HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. :> <* HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS, contenant leur Description et leurs Mœurs ; AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE. par L. A. G. BOSC, Membre des Sociétés d'Histoire Naturelle de Paris , Bordeaux et Bruxelles ; de la Société Pkilomaticrue de Paris ; de la Société Linnéenue de Londres , et de l'Académie de Turin. TOME PREMIER. DE L'IMPRIMERIE DE GUILLEMINET. A PARIS, Chez Deterville, rue du Battoir, n° 16, AN X. HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. INTRODUCTION. .1; e s progrès des connoissances hu- maines n'ont jamais suivi une marche régulière. On a remarqué, dans toutes les époques , qu'une branche étoit plus cultivée qu'une autre , sans qu'on pût assigner des causes à la préférence qu'on lui accordoit. Des circonstances presque toujours inconnues aux per- sonnes même sur lesquelles elles agis- sent, donnent aux études une direction particulière , aux travaux un mode déterminant, qui se fait sentir pendant une suite d'années , après lesquelles Crustacés. I 2 INTRODUCTION. d'autres causes, du même genre, amè- nent à un nouvel ordre d'idées domi- nantes, et obligent les savans à porter leurs méditations sur des objets jus- qu'alors dédaignés. Cette observation s'applique à l'His- toire Naturelle encore plus qu'aux au- tres sciences. On a vu , malgré les ra- pides progrès qu'elle a faits depuis un siècle, quelques-unes de ses parties res- ter en arrière des autres , être négli- gées à un point inconcevable , sans qu'on puisse dire pourquoi , car plu- sieurs, parmi ces derniers, avoient un degré d'utilité plus réel , un but d'étude plus intéressant que d'autres jouissant de la faveur académique. Parmi les classes ainsi injustement délaissées , se présente celle des crus- tacés , de ces animaux analogues aux crabes et aux écrevisses, dont beaucoup fournissent un aliment agréable , ou sont pourvus d'une organisation remar- INTRODUCTION. Ô quable. On ne l'a que fort peu observée jusqu'à présent , et la France ne pos- sède aucun ouvrage propre à la faire connoître comme elle le mérite. Les Grecs appeloient les crustacés MuXuvoçtpuyici, et les Latins Crustacea , c est-à-dire couverts d'une croûte dure , mais non pierreuse , comme celle des coquillages. Aristote leur a consacré un chapitre entier, où il les considère sous tous les rapports , et où il décrit les espèces les plus connues de son temps. Athé- née et Hypocrate les mentionnent dans leurs ouvrages , à raison de leur usage dans les alimens et en médecine. Pline en a également parlé ; mais il s'étend cependant moins à leur égard qu' Aristote. On les trouve encore rap- pelés , par occasion, dans quelques au- tres auteurs anciens. Tous ces auteurs , soit grecs , soit la- tins, ont considéré les crustacés comme 4 INTRODUCTION. faisant partie de la classe des poissons , ou mieux , comme une classe à part , intermédiaire entre les poissons et les coquillages. Les premiers Naturalistes modernes qui ont écrit sur les crustacés , tels que Rondelet, Béion , Gesner , Aldro- vande , Jonston , en firent également une classe particulière, immédiatement placée après les poissons ou les mollus- ques. Mais lorsque Linnœus voulut faire la grande réforme, qu'on lui doit, dans toutes Jes parties de l'Histoire Natu- relle , il trouva que les crustacés ayant des antennes, des pattes articulées en charnière , et une enveloppe crustacée , dévoient être placés parmi les insectes , et en conséquence il les mit , sans con- sidérer leur organisation intérieure , dans la classe des insectes sans ailes , ou aptères. Non seulement il a commis cette erreur , qui , quoique conséquente INTRODUCTION* 5 à ses principes , auroit dû être évitée par lui , niais, encore, il n'a pas porté sur les crustacés toute l'attention inves- tigatrice dont il étoit pourvu. Il n'a cherché ni à étudier les caractères d'a- près lesquels on pouvoit les diviser en plusieurs genres, ni à débrouiller le chaos de leurs espèces. Il s'est contenté de les diviser en deux grandes sections , c'est- à-dire en CRUSTACÉS BRACHYURES , queue courte , et en crustacés ma- croures, queue longue, et de décrire Jes espèces les plus saillantes , celles dont la synonymie n'étoit point dou- teuse. Enfin , ce grand Naturaliste a été si fort au-dessous de lui-même dans ses travaux sur les crustacés , qu'il a oublié presque toutes les petites es- pèces, si communes en Suède comme par-tout ailleurs 5 espèces que Muller a fait connoître depuis sous le nom gé- néral d'insectes testacés , ou entomos- tracés. 6 INTRODUtiTIOK. Depuis la première édition du Sys- tema Natnirœ de Linnaeus , jusqu'à l'ap- parition du Système entomologique de Joli. Chri. Fabricius, onafaitconnoitre, par descriptions et gravures , beaucoup d'espèces de crustacés ; mais, à l'excep- tion de l'ouvrage de Muller, cité plus haut, il n'a rien été imprimé qu'on puisse dire avoir amélioré les principes de la science. Quelques auteurs ont bien distingué les crabes des écrevisses , mais sans s'appuyer de raisons suffisam- ment valables. C'est donc à Fabricius , à ce célèbre entomologiste , qui a fait faire des pro- grès si rapides à l'étude des insectes , que l'on doit la première amélioration qui ait été tentée dans la classification des crustacés. Comme élève de Linnaeus , et par- tant du principe, alors généralement reconnu , que les crustacés étoient des insectes , il les soumit à la méthode INTRODUCTION. 7 qu'il a créée. En conséquence , il ana- lysa leur bouche , leurs instrumens du manger , pour se servir de ses expres- sions , et le résultat de son examen le porta à en faire une classe particulière, qu'il appela agonata , et dont le carac- tère fut , en langue systématique , Os maxillis palpisque quatuor aut sex , maxillâ inferiore nulla. Il plaça cette classe entre les synistata , qui com- prennoient les ichneumon , les guêpes , les abeilles, etc. , et les unogata , qui comprenoient les libellules , les arai- gnées, etc. Fabricius rapporta à cette classe le genre du scorpion , et il divisa les can- cer de Linnasus, c'est-à-dire tous les crustacés connus , aux entomostracés de Muller près , en cinq genres , savoir : Les Crabes , Cancer ; dont le carac- tère fut quatre palpes (1) couvrant la (1) Les palpes sont , dans Fabricius , e* $ INTRODUCTION, bouche, et quatre antennes filiformes, dont les postérieures ont la dernière articulation divisée en deux. Ce sont les crabes et les cancres des auteurs français. Les Pagures, Pagurus; dont le ca- ractère fut quatre antennes pédoncu- îées , inégales, les antérieures sétacées, les postérieures filiformes , avec la der- nière articulation bifide. Ce sont les bernard l'hermite des auteurs français. Les Scyllares , Scyllarus ; dont le caractère fut deux antennes filiformes, dont la dernière articulation est bifide ; deux écailles à deux articulations , en place des antennes postérieures. La squille large des Français. que Geoffroy appelle les antemmles , c'est- à-dire, ces organes alongés , articulés, qui se voient à côté de la bouche. . INTRODUCTION. $ Les écrevisses , Astacus ; dont le ca- ractère fut quatre antennes pédoncu- lées, les antérieures alongées, sétacées, les postérieures divisées en deux. Ce sont les horaars , les écrevisses des Français. Les Crevettes , Gammarus ; dont le caractère fut quatre antennes simples , sessiles , les antérieures courtes , et en alênes , les postérieures sétacées. Ce sont les crevettes des Français. Quant aux autres crustacés, aux en- tomostracés de Muller , Fabricius les réunit tous sous le nom générique de Monoculus } ainsi que Linnaeus l'avoit fait, et les plaça au commencement de la classe des synistates , à côté des clo- portes , et leur donna pour caractère quatre palpes , dont les antérieures sont filiformes , et des antennes souvent ra- meuses. 10 INTRODUCTION. Fabricius conserva cet ordre de choses dans son Species et son Mantissa insectorum ; mais il fit quelques chan- gemens dans l'édition suivante, inti- tulée, Entomologia systematica. Là , on ne voit plus les scorpions avec les crustacés; mais on y trouve les monocles, et trois genres de plus , savoir : Hippa , dont le caractère est deux antennes pédonculées , sétacées , cou- vertes de poils; Limulus , dont le caractère est qua- tre palpes de chaque côté ; les trois postérieurs armés de pinces ; les man- dibules armées également de pinces , et les antennes nulles ; Cymothoa , dont le caractère est : bouche sans palpes et sans mandi- bules ; quatre antennes égales et ses- siles. INTRODUCTION. II Dans toutes ces éditions , Fabricius avoit réuni , aux espèces dont il avoit d'abord étudié le caractère, toutes les nouvelles espèces dont il s'étoit procuré la vue , et ce , sur leur apparence gé- nérale , leur faciès , comme disent les Naturalistes , sans s'assurer , par l'ana- tomie de leur bouche , si réellement ils appartenoientaux genres parmi les- quels il les plaçoit. D'un autre côté, 1© nombre des espèces, sur-tout dans les genres crabe et écrevisse , étoit devenu si nombreux , qu'elles exigeoient de nouvelles coupures pour pouvoir être étudiées avec facilité. Ces considérations déterminèrent Fabricius , que domine le seul désir de voir se perfectionner la science , qu'il cultive avec tant de succès , à publier, dans un supplément qu'il vient de faire paroître , un très-grand travail de son élève et ami Daldorf ; travail qui change entièrement de face ce qui ïa INTRODUCTION. avoit été fait jusqu'à présent sur les crustacés. Le travail de Daldorf , adopté par Fabricius , est d'une grande importance, et peut même être regardé comme fondamental. On en auroit donné ici la traduction entière , si les bornes de l'ouvrage l'avoient permis. On se con- tente en conséquence , de donner une traduction des caractères génériques abrégés , tels que Fabricius les a fait imprimer à la tête de chaque genre. D'abord , il faut savoir que l'ancienne classe agonata a été supprimée , et rem- placée par trois autres , qui portent de nouveaux noms. La première classe , la neuvième du Système Entomologique ,Kleistag- n a t h a , contient quatorze genres. Ses caractères sont plusieurs mâchoires extérieures à la lèvre , et couvrant la bouche. INTRODUCTION. l3 Crabe , Cancer. Quatre antennes presque égales ; les intérieures compli- quées , rapprochées -, repliées dans une fossette creusée au bord de la tête; les extérieures sétacées , insérées sur une saillie du bord du front. Calappe , Calappa. Quatre antennes presque égales; les extérieures sétacées , insérées dans une fossette sous l'œil; les intérieures à quatre articulations anten- nuliformes ; le dernier article bifide. Ocypode , Ocypoda. Deux antennes très - courtes , sétacées, insérées dans une excision à la base des jeux. Leucosie , Leucosia. Deux antennes antennuliformes, à quatre articulations, se logeant dans une fossette proémi- nente du front. Parthenope, Parthenope. Quatre an- tennes presque égales ; les extérieures sétacées , insérées dans une excision Crustacés. 2 14 INTRODUCTION. sous les jeux ; les intérieures antennu- liformes . compliquées, se cachant dans une fossette latérale et inférieure du rostre. Inachus , Inachus. Quatre antennes égales ; les extérieures sétacées , insé- rées dans une denture du rostre ; les intérieures antennuliformes , compri- mées, en pinces, se repliant dans une fossette latérale et inférieure du rostre. Dromie , Dromia. La partie ex- térieure des mâchoires extérieures en forme de fouet ; quatre antennes , les intermédiaires antennuliformes; la pre- mière articulation anguleuse , ayant un canal qui reçoit les autres. Dorippe , Dorippe. Les mâchoires secondaires ayant leur partie exté- rieure , osseuse à son extrémité , placée entre les antennes. Quatre antennes; les extérieures sétacées , insérées sur INTRODUCTION. 1 5 une fossette des intérieures, qui sont antennulif ormes. Orithie , Orithict. Les mâchoires ex- térieures ayant un'e découpure latérale „ lancéolée, aiguë et courte. Quatre anr tennes inégales - les intérieures plus longues , antennuliform.es. Portune , Portunus. Les mâchoires extérieures ayant une découpure laté- rale en forme de fouet. Quatre antennes inégales ; les extérieures plus longues , sétacées ; les intérieures antennuli- formes. Matute , Matuta. Deux antennes courtes , antennuliformes , recourbées dans la fossette des yeux , à quatre articulations ; la quatrième plus courte , recourbée , en alêne , bifide. Hippe , Hippa. Quatre antennes pé- donculées , inégales ; les intérieures plus courtes , bifides ; les divisions l6 INTRODUCTION. sétacées , ciliées des deux côtés , insé- rées entre les pédoncules des yeux ; les extérieures épaisses , filiformes , contournées sur elles-mêmes , ciliées des deux côtés , cachées sous la mâ- choire extérieure. Symethis, Symethis. Deux antennes très-courtes à quatre articulations, re- courbées dans une fossette du rostre. Limule , Limulus. Quatre anten- nules de chaque côté ; les trois posté- rieures en pinces. Les antennes nulles. Classe seconde , la dixième du Sys- tème Entomologique. Exochnata. Plusieurs mâchoires extérieures à la lèvre , couvrant les antennules. Albunée, Albunea. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; les inté- rieures très - longues , sétacées , inté- rieurement ciliées sur deux rangs ; le INT&ODTTCTIOtf. 17 pédoncule excavé en dessous ; les ex- térieures très-courtes , épaisses, com- primées , ciliées des deux côtés ; le pédoncule bifide. Scyllare, Scyllarus. Quatre antennes inégales ; les intérieures un peu lon- gues , filiformes ; la dernière articula- tion bifide ; les extérieures élargies , applaties , épineuses et ciliées. Palinure , Palinurus. Quatre anten- nes inégales, pédonculées; le pédoncule à articulation simple; les intérieures plus courtes , sétacées , bifides , sans épines ; les extérieures très - longues , sétacées, épineuses. Palœmon , Palœmon. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; les supé- rieures plus courtes, bifides, sétacées, la découpure intermédiaire plus courte; les inférieures très-longues , sétacées , simples. l8 INTRODUCTION. Alphée, Alphœus. Quatre antennes péclonculées , inégales , sétacées ; les intérieures courtes, bifides; les exté- rieures plus longues , simples ♦ la pre** mière articulation du pédoncule portant une écaille à sa base. Écrevisse, Âstacus. Quatre antennes pédonculées , inégales , sétacées ; les in- térieures plus courtes, bifides; les ex- térieures simples ; la première articu- lation des pédoncules épineuse à son extrémité. Péné , Penaeus. Quatre antennes inégales , sétacées , pédonculées , insé- rées les unes sur les autres ; les supé- rieures plus courtes , bifides ; les infé- rieures très-longues , simples ; la pre- mière articulation du pédoncule avec une écaille bifide , la découpure exté- rieure épineuse. Crangon, Crangon. Les aijtennules INTRODUCTION. ig extérieures épaisses , ciliées , bifides ; la découpure extérieure plus courte, en forme d'éventail. Quatre antennes pé- donculées , inégales ; les intérieures plus courtes , bifides ; les extérieures très-longues , sétacées ; le pédoncule appuyé contre une écaille Ciliée. Pagure , Paguiiis. Quatre antennes pédonculées • les intérieures filiformes , le dernier article bifide, le pédoncule à une seule articulation et épineux 5 les extérieures sétacées. Galathée , Galathea. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; les inté- rieures courtes , filiformes , à trois arti- culations , dont la dernière est bifide ; la découpure inférieure sétacée , à beau- coup d'articulations ; la supérieure en faulx • les extérieures sétacées à pédon- cule simple. Scjuille, Squilla, Quatre antenne» SO INTRODUCTION. presque égales, pédonculées; les inté- rieures plus longues , bifides ; les exté- rieures simples , à pédoncule bifide. Posydon , Posydon. Les antennules extérieures foliacées, onguiculées à leur extrémité. Quatre antennules sétacées , à pédoncule simple. Les intérieures plus courtes, bifides. Crevette , Gammarus. Quatre an- tennes très-simples , pédonculées • les antérieures courtes , subulées ; les pos- térieures sétacées. Classe troisième, la huitième du Sys- tème Entomologique. Poligonata. Plusieurs mâchoires entre les lèvres. Cloporte, Oniscus. Deux antennules de chaque côté attachées à la lèvre j deux antennes filiformes. Ligie , Ligia. Point d'antennules f deux antennes sétacées. INTRODUCTION. 21 Idoté , Idotea. Quatre antennules ; quatre antennes sétacées ; les inférieures plus longues. Cymothe , Cymothoa. Deux anten- nules sétacées; quatre antennes égales, sétacées. Monocle , Monoculus. Quatre an- tennules de chaque côté , dont les ar- ticulations décroissent insensiblement; les antennes très-courtes. Dans l'intervalle qui s'est écoulé en- tre la troisième et la cinquième édi- tion de l'Entomologie de Fabricius , J. F. W. Herbst publia une Histoire Naturelle des Crabes , en allemand , avec un très-grand nombre de figures. Cet ouvrage n'est qu'une compilation; mais il présente l'ensemble le plus complet qu'on possède encore sur les crustacés, et il paroît aussi bien fait 22 INTRODUCTION. qu'on a droit de l'exiger ; mais on ne le cite ici que pour observer qu'il a conservé le genre de Linnaeus dans son intégrité; que , comme Gmelin , dans son édition du Système de la Nature , il s'est contenté de former des divisions avec les genres de Fabricius , tels qu'ils étoient avant le travail perfectionné dont il vient d'être question. On auroit dû parler , il y a déjà long- temps , de l'ouvrage de Muller , attendu que sa date est antérieure à la dernière édition de Fabricius ; mais la nature presque microscopique des animaux dont il parle , détermine à les placer à la fin de la classe des crustacés , et on n'a pas voulu interrompre l'exposi- tion des travaux faits sur les grandes espèces. Plusieurs des entomostracés de Mill- ier ont été connus avant lui sous diffé- rens noms ; on en trouve de décrits par Joblot , Baker , Frisch , Réaumur x INTRODUCTION. 20 Degeer , Ledermuller et Geoffroy ; mais c'est ce dernier, qui, le premier, les caractérisa d'une manière précise , sous les noms génériques de Monocles et de Binocles , genres réunis par Lin- îiceus , et qui forment les deux grandes divisions de Muller. Les entomostracés ont une organisa- tion propre , comme on le verra par la suite , que Muller compare , savoir , pour les amymones et les nauplies , à celle des patelles - pour les argules et les limules , aux écrevisses ; pour les polyphèmes et les cyclops, aux crabes; pour les calliges , aux lernées ; et enfin, pour les cythérées, les cyprides, les lyn- cées , et les daphnies , aux coquillages bivalves. Ces rapprochemens sont cer- tainement frappans au premier coup- d'œil ; mais ils ne soutiennent pas un examen approfondi : aussi Muller ne les donne-t-il que pour ce qu'ils va- lent. 24 INTRODUCTION. Les caractères génériques des ento- mostracés sont très-simples. Première classe. Les monocles ; qui n'ont qu'un œil. Première division. Les monocles uni- valves , c'est-à-dire qui ont leur dos couvert d'un bouclier d'une seule pièce. Amymone , Amymone. Quatre pieds. Nauplie, Nauplius. Six pieds. Deuxième division. Les monocles bivalves , c'est-à-dire qui ont leur dos couvert d'un bouclier de deux pièces. Gypride , Cypris. Quatre pieds. Cythère , Cythere. Huit pieds. Daphnie , Daphnia. Huit à douze pieds. Troisième division. Les monocles crustacés , c'est-à-dire qui ont leur dos INTRODUCTION. 23 couvert d'un bouclier de plusieurs pièces. Cyclops, Cyclops. Huit pieds et deux antennes. Polyphème, Polyphemus. Huit pieds et point d'antennes. Deuxième classe. Les binocles ; ceux qui ont deux jeux. Première division. Les binocles uni- valves, c'est-à-dire dont le dos est cou- vert d'un bouclier d'une seule pièce. Argule , Àrgulus. Les jeux infé- rieurs. Calige, Caligus. Les jeux margi- naux. Limule, Limulus. Les jeux supé- rieurs. Deuxième division. Les binocles bi- valves , c'est-à-dire dont le dos est cou- vert d'un bouclier de deux pièces. Crustacés. 3 26 INTRODUCTION. Lyncée , Lynceus. Les yeux laté- raux. Muller considéroit aussi les animaux qui composent les genres dont on vient de lire rénumération , comme des in- sectes. Cuvier , dans les tableaux qui sont à la suite de ses leçons d'anatomie com- parée , a , le premier , réformé l'erreur introduite par Linnœus dans la classi- fication des crustacés. Ce savant ana- tomiste , ayant reconnu que les crus- tacés respiroient uniquement par des branchies , en a formé une classe par- ticulière , qu'il a placée entre les vers et les insectes. Il les divise en deux grandes sections , les monocles , qui comprennent cinq genres , et les écre- visses , qui en renferment sept. Com- me il n'a pas encore publié le texte qui doit servir d'appui à ces ta- bleaux , on ne peut pas entrer ici dans INTRODUCTION. 2.J de plus grands développemens à leur égard. Lamarck , saisissant l'apperçu de Cu- vier , lui a donné de grands dévelop- pemens dans son ouvrage sur ses ani- maux invertébrés. Là, il a aussi fait une classe particulière des crustacés, classe qu'il a placée entre les mollus- ques et les arachnides , autre classe qui lui est due , et qui lie fort bien [es crustacés aux insectes. L'organisation , dit donc Lamarck r étant , de toutes les considérations, la plus essentielle pour guider dans une distribution méthodique et naturelle des animaux , ainsi que pour déter- miner , parmi eux , les véritables rap- ports, il en résulte que les crustacés respirant uniquement par des bran- chies , à la manière des mollusques , et ayant comme eux un cœur mus- culaire , doivent être placés immédia- tement après eux. n5 INTRODUCTION. Outre la considération du cœur des crustacés , des branchies dont ils sont munis pour leur respiration , et de leur défaut de stigmats , et par conséquent de trachées , ils ont encore la faculté de s'accoupler et d'engendrer plusieurs fois pendant leur vie , ce qu'ils ont de commun avec les mollusques, et ce qui les distingue fortement des insectes qui ne jouissent nullement de cet avantage. D'autre part , les animaux qui ter- minent la classe des mollusques, les balanites et les anatifs , ont des tenta- cules articulés , et semblent vérita- blement former le passage des mollus- ques aux crustacés d'une manière re- marquable. Un autre rapport qui rapproche en- core les crustacés des mollusques peut être emprunté de la considération des yeux. En effet, on sait que dans beau- coup de mollusques les yeux sont élevés sur des pédicules mobiles , et qu'ils sont INTRODUCTION. 2§ situés, soit à l'extrémité de ces pédicu- les, soit au-dessous de cette extrémité. On retrouve exactement la même chose dans beaucoup de crustacés , avec cette différence que, dans ceux-ci, les pédi- cules ayant une peau dure et crustacée ne peuvent pas être aussi contractiles. Ils le sont effectivement un peu moins, et ne servent pas davantage. On va donner l'exposé du travail de Lamarck; mais auparavant il convient d'observer que , quoique la manière d'être des crustacés, et les faits ana- tomiques qu'ils présentent , engagent ici à adopter l'opinion de Cuvier et de Lamarck , et qu'on soit déterminé à en faire une classe particulière , il est en- core permis de penser que cette opéra- tion est peut-être prématurée. Latreille, dans les préliminaires d'un savant tra- vail sur les crustacés , préliminaire dont il a permis de faire usage ici, remarque que la squille mante et la crevé lie des 3o iymoDucïioif. ruisseaux sont certainement des crus~ tacés, et que, cependant l'organe qu'on suppose être leur cœur ne diffère pres- qu'en rien du vaisseau ordinaire que l'on voit dans les insectes; organe se dilatant, se contractant sans cesse, et auquel on refuse la fonction du cœur. Il ajoute que Cuvier a disséqué , en sa présence, la squille mante, et s'est con- vaincu de ce fait , relativement à ce crustacé. Quant à la crevette des ruis- seaux , il n'y a pas besoin de dissec- tion pour s'assurer que le vaisseau en question occupe toute Ja longueur du corps, et qu'il jouit d'un mouvement de systole et de diastole. Il suffit de regarder un de ces animaux , vivant , à travers le jour. Sa demi-transparence permet de voir ce qui se passe dans son corps. Mais il faut laisser à Cuvier , et aux autres anatomistes de sa force , le soin de multiplier les observations pour INTHODUCTTOW. %1 éclairer cette partie encore obscure de l'Histoire Naturelle : il faut revenir à l'exposition du système de Lamarck sur les crustacés. Ce savant Naturaliste divise les crus- tacés en deux grandes sections. Les crustacés pédiocles et les crustacés ses- siliocles. C'est-à-dire , ceux qui ont les jeux distincts, élevés sur des pédicules mobiles , et ceux qui ont les jeux dis- tincts ou réunis , mais constamment fixées et immobiles. Ces deux divisions sont fort natu- relles, et satisfont l'esprit lorsqu'on ne considère que l'ensemble de la classe ; mais quand on entre dans le détail de l'étude des genres, et encore plus dans celle des espèces , on est souvent em- barrassé par les nombreuses anomalies qui se présentent, et on est déterminé à croire qu'il est possible de trouver des moyens de division sujets à moins d'inconvéniens. 3a INTRODUCTION. Pour mettre le lecteur à portée d'ap- précier le travail de Lamarck , on ne peut mieux faire que de donner ici le développement de ses genres. CRUSTACÉS PÉDIOCLES. i.° Crustacés à corps court , ayant une queue nue, sans feuillets , sans crochets , sans appendices latéraux, et appliquée contre le dessous de l'abdomen. Cancri brachjuri de Linnaeus. A. Crustacés dont le corps est arrondi ou obtus antérieurement. Crabe , Cancer. Quatre antennes courtes , inégales ; les deux intérieures coudées ou pliées , à dernier article bifide ; les deux extérieures sétacées. Corps court , plus large antérieure- ment , ou dans la partie moyenne , que postérieurement. Dix pattes onguicu- lées; les deux antérieures terminées en pointes. Cancer pagurus. lab. INTRODUCTION. 