à - Mer? HET, LE 108 HISTOIRE ET TRAVAUX l’Acropole de Suse telles qu'elles étaient en 1897 avant le commencement des travaux de la déléga- tion : au premier plan la rivière Chaour roule ses eaux paisibles ; dans le lointain, la mosquée, tom: beau supposé du prophète Daniel La seconde toile est une vue d'une partie des chantiers de la Délégation dans l’Acropole ; le mouvement des ouvriers, le roulementdes wagons la poussière des travaux forment un contraste frap: pant avec le calme profond des ruines, avant que l’activité française soit venue retrouver dans ces décombres les trésors scientifiques qu’ils conte- naient. La série des études d’après nature occupe les embrasures des fenêtres ; elle est rangée suivant l’ordre dans lequel les peintures ont été exécutées: Dans la liste qui suit j'indique en caractères ita: liques, celles des études qui, présentant un intérêt historique, demeureront dans la salle. 1. Mascate (Côte d'Arabie). Le port. 2. — Intérieur du Consulat de France. 3. — Vue de la ville. | 4. El Mohammerah (Arabistan). Le Chatt-el: Arab. | 5. Nasseri-ahwaz (Arabistan). Intérieur de mai son. | 6. Nasseri. Les rapides du Käroun où se trou vait jadis le barrage sassanide. | 7. — Le soir sur les terrasses. 8. — Le Karoun le soir. 9, — Vue de la bourgade, 10. — Le désert sur la rive droite du Karoun 11, Suse (Arabistan). Le tell, vu: prise le matin 12. 13. 14. 15. 16. 17: 18. 19. 20. 21. 27 d'A ) RER PER à ARE * 1 4- w hurt “ > DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 109 — Le tell et La rivière Chaour. — Le Qal'a (château). — Le tombeau de Daniel (I). — Tombeau des Deux Frères (1). — Le soir sur les terrasses du château. — Cardeur de laine, — Vue de la rivière Chaour. — Le tombeau de Daniel (IH). — Tombeau des Deux Frères (II). 21. — Panorama du Nord de la plaine susienne. Vue des montagnes du Louristan et des Baktyaris — Panorama du sud de la pläine susienne, . Les travaux dans l'Acropole. 22. 24. 25. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 39, 36. 31, 38. 39, 40. 41. 26. — Extrémité méridionale du tell dit de La A Ville Royale, et marais situés au sud de Suse. D 23. — Nègre africain. — Un chef de chantier loure (iranien). — Femme loure (iranienne). — Un vieux Dizfouli (iranien). — Type de vieillard Dizfouli (iranien). — Type de Loure (iranien). — Type de dizfouli (iranien). — Un gué de la rivière Chaour. — Anier dizfouli (I). — Anier dizfouli (II). — Type loure (iranien). — Un âne. — Anier et son âne. — Bücheron. — Le trou à charbon au pied du château. — Type de Dizfouli (iranien). — Khan loure (iranien). — Le tombeau de Daniel au soleil couchant. — Resles des bases de colonnes de l'Apa- 1 Ken. 5 110 HISTOIRE ET TRAVAUX dana, palais des Achéménides (fouilles de la Délé- gation 1897-98). 42, — Reste d'une colonne de l'Apadana (fouilles de 1897-98). 43. — Sur les ruines de l’Apadana. 44, — Coucher de soleil. 45. — Les bords de la rivière Kerkha. 46. — Type de nomade sémite (arabe). 4T. — Type de femme dizfouli (iranienne). 48. — La forêt des bords de la Kerkha. 49. — Le Chaour en amont de Suse. 50. — Dizfoul. Vue du pont sassanide. 51, — Vue de la ville (inachevé). 52. — Päi Poul(sur la rivière Kerkha en amont de Suse), ruines du pont sassanide. 53. Iman-Abbas (Poucht à Kouh) tombeau d’un saint personnage. 54. Tchikhaw (Poucht è Kouh) bords de la ri- vière. 55. Les tells antiques de la plaine de Tepeh Mou- ciän (Poucht è Kouh). 56. Le tell antique de Ferroukhäbäd (Poucht è Kouh). 57. Kelatèh (Poucht è Kouh). Type loure. 58. — Vue sur la Mésopotamie. 59. Gàâlouzeh (Poucht è Kouh). Une caverne. 60. Poucht è Kouh, Mosquée, tombeau de Seïd Nassr-ed-Din. | 61. Tühna Kouh (Pouchtè Kouh). Un chêne à. glands doux. 62. Halazärd (Poucht è Kouh). Vue de la vallée et du Kebir Kouh. | 63. Pa-è-Kouh-è-Davl (Poucht è Kouh), Vue de“ la montagne de Valamtar (Kébir Kouh). à DE LA DÉLÉGATION EN PERSE "Ati 64. — Vallée à l’ouest du Kébir Kouh); 65. Valamtar (Poucht è Kouh). Le Cirque na- « turel. 66. — La falaise. 67. Qal’a i Melek (Poucht è Koubh). La rivière. 68. Chirvan (Poucht è Kouh) dans la vallée du . Sein Mèrrè. Ruines de la ville sassanide. | M 69. Teñg-é-Säz-è-Benñd. Défilé du Sein Merrè .(Kerkha) à sa sortie du Louristan. 70. Teñg-è-Säz-è-Beñnd. Plaine du Sein Mèrrè. 71. Zeich(Louristan). Chéteau sassanide de Qala “Sam. 72. — Ruines d’un pont sassanide. 73. Houleilan (Louristan). Campement de no- mades. # 74. Teñg-è-Tir (Le défilé de la Flèche) (Louris- tan). Vue des gorges. 75. — Le soir sur le Sein Mérrè. 76, Zardalall (Louristan). Un ruisseau. 77. Gouldèrrè (Louristan). Végétation dans un Mravin. 78. Mahi Décht (Kurdistan). Village indigène. 79. Ser-ab-è-Kirmanchah (Kurdistan). Moulin à veau. “ 30. Kirmanchah (Kurdistan). Intérieur d'une k : ' ll + | æ dat vu. "2 4 PS EC GR AN ur AR “riche maison. | 81. Tagh-é-Bostän (Kurdistan). Vue d'ensemble Nes ruines sassanides. … 82. — Intérieur de la salle de Khosroes 11. — 53. Bisoutoun (Kurdistan). La montagne où sont boravées les stèles de Darius I. | — 834. Dinâver (Kurdistan), Bouquet de tamaris. 55. Keñghäver (Kurdistan). Ruines d'un monu- ment parthe. | E- s 112 HISTOIRE ET TRAVAUX 86. Elvend (Kurdistan). Les stèles de Xerxès au Gendj-nâmeh. 87. Hamadan (plateau persan). Maison de cam- pagne des environs de la ville. 88. — Ruines de la mosquée mongole. 89. Plateau persan. Village d’Aivä. 90. — Une rue du village d’Aivä. 91. — Kazvin. Mosquée bleue. 92. — Kazvin-Kiosque dans le Bag-é-chah (jar- din du roi). | 93. — — Mosquée dans un village. 94, — — Un pont. 95. Montagnes de l'Elbrouz. — Village de Houân. 96. — Entrée du village de Houân. 97. — Rizières de Sein Qual'a. 98. — Maison indigène à Kialan. | 99. — Les montagnes d'Alamout. Vue prise de Kialan, 400. - Vallée du Sé Hézar Roud (haut Tünè= kâboun). : 55 101. — Sycomore dans les forêts de Tünèkà= boun. - 102. (Tunèkâäboun). Mar Kouh. : 103. — La Caspienne au soleil couchant. 104. — Bouquet de Mimosas en fleur. | 105. (Ghilan). Entrée du village de Roudbar, 106. (Tauris-Azerbaïdjän). Porte de la Mosquée bleue. | 107. — Intérieur (I). 108. — Intérieur (IT). 109. — La Citadelle mongole construite par B tou-Khän, 110, — Un coin du bazar. _ hu — DE LA re EN PERSE 13. . 111: — Un jardin (I). 112, — Vue prise des terrasses. à 113. — Vue vers le Sud-Ouest. 114. — La plaine d'Azerbaïdjan du côté de Sofin. 115. — Petite Mosquée. 116. — Un jardin (I). 117. — Porte de la mosquée Seïd Hamzä. 118. — Vue de la ville prise de la terrasse du Consulat de France. 119. — Une rue de la ville. 120. — Une porte de la ville au couchant. 121. — Un jardin (Ill). 122. (Erivan. Petit Caucase). Palais des Ser- dars. 123. — Mosquée du palais. 124. — L’Ararat, vue prise le matin. 125. — L’Ararat, vue prise au couchant dusoleil. _ On peut juger par cette longue liste combien le peintre attaché a bénéficié de son voyage. L'œuvre -de G. Bondoux est considérable, mais ellene com- prend encore qu'une partie de la Perse ; il serait du plus haut intérêt de pouvoir la continuer. Les sites antiques de la Perside offriraient cent motifs pour des fresques garnissant les trois pan- …neaux de notre salle qui demeurent vides. Les confins de la Mésopotamie, Ktésiphon, Bagdad même et la Chaldée feraient l’objet d’une seconde … exploration artistique. Au-dessus de la porte d’entrée de la salle se trouve une grande carte‘des pays chaldéo-persans, M œuvre du peintre décorateur si connu M. Jambon let de G. Bondoux. Cette carte qui comprend la Chal- —dée, l’Assyrie, l’Elam, la Perside etlaMédie, montre EN nc mme + matt entame reste M qranemeqenen #ñ Un, € PRIE LA PARTS LR TJ LP d ICS AT TO IT 7e rs 1 En E MENT RE CL UP CA ER A7 ENT re ER PE, CD TE ET : SECRET") . 3 L 1 # “ l Je Par : à ! 13e 114 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE la position des principales villes antiques de ces régions ; j'ai pensé qu'il serait utile pour le visiteui d'y pouvoir jeter les yeux tout en examinant les collections. Il est peu de personnes, en effet, qu possèdent sur ces pays des notions géographiques assez précises pour être à même de placer de mémoire sur la carte le site des villes dont les noms reviennent à chaque instant dans les annales de l'Orient. Ainsi le visiteur, grâce auxétiquettesexplicatives accompagnant chacun des objets, grâce à la carte des régions d’où ils proviennent, grâce aux vues de ces mêmes pays, se trouvera entouré de tous les éléments d'instruction qu'il est possible de lui fournir. J'espère qu’il me pardonnera d’être sorti de la routine et de lui présenter autre chose que ces expositions banales inspirées de celles qu'au xvin° siècle on visitait au « Cabinet du Roy ». VII Les Collections de la Délégation. - Lorsqu'en 1902 j'eus terminé, au Grand Palais “des Champs-Élysées, l'exposition provisoire des collectionsrapportées jusqu'alors parla Délégation, ces collections furent portées au Musée du Lou- M yre. Les principaux momuments prirent place dans mes galeries assyrienne et chaldéenne, et la ma- eure partie des objets, entra dans la galerie dite de Delphes, transformée pour l'occasion en magasin. mn Ce dépôt, comme de juste, n’était encore qué provisoire, car peu de pièces étaient visibles au nées empêchait qu'on s’en fit une idée d'ensem- “ble. L'élamite disparaissait au milieu de l’assy- ien, du chaldéen, voire même de l’achéménide. à Mais tel n’était pas le but que se proposaient le …du Louvre. On devait réunir,le plus tôt possible, les Méollections de Suse en une salle afin que le public tà même de juger des résultats obtenus par la 116 HISTOIRE ET TRAVAUX composait d'une galerie principale et d'un vaste retour d'angle équivalant au tiers environ de la“ surface totale. L'ensemble était suffisant pour l’exposition des collections susiennes, telles qu’elles sont en 1905; mais il fallait compter sur les découvertes de cha- que année, et bientôt elles eussent été combles: MM. Liard, directeur de l'Enseignement supé- rieur, Roujon, directeur des beaux-arts, et Kaem- pfen, directeur des Musées Nationaux, qui ont té- moigné la plus grande bienveillance envers nos travaux, m’avaient assuré que cette salle serait ré-. servée pour nos collections, et je repartis pour la Perse confiant dans la parole de ces hommes émi- ments. Malheureusement, pour des raisons dans les-" quelles je n'ai pas à entrer ici, ce plan ne put être suivi et quand, au mois de juin 1904, je revins d’O= rient, un tiers de notre salle avait été employé: pour l'installation de monuments étrangers à l'É=. lam et à la Chaldée. Nous ayons dü nous contenter. de ce qui restait, exposer sans suite et sans mé“ thode, placant les monuments de telle sorte que le“ public puisse circuler sans trop de difficulté, J'ai dû restreindre les collections, et sacrifier bons nombre de reproductions d’un grand intérêt, mais," qui ne trouvaient pas les dégagements nécessai- res. Je sais bien que nos installations ne sont cûil core que provisoires ; mais ce provisoire durera! peut-être vingt, trente ans ou plus: car il ne s agit. rien moins que de refondre toutes les salles du Louvre ayant rapport à l'achéménide, à l'assyriens au chaldéen et à l’'élamite et de donner à toutes ei l RÉ US A L'on ._ DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 117 précieuses collections une classification ration- nelle, D'ici là, nous aurons grand'peine à montrer au public ce que chaque année nous découvrons en Perse. Dans les pages qui suivent, je signale au visiteur les monuments principaux dont je lui recommande l'examen. II eût été fastidieux d’énumérer tous les objets de noscollections. D'ailleurs chacun des ob- jets portant une étiquette explicative, le catalogue détaillé n'aurait plus d'utilité. GRANDS MONUMENTS Stèle dé Naram-Sin (vers 3.750 av. J.-C.). — Ce monument, découvert en 1898, est le plus beau morceau d'art chaldéen qui, jusqu'à ce jour, ait été retrouvé. Le roi Naram-Sin, suivi de ses neuf grands vassaux, poursuit dans les montagnes boi- sées ses ennemis vaincus. L'inscription du grand roi est presque effacée, mais dans le peu qu'il en reste se trouve le nom du monarque. Cette stèle fut enlevée de Chaldée par le roi susien Choutrouk _Nakhounté (vers 1.100 av. J.