NATURELLE ET MORALE DES Indes, tant Orientales, qu'Occidentales. Ouïleft traitté des chofes remarquables du Ciel, des \ EUmcns métaux, plantes, & animaux qui font propres de ce pays, enfembledes mœurs , cere- monies>kix,gouuernemens & guerres de s me/mes Indiens. CompofeecnCaftilIanparlosEPH A Costa Ôc tradui&e en François par Robert Regnavld, Cauxois, DEDIEE AVROY. BM^NIX^B EDITION, M Z r E KM , 0* corrigée de nonnem. A PARIS, TlFFAINJB, ri Gril , pres fainéï: Bcnoifo Chez Adrja-n Tiffaine, ru* Saînd Iacquci , t« ■At^ûS. XVII. ?£ AV ROY 'TRES-CHRESTJtfîk Hinry IV. de ce nom.' Cet admirable <£ inuhcibU% guerrier Alexandre, iadà r\ des *?- , Macédoniens, qui par favak & heureufe fortune rangea fiubs fin poule* toutes les Prouinces de Grèce, auparauantjef. mm en plufieurs Cantons & Républiques, fttspaffknt lamerdefautreeojlé, /ubtugua le tres-grando- très- opulent Royaume dePerfa & de l'Uominuantplusoutre^ftretentirfes 'mestufquti -bien auam dedans l'Inde Orien- tale, borne de [es dejjeins, & pour lors la plus: gommée, & plu* heureufe région delà tïrre. Hntre mille grandes & belles affections mi lo- gent en fin ame genereufe & prière, Wttcejle-cy, qùildeftrott & de vaincre, À vrmontertous les autres , non pomt feulement pâleur & réputation i armes, maisaufim unir &cognoiffancedeschofes, &f»rioui ËPISTRE des terres & régions efir ange s. De telle façon quilfaifoit entièrement rechercher, & à quel- que prix que cefufi, tout les Hures rares & ex- quis que ton fournit recouurir de fon temps. Et luy encore fort ieune , comme les Ambajfa- dturs de Perfefufent venus vn iour deuers fon père , il les cnquiflfi particulièrement de la na- ture, grandeur, & fituation du Royaume de ferfe , des villes ,fleuues , & montagnes d'ice- luy , mefme des mœurs du peuple , & de la gen- darmerie, qu'il apprit par leur bouche tout ce qu'ils auoient en leur Royaume de plus grand & de plut fwgulier Jont il fçeutbien faire fon profit par après, & ne ceffaiamais depuis , tuf- que s a ce qu'il euft conquis ce grand & florifi fant Empire r\ de forte qu on pourroit direauec raifon, que le s propos é ' aduertifemens de ces Ambaffadeurs furent comme la première efiin- celle, ou caufe des grandes victoires & heureux fuccelqui luy arriuerent depuis. Vequoy me reffouuenant ,SiKBy&dela comparaifon que plufieur s font amour dhuy de favaleur, clé- mence, & bonne fortune, àlavoftre, voire de plufieurs autres dons & vertus héroïques dont ileftoitdoue, qui vous font pareillement com- munes. Outrece, que tous deux puifans & re- doutez, Princes, efiesyffus, quoy qu'en diuers fmkf) dvn mefme ejlçc de noblefe , & ta* €e d'Hercules , luy par Cananus ] & vous* Sire, par Charlemagne, qui , [muant Us anciens tefmoignages , en efloit au fi défen- du , & de la race duquel votts efles extrait far le Royfainff Loys \>& Us autres Roy 's de France vos predeceffeurs , yfftu de la race du mefme Charlemagne par fexe fœminin. le me fuis enhardy de traduire en langue Iran* çoife l'hifloire naturelle & morale des In-» des Orientales y nouuellement cowpofee enCa- ftillanparlofeph Acofta> homme certainement doc7e , & fort curieux > pour la pre [enter aux pieds de vofire Maiefié7fous ejpoirque ce luyfe- roit chofe agréable , pour la dekciable variété & nouueauté des chofes qui y font contenues-^ comme te croy qu'Alexandre mefme ï droit fort volontiers filviuoit en ceprefent fiecle^ luy qui tant de fols defon temps defira qu'il fuj} encore vn autre monde , afin â'auoir vmplm. large champ d exercer fes proue ffes \ Ht ce qui plus m'a. incite de ïentreprendre> a e fié que les EJpagnols ialoux & enuieux de ce bien , ay ans fait brufer par EdicT; public (comme l'on m' a aduerty de- puis quelque temps ) tous les exemplaires de ce- fie hifioire, afin d'en prïuerlesautres nations \ & leur celer la cognoijfance des Indes\ i'aypen* fé que ie ferais faute Jï ie laijfoi s perdre a la France (ftcurieufe des chofes rares & belles} S iij vnfi riche ioy au, & v ne fi gentille hiftoire, qui l'Autheur a compofee , la plus grande part a veuedœil, & fur les me/mes lieux , dvn tel ordre & brieuetê, quauec bonne rai [on il peut tfire appelle ï Hérodote, & le Pline de ce monde nouuellement defcouuert. Bref ie peux dire de ce Caftillan , Sire, que c'efî vn prifonnier i entre vos ennemis /lequel ïay furpris en fa, terre, luy ayant appris tellement quellement no- Jire langue Françoife , pour vous le prefenter^ afin qu'ilvotu conduife, & faffe voir les ftngu- lariîez* plus exquifes de ce nouueau monde, fans crainte & danger de naufrage. £)ue ft comme Alexandre fouuerain d'vne grande ré- gion de l'Europe en la partie d'Orient, a voulu tourner fesdefeins fur l Inde Orientale-, ainfi vous, SiKZ,yffudefamefwerace, &com- meluy, Prince , & poffeffeur triomphant dvn grand & floriffant Royaume de l Europe enh partie d Occident, veuillez, aufii voir, ejr regar- der de plus près ce s Inde s Occidentales^ encore s plus riches & renommées àprefent, que ne fu- rent oncques les Orientales : cefiuymejmevoui yferuira de guide, & de tresfidelle efpion^ pour vous aduertir des ports, villes , & monta- gnes d'iceluy, & de i ordre & nature du peuple, dontilvous diradauantage, que ne firent encq les Ambaffadeurs de Per/e au Roy Alexandre* Jlplaiu donc à voftre Maieftê + S i r e > rece- voir de bonne part ce thre for eflranger quevjm offre tvnde vos humbles &f de lies fubjeâfs, ponrtefmoignageduferuice qu'il vous doit, & vous a voilé four toute/* vie. DuHaure de Grâce, le premier tour de Dé- cembre, iS97* Voftretres-humblc, & trcs-obeyflàntfubjei &feruitcur> Robert Regnavlp^ * nii ZéDVEKTISSEMENT DE ÏJutheur aux LeÛeurs. L v s i e v R s Autheurs ont efcric des liures , & des narrations du nouueau monde , & des Indes Occidentales, efquels ils defcri* uent les chofes nouuelles Se eftranges que Ton adefcouuertesen ces parties là i les a&es & lesaduehtures des Efpagnols qui lesontconqueftees, & peuplées. Maisiuiques àprefent ien>y veu aucun autheurquitraitte, & déclare les caufes Se raifonsde telles nouueau- tez Se merueiiles de nature, ny mefme qui en faflTe aucun difeours Se recherche. le n'ay point veu auffi liure qui falTe mention des beftes Se hiftoires des mefmes Indiens , anciens Se natu- rels habitans du nouueau monde. A la vérité ces deux chofes font affez difficiles; la première, d'autant que cefontœuures dénature qujfor- tent, & font contraires à la Philofopbie ancien- ne , receîie & pratiquée , comme de monftrer queja région qu'ils appellent Torride , eft fort humide, Se en plufieurs endroits fort tempérée, êe qu'il pleut en icelle quand le foleil en eft plus proche, Se autres femblables chofes. Car ceux qui ontefcrit des Indes OccidentaIes,aontpas faitprofeflîondetantde philofophie, voire la plus part d'iccux efcriuains ne fe font pas apper- ceus de telle choie. La féconde eft,quelle traicfce des belles , & hiftoire propre des Indiens5la- quelle chofe requeroit beaucoup de commu- nication , & de progrezdansle pays auecies mefmes Indiens, ce que la plus- part de ceux qui ont traîné des Indes , n'ont peu faire, ou pour n'entendre leur langue , ou pour ne vouloir re- chercher leurs antiquicez , tellement qu'ils fe font contentez de racôter quelque chofe d'eux, qui eftoit le plus commun & fuperfîciel. Déli- rant donc auoir quelque plus particulière co- gnoiflance de leurs chofes, i'ay fait diligence de m'informer des hommes les plus expérimen- tez^ verfez en ces matières , pour tirer & re- cueillir de leurs difeours & relations, ce qui m'a femblé fufhre pour donner cognohTance des faits & couftumes de ces peuples. Et en ce qui cft du naturel du pays,& dedeurs proprietez, ie i'ayapprins par l'expérience de plufieurs amis, & par la diligence que i'ay faite de chercher,dif- courir, & confererauec perfonnes fages Se ex- périmentez. Il me femble rnefme qu en ce fai- fant il fe prefente quelques aduertiiTements, qui pourront feruir & profScer à d'autres ef- prits meilleurs , afin de chercher la vérité, ou facerdotes , verique imitamina cultus, Chrifticolum ritus vc coluiffe putes. Annales, faftofqj libros, elementàq;, regnaj Imperiun^reges^praelia magna, duces. Terra ferax gemmis, fuluoq; referta métallo," Se peregrina tibi confpicienda dabit. ■ Deniq; quod luftris>& fumptîbus haufît Ibêrus^ Bis quarto poteris parcus adiré die* An T O N I V S B 0 KDOR, Ad 'Rpbertum Keginaldùm TràduSorem. TE Francifcisalit, quem nobis cdidit vrbs, quae Velierij montis nomine,nomjen.habet. Baetica (demirans geniurrï) mutare loquelam InftititjVtpotiusdicercteiTe iuum. Ipfe tain en patrie reducem te reddis,& illa Quse fecreta cupit, cbgnitiora facis. Nontepœniteattant^ReginaldeJaboris, Hoctibinam patrie pignusamoriserit: Paruavidereputasvidorem pra?fnia Regedi Hemicum,& facrasçonteruiffe manus? Qui gratus patria*3tum Regi,defcrit auras, Re&ius ille fuo munere fun&us abit AHTONlVà BONDOR, AdenndeWi àe infcriptlone librii TJ Cquid id?in prima promitcit fronte libellus £2, Indos, éoos,occiduofque fîmul. Atramen hefperias tantummododetegit oras^ Nulla ferè eoi eft roentio fada foli. Hoc.Reginalde , typis debetur,non mus crror. (Error Ci fuerit confpiciendus ibi.) Occiduus nobis?aliis oriturus habetur Phcebusrnil prius eft^pofteriûive globo* Antonivs Bondor. M. CHARLES REGNA VLD, a Robert Régna vd fon frère , fur la tradu&ion de l'Hiftoire Naturelle des Indes Oc- cidentales. S ONN E T. ON ditqn^Eta iadis ^oy des Scythes-Coléeyi, B,egnauld\ car maigre les exciT Desfeldats Eflagnols , qui en gardent acerf, Malgré 'tous leurs canons , cr leur namharmee, Tu fais voir aux François ces Threfers retenus, Et du riche Peru les Jecrets mcogmts, 2r*f, (Cim éHtrs Olcfos U mfon defree. A M.REGNAVLD, SVR LA VERSION DE £ H I- ftoire des Indes de l'Efpagnol de Iofcph Acofta. SONNET. Ppfydete imager burinott vft vifagi Si bien après le vif que nature auoit peu? ç£ellefembUftduoirfir l'image trmfeur Mlle mefme imité les traitts de [on ouvrage. Mais le fini Hiponie entre ceu* de fin aage, Meftnficeftouimer,defireux que l'honneur VylntMuuftiU$roitfetmrn*iï au donneur i Konàïartquel'oneHft admiré davantage. ^infitoutEffagnol qui verra que tes doigts Ont d'vn tmiïfidtmnfait ^cofla François > gmdeuancêpar toy ne fait plus que tefmurey Craindra que ton labeur fat du [un le tombeau, Tonrenomfin oubïy/a cendre ton flambeau , Frira que t pinceau ne nom change fon hure. F 'L'EPARrMEtf TïEIU LIVRE LIVRE PREMIER DE L'HISTOIRE NATVRELLE ET morale des Indes, tant Orientales, qu'Occidentales. De ï opinion que quelques Autheurs ont eik3 penfans que le Ciel ne fefiendoit iufques au nonuem Monde. Chapitre premier. Es anciens ont cfté fi eiloignèss depenfer qu'il y euft peuple, ou nation habitante en ceftuynou- ueau monde, queplufîcursmef. . me d'entr'eux n'ont peu ftmagi- ner que de ce cofté cy y euft feulement terre , ôc qui plus eft digne de merueille, f en font trouué aucuns qui ont nié tout ouuertement que le cie l que nous y voyons à prefent? y peuft eftre : car iaçoitque la plus grand' part, voire les plus re- nommez entre les Philofophes, ayent bien re- cogneu que le ciel eftoit tout rond ( comme en cfFed il l'eft ) ôc que par ce moyen il entouroit, Se ceignoit toute la terre, l'enferrant ôc compre- nant dedâs foy$ neantmoins plusieurs du nom- Çhvyjbft. ho- mtl. 14 W Vj. m cptft. , Ma Hebr. Fï eh. 19 • jdem Cbryf homil. 6. 15. in Genef. & homil. it. ad fop.^stntio- chenum. Tbadarit. J-îiftoire naturelle brc mefme des Do&eurs facrez , de plus grande authorité , ont eu fur ce point différentes opi- nions , fimaginans la fabrique de cet vniuers à la façon d'v ne maifon, en laquelle le toid qui la couure , circuit & feftend tant feulement en la partie d'enhaur, & non pas par toutes les autres parties, alleguans pour leur raîfon , que la terre autrement demeureroit fufpenduë au milieu de l'air. Ce qui leur fembloit chofe du tout hors d'apparence \ & tout ainfi que l'on void en tout baftiment le fondement & Tafîïette fituez d'vne part, &letoi& &couuerture drvne autre op- pofite & contraire, ainfi qu'en ce grand édifice de lvniueis tout le ciel demeuraft en la partie d'enhaut , & la terre en la partie d'embas. Le glorieux Chryfoitome , corne homme qui f eft plus occupé en l'eftude des lettres facrees, que non pas aux feiences d'humanité -y femblc eftre de cefte opinion, quand il fe rit en fes Com- mentaires fur l'epiftre aux Hebrieux, de ceux-là qui afferment la rotondité du ciel. Etfemble que la fainde Efctiture ne veuille fignifier autre chofe, appellant le ciel , Tabernacle, ou Taudis fait de la main de Dieu. Etfurcefubjet ilpaiTe plus outre, difant que ce qui fe meut & chemi- ne, n'eft pas le ciel, mais que c'eft le foleil, la lu- ne, &leseitoillesquifemeuuentauciel. En la façon que les paflereaux & autres oyfeaux fe meuuent parmy l'air, tout au contraire de ce quelesPhilofophespenfent, qu'ils fe tournent auec le mefme ciel, comme les bras d'vne roue auec la mefme rôtie, theodoret autheur fort graue fuit en ceiU opinion ,Chryfoftome, ôc des fndes. Liure L % Théophile aufù, félon qu'il a de couilume pref- ^h h ^ qu'en toutes chofes. Mais La&ance Fit mian de- g. adiJlll uant tous les deffufdits ayant la mefme opinion, Laft hbr.^ fe mocque des Peripateticiens & Académiques, di,iin- *WM qui donnent vue figure rondeau ciel, ccnfti- CAt:i+% tuans la terre au milieu du monde , pour autant que ce luy femble chofe ridicule que la terre de- meure fuipendué en rair,côme ileftdeuant dir. Par laquelle iîéne opinion il fe conforme à cel- le d'Epicure , qui tient que de l'autre part de la terre il n'y a autre chofe qu'vn chaos , ou abyf- me inflny. Etfemble mefmeque S.Hierofme . , s'approche aucunement de cefte opinion, eferi- ^XçaI Uant fur l'epiftre auxEphefiens en ces termes: *. ùJç, £ le Philvfcphe naturel par fi contemplation pénètre tu fanes au haut du ciel i O" de F autre part il troime vn grand vmde aux profonds cr aby fines de la terre. On dit auflî que Procope afferme ( ce que ie n'ay veu toute* fois) fur le liure du Genefe, que l'opinion d'Ari- A, ftote touchant la figure & mouuement circu-p/^L^I laire du ciel, eft contraire & répugnant à la fain- îhu. *nno. $, cle Efcriture. Mais quoy que difent & tiennent làdefïus tous les anciens, il ne s'en faut efrnou- uoir , pource qu'il eft tout cogneu & approuué qu'ils nefe font pas tant foutiez des fciencesfc demonftrotions de Fhilofophie , pour autant qu'ils fe font occupez à d'autres de bien plus grande importance. Mais ce qui plus eft à efmer- ueiller, eftqueS. Auguftinmelme, tantverle en toutes les feiences naturelles, voire fort do- ^u^l.%: &e en l'Aftrologie & Phy fîque, neantmoins de- de Gtnt^U meure toufïours en doute , fans fepouuoir re» #*.«*£•*• foudre fi le ciel circuit la terre de toutes pans, Hifloire naturelle . , a • ou non: Me ««Jîwie-» (difoit-U )<{™ ""« tmT peljniefilkfindreau^mren^àfions^dneji Au «efine Heuq'ue detus i femb e demonftrer voitcditclaircinent,«lu'.lrfyademonftnnon cerraine pour affermer langure ronde ducie , £2 feulement de fimples coniedures. E fou es heux alléguez, & en d'autres endroitsmdmes, ils tiennent pour chofe douteufe le «ment circulaire du ciel. N eantmoms on ne fe doit oF- fenfer, ny auoir en moindre eftime les podeurs de la fainfte Eglife , fi en quelques pomfts de la phuofophie & feiences naturelles ils ont eu diF- Lrnreopinionàcequieatenu&receupour bonnepSlofophie-.veuquetoureleureftudea eRé de cognoirfre prefeher , & fa», le Créa- teur de toutes ehofes, en quoy ils ont e fl «or- ients , & comme ayans bien employé leur eftu- de en chofe plus importante , c'eft peu de chofe en eux de n'auoir cogne, toutesles partie.^ tez concernantes les créatures Maisbicn dauan tage font à reprendre les Philosophes vainsdc ceSuecle, quiattaignans iufques à la cogno.ffan- ce de lettre , & ordre des créatures , du cours & oonuement des cieux , ne font pas paruenus ( mal -heureux qu'ils font) à cogno.ftrel Crea- Lt de toutesïes chofes. Et i^*"^ toutenfaœuutes, n'ont po.nt monte par leu s imaginations iufques à > cognoiftre A«hear i* * fouueraind'icelles, ainfiq.e nous enfeignek des Indes. Liure I. 3 iaincle Efcriture; ou bien s'ils l'ont cogneu, nt 1'ontpoinc feruy 8c glorifié comme ils deuoiér, aueuglez de leurs inuentions , dequoy les accu- fe & reprend l'Apoftre. Jgue le Ciel efi rond de toutes parts , fe mou- uant en/on tour defoy - me fine. Chapitre IL R venansànoftrefujet, il n'y a point dedouteque l'opinion qu'ont eu Ari* „. , , itote&: les autres Peripatetieiensauee cn»bii. hb, ks Stoïques,que la figure du ciel eftoit %. cap. %. ' ronde, & fe mouuoit circulairement en Ton tour; eft fî parfaitement véritable, que nous qui fommes, &: viuons à prcfent au Peru, le voyons de nos propres yeux, Enquoy l'expé- rience doit valoir dauantage, que toute autre démonstration philosophique , dautant que pour faire cognoiftre que le ciel eft tout rond, & qu'il comprend & circuit enfoy la terre de touscpftez; &pourenefc!aircir tout îe doute que l'on en pourroit auoir, il fufSt que i'aye yen & contemplé en ceftuy nolhe hemifphere h partie & région du ciel qui tourne autour de ce- fte terre , laquelle n'a eftç cogneiiè des anciens, oubiend'auoir veu & remarqué , comme i'ay fait, les deux pôles efquels le ciel.fe tourne, comme dans fes fiches. le dy le pôle Arctique, ou Septentrional que voyent ceux de 1 Europe^ & l'autre Antarctique, ou Méridional, duquel ^kfjx faincl; Auguftin eft en doute, ôc lequel noua A â^f. a Hiftoire naturelle Rangeons & prenons pour leNort ky auPe- ru, ayanspairékligneeqmnoaiale.Ilfuftitn- - nalement quei'aye couru par nauiganon plus de feptantc degrez du Note au Sud, fçauoir, quarante dVn codé de la ligne,& vingt-trois de Faune. LailTant quant à prefent le teimoignage des autres, qui ont beaucoup plasnauige que tnoy,& en plus grande hauteur, eftans parue- . nus prefque iufques à feptante degrez au Sud. Qui dira que la nauire appellee Viûoire, digne certainement de perpétuelle mémoire , tfaye cagné le prix & le triomphe d'auoir le mieux defcouuert & circuit la rondeur ^ la terre, mef- me le chaos vain & le vuide infiny , que les an- ciens Philofophes difoient eftre au deffoubs de la terre, ayant fait tout le tour du monde K cir- cuit l'immenfité du grand Occean. Qui eft donc celuv qui ne recognoiftra par cefte nauiganon, que toute la grandeur delaterre, quoy quelle puiffe eftre plus grande qu'on ne la dépeint pas ne foit fubjeae aux pieds d'vn home, puis qu i la peut mefurer ? Ainfi fans aucun doute le ciel eft de figure ronde & parfa.de; & la terre auffi s-embraffant & .oignant auecl eau, fait vn glo- be , ou boule tonde compofee de ces deux dé- mens, ayans leurs bornes & limites dans leur propre rondeur & grandeur. Ce qui fe peut fuf- nfamment ptouuer , & demonftrer par raifons de Philofophie & Aftrologie, lainant arrière les fubtiles définitions que l'on peut alléguer com- munément; ou;au corps le plus parfait : (qu» eft le ciel) fe doit attribuer la plus parfaire li- gure, qui eft fans doute la figure ronde. Duquel des Jndes. Liure I. $ «ncores le mouuement circulaire ne pourrok cftre ferme ôc égal en foy, s'il auoic quelque coing, ou deftour en quelque part, ou s'it efloit tortu, comme il le faudroit dire par necefiué, il lefoleil, la lune , Ôc les eftoilles ne faifoient le tour, & circuifibientTout le monde. Maisfans; confiderer toutes cts raifons , il me femble que . la lune feule eft fufhTante en ce cas, comme vn fi délie tefmorng du ciel mefme ; veu que fon ec- clypfe aduient feulement lors que la rondeur de la terre s'oppofe diametrallement entre elle ôc le foleil , ôc par ce moyen empefche que les rayons du foleil ne donnent furicelle. Ce qui ne pourroit certainement aduenir, fi la terre n'eftoit au milieu du monde , -circuit e ôc entou- rée de tout le ciel. Il y en a eu aucuns qui ont ^f^* eff douté iufqueslà, fi îarefplendeur qui eftenla 10g Jd '/£ lune , luy eftoit communiquée de la lumière du nuat. <•. 4. folei', Maisc'efi par trop douter, puis qu'il ne fe peut trouuer autre cauferaifonnable desec- çly pies, du plain, & quartiers de la lune , que la communication de la refplendeur ôc lumière* qui procède du foleil. Auffi fi nous voulons di- ligemment rechercher eefte matière, nous trou- verons que lobfcurité de la nuiçt n'eft caufee d'autre chofeque de l'ombre que fait la terre, cmpefchant la clarté du foleil depafier de lou- tre coftédu ciel, où il neiette fes rais. Si donc il cft ainfi que lefoleil n'outrepaiïè point, ôc ne iette fes rais fur l'autre partie de la terre, ains feulement fe deftourne à fon coucher, faifanj: fcfchine à la terre par vn tournoyernent ( ce que par force fera contraint d'accorder çeluy qui À iiij Hiftoire naturelle voudra nier la rotondité du ciel , puis qu'à leur dite le ciel comme vn plat feulement couureJa face de la terre.) Il s'enfuit clairement que ion ne pourra remarquer la différence que nous voyons eftre entre les iours ôc les nui£ts , les- quels en quelques régions font courts ôc longs félon les faifons, & en ^autres perpétuelle- ment efgaux. Ce que faind Auguftin efcrit aux t4$P- ti. limes, de Genef.4dLi!