27 Re 4 0 « j 2 — "b À An, HISTOIRE NATURELLE MATIÈRES GÉNÉRALES. TOME SEPTIÈME. x 1 RTS fn x ie lon titi ee use si B729 % + es HISTOIRE NATURELLE Par BUFFON, DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. _ { MATIERES GÉNÉRALES. TOME SEPTIEME. V7 25u 767 nsonian Inst RICHMOND COLLECTION. À PARIS ten hu" nes . À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE »z P. DIDOT L'AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, st Fimix DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116, AN VIL — 1799. HISTOIRE. REA TURELLÉ PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 4 PREMIER MÉMOIRE. Recherches sur Le refroidissement de la Terre et des planètes. Ex suppésant, comme tous Les phénomènes paroissent l'indiquer , que la Terre ait au- trefois été dans un état de liquéfaction cau- sée par le feu , il-est démontré, par nos expériences, que si le globe étoit entièrement composé de fer ou de matière ferrugineuse *, * Premier et huitième Mémoires. Mat.gén, VLL. 1 x 2 HISTOIRE NATURELLE. il ne se seroit consolidé jusqu’au centre qu’ ext 4026 ans, refroidi au point de pouvoir le toucher sans se brûler en 46991 ans, et qu'il ne se seroît refroidi au point de la tempéra- ture actuelle qu'en 100606 ans; mais comme la Terre , dans tout ce qui nous “est connu, nous paroit être composée de matières vitres- cibles et calcaires qui se refroidissenten moins de temps que les matières ferrugineuses, ik faut, pour approcher de la vérité autant qu'il est possible, prendre les temps respectifs du refroidissement de ces différentes matières, tels que nous les avons trouvés par les expé- riences du second Mémoire , et en établir le rapport avec celui du refroidissement du fer. En n’employant dans cette somme que le verre, le grès, la pierre calcaire dure, les marbres et les matières ferrugineuses, on trouvera que le globe terrestre s'est consolidé jusqu'au centre en 2905 ans environ, qu’il s’est refroidi au point de PANNE le toucher en 33911 ans environ , et à la température actuelle en 74047 ans environ. J'ai cru ne devoir pas faire entrer dans cette somme des rapports du refroidissement des matières qui composent le globe, ceux de- À LR # x NS horsm: 0 "if v % | | ; À PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 3 Vor, de l'argent, du plomb, de l’étain, du zinc , de l’antimoine et du‘bismuth, parce que ces matières ne font, pour ainsi dire, qu'une partie infiniment petite du globe. De même je n’ai point fait entrer les rap- ports du refroidissement des glaises , des ocres , des craies et des gypses, parce que ces matières n'ayant que peu ou point de du- reté, et n'étant que des détrimens des pre- mières, ne doivent pas être mises au rang de celles dont le globe est principalement composé, qui, prises généralement, sont concrètes, dures et très-solides, et que j'ai cru devoir réduire aux matières vitrescibles, calcaires et ferrugineuses, dont le refroidis- sement mis en somme d’après la table que j eu ai donnée *, est à celui du fer :: 50516 : 70000 pour pouvoir les toucher, et : : b1475 : 70000 pour le point de la température ac- tuelle. Ainsi, en partant de l’état de la liqué- faction , 11 a dü s’écouler 2905 ans avant que le globe de Ja Terre füt consolidé jusqu’au ceutre; de même il s’est écoulé 33911 ans avant que sa surface füt assez refroidie pour * Second Mémoire, tome V, page 144. ,0 #R ] a HISTOIRE NATURELLE "NT pouvoir la toucher, et 74047 ans avant que sa chaleur propre ait diminué au point de la température actuelle ; et comme la diminu- tion du feu ou de la très-grande chaleur se. fait toujours à très-peu près en raison de l’é- paisseur des corps ou du diamètre des globes de même densité, il s'ensuit que la Lune, dont le diamètre n’est que de de celui de la Terre, auroit dù se consolider jusqu’au centre en 792 ans À environ, se refroidir au point de pouvoir la toucher en 9248 ans environ, et perdre assez de sa chaleur propre pour arriver au point de la température ac- tuelle en 20194 ans environ, en supposant que la Lune est composee des mèmes matières que le globe terrestre: néanmoins, commela densité de la Terre est à celle de la Lune : : 1000 : 702, et qu’à l'exception des métaux, toutes les autres matières vitrescibles ou calcaires suivent dans leur refroidissement le rapport de la densité assez exactement, nous dimi- nuerons les temps du refroidissement de la Lune dans ce même rapport de 1000 à 702; en sorte qu'au lieu de s’être consolidée jus- qu'au centre en 792 ans, on doit dire 556 ans environ pour le temps réel de sa consolida- LA à PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 53 tion jusqu’au centre, et 6492 ans pour son refroidissement au point de pouvoir la tou cher, et enfin 14176 ans pour son refroidis- sement à la température actuelle de la Terre; eu sorte qu’il y a 59871 ans entre le temps de son refroidissement et celui du refroidisse- ment de la Terre , abstraction faite de la compensation qu'a dù produire sur l’une et sur l’autre la chaleur du Soleil, et la chaleur réciproque qu’elles se sont envoyée. De même le globe de Mercure, dont le diamètre n’est que + de celui de notre globe, auroit dû se consolider jusqu’au centre en 968 ans ;, se refroidir au point de pouvoir le toucher en 11301 ans environ, et arriver à celui de la température actuelle de la Terre en 24682 ans environ, s'il étoit composé d’une matière semblable à celle de la Terre : mais sa densité étant à celle dela Terre : : 2040 : 1000, il faut prolonger dans la même rai- son les temps de son refroidissement. Ainsi Mercure s’est consolidé jusqu’au centre en 1976 ans À, refroidi au point de pouvoir le toucher en 23054 ans, et enfin à la tempé- rature actuelle de la Terre en 50351 ans : en sorte qu’il y a 23696 ans entre le temps 1 6 HISTOIRE NATURELLE. de son refroidissement et celui du refroidis- sement de la Terre, abstraction faite de même dela compeusation qu’a dü faire à la perte desa chaleur propre, la chaleur du Soleil, duquel il est plus voisin qu'aucune autre planète. De même le diamètre du globe de Mars n'étant que + de celui de la Terre , il auroit dû se ctéotiques jusqu’au centre en 1510 ans + environ, se refroidir au point de pouvoir le toucher en 176354 ans environ, et arriver à celui de la température actuelle de la Terre en 58504 ans environ, s’ilétoit compose d’une matière semblable à celle de la T'erre ; mais sa densite étant à celle du globe terrestre ; : 750 : 1000 , il faut diminuer dans la même rai- son les temps de son refroidissement. Ainsi Mars se sera consolidé jusqu’au centre en 1102 ans L environ, refroidi au point de pouvoir le toucher en 12873 ans , et enfin à la température actuelle de la Terre en 28108 ans; en sorte qu'il y a 45839 ans entre les temps de son refroidissement et celui de la Terre , abstraction faite de la différence qu'a dû produire la chaleur du Soleil sur ces deux planètes. De même le se du globe de Vénus PARTIE HYPOTHÉTIQUE. » £tant Z du diamètre de notre globe, il auroit dû se consolider jusqu’au centre en 2744 ans environ , se refroidir au point de pouvoir le toucher en 32027 ans environ, et arriver à celui de la température actuelle de la Terre en 699535 ans, s’il étoit composé d'une ma- tière sembhble à celle de la Terre: mais sa densité étant à celle du globe terrestre ! 1270 : 1000, 1l faut augmenter dans la même rai- son les temps de son refroidissement. Ainsi Vénus ne se sera consolidée jusqu’au centre qu en 3484 ans — environ, refroidie au point de pouvoir la toucher en 40674 ans, et en- fin à la température actuelle de la Terre en 88815 ans environ; en sorte que ce ne sera que dans 14768 ans que Vénus sera au même point de température qu'est actuellement la Terre, toujours abstraction faite de la diffé rente compensation qu'a dû faire la chaleur du Soleil sur l’une et sur l’autre. ta50 Le diamètre du globe de Saturne étant à celui de la Terre ?! 9+:° 1, il s'ensuit que, malgré son grand éloignement du Soleil , 1l est encore bien plus chaud que la Terre; car, abstraction faite de cette légère différence , causée par Ja moindre chaleur qu'il reçoit 8 HISTOIRE NATURELLE. du Soleil, il se trouve qu’il auroit dû se con- solider jusqu’au centre en 27597 ans ?, se refroidir au point de pouvoir le toucher en 322154 ans +, et arriver à celui de la tem- pérature actuelle en 703446 ans À, s’il étoit composé d’une matière semblable à celle du globe terrestre; mais sa densité n'étant à celle de la Terre que :! 184 * 1000, il faut diminuer dans la même raison les temps de son refroidissement. Ainsi Saturne se sera consolidé jusqu’au centre en 5078 ans envi- ron , refroidi au point de pouvoir le tou- cher en 59276 ans environ, et enfin à la température actuelle en 129434 ans; en sorte que ce ne sera que dans 55387 ans que Saturne sera refroidi au même point de tem-' pérature qu'est actuellement la Terre, abs- traction faite non seulement de la chaleur du Soleil, mais encore de celle qu'il a dû recevoir de ses satellites et de son anneau. De même le diamètre de Jupiter étant onze fois plus grand que celui de la Terre, il s’en- suit qu'il est encore bien plus chaud .que Saturne, parce que, d’une part, il est plus gros, et que, d'autre part, 1l est moins eloi- gné du Soleil; mais, en ne considérant que PARTIE HYPOTHÉTIQUE s sa chaleur propre, on voit qu'il n’auroit dû se consolider jusqu'au centre qu’en 31955ans, ne se refroidir au point de pouvoir le tou- cher qu’en 373021 ans, et n’arriver à celui de la température de la Terre qu’en 814514 ans, s’il étoit composé d’une matière sem- blable à celle du globe terrestre; mais sa densité n'étant à celle de la Terre que :: 292 : 1000 , il faut diminuer dans la même rai- son les temps de son refroidissement. Ainsi Jupiter se sera consolidé jusqu’au centre en 9351 ans : environ, refroidi au point de pouvoir le toucher en 108922 ans, et enfin à la température actuelle en 237838 ans; en sorte que te ne sera que dans 165791 ans que Jupiter sera refroidi au même point de temperature qu'est actuellement la Terre, abstraction faite de la compensation , tant par la chaleur du Soleil que par la chaleur de ses satellites. Ces deux planètes , Jupiter et Saturne, quoique les plus éloignées du Soleil, doivent donc être beaucoup plus chaudes quela Terre, qui néanmoins, à l’exception de Vénus, est de toutes les autres planètes celle qui est actuellement la moins froide. Mais les satel. ro HISTOIRE NATURELLE. lites de ces deux grosses planètes auront ; comme la Lune, perdu leur chaleur propre en beaucoup moins de temps, et dans la pro- portion de leur diamètre et de leur densité ; il y a seulement une double compensation à faire sur cette perte de la chaleur intérieure des satellites, d’abord par celle du Soleil, et ensuite par la chaleur de la planète prin- cipale , qui a dû, sur-tout dans le commen- cement et encore aujourd'hui, se porter sur ces satellites, et les réchauffer à l’exte- rieur beaucoup plus que celle du Soleil. Dans la supposition que toutes les planètes aient été formées de la matière du Soleil, et projetées hors de cet astre dans le même temps, on peut prononcer sur l’époque de leur for. mation par le temps quis’est écoulé pour leur refroidissement. Ainsi la Terre existe ,comme les autres planètes, sous une forme solide et consistante à la surface, au moins depuis 74047 ans, puisque nousavons démontréqu’il faut ce mème temps pour refroidir au point de la température actuelle un globe en incan- descence, qui seroit de la mème grosseur que le globe terrestre *, et composé des mêmes * Hniuème Mémoire, tome VI, page 159. Fe PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 1t matières. Et comme la déperdition de la chaleur , de quelque degré qu’elle soit, se fait en même raison que l'écoulement du temps , on ne peut guère douter que cette chaleur de la Terre ne fût double , il y a 37023 ans :, de ce qu'elle est aujourd'hui, et qu’elle n’aitété triple, quadruple, centuple, etc. dans des temps plus reculés, à mesure qu’on se rap- proche de la date de l’état primitifde l’incan- _ descence générale. Sur les 74047 ans, il s’est, comme nous l'avons dit, écoulé 2905 ans avant que la masse entière de notre globe füt consolidée jusqu'au centre. L'état d'incan- descence, d’abord avec flamme, et ensuite avec lumière rouge à la surface, a duré tout ce temps, après lequel la chaleur, quoi- qu'obscure, ne laissoit pas d’être assez forte pour enflammer les matières combustibles, pour rejeter l’eau et la dissiper en vapeurs, pour sublimer les substances volatiles , etc. Cet état de grande chaleur sans incandes- cence a duré 33911 ans; car nous avons dé- montré, par les expériences du premier Mé- moire*, qu'il faudroit 42964 ans à un globe * Tome IV, page 317. se x2 HISTOIRE NATURELLE de fer gros comme la Terre, et chauffé jus qu'au rouge, pour se refroidir au point de pouvoir le toucher sans se brüler : et, par les expériences du second Mémoire *, on peut conclure que le rapport du refroidissement à ce point des principales matières qui com- posent le globe terrestre, est à celui. du re: froidissement du fer :: 50516 : 70000. Ot 70000 : 50516 :: 42964 : 33911 , ‘à très-peu près. Ainsi le globe terrestre, très-opaque aujourd'hui , a d’abord été brillant de sa propre lumière pendant 2905 ans, et ensuite sa surface n’a cessé d’être assez chaude pour brûler qu'au bout de 33911 autres années. Déduisant donc ce temps sur 74047 ans qu’a duré le refroidissement de la Terre au point de la température actuelle, il reste 40136 ans. C’est de quelques siècles après cette époque que l'on peut , dans cette hypothèse, dater la naissance de la nature organisée sur le globe de la Terre; car 1l est évident qu'aucun être vivant ou organisé n'a pu exister, et encore moins subsister, dans un monde où la chaleur étoit encore si grande, qu’on ue pour * Tome V, pag- 144 et suive ' » PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 13 voit, sans se brûler, en toucher la surface, et que par conséquent ce n'a été qu'après la dissipation de cette chaleur trop forte que la Terre a pu nourrir desanimaux et des plantes. La Lune, qui n’a que À du diamètre de notre 2lobe, et que nous supposons composée d’une matière dont la densité n’est à celle de la Terre que :: 702 : 1000, a dû parvenir à ce premier moment de chaleur bénigne et productive bien plus tôt que la Terre, c’est- à-dire , quelque temps après les 6492 ans qui se sont écoulés avant son refroidissement, au point de pouvoir , Sans se brüler, en tou- cher la surface. Le globe terrestre se seroit donc refroidi du point d’incandescence au point de la tem- pérature actuelle en 74047 ans, supposé que rien n'eût compensé la perte de sa chaleur propre: mais, d'une part, le Soleil envoyant constamment à la Terre une certaine quan- tité de chaleur, l'accession ou le gain de cette chaleur extérieure à dû compenser en par- tie la perte de sa chaleur intérieure ; et, d'autre part, la Lune, dont la surface, à cause de sa proximité, nous paroît aussi grande que celle du Soleil, étant aussi chaude 2 : [hé x4 HISTOIRE NATURELLE. que cetastre dans le temps de l’incandescence générale , envoyoit en ce moment à la Terre autant de chaleur que le Soleil même; ce qui fait une seconde compensation qu’on doit ajouter à la première, sans compter la cha- leur envoyée dans le même temps par les cinq autres planètes, qui semble devoir ajou- ter encore quelque chose à cette quantité de chaleur extérieure que reçoit et qu’a reçue la Terre dans les temps précédens, abstraction faite de toute compensation par la chaleur extérieure à la perte de la chaleur propre de chaque planète ; elles se seroient donc refroi- dies dans l’ordre suivant : 1 À la températur À pouvoir en toucher la surface PECAtURE à actuelle sans se brüler. de la Terre. Leglobe terrestreen 339tr ans.|En 74047 ans. 14196 ans. MERCURE....en 23054 ans|En bo35r ans. VENUS......en 400674 ans.|En 68815 ans. Manrs.......en 12673 ans.|En 28108 ans. JUPITER ....en 108922 ans.|En 237838 ans. SATURNE..-.el1 59276 aus.| En 129434 avs. LA LUNE....en 6492 ans.|En 278 2 PE A IP + Rs D à RSA + ARS POP EC GS SD DSC CRE SNS EPST EE nn PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 15 . Mais on verra que ces rapports varieront par la compensation que la chaleur du Soleil a faite à la perte de la shakenr propre de toutes les planètes. Pour estimer la compensation que fait l’ac- cession de cette chaleur extérieure envoyée par le Soleil et les planètes, à la perte de la chaleur intérieure de chaque planète en par- ticulier, il faut commencer par évaluer la compensation que la chaleur du Soleil seul a faite à la perte de la chaleur propre du globe _ terrestre. On a fait une estimation assez pré- cise de la chaleur qui émane actuellement de la Terre et de celle qui lui vient du Soleil; onatrouvé,pardesobservations très-exactes, et suivies pendant plusieurs années , que cette chaleur qui émane du globe terrestre est en tout tempseten toutessaisons bien plus grande que celle qu’il reçoit du Soleil. Dans nos cli- mats, et particulièrement sous le parallèle de Paris , elle paroît être en été vingt-neuf fois, et en hiver quatre ceut quatre-vingt- onze fois plus grande que la chaleur qui nous vient du Soleil. Mais on tomberoit dans Verreur si l’on vouloit tirer de l’un ou de l'autre de ces rapports, ou même des deux J 16 HISTOIRE NATURELLE. | pris ensemble, le rapport réel de la chaleur propre du globe terrestre à celle qui lui vient du Soleil, parce que ces rapports ne donnent que les points de la plus grande chaleur de l'été, et de la plus petite chaleur, ou , ce qui est la mème chose, du plus grand froid em hiver, et qu'on ignore tous les rapports in— termédiaires des autres saisons de l’année. Néanmoins ce ne seroit que de la somme de tous ces rapports, sdigneusement observés chaque jour , et ensuite réunis, qu'on pour+ roit tirer la proportion réelle de la chaleur du globe terrestre à celle qui Lui vient du So- leil; mais nous pouvons arriver plus aisé- ment à ce même but en prenant le climat de l'équateur, qui nest pas sujet aux mêmes inconvéniens, parce que les étés, les hivers et toutes les saisons y étant à peu près égales, le rapport de la chaleur solaire à la chaleur terrestre y est constant, et toujours de —, non seulement sous la ligne équatoriale, mais à 5 degrés des deux côtés de cette ligne. On peut donc croire, d’après ces observations, qu’en général la chaleur de la Terre est en- core aujourd'hui cinquante fois plus grande que la chaleur qui lui vient du Soleil. Cette PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 1:17 addition ou compensation de -- à la' perte de la chaleur propre du globe n’est pas si consi- dérable qu’on auroit été porté à l’imaginer : mais, à mesure que le globe se refroidira da- vantage, cette même chaleur du Soleil fera une plus forte compensation , et deviendra de plus en plus nécessaire au maintien de la nature vivante, comme elle a été de moins en moins utile à mesure qu'on remonte vers les premiers temps; car en prenant 74047 ans pour date de la formation de la Terre et des planètes, il s’est écoulé peut - être plus de 35000 ans où la chaleur du Soleil étoit de trop pour nous, puisque la surface de notre globe étoit encore si chaude au bout de 33911 ans, qu’on n’auroit pu la tou- cher. Pour évaluer l'effet total de cette compen- sation , qui est — aujourd'hui, il faut cher- cher ce qu’elle a été précédemment, à com- mencer du premier moment lorsque la Terre étoit en incaudescence; ce que nous trouve- rons en comparant la chaleur actuelle du globe terrestre avec celle qu'il avoit dans ce temps. Or nous savons par les expériences de Newton, corrigées dans notre premier 2 EE 18 HISTOIRE NATURELLE. Memoire *, que la chaleur du fer rouge, QUE est à très-peu près égale à celle du verre em incandescence , est huit fois plus grande que la chaleur de l’eau bouillante, et vingt-quatre fois plus grande que celle du Soleïi en été. Or cette chaleur du Soleil en été, à laquelle Newton a comparé les autres chaleurs, est composée de la chaleur propre de la Terre et de celle qui lui vient du Soleil en été dans nos climats; Se comme cette dernière cha- leur n ‘ent que — de la première, il s'ensuit que de + ou 1, sas rprene ici l'unité de la our en été, il n’en ne. au Soleil que =, et qu'il en appartient + à la Terre. Ainsi la chaleur du fer rouge, qui a été trou- vée vingt-quatre fois plus grande que ces deux chaleurs prises ensemble , doit être augmentée de dans la même raison qu'elle est aussi Pie ere , et cette augmentation est par conséquent de + ou de +. Nous devons donc estimer à pis près L la chaleur du fer rouge, relativement à la chaleur propre et actuelle du globe terrestre qui nous sert * Premier Mémoire sur les progrès de la chaleur, partie expérimentale, tome IV, page 300, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 79 d'unité. On peut donc dire que, dans le temps de l’incandescence , il étoit vingt-cinq fois plus chaud qu'il ne l’est aujourd'hui; car nous devons regarder la chaleur du Soleil comme une quantité constante, ou qui n'a que très-peu varié depuis la formation des planètes. Ainsi , la chaleur actuelle du globe étant à celle de son état d’incandescence :? 1 : 25, et la diminution de cette chaleur s’étant faite en même raison que la succession du temps, dont l’écoulement total depuis l’incan- - descence est de 74047 ans, nous trouverons, en divisant 74047 par 25, que, tous les 2962 ans environ, cette première chaleur du globe a diminué de —, et qu'elle continuera de di- minuer de mème jusqu’à ce qu’elle soit en-— tièrement dissipée; en sorte qu'ayant été 25 il y a 74047 ans, et se trouvant aujourd'hui + ou 1, elle sera dans 74047 autres années — de ce qu'elle est actuellement. Mais cette compensation par la chaleur du Soleil étant — aujourd'hui, étoit vingt-cinq fois plus petite dans le temps que la chaleur du globe étoit vingt-cinq fois plus grande ; multipliant donc + par —, la compensation dans l'état d'incandescence n'étoit que de 0 HISTOIRE NATURELLE. -——. Et comme la chaleur primitive du globe a diminué de + tous les 2962 ans, on doit em conclure que, dans les derniers 2962 ans, la compensation étant —, et dans les pre- n 2962 ans étant ——, dont la somme est =, la compensation des temps suivans et antécédens, c’est-à-dire, pendant les 2962 ans précédant les derniers, et pendant les 2962 suivant les premiers, a toujours été égale à 2 ; d’où il résulte que la AE tion totale PERTE les 74047 ans est 5 multipliés par 125, moitié de la somme de tous pi: Jarre de 2962 ans , ce qui donne 2 ou 5. C’est-là toute la compensation que 1250 la NA TA du Soleil a faite à la perte de la chaleur propre du globe terrestre ; cette perte, depuis le commencement jusqu’à la fin des 74047 ans étant 25, elle est à la compensa- tion totale comme le temps total de la pé- riode est au temps du prolongement du re- froidissement pendant cette période de 74047 ans. On aura donc 25 : À :; 74047 : 770 ans environ. Ainsi, au lieu de 74047 ans, on doit dire qu’il y a 74817 ans que la Terre a com- mence de recevoir la chaleur du Soleil et de perdre la sienne. \ PARTIE HYPOTHÉTIQUE 2r Le feu du Soleil, qui nous paroît si consi- dérable , n'ayant compensé la perte de la chaleur propre de notre globe que de sur 25 , depuis le premier temps de sa forma- tion, l’on voit évidemment que la compen- sation qu'a pu produire la chaleur envoyée par la Lune et par les autres planètes à la Terre est si petite, qu’on pourroit la négli- ger, sans craindre de se tromper de plus de dix ans sur le prolongement des 74817 ans qui se sont écoulés pour le refroidissement de la Terre à la température actuelle. Mais, comme dans un sujet de cette espèce on peut desirer que tout soit démontré, nous ferons la recherche de la compensation qu'a pu pro- duire la chaleur de la Lune à la perte de la’ chaleur du globe de la Terre. La Lune se seroit refroidie au point de pouvoir en toucher la surface en 6492 ans, _et au point de la température actuelle de la Terre en 14176 ans, en supposant que la Terre se füt elle-même refroidie à ce point en 74047 ans; mais, comme elle ne s’est réel- Jement refroidie à la température actuelle qu'en 74817 ans environ, la Lune n’a pu se zefroidir de même qu’en 14323 ans environ, 22 HISTOIRE NATURELLE. - en supposant encore que rien n’eût com pensé la perte de sa chaleur propre. Ains£ sa chaleur étoit, à la fin de cette période de. 14323 ans, vinst-cinqgifois plus petite que dans le temps de l’incandescence , et l’on. aura, en divisant 14323 par 25, 33 ans en- viron ; en sorte que tous les 533 ans cette première chaleur de la Lune a diminué de —, et qu'étant d'abord 25, elle s’est trouvée = où 1 au bout de 14323 ans, et de — au bout de 14323 autres années ; d’où l’on peut con clure que la Lune, après 28646 ans, auroit été aussi refroidie que la T'erre le sera dans 74817 ans, si rien n’eût compensé la perte de la chaleur propre de cette planète. Mais la Lune n'a pu envoyer à la Terre une chaleur un peu considérable que pen- dant le temps qu’a duré son. incandescence et son état de chaleur, jusqu’au degré de la température actuelle de la Terre; et elle se roit en effet arrivée à ce point de refroidisse- ment en 143923 ans, si rien n’eût compensé la perte de sa chaleur propre : mais nous dé- montrerons tout-à-l'heure que, pendant cette période de 14323 ans, la chaleur du Soleil a compensé Ja perte de la chaleur de la Lune, 4 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 23 assez pour prolonger le temps de son refroi- dissement de 149 ans, et nous démontrerons de même que la chaleur envoyée par la Terre à la Lune pendant cette même période de 14523 ans, a prolonge son refroidissement de 1937 ans. Ainsi la période réelle du temps du refroidissement de la Lune, depuis l’in- candescence jusqu’à la température actuelle de la Terre, doit ètre augmentée de 2086 ans, et se trouve être de 16409 ans, au lieu de 14325 ans. Supposant donc la chaleur qu’elle nous en- voyoit dans le temps de son incandescence, égale à celle qui nous vient du Soleil, parce que ces deux astres nous présentent chacun une surface à peu près égale, on verra que cette chaleur envoyée par la Lune, étant, comme celle du Soleil, + de la chaleur ac- tuelle du globe terrestre, ne faisoit compen- sation dans le temps de l’incandescence que de —— à la perte de la chaleur intérieure de notre globe, parce qu’il étoit iui-même en incandescence , et qu’alors sa chaleur propre étoit vingt-cinq fois plus grande qu’elle ne l'est aujourd'hui. Or, au bout de 16409 ans, la Lune étant refroidie au même point de { 24 HISTOIRE NATURELLE. température que l’est actuellement la Terre, la chaleur que cette planète lui envoyoit dans ce temps n'auroit pu faire qu'une compen- sation vingt-cinq fois plus petite que la pre mière, c'est-à-dire, de ——, si le globe ter- restre eût conserve son état d'incandescence ; mais sa première chaleur ayant diminué de — tous les 2962 ans, elle n'étoit plus que de 19 + environ au bout de 16409 ans. Ainsi la compensation que faisoitalors la chaleur de la + , 3 A I s ° Lune, au lieu de n'être que de —— , étoit de 312$0 2; . En ajoutant ces deux termes de com- pensation du premier et du dernier temps, Le I à uk I LP PRE 7 c'est-à-dire To Avec 25 , On aura 2$ 31250 31250 pour la somme de ces deux compensations, qui étant multipliée par 12 :, moitié de la 2 ñ 0Q = somme de tous les termes , donne Te pour la compensation totale qu'a faite la chaleur envoyée par la Lune à la Terre pen- dant les 16409 ans. Et comme la perte de la ehaleur propre est à la compensation en PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 25 même raison que le temps total de la période est au prolongement du refroidissement, on ri ; aura 25 : es :: 16409 : 62 << environ. 12 À Ainsi la chaleur que la Lune a envoyée sur le globe terrestre pendant 16409 ans, c'est- à-dire , depuis l’état de son incandescence jusqu’à celui où elle avoit une chaleur égale à la température actuelle de la Terre, n’a prolongé le refroidissement de notre globe que de 6 ans + environ, qui étant ajoutés aux 74817 ans , que nous avons trouvés précé- demment, font en tout 74823 ans : environ, qu'on doit encore augmenter de 8 ans, parce que nous n'avons compté que 74047 ans, au lieu de 74817 pour le temps du refroidisse- ment de la Terre, et que 74047 ans : 770 2: 770 : 8 ans environ , et par conséquent on peut réellement assigner 74831 ; ou 74832 ans, à très-peu près, pour le temps précis qui ” s’est écoulé depuis l’incandescence de la Terre jusqu’à son refroidissement à la température actuelle. Ou voit, par cette évaluation de la cha- leur que la Lune a envoyée sur la Terre, combien est encore plus petite la compensa- 3 \L 26 ‘HISTOIRE NATURELLE. tion que la chaleur des cinq autres planètes a pu faire à la perte de la chaleur intérieure de notre slobe : ces cinq planètes prises en- semble ne présentent pas à nos yeux une étendue de surface à beaucoup près aussi grande que celle de la Lune seule; et quoique l’incandescence des deux grosses planètés ait duré bien plus long-temps que celle de la Lune , et que leur chaleur subsiste encore aujourd’hui à un très-haut degré, leur éloi- gnement de nous est si grand, qu’elles n'ont pu prolonger le refroidissement de notre globe que d’une si petite quantité de temps; qu'on peut la regarder comme nulle, et qu’on doit s’en tenir aux 74852 ans que nous avons déterminés pour le temps réel du re- froidissement de la ‘Terre à la température actuelle. Maintenant il faut évaluer, comme nous l'avons fait pour la Terre, la compensation que la chaleur du Soleil a faite à la perte de la chaleur propre de la Lune, et aussi la compensation que la chaleur du globe ter- restre à pu faire à la perte de cette même chaleur de la Lune, ét démontrer, comme nous l'avons avancé, qu'on doit ajouter 2086 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 27 à la période de 14323 ans, pendant laquelle elle auroit perdu sa chaleur propre jusqu’au point de la température actuelle de la Terre, si rien n'eüt compense celte perte. En faisant donc, sur la chaleur du Soleil, le même raisonnement pour la Lune que nous avons fait pour la Terre, on verra qu'au bout de 14323 ans la chaleur du Soleil sur la Lune n'étoit que comme sur la Terre + de la chaleur propre de cette planète, parce que sa distance au Soleil et celle de ia Terre au . même astre sont à très-peu près les mêmes : dès lors sa chaleur, dans le temps de l’incan- descence , ayant été vingt-cinq fois plus grande, il s'ensuit que tous les 533 ans cette première chaleur. a diminué de +; en sorte qu étant d'abord 25, elle n’étoit, au bout de 14523 ans, que = ou 1. Or la compensation que faisoit la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de la Lune, étant = au bout de 14323 ans, et —=— dans le temps de son incandescence, on aura, en ajoutant ces deux termes, +, lesquels multipliés par 122, moitié fe la somme de tous les termes, donnent -+ pour la compensation totale pen- dant she première période de 14323 ans. Et 28 HISTOIRE NATURELLE. comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 5 :: 14323 » 149 ans environ; d’où l’on voit que le pro- longement du temps pour le refroidissement de la Lune par la chaleur du Soleil, a été de 149 ans pendant cette première période de 14323 ans; ce qui fait en tout 14472 ans pour le temps du refroidissement y Y compris le prolongement qu’a produit la chaleur du Soleil. Mais on doit en effet prolonger encore le temps du refroidissement de cette planète, arce que l’on est assuré, même par les phe- p P | nomènes actuels, que la Terre lui envoie une grande quantité de lumière , et en même temps quelque chaleur. Cette couleur terne qui se voit sur la surface de la Lune quand elle n’est pas éclairée du Soleil, et à laquelle les astronomes ont donne le nom de /zmière cendrée, n’est, à la vérité, que la réflexion de la lumière solaire que la Terre lui envoie ; mais il faut que la quantité en soit bien con- sidérable, pour qu'après une double reflexion elle soit encore sensible à nos yeux d’une 2 SRE PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 29 distance aussi grande. En effet, cette lumière est près de seize fois plus grande que la quan- tité de lumière qui nous est envoyée par la pleine Lune, puisque la surface de la Terre est pour la Lune près de seize fois plus éten- due que la surface de cette planète ne l’est pour nous. ins Pour me donner l’idée nette d’une lumière seize fois plus forte que celle de la Lune, j'ai fait tomber dans un lieu obscur, au moyen des miroirs d’Archimède, trente-deux images de la pleine Lune, réunies sur les mêmes objets : la lumière de ces trente-deux images étoit seize fois plus forte que la lumière simple de la Lune; car nous avons démontré, par les expériences du sixième Mémoire, que la lumière en général ne perd qu'environ moitié par la réflexion sur une surface bien polie. Or cette lumière de trente-deux images de la Lune m'a paru éclairer les objets au- tant et plus que celle du jour, lorsque le ciel est couvert de nuages : il n'y a donc point de nuit pour la face de la Lune qui nous regarde, tant que le Soleil éclaire la face de la Terre qui la regarde elle-même. Mais cette lumière n'est pas la seule éma- 5 4 30 HISTOIRE NATURELLE. nation bénigne que la Lune ait reçue et re- coive de la Terre. Dans le commencement des temps, le globe terrestre étoit pour cette planète un second Soleil plus ardent que le premier : comme sa distance à la Terre n’est que de quatre-vingt-cinq mille lieues, et que la distance du Soleil est d'environ trente- trois millions, la Terre faisoit alors sur la Lune un feu bien supérieur à celui du Soleil. Nous ferons aisément l’estimation de cet effet, en considérant que la Terre presente à la Lune une surface environ seize fois plus grande que le Soleil , et par conséquent le globe terrestre, dans son état d'incandes- cence , étoit pour la Lune un astre seize fois plus grand que le Soleil *. Or nous avons vu * On peut encore présenter d’une autre manière: qui paroîtra peut-être plus claire, les raisonnemens et les calculs ci-dessus. On sait que le diamètre du Soleil est à celui de la Terre :: 107 : 1, leurs sur- faces : : rr449 : x, et leurs volumes :: 1225043: 1. Le Soleil, qui est à peu près éloigné de la Terre et de la Lune également, leur envore à chacune une certaine quantité de chaleur, laquelle, comme celle de tous les corps chauds, est en raison de la surface et non pas du volume, Supposant donc le Soleil divisé en 225043 peus globes, chacun gros PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 3r que la compensation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de la Lune pendant 14323 ans, a êté de +, et le prolongement du refroidissement, de 149 ans; mais la chaleur envoyée par la Terre en in- candescence étant seize fois plus grande que celle du Soleil, la compensation qu’elle a faite comme la Terre, la chaleur que chacun de ces petits globes enverroit à la Lune , seroit à celle que le Soleil lui envoie , comme la surface d’un de ces petits globes est à la surface du Soleil , c’est-à-dire, :: x : 22449. Mais, en mettant ce petit globe de feu à la place de la Terre, il est évident que la chaleuc sera augmentée dans la même raison que l'espace aura diminué. Or la distance du Soleil et celle de Ja Terre à la Lune sont entre elles :: 7200 : 17, dont les quarrés sont :: 51840000 : 289. Donc la chaleur que le petit globe de feu placé à 85000 lieues de distance de la Lune lui enverroit, seroit à celle qu'il lui envoyoit auparavant :: 1790277 : v. Mais nous avons vu que la surface de ce petit globe n’étoit à T elle du Soleil que :: r : L14493; ainsi la quantité de chaleur que sa surface enverroit vers la Lune , est 11449 lois plus peute que celle du Soleil. Divisant donc 17377 par 11449, il se trouve que cette chaleur envoyée par la Terre en incandes- cence à la Lune étoit :5£, c’est-à-dire, euviron seize fois plus forte que celle du Soleil. 3 HISTOIRE NATURELLE. alors étoit donc +, parce que la Lune étoit elle-même en incandescence , et que sa cha- leur propre étoit vingt-cinq fois plus grande qu'elle n’étoit au bout des 14323 ans: néan- moins la chaleur de notre globe ayant dimi- nué de 25 à 20 : environ depuis son incan-— descence jusqu'à ce même terme de 14323 ans, 1l s'ensuit que la chaleur envoyée par la Terre à la Lune dans ce temps, n'auroit 22 TA . A 25 s1 la Lune eût 12$0 conservé son état d’incandescence ; maïs sa première chaleur ayant diminué pendant les 14523 ans de 25, la compensation que fai- soit alors la chaleur de la Terre, au lieu de 2 2 n'être que de Bu, a été de 22 multipliés O 1250 par 25, c’est-à-dire, de <<. deux termes de compensation du premier et du dernier ere de cette période de 14323. 322 338 et <=, on aura <= pour la somme de ces deux termes de compensation, qui étant multipliée par 12 +, moitié de la somme de tous les termes , donne + ou 3 = pour la compensation totale qu'a faite la chaleur envoyée par la Terre à la Lune pen- ans , Savoir > er e En ajoutant ces. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 33 dant les 14323 ans; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation em même raison que le temps de la période est à celui du prolongement du refroidissement, on aura 25 : 5-2 :: 14523 : 1937 ans envi- ron. Ainsi la chaleur de la Terre a prolongé de 1937 ans le refroidissement de la Lune pendant la première période de 14323 ans; et la chaleur du Soleil l’ayant aussi pro- longe de 149 ans, la période du temps réel qui s’est écoulé depuis l’incandescence jus- qu’au refroidissement de la Lune à la tem- pérature actuelle de la Terre , est de 16409 ans environ. Voyons maintenant combien la chaleur du Soleil et celle de la Terre ont compensé la perte de la chaleur propre de la Lune dans la période suivante, c'est-à-dire , pendant les 14323 ans qui se sont écoulés depuis la fin de la première période, où sa chaleur auroit été égale à la température actuelle de la Terre, si rien n’eût compensé la perte de sa chaleur propre. La compeusation par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de la Lune, étoit — au commencement, et à la fin de 34 HISTOIRE NATURELLE. cette seconde période. La somme de ces deux iermes est , qui étant multipliée par 12%, moitie fie la somme de tous les termes., donne <= ou 6 : pour la compensation totale par la cha lAi du Soleil pendant la seconde période de 14323 ans. Mais la Lune ayant perdu, pendant ce temps, 25 de sa chaleur propre, et la perte de la chaleur propre étant à la compensation en même raison que le temps de la periode est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 6 = :: 14323 © 3724 ans. Ainsi le prolongement du temps pour le refroidissement de la Lune par la chaleur du Soleil , ayant été de 149 aus dans la première période, a été de 3728 ans pour la seconde periode de 14323 ans. Et à l’égard de la compensation produite par la chaleur de la Terre pendant cette même seconde période de 14323 ans, nous avons vu qu'au commencement de cette se— conde période , la chaleur propre du globe terrestre étant de 20>, la compensation qu'elle a faite alors a été de e Or la chaleur de la 1Z Terre ayant diminué pendant cette seconde période de 20 3 à 15 +, la compensation n’eût À à Le yrte HYPOTHÉTIQUE. 