-C.) qui la rapporta * dans sa capitale et fit graver l'inscription qu’on voit sur la figuration de la montagne. Obélisque de Manichtou Sou (vers3. 800 av. J.-C. ). — Ce blocde dacite, transportéégalement de Chal- _dée à Suse par le roi Choutrouk Nakhounté, porte une très longue inscription juridique, titre de propriété relatif à des domaines sis en Chaldée près de la ville de Kich. Ce monument est le plus - important en son genre, La pierre dont il est fait 7 118 HISTOIRE ET TRAVAUX avait été apportée du (Haut-Euphrate) pays de M4- gan par les Chaldéens. Stèle de Hammourabi (vers 2.000 av. J.-C.). — Ce monument n’est à proprement parler ni une stèle, ni un obélisque; sa forme irrégulière tient à ce que le texte qu'il devait porter étant très long l'artiste avait ménagé le plus possible la matière et s'était contenté de dégrossir le bloc et de le polir. Au sommet on voitle dieu Chamach assis remet- tant au roi, son serviteur, Hammourabi le stylet à l’aide duquel il gravera les lois sous l'inspiration divine. C’est ainsi que Jeovah remit à Moïse les tables de la loi. Ces lois comprennent presque tout le code civil des Chaldéens du xx° siècle avant notre ère. Une faible partie (à la base du monument) a été effacée, soit que les lois qu’elle renfermait eussent été pro- rogées, soit que le roi qui s’en empara eût voulu y ajouter son propre nom. Il est à remarquer que toute la partie de la juridiction relative aux impôts manque dans le code ; peut-être se trouvait-elle dans la partie effacée. Bien que découverte à Suse cette stèle n’est pas élamite; elle fut gravée en Chaldée pour la ville de Sippar et les lois sont rédigées en langue sémitique. Un roi susien, probablement Chou- trouk Nakhounté l’enleva de cette ville et l’'emporta comme trophée. Cet exemplaire des lois de Hammourabi n'était pas unique à Suse, car nous retrouvons fréquem= ment des fragments d'un monument semblable : portant les mêmes textes. Lions de marbre. — 11 est impossible d'assigner « 1 ñ DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 119 une date précise àces deux monuments, ils ornaient le temple du grand dieu Chouchinak dans les ruines duquel ils ont été trouvés, en 1904. Leur âge est certainement très élevé si nous en jugeons par le caractère de la sculpture on peut sans crainte d'erreur les faire remonter au xLe siècle au moins. Vasque de Idadou Chouchinak, patési de Suse vers le xxxvin° siècle avant notre ère. Ce monu- ment surtout est remarquable par le texte qu'il porte. Textes lapidaires proto-anzanites. — Nous pos- sédons trois de ces textes dont la lecture n’est pas encore complètement faite. Ils sont accompagnés d'inscriptions en languesémitique n’ayant, semble- t-il, rien de commun aveclestextes proto-anzanites. Le mieux conservé est celui gravé sur une table en {orme de losange ornée d’une tête de lion. Ce mo- nument remonte à une très haute antiquité, au xLe siècle au moins avant notre ère. Il montre qu’à cette époque il existait en Elam deux systèmes d'écriture répondant sûrement à deux langues dif- férentes; ces deux systèmes semblent procéder d'une même origine, celle des hiéroglyphes; mais alors qu'en Chaldée le développement se fit rapi- dement il semble avoir été plus lent en Elam où les idéogrammes subsistèrent. Colonne de briques de Choutrouk Nakhounté. — Placée dans l’embrasure d’une fenêtre de notre galerie, cette colonne a été remontée avec les ma- tériaux rapportés de Suse. Elle se trouvait dans le temple de Chouchinak, en assez bon état de « conservation pour qu'il fût possible de replacer dans le même ordre les divers éléments. Chaque - brique porte une inscription de fondation, la même De. RL . sur toutes les briques, au nom du roi Choutrouk Nakhounté, grand bâtisseur des temples susiens. Koudourrous. — Ce sont des titres de proprié- tés gravés sur de gros galets de calcaire ovoïdes; ils portent les emblèmes des divinités sous la pro- tection desquelles la pièce juridique estplacée. Les koudourrous sont très nombreux à Suse. Autrefois on n’en connaissait que cinq ou six, dont le Caillou Michaux de la Bibliothèque nationale. Suse en a déjà fourni plus de vingt, soit entiers, soit en frag- ments; parfois même ils ont été préparés mais inachevés et ne portent pas de textes. Tous les koudourrous datent de la période où les rois cosséens régnaient sur la Chaldée (du xue au x°s. av. J.-C.). Ils avaient été déposés dans les temples chaldéens d’où les rois élamites les transportè- rent à Suse. Lions en terre émaillée. — Nous ne possédons malheureureusement plus que des fragments de ces superbes objets d’art qui ornaient à Suse le temple de Chouchinak. Leur mode même de con- struction s’opposait à leur transport. L'ouvrier élamite avait d’abord construit en brique et terre un massif présentant grossièrement la forme d’un lion couché, puis avec de l'argile il avait modelé les détails de l'animal. Le tout avait été émaillé et cuit sur place. Lors de leur découverte, en 1904, ces lions“ étaient déjà renversés et brisés, il ne restait que les deux têtes qu'on peut voir exposées dans notre salle. Je les pense de quelque peu postérieurs au x° siècle environ av. J.-C., époque à laquelle l’u= sage de l'émail semble s'être introduit dans le pays. 120 HISTOIRE ET TRAVAUX | # W » | 4 DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 121 Statue de bronze de la reine Napir Asou, femme d’Ountach Gal (vers le x1v° siècle av. J.-C.). Cette statue, dont malheureusement la tête manque, re- présente la reine, debout, les mains jointes ; elle porte une longue inscription fournissant ses noms etses titres. | On ne connaissait jusqu'ici aucun bronze de cette importance remontant à une époque aussi reculée. Cette statue est remarquable par son exécution artistique, mais elle l’est aussi par le côté technique du travail. Fondue en creux sur une épaisseur de 2 cm. 1/2 environ, elle fut ensuite remplie par une seconde coulée, en sorte que son poids dépasse 1.750 kilogrammes dans l’état où elle se trouve actuellement. Elle fut découverte en 1903. Colonnes de bronze. — Ces objets ne sont pas, à proprement parler des colonnes, mais bien des barrières qui probablement protégeaient une statue divine ou un sanctuaire. Les inscriptions qu'ils portent au nom du roi Chilhak in Chouchinak (vers le x° siècle av. J.-C.) sont en langue anza- nite : elles prouvent qu'ils étaient placés horizonta- lement ; l’une de ces barrières, la plus courte, porte les amorces de sujets qui jadis la surmontaient et qui ont été brisés. La fonte de ces deux pièces sans soufflures est un tour de force de praticien. Table de bronze. — Cette table, jadis supportée par cinq personnages debout, était, par l’une de ses extrémités, encastrée dans la muraille ou dans le socle d’une statue, deux serpents en bordaient les contours. Cet objet a beaucoup souffert du pillage de Suse par les Assyriens ; il fut attaqué à coups de masses, dont on voit encore les traces ; 122 HISTOIRE ET TRAVAUX tout ce qui pouvait être brisé fut séparé et em- porté. Il ne resta que la partie que nous possédons. et dont les Assyriens ne purent se charger. Bas-relief de bronze. — De même que la table de bronze, ce monument a beaucoup souffert du pil- lage de Suse : nous ne possédons que la partie qui ‘ a résisté au marteau, Fondu en plein, de 3 à 4 cen- timètres d'épaisseur, ce bas-relief représente une théorie de personnages, séparés entre eux par un long texte en langue anzanite au nom de Chilhak in Chouchinak. Le registre inférieur porte des arbres figurés à la pointe. Nous ne savons rien de la place qu'occupait ce bas-relief dans le temple; peut-être ornait-il le piédestal d'une statue. Ces quatre monuments sont tous de l’époque de Chilhak in Chouchinak (x° siècle) et faisaient pro- bablement partie du même sanctuaire. Lion achéménide de bronze. — Ce bel objet appartient à une époque beaucoup moins ancienne que ceux qui précèdent ; par sa facture, il est aisé de se rendre compte qu’il fut fondu vers le v° siè- cle avant notre ère sous la dynastie achéménide de Perse ; il pèse 100 kilogrammes environ, il est muni d’un anneau et semble avoir servi de poids. Osselet de bronze. — Ce curieux objet est étran- ger à la Perse; fondu avec les armes ramassées sur un champ de bataille, il fut offert à Apollon didyméen par Aristagoras, l'inscription boustro- phédon en grec archaïque qu'il porte, en fait preuve. Enlevé par Xerxès, lors du pillage du tem= ple de Didyme par les Perses, il fut envoyé à Suse avec le reste du butin et déposé dans la citadelle, (ancien acropole des Elamites) où nous l'avom trouvé en 1899, DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 123 grands monuments, me contentant de signaler au visiteur les principaux. Les collections renferment, en grand nombre, les stèles, statues, cornes d'’al- bâtre, fragments de bas-reliefs, etc., mais, chacun + de ces objets portant une étiquette explicative, je ne crois pas devoir insister davantage. Je ne m'étendrai pas plus longuement sur les £ BIJOUX Époque élamite. — Avant l’année dernière on « ne connaissait rien de la bijouterie chaldéenne, “ assyrienne et élamite. Les archéologues en étaient réduits, pour leurs travaux, à quelques pièces de provenance douteuse, et à étudier sur les bas- reliefs la parure des Asiatiques de cette région, quand, en 1904, au 1* janvier, la Délégation eut la bonne fortune de rencontrer sous les dallages du = temple du dieu Chouchinak les offrandes laissées lors de la fondation de cet édifice. Statuettes, pen- deloques, bagues, objets divers d'or, d'argent, de bronze et de plomb, le tout formant une série très nombreuse de petits objets d'un genre encore inconnu. Cette collection est réunie dans des vi- trines spéciales, moins les objets en matière pré- … cieuse qui sont exposés avec les bijoux. —._ Slatuette d'or et statuette d'argent. — Prêtres vêtus d'une longue robe portant au sacrifice des … bouquetins. Sceptre de pierre à tête d'or. — Ce curieux objet “est terminé par une tête de lion en or, d’un remar- quable travail au repoussé ; le collier est orné de …filigranes d’une grande finesse. ET RTE Pa: de Suse, Ceux qui portent des noms apparte- n- RUN Re Tr , RAR TO ro TA Lo 124 HISTOIRE ET TRAVAUX Colombe en lapis-lazuli rehaussée de clous d'or Lingots d'or et d'électrum. Bagues d'or et d'argent. — Les unes sont de simples anneaux, les autres sont recouvertes d'or nements filigranés qui, si nous ne‘connaissions la. provenance exacte de ces bijoux, seraient "ee à l’art grec ou étrusque. Pendeloques d'or et d'argent. — D'un travail as- sez grossier, ces bijoux sont ceux que nous voyons figurer sur les bas-reliéfs et les statues de la Chal- dée. Feuilles d'or portant des textes cunéiformes du xu1° siècle environ avant notre ère. 4 Cylindres. — Nous avons réuni dans une vitrine spéciale les plus beaux cylindres découverts dans les fouilles de Suse. L'un d'eux d’une extrême antiquité porte une inscription hiéroglyphique d'autres sont remarquables par leur facture ou par leur archaïsme. | Cette série donne l’histoire épi de la glyp= tique chaldéo-élamite depuis les temps les plus: reculés (xr° siècle av. J.-C. au moins) jusqu’à l'époque des Sargonides (vin° s. av. J.-C.). Ces cachets et cylindres proviennent tous des fouilles: naient à des personnages inconnus dans l’histoire: Camées et pierres gravées. — Un lion couché est certainement le plus ancien camée connu, à côté sont des têtes de lion et de taureau en coralie agate, lapis-lazuli, jaspe, etc., pierres très pré cieuses pour l'époque. rdc CO ta à Es: :% po D Le EX A EX” LE Bat rs Made NS RE Nr se) “Ci ro “d: 1 Koh dl 0 are ñ DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 125 BIJOUX ACHÉMÉNIDES Ces bijoux ont été trouvés dans le sarcophage » de bronze qu'on voit dans une autre partie de la ._ galerie. Ce sont : colliers de pierres précieuses et d'or; torque d'or incrusté de pierres colorées et * orné de têtes de lion; bracelets d'or massif incrus- …—. tés et ornés de têtes de lion; boucles d'oreilles en or incrustées de pierreries ; boutons d’or, collier d’or incrusté et orné de pendeloques; figurines d'or et de pierres précieuses, enfin une patère d'argent d'un très beau style, La date de ce trésor est fixée par deux monnaies d'argent du satrape Melgart d'Aradus en Phénicie qui vivait à l'époque d'Artaxerxès III Ochus (359 à 338 av. J.