ïer*m, que i'on pourra bien deGetief ^comprendre les oppofitions, conuerfîons, efle- - " c* IO* uations , defcentes , Ôc tous autres afpe&s , ôc difpofitionsdesplanettes, & eftoilles, quand nous cognoiftrons qu'ellesTe meuuent , ôc que neantmoins le ciel demeure ftable, & immo- bile. Choie qui me femble bien ayfeeà enten- dre ,& le fera à tout autre, m'eftant permis dç feindre ce!qui me vient en lafantaiiie. Car il ; nous pofons le cas que chaque eftoiile &pla- nette foit vn corps en foy , ôc qu'elle foit déme- née ôc conduitte parvn Ange, en la façon que fut porté Habacuc en Babylone : qui iera, îe V** H' vous prie,celuy tant aueuglé, qui ne voye bien que tous les afpeclrs diuers qu'on void apparoir aux planettes Ôc eftoilles, peuUcnt procéder de la diuerfité du mouuement que celuy qui les mene& conduit, leur donne volontairement? Cependant Ton ne peut dire auec raifon, que cefte efpace Ôc région , par où Ion feint que marchent ôc roullerit continuellemét les eftoil- les, ne foit élémentaire, & corruptible, puis qu'il fediuife&fepare quand elles palfent, lel- quelles certainement ne patient pas parvn heu yuide. Que; fila région en laquelle les cftoit- des Indes. Liure L / les Se planettes fe meuuent , eft corruptible, parraifon donc les eftoilles Se planettes ledoi- uent eftre elles mefmes de leur propre natu- re , ôc par confequent fe doiuent changer, al- térer, ôcfînablement prendre fin; pource que naturellement le contenu n'eft pas plus dura- ble que le contenant. Or dire que les corps ce- leftes foient corruptibles , cela ne s'accorde point auec ce que l'Efcriture dit au Pfaime, Que pfâm> l^' Dten les fift pour toujours : Et encore moins fe rap- porte à l'ordre ôc conferuation de çeft vniuers. le dy dauantage pour confermer cède vérité, que ce qui fe meut > font les mefmes Cieux , & en iceux les eftoilles cheminent en tournoyant. Ghofe que nous pouuons cognoiftre auec les yeux, puis que nous voyons que non feulement les eftoilîesfe meuuent, mais auiîî les régions & parties entières du Ciel, le ne parle point feu- lement des parties luifantes ôc refplendiiïantes, comme celle que l'on appelle ,1a voyelai&ee, que le commun appelle ,ie chemin fainct Iac- ques ; mais ie dy cela dauantage , pour les autres parties noires ôc obfcures qui font au Ciel. Pour-ce que nous y voyons reàlement comme des taches &obfcuritez, qui font fort manife- fteSjlefquellesien'ay point fouuenance d'auoic iam ais veùes en Europe : mais au Peru , en ceft autre hemifphere, ie lesay vcue's plufîeurs fois fort apparentes. Ces taches font de la cou- leur Ôc forme de la portion de la Lune èdipfee. & luy refl'emblent en noirceur Se obfcurité. El- les marchent attachées aux mefmes eftoilles, ôc tQufipurs4Vne mefme teneur ôc figure, corn- Hiftoire naturelle me nous Panons cogueu & remarqué par ex- périence tres-claire. Parauenture cela femble- ra à quelques-vns chofe nouvelle , & pourroiét demander d'où procède tel genre de taches au CieHie ne puis certes refpôdre autre chofe pour l'heure, fïnon que, comme difent les Philo fo- phes, quelavoyela&ee eft compofee des par- ties du Ciel les plus denfes & efpeffes , & qui pour cefte caufe reçoiuent plus grande lumière: ainiî par contraire'raifon il y a d'autres parties fort rares, déliées, & tranfparentes, lefqueiles pour receuoir moindre-lumière, femblent plus noires & obfcures. Que cecy en foit la vraye xaifon, ou non, ( ie n'en peux rien affermer de certain) fi eft- il pourtant véritable , que fé- lon la figure que ces taches ont au Ciel , elles femeuuentauecvne mefme proportion quant & leurs cftoilles , fans aucunement fe feparer d'elles. Qui eft vne expérience certaine & re-i marquée par pluficurs fois tout exprès. Il s'en- j fuit de tout ce que nousauons di& , que fans doubteie Ciel contient en foy de toutes parts la terre, tournoyant continuellement à l'en tour «ficelle, fans que Ion puiffe plus propofer que- ftionlàdeffus. guelafamtfeEfcriturenous enfeigne que Ui terre efi au milieu du monde. Chapitre III, \ Ombien qu'il femble à Procope,à Ga- ze^ à aucuns autres de fon opinion, que ce foit cotreuenir à la fain&e Ef-i "1 *t . des Indes. Liure l. € , i-i j &efl*r 13. criture>de%urer la terre au milieu du monde, $a^ u z>7; & de dire que le ciel eft tout rond: fi eft-ce que n.,8. à la venté cède doctrine non feulement ne luy Pfalm.9i.7- eft point contraire, mais aufïïfe trouue du tout ^ #3^/7- conforme à ce qu'elle nous enfeigne. Car £°ffJ^ ^ laitfant à part les termes dont vie la mefme Ef- criture en plufieurs endroits: Larodeurde h terre: (&ce quen autre endroit elle dit, que tout ce qui eft corporel , eft circuit & entouré du Ciel, & comme embrafle de fa rondeur ) à tout le moins ne peut-on nier que le paiïage de l'Ec- ciefiafte ne foit fort clair, où il eft did : le Soleil naiftfe couche , çr retourne en (on mefme lieu, £T va recommençant a naiftre : dprend [on chemin p4r le mt- dy, fi tournant wfquesau Septentrion, cefi efpnt chemi- ne firent fant a ïentour toutes choses , £T s'en retourne « fin mefme endroit. En ce lieu la paraphrafe & ex- poiition de Grégoire Neocefarien, ou Nazian- zene,dit: Le Soleil Ayant couru toute U terre , ienreuïet comme en tournoyant lufynes À fin mefme point! O* ter- me. Ce que dit Salomon interprété par Gregoi- r e5ne pourroit certainement cftre vray , fi quel- que partie de la terre delaiflbit d'eftre circuite du Ciel. Etainfi l'entend famé* Hierofme ef- H^'^l criuant fur lepiftre aux Bphefiens, de cefte ma- *ai t eJ' niere. La plus commune opinion afferme ( fi conformât 4uec l'Ecclefiafte ) que le Ciel e f rond Je mouuant en circuit 4 la manière d*vne boule. Et cft choie certai- ne qu'aucune figure ronde ne tient ny latitude, ny longitude,n) hauteur,ny profondeur,pour- ce qu'en toutes ces parties elle eft efgalc& pa- reille, Par cela il appert félon fainct Hierof- me, i€S cotomnes qui fouftiennent la terre , nous donnant à entendre , comme bien l'explique S. Ambroife , que le poids immenfede toute la terre eft fouftenu parles mains du diuin pou- uoir. Lafaincre Efcriture a de couftume deles appeller ainfi,& vferdeceftephrafe , les nom- mant colomnes du Ciel & de la terre , non point celles de l'autre Atlas , qu'ont feint les Poètes, mais celles propre de la parole éter- nelle de Dieu , qui par fa vertu fouftient les Cieux&fa terre. Dauantage la fain&e Efcri- ture en autre lieu , nous demonftre comme la terre, ou grande partie d'icelle , eft ioincle& enuironnee de Vêlement de l'eau, difant gene- rallement que Dieu mit la terre fur les eaux. Et en ajitre endroit, qu'il fonda la rondeur delà t^fmbr.J.he xam. c. 6. des Indes. Liure L 7 terre fur la mer. Er encore que faind Auguftin n'accorde pas que de ce paflage (comme de fen- «^«£«#- in> tencedefoy) Ton puifTe inférer que la terre ôc FfaimAÏÏ* l'eau fane vn globeau milieu du monde, prer tendant par ce moyen donner autre expofition à ces paroles du PÎalmej ce neantmoins il eft tout certain a que ce qui eft porté en ces paro- les du Pfalme, nous veut doner à entendre qu'il n'y a d'occafîon d'imaginer autre ciment, ou liaifon à la terre , que l'élément de l'eau, lequel, quoy qu'il foit facile ôc muable, neantmoins (ouftient ôc enceint cefte grande machine delà terre. Cequiaefté faid par la fagefledu très- grand Architede. L'on dit que la terre eft fon- dée &baftie fur les eaux, Ôc fur la mer: mais au contraire la terre eft pluftoft au défions de l'eau, quenonpasdeiTus, pour- ce que félon fimagi- nation & iugement commun , ce qui eft de l'au- tre cofté de la terre que nous habitons, femble eftre au defïbus de la terre, ôc par mefme moyen les eaux ôc l'amer qui ceignent la terre de l'au- tre part, font au deifous, ôc la terre au de (Tus. Neantmoins la vérité eft feulement , que ce qui proprement eft en bas, eft ce qui eft toujours plus au milieu de l'vniuers: mais la fainde Efcri- ture s'accommode à noftre façon d'imaginer Ôc, parler. Quelqu'yn pourra demander, puisque la terre eft eftablie fur les eaux (comme dit la. fainde Efcriture) fur quoy font cftablies les mefmes eaux, ou quel appuy les fouftient ? Et & tant eft que la terre ôc l'eau font vne boule ron- de, où fe peut fouftenit toute cefte horrible ma- chine > A cela reipond en autre endroid la fairt- .. Job'lê. Pfalm. 3S. Hifwire naturelle &eEfcriture, nous donnant bien plus grande admiration de la puiiTance du Créateur: Et dit ces propos : U. terre s>eftend vers aquilon fur vn vuide. ic ne fçay de quelle autorité de k fain&e Efcritute on ayt peu tirer qu'elle ne foitpas ronde, ny Ton ■^^^^ mouuement circulaire,pource que ie ne voy point que ce que S. Paul appelle le **&% Ciel tabernacle,ou taudis,que Dieu â eftably & nonpoint l'homme, punTeeftre appliqué i ce propos. Car quoy qu'il nous dife qu'il eft ftiéb par Dieu,l'on ne doit pour cela entendre que le CieJ, toutainfi comme vn toi&3 couurela ter- re dVne part feulement , ny mefme que le Ciel ioit bafty fansfe mouiwir,comme il femble que quelques- vns l'ont voulu doner à entedre. L'A- poftre en ce lieu traittoit de la coformité du ta- bernac e ancie de la loy,disât là deffiis que le ta- bernacle de la loy nouuelle de grâce, eft le Ciel auquel eft entre le grand Preftre Iisvs-Chris? vne fois par fon fang .ôcdclk s'entend qu'il y à autant de preeminence,du nouueau tabernacle au vieil , comme il y a differece d'entre l'authcur du no«ieau,qui eftDieus& cil du vieil qui a efté 1 nomme encor qu'il foit vray que le vieil taber- nacle fuftauffi bien bafty par la fagefîe de Dieu qui I enfeigna à fon ouurier Befckd.ôc ne doit- **^3*. on penfer que ces cÔparaifons^paraboies & aile- gories fe puiftent rapporter en tout & par tout à ?c a quoy elles (ont accommodées, comme le , • b ■: Cbryfoft. I Pfalm.ioy deGen.ai f littr.e.y. 2piytt>66< ' Hiftoire naturelle bien- heureux Chryfoftoroe a bien fceu dire à ce propos. L'autre authorité que rapporte S. Aueuftin allègues d'aucuns,pour monftrer que le Ciel n'eft pas rond, eft telle en difant, Le Ciel s'cjrend comme vne pedu. Dont ils concluent qu'il n'eft pas rond,mais plat en la partie d'enhaut. A quoy refpond fort bien & fort familieremétlc xnefme S Dodeur, mais donnant à entédre que ce paffaçe du Pfalmifte ne parle,ny s'entéd pro- prement de la figure du Cicl,mais dit cela ieuie- ment,afin de nous demonftrer auec quelle faci- lité Dieu battit vn Ciel fi grandie luy ayat efté non plus difficile de baftir vne fi immenfe cou - uerture,comme eft le Ciel,quil feroit à nous de defployervne peau double,ou bien prétendant le Pfalmitte nous donner à entendre , la grande majeftéder>ieu,auquelleciel fert3quieftfibeatt & fi^grad, de mefme façon que nous leruent les tentes ou couuertures aux champs.Ce qui a elle fort bien déclare par vn Poete,difant;Z> uududt* cUir Ciel Mefme le pafiage d'ifaye qui dit.I* CM mefertdecbme, 0< U terre d'efeabea» fourmes pieds. Que fi nous enfuiuons Terreur desAnthropo- mSrphites, qui attribuoient des membres cor- porels à Dieu félon fa diuinité,nous aurions oc- cafion fur le dernier partage de rechercher corn- ment il feroit pofîible que la terre fuïMefca- beau des pieds de nieu,& comme le mefme Dieu pourroit tenir ces pieds d'vne partie & d'autre, & plufieursteftestoutàl'entour, puis qu'il eft en tout & par tout le monde, qui feroit choie vainefc totalement ridicule. Il faut donc con- clure qu'aux fain^es Efcritures nous ne de: des îndes. Dure. I. 15 uons pas fuiure lalettre qui tuëjmaisl efprit qui viui fie, comme dit faihcl: Paul. iXcrlni, De la façon é figure du Ciel du nouueaa monde. Chàêitkb V. Lufieurs en Europe demandent quelle eft la façon & figure de ce Ciel quicfl en la partie du Sud,pource qu'il ne fen peut trouuer chofe certaine aux liures des an- ciens,lefquels encor qu'ils accordent y auoir vn Ciel en celle autre part du monde ; ce neant- moins n ont peu atteindre iufques à la cognoif- fance de la façon & figure , quoy que à la vérité ils fajTent mention dvne belle & grade eftoille, ptMïïh h qui le void en ces parties cy,laquelle ils appcller «?.ix/ Canopus.'Ceux qui de nouueau ont nauigé en ces parties , ont accouftumé d eferire & racoter chofes grandes de ce Ciel,à fçauoïr qu'il eft fore refplcndilTant3y ayant grand nombre des belles eftoilles. Et en efFed les chofes qui viennent de loing,fe défendent ordinairemét auec augmen- tation. Mais il me femble tout au contraire , te- nant pour certain , qu'en noftre cofté du Nort, il y a plus grand nombre d'eftoilles , & de plus illuftre grandeur, ne fe voyant point par deçà eftoilles qui excédent lapouflîniere, ny le cha- riot. Ileft bienvray que la Croifeededeçàeil fort belle & agréable à voir. Nous appelions Croifee , quatre eftoilles notables & apparen- tes qui font enti'elles vne forme <$e Grorxj? Hiftoire naturelle affifes cfgalemcnt & auec proportion.Lesigno* rans croyent que cefte Croifee eft le Pôle du Sùdj d'autant qu'ils voyent les mariniers pren- dre leur hauteur par icellc , comme nous auons icy accouftumé de la prendre par le Nort. Mais ilsfe trompent. Et la raifon pourquoy les ma- riniers lefont deceftefaçon, eft, pource que dececofte du Sud il n'y a aucune eftoille fixe, qui marque le Pôle, cbmme ànoftre Pôle le faid Teftoille du Nort. Et ainfi ils prennent leur hauteur par I'eftoille du pied de la Croifee, diftante du vray & fixe Pôle Antarctique , de trente degrés, comme de là I'eftoille du Nort eft' diftante du Pôle Ardiquc de trois degrez, ou peu dauantage. Et ainfi il eft plus difficile de prendre la hauteur en ces parties , pource que ladi&e eftoille du pied de la Croifee doit eftrc droi&e , ce qui aduient feulement en vne heure de la nui&,qui eft en diuerfes parties de l'an , en différentes heures, &bienfouuent en toute la nuicl: ne fe monftre.qui eft chofe fort mal corn- mode pour prendre la hauteur. Par ainfi les plus experts pilotes ne fe foucient de la Croi- fee, prenans la hauteur du foleil par l'Aftrola- be,' par lequel ils cognoiftentla hauteur où ils fe trouuent.En quoy communément les PortUr gais font plus experts , comme nation qui a grand difeours en Part de nauiger fur toutes les autres nations. Ilyaauffi decefte partie du Sud d'autres eftoilles, qui en quelque façon ref- fcmblent à celles du Nort. Ce qu'ils appellent la voyc la&ec, s'eftend beaucoup, & eft fort refplendiffantence coftéduSud, fc voyant en I des Jndes. Liure X H icelle ces taches noires tant admirables , des- quelles cy deuant nous auons fai& mention. Pour les autres particularitez,d autres les diront auec plus grande curiofî té, ànous fuffitpour l'heure de ce qu auons di&. gif il y a terre & merfonbs les deux Tôles. Chapitre VI. i ne nous eft point peu de chofe fai- etc, d'eftre fortis de celle matière auec cefte cognoiifance & refolu- _ tionquily avn Ciel en ces parties des Indes, qui k$ couure, comme à ceux d'Eu- rope, d'Afie& Afrique, Et nous fertee point quelquesfois contre beaucoup d'Efpagnols,qui par deçà foufpirent pour leur Efpagne, ne fça- ehans dequoy parler que de leur pays , lefquels i'efmerueillent, voire fe fafchcnt contre nous autres, eftimans que nous auons oublié, & fai- sons peu de cas de noftrepatrie. Aufquels nous: reipondons , que pour cela le defir de retour- ner en Efpagne ne nous trauaille point. Pource que nous trouuons que nous fommes auflî pro- ches du Ciel eftansauPeru, comme nous en fommes eftans en Efpagncrcomme dit fort bien S. Hierofme efcriuant à Pauline, fçauoir que la porte du Ciel eft auffi proche de Bretagne,com- me de Hierufalem. Mais encor que le Ciel cir- cuife le monde de tous coftez, il ne faut pas pour cela penfer, que necefTairement il y ayt terre de tous coftez dumonde. Careftantainfi B iij Hiftoire naturelle aue les deux démens de la terre & l'eau, com, pofentvnglobe.ou boule ronde, félon que la plus- part, & les plus renommez autheurs des CbM».Z. JU anciens l'ont tenu(à ce que rapporte Plutarque) }Udù phil. & comme on le prouue par demonlirations s.,.&u. ues -certaines l'on pourroic conjeaurer que lameroccupaft toute celle partie qui eft foups le Pôle Antarctique ou Sud,de telle façon qu U ne reftaft aucune place en ces parties pour la ■tstw.Ut. tetre;felonqueS. Auguftinreprentrortdotte- ieçim.c.9. mcnt contte ceux qui tiennent les Antipodes; difant , qu'encor que l'on faffe preuue , & que l'on croye que le monde foit défigure ronde, comme vne boule.il ne faut inférer de cela.que en cefte autre partie du monde la terre : foit del- couuerte& fans eau. Et fans douoteS. Augu- ftin dit fort bien en ce poinct, ce neantmoms le contraire de ce ne fe prouue , & ne s enfuit non plus, fçauoir qu'il y aye terre defcouuerte au Pôle Antaruique.ee que l'expérience nous a ,a rnonftréa veuedœileftreainfi corne, eneftect ill'eft. Car iaçoit que la plus grande partie du monde, qui eft foubsle Pôle Antara.que, foit occupée delà mer i ce neantmoms elle nelelt pas entièrement : mais y a terre , de forte qu en toutes les parties du monde , la terre & 1 eaue (e vontembraifans l'vnl'autre, quieft ventab e- ment vne chofe pour nous faire admirer & glo- rifier l'art du fouuerain Creareur; Nous fçauos doncparlafainfte Efcritute, qu au commen- cement du monde les eaux furent affemblees, Scfeioignirent en vn endroit, tellementquc la terre demeura defcouuerte. Dauantage,!* @tr,e* %• des fndes. Lime I. il rhefme Efcriture fatn&e nous enfeigne,que ces afTemblemés d'eaux s'appelkrent mer, & com- me elles fontplufîeurs , il eft de neçeflîté qu'il y ay t plufïeurs mers. Et non feulement eft cefte diuerhté dessers en la mer Méditerranée, les vnes s'appellans Euxine, les autres Cafpie , au- tre Erythrée, ou rouge , autre Prefique ] autre dltaiie,& ainfî plusieurs autres. Mais aufîi bien au grand Occean que f Eicriture fain&e a ac- couftumé d'appeller abyfme, encore que reale- ment & en vérité cenefoît qu'vnerner, mais en plufïeurs bc différentes manières: comme au refpect de tout le Peru & de toute l'Amérique, ils appellent IVne la mcrduNort, & l'autre la mer du Sudjen l'Inde Orientale l'vne s'appelle la mer d'Inde, &l'autredela Chine. Et ay re- marqué tat en ce que i'ay nauigé moy meime, que par la relation des autres, queiamais la mer ne fe fepare de la terre de plus de mil lieues. Et quoy que fè puifTe eftendre la gran- deur del'Occean, fi eft- ce qu'il n'outrepàrfeia- mais cefte mefure. le ne veux pas pour cela di- re que l'on ne nauigé plus de mil lieues de la mer Occeane : qui feroït contre la vérité , puis que nous fçauons que les nauires de Portugal ont nauigé quatre fois autant, voire dauanta- ge , que tout le monde en rondfe peut nauiger par mer, comme en ce temps nous l'auons défia veu , fans que plus on en puifîe douter. Mais ce que ie dy êc afferme , eft qu'en ce qui eft au- iourd'huy dcfcouuert,aucune terre n'eft diitan- te & eflongnee par ligne directe de l'autre ter- referme j oulfles, qui luy foient plus proches^ B iiij ffifloire naturelle au plus que de mil lieues , ôc que par ainfî entra deux terres il n'y a point plus grand efpacc de mer, le prenant par les parties des terres Î>lus proches les vnes des autres. Pource que de a fin de rEuropc,ou de rAfrique,& de leur co- pies Canaries, les Açores, les l lies du Cap cj.evert,& les autres qui font en ce pareilles, ne font disantes de plus de trois cents lieues, ou cinq cents de la terre ferme, Defdites Ifles prenant fon cours vers les Indes Occidentales, à peine y a-il neuf cents heue'siufques aux Ifles S. Dominique,ies Vierges , la bien-heureufe ÔC les autres , & les mefmcs Ifl.es vont courant par leur ordre, iufques aux Ides de Barlouentc, qui font, Cuba, Efpagnolla, ôc Boriquen. Ex- celles iufqu'à la terre ferme à peine y a-il deux; cents ou trois cents lieuës,&en l'endroit le plus proche beaucoup moins. La terre ferme court vnefpaceinfiny, depuis la terre delà Floride* iufquala terre des Patagons, & de l'autre cofte du Sud,dcpuis le deftroit de MageHan,iufqu*au CapdeMendoce,courtvne terre très-longue, mais non beaucoup large: car le plus large gift le trauers du Peru,qui eft diftâte du Brefilyd'en- iiiron mil lieues. En çefte mefme mer du Sudt çncor qu'on ne fçache rencontrer la fin , en ti- xantvers le Ponant , neantmoins il y a peu de tieps que 1 on defcouurit les Ifles , qu'ils ont ap- pellees de Salomon, qui fon t plusieurs ôc gran* des, diftâtes du Pcru comme huid cents lieues, Et pource que Ton obferue , ôc fe trouue ainfi, que là, ou il y a plufieurs ôc grandes Ifles , la ter- çefejge çneft peu eflongnec: de là vient que des Jnda. Uure L ij puifîeurs, &moy-mefmeaueceux, ayansopi- nion qu'il y a quelque grande terre ferme pro- che defdkes Ifles de Salomon, laquelle refpond ànoftrc Amérique du codé du Ponent ; & fe- roit poflible qu'elle couruft par la hauteur du Sudiufques au deftroit de Magellan. On tient que la neuue cuinee eft vne terre ferme,& quel- ques dodes la peignent fort près des Ifles de Sa- lomon; de forte que ceft chofe vray-femblable de dire qu'il y a encor vne bonne partie du mon- de a deicouurir, puis qu'au jourd'huy les noltres nauigent en cefte mer du Sud iufques à la Chi- ne & Philippines, & difonsque pour aller du Peru en ces parties- là, qu'ils palïent vne plus longue mer, que non pas allant d'Efpagneau melmePeru. Dauantage,on cognoift que ceft par le tant %nalé deftroit de Magellan , que ces deux mers fe joignent & continuent lVne aucc l'autre (ie dy la mer du Sudauec la mer du Nort) par la partie duPole Antardique, qui eft en hauteur de ;i. degré. Mais c eft vne belle & gra- de queftion où plufieurs fe font employez , (ça- uoir iî ces deux mers fe joignent , ôc continuent auflï bien du coftc du Nort. Maisjen'ay point cognoitfanceque iufqu'auiourd'huy aucun ave peuatteindre àcepoind, û ce ri eft feulement par ie ne fçay quels indices & coniedures ouel- qucs-vns afferment qu'il y a vn autre deftroit fous le Nort, à loppofite de ceky de Magellan: toutefois pour noftre fujet , il fuffift de fçauoir maintenant au vray qu'il y ayt terre de ce codé du Sud> ôc que c eft vne terre aulîî grande corn- ue toute rE^rope, rAflcfc l'Afrique raefme, Hiftoire naturelle que à tous les deux Pôles du monde,l'on trouue & récontre terre,& mer , embrafTees lvne auec l'autre Enquoy les anciens ont peu entrer en doute & le contre- dir? par faute d'expérience. Loft. Uh. 7 Jnjht.diuin cap, ij four reprouuer l'opinion de Laffdnce* qui tient qu'il ri y a point d'Antipodes. Chapitre VIL Vis doc que c'cft chofe cogneuë, qu'il y a terre au-cofté du Sud, ou pôle An- tarctique: refte maintenât de voir s'il y a des hommes habitans en icelle,qui a efté au temps pafîcvnequeftion fort debatuë. La&anceFirmian& S.Auguftinfemocquét de ceux qui afferment les Antipodes ( qui vaut au- ^€»gnfilih. tant à dire comme hommes qui ont leurs pieds u.decinit. au contraire des noftres.) Mais encor que ces saf' 9* deux autheurs s'accordent en cefte mocquerie, ceneantmoinsauxraifonsAmottfs(?' arrefieesiï vne façon, fient de ce fie autre part pendantes, ey renuerfees, au contraire:que les arbres i O* Us grains croijfent la contre bas,0" que lapluye , la neige, CF lagrefie tombent, O* s'efioulent de terre contremontf Puisapresquelques autres propos, le mefmc Ladance tient ces propos: L'opinion cr imagina- tion que quelques vns ont eue efiimans le Ciel rond , 4 efii la caufe ty le motif iïmucnter ces ^Antipodes fùfitendus en l'air ,par atnfi te ne puis que dire de tels Philofofbes , fi~ non qùayans vnefois erréjlspourf muent , O* sobfitnent toufiours en Lmr opinion ,fe défendons les vns les autres» Iufques icyfont les propos de Ladance. Mais quoy qu'il die , nous autres qui pour leprefenjt çftans au Peru , habitons la partie du monde contraire à l'Afie., & fommes leurs Antipodes, (ain(î que les Cofmographes l'enfeignent) ne nous voyons pas cheminans fufp en dus en l'air, latefteen bas, ny les pieds en haut. Certaine- ment c'eftchofemerucilleufedeconfiderer que l'efprit & entendement humain ne peut attein- dre & paruenir à la vérité , fans vfer d'imagina- tion; & d'autre part qu'il luy eft impofïible qu'il n'erre , 6c ne faille , fil fen veut totalement ab- ftenir. Nous ne pouuôs comprendre que le ciel (bit rond , comme il l'eft , & que la terre foit au milieu, fans l'imagination. Mais fi cette mefme imagination n'eftoit corrigée , 6c reformée par la raifon, & que nous renfuiuifîions du tout, en fin nous nous trouuerions trompez. D'où nous pouuons conclure vne expérience aifeurec, que en nos âmes il y a vne certaine lumière ducieï, par laquelle nous voyons Se iugeons , voire les mefmcs images , & formes intérieures qui fe Hiftoire naturelle prefententànous, pour les cognoiftre , &par ceflc mcfme lumière nous approuuons &r rejet- tons ce que l'imagination nous reprefente. Et de là voit on clairement comme l'ame rationel- leéft par deflus toute la nature corporelle , & comme la force & vigueur éternelle de la vérité preiîde au plus eminent lieu de l'homme, mef- nieon recognoift facilement comme cefte lu- miere fi pure eft participante^ procède de cel- le première & grande lumière ; que qui ne fçait cela, ou qui en eft en doute, nous poauons dire deluy, qu'il ignore, ou doute fil eft homme,ott non. Ainfifinous demandons à noftre imagi- nation ce qui luy femble de la rondeur du ciel, à la vérité elle ne nousrefpondra autre chofe, finon ce que dit le mefme La&ance, fçauoir que fi le ciel eft rond, le foleil & les eftoiiles dc- . uroient tomber lors qu'ils fe meuuent , & qu'ils changent de place, & f'efleuent en cirant au mv- dy. Tout de mefmeque fi la terre eûoit pendue en Pair, les hommes qui habitent en l'autre pat- rie d'icelle, doiuent cheminer les pieds en haut, & la tefte en bas, & que les pluyes ne tombent point d'enhaut , mais coulent de bas en amont, & plusieurs autres monftruofitez ridicules. Mais fi l'on confulte la force delà raifon, elle fera peu de cas de toutes ces peintures vaines, & fera que l'on n efeoutera non plus l'imagination, qu yne vieille folle. Maisauec cefte fienne granité & intégrité ref[ idra la raifon, queceftvn er- reur fort grand de fabriquer en noltre imagina- tiontout le monde en la façon dvnemaifon, cnluy-donnant pour fondement la texte, &1© ^ , des fades. Liure 1. tj cieî pourtoicl: &couucrture. Et dira dauanta- gc , que comme aux animaux la tefte eft la par- tie la plus haute & la plus efleuee (bien que tous les animaux n'ayent pas la tefte pofee en mefme fîtuation , les vns l'ayans au plus haut , comme l'homme* les autres trauerfantes, corne hs bre- feisj les autres au milieu , comme les fefchcs , ôc aragnees: ) ainfi le ciel, en quelque endroit qu'il (bit, eft toujours en haut ; & la terre ny plus ny moins , en quelque endroit qu'elle foit, demeu- re tou/îours en bas.Parquoy cftant ainfi que no» ftre imagination eft fondée fur le téps & le lieu, lefquels elle ne peut pas mefme comprendre Ôc conceuoir vniuerfellement, mais feulement en particulier; il fenfùit que quand on la veut efle- uerà la confideration des chofes qui excédent, &furpaflent le temps ôc lieu qui luy font co- gneuz, auflï toft elle defehet, ôc ne peut bonne- ment fubfifter, Ci laraifonnelafouftient, ôc foufleue , ôc elle ne peut bonnement fe tenir en pied. De mefme nous voyons que fur le difeours de la création du monde noftre imagination ex- trauague pour chercher vn temps auant la créa» non d'iceluy , ôc pour fe baftir le monde elle re- marque vnlieu: mais elle ne paiîe pas outre à confïdercr que le monde pouuoit eftre fait dV- ne autre façon; corne ainh foit neantmoins que I la raifon nous appred qu'il n'y a point eu temps auant qu'il y ayt eu mouuemet, duquel le temps | eft la mefure, Ôc qu'il n'y a eu aucun lieu aupara- |uantrvniuers,qui comprend ôc contient en foy tout lieu. En quoy l'excellent Philofophe ArU ftotc fatisfait clairement , ôc en peu de paroles, fftfloire naturelle à iWurhent qu'on fait contre le lieu de la tèrf Ci Caydant de noftre mefme y fage d imaginer, lors *£*$' ïJe qu'il dit & aucc vérité: Quémande cemejmeltet* «*«;.}. 2eUterreefîattmlie„o~<»ya*, Ct ■,* ***** tlm V™ Me*tl™»»l«»>tan'tlus ~'ft-ea"nhdS; La4uclic refponfe ayant efté alléguée, &mife enauant par Ladanee Firfnian, luy- mefme neantmoinS pafle fans la débattre fcconfuterd aucune rai- fon, fepaflant de dire qu'il ne f'y peutarrefter* pour traitter & aduancer d'autres choies. De la caufe fourquoy faintt Auguftïn a nié les Antipodes. Chapitre VIII. A raifon qui ameufaincl Auguftindé nier les Antipodes, a efté bien autre que celle preaileguee, comme eftant à'vii entendement plus fublime-, pour- ee que la raifon qu'auons déduite cy deuant (qui eft que les Antipodes chemineroient au rcuers) eft deftruite par le mefme faine* noéteur en ion liure des prédications, par ces paroles: Les *n- tsfuguji. U> denstiennent queti terre de tom coïlel^eft en Us y 0* le uugonamm eieipâr Jgfa : um raifon decfiioy les ^i nttpdes