35. été que de + = RES à la fin de cette période, si la Lune eût conservé le degré de chaleur qu’elle avoit au commencement de cette même période : ji comme sa chaleur propre a diminué de + à + pendant cette se- conde période, la ritidaition produite par la chaleur de la Terre, au lieu de n'être que 1250 s période; ajoutant les deux termes de compen- sation du premier et du dernier temps de cette roy Grrr — . * , a été de Sr à la fin de cette seconde 2 LT n * J: 22% baux seconde période, c’est-à-dire, AE nb L | 12$0 1250 on aura ue, qui étant multipliés par 12 moitié de la somme de tous les termes, donnent = ou 64: environ pour la com- pensation totale qu'a faite la chaleur envoyée par la Terre à la Lune dans cette seconde période; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même rai- son que le temps de la période est au prolon- gement du refroidissement, on aura 25 : 64+ :: 14523 : 58057 ans environ. Ainsi le pro- Jongement du refroidissement de la Lune par la chaleur de la Terre, qui a été de 1937 36 HISTOIRE NATURELLE: ans pendant la première période, se ur de 58057 ans environ pour la seconde pé- riode de 14523 ans, À l’égard du moment où la ébéteuls en voyée par le Soleil à la Lune a été égale à sa chaleur propre, il ne s’est trouvé ni dans la première ni dans la seconde période de 14325 ans , mais dans la troisième précisé- ment , au second terme de cette troisième période, qui, multiplié par 572 , donne 1145 +, lesquels, ajoutés aux sb années des deux périodes, font 29701 ans #. Ainsi c’est dans l’année 29792 de la Per des planètes que l’accession de la chaleur du So- leil'a commencé à égaler et ensuite surpasser la déperdition de la chaleur propre de la Lune. Le refroidissement de cette planète a donc été prolongé pendant la première période, °, de 149 ans par la chaleur du Soleil; 2°. de 1957 ans par la chaleur de la Terre, et, dans la seconde période, le refroidissement de la Lune a été prolongé; 5°. de 3724 ans par la chaleur du Soleil ; ‘et 4°. de 38057 ans par la chaleur de la Terre. En ajoutant ces quatre termes, on aura 435867 ans, qui étant joints aux 28646 ans des deux périodes, font en PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 3 tout 72513 ans : d’où l’on voit que ca été dans l’année 72513, c’est-à-dire, il y à 2318 ans, que la Lune a été refroidie au point de -— de la température actuelle du globe de la Terre. La plus grande chaleur que nous ayons comparée à celle du Soleil ou de la Terre, est la chaleur du fer rouge; et nous avons trouve que cette chaleur extrême n’est néan- moins que vingt-cinq fois plus grande que la chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que notre globe , lorsqu'il étoit en in- candescence , ayant 25 de chaleur , n’en a plus que la vingt-cinquième partie, c’est-à- dire , + ou 1; et, en supposant la première periode de 74047 ans, on doit conclure que, dans une seconde période semblable de 74047 ans, cette chaleur ne sera plus que — de ce qu’elle étoit à la fin de la première periode, c’est-à-dire, il y a 785 ans. Nous regarderons le terme = comme celui de la plus petite chaleur, de la même façon que nous avons pris 25, comme celui de la plus forte chaleur dont un corps solide puisse être pénétré, Cependant ceci ne doit s'entendre que relati- vementà notre propre nature et à celle des Mat, gén, VIT: 4 { 38 HISTOIRE NATURELLE. êtres organisés : car cette chaleur = de Ia température actuelle de la Terre est encore double de celle qui nous vient du Soleil; ce qui fait une chaleur considérable , et qui ne : peut être regardée comine très-petite que relativement à celle qui est nécessaire au maintien de la nature vivante; car il est dé- montré, même par ce que nous venons d'ex- poser, que si la chaleur actuelle de la Terre étoit vingt-cinq fois plus petite qu’elle ne l’est, toutes les matières fluides du globe se- roient gelées, et que ni l’eau, ni la séve, ni le sang, ne pourroient circuler ; et c’est par cette raison que j'ai regardé le terme — de la chaleur actuelle du globe comme le point de la plus petite chaleur, relativement à la na- ture organisée, puisque de la même manière qu’elle ne peut naître dans le feu, ni exister dans la très-srande chaleur, elle ne peut de même subsister sans chaleur ou dans une trop petite chaleur. Nous tâächerons d'indiquer plus précisément les termes de froid et de chaud où les êtres vivans cesseroient d’exis- ter : mais il faut voir auparavant comment se fera le progrès du refroidissement du globe terrestre jusqu'à ce point — de sa cha- deur actuelle. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 3% Nous avons deux périodes de temps, cha- cune de 74047 ans, dont la première est - écoulée , et a été prolongée de 785 ahs par l'accession de la chaleur du Soleil et de celle de la Lune. Dans cette première période, la chaleur propre de la Terre s'est réduite de 25 à 1; et dans la seconde période, elle se réduira de 1 à =. Or nous n'avons à con- sidérer dans cette seconde période que la compensation de la chaleur du Soleil; car on voit que la chaleur de la Lune est depuis Jong-temps si foible, qu'elle ne peut envoyer à la Terre qu'une si petite quantité qu’on doit la regarder comme nulle. Or la compen- sation par la chaleur du Soleil, étant £ àla fin de la première période de la chaleur propre de la Terre, sera par conséquent + à la fin de la seconde période de 74047 ans: d’où il résulte que la compensation totale que produira la chaleur du Soleil pendant cette seconde période, sera 2 ou 6 5; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement , on aura 25 : 6 + ee 74047 : 19252 environ. Ainsi la chaleur du Soleil, 40 HISTOIRE NATURELLE. qui a prolongé le refroidissement de la T erre de 770 ans pour la première période, le pro- longera pour la seconde de 19252 ans. Et le moment ouù la chaleur du Soleil sera égale à la chaleur propre de la Terre, ne sé trouvera pas encore dans cette seconde pé- riode, mais au second terme d’une troisième période de 74047 ans ; et comme chaque terme de ces périodes est de 2962 ans, en les multipliant par 2 on a 5924 ans, lesquels ajoutes aux 148094 ans des deux premières périodes , il se trouve que ce ne sera que dans l'annee 154018 de la formation des planètes que la chaleur envoyée du Soleil à la Terre sera égale à sa chaleur propre. Le refroidissement du globe terrestre à donc été prolongé de 776 ans < pour la pre- mière période, tant par la chaleur du Soleil que par celle de la Lune, et il sera encore prolongé de 19252 aus par la chaleur du So- leil pour la seconde période de 74047 ans. Ajoutant ces deux termes aux 148094 ans des deux périodes , on voit que ce ne sera que dans l’année 168123 de la formation des planètes, c’est-à-dire, dans 93291 ans, que la Terre sera refroidie au point de + de! la tem- PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 4r pérature actuelle , tandis que la Lune l’a été dans l’année72514, c’est-à-dire, il y a 2318 ans, et l’auroit été bien plus tôt si elle ne tiroit, comme la Terre, des secours de chaleur que du Soleil, et si celle que lui a envoyée la Terre n’avoit pas retardé son refroidissément beaucoup plus que celle du Soleil. Recherchons maintenant quelle a été la | compensation qu'a faite la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre des cinq autres planètes. Nous avons vu que Mercure, dont le dia- mètre n’est que : de celui du globe terrestre, se seroit refroidi au point de notre tempé- rature actuelle en 50351 ans , dans la sup- position que la Terre se fût refroidie à ce même point en 74047 ans ; mais, comme elle ne s’est réellement refroidie à ce point qu’en 74832 ans, Mercure n’a pu se refroidir de même qu’en 50884 ans : environ, et cela en supposant encore que rien n’eùt comperisé la perte de sa chaleur propre. Mais sa dis- tauce au Soleil étant à celle de la Terre au même astre :: 4 ; 10, il s’ensuit que la cha- leur qu'il reçoit du Soleil, en comparaison de celle que reçoit la Terre, est :: 100 : 16, . 4 ge NE 4 HISTOIRE NATURELLE. ou :: 6: 1. Dès lors la compensation qu'a faite la chaleur du Soleil lorsque cette pla- nète étoit à la température actuelle dé la 6: | 50. dans le temps de son incandescence, c’est-à- dire, 50884 ans + auparavant, cette compen- I , do 0 6 = ! . sation n’é ES | n'étoit que Ajoutant ces deux Terre, au lieu de n'être que ZL, étoit Ï : 6: : termes de compensation —+ et —* du pre- 50 1250 mier et du dernier temps de cette période, 0 3 162 = RUE t ° L: , L n'aura =, qui étant multiphes par 12=, moitié de Ja somme de tous les termes , 7815 pour la compensa- 1250 , 1 donnent FE ou 1 tion totale qu’a faite la chaleur du Soleil pendant cette première période de 50884 ans 2; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même rai- son que le temps de la période est au pro- longement du refroidissement, on aura 25 : 1 z I 7SL5 +2 50884 À : 3307 ans 1250 I 1 environ. Ainsi le temps dont la chaleur du Soleil a prolongé le refroidissement de Mercure a été de 3307 AFS PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 43 ans = pour la première période de 50884 ans {: d'où l’on voit que c’a été dans l’année 54192 de la formation des planètes, c'est-à-dire, il y a 20640 ans, que Mercure jouissoit de la même température dont jouit aujourd hui la Terre. Mais , dans la seconde période, la compen- I = x sation étant au commencement Ru et à 5 156= ; a Hin -—, On aura, en ajoutant ces temps, 162 = 5e" oise $ Ale To > qui etant muitiplies par 12 =, nr _ de la somme de tous les termes , donnent 2031 "où 40 = pour la compensation totale par la chaleur du Soleil dans cette seconde période ; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même rai- son que le temps de la période est à celui du prolongement du refroidissement , on aura 25 : 40+ : : 50884 2 : 82688 ans environ. Ainsi le temps dont la chaleur du Soleil a prolongé et prolongera celui du refroidissement de Mer- cure, ayant été de 3307 ans dans la première période, sera pour la seconde de 82688 ans. Le moment où la chaleur du Soleil s’est trouvée égale à la chaleur propre de cette "1 D ARR TONN 17 Li E% k Det Lot 1 OP RME 1% RUN p j FUN D RAA LR ES Er } Se L 14 44 HISTOIRE NATURELLE. planète, est au huitième terme de cette se- coude période, qui multiplié par 2035 + en- viron, nombre des années de chaque terme de cette période, donne 16283 ans den he lesquels étant ajoutés aux 50884 ans + de la période, on voit que c’a été dans l'anaèe 67167 de la formation des planètes que la chaleur du Soleil a commencé de surpasser la chaleur propre de Mercure. Le refroidissement de cette planète a donc été prolongé de 5507 ans = pendant la pre- mière période de 50884 ans : , et sera pro- longé de mème par la chaleur du Soleil de 82688 ans pour la seconde période. Ajoutant ces deux nombres d'années à celui des deux périodes, on aura 187765 ans environ : d’où l'on voit que ce ne sera que dans l’année 187765 de la dr - AN in des planètes que Mer- cure sera refroidi à + de la température ac- tuelle de la Terre. Vénus, dont le diamètre est + de celui de la Terre, se Seroit refroidie au paibit de notre température actuelle en 88815.ans, dans la supposition que la Terre se fût refroidie à ce même point en 74047 ans; mais comme elle ne s’est réellement refroidi à la tempéra- / PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 45 ture actuelle qu'en 74832 ans, Vénus n’a pu se refroidir de même qu’en 89757 ans envi- ron , en supposant encore que rien neûé compensé la perte de sa chaleur propre. Mais sa distance au Soleil étant à celle de la Terre au même astre comme 7 sont à 10, il s’en— suit que la chaleur que Vénus reçoit du So- leil, en Loue in de celle que reçoit la Terre, est :: 100 : 49. Dès lors la compen- sation que fera la one du Soleil lorsque cette planète sera à la température actuelle de la Terre, au lieu de n’être que -, sera ; et dans le temps de son incandescence, cette 259 . Ajoutant ces 5° compensation n’a été que deux termes de compensation du premier et du dernier temps de cette première periode 26 de 89757 ans, on aura , qui étant mul- tipliés par 12 +, moitié 4 la somme de tous les termes, donnent © = pour la compensa- DE tion totale qu'a faite et que fera la chaleur du Soleil pendant cette première période de 89797 ans; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale 46 HISTOIRE NATURELLE. en même raison que le temps de la: période est au prolongement du refroidissement, on e 62 z . l kt- : 1 TR LE aura 25 : AE 89757 : 1885 ans < environ. Ainsi le prolongement du refroidissement de cette planète par la chaleur du Soleil, sera de 1885 aus + environ pendant cette première période de 89757 ans: d’où l’on voit que ce sera dans l’année 91643 de la for- mation des planètes, c’est-à-dire, dans 16811 ans , que cette planète jouira de la même température dont jouit aujourd'hui la Terre. Dans la seconde période, la compensation I , 262 \ etant au commencement NL et à la fin > 1 . s2 } £ on aura, en ajoutant ces termes, ea, qui multipliés par 12 :, moitié de la somme de 100 } tous les termes, donnent ou 13 -+ pour la compensation totale par la chaleur du Soleil pendant cette seconde période; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est au in du refroidissement, on aura 25 : 13 -& :: 89727 SE . ee HYPOTHÉTIQUE. #47 : 47140 ans = environ. Ainsi le temps dont la chaleur du Soleil a prolongé le refroidis- semeut de Vénus, étant pour la première période de 1885 ans 2, sera pour la seconde de 47140 ans = environ. Le moment où la chaleur du Soleil sera égale à la chaleur propre de cette planète, se trouve au 24 +, terme de l’écoulement du temps de cette seconde période, qui multi- plié par 3590 Z environ, nombre des années de chaque terme de ces périodes de 89757 ans, . donne 86167 ans -— environ, lesquels étant ajoutés aux 89797 ans de la période, on voit que ce ne sera que dans l’année 175924 de la formation des planètes que la chaleur du Soleil sera égale à la chaleur propre de Vénus. Le refroidissement de cette planète sera donc prolongé de 1885 ans-pendant la première pé- riode de 89797 ans, et sera prolongé de mème de 47140 ans + dans la seconde période. En ajoutant ces us nombres d'années à celui des deux périodes, qui est de 179514ans, on voit que ce ne sera que dans l'année 228540 de la formation des planètes que Vénus sera refroi- dieà= de la température actuelle de la Terre. Mars; dont le diamètre est + de celui de la 48 HISTOIRE NATURELEE. Terre, se seroit refroidi au point de notre temperature actuelle en 28108 ans, dans la supposition que la Terre se füt refroidie à ce même point en 74047 ans ; mais, comme elle ne s’est réellement refroidie à ce point qu’en 74852 ans, Mars n’a pu se refroidir qu’en 28406 ans environ , en supposant encore que rien n'eût compensé la perte de sa chaleur propre. Mais sa distance au Soleil étant à celle de la Terre au même astre ?° 15 : 10, il s'ensuit que la chaleur qu’il reçoit du Soleil, en nn de celle que ÆeGQLE la Terre, est :: 100 ; 225, ou :: 4 5 9. Dès lors la compensation qu'a faite la chaleur du Soleil lorsque cette planète étoit à la température actuelle de la Terre , au lieu d’être +, n’étoit 4 que 9 ; et dans le temps de l’incandescence, so cette compensation n'étoit que Hs . Ajoutant 1250 ces deux termes de compensation du pre- mier et du dernier temps de cette première période de 28406 ans, on aura TE qui étant 1250 multipliés par 12 =, moitié de la somme de Li] M PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 49 1300 Ù Tai. ._144+ pour la tous Les termes , donnent 9 ou 45 P°U 12$0 1250 compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant cette première période ; et comme la perte de la ‘chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est au prolongement du + refroidissement , on aura 25 LE 2: 28406 à 131 ans À environ. Ainsi le temps dont la chaleur du Soleil a prolongé le refroidisse- ment de Mars, a été d'environ 151 ans 4 pour la première période de 28406 ans : d’où l’on voit que c’a été dans l’année 28538 de la for- mation des planètes, c’est-à-dire, il y a 46294 ans , que Mars étoit à la température actuelle de la Terre. Mais, dans la seconde période, la com- - 4 peusation etant au commencement 9 , et à ÿ° 100 la fin jy , on aura, en ajoutant ces termes, ace. e °. . LA 9 , qui multipliés par 12°, moitié de la jo 5. ANT ' Fc UT | \s de 4 ‘# we al Fr HISTOIRE NATURBELE. à | Pi M Te % somme de tous les termes, donnent 3 où Sa ï 7 pour la compensation totale par la chaz leur du Soleil pendant cette seconde pé— riode ; et comme la perte de la chaleur Ne propre est à la compensation en même rai— son que le temps de la période est au prolon= sement du refroidissement , on aura 25 4 + à 1445 ?: 28406 : 3382 ans 2? environ. Ainsi le 52 temps dont la chaleur du Soleil a prolongé le refroidissement de Mars dans la première, période, ayant été de 131 ans 32, sera dans Ja seconde de 3582 ans +. roue Le moment où la chaleur du Soleil s'est. trouvée égale à la chaleur propre de cette planète, est au 124, terme de lPécoulement du temps dans cette seconde période , qui multiplié par 1136 #, nombre des années de chaque terme de ces périodes, donne 14203 ‘aus, lesquels étant ajoutés aux 28406 ans de la premiére période, on voit que c’a été dans Vannée 42609 de la formation des planètes que la chaleur du Soleil a été égale à la chaleur propre de cette planète, et que TS # PARTIE HYPOTHÉTIQUE. ÿ5r depuis ce temps elle l’a toujours surpassée. : Le refroidissement de Mars a donc été pro- longé, par la chaleur du Soleil, de 131 ans pendant la première période, Ga l'a été dans la seconde période de 3382 ans =. Ajoutant ces deux termes à la somme des deux pé- _ riodes, on aura 60325 ans -# environ : d’où J'on voit que c’a été dans l’année 60326 de la formation des planètes, c’est-à-dire, à y a 14506 ans, que Mars a été refroidi à - de la chaleur actueile de la Terre. -_ Jupiter, dont le diamètre est onze fois plus grand que celui de la Terre, et sa distance . au Soleil :! 52: 10, ne se refroidira au point de la Terre qu'en 237838 ans, abstraction _ faite de toute compensation que la chaleur du Soleil et celle de ses satellites ont pu et pourront faire à la perte de sa chaleur propre, et sur-tout en supposant que la Terre se fût refroidie au point de la température actuelle en 74047 ans ; mais, commeelle nes’est reel- lement refroidie à ce point qu’en 74832ans, Jupiter ne pourra se refroidir au mémepoint qu'en 240358 ans. Et en ne considerant d’a- bord que la compensation faite par la cha- : leur du Soleil sur cette grosse planète, nous de Ê rl À \ ral) « Pi “5 HISTOIRE NATURELLE: verrons que la chaleur qu’elle recoit du Sos leil est à celle qu’en reçoit la Terre & : 100 : 2704, ou ©? 25 : 676. Dés lors la compen-— sation que fera la chaleur du Soleil lorsque Jupiter sera refroidi à la ere tequrse actuelle de la Terre, au lieu d’être Z, ne sera que an “676 ; et dans le temps de l’incandescence, cette oO ET F ' compensation n’a été que 66. Ajoutant ces 12$0 deux termes de compensation du premier ef du dernier temps de cette première période ‘ _650 de 240358 ans,ona 676, qui multipliés par 1250 12*+, 8123 11 donnent ‘676 ou #66 pour la CORPS 1250 1250. moitie de la somme de tous les termes, totale que fera la chaleur du Soleil pendant cette première période de 240558 ans; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en mème raison que le tempsde la période estau prolongement du refroidisse- 13 ment, on aura 25:17 "#%6 :: 240558 : 95 ans 1250 environ. Ainsi le temps dont la chaleur du So- PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 53 Teil prolongera le refroidissement de Jupiter, nesera que de 93 ans pour la première periode de 240558 ans : d’où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 240451 de la formation des planètes, c’est-à-dire ,dans 165619 ans, que le globe de Jupiter sera refroidi au point de la température actuelle du globe de ia Terre. Dans la seconde periode, la compensation 25 étant au commencement 66 , sera à la fin re 625$ 676. En ajoutant ces deux termes , on aura so | 650 . on? 676 , qui multipliés par 122, moitié de la so j “ 812$ somme de tous les termes, donnent 856 ou so IT 2. 676 pour la compensation totale par la cha- So leur du Soleil pendant cette seconde période ; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en mème raison que le temps de la période est au prolongement du refroi- IT dissement, on aura 25 2786 °° 240358 * so 2511 ans environ. Ainsi le temps dont la 5 54 HISTOIRE NATURELLE. chaleur du Soleil prolongera le refroidisse= ment de Jupiter, n’étant que de 03 ans dans la première période , sera de 2311 ans pour la seconde période de 240358 ans. Le moment où la chaleur du Soleil se trou- vera égale à la chaleur propre de cette pla- nète est si éloigné, qu’il n’arrivera pas dans. cette seconde période, ni même dans la troi- sième, quoiqu’elles soient chacune de 240358 ans ; en sorte qu’au bout de 721074 ans, la, chaleur propre de Jupiter sera encore plus grande que celle qu'il reçoit du Soleil. Car, dans la troisième période, la com- 6? pensation étant au comméncement Li , elle se) sera à la fin de cette même troisième période 5e ; ce qui démontre qu’à la fin de cette so | troisième période, où la chaleur de Jupiter ne sera que —— de la chaleur actuelle de la Terre, elle sera néanmoins de près de moitié plus forte que celle du Soleil ; en sorte que ce ue sera que dans la quatrième période, où le moment entre l'égalité de la chaleur du So- keil et celle de Ja chaleur propre de Jupiter se PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 55 trouvera au 2 =, terme de l'écoulement du temps dans cette ra période, qui multiplié par 9614 +, nombre des années de chaque terme de ces Mélodie de 240358 ans, donne 19228 ans + environ, lesquels ajoutés aux 721074 ans des trois périodes précédentes l font en tout 740302 ans 5 : d’où l’on voit que ce ne sera que dans ce temps prodigieusement éloigné-, que la chaleur du Soleil sur Jupiter se trouvera égale à sa chaleur propre. Le refroidissement de cette grosse planète . sera donc prolongé, par la chaleur du Soleil, de 93 ans pour la première période, et de 2311 ans pour la seconde. Ajoutant ces deux nombres d'années aux 480716 des deux pre- mières périodes, on aura 483120 ans : d’où il résulte que ce ne sera que dans l’année 483121 de la formation des planètes que Jupiter pour- ra être refroidi à + de la température actuelle de la Terre. Saturne , dont le diamètre est à “abus du globe terrestre :! 9 £ : 1,et dont la distance du Soleil est à celle de la Terre au même astre, aussi :: 9+:1, perdroit de sa chaleur propre, au point de la température actuelle de La Terre, en 129434 ans, dans la supposition 56 HISTOIRE NATURELLE que la T'erre se füt refroidie à ce même point À en 74047 ans; mais, comme elle ne s’est réel= lement refroidie à la température actuelle qu'en 74832 ans, Saturne ne se refroidira | qu'en 130806 ans, en supposant encore que rien ne compenseroit la perte de sa chaleur propre. Mais la chaleur du Soleil, quoique très-foible à cause de son grand éloignement, la chaleur de ses satellites, celle de son an- neau, et même celle de Jupiter, duquel 1k n'est qu'à une distance médiocre en compa- raison de son éloignement du Soleil, ont dû faire quelque compensation à la perte de sa chaleur propre, et par conséquent prolonger un peu le temps de son refroidissement. Nous ne considérerons d’abord que la com- pensation qu'a dû faire la chaleur du Soleil. Cette chaleur que reçoit Saturne est à celle que reçoit la Terre :2 100 : 9025 ,ou::42 361. Dès lors la compensation que fera la chaleur du Soleil lorsque cette planète sera refroidie à la température actuelle dela Terre, 4 au lieu d’être +, ne sera que 361; et dans le 7 temps de l’incandescence, cette compensation PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 57 n’a été que 36: . Ajoutant ces deux termes, Es LA . . “1 x . ? on aura 361, quimultipliés par 125, moitié de 1250 1500 la somme de tous les termes, donnent 361 où 1250 217 , 3-56 pour la compensation totale que fera — ——— 12$0 la chaleur du Soleil dans les 130806 ans de la première période; et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 217 l 25 : 3 :: 130806 : 15 ansenviron. Ainsi 12$0 la chaleur du Soleil ne prolongera le refroi- dissement de Saturne que de 15 ans pendant cette première période de 130806 ans : d’où l'on voitque ce nesera que dans l’année 130821 de Ja formation des planètes, c'est-à-dire, dans 5598a ans, que cette planète pourra être refroidie au point de la température actuella de la Terre. Dans la seconde période, la compensation pour la chaleur envoyée du Soleil, étant au #8 HISTOIRE NATURELLE LE 4 : . x 3 commencement 361 , séra ; à la fin de-cette 100 même période, 361. Ajoutant ces deux termes jo, TH ' de compensation du premier et du dernier temps par la chaleur du Soleil dans cette se- 104 | ' conde période, on aura 36, qui multipliés 5e ss par 12-+, moitié de la somme de tous les 1300 217 | termes, donnent 361 ou * 36: pourlacompen- ÿ° 3° sation totale que fera la chaleur du Soleil pendant cette seconde période; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la com- pensation totale en même raison que letemps total de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 ! Er :2 130806 so | : 377 ans environ. Ainsi le temps dont la ; chaleur du Soleil prolongera le refroidisse- ment de Saturne, étant de 15 ans pour la première période, sera de 377 ans pour la seconde. Ajoutant ensemble les 15 ans et les 377 ans dont la chaleur du Soleil pro- longera Le refroidissement de Saturne peu- . PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 59. dant les deux périodes de 130806 ans, on verra que ce ne sera que dans l’année 262020 de la formation des planètes , c’est-à-dire, dans 187188 ans, que cette planète pourra être re- froidie à — de la chaleur actuelle de la Terre. Dans la troisième période , le premier terme de la a par la chaleur du Soleil, 100 2500 étant 36: au commencement, et à la fin 36r 5e OT 334 OU 361, ON VOit que ce ne sera pas encore ÿ9° | dans cette troisième période qu’arrivera le moment où la chaleur du Soleil sera égale à la chaleur propre de cette planète, quoi- qu'à la fin de cette troisième période elle aura perdu de sa chaleur propre , au point d’être refroidie à — de la température ac- tuelle de la Terre. Mais ce moment se trou- vera au septième terme — de la quatrième 6 période , qui multiplié ne 5232 ans +, nombre des années de chaque terme ét ces périodes de 150806 ans , donne 37776 ans À, lesquels étant ajoutés aux trois premières périodes , dont la somme est 392418 ans, font 430194 ans = : d'où l’on voit que ce ne sera 60 HISTOIRE NATURELLE, que dans l’année 450195 de la formation des planètes que la chaleur du Soleil se trouvera égale à la chaleur propre de Saturne. Les périodes des temps du refroidissement de la Terre et des planètes sont donc dans l’ordre suivant : Refroidies à la température Refroidies : a-L del actuelle, la température actuelle. La TERRE.... en 74832 ans.|En 168123 ans, La LUNE...... en 16409 ans.|Fn 72515 ans. MERCURE.....en 954192 ans.|En 187765 ans. VENUS... en 91643 ans.| En 228540 ans. Mars......... en 28538 ans.|En 60326 ans. AJUPITER..... en 24041 ans.| En 483r2r ans.f SATURNE..... en r3082r ans.! En 262020 ans. On voit, en jetant un coup d’æil sur ces rapports, que, dans notre hypothèse, la Lune et Mars sont actuellement les planètes les plus froides; que Saturne, et sur-tout Jupi- ter, sont les plus chaudes ; que Vénus est encore bien plus chaude que la Terre; et que Mercure, qui a commence depuis long-temps à jouir d’une température égale à celle dont jouit aujourd'hui la Terre, est encore actuel- lement et sera pour long-temps au degré de PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 6r. chaleur qui est nécessaire pour le maintien de la nature vivante, tandis que la Lune et Mars sont gelés depuis long-temps, et par conséquentimpropres,depuisce mème temps, à l'existence des êtres organisés. Je ne peux quitter ces grands objets sans rechercher encore ce qui s’est passé et se pas— sera dans les satellites de Jupiter et de Sa= turne, relativement au temps du réfroidisse- ment de chacun en particulier. Les astro- nomes ne sont pas absolument d'accord sur la grandeur relative de ces satellites : et, pour ne parler d’abord que de ceux de Jupi- ter, Whiston a prétendu que le troisième de ses satellites étoit le plus grand de tous, et il l’a estimé de la même grosseur à peu près que le globe terrestre ; ensuite il dit que le premier est un peu plus gros que Mars, le second un peu plus grand que Mercure, et que le quatrième n’est guère plus grand que la Lune. Mais notre plus illustre astronome ( Dominique Cassini ) a jugé, au contraire, que le quatrième satellite étoit le plus grand de tous. Plusieurs causes concourent à cette incertitude sur la grandeur des satellites de Jupiter et de Saturne : j'en indiquerat 6 HISTOIRE NATURELLE. ! quelques unes dans la suite; mais je me dis- penserai d’en: faire ici l'énumération ét la discussion, ce qui m'eloigneroit trop de mon sujet : je me contenterai de dire qu’il me pa- roit plus que probable que les satéllites les plus éloignés de leur planète principale sont réellement les plus grands, de la même ma- nière que les planètes les plus éloignées du Soleil sont aussi les plus grosses. Or les dis- tances des quatre satellites de Jupiter, à com- mencer par le plus voisin, qu’on appelle le premier , sout, à très-peu près, comme 5 *, 9, 147, 25 =; et leur grandeur n'étant pas encore bien déterminée, nous supposerons, d’après l’analogie dont nous venons de par- ler , que le plus voisin où le premier n’est que de la grandeur de la Lune, le second de celle de Mercure, le troisième de la grandeur de Mars, et le quatrième de celle du globe de la Terre ; et nous allons rechercher com- bien le bénéfice de la chaleur de Jupiter a compensé la perte de leur chaleur propre. Pour cela , nous regarderons comme égale la chaleur envoyée par le Soleil à Jupiter et à ses satellites, parce qu’en effet leurs distarices à cet astre de feu sont à très-peu prés les PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 63 mêmes. Nous supposerons aussi, comme chose très-plausible, que la densité des satel- lites de Jupiter est égale à celle de de Hs même *. Cela posé, nous verrons que le premier satellite, srand comme la Lune, c’est-à-dire, qui n’a que <- du diamètre de la Terre, se seroit dE: jusqu’au centre en 792 ans +, refroidi au ji de pouvoir le toucher en 9248 ans =, et au point de Îa AE dr ENG actuelle de la Terre en 20194 ans -, si la densité de ce satellite w’étoit pas différente de celle de la Terre ; mais, comme la densité du globe terrestre est à celle de Jupiter ou de ses satellites :: 1000 : 292, 1l s'ensuit que le temps employée à la consolidation jusqu'au centre et au refroidissement , doit être dimi- nué dans la même raison , en sorte np ce satellite se sera consolidé en 231 ans ## , re- froidi au point d'en pouvoir toucher la sur- face en 2690 ans +, et qu’enfin il auroit perdu * Quand mème on se reluseroit à cette supposi- üon de légalité de densité dans Jupiter et de ses satellites , cela ne changeroït rien à ma théorie, et les résultats du calcul seroient seulement un peu dif- férens ; mais le calcul Jui-même ne seroit pas plus difcile : à faire. 64 HISTOIRE NATURELLE. assez de sa chaleur propre pour être re froidi à la température actuelle de la Terre en 5897 ans, si rien n’eût compensé cette perte de sa chaleur propre. IL est vrai qu'à cause du grand éloignement du Soleil, la chaleur envoyée par cet astre sur les satel- lites ne pourroit faire qu’une très-légère compensation, telle que nous l’avons vue sur Jupiter même. Mais la chaleur que Jupiter envoyoit à sessatellites étoit prodigieusement grande , Sur-tout dans les premiers temps; et il est très-nécessaire d’en faireici l'évaluation. Commençant par celle du Soleil, nous verrons que cette chaleur envoyée du Soleil étant en raison inverse du quarré des dis- tances, la compensation qu’elle a faite, dans le temps de l’incandescence, n’étoit que # | 1250 et qu’à la fin de la première période de 5897 2 ans, cette compensation n'étoitque a: Ajou- 25 D: SN EUn de taut ces deux termes 676 et 6% du premier 1250 so : et du dernier temps de cette première pé- 650 riode de 5897 ans, on aura 676 , qui multi- 1250 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 65 pliés par 12 =, moitié de la somme de tous Durs 812$ 12 les termes , donnent 5% ou = pour la 1250. compensation totale qu’a faite la chaleur du Soleil pendant cette première période ; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que Le temps de la période est à celui du pro- longement du refroidissement, on aura 25 : eus :: 5897 : 2 ans +. Ainsile prolongement 12 du refroidissement de ce satellite par la cha- leur du Soleil pendant cette première période de 5897 ans, n’a été que de 2 ans 97 jours. Mais la chaleur de Jupiter, qui étoit 25 dans le temps de l’incandescence, n’avoit diminué, au bout de la période de 5897 ans, que de + environ, et elle étoit encore alors 24 +; et comme ce satellite n’est éloigné de sa planète principale que de 5 ? demi - dia mètres de Jupiter, ou de 62: demi-diamètres terrestres, c’est-à-dire, de 89292 lieues, tan- dis que sa distance au Soleil est de 171 mil- lions 600 mille lieues , la chaleur envoyée par Jupiter à son premier satellite auroit été à la chaleur envoyée par le Soleil à ce même + | o \ 66 HISTOIRE NATURELLE. satellite comme le quarré de 171600000 est au quarré de 89292, si la surface que Jupiter présente à ce satellite étoit égale à la surface que lui présente le Soleil : mais la surface de Jupiter, qui n’est dans le réel que 2 de 11+4+9 «elle du Soleil, paroït néanmoins à ce satel=. lite plus grande que ne lui paroît celle decet astre dans le rapportinverse du quarré des dis- tances; on aura donc (89292)? : (171600000)7 2: 5 : 59032 + environ. Donc la surface que présente Jupiter à ce satellite étant 39032 fois- plus grande que celle que lui présente le Soleil, cette grosse planète, dans le temps de l’incandescence, étoit, pour son premier sa- tellite, un astre de feu 39032 fois : plusgrand que le Soleil. Mais nous ayons vu que la compensation faite. par la chaleur du Soleil à . Ja perte de la chaleur propre de ce satellite, 25. n’étoit que 676 * , lorsqu' au bout de 5897 ans 50 il se seroit refroidi à la température actuelle de la Terre par la déperdition de sa chaleur propre, et que, dans le temps de l’incandes- cence, cette compensation par la chaleur du (rat Soleil n’a été que de 576 1259 6 :il faut donc mul PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 67 tiplier ces deux RUE compensation par ' 590322, et l’on aura six 2 pour la compen- sation qu'a faite la chaleur de Jupiter dès le commencement de cette période dans le temps de l'incandescence, et “us ? pour la [e) compensation que Jupiter auroit faite à la fin de cette mème période de 5897 ans, s’il eût conservé son état- d'incandescence. Mais, comme sa chaleur propre a diminué de 95 à 24 = pendant cette même période, la com— Fiads à la fin de la RETIRE au lieu d’être 1408 + = a LA ya ele que <— . Ajoutant ces deux so d , sé termes 1408 555 so ; L et nr de la compensation 12 dans le premier et le dernier temps de la période , on a 36652 . . er lesquels multipliés par 12-+, moitié de la somme de tous les termes, donnent ee +, où 366 < environ, 1250 . ’ / L pour la compensation totale qu’a faite la chaleur de Jupiter à la perte de la chaleur propre de son premier satellite pendant cette premiére période de 5897 ans; et comme Ja 68 HISTOIRE NATURELLE. perte totale de la chaleur propre est à là com: pensation totale en même raison que le temps de la période eët au prolongement du refroi- dissement, on aura 25 : 366: :: 5897: 86450 ans -—. Ainsi le temps dont la chaleur envoyée par Jupiter à son premier satellite a prolongé son refroidissement pendant cette première période, est de 86450 ans —; et le temps dont la chaleur du Soleil a aussi-pro- longé le refroidissement de ce satellite pen- dant cette même période de 5897 ans, n'ayant été que de 2 ans 97 jours, il se trouve que le temps du refroidissement de ce satellite a été prolongé d’environ 86452 ans : au-delà des 5897 aus de la période : d’où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 92350 de la for- mation des planètes, c’est-à-dire, dans 17518 ans, que le premier satellite de Jupiter pourra être refroidi au point de la température ac- tuelle de la Terre. | Le moment où la chaleur envoyée par Jupiter à ce satellite étoit égale à sa chaleur propre, s’est trouvé dans le tenps de l’incan- descence, et mème auparavant, si la chose eût été possible; car cette masse énorme de feu , qui étoit 39032 fois : plus grande que le À L JUMENT PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 69 Soleil pour ce satellite, lui envoyoit, dès le temps de l’incandescence de tous deux, une chaleur plus forte que la sienne propre, puis- qu'elle étoit 1443 :, tandis que celle du sa- tellite n’étoit que 1250. Ainsi c'a été detout temps que la chaleur de Jupiter sur son pre- mier satellite a surpassé la perte de sa cha- leur propre. Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite ayant toujours été fort au-des- sous de la chaleur envoyée par Jupiter, on doit évaluer autrement la température du satellite, en sorte que l’estimation que nous venons de faire du prolongement du refroi- dissement, et que nous avons trouvé être de 86452 ans :, doit être encore augmentée de beaucoup : car, dès le temps de l’incandes- cence , la chaleur extérieure envoyée par Jupiter étoit plus grande que la chaleur propre du satellite dans la raison de 1443 = à 1250; et, à la fin de la première période de 5897 ans, cette chaleur envoyée par Jupi- ter étoit plus grande que la chaleur propre du satellite dans la raison de 1408 à 5o, ou de 140 à 5 à peu près ; et de mème à la fin de la seconde période, la chaleur envoyée par. no HISTOIRE NATURELLE. : gl dé étoit à la chaleur propre du satellite : : 3433 : 5. Ainsi la chaleur propre du satel- lite, dès la fin de la première période, peut ètre regardée comme si petite en comparai- son de la chaleur envoyée par Jupiter, qu’on doit tirer le temps du refroidissement de ce satellite presque uniquement de celui du refroidissement de Jupiter. Or Jupiter ayant envoyé à ce satellite, dans le temps de l’incandescence, 39032 fois = plus de chaleur que le Soleil, lui envoyoitencore, au bout de la première période de 5897 ans, une chaleur 38082 fois + plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Jupiter n’avoit diminué que de 25 à 24 + et, au bout d’une seconde période de 5897 ans, c'est-à-dire, après la déperdition de la cha- leur propre du satellite, au point extrême de — de la chaleur actuelle de la Terre, Jupi- ter envoyoit encore à ce satellite une chaleur 37131 fois À plus grande que celle.du Soleil , parce que la chaleur propre de agitée n’a voit encore diminué que de 24 £ à 23 +; en- suite , après une troisième La à de 5897 ans, où la chaleur propre du satellite doit être regardée comme absolument nulle , 339 ; PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 7 Jupiter lui envoyoit une chaleur 36182 fois plus grande que celle du Soleil. En suivant la même marche , on trouvera que la chaleur de Jupiter, qui d'abord MIE R 25, et qui décroît constamment de + par _ chaque période de 5897 ans, sde par conséquent sur ce satellite de 950 pendant chacune de ces périodes ; de sorte qu’après 37 + périodes, cette chaleur envoyée par Ju- piter au satellite sera à très-peu près encore 1350 fois plus grande que Re chaleur cod 11 reçoit du Soleil. Mais , comme la chaleur du Soleil sur Jupiter et sur ses satellites est à peu près à celle du Soleil sur la Terre :: 1 : 27, et que la chaleur du globe terrestre est 50 fois plus - grande que celle qu'il reçoit actuellement du Soleil, il s’ensuit qu'il faut diviser par 27 cette quantité 1320 de chaleur ci-dessus pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre : et cette dernière chaleur étant de -— de la chaleur actuelle du globe terrestre , il en résulte qu'au bout de 37+ périodes de 5897 ans chacune, c’est-à-dire, au bout de 222120 ans :, la chaleur que Ju- piter enverra à ce satellite sera égale à la Du YA, 7 HISTOIRE NATURELLE chaleur actuelle de la Terre, et que, quoi- qu'il ne lui restera rien alors de sa chaleur propre, il jouira néanmoins d’une tempéra- \ ture égale à celle dont jouit aujourd’hui la Terre dans cette année 222120 : de la forma- tion des planètes. | Et de la même manière que cette chaleur envoyée par Jupiter prolongera prodigieuse- ment le refroidissement de ce satellite à la température actuelle de la Terre, elle le pro- longera de même pendant 37autres périodes», pour arriver au point extrème de — de la . chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 444240 de la formation des planètes que ce satellite I sera refroidi à — de la température actuelle de la Terre. Il en est de même de l'estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la com- pensation qu’elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différens temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du sa- tellite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait Compensation dans le temps de l'incandes- LA EE PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 73 * 12 | a | cence que de 6% ; et qu’à la fin de la pre- mière période , qui est de 5897 ans, cette même chaleur du Soleil auroit fait une com- pensation de 86, et que dès lors le prolonge- so ment du refroidissement par l’accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été. de 2 ans #. Mais la chaleur envoyée par Jupiter dès le temps de l’incandescence , étant à la chaleur propre du satellite °° 1445 À : 1950, il s'ensuit que la compensa- tion faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte 25. PEN qu'au lieu d’être &6 , elle n’a été que 676_au 1250 27937 commencement de cette période , et que cette Li compensation , qui auroit été 2 à la fin de $o cette première période, si l’on ne considéroit que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit être diminuee dans la raison de 1408 à bo, parce que la chaleur envoyée par Jupiter étoit encore plus grande que la chaleur propre du satellite dans cette même Mat, gén, VIT, 7 VAR 4 HISTOIRE NATURELLE. raison. Dès lors la compensation à Ja fin | 6 _25. cette première période, au lieu d’ être 676 » 1 So. 25 ME Gt n’a été que 676. En ajoutant ces deux termes 1458 CE "af de compensation _67 67% et 676 du premier et 2793 : 1458 du dernier temps de cette première période, 10608$ d > NOTE 616 Te 1 i Se Ona (76 OÙ gs » QUI multipliés par 4033400 12 :, moitié de la somme de tous les termes, 1960 donnent - ns = pour la compensation totale qu'a pu faire la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme la dimi- nution totale de la chaleur est à la compen- sation totale en même raison que le temps de la periode est au prolongement du refroi- = e | 1961 $ . e dissement, on aura 25 : =i5s ++ 5897 : 2547948 À ou :: 5897 ans : 41 jours Z. Ainsi 00960000 le prolongement du refroidissement par la chaleur du Soleil, au lieu d’avoir -été de 2 aus 97 jours, n'a réellement été que de 41 jours -. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. "5 On trouveroit de la même manière les temps du prolongement du refroidissement par la chaleur du Soleil pendant la seconde. “période et pendant les périodes suivantes ; mais il est plus facile et plus court de l’éva- luer en totalité de la manière suivante. La compensation par la chaleur du Soleil dans le temps de l’incandescence, ayant été, à! 25 comme nous venons de le dire, TEL , SETa à 2793 + Fe la fin de 37 : us. 676 ; puisque ce n’est ETS qu'après ces 37 < périodes que la temperature du satellite sera égale à la température ac- tuelle de la Terre. Ajoutant donc ces deux . 25 25 ÿ termes de compensation _676 et 676 du pre- 2793 >; 50 / mier et du dernier temps de ces 37 À 2 périodes, 71027 47 on a 66 ou 7 ui muitiplies par —— 139675 * À PE UP 139675 12 =, moitié de la somme de tous les termes 2 de la diminution de la chaleur, donnent AE Hg environ pour la compensation totale par la chaleur du Soleil pendant les 46 HISTOIRE NATURELLE. 37 + périodes de 5897 ans chacune; et comme Ia diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps total est au POP PEPERES du refroi- dissement, on aura 25 : -- :! 222190 : : 82 v'ATEMENeNS ans + environ. Ainsi le prolongement total que dti la chaleur du Soleil, ne sera que de 82 ans 2, qu'il faut ajouter aux 222120 ans +: d'où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 222203 de la formation des planètes que ce satellite jouira de la même température dont jouit aujourd’hui la Terre, et qu’il faudra le double du temps, c'est-à-dire que ce ne sera que dans l’année 444406 de la nee des. planètes qu'il pourra être refroidi à — de la chaleur actuelle de la Terre. Faisant le même calcul pour le second sa- tellite, que nous avons supposé grand comme Mercure , nous verrons qu'il auroit dü se: consolider jusqu’au centre en 1342 ans, perdre de sa chaleur propre en 11303 ans = au point de pouvoir-le toucher, et se refroi- dir par la même déperdition de sa chaleur propre, au point de la température actuelle de la Terre, en 24682 ans, si sa densité étoit égale à celle Ge la Terre : mais comme la PARTIE HYPOTHÉTIQUE. #7 densité du globe terrestre est à celle de Jupi- ter ou de ses satellites :! 1000 : 292, il s’en- suit que ce second satellite, dont le diamètre est - de celui de la Terre , se seroit réellement consolide jusqu'au centre en 282 ans envi- ron , refroidi au point de pouvoir le toucher en 5500 ans -—, et à la température actuelle de la Terre en 7283 ans #, si la perte de sa chaleur propre n’eût pas été compensée par la chaleur que le Soleil et plus encore par celle que Jupiter ont envoyées à ce satellite. Or l'action de la chaleur du Soleil sur ce sa- tellite étant en raison inverse du quarré des distances , la compensation que cette cha- leur du Soleil a faite à la perte de la chaleur propre du satellite, étoit dans le temps de 2$ 25 l'incandescence 676 , et 6,6 à la fin de cette 1250 so première période de 7283 ans —<. Ajoutant ces 25 25 | deux termes 676 et 676 de la compensation 1250 so dans le premier et le dernier temps de cette 6so période, on a 66, qui multipliés par 12 +, 1250 moitié de Ia somme de tous les termes , 7 LP” IL LE, VU PP OL Fa * à j . 7 he L ‘4 ; pe L (tds de! { “ L 79 HISTOIRE NATURELLE. 8 8125 x Dr donnent. “676 ou mr pour la compensation 1250 1250 totale qu’a faite la chaleur du Soleil pendant cette première periode de 7283 ans <<: et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolonge- 13 ° 4. UETe ment du refroidissement, on aura 25 : Nc 16 e : 7283 ans + : 2 ans 252 jours. Ainsi le pro- 164 Ent du refroidissement de ce satel- lite par la chaleur du Soleil pendant cette première période, n'a été que de 2 ans 252 jours. Mais la chaleur de Jupiter, qui, dans le temps de l’incandescence, étoit 25, avoit di- minué au bout de 7283 ans de — environ, et elle étoit encore alors 24 +; et comme ce satellite n’est eloigné de Jupiter que de 9 demi-diamètres de Jupiter, ou 99 demi-dia- mètres terrestres, c'est-à-dire, de 141817 lieues , et qu’il est éloigné du Soleil de 172 millions 600 mille lieues, il en résuile que la chaleur envoyée par Jupiter à ce satellite auroit été 2? (171600000 )? ! (141817 <)?, si la surface que présente Jupiter à ce satellite ben PARTIE HYPOTHÉTIQUE. # ëtoit égale à la surface que lui présente le Soleil. Mais la surface de Jupiter, qui, dans le réel, n’est que + de celle du Soleil, pa- roit néanmoins plus grande à ce satellite dans la raison inverse du quarré des dis- tances ; on aura donc (141817) : (171600000)? 2: HE ! 15473 £ environ. Donc la surface que Jupiter présente à ce satellite est 15473 fois : plus grande que celle que lui présente le Soleil. Ainsi Jupiter , dans le temps de l’incandescence , étoit pour ce satellite un astre de fen 15473 fois - plus étendu que le Soleil. Mais nous avons vu que la compen- sation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de ce satellite, 2 n'étoit que D, lorsqu'au bout de 7283 ans , so il 6e seroit refroidi à la température actuelle de la Terre, et que, dans le temps de l’incan- descence, cette compensation par la chaleur 2 du Soleil n'’étoit que Ca : on aura donc 1250 j Eh 2 + sn 15473 +, multipliés par Fa ou Pare compensation qu’a faite la chaleur de Jupi- pour la D PA AN a £o HISTOIRE NATURELLE." cp 1 ter sur ce satellite dans le commencement ‘À de cette première période, et Le pour la compensation qu'elle auroit faite à la fin de cette mème période de 7283 ans +, si Jupi— ter eût conservé son état d’incandescence.' Mais comme sa chaleur propre a diminué pendant cette periode de 25 à 24 +, la com- pensation à la fin de la periode, au lieu 170 Li 572556 , CPP, 23 TETE 5 . | ’être ot» Na été que de os Cnviron. 535 à | 170 572556 et Ce. de la Ajoutant ces deux termes —— compensation dans le premier et dans le der- nier ut de cette première période, on a 14405 7 environ, lesquels multipliés par 12 : 712$ moitié de la somme de tous les termes, o à 068 = 18C TVA ° donnent —— où 1 Z environ pour la compensation totale qu'a faite la chaleur de Jupiter pendant cette première période de l£ , et comme la perte totale de la 2412 283 ans chaleur propre est à la conspensation totale en même raison que le temps de la période estau prolongement du refroidissement, on PARTIE ARR PHÉPIQUE &r aura 25 : 144 22: 7985 LS : 49044 12. Ainsi le temps dent se chaleur de Jupiter a pro- longé le refroidissement de ce satellite, a été de 42044 ans 52 jours, tandis que la cha- leur du Soleil ne l'a prolongé que de 2 ans 252 jours : d’où l’on voit, en ajoutant ces deux temps à celui de la période de 7283 ans 253 jours, que c'a été dans l’année 49531 de la formation des planètes, c’est-à-dire, 1l y a 25501 ans, que ce second satellite de Jupiter a pu être refroidi au point de la tem- pérature actuelle de la ‘l'erre. Le moment où la chaleur envoyée par Jupiter a été égale à la chaleur propre de ce satellite, s’est trouvé au 2 €, terme environ de l’écoulement du temps de cette première période de 7283 ans 233 jours, qui multi- pliés par 291 ans 126 jours, nombre des aunées de chaque terme de cette période, donnent 638 ans 67 jours. Ainsi c’a été dès l’année 639 de la formation des planètes que la chaleur envoyée par Jupiter à son second satellite s'est trouvée égale à sa chaleur propre. Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a toujours été au-dessous de celle 32 HISTOIRE NATURELLE. que lui envoyoit Jupiter dès l’année 639 de la formation des planètes : on doit donc éva— Juer, comme nous l'avons fait pour le pre- mier satellite, la température dont il a joui et dont il jouira pour la suite. Or Jupiter ayant d’abord envoyé à ce sa- tellite, dans le temps de l’incandescence , une chaleur 15473 fois + plus grande qué celle du Soleil, lui envoyoit encore, à la fin de la première période de 7283 ans <, une chaleur 14960 fois À plus grande que celle du Soleil, parce Fe la chaleur propre de Jupiter n’avoit encore diminué que de 25 à 24 +; et au bout d'une seconde période de 7283 ans +, c'est-à-dire , après la déperdition de la chaleur RS du satellite, jusqu’au point extrême de — de la chaleur actuelle de la Terre, Japites, tell encore à ce sa- tellite une chaleur 14447 fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de TPS sr eucoré diminué que de 24 + à 23 —. Eu suivant la même marche, on voit que Ja chaleur de Jupiter, qui FEU étoit 25, et qui décroit constamment de = par chaque période de 7283 ans #, aiihuà par consé- s _ 1 } PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 83 quent sur ce satellite de 513 à peu près pen- dant chacune de ces périodes; en sorte qu’a- près 26 + périodes environ , cette chaleur envoyée es Jupiter au satellite sera à très- _ peu près encore 1350 fois plus grande que la chaleur qu'il reçoit du Soleil. ._ Mais, comme la chaleur du Soleil sur Ju- piter et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre à peu près :! 1 : 27, et que la chaleur de la Terre est 5o. fois plus grande que celle qu'elle reçoit actuellement du So- leil,ils “ensuit qu'il faut diviser par 27 cette quantité 1350 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre ; et cette dernière chaleur étant = de la oaleux actuelle du globe terrestre, il en ro qu au bout de 26 : périodes de 7283 ans X chacune, c'est-à-dire, au bout de ut ans —, la chaleur que Jupiter enverra à ce satellite sera égale à la chaleur actuelle de la Terre, et que, n'ayant plus de chaleur propre, il jouira néanmoins d'une température égale à celle dont jouit aujourd'hui la Terre dans Yannée 193017 de la formation des planètes. _ Et de mème que cette chaleur envoyée par Jupiter prolongera de beaucoup le refroidis- REA PP ASE TR QE. GR, : x: ‘ 84 HISTOIRE NATURELLE. sement de ce satellite au point de la tempé- rature actuelle de la Terre, elle le prolongera de même pendant 26 autres périodes + pour arriver au point extrème de + de la chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que” ce ne sera que dans l’année 586034 de la for- mation des planètes que ce satellite sera re- froidi à — de la température actuelle de Ia Terre. f Il en est de même de l’estimation de la chaleur du Soleil relativement à la compen- sation qu’elle a faite et fera à la diminution de la temperature du satellite. IL est certain qu’à ne considérer que la dé- perdition de la chaleur propre du satellite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compen- sation , dans le temps de l’incandescence, 25 que de 65 , et qu'à la fin de la première 12,0 période de 7283 ans <£, cette même chaleur du Soleil auroit fait une compensation de 2$ 676, et que dès lors le prolongement du re- ÿ0 | froidissement par l’accession de cette cha- leur du Soleil auroit été de 2 ans :. Mais la PARTIE HYPOTHÉTIQUE. £85 chaleur envoyée par Jupiter dès le temps de l’incandescence, étant à la chaleur propre du satellite :! 57212 : 1250, il s’ensuit que 616 * la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison , en _2$5. sorte qu'au lieu d’être 86 , elle n’a été que 1250 PA : _676__au commencement de cette période ; et 1822 2 — de même, que cette compensation, qui auroit 2 été F8 à la fin de cette première période en. so ne considérant que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit ètre diminuee dans. la même raison de 553 : à 50, parce que la chaleur envoyée par Jupiter étoit encore plus grande que la chaleur propre du satellite dans cette même raison. Dès lors la compen- sation à la fin de cette première période, au 25. 22% lieu d’être #6, n’a été que 66. En RsnEut so 603 = 25 ces deux termes de compensation __676__ et 1822 —= 616 M. LE du premier et du dernier temps de cette 693 = : s, 3% HISTOIRE NATURELLE. \ 6639 La première période, ona 6% ou_":5_ ) DEN Tog862s 109562ÿ multipliés par 12+, moitié de la somme de 5 tous les termes, donnent TE pour la com-— 99 pensation totale qu’a pu faire la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme la perte de la chaleur est à la com- pensation en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidis- $ sement, on aura 25 5 "5 ess CRT 1093625 2 S6745 55 , 0 27465625 lieu de 2 ans + que nous avions trouvés par la première évaluation. Et pour évaluer en totalité la compensa- tion qu’a faite cette chaleur du Soleil pen- dant toutes Les périodes , on trouvera que la compensation, dans le temps de l’incandes- u :: 7285 ans : 108 jours:, au 25 cence , ayant été __676_, sera, à la fin de 26 ue a ap 6 ‘ AR périodes , de 66 , puisque ce n'est qu'après 50 ces 26: périodés que la température du satel- PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 87 lite sera égale à la température actuelle de la Terre. Ajoutant donc ces deux termes de AR VON MER compensation 2 et 676 du premieret du 1822 + ho. dernier temps de ces 26 + périodes, on a 46806 : _f76_ ou T 91112 >; moitie de la somme de tous les termes de la _GQ5e ee , qui multipliés par 12 - 911127 FIL ; AR Î 26 = diminution de la chaleur, donnent LE QUIZ ou FE environ pour la compensation totale par la chaleur du Soleil, pendant les 26 pé- riodes< de 7283 ans <; et comme la dimi- nution totale de la chaleur est à la compensa- tion totale en même raison que le temps total de sa période ést au prolongement du temps du refroidissement, on aura 25 : + :: 193016 — : 72. Ainsi le prolongement to- tal que fera la chaleur du Soleil ne sera que de 72 ans +, qu'il fautajouter aux 193016 ans: d'où l'on voit que ce ne sera que dans l’année 195090 de la formation des planètes que ce salellile jouira de la même température dont jouit aujourd’hui la Terre, et qu’il faudra ? Y 58 HISTOIRE NATURELDE le double de ce temps, c’est-à-dire, que ce | ne sera que dans l’année 386180 de la forma- tion des planètes qu’il pourra être refroidi à =; de la température actuelle de la Terre. Faisant les mêmes raisonnemens pour le iroisième satellite de Jupiter, que nous avons supposé srand comme Mars, c’est-à-dire, dé +; du diamètre de la Terre, et qui est à 14: de- mi-diamètres de Jupiter , ou 1572 demi-dia- mètres terrestres, c’est-à-dire, à 225857 lieues de distance de sa planète principale, nous verrons que ce satellite se seroit consolidé - jusqu’au centre en 1490 ans +, refroidi aw poiut de pouvoir le toucher en 17655 ans +, et au point de la température actuelle de la Terre en 38504 ans +, si la densité de ce satellite étoit égale à celle de la Terre; mais comme la densité du globe terrestre est à celle de Jupiter et de ses satellites 5? 1000 : 292, il faut diminuer en même raison les temps de la consolidation et du refroidissement. Aiusi ce troisième satellite se sera consolidé jusqu'au centre en 4355 ans Æ, refroidi au point de pouvoir le toucher en 5149 ans—, et il auroit perdu assez de sa chaleur propre pour arriver au point de la température \ CU AVE, ANR DONS CHENE A ALP UNEEA RL À PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 89 actuelle de la Terre en 11243 ans -— Environ, si la perte de sa chaleur propre n eût pas été compensée par l'accession de Ha chaleur du Soleil, et sur-tout par celle de la chaleur envoyée par Jupiter à ce satellite. Or la cha- leur envoyée par le Soleil etant en raison inverse du quarré des distances , la compen- sation qu'elle faisoit à la perte de la chaleur propre du satellite, étoit dans le temps 25. 25. de l’incandescence 676 ,et 676 à la fin de 12$0 ren + cette première période de 11243 ans — 5. Ajou- PEA “yet tant ces deux termes 676 et 676 de la com 1250 so. pensation dans le premier et dans le D temps de «sé première période de 11243 65o ans-=,ona 66, quimultipliés par 12-, moitié | 1250 de la somme de tous les termes, donnent _S5_ 13 676 ou !2577 pour la compensation totale ‘250 |1250 qu'a faite la chaleur du Soleil pendant le temps de cette première période ; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation tolale en même raison que le 3 PAM di ni PEN 9 HISTOIRE NATURELLE dns temps de la période est au prolongement dE | ra 20 refroidissement, on aura 25: TD gere 11943 L ‘ 1250 : # : \ ; PARTIE HYPOTHÉTIQUE. ro7 née 70269 de la formation des planètes, c’est- à-dire, il y a 4563 ans. Et comme cette chaleur envoyée par Ju- piter a prolongé le refroidissement de ce sa- tellite au point de la température actuelle de la Terre, elle le prolongera de même pen- dant 3 : autres périodes, pour arriver au point extrème de — de la chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 140558 de la forma- tion des planètes que ce satellite sera re- froidi à + de la température actuelle de la Terre. | Il en est de même de l'estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la com- pensation qu’elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différens temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du sa- tellite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compeusation dans le temps de l’incandes- | à cence que de 676 , et qu'à la fin de la pre- | 12$0 mière période de 21621 ans, cette même _ chaleur du Soleil auroit fait une compen- 2 RÉ sation de me et que de le mn so ! ETIA ment du refroidissement par l’accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été { de 8 ans : mais la chaleur envoyée par Jupiter dans le temps de l’incandescence , étant à la chaleur propre du satellite ? !: 70 2 1250, il s'ensuit que la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte qu’au lieu _2$ Ë 2$ d’être 676 , elle n’a été que __676_ au com- ‘1250 ar : 1320 575 mencement de cette période , et que cette 25 compensation, qui auroit été 676 à It fin ce so | cette première période, si l’on ne CH roit que la déperdition de la chaleur propre: du satellite , doit être diminuée dans la même raison de 64 à 5o, parce que la cha- leur envoyée par Jupiter étoit encore plus grande que la chaleuï propre de ce satellite dans cette même raison. Dés lors la compen- sation à la fin de cette première période, au 25 | 25 lieu d’être 66, n'a élé que 6%. En ajou- so 114 . PARTIE HYPOTHÉTIQUE. rog 25 tant ces deux termes de compensation __676 +05, 1320 676 25 à 676 du premier et du dernier temps de 114 sé 35865 cette première période, on a __676___ou 150548 3- 37 S36c » . lti li 1S t 2 I To environ, qui multipliés par 12 =, moitié de la somme de tous les termes, 763 > donnent of = pour la compensation to- tale qu’a pu faire la chaleur du Soleil pen- dant cette première periode; et comme Ja diminution totale de la chaleur est à la com- peusation totale en même raison que le temps de la période est à celui du prolon- gement du refroidissement , on aura 25 : Î 763% me . e 0 e 1505482 ** 21621 ans : 4 ans 140 jours. Ainsi le prolongement du refroidissement par la chaleur du Soleil, au lieu d’avoir été de 8 ans À, n'a été que de 4 ans 140 jours. Et pour évaluer en totalité la compen- sation qu'a faite cette chaleur du Soleil pen- dant toutes les périodes, on trouvera que la - Mat, gén, VII: 19 4 EVE ARR ati, put ) ï nf FA ; ÉLUS Nu AAUNT tal 110 HISTOIRE NA PU RELUES CN NRe dans le temps de paris ENS cence, cs été de 676 , sera, à la “ de 1320 + de ir Ce 3 = 1 périodes, de 66, puisque ce n’est qu’ a- %o près ces 3 À périodes que la température de ce ste sera égale à la température de la Terre. Ajoutant donc ces deux termes de so: 1 \ Éd compensation 676 et. 676 du premier et du 1320 + so 34261 dernier temps de ces 3 : périodes, on a 676 66032 So L OU qui multipliés par 12 +, moitié de la somme de tous les termes de la dimu- nution de la chaleur, donnent = pour la compensation totale, par la chaleur du So- leil, pendant les 3 : périodes de 21621 ans chacune ; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps total des périodes est à celui du prolongement du refroidisse- . ment, on aura 25 : 5 25 70268 + : 27. Ainsi le prolongement total qu’a fait la cha- leur du Soleil n’a été que de 27 ans, qu'il PARTIE HYPOTHÉTIQUE. ne faut ajouter aux 70268 ans : : d’où l’on voit que c’a été dans l’année 70296 de la forma- tion des planètes , c’est-à-dire, il y a 4556 ans, que ce quatrième satellite de Jupiter jouissoit de la même témpérature dont jouit aujourd'hui la Terre; et de même, que ce ne sera que dans le double du temps, c'est-à- dire , dans l’année 140592 de la formation des planètes, que sa température sera refroi- die au point extrême de — de la température actuelle de la Terre. j Faisons maintenant les mêmes recherches sur les temps respectifs du refroidissement des satellites de Saturne, et du refroidisse- iment de son anneau. Ces satellites sont, à la vérite, si difhiciles à voir, que leurs gran- deurs relatives ne sont pas bien constatées : mais leurs distances à leur planète princi- pale sont assez bien connues, et il paroît, par les observations des meilleurs: astro- nomes , que le satellite le plus voisin de Saturne est aussi le plus petit de tous; que je second n'est guère plus gros que le pre- mier, le troisième un peu plus grand; que le quatrième paroît le plus grand de tous, et qu'enfin le cinquième paroît tantôt ‘plus ? VS à {4 NEA. | j \ rxr2 HISTOIRE NATURELLE. grand que le troisième, et tantôt plus petit : mais cette variation de grandeur dans ce dernier satellite n’est probablement qu'une apparence dépendante de quelques causes particulières qui ne Changent pas sa gran- deur réelle, qu’on peut resarder comme égale à celle du quatrième, puisqu'on l’a vu quel- quefois surpasser le troisième. . Nous supposerons donc que le premier et le plus petit de ces satellites est gros comme la Lune, le second grand comme Mercure, le troisième grand comme Mars, le qua- trième et le cinquième grands comme la Terre; et prenant les distances respectives de ces satellites à leur planète principale, nous verrons que le premier est environ à 66 mille 900 lieues de distance de Saturne ; le second à 85 mille 450 lieues, ce qui est à peu près la distance de la Lune à la Terre; le troi- sième à 120 mille lieues; le quatrième à 278 mille lieues , et le cinquième à 808 mille lieues, tandis que le satellite Le plus éloigné de Jupiter n’en est qu'à 398 mille lieues. Saturne a donc une vitesse de rotation plus _ grande que celle de Jupiter, puisque, dans l’état de liquéfaction, sa force centrifuge a PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 113 projeté des parties de sa masse à plus du double de la distance à laquelle la force cen- irifuge de Jupiter a projeté celles qui forment son satellite le plus éloigné. Et ce qui prouve encore que cette force centrifuge, provenant de la vitesse de ro- tation , est plus grande dans Saturne que dans Jupiter, c’est l'anneau dont il est envi- rouné, et qui, quoique fort mince, suppose une projection de matière encore bien plus considérable que celle des cinq satellites pris ensemble. Cet anneau concentrique à la sur- face de l’équateur de Saturne n'en est éloi- gné que d'environ 55 mille lieues; sa forme est celle d’une zone assez large, un peu courbee sur le plan de sa largeur , qui est d'environ un tiers de diamètre de Saturne, c'est-à-dire, de plus de 9 mille lieues : mais cette zone de 9 mille lieues de largeur n’a peut-être pas 100 lieues d'épaisseur ; car lorsque l'anneau ne nous présente exacte ment que sa tranche, il ne réfléchit pas assez de lumière pour qu’on puisse l’appercevoir avec les meilleures lunettes; au lieu qu’on lapperçoit pour peu qu’il s'incline ou se re- dresse, et qu’il découvre en conséquence une 10 1r4 HISTOIRE NATURELLE petite partie de sa largeur. Or cette largeur ; vue de face, étant de 9 mille lieues, ou plus exactement de 9 mille 110 lieues, seroit d'environ 4 mille 555 lieues vue sous l’angle de 45 degrés, et par conséquent d'environ 100 lieues vue sous un angle d’un degré d’obliquité; car on ne peut guère présumer qu'il fût possible d'appercevoir cet anneau, s’il n’avoit pas au moins un degré d'obli- quité, c'est-à-dire, s’il ne nous préseñioit pas une tranche au moins égale à une 90° partie de sa largeur : d’où je conclus que son épais- seur doit être égale à cette. go* partie, qui équivaut à peu près à 100 lieues. % Il est bon de supputer, avant d'aller “a loin, toutes les dimensions de cet anneau , et de voir quelle est la surface et le volume de Ja matière qu'il contient. à Sa largeur est de 9 mille 1ro lieues. Son épaisseur supposée de 100 lieues, Son diamètre intérieur de r9r mille 296 lieues, Son diamètre extérieur, c’est-à-dire, y com- pris les épaisseurs, de 191 mille 496 lieues. Sx circonférence intérieure de 444 mille 73 lieues. | PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r15 Sa circonférence extérieure de 444 mille 7ot lieues. | Sa surface concave de 4 milliars 455 millions 5 mille 30 lieues quarrées. Sa surface convexe de 4 milliars 5r2 millions 226 mille 110 lieues quarrées. La surface de l’épaisseur en dedans , de 44 mil. lions 407 mille 300 lieues quarrées. La surface de l'épaisseur en dehors, de 44 mil- Lions 470 mille 100 lieues quarrées. Sa surface totale de 8 milliars 185 millions 608 mille 540 lieues quarrées. Sa solidité de 404 milliars 836 millions 557 mille lieues cubiques. Ce qui fait environ trente fois autant de vo lume de matière qu’en contient le globe terrestre, dont la sclidité n’est que de 12 milliars 365 millions 103 mille 160 lieues cubiques. Et en comparant la surface de l’an- neau à la surface de la Terre, on verra que celle-ci n’étant que de 25 millions 772 mille 725 lieues quarrées, celle de toutes les faces de l’anneau étant de 8 milliars 185 millions 608 mille 540 lieues, elle est par conséquent plus de 217 fois plus grande que celle de la Terre; en sorte que cet’anneau , qui ne Hp, m6 HISTOIRE NATURELLE. paroît être qu’un volume anomal , un assem- blage de matière sous une forme bizarre, peut néanmoins être une Terre dont la sur- face est plus de 300 fois plus grande que celle de notre globe, et qui, malgré son grand éloignement du Soleil , peut cependant jouir de la même température que la Terre. Car , si l’on veut rechercher l'effet de la chaleur de Saturne et de celle du Soleil sur cet anneau, et reconnoître les temps de son refroidissement par la deperdition de sa cha- leur propre, comme nous l’avons fait pour la Lune et pour les satellites de Jupiter, on verra que, n’ayänt que 100 lieues d'épaisseur: il se seroit consolidé jusqu’au milieu ou au centre de cetle épaisseur en 101 ans ; envi- ron , si sa densité etoit égale à celle de la Terre; mais comme la densité de Saturne et celle de ses satellites et de son anneau, que nous supposons la même, n’est à la densité de la Terre que :: 184 : 1000, il s'ensuit que l'anneau , au lieu de s’être consolidé jus- qu'au centre de son épaisseur en 101 ans :, s’est réellement consolidé en 18 ans : et de même on verra que cet anneau auroit dû se refroidir au point de pouvoir le toucher en Pat Ce h a RU AL 1 j __ HYPOTHÉTIQUE. rr7 1185 ans #+, si sa densité étoit égale à celle de la Terre ; mais comme elle n’est que 184 au lieu de 1000 , le temps du refroidissement, au lieu d’être de 1183 ans =, n’a été que de 217 ans À, et celui du refroidissement à la température actuelle, au lieu d’être de 1958 ans, n'a réellement été que de 360 ans +, abstraction faite de toute compensation, tant par la chaleur du Soleil que par celle de Saturne, dont il faut faire l’évaluation. Pour trouver la compensation par la cha- leur du Soleil, nous considérerons que cette chaleur du Soleil sur Saturne, sur ses satel- lites et sur son anneau, est à très-peu près égale , parce que tous sont à très-peu près également éloigriés de cet astre : or cette cha- Jeur du Soleil que reçoit Saturne est à celle que reçoit la Terre :° 100 : 9025, ou :: 4% : 361. Dès lors la compensation qu’a faite la chaleur du Soleil lorsque l'anneau a été refroidi à la température actuelle de la Terre, au lieu d’être =, comme sur la Terre. 4 n'a été que 36:; et dans le temps de l’incan- 50 | 4 descence cette compensation n’étoit que 361. 1259: ATOS nu FRS xt8 HISTOIRE NATURELLE. Ajoutant ces deux termes du premier et du dernier temps de cette période de 560 ans Z, 104 PC à on aura 36, qui multipliés par 12 ;, moi- 1250 tié de la somme de tous Les termes, donnent 1300 , 227 T 3 ou 7 pour la compensation totale Re 12$0 qu'a faite la chaleur du Soleil dans les 360 ans - de la première période; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la com- pensation totale en même raison que le temps total de la période est à celui du prolonge- 2; D 70 * BTE: ment du refroidissement, on aura 925 ! Fa Lo :: 360 = : Le ans ou 15 jours environ , dont le refroidissement de l’anneau a été prolongé, par la chaleur du Soleil, pendant cette première période de 360 ans +. Mais la compensation par la chaleur du Soleil n’est, pour ainsi dire, rien en com- paraison de celle qu’a faite la chaleur de Saturne. Cette chaleur de Saturne dans le temps de l’incandescence, c'est-à-dire, au commencement de la période, étoit 25 fois plus srande que la chaleur actuelle de la PARTIE HYPOTHÉTIQUE. rr9 Terre , et Frot encore diminué au bout de 360 ans = que de 25 à 24 22 environ. Or eet anneau est à 4 demi-diamètres de Saturne, c’est-à-dire, à 54 mille 656 lieues de distance de sa planète, tandis que sa distance au So- leil est de 313 millions 500 mille lieues, en supposant 33 millions de lieues pour la dis- tance de la Terre au Soleil. Dès lors Saturne, dans le temps de l’incandescence, et mème long-temps et très-long-temps après, a fait sur son anneau une compensation infiniment plus grande que la chaleur du Soleil. Pour en faire la comparaison, il faut con- sidérer que la chaleur croissant comme le quarré de la distance diminue, la chaleur envoyée par Saturne à son anneau auroit été à la chaleur envoyée par le Soleil, comme le quarré de 3135500000 est au quarré de 54656, si la surface que Saturne présente à son an- neau étoit égale à la surface que lui présente le Soleil : mais la re de Saturne , qui n'est, dans le réel, que À 5 de celle du So- leil, paroît néanmoins à son anneau bien plus grande que celle de cet astre dans la rai- .son inverse du quarré des distances ; on aura ro HISTOIRE NATURELLE. donc (54656)? : (31350000)? : 22 : 259334 environ; donc la surface que Saturne pré- sente à son anneau est 559332 fois plus grande que celle que lui présente le Soleil. Ainsi Saturne, dans le temps de l’incandescence, étoit pour son anneau un astre de feu 259332 fois plus étendu que le Soleil. Mais nous avons vu que la compensation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de 4 { l'anneau n’étoit que 36, lorsqu’au bout de %o | | 360 ans — il se seroit refroidi à la tempéra- ture actuelle de la Terre, et que, dans le temps de l’incandescence , cette compensa- tion par la chaleur du Soleil n'etoit que 4 36 ; on aura donc 259332, multipliés par 1250 Ée- 2873 + 361 où environ pour la compensation 1250 qu'a faite la chaleur de Saturne au commen- cement de cette mé dans le temps de L l'incandescence, et == pour la compensa- tion que Saturne auroit it faite à à la fin de cette PARTIE HYPOTHÉTIQUE. #2r même période de 560 ans Z , s’il eût conservé son état d’incandescence : maiscomme sa cha- leur propre a diminué de 25 à 24 + pendant cette période de 360 ans 7, la compensation, à la fin de cette période , au lieu d’être us ï n’a été que _ . Ajoutant ces deux termes [e] \ er et in: 2 du premier et du dernier temps de cette première période de 360 ans =, on aura raie, qui multipliés par 12}, moitié de 12 t 931960 — la somme de tous les termes, donnen FR ou 745 = environ pour la compensation to- tale qu'a faite la chaleur de Saturne sur son anneau pendant cette première période de 360 ans —; et comme la perte totale de la. chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 745 -= :: 360 Z : 10752 — environ. Ainsi le temps dont la chaleur de Saturne a prolongé le refroidissement de son anneau pendant cette première période, a été d’en- viron 107952 ans +, tandis que la chaleur du 11 x22 HISTOIRE NATURELLE. Soleil ne l’a prolongé, pendant la même pé= riode , que de 15 jours. Ajoutant ces deux nombres aux 360 ans -= de la période, on 25 voit que c’est dans l’année 11113 de la for- mation des planètes, c’est-à-dire, il y a 68719 ans, que l’anneau de Saturne auroit pu se trouver au même degré de température dont jouit aujourd’hui la Ferre, si la chaleur de Saturne, surpassant toujours la chaleur pro- pre de l’anneau, n’avoit pas continué de le brûler pendant plusieurs autres périodes de temps. Car le moment où la chaleur envoyée par Saturne à son anneau étoit égale à la chaleur propre de cet anneau, s’est trouvé dès le temps de l’incandescence, où cette chaleur envoyée par Saturne étoit plus forte que la chaleur propre de l’anueau dans le rapport de 2873 : à 1250. A Dès lors on voit que la chaleur propre de l'anneau a été au-dessous de celle que lui envoyoit Saturne dès Le temps de l'incandes- cence , et que, dans ce même temps, Sa- turne ayant envoyé à son anneau une chaleur 259332 fois plus grande que celle du Soleil, 1] lui envoyoit encore, à la fin de la première PARTIE AVROTHÉTIQUE. 123 période de 560 ans —, une chaleur 258608 fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avoit di- minué que de 25 à 24 ; et au bout d’une seconde période de 360 ans Z, c’est-à-dire, après la Rpperdiion de la chaleur ROPES de l'anneau, jusqu’au point extrême de = de la chaleur actuelle de la Terre, Saturne RAR encore à son anneau une chaleur 257084 _ fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avoit encore diminué que de 24 + à 24 +. En suivant la même ES voit que la chaleur de Saturne , qui d’abord étoit 25, et qui décroit PRRARRAAGRE de À par chaque période de 360 ans —, noue par consé- quent , sur l’anneau, de 723 penden cha- cune de ces périodes; en ie qu'après 31 périodes environ , cette chaleur envoyée par Saturne à son anneau sera encore à très-peu près 4500 fois plus grande que la chaleur qu'il reçoit du Soleil. Mais comme la chaleur du Soleil, tant sur Saturne que sur ses satellites et sur son an- neau , est à celle du Soleil sur la Terre à peu près :: 1 : 90, et que la chaleur de la ENONCE DT 124 HISTOIRE NATURELLE. . Terre est 50 fois plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil, il s'ensuit qu'il faut diviser par 90 cette quantité 4500 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre ; et cette dernière chaleur étant = de la chaleur actuelle du globe terrestre, 1l est évident qu'au bout de 351 périodes de 360 ans - chacune, c’est-à-dire , au bout de 126458 ans, la chaleur que Saturne enverra encore à son anneau , sera égale à la chaleur actuelle de la Terre, et que, n'ayant plus aucune chaleur propre depuis très-long-temps, cet anneau ne laissera pas de jouir encore alors d’une température égale à celle dont jouit aujourd'hui la Terre. Et comme cette chaleur envoyée par Sa turne aura prodigieusement prolongé le re- froidissement de son anneau au point de la temperature actuelle de la Terre, elle le pro— longera de mème pendant 351 autres périodes, pour arriver au point extrême de + de la chaleur actuelle du globe terrestre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 252916 de la formation des planètes que l’anneau de Sa- turne sera refroidi à - de la température actuelle de la Terre. = a, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 123 Il en est de même de l'estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la compen- sation qu'elle a dû faire à la diminution de la température de l’anneau dans les différens temps. Ii est certain qu'à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre de l’an- neau, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compensation, dans le temps de l’incandes- | _4 cence, que de 361, et qu’à la fin de la pre- 4 ; 1250 mière période, qui est de 360 ans, cette même chaleur du Soleil auroit fait une Com- pensation de a , et que dès lors le prolon- So ; gement du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été de 15 jours : mais là chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l’incandescence étant à la chaleur propre de l’anneau : ; 2873: : 1250, il s’ensuit que la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte qu’au lieu 4 d'être 361, elle n'a été que 36: au commen- I 1250 4123 cement de cette période, et que cette com- : 11 126 HISTOIRE NATURELLE. pensation , qui auroit été Er à la fin de cette jo | | première période, si l’on ne considéroit que la déperdition de la chaleur propre de l’an- neau , doit être diminuée dans la raison de 2867 + à 5o, parce que la chaleur envoyée par Saturne étoit encore plus grande que la chaleur propre de l'anneau dans cette même raison. Dès lors la compensation à la fin de | 4. cette première période, au lieu d'être 367, so 4 n'a été que 361. Enajoutant ces deux termes 2917 > & 4 4 de compensation _36:_ et _36:_ du premier 4123 5 ‘29173 et du dernier temps de cette première pe- 4 | 1 DENT V2) CN ct riode , on à 361 où 79 361 À 27 2 dl 12029624 12029624 qui multi- pliés par 12 +, moitie de la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur propre pendant cette première période de 360 js ans —, donnent 7551. pour la compensa- 12029624 tion totale qu’a pu faire la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 127 la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du ls : refroidissement, on aura à 25 : : 975 er ++ 360 Z 12029624 e Li 6 ee: | N . : :33%°, ou :: 3560 ans = 10 heures 14 mi- 2920740000 nutes. Ainsi le prolongement du refroidisse- ment par la chaleur du Soleil sur l'anneau de Saturne pendant la première période, au lieu d’avoir été de 15 jours, n’a réellement été que de 10 heures 14 minutes. | Et pour évaluer en totalité la compensation qu'a faite cette chaleur du Soleil pendant toutes les périodes, on trouvera que la com- pensation , dans le temps de l’incandescence, 1* 28 \ ayant été 36 ; sera , à la fin de 1. périodes, eg 4123 7 As . , L] A 4 de 361, puisque ce n’est qu'après ces 351 pé- So | riodes que la température de l’anneau sera égale à la température actuelle de la Terre. Ajoutant donc ces deux termes de compen- ARE sation Fm et36 du premier et du dernier 41233 50 128 HISTOIRE NATURELLE. | 16514 temps de ces 551 périodes, on a 3561 ow 20617$ _#5_, qui multipliés par 124, moitié de 206175 | la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur pendant toutes ces périodes ; donnent +; environ pour la compensation totale, par la chaleur du Soleil, pendant les 351 périodes de 360 ans -: chacune; etcomme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps total de la période est au prolongement du refroidissement, onu aura 25°: —7 2 :1:196458 e 206173%e : 14 ans =. Ainsi le prolongement total qu'a fait et que fera la chaleur du Soleil sur l’an- neau de Saturne , n’est que de 14 ans-=, qu’il faut ajouter aux 126458 ans : d’où l’on voit que ce ne sera qüe dans l’année 126473 de la formation des planètes que cet anneau jouira de la même température dont jouit aujour- d'hui la Terre, et qu’il faudra le double du temps , c'est-à-dire, que ce ne sera que dans l'année 252946 de la formation des planètes que la température de l’anneau de Saturne sera refroidie à -- de la température actuelle de la Terre. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 129 Pour faire sur les satellites de Saturne la même évaluation que nous venons de faire sur le refroidissement de son anneau , nous supposerons, comme nous l’avons dit, que le premier de ces satellites, c’est-à-dire, le plus voisin de Saturne , est de la grandeur de la Lune ; le second, de celle de Mercure; le troisième, de la grandeur de Mars; le qua- trième et le cinquième , de la grandeur de la Terre. Cette supposition , qui ne pourroit être exacte que par un grand hasard, ne s’é- loigne cependant pas assez de la vérité pour que, dans le réel, elle ne nous fournisse pas des résultats qui pourront achever de com- pleter nos idées sur les temps où la nature a pu naïtre et périr dans les différens globes qui composent l'univers solaire. | Partant donc de cette supposition, nous verrons que le premier satellite, étant grand comme la Lune, a dû se consolider jusqu’au centre en 145 ans < environ, parce que n’é- tant que de + du diamètre de la Terre, ilse seroit consolidé jusqu’au centre en 792 ansi, s’il étoit de même densité: mais la densité de la Terre étant à celle de Saturne et de ses satellites ;: 1000 : 184, il s'ensuit qu'on doit. 130 HISTOIRE NATURELLE. iminuer le temps de la consolidation et du refroidissement dans la même raison ; ce qui donne 145 ans À pour le temps nécessaire à la consolidation. Il en est de même du temps de refroidissement au point de pouvoir, tou- cher sans se brûler la surface de ce satellite: on trouvera, par les mêmes règles de pro- portion, qu'il aura perdu assez de sa ru propre pour arriver à ce point en 1701 ans, et ensuite que, par la même déperdition de sa chaleur propre, il se seroit refroidi au point de la \empésaht actuelle de la Terre en 3719 ans =. Or l’action de la chaleur du Soleil étant en raison inverse du quarré de la distance , la compensation que cette cha= leur envoyée par Le Soleil a faite au commen- cement de cette première période, dans le 4 temps de l’incandescence, a été 361, et 12$0 4 | 361 à la fin de cette même période de S7a5 50 4 ans “7. Ajoutant ces deux termes 361 ek 1250 4 361 de la compensation dans le premier et Be 50 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. ràr dans le dernier temps de cette période, on a 104 L Le 361, qui multipliés par 12 +, moitié de la 250 1 1300 | somme de tous,les termes, donnent 56 ou Ll 231. pour la compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil cette première peé- riode de 3715ans 7; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation to- tale en même raison que le temps de la période est à celui du prolongement du refroidisse- ment,onaura 25: Sir -::871bans- :156 jours. Ainsi le RM du refroidissement de ce satellite par la chaleur du Soleil n’aétéque de 156 jours pendant cette première période. Mais la chaleur de Saturne, qui, dans le temps de l’incandescence , c’est-à-dire, dans le commencement de cette première pe- riode , étoit 25, OR encore diminué au bout de 3715 ans <= que de 25 à 24 < envi- ron ; et comme ce satellite n’est éloignée de Saturne que de 66900 lieues , tandis qu’il est éloigué du Soleil de 313 millions 500 mille 132 HISTOIRE NATURELLE. lieues, la chaleur envoyée par Saturne à ce premier satellite auroit été à la chaleur euvoyée par le Soleil comme le quarré de 313500000 est au quarre de 66900 , si la sur- face que Saturne présente à ce satellite étoit égale à la surface que lui présente le Soleil: mais la surface de Saturne, qui n’est, dans le réel, que 2 + de celle du Soleil, paroît néan- 1 1449 moins à ce satellite plus grande que celle de cet astre dans le rapport inverse du quarré des distances ; on aura donc (66900 )*? : 1 ? : 0 + e : ° (3135500000 ) ? ce g : 175102 environ ; donc la surface que Saturne présente à son premier satellite étant 173 mille 102 fois plus grande que celle que lui présente le Soleil , Saturne, dans le temps de l’incandescence, étoit pour ce satellite un astre de feu 173102 fois plus grand que le Soleil. Mais nousavons vu que la compensation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de ce 4 | satellite n’étoit que 36r dans le temps de l’in- | 1250 : | candescence, et 35: lorsqu'an bout de 3715 se PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 133 . &ns + il se seroit refroidi à la température actuelle de la Terre; on aura donc 173102 4 I . 7 Mr: 18 ; - multipliés par 36: ou — CHVATOMPOUE Le ae 25 compensation qu'a faite la lb de Bucuiié au commencement de cette période dans le temps de l’incandescence , et 22 1918 + pour la To compensation que Saturne auroit faite à la fin de cette même période, s’il eut conservé son état d’incandescence : mais comme la chaleur propre de Saturne a diminué de 25 à 24 + environ pendant cette période de 3715 1 à ans +, la compensation à la fin de cette pé- 1 . A 18 riode , au lieu d’être +, n’a élé que = 186$ so environ. Ajoutant ces deux termes 1918 5 = 1250 du dernier temps de cette période, on aura et de la compensation du premier et 435435 5, lesquels multipliés par 125, moitié 1250 ? de la sommede tous les termes, donnent 5 ou 485 £ environ pour la compensation totale qu'a faite la chaleur de Saturne sur son pre- | 12 134 HISTOIRE NATURELLE. mier satellite pendant cette première période _ de 3715 ans + ; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps total de la pé- riode estau prolongementdu refroidissement, on aura 25 : 485 € :: 3715 < ! 72156 environ. Ainsi le temps dont la chaleur de Saturne a prolongé le refroidissement de son premier satellite pendant cette première période de 3715 5, a été de 72136 ans, tandis que la cha- leur du Soleil ne l’a prolongé pendant la même période que de 156 jours. En ajoutant ces deux termes avec celui de la période, qui est de 5715 ans environ, on voit que ce sera dans l’année 75853 de la formation des planètes, c’est-à-dire, dans 1021 ans, que ce premier satellite de Saturne pourra jouir de la même température Fons jouit aujourd’hui la Terre. Le moment où la chaleur envoyée par Saturne à ce satellite a été égale à sa cha- leur propre, s’est trouvé dès le premier mo- ment de l’incandescence, ou plutôt ne s’est jamais trouvé; car, daus le temps même de l'incandescence, la chaleur envoyée par Sa- turne à ce satellite etoit encore plus grande PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 1:35 que la sienne propre, quoiqu’ik fût lui-même en incandescence, puisque la compensation que faisoit alors la chaleur de Saturne à la 8: chaleur propre du satellite étoit D, etque, pour qu'elle n’eût été qu’égale, il auroit fallu 1250 que la température n’eût été que 5. - Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a été au-dessous de celle que lui envoyoit Saturne dès le moment de l’incan- descence , et que, dans ce même temps, Sa- turne ayant envoyé à ce satellite une chaleur 173102 fois plus grande que celle du Soleil, il lui envoyoit encore, à la fin de la première période de 3715 ans #7, une chaleur 168308 : fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avoit diminué que de 25 à 24 +; is au bout d’une seconde période de 3715 ans €, après la dé perdition de la chaleur PR de ce satellite, jusqu’au point extrême de = de la chaleur actuelle de la Terre, Saturne envoyoit encore à ce satellite une chaleur 163414 # fois plus grande que celle du Soleil, parce que la cha- leur propre de Saturne n’avoit encore dimi- nue que de 24 “ à 235 +. 136 HISTOIRE NATURELLE. En suivant la même marche, on voit que la chaleur de Saturne, qui d’abord étoit 25, et qui décroît CORNE de ;; par chaque période de 3715 ans <=, diminue par conséquent, sur ce satellite, de 4893 + pendant chacune de ces périodes; en sorte qu'après 33 ; périodes environ, cette chaleur envoyée par Saturne à son premier satellite sera en- core à très-peu près 45oo fois plus grande que la chaleur qu’il reçoit du Soleil. Mais comme cette chaleur du nel sur Saturne et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre :: 1 : 90 à très-peu près, et que la chaleur de la Terre est 5o fois plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil, 1l s'ensuit qu’il faut diviser par 90 cette quan-— tité 4500 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre; et cette dernière chaleur étant = de la chaleur ac- tuelle du globe terrestre, il est nuit: qu'au bout de 33 : périodes de 5715 ans ;= Eu - chacune, c'est-à-dire, au bout de 124475 ans +, la cha- leur que Saturne enverra encore à ce éatelliée : sera égale à la chaleur actuelle de la Terre, et que ce satellite, n'ayant plus aucune chaleur propre depuis très-long-temps, ne PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r37 laissera pas de jouir alors d’une température . égale à celle dont jouit aujourd’hui la Terre. Et comme cette chaleur envoyée par Sa- turne a prodigieusement prolongé le refroi- dissement de ce satellite au point de la tem- pérature actuelle de la Terre, il le prolon- gera de mème pendant 33 - autres périodes , pour arriver au point extrème de + de la chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 248051 de la formation des planètes que ce premier satellite de Saturne sera refroidi à — de la température actuelle de la Terre. Il en est de même de l'estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la compen- sation qu’elle a faite à la diminution de la température de ce satellite dans les différens temps. Îl est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du satel- lite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compensation , dans le temps de l’incandes- 4 cence , que de 361, et qu'à la fin de la pre- 12$0 mière période, qui est de 3715 ans <=, cette même chaleur du Soleil auroit fait une com- | 12 - 338 HISTOIRE NATURELLE. : 4" | | ; pensation de 361, et que dès lors le prolonge so | SUR ment du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit été en effet de 156 jours : mais la chaleur envoyée par Sa turne dans le temps de l’incandescence étant à la chaleur propre du satellite :? 1918 ; 1250, il s'ensuit que la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison; en sorte qu'au lieu 4 4 d’être 36: , elle n’a été que 36: au commen- 1250 3168 5 cement de cette période, et que cette com— ae pensation, qui auroit été 361 à la fin de cette so première période, si on ne considéroit que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit être diminuée dans la raison de 1865 à bo, parce que la chaleur envoyée par Saturne étoit encore plus grande que la chaleur propre du satellite dans cette même raison. Dès lors la compensation à la fin de cette première 4 4 période , au lieu d’être 361, n'a été que 361 so 191$ En ajoutant ces deux termes decompensation PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 1:39 4 Es 361 et 36: du premier et du dernier temps 3168 1915 de cette première période de 3715 ans == 125$ ? ER ice are on a 3% ou——1!}=, qui multiplies ario!, 6067103 6067103 À P P moitie de la somimne de tous les térmes de la diminution de la chaleur du satellite pen- 6067103. dant cette première période, donnent pour la compensation totale qu’a faite la cha- leur du Soleil pendant cette première pé- riode; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au pro- longement du refroidissement, on aura 25 ; 8 I TO4 FT CO 87 2616$10 7 AE 6067103 a+. 37 1e 125 LD 151677576 > OU CR 3715 ans —— ee. : 6 jours 7 heures environ. Ainsi le prolon- gement du refroidissement par la chaleur du Soleil pendant cette première période, au lieu d’avoir été de 156 jours, n’a réelle ment été que de 6 jours 7 heures. Et pour évaluer en totalité la compensa- tion qu'a faite cette chaleur du Soleil pen- dant toutes les périodes, on trouvera que la 210 au" TMC PEUT ET TES 4 nr ne LA Le" Dec ae x40 HISTOIRE NATURELLE. compensation, dans le temps de l’incandes- cence, ayañt été, comme nous venons de le 4 dire, 361_, sera, à la fin de 33 : périodes de I k 31687 cd 3715 ans == chacune, de 361 361, puisque ce n'est $o qu'après ces 33 : périodes que la température de ce satellite sera égale à la température actuelle de la Terre. Ajoutant donc ces deux 4 4 termes de compensation dd et 361 du pre- 31687 19 mier et du dernier temps des 33 : périodes, _12873 : ona 361 ou 158410 moitié de la somme de tous les termes de la diminution de la chelgue pendant toutes ces DE € bre , qui multiphés par 12: périodes , donnent —< pour la COR Er tion totale, par a send du Soleil, pen- | dant les 33 < périodes de 3715 ans = chacune ; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps total des périodes est au prolon- sement du refroidissement, on aura 25 © ÿ 22 124475 ans © : 14 ans 4 jours envi- 1 L PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r4c ron. Ainsi le prolongement total que fera la chaleur du Soleil ne sera que de 14 ans 4 jours, qu'il faut ajouter aux 124475 ans £: d’où l’on voit que ce ne sera que sur la fin de l’année 124490 de la formation des pla- nètes que ce satellite jouira de la mème température dont jouitaujourd’hui la Terre, et qu'il faudra le double de ce temps, c’est- a-dire, 248980 ans à dater de la formation des planètes, pour que ce premier satellite de Saturne puisse être refroidi à = de là tempé- rature actuelle de la Terre. Faisant le même calcul pour le second sa- tellite de Saturne, que nous avons supposé grand comme Mercure, et qui est à 85 mille 45olieues de distance de sa planète principale, nous verrons que ce satellite a dû se consoli- der jusqu’au centre en 178 ans <, parce que u’étant que de - du diamètre de la Terre, ik se seroit consolidé jusqu’au centre en 968 ans :, s’il étoit de mème densité : mais comme la densité de la Terre est à la densité de Saturne et de ses satellites : ? 1000 : 184, il s'ensuit qu’on doit diminuer les temps de la consolidation et du refroidissement dans Ja même raison; ce qui donne 178ans pour 142 HISTOIRE NATURELLE. : le temps nécessaire à la consolidation. Il en est de même du temps du refroidissement au point de toucher sans se brüler la surface du satellite; on trouvera, par les mêmes règles de proportion, qu'il s’est refroidi à ce point en 2079 ans +, et ensuite qu’il s’est refroidi à la température actuelle de la Terre en 4541 ans < environ. Or l’action de la chaleur du Soleil étant en raison inverse du quarré des distances , la compensation étoitau com- mencement de cette première période , dans 4 4, le temps de l’incandescence , (36: ,et 367 à la 1250 so fin de cette même période de 4541 ans. Ajou- ss MR tant ces deux termes 36: et 36 du premier 1250 so et du dernier temps de cette période, on a 104 361, qui multipliés par 12 +, moitié de la 1250 | | ro0 somme de tous les termes, donnent 36: ou 1250 217 ie pour la compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant cette première I période de 4541 ans +; et comme la perte PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r43 totale de la chaleur propre est à la compen- sation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroi- ES dissement, on aura 925 : aie 2: 4541 < ©! 191 jours. Ainsi le prolongement du refroi- _ dissement de ce satellite par la chaleur du Soleil auroit été de 191 jours peudant cette première période de 4541 ans =. Mais la chaleur de Saturne, qui, dans le temps de l’incandescence, étoit 25 fois plus grande que la chaleur actuelle de la Terre, n’avoit diminué au bout de 4541 ans = que z de environ, et étoit encore 24 € à la fin de cette mème période: et ce satellite n’étant éloigné que de 85 mille 450 lieues de sa pla- nète principale, tandis qu’il est éloigné du Soleil de 313 millions 500 mille lieues , il en résulte que la chaleur envoyée par Saturne à ce second satellite auroit ete comme le quarré de 313500000 est au quarre de 85450, si la surface que presente Saturne à ce satel- lite, étoit égale à la surface que lui présente le Soleil : mais la surface deSaturne, qui, dans I le réel, n’estque 272 de celle du Soleil, paroît 11449 { ASE RIRES 44 HISTOIRE NATURELLE. néanmoins plus grande à ce satellite dans le rapport inverse du quarré des distances ; on aura donc (85450)? : (3135500000)? :: as ; 106104 environ. Ainsi la surface queprésente Saturne à ce satellite, étant 106 mille 104 fois plus grande que la surface que lui présente le Soleil, Saturne, dans le temps de l’incan- descence, étoit pour son second satellite un astre de feu 106 mille 104 fois plus grand que le Soleil. Mais nous avons vu que la compen- sation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre du satellite dans le | 4 temps de l’incandescence, n’étoit que 36: , et 1250 qu’à la fin de la première période de 4541 ans :, lorsqu'il se seroit refroidi par la dé- perdition de sa chaleur propre, au point de, la température actuelle de la Terre, la compensation par la chaleur du Soleil a été 4 561, IL faut donc multiplier ces deux termes so de compensation par 106104, et l’on aura 2 2753 environ pour la compensation qu'a faite 1250 da chaleur de Saturne sur ce satellite au PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r45 commencement de cette premiere période dans le temps de l’incandescence, et Lee pour la compensation que la chaleur de Sa- turne auroit faite à la fin de cette même période, s’il eût conservé son état d’incan- descence : mais comme la chaleur propre de Saturne a diminué de 25 à 24 £ pendant cette période de 4541 ans 5, la ME à la fin de la période, au lieu d'être 7 Dir 1, na été que 17 FE environ. Ajoutant ces deux termes de o 117$ % 134% compensation = et — io # du premier et { du 11 | dernier temps de la période, on a Liu , les= $° quels multipliés par 125, moitié dela somme de tous les termes, RATER 525 ou 29 ; environ pour la compensation totale qu’a faite la chaleur envoyée par Saturne à ce satellite pendant cette première période de 4541 ans=+; et comme la perte totale de la _ chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement , on Mat, gén. VII. 13 146 HISTOIRE NATURELLE. aura 25 ?: 29546 !: 45412 ! 53630 environ. Ainsi le temps dd la chaleur de Saturne a prolongé le refroidissement de ce satellite pour cette première période, a été de 53630 ans, tandis que la chaleur du Soleil, pendant le même temps, ne l'a prolongé que de 194 jours : d’où l’on voit, en ajoutant ces. temps à celui de la période, qui est de 4541 ans :, que c’a été dans l’année 58173 de la forma-— tion des planètes, c’est-à-dire, il y a 16659 ans, que ce second satellite de Saturne jouis- soit de la même température as jouit au- jourd’hui la Terre. Le moment où la chaleur envoyée par Saturne à ce satellite a été égale à sa chaleur propre, s’est trouvé presque immédiatement x = —— après l’incandescence, c’est-à-dire, à NE à du premier terme de l'écoulement du temps de cette première période , qui multipliés par 181 À, nombre des années de chaque terme de cette période de 4541 ans =, donnent 7 ans À environ. Ainsi c’a été dès l’année 8 de la ration des planètes que la chaleur envoyée par Saturne à son second satellite s'est trouvée égale à la chaleur propre de ce meme satellite. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r4 Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a été au-dessous de celle que lui envoyoit Saturne dès le temps le plus voisin de l’incandescence , et que, dans le premier . moment de l’incandescence, Saturne ayant envoyé à ce satellite une chaleur 106 mille 304 fois plus grande que celle du Soleil, il lui envoyoit encore , à la fin de la pre- mière période de 4541 ans +, une chaleur 102 mille 382 = fois plus grande que celle du Soleil , parce que la chaleur propre de Saturne n'avoit diminué que de 25 à 24 +; et au boxtt d’une seconde période de 4541 ans À, aprés la déperdition de la chaleur propre de ce satellite, jusqu'au point extrème de + de la chaleur actuelle de la Terre, Saturne en- voyoit encore à ce satellite une chaleur 98 mille 660 + fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Sa— turne n'avoit encore diminué que de 24 + à 23 <. En suivant la même marche, on voit que la chaleur de Saturne, qui HHynerd étoit 25, et qui décroit constamment de Z par chaque | période de 4541 ans à, Fra par consé- 4 quent sur ce satellite de 3721 pendant cha À A R: PASS LEE NT & “ AA Ua, LR 148 HISTOIRE NATURELLE. Cune de ces périodes; en sorte qu'après ‘6 4 périodes environ, cette chaleur envoyée jar" Saturne à son second satellite sera encore à peu près 4500 fois plus grande que la cha- leur qu'il reçoit du Soleil. | Mais comme cette’chaleur du Soleil sur ÿ Saturne et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre :: 1 : 90 à très-peu près, et que la chaleur de la Terre est 50 fois plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil, il s'ensuit qu'il faut diviser par 90 cette quan- tite 4500 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur ge Terre; et cette dernière chaleur étant + de la chaleur ac- tuelle du globe Levrbatedt il est évident qu'au bout de 26 = périodes de 4541 ans +, c’est-à- dire, au Fou de 119592 ans +, la chaleur que Saturne enverra encore à ce satellite sera égale à la chaleur actuelle de la Terre, et que ce satellite, n’ayant plus aucune chaleur propre depuis très-long-temps, ne laissera pas de jouir alors d’une température égale à celle dont jouit aujourd’hui la Terre. Et comme cette chaleur envoyée par Sa- turne a prodigieusement prolongé le refroi- dissement de ce satellite au point de la tem- PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 149 pérature de la Terre , il le prolongera de même pendant 26 : autres périodes, pour arriver au poiut extrême — de la chaleur actuelle du globe de la Terre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 239185 de la ior- mation des planètes que ce second satellite de Saturne sera refroidi à - de la tempéra- ture actuelle de la Terre. | Il en est de même de l'estimation de la chaleur dû Soleil, relativement à la com- pensation qu’elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différens temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du satel- lite , cette chaleur du Soleil n’auroit fait compensation, NS le temps de l incandes- cence, que de 361 mr , et qu'à la fin de la pre- 1250 | mière periode, qui est de 4541 ans :, cette 2 mème chaleur du Soleil auroit fait compen- sation de à, et que dès lors le prolonge- ÿ0 ment du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été de 191 jours : mais la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l'incandescence 15 x5e HISTOIRE NATURELLE. étant à la chaleur propre du satellite . 1175 + : 1250, il s’ensuit que la compensa- tion faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte À 4 Ph Le qu'au lieu d’être 361 , elle n’a été que 361 1250 2425 = au commencement de cette période, et que cette compensation, qui auroit été 5% à la so fin de cette première période, si l’on ne con- sidéroit que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit être diminuée dans la raison de 1134 = à 50, parce que la cha- leur envoyée par Saturne étoit encore plus grande que la chaleur propre du satellite dans cette mème raison. Dès lors la compensation à la fin de cette première période, au lieu 4 4 d'être 361, n’a été que _361_. En ajoutant ces 5° 118452 PE. deux termes de compensation _361 et 2 2425 7% 36:_ du premier et du dernier temps de T1 14440 35 cette première période, on à 361 ou ee 2873020 = PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 15r. environ , qui multipliés par 12 & 2873020 : P Li 2 9 moitie de la somme de tous les termes de la ÿ 2873020 = pour la compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en mème raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement , on aura 29 : = 62 4541 5 5 =, ou :: 4541 = : 19 jours environ. Ainsi le prolon- gement du refroidissement par la chaleur du Soleil, au lieu d’être de 191 jours, n’a réellement été que de 19 jours environ. Et pour évaluer en totalité la compensa- tion qu'a faite cette chaleur du Soleil pen- dant toutes les périodes, on trouve que la compensation par la chaleur du Soleil dans le temps de l’incandescence, io ete, diminution d- la chaleur, donnent comme nous venons de le dire, He , Sera, à tu : la fin de 26 : périodes de 4541 ans : chacune, Fly, de 361, puisque ce n’est qu'aprés ces 26 : 59 152 HISTOIRE NATURELLE: | périodes que la température du satellite sera égale à la température actuelle de la Terre. RP BCE donc ces deux termes de compen- | PAR | “ER sation 361 et 361 du premier et du derfisr 2425 Ÿ ET temps de ces 26 : périodes, on a 36 ou 121282 155 27 et es» QUI multipliés par 122, moitié de la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur pendant toutes ces périodes , 313 342 donnen Gr : pour la compensation totale, par la Aer du Soleil, pendant les 26 = pé- riodes de 4541 ans - chacune; et comme la diminution totale de la chaleur est à la com- pensation totale en même raison que le temps de la période est à celui du A D du 342 La .. 121282 * 2 13 = environ. Ainsi le prolongement total que fera la chaleur du Soleil, ne sera que de 13 ans +, qu'il faut ajouter aux 119592 ans + : d’où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 119607 de la formation des planètes que ce satellite jouira de la même tempéra- refroidissement, on aura 25 : : 119692: : \ PARTIE HYPOTHÉTIQUE. :53 ture dont jouit aujourd'hui la Terre, et qu'il faudra le double du temps, c’est-à-dire, que ce ne sera que dans l’année 239214 de la for- mation des Ra que sa température sera refroidie à — de la température actuelle de la Terre. Faisant les mêmes raisonnemens pour le troisième satellite de Saturne, que nousavons supposé grand comme Mars, et qui est éloi- gne de Saturne de 120 mille lieues, nous verrons ane ce satellite auroit dû se consoli= der jusqu'au centre en 277 ans =, parce que n'étant que + du diamètre de la Terre, il se seroit refroidi jusqu’au centre en 1510 ans +, s1l étoit de même densité : mais la densité de la Terre étant à celle de ce satel- lite : : 1000 : 184, il s'ensuit qu’on doit dimi- nuer le temps de sa consolidation DAus la même raison; ce qui donne 277 ans + envi- ron. Îl en est de même du temps du oi dissement au point de pouvoir, sans se brû- ler, toucher la surface du satellite: on trou- vera, par les mêmes règles de poA a, qu'il s’est refroidi à ce point en 3244 ©, et ensuite qu'il s’est refroidi au point de la temperature actuelle de la Terre en 7083 =: L 55, HISTOIRE NATURELLE, environ. Or l’action de la chaleur du Soleil étant én raison inverse du quarré de la distance , la compensation étoit au commen- cement de cette première période, dans le ans 4. 3 LE temps de l’incandescence, 361 ,et 36: à la fin 12 YO sn de cette même période de 7083 ans +. Ajou- tant ces deux termes de corhyenliton du premier et du dernier temps de cette période, 104 | A on a 561, qui multipliés par 12 ;, moitié 1250 t 1300 de la somme de tous les termes, donnent 361 1259 ou —— pour la compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant cette pre: mière période de 7083 ans +; et comme la perte totale de Ia chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du. 217 refroidissement, on aura 25 : 5 : °: 7083 aus + : 296 jours. Ainsi le prolongeïnent du refroidissement de ce satellite par la chaleur du Soleil n’a été que de 296 Égésté ina cette première période de 7083 ans EE PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 1:55 + Mais ia chaleur de Saturne, qui, dans le temps de l’incandescence, étoit 25, avoit di- minue , au bout de la période de 7083 ans =, de 25 à 25 +; et comme ce satellite est éloi- gné de Saturne de 120 mille lieues, et qu'il est distant du Soleil de 313 millions 5oo mille lieues, il en résulte que la chaleur envoyée par Saturne à ce satellite auroit été comme le quarré de 3135500000 est au quarre de 120000 , si la surface que présente Saturne à ce satellite étoit égale à la surface que lui présente le Soleil : mais la surface de Saturne I n'étant, dans le réel, que = de celle du 11449 Soleil, paroît néanmoins à ce satellite plus grande que celle de cet astre dans le rapport inverse du quarré des distances; on aura : 1 ; donc (120000)? : (5313500000) à En : 53801 environ. Donc la surface que Saturne pré- sente à ce satellite est 53801 fois plus grande que celle que lui présente le Soleil. Ainsi Saturne, dans le temps de l’incandescence, étoit pour ce satellite un astre de feu 53801 fois plus grand que le Soleil. Mais nous avons vu que la compeusation faite par la chaieurx du Soleil : à la perte de la parue ce satellite, étoit 1 , lorsqu< au bout de 7085 te ans à iPaeVétoit , comme Mars, refroidi à la température actuelle de la Terre, et que, . dans le temps de l’incandescence, cette com- pensation par la chaleur du Soleil n'’étoit i que de 361 ; on aura donc 53801 multipliés 1250 4 par 361 ou Fe: ou 12$0 faite la chaleur de Saturne au commencement de cette RE € dans le temps de l’incandes- 2 pour la compensation La a cence, et = NE de cette même période, si Saturne eût con- servé son état d’'incandescence: mais comme sa chaleur propre a diminué de 25 à 23 + environ pendant cette période de 7083 ans 5, la compensation à la fin de cette période, . 4 A - 3 1,1 63 = au lieu d’être PE, n’a été que de 22. so + 8 Ajoutant ces deux termes 52 65 et Éitdu "50 1250 premier et du See temps de cette période, 14683 22 y LS 1250 on aura environ, lesquels multipliés propre de 1 pour la compensation à la fin La fr PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 157 par 12 :, moitié de la somme de tous les termes , donnent =? environ ou 146 À pour la compensation totale qu'a faite la Less de Saturne sur ce troisième satellite pendant cette première période de 7083 ans £; et comme la perte totale de la chaleur propre est la compensation totale en même raison que le temps de la période est à celui du prolongement du refroidissement, on aura 25 : 146< :: 7083 + : 41557 < environ. Ainsi le temps dont la chaleur de Saturne a pro- longé le refroidissement de son troisième satellite pendant ne période de 7083 ans+, a été de 41557 ans :, tandis que la chaleur du Soleil ne l’a prolongé pendant ce même temps que de 296 jours. Ajoutant ces deux temps à celui de la période de 7083 ans :, on voit que ce seroit dans l’année 48643 de la formation des planètes, c’est-à-dire, il y a 26189 ans , que ce troisième satellite de Sa- turne auroit joui de la mème température dout jouit «Anse la Terre. Le moment où la chaleur envoyée par Sa- turne à ce satellite a été égale à sa chaleur propre, s ‘est trouvé au 22 terme environ de l'écoulement du temps de cette première 14 158 HISTOIRE NATURELLE. période ; lequel multiplié par 283 +, AL SE des années de chaque terme de la période. de 7083 &, donne 630 ans + environ. Ainsi c ’a été dès l’année 631 de la formation des planètes que la chaleur envoyée par Saturne à son troisième satellite s’est trouvée. égale à la chaleur propre de ce même satellite. | Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a été au-dessous de celle que lui envoyoit Saturne dès l’année 631 de la for- mation des planètes, et que Saturne ayant envoyé à ce satellite une chaleur 53801 fois plus grande que celle du Soleil, il lui en- voyoit encore, à la fin de la première période de 7083 ans +, une chaleur 50854 + fois plus grande que celle du Soleil, parce ts cha- leur propre de Saturne n’avoit diminué que de 25 à 23 + environ; et au bout d’une seconde période de 7083 ans +, après la dé- perdition de la chaleur propre de ce satel- lite, jusqu’au point extrême de + de la cha- leur actuelle de la Terre, datant envoyoit encore à ce satellite une chaleur 47007 fois plus grande que celle du Soleil, parce que la chaleur propre de Saturne n’avoit encore di- minué que de 23 + à 22%. / PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 159 En suivant la même marche, on voit que la chaleur de Saturne, qui d’abord étoit 25, et qui décroît constamment de 1 # par chaque période de 7083 ans :, diminue par consé- quent sur ce satellite de 2946 + pendant cha- cune de ces périodes, en sorte qu'après 15 à périodes environ, cette chaleur envoyée par Saturne à son troisième satellite sera encore 4500 fois plus grande que la chaleur qu'il reçoit du Soleil. | Mais comme cette chaleur du Soleil sur Saturne et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre :: 1 : 90 à très-peu près, et que la chaleur de la Terre est 50 fois plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil, il s'ensuit qu'il faut diviser par 90 cette quan- tité de chaleur 4500 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre; et cette dernière chaleur étant Z de la cha- leur actuelle du globe terrestre, il est évi- dent qu'au bout de 15 + périodes de 7083 ans +, c'est-à-dire, au bout de 111567 ans, la chaleur que Saturne enverra encore à ce satellite sera égale à la chaleur actuelle de la Terre, et que ce satellite n’ayant plus aucune chaleur propre depuis très - long-— \ 4 360 HISTOIRE NATURELLE. temps, ne laissera pas de jouir. alors d’une | température égale à celle dont jouit aujour- d'hui la Terre. Et comme cette chaleur envoyée par Sa- turne a très-consideérablement prolongé le refroidissement de ce satellite au point de la température actuelle de la Terre, il le prolongera de même pendant 15 + autres périodes, pour arriver au point extrème de — de la chaleur actuelle du globe de la l'erre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 225134 de la formation des planètes que ce troisième satellite de Saturne sera refroidi à. — de la température actuelle de la Terre. Il en est de même de l’estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la com- pensation qu'elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différens temps. Il est certain qu'à ne considérer que Ja déperdition de la chaleur propre du satel- lite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compensation dans le temps de l’incandes- 4 cence que de 361, etqu’à la fin dela premiére 1250 période, qui est de 7083 ans+, cette même chaleur du Soleil auroit fait une compen-. À f PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 16 L | 4. sation de 561, et que dès Lors le prolongement $o du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été de 296 jours. Mais la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l’incandescence étant à la chaleur propre du satellite ; : 596 <= : 1250, il s'ensuit que la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la | | 4 même raison; en sorte qu’au lieu d’être 361, 1250 ù Pa aa ut. elle n'a été que 36: au commencement de 1846 ru cette période , et que cette compensation, qui auroit été * à la fin de cette période, si so l’on ne considéroit que la déperdition de la chaleur propre du satellite doit être dimi- nuée dans la raison de 563+ à 50, parce que la chaleur envoyée par Saturne éloit encore plus grande que la chaleur propre de ce satel- lite dans cette même raison. Dès lors la com- pensation à la fin de cette première période, s 14 162 HISTOIRE NATURELLE, A4 M au lieu d'être 351, n'a été que Er . En ajou— _ 6137 à ni . NAT Re tant ces deux termes de compensation LABO 1846 2 LA 4. et 36: du premier et du dernier temps É 6132 ; I h ééda NE AA: 2 celte première période, on a 36 ou 1132602 , 1132602 qui multiples par 125, moitie de la somme Es de tous les termes, donnent —= pour la compensalion totale qu’a pu “he la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en mème raison que le temps de la période est au prolonge ment du refroidissement , on aura 25 ! L 2412878 378 %. He ou :: 7083 +ans : 31 2 IP LS 2e 7083 + jours environ. Ainsi le prolongement du refroidissemeut par la chaleur du Soleil, au lieu d'avoir été de 296 jours, n’a réelle. ment éte que de 31 jours. | Et pour évaluer en totalité la compensation X PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 163 qu'a faite cette chaleur du Soleil pendant toutes ces périodes, on trouvera que la com- pensation par la chaleur du Soleil dans le temps de l'incandescence, ayant été, comme 4 nous venons deledire, 367 , sera, àlafin de RÉ ET à 1846 737 r'29.9n il 15 + périodes de 7083 ans £ chacune , de 36, | : puisque ce n’est qu'après ces 15 À périodes que la temperature du satellite sera égale à la température actuelle de la T'erre. Ajoutant 4 donc ces deux termes de compensation 36 1846 +— 38 £ L et 351 du premier et‘du dernier temps de ces so 75845 1-3 2 is is —— Le : 15 à périodes ,ona 36r ou 5, qui mul- SEE: 92306 5 92306 tipliés par 12 =, moitié de la somme de tous les termes dela diminution de la chaleur pen- dant les 15 à périodes de 7083 ans ; chacune, 2 8 26 : donnent ——— pour la compensation totale POP: qu'a faite la chaleur du Soleil ; et comme la diminution totale de la chaleur est à la come \ — 164 HISTOIRE NA TÜRÉEER À pensation totale en mème raison que le temps | total des périodes est au prolongement dl | | 3 refroidis 2 05 2 2e 11156 issement, on aura 2 111 3 3 eo 92306 3 . ans : 12 ans 254 jours. Ainsi le prolonge ment total que fera la chaleur du Soleil pen- dant toutes ces périodes, ne sera que de 12 ans 25% jours, qu'il faut ajouter aux 111267 ans : d'où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 111580 de la formation des planètes que ce satellite jouira réellement de la mème temperature dont jouit aujourd'hui la Terre, et qu’il faudra le double de ce temps, c’est à-dire, que ce ne sera que dans l’année 223160 de Ia formation des planètes que sa tempéra- ture pourra être refroidie à + de la a ot ture actuelle de la Terre. Faisant les mêmes raisonnemens pour le quatrième satellite de Saturne , que nous avons supposé grand comme la Terre, on verra qu'il auroit dû se consolider jusqu'au centre en 534 ans +, parce que ce satellite étant égal au globe terrestre, il se seroit con- solidé jusqu’au centre en 2905 ans, s’il étoit de même densilé; mais la densité de la Terre étant à celle de ce satellite ?? 1000 : 184, 1ül t PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 165 s'ensuit qu'on doit diminuer le temps de la consolidation dans la même raison, ce qui donne 534 ans —. Il en est de même du temps du refroidissement au point de toucher sans se brüler la surface du satellite: on trouvera, par les mêmes règles de proportion, qu'ils’est refroidi à ce point en 6239 ans -, et ensuite qu il s’est refroidi à la température actuelle de la Terre en 13624 =. Or l'action de la cha- leur du Soleil étant en raison inverse du quarré des distances, la compensation étoit au commencement de cette première pé— 4 riode , dans le temps de l’incandescence , 56, = 1250 À et 361 à la fin de cette même période de 13624 50 ds bei Hs à 6 +, Ajoutant ces deux termes 36 et 36 du pre- 12$0 $o mier et du dernier temps de cette période, | 104 | on à 361, qui multipliés par 12-+, moitié de 1250 1300 la somme de tous les termes, donnent 3@ 1250 21% ou pour la compensation totale qu’a 1250 166 HISTOIRE NATURELLE. . faite la chaleur du Soleil pendant cette pé- riode de 13624 ans = ;et comme la perte totale de la chaleur propre est a la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidisse= ment, on aura 25 QE» :: 136245, 1 —en- viron. Ainsi le prolongement du refroidis- sement de ce satellite par la chaleur du ; Soleil n'a été que 1 an + pendant cette première période de 13624 aus :. Mais la chaleur de Saturne, a , dans le temps de l'incandescence, étoit vingt-cinq fois plus grande que la chaleur de la tempé- rature actuelle de la Terre, n’avoit encore diminué, au bout de cette période de 13624 :, que de 25 à 22 — environ ; et comme ce satel- lite est à 278 mille lieues de distance de Saturne, et à 313 millions 500 mille lieues de distance du Soleil, la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l’incandescence auroit été en raison du quarré de 3135500000 au quarré de 278000 , si la surface que présente Saturne à son quatrième satellite, éloit égale à la surface que lui présente le Soleil ; mais la surface de Saturne, n’étant, ’ s ) PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 167 dansle réel, que de celle du Soleil, paroit néanmoins à ce satellite plus grande que celle de cet astre, dans la raison inverse du quarré des distances. Ainsi l’on aura (278000) ° : 1 (5313500000) ° :: ns: 10024? environ. Donc la surface que présente Saturne à ce satellite est 10024 = fois plus grande que celle que lui présente le Soleil. Mais nous avons vu que la compensation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur propre de ce satellite À n'étoit que 361, lorsqu’au bout de 13624 ans = so il se seroit refroidi comme la Terre au point de la température actuelle, et que, dans le temps de l'incandescence, cette compensa- tion par la chaleur du Soleil n’a été que 4 4 361 ; On aura donc 10024 : multipliés par 36 1250 | 12$© 27 PEL 377 341 e , k 550 Pour la compensation qu'a faite la chaleur de Saturne au commencement de cette période dans le temps de l’incandes- 27 . \ LL er si l cence, et ——- pour la compensation que Ja ) ou 8 k l 168 HISTOIRE NATURELLE. chaleur de Saturne auroit faite à la fin de cette même période, s’il eût conservé son état d’incandescence ; mais comme la chaleur ‘propre de Saturne a diminué de 25 à 29 2 environ pendant cette période de 13524 ans£, la compensation à la fin de cette période, au Mi 007 PA A AOC EC TARN ERRE FM PAT 27 È I ô À LE M Nr AN ad lieu d’être D'ESr , n'a été quede ZT environ. 90 = er Ajoutant ces deux termes ae (OL TE de la compensation du premier et du dernier 2587 = temps de cette période, on aura Tige Envi- ron , lesquels multipliés par 121, moitié de la somme de tous les termes, donnent He ou 26 -— environ pour la Compensation totale qu'a faite la chaleur de Saturne sur son qua- trième satellite pendant cette première pé- riode de 13624 ans :; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compen- sation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroi- dissement, on aura 25 ? 26 5 !! 