-C.). BIJOUX BYZANTINS Chaine et pendeloques d'or avec médaillons de même métal reproduisant l'effigie de l’empereur. Phocas (de 602 à 610 ap. J.-C.). Ce bijou aété sûrement rapporté à Suse après le pillage des provinces romaines de l'Orient par les armées sassanides, Dans la même vitrine sont quelques monnaies d'argent des Séleucides trouvées dans un vase, 126 HISTOIRE ET TRAVAUX PETITS OBJETS Dans une vitrine spéciale, on verra une série d'objets et de fragments portant des textes cassites. Cette petite collection, jointe aux nombreux kou- dourrous que nous possédons, compose la série la plus importante connue des restes de ces enva- hisseurs de la Chaldée (du xu° au x° s. av. J.-C.). Statueites canéphores en bronze du roi Doungi (vers 2.500 av. J.-C.)-et tablettes de pierre au nom du même souverain. Ces objets avaient été placés dans des niches ménagées sous les fondations du temple de Chouchinak. Vase de cuivre repoussé portant au registre supé- rieur des taureaux couchés, au registre inférieur des onagres (?) marchant. Ce vase est remarquable par la composition des sujets qui l’ornent et par son exécution au repoussé. Des vitrines plates spéciales ont été consacrées aux offrandes de fondation du temple de Chouchi- nak, tous ces objets sont élamites et remontent au moins au x11° s. av. J.-C. Ce sont des masses d'armes, une hache de pierre, des statuettes de bronze, et une foule d’ornements du même métal, des cachets, cylindres, anneaux de bronze et d'ar- gent, etc., etc., des feuilles de bronze qui, jadis, lors de la « pose de la première pierre », compo- saient des rameaux et des palmes. Get ensemble est très curieux parce qu'il est d'une époque cer- taine et qu'il constitue une collection très homo- gène. Bas-relief de la fileuse. — Ce fragment d'une DO REMOTE RSR NT NE LV GTX DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 127 grande finesse faisait partie d’un monument beau- coup plus important sculpté dans un calcaire bitu- mineux; je l’attribue au x° siècle environ av. J.-C. Statuette d'ivoire de la femme d’un patési ou tout au moins d’une femme de l’époque des patésis, objet remontant au xxx° siècle, av. J.-C. environ. Tablettes proto-élamites. — Cette curieuse col- lection a été trouvée dans des chambres de terre cuite, à quinze mètres environ de profondeur. Les textes que portent ces tablettes, ont dans maints dé- tails, résisté aux efforts des linguistes;ils sontécrits en caractères spéciaux idéographiques, qui sem- blent être de même origine que les cunéiformes, mais d’une phase moins avancée, caractères dont, d’ailleurs, j'ai déjà parlé. Tablettes contemporaines de la Z/° dynastie des rois d'Our (vers 2500 av. J.-C.), très abondantes en Chaldée, où elles se rencontrent parfois en amas de 30 à 40.000. Ces tablettes sont relativement ra- res à Suse, ou pour mieux dire nous n’avons pas encore découvert leur gisement. Tablettes contemporaines des Sargonides (vers le vur* siècle av. J.-C.), rédigées en langue sémiti- que : ces documents renferment un grand nombre « des noms propres anzanites, et, à ce titre sont pré- cieux. | Briques inscrites. — Quatre vitrines verticales sont réservées aux briques de construction por- tant des textes écrits à la main. C’est à l’aide de ces matériaux qu'il a été possible de reconstituer l'histoire de l'Elam. Les plus anciennes, celles des patésis portent toutes leurs textes écrits en co- lonnes verticales ; dans la suite l'écriture est géné- «#1 L' 128 . HISTOIRE ET TRAVAUX ralement horizontale et doit être lue de gauche à droite. | pieuses, mais elles fournissent le nom du souve=M rain constructeur et celui de son père; souvent ! même, lorsqu'il ne s’agit que d’une restauration, elles reprennent les noms du fondateur de l'édifice et de son père, en sorte que cette série d’inscrip-M tions renferme, dans leur entier, les annales éla=" mites. Nous avons fait un choix judicieux des textes,. afin de ne pas sacrifier à ces documents importants plus d'espace qu’il ne convenait. Les doubles sont en grand nombre, ils iront enrichir les musées de province. En 1902, lorsque nous rapportions de Suse nos collections pour les exposer au Grand Palais des Champs- Élysées, un plaisant, déclarait que nous n'avions rapporté que des briques. Le propos n'était pas juste, car les briques ne sont pas la partie la plus considérable (comme nombre), de“ nos collections, mais eût-il été fondé, que certes nous n’aurions pas eu à nous en plaindre, car ces“ modestes briques ne sont autre que « les pages de] l’histoire d'Elam ». On remarquera dans la vitrine renfermant les, briques les plus anciennes une série de cônes et« de barillets de fondation aux noms des premiers patésis de Suse. Émaux et briques émaillées. — A partir de l'é= poque du roi Chilhak in Chouchinak (vers le x° siès cle av. J.-C.), nous voyons apparaître dans l'arm chitecture, l'émail comme élément décoratif, il se présente sous forme de briques, de fragments, di de PE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 129 . bas-reliefs, de plaques, de pommeaux, d’animaux : tantôt il est polychrome, tantôt il est simplement. bleu ou vert. Les monuments émaillés retrouvés à Ninive, à Babylone et à Suse même (achéménides) sont de beaucoup postérieurs aux émaux anzani- tes. _ Il n’a pas été possible jusqu'ici de fixer l'usage - des pommeaux et des figurines animales, l'état des ruines ne l’a pas permis. = CÉRAMIQUE Céramique archaïque. — Une vitrine spéciale a été consacrée aux résultats des fouilles de J.-E. … Gautier, dans la plaine de Tepeh-Moucian à trois …— jours de Suse. | Cette vitrine, est en partie occupée par des vases » couverts de peintures primitives fort curieuses, rappelant la céramique « pré-mycénienne » des amateurs de grec, et la poterie préhistorique de l'Égypte. Ces vases appartiennent à la période la — plus ancienne retrouvée jusqu’à ce jour en Élam. …. Suse, en a également fourni un bon nombre. Ils sont contemporains de la transition entre l'usage de la pierre polie et celui des métaux. Il est im- . possible de leur assigner une antiquité, mais sure- ment leur âge est antérieur au L° siècle av. J.-C. …. Cet art primitif, n'est pas mort avec l'apparition » des métaux; il s’est conservé, s’altérant peu à peu, - comme on le voit dans les vases élamites de fl’ x paue historique. Céramique achéménide, grecque et sassanide. — DR RO PT US, CE EE RU de MAO ee OU TA AO NL She Lt 130 HISTOIRE ET TRAVAUX À la fin de l’époque élamite, la céramique avait déjà perdu ses caractères de l'origine, mais la transformation fut radicale au jour où les Perses s’emparèrent de la Susiane; ils rapportèrent de leurs lointaines expéditions les formes les plus di- verses, voire même des objets fabriqués et peints en Grèce et en Égypte. C’est à cette époque, que nous voyons apparaître dans les vases laterre émail- lée ; l’usage s’en perpétua jusqu’à nos jours. Dans la plupart des cas il est impossible d'assi- gner une date précise aux poteries émaillées; par leur forme, par leur technique elles ne diffèrent pas et peuvent aussi bien être attribuées au vie siè- cle avant notre ère qu’au vu° après J.-C. Nous pos- sédons de cette série quelques exemplaires très remarquables par leur coloration. Céramique arabe. — Après la conquête musul- mane, bien que les villes de Dizfoul et de Chouster se fussent développées au détriment de l’ancienne … capitale, Suse ne fut pas abandonnée. Les Arabes l’habitèrent jusqu’au xvie siècle, peut-être même … plus tard ; nous retrouvons les traces de cette oc cupation dans les plats polychromes et les divers objets que nos fouilles rencontrent à la surface du sol. OBJETS D’ALBATRE L'albâtre était une matière très répandue dans la haute antiquité, En Égypte, en Phénicie, en As- syrie et à Suse on en recontre de nombreux frag- - ments. On voit, dans nos vitrines, quelques spéci- DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 131 mens remontant jusqu'à l'époque de la céramique peinte. L’albâtre était alors employé pour les vases, - les statues, les statuettes etc. Il en fut de même pendant toute la durée de l’Elam historique, les textes que portent les fragments en sont la preuve. … Sousles Achéménides, les formes se modifièrent « peu mais les alabastrons portent alors des textes -trilingues ou quatrilingues (perse, assyrien, néo- anzanite et égyptien) au nom des souverains Xerxes, Artaxerxes etc. Avec la conquête macédonienne l’usage de l’al- bâtre semble s'être éteint. Dolmens du nord de la Perse. — La vitrine - située à droite en entrant dans la salle est réservée maux objets découverts par la Délégation dans lesné- L cropoles du Täâlyche et du Ghilan. Vases, armes et bijoux de bronze et de fer, colliers de pâte et de verre. … Ilest difficile d'assigner une date précise à ces À objets. L'existence de trois périodes du bronze et LE d ‘une du fer a été reconnue, la plus ancienne pou- vant être attribuée au xv° siècle environ av. J. -C., et l’âge du fer au v° ou vi siècle avant notre ëre Ces évaluations ne sont d’ailleurs que des hypo- : : ils subissaient les maîtres du pays mais n'avaient pas à intervenir autrement. Les peuples 132 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE | net des médailles où, se trouvant à la disposition» des spécialistes, elles sont à même de rendre plus. de services qu’au musée du Louvre. Deux séries, importantes ont été déjà remises ; l’une des rois lo- caux d'Elymaïde sous les Asa: l'autre com- posée d’une trouvaille de monnaies d’argent du souverain sassanide Chosroës II. L Moulages. — Il existe en Perse un grand nombre de monuments FUPEBIEES quine peuvent être trans portés. J'avais pensé à compléter les séries de la Délégation en rapportant les moulages d’après na= ture des principaux documents. J'ai fait connaître mon projet alors qu’il était en partie réalisé. On peut voir dans la salle un bas-relief sassanide de Tagh è Bostan etdes chapiteaux de la même prove= nance, les inscriptions trilingues de l’Elvend, quelques-unes de celles de Persépolis, la stèle van= nique de Kèl-i-Chin au Kurdistan, les stèles et inscriptions d'Anou Banini à Zohab et de Hourin Cheikh Khan d’autres moulages très importants ont dü être relégués dans les magasins faute d’ es- pace pour les exposer. î hnCEé dim - Publications de la Délégation. Les trésors scientifiques accumulés dans les musées sont, il est vrai, une richesse inestimable et font grand honneur au pays qui les possède; mais ces documents sont surtout précieux par Les travaux dont ils sont l’objet, par la contribution qu’ils apportent à l'histoire de l'humanité, à l'étude de ses progrès dans les diverses branches de la culture intellectuelle. | L'utilité des musées archéologiques réside en ce Ù que, grâce à leurs galeries, les documents origi- ( naux sont conservés sous les yeux de tous comme m sarants de la véracité des écrits des savants, per- (l mettant d'établir des faits généraux, de baser des théories, des suppositions, offrant le moyen d’en | e ntcôler la valeur, de les discuter, de les com- battre. A ce titre, le monument découvert au cours de recherches scientifiquement conduites, présente . bien plus d'intérêt que celui qui, ayant pris une “valeur vénale par un passage de mains en mains, a perdu ses caractères d'authenticité absolue, pour devenir l’objet curieux que recherchent les collec- | “tionneurs. | rot Cette valeur scientifique du document recueilli “dans des conditions normales a besoin, pour être “complète, de | reposer sur un procès verbal de la 8 | 134 HISTOIRE ET TRAVAUX | découverte, certifié par des personnes d’une indis= cutable honnêteté scientifique, et d’être accompaz= gné de toutes les informations sur sa nature, sa provenance, sur le milieu dans lequel il se trou“ vait au moment de son invention Il ne &tfñtt Pas "à diff 188 E8R AM ONns d’une découverte, il faut donner une description com- plète du monument afin de le faire connaître des nombreux savants mal placés pour consulter l'ori- ginal. Il est nécessaire aussi de donner la traduc- tion des textes qu'il fournit, afin de les mettre à la portée de ceux