« fur ce fu jet eferit en vne Tienne epiftre : le mac- corde bien auec le dire de Pmdare , qui dit que paJJeCadi^ la mer efl innanwable aux hommes. Et luy- mefme en loraifon funèbre qu'il M pour fainél Bafile* dit: Qùilna efié permis à aucun nautgeantlamer, de paffer le defimt deGibaltar. Et eft véritable que ce partage de Pindare, où il dit : Qu il efi défendu aux faes er aux fols de feauoir ce qmeft plut outre que le dé- ficit deGibaltar: a eftéprins fcreceu pour pro- uerbe. AufiT voyons-nous par l'origine de ce prouerbe, combien les anciens fe font fichez & arreftez obftinément fur celle opinion, comme auffi par lesliures des Hiftoriographes & Cof- mographes anciens, que la fin & borne de hM terre aefte mife en Cad» d'Efpagne, ouilsfa- , - — — brujuent ! des Jndes. Liure I. jy & limites de l'Empire Romain,îà ils dépeignent les limites du monde. Et non feulement les let- tres prophanes en parlét de celte façô, mais auf- fi ks fain&es Efcritures pour s'aecômoder à no« ftre langage,difen.r que, L'tâtft d'^ugufte Cefirfut fubliéyafin f*e tout le mode fut enregtfiré:&c d'Alexan- dre le Grand rqû'U eftenditfon Empire iufques aux fins CT limites de L terre. Et en autre endroit ils difent que ÏEuAtigile * fructifie &* creuentoutle monde vni~ uerfeLQzx: la faincle Efcriture par vn ftyîe qui luy eft commun, appelle tout Je monde ce qui eft la plus grade partie d'iceluy, ôc qui iufqu'auiour- d'huy a efté defcouuert &cogneu.Et ont igno- ré les anciens,que la merde l'Inde Orientale.ny cette autre de rOccidentale,peuft eftre nauigee ; en quoy ils fe font generaiemét accordez.Pour raifondequoy Pline eferit comme chofecertai- plln- ne,que les mers qui font entre deux terres,nous *7° ôftét Tentiere moy tié de la terrehabitabletpour- ce (dit-il) que cTicy nous ne pouuons aller-là,ny de là non plus venir icy. Et finalement, Tulle, Macrobe, Pomponie Mêle, & les anciens efl uains ont cefte mefme opinion. De l'opinion d'Ariflote touchât le nouueau mon- de , & Ce qui Va deceupour luy faire nier. Chapitre IX, Vtre toutes les raifons fufdi&es, ilf en a eu vne autre , pour laquelle mef- me les anciens furent efmeuz à croire qu'il eftoit impoffible aux hommes de paner en ce nouueau monde. C eft qu'ils tenoiér G ,i.ta${ f/îfloire naturelle qu'outre l'immenfité & grandeur de rOccean, la chaleur de la région que l'on appelle Torn- deoubruflee , eftoit tant exceffiue, qu'elle ne pouuoit permettre aux hommes , quelques ha- sardeux & laborieux qu'ils Ment , de la pafler, ny par mer,ny par terre,pour trauerfer d'vn Po - le à l'autre. Car iaçoit que ces Philofophes ayen t eux-mefmes affermé que la terre eftoit ronde (comme en effed elle l'eft ) & que fous les deux Pôles y a terre habitable: ce neantmoins ont-ils mefcogneu, que la région comprenante tout ce quieft entre les deux Tropiques (qui eft la plus grande des cinqZones ou regions.par iefquelles les Cofmographes , & Aftrologues diuifentle mondeWuteftre habitée de l'humain lignage. La raifon qu'ils donnoient pour fouftenir que cefteZonetorride eftoit inhabitable, eftoità caufe de l'ardeur du Soleil, lequel fait fon cours droittement par defliis celle région , & s en ap- proche de fi près , quelle en eft totalement em- brafee , &par confequent iuy cauie vnderaut d'eaucs &c de pafturages. Decefte opinion a efté Ariftote, lequel encore qu il fuft grand 1 hi- • lofophe5neatmoins s'eft trompé en cet endroit, pourl'efclarciiTement dequoy il fera bon de di- re & remarquer les points où il a bien dilcou- 1*9*- ru &lesautresoùilafailly.CePhi4ofophedoc Metath.cs. metenauant vnedifputefur le vent Méridio- nal, ou du Sud , à fçauoir fi nous douons croire qu'il prenne fa naiffance du Midy , ou bien de Tautre Pôle contraire auNort, &efcnt en ces termes. Umfon mm en feigne que U Umude (T Ur- gent de U terre UUMe , eft bornée V déterminée , O*, des Indes. Liure. I. ig 'nuHtrmms toute cefte terre habitable ne peutcftre ton* teinte CT commuée L'vne a l'autre; pour autant que la re~ gion au milieu *ft trop wtemperee. Car il eft certain que enfaltngitude, qui eft d l'Orient au P-nent , il n'y «point de trop grand frotdjiy d'exceftiue chaleur , mais il eft enfk latitude cr hauteur , qui efî d'vn Pelé a la ligne Equiw- cliale. Et par amfi pourroit-on cheminer çr trauerfer toute la terre en fi longitude, ji la grandeur de la mer , la - quelle comoint les terres enfimbUment , ne dmnôit empefi chement. Iufques icy il n'y a rien a contredire en ce que dit Ariftote, 8c a fort bonne raifon de di- re que la terre par fa longitude, qui eft d'Orienc au Ponent , court plus vniment, & eft toujours plus commode à la vie & habitation humaine, que non pas par fa latitude, qui eftduNortau MidyXe qui eft véritable, non feulement pour cefte raifon fufdite d'Ariftote , à fçauoir pource qu'ilyavnemefme &toufiours femblable te- perance du Ciel, de l'Orient au Ponent: attendu qu'elle eft efgalement diftante , & du froid Cep- tentrional , & de la chaleur du Midy: Mais aufti pour vne autre raifon, qui eft qu'en allât & che- minant toujours en longitude, Ton trouue&: apperçoit-on hs iours &les nui&s fuccedans lesvns aux autres alternatiuement. Ce qui ne peut eftre en allant par la latitude ; d'autant que parneceffitéilferok befoind'arriuer iufquesà cefte regio polacque,en laquelle il y a nuidt- con- tinuelle de lîx mois, chofe grandement incom- mode pour la vie humaine .Le Philofophe patf© plus outre , reprenant les Géographes , qui def« criuoient la terre en fou temps , & dit ainfa Von peut bien cognoiftrt ce que ïay dit , par les chemins C ij Il Hiflc itjloire naturelle que Von peut fore par terre, CT par les nauigations mAritU mes. Car il y a grande différence entre la longitude, 0* U latitude, d'autant que l'efpace £T interna lie qui efi de- puis les colonnes d' Hercules you defiroit de Gibaltarjufquef à ïlnd* Orientale , excède de la proportion déplus de cinq À trois , celle qui eft depuis l'Ethiopie , iufques au lac Meotis CT derniers confins deScythiei ce qui efi approuué parle compte des tournées des chemins y O" delà nauigation que nomfcauorys aprefent par la mejme expérience. D'autre partout auons aufst cognoijfance de la terre habitahle ^iuf- ques aux parties ficelle, qm font inhabitables. Et certes en ce point Ton doibt pardonner à Ariftote, i puis que de Ton temps l'on nauoit point encore defcouuertplus outre que la première Ethio- , pie appellee extérieure, qui eft ioignat l'Arabie, I ôc l'Afrique j & que l'autre Ethiopie intérieure a j efté totalement incogneue de fon temps , mef- j me toute cefte grande terre que nous appelions j auiourd'huy la terre de Prete-Ian. Comme aufîî n'ont point eu cognoiffance du refte de la terte j qui gift foubs l'Equinoxe, & va courant iufques à outrepaiTer le Tropique de Capricorne , pour s'arrefterau Cap de bonne efperance, fi bien | cogneu & renommé par la nauigation des Por- tugais; que fi l'on mefure la terre depuis ce Cap iufques à la Scy thie & Tartarie,il n'y a point de doubte que cefte efpace & latitude fetrouue- ra auiïï grande comme l'efpace & la longitude j qui eft depuis Gibaltar iufques à l'Inde Orien-I taie, C'eflchofe certaine, que les anciens n'ont point cogneu les commencemens &fourcesdu Nil, ny la fin de l'Ethiopie-, ôc pour cela Lucain reprend la euriofité de Iules Cefar, de vouloir ■i Xucan.io. PharfaU des Indes, Liure l. 19 rechercher & enquérir lafourcedu Nil, difane par ces vers. Que te fin- Humain, de prendre tant de peine ^rechercher du Nil les faunes çr fontaines? Et le mefme Poète parlant auec le Nil , dit: Fuis que ta prime fource efi fi cachée encer, Que qui tufiis, o Nil, tous l'vniuers ignore. Mais par la faincte Efcriture mefme l'on peue entendre que cefte terre eft habitable. Car fî elle ne l'efloit, le Prophète Sophonias nedw roit,parlantdeces nationsappellees à l'Euan- gik: Les fils de mes dipr/e^zmû appelle-il ks Apo- <s)m apporteront des prefens de plus outre que les nua- ges d'Ethiopie. Neantmoins,commeilaeftédit, il eft raifonnable de pardonner au Philofophe d'auoir creu les hiftoriens, & Cofmographes de fon temps. Pourfuiuons donc maintenant, & examinons ce qui s'enfuit du mefme Arifto- Sophx.^ te. Fne partie du monde (dil-il) qui efi la fepteatfio- nale,fitueeauNort outre la Zone tempérée , eft inhabita- ble pour ïexce\de froidure : l'autre partie , qui efi au mi- dy , de mefme ne peut efîre habitée outre le Tropique , pour iexcefiiue chaleur qui y ett. Mats les parties du monde fintergifint outre ïlnde, d'vncofté, non encore defcouuerte , laquelle doit eftre terre ferme à l'oppoiitedu Royaume de Chilié, qui va cou- rant plus outre, que le cercle ou Tropique de Capricorne. Que s'il y en a, fans doute ce doit eftre vne terre d excellëte teperature,pour eftre au milieu des deux extremitez,& fîtuee en mef- me climatique la meilleure région de l'Europe, C iiij ffiftoire naturelle Et pour cefte confédération eft fort bonne k çonie&ure d' Ariftote: mais parlant de ce qui eft auiourd'huy defcouuert , ce qui eft en cefte Zo- ne eft peu de chofe , en comparaifon de la gran- de efpace de terre habitée eilenduë fous la Zone Torride. Plia lib. l.c. 9 ne Pline & les anciens ont en la mefme opinion qtt Ariftote. Chapitre X. 'Opinion fufdi&e d' Ariftote a efté fuiuie& tenue par Pline, qui dit ainfi: La température de la région du milieu du monde , par où & à :, l'endroit de laquelle continuelle- ment chemine le Soleil, eft embrafee & bruftee comme dVn feu prochain, ioignât icelle région du milieu. Il y en a deux autres aux deux coftez, qui pour eftre entre l'ardeur de cefte Torride,& le froid cruel des deuxautres extrêmes., font fort temperees,&ne peuuent auoir communication les vncs auec les autres,à caufe de l'ardeur excef- fiue du Ciel. Qui a efté la mefme opinion des an- ciens,generalement d'efcrite par le Poète en ces vers. Tmtle Ciel efi circuit de cinq Zones dont l'vne Que vhebm ardtoujiours d'vnebmXe importune, Rend la terre au de fus toute rougi d! ardeur. ÏEtle mefme Poète en autre lieu, Oye\fi ftdjue gent habite en celle fart, des Indes. Liure L 21 Qui fim la large l^one a fin quartier à part, Que Phœbus au milieu des quatre autres allume, ;; Et vn autre Poète dit plus clairement: il y a fur la terre autant de régions y Comme au ciel qu'on diuife en ces cinq portions ? Dont celle du milieu par l'ardeur excitée Des chauds rais dufôled, efi toute inhabitée. Les anciens ont fondé leur opinion commune fur vne raifon qui leur a femblé cerraine ^in- expugnable: carvoyans quêtant plus vne ré- gion apprôchoit duMidy, tant plus elleeftok chaude (laquelle preuue eft iî certaine en cds ré- gions , que pour cette mefme raifon , en la Pro- uince d'Italie la Pouilk eftplus chaude que la Tofcane; &enEfpagne, l'Andalufie plus que la Bifcaye j chofe fi apparente , que iaçoit qu'il n'y ait point de différence entre l'vne ôc l'autre de plus de huiét degrez , Se encores moins, on void que l'vne eft fort chaude, & l'autre au con- traire, bien froide. De là ils inferoient que la ré- gion il proche duMidy, ayant le foleil droiét pourZcnithjneceffairement deuoit eftre conti- nuellement embrafee de chaleur, llsvoyoienc dauantge, que toutes lesdiuerfîtezdesfaifons de l'année, du Printemps, de l'EftéVde l'Autône, & de l'Hyuer, eftoient caufees de l'approchemér & efloignemét du foleil. Voyans auilï que com- bien qu'ils fuffent fort eiloignez du Tropique, par où chemine le foleil en Elle, ce neantmoins lors qu'il f approchoit d'eux en la mefme faifon, ils fentoient de terribles chaleurs, ôc de là ils iu- geoient que fris eufTent eu le foleil fi proche d'eux, qu'il cheminait au delTus de leurs telles, Hifioire naturelle & tout le long de la nuée la chaleur feroit tant infupportable, que fans doute elle confumeroit &embraferoit les hommes par fon excès. C a cfté la mcfmc raifon qui aclmcu les anciens à croire que la région du milieu neftoit point ha- bitable, fcpour cela l'appelierent-ils la Zone bradante. Et à la vérité fi l'expérience oculaire que nous en auons, ne nous euft efclarcis fur ce point, nous dirions aujourd'huy que cette rai- fon eftoit fort peremptoire , & Mathématicien, ne ; d'où nous pouuons voir combien foible elt noftre entendement, pour comprendre feule- ment ces chofes naturelles. Mais ores que nous pouuons dire qu'il eft efcheu au grand heur & félicité de noftre fiecle , d'auoir la cognoiilance de ces deux grandes merueilles, à fçauoir que Ton peut fort facilement nauigcr la grande mer Occeane, & que fous la Zone lorride les hom- mes iouy fient dVn ciel fort tempéré (choie que- les anciens n'ont peu iamais croire. ) De la der- nière de ces deux merueilles, touchant la quali- té & habitation delaZoneTorride, nous en traitteronsaueçrayde de Dieu fort amplement au liure enfumant. Etpource mefembie con-J uenahle de difcoutir.cn ce liure de 1 autre, qu« eft de la manière de nauiger l'Occean , d autand que cela nous importe beaucoup pour le fujecï de cet œuure. Mais auant que de venir a c^ roinct , il fera bon de dire ce que les anciens onj tenu de ces nouueaux hommes, que nous appel! Ions Indiens. des Indes. Dure I. zz Sue ton troune quelque cognoiffance de cenou^ ne au monde , dedans les Hures des anciens. Chapit.^e\XÏ. Eprenant donc Ce qui a efté mis en anant cydeiTus, il tau t n\e ce lui re- nient conclure^ ou que les anciens p^t g ^ ont creu qu'il n'y auoit homes par^.# philof. delà le Tropique de Cancer, corne cap. n. S. Auguitin & Lactance Font tenu; ou que f'il y en auoit, à tout le moins ils ri habitoient pas en- tre les deux tropiques ( corne Tont affermé Ari- ftote & Pline, 6c deuant eux le Philofophe Par- menides) dont le contraire eft a(ïez prouué cy deuant, tant pour l'vn que pour l'autre. Mais ce- pendant plusieurs par curiofitépourroient de* mander, iï les anciens n ont eu aucune cognoif- fance de cède vérité, qui nous eft àprefentfi claire & fi notoire-, d'autant qu'à la vérité cela femble vne chofe fort eftrange, que ce nou- ueau monde eftant fi grand, comme nous le voyons oculairement, aytefté neantmoinsin- cogneu des anciens, par tant de ftecles paft'ez. D'où quelques- vns aujourd'huv, pretendans amoindrir en cet endroit la félicité de noftre fiecle, & la gloire de noftre nation, f'eftorcent de monftrer que ce nouueau monde a efté co- gneu des anciens. Et de fait l'on ne peut pas nier qu'il n'y en ayt quelques apparences. Sainét Hicrofme efcriuant fur l'epiftre aux Ephefiens, dit : ^uecqnes raifort mm recherchons ce que veut dire filer, fup c. l'^peflre en ces paroles au\l ait : Km mil chemine *» ^ £i)hef' '^pofire en ces paroles f Hijioire naturelle *vn temps filon le cours de ce monde , fiauoir fi £ Udutnturi %l nom veut faire entendre qu'il y ayt vn autre fiecle , qui nefôity ny dépende point de ce monde , mais d'autres mon- des, defqucls efcrit Clément enfin epiflre, ÏOccean , O* lu mondes qui font far delà ÏOccean, Ce font les termes de faind Hierofme. Mais à la vérité ienepeui trouuer quelle epiftre foit celle de faind Clé- ment que cite faind Hicrofmq neantmoinsfans doute ie ctoy que faind Clément Ta efcrite,pui| que faind Hierofme Tamis en auant. Etauec l raifon dit faind Clément , que par delà la met G Qcceane il y a vn autre monde \ voire plufîeurM mondes, comme c'eft la vérité, puis qu'il y a $1 grande diftance d'vn nouueaumondeàl'autrlj nouueau monde ( j'entends dire du Peru Ôc de* ) Indes Occidentales, à la Chine & Indes Orien- [ taies.) Dauantage, Pline qui a efté fi diligent r J| chercheur des chofes eftranges& admirables^ rapporte en fon hiftoire naturelle, que Hannon' Capitaine Carthaginois nauigea parTOccean,' depuis le deftroitdeGibaltar, coftoyant touf- iours la terre, îufqucs aux confins d'Arabie , & qu'il laiiFa par efcrit cefte fîenne navigation. qu$| f'ileft ainfi comme Pline l'efcrit, il fenfuit quç Hannon nauigea autant , comme nauigent auJ jourd'huy les Portugais, trauerfans deux fois pan deflous l'Equinoxe, qui eftjvne chofe efpoiw uentable. Et qui plus eft, le mefme Pline rap- porte de Corneille Nepueu autheur fort graue. & dit que le mefme chemin a efté nauigé par vnj autre homme , appelle Eudaxius , toutefois paij chemins contraires i d'autant que cétEudaxiu* fiiiuant le Roy des Latyres, fprtit par la mcij des Jndes. Liure I. 23 rouge dans l'Occean , & en tournoyant paruint iufqu'au deftroitde Gibaltar; cequelemefme Corneille Nepucu afferme eftre aduenudefoit temps. Comme auffi d'autres autheurs graues efcriuent qu'vnnauire de Carthaginois poulie par la force des vents dans la mer Occeane , ar- riua en vne terre qui iufques à ce temps n'auoit efté cogneu , & qu'eftant de retour à Carthage, donna vn grand defir & enuie aux Carthaginois dedefcotmrir, & peupler cette terre j ce que le Senatvoyant, par vn rigoureux décret dépen- dit telle nauigation, craignant qu'auec le defir de nouuelles terres l'on delaiflaft à aymerfon pays. De tout cecy on peut tirer que les anciens ont eu quelque cognoifTance du nouueau mon- de, encores que parlant de noftre Amérique, ôc de toute cefte Inde Occidentale , à peine en trouue-t'on chofe certaine es Hures des Efcri- uains anciens. Mais de l'Inde Orientale, ie dis qu'il y en a allez ample mention , non feuleméc de celle de par delà, mais aufli de celle de par de- çà, qui anciennement eftoit la plus elloignee, pource qu'on y alloitpar contraire chemin, que celuy qu'on fait aujourd'huy. Pourquoy n'eft il pas ayfé detrouuer auxliures anciens Maîaça, qu'ils appelloicnt le doré Cherfonefe- le Cap de Comorni, quif'appelloitle PromôtoiredeCo- rij & la grande & renommée Ifle deSumatre, tant célébrée par l'ancien nomdeTaprobane? Que dirons-nous des deux Ethiopies, des Brach- manes, & delà grande terre des Chinois? Qui doute qu'aux liures des anciens il n'en foit faite mention plwfieurs fois ? Mais des Indes Occi- rUn. n. g, $en. in Aie- dea au. 1, %n fins. Hifioire naturelle dentales nous ne trouuons point dedans Phne qu'en cefte nauigation l'on pafiait les Mes CaJ naries, qu'il appelle Fortunées , la principalJ defquelles il dit auoir elle nommée Canari J pour la multitude des chiens qui eftoient enj icelle. Mais à peine il y a aucune apparence aui liures anciens de la nauigation que Ion fait auj jourd'huy plus outre que les Canaries , par \j golphe, qu'auecfort bonne raifon ils appelloiéc grand. Ceneantmoins beaucoup ont opinion que Seneque le Tragique a prophetifé de la qui je veut défendre , J)yvn nouueau mur fe doit couunt. Tout efi renuersépar le monde, Fjen riefi enfin lieu demeuré, J{ten fecret, nynend'ajfeuré N'y aparmy la terre ronde. On void que le chaud Indien Soit l'isïraxe en froideur extrefme, Etïllheicrl^hintoutdemefmè> Lauentle peuple ferjien. *t de céte fi grande hardiefte des hommes Séné. Mm a conje&uté ce qu'il a eferit, comme le der- îiierpointquidoitarriuer, difanr : llviendra /« le dernier âge, cre ainfi qu'il a efté mis cy demis. De hfwion que FUton d eue des Indes Occidentales. Chapitre XI I. R fiquelqu'vn atrai&é plusparticu^ lierement de cefte Inde Occidentale* * que l'honneur en doit cftrcdôné à Pla- ton, qui en Ton Timee dit ainfi : En ce temps l'onne fournit nauiger ce Golphc (il entend de la mer Atlan- des Indes. Litire î. . J^ tique, qui eft l'Occean qui fe rencontre au fouir du deftroit de Gibaltar) fource que Te fajfage eftoti clos k U bouche des colomnes d'Hercules ( qui eft le m ef= me deftroit de Gibaltar. ) Et cefle iflee^itiomBeerî, ce temps kU bouche fifdtte , &efttt de telle grandeur* fi elle excédait toute t^î 'fie cri Afrique en femblement: CT alors il j auoit vnptjfage pour aller de ces ijles a d'au- très y cr de ces autres ijles on alloit À la terre ferme qui efteit froche, enuironneede lavuyemet. Cela eft raconté ■ par Critias en Platon. Et ceux qui fe perfuadentî que cette narration de Platon eft vne vraye hi- ftoïre, déduite & contenue fous ces termes di- rent que celle grande Ille appellee Atlantique, laquelle excedoit en grâdeur l'Afrique «5c l'Aile tout enfemble, occupoit alors la plus grande part de lamerOcceane, appellee Atlantique, que les Efpagnols nauigent aujourd'huy, 8c que les autres Mes qu'il difoit eftreproches de cette grande, font celles que maintenant nous appel- ions; Mes de Barlouente , à feauoir Cube, Efpa- gnolle, fain& Ieandu Port-riche, Iamaïque ôc autres Mes de cette centrée* mefme que 1a terre! terme dont il fait mention, eft celle qu'aujour- d'huynoûs appelions terre ferme, à feauoir le 1 eru & 1 Amérique, & que cefte vraye m er qu'il dit, eft joignante icelle terre ferme, fçauoirla mer du Sud, qu'il appelle vraye mer, pourcë quen comparaifon de fa grandeur , ks autres mersMediterranees, voire la mefme Atlanti- que (ont comme petites mers. Par cela à la ve- nte ils donnent vne interprétation fort ingre- Jieuie & artificieufe à ces propos de Platon, Mais h cefte interprétation doit eftre tenus 'jfïfiùire naturelle pour veritabe , ou non , j'ay délibéré Mclaircir en autre lieu. Que quelques vns ont eu opinion qu'aux lieuxi de ÏEfcriture [ainÏÏe , ouilefifaitmentionW yofhir y on le doit entendre de noftrePcruM Chapitre XIII. Velqjes-vns ontcefteopij nion qu'il eft fait mention en lafl fainde Efcriturede cefte Inde Oc* cidentale , prenans la région du Peru pour cet Ophir tant celebréj en icellc Robert Eftiénne, ou pour mieux dire» J François Vatable, homme fort verfé enlalanj eue Hébraïque ( comme ïay ouy raconter à no-; £> _ * _._: r.._ /"~« Jif^îtil^^ A\r aux an- me iiure ces ivoys, 4"1- ' "*r ;r ? ,, SA ttonua Chriftophle Colomb, eftoit celle dQ phir , dont Salomon faifoit apporter quatre cents vingt , ou quatre cents cinquante talents d'or très -fin & rres-pur ; pource que 1 or de O- I» ^f-r. bao quelesnoftres apportent de 1 Efpagnolle i»B.««. eft de telle façon & qualité. Et fe tiennent en imihdeg es cores plufieurs autres gui afferment que cettu noftrePeru eft Ophir, d&uifans, & titans vj nom de l'autre, lelquels croyent que des or, %.P<*. 