33 Calappe, Calappa. Quatre antennes, comme celles des crabes. Corps court, plus large postérieurement ,. et ayant ses bords latéraux postérieurs très- dilatés , tranclians et saillans en demi- voûte. Dix pattes, onguiculées , se re- tirant , dans le repos , sous les cavités du côté du corps ; les deux antérieures terminées en pinces , et ayant les mains comprimées , et en crête. Calappa gra- nulata. Fab. Ocypode, Ocypoda. Quatre anten- nes très-courtes et inégales. Pédicules des yeux alongés , insérés chacun dans l'angle latéral du chaperon, et occu- pant le reste de la longueur du bord antérieur. Corps presque carré , à cha- peron étroit , rabattu en devant. Dix pattes onguiculées 5 les deux antérieures terminées en pinces. Ocypoda ceratoph- thalma. Fab. Grapse, Grapsus. Quatre antenne* 04 INTRODUCTION. courtes , articulées , cachées sous le cha- peron. Les jeux aux angles du chape- ron , et à pédicules courts. Corps dé- primé , «presque carré , à chaperon transversal , rabattu en devant. Dix pattes onguiculées ; les deux anté- rieures terminées en pinces. Cancer gragsus. lab. Doripe, Doripe. Quatre antennes; les intérieures palpiformes , les exté- rieures sétacées. Corps déprimé, cor- diforme , plus large postérieurement , rétréci, mais tronqué dans sa partie antérieure. Dix pattes'onguiculées ; les deux antérieures terminées en pinces ; les quatre postérieures dorsales et pre- nantes. Cancer granulatus. Fab. Portune, Fortunus. Quatre antennes inégales , petites, articulées; les exté- rieures sétacées et plus longues. Corps large , court , déprimé , denté sur les bords, et rétréci postérieurement. Dix INTRODUCTION. 35 pattes, dont les deux postérieures sont terminées par une lame applatieetovale. Portunus depurator. Fab. Podophtalme ; Podophtalmus. Qua- tre antennes articulées , inégales • les extérieures sétacées , plus petites ; pé- dicules des yeux très - rapprochés à leur insertion, et aussi longs que le bord antérieur. Corps large, court, déprimé, anguleux et pointu latéralement. Dix pattes 5 les deux antérieures terminées en pinces ; les deux postérieures ter- minées par une lame ovale. Une espèce de ce genre est au Mu- séum National. Matute , Matuta. Quatre antennes ; deux intérieures quadriarticulées , à dernier article bifide : deux extérieures plus courtes, et peu apparentes. Corps court , déprimé , plus large antérieu- rement , ou dans sa partie moyenne. Dix pattes; les deux antérieures ter- 56 INTRODUCTION. minées en pinces ; toutes les autres ter- minées par une lame plate et ovale. Matuta victor. Fab. B. Crustacés à corps rétréci et avancé en pointe antérieurement. Maja, Maja. Quatre antennes- les intérieures palpiformes; les extérieures sétacées. Corps ovale, conique, plus large postérieurement, rétréci en pointe dans sa partie antérieure; dix pattes, toutes onguiculées; les deux antérieures ter- minées en pinces. Cancer Eriocheles , Oliv. Ency. Herbst. Cane. Tab. i5. Jig. 87. pour ceux qui ont les bras courts. Cancer langimana. Rumph. Herbst. Cane. Tab. ig-fig. io5 pour ceux qui ont les bras longs. Ç. Crustacés à corps suborbiculaire. Porcellane , Porcellana. Quatre an- tennes inégales ; les deux extérieures très-longues ; sétacées, multiarticulées , INTRODUCTION. Zj et insérées derrière les yeux. Corps suborbiculaire, à queue repliée en des- sous. Dix pattes onguiculées : les deux antérieures terminées en pinces; les deux postérieures très-petites. Cancer platycheles. Oliv. Ency. Herbst. Cane. Tab 2. fîg. 26. Leucosie , Leucosia. Deux ou quatre antennes, petites, quadriarticulées, in- sérées entre les yeux. Corps subor- biculaire, plus ou moins convexe , quel- quefois renflé , à queue nue , repliée en dessous. Dix pattes , toutes onguicu- lées; les deux antérieures terminées en pinces. Leucosia craniolaris . Fab. Arctopsis , Arctopsis. Six antennes droites, très-longues, simples, garnies de poils verticillés. Corps ovale- coni- que , pointu antérieurement. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures ter- minées en pinces. Crustacés. I. 4 38 INTRODUCTION. 2.° Crustacés à corps oblong , ayant une queue , alongée, garnie d'appendices, ou de feuillets , ou de crochets. Cancri macrouri. Linnœus. Albunée, Albunea. Quatre antennes inégales, ciliées; les intérieures très-lon- gues, se tacées, simples. Corps oblong 5 queue presque nue. Dix pattes , dont les deux antérieures sont terminées en pinces. Àlbunea dentata. Fab. Hippe , Hippa. Quatre antennes iné- gales , ciliées. Les intérieures plus cour- tes et bifides ; corps oblong ; queue munie d'appendices latéraux à son ori- gine. Dix pattes , toutes dépourvues de pinces. Hippa adactyla. Fab. Ranine , Ranina. Quatre antennes courtes ; les deux intérieures à dernier article bifide. Corps oblong , cunéi- forme, tronqué antérieurement; queue petite, ciliée sur les bords. Dix pattes; INTRODUCTION. 3o, les deux antérieures terminées en pin- ces ; les quatre postérieures terminées en nageoires. Cancer raninus. Rum- phius. Herbst. Tab. 22. Jig. 1. Scyllare , Scyllarus. Deux antennes filiformes , articulées , bifides au som- met. Deux feuillets en crêtes , dentés , ciliés, articulés inférieurement , tenant lieu d'antennes extérieures. Corcelet, grand -, large queue ; garnie d'écaillés natatoires. Dix pattes antérieures , non chélifères. Scyllarus antarticus. Fab. Ecre visse, Astacus. Quatre antennes inégales , les intérieures plus courtes , multiarticulées, divisées en deux pres- que jusqu'à la base. Corps oblong sub- cylindrique , terminée antérieurement par une pointe courte, saillante entre les yeux ; queue grande , garnie d'é- cailles natatoires. Dix pattes , dont les antérieures sont terminées en pinces. Astacus fluviatilis. Fab. 40 INTRODUCTION. Pagure , Pagurus. Quatre antennes inégales • les intérieures courtes, bifides au sommet ; les extérieures longues et sétacées. Corps oblong. Queue molle ou non crustacée , ayant des crochets à son extrémité. Dix pattes; les deux antérieures munies de pinces. Pagurus bemardus. Fab. Galathée, Galathea. Quatre anten- nes inégales ; les deux intérieures fort courtes , triarticulées, à dernier article bifide. Les extérieures longues et sé- tacées. Corps oblong; queue grande, garnie d'écaillés natatoires. Dix pattes; les antérieures terminées en pinces. Galathea sfrigosa. Eab. Palinure, Palinurus. Quatre anten- nes inégaies ; les intérieures plus cour- tes, mutiques, bifides au sommet; les extérieures très-longues, sétacées et his- pides. Corps et .queue des écrevisses. Dix pattes , toutes onguiculées , dé- INTRODUCTION. 41 pourvues de pinces , et ayant des brosses ou faisceaux de poils à leur extrémité, Palinurus homams. JTab. Crangon, Crangon. Quatre antennes; deux antérieures courtes et bifides * deux extérieures fort longues , sélacées, munies chacune à leur base d'une écaille oblongue, ciliée. Corps et queue des écre visses. Dix pattes onguiculées, les antérieures terminées en pinces. Cran- gon vulgctris. Fab. Palcemon , Palœmon. Quatre anten- nes ; les intérieures plus courtes et tri- fldes ; les extérieures fort longues et sétacées. Corps subcylindrique , ter- miné antérieurement par une pointe très-saillante, dentée en scie; queue des écrevisses; pattes onguiculées; les antérieures terminées en pinces. Palœ- mon carcinus. Fab. Squille , Squilla. Quatre antennes presque égales ; les intérieures un peu 42 INTRODUCTION. plus longues et trifides; les extérieures plus courtes, accompagnées d'un feuillet oblong. Corcelet court ; queue fort Ion— gue , s'élargissant vers son extrémité > garnie d'écaillés et de branchies dé- couvertes. Quatorze pattes ; les anté- rieures , terminées par une pièce en scie ou en peigne d'un côté. Squilla mentis. Fab. Branchiopode, Branchiopoda. Qua- tre antennes simples, sétacées, inégales. Corps oblong , dépourvu de pattes , mais ajant de chaque côté une ou plu- sieurs rangées de branchies oblongues, ciliées , natatoires, qui en tiennent lieu. Queue nue, articulée, longue, fourchue à l'extrémité. Gammarus stagiialis. Fab. CRUSTACÉS SESSILIOCLES. Crustacés à corps couvert de pièces crusta- cées , nombreuses , soit transverses , soit longitudinales. Crevette, Gammarus» Quatre an- INTRODUCTION. 45 termes simples , inégales , sétacées , ar- ticulées , disposées sur deux rangs. Deux yeux distincts et sessiles. Corps alongé, couverts de pièces crustacées , transver- ses. Des appendices bifides sur les côtés de la queue , et à son extrémité. Des pattes articulées et onguiculées. Gam- marus pulex. Fab. Aselle, Asellus. Quatre antennes sé- tacées, simples, inégales, disposées sur le même rang. Deux ou quatre anten- nules. Corps oblong, recouvert de plu- sieurs pièces crustacées , trans verses , et terminé par une queue large , mu- nie de deux appendices bifides. Qua- torze pattes. Cymothoa entomon Fab. Chevrolle , CaprelLa. Quatre anten- nes inégales. Corps linéaire avec des renflemens irréguliers, articulé, à seg- mens plus longs que larges. Queue nulle ou très - courte , et dépourvue d'écaillés ou d'appendices quelconques. 44 INTTODUCTION. Pattes articulées , disposées par paires et irrégulièrement distantes. Cancer linearis. Linnœus. Cloporte, Oniscus. Deux antennes sétacées , coudées, ayant cinq ou six articles , plusieurs paires de mâchoi- res. Corps ovale, recouvert de plusieurs pièces crustacées transverses , subim- briquées. Deux appendices courts et très - simples à l'extrémité du corps. Quatorze pattes. Oniscus asellus. Fab. Forbicine , Forbicina. Deux antennes longues et sétacées. Bouche munie de mandibules , de deux mâchoires et de quatre antennules inégales. Corps alon- gé , couvert d'écaillés. Trois filets sétacés à la queue. Lepisma sacha- rina. Fab. Cyame, Cyamus. Quatre antennes inégales; les deux antérieures plus lon- gues, sétacées. Un suçoir simple, ré- INTRODUCTION. 45 tractile: sortant d'une fente courte, si- tuée sous la tête. Deux antennuies in- sérées à la base de la bouche. Deux jeux. Corps ovale, déprimé à six seg- mens pédifères. Six paires de pattes : chaque patte terminée par un crochet. Pygnogonum cetl. Fab. Ligie , Ligia. Deux antennes séta- cées, ayant plus de dix articles. Corps ovale, submarginé, recouvert de pièces crustacées, transverses. Les appendices de la queue courts et bifides. Ligia oceanica. Eab. Çyclops, Cyclops. Deux ou quatre antennes simples , sétifères. Un seul œil apparent. Corps alongé , atténué vers son extrémité postérieure , et couvert de pièces crustacées transverses -, queue fourchue ou terminée par deux pointes sétacées. Monoculus minutas. Fab. Poiiphème, Polyphemus. Point d'an- 46 INTRODUCTION. tennes ; deux antennules inarticulées et chélifères. Deux jeux écartés. Corps couvert par un large bouclier crusta- cé, divisé en deux pièces inégaies par une suture transverse, et terminé par une queue subulée. Cinq paires de pattes. Limulus polyphemus. Fab. Limule , Limulus. Deux antennes simples. Deux jeux distincts. Corps couvert par un bouclier crustacé d'une seule ou de deux pièces. Monoculus apus. Fab. Daphnie, Daphnia. Deux antennes rameuses, sétifères. Un seul œil appa- rent. Corps ovale , convexe , couvert par un bouclier crustacé , formé de deux pièces réunies longitudinalement. Monoculus pulex. Fab. Amjmone , Amymona. Deux an- tennes simples , sétifères. Un seul œil apparent. Corps ovale , convexe, cou- INTRODUCTION. 47 vert par un bouclier crustacé d'une seule pièce, Monoculus satyrus. Fab. Céphalocle , Cephaloculus . Point d'antennes. Deux antennules longues, fourchues. Un grand œil globuleux, saillant antérieurement , et imitant une tête. Monoculus oculus. Fab. Les animaux de tous les genres dont on vient de voir les caractères , vivent habituellement dans l'eau, ou du moins peuvent y vivre, excepté deux; le clo- porte et la forbicine, qui y périssent, par une immersion de quelques instans. Ils ont donc une organisation différente , aussi ne leur trouve-t-on point de bran- chies -, ainsi ils doivent être reportés dans la classe des insectes. En consé- quence on n'en parlera pas ici. On l'a déjà dit, et on le répète, le travail de Lamarck améliore beau- coup l'état de la science , mais il est suscepiible de quelques légères modi- 48 INTRODUCTION. fications , qui, du moins on le présume, peuvent conduire à une perfection en- core plus grande. Il est employé comme fondamental dans le cours de cet ou- vrage , ce qui prouve mieux qu'un long discours tout le cas qu'on en fait. Le savant auteur du Précis des ca- ractères des génériques des insectes , l'estimable Latreille, regardant, avec tous les Naturalistes, les crustacés com- me faisant partie de son domaine , les a aussi analysés , et il l'a fait avec la sa- gacité qui lui est propre. On ne par- lera pas de son premier travail , de celui consigné dans l'ouvrage qui vient d'être cité; il n'étoit qu'un apperçu : mais on donnera en entier celui qu'il a ré- digé pour une nouvelle édition , et dont il a permis de faire usage ici. Le louer seroit superflu , puisque le lecteur est mis à portée d'apprécier tout son mérite. INSECTES. Définition. Animal sans vertèbres , dont le corps et les pattes sont ar- ticulés. ORDRE PREMIER. CRUSTACÉS. Définition. Corps enveloppé d'une substance crustacée et calcaire , sans ailes, formé d'une pièce très-grande, et de quelques autres plus petites , ou d'une suite d'anneaux presque égaux 5 respirant par des branchies distinctes ; mandibules portant (presque toujours ) un palpe. Plusieurs palpes maxillaires, ou plusieurs mâchoires. Deux jeux , (excepté le seul genre Bopyre) des antennes ( quatre ou deux ) et des pattes Crustacés. I. 5 5o INTRODUCTION. nombreuses (dix- quatorze) propres uniquement au mouvement, (i) (i) On connoît si peu l'organisation inté- rieure des insectes, sur-tout leur principe de vitalité , il est même si difficile d'en faire une bonne étude , que je regarde la formation des classes qu'on vient de faire dans cette série d'animaux, les crustacés et les arachnides , comme prématurée. La squille mante , la crevette des ruisseaux , sont certainement des crustacés, et, cepen- dant l'organe qu'on suppose être les cœurs , ne diffère presque en rien, dans ces ani- maux , du vaisseau ordinaire que l'on voit chez les insectes, organe se contractant et se dilatant sans cesse, et auquel on refuse la fonction du cœur. Le citoyen Cuvier a disséqué , en ma présence , la squiile mante , et s'est ainsi convaincu de ce fait relativement à ce crustacé. Quant à la cre- vette des ruisseaux ^ l'observation est aussi trés-aisée à faire , sans la moindre dissec- tion. Il suffit d'exposer cet animal à la lu- mière, pour appercevoir la forme du vais- seau qui occupe presque toute la longueur INTRODUCTION. 5ï SECTION PREMIÈRE. Les crustacés proprement dits. Mandibules portant un palpe très- apparent. Plusieurs autres espèces de palpes formant la bouche, et distincts. Observations accessoires. Quatre an- tennes ; yeux pédoncules et mobiles dans un grand nombre -, premier anneau du corps, souvent très-grand. du dos. On en voit un semblable dans les cloportes en enlevant doucement le 5.me an- neau , où son mouvement est plus sensible. Je me bornerai donc à établir ici des ordres ; et comme les crustacés me pa- roissent les mieux organisés , je com- mencerai par eux. Cette raison me dé- termine à renvoyer l'ordre des arachnides après les insectes, proprement dits , immé- diatement avant l'ordre des entomostracés. Ces derniers animaux ont une conformation cjui les rapproche certainement des vers. Le 52 INTRODUCTION. A. Premier segment du corps fort grand , et dans lequel la tête et le cor- celet sont réunis -, jeux pédoncules et mobiles. Les crustacés pédiocles du citoyen Lamarck. a. Dix pattes. Premier segment du corps ou carapace occupant plus du tiers de la longueur totale ; branchies cachées sous ses côtés. caractère essentiel des insectes consiste dans la présence des pattes ; or, la plupart des entomostracés n'en ont réellement pas. Elles ne sauroient leur servir à marcher. Ce sont plutôt des branchies. Les limules , les ca- liges , qui en ont de véritables , ont même en- core de ces pattes branchiales. Leurs préten- dues antennes sont aussi souvent des vérita- bles branchies. Les crustacés, les insectes proprement dits , les arachnides ont leurs pattes terminées par une pointe dure et cor- née, par un ongle ou deux, que l'on ne voit pas dans les entomostracés. Les yeux dont les crustacés sont si bien pourvus , commen- INTRODUCTION. 55 f Queue toujours plus courte que le reste du corps , terminée par une seule pièce , n'ayant pas de chaque côté d'appendices foliacés , géminés et ar- ticulés. Observations accessoires. Corps dont la coupe est figurée en grand segment de cercle , dont l'angle de la pointe seroit tronqué , ou carré , ou presque en cœur; quelquefois ové ou triangu- laire ; antennes du milieu repliées sur elles-mêmes , et cachées. cent ici à disparoître. Les organes de la gé- nération du mâle sont situés , dans plusieurs de ces animaux , aux parties que l'on appelle antennes , de même que dans les palpes des araignées , ce qui dénote le voisinage des un* et des autres. Les caractères que j'assigne aux crustacés sont un peu longs , parce que j'ai voulu faire sentir la distinction qui existe entre ces intectes et les autres , notamment les entomostracés, avec lesquels on auroit pu les confondre. 54 INTRODUCTION. * Diamètre antérieur et transver- sal de la carapace surpassant, ou égalant du moins , le diamètre longitudinal ; coupe en grand segment de cercle , tronqué à son angle , ou presque en cœur , ou carré , ou rond ; milieu du bord antérieur ne formant point de bec. Observations accessoires. Antennes du milieu toujours repliées sur elles- mêmes , et cachées. Bras toujours ter- minés par une main à deux doigts. O. Carapace plus large que longue , figurée en grand segment de cercle , dont la pointe est tronquée , ou presque demi- circulaire , en cœur , ni carrée, ni ronde; jeux toujours situés vers le milieu du bord antérieur. — Point de pattes aux nageoires , ou terminées par une pièce large , appla- tie, foliacée. Genre premier. Crabe, Cancer. Cara- pace plane , sans dilatation aux angles INTRODUCTION. 55 postérieurs - pièces extérieures fer- mant la bouche ( palpes ) ayant le deu- xième article de la tige interne , ou le plus grand , arrondi à son extrémité ; mains ne formant pas de crête- pattes postérieures point repliées sur le dos. Exemple du genre. Cancer pagu- rus. Fâb. Genre II. Dromie, Dromia. Cara- pace sans dilatation aux angles posté- rieurs , très - bombée ; pièces exté- rieures fermant la bouche ( palpes ) ayant Je deuxième article de la tige interne , ou le plus grand , arrondi à son extrémité; mains ne formant point de crête ; pattes postérieures repliées sur le dos. * Corps très-velu. Exemple du genre. Dromia Rum- phii. Fab. Genre III. Hépate, Hepatus. Cara- 56* INTRODUCTION. pace sans dilatation aux angles posté- rieurs ; pièces extérieures fermant la bouche, ayant le deuxième article de la tige interne pointu 5 mains figurées en crête. Exemple du genre. Calappa angus~ tata. Fab. Genre IV. Calappe , Calappa. Cara- pace dilatée aux angles postérieurs ; pièces extérieures fermant la bouche , ayant le deuxième article de la tige interne arrondi à son extrémité ; mains très - comprimées , hautes, et figurées en crête. Exemple du genre. Calappa granu- lata. Fab. Des pattes en nageoires , ou terminées par une pièce large, applatie, foliacée. Genre V. Fortune , Portunus. Les INTRODUCTION. $J seules pattes postérieures en nageoires ; pièces extérieures fermant la bouche , ayant le deuxième article de la tige in- terne arrondi à son extrémité. Exemple du genre. Portuiius depu- rator. Fab. Genre VI. Matute , Matuta. Les huit dernières pattes postérieures en nageoi- res ; pièces extérieures fermant la bou- che, ayant le deuxième article de la tige interne pointu. Remarque. Antennes latérales très- petites. Exemple du genre. Matuta victor. Fab. O O. Carapace presque en cœur , ou carrée , ou ronde. Genre Vil. Ocypode , Ocypoda. Ca- rapace presque en cœur , ou rhomboï- dale; yeux portés sur un long pédon- 58 INTRODUCTION. cule -, qui s'étend le long d'une grande partie du bord antérieur ; aucune des pattes en nageoires. i.° Carapace bombée, en cœur; ex- trémité des yeux n'atteignant pas les angles latéraux. (Les Touriou- rous. ) Exemple du genre et de la division. Cancer cordatiis. Herbst. 2.0 Carapace plane , ou peu bombée , rhomboïdale ; extrémité des jeux attei- gnant les angles latéraux. Exemple du genre et de la division. Cancer vocans. Fab. — Ocypoda cera- tophtalma. Fab. Genre VIII. Podophtalme , Podoph- talmus. Carapace rhomboïdale. Pé- doncule des yeux très - longs ; pattes postérieures en nageoires. Exemple du genre. Podophtalmus Spinosus. Lamarck. INTRODUCTION. 5g Genre IX. Grapse , Grapsus. Cara- pace carrée , déprimée ; jeux insérés aux angles latéraux ; les quatre anten- nes sétacés , dans l'entre-deux ; pattes postérieures, n'étant pas considérable- ment plus petites que les précédentes. Exemple du genre. Cancer ruri- cola. Fab. Genre X. Porcellane , Porcellana. Carapace carrée, déprimée ; jeux in- sérés près des angles latéraux • deux antennes situées derrière les jeux et très-longues* pièces extérieures, for- mant la bouche, saillantes et velues; pattes postérieures beaucoup plus pe- tites que les précédentes. Exemple du genre. Cancer platy- cheles. Oliv. Cancer minutus. Fab. Genre XI. Pinnotlière ^Plnnotheres. Carapace orbiculaire, où carrée à angles arrondis ; jeux situés entre les angles 60 INTRODUCTION. latéraux et le milieu du bord antérieur; les quatre antennes insérées dans l'entre- deux. Deuxième article de la tige in- terne des pièces extérieures fermant la bouche , grand et couché sur le premier, qui est demi -circulaire, et commun aux deux tiges internes. Remarque. Animal parasite , vivant dans les coquilles bivalves. Exemple du genre. Cancer pi" sum. Fab. ** Diamètre antérieur et transversal de la carapace , n'égalant pas celui de la longueur 5 coupe ovée, ou triangu- laire. Observations accessoires. Antennes du milieu souvent saillantes, du moins en partie. Genre XII. Doripe , Doripe. Cara- pace ovoïde , déprimée , tronquée et rétrécie à sa partie antérieure. Aucune INTRODUCTION. 6l des pattes en nageoires ; les quatre pos- térieures recourbées sur le dos. Arti- cles de la tige interne des pièces ex- térieures, fermant la bouche, alongés. Exemple du genre Dorippe qua- dridens. Fab. Genre XIII. Leucosie , Leucosia. Ca- parace ovée ou arrondie , renflée en pointe à son extrémité antérieure • jeux très-petits ; antennes point ou peu appa- rentes. Aucune des pattes en nageoires ; pièces extérieures fermant la bouche , crustacées , avancées ; le deuxième arti- cle de la tige interne allant en pointe. Remarque. Bras longs. Exemple du genre. Leucosia craiiîo- laris. Fab. Genre XIV. Maïa, Maja. Carapace presque triangulaire; la pointe en de- vant; antennes intermédiaires cachées, du moins en partie , dans une fossette j Crustacés. I. 6 62 INTRODUCTION. jeux peu saillans et logés. Aucune des pattes en nageoires. Deuxième article de la tige interne des pièces extérieures qui ferment la bouche , arrondi ou ob- tus à son extrémité ; les suivans re- pliés en dedans , et petits. Remarque. Corps très-inégal ou fort rude , couvert de tubercules , ou orné de pointes ; extrémité antérieure ayant souvent de fortes dents. i.° Bras très -grands, dont la lon- gueur est double de celle du corps, faisant avec lui un angle droit ; les mains Rappliquant , dans toute leur longueur, contre le restant du bras • les Parthenopes de Fab. Exemple du genre et de la division. Parthenope longimana. Fab. 2.0 Bras grands , mais dont la lon- gueur n'est pas double de celle du corps, avancés ; les Inachus de Fab. INTRODUCTION. 63 Exemple du genre et de la division» Inachus araneus. Fab. Genre XV. Macrope , Macropus. Carapace triangulaire ; la pointe en devant , et formant un bec plus ou moins long, souvent très-pointu , et en alêne ; jeux saillans et découverts ; antennes intermédiaires découvertes , courtes et bifides ( comme celle des crabes ). Aucune des pattes en na- geoires. Pièces extérieures fermant la bouche, à tiges alongées; l'interne ayant le deuxième article terminé en pointe; les suivans presque aussi longs que les précédens. Remarque. Pattes excessivement lon- gues et très-menues j corps inégal. Exemple du genre. Inachus phalan- gium. Fab. Genre XVI. Orithye , Orithya. Ca- rapace arrondie postérieurement , uh 64 INTRODUCTION. peu rétrécie en bec tronqué , à sa partie antérieure; jeux saillans; pattes pos- térieures en nageoires. Premiers articles de la tige interne des pièces extérieures qui ferment la bouche, alongés ; le deuxième en pointe. Remarque. Corps tubercule et garni de pointes. Exemple du genre. Orithya mam- millaris. Fab. Genre XVII. Syméthis, Syméthis. Je ne le connois point. Fabricius lui donne pour caractères, de n'avoir, à ce qu'il paroît , que deux antennes , les intermé- diaires probablement; elles sont très- courtes , quadriarticulées , et logées exactement, chacune entre deux val- vules du bec , qui sont bifides dans leur longueur. Ce Naturaliste ne dit pas quelle est la forme de la carapace. Les bras ont leurs mains terminées par INTRODUCTION. 