qui, sans être épigraphistes, en at- tendent des renseignements utiles pour leurs études. Ce but, je ne l’ai jamais perdu de vue; car, en acceptant la direction des travaux en Perse, je me. rendais dans ce pays non pas dans l'intention, se= condaire à mes yeux, d'y recueillir des collections de valeur, mais pour retrouver l'histoire de son passé. Tel était l'objectif principal de ma mis-« sion. | Notre devoir était, dans cette pensée, de publier, | le plus rapidement et le plus complètement qu il était en notre pouvoir, les documents fournis pars les fouilles. Responsable devant le monde savant et A les générations futures de la valeur des écrits des la Délégation, je me suis entouré de collaborateurs éminents, dont, au besoin, j’accroîtrais le nombre; si je jugeais qu'il en soit besoin. Livrer des docus ments inexpliqués ou publier incomplètement, ses rait manquer à ma mission et ne pas satisfaire à ce qu'on est en droit d'attendre de mes efforts. Tous mes collaborateurs ne sont pas forcément ed nomma pt UT Sn 2 DE LA DÉLEGATION EN PERSE 435 mes attachés, car j'entends par attachés ceux qui prennent part aux travaux sur le terrain. Les autres travaillent en Europe sur des documents que nous leur confions et dont nous leur certifions la provenance et l’authenticité. La série des Mémoires de la Délégation dé- buta en 1900, après trois campagnes de fouilles, alors que nous possédions déjà un assez grand nombre de documents pour ouvrir cette publica- tion et en assurer l'avenir. Depuis ce temps nous n'avons cessé de donner au public chaque année, un ou plusieurs volumes. Parfois, bien que rare- rement, nous sommes quelque peu retardés par des difficultés matérielles, Autant que possible nous reproduisons les mo- numents et les textes par des procédés photogra- phiques, afin de donner à nos planches une authen- .ticité incontestable. La lecture des inscriptions - publiées par ce procédé est certainement plus diffi- … cile que celle de caractères typographiques ; mais, ; d'une part, le matériel d'imprimerie ne peut être - employé sans des interprétations toujours dange- -reuses ; d'autre part, nous n'avons pas charge d’ap- prendre l’épigraphie à ceux qui ne la connaissent Des. “ Dans tout service scientifique, comme d'ailleurs dans toute administration, on n'obtient des résul- mlats satisfaisants qu’en rendant responsables les chefs des diverses sections et en leur donnant, en méme temps, pleins pouvoirs dans leur départe- “ment. C'est ainsi que j'ai réglé les travaux scienti- “ fiques dans ma mission. Il en résulte une grande “unité dans l'esprit des publications et une extrême —promptitude dans l’exécution. 136 HISTOIRE ET TRAVAUX #4 Un savant, placé à la tête de l’une des branches de nos études est libre de s’adjoindre autant d'as-. sistants qu'il le juge utile, de les choisir et de les renvoyer à son gré. Ces assistants je n’ai pas à les connaître, ils restent sous ses ordres. Toutefois, si leur travail était de nature à exposer la Délégation à de justes reproches, j'interviendrais afin qu'il fit un autre choix. ‘ Jusqu'à ce jour, je n'ai créé que quatre départe- ments spéciaux en archéologie. L'Épigraphie chal- déo-élamite, remise à V.Scheil, professeur à l'Ecole des Hautes-Études, attaché à la Délégation; l'hellé- nisme à M. Haussoullier, professeur à l'Ecole des” Hautes-Études ; la Numismatique, spécialisée entre, | les mains de M. Allotte de la Fuije, et l'Art arabe » confié à M. H. Saladin, architecte, qui s est adjoint. MM. Houdon et van Berchem pour l'Épigraphie arabe, M. Huart pour l'Épigraphie persane, M. Cl Migeon pour les arts industriels autres que ceux SEM rattachant directement à l'architecture. Les autres mémoires archéologiques sont restés, je puis dire, indivis entre mes attachés et moi ; nous nous" partageons le travail, choisissant les sujets suivant nos goûts personnels et plus spécialement no$ connaissances spéciales. Pour l'Histoire naturelle, dont tousles mémoires sont encore en préparation, je n'ai qu'un attaché qui soit un spécialiste, R. de Mecquenem. Faisant lui-même les recherches, il choisit parmi ses dés couvertes le sujet de ses travaux. La Paléontologie des Vertébrés appartient à M. Boule, professeur au Muséum, celle des Invertébrés à M. H. Dou villé, ingénieur en chef des Mines, professeur à l'École supérieure des Mines. La Paléobotanique ' DE LA DÉLEGATION EN PERSE 137 à M.R.Zeiller,membredel'Académie des Sciences, inspecteur général des Mines, professeur à l'Ecole supérieure des Mines. La Pétrographie à M. La- croix, professeur au Muséum, l Entomologie à M. Bouvier, membre de l’Académie des Sciences, professeur au Muséum, etc. Je me suis réservé la Conchyliologie, ayant déjà publié dans cette branche. Chacun étant maître absolu dans son départe- ment, nous n’avons qu'à fournir les collections et à donner les notes y ayant trait. Je me repose en toule sécurité sur la grande valeur des savants qui veulent bien prêter leur concours à nos publica- tions. Les mémoires archéologiques et épigraphiques sont les seuls qui, jusqu'ici, aient vu le jour. Voici le compte-rendu sommaire des huit volumes com- posant la série des Mémoires de la Délégation en + Perse du Ministère de l’'Instruction publique. MÉMOIRES DE LA DÉLÉGATION EN PERSE DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE Tome I. Recherches archéologiques. — 4{"° série. Fouilles à Suse en 1897-98 et 1898-99, par J. de Morgan, G. Jéquier et G. Lampre. In-4 jés. 202 pp., 12 pl. Paris, Ernest Leroux, éditeur, 28, rue Bonaparte, 1900. . Ce volume, le premier de nos mémoires, est composé comme suit : 1. Étude géographique sur la Susiane, par J. de Morgan, pp. 1-32. 8, 138 HISTOIRE ET TRAVAUX 2. Matières minérales employées à Suse dans l'antiquité, par J. de Morgan, pp. 33-49. 4 3. Ruines de Suse, par J. de Morgan, pp. 50:54 4. Recherches dans le tell de la ville royale, par J. de Morgan, pp. 58-68. e 4, Travaux de lApadäna, par G. Jéquier, pp. 69: 80. À 6. Travaux au tell de la citadelle, travaux sous terrains, par J. de Morgan, pp. 81-87. 7. — Travaux en tranchées, par J. de Morgan, pp. 88-99. 8. — Tranchées 7 et 72, par G. Lampre, pp. 100- 110. 9. — Travaux de l'hiver 1898-99, par G., Jéquier, pp. 111-138. 4 10. Description des objets d’art, par J. de Mo 1 gan, pp. 139-164. 1 Obélisque de Manichtou-lrba, p: 141. Caillou de Hammourabi, p. 143. Stèle triomphale de Narâm-sin, p. 144. Bas-relief de la Fileuse, p. 159. Table de bronze, p. 161. Bas-relief de bronze, p. 163. 11. Koudourrous, par J. de Morgan, pp. 165-182 12. Céramique archaïque, par J. de Morgan pp. 183-190. | 13. Silex taillés, par J. de Morgan, pp. 191-195» 14. Constructions élamites, par J. de Morgan, pp. 196-198. 1 Tome II. Textes élamites-sémitiques, — 1° sérié par V. Scheil, In-4°, 134 pp., 25 pl. « Ici commence l’ histoire a pays d’Elam ». C’es ainsi que débute l’Avant-propos du 1° volume d'é “este "ne DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 139 pigraphie de la Délégation. Cette prédiction s’est confirmée, car à peine en sommes-nousaujourd'hui au VIII® volume des Mémoires que l’histoire de l'Elam est livrée au public, tout au moins dans ses grandes lignes. L’Introduction (15 pp.) expose les principales données historiques fournies par les textes trouvés à Suse dans les trois premières campagnes de fouilles : données bien sommaires encore, mais qui font pressentir l'avenir des découvertes dans les ruines de la capitale élamite. Obélisque de Manichtou-sou, roi de Kich. Docu- ment juridique de la plus haute importance se rap-. portant à la propriété de domaines dans les envi- rons de la ville de Kich en Chaldée p. 1, 10 pl. — Syllabaire de l’obélisque, p. 40. Liste des noms propres contenus dans ce long texte, p. 41 et suiv., 2 col. Stèle de Naram-sin, p. 53. Brique de Naram-sin, p. 56. Cône de fondation de Karibou-cha-chouchinak, patési de Suse, p. 59. Statuette de Karibou-cha-chouchinak, p. 63. Texte du lion, p. 66. Deux Briques de Ardum-naram (ilu) chouchinak, p- 69. Brique de Kouk-Kirpiach, p. 74. Brique de Temti-Halki, p. 77. Brique du roi Attapakchou, p. 79. Brique du roi Me-kou-bi, p. 80. Fragment du roi … sin, p. 82. Inscription de Hammourabi, p, 83. Koudourrou de Nazimarouttach, p- 86. Koudourrou de Bitilyach, p. 93. INA S. LPC SEL RE EU NE A FFT RS 140 HISTOIRE ET TRAVAUX Table d'Agabtaha, p. 95, 1 pl. Koudourrou de Adad-choum-oussour p. 97. Koudourrou de Melichikhou, p. 98, 4 pl. 4 Koudourrou de Melichikhou, p. 112. 4 Trois Koudourrous sans titulaire, p. 113. Inscription de Koutir-Nakhkhounte, p.117. Texte mentionnant Choutrouk Nakhkhounte, | p. 118, 1 pl. Brique de Chouchinak char Khäni, p. 120. Barillet de Nabouchodonosor, p. 123. Textes des rois Achéménides p. 126. Petits textes dont l'inscription hiéroglyphique - d’un cylindre et une tablette très archaïque, p. 129; Tome III. Textes élamites-anzanites. — 1" série, par V. Scheil, 146 pp., 33 pl., 1901. Ce volume est le premier qui ait été publié sur des documents anzanites. L'auteur y réunit tous les textes en cette langue découverts de 1897 à 1901. Quatre années lui ont été nécessaires pour arriver sans bilingue à la traduction de l’anzanite ._ qui jusque-là avait résisté à tous les efforts des as- syriologues. | L'auteur ne disposait pas de textes bilingues, mais il possédait une nombreuse série d’inscrip- tions présentant toutes un sens général analogue. Par la position des noms propres et des tâtonne-. ments successifs il est parvenu à la compréhension parfaite de ces documents. Les inscriptions publiées dans le tome III sont * Texte de Khoumbanoummenna, p. 1, 1 pl. Vingt et un textes d'Ountach-Gal relatifs à ses. fondations et à ses restaurations pieuses (temples de Aipa-Sounkik, Pinigir, Adad et Chala, Adad, PROS PE, OR C dis mt. DE LA DÉLÉGATION E EN PERSE 141 à É Nabou Chimut et Nin Ali, Napratip, Khichmidik et | Roukhouratir, Nazit, Nin Sounkik, Sin, Nakh- “ khounte, Bilala, Gal, Gal et in- =Chouchinak, Ou- bourkoubak), p. 3 et suiv., 5 pl. Quatre Lextes de Choutrouk Nakhkhounte parmi lesquels se trouve ne na que ce rôi ajouta * sur la stèle de Naram-sin, 2 pl., p. 40. - Deux textes de Koutir Nakhkhounte, p. 47. Vingt-six textes de Chilhak in Chouchinak « relatent les noms des anciens rois, Chilkhakha, … Khoutran-Tepti, Attapakchou, Kal Roukhouratir, » Kindaddou, Tepti Khalki, Kouk Kirpiach, Simmé- « balar, Chisoukdou, Khoumbanoummenna, Zabarti, > Kouk-Nachoutach, etc..., p. 90. … Sept textes de Intioummenna in Chouchinak (p. 88), de Choutour Nakhkhountè (p. 90), de Tepti : LR outran (p. 98), de Khalloutouch-Chouchinak ….(p. 100), etc. D Le volume se termine par les textes rupestres de Khanni à Mal-Emir (Koul-i-Fira’oun et Chikafteh ÉSalman) (p. 102), et par une notice de G. Jéquier sur le site de Mâl-Emir, p. 133. … Un vocabulaire de 36 colonnes accompagne les “traductions des textes, p. 115. ‘3 M Tome IV. Textes élamites-sémitiques, par V. Scheil, 2° série, 200 pp., 20 pl. 1902. 3 —. Ce volume débute par une Inscription de Naram- “sin gravée sur un fragment d’albâtre (p. 1), puis “conservé le nom du souverain qui l’a gravé. Une L: ppscription de (Ilu) Mülabit, Ces trois textes sont Cha Chjachinak (pl. Il) se une série de briques À À =. 142 HISTOIRE ET TRAVAUX É E. Ce portant les noms de Dungi, Kal Roukhouratir (pa-" tesi de Suse), de ...radidimma et d’Addapakchou.M Là s'arrêtent dans ce volume les monuments anté=« rieurs au deuxième millénium avant notre ère. 2 C'est à la page 11 de l'ouvrage que vient sem placer, dans l’ordre chronologique des documents, le fameux code des lois de Khammourabi dont la“ publication comprend 151 pages et douze planches (pl. 3-15). | Le bloc de diorite qui porte le code a été décou- vert en décembre 1901, à Suse, près des ruines du“ temple de Chouchinak il mesure 2",25 de hauteur“ et 1",90 de pourtour à la base. Gravé par ordre de Khammourabi, roi de Baby=« lone (vers 2000 av. J.