9. que leliure de Paraiipomenon fut efcrit lo î, ** to. l'appelloit Peru (comme aujourd huy ils le foi dent) en ce que la fainicdks> que nous n a- uons pas. Davantage, l'etymologie du nom <■ J-hjloire naturelle îoccâfion qui k prefentoic alors de l'arriuee , & I «S que le nom du Peru a eftc ainfi trouue & rnTsenvfaee-. carnoustenons icyquelenoma Sldonnl à toute cefteterte duPetu acaufe j annuel les Elpagnols arnuerent quandils hrent | £ mem ère defcouuerte. Et de là nousdifons I «SteSmes Indiens naturels du Peru >gno- • vent & ne fe feruent aucunement de ce nom & *rt«r.G». mentionne lesnoms de Tue & Paul, ne pouuons dire que " dc ce peru>| ,.*.«* defquels ont vfe '« £™ nf ^chreftknsj! istbnh* ex r icnt pt0uenus des Romains , ou v que quelques-vns ont efcrit que Tharlis œ Onhir neftoient envne mefme route &Iro Afiongaber , pour aller queni a? 1 « » OPhK des Indes. Liure I. 27 cft aufîî référé au Paralipomenon % que cefte mefme flotte fut dreflee pour aller à Tharfis. D'où l'on peut facilement iuger qu'en ces liures fufdits, quand l'Efcriture parle de Tharïîs, ôc Ophir, elle entend vne mefme chofe. Quel- qu'vn mepourroit demander fur cecy, quelle région ou Prouince eftoit cet Ophir, oùalloit de Salomon , auec les mariniers de Hyram Roy deTyr& deSidon, pour rapporter de l'or , ôc où prétendant aller la flotte du Roy îofaphat, Re périt, &fift naufrage en Afiongaber, comme \m& [l rapporte l'Efcriture. En cecy ie dis que ie m'ac- corde fort volontairement à l'opinion de Iofe- phe en fes liures des Antiquitez, où il dit que c'eft vne Prouince del'Inde Orientale ~ laquelle fut fondée par cet Ophir fils de lecW, duquel ileftfaitmentionauGenefedixiefme, &eftoic Gene[,iol celle Prouince abondante d'or tres-fin. De là eft venu que l'on célèbre tant l'or d'Ophir, ou dé- plias, ou félon qu'aucuns veulent dire que ce mot d'Obrife vaut autant comme qui diroic l'Ophirife; pource qu'y voyant fept fortes ôc ef- pecesd'or ( commereferefainéfcHierofme) ce- luy d'Ophir eftoit tenu pour le plus fin, comme îcy nous louons &e(timons lor de Valdiuia, ou deCaranaya. La principale raifon qui me fait croire qu'Ophireft en l'Inde Orientale, ôc non en cefte Occidentale, eft, pource que la flotte de Salomon ne pouuoit venir icv fans pafler toute l'Inde Orientale , toute la Chi- ne, & autre grande efpace de mer, n'eftantpas vray-femblable qu'ils eufîent trauerfé tout ie monde, pour venir icy chercher de l'or, princi- D iij *.* Hiftoire naturelle paiement éftantcefte terre de telle façon , que fon n'en peut auoïr eu cognoiffance par aucun - voyage déterre, & montrerons après que les anciens n'auoient cognoiffance deiatt de naui- ccr dont nousvfonsaujourd'huy, fans lequel fis n'euffentpeu f engouffrer, & auancer fi auanç dans la mer. Finalement en ces chofes quand il n'apparoit indices certains, mais feulement con- ieautes légères, l'on n'eft obligé d'en croire da- vantage quecequ'ilenfembleà vnctiacun. ~^J^ifiJn lafaintfe Efiritnre, tharjis, & Ophir. Chapitre XIV. I les opinions & coniedures d'v chacun doutent eftre receiies, tiens quantàmoy, qu'en la fam été Efcriture ces mots deTharii^ , Se Ophir le plus fouuent ne figm- 1 fient aucun lieu déterminé, mais que c-eftvn mot & fignification générale aux Hebrieux,| comme en noftre vulgaire ce mot des Indes | nous eft général en noftre vfage & façon de parler: car nous entendons par les Indes, des terres fort riches , efloignees , &eftrangesdes rioftres. Ainfi nous autres Efpagnols indiffé- remment appelions Indes, le Peru, le Mexique, laChine, Malaque, & le Brefil; & de quelcon- ques parties de celles-cy que viennent lettres, nous difons que ce font lettres des Indes, eftans néanmoins iefdites terres & Royaumes de 28 , iaçoit desjndes. Liure I. grande diftance & diuerfité entr'elles , auflî qu'on nepuuTe nier que le nom des Indes f entend proprement de l'Inde Orientale. Fc pource qu'anciennement Ton parloir de ces In- des comme d'vne terre fort efloignee, delàcft venu qu'à la defcouuerte de ces autres terres aufîi bien efloignees , a- t'on donné le nom des Indes , pour eftre diftantes des autres, & te- nues comme. le bout du monde. Et demefme façon il me femble que Tharfis en la faincte £f- criture le plusfouuent nefignin^ ny lieu, ny partie déterminée , mais feulement des régions tort eiloignees, & félon l'opinion du peuple, fort riches, & fort effranges: car ce que ïofephe & quelques- vns veulent dire que Tharfis eft Tarfo , félon l'intention de TEicriture , il me femble auec bonne raifonauoir eftéreprouué par fainct Hierofme , non feulement dautât que HUron.ai ces deux vocables f'efcriuent par diuerfes let- Marcel, m très , iVn auec vne afpiration , & l'autre fans af- h piration , mais auflï pource que Ton efcrit beau- coup de chofes de Tharfis, quinepeuuentpas bienconuenir, ny fe rapporter à Tarfo Crtë de Cilicie. Il èft bien vray qu'en quelques endroits del'Efcriture il eft dit que Tharfis eft en Cili- cie.Ce qui fe trouue au liure de Iudïth, quand il eft parlé d'Holofernes, duquel il eft dit qu'ayant pane les limites d'Aflyrie , il paruint iufques aux grands monts d'Ange (qui par aduenture eft Taurus: ) lcfquels monts font à la feneftre de Cilicie, & qu'il entra en tous les chafteaux, où ?{'*■&:£ ilaiïèmbla toutes fes forces, ayant deftruitcel- " le tant renommée Cité de Melothi, defpoiulla^ D iiij ,tomo, Itiâith, ca.ij LJA. ^h&L in I. Joan. iSirtafmon. ib'tà. & i» ^yflphabeto - i/fpparaw. $Iieron>. ai MaictU. Hiftoire naturelle Bc ruina tous les fils de Tharfis 6^'lfraël, qui eftoient ioignant le defert , & ceux qui eftoienc auMidy, vers laterredeCellon, ôcdelàpalTa l'Euphrates : mais comme i'ay dit, ce qui eft ain- fi efcrit de Tharfîs -, ne fe peut accommoder à la Cité de Tarfo. Theodoret & autres, fuiuans l'interprétation des Septante, en quelques en- droits mettent Tharfis en Afrique, vouians dire quec'eftoit la ville mefme, qui anciennement f'appelloit Carthage, & aujourd'huy Royaume de Thunes; & difent que c'eftoit là où Ionas youloit aller, quand l'Efcriture rapporte qu il fenfuyoit du Seigneur en Tharfîs. Autres veu- lent dire, que Tharfîs eft vne certaine région des Indes , comme il femble que fain£t Hierof- me T'y veuille incliner. le ne veux pas à prcfent débattre ces opinions: mais ieveux bien dire que l'Efcriture fur celle matière nefignifîepas toufiours vne région , ou partie du monde cer- taine, & déterminée. Il eft certain que les Ma- ees ou Rois qui vindrent adorer Iefus-Chrilt, eftoient d'Orient , & auffi dit l'Efcriture , qu ils eftoient de Saba, Epha, & Madiam. Et quelques hommes do&es font d'opinion qu'ils eftoienc d'Ethiopie, d'Arabie, & de perfe-,&: neantmoins le Pfalmifte & TEglife chante d'eux : Les tys de Tharfis apporteront des frefens. Nousnous accordons donc auec S. Hierofme, que Tharfis eft vn mot qui a plufîeurs & diuerfes fignifications en 1 El- çriture, & que quelques fois il fignifie la pierre Chryfolithe s ou Iacinthe j tantoft quelque cer- taine région des Indes, tantoft la mer mefme, qui eft de couleur de Iacinthe à la reuerberatioç - desjnâes. Liure I. 2.9 du Soleil. Mais auec raifon le mefme faind Do- deur nie que Tharfis foit région des Indes où vouloir fuyr lonas, puis que partant de Ioppé,il iuy eftoit impoffible de nauiger iufques es In- des par icelle mer. Pource que loppé ( qu'au- iourd'hny nous appelions lafFe ) n'eft pas vn port de la mer rouge, laquelle eft jointe auec la mer Indique Orientale, mais de la mer Médi- terranée, qui n'a point d'ifFué par la mer Indi- que. D'où il appert clairement, que la nauiga- îion que faifoic la flotte de Salomon , partant de Aiîongaber (où fe perdirent lesnauiresdu Roy Iofaphat) alloit par la mer rouge à Tharfis Ôc Ophir5ce qui eft expreiTémentatteitç en l'Efcri. ture. Et aeftécefte nauigation fort différente de celle que pretendoit faire lonas à Tharfis, puifque Afiongaber eft leport dvne CitédT- dumee, afîife fur le deftroit , où la mer rouge fe ioint auec le grand Occean. Qeceft Ophirïon' apportoit à Salomon de l'or, de l'argent, du morphie}des monnes , ôc coqs d'Inde , ôc eftoit leur voyage de trois ans , toutes lefquelks cho- ies fans doubtedoiuenteftre entendues de l'In- de Orientale , qui eft féconde ôc abondante en tour ce que deiïus,ainfi que Pline l'en feigne, ôc que nous en auonsà prefent certaine cognoif- fance.De noftre Peru certainement ils n enflent peu apporter du m orphie , d'autant que les elè - phansyfontdutoutineogneus: maisileuflene bien peu apporter de l'or, de l'argent , ôc de fort plaifantes & gentilles monines. Finalement il rnefembîequeJ'Efcriture faincte entend corn- nîunem ent par ce mot de Tharfis , ou la grande ffiftoire naturelle mer: ou des régions fort cfloignccs & eftran^ cres. Parainfiil fuppofe que les Prophéties qui parlent de Tharfis(puifque l'efprit de prophétie peut tout feauoir) fe peuuentbien fouuentac- commoder aux chofes denoftrenouueaumode.J Dek Prophétie d'Abdias , me quelques -vm interprètent efire des Indes . Chapitre XV. Lu ficurs difent & afferment qu e laïam&e Efcritureila efté prédit bien long reps dejiant que ce nou^- ueau monde deuoit eftre couertyj 9 àlESVS-CHRisTpatlanatiÔEfpHj Jin^Com. enolle & à ce propos mettét en auant & explij f^ML in |uende tcxtc Je la Prophétie d'Abdias, qui difl Wiïtm ainfi: ^ î- mm/^*» * cefl exemtedes enfans à M # M uelptfedera «Les les chofes des Cananéens tvfreseuà S*4tei&'Utr*nfmmàtu>u de merufiltm , f>"fi*»\ BofphorejofZedeu les Ote^duMidj 3€T monterot les M uiursJmontdeSmpmiugerUmontdyfA^ÇeuM Rnéumepiurk Semeur. Cecy a elle mis ainii en Mm V-j ircrfuiuantlaiettre.Maislesautheursqu(J ff.^Tj i'entensen rHebriculifcnr ainfi: E^^wj^gr*. V».. /«.» m» ieceflexemte des enfrm à'ijuel (qui font les) Ci-, **M«- nt»eh i«/a»f^Z^U(quieft France) cr « "«/««- **»» de SieruUK^ 'fi <» saphuud (entedez pour E^sn^ojfâc^fmrhenUgeUsOte^Mdy,^ montmnt ceux & conuerfion d'iceluy en la foy. l^YM mefmes dit ces termes. en des jjles fort eflongnees , ot* j ils conuertiront au Seigneur flufieurs o> diuerfes nations, J Entre lefquelies il nomme la Grèce , 1 Italie &C \ l'Afrique, & beaucoup d'autres. Ce qui fans doute fe peut bien rapporter à la conuerfion de ces nations des Indes. Car eftant chofe afleuree #iatthM. que l'Euangile doibt eftre prefchee par tout! l'vniuers, ainfiqueleSauueurnous la promis*. & qu'alors viendra la fin du monde , il s'enfuit, ! &ainfi le doibt-on entendre, qu'en toute le-, {tendue du monde il y a beaucoup^ nauons* Ifay.iZ.ittx- t*7Q.f nter. Jfayét 66. des Indes. Liure I. 31 i qui ï E s v s-C h r i STn'a efté annoncé. Partant nous debuons de là recueillir, qu'il eft demeuré grande partie du monde incogneuë aux anciens* ôc qu'auiourd'huy il y en a encore vne bonne partie à defcouurir. Par quel moyen ont peu arriuer aux Indes les premiers homme s, & qtiilri y font arriuez* degré, & félon leur intention. Chapitre XVI. Aintenant il eft temps derefpôdre à ceux qui difent qu'il n'y a point d'Antipodes, & que cefte région où nous viuons,ne peut eftre habi- tée. L'immenfe grandeur de l'Oc- cean efpouuenta tellemit faind Auguilin, qu'il ne.pouuoit penfer comment le lignage hu- main euft peu paffer à ceftuy noftre nouueau monde. Mais puis que d'vne part nous fçauons de certain que pafïèz font plusieurs ans, qu'il y a des hommes habitans en ces parties cy, 8c d'au- tre part ne pouuôs nier ce que la fain&eEfcritu- res nous enfeigne clairement, que tous les hu- mains font procédez d'vn premier homme, que fans doute ferons contraints de croire 8c con- feffer que les hommes feront partez icy de l'Eu- rope, dcl'Aficj ou de l'Afrique : toutesfoisce pendant il nous faut rechercher & difeourir par guel chemin ils y ont peu venir. Il n'eft pas ' . Zfiftoire naturelle vray-femblable qu'il y ait eu vne autre arche de; Noé,en laquelle les hommes puiflent eftre arn- uez aux Indes, '& moins encore que l'Ange aie tranfporté les premiers hommes de ce nouueau monde^attachez & ïufpenduspar les cheueux, comme il fit le Prophète Habacuc , car nous ne traittons-pas de la toute- puiiTance de Djeu,mais feulement de ce qui eu: conforme à la raifonôc à Tordre -&difpofuion des chofes humaines. Ceftpourquoy ces deux chofes doiuent eftre tenues pour admirables ,& dignes de merûeil- le , voire d'eftre comptées entre les fecrets de Dieu. L vne que le genre humain ayt peu pafler vne il grande trauerfe de mer 5 & de terre. L'au- tre qu'y avant icy fi grand nombre de peuple, ils ayent efté neantmoins incogneus^ par tant de fiecles. Pour celle caufe ie demande par quelle délibération, force &induftrie , le li- gnage des Indiens a peu pafler vne fi large mer, Se qiripouuoit eftre l'inuenteur d'vn palTage fi eftiange. Véritablement ie l'ay piufieurs fois recherché & ruminéà moy-mefme, (comme piufieurs aurres ont fait, ) &iamais n'ay peu "■ trouuerchofequime peuft fatis faire. Toutes- fois l'en veux bien dire ce que l'en ay conceu,&: qui me vient à prefent en la fantafie , puis que les tefmoins me manquent lefquels ie puine fuiure, & melaifier aller parle fil de la raifon, (quoy qu'il foit fort délié) iufques à ce qu'il fe difparoifle.du tout de deuant mes yeux. C'eft vne choCe certaine que les premiers hommes font venus en la terre du Perupar l'vnedeces deux manières, fermoir ou par terre, ou par -des Indes. Liure. I. 3^ mer. Que s'ils font venus par la mer, c'a efté ou fortuitement Ôc par hazard , ou de gré ôc propos délibéré. I'entens par hazard,eftans iec- tez par quelque orage & force de tourmente, comme il aduient en temps rude , ôc tempe- ftueux. Tentens auiîî de propos délibéré qu'ils euiTent dreilc leur nauigation,pour chercher ÔC defcouurirde nouuelles terres. Outre ces deux manières , ie trouue qu'il n'eft point poiîible d'en trouuer d'autres , h* nous voulons fuiure le cours des chofes humaines, & ne nous arrefler à fabriquer des fixions Poétiques &fabuleu- ùs. Car il ne faut pas que quelquvnfe perfua- dede trouuer vn autre aigle, comme celle de Ganimede , ou quelque cheual volant , comme celuy de Perfeus, qu'il maintienne auoir ap. porté les premiers Indiens par l'air , ny que par aduemure ces premiers hommes fe foientfer- uisdepouTons, comme Serenes, ou Nicolas, pour les auoir partes là. Mais delaiffant arrière ces propos de menfonge,& dignes de rifeesexa~ minôs vn peu chacune de ce deux manières mi- fes en auant,attendu que celte difpute fera plai- fante&vtile. Premièrement ilmcfemblc que ceneferoitpas chofetrop eilojgnee de raifen de dire , que ks premiers ôc anciens peuples de ces Indes font venu^omdefcouuerr, Ôc peuplé parla mefme façon que nous autres à prefenc y venons iournellement,à fçauoir par Tare de nauiger, Sdaydedes pilotes', lefquels fecoa- duifentparla hauteur &cognoiffàncc du Ciel, &auec rinduftrie qu'ils onc de changer '&■ ma- merles voiles, félonie temps qui fe prefence. s.para.9. Hifîoire naturelle Pourquoy cela ne pourroit-il pas bien eftr faut-il croire que nous fculs hommes , & en ce ftuy noftte fieclc tant feulement , ayons corn priL& cogneu l'art de nauigerl Occeanî Nou» voyons que de ce temps mefme 1 on nau.ge , dtf irauerfeencor l'Occean pour defcouunr nouj miles terrc3,comme peu de temps y a qu Aluaro| Mendana &fes compagnôs o nt nau.ge eftan sfl partis du port Lima, & fu.uy la toute du PonenJ Lut deicouurir la terre qui gift àl'Eft, ou eft le Peru , & au bout de trois mois, defconunjl rentkslflcs qu'.ls appelletcnt , ^ JSaloJ won, oui font plufuurs& fort grandes. Etyj a grande apparence qu'elles gifent .o.gmn | nouuelle Guyuee : ou pour le moins quelles, font fort proches d'vne aurre terre ferme Et en-4 coreauiourd'huyparkcommandemetduRoy« & de fon Confeil, l'on délibère d'appreftervnj nouuelle armée pour aller à ces Ifles. Puis don" qu'il eft ainfi,Pourquoy ne d.tons nous pas qu les anciens auffi bicnn'ayent peu auou le cou rage.&refolutionde voyager par mer a me me délibération de defcouurir la terre , qui appellent AntiSthon , oppofite à la leur A qu fclon le difcours de leur ph.lofophie deuoi eftre auec deffein de ne s'arrêter u#« >> •! vetie des terres qu'ils cherchoient > Certain^ ment il n'y a aucune répugnance ou contrarie | te , que ce que nous voyons amourd huy artij uer^oit amf. anciennement ""«é : attendu roefme que la faincte Efcriture tefinojgne ^que, Salomon print des maiftres pilotes de Tyr & de Sidon , fort adroits & expérimente* à la| Il des Indes. Liure. I. 33 mer ,& que par leur induftrie , l'on Et cette na- uigation de trois ans. A quel propos pefez vous qu'elle remarque l'art des mariniers , & leur feience, enfe m ble leur nauigationfi longue de troisansj fînon pour nous donnera entendre que la flotte de Salomon nauigeoit le grand Occean ? Il y en a beaucoup qui font de celle opinion, aufqueJsil.femblequefain& Auguftin auoit peu de raifon de s'efpouuenter , & efmer- ueiller de la grandeur de rOcccan.puifq^il pou- uoit conietfurer qu'il n'eftok fi difficile à naui- |er , veu ce qui eft rapporte de la nauigation de Salomo.Mais pour dire la verité^mo opinion eft bien autre, & ne me puis perfuader que les pre- miers Indiensfoient arriuez en ce nouueau mÔ« de par vne nauigation ordonnée, & faite à pro- pos. Mefmciene veux pas accorder que les an* :iens ayent cogneu l'art & induftrie de naujger >ar le moyen duquel ks hommes auiourd W rauerfent la mer Occeane de quelque partie luecefoit, à quelconque autre qu'il leur pren- iTt W^ont a^^ne incroyable 'iftefTe&refolunon ■ a^^«queienetrouue ■n toute 1 antiquité* aucun refte, ou tefmoigna- p à vne chofe fi notable, ôedefi grande impor- ance.Etnetrouuequ'auxliuresdesanciensfoit a te aucune mention de l'vfage de la pierre ul'œ V0™^, cn aycnt « aucune co- £fc ^ fi ^nofteI^ognoiflance de SHt T' 0»cogn<>«» facilement iUiicftunpoffiblc qu'ils ayent trauerfé 1 cften- * du grand Occean, Ceux qui ont quelque Hifioire naturelle cognoilîancedelamer , entendentbienceque ie dis. Pource qu'il eft auflî facile de croire queles mariniers eftans en plaine mer puiffenc dre(Ter la proue delanauite ou ils voudront^ fi l'aiguille de nauiger leur défaut, comme d«J penftr que l'aueugle puiffe monftrer aueç le 5oi« cequieft proche, ou ce qui eft efloigne en I quelque endroit. Et eftvnechofe efmerneiUa- ble que les anciens ayent ignore par tant de tempsvne fi excellente propriété de la pierre) ,t d'avmant , & qu'elle ait efté defcouuerte & ofl TA »: S par 1« modernes. 11 appert bien que 1* '.&"* fnctaî ont ignoré cette propriété , en ce que J*.7-'-4- Pline, quieftficurieuxhiftoriendeschoiesna-i tnrellesmeantmoins parlant de cefte pierre d ay,| mant, ne dit aucune chofe de cefte vertu & «oj nrieté qu'elle a de faire toufiours tourner daj LrsïeNort lefet qu'elle aura touche , qui c». la vertu la plus admirable qu'elle ayt. Anftorj Biofr.Ux. Theophrafte, Diofcotide, Lucrèce, nyaucuij ■}°\l 6 hiftotiens,nyPhilofophes naturels quei ayveu *"** '■ ïen font aucune mention , encore qu ,1s tra - , ied- dent delapierre d'aymant. Sainft Auguftin I ^1,tr4.aUd'auLpattplufieufs&diuerfespropn| Zu m* ta , & merueilleufes excellences de la pieri dtm»g>«<' d'avmant.aux hures de la Cire de Dieu, nq parle nullement. Et eft certain que toutes 1 Lrueilles que l'on cote de cefte pierre , ne fo Sen ao ie?peft de cefte propriété fi eftran ouelle a de regarder toufiours au Nort, qui« £ grand miracle de nature. Il y a encore vn» Pli», t. 7-<- se arguwenr.qui eft que Pline traitant des p $«• jni«s inuenteuts de la nauigauon, & racontai des Indes. Liure I. 34 tous les inftrumens & appareils , ne parle aûcU* Bernent de l'aiguille à nauiger, nydelapierre daymant: mais iedy feulement que l'art de re- cognoiftre les eftoilles a efté inuenté d-es Phéni- ciens. Et n'y a point de doute que ce que les an- ciens ont fçeu & cogneu de Fart de nauiger, ne- ftoit qu'au regard des eftoilles, & remarquas les «uages,Caps,&diffcréccs des terres. Qucs'ilsfe trouuoient flauant en haute mer,que du tout ils perdirent la veaë de la terre, ifs ne feauoient en quelle part dreiïerla proue par autre difcours^ [mon par les eftoilles, foleil,& la lune, &ccla leur defFai!lant,(comme il aduient en temps né- buleux, & couuert 5 ) ils fe gouuetnoicht par là qualité du vent, &parconie&ures duchemiri qu'ils pouuoient auoir fai& , finalement ai- oient conduits de leur inftinft. Comme en ces ndes les Indiens nauigentvn long chemin de nerxonduits feulemét par leur induftrie & in- tiricT: naturel. Etfert beaucoup à ce fubjedc ce [u'eferit Mine , des ihfulaires de la Trobane, qu'auiourd'huy nous appelions Sumatra J di- ant en cefte façon , lorsqu'il trai&e de l'art ëc nduftne dont ils vfoient à nauiger. Ceux de h Ta - robane ne voyent point le Nort.cr pour Muigerjuppleené ce défaut, portas mec eux certains petits oyfiM* Je/quels s Uijfent aller fitatent, CT comme ces petits oy féaux par Murclmpin voilent toujours vers la terre Jes mariniers ■refent leur proue a Uurfuitte. Qui doubtc dpnc que iIseufTenteucognoiftance de l'aiguille, ils né e ruiset aydez pour guide de ces petits oyfeaur, our defcouurirla terre?Bref il fuffit pour m& m que les anciens n'on? cogneu ce fecret ste f/ïftoire naturelle la pierre d'aymant, de voir que à chofe C\ re- marquable, il n'y a aucun mot, nyvocableLa- tin,nyGrcc,nyHebreu5quiluyfoitpropre.Cari vne chofe de telle importance n'euft point ma-i que de nom en ces langues , s'ils l'eullent co-| eneu. De là vient qu'auiourd'huy les Pilotes pour faire drelTer la route, àceluy qui tient W gouucrnail,fc feent au haut de la ppuppe qui el 1 afin qu'il puîffc de ceft endroit regarder 1EH puille,là où anciennemet ils feoient en la proucl pour regarder les différences des terres & de mers, 8c duquel lieu ils commandoient au gou uernaiLCôme auiourd'huy l'ô vfe encore à l'en trer ou forrir de quelque port & haure, & pou cefteoccafion les Grecs appelaient les Pilou Troritds, pource qu'il fe tenoieriten la proue. De UfYoprieté& vertu admirable de laperj iaymant , pour le fait de la navigation , & que les anciens n'en ont eu cognoijfance. Chapitre XVII. Ar ce qui cft dit cy dclTus,il appertqfc l'on doit tenir la nauigation des lndji fi briefue & fi certaine,que nous 1 aul de la pierre d'aymant. Comme 1 iourd'huy nous voyons plufieurs hommes ë ont voyagé de Lisbonne à Goa, de SeuiUj Mexique , à Panama ôc en toute cefte autre rt duSud, iufques à la Chine, * au dcftroi* des Indes. Liure. I. 3 j Magellan, & ce auiîî facilement ÔC certaine- ment, comme le laboureur peut aller delame- :airie en la ville. Nqus auons veu aufïi des îommes qui ont faict quinze voyages aux In- les , voire dixhuicl: , Ôc auons entendu parler i'aucuns anciens lefquels ont fait plus de vingt r°ya£cs > palans ôc repafTans la largeur de ce rrand Occean , aufqueis ils n'ont apperceus au- :unsreftes, ny apparences de ceux qui auoient >affé, ny rencontré voyagers à qui demander le hemin. Car (comme dit le Sage) la nauirc cou- Sttï' > : >e l'eaiie ôc fes ondes, fans laiiîer vçdigcs par où lie paflè,ny faire chemin dans les ondes. Mais >arla vertu & propriété de la pierre daymant, l fe fai& en ceft Occean comme vn chemin tacé ôc defcouuert, le très haut Créateur de outes chofes luy ayant communiqué telle ver- u,quepar fon attouchement au fer,illuy corn- aunique cefte propriété, d'auoirfon mouue- lent Ôc regard vers leNort, fans y faillir , en [uelque partie du monde que ce puùîe eflre. ^uelques-vns recherchent quelle eft la caufe c cefte propriété merueilleufe, & veulent di- e, & s'imaginer iene fçay quelle fympathie: aais quant à moy,ie prends plus de plai/ïr ôc de ontentement confiderant ces merueiiles , à ouer la grandeur ôc pouuoir du Tout- puifTan t, kmerehouyren la contemplation defés ceu- Ues admirables,^ à dire auecSalomon, parlant . 