13624 ? : 14180 =. Ainsi le temps dont la chaleur de Saturne a prolongé le refroidissement de ce satellite a été de 14180 ans = environ pour f PARTIE HYPOTHÉTIQUE. :69 cette première période, tandis que le prolon- gement de son refroidissement par la cha- leur du Soleil n’a été que de 1 an . Ajou- tant à ces deux temps celui de la période, on voit que ce seroit dans l'année 27807 de la formation des planètes, c’est-à-dire , il ya 47025 ans, que ce quatrième satellite auroit joui de la même température dont jouit àu- jourd’hui la Terre. Le moment où la chaleur envoyée par Saturne à ce quatrième satellite a été égale à sa chaleur propre, s’est trouvé au 11 = terme environ de cette première période, qui mul- tiplié par 545 , nombre des années de chaque terme de cette période, donne 6151 ans :; en sorte que c’a été dans l’année 6132 de la for- mation des planètes que la chaleur envoyée par Saturne à son quatrième satellite s’est trouvée égale à la chaleur propre de ce satel- Jite. | Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite a été au-dessous de celle que lut envoyoit Saturne dans l’année 6132 de la for- mation des planètes, et que Saturne ayant envoyé à ce satellite une chaleur 10024 : fois plus grande que celle du Soleil, 1l Lui en- 19 £é9o HISTOIRE NATURELLE. A voydit encore, à la fin de la En période de 15624 ans ;, une chaleur 8958 fois plus 4 grande que celle du Soleil, parce que la cha- leur de Saturne n’avoit diminué que de 25 à 22 À pendant cette première période; et au bout d’une seconde période de 13624 ans :,, après la déperdition de la chaleur propre de ce satellite, jusqu’au point extrême de + de Ja température actuelle de la Terre, Saturne ET encore à ce satellite une chaleur 7853 -: fois plus grande que celle du Soleil, parce de la chaleur propre de Saturne n’a- voit encore diminué que de 22 + à 20 #. En suivant la même marche, on voit que la chaleur de Saturne, qui d’abord étoit 25, et qui décroit consiamment de 2 © par chaque période de 13624 ans | UE M consé- quent sur son ile de 1085 1: Peine chacune de ces périodes; en A qu'après quatre périodes environ, cette chaleur en- voyée par Saturne à son quatrième satellite sera encore 4500 fois plus grande que la cha- leur qu'il reçoit du Soleil. Mais comme cette chaleur du Soleil sur Saturne et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre 5: 1 : go très-peu prés, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. :9r et que la chaleur de la Terre est 50 fois plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil , 1l s'ensuit qu'il faut diviser par 90 cette quan- tité de chaleur 4500 pour avoir une chaleur égale à celle que le Soleil envoie sur la Terre; et cette dernière chaleur étant ; de la cha- leur actuelle du globe terrestre, il est évi- dent qu’au LR de quatre périodes de 13624 _ ans + chacune; c’est-à-dire, au bout de 54498 3 ans +, la chaleur que Saturne à envoyée à > son quatrième satellite étoit égale à la cha- leur actuelle de la Terre, et que ce satellite, n'ayant plus aucune chaleur propre depuis long-temps, n'a pas laissé de jouir alors d'une température égale à ceile dont jouit aujourd’hui la Terre. Et comme cette chaleur envoyée par Sa- turne a considérablement prolonge le refroi- dissement de ce satellite au point de la tem- perature actuelle de la Terre, il le prolon- gera de même pendant quatre autres périodes, pour arriver au point extrême de + de la chaleur actuelle du globe terrestre; en sorte que ce ne sera que dans l’année 108997 de la formation des planètes que ce quatrième sa- teilite de Saturne sera refroidi à + de la temperature actuelle de la Terre. x72 HISTOIRE NATURELLE Il en est de même de l'estimation de la chaleur du Soleil, relativement à la com- pensation qu’elle a faite à la diminution de la température du satellite dans les différens temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur propre du sa- tellite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compeusation pps le temps Fincandes- cence que de Zér , et qu’à la fin de la pre- 12$0 mière période, qui est de 13624 ans ?, cette même chaleur + Soleil auroit fait une com- pensation de 36: LT , et que dés lors le prolon- so gement du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été de 1 an 204 jours; mais la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de l’incandes- cence étant à la chaleur prépre du satellite 2 air À : 1260, il s'ensuit que la compen- sation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte 4 4 qu’au lieu d’être 361 , elle n’a été que 3617 1250 WE au commencement de cette période, et que PARTIE ne tt a 173 cette compensation, qui auroit étés à la Gin de so cette première période, si l’on ne ji Re que la déperdition de la chaleur propre du satellite, doit ètre diminuée dans la raison | de 99 > + à bo, parce que la chaleur envoyée par Mine étoit encore plus grande sue la chaleur propre du satellite dans cette même raison. Dès lors la A ARR NDE] à la fin de cette première période, au lieu d’être 5%, n’a cl Se été que 361. En ajoutant ces deux termes de 4 4 compensation 361 et 36: du premier et LIVRE 2: 1 1361 735 149 3; du dernier temps de cette première période, LS PME cr ON A 361 ou nf pr qui multipliés par 12 + 203072 Ti =, moitie de la somme de tous les termes, 208 = À donnent ss Pour la compensation totale b) Ti | qu'a pu faire la chaleur du Soleil pendant cette première période; et comme la diminu- tion totale de la chaleur est à la compensa- 15 194 HISTOIRE NATURELLE. | tion totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidis- 4 , sement, où aura 25 ! EE 2: 13624 2° 20 M A 30 2857109 « , ou :: 15624 ans À ! 204 jours envi- 076809 ron. Ainsi le prolongement du refroidisse- ment de ce satellite par la chaleur du Soleil, au lieu d’avoir été de 1 an 204 jours, n'a réellement été que de 204 jours. : Et pour évaluer en totalité la compensa- tion qu'a faite la chaleur du Soleil pendant toutes ces périodes, on trouvera que la com- pensalion, ce le temps de l’incandescence, ayant été MS , sera , à la fin de quatre pé- 1361 > Cri 1 . EL. . , , \ riodes, 561, puisque ce nest quaprés ces $o quatre périodes que la température de ce satel- lite sera égale à la temperature actuelle de la , 4 Terre. Ajoutant ces deux termes 361 et 1361 357 4 L2 | L1 Ë 36 du premier et du dernier temps de ces 50 sé à quatre périodes, on a _5f1_, ou —#=, qui 68053 > 680; PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 175 multipliés par 12 -, moitié de la somme de tous les termes, donnent he. 680$ pensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant les quatre périodes de 13624 ans = chacune ; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation en même raison que le temps total de ces pé- riodes est à celui du prolongement du refroi- $ 53 7 & POUr la com- que ÿ _ L] x ÿ 6 .e dissement , on aura 2 : —— + D4408 ans & £ 68053 3 ; : 6 ans 87 jours. Ainsi le prolongement total que fera la chaleur du Soleil sur ce satellite ne sera que de 6 ans 87 jours, qu'il faut ajouter aux 54498 ans +: d’où l’on voit que c’a été dans l’année 54505 de la formation des planètes que ce satellite a joui de la même température dont jouit aujourd’hui la Terre, et qu’il faudra le double de ce temps, c’est- à-dire, quece ne sera que dansl’année 109016 de la formation des planètes que sa tempéra- ture sera refroidie à = de la température actuelle de la Terre. Enfin, faisant le même raisonnement pour le cinquième satellite de Saturne , que nous : supposerons encore grand comme Ja Terre, 176 HISTOIRE NATURELLE. 17 i 5 j : "4 \ St : 0.4 on verra quil auroit dû se consolider jus- qu'au ceutre en 534 ans +, se refroidir au point d'en ‘eans la surface sans se brûler en 6259 ans ;;, etau point de la température actuelle de # Terre en 13624 ans : , et l’on trouvera de même que le prolongement du refroidissement de ce satellite par la cha- leur du Soleil n’a été que de 1 an 204 jours pour la première période de 13624 ans <. Mais la chaleur de Saturne , qui, dans le temps de l’incandescence, étoit 25 fois plus grande que la chaleur actuelle de la Terre , n’avoit encore diminué, au bout de cette période de 15624 +, que de 25 à 22 =; et comme ce satellite oh à 808 mille ka” de Saturne , et à 313 millions 5oo mille lieues de distance du Soleil, la chaleur envoyée par Saturne, dans le temps de l’incandes- cence, à ce satellite , auroit été en raison du quarré de 5313500000 au quarré de 808000, si la surface que présente Saturne à son cinquième satellite, étoit égale à la surface que lui pré- sente le Soleil ; mais la FRA de Saturne n'étant, dans le réel, que Soleil, paroît néanmoins Lu grande à ce PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 177 satellite que celle de cet astre dans la raison inverse du quarré des distances: Ainsi l’on 90 I Rifce A 2 ee + aura ( 808000 ) ? : ( 3153500000 ) dau : 1185 £. Douc la surface que Saturne pré- sente à ce satellite est 1186 5 fois plus grande que celle que lui or le Soleil. Mais nous avons vu que la compensation faite par la chaleur du Soleil à la perte de la chaleur À | ; propre de ce satellite, n’étoit que 361, lors- Le) qu'au bout de 13624 ans : 1l se seroit re- froidi , comme la Terre, au point de la température actuelle, et que , dans le temps de l’incandescence, la compensation par la 4 chaleur du Soleil n’a été que 361 ; on aura 1250 : 4 53 donc 1186 =, multipliés par 36 ou 53e | D SEE 1250 1250 pour la compensation dans le temps de l’in- 2:22 (ans candescence, et Ra pour la compensation = É à la fin de cette première période, si Saturne eût conservé son état d'incandescence: mais comme sa chaleur propre a diminué de 25 à 23 + pendant celte période de 136245, la y y 178 HISTOIRE NA TUREL LE. ie | RÉ RRNT à la fin de la PÉe au lieu 53 d’être 23: = ,n’aété que de nr F environ. Ajou- 37 tant ces deux termes me 5 et 3 sr du premier 12 et du dernier temps de cette période, on aura 306 — 306$; 1 DE , lesquels étant multipliés par 12 2 2 moitié de la somme de tous les termes, donnent 383235 ou ds 1250 1250 tion totale qu'a faite la chaleur de Saturne pendant cette première période; et comme la perte de la chaleur propre est à la compen- salion en même raison que le temps de la pour la compensa- période est au prolongement du refroidisse— L ment, on aura 25 : 3; I 2: 13624 + : 1670 12 D 3 [2 +. Ainsi le temps dont la chaleur de Saturne a prolongé le refroidissement de ce satellite pendant cette première période de 13624 +, a. été de 1670 ans +, tandis que le prolonge ment du refroidissement par la chaleur du Soleil n’a été que de 1 an 204 jours. Ajou- tant ces deux temps du prolongement du refroidissement au temps de la période, qui (à ‘4 3 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. r79 est de 15624 ans +, on aura 15297 ans 30 jours environ : d’où l’on voit que ce seroit dans l’année 15298 de la formation des pla- nètes, c’est-à-dire, il y a 59534 ans, que ce cinquième satellite de Saturne auroit joui de la même température dont jouit aujour- d'hui la Terre. | Dans le commencement de la seconde pé- riode de 13624 aus :, la chaleur de Saturne aa à RUE a fait compensation de 2%, et auroit fait à so la fin de cette même période une compensa- = es tion de 277, si Saturne eût conservé son jo même état de chaleur; mais comme sa cha- leur propre a Donne pendant cette seconde‘ période de 22 à 20 À, cette compensation, au lieu d’être m3, ?, n’est que de DE envi— [e) 37 M. ron. Ajoutant ces deux termes =? et 721 j $o \ ; . o / du premier et du dernier temps de cette BA EVE seconde période, on aura F à très - peu près, qui multipliés par 12-+, moitié de la somme de tous les termes, donnent “<# ou à ee OIRE NATURELLE + pour la compensation totale qu'a faite la AA de Saturne pendant cette seconde période; et comme la perte totale de la cha- ‘leur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au proloñgement du refroidissement, on aura 25 : 71 + 52 13694 © : 38792 =. Ainsi le prolongement du tri pour le refroidis- sement de ce satellite. par la chaleur de Saturne, ayant été de 1670 ans # pour + 50 première période, a été je 38792 ans — pour la seconde. 1h Le moment ou la chaleur envoyée par Sa-. turne s’est trouvée égale à la chaleur propre de ce satellite, est au 4 Z terme à très-peu près de l'écoulement du temps dans cette seconde période, qui multiplié par 545. nombre des années de chaque terme de ces périodes, doune 2320 ans 346 jours, lesi quels étant ajoutés aux 13624 ans 243 jours de la première période, donnent 15945 ans 224 jours. Ainsi c’a été dans l’année 15946 de la formation des planètes que la chaleur envoyée par Saturne à ce satellite s’est trouvée égale à sa chaleur propre. | | . Dès lors on voit que la chaleur propre de \ x PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 18e ce satellite a été au-dessous de celle que lui envoyoit Saturne dans l’année 15946 de la formation des planètes, et que Saturne ayant envoyé à ce satellite, dans le temps de l’in- candescence , une chaleur 1186 à fois plus grande que celle du Soleil, il lui envoyoit encore, à la fin de la première periode de 15624 ans +, une chaleur 1058 + fois plus grande que celle du Soleil, parce que la cha- leur + Saturne n'avoit diminue que de 25 à 22 pendant cette première periode; et au bout Fe une seconde période de 13624 ans À, après la déperdition de la chaleur propre de ce satellite, jusqu’à de la température actuelle de la Terre, Saturne Core eu— core à ce satellite une chaleur 929 + fois plus grande que celle du Soleil, parce PPS la cha- leur propre ei Saturne n’avoit encore dimi- nuëé que de 22 ,à 20 + En suivant h même mariée on voit que la chaleur de Saturne, qui d’abord'étoit 25, et quidécroit constamment de 24 par chaque période de 13624 ans +, dotate par consé- quent sur ce satellite de 128 pendant cha- cune de ces périodes. Mais comme cette chaleur du Soleil sur Mar, gén, VII. | Dr 10 182 HISTOIRE NATURELLE. Saturne et sur ses satellites est à celle du Soleil sur la Terre !:! 1 : 90, à très-peu près, ét que la chaleur de la Terre est 5o fois plüs grande que celle qu’elle reçoit du Soleil; il s'ensuit que jamais Saturne n'a envoyé à ce satellite une chaleur égale à celle du globe de la Terre, puisque, dans le temps même de l’incandescence, cette chaleur envoyée par Saturne n’étoit que 1186 + fois plus grande que celle du Soleil sur Saturne , c’est-à-dire, fr ou 13 = fois plus grande que celle de la chaleur du Soleil sur la Terre, ce qui ne fait que us de la chaleur actuelle du globe de la Terre ; et c’est par cette raison qu’on doit “s’en tenir à l’évaluation telle.que nous l’avons faite ci-dessus dans la première et la seconde période du refroidissement de ce satellite. Mais l'évaluation de la compensation faite par la chaleur du Soleil doit être faite comme celle des autres satellites, parce qu’elle dé- pend encore beaucoup de celle que la chaleur de Saturne a faite sur ce même satellite dans les différens temps. Il est certain qu’à ne considérer que la déperdition de la chaleur NL RU ni 4 1 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 183 propre du satellite, cette chaleur du Soleil n’auroit fait compensation , dans le temps ; 4 de l’incandescence, que de 36: , et qu’à la fin 12$0 de cette même période de 13624 ans #, cette même chaleur du Soleil auroit fait une com- pensation de ss et que dès lors le prolon- : Li gement du refroidissement par l'accession de cette chaleur du Soleil auroit en effet été de 1 an 204 jours : mais la chaleur envoyée par Saturne dans le temps de J’incandes- cence étant à la chaleur propre du satellite 5: 13 + : 1250, il s'ensuit que la compen- sation faite par la chaleur du Soleil doit être diminuée dans la même raison ; en sorte 4 4 qu'au lieu d’être 361 , elle n’a été que de 361 1250 51 12632 au commencement de cette période, et que cette compensation, quiauroit été ET à la fin 50 de cette première période, si l’on ne conside- roit que ladéperdition de la chaleur propredu satellite, doit être diminuée dans la même rai. ( « A \ A à Et AN to "mn 14 HISTOIRE NATURELLE, . Soûde 11 à 5o, parce que la chaleur envoyée par Saturne étoit encore plus grande que la chaleur propre du satellite dans cette même : raison. Dès lors la compensation à la fin de 4 cette première période, au lieu d’être 36:,n'a So; 4 été que 361. En ajoutant ces deux termes de 6: _ 4 4 compensation 36: et 36: du premier et du 2 JT 33 CARE 16% TT LB: dernier temps de cette première période , on a L 5299 Tr 2 361 ou —’{ —— 7 77987 \ tié de la somme de tous les termes, donnent 83 > 2 I pour la compensation totale qu'a faite la chaleur du Soleil pendant cette première période ; et comme la diminution totale de la chaleur est à la Compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura I 183 + L2 SE 29.4 55987 :: 136242? 1an 186 jours. Ainsi le prolongement du refroidissement de ce a? qui multipliés par 122, moi- 4 PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 185 satellite par la chaleur du Soleil, au lieu d’avoir eté de 1 an 204 jours, n’a réellement été que dei an 186 jours pendant la première période. Dans la seconde période, la compensation 4 étant au commencement 361 , sera à la fin de | 100 cette même période 36:, parce que la chaleur 60 = | . 3 envoyée par Saturne pendant cette seconde période a diminué dans cette même raison. 4 100 à Ajoutant ces deux termes 361 et 36, on a Gi = 60 = 6415 + “361 , qui multipliés par 125, moitié de la 3715 80196 somme de tous les termes, donnent 36: ou 371$ ÿ# “37 pour la compensation totale qu'a pu 3715 _P P en br Cd faire la chaleur du Soleil pendant cette seconde période; et comme la diminution totale de la chaleur est à la compensation totale en même raison que le temps de la pé- riode est au prolongement du refroidisse. RAR PR ER AMEL EN RON ER TN RP RER PR ER dei? La W7Y \ LA “hs CPR *à PA CNT F ? * 186 HISTOIRE NATURELLE. des on 6 pd ment, on aura 25 : Rae 13624:: 32ans . 71 - 214 jours. Ainsi le prolongement total que | fera la chaleur du Soleil sera de 32 ans 214 jours pendant cette seconde période. Ajou- taut donc ces deux temps, 1 an 186 jours et 32 ans 214 jours du prolongement du refroi- dissement par la chaleur du Soleil pendant la première et la seconde période, aux 1670 ans 313 jours du prolongement par la cha- leur de Saturne pendant la première pe riode , et aux 58792 ans 69 jours du prolon- gement par cette même chaleur de Saturne pour la seconde période, on a pour le pro- Jongement total 40497 ans 52 jours , qui étant joints aux 27249 ans 121 jours des deux pé- riodes, font en tout 67746 ans 173 jours : d'où l’on voit que c’a été dans l’année 67747 de la formation des planètes, c’est-à-dire, 1l y a 7085 ans, que ce cinquième satellite de Saturne a été refroidi au point de + de la température actuelle de la Terre. Voici donc, d’après nos hypothèses, l’ordre dans lequel la Terre, les planètes et leurs satellites se sont refroidies ou se refroidiront au point de la chaleur actuelle du globe ter- 1 L À à 4 4 Ê PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 18 restre, et ensuite au point d’une chaleut vingt-cinq fois plus petite que cette noue x actuelle de la Terre. $ Refroidies Refroïdies à la température actuelle. BAT ë actuelle. ans, IIS, LA TERRE..... re eme n4603a.) En. 16021: 0 . en 164c9.[Ën 72514. MERCURE... ..... en, F4192.| En 1877Cb.E Li 7 TA RÉGION ARE en 91643. En 228540. DA. UE... en 28538.|En 60326. DRE Élus ee » en 2404b1.| En 483r2r. SATELLITES (Le 1e en 222203.] En 444406. DE Le 24 en 193090. En 366180.f Juerrgr, dLe% en 176212.| En 352424, | Le 4 en 0296.| En 140542, SATURNE............ en 13082r.] En 262020. ANNEAU DESATURNE en 126473] En 252406. Le rer en 124400. En 248980, SATELLITES ŸLe 24 en r1Q607.1 Eu 259214. DE Le 3° en rrr580.| En 223160. SATURNE. Le 4 en b54505.| En roçoro, Le5° en 15298.|En 67747. Et à l'égard de la consolidation de la Terre, des planètes et de leurs satellites, et de leur refroidissement respectif, jusqu'au moment où leür chaleur propre auroit permis de les PE LS AO 188-HISTOIRE NATURELLE. toucher sans se brüler, c’est-à-dire, sans ress sentir de la douleur, nous avons trouvé. qu'abstraction faite de toute compensation, et ne faisant attention qu'à la déperditiom de leur chaleur propre, les rapports de leur consolidation jusqu'au centre, et de leur ‘ refroidissement au point de pouvoir les tou- cher sans se brüler, sont dans l’ordre sui- vant : Refroidies Consolidées jusqu’au centre. à pouvoir les toucher, ‘ans. ( ans. LA TERRE...... en 2905. 1 3)gtr. LA LUNE.......en 556. 6492. MERCURE ...... en 19:62. [En 23054 VENUS i 40074 en r102 4 bn 12073. dei er ED DOUÉ. r06922. Leren 23r<#.. 2690 <. Tr nn PAATRETe Lezen 28222. 3300 Lesen 435 2. Le 4en 840 =. .. En 5076. AN.DESATURNEEN 18-21. Leren SATELLIT. # Le: en DE J Le sen SATURNE. | Le4en Leben JUPITER. ® RE” Es € I JR + BR | 7 [er (n COTE "mm Co DER malus LA L ee” PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 18 Ces rapports, quoique moins précis que ceux du refroidissement à la temperature actuelle, le sont néanmoins assez pour notre objet, et c’est par cetle raison que je n'ai pas cru devoir prendre la même peine pour faire l'évaluation de toutes les compensations que 12 chaleur du Soleil, aussi-bien que celle de la Lune , et celle des satellites de Jupiter et de Saturne, ont pu faire à la perte de la chaleur propre de chaque planète , pour le temps nécessaire à leur consolidation jus- qu'au centre. Comme ces temps ont précédé celui de l’établissement de la nature vivante, et que les prolongemens produits par les compensations dont nous venons de parler, ne sont pas d’un très-grand nombre d'années, cela devient indifférent aux vues que je me propose, et je me contenterai d'établir, par une simpie règle de proportion, les rapports de ces prolongemens pour les temps néces- saires à la consoïidation des planètes, et à leur refroidissement jusqu'au point de pou- voir les toucher : par exemple, on trouvera - le temps de la consolidation de la Terre jus- qu'au centre, en disant: La période de 74047 ans du temps nécessaire pour son refroidis= ro HISTOIRE NATURELLE sement à la température actuelle ( abstrac= tion faite de toute compensation) esi à la période de 2905 , temps nécessaire à la conso= lidation jusqu’au centre (abstraction faite aussi de toute compensation}, comme la pé= riode 74832 de son refroidissement à la tem- pérature actuelle, toute compensation éva- luée, est à 2936 ans, temps réel de sa consoli- dation, toute compensation aussi comprise : et de même on dira:La période de 74047 du temps nécessaire pour le refroidissement de la Terre à la température actuelle (abstraction faite de toute compensation) esi à la période de 35911 ans, temps nécessaire à son refroidis- sement au point de pouvoir la toucher (abs- traction faite aussi de toute compensation), comme la période 74832 de son refroidisse— ment à la température actuelle, toute com- pensation évaluée, est à 34270 ans, temps réel de son refroidissement jusqu’au point de pouvoir la toucher, toute compensation évaluée. On aura donc, dans la table suivante, l’ordre de ces rapports, que je joins à ceux indiqués ci-devant, pour le refroidissement à la tem- pérature actuelle, et à — de cette tempéra- {ure. [e A PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 19€ M Sa Refroidies Consoli- Refroidies Refroidies dées jus- |. ; à la à = de 12 ré ti 5 LA température Len centre. 4 actuelle. actuelle. LA TERRE. à ans. ans. ans. ans. En 2956. En 34270:.]En 74632. En 168123. La LuNr. En 644. En : 5515. [En 16499. En 72014. EME RCU RE: En 2127 En 24013. [En D4192. En 187765: VANUS. En 3596.{En 41060. [En 91643. En 228540. | MaARs. En 1130. En 13034. | En 238538. En 60326.1 JUPTTER En 9433. |En rror:8. [En 24045r.|En 48512r. Ier SATELLITE. En 8886.|En r01376. | En 22:203.| En 444406. KES APELLITE. En 7496.|En 87500. [En 193090. En 386180. IIIe SATELLITE. En 6821.|En 60700. | En 176212.| En 352424. IVe SATELLITE. En 2758 [En 32194. [Eu 70296. En 140542. SATURNE. En 5r40.|En £gorr. [En r3082r.| En 262020. ANN. DE SATURNE. En 6558.]En 96512. |En 126453.| En 252946. Ier SATELLITE. p En 489r.|!n 57orr. [En r24400.| En 248080. Ile SATFLLITE. En 4685.lEn 54774. |En 119605.| En 239214. Je SATELLITE. En 4533.1En 5rto8. [En r11580.| En 223160. | , | M js pi “nt DELA \ xo2 HISTOIRE NATURELLE. Consoli- .Refroidies | Refroidies Re Hi dées jus- 74. la k à — 34 de la qu’au température | température à pouvoir les toucher. centre. actuelle. actuelle. | {Ve SATELLITE. ans. ans, ans, anSss} En 2138.|En 24962. [En b545o5.|En rogoro.| Ve SATELLITE. En 60c0.[En 7oo03. [En :15298.|En 67747. Il ne manque à cette table, pour lui don- ; ner toute l’exactitude qu’elle peutcomporter, que le rapport des densités des satellites à la densité de leur planète principale, que nous n’y avous pas fait entrer, à l'exception de la Lune, où cet élément est employé. Or, ne connoissant pas le rapport réel de la den- sité des satellites de Jupiter et des satellites de Saturne à leurs planètes principales, et ne conuoissant que le rapport de!ladensité de la Lune à la Terre , nous nous fonderons sur cette analogie, et nous supposerons, en conséquence, que le rapport de la densité de Jupiter, ainsi que le rapport de la densité de Saturne, sont les mêmes que celui de la densité de la Terre à la densité della Lune, qui est son satellite, c’est-à-dire, :: 1000 : PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 193 mo2; car il est très - naturel d'imaginer L d’après cet exemple que la Lune nous offre, que cette différence entre la densité de la lerre et de la Lune vient de ce que ce sont les parties les plus légères du globe terrestre qui s’en sont séparées dans le temps de la liquéfaction pour former la _ Lune : la vitesse de la rotation de la Terre, étant de 9 mille lieues en 253 heures 56 mi- nutes, ou de 6 = lieues par minute, etoit suffisante pour re un torrent de la matière liquide la moins dense, qui s’est rassemblé, par l'attraction mutuelle de ses parties, à 85 mille lieues de distance, et y a forme le globe de la Lune, dans un plan parallèle à celui de l'équateur de la Terre. Les satellites de Jupiter et de Saturne, ainsi que son anneau , sont aussi dans uh plan parallèle à leur équateur , et ont été formés de mème par la force centrifuge, encore plus grande dans ces grosses planètes que dans le globe terrestre , puisque leur vitesse de rotation est beaucoup plus grande. Et de la même maniére que la Lune est moins dense que la Terre dans la raison de 702 à 1000, on peut présumer que les satellites de Jupiter 3 17 194 HISTOIRE NATURELLE. et ceux de Saturne sont moins denses que ces planètes dans cette même raison de 702 à 1000. IL faut donc corriger, dans la table précédente , tous les articles des satellites d'après ce rapport, et alors elle se présen- tera dans l’ordre suivant : CA \ PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 195 T able plus exacte des temps du refroidissement des planètes et de leurs satellites. efroidies Refroidies Consolidées Refroidies R ET ar usqu’au à pouvoir les 25, Dr bg te tj température température actuelle. actuelle. —— | | LA TERRE. En 2936. [En 34230 :. [En 54832. |En 168123, | LA LUNE. 4 0 En 644. En 5515. JEn 16405. [En 2514. MERCURE. Eu 2129. |En 24813. [En 54102. |En 185765. VÉNUS. En 3596. {En 41969. JEn 91643. | En 228540. MARS En 1130. En 13034. [En 28538. |En 60326. JUPITER. ns En 9433. {En rior:8. [En2404br. |En 483r2r. SATELLIT. DE JUPITER. fr en 6238. | En 91166. [En 155986. | En 3rr973. j2en 5262. [En 61425. |En 135549. | En 271098. 3en 4788 [En 5665r <. | En 123700 £.I En 2474or <. 4en1936. [En 22600:.|En 49348. [En 98696. SATURNE. En 5r40. En 5ogrr. [En r3o82r. | En 262020. ANNEAU DE SATURNE. En 4604 }En 529rr. [En 88784. |En 177568. SATELLIT: DE SATURNE. (ten3433. |En 40021 [En 87302. |En r74784. \2en 3291. |En 38457 1. En 83964. [En 167028. ‘3en3r82. |En 35878. Eu 78329. |Eu 156658. Laen 502. |En 175231. [En 38:62:.|En 96525. Sen 42132 HISTOIRE NATURELLE. # de la Terre? comment imaginer que le tp | qu'on appelle central, pût subsister en effei au fond du globe sans air, c’est-à-dire > Sans son premier aliment? et d’où viendroit ce feu qu’on suppose renfermé dans le centre du globe? quellesource, quelle orisine pourra- t-on lui trouver? Descartes avoit déja pensé que la Terre et les planètes n’étoient que de petits soleils ezcrotftés, c’est-à-dire, éteints; Leibnitz n’a pas hésité à prononcer que le globe terrestre devoit sa forme et la consis- tance de ses matières à l’élément du feu; et néanmoins ces deux grands philosophes n'avoient pas, à beaucoup près, autant de faits, autant d'observations qu'on en a ras- semblé et acquis de nos jours: ces faits sont actuellement en si grand nombre et si bien constatés, qu'il me paroit plus que probable que la Terre, ainsi que les planètes, ont été projetées hors du Soleil, et par conséquent composées de la même matière, qui d’abord étant en liquéfaction, a obéi à la force cen- trifuge en même temps qu’elle se rassembloit par celle de l'attraction; ce qui a donné à toutes Les planètes la forme renflée sous l’équa- teur, et applatie sous Les poles, en raison de la é d'a. ve PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 233 vitesse de leur rotation; qu’ensuite ce grand feu s'étant peu à peu dissipé, l’état d’une température bénigne et convenable à la na- ture organisée a succédé ou plus tôt ou plus tard dans les différentes planètes, suivant la différence de leur épaisseur et de leur densité. Et quand même il y auroit, pour la Terre et pour les planètes, d’autres causes particu- lières de chaleur qui se combineroient avec celles dont nous avons calculé les effets, nos résultats n’en sont pas moins curieux, et n’en seront que plus utiles à l'avancement des sciences. Nous parlerons ailleurs de ces causes particulières de chaleur ; tout ce que nous en pouvons dire ici, pour ne pas compliquer les objets, c’est que ces causes particulières pour- ront prolonger encore le temps du refroidisse- ment du globe et la durée de la nature vivante au-delà des termes que nous avons indiqués. Mais, me dira-t-on, votre théorie est-elle également bien fondée dans tous les points qui lui servent de base? Il est vrai, d'après vos expériences, qu'un globe gros comme la Terre et composé des mêmes matières ne . pourroit se refroidir, depuis l’incandescence à la température actuelle, qu'en 74 milleans, j 1 -— 29 4 LME «4 NÉE AIS 234 HISTOIRE NATURELLE à. et que pour l'échauffer jusqu’à l’incandes- | À cence, il faudroit la quinzième partie de ce temps, c’est-à-dire, environ cinq mille ans; et encore faudroit-il que ce globe füt envi- ( rouné pendant tout ce temps du feu leplus violent: dès lors 1l y a, comme vous le dites, de fortes présomptions que cette grande cha- leur de la Terre n’a pu lui être communiquée. de loin, et que par conséquent la matière: terrestre a fait autrefois partie de la masse du Soleil; mais il ne paroît pas également prouvé que la chaleur de, cet; astre, sur la Terre ne soit aujourd’hui que dela chaleur, propre du globe. Le témoignage de nos sens, semble se refuser à cette opinion que vous donnez comme une vérité constante; et quoi- qu'on ne puisse pas douter que la Terre n’ait une chaleur propre qui nous est démontrée. par sa température toujours égale dans tous les lieux profonds où le froid de l’air ne peut communiquer, en résulte-t-1l que cette cha- leur, qui ne nous paroît être qu'une tempe= rature médiocre , soit néanmoins cinquante fois plus grande que la chaleur du Soleil, qui semble nous brüler ? À Je puis satisfaire pleinement à ces objec= PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 235 tions; mais il faut auparavant réfléchir avec moi sur la nature de nos sensations. Une: - différence très-légère, et souvent impercep- tible dans la réalité ou dans la mesure des causes qui nous affectent, en produit une prodigieuse dans leurs effets. Ÿ a-t-il rien de plus voisin du très-grand. plaisir que la douleur? et. qui peut assigner la distance entre le chatouillement vif qui nous remue délicieusement et le frottement qui nous blesse , entre le feu qui nous réchauffe et celui qui nous brûle, entre la lumière qui réjouit nos yeux et celle qui les offusque , entre la saveur qui flatte notre goût et celle qui nous déplaît, entre l’odeur dont une petite dose nous affecte agréablement d’abord et bientôt nous donne des nausées? On doit donc cesser d'être étonné qu'une petite augmentation de chaleur telle que = puisse nous paroître si sensible, et que les limites du plus grand chaud de l'été au plus grand froid de l'hiver soient entre 7 et 8, comme l’a dit M. Amon- tons , ou même entre 31 et 32, comme M. de Mairan l’a trouvé en prenant tous les résul- tats des observations faites sur cela pendant cinquante-six années consecutives. ger de la chaleur réelle du globe d’après les … rapports que ce dernier auteur nous a donnés des émanations de la chaleur terrestre aux accessions de la chaleursolairedans ce climat, ilse trouveroit que leurs rapports étant à peu près :: 29 : 1enété, et : 2 471 ou même Lo 491 en hiver : 1; il se trouvéroit, dis-je, en joignant ces deux rapports, que la chaleur solaire ne seroit à la chaleur terrestre que :! = :2, ou :: +5 1. Mais cette estimation. seroit fautive, et l’erreur deviendroit d’au- tant plus grande que les climats seroient plus froids. IL n’y a donc que celui de l’equateur jusqu'aux tropiques, où la chaleur étant en toutes saisons presque égale, on puisse établir avec fondement la proportion entre la cha- leur des émanations de la Terre et des acces- sions de la chaleur solaire. Or ce rapport dans tout ce vaste climat, où les étés et les hivers’ sont presque égaux, est à très-peu près :: bo : 1. C'est par cette raison que j'ai adopté cette proportion, et que j'en‘ai fait la base du calcul de mes recherches, Néanmoins je ne prétends pas assurer affr- mativement que la chaleur propre de la fl sn cine riisintt met sd dj 5 _— PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 237 Terre soit réellement cinquante fois plus grande que celle qui lui: vient du Soleil : comme cette chaleur du globe appartient à toute la matière terrestre, dont nous faisons partie, nous n'avons point de mesure que nous puissions en séparer, —1i par conséquent d'unité sensible et réelle à laquelle nous puissions la rapporter. Mais, quand même on voudroit que la chaleur solaire fût plus grande ou plus petite que nous ne l'avons supposée relativement à la chaleur terrestre, notre théorie ne changeroit ne par la pro- portion des résultats. Par exemple, si nous renfermons toute l'étendue de nos sensations du plus grand chaud au plus grand froid dans les limites données par les observations de M. Amon- tons, c’est-à-dire, entre 7 et 8 ou dans +, et qu'en même temps nous supposions tie la chaleur du Soleil peut produire seule cette différence de nos sensations, on aura dès lors la proportion de 8 à 1 de la chaleur propre du globe terrestre à celle qui lui vient du Soleil, et par conséquent la com- pensation que fait actuellement sur la Terre cette chaleur du Soleil seroit de:, et la D 4 238 HISTOIRE NATURELLE. compensation qu’elle a faite dans. Je temps: ‘de l’incandescence aura été 2. A joutant ces deux termes, on a -£, qui multipliés par 12 1, moitié de la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur, dre 21 ou 1 + pour la compensation totale qu’a faite la chaleur du Soleil pendant la période de 74047 ans du refroidissement de la Terre à la tem— pérature actuelle; et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est à celui du serais on aura 25 : 1+:: 74047 : 4813 —; en sorte que le A ie stunt du globe de la Terre, au lieu de n’avoir été prolongé que de 770 ans, l’auroit été de 4813 = ans: ce qui, joint au prolongement plus long que produiroit aussi la chaleurde la Lune dans cette supposition, donneroit plus de 5000 ans, dont il faudroit encore reculer la date de la formation des planètes. | Si l’on adopte les limites données par M.de Mairan , quisont de 31 à 32,et Lee suppose que la chaleur solaire n'est qué ; de celle de la Terre, on n'aura que le nt de ce pro- Jongement, c’est-à-dire, environ 1250 ans, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 239 Lan lieu de 770 que donne la supposition de - que nous avons adoptée. | Mais au contraire, si l'on RES que la chaleur du Soleil n’est que = de celle de la Terre, comme cela paroît résulter des obser- vations faites au climat de Paris, on auroit pour la compensation dans le temps de l’in- candescence ——, et —= pour la compensation à la fin de la période de 74047 ans du refroi- dissement du globe terrestre : 7 température actuelle, et l’on trouveroit <£ pour la com- pensation totale faite par la chaleur du Soleil pendant cette période; ce qui ne don- neroit que 154 ans, c’est-à-dire, le cinquième de 770 ans pour le temps du prolongement du refroidissement. Et de même, si, au lieu de — , nous supposions que la chaleur solaire fa = = de la chaleur terrestre, nous trouve- rions que le temps du prolongement seroit cinq fois plus long, c’est-à-dire, de 3850 ans; en sorte que plus on voudra augmenter la chaleur qui nous vient du Soleil, relative- ment à celle qui émane de la Terre, et plus on eétendra la durée de la nature, et l’on reculera le terme de l'antiquité du monde: car, en supposant que cette chaleur du Soleil = 240 HISTOIRE NATURELLE. sur la Terre fût égale à la chaleur propre du globe, on trouveroit que le temps du prolon- gement seroit de 38504 ans; ce qui par con- séquent donneroit à la Terre 58 ou 59 HAS ans d'ancienneté de plus. Si l’on jette les yeux sur la table que M. de Mairan a dressée avec grande exactitude, et dans laquelle il donne la proportion de la chaleur qui nous vient du Soleil à celle qui émane de la Terre dans tous les climats, on y reconnoitra d’abord un fait bien avéré, c'est que dans tous les climats où l’on a fait des observations, les étés sont égaux, tandis que les hivers sont prodigieusement inégaux. Ce savant physicien attribue cette égalité constante de l'intensité de la chaleur pen- dant l'été dans tous les climats à la compen- sation réciproque de la chaleur solaire, et de la chaleur des émanations du feu central : « Ce n’est donc pas ici (dit-il page 253) une « affaire de choix, de.systême ou de conve- « nance, que cette marche alternativement « décroissante et croissante des émanations « centrales en inverse des étés solaires, c'est « le fait mème, etc.» ; en sorte que, selon lux, les émanations de la chaleur de la Terre PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 24r croissent ou décroissent précisément dans la même raison que l’action de la chaleur du Soleil décroit et croît dans les différens cli- mats; et comme cette proportion d'accrois- sement et de decroissement entre la chaleur terrestre et la chaleur solaire lui paroit, avec raison , très-etonnante suivant sa théo- rie, et queen même temps il ne peut pas douter du fait, il tâche de l’expliquer en disant : «Que le globe terrestre étant d'abord « une pâte molle de terre et d’eau, venant à . _« tourner sur son axe, et continuellement « exposé aux rayons du Soleil, selon tous « les aspects annuels des climats, s’y sera « durci vers la surface, et d'autant plus « profondément que ses parties y seront « plus exactement exposées. Et si un terrain « plus dur, plus compacte, plus épais, et en « général plus difñcile à pénétrer , devient « dans ces mêmes rapports un obstacle d’au- « tant plus grand aux émanations du feu « intérieur de la Terre, comme il est évident « gue cela doit arriver, ne voilà-t-il pas dès « lors ces obstacles en raison directe des dif- « férentes chaleurs de l'été solaire, et les éma- « nations centrales en inverse de ces mêmes 21 249 HISTOIRE NATURELLE chaleurs? et qu'est-ce alors autre chose qué « « « « « « « « « « « « « L "= « L< ”" « L( ”" « Le La) € Ca) «C l'inégalité universelle des étés? car suppo- sant ces obstacles ou ces retranchemens de chaleur faits à l’émanation constante et primitive, exprimés par les valeurs mêmes : des étés solaires, c’est-à-dire, dans la plus parfaite et la plus visible de toutes les proportionnalités , l'égalité, il est clair qu'on ne retranche d’un côté à la même grandeur que ce qu’on y ajoute de l’autre; , et que par conséquent les sommes ou les étés en seront toujours et par -tout les mêmes. Voilà donc, ajoute-t-il, cette éga- lité surprenante des étés dans tous les cli- mats de la Terre , ramenée à un principe in- telligible; soit que la Terre, d’abord fluide, ait ête durcie ensuite par l’action du Soleil, du moins vers les dernières couches qui la composent; soit que Dieu l'ait créée tout d’un coup dans l’état où les causes phy- siques et les lois du mouvement l’auroient amenée ». IL me semble que l’auteur au- roit mieux fait de s’en tenir bonnement à cette dernière cause, qui dispense de toutes recherches et de toutes spéculations, que de donner une explication qui pèche non seu- PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 243 lement dans le principe, mais dans presque tous les points des conséquences qu’on en pourroit tirer. Car y a-t-il rien de plus indépendant l’un de l’autre que la chaleur qui appartient en propre à la Terre, et celle qui lui vient du dehors? est-il naturel, est-il même raison- nable d'imaginer qu'il existe réellement dans la nature une loi de calcul par laquelle les émanations de cette chaleur intérieure du globe suivroient exactement l'inverse des accessions de la chaleur du Soileil sur la Terre, et cela dans une proportion si précise, que l'augmentation des unes compenseroit exactement la diminution des autres ? Il ne faut qu’un peu de réflexion pour se con- vaincre que ce rapport purement idéal n’est nullement fondé, et que par conséquent le fait tres-réel de l'égalité des étés, ou del’égale _ intensité de chaleur en été, dans tous les climats, ne dérive pas de cette combinaison précaire dont