-C.) pour le temple de Sippar en Chaldée (actuellement Tell Abou Habba près de Bagdad), ce chef-d'œuvre de la pensée humaine fut« enlevé comme trophée vers 1120 av. J, C. par le roi“ élamite Choutrouk-Nakhkhounte et transporté dans sa capitale. Ce bloc de pierre est à coup sûr le document le” plus précieux qui jamais ait été découvert en Orient et des siècles s’écouleront peut-être avant qu'on retrouve un monument dont l’importance lui soit comparable. Sa découverte est non seulement une“ fortune inespérée pour la Délégation, elle est un. ‘honneur pour la France. | Plus ancien que la loi mosaïque, dont nous ne possédons d’ailleurs que des copies relativement" modernes, dépassanten antiquité tous les recueils. delois connus, le Code de Khammourabi,empereur de Chaldée, est le premier monument de la légis= lation du monde. Certainement il ne fut pas conçu dans son entier par le souverain; le Justinien du à | DE’LA DÉLEGATION ÉNIPERSE - 148 à xne Siècié/aVant léare préséhte réunit les coûtu- miers en usage avant lui, mais'il leS codifia ‘t fut - péut-dtre lé prémiér home qui eomprit l'ënsenible - d'une législation ét rendit les lof8 civiles énrtes - séparant des formules religieuses: ro AA 1 - Un document dé cétte importaice réclamait unie publication rapide et complète. Dès son arrivée à Paris en avril 4902 il fut livré à l'assyriologue de «la Délégation etle 15 septembre de la même année apparaissait l’œuvre magistrale de mon collabora- teur, œuvre sans précédent par la rapidité et par l'excellence de son exécution, œuvre qui suffirait à + elle seule pour rendre à jamais illustre le nom de … l'interprète de Khammourabi vis-à-vis du monde … moderne. Pleine et entière justice est accordée au savant - auquel nous devons ce grand service. En deux ans l'Angleterre, l'Amérique, l'Allemagne, l'Italie, l’Autriche, la Suisse‘ ont rendu hommage à la va-_ leur de notre traducteur/et si en France il s'est mêlé à l'admiration quelques plaintes jalouses, nous n'y devons répondre que par le dédain. Sans la publication des lois, notre tome IV eût été cependant pleine d'intérêt par suite de l’impor- tance des documents qu'il contient, mais le Code écrase ce qui l'entoure. Je citerai cependant les chapitres par lesquels se termine ce livre. Texte repère de Melichichou et de Choutrouk nakhkhounte (pp. 163-5. PI. XVI-XVII). . Inscription de Burra Chouqamouna (époque Mcassite) (p. 166). 1. Liste des ouvrages, cf. pp. 1% HISTOIRE" ET, TRAVAUX: Brique du roi Tepti-ahar (vers 1000-800 av: 4J.- Ne (p. 167-8. PI. XVIII). Et enfin Textes jurshques élamites en angl sémitique (v. 1000 av. J.-C.) (pp. 168-200. PI. XIX et XX). Nombreuse et très intéressante collection de contrats sur tablettes dans lesquelles tous les noms propres sont anzanites. PUBLICATIONS SUR LES LOIS DE HAMMURABI ÉTRANGÈRES A CELLES DE LA DÉLÉGATION Allemagne C. F. Lehmann. — Babyloniens kulturmission einst und jetzt: Ein Wort der Ablenkung und Aufklärung zum Babel-Bibel- Streit. Leipzig, 1903. In-8°, 88 pp. Dr. Johannes Jeremias. — Moses und Hammurabi. Leipzig, 1903. In.8° 47 pp. D. Samuel Oettli, — Das Gesetze Hammurabis und die Thora Israël. Leipzig, 1903. In-8°, 88 pp. Hubert Grimme. — Das Gesetz Chammurabis und Mois Kôüln, 1903. In-8, 45 pp. Dr. Hugo Winckler. — Die Gesetze Hammurabis Kônigs von Babylon um 2250 v. Chr. Leipzig, 1903. In-8°, 46 pp. Hugo Winckler. — Die Gesetze Hammurabis in Umschrift und Ubersetzung herausgegeben. Leipzig, 190%. In-8°, 116 pp. Alfred Jeremias. — Das alte Testament im lichte des Alten Orients. Leipzig, 1904. Gr, in-80, 383 pp. C. F. Lehmann, — Ein missverstandenes Gesetz Hammura- bis (in B:iträge zur Alten Geschichte, Band IV, pp. 32-41, 1904, Leipzig). J, Kohler und F.EÆ, Peiser. — Hammurabi's Gesetz. (Band L, Ubersetsung, Juristische Wiedergabe Erlaüterung.) ni. 1904. Gr, in-8°, 146 pp. Angleterre. | W, St, Chad Boscawen, — The first of Empires (Babylon ol the Bible in the light of latest research), London et New-York 1903 (ef, pp. 195-263), In-8°, 359 pp. | DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 185 Stanley À. Cook. — The laws of Moses and the Code of Ham- murabi. London, 1903, In-8°, 307 pp. - C. H. W. Johns. — The oldest code of laws in the world, Edimburgh 1903. Chilperic Edwards, — The Hammurabi Code and the sinaitic legislation (With a complete translation of the great inscrip- tion discovered at Susa). London, 1904. In-80, 168 pp. C. H. W. Johns M. À. — Babylonian and assyrian laws, con- — tracts and letters. In-80, 424 pp. T.et T, Clark, Edimburgh, 1904. | Autriche - Dr. Dav. Heinr. Müller. — Die Gesetze Hammurabis undihr — Verhältnis zur mosaischen Gesetzgebung sowie zu den XII. 190%. Gr. in-8°, 45 pp. …._ Ludowig Gumplowicz. — Geschichte der staats theorien. In-8o, … Innsbruck. Wagner edit, 1905, CF. p. 7. Etats-Unis - Robert Francis Harper. — The Code of Hammurabi kiog ot —_Babylou, about 2250 B. C. Chicago et London, 1904, In-8, 192 pp. CIII, PI, | Gordon Lyon. Structure of the Hammurabi’s Code, Notes on he Hammurabïi’s monument ds Journal of the Amer. Or, Soc. ol, XXII, France — R. Dareste, — Le Code babylonien d'Hammourabi, Extrait du Journal des savants, octobre et novembre 1902, In-4°, 25 pp. G. Rivière. — Le Code de Hammourabi et la Société baby- Honienne, Extrait de la Revue des Idées, 29 juillet 190%, p. 130 sq. Philippe Berger. — Le Code d'Hammourabi, extrait de la Grande Revue, 15 avril 1905, 25 pp. Italie Dr. Francesco Mari. Il Codice di Hammurabi e la Biblia ([n- roduzione, versione italiana del Codice etc.), Roma, 1903, In-80 s. 76 pp. 146 HISTOIRE ET TRAVAUX Pietro Bonfante, — Le leggi di Hammurabi re di Babilonia a. 2285 — 2242 a. C. Milano, Soc. edit libraria, 1903, Gr. in-89, 47 pp. Suisse Dr, Georg Cohn. — Die Gesetze Hammurabis. Zürich, 1903, In-8°, 44 pp. Tome V. Textes élamites-anzanites. -— 2° série, 111 pp., 17 pl. hors texte, 1904 (Ernest Leroux, éditeur, Paris), par V. Scheil. Dans son introduction l’auteur donne un exposé chronologique de l'histoire de l'Elam depuis l’épo- que mythique antérieure à l’an 4000 av. J.-C. jus- qu’à l'occupation de la Susiane par Cyrus en 545 av. J.-C. Ces données historiques résultent en majeure partie des travaux de la Délégation, elles sont mises en concordance avec la chronologie chaldéenne, assyrienne et perso-anzanite (xxiu L'ouvrage débute par le texte que porte la statue de bronze de la reine Napir-Asu, p. 1 Brique de Ountach-Gal, p. 7. Stèle de Choutrouk-Nakhkhountè {p. 8, 1 pl.). Stèle de Choutrouk-Nakhkhountè, p. 10. } Stèle de Choutrouk-Nakhkhountè (p. 12, 1 pl) Stèle de Choutrouk-Nakhkhountè, p. 15. Stèle de Chilkhak-in-Chouchinak (p. 20, 2 pl.).M Stèle de Chilkhak-in-Chouchinak (p. 31, 1 pl. . Stèle de Chilkhak-in-Chouchinak, p. 33. Stèle de Chitbbal it Choucht p. 35. Stèle de Chilkhak-in-Chouchinak, p. 37. Stèle de Chilkhak-in-Chouchinak, p. 38. Inscription de Chilkhak-in-Chouchinak sur un barrière de bronze (p. 39, 3 pl.). { mn : + Vov qgre à ETES DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 147 Brique de Chilkhak-in-Chouchinak (p. 56, 1 pl.). Brique de Chilkhak-in-Chouchinak, p. 59. Fragments de briques de Chilkhak-in-Chouchi- nak, p. 60. Brique de Choutrouk-NakhkhountèIl(p. 62, tpl.). Fragment d’une stèle de Choutrouk-Nakh- khountè IT (p. 67, 1 pl.). Stèle de Choutrourou (p. 69, 1 pl.). Brique de Tepti Khouban in Chouchinak (p. 84, 1 pl.). Brique de Ountach-Gal (p. 87, 1 pl.). Brique de Ountach-Gal, p. 88. Brique de Koutir Nakhkhountè, p. 89. Brique de Chilkhak-in-Chouchinak (p.89, 2 pl.). Brique de Khalloutouch in Chouchinak (p. 93, 1 pl.), et diverses variantes dans des textes déjà connus par les publications antérieures de la Dé- légation. V. Scheil termine ce volume par un vocabulaire anzanite comprenant 19 pages sur deux colonnes … chaque. Tome VI. Textes élamites-sémitiques. — 3° série. Sous presse (Ernest Leroux, éditeur, Paris), par V. Scheil. Inscription de Our ilim, p. 1. Incriptions de Nâram Sin, p. 2. Inscriptions de Karibu Cha Chouchinak, p. 7. Masse d'armes de Our Chagga, p. 9. Statue d'un prince d’Ichnounouk, p. 12. Liste de villes conquises, p. 14. Inscription de Idadou Chouchinak, p. 16. Brique de Doungi, p. 20. Tablette de Doungi, p, 21. 148 HISTOIRE ET TRAVAUX Inscription de Doungi, p. 22. Brique de Temti agoun, p. 23. Brique de l’époque de Temti agoun, p. 25. Texte de Addapakchou, p. 26. Brique de Temti Khalki, p. 27. Brique de Kouk Nachour, p. 28. Légende de vase, p. 29. Texte de Kourigalzou, p. 29. Koudourrou de l’époque de Mardouk apal iddin, 30. ï Fragments de Koudourrou de la même époque, p- 39. Inscription d'un poids, p. 48. Exorcisme, p. 49. Cylindres-cachets élamites, p. 52. Fragment de stèle élamique sémitique, p. 54. Texte de Nabouchodonosor, p. 56. Tablettes proto-élamites, p. 57. Tome VII. Recherches archéologiques. — 2°série. Sous presse. Introduction, par J. de Morgan. Etat des travaux à Suse en 1904, par J. de Morgan. Fouilles à Suse de 1899 à 1902, par G. Jéquier, 5 pl. Trouvaille du masque d’argent, parJ. de Morgan, 4 pl. Trouvaille de la colonne de briques, par J. de Morgan. Offrandes de fondation du temple de Chouchinak, par R. de Mecquenem, 15 pl. Deuxième étude sur les Koudourrous, par J. de: Morgan, 3 pl. | Offrande à Apollon, par B. Haussoullier, 1 pl. A à à RS A €: 2 pl. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 149 Notice sur les anciens travaux hydrauliques en Susiane, par Graadt van Roggen, ingénieur, 1 pl. Tome VIII, Recherches archéologiques. — 3° série. Sous presse. Introduction, par J. de Morgan. Cachets et cylindres archaïques, par G. Jéquier, 1 pl. Débusree d’une sépulture achéménide à Suse, par J. de Morgan, 5 pl. Fouilles à Tépé Moussian, par J.-E. Gautier et G. Lampre, 1 pl. Les Tumuli de Bahreïn, par A. Jouannin, La représentation du Lion à Suse, par G. Lampre, Les monnaies de l’Elymaïde, par Allotte de la Fuye, 5 pl. Recherches au Talyche persan, nécropoles des âges du fer et du bronze, par H. de Morgan, 4 pl. et cartes. Histoire naturelle. — Aucun de nos travaux d’his- toire naturelle n’a encore été publié, tous sont en préparation; cela tient à ce que les recherches ont exigé beaucoup de temps et aussi à ce que des do- cuments de cette nature ne peuvent être comme ceux d'archéologie et d’épigraphie donnés sans … suite, au fur et à mesure des découvertes. La faune et la flore vivantes ou fossiles d’un pays ne présentent d'intérêt que si les échantillons étant abondants et les espèces nombreuses, le tra- k.vail embrasse un ensemble important qui permet d'atteindre des considérations générales. Il en est «Lout autrement en archéologie, science examinant, 150 HISTOIRE ET TRAVAUX dans la plupart des cas, des documents indépen- dants les uns des autres ou tout au moins pouvant être envisagés comme tels. Je donnerai donc la liste des mémoires que nous avons en ce moment en préparation, travaux qui formeront une série spéciale dans les « Mémoires de la Délégation ». Géologie, par R. de Mecquenem. — Ce volume renfermera l'étude du massif du Sahend (Azerbaï- djân), de certaines parties du Louristân (Zerdalall) et du Poucht-è-Kouh. Il y sera traité des gisements de vertébrés de Maragha, du Trias et des terrains paléozoïques voisins, des couches crétacées supé- rieures et du tertiaire inférieur du Louristân, des couches éocènes des environs d’Ispahan, etc. Paléontologie. Vertébrés. — Les gisements plio- cènes de Maragha ont fourni une très abondante récolte à R. de Mecquenem ; ces collections feront l'objet d’un ou de plusieurs volumes dont M. Gaudry;« membre de l’Académie des sciences et M. Boule, professeur au Muséum dirigeront la publication. Un autre mémoire comprendra les nombreux poissons fossiles recueillis par la Délégation dans les terrains | crétacés et tertiaires tant au Poucht-è- sou qu'en Azerbaidjän. | Paléontologie. Invertébrés. — M. H. Douvillé, | professeur à l'Ecole supérieure des Mines, qui déjäm a publié la partie paléontologique de ma mission de’ 1889-91 conservera la haute main sur ces travaux qui comprendront un mémoire sur les fossiles pa léozoïques, un sur la faune du crétacé supérieur etm un sur celle du tertiaire inférieur, Cette dernière DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 151 partie est confiée aux soins de MM. Cossmann et Pissarro. Paléobotanique. — L’exploration des mines de houille du nord de la Perse faite en 1903 par R. de Mecquenem, G. Lampre et moi-même a fourni de très intéressants documents qui feront l’objet d’un mémoire spécial par M. R. Zeiller, membre