1 ur ce props: 0 Pere\ duquel U providence gouuerne et **' 4 maintient vn bois y lu) donnant vn chemin afeuré 'fur U W , cr 4u milieu des bondifantes ondes , four montrer wàcmefme façon tu fournis fiuuer cr deliurer l'bom* £ iij ÉJà. Il j/ïfioire naturelle me de tout perd CT mufrtge , encor qu'dfujrfins **4 a„md,eu deUmer. Mus îi»unt cpe tes autres font plemestUfateft, les hommes mettent erh*\*rdent leur, vmfm InpeudeUs^pourtrmerferUmer , s efcb^i tenta- fi Lifatdert» vn btftetu.Et fur ce mefmaJ propos le Plalmifte dit : Ceuxqu, montent fur mer \ PU. urf. ïndïsnauires, mais tirant outre de là à plus de hauteur , il nortoefte , qui eft à dire décliner an couchant. Mais tirant au contraire à moins del hauteur, vers l'Equino&ial , il nordefte , qui eft | incliner à l'Orient, Les maiftres en ccft arc| pourront enfeigner de combien & iufquesoùj de ma part ie demanderois volontiers aux ba- cheliers qui prefumentfçauoirtout ce qui eft, qu'ils me dùîent la caufe de ceft erTed , & pour quelle raifon vn peu Je fer frotte à la pierre d'aymant, reçoit tant de vertu que de regar- der toufiours au Nort : mais encor auec telle dextérité, qu'il cognoit les climats Scdiuerfes fituations du monde, & oùilfe doit ficher & dreffer, où s'incliner en vn cofté ou en l'autre^ suffi bien qu'aucun Philofophe & Cofmogra-i j>he qui foit. Que fi ne pouuons bonuemoru; àts Indes. Liurel. $? < defcoûurir la caufe & la raifon de cçs chofes que nous voyons iournellemet à l'œil, qui fans douce feroient fort difficiles à croire , fi nous ne les voyons ainfi ouuertement. Certes Ton co- gnoift bien par là noftre folie & vanité, de nous vouloir faire luges , ôc aflujcttir à noftre raifort & difeours, les chofesdiuines, & fouueraines. Ceft pourquoy il vaut mieux , comme dit Gre- ; goire Théologien, que la raifon f'afïuj étrille à h j foy , puis qu'en fa maifon raefmc elle ne fe peut i pas bien gouuerner. Mais cecy nous doit fuffire> iretournons à noftre propos, & concluons que jl'vfagc de l'aiguille inauiger n'a point ckéco- gnciie des anciens , d'où l'on peut refoudre qu'il | leur a efté impoiîible de faire voyage de propos ! délibéré , partans de l'autre monde, pour venir en ceftuy- cy par I'Occean. Refponfe a ceux qui difent qu'au temps pafse, comme autour d h uy , l'on a nauige fur I'Occean. Chapitre XVIIL E que l'on allègue au contraire de ce qui a efté dit que la flotte de Salomort nauigeoit en trois ans^'eft pas preuue fuffifante, puisque les fain&es Ecritures n'af- I ferment pas expreflement que ce voyage duraM troisans, mais bien qu'il fefaifoit vne fois en trois ans. Et encore que nous accordions que h nauigation duraft 3. ans, il pouuoit eftre , com- Ime ileft plus vray-femblabie, que cefte flotte Nuigeant vers l'Inde Orientale, fut retardée de ÀàÊ> ïo». 10. ; Hifloire naturelle fa route, pour ladiuerfité des ports & région qu'elle alloit recognoifTant, côme aujourd'huy en toute la mer du Sud Ton nauige depuis Chi- lé iufqu'à la neuue Efpagne, laquelle nauigation encore qu'elle foit plus certaine , neantmoirîs elle eft bien plus longue à caufe de ce tournoye- menr qu'elle eft contrainte de faire par les co- ites, & le retardement qu'elle peut auoir en dî- uers ports. Et à la vérité ie ne trouue point es li- mes des anciens qu'ils fe foient beaucoup ad- uancez & engolphez enl'Occean, & ne peux croire que ce qu'ils enontnauigé, ayteftéau-j trement, que de la façon qu'on nauige encore* j aujourd'huy en la mer Méditerranée. Qui don- ne occafion aux hommes do&es de ctoireque j anciennement l'on nenauigeoit point fans ra mes, d'autant qu'on alloit toufiours coftoyan la terre; & femble que l'Efcriture le veuille ainl donner à entendre, quand elle parle de cette iM meufe nauigation du Prophète Ionas, où il eft- dit que 1 es mariniers eftans forcés du temps, r'a* menèrent à terre. I ~~Ôu~e Ton peut conietturer que les premiers peth fleurs des Indes y font arriue^par tour- mente , ejr contre leur volonté. Chapitre XIX. Yaht raonftté qu'il n'y a point d'apparence de croire que les pre- miers habitans des Indes yfoiens venus de propos délibéré, il ren-t _ fuie doneques que fils y font vc«j nus par mer, c'a eftç par cas fortuit , & par iM des Indes. Liure I. jg ce de tourmente 8c tempefte; ce qui n'eftpas incroyable , quelque grande que (bit la mer | Occeane, puis qu'il enefttout autant aduena ! de noftre temps, lorsque ce marinier (duquel | nous ne fçauons encores le nom, à celle fin i qu'en vn ceuure fi grand, S^de fi grande impor- tance, ne T'attribue point à d'autre autheur qu'à Dieu) ayant par vn terrible & mauuais temps recogneu ce nouueau monde; laifTa pour paye de Ton logis où il lauoit receu , à Chriftophle : Colomb, la cognoiffance d\nc fi grande chofe. Ainfi a-t'ilpeu arriuer que quelques hommes de l'Europe, ou Afrique, au temps p ailé ayent I efté poullèz par la force & violence du vent, Ôc îiettez à des terres incogneiies par delà, la mer Occeane. Qui eft- ce qui ne fçait point que plu- fieurs, ou la plus grande part des régions que l'on a defcouuertes en ce nouueau monde,a efté par ce moyen , defquelles on doit pluftoft attri- buer la defcouuerture â la violence des temps & orages, que non pas à I'efprit&induftriede Ceux qui les ont defcouuertes? Et afin que l'on recognoifle que ce n'a pas efté de noftre temps feulement que l'on a fait, & entreprins de tels voyages, pour la grâdeur de nos nauircs, valeur & hardiefie de nos hommes, on peut voir de- dans Pline que plufieurs des anciens ont fait de femblables voyages. Il dit donc de cefte façon: • l'on raconte que Caïus Cefir fils â'^ugu fie , eft an t en pll x ■ charge fur la mer d'Arabie , l'on vid çr recogneut cap. 6$. I des pièces & refies de neutres Eftagnols qui y tuaient pe - y. Et dit après: Nepos raconte dit circuit Septentno- ul9 que Un apporta « QmntPtf Metelltn Celer , çompa-, PVm. U. 6, Hiftoire naturelle grnn m tonfulat de Caïtt* sAjfranm , eftant Un iïelA MeteUm Proctnful en Gaule , certains Indiens qui auoient efiê prefentès Par le %oy de Sueue , UfféeU Indiens naui- geans de l'Inde peur leur commerce , furent itttés en Ger* marne par la force des tempefies. Pour certain fi Pline dit vérité , les Portugais ne nauigent point au- j ourd'huy dauantage , que rirent ceux là en ces deux naufrages, i'vn depuis l'Efpagne iufqu'cn la mer rouge , & l'autre depuis l'Inde Orientale iufqu'en Allemagne. Le mefme Autheur elcrit en vn autre liure,qu'vn feruiteur d' Annius Plo- canius, qui tenoit la ferme des droits de la met rouge, nauigeant la route d'Arabie , furuint de» vents du Nort furieux , tellement qu'en quinze ïours il pana la Carmanie , iufqu'à recognoiftre Hippures, port de laTaprobane, qu'aujour- d'huy nous appelions Samatre. Mefme l'on ra* conte d'vn nauire de Carthaginois , qui de la mer de Mauritanie fut poufle d'vn vent de bize iufqu'à la veùe du nouueau monde. Ce qui n'eit pas chofe nouuelle à ceux qui ont quelque ex- périence de la mer, d'entendre que quelquefois vne tempefte dure fi long temps & obfhnemét J fans appaifer fa fureur. Il m'eft aduenu allât aux Indes, que partant des Canaries i'ay defcouueff $c apperceu en quinze iours la première terre, peuplée des Efpagnols. Et fans doute ce voyage euft efte plus bref, fi les mariniers euflent appa- reillez toutes leurs voiles àlabizcquicouroitJ- Ainfi me femble-il chofe vray-femblable, que au temps pafie les hommes foient arriuezauxj Indes contre leur intention, pouffez, & vaincus;! de la fureur des vents. Ils font auPeru grande L des Jndes. Liure L $p ! mention de quelques oeansqui ontefte en ces quartiers, lesosdefquelsfevoyentencoresau- jonrd'huy enManta, & Port- vieil, d'vnegran- ! deur énorme, & à leur proportion ces hommes deuoient eflre trois fois plus grands que les In- diens d'aujourd'huy. Ils racontent que cesceans vindrent par mer, &faifoient laguerreàceux du pays, qu'ils battirent de fomptueux édifices, dont ilsmonftrent encore aujourd'huy vn puits fait de pierre de grand valeur. Us difent dauan- rage, que ces hommes cômettans péchez énor- mes, & fpecialement celuy contre nature, fu- rent embrafez & confumez du feu qui vint du ciel MeCme racontent les Indiens d'Yca & d'A- rica, qu'ils fouloient anciennement nauiger fort loing à des lfîes du Couchant, ôc faifoientleur nauigation en des cuirs de loup marin enflez; defaçon qu'il n'yapoint faute de cefmoigna- gespour monftrer qu'on aytnauigé la mer du Suddeuantque les Efpagnols y virulent. Ainfi pouuons-nous penfer que le nouueau monde a commencé d'eure habité par des hommes qui y ont eftéiettezpar iatempefte des vents, & la force du Nort, comme finalement on la veiic defcouuerte en noftrc temps. Il cft ainfi ( cfcofe bien confidcrable ) que les œuurçs de nature de grande importance , pour la plus grade par t ont cfté trouuees fortuitement fans y penfer, & non paspar Tinduftrie & diligence humaine. La plus part des herbes médicinales, des pierres, des plantes, des métaux, des perles, del'or.aymant, ambre, diamant, &laplufpartdechofesfem- |blabie«, & leurs propriété* & vertus font plu- Hifloire naturelle ftoft venues enlacognoitfance des nomes paff accident , que par art, & par leur induftrie -, afin* que l'on voye que la gloire & louange de celle» rnerueilles, fe doit pluftoft attribuer à la proui- I dence du Créateur , que non pas à rentendemétl humain, pour autant que ce qui nous femblel arriuer fortuitement, procède toufiours de l'or-I donnance ôtdifpofition deDieu, qui fait touJ tes chofes auec raiion. mte néanmoins tout ce qui a e fié dit cy deJfasjL efiflus vrayfemblable de f enfer que lespreM mïers peupkurs des Indes y font venum j?ar terre. Chapitre XX, E coclus donc qu'il eft bien vray4 femblable depenfer quelesprë| miers qui arriuerenc aux lndesj fut par naufrage, &cempefted^ 9 mer : mais il le prefente fur cl poinct vne difficulté, laquelle me trauaille gran- dement, qui eft, qu'encores que nous accor- dions que les premiers hommes (oient venus à des terres fi efloignees que celles- cy , & que les natiôs que nous voyons îcy, foient forties d'eux, & fe foient tellemét multipliez comme ils font àprefent -, neantmoins ie ne me pui; imaginée par quel moyen, ny de quelle façon les belles & animaux , dont ilîe txouue grande abondant des Indes, Lîure L ^o Ce aux Indes, yayentpeuarriuer, n'eftantpas ; croyable que l'on les y ayt embarquez , & por- ; tez par mer. La raifon pour laquelle nous fora- ines contraints de dire que les premiers hom- ;mes des Indes font venus de l'Europe, oude il'Afîe, eft pour ne contredire à la fain&eEfcri- Cm. ?2 1 ture, qui nous enfeigne clairement que tous les hommes font fortis d'Adam* Parainfinousne pouuôs donner autre origine aux hommes qui font es Indes, veu que la mefme Efcriture nous dit que toutes les belles & animaux de la terre périrent, finon celles qui furent referuees en l'arche deNoé, pour la multiplication ôc en- tretien de leurefpece. De façon que nous dé- lions neceiïairement référer la multiplication de tous les animaux fufdits, à ceux qui formant de l'arche de Noé aux monts d'Araraat où elle f arrefta , &:par ce moyen nous deuons recher- cher, tant pour les hommes que pour les belles, le chemin par lequel ils font paiïèz du vieil monde au nouueau. Saine! Auguftin traidfcanc celle quefîion, pour quelle railon Ion trouue ^'im en certaines Mes desloups, des tigres, &au- "*'** '*7~ très belles rauifTantes, qui n'apportent aucun profit aux hommes, veu qu'il n'y a point de dou- te que les elephans,cheuaux, bœufs, chiens, ôc autres animaux dont fe feruent les hommes, y ont elle portez tout exprès en des nauires, com- me nousvoypns aujourd huvque l'onîespor- te depuis l'Orient iufques en l'Europe, &de rEurope au Peru, encores que les voyages en foientfi longs. Et par quel moyen ces animaux «jui font de nul profit, au contraire font dorn- Hifioire naturelle maeetbles côme les loups, & autres de telle fl- eure farouche , ayent peu paOer aux Indes , fup- pofe (comme il efteerrain) que le déluge noya toute la terre.Sur lequel traidté* ce dofte& faing homme etfaye à fe démefler de ces difficultez,di. fant qu'ils peurent patfer à nage en ces Mes , ou quequelqu'vn lesyaportez exprès pour le dej duitde lachaiîe-, oubienque parla volonté de Dieu ils euiïent efté cteez toutde nouueau de 1* terre, enlamefme forte & manière de la pre- mière création , quand Dieu dift : Que U terre m- Gtntï i. àmfe tout animal vtuant enfin genre animaux reptiles, *' Crbefies fauuages deschamps filon leureflecc. Mais II nous voulons appliquer cette folutiôn a no- , ftre propos, la chofe en demeurera plus amba- raljbe : car cômençant au dernier point , il n'eitti pas vray- fcmblable , félon l'ordre de nature , nf\ n'eft pas chofe conforme à 1 ordre du gouuerne* ment que Dieu a eftably , que les animaux par-,1 faits, comme les lyons, les tigres, &leslouPs^ f'engendrent de la terre fans leur génération^ comme l'onvoid quelesrats, les grenouilles! les abeilles , & tous autres animaux. împarraict* f' engendrent communément. Dauatage, à quefl propos eft-ce que l'Efcriture dit , & répète tarif de fois • Tu Prendras de teu* les Animaux tr ojfeaux dt* Geneî.j. cul 9feft & 'fift ^afies & femelles afin ^eleurgen^ ration s entretienne fur la terre : fi tels animaux après le déluge deuoienteftre créez derechef par vne1 nouuelle manière de création, fanslaconjon-; aion dumafle & femelle? Ëtfurce, pourroit encores fe faire vne autre queftion; -pour quoy tels animaux naiffans de la terre, félon cette opi- nion, des Indes. Dure î. Z} hioh ) il n'y en a pas auffi bien en toutes ïe&au- très parties de la terre ferme , & es autres m es fmifque nous ne deuonspas confiderer l'ordre naturel de là génération, mais feulement la libé- ralité du Créateur. Dautrepart, que Ion ayt pafïéquelques-vns deces animaux pour le dé- duit de lachafTe (quieftfon autre refolution) ie ne le yeux pas tenir du tout pour clïofc incroya- ble, d'autant que nous voyons fouuentefois que 'es Princes &grads Seigneurs tiennent &=-hour- ifïent en leurs cages, pour Ieur^laifu:^gran« leur tant feulement , des lyons, des oûr^Sc au- tes bettes fauuages, principalemet quand elles ont amenées de terres Iôingtaines. Hais de dire eïa des loups, renards, & autres animaux qui l'apportent aucun profit, ôc qui n'ont rien de- are, nydebort, que de faire dommage au be- :ial$ & de dire aufîi qu'ils ontprinslapeinede es apporter par la mer pour la chatte , certaine- ient c'eft chofe qui n'a point de raifon. Qui ft ce qui pourra penfer qu'en vne nauigation fi )ngue & infinie il y ay t eu des homes qui ayent rins la peine de porter au Peru des renards, rincipalement de ceux qu'ils appellent anas, m eft vneefpecé des plus ords ôc infects que lye ïamaisveu? Qui-voudra dire an ffi qu'ils y yent apporté des tigres & des lyons, certaine- lent c'eft chofe digne de rifee ôc mocquerie de ; vouloir penfer : car c'eftoit âifez , voire beau- aup aux hommes, pouffez malgré eux par 1 a- igc & latempefte en vn fi loingtain ôc inco- leu voyage, depouuoirefchapper dudange* i la mer leurs propres vies, fans f amufer à pot* jltfioire naturelle ter des renards & des loups , & les nourrir par la îner. Si donc ces animaux font venus par mer il fout croire que ç'aefté à nage; ce qui le peut fai- fe en Telques lues peu distantes & efio.gnees des autres ou delà terre ferme, comme 1 on ne feeutnler.veufexperiencecertainequenous en auons, & que nous voyons que ces animaux Sans prêlfe^nagenr iour & nui£t ^s fe kffe , & en fin ils fefchappenr delafaçon. Mais cela Femend en de petits" golphes & trauerfes, pour- ce qu'en noftreOccean l'on fe mocqueroi M tels nageurs; veuque les ailles faillent aux oy- Seaux , mefme de grand vol , fur le paffage d vi f grand abyfmeAt combien qu'il fe uouuc bifn des petits oyreaux qui volent plus de cen,| Es, comme nous l^ns y eu plufieursfo.se J voyageant, toutefois ceft enofe impolfible au ovfeaux , à tout le moins fort difficile, depou^ Sir paffer toute la merOcceane. Or tout cj ^e nPous auons dit cy deffus eftant véritable p quelle part ferons-nous le chemin acesbeft Luages & aux oy filions pour les paffer aux I des ; & comment dirons-nous qu ils font paflt d'vn monde à l'autre; le conjecture donc par difeours que j'ay fait, que le nouueau raond Îue nous appelions Indes, n'eft point du to S-ny&-del'autremonde,&pour. dire mon o/ni°n . ^ f 'à fort lonStetnPS^, i'ay penfé que l'vne & 1 autre terre feio.gnei & continuent en quelque part, ou à tout» moins f auoifinent & approchent de bien pi< Et toutefois encor iufques a prefenr n y a au j ne certitude du contraire, poureeque versg des Indes. Liure I. "72 Pôle Aréique, que nous appelions le Noîr* toute la longitude de la terre n'eft pasdefcou! «rtc & cogneuc 8c y en aplufieurs qui affer- ment qu au deffus de la Floride f eftend au Sep- tentrion vne terre fort large , qu'ils difent fe ve- n r rendre mfqu a la mer Scy tique, ou Germani. que. D autres adjouftent qu'il yaeuvnnauire, qui nauigeanr en ces parties , raconte auoir veu acofte deBacaleos, quifeftend quafiiufques »ux fins de l'Europe Dauantage, l'on neLit ion plusiufques où [> eftend la terre qui court m deinrs du cap de Mendoce, en la mer du Sud monquelonditque c'eftvneterre fortgran' e & qm court vne longueur infinie; & retour. ma 1 autre Pôle du Sud, il n'y a pas homme |u.fçacheoùParrefte la terre qui e* de l'autre ofte du deftroit de Magellan. Vn nauire de l'E- efque de Plaifance qui pafTa le deftroit, racon- = nauo,r perdu laveuç de la terre, Je mefme JtHetnandeLamer pilote, quipar tourmen- Xï /■" r°? tr°,is der&ez au defrus d"dift eft oit. Ainfi n y a-il raifon , ny expérience qui ontredife mon imagination , ou opinion , fea- onreft que toute la terre fe ioint & continue n quelque endroit, ou à tout le moins qu'elle approche fort 1 vne de l'autre. Si cela eftvray omme en effet il y a de l'apparence, la refponf ê ftayfee au doute fi difficile que nous auions ropole , comment peurenr pafTer aux Inde» a premiers peupleurs d'icelles ; pource que on doit croire qu'ils ne peuuent pas tant y •tre venus nauigeans par la mer, comme che- unanspar terre, &auroientpeu faire ceche- Fij - Il Wftbire naturelle langues que nous y voyons . I . Chapitre XXI. Es lignes 8c argumens q«ife/eH Tent à ceux qui font curieux d examd que les anciens ne nau.geoien qu aux c ™oes 7ad toutes font moindres que challoj /.Ses fortes de vailTeaux feuleme. & efSlÏ, auLlefquelsilsnepourroK f ngolpher envne fi grande trauerfe, ans Î3efte dan-et de naufrage, & ores qu ils e desjndes, Liure II »1 de laiguille^flrolabe, ou cadran. Que fils euf- fent efté 8. ou lo.iours fans voir la terre, il eftoit impofîîble qu'ils ne fe perdirent , fans pouuoir recognoiftre où ils euflent efté. nous recognoif- fens plufieurslfles fort peuplées d'Indiens, Se leur nauigation fortvfitee: mais c'eftoit celle qu'ils pouuoient faire en canoës & barquettes fans l'aiguille denauiger. Quand les Indiens du Peru qui demeuroient en Tombes, virentlapre- mierefois nos nauires Efpagnolsnauigeans au Peru, & recogneurent la gradeur des voiles ten- dus , & du corps des nauires , demeurèrent fort eftonnez, & nepouuans fe perfuader que ce fuffent nauires , pour n'en auoiriamais veude telle forme & grandeur, f'imaginoient que ce fuilent des roches. Maisvoyans qu'ils aduan- çoient fans f enfoncer , demeuroiem tous raui$ &tranfportezd'efpouuentement, iufquesàcç que regardans de plus près, ils recogneurent des hommes barbus qui cbeminoiét en iceux,qu ils eftimerent alors deuoir eftre quelques dieu^ ou gens du ciel. D'où il appert combien c'eftoit chofe încogneiie aux Indiens d'auoir de grands nauires. Il y a encore vne autre raifon qui nous fait croire, & tenir pluftoft l'opinion fufdite, fçauoir que ces animaux , defquels nous difons n'eftre pas croyable qu'ils ay ent efté embarqués par aucuns horam es pour p'orter es Indes;ne fe tiennent qu'en la terre ferm e , & non point aux Iiles qui font à quatre iournees de terre ferme. I'ay fait cefte recherche pour faire preuue de cen 7i d'autant qu'il m'a femblé que c'eftoit vn> point de grande importance, pour merefou^ Hijtoire naturelle dre eh l'opinion que i'ay dite, que la terre des Indes, d'Europe, d' Afie & d'Afrique , ont quel- que communication enfemble , ou a tout le moins qu'elles Rapprochent fort par quelque partie. Il y a en l'Amérique & Peru beaucoup debeftesfauuages, comme deilyons, encore* qu'ils ne foient femblables en grandeur, fierté, ny en la mefme couleur de roux, aux renommes lvons de l'Afrique. Il y a auffi grand nombre de tygres qui font fort cruels, & plus commune- ment aux Indiens , que non pas aux Efpagnols. Ilyaanflidesouts, non pas toutesfms en tort grande abondance. Des fangliers & des renards vn nombre infiny. N eantmoins fi nous voulons chercher de toutes ces efpeces d'animaux en l'IfledeCuba.Efpagnolle, Iamaïque , la Mar- guerite, oulaDominicque, il ne f'en trouuera lucuns Tellement qu'efdites Ifles , quoy qu el- les fuffent fertiles, & degrandeeftendue,ilny auoit aucune forre d'animaux de feruiçe, quand] les Efpagnols y arriuerent. Mais pour le prefend il y a fi grand nombre de rrouppeaux de chej «aux, bœufs , vaches , chiens & pourceaux , qui ont multiplié de telle façon, que jà les troupe peaux de vaches n'ont plus demaiftre afleurc mais appartiennent au premier qui les rue, Si iartiere, foit en la montagne , ou aux champs ce que les infulaires font feulement pour auoi le cuir dont ils font grand traffic, laifians perdr lachair fanslamanger. Les chiens y onttellej ment multiplié, qu'ils marchent en trouppes.fi endommagent fort le beftial , & font autant d. dégaft que les loups , qui eft vne grande incon des Indes. Liure 1. ^ moditc en ces Ifles là. Il n y a pas feulement faute debeftes fauuages en ces Ifles, mais en la plus grande part, d'oy féaux , & oy (liions. Pour les perroquets, ily enabeaucoup qui ontvn grand voj, ôc vont par bandes: mais il y en a peu comme i'ay ait, & d'autres fortes d'oyfeaux. De perdrix il ne me fouuientpas d'yen auoirveu, ny entendu qu'il y en aye comme au Peru. Auflî peu y a-il decesbeftes qu'ils appellent au Peru guancos,& Vicunas, qui font comme chèvres fauuages, fort viftes, en l'eftomac desquelles fc trouue la pierre bezaar , que plufieurs eftiment de grand prix, Se f en trouue quelquefois d aufîî grofles quvn œuf de poulie, voire la moitié dauantage. Ils n'ont non plus d'autre forte de beftial, que de ceux que nous appellonsmou- tons d'Inde, lefquels, outre la laine & la chair, de laquelle ils fenourriflent, &feveftent, leur feruent d'afnes , & de voi&ures à porter charge. (ls portent la moitié delà charge dvne mule, & font de peu de frais à leurs maiftres , pource qu'ils n'ont befoin ny de ferrures , ny dp bas, ny i'auoine pour leur viure , ny en fin d'autre har- lois, d'autant que de tout cela ils en font pour* neuz de nature , qui a voulu en ce fauorifer ces pauures Indiens. De tous ces animaux, & de plufieurs autres fortes, dont ieferay mention en fon lieu , la terre ferme des Indes cft fore abondâte & remplie. Mais il ne f'en trouue aux Ifles que ceux que les Efpagnols y ont appor- tez. Il eft bien vray qu'vn de nos Frères vid vn iouryntygre envnelfle, comme il nous a ra- conte fur le propos d'vnefienne pérégrination F iiij Hifloire naturelle & naufrage. Mais interroge combien cède Me eftoit efloignee de terre ferme , rcfpondit com- me de fix à huit lieues pour le plus, laquelle ira- uerfe de mer les tygres peuuent alternent palier à nacre. On peut inférer par ces argumens & au-, tresïemblables, que les premiers Indiens ont. pafle pour peupler ces Indes plus par le chemin! He terre que de mer; ou ('il y a eu nauigation,J quelle naefte ny grande, ny difficile, pource que c'eft chofe indubitable qu'vn monde doit eftre ioint ÔC continué auec l'autre , ou à tout le moins eftre en quelque endroit fort proche 1 vrt de l'autre. gue le lignage des Indiens ri eft point p appât ' iljle Atlantique, comme quelques-vus simaginent. Chapitre XXII. PA Lyenaquelques-vnsquifuiuansrol g? pinionde Platon, mentionnée cy deP |é fus, rapportent que cts gens là par- $ tirent de l'Europe, ou bien d' Afrique* pour aller en cefte tant fameufe, & tant re- nommée Ifle Atlantique, & que delà ilspafl** jfcnt d'Ifle en autre, iufques à paruenir à la terre me des Indes \ pource que le Crifias de Platon çA fon Timee , en difeourt de cefte manière, Car fi Me Atlantique eftoit auffi grande com- me toute r A fie & l'Afrique enfemble , ou bieri encore plus grande, comme veut dire Platon, çlle deuroit par neceflïtc comprendre tout l'Occean Atlantique , & paruenir préface wf des Indes. Liure. T. 4j quesauxlslesdunouueau monde. Et dit dauan- ■ tage Platon, que par vn grand & eftrangedelu- < gefonlsle Atlantique fe noya, & parce moyen i rendit cefte mer innauigable , pour la grande j abondance des bancs, rochers, &impetuofite àes vagues qui y eftoient encore de Ton temps. Mais qu'en fin les ruines de cefte Isle noyée, Te raflîrent & rendirent cefte mer nauigabie." Cecy aeftéfortcurieufementtrai&é& difeouru par aucuns nommes doctes, & de bon entende- ment i & neantmoins eftant de près confid ère, a vray dire fe treuuent chofes ridicules, qui ref- femblent plus les fables, pu contes d'Ouide, qu'vne hiftoire,ou Philofophe digne d'eftre mile en auant. La plus part des interprètes & expofîteurs de Platon, afferment que c'eft vne /raye hyftoire tout ce que Crifias raconte de . cftrange origine de liste Atlantique , de fa grandeur &profperité, des guerres qu'ils ont mes contre ceux de l'Europe,&plufieurs autres rhofes. Ce qui fait croire dauantage que c'eft: îiftoirevraye font les paroles de Crifias, que ?laton introduit en Ton Timee, difant, que le ubied qu'il veut traiter eft de chofes eftran- >es> ma*s qui font neantmoins véritables.' Les Mttes difciples de Platon confiderans que ce iifcours a plus d'apparence de fable , que non 3as a'niitoire, difent, que l'on doit entendre ce- a par allégorie, & que ça elle l'intention de eurdiuin Philofophe. De cefte opinion eft rocle,& Porphyre, voire Origene , lefqueîs ituxicnt rant ks eferits de Platonique quand ??0|*arlent,il fembleque ce foientles liurès jjtfloire naturelle de Moyfe,ou d'Efdras,& là où il leur femble que les efcrits de Platon ne font pas vray Semblables, t difent qu'on les doit entendre en fens allégorie & myftic. Mais pour dire la venté, «neporte point tant de refpeft i l'authorite de Platon, cuoy qu'ils l'appellent diuin, qu il me lemble trop difficile de croire qu'il ayt peu efcnre ces chofesde llsle Atlantique , pourvne vraye hi- ftoire.lefquellespourcelanelaiffentpointde- ftre de pures fables : veu qu'il confeffe ne 1 auoir| appris que de Critias qui eftoit petit enfant , & entre autres chanfons chantoit celle de 1 Isle At-, lantique.Quoy que c'en foit,que Platon 1 ayt efl crit pour hiftoire.ou pour fable , quant a moy, ie croy que tout ce qu'il a efcntde cefte Isle., commençant au dialogue du Timee , & pour fuiuant à celuy de Critias , ne peut eftre tenj pour chofe vraye , finon entre les enfans & e vieilles. Qui ne tiendra pour fable, dédire qui Neptune^ amoura de Clyté,& eut d elle an fois des gémeaux d'vne ventrée , & que d vnl montagne il tira trois pellottes rondes de raeri & deul de terre , qui fe reffemblo.ent fi bied que l'on euft dit qu'elles euflent efte faift toutes en vntour ? Que dirons -nous dauantj ge de ce temple de mil pas de long, &de ciri cents de large, duquel les parois par cfehoi eftoienttoutes couuertes d argent toutle laq bris d'or , & le dedans d'yuoire c.felle & entid lafTéd'or.d-argent.