65 deux doigts ; les autres pattes finissent en pointe cornée et en faux. Exemple du genre. Symethis vario- losa. Fab. Genre XVIII. Coryste , Corystes. Carapace ovale , en pointe en devant ; antennes latérales, ou extérieures, rap- prochées au-dessous des yeux, avancées de la longueur du corps; les intermé- diaires reçues , du moins en partie, dans une fossette. Aucune des pattes en na- geoires; bras terminés par une main à deux doigts ; pattes postérieures re- jetées en arrière ; pièces extérieures fermant la bouche, à tiges alongées; le deuxième article de l'interne fort long , et en pointe au sommet. Exemple du genre. Albunea den- tata. Fab. Genre XIX. Albunée , Albunea. Carapace triangulaire et dont la base 66 INTRODUCTION. est en devant; quatre antennes en des- sous des yeux , sur une même ligne ; bras grands , terminés par une main très-comprimée, et n'ayant qu'un seul doigt en faux ; les autres pattes ter- minées en nageoires, placées, par paire, les unes sur les autres; queue étendue ; tiges des pièces extérieures qui ferment la bouche, alongées, étroites; Je deuxiè- me article de la tige interne, pointu. Exemple du genre. Albunea dorsi- pes. Fab. -j- f Dernier article de la queue , accompagné , à sa base , de chaque côté d'un appendice foliacé, géminé, articulé. * Appendices étroits , écartés ou la- téraux , petits , et ne se réunissant pas avec le dernier anneau de la queue , ou le terminal , pour former à son ex- trémité une autre queue foliacée, en éventail, et conni vente. INTRODUCTION. 6j Genre XX. Pagure, Pagurus. Corps mou 5 quatre antennes saillantes; les latérales longues , composées de beau- coup d'articles; les intermédiaires cour- tes , à pédoncule de quelques articles alongés , terminées par deux filets très- courts; jeux à pédoncule cylindrique; bras terminés par des mains ayant deux doigts. Aucun des autres en na- geoires. Exemple du genre. Pagurus ber- nardus. Fab. Genre XXL Emérite , Emerita. Ca- rapace ovale , tronquée aux deux bouts; quatre antennes saillantes , plumeuses ; les intermédiaires pédonculées et bifi- des ; yeux à pédoncule cylindrique ; bras et pattes terminées par une pièce ovale ; point de doigts ni d'ongles. Hippa emeritus. Eab. Remarque. Gronovius avoit fait, le 68 INTRODUCTION. premier , de ce crabe un nouveau genre, sous le nom d'Emerita. Pourquoi Fa- bricius l'a-t-ii changé? Genre XXII. Posydon , Posydon. Quatre antennes, à pédoncule simple ; celles du milieu plus courtes , et à deux filets; palpes extérieurs, foliacés, ou articulés à leur extrémité; pédicule des yeux en forme d'écaillé ; les mains des quatre pattes antérieures sans pouce mobile. * * Appendices , qui accompagnent le dernier anneau de la queue , se réu- nissant , et connivant avec lui pour former une autre queue commune , en éventail ; queue de la longueur du corps , ou plus. O. Antennes intermédiaires, cour- bées, a pédoncule de trois articles , alongées, terminées par deuxfilets très- pelits; (queue assez plane. ) Genre XXIII. Scyllare , Scy liants. INTRODUCTION. 6g Carapace en carré long ; antennes la- térales formées d'une ou plusieurs écail- les, en forme de crête ; point de mains aux pattes antérieures; toutes les pattes terminées en pointes ; yeux vers les an- gles latéraux. Remarque. Queue à feuillets , dont une moitié est crustacée, l'autre quasi membraneuse. Exemple du genre. Scyllarus arc- tus. Fab. Genre XXIV. Langouste , Palinurus. Carapace cylindrique , aiongée ; an- tennes latérales, sétacées, longues, épi- neuses ; point de mains aux pattes an- térieures ; toutes les pattes terminées par une espèce de brosse ; yeux vers le milieu. Remarque. Queue à feuillets à demi- crustacés, et à demi-membraneux. Exemple du genre. Palinurus homa- rus. Fab. 70 INTRODUCTION. Genre XXV. Galathée , Galatheet. Carapace ovoïde ; antennes latérales , longues , sétacées ; bras terminés par une main à deux doigts ; les autres pattes finissant en pointe , ou crochues ; yeux vers le milieu du bord intérieur de la carapace. Remarque. Un bec applati , court , denté sur ses côtés. Exemple du genre. Galathea stri- gosa. Fab. O O. Antennes intermédiaires , à pédoncule court , terminées par un , deux , ou trois filets sétacés , aussi ou plus longs que le pédoncule ; queue plus longue que la carapace. Genre XXVI. Écrevisse , Astacus. Carapace presque ovoïde, ou quasi cy- lindrique ; antennes extérieures lon- gues ; articles du pédoncule ayant des angles aigus en leurs bords , comme INTRODUCTION. 7E épineux; point d'écaillé latérale remar- quable ; antennes intermédiaires placées presque sur la même ligne que les in- termédiaires, courtes, bifides; les six ou quatre premières paires de pattes terminées par des mains à deux doigts; bras grands ; palpes extérieurs peu avancés. Remarque. Un bec applati. Exemple du genre. Astacus Jluvia- tilis. Fab. Genre XXVII. Alphée , Alpheus. Corps arqué , comprimé ; antennes la- térales , sétacées , longues, accompa- gnées d'une écaille sans épine; inter- médiaires insérées plus haut , plus courtes , à deux filets ; les quatre pattes antérieures terminées par des mains à deux doigts ; les mains des bras plus grandes ; palpes extérieurs longs et avancés. 72 INTRODUCTION, Remarque. Un bec subulé. Je ne rapporte ces caractères que d'après Fa- bricius. Exemple du genre. Alpheus ava- nts. Fab. Genre XXVIII. Péne'e , Penaeus. Corps comprimé , arqué ; antennes ex- térieures placées au-dessous des inter- médiaires, très-longues; pédoncule ac- compagné d'une écaille bifide et épi- neuse * antennes intermédiaires plus courtes , à deux filets ; les premières pattes terminées par des mains; palpes extérieurs longs et avancés. Remarque. Bec avancé , comprimé , et denté, lorsqu'il l'est, aux bords su- périeur et inférieur , ou à l'un des deux. Ce genre est très-voisin de celui dont nous donnerons les caractères sous le nom de Palœmon. Je ne l'ai point vu. Il me paroit que les quatre ou six pre- mières pattes antérieures sont terminées INTRODUCTION. jZ par des mains filiformes , et à deux doigts ; que , de même que dans ies palœmons , les bras ne sont pas les plus longs. Exemple du genre. Penaeus mono- don. Fab. Genre XXIX. Palaemon , Palœmon. Corps arqué , comprimé -, antennes ex- térieures insérées presque sous les jeux, sétacées, longues, accompagnées d'une écaille plus ou moins grande 5 antennes intermédiaires insérées un peuxau-des- sus des précédentes, à trois filets 5 les trois ou quatre paires de pattes anté- rieures terminées par des mains à deux doigts ; les bras souvent plus petits ; palpes extérieurs longs , avancés. Remarque. Bec comprimé , ensi- forme , denté souvent aux bords supé- rieurs et inférieurs ; dernier article de la queue, ou celui du milieu, pointu. Crustacés. I. 7 74 INTRODUCTION. Exemp. du genre. Palœmon squilla. lab. Genre XXX. Crangon , Crangon. Corps comprimé , arqué ; antennes ex- térieures longues j avec une grande écaille à leur base ; intermédiaires cour- tes, à deux filets ; yeux très-rappro- chés sous un bec; pattes antérieures , ou bras , terminées par une main n'ayant qu'un seul ongle mobile , sans autre doigt; les autres pattes simples; pal- pes extérieurs avancés. Remarque. Queue terminée en pointe au milieu. Exemple du genre. Crangon vulga- ris. Fab. b. Plus de dix pattes ; premier seg- ment du corps ou carapace, n'occupant pas plus du tiers de la longueur du corps, ou même moins; branchies ex- térieures. INTRODUCTION. ^D Genre XXXI. Squille, SquilLa. An- tennes extérieures simples , accompa- gnées d'une écaille ; les intermédiaires pédonculées , à trois filets ; yeux sail- lans; quarorze pattes ; les huit anté- rieures insérées à la poitrine , et ter- minées par un ongle crochu ; les pre- mières plus grandes ; ongles fortement denté en dessous ; les six autres paires de pattes natatoires , et sans ongle , in- sérées sous les anneaux qui suivent la carapace. Remarque. Corps alongé , presque cylindrique ; feuillets de la queue épi- neux. Exemple du genre. Squilla mantis. lab. Remarque. Rapportez à cette divi- sion le cancer pedatus d'Othon Fa- bricius, Fauna Groenlandica , n.°22i. Je crois que ce crustacé doit faire un j6 INTRODUCTION. nouveau genre , que je caractériserai ainsi : Mysis , Mysis. Corps comprimé ; quatre antennes ; deux simples et deux bifides 5 une écaille foliacée accompa- gant les extérieures 5 quatorze pattes terminées par un ongle 3 les antérieures, ou bras , très-courts , ayant une main avec un ongle , denté inférieu rement ; les autres pattes placées au milieu de deux rangs de branchies 3 queue à feuil- lets épineux. Le cancer oculatus du même Natu- raliste, se rapproche aussi beaucoup du cancer pedatus ; il manqueroit seule- ment de bras. Son cancer bipes , paroît faire le pas- sage des crustacés précédens avec ceux qui suivent. Ses yeux sont sessiles, mais mobiles et globuleux ; la carapace fait , avec le bec qu'elle a à sa partie antérieure, presque la moitié de la lon- gueur du corps. Ce bec est court , près- INTRODUCTION. fj que conique , convexe en dessus, en voûte en dessous , et d'où sortent deux antennes courtes , triarticulées , termi- nées par une soie. Au devant de sa poi- trine est attachée une paire de pattes , presque de la longueur de la carapace , sétacées , de quatre articles ; sous le milieu de la poitrine sont trois autres paires ; mais très-courles , et paroissant ne servir qu'à retenir les œufs. On voit ensuite cinq paires de branchies diri- gées en arrière , insensiblement plus longues , biarticulées et bifides , que Fabricius appelle pieds. La queue est formée de six articles , dont les trois derniers sont trois fois plus longs que les premiers ; elle a , de chaque côté , à son extrémité , un style simple , biar- ticulé, sétacé au bout. B. Premier segment du corps point , ou à peine plus grand que les au- tres ; tête distincte ; yeux sessiles , peu 78 INTRODUCTION. ou point saillans; corps formé d'une' suite d'articles presque égaux. Les crus* tacés sessiliocles du citoyen Lamarck. a. Une queue ; des branchies en des- sous, et des pointes articulées au bout. Genre XXXII. Talitre , Talitrus. Quatre antennes simples ; les intermé- diaires supérieures , et plus courtes que le pédoncule des latérales et inférieures; dix à quatorze pattes. Exemple du genre. Gammarus lo- custa. Fab. — Oniscus gammarellus. Pallas. Genre XX XI H. Crevette , Gamma- rus. Quatre antennes; les latérales ou antérieures ayant un petit filet ; les in- termédiaires , supérieures, et plus lon- gues que le pédoncule des précédentes; quatorze pattes ; les quatre antérieures terminées par des mains. INTRODUCTION. ng Exemple du genre. Gammarus pu- lex. Fab. Remarque. Othon Fabricius décrit plusieurs crustacés qui doivent se rap- porter probablement à quelqu'un de ces deux genres. Je pense qu'il faut placer dans le premier ses oniscus ser- ratus , clcoda , medusarum • dans le second , ses oniscus arenarius , strœ- mianus , abyssinus. b. Point de queue , de branchies ex- térieures , ni de pointes articulées à la partie postérieure du corps. Remarque. Corps de sept anneaux ; dix à douze pattes terminées par un crochet. Genre XXXIV. Liparis , Liparis. Corps filiforme, long ; pattes alongées. ( Ovaires placés sous le troisième et quatrième anneau. ) Exemp. du genre. Squilla lobata.~Fab. 80 INTRODUCTION. Genre. XXXV. Cyame , Cyamus. Corps large , court 5 pattes courtes ; quatre fausses pattes vers les anneaux du milieu. Exemple du genre. Oniscus ceti. Lin. SECTION SECONDE. Les crustacés improprement dits. Mandibules sans palpe apparent ; bouche n'en ayant au plus qu'une ou deux paires de distincts. Observations accessoires Quatre ou deux antennes simples; jeux sessiles, souvent peu sensibles ou presque nuls; corps formé d'une suite d'articulations sans différence de grandeur extraordi- naire; quatorze pattes. A. Quatre antennes , ou point du tout ; des pièces membraneuses , fo- liacées , insérées vers l'extrémité du corps , et dont la direction est dans INTRODUCTION. 8l le sens de la longueur. (Palpes dis- tincts dans plusieurs.) a Des antennes et des jeux distincts; pattes très-apparentes. | Les dernières paires de pattes moins alongées , et dépassant sensible- ment les côtés du corps , droites, et pre- nant leur naissance à peu de distance descôtés; antennes de longueur inégale. Genre XXXVI. Idotée, Idotea. Corps alongé ; quatre antennes distinctes ; point de styles, ou pointes, articulés et bifides à la partie postérieure du corps qui a des lames foliacées et lon- gitudinales en dessous. Exemple du genre. Oniscus mari- nus, Entomon Lin. Genre XXXVII. Aselle , Asellus. Corps alongé; quatre antennes distinc- tes ; des styles 3 ou pointes , articulés 8s INTRODUCTION. et bifides à la partie postérieure du corps. Exemple du genre. Oniscus aqua- ticus. Lin. Genre XXXVIII. Sphérome, Sphœ- rorna. Corps ovale , se mettant en boule ; quatre antennes distinctes; point de styles à l'extrémité postérieure du corps ; une pièce ou lame large , de chaque côté, au dernier anneau. Exemple du genre. Oniscus globa- tor. Pallas. f f Pattes courtes, paroissant naître près du milieu de la partie inférieure du corps , s'appliquant contre une partie dirigée obliquement , et qui tient lieu de hanche ; antennes de longueur égale. Genre XXXIX. Cymothoa , Cymo- ihoa. Corps crustacé , convexe, tron- qué ou très-obtus postérieurement 5 des INTRODUCTION. 83 jeux distincts ; pattes terminées par un ongle très-fort. Exemple du genre. Cymothoa asllus. Fab. b. Point d'antennes ni d'yeux dis- tincts ; pattes excessivement courtes. Genre XL. Bopyre , Bopyrus. Corps applati , légèrement crustacé , ové ; pointe oblique ; pattes excessivement petites , recoquiilées , insérées aux bords des anneaux ; animal parasite , vivant sous une loupe qu'il forme à la partie latérale et antérieure du palœ- mon squilla. (Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, année 1772. ) B. Deux antennes* des feuillets trans- versaux à la base de la queue , en dessous. (Palpes nuls ou difficiles à dis- tinguer. ) Genre XLI. Ligie , Ligia. Corps oblong , plat ; quatre antennes ; les $4 INTRODUCTION. extérieures plus longues , et dont la dernière pièce est composée d'un grand nombre de petits articles ; des styles saillans à l'extrémité postérieure du corps. Exemple du genre. Ligia oceanica* Fab. ORDRE II. E N T O M O S T R A C É S. Définition. Corps caché , du moins en partie, sous une pièce clypéacée, ou renfermé entre deux valves , sem- blables à celles d'une coquille bivalve , ou formé d'une suite d'anneaux , dont le premier est beaucoup plus grand ; en- veloppe membraneuse , ou plutôt co- riacée ou cornée , que calcaire j bouche souvent peu distincte , sans palpes sen- sibles ( deux mandibules et deux mâ- choires au plus ) ; quatre , deux ou point INTRODUCTION. 8d d'antennes, ressemblant souvent, ainsi que tous les pieds, ou quelques-uns, à des branchies ou à des pièces propres uniquement à la natation (un ou deux yeux très-petits , souvent peu distincts). Remarque. Les pattes des insectes des ordres précédens sont terminées , ou par une pointe dure, écailleuse ou cornée , d'une consistance différente de la patte, ou par un ou deux petits crochets , également écailleux , et ar- ticulés avec la patte , ce qui ne s'ob- serve pas dans les entomostracés. SECTION PREMIÈRE. Les entomostracés marcheurs. Pattes ou du moins la majeure partie servant à marcher ; corps ciypéacé ; bouclier adhérent sur toute sa surface intérieure. Genre XLIl Limule , Limitais. Crustacés. I. .. o 86 INTRODUCTION. Deux boucliers dorsaux ; point d'an- tennes sensibles ; deux mandibules coudées , terminées par deux pinces ; cinq paires de pattes terminées, les unes en pointes, les autres par deux tenailles ; une autre paire à appendices foliacés ; deux jeux dorsaux ; une queue dure et pointue, ensifbrme. Exemple du genre. Limujlus gio-as. Eab. 6 * Remarque. Gronovius avoit, le pre- mier , établi ce genre sous le nom de xiphosure. Genre XLlll. Calige , Caligus. Deux boucliers dorsaux; deux antennes très-sensibles ; bouche peu distincte ; huit à dix pattes; les postérieures avec deux appendices branchiales; deux jeux marginaux ; deux filets ou tuyaux for- mant la queue. Exemple du genre. Caligus curtus , Caligus productus. Mu lier. INTRODUCTION. 87 Remarque. Ces deux entomostrace's diffèrent l'un de l'autre par des carac- tères essentiels, et on devroit peut-être en faire deux genres. Genre XLIV. Binocle , Binoculus. Un seul bouclier dorsal • corps hémis- phérique ; deux antennes petites ; une espèce de bec; six pattes; deux yeux latéraux ; queue formée d'anneaux , terminée par des appendices barbus. Exemple du genre. Binoculus, n.° 2. Geoffroi. Histoire des Insectes des en- virons de Paris. Tom 2. pag. 660 , pi. 21, fig. 3. SECTION SECONDE Les entomostrace's branchipèdes* (Schœffer. ) Pattes ne servant point à marcher » bouclier ou valves , dans ceux qui eu 88 INTRODUCTION. sont pourvus , n'adhérant pas au corps par toute sa surface intérieure. A. Un bouclier ou deux valves en forme de coquille , couvrant ou ren- fermant le corps. Genre XLV. Apus, Apus. Un bou- clier ; deux antennes ; deux mandi- bules et deux mâchoires ; des pattes nombreuses et foliacées; queue annel- lée , terminées par deux filets. Exemple du genre. Limulus apus. Fab. Remarque. Les anémones de Millier qui sont monocles, qui ont deux an- tennes et quatre pattes. ( Monoculus satyrus. Fab.^ Ses nauplies, qui ont deux ou quatre pattes déplus, (Mono- culus saltatorius , Fab.,1 ne sont, sui- vant le cit. Jurine , que des larves de cyciope. (Voyez ce genre plus bas.) INTRODUCTION. 8g Genre XL VI. Lyncé , Lynceus. Test bivalve, échancré près du bout antérieur qui représente un bec ; anten- nes en pinceau ; pattes de même , et au nombre de huit; deux yeux. Exemple du genre. Monoculus bra- chiurus. Fab, Genre XLVll. Daphnie, Daphnia. Test bivalve ; une tête apparente ~7 avec deux bras; huit à dix pattes; un seul œil, une queue. Exemple du genre. Monoculus lœ- vis. Fab. Genre XLV III. Cypris, Cypris. Test bivalve ; tête cachée; deux an- tennes en pinceaux ; quatre pattes ; un seul œil , une queue. Exemple du genre. Monoculus con~ chaceus. Fab. Genre XLIX. Cythère , Cytherect.- go INTRODUCTION. Test bivalve; tête cachée ; deux anten- nes simplement pileuses ; huit pattes. Exemple du genre. Monoculus vi- ridis. Fab. B. Point de bouclier ou de valves ; premier anneau du corps simplement plus grand , se repliant sur les côtés. Genre L. Polyphème, Polyphemus, Un œil en forme de tête; une espèce de corcelet ; deux rameaux ou bras dichotomes ; une queue. Exemple du genre. Polyphemus ocu- lus. Muller. Genre. LL Cyclope , Cyclops. Corps alongé, diminuant insensiblement pour former une queue; deux à quatre an- tennes ; six à dix pattes soyeuses ; un seul œil. Exemple du genre. Monoculus qua- dticornis. Fab. INTRODUCTION. gt Genre LIL Branchiopode, Branohio- poda. Corps alongé, filiforme, dont la moitié postérieure forme une queue, terminée par deux filets • une tête • deux antennes capillaires ; deux jeux pé- doncules; deux avancemens, en forme de mandibules à la bouche; onze paires de pattes foliacées , branchiales ; dou- zième article ayant des ovaires ou des crochets, suivant les sexes. Exemple du genre. Branchiopoda stagnalis. Lamarck. Cancer stagnait s , Lin. On trouve des crustacés décrits et figurés dans un grand nombre d'auteurs depuis Rondelet , le premier des mo- dernes, jusqu'à Herbst, qui, comme on l'a déjà dit, vient de donner un ouvrage sur les crustacés avec beau- coup de figures coloriées. Les princi- oa INTROD tJCÏ ION. paux de ces auteurs sont : Aldrovande> Swammerdam , Rumphius , Séba , Jonston, Margrave, Pison, Kempfer, Sloanne , Brown , Catesby , Petiver , Gronovius, Knorr, Barelier, Baster , Klein , Plancus , Pennant , Roesel , Degeer , Muller , Linnœus , et Fabri-* cius. On doit aussi citer Sachs , qui a publié, en i665, un ouvrage latin de 900 pages, intitulé, Gammarologia , où il traite des crustacés sous tous les rapports, comme on en pouvoit traiter à cette époque, c'est-à-dire, que son ouvrage est une indigeste compilation de tout ce qui a été écrit par les anciens et ies modernes sur les crustacés. Actuellement que l'histoire de la science des crustacés a été parcourue , il convient de passer aux élémens de la science même. Les crustacés sont des animaux dont le corps et les membres sont articulés qui ont pour peau une croûte calcaire , INTRODUCTION. Cp qui se renouvelle tous les ans , un cer- veau et des nerfs , des branchies pour la respiration , un cœur musculaire et des vaisseaux pour la circulation , et enfin , qui engendrent plusieurs fois dans leur vie. Us diffèrent des poissons et des mol- lusques avec lesquels ils vivent, parce qu'ils ont des membres articulés. Us diffèrent des insectes avec lesquels ils ont les plus grands rapports d'organi- sation extérieure, parce qu'ils ont- des branchies. Leur corps se divise en tronc et en extrémité , comme celui de la plupart des autres animaux. Chez fort peu , la tête est distincte du corcelet , et elle ne se remarque que par la place des or- ganes qui lui sont propres, tels que la bouche , les jeux et les antennes avec leurs accompagnemens. Les antennes varient en nombre, mais la très-grande majorité en a quatre, de <)4 INTRODUCTION. sorte que cette quantité est généralement regardée comme caractère de la classe. L'organisation de ces antennes est diffé- rente, sous quelques rapports, des mê- mes parties chez les insectes. Presque toujours elles sont divisées en deux par- ties ; l'une, composée d'articles longs et gros, c'est celle qui est la plus voisine de la base; l'autre, formée d'une im- mense quantité d'articles très-étroits, arrondis , allant en diminuant de gros- seur , c'est celle qui la termine. Aucune autre classe dans la nature n'a les organes de la manducation si compliqués. La bouche est toujours accompagnée d'un formidable appareil d'instrumens propres à briser, à retenir la proie. Le nombre des parties qui la composent varient dans chaque genre. Aussi , est-ce d'après ces organes que Fabricius a établi ses caractères géné- rique s et que Latreille a coordonné les siens. Leur étude est aujourd'hui indis- m.i.Pqf.4%. 