de l’Académie des sciences, professeur à l'École su- périeure des Mines. Pétrographie. — M. Lacroix, professeur au Mu- séum a bien voulu se charger de l'étude des roches rapportées par la Délégation. Ce mémoire com- prendra les roches modernes des massifs du Dé- mavend et du Sahend et les roches anciennes de la fracture de l’Elvend depuis Hamadan jusqu'aux environs d’Ispahan. Zoologie. Vertébrés. — Nos collections d'oiseaux, de chéloniens, batraciens, reptiles etc... sont en ce moment à l'étude au Muséum de Paris. Je ne sais encore qui se chargera de la rédaction des mé- + moires. Zoologie. Invertébrés. Insectes. — La Délégation a rapporté de Perse d’abondantes collections qui font en ce moment l'objet d’études spéciales dont M. Bouvier, membre de lInstitut, professeur au Muséum, a bien voulu prendre la Direction. Il ne lui faudra pas moins d'une trentaine de collabora- teurs pour mener à bien un aussi grand travail, chaque groupe naturel se trouvant aujourd'hui spécialisé. L 152 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE Zoologie. Invertébrés. Mollusques. — Les mol- lusques terrestres et fluviatiles de la Perse et des pays voisins feront l’objet d’un volume spécial. Je me suis réservé ce travail qui déjà est fort avancé, avec la collaboration du D: Jousseaume, conchylio= logue bien connu. Les collections dont nous dis- posons sont très nombreuses, elles résultent de“ vingt ans de recherches personnelles dans l'Asie Antérieure. Botanique. — La Délégation a recueilli un im- portant herbier, mais je ne sais quel sera le savant qui en entreprendra la publication; d'ici là, d’ail- leurs, nos récoltes accroîtront d’une manière très importante les collections disponibles. Presque toutes les études relatives à l'histoire naturelle de la Perse sont en préparation aujour- d'hui; il en résultera environ huit volumes qui ap- paraîtront successivement. Les travaux de cette nature ne peuvent être faits rapidement, en sorte que nous ne verrons certainement pas le premier” volume de cette nouvelle série avant 1908 au plus tôt. Comme on le voit par l'exposé que je viens de faire, nous avons entrepris de publier une ency- clopédie générale de la Perse. Cette œuvre sera longue à réaliser; je n’aurai pas certainement la sa- tisfaction de la voir achevée, mais j’ai celle de l'avoir conçue et commencée. D cr + ue RE CR: FORCES SN IN + XI Travaux des attachés et principaux collaborateurs de la Délégation. Au cours de cet exposé, j'ai présenté au lecteur mes attachés et mes collaborateurs, mais cette simple présentation ne me semble pas suffisante. Je dois la justifier en donnant le détail des ouvrages publiés par les personnes qui ont déjà signé dans les Mémoires de la Délégation. A l'examen de cette liste bibliographique on se rendra compte des connaissances de chacun, de ses aptitudes, de la nature de ses travaux, du genre de ceux que je suis en droit de leur demander. ALLOTTE DE LA FUYE Colonel du Génie en retraite, élève titulaire de l’École pratique des Hautes-Etudes, du 10 avril 1884, 1887. Note sur quelques découvertes archéolo- giques faites à Tébessa pendant les années 1886- — 1887. (Annuaire de la Société archéologique de Cons- « lantine.) 1891. Le trésor de Sainte-Blandine (Isère), mon- naies gauloises. (Bulletin de l'Académie delphinale, « «' série, t. IV; Grenoble.) 9, ET ie HISTOIRE ET TRAVAUX 1894. Le trésor de Tourdan (Isère), monnaies gauloises. (Bulletin de l'Académie delphinale, 4° sé- rie, t. VIII, Grenoble.) 1901. Une monnaie du tyran Domitianus. (Revue de numismatique, p. 319.) 1902. La dynastie des Kamnaskirès. (Revue de numismatique, p. 92.) 1904. Monnaies arsacides surfrappées. (Revue de numismatique, p. 174.) 1904. Nouveau classement des monnaies arsa- cides. (Xevue de numismatique, p. 317.) 1904. Quelques particularités de l'écriture des tablettes de l’époque d'Urukagina, roi de Sirburla. (Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptienne et assyrienne, vol. XXVI.) 1905. Lettre à M. Halévy au sujet d’une interpré- tation nouvelle d'une légende araméenne des monnaies de l’Elymaïde. (Revue sémitique.) 1905. Monnaies de l’Elymaïde, description des monnaies des successeurs des Kamnaskires et dis- cussion des attributions, cinq planches en héliogra- vure. (Mémoires de la Délégation scientifique en Perse,t. VIIT. Recherches archéologiques, 3° série.) GAUTIER (JosepH-ÉTIENNE): Attaché à la Délégation, élève titulaire de l’École pratique des » Hautes-Études (section de philologie et d'histoire). 1895. Note sur les fouilles dans la haute vallée | | L 1 de l’Oronte, ds. Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris 1895. 1896. Les fouilles de Licht, ds. Revue archéolo- gique. à L - E ; ‘ % 4 ÿ DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 155 1902. Mémoire sur les fouilles de Licht, ds. Mémoires de l’Institut français d'archéologie orien- tale du Caire, tome VI, 1. 1905. Fouilles à Tepeh Moucian.(WMémoires de la Délégation en Perse du Ministère de l'Instruction publique), tome VIII. B. HAUSSOULLIER Ancien membre de l’École française d'Athènes, directeur d’études à l'École pratique des Hautes- Études, difecteur de la Revue de Philologie, de Littérature et d’ histoire anciennes, 1883. La vie municipale en Attique. Essai sur l'organisation des dèmes au quatrième siècle. Pa- ris, Thorin. 1884. Quomodo sepulcra Tanagraei decoraverint. Paris, Thorin. 1891. Aristote, Constitution d'Athènes, traduite par B. Haussoullier (89° fascicule de la Bibliothèque de l'École des Hautes-Études). Paris, Bouillon. — En collaboration avec MM. Dareste et Th. Rei- nach. Recueil des inscriptions juridiques grecques. Paris, Leroux. 1891-94. 1° série. 1898-1904. 2° série. 1898. En collaboration avec M. R. Dareste. Les plaidoyers d'Isée traduits en français avec argu- ments et notes, Paris Larose. 1902. Études sur l’histoire de Milet et du Didy- meion (138° fascicule de la Bibliothèque de l'Ecole des Hautes-Etudes). Paris, Bouillon. 1904. En collaboration avec M. E. Pontremoli, 156 HISTOIRE ET TRAVAUX architecte. Didymes, Fouilles de 1895 et 1896. Pa- ris, Leroux. JÉQUIER (Gusrave) Attaché à la Délégation, élève diplômé de l'Ecole du Louvre et de l’École pratique des Hautes- Études. 1894. Le livre de ce qu'il y a dans l'Hadès. Ver- sion abrégée, publiée d'aprèsles papyrus de Berlin et de Leyde avec variantes et traductions et suivie d’unindex des mots contenus au papyrus de Berlin n° 3001, in 8°, 163 pp. E. Bouillon, éditeur, Paris. 1894. Collaboration à Catalogue des monuments el Inscriptions de l'Égypte antique, vol. I, de la frontière de Nubie à Ombos,. 1895. Zd., vol II. Kom Ombos. 1902. Zd., vol. III, Kom Ombos. 1895. Fouilles à Dahchour, par J, de Morgan. Mars-juin 1894, in 4° jés. Vienne, Holzhausen. Note sur quelques rois de la XII° dynastie. 1903. Collaboration à Fouilles à Dahchour. 1894-= « 95, in 4 jés. Vienne, Holzhausen. 1806. Collaboration à Recherches sur les or igines de l'Égypte, par J. de Morgan, l’âge de pere etles métaux. Paris, Ernest Leroux. 1897. Les monuments contemporains du tom=" beau royal de Négadah dans Recherches sur les ori- gines de l'Egypte par J. de Morgan. Ethnographie préhistorique et tombeau royal de Négadah. Paris, Ernest Leroux. 1902. Mémoire sur les fouilles de Licht (avec J. E. Gautier). Mém. de l'Inst. français d'Archéol. orientale du Caire, t. VI, 1. PE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 157 1900. 1° Travaux à l’Apadana; 2° travaux de l'hiver 1898-99, dans Mémoire de la Délégation en Perse du Ministère de l'Instruction publique, t. I. Recherches archéologiques : 5e 1901. Description du site de Mal Emir, dans id., t. III. | 1905. Travaux exécutés à Suse de 1900 à 1902. Description des principaux monuments, dans id., t. VII. 1905. Description des cylindres et cachets ar- chaïques découverts à Suse, dans ëd.,t. VIII. LAMPRE (GEORGES) Secrétaire de la Délégation en Perse, 1900. Tranchées 'n° 7 et 7 « à Suse, dans Mém. de la Délég., t. 1, p. 100-110, 2 pl. 1905. Fouilles à Moussian avec J.-E. Gautier, dans éd.,t. VII. 1 pl. | 1905. La représentation du Lion à Suse, dans id., t. VIII, 1 pl. 1905. Statue de Napir Asou, dans id., t, VIII, 2 pl. DE MECQUENEM (Roranp) Attaché à la Délégation, Ingénieur civ. des Mines, 1905. Offrandes de fondation du temple de | Chouchinak, dans Mém. de la Délég., t. VI, 40 pp., 15 pl. 158 HISTOIRE ET TRAVAUX DE MORGAN (Hevri) 1873. Cimetière du camp Sainte-Marie à Nesle Normandeuse.— Fouilles au camp Sainte-Marie de. Nesle Normandeuse et du cimetière Franc de Blangy-s.-Bresle. (Bulletin de la Commission des « Antiquités de la Seine-Inférieure, t. WI, I. I, p. 8-11 et p. 65-72.) 1876. Un chef Franc, Notice sur une sépulture trouvée à Marœuil près Arras, 1875. Amiens. 1884. Le prétendu trésor de Curium. (L'Homme, du 10 août.) | 1884. L. P. di Cesnola et ses prétendues décou- ” vertes à Soli. (L'Homme, du 10 novembre.) ; 1884. Quelques observations sur le « Cyprus » de M. de Cesnola. (Courrier de l'art des 21 et 28 no- vembre.) 1885. Cesnola et Schlieman, (L'Homme, du 25 janvier.) 1887. The Terra-Cotta. Groups of Asia Minor. (The Studio, octobre.) 1898. Pre-Historie Egypt. Zn Proceeding of the American numismatic and archæological Society« of New- York. 1905. Recherches au Talyche persan en 1901 Nécropoles des âges du bronze et du fer dans Mém. de la Délég., 1. VII. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 159 DE MORGAN (Jacques) Délégué général en Perse, Directeur général honoraire des Antiquités de l'Égypte, Ingénieur civ. des Mines, 1879. Note sur les terrains crétacés de la vallée de la Bresle. (Extrait du Bulletin de la Société Géo- logique de France, 3° série, t. VII, p. 197. Séance du 27 janvier 1879.) 1882. Mémoire sur les terrains crétacés de la Scandinavie.(Ds.Mém. Soc. Géologique de France, in 4, 46 pp., 2 pl. F. Savy, édit.) 1882. Géologie de la Bohème. Paris, J. Baudry, édit., in 8, 167 pp., fig. pl. et cartes. 1883. Note sur quelques espèces nouvelles de Mégathyridés. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France, t. VIII, 26 pp., 1 pl.) 1883. Archéologie préhistorique du Jura. Forêt des Moidons. (Extr. des Mémoires de la Société d’émulation du Jura.) Fouilles exécutées en oc- tobre 1881. 1885. Map ofthe Perak valley (Presqu’ile Malaise) printed by order of the Perak Government. July, 1885. Scale, 2 miles to 1. inch. 1885. Exploration dans la presqu’ile Malaise. Ethnographie : 1° L'âge de la pierre polie dans la presqu'île Malaise. (Extrait de l'Homme, 2° année, n° 16, 25 août 1885.) — Négritos. (Extr. de l'Homme, 2° année, n° 19, 10 oct. 1885, 28 pp. — Id., n° 20, 25 oct. 1885, 15 pp. — Id., n° 21, 10 nov. 1885, 16 pp. — Id., n° 23, 10 déc. 1885, 8 pp. — Id., 3° année, n° 2, 25 janv. 1886, 5 pp.) 1885, Mollusques terrestres et fluviatiles du 160 HISTOIRE ET TRAVAUX royaume de Perak et des pays voisins. (Extrait du Bulletin de la Société Zoologique de France, t. X, in 4°, 80 pp., 5 pl.) 1885. Exploration de la presqu'ile de Malacca, 11 pp. ds. Bulletin de la Société des Études colo= niales et maritimes. 1886. Note sur la géologie et l’industrie minière du royaume de Perak et des pays voisins (presqu’ile de Malacca). (Extrait des Annales des Mines, livrai- son de mars-avril 1886, 79 pp., 3 pl.) 1886. Exploration dans la presqu'île Malaise. Journal de voyage. (Extrait du Bulletin de la Société normande de Géographie.) Rouen, imp. Gagniard, in 4° 69 pp. 1886. Exploration dans la presqu'ile Malaise, Linguistique. (Extrait de la Société normande de Géographie. Rouen, imp. Gagniard, in 4°, 47 pp. 1889. Note sur l’usage du système pondéral assy- rien dans l'Arménie russe à l’époque préhistorique. (Note lue à l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres dans sa séance du 30 août 1889. Extrait de la Revue Archéologique, 11 pp.) 1889. Mission scientifique au Caucase, t. I. Étu- des archéologiques et historiques. Les premiers âge des métaux dans l'Arménie russe. Gr. in &, 231 pp. (E. Leroux, édit., Paris), 1889. Mission scientifique au Caucase, t. II. Étu- des archéologiques et historiques. Recherches sur les origines des peuples du Caucase. Gr. in 8°, 305 pp. (Paris, Ernest Leroux, éditeur). 