&de perles; Enfin parlant fa ruine finale , il conclud ainfi au Timee : En mt CT vne miS furent vn guni Muge , f « Uf nmm fMttsfwtnt ufrmu * mmut» f™«fi '" des Indes. Lime. F. 4<î I O* de cefte façon l'ijle ^tUntijueeftdntfi&metvee, Ifamt entamer. Pour certain ce fut bien à pro- osque cette Iflc difparut fi fubitement, veu ueJie cftoit plus grande que l'Afie & l'Affi- ne enfemble, ôc qu'elle eftoit fai£te par en- untement. C'eftchofe auffi demefme fort à •opos , dédire que les ruines de cette Me iî ■aiïde fe voyent au fonds de la mer,& que ceux n les voyent, qui font ks mariniers ; ne peu- ^ntnauigerparlà. Jïuis il adioufte ; Pour cette éfe-iufittes amouMuy cefte mer ne fe nature point, nef eut eflre namgee pour raifon du Une Jm peu l tseflformi en ce fie ijle fubmergee. le demandé- es volontiers quelle.mer apeu engloutir vne Je infinité de terre, qui ettoit plus grande e toute l'Afie& l'Afrique enfembie , & qui confinoitiufques aux Indes, & encore l'en- >utirde telle façon, qu'il n'en foit demeuré à "lent aucuns reftes, ny apparences quelcon- es : veu qu'il eft tout cogneu ôc efprouué e les mariniers ne trouuent aucun fondCquoy e longue foit leur fonde) en la mer ou ils di- tauoir efté cefte Me. Toutesfbis ce pourra flbler chofe indiferete ôc eiloignee de rai- E de vouloir difputerferieufement les cho- qui ont efté racontées par paiTetemps feule- nt, ou bien fi Ion doit auoir tant de refpeft authorité de Platon (comme il eft bien rai- gable) on les doit pluftoft entendre , pour niher fimplement , comme en peinture la )fperité dVne ville , ôc quant & quant fa per- (on. Car l'argument qu'ils font pour prou- que réellement ôc defai&ceftelfie Atland- _ ffifioire naturelle oue ayt eue , difans que la mer en ces parties 1| retient encor auiourd'huy ce nom d'Atlantique, eftde peu d'importance-, veu que nous fçauons *Biir*<î- que le mont Atlas, duquel Pline ditcefte mer & l> *■ *' 3 T * auoir pnns Ton nom , eft aux confins de la met de Mauritanie. Et fi le mefme Pline raconte quef ioi^nant le mont fufditily avnelflenommecf Atlantique, qu'il dit eftre fort petite & de fonj peu de valeur. _— ^ f opinion de plu/leurs qui affament que il ^première race des indiens vint des îuif s, neji point véritable. Chapitre XXIII. Aintenant que nousauons mofti i qu il n'eft point vray-séblabk qi les premiers Indiens ayent paf ! aux Indes par l'Ifle Atlantique,il 1 ena d'autres qui difent & ont op niô que ce fut par ce chemin dont parle Efdr 4.Ï/&.13. Iiurequau-iefme,difantainfi: Et fource quetu m quihJfembUitvne autre troufe & multitude dhwt parles Jufauras que ceux-là font les dix tributs qui j rtnt mene\en captiuitè au temps du Ksy O^que Sain nalar I{oy des Syriens mena prifinmers , CT UtfW ï autre (art du fleuue, &> furent tranftorte\envnei tu terre, ils arrefterent afe, d'autant que le chemin four aller en ceftere?ion, fitt très-long, o*d'vnan erdemy, <&> appelle ce fie mon ^trfaretb. ^ilors tlsy dtmturerent iufques aux Urmtrs temps. Maintenant quand ils commenceront à tutmr , le Tout-puiffant retiendra derechef W autrefois f cours dufiettue, afin qu'ils put tfntpafer, erpour cefit mfe tu 04 veucefie multitude aucepaix. Quelques- 'ns veulent accommoder cefte eferiture d'hf- !ras aux Indiens, difans qu'ils furent conduits '.eDieu ou iamais n'habita genre humain, ôc juc-Ia terre où ils demeurèrent eft il efioignee, [u'ilyavn an &demy de chemin pour y aller,* (tant celte nation naturellement paifible , & mil y a de grands indices & argument entre : vulgaire de ces Indiens , pour faire croire u'ils defeendent de la race des Iuifs, d'autant ue lonles voit communément efchars,rabaif- :z, cérémonieux, &fubtils enmenfonge. Et îfent dauantage que leurs habits refTemblene m à ceux dont vfoient les Iuifs , pour ce qu'ils ortent vne tunique ou chemifolle , & vn man- :au brodé tout au tour, vont les pieds nuds, u feujemeut auec des femelles attachées de Durtoyesfur lepied , qu'ils appellent Ojotas. t dncnt qu'il appert par leurs hiftoir es^comm* ufli par ks anciennes peintures , qui les repre- nnent en cefte façon , que ccit habit eftoic ancien veftement des Hebrieux , &que ces eux fortes d'habits dont les Indiens vfent tant élément, eftoient ceux dont vfoit Samfon, ne lïfcriturc appelle , Tumcam, & Swdwm, J^floire naturelle qui eftlemefme que les Indiens appellent che.. (| mifollc & manteau. Mais toutes ces conieftu- res font légères , & pluftoft contr'eux,que pour eux- car nous (canons bien que les Hebneux 1 vfoient de lettres, & il n'y en a aucune appa- rcnce entres les Indiens. Les autres eltoientl fort amy s de l'argent, & ceux-cy n'en ont point de cure. Les Iuifs s'ils nettoient circoncisse s'c-J ftimeroient pas Iuifs,& les Indiens au contraire ne le font ny peu , ny point, & iamais n'ont vi de cérémonie qui en approche , corne pluiieun des Orientaux. Mais quelle apparence y ail dd coniedurer cecy,veu que les Iuifs font tant dili- gens à conferuer leur langue & leurs antiquitezjj de forte qu'en toutes les parties du monde 01 ils font,ils différente les cognoit-on toufiour d'auec les autres , Ôc neantmoins qu'aux Inde feulement ils avent oublié leur lignage,leur lof1 leurs ceremonies,leur Mcffie,& finalement tôt leur ludaïfmeîEnce qu'ils difent que les Indiel font efchars,rabaiffez,fuperfticieux& fubtils ej menfonge- pour le premier c'eft chofe qui n e point commune à tous:car il y a des nations ei rre ces Barbares exemptes de ces vices. Il yen d'autres généreux. & hardis , il y en a auffi < oroffiers,& fort lourds d'entendement. Quai aux cérémonies &fu perditions, les Gentils < ont toufiours fortvfé. De leur façon d'habit comme il a efté deferitcy deuant, ils en vfe ainfi, pour ce que c'eft le plus fimple & natuij du monde,fans artifice, & qui ptefque a efte c mun5non feulement aux Hebrieux , mais a toj tes les autres nations. Veu mefme que l'hiftoi desjndes. Liure. I. 48 |i'£fdras ( Ci nous deuons adiouftcr foy aux Ef~ :ritures apocryphes) eft plus contraire, qu'elle !ie(e rapporte à leur intention. Car il dit en ce Pliage, que les dix tributs sefloignerencdela nultitudedes Gentils, pour garder leur foy ôc :eremomes3& l'on voit que ks Indiens font ad- tonnez à toutes les idolâtries du monde. Et :eux qui ont celte opinion mefme, voyent bien îles entrées du fleuue Euphratc vont iufques ux Indes &s'il eft neceiïaire aux Indiens de re- •aller par la, comme il eft dit au lieuprealleçué. Dutrece,ienevoy point comme ilsfepui&nt lommer pacifiques, veu qu'ils feTont connue!- ement guerroyez ks vns ks autres. En conclu- lonienevoypointquerEuphratedelapocry- •hc Eldras, foit vn pafTage plus propre pour al- er au nouueau monde,que l'enchantée ôc fabu- °u(e lue Atlantique de Platon. Four quelle raifon l'on ne peut bien trouver l'origine des indiens. Chapitre XXIV. Leftplusayfc-de réfuter & contredire - es huiles opinions mifesen auantfur - 1 origine des Indiens,que non pas d'en dire & arrefter vne refolution certai- ne & véritable: pour autant qu'il nva aucune renture emreles Indiens , ny mémoires cer- âmes de leurs fondateurs; Et que mefme il * eu fait aucune mention de ce nouueau mon- fc I tiifloire naturelle deésliuresdeeeux q* «»"*'%, cespartie, |ettres : nos aucuns ont tenu qu en p , là n'y auoit ny ^Cfo < téméraire ", iondequoy «W ^fembJ«° oi defcouutit & ic & pre^nptuetn qui > -^L,&des ' rnonftrer la première origine lndes.Mais *■ r«»i«h0»ïîr.°ï nelu-entpatle;; nous pouuons de lolnSa° . £nt «.défia* ' difcousirareftru:":duanÇa[Pea », que ce peuple ciesin nouueatf . monde,& eePar ' a? ftres ou bien par quel- que ou,vo.f.nage de««es o ^ eft , que nau.gation Ce ^ nie & non ^ moyen, parlequeiusj qui ayent ^.^^Zi^JM délibéré , ny qn >1 le*, fo* « ; combie ge , ou ternpefte ^qu lesj ay p ^ ^ qu'en quelque partie des ina ce, régions eftans h grandes qu r u «"elles des nations fans nombre no p ÇerdVnfiÏrme«Sàcepoint)quelavray« plufieurs mihers d année , , qu^ 0cdJ Latent ce -^^^rn'ieïhornrnesqui dentales ; mefme que les prenne ^ ^ des Indes. Livre. I. 49 Vf entrèrent, & eftoient pluftoft hommes fauua- ges,& chafTeurs, que non pas efleucz & nourris en Republique ciuile& policée, & qu'ils arri- vèrent au nouueau monde , pluftoft s'eftans per- dus de leur terre, ous'yeftans trouuez en trop jgrand nombre, & en neceffitc d'en chercher jvne autre,laquelle ayant trouuee , ils commen- cèrent peu à peu à la peupler^ ayans point d'au- tre loy, qu vnpeu d'inftinci: naturel , & encor fort obfcur,& pour le plus,quelquescoufhimes qui leur font demeurées de leur première patrie. Et bien qu'ils fuffent fortisde terres policées & bien gouuernees,(î eft-ce qu'il n'eft pas incroya- ble de penfer qu'ils eutfent oublié le tout pour la longueur du temps, & le peu d'vfagerveu que l'on fçait qu en Efpagne & en Italie mefme,l'on trouue des compagnies d'hommes qui n'en ont rien que la figure & gefte feulement, d'où l'on peut coniedturer que de la façon les mceurs bar- barefques & inciuils, font venus en ce nouueau nonde. De ce que les Indiens racontent de IcurirMne* Chapitre XXV. E n'eftpas chofe de grande important ce de fçauoir ce que les mefmes Indies ont accouftumé de raconter de leur commencement & origine, veu qu'ils eflemblent plus leurs fonges que vray es hiftoi - es.IIs font entr'eux grande mention d vn delu. ;eaduenu en leurs pays, mais Ion ne peut pas G Il Hijloire naturelle bien iùger fi ce déluge eft l'vniuerfel, dont par le PEfcriture , ou fi ça efté quelque autre delu ce ou inondation particulière des régions 01 ils font. Ancuns hommes experts difent qnl l'on voit en ces pays.là,plufieurs notables appa rences dequelque g«"dt :!n°ndatïon>f J^d. l'opinion de ceux qui penfent que les veft.ge marques qu'il y a de ce déluge , ne font de ce lu de Noé, mais de quelqu'autre particule comme de celuy que raconte Platon, ou cek eue les Poètes chantent de Deucahon. Que qu'il enfoit, les Indiens difent que tous 1 hommes furent noyez en ce déluge ,& raco tent que du grand lacTiticaca, fortit vn Vu cocha qui s'arrefta en Tiaguanaco , ou Ion v< auiourd'huy des ruines & yelhges d anciens e fices fort eftranges, & delà vint à Cufco : ai recommença le genre humain 1 femjH Us monftrent en ce mefroe lac vn petit Met , ilsfei-nent que lefoleil fe cacha & s y conf ua &Pour cefte raifon ils luy fafoient grands facrifices en ce lieu , non Seulement brebis, mais d'hommes mefmes. D autres] contét, que fix,oune fçay quelnombre d hd mes fortirentd'vne cerraine cauerne , par feneftre, qui donnèrent commencement j mu tipHcation des hommes, & àcefte occai Us appellent Pacaritampo. C eft pourquo font d'opinion que les Tambos eft la rac plus ancienne des hommes. Ils .difent que* goCapa,lequel ils recogno.nentpoutfoi feur & chef des Inguas . eftoit y (Tu de cefte là,& que de kiy fottirent deux familles & W ii âesJndes.Liurel. jo i ges,lVn de Hauâ Cufco, Ôc l'autre de Vrni Cuf- ! co Ilsdifentdauantage, que quand les Roys ïn- ' guas entreprenoient guerre, Ôc conqueftoienc I diuerfes Prouinces, iis donnoient couleur; ôc I prenoient prétexte de leur entreprinfe, difans ! que tout le monde les deuoit recognoiflre: pour autant que toutle mondes'eftoit renou- uellé de leur race& de leur patrie. El mefme que la vraye Religion leur auoit eflé reuelee du Ciel. Mais que fert d'en dire dauantage , veu que tout y eft plein de menfonge Ôc de vanité, ôc du tout efloigné de raifon ? -Quelques hom- ines do&es efenuent 3 que tout ce dont ks In- diens font mention, Ôc n'eft plus ancien que de quatre cents ans, ôc tout ce qu'ils difent du pa* xauant, n'eft: qu'vne confufion embrouillée de fi obfcures tenebres,qu'on n'y peut trouûer au- cune vérité": Ce qui ne doit fembler eftrange, d'autant que les lîures ôc eferitures leur déf- aillent, au lieu defqu elles ils fe féru en t de leur conte de leurs Quipocamay os, qui leur efl par- ticulier. Par lequel conte tout ce qu'ils peu- vent rapporter ne peut eftre plus long que de quatre cents ans. M'informant diligemment d'eux,pour fçauoir de quelle terre, ôc de quelle nation ils parlèrent autres fois là où ils font, ôc viuent à prefent , ie les ay trouué Ci efloignez de pouuoir donner raifon de cela, qu'ils tiennent pour certain qu'ils font créez de leur première origine en ce nouueau monde , où ils habitent. Mais nous leurauons ofté cefte erreur par no- .„ ■'■* ftrefoy, qui nous enfeigne que tous les hom> ** fnes procèdent d'vn premier homme. Il y a J G ij Cen-io. j/iftoire naturelle grande coniectae & fottappatente ', que cesi hommes pat longue efpace de temps , nom point eu de Roy s,ny de Repubhques,ma.s que Liuoient pat ttouppes.comme font amour- d'huy ceuxdelaFlot.de, de Chmquanas , dt Btefil,& plufieurs auttes nations qui n ont au cuns Roy s affeutez , finon félon 1 occafion qu s'offre, ou en paix , ou en guette , qu > s efofen leuts Capitaines, comme .1 lent plaift. M» quelques hommes futpaffansles auttes en , fore &induftrie,auec le temps commencetent à fei gneutier & commander -, comme fit ancienne lient Nembtot : puis croiffant : peu a peu for, venus à fondet les Royaumes du Petu & de m< xique, que nos Efpagnols ttouuetent , & corn, bien qu'ils fuffent batbates,futpafToient nean moins de beaucoup les autres Indiens. Vo.l Comment la raifon fufdifte nous demonft que la race des Indiens a commence àmul plier, pour la plus grande patt , d hommes fai sge& *»&*> &** d°itfu,ffire îsa l'origine def gens dont nous nations , biffant I fotplus quand Ion ttaitteta leur hiftoire plud loifir. 1 LIVRE SECOND DE L'HISTOIRE NATV- relie & morale des Indes. gue ce tf eft pas hors de proposants neceffairey de trait ter de la nature de ÎEquinoxe* Chapitre premier. O v r bien comprendre les chofes des Indes, il eft neceflàire de cognoiftre la nature & diipoiîtionde cette région, & que les anciens appelloient Zone Torride,& latenoienc pouf inhabitable, veu quelaplus grande part de c^ nouueau mode que l'on a der- nièrement defcouuert,gift & eft fitué fous cefte région du milieu du Ciel, Et me femble chofe fort à propos ce que quelques- vns difent que la, çognoifTance des chofes des Indes dépend de bien entendre la nature de l'Equinoxe:dautanc que la différence qu il y a prefque, entre lVn & l'autre monde , procède des proprietezdeceft Equinoxe. Et faut noter que toutceft efpace qui eft entre les deux (Iropiques, fe doit tenir $ç entendre propremét pour cefte ligne du milieu, qui eft TEquïnoxe, ainfï appellee pource que le foieilfaifantfon cours en icelle, rend par tour G U} - Hiftoire naturelle le monde les iours & les nuifts efganx j mefine que ceux qui habitent au deffous d icelie.touy Lt tout le lôg de l'année de cette mefme e ga té des iours & des nuias.Or en cefte henc Equ. noxialle, nous trouuons tant d admirables po prierez que c'eft auec bône raifon que lenten dément humain fe tefueille & ttauaille pour e rechercher les caufes, n'eftant point tant efme àceparladoârinedesanciensrhilofophes.qu par la mefme raifon & certaine expérience. _ ~^q~^7alfin les anciens ont tenu que / Zone Torride pour certain efiott inhabitable. Chapitre II. Echerchantàprefentcefujed d fon cÔmencement.aucun ne pou ranier ce que nous voyons clair mét.que le foleil en s'approchar , efchauffe,& refroidit en s eflc gnant. Tefmoinsenfont lesiouts& :l«nuitf fefmoinsrhyuer &l'efté)lavanetcdefquels le froid&l/chaudeftcaufépatlapprochen & efloigneme't du foleil D'autre pareil eft au i certainfque plus le foleil s'approche,&iete_ ; rayons directement , plus la terre en eft arfe embrafee,ce qu'on void c airemet en U chai* du midy ÔC en la force de l'efté. D ou 1 on p iuger (àecqu'ilmefemble) que tant plosv. teïre eft efloignee du cours du foleil , tant p s eft-elle froide. Ainû nous expérimentes que s terres & régions qui s'approchet dauantagei des Indes. Dure. II. 52, Septentrion ou Nort,font les plus fr oides,& au contraire celles qui s'apprbchent du Zodiaque, où chemine le foleil , (e trouuent les plus chau- des. Pour cefte caufe l'Ethiopie furpafle l'Afri- que & Barbarie en chaleur, la Barbarie furpatfe FAndalouzie,rAndalouzie, Caftille & Arrago, & Caftille Se Arragô furpaiïent aufti la Bifcayc & la France. Et d'autant plus qu'elles (ont Sep- tentrionalles, d'autat moins font elles chaudes: par confequent celles qui s'approchent le plus du foleil, Se font plus à plomb frappées de fes rayons,fe rerTentent dauantage de la chaleur du folei|. Quelques- vns mettent en auantvne au- tre raifon à cefte fin , qui eft que le mouuement du Ciel eft fort foudain & léger deuers les Tro~ piques j mais qu'à l'endroit des Pôles au con- traire il eft fort lent Se pefanr.d'où ils concluent que la région que le Zodiaque circuit éccon- tienr5eft embrafee de chaleur^pour trois caufes & raifons; l'vne pour le voiirnage du foleil, l'autre pour receuoir directement fes rayonsja troiilefme,pource qu'elle participe Se fe retient aucunement de ce plus vifte & foudain mouue- mentdu Ciel. Voila ce que la raifon & le dif- cours nous enfeignent , touchant la caufe du froid Se chaleur des régions de la terre. Mais que dirons^nous des deux autres qualitez 5 qui font l'humidité Ôc la fechereiTe ? tout le mefrne. Car la fecherelfe femble eftre caufee par l'appra- chement du foleil , Se l'humidité de fon cûoig-* nement , d'autant que la nui& eftantplus froi- de que le iour , eft aufii plus humide 3 & le io.ur eft piusfec^comme eft an t le plus chaud. L'hyuex. G iiij - » Hifioire naturelle pendant que le foleil eft plus efloignc , fe voi. plus froid ôc pluspluuieux, ôc TEftc au contrai re,auquel Soleil eft plus proche , certainemer eft plus chaud & plus fec.Pource que tout ain que le feu a la propriété de cuire &de bruflei auflî la-il pareillement de deflècher l'humidité Confiderans donc ce que deflus, Ariftote ôc i< autres Pfeilofophes attribuent à la région d Midy , qu'ils appellent Torride , vne exceflîi] chaleur , ôc vne fecherefle tout enfemble. Ce pourquoy ils difent que cefte région eftoit me ueilieufement embrafee & defechee: ôc que p; confequent elle n'auoit point d'eaux, ny de p fturages , caufe pour laquelle elledeuoit eft par necefîité fort contraire ôc fort incommo< à la vie humaine. ^ue la Zone Torride eft fort humide , cent F opinion des anciens. Chapitre III. O v t ce que nous auons prope cy deflus, femble certainement eft vray Ôc bien à propos, ôc neantmoi laconclufion qu'ils en veulent tir< fetrouueappertement faufle : d'autant que t région du -Mfdy , qu ils appellent Torric eft peuplée ôc habitée d'hommes realement de faiâ: ; Ôc nous-mefmes y auons demei : long temps : aufli eft-elle fort commode, pli - fante& agréable. Si donc il eft ainfi, comij: on ne le peut nier , que dVne propofition vej • table l'on ne peut tirer vne conclufion fauf des Jndes. Lîure IL fj êc que neantmoins cefte conclufîonfoîtfau(Te8 comme elle 1 eft, il nous eft befoin de retourner arrière par les mefmes pas , pour confiderer , ôc regarder vn peu de pluspres cefte propofïtion, & d'où procède Terreur & la faute. Nous di- rons donc premièrement quelle eft la vérité, fé- lon que l'expérience certaine nous le monftre, puis après nous le prouuerons (combien que ce foit chofe fort difficile) omettrons peiné d'en donner la raifon, fuiuant les termes de Philofo- phie. Le dernier point que nous auonspropofé çydefTus, que la fecherelfe eft plus grande lors que lefoleil eft plus prochain de la terre, fem- bie chofe certaine & véritable, & ne l'eftpas toutefois, au contraire eft totalement faufle: car il n'y a Jamais plus grande abondance de pluyesen laZoneTorride, que lors quelefo- leil patte par deffus, & en eft fort proche. Ceft certainement chofe admirable , & digne d'eftre remarquée , que l'air eft plus ferain, & fans pluyes, fous cefte Zone Torride, lors que le fo- leilen eft plus efloigné; & au contraire qu'il y a plus de pluyes , de neiges , 6c de brouillards , au temps quele foleil en eft plus proche. Ceux qui n'ont point efté encenouueaumonde, parad- uenture tiendront cecy pour chofe incroyable, & femblera eftrange mefme à ceux qui y ont efté , fils n'y ont prins garde : mais les vns & les autres f y accorderont volontiers, en remarquât l'expérience certaine de ce qui a efte dit en ce çoftéduPeru, qui regarde le Pôle du Sud, ou Antarctique, le foleil en eft plus efloigné lors 6c au mefme temps qu'il eft plus proche de l'Euro- * Hifioire naturelle pe , à fcauoir , en May , Iuin , Iuillet , & Aouft qu'il fait fon coûts au Ttopique de Cancer du t rant lefquels mois au Peru y a vne grande 1ère nitc & tranquillité de l'air, &ny tombealor aucuneneige, nypluye. Tous les fleuues&r mères y diminuent fort, & quelques-vns y ta riflent du tout. Mais comme l'année f'aduance & que le foleil f'apptoche du Tropique de C pricome, alors commencent les eaux , pluye & neiges, & fe font les grandes cteiies des nuu res , qui eft depuis Oftobre mfques en Dece bre; puis après , lefoleil fe retirant du Capnc ne, lort que fes rays donnent droittement les teftes de ceux du Petu, c'eft alors^ue la ta & fureur des eaux eft grande , ceft le temps d pluyes , neiges , Se grands débordements des , uieres,qui eft en la mefme fa.fon de 1 année qc y a plus grande chaleur, fçauoir depuis lanm lufquesà la my-Mars. Et eft chofe fi vraye, & certaine, que perfbnne ne le peut contredire, tout le contraire alors fe rencontre esregio: du Pôle Ardtique outre ÏEquinoxe, ce qui pr cède d'vne mefme raifon. Mais voyons main' nant de la température de Panama , & de to' ceftecofte, tant delà neuueEfpagne des 1 de Barlouente,de Cuba, Efpagnolle, Iamaïqt , que de faind Iean de Port- riche , nous trouu • rons fans faute que depuis le commencement > Nouembre iufques en Apuril, ils y ont lui & - ciel fort clair &fort ferain, dont la railon < , pour autant que le foleil paftant par 1 Equmc ; pour aller au Tropique de Capricorne, il le elloignant de ces régions plus qu en autre lull ï des Indes. Dure IL j* de Tannée. Et au contraire, ils y ontdegrofïès pluyes , 8c de fort grands rauages d'eaux, quand lefoleil retourne vers elles, 8c qu'il en eft plus proche , qui eft depuis luira iufques en Septem- bre , pource qu'alors Tes rayons donnent plus fort fur eux. Onvoid aduenirlefemblable en l'Inde Orientale, comme nous l'apprenôs iour- nellement par les lettres qui en viennent. Par ainfî c'eft vne règle générale (bien qu'en aucuns lieux il y ayt exception ) qu'en la région du Mi - dy, ou de iaZoneTorride, quieftvncmefne chofe, l'air y eft plus ferain, 8c y*a plus de feche- refle alors que lefoleil en eft plus efloigné; 8c au contraire, que quand il fen approche , il y a plus de pluyes 8c d'humiditez-, 8c tout ainft que le Coldl Paduance, ou fe retire peu, ou plus; ain- fi la terre abonde, ou manque d'eaux, ou d'hu- midité. Quau régions qui font hors des Tropiques il y apius d'eaux lors que le foleil en efi plus efloigné, tout an contraire decequiefi fou^ la Zone Torride, Chapitre IV. S régions qui font hors les Tropiques & ^ appellee auec )onne ralfon de riuicrc, >£\ ^ en «P«aes.la, j'eftois grandement efmerueillé ?mmefon?au, quiefttres-elaire, demeuroie H .