L*-%y^: :4 :--' '•• \ "^-ét^f^ TV-ci '^^^.^^• M^:^- H.i^..^^^ i<^ ^ ■' kS :i>:r^' ;^,. :4^à»*^ ■f JUN 8 . Î929 HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIERE. DES POISSONS. TOME CINQUIEME. ON SOUSCRIT A TARIS, DuFART, Itnprimeur-Iiibraire et éclitonr, rue (les Noyers , N** 22 ; Ciixz < B E il T R A i< D ) liibraii e , qUai dès AugUstins, A ROUEN, Chez Vallée , frères, Libraires , rue Beffroi , N° 22. A STRASBOURG, Chez L E V u A u ïi T , frères , Impriui eurs-Libraircs. ■'—- A LIMOOËS, Chez Barakas, Libi Ai rë . A M O TT T P E L L I E R , Chez «y tDAî., Irii)riii*'e. A M G N S, Chez H o Y o 1 s , Libraire. Et cbez les principaux Libraires de l'Europe. HISTOIRE NATUPxELLE , GENERALE ET PARTICULIÈRE, DES POIS S,,Q N S; Ouvrage faisant suite à l'Histoire naturelle, générale el particulière, composée par Leclerc de Buffon, et mise dans un nouvel ordre par C. S. Sonnini, avec des Notes et des Additions. PAR C. S. SONNINI, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES ET LITTÉRAIRES. TOME CINQUIÈME. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART. A N X I. t, HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. QUATRIÈME DIVISION. Poissons cartilagineux qui ont un oper- cule et une membrane des branchies. PAR LACÉPÈDE. TREIZIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. Poissons apodes , ou qui rHont point de nageoires dites ventrales. DIXIÈME GENRE. LES OSTRACIONS. JLje corps dans une enveloppe osseuse, des dents incisives à chaque mâchoire. A 3 6 HISTOIRE PREMIER SOUS-GENRE. Point d'aiguillons auprès des yeux , ni au dessous de la queue. PRE M 1ÈRE ESPÈCE. L'OSTRACION TRIANGULAIRE. Le COrpS triangulaire, et garni de tubercules saillans sur des plaques bombées. SECONDE ESPÈCE. L'osTRACioN MxViiiL.È. — Le corps triangulaire , et garni de tubercules peu sensibles, mais dont la disposition imite un ouvrage à mailles. TROISIÈME ESPÈCE. L'OSTRACION POINTILLÉ. Lc COrpS quadraugulaire ; de petits points rayonnans , et point de figures polygones sur Fenveioppe osseuso ; de petites taches blanches sur tout ]e corps. QUATRIÈME ESPÈCE. L'OSTRACION QUATRE-TUBERCULES. L© corps quadraugulaire j quatre grands tuber- cules disposés en carré sur le dos. CINQUIÈME ESPÈCE. L'OSTRACION MUSEAU - ALONOÉ. -~ Le corps quadraugulaire; le museau alongé. DES OSTRACIONS. 7 SIXIÈME ESPÈC:]^. L'OSTRACION DEUX -r TUBERCULES, ^-r- Lc corps quaclrangulaire; ^eux tuberpules, Tun au dessus, et l'autre au dessous de l'ouver- ture de la bouche. SEPTIEME ESpÉCB. L'OSTRACION MOUCHETÉ. — r- Le pOrpS quf^draugulaire ; un graad nor|iJ)j:e de tacher noires, chargées chacune d'i. /y. XII. c ''. â . /'2I. ILE COFFRE LISSE. 3. LE COFFllE MAII,lÉ Foye>i- ./*, DES OSTRACIONS. 21 ri- LE COFFRE LISSE (i)- PREMIÈRE ESPECE. foyez la figure i-)lanclie XII , figure l. J_Je tous les poissons du genre des coffres, celui-ci seul est enlièrement privé des épines ou des aiguillons qui servent de défenses aux autres espèces; de là est venue Fépitliète de lisse qu'on lui a donnée. Ce n'est pas qu'il ne soit pourvu, comme les autres es- pèces, d'une couverture solide; cette sorte m \ -1 IIP....- . ■ . — '■" (i) he co^re lisse. En allemand, glattes-dreiek , liegel^ eiseii. En hollandais, stryhyzer-uisch , à cause de sa rç§- semblancc avec un fer à repasser. En anglais, oldvife- fi cap. I , p. 142. Nota , que Lacépède ne fait aucune mention disposés en carré, et assez éloignés de la tête. Où le trouve dans rinde (i). m ■ . ■ .-I i.i I I I . I ^ (i) Ce poisson a la tête et la bouche petites; le maseau obtus ; les yeux grands, à iris d'un verd blan- châtre , et prunelle ronde d'un verd noir j les ouver- tures des narines placées devant les yeux ^ les dents grandes , à moitié cachées par des lèvres mobiles ; les nageoires pectorales petites, l'anale oblonguC; celle du dos eûU]:te et celle de la ausue^ grande. S O N N I N I. Poiss, Tome V. G 54 H I S T O I R E fT LE COFFRE BELONIEN (i). < ri) SIXIEME ESPECE; J :e cloune a ce coffre le nom' d'un de 130S plus ancieuset de nos meilleur^ obser- \aleurs, parce que c'est dans ses ouvrages <] ne l'on en trouve la première nolice. Bclon 1 apporte que , de Soïi tenis, des ba- teleurs faisoient voir un '])ois'son quelquefois d'un pied de longuet dont la foi nie éloit à cinq angles; qu'on le vuidoît de ses paities intérieures, pour en garder la cuirasse dure comme un os, njais fragile; que cetle en- veloppe ne se corrompt point et que les cu- rieux Tachetoient (2). Plusieurs naturalistes (i) Ilolosieos , poisson du Nil. (Belon, Nature et diversité des poissons , liv. i, p. 2()7.) Ostraciun Nili , quem Bolonius holosheum appellat. Gesiier , de Aquat. p. yS/. — Willui^liby , Hisl. pisc. lib. 4 1 <'ap- 2 , p. 1^8. Hblosteum Belonii^ swe ostracion Gesneri. Cliar- lelon , pag. i54« Ostracion. Artedi , var. a , sp. 6, synonym. p. 84» (?.) Na.t. des poiss. à l'endroit pi écédernment cité. DES OSTRACIONS. 35 ont pensé avec Gesner ( i ) , que l'animal dont parle Belon et qu'il appelle holosteos, c'est-à-dire , tout os , est une espèce de coflVe; ce dont l'on ne peut douter en jetant un coup d'œil sur la figure que Belon a faite de la cuiiasse de ce poisson. Artedi prétend y reconnoître une simple variété du coffre tubercule ( 2 ) ; mais c'est une conjecture sans fondement; il n'est pas plus probable que ce soit un poisson du Nil , ainsi que Belon l'a avancé sur la foi des bateleurs; en sorte que le coffre, dont parle ce natu- raliste, est encore à ajouter à la longue liste des êtres peu connus que l'histoire naturelle recommande à de nouvelles ob- servations. '« (i) De Aquat. loco supràcitato. (2) Synouymia nominum piscium , loco citato. C â 36 HISTOIRE LE COFFRE A BEC (i). L'OSTRACION MUSEAU-ALONGÉ (2), Planche XIII, Jig. l- PAR LACÉPEDE. SEPTIÈME ESPÈCE. Oet ostracion est remarquable par la forme de sou museau avancé , pointu et prolongé , de manière que l'ouverture de la bouche est placée au dessous de cette exten- sion. On trouve quatorze dents à la mâ- choire supérieure , et douze à Tinférieure. (i) Le coj^re à hec. En allemand, nasenbein-fisch, Piscis majusculus , quadran gularis , roslratus, Willugliby, Hist. nat. pisc. append. p. 20. — Ray,^ p. 45 > n*' II» Ostracion ehlongo - quadran gulus , roatro acuto , maculis in dorso et capife. Arted. Gew. pisc. gen. 39? gp. 3 ; et Synonym. n° 7 , p. 14. Sonmni. (2) Arledi , gen. 56, n° 5. Ostracion nasus, coffre à bec. Bloch , pi. CXXXVI II. Coffre à bec. Bonat. pi. de l'Encycl. méth. f/^^nn. cX^,/. jCl J)e (fet'f {{el. ILE COrFRE ABEC. J2 LE TAUKEAU DE MER. J.B.JUï^z/u J. DES OSTRACIONS. 37 L'iris est d'un jaune verdâtre , et la pru- nelle noire. La croûte osseuse présente quatre faces; elle est toute couverte de pièces figurées en losange , et réunies de six en six , de manière à offrir l'image d'une sorte de fleur épanouie en roue et à six feuilles ou pétales. Au milieu de chacune de ces espèces de fleurs paroissent quelques tuber- cules rouges. On voit d'ailleurs des taches rouges sur la tête et le corps, qui sont gris ; d'autres taches brunes répandues sur la tête et la queue, et les nageoires sont rougeâtres (1) (2). (i) Aux nageoires pectorales 9 rayons. A celle du dos q A celle de l'anus q A celle de la queue , qui est arrondie. . 9 (2) Le coffre à bec atteint la longueur de deux pieds. Blocli dit que ce poisson se trouve dans la Méditerranée, à l'embouchure du Nil, et qu'ilremonte daus le Nil même. Sonnini. 38 HISTOIRE LE COFFRE A BEC TRÈS-POINTU (i). HUITIÈME ESrÈCE, JLje musean de ce coffre est plus prolongé que celui de l'espèce précédente , et sa pointe avance en quelque sorte comme un poignard. 11 n'y a point de tubercules sur le dos du poisson. C'esl cl cette notice beaucoup tropsuccinte que se réduisent les renseignemens que Lister nous a tjansniis au sujet de ce coffie (2) , auquel j'ai donné le nom de coffre à bec très-pointu , pour le rapprocher, et en même tems le disiinguer du précédent. Cependant il pourroit bien se faire que ce fût la même espèce mal décrite , ainsi que Aitedi le soupçonne (5) De nouvelles recherches mettront fin à cette incertitude. (r) Ostracion tertina rostratus, Lister , apud. Wil- lugliby , Hist. pisc. lib. 4 , cap. 6 , 11** 5 , p. i56. — Ray, p. 45* — Aitedi, Gen. pisc. gen. 59 , sp. 34* Synonym. p. 85 , ii'* 7, var. a. (2) AVillughby, loco siiprà citato. (3) Synonym. loco citato. DES OS TRAC IONS. 69 -■» LE COFFRE A DEUX TUBERCULES. L'OSTRACION D E U X - T U B E R CUL E S (1) , PAR LACÉPÈDE. NEUVIÈME ESPÈCE. X^'ENVEtiO PPE dure et solide qui revêt ce carlilagineux est à quatre faces. Elle est toute couverte de petites plaques hexagones, marquées de points disposés en 1 ayons , moins régulières sur la tète, moins distin- guées Tune de Tautre sur le dos, et cepen- ( I ) Ostracion oblongus , quadrangularis ( rnuticus ) , tuherculo cartilagineo suprà et infrà os ; scufis cor- poris hexagonis punctato-radiatis ; dorsalibus centra nigricantibus ; caudœ basi crocea, Commerson , ma- nusciits déjà cités. C 4 4o HISTOIRE dant aussi faciles à séparer que celles que Ton voit sur les autres ostracions. Celles de ces plaques qui garnissent le dos sont noires dans leur centre. D'ailleurs la couleur géné- rale de la croûte osseuse est d'un rouge obscur. Toutes les nageoires sont brunes ; l'extrémité de la queue , Tiris , et les inter- valles des pièces situées auprès des opercules des branchies , sont d'un beau jaune , et le dessous du corps est d'un jaune sale et blan- châtre. Le museau est comme tronqué; l'ouver- ture de la bouche petite ; les dents sont brunes , et au nombre de dix à chaque mâchoire ,• mais ce qui distingue principa- lement l'ostracion que nous cherchons à faire connoître , c'est qu'il a deux tuber- cules cartilagineux et blanchâtres, l'un au devant de l'ouverture de la bouche , et l'autre au dessous. Ce dernier est le plus grand. La langue est une sorte de cartilage in- forme, un peu arrondi et blanchâtre. L'ouverture des narines est étroite , et située au devant et très-près des yeux. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave des DES OSTRACIONS. 4i demi-cercles qui les soutiennent est finement dentelée (i). Nous devons la connoissance de cette^ espèce à Commerson , qui Ta observée dans la mer voisine de File Pralin , où elle par- vient au moins à la longueur d'un pied. (i) Aux nageoires pectorales lo rayons. A celle du dos . 9 A celle de l'anus 9 A celle de la queue , qui est arrondie. 10 42 Ha s T O 1 R E LE COFFRE TIGRÉ (i). L'OSTRACION MOUCHETÉ (2), PAR LACÉPÈDE. DIXIÈME ESPÈCE. \jBT ostracion est peint de couleurs plus belles que celles qui ornent le deux- tuber- cules, avec lequel il a cependant de très- grands rapports. Chacune des pièces hexa- (i) Le coffre tigré. En allemand , slachellones viereck , todtenruhe. En suédois , kub - kurra. En anglais, square- fish. En hollandais, coffervhch ^ gestreipte kistkenv iach , doodtkist , teerlingse beenvisch. En ar^the , ahou senduk. Ostracion quadrangulus , nigresceiis , tubercuîis minimis et maculis albis varius. Seb. Tbes. vol. 111 y p. 6i , tab. 24 , fig. 5. Ostracion polyodon , inermis ostracion tetra- gonus. Mus. Adolpli. Fred. i , p. 69. Ostracion tetragonus , mutius , lateribus planius- culis ostracion cubicus. Lin. edit. Gmel. gen. i56 , sp. 9. Ostracion quadrangulus , maculis variis plurimis. Petiv. Gazoph. i , tab, i , fig. 2. Sownim. DES OS TRACIONS. 45 gones 5 que l'on voit sur la croûte osseuse , présente une tache blanclie ou cVun bleu très-clair, entourée d'un cercle noir qui la rend plus éclatante, et lui donne l'apparence d'un iris avec sa prunelle. Les nageoires pectorales , du dos et de l'anus sont jau- nâtres (3). Le dessous du corps ofïre des taches blanches sur les petits boucliers de l'enveloppe solide , et jaunes ou blanchâtres sur les intervalles ; et enfin , la portion de la queue qui déborde la couverture osseuse •■ » ' I ■ I I .1 ■ ■■ I ■ - ■ » » — l-^W I !■ — «i— p^— 1— ■ ■ ■ ^ ■ I Il *— — — ^ (2) Ostracion cuhlcus. Lin. edit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. I , p. 59. — Tt. Wgolh . p. i58. Ostracion quadrangulu s , ma eu lis variis pluriniis, Artedi , gen. 56 , syii. S5 , n" 8. Coffre quadrangu taire ^ sans épines. Daubenlou , Encyclopédie niélliodique. Coffre tigré. Bonat. pi. de i'Eiicycl. méth. Piscis mediocris quadrangularis^ macuLosus. Lister, ap. Willugliby, p. 20. — Ray, p. 45. — Pet. Gaz. i , tab. I , fîg. 2. — Seb. Mus. 5 , tab. 24, fig. 4 ^^ 5. Ostracion tetragonus ohlongus , muticus , sentis, testœ Jiexagonis punctato-scahris , ocello nigro cœruleo in singulis. Comuieison , manuscrits déjà cités, Ostracion cubicus ^ coffre tigré. Bloch , p]. cxxxvi i. (5) Aux nageoires pectorales. ... 10 rayons. A celle du dos . t^ A celle de l'anus ^ A celie de la (jueue , (jiii est arrondie. 10 44 HISTOIRE est brune et parsemée de points noirs. Mais, ce qui différencie le plus le moucheté d'avec l'espèce précédente , c'est qu'il n'a pas de tubercule cartilagineux au dessus ni au dessous de la bouche. D'ailleurs i] n'y a ordinairement , suivant Commerson , que huit dents k la niâchoire supérieure, et six à l'inférieure (i). Au reste, la sorte de coffre dans lequel la plus grande partie de l'animal est renfermée , est à quatre faces longitudi- nales 5 ou quadrangulaire. Le moucheté vit dans les mers chaudes des Indes orientales , et particulièrement dans celles qui avoisinent l'Ile de France (2). (1) Selon Blocb , la mâclioirc supérieure est garnie tle douze dents , et l'inférieure de dix. ( Hist. des poissons , gen. 70 , article du coffre tigré. ) Le même naturaliste ajoute que les lèvres du coffre tigré sont grosses , et les yeux alongés , avec une prunelle noire et un iris jaune ; que les ouvertures des ouïes sont plus petites que dans les autres espèces du même genre; que la couleur des boucliers est plus foncée vers le dos que vers le ventre , et que les petites perles rondes dont ils sont couverts les rendent rudes au toucher. Ce poisson parvient ordinairement à la longueur d'un pied; il compose sa subsistance de vers et d'in- sectes marins. S o n n 1 n i. (2) Le coffre tigré vit aussi dans les eaux de la mer DES OSTRACIONS. 45 Sa chair est exquise. On le nourrit avec soin eu plusieurs endroits ; on l'y conserve dans des bassins ou dans des étangs ; et il y devient , selon Renard , si familier , qu'il accourt à la voix de ceux qui l'appellent , vient à la surface de l'eau , et prend sans crainte sa nourriture jusques dans la main qui la lui présente (i). Rouge , selon Forskœl ; les pêcheurs arabes qui lui donnent le nom d'aboïc senduk , ont coutume de l'ouvrir et d'en exfraire la chair. ( Fauna JEgypt. Arab. pag. 17, u* 4^^ ostracion cubions.) S O N N I N I. (1) Cette particularité, rapportée par Renard, ne paroît pas vraisemblable aux yeux du docteur Bloch. (Voyez son histoire du coffrs tigré. ) Sonnini. 46 HISTOIRE LE COFFRE BOSSU (i). L'OSTRACIONBOSSU (2), PAR L A C É P È D E. ONZIÈME ESPÈCE. V.^E cartilagineux qundrangulaire , ou dont la couverture solide présenfe quatre faces (i) Z»0 coffre bossu. En ai\Q,\3L\^ , gihhose oslracion. Ostracion aller. AIdrov. Pij;c. lib. 4j t^ap. 19, p. 56i. — Jouston , Pisc. tab. 26, n° 7. Ostracion tetragonus , niuticiis , gU hosiis ostracion gihbosus. Lin. System, iiat. edit. Giiiel. g;en. 1 56 , sp. 8. Nota, Gfiielin se demande si ce poisson ne seroit pas une simple variété du coffie lisse. Je ne le crois pas; cependant on ne peut rien dite de positif à cet égard , parce que le genre des coffres étant encore peu connu, l'on ne sait pas quelles sont les différences extérieures qui distinguent les mâles des femelles j en sorte qu'il est très-probable que les espèces décrites sont trop multipliées; et que lors(jue l'on aura oblenu les éclaircissemens qui manquent , l'on trouvera que le mâle et la femelle d'une même espèce ont été pré- sentés comme des espèces séparées. Sonnini. DES OSTRACIONS. 47 longitudinales , a pour caractère distinclif une élévation en forme de bosse , qu'offre sur ]e dos la croule osseuse. Cette élévation et la conformation de son enveloppe suf- fisent 5 étant réunies , pour empêcher de confondre cet animal avec les autres pois^ sons inscrits dans le premier sous-genre des ostracions (3). On pèche le bossu dans les mers Africaines. - On trouve dans Knorr (4) la figure et là description d'un cartilagineux que l'on à pris pour un ostracion , auquel on a donné . ^ ■•>- :) (2) Ostracion gibhosus. Lin. edit. tle Ginel. Coffre bossu. Daubent. Encycl. mélh. — Bonaterre^, planclies de l'Encycl. methoJ. ; Ostracion oblongus , quadrangulus gibbosus, Artet], geii. 55 , syn. 85. Ostracion alter. Aldrov. 1. 4 , c. 19 , p. 56i. — Jonst. t. i5 , n" 7. Ostracion alter gibbosus. A]droYànà. Lister, ap. Willngliby , p. i56. Piscis quadrangalaris gibbosus. Ibicf. p. 20. — Ray , p. 44. (3) Les nageoires pectorales sont larges et oblon^ues, celle du dos est courte et médiocrement large, l'anaîo est plus longne, et celle de la queue est grande ; toutes ont une teinte olivâtre, plus foncée sur la nageoire de la queue. S o N N i N i . (4) Knorr, Del. nat. seleclœ, p. 56, lab. H, 4,fi2.3. 48 HISTOIRE le nom Xostracion porte - crête (i) , et qui ,' n'ayant point de cornes ou grands piquans, devroit être compris dans le premier sous- genre de cette famille , comme le bossu , et les autres véritables ostracions dont nous venons de nous occuper. Mais , si Ton exa- mine avec attention cette description et cette figure , on verra que l'animai auquel elles se rapportent n'a aucun des véritables traits distinctifs des ostracions , mais qu'il a ceux des lophies , et particulièrement des lophies comprimées par les côtés. Au reste , il est figuré d'une manière trop inexacte, et décrit d'une manière trop peu étendue , pour que Ton puisse facilement déterminer son espèce, qui est d'ailleurs d'autant plus difficile à reconnoître , que le dessin et la description paroissent avoir été faits sur un individu altéré. ~ (i) Plancîies de rEncycIopédi© mélliodique. LE ES OSTRACIONS. 49 COFFRE A TROIS AIGUILLONS (1), LE COFFRE A PERLES (2), LE COFFRE DEUX-PIQUANS (5). L'OSTRACION TROIS-AIGUILLONS (4), L'OSTRACION TRIGONE (5), ET L'OSTRACION DEUX-AIGUILLONS (6), PAR LACÉPÈDE. 12^5 l3^ ET 14^ ESPÈCES. IN ous plaçons dans le même article ce que nous avons dit de ces trois espèces , parce qu'elles ne présentent que peu de différences à indiquer. 1. (i) Ostracîon trigonus j spinis frontalibus daabué^f dorsaîi unicâ ostracion tricornis» Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i36, sp. 27. Soî^i^iNi. Foiss. Tome V. D 5o HISTOIRE Le trok-aiguillons , iusciit dans le second sous- genre, montre auprès des yeux deux »■ ' — _— — — — (2) he coffre à péris s. En allemarnl , dreiech ^ ge~ ■pérîtes dreieck. En anglais, triangular-fish. Au Crésil, guamacaj ii-ape par. les naturels, et copines par les portugais. En France , coffre à perles , coffre , bourse y cochon de mer. Ostracion spinis suhcaudalibus duahus , pinnâ dor- sali radlis auatuordeciin ostracion tri^onus. Lin. Syst. nat. edit, G met. gç:,\\. i56 , sp. 2. — Ostracion polyodon tetragoniis , ahdomim ponè bicorni. Iter Scan. p. 160. SoNNii^i. (5) Le coffre à deux piquans. En allemand , pfloch- schwanz et zweistachelichtes dreieck. Ostracion trigonus , spinis suhcaudalibus duahus , pinnâ dorsali radiis decem ostracion bicaudalis. ÏAin. Syst. nat. edit. Gniel. gen. i56, sp. 5. S o N N I N 1. (4) Ostracion tricornis. Lin. édit. de Gmel. ( Les passages de divers auteurs, rapportés au trois- aiguillons par Gmelin, ont trait à d'autres oslra— cions j et ce qu'ont dit Daubenlon et Bonaterre , dans l'Encyclopédie méthodique du coffre triangu- laire à trois épines, doit être appliqué à rostracion lister. ) {5) Ostracio7i trigonus. Lin. édit. de Gmel. — It. Scan. 160. Ostracion triangulus , limbis figurarum hexagona^ Tum eminentibuSy aculeis duobus in imo ventre. Arted. gen. 56 ; syn. 85. — Ibid, n* 12. DES OSTRACIONS: 5x longues prolongations de sa croûte osseuse, façonnées en pointes et dirigées en avant, 11 a d'ailleurs un troisième aiguillon sur la partie supérieure du corps. 11 vit dans les mers de l'Inde , ainsi que le trigone et le deux-aiguillons. Ces deux derniers ostracions ont beau- coup de traits de ressemblance Fun avec l'autre. Placés tous les deux dans le troi- sième sous-genre, ils n'ont point de piquans sur la tête ; mais leur enveloppe solide , triangulaire , ou composée de trois faces ' Ostracion trigonus , coffre à perles. ( Bloch , pi. cxxxv. ) Piscis triangularîs Clusii , cornihus carens. AVil- liighby , p. i56. — Ray , p. 44* Coffre triangulaire tubercule à deux épines. Daub, Encycl. méth. — Bonaterre , pi. de rEncycl. méth. (6) Ostracion bicaudalis. Lin. édit de Gmel. Ostracion triangulatus , tuberculis hexagonis radia" tis j aculeis duobus in imo ventre. Art. gen.57, syn. 85. — Seb. Mus. 5 , tab. 24 , fîg. 5. Piscis triangularis parons , non nisi imo ventre cor~ nutus. Lister , App. Willughby , p. 20. — Ray, p. 4$. Coffre triangulaire chagriné a deux épines. Daub. Encycl. méth. — Bonaterre , pi. de l'Encycl. méth. Ostracion bicaudalis , coffre deux-piquans. ( Bloch ^ pi. CXXXII. ) D 3 62 HISTOIRE ]ongitu:1ina]es comme celle du trois-aigmî- Ions , se termine , du côté de la queue , et à chacun des deux angles qu'y présente Ja face inférieure, par un long aiguillon dirigé en aniére. Au premier coup d'œil on est embarrassé pour distinguer le tiigoue du deux -aiguil- lons; voici cependant les différences princi- })ales qui les séparent. Les boucliers ou pièces hexagones du premier de ces deux poissons sont plus bombés que ceux du second ; d'ailleurs ils sont relevés par des tubercules plus saillans, que Ton a comparés à des perles; de plus, les deux piquans qui s'étendent sous la queue sont cannelés lon- gitudinal ement dans le trigone , au lieu qu'ils sont presque lisses dans le deux- aiguillons ; et enfin la nageoire dorsale com- prend ordinairement quatojze ra3^ons sur le Irigone (]), tandis que sur le deux-aiguillons elle n'en renferme que dix (2). (i) Aux nageoires pectorales ..... 12 rayons, A celle du dos. ^ . . . 14 A celle de l'anus 12 A celle de la queue, qui est arrondie. 7 (2) Aux nageoires pectorales J2 rayons. A celle du dos 10 A celle de l'anus 10 A celle de la queue ; qui est arrondie. 10 DES OSTRACIONS. 53 Lorsqu'on veut saisir le trigone, il fait entendre, comme le baliste vieille, et vrai- semblablement comme d'autres ostracions, une sorte de petit bruit produit par Tair j, ou par les gaz aériformes qui s'échappent avec vitesse de l'intérieur de son corps qu'il comprime. On a donné le nom de grogne" ment à ce bruissement qu'il fait naître ; et voilà pourquoi ce cartilagineux a été nominé cochon de mer , de même que plusieurs autres poissons. Au reste, sa chair est dure, et peu agréable au goût (i). "^ (i) Ce poisson vit dans les mers de l'Amérique méridionale; Marcgrave l'a vu au Brésil, et plusieurs voyageurs l'ont observé aux Antilles. On le pèche au filet; il mord aussi à l'hameçon, mais si on ne l'en- lève pas sur le champ , il brise l'hameçon avec ses dénis. Les boucliers de substance osseuse et dure dont il est revêtu ne l'empêchent pas de devenir la proie des poissons voraces ; Marcgrave a trouvé un coffre à perles dans l'estomac d'une perche taciielée. C'est dans l'océan Indien qu'existe ie coITre à deux piquans. S o n N i v i. D 3 54 HISTOIRE ^^^M ■ ■ ■■ ■— ^.^HM ■ ■!■ ■! I _ M ■ ■ . — ■ — .— -Il M ■ Il -M^i ...i ■ .. ,, ■ ■! , .M m II I I Ml ■>■ ■■— COFFRE A QUATRE-PIQUANS(i); LE COFFRE LISTER. L'OSTRACION QUATRE-AIGUILLONS (2), ET L'OSTRACION LISTER (5), PAU LACÉPÉDE. QUINZIEME ET SEIZIEME ESPECES. ES deux cartilagineux sont compris dans le quatrième sous-genre de Jeur famille. Ils {l)Le coffre à quatre-piquans. En allemand, trïangel^ see-guckguck , et vierhtachelichtes dreieck. En hollan- dais , kock/cock , zeekatzge , vierhoornige , heenvisch. En anglais , old husband-fisJi , toadfish , mikoldfiàh , Jiorned conux-fish. Au Brésil , guaniacaju-ape. A la Jamaïque , itaoca, Ofitracion anterius quadrangulus , sed dorso acuto 5 gibboso -, aculeis duobus in capite et totidem in ventre, Seb. Thés. tom. 111 , p. 61 , tab. 24 , fig. 9. Ostracion trigonua , spinis frontalihus suhcnudali" husque duabus. . . . o^itracion quadricornis. Lin. Syst» nat. edit. i5 ; §en. i56, sp. 5. S on 1^ 1^1. DES OSTRACIONS. 55 bnt tous les deux Tenveloppe triangulaire'; tous les deux ont quatre piquans, deux auprès des yeux, et deux au dessons de la queue, aux deux angles qui y terminent la face inférieure de la croule osseuse : mais ils diffèrent l'un de l'autre par la conforma- tion de la queue, qui, dans le lister, pré- sente un piquant dur, pointu, et aussi long que la nageoire de l'anus, tandis que cette partie du corps n'en montre aucun dans le ■ I, ., u . . , .11 ■ I >■ (2) Ostracion quadricornis. Lin. édit. de Gmel. Ostracion triangulatus , aculeis duohus in frante ^ et totidem in imo ventre. Artedi , gen. 5Q , syn. 85. Coffre triangulaire à quatre épines. JDaub. Encycl. ■ >c mélhod. — Bonaterre, pi. de l'Encycl. méiliod. JPiscis triangularis Clusii cornutus. Ray, Fisc. p. 44» Ostracion quadricornis , coffre quatre - piquans. ( Bloch ; pi. cxxxiv. ) (5) Lister , Ap. Willugliby , Iclithyol. p. 19. Ostracion triangulatus y aculeis duohus in capite y et unico longiore supernè ad caudam. Art. gi}n. 56, syn. S5» Coffre triangulaire à trois épines. Daub. Enc. méth. — Bonaterre, pi. de l'Encycl. méthod. (Artedi, Daubenton et Bonaterre n'ont pas vu les deux aiguillons situés à l'extrémité de la face infé- rieure du têt, et au dessous de la queue; et voilà pourquoi les deux derniers de ces trois naturalistes et le professeur Gmelin ont confondu Tostracion que nous nommons lister avec le trois-aiguillons. ) D4 56 HISTOIRE quatre -aiguillons (i). Cette pointe longue et dure est placée sur la portion de la queue du lister qui est hors de Fenveloppe, et elle y est plus rapprochée de la nageoire caudale que de rextrémité de la croûte solide. La nageoire dorsale du lister est plus près de la tête que celle de l'anus. On ne voit pas sur la queue de ce cartilagineux d'écaillés sensibles pendant la vie de Fanimal,- le dos et les côtés de sa tête présentent de grandes taches ondées; et nous avons donné à ce poisson le nom sous lequel il est inscrit dans cet ouvrage, parce que c'est au savant Lister que l'on en doit la connoissance. L'on ne sait dans quelles mers vit cet ostracion ; le quatre-aiguillons se trouve dans celles des Indes et près des côtes de Guinée (2). (1) Il y a aux nageoires pectorales du trois-aiguil- tons Il rayons, A la nageoire dorsale . 10 A celle de rauus 10 A celle de la queue lO (2) Il se trouve aussi aux îles Antilles et au Brésil. Marcgrave dit que ce poisson n^a que peu de chair ^et que l'on n'en fait pas grand cas, Sonnini. DES OSTRACIONS. bj LE COFFRE TAUREAU DE MER (i), I.E COFFRE CHAMEAU (2), L'OSTRACION QUADRANGULAIRE (3), planche XIII, figure 2. ET L'OSTRACION DROMADAIRE (4), PARLACÉPEDE. DIX-SEPT. ET DIX-HUITIÈME ESPECES. v^ES deux ostracions ont le corps recouvert d'une enveloppe à quatre faces longitiidi- Maies : mais ces quatre côtés sont bien plus réguliers dans le premier de ces {)oissons que dans le second. Le quadraugalaire a (i) Le cofifre taureau de mer. En allemand, seehalz- chen ^ see-fitier. En hollandais, hoffervisch , zeeiatje. Par les hollandais qui habitent les Indes , gedoormle dooshenviscj}, , groote dooskenvisch. En suédois, horn-^ 58 HISTOIRE d'ailleurs, comme le quatre - aiguillons et hurra. Aux ImXçs Aahatoche copitcino , ikan setang^ Lan toe tcmho . tandce hœr.ins. Ostiacion quadranoularis , aculeis duolms in frontê et totidem in imo ventre. Groiiov. Mus. i, n^ i8. 0>tfacion tetragonus , spinis frontaîibus aulicciuda^ libusque duabus ostracion cornu fus. Lin. Svst. nat. edit. Gmel. s,cn. i56, sp. 6- — Artcdi , Gen. pisc. gcn. 5q , sp, 12. additameut. So^'Kl^'I. (a) Le coffre chameau , ou ie ccjfre chameau marin. Eu allemand , thurnitrager , vierecl'igter , gehornter kr^pfïsi h. Eq hollandais^ strylyser hcffcrvisch, zeekatze. Eu arabe , djemel , c'est-à-dire , chanuau. En japonais, ican foe tombo. Ostracion subtetra^nus , superci/iis dorsoque spini^ solUaiîis , abdomine utrinque quatuor, .. . ostracion iurritiis. Forskœl , Faun. ^Egypt. Arab. p. 71 , n** 1 15. — Lin. Srst. nat. edit. Gmel. geu. i56, sp. 10. — Artcdi , Gen. pisc. gen. 59 , sp. 1 1. additam. S O N Jî J N I (5) Ostracion cornurus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. I , p. 5g. — Gronov. Mus. i , n*^ 1 13. — Wil- lugîibj , iLlilhyol. tab. i , i5, fîg. i. I^iscis cornufus. Bout. Jav. "p. — Edw. Glan. pi. ccLxxxiv, fig. I. — Scb. ;Mus.5 , tab. 24,fjg. 8 et i3. Coff're quadranguhùre à quatre épines. Daubenton, Encycl. mélh. — Bonaterre , pi. de l'Encycl. méth. Ostracion vornutus , coffre taureau de mer. ( Bloth, pi. CXXXJ I I. Hcîosteus cornulus, Pluciici , dessins sur vélin tléjà cités. DES OSTP.ACIONS. 5^ comme le lîsler, quatre pointes ou espèces de coioes foiies et longues : deux situées au dessous de la queue, dirigées en arrière, et af tachées aux deux angles de la croûte osseuse ; et les deux autres placées auprès des veux , tournées en avant , et assez sem- blables en petit aux armes menaçantes d'un taureau, pour avoir fait donner au quadiau^ gulaire le nom de taureau marin ( 5 ). H (4) Oitracion turrititi. Lin. édit. de GmeL — Forîk. Faun. arabic. p. 73,0° 1 13. Ostracion turritas , coffre chameau marin. (Bloch ; pi. C XXXVI.) Itan toe tombo ehor tiga. Vaîentyii, Ind. 3 , p. 3^6, n® 109. Caffre chameau marin. Bonaterre , pi. de VEncyc mélhod- — Knorr, Délices de la nature , pi. H^ i , fi^î- I et 2, (5, La tête du taureau marin est courte et tron- quée : ses yeux grands ont la prunelle noire , et l'iris d'un jaune verdàlre. Bloch a compté dix dents à la mâchoire supérieure . et huit à l'inférieure. Tout le poisson est d'un brun jaunâtre : les nageoires sont jau- nâtres . excepté celle de la queue dont la teinte est brnne , et qui a une large bordure de brun plus foncé. La grandeur de ce coffre n'excède guère Lait à dix pouce?. S o y >' I >- 1 . 6o HISTOIRE habile les mers de Hiide , et sa chair est dure (i) (2). Le dromadaire se trouve également dans les mers des Indes orientales, mais il a été aussi observé dans la mer Rouge (3). Au milieu de Ja face supérieure de sa couver- ture sohde s'élève une bosse très -grosse, quelquefois en forme de cône , d'autres fois un peu semblable à une pyramide triangu- (i) Aux nageoires pectorales du quadran- gulaire lo rayons. A celle du dos 9 A celle de l'anus 9 A celle de la queue , qui est arrondie . 10 (?.) C'est principalement sur les côles de la Chine et des îles Moluques que cette espèce est commune : quoique sa cuirasse solide et ses cornes menaçantes paroissent la mettre à l'abri de la voracité des animaux marins , elle devient néanmoins la proie de quelques- uns , et particulièrement du loup marin [anaric/ias Juin. ) qui ne craint pas de l'attaquer. A la Chine il n'y a que les pauvres qui s'accom- modent de la chair coriace du taureau marin. Selon Kenard , son foie est si gras , qu'il se résout presque entièrement en huile. C'est Bon!ius qui a donné le premier dessin , mais incorrect , de ce poisson. S o N N I N I . (5) Il est très-commun aux îles Moiuques. S o N N I N I, DES OSTRACIONS. 61 laîre, le plus souvent très -large dans sa base, et toujours terminée par un gros ai- guillon recourbé, cannelé, et un peu dirigé vers l'arrière. Un aiguillon plus petit, mais figuré de même, est placé verticalement au dessus de chaque œil, et d'autres piquans cannelés, aussi très- forts et recourbés, gar- nissent les deux côtés de la face inférieure du coiFre. Ces pointes inférieures et latérales varient en nombre suivant Tâge de Fanimal, et depuis trois jusqu'à cinq de chaque côté. Les tubercules semés sur la croûte osseuse y forment des figures triangulaires , les- quelles, réunies, donnent naissance à des hexagones, comme sur presque tous les os- tracions, et ces hexagones sont séparés par des intervalles un peu transparens (1) (2). Le coffre est d'un cendré jaunâtre, les (i) Aux nageoires pectorales du dro- ïnadaire jo rayons. A celle du dos g A celle de l'anus 9 A celle de la queue , qui est arrondie . lo {7) De sorte que le poisson paroît être enveloppé d'un filet. La tète est grosse et tro!»qnée ; la bouclie un peu avancée-, l'ouverture des ouïes large , et leur mem- brane garnie d'un rayon seulement. SoNJSihi. 6â HISTOIRE autres parties de l'auimat sont brunes, et Ton voit , sur plusieurs eudroits du corps et de ta queue , des taches brunes et rondes (i). Cette espèce a été nommée chameau marin ; mais nous avons préféré à ce nom celui de dromadaire , l'anima] n'ayant qu'une bosse sur le dos (2). Au reste , elle parvient à la longueur d'un pied et demi, et sa chair est coriace et désagréable au goût (5). Voilà donc la chair du dromadaire, du quadrangtdaire, du quatre - aiguillons , du trigone , qui est dure et dénuée de saveur agréable. Il paroît que tous ou du moins presque tous les oslracions armés de pointes (i) Les yeux ont la prnnelle noire et l'iris doré. 31 y a douze dents à la mâchoire supérieure, et huit à l'inférieure. Sonnini. (2) Cette distinction nominale entre le chameau et le dromadaire , fixée anciennement par Aristole , par Pline, etc. et que Buffon a très- judicieusement réta- blie, n'existe que dans les livres. Les arabes appliquent le nom générique de chameau [djemel) à l'espèce qui n'a qu'une bosse sur le dos. Sonnini. (3) Son foie est très - gras et fournit beaucoup d'huile. L&s européens établis aux Indes dédaignent de se nourrir de ce poisson, mais on dit que les natu- rels de ces contrées ont une manière de le prépaj-er qui ibii dgnne un bon goût. Sonnini. DES OS TRACIONS. 63 l'ont coriace , taudis qu'elle est tendre et savoureuse dans tous les poissons de celle famille qui ne présenlent aucun piquant. La différence dans la bonté de la chair est souvent un signe de la diversité de sexe. JjSl présence de piquans, ou d'autres armes plus ou moins puissantes, peut aussi être Ja marvque de cette même diversité. L'on n'a point encore d'observations exactes sur les variétés de formes qui peuvent être attachées à l'un ou à l'autre des deux sexes dans le genre dont nous nous occupons : peut-être, lorsque les ostracions seront mieux connus, trou vera-t-on que ceux do ces cartilagineux qui présentent des piquans sont les mâles de ceux qui n'en présentent pas; peut-être, par exemple , regardera-t-on le dromadaire comme le mâle du bossu, le quadrangulaire comme celui du moucheté , le quatre-aiguillons , dont la croûte n'a que trois faces longitudinales , comme le mâle du triangulaire : mais, dans Fétat actuel dd nos connoissances , nous ne pouvons que décrire comme des espèces diverses, des ostracions aussi différens les uns des autres par leur conformation, que ceux que nous venons de considérer comme appartenans , en effet, à des espèces distinctes. 6â HISTOIRE ONZIEME GENRE. PAR LACÉrÉDE. LES TÉTRODONS. X-iES mâchoires osseuses, avancées, et di-» visées chacune en deux dents. PREMIER SOUS-GENRE. Les deux mâchoires inégalement avan-- céesj le corps non comprimé. PREMIÈRE ESPÈCE. Le tètrodon perroquet. — La mâ- choire supéi'ieure plus avancée que l'infé- rieure ; de très-petits piquans sur le ventre, SECONDE ESPÈCE. Le tètrodon étoile. — La mâchoire supérieure phis avancée que l'inférieure; de petits piquans sur tout le corps ; la base des piquans répandus siu' les cotés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons. TROISIÈME ESPÈCE. Le tétrodom pointillé. — La mâchoire supérieure plus ayancée que l'inférieure; de petits DES TETRODONS. 65 petits piquans sur tout le corps ; la base des piquans répandus sur les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons; des taches noires sur le ventre,* la nageoire dorsale presque linéaire , et sans rayons distincts. QUATRIEME ESPECE. Le tétrodon sans - tache. — La mâ- choire supérieure plus avancée que l'infé- rieure ; de petits piquans sur tout le corps, dont toutes les parties sont sans tache; les yeux petits et très - rapprochés du bout du museau. CINQUIÈME ESPÈCE. Le tétrodon hérissé. — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; tout le corps hérissé de très-petits piquans. SIXIÈME ESPÈCE. Le TÉTRODON MOUCHETÉ. — La niâclioire inférieure plus avancée que la supérieure; tout le corps hérissé de très-petits piquans; des taches noires sur le dos , sur la queue , et sur la nageoire caudale; les nageoires pectorales arrondies. SEPTIÈME ESPÈCE. Le TÉTRODON HONCKBNiEN. ■— La mâ- £oiss. Tome V. E 66 HISTOIRE choire ioférieiire plus avancée que la su- périeure ; des aiguillons sur le ventre ; la ligne latérale très-marqiiée. SECOND SOUS-GENRE. Les deux mâchoires également avancées j le corps non comprimé. HUITIÈME ESPÈCE. Le tètrodon lagocèphale. — Le ventre garni d'aiguillons à trois racines. NEUVIÈME ESPÈCE. Le tètrodon rayé. — - Des raies longi- tudinales; un tubercule surmonté de deux filamens, au devant de chaque œîl. DIXIÈME ESPÈCE. Le TÈTRODON cr».oi3SANT. — Une bande en croissant sur le dos. ONZIÈME ESPÈCE. Le tètrodon mal-armè. — Des piquans fépandus presque uniquement sur la parlie jintérieure du ventre; deux lignes latérales de chaque côté. DOUZIÈME ESPÈCE. Le tètrodon spenglerien. — Des bar- billons (t des piquans sur le corps. DES TETRODONS. 67 TREIZIÈME ESPÈCE. Le tétrodon al-ongé. — Le corps très- alongé; deux lignes latérales très-marquées, de cîaaque côté ; une pointe à l'opercule des branchies. QUATORZIÈME ESPÈCE. Le tétrodon museau alongè. -— Les mâchoires très-avancées. QUINZIÈME espèce. Le tètrodon plumier. — Une éléva- tion pyramidale, à quatre faces, jaune, et recourbée en arrière , à la place d'une pre- mière nageoire dorsale. seizième espèce. Le tétrodon méléagris. — La tête , toutes les parties du corps, la queue, et les nageoires, brunes et parsemées de petites taches lenticulaires et blanches. dix-septième espèce. Le tétrodon électrique. — Un grand nombre de taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d'autres couleurs. dix-huitième espèce. Le tétrodon grosse -tète. — La tête très-grosse. E 2 68 HISTOIRE TROISIEME SOUS-GENRE. Le corps très-comprimé par les côtés, DIX-NEUVIÈME ESPECE. Le tétrodon lune. — Point d'aiguilloas ; les nageoires du dos^ de la queue ^ et de Faaus, réunies. ^y. xir. c>!"^. /' 6^ 9' a. TETROBON PEBROÇUET ^.TÉTKODON HE.iaSsÉ, ^^:9. Racine if. DES TETRODONS, 69 LE TETRODON PERROQUET (1) (2), PAR LACÉPÊDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Voyez la figure ^pl. XIV ifig' 2. JLiES poissons cartilagineux que nous allons examiner ont reçu le nom de tétrodoriy qui signifie quatre dents, à cause de la confor- mation particulière de leurs mâchoires. Elle^ J I - . - - - . ..... ■ - ■ M ■ (i) Tetrodon testudineus. Lin. édit. de Gmcl. — Amsenit academ. i , p. 309 , lab. 14 > fig« 3. Ostracion oblongus glaher , capite longo , corpore figuris varils ornato. ArLedi , gen. 60 , syn.86 , n^ 23. Tetrodon testudineus , tête de tortue. ( Bloch , pi. CXXXIX. Orbis oblongus testudinif capite. Clusii Exot. 1. 6 , c. 26. — Willughby , p. 147. — Ray , p. 43. Quatre-dents perroquet. Daubenton , Encycl. raéth. — Bonatcrre , pi. de l'Enc5''cl. méthod. (2) Le tetrodon perroquet j ou tête de tortue. En alle- mand , schlldkrotenfi.sch. En anf^lais , hrotenfish et toad-fish. En liol landais , èow^-W5c7z. Ostracion oblongus , glaher , corpore figuris varii^ E 3 70 HISTOIRE soiit en effet larges, dures, osseuses, sail- lantes, quelquefois arrondies sur le devant, et séparées chacune, dans celte partie anté- rieure, par une fente verticale, en deux portions auxquelles le nom de dents a été donné. Ces quatre dents , ou ces quatre por- tions de mâchoires osseuses , qui débordent les lèvres, sont ordinairement denlelées, et ont beaucoup de rapports avec les mâchoires dures et dentelées des tortues. Dans les es- pèces où leur partie antérieure se prolonge un peu eu pointe, ces portions de mâclioires ressemblent un peu aux mandibules du bec d'un perroquet; et de là vient le nom que nous avons conservé au tétiodon que nous allons décrire dans cet article. Ces mâchoires , placées hors des lèvres , fortes et crénelées, sont très-propres à écraser les crustacés et les coquillages, dont les tétrodons se nouriissent souvent. Ces pois- sons ont, par la nature de cet appétit pour les animaux revêtus d'un têt ou d'une ornato. Lin. Amasnit. acad. tom. I, pag. 509^, tab. 14, fig. 5. Tetrodon ahdomina piano lœviore , dorso sjiturîs C2i7't-is alhis picto tetrodon testudlneus. Lin. Syst- nat. edit. i5 , gen. 137 , sp. 2. Somniki. DES TETRODONS. 71 coquille, un rapport d'habitude avec les os- tracious , auxquels ils ressemblent aussi par des traits de leur conformation. Comme les ostracions . ils ont une membrane branchiale et un opercule : la membrane est commu- nément dénuée de rayons; et l'opercule, plus ou moins difficile à distinguer , sur-tout dans les individus desséchés ou altérés d'une autre manière, consiste ordinairement dans ime petite plaque cartilagineuse, lis n'ont pas reçu de la puissance créatrice cette en- veloppe solide dans laquelle la plus grande partie du corps des ostracions est garantie de la dent de plusieurs poissons assez forts et assez bien armés 3 la Nature ne leur a pas donné les boucliers larges et épais qu'elle a disposés sur le dos des acipensères ; elle ne les a pas revêtus de la peau épaisse des balistes : mais une partie plus ou moins grande de leur surface est hérissée , dans presque toutes les espèces de cette famille, de petits piquans dont le nombre compense la brièveté. Ces pointes blessent assez la main qui veut retenir le poisson , ou l'animal qui veut le saisir, pour contraindre souvent à lâcher prise et à cesser de poursuivre le tétrodon ; et il est à remarquer que la seule espèce de ce genre que Ton ait vue abso- E 4 72 HISTOIRE luiiient sans aiguillons , a été douée , pour se défendre, de la force et de la grandeur. Mais , indépendamment de ces armes , au moins très - multipliées , si elles sont peu visibles, les tétrodons jouissent d'une faculté qui leur est uiile dans beaucoup de circons- tances, et qu'ils possèdent à un plus haut degré que presque tous les poissons connus. Nous avons vu les balistes , et d'autres cartilagineux , gonfler une partie de leur corps à volonté et d'une manière plus ou moins sensible. Les tétrodons enflent ainsi leur partie inférieure ; mais ils peuvent donner à cette partie une extension si con- sidérable, qu'elle devient comme une grosse boule soufllée, dans la portion supérieure de laquelle disparoit, pour ainsi dire, quel- quefois, le corps proprement dit, quelque cylindrique ou quelque conique que soit sa forme. Ils usent de cette faculté, et s'ar- rondissent plus ou moins, suivant les difle- rens besoins qu'ils veulent satisfaire; et de ces gonflemens plus ou moins considérables, sont venues les erreurs de plusieurs obser- vateurs qui ont rapporté à différentes espèces des individus de la même, enflés et étendus à des dégrés inégaux. Mais quelle est précisément la partie de DES TETRODONS. 73 leur corps dont les tétrodons peuvent aug- menter le volume, en y introduisant ou de Fair atmosphérique, ou un gaz , ou un fluide quelconque? C'est une sorte de sac formé par une membrane située entre les intestins et le péritoine qui les couvre; et cette pelli- cule très-souple est la membrane interne de ce même péritoine. Au reste , un habile ichthyologiste (i) s^est assuré de la commu- nication de l'intérieur de ce sac avec la cavité qui contient les branchies; il Ta en effet gonflé , en soufflant par l'ouverture branchiale : et ce fait ne pourroit-il pas être regardé comme une espèce de confir- malion des idées que nous avons exposées (2) sur l'usage et les effets des branchies des poissons? Mais, quoi qu'il en soit, les par- ties voisines de cette poche partagent sa souplesse, se prêtent à son gonflement, s'é- tendent elles-mêmes. La peau de l'animal, ordinairement assez mince et plissée , pou- vant recevoir aussi un grand dévelcyppement, toute la portion inférieure du corps du té- trodon, et même ses côtés, s'enflent et se dilatent au point de représenter un globe ^ !■ ■ ». Il ■ .. ■■ , .^ ■ M ■ ■■■> ■■■ l.l — Il !■ !■ WWWiWfcM^P— W^— i— — ■■^^^,— — (i) Le «loctenr Bloch , de Bej'lin. (9) Voyez le Discours sur la iiaUire des poissons. 74 HISTOIRE plus ou moins parfait, et si grand à pro- portion du volume du poisson, que Ton cioi- roit^ en le voj^ant nager dans cet état, n'avoir sous les yeux qu'un ballon flottant entre deux eaux 5 ou sur la surface des mers. C'est principalement lorsque les tétrodons veulent s'élever , qu'ils gonflent ainsi leur corps , le remplissent d'un fluide moins pesant que l'eau ,, et augmentent leur légè- reté spécifique. Ils compriment au con-^ traire le sac de leur poitrine , lorsqu'ils veulent descendre avec plus de facilité dans les profondeurs de l'Océan; et la partie in- férieure de leur corps est pour ces cartila- gineux une seconde vessie natatoire , plus puissante même peut-être que leur véri- table vessie aérienne , quoique cette der- nière soit assez étendue, relativement à la grandeur de l'animal. Les tétrodons s'enflent aussi et s'arron- dissent , lorsqu'ils veulent résister à une attaque ; et ils se boursouflent ainsi non seulement pour opposer à leurs ennemis un volume plus grand et plus embarrassant, mais encore parce que , dans cet état de tension des tégumens , les petits aiguillons qui garnissent^ la peau sont aussi saillans et aussi dressés qu'ils peuvent l'être. DES TET RODONS. 