1890. Note sur les nécropoles préhistoriques de l'Arménie russe. (Extrait de la Revue archéologi- que, 1880.) 1890, Les nécropoles préhistoriques du nord de DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 161 T's ee tÉ la Perse. (Extrait de la Revue archéologique, IIIe série t. XVI, 15 pp.) 1892. L'Elam et l’origine de l'invasion des pas- teurs dans la vallée du Nil (in-8°, 22 p. Alexandrie d'Egypte. Imp. v. Penasson). 1892. Note sur les gîtes de naphte de Kend è- chirin (gouvernement de Ser-i-poul, Perse). Extrait des Annales des Mines, livraison de février 1892.) 1892. Note sur les carrières antiques de Ptolé- mais (Menchiyeh) avec U. Bouriant et G. Legrain (Ds. Mémoires de l’Institut français d'archéologie orientale du Caire.) 1892. Antiquités de l'Egypte, rapport sur la con- tribution des touristes en 1891-92. Le Caire, im- primerie nationale. 1893. Notice sur les fouilles et déblaiements exécutés par le Service des antiquités de l'Egypte M pendant l’année 1893. (Le Caire, imprimerie na- | tionale), in-18, 16 pp. D 1893. Découverte du Mastaba de Ptah-chepses dans la nécropole d’Abou-sir (Égypte). Extrait de la Revue archéologique, 1894, 17 pp. fig. 2 pl.). “ 1893. Note on the Excavations executed by the … department of Egyptian antiquities, during the M year 1893. (Cairo, National printing office, 16 pp.) M 1894. Les fouilles de Dahchour (Égypte), février- À juin 1894. Extrait de la revue « Le Monde Mo- À derne », pp. 67-82, fig.) 1894. Compte rendu des travaux archéologiques effectués par le Service des antiquités de l'Egypte et par les savants étrangers pendant les années 1892-93. (Extrait du Bulletin de l’Institut Égyptien. Séance du 1* déc. 1894, 34 pp.) —._ 1594. Catalogue des monuments et inscriptions | PE 162 HISTOIRE ET TRAVAUX de l’Egype antique, 1" série, Haute-Égypte, tome, de la frontière de Nubie à Kom-Ombos par J. de Morgan, U. Bouriant, G. Legrain, G. Jéquier, A. Barsanti (in-4 Vienne, Holzhausen, imp. 212 pp.). 1894. Mission scientifique en Pass, Études géographiques, tome I, in-4° (E. Leroux, éditeur): 1894. Le Trésor de Dahchour (Égypte). Liste sommaire des bijoux de la XII° dynastie découverts dans la pyramide de briques de Dahchour les 7et… 8 mars 1894, (Le Caire, imprimerie nationale), in-80, 11 pp. 1895. Second trésor de Dahchour (Égypte). Liste sommaire des bijoux de la XII° dynastie dé- couverte dans la nécropole de Dahchour les 15 et 16 févr. (1895, in-8°, 11 pp., imprimerie nationale, Le Caire.) | 1895. Rapport à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres sur les fouilles exécutées à Dahchour (Egypte). Compte rendus de l’Institut, séance du 26 avril 1895. | 1895. Carte de la partie centrale du Kurdistan (persan), échelle au 1/250.000. (Paris, Ernest Leroux,“ éditeur.) | 1895. Carte des rives méridionales: de la mer Caspienne entre l’Atrek et la frontière russe du Lenkorân. Échelle au 1/500.000. (Paris, Ernest Leroux, éditeur.) 1895. Carte de l’Elam-Kourdistân (pars), Louris- tân, Khouzistân ou Arabistän, ‘Irâk-‘arabi (pars) ‘Irân (pars). Echelle au 1/750.000. (Ernest Leroux, éditeur, Paris.) | 1895. Les fouilles à Dahchour, 16 pp. ds. 1 | Monde Moderne. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 163 11895. Mission scientifique en Perse. Études géo- logiques, tome III, II° partie. Paléontologie, par MM. G. Cotteau, V. Gauthier et H. Douvillé. Échi- nides fossiles, par G. Cotteau et V. Gauthier (Paris, E. Leroux, édit. ,in-4°, 107 pp., 16 pl.). Description des fossiles recueillis par la Mission. 1895. Mission scientifique en Perse. Études géo- graphiques, tome IT,in-4°,334 pp. 148, fig. et cartes dans le texte 130 PL. hors texte. (Paris, E. Leroux, éditeur.) 1895. Catalogue des monuments et inscriptions de l'Égypte, tome II, Kom Ombos, 1° partie [avec U. Bouriant, G. Jéquier, G. Legrain et A. Bar- santi] (in-4°, 388 pp.), Vienne, imp. Holzhausen. 1895. Compte-rendu des travaux archéologiques exécutés par le Service des antiquités de l Egypte et par les savants étrangers pendant les années 1894-95. (Extrait du Bulletin de l’Institut Egyptien. Communication du 3 mai 1895) Le Caire, impri- merie nationale, 1895. Fouilles à Dahchour, mars-juin 1894, in-4° jés., 165 pp., 39 pl. Vienne, imp. Holzhausen. 1895. Memphis et la vallée du Nil dans les temps historiques, 21 pp. ds. La Vie contemporaine, 15 août 1895, t. III. 1896. Note sur les travaux du Service des anti- quités de l'Egypte et de l'Institutégyptien pendant les années 1892-93 et 94. (Extrait des Actes du X° Congrès international des orientalistes, session de Genève, 1894.) 1896. Un touriste à la nécropole memphite au début du xvu‘siècle, (Extrait de la Revue d'Egypte, 29 pp.) 1896. Mission scientifique en Perse, Tome IV, 164 HISTOIRE ET TRAVAUX Recherches archéologiques, 1 partie (Ern. Le- roux, éditeur, in-4°, 302 pp., 180 fig. dans le texte, 33 planches hors texte). 1896. Recherches sur les origines de l'Égypte. L'âge de la pierre et les métaux (Paris, Ernest Le- roux, éditeur, gr. in-8°, 282 pp., 604 fig. dans le texte et 10 planches hors texte). 1897. Carte de la nécropole memphite (Dahchour, Saqqarah, Abou-Sir), échelle au 0,002. Atlas, 11 pl., gr. in-4°. Caire, imp. nat.). 1897.Mission scientifique en Perse. TomeIV.Re- cherches archéologiques, Il° partie (Ern. Leroux, édit., in-5°, pp. 303-399, 43 fig., 32 pl. hors texte, 1897. Recherches sur les origines de l'Egypte. Ethnographie préhistorique et Tombeau royal de Négadah, avec la collaboration de MM. le profes- seur Wiedemann, G. Jéquier et le D° Fouquet (Paris, E. Leroux, éditeur, gr. in-8°, 395 pp., 932 fig. dans le texte et 4 pl. hors texte). 1898. Account of the work of the service of anti- quities of Egypt and of the Egyptian institute du- ring the years 1892, 1893 and 1894 (from the Smith- sonian Report for 1896, p. 591-612. Washington, Government printing office). 1898. Compte rendu sommaire des travaux ar- chéologiques exécutés (par la Délégation du Mi- nistère de l'Instruction Publique) du 3 novembre 1897 au 1 juin 1898, in-18, 90 pp. Paris, E. Le- roux, éditeur. 1900. Mémoires de la Délégation en Perse du Ministère de l’'Instruction publique, tome I. Re- cherches archéologiques, par J. de Morgan, G. Jé- quier et G. Lampre (in-4°, 202 pp., 22 pl., Ernest Leroux, édit.), TL de à DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 165 1902. Histoire de l’Elam d’après les matériaux fournis par les fouilles à Suse de 1897 à 1902. (Ex- trait de la Revue archéologique, t. XL, mars-avril 1902, 23 pp.) 1902. La Délégation en Perse du Ministère de l'Instruction Publique, 1897 à 1902, in-18, 156 pp., fig. dans le texte (Ernest Leroux, éditeur). (1902. Mission scientifique en Perse, t. III. Études géologiques. Échinides. Supplément par V. Gau- thier, in-4° (E. Leroux, éditeur). Description des fossiles recueillis par la Mission.] 1902. Notes sur la Basse-Mésopotamie. (Extrait de « la Géographie », 1902, pp. 242 à 267.) 1902. Catalogue des monuments et inscriptions de l'Egypte ,tome III. Kom-Ombos, Ile partie, fas- cicule I (in-4°, 120 pp.), Vienne, imp. Holzhausen. 1903. Fouilles à Dahchour en 1894-1895, in-4° jés., 118 pp., 27 pl., Vienne, imp. Holzhausen. 1904. Mission scientifique en Perse, tome V, I: partie. Études linguistiques. Dialectes kurdes, langues et dialectes du nord de la Perse (in-4, 325 pp., imp. nat., E. Leroux, éditeur). 1904. Mission scientifique en Perse, tome V, 2° partie. Textes mandaïtes (in-4°, 286 pp., imp. nat., E. Leroux, édit.). 1905. The Temple of Susinak, result of the last est excavations at Susa, in, Harper’s Monthly Mag. (Mars), 10 pp., 18 fig. dans le texte. , [1905. Mission scientifique en Perse, t. III. Études géologiques. Partie IV, paléontologie, Mollusques fossiles, par H. Douvillé, in-4, 380 pp., 26 pl. Paris, E. Leroux, fossiles recueillis par la mission]. 1905. Mémoires de la Délégation en Perse du 166 HISTOIRE ET TRAVAUX Ministère de l’Instruction publique, t. VII. Re- cherches archéologiques, Il, par J. de Morgan, G. Jéquier. Graadt van Roggen, B. Haussoullieret R. de Mecquenem (in-4, Ernest Leroux, édit.) Sous prèsse. 1905. Id., t. VIIT, Recherches archéologiques, ILI, par J. de Morgan, G. Jéquier, J. E. Gautier, G. Lampre, H. de Morgan, Allotte de la Fuye (Ernest Leroux, édit.). Sous presse. 1905. Mission scientifique en Perse, t. IT, "epar- tie. Etudes géologiques, in-4°, E. Leroux édit. Sous presse. 1905. Note sur la Géologie de la Perse (ds. Bull, Soc. Géol. de France). Sous presse. 1905. Note sur les procédés techniques en usage chez les scribes babyloniens (ds. Recueil de Tra= vaux relatifs à la Philologie et à l'Archéologie égyptiennes et assyriennes. Il). Sous presse. 1905. Historique et travaux de la Délégation en Perse du Ministère de l’Instruction publique, in-8. E. Leroux, édit. SALADIN (HENRt) Architecte du Gouvernement, ancien élève de l’École des Beaux-Arts, Architecture musulmane (ds. Encyclopédie Drey- | fus). Les Arts du Moyen Age dans la Pouille (ds. | Gazette des Beaux-Arts, t. XXII). Rapport sur une mission archéologique en Tu=« nisie (ds. Archives des Missions, IIl°série, t, XI), 1886. Imprimerie nationale. | | | | ; : Ë DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 167 Rapport de Mission (Nouvelles Archives des Missions, t. Il), 1893. E. Leroux édit., Paris. Architecture musulmane (ds. Encyclopédie Pla- nat). Monuments historiques de la Tunisie, Il° partie. Monuments arabes (ds. Monuments historiques de la Tunisie, Il° partie, publié par MM. Gauckler et Roy). Monographie de la Mosquée de Sidi-Okba. Histoire de l'architecture musulmane, par H. Sa- ladin (ds. Manuel de l’Archéologie musulmane, par H. Saladin et H. Migeon, octobre 1905). Sous presse. V. SCHEIL Directeur adjoint de philologie assyrienne, à l'École pratique des Hautes-Etudes, à la Sorbonne, ancien membre de l’Institut français d'archéologie orientale du Caire, Inscription de Samsi Ramman IV, 1889. 68 p. Inscription de Salmanasar IT (en collabor., avec Amiaud, 1890, p. 14. 122. Id. Records of the Past, II sér. IV, p. 36-79. Mémoires de l'Institut français d'Archéol. orien- tale du Caire. Lettres d’El-amarna (collection Ros- toviczbey, VI. fasc. 2, p. 297-312. Id. Deux traités de Philon, IX, fase. VIII, p. 151- 215, avec planches. Id. Tombeaux thébains (Mai, les Graveurs, Rad- jeserkasenb, Pari, Djanni, Apoui, Montu-m-hat, Aba), V, fasc. 4, 116 p. avec 28 planches. Textes cappadociens dans la Mission en Cappa- doce de Chantre, p. 58-61 et 92-109. 168 HISTOIRE ET TRAVAUX Catalogue de la section égyptienne du Musée de Constantinople, 1898. Français, 82 p. Id. en turc, 112 p. Recueil de signes archaïques (cunéiformes),« 1898, 79 p. Grammaire assyrienne en collaboration avec C. Fossey, 1901, 112 p. Une saison de fouilles à Sippar (avec planches), 1, 1, 143 p. Mémoires de la délégation en Perse sous la Di-" rection de J. de Morgan. Textes élamites sémitiques 1). p. xvr, 133 avec planches. Textes élamites anzanites 1), p. virr, 144 avec planches. Textes élamites 2),.p. 200 avec planches. Textes élamites anzanites 2), p. xxtr, 110 avec” planches. Textes élamites sémitiques, 3), p. 130, avec. planches. La loi de Hammurabi {petite édition), p. 70. Zeitschrift für Assyriologie : Un document juridique babylonien, IV. 281. Inscription de Nabù bal iddin, IV. 324-345. Inscription de Nabonide, Rawl., V. 399-410. Quelques notes sur les inscriptions (cylindres) de Gudéa, V. 311-317. Id. VII, 190-194. 245. Id. IX, 218-224. Id. X, 193-222. Fragments de Syllabaires assyriens, VIIL. 194 DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 169 Hymne babylonien avec mètre apparent, X. 291- 299. Sin $ar iskun, fils d’Assurbanipal, XI. 47, 50, _ note 84-85. Une brique de Sennachérib avec mention pro- bable du nom du meurtrier de ce roi, XI, p. 425- 428, La vie de Mâr Benjamin (syriaque), XII, 62-97. Listes onomastiques rédigées d’après les textes - de l’époque de Sargani, de la 2° dyn. d’Ur. XII, 331-348. La mort de Mar Marcos (syriaque). XII, 162-171. Notes assyriologiques. Ibid., 258-269. | Restitution de deux textes dans le récit syriaque - de la vie de Mâr Bischoï (éd. Bedjan), XV, 103- » 107. Recueil de travaux relatifs à la philologie et à - l'archéologie égyptiennes et assyriennes : | Notes de grammaire recueillies au cours d’A- -miaud, XII. 96-104 ; XIII. 180-187. - Inscript. de la stat. B de Goudêa (Amiaud), pu- bliée par Scheil, XII. 195-209. Inscription de Nabonide (avec II planches, XVIII. 