-•WJ. I » Hiftoire naturelle & s'efcouloit dans h «net plus de dix Ue3« ► „^nr en fa largeur deuxhcues, & da- S ï sC;.5lc & mefiaft ny oeuft eftre S des vagues impetueufes de lamerOc- ceane 4e s-iîcftqueftion de parler plus Ion- CuemenTdes fleuues, ce grand fleuue appelle Esvnslariuiere des Amazone., parlesau. £es Maranou,&parlesautres,riU«ere dOreU anâ laquelle nos Efpagnols nau.gcrent lors de leurs defcouuertes , doit efteindre la renommée dcouîUaurres.Etàlaverhéufu.sendouti fi ie le do1S appeller, ou tiuiere , ou mer II nue ■ ££, t montagnes du Peru . dcfqu dta i r* cou vne abondance infime d eaux, de pluyes « Sde iukres, qu'il va recueillant, & attuant ?oy , puis pâlfant 1« grandes campagnes & pla ne. dePotiti, du Dorado, & des Amazone ventenfins'emboucherdanslOccean pre «U trauers des lues de la Marguerite & de Trin^é. Il afacouche fi large, & fi fpaceufe princ paiement au dernier tiers de alongueu Ç contient au milieu de foy plufieurs l Lndeslfies.Etcequifemblemcroyablelo Le Von lenauige par le milieu , 1 on nev« le du ciel & de l'eau. L'on dit bien dauant le quede ce milieu l'on ne peut pas voir, « lefcouurir à l'œil plufieur. grandes Se haut montagnes quifont àfonriuage, àcaufede randeglargeu<- Nous auons appris de bon fan * a grfndeur & largeur ****&H ce fleuue ( qui doit bien, ce me femble, men. îe nom d'Empereur & Monarque de. fleua quUurparlerapportdVnneredcnoftreCo des Jndts. Liure / /. j^ fjàgnie, lequel eftantieune pour lors, le nauigca en la compagnie de Pierre d'Orfua, auec lequel ilfetrouua à toutes les aduentùres de cefte C\ eftrange entrée & defcouuerte ,& aux feditions k pernicieux a&es decemefehant Diego d'À- }uirre, d'où Dieu luy fift la grâce de fortir, & en ;ftr e deliurc , pour le mettre de noftrc Compa- gnie. Telles donc font les riuieres qui font en a région qu'ils appellent Zone Torride, cV la cgion feche & bruflee, en laquelle Ariftote Se es anciens difent qu'il n'y a point d'eaux , ny de .afturages. Mais d'autant que j'ay fait mention a fleuue Marannon , afin de monftrer labon- ance des eaux qui font en la Torride , il ne fera aal à propos de toucher quelque chofe de ce rand lac qu'ils appellent Titicaea, qui eft an nlieude la Prouincc de Collao. Il y a plus de ix flcuues fort grands, quife perdent en en- ant dans ce lac, 6c ncantmoins n'a pour fa vui- equ'vnfeul courant d'eau, qui eft petit, bien iTon dife qu'il eft très-profond, & de telle fa- >n, qu'il eft impoffible d'y baftir,ou faire pont, 3ur la profondeur defoneau, & qu'on ne le eut non plus pafTer par batteaux, pour la gran- froideur & rapidité du courant. L'onlepaïïe ir vn gentil , & remarquable artifice , propre, particulier aux Indiens y qui eft auec vn ponc î paille poféfur lamefmeeau; lequel, d'au- nt qu'il eft fait dVne matière fi légère, ne f'eh- nce point, &neantmoinSeft ce paffage foré ur, &fortayfé\ Ce lac contient prefquequa- t vingts lieues, trente cinq en fa longueur & unze lieues au plus large, llvapluûearslfles " Hiftoire naturelle «u anciennement eftoient habitées, & culd- S. Sais aujourd'huy elles font defettes II ™Vnfc wieerande abondance de joncs, que SaasspaSS aux pourceaux , aux chenaux , & aux bonma Ses Ils en font des maifons , du feu , & des melroes. lis en trouuent en ceftuy leutl bMqtttt;out«?ont£o«dcbefoing,&fon| rv"ôsvnpupkfibr»tal&f1lourd,qu'eux d'eux qu'eftans interrogez Séquelle nation" eftoknt ils refpondirent qu'ils n'eftoient pa îouuent changent ainfi de lieu à autre tout £ enLble. Par ainfi qui voudroit a, 3h«yles chercher oùilseftoienthier c £ rouueroit aucun refte , ny apparenc d eu nv de leur village. Lecours & vuidedecegra hcavant couru enuiron cinquante heues , fa. SrÏvn autrelac, moindre toutesfois que pS" qu'ils appellent de Pary a & conne £ foy quelques Mette, : mais l'on n y • vo délïbus terre, 6c qu'il va donner en la mer Sud, mettant en auant acefte fin , quUya bras de ffoue que l'on void naiftre & entrer £me7, fort proche du nuage, fans en çogn ftr?&igine.PAuconuaireiecroyqueUse^ des Indes. Liure IL /j> decelacferefoluent, ôc diiïïpent danslemef- jme lac, par l'ardeur ôc chaleur du foleil. Ce dif- cours mefemble fuffifantpour monftrer qu'à ; tort les anciens on: tenu la région du milieu în- ,habitable par faute d'eaux , d'autant qu'il y en a grande abondance ôc du ciel , & de la terre. TraiSi delaraifon pourquoy le foleil h or s des Tropiques, engendre plus grande quantité d'eaux quand il ejl pin ejloigne : & pour- quoy au contraire, au dedans dueux il en engendre moins quand il en efi plus proche. Chapitre VII. Ensant plufîeurs fois à part j moy d'oùpouuoitprocederqùci l'Equinoxe eu fi humide, com- me j'ay die, pour réfuter l'opi- nion des anciens , ie n'en trouue point d'autre caufe, que la gran- le force du foleil en ces parties-là , par laquelle lefleuc ôc attire à foy vne grande abondance de japeurs de tout TOccean , qui en cet endroit eft on grand, ôc fort eftendu ; & ayant tiré à foy :efte grande abondance de vapeurs, aufîj toft csrefoult, ôc conuertit en pluyes, ôc eftap- >rouué par plufl eurs expériences certaines, que :es pluyes ôc ces torrens celeftes prouiennent les plus grandes chaleurs du foleil. En premier ieu, comme nous auons défia dit-par cy deuant, H iij ~ Il Hiftoire naturelle j il pleut en ces pays là au temps que le foleil ette fes rayons oireftement fut la tette , & que , 'encefaifant, ilaplus de force = mais quand^ foleil s-en efloigne , la chaleur fe tempête & peut lotsil n'y fombe point de pluye D ou 1 on Lut bien inférer que la force & ardeur dufoJ feileft cequicaufelespluyes en telles régions Auffi 1-onobfctue, tantauPeru, neuueEfpaJ g„e qu'en toute laTorride, que les p hryesj fiennent ordmairement aptes nndj , lo« jl les rayons du foleil fontaupomd de leurpluj Î3e force & que e'eft chofe rare de voil | uui?u^C-eftpourquoyleSrVoyJ Luts y pteuoyent , & commencent lent .ou j fee de gtand matin, afindel'acheuer, &fe«l Jofet fmidy, pource q^T^ouiorl Lrement il y pleut •^■^^3 hanté & cheminé par ce pay là , en peuue parler fumfamment: car mefmes .1 >y en Lus qui y ayans fait quelque tefîdence, difer ou" k plis grande abondance des pluyes e land la lune eft en fon plein encore, que »« 3irela vérité, ien'en aypeu fiurepreoa fufl (knte , bien que j'y ay e prms garde q™^™ Dauantage , les iours \ l'an, & les mors donne, à entendre la vetité deeeque deffu , affano qu'en laTotride lexcemue chaleur du fol. Jaufe les pluyes. L'expérience nous enfe.g, le mefme aux chofes artificielles , comme al llambics, aufquel.ondifti.te «-«« *H be$ , ou des fleurs : car la véhémence du feu e (être, & contraint, pouffe, & efleu | enhj W abondance de vapeur., lefquelles eftal des Indes. Liure II. £0 preflèes , & ne trouuans y (Tuë , font conuerties en liqueur & en eaux. L'on voici tout le mefme en lor ôc en l'argent que l'on tire & affine par le vif argent, d'autant que fî le feu eft lent &pe* tit, l'on ne tire quafi rien du vif- argent: mais fil eft afpre & violent , il euapore beaucouo le vif- argent, lequel fe rencontrant en haut contre le chapiteau qu'ils appellenr , le tournent inconti- nent en liqueur , & commence à dégoutter en bas. Ainfi la grande ardeur du foleil produit ces deux effets, quand elle trouue matière difpofee, qui eft de leusr les vapeurs en haut; & l'autre de les refoudre incontinent, & les tourner en li- queur, lors qu'il y a quelque obftacle pour les confumer & refoudre. Et bien qu'il femble que ce foient chofes contraires, qu'vn mefme foleil dans la Zone Torride, eftant proche, caufelcs pluyes , & que hors la Torride , eftant efloigne, il caufe vn mefme effecl: ; fi eft-ce que tout bien confideré , il ne l'eft pas réellement , & de fai&. Mille cffe<5ts es chofes naturelles procèdent de chofes contraires par vn moyen diuers. Nous mettons fecher le linge au feu & à l'air, dcC- quels neantmoins l'vn efchauffe, &f autre re- froidit. Les partes font fechees & endurcies par le foleil & par la gelée. L'exercice modè- re prouoque le dormir, f'il eft trop violent, il I cmpefchei fi Ton ne met du bois au feu , fina- lement ilPefteintj fi l'on y en met beaucoup, & trop, il Pefteint auflî : car la feule proportion l'entretient, & le fait durer. Pour bien voir vue chofe , elle ne doit eftre ny trop proche des i$W*>ny trop îoing , maiseadiftancerajfoiira^ H iiij il Efiftoire naturelle fele& proportionnée; eftanttropefloignédV- nechofe, Ton en perd laveiie, & trop proche aufli , ne la peut voir. Si les rayons du foleil font foibks, ils n'attirent pas les bruines des riuieres; fils font violens, auflî toft qu'il a attiré les vapeurs, il les refoult & confomme, mais la chaleur modérée les attire & conferue. Pour ce- fleraifon les vapeurs ncs'efleuent point com- munément de nuid , ny à midy, mais au matin, quand le foleil commence à entrer en fa force. Sur ce fubject il y a mille exemples dechofes naturelles, que Ton void procéder fouuent de chofes contraires; qui doit faire que nous ne nous deuons pas efmerueiller , file foleil pour eftre fort proche, engendre les pluyes , & qu'il en fait tout autant eftant fort efloi^né : mais qu'eftant fon approcheraient modéré, & pro- portionne, il n'en produit, ny caufe aucune- ment. Cependant il refte encore vn poinft que Ion peut demander, pour quelle raifon en la Zone Torride rapprochement du foleil caufe lespluyes, & hors d'icelle fonreaufeesparfon efloignement. A cequeiepuisiuger, laraifon eft , que hors des Tropiques en hyuer , le folei n'a point tant de force , qu'il foit fuffifant poui confumer les vapeur^quif'efleuent de la terre & de la mer : car ces vapeurs f amaffent en gran- de abondance en la région froide de l'air, où elles font congelées, &efpaiflies par la grande froideur, puis après eftans preffees, fe refoluen & conuertiffent en eau. Ceft pourquoy en et temps d'hyuer, que le foleil eft plusefloigne que les iours font courts , & les nui&s plus WM * des Indes. Lime. II. eriodcï de fa force en la Zone Torride,& qu'il ettefes.rayons dire&ementfurla teftedesha- »itans, il n'y a ny ferenitc^iyfechereffe, com- ne il femble qu'il deuroit y auoir, mais pluftoft le grandes àc effranges pluyes,d'autant que par a force excefîîue de fa chaleur , il attire & efle- leprefque en vn inftant vne grande abondan- e de vapeurs de la terre, c^merOcceane, lef- {ueltes îontfiefpaiflescV en fî grade abondan- c , que le vent ne les pouuant diflîper , ny re- oudre facilement, elles viennent à fe fondre neaiie, quicaufe les plûyes fi froides,& en fi rande abondance: car la grande véhémence ela chaleur peut attirer en peu de temps beau - oup de vapeurs, lefquelles elle ne peut fitoil Il l/tjloke naturelle confumer & refoudre, &eftans attirée** af- iemblees par leur grande abondance fe fon- dent & tournent en eaiie. Ce que 1 on cognoi- ftrafort bien par ceft exemple domcftique Se familier. Quand l'on met roftirvn morceau de porc.de moutô.ou de veau, fi le feu eft violent, & la viande en foit fort proche , nous voyons que la graiffe fc fond toft & dégoûte en bas, qui vient de ce que la grande chaleur attire & efleiieceft humeur & gtaifle de la chair,& pour: eftre en grande abondance ne la peut refoudre,; & ainfi diftille & rombe dauantage. Mais quand le feu eft modéré , & ce que l'on roftit eft en di- ftance proportionnerons voyons que lâcha" fe roftit proprement , fans que la graine diftillfl trop à coup, pource que la chaleur modère, attire l'humidité, quelle confomme& refoui en vn inftant.C'eft pourquoy les cuifiniers fom le feu modéré, & n'en approchent la viande, n] tro-p pres.ny trop loin.de peur qu elle ne fe Fon de. On le peut voirpar vne autre cxperiéce au: chandelles de fuif Se de cire: car fi la mefche : ei eft grofle , elle fait fondr e Se découler le futf Ô la cire, pource que la chaleur ne peut confom mer ce qui s'efieue d'humeur : maisfilatlam eft proportionnée.^ cire ne fe fond.ny decoul le, pource quetafiame va consommant peu peuce qui s\fieue. Cequimefemblelavray raifon pourquoy en l'Equinoxe, & en laTorr de,la gtand'force de la chaleur caufeies pluy« lefquellesenda-utres régions font caufeesps la foiblefle & peu de chaleur. I des ^ndes. Liure IL 6% ^Comment ton doit entendre ce qui a efii diçi cy dejfus de la Zone torride. Chapitre VIII. 'Il eft: ainfi qu'es chofes naturelles 8c phyfiques l'on ne doit rechercher de règle infaillible &c mathématique, mais ce qui eft ordinaire, & ce qu'on Ivoid par experiéce, qui eft la pi9 parfai&e regîej il faut croire que ce que nous auons dit,quM y a ■plus d'humiditc en la Torride qu'aux autres re- Igions , & qu'en icelle il ne pleut point lors que lie foleii en eft plus proche, fe doit prédre & en- tendre de mefme, & de vray c'eft bien ce qui eft le plus cômun & le plus ordinaire. Mais ce n'en: pas pour empefeher les exceptiôs que nature a voulu mettre à cefte regle,rendant quelques re~ giôs de la Torride extrememét feches.Cc qu'on racptederEthiopie,& nous louons veu en vne | grande partie du Peru , où toute la terre ou co- Jne,qu'ils appellent plaines, maqueht de pluyes, Ivoire d'eaux de la terre , excepté quelques val- Ilees où il y a âcs eaues de riuiercs qui defeen- fltient des montagnes , le furplus font fablons de I terres fteriles, où à grande peine l'on trouue des (fontaines, mais bien quelques puits très-pro- fonds. Mais nous dirons (Dieu aydant) en fon lieu,quelle eft la caufe pourquoy il ne pleut point en ces plaines(chofe que pluileurs demâ- dent ) car à prefent ie prétends de monftrer feu* lement qu'il y a plufieurs exceptions aux règles Il Hifioire naturelle naturelles , d'où vient qu'il peut aduenir en quelque patrie de la Torride, qu'il ne pleutpas lors que le foleil eft plus proche , mais quand il eft plus efloigne. Bien que iufquesauiourdhuy ienerayeveu,ny entendu>toutesfois s'il y en a, on le doit attribuer à la qualité particulière de îa terre; mais auffi quelquesfois s'il aduientle contraire , Ton doit auoir efgard qu en ces cha- fes naturelles il arriue plufieurs contrarierez &i empefehemens , par lefquels elles fe changent êc déffont les vnes les autres. Pour exemple , îlj 1>eut eftre que le foleil caufera les pluyes, & que e vent les empefehera , ou bien les rendra plus abondantes quelles n'ont accouftumé d'eftre. Les vents ont leurs proprietez & diuers corn- mencemens, par lefquels ils opèrent dediffe- ïens effe&s,qui font le plus fouuent contraire* à ce que Tordre & la faifon requièrent. Puii donc qu en chacun endroit l'on void arnuer d< grandes varierez en l'annce,qui prouiennent dt ladiùerfitédes mouuemens&afpe&sdes pla nertes,ce neft point chofe mal à propos de dm qu'en la Zone Torride Ton peut voir & remar quer quelques chofes conrrairesàcequenou auons expérimenté. Mais pour refolution , c que nous auons conclu , eft vnevetité bien cer taine & expérimentée, à fçauoir la grande fe cherelTe que les anciens ont penfé eftre en la re gion du milieu , que nous appelions Torride n'y eftre point du tout , & qu'au contraire il y beaucoup d'humidité , & que les pluyes y fon ^lors que le foleil en eft plus proche. - des Indeft Linre. II. 6} guela Torride nejl point exe efôuemeni chaude , mais plu ftoft modem* Chapitre IX. Vfques icy nous auons traité de l'hu* midité de la Zone Torride,maintenat il fera bon de parler de deux autres qualitez \ qui font le chaud & lefroid. INous auons demonftré fur le commencement de ce difcourSjComme les anciens ont tenu,que jla Zone Torride eftoit chaude, & feche excelîî- uement,cc qui n eft pas ainfi toutesfoisj car elle eft chaude & humide , & en la plus grande par- |tie,fa chaleur n'eft pasexceffiue, mais pluftoft tempérée ; de que Ton tiendroit pour incroya- ble^ nous ne Kauions alTez experimétc. Quand ie paiîay aux Indes ( ie diray ce qui m'arriua) ayant Jeu ce que les Poètes & Phiîofophes di- set de la Zone Torride, ie me perfuadois qu'ar- riuant à l'Equinoxe, ie ne pourrois y fupporter celle exceffiue chaleur. Mais il m aduint tout au contraire, car au temps quei'ypaiTay, qui fut alors que le foleiîy Çftoitpour Zenith, citant entre au figne d'A ries^à fçauoir au mois de Mars, iy fenty fï grand froid que i'eilois contraint (me mettre au foleil riour m'efehauffer : que pouuois-ie moins faire ajors , que de me rire êc me mocqœr des météores d'Ariftote, &defa Philofophie ,- voyant qa'ato lieu , & en la faifon que tout y debuoit eftreVmbraf&de chaleur, fuiuant fes règles, moy 6& tous mes coropa- ffijïoire nafêrellé gnons auions froid ? Il n'y a à la vérité région au monde plus douce, ny tempérée, que fous î'£quinoxe,combien qu elle ne foit pas en tous endroits d'efgale ou femblable température, ôc qu'ily ait beaucoup de diuerfitez.La Zone Tor- ride en quelques endroits eft fort tcmperec.cô- me en Quitco,& aux plaines du Peru ; en quel- ques endro ts fort Fioide,comme en Potozi -, ÔC aux autres fort chaude, comme en l'Ethiopie, Brefil,&auxMollueques. Cette diuerfuedonc nous eftant certaine, & toute cogneue,nous de- uons par force réchecher vne autre caufe du froid ôc du chaud, quelesrayôsdu foleily font riaiftre, veu qu'en vne mefme faifon de l'année* & en lieux qui font d'vne mefme hauteur & di- {lance du Pôle & de l' Equinoxe i on y retrouuc vne fi grade diuerfité, que les vns sot embrafez de chàleur.ies autres de froidure, & les autres fc trouuent tempérez d'vne chaleur modcree.Pla- JrJilu ton met fa tant renommée lue Atlantique fous ^ la Zone torride, puis dift qu'en certain temps de l'année elleauoit le foleil pour Zenith, ôc neantmoins qu'elle eftoit fort tempérée , fort abondâte,& fort riche. Pline dit que Taproba- ne, rquilsappellentauiourd'huySamatre) eft fousÏEquinoxe, comme en effecT: elle y eft cf- eriuant qu'elle neft pas feulemet riche, & heu- reufe , mais auffi peuplée d'hommes fcd'ani- maux.D'oùl'on peutfacilemét cognoiftre,qu'€- cor que les anciens ayent tenu la chaleur de la Torride infupportable,neâtrnoinsils pouuoiêc bien entendre qu'elle ne l'eftoit pas tant corne ils difoient.Le tres-excellct Aftrologuc & Cég Plat.inTim fUn.lib.6 - des Indes. Dure. IL 64 jiiOgraphePtolomee, ôcVinfignc Philofophe Ile médecin Auiccnnc.cn curent meilleure rc- blurion,eftanstous deux d opinion» quefous iquinoxey auoit de fort cômodes habitatiôs. $>ue la chaleur de la Totride ejl tempérée four {abondance despluyes,eJrpourl* brie fueté des tours. Chapitre X* Epuis que le nouueau monde àefté dcficouuertj'ô a cogneu & sas doute, ce que les derniers autheurs ont tenu eritable.Maisceft chofe naturelle, que quand mclquc chofe qui eft hors de noftre opinion, ious vient à eftrc cogneiie par rexperiéce, nous oulôs incôtinent en rechercher la caufe, Ceft >ourquctynous defïrôs fçauoir pour quelle cau- eiaregiô,de laquellele Soleil eft plus proche* à'eft pas fculemét tempérée , mais eft froide en )luficurs endroits. Confîderant cefte madère jeneralemét , ic trouue deux caufes generalles, >our rendre cette région tempereejrvne eft cêl- c cy deuant déclarée, d'autant que cefte région :ft fort humide, & fu jette aux pluies, &n'ya >oint de doute que la pluye ne rafraïchifle, >ource que l'efleuement de l'eaûe eft de fon.na- urel froid, &cncot que l'eaûe par la force du eus*efcauffc,ce neâtmoins ne lajflepas detepe^ cr l'ardeur caufec des rayons dufbleil pure- nent. Ce qu'on void par expérience en l'Ara- >ieiatcriciirc, laquelle eft «rnbrafee du foleil, — __ll Hifloire naturel pour n y auoir aucunes pluyes qui tempèrent j fa furie. Les nuages & bruines empefehent que les rayons du 5fc>leil n offenfent tant , & les! pluyes qui procèdent d'icelles mefmes , rafrai-I chifTent l'air de la terre, &lJhume&ent aufïî,| quelque chaude qu elle puifle eftrc. L'on boira l'eaùe de la pluye, & elle eftanche la foif , com J me les noftresl'ont bien efprouué , ayant faut J d'eaue pour boire. De forte que la raifon ôâ l'expérience nous enfeigne, que la pluye de foyl appaifela chaleur , & parce moyen ayant jà monftré comme la Zone Torride eft fort plu- uieufe, ilappertauffiqu'ilyaenicelle , chofc qui peut rendre fa chaleur tempérée. A cecy l'en diray encor vne autre raifon, qui mérite bien! qu'on entende , non feulement pour cefte ma- tiere>maisauflipour plusieurs autres : carpoui le dire en peu de paroles j lefoleil quoy qu'ii foit fort chaud & bruilant en l'Equftioxe , ce neantmoinsceft pour peu de temps, de forte que la chaleur du iour y eftat plus briefue & de moindre duree,ne fait pas tant d'embrafement, Ce qu'il conuient déclarer & entédre plus par* ticulieremét.Ceuxquifontverfezàlacognoif fancedela Sphère, enfeignent fort bien, qu( doutant plus que le Zodiaque eft oblique & trauer fant fur noftre hemi (phere , d'autant plui les iours & les nui&s font inégaux -, & au con< traire où la Sphère eft droitte, & les fignes mô- tent droitement, lesiours & les nui&s y foni égaux. Ceft pourquoy en toute la région qu eil entre les deux tropiques , il y a moins d'iné-i calité aux iours & aux nui&s, que hors Vieeux, h ■- &pta des Indes. Lime II. £j fcpîus approche de la ligne, moins y trouue-ori l'mcgalit£,ce que nous auons experirriété en ce* orties. Ceux de Quitta, pource qu'ils fontau iefloubsde la ligne, n'ont point en toute l'an- eelesiours,ny les nuids plus courts en vne far- an qu'en l'autre, mais y font continuellement fgaux.Ceuxde Lyma, pource qu'ils font di- ans de la ligne prefque de douze degrez ,aper- oiuent quelque différence entre les iours &je s uids, mais c eft fort peu, d'autant qu'enDecé- :e&enIanuierlesioursy crdiflent.d'vne heure* u peu moins. Ceux de Potozi y recognoiiTent îaucoup plus de différence, tant l'Hyuerque ifté , pource qu'ils font prefque foubs le Tro- que.Mais ceux qui font du tout hors des Tro- ques, remarquent d'autant plus la briefueté •sioursderHyuer, & la longueur de ceux de ifté, qu'ils font esloignez de la ligne, & font oches du PoIe; comme l'on void qu'en Atte- igne & en Angleterre les iours font plus longs Efté, qu'en Italie 8c Efpagne. C eft chofe qui void , que la Sphère enfeigne, 8c l'expérience monftre clairement. U fautadioufter vneau- propofition , qui eft aufsi vraye, & bien con- érable pour tous les effeds de la nature , fça- ir la perfeuerance & continuation de fa caufè içiente a opérer 8c agir. Cela fuppofé, fi l'on demande, pourquoy enl'Equinoxe il n'y a ntdefi violentes chaleurs enÈité,quily a quelques autres régions, ( comme eh An.da- ie es mois de Iuillet & Aouft ) ie refpondray irce que les iours d'Efté font plus longs en y!