ce physicien fait un principe, mais d'une cause toute différente que nous allons exposer. | Pourquoi dans tous les climats de la Terre où l’on a fait des observations suivies avec RD PL OR CR QUE REA i "1 { \ suis À A Le 244 HISTOIRE NATURELLE. des thermomètres comparables, se trouve-t-il que les étés (c’est-à-dire, l'intensité de la chaleur en été) sont épaux, tandis que les hivers (c’est-à-dire, l'intensité de la chaleur en hiver) sont prodisieusement différens et d'autant plus inégaux qu’on s'’avance plus vers les zones froides? voilà la question. Le fait est vrai: mais l’explication qu’en donne l'habile physicien que je viens de citer me paroît plus que gratuite; elle nous renvoie directement aux causes finales qu'il croyoit éviter : car n'est-ce pas nous dire, pour toute explication, que le Soleil et la Terre ont d’abord été dans un état tel, que la chaleur de l’un pouvoit cuire les couches extérieures de l’autre , et Les durcir précisément à un tel degré, que les émanations de la chaleur ter- restre trouveroient toujours des obstacles à leur sortie, qui seroient exactement en pro- portion des facilités avec lesquelles la cha- leur du Soleil arrive à chaque climat; et que de cette admirable contexture des couches de la Terre, qui permettent plus ou moins l'issue des émanations du feu central, il résulte sur la surface de la Terre une com- pensation exacte de la chaleur solaire et de La PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 245 la chaleur terrestre, ce qui néanmoins ren- droit les hivers égaux par-tout aussi-bien que les étés ; mais que dans la réalité, comme il n'ya que les étés d’égaux dans tous les climats, et que les hivers y sont au contraire prodigieusement iaégaux, 1l faut bien que ces obstacles mis à la liberté des émanations centrales soient encore plus grands qu'on ne vient de les supposer, et qu'ils soient en effet et très-réellement dans la proportion qu'exige l’inégalité des hivers des différens climats ? Or qui ne voit que ces petites com- binaisons ne sont point entrées dans le plan du souverain Être, mais seulement dans la tête du physicien, qui, ne pouvant expliquer cette égalité des étés et cette inégalité des hivers, a eu recours à deux suppositions qui n’ont aucun fondement, et à des combinai- sons qui n'ont pu même, à ses yeux, avoir d'autre mérite que celui de s’accommoder à sa théorie, et de ramener, comme il le dit, cette égalité surprenante des étés à un prin— cipe intelligible? Mais ce principe une fois entendu n’est qu'une combinaison de deux suppositions qui toutes deux sont de l’ordre de celles qui rendroient possible l'impossible, 21 246 HISTOIRE NATURELLE. . et dès lors présenteroient en effet l'absurde . M comme intelligible. | Tous les physiciens qui se sont occupés de cet objet, conviennent avec moi que le globe terrestre possède en propre une chaleur indépendante de celle qui lui vient du Soleil: dès lors n'est-il pas évident que cette chaleur propre seroit égale sous tous les points de la surface du globe, abstraction faite de celle du Soleil, et qu’il n’y auroit d'autre différence à cet égard que celle qui doit résulter du xenflement de la Terre à l'équateur, et de son applatissement sous les poles? différence qui étant en même raison à peu Fi que les deux diamètres, n'excède pas —-; en sorte que la chaleur propre du sphéroïde terrestre doit être de —— plus grande sous l'aquefeue que sous les poles. La déperdition qui s'en est faite et le temps du refroidissement doit donc avoir été plus prompt dans les climats septentrionaux , où l'épaisseur du globe est moins grande que dans es climats du midi; mais cette différence de -= ne peut pas pro- duire celle de F inégcalité des émanations cen- trales, dont le rapport à la chaleur du Soleil en hiver étant :: 5o : 1 dans les climats. PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 247 voisins de l'équateur, se trouve déja double au 27° degré, triple au 35°, quadruple au 4o°, décuple au 49°, et 35 fois plus grand au 60° degré de latitude. Cette cause qui se présente la première contribue au froid des climats septentrionaux; mais elle est insuf- fisante pour l'effet de l'inégalité des hivers, puisque cet effet seroit 35 fois plus grand que sa cause au 60° degré, plus grand encore et même excessif dans les climats plus voi- sins du pole, et qu’en même: temps il ne seroit nulle part proportionnel à cette même cause. | “es D'autre côte, ce seroit sans aucun fonde- ment qu'on voudroit soutenir que dans un globe qui a reçu ou qui possède un certain degré de chaleur, 1l pourroit y avoir des parties beaucoup moins chaudes les unes que les autres. Nous connoissons assez le progrès de la chaleur et les phénomènes de sa com- muuication pour être assurés qu’elle se dis- tribue toujours également, puisqu’en appli- quant un corps, même froid, sut un corps chaud, celui-ci communiquera nécessaire- ment à l’autre assez de chaleur pour que tous deux soient bientôt au même degré de M de LAN UT Bu Rise DL AGE IN EY Fe \ & 4 4 À np ù X il | à À " w AS ON à 248 HIS TOIRE raie température. L on ne doit donc pas supposer | qu'il y ait, vers le climat des poles, des 4 couches de matières moins chaudes, moins perméables à la chaleur, que dans les aûtres climats; car, de quelque nature qu’on les voulüt supposer, l'expérience nous démontre qu’en un très-pelit temps elles seroient deve- nues aussi chaudes que les autres. Les grands froids du nord ne viennent donc pas de ces prétendus obstacles qui s’op- poseroient à la sortie de la chaleur, ni de la petite différence que doit produire celle des diamètres du sphéroïde terrestre, et il m'a paru , après y avoir réfléchi, qu’on dévoit attribuer l'égalité des étés et la grande ine- galitédes hivers à une cause bien plus simple, et qui néanmoins a échappé à tous les phy- siciens. IL est certain que, comme la chaleur propre de la Terre est beaucoup plus grande que celle qui lui vient du Soleil , les étés doivent paroitre à très-peu près égaux par-tout, parce que cette même chaleur du Soleil ne fait qu'une petite augmentation au fonds réel de, la chaleur propre, et que par conséquent, si cette chaleur envoyée du Soleil n’est que PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 249 de la chaleur propre du ‘globe, le plus où moins de séjour de cet astre sur l'horizon, sa plus grande ou sa moindre obliquité sur le climat, et même son absence totale ne pro- duiroit que — de différence sur la tempéra- ture du climat, et que dès lorsles étés doivent paroître et sont en effet à très-peu près égaux dans tous les climats de la Terre. Mais ce qui fait que les hivers sont si fort inégaux, c'est que les émanations de cette chaleur im- térieure du globe se trouvent en très-srande partie supprimées dès que le froid et la gelée resserrent et consolident la surface de la terre et des eaux. Comme cette chaleur qui sort du globe décroit dans les airs à mesure et en même raison que l’espace augmente, elle a déja beaucoup perdu à une demi-lieue ou une lieue de hauteur ; la seule condensa- tion de l'air par cette cause suffit pour pro- duire des vents froids qui, sé rabattant sur la surface de la Terre, la resserrent et la sèlent *. Tant que dure ce resserrement de * On s’appercoit de ces vents rabattus toutes les fois qu’il doit geler ou tomber de la neige ; le vent, sans même être très-violent, se rabat par les che- - LA = minées , et chasse dans la chambre les cendres du IE ‘MES Late. “à HIST OIRE. NATURELLE: la couche extérieure de la Terre, ‘des émana- tions de la chaleur intérieure sont retenues, ‘1 et le froid paroît et est en effet trés-considé- rablement augmenté par cette suppression d’une partie de cette chaleur : mais dès que l'air devient plus doux, et que la couche ; superfcielle du globe perd sa rigidité, la chaleur retenue pendant tout le temps de la gelée sort en plus grande abondance que dans les climats où il ne oèle pas, en sorte que la somme des éemanations de la chaleur devient égale et la même par-tout; et c’est par cette raison que les plantes végètent plus vite, et que les récoltes se font en beaucoup moius de temps dans les pays du nord; c’est par la même raison qu’on y ressent souvent, au commencement de l’été, des chaleurs in- soutenables, etc. Si l’on vouloit douter de la suppression des émanations de la ciæleurintérieure par l'effet de la gelée , il ne faut, pour s’en convaincre, que se rappeler des faits connus de tout le monde. Qu’après une gelée 1l tombe de la foyer : cela ne manque jamais d'arriver sur- tout pendaut la nuit, lorsque le feu est éteint ou cou» VE ts, ‘ 4 + PARTIE HYPOTHÉTIQUE. ar neige, on la verra se fondre sur tous les puits, les aqueducs , les citernes, les ciels de carrière, les voûtes des fosses souterraines ou des galeries dès mines, lors même que ces profondeurs, ces puits ou ces citernes ne con- : tiennent point d'eau. Les émanations de la Terre ayant leur libre issue par ces espèces de cheminées, le terrain qui en recouvre le sommet n’est jamais gelé au même degré que la terre pleine; il permet aux émanations ieur cours ordinaire, et leur chaleur suffit pour fondre la neige sur tous ces endroits creux, tandis qu’elle subsiste et demeure sur tout le reste de la surface où la terre n’est point excavée. a Lu Cette suppression des émanations de la chaleur propre de la Terre se fait non seules ment par la gelée, mais encore par lé simple resserrement de la Terre, souvent occasionné par un moindre degré de froid que celui qui est nécessaire pour en geler la surface. Îl y a très-peu de pays où il gèle dans les plaines au-delà du 35°’ degré de latitude, sur-tout dans l’hémisphère boreal ; il semble donc que, depuis l'équateur jusqu’au 35° degré, les émanations de la chaleur terrestre ayant SH Da AT à ÿ à rs es We it FA AR RFA he Rte 252 HISTOIRE NATURELLE. toujours leur libre issue , il ne devroit y avoir presque aucune différence de l'hiver à l'été, puisque cette différence ne pourroit provenir que de deux causes, toutes deux trop petites pour produire un résultat sensible. La pre- mière de ces causes est la différence de l’ac- tion solaire: mais comme cette action elle- mème est beaucoup plus petite que celle de la chaleur terrestre, leur différence devient dès lors si peu considérable, qu'on peut la regarder comme nulle. La seconde cause, est l'épaisseur du globe, qui, vers le 35e degré, est à peu près jé 7 mais cette différence ne peutencore produire qu'un très-petit effet, qui n’est nullement proportionnel à celui que nous indiquent les observations, puisqu’à 35 degrés le rapport des émanations de la chaleur terrestre à la chaleur solaire est en éte de 33, à 1, et en hiver de 153 à 1; ce qui donneroit 186 à,2, ou 93 à 1, Ce ne peut donc être qu'au resser- rement de la Terre occasionné pari le froid ; ou même au froid produit par-les pluies du- rables qui tombent dans ces climats, qu'on peut attribuer cette différence de l’hiver à l'été : Le resserrement de la Terre par le froid moindre qu'à l'équateur: sn xd PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 9253 supprime une partie des émanations de la chaleur intérieure, etle froid, toujours renou: vele par la chüûte des pluies, diminue l’inten- sité de cette même chaleur; ces deux causés produisent donc ensemble la différence de l'hiver à l'été. | D’après cet exposé, il me semble que l’on est maintenant en état d'entendre pourquoi les hivers semblent être si différens. Ce point de physique générale n’avoit jamais été dis- cute; personne, avant M. de Mairan, n’avoit même cherché les moyens de l'expliquer, et nous avons démontré précédemment l’insuf- fisance de l'explication qu'il en donne : la mienne au contraire me paroît si simple et si bien fondée, que je ne doute pas qu’elle ne soit entendue par tous les bons esprits. Après avoir prouvé que la chaleur qui nous vient du Soleil est fort inférieure à la cha- leur propre de notre globe; après avoir ex- posé qu’en ne la supposant que de +, le refroidissement du globe à la température actuelle n’a pu se faire qu'en 74832 ans; après avoir montré que le temps äe ce refroi- dissement seroit encore plus long, si la cha- Jeur euvoyée par le Soleil à la Terre étoit Mat, génie VIE 22 : RO CMS A Go ru 254 HISTOIRE NATURELLE. dans un rapport plus grand, c’est-à-dire, de + ou de 5 au lieu de 2; on ne pourra pas nous blàämer d’avoir adopté la proportion qui nous paroit la plus plausible par les raisons physiques, et en même temps la plus con- venable, pour ne pas trop étendre et reculer trop loin les temps du commencement de la nature, que nous avons fixé à 37 ou 38 mille ans, à dater eu arrière de ce jour. J'avoue néanmoins que ce temps, tout con- sidérable qu'il est, ne me paroit pas encore assez grand, assez long pour certains chan- gemens , certaines altérations successives que l'hisioire naturelle nous démontre, et qui semblent avoir exigé une suite de siècles encore plus longue : je serois donc très-porté à croire que, dans le réel, les temps ci- devant indiqués pour la durée de la nature doivent être augmentés peut-être du double, si l’on veut se trouver à l'aise pour l’expli- cation de tous les phénomènes. Mais je le répète , je m'en suis tenu aux moindres termes, et j'ai restreint les limites du temps autant qu’il étoit possible de le faire sans contredire les faits et les expériences. On pourra peut-être chicaner ma théorie PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 255 par une autre objection qu’il est bon de pré- venir. On me dira que j'ai supposé, d’après Newton, la chaleur de l’eau bouillante trois fois plus grande que celle du Soleil d'été, et la chaleur du fer rouge huit fois plus grande que celle de l’eau bouillante, c’est- à-dire, vingt-quatre ou vingt-cinq fois plus grande que celle de la température actuelle de la Terre, et qu'il entre de l’hypothétique dans cette supposition , sur laquelle j'ai néanmoins foudé la seconde base de mes calculs , dont les résultats seroient sans doute fort différens, si cette chaleur du fer rouge ou du verre en incandescence , au lieu d’être en effet vingt-cinq fois plus grande que la chaleur actuelle du globe, n’étoit, par exemple, que ER ou six fois aussi grande. Pour sentir la valeur de cette objection, faisons d’abord le calcul du refroidissement de la Terre, dans cette supposition qu’elle n'étoit dans le temps de l’incandescence que cinq fois plus chaude qu’elle ne l’est aujour- d'hui, en supposant, comme dans les autres calculs , que la chaleur solaire n’est que + de la chaleur terrestre. Cette chaleur solaire, A | ne Maur À \ 1 256 HISTOIRE NATURELLE qui fait aujourd’hui compensation 7. HR n'auroit fait compensation que de — dans le temps de l’incandescence. Ces deux termes ajoutés donnent-$, qui multipliés par 22, moitié de la somme de tous les termes de la. diminution de la chaleur, donnent -£ pour la compensation totale qu’a faite la chili: du Soleil pendant la période entière de la déperdition de la chaleur propre du globe, So est de 74047 ans. Ainsi l’on aura 5 : = : 74047 : 888 + : d’où l’on voit que le pro- Dame du rétro id RE qui, pour une chaleur vingt-cinq fois plus grande que la température actuelle, n’a été que de 770 ans, auroit été de 888 dans la supposition que cette premiere chaleur n’auroit été que cinq fois plus grande que cette même temperature actuelle. Cela seul nous fait voir que quand même on voudroit supposer cette chaleur primitive fort au-dessous de vingt-cinq, il n’en résulteroit qu'un prolongement plus long pour le refroidissement du globe, et cela seul me paroit suffire aussi pour satisfaire à l'objection. Enfin, me dira-t-on, vous avez calculé la durée du refroidissement des planètes ,: PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 257 non seulement par la raison inverse de leurs | diamètres , mais encore par la raison inverse de leur densité: cela seroit fondé si l’on pou- voit imaginer qu'il existe en effet des ma- tières dont la densité seroit aussi différente de celle de notre globe ; mais en existe-t-il ? quelle sera, par exemple, la matière dont vous composerez Saturne , puisque sa densité est plus de cinq fois moindre que celle de la Terre? À cela je réponds qu'il seroit aisé de trouver, dans le genre végétal, des matières cinq ou six fois moins denses qu’une masse de fer, de marbre blanc, de grès , de marbre commun et de pierre calcaire dure, dont nous savons que la Terre est principalement composée : mais sans sortir du règne miné— ral, et considérant la densité de ces cinq matières, on a pour celle a fer 212, pour celle du marbre blanc 8 #, pour celle du grès 7 +, pour celle du marbre cominun et de la pierre calcaire dure 7 #; prenant le terme moyen des densités de ces cinq ma- tières, dont le globe terrestre est principa- Pop composé, on trouve que sa densité est 10 -.. Il s’agit donc de trouver une matière 22 LR Ta Ne ALT AN au à PA Cas DEN 208. HISTOIRE NATURELLE. jp la densité soit 1 te rapport de 184, densité de Saturne, à 1000, densité de la Terre. Or cette matière seroit une espèce de pierre ponce un peu moins dense que la pierre ponce ie er , dont la densité relative est ici de 1 €; il paroit donc que Saturne est principalement composé d’une matière légère semblable à la pierre ponce. De même , la densité de la Terre de à celle de Jupiter :: 1000 : 292, ou :: 10-57 : 3 e = , on doit croire que Jupiter est composé 1000 d’une matière plus dense que la pierre ponce, et moins dense que la craie. La densité de la Terre étant à celle de la Lune :: 1000 ! 702, ou :? 10 4 : 7 2, cette planète secondaire est composée d’une matière dont la densité n’est pas tout-à-fait si grande que celle de la pierre calcaire dure, mais plus grande que celle de la pierre cal caire tendre. — La densité de la Terre étant à celle de Mars I So2; 22 1000 : 730,ou :: 102 :7 Es. OUR doit croire que cette planète est composée d’une So, ce qui est M mème Co \ , | } Ps PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 25 matière dont la densité est un peu plu$ grande que celle du grès, et moins grande que celle du marbre blanc. Mais la densité de la Terre étant à celle de Vénus :! 1000 : 1270, ou £: 10 : 13 52% 1000 , On peut croire que cette planète est principalement composée d’une matière plus dense que l’émeril, et moins dense que le zinc. Enfin la densité de la Terre étant à celle de Mercure :! 1000 : 2040, ou :!: 10 - : 20 2 %6:, on doit croire que cette planète est 1000 composée d’une matière un peu moins dense que le fer, mais plus dense que l’étain. Hé comment, dira-t-on, la nature vivante que vous supposez établie par-tout, peut- elle exister sur des planètes de fer, d’émeril ou de pierre ponce? Par les mêmes causes, répondrai-je , et par les mêmes moyens qu’elle existe sur le globe terrestre, quoique com- posé de pierre, de grès, de marbre, de fer et de verre. Il en est des autres planètes comme de notre globe: leur fonds principal est une des matières que nous venons d'indiquer; : _ Kobe à 260 HISTOIRE NATURELLE. AN A 4 AN co M bei | mais les causes extérieures auront bientôt. | altéré la couche superficielle de cette ma— tière, et, selon les différens degrés de chaleur ou de froid, de sécheresse ou d’ humidité, elles auront converti en assez peu de temps cette matière, de quelque nature qu'on la suppose, en une terre féconde et propre à recevoir les germes de la nature organisée , qui tous n’ont besoin que de chaleur et d’hu- midité pour se développer. | Après avoir satisfait aux objections qui paroissent se présenter les premières, il est nécessaire d'exposer les faits et les observa- tions-par lesquelles on s’est assure que la cha- leur du Soleil n’est qu'un accessoire, un petit complément à la chaleur réelle qui émane continuellement du globe de la Terre; et il sera bon de faire voir en même temps com- ment les thermomètres comparables nous ont appris d’une manière certaine que le chaud de l'été est égal dans tous les climats de la Terre, à l'exception de quelques endroits, comme le Sénégal , et de quelques autres parties de l'Afrique où la chaleur est plus grande qu'ailleurs par des raisons particu- lières dout nous parlerons lorsqu'il s'agira PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 26r d'examiner les exceptions à cette règle géné- rale. ; On peut démontrer, par des évaluations incontestables, que la lumière, et par con- séquent la chaleur envoyée du Soleil à la Terre en été, est très-grande en comparaison de la chaleur envoyée par ce même astre en hiver, et que néanmoins, par des cbser- vations très-exactes et très-réitérées , la dif- férence de la chaleur réelle de l’été à celle de l'hiver est fort petite. Cela seul seroit suffi- sant pour prouver qu’il existe dans le globe terrestre une très-grande chaleur, dont celle du Soleil ne fait que le complément; car, en recevant les rayons du Soleil sur le même thermomètre en été et en hiver, M. Amon- tons a le premier observé que les plus grandes chaleurs de l’été dans notre climat ne diffèrent du froid de l'hiver, lorsque l’eau se congêle, que comme 7 diffère de 6, tandis qu'on peut démontrer que l’action du Soleil en élé est environ 66 fois plus grande que celle du Soleil en hiver : on ne peut donc pas douter qu'il n’y ait un fonds de très- grande chaleur dans le globe terrestre, sur lequel, comme base, s'élèvent les degrés de. : d ; ÿ À P 262 HISTOIRE NATURELLE. la chaleur qui nous vient du Soleil, et que les émanations de ce fonds de chaleur à la surface du globe ne nous donnent une quan- tité de chaleur beaucoup plus grande qué celle qui nous arrive du Soleil. : | Si l’on demande comment on a pu s’assu- rer que la chaleur envoyée par le Soleil en été est 66 fois plus grande que la chaleur envoyée par ce même astre en hiver dans notre climat, je ne puis mieux répondre qu'en renvoyant aux Mémoires donnés par feu M. de Mairan en 1719, 1722 et 1765, et insérés dans ceux de l’académie, où il exa- mine avec une attention scrupuleuse les causes de la vicissitude des saisons dans les differens climats. Ces causes peuvent se ré- duire à quatre principales; savoir, 1°. l’in- clinaison sous laquelle tombe la lumière du Soleil suivant les différentes hauteurs de cet astre sur l’horizon; 2°. l’intensite de la lu- \ ? mière, plus ou moins grande à mesure que son passage dans l'atmosphère est plus ou moins oblique; 3°. la differente distance de la Terre au Soleil en été et en hiver : 4°. l’inc- galité de la longueur des jours dans les cii- mats différens. Et en partant du principe PARTIE HYPOTHETIQUE. 263 que la quantité de la chaleur est proportion- nelle à l’action de la lumière, on se démon- trera aisément à soi-même que ces quatre causes réunies, combinées et comparées , diminuent pour notre climat cette action de la chaleur du Soleil dans un rapport d’envi- ron 66 à 1 du solstice d’ete au solstice d'hiver. Et en supposant l’affoiblissement de l’action de la lumière par ces quatre causes, c’est-à- dire , 1°. par la moindre ascension ou éléva- tion du Soleil à midi du solstice d'hiver, en comparaison de son ascension à midi du solstice d’été; 2°. par la diminution de l’in- tensité de la lumière, qui traverse plus obli- quement J'atmosphère au solstice d’hiver qu'au solstice d'été; 3°. par la plus grande proximité de la Terre au Soleil en hiver qu’en été; 4°. par la diminution de la con- tinuité de la chaleur produite par la moindre durée du jour ou par la plus longue absence du Soleil au solstice d'hiver, qui, dans notre climat, est à peu près double de celle du sols- tice d'été; on ne pourra pas douter que la différence ne soit en effet très-grande et en- viron de 66 à 1 dans notre climat, et cette vérité de théorie peut être regardée comme NA INEX à Ne A UE HA 264 HISTOIRE NATURELLE aussi certaine que la seconde vérité qui es d'expérience, et qui nous démontre, par les observations du thermomètre exposé imimé- diatement aux rayons du Soleil en hiver et en été, que la différence de la chaleur réelle dans ces deux temps n’est néanmoins tout au plus que de 7 à 6. Je dis tout au plus; car cette determination donnée par M. Amon- tons n’est pas à beaucoup près aussi exacte que celle qui a été faite par M. de Mairan d’après un grand nombre d'observations ulté- rieures, par lesquelles il prouve que ce rap- “port est :: 32 : 31. Que doit donc indiquer cette prodigieuse inégalité entre ces deux rapports de l’action de la chaleur solaire en été et en hiver, qui est de 66 à 1, et de celui de la chaleur réelle qui n’est que de 32 à 31 de l'été à l'hiver? N'est-il pas évident que la chaleur propre du globe de la Terre est nombre de fois plus grande que celle qui lui vient du Soleil? Il paroit en effet que, dans le climat de Paris, cette chaleur de la Terre est. 29 fois plus grande en été, et 491 fois plus grande en hiver, que celle du Soleil, comme l'a déterminé M. de Mairan. Mais j'ai déja averti quon ne devoit pas conclure de ces Lt | ut, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 265 deux rapports combinés le rapport réel de la chaleur du globe de la Terre à celle qui lui vient du Soleil, et j'ai donné les raisons qui m'ont décidé à supposer qu'on peut esti- mer cette chaleur du Soleil cinquante fois moindre que la chaleur qui émane de la Terre. | | UE Il nous reste maintenant à rendre compte des observations faites avec les thermomètres. On a recueilli, depuis l’année 1701 jusqu’en 1796 inclusivement, le degré du plus grand chaud et celui du plus grand froid qui s’est fait à Paris chaque année : on en a fait une somme , et l’on a trouvé qu’annee commune tous les thermomètres réduits à la division de Réaumur, ont donné 1026 pour la plus grande chaleur de l'été, c'est-à-dire, 26 degrés au-dessus du point de la congélation de l’eau; on a trouvé de même que le degré commun du plus grand froid de l’hiver a eté, pendant ces cinquante-six années, de 994, on de 6 degrés-au-dessous de la congélation de l’eau : d’où l’on a conclu , avec raison, que le plus grand chaud de nos étés à Paris ne diffère du plus grand froid de nos hivers que de -., puisque 994 : 1026 ;: 31 : 32. C'est sur ce 23 ‘266 HISTOIRE NATURELLE \ FEU fondement que nous avons dit que lerapport du plus grand chaud au plus grand froid n'étoit que :: 32: 51. Mais on peut objecter contre la précision de cette évaluation le defaut de construction du thermomètre, division de Réaumur, auquel on réduit ici l'échelle de tous les autres; et ce défaut est de ne partir que de mille degrés au-dessous de la glace, comme si ce millième degré étoit en effet celui du froid absolu, tandis que le froid absolu n’existe point dans la nature, et que celui de la plus petite cha- leur devroit être supposé de dix mille au lieu de mille, ce qui changeroit la gradua- tion du thermomètre. On peut encore dire qu'à la vérité il n'est pas impossible que toutes nos sensations entre le plus grand chaud et le plus grand froid soient com- prises dans un aussi petit intervalle que celui d'une unité sur 32 de chaleur, mais que la voix du, sentiment semble s'élever contre cette opinion, et nous dire que cette limite est trop étroite, et que c’est bien assez ré- duire cet intervalle que de lui donner un huitième ou un septième au lieu d'un trente- deuxième. dl EY WL! PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 67. Mais quoi qu'’ilen soit de cette évaluation, qui se trouvera peut-être encore trop forte lorsqu'on aura dés thermomètres mieux cons- truits , on ne peut pas douter que la chaleur de Ja Terre, qui sert de base à la chaleur réelle que nous éprouvons, ne soit très-considéra- blement plus grande que celle qui nous vient du Soleil , et que cette dernière n’en soit qu'un petitcomplément. De même, quoique les thermomètres dont on s’est servi pèchent par le principe de leur construction et par quelques autres défauts dans leur graduation, on ne peut pas douter &e la vérite des faits comparés que nous ont appris les observa- tions faites en différens pays avec ces mèmes thermometres construits et gradues de la même façon, parce qu'il ne s’agit ici que de vérités relatives et de résultats comparés, et non pas de vérites absolues. Or, de la même manière qu’on a trouvé, par l'observation de cinquante-six années successives , la chaleur de l’ete à Paris, de 1026 ou de 26 degrés au-dessus de la congé lation , on a aussi trouvé avec les mêmes thermomètres que cette chaleur de l’eté étoit 1026 dans tous les autres climats de la Terre, 268 HISTOIRE NATURELLE. depuis l'équateur jusque vers le cercle po= laire : à Madagascar , aux îles de France et Fs de Bourbon, à lile Rodrigue, à Siam, aux Indes orientales, à Alger, à Malte, à Cadix, à Montpellier , à Lyon, à Amsterdam, à Varsovie, à Upsal , à Pétersbours , et jusqu’en Lapponie pres du cercle polaire; à Cayenne , au Perou , à Martinique, à Carthagène en Amérique et à Panama ; enfin dans tous les climats des deux hébaétities et des deux coutinens où l’on a pu faire des observations, on a constamment trouve que la liqueur du thermomètre s’elevoit également à 25, 26 ow 27 degrés dans les jours les plus chauds de l'été ; et de là résulte le fait incontestable de l'égalité de la chaleur en été dans tous Les cli- mats de la Terre. Il n’y a sur cela d’autres exceptions que celle du Sénégal , et de quel- ques autres endroits où le thermomètre s'é= lève 5 ou 6 degrés de plus, c’est-à-dire, à 31 ou 52 degrés ; mais c’est par des causes acci- dentelles et locales, qui n’altèrent point la vérité des observations ni la certitude de ce fait général , lequel seul pourroit encore mous demontrer qu'il existe réellement une tres-grande chaleur dans le globe terrestre, PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 269 dont l'effet ou les émanations sont à peu près égales dans tous les points de sa surface, et que le Soleil, bien loin d’être la sphère unique de la chaleur qui anime la nature, n'en est tout au plus que le régulateur. Ce fait important, que nous consiguons à la postérité, lui fera reconnoîitre la progres- sion réelle de la diminution de la chaleur du globe terrestre, que nous n’avons pu déter- miner que d’une manière hypothétique : on verra , dans quelques siècles, que la plus grande chaleur de l’été, au lieu d'élever la liqueur du thermomètre à 26 , ne l’eélevera plus qu'à 25, à 24 ou au-dessous, et on ju- gera par cet effet, qui est le résultat de toutes les causes combinées , de la valeur de cha- cune des causes particulières qui produisent l'effet total de la chaleur à la surface du globe ; car indépendamment de la chaleur qui appartient en propre à la Terre et qu’elle possède dès le temps de l’incandescence, chaleur dont la quantité est très-considéra- blement diminuée et continuera de diminuer dans la succession des temps , indépendam- ment de la chaleur qui nous vient du Soleil, quon peut regarder comme constante , @ë 25 À RO LU ANS QUE à 20 HISTOIRE NATURELLE qui par conséquent fera dans la suite uné , plus grande compensation qu'aujourd'hui à la perte de cette chaleur propre du globe, ül y a encore deux autres causes particulières qui peuvent ajouter une quantité considé= rable de chaleur à l'effet des deux premières, ah sont les seules dont nous Re fait j jus— qu'ici l'évaluation. L'une de ces causes particulières provient en quelque façon de la première cause géné- rale, et peut y ajouter quelque chose. II est certain que dans le temps de l’incandescence, et dans tous les siècles subséquens, jusqu’à celui du refroidissement de la Terre au point de pouvoir la toucher , toutes les matières volatiles ne pouvoient résider à la surface nx même dans l’intérieur du globe ; elles étoient élevées et répandues en forme de vapeurs, et n'ont pu se déposer que successivement à. mesure qu’il se refroidissoit. Ces matières ont pénétré par les fentes et les crevasses de là Terre à d'assez grandes profondeurs en une infinité d’endroits : c’est-là le fonds pri= mitif des volcans, qui , comme l’on sait, se trouvent tous dans les hautes montagnes, où les fentes de la Terre sont d'autant plus PARTIE HYPOTHÉTIQUE, 27e grandes , que ces pointes du globe sont plus avancées, plus isolées. Ce dépôt des matières volatiles au premier àge aura été prodigieu- sement augmente par l'addition de toutes les . matières combustibles, dont la formation est des âges subséquens. Les pyrites, les soufres, les charbons de terre, les bitumes, etc. ont pénétré dans les cavités de la Terre, et ont produit presque par-tout de grands amas de matières inflammables, etsouvent des incen- dies qui se manifestent par des tremblemens de terre, par l’éruption des volcans , et par les sources chaudes qui découlent des mon- tagnes ou sourdent à l'intérieur dans les ca— vités de la Terre. On peut donc présumer que ces feux souterrains, dont les ttns brülent, pour ainsi dire, sourdement et sans explo- sion, et dont les autres éclatent avec tant de violence , augmentent un peu l'effet de la chaleur générale du globe : néanmoins cette addition de chaleur ne peut être que très- petite; car on a observé qu'il fait à très- peu près aussi froid au-dessus des volcans qu'au — dessus des autres montagnes à la même hauteur, à l’exception des temps où le volcan travaille et jette au dehors des À l 2 HISTOIRE NATURELLE. . vapeurs enflammées ou des matières brû—. lantes. Cette cause particulière de chaleur ne me paroît donc pas mériter autant de considération que lui en ont donné quelques physiciens. | Il n’en est pas de même d’une seconde cause à laquelle il semble qu’on n'a pas pensé, c’est le mouvement de la Lune autour de la Terre. Cette planète secondaire fait sa révolution autour de nous en 27 jours un tiers environ; et étant éloignée à 85 mille. 325 lieues, elle parcourt une circonférence de 536 mille 329 lieues dans cet espace de temps , ce qui fait un mouvement de 817 lieues par heure, ou de 13 à 14lieues par mi- nute. Quoique cette marche soit peut-être la plus lente de tous les corps célestes, elle ne laisse pas d’être assez rapide pour produire sur la Terre, qui sert d’aissieu ou de pivot à ce mouvement , une chaleur considerable par le frottement qui résulte de la charge et de la vitesse de cette planète; mais il ne noùs est pas possible d'évaluer cette quantité de chaleur produite par cette cause extérieure, parce que nous n'avons rien jusqu'ici qui puisse nous servir d'unité ou de terme de PARTIE HYPOTHETIQUE. 273 comparaison : mais si l’on parvient jamais à connoître Le nombre , la grandeur et la vitesse de toutes les comèêtes, comme nous connoissons le nombre , la grandeur et la vitesse de toutes les planètes qui circulent autour du Soleil, on pourra juger alors de la quantité de chaleur que la Lune peut donner à la Terre, par la quantité beaucoup plus grande de feu que tous ces vastes corps ex- citent dans le Soleil; et je serois fort porté à croire que la chaleur produite, par cette cause dans le globe de la Terre ne laisse pas de faire une partie assez considérable de sa. chaleur propre, et qu’en conséquence il faut encore étendre les limites des temps pour la durée de la nature. Mais revenons à notre principal objet. Nous avons vu que les étés sont à très-peu près égaux dans tous les climats de la Terre, et que cette vérité est appuyée sur des faits incontestables : mais il n’en est pas de même des hivers; ils sont très-inégaux, et d'autant plus inégaux dans les différens climats , qu'on s'éloigne plus de celui de l'équateur , où la chaleur en hiver et en été est à peu près la même. Je crois en avoir donné la raison dans 274 HISTOIRE NATURELLE. le cours de ce Mémoire, ét avoir expliqué: d’une manière satisfaisante la cause de cette inégalité par la suppression des émanations de la chaleur terrestre. Cette suppression est, . comme je lai dit, occasionnée par les vents froids qui se rabattent du haut de: l'air, resserrent les terres , glacent les eaux et renferment les émanations de la chaleur terrestre pendant tout le temps que dure la gelée , en sorte qu’il n’est pas étonnant que le froid des hivers soit en effet d'autant plus grand que l’on avance davantage vers les cli- mats où la masse de l'air recevant plus obli= quement les rayons du Soleil , est , par cette raison , la plus froide. Mais il y a pour le froid comme pour le chaud quelques contrées sur la Terre qui font une exception à la règle générale. Au Sénégal, en Guinée, à Augole , et proba= blement dans tous les pays où l’on trouve l'espèce humaine teinte de noir, comme en Nubie, à la terre des Papous, dans la nou- velle Guinée, etc. il est certain que la cha- leur est plus grande que dans tout le reste . de la Terre; mais c’est par des causes locales, dont nous avons donné l'explication dans le PARTIE HYPOTHETIQUE. 255 troisième volume de cet ouvrage *. Ainsi dans ces climats particuliers où le vent d’est règne pendant toute l’année, et passe, avant d'arriver, sur une étendue de terre très-consi-. dérable où il prend une chaleur brûlante, 1l n’est pas étonnant que la chaleur se trouve plus grande de 5, 6 et même 7 degrés qu’elle ne l’est par-tout ailleurs ; et de même les froids excessifs de la Sibérie ne prouvent rien autre chose, sinon que cette partie de la sur- face du globe est beaucoup plus élevée que toutes les terres adjacentes. «Les pays asia- « tiques septentrionaux, dit le baron de Strah- « lenberg , sont considérablement plus élevés « que les européens : ils le sont comme une « table l’est en comparaison du plancher sur « lequel elle est posee; car lorsqu’en venant « de l’ouest et sortant de la Russie on passe à « l’est par les monts Riphées et Rymniques « pour entrer en Sibérie, on avance toujours « plus en montant qu’en descendant». «Il y a « bien des plaines en Sibérie, dit M. Gmelin, « qui ne sont pas moins élevées au-dessus du * Voyez l'Histoire naturelle , article Fariétés de l'espèce humaine, 276 HISTOIRE NATURELLE. "4 « reste de la Terre, ni moins éloignées de son «centre, que ne le.-sont d’assez hautes mon- « tagnes en plusieurs autres régions ». Ces plaines de Sibérie paroissent être en effet : tout aussi hautes que le sommet des monts Riphées, sur lequel la glace et la neige ne fondent pas entièrement pendant l'été; et si ce même effet n'arrive pas dans les plaines de Sibérie, c’est parce qu’elles sont moins isolées , car cette circonstance locale fait encore beaucoup à la durée et à l'intensité du froid ou du chaud. Une vaste plaine une fois eéchauffée conservera sa chaleur plus long-temps qu’une montagne isolée, quoique toutes deux également élevées, et par cette mème raison la montagne une fois refroidie conservera sa neige ou sa glace plus long- temps que la plaine. Mais si l’on compare l’excès du chaud à l'excès du froid produit par ces causes parti- culières et locales, on sera peut-être surpris de voir que dans les pays tels que le Sénégal, où la chaleur est la plus grande, eile n’ex- cède néanmoins que de 7 degrés la plus grande chaleur générale, qui est de 26 degrés au-dessus de la congélation, et que la plus PRE à PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 277 grande hauteur à laquelle s’élève la liqueur du thermomètre, n’est tout au plus que de 35 degrés au-dessus de ce même point, tandis que les grands froids de Sibérie vont quel- quefois jusqu’à 60 et 70 degrés au-dessous de ce mème point de la congélation , et qu’à Pétersbourg, à Upsal, etc. sous la mème lati. tude de la Sibérie, les plus grands froids ne font descendre la liqueur qu’à 25 ou 26 degrés au-dessous de la congélation. Ainsi l'excès de chaleur produit par les causes locales n'étant que de 6 ou 7 degrés au-dessus de la plus grande chaleur du reste de la zone tor- ride , et l’excès du froid produit de même par les causes locales étant de plus de 40 de- grés au-dessus du plus grand froid sous la même latitude, on doit en conclure que ces mêmes causes locales ont bien plus d’in- fluence dans les climats froids que dans les climats chauds , quoiqu’on ne voie pas d'abord ce qui peut produire cette grande différence dans l’excès du froid et du chaud. Cependant, en y réfléchissant, il me semble qu'on peut concevoir aisément la raison de cette différence. L'augmentation de la cha- leur d’un climat tel que le Sénégal ne peut | 24 ut n CN AT MR TOM CE OTUS Lot NA M Re EUR Pit + N Ÿ A d k # « t 278 HISTOIRE NATURELLE venir que de l’action de l'air, de la nature du terroir, et de la dépression du terrain : cette contrée, presque au niveau de la mer, est en grande partie couverte de sables arides ; | un vent d’est constant, au lieu d’y rafraîchir l'air, le rend brülant, parce que ce vent tra— verse, avant que d'arriver, plus de deux mille lieues de terre, sur laqueile il s’échauffe tou- jours de plus en plus ; et néanmoins toutes ces causes reunies ne produisent qu’un excès de 6 ou 7 degrés au-dessus de 26, qui est le terme de la plus grande chaleur de tous les autres climats : mais dans une contrée telle que la Sibérie , où les plaines sont élevées comme les sommets des montagnes le sont au-dessus du niveau du reste de la Terre, cette seule différence d’élévation doit pro- duire un effet proportionnellement beaucoup plus grand que la dépression du terrain du Sénégal , qu'on ne peut pas supposer plus grande que celle du niveau de la mer ; car si les plaines de Sibérie sont seulement élevées de quatre ou cinq cents toises au-dessus du niveau d'Upsal ou de Pétersbourg, on doit cesser d’être étonné que l'excès du froid y soit si grand, puisque la chaleur qui émane PARTIE HYPOTHÉTIQUE. 