76 Le perroquet , le premier de ces tétro- dons que nous a3^oRS à examiner, a élé noninié ainsi à cause cle la foime de ses mâciioires, dont la supérietu^e est plus avan- cée que l'inférieure 5 el qui ont, avec le bec des oiseaux appelés perroquets, plus de res- semblance encore que celles des autres car- tilagineux de la même famille. Loisque ce poisson n'est pas gonflé, il a le corps alongé comme presque tous les té- trodons vus dans ce même état de moindre extension. Les yeux sont gros, et au devant de chacun de ces organes est une narine fermée par une membrane , aux deux bouts de laquelle ou voit une ouverture que le perroquet peut clore à volonté, en éten- dant cette même membrane ou pellicule. L'orifice des branchies est étroit, un peu en croissant , placé verticalement, et situé de chaque côté au devant de la nageoire pectorale , qiii est arrondie , et souvent aussi éloignée de l'extrémité du museau que de la nageoire de Fanus. Cette dernière et celle du dos sont presque au dessus l'une de l'autre, et présentent à peu près la même surface et la même figure. La nageoire de l^queue est arrondie; et comme aucune couverture épaisse ou solide ne ^ène dans 7G HISTOIRE le perroquet, ni dans les autres tétrodons, le mouvement de la queue et de sa na- geoire , et que d'ailleurs ils peuvent s'éle- ver avec facilité au milieu de l'eau , on peut croire que ces animaux, n'ayant be- soin , en quelque sorte , d'employer leur force que pour s'avancer , jouissent de la faculté de nager avec vitesse. C'est dans l'Inde qu'habite ce cartilagi- neux , dont la partie supérieure est com- munément brune avec des taches blanches et de diverses figures, et dont les côtés sont blancs avec des bandes irrégulières longitu- dinales , et de couleur foncée (i). Des aiguillons revêtent la peau du f entre, et sont renfermés presque en entier dans (i) Le tétrodon perroquet ne parvient pas au delà d'an à deux pieds de longueur. Clusiiis est le premier qui ait donné la figure de ce poisson , figure Irès-faulive , que Jonston et Willugliby ont copiée. Ce dernier ichlliyologiste, ayant vu depuis la vraie représentation du perroquet , et par consé- quent différente de celle que Clusius avoit publiée , a cru qu'il s'agissoit de deux poissons d'espèce distincte. Seba et Ray sont tombés dans la même erreur. Le chevalier Hans Sloane ( Hist. naf. Jamaïc. ) a fait mention d'un tétrodon que l'on pêche dans les eaux de la Jamaïque , et qui est le même que le DES TETRODONS. 77 des espèces de petits enfoncemens, qui dis- paroissent lorsque ranimai se gonfle et que la peau est tendue (t). tétrodon perroquet. [Orbis lœvis , ohlongus , cinereis et fuscis niaculis notatus. Sloan. Janiaïc. — Artedi , Gen. pisc. g'Qn. 59 , sp. 21 ; et Synonym. p. 87. ) Eq sorte que le tétrodon de cet article habite également les mers de l'Inde et de l'Amérique méridionale. S 0 N N 1 NI. (1) On compte aux nageoires pectorales 14 rayons. A celle du dos 6 A celle de l'anus 6 A celle de la c[ueue .......... 9 78 HISTOIRE LE TÉTRODON ÉTOILE (i)(2), PAR LACÉPÉDE. SECONDE ESPÈCE. JNous avons trouvé la description de ce cartilagineux dans les écrils de Gommer- son , qui Ta voit vu parmi d'autres poissons apportés au marclié de File Maurice, au- près de nie de France. Ce voyageur com- pare la grandeur que présente le tétrodon étoile, lorsqu'il est aussi gonflé qu'il puisse Tétre, à celle d'un ballon à jouer, dont ce cartilagineux montreroit assez exactement la figure 5 sans sa queue, qui est plus ou moins prolongée. Cet animal est grisai re, mais d'une couleur plus sombre sur le dos, lequel est semé , ainsi que la queue , de (i) Telrodon cinereus , nigro giittatus , hispidus setis è basi stellata exortis. Comm. Manusc. déjà cilés. {2) li'on ne doit pas confoncire celte espèce avec un antre tétrotîon on orbe étoile , rléorit par le docteur Bloch, et dont il sera question ci -après sous les noms de tétrodon blanc et de tétrodon lagocéphale. S o N w T N I. DES TETRODONS. 79 taclies petites, presque rondes et très-rap- proclises. La partie inférieure du corps est d'une couleur plus claire et sans taches , excepté auprès de l'anus , où l'on voit une espèce d'anneau coloré, et d'un noir très- foncé. L'ensemble du poisson est hérissé de piquans roides, et d'une ou deux lignes de longueur. Ceux qui sont sur le dos sont les plus courts et tournés en arrière ; les autres sont droits, au moins lorsque le ventre est enflé, et attachés par une base étoilée à cinq ou six rayons. Nous verrons une base ana- logue retenir les piquans de plusieurs autres poissons, et particulièrement de la plupart de ceux auxquels le nom de dindon a été donné. Au reste, ces piquans tiennent lieu , sur l'étoile , ainsi que sur le plus grand nombre d'autres tétrodons, d'écaillés pro- prement dites. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l'inférieure. Les deux dents qui garnissent chacune de ces mâchoires sont blanches, larges, à bords incisifs, et attachées de très -près l'une à l'autre sur le devant du museau. Les yeux, séparés par un intervalle un peu déprimé , sont situés de manière à 8o HISTOIRE regarder avec plus de facilité en haut que par côté. On n'aperçoit pas de ligne latérale. La nageoire du dos, arrondie par le bout, et plus haute que large, est attachée à une appendice qui la fait paroître comme pédonculée (i). La caudale est arioiidie, et la partie de la queue qui Favoisine est dénuée de piquans. L^individu observé par Commerson avoit treize pouces de longueur. Il pesoit à peu près deux livres. (i) Aux nageoires pectorales ... 17 rayons. A celle du dos 10 A celle de l'anus 10 A celle de la queue 9 LE DES TETRODONS. 81 ,«*>■,,— —.■■ —*-'l"W W ■ I >!■ .1 — ■^■>.. ■■- MM^» ■ !»■ I ^ ■■■■fc»l1ll ■!!■ I ■! M — ■M.IÉWIW^.WIIW^^— ^MW—i^aa^ r. JIWI ■ *"■ *■ M^»' «M I ^ Il ■ ■ ^— ^^1^—— M^— i^M I ' g !■ ■ I I n I —— — .1 I im^mm^^t^l^,0mum^m^t-m^^^^ LE TÉTRODON POINTILLÉ (1), PAR LACÉPÊDE, TROISIEME ESPÈCE, I^'est encore d'après les manuscrits de l'infatigable Commerson que nous donnons la description de ce cartilagineux, dont ua individu a voit été remis à ce naturaliste par son ami Deschamps. Ce tétrodon est conformé comme Té toile dans presque toutes ses parties ; il a parti- culièrement sa mâchoire supérieure plus avancée que celle de dessous, et la base de ses piquans étoilée comme le cartilagineux décrit dans l'article précédent. Mais ses couleurs ne sont pas les mêmes que celles de l'étoile. Il a en effet non seulement de petits points noirs semés sur la partie supé- rieure de son corps, qui est brune, mais encore des taches plus grandes, irrégulières, (i) Tefraodon hispldus ^ punctis in dorso , guttis in ventre defluentibus atris , pinnâ dorsi lineari spuriâ, Commerson , Manuscrits déjà cités. Poiss. Tome V. F ^2 M 1 s T O 1 R E et d'un noir plus foncé, sur la partie infé- rieure , qui est blanchâtre. Ses nageoires pectorales présentent à leur base une raie large et noire, et sont livides et sans taches sur tout le reste de leur surface. D'ailleurs la nageoire dorsale est très-étroite, presque hnéaire, ne montre aucun rayon distinct; et ce dernier caractère suffit , ainsi que Ta pensé Commerson, pour le séparer de Té toile (i). m^ ■ ■ ' ■ ■ ■ I < I ■■ I m^^^m^ I II «Il ^^— ^1^ ' (i) Aux nageoires pectorales . . . w 20 rayons. A celle de la queue , (jui est arrondie» C) DES TETRODONS. 83 LE TÉTRODON SANS -TACHE, PAR LACÉPÈDE. QUATRIÈME ESPÈCE. v^E poisson a la mâchoire supérieure plus avancée que Tinférieure , et il diffère des tétrodons, qui ont également la mâchoire d'en bas moins avancée que celle d'en haut, par la place et les dimensions de ses yeux , qui sont petits et très -rapprochés du bout du museau, et par sa couleur, qui est plus claire sur le ventre et à l'extrémité des na- geoires pectorales que sur le reste du corps, mais qui ne présente absolument aucune tache. Presque toute la surface de l'animal est d'ailleurs hérissée de petits piquans. C'est dans les dessins de Commerson que nous avons trouvé la figure de ce cartilagineux^^ F 3 84 HISTOIRE LE TÈTRODON HÉRISSÉ (i)(2), PAR LACÉPÈDE. CINQUIÈME ESPECE, Voyez planche XIV , jîg. 2. v^E n'est pas seulement dans les mers de l'Inde qu'habite ce tétrodon; il vit aussi dans la Méditerranée, où on le trouve particu- (1) Dans plnsioiirs rnaroits d'îtalie ^pesce Colombo, Dans plusieurs conlrées du luç\a.xiX , flascopsaro. Tétrodon hispidus. Lin. édit. de Gmel. — Xagerstr. Chin. 25. "^^ Ostracion te.traodàn sphœricus , aculeis undique exi^uis. Artedi , gen. 58 , syn. 83. Ostracion maculosus , aculeis undique densis exiguls. Idem , gen. 58, syn. ^5 , n^ i5. Quatre-dents hérissé. Daubenton /Encycl. méth. — Bonaterre , pi. de rEncyci. mélliod. Flascopsaro. Rondelet , Hist. des poissons, première partie, livre i5,cbap. i. Orbis. Plin. Hist. mundi , lib. 52 , cap. 2. Orbisprimus Rondeletii. Willughby , p. i45. Flciscopsari , orbis , orchis. Bclon , Voyage , lîv. 2 , chap. 52. — Isidor. Hisp. lib. 12, cap. 6. — Salr. DES TETRODONS. 85 lièrement auprès des côtes septeutrionales de TAfrique, et où il se tient quelquefois dans reniboucliuie du Nil, et des autres rivières dont les eaux descendent des mon- tagnes plus ou moins voisines de ces rivages africains. Aussi les anciens Font-ils connu, et Pline en a parlé en lui donnant le nom d'orbis. Il mérite en eiïet cette dénomina- tion, qui lui a été conservée par plusieurs auteurs; il la justifie du moins par sa forme, plus que la plupart des autres télrodons , lorsqu'en se gonflant il s'est donné toute — ---iM-i- — - ■■■ !■■ I ■ r -■ I II M f 208 , h j ad iconem , et 20g. — Jonston , lib. 2 , t. 2 , c. 5 ; t. 24 j ïi** 9» Orbis uiilgaris. Charleton , Oiioni. p. i^/^. Orbis , vel orchis, Gesner , p. 63i , 744* Orbis species ex Gesnero. Aldrov. 1. 4; c. i5, p. 554> Tetrodon hispidus , flascopsaro. Blocb, pi. cxlii. (2) Le tetrodon hérissé. En allemand , seekropfer ^ seejlascTie , meertaube , meerjlasche , sternflasclie j schnottfisch , kugelfisch. A Venise , pesce palombo. En anglais, scuU-fish^ weather-cock , globe-fish. Aux Indes , ican papoewa , djantan. Orbis. Plin. Hist. nat. lib. 32 , cap. 2. Ostracion tetraodon ventricosus , corpore toto niuri" cato, Lagerstr. Chin. Tetrodon totus hispidus ^ papillis sefaceis.» . tetrodon Jiispidus. Lin, Syst. nat. edit. Gniel. gen. iS/ , sp. 6. So N N I N I. F 5 8G HISTOIRE Fextension dont il est susceptible. Dans cet état d'eijflure , il ressemble d'autant plus à un globe que la dilatation s'étend au des- sous de la queue, presque jusqu'à lextré- niité de cette partie, et que Ton n'auroit besoin de retrancher de l'animal qu'une très -petite portion de son museau et sa nageoire caudale, pour en faire une véri- table boule. Aussi Pline a-t~il dit que ce poisson étoit, en quelque sorte, composé d'une tête sans corps ; mais, comme Font observé Rondelet et d'autres auteurs, on devroit plutôt le croire formé d'un ventre sans tête, puisque c'est sa partie inférieure qui, en se remplissant d'un fluide quel- conque, lui donne son grand volume et sou arrondissement (i). Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure , et la surface de tout son corps est parsemée de très-petits piquans. Sa couleur est foncée sur le dos , et très- laire sur les côtés, ainsi que sous le ventre. c (i) « Les grecs, dit Belon , voyans qu'ils [orbis ou orchis) sont ronds comme bouteilles, dient ^«5co/35ar«. On les prend en la jurisdiction du Saet : et de là on les apporte au Caire pleins de foin ; car ils ne valent rien à manger )>. (De la nature et pourtraits des pois- sons , liv. I , p. 295, ) SonNiNi. DES TETRODÔNS. if Mais ces deux nuances sont séparées Vuhë de l'autre par une ligne très-sinueuse , de manière que la teinte brune descend de chaque côté au milieu de la teinte blan-- châtre par quatre bandes transversales plus ou moins larges, longues et irrégulières. Nous avons trouvé, dans les dessins de Commerson, une figure du hérissé, qui a été faite d'après nature. Le dessus du corps y paroît parsemé de taches très - petites , rondes, blanches, et disposées en quinconce/- Nous ignorons si ces taches blanches sont le signe d'une variété d'âge , de pays , ou de sexe; ou si, dans les divers de^ssins et les descriptions que l'on a donnés du héiissé, on a oublié ces taches, uniquement par^ une suite de l'altération des individus qui ont été décrits ou figurés. Les nageoires pectorales se terminent en croissant; celles de l'anus et du dos sont très- pelites; celle de la queue est arrondie (i). Le tétrodon hérissé n'est pas bon à man- (i) Aux nageoires pectorales .... 17 rayons, A celle du dos •;';••> g A celle de l'anus ........ ."^ 10 A celle de la queue lo F 4 88 HISTOIRE ger (i); il renferme trop de parties suscep- tibles d'extension, et trop peu de portions charnues. Dans plusieurs contrées voisines des bords de la Méditerranée, ou des rivages des autres mers dans lesquelles habite ce cartilagineux , on l'a souvent fait sécher avec soin dans son état de gonflement ; on Va. rempli de matières légères , pour conserver sa rondeur ; on Ta suspendu autour des temples et d'autres édifices, à la place de girouettes : et en effet la queue d'un hérissé, ainsi préparé et rendu très - mobile , a dû (i) Le savant naturaliste qui a enrichi de notes la traduction des voyages de Thunberg, prétend que le poisson connu chez les japonais sous le nom de ketacua Tcara , c'est -à - dire , poisson mortel , est le même que le tétrodon hérissé (tom. III, p. 4^9)- Mais Thunberg île donne aucune description, ni même aucune notice indicative sur ce poisson mortel ; en sorte que l'opi- nion du professeur Lamarck ne peut être regardée que comme une conjecture, à la vérité fort imposante. S'il a rencontré juste, il nous aura appris que le tétro- don hérissé , seulement mauvais à manger dans nos mers, prend une qualité vénéneuse et même mortelle sur les côtes du Japon. Les naturels de» cette contrée disent que ce poisson a placé le chevet de son lit au nord , parce que c'est l'usage parmi eux de tourner la tête des agonisans du coté du septentrion. S O N N I N I. DES TETRODONS, % toujours se tourner vers le point de l'hori- son, opposé à la direction du vent (i). Le tétrodon hérissé vivant au milieu des eaux salées de la Méditerranée, on ne sera pas étonné qu'on ait reconnu des individus de cette espèce parmi les poissons pétiifiés que Ton trouve en si grand nombre dans le Mont-Bolca, près de Vérone, et dont on a commencé de publier la description dans un très-bel ouvrage , déjà cité dans cette histoire, et entrepris par le comte Gazola, ainsi que par d'autres sa vans physiciens de cette ville italienne (a), (i) Rondelet rapporte que le flascopsaro passe pour engendrer des perles de la rosée reçue dans la bouche , ce que , dit cet ancien naturaliste , je pense ctre faux. ( Hist. des poissons , liv. i5 , p. 323. ) Personne ne sera tenté d'être en cela plus crédule que Rondelet. S o N N I N I, (2) Iclitbyolithologia veronensis , pars secuîvldy tab. 8 j fig. 3. 90 HISTOIRE LE TÉTRODON MOUCHETÉ (i), PAR LACÉPÉDE. SIXIEME ESPÈCE. JL/ans les divers enfoncemens que pré- sentent les côtes des îles Pralin , ce poisson a été observé par le voyageur Commerson, qui Ta jdécrit avec beaucoup de soin. Ce naturaliste a comparé la grosseur de cet animal, dans son état de gonflement, à la tête d'un enfant qui vient de naître. Comme le hérissé, ce tétrodon a sa surface garnie, dans presque toutes ses parties, de petites pointes longues d'une ligne ou deux, et sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Mais il diffère du hérissé par la disposition et les nuances de ses couleurs. Il est d'un brun sale par dessus, et blan- châtre par dessous. De petites taches noires (i) Tétrodon hispidus supernè fuscus , deorsum exalbidus , gattis nigris toto corpori tenierè inspersis , are et oculis squalidè liventihiùs. Commerson, Manusc. déjà cités» DES TET RODONS. 91 sont répandues sans ordre et avec profusion sur le dos, sur les côtés et sur la nageoire de la queue. Les nageoires pectorales sont d'un jaune rougeâtre; celle de Tanus et l'ex- Irémité de celle du dos sont jaunâtres; et Ton voit une teinte livide autour des yeux et de l'ouverture de la bouche. La langue est comme une masse in- forme, cartilagineuse, blanchâtre et un peu arrondie. L'iris présente les couleurs de For et de l'argent. Les branchies ne sont de chaque côté qu'au nombre de trois; et chacune est com- posée de deux rangs de filamens. Ce nombre de branchies , que l'on retrouve dans les autres tétrodons, suffiroit pour séparer le genre de ces poissons d'avec celui des ostra- cions, qui en ont quatre de chaque côté. Les nageoires pectorales sont arrondies, ainsi que celle de la queue, au lieu d'être en demi-cercle comme celles du hérissé (1). (i) Aux nageoires pectorales .... 17 rayons. A celle du dos 10 A celle de l'anus . 10 A celle de la queue 10 92 HISTOIRE Le moucheté fait entendre , lorsqu'on veut le saisir, un pelit bruit semblable k celui que produisent les balistes et les ostra- cions : plus on le manie, et plus il se gonfle; plus il cherche, en accroissant son volume , à se défendre contre la main qui le touche et qui Finquiète. DES TETRODONS. 9J LE TÉTRODON TIGRÉ(i). LE TETRODON HONCKENIEN (2) , PAR LACÉPÉDE. SEPTIEME ESPÈCE. Vx'E télrodon a la mâchoire de dessus moins avancée que celle de dessous, coiiiine le hérissé et le moucheté; mais au lieu d'avoir de petits piquans sur tout son corps, il ti'ea montre que sur son ventre et sur ses Cvotés. Il a d'ailleurs une ligne latérale très -mar- quée , l'ouverture de la bouche très-grande, le front large, et les yeux petits. (1) Le téérodon tigré , OU le hérisson tigré. En alle- mand , gstigertp stachelhauch, Tetrodon m,a.xillcu inferiore longlore. ..... tetrodon Honckenii. Lia-Syst. jiat. éd. Gmel. gen. 137, sp. ii« o^t : JO 011 .. S ON NIN I. (2) Tetrodon Honckenii , hérisson ligré. ( BIocIi ^ pi. CXLIIll iib - Tetrodon Honckenii. Lin. édit. de Gmel. Quatre-denfs tigré. Bonaterre, pi. de l'Eïic. méth. 94 HISTOIRE Ou voit sur son dos des taches jaunes et d'autres bleues; les nageoires sont bru- nâtres, mais celles de la poitrine sont bor- dées de bleu (i) (2). ^1 I !■! ■ !■ ■■■■■^ »l— I M.— —I ■.■■■■■■ I I ■ ■ I I ■■ ■■■ ■■III I ■— — — .^^1—^—— ^1^«^1^^— ^^— ^i^^— — — ^ (1) Aux nageoires pectorales .... 14 rayons. A la dorsale 8 A celle de l'anus . . . . .?. s * •; 7 A celle de la queue, qui est arrondie , y (2) Voici les autres traits de la description da tétrodon tigré : les narines sont simples, C3'-lindr4ques et placées près de la lèvre supérieure. Le dos est droit , arrondi et de couleur brune j c'est aussi la couleur des côtés. Le venlre et la queue sont blancs jusqu'à la ligne latérale, laquelle commence au dessous des yeux, s'élève vers le dos, et en suit la direction jusqu'au milieu de la nageoire de la queue. La pru- nelle de l'œil est noire et l'iris bleuâtre. Bloch a trouvé que la peau , qui est épaisse , forme devant l'ouverture des ouïes un pli qui la couvre en partie , et fait l'office de la membrane des ouïes ; du moins cet observateur n'a-t-il pu trouver cette mem- brane. L'opercule des ouïes consiste , selon le même iclithyologiste , en une petite plaque cartilagineuse , qui est cachée en dedans de l'ouverture des ouïes j celles-ci sont au nombre de trois , dont chacune con- siste en deux feuillets velus, comme celles des pois- sons à écailles. . oïV v>< '$>':>'■ "^ Le foie est long et entier ; la vésicule du fiel petite , de même que la rate *, l'estomac grand et mince ; enfin le canal intestinal a deux courbures. Soismni. DES TETRODONS. 95 Ce poisson se trouve dans la mer du Ja- pon. M. Honckeny a envoyé dans le tenis un individu de cette espèce au docteur BJoch; et de là vient le nom qu'a donné à ce cartilagineux le naturaliste de Berlin, qui Ta décrit et fait graver. Nous avons vu que l'on avoit trouvé , parmi les poissons pétrifiés du Mont-Bolca près de Vérone, le tétrodon hérissé, qui vit dans la Méditerranée; il est bien plus uLile, pour les progrès de la géologie, de savoir qu'on a découvert aussi, parmi ces monumens des catastrophes du globe , et des bouleversemens produits par le feu et par Feau dans la partie de l'Italie voisine des Alpes, des restes pétrifiés du tétrodon honckenien, que Ton n'a péché jusqu'à pré- sent que pi'ès des rivages du Japon, vers l'extrémité orientale de l'Asie, et non loin des mers véritablement équatoriales (1). (i) Tétrodon Honckenii. Ichthyolithologia Vero- ïieaais . pars secunda , lab. 8 , liij. 2. ip HISTOIRE LE TÉTRODON L A G O C É P H A L E (i) (2) , PARLACÉPÈ13E. HUITIÈME ESPÈCE» 1 AR VENUS aiî second sous- genre des tétrodons (3), nous n'avons maintenant à examiner parmi ces cartilagineux que ceux (i) Tetrodon lagocephalus. Lin. edit. de Gmel. Qitatre-dtmts blanc. Daubenton , Eiicycl. méth. — Bonateirc,pl. de l'EncycL méthod. — Mus. Ad. Fr. i, p. 59. — Amasnit. aoad. i , p. 3io, fig. 4* Ostracion catlietoplateo - oblongus , ventre tantùm aculeato et subrotundo. Artedi , ^en. 58 , s)'!!. 86. — Gronov. Mus. i , n*^ 120, Zoopli. i85. — Seb. Mus. 5 , tab. 23 , fig. 5. — Willughby , p i44 j t^^* 5 , fig. 2. — Ray , Fisc. p. 43. Kan, kascasre. Valent. Fisc. Amb. fig. 19, p. 353 y Tetrodon lagocepJialus ^ orbe étoile. (Blocb, pi. cxi..) (2) Le tetrodon lagocéphale ^-par quelques-uns, orbe étoile. Eu allemand , hasenhopf , siernbauch» En sué^ dois, belk-kurra. En hollandais, ^rooiJ-Z»/a5er, zee-duif. En anglais , hart- globe fish , globe diodon. Aux Indes, han , kascasre. dont DES TETRODONS; 97 dont les deux mâchoires soiat égalemeut avancées. Le lagocépliale a les côtés et le dessous du corps garnis de piqaans, dont la base se divise en trois racines ou en trois rayons. Ce caractère, qui le sépare de tous les pois- sons renfermés dans le sous-genre dont il fait partie, le rapproche de Tétoilé, dont il diffère cependant par un très-grand nombre de traits, et particulièrement par Tégal avan- cement de ses deux mâchoires , Tabsence de toute espèce de pointes sur son dos, le nombre des rayons de ses nageoires, la dis- tribution de ses couleurs, et même par les racines ou rayons de ses piquans inférieurs » ■ II,. I I . I ., .. ■ » ■ I 11^ Orbis lagocephalus. Grew. Mus, Ostracion tetraodon^ ventricosas, abdomîne muricato. Mus. Adolph, Frid. i , p. 69. — Amasnit. academ. tom. I, p. 3io, fig. 4. Ostracion cathetoplateus , tetraodon compressuSj jnaculosu.9 , glaber. Gron. Mus. i, n^ 120. férié ure du corps. La ligne latérale com- mence au devant de Toeil, passe au dessous de cet organe 5 se relève ensuite et s'étend jusqu'à la nageoire caudale , en suivant à peu près la courbure du dos (2) (5). (1) Osbeck assure que c'est un des plus jolis pois- sons qu'il ait vus. ( Voyages , à l'endroit cité. ) S o N N I N I. {2) Le croissant a aux nageoires pectorales 18 ray. A celle du dos. i5 A celle de l'anus 12 A celle de la queue, qui est arrondie . . 8 (5) Le croissant a la tête petite , large en haut et un peu comprimée sur les côtés*, l'ouverture de la bouche arrondie , ainsi que la langue qui est uniej les yeux petits à prunelle noire et iris jaune; l'ouverture des ouïes en forme de croissant, et placée en devant et très-près des nageoires pectorales ; le dos rond et la queue courte et unie. S o N N i N 1. j9<» ifem' t/e/ 1. I.E GUOR ^liA- T. UNE JiT(/a/7f c f. DES TETRODONS. 107 LE G U O R (1), Voyez la plancJie XVI , figure i. ONZIEME ESPÈCE. J E laisse à ce tétrodon le nom de guor qu'il porte chez les yolofes, sur les cotes du cap Verd. Les français établis à File de Gorée , et les navigateurs de la même nation qui fréquentent ces parages, le connoissent sous la dénomination de poisson perroquet y commun à toutes les espèces de ce genre. Pendant mon séjour à Gorée j'ai trouvé l'occasion d'observer et de faire dessiner le guor, dont il n'existe point encore de figure dans les ouvrages des ichthyologistes. Sa peau est dure , lisse et épaisse ; ses yeux sont grands. La partie antérieure de son ventre est susceptible d'un renflement très- considérable ; cette partie est entrecoupée longitudinalement de lignes ou de rayons cartilagineux qui se ramifient diversement^ et garnie de petits crochets solides ^ blan^ (1) Le tétrodon mal- armé. Lacépède , Histoire ^es poissons. io8 HISTOIRE châtres , d'un peu plus d'une ligne de long; et dont la pointe se recourbe vers la queue. Ces aiguillons, qui commencent au museau, ne s'étendent guère au delà des nageoires pectorales , d où Lacépède la nommé le mal-armé. Les ouvertures des narines sont ovales ; la nageoire du dos alongée , mais peu large, a quinze rayons; les nageoires des ouïes en ont dix-sept, Tauaîe douze; et celle de la queue vingt; cette dernière est fourchue. Un attribut caractéristique du guor est une double ligne latérale^ bien distincte, sur chaque côté du corps; la ligne supérieure, commence à l'œil, suit la cour- bure du dos jusques vers la nageoire, se recourbe par une sinuosité brusque jusqu'au dessous du milieu de la queue, et remonte ensuite un peu pour aboutir au milieu de ]a nageoire de la queue. La ligne inférieure prend son origine au dessous des nageoires pectorales, et se prolonge en ligne droite jusqu'au bout de la queue. Ce poisson est bleuâtre sur le dos , blanc en dessous , argenté sur les cotés , et jau- nâtre sur les nageoires; l'anale a quelques taches de couleur de sang. L'individu qui a servi à ma description et à mon dessin avoit un pied huit pouces DES TETRODONS. lo^ 3e longueur totale , et quatorze pouces et demi dans sa plus grande circonférence. L'espèce du guor n'est pas fort nombreuse, et ce n'est pas un mal , car sa chair est vé- néneuse. Les nègres des côtes voisines du cap Verd, près desquelles on le pêche quel- quefois, le regardent comme très-dangereux j cependant il ne leur est pas tout à fait inu- tile; ils le coupent par morceaux, dont ils font d'excellens appâts pour pécher d'autres poissons qui , en les avalant , ne contractent aucune qualité nuisible. Il paroît que ce tétrodon fréquente aussi les côtes de la Caroline, où, dit Lacépède, il parvient à une grandeur assez considé- rable (i). (i) Histoire des poissons. ïld HISTOIRE LE PENTON DE MER (i). LE TETRODON SPENGLERIEN (2), P A R L A C E P É D E. DOUZIÈME ESPECE. ■■«I O E tétrodon vit dans les Indes. Le docteur Bloch lui a donné le nom de M. Spengler de Copenhague , qui lui avoit envoyé un individu de cette espèce; il se fait remar- quer par deux ou trois rangées longitudi- nales de filamens ou barbillons que Ton voit de chaque côté de son corps , indépendam- ment des aiguillons dont son Ventre est hé- rissé. Sa partie supérieure est d'ailleurs (i) Le penton de mer. En allemand, zottenjîsch. Tétrodon capite cirris plurhnis barhato fetrodon Spengler i. Lin. Syst. nat, edit. Gmel. gen. i37, sp. io> Son NiNi. (2) Tétrodon Spenglerl. Lin. édit. de Gmelin. Quatre -dents penton, Bonat. pi. de l'Enc. méthod. Tétrodon Spenglerl jpunton ne ; l'ouverture des ouïes large, et les rayons de la nageoire de la queue se prolongeant au dehors de la membrane qui les unit. IjC même savant iclithyologisle fait mention d'une variété de cette espèce dont les différences consistent en ce qu'il n'a que six bandes brunes sur le dos , en ce que ses côtés sont lisses, que son ventre est plus gros et que le nombre des rayons de ses nageoires n'est pas le même ; chaque nageoire pectorale en a dix-huit, l'anale neuf, celle du dos onze, enfin la nageoire de la queue neuf. Gmelin a indiqué cette variété : tetrodon dorsi fas- dis sex fuscis. Lin. Syst. nat. gen. iSy , sp. 12, var. b. S ON N I N I. DES TETRODONS. ii5 Le niuseau-aloiigé n'a de petits aiguillons que sur le dos et sur le devant du ventre. Il est gris par dessus et blanc par dessous ; les nageoires sont jaunâtres, sur - tout les pectorales qui sont courtes et larges (i); on voit autour des yeux des taches brunes disposées en rayons. 11 ïïy a qu'une ouver- ture à chaque narine ; on n'aperçoit pas de ligne latérale , et les mâchoires sont en forme de petit cylindre et très-alongées (2). (î) La nageoire de la queue est brune en haut et en bas. S o n n i n i. (2) Le museau-alongé a aux nageoires pectorales. 16 rayons, ' A celle (lu dos 9 A celle de l'anus . . . ., 8 A celle de la queue ; qui est arrondie . lo H 2 ij6 histoire LE TETRODON PLUMIER (i), PAR LACÉPÈDE. QUINZIEME ESPECE. i^' E téti odon , dont la description n'a pas encore été publiée, est représenté dans les dessins sur vélin que renferme la collection du nruseuni national d'histoire naturelle , et qui ont été faits d'après ceux du natu- raliste Plumier ; et connne ce n'est qu'à ce voyageur que nous devons la connoissance de cet animal, j'ai donné à ce poisson le nom de l'habile observateur qui en a trans- mis la figure. Lorsque le tétrodon plumier n'est pas gonflé, son corps est assez alorjgé relative- ment à sa hauteur. Au delà de sa tête on voit une sorte d'élévation pyramidale à quatre faces, jaune et recourbée en arrière, qui tient lieu, pour ainsi dire, d'une pre- mière nageoire du dos. (i) Orbis minimus non acuhatus. Plumier . dessins sur velin déjà cités. DES TETRODONS. 117 Au dessus de la nageoire de l'anus , qui est de la même couleur, on voit d'ailleurs une nageoire dorsale qui est également jaune , aussi bien que celle de la queue. Cette der- nière est arrondie, et présente deux bandes transversales brunes. L'iris est bleu ; le dessus du corps brun et lisse; le dessous blanchâtre, très-exten- sible, et garni de très-petits piquans. Deux rangées longitudinales de taches d'un brun verdâtre régnent de chaque côté de l'animal et ajoutent à sa beauté. H 5 3i8 HISTOIRE LE TETRODON MELEAGRIS (i), PAR LACÉPÉDE. SEIZIÈME ESPÈCE. vyoMMERsoN a laissé dans ses manuscrits une description très-étendue de ce poisson, qu'il a vu dans les mers de FAsie, et au- quel il a donné le nom de méléagris , à catise de ]a ressemblance des nuances et de la distribution des couleurs de ce cartilagi- neux, avec celles de la pintade que Ton a désignée par la même dénomination. Ce tétrodon est en effet brun, avec des taches innombrables, lenticulaires, blanches, et distribuées sur la tête, le dos, les côtés, le ventre, la queue, et même les nageoires. La peau est d'ailleurs hérissée de très-petites pointes un peu plus sensibles sur la tête. Chaque narine n'a qu'un orifice. Les bran- (i) TetrodoTi hrunneus , Jiispidulus y macidis lentt- eularihus alhis undeqiiaque concpersus. Commcrson , Manuscrits déjà cités. DES TETRODONS. 119 chîes sont au nombre de trois de chaque côté; leur ouverture est en forme de crois- sant; leur membrane mince et flottante est attachée au bord antérieur de cette ouver- ture ; et les demi - cercles solides qui les soutiennent sont dentelés dans leur partie concave. Ce poisson fait entendre le bruissement que Ton a remarqué dans la plupart des cartilagineux de son genre, d'une manière peut-être plus sensible que ces derniers , au moins à proportion de son volume (1). (1) Aux nageoires pectorales .... 18 ra5''on!ï. A celle du dos. 10 A celle de l'anus 10 A celle de la queue , qui est arrondie. 9 H 4 126 HISTOIRE LE TÉTRODON ELECTRIQUE (i) (s) , PAR LACÉPÊDE. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. ijES plus belles couleurs parent ce poisson. Il est en effet brun sur le clos, jaune sur les côtés, verd de mer de dessous; ses na- geoires sont rousses ou vertes ; son iris est rouge ; et cet agréable assortiment est relevé par des taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d'autres nuances très - vives. Mais il est encore plus remarquable par la propriété de faire éprouver de fortes com- motions à ceux qui veulent le saisir. Cette qualité est une faculté véritablement élec- trique, que nous avons déjà vue dans la (1) Tûtrodon electricus. Lin. éclit. de Gmelin. — Guillauine Paterson, Act. anglic. 76,2 , p. 582 , t. i5. (2) Tetrodon maculis ruhris , viridihus et albis , suprà fuscus , suhtus thalassiniis , ad latcra flavus , pinnis viridihus. Paterson , /oco citato. — Lin. Syst» nat. edit. Gmel. gGn» iSy , sp. 9. Sonmni» DES TETRODONS. 121 torpille , que nous examinerons de nouveau dans un gj^mnote, et que nous retrouverons encore dans une silure, et peut-être même dans d'autres poissons. Ce cartilagineux habite au milieu des bancs de corail creusés par la mer, et qui entourent File Saint- Jean , près de celle de Comorre , dans l'océan Indien. Lorsqu'il y a été péché , l'eau étoit à la température de seize dégrés du ihermomètre auquel on donne le noai de Réaumur. Il parvient au moins à la longueur de sept pouces; et c'est M. Paterson qui l'a décrit le premier (1). (1) L'on verra avec plaisir la leUre que Paterson écrivit au célèbre Banks, pour lui annoncer la décou- verte du tétrodon électrique. Si cette lettre , dont la traduction est insérée dans le Journal de physique du mois de janvier 1787 , n'est pas d'un naturaliste , elle n'est pas moins intéressante par le ton de candeur et de franchise qui y règne , et qu'il est bon de rappeler quelquefois, dans un tems oii ce ton semble être passé 6e mode. Traduction de la lettre du lieutenant TVilliam Pater- son , à sir J. M. Joseph Bancks , président de la Société royale j contenant la description d^un nou- veau poisson électrique ; du premier mai 1786. « Lorsque j*étois aux grandes Indes avec le quatre- Tingt-dix-huitième régiment; je trouvai âans l'île de 122 HISTOIRE Jean (*) , près de celle de Comorre , un poisson élec- trique que les naturalistes n'ont pas encore observé,/ > et qui diiFère de tous ceux qu'on a connus ou décrits jusqu'à présent. Malgré le peu de talent que j'ai, j'ose entreprendre sa description : heureux si mon obser- vation peut mériter l'attention de la Société royale à qui j ai l'honneur d'en faire hommage î La situation cl un officier subalterne, occupé sans cesse de son ser- vice , sollicitera pour moi son in J aliénée sur l'imper- fection de l'esquisse que je vais faire de ce poisson véritablement étonnant. » Il a sept pouces de long , deux et demi ds large ; îa bouche très- longue et avancée, et il me semble pouvoir être mis dans !a classe des tétrodons. Son dos est de couleur brune foncée ; son ventre vcrd de mer; ses côtés jaunes ; ses nageoires et sa queue rousses ; son corps moucheté a des taches rouges et vertes , et singulièrement brillantes. Il a les yeux grands , l'iris en est rouge et jaune \ les nuances en sont excessive- jnent tranchantes. » L'île de Jean est située au 12, i5 degré de lati- tude sud ; ses côtes sont entièrement composées de rochers de corail qui sont creusés dans plusieurs endroits par les flots battans de la mer. On trouve dans ces cavités une grande quantité de ces poissons électriques. L'eau y est de la température de 56 ou 60*^ degré du thermomètre de Fahrenheit. J'en péchai deux dans une espèce de sac de toile fait pour la pêche; je les pris à la main , et la commotion que je reçus fut si forte , que je fus obligé de les quitter j je les ramassai cependant avec précaution , les mis dans un filet j et (^) L'Ile de Jowanna. DES TETRODONS. 12Z les apportai au camp, qui étoit à deux milles de dis- tance. A mon arrivée j^en trouvai un mort , l'antre dans un état de foiblesse étonnant ; mais cependant encore assez en vie pour prouver son électricité. Je le mis dans un vase rempli d'eau de mer. J'appelai le chirurgien du régi ment; je l'engageai à le prendre dans ses mains ; il reçut une commotion électrique aussi forte que celle que j'avois reçue. I/adjudant du régi- ment le touclta simplement avec le doigt sur le filet , et éprouva la mèiiie sensation. J'en citerois d'autres qui éprouvèrent le même effet ; mais ces deux exemples suffisent. » Recevez avec bonlé et indulgence cette courte description; elle doit engager ceux qui viendront dans l'île à observer avec plus de détail ce poisson singulier. Je ne sais pas assez d'histoire naturelle pour entre- prendre de décrire ses organes intérieurs. 3) J'ai l'honneur d'être , etc. )> Paterson, S o N ^ I M I. 124 HISTOIRE LE TÉTRODON G R O S S E - T E T E (i) (2) , PAR hACÈVÈDE. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. Voici encore un tétrodon très-aisé à dis- tinguer des autres espèces de sa famille. Il en est en effet séparé par la grosseur de sa tête, beaucoup plus volumineuse à pro- portion des dimensions du corps que dans les autres cartilagineux de son genre. Il devient très-grand relativement à la longueur ordinaire de presque tous les autres tétro- donsj il est quelquefois long de deux pieds et demi. Il fait éprouver à ceux qui en mangent les mêmes accidens qu'un poison très-actif. Il se trouve dans les mers chaudes de l'Amérique et dans la mer Pacifique, et Ton en doit la connoissance au voyageur Forster. (i) Tétrodon sceleratus. Lin. édit. de Gmel. — G. Forster , It. i , p. 4o5. (2) Tétrodon tetragonus , capite maximo . . . . tétro- don sceleratus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i57j sp. 8. S o î7 ^' I N I. DES TETRODONS. i25 LA LUNE (i). Voyez la planche XVI , fig^tre 2. LE TETRODON LUNE (2), PAR LACÉPÉDE. DIX-NEUVIÈME î^SPÈCE. Vje poisson, un des plus remarquables par sa forme, habite non seulement dans la 1^ 1 I - • ir I ~i I 1 11 — . ■■■—.. - _j _^ (i) La lune. En allemand , scJiwimmendehopf ^ c'est- à-dire , tête nageante y et milhlensteiîtfisch , meule de moulin. En hollandais , molensteenvisch . En anglais j sun-jish y molehute. En italien y pesce tamhurro , molo ^ eipesce petazzo. A Malte, kamar. A Marseille , mo//^. Ostracion cathetoplateus suhrotiindus inermis aspeVy pinnis pectoralibus horizontalihus , foraminihus qua- tuor in capite. Artedi , Gen. pisc. gen. 59 , sp. 22. — Synonym. p. 83 , n° 4» Tetrodon inermis , asper , compressas , rotundatas , caudâ brevissimâ rotundatâ ; pinnâ dorsali analique annexa , spiraculis ovalibus tetrodon mola. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137 , sp. 7. Salvien est le premier qui ait donné la figure de ce poisson \ elle est bonne, S o k n 1 n j > 126 HISTOIRE Méditerranée, où on le trouve très-fréquem- ment, mais encore dans TOcéan, où on le (2) Dans plusieurs départemena méridionaux, molle ^ meule. Dans plusieurs contrées d'Espagne , bout , mole hout , lune de mer j poisson d'argent. En anglais , Sun- fis h. Tetrodon mola. Lin. édit. de Gmel. Quatre-dents lune. Daubenton , Encycl. mélh. — Bonaterre , pi. de l'Encycl. method. Mola ,\\\\\e. (Bloch , pi. cxxviii. — Art. gen. 61, syn. 85 , 4- Mola. Monli , Act. Bonon. 2 , part. 2 , p. 297 , lab. 5, fig. I. OrtJiragoriscus y luna piscis. Gesn. Hist. anim. 4> pag. 640. Klump -fisch. Plancus, Prompt uar. Hamb. 18 ^ p. I , tab. j , iig. I. Short sun-fish. Pennant, Brit. zool. 5 , p. 102 , n^ 2. Ostracion cathetoplateus , suboompressus , brevis , laCus , scaher , pimiis dorsi anique lanceolatis caudœ proximis. Gronov. Zooph. n^ 186. Orthragorlscus. PJin. 1. 52 , c. 2 et ii. Lune ou mole. Rondelet , première partie, liv. i5 , cliap. 6. Mola. Salvian, fol. i54 et 1^,5, a. ad iconem. — Joust. Thaumat. p. 4^9 > 4^0. — Charleton , p. 129. — Willugbby, p i5i. — Ray, p. 5 1. Lune de mer. Valmont de Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. Sun-fish of ra)\ Borlasc , Hist. nat. of Cornwall , tab. 26 , fig. 6. DES TETRODONS. 127 pêche à presque toutes les latitudes, depuis le cap de Bonue - Espérance jusques vers rextréniiLé septentrionale de la mer du Nord, [l est très-aisé de le distinguer d'un très -grand nombre de poissons, et particu- lièrement de ceux de son genre, par Tapla- tissement de son corps, si comprimé laté- ralement, et ordinairement si arrondi dans le contour vertical qu'aperçoivent ceux qui regardent un de ses côtés, qu'on a comparé son ensemble à un disque; et voilà pour- quoi le nom de soleil lui a été donné, ainsi que celui de hme, qui a été cependant plus généralement adopté. Il a d'ailleurs, sur cette grande surface piesque circulaire que chaque côié présente, cet éclat blanchâtre qui dis- tingue la lumière de la lune. En effet, si son dos est communément d'une nuance très - foncée et presque noire , ses côtés et son ventre brillent d'une couleur argentine très- resplendissante, sur- tout lorsque le té- trodpn est exposé aux rayons du soleil. Mais ce n'est pas seulement pendant le jour qu'il répand ainsi cet éclat argen fia qu^il ne doit alors qu'à la réflexion d'une clarté étrangère : pendant la nuit il briJ le de sa propre lumière : il montre, de même qu'un très-grand nombre de poissons , et plus vivement que plusieurs 128 HISTOIRE de ces animaux, ime splendeur phospliorique qu'il lient de la matière huileuse dont il est imprégné. Cette splendeur paroît d'autant plus vive que la nuit est obscure ; et lorsque le poisson lune est un peu éloigné de la sur- face de la mer , la lumière qui émane de presque toutes les parties de son cotps, et qui est doucement modifiée et rendue on- dulante par les couches d'eau qu'elle tra- verse 5 ressemble beaucoup à cette clarté tremblante dont la lune remplit Faimos- phère , lorsqu'elle est un peu voilée par des nuages légers. Ceux qui s'approchent, au milieu de ténèbres épaisses, des rivages de la mer auprès desquels nage le tétro- don dont nous nous occipons , éprouvent souvent un moment de surprise en jetant les yeux sur ce disque lumineux , et en le prenant, sans y songer, pour l'image de la lune , qu'ils cherchent cependant en vain dans le ciel. Plusieurs individus de cette espèce très - phosphorique , voguant assez près les uns des autres, multiplient cette sorte d'image ; et les figures lumineuses , nombreuses et très-mobiles, que présentent ces poissons, composent un spectacle d'au- tant phi s étendu , que ces tétrodons peuvent ttre vus de très - loin. Ils parviennent en effet DES TETRODONS. 129 effe.t à la longueur de quatre mètres , ou un peu plus de douze pieds ; et comme leur hau- teur est à peu près égale à leur longueur, on peut dire qu'ils peuvent montrer de chaque côté une surface resplendissante de plus de cent pieds carrés. On assure même qu'en 1735 on prit, sur les côtes d'Irlande, un tétrodon lune qui avoit vingt - cinq pieds anglais de longueur (1) , et qui par consé- quent paroissoit pendant la nuit comme un disque lumineux de plus de quatre cents pieds carrés de surface. Tout le monde sait que les objets opaques et non resplendissans ne disparoissent pen- dant le jour, et n'échappent à une bonne vue qu'à peu près à la distance de trois mille six cents fois leur diamètre. Le tétrodon lune péché sur les côtes d'Irlande auroit donc pu être aperçu, pendant le jour, à la distance au moins de quatorze mille toises, s'il avoit été placé hors de l'eau de la manière la plus favorable. Mais, pendant la nuit, dans quel éloignement bien plus grand à pioportion ne voit -on pas le corps lumineux le plus petit! Cependant, comme l'eau, et sur-tout ~— — ■ ■ (1) Hist. of Waterford, p. 271.— ■ Borlase , Hist. nat. of Cornwall, p. 267. Poiss, Tome V. I i5o H I S T O IRE ks vagues agitées de la mer, interceptent une très -grande quantité de rayons lumi- neux, on ne doit voir de très-loin les plus grands tétrodons lunes, malgré toute leur phosphorescence, que lorsqu'ils sont très- près de la surface des mers, et que l'on est placé sur les côtes ou d'autres points très- élevés, cette double position ne laissant aux rayons de lumière qui partent de l'animal et aboutissent à l'œil de l'observateur qu'un court trajet à faire au travers des couches d'eau. Lorsque le tétrodon lune est parvenu à de grandes dimensions , lorsqu'il a atteint la longueur de plusieurs pieds , il pèse quel- quefois jusqu'à cinq cents livres; et on a pris en effet auprès de Plymouth, il n'y a pas un très - long tems , un poisson de cette espèce dont le poids étoit de cinq cents livres, ou près de vingt-cinq myriagrammes. Les tétrodons lunes peuvent donc, rela- tivement à la grandeur, être placés à coté des cartilagineux dont les dimensions sont les plus prolongées ; et comme leurs deux surfaces latérales sont très-étendues à pro- portion de leur masse totale , on peut par- ticulièrement les rapprocher des grandes laies, dont le corps est également comprimé DES TET RODONS. i5i de manière à présenter un déploiement très- considérable , quoique dans un sens différent. Mais, s'ils offrent la longueur des grands squales, s'ils les surpassent même en hau- teur, ils n'en ont reçu ni la force, ni la férocité. Leurs muscles sont bien moins puissans que ceux de ces squales très-alon- gés ; et leur bouche , quoique garnie de quatre dents larges et foi les , montre une ouverture trop petite pour qu'ils aient jamais pu contracter l'habitude de poursuivre un ennemi redoutable, et de livrer des combats hasardeux (i). Les nageoires pectorales sont assez éloi- gnées de l'extrémité du museau, et leur mouvement se fait de haut en bas , beau- coup plus que d'avant en arrière. Celle du dos et celle de l'anus sont très-alongées, et composées de rayons très-inégaux, dont les plus antérieurs sont les plus longs. La na- geoire de la queue peut être compaiée à une bande étroite placée à la partie posté- rieure de l'animal, que l'on seroit lente de regarder comme tronquée; et elle est étroi- m^' — ■ ■■ - -" ■ - I ...■.■-.-■ . ■.■^— I. .■-■^■- , ■■■■■ p ■ fi) Le plus grand diamètre de la bouche n'éloit que d'un pouce et demi dans un individu long de trois pieds un pouce. la i5i HISTOIRE teuieul liée avec les nageoires du dos et cle l'anus par une membrane commune à ces trois organes, ce qui distingue particuïïè- rement le tefiodon lune de tous les autres cartilagineux de son genre (i). La hauteur de ce poisson est presque égale à sa longueur. II est cependant dans cette espèce une variété plusieurs fois observée, et dans laquelle la longueur est double de la hauteur (2). Indépendamment de cette diitérence très-notable dans les dimensions, cette vai'iété présente une petite bosse ou saillie au dessus de ses ^ eux . et à une dis- tance plus ou uioins grande de l'extrémité du museau. Au reste, je me suis assuré , piU' l'observation de plusieurs tétix>dons lunes, que des individus de l'espèce que nous exa- minons préseutoient diUérentes figures in- (1) Aux nai:eoires peclorales 1 :> ou i5 rayons. A celle c!u dos ii ou 12 A celle de Tanns 11 A celle de la queue .... i" ou 18 (3) Tetrodoa moia trancata^. Lin. édit. de Ginel. — Relzius , Kov. Act. Stockh. 