7>7 . -Letéftier ifcu/p. INTRODUCTION. q5 pensable à ceux qui veulent apprendre connoître les crustacés. C'est sur eux que reposent , on peut le dire sans exagération, les fondemens de la science qui les a pour objet. Pour en donner une idée précise , on va décrire toutes ces parties d'après Olivier, (i) Voyez pi. i , où on a figuré en haut celles du portune dépurateur , et en bas , celle de i'écrevisse de rivière pour faire sentir leur différence de forme. Les antennules sont au nombre de huit. Deux (aa) ont leur attache à la partie latérale des mandibules • deux (bb) à la lèvre inférieure; et quatre (ce dd) un peu au-dessous de la bouche. Les deux premières , guère plus longues que les mandibules , sont fili- (i) Mémoire sur les parties de la bouche des insectes. Journal de Physione, juin 1788. $6 INTRODUCTION. formes, velues et composées de deux articles bien distincts, dont le premier, est plus court que le second, et celui-ci est terminé en pointe. Elles ont leur attache à la partie latérale externe des mandibules. Les secondes, plus longues que les premières , sont composées de deux articles, dont le premier, aiougé , égal , prismatique, et le second plus mince , sétacé et recourbé : elles ont leur attache à la base externe de la lèvre inférieure. Les troisièmes, immédiatement au- dessous de celles-ci , sont bifides , ou composées de deux pièces , dont l'ex- térieure, semblable à l'antennule pré- cédente , est seulement un peu plus grosse ; l'intérieure ( hh ) est composée de cinq articles , dont le premier est court et très-large, le second alongé et prismatique 5 les trois derniers sont presque égaux , courts et velus. Les quatrièmes , insérées au devant INTRODUCTION. gj des pattes, sont bifides ; la pièce exté- rieure est semblable à celle de la pré- cédente ; elle est seulement un peu plus grosse 5 l'intérieure (zï) est composée de six articles , dont le premier est large et très-court ; le second alongé et prismatique ; le troisième large , applati , et presque rond ; les deux suivans courts et égaux ; le dernier terminé en pointe. La lèvre inférieure (eeee ) est double et divisée en quatre parties appliquées sur quatre autres presque semblables , dont la moitié d'un côté, et la moitié de l'autre ; ces pièces sont membra- neuses , ciliées en leurs bords ; on en voit deux (ffff) de chaque côté, qui sont très-minces , fortement ciliées , et qui ressemblent aux mâchoires de la plupart des insectes; elles sont appli- quées contre les mandibules (gg). Par la réunion de ces pièces ciliées , la bouche se trouve exactement fermée. Crustacés. T. 9 98 INTRODUCTION. Peut-être font-elles aussi l'office de mâ- choires. Les mandibules (gg) sont très-fortes et très-dures , d'une consistance pres- que osseuse, convexe d'un côté , con- cave , ou en forme de cuiller , et à bords tranchans de l'autre. Ces man- dibules se meuvent latéralement, ainsi que celles de tous les insectes. Le corcelet est la partie qui varie le plus dans les crustacés. Il est ovai ou carré , ou trapizoïde et applati dans les premiers genres ; globuleux , inégal , dans les suivans. Ensuite il devient cylindrique , même linéaire, et applati sur les côtés. On ne peut en- trer ici dans tous les détails relatifs à cette diversité de formes. On les trou- vera à la tête de chaque genre. Tous les crustacés ont une queue; mais , quoiqu'elle varie moins que le corcelet , il n'en est pas plus facile de la caractériser généralement. Les INTRODUCTION. pQ genres qui composoient la division des brachyures de Linnœus ont une Cfueue plate , simple , presque trian- gulaire , composée ordinairement de sept articulations, qui s'emboîtent dans une dépression du ventre. Les genres qui composoient la division des ma- croures, du même auteur ,en ont une, composée de même nombre d'articula- tions; mais ici elles sont bombées, et terminées, par cinq lames natatoires qui ne se voient pas dans les pre- mières , et elles ne peuvent que se re- courber sous elles-mêmes. La leucosie n'a que deux articulations, mais c'est un fait isolé. Dans tous , la queue des femelles est garnie de filets pro- pres à recevoir les œufs à leur issue du corps. Les pattes, dans les crustacés, sont, en général, au nombre de dix, com- posées , chacune de cinq à six articu- lations inégales , dont la dernière est, 100 INTRODUCTION. au moins à quelques paires, terminée en pointe. En général , la première paire est plus grosse que les autres , et ter- minée par une pièce plus large et plus grosse encore que les autres; on l'ap- pelle main. Le côté intérieur , de cette main, a une excision, ou s'amincit subi- tement pour donner place à une partie que l'on appelle le doigt , laquelle est articulée et jouit d'un mouvement la- téral d'ouverture et de fermeture sur l'autre côté. La réunion de ces parties constitue la pince , dont la forme , la grandeur et les accompagnemens va- rient , non seulement selon les genres , mais encore selon les espèces. Toutes les parties qu'on vient de passer si rapidement en revue, seront détaillées et caractérisées d'une ma- nière convenable à la tête de chaque genre. L'anatomie des crustacés a été tentée dès le temps du renouvellement des INTRODUCTION. IOI sciences en Europe ; cependant elle est encore très - imparfaitement connue. Roesel est celui qui a fourni les meil- leurs matériaux à cet égard ; mais ses connaissances, bornées dans cette partie, ne lui ont pas permis de donner à ses excellentes figures tout le développe- ment que comportoit le sujet. C'est cependant lui qu'on est obligé de consulter toutes les fois qu'on veut parler des organes de la respiration ? de la digestion et de la génération de ces animaux , Cuvier n'ayant en- core publié , de ses travaux sur le même objet, que ce qui concerne les organes du mouvement et des sen- sations. Le système musculaire des crustacés se borne aux mouvemens de la queue, des pattes , des organes de la mandu- cation , et de quelques autres parties moins importantes; car dans cet ordre il n'y a point de muscles pour mouvoir 102 INTRODUCTION. la tête sur le corceiet , puisque ces deux pièces sont soudées ensemble. On va, d'après Cuvier, passer en revue les muscles de ces différentes parties dans le genre de l'écrevisse , qui tient le milieu dans la série naturelle des crustacés , c'est-à-dire , qui est à égale distance des crabes et des cy- clopes. Dans les écrevisses, donc, la queue est formée de six segmens principaux et terminée par cinq lames. Les seg- mens varient un peu pour la forme ; ils sont convexes en dessus et se re- couvrent les uns et les autres comme des tuiles. En dessous , ils sont plus étroits et réuuis par une membrane lâche , qui leur permet un grand mou- vement. Ils portent là , dans l'angle de réunion de leur portion inférieure avec la dorsale, des espèces de nageoires crus- tacées , bordées de cils , et formées de ■plusieurs articulations ; on les nomme INTRODUCTION. Ï03 fausses pattes, ou pattes natatoires. Elles se meuvent de devant en arrière et un peu de dehors en dedans , à l'aide de petits muscles contenus dans l'inté- rieur de chaque articulations , mais , qui ne diffèrent pas assez de ceux des vraies pattes pour devoir les décrire en particulier. Les cinq lames qui terminent la queue , sont deux paires et une impaire ; celle du milieu est articulée directe- ment avec le dernier segment. C'est sous cette lame que se trouve l'ouver- ture de l'anus. Dans quelques espèces , elle est comme brisée dans son mi- lieu, et susceptible d'un petit mouve- ment. Les deux lames latérales sont supportées par une pièce commune qui s'articule avec le dernier segment de la queue. La lame la plus externe est simple et ciliée . comme celle d u milieu, à son extrémité -, mais l'externe est T04 INTRODUCTION. comme articulée vers son tiers infé- rieur, ou plutôt formée de deux pièces, dont la première recouvre par son ex- trémité , qui est dentée, la petite qui la suit , dont le bord est garni de cils très-serrés. Les muscles qui meuvent celte queue ont une conformation très -singulière; ils forment deux masses distinguées l'une de l'autre par le canal intestinal. La masse dorsale est plus menue et moins composée. On y remarque trois sortes de fibres. Les premières cons- tituent un muscle qui s'attache dans la partie dorsale du corcelet vers son quart postérieur. Il se dirige ensuite obliquement de devant en arrière, et de dedans en dehors , vers les parties latérales du premier segment de la queue où il s'insère. Lorsque le muscle d'un côlé agit séparément , il porte la queue à droite ou à gauche. Lors- INTRODUCTION. 105 que tous deux agissent ensemble, ils doivent la redresser quand elle est flé- chie, et la maintenir droite. La seconde et la troisième séries des fibres musculaires s'étendent sur toute Ja longueur du dos en deux lignes pa- rallèles, très-contiguës. Elles viennent des parties latérales et supérieures de la cloison du corceiet sur laquelle s'ap-* pliquent les branchies. Elles s'atta- chent là par divers digitations. Arri- vées sur le premier anneau de la queue , on remarque à la surface une petite intersection , et l'on voit qu'un petit trousseau de fibres se contourne pour s'insérer à ce premier anneau, et ainsi de suite pour chacun de ceux qui sui- vent. Cette disposition donne à la bande interne une apparence de corde tordue. La portion externe de la masse dor- sale est formée de fibres distinctes et longitudinales. La masse ventrale des muscles de la 10b INTRODUCTION. queue est beaucoup plus épaisse et plus compliquée que celle du dos. Pour se faire une idée précise de sa compo- sition, on la décrira comme vue sous trois faces. Le muscle ventral de la queue , vu par le dos, prend naissance dans l'intérieur du thorax , au-dessous de la partie osseuse , grillagée, qui ren- ferme les muscles des hanches ; ce mus- cle est alors partagé en droite et gauche - chacun d'eux est formé de trois lar- ges digi tarions. Arrivés sur le pre- mier segment de l'abdomen , les fibres longitudinales plongent sous d'autres, qui sont contournées , et qui les em- brassent. Le "reste du muscle, sur toute la longueur de la queue , est aussi for- mé de deux séries de fibres convexes et courbées parallèlement les unes à côté des autres, séparées de* droite à gauche par une gouttière dans laquelle est logée le canal intestinal. INTRODUCTION. IO7 Le muscle ventral de la queue , vu par-dessous même , présente trois or- dres de fibres bien marquées. La pre- ' mière série est produite par la face inférieure des digitations qui s'insèrent sur les grillages osseux du thorax. La seconde série est formée défibres obli- ques qui sont la continuation des pre- mières , et qui s'étendent de la ligne moyenne dans laquelle est situé le cor- don médullaire des nerfs, jusque sur les parties latérales des anneaux dans l'angle qui résulte de la réunion de la portion dorsale avec la ventrale. Il y a deux forts trousseaux de fibres pour chacun des angles des anneaux, depuis le premier jusqu'au sixième. Enfin, la troisième série est produite par des trousseaux impaires de fibres transver- ses qui décrivent des arcs dont la con- vexité est inférieure. Ces cerceaux mus- culeux , applatis , correspondent à l'ex- trémité de chacun des anneaux , et 1 08 INTRODUCTION. paroissent former autant de poulies dé- rivatoires pour les fibres obliques dont on vient de parler. Enfin, le muscle ventral de la queue, coupé longitudinalement dans sa partie moyenne, ressemble à une corde dont les spires seroient peu obliques. Les fibres qui correspondent aux trous- seaux transverses, sont distinctes et plus étroites. De cette singulière complication , il résulte que ce muscle isolé de toutes ses adhérences , ressemble à une tresse très-serrée , dont chacun des fils , au lieu d'agir dans la direction longitu- dinale , se meut obliquement dans le canal formé par les fibres voisines. Chacune des articulations des pattes a deux muscles, un extenseur et un flé- chisseur. L'extenseur de la hanche est situé dans l'intérieur du corcelet, sur la pièce cornée qui soutient les branchies, un INTRODUCTION. IO9 peu en devant de la branche , qu'il tire en avant. Le fléchisseur de la hanche est aussi attaché sur la pièce cornée qui soutient les branchies ; mais il est placé en ar- rière , et produit le mouvement con- traire du précédent. L'extenseur de la cuisse est plus fort que le fléchisseur ; il est attaché dans l'intérieur de la hanche , à sa portion antérieure, et s'insèîeà l'éminence su- périeure de l'articulation de la cuisse. Il est plutôt abaisseur. Le fléchisseur de la cuisse, ou mieux le releveur, est plus court que le pré- cédent, Il occupe la partie postérieure interne de la cuisse , et s'insère à l'éminence inférieure de l'articulation. L'extenseur de la jambe est situé dans l'intérieur de la cuisse, dont il occupe toute la largeur. Il s'insère au bord externe de l'articulation de la jambe. Crustacés. I. 10 110 INTRODUCTION. Le fléchisseur de la jambe est moins fort que son extenseur. Il est couché sous lui, et s'insère au bord interne de l'articulation. L'extenseur de la première pièce du tarse s'attache intérieurement à tout le bord supérieur de la jambe, et s'in- sère à 1 eminence la plus élevée de l'ar- ticulation de la quatrième pièce. Le fléchisseur de la première pièce est attaché aussi dans l'intérieur de la jambe , mais à son bord inférieur ; et il s'insère à l'éminence la plus basse de l'articulation. . L'extenseur de la serre et son flé- chisseur occupent et partagent l'inté- rieur de la quatrième pièce. Leur place détermine leurs fonctions. L'extenseur du pouce est un très- petit muscle qui occupe la partie supé- rieure de la pince. Le fléchisseur du pouce s'attache à tout le reste de la pince. Il a un fort INTRODUCTION. III tendon , osseux , intermédiaire , plat et oblong. Il est très-volumineux. Les crustacés qui ressemblent tant aux insectes par leurs organes du mou- vement , quoiqu'ils en diffèrent beau- coup par ceux de la respiration , ont aussi un système nerveux semblable à celui des insectes , au moins quant aux parties essentielles. Dans les écrevisses, la partie moyenne de ce système est un cordon noueux qui se prolonge d'une extrémité du corps à l'autre. Dans les crabes , il y a au mi- lieu du corps un cercle médullaire d'où les nerfs du corps partent comme des rayons. Dans ces divers animaux le cerveau est placé à l'extrémité antérieure du museau , et par conséquent assez loin de la bouche, qui s'ouvre sous le cor- celet. C'est ce qui fait que les cordons du collier de l'œsophage sont plus alon^ gés que dans d'autres. HZ INTRODUCTION. Le cerveau de fécrevisse est une masse plus large que longue, dont la face supérieure est assez distinctement divisée en quatre lobes arrondis. Les lobes moyens produisent de leur bord antérieur chacun un nerf, qui est l'opti- que. Ce nerf se rend directement dans le tubercule mobile qui porte l'œil , et il s'y dilate et s'y divise en une multitude de filets qui forment un pinceau, et aboutissent à tous les petits turbercules de l'œil. De la face inférieure du cerveau naissent quatre autres nerfs qui vont aux quatre antennes, et qui donnent quelques filets aux parties voisines. Les cordons qui forment le collier naissent du bord postérieur du cerveau. Ils don- nent chacun, vers le milieu de leur longueur, un gros nerf qui va aux man- dibules et à leurs muscles ; ils se réu- nissent sous l'estomac en un ganglion oblong qui fournit des nerfs aux di- ! INTRODUCTION. I l3 verses paires de mâchoires. A partir de cet endroit, les deux cordons restent rapprochés dans toute la longueur du corcelet , et y forment cinq ganglions successifs , placés entre les articulations des cinq paires de pattes. Chaque patte reçoit un nerf du ganglion qui lui cor- respond, et ce nerf pénètre jusqu'à son extrémité ; c'est celui de la serre qui est le plus gros. Les cordons médullaires, arrivés dans la queue, s'y unissent si intimement , qu'il n'est plus possible de les distinguer. Ils y forment six gan- glions , dont les cinq premiers fournis- sent chacun deux paires de nerfs. Le dernier en produit quatre, qui se dis- tribuent , en rayons , aux nageoires écailleuses qui terminent la queue. Le pagure , dont la queue n'est pas recouverte d'écaillés articulées, paroît avoir beaucoup moins de ganglions que l'écre visse : on ne lui en voit que cinq. Dans les squilles il y a dixganglions 114 INTRODUCTION. sans compter le cerveau. Celui qui est à la réunion des deux cordons qui ont formé le collier, donne des rameaux aux deux serres et aux trois paires de pattes qui les suivent immédiatement , et , qui , dans ces animaux , sont presque ran- gées sur une même ligne transversale : aussi ce ganglion est -il le plus long de tous. Chacune des trois paires sui- vantes a son ganglion particulier. Il y en a ensuite six dans la longueur de la queue qui distribuent leurs filets aux muscles épais de cette partie. Le cer- veau donne immédiatement quatre troncs de chaque côté , savoir : l'op- tique ; ceux des deux antennes et le cordon qui forme le collier. Comme les antennes sont placées ici plus en arrière que le cerveau, leurs nerfs se dirigent en arrière pour s'y rendre. Dans les crabes , le cerveau ressem- ble à celui de l'écrevisse par sa forme et sa situation. Il fournit aussi des nerfs INTRODUCTION. IlO analogues , mais qui se dirigent plus sur les côtés, à cause de la situation des jeux et des antennes. Les cordons mé- dullaires qui forment le collier donnent aussi, chacun, un nerf aux mâchoires, mais les cordons se prolongent beau- coup plus en arrière que dans les écre- visses , sans se réunir : ils ne le font que dans le milieu du thorax , et là , commence une masse médullaire, figu- rée en anneau ovale , évidée dans son milieu , et huit fois plus grande que le cerveau. C'est du pourtour de cet an- neau que naissent les nerfs qui vont aux diverses parties ; il fournit six nerfs de chaque côté pour les mâchoires et les cinq pattes , et il y en a un on- zième, ou impaire, qui vient de la partie postérieure , et se rend dans la queue. Il représente , pour ainsi dire , le cor- don noueux ordinaire; mais ses gan- glions , s'il en a , ne sont point visibles. Dans les cloportes 9 les deux cor* ï 1 6 INTRODUCTION, dons qui composent la partie moyenne du S3rstême nerveux , ne sont pas en- tièrement rapprochés. On les distingue bien dans toute leur étendue. Il y a neuf ganglions, sans compter le cer- veau; mais les deux premiers et les deux derniers sont si rapprochés, qu'on pourrait les réduire à sept. Dans les monocles, le cerveau est un petit globe presque transparent , situé sous l'intervalle des yeux. Le cordon mé- dullaire est double , et a un renflement à chacune des nombreuses articulations du corps ; mais le tout est si mince et si transparent , qu'on a peine à s'assurer de sa véritable nature. Le nerf optique, des crustacés, tra- verse le tubercule sur lequel leurs yeux sont placés; et, arrivé au centre de leur convexité, il forme un petit bouton , d'où partent , en tout sens , des filets i rès-fins, qui rencontrent, à quelque distance , la membrane choroïde , qus INTROD UCT ION. I IJ est à peu près concentrique à la cor- née, et qui enveloppe cette brosse sphé- rique de l'extrémité du nerf, comme le feroit un capuchon. Toute la dis- tance entre cette choroïde et ]a cornée , est occupée , comme dans les insectes , par des filets blanchâtres, serrés, qui se rendent perpendiculairement de l'une à l'autre , et dont l'extrémité qui tou- che à la cornée , est également enduite d'un vernis noir. Ces filets sont la continuation de ceux qu'a produits le bouton qui termine le nerf optique , et qui ont percé la cho- roïde. Actuellement il faut passer à la des- cription des viscères , et quitter le mé- thodique Cuvier , pour l'obscur Roesel. Lorsqu'onenlève la croûte qui couvre la poitrine d'une écrevisse , on voit de chaque côté , derrière les cavités qui contiennent , dans le temps du change- ment de peau , les pierres d'écre visses Il8 INTRODUCTION. et dans d'autres temps , une matière verdâtre ; plus bas est l'ouverture des ouies , fermée de plusieurs feuil- lets , au milieu desquels est un tuber- cule qui semble être leur point central de mouvement. Cette ouverture com- munique avec les branchies , qui sont composées par des lames brunes , fran- gées , courbées en dessus , et qui res- semblent à des feuilles. Il est presque impossible de les compter. Elles sont accompagnées de filets membraneux, et plumeux , et de poils noirs et frisés. Elles embrassent les deux côtés du corps , comme on le peut voir dans les écrevisses cuites , où ces parties sont coriaces et sans goût , de sorte qu'on ne les mange point. L'estomac est placé dans la tête même. Il est composé de fortes membranes , et contient trois dents écailleuses, à pointes. Ces trois dents ont une position telle , qu'elles peuvent se réunir exactement, et broyer INTRODUCTION. IIQ toutes les matières soumises à leur ac- tion. Deux sont plus grandes que la troisième , qui n'a que trois tubercules , tandis que les autres en ont cinq. Ces dents, il faut le remarquer, n'ont au- cun rapport avec les deux qui se trou- vent à l'entrée de la bouche. En des- cendant vers le milieu du corps , on voit les testicules , au nombre de trois ? deux en devant, et un, plus gros, en arrière. Entre ces testicules et l'ori- gine de la queue se trouve le cœur, d'une couleur blanchâtre, d'une forme approchant de la pentagone , duquel sortent quatre vaisseaux , trois en avant, et un en arrière. Le vaisseau du milieu , des premiers, porte le sang à la tête; les deux autres vont aux côtés; et le dernier à la queue. Derrière, et sur les côtés du cœur, se voient des vaisseaux blancs , qui ressemblent à un gros fil , occupant un assez grand espace dans le corps de l'écre visse ; mais ne se mon- Ï20 INTRODUCTION. trant pas , dans tous les temps , d'une même épaisseur. Ces vaisseaux ont avec les testicules une liaison qui ne permet pas de douter qu'ils ne soient les vais- seaux séminaux du mâle. Dans la fe- melle, cette même partie est remplie par les ovaires , qui , lorsqu'elle est gonflée par les œufs , occupent encore un plus grand espace aux dépens des branchies. Mais il faut revenir à l'estomac , immédiatement sous lequel est l'ou- verture de la bouche. A sa partie pos- térieure latérale sont deux globules , dont on ne peut deviner l'emploi , et à sa partie supérieure s'en voit un autre , qui est la vésicule du fiel. C'est entre ces trois globules que l'estomac se dé- charge dans l'intestin , vaisseau droit , cartilagineux , qui va se perdre à l'ex- trémité de la queue , c'est-à-dire , à l'a- nus. Avec cet intestin marche une veine, et , comme on l'a déjà observé , un INTRODUCTION. 121 filet nerveux, parsemé de ganglions. Quoiqu'on ait dit que les testicules étoient au nombre de trois , ce n'est qu'en apparence. Il n'y en a ja- mais qu'un , mais divisé en trois par- ties. Sa couleur est jaunâtre , sa sur- face raboteuse , et son intérieur glan- duleux. Les deux vaisseaux sperma- tiques prennent leur origine au-dessous des deux petits lobes , à la partie supé- rieure du grand. Ces vaisseaux sont très-minces et très-délicats à leur ori- gine; mais ils augmentent bientôt en grosseur et en force. Au temps de l'ac- couplement ils sont plus gonflés, parce qu'ils sont alors remplis de semence , substance blanche et dure. Ils sont si entortillés , qu'on ne peut que difficile- ment les étendre ; mais on ne se ha- sarde pas en disant qu'ils ont plus de deux décimètres de longueur. Ces vais- seaux vont aboutir à la racine des deux pattes postérieures , à de gros tuber- CrustEcés. I. il Ï22 INTRODUCTION. cules, qui sont les organes extérieurs de la génération des mâles. On peut aisément s'assurer de ce fait en pres- sant une écre visse dont les vaisseaux sont remplis de semence , elle ne tarde pas à sortir par les trous qui sont à ces tubercules. Les écre visses femelles ont, à l'en- droit même où est placé le tubercule du mâle , un corps presque pareil , qui n'est autre chose que l'ovaire , d'où par- tent deux gros canaux, qui vont direc- tement aboutir à la première articula- tion des pieds du milieu. Cet ovaire , qu'on trouve en tout temps dans les fe- melles (mais remarquable par sa gros- seur , seulement lorsqu'il est rempli d'œufs) , paroît , comme le testicule du mâle, composé de trois parties ; deux en haut , égales , géminées , et une en bas , plus grande. Cet ovaire renferme tou- jours trois espèces d'œufs , ou mieux des eeufsde trois grandeurs différentes. Ceux INTRODUCTION. Ï2^ qui sont les plus avancés, sont plus grands et bruns. Ceux qui doivent être pondus l'année suivante , sont peu ditférens en grosseur, mais jaunes. Les autres ont une couleur blanchâtre , plus ou moins intense , selon leur âge. Roesel observe que les premières pontes sont toujours extrêmement peu abondantes, qu'elles ne sont composées que de quatre à cinq œufs. L'œuf , en sortant de l'ovaire , est attaché à un fil , et reste un instant pendant en dehors ; mais la femelle , en courbant fortement sa queue , le tire , et l'attache à un de ces petits filets membraneux dont elle est garnie. L'é- crevisse sait ensuite le faire passer d'un filet à un autre, au moyen de ses pattes, et cela de manière qu'ils sont égale- ment distribués sur tous. Ces œufs sont attachés par la seule glutinosité de leur fil , mais leur attache est fortifiée par 124 INTRODUCTION. les poils dont les filets sont garnis , et autour desquels il est entortillé. Lorsqu'on examine un œuf au mi- croscope , on voit qu'il est entouré , outre sa propre peau, d'une seconde en- veloppe , dont la partie supérieure est le fil dont on vient de parler. Il se trouve donc dans un sac. On peut voir dans Roesel , pi. 58 , 59 et 60, les développemens de toutes ces parties. Ces planches ont été copiées par Herbst , pi. 46. Un des faits les plus étonnans que nous fassent voir les crustacés, c'est que quand leurs pinces ou leurs pattes sont rompues par quelque accident , comme cela leur arrive souvent , il leur en pousse de nouvelles , au même endroit. Il est même des espèces qui tiennent si peu à leurs membres , qu'il suffit de îes toucher, de les mettre près du feu , enfin, de leur faire craindre un danger, INTRODUCTION. ïzB pour les déterminer à les abandonner en partie, ou en totalité. Le fait est si généralement connu , que personne ne s'est avisé de le révoquer en doute. Les anciens , du moins Aristote et Pline , en parlent ; mais ce n'est que dans ces derniers temps qu'on en a cher- ché l'explication. Réaumur, à qui les scienses natu- relles doivent de si nombreuses décou- vertes , est le premier qui ait tenté des expériences directes , pour s'assurer des moyens que la nature emploie pour la reproduction des pattes des crustacés. Ce célèbre physicien coupa donc des jambes à des crabes , à des écrevisses, et les mit dans ces bateaux couverts qui communiquent avec l'eau dans une portion de leur étendue , et qui sont destinés à conserver le poisson en vie. Au bout de quelques mois , il vit de nouvelles jambes qui étoient venues à Ja place des anciennes , et qui , à la 120 INTRODUCTION» grandeur près , leur étoient parfaite- ment semblables. Le temps nécessaire pour la repro- duction des nouvelles jambes n'a rien de fixe; c'est un des endroits par les- quels cette régénération diffère de la génération ordinaire ; elles croissent d'autant plus vite , que la saison est plus chaude , et que l'animal est mieux nourri. Diverses circonstan- ces rendent encore cette reproduction plus prompte ou plus tardive. Une des plus essentielles est l'endroit où la jambe a été cassée. Le point de réu- nion de la seconde articulation avec la troisième , est le lieu où elles se cassent le plus aisément , et où la reproduction se fait le plus facilement. Là , il y a plusieurs sutures qui semblent distinc- tes des articulations , du moins qui n'ont point de mouvemcns. C'est dans ces sutures, sur-tout dans celle du milieu, que la jambe se casse. Il est même plu- INTRODUCTION. I27 Sieurs espèces de crustacés , qui , lors- qu'on ie<» blesse à quelques autres par- ties de leur pattes , cassent eux-mêmes le restant à cette suture pour faciliter la réparation de leur perte. Il n'y a pas de pareilles sutures au- près des autres articulations , aussi , si on coupe la jambe ailleurs , elle s'y re- produit moins vite. Mais ce qui mérite d'être remarqué , c'est qu'il ne renaît à chaque jambe que précisément ce qu'il faut pour la compléter. Si c'est pendant l'été que l'on a cassé les pattes d'un crabe ou d'une écrevisse <, et qu'un jonr ou deux après on observe les changemens qui sont arrivés , on voit une espèce de membrane un peu rougeâtre , qui recouvre les chairs qui sont immédiatement au bout de l'en- droit coupé. Sa surface est assez plane, comme le seroit celle d'un linge étendu au bout d'un tu veau cylindrique : aussi le bout de la jambe ressemble-t-il alors Ï28 INTRODUCTION. à celui d'un tuyau d'écaillé. Quatre à cinq jours après la même membrane prend une surface un peu convexe, sem- blable à celle d'un segment de sphère, et après quelques autres jours , cette figure sphérique se change en une co- nique , c'est-à-dire , que la membrane dont il est question s'alonge de façon , que son milieu s'étend plus que tout autre endroit de sa surface et elle forme un petit carré , qui n'a pourtant pour base qu'une partie de la circonférence de l'endroit où la jambe a été cassée. Il semble que le milieu et les contours du milieu ont été seuls poussés en haut. Souvent alors ce petit cône a environ deux millimètres de hauteur. Sa base reste toujours la même , mais sa hau- teur augmente dans la suite. Après dix jours elle a environ cinq millimètres. La couleur de la membrane qui le forme devient blanche , et ce qu'il y avoit de rouge à l'extrémité se détache. INTRODUCTION. 