279 de la terre décroissant à chaque point comme l’espace augmente, cette seule cause de l’élé- vation du terrain sufñit pour expliquer cetie grande différence dù froid sous la mème latitude. Il ne reste sur cela qu'une question assez intéressante. Les hommes, les animaux et les plantes peuvent supporter pendant quel- que temps la rigueur de ce froid extrême, qui est de 60 degrés au-dessous de la congé- lation : pourroient-ils également supporter une chaleur qui seroit de 60 degrés au-dessus ? Oui, si l'on pouvoit se précautionner et se mettre à l’abri contre le chaud comme on sait le faire contre le froid , si d’ailleurs cette chaleur excessive ne duroit , comme le froid excessif, que pendant un petit temps, et si l'air pouvoit pendant le reste de l’année ra- fraichir la Terre de la même manière que les émanations de la chaleur du globe réchauffent l’air dans les pays froids. On connoît des plantes , des insectes et des poissons qui crois- sent et vivent dans des eaux thermales dont la chaleur est de 45, 5o et jusqu’à 60 degrés : il y a donc des espèces dans la nature vivante qui peuvent supporter ce degré de chaleur ; LS y TT PACE POUR SPP N, D'EANET A A 1 TDR 28 HISTOIRE NATURELLE. et comme les Nègres sont dans le genre hu-° main ceux que la grande chaleur incommode le moins , ne devroit-on pas en conclure avec assez de vraisemblance que, dans notre hy-. pothèse , leur race pourroit être plus ancienne ‘ que celle des hommes blancs ? DES ÉPOQUES DE LA NATURE. ? C OMME, dans l’histoire civile, on consulte les titres, on recherche les médailles, on dé- chiffre les inscriptions antiques, pour déter- miner les époques des révolutions humaines, et constater les dates des événemens moraux; de même, dans l’histoire naturelle, il faut fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre les vieux monumens, recueillir leurs débris, et rassembler en un corps de preuves tous les indices des chan- gemens physiques qui peuvent nous faire remonter aux différens âges de la Nature. C’est le seul moyen de fixer quelques points dans l’immensité de l’espace , et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle du temps. Le passé est comme la distance; notre vue y décroit, et s’y per- droit de même, si l'histoire et la chronologie 24 4 282 HISTOIRE NATURELLE © n’eussent placé des fanaux , des flambeaux, aux points les plus obscurs : mais, malgré ces lumières de la tradition écrite, si l'on remonte à quelques siècles, que d’incerti- tudes dans les faits! que d'erreurs sur les causes des événemens! et quelle obscurité profonde n’environne pas les temps anté- rieurs à cette tradition! D'ailleurs elle ne nous a transmis que les gestes de quelques nations, c'est-à-dire, les actes d’une très- petite partie du genre humain ; tout ke reste des hommes est demeuré nul pour nous, nul pour la postérité; ils ne sont sortis de leur néant que pour passer comme des ombres qui ne laissent point de traces : et plût au ciel que le nom de tous ces prétendus héros dont on a celébré les crimes ou la gloire sanguinaire , fût également enseveli dans la nuit de l'oubli! Ainsi l’histoire civile, bornée d’un côte par les ténèbres d’un temps assez voisin du uôtre, ne s'étend de l’autre qu'aux petites portions de terre qu'ont occupées successive- ment les peuples soigneux de leur mémoire ; au lieu que l’histoire naturelle embrasse éga+ lement tous les espaces, tous les temps, eë PAR ND EN OR ON L° ÉPOQUES DE LA NATURE. 293 m'a d’autres limites que celles de l'univers, La Nature étant contemporaine de la ma- tière, de l’espace et du temps, son histoire est celle de toutes les substances, de tous les lieux, de tous les âges; et quoiqu'il paroisse à la première vue que ses grands ouvrages ne s’altèrent ni ne changent, et que dans ses productions, même les plus fragiles et les plus passagères, elle se montre toujours et constamment la même, puisqu'à chaque instant ses premiers modèles reparoissent à nos yeux sous de nouvelles représentations , cependant, en l’observant de près, on s’ap- percevra que son cours n’est pas absolument uniforme : on reconnoitra qu’elle admet des variations sensibles, qu'elle reçoit des alté- rations successives, qu'elle se prète même à des combinaisons nouvelles, à des mutations de matière et de forme; qu’enfin autant elle paroîït fixe dans son tout, autant elle est variable dans chacune de ses parties ; et si nous l’embrassons dans toute son étendue, uous ne pourrons douter qu’elle ne soit au jourd'hui très-différente de ce qu’elle étoit au commencement et de ce qu’elle est deve- nue dans Ja succession des temps : ce sont ï & + L'OMRU QUU 20%: Om Res OUR NE AE et US ON AP TAN EP SAR 284 HISTOIRE NATURELLE ces changemens divers que nous appelons ses époques. La Nature s’est trouvée dans diffé- rens états; la surface de la Terre a pris suc- cessivement des formes différentes: les cieux mème ont varié, et toutes les choses de l’uni- vers physique sont, comme celles du monde moral, dans un mouvement continuel de. Variations successives. Par exemple, l’état dans lequel nous voyons aujourd'hui la Na- ture, est autant notre ouvrage que le sien; nous avons su la tempérer, la modiñer, la plier à nos besoins, à nos desirs; nous avons sonde, ‘cultivé, fécondé la terre : l’aspect sous lequel elle se présente, est donc bien différent de celui des temps antérieurs à l’in- vention des arts. L'âge d’or de la morale, ou plutôt de la fable, n’étoit que l’âge de fer de la physique et de la vérité. L’homme de ce temps, encore à demisauvage, dispersé, peu nombreux , ne sentoit pas sa puissance, ne connoissoit pas sa vraie richesse ; le trésor de ses lumières étoit enfoui ; il ignoroit la force des volontés unies, et ne se doutoit pas que, par la société et par des travaux suivis et concertés, il viendroit à bout d'imprimer ses idées sur la face entière de l'univers. | ÉPOQUES DE LA NATURE: 285 * Aussi faut-il aller chercher et voir la Na- ture dans ces régions nouvellement décou- vertes, dans ces contrées de tout temps inha- bitées, pour se former une idée de son état ancien; et cet ancien état est encore bien moderne en comparaison de celui où nos continens terrestres étoient couverts par Îles eaux, où les poissons habitoient sut nos plaines, où nos montagnes formoient les écueils des mers : combien de changemens et de différens états ont dû se succéder depuis ces temps antiques (qui cependant n’étoient pas les premiers) jusqu'aux âges de l’histoire! que de choses ensevelies! combien d’événe- mens entièrement oubliés! que de révolu- tions antérieures à la mémoire des hommes! 11 a fallu une très-longue suite d'observations, il a fallu trente siècles de culture à l'esprit humain , seulement pour reconnoitre l’état présent des choses. La Terre n’est pas encore entièrement découverte; ce n’est que depuis peu qu'on a déterminé sa figure ; ce n’est que de nos jours qu'on s’est élevé à la théorie de sa forme intérieure, et qu’on a démontré l’ordre et la disposition des matières dont elle est composée : ce n’est donc que de cet 266 HISTOIRE NATURELLE instant où l’on peut commencer à compärer la Nature avec Ferme et remonter de son état actuel et connu à à quelques ‘potes d'un état plus ancien. | Mais comme il s’agit ici de percer la nuit des temps, de reconnoître par l'inspection des choses actuelles l’ancienne existence des choses anéanties, et de remonter par la seule force des faits subsistans à la vérité histo- rique des faits ensevelis; comme il s’agit, en un mot, de juger non seulement le passé moderne, mais le passe le plus ancien, par le seu] présent, et que, pour nous élever jusqu’à ce point de vue, nous avons besoin de toutes nos forces réunies, nous emploie- rons trois grands moyens : 1°. les faits qui peuvent nous rapprocher de l’origine de la Nature; 2°, les monumens qu'on doit regar- der comme les témoins de ses premiers âges; 3°. les traditions qui peuvent nous donner quelque idée des âges subséquens ; après quoi nous tàächerons de lier le tout par des analo- gies, et de former une chaine qui, du som met de l'échelle du temps, descendra ] ait à nous. ÉPOQUES DE LA NATURE. 287 PREMIER FAIT. | La Terre est élevée sur l'équateur et abaissée sous les poles, dans la proportion qu’exigent les lois de la pesanteur et de la force centrifuge. SECOND FAERT. LE globe terrestre a une chaleur intérieure qui lui est propre, et qui est indépendante de celle que les rayons du Soleil peuvent lui communiquer. à TROISIÈME FAIT. LA chaleur que Le Soleil envoie à la Terre est assez petite, en comparaison de la cha leur propre du globe terrestre; et cette cha- leur envoyée par le Soleil ne seroit pas seule suffisante pour maintenir la Nature vivante. QUATRIÈME FAIT. Les matières qui composent le globe de la Terre, sont en général de la nature du verre, et peuvent être toutes réduites en verre. CINQUIÈME FAIT. ON trouve sur toute la surface de la Terre, L'ART M At À NL RES ph 288 “HISTOIRE NATURELLE. et même sur les montagnes, jusqu’à quinze cents et deux mille toises de hauteur, une immense quantité de coquilles. et d’autres débris des productions de la mer. k ExAMINoNSs d’abord si, dans ces faits que je veux employer, il n'y a rien qu'on puisse raisonnablement contester. Voyons si tous sont prouvés, ou du moins peuvent l’être; après quoi nous passerons aux inductions que l’on doit en tirer. Le premier fait du renflement de la Terre à l'équateur et de son applatissement aux poles, est mathématiquement démontré et physiquement prouvé par la théorie de la gravitation et par les expériences du pen-— dule. Le globe terrestre a précisément la figure que prendroit un globe fluide qui tourneroit sur lui-même avec la vitesse que nous connoissons au globe de la Terre. Ainsi la première conséquence qui sort de ce fait incontestable, c’est que la matière dont notre Terre est composée, étoit dans un état de fluidité au moment qu'elle a pris sa forme, et ce moment est celui ouù elle a commence à tourner sur elle-même: car si la Terre n’eût 4 4 | ÉPOQUES DE LA NATURE. 289 pas été iluide, et qu’elle eût eu la même consistance que nous lui voyons aujourd’hui, il est évident que cette matière consistante et solide n’auroit pas obéi à la loi de la force centrifuge, et que par conséquent, malgré la rapidité de son mouvement de rotation, la Terre, au lieu d’être un sphéroïde renflé sut l’équateur et applati sous les poles, seroit au contraire une sphère exacte, et qu’elle n’auroit jamais pu prendre d'autre figure que celle d’un globe parfait, en vertu de l'attraction mutuelle de toutes les parties de la matière dont elle est composée, Or, quoiqu'en général toute fluidité ait la chaleur pour cause , puisque l’eau même; sans la chaleur, ne formeroit qu’une subs- tance solide, nous avons deux manières dif- férentes de concevoir la possibilité de cet état primitif de fluidité dans le globe terrestre, parce qu'il semble d'abord que la Nature ait deux moyens pour l’opérer. Le premier est la dissolution ou même le délaiement des matières terrestres dans l’eau ; et le second, leur liquefaction par le feu. Mais l’on sait que le plus grand nombre des matières solides qui composent le globe terrestre, _ Mat, gén. VIL. 25 290 HISTOIRE NATURELLE me sont pas dissolubles dans l’eau; et ex même temps l’on voit que la quantité d’eau est si petite en comparaison de celle de la matière aride, qu’il n’est pas possible que l'une ait jamais été délayée dans l’autre. Ainsi cet état de fluidité dans lequel s’est trouvée la masse entière de la Térre, n’ayant pu s’opérer, ni par li dissolution , ni par le délaiement dans l’eau, il est nécessaire que cette fluidité ait été une liquéfaction causée par le feu. | Cette juste conséquence, déja ‘très-vrai- semblable par elle-mème, prend un nouveau degré de probabilité par le second fait ,.et de- vient une certitude par le troisième fait. La chaleur intérieure du globe, encore actuelle- mentsubsistante,et beaucoup plus grande que celle quinous vient du Soleil, nous démontre que cet ancien feu qu'a éprouvé le globe, n'est pas encore , à beaucoup près ,entièrement dis- sipé: la surface de la Terre est plus refroidie que son intérieur. Des expériences certaines et réitérées nous assurent que la masse entière du globe a une chaleur propre et tout-à-fait indépendante de celle du Soleil : cette cha- . leur nous est démontrée par la comparaison 1 ÉPOQUES DE LA NATURE. 29€ de nos hivers à nos étés * ; et on la reconnoié d’une manière encore plus palpable dès qu’on pénètre au-dedans de la terre ; elle est cons- tante en tous lieux pour chaque profondeur, et elle paroît augmenter à mesure que l’on: descend ?. Mais que sont nos travaux en com- paraison de ceux qu'il faudroit faire pour reconnoître les degrés successifs de cette chaleur intérieure dans les profondeurs du. globe ? Nous avons fouillé les montagnes à quelques centaines de toises pour en tirer les métaux ; nous avons fait dans les plaines des puits de quelques centaines de pieds: ce sont- là nos plus grandes excavations, ou plutôt nos fouilles les plus profondes ; elles effleurent à peine la première écorce du globe ; et néan- moins la chaleur intérieure y est déja plus. sensible qu’à la surface : on doit donc pré- sumer que si l’on pénétroit plus avant, cette chaleur seroit plus grande, et que les parties voisines du centre de la Terre sont plus * Voyez dans cet ouvrage, l’article qui a pour titre, Des EÉlémens , ct particulièrement les deux Mémoires sur la température des planètes. 3 Voyez, ci-après, les notes jusuficatives des faits. 292 HISTOIRE NATURELLE. chaudes que celles qui en sont éloignées , comme l’on voit dans un boulet rougi au feu V'incaudescence se conserver dans les parties voisines du centre long-temps après que la surface a perdu cet état d'incandescence et de rougeur. Ce feu, ou plutôt cette chaleur inté- rieure de la Terre, est encore indiquée par les effets de l’electricité, qui convertit en éclairs lumineux cette chaleur obscure ; elle nous est démontrée par la température de J'eau de la mer, laquelle aux mêmes profon- deurs est à peu près égale à celle de l'inté- rieur de la terre ?. D'ailleurs il est aisé de prouver que la liquidité des eaux de la mer en général ne doit point être attribuée à la puissance des rayons solaires, puisqu'il est démontré par l’expérience que la lumière du Soleil ne pénètre qu'a six cents pieds Ÿ à tra- vers l’eau la plus limpide, et que par consé- quent sa chaleur n’arrive peut-être pas au quart de cette épaisseur , c’est-à-dire, à cent cinquante pieds *. Ainsi toutes les eaux qui + Voyez, ci-après, les notes justificatives des faitse 3 Voyez ibidem. + Voyez chidem. f D ÉPOQUES DE LA NATURE. 293 sont au-dessous de cette profondeur seroient glacées saus la chaleur intérieure de la Terre, qui seule peut entretenir leur liquidité. EE de miême il est encore prouvé par lexpé- rience que la chaleur des rayons solaires ne pénètre pas à quinze ou vingt pieds dans la terre, puisque la glace se conserve à cette profondeur pendant les étés les plus chauds. Douc il est démontré qu’il y a au-dessous du bassin de la mer, comme dans les premières couches de la terre , une émanation conti- nuelle de chaleur qui entretient la liquidité _ des eaux et produit la température de la Terre; donc il existe dans son intérieur une chaleur qui lui appartient en propre, et qui est tout-à-fait indépendante de celle que le Soleil peut lui communiquer. Nous pouvons encore confirmer ce fait gé— néral par un grand nombre de faits particu- liers. Tout le monde a remarqué , dans le temps des frimas , que la neige se fond dans tous les endroits où les vapeurs de l'inté— rieur de la terre ont une libre issue , comme sur les puits , les aqueducs recouverts , les voûtes, les citernes, etc. tandis que sur tout le reste de l’espace où la terre resserrée par es ëg4 . HISTOIRE NATURELLE. la gelée intercepte ces vapeurs, la neige snb= siste et se gèle au lieu de fondre. Cela seul suffiroit pour démontrer queces émanations de l’intérieur de la terre ont un degré de chaleur très-réel et sensible. Mais il est inu- tile de vouloir accumuler ici de nouvelles preuves d’un fait constaté par l’expérience et par Les observations ; il nous suffit qu'on ne puisse désormais le révoquer en doute , et qu'on reconnoisse cette chaleur intérieure de la Terre comme un fait réel et general , du- quel, comme des autres faits généraux de la Nature, on doit déduire les effets parti- culiers. ; ai NS Il en est de même du quatrième fait : on ne peut pas douter, d’après les preuves dé- monstratives que nous en avons données dans plusieurs articles de notre Théorie de la Terre, que * les matières dont le globe est composé ne soient de la nature du verre : le fond des minéraux, des végétaux et des ani- maux, n’est qu'une matière vitrescible ; car tous leurs résidus , tous leurs detrimens ultérieurs , peuvent se réduire en verre. Les S Voyez, ci-après , les notes justificatives des failse ÉPOQUES DE LA NATURE. 295 matières que les chimistes ont appelées ré fractaires , celles qu'ils regardent comme infusibles , parce qu’elles résistent au feu de leurs fourneaux sans se réduire en verre , peuvent néanmoins s’y réduire par l’action d’un feu plus violent. Ainsi toutes les ma- tières qui composent le globe de la Terre, du moins toutes celles qui nous sont connues, ont le verre pour base de leur substance, et nous pouvons, en leur faisant subir la grande action du feu, les réduire toutes ulté- rieurement à leur premier état. _ La liquéfaction primitive de la masse en- tière de la Terre par le feu est donc prouvée dans toute la rigueur qu’exige la plus stricte logique : d’abord & priori, par le premier fait de son élévation sur l'équateur et de son abaissement sous les poles; 2°. ab actu, par le second et le troisième fait de la chaleur in- térieure de la Terre encore subsistante ; 3°. & | posteriori, par le quatrième fait, qui nous démontre le produit de cette action du feu, c'est-à-dire Le verre, dans toutes les substances terrestres. £ Voyez, ci-après, les notes justificatives des faits ONE « F | | 2,6 HISTOIRE NATURELLE. Mais quoique les matières qui composent le globe de la Terre aient éte primitivement de la nature du verre, et qu’on puisse aussi les y réduire ultérieurement, on doit cepen= dant les distinguer et les séparer relativement aux différens etats où elles se trouvent avant ce retour à leur première nature , c’est-à- dire, avant leur reduction en verre par le moyen du feu. Cette considération est d’au— tant plus nécessaire ici, que seule elle peut nous indiquer en quoi diffère la formation de ces matières : on doit donc les diviser d'abord eu matières vitrescibles et en matières calci- nables ; les premières n'éprouvant aucune action de la part du feu, à moins qu'il ne soit porté à un degré de force capable de les convertir en verre; les autres, au contraire, éprouvant à un degré bien inferieur une ac- tion qui les réduit en chaux. La quantité des substances calcaires , quoique fort considé- rable sur la Terre, est néanmoins très-petite : en comparaison de la quantité des matières vitrescibles. Le cinquième fait que nous avons mis en avant, prouve que leur forma- tion est aussi d’un autre temps et d’un autre élément ; et l'on voit évidemment que toutes Le ÉPOQUES DE LA NATURE. 297 les matières qui n’ont pas été produites im médiatement par l’action du feu primitif, ont été formées par l’intermède de l’eau, parce que toutes sont composées de coquilles et d’autres débris des productions de la mer. Nous mettons dans la classe des matières vi- trescibles le roc vif, les quartz, les sables, les grès et granits, les ardoises, les schistes, les argilles, les métaux et minéraux métal- liques : ces matières , prises ensemble , for- ment le vrai fonds du globe et en composent la principale et très- grande partie ; toutes ont originairement éte produites par le few primitif. Le sable n’est que du verre en poudre ; les argilles, des sables pourris dans l'eau ; les ardoises et les schistes , des argilles desséchées et durcies ; le roc vif, les grès, le granit, ne sont que des masses vitrenses ou des sables vitrescibles sous une forme con- crète ; les cailloux, les crystaux, les métaux et la plupart des autres minéraux, ne sont que les stillations , les exsudations ou les su— blimations de ces premières matières , qui toutes nous décèlent leur origine primitive et leur nature commune par leur aptitude à se réduire immediatement en verre. : 298 HISTOIRE NATURELLE. Mais les sables et graviers calcaires , les craies , la pierre de taille , le moellon , les marbres , les albâtres, les spaths calcaires, opaques et transparens, toutes les matières, en un mot, qui se convertissent en chaux, ne présentent pas d’abord leur première na- ture : quoiqu’originairement de verrecomme toutes les autres , ces matières calcaires ont passé par des filières qui les ont dénaturées ; elles ont été formées dans l’eau ; toutes sont entièrement composées de madrépores , de coquilles et de détrimens des dépouilles de ces animaux aquatiques, qui seuls savent convertir le liquide en solide et transformer l'eau de la mer en pierre *. Les marbres communs et les autres pierres calcaires sont composés de coquilles entières et de mor- ceaux de coquilles , de madrépores , d’as- * On peut se former une idée nette de cette con- version. L'eau de la mer tient en dissolution des parücules de terre qui, combinées avec la matière animale, concourent à former les coquilles par le mécanisme de la digestion de ces animaux testacés ; comme la soie est le produit du parenchyme des feuilles, combiné avec la matière annmale du ver à - sole. ÉPOQUES DE LA NATURE. 299 troïtes , etc. dont toutes les parties sont en- core évidentes ou très-reconnoissables : les graviers ne sont que les débris des marbres et des pierres calcaires que l’action de l’air et des gelées détache des rochers, et l’on peut faire de la chaux avec ces graviers comme l’on en fait avec le marbre ou la pierre; on peut en faire aussi avec les coquilles mêmes, et avec la craie et les tufs, lesquels ne sont encore que des débris ou plutôt des détrimens de ces mêmes matières. Les albâtres, et les marbres qu'on doit leur comparer lorsqu'ils con- tiennent de J'albâtre, peuvent être. regardés comme de grandes stalactites qui se forment aux dépens des autres marbres et des pierres communes : les spaths calcaires se forment de même par l’exsudation ou la stiliation dans les matières calcaires, comme le crystal de roche se forme dans les matières vitres- cibles. Tout cela peut se prouver par l’ins- pection de ces matières et par l’examen attentif des monumens de la Nature. PREMIERS MONUMENS. ON trouve à la surface et à l’intérieur de la terre des coquilles etautres productions de n': h ES NE ACTA) + fon Lie 300 HISTOIRE NATURELLE. Ja mer; et toutes les matières qu’on appelle calcaires sont composées de leurs detrimens. SECONDS MONUMENS. EN examinant ces coquilles et autres pro= ductions marines que l’on tire de la terre en France, en Angleterre ,en Allemagne et dans le reste de l'Europe, on reconnoît qu’une grande partie des espèces d'animaux auxquels ces dépouilles ont appartenu, ne se trouvent pas dans les mers adjacentes , et que ces es- pêces ou ne subsistentplus, ou ne se trouvent que dans les mers méridionales : de même on voit dans les ardoises et dans d’autres matières, à de grandes profondeurs, des impressions de poissons et de plantes dont aucune espèce n'appartient à notre climat, et lesquelles n'existent plus, ou ne se trou- vent subsistantes que dans les climats me- ridionaux. | TROISIÈMES MONUMENS. O x trouve. en Sibérie et dans les autres contrées septentrionales de l'Europe et de l'Asie, des squelettes, des défenses , des osse- mens d’éléphant, d’hippopotame et de rhi- ÉPOQUES DE LA NATURE. 3or mocéros, en assez grande quantité pour être assuré que les espèces de ces animaux , qui ne peuvent se propager aujourd'hui que dans les terres du Midi, existoient et se propa- geoient autrefois dans les terres du Nord; et J'on a observé que ces deépouilles d’éléphant et d’autres animau=x terrestres se présentent à une assez petite profondeur , au lieu que les coquilles et les autres débris des productions de la mer se trouvent enfouis à de plus grandes profondeurs dans l’intérieur de la terre. QUATRIÈMES MONUMENS. ON trouve des défenses et des ossemens d’éléphant, ainsi que des dents d'hippopo- tame , non seulement dans les terres du nord de notre continent, mais aussi dans celles du nord de l'Amérique , quoique les espèces de l'éléphant et de l'hippopotame n'existent point dans ce continent du nou- veau monde. CINQUIÈMES MONUMENS. Ox trôuve dans le milieu des continens, dans les lieux les plus éloignés des mers ; ua 26 K 3oz HISTOIRE NATURELLE. nombre infini de coquilles dont la plupart ‘appartiennent aux animaux de ce genre ac- tuellement existans dans les mers méridio- nales et dont plusieurs autres n’ont aucun analogue vivant, en sorte que les espèces en paroissent perdues et détruites par des causes jusqu’à présent inconnues. EN comparant ces monumens avec les faits, on voit d’abord que le temps de la for: mation des matières vitrescibles est bien plus reculé que celui de la composition des subs- tances calcaires ; et il paroît qu’on peut déja distinguer quatre et même cinq époques dans Ja plus grande profondeur des temps : la pre- mière, où la matière du globe étant en fusion par le feu, la Terre a pris sa forme, et s’est, élevée sur l'équateur et abaissée sous les. poles par son mouvement de rotation ; là seconde, où cette matière du globe s'étant consolidée, a formé les grandes masses de matières vitrescibles ; la troisième , où la mer couvrant la terre actuellement habitée, a nourri les animaux à coquilles dont les dépouilles ont formé les substances calcaires ; et la quatrième , où s’est faite la retraite de ÉPOQUES DE LA NATURE: 303 ces mêmes mers qui couvroient nos conti- nens. Une cinquième époque , tout aussi clairement indiquée que les quatre pre- mières ,.est celle du temps où les éléphans, les hippopotames et les autres animaux du Midi ont habité les terres du Nord : cette époque est évidemment postérieure à la qua- trième , puisque les dépouilles de ces ani- maux terrestres se trouvent presque à la surface de la terre, au lieu que celles desani- maux marins sont, pour la plupart et dans les mêmes lieux , enfouies à de grandes pro- fondeurs. | | . Quoi ! dira-t-on, les éléphans et les autres. animaux du Midi ont autrefois habité les terres du Nord ? Ce fait, quelque singulier, quelqu’extraordinaire qu'il puisse paroître, n’en est pas moins certain. On a trouvéet on trouve encore tous les jours en Sibérie, en Russie, et dans lesautres contrées septentrio- pales de l’Europe et de l'Asie, de l’ivoire en grande quantité ; ces défenses d’éléphant se tirent à quelques pieds sous terre, ou se dé- couvrent par les eaux lorsqu'elles font tomber les terres du bord des fleuves : on trouve ces ossemens et défenses d'eléphant en tant de 304 HISTOIRE NATURELLE - lieux différens et en si grand nombre, quo on ne peut plus se borner à dire que ce sont les dépouilles de quelques éléphans amenés par les hommes dans ces climats froids : on est maintenant forcé, par les preuves réitérées, de convenir que ces animaux étoient autre fois habitans naturels des contrées du Nord, comme ils le sont aujourd’hui des contrées du Midi ; et ce qui paroît encore rendre le fait plus merveilleux , c’est-à-dire, plus difficile à expliquer, c’est qu’on trouve ces dépouilles des animaux du midi de notre continent non seulement dans les provinces de notre nord , mais aussi dans les terres du Canada et des autres parties de l'Amérique septentrionale. Nous avons au Cabinet du roi - plusieurs défenses et un grand nombre d’os- semens d’éléphant trouvés en Sibérie ; nous avons d’autres défenses et d’autres os d’élé- : phant qui ont été trouvés en France, et enfin nous avons des defenses d’eléphant et des dents d'hippopotame trouvées en Amérique dans les terres voisines de la rivière d'Oyo. Il est donc nécessaire que ces animaux, qui ne peuvent subsister et ne subsistent en effet aujourd’hui que dans les pays chauds, aient [ \ EPOQUES DE LA NATURE. 363 autrefois existé dans les climats du Nord , et que , par conséquent, cette zone froide fût alors aussi chaude que l’est aujourd'hui notre zone torride ; car il n’est pas possible que la forme constitutive, ou, si l'on veut, l’habi-— tude réelle du corps des animaux, qui est ce qu'il y a de plus fixe dans la Nature , ait pu changer au point de donner le tempera-— ment du renne à l'éléphant, ui de supposer que jamais ces animaux du Midi, qui ont besoin d’une grande chaleur pour subsister, eussent pu vivre et se multiplier dans les terres du Nord, si la température du climat eût été aussi froide qu’elle l’est aujourd’hui. M. Gimelin, qui a parcouru la Sibérie, et qui a ramasse lui-même plusieurs ossemens d'eléphant dans ces terres septentrionales ! cherche à rendre raison du fait, en suppo- sant que de grandes inondations survenues dans les terres méridionales ont chassé les éléphans vers les contrées du Nord, où ils auront tous péri à la fois par la rigueur du climat. Mais cette cause supposée n’est pas proportionuelle à l'effet: on a peut-être déja tiré du Nord plus d'ivoire que tous les élé- phans des Indes actuellement vivans n’en 26 _ 306 HISTOIRE NATURELLE. : pourroient fournir; on en tirera bien davans tage avec le temps lorsque ces vastes déserts du Nord, qui sont à peine reconnus , seront peuplées , et que les terres en seront remuées et fouillées par les mains de l’homme. D’ail- leurs il seroit bien étrange que ces animaux eussent pris la route qui convenoit le moins à leur nature, puisqu’en les supposant pous- sés par des inondations du Midi , il leur restoit deux fuites naturelles vers l'Orient et vers l'Occident. Et pourquoi fuir jusqu'au soixantième degré du Nord lorsqu'ils pou- voient s'arrêter en chemin, ou s’écarter à côté dans des terres plus heureuses? Et comment concevoir que, par une inondation des mers méridionales , ils aient éte chasses à mille lieues dans notre continent et à plus de trois mille lieues dans l’autre ? Il est impossible qu'un débordement de la mer des grandes Indes ait envoyé des éléphans en Canada ni même en Sibérie, et il est également impos- sible qu’ils y soient arrivés en nombre aussi grand que l’indiquent leurs dépouilles. Étant peu satisfait de cette explication, j ai pense qu’on pouvoit en donner une autre plus plausible et qui s’accorde parfaitement ÉPOQUES DE LA NATURE. 307 avec ma théorie de la Terre. Mais , avant de la présenter, sors S ; pour Pier nir toutes difñcultés , 1°. que l’ivoire qu’on trouve en Sibérie et en Canada est CET = tainement de l’ivoire d'éléphant, et non pas de l’ivoire de morse ou vache marine, comme quelques voyageurs l'ont prétendu :on trouve aussi dans les terres septentrionales de l’ivoire fossile de morse; mais il est diffé rent de celui de l’éléphant, et il est facile de les distinguer par la comparaison de leur texture interieure. Les défenses , les dents mâchelières , les omoplates, les fémurs et les autres ossemens trouvés dans les terres du Nord sont certainement des os d’éléphant; nous les avons comparés aux différentes par- ties respectives du squelette entier de l’élé- phant , et l’on ne peut douter de leur identité d'espèce. Les grosses dents quarrées trouvées dans ces mêmes terres du Nord, dont la face qui broie est en forme de trèfle, ont tous les caractères des dents molaires de l’hippopo- tame ; et ces autres énormes dents dont la face qui broie est composée de grosses pointes mousses , ont appartenu à une espèce détruite aujourd’hui sur la terre, comme les grandes | 308 HISTOIRE NATURELLE. volutes appelées corzes d’Ammon sont acs tuellement détruites dans la mer. le à Ad 2°, Les os et les défenses de ces anciens élé- phans sont au moins aussi grands et aussi gros que ceux des éléphans actuels 7, aux. quels nous lesavonscomparés ; ce qui prouve. que ces animaux n'habitoient pas les terres du Nord par force , mais qu'ils y existoient dans leur état de nature et de pleine liberté, puisqu'ils y avoient acquis leurs plus hautes dimensions et pris leur entier accroissement. Ainsi l’on ne peut pas supposer qu’ils y aient été transportés par les hommes ; le seul état de captivité, indépendamment de la rigueur du climat 5, les auroit réduits au quart ou au tiers de la grandeur que nous montrent leurs dépouilles. 3°. La grande quantité que l’on en a dés trouvée par hasard dans ces terres presque dé- sertes où personne ne cherche, suffit pour démontrer que ce n’est ui par un seul ou plusieurs accidens, ni dans un seul et même temps, que quelques individus de cette espèce 7 Voyez, ci-après, les notes justificatives des faits. 4 Voyez sbi dem. - ÉPOQUES: DE LA NATURE. 308 se sont trouvés dans ces contrées du Nord, mais qu'’ilest de nécessité absolueque l'espèce même y ait autrefois existé, subsisté et mul- tiplié, commeelle existe, subsiste etsemulti- plie aujourd’hui dans les contrées du Midi. Cela posé, il me semble que la question se réduit à savoir , ou plutôt consiste à chercher s'il y a ou s’il y a eu une cause qui ait pu changer la température dans les différentes parties du globe au point que les terres du Nord, aujourd’hui tres-froides, aientautrefois . éprouve ledegré de chaleur des terres du Midi. Quelques physiciens pourroient penser que cet effet a ete produit par le changement de l’obliquité de l’ecliptique , parce qu’à la pre- miere vue ce changement semble indiquer que l’inclinaison de l'axe du globe n'étant pas constante, la Terre a pu tourner autre fois sur un axe assez éloigné de celui sur le- quel elle tourne aujourd'hui, pour que la Sibérie se füt alors trouvée sous l’équa- teur. Les astronomes ont observé que le changement de l’obliquité de l’écliptique est d'environ 45 secondes par siècle : donc, en supposant cette augmentation successive et constante , 11 ne faut que soixante siecles 30 HISTOIRE NATURELLE. pour produire une différence de 45 minutes, et trois mille six cents siècles pour donner celle de 45 degrés; ce qui rameneroit le 60° degré de latitude au 15e, c'est-à-dire, les terres de la Sibérie, où les éléphans ont au— trefois existé ;, aux terres de l’Inde’où ils vivent aujourd'hui. Or il ne s’agit : dira- t-on , que d'admettre dans le passé cette longue période de temps pour rendre raison. du séjour des éléphans en Sibérie : il y a trois cent soixante mille ans que la Terre tournoit sur un axe éloigné de 45 degrés de celui sur lequel elle tourne aujourd’hui; le15° degré de latitude actuelle étoit alors le 60°, etc. À cela je réponds que cette idée et le moyen d'explication qui en résulte ne peu—. vent pas se soutenir lorsqu'on vient à les examiner : le changement de l’obliquité de l'écliptique n’est pas une diminution ou une augmentation successive et constante ; ce n'est au contraire qu'une variation limitée, et qui se fait tantôt en un sens et tantôt en un autre, laquelle par conséquent n'a jamais pu produire en’ aucun sens ni pour aucun climat cette différence de 45 degrés d'incli- ÉPOQUES DE LA NATURE. 3er maison ; car la variation de l’obliquité de J’axe de la Terre est causée par l’action des planètes , qui déplacent l’écliptique sans affecter l'équateur. En prenant la plus puis- sante de ces attractions , qui est celle de Vénus , il faudroit douze cent soixante mille . ans pour qu’elle pût faire changer de 180 degrés la situation de l’écliptique sur l'orbite de Vénus, et par conséquent produire un chan- sement de 6 degrés 47 minutes dans l’obli- quité réelle de l'axe de la Terre, puisque 6 de- grés #7 minutes sont le double de l'inclinaison de l’orbite de Vénus. De même l’action de Jupiter ne peut, dans un espace de neuf cent trente-six mille ans, changer l’obliquité de l’écliptique que de 2 degrés 38 minutes , et encore cet effet est-il en partie compensé par le précédent; en sorte qu'il n’est pas possible que ce changement de l’obliquité de l’axe de la Terre aille jamais à 6 degrés, à moins de supposer que toutes les orbites des planètes changeront elles-mêmes, supposition que nous ne pouvons ni ne devons admettre puisqu'il n’y a aucune cause qui puisse pro- duire cet effet. Et comme on ne peut juger du passé que par l'inspection du présent et © 38:22 HISTOIRE NATURELLE, par la vue de l'avenir, il n’est pas possible, quelque loin qu'on veuille reculer les limites du temps, de supposer que la fariation de l'écliptique ait jamais pu produire une diffé- rence de plus de 6 deorés dans les climats de la Terre : ainsi cette cause est tout-à-fait in- suffisante, et l'explication qu'on voudroit en tirer doit être rejetée. Mais je puis donner cette explication si difficile, et la deduire d’une cause immédiate. Nous venons de voir que le globe terrestre, lorsqu'il a pris sa forme, étoit dans un état de fluidité ; et il est démontré que l’eau n'ayant pu produire la dissolution des ma- tières terrestres, cette fluidité étoit une li- quefaction causée par le feu. Or pour passer : de ce premier état d'embrasement et de li- quéfaction à celui d'une chaleur douce et tempérée, il a fallu du temps : le globe n’a pu se refroidir tout-à-coup au point où il l'est aujourd'hui. Ainsi, dans les premiers. temps après sa formation, la chaleur propre de la Terre étoit infiniment plus grande que celle qu’elle reçoit du Soleil, puisqu'elle est encore beaucoup plus grande aujourd’hui ; ensyite ce grand feu s’etant dissipé peu à ÉPOQUES DE LA NATURE. 33 peu , le climat du pole a éprouvé , comme tous les autres climats, des degrés successifs de moindre chaleur et de refroidissement. Il y. a donc eu un temps et même une longue suite de temps pendant laquelle les terres du Nord, après avoir brülé comme toutes les autres, ont joui de la même chaleur dont jouissent aujourd huiles terres du Midi: par conséquent ces terres septentrionales ont pu et dù ètre habitées par les animaux qui habitent ac- tuellement les terfes méridionales, et aux- quels cette chaleur est nécessaire. Dès lors le fait, loin d'être extraordinaire , se lie par- faitement avec les autres faits, et n’en est qu'une simple conséquence : au lieu de s’op- poser à la theorie de la Terre que nous avons établie , ce même fait en devient au contraire une preuve accessoire, qui ne peut que la confirmer dans le point Le plus obscur, c’est- a-dire, lorsqu'on commence à tomber dans cette profondeur du temps où la lumière du génie semble s'éteindre, et où , faute d’ob- servations, elle paroit ne pouvoir nous gui- der pour aller plus loin. Une sixième époque postérieure aux cinq autres est celle de la séparation des deux 27 L du à 3r4 HI STOIRE NATURELLE. continens. IL est sûr qu’ils n’étoient pas sé parés dans le temps que les éléphans vivoient également dans les terres du nord de l’Ame- rique , de l’Europe et de l'Asie : je dis égale- ment; car on trouve de même leurs osse- mens en Sibérie, ‘en Russie et au Canada. La séparation des continens ne s’est donc faite que dans des temps postérieurs à ceux. du séjour de ces animaux dans les terres septen- trionales : mais comme l’on trouve aussi des | défenses d’éléphant en Pologne , en Alle- magne, en France, en Italie °, on doit en conclure qu’à mesure que les terres septen- trionales se refroidissoient, ces animaux se retiroient vers les contrées des zones tempé- rées où la chaleur du Soleil et la plus grande épaisseur du globe compensoient la perte de la chaleur intérieure de la Terre; et qu'enfin ces zones s’étant aussi trop refroidies avec le temps , ils out successivement gagné les cli- mats de la zone torride, qui sont ceux où la chaleur intérieure s’est conservée le plus long-temps par la plus grande épaisseur du sphéroïde de la Terre, et les seuls où cette 9 Voyez, ci-après, les notes justificatives des faits. \ > \ _ ÉPOQUES DE LA NATURE. 