6 , 2, p. 1:6. — Planr. Promt. Hamb. 18 , lab. i . fi^j. 2. — Monti , Act. BoocHi. 2 , p. 2 . p. 297 ? tcb. 2 , fig. I. ObUmg stm-fî^h. Crit. Zool. 5, p. 100, n^ 1. — Boilase , Hist. nat. of Corawall , tab. 26 , £§• 7. DES TETP.ODOX5. i33 termofli aires entre celle qui donne la hau- teur é^^ale à la longueur, et celle qui produit une longueur double de la hauteur. Mais cette espèce ne varie pas seulement dans sa forme , elle varie aussi dans ses cou- leurs; et nous avons trouvé, parmi les ma- nuscrits de Comraerson, le dessin d'une lune douL la longueur est presque double de la hauteur, qui n'a pas cependant d'élévation particulière au dessus du museau , et qui , au lieu des nuances que nous avons déjà ex- posées, est peinte de couleurs disposées dans un ordre remarquable. JSn grand nombre de taches irrégulières, les unes presque rondes, les autres alon^ées , sont distribuées sur chaque face latérale de l'animal, et s'y réu- nissent plusieurs ensemble de manière à y former, sur -tout vers la tête et vers les nageoires pectorales, des bandelettes qui , serpentant dans le sens de la longueur ou dans celui de la largeur de la lune , se sé- parent en bandelettes plus petites, ou se rapprochent et se touchent dans plusieurs endroits, et sont presque toutes couvertes de petits points d'une co■ ■■■■»■ ■ ■ ■■■■-■■■- ■ . Il - ■■! »» ■ Il I » — ■ "— ■ ■ (i) Notes maimscriles communiquées par Cuvier. . (2) Idem. DES TETRODONS. i35 laquelle on aperçoit on partie le globe de Toeil 5 n'a ordinairement , dans son plus grand diamètre, que la moitié de celui de ce globe. Elle est garnie intérieurement d'une sorte de membrane molle et ridée; et autour de cette ouverture on découvre , immédiatement au dessous de la peau , un anneau charnu , derrière lequel l'animal peut retirer son oeil , qui est alors caché par la nien^brane ridée comme par une paupière. L'on doit encore observer, dans l'organe de la vue du tétrodon lune, deux parties qui ont été très-bien décrites par Cuvier, ainsi que celles dont nous venons de parler. Premièrement , on peut voir une glande rougeâlre , un peu cylindrique, irrégulière- ment placée autour du nerf optique , à l'endroit où il a déjà pénétré dans le globe de l'œil, recouverte par la membrane inté- rieure de cet organe, à laquelle le nom de choroïde a été donné , et tenant à la mem- brane plus intérieure encore de ce même organe par un très-grand nombre de petits vaisseaux blancs, qui serpentent de maiiièie à former une sorte de léseau. Secondement, il y a une espèce de poche ou bourse conique, composée d'une mem- 1 4 i56 HISTOIRE brane très-mince, d'une couleur brune, et qui va depuis le nerf optique jusqu'au cris- tallin, en paroissant occuper un sillon de l'humeur vitrée. Au reste, les nerfs optiques se croisent au dessous du cerveau sans se confondre : le droit passe au dessus du gauche pour aller jusqu'à l'œil ; et ils sont l'un et l'autre très- renflés , et comme divisés en plusieurs filets à l'endroit du croisement. La cavité du crâne est près de dix fois plus grande qu'il ne le faut pour contenir le cerveau. Elle forme un triangle isocèle dont la pointe est vers le museau, et dont les côtés sont courbés iiTégulièrement. A chaque angle de la base, cette cavité s'agran- dit pour renfermer l'organe de l'ouïe. Le diamètre de Testomac n'est guère plus grand que celui du reste du canal intestinal. Ses membranes, ainsi que celles du duodé- num et du rectum, sont fortes et épaisses; et ce canal alimentaire renferme souvent, ainsi que celui d'un très-grand nombre de poissons, une quantité considérable de vers intestinaux de différentes espèces. Les reins sont situés dans la partie supé- rieure de la cavité abdominale; ils se ter- minent vers la tête par deux longs prolon- DES TETRODONS. iSy gemens; ces prolongetnens sont reçus dans deux sinus de la cavité de Fabdomen ; ces sinus sont séparés l'un de Vautre par une cloison musculeuse , et ils s'étendent hori- sontalement jusqu'auprès des yeux. Le péritoine contient une grande quan- tité d'eau salée et limpide , qui a beaucoup de rapports avec celle que l'on trouve dans la cavité abdominale des raies, des squales, des acipensères, et d'autres poissons cartila- gineux ou osseux, et qui doit y parvenir au travers des membranes assez perméables des intestins et d'autres parties intérieures du tétrodon lune. Le foie est très-grand ; il occupe presque la moitié de la cavité abdominale , et est situé dans la partie supérieure de cette ca- vité , au dessous des reins. 11 est d'ailleurs demi-sphérique , jaune, gras, mou, parsemé de vaisseaux sanguins; il ne paroît pas di- visé en lobes; et on le dit assez bon à manger. La chair de la lune n'est pas aussi agréable au goût que le foie de cet animal; elle déplaît non seulement par sa nature, en quelque sorte trop gluante et visqueuse, mais encore par l'odeur assez mauvaise que répand le tétrodon pendant sa vie, et loS HISTOIRE qu'elle conserve souvent après avoir été préparée; elle fournit, par la cuisson, une quantité assez considérable d'huile bonne à brûler , mais dont on ne se sert presque pas pour les aliniens : aussi la lune est-elle peu recherchée. Lorsqu'on veut la saisir, elle fait entendre, de même que la plupart des té t rodons et plusieurs autres poissons osseux ou cartilagineux, im bruissement très-marqué ; et comme cette sorte de bruit est souvent assez grave dans le tétrodon lune, on Fa comparé au grognement du cochon ; et voilà pourquoi la lune a été nommée porc , même dès le tems des an- ciens grecs (i). (i) Les anciens laccdémoniens donnoinut le nom iVorthogoriscoi , cesi-k-due f porc y à un pois&cnfoit grand , qui fait entendre , lorsqu'on le saisit, un bruit semblable au grognement du coclion. C'est à cette seule indication que se réduisent les notices que les anciens écrivains nous ont transmises au sujet de Vor- thagoriscoiy poisson de la Méditerranée. Or, ainsi que Lacépèdc l'a déjà observé, plusieurs autres espèces de poissons, tant osseux que cartilagineux , jettent dans le danger la même sorte de cri , et comme parmi les espèces propres aux eaux de la Médileiranée, il en est ^ui acquièrent aussi une grandeur remarquable , je ne vois pas que V orthn gorlscoi des lacédémoniens doive être rapporté au poisson lune plutôt qu'à tout autre de DES TET RODONS. 139 ces grandes espèces. C'est Rondelet , qui le premier a fait ce rapprochement , après, dit-il , avoir bien pensé à tout. ( Hist. des poissons , liv. i5 , cliap. 6 , p. 527. ) Une conjecture émise avec ce ton d'assurance a été adoptée par les iciithyologistes qui ont suivi Rondelet, el qui , dans leur synonymie , n'ont pas manqué d'ins- crire l'ortLagoriscoi comme se rapportant à la lune- Un seul néanmoins s'a percevant qu'une pareille sup- position étoit hasardée, a exprimé ses doutes sur ce sujet par un point d'interrogation. ( ? Orûiragoriscus Plin. Artedi , Synonym. pisc. ) Ua chair de la lune n'étant pas de bonne qualité , l'on voit rarement ce poisson dans les marchés des villes maritimes. M. Brunnich (Ichtbyoloqia Massil. pag. 8 Tetrodon mo/«) raconte que , navigant entre Antibes et Gênes , l'on découvrit à la surface de la mer une lune si pro- fondément endormie , qu'elle ne s'aperçut point de l'approche du navire , et qu'un matelot s'élançant sur elle , eut le tems de la saisir avant qu'elle se réveillât. Lorsque les lunes avancent dans les eaux , elles ont un mouvement tiès-singulier j elles roulent sur elles- înêmes comme une roue. On prend ces poissons dans les madragues et dans les autres filets dgslinés à la pêche des thons. S o N N I î< I. i4o HISTOIRE DOUZIÈME GENRE. , PAR LACÉPÉDE. I/ES ovoïdes. JLiE corps ovoïde; les mâchoires osseuses; avancées , et divisées chacune en deux dents; point de nageoires du dos, de la queue , ni de Fanus. ESPÈCE. L^ovoÏDE FAscÉ. — Des bandes blanches; étroites , horisontales , et divisées à leur ex- trémité, de manière à représenter un 1*^. DES ovoïdes. 141 L' OVOÏDE FASCÉ (1), PAR LACÉI^ÈDE. JN ous avons cru devoir séparer de îa famille des tétrodons, et inscrire dans un. genre particulier , ce poisson très - remar- quable , non seulement par la forme de son corps , qui paroît encore semblable à un œuf lors même que son ventre n'est pas gonflé ; mais encore par le défaut absolu de nageoires de la queue , du dos et de Tanus. Il ne présente que deux nageoires pectorales, aussi petites que les ailes d^ine mouche ordinaire, dans un individu d'un pouce et demi de longueur^ rapprochées du sommet du museau, et composées de dix-huit rayons très -déliés. C'est dans les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé la description de cette espèce. Ce savant voyageur n'en avoit vu qu'un indi- vidu desséché; mais il avoit réuni à ses (i) Tetraodon oviformis ,pinnis tantùm pectoratihus gaudens , hispidulus , niger , rivulis albis è dorso ad ventrem descendentibus, Comm. Manusc. déjà cité*. 242 HISTOIRE observations celles que lui avoit commuai-- quées son ami Deschamps, habile chirurgien de la marine , qui avoit observé des ovoïdes fascés dans toute leur intégrité. Le fascé examiné par Commerson étoit alongé^ mais arrondi dans tous ses contours, véritablement conformé comme un œuf, et tenant le miheu pour la grandeur enfre un œuf de poule et un œuf de pigeon. Son grand et son petit diamètre étoient dans le rapport de trente-un à vingt-six. Non seulement on ne voit pas, dans cette espèce , de nageoire caudale , mais il n'y a pas même d'apparence de queue propre- ment dite. La tête est renfermée dans l'es- pèce de sphéricité de l'ensemble de Tanimal; le museau est à peine proéminent ; et on ne voit saillir que les deux dents de chaque mâchoire , qui sont blanches comme de l'ivoire , et semblables d'ailleurs à celles des tétj'odons. Les yeux sont petits, alongés , éloignés du bout du museau , et voilés par une membrane transparente qui n'est qu'une continuation de la peau de la tète. L'on apej'çoit les ouvertures des branchies au devant des nageoires pectorales. L'anus est , suivant Deschamps , situé à l'extrémité DES ovoïdes. 143 du dos, mais un peu daus la partie supé- rieure de ranimai, et la position de cette ouverture est par conséquent absolument sans exemple dans la classe entière des poissons. Tout l'animal est d'un brun noirâtre; ce fond obscur relève des bandelettes blanches placées en travers sur le ventre, disposées en demi -cercles irréguliers au dessous du museau, et divisées vers le dos en deux branches , de manière à imiter une fourche , au un Y. La peau du fascé est d'ailleurs hérissée de très-petits piquans, blancs sur les ban- delettes, et noirâtres sur les endroits foncés; en les regardant à la loupe, on s'aperçoit que leur base est étoilée. Le poisson que nous décrivons habite dans la mer des Indes. i44 HISTOIRE — — - Ml ■ . i.l .f> PREMIER GENRE (bis)*, PAR L A C É P È D E. LES GASTROBRANCHES. _Lj E s ouvertures des branchies situées sous le ventre. PREMIÈRE ESPÈCE. Le gastrobranche aveugle. — Une nageoire dorsale très-basse, et réunie avec celle de la queue. seconde espèce. Le gastrobranche dombey. — Point de nageoire dorsale. ^1- - ■ ■■ ■ ■ ■■ --.■■■■■-■■■■ -1 — ■! I ■! ■ ■■■ ■■ _ — I II. ...— ■■ ■■■■■-■ — — * Plusieurs des matériaux nécessaires pour com- poser les articles relatifs aux gastrobranches , ne m'étant parvenus qu'après l'impression d'un assez grand nombre de feuilles de cet ouvrage, je n'ai pu placer qu'ici la description de ces animaux , dont l'histoire auroit dû suivre celle des pétroraj'^zons. Au reste , le genre des gastrobranches est inscrit à sa véritable place sur le tableau des ordres des poissons tant osseux que cartilagineux ; et il le sera de même sur le tableau général de tons les genres et de toutes les espèces de poissons décrits dans cette Histoire naturelle , tableau par lequel notre travail sera teriniué. L'AVEUGLE. p/. xvzr . Xci'. ./? /J y. c/ e y c 7)i' ^^^ 534, Foiss. ToMii V. K 146 ^ HISTOIRE lité des différentes portions qui le composent,' par la souplesse et la viscosité de ]a peau qui le revêt, et sur laquelle on ne peut aper- cevoir , au mouis facilement , aucune sorte d'écaiile. Ils se rapprochent encore des pé- tromyzons par le défaut de nageoires infé- rieui es et même de nageoires pectorales , par la conformation de leur bouche, par la disposition et la nature de leurs dents, et ils ont sur-tout de très-grands rapports avec ces cartilagineux parla présence d'un é vent au dessus de la tête, et par rorganisatioa de leurs branchies. Ces organes respiratoires consistent en effet, ainsi que ceux des pé- tromyzons , dans des vésicules ou poches , lesquelles d'un côté s'ouvient à l'extérieur du corps, de l'autre communiquent avec l'intérieur de la bouche , et présentent de nombreuses ramifications artérielles et vei- neuses. Il est donc très - aisé , au premier coup d'œil, de confondre les gastrobranches avec les pétrom} zons , ainsi que Font faift dliabiles naturalistes : en les examinant .cependant avec attention, on voit facile- ment les différences qui les séparent de ^cette famille. Tons les pétron:iiyzoîlsoi:it sept branchies de chaque côté; le g'asfrôBrànchfe aveugle n'eu a que six à droite et six à "loi' .'i^i'ri DES GASTROBR.\NCHES. 147 gauche , et il est à présumer que le gastro- branche dombey n'en a pas un plus grand nombre. Dans les pétromyzons , chaque branchie a une ouverture extérieure qui lui est particulière ; dans le gastrobranche aveugle , il n'y a que deux ouvertures ex- térieures pour douze branchies. Les ouver- tures branchiales des pélromyzons saut si- tuées sur les cotés et assez près de la tête,* celles des gastrobranches sont placées sous le ventre. Les lèvres des gastrobranches sont garnies de barbillons; on n'en voit point suç celles des pélromyzons. Les yeux des pélro- myzons sont assez gi^ands; on n'a pas encore pu reconnoîlre d'organe de la vue dans les gastrobranches , et voilà pourquoi l'espèce dont nous parlons dans cet article a reçu le nom d'aueugle. On remarquera sans peine que presque tous les traits qui empêchent de réunir lefi gastrobranches avec les pélromyzons con- courent , avec un grand noml)re de ceux qui rapprochent ces deux familles, à fairip méconnoître la véritable nature des gasLio- branches j au point de les retrancher de la classe des poissons, de les placer dans celle des vers , et de les inscrii^ particulièi'emeot parmi ceux de ces demiej;s animaux aux-. 148 HISTOIRE -l quels le nom d^ intestinaux a été donné. Aussi plusieurs naturalistes , et même Linnœus , ont -ils regardé les gastrobranches aveugles comme formant une famille distincte , qu'ils ont appelée m^xine, et qui, placée au milieu des vers intestinaux, les repoussoit néan-^^ moins, pour ainsi dire, ne montroit point aux yeux les plus exercés à examiner des vers les rapports nécessaires pour conserver avec convenance la place qu'on lui avoit donnée , dérangeoit en quelque sorte les distributions méthodiques imaginées pour classer les nombreuses tribus d'animaux dé- nués de sang rouge , et y causoit des dis- parates d'autant plus frappantes que ces méthodes plus récentes étoient appuyées sur un plus giand nombre de faits, et par con?- séquent plus perfectionnées. Le célèbre ichthyologiste, le docteur Bloch de Berlin, aj^ant été à même d'observer soigneusement l'organisation de ces gastrobranches, a bientôt vu leur véritable nature ,* il les a. restitués à la classe des poissons , à laquelle les attache leur organe respiratoire, ainsi que la couleur rouge de leur sang; il a montré qu'ils ap- partenoient à un genre voisin , mais distinct j de celui des pétromyzons, et il les a fait çonnoîtie très-en détail dans un Mémoirq DES GASTROBRANCHES. 149' et par une planche enluminée très-exacte qu'il a communiqués à Finstitut national de France ( 1 ). Je ne puis mieux faire que d'extraire de ce Mémoire une grande partie de ce qu'il est encore nécessaire de dire du gastrobranche aveugle. Ce cartilagineux est bleu sur le dos / rougeâtre sur les côtés, et blanc sur le ventre; quatre barbillons garnissent sa lèvre supérieure, et deux autres barbillons sont placés auprès de la lèvre de dessous. Entre les quatre barbillons d'en haut on voit un évent qui communique avec l'intérieur de la bouche comme celui des pétromyzons ; cet évent est d'ailleurs fermé , à la volonté de l'animal , par une espèce de soupape. Les lèvres sont molles , extensibles , propres à se coller contre les corps auxquels l'aveugle veut s'attacher ; elles donnent une forme presque ronde à l'ouverture de la bouche, qui présente un double rang de dents fortes, dures, plutôt osseuses que cartilagineuses, et retenues , comme celles de la lamproie , dans des espèces de capsules membraneuses. On compte neuf dents dans le rang supé- rieur, et huit dans l'inférieur. Une dent' (i) Le premicx prairial de Fan S. K 3 i5d HISTOIRE recourbée est de plus placée au dessus de« autres, et sur la ligne que l'on pourroil tirer de Févent au gosier, en la faisant passer par dessus la lèvre supérieure. On n'aperçoit pas de langue ni de narines; mais on voit au palais et autour de Fouver- ture par laquelle Févent communique avec la bouche une membrane plissée , que je suis d'autant plus porté à regarder comme l'organe de Fodorat du gastrobranche aveugle que son organisation est très-analogue à celle de l'intérieur des narines du plus grand nombre de cartilagineux , et que les plus fortes analogies doiveut nous faire supposer dans tous les poissons un odorat très- sensibJe. Le corps de Faveugle, assez délié et cy- lindricjue^ ne parvient presque jamais à la longueur d'un pied, ou d'environ trois dé- ci* net res. Il présente de chaque côrté une rangée longitudinale de petites ouvertures qui laissent échapper un suc très -gluant : une matière semblable découle de presque tous les pores de l'animal ; et ces liqueurs non seulement donnent à la peau de Faveugle, qui en est enduite , une sorte de vernis et une grande souplesse, mais encore, suivant Gunner et d'autres natuialistes, elles rendeat DES GASTROBRANCHES. i5i visqueux un assez grand volume de l'eai^ daus laquelle ce gastiobrauche est^ plongé. Ce cartilagineux n'a d'autres nageoires que celle du dos, celle de la queue et celle de l'anus qui soiit réuuies, très- basses, et com- , posées de rayons mous que Ton ne peut compter à cause de leur petitesse et dô l'épaisseur de la peau qui les revêt. L'ouverture de l'anus est une fente très- alongée, et sur le ventre sont placées deu:5Ç ouvertures dont chacune communique à sbç. branchies. Une artère pailiculièje, qui abou tife à la surface de chacun de ces organes respi- ratoires , s'y distribue, comme dans les autres poissons, en ramifications très-nombreuses, . au milieu desquelles sont disséminées d'autres ramifications qui se réunissent pour foimer une veine. !Le canal intestinal est sans sinuosités. Les petits éclosent hors du ventre de la mère. L'aveugle habite principalement dans rOcéan septentrional et européen (i) : il se (i) On le trouve jusques sur les côles du Groen- land ; mais il y est rare , selon Othon Fabricius. ( Faun. groenland. loco cilato. ) Kalin (Reise nach Amer. 1. 1 ^ p. ii8) rapports K 4 152 HISTOIRE, etc.* cache souvent dans la vase ; il pénètre aussi quelquefois dans le corps de grands poissons, se glisse dans leurs intestins, en parcourt les divers replis 5 les déchire et les dévore; et cette habitude n'avoit pas peu servi à le faire inscrire parmi les vers intestinaux , avec le taenia et d'autres genres d'animaux dénués de sang rouge. ce qui suit au sujet de l'aveugle : « Je jetai , dit-il , un de ces poissons dans un grand bassin rempli d'eau tle mer fraîche; au bout d'une heure cette eau étoit remplie d'une viscosité blanchâtre et gluante qui res-« seœbloit à une colle claire et transparente j en y trempant un tuyau de plume ou un bâton , on en pon- voit tirer de longs fils. En la remuant , la matière visqueuse s^y attachoit de l'épaisseur d'un pouce , et avoit parfaitement l'air d'un glaçon de gouttière. Enfin l'ean devint si gluante , qu'en la tirant de l'ustensile comme une corde, le poisson lui-même fut entraîné. Je jetai cette eau et j'en pris de la fraîche j mais le suceur y fut à peine un quart d'heure , que celte eau devint aussi gluant© que la première. On m'a assuré qu'une quantité d'eau , fût - ce un bateau à demi- rempU, où on n'auroit laissé qu'un seul de ces pois- sons, seroit convertie dans quelques heures en un limon pareil à celui dont nous venons de parler. » D'après ces observations de Kalm, le docteur Bloch pense que l'aveugle , dont on n'a tiré jusqu'à présent aucun parti, pouiroit servir à faire de la colle. S O N N I 2^ I. EXPLICATION DE LA PLANCHE XVIL J_j A figure première montre en a l'ouver- ture cylindrique par laquelle Taveugle, après s'être attaché à quelque objet, lance Teau qu'il a humée. Celte ouverture est surmontée par une soupape ou valvule qui se relève ou s'abaisse à la volonté de l'animal. c c, ligne de petits trous qui s'étend de chaque côté depuis la tête jusqu'à la queue: en pressant le poisson, il en sort une hu- meur visqueuse. by l'anus. Figure seconde. ^^ a ^ les deux ouvertures branchiales. h^ l'anus en fente alongée , à laquelle aboutit une ligne proéminente, qui marque le milieu du ventre dans toute sa longueur entre les deux séries de petits points. Figure troisième, — a, membrane plissée au palais , autour de la fente oblongue , par où Teau passe à l'évent, réprésenté en a dans la figure première.^ i54 EXPLICATION ^, muscle creux qui environne un autre muscle plus long et en forme de cône. ce, vaisseaux qui conduisent Feaii dans les vésicules, d'où elle passe par d'autres canaux vers Fépine du dos, et va se rendre dans les vaisseaux qui s'y trouvent. dd , veines placées sur l'épine du dos, qui conduisent le sang des artères à la veine cave ; cette veine descend et renvoie le sang au cœur, après qu'il a été rafraîchi par le moyen des vésicules. e e , vaisseaux qui mènent Teau à la bouche , d'où elle s'écoule ou passe par l'évent. /, le cœur qui renvoie le sang à chaque vésicule par une branche de la grande ar- tère qui le couvre et se partage en un nombre infini de petits vaisseaux. g g ^ \q foie. h ^ les œufs attachés ensemble par une membrane très-déliée. i 5 un rein long et étroit. Figure quatrième, — a , dent recourbée, ^^, deux rangées de dents en forme de peigne et d'une substance osseuse : il y eu a neuf à la rangée supérieure, et huit à l'inférieure. DE LA PLANCHE. i55 ce , les mêmes vaisseaux aqueux que dans la figure troisième, ce. dd^ les deux muscles dont il a été ques- tion figure troisième, en Z>, qui se séparent aisément l'un de Tautre. Le muscle exté- rieur se termine vers la mâchoire en deux tendons larges, et l'intérieur en deux tendons étroits. e e^ les vaisseaux aqueux conduisant l'eau à la bouche. ff^ veines qui conduisent le sang des artères à la veine cave. g g y œufs oblongs , plus gros que ceux représentés en A, figure troisième; ils sont rangés sur l'épine du dos, depuis le dia-» phragme jusques près de l'anus ; ils res- semblent aux œufs de serpens. h h , glandes qui forment de chaque côté une ligne de globules semblables à des perles; leurs canaux sécréteurs se remarquent sur leur côté externe. i56 HISTOIRE LE GASTROBRANCHE , D O M B E Y- IN ous donnons ce nom à un cartilagineux: dont la peau sèche a été apportée au muséum •national d'histoire naturelle par le voyageur Dombey , et dont aucun naturaliste n'a encore parlé. Il est évidemment de la même famille que l'aveugle, mais il appartient à un autre hémisphère; et c'est dans la mer voisine du Chili, et peut-être dans celle qui baigne les rivages des autres contrées de l'Amérique mé- ridionale 5 qu'on le trouve. Il a de très-grands rapports de conformation avec l'aveugle ; mais il parvient à une longueur et à une grosseur deax fois au moins plus considé- rables; il en est d'ailleurs séparé par d'autres différences que nous allons indiquer en le décrivant. La tête de ce gastrobranche est arrondie et plus grosse que le corps ; elle présente quatre barbillons dans sa partie supérieure ; mais l'état d'altération dans lequel étoit l'in- dividu donné par Dombey n'a pas permis de s'assurer s'il y en avoit deux auprès de DES GASTROBRANCHES, ibj la lèvre inférieure , comme sur l'aveugle. Les dents sont pointues, comprimées, trian- gulaires, et disposées sur deux rangs circu- laires : l'extérieur est composé de vingt-deux dents , et l'intérieur de quatorze. Une dent plus longue que les autres, et recourbée, est d'ailleurs placée à la partie la plus haute de l'ouverture de la bouche. L'organe de la vue et celui de Todorat ne sont pas plus apparens sur le dombey que sur l'aveugle. La couleur du gastro- branche que nous cherchons à faire connoître étoit effacée, «ou paroissoit dénaturée dans la peau que nous avons vue. La queue , dont la longueur n'excède guère le double du diamètre du corps, ^st arrondie à son extrémité, et terminée par une nageoire qui se réunit à celle de l'anus. Ces deux nageoires sont les. seules que présente l'ani- mal; elles sont très-basses, très-diiïîciles à distinguer, et composées de membranes au milieu desquelles on n'a pu que soupçonner des rayons sur l'individu desséché que nous avons examiné." ^ kj v. loi c .182AJIJ L CI TABLEAU BES 57 PRExMIERS GENRES* DES POISSONS OSSEUX, PAR LACÉPÈDE. CLASSE DES POISSONS. Le sang rouge ; des vertèbres ; des branchies au lieu de poumons. SECONDE S O U S - C L A S S E. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l'intérieur du corjps^ osseuses. : P RE M J ÈRE DIVISION JD ÏÏ'iS'a' 's E 60 Nb E è 0 U S-Ct AS S%) :-» ■■,,-,'■ - • ■ OU CINQUIÈME DIVISION ii DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule branchial, et une membi'ane branchiale. D E s G E N R E s. iBg DIX-SEPTlÊME ORDRE DE LA CLASSE ENTIERE DES POISSONS, ^ir PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre le "museau et l'anus. VINGT-UNIÈME GENRE. CÉciLiE. — Point de nageoires; Touver- ture des branchies sous le cou, VINGT-DEUXIÈME ^ fe K R E. MoNOPTÈRE. — Point d'autre nageoire que celle de la queue; les ouvertures des narines placées entre les yeux. V I N G T - T R O I s I È M E GENRE. L.EPTocÉPHAL.E# — Point de nageoires pectorales , ni cauclales ; rouverturç des branchies située en partie au dessus de fà tête. VINGT-QUATRIÈME GENRE. IJ Gymnote. — Des nageoires pectorales et de 1 anus ; point de nageoires du dos , ni de la queue. riGo TABLEAU VINGT-CINQUIÈME GENREi* Trichiure. ^- Point de nageoire cau- dale; le corps et la queue très-alongés , très-comprimés, et en forme de lame; les opercules des branchies placés très-près des yeux. VINGT-SIXIÈME GENRE. NoTOPTÈRE. — Des nageoires pectorales, de l'anus et du dos; point de nageoire cau- dale; le corps très-court. VINGT-SEPTIÈME GENRE. Ophisure. — Point de nageoire caudale; le corps et la queue cylindriques et très- alongés relativement à leur diamètre ; la tête petite; les narines tubulées; la nageoire dorsale et celle de l'anus très -, longues et très-basses. VINGT-HUITIÈME GENRE. Triure. — -La nageoire de la queue très- courte ; celle du dos et celle de l'anus éten- dues jusqu'au dessus et au dessous de celle de la queue; le museau avancé en forme de tube ; une seule dent à chaque mâr choire. VINGT -neuvième GENRE. Aptéronote. — Une nageoire de la quèué; D E s G E N R E s. iGz queue; point de nageoire du dos; les mâ- choires non extensibles. TRENTIÈME GENRE. RÉGALEC. — Des nageoires pectorales, du dos et de la queue; point de nageoire de l'anus , ni de série d'aiguillons à la place de cette dernière nageoire; le corps et la queue très-alongés. TRENTE-UNIÈME GENRE. Odontognathe. — Une lame longue ; large , recourbée , dentelée , placée de chaque côté de la mâchoire supérieure, et entraînée par tous les niouvemens de la mâchoire de dessous. TRENTE-DEUXIÈME GENRE. Murène. — Des nageoires pectorales , dorsale, caudale, et de l'anus; les narines tubulées ; les yeux voilés par une mem- brane; le corps serpentiforme et visqueux. TRENTE-TROISIÈME GENRE. Ammodyte. — Une nageoire de l'anus; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de celle du dos; la tète comprimée et plus étroite que le corps; la lèvre supé- rieure double : la mâchoire inférieure étroite et pointue ; le corps très-alongé. Poiss, Tome V. L a62 TABLEAU TRENTE-QUATRIÊINIE GENRE* Ophidie. — La tête couverte de grandes pièces écailleuses; le corps et la queue com- primés en forme de lamo , et garnis de petites écailles; la membrane des branchies très-large ; les nageoires du dos , de la queue et de l'anus réunies. TR. ENTE-CINQUIÈME GENRE. Macrognathe. — La mâchoire supé- rieure très-avancée et en forme de trompe; le corps et la queue comprimés comme une lame ; les nageoires du dos et de Tanus distinctes de celle de la queue. TRENTE-SIXIEME GENRE. XiPHiAS. — La mâchoire supérieure pro- longée en forme de lame ou d'épée, et d'une longueur au moins égale au tiers de la longueur totale de l'animal. TRENTE-SEPTIÈME GENRE. Anarhique. — Le museau arrondi; plus de cinq dents coniques ; des dents molaires en haut et en bas; une longue nageoire dorsale. TBENTE-HUITIÈME GENRE. CoMÉPHORE. — Le corps alongé et com- primé; la tête et l'ouverture d.e la bouche < DES GENRES. i63 très-grandes; le museau large et déprimé; les dents très-petites ; deux nageoires dor- sales; plusieurs rayons de la seconde garnis de longs filamens. TRENTE-NEUVIÈME GENRE. Stromatée, — Le corps très -comprimé et ovale. QUARANTIEME GENRE. Rhombe. — Le corps très - comprimé et assez court; chaque côté de Tanimal repré- sentant une sorte de rliombe; des aiguillons ou rayons non articulés aux nageoires du dos ou de Tan us. DIX-HUITIEME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS^ ou DEUXIEME ORDRE DE liA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS JUGULAIRES. Des nageoires situées sous la gorge. QUARANTE-UNIÈME GENRE. MuRÉNoÏDE. — Un seul rayon à chacune des nageoires jugulaû'es; trois rayons à Ja L 2 i64 T â B L E A tJ membrane des branchies; le corps alongé, comprimé, et en forme de lame. Q U A R A N T E - D E U X I Ê M E GENRE. Callionyme. — La tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales sur la nuque; les nageoires jugulaires très-éloignées Tune de l'autre; le corps et ia queue garnis d'écaillés à peine visibles. QUARANTE-TROISIÈME GENRE. Galliomore. — lia tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales placées sur les côtés de l'animal; les nageoires jugu- lahes très-éloignées Fune de l'autre; le corps et la queue garnis d'écaillés à peine visibles. QUARANTE-QUATRIEME GENRE. Uranoscope. — " La tête déprimée , et plus grosse que le corps; les yeux sur la partie supérieure d?. la tête, et très-rap- prochés; la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la supérieure; l'ensemble formé par le corps et la queue presque co- nique , et revêtu d'écaillés très - faciles à distinguer; chaque opercule branchial com- posé d'une seule pièce, et garni d'une mem- Jbrane ciliée. DES GENRES. i65 QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. Tr A CHINE. — La tête comprimée , et garnie de tubercules ou d'aiguillons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule , dentelées; le corps et la queue alongés, comprimés, et couverts de petites écailles; l'anus situé très-près des nageoires pecto- rales. QUARANTE- SIXIEME GENRE. Gade. — La tète comprimée; les yeux peu rapprochés l'un de l'autre , et placés sur les côtés de la tête; le corps alongé, peu comprimé et revêtu de petites écailles; les opercules composés de plusieurs pièces ^j et bordés d'une membrane non ciliée. QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. Batrachoïde. — La tête très-déprimée et très-large ; l'ouverture de la bouche très- grande ; un ou plusieurs barbillons attachés autour ou au dessous de la mâchoire infé- rieure. QUARANTE-HUITIÈME GENRE. Blennie. — Le corps et la queue alon- gés et comprimés; deux rayons au moins, et quatre rayons au plus à chacune des nageoires jugulaires. L 3 i66 TABLEAU QUARANTE-NEUVIEME GENRE. Oligopode. — Une seule nageoire dor- sale ; cette nageoire du dos commençant ' au dessus de la tête , et s'étendant jusqu'à la nageoire caudale , ou à peu près ; un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. XCINQUANTIÉME GENRE. KuRTE. — Le corps très-comprimé, et caréné par dessus ainsi que par dessous^ le corps élevé. DIX-NEUVIÈME ORDRE. DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OIT TROISIEME ORDRE DE 1.A PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS T H O B. A C I N S. Des nageoires inférieures placées sous la poitrine el au dessous des pectorales. CINQUANTE-UNIÈME GENRE. LÉPJDOPE. — Le corps très - alongé et comprimé en forme de lame ; un seul rayon aux nageoires thoracines et à celle de Fanus. DES GENRES. 167 CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. HiATULE. — Point de nageoire de l'anus. CINQUANTE-TROISIÈME GENRE. CÈPOLE. — Une nageoire de Fanus; plus d'un rayon à chaque nageoire tlioracine ; le corps et la queue irès-alongés et comprimés en forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tête,* les écailles très- petites. C I N Q U A N T E - Q U A T R I È M E GENRE. TjENioïde. — Une nageoire de l'anus ; les nageoires pectorales en forme de disque, et composées d'un grand nombre de rayons; le corps et la queue très-aîongés et com- primés en forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la têle; les écailles très-petites; les yeux à peine visibles; point de nageoire caudale. CINQU ANTE- CINQIÈME GENRE. G0BIE. — Les deux nageoires thoracines réunies l'une à l'autre ; deux nageoires dor- sales. CINQUANTE-SIXIÈME GENRE. GoBioÏDE. — Les deux nageoires thora- cines réunies l'une à l'autre; une seule na- L 4 i68 TABLEAU geoire dorsale; la tête petite; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. GoBioMORE. — Les deux nageoires tho- racines non réunies Tune à Tautie ; deux nageoires dorsales; la tête petite; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. CINQUANTE-HUITIEME GENRE. GoBioMORoÏDÉ. — Les deux nageoires thoracines non réunies Tune à l'autre ; une seule nageoire dorsale ; la trte petite ; les yeux rapprochés; les opercules al tachés dans une grande partie de leur contour. CINQUANTE-NEUVIEME GENRE. GoBiÉsocE. — Les deux nageoires thora- cines non réunies l'une à l'autre; une seule nageoire doisale ; cette nageoire coui te et placée au dessus de l'extrémité de la queue, très-près de la nageoire caudale ; la tête très- grosse, et plus large que le corps. SOIXANTIÈME GENRE. ScoMBRE. — Deux nageoires dorsales; une ou plusieurs petites nageoires au dessus D E s G E N R E s. 169 et au dessous de la queue ; les côtés de la queue carénés, ou une petite nageoire com- posée de deux aiguillons réunis par une membrane , au devant de la nageoire de l'anus. SOIXANTE-UNIEME GENRE. S c o M B É R o ï D E. — De petites nageoires au dessus et au dessous de la queue ; une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguillons au devant de la nageoire du dos. SOIXANTE- DEUXIÈME GENRE. Caranx. — Deux nageoires dorsales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène , ou une petite nageoire composée de deux aiguil- lons et d'une membrane , au devant de la nageoire de l'anus. SOIXANTE- TROISIÈME GENRE. Trachinote. — Deux nageoires dor- sales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane , au devant de la nageoire de l'anus; des aiguillons cachés # 170 TABLEAU sous la peau, au devant des nageoires dor- sales. SOIXANTE-QUATRIEME GENRE. Caranxomore. — Une seule nageoire 'florsale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d^ine membrane , au devant de la nageoire de l'anus , ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très -peu extensible, ou non extensible; point d'aiguillons isolée au devant de la nageoire du dos. soixante-cinquième genre. C.ESTO. — Une seule nageoire dorsale; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côiés de la queue relevés longitudinalement en carène , ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane , au devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très - exteusible ; point d'aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos. DES GENRES. 171 SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. C.EsioMORE. — Une seule nageoire dor- sale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; point de carène latérale à la queue , ni de petite nageoire au devant de celle de l'anus ; des aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos. SOIXANTE- SEPTIÈME GENRE. CoRis. — La télé grosse et plus élevée que le corps; le corps comprimé et très- aiongé; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines ure ou deux fois plus alongé que les autres; point d'écaillés semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamelle use et d'une seule pièce représente une sorte de casque. SOIXANTE-HUITIÈME GENR.E. GoMPHosE. — Le museau alongé en forme de clou ou de masse ; la léte et les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos, SOIXANTE -NEUVIÈME GENRE. Nason. — Une protubérance en forme de corne ou de grosse loupe sur le nez ; 17S TABLEAU deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'exlrémité de la queae ,• le corps et la queue recouverts d'une peau rude et comme chagrinée. SOIXANTE- DIXIÈME GENRE. KiPHOsE. —Le dos très-élevé au dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire caudale; une bosse sur la nuque ; des écailles semblables à celles du dos sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. OsPHRONÈME. — Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguillonné , et le second terminé par un filament très-long. SOIXANTE- DOUZIÈME GENRE. Trichopode. — Un seul rayon , beaucoup plus long que le corps , à chacune des na- geoires thoracines ; une seule nageoiie dor- sale. SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. Monodactyee. — Un seul rayon très- court et à peine visible à chaque nageoire thoracine ; une seule nageoire dorsale. DES GENRES. ijS SOIX ANTE-QUATOHZTEME GENRE. pLECTORHiNQUE. — Une seule nageoire dorsale ; point d'aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos , de carène latérale ni de petite nageoire ati devant de celle de l'anus ; les lèvres pîissées et contournéer» ; une ou plusieurs lames de l'opercule bran- chial dentelées. SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. PoGONiAs. — Une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons isolés au devant de la na- geoire du dos , de carène latérale ni de petite nageoire au devant de celle de l'anus; un très-grand nombre de petits barbillons à la mâchoire inférieure. SOIXANTE- SEIZIÈME GENRE. BosTRYCHE. — Le corps alongé et serpen- tiforme; deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons à la mâchoire supérieure ; les yeux assez grands et sans voile. SOIXANTE-^ DIX -SEPTIÈME GENRE. BosTRYCHOÏDE. — Le corps alongé et serpentiforoie ; une seule nageoire dorsale ; celle de la queue séparée de celle du dos ; deux barbillons à la mâchoire supérieure ; les yeux assez grands et sans voile. 174 HISTOIRE TREIZIÈME GENRE. LES DIODONS. Ju E s mâchoires osseuses , avancées , et chacune d'une seule pièce. PREMIERE ESPÈCE. Le diodon atinga. — Le corps alongé ; des piquans très - rapprochés les uns des autres , la nageoire de la queue arrondie. seconde espèce. Le diojdon plumier. ^Le corps alongé; point de piquans sur les côtés de la tête , qui est plus grosse que la partie antérieure du corps ; la nageoire de la queue arrondie. TROISIÈME ESPECE. Le diodon holocanthe. — Le corps alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres ; la nageoire de la queue fourchue. QUATRIÈME ESPÈCE. Le diodon tacheté. — Le corps un peu alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres , et deux ou trois fois plus longs sur le dos que sur 1© ventre ; la nageoire DES D I O D O N S. 175 de la queue arrondie ,• trois grandes taches de chaque côté du corps ; une tache en forme de croissant sur la nuque. CINQUIÈME ESPÈCE. Le diodon orbe. — Le corps sphérique, ou presque sphérique ; des piquans forts , courts et clair-semés. SIXIÈME ESPÈCE. Le DtoDON MOLE. — Très - comprimé ; deoii-ovale, comme tronqué par derrière. 176 HISTOIRE ^' ■ !■ T ■ 1 ■■ I ■■—■■..— , y I ■ ■ I ■■■ — - ■ ■■■ L'ATINGUE (1). Voyez la planche XVIII, fig. i. LE DIODON ATINGUA (2), PAR LACÉPEDE. PREMIÈRE ESPECE. J_i E S diodons ont de très-grands rapports , dans leur conformation et leurs habitudes , avec les tétrodons et les ovoïdes : mais ils en diffèrent par la forme de leurs mâchoires osseuses, dont chacune ne présente qu'une pièce; et de là vient le nom qu'on leur a ■ I - ■ I II II II I ■ I ■ - - - -T — ■ 1 — (i) L'atingue ^ atinga et poisson armé. En allemand , langer stackaljisch. Eu lioîlandais , zee-egelj steehel- varhen. En anglais , little glohjlsh , porciipine. En por- tugais, /jesre pvelgo. En brasilien . guamacu atinga. Crayracion oblongus , spinosus , etc. crayaravion oblongu&- suprà et infrà utramque pinnam post bran- chialcni ad caudam macull nigerrimâ , etc et crayra- cion capite contracte, etc. Klein, Miss. pisc. 3> p. 19, n°* 9, 12 et i5 , fig. tab. 5 , n^ 6. Ostracion oblongo-ovatus ^ aculeis undique longis donné ;, 7)c i>\'th' ifel 'tezi •-> , 1. I/ATINCtUE . 3. LE GLAllA, DES D î O D O N S. 177 ûonné , et qui désigne qu'ils n'ont que deux dents , Tune en haut , et l'autre en bas. Ils en diffèrent encore par la natlire de leurs •— — ' ■ ■■-■ ' ' . . ,. . . ■ ,. . ,^. teretihus et retrouersis. Seb. Mus. tom. III, p. 62, n*^ 10 , tab. 24 ? fîg. 10. Ostracion sjjfiœrico oblongiusculus hidens , aculeis teretihus prœlongls subulatis. Gron. Zoopli. n° 181. Ostracion oblongo tumidus , aculeis longis undique muricatus. Bro'w^ne , Jamaïc. p. 456 , n" 4* Orbis muricatus rana? rfc^M. Willugbb. Ichtb. p. j/^5m Ostracion dindon , corpore spinis , undique armatOm Mus. Adolph. Frid. i , p. 58. Ostracion conico-ohlon gus , aculeis undique longis teretiformibus , in primis laterihus. Amaen. acad. i , pag. 5io. — It. Scan. p. 285. Diodon oblongus , aculeis teretibus diodon atinga. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i38 , sp. 2. — Arledi , Gen. pisc. edit. Walbaum, nov. gen. Lin. p. 597 ;n° 2. Maicgrave est le premier naturaliste qui ait parlé de ce poisson. Klein a cru reconnoître quatre espèces dans quelques différences indiquées par les descriptions de l'atingue ; mais c'est une erreur, Sonnini. (2) Nous devons prévenir qu'en rapportant au3C différentes espèces de poissons que nous décrivons dans cet ouvrage, le texte ou la figure publiés par différens auteurs, nous n'enteiulons en aucune ma- nière adopter l'opinion de ces écrivains relativement à l'application qu'ils ont pu faire de telle ou telle •Lescription , ou de telle ou telle planche qu'ils ont Poiss, Tome V. M 178 HISTOIRE piquans beaucoup plus longs , beaucoup plus gros , beaucoup plus forts que ceux des lélrodons les mieux armés. Ces piquans sont d'ailleurs très-mobiles , et répandus sur toute la surface de la plupart des diodons. Cette dissémination , ce nombre , cette mo- bilité, cette grandeur ont fait regarder avec raison les diodons comme les analogues des porc - épies et des hérissons dans la classe des poissons. La diversité de couleurs que montrent fréquemment ces aiguillons, a dû contribuer encore à ce rapprochement ; et comme on a pu en faire un presque sem- citées , à l'animal dont ils se sont occupés. Cet aver- tissement nous a paru sur-tout nécessaire au com- jnencemenl de l'histoire des diodons. Diodon atinga. Lin. edit. de Gmelin. Diodon atinga» Blocli , pi. cxxv. Deux-dents courte-épine, Bonaterre , planches do i'Encycl. méthod. pi. xix , fîg. 60. Hérisson de mer. Diodon supernè fuscus , maculis lenticularihus nigris undique inspersus , ventre alho inimaculctio. Coinnjer.'îon , Manusc. déjà cités. Deux-dents longue-épine. Danb. Encjcl. mélh. — Bvowne, Jani. p. 4^9^ '*" 4- — ^^^' J^tus. 5, pi. xxiir, fig. I et 2 ; et p!. xxiv, fig. 10. Guamajacu atingt. Marcgrav. Brasil. pi. clxvi i i, — AVillugliby , lchth3^ol. pi. i , 5j i , 6j et j , 7. — - Jonston , tab. 3, fig. i • et tab. ^9^ fig. 5. DES D I O D O N S. 179 bîable entre les cartilagineux que nous exa- îîiiuons et les vers que l'on a nouimés onrslizs , on doit considérer la famille des diodons comme formant un des principaux liens qui réunissent et aliachent ensemble la classe des quadrupèdes à mamelles , celle des poissons , et celle des vers. Ce genre remarquable ne renferme qu'un petit nombre d'espèces; mais îe plus grand nombre des naturalistes en ont mal saisi Jes caractères dislinctifs ; et connue d'ailleurs elles sont presque ton les très-vaiiables dans plusieurs points de leur conformalion exté- rieure, une grande confusion a régné dans la détermination de ces espèces, dont on a très - souvent trop étendu ou resserré le nombre; et le même désordi*e s'est trouvé dans iapplication que plusiems auteurs ont faite aux espèces qu'ils avoient admises des noms donnés aux diodons , ou des descrip- tions de ces animaux déjà publiées. Ce n'est que parce que nous avons été à portée de comparer de ces cartilagineux de difïerens k^>es , de différens sexes , de différens pays , et pris à des époques de l'année très-éloi- gnées l'une de l'autre, que nous avons pu parvenir à fixer le nombre des espèces de diodons connues jusqu'à présent, à recou-r M 2 î8o H I S T O I R E noître leurs formes distinctives et invariables , et à composer la table méthodique qui pré- cède cet article. L'atiiiga a le corps très-alongé ; chaque nariae na qu'une ouverture placée dans nne sorte de petit tube; les yeux sont assez près du museau : l'anus en est au contraire à une assez grande distance, et par consé- quent la queue proprement dite est très- courte. Les nageoires du dos et de l'anus se ressemblent beaucoup , sont petites , et placées au dessus l'une de l'autre; celle de la queue est arrondie (i). Les piquans mobiles dont l'atinga peut se hérisser sont très- forts, très- longs, creux vers leur racine, variés de blanc et de noir, et divisés à leur base en trois pointes qui s'écartent , s'étendent, et vont s'attacher au dessous des tégumens de l'animal. Ils sont ï-evétus d'une membrane plus ou moins déliée qui n'est qu'une continuation de la peau du diodon. Cette membrane s'élève autour de faiguilion jusqu'au dessus de — I ■^■» Jl-I » ■■ ' ■■■■ ^^M»*-— ■ |. W^.» .