15-29; cf. ibid , 77-78. Le culte de Gudéa, XVIII, 64 à 74. Tablette cappadocienne, XVIII. 74-75. Inscription vannique de Melasgert, XVIII. 73-77, Une tablette d'El Amarna (Louvre), XIIT. 75-74, Note additionnelle sur les tombeaux d’Assouan, IV. 94-96. Les deux stèles de Zohab en collaboration avec . de Morgan, XIV, 100-106. 10 44 170 HISTOIRE ET TRAVAUX Note sur l'expression vannique gunusa haubi XIV. 124. La stèle de Kélichin en collab. avecJ. de Morgan XIV. 153-160. | Inscription de Naram Sin (Constantinople), ave 1 planche XV. 62-64. Nouvelle inscription de Sargani, XV. 86- 87. Une tablette palestinienne cunéiforme (Lakis XV. 137-138. Inscript. de Rammän Nirari I, XV. 138-140. Bas-relief avec inscription de Sennachérib, XY 148-149. L'inscription hiéroglyphique (Constantinople)d . Ak Hissar, XV. 175-176. Textes égyptiens divers du Musée de Constan tine, XV. 197-199. Stèle de Bël Harran bel usur, XVI. 176-182. Lettre assyriologique, XVI. 184-185. Correspondance de Hammourabi avec Sin idin nam, XIX. 40-44, Une page des sources de Bérose (le roi Ada paros), XX. 124-133. Lettre assyriologique, XXI. 123-127, Notes d'épigraphie et d'archéolog vie assyriennes XVI. 32- 7. 4. Habiri. 2. Yaudu. 3. Conjuration contre le Khamsin. A. Cadastre. 5. Briques de Kurigalzu et de Samas sur Lea (Sippar), XVI. 10-92, | 6. Buhiya, XVI. 186-190. | 7. Idin Dagan, XVI, 186-190. DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 171 8. Deux lettres missives, XVI. 186-190. 9. Papallum, XVI, 186 190. 10. Un proverbe chaldéen, XVI. 186 ne 11. Texte de Khoï Sandjak, XVII. 27.4 12. Tablettes de Telloh. 13. Tablettes de Sippar. 14, Lentilles et cadastres de Sippar. 15. Tablettes d’école. 16. Tablettes de Sippar. - 17. Inscriptions de tablettes de Telloh; notes his- . toriques, géographiques, philologiques. … 18. Inscription vannique de Patmos, XVII. 78-84. 19. Cylindre cachet. 20. Inscription d'une idole. 21. Cylindre perso-araméen. 22. Inscription de Negoub (Assaradon). 23. Texte archaïque d’un roi de Kis ? 24. Document de l'époque de Assur uballit, 4 | xIX. 44-64. + 25. Cylindres cachets. 26. Cylindres cachets, avec planche, 27. A travers les collections du Musée de Cons- tantinople. 28. Où est situé le pays de Gis uh ki ? « 29. Lettre assyrienne. { 30. Un fragment d’un nouveau récit du déluge “de l’époque du roi Ammi zadugga, XX. 55-72. … 31. Relief ciselé figurant une scène funéraire babylonienne (planche). 32. Istar sous le symbole de vache. « 35. Fragment mythologique avec mention de M Uddusu Namir patési. 34. Le nouveau roi Rim Anum. 172 HISTOIRE ET TRAVAUX 35. Le roi Tukulti bél niché(?). (Légende ku: théenne.) 36. Brique de Bur Sin. 37. Liste géographique. | 38. Quelques pierres gravées (avec planche), XX4 200-211. | 39. La plus petite inscription cunéiforme connue: Incantation.) 40. Contrats assyriens. 41. Charte de donation de l'époque de Nabu Sum iskun. 42, Gudéa sur les cylindres-cachets, XXI. 29-29, 43. Sandan-Adar. 44. Une inscription palmyrénienne. 45. Stèle de victoire du roi Naram Sin, XXI 27 39. 46. Constantinople 1022. 47. Quelques briques assyriennes. 48. Brique de Bur Sin. 49. Contribution au syllabaire assyrien, XXII 78-81. 50. Tablette babylonienne hiéroglyphique, XXH 149-161. 51. Tablettes babyloniennes diverses. 52. Textes assyriens (Erisum, Téglatphalasar 1} 53. Cylindres divers. 54. Surinnu-Qatrinnu. 55. Nouveau fragment du Mythe d'Étana, XXII 18 23. 56. Inscription babylonienne d’un roi achéti nide, XXIII. 91-98. 51. Premier texte de la Il° dynastie de Babylone 8. Glane à Suse, | e DE LA DÉLÉGATION EN PERSE 173 59. Kurigalzu roi d'Our, XXIIT. 133-141. 60. Le texte médical 583 de Constantinople. 61. Vase avec inscr. archaïque. 62. Rois, princes etdieux(babyloniens)nouveaux, XXIV. 24-29. 63. Pièce juridique élamite. 64. Extension de l’empire babylonien sous Samas sum ukin. 65. Le symbole du taurillon et le dieu Rammän. 66. Pierre de seuil de Lugal Maurri, XXVI. 22-29, 67. Briques de Adad-nirari. 68. Briques de Salmanasar. 69. Pierre avec inscription de Sennachérib, mentionnant un nouveau fils de ce roi. 70. La prétendue inscription de Sogdianos. Journal asiatique. Les pronoms assyriens $4 et sa$n 1890, p. 533. Der Katholik 1889. Ueberdie Abstammungder Guzmanen (13 pages). RS La Science catholique, 1890. Notes d’exégèse biblique, p. 317-321. Le Monde, 16 janvier 1890. La tablette assyrienne de Jérusalem. Babylonian and Oriental Record. Assyriological Notes (Sallaru, kalakku, allu- happu), 1890, p. 44-48. The Jovanoff Seal, 1891, p. 10-13. Revue de l'Histoire des Religions, 1897. Textes religieux assyriens (11 pages). 10. 174 HISTOIRE DE LA DÉLÉGATION EN PERSE Bulletin de l'Institut francais d'archéologie orien- tale du Caire, W: Deux lettres d'El Amarna, p. 110-118. Revue Biblique. Fragment grec de saint Luc. Fragment de texte hiéroglyphique de Jérusalem, I. 113, 117. Prise de Babylone par Cyrus), I. 250 256). Le psaume 24 (602-604). Les formules de chronologie en Chaldée et en Assyrie, IT, 216, 219. Inscriptions palmyréniennes, II. 627, 630. Sippar-Sepharwaim, IV. 203-206. Un préfet assyrien de Samarie, 1900, juillet, 4 p. Empreintes achéménides, 1901, octobre, 4 p. Orientalistische Litteratur Zeitung. Un nouveau cône d’'Urukagina, 1900. 328-330. _ Mélanges (Miscellen), texte de Sennacherib, 1904, p. 69, texte de Pudil, p. 216, texte à Nisaba, p. 253. ,; TS dE … à tt CLS APPENDICE Nouvelles découvertes à Suse. CAMPAGNE DE 1904-1905 PRINCIPAUX MONUMENTS Les travaux à Suse au cours de l'hiver dernier ont été, en mon absence, conduits par MM. J. E. GauTIER et R. de MECQUENEM, attachés à la Déléga- tion. Nous donnons ici la liste sommaire des objets les plus intéressants Fragment de stèle en diorite devant être attribuée à Sargon l'ancien (vers 3800 av. J.-C.). — Ce bas-re- lief de beau style reproduit une des scènes de la stèle des Vautours de Telloh. Une cassure dérobe le corps d’un personnage dont les mains seules sont visibles ; tandis que de la gauche il soulève un filet, en forme d’épervier, où grouillent des captifs, sa main droite impose la masse qu’elle porte sur la tête des chefs des vaincus. L'inscrip- » tion dont il ne subsiste que les derniers signes donne une formule courante d'imprécations. Grand fragment de cuve ornée, en calcaire. — Nous - possédons environ la moitié de cette cuve dont la 176 APPENDICE forme était carrée ou rectangulaire. Deux débris, de même provenance, devaient appartenir aux faces manquantes ; l'une d’elles portait une inscription sémitique, vraisemblablement de l’époque cassite, ainsi qu'en témoignent quelques Signes très effa= cés qui apparaissent sur l’un de ces débris. Le rebord porte un simple rinceau, sur les faces extérieures se déroule une composition empruntéeh aux mythes chaldéens qui se répète sur chaque face : c’est l’antilope à corps de poisson, symbole d'Ea, accroupi au pied de l’arbre sacré d’Eridou. Deux supports de gund de porte en calcaire : l’un avec cartouche de Karibou-cha-Chouchinak, l'autren avec inscription de Khouteloudouch-in-Chouchi=M nak; ils sont identiques à ceux provenant des fouilles précédentes. Débris de bas-relief en diorite. — Cette trouvaille vient compléter heureusement en se raccordant, avec lui un fragment de stèle antérieusement dé couvert, Lascène figurée paraît exactementcalquée sur celle qui orne la partie supérieure de l'impor=« tant monument de Hammourabi, mais de notables différences s’y remarquent. Le type du personnage qui se tient debout devant le dieu Chamach, son accoutrement, sa coiffure étrange rendent difficile | toute identification avec l’auteur du Code des lois. (Ce monument n’est pas exposé.) Fragment de statuette en calcaire représentant un personnage assis. D’après l'inscription gravée sur un des côtés du siège, ce monument a été en= levé au pays d’Achnounak par Choudrouk Nas khounté; malheureusement le nom du personnage È rs DE APPENDICE 177 est effacé ainsi que l'inscription archaïque qui fut systématiquement martelée. PETITS OBJETS Manchon d'or provenant des fondations du temple d’In Chouchinak. Sa partie supérieure est ornée d’un rinceau finement ciselé et rehaussée d’incrus- tation malheureusement disparues. Coupe de calcaire. — Par la facture, le modelé, la finesse d'exécution du bas-relief qui la décore, cette coupe mérite d’être considérée comme un des plus beaux spécimens de l’art chaldéen, auquel nous n'hésiterons pas à la rattacher. Quant à la date à lui assigner,aucune analogie n’autorise une rigou- reuse détermination, mais encore est-elle pour le moins antérieure à l’époque de Hammourabi. Un motif quatre fois répété sur la panse représente un animal mythique, Auroch sans doute, qui est ac- croupi au pied de l'arbre sacré. Ce dernier n’est autre, semble-t-il, que le cèdre, à en juger par les fruits symétriquement disposés sur les branches du conifère. Plateau de bronze, — Ce monumont singulier pa- raîit unique en son genre, du moins nous n’en connaissons pas d’analogue. Il porte une inscrip- tion très mutilée au nom de Chilkhak-in-Chouchi- nak (x1° siècle av. J.-C.). La surface en est occupée par une série de représentations figurées en ronde- bosse et fixées à même le plateau : on y voit deux personnages, deux monuments, un grand vase, un 178 APPENDICE bosquet d'arbres, et près d’un cippe, une sorte de banc rustique. Dans l’état d’oxydation du métal il est malaisé de déterminer l’exacte nature des re- présentations, aussi bien que l’idée qui y était at- tachée. Au centre deux personnages accroupis se faisant face se livrent à une pratique rituelle ou à une acte familier de la vie ordinaire : l’un d’eux s'apprête à recevoir un objet que l’autre tient dans ses mains et qu'il paraît manipuler. Six statuettes canéphores en bronze du roi Doungi (vers 2500 av. J.-C.) et tablettes de pierres au nom du même souverain. Elles doivent être jointes aux deux statuettes trouvées précédemment, ce qui porte à huit le nombre des dépôts de fondation de Doungi dans le temple d’'In-Chouchinak. Huit statuettes canéphores, en bronze, du roi Doungi provenant des fondations du temple dedié par ceroi à la déesse NIN-HAR-SAG de Suse : elles étaient chacune accompagnées d'une tablette de pierre où le texte gravé sur la statuette est intégralement répété. ADDITIONS ET CORRECTIONS L'ordre des chapitres VIIL et IX ayant été interverti à l’im- pression, lire p. 103, Chap. VIII, Peintures. p. 115. Chap. IX, Collections de la Délégation. p. 120. Lions en terre émaillée. — Au moment où nous mettions sous presse nous ne pensions pas pouvoir offrir au public les lions reconstitués tant ils avaient souffert du trans- port entre Suse et Paris, Aujourd'hui, grâce à l’habileté de M. André qui a bien voulu se charger de ce difficile travail, nous sommes à même d'exposer un lion complet et la partie antérieure du second, Ajouter aux publications de M. J. Æ, Gautier, Découverte d’une stèle de Sargon l'Ancien, — « Recueil de travaux relatifs à l'épigraphie et à l'archéologie assyriennes et égyptiennes », 1905 (2e fasce.), TABLE DES MATIÈRES Pages. AVANT-PROPOS, +, . d'P Nege 130 TOUR x I, Historique de la Délégation D RAÏ 3-0 ÉCRIRE L II, But;:de la Délégation . : . . :, .,. + + 0 III, La vie en Perse. . . STE 21 IV. Le Personnel et le Hseuel 4 la Délégation AR 31 V. Travaux effectués de 1897 à 1905 par la Délégation. 45 VI. L'Avenir de la Délégation, . ... . . ,. . . 60 4 VII. Histoire de l'Élam , . . ALT cer Las 7100 VIII. Les collections de la Délégation PEUT URSS IX, Peintures . . * ARE ES Ve CS CCE | X. Publications de la Diésuos Lt 1330 XI. Bibliographie des travaux des PE et ‘dé collaborateurs de la Délégation, . . . . . 153 AEPENBIOS LT ee eos ne te 1 010 EUR GES ADDITIONS ET CORRECTIONS « + + + . + « + + + + 129 | a —— ANGERS, — IMPRIMERIE ORIENTALE A. BURDIN ET Cle, #4, RUE GARNIRH: red HE, 4 k ne RAA, PES RCE ENS RPRS 4 RE à : SI T0SE L : Fa \\ RON Me à PAT pote Mes le UT \ 13 Het 12 007 6 | AGE S halte: HAN à 12 04 | UTL AT Ut D RANGE BAY SHLF POS ITEM C 39 10