3:15 chaleur, réunie avec celle du Soleil, soit encore assez forte aujourd'hui pour main- tenir leur nature et soutenir leur propa- galion. | De même on trouve en France et dans toutes les autres parties de l'Europe , des coquilles , des squelettes et des vertèbres d'animaux marins qui ne peuvent subsister que dans les mers les plus méridionales. II est donc arrivé, pour les climats de la mer, Je même changement de température que pour ceux de la’ terre ; et ce second fait s’ex- pliquant, comme le premier , par la mème eause, paroît confirmer le tout au point de la démonstration. Lorsque l’on compare ces anciens monu- mens du premier âge de la Nature vivante avec ses productions actuelles, on voit évi- demmentque la forme constitutive dechaque animal s’est conservée la mème et sans alté- ration dans ses principales parties : le type de chaque espèce n’a point changé ; le moule intérieur a conservé sa forme et n’a point varié. Quelque longue qu’on voulût ima- giner la succession des temps, quelque nom- bre de générations qu’on admnette ou qu'on 816 HISTOIRE NATURELLE. th suppose, les individus de chaque genre ré présentent aujourd'hui les formes de ceux des premiers siècles, sur-tout dans les espèces majeures, dont l'empreinte est plus ferme et la nature plus fixe ; car les espèces infé- rieures ont, comme nous l’avons dit, éprouvé d’une manière sensible tous les effets des différentes causes de dégénération : seulement il est à remarquer au sujet de ces espèces majeures, telles que l’éléphant et l’hippopo— tame, qu’en comparant leurs dépouilles an- tiques avec celles de notre temps , on voit qu'eu général ces animaux étoient alors plus grands qu’ils ne le sont aujourd’hui ; la Na- ture étoit dans sa première vigueur ; la cha- leur intérieure de la Terre donnoit à ses productions toute la force et toute l'étendue dont elles étoient susceptibles. Il ya eu, dans ce premier âge, des géans en tout genre ; les nains et les pygmées sont arrivés depuis, c'est-à-dire , après le refroidissement : et si (comme d’autres monumens semblent le dé- montrer) il y a eu des espèces perdues, c’est- à-dire, desanimaux qui aient autrefois existé et qui u’existent plus, ce ne peuvent être que ceux dont la nature exigeoit une chaleur plus ÉPOQUES DE LA NATURE. 37 grande que la chaleur actuelle de la zone torride. Ces énormes dents molaires presque quarrées et à grosses pointes mousses, ces graudes volutes pétrifiées dont quelques-unes ont plusieurs pieds de diamètre !°, plusieurs autres poissons et coquillages fossiles dont on ue retrouve nulle part les analogues vi- vans, n'ont existé que dans ces premiers temps où la terre et la mer encore chaudes devoient nourrir des animaux auxquels ce degré de chaleur étoit nécessaire, et qui ne subsistent plus aujourd’hui, parce que pro bablement ils ont peri par le refroidissement. Voilà donc l’ordre des temps indiqués par les faits et par les monumens ; voilà six époques dans la succession des premiers âges de la Nature, six espaces de durée dont les limites , quoiqu'indéterminées , n’en sont pas moins réelles ; car, ces époques ne sont pas, comme celles de l’histoire civile , mar- quées par des points fixes, ou limitées par des siècles et d'autres portions du temps que _ noùs puissions compiler et mesurer exacte- ment : néanmoins nous pouvons les com- 10 Voyez, ci-après, les notes justificatives des faitse | “HS 2 318 HISTOIRE NATURELLE. parer entreelles, en évaluer la durée relative, | et rappeler à chacune de ces périodes de durée d'autres monumens et d’autres faits qui nous indiqueront des dates contempo- raines, et peut-être aussi quelques époques intermédiaires et subséquentes. Mais, avant d'aller plus loin , hâtons-nous de prévenir une objection grave, qui pourroit même dégénérer en imputation. Comment accordez - vous, dira-t-on, cette haute an- cieuneté que vous donnez à la matière, avec les traditions sacrées, qui ne donnent au monde que six ou huit mille ans ? Quelque fortes que soient vos preuves , quelque fon- dés que soient vos raisonnemens, quelqu’évi- dens que soient vos faits , ceux qui sont rapportés dans le Livre sacré ne sont-ils pas encore plus certains? Les contredire, n’est-ce pas manquer à Dieu, qui a eu la bonté de nous les révéler ? Je suis affligé toutes les fois qu’on abuse de ce grand , de ce saint nom de Dieu; je suis blessé toutes les fois que l’homme le profane, et qu’il prostitue l’idée du premier être en la substituant à celle du fantôme de ses opi- nions. Plus j'ai pénétré daus le sein de la \ ÉPOQUES DE LA NATURE. 3rg Nature , plus j'ai admiré et profondément | respecté son auteur : mais un respect aveugle seroit superstition; la vraie religion supposé au contraire un respect éclairé. Voyons donc, tâchons d’entendre sainement les premiers faits que l'interprète divin nous a transmis au sujet de la création ; recueillons avec soin ces rayons échappés de la lumière céleste : loin d’offusquer la vérité , ils ne peuvent qu'y ajouter un nouveau degré d’éclat et de splendeur. À « AU COMMENCEMENT DIEU CRÉA LE CIEL » ET LA TERRE. » Cela ne veut pas dire qu’au commence- ment Dieu créa le Ciel et la Terre fes qu'ils sont , puisqu'il est dit immédiatement après, que la Terré éioit informe, et que le Soleil, la Lune et les étoiles ne furent placés dans le Ciel qu'au quatrième jour de la création. On rendroit donc le texte contradictoire à lui - même, si l’on vouloit soutenir qu'ax commencement Dieu créa le Ciel et la Terre tels qu’ils sont. Ce fut dans un temps subsé- quent qu’il les rendit en effet £e/s qu’ils sont, Ciel. Ainsi, pour entendre sainement ces pre- mières paroles, il faut nécessairement sup= pléer un mot qui concilie le tout, etlire : 4w commencement Dieu créa LA MATIÈRE du Ciel et de la Terre. Et ce commencement , ce premier temps, le plus ancien de tous, pendant lequel la matière du Ciel et de la Terre existoit sans forme déterminée , paroit avoir eu une longue durée ; car écoutons attentivement la parole de l'interprète divin. « LA TERRE ÉTOIT INFORME ET TOUTE NUE, « LES TENEBRES COUVROIENT LA FACE DE « L'ABÎME, ET L'ESPRIT DE DIEU ÉTOIT « PORTE SUR LES EAUX.» La Terre étoit , les ténèbres couvroient , l'esprit de Dieu éroit. Ces expressions par l'imparfait du verbe n’indiquent-elles pas que c'est pendant un long espace de temps que la Terre a éte informe et que les ténébres ont couvert la face de l’abime? Si cet état informe , si cette face ténebreuse de l’abime L L ‘ 3 - ù AU ji SU Lu 320 HISTOIRE NATURELLE. _en donnant la forme à la matière, et en plas çant le Soleil, la Lune et les étoiles, dans le L ÉPOQUES DE LA NATURE. 32r. m'eussent existé qu'un jour , si même cef état n’eût pas duré long-temps, l'écrivain sacré, ou se seroit autrement exprimé, OU n’auroit fait aucune mention de ce moment des ténèbres; il eût passé de la creation de la matière en général à la production de ses formes particulières, et n’auroit pas fait un repos appuyé, une pause marquée entre le premier et le second instant des ouvrages de Dieu. Je vois donc clairement que non seu lement on peut, mais que même l’on doit, pour se conformer au sens du texte de l’Écri- ture sainte, regarder la création de la ma- tière en général comme plus ancienne que Jes productions particulières et successives de ses différentes formes :; et cela se confirme encore par la transition qui suit : #« OR DIEU DIT.» Ce mot or suppose des choses faites et des choses à faire ; c’est le projet d’un nouveau dessein , c’est l'indication d’un décret pour changer l’état ancien ou actuel des choses en un nouvel état. 322 HISTOIRE NATURELLE. « QUE LA LUMIÈRE SOIT FAITE, ET LA LU- « MIÈRE FUT FAITE. » “ Jin K : Voilà la première parole de Dieu; elle est si sublime et si prompte, qu’elle nous in- dique assez que la production de la lumière se fit en un instant : cependant la lumière ne parut pas d’abord ni tout-à-coup comme un éclair universel ; elle demeura pendant du temps confondue avec les ténèbres , et Dieu prit lui-même du temps pour la considérer ; k car, est-il dit, « DIEU VIT QUE LA LUMIÈRE ÉTOIT BONNE, « ETIL SÉPARA LA LUMIÈRE D’'AVEC LES « TÉNÉBRES. » L'acte de la séparation de la lumiére d'avec les ténèbres est donc évidemment distinct et physiquement éloigné par un espace de temps de l’acte de sa production ; et ce temps, pen- dant lequel il plut à Dieu de la considérer pour voir gw’elle étoit bonne, c’est-à-dire, utile à ses desseins; ce temps, dis-je, appar- tient encore et doit s’ajouter à celui du chaos qui ne commença à se débrouiller que quand la lumière fut séparée des ténèbres. ÉPOQUES DE LA NATURE. 3:3 Voilà donc deux temps, voilà deux espaces de durée que le texte sacré nous force à re- connoitre : le premier , entre la création de la matière en général et la production de la lumière; le second, entre cette production de la lumière et sa séparation d'avec les té- nèbres. Ainsi, loin de manquer à Dieu en donnant à la matière plus d'ancienneté qu’au monde ze/ qu’il est , c’est au contraire le res- pecter autant qu'il est en nous, en confor- mant notreintelligence à sa parole. En effet, la lumière qui éclaire nos ames ne vient-elle pas de Dieu ? Les vérités qu’elle nous pré- sente peuvent-elles être contradictoires avec celles qu’il nous a révélées ? Il faut se souve- nir que son inspiration divine a passé par les organes de l’homme; que sa parole nous a été transmise dans une langue pauvre, dé- nuée d’expressions précises pour les idées abstraites, en sorte que l'interprète de cette parole divine a été obligé d'employer sou- vent des mots dont les acceptions ne sont déterminées que par les circonstances : par exemple, le mot créer et le mot former ou faire sont employés indistinctement pour signifier la même chose ou des choses sem- 324 HISTOIRE NATURELLE. blables , tandis que dans nos langues ces : deux mots ont chacun un sens très-différent à et très-determiné : creer est tirer une subs— tance du néant ; former où faire, c’est la tirer de quelque chose sous une forme nouvelle ; et il paroit que le mot créer * appartient de preference et peut-être uniquement au pre- mier verset de la Genèse. dont la traduction précise en notre langue doit être : Au com-= mencement Dieu tira du néant la matière du Ciel et de la Terre; et ce qui prouve que ce mot créer, ou tirer du néant, ne doit s’appli- quer qu'a ces premières paroles , cest que toute la matière du Ciel et de la Terre ayant te creee ou tirée du neant dès le commence- ment , il n’est plus possible et par consé- quent plus permis de supposer de nouvelles créations de matière, puisqu'alors foute ma- lière n'auroit pas été créée dès le commence- ment. Par conséquent l’ouvrage des six jours ne peut s'entendre que comme une forma- tion, une production de formes tirées de la * Le mot NS, Para, que l’on traduit ici par créer, se traduit dans tous les autres passages de lEcriture, par former ou faire. ” Ç | ÉPOQUES DE LA NATURE. 325 matière créée précédemment ; et non pas comme d’autres créations de matières nou velles tirées immédiatement du néant; eten effet, lorsqu'il est question de la lumière, qui est la première de ces formations ou produc- tions tirées du sein de la matière, ilest dit seu- lement, gue la lumière soit faite, et non pas, que la lumière soit créée. Tout concourt donc à prouver que la matière ayant été créée ir principio, ce ne fut que dans des temps sub- séquens qu'il plut au souverain Être de lui donner la forme, et qu’au lieu de tout créer et tout former dans le même instant, comme il l’auroit pu faire s’il eût voulu déployer toute l'étendue de sa toute-puissance, il n’a voulu au contraire qu’agir avec le temps, produiresuccessivement, et mettre même des repos, des intervalles considérables, entre chacun de ses ouvrages. Que pouvons-nous entendre par les six jours que l'écrivain sacré nous désigne si précisément en les comptant les uns après les autres, sinon six espaces de temps, six intervalles de durée ? Et ces es- paces de temps indiqués par le nom de jours, faute d'autres expressions, ne peuvent avoit aucun rapport ayec nos jours actuels , puis- Mat, gén, VIE 28 ha ‘+ ni 1e 04 D ; An 3226 HISTOIRE NATURELLE ‘. qu'il s’est passé successivement trois de ces jours avant que le Soleil ait été placé dans le ciel. Il n'est donc pas possible que ces jours fussent semblables aux nôtres ; et l'interprète de Dieu semble l'indiquer assez en les comp- tant toujours du soir au matin, au lieu que les jours solaires doivent se compter dumatin au soir. Ces six jours n’étoient donc pas des jours solaires semblables aux nôtres, ni même des jours de lumière , puisqu'ils commen- çoient par le soir et finissoiént au matin: ces jours n’étoient pas même égaux, car ils n’auroient pas été proportionnés à l'ouvrage. Ce ne sont donc que six espaces de temps : l'historien sacré ne détermine pas la durée de chacun ; mais le sens de la narration sem- ble la rendre assez longue pour que nous puissions l’étendre autant que l’exigent les vérités physiques que nous avons à démon- trer. Pourquoi donc se récrier si fort sur cet emprunt du temps que nous ne faisons qu'au- ant que nous y sommes forcés par la con- noissance démonstrative des phénomènes de la Nature? Pourquoi vouloir nous refuser ce temps, puisque Dieu nous le donne par sa propre parole, et qu'elle seroit contradictoire 'ÉPOQUES DE LA NATURE. 327 ou inintelligible , si nous n'admettions pas l'existence de ces premiers temps antérieurs à la formation du monde ze/ qu’il est ? À la bonne heure que l’on dise, que l’on soulienne , même rigoureusement, que de= puis le dernier terme, depuis la fin des ou- vrages de Dieu, c'est-à-dire, depuis la créa- tion de l’homme, il ne s’est écoulé que six ou huit mille ans, parce que les différentes généalogies du genre humain depuis Adam n'en indiquent pas davantage; nous devons cette foi, cette marque de soumission et de respect , à la plus ancienne ; à la plus sacrée de toutes les traditions; nous lui devons même plus, c'est de ne jamais nous permettre de nous écarter de la lettre de cette sainte tradition que quand /a lettre tue, c'est-à-dire, quand elle paroît directement opposée à la Saine raison et à la vérité des faits de la Na- ture : car {oute raison, toute vérité venant également de Dieu, il n'y a de différence entre les vérités qu'il nous a révélées et celles qu'il nous a permis de découvrir par nos observations et nos recherches ; il n’y a, dis-je, d'autre différence que celle d'une pre- mière faveur faite gratuitement, à une seconde 38 HISTOIRE NATURELLE. grace qu'il a voulu différer et nous faire mériter par nos travaux; et c’est par celte raison que son interprète n’a parlé aux pre- miers hommes, encore très-ignorans, que dans le sens vulgaire, et qu’il ne s’est pas élevé au- dessus de leurs connoïissances , qui, bien loin d'atteindre au vrai système du monde , ne s’étendoient pas même au-delà des notions communes, fondées sur le simple rapport des sens; parce qu’en effet c'étoit au peuple qu’il falloit parler, et que la parole eût été vaine et inintelligible, si elle eût été. telle qu'on pourroit la prononcer aujour- d'hui, puisqu’aujourd’hui même il n'y à qu’un petit nombre d'hommes auxquels les vérités astronomiques et physiques soient assez connues pour n’en pouvoir douter, et qui puissent en entendre le langage. Voyons donc ce qu’étoit la physique dans ces premiers âges du monde, et ce qu'elle seroit encore si l’homme n’eût jamais étudié la Nature. On voit le ciel comme une voûte d'azur dans lequel le Soleil et la Lune pa- roissent être les astres les plus considérables, dont le premier produit toujours la lumière du jour, et le second fait souvent celle de la ÉPOQUES DE LA NATURE. 39 nuit; on les voit paroître ou se lever d’un côté, et disparoître ou se coucher de l’autre, après avoir fourni leur course et donné leur lumière pendant un certain espace de temps. On voit que la mer est de la même couleur que la voûte azurée, et qu’elle paroïît tou- cher au ciel lorsqu'on la regarde au loin. Toutes les idées du peuple sur le système du monde ne portent quesur ces trois ou quatre notions; et quelque fausses qu’elles soient, il falloit s’y conformer pour se faire entendre. En conséquence de ce que la mer paroît dans le lointain se réunir au ciel, il étoit naturel d'imaginer qu'il existe en effet des eaux supérieures et des eaux inférieures, dont les unes remplissent le cielét les autres la mer, ‘et que ; pour soutenir les eaux supérieures, il falloit un firmament, c’est-à-dire, un appui, une voûte solide et transparente, au travers de laquelle on apperçüt l’azur des eaux supé- rieures ; aussi est-il dit : Qze le firmament soit fait au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit le firma- ment, el sépara les eaux qui étoient sous le firmament de celles qui étoient au-dessus du Jrmament, et Dieu donna au firmament le 28 21 ha. PR TNT NT GE TU QU EE ART PE UN. L So HISTOIRE NATURELLE. noi de ciel... et à toutes les eaux rassemblées sous le firmament, le nom de mer. C'est à cès mêmes idées que se rapportent les cataractes du ciel, c’est-à-dire, les portes ou les fenêtres de ce firmament solide quis’ouvrirent .lors- qu'il fallut laisser tomber les eaux supe- rieures pour noyer la terre. C’est encore d’après ces mêmes idées. qu’il est dit,que les poissons et les oiseaux ont.eu une origine commune. Les poissons auront été produits par les eaux inférieures, et les oiseaux par les eaux supérieures, parce qu'ils s’approchent par leur vol de la voûte azurée, que le vul- gaire n’imagine pas être beaucoup plus élevée que les nuages. De même le peuple a toujours cru que les étoiles sont attachées comme des clous à cette voûte solide, qu’elles sont plus petites que la Lune, et infiniment plus pe- tites que le Soleil : il ne distingue pas même les planètes des étoiles fixes; et c’est par cette raison qu'il n’est fait aucune mention des planètes dans tout le récit de la création; c'est par la même raison que la Lune y est regardée comme le second astre, quoique ce ne soit en effet que le plus petit de tous les corps célestes, etc. etc. etc. ÉPOQUES DE LA NATURE. 33 Tout, dans le récit de Moïse, est mis à la portée de l'intelligence du peuple; tout y est représenté relativement à l'homme vulgaire, auquel il ne s’agissoit pas de démontrer le vrai système du monde, mais qu'il suffisoit d'instruire de ce qu’il devoit au Créateur, en lui montrant les effets de sa toute-puissance comme autant de bienfaits : les vérités de la Nature ne devoient paroitre qu'avec le temps , et le souverain Etre se les réser- voit comme le plus sûr moyen de rappeler l'homme à lui, lorsque sa foi, déclinant dans la suite des siècles, seroit devenue chance- lante ; lorsqu’éloigné de son origine il pour- roit l’oublier ; lorsqu’enfin trop accoutumé au spectacle de la Nature, il n’en seroit plus touché et viendroit à en méconnoître l’au- teur. Il étoit donc nécessaire de raffermir de temps en temps et même d'agrandir l’idée de Dieu dans l'esprit et dans le cœur de l'homme. Or chaque découverte produit ce grand effet ; chaque nouveau pas que nous faisons dans la Nature nous rapproche du Créateur. Une vérité nouvelle est une espèce de miracle, l’effet en est le même, et elle ne diffère du vrai miracle qu’en ce que celui-ci 332 HISTOIRE NATURELLE. est un coup d'éclat que Dieu frappe immé- diatement et rarement, au lieu qu'il se sért de l’homme pour découvrir et manifester Les merveilles dont :l a rempli le sein de la Na- ture; etque, comme ces merveilles s’opèrent à tout instant, qu’elles sont exposées de tout ‘ temps et pour tous les temps à sa contem— plation , Dieu le rappelle incessamiment à lui non seulement par le spectacle actuel , mais encore par Île développement pu ob de ses œuvres. Au reste, je ne me suis permis cette itér. prétation des premiers versets de la Genèse que dans la vue d'opérer un grand bien; ce seroit de concilier à jamais la science de la Nature avec celle de la théologie : elles ne peuvent , selon moi , être en contra- diction qu’en apparence , et mon expli- cation semble le démontrer. Mais si cette explication , quoique simple et très-claire, paroiît insuffisante et mème hors de propos à quelques esprits trop strictement atta— chés à la lettre , je les prie de me juger par l'intention , et de considérer que mon système sur les époques de la Nature étant purement hypothétique, il ne peutnuire aux ÉPOQUES DE LA NATURE. 333 vérités révélées, qui sont autant d’axiomes immuables, indépendans de toute hypothèse, et auxquels j'ai soumis et je soumets mes pensées. NOTES JUSTIFICATIVES DES FAITS RAPPORTÉS DANS LES ÉPOQUES DE LA NATURE Sur le premier discours. : P, GE 29t, ligne 5. La chaleur propre et in- térieure de la T'erre paroît augmenter à mesure que l'on descend. « Il ne faut pas creuser bien avant pour trouver « d’abord une chaleur constante et qui ne varie plus, A quelle que soit la température de l'air à la surface « de la Terre. On sait que la liqueur du thermo- « mètre se soutient toujours sensiblement pendant « toute l’année à la méme hauteur dans les caves de « l'Observatoire, qui n’ont pourtant que 84 pieds « où r4 toises de profondeur depuis le rez-de-chaus- « sée. C’est pourquoi l’on fixe à ce point la hauteur « moyenne ou tempérée de notre climat. Cette cha _ NOTES JUSTIFICATIVES. 355 « leur se soutient encore ordinairement et à peu de « chose près la même, depuis une semblable pro- « fondeur de 14 ou 15 toises jusqu’à 60, 8o ou ro0 < loïses et au-delà, plus ou moins, selon les cir- « constances , comme on l’éprouve dans les mines; « après quoi elie augmente et devient quelquefois si « grande, que les ouvriers ne sauroïent ÿ tenir et « ÿ vivre, si on ne leur procuroit pas quelques « rafraîchissemens et un nouvel air, soit par des « puits de respiration, soit par des chûtes d’eau... « M. de Gensanne a éprouvé dans les mines de « Giromagny, à trois lieues dé Béfort, que le ther- « momètre élant porté à 52 toises de profondeur « verticale, se souunt à ro degrés, comme dans _« les caves de l'Observatoire ; qu’à 106 toises de pro- « fondeur il étoit à ro + degrés, qu'à 158 toises 11. « monta à 153; degrés , et qu'à 222 toises de pro- « fondeur 1l s’éleva à 18 = degrés». ( Dissertation sur la glace, par M.de Mairan ; Paris, 1749; in-12 ; page 60 et suivantes.) « Plus on descend à de grandes profondeurs dans -« l’intérieur de la Terre, dit ailleurs M. de Gen- « sanne , plus on éprouve une chaleur sensible qui « va Loujours en augmentant à mesure qu on descend « plus bas : cela est au point, qu’à 1800 pieds de « profondeur au-dessous du sol du Rhiu, pris à Hu- « mugue en Âlsace, j'ai trouvé que la chaleur cest 336 NOTES TN « déja assez forte pour causer à l’eau une évaporä- « tion SERBIE Ou peut voir le détail de mes expéa « rieuces à ce sujet dans la dernière édition de l’ex- « cellent Traité de la glace, de feu mon illustre « ami M. Dortous de Mairan». ( Histoire natu-, relle du Languedoc , tome Ï ‘page 24.) | « Tous les filons riches des mines de toute espèce, « dit M. Eller , sont dans les fentes perpendiculaires « de Ja Terre, et l’on ne sauroit déterminer la pro- « fondeur de ces fentes : il y en a en Allemagne où « l’on descend au-delà de 600 perches (lachters)*; « à mesure que les mineurs descendent, ils ren- « contrent une température d'air toujours plus « chaude ». ( Mémoire sur la génération des mé- taux. Académie de Berlin , année 1733. ) ? Page 292, ligne 12. La température de l’eau de la mer est à peu près égale à celle de l'inté- rieur de la T'erre à la même profondeur. « Ayant « plongé un thermomètre dans la mer en différens « lieux et en différens temps, il s’est trouvé que la « température à ro, 20, 3o et 120 brasses, étoit « également de ro degrés ou 10 À degrés». Voyez l'Histoire physique de la mer, par Marsigli, page * On assure que le /achter est une mesure à peu près égale à la brasse de $ pieds de longueur ; ce qui donne 3000 pres de profondeur à ces mines, JUSTIFICATIVES. 33 16... M. de Mairan fait à ce sujet une remarque tres-judicieuse : « C’est que les eaux les plus chaudes, « qui sont à la plus grande profondeur, doivent , « conume plus légères, continuellement monter au- « dessus de celles qui le sont le moins; ce qui don- « nera à celte grande coucbe liquide du globe ter- « restre une Lempérature à peu prés égale, confor- « mément aux observations de Marsigli, excepté « vers la superficie actuellement exposée aux impres- « sions de l’air et où l’eau se gèle quelquefois avant « que d’avoir eu le temps de descendre par son poids «et son refroidissement ». ( Dissertation sur la glace, page 69.) hi 3 Page 292, ligne 17. La lumière du Soleil ne pénètre tout au plus qu'à 600 pieds de profondeur dans l’eau de la mer. Feu M. Bouguer, savant astronome de l’académie royale des sciences, a ob- servé qu'avec seize morceaux de verre ordinaire dont on fait les vitres , appliqués les uns contre les autres, et faisant en tout une épaisseur de 9 < lignes , la lu- mière passant au travers de ces seize morceaux de verre diminuoit deux cent quarante - sept fois, c’est-à-dire qu’elle étoit deux cent quarante-sept lois plus foible qu'avant d’avoir traversé ces seize mor- ceaux de verre; ensuite 1] a placé soixante-quatorze aorceaux de ce même verre à quelque distance les 29 338 NOTES 74 uns des autres dans un tuyau , pour dimiuuer la lu mière du Soleil jusqu’à extinction : cet asire éloit à 5o degrés de hauteur sur l’horizon lorsqu'il ft cetie expérience ; et les soixante-quatorze morceaux de verre ne l'empêchoient pas de voir encore quelque apparence de son disque. Plusieurs personnes qui étoient avec lui , voyoient aussi une foible lueur, qu’ils ne distinguoient qu'avec peine, et qui s’éva- nouissoit aussitôt que leurs yeux r’étoient pas tout- à-fait dans l'obscurité : mais lorsqu’onféut ajouté trois morceaux de verre aux soixanle-quatorze pre- nuers, aucun cles assistans ne vit plus la moindre lumière; en sorte qu'en supposant quatre-vingts morceaux de ce mêwe verre, on a l’épaisseur de verre nécessaire pour qu'il n’y ait plus aucune trans- parence par rapport aux vues même les plus déli- cates; et M. Bouguer trouve, par un calcul assez facile, que la lumière du Soleil est alors rendue goo milhars de fois plus foible : aussi toute matière trans- parente qui, par sa grande épaisseur, fera dimi- nuer Ja lumitre du Soleil 900 milliars de fois, per- dra dès-lors toute sa transparence. En appliquant cette règle à Peau de la mer, qui de toutes les eaux est la plus limpide, M. Bouguer a trouvé que, pour perdre toule sa transparence , 1l faut 256 pieds d'épaisseur, attendu que, par une autre expérience, la lumière dun flambeau avoit JE JUSTIFMCATINES: 339 dimitiué dans le rapport de 14 à 5, en traversant 115 pouces d’épaisseur d’eau de mer contenue dans un canal de 9 pieds 7 pouces de longueur, et que, par un caleul qu'on ne peut contester, elle doit perdre toute transparence à 256 pieds. Ainsi, selon M. Bouguer, 1l ne doit passer aucune lumière sen- sible au-delà de 256 pieds dans la profondeur de l’eau. ( Essai d'optique sur la gradation de la lu- mière; Paris, 1729; page 85; in-12.) Cependant 1l me semble que ce résultat de M. Bouguer s'éloigne encore beaucoup de la réalité : il seroit à desirer qu’il eût fait ses expériences avec des masses de verre de différente épaisseur, et non : pas avec des morceaux de verre mis les uns sur les autres ; je suis persuadé que la lumière du Soleil auroit percé une plus grande épaisseur que celle de ces quatre-vingis morceaux ; qui , tous ensemble, ne formoient que 47 : lignes , c’est-à-dire, à peu près 4 pouces : or, quoique ces morceaux dont il s’est servi fussent de verre commun, il est certain qu’une masse solide de quatre pouces d'épaisseur de ce même verre n’auroit pas entièrement intercep'é la lumière du Soleil, d'autant que je me suis assuré, par ma propre expérience, qu'une épaisseur de 6 pouces de verre blanc la laisse passer encore assez vivement, comme on le verra dans la note suivante. Je crois donc qu’on doit plus que doubler les épaisseurs RC: « x 340 J NOTES UNI données par M. Bouguer, et que la lumière du Soleil pénètre au moins à 600 pieds à travers l’eau de la mer: car il y a une seconde inatténtion dans les expériences de ce savant physicien’, c’ést de n'avoir pas fait passer la limière du Soleil à travers son tuyau rempli d'eau de mer, de 9 pieds 7 pouces de longueur ; il s’est contenté d’y faire passer la lu- mière d’un flambeau , et il en a conclu la diminu- tion dans le rapport de r4 à 5 : or je suis persuadé que cette diminution n'auroit pas été si grande sur Ja lumière du Soleil, d’autant que celle du flam- beau ne pouvoit passer qu’obliquement, au lieu que celle du Soleil passant directement auroit été plus pénétrante par la seule incidence , indépendamment de sa pureté et de son intensité. Ainsi, tout bien considéré, il me paroît que, pour approcher le plus près qu’il est possible de la vérité, on doit supposer que la lumière du Soleil pénètre dans le sein de la mer jusqu’à 1oo toises ou 600 pieds de profondeur, et la chaleur jusqu'à r5o pieds. Ce n’est pas à dire pour cela qu'il ne passé encore au-delà quelques atomes de lumière et de chaleur, mais seulement que leur effet seroit absolument insensible, et ne pourroit être reconnu par aucun de nos sens. 4 Page 292, ligne 22. La chaleur du Soleil ne pénètre peut-être pas à plus de 150 pieds de pra- JUSTIFICATIVES. 34r Sondeur dans l’eau de la mer. Je crois être assuré de cette vérité par une analogie tirée d’une EXpÉ= rience qui me paroît décisive: avec une loupe de verremassif de 27 pouces de diamètre sur 6 pouces d'épaisseur à son centre , je me suis appercu, en cou- -vrant la partie du milieu, que cette loupe ne bréloit, pour ainsi dire, que par les bords jusqu’à 4 pouces d'épaisseur, et que toute la partie plus épaisse ne produisoit presque point de chaleur ; ensuite ayant couvert toute cette loupe, à l’exception d’un pouce d'ouverture sur son centre, jai reconnu que la lu- amière du Soleil étoit si fort affoibhe, après avoir traversé cette épaisseur de 6 pouces de verre, qu’elle ne produisoit aucun effet sur le thermomètre. Je suis donc bien fondé à présumer que cette même lu- mière, affoiblie par 150 pieds d'épaisseur d’eau, ne ‘donneroït pas un degré de chaleur sensible. La lumière que la Lune réfléchit à nos yeux , est certainement la lumière réfléchie du Soleil; cepen- dant cette lumière n’a point de chaleur sensible , et même, lorsqu'on la concentre au foyer d’un miroir ardent, qui augmente prodigieusement la chaleur du Soleil, cette limière réfléchie par la Lune va point encore de chaleur sensible ; et celle du Soleil n'aura pas plus de chaleur, dès qu’en traversant une certaine épaisseur d’eau, elle deviendra aussi foible que celle de la Lune, Je suis donc persuadé qu'en 4 6 29 342 50 NOR RS laissant passer les rayons du Soleil dansun large eyad rempli d’eau, de 5o. pieds de longueur seulement, ce qui n'est que le tiers de l’épaisseur que j’ai-sup- posée, cette lumière affoiblie ne produiroit sur:un thermomètre aucun effet, en supposant même la liqueur du thermomètre au degré de;la congélauon; d’où j’ai cru pouvoir conclure que, quoique la lu- mière du Soleil perce jusqu’à 600 pieds dans le sein de la mer, sa chaleur ne pénètre pas au quart de cette profondeur. 5 Page 294, ligue r9. Toutes les matières du globe sont de la nature du verre. Cette vérité géuérale, que nous pouvons démontrer par l'expérience , a Été soupconnée par Leibnitz , philosophe dont le nom fera toujours. grand honneur à l'Allemagne. Sanë plerisque creditum et à sacris etiam scriptoribus insinuatum est, conditos in abdito telluris ignis 1hesauros…….. Adjuvant vulius , nam omnis ex Jusione SCORIÆ VITRI est GENUSsen. H'alem vero esse globi nostri superficiem ( neque eninz ultra penetrare nobis datum ) reapse experimur; omnes enim terræ el lapides igne vitrum red= dunt.…….…. nobis satis est admoto igne omnia ter- restria in VITRO FINIRI. Jpsa magna telluris ossa nudæque illæ rupes atque immortales silices sm tota ferè in vitrum abeant, quid nyst eoncrétæ JUSTIFICATIVES. 34 sunt ex-fusis olim corporibus et prima tila magna- que vi quam in facilem adhuc maieriam exercuit 2gnis naluræ.… cum igilur Oomniaque non avolent in auras, tandem fundantur, et, speculorum impri- mis uréntium Ope, vitri naluram sumant, hinc fa- cilé intelliges vitrum esse velut TERRÆ BASIN, et naturam ejus cæterorum plerumque corporum lar- vis latere. (G. G. Leibnui Proiogæa; Past ? 1749 ; pag-4et 5.) 6 Page 295, ligne 9. Toutes les matières ter- restres ont le verre pour base, et peuvent être ré- duites en verre par le moyen du feu. J'avoue qu'il y à quelques matières que le feu de nos fourneaux ne peut réduire en verre; mais au moyen d’un bon miroir ardent, ces mêmes matières sy réduiront : ce n’est point ici le lieu de rapporter les expériences faites avec les miroirs de mon invention, dont la chaleur est assez grande pour volatiliser ou vitrifier toutes les matières exposées à leur foyer. Mais il est vrai que, jusqu’à ce jour, l’on n’a pas encore eu des iniroirs assez puissans pour réduire en verre cer- taines matières du genre vitrescible, telles que le crystal de roche, le silex ou la pierre à fusil; ce n’est donc pas que ces matières ne soient par leur nature réductibles en verre comme les autres, mais seulement qu'elles exigent un feu plus violent. 344 N'OGTES FU 7 Page 308, ligne 3. Les os et les défenses de ces anciens éléphans sont au moins aussi grands et aussi gros que ceux des éléphans actuels. On peut -seu assurer par les descriptions et les dimensions qu’en a données M. Daubenton; mais, depuis ce temps , on m'a euvoyé une défense entière et quel- ques autres morceaux d'ivoire fossile, dont les dimen- sions excèdent de beaucoup la longueur et la grosseur ordinaire des défenses de l'éléphant : j'ai même fait chercher chez tous les marchands de Paris qui vendent de l'ivoire, on n’a trouvé aucune défense : !\INOTEN ON LA , 2, , GJ ke d L: LL J espèce, et qu'après les avoir bien examimées, trouva qu'il y avoit autant de défenses strices au gros bout que d’unies, et que par conséquent il ne faisoit plus aucune difficulté de prononcer que ces dé- fenses trouvées en Amérique ne fussent semblables, à tous égards, aux défenses des éléphans d Afrique et d'Asie : mais, come les gYorie dents quarrées trouvées dans ‘le même lieu n’ont aucun rapport avec les denis molaires de l'éléphant , il pense que ce : sont les restes de quelque animal énorme qui avoit les défenses de léléphant avec des dents molaires particulières à son espèce, laquelle est d’une gran- deur et d’une forme différente de celle d’aucun animal connu. Voyez les Transactions philoso- phiques de l’année 1567. Dès l’année 1748, M. Fabri, qui avoit fait de oraudes courses daus le nord de la Louisiane et dans le sud du Canada, mavoit informé qu'il avoit vu des têtes et des squelettes d'un animal quadrupède d’une grandeur énorme, que les sauvages appeloient le père-aux-bœufs, et que les os fémurs de ces ani- maux avoient 5 et jusqu’à 6 pieds de bauteur. Peu de temps après, et avant l’année 1767, quelques ersonnes à Paris avoient déjà recu quelques-unes des grosses dents de lanimal inconnu , d’autres d' hippopotamnes , et aussi des ossemens d’éléphans srouvés en Canada : le nombre en est trop considé- SUSTIFICATIVESs 4 rsble, pour qu'on puisse douter que ces animaux h’alent pas autrefois existé dans les terres septen- trionales de l'Amérique , comme dans celles de Y'Asie et de l'Europe. ase Mais les éléphans ont aussi existé dans toutes les éontrées tempérées de notre continent : j’ai fait men- uon des défenses trouvées en’ Languedoc près de Simore, et de celles trouvées À Cominges en Gas- cogne ; je dois y ajouter la plus belle et la plus grande de toutes, qui nous a été donnée en dermier Heu pour le Cabinet du roi, par M. le duc de la Rochefoucauld , dont le zèle pour le progrès des sciences ést fondé'sur les grandes connoissances qu’il a acquises dans:tous les genres: Il a trouvé ce beau morceau en visitant , avec M: Desmarest, de l’aca- démie des sciences, les campagnes aux environs de Rome. Cette défense étoit diviséeen cinq fragmnens, que M. le duc de la Rochefoucauld fit recueillir : Jun de ces fragmens fut soustrait par le crocheteur qui en étoit chargé, et 1l n’en est resté que quatre, lesquels ont environ 8 pouces de diamètre ; en les rapprochant, ils forment une longueur de 7 pieds; et nous savons, par M. Desmarest , que le cinquième fragment, qui a été perdu, avoit près de 3 pieds: ainsi l’on peul assurer que la défense entière devoit avoir environ 10 pieds de longueur. En examinant les cassures, nous y ayons reconnu tous les carac- Mat, gén, VIT. 51 ; 362 AE NOTES TH: ières de livoire de P éléphant; par es cet MR altéré par un long séjour dans la terre ,‘est devenu Jéger et friable comme:les autres ivoires! fossiles: : M. Tozzetti, savant naturaliste d'Italie, rapporte qu'on a trouvé, dans les vallées de Arno, des os -d’éléphans et d’autres animaux terrestres en grande quantité, et épars cà et Ià dans les couches de la terre, et il dit qu’on peut conjecturer que,les élés phans étoient anciennement des animaux indigènes à l’Europe, et sur-tout à la Toscane. ( Extrait d’une lettre du docteur Tozzeiti, Journal dé r mois de décembre 1755.) Hi sq « Ontrouva, dit M. Gohéllinfs) À vers le fin än « mois de novembre :r759, dans un: bièn: de cam « pagne appartenant ad marquis de Petrella, et situé « à Fusigliano dans le: territoire de Cortone , un « morceau d'os déléphant incrusté, en grande partie, « d’une matière pierréuse.... Ce n’est pas d’aujour- « d’'hui qu’on a trouvé de pareils os fossiles von nos « ENVIrONs. « Dans le cabinet de M. Gäleotto Codes ,Uya « un autre grand morceau de’ défense d’ éléphant « pétrifié et trouvé ces dernières années dans les en= « virons de Cortone , au lieu appelé Za Seloa…s. « Ayant comparé ces fragmens d'os avecun morceau « de défense d’éléphant venu depuis-peu d'Asie, on « a trouvé qu’il y avoit entre éux ‘uue ressemblance « parfuite. | JUSTIFICATIVE ES: 363 «M. l'abbé Mearini m’apporta , au mois d'avril « dernier ; une mâchoire entière d'éléphant qu'il « avoit trouvée dans le district de Farneta, village « de ce diocèse. Cette mâchoire est pétcifiée en « grande partie, et sur-tout des deux côtés , où l’in- « crüstation. pierreuse.: s'élève à la hauteur d’un « pouce et à toute la dureté de la pierre. . « Je dois enfin à M. Muzio Angelieri Alticozzi, « gentilhomme de cetté ville, un fémur presque en- «er d'élépbant, qu'il à découvert lui-même dans «un de ses biens de campagne appelé 74 Rota, « situé dans Le territoire de Cortone. Cet os, qui est « long d’une brasse de Florence, est aussi pétrifié, « sur-tout dans l’extrémité supérieure qu’on appelle « la tète.....». (Lettre de M. Louis Coltellini, de Cortone. Journal étranger > mois de Juillet ge 10 PE 3r7, ligne 4. Ces grandes volutes pétri- Jiées, dont quelques unes ont plusieurs pieds de diamètre. La connoissance de toutes les pétrifica= tions dont on ne trouve plus Îes analogues vivans, supposeroit une étude longue et une comparaison réfléchie de toutes les espèces de pétrifications qu’on a trouvées jusqu'à présent dans le sein de la Terre, ét celte science n’est pas encore fort avancée ; cepen= ‘ant nous sommes assurés qu’il y a plusieurs de ces ‘ 864 NOTES. pe, - x LP NS EEE ARE ERES . No: Es k Mi Là 1 espèces, telles que les cornes SAT es tn” ratites , les pierres lenticulaires où nünismilles es bélemnites, les. pierges judaïques, les antbropo- morphites , etc: qu’on ne peut rapporter à aucune espèce actuellement subsistante. Nous avons vu des cornes d’ammon pétrifiées de deux et trois pieds de diamètre , et nous avons été assurés, par des témoins dignes de [oi , qu’on en a trouvé une en Champagne plus grande qu’une menlé de moulin, puisqu'elle avoit 8 pieds de diamètre sur un pied d'épaisseur : en m'a même offert dans le temps de me l’envoyer ; mais Pénormité du poids de cetle masse, qui est d'environ huit milliers, et la grande distance de Paris, m'ont empèché d'accepter cette offre. On ne connoît pas plus les espèces d'animaux auxquels ont appartenu les dépouilles dont nous venons d’indi= quer les noms ; mais ces exemples, et plusieurs autres que je pourrois citer, suffisent pour prouver qu'il existolt autrefois de la mer plusieurs espèces de coquillages et de crustacés qui ne subsistent'plus. ll en est de même de quelques poissons à écailles; la plus part de ceux qu'on trouve dans les ardoises et dans certains schistes ne ressemblent pas assez aux pois- sons qui nous sont connus, pour qu'on puisse dire qu'ils sont de telle ou telle espèce; ceux qui sont au Cabinet du roi, parfaitement conservés dans des masses de pierre, ne peuvent de même se-rapporte CLLLLLODR Fr PL. 4. AL CON » z LPO F LT LL f ARE, PR LL Ed 7) 1/4 D # ': sr auquer. Ÿ. “au i N Era ta the || | || ! m2 ms = LED . Ms. ee En. n/ "44 chsd JUSTIFICATIVES 36. précisément à nos espèces connues : il paroît done que, dans tous les genres, la mer a autrefois nourri des animaux dont les espèces n’éxistent plus. £.. Mais, comme nous l’avons dit, nous n’avons jus qu’à présent qu'un seul exemple d’une espèce per= . due dans les animaux terrestres, et il paroît que c'étoit la plus grande de toutes, sans même en excepter l’éléphant. Et puisque les exemples des espèces perdues dans les animaux terrestres sont bien plus reres que dans les animaux marins , cela ne sem c-t-1l pas prouver encore que la formation des preun.ers est postérieure à celle des derniers ? Fin du tome septième. LE PTT 0e) Des articles. contenus. dans: ce é velillies 2 0! Partie hypothétique. : Premier Mémoires. Recherches sur le refroïs dissement de la Terre et des planètes, page r.' Second Mémoire. Fondemens des recherches prés cédentes sur la température des planètes, 2r3. DES ÉPOQUES DE LA NATURE; 28r. Notes justificatives es faits rapportés dans les Époques de la Nature. — Sur le premier dis- Cours , 334- DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN., Rue, © « Fe ÉEST CS. TPE À. EL 3 9088