-^-I ■ I ■-■■■■ m^ 1^1 Ml ^ ■ I !■ M ■ ■ I III ■ — ■■— — ^^i^^l^ (i) A la nageoire du dos. . . . i5 ou i6rayons. Aux nageoires pectorales. . • . 24 ou 25 A celle de l'anus i5oui6 A GeUe de i% queue. .....•♦ 9 DES D I O D O N S. 181 rextrémilé de ce piquant, ou jusqu'à une distance plus ou moins grande de la pointe de ce dard, qui le plus souvent perce cette membrane et paioit à découvert. L'atinga est brun ou bleuâtre sur le dos, et blanc sur le ventre; ses nageoires sont quelquefois jaunes dans le milieu de leur surface, et ces mêmes nageoires, ainsi que toute la partie supérieure du poisson, sont semées de petites taches lenticulaires et noires, que Fon voit fréquemment répan- dues aussi sur le dessous de l'atinga. Ce cartilagineux vit au milieu des mers de l'Inde et de TAmérique , voisines des tropiques, ainsi que dans les environs du cap de Bonne-Espérance. Il s'y nourrit de petits poissons, de cancres et d'animaux à coquille, dont il brise aisément i^enveloppe dure par le moyen de ses fortes mâchoiies. Il ne s'éloigne guère des côles; et quoiqu'il ne parvienne qu'à la longueur de quinze pouces ou d'un pied et demi, il sait si bien, lorsqu'on l'attaque, se retourner en différens sens 5 exécuter des mouvemens rapides , s'agiter, se couvrir de ses armes, en pré- senter la pointe, qu'il est très - difficile et même dangereux de le prendre. Aussi le M 3 jS2 histoire poursuit-on cVautant moins que sa cliair e$t dure et peu savoureuse (i). C'est principalement dans les momens ou Fon veut le saisir qu'il gonfle sa partie infé- rieure. Il a la faculté de l'enfler comme les tétrodons et les ovoïdes, quoique cependant il paroisse ne pouvoir pas donner à cette portion de son corps un aussi grand degré d'extension. Il augmente ainsi son volume pour donner plus de force à sa résistance ^ ou pour s'élever et nager avec plus de faci- lité; il se grossit et se tuméfie particulière- ment lorsqu'aprés l'avoir saisi on cherche à le tenir un moment suspendu par sa nageoire dorsale ; mais quelque cause qui le contraigne à se boursoufler, il détend souvent tout d'un coup sa partie inférieure , et , faisant alors sortir avec rapidité par l'ouverture de sa bouche, par celle de ses branchies, ou par son anus , le fluide contenu dans son inté- rieur , il produit un bruissement semblable à celui que font entendre les balistes , les ostracions et les tétrodons. (ï) On prenci Tatingue dans les filets tendus pour la pêche des autres poissons; il mord aussi à l'hameçon auquel une queue d'écrevisse est attacliée pour appât, S O N K I N I» DES D I O D O N S. i83 La vessie natatoire de Tatinga est très- grande , ainsi que celle des tétrodons ; et , d'après la nature de la membrane qui la compose, il paroît que, préparée comme celle de Tacipensère huso, elle donneroit une ^olle supérieure par sa bonté à celle que l'on pourroit obtenir de la vésicule aérienne d'un très-grand nombre d'autres espèces de poissons. L'estomac du diodon que nous décrivons n'est composé que d'une membrane assez mince ; mais il est garni de beaucoup d'ap- pendices qui , comme autant de petites poches ou d'intestins ouverts uniquement par un bout, peuvent ou augmenter la quantité des sucs digestifs, ou contribuer à l'élaboration , à la perfection, à l'activité de ces sucs, ou prolonger la durée de l'action de ces liquides sur les alimens, en retardant le passage des substances nutritives dans la partie des intestins la plus voisine de l'anus. Ces alimens , quelque dure que soit leur nature, peuvent arriver à l'estomac d'autant plus bioyés et par conséquent susceptibles de subir l'action des liqueurs digestives , qu'indépendamment des mâchoires osseuses qui tiennent lieu à l'animal de deux dents très - larges et très - fortes , l'atinga a deux M 4 ri«4 HISTOIRE véritables dents molaires très-grandes , relati- vement à l'étendue de la cavité de la bouche , à peine convexes, et sillonnées transversale- ment. L'une occupe presque tout le palais; et l'autre , qui ne cède que très-peu en gran- deur à la première, revêt la partie opposée de la gueule dans l'endroit le plus voisin du devant de la mâchoire inférieure (i). Lorsqu'on a mangé de Tatinga , non seu- lement on peut éprouver des accidens graves, si on a laissé dans l'intérieur de cet animal quelques restes des alimens qu'il préfère , et qui peuvent être très - mal - sains pour l'homme ; mais encore , suivant Pison , la vésicule du fiel de ce cartilagineux contient un poison si actif que , si elle crève quand on vuide l'animal , ou qu'on l'oublie dans le corps du poisson, elle produit sur ceux qui mangent de l'alinga les effets les plus funestes : les sens s'émoussent, la langue devient immobile, les membres se roidissent; et, à moins qu'on ne soit promptement se- couru , une sueur froide ne précède la mort que de quelques instans. Au reste, si la vésicule du fiel, ou quelque (i) Le foie de l'atinga est gros et divisé e» troifi lobes j il s'étend jusqu'à l'anus, Sojîwiïh. DES D I O D O N S. i85 autre portion intérieure du corps de l'atinga contient un venin dangereux, il ne peut point faire perdre la vie en parvenant jus- qu'au sang des personnes blessées par ce cartilagineux, et en y arrivant par le moyen des longs piquans dont la surface du poisson est hérissée , ainsi que quelques voyageurs l'ont redouté. Ces piquans ne sont point creux jusqu^à leur extrémité ; leur cavité ne présente à l'extérieur aucun orifice par lequel le poison pût être versé jusques dans la plaie; et l'on ne découvre aucune com- munication entre l'intérieur de ces aiguillons et quelque vésicule propre à contenir et k répandre un suc délétère. i86 HISTOIRE LE DIODON PLUMIER (i), PAU LACÉPÈDE. SECONDE ESPECE, Jl étoit convenable de désigner ce carîi- lagineux par le nom du naturaliste auquel nous devons la figure de cette belle espèce de diodon , que Ton trouve dans la zone torride, auprès des côtes orientales de FA- mérique. Ce poisson , que Ton voit aussi auprès des rivages de plusieuis îles améri- caines, a beaucoup de ressemblance avec Tatinga,* mais il en diffère par plusieurs ca- ractères. Premièrement, il est souvent plus alongé , sa longueur totale étant presque toujours quatre fois aussi étendue que sa hauteur. Secondement , il présente un étran- glement très-marqué à l'endroit où la tête ri— r Il "■- ■ - - ■ r II i -I I - Il , Il ■ !■ I II I» (ï) Orbis piscis aculeatus ma/or. Plumier , dessins sur vélin déjà cités. Orhis aculeatus y maculis albis notatus , apnd insu- las americanns vulgo poisson armé. Plumier, dessins déposes dans le cabinet des estampes de la bibiia- thc^ue nationale. DES D I O D O N S. 187 est attachée au corps , et par conséquent entre les yeux et les nageoires pectorales. Troisièmement, il n'y a pas de piquans sur les côtés de la tête, au dessous, ni sur le devant de cette partie ; et au delà de la na- geoire dorsale ; la queue est également dé- nuée d'aiguillons. Le diodon plumier est bleuâtre avec des taches blanches, presque rondes, assez pe- tites, et très-nombreuses (1). >i ' ■! I . .1 I I ■ I , . I " ,1 (i) A la nageoire du dos 7 rayons. A chaque nageoire pectorale 9 A celle de l'anus . 6 on y A celte de la queue , t[ui est arrondie. 9 ou 10 i88 HISTOIRE LE GUARA (i). Voyez la planche XVIII, figure 2, LE DIODON HOLOCANTHE (2); PAR LACÉPÉDE. TROISIÈME ESPÈCE. J_JE trait le plus constant et le plus sensible par lequel la conformation extérieure de riiolocanthe diffère de celle de Fatinga, est *■ ■ ■ - ■ (i) Le guara y poisson armé. En allernand, runde stachelfisch , meerjlasche et meertauie. En anglais, globe, suel-fish , Jiedgehogg. En arabe, schohiœ et ahoumechajat. Au Brésil par les naturels , guama- jacu guara , piquitingua , araguagua , camuri. Par les ■goxtviga.is , peixe porco. Chez les cOiXiHhes, toujou, cocciou. Aux Indes , ikan doerian , terpaudjaug , doeri , doerinja. Gmelin ( Lin. Syst. nat. ) a présenté ce poisson comme une simple variété de l'atinga. En général, les ichthyologistes qui ont précédé Lacépède n'a- voient pas une idée bien nette de cette espèce. S o i>î N 1 î« I. DES DIODONS. i8q la forme de la nageoire de la queueT Cette nageoire, au lien d'être arrondie comme dans Tatinga, est échancrée, et par consé- quent fourchue ou un peu en croissant dans riiolocanthe. L'ensemble de la tète, du corps et de la queue , est aussi , au moins le plus souvent, moins alongé dans Fholo- cantîie que dans Tatinga; le dos est plus convexe , et les piquans sont quelquefois plus longs ( 5 ) : mais d'ailleurs toutes Je^ formes sont presque semblables; les nuances et la distribution des couleurs ne le sont pas moins; et l'on remarque les mêmes ha- bitudes dans les deux espèces. Comme Tatinga , riiolocanthe se livre à divers mouvemens très-violens et très-rapides (2) Dlodon hystrix ^ guara. Bloch, pi. cxxvi. Le deux-dents longue-épine. Bonaterre , planches de l'Encyclop. méthod. pi. xix , fig. 61. Diodon atinga holocanthus. Lin. éclit. de Gnielin, Ostracion oblongus holocanthus ^ aculeis longissimis teretiformibus , in capite imprimis et in collo. Artedi , gen. 60 , syn. 86. (3) On trouve souvent à la nageoire du dos i4ra3'-ons. Aux pectorales. ..". 2i A celle de l'anws « .... 17 A celle de la ^ttew,e. .....•.,. 10 Î90 H I S T O I R lorsqu'il se senl saisi , et particulièrement lorsqu'il est pris à J'hameçon. 11 se gonfle et se comjHiine, redresse et couche ses dards , s'élève et s'abaisse avec vîlesse, pour se dé- barrasser du crochet qui le retient. Ses pi- quans étant quelquefois phis longs et plus foi'ts que ceux de l'atinga, ses efforts mul- tipliés pour s'échapper et se défendre sont plus redoutés que ceux de cet autre diodon ; et bien loin d'oser Je prendre au milieu de l'eau et lorsqu'il jouit encore de toute sa force, on n'ose approcher sa main de son corps jeté et gisant sur le rivage , qu'au mo- ment où sa puissance affoiblie et sa vie près de s'éteindre rendent ses mouvemeus à peine sensibles, et ses armes presque nulles. Au leste, se nourrissant des mêmes ani- maux que l'atinga , il fréquente les côtes, ainsi que ce cartilagineux , et ainsi que la plupart des poissons qui vivent de crabes et d'animaux à coquille. On le trouve dans les mêmes mers que celles où l'on pèche l'atinga (i). (i) On le pcclie aussi dans la mer Rouge et dans celle du Japon. Sa cliair maigre el dure n'invite pas à le poursuivre j cependant sa pccLe ne laisse pas DES D I O D O N S. igi d'être amusante. Voici , selon le père Dutertre, la manière dont on s'y prend » On jette an guara une lii!;ne amorcée avec un mor- ceau de crabe j duquel il approche d'abord j mais comme il a peur de la ligne, il tourne pendant quelque tems autour de l'hameçon, en faisant différens mou- vemens ; enfin il se hasarde de goûter à l'appât, puis le lâche tout'à-coup , le frappe de sa queue comme s'il n'en avoit aucune envie, puis lorsqu'il s'est assuré que ia ligne est immobile , il se jette dessus et l'avale avec l'hameçon. Dès qu'il se sent accroché, il hérisse ses piquans, s'enfle comme un ballon , rend un bruit sourd comme le coq d'Inde quand il fait la roue , entre en fureur et cherche h blesser tout ce qui l'en- vironne. Quand il voit que tous ses efforts sont inu- tiles , il a recours à la ruse; il baisse ses piquans, ,se dégonfle et devient aussi flasque qu'un gant mouillé. Dès qu'il s'aperçoit que ses arfifices ne lui servent de rien et que le pécheur le tire à terre, sa rage se ranime , et il fait de nouveaux efforts pour se débar- rasser et se défendre. Sonnini. \ 393 HISTOIRE LE DIODON TACHETÉ (i), PAR LACÉPÉDE. Q U A T R l' É M E ESPÈCE. OoMMERsoN a laissé dans ses manuscrits la description de cette espèce de cartilagi- neux, au sujet de laquelle aucun naturaliste n'a encore rien publié, que Ton a trouvée auprès des cotes de la Nouvelle - Cytlière , et à laquelle les navigateurs qui l'ont vue ont donné le nom de crapaud marin ^ et de hérisson de mer, A mesure qu'on s'éloigne de l'atinga, en continuant cependant d'ob- server les diodons dans l'ordre suivant le- quel nous les avons placés, on voit l'alon- genient du corps diminuer dans les espèces que l'on examine, et la sphéricité presque parfaite succéder enfin à une très -grande différence entre la longueur et les autres — 1 1 1 1 I ■ Il I 1 1 »'ii I . .1, I I I II. ..1» (i) Diodon muricatfiTJi y hrunneum , spinis alhis , niaculis dorsalihus quinque majusculis nigi'is , occipi- iali maxiinâ semilunatâ^ Comnaerson , Manuscrits déjà cités. dimensions • D E s D I O D O N S: igï Sîmensions de ranimai. Les holocanthes sont en effet moins alongés en général que le tacheté," le tacheté paroît l'être moins que rholocanthe ; des variétés de Torbe se rap- prochent encore davantage de la forme glo- buleuse, que l'on retrouve presque dans toute son intégrité, lorsqu'on a sous les yeux d'autres individus de cette dernière espèce. Indépendamment de sa forme moins alongée , le tacheté est séparé de l'atinga et de rholocanthe par la disposition de ses cou- leurs. Il est brun par dessus , et blanchâtre par dessous; il présente sur sa nuque une très - grande tache en forme de croissant , un peu festonnée, et dont les pointes sont tournées vers les yeux. On en voit de chaque, côté du corps une autre un peu ovale, située au dessus de la nageoire pectorale , et deux autres transversales, dont la première est' au dessous de l'œil, et la seconde entre Fœil et la nageoire pectorale ; le dessous' du museau est comme entouré d'une tache nuageuse ; et enfin on en trouve une presque ronde au dessus du dos, autour de la na- geoire dorsale. Au reste-, ces différentes taches sont d'un noir plus ou moins foncé. Toutes les nageoires sont d'un jaune ver- Poiss. Tome V- N 394 HISTOIRE dâtre (i). Les piquans sont blancs, et mon^ trent leurs pointes au dessus de gaines très* brunes. Ces mêmes aiguillons , mobiles à la vo- lonté de l'animal, ainsi que ceux de presque tous les autres diodons, sont très-longs sur le dos 5 mais deux ou trois fois plus courts sur le ventre. Les narines , situées entre les yeux et l'extrémité du museau , ont les bords de leurs ouvertures rélevés de manière à re- présenter une verrue. Les yeux sont voilés par une continua- tion transparente du tégument le plus exté- rieur de l'animal ; cependant ils sont gros et très-saillans. L'ouverture branchiale a la forme d'un segment de cercle , et est placée vertica- lement. On ne compte de chaque côté que trois branchies. La nageoire de la queue est arrondie; ce qui rapproche un peu le tacheté de l'atinga, mais l'éloigné de Tholocanthe. tf (i) A la nageoire du dos ..... 14 rayoni Aux nageoires peclorales. ..... 24 A celle de Tanus i4 A celle de la ^ueue , . • 9 DES D I O D O N S, 196 L'ORBE HÉRISSON (1), LE D I G D 0 N ORBE (3) , PAU LACÉPÈDE. CINQUIÈME ESPÈCE* I^E nom Sorbe désigne la forme presque entièrement sphérique que présente ce car- tilagineux. Il ressemble d'autant plus à une > ■ " " " ■ '• (i) Uorhe hérisson y poisson armé. En allemand, stachelkugel , stacheljlasch. En bollandais , penne^ pisch* En anglais , prickly bottlefish. Par les hollan- dais qui habitent les Mo luques , troutoen. Crayracion oblongo-rotundus , superciliis depressis et lœuibus. Klein , Miss. pisc. 3 , pag. 20 , n^ i4« Diodon sphœricus aculeis triquetris diodon Iiystrix. Lin. Syst. nat. edit. Gniel. gen. 1 38 , sp. i. C'est à Rondelet qu*est dû. la première connoissance de ce poisson ; mais la figure qu'il en donne est défec- taease , et il dit mal à propos que cette espèce vit dans la mer du Nord. La synonymie que les nomenclateurs ont faite do cette espèce est très-embrouillée et souvent fautive. So N N IN r* » N a ' 196 HISTOIRE boule, sur-tout lorsqu'il s'est tuméfié, que ses nageoires sont très-courtes, et que son museau étant très-peu avancé, aucune grande proéminence n'altère la londeur de son ensemble. Des piquans dont la surface est hérissée, sont très-foits ; mais ils sont plus courts et plus clair-seniés à proportion du %— — — Il I . I I I II I I I m (2) Deux dents hérisson. Bonat. pi. de l'Encyclop. niéthod. pi. XIX , fii;. 62. Diodon orbieularis , orbe hérisson. ( Blocli » pi. cxxvii. ) Deux-dents courte-épine. Daubenton, Eue. métli. Diodon hystrix. Lin. édit. de Gmel. Ostracion bidens sphœricus , aculeis undique densis triquetris. Artedi , gQi\. 69 , syn. 86. — Seb. Mus. 5 , tab. 25 , fig. 3. Poisson rond et piquant. Orbis echinatus , orbis muricatus. Rondelet , première part. liv. i5,chap. 3. — - Willuglib. Icht. tab. i , 4,fig. 6 ; et i , 8, fig. 1 et 2. Guamajacu , guara , piquitingua ,, araguagua , camuri. Marcgrav. Bras. p. i58. Ikan doerian , terpandjang , doeri , doeri - nja. [Valentync Ind. 5 , p. 4^8 ? n*^ 357. Poisson armé, Dutertre , Antill. 2 , p. 209, Diodon liystrix reticulatus , B. Lin. édit. de Gmel. Ostracion subrotundus , aculeis undique brevibus triquetris raris. Artedi , gen. 5ç) , syn. 86. Diodon suhsphœricus aculeatus , aculeis uentralibus singulis macula flavicente notatis , prœter maculas ^uinquenigras. Commerson, Manuscrits déjà cités. DES D I O D O N S. 197 volume du poisson que ceux de l'atinga,* de rholocaiitlie et du tacheté. Ils paroissent d'ailleurs retenus sous la peau par des ra- cines à trois pointes, plus étendues et plus dures; ils ressemblent davantage à un cône; ou plutôt à une sorte de pyramide triangu- laire, dont les faces^ seroient plus ou moins marquées ; ils peuvent . faire des blessures plus larges; ils sont moins fragiles; ils don- nent à ranimai des moyens de défense plus capables de résister à une longue attaque ; et voilà pourquoi Forbe a été nommé par excellence , et au milieu des autres dio- dôns , le poisson armé. C'est sous ce nom que sa dépouille a été conservée pendant si long-tenis, suspendue à la voûte de presque tous les muséum dliistoire naturelle , et même dans un grand nombre de (cabinets de physique, de laboratoires de pharma- cie , et de magasins de drogues étrangères. Commerson , qui a vu ce poisson en vie dans la mer voisine de Rio-Janeïro, a très- bien décrit les couleurs de cet animal ; et c'est d'après lui que nous allons les faire connoître. L'orbe est d'un gris livide sur toute sa surface; mais ce fond est varié par des taches de formes et de nuances diffé- rentes. Premièrement , des gouttes blan- N 3 ïgB HISTOIRE châtres sont répandues sur tout le dos ; secondement, quatre taches plus grandes^ noues, presque arrondies, sont situées, une auprès de chaque nageoire pectorale , et une sur chaque côté du corps; troisième- jnent, une cinquième tache également noire,' mais irès-échancrée , pai-oit auprès de la na- geoire caudale ,• quatrièmement , un croissant noirâtre est au dessous de chaque œil ,• et cinquièmement, la base de chacun des aiguil- lons placés sur le ventre est d'un jaune plus ou moins pâle. Au reste, on remarque souvent des va- riétés dans la forme du corps de l'orbe, et dans celle de ses aiguillons. Ces piquans sont quelquefois, par exemple, taillés, pour ainsi dire, à pans plus sensibles, et attachés par des racines plus fortes et plus divisées. D'un autre côté, la sphéricité de Tanimal se change en une sorte d'ovoïde, ou de petit cône, qui le rapproche du tacheté, ou de l'holo- canlhe, ou de Tatinga, sur-tout lorsque ces derniers , aj^ant accidentellement leur partie inférieure très - gonflée , s'éloignent davan- tage de la figure alongée , et sont plus près de la rondeur d'une boule. Mais les atin- gas, les hoiocanthes et les tachetés les plus voisins de la forme globuleuse seront tou- DES D I O D O N S. 19^ jours séparés de Forbe dont la sphéricité sera la moins parfaite, par la conformatioa des piquans de ce dernier , plus courts ; plus forts, plus clair-semés 5 mieux enraci- nés, et plus comprimés latéralement et sur plusieurs faces, que ceux des autres dio- dons (1). L'orbe a , comme d'autres cartilagineux de sa famille, deux dents molaires presque plates, très-étendues en surface, et situées Tune au palais, et l'autre en bas vei-s le bout du museau. Sa chair est un aliment plus ou moins dangereux , au moins dans cer- taines circonstances, comme celle de Fatinga et d'autres diodons (2). C'est principalement dans l'orbe que l'oii avoit cru voir de véritables poumons en même tems que des branchies ; et c'est cette observation qui avoit particulièrement en- « ' ' " ^ ■ ■ ■■..■., ■ p. 42 , n^ 2. Syngnathus pinnis caudœ ^ àni y pecforalibusque , radiatis , corpore sexangulato , . . . syngnathus typhle^ Lin. Syst. nat. edit. Gmel. geii. 4';^P' '• Sonwini. Poiss, Tome V, Q 2110 HISTOIRE dans la famille des syngnathes, de ces car- tilagineux très-alongés 5 dont les nageoires sont très-petites, et qui par ces deux traits ressemblent beaucoup aux serpens les plus déliés. En effet, non seulement les femelles des syngnathes ne déposent pas leurs œufs comme celles du plus grand nombre des poissons , sur des bancs de sables , sur des rochers , sur des côtes plus ou moins favo- rables au développement des foetus ; non seulement elles ne les abandonnent point sur ^^1 I - --■ -" - - r ■- ■ ■ — '*' (?) Dans plusieurs départemens méridion. gagnole, Syngnathns typhle. Lin. édit. de Gmel. Cheval marin trompette. Daubenlon, Eiicyc. métlik — Bonat. pi. de FEncycl. niétli. — Fauna suec. 577. Syngnathns corpore rnedio hexagono^ caudâ pinnatâ, Àrtedi , gtn. 1 , syn. 1 , sp. 3. — Blocb-, pi. xci, fig. 1. — Klein , Miss. pisc. 4 5 P- 4^ > n** 2. Piscis septlmis. Salvian. Aquat. p. Ç>S- Typhle marina. Bel. Aquat. p. 44^* Trompette , aiguille d'Aristote. Rondel. prem. part, îiv. 8 , chap. 4. — Willughby , Icîithyol. p. i58. — Ray, Pisc. p. 46. — Gesn. Aquat. p. 9 i le. anim. p. 92. Ssa-adder. Borlase, Cornw. p. 267. Shorter pipe-fifih. Pennaut, Brit. ssool. 5; p. 108, n^ 2 , tab. 6 , fig. 2. Syngnathus pinnis caudœ , ani , pectoralibusque , radiatis j corpore hexagono. Commerson , Manuscrits déjà cités. DES SYNGNATHES. 211 des rivages, mais on diroil que, modèles de la véritable tendresse maternelle, elles con- sentent à perdre la vie pour la donner aux petits êtres qui leur devront leur existence. On croiroit même qu'elles s'exposent à périr au milieu de douleurs cruelles pour sauver les jeunes produits de leur propre substance. Jamais Fimagination poétique, qui a voulu quelquefois élever Finstinct des animaux, animer leur sensibilité, ennoblir leurs affec- tions, embellir leurs qualités, et les rap- procher de celles de Thomme, autant qu'une philosophie trop sévère et trop prompte dans ses jugemens a cherché à les dégrader et à les repousser loin d'elle , n'a pu être si fa- cilement séduite lorsqu'elle a erré au milieu des divers groupes d'animaux dont nous 'avons entrepris d'écrire l'histoire, et même de tous ceux que l'on a placé avec raison plus près de l'homme , ce fils privilégié de la Nature , qu'elle ne l'auroit été par le tableau des soins des syngnathes mères , et de toutes les circonstances qui accompagnent le développement de leurs foibles embryons ^ jamais elle ne se seroit plue à parer de plus de charmes les résultats de l'organisation des êtres vivans et sensibles. Et combien de fois les syngnathes mères n'auroient - elles pas O 2 212 HISTOIRE été célébrées dans ces ouvrages charmaiis : heureux fruits d'une invention brillante et d'un sentiment touchant que la sagesse re- çoit des mains de la poésie pour le bonheur du monde, si le génie qui préside aux sciences naturelles avoit plutôt révélé à celui des beaux arts le secret des phénomènes dérobés à presque tous les yeux, et par les eaux des mers dans lesquelles ils s'opèrent , et par la petitesse des êties qui les produisent ! Mais, au travejs de ces voiles précieux et transparens dont l'imagination du poëte les auroit enveloppés, qu'auroit vu le phy- sicien? Que peut remarquer dans la repro- duction des syngnathes l'observateur le plus froid et le plus exact ? Quels sont ces faits à la vue desquels la poésie auroit bientôt allumé son flambeau? Oublions les douces images qu'elle auroit fait naître, et ne nous occupons que des devoirs d'un historiea fidèle. On a pensé que les syngnathes étoîent hermaphrodites : un savant naturaliste, le professeur Pallas, Ta écrit (i); et ses soup- çons à ce sujet ont été fondés sur ce que, dans tous les individus de ce genre qu'il a ■haakaaMMi^M (i) Pallas, SpiciU zool. 8, p. 53. DES SYNGNATHES. 2i5 disséqués, il a trouvé des ovaires et des œufs. Peut-être dans cette famille, ainsi que dans plusieurs autres de la classe des poissons, le nombre des femelles Temporte-t-il de beau- coup sur celui des mâles. Mais, quoi qu'il en soit , les observations d'autres habiles physiciens , et particulièrement celles d'Ar- ledi, qui a vu des syngnathes mâles, ne permettent pas de regarder comme herma- phrodites les cartilagineux dont nous traitons dans cet aiiicle; et nous sommes dispensés d'admettre une exception qui auroit été unique non seulement paiimi les poissons , mais même parmi tous les animaux à sang rouge. ^ ' Les jeunes syngnathes sortent des œufs dans lesquels ils ont été renfermés pendant que ces mêmes œufs sont encore attachés au corps de la femelle. L'intérieur de ces petites enveloppes a donc dû être fécondé avant leur séparation du corps de la mère. Il en est donc des syngnathes comme des raies et des squales; le mâle est obligé de chercher sa femelle, de s'en approcher, de demeurer auprès d'elle au moins pendant quelques momens, de faire arriver jusqu'à elle sa liqueur séminale. Il y a donc un véritable accouplement du mâle et de la O 5 214 HISTOIRE femelle dans îa famille que nous examinons; et la force qui les entraîne l'un vers l'autre est d'autant plus remarquable qu'elle peut faire supposer l'existence d'une sorte d'affec- tion mutuelle, très -passagère à la vérité , mais cependant assez vive, et que ce sen- timent , quelque peu durable qu'il soit, doit influer beaucoup sur les habitudes de l'ani- mal, et par conséquent sur l'instinct qui est le résultat de ces habitudes. Lorsque la liqueur séminale du mâle est parvenue jusqu'aux œufs de la femelle, ils reçoivent de ce fluide vivifiant une action analogue à celle que l'on voit dans tous les œufs fécondés, soit dans le ventre, soit hors du corps des mères, à quelque espèce d'ani- mal qu'il faille d'ailleurs les rapporter. L'oeuf, imprégné de la liqueur du mâle , s'anime, se développe, grossit, et le jeune embryon croît , prend des forces , et se Kouriit de la matière alimentaire renfermée avec lui dans sa petite coque. Cependant le nombre des œufs que contiennent les ovaires est beaucoup plus grand, à proportion de leur volume et de la capacité du ventre qui les renferme, dans les syngnathes que dans les raies ou dans les squales. Lorsque ces œufs ont acquis un certain degré de déve- DES SYNGNATHES. 2i5 loppement, ils sont trop pressés dans l'espace qu'ils occupent; ils en compriment trop les parois sensibles et élastiques pour n'être pas repoussés hors de l'intérieur du ventre avant le moment où les fœtus doivent éclore. Mais ce n'est pas seulement alors par l'anus qu'ils s'échappent; ils sortent par une fente lon- gitudinale qui se fait dans le corps, ou, pour mieux dire, dans la queue de la femelle , auprès de l'anus, et entre cette ouverture et la nageoire caudale. Cette fente non seu- lement sépare des parties molles de la fe- melle, mais encore elle désunit des pièces un peu dures et solides. Ces pièces sont plu- sieurs portions de l'enveloppe presque osseuse dans laquelle les syngnathes sont engagés en entier. Ces poissons sont en effet revêtus d'une longue cuirasse qui s'étend depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue. Cette cuirasse est composée d'un très-grand nombre d'anneaux placés à la suite l'un de l'autre, et dont chacun est articulé avec celui qui le précède et celui qui le suit. Ces anneaux ne sont pas circulaires , mais à plusieurs côtés; et comme les faces analogues de ces anneaux se correspondent d'un bout à l'autre de l'animal , l'ensemble de la cuirasse , ou , pour mieux dire, du très-long étui qu'ils O 4 \ 5i6 HISTOIRE forment , ressemble à un prisme à plusieurs pans. Le nombre de ces pans varie suivant les espèces, ainsi que celui des anneaux qui recouvrent le corps et la queue proprement dite. En même tems que la sorte de gaine qui renferme le poisson présente plusieurs faces disposées dans le sens de la longueur du S} ngnathe , elle doit offrir aussi , aux en- droits où ces pans se touchent, des arêtes, ou lignes saillantes et longitudinales , en nombre égal à celui des côtés longitudinaux de cet étui prismatique. Une de ces arêtes est placée , au moins le plus souvent , au milieu de la partie inférieure du corps et de la queue, dont elle parcourt la lon- gueur. C'est une portion de cette arête qui, au delà de l'anus, se change en fente alon- gée, pour laisser passer les œufs,- cette fente se prolonge plus ou moins suivant les in- dividus , et suivant l'effort occasionné par le nombre des œufs , soit vers le bout de la queue , soit vers l'autre extrémité du syngnathe* Cependant les deux pans les plus infé- rieurs du fourreau prismatique non seule- ment se séparent à l'endroit de cette fente, mais ils s'enfoncent ^ vers l'intérieur du corps DES SYNGNATHES. i2i7 de Tanimal, dans le bord longitudinal qui touche la fente, et se relèvent dans l'autre, de manière quau lieu d'une arête saillante, on voit un petit canal qui s'étend souvent vers la tète et vers le bout de la queue du syngnathe, bien au delà de la place où la division a lieu. En effet, une dépression semblable à celle que nous exposons s'opère alors au delà de la fente, tant vers le bout de la queue que vers la tête , quoique les deux pans longitudinaux les plus inférieurs n'y soient pas détachés l'un de l'autre, et qu'ils s'inclinent uniquement l'un sur l'autre , d'une manière très-difïérente de celle qu'ils présentoient avant la production de la sé- paration. Lorsqu'une arête saillante ne règne pas longitudinaîement dans le milieu de la partie inférieure de l'animal, le pan qui occupe cette partie inférieure se partage en deux, et les deux lames alongées qui résultent de cette fracture , ainsi que les pans collaté- raux , s'inclinent de manière à produire un canal analogue à celui que nous venons de décrire. C'est dans ce canal, dont la longueur varie suivant les espèces, et même suivant les in- dividus, que se placent les œufs à mesure 2i8 HISTOIRE qu'ils sortent du ventre de là mère : ils y sont disposés sur des rangs plus ou moins nombreux selon leur grosseur et la largeur du canal,- et ils y sont revêtus d'une peau mince , que les jeunes syngnathes déchirent facilement lorsqu'ils ont été assez développés pour percer la coque qui les contenoit. La femelle porte ainsi ses petits encore renfermés dans leurs œufs, pendant un tems dont la longueur varie suivant les diverses circonstances qui peuvent intluer sur l'ac- croissement des embryons; elle nage ainsi chargée d'un poids qu'elle conserve avec soin , et qui lui donne d'assez grands rapports avec plusieurs cancres dont les oeufs sont également attachés pendant long-tems au dessous de la queue de la mère» Peut-être n'est-ce qu'au moment où les œufs des syngnathes sont parvenus dans le petit canal qui se creuse au dessous du corps de la femelle, que le mâle s'approche, s'ac-\ couple , et les arrose de sa liqueur séminale, laquelle peut pénétrer aisément au travers de la membrane très -peu épaisse qui les maintient. Mais , quoi qu'il en soit , il paroît que, dans la même saison, il peut y avoir plusieurs accouplemens entre le même mâle et la même femelle, et que plusieurs fécon- DES SYNGNATHES. 219 dations successives ont lieu comme dans les raies et les squales; les premiers œufs qui sont un peu développés et vivifiés par la liqueur séminale du mâle passent dans le petit canal, qu'ils remplissent, et dans le- quel ils sont ensuite remplacés par d'autres œufs dont raccroissement moins précoce avoit retardé la fécondation , en les retenant plus long-tems dans le fond de la cavité des ovaires. Au reste, le phénomène que nous venons de décrire est une nouvelle preuve de Té- tendue des blessures, des déchiremens et des autres altérations que les poissons peu- vent éprouver dans certaines parties de leur corps , non seulement sans en périr , mais même sans ressentir de graves accidens. La tête de tous les syngnathes, et parti- culièrement de la trompette , dont nous trai- tons dans cet article , est très - petite ; le museau est très-alongé , presque c} lindrique, un peu relevé par le bout ; et c'est à cette extrémité qu'est placée l'ouverture de la bouche, qui est très-étroite, et se ferme par le moyen de la mâchoire inférieure propre- ment dite, que l'on a prise à tort pour un opercule , et qui, en se relevant, va s'appli-. y 220 HISTOIRE quer contre celle d'en haut. Le long tuj'^au formé par la partie antérieure de la tête a été regardé comme composé de deux mâ- choires réunies l'une contre l'autre dans la plus grande partie de leur étendue; et de là vient le nom de syngnathe que porte la famille de cartilagineux dont nous nous occupons. La trompette , non plus que les autres syngnathes , n'a point de langue , ni même de dents. Ce défaut de dents, la petitesse de l'ouverture de sa bouche , et le peu de largeur du long canal que forme la prolon- gation du museau, forcent la trompette à ne se nourrir que de vers , de larves , de fragmens d'insectes, d'œufs de poissons. La membrane des branchies des syngna- thes, que deux rayons soutiennent, s'étend Jusques vers la gorge : l'opercule de cet or- gane est grand et couvert de stries disposées en raj^ons ; mais cet opercule et cette mem- brane sont attachés à la tête et au corps proprement dit, dans une si grande partie de leur contour, qu'il ne reste pour le pas- sage de l'eau qu'un orifice placé sur la nuque. On voit donc, sur le derrière de la tête, deux petits trous que l'on prendroit pour DES SYNGNATHES. 221 des évents analogues à ceux des raies et des squales, mais qui ne sont que les véritables ouvertures des branchies. Ces branchies sont au nombre de quatre de chaque côté. Ces organes , un peu difFé- rens dans leur conformation des branchies du plus grand nombre de poissons, ressem- blent , selon Artedi et plusieurs autres na- turalistes qui l'ont copié , à une sorte de viscosité pulmonaire, d'un rouge obscur: mais je me suis assuré , en examinant plu- sieurs individus et même plusieurs espèces de la famille que nous décrivons , qu'ils étoient composés à peu près comme dans la plupart des poissons , excepté que cha- cune des branchies est quelquefois un peu épaisse à proportion de sa longueur, et que les quatre de chaque côté sont réunies en- semble par une membrane très-mince , la- quelle, ne s'appliquant qu'à leur côté exté- rieur, forme entre ces quatre parties trois petits canaux ou cellules, qui ont pu suggé- rer à Artedi l'expression qu'il a employée. Au reste, cette couleur rougeàtre, qu'il a très-bien vue, indique les vaisseaux sanguins très-ramifiés et disséminés sur ces branchies. Les yeux des syngnathes sont voilés par une membrane très - mince , qui est une 222 HISTOIRE continuation du tégument le plus extérieur de l'animal. Le canal intestinal de la trompette est court et presque sans sinuosités. lia série de vertèbres cartilagineuses , qui s'étend depuis la tête jusqu'à l'extrémité de ]a queue, ne présente aucune espèce de côte : mais les vertèbres, qui sont renfermées dans le corps proprement dit, offrent des apo- physes latérales assez longues , qui ont quelque ressemblance avec des côtes ; et elles montrent ainsi une conformation in- termédiaire entre celle des vertèbres des raies et des squales, sur lesquelles on ne voit pas de ces apophyses , et celle des ver- tèbres des poissons osseux, qui sont garnies de véritables côtes. L'étui dans lequel elle est enveloppée présente six pans , tant sur le corps que sur la queue, autour de laquelle cependant ce fourreau n'offre quelquefois que quatre pans longitudinaux. Le nombre des anneaux qui composent cette cuirasse est ordinairement de dix-huit autour du corps, et de trente- deux autour de la queue. La trompette a une nageoire dorsale comme tous les syngnathes : mais elle a de DES SYNGNATHES. 2^5 plus des nageoires pectorales, une nageoire de Tanus, et une nageoire caudale (i); or- ganes dont les trois , ou du moins un ou deux, manquent à quelques espèces de ces animaux, ainsi qu'on peut le voir sur le tableau méthodique des cartilagineux de cette famille. Elle n'a guère plus d'un pied ou d'un pied et demi de longueur : sa couleur générale est jaune et variée de brun ; les nageoires sont grises et très-petites. On la trouve non seulement dans l'Océan; mais encore dans la Méditerranée, où elle a été assez anciennement et asse^ bien ob- ^m (i) A la nageoire du dos » 1 8 rayons. Aux pectorales I2 A celle de l'anus , . 5 A celle de la queue , qui est un peu arrondie lo Un individu de Tespèce de la trompette, observé par Commerson , difFéroit assez des autres individus de cette même espèce par le nombre des rayons de ses nageoires , pour qu'on pût le considérer comme formant une variété distincte. Il avoit en effet à la nageoire dorsale , ^5 rayons. A chacune des nageoires pectorales . . 24 A celle de l'anus. .* . , 3 A celle de la queue , . 6 224 HISTOIRE servée pour qu'Aristote et Pline aient connu une partie de ses habitudes, et notamment la manière dont elle vient au jour (i). Sa chair est si peu abondante , que ce poisson est à peine recherché pour ia nour- riture de l'homme; mais comme il perd dif- ficilement la vie 5 qu il ressemble à un ver, et que, malgré sa cuirasse, qui se prête à plusieurs mouvemens, il peut s'agiter et se contourner en diiférens sens , on le pêche pour l'employer à amorcer des hameçons. j, 1^ i_ I III I I - ■ -- n ■■ — - - — ^' — —I rm (i) J'ai vu cette espèce fort nombreuse le loiigde la côte d^Egypte, entre Aboukir et Alexandrie. On la trouve aussi dans la mer du Nord et dans la mer Baltique. Beiou rapporte que, quand les pccbeurs de Marseille aperçoivent une trompette dans leurs flîets , ils la regardent comme un signe de bonbeur , et croient avoir assez gagné j %^t de là qu'ils appellent ce poisson gagnola, . ■ • Le même icblliyologiste dit encore que quelques savaris ont donné à ce poisson le nom àe pissorbulus , parce qu'il a le museau long et creux comme un tuyau, et que la partie d'en bas ressemble au cou- vercle d'une boîte qui se ferme contre l'autre. ( De la nature et diversité des poissons , liv. 2, p. 44^ ^^ 447*) Du reste c'est un poisson de rivage qu'on ne prend jamais à l'hameçon ; on le trouve quelquefois dans les filets, piiucipalement au printems. Sonmni. L'AIGUILLE DES SYNGNATHES. 2^5 L'AIGUILLE DE MER (i). Voyez planche XTX , fig. 3. LE SYNGNATHE AIGUILLE (2), LE SYNGNATHE TUYAU (3) (4), jiT LE SYNGNATHE PIPE {S){^), PAR LACÉPÊDE. 2® , 3® ET 4^ ESPÈCES. - J_i' AIGUILLE habile, comme la trompette,' dans rOcéan septentrional; elle présente la même conformation , excepté dans le nombre (1) Uaiguille dâ mer. En allemand , nadeljîsh. En prussien, see-nadel , sach-nadel. En danois, stork , hav-naal. ^w a.ng\d\s ^ pipe-flsh. En norvégien, kant- fiaal. En danois , kantnal. Syngnaôhùs pinnis caudœ , ani pectoralibusque radiafls , corpore septemangulato . . , syngnathus acus. Lin. Syst. nat. edit Gmel. gevi. 41 j sp. 2. S o N N I N 1. (2) Syngnathus acus. Lin. édit. de Gmel. Poiss. Tome V, P 226 HISTOIRE des faces de sa cuirasse , qui offre sept pans plus longitudinaux autour de son corps pro- prement dit, tandis qu'on n'en compte que SyngnatJius corpore medio heptagono , caudâ pinnatâ. Art. gen. i , syn. 2 , sp. 2. — Bloch , pi. xci , fig. 2. Solenostomus à capite ad caudain Jieptagonus, Klein, Miss. pisc. 4 j P' 2,4 7 11^ 5. Typhle. Gesner , Aquat. p. io25. Acus Aristotelis. Aldrov. Pisc. p. ro5. — Willuglib> Ichthyol. p. 169, tab. i , 20 , fig. 1. — Ray, Pisc. ^. 46 , n^ 2. Seenadely sacknadel. Wulff, Icîit. bornss. p. 70. Cheval marin aiguille» Daubenton , Encycl. méth. — Bonaterre , pi. de l'Encycl. mélliod. (3) Syngnathus pelagicus. I^ia. édit. de Gmel. Cheval marin tuyau de plume. Daub. Encycl. mélh, — Bonaterre , pi. de l'Encycl. inéthod. Syngnathus pelagicus. Osb. It. io5. Nota, La figure 4 de la planche cix de Blocli , qae l'on a rapportée au syngnathe tuyau , représente une variété du syngnathe aiguille. (4) En allemand , corallensauger. En arabe , abou summâra. Par les fiançais , trompette du Cap. Syni>nathus pinnis pectoralibus caudœque radiatis , ani nulla , corpore septemangulato syngnathus pelagicus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141 , sp. 5. — Artedi , Gen. pisc. gen. i , sp. 6 , additament. Syngnathus corpore medio heptagono ; pinnâ dorsi anum versus ,,» . syngnathus pelagicus. Osbeck^ Itin. p. 401. SoWNINI. DES SYNGNATHES. 227 SIX sur le fourreau analogue de la trompette. Elle parvient d'ailleurs à une grandeur plus considérable ; elle a quelquefois trois pieds de long; et Ton voit, sur presque toute sa surface , des taches et des bandes transver- sales alternativement brunes et rougeàtres. -Son anus est un peu plus rapproché de la tête que celui de la trompette, et l'on a écrit que la femelle donnoit le jour à soixante- dix petits (7) (8). Le syngnathe tuyau a autour de son corps (5) Syngnatkus œquoreus. Lin. édit. de Gmel. Cheval marin pipe. Uaubenton , Encyc. mélhod. — Bonaterre , pi. de F Encyc!. méthod. (6) 'S\ rrgnuthus pinnâ caudœ radiatâ , pectorallbus anique nullis , corpore angulato .... syngnathus œquo" reus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen, 141 > sp. 4* -^ Artedi , Gen. pisc. gen. i , sp. 10. additament. species dubiœ, SoNNiNi. (7) A la membrane des branchies du syngnathe .aiguille 2 rayons. A chaque nageoire pectorale .... 14 A celle du dos . 56 A celle de l'anus 6 A celle de la queue 10 (8) Ses œufs ne sont pas plus gros que des grains de millet ; les ovaires sont cylindriques et de couleur orangée j le àroit est le plus long. S o w k i n i. ■•'••• ; • • p^ 'V- 22S HISTOIRE une longue enveloppe à sept pans, comme l'aiguille, • mais il s'éloigne de la trompette plus que ce dernier poisson : il n'a point de nageoire de Fan us. On le trouve dans des mers bien éloignées Tune de l'autre : on le voit en effet dans la mer Caspienne , dans celle qui baigne les rivages de la Caroline (i), et dans celles dont les flols agités par les tempêtes batLent si fréquemment le cap de Bonne-Espérance et les côte^s africaines voL^ sines de ce cap. On l'observe souvent au milieu des fucus; il est d'un jaune foncé, plus clair sur les nageoires du dos et de la queue ^ et relevé par de petites bandes transversales brunes (2). • (i) Gmelin fait de ce syngnathe de la Caroline unp variété dans l'espèce. du tuyau jil la désigne comme il suit : syngnathus carolinensis , laminis trunci viginti quinque , caudœ triginta dua. Sp. 5 , var. h. Dans un des bras du Jaïk , aujourd'liui rempli de limon, au point que les poissons ne peuvent plus le remonter, on n'y voit que le syngnathe tuyau, qui s'avance quelquefois jusqu'à Gourief, ce qu'on regarde comme un pronostic de tempête. ( Pallas, Voyage en différentes provinces de Russie et dans l'Asie septen- trionale, Iraduct. fra.nç. tom. I , in-4° > P- ^Z^O S o N N 1 N 1. (2) 11 y a à la nag&oire du dos du syngnathe tuyau '•, ~^ " ^^ rayon^ DES SYNGNATHES. 229 Nous avons reçu de Noël de Rouen plu- sieurs individus de cetle même espèce de syngnathe, quiavoient été péchés auprès de Tembouchure de la Seine. « Les tuyaux, nous écrit cet estimable observateur , sont péchés sur les fonds du Tôt, de Quillebeuf, de Berville , de Grestain». On les prend avec des guideaiix , sorte de filet dont nous par- lerons. Noël les a nommés aiguillettes , ou petites aiguilles , parce qu'ils ne parviennent guère, près des côtes de la Manche, qu'à la longueur de deux décimètres (sept pouces). Le corps de ces poissons représente une sorte de prisme à sept faces ; mais les trois pans supérieurs se réunissent auprès de la nageoire dorsale , et les deux inférieurs auprès de Tanus, de manière que la queue proprement dite n'oifre que quatre faces longitudinales. La couleur de ces cartilagineux est d'un gris pâle, verdàtre dans leur partie supérieure, et d'un blanc sale dans leur partie inférieure. Aux nageoires pectorales l4 rayons. A celle de la queue lo A la cuirasse qui recouvre le corps . 18 anneaux. A celle qui revêt la quoue 32 Il paroît qu'on a compté vingt - cinq anneaux dans nue variété de cette espèce, vue auprès de la Caroline P 5 53o HISTOIRE Noël a vu dans l'œsophage d'un de ces ani- maux une très-petite chevrette, qui, malgré son peu de volume, en remplissoit toute la capacité, et n'avoit pu être introduite par l'ouverture de la bouche qu'après de très- grands efforts. Il a trouvé aussi, dans cha- cune de deux femelles qu'il a disséquées , une quarantaine d'œufs assez gros, relati- vement aux dimensions de l'animal. La forme de la trompette se dégrade encore plus dans le syngnathe pipe que dans les deux autres cartilagineux de la même famille , décrits dans cet article. La pipe n'est pas seulement dénuée de nageoire de l'anus; elle n'a pas même de nageoires pectorales (i). (i) A la nageoire dorsale du syngnathe pipe 5o A celle de la queue 5 cJ^^. /' 2 2 31 nê~J^ë~^T, 1. L'HiPPO CAMPE . 