22$ On ne doit pas se représenter ce cône comme creux à l'intérieur. La membrane qui en fait la surface ex- térieure sert à envelopper des chairs, elle tient lieu de matrice. A mesure que ce fœtus de jambe croit, la mem- brane qui l'enveloppe s'étend. Comme elle est assez épaisse , ce n'est qu'après l'avoir coupée qu'on observe qu'elle renferme une petite jambe semblable à celle qu'on a enlevée ; car , lors- qu'on la regarde extérieurement , ce que l'on apperçoit , ne semble qu'une excroissance de chair, de figure coni- que. Quelque temps aprèscette époque, c'est-à-dire, au bout de douze à quinze jours, cette figure change un peu, ce petit cône se recourbe vers la tête de l'animal. Ensuite, le même corps charnu se recourbe davantage; le coude qu'il formoit augmente , il prend une figure assez semblable à celle d'une )ambe morte. Cette même partie 9 l3o INTRODUCTION. toujours incapable d'aucune action y acquiert jusqu'à sept ou huit milli- mètres dans trente à quarante jours ; mais , comme la membrane qui la cou- vre , en s' étendant devient plus mince, et qu'en même temps toutes les par- ties de la jambe deviennent plus mar- quées , en regardant de près , on peut alors distinguer que ce n'est pas une simple carnosité. On démêle quelques jointures , la première sur-tout est sen- sible. On apperçoit aussi une ligne qui fait la séparation des deux pinces dont les bouts forment le sommet du cône ou de la petite carnosité. La jambe alors est prête à éclore, s'il est permis de se servir de cette expression. A force de s'être étendue, la membrane qui l'enveloppe , se dé- chire 5 la jambe dépouillée de ce four- reau , qui , après avoir servi à la con- server, ne sert plus qu'à l'embarrasser, paroît au jour. Elle est encore molle 5 INTRODUCTION. l3t mais , peu de jours après , elle se trouve revêtue d'une écaille aussi dure que celle de l'ancienne jambe. Il ne lui manque que la grandeur et la gros- seur, et elle les acquiert avec le temps. Elle est , pour ainsi dire , en âge de croître dans le temps que l'autre jambe semble n'y être plus , c'est-à-dire qu'elle s'augmente plus rapidement , à cha- que changement de peau , tant qu'elle n'est pas arrivée à la même grosseur, mais quand elle est à ce point , elle suit , dans ses accroissemens postérieurs , po- sitivement la même progression que l'autre. Les petites jambes repoussent comme les grandes , mais plus lentement. Il en est de même des parties saillantes qui se trouvent souvent sur les pattes ou sur les côtés du corps ; il en est en- core de même des antennes ou des por- tions d'antennes , des antennules, des mâchoires , etc. ï3a INTRODUCTION. Réaumur cherche à expliquer les causes de cette reproduction des parties des crustacés. Il se demande si, à la base de chaque jambe , il y a une pro- vision de jambes nouvelles , comme dans les enfans il y a une dent sous la dent de lait qui doit tomber un jour? Si un crustacé peut réparer la perte de ses jambes d'une manière indéfinie , ou, si, après quelques reproductions, il en est incapable ? Ce même Naturaliste a voulu sa- voir si en coupant la queue d'une écrevisse , il en renaîtroit une autre ; mais ses expériences l'ont convaincu que la mort étoit toujours la suite plus ou moins prompte de cette opération. Badier , dans un mémoire sur la re- production des pattes de crabes , inséré dans le Journal de Physique, en 1778 , nous apprend que , lorsqu'un crabe de terre des Antilles a perdu une de ses pinces , et il est du nombre de ceux INTRODUCTION. 1d5 qui les perdent le plus facilement, il se cache dans son terrier , en ferme l'ouverture avec des feuilles , et n'en sort plus que son membre ne soit re- poussé. Il assure n'en avoir jamais ren- contré de mutilés. Il n'en est pas de même des espèces aquatiques , qui , quoique sans pinces, vont et viennent, comme à l'ordinaire. Tous les crustacés proprement dits , sont dans le cas de ceux sur lesquels Héaumur a fait ses expériences. Il est probable même que les entomostracés de Muller , ou les sessiliocles de La- marck, jouissent aussi d'une semblable prérogative • mais leur petitesse n'a pas permis de les soumettre aux mêmes essais. Un autre phénomène que présente les crustacés est celui de leur change- ment de peau ou d'écaillé. Les crustacés qui vivent plusieurs années , et qui grossissent pendant toute Crustacés. I. ia ï34 INTRODUCTION. leur vie , sont cependant enveloppés , comme on l'a déjà dit , d'une croûte solide, incapable de se distendre sans se rompre , par conséquent dans le cas de mettre un obstacle insurmontable à leur accroissement , si la nature n'y avoit pourvu par un moyen, qui, s'il est moins surprenant que celui de la reproduction des pattes , n'en est pas moins digne des méditations du scrutateur de la nature ; c'est par le dépouillement complet et instan- tané de leur robe de l'année précé- dente. Le test des crustacés est toujours composé de plusieurs pièces , qui va- rient en nombre et en forme , selon les genres. Quelquefois il est uni, mais le plus souvent il est chargé de grains , de tubercules , d'épines , de trous , de stries , de figures , et de directions fort variables ; de poils de différentes natures, etc. Sa couleur varie beaucoup INTRODUCTION. l35 dans les animaux en vie ; mais lors- qu'ils sont morts , sur - tout lors- qu'ils ont été cuits , cette couleur se change en rouge dans la très-grande majorité. Ce fait très - remarquable, ne s'explique pas d'une manière sa- tisfaisante ; mais il est presque ca- ractéristique pour les animaux de cette classe. Quand on expose des morceaux de test des crustacés au feu , une partie brûle avec flamme , en donnant une odeur animale , semblable à celle de la corne dans les mêmes circonstances , mais elle est modifiée d'une manière particulière. Le reste est une véritable chaux , dont les molécules ont rare- ment de la cohérence entre elles, parce que la partie animale brûlée étoit plus abondante que la partie calcaire. Lorsqu'à la fin du printemps , la chaleur commence à se faire sentir dans le fond des eaux , lorsque la naissance l36 INTRODUCTION. d'une multitude d'animaux a fourni aux crustacés une proie facile à se procurer, qu'ils ont cru, proportionnellement à l'a- bondance de leur nourriture , ils se trou- vent trop à l'étroit dans leur ancienne enveloppe. Alors il se forme , entre leur test et leur chair, un intervalle vide qui augmente de manière que , si , à cette époque , on presse leur test , on s'apper- çoit qu'il cède sous le doigt. Peu après on trouve les crustacés avec une peau molle, et souvent dans leurs environs une dépouille, que l'on peut présumer être les restes de leur test. Ces faits ont été connus de tout temps, sur- tout relativement aux écrevisses ; mais c'est à Réaumur que l'on doit de les avoir constatés par des expériences di- rectes. Ce physicien a mis des écrevisses dans des boîtes , percées de trous , et posées dans la rivière , et dans des bocaux placés dans son cabinet, à l'é- INTRODUCTION. iZj poque de l'année où elles dévoient changer de peau , c'est-à-dire en prai- rial; et il a vu que quelques heures avant que ce crustacé se dépouillât de sa peau , il se frottoit les pattes les unes contre les autres , et sans changer de place ; qu'il les remuoit aussi sé- parément , qu'il se renversoit sur le dos , replioit sa queue, l'étendoit en- suite, agiloit ses antennes, etc. Tous ces inouvemens tendent à donner à chacune de ses parties un peu de jeu dans leur fourreau. Après ces préparatifs , l'écrevisse gonfle son corps plus qu'à l'ordinaire , alors le premier des segmens de sa queue paroît plus écarté de son corcelet. La membrane qui les unit se brise, son nouveau corps paroît. Il se distingue de la vieille écaille , parce qu'il est d'un brun foncé , tandis qu'elle est d'un brun verdâtre. Les écre visses ne travaillent point à l38 INTRODUCTION. se débarrasser de leur écaille immédia- tement après que la rupture précédente a été faite , elles restent quelques temps en repos ; elles recommencent ensuite à agiter leurs jambes , et toutes leurs autres parties. Enfin , l'instant étant ar- rivé où elles croient pouvoir se tirer d'un habit incommode , elles gonflent et elles soulèvent plus qu'à l'ordinaire les parties recouvertes par le corcelet, qui s'élève , s'éloigne de l'origine des jambes , et se décolle. La membrane qui le tenoit tout le long des bords du ventre, se brise, il ne reste attaché que vers la bouche ; on voit déborder tout autour , la partie du corps qui en étoit recouverte auparavant. Depuis ce moment, jusqu'à ce que l'écrevisse soit entièrement nue, il ne s'est passé , dans la rivière , qu'un demi- quart-d'heure. Dans la chambre cette opération a été plus longue. Le corcelet étant soulevé à un cer- INTRODUCTION. l3o, point , on voit son bord s'éloigner de la première paire de pattes ; l'écrevisse alors tire sa tête en arrière ; elle dégage ses jeux de leurs étuis ; elle dégage en même-temps un peu toutes les autres parties du devant de la tête. Les jam- bes elles-mêmes sont un peu retirées en arrière -, elles suivent le corps , car il n'y en a qu'une paire d'articulée par- delà le corcelet. Enfin , à diverses au- tres reprises , elle se gonfle , elle retire son corps en arrière ; elle dépouille , ou une des grosses jambes, ou toutes les jambes d'un côté , ou une partie de celles d'un côté; quelquefois celles des deux côtés se dégagent en même temps , car ceci ne se passe pas d'une manière uni- forme dans toutes les écrevisses ; elles ne trouvent pas toutes une égale facilité à retirer les jambes semblablement placées : il y en a quelquefois de si difficiles à amener , de si serrées dans leur gaine , qu'elles y restent, et se rom- 140 INTRODUCTION. pent. Tout ce travail est furieusement rude pour l'animal ; Réaumur en a vu souvent mourir dans l'opération, et sur- tout des jeunes. Les mouvemens qu'el- les se donnent dans cet état , sont aussi différens que les individus. Il en est qui se contentent de remuer doucement leurs jambes , d'autres qui les frottent très-rudement. Il en est qui se mettent sur le côté ; et celles-là se tirent plus promptement d'affaires ; d'autre sur le ventre • enfin d'autres sur le dos , et ce sont ces dernières à qui il arrive le plus souvent de périr. Enfin , quand les jambes sont déga- gées , l'écrevisse retire de dessous son corcelet sa tête , et les autres parties qu'il couvroit ; elle se donne aussitôt un mouvement en avant ; elle étend brusquement sa queue , et la retire aussitôt ; par ce dernier mouvement elle abandonne tout son ancien étui. Après cette action de vigueur , elle INTRODUCTION. 141 tombe dans une grande foiblesse ; tou- tes ses jambes sont si molles , que, mises à l'air, elles se plient, sur-tout aux endroits des articulations , comme un papier mouillé. Si pourtant on prend l'écrevisse immédiatement après qu'elle est sortie , on sent son corps beaucoup plus dur qu'il n'est naturellement; mais cette dureté ne ressemble pas à celle de l'écaillé , c'est la masse entière des chairs qu'on sent dure. L'état convulsif des muscles est peut - être la cause de cette solidité remarquable. Au reste , quand le corcelet est une fois soulevé , et que les écrevisses ont commencé à dégager leurs pattes, rien n'est capable de les arrêter. Réaumur en a souvent retiré de l'eau dans cet état, dans l'intention de les conserver à moitié dépouillées , et elles achevoient, malgré lui, de muer entre ses mains. Lorsqu'on jette les jeux sur la dé- pouille d'une écrevisse, on la pren- 142 INTRODUCTION. droit pour une autre écrevisse. Il ne lui manque rien à l'extérieur. Lorsqu'on l'examine plus en détail, on est sur- pris du nombre des pièces de ce sque- lette. Le cartilage qui se voit dans l'intérieur de la patte , lorsqu'on la mange , s'y trouve. Chaque poil est une gaine qui recouvroit un poil in- térieur. Certainement , il est difficile de con- cevoir comment toutes ces parties se détachent. Comment elles peuvent se décoller et se désemboîter. La nature a des expédiens qu'il n'est pas toujours donné à l'homme d'appercevoir. Réau- mur a remarqué une eau glaireuse qui humecte l'intervalle de l'ancienne à la nouvelle écaille , et qui doit concourir à faciliter leur séparation. Il reste cependant à voir comment ces parties se sont dégagées. Il n'est pas difficile de se rendre raison de la sortie des antennes, mais il n'en est pas INTRODUCTION. ifô de même pour les jambes qui sont plus grosses que le trou par où elles doi- vent sortir. Il faut appeler l'observation à son aide. Réaumur a remarqué que, dans l'opération de la sortie des pièces , les articulations inférieures se séparent en deux dans leur longueur; que ces parties , qui paraissent d'une seule pièce quand l'écrevisse est vivante 7 sont réellement composées de deux pièces réunies par une membrane , et exacte- ment jointes l'une contre l'autre. Mais on a laissé l'écrevisse couverte d'une membrane molle, au lieu d'une écaille dure. Elle ne reste pas long- temps dans cet état. Réaumur a vu la nouvelle écaille prendre quelquefois la dureté de l'ancienne en vingt -quatre heures ; pour l'ordinaire ce n'est ce- pendant qu'après deux à trois jours. Le peu de temps que cette écaille met à se durcir est encore une des singu- larités qu'offre l'écrevisse. 144 INTRODUCTION, Les écrevisses prêtes à muer ont tou- jours deux pierres, connues sous le nom d' jeux d'écrevisses , qui sont placées aux côtés de l'estomac , mais qui ne se voient plus à celles qui ont mué , et dont l'écaillé a pris toute la dureté qui lui est naturelle ; les deux pierres ont alors disparu. Les opinions des auteurs sur l'usage de ces pierres dans l'écre- visse ont été fort variées. Geoffroy, qui les a trouvées enveloppées dans le nouvel estomac, où il dit qu'elles di- minuent insensiblement jusqu'à leur en- tière destruction, a cru que ces pierres , ainsi que la membrane du vieil estomac servent de nourriture à l'animal pen- dant la maladie que lui cause sa mue ; car , dans le temps de cette mue l'écre- visse est très-foible , et paroît malade. Mais Réaumur a été d'un tout autre sentiment; ayant observé que, si, un jour après la mue , on ouvre une écrevisse, ©n trouve les pierres plus petites qu'on INTRODUCTION. 145 ne l'auroit cru , et que si on ouvre 1 e- crevisse quand son écaille a pris toute sa dureté , les deux pierres ne se re- trouvent plus ; il en a conclu que l'une augmente aux dépens des autres, c'est- à-dire que ces pierres sont dissoutes , et que leur suc pierreux est ensuite porté et déposé dans les interstices que laissent entre elles les fibres dont la peau molle est composée. Il n'y a plus de doute aujourd'hui que l'opinion de Réaumur ne soit vraie. Ce moyen, employé par la nature pour consolider promptement l'enveloppe d'un animal nu et exposé à un grand nombre de dangers, est très-digne de remarque. Le même Réaumur a mesuré des écre visses avant et après la mue , et il a acquis la preuve qu'elles avoient aug- menté d'environ un cinquième dans tous les sens. Il en conclut cependant que ce:> animaux croissent avec len- teur, et ses calculs se trouvent concorder Crustacés. I. i3 146 I N T 11 O D U C T I O N. avec l'observation des pêcheurs , qui oui remarqué qu'une écrevisse de sept à huit ans est à peine marchande. La plupart des crustacés , même ceux qui habitent perpétuellement les eaux , peuvent vivre plus ou moins long-temps dans l'air. On peut, pour tous , prolonger ce temps , en les met- tant dans un lieu humide , ou entre des végétaux frais. Il est toujours nuisible, lorsqu'on veut les conserver en vie , dans des baquets , de les couvrir d'eau , parce qu'ils consomment une si grande quantité d'air, qu'ils ne tardent pas à en épuiser l'eau non renouvelée, et à mourir d'asphyxie. Il faut, dans ce cas, leur en donner seulement une quantité suffisante pour que leurs pattes y plongent, car alors elles peuvent res- pirer immédiatement de l'air , et l'eau ne sert qu'à tenir leurs organes dans l'humidité convenable. Les mœurs des crustacés varient INTRODUCTION. \^j sans doute autant que les espèces ; mais leurs différences ne sont sensibles, pour l'homme , que dans les masses appelées genres. On les fera connoître autant que possible , dans les généralités qui précéderont chacun de ces genres. On se contentera , en conséquence , de dire ici, que la plus grande partie vit dans les eaux de la mer , et le reste dans les eaux douces , ou sur la terre ; que dans chacune de ces divisions , il en est qui se cachent dans les trous des rochers , d'autres sous les pierres , d'au- tres dans des trous qu'ils se creusent dans le sable , d'autres dans la boue , etc. Il en est qui sont obligés de s'emparer des coquilles uni valves vides , pour y placer la partie postérieure de leur corps qui n'est point crustacée. Il en est qui , sans des motifs aussi détermi- nans , sont dans l'habitude de se retirer dans les coquilles des bivalves, et de vivre en bonne intelligence avec les 148 INTRODUCTION. mollusques acéphales qui les habitent. Leurs allures ne varient pas moins ; les uns vont devant eux , comme la plupart des animaux ; mais le plus grand nombre marchent de côté ou à reculons. Il y en a beaucoup qui na- gent , et parmi eux , les uns nagent sur le ventre , les autres sur le côté , les autres sur le dos ; ils suivent , dans cette opération , des directions aussi va- riées que ceux qui marchent. La nourriture des crustacés est géné- ralement animale: on en cite qui man- gent aussi des herbes et des fruits • mais cela a besoin d'être constaté d'une ma- nière positive. Les animaux morts et les animaux vivans deviennent égale- ment et indifféremment leur proie. Us s'entre-mangent même entre eux , com- me il a déjà été remarqué. Les crustacés aquatiques se trou- vent dans toutes les latitudes , mais ce n'est qu'entre les tropiques qu'on en INTRODUCTION. 1 49 voit de vivans habituellement sur la terre. On en trouve assez souvent de fos- siles en Europe , dont on a pu assi- gner le genre , mais non encore dé- terminer les espèces. On ne les a pas assez étudiés jusqu'à présent pour qu'il soit possible d'entrer dans de plus grands détails à leur égard. On rapporte que sur les côtes des îles de l'Amérique, où les crabes sont très-multipliés , ils se livrent , pendant le temps de leurs amours, de cruels combats, dont le résultat est souvent la mort de beaucoup d'individus, et tou- jours la perte d'une grande quantité de Jeurs membres. Il ne paroît pas que les crustacés d'Europe se mettent dans ce cas ; mais aussi leur petit nombre , et la chasse continuelle qu'on leur fait, ne permet pas d'observer aussi facile- ment leurs mœurs que dans les pays chauds, où on dit qu'ils sont d'une ï5û INTRODUCTION. grandeur si démesurée , qu'ils atta- quent les hommes , et en ont mangé plusieurs, entre autres le fameux navi- gateur François Drack , qui , quoique armé , ne put éviter ce sort. On pense bien qu'il est difficile de fixer d'une manière positive la durée de la vie des crustacés ; mais l'opinion générale est qu'ils vivent très -long- temps. Pline rapporte que de son temps , on croyoit que les crabes pou- voient vivre plus long-temps que les hommes. Si on applique aux écrevisses les calculs de Buffon , sur le rapport du temps de la vie au temps de la croissance , on peut aussi leur donner un siècle d'existence ; car on en cite qui croissoient même à plus de vingt ans d'âge constaté. Au reste , il est très- rare que les crustacés puissent acquérir le privilège de mourir de vieillesse , car leurs ennemis sont si nombreux 9 ils sont exposés à tant d'accidens , le INTRODUCTION. l5t changement de peau est pour eux une crise si dangereuse, qu'il n'est pas pro- bable qu'ils échappent constamment à ces causes de destruction. L'observation prouve qu'il y a toujours, dans les ani- maux, un rapport entre la longueur de leur vie, et leurs moyens de reproduc- tion. Or, les crabes vivant long-temps , et faisant beaucoup de petits , l'équili- bre seroit rompu, si des causes étran- gères n'en détruisoient la plus grande partie. C'est principalement dans les pre- miers jours , dans les premiers mois , dans les premières années de leur exis- tence, que les grandes espèces de crus- tacés sont exposés à tous les effets de ces causes. Alors la plupart des pois- sons, et autres habitans de la mer, les oiseaux d'eau , etc. , en font une énorme consommation ; jusqu'aux animaux les plus mous , aux actinies , par exemple , I 02 INTRODUCTION. vivent à leurs dépens, lorsqu'elles les sai- sissent dans ce premier âge. Il est vrai qu'elles sont aussi elles-mêmes la proie de crustacés , ainsi que bien d'autres vers marins ; mais leur multiplication est encore plus facile que la leur , et souvent le déchirement d'une actinie par un crustacé , donne lieu à la nais- sance d'une douzaine d'autres , ainsi qu'on l'a vu dans l'histoire de ce ver radiaire. A ces causes de destruction on ne doit pas ajouter celle qu'occasionne la voracité de l'homme. Ce qu'il prend de crustacés dans la mer est trop peu de chose pour être compté , il n'y a que ce qu'il prend dans les petites ri- vières qui puisse donner lieu à une dimi- nution sensible. Tous les peuples du monde mangent des crustacés ; mais les habitans des bords de la mer principalement , en font une grande consommation. Dans INTRODUCTION. l53 certains pays , comme à la nouvelle Hollande, ils font la base de la nour- riture des indigènes. Toutes les espèces ne sont pas également bonnes, quel- ques-unes même sont dangereuses , soit parce que leurs œufs purgent , soit parce qu'ils sont imprégnés de parti- cules empoisonnées. On croit commu- nément dans les Antilles , que les cra- bes qui y sont vénéneux , ont mangé du fruit du mancellinier , hippomane mancinella , Linn. Mais Jacquin a remarqué que ces animaux n'attaquent jamais ce fruit, et on a déjà vu qu'ils ne mangent que des substances anima- les. Quelqu'un a prétendu que les crabes, autour de Saint-Domingue, dévoient leur qualité délétère quelquefois aux filons de cuivre sous-marins sur lesquels ils vivoient ; ce fait a besoin d'être mieux constaté. La chair des crustacés passe pour être, en général , d'une dif- ficile digestion, mais elle n'en est pas 104 INTRODUCTION. moins recherchée par beaucoup de monde. Les écrevisses sur-tout , parais- sent sur les tables les plus délicates. La manière la plus commune d'apprêter les grandes espèces marines , telles que celles qu'on appelle crabes, homards, etc. , consiste à les faire cuire simple- ment dans l'eau de mer. On les mange en les trempant , à mesure qu'on les épluche, dans une sauce d'huile et de vinaigre. Les crevettes et autres petits crustacés ont leur assaisonnement en- core plus simple, puisqu'il ne s'agit que de les faire cuire dans la même eau où on a introduit quelques pincées de poi- vre , ou autres épiceries. La petitesse de ces espèces, et le peu d'épaisseur de leur test permet de les manger en en- tier. Elles sont fort recherchées de plu- sieurs personnes. Mais c'est sur les écrevisses de ri- vières que l'art du cuisinier s'est le plus exercé. Comme ces animaux ont INTRODUCTION. l55 une saveur particulière, et fort agréa- ble , non seulement ont les mange en- tières , mais ont les emploie encore pilées, pour donner du goût à d'autres mets. Le mode le plus commun de les apprêter est de les faire cuire dans du vin blanc , que l'on a fortement assai- sonné avec du sel du poivre, du thym et du laurier. Comme la chair des crustacés se corrompt très-rapidement , et que dans cet état elle a une odeur et une saveur , qui lui sont propres, et qui sont extrê- mement désagréables , tous les peuples , et sur-tout les Européens , s'accordent à ne pas manger ceux qui sont trouvés morts. Presque par - tout on les fait cuire lorsqu'ils sont encore vivans , et de plus , on les fait cuire lentement , ce qui prolonge long-temps leur affreux supplice. On est obligé à cette barba- rie , parce qu'on a remarqué que lors- qu'on met les crustacés , du moins les l56 introduction. grandes espèces, dans l'eau déjà bouil- lante , la première impression de cha- leur qu'ils éprouvent , Jes engagent à abandonner leurs pattes , et qu'on veut, ordinairement, qu'elles ne soient pas séparées de leur corps lorsqu'on les sert sur la table. La médecine faisoit autrefois un grand usage des crustacés; mais , depuis que les lumières de la . chimie ont éclairé cette science , on a reconnu que toutes leurs propriétés se rédui- soient à celles de la terre calcaire. Les écrevisses passent cependant en- core pour dépurantes , diurétiques et pectorales , et sont quelquefois em- ployées dans les maladies de la peau, les embarras des reins , l'asthme, la phthisie, etc.' On conserve assez bien la chair des pattes et de la queue des grands crus- tacés en usage dans les alimens , de la même manière qu'on conserve le thon, INTRODUCTION. I $7 c'est-à-dire en la marinant , et la met- tant dans de l'huile, ou de la graisse de bonne qualité. Les crustacés se prennent de diffé- rentes manières , selon les espèces et les pays. Les grands , en général , se prennent à la main , à la retraite de la marée, dans les parcs à poissons, que l'on établit sur les côtes , dans les trous où il reste peu d'eau , etc. On les prend aussi , sur- tout à l'embouchure des petites rivières , en mettant , à la marée montante , au fond de l'eau , un filet plat , attaché à un cercle , au milieu du- quel est fortement fixé un morceau de viande. Les crabes , et en général tous les crustacés , qui apperçoivent ou