ïïz5^. les wi&s y font plus courtes, & lé ^fiftoire naturelle iour comme chaud qu'il eft , enflame & caufe là chaleur,la nuicl: aufsi comme froide & humide, donne du rafraichiiîement. Suiuant quoy,au Féru il n'y a point tant de chaleur , pource que les iours d'Efté n'y font pas fi longs,ny les nuids fi courtes, qui caufe que la chaleur du ioureft beaucoup tépere'e par la fraifeheur de la nuicl:. Mais là où les iours font de quinze, oufeize heu- res, par raifon il doit y auoir plus de chaleur, que là où ils ne font que de douze, ou de treize, & où il en demeure autantdela nuicl: pour ra- fraifchiffement.Et bien que laZoneTorride foil plus proche du Soleil , que toutes les autres ré- gions, fi eft- ce toutesfois que la chaleur du So leii n'y demeure pas fi long temps: car c'eft cho- ie naturelle qu'vn feuencor qu'il foit petit , s'i perfeuere , efchauffe dauantage qu'vn plu grand qui durera peu, principalement s'il ; furnient du rafraifchiiïemét. Qiji voudra mettr donc ces deuxproprietezdelaTorride en vn balance, fçauoir qu'elle eft plus pluuieufe au té j de fa plus grande chaleur,& que les iours y for plus courts, on pourra bien parauanture trou uer qu'elles feront efgales à ces deux autr< contraires qui font que le Soleil y eft plus pr< che &r plus droit qu'es autres régions , à tout moins que l'on n'y recognoiftra pas beaucou dauantage. - I' des Indes. Liurell. 66 £>uilya d'autres rai fins outre les de f dûmes cy dejjus, qui monfirent que la Torride eft tempérée, principalement en la cofte de la mer Occeàne. Chapitre XL rStant chofe refoluë que les deux .propriere-z fufdides font commu- nes & vniuerfellesi toute la région orride, & qu'en icelle heantmofns il fe trouue aucûs lieux fort chauds rlesautres ou il y a fort grand froid-Bref la tçn- erature n'y eft efgale eh tous lieux, mais en vn îefme climat, vne partie eft chaude,! autre froi- e,& l'autre tempérée tout en vn mefme temps; dus fommes contraints de rechercher d'autres ifonsjd'ou procède cefte grande diuèrfîté qui trouue ainfi en la Torride. Difcourant donc- Jes fur cefte queftion, j'en trouue trois caufes parentes & certaines >&r vnè quatriefme plus >fcure & cachée. Les caufes apparentes & cer- ines font, la première l'Occean, la féconde tfsiete & fituation de la terre , & la troifefme naturel & propriété de plufieurs & dîners ;nts. Outre ces trois que je tiens pour mani-t ftes, ie croy qu'il y en a vne autre quatriefme,* - chée & moins apparente , qui eft la propriété : la mefme terre habitée -, & la particulière in- lencedefonCieh Qui voudra confiderer de ez les caufes & raifons générales, cy defïïis fduites3 ontrouuera quelles ne font fùffi* 1 M Il Hiftoire naturelle fantes pour la refolutiôft totale de cefte m* Se veu ce quiarriue Journellement en d» ùe! ÛeusderEquinoxe-ManomotapaA gran- de prtie du Royaume de Prefte-Iean,fontf- les régions ils endurent de ternbles chaleur & v biffent les hommes tous noirs ; Ce qui K pas feulement en ces parues : de terre fer j me eLignées de la mer, maisaufsieneft 1 d ; S^Islesenuironnéesdelamer. L Isle d< ^Thomas eft foubs la ligne, les ste J Cap de vert en font prochaines, fit en 1 vne ^ «, l'autre y regnentde furieufes chaleurs & font mefmes tous les hommes noirs. Soubs 1 mefme ligne , ou bien proche d icelle , gilt vn ïanTe du Pe u, & du nouueau Royaume d Eade qui neantmbins font terres fort tenj peXs binantes pluftoftà froidure ; quenJ Là chaleur, & les hommes oui habitent d kelles fontblancs. Laterre du Brefileftenl Smdiftancedela ligne, quelePeru&nead ïoinsle Brefil & toute cefte cofte eft extr mement chaude, encore quella foiten la m Sort, & l'autre coftédu Peru qui eft en I mer du Sud, eft fort tempérée. le dis donc qj quivoudra confiderer ces d.fferences, & do J net la raifon d'icelles, ne fe pourra contend desgeneralles cy deffustraittees, pour decll . «r comme la Torride peut eftre ^ terre M* perée. Entre les claufes & ra.fons fpeciales.l mis pour la première la mer, poureeque fl doutefonvoifinageaydeà tempérer, & refrd dir h chaleur. Car combien que fon eau 1" des Indes. Liure, II. *7 faltee, elle eft toufiourseau toutesfois, & leau de fa nature eft froide , & fi encore eft remar- quabIe,quepourlaprofonditédel'Occean,reaU n'en peut eftre efchauffee pjr la chaleur du So* leil, comme les eaux des rînieres. Finalement tout ainiï comme le fel nitre ( quoy qu'il foit du naturel du fel ) a la propriété de refroidir l'eau 1 ainfî voyons-nous par expérience en quelques ports & haures que l'eau de la mer y rafraifehit, cequenousauons veu en celuy de Cailaq, ou l'onmettoitrafraifchir l'eau ou vin, pourboi- re dedans des cruches ou flafeons mifes en la mer. D'où Ton peut fans doute recognoiftre quel'Occean a cefte propriété de tempérer 5c rafraifehir l'excefsiue chaleur Pour cefte occa- fion l'on relfent dauantage la chaleur en la terre, qu'en la mer, cxtensfmbus, & communément les terres (ituees fur la marine,font plus fr aifches que celles qui en font esloignees, cdtem pdrtbtu commei'ay di<5L Ainfi la plus grande partie du nouueau monde eftant fort proche de la mer Occeane, nous pouuons dire auec raifon, encor qu'il foit foubs la Tornde,qu*il reçoit de la mer vn grand bénéfice, pour tempérer fa chaleur. J>)ue les plus hautes terres font le s plus froide sx & quelle en efi la raifon . Chapitre XII. ffînBAis fi nous voulons encor rechercher fparticulierement,noustrouuerons qu'en _* toute cefte terre il n'y a pas vne chaleur totalement elgale , quoy qu'elle foit en pareille i j/ïftoire naturelle diftance de la mer, & en mefme degré, veii qu'en quelques parties d'icelle il y a beaucoup de chaleur , & en d'autres y en a fort peu. Il n'y a point de doute que la caufe de cecy ne foit pourautant^ue l'vne eft plus baffe, & que l'autre eft plus haute & plus esleuee, d'où vient que l'vne eft chaude, & l'autre rroide, C'eft chofe certaine que le Commet des mon- tagnes eft plus froid que le profond des vallées, ce qui ne procède point feulement de ce que les rayons du Soleil ont plus dereper- cufsion auxlîeux bas & profonds, encor qu >l en foit vne grande raifon, mais il y en a vne au- tre, qui eft que la région de l'air eft plus froide, d'autant plus qu'elle eft haute & eskwgnee de la terre. Les plaines de Collao au Peru, & de Fopajan en la neuue Efpagne, font preuue lut- fifante de cecy. Car fans doute toutes ces par- ties font terres hautes, & pour cefte raifon aufsi font-elles froides , combien qu'elles foient tou- tes enuironnees de hauts pics de montagnes fort expofees aux rayons du foleil. Mais fi nous demandons pourquoy au Peru & en la neuue Efpagne, les plaines de la cofte font terres chao- dess& les plaines de la mefme terre du Peru& de la neuue Efpagne font au contraire terres froides: Ma vérité ie ne voy point quil s en puiffe donner autre raifon, finon que les vnes font en terre baffe, & les autres en terre nau- te. L'expérience nousenfeigne que la moyens ne région de l'air eft plus froide que l intérieu- re :&pource tant plus les montagnes s*ppro- chent d'icelle région moyenne , tant plus elles des Indes. Liure. 1 1. 68 font froides, couuertes déneiges & dégelées* La raifon mefme f y accorde, pource que s'il y a vne fphere ou région du feu, comme Ariftote & Jesautres Philofophes difent , la région moyen- ne de l'air doit eftre plus froide parantiperifta- fe,!a froidure eftant reposée, &fereiTerrant en icelle, comme en temps d'Efté nous voyons aux puits qui ont de la profondité. Pour cefte- occafion , les Philofophes afferment que les deux extrêmes régions de l'air, celle d'enhaut, & celle d'embas, font les plus chaudes, & la moyenne plus froide. Que s'il eftainfi comme de fait l'expérience le monftre, nous en tirerons encor vri argument ôc raifon remarquable3pour monftrerquelaTorride eft tempérée; fçauoir que la plus grande partie des Indes eft vne ter- re haute, remplie de beaucoup de montagnes, qui par leur voifïnage rafraifchirTent les terres prochaines. L'on Void continuellement e'sfom- mets des'montagnes dontie parle, de la neige ■> de la gresle, & des eaux toutes glacées , & le froid qu'il y fait eft fi afpre, que l'herbe en eft toute grefil/onnee, tellement que les hommes fccheuaux cheminans par là ,y font tous en- Çourdisde froid.Cecy3commei'ay défia di<5t5eft en la Zone Torride , Ôç aduient le plus fouuent quand ilsont le Soleil pour Zenith. Ainfi eft- ce chofe notoire & conforme à la raifon , que les montagnes font plus froides que ne font les vallées & les plaines, d'autant qu'elles partici- pent de la région moyenne de l'air, qui eft très* froide. Or la caufe pourquoy la région moyen- ne de l'air eft plus froide, a çfté mefme dicle cy î i:i-j ~ -*.^_ JF/ïftoire naturelle deuant, qui eft que la région de l'air prochaine de l'exhalation ignée, laquelle (félon Ariftote) eft fur la fphere de l'air, repoufle & reiette ar- j rieie toute la Froidure , laquelle fe retire & re • ferre en la moyenne région de l'air par antipe- riftafe,comme parlent les Philofophes.En après fiquelqu'yn me demande & veut interroger de ygnUMa.^ €efte façon , s'il eft ainfi que l'air foit chaud & humide, comme tient Ariftote, & comme l'on dit communément, d'où procède ce froid quife retire en la moyenne région de l'air, puis qu'il ne peut venir de la fphere du feu ? Car s'il pro- cède de l'eau ou de la terre, par cefte raifon la baffe région de l'air deuroit eftre plus froide que celle du milieu. Certes a refpondre au vray ce que i'en penfe, ie confefleray que ceft argument &obie&ion m'eft tant difficile, que le fuisprefque difpofé de fuiure l'opinion de ceux qui reprouuent les qualitez , fymboles & diffymboles que met Ariftote aux éléments, difant que ce font imaginations, lefquels pout cefte occafion tiennent que l'air de fon nature eft froid, & à cefte fin iisfe feruent de plulîeur; argumens & raifon?, du nombre defquels noui en propoferons vn aflez vulgaire & cogneu lailfans les autres a part, fçauoir qu'es iours ca- niculaires nous auons accouftumé nous don- ner de lairauecvnefuentàil, & trouuons qui nousrafraifchit: de forte que ces Autheursaf- ferment quela chaleurn'eft vne propriété par- '^pionyf.ap ticuliere d'aucun autreelementquedu feulfeu u.decœl. qui eft efpars&meslé parmy toutes les choies (félon que le grand Denysfiousenfeigne) mag hUw. des Indes. Liure. 1 1. 6$ , qu'il foit ainfi, ou qu'il en foit autrement ( car ïe | ne veux pas contredire a Ariftote, ficen'eft en 1 chofe fort certaine ) en fin ils facordent tous que la moyenne région de l'air eft plus froide, quelaplus baflfe prochaine à la terre, comme mefme l'expérience le monftre, puis qu'en cette région du milieu, les neiges, les gresles/fnmats & autres indices d'extrême froid s'engendrent» Or donc la région du milieu qu'ils appellent Toçride.ayant d?vn cofté la mer, & de l'autre les hautes montagnes , l'on doit tenir cela pour caufes fuffifantes pour tempérer & rafraifêhir fa chaleur. ^ Jg-ue les vents froids font la principale cau/è de rendre la Tonide tempérée* Chapitre, XIII. A température de celle région fe doit principalement attribuer a la. propriété du vent qui court en cette terre là, lequel eft fort frais ôc gi-cieux.La prouidéce du grand Dieu,Createur de toutes chofes a efte telle,qu'il a ordonne' qu'il y euft des vents merueilleufement frais en la ré- gion où le Soleil fait fon cours ( qui femble de- voir eftre du tout embrafee) afinquepar leur firaifcheurj'excefsiue chaleur duSoleil fuit tem- pérée. £t ne font pas ceux-là trop esloignez d'ap. parence de raifon, qui ont eu opinion que le Pa- radis terreftre eftoit fous TEquinoxe , s'ils ne fe FufFent trompez eux mefmes par la caufe de Wfor opiniorj, en ce qu'ils difojent que légalité " ififtoire naturelle 3es iours & des nui&s cftoit feule fufnTante caufe de rendre cefte Zone tempérée, à laquelle opinion toutesfois plufieurs autres ont eflé contraires, dunombredefquelsa efté le Pccce renommé, difant. --- excelle région Sembr^le mcejftmment aux chaleureux rdjons Vu Soleil, quid'illec tarnais ne Ce retire* Donques la fraifcheur de la nuicfc n'eft pas telle * quelle foit feule fufflfante pour modérer ôç corriger de fi afpres & furieufes ardeursduScn leil, mais pluftoft cefte Torride reçoit vne fi douce température parle bénéfice de l'air frais &gracieux,de telle forte que combien qu'elle ait elle tenue des anciens, plus embrafee qu'vn« fournaife ardente, &ceux qui l'habitent à pre- fent, la tiennent pour vn Printemps délicieux, Il appert par argument & raifons fort euiden- tes, que la caufe de cecy gift principalement enS la qualité du vent. Nous voyons en vn mefmê climat quelques régions & villes mefmes plus chaudes les vnes que les autres , pource feule- ment qu'ils fe relTentent moins des vents qui rafraifchiiTent. De mefme eneiVil en d'autre; terres, où le vent ne court point , lefquelles foni toutes embrafees comme vn fourneau , Se y eft- on fi fatigué delà chaleur, que d'y eftre,c'ef autant que de fe voir dans vne fournaife. Il y; beaucoup de ces bourgades & de cesterresai Brefil,en Ethiopie & au Paraguay,çomme cha cun fçait : & ce qui eft plus confiderable , c ef que 1 on void ces différences , non feulemen parmy ks terres, mais aufft en la meï.Ilya.d< des Indes. Dure I I. 70 i mers, ou l'on fent beaucoup de chaleur, comme ; ils racontent de celle de Mozambique & Or- t mus, & en l'Orient, & de la mer de Panama 5 en ; Occident (laquelle pour celle occafion engen- dre & produit en foy des Cayamans)côme aufsi lenJa mer du Brefil. Hya d'autres mers, voire !en mefme degré de hauteur, fort froides , corne eft celle du Peru, en laquelle nous eufmes froid, comme i'ay raconté cy deffus, quand nous la na- uigeafmes la première fois, quieftoiten Mars, i& au temps que le Soleil cheminoit par deffus. I A-la vérité en ce continent, où la terre & l'eau font de mefme forte, l'on ne peut imaginer au-. Ère occafion de (i grande différence , finon la propriété du vent qui les rafraifchit. Que il l'on veut de près aduifer à cefte confideratiô du vét, dont nous auôs parlé, l'on pourra refoudre plu- (îeurs doutes qu'aucuns mettent en auant , &qui (èmblent choies effranges & merueilleufes,fça- ioir pourquoy le Soleildonnant de fes rais fur la ?egion Torride , de particulièrement au Peru, ^oire beaucoup plus violemment qu'il ne fait pas en Efpagne es iours caniculaires , néant- noinsfon refifle à fa chaleur auec vne fort lé- gère couuerture , fi bien qu'au couuert d'vne latte, ou d'vn fimple toid de paille , l'on eft îïieux contregardé de la chaleur , que l'on n'eft ?as en Efpagne deffous vn toict de bois , & mef- ne d'vne voûte de pierre. Dauâtage pourquoy esnuids d'Efléne font chaudes ,nyennu vou- es au'Peru, comme en Efpagne? Pourquoy aux )lus hauts fommets des montagnes , & mefme intre les monceaux de neige, il y fait quel- ~ ^jitdk frfifloire naturelle ques-fois de grandes & infup portables cha-; leurs. Pourquoy en toute laProuincede Col- lao, quandl'on fetrouueà l'ombrage,quelque petit qu'il puiffe eftre, Ton y fent du froid, mais quand l'on vient a en fortir aux rayons du So-j leil , incontinent Ton vient à y fentir vne excef- fme chaleur. Pourquoy toute la cofteduPeru eftant pleine de Tablons, neantmoins fe trouuc fort tempérée, & pourquoy Potozidiftantdela cité d'Argent tant feulement de dixhuid lieues & en vn mefme degré, eft toutesfois de fi diffé- rente température, que Le pays eftant très- froid, îleftfterille&fec a merueilles: au contraire la ville d'Argent eft tempérée, déclinant à la cha- leur & à vn terroir fort gracieux & fertile. C'eft donc pour certain le vent , qui principale- ment caufe toutes ces eftranges diuerfttez : cai fans le bénéfice du vent frais, l'ardeur du Solei eft telle, quencor queccfoit au milieu des nei ges, elle brusle & embrafe , mais aufsi quand 1« fraîcheur de fair reuient, aufsi toft toute la cha- leur s'appaife,quelque grande qu'elle foit: & oi: ce vent frais eft ordinaire, & règne fouuent , i empefche que les vapeursterreftres&grofsie res qu'exhale la terre, ne fe ioignent , & caufen vnepefante&- ennuyeufe chaleur, dont leçon traire aduient en Europe; d'autant que par l'ex Jialation de ces vapeurs, la terre demeure corn mebrusîeeduSoleildu iour,qui eft caufe qu les nui&s y font fi chaudes & ennuyeufes, telle ment qu'il femble plufieurs fois que l'air fort comme d'vne fournaife. Pour cefte mefme rai fon, au Pçru cefte fraiïcheur du vent caufe cp i des Indes. Lime I I. 71 par le moyen de quelque petit ombrage au cou- cher & déclin du Soleil, Ton y eft allez fraifche- ment: au contraire en Europe le temps le plus doux & plus agréable en Efté eft le matin , & le foireftleplus froid, & le plus ennuyeux. Mais au Peru, en tout l'Equinoxe il n'en eft pas de mefme, d'autant que tous les matins, que le vent de la mer y celle, & que le Soleil y commence à ietter fes rayons, pour cefte raifon l'on y fent la plus grande chaleur aux matins, iufqu es aure^ tour dudit vent qu'ils appellent autrement,Ma- rée, ou vent de la mer, qui fait qu'on commen- ce a fentir le froid. Nous auons expérimenté tout cecy du temps que nous eftionsauxlsles qu'ils appellent de Barlouente , où au matin nous fuyons de chaud , & à midy nous fentions vn bon frais pour ce que la bize ordinaire; qui eft vn vent frais & gracieux, y fouffie alors. gueceux qui habitent foubs l'Equinoxe > vï- uent dvne vie fort douce &delicieufe. Chapitre. X V. jl ceux qui ont eu opinion que 1 Paradis terreftreeftoit en l'Equino !xe , fe fuffent conduits par ce dif ^cours, encor ne fembleroient-ils tpoint eftre du tout hors <îu chemin non que ie vueille refoudre que le Paradis délice eux, dot parle l'Efcriture, foit en ce lieu li5d'au- tant que ce feroit témérité de l'affermer pour ch ofe certaine; mais ie dis, que fil on peut dire qu'il y ait quelque^ Paradis en la terre ce doit Viues.Hb.Tf le deci.ii, c.xl. **", i Hifioire naturelle eftreenlieu, où l'on ioûift d'vne température I fort tranquille & fort douce. Car il n'y a chofe fi fafcheufe & répugnante i la vie humaine, que die viure fous vn Ciel , ou vn air contraire , en* nuycux& maladif,côme il n'eft chofe plus agréa- j ble que de iouyrd'vn Ciel& d'vn airquifoitj fain. doux , fubtii & gracieux. Il eft certain que | nous ne participons point d'aucun des éléments, ny n'en auonslvfage fi fouuent en l'intérieur du corps, que nousauons deTair. C'eft celuy qui enuironnenos corps de toutes parts, qui nous entre iufques dans les entrailles, & à chaque moment nous va vifitant le cœur * auquel il imprime fes propriété*. Si l'air eft tant foit peu) corrompu, il caufe la mort: s'il eft pur & falu* bre, il augmente les forces , Finalement nous nouuonsdire, que l'air feui eft toute la vie àt%\ hommes-, dé forte que combien que l'on aye des biens &• des richeffes,fi eft-ceque fi le Ciel eft fafcheux&malfain,lonnepeut viure à l'ayjeJ n v auec du^contentement: mais fi l'air & le Ciel eftfalubre gracieux &plaifant, encôr' que l'on n'ait d'autres richeifes,ne laiife de donner du contentement & du plaifir. Confiderant à part moy l'agréable température de plufieurs terres des Indes, où Ion ne fçait que c'eft de l'hyuer, qui par fon froid gelle & eftraint ,ny de l'efté,] qui ennuyé par fes chaleurs,mais auec vne natte , | l'on fe guarantit de quelque iniure du temps | que ce foit, & où il eft à peine befoin de changer d'habit en toute l'année: le dis certes que confi- derant cela plufieurs fois , ie trouue & me fern- ble cncor auiourd'huy, cjue fi les hommes fe des Indes. Liure, 11. *£ vouloient vaincre eux^mefmes , & fe deslief deslacsquela cupidité leur dreffe, fe defiftans ideplufieurs inutiles & pernicieux defTeings; i fans doute qu ils pourroient viu re aux Indes fort doucement & heureufement .-car ce que les au- tres Poètes chantent des champs Elifées, & Je hfameufe Tempe, ou ce que Platon raconte, ou font de fonlsle Atlantique, certes les hom- mes les trouueroient en ces terres , fi d*vn cœur généreux ils aymoient mieux eftrefeigneursde leur argent & de leur conuoitife , que d'en demeurer efclaues comme ils font. Ce que nous auons tra.tte iufques icy.fuffira touchant les quahtez de 1 Equinoxe, du froid.chaud, feche- refle pluyes,& des caufes de fa température. Le difcours en particulier des diuerfitez des vents, eaux , des terres, des métaux , plantes & animaux qui y font.&dont y a aux Indes grande abondance reftera pour d'autres liures, caria difficultede ce qui eft traittéen ceftuycy , quoy qu au bref Ie fera parauanture trouuer plus long qu 'il n eft. Aduertiffement au Lefteur, LE Lecteur doit efire aduerty, que tejcriuy les deux Hures precedens en Latin, lors que ieftoisau Veruy & pourceparlem-ils des chofes des Indes , comme de chofes pre fentes : depuis eflant venu en Efpagne , mejembla bon de les traduire en langue vulgaire 3& ne voulus changer la façon déparier qui y efloit couchée: mais aux cinq liuresfuiuan s, parce que te les ay faits en Europe y i'ay efie contraint de chan- gerla façon de par 1er >& de traitteren iceux les chofes des ïndes .comme terres é* chofes abfen- tes y & parce que cesie diuerfttc de parler pourroït auec raifon ojfenfer le Lecteur yilm* a femblê bontaducrtirdececy. LIVRE UVRE TROISIESME D E L'H I S T Ô I R E N A T V- rellè & morale des Indes* ' $ue l'hififm naturelle des liides^fl pUifanti & agréable. Chapitre premier.. tt& O v t e IfiHSrre naturelle de foy cft agréable, & mefme eft vtiJe,& de grand prioffi t à ceux qui veuîec eflcuer Jeur difcours & contem- platJonen haut, en ee qu'elle les cite à glorifier 1 Autheur de toute la nature mme nous voyorn que font les fages & Mtm rfonnages, principalemet Dauid en plufieurs d.uers f feaumés, où il célèbre l'excellence W m sœuuresdeDieu. Et lob auffi traitant des fe- 1"'S,J"* nd à lob fi amplement. Celuy quife plaira M lt « le fêîfiï VTSœmieS dC CC«e nat«re » 4 4^ i«le& fiabondante.auravrayementleplai- & contentement del'hiftoire, & plus encoc and ,1 cognoiftt. que ce ne font point fim- ■L7* "4" £°*T? ' ffia's * 'Createu, **«A <& il paireraplus eutreî&f.aruiend«* J5 n Hiftoire naturelle à comprendre les caufes naturelles de ces œ* ures , 5 fera occupé en vn vray exercice de Phi- lofophie. Mais qui efleuera plus haut façon- fideration, regardant augtand & premier Ar- chitecte de toutes ces merueilles , cognoiltra la fapience & grandeur infinie diceluy, pourrons; dire qu'il traidera vne excellente Theoogie,& par ainfi la narration des chofes naturelles peu. Uuconp feruir pour pla»™" b° n"« '^l fiderations.combienquela foibleffe & debili, té deplufieurs appétits ayt accouftume ordii] «airernent de s'arrefter au moins profitable , qu : eft le défit de fçauoir chofes nouuelles , appell.1 emiofité. Ledifcours& hiftoire des chofes naj tutelles des Indes, outre le commun content