2 . LE IjOMPE . 3 LE PEGASE DBAGON . c^. f^oyz^ard J". DES SYNGNATHES. sSi i< . I ' » ■ ■ ■ ' ■ ■ .... I _ III, -«■ L' HIPPOCAMPE (i). Voyez planche XX , fîg. i. L' HIPPOCAMPE ÉPINE DOUBLE (2). LE SYNGNATHE HIPPOCAMPE (3), E T LE SYNGNATHE DEUX-PIQUANS (4), PAR LACÉPÉDE. CINQUIEME ET SIXIEME ESPECES. V^UEL contraste que celui des deux images rappelées par ce mot hippocampe , qui dé- signe en même tems et un cheval et une chenille ! Quel éloignement dans l'ensemble (ï) Uhippocampe , cheval marin , cheval, chevalet. En ffrec , ippokampos. En la lin , hippocarnpua. En allemand , seepferdchen. En hollandais , zeepardje. En anglais, sea-horce. En danois , hawhœver. Eu nor- végien , soe hest , soe baver. En espagnol , coulinho. A' P4 â53 HISTOIRE des êU^es vivaas et sensibles sépare ces deux animaux, dont on a voulu voir les traits réunis dans Tbij^pocampe , et dont on s'est efforcé de combiner ensemble les deux idées ■■ ' . I. I. . tVenise , biscia. Aux îles Mohiques , ican couda , lauivd femelle. Aux îndes , kœdœ levet , jong-honing. Syngnathus caudâ apterigiâ ^ capiie injlexo. Gron. Zooph. n^ 170. Syngnathus parte anteriori hexagonâ ; posteriori quadrangulâ , caudâ impennis. Browne , Jamaïc. p. 44 r , n^ I. Syngnathus pinn à caudœ quadrangulœ nullâ , cor- pcre septem angulato tuherculato syngnathus hippocampus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i4ï jSp. 7, Syngnathus pinnâ caudœ quadrangulœ nullâ , cor- fore sepiemangulafo tuherculato , cirrnso syn^ gnathus hippocampus. Brunriich , Icht. Massil. p. 10, n*^ 19. S o N N I NI. (2) L'épine-double. En allemand , stacJiebiadel. Syngnathus pinnâ caudœ nullâ , corpore quadran^ gulato , caudâ antice hexagonâ , posticè tetragonâ , apice tereti. . . . syngnathus tetragonus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i4ijsp. 8. Sonnini. (5) En Italie ^cavallo marino. Syngnathus hippocampus. Lin. édit. de Gmel. — Brunn. Fisc. Massil. n^ 19. — Mull. Piodrom. zool. danic. n** 527. Syngnathus corpore quadrangulo , pinnâ caudœ tarens. Art. grn. i ,syn. i — Bloch , pi. cix , fîg. 5. Cheval marin ^hippocampe, Do-vib. Encycl. méthod. DES SYNGNATHES. 233 pour en former l'idée composée du syn- gnathe que nous décrivons ! L'imagination , qui, au lieu de calculer avec patience les véritables rapports des objets, se plaît tant à se laisser séduire par de vaines espérances, et à se laisser entraîner vers les rapproche- mens les plus bizarres , les ressemblances les plus trompeuses et \es résultats les plus mer- veilleux , a dû d'autant plus jouir en s'aban- — Bonat. p]. de l'Encycl. métliocl. — Gronov. Zooph. n® 170. — Browne , Jamaïc. p. 44^ j ^^ ^* Crayracion corpore circumflexo , etc. Klein , Miss, pisc. 3 , p. 25 , n® 52. — .Elian. lib. 14 > c. j4« Cheval marin. Rond, des Ins. et zoopli. cliap. 9. — • Gesner, Aqnat. p. 41 4- — Willugliby , Tclitli. p. iSy , tab. 1,25, fîg. 5 et 4' — l^'^y? Pisc. p. 45 , 4^ , n° i , 4* Hip-pocampus œquivoca. Aldrov. Pïsc. p. 716. Cheval marin. Belon , Aquat. p. 444* Geel zeepaardje. Valent. Mns. p. 358, n^ i3o. Syngnathus hippocampus , le cheval marin. ( Ap- pendix du Voyage à la nouvelle Galles méridionale, par Jean White , premier chirurgien de l'expédition commandée par le capitaine Philipp.—- pi. l , fîg. 2. ) Syngnathus hippocampus, Commerson, manuscrits déjà cités. (4) Syngnathus tetragonus. Lin. édit. de Grael. — Thunbcrg , Act. soc. physiogr. lund. 1 , /^., ^. ^01 , n^ 5o , tab. 4 , fig. i et 2. Syngnathus hiaculeatus , épine-double. (Bonaterre, planches de l'Encycl. niéthod.) 234 HISTOIRE donnant pleinement au sens de ce mot hippocampe , que , par l'adoption la plus entière de cette expression, elle a exercé, pour ainsi dire , en même tenis , une triple puissance. Reconnoitre en quelque manière un cheval dans un petit cartilagineux , voir dans le même moment une chenille dans un poisson 5 et lier ensemble et dans un même être une chenille et un cheval, ont été trois opérations simultanées, trois espèces de petits miracles compris dans un seul acte, trois signes de pouvoir devenus insépara- bles , dans lesquels Timagination s'est com- plue sans réserve , parce qu'elle ne trouve de véritable attrait que dans ce qui lui permet de s'attribuer une sorte de force créatrice : et voilà pourquoi cetle dénomi- nation à^ hippocampe a été très - ancienne- ment adoptée ; et voilà pourquoi , lors même qu'elle n'a rappelé qu'une erreur bien reconnue , elle a conservé assez de charmes secrets pour être généralement maintenue par les naturalistes. Quelles sont cependant ces légères apparences qui ont introduit ce mot hippocampe , d'abord quels sont les traits de la conformation extérieure du s} ngnaihe dont nous nous occupons, qui ont réveillé l'idée du cheval à l'instant où on a vu ce. DES SYNGNATHES. 235 cartilagineux? Une tête un peu grosse; la partie antérieure du corps , plus étroite que la tête et le corps proprement dit ; ce même corps plus gros que la queue, qui se re- courbe ; une nageoire dorsale dans laquelle on a trouvé de la ressemblance avec une selle ; et de petits filamens qui , garnissant Texti^émité de tubercules placés sur la tête et le devant du corps, ont paru former une petite crinière : tels sont les rapports éloi- gnés qui ont fait penser au cheval ceux qui ont examiné un hippocampe , pendant que ces mêmes iilamens , ainsi que les anneaux qui revêtent ce cartilagineux , comme ils recouvrent les autres syngnathes , font fait rapporter aux chenilles à anneaux hérissés de bouquets de poil. Mais , en écartant ces deux idées trop étrangères de chenille et de cheval , déter- minons ce qui différencie l'hippocampe d'avec les autres poissons de sa famille. Il parvient ordinairement à la longueur de trois ou quatre décimètres ( environ uu pied ). Ses yeux sont gros , argentés et brillans. Les anneaux qui l'enveloppent sont à sept pans sur le corps, et à quatre pans sur la queue : chacun de ces pans, qui quelquefois sont très-peu seasibles , est ordi- 256 HISTOIRE nairemeiit incliqué par un tubercule garni le plus souvent d'une petite houppe de filamens déliés. Ces tubercules sont com- munément plus gros au dessus de la tête, et Ton en voit particulièrement cinq d'assez grands au dessus des yeux. Ou compte treize anneaux à Fétui qui enveloppe le corps, et de trente-cinq à trente- huit à celui qui renferme la queue , laquelle est armée , de chaque côté , de trois aiguillons , de deux en haut et d'un en bas. Au reste, ce nombre d'anneaux varie beaucoup , du moins sui- vant les mers dans lesquelles on trouve l'hippocampe. Les couleurs de ce poisson sont aussi très -sujette à varier, suivant les pays et même suivant les individus. Il est ou d'un livide plombé, ou brun, ou noirâtre, ou verdâlre; et quelque nuance qu'il présente, il est quelquefois orné de petites raies ou de petits points blancs ou noirs (i). (i) Il y a à la membrane des branclnes. 2 rayons. A chacune des nageoires pectorales . . 9 (On en compte 18 , parce que chaque rayon set divise en deux, presque dès son origine.) A celle de la queue de 16 a 20 A celle de l'anus 4 DES SYNGNATHES. aSy Les blanchies de Fhippocampe ont été mal vues par un grand nombre de natura- listes; et leur petitesse peut avoir aisément induit en erreur sur leur forme. Mais je xne suis assuré, par plusieurs observations, qu'elles étoient frangées sur deux bords, et semblables , à très-peu près, à celles que que nous avons examinées dans plusieurs autres syngnathes, et que nous avons décrites dans l'article de la trompette. La vésicule aérienne est assez grande; le canal intestinal est presque sans sinuosités (i). La bouche de Thippocampe étant d'ailleurs conformée comme celle des autres cartila- gineux de son genre, il vit, ainsi que ces derniers, de petits vers marins, de larves, d'insectes aquatiques , d'œufs de poissons peu développés. On le trouve dans presque toutes les mers, dans FOcéan, dans la Médi- terranée , dans la mer des Indes. Pendant qu'il est en vie , son coi-ps est alongé comme celui des autres syngnathes : mais, lorsqu'il est mort , et sur-tout lorsqu'il commence à (i) L'estomac est ample, le cœur petit, le foie alongé , étroit et d'un jaune pâle. La vésicule du fiel est de la grosseur d'un grain d'orge j l'ovaire est double. S ON n i w i. ^58 HISTOIRE SG dessécher , sa queue se replie en plusieurs sens, sa tête et la parîie antérieure de son corps se recouLbent; el c'est dans cet état de déformation qu'on le voit dans les cabi- nets , et qu'il a été le plus comparé au cheval. On a attribué à l'hippocampe un grand nombre de propriétés médicinales , et d'au- tres facultés utiles ou funestes, combinées d'une manière })lus ou moins absurde : et comment n'auroit-on pas cherché à douer des vertus les plus merveilleuses et des qua- htés les plus bizarres , un être dans lequel on s'est obstiné, pendant tant de tems, à réunir par la pensée un poisson , un cheval et une chenille (i)? Le syngnathe deux-piquans habite dans la mer des Indes (2). Il est varié de jaune et de brun. Les anneaux qui composent sa (1) Dioscoride , Galien , Pline, Elien ont fait une longue énumération des propriétés de l'hippocampe en médecine. Aujourd'hui encore ce poisson passe en Dalmatie comme un remède efficace contre la coagu- lation du lait dans le sein des femmes. Les norvégiens au contraire regardent l'hippocampe comme un poison. S o N ?»^ 1 N I . (2) Klein dit que ce poisson vit dans la mer Baltiquej mais c'est sans doute une méprise. Son ni ni. DES SYNGNATHES. 2^9 longue cuirasse, ne présentent chacun que quatre pans ; et au dessus des yeux on voit deux aiguillons courbés en arrière (1) (2). ■■I ■ ■ Il I II II II I I ■■ I ■■■ .1 in (1) A la membrane des branchies. . 2 rayons, A chaque nageoire pectorale ... 21 ' A celle du dos 54 A celle de l'anus 4 Sur le corps , . 17 anneaux. Sur la queue ^5 ( 2 ) Entre ces deux aiguillons on remarque un léger enfoncement, et derrière eux une échancrure en forme de croissant. L'ouverture des ouïes est fort droite , et l'opercule est une lame mince. Le docteur Bloch a compté dix-sept boucliers à la cuirasse sur le tronc , et quarante-cinq sur la queue. Ceux du tronc portent des taches claires, qui forment une ligne laté- rale. Le même ichthyologiste a observé sur un indi- vidu de cette espèce deux raies qui se croisent sur le yentre en X. Soni^ini* £4o HISTOIRE ^ LE SYNGNATHE BARBE (i)(2), LA VIPÈR.E DE MER (3), ou LE SYNGNATHE OPHIDION (4), PAR ' LACÉPÈDE. SEPTIÈME ET HUITlÉîylE ESPECES. JN o N seulement le barbe n'a point de nageoire caudale, mais encore il n'a pas dé nageoire de l'anus. Aussi le voit -on placé I II I I I II ■ .. I . » . .. - . I - 1^ (i) Syngnathusbarharus. LÎJi. édit. de Gmel. Cheval marin sexangulaire. Daub. Eucycl, méthod. •— Bonaterre , p!. de rEncycL-méUiocl. (2) Syngnathus pinnis caudœ anique nullis , corpore sexangulato . . . syngnathus harlxirus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141 , sp. 6. — Artedi , Gen. pisc. edit. Walbaum , gen. i, sp. il. additament. Species dubiœ. S o N N I N I. (2) La vipère de mer. En allemand , meerschlange. En suédois , hafsnœl, trangshipa. Au Japon , sajori. Soleostomus maris baltici gracilis , variegatis , etc, Klein , Miss. pisc. 4 ^ P» 26, n" i5 , tab. 5 , fig. 4- Acus lumhricijormis aut serpentinus, Wiilugliby , IchUiyol. p* i6o. dans DES SYNGNATHES. 241 cfans un cinquième sous-genre sur le tableau méthodique de la famille que nous décrivons. Son corps est d'ailleurs à six pans longitu- dinaux. I/ophidion est encore plus dénué de na-r geoires ; il n^en a pas de pectorales : il n'en ■ .1.1 .1 . . I — ___ — « jicus lumbriciformis seu opJiidion lumbriciforme^ Ray, Fisc, p.47* Syngnathus pinnis caudœ , ani pectoralibusque nullis , corpore tereti syngnathus ophidio. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141 , sp. 5. Sonnini. (3) Sur quelques côtes d'Angleterre, sea-adder. En Suède , hau'hôl. Syngnathus ophidion. Lin. édit. de Gmel. — Fauna suec. 275. — Otto, Schrift. der Berlin, naturf. fr. 5 , pag. 436. Syngnathus tere& , pinnis pectoralibus caudœqua carens. Artedi , gen. i , syn. 2 , sp. 5. — - Gi onov. Mus. I , n** 2. — Bloch, planch. xci, flg. 3. — Klein , Miss. pisc. 4> p. 26, n** i5, tab. 5, fig. 4* " — Wil- lugliby , Icht. p. 160. — Ray , Pisc. p. 47. Sajori. KaBmplisr, Japon, i , p.i55. Little pipc'-fiàh. Britan. zoolog. 3, p. 109 , n' 3, pi. VI , fig. 3. Cheval marin serpent. Daubenton, Encyc. méth. — ■ Bonaterre , pi. de l'Encycl. méthod. (4) A chaque nageoire pectorale du barbe 22 rayons A celle du dos ........... 4^ Poiss, Tome V. Q 242 HISTOIRE njontre qu'une qui est située sur le dos (i)," et qui est assez peu élevée. De tous les syngnalhes il est celui qui ressemble le plus à un serpent , et voilà pourquoi le nom di'ophidion lui a été donné , le mot grec ophis désignant un serpent. Nous avons cru d'autant plus devoir lui conserver cette dé- nomination , que son corps est plus menu et plus délié à proportion que celui des iautres cartilagineux de son genre. Il par- vient quelquefois à la longueur de deux pieds, ou de plus de sept décimètres (2). Son museau est moins alongé que celui de la trompette. Cet animal est verdâtre avec des bandes transversales, et quatre raies longitudinales, plus ou moins interrompues, d'un très-beau bleu. Il habite dans l'Océan septentrional (3). » « (1) A la membrane des branchies de l'opliidion , . • , 2 rayons. A la nageoire dorsale 54 (2) Tl n'est pas ordinairement plus gros qu'une plume d'oie ou de cj''gne. Sonnini. (3) On l'a trouvé aussi dans là mer Baltique, et | selon Kœmpfer , pi'ès des côtes du Japon. Sonnini. DES CYCLOPTERES. 245 QUINZIÈME OPvDRE. DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIEME ORDRE Î>E LA QUATRIÈME DIVISION DES CART ILA&INEXTX. PAR LACÉPÉDE. Poissons thoracins , ou qui ont une ou deux nageoires situées sous le corps, ou dessous ou presque au dessous des nageoires pectorales. SEIZIÈME GENRE. * LES CYCLOPTERES. E S dents aiguës aux mâchoires ; les nageoires pectorales simples ; les nageoires inférieures réunies en forme de disque. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoires du dos ,♦ de la queue et de l'anus , séparées l'une de l'autre,. PREMIÈRE ESPÈCE. Le cycloptère lompe. — Le corps garni de plusieurs rangs de tubercules très-durs. à44 HISTOIRE DEUXIÈME ESPECE. Le cycloptère épineux. — De petites épines sur le corps ; des rayons distincts à la première nageoire du dos. TROISIÈME ESPÈCE. Lecycloptère menu. — Trois tubercules sur le museau. QUATRIÈME ESPÈCE. ^'îiE CYCLOPTÊRE DOUBLE- ÉPINE. Le derrière de la tète garni, de chaque côté, d'une épine. CINQUIÈME ESPÈCE. Le CYCLOPTÊRE GÉLATINEUX. LcS nageoires pectoiales ti es- larges; Touverture de la bouche tournée vers le haut. • SIXIÈME ESPÈCE. Le CYCLOPTÊRE denté. — L'ouvcrturc de la bouche. presque égale à la largeur de la tète; les dents fortes, coniques, et dis- tribuées en nombre très - inégal des deux côtés des deux m^âchoires. SEPTIÈME espèce. tiE CYCLOPTÊRE VENTRU. — Le Ventre très "gonflé par une double et très-grande yessie urin^ire. r t • - • no 11!-- • . DES CYCtOPTERES. 245 HUITIÈME ESPÈCE. Le cycloptère bimaculé. — Les nageoires pectorales situées vers le derrière de la tête, une tache noire sur chaque côté du corps. NEUVIÈME ESPÈCE. Le cycloftére spatule. — Le museau en forme de spatule. DIXIÈME ESPÈCE. Le cycloptère souris ( Cyclopterus musculus.) — Cinq rayons à la membrane des branchies; trente- cinq rayons à la dor- sale; les deux mâchoires presque également avancées, et garnies Tune et l'autre de dents très-fines et très-rapprochées ; l'ouverture de l'anus assez grande, et plus voisine de la tête que de la caudale; la peau dénuée d'écaillés facilement visibles; la couleur d'un gris roux et clair vers la tête , et d'un gris brun vers l'extrémité de la queue. Q 5 246 H I S T O I R SECOND SOUS-GENRK Les nageoires du dos , de la queue et de l'anus réunies. ONZIÈME ESPECE. Le cycloptère LrPARis. — Sept rayons à la membrane des branchies. DOUZIÈME ESPÈCE. Le cycloptère rayé. — Un seul rayon à la membrane des branchies ; des raies lon- gitudinales. DES CYCLOPTERES. 247 LE LOMPE (i). Voyez la -planche X X , figure 3. LE CYCLOPTÈRE LOMPE (2); PAR LACÉPÉDE. PREMIÈRE ESPÈCE. wuE ceux dont la douce sensibilité re- cherche avec tant d'intérêt et trouve avec tant de plaisir les images d'afïections tou- (i) Z-e lompe ou le Heure de mer. Eu allemand, see-Jiase. A Heiligeland , haffpadde. En hollandais , lump et suottolf on bufolt y à cause de la bave qui lui sort de 1^ bouche, lump. En zélandais, klief. Ea suédois , sjuryggfisk , stenbit , quabbsu. En Prusse , seel-nase , haff-pndde. En Norvège , rogn-kesxe , ro^n* kal. En Islande, krognkellse. Eu Laponie , rogn-kiœlse^ rogn-kiagse. Au Groenland, nepisa , anguesedlok y le mâle , arnardlosk , la femelle. Cyclopterus corpore squamis osseis angulato •■ cyclopterus lumpus. Lin. Syst. natur. edit. Gmel. gen. 159, sp. 1. — Oth. Fiibric. Faun. groenland. p. 1 3 1 , n® C)2. S ON N I M T. (a) Lièvre de m^er. En Angleterre , lump , ou sea^- owl. En Ecosse, cock-padd. En Irlande, haff-podde, Q4 S48 HISTOIRE chantes que présentent quelques êtres heu- reux au milieu de l'immense ensemble des m . . ■ . Il ■■ .1 Dans la Belgique , snottolff. En Danemarck , stenheit. En Suède , sjurygg-fisk. En Norvège , ronghiegse. Cycloptenis Lumpus. Lin. édit. de Gmel. — Mus, Ad. Fr. ï , p. 67, — Faun. suec. 32o. — It. Si;an. 188. -!— Mull. Prodrom. Zool. danic. p. 39 , n*' 25. Bouclier lompe. Daubent. Encycl. méth. — Bonat, pi. de l'Encyc. mélhod. — Gronov. Mus. i , 127 j Zoopîi. 197. — Blocli , pi. xc. Oncotion, Klein , Miss. pisc. 4 > p* 49 > ^i"^ 1 > 2 , 5 , tab. 14 > fig 5. — Willughby, Icht. p. 208, tab. N , ii. — - Ray , Pisc. p. 77. Lump-fîsh. Pennant , Brit. zool. 5 , p. io3 , n° i. Seel-nase ,haff-padde. WulfF, Ichth. boruss. p. 24» Cycloptenis. Artedi , gen. 62 , syn. 87. Ostracion rotundo- ohlongiis ^ tuherculis utrinque , pifinâ (hrsi longîssimâ. Artedi, gen. 69 , syn. 86. ' Orbis britannici siue Oceani apecies. Gesner , German. fol. 85. Lumpus Anglorum. Gesner , Parai, p. aS , v. 1284* «— Aldrov. lib. 5 , cap. 68, p. 479' Suetolt et bufolt. Rondelet, prem. part. liv. i5 , cbap. 2. — Jonst. 1. i , tit. i , c. 5 , a. 3 , punct. 12 , p. 42 , tab. i3, fig. I. — Charlet. p. i5i. — Schelham, Anat. xiphi. p. 20. Lepus marinus nosiras , orhis species. Schon. p. ^\* — Mcrret, Pin. 186. — Dale, Hisl. of Harv. p. 110. Orhln ranœ rictu. Clus. Exot. lib. 6 , cap. 25. Cyclopterus lumpus. Ascagne, quatrième cahier, pi. xxxiv. DES CTCLOPTERES. «49 produits de la création sur lesquels la Nature a si inégalement répandu le souffle de la vie et le feu du sentiment, écoutent un instant ce que plusieurs naturalistes ont raconté du poisson dont nous écrivons l'histoire. Qu'ils sachent que parmi ces innombrables habitans des mers, qui ne cèdent qu'à un besoin du moment, qu'à un appétit grossier, qu'à une jouissance aussi peu partagée que fugitive , qui ne connoissent ni mère, ni compagne , ni petits, on a écrit qu'il se trouvoit un ani- mal favorisé qui, par un penchant irrésis- tible , préféroit une femelle à toutes les autres, s'attachoit à elle, la suivoit dans ses courses, Faidoit dans ses recherches, la se- couroit dans ses dangers, en recevoit des soins aussi empressés que ceux qu'il lui don- noit, facilitoit sa ponte par une sorte de jeux amoureux et de frottemens ménagés , ne perdoit pas sa tendresse avec la laite destinée à féconder les œufs, mais étendoit le senti- ment durable qui Tanimoit jusques aux petits êtres prêts à éclore; gardoit avec celle qu'il avoit choisie les fruits de leur union ; les dé- fendoit avec im courage que la mère éprou- voit aussi, et déployoit même avec plus de succès, comme plus grande et plus foiiej âSo H I S T O I R E î et après les avoir préservés de la dent cruelle de leurs ennemis jusqu'au tems où, déjà un peu développés, ils pouvoient au moins se dérober à la mort par la fuite , attendoit , toujours constant et toujours attentif, auprès de sa compagne qu^un nouveau printems leur redonnât de nouveaux plaisirs. Que ce tableau fasse goûter au moins un moment de bonheur aux âmes pures et tendres; mais pourquoi cette satisfaction, toujours si rare, doit-elle être pour eux aussi courte que le récit qui l'aura fait naître? Pourquoi l'aus- tère vérité ordonne-t-elle à l'historien de ne pas laisser subsister une illusion heureuse ? Amour sans partage, tendresse toujours vive, fidélité conjugale, dévouement sans bornes aux objets de son affection , pourquoi la peinture attendrissante des doux effets que vous produisez n'a-t-elle été placée au milieu des mers que par un cœur aimant et une imagination riante? Pourquoi faut-il réduire ces habitudes durables que Ton s'est plu à voir dans l'espèce entière du lompe , et qui seroient pour l'homme une leçon sans cesse renouvelée de vertus et de félicité, à quelques faits isolés, à quelques qualités individuelles et passagères, aux produits d'un instinct un DES OYCLOPTERES. 25i peu plus étendu, combinés avec les résultats de circonstances locales , ou d'autres causes fortuites ? Mais, après que la rigoureuse exactitude du naturaliste aura éloigné du lompe des attributs que lui avoit accordés une erreur honorable pour ses auteurs, le nom de ce cartilagineux rappellera néanmoins encore une supposition toujours chère à ceux qui ne sont pas insensibles ; il aura une sorte de charme secret qui naîtra de ce souvenir , et n'attirera pas peu l'attention de l'esprit même le plus désabusé. Voyons donc quelles sont les formes et les habitudes réelles du lompe. Sa tête est courte, mais son front est large. On ne voit qu'un orifice à chaque narine , et ce trou est placé très-près de l'ouverture de sa bouche , qui est très-grande. La langue a beaucoup d'épaisseur et assez de mobilité; le gosier est garni , ainsi que les mâchoires , d'un grand nombre de dents aiguës. Le long du corps et de la tête régnent ordinairement sept rangs de gros tubercules disposés de manière que Ton en compte trois sur chaque côté , et qu'un septième occupe l'espèce de carène longitudinale formée par la partie la plus élevée du corps et de la sSa HISTOIRE queue. Ces tubercules varient non seulement' dans le nombre de rangées qu'ils composent, rnais encore dans leur conformation, les uns étant aplatis, d'autres arrondis, d'autres ter- minés par un aiguillon , et ces différentes figures étant même quelquefois placées sur le même individu. Les deux nageoires inférieures sont ar- rondies dans leur contour , et réunies de manière à représenter, lorsqu'elles sont bien déplo3^ées, une sorte de bouclier, on pour mieux dire de disque; et c'est cette réunion, ainsi que cette forme, qui, se retrouvant dans toutes les espèces de la même famille, et constituant un des principaux caractères distinctifs de ce genre, ont fait adopter ce nom de cycloptère qui désigne cette dispo- sition de nageoires en cercle , ou plutôt en disque plus ou moins régulier. Le lompe a deux nageoires dorsales,- mais la plus antérieure n'est soutenue par aucun rayon ; et étant principalement composée de membranes, de tissus cellulaires, et d'une sorte de graisse, elle a reçu le nom dUadipeuse, Ses cartilages sont verdâtres. Son organe de l'ouïe a paru plus parfait que celui d'un grand nombre d'autres pois- DES CYCLOPTERES. 253 sons , et plus propre à faire éprouver des sensations délicates; on a vu dans le fond de ses yeux des ramifications de nerfs plus distinctes; ses nageoires inférieures, réunies en disque, ont été considérées comme uu siè^e particulier du toucher et une sorte de main assez étendue; sa peau n'est revêtue que d'écaillés peu sensibles , et enfin nous venons de voir que sa langue présente une surface assez grande et assez molle , et qu'elle est assez mobile pour s'appliquer facilement et par plusieurs points à plusieurs corps sa- voureux. Voilà donc bien des raisons pour que l'instinct du lompe soit plus élevé que celui de plusieurs autres cartilagineux, ainsi qu'on l'a observé; et cette petite supérioiité des résultats de l'organisation du lonjpe a dû servir à propager l'erreur qui l'a su|)posé attaché à sa femelle par un sentiment aussi constant que tendre. 11 est très-rare qu'il parvienne à une lon- gueur d'un mètre, ou d'environ tiois pieds; mais son corps est , à proportion de cette dimension, et très- large et très-haut. Sa couleur varie avec son âge ; le plus souvent il est noirâtre sur le dos, blanchâtre mv les côtés, orangé sur le ventre; les rayons s54 H I S T O I R E de presque toutes les nageoires sont d^un Jaune qui tire sur le rouge; celle de Fanus et la seconde du dos sont d'ailleurs grises avec des taches presque noires. On rencontre ce poisson dans un grand nombre de mers ; c'est néanmoins dans l'océan Septentrional qu'on le voit le plus fréquem- ment. Il y est très- fécond , et sa femelle y dépose ses œufs à peu près vers le teins où Tété y commence. Il s^y tient souvent attaché au fond de la mer et aux rochers, sous les saillies desquels il se place pour éviter plus facilement ses ennemis , pour trouver une plus grande quantité de vers marins qu'il recherche, ou pour surprendre avec plus d'avantage les petits poissons dont il se nourrit. C'est par le moyen de ses nageoires inférieures, réunies en forme de disque , qu'il se cramponne , pour ainsi dire , contre les rocs , les bancs et le fond des mers; et ils'y colle en quelque sorte d'autant plus fortement c|ue son corps est enduit , beaucoup plus que celui de plu-^ sieurs autres cartilagineux , d'une humeur visqueuse assez abondante sm-tout auprès des lèvres, et que quelques auteurs ont en conséquence comparée à de la bave. Cette hqueur gluante étant répandue sur toiis les DES CYCLOPTERES. 255 cycloptères , et tous ces animaux ayant d'ailleurs leurs nageoires inférieures confor- mées et rapprochées connue celles du lompe, ils présentent une habitude analogue à celle que nous remarquons dans le poisson que nous décrivons. On doit avoir observé plusieurs fois deux lompes placés ainsi tiès-près l'un de l'autre, et long-tems immobiles sur les rochers ou le sable des mers. On les aura supposés mâle et femelle,* on aura pris leur voisinage et leur repos pour l'effet d'une affection mu- tuelle ; et on ne se sera pas cru foiblement autorisé à leur accorder cette longue fidélité et ces attentions durables que l'on s'est plu à représenter sous des couleurs si gracieuses. Au reste, le suc huileux qui s'épanche sur la surface du lompe pénètre aussi très-pro- fondément dans Tintérieur de ce poisson; et Voilà pourquoi sa chair, quoique mangeable, est muqueuse , molle et peu agréable. A 256 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE ÉPINEUX (i)(2), PAR LACÉPÈDE. SECONDE ESPÈCE. Oe poisson diffère du lompe en ce qu'il a le dos et les côtés recouverts d'écaillés inégales en grandeur, disposées sans ordre, et dont chacune est garnie dans son milieu d'un piquant assez long. La première na- geoire du dos est d'ailleurs soutenue par six (i) Olh. Fabricius , Fauna groenlandica , p. i54' Bouclier épineux. Bonaterre , pi. de l'Encyc. méth. (2) Le cycloptère épineux. Au Groenland , nepi' sardluk. Diodon suhi'otundus , aculeis planis , ahdomine lœi^i, liin. Syst. nat. edil. Gmel. gen. iSg . sp. i , var. b. Cyclopterus suhrotundus , aculeis confertis , abdo^ mine lœvi. . . cyclopterus spinosus. Otli. Fabric. Faun. groenl. p. i34, n^ g5, — Artedi , Gen. pisc. gen. 40 , sp. i;Var. additament. Sonwini. rayons DES CYCLOPTERES. 25j rayons (i). L'épineux est noirâtre par dessus, et blanc par dessous. On voit à son palais deux tubercules dentelés. On le trouve dans les mers du Nord (2). ^1 , .. ■ . .1 II ,■ , ■ (i) A la seconde nageoire (lu dos. . . 11 rayonst A chaque nageoire pectorale 25 A chaque nageoire inférieure .... 6 A celle de l'anus. . lo A celle de la queue lO (2) Principalement dans les golfes et les anses des cotes méridionales du Groenland. Ce poisson fraie au mois de mars; ses œufs ont une couleur fauve. Quoique les groenlandais fassent une grande consommation da lompe , dont ils mangent la chair cuite ou séchée et même la peau crue, ils ne touchent point à l'épineux. Foiss, TouuV. R Î2 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE MENU (i)(2), PAR LAlCÉPÈDE. TROISIÈME ESPECE. 1 ROIS tubercules sont placés sur le museau de cet animal. Un long aiguillon tient lieu de première nageoire dorsale (3). L'on voit de plus , auprès de l'ouverture de chaque branchie, deux tubercules blancs, dont le premier est armé de deux épines , et dont (i) Pallas , Spicil. zool. 7 , p. 12 ^ tab. 2 , ïi§. 7 , 9. Cyclopterus minutus. Lin, édit. de Grnel. liouclier menu. Boiiaterre , pi. de l'Encyc. méthoj» (2) Cyclopterus corpore nudo , rostro suprà os tribua tuberculis inœquali. Pallas , Spicil. zool. — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gea. 139, sp. 4. — Artedi, Gen. Pisc. gen. 40 , sp. 2. additament. Sonmni. (5) A la membrane des branchies . . 4 rayons., A la première nageoire dorsale . . A la seconde . A chaque nageoire pectorale . . . A chaque nageoire inférieure . . . A celle de la queue, qui est arrondie, I 8 16 7 IQ CEâ CYCLOPTERES. sSç^ îe second est moins saillant et hérissé d'as- pérités. Les lèvres sont doubles; le contour du palais est garni, ainsi .que les niâqhoires, de très-petites dents. L'océan Atlantique est rhabitation ordinaire de cette espèce de cy- cloptère, dont un individu observé par le professeur Pallas n'avôit qtl'uil pouce de longueur. .»\'\"^V; R a sSo HISTOIRE aa LE CYCLOPTÈRE D O U B L E - É P I N E (i) (2) , PAR LACÉPÈDE. QUATRIÈME ESPECE. JLjes individus de cette espèce, qui paroît réduite à des dimensions presque aussi petites que celles du c3^cloplère menu , ne présentent pas de tubercules sur leur surface ; mais le derrière de leur tête est armé , de chaque côté, d^:in double aiguillon. Les nageoires inférieures du cycloptère double-épine ont d'ailleurs une forme particulière à ce car- tilagineux. Elles sont réunies ; mais chacune (ï) Cyclopterus nudus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1 , p. 57 , tab. 27 , fig. i. Bouclier sans tubercules. Daubent. Encyc. métb. — Bonaterre , pi. de rEiicycl. méthod. (2) Cyclopterus corpore nudo , capite posticè utrinque iinispinoso . , . . cyclopterus nudus. Lin. Syst. nat. edit, Gmel. gen. 139 , sp. 2. — Artedi , Geu. pisc. gen. 40 ; sp. 5. udditament. Soïînikj. DES C YC L O P T E R E S. 261^ de ces nageoires offre deux portions assez distinctes; la portion antérieure est soutenue par quatre rayons, et l'autre en contient un nombre extrêmement considérable (1). Ce cycloptèré vit dans les Indes. (i) A la membrane des branchies . . i rayon, A la nageoire dorsale 6 rayons^ A chaque nageoire pectorale. . • . . 2i A chaque nageoire inférieure .... loo A celle de la queue • ^ ..... . lo R5 a6a HISTOIRE 3j; L E C Y Ç L O.ï* T E R E Gélatineux; (OÇa), LE CYCLOPTÈRE DENTÉ (3) (4), « ft ET ""■• LE CYCLOPTÈRE VENTRU (5) (6) , PAR LACÊPÊDE; i 5^ 5 6® ET 7® ESPÈCES. v^'est au professeur Pallas que nous de- vons la première description de ces trois (i) Pallas , Spiciî. zool. 7 , p. ig , tab. 3 , fig. i , 6. Cyclopterus gelaùinosus. Lin. édit. de Gmel. Bouclier gélatineux. Booat. pi. de l'Encyc. méfli. (2) Cyclopterus corpore nudo suhdiaphano gelatinoso^ pinnls pectoralibus latissimis cyclopterus gelati^ nosus. Pallas , Spiciî. zool. — Lin. Syst. iiat. edit. Gmel. gen. iSg , sp, 7. — ArtedI , Gen. pisc. gen. 40 > sp. 6. additament. S o n n i n ir (5) Pallas , SpÎGJl. zool: J ^X^-Q , tab. i , fig. i , 4- Cyclopterus dentex. Lin. édit. de Gmel. Bouclier denté, Bonaterre , pi. de l'Encyc. mélb. (4) Cyclopterus corpore nudo , capite inermi glabsr* rimo , pînnis sejunctis» » . . cyclopterus denteXk, Pallas jj DES CYCLOPT'EPxES. 265 tycloptèras. Le premier ne pouvoit pas être mieux désigné que par le nom de gélati- neux, que nous lui avons conservé. En effet 8SL peau est molle, dénuée d'écaillés facile- ment visibles 5 gluante, et abondamment enduite d'une humeur visqueuse, qui dé^ coule particulièrement par vingt - quatre orifices, dont deux sont placés entre chaque narine et l'ouverture de la bouche, et dont dix autres régnent depuis chaque commis- sure des lèvres jusques vers l'opercule bran- chial qui correspond à cette commissure ; les lèvres sont doubles, épaisses, charnues, et l'intérieure est aisément étendue en avant et retirée en arrière par Fanimal,- les oper- cules des branchies sont mollasses; les na- geoires pectorales qui sont très -larges, les Spicil. ^661. — Lin. S5''st. iiat. edit. Gmel. gen. 109, B]). 5. — Artedi , Gen. pisc. gen. 40 , sp. 6. additam. S o N N IISI I. (5) Palks , Spicil. zooî. 7 , p. r5 , tab. 2 , fig. i , 3. Cycloplerus veii^tricusus. Lin. édit. de Gmel. Bouclier ventru. Bonal. pi. de l'Encyc. métli. (6) Cycloplerus corpore nudo , vesicâ urinariâ awr- plissimâ geminâ, ab domine distendenie» . . cycloplerus ventricosus Paîlas , Spicil. zool. — Lin. Syst. nat. "éalt, Gmel. £;en. jSq', sp. 6. — Artedi, Gen. pise» gèn. 40 , sp. 5. . SaNNiwi. R 4 264 HISTOIRE inférieures qui sont très-petites ^ ]a dorsale et celle de Tanus qui sont très -longues et vont jusqu'à celle de la queue, sont flasques et soutenues par des rayons très -mous; l'ensemble du corps du poisson est pénétré d'une si grande quantité de matière hui- leuse qu'il présente une assez grande trans- parence; et tous ses muscles sont d'ailleurs si peu fermes que, même dans l'état du plus grand repos du cycloptère, et quelque tems après sa mort, ils sont soumis à ceite sorte de tremblement que tout le monde connoît, et qui appartient à la gelée ani- male récente. Aussi la chair de ce cartila- gineux est-elle très-mauvaise à manger; et dans les pays voisins du Kamtschatka, au- près desquels on pêche ce cycloptère, et où on est accQutumé à ne nourrir les chiens que de restes de poisson , ces animaux même, quoique aifamés, ont -ils le dégoût le plus insurmontable pour toutes les por- tions du gélatineux. Ce cycloptère parvient ordinairement à la longueur d'un demi-mètre , ou d'environ un pied et demi; son corps est un peu alongé, et va en diminuant de grosseur vers la queue ; l'ouverture de sa bouche est tournée vers le haut; sa langue est si petite DES CYCLOPTERES. 265 qu'on peut à peine ht distinguer. Un blanc mêlé de rose compose sa couleur générale; les opercules sont d'un pourpre foncé, et les nageoires du dos et de Fanus d'un violet presque noir (i). Le denté est ainsi nommé à cause de la force de ses dents , de leur forme , et de leur distribution irrégulière et remarquable. Elles sont coniques et inégales : on en compte, à la mâchoire supérieure, quatre à droite et trois à gauche , et la mâchoire inférieure en présente sept à gauche^ trois à droite et dix dans le milieu. La peau qui le revêt est un peu dure , maigre , sans aiguillons, tubercules ni écailles aisément visibles, rougeâtre sur la partie supérieure du corps, et blanchâtre sur l'inférieure. La tête est aplatie par dessus et par dessous, très-grande, beaucoup plus large que le corps ; et cependant le diamètre transversal de l'ouverture de la bouche en égale la largeur. Les lèvres sont épaisses , doubles , et (i) A cliaqne membrane branchiale du cycloptère gélatineux ...,..., j rayonS;, A la nageoire dorsale 5l A chaque nageoire pectorale .... 3o A celle de l'anus 4^ A celle de la queue 6 266 HISTOIRE garnies sur leur surface intérieure de caron- cules charnues et très-molles. Les opercules âes branchies sont durs et étendus. On voit enfin auprès de l'anus du mâle une pro- longation charnue 5 creuse, percée par l& bout, que nous remarquerons dans plu- sieurs autres espèces de poissons, et qui sert à répandre sur les œufs la liqueur des- tinée à les féconder (i). Le denté a le ventre assez gros ; mais là cycloptère ventru a cette partie bien plus étendue encore. Elle est, dans ce dernier cartilagineux, très -proéminente, ainsi que son nom l'indique; et elle est maintenue dans cet état de très-grand gonflement par une vessie urinaire double et très-volumi- neuse. L'ouverture de la bouche, qui est très-large et placée à la partie supérieure de la tête, laisse voir à chaque mâchoire nn grand nombre de petites dents recour- bées, inégales en longueur, et distribuées sans ordre. Les opercules des branchies sont (i) A la membrane des branchies du dénié 2 rayons. A la nai^eoire dorsale 8 A chaque uageoire pectorale. .... 25 A chaque nageoire inférieure . . . .- 4 A celle de l'anus . . . ....... r • 6 A celle de la queue, qi]i çst.ari'ondie , iQ DES CYCLOPTERES. 267 attacliés, dans presque tout leur contour, aux bords de l'ouverture qu'ils doivent fermer. La peau dont ranimai est revêtu est d'ailleurs enduite d'une mucosité épaisse; toutes les portions de ce cycloptère sont un peu flasques, et une couleur olivâtre règne sur presque tout le dessus de ce poisson (1). Le ventru vit , ainsi que le gélatineux , dont il partage jusqu'à un certain point la mollesse, dans la mer qui sépare du Kanit- schatka le nord de l'Amérique : on n'y a pas encore observé le denté ; on n'a encore Yu ce dernier animal que dans les eaux; salées qui baignent les rivages de l'Amé- rique méridionale. Au reste , le denté est quelquefois long de près d'un mètre ( trois pieds), tandis que le ventru ne parvient guère qu'à la longueur de trois décimètres^ ou d'environ nn pied. 1 1 » ' I > Çl) A la ?iiembrane ocsbranchias an yeiiiru 4 rayons* -A la na<îeoire dortsale*. .j ,'^^^rU ..o^fi lo A cliaque nagepire; peclorale; ,, . . . 20 A çliaque iia^eohe inférieure .... 6 celle de I anus . '. 9 A celle de la queues» lo '^* Cette (Térhière est terminée par lîiVè tignc presqtiç droite, ■"■'" ' ■'' ' n ".•■;. 2G8 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE BIMACULÉ (i)> PARLACEPÊDE. HUITIEME ESPÈCE. On rencontre auprès des côtes d'Angle- terre ce cartilagineux , sur lequel on n'aper- çoit aucun tubercule , ni aucune écaille , non plus que sur les trois cycloptères que nous venons de décrire dans l'article pré- cédent. La tête de ce poisson , qui n'a pré- senté jusqu'à présent que de petites dimen- sions, est aplatie par dessus et plus large que le corps. Les nageoires pectorales sont attachées presque sur la nuque, et au delk de chacune de ces nageoires on voit sur le côté une tache noire et arrondie. La tête et le dos sont d'ailleurs d'un rouge tendre, relevé par la couleur des nageoires qui sont d'un très-beau blanc. Pennant a le premier fait connoiîre ce joli cycloptère, dont la nageoire caudale est terminée par une ligne droite. ,.» — II. ... ■ '«i II I" ■ (i) Pennant , Zool. brit. 5, suppl. p. 597. Bouclier à deux taches, Bonat. pi, de l'Eue, métli) DES CYCLOPTERES. 269 .^HB^^^iW— ^ ■ ■ ■ III—— ^—■— ■■ ■ !■ ™» m I I I I ■ ■■!»■ Il ■ ^- ■ 1 ■— — ■ 1 ^^ LE CYCLOPTÈRE SPATULE (i) ,^ PAR LACÉPÉDE. NEUVIÈME ESPÈCE. V^E poisson est dénué d'écaillés facilement visibles, ainsi que presque tous les cartila- gineux de sa famille. Sa couleur est d'un rouge foncé; et ce qui le distingue des autres cycloplères , c'est que son museau aplati , très-long, et élargi à son extrémité, a la forme d'une spatule. ^ (i) Borlase, Hist. nat. de Cornouailles , pi. xxv, fig. 28. Bouclier pourpré. Donat. pi. d» l'Egcycl. mélh. 270 HISTOIRE -"TTliwBf LE CYCLOPTÈRE SOURIS (i), PAR LACÉPÉDE. DIXIÈME ESPÈCE. r - iNoEL nous a envoyé une note très -dé- taillée sur ce cycloptère. Cet habile obser* vateur a péché plusieurs individus de cette espèce dans les parcs de la digue de l'Eure, auprès du Havre. La souris, que Ton prend ordinairement pendant Tautomne , a un décimètre ( trois pouces et demi environ ) de longueur sur vingt-cinq millimètres ( un pouce environ ) de largeur. La tête est plus large que haute, La langue occupe une grande partie de la gueule. Le palais est lisse; mais on voit auprès du gosier deux os garnis de petites dents. Les yeux sont petits et ronds. L'ouverture de chaque na- rine est ovale. Une peau molle recouvre chaque opercule , qui se prolonge vers la queue en appendice émoussée. Le corps et ■ ■■ ' ■ -"^ (i) Cyclopterus jnusculas» Par les pêcheurs des environs du Havre , souris da fier. DES CYCLOPTERES; 271^ la queue sont revêtus d'une peau très- son pie. Une petite gouttière , légèrement creusée , est située sur la nuque. Au milieu des thoracines , qui sont réunies en disque, comme sous tous les cycloptères, et fran- gées à Fextérieur, on trouve des mamelons plus ou moins nombreux. La caudale est d'un gris cendré; les autres nageoires sont brunâtres. Le cycloptère souris , qui tire son nom de sa petitesse , de sa couleur , ou de la rapidité de ses mouvemens , se nourrit de petits poissons et de chevrettes , ou d'autres crustacés très- jeunes (1). (i) A chaque pectorale du cycloptère souris 33 rayons A l'anale j^ A la nageoire de la queue 5 ^3 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE BARBU (i), LE CYCLOPTERE LIPARIS (2), ET LE CYCLOPTÈRE RAYÉ (5) (4), PAR LACEPÈDE. 11® ET 12® ESPÈCES. C/ E S deux cycloptèi es ont beaucoup de rapports Fun avec l'autre. Tous les deux se rencontrent dans ces mers septentrionales (1) Le cycleptère barbu. En allemand, bartfisch , ringbauch. En hollandais, kringbuyic. En anglais, 5ca- snail , unctuous-suker. En russe , morskoi^ uscJikahn, En groenland'ais , abapokitsock , atnersulack, Cyclopterus corpore nudo , pinnis dorsali , anali eaudalique unitis.,, , , , cyclopterus liparls. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i59 , sp. 5. — Artedi , Gen. pisc. gen. 40, sp. 7. additament. — Oth. Fabric. Fâun. groenland. p. i55 , n** 95. Sonnini. (2) Cyclopterus liparîs. Lin. édit. de Gmel. Cyclopterus liparis , barbu. Bloch , pi. cxxiii , fig. 3. Bouclier liparis. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pi. ào l'Encycl. méth. — Gronov. Mus. 2, iSy, — Act, helretic. 4 ; P* ^65, lab. 25. — Act. qui DES CYCLOPTERES. 273 qui paroissent être riiabitation de choix de presque toutes les espèces de leur genre connues jusqu'à présent. Il semble même affeclionner tous les deux les portions de ces mers les plus voisines du pôle et les plus exposées à la rigueur du froid. On voit le liparis auprès de presque toutes les côtes de la mer Glaciale jusques vers le Kamt- schatka, et souvent dans les embouchures des fleuves qui y roulent leurs glaces et leurs eaux (5) ; et c'est particulièrement dans la mer Blanche que l'on a observé le rayé. Haarlem. i , p. 58i , tab. 9 , lig. 5 et 4« — Kœlrcuter, jaov. Comuient. peti opol. 9 , p. 6 , tab. 9 , fig. 5 et 6.—- « Brit. zool. 3 , p. icS , n** 2. — Willughby , Ichthyol. app. p. 17, tab. H ,6, fig. I. — Ray, Fisc. p. 74, n*' 24. — -Boilase , Cornw. f. 28 eL 29. (3) Lepécliin , nov. Comment, petropol. i8 , p. 622 j tab. 5 , fig. 2 et 3. Cyclopferus lineatus. Lin. édit. de Gmelin. Bouclier rayé. Bonaterre , pi. de Encycl. méthod. (4) Cyclopterus corpore nudo , pinnis dorsali , et anall senaim in caudalem excurrentibus cyclop-^ ierus lineatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i59> $p. 6. SoNKINI. (5j Le cycloplère barbu se trouve plus fréquemment près des Cvôtes do la Hollande , de l'Angleterre et du Groenland. Il entre- ausH dans les rivières, et on le prend à Amsterdam dans celle d'Y. Sonnini. Poiss, Tome V. S 274 HISTOIRE Ces deux cartilagineux ont la nageoire cla dos et celle de Tanus longues et réunies avec celle de la queue; et leur surface ne présente aucune écaille que Ton puisse faci- lement apercevoir. D'ailleurs le liparis, qui a ordinairement un demi-mètre ( ou envi- ron un pied et demi ) de longueur, montre une ligne latérale très-sensible et placée vers le milieu de la hauteur du corps. Son mu- seau est un peu arrondi , sa tète large et aplatie ; l'ouverture de sa bouche assez grande; sa lèvre d'en haut garnie de deux courts barbillons ; sa mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure , et hérissée , comme cette dernière , de dents petites et aiguës ; sa chair grasse et mu- queuse; sa peau lâche et enduite d'une vis- cosité épaisse (i). Brun sur le dos , jaune sur les côtés et sur la tête, blanc par des- sous, et quelquefois varié par de petites raies et par des points bruns ; il a les na- (i) A la membrane des branchies du liparis 7 rayons. A la nageoire dorsale /^i A chaque nageoire pectorale 34 A chaque nageoire inférieure .... 6 A celle de l'anus. . 35 A celle de la queue, qui est arrondie. lo DES CYCLOPTERES. 275 geoires brunes, excepté les inférieures, qui sont bleuâtres. 11 se nourrit d'insectes aqua- tiques, de vers marins, de jeunes poissons, et répand ou féconde ses œufs sur la fia de rhyver ou au commencement du prin- tems (1). Le rayé est couleur de marron avec des bandes longitudinales blanchâtres, dont les unes sont droites, et les autres ondées; ses lèvres sont recouvertes d'une peau épaisse, garnies de papilles du côté de l'iiiterieuc de la bouche ; son dos est comme relevé en bosse, et l'espèce de bouclier formé par les nageoires inférieures est entouré de papilles rougeâtres (2). (i) Au Groenland, suivant les observations d'OlIion. Fabricius (Faun. groenland. loco ciêato), cette espèce fraie au mois de mars. Steller dit que les œufs ont la grosseur d'un pois. I^a chair de ce poisson est grasse , visqueuse, et fond aisément au soleil; les groenlandais s'en nourrissent. Ils pèchent les barbus à la fouenne , où ils les prennent vivans pendant le reflux. S o n n i n i . (2) La nageoire de la queue du rayé est terminée en pointe. S 2 « 276 HISTOIRE I ■ ■ I III II I r ■ .,.,.., I ■ I ■ .1 » DIX-SEPTIÈME GENRE. PAR LACÉPEDE. LES LÉPADOGASTÈRES. Les nageoires pectorales doubles ; les nageoires inférieures réunies en forme de disque. ESPÈCE. Le lépadogastére gouan. — Deux barbillons enire les narines et les yeux ; cinq rayons à la membrane des branchies. DES LEPADOGASTERES. 