sen- tent cette viande , accourent pour la manger, et lorsqu'il y en a quelques- uns occupés de cette opération , on re- tire le cercle , qui doit être attaché par trois cordes à un long bâton , et on enlève tout ce qui est dessus. On em- Criîsîacés. I. 1.4 ï58 INTRODUCTION. ploie le même moyen pour les écre- visses de rivières , ainsi qu'il sera dit à leur article. La préparation des grands crustacés pour les collections d'Histoire Natu- relle, paroît extrêmement facile , puis qu'il semble qu'il ne s'agit que de les laisser dessécher à l'air ; mais elle de- mande cependant des précautions sans lesquelles on ne peut pas espérer un succès complet. Les crustacés se dessèchent en effet suffisamment bien par leur simple ex- position à l'air ; mais d'abord , lorsque le temps est chaud et humide , ils se corrompent rapidement, ils noircissent, toutes les articulations se désunissent , et ils ne reste plus qu'un amas informe de pièces séparées dont on peut diffi- cilement tirer parti. Lorsque cet in- convénient n'a pas lieu , il s'introduit dans le corps de l'animal des larves de dermestes, d-antlirenn.es, desilphes, et INTRODUCTION. l5o, de beaucoup d'autres insectes , qui per- cent souvent les membranes des arti- culations, et produisent des effets , sinon aussi nuisibles , que ceux produits par la corruption , au moins bons à éviter. D'un autre côté , les crustacés dessé- chés deviennent très-friables , leurs an- tennes , leurs pattes , se brisent au plus petit attouchement ; ils ne peuvent donc être transportés, dans cet état, sans ris- quer de perdre les parties les plus im- portantes à conserver. Le moyen que Bosc a employé avan- tageusement pour prévenir ces incon- véniens consiste à envelopper chaque crabe, lorsqu'il est encore en vie , d'un morceau de toile , et à le mettre dans l'esprit-de-vin foible où l'on a fait dis- soudre beaucoup de savon , où ils restent' jusqu'à leur arrivée à leur destination, Là , on les tire du baril , on les lave , on étend leurs pattes , leurs antennes, etc. , on les laisse sécher à l'ombre , et I ÔO INTRODUCTION. on les place à demeure , soit dans des tiroirs semblables à ceux où l'on con- serve les insectes , soit dans des tableaux fermés de verre. Il est d'observation que ces crustacés , ainsi envoyés dans l'es prit-de-vin , ne sont plus attaqués par les insectes des- tructeurs , et que leur chair en se des- séchant contre les articulations , les con- solide au point désirable. Ajoutez à cela que leurs couleurs sont générale- ment moins altérées. A l'égard des petits crustacés , il n'y a d'autre moyen de les conserver que de les laisser dans l' esprit-de-vin. La mollesse de leur corps ou la flexibilité de leur test est tel, qu'on ne peut plus les reconnoître après leur dessica- tièn. Je. vol. pag. 160. TABLEAU DES CRUSTACÉS. t —— — — m CRUSTACÉS PÉDIOCL ES. queue CRUSTACÉS SESSILIOCLES. Corps court ; queue Corps oblong Corps couvert de piè- Corps couvert par un plate , nue , appli- alongée,garn ie d'ap- ces crustacées nom- bouclier crustacé , quée sous l'abdomen. pendices , et seule- breuses. d'une ou deux pièces. ment recourL ée. Zoé. Crabe. Calige. Calappe. Albunée. Crevette. Binocle. Ocypode. Posydon. Talitre. Limule. Grapse. Hippe. Chevrolle. Apus. Doripe. Ranine. Aselle. Daphnie. Portune. Scyllare. Idotée. Cythérée. Podophtalme. Écrevisse. Sphérome. Cypris. Orythie. Pagure. Ligie. Polyphème. Matute. Galathée. Cyame. Dromie. Palinure, Cymothoa. Porcelîane. Crangon. Cyclope. Leucosie. Palaemon. Bopyre. Pinnothère. Alpbée. Maja. Péné. Squille. Branchiopode. . DES CRUSTACES CRABE, Cancer, Linnœus. Quatre antennes courtes et inégales ; les deux antérieures coudées ou pliées, à der- nier article bifide ; les deux extérieures sétacées. Corps court , plus large anté- rieurement , ou dans sa partie moyenne, que postérieurement. Dix pattes ongui- culées ; les deux antérieures terminées en pinces. Linnœus, comme on l'a dit dans les généralités de la classe, avoit, sous le nom de crabe , fait un seul genre de tous les crustacés. Beaucoup de Na- turalistes l'ont imité ; mais Fabricius , dès les premières éditions de son En- tomologie systématique, avoit divisé ce genre en plusieurs autres , dont l'un avoit toujours conservé le nom de Lin- ticeus. Pabricius s'en est tenu aux résultats î62 HISTOIRE NATURELLE de son premier travail , dans les diffé- rentes éditions qu'il a faites de son ou- vrage; il s'est contenté de joindre suc- cessivement les espèces nouvelles, qui lui étoient communiquées , à celles qu'il avoit précédemment décrites ; Mais, dans le supplément qu'il a donné en dernier lieu, en 1798, il a fait une refonte générale des crustacés, dans laquelle il a, d'après les observations de Daldorf, subdivisé son genre crabe, proprement dit , en onze nouveaux genres , dont le premier seul a con- tinué de porter le nom de Linnœus. Il sembloit , qu'après des coupures aussi nombreuses, le genre crabe né- toit plus susceptible de fournir de nou- velles subdivisions ; cependant La- marck , par un. examen plus appro- fondi, a encore trouvé des caractères suffisans pour former trois genres aux dépens de celui de Fabricius , et on a dû les adopter comme très - fon- dés. DES CRABES. l63 Ainsi donc les crabes, dont il est question ici , ne comprennent que ceux de la première division du supplément de Fabricius. Les deux autres divi- sions sont comprises dans les genres ocypode , et grapse du Naturaliste français. Les crabes , proprement dits , vivent tous dans la mer, et leur histoire est fort imparfaitement connue, ou mieux , a été confondue avec celles des espèces des autres genres qui portoient ci- devant leur nom. Quoi qu'il en soit, ils ont tous les yeux placés de chaque côté de la tète, à peu de distance l'un de l'autre, dans une caivité qui s?y trouve. Chaque œil est couvert d'une peau on cornée à re- zeau, semblable à celle des yeux de presque tous les insectes; il est placé sur une espèce de pied ou pédicule épais, cylindrique, écailleux , qui a un rétrécissement au milieu, et qui est mobile à sa base; en sorte que l'ani- ï64 HISTOIRE NATURELLE mal peut remuer ses jeux de tous côtés , et les retirer même un peu dans la tête en racourcissant le mus- cle destiné à leur donner le mouve- ment. Il n'y a point de distinction sen- sible entre la tête et le corcelet; ce- pendant, en dessous du corps, il y a une espèce de séparation , qui se di- vise comme en deux portions, dont 3'antérieure peut être regardée comme la tête. Cette partie antérieure est gar- nie , en dessous , de pièces mobiles , dont il y en a deux plus grandes et plus longues que les autres , assez semblables à celles des écrevisses. Ces pièces , qui sont applaties et de substance écailleuse , sont divisés en cinq parties articulées ensemble , et garnies, plus ou moins, de poils. Cha- que pièce est accompagnée, à sa base extérieure, d'un filet conique, divisé en trois parties, dont les deux pre- mières sont grosses , et la dernière très- DES CRABES. l65 petite , et subdivisé en un grand nom- bre d'articulations. Ce sont les pièces extérieures des organes de la manduca- tion, qui , comme on l'a vu, sont les mandibules , les antennulles et les mâ- choires. Les antennes, à peine visibles, sont à filets coniques, et divisées en plu- sieurs articulations dont celle de la base est beaucoup plus grosse que les autres ; elles sont placées entre les jeux, sous bord recourbé de la tête. Le dessous du corps est divisé trans- versalement en cinq bandes écailleuses , dont les bords extérieurs sont arron- dis, et qui ont, au milieu, une grande cavité triangulaire , profonde , dans laquelle la queue est engagée de façon , qu'étant eu repos , elle en occupe toute la capacité , et quelle est de niveau avec les bords. Cette queue est, dans le mâle, de fi- gure triangulaire et courbée en dessous, divisée transversalement en sept par- l66 HISTOIRE NATURELLE ties, par des incisions peu profondes, et dont les deux plus proches du corps sont très-étroites. En dessus , du côté qui est en vue, quand on regarde le crabe en dessous, la queue est lisse, plate, écailleuse, bordée de poils et mobile sur sa base. En écartant la queue du corps, on voit que sa surface inférieure est éga- lement plate et très-mince des deux côtés ; mais tout le long du milieu , il y a une élévation cylindrique en forme de boyau , qui renferme l'intes- tin et qui a son extrémité ou l'anus tout près du bout de la queue. A l'origine du dessous de la queue du mâle, on voit deux tubercules écail- leux un peu applatis et mobiles à leur base, garni au bout d'une brosse de poils, roides et attachés à un anneau en forme de cerceau également écail- leux, et comme voûté, par l'ouverture duquel l'intestin passe du corps pour se rendre dans la queue. Ces deu^: tiges DES CRABES. l6j sont les organes de la génération du mâle. On voit encore divers tubercules moux et écaîlleux dans cet endroit, et plus bas deux autres parties écail- leuses, courbées, divisées eii articula- tions mobiles, dont l'usage est inconnu. Il est très - aisé de distinguer le crabe mâle de la femelle par la seule inspection de la queue , dont la figure diffère dans les deux sexes. La queue du mâle, comme on vient de le dire , est triangulaire ; mais la queue de la femelle est presque cir- culaire , ou seulement un peu plus large que longue et terminée par une petite plaque arrondie , écailleuse comme tout le reste. Cette queue plate et mince, qui est courbée en dessous, est divisée, sans compter kt petite plaque qui la termine, en six parties par des incisions peu profondes; et elle est bordée, tout autour, d'une frange de poils courts , très-serrés : les deux premiers anneaux , ou ceux qui ï68 HISTOIRE NATURELLE qui sont près du corps , sont beaucoup plus étroits que les autres. Pour voir la surface inférieure de la queue , il faut la soulever , et alors on observe d'abord, sur le dessous du corcelet, deux enfoncemens placés sur la troisième plaque, et dans chacun desquels il y a un petit tubercule co- nique , qui sont les deux ouvertures par lesquelles l'insecte est fécondé dans l'accouplement. Sur le dessous de la queue même , on voit d'abord le boyau ou l'intestin relevé qui se trouve placé dans son milieu et percé à son extré- mité. De chaque côté de l'intestin , il y a quatre paires de filets mobiles , composés de deux parties , dont l'ex- térieure est en forme de lame applatie, qui diminue toujours de largeur jusqu'à l'extrémité , qui est en pointe mousse. Elle est garnie , sur les deux côtés , d'une épaisse frange de poils bruns. La partie intérieure est un long filet cyliudrique, divisé en deux pièces ar- DES CRABES. 169 ticulées ensemble , dont la première , plus grosse , est droite et cylindrique , et l'autre , qui fait un angle avec elle, est en filet conique , courbé , et garni d'aigrettes de poils. Le principal usage de ces huit paires de filets est de servir d'attache aux œufs , comme dans tous les crustacés proprement dits. Les deux pinces antérieures sont faites sur le même modèle que dans les écrevisses , c'est-à-dire composées de cinq parties articulées ensemble , dont les deux premières sont courtes , la troisième et la quatrième plus grosses , angulaires, plus ou moins tuberculeuses ; et la cinquième , qui est la serre , ou la main, grosse, ovale , et terminée par deux doigts , souvent dentés , dont un seul est mobile. Les huit autres pattes sont divisées chacune en six parties , dont les deux premières sont courtes , et les autres beaucoup plus longues. La troisième partie, qui est la cuisse, est plate et large -, Crustacés. I. i5 I70 HISTOIRE NATURELLE les deux suivantes , qui , ensemble font la jambe , et dont la séparation est en ligne oblique, sont souvent garnies de longs poils et de petites épines. Enfin la dernière , qui est le tarse, est de figure conique , un peu courbé , et ter- miné en pointe déliée. Elle est presque toujours velue ou épineuse. Toutes ces pattes sont attachées au corcelet , fort près les unes des autres. Les crabes , ainsi qu'on l'a déjà ob- servé , vivent tous dans la mer. Ils se tiennent de préférence sur les côtes où il y a des rochers , entre les fentes des- quels ils se cachent , pour se mettre à l'abri du mouvement des vagues et de la recherche de leurs ennemis. Lorsque la mer monte ils s'approchent ordinai- rement du rivage pour s'emparer des débris des animaux marins que la vague pousse contre les rochers, et qui revien- nent blessés ou tués. C'est principale- ment pendant la nuit qu'ils se hasardent le plus dans cette recherche. Comme ils DES CRABES. I7I ne peuvent pas nager, et que leur mar- che est lente , ils se voient souvent ex- posés à rester à sec dans les basses eaux. Abvs , lorsqu'ils ne trouvent point de In où ils puissent se réfugier, ils se eu i .raclent , se blottissent dans un coin , et attendent le retour de la marée pour regagner la grande mer. C'est prin- cipalement ceux qui sont ainsi délaissés par les eaux que les pêcheurs ramassent, car ils mordent peu aux appâts , et sont rarement pris dans les filets. Dans les isles de l'Amérique et de l'Inde, où le fond de la mer se voit à travers l'eau , dans les temps calmes , on les harponne avec une longue perche à laquelle est emmanchée une fourche de fer. Dans d'autres endroits, comme à la nouvelle Hollande, on plonge pour les avoir. Toutes les espèces ne sont pas égale- ment bonnes. Il en est une, sur les côtes de France qu'on appelle le crabe enragé , dont la chair est si coriace , 17a HISTOIRE NATURELLE et le test si dur, qu'elle est dédaignée , même des plus pauvres gens. C'est pendant l'été qu'on trouve le plus de crabes sur les côtes de l'Eu- rope, mais c'est au printemps qu'ils sont meilleurs. A cette époque , les femelles sont garnies d'œufs , dont la saveur est de beaucoup supérieure à celle de la chair , et ils n'ont pas encore changé de test, opération qui les mai- grit considérablement. On prend rarement des crabes au moment même de leur mue , parce qu'ils se tiennent cachés au fond de la mer pendant les cinq à six jours qu'elle dure. Ce moment est pour eux une crise fort dangereuse, soit par la diffi- culté de se débarrasser de leur vieille peau , soit par la prise que sa privation donne sur eux à des ennemis qu'ils ne craignoient pas , quelques heures au- paravant. Celte crise est positivement la. même que celle décrite dans les DES CRABES. I^S généralités de la classe pour les écre- visses. On appelle les crabes tourteaux sur les côtes de France. Crabe pagure, Cancer pagurus. Le corcelet peu raboteux , avec neuf plis de chaque côté. Fermant. Brit. Zool. 4. tab. 3. fig. 4. Rumph. Mus. tab. 1 1. fig. 4. Herbst. tab. 19. fig. 59. Se trouve dans les mers de l'Europe et de l'Inde. Le corcelet peu raboteux avec onze dents de chaque côté ; les dents dentelées ; le rostre à trois dents ; le bout des doigts noirs. Herbst. Cane. tab. 10. fig. 60. Se trouve dans l'Amérique septentrionale. Crabe ménade , Cancer mœnas. Le corcelet peu raboteux , avec cinq dents de cha- que côté; le front à trois lobes; le poignet à une seule dent. Peliver , Amb. tab. 1. fig. 5. Baster , Subs. 2. tab. 2. Rûmph. Mus. tab. 6. fig. O. Pennant. Brist. Zool. 4. tab. 2. fig. 5. Herbst. tab. 7. fig. 46. Voyez pi. 3. fig. 1 , qui le représente au quart de sa grandeur naturelle. Se trouve dans les mers d'Europe et d'Asie. Crabe teinturier , Cancer tinctor. Le corcelet peu raboteux , avec cinq dents da chaque côté; le front fendu. On ignore sou p3ys natal. 1^4 HISTOIRE NATURELLE Crabe peintre , Cancer pic for. Le corcelet peu raboteux , avec quatre dents de chaque côté; ie front fendu. On ignore son pays natal. Le corcelet très - raboteux , obtus , avec quatre dents de chaque côté. Séba , Mus. 3. tab. 19. fig. 17. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 4. Rerbst. tab. 10. fig. 58. Se trouve dans l' Indes. Crabe de Rumphius , Cancer Rumphii. Le corcelet , presque uni , avec cinq dents de chaque côté; le front tuberculeux à quatre dents; les pinces minces. Herbst. Cane. tab. 49. fig. 2. Se trouve dans les Indes. Crabe rude , Cancer scaher. Le corcelet peu raboteux , avec cinq dents de chaque côté ; le front crénelé , fendu j les pinces granuleuses. Se trouve dans l'Inde. Crabe parvule , Cancer parvulus. Le corcelet, avec des lignes enfoncées et quatre dénis de chaque côté; le front avec une petite fente Voyez pi. 3. fig. 2 , où il en représenté. Se trouve dans les iles de l'Amérique et en Caro- line, d'où il a été rapporté par Bosc. Les pattes se décolorent en vieillissant. Crabe cendré , Cancer cinereus. Le corcelet uni , rivuleux , à trois dents de chaque DES CRABES. Î^LJ côté , très-finement ponctué ; une très-grosse dent à la base interne du doigt mobile. Se trouve sur les côtes de France , et ne sélève pas plus de deux centimètres de diamètre. Crabe gonagre , Cancer gonagra. Le corcelet inégal , avec six dents aiguës de cha- que côté ; les pinces nodulenses. Cancer spinifrons. — Herbst. tab. II. fig. 65. Voyez pi. 2. fig 3 , où il est représenté en des- sous , de moitié de sa grandeur naturelle. Se trouve à la Jamaïque et en Caroline. Crabe noduleux , Cancer nodulosus. Le corcelet latéralement noduleux et crénelé ; une épine aux doigts des pieds. On ignore son pays natal. Crabe ocbtodes, Cancer ochtodes. Le corcelet uni , à quatre tubercules de chaque côté ; le front recourbé , canaliculé ; les pinces tuberculeuses, Herbst. Cane. tab. 8. fig. 54. Se trouve dans les Indes orientales. Crabe prince , Cancer princeps. Le corcelet uni , avec des séries circulaires de points rouges ; le front élevé ; les pâtes avec des fas- cies rouges. Herbst. Cane. tab. 38. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Crabe à deux opines ? Cancer 2 spinosus. Le corcelet avec deux épines de chaque côté j le front avec quatre dents ; le poignet épineux, Herbst. Cane. tab. 6. fig. 45. Se trouve dans les ïndps orientales. fp6 HISTOIRE NATURELLE Crabe coralline , Cancer corallinus. Lecorcelet uni, à une seule dent; le front à trois lobes. Herbst. Cane. tab. 5.fig.40. Séba, Mus. 5. tab. 19. fig. 2 , 3. Rumph. Mus. tab. 8. fig. 5. Se trouve dans l'Inde. Crabe floride , Cancer floridus. Le corcelet uni, inégal, maculé; le bord obtuse- ment dentelé; les pinees avec des saillies en crête. Sèba , Mus. 3 tab. 19. fig. 18. Knorr. Del. tab. 4. fig. 3. Herbst. Cane. tab. 3. fig. 3g. Se trouve dans l'Inde. Crabe maculé , Cancer macuïatus. Le corcelet uni , avec des taches rondes et rouges ; les côtés à une seule dent; le, front à trois lobes. Petit. Amb. tab. 1. fig. 8. Séba. mus. 3. tab. 19. fig. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. tab. 6. fig- 41; Se trouve dans les mers d'Asie. Crabe chauve-souris , Cancer vespertilio. Le corcelet antérieurement avec trois dents de cha- que côté; le corps hérissé. Voyez pi. 2. fig. 1 , où il est représenté de grandeur naturelle. Se trouve dans les Indes. Crabe varioleux , Cancer variolosus. Le corcelet tuberculeux , crénelé des deux côtés ; le front fendu. Se trouve dans l'Océan. Crabe faïence , Cancer J'aventinus . Le corcelet uni , largement plissé , à cinq dents da chaque côté ; l'extrémité des doigts concave en dedans. Oa ignore son pavs natal. DES CRABES. 177 Cette espèce est très-remarquable par la forme de l'extrémité de ses pinces ; son corcelet est presque rond, et , ainsi que ses pattes, d'un blanc de faïence. Crabe soyeux , Cancer setosus. Le corcelet à deux dents de chaque côté ; les pattes velues. Se trouve dans l'Inde. Crabe agréable , Cancer amœnus. Le corcelet parsemé de points rouges très-rappro* chés , avec onze dents de chaque côté ; la front tri- denté. Herbst, Cane. tab. 49. fig. 3. On ignore sa patrie. Crabe oriental, Cancer orientalis. Le corcelet uni ; les côtés carennés et dentelés. Herbst. Cane. tab. 20. fig. 117. On ignore sa patrie. Crabe hérissé , Cancer hirtellus. Le corcelet hérissé de poils , à cinq dents de «haque côté; les mains extérieurement épineuses. Fermant. Brit. Zool. tab. 6. fig. II. Herbst. Cane. tab. 7. fig. 5 1. Se trouve dans les mers d'Europe. Crabe fluviatile , Cancer fluviatilis. Le corcelet ovale , antérieurement dentelé , posté- rieurement sinueux ; les pinces dentelées A leur base intérieure. Sachs. Gammarol, tab. 4. Herbst. Cane, tab, 10. fig- 61. Se trouve à l'embouchure des fleuves d'Asie ot d'A<- mérique , et les remonte souvent fort haut, Ï78 HISTOIRE NATURELLE Crabe armadille 3 Cancer armadillus. Le corcelet uni , inégal ; le bord crénelé ; les mains écailleues. Herbst. Cane. tab. 6". fig. 42 , 43. Se trouve dans la mer des Indes. Le corcelet uni , avec cinq dents de chaque côté ; les deux postérieures plus grandes et dorsales. Herbst. Cane. tab. 7. fig. 47. On ignore son pays natal. Il ressemble beaucoup tu ménade ; mais il est vert. Crabe sculpté , Cancer sculptus. Le corcelef chargé de gros tubercules rapprochés ; le bord denté ; les doigts des pinces noirs Herbst. Cane. tab. ai. fig. iai, On ignore son pays natal. Crabe perlé, Cancer perlatus. Le corcelet et les mains couvertes de turbercules blancs; les pieds hérissés d'épines. Herbst. Cane. tab. ai. fig. 122. On ignore son pays natal. Crabe tire-bouchon , Cancer cochlearis. Le corcelet uni , latéralement sillonné ; les doigts en tire-bouchon. Herbst. Cane. tab. 21. fig. 123. On igoore s^ patrie. Crabe bydrophjle , Cancer hyârophylus. Le corcelet uni , à trois dents de chaque côté ; les doigts roux. Herbst. Cane. tab. 20. fig. 124. On ignore sa patrie. rol.I.JPaç .j78 i • Le Crabe chauve souris 2 Le CraW mi li aire . 3 ■ Le Crabe (ronaçrro . DES CRABES. 179 Crabe miliaire , Cancer miliaris. Le corcelet ovale , alongé . entier , sillonné , gra- nuleux ; }es pinces plissees et granuleuses , leurs doigts stries. Voyez pi. 1 . fig. z , où il est représenté de grandeur naturelle. On ignore sa patrie. CALAPPE, Cjljppj, Fabricius. Quatre antennes comme celles des crabes. Corps court , plus large postérieurement 9 et ayant ses bords latéraux postérieurs 9 très - dilatés , tranchans et .saillans , en demi-voûte. Dix pattes onguiculées , se retirant , dans le repos , sous les cavités des côtés du corps ; les deux antérieures terminées en pinces , et ayant les mains comprimées et en crêtes. Les caractères génériques des ca- lappes sont fort peu différeus de ceux des crabes, mais la forme de leur corps 9 et sur -tout celle de leurs pattes an- térieures ou pinces, leur donnent une apparence tres-distincte. En effet, le corps des calappes est ï8o HISTOIRE NATURELLE presque ovale , ou mieux , représente un triangle curviligne , très - bombé , ordinairement tuberculeux en dessus , denté en ses bords , et toujours con- cave en dessous, aux angles postérieurs, pour recevoir les pattes. Les antennes sont presque égales , les intérieures sont cachées dans la fossette des jeux et les intérieures ont quatre articles dont le dernier est bifide. Les yeux sont très-rapprochés , peu saillans, et placés sur la partie antérieure du corcelet. La queue est composé de sept ar- ticulations insérées dans une cavité de l'abdomen ; elle se prolonge jusque près de la bouche. Les pattes antérieures ou pinces sont composées de quatre articulations. La première petite , et de forme très- irrégulière 5 la seconde, large, ap- platie , triangulaire , avec un prolonge- ment denté , qui se replie en dessous ; la troisième , très-épaisse , large , trian- gulaire dans le sens contraire à la pré- DES CAIAPPES. l8l eédente; enfin, la quatrième, la plus large de toutes , applatie , courbée , triangulaire dans le sens de la seconde , denté en crête dans son côté supé- rieur, toujours granuleuse et tubercu- leuse dans sa surface extérieure qui est plus bombée que l'intérieur. Le pouce mobile, petit et courbe, entouré et chargé à sa base de quelques gros tubercules difficiles à décrire , et placé dans un enfoncement du bord qui est perpendiculaire à l'horizon. Les pattes postérieures sont toutes onguiculées et presque égales. Une des espèces de calappe est commune dans la méditerranée, et a été mentionnée par Aristote et Athénée : on la connoît sur les côtes de France- sous le nom de migrane et de cancre ours, parce que, comme ce quadru- pède , elle se cache les jeux avec ses larges pinces 5 contracte ses pattes sous la saillie excavée de son corcelet , et reste ainsi comme morte tant qu'elle Crustacés. I. 16 l82 HISTOIRE NATURELLE a quelque danger à craindre. Elle vit dans la fange. On la mange, mais sa chair est molle et de mauvais goût, et elle est repoussée de toutes les tables délicates. Si on n'est pas instruit des mœurs de cette espèce , qui vit dans nos mers, on l'est par conséquent encore moins des autres espèces qui ne se rencon- trent que dans les mers des Indes ou d'Amérique. On peut présumer qu'elles ne s'éloignent pas beaucoup de celles des crabes , puisqu'il y a tant d'ana- logie entre les caractères de ces deux genres. La treille a fait du calappe angusté un genre particulier qu'il a appelé hé- pale , dont les principaux caractères sont de. n'avoir pas de dilatation aux angles postérieurs du corcelet, et d'a- voir les mandibules extérieures poin- tues. On n'a point fait usage de ce genre, uniquement parce que l'espèce qui le compose n'a pas été figurée , et qu'on DES CAL APTES. l83 ne sait rien de son histoire. On invite Jes Naturalistes qui auront occasion de l'observer dans les mers d'Amérique , où elle se trouve, de prendre note de ce qu'ils pourront découvrir à son sujet. Calappe en voûte , Calappa Jbrnicata. Le corcelet uni , crénelé; les angles postérieurs plus larges et entiers ; les pinces avec des saillies en crêtes. Petiver, Gaz. tab. 75. fig. ir. Séba , Mus. 3. rab. 20. fig. 7, 8. Rumph. Mus. tab. n. fig. 2, 3, Jfferbst. tab. 12. fig. 73 , 74. Voyez pi. 3. fig. 3, qui le représente réduit du quart. Se trouve dans les mers d'Amérique. Calappe denté , Calapa dentata. Le corcelet inégalement denté sur la totalité de aes bords antérieurs ; le front échancré ; quelques ta- ches blanches. Herbst. Cane. tab. 11. fig. 66. On ignore son pays natal. Calappe blanchâtre , Calappa albicans. Le corcelet finement dénié et sinueux sur les côtés, avec une saillie lancéolée ; les pir.ces avec un rang intérieur, et les mains avec un rang supérieur d'épines; ces dernières extérieurement angu'euses. Cancer fornicatus. — Herbst. Cane. tab. i3. fig. 79. 