277 Il I I _ _ ' ■ ■ " ■ — »■ ^ _ I _. I ■ ■ — ■ Il - I ■■ r ■ ■ —Il ■ r - - '-- — - - - ■ — ^ LE LÈPADOGASTÈRE GOUAN{i), PAR LACÉPÈDE. JLiA famille des lépadogastères a beaucoup de traits de ressemblance avec celle des cycloptères ; elle est liée particulièrement avec cette dernière par la forme et par la réunion des nageoires inférieures : mais nous avons cru devoir la comprendre dans un genre différent, à cause du caractère remar- quable qu elle présente , et qui consiste dans le nombre des nageoires pectorales. Ces der- nières nageoires sont en effet au nombre de deux de chaque côté sur les lépadogas- tères , au lieu qu'on n'en compte que deux en tout sur les cycloptères et sur presque tous les autres poissons déjà décrits. Nous n'avons encore pu inscrire, dans le genre dont nous nous occupons, qu'une seule espèce, dont nous devons la connoissance au professeur Gouan. Cet habile naturaliste lui a donné le nom de lépadogastère à cause (i) Gouan , Histoire des poissons , p. io6. Bouclier porte^écuelle, Boiiat. pi. de l'Encyc. mcth. s 3 f * S78 HISTOIRE de la conformation de ses nageoires infé- rieures , qui , réunies ensemble , offrent l'image d'une sorte de conque. Mais comme nous avons adopté cette même dénomina- tion pour désigner le genre de ce poisson, nous avons dû donner à cet animal un autre nom qui indiquât son espèce, et nous n'avons pas cru pouvoir choisir une appellation plus convenable que celle qui reti^acera au sou- venir des iclithyologistes le nom du savant professeur qui a décrit le premier et très- exactement ce cartilagineux. Le lépadoga stère gouan n'a le corps revêtu d'aucune écaille que l'on puisse apercevoir facilement; mais il est couvert de petits tu- bercules bruns. Son museau est pointu ; sa tête plus large que le tronc ; sa mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. Deux appendices ou filamens déliés s'élèvent entre les narines et les yeux, et Ton voit, dans l'intérieur de la bouche , des dents de deux sortes : les unes sont mousses et comme granuleuses, et les autres aiguës, divisées en deux lobes , et recourbées en arrière. Chaque côté du corps présente deux na- geoires pectorales , dont l'antérieure est placée un peu plus bas que la postérieure. Celle du dos est opposée à celle de l'anus ; DES LEPADOGASTERES. 279^ la caudale est arrondie ( 1 ). Il y a sur la tête trois taches brunesen forme de croissant,' et sur le corps une tache ovale parsemée de points blancs. Llndividu observé par Gouan avoit un peu plus de trois décimètres de longueur ( à peu près un pied ) , et avoit été pêche dans la Méditerranée. ■ I ■ ' m ..1 ■ I I III ■■ (i) A la membrane des branchies . . 5 rayons* A la nageoire dorsale ii A chaque nageoire inférieure ... 4 A celle de l'anus 9^ S 4 a8o HISTOIRE SEIZIEME ORDRE. DE X.A CLASSE ENTIERE DES POISSONS , OU QUATRIÈME ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX^ PAR LACÉPÈDE. Poissons abdominaux , ou qui ont une ou deux nageoires situées sous V abdomen, DIX-HUITIEME GENRE. LES MACRORHINQUES. J_iE museau alongé; des clenTs aux niâ-= choires ,• de petites écailles sur le corps. ESPÈCE, Le macrorhinque argenté. — Un seul rayon à chaque nageoire ventrale. DES MACRORHINQUES. 281 ■ . ■ ..... , . ima ^i ' ..... . LE MACRORHIN QUE ARGENTÉ (1), PAR LACEPÈDE. O E T T E espèce de poisson , décrite par Osbeck lors de son voyage à la Chine , lie par un assez grand nombre de rapports les syngnathes avec les pégases. Elle ne peut cependant appartenir à aucune de ces deux familles,- et nous avons dû la placer dans un genre particulier , auquel nous avons donné le nom de macro rhinqiie , pour désigner la forme du museau des animaux que nous y avons inscrits. Le macrorhinque argenté, la seule espèce que nous ayons encore com- prise dans ce genre, a en eifet le museau non seulement pointu, mais très -long. Les deux mâchoires sont d'ailleurs garnies de dents; on en compte plus de trente à la (i) Osbeck , Voyage à la Chine , p. 107. Syngnathe argenté, Bonat. pi. de l'Encyc. métliod. aSâ HISTOIRE mâchoire supérieure, et celles de la ma-'' choire inférieure sont moins larges et poin- tues. La nageoire du dos s'étend depuis la fête jusques à la queue; celles de la poitrine sont très-près de la tête; chacune des ven- trales ne présente qu'un seul rayon; et le corps de ce cartilagineux, qui est très-alongé, est de plus couvert d'écailles argentées. Ce poisson vit dans la mer. DES PEGASES. 283 DIX-NEUVIEME GENRE. PAR LACÊPÉDE. LES PÉGASES. JLj e museau* très-alongé; des dents aux mâ- choires ; le corps couvert de grandes plaques et cuirassé. PREMIERE ESPÈCE. Ije pégase dragon. — Le museau très- peu aplati, et sans dentelures j les nageoires pectorales très-grandes. SECONDE ESPECE. Le PÉGASE VOLANT. — Le museau aplati et dentelé; les nageoires pectorales très- grandes. TROISIÈME espèce. Le pégase spatule. Le museau en forme de sjjatule, et sans dentelures; les nageoires pectorales peu giaudes. â84 HISTOIRE LE PÉGASE DRAGON (i)(2), PARLACÉPÈDE. Voyez la planche X X , figitre 5. PREMIÈRE ESPECE. # i'^RESQUE tous les pégases ont leurs na- geoires pectorales conformées et étendues m •• "■ ■■■ "1 I I . I ■ ■ . . I II.. m (i) Pegasus draconis. Lin. édit. de Gmel. Pegasus draconis , dragon de mer. ( Bloch , pi. cix, fig. I et 2. ) Pégase dragon. Daubenton, Encycl. méthod. — - Bonaterre, pi. de l'Enc. méth. — Gronov. Zooph. 356, tab. 12 , fig. 2 et 3. Naja lavet jang hits) il y hlein zeedraahje. Valent. Ind. 3 , p. 4^^j ^^^' 27 !♦ — Seb. Mus. 5 , tab. 54, fig* 4» (2) Le pégase dragon ^ dragon de mer. En allemand , seedrache. En hollandais, klein draakje ^ zee-drakje. Pisciculus amhoinensis volans , osseo-tuherculosus , proboscide serratâ. Gronov. Mus. i , p. 64 > n^ \l\Ç». — Cataphractus corpore tetragono , hrevi , scabro. Idem, Zooph. tab. 12 , fig. 2 et 3. Nota , que dans la figuré donnée par Gronovius, les 3'"eux ne sont pas assez apparens, et le museau est trop court. Pegasus rostre conico pegasus draconis. Lin, Syst. nat. edit. Gmel. gen. 142, sp. i. — Artedi , Gen. Pisc. gen. nov. p.6o5, sp. i. Sonnini. DES PEGASES. sgS 3e manière à les soutenir aisément et pen- dant un tems assez long, non seulement dans le sein des eaux, mais encore au milieu de l'air de l'atmosphère qu'elles frappent avec force. Ce sont en quelque sorte des poissons ailés , que l'on a bientôt voulu regarder comme les représentans des animaux ter- restres qui possèdent également la faculté de s'élever au dessus de la surface du globe. Une imagination riante les a particulière- ment comparés à ce coursier fameux que l'aniique mythologie plaça sur la double col- line; elle leur en a donné le nom à jamais célèbre. Le souvenir des suppositions plus merveilleuses 5 d'images plus frappantes , de formes plus extraordinaires, de pouvoirs plus terribles , a vu , d'un autre côté , dans l'espèce de ces animaux que l'on a connue la première , un portrait un peu ressem- blant 5 quoique composé dans de très-petites proportions, de cet être fabuleux, qui, en- fanté par le génie des premiers chantres des nations, adopté par l'ignorance, divinisé par la crainte, a traversé tous les âges et iousi les peuples, toujoui-s variant sa figure fan- tastique , toujours accroissant $a vaine gran- deur, toujours ajoutant à sa puissance idéale, et vivra à jamais dans les productions im- 288 HISTOIRE alongé, un peu conique et échancré de chaque côté , on voit Touverture de la bouche située à peu prés comme celle des squales et des acipensères , et qui , de même que celle de ces derniers cartilagineux , a des bords que l'animal peut un peu retirer et alonger à volonté. Les mâchoires sont gar- nies de très-petites dents : les yeux sont gros, saillans, très-mobiles, et placés sur les faces latérales de la tête; l'iris est jaune : Toper- cule des branchies est rayonné. De chaque côté du corps s'avance une prolongation couverte d'écaillés, et à l'ex- trémité de laquelle est attachée la nageoire pectorale. Cette nageoire est grande , arrondie, et peut être d'autant plus aisément déployée, qu'une portion assez considérable de mem- brane sépare chaque rayon, et que tous les rayons simples et non articulés partent d'un centre, ou d'une base très-rétroite. Aussi le pégase dragon peut-il, quand il veut , éviter plus sûrement la dent de son ennemi, s'é- lancer au dessus de la surface de l'eau, et ne retomber qu'après avoir parcouru uu espace assez long. On aperçoit sur la partie inférieure du corps, qui est très -large, une petite émi- ncnce longitudinale , à laquelle tiennent les nageoires DES PEGASES. 289 nageoires ventrales, dont chacune ne consiste que dans une sorte de rayon très-long , très- délié, très mou et très-flexible. lia nageoire dorsale est située sur la queue ,* elle est très-petite, ainsi que la caudale et celle de l'anus, au dessus de laquelle elle est placée (1). Au reste, le pégase dragon est communé- ment bleuâtre, et le dessus de son corps est garni de tubercules rayonnes et bruns. Il vit de petits vers marins, d'œufs de poisson , et des débris de substances organisées qu'il trouve dans la terre grasse du fond des mers (2). (i) A la nageoire dorsale 4 rayons, A chaque nageoire pectorale ... 9 ou 10 A chaque nageoire ventrale. . , • i A celle de l'anus 5 A celle de la queue 8 Cette dernière est arrondie. (2) Le pégase dragon vit dans la mer des Indes. S O N N I N I. Poiss, ToMli V. T âgo HISTOIRE » ■ ■ ■ ■ ■ ■■' ■ — ■ ■-.■■- — — n ' ■-- ■ I ■- .— ^.i .«I Wi^ LE PÉGASE VOLANT (i)(2), PAR LACÉPÊDE. SECONDE ESPÈCE. JN o u 3 avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une description très - étendue et très-bien faite de ce pégase , dont on n'a jusqu'à présent indiqué que quelques traits, et dont on ne connoît que très-imparfaite- ment la forme ; et c'est d'après le travail de ce laborieux naturaliste que nous allons marquer les différences qui séparent du di'agon ce cartilagineux. (i) Pegasus volans. Lin. édit. de Gmel. Pégase volant. Daubenton , Encyclop. méthod. — ' Bonalerie, pi. de l'Encycl. méthod. Pecrasus rostro ensiformi utrinque serrato , caudœ articulis duodecim. Commerson, Manuscrits déjà cités. (2) Pegasus rostro conico. Mus. Ad. Fr. 2 , p. 56. Pegasu'M rostro ensiformi denticulato pegasus volans. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 142 , sp. 2. — - Aitedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 6o5 , n° 2. S o N N I w I. DES PEGASES. 5291 Le museau est très-aîongé, aplati , arrondi et ua peu élargi à son extrémité. La face inférieure de ce museau présente un petit canal longitudinal, ainsi que des stries dis- posées en rayons; et la face supérieure, qui inontre mi sillon semblable, a ses bords relevés et dentelés. Sur la tête et derrière les yeux on voit une fossette rhomboïdale,* et derrière le crâne on aperçoit deux cavités profondes et presque pentagones. Les derniers anneaux de la queue sont garnis d'une petite pointe dans chacun de leurs angles antérieurs et postérieurs. On compte communément douze rayons à chacune des nageoires pectorales, qui sont arrondies, très-étendues, et très- propres à donner à Tanimal une faculté de s'élancer dans l'air assez grande pour justifier Tépi- thète de isolant qui lui a été assignée. Chaque nageoire ventrale est composée d'un ou deux rayons très-déliés, très-longs et très-mobiles (1). f I Fim ■ Il I . Il (e) a la nageoire dorsale 5 rayons* A celle de l'anus 5 A celle de la ^[ueue , qui est arrondie. 8 T 3 /^ 2io^2 HISTOIRE Le volant habite , comme les autres pe- sages, dans les mers de Tliide; mais il pajoît qu'on le voit assez rarement aux environs de Vile de Fiance, où Conmierson n'a pu observer qu'un individu desséché de cette espèce , individu qui lui avoit été donné par Tofficier général Bouiocq. / DES PEGASES. agS LE PÉGASE SPATULE (i)(2), PAR LACÉPÊDE. TROISIÈME ESPÈCE. V_>E poisson diffère des deux pégases que nous venons de décrire , par la forme de la queue, dont la partie antérieure est aussi (i) Pegasus natans. Lin. édit. de Gmel. — Gronov. Zooph. 557. Pégase nageur. Bloch , pi, cxxi , fîg. 5 , 4* Pégase spatule. Daubenton , Eiicycl. métliod. — Bonaterre, pi. de l'Encyc. métliod. (a) Le pégase spatule , ou le pégase nageur. Eti allemand , schii?immer. En hollandais , zeelzamer , zeedrach, Cataphractus rostro spatuliformi truncato. Gronov. Zooph. p. S^j.lVofa, que ce naturaliste est le premier qui ait parlé du pégase spatule. Pegasus rostro ensîfornii inermi, . . pegasus natans. liin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 142, sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 606 , w^ 5. Si l'on n'avoit pas à chaque instant roccasion de se convaincre de la futilité , et quelquefois de l'inconve- nance de la plupart des dénominations spécifiques dont les ouvrages de nomenclature sont remplis. Tau T 3 294 HISTOIRE grosse que la partie postérieure do corps proprenieut dit. Le corps est d'ailleurs moins large à proportion de la longueur de Fani- mal^ le museau, très-aloogé , aplati ^ élargi et arrondi à son extrémité, de manière k représenter une spatule , n'est point dentelé sur les côtés; et les nageoires pectorales, beaucoup plus petites que celles des autres pégases, ne paroissent pas pouvoir donner au cartilagineux dont nous nous occupons le pouvoir de s'élancer au dessus de la sur- face des eaux. Les anneaux écaiîleux qui recouvrent la queue sont plus nombreux que sur les autres poissons de la même fa- mille; on en compte quelquefois une dou- zaine : le prisme , ou plutôt la pyramide qu'ils composent , est à quatre faces , dont l'inférieure est plus large que les trois fil Wl I. »■- i^ ■ WiW !■ !■ ■ ■- ■ — ■ ■>■ »J- ■- Il ^MH^ I 71 Ml .11 ■ .» ■-.- 11.».. . , ^^— ^^^ pouiroit être surpris de l'épitbète de nageur [natans) appliquée comme dislinctive à une espèce de poissons; comme si la faculté de nager n'étoit pas inhérente à la nature de tous les animaux de celte classe j comme si le pégase auquel on a donné le surnom de volanS j parce que , par une conformation particulière de ses nageoires, il se soutient pendant de courts instans au dessus de la surface des eaux, n'étoit pas autant nageur que le pégase spatule, Sonkxîsî. DES PEGASES. 295 autres ; Tanneau le plus éloigué de la tête est armé de deux petites pointes. Le pégase spatule est d^un jaune foncé par dessus , et d'un blanc assez pur par des- sous. Ses nageoires pectorales sont violettes; les autres sont brunes (1) (2). Cet animal n'a été vu vivant que dans les mers des grandes Indes ; et cependant parmi les poissons pétrifiés que l'on trouve dans le Mont-Bolca près de Vérone , on distingue très -facilement des restes de ce pégase (3). mu III I ■ I I I ■■ m (i) A la nageoire dorsale ...... 5 rayons. A chaque nai^eoire pectorale ^ A chaque nageoire inférieure .... i A celle de l'anus 5 A celle de la queue , qui est arrondie . 8 (2) Ses yeux ont la prunelle noire et l'iris jaune. Comme il n'a presque point de chair, on ne le mange point. SoNNiNi. (3) Pegasus natans , rostro elongato spatulœformi , corpore oblongo , tetragono, Ichthyolithologie de Vé- rone ,par une société de physiciens, seconde partie, pi. V , fig. 5. T 4 sgG HISTOIRE ' " I ■■ ' ^. ■ . I. ,. I . .,„ ■ ^ , ' ' ' ■■■■■■ III ■ Il 'X !■ I ■ 1 ■ ■ .11 «1 II ■ Ml - -■» ■ I _ ■■■■■IB II I. I ■■ IIMII ■ ■■ B^ VINGTIEME GENRE. PAR LACÉPÉDE. LES CENTRISQUES. Le museau très aîougé; les mâchoires sans dents; le corps très-comprimé; les nageoires ventrales réunies. PREMIÈRE ESPÈCE. Le centrjsque cuirasse. — Une cuirasse placée sur le dos, et aussi longue que le corps et la queue réunis. SECONDE ESPÈCE. Le centrisque sumpit. — Une cuirasse placée sur le dos, et plus courte que le corps et la queue réunis. TROISIÈME ESPÈCE. Le CENTRISQUE BECASSE. — Le dos garni de petites écailles. fl. , xxz ^â^./^3j)y. ILE CENTlUSi)rE cmra.>^,e 2,.LU GYMNOTE <'/,>r/^^yu<' , " ■ yoj/.>,r7-J ./• DES CENTRISQUES. 297 LE CENTRISQUE CUIRASSÉ (1) (2), PAR LACÉPEDE. Voyez planche XXÏ , fig. i« PREMIÈRE ESPÈCE. J\ o u S avons vu les ostracions , dont la tête, le corps et une partie cle la queue (i) Centriscus scutatus. Lin. cdit. de Gmel. Id, bécasse houclier. Bloch , pi. cxxiii , fig 2. Centrisque cuirassé, Daubenton , Eiicycl. méth. — Bonatei re , pi. de l'Encycl. mélh. — Gronov. Mus. 2 , p. 18 , 11'' 171 , tab. 7 , fig. 5 -, Zooph. p. 129, n^ 396. Amphisilen. Kl(3in , Miss. pisc. 4 > P- ^8 > tab. 6, ïig. 6. — Seba , Mus. 3 , p. 107 , tab. 34 j fig- 5. Ikan pisan , mesvisch. Val. lad. 5 , p. ^10 , n*^ 245, fig. 243 , 254. Ikan , peixe. Ruysch , Theat. an. p. 5, tab. 5 , fig. 7. (2) La centrisque cuirassé y la bécasse bouclée. En allemand , messerjîsch. En hollandais , mesvich , gehar- naste schildeuisch. Aux Indes , ihan pisan , jnes-i^iscJi , gala roepanja. En arabe ,yarra.ç et bahr ^ hesab el haJir, Centriscus dorso loricato lœi^i centriscus scu" tatus. Lin. Syst. nat. edit. Gniel. gen. 140, sp. i. — = Artedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 6o5 , n^ i. Centriscus corpore loricato , pellucido , lœvi ; caudâ 2Ç)S HISTOIRE sont entourés d'une croûte solide et préser- vatrice, représenter, au milieu de la nom- breuse classe des poissons, la tribu remar- quable des tortues, qu'une carapace et un plastron très- durs environnent aussi d'une enveloppe presque impénétrable. Mais , parmi ces tortues, et particulièrement parmi celles qui, plus rapprochées des poissons, passent la plus grande parlie de leur vie au milieu des eaux salées, il en est qui n'ont reçu que des moyens de défense moins complets : la tortue luth, par exemple, qui habite dans la mer Méditerranée, n'est à l'abri que sous une carapace; elle est dénuée de plastron : elle n'a qu'une sorte de cuirasse placée sur son dos; elle a aussi son analogue parmi les poissons, et c'est la famille des centrisques , et sur-tout le centrisque cuirassé, qui, comme la tortue luth, a sur son dos une longue cui- rasse terminée , du côté de la queue , par une pointe aiguë j laquelle a fait donner à incurvât â. Gronov. Zoo^h.. n** 396 j et Mus» n^ '7'* lab. 3 , fig. 3. ' Amphisilen caudâ recta, Seb.Thesrtom. III, p. 107, tab. 34 j %• 5. Centrisciis scutaius» Forskœl , Faun. -^gypt. arab. p. 17,11^ 55. SONWINI. DES CENTRISQUES. 299 tout le genre le nom de centrisque ou à' ai- guillonné. Si les centrisquessonfc, à quelques égards, une sorte de portrait de la tortue luth, ils n'en sont cependant qu'une image bien diminuée. Quelle différence de gran- deur en effet entre une tortue qui paivient à plus de deux mètres de longueur (environ six pieds ) 5 et des centrisques qui le plus souvent ne sont longs que de deux décimèl 1 es (environ sept pouces)! Tant la Nature, cette cause puissante de toute existence , cette source féconde de toute beauté , ne cesse de varier par tous les dégrés de la grandeur , aussi bien que par toutes les nuances des formes, ces admirables copies par lesquelles elle multiplie avec tant de profusion , et sur la surface sèche du globe, et au milieu des eaux , les modèles remar- quables sur lesquels on seioit tenté de croire qu'elle s'est plue à répandie d'une manière plus particulière le feu de la vie et le prin- cipe de la reproduction ! D'ailleurs la cuirasse longue et pointue qui revêt le dos des centrisques, au lieu de s'étendre presque horisontalement sur un corps aplati , comme dans les tortues , se plie dans le sens de sa longueur , au dessus des animaux que nous allons décrire, pour 5oo H I S T O I R descendre sur les deux côtés à\in corps très- comprimé. Cette forme est sur - tout très- marquée dans le centrisque cuirassé. Ce dernier cartilagineux est en effet si aplati par les côtés qu'il ressemble quelquefois à tme lame longue et large. La cuirasse qui 3e couvre est composée de pièces écailleuses très-lisses, attachées ensemble, unies de si près que Ton ne peut quelquefois les dis- tinguer que très - difficilement Tune de l'autre, et si transparentes que Fon aperçoit aisément la lumière au travers du dos de l'animal. Au reste , cette sorte de demi- transparence appartient, d'une manière plus ou moins sensible, à presque toutes les parties du corps du centrisque cuirassé. La couverture solide qui garantit sa partie supérieure est terminée, du côté de la na- geoire de la queue, par une pointe très-alongée qui dépasse de beaucoup le bout de cette nageoire caudale; et cette espèce d'aiguillon se divise en deux parties d'égale longueur, dont celle de dessus emboîte à demi l'infé- rieure, et peut être un peu soulevée au dessus de cette dernière. Au dessous de ce piquant, et à un grand éloignement du corps proprement dit , est la première nageoire dorsale , qui le j^liis DES CENTRISQUES. 5oi souvent ne renferme que trois rayons , et d.mt la membrane est comnianément atta- chée à ce même piquant, lequel alors peut être considéré comme un rayon de plus de cette première nageoire dorsale. Le museau est très-alongé; il est d'ailleurs fait en forme de tube, et c'est à l'extrémité de ce long tuyau qu'est placée l'ouverture de la bouche. Cet orifice est très-étroit; mais quelquefois, et sur-tout après la mort de l'animal, la membrane qui réunit les deux longues mâchoires dont le lube est composé se déchire et s'oblitère; les deux mâchoires se sépai^ent presque jusqu'au dessous du siège de l'odorat; l'ouverture de la bouche devient très-grande , et la mâchoire supérieure se divise longitudinalement en deux ou trois pièces qui sont comme les élémens du tuyau formé par le museau. L'ouverture des narines est double; celle des branchies est grande et curviligne , l'opercule lisse et transparent. Chaque côté du corps est garni de dix ou onze pièces écailleuses, minces, et pla- cées transversalement. Elles sont relevées dans leur milieu par une arête horisontale; et la suite de. toutes les arêtes qui aboutissent l'une à l'autre forme une ligne latérale assez 5o2 HISTOIRE sailiante. Ces lames sont un peu arrondie^ dans leur partie inférieure, et réunies avec les lames du côté opposé par une portion membraneuse très-mince qui fait paroître le dessous du corps très-caréné. Les nageoires pectorales sont un peu éloignées des branchies; les ventrales sont réunies, et de plus si petites et si déliées que souvent elles échappent à Tceil, ou sont détachées , par divers accidens , du corps de l'animal (i). La seconde dorsale et celle de l'anus sont très-près de celle de la queue, dont la colonne vertébrale est détournée de sa direction, et fléchie, pour ainsi dire, eu en bas par la partie postérieure de la cui- rasse qui la recouvre. Les différentes formes remarquables que nous venons de décrire attirent d'ailleurs lattention par la beauté et la richesse des couleurs qu'elles présentent : le dos est d'un brun doré brillant , quoique foncé ; les côtés (i) A la première nageoire du dos . • 5 rayons» A la seconde ii A chaque nageoire pectorale. ... ii A la vrnlrale • 5 A celle de l'anus l3 A celle de la queue , qui est rectiligne 12 ES CENTRISQUES. 5o5 sont argentés et jaunes; le dessous du corps est rouge avec des raies transversales blanches, et presque toutes les nageoires sont jaunâtres. Le poisson qui montre cet éclatant assor- timent de plusieurs nuances vit, comme les pégases, de petits vers marins et des débris de corps organisés qu'il peut trouver dans la vase,* mais bien loin de jouir, ainsi que les pégases, de la faculté de s'élancer avec force au dessus de la surface de l'eau , il est réduit, par la petitesse de ses nageoires et la roideur d'une grande partie de son corps , à n'exécuter que des mouvemens peu rapides. Il habite dans les mers de l'Inde , ainsi que l'espèce dont nous allons parler (i). (i) « Après avoir coupé, dit Bioch , les boucliers du. ventre de ce poisson , j'ai trouvé sa chair si mince , qu'elle ne pouvoit guère peser plus de quelques grains. Elle avoit crû des deux côtés par dessus les boucliers , et étoit d'une belle couleur blanche et brillante. Le foie consistoit en deux petites plaques, appuyées des deux côtés sur les boucliers. L'estomac étoit mince , long et rond, et rempli de petites écrc- visses. Le canal des intestins avoit deux sinuosités , et étoit encore moitié aussi long que le pi>isson ». ( Histoire naturelle des poissons, article de la bécasse bouclée. ) SoNNiî»fi. 5o4 HISTOIRE LE CENTRISQUE S U M P I T (i) (2). PAR LACÉPÉDE. SECONDE ESPECE. VjE poisson est très -petit; ii ne parvient ordinairement qu'à la longueur de cinq ou six centimètres ( un pouce dix lignes à deux pouces ) : sa parure est élégante ; Téclat de l'argent brille sur les côtés de son corps, et se change sur sa partie supérieure en une ■ I «Mil II (i) Centrlscus sumpit. Cfntriscus velitaris. Lin. édit. de Gmelin. — Pallas, Spicil. zool. 8 , p. 56 , tab. 4 j fii;* 8. Centrisque sumpit, Daubenton , Encyc. méthod. — Bonaterre , pi. de l'Encycl. méthod, (2) Dans la langue des malais , ihari'Sumpit , ou ihan-phan. Centrisciis curpore ex ohlongo lanceolato , setulis recumbendbus et adnatis hispido. .... centrlscus veli- taris. JLin. Syst. naL. edit. Gmel. gen. i4<^, sp. 5. — • Artedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 6o5 ; n** 5. Sonmni. sorte DES CENTRISQUES. 3o5 sorte de tab. I , n'^ 9. Solenostomus rostro trientem totius piscis œquante» Klein , Miss. pisc. 4 > P* 24 > n* 1. — Gesner , Aquat. p. 838 , Inon. anim. p. 1 1 , Thierb. p. 4. Scolopax. Aldrov. Pisc. p. 298. — Willughby, Iclit. p. 160 , tab. I, 25 , fig. 2. Trumpet , or bellows fish. Ray , Pisc. p. 5o. — Charleton , Onom. p. i25. Batistes aculeis duobus, loco pinnarum ventralium y wlitario intrà anum, Artedi, gen. 54 , syn. 82. V 2 5o8 HISTOIRE des pays voisins, n'est pas tout à fait aussi petit que le sumpit : il présente ordinaire- ment une longueur de plus d'un décimètre ( trois pouces huit lignes ) , et se distingue facilement de plusieurs auties poissons avec lesquels on l'apporte , par sa couleur qui est d'un rouge tendre et agréable. Les pièces qui composent la couverture supérieure du cuirassé et du sumpit, sont remplacées sur le centrisque bécasse par des écailles dures, pointues , et placées les unes au dessus des autres; mais on voit un piquant à Textré- mité du dos de ce cartilagineux , comme sur celui des poissons de son genre qui sont déjà connus. Cet aiguillon très-fort, dentelé ^es deux cotés, et mobile de manière à pouvoir être couché dans une fossette, est le premier rayon de la nageoire dorsale (2) ha bécasse, ^.v grec et en latin, dérivé <\\\ greci, sco/opax et ascalopax. Par quelques-uns , ehphas j à cause de son rauspau alongé que l'on a comparé à la trompe d'un éléphant. En allemand , meerscA^zé-/?^ , scïmeppenfisch. En anglais, snippe^Jish y trumpet- 'hellows fifih. A. Marseille, cardita^no, Centriàcus corpore squamoso ^ scabro ^ vaudâ rectâ exùensd, . . . centriscus scolopax. Lin. Syst. nat. edit^ Gmel. gen. 140 , sp. 2. — Brunnich , Ichthyol. massi!. p. 8,sp. 17. SOWMM. DES CENTRISQUES. 609 antérieure, dans laquelle on compte quatre rayons en tout ; la seconde nageoire dor- sale est composée de dix - sept rayons (1). L'extrémité du long museau du poisson que iious décrivons , est un peu relevée , et présente l'ouverture de la bouche , que l'animal peut fermer à volonté par le mo^^en d'un opercule attaché au bout de la mâ- choire inférieure. C'est la grande prolonga- tion de ce museau , et la forme assez ténue de cette sorte de tuyau , qui ont fait com- parer ce cartilagineux dont nous nous oc- cupons , tantôt à une bécasse , et tantôt à l'un des quadrupèdes les plus éloignés de ce poisson par les divers traits de leur confor- mation, ainsi que par l'énormité de leur taille , à l'éléphant , dont le nez s'étend cependant en une trompe bien différente , dans son organisation, du museau d'un cen- trisque. La figure de ce même museau a fait aussi donner le nom de souflet à la bécasse , (i) A la membrane des brancliies . . 3 rayons. A chaque nageoire pectorale ... 17 A chaque nageoire inférieure ... 5 A celle de l'anus 18 A celle de la queue , qui est arrondie 9 y 3 3io H I S T O I R E,etc: dont on s'est beaucoup occupé, parce que ce poisson a une chair délicate (i). Le premier rayon des nageoires pectorales de ce cen-^ trisque est très - long ; les nageoires infé- rieures sont très - petites , et Tanimal peut; les cacher aisément dans un sillon osseux«i (i) Mais comme il est fort petit , on !e vend presque toujours dans les marchés , mêlé avec d'autres espèce^ aussi petites , mais moins délicates* Soi^nini. POISSONS OSSEUX, PAR LACÉPÉDE. Xjorsque nous avons, par la pensée; réuni autour de nous les diverses espèces de poissons qui peuplent les mers ou les eaux douces du globe , lorsque nous les avons contraintes, pour ainsi dire, à se dis- tribuer en difïérens groupes , suivant Tordre des rapports qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en deux immenses tribus. D'un côté ont paru les poissons car- tilagineux,* de Tautre, les osseux. Nous nous sommes occupés des premiers ; examinons avec soin les seconds. Nous avons assez in- diqué les différences qui les séparent; expo- sons donc , au moins rapidement , les res- semblances qui les rapprochent. Elles sont grandes, en effet, ces ressemblances qui les lient. Les formes extérieures , les organes intérieurs , les armes pour attaquer , les boucliers pour se défendre , la puissance pour nager, l'appareil pour le vol, et jus- qu'à cette faculté invisible et terrible de faire éprouver à de grandes distances des commotions violentes et soudaines, tous ces V 4 5i2 POISSONS attributs, que nous avons remarqués dans les cartilagineux, nous allons les retrouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, opposer aux pétromyzons et aux gastro- branches , les cécilies , les murènes , les ophis ,• aux raies , les pleuronectes ; aux squales , les ésoces ,* aux acipensères , les loricaires ; aux syngnathes , les fistulaires ; aux pégases, les trigles et les exocets; aux torpilles et au tétrodon électrique, le gym- note et le silure , également électriques ou engourdissans. A la vérité, les diverses con- formations des cartilagineux ne se montrent dans les osseux qu'altérées , accrues , dimi- nuées , ou du moins difFéremment combi- nées; mais elles reparoissent avec un grand nombre de leurs premiers traits, pour qu'on les reconnoisse sans peine. Elles annoncent toujours Fidentité de leur origine; elles at- testent l'unité du modèle d'après lequel la Nature a façonné toutes les espèces de poissons qu'elle a répandues au milieu des eaux. Et que ce type de la vitalité et de l'animalité de ces innombrables animaux est digne de l'attention des philosophes ! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à la grande classe dont nous cherchons à dé- voiler les propriétés : son influence iirésis- O s s E U X. 5i5 tibîe embrasse tous les êtres qui ont reçu la sensibilité. Bien plus, son image est em- preinte sur tous les produits de la matière organisée. La Nature n'a, pour ainsi dire, créé sur notre globe qu'un seul être vivant, dont elle a ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. Sur la planète que nous habitons , avec la matière brute que nous foulons aux pieds , au milieu de l'atmos- phère qui nous environne , à la distance ou nous sommes placés des différens corps cé- lestes qui circulent dans l'espace , et sous l'empire de cette loi qui commande à tous les corps et les fait sans cesse graviter les uns vers les autres, il n'y avoit peut-être qu'un moyen unique de départir aux agré- gations de la matière la force organique, c'est-à-dire , le mouvement de la vie et la chaleur du sentiment. Mais, comme cette cause première présente une quantité infinie de dégrés de force et de développement, et que par conséquent elle a donné naissance à un nombre incalculable de résultats pro- duits par les différentes combinaisons de cette série immense de dégrés , la Nature a pu être aussi admirable par la variété des détails qu'elle a créés, que par la sublime simplicité du plan unique auquel elle s'est 3i4 POISSONS asservîe. C'est ainsi qu'en parcourant le vaste ensemble des êtres qui s'élèvent au dessus de la matière brute , nous voyons une diversité , pour ainsi dire, sans bornes, de grandeurs, de formes et d'organes, de- venir, par une suite de toutes les combi- naisons qui ont pu être réalisées, le prin- cipe et le résultat d'une intussuscepfion de substances très-divisées , de l'élaboration de ces substances dans des vaisseaux particu- liers, de leur réunion dans des canaux plus ou moins étendus , de leur mélange pour former un liquide nutritif. C'est ainsi quelle est la cause et l'effet de l'action de ce li- quide , qui , présenté dans un état de divi- sion plus ou moins grand aux divers fluides que renferment l'air de l'atmosphère , ou Feau des rivières et des mers , se combine avec celui de ces fluides vers lequel son essence lui donne la tendance la plus forte ; en reçoit des qualités nouvelles , parcourt toutes les parties susceptibles d'accroissement ou de conservation; maintient dans les fibres l'irritabilité à laquelle il doit son mouve- ment ; devient souvent , en terminant sa course plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une nouvelle substance plus ac- tive encore ,- donne par cette métamorphose OSSEUX. 3i5 à l'être organisé le pouvoir de sentir; ajoute* à la faculté d'être mu celle de se mouvoir; convertit une sujétion passive en une vo- lonté efficace , et complette ainsi la vie et l'animalité. Nous venons de voir que les mêmes formes extérieures et intérieures se présen- tent dans les poissons cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats de la con- formation, prise dans toute son étendue, doivent donc être à peu près les mêmes dans ces deux sous -classes remarquables. Et voilà pourquoi les osseux nous offriront des habitudes analogues à celle que nous avons déjà considérées en traitant des carti- lagineux , non seulement dans la manière de venir à la lumière, mais dans celle de combattre, de fuir, de se cacher, de se mettre en embuscade , de se nourrir , de rechercher les eaux les plus salufaires, la température la plus convenable , les abris les plus sûrs. Voilà pourquoi encore nous verrons dans les osseux , comme dans les cartilagineux, l'instinct se dégradera mesure que des formes très-déliées et un corps très- alongé seront remplacés par des proportions moins propres à une grande variété de mou- vemens, et sur-tout par un aplatissement 3i6 POISSONS très-marqué. Nous verrons même ce décrois- sement de rintelligence coûservatrice , dont uous avons déjà parlé (i), se montrer avec bien plus de régularité dans les poissons osseux que dans les cartilagineux , parce qu'il n'y est pas contrebalancé, comme dans plusieurs de ces derniers, par des organes particuliers propres à rendre à l'instinct plus de vivacité que ne peuvent lui en ôter les autres portions de l'organisation. En continuant de considérer dans tout leur ensemble les osseux et les cartilagi- neux , nous remarquerons que les premiers comprennent un bien plus grand nombre d'espèces rapprochées de nos demeures par leurs habitations, de nos besoins par leur utilité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C'est principalement leur histoire qui, en- traînant facilement la pensée hors des limites et des lieux et des tems , rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire, à notre cœur attendri, et les ruisseaux , et les lacs , et les fleuves, et les jeux innocens de l'enfance, et les joyeux amusemens d'une jeunesse aimante sur les bords verdoyans de ces eaux roman-tiques. On ébranle vivement l'imagi- (i) Discours sur la nature des poissons. [OSSEUX. 3i7 nation en peignant Timmense Océan qui soulève majestueusement ses ondes, et les flots tumultueux mugissant sous la violence des tempêtes, et les énormes habitans des mers resplendissans au milieu de l'éclatante lumière de la zone torride , ou luttant avec force contre les énormes montagnes de glace des contrées polaires : mais on émeut pro- fondément l'ame en lui retraçant la surface tranquille d'un lac qui réfléchit la clarté mélancolique de la lune, ou le murmure léger d'une rivière paisible qui serpente ou milieu de bocages sombres , ou les riioii- vemens agiles, les courses rapides, et, pour ainsi dire, les évolutions variées de poissons argentés , qui , en se jouant au milieu d'un i-uisseau limpide , troublent seuls le silence et la paix d^uue rive ombragée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour le génie; les seconds appartiennent à la touchante sensibilité. Si8 HISTOIRE SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX, PAR LACÉPÈDE. Les parties solides de l'intérieur du corps , osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une mem'» brane des branchies, DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIERE DES POISSONS, PV PREMIER ORDRE DE liA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons apodes , ou qui n'ont pas de nageoires inférieures entre le museau et Vanus, VINGT-UNIEME GENRE. LES CECILIES. J; OINT de nageoires; Touverture des bran- chies sous le cou. DES C E C I L I E S. Sig ESPECE. La cécilie b r and é r ienne; c^ecî/io; hranderiana. — Le corps anguilliforme; le museau très-pointu; les dents aiguës; huit petits trous sur le devant de la tête, sept sur le sommet de cette même partie; sept sur l'occiput 520 HISTOIRE LA C É C I L I E B R A N D E R I E N N E (i) , PAU LACÉPÉDE. ; JNous avons dû nous déterminer d'autant plus aisément à placer les cécilies dans un genre différent de toutes les autres familles de poissons osseux , et particulièrement des murènes, parmi lesquelles elles ont été ins- crites, qu'elles présentent un caractère dis- tinctif des plus remarquables : elles n'ont absolument aucune sorte de nageoire ; et ce défaut constant est d'autant plus digne d'attention, que pendant long-tems on a regardé la présence de plusieurs nageoires , ou au moins d'une de ces parties, comme une marque caractéristique de la classe des (i) CcecUla hranderlana. Miirœna eœca. Lin. édit. de Grriel. Murène ai^'eugle. Bonaterre , pi. fie l'Encyc. méth. (2) Murœna apterygia , rostro acutiust ulo • murœna cœca. Lin. Syst. nat. gen. i43 , sp. «7. — Art. Gen. pisc. gen. 17. additament. species dubiœ , sp. lo. âo i^ ]M I ^| 1. poissons. DES C E C I L I E S. Saii poîssons. Cette absence totale de ces organes extérieurs de mouvement suffiroit même pour séparer les cécilies de tous les pois- sons cartilagineux , puisqu'elle n'a encore été observée sur aucun de ces derniers ani- Diaux, ainsi qu'on a pu s'en convaincre en lisant leur histoire. D'ailleurs on n'a pas encore découvert un organe de la vue dans les cécilies : elles en paroissent entièrement privées ; et par cette cécité , elles s'éloignent lion seulement de presque tous les pois- sons, mais même de presque tous les ani- maux vertébrés et à sang rouge , parmi iesqiiels on ne connoit encore qu'un mam- mifère nommé tjphle (i), et le genre des cartilagineux nommés gastro branche s , qui aient paru complettement aveugles. C'est donc avec les gastrobranches qu'il faut par- ticulièrement comparer les cécilies. D'autres rapports que celui de la privation de la vue, les lient d'assez près. Les ouvertures des branchies sont placées sous le corpô dans ces deux genres ; mais , dans les gastjro- ■■ . . I fc (i) Nous avons donné l'histoire et la figure de ce flingulier animal §oas le nom de rat ^ taupe ^ dans notre Histoire des quadrupèdes, tom. XXV, p. 299. - Son k I NI. Poiss, Tome V. X 322 HISTOIRE branches 5 elles sont situées sous le ventre J pendant que dans les cécilies on les voit sur la partie inférieure du cou. Ces deux familles ont le corps très-alongé, cylin- drique 5 serpentiforme , souple comme celui des murènes , enduit d'une humeur abon-* dante; et on distingue aisément sur la tête des céciHes les principales ouvertures par lesquelles se répand cette viscosité. Dans la seule espèce de ce genre décrite jusqu'à présent , on remarque aisément huit pores ou petits trous sur le devant de la tête, sept au sommet de cette même partie , et sept autres sur l'occiput : ces vingt-deux orifices sont certainement les extrémités des vais- seaux destinés k porter à la surface du corps la liqueur onctueuse propre à la ramollir et à la lubrifier. Cette même espèce dont Linngeus a dû la première connoissance à Brander, et que nous avons cru devoir en conséquence nommer la brandërienne ^ aies mâchoires très-avancées , et garnies de dents très-aiguës; c'est au dessous de son museau, qui est très-pointu , que l'on voit de chaque côté, au bout d'un très-petit tube, l'ouver- ture des narines; et de plus, Fanus est plus près de la tête que de l'extrémité de la queue. Celte cécilie vit dans les eaux de la D E s C E C I L I E s. SaS Méditerranée , auprès des côtes de la Bar- barie^ où elle a été observée par Brander, Nous n'avons pas vu cette espèce. Nous soupçonnons qu'elle n'a ni opercule, ni membrane des branchies. Si notre conjec- ture à cet égard étoit fondée , il faudroit ôter les cécilies de la place que nous leur avons donnée dans le tableau général, et les transporter de la tète du premier ordre de Ja première division des osseux, au premier rang du premier ordre de la quatrième divi-; jsion de ces mêmes osseux. i\ X a. 524 HISTOIRE LE COLLIBRANCHE (i). y^ E poisson , dont Liacépède n'a pas parlé ,' se rapproche beaucoup des cécilies. Il n'a ni écailles , ni nageoires. Sa tête se termine en pointe; il a la forme d'un ver, sa bouche esj: au dessous de la tête et l'anus au milieu du corps. Sept petites dents garnissent les mâchoires. En élargissant l'ouverture des ouïes , on en aperçoit quatre de chaque côté. Le collibranche vit dans la mer des Indes; le docteur Bloch, à qui les naturalistes en doivent la connoissance, l'a placé dans un genre qui ne comprend encore que cette seule espèce; genre que Bloch a nommé sphabran^e , et auquel il assigne pour carac- tère des ouvertures branchiales à la gorge. Cet arrangement méthodique est tout ce que l'on sait au sujet du petit poisson de cet article ; c'est dire assez que son histoire naturelle est encore très-peu avancée. (i) Le collibranche. En aLWernanà , doppelte halskieme, "EéXi At\^\3i\& f double-chin-gilt. Sphagenhranchus rostratiis ; le collibranche. (Blocb^ Histoire naturelle des poissons j genre 4>) DES MONOPTERES. Sa^ m» I VINGT-DEUXIÈME GENRE. PAR LACÉPÊDE. LES MONOPTERES. Jtoint d'autre nageoire que celle dé là queue; les ouvertures des narines placées entre les yeux. ESPÈCE. Le monoptère javanais; monoptérus japanensis, — Le corps plus long que la queue, et défiué d'écailles facilement vi- sibles. X5 Ii26 HISTOIRE LE MONOPTÈRE JAVANAIS (i), PAR LACÉPÈDE. VjE poisson n'est pas entièrement privé de nageoires, comme la céciJie brandériennej; mais il n'en a qu'à la queue, et même Fex-^ trémité de cette partie est une sorte de pointe assez déliée, autour de laquelle on n'aperçoit qu'à peine la nageoire caudale. C'est de ce caractère que nous avons tiré le nom de monoptàre, ou de poisson à une seule nageoire ^ que nous avons donné au. genre non encore connu des naturalistes, dans lequel nous avons inscrit le javanais; et cette dénomination de javanais indique le pays qu'habite l'espèce dont nous allons décrire rapidement les formes. Cette espèce se trouve en elïet dans le détroit de la ■■ I ■ ■ ■ ... I ■ ( I ) Monopferus Javanensîs, Couger sii'e angiùlla , desupsr è libido nigricnns » îiuhterlîùs ferruginea y caiidâ pinnatâ , qpice subnii- . diusculo perûcuto , naribus in oculoriim intercapedine. Manuscrits de Commerson , cinquième cahier de des= criptioîîs zoologiques , 1 768, DES MONOPTERES. STa-f Sonde, auprès des cgtes de Tîle de Java :; elle y a été vue par Coninierson , auquel nous devons d'être instruits de son exis- tence, et qui a laissé dans ses manuscrits des observations très- détaillées au sujet des formes et des dimensions de cet animal;' qu'il avoit rapporté au genre des anguilles ou des congres, parce qu'il n'avoit pas fait attention au caractère tiré du nombre des nageoires. Elle y est très-bonne à manger, et si nombreuse en individus que chaque jour les naturels du pays apportoient une très-giande quantité de ces monoptères ja- - vanais au vaisseau sur lequel étoit Com- merson. Son goût doit ressembler beaucoup à celui des murènes, dont elle a en très-- grande partie la conformation, et particu- lièrement le corps serpentiforme , visqueux, et dénué d'écaillés facilement visibles. La tète est épaisse , comprimée, bombée cepen- dant vers l'occiput, et terminée en devant par un museau arrondi. L'ouverture de la î^ouche est assez grande : la mâchoire supé- rieure n'avance guère au delà de l'infé^ rieure; elles sont toutes les deux garnies de dents courtes et serrées comme celles r ... d'une lime ; et une rangée de dents sem- blables est placée dans rintéripur de la X4 5^8 HISTOIRE gueule, tout autour du palais. La base de' la langue, qui est cartilagineuse et creusée par dessous en gouttière , présente deux tubercules blanchâtres. Les ouvertures des narines ne sont pas placées au haut d'un petit tube; on ne les voit pas au devant des yeux , comme sur le plus grand nombre de poissons, mais au dessus de ces mêmes organes. L'opercule des branchies, mollasse et flasque, paroît comme une duplicature de la peau; la membrane branchiale n'est soutenue que par trois rayons, que Ton ne distingue qu'en disséquant cette même membrane : les branchies ne sont qu'au nombre de trois de chaque côté; les os qui les soutiennent sont très-peu courbés, et ne montrent, dans leur côté concave, aucune sorte de denlicule, ni d'aspérité. Si la na- geoire caudale renferme des rayons, ils sont imperceptibles, tant que cette nageoire n'est pas altérée; et comme la queue est très- comprimée, cette dernière partie ressemble assez à une lame d'épée à deux tranchans. La ligne latérale, plus rapprochée du dos que du ventre , s'étend depuis les branchies jusqu'à l'extrémité de cette même queue; elle est presque de la couleur de l'or. Le dos est d'un brun livide et noirâtre; les DES MONOPTERES. Sag icôtés présentent la même nuance, avec de petites bandes transversales couleur de fer : cette dernière teinte s'étend sur tout le ventre , qui est sans tache. La longueur des monoptères javanais est ordinairement de près de sept décimètres (deux pieds envi- ron); leur circonférence, dans Tendroit le plus gros de leur corps , d'un décimètre ( environ trois pouces et demi ) ; et leur poids de plus d'un kilogramme (environ deux livres et demie). 556 HISTOJR VINGT-TROISIEME GENRE. PAR LACÉPÈDE. LES LEPTOCÉPHALES. X OINT de nageoires pectorales, ni cau- dales; Fou vert ure des branchies située en partie au dessous de la tête. ESPECE. Le leptocéphale morristen; ïeptoce- phalus morrisianiis . — Le corps très-alongé et comprimé ; les nageoires du dos et de Fanus très-longues et très- étroites. DES LEPTOCEPHALES. 53ï L'HAMEÇON DE MER (i). Voyez planche XXI , fig, 2. LE LEPTOCÉPHALE MORRISIEN (2), PAR LACÉPEDE. v^ETTE espèce est la seule que l'on con- noisse dans le genre des leptocépliales. Eile n'est point entièrement privée de nageoires, comme les cécilies; elle n'est pas réduite à une seule nageoire, comme les mouoptères: mais elle n'a point de nageoire de la queue, m même de nageoires pectorales,* elle ne présente qu'une nageoire dorsale et une nageoire de Tanus, toutes les deu:j$ très- — rr-r (1) L'hameçon de mer. En anglais, morns anglesfia» Leptoçephalus. Ârtedi, Gen. pisc. nov. gen. p. ^GS , n° I . SoNKiNi. (2) Leptocephalus morrisîanus. L'^ptocsphalus MorrisiL Lin. édit. âe Gmelin. — Gronov. Zooplï. ïï? 4^9, tab. i3, ^g» 5. — Erîtaii. Zooi.5,p. 125.' "^' .•■.•■«•; ; , Petite tête , hameçon de mer. Bonaterre , pi. <îe J'EncYcl. Kielhod, 553 H t S t Ô ï R E longues, mais très - étroites , et dont l'une garnit presque toute la partie supérieure de l'animal, pendant que l'autre s'étend depuis l'anus jusques vers l'extrémité de la queue. Le morrisien se rapproche encore des cé- cilies par la position des ouvertures bran- chiales, qui sont situées en partie au dessous de la tête. Son corps n'est cependant pas cylindrique comme celui des cécilies; il est très-comprimé latéralement; et comme ses tégumens extérieurs sont minces, mous et souples, ils indiquent par leurs plis le nombre et la place des différentes petites parties musculaires qui composent les grands muscles du dos, des côtés et du dessous du corps. Ces plis ou ces sillons sont transver- saux, mais inclinés et trois fois coudés, de telle sorte qu'ils forment un double rang longitudinal d'espèces de chevrons brisés , dont le sommet est tourné vers la queue. Ces deux rangées sont situées l'une au dès- sus et l'autre au dessous de la ligne laté- rale, qui est droite, et qui règne d'un bout à l'autre du corps et de la queue à une distance à peu près égale du bord supérieur et du bord inférieur du poisson ; et chacun des chevrons brisés de la rangée d'en haut rencontre, le long de cette ligne latérale > DES LEPTOCEPHALES. 533 un de ceux de la rangée d'en bas, en for- mant avec ce dernier un angle presque droit. La tête est très-petite et comprimée comme le corps, de manière que l'ensemble du pois- son ressemblant assez à une lame mince, il n'est pas surprenant que l'animal ait une demi - transparence très -remarquable. Les yeux sont gros ,* les dents qui garnissent les deux mâchoiies très-petites. Les individus les plus grands n'ont guère plus de douze centimètres (environ cinq pouces) de lon- gueur. On trouve les leptocépliales dont nous nous -occupons auprès de la côte de Uoly- head , et d'autres rivages de la Grande-Bre- tagne ; et on leur a donné le nom qu'ils portent à cause du savant anglais Morris , qui les a observés avec soin. 334 HISTOIRE ' • ■■> VINGT-QUATRIEME GENRE* PAR LACÉ l'ÈDE. LES GYMNOTES. Dks nageones pectorales et de l'anus ,• point de nageoires du dos ni de la queue. PREMIER SOUS-GENRE. La mâchoire inférieure plus avancée» PREMIÈRE ESPÈCE. Le gymnote électrique ; gjmnotus electricus. — La tête parsemée de petites ouvertures; la nageoire de l'anus s'étendant jusqu'à l'extrémité de la queu@. deuxième espèce. Le gymnote putaol ; gymnotus putaol. — La tête petite; la queue courte; des raies transversales. troisième espèce. Le gymnote blanc; gymnotus aîbusl — Deux lobes à la lèvre supérieure ; la couleur blanche. DES GYMNOTES. 535 SECOND SOUS-GENRE. La mâchoire supérieure plus avancée. QUATRIÈME ESPECE. Le gymnote caHafb ; gymnotus carapo: — La nageoire de Tanus étendue presque jusqu'à rextrémité de la queue. c i n quième espece. Le gymnote fierasfer; ^jK^'^^^^-^ jîerasfp.r. — Une saillie sur le dos; la nageoire de l'anus ne s'étendant pas jusqu'à l'extrémité de la queue. sixième espèce. Le gymnote long-museau; gymnotus longirostratus. — Le museau très-alongé;ia nageoire de l'anus ne s'étendant pas jusqu'à l'exlrémité de la queue. ' ?l . r •M S3g HISTOIRE LE GYMNOTE ELECTRIQUE (i)(2), PAR LACÉPÊDE. Voyez la planche XXI, figure 5. PREMIÈRE ESPÈCE. lii est bien peu d'anîmaux que le physicien doive observer avec plus d'attention que le gymnote auquel on a donné jusqu'à piésent le nom diélectrique. L'explication des effets ■ ' ' ' ' ■ ' > (i) Gymnotus electricus. En hollandais , sidderuis» En allemand , zitter fisch , zitter aal , et trillfisch, Gymnotus electricus. Lin. édit. de Gmel. Gymnote anguille électrique. Daubenton , Encycl» méthod. — Bonaterre , pi. de l'EncycI. métliod. — • Bloch , pi. cLvi. — Gronov. Zoopli. 169 , tab. 8 , fig. 1. — Acl. Helvet. 4 > P* ^7 > t^^- 5 , fig. î et 3. — J. B. Leroi , Jonrn. de phys. etc. vol. V^lil , p. 55 1. anguille frembleuse y anguille torpille de Çayenne^ Valmont de Bomare , Diction, d'bist. nAtnr. Siddersfis. J. Nie. Séb. Allemand , Act. Haarl. 2 , p. 572. — Frantz vander Lott , Act. Haarl. 6, 2, p. 87. Gymnotus. Muscbenbroeck , Introd. i , p. 290. Electrical eel. Hunier, Trans. philos. 65 , 2 , pi. ix. — Ba)on ^ Journal de pbys. janv. 1774; <^'^ Histoire de Cayerme, t. 2, p. 287. — Schilling, Diatribe de morbo remarquables DES GYMNOTES. Zoj remarquables qu'il produit dams un grand nombre de circonstances se Yie nécessaire- ment avec la solution de plusieurs questions des plus importantes pour le progrès de la physiologie et de la physique proprement dite. Tâchons donc, en rapprochant quelques jaws. Traject. 1770 , 8 , p. 52 ; et Act. acad. Berol, ad an. 1 770 , p. 68. — Seba , Mus. 5 , p.. 1 08 , tab. 54 > fi^^ 6. Poisson treinhleur t ou torpille, Guuiilla , Oren. 3 , pag. i56. Toorpedo , etc. Desc. Znrin. Lecvrard , 17 18, p. 194. Meer-ael ^ id est, anguilla marina NieuhoJJî. Ray, Synops. pisc. p. 149, n** 4. — Blunienbaeli, Handbncli der naturgesch. p. 268. — Belin , Descript. de FOrén, • — Wiiliamson , Trans. pliilos. t. 65 , p. 94. Torpédo of Surinam. W. Biya nt , Trans. of the Americ. society , vol. Il , p. iÇtQ. Numb fish , or torporîfic eel. H, Collins Flagg , ibid. vol. II, p. 170. — R. Maria de Termeyer , Sielta di opiiscoli , t. 4, p. 324. — Gai'den, Trans. pliilos. t. 65 , p. 102. (2) Le gymnote électrique. Par les colons de la Guiane française, cf/ï^rti/Ze tremblante. Par les naturels de la même contrée, pourakè. A 5>urinam, naki-Jischi. En France, par que]ques-i\ns j anguille de Cayenne ^ anguille de bœuf. Ew allemand, zitteraal , befaal ^ electrischer aal ^ betauhender aal. En hollandais, beef- aal ^ sidder-aal. En nuglais , electrik-eel , torporjîc-eel. Anguilla lacustris y tremorçm inferens , anguille Poiss, Tome V. Y 558 HISTOIRE veillés éparses, de jeter un nouveau jour sur ce sujet; mais pour suivre avec exacti- tude le plan que nous nous sommes tracé , et pour ordonner nos idées de la manière la plus convenable, commençons par expo- ser les caractères véritablement distincts du genre auquel appartient le poisson dont nous allons écrire Fhistoire. Les cécilies ne présentent aucune sorte de nageoires; les monoptères n'en ont qu'une qui est située à Textréniité de la queue; on n'en voit que sur le dos et auprès de l'anus des leptocéphales. Les trois genres d'osseux que nous venons de considérer sont donc dénués de nageoires pectorales. En jetant les yeux sur les gymnotes , nous apercevons ces nageoires latérales pour la première fois depuis que nous avons passé à la considé- m. • ■ « I . . -, tremblante. ( Barrère , Hist. nat. de la France éqni- iioxiale , p. 169. ) Gymnotus nigricans ; capîte plagiopîateo ; caudâ curtâ obtusâ. Seb. Thés. tom. III , p. 108 , fig. tab. .34. Gymnotus caudâ truncatâ , maxillâ biferiore lon- gîore. Gronov. Zoopb. p. îGg. Gymnotus nudus , dorso apteryglo , pinnâ caudali ohtusissimâ , anali annexa gymnotus electricus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. i44> ^P* 2' "~" Arledi, Gen. pisc. giiïi, 21. additament. n^ 7. Sonmni. DES GYMNOTES. 5^9 ration de la seconde sous-classe de poissons. Les gymnotes n'ont cependant pas autant de différentes sortes de nageoires que le plus grand nombre des autres poissons osseux qu'il nous reste à examiner. En effet , il n'en ont ni sur le dos, ni au bout de la queue; et c'est ce dénuement, cette espèce de nudité de leur dos qui leur a fait donner le nom qu'ils portent , et vient du mot grec gymnotos , dos nud. L'ensemble du corps et de la queue des gymnotes est, comme dans les poissons osseux que nous avons déjà fait connoître , très- alongé , presque cylindrique , et serpenti- forme. Les yeux sont voilés par une mem- brane qui n'est qu'une continuation du té- gument le plus extérieur de la tète. Les opercules des branchies sont très-grands; on compte ordinairement cinq rayons à la tneru- brane branchiale. Le corps proprement dit est très-court, souvent un peu comprimé, et quelquefois terminé par dessous en forme de carène; l'anus est par conséquent très- près de la tète. Et comme cependant, ainsi que nous venons de le dire, l'ensemble de l'animal, dans le genre des gymnotes, forme une sorte de long cylindre, on voit facile- ment que la queue proprement dite de tous Y 2 540 HISTOIRE ces poissons doit être extrêmement longue relativement aux autres parties du corps. Le dessous de cette portion est ordinairement garni , presque dans la totalité de sa Ion-' gueur, d'une nageoire d'autant plus remar- quable que non seulement elle s'étend sur une ligne très-étendue, mais qu'elle offre même une largeur assez considérable. De plus, les muscles dans lesquels s'insèrent les ailerons osseux auxquels sont attachés les nombreux rayons qui la composent , et les autres muscles très-multipliés qui sont des- tinés à mouvoir ces rayons, sont conformés et disposés de manière qu'ils représentent comme une seconde nageoire de l'anus pla- cée entre la véritable et la queue très-pro- longée du poisson, ou, pour mieux dire, qu'ils paroissent augmenter de beaucoup , et souvent même du double, la largeur de la nageoire de l'anus. Tels sont les traits généraux de tous les vrais gymnotes : quelles sont les formes qui distinguent celui que l'on a nommé élec^ trique ? Cette épithète & électrique a déjà été donnée à cinq poissons d'espèces très-différentes ; à deux cartilagineux et à trois osseux j à la raie torpille , ainsi qu'à un tétrodon dont DES GYMNOTES. 541 nous avons déjà parlé, à un trichiure, à un. silure, et au gymnote que nous décrivons. Mais c'est celui dont nous nous occupons dans cet article qui a le plus frappé Tinia- gination du vulgaire, excité Tadmiration des voyageurs, et étonné le physicien. Quelle a dû être en efïet la surprise des premiers observateurs lorsqu'ils ont vu un poisson en apparence assez foible , assez semblable , d'après le premier coup d'œil, à une an- guille ou à un congre, arrêter soudain, et malgré d'assez grandes distances, la pour- suite de son ennemi ou la fuite de sa proie ; suspendre à l'instant tous les mouvemens de sa victime ,* la dompter par un pouvoir aussi invisible qu'irrésistible ,* l'immoler avec la rapidité de l'éclair au travers d'un très-large intervalle; les frapper eux-mêmes comme par enchantement; les engourdir et les en- chaîner, pour ainsi dire, dans le moment où ils se croyoient garantis , par l'éloigne- ment , de tout danger et même de toute at- teinte ! Le merveilleux a disparu même pour les yeux les moins écîai] es , mais l'intérêt s'est accru et l'attention a redoublé lorsqu'on a rapproché de ces effets remarquables les phénomènes de Félectricité que chaque jour l'on étudioifc avec plus de succès. Peut-être Y 5 342 HISTOIRE cependant croira-t-on, en lisant la suite de cette lîistoiie, que cette puissance invisible et soudaine du gymnote ne peut être con- sidérée que comme une modification de cette force redoutable et en même (ems si féconde qui brille dans l'éclair, retentit dans le ton- nerre, renverse, détruit, disperse dans les foudres, et qui, moins resserrée dans ses canaux , moins précipitée dans ses mouve- mens, plus douce dans son action , se ré- pand sur tous les points des êtres or^^anisés, en pénètre toute la profondeur, en pai court toutes les sinuosités, en vivifie tous les élé- iiiens. Peut-être faudioit-il , en suivant ce principe et pour éviter toute erreur , ne donner , avec quelques naturalistes , au poisson que nous examinons , que le nom de gymnote engourdissant ^ de gymnote tor- porifique^ qui désigne un fait bien prouvé et indépendant de toute théorie. Néanmoins comme la puissance qu'il exerce devj a être rapportée dans toutes les hypothèses à une espèce d'électricité, comme ce mot élec- tricité peut être pris pour un mot générique commun à plusieurs forces plus ou moins voisines et plus ou moins analogues, comme les phénomènes les plus imposans de Télec- tricité proprement dite sont tous produits DES GYMNOTES. Zi^ par le gymnote qui fait Tobjet de cet article , et enfin comme le plus grand nombre de plij^siciens lui ont donné depuis long-tenis cette épithète diélectrique^ nous avons cru devoir, avec ces deiniers savans, la préférer à toute autre dénomination. Mais avant de montrer en détail ces difTé- rens effets , de les comparer , et d'indiquer quelques-unes des causes auxquelles il faut les rapporter, achevons le portrait du gym- note électrique : voyons quelles formes par- ticulières lui ont été départies, comment et par quels organes il naît, croît, se meut, voyage et se multiplie au milieu des grands fleuves qui arrosent les bords orientaux de l'Amérique méridionale , de ces contiées ardentes et humides, où le feu de Fatmos- phère et l'eau des mers et des livières se disputent l'empire; où tous les élémens de la reproduction ont été prodigués; où une surabondance de force vitale fait naître les végétaux et les animaux vénéneux; où, si je puis employer cette expression, les excès de la Nature, indépendamment de ceux de riiomme, sacrifient chaque jour tant d'in- dividus aux espèces; où tous les dégiés du développement , entassés , pour ainsi dire , les uns contre les autres , produisent néces- Y4 544 HISTOIRE sairement toutes les nuances du dépérisse- ment ; où des arbres immenses étendent leurs branches innombrables , pressées, gar- nies des fleurs les plus suaves , et chargées d'essaims d'oiseaux resplendissans des cou- leurs de Firis au dessus de savannes noyées, ou d'une vase impure que parcourent de très - gra.nds quadrupèdes ovipares , et que sillonnent d'énormes serpens aux écailles dorées; où les eaux douces et salées montrent des légions de poissons dont les rayons du soleil réfléchis avec vivacité changent , en quelque sorte , les lames luisantes en dia- mans , en saphirs , en rubis ; où l'air , la terre, les mers, et les êtres vivans , et les corps inanimés, tout attire les regards du peintre, enflamme l'imagination du poëte , élève le génie du philosophe. C'est en efîet auprès de Surinam qu'ha- bite le gymnote électrique (i) ,* et il paroît même qu'on n'a encore observé de véritable ^■i 1 1 ■■-■ ■»- '-■■ — ■"■ ■■'--■■■— -i ' ■■■■ '■ - iii ■■■- .-■■.--■■■— .1, (i) Ce n'est pas seulement auprès de Surinam , c'est-à-dire , dans la Guiane hollandaise , que vit le çymnote électrique; on le trouve aussi communément au Pérou et à la Guiane française; je l'ai vu souvent dans les eaux des vastes savannes noyées qui com- posent une partie du soi de cette dernière contrée. S o K N I N I. DES GYMNOTES. 545 gymnote que dans T Amérique méridionale , dans quelques parties de l'Afrique occiden- tale et^dans la Méditerranée, ainsi que nous le ferons remarquer de nouveau en tjaitant des notoptères. Le gymnole électrique parvient ordinai- rement jusqu'à la longueur d'un mètre un ou deux décimètres ( environ trois pieds sept pouces ) ,* et la circonférence de son corps , dans l'endroit le plus gros, est alors de trois à quatre décimètres (environ im pied deux pouces ) ; il a donc onze ou douze fois plus de longueur que de largeur. Sa tète est percée de petits trous ou pores très-sensi- bles, qui sont les orifices des vaisseaux des- tinés à répandre sur sa surface une liqueur visqueuse; des ouvertures plus petites, mais analogues , sont disséminées en très - grand nombre sur son corps et sur sa queue : il n'est donc pas surprenant qu'il soit enduit d'une matière gluante très -abondante fi). Sa peau ne présente d'ailleurs aucune écaille (i) Cette matière gluante est si abondante que si l'on veut conserver , ainsi que cela se pratique à Surinam , des gymnotes électriques dans de larges "baquets où on les nourrit de petits poissons et de vers, l'on est obligé de changer l'eau au moins de deux jours l'an. S o jt hf j n i« 546 HISTOIRE facilement visible. Son museau est arrondi; sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure 5 ainsi qu'on a pu le voir sur le tableau du genre des gymnotes ; ses dents sont nombreuses et acérées; et on voit des verrues sur son palais , ainsi que sur sa langue qui est large. Les nageoires pectorales sont très-petites et ovales; celle de l'anus s'étend jusqu'à l'extrémité de la queue, dont le bout, au lieu de se terminer en pointe, paroît comme tï'onqué. La couleur de l'animal est noiiâtre, et relevée par quelques raies étroites et lon- gitudinales d'une nuance plus foncée. Quoique la cavité du ventre s'étende au delà de l'endroit où est située l'ouverture de l'anus, elle est cependant assez courte relativement aux principales dimensions du poisson; mais les effets de cette brièveté sont compensés par les replis du canal intestinal, qui se recourbe plusieurs fois. Je n'ai pas encore pu me procurer des observations bien sûres et bien précises sur la manière dont le gymnote électrique vient à la lumière : il paroit cependant qu'au moins le plus souvent la femelle pond ses œufs p et qu'ils n'éçlosent pas dans le ventre DES GYMNOTES. 347 de la mère, comme ceux de la torpille, de plusieurs autres cartilagineux, et même de quelques individus de l'espèce de Fanguille et d'autres osseux avec lesquels le gymnote que nous examinons a de très-grands l'apr ports. On ignore également le tems qui est né- cessaire à ce même gymnote pour parvenir à son entier développement : mais, comme il n'a pas fallu ime aussi longue suite d'ob- servations pour s'assurer de la manière dont il exécute ses différens mouvemens , on connoît bien les divers phénomènes relatifs à sa natation ; phénomènes qu'il étoit d'ail- leurs aisé d'annoncer d'avance, d'après une inspection attentive de sa conformation ex- térieure et intérieure. Nous avons déjà fait voir (i) que la queue des poissons étoit le principal in trument de leur natation. Plus cette partie est étendue, et plus , tout égal d'ailleurs , le poisson doit se mouvoir avec facilité. Mais le gymnote électrique, ainsi que les autres osseux de son genre , a une queue beaucoup plus longue que l'ensemble de la tête et du corps proprement dit ; la hauteur de cette partie ■ I I ■ I ■ . ■ I I j .1 "» (i) Discours sur la nature des poissons. 548 HISTOIRE est assez considérable; cette hauteur est aug- mentée par la nageoire de l'anus, qui en garnit la partie inférieure : l'animal a donc à sa disposition une rame beaucoup plus longue et beaucoup plus haute à proportion que celle de presque tous les autres poissons ; cette rame peut donc agir à la fois sur de grandes lames d'eau. Les muscles destinés à la mouvoir sont très-puissajis ; le gymnote la remue avec une agilité très-remarquable : les deux élémens de la force, la masse et la vitesse sont donc ici réunis; et en effet, ranimai nage avec vigueur et rapidité. Comme tous les poissons très - alongés , plus ou moins cylindriques, et dont le corps est entretenu dans une grande souplesse par une viscosité copieuse et souvent renouvelée j il agit successivement sur Teau qui l'envi- ronne par diverses portions de son corps ou de sa queue, qu'il met en mouvement les unes après les autres, dans l'ordre de leur moindre éloignement de la tête ; il ondule ; il partage son action en plusieurs actions particulières, dont il combine les dégrés de force et les directions de la manière la plus convenable pour vaincre les obstacles et parvenir à son but ,* il commence à recourber les parties antérieures de sa queue, lorsqu'il DES GYMNOTES. 549 veut aller en avant; il contourne, au con- traire, avant toutes les autres, les parties postérieures de cette même queue, lorsqu'il désire d'aller en arrière ( i ) ; et , ainsi que nous l'expliquerons un peu plus en détail en traitant de l'anguille, il se meut de la même manière que les serpens qui rampent sur la terre ; il nage comme eux ; il serpente véritablement au milieu des eaux. On a cru pendant quelque tems , et même quelques naturalistes très - habiles ont pu- blié, que le gymnote électrique n'a voit pas de vessie aérienne ou natatoire. On a pu être induit en erreur par la position de cette vessie dans l'électrique, position sur laquelle nous allons revenir en décrivant l'organe torporifique de cet animal. Mais, quoi qu'il en soit de la cause de cette erreur, cette vessie est entourée de plusieurs rameaux de vaisseaux sanguins que Hunter a fait connoître, et qui partent de la grande ar- tère qui passe au dessous de l'épine dorsale du poisson; et il nous paroît utile de faire observer que cette disposition de vaisseaux sanguins favorise l'opinion du savant natu- raliste Fischer , bibliothécaire de l'école (i) Garden , à l'endroit déjà cité. f. 55o HISTOIRE centrale de Mayence, qui , dans un ouvrage •très-intéressaufc sur la respiration des pois- sons, a niontié comment il seroit possible que la vessie aérienne de ces animaux servît non seulement à faciliter leur natation, mais encore à suppléer à leur respiration et à maintenir leur sang dans Tétai le plus propre à conserver leur vie. Il ne manque donc rien au gymnote électrique de ce qui peut donner des mou- vemens prompts et long-tems soutenus ; et comme parmi les causes de la rapidité avec laquelle il nage, nous avons compté la faci- lité avec laquelle il peut se plier en difFérens sens, et par conséquent appliquer des par- ties plus ou moins grandes de son corps aux divers objets qu'il rencontre, il doit jouir d'un toucher plus délicat et présenter un instinct plus relevé que ceux d'un très- grand nombre de poissons. Cette intelligence particulière lui fait dis- tinguer aisément les moyens d'atteindre les animaux marins dont il fait sa nourriture, et ceux dont il doit éviter l'approche dan- gereuse. La vitesse de sa na(ation le trans- porte dans des tems très -courts asiprès de sa proie, ou loin de ses ennemis; et lorsqu'il n'a plus qu'à immoler des victimes dont il DES GYMNOTES. 55i s'est assez approché, ou à repousser ceux des poissons supérieurs en force auxquels il n'a point échappé par la fuite , il déploie la puissance redoutable qui lui a été accordée; il met en jeu sa vertu engourdissante; il frappe à grands coups, et répand autour de lui la mort ou la stupeur. Cette qualité tor- porifique du gy mnoie électrique découvert, dit-on, auprès de Cayenne, par J^an-Ber^ kel (i) , a été observée dans le même pays, par le naturaliste Richer, dès 1671. Mais ce n'est que quatre - vingts ans , ou environ , après cette époque , que ce même gjannote a été de nouveau examiné avec attention par La Condamine , Ingram , Gravesand , Allamand, Muschenbroeck, Gronou, Van- der-Lott, Ferniin , Bankroft, et d'autres habiles physiciens qui Font vu dans l'Amé- rique méridionale, ou l'ont fait apporter avec soin en Europe. Ce n'est que vers 177^ que Wiiliamson à Philadelphie , Garden dans la Caroline, Walsh, Pringle, Magel- lan, etc. à Londres, ont aperçu les phéno- mènes les plus propres à dévoiler le principe de la foi ce torporifique de ce poisson. L'or- ■■ ■■■ ' ' I II L. (i) Saramlung seUener uncl merkwurdigcr reise- gescliicjilen j vol. I , Memmiiigen , 1789 , p. 220. 552 HISTOIRE gane particulier claus lequel réside cette vertu, et que Huiiter a si bien décrit, n'a été connu qu'à peu près dans le même tems, pendant que Forgane électrique de la tor- pille a été vu par Stenon dès avant 1673 , et peut-être vers la même année par Lorenzini. Et Ton ne doit pas être étonné de cette différence entre une gymnote que Ton n'a rencontré , en quelque sorte , que dans une partie de TAmérique méridionale ou de l'Afrique, et une raie qui habite sur les côtes de la mer d'Europe. D'un autre côté, le gymnote torporifique n'ayant été fré- quemment observé que depuis le commen- cement de l'époque brillante de la physique moderne, il n'a point été l'objet d'autant de théories plus ou moins ingénieuses, et cependant plus ou moins dénuées de preuves , que la torpille. On n'a eu dans le fond qu'une même manière de considérer la na- ture des divers phénomènes présentés par le gymnote : on les a rapportés ou à l'élec- tricité proprement dite , ou à une force dérivée de cette puissance. Et comment des physiciens instruits des effets de l'électricité n'auroient-ils pas été entraînés à ne voir que des faits analogues dans les produits du pouvoir du gymnote engourdissant? Lorsqu'on DES GYMNOTES. 553 Lorsqu'on touclie cet auimal avec une seule main , ou n'éprouve pas de conimo- tion, Oîi on n'en ressent qu^une extiéme- nient foible : mais la secousse est très-forte lorsqu'on applique les deux mains sur Je poisson, et qu'elles sont séparées l'une de l'autre s par une distance assez grande. N'a- t-on pas ici une image de ce qui se passe lorsqu'on cherche à recevoir un coup élec- trique par le moyen d'un plateau de verre garni convenablement de plaques métal- liques, et connu sous le nom de carreau fuhiinantl Si on n'approche qu'une main Bt qu'on ne touche qu'une surface, à peine est-on frappé; mais on reçoit uneconnnotion violente si on emploie les deux mains, et si en s'appliquant aux deux surfaces, elles les déchargent à 1^ fois. h Comme dans les expériences électriques, le coup reçu par le moyen dés deux mains a pu être assez fort pour donner? aux» deux: bras une. paralysie de plusieurs années (i). 6; Les mélaux^ l'eau, les corps, mouillés, et touLes les aulres substances conductrices de l'électricité transmettent la vertu engour- •ilissante du gymnote ,* et voilà pourquoi _ _" ... I ■ -r , . I I IM ( I ) He M ci ÇoUijj^ 3Flagg , .à 1' endj:oj;t.d.éj à ci t é. Fciss, Tome V. Z 354 HISTOIRE on est frappé au milieu des fleuves, quoi- qu'on soifc encore à une assez grande dis- tance jde l'animal , et voilà pourquoi encore les petits poissons, pour lesquels cette se- cousse est beaucoup plus dangereuse, éprou- vent une commotion dont ils meurent à l'instant , quoiqu'ils soient éloignés de plus de cinq mètres (environ quinze pieds) de l'animal torporifique. Ainsi qu'avec rélectricité, l'espèce d'arc de cercle que forment les deux mains et que parcoui't la force engourdissante , peiit être très - agrandi , sans que la commotion soit sensiblement diminuée; et vingt -sept personnes se tenant par la main et compo- sant une chaîne dont les deux bouts abou- tissoient à deux points de la surface du gymnote , séparés par un assez grand inter- valle, ont ressenti, pour ainsi dire à la fois, une secousse très-vive. Les difïérens obser- vateurs, ou les diverses substances facilement perméables à l'électricité, qui sont comme les anneaux de cette chaîne , peuv ent même être éloignés l'un de l'autre de près d'un décimètre (trois pouces et demi), sans que cette inteiruption apparente dans la route préparée arrête la vertu torporifique qui en parcourt également tous les points. DES GYMNOTES. 355 Mais, pour que le gymnote jouisse de tout sou pouvoir, il faut souvent qu'il se soit, pourainsi dire, progressivement animé. Ordi- nairement les premières commotions qu'il fait éprouver ne sont pas les plus fortes ; elles deviennent plus vives à mesure qu'il s'éver- tue, s'agite, s'irrite; elles sont terribles, lorsque, si je puis employer les expressions de plusieurs observateurs, il est livré à une sorte de rage. Quand il a ainsi frappé à coups redoublés autour de lui, il s'écoule fréquemment ua intervalle assez marqué avant qu'il ne fasse ressentir de -secousse, soit qu'il ait besoin de donner quelques momens de repos à des organes qui viennent d'élre violemment exercés , ou soit qu'il emploie ce tems plus ou moins court à ramasser dans ces mêmes organes une nouvelle quantité d'un fluide foudroyant ou torporifique. Cependant il paroît qu'il peut produire non seulement une commotion, mais même plusieurs secousses successives, quoiqu'il soit plongé dans Teau cVun vase isolé , c'est-à- dire, d'un vase entouré de matières qui ne laissent passer dans l'intéiieur de ce réci- pient aucune quantité de fluide propre à Z â 358 HISTOIRE semble de ces quatre organes est si étendu, qu'il compose environ la moitié des parties musculeuses et des autres parties molles du gymnote , et peut-être le tiers de Ja tota- lité du poisson. Chacun des deux grands organes engour- dissans occupe un des côtés du gymnote, depuis l'abdomen jusqu'à l'extrémité de la queue; et comme nous avons déjà vu qne cet abdomen étoit très-court, et qu'on pour- roit croire , au premier coup d'œil , que Tanimal n'a qu'une tête et une queue très- prolongées , on peut jîiger aisément de la longueur très - considérable de ces deux grands organes. Ils se terminent vers le bout de la queue , comme par un point , et ils sont aîise?5 larges pour n'être séparés Tun de Tauitre que vers le haut par les niuscles dorsaux , vers le milieu du corps par la vessie natatoire , et vers le bas par une cloison particulière avec laquelle ils s'unis- sent intimement , pendant qu'ils sont atta- chés par une membraiie cellulaire, lâche, mais très -forte, aux autres parties qu'ils touchent. ' De chaque côté du gymnote , un petit organe torporifîqae , situé au dessous du grand, commence et finit à peu près aux DES GYMNOTES. 369 mêmes points que ce dernier , se termine de même par une sorte de pointe , présente par conséquent la figure d'un long triangle, ou, pour mieux dire, d'une longue pyra- mide triangulaire, et s'élargit néanmoins un peu vers le milieu de la queue. Entre le petit organe de droite et le petit organe de gauche s'étendent longitudinale- ment les muscles sous-caudaux, et la longue série à' ailerons ou soutiens osseux des rayons très-nombreux de la nageoire de Tanus. Ces deux petits organes sont d'ailleurs séparés des deux grands organes supérieurs par une membrane longitudinale et presque horisontaîe, qui s'attache d'un côté à la cloi- son verticale par laquelle les deux grands organes sont écartés l'un de l'autre dans leur partie inf-uieure , et qui tient , par le côté opposé, à la peau de ranimai. De plus , cette disposition générale est telle , que lorsqu'on enlève la peau de l'une des faces lalérales de la queue du gymnote, on voit facilement le grand organe ,* tandis que , pour apercevoir le petit qui est au dessous , il faut ôter les muscles latéraux qui accompagnent la longue nageoire de l'anus. Mais quelle est la composition intérieure Z 4 5^0 HISTOIRE de chacun cle ces quatre organes grands oit petits ? L'intérieur de chacun de ces instsumens, en quelque sorte électriques , présente un grand nombre de séparations horisontales , coupées presque à angles droits par d'autres séparations à peu près verticales. Les premières séparations sont non seu- lement horisontales 5 mais situées dans le sens de la longueur du poisson , et paral- lèles les unes aux autres. Leur largeur est égale a cejle de l'organe , et par conséquent, dans beaucoup d'endroits, à la moiié de la largeur de Tanimal , ou environ. Elles ont des longueurs inégales. Les plus voisines du bord supérieur sont aussi longues ou presque aussi longues que Torgane ; les inférieures se terminent plus près de leur origine ; et l'organe finit, vers l'extrémité de la queue, par un bout trop aminci pour qu'on puisse voir s'il y est encore composé de plus d'une de ces séparations longitudinales. Ces inembranes horisontales sont éloignées Tuue de l'autre, du côlé de la peau, par un intervalle qui est ordinairement de près d un millimètre ( une demi -ligne environ ); du cote de l'intérieur du coips, on les voit plus rapprochées^ el même, dans plusieurs DÈS GYMNOTES. 56 i points, réunies deux à deux; et elles sont comme ondule uses dans les petits organes. Hunter en a compté trenîe-quâire dans un des deux grands organes d'un gymnote de sept décimètres, ou à peu près ( deux pieds environ), de longueur, et quatorze dans un des petits organes du même individu. Les séparations verticales qui coupent à angles droits les membranes longitudinales, sont membraneuses, unies, minces, et si serrées Tune contre l'autre, qu'elles parois- sent se toucher. Hunier en a vu environ deux cent quarante dans une longueur de vingt-cinq millimètres, ou à peu près (onze lignes environ ). C'est avec ce quadruple et très - gmnd appareil dans lequel les surfaces ojit été multipliées avec tant de profusion , que le gymnote parvient à donner des ébranleniens violens , et à produire le phénomène qui établit le second des deux principaux rap- ports par lesquels sa vertu engourdissante se rapproche de la force électrique. Ce phé- nomène consiste dans les étincelles entière- ment semblables à celles que Ton doit à l'électricité. On les voit, comme dans un grand nonibre d'expériences électriques pro- prement dites, paroître ckns les petits in- 562 HISTOIRE teivalles qui séparent les diverses portions de la chaîne le long de laquelle on fait cir- culer hi force engourdissante. Ces étincelles ont été vues pour la première fois à Londres par A^^alsh , Pringle et Magellan. Il a suffi à "Waîsh , pour les obtenir , de composer une partie de la chaîne destinée à être par- courue par la force torporifique , de deux lames de métal , isolées sur un carreau de verre, et assez rapprochées pour ne laisser entre elles qu'un très - petit intervalle; et on a distingué avec facilité ces lueurs, lors- que l'ensemble de Tappareil s'est trouvé placé dans une chambre entièrement dé- nuée de toute autre lumière. On obtient une lueur semblable , lorsqu'on substitue une grande torpille à un gymnote électrique , ainsi que l'a appris Galvani dans un Mé- moire que nous avons déjà cité (i); mais elle est plus foible que le petit éclair dû à la puissance du gymnote, et l'on doit presque toujours avoir besoin d'un micros- cope dirigé vers le petit intervalle dans lequel on l'attend, pour la distinguer sans erreur. Au reste , pour voir bien nettement (i) Discours sur la nature des poissons. DES GYMNOTES. 363 comment le gymnote électrique donne nais- sance à de petites étincelles et à de \ives commotions , formons - nous de ces organes engoiudissans la véritable idée que nous devons en avoir. On peut supposer qu^un grand assem- blage d& membranes horisontales ou verti- cales est un composé de substances presque aussi peu capables de transmettre la force électrique que le verre et les autres matières auxquelles on a donné le nom à' idio électri- ques , ou de non-conductrices , et dont on se sert pour former ces vases foudroyans appelés bouteilles de Leyde, ou ces carreaux aussi fulminans, dont nous avons déjà parlé plus d'une fois. Il faut considérer les quatre organes du gymnote comme nous avons considéré les deux organes de la torpille : il faut voir dans ces instrumens une suite nombreuse de petits carreaux de la nature des carreaux foudroyans, une batterie com- posée d'une quantité extrêmement considé- rable de pièces en quelque sorte électriques. Et comme la force d'une batterie de cette sorte doit s'évaluer par l'étendue plus ou moins grande de la surface des carreaux ou des vases qui la forment , j'ai calculé 564 ^ H I S T O I R quelle pourroit être la grandeur d'un en- semble que Ton siipposeroit produit par les surfaces réunies de toutes les menibianes verticales et liorisontales que renferment les quatie organes torporifiques d'un g} m- noie long de treize déciaiètres ( quatre pieds environ), en ne comptant cependant pour chaque membrane que la surface d'un des grands cotés de cette cloison : j'ai trouvé que cet ensemble présenteroit une étendue ail moins de treize mèb es carrés , c'est-à- dire , à très -peu près, de cent vingt -trois pieds également carrés. Si Ton se rappelle maintenant que nous avons cru expliquer d'une manière très-satisfaisanle la puissance de faije éprouver de fortes commotions qu'a reçue la torpille, en montrant que les sur- faces des diverses portions de ses deux or- ganes électriques pouvoient égaler par leur réunion cinquante-huit pieds carrés, et si l'on se souvient en même tems des effet? terribles que produisent dans nos labora- toires des caiTcaux de vei re dont la sur- face n'est que de quelques pieds , on ne sera pas étonné qu'un animal qui renferme dans sou intérieur et peut employer à vo- loaté un instrument électrique de cent vingt- DES GYMNOTES. 565 trois pieds carrés de saiface, puisse frapper des coups tels que ceux que nous avons déjà décrits. ' -Pour rendre plus sensible l'analogie qui existe entre un carreau fulminant et les organes torponiiques du gymnote , il finit faire voir coniment cette grande surface de treize nièlres carrés (environ quarante pieds) peut être éleci risée par le frottement , de la même manière qu'un carreau fou- droyant ou magique. Nous avons déjà fait remarquer que le gymnote nage principa- iement par une suile des ondulations suc- cessives et promptes qu'il imprime à sa queue , c'est-à-dire , à celte longue partie de son corps qui renferme ses quati-e or- ganes. Sa natation ordinaire , ses mouve- mens extraordinaires^ ses courses rapides,'' ses agitations , l'espèce d'irritation à laquelle il peut se livrer, toutes ces causes doivent produire sur les surfaces des membranes horisontales et verticales un frottement suf- fisant pour y accumuler; d'un côté, et raréfier de l'autre , ou du moins pour y exciter, réveiller, accroître ou diminuer le fluide unique ou les deux fluides auxquels on a rapporté les phénomènes électriques et tous les effets analogues; et comme par 366 HISTOIRE une suite de la division de l'organe engour- dissant du gj^nmote en deux grands et en deux petits, et de la sous -division de ces quatre organes en membranes horisontales et verticales, les communications peuvent n'être pas toujours très -faciles , ni très- promptes entre les diverses parties de ce grand instrument , oo peut croire que le rétablissement du fluide ou des fluides dont 4ÎOUS venons de parler, dans leur premier état, ne se fait souvent que successivement dans plusieurs portions des quatre organes. Xics organes ne se déchargent donc que par des coups successifs; et voilà pourquoi, indépendamment d'autre raison, un gym- note placé dans un vase isolé peut conti- nuer, pendant quelque tems, de donner des commotions,* et de plus, voilà pourquoi il peut lesler dans les organes d'un gymnote qui vient de mourir assez de parties chargées pour qu'on en reçoive un certain nombre de secousses plus ou moins vives (i). Et ces fluides, quels qu'ils soient, d'où (i) Un des meilleurs moyens de parvenir à la véri- table théorie des effets produits par le gymnote engourdissant et par les autres poissons torporifiques, est d'avoir recours aux belles expériences électriques DES GYMNOTES. 067 peut-on présumer qu'ils tirent leuj- origine? ou, pour éviter le plus possible toute hypo- thèse, quelle est la source plus ou moins immédiate de cette force électrique , ou presque électrique , départie aux quatre organes dont nous venons d'exposer la structure ? Cette source est dans les nerfs, qui , dans le gymnote engourdissant , ont des dimen- soins et une distribution qu'il est utile d'exa- miner rapidement. Premièrement, les nerfs qui partent de la moelle épinière sont pliis larges que dans les poissons d'une grandeur égale , et plus que cela ne parok nécessaire pour i'enlre- tien de la vie du gymnote. Secondement, Hunter a fait corinoître un nerf remarquable qui, dans plusieurs poissons, s'étend depuis le cerveau jusqu'au- près de l'extrémité de la queue en donnant naissance à plusieurs ramifications , passe , à peu près, à une égale distance de l'épine et aux idées très-ingénieuses dont on trouvera l'expo- sition dans une lettre qui m'a été adressée par Alliui, de l'Institut national de Boloî^ne , et que cet habile physicien a publiée dans cette ville , il y a Gnyiron un un (en 1797, Y. st.). 568 HISTOIRE et de la peau du dos dans ia murène an- guille, et se trouve iuiuiedialement au des- sous de la peau dans le gade jiiorue. Ce nerf est plus large, touf égal d'ailleurs, et s*ap- piociie de IVpine dorsale, dans le gymnote électrique , btraiicoup plus que dans plusieurs autres poissons. Troisièmement, des deux côtés de chaque vertèbre du g^'muote toiponfique part un nerf qui donne des raniiiicatioaâ aux muscles du dos. Ce nerf se répand eatxe ces muscles dorsaux et Tépine ; il envoie de petites blanches jusqu'à la surfaca exiérieure du grand organe, dans lequel pénètrent plu- sieurs de ces rameaux , et sur lequel ces rameaux déliés se distribuent en passant entre cet organe et la peau du côté de l'animal. Il continue cependant sa route, d'abord entre les muscles dorsaux et la vessie natatoire , et ensuite entre cette même vessie natatoire et Torgane électnque. Là il se divise en nouvelles branches. Ces bran-. ches vont vers la cloison verticale que nous avons déjà indiquée, et qui est siiuée entre les deux giands orgmes électriques. Elles s'}' séparent en branches plus petites qui se diligent vers les ailerons et les muscles de la DES GYMNOTES. 569 la nageoire de l'anus, et se perdent, après avoir répandu des ramifications dans cette même nageoire, dans ses muscles, dans le petit organe et dans le grand organe élec- triques. Les rameaux qui entrent dans les organes électriques sont à la vérité très - petits ; mais cependant ils le sont moins que ceux de toute autre partie du système sensitif. Tels sont les canaux qui font circuler dans les quatre instrumens du gymnote le principe de la force engourdissante ; et ces canaux le reçoivent eux-mêmes du cer- veau d'où tous ces nerfs émanent. Et com-» ment en effet ne pas considérer dans le gymnote, ainsi que dans les autres poissons, engourdissais, le cerveau coinnie la pre- mière source de la vertu paiticulièi'e qui les distingue, lorsque nous savons, par les espérieuc^^ d'un habile physicien , que la soustraction du cerveau d'une torpille anéantit Telectriciié ou la force torporifique de ce cartilagineux, lors même qu'il paroit encore aussi plein de vie qu'avant d'avoir subi cette opération, pendant qu'en arra- chant le cœur de cette raie, on ne la prive pas, avant un tems plus ou moins long, de Foiss. Tome V. A a 370 H I S T O I R E la faculté de faire éprouver des commotion^ et des tremblemens (i)? 'Au reste, ne perdons jamais de vue que, si nous ne voyons pas de mammifère , de cétacé, d'oiseau, de quadrupède ovipare, ni de serpent, doué de cette faculté élec- trique ou engourdissante que Ton a déjà bien constatée au moins^dans deux poissons cartilagineux et dans trois poissons osseux, c'est parce qu'il faut, pour donner naissance à cette faculté, et Tabondance d'un fluide ou d'un principe quelconque que les nerfs paroissent posséder et fournir , et un pa plusieurs instrumens organisés de manière à présenter une ti-ès- grande surface, ca- pables par conséquent d'agir avec efficacité sur des fluides voisins ( 2 ) , et composés» d'ailleurs d'une substance peu conductrice: d'électricité, tell^ 5 par exemple, que des (i) Mémoires de Galvani , Bologne, 1797. yA (2) J'ai publié en, 1781 , que l'on devoit déduire rexplicatioii du plus grand nombre de pbénomènea éiççtriques , de l'accroissement que produit dans l'affinité que les corps exercent sur les fluides qui les environnent , la division de ces mêmes corps en plu- sieurs parties, et par conséquent l'augmentation d© leur surface. - '. .