80. Se trouve dans la mer des Indes. Calappe tubercule, Calappa tuberculata. Le corcelet noduleux, à beaucoup de dents ; les ï84 HISTOIRE NATURELLE angles postérieurs plus larges, crénelés, dentés ; les pinces dentées. Herbst. Cane. tab. i3. fig. 78. Se trouve dans le mer du Sud. Calappe granuleux , Calappa granulata. Le corcelet presque uni, crénelé; le bord posté- rieur dilaté et à cinq dents ; les pinces sillonnées de crêtes. Catesby. 2. tab. 36. Séba , Mus. 3. tab. 19. fig. i3. Jierb. tab. 12. fig. 7S , 76. Se trouve dans la Méditerranée et sur la côte d'Amé- rique. Calappe marbré , Calappa marmorata. Le corcelet presque plissé , à trois dents de cha- que côté; le front crénelé et émarginé ; les bras élargis à leur extrémité. Herbst. tab. 20. fig. II 4. Se trouve dans l'Océan. Calappe crête , Calappa cristata. Le corcelet un peu plissé , crénelé des deux côtés ; le bord postérieur à sept dents ; l'angle postérieur élargi et denté. Se trouve à la Chine. Calappe lophos , Calappa lophos. Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés; 1* bord postérieur crénelé à six dents; l'angle posté- rieur dilaté , à quatre dtn s. Herbst. tab. i3. fig. 77. Se trouve dans les I ndes. Calappe angusté^ Calappa angustata. Le corcelet uni , crénelé des deux côtés; la dett<: postérieure aiguë et unie. Se trouve dans les mers d'Amérique. miJ.Paa.xS4 /'/ . 3 Dfsene de/ ■ Lefel/ier qui, presque toujours se bouchent, de manière qu'ils sont obli- gés de le rouvrir au printemps lorsque îa chaleur du soleil est assez intense pour les déterminer à sortir. Bosc a inutilement cherché à leur voir ilire ces trous. Ils n'ont jamais voulu tra- vailler en sa présence, et il est assez difficile de les surprendre , a .tendu qu'ils sont toujours sur des plages dé- couvertes. Il y a plusieurs espèces d'ocypodes qui ont une pince plus grosse que l'au- tre, et elles ont été toutes confondues sous le nom de vocans. Dans Margrave , seulement, il y en a quatre de figurées. C'est du dernier dont il vient d'être question. D'autres ocjpodes ont les pinces éga- les , et vivent comme ceux dont il vient d'être question, presque toujours hors de l'eau sur les bords de la mer, ou des rivières où remonte la marée. Ils se creusent dans le sable , ou la DES OCYPODES. IQE terre , des trous , presque semblables à ceux ci-devaul décrits. Bosc, qui a aussi eu occasion d'en voir une espèce ? rapporte qu'elle va à l'eau tous les purs mais qu'elle n'y reste pas long- tei C'ect principalement des corps marins rejetés par le flot sur la plage qu'elle se nourrit , et elle ne manque pas de nourriture. Lorsqu'elle craint quelque danger , elle se sauve , en mar- chant de côté , dans son trou , avec tant de rapidité , que ce Naturaliste a. été long -temps à l'observer avant de se faire une idée de l'espèce d'animal qui fujoit devant lui , qu'enfin il a fallu toute la vitesse de son cheval pour s'en procurer quelques exemplaires , encore après plusieurs courses inutiles. On sent bien qu'un animal si difficile à pren- dre , ne peut pas servir habituellement de nourriture; aussi, dans la Caroline n'en fait-on aucun usage. Ce crabe se trouve aussi aux Antilles, et dans l'A- mérique méridionale , où il porte le ÏQ2- HISTOIRE NATURELLE nom de crabe de terre, mais ce nom lui est commun avec tant d'autres, que ce que les voyageurs en rapportent , ne peut lui être spécialement ap- pliqué. Pline cite des crabes qui se trouvent sur les côtes de Syrie , et marchent avec une si grande vitesse que les hom- mes ne peuvent pas les devancer. Oli- vier en a rapporté de ce pays , qui paroissent être de l'espèce dont parle Pline , et ils diffèrent extrêmement peu de celui dont il vient d'être ques- tion dans leur forme générale, mais ils ont sur l'extrémité du pédicule des yeux un faisceau de poils qui les rend fort remarquables. Les crabes de terre font toujours leurs œufs dans l'eau. On ignore encore si c'est aussi dans ce fluide qu'ils procè- dent au changement de leur test. Les mœurs des autres espèces d'o- cypodes sont peu connues , mais il y a lieu de croire qu'elles ne s'éloignent DES OCYPODES. 10,3 pas beaucoup de celles qui viennent detre mentionnées. Il en est une, l'o- cypode craniolaire, qu'on trouve très- fréquemment fossile en France, quoi- qu'elle soit originaire de l'Inde. Il paroît que c'est à ce genre qu'il faut rapporter les tourlouroux crabes des Antilles dont tous les auteurs fran- çais ont parlé. On en distingue de trois sortes , mais on ne peut les caractéri- ser, faute de description exacte. Ils se tiennent dans des trous qu'ils font en terre, et n'en sortent guère que la nuit pour aller chercher leur nourri- ture. Chaque année, au printemps, ils descendent des montagnes en grandes troupes , et vont pondre leurs œufs dans la mer. Les habitans en sont alors fort incommodés , parce qu'ils entrent par- tout , coupent ou brisent les jeunes plantes , et font un bruit continuel. A leur retour, ils changent de peau. Avant, ils bouchent leurs terriers, afin de n'avoir pas à craindre les ennemis Crustacés. I. 17 194 HISTOIRE NATURELLE contre lesquels ils n auroient point alors de défense. Ocypode cératophtalme , Oc. ceratophtalma. Le corcelet carré , crénelé ; les yeux épais , ter- minés par une épine. Cancer et cursor. Cancer uca. — I.i'r.--. ïifrhst. Cane. tab. i. fig. 8, 9. P allas , Spicii. Zocî. 9. tab. 5. fig. 71. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode carré , Ocjpoda quadrata. Le corcelet carré , uni , latéralement crénelé ; les pinces tuberculeuses. Se trouve à la Jamaïque. Ocypode chagriné , Ocjpoda granulata. Le corcelet carré , chagrine ; les pinces plates , sca- bres; la droite plus grande ; les pattes , velues en dessous. On ignore sa patrie. Ocypode rhombe , Ocjpoda rhombea. Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque côté. On ignore son pays natal. Ocypode uni , Ocjpoda lœois* Le corcelet uni , avec une seule dent de chaque- côté ; les pinces unies; la droite plus grande. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode petit, Occjpoda minuta* Le corcelet uni , avec une dent de chaque côté g les pinces très-unies et égales. Se trouve à l'île de France. DES OCYPODES. îgù Ocypode trident , Ocypoda tridens. Le corcelet uni , applati , avec trois dents de cha- que côté. Rable 2\. fig. 125. On ignora s^. pairie. Ocy 3 corutiet uni , carré j le front lobé , émarginé , glabre. Rerbst. Cane. tab. 37, fig. 1. Se trouve dans les mers d'Espagne. Ocypode bourreau , Ocypoda carnifex. Le corcelet presque carré, avec des points et des stries noires très- rapprochées et mélangées vermien- laireraent; une des piuces plus grande. Jferbst. Cane. tab. 4. fig. 1 . On ignore sa patrie. Ocypode hydrodrome , Ocyp. hydrodroma. Le corcelet uni ; le bord élevé , et uue dent der- rière chaque œi'; le poignet avec une seule pince. Couleur jaune ponctuée de rouge. Herbst. Cane. tab. 41. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode ponctué de roux , Oc. rufopunctata^ Le corcelet applati , glabre , ponctué de roux , bidenté sur les côtés ; le front à six dents; les pattes et les pinces ponctuées comme le corcelet. Herbst. Cane. tab. 47, fig. 6. On ignore son pays natal. Ocypode orange , Ocypoda aurantia* Le corcelet sans dents sur les côtés ; le front tron- qué , émarginé ; les pinces unies ; les pattes com- primées. Jg6 HISTOIRE NATURELLE Herlst. Cane. fab. 48. fig. 5. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode trident , Ocypoda tridens. Le corcelet uni , antérieurement tridenté de cha- que côté ; le front entier. Se trouve dans les Indes orientales. Ocypode blanc , Ocypoda albicans. Corcelet presque carré, chagriné, échancré sur les côtés du bord antérieur ; les mains ovales , héris- sées de tubercules, dentées en leur bords; les pattes gar- nies de faisceaux de poils. Trayez pi. 4. fig. 1 , où il est représenté réduit de moitié. Se trouve sur les côtes de la Caroline , d'où il a été rapporté par Bosc. Yeux louguement pédouculés ; instrumens exté- rieurs de la bouche , sans poils et trés-blancs. Corcelet blanchâtre , presque cubique , chagriné sur-tout en ses bords et antérieurement en dessous; les bords très-entiers , excepté celui de devant qui est sinué sur les côtés, et terminé par une pointe avancée; queue unie; pattes onguiculées, applalies, blanches , fasciculées de poils en leurs bords ; pinces hérissées de tubercules épineux, dirigés en avant ; 1« premier article triangulaire et épineux sur deux de ses arêtes ; le second arrondi et armé de deux épines. La main ovale et dentelée latéralement; les doigts courts et tuberculeux en dedans. Cette espèce est fort voisine , mais distincte du cé- ratophtalme. Ocypode ruricole , Ocypoda rut i cola. Les tarses avec des faisceaux de poils ; les doigt» avec deux rangs de tubercules. DES OCTPGDES. I§7 Cancer, ruricola. Fab. S/oan. Jara. i. tab. 2. Séba , Mus. 3. tab. 20. fig. 5 Degeer. Ins. 7. tab. 25. fig. i. Herb. Cane. tab. 3. fig. 36 , et tab. 4. fig. Zj. Ca- tesby , Carol. 2 tab. 32. Se trouve dans l'Amérique, où il est connu sous le nom de crabe de terre. Il y a probablement plu- sieuri espèces confondues sou» ce nom. Ocypode vieillard , Ocypoda senex. Le corcelet avec un pli antérieur; le poignet avec Une épine; les doigts dentés. Cancer. Senex. Fab. Se trouve dans les Indes orientales. Ocypode noir, Ocypoda heterochelos. Les corcelet carré, rugueux, noir, avec une des pinces très - grosse , brune et fortement dentée à l'intérieur. Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 8. Herbst. Cane. tab. 1. fig. 1. Margrave , Bras. pag. 184. fig. 1. Se trouve dans l'Amérique méridionale. Ocjpode combattant, Ocypoda pugilator, Le corcelet plus large que long, trapzoïde, épai , uni en dessus ; une des pinces plus grosse , presque munie , sans deots intérieures. Margrave , Bras. pag. i85. fig. 4. Ss trouve dans l'Amérique méridionale et septentrio- nale , et a été observé par Bosc en Caroline. Yeux longuement pédoncules ; corcelet trapezoïde, sinué en avant , plus large que long , trés-uni , très- entier en ses bords , ponctué gris , avec une tache violette en avant , et des lignes noires parallèles aux côtés et sinuées en arrière. Pinces inégales; l'nne, c'est plus souvent la droite , aussi large et deux fois plus longue que le corps ; l'autre extrêmement petite ; S98 HISTOIRE NATURELLE tontes deux légèrement chagrinées. Les doigts très» longs, courbés en arcs et unis; les pâtes applaties, ponctué«s , grises , un peu ciliées. Ocypode trident , Ocypoda tridens. Le corcelet uni, applati, avec trois dents latérale». Herbst. Cane. tab. ai. fig. ia5. On ignore sa patrie. Ocypode appelant , Ocypoda vocans. Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque côté ; les yeux rapprochés et uDideutés ; uoe des pinces beaucoup plus grosse que l'autre. Cancer vocans. Fab, — Degeer. Ins. 7. tab. 26. fig. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. t. Herbst. Cane. tab. 1. fig. 10. Se trouve dans l'Amérique méridionale. Ocypode angulé , Ocypoda angulata. Le corcelet uni , bideuté de chaque côté ; les pinces très-longues. Cancer angulatus. Fab. — Herbst. Cane. tab. I. fig. 13. Penn. Zoo!. Brit. tab. 5. fig. 10. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. Ocypode tétragone , Ocypoda tetragona. Le corcelet, avec des faisceaux de poils sur sa partie antérieure , et deux dents de chaque côté. Cancer tetragonus. Fab. — Herbst. tab. 47. fig. 5. Se trouve dans les Indes orientales. Ocypode carré , Ocypoda quadrata. Le corcelet uni, antérieurement unidenté de clu- qee côté , postérieurement plissé. Cancer quadratus Fab. Se trouve dans les Indes orientales. Fol. I. Scy/ ■ xôo JV. s J^eteltier Jcufo ■ i . L'OcYpode ulanc ■ a . Le Dorippe nodulenx . 3 . X.e Matât e vainqueur . DES OCYPODES. ÎOtj Oeypode rhomboïde, Ocypoda rhomboïdes, Le corcelet uni ; uue épine sur la partie anté- rieure des côtés; le front tronqué. Cancer rhomboïdes. Fab. — Herbst, Cane. tab. t. fig. 13. Su7z. Hist. tab. 3i. fig. z. Barel. Icon, tab. 1286. fig. z , et 1287. fig. 1. Se trouve dans la Méditerranée. Ocypode petites mains , Ocyp. microchele.r. Le corcelet rbomboïdal , sinué en devant ; le pé- doncule des yeux très - long ; les pinces très-petites , égales; leurs doigts carénés. On ignore sa patrie. GRAPSE, Grjpsvs, Lamarck. Quatre antennes courtes , articulées , ca- chées sous le chaperon. Les yeux aux angles du chaperon, et à pédicules courts. Corps déprimé , presque carré , à chaperon transversal, rabattu en devant. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures termi- nées en pinces. Les grapses diffèrent extrêmement peu des crabes avec lesquels ils ont été réunis par tous les auteurs. Lamarck , îe premier , les a séparés d'après la 20O HISTOIRE NATURELLE. considération de la position de leurs jeux. Ils sont, en général, beaucoup plus applatis , et plus exactement car- rés que les crabes. Leurs pinces sont ordinairement plus courtes que les pat- tes • ces dernières sont extrêmement comprimées, et très - fortement caré- nées sur leur bord antérieur. Bosc, qui a vu beaucoup de grapses dans la baye de Charleston , a observé qu'ils se tenoient presque toujours ca- chés sous les pierres, sous les morceaux de bois ; et , comme ces objets sont rares dans ce lieu, tous les jours, à la retraite de la marée , il étoit sûr de trouver des grapses sous ceux où il en avoit pris la veille. Il a remarqué que, quoiqu'ils ne nagent point, ils ont la faculté de se soutenir momen- tanément sur l'eau, à raison de la lar- geur de leur corps et de leurs pattes , et cela par des espèces de sauts répétés. Ils font ce mouvement toujours de côté, tantôt à droite, tantôt à gauche, selon DES GRAPSES. 201 les circonstances. On ne les mange point, mais c'est , sans doute , parce que d'autres espèces de crabes , dont il sera question au genre portune , sont plus abondans et plus gros, car il n'a pas paru à Bosc que leur chair fût mau- vaise. Ils parviennent à une grandeur représentée par près d'un décimètre carré , et sont toujours marbrés d'un rouge de sang fort éclatant. Aussi sont-ils connus sous le nom de crabes peints dans les Antilles françaises. Un autre , qui ne vit pas positi- vement dans la mer , mais dans les rivières où elle remonte, ou mieux, sur leurs bords , car il est plus sou- vent hors que dans l'eau , c'est le grapse cendré , est encore plus abondant. II ne s'élève pas beaucoup au-delà d'un centimètre carré , mais il est propor- tionnellement plus épais que le pre- mier. Lorsqu'il se trouve un arbre ren- versé dans les marais salés , on est certain d'en trouver dessous d'immenses 202 HISTOIRE NATURELLE quantités , quelquefois même dessus lorsque l'écorce est assez peu adhérente pour leur permettre de s'introduire entre elle et ie bois. Bosc a vu un arbre , mort sur pied , qui en étoit ainsi garni jusqu'à la hauteur de deux à trois mètres. Lorsqu'ils craignent quelque danger, et qu'ils n'ont pas d'ah.i, ils se sauvent dans l'eau en marchant sur le côté, et en faisant un grand bruit avec leurs pattes. Les femelles de ces deux espèces de grapses ont des œufs en ventôse , épo- que où elles commencent à reparoître; car pendant l'hiver les premières res- tent au fond de la mer , et les secondes sans doute enfoncées dans la boue. Grapse peint, Grapsus pictus. Le corcelet plissé de chaque côté , antérieurement bidenté ; le front recourbé, quadridenté sur ses côtés; le corps de diverses couleurs. Cancer Grapsus Fab. — Amoen. Ace. 4. tab. 3. fig. 10. Herbst. Ganc. tab. 3. fig. 33, 34. Catesb, Carol. 2.. tab. 36. fig. 1. Séba , Mus. 3. tab. 18. fig- 5, 6. Se trouve dans l'Amériqus méridionale. DES GRAPSES. 2o3 Grapse varié , Grapsus variegatus. Le corcelet uni, tridenté de chaque côté; le front à quatre dents du chaque côté. Cancer Variegatus. Fab, Se trouve dans l'Inde. Grasse écailleux , Grapsus squammo sus. Le corcelet uni , très-enlier , presque carré , avec sjuatre Jents de chaque côté ; le front à trois lobes ; les cuisses avec une seule dent. Herbst. Cane. tab. 2.Z. fig. n3. On ignore son pays natal. Grapse strié , Grapsus strigosus. Le corcelet uni , avec des stries latérales ; ie bord mince , bidenté derrière les yeux ; le chaperon recourbé •t quadrituberculeux. Herbst. Cane. tab. 47. fig. 7. Se trouve dans la mer des Indes. Grapse tétragone , Grapsus tetragonon. Le corcelet carré, uni; le front avec une saillie ., »n pointe ; les mains unies. Herbst. Cane. tab. 20. fig. 110. On ignore son pays natal. Grapse littéré , Grapsus litteratus. Le corcelet uni , tridenté de chaque côté , avec la figure d'une H, imprimée dans son milieu; les ongles comprimés , ciliés. Cancer litteratus Fab. — Herbst. Cane. tab. 48. %-4- Se trouve dans les Indes orientales. Grapse applati , Grapsus depressus. Le corcelet tuberculeux , à quatre dents de ctaque côté ; les antérienres frontales. 204 HISTOIRE NATURELLE Cancer depressus Fab. — Herbst. Cane. tab. 3- fig. 35. Peu'per Gaz. tab. y5. fig. il. Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d'A- mérique. Grapse cendré , G-rapsus cinereus. Le corcelet inégal, très-entier, gris , varié de bran ; les pinces très-miuces. Voyez pi. 5. fig. i , où il est représenté de gran- deur naturelle. Se trouve sur le bord et dans les eaux saumâtres de la Caroline , d'où il a été apporté par Bosc. DORIPE, Doripe, Fabricius. Quatre antennes ; les antérieures palpifor- mes , les extérieures sétacées. Corps dé- primé, cordiforme , plus large postérieu- rement , rétréci , mais tronqué dans sa partie antérieure. Dix pattes onguiculées; les deux antérieures terminées en pinces, et les quatre postérieures dorsales et pre- nantes. Les doripes faisoient autrefois par- tie d ii genre crabe de Fabricius , mais ils en ont été séparés, par ce Naturaliste, par suite du nouveau travail sur les DES DORIPES. 205 crustacés , dont il a publié les résultats dans son dernier supplément, c'est-à- dire dans celui de 1798. Lamarck et Latreille ont adopté ce genre , qui , en effet , est pourvu de caractères parti- liers, très-saillans. Le corcelet des doripes est géné- ralement tronqué en avant et en ar- rière, élargi postérieurement sur les côtés , et régulièrement sillonné ou ma- melonné en dessus ; sa partie antérieure est presque toujours armée de six épi- nes courtes, presque égales, les deux latérales toujours cependant un peu plus grandes. Les jeux sont portés sur de courts pédicules placés entre les deux dernières épines. Les antennes sont plus ou moins courtes suivant les espèces, mais jamais très-longues. Les pinces sont généralement plus courtes que les pattes antérieures, c'est-à- dire très-petites. Ordinairement le mâle en a une plus grosse que l'autre, à ce qu'assure Fabricius. Rarement elles Crustacés. I. 18 206 HISTOIRE NATURELLE sont épineuses ou tuberculeuses. Les pat- tes se divisent en deux sortes. Les deux premières paires très-grandes , ongui- culées , écartées, ressemblent à celles des crabes proprement dits et des gen- res voisins. Les deux dernières sont de plus de moitié plus courtes , plus grêles que les autres , terminées par un ongle aigu , courbé , susceptible de se replier entièrement ; elles sont placées sur la partie postérieure et supérieure du corcelet, et peuvent parcourir une de sa surface. On présume que cette organisation des doripes leur donne des habitudes différentes des autres crustacés, et en effet, le peu que nous savons de leurs mœurs , constate que , comme les dromies, elles portent continuellement sur leur dos des corps étrangers , tels que des valves de bivalves , et peut- être des fucus , des éponges , des coral- lines , etc. , au moyen desquelles elles sont cachées aux jeux de leurs enne- DES DORIPES. 207 mis, et à ceux des animaux dont elles font leur pâture. Tantôt ces boucliers am- bulans sont immédiatement appliqués sur le dos même de l'animal , tantôt ils en sont à une certaine distance , mais toujours ils sont fortement soutenus par les pattes postérieures , au moyen des crochets dont elles sont armées. On n'a aucunes notions particulières sur les lieux qu'habitent de préférence, les doripes; mais la faculté que la na- ture leur a donnée de se cacher sous un toit portatif, indique qu'ils n'ont pas besoin d'habiter Jes côtes rocailleuses, qu'ils peuvent, sans inconvéniens, par- courir les plages sablonneuses , où ils ont moins de concurrens parmi les au- tres crustacés. Doripe quadridente , Doripe quadridens. Le corcelet inégal, en cœur, applati , hérissé; la base de la queue à six dents. Planons , Conch. 36. tab. 5. fig. 1. Se trouve dans la mer des Indes. 208 HISTOIRE NATURELLE Doripe rusée , Doripe astuta. Le corcelet applati, en cœur , hérissé , avec quatr* dents antérieures ; la queue unie. Se trouve dans la mer des Indes. Doripe chaude , Doripe caîlida. Le corcelet applati , en cœnr , nu , avec quatre dents antérieures ; la queue carinnée. Se trouve sur les côtes d'Amérique. Doripe lanugineuse , Doripe îanata. Le corcelet couvert de poils blanchâtres, avec des dents latérales ; les deux premières paires de pattes écartées. Herbst. Can. tab. il. fig. 67. Se trouve dans la Méditerranée. Doripe noduleuse , Doripe noduîosa. Le corcelet chargé de tubercules arrondis et régu- lièrement disposés , ceux du milieu plus gros ; les doigts des pinces canaliculés et régulièrement dentés en dedans. Cancer nodulosus , OU». Dict. -— Herbst. Cane, îab. n. fig. 70. Voyez pi. 4. fig. 3 , oïf il est représenté , presque de grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Doripe facchine , Doripe facchino. Le corcelet jaunâtre, renflé latéralement et posté- rieurement ; deux dents surnuméraires , au-dessous des antennes; les deux premières paires de pattes écartées. Plancus, Coneh. tab. 5. fig. 1. Herb. Cane. tab. 11. fig. 68. Se trouve dans la Méditerranée. DES DORIPES. 209 Doripe macaron , Doripe mascaroni. Le corcelet alongé , brunâtre ; les pattes très-écartéei des pinces. Sulzer, Gesch. Der. Ins. tab. 3i.fig. t. Herbst. Cane. tab. 11. fig. 69. Se trouve dans la Méditerranée. PORTUNE, Portunus , Fabricius. Quatre antennes inégales, petites , articu- lées ; les extérieures sétacées et plus lon- gues. Corps large, court, déprimé , denté sur les bords, et rétréci postérieurement. Dix pattes , dont les deux postérieures sont terminées par une lame applatie et ovale. Les portunes ont de très-grands rap- ports de forme avec les crabes , mais ils en sont distingués par des caractères très-positifs , et par des mœurs fort différentes. Tous les autres crustacés de la di- vision des queues courtes sont mar- cheurs, et ne nagent point, ou ne na- ,210 HISTOIRE NATURELLE gent que par saut; les portunes seules , nagent quand ils le veulent , et quel- ques espèces , la pélasgique en parti- culier , nagent presque continuelle- ment. Pour cela, la nature les a con- formées d'une manière particulière; elle leur a donné un corps large et aminci en devant, pour pouvoir fendre plus aisément le liquide, et des pattes pos- térieures disposées en nageoires pour pouvoir s'y soutenir et s'y diriger. Mais on va entrer dans ta descrip- tion détaillée des parties. Le corcelet des portunes , est , en général, plus large que long, peu épais, aminci sur le devant, comme on vient de le dire , arrondi sur le derrière , et souvent armé, sur les côtés, d'une saillie plus ou moins longue , et terminée en pointe aiguë. Sa surface est rarement rugueuse , rarement velue , mais tou- jours un peu inégale. Le bord antérieur, qui fait plus ou moins le demi-cercle, est toujours dentelé régulièrement. DES POTITUNES. Zlî Les yeux sont très-courts , renfermés dans une fossette, placée exactement sur le bord du corcelet , et leur écarte- ment est juste le tiers de ce bord. Les antennes sont placées entre les yeux ; ce sont des filets sétacés, très-déliés et fort courts. Les pièces extérieures des instrumens de la manducation ferment la bouche. Comme on a donné , dans les généra- lités de la classe et dans le plus grand détail , la description et la figure de ces parties, d'après Olivier on y renvoie le lecteur. Les pinces sont , tantôt longues , tantôt courtes , mais toujours angu- laires- le troisième de leurs articles est généralement le plus long , et presque toujours il est, ainsi que le quatrième, épineux du côté intérieur. Les pattes sont ordinairement plus courtes que les pinces , toujours très-applaties et velues sur les côtés ; les dernières ont toujours leur ongle extrêmement large, 212 HISTOIRE NATURELLE extrêmement mince , et garni sur ses bords de longs poils très *- serrés. Ce sont là les nageoires, comme on l'a déjà observé. Les espèces qui nagent conti- nuellement, comme la pélasgique, ont même tous les ongles ainsi conformés , mais toujours ceux de la dernière paire sont plus larges que les autres. La queue des portunes est généra- lement plus large que celle des autres crustacés à queue courte. 11 paroît qu'ils l'emploient aussi quelquefois dans l'action de nager. Les portunes , sont par- tout , fort esti- més , comme aliment , quand ils sont gros. Le dépurateur , et le pied large de Rondelet , est communément mangé sur les côtes de l'Océan ; et, ainsi que Bosc le rapporte , l'hastate sur celles de l'Amérique septentrionale. Ce der- nier sert de nourriture journalière aux nègres , dont l'habitation est peu éloi- gnée de la mer ou des rivières où l'eau salée remonte. Ils en prennent de gran- DES PORTUNES. Il3 des quantités , à la marée montante , avec des filets en cercles attachés à un long bâton ; filet sur lequel ils ont fixé un morceau de poisson ou de charogne. Bosc lui-même en a pris plusieurs fois, en moins d'une heure, des centaines, de cette manière. Leur chair est très- savoureuse , et généralement tendre. Cette espèce , dont les pattes antérieures sont onguiculées , marche autant qu'elle nage, mais elle nage très-bien. Ordinai- rement ces crustacés marchent sur les bords de la mer ou des rivières, lorsque la marée monte , pour chercher leur nourriture; mais lorsqu'elle descend, ils s'en retournent toujours nageant, parce qu'ils n'ont plus rien à trouver , et qu'ils craignent d'être laissés par le flot. Dans l'état de tranquilité ils marchent et ils nagent en avant ; mais lorsqu'ils ont quelque chose à redouter , ils se sauvent en nageant sur les côtés, même quelquefois en arrière. Pendant l'hiver, ils disparoissent de la côte , s'enfoncent 214 HISTOIRE NATURELLE dans la profondeur des mers , et ne reviennent que lorsque le soleil com- mence à échauffer les eaux ; alors ils sont garnis d'œufs , et sont plus estimés. Bosc en a pris dans des eaux parfaite- ment douces , mais trop peu éloignées des eaux saumâtres, pour ne pas croire qu'ils avoient été transportés , ou qu ils y étoient allés d'eux-mêmes, car ils sortent quelquefois de l'eau pendant la nuit , à ce qu'on rapporte , pour aller chercher leur vie sur la grève. Une autre espèce , qui seroit presque aussi bien placée parmi les matutes, le portune pélasgique, a été également ob- servée par Bosc , en très-grande quantité sur les fucus qui flottent dans le grand Océan , entre l'Europe et l'Amérique. Cette espèce , qui vit dans une mer sans fond , n'a probablement jamais d'autres points de repos que les fucus dont il est question. Elle nage presque continuellement , et ce , avec aisance , et on pourrait même dire avec grâce. DES FORTUNES. 2l5 Elle peut se soutenir sur l'eau , sans se donner de mouvement apparent , pen- dant un assez long espace de temps. Les longues épines dont son corcelet est latéralement armé , la rendent un manger dangereux pour beaucoup de poissons, et c'est probablement à l'abri de ce moyen de défense qu'elle se con- serve au milieu des ennemis qui l'en- tourent. Les matelots rapportent que ce moyen n'est pas suffisant cependant contre les tortues de mer , qui , avec leurs robustes mâchoires brisent leur test , et les avalent sans inconvénient. Ils rapportent encore que cette espèce est une des plus délicates qu'ils con- noissent. Les portunes ont été divisés par Fabricius , en quatre sections prises du nombre des dents qu'on compte sur les bords de leur corcelet. 2l6 HISTOIRE NATURELLE JLe corceht avec deux dents de chaque côté* Portune vigilant, Portunus vigil. Le corcelet uni , avec deux dents de chaque côté ; les bras épineux. Se trouve dans la mer des Indes. JLe corcelet avec quatre dents de chaque côté. Portune de Rondelet , Portunus Rondeletii. Le corcelet alongé , uni , latéralement quadridenté ; le front épineux- Rondelet , Poiss. pag. 405 ; le large pied. Herbst. Cane. tab. ai. fig. ts6. Se trouve dans la Méditerranée. JLe corcelet avec cinq dents de chaque côté. Portune pubère , Portunus puber. Le corcelet en cœur , velu , avec cinq dents de chaque côté ; les pinces à une seule dent , noires à leur pointe. Voyez pi. 5. fig. 2, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Portune dépurateur , Portunus depurator. Le corcelet uni , avec cinq dents de chaque côté ; les pinces comprimées à leur extrémité. Rumph. Mus. tab. 6. fig. P. Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 9. Herbst. Cane. tab. 7. fig. 48. Se trouve dans les mers d'Europe. Portune oisif , Portunus Jeriatus. Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté; es pinces anguleuses , ovales ; le carpe à une seule dent. Se trouve dans la mer des Indes. DES PORTUNES. 217 Portune porte-lance, Portunus lancifer. Le corcelet un peu tuberculeux, avec une seule épine quadridentée en devant; les pattes antérieures linéaires. Se trouve dans la mer du Sud. , Portune holsate , Portunus holsatus. Le corcelet uni , avec cinq dents de chaque côté et autant au front. Se trouve dans les mers d'Europe. Portune velours , Portunus velutinus. Le corcelet à cinq dents de chaque côté , et cou- vert de poils bruns; la main avec plusieurs rangées d'épines. Pennant. Brit. Zool. tab. 4. fig. 8. Herbst. Cane, tab. 7. fig. 4g. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. Portune ridé , Portunus corrugatus. Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et ridé transversalement. Pennant. Brit. Zool. tab. 5. fig. 9. Herbst. Cane, tab. 7. fig. 50. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. TLe corcslet avec six dents de chaque côté, Portune bimacule' , Portunus limaculatus . Le corcelet ovale , avec six dents et une grande tache rouge de chaque côté. Herbst. Cane. tab. 18. fig. 10 1. On ignore d'où il vient. Portune six dents, Portunus sex dentatus. Le corcelet avec six dents de chaque côté ; le front à huit dents ; les pinces épineuses. Crustecés. I. 19 2l8 HISTOIRE NATURELLE Cancer se x dentatus. Fab. — Rumph. Mus. tab. 6* fig. P. Petiver. Gaz. Opt. tab. i. fig. 6. Herbst. Cane. tab. 7. fig- 52, et 8. fig. 55. Se trouve dans l'Inde. Les figures de Herbst an- noncent deux espèces distinctes. Portune sanguinolent, Por, sanguinolentus. Le corcelet à six dents de chaque côté, et granulé de rouge ; le front à "huit dents ; les pinces épineuses , granulées de rouge , ainsi que les pattes. Herbst. Cane. tab. 40. fig. 1. Se trouve dans l'Inde. Portune annelé , Portunus annuîatus . Le corcelet uni , avec six dents de chaque côté ; le front à huit dents; les pattes annelées de violet. Se trouve dans la mer des Indes. Portune varié , Portunus variegatus. Le corcelet en cœur , velu , avec six dents de chaque côté ; la dent postérieure plus grande ; le front à huit dents ; les pinces épineuses. Se trouve dans la met des Indes. Portune velouté , Portunus holosericeus. Le corcelet en cœur , velu , avec six dents de chaque côté ; le front à huit dents ; les pinces épi- neuses. Se trouve dans la mer des Indes. Portune tronqué , Portunus truncatus. Le corcelet en cœur , velu , avec six dents de chaque côté ; le front tronqué , à huit dents. Se trouve dans la mer des Indes. Portune porte-croix , Portunus crucifer. • " Le corcelet presque uni , à six dents de chaque DES PORTUNES. 2I§ «ôté ; la dernière émarginée ; le front à nuit dents. Se trouve dans la mer des Indes. Portune lucifer , Portunus lucifer. Le eorcelet presque uni , à six dents ; le front à huit dents ; les doigts roux , noirs à leur extrémité. Se trouve dans la mer des Indes. ~Le eorcelet avec neuf dents de chaque cote. Portune trancjuebarique , P. tranquelarkus. Le eorcelet uni , avec neuf dents égales de chaque côté. Se trouve dans la mer des Indes , où il se mange. Portune hastate , Portunus hastatus. Le eorcelet rugueux , avec neuf dents de chaque «ôté ; la dent postérieure plus grande ; le front à quatre dents ; les dents égales. Se trouve dans les îles de l'Amérique. Portune armiger, Portunus armiger. Le eorcelet presque uni , avec neuf dents de chaque côté; la dernière plus grande; le front à cinq lobes ; les bras déniés de chaque côté. Se trouve dans la mer du Sud. Portune gladiateur, Portunus gladiator. Le eorcelet velu , avec neuf dents de chaque côté ; la dernière plus grande ; les pinces tachées de rouge. Se trouve dans les mers d'Asie. Portune pélasgique , Portunus pelasgicus. Le eorcelet uni , avec neuf dents de chaque côté,; la dernière plus grand* ; Iss pinces en prisme à pin- sieurs angles. 220 HISTOIRE NATURELLE Degeer. Mus. 7. tab. 26. fig. 8. Rumph. Mus. tab. 7. fig. R. Herbst. tab. 8. fig. 5£~ Pbyejspl. 5. fig. 3, qui la représente réduite des trois quarts. Se trouve dans la hante mer parmi les fucus. Portune sanguinolent , Por. sanguinolentus. Le corcelet uni , avec neuf dents de chaque côté ; la dernière plus grande, testacée; trois taches rouges sur le bord postérieur. Herbst. Cane, tab 8. fig. 56 , 57. Se trouve dans la mer des Indes. Portune défenseur, Portunus defensor. Le corcelet uni , avec neuf dents ; la dernière courte ; le front à quatre dents ; les intermédiaires très-courtes. Se trouve dans la mer du Sud. Portune hastatoïde , Portunus hastatoides. Le corcelet velu , inégal , avec neuf dents de chaque côté ; la dernière plus grande ; la partie posté- rieure avec une dent de chaque côté. Se trouve dans les mers de l'Inde. Portune tennaille , Portunusjorceps. Le corcelet uni , avec neuf dents de chaque côté; la dent postérieure plus, grande ; les doigts très-longs et filiformes. Se trouve dans l'Océan. Portune pontique , Portunus ponticus. Le corcelet inégal, avec neuf dents de chaque côté; la dernière plus grande; les pinces filiformes; les doigts très courts. Se trouve dans la mer des Indes. PI. Ô. \Deseve del . Pj*£>isi/ifc, Zool. Brit. 4. tab. I, fig. I. Se trouve dans les mers d'Europe. 244 HISTOIRE NATURELLE Pinnothère petite, Pinnotheres minutus. Le corcelet uni , très - entier , presque carré ; les bords amincis ; les pieds comprimés. Cancer minutus Fab. — . Baster , Sub. 2. tab. 4. fig. 12. Pennant, Zool. Bïit. 4. tab. 1. fig. 12. Herbst. Cane. tab. 2. fig. 32. Se trouve fréquemment dans la haute mer. Pinnothère pusille , Pinnotheres pusillus. Le corcelet uni, carré, très-entier; le tarse à une seule dent. Cancer pusillus. Fab. Se trouve dans la mer du Nord. Pinnothère très-glabre , Pinnot. gîàberimus ; Le corcelet applati , entier ; le front tronqué , den- telé ; les pieds unis ; une grande tache blanche ou bleue. Herbst. Cane. tab. 20. fig. 11 5. Se trouve dans la haute mer sur les fucus , où elle a été observée par Bosc. Elle se rapproche beaucoup du pinnothère pusille. Pinnothère ferrugineuse, Pinn.J'errugineus . Le corcelet globuleux , ferrugineux , à quatre dents ; le front tronqué. Herbst. Cane. tab. ai. fig. 127. On ignore sa patrie.^ Pinnothère plissée , Pinnotheres plicatus. Le corcelet uni, plissé des deux côtés, avec quatre dents sur le devant. Cancer plicatus. Fab. Se trouve dans la mer de la Chine. Pinnothère six pieds , Pinnotheres sexpes. Le corcelet uni , très-entier j le front émarginé ; six pieds. DES PINNOTHÈRES. 2^3 Cancer serves. Fjstb. Se trouve dans la nier des Indes. Pinn. demi- cylindrique , P. semîcylindrus \ Le corcelet uni, très-entier; le front recourbé, bifide. Cancer semicylindricus. Fab. Se trouve dans la mer des Indes. Pinnothère oreillée , Pimwtheres auritus. Le corcelet antérieurement a une seule épine ; le dos canalicu'lé ; le test mollasse. , Cancer auritus. Fab. Se trouve en Islande. MAJA, Maja, Lamarck. Quatre antennes ; les intérieures palpifor- mes ; les extérieures sétacées. Corps ovale, conique , plus large postérieurement, ré- tréci en pointe dans sa partie antérieure. Dix pattes onguiculées. Lamarck a réuni , sous ce nom , deux genres que Fabriciusavoit établis, dans son supplément , aux dépens des crabes des premières éditions de son En- tomologie, genres qui , en effet, ne sont ï$> HISTOIRE KATÙRÈLIÏ pas pourvus de caractères assez impor- tans, pour être conservés ainsi qu'on peut s'en convaincre par l'analyse des parties essentiellement consacrées à les fournir* Ces genres sont appelés pctrthenope et inachus. Tous deux sont généralement composés d'espèces à corps globuleux, pointus en avant , ou triangulaires , sur- chargé d'aspérités de différentes for- mes • mais celles du premier ont des pinces dont les jambes et les cuisses sont démesurément longues , grosses et tu- berculeuses, tandis que, chez celles du second, ces mêmes parties sont plus courtes que les pattes, et bien moins hérissées. Ce qui fournit à Lamarck deux divisions dans son genre , qui , quoique peu précises sont dans le cas d'être adoptées. Latreilie a encore tiré du genre de Lamarck, ou mieux, des inachus de Fabricius , un autre genre qu'il a appelé macro pe , macroptis , dont le caractère est d'avoir un corcelet triangulaire, DES MAJA. S47 terminé en bec , souvent 4rès-pointu , et en alêne. Yeux saillans et décou- verts. Antennes intermédiaires décou- vertes , courtes et bifides* Pièces ex- térieures , fermant la bouche , à tiges alongées; l'interne ayant le second ar- ticle terminé en pointe. Ce genre est fondé sur de bons ca- ractères , et renferme des espèces fort remarquables par leur pointe antérieure et par leurs pattes excessivement lon- gues et très-menues; mais la difficulté de les séparer des maja, dont quelques- uns ont la même apparence n'a pas per- mis de l'employer ici. Ce même Naturaliste a remarqué que les yeux du maja vulgaire, cancer maja, Linn. étoient si rapprochés qu'ils se touchoient presque, et que les an- tennes leur étoient, par conséquent, ex- térieures. Il en conclut que cette es- pèce seroit peut-être encore dans le cas de faire un nouveau genre. Les maja ne sont point rares dans 248 HISTOIRE NATURELLE les mers d'Europe; mais cependant leur histoire est fort peu connue. C'est dans les lieux pierreux, et vaseux en même temps , qu'ils se plaisent. Ils sont ga- rantis de la recherche de leurs enne- mis par leur forme semblable à une pierre hérissée d'aspérités , couverte de fange, et de leur attaque par la dureté de leur test. Dès que ces crustacés crai- gnent un danger, ils se blottissent contre une pierre , et attendent dans la plus absolue immobilité qu'il soit passé ou qu'il agisse sur eux; dans ce dernier cas , ils cherchent à se défendre avec leurs pinces comme la plupart des autres crustacés. Parmi eux , il en est une connue des Français , sous le nom d'araignée de mer , à raison de ses longues pattes , qu'on dit avoir la pro- priété de faire sortir du dessous de son corps de petites vessies , et de les enfler comme les grenouilles enflent celles des côtés de leur bouche. Ce fait a besoin d'être confirmé par des obser- DES MAJA. 249 valeurs instruits; il n'est connu que par des rapports sur lesquels on ne peut pas absolument compter. C'est de la Méditerranée que vien- nent la plus part des espèces de maja ; malgré leur nombre , il en est encore plusieurs de cette mer , qui ne sont pas connues des Naturalistes , mais que Bosc se souvient d'avoir vu , et même possédés. Les maja se mangent , mais leur peu de grosseur et la dureté de leur test les font peu rechercher. Les anciens ont connu quelques es- pèces de ce genre. Une d'elle, la squi- nado, passoit pour être le modèle de la sagesse , et pour aimer la musique. Elle étoit, en conséquence, pendue, comme emblème, au cou de la Diane d'Ephèse. ^4. pinces longues et épaisses. Maja macrochelos, Maja macrochelos. Le corcelet en cœur , tuberculeux , sillonné , laté- ralement dentéj les pinces très - longues , dentées, granuleuses. a5o HISTOIRE "NATURELLE Sêba , Mus. 3. tab. 20. fig. 12. Herb Cane. tab. 19 fig. 107. Se trouve dans la Méditerranée. Maja hérissonné, Maja echinatus. Le corcelet en cœur , couvert de verrues et de tubercules , épineux en ses bords ; les pattes et les pinces épineuses et turberculeuses. Herbst. Cane. tab. 108 et 10g. Se trouve dans le mer des Indes. Maja parasite , Maja pansor. Le corcelet en cœur , un peu épineux ; les côtés dentés, et deux grosses épines à leurs extrémités; les" pinces très -longues et très-épineuses. Herbst. Cane. tab. 41. fig. 3. On ignore sa patrie. Maja voûté, Majafornicata. Corcelet inégal ; l'angle postérieur dilaté et ea voûte. Parlhenope fornicata. Fab. Se trouve dans les Indes. Maja giraffe, Maja gîraffa. Le corcelet épineux ; les épines rameuses ; les pinces très-longues , tuberculées en dessous. Parthenope giraffa. Fab. Se trouve dans les Indes orientales. Maja longue main , Maja longimana. Le corcelet épineux ; les épines simples; les pinces très-longues , unies en dessous. Parthenope longimana. • — Fab. Mump/i. Mus, tab. 2. fig. .2. Petiv. Amb. tab. 2. fig. i5. Sêba. Mus. 1. tab. 20. fig. 12. Herbst. tab. 19. fig. io5, 106. DES MAJA. 25l Voyez pi. 7. fig. 1 , où il est représenté réduit des deux tiers. Se trouve dans les mers d'Asie. Maja horrible , Maja horrida. Le corcelet aigu , noueux ; les pinces ovales ; la queue cariée. Parthenope horrida. Fab. — Petiv. Amb. tab. 1. fig. 7. Rumph. Mus. tab. 9. fig. 1. Herbst. Cane, tab. 14. fig. 88. Se trouve dans les mers d'Asie. Maja lar , Maja lar. Le corcelet inégal, à quatre dents ;'les bords épi- neux ; les pinces unies. Parthenope lar. Fab. Se trouve dans l'Inde. Maja vulgaire , Maja vulgaris. Le corcelet épineux ; les pinces ventrues , épi- neuses ; les doigts hérissés par des pinceaux de poils. Parthenope maja. Fab. — Sèba , Mus. 3. tab. 18. fig. 10, et tab. 22. fig. 1. Herbst. Cane. tab. i5. fig. 87. Se trouve dans les mers du Nord. Maja douteux , Maja dubia. Le corcelet uni ; les pinces comprimées, ciliées ; les pattes postérieures très - courtes et relevées sur le dos. Parthenope dubia. Fab. Se trouve dans la mer des Indes. Maja héros , Maja héros. Le corcelet en cœur , antérieurement granuleux et denté ; le rostre bifide et épineux j les doigts des pinces courts. Herbst. Cane. tab. 42. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. 252 HISTOIRE NATURELLE Maja barbue , Maja larlata. Le corcelet carré, antérieurement très -épineux ; les antennes très-longues j les pattes parsemées de gros faisceaux de poils roux. Herbst. Cane. tab. 42. fig. 3. Se trouve dans la Méditerranée. ^4. pinces longues et t filiforme s. Maja scorpion , Maja scorpio. Le corcelet "velu , avec quatre épines droites ; les pattes antérieures très-longues. Inachus scorpio. Fab.'— Penn. Brit. Zool. 4. tab. 9, fig. 18. Se trouve dans la mer du Nord. Maja phalange, Maja phalangiwn. Le corcelet velu , avec trois épines droites antérieures et des tubercules cbtus postérieurs ; le rostre bifide. Inachus phalangium. Fab. ■ — Penn. Brit. Zool. 4. tab. 9. fig. 17. Se trouve dans la mer du Nord. Maja longirostre^ Maja longirostris. Le corcelet épineux , épais , relevé ; le rostre pointu bifide. Jnachus longirostris. Fab. — Herbst. Can. tab. 16. fig. 92. Voyez pi. 8. fig. i , où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Maja à longs pieds , Maja longipes. Le corcelet épineux ; les pinces ovales , hérissées de tubercules ; les pattes postérieures très-longues. Inachus longipes. Fab. —Hu?nph. Mus. tab. 8. fig. 4. Herbst. Cane. tab. 16. fig. 93. Se trouve dans la mer des Indes. DES MAJA. 253 Maja porte-épine , Maja spinifer. Le corcelet inégal , avec nne seule épine sur sa partie postérieure ; la .seconde paire de paites très-longue. Inachus spinifer. Fab. Se trouve dans les mers d'Asie. Maja lar , Maja îar. Le corcelet hérissé de poils ; la ligne dorsale épi- neuse , et une épine latérale de chaque côté. Inachus lar. Fab. Se trouve dans les Iodes. Maja hérisson , Maja erinacea. Le corcelet couvert d'épines droites ; six beaucoup plus longues sur les bords ; le rostre très-saillant , avec deux épines fourchues à sa base , en dessous ; les pinces muriquées à leur base , à peine aussi grosses et aussi longues que les pattes. Voyez pi. 8. fig. 2, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Maja sagittaire , Maja sagittaris. Le corcelet ovale , uni; le rostre très-long , dentelé des deux côtés. Inachus sagittarius. Se trouve aux Antilles. Maja macaron , Maja mascaronia. Le corcelet presque uni , ovale , sans épines ; le rostre bifide ; ses lobes bidentés. Inachus mascaronius. Fab. — Suis. Ins. tab. 3l. fig. I. Herbst. Cane. tab. II. fîg. 69. Se trouve dans la Méditerranée. Maja nasute , Maja nasuta. Le corcelet épineux des deux côtés ; le rostre bi- Grustacés. I. 2.2. 254 HISTOIRE NATURELLE fide , avec deux dentî en dessus et une seule t.i dessous. Inachus nasutus. Fab. Se trouve dans la mer du Nord. Maja angusté, Maja angustata. Le corcelet atténué en avant, uni; le rostre épais, velu , éroarginé. Inachus Angustatus, Se trouve aux Indes orientales. Maja faucheur , Maja opilio. Le corcelet épineux ; le bord postérieur à trois dents ; les pinces presque unies. Inachus opilio. F-tib. Se trouve dans la Méditerranée. Maja condyle , Maja condyîiata. Le corcelet ovale , épineux , avec trois épines droites au-dessus de la queue ; les pinces épineuses. Inachus condyliatus. Fab. — Herbst. Cane. tab. 18. fig. 99. Se trouve dans la Méditerranée. Maja tdtraodon , Maja tetraodon. Le corcelet ovale , inégal , très-épineux ; le rostre ;; quatre épines , les deux intermédiaires réunies par la base ; les pinces courtes , noduleuses. Penn. Zool. Brit. 4. tab. 8. fig. i5. Se trouve dans la Méditerranée. Maja épineux , Maja acuïeata. Le corcelet épineux des deux côtés ; le rostre alonge bifide , avec cinq dents en dessus et une en dessous Inachus aculeatus. Fab, Se trouve dans la mer du Nord. DES MAJA. 255 Maja goutteux , Maja chiragra. Le corcelet noueux , inégal ; le rostre applali , tron- qué ; les pattes noduleuses. Inachus chiragra. — Herbst. Cane. tab. 17. Bg. 96. Se trouve dans la Méditerranée. Maja cornu , Maja rostrata. Le corcelet velu , presque en cœur, avec deux longues •pines sur le dos ; les mains oblongues et comprimées. Penn. Brist. Zool. tab. 9. fig. 17. Jonst. Exsaug. tab. 6. fig. i3, 14. Rondelet, pag. 411, l'Araignée de mer. Herbst. Cane. tab. 16. fig. 92. Se trouve dans la mer du Nord et la Méditerranée. Maja séticorne , Maja seticornis. Le corcelet en cœur , inégal ; le rostre très- alongé et terminé par une soie trois fois plus lon- gue que lui ; les pinces et les pattes très-longues. Herbst. Cane. tab. 16. fig. 91. Voyez pi. 7 , fig. 2. , où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Maja crapaud , Maja hitfo. Le corcelet en cœur, rugueux et noduleux ; le rostre bifide, avec une grosse dent derrière les yeux. Herbst. Cane. tab. 17. fig. 95. On ignore son paj's natal. Les pinces cylindriques , médiocres. Maja muriqué , Maja muricata. Le corcelet hérissé , inégal ; une ligne dorsale avee deux épines de chaque côté ; quatre épines marginales ; les pattes hérissées. Inachus mûrie atu s. F ab. —Herbst. Cane. tab. 12, fig- 7J , 76. Ss trouve daas les Indss orientales. 256 HISTOIRE NATURELLE Maja hybride, Maja hybrida. Le corcelet hérissé , une ligne dorsale avec denx épines de chaque côté; quatre épines marginales; les pattes nues à leur extrémité. Inachus hyhrldus. Fab. Se trouve dans l'Inde. Maja mouton , Maja ovis. Le corcelet ovale , hérissé , avec quatre épiues de chaque côté. Inachus ovis. Fab. — Herbst.Ca.nc. tab. i3. fîg. 82. Se trouve dans la mer des Indes. Maja bélier , Maja hircus. Le corcelet lanugineux , tuberculeux ; les bras épineux ; les pinces unies. Inachus hircus. Fab. Se trouve à la Jamaïque. Maja voleur , Maja prœdo. Le corcelet en cœur, latéralement épineux ; le rostre à quatre épines , dont les intermédiaires sont divergentes , plus longues et plus hérissées que toutes les autres. Herbst. Cane. tab. 42. fig. 2. Se trouve dans la Méditerranée. Maja ours^ Maja ursus. Le corcejet ovale, couvert de paquets de poils; le.^ pinces unies. Inachj/s ursus. Fab. Se trouve dans la mer du Sud. Maja cornu , Maja cornuta. Le corcelet épineux ; le rostre avec des épines «n forme de cornes barbues; les pinces arrondies. m.I.jPa#24S M^L i . Le M ai a louo'neinam , 2,. Le Maja seùcorne . 3 . Le M ai a sa(?. 2Ôj . PI . 8 1 . Le JVTaia loii(rîcovne % . Le Ma v> i en s s on DES MAJA. 257 ïnachus cornutus Fab. Se trouve dans les mers d'Europe. Maja araignée , Maja aranea. Le corcelet inégal ; les bords crénelés des deux côtés , antérieurement dilatés et aigus. ïnachus erinaceus. — Jonst. Exsang. tab. 5. fig. t3. JPenn. Zool. Brist. 4. tab. 9. fig. 16. Herlst. tab. i3. fig. 81. Se trouve dans les mers d'Europe. Maja squinado , Maja squinado. Le corcelet ovale , inégal , granuleux , avec sept grandes épines de chaque côté , hérissées de poils ; le front à deux épines ; les pieds velus. Rondelet , Hist. des poissons , fig. 402. Jonst. Exs. tab. 5. fig. 5. Séba , Mus. tab. 18. fig. 2, 3. Peth>. Gazoph. 1. tab. i55. fig. 2. Herhst. Cane. tab. 14. fig. 84, 85. Voyez pi. 7. fig. 2 , qui le représente à moitié de sa grandeur naturelle. St trouve dans la Méditerranée. Maja ours , Maja ursus. Le corcelet ovale , granuleux avec neuf épines iné - gales de chaque côté ; le front avec deux épines obtuses. Le tout couvert de poils , excepté les pinces. Berbst. Cane. tab. 14. fig. 86. Se trouve dans les mers de l'Europe méridionale. Maja supercilieuse , Maja supercilîosa. Le corcelet pyriforme , avec cinq épines de cha- que côté ; les oculaires trifides ; le front bifide. Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 11. Se trouve dans la mer des Indes. Maja spinipe , Maja spinipes. Le corcelet en cœur , velu , épineu-x en ses bords ; ^58 HISTOIRE NATURELLE. les bras et les cuisses avec de grosses épines ; les mains noduleuses ; les doigts exca\ es et denticulés. Herbst. Cane. lab. 17. fig. 94. Se trouve dans les mers d'Amérique. Maja pipa , Maja pipa. Le corcelet presque en cœur , inégal , noduleux ; le front obtus; les pattes et les pinces couvertes d'é- pines très- Bues. Séba. Mus. 3. tab. 58. fig. 7. Herbst. Cane. tab. 17. fig. 97- Se trouve dans la mer des Indes. Il porte ses oeufs sur le dos comme le crapaud pipa. Maja bilobé , Maja liloba. Le corcelet ovale , épineux en dessus et sur les côtés ; le front saillant , bilobé , épineux et tuber- culeux. Rumph. Mus. tab. 8. fig. 1. Herbst. Cane. tab. 18. fig. 98. Se trouve dans la mer des Indes. Maja hispide , Maja hispida. Le corcelet en cœur, épineux en ses bords ; le- front bifide; les pattes et les bras hérissés d'épines j ies mains unies. Herbst. tab. 18. fig. IOO. On ignore sa patrie. FI» TU TOME PREMIER. ■MWH9PM