«>OSv> ,i. DES GYMNOTES. Syi matières visqueuses, huileuses et résineuses. Or de tous les animaux qui ont un sang rouge et des vertèbres , aucun , tout égal d'ailleurs, ne présente, comme les poissons, une quantité plus ou moins grande d'huile et de liqueurs gluantes et visqueuses. On remarque sur-tout dans le gymnote engourdissant une très-grande abondance de cette matière huileuse , de cette substance non conductrice, ainsi que nous l'avons déjà observé. Cette onctuosité est très-sensible, même sur la menjbrane qui sépare de chaque côté le grand organe du petit; et voilà pour- quoi, indépendamment de Fétendue de la surface de ses organes torporifiques , bien supérieure à celle des organes analogues de la torpille, il paroît posséder une plus grande vertu électrique que cette dernière. D'ailleurs il habite un climat plus chaud que celui de cette raie, et par conséquent dans lequel toutes les combinaisons et toutes les décom- positions intérieures peuvent s'opérer avec plus de vitesse et de facilité ; et de plus , quelle différence entre la fréquence et l'agi- lité des évolutions du gymnote et h. nature ainsi que le nombre des mouvemens ordi- naires de la torpillé! Aa 2 §73 HISTOIRE Maïs, si les poissons sont organisés d'une manière plus favorable que les autres ani- maux à vertèbres et à sang rouge, relative- ment à la puissance d'ébranler et d'en- gourdir 5 étant doués d'une très - grande irritabilité, ils doivent être aussi beaucoup plus sensibles à tous les effets électriques , beaucoup plus soumis au pouvoir des ani- maux torporifiques , et par conséquent plus exposés à devenir la victime du gymnote de Surinam (i). Cette considération peut servir à expli- quer pourquoi certaines personnes, et par- ticulièrement les femmes qui ont une fièvre nerveuse , peuvent toucher un gymnote électrique sans ressentir de secousse; et ces faits curieux , rapportés par le savant et in- fatigable Frédéric -* Alexandre Humboltz , s'accordent avec ceux qui ont été observés dans la Caroline méridionale par Henri- Collins Flagg. D'après ce dernier plij^sicien, «lui'' ' (i) C'est par une raison semblable que, lorsqu'une torpille ne donne^ plus de coni motion sensible, on obtient des signps de la veitu qui lui reste encore, en soumettant à son action une grenouille préparée comme pour les expériences galvaniques. (Voyez les Mémoires de Galvani ^ déjà cités.) DES GYMNOTES. 675 on ne peut pas douter que plusieurs nègres; plusieurs indiens , et d'autres personnes ne puissent arrêter le cours de la ver lu élec- trique ou engourdissante du g3mnote de Surinam , et interrompre une chaîne pré- parée pour son passage; et cette interiup- tion a été produite spécialement par une femme que l'auteur connoissoit depuis long- tems , et qui avoit la maladie à laquelle plusieurs médecins donnent le nom àefièçre hectique. C'est en étudiant les ouvrages de Galvani; de Humboltz , et des autres observateurs qui s'occupent de travaux analogues à ceux de ces deux physiciens , qu'on pourra par- venir à avoir une idée plus précise des ressemblances et des différences qui existent entre la vertu engourdissante du gymnote; ainsi que des autres poissons appelés élec- triques , et l'électricité proprement dite. Mais pourquoi faut-il qu'en terminant cet article j'apprenne que les sciences viennent de perdre l'un de ces savans justement célèbres, Gal- vani, pendant que Humboltz, commençant une longue suite de voyages lointains, utiles ^t dangereux, nous force de mêler l'expres- sion de la crainte que le sentiment inspire Aa 3 574 HISTOIRE à celle des grandes espérances que donnent ses lumières j et de la reconnoissance que Ton doit à son zèle toujours croissant (i)! - (i) Le gymnote électrique , ou l'anguille tremblante ^e la Guiane ne vit que dans l'eau douce , et c'est par erreur qno des naturalistes Font donné comme un poisson marin. On ne le trouve pas même dans les grandes rivières , et il ne se plaît que dans les criques ou ruisseaux , et dans les petits amas d'eaux stagnantes. Je rapporterai ici en détail quelques expériences faites par Williamson sur le gymnote électrique. Outre qu'elles jettent un grand jour sur la nature du fluide qui émane de ce poisson , le tableau que l'on en présente pourra engager les colons instruits et les voyageurs à les répéter et à en essayer de nouvelles, propres à fixer d'une manière certaine l'opinion et les idées sur une espèce qui, bien que connue, laisse encore des incertitudes à lever , des contradictions dans les observations à faire disparoître, et des rensei- gnemens curieux à acquérir. JPremière expérience. En touchant l'anguille avec le doigt , ^Villiamson ressentit dans les articulations des doigts une commotion aussi vive que s'il eût touché la bouteille de Leyde. • 2® expérience. Il la toucha très-fort, et il ressentit «ne douleur égale qui se communiqua jusqu'au coude. 5® expérience. Il la toucha avec un long fil d'archal, et il sentit le même effet dans les articulations du pouce et des doigts, avec lesquels il tenoit le fil d'archal. 4® expérience. Pendant qu'une autre personne q^u'il DES GYMNOTES. SyS touclioit frottoit légèrement le poisson , il mit une main dans l'eau, à une distance de trois pieds, et il éprouva au bout des doigts ce qu'il auroit éprouvé s'il l'avoit touché lui-même j mais pourtant avec moins de douleur, c>i5® expérience. 11 jeta près de l'anguille quelç[ues petits poissons qu'elle tua et avala sur le champ. 6^ expérience. Il lui jeta aussi un chat marin , silurus tatiis , qui avoit au moins un pouce et demi d'épais- seur ; elle le tua aussi , et voulut l'avaler ; mais ell© ne put en venir à bout , parce qu'il étoit trop gros. 7® expérience. Pour s'assurer si les poissons qu'on jetoit auprès de l'anguille étoient tués par l'influence de la matière électrique , il mit une main dans l'eau, à quelque distance de Tanguille , et on jeta un autre chat marin dans la même eau. L'anguille nagea vers le poisson*, mais elle retourna bientôt. Peu de tems ^près elle se retourna , lui lança pendant quelques secondes <3es regards pleins de feu, et lui fit éprouver une telle commotion , qu'il fut retourné sur le dos et resta sans mouvement. L'observateur ressentit au même instant, dans les doigts, une douleur semblable à celle de la quatrième expérience. 8* expérience. L'anguille donna une telle commotion à un troisième chat marin qu^on mit dans l'eau, qu'il se mit sur le côté ; mais il continua à donner quelques signes de vie. L'anguille parut le remarquer , elle retourna et acheva de le tuer. Il put sentir aisément que le second coup étoit plus fort que le premier. L'anguille n'essaya plus d'avaler ces poissons , quoi- qu'elle continuât à les tuer. Il remarqua constamment que, lorsqu'elle vouloit eu tuer un , elle avançoit Aa 4 S76 HISTOIRE droit vers lui, comme pour le manger j que lorsqu'elle en éloit près elle restoit tranquille pendant quelques jnomens avant que de donner le coup ; que quelque-» ibis aussi le coup parloit dès qu'elle en approchoit. Quand on portoit un de ces silures qui paroissoit mort clans un autre vase plein d'eau , il revenoit à la vie comme les poissons que l'on a étourdis par l'électricité. 9® expérience. Quand il touclioit l'anguille avec la main de manière à l'irriter, et qu'il avoit l'autre main dans l'eau , à une petite distance, il ressentoit dans les deux bras un coup aussi violent que celui quo produit la bouteille de Leyde. 10® expérience. 11 enfonça dans l'eau un bâton qu'il tenoit à la main , et toucha de l'autre l'anguille , et il ressentit le coup dans les deu^ bras , comme dand l'expérience précédente. Il® expérience. Pendant qu'il tenoit par la main un de ses compagnons de voyage qui touchoit l'anguille , il mit l'autre main dans l'eau, et tous deux éprou- Tèrent une commotion. 12® expérience. Il prit doucement le poisson dans la main , et pendant qu'une autre personne lui toucha fortement la tête, l'un et l'autre sentirent une forte commotion. i3^ expérience. Huit à dix personnes formèrent un rond en se prenant par la main. La première mit la main dans l'eau à une petite distance du poisson, et dès que la dernière toucha la tète, toutes ressentirent une foible commotion. 14^ expérience. La même expérience fut répétée , avec cette différence que la première personne toucha la tête et la dernière la queue , et toutes ressentirent une forte commotion. DES GYMNOTES. Z'ji i5® expérience. Il tint avec une autre personne le» bout d'une chaîne de cuivre. L^un d'eux mit la main libre dans l'eau, pendant que l'autre excitoit fortement l'anguille, et tous deux ressentirent la commotion. 16® expérience. Il s'enveloppa la maiy dans une étoffe de soie et toucha l'anguille -, mais il ne res- sentit aucune commotion, pendant que son compa- gnon , qui dans le même tems tenoit la main dans l'eau , à une petite distance de l'anguille , reçut la commotion. 17* expérience. On fit une quantité d'autres expé- riences avec deux personnes , dont l'une tenoit la main dans l'eau, à une petite distance de la queue, ou même la touchoit , et l'autre prenoit la tête. Avec les deux autres mains elles tenoient un charbon de bois , un fil de fer ou d'autre métal, un morceau de bois lourd ou léger, du verre, de la soie, etc. Le résultat fut que tous les corps qui conduisent l'élec- tricité ordinaire le firent aussi, et que ceux qui l'ar- rêtent l'arrêtèrent aussi. Mais la chaîne de métal ne donnoit la commotion que quand elle étoit tendue. 18* expérience. Une personne de la compagnie , qui ie plaça sur une bouteille de verre , reçut quelques coups provenus dé l'attouchement de l'anguille ; mais elle ne donna plus aucun signe d'électricité ; l'élec- tromètre ne marqua plus l'électricité , ni quand il étoit au dessus du dos de l'anguille , ni quand il étoit arrêté sur la personne qui recevoit le coup. 19° expérience. Une personne tint dans une maia Hue fiole préparée pour des expériences électriques, et posa l'autre sur la queue du poisson, pendant que 578 HISTOIRE son compagnon tenoit dans une main un conrt fil d'archal qui commnniquoit avec la fiole : de l'autre main, elle prit le poisson par la tête , et reçut une vive commotion dans la main et dans les bras ; mais l'autre ne sentit rien. 20* expérience. Il prit deiîx fils de métal de la grosseur d'une plume de corbeau et arrondis par les bouts : on les posa sur du bois, tellement vis-à-vis l'un de l'autre , qu'ils n'en étoient éloignés que d'un tiers de pouce. Il tient un bout du fil dans une main , et pendant que son compagnon prenoit dans sa main le bout de l'autre fil , l'un d'eux mit la main dans l'eau près de l'anguille, et l'autre toucha l*angui!le avec sa main libre. Ce dernier reçut un coup et le premier ne sentit rien. Il répéta la même expérience jusqu'à quinze ou vingt fois , et toujours avec le même effet. Mais, lorsque ces mêmes fils étoient à la distance de l'épaisseur de deux feuilles de papier à lettre, la commotion se communiquoit vivement à l'un et à l'autre. Dans ce dernier cas , les étincelles électricLues avoient sans doute passé d'un fil dans l'autre-, mais on ne put parvenir à rendre ces étincelles visibles. Vers la fin de ces expériences , il remarqua que l'anguille ne se laissoit pas irriter et paroissoit être malade j car il lui avoit souvent passé la main sur le dos et sur les côtés de la tête à la queue ; il avoit même sorti de l'eau une partie de son corps sans que le poisson opposât la moindre résistance. • L'on a dit , mais à tort , qne l'on ne trouvoit point d'autres espèces de poissons dans les eaux fiéquen- DES GYMNOTES. 379 tces par les gymnotes électriques ou anguilles trem- blantes. J'ai eu mille occasions de vérifier le contraire, et il n'est pas un habitant de notre colonie de la Guiane qui ne sache que les periperis (bois noyés), les criques et les petits lacs dans lesquels vit le gym- note électrique, ne contiennent par exemple un graud nombre de poissons connus à Cayenne sous le nom de coulans. Quoique munie d'une arme invisible et terrible, cette espèce ne paroît pas vorace \ il n'est pas même assuré qu'elle se nourrisse de proie. Son naturel est paisible; ses habitudes sont douces et tranquilles, ses raouvemens peu prompts et ses affections peu vives. Il ne seroit pas dillicile de prendre ces poissons , si Von n'avoit à craindre la commotion qu'ils communiquent. J'en ai vu tuer à coups de flèches par les naturels de la Guiane et assommer à coups de bâton par les nègres; tous ne les tirent de l'eau qu'avec précaution et toujours avec du bois, l'expérience leur ayant appris que cette substance n'est point un conducteur des secousses électriques. . Le corps du gymnote électrique est composé de deux substances très-distinctes : l'une musculeuse qui occupe la partie supérieure, l'autre très-molle dont la partie inférieure est composée. « La première , dit Bajon (Mémoire sur Cayenne, tom. II, p. Zio) , s'étend depuis le sommet de la tête jusques à l'extré- mité de la queue. Elle paroît résulter de l'assemblage de plusieurs muscles très-forts, dont les fibres s'entre- lacent d'une infinité de manières. Si on dissèque ce corps musculeux , on trouve dans sa substance beau- coup de petites arêtes très -fines qui n'ont pas plus 38o HISTOIRE àc deax bu trois lignes de longueur, et qui suivent clans leur arrangement la même disposition des fibres musculaires, c'est-à-dire, qu'elles s'entrecroisent de différentes façons. Cette substance musculaire est séparée supérieurement au milieu du dos par des arêtes courtes qui représentent les apophyses épi- neuses des vertèbres qui, dans la plupart des autres poissons, sont fort longues ; elle n'y est jointe qu'au moyen d'un tissu cellulaire assez lâche; ce qui fait qu'on peut facilement la désunir. Cette même subs- tance est distinguée de celle qui forme la partie infé- rieure du corps de l'anguille , par une ligne qui com- mence de chaque côté à l'extrémité du ventre, et se continue jusqu'à celle de la queue , et c'est encore au moyen d'un ti«su cellulaire fort lâche que ces deux substances sont jointes ensemble. Si l'on dissèque la première jusqu'à l'épine ou arête , on trouve qu'elle y est attachée par de petits tendons très-forts et très- nombreux. « La substance , qui occupe les parties latérales et inférieures de ce poisson , est bien différente de celle que nous venons de décrire ; elle n'est point ferme, mais au contraire très-mollasse. On ne peut y décou- vrir aucune espèce de fibre, et elle paroît n^êtr© qu'une substance mucilagineuse fort épaissie, qui, pressée entre les doigts., se divise et se casse de tous côtés. Cette substance est divisée en deux parties, une de chaque côté : elles sont séparées par deux lignes très-sensibles; la première est celle que nous avons dit l.i séparer de la substance supérieure : la. seconde est à la partie moyenne et inférieure sur laquelle se trouve la nageoire en forme de frange DES GYMNOTES. 58i âotit nous avons parlé. Chacune de ces parties s'élend depuis l'extrémité du ventre jusqu'à celle de la queue. J'ai observé que toutes les lignes de séparation se joignent dans le centre de l'anguille , et forment , au moyen d'une membrane très-fine , un canal considé- rable qui s'étend depuis la fin du ventre jusqu'à l'extrémité de la queue. A côté de ce conduit mem- braneux , j'en ai trouvé deux autres beaucoup plu* petits, mais qui sont des vaisseaux sanguins; je les ai suivis jusqu'à leur naissance , ou plutôt jusqu'à leur communication avec la chair ». La chair du gymnote électrique n'est pas bien bonne à manger*, elle a même quelque chose de répu- gnant , tajit à cause de la mauvaise odeur qu'elle exhale lorsqu'on ouvre le poisson, que par son peu de consistance sur les côtés et le ventre, consistance qui diminue encore par la cuisson, au point de ressem- bler à du mucilage. Les colons de la Guiane dédai*- gnent ce gymnote, et ilji'y a guère que les nègres qui en mangent. , ,, ,• , On lit néanmoins dans quelques ouvrages que le gymnote électrique a la chair délicate et savoureuse. C'est une erreur qui prouve que les auteurs qui en font l'éloge n'eu ont jamais ^oùté. SoNNINI. / 582 HISTOIRE GYMNOTE PUTAOL (i)(2), PAR LACÉPÊDE. SECONDE ESPÈCE. vj E gymnote ressemble beaucoup à Télec- trique ; indépendamment d'autres traits de w.i ■ ■' ■ -■■ '■ — ■' . . ■ - ... , (i) Gymnotus putaol. Gymnotus fasciatus. Lin. édit. de Gmelin. Gymnote putaol. Bonaterre , pi. de l'Encycl. méth. — Pullas , Spicil. zool. 7 , p. 35. — Seba , Mus. 3 , tab. 32 , fig. I et 2. '"' ' Carapo. 2. Marcg. Bras. p. 120. — Pisoh , Ind. p. 72. KurZ'Schwanz. Bloch , pi. cvn,fîg. 1. (2) Le gymnote putaol. En allemand , hurz-scliwanz.. En suédois , putaol. Gy^nnotus lineis transversalihus varius , maxillà inferiore longiore, caudâ curtâ subulatâ. Seba, Mus. 5, tab. 32 , fig. I et 2. Gym,notus nudus fasciatus , dorso apterygio , pinnâ ani longitudine caudœ attenuatœ , maxillâ inferiore longiore y caudâ curtâ subulatâ. . , gymnotus fasciatus^ Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144 > sp. 6. — Artedi , Gen. pisc. gen, 2i , additament p. i65, n*' i. â o N if I N I. DES GYMNOTES. 585 conformité, il a de même la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure. Sa tête est petite, sa queue courte, sa couleur jaunâtre, avec des raies transversales, sou- vent ondées , et brunes , ou rousses , ou blanches. 11 vit dans les eaux du Brésil (i). (i) On compte à chaque nageoire pectorale i3 ray. £t à celle de Tanus* .«•••.••• 19S 584 HISTOIRE LE GYMNOTE BLANC (0(2), PAR L A C É P É D E. TROISIEME ESPÈCE. v^E gymnote a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; il appartient donc au premier sous-genre, comme l'élec- trique et le putaol. Il en diffère par sa couleur, qui est ordinairement d'un blanc presque sans tache, par les proportions de quelques parties de son corps, particulièrement par le rapport de son diamètre à sa longueur , et par une espèce de lobe que l'on voit de chaque côté de la lèvre supérieure , auprès de la commissure des lèvres. Ce poisson se trouve à Surinam et dans les environs , comme l'électrique (3). (i) Gymnotus albus. , Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Seba, Mus. 5, pi. XXXII , fig. 5. — Pallas , Spicil. zool. 7 , p. Z6. (2) Gymnotus albus, dorso convexo , apterygio , maxillâ inferiore longiore , lahio superiort utrinque ante sinum lohulo noiaio. . . gymnotus albus. Lin. Sj'^st. nat. edit. Gmel. gen. i44> ^p. 7. — Artedi , Gen. pisc. gen. 21. additament. sp. 4« S o n n i N i. (5) Il y a à cliaqae nageoire pectorale i3 rayons. Et à celle de l'anus 180 LE DES GYMNOTES. 385 Il I i ■ ■ I ■«- LE CARAPO (i), LE FIERASFER {2): LE GYMNOTE CARAFE (3); LE GYMNOTE FIERASFER (4), E T LE GYMNOTE LONG-MUSEAU (5) (6), PAR LACÉPÉDE. 4® , 5® ET 6^ ESPÈCES. JNous croyons pouvoir réunir dans cet article la description de trois poissons qui ^ indépendamment des caractères communs à {i) Le carapo , carape à longue queue. En allemand, lang schwanz , fin aal , surinamschér aal , branilia" nischer aal. En suédois yfet-kulsa. Au Brésil , carapo» Qymnotua maxillâ superiore longiore , caudâr-elon- gatâ subulatâ. Gronov. Zooph. p. 168. Gymnotus fuscus maxillâ inferiore breviore dorso ad caudam sulcato. Seb. Mus. tom. III , tab. 32 , fig. i, Gymnotus nudus , unicoior , dorso apterygio , pinnà Poiss. Tome V. B b 586 HISTOIRE tous les g3^ninotes , et par lesquels ils se rap» proclient l'un de l'autre , sont encore liés ani longltudine caudœ aitenuatœ maxillâ superiore lon^ore gyrimotus carapo. Lin. Syst. liàt. edit» Gmel. geii. r44 / sp. i. — Arledi ^ Geii. pisc. gen» 2I0 additament. sp. 2. S o n n i n i. (2) Le fiercisfer y nom sous leq^uel cette espèce es* connue à Marseille. Gymnotus iiudus , dorso , ventre caudâque apterygiis, pinnâ anali antè apicem caudœ terminatâ radiis sexa- ginta gymnotus acus. Brunnich , Ichth. massil» p. i3 , n^ 24. — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144 ; sp. 9. — Arledi , Gén. pisc. gën. aï. additament. sp. 5« S o N N I N I. (3) Gymnotus carapo. Idem. Lin. édit. de Gmeî. Gymnote carape. Daubenton , Encycl. méthod. — * Bonaterre,pl. de TEnc. méth. — Gronov. Zooph. i68p IVîus. 1 , p. 29 , n^ 72. Gymnotus. Ârf éfli , gen. iaS , syn. 45. — Amaenit, âcad. 'Luiïd. Batàv. 1749? ?• 600, tab. 11, iig. 6. — Mus. Ad. Fr. 1 , p. 76. • Carapo hrasiliensib. Marcg. Bras. 1. 4 ? c. i4 , p. i/o» ' — Pison , Hist. nat. Ind. utr. p. 72. — Wiliughby j p. 1 15, tab. G. 7 , fig. 4. — Ray , Pisc. p. 4i , n^ 10. ^ang-scliwanz. Bloch , pi. cjlvii , fig. 2. — Seba^ Mus. 5 , pi. x'îxii , fig. I. (4) Gymn otns fierasfer. Gymnote fieras fer. Bonat. pi. de rBncycl. mc(li. Gymnotus acus. Lin. édit. de Gmelin. — Brunn# Pisc. massil. p. i3 , n*^ 24» DES GYMNOTES, §87 par un trait particulier, distinclif du second sous-genre des osseux dont nous nous oc^ cuponSj et qui consiste dans la prolongation de la mâchoire supérieure^ plus avancée que celle de dessous. Le carape, le premier de ces trois gym-* notes, dont on dit que la chair est toujours agréable au goût, habile dans les eaux douces de FAmérique méridionale , et particulière-^ ment dans celles du Brésil. La nageoire de î'anus ne s'étend pas tout à fait jusqu'à {'extrémité de la queue, qui se termine par un filament délié. Sa couleur générale esj; (5) Gymnotus longirostratus, Gyinnotus rostratus Lin. édit. de Gmel, Gymnote museau long. Daubenton, Eiicycl. mélh» Bonaterre , pi. de l'Encyc. métliod. — Seba , Mus. 5 , p. 99, tab. 52 , fig. 5. — Gronov, Zoopli. 167, Mus. 73» (6) Gymnotus varius rostro productiore. Seba, Mus. tom. III ; p. 99 j tab. 52 , fig. 5. Gymnotus rnaxillis elongatis tuhulosis siihconnatis , corpore maculoso , caudâ $uhacutâ. Gionov. Zooph, p. 167 , Mus. p. 73. Gymnotus roUro fiuhulato , pinnâ ani caudA bre- i'iore. * , * . * gymnotus rostratus. Lin. Syst. nat. edit, Gmel. ^ea, 144, sp. 4* -^ Ait. gen. 21 .> sp. 6. addilam, 3p>t N I M I. Bb 2. 588 HISTOIRE brune ; son dos est noirâtre , tacheté dé brun (j) (2). Le fierasfer a été décrit pour la première fois par Brunnich, dans son Jhlistoire des poissons des environs de Marseille. Il est blanchâtre, avec des taches rougeâtres et brunes, qui font paroître son dos comme nuageux ; le bleuâtre règne sur la parlie inférieure. La nageoire de l'anus ne s'étend pas jusqu'au bout de la queue. On voit sur le dos une saillie qui n'est pas une nageoire, mais que l'on peut considérer, en quelque sorte, comme un rudiment de cet organe, comme une indication de l'exislence de cette partie dans un si grand nombre de poissons, et qui rapproche le genre des gymnotes de presque toutes les autres familles de ces ani- . (1) On compte à la membrane des branchies 5 ray. A cliacunc des nageoires pectorales. . . 10 A celle de l'anus 25o (2) CeUe espèce est longue de deux et quelquefois de trois pieds. Sa boucbe est armée de dents ) mais comme l'ouverture en est fort petite, l'on peut juger que le poisson ne se nourrit que de proies fort menues. La cavité du ventre est fort courte , le péritoine blanc , le foie mince et entier , l'estomac court , épais et pourvu de deux appendices. S O N N i N i . V DES GYMNOTES. 589 maux. Au reste , il est à remarquer que le seul gymnote qui ue vit pas dans les eaux de TAniérique ij^éridionale , et qu'on trouve dans celles de la mer Méditerranée , est aussi le seul qui présente sur sa partie su- périeure une sorte de commencement de cette nageoire dorsale qui appartient à tant d'osseux et de cartilagineux (1). Des mâchoires très-avancées, et confor- mées, ainsi que rapprochées l'une de l'autre , de manière à ressembler à un tube, suffîroient seules pour distinguer le long -museau de tous les autres gymnotes. On voit aisément l'origine de son nom. La nageoire de l'anus est beaucoup plus courte que la queue, qui d'ail leuis finit par une sorte de filet très- délié, comme celle du carape. La couleur est blanchâtre, et diversifiée par des taches irrégulières et biunes. On trouve le long- museau dans l'Améjique méridionale, ainsi que nous venons de l'indiquer (2), (i) A la membrane des branchies . , 5 rayons. A chacune des nageoires pectorales . i6 A celle de l'anus 60 (2) A chaque nageoire pectorale. . . 19 rayons. A celle de l'anus . . , . . . . ♦ , 296 Bb 3 0go HISTOIRE^ — ■^— .' liitv VINGT-CINQUIÈME GENRE* PAR LACÉPÈDE. LES TRICHIURES, Jloint de nageoire caudale; le corps et la queue très-alougés , très-comprimés , et en forme de lame ; les opercules des branchies placés très-près des j^eux. * P R E M I È Pl E ESPÈCE. Le trichiure lepture,* tnchiurus îepturus, — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. DEUXIÈME espèce. Le trichiure électrique ; frichiurus electricus. — Les deux mâchoires ég^lîeniçnl avancées. -7)e J\'Vi' Jel l.LE PAUXK-EN CUL. ^.l'Anguuj.e . . *^^- 4^? %• 4» Tricliiurus mandihulâ inferiore longiore tri^ chiurus lepturus. L/in.Syst. nat, edit. Gmel. g^n- i45> sp. 1. — - Artcdi , Gcn. pisc. nov. gen. p. 607, n^. i. S O N N I N r, Bb 4 Sga HISTOIRE cependant tiès-aisén:^ent de ces osseux qui n'ont pas de véritable nageoire caudale. En effet, leur corps , très-alongé et très-com- primé, ressemble à une lame d'épée , ou, si on le veut , à un ruban ; et voilà pour- quoi le lepture, qui réunit à cette confor- mation la couleur et l'éclat de l'argent, a été nommé ceinture d'argent , ou ceinture argentée. D'ailleurs les opercules des bran- chies sont placés beaucoup plus près des yeux sur les trichiures que sur les autres poissons avec lesquels on pourroit les con- fondre. A ces traits généraux réunissons les traits (2) Trichiurus lepturus. Par plusieurs voyageurs et naturalistes , paille- en-cul. Trichiurus lepturus. Lin. ^dit. (le Gmel. Trichiure ceinture d' argent. Daubenton , EncyCt métbod. — Bonaterre, pi. de l'Encycl. méthod. Lepturus. Artecli , sp. m. Gymnogaster. Gronov. Mus. i , n** 47* — Browne , îamaïc- 444 > ^'^^' 4^ » fi^* 4* Enchelyopus. Seba , Mus. 3 , tab. 55 , fig. 1. — Klein^ Hiss. 4 . p. 52, n^ 3. Muru BrasiL Willugliby^ Icbth. tab. G. 7, fig. 7. JHucu. Marcg. BrasiU 161. Xfbirre. De L;iët , Annot. ad Marcg. Lepturus. Mus. Ad. Fr. i , p. 76 , tab. 26, fig. 2' Spitz-schtmnz, Blocli ; pi. clvui» DES TRICHIURES. .îgî particuliers du lepture, et voyons, si je puis employer cef te expression , cette bande ar- gentine et vivante se dérouler, pour ainsi dire, s'agiter, se plier, s'étendre, se rac- courcir, s'avancer en difFérens sens, décrire avec rapidité mille courbes enlacées les unes dans les autres, monter, descendre , s'élancer et s'échapper enfin avec la vitesse d'une flèche, ou plutôt, en quelque sorte, avec celle de l'éclair. La tête du lepture est étroite , alongée , et comprimée comme son corps et sa queue. L'ouverture de sa bouche est grande. Ses dents sont mobiles, au moins en très-grand nombre ; et ce caractère que nous avons vu dans les squales, et par conséquent dans les plus féroces des cartilagineux , observons d'avance que nous le remarquerons dans la plupart des osseux qui se font distinguer par leur voracité. Indépendamment de cette mobilité qui donne à l'animal la faculté de présenter ses crochets sous l'angle le plus convenable , et de retenir sa proie avec plus de facilité , plusiem s des dénis des mâchoires du lepture , et particulièrement celles qui avoisinent le bout du museau, sont longues et recourbées vers leur pointe; les autres sont courtes et aiguës. On n'en voit pas sur 594' HISTOIRE la langue, ni sur le palais; mais on en aper-^ çoit de très-petites sur deux os placés vers le gosier. Les yeux sont grands, très - rapprochés du sommet de la tète, et remarquables par un iris doré et bordé de blanc autour de la prunelle. L'opercule, composé d'une seule lame, et membraneux dans une partie de son contour, ferme une large ouverture branchiale (i). Une ligne latérale couleur d'or s'étend s^ns sinuosités depuis cet opercule jusqu'à l'ex- trémité de la queue. L'anus est assez près de la tète. Les nageoires pectorales sont très-petites et ne renferment que onze rayons ; mais la nageoire doisale en conii)rend ordinaii^e- ment cent dix -sept, et lègne depuis la nuque jusqu'à une très -petite distance du bout de la queue. On ne voit pas de véritable nageoire de l'anus : à la place qu'occuperoit cette na- geoire, on trouve seulement de cent à cent vingt, et le plus souvent cent dix aiguillons très-coiuis, assez éloignés les uns des autres. (i) Ou corapte sent rayons à la membrane des 4>ranc][ii£s. I Î)ES TRICHIURËS. SgS 3ont la première moitié, ou à peu près, est recourbée vers la queue, et dont la se- conde moitié est fléchie vers la tête. La queue du lepture, j^resque toujours très - déliée et teiminée par une sorte de prolongation assez semblable à un fil ou à un cheveu, a fait donner à ce poisson le nom de lepture, qui signifie petite queue ^ ainsi que celui de trichiure, qui veut dire queue en cheveu, et que Ton a étendu, comme nom générique , à toute la petite famille dont nous nous occupons. Cepen- dant, comme cettr queue très - longue est en même tems assez comprimée pour avoir été comparée à une lame, comme le corps et la tête présentent une conformation sem- blable, et que tous les muscles de l'animal paroissent doués d'une énergie très-souîenue, on supposera sans peine dans le lepfure une mobilité rare, une natation très-rapide, une grande souplesse dans les mouvemens, pour peu que Ton rappelle ce que nous avons déjà exposé plus d'une fois sur la cause de la natation célèbre des poissons (i). Et en (i) La colleclion du Musevi m. renferme nne variété îlu lepture qu'il est aisé de distinguer par la forme du bout de la queue. Cette partie , au iieu de se terminev 596 HISTOIRE eiïet, les voyageurs s'accordent à attribuer au Jepfure une agilité singulière et une vé- locité extraordinaire. S'agitant presque sans cesse par de nombreuses sinuosités , ondu- lant en difFérens sens, serpentant aussi fa- cilement que tout autre habitant des eaux, il s'élève, s'abaisse, arrive et disparoit avec une promptitude dont à peine on peut se former une idée. Frappant violemment l'eau par ses deux grandes surfaces latérales, il peut se donner assez de force pour s'élancer au dessus de la surface des fleuves et des lacs; et comme il est couvert par- tout de très- petites écailles blanches et éclatantes, et , si je puis parler ainsi , d'une sorte de par une prolongation filamenteuse , paroît comme tronquée assez loin de sa véritable extrémité ; elle présente à Tendroit où elle finit une ligne droite et verticale. Et quoique nous ayons vu deux individus avec cette conformation particulière , nous ne savons pas si, au lieu d'une variété plus ou moins constante , nous n'avons pas eu uniquement sous les yeux deux produits d'accidens semblables ou analogues , deux résultats d'utfe sorte d'amputation extraordinaire , dont on trouve plusieurs exemples parmi les animaux à sanjî froid , qu'ils peuvent subir sans en périr , et qui , pour les deux individus dont nous parlons , auroit emporté la portion la plus déliée de leur queue. DES TRICHIURES. 597 poussière d'argent qui relève For de ses iris et de ses lignes latérales, il brille et dans le sein des ondes, et au milieu de l'air, particulièrement lorsque, cédant à sa vora- cité qui est très -grande, animé par une affection puissante, ajoutant par l'effet de ses mouvemens à la vivacité de ses couleurs, et déployant sa riche parure sous un ciel enflammé, il jaillit de dessus les eaux, et, poursuivant sa proie avec plus d'ardeur que de précautions, saute jusques dans les bar- ques et au milieu des pêcheurs. Cette bande d'argent si décorée, si élastique, si vive, si agile, a quelquefois plus d'un mètre (trois pieds environ ) de longueur. Le lepture vit au milieu de l'eau douce. On le trouve, comme plusieufs gymuoics, dans l'Amérique méridionale. 11 n'est pas étranger néanmoins aux contrées orientales de l'ancien continent : il se trouve dans la Chine; et nous avons vu une image très- fidelle de ce poisson dans un recueil de pein- tures chinoises données par la république batave à la répubhque française , déposées mainienant dans le muséum national d'his- toire naturelle , et dont nous avons déjà parlé dans cet ouvrage. Au reste, la beauté et la vivacité du lep- 5^8 HISTOIRE fuie sont si propres à plaire aux 3 eux, à parer une retraite, à charmer des loisirs, qu'il n'est pas surprenant que les chinois Taient re- marqué, observé, dessiné; et vraisembla-^ blenient ce peuple , qui a su tirer un si grand parti de poissons pour ses plaisirs , pour son commerce , pour sa nourriture , ne se sera pas contenté de multiplier les portraits de cette espèce; il aura voulu aussi en répandre les individus dans ses nombreuses eaux, dans ses larges rivières, dans ses lacs enchanteurs^ DES TRICHIURES. % LE TRICHIURE ÉLECTRIQUE (i) (s^), PAR. L A C É P È D E. SECONDE ESPECE. kJ N a reconuîi dans ce trichiure une fa- culté analogue à celle de la torpille et du gymnote torporiiîque. Mais comme, en dé- couvrant ses effets 5 on n'a observé aucun phénomène particulier propre à jeter un nouveau jour sur cette puissance que nous avons long-tems considérée en .traitant du gymnote engourdissant et de la torpille, nous croyons devoir nous contenter de dire que le trichiure électrique est séparé du (i) Trichiurus electricus. Par quelques naturalistes et vo3^1geurs , paiîle-en-cul, Trichiurus electricus. Lin. édit. de Gmel. Anguilla Indica. Willnghby, Append. tab. 3, fig. 3. — Ray, Pisc. p. 171. — Nieuh. It. Ind. 2, p. 270. (2) Trichiurus mandibulis œqualihus . . . trichiurus indicus. Lin. Syst. nat. edil. Gmel. gen. i45 , sp. 2.— • Arledi . Gen. pisc. nov. gen. .^psciss adhuc dubiœ,u° 3. S O N N I fî I. 40O HISTOIRE lepture, non seulement par la conformation de ses mâchoires , qui sont toutes les deux également avancées , mais encore par la forme de ses dents, toutes extrêmement petites. D'ailleurs le bout de la queue n'est pas aussi aigu que dans le lepture. De plus, au lieu de présenter Tor et l'argent qui dé- corent ce dernier poisson , il n'offre que des couleurs ternes; il est brun et tacheté. S'il a été doué de la puissance, il est donc bien éloigné d'avoir reçu l'éclat de la beauté. C'est dans les mers de l'Inde qu'il exerce le pouvoir qui lui a été départi. VINGT- DES NOTOPTERES. 401 VINGT-SIXIÈME GENRE. PAR LACÈPÊDE. LES NOTOPTERES. JJes nageoires pectorales, de l'anus et du dos; point de nageoire caudale; le corps très-court. PREMIÈRE ESPÈCE. Le notoptère kapirat ; notopterus ka- piraL-^Lta. nageoire du dos très-courte. seconde espèce. Le notoptère ècaillexjx; notopterus sçuamosus, — La nageoire du dos très- longue; le corps couvert de petites écailles aiTondies. Poiss. Tome V. Ce 402 HISTOIRE LE NOTOPTÈRE KAPIRAT (i) (2), PAR LACÉPÈDE. PREMIÈRE ESPECE. JLiES deux poissons dont nous allons don- ner la description ont été jusqu'à présent confondus avec les gymnotes : mais la pré- cision que nous croyons devoir introduire dans la distribution des objets de notre étude, et les principes sur lesquels la clas- sification des animaux nous a paru devoir être fondée, ne nous ont pas permis de (1) Notopterus kapirat. Dans l'Inde , ïkanpengay» Qymnotus notopterus. Lin. édit. de Gmel. Gymnotus kapirat. Bonat. pi. de l'Encyc. méth. Péngay j seu kapirat. Renard ; Poiss. i , p. 16 , n" 90. Tinca marina , seu hippuris. Bont. Ind. c. 26, p. 78. (2) Tinca marina , seu hippuris mira species. Bont. Ind. cap. 25 , p. 78. Gymnotus argenteo-inauratus , dorso pinnaio pin- nisque cineresceJitibus . , . . gymnotus notopterus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144 , sp. 8. — Artedi, Gen. pitc. gen. 21. additament. specitis adJiuc dubicB, n^ 8. S o î^ >' I N I. DES NOTOPTERES. 4o5 laisser réuais des poissons dont les uns n'ont leçii le nom de gymnotes que parce que leur dos est entièrement dénué de nageoire, et d'autres osseux qui au contraire ont une nageoire dorsale plus ou moins étendue; Nous avons donné à l'ensemble de ces der- niers le nom générique de notoptère, dont plusieurs naturalistes se sont servis jusqu'à présent pour désigner le kapirat , la pre- mière espèce de ce groupe, et qui, venant de deux mots grecs , dont l'un signifie dos , et l'autre aile ou nageoire ^ indique la pré- sence d'une nageoire dorsale. Les noms de ces deux genres très-voisins annoncent donc la véritable différence qui les sépare ; on pourroit même, à la rigueur, dire la seule différence générique bien sensible et bien constante qui les écarte l'un de l'autre. Le J^apirat sur-tout seroit aisément assimilé eu tout, ou presque en tout, à un gj^mnote, si on le privoit de la nageoire qu'il a sur le dos. Ce poisson qui fait le sujet de cet article se trouve dans ja mer voisine d'Amboine. Il ne parvient ordinairement qu'à la lon- gueur de deux ou trois décimètres (huit ou dix pouces envirtAi). bon museau est Ce a 404 PI I S T O I R E court et arrondi ; on aperçoit une petite ouverture, ou un pore très - sensible , au dessus de ses yeux qui sont grands. La mâchoire supérieure est garnie de dents égales et très- peu serrées; la mâchoire infé- rieure en présente sur son bord extérieur de plus grandes et de plus éloignées encore les unes des autres; et de plus, on voit sur le bord intérieur de cette même mâchoire d'en bas, ainsi que sur celui du palais, une série de dénis très -petites. L'opercule des branchies est garni d'écaillés et membra- neux dans son contoui\ La gorge et l'anus sont très -rapprochés. L'étendue de la na- geoire de l'anus (i) et la forme très-alongée de la queue sont assez remarquables pour avoir fait donner au kapirat, par Bontius, le nom ^hippuris, qui veut dire queue de cheval. Et enfin ce notoptère brille des cou- leurs de For et de Faigent qui sont répan- dues sur les très -petites écailles dont sa peau est revêtue. (i) A la membrane des branchies . . 6 rayons. A la nageoire du dos 7 , A chacune des nageoires pectorales. i5 A la nageoire de l'aiius 116 DES NOTOPTERES. 4o5 LE NOTOPTERE É C AI L L E U X (i) (2), PAR LACÉPÈDE. SECONDE ESPECE. MME nous n'avons pas vu ce poisson, Co nous ne pouvons que présumer qu'il ne présente pas de véritable nageoire caudale. Si le bout de sa queue étoit cependant garni d'une nageoire distincte et véritablement propre à cette extrémité, il faudroit le sé- parer des notoptères , et le comprendre dans un genre particulier. Mais si au con- traire, et comme nous le pensons, il n'a point de nageoire que Fon doive appeler caudale , il offre tous les caractères que (i) Notopterus squamosus. Gymiiotus ^ésiaticus. Lin. édit. de Gmelin, (2) Gymnoias squamosus , dorso pinnato gymnotus asiaticus. Lin. Syst. natnr. edit. Gmel. geii. 144 , sp. 6. — Artecli , Gen. pisc. gen. 21 , sp. 9. addilameiit. Son ni ni. Ce 3 6o6 HISTOIRE nous avons assignés au genre des nofop- tères, et il doit être inscrit à la suite du kapirat. Il diffère néanmoins de ce dernier animal, non seulement parce que sa na- geoire dorsale, au lieu d'être courte et de ne renfermer que sept rayons, en comprend un très- grand nombre et s'étend presque depuis la nuque jusqu'à la queue, mais encore parce qu'il est revêtu, même sur la tête , d'écailles assez grandes et presque ' toujours arrondies, qui nous ont suggéré son nom spécifique. On voit au devant de chacune de ses na- rines un petit barbillon qui paroit comme tronqué. Il y a sur la tête plusieurs pores très-visibles, et cinq très-petits enfoncemens. Les dents sont acérées; et l'entre-deux des branches de la mâchoire supérieure en est garni. La ligne latérale est droite, excepté au dessus de Fanus, où elle se fléchit vers le bas. La couleur de l'écailleux est obscure, avec des bandes transversales brunes. Il devient ordinairement un peu plus grand que le kapirat , et il habite , comme ce der- nier poisson, dans les mers de l'Asie (i). (î) A la membrane des branchies . • 5 rayons. DES NOTOPTERES. 407 Tous les vrais gymnotes connus jusqu'à présent vivent donc dans les eaux de TAmé- rique méridionale ou de FAfrique occiden- tale, excepté le fierasfer, que Ton a péché dans la Méditerranée, pendant qu'on ne trouve que dans les mers de l'Asie les no- toptéres déjà découverts. Fin du cinquième J^olunte, Ce 4 TABLE Des matières contenues dans ce cinquième Volume. ^^UATRiÈME division. Treizième ordre. Dixième genre , par Lacépède, Page 5 Les poissons coures. lo Le coffre lisse y première espèce , pi. XII. 2 1 — — maillé. U ostracion maillé , seconde espèce , par ' Lacépède, 26 Le guamaiacu ^ troisième espèce. 28 Le coffre pointillé. JJostracion pointillé , quatrième espèce , par Lacépède. 5o tubercule. L'ostracion quatre - tubercules , cin- quième espèce , par le même, 32 helonien , sixième espèce, 54 — — à bec. L'ostracion museau - alongé , septième espèce , par Lacépède,- 56 à bec très-pointu , Jiuitième espèce. 58 à deux tubercules. L'ostracion de ux -tubercule s ^ neuvième espèce , par Lacépède. 59 -^- — tigré. L'ostracion moucheté ^ dixième espèce ^ par le même. ^2 bossu. L'ostracion bossu , onzième espèce ^ par le même. 4^ ■ à trois aiguillons , le coffre à perles , le coffre deux-piquans. L'ostracion trois-aiguillons , l'ostra- cion trigone , et l'ostracion -deux -aiguillons ^ 12% i5® et iL^ espèces j par le même, 49 TABLE. 409 X(9 coffre à quatre piquans , le coffre lister, L'ostra^ cion quatre-aigiùllons , etVoatracion lister, quin- zième et fteizième espèces ,par Lacépède. 5^ taareau de mer, le coffre chameau. L'ostracion qiiadr angulaire , pi. XIll , et l'ostracion droma- daire , dix-septième et dix-huitième espèces ^ par le même. 5j Onzième genre. Les tétrodons , par le même. 64 L,e tétrodon perroquet , première espèce , pi. XIV, par le même. • 69 — — étoile , seconde espèce , par le même, 78 pointillé , troisième espèce , par le même. 81 — — sans -tache , quatrième espèce , par' le même , 85 — hérissé , cinquième espèce ,pl. XlV,/>ar le m^êmc, 84 ■ moucheté , sixième espèce , par le même. 90 tigré. Le tétrodon honchenien , septième espèce, par le même. gS -— — lacocéphale , huitième espèce ,pctr le même. 96 — rayé, neuvième espèce j pi. XV, par le même, 100 — — croissant , dixième espèce, pL XV, par le même» io5 Le guor , onzième espèce ,pl. XVI. . 107 Le penton de mer. Le tétrodon spenglerien , douzième espèce , par Lacépède, 1 j o Le tétrodon à bec. Le tétrodon alongé , et le tétrodon museau-alongé , treizième et quatorzième espèces , par le même. 112 ■ plumier , quinzième espèce , par le même. 116 ■ méléagris , seizième espèce , par le même, 118 410 TABLE. Le tétrodon électrique , dix - septième espèce , par hacépède, i2o grosse-tête , dix-huitième espèce , par le même. 124 ZéŒ lune y pi. XVI. Le tétrodon lune y dix-neuuiènie espèce , par le même. laS Douzième genre. Les ovoïdes ,par le même» i^o L'ovoïde fascé , par le même. i4jt Premier genre ( bis). Les gastrobranches , par le même, L^ aveugle , pL XVII. Gastrohranche aveugle , pre- mière espèce , par le même. i45 Explication de la planche XVII» ' iSS Le gastrohranche dombey. 1 5Q Tableau des cinquante-sept premiers genres des pois- sons osseux , par Lacépède. Seconde sous - classe. Treizième genre. Les diodons. 174 L'atifigue , pi. XVIII. Le diodon atingua , première espèce , par Lacépède. 176 Le diodon plumier , seconde espèce , par le même. 186 Le guara, pi. XVIII. Le diodon holocanthe , troi-* sième espèce, par le même, 188 Le diodon tacheté j quatrième espèce j par le même. 192 L'orbe hérisson. Le diodon orbe y cinquième espèce, par le même. 19^ Ls diodon mole , sixième espèce , pi. XIX , par le même. 201 Quatorzième genre. Les sphéroïdes ,par le même. 2o3 Le sphéroïde tubercule , par le même. 2o4 Quinzième genre. Les syngnathes ; par le même, 206 -TABLÉ. 41 1 La trompette j pi. XIX. Le syngnathe trempette y première espèce , par Lacépède, 20^ L'aiguille de mer , pi. XIX. Le syngnathe aiguille , le syngnathe tuyau , et le syngnathe pipe , 2*, 5^ et 4* espèces j par le même. 225 L'hippocampe , pi. XX. L'hippocampe épine double. Le syngnathe hippocampe , et le syngnathe deux^ piqcians y cinquième et sixième espèces , par le même. 25l Le syngnathe barbe , la uipère de mer ^ ou le syngnathe ophidionj septième et huitième espèces , ^;ar le même. 240 Quinzième ordre, par le même. 24^ Seizième genre. Les cycloptères. ibid Le lompe^ pi. XX. Le cycloptère ^ première espèce, par Lacépède, 247 Le cycloptère épineux , seconde espèce , par le même. 256 ~— — menu , troisième espèce , par le même. 258 — — double - épine , quatrième espèce , par le même. 260 — — gélatineux , le cycloptère denté , et le cycloptère ventru , 5^, 6^ et 7® espèces , par le même. 262 — — bimaculé , huitième espèce , par le même ol^^ — — spatule , neuvième espèce , par le même, 269 souris , dixième espèce , par le même. 27O barbu , le cycloptère liparis , et le cycloptère rayé, ,' 1 1® et 12*' espèces , par le même. 2j2 Dix-septième genre. Les lépadogastères , par le même, 276 Le lépadogastère gouan , par le même, H'j'j Seizième ordre j par le m.ême. 280 412 TABLE. jDix-huitième genre. Les macrorhinques. 280 LfB macrorhi?ique argenté, par Lacëpède, 281 Dix-neiwième genre. Les pégases , par le même. 285 I^ pégase dragon , ^;^. XX, première espèce , par le nie me, 284 volant^ seconde espèce , par le même. 290 spatule , troisième espèce , par le même, 295 Vingtième genre. Les centrisques , par le même. 296 Le centrisque cuirassé , pi. 'K.'S.l , première espèce , par le même, ' 297 sumpit , seconde espèce , par le même, 3o4 — -■ — bécasse , troisième espèce , par le même. • 607 # Poissons osseux , par le même, 5il Seconde sous-classe, Poissons osseux , par le même, 5i8 Vingt-unième genre. Les cécilies. ibitl La cécilie brandérienne , par le même. 52o X^ collibr anche. 02/^ Vingt deuxième genre. Les monoptères ,par Lacépède, 32,5 Le monoptère javanais , par le même. 326 Vingt-troisième genre. Les leptocéphales , par le même. L'hameçon de mer^pl.'SJ^'l. Le leptocéphale morrisien, par le même, 55 1 Vingt-quatrième genre. Les gymnotes , par le même, 354 Lé gymnote électrique , pi. XXÏ , première espèce , PT P» /^ par le même, ^-*'^ putaol , seconde espèce, par le m.êine. 582 blanc , troisième espèce , /3rtr /e tnême. 584 Z,e carapo, lefierasfer. Le gymnote carape , /e gymnote TABLE. 4i3 Jierasfer f et le gymnote long-mùseau , gitatrièrne ^ cinquième et sixième espèces , pai' Lacépède. 585 f^ingt- cinquième genre. Les trichiures , par le même. ^ 590 L>e paille-en- cul y pi. XXI T. Le trichiure lepture , première espèce , par le même. 5pc Le trichiure électrique , seconde espèce , par le memce. yingt-sixième genre. Les tiotoptères , par le même. Le notoptkre kapirat , première espèce , par le même., 402 Le notoptère écailleux , seconde espèce , par le même, 4o5 Fin de îa Table. \ > '^!^!$Ê ^^ -m .- * '^^^av -- .-.s^: 7 '■f^?' -.•'■• ^ 'M ^ / ^^ \ r\ -^ )'' ^^' ^iijr *v-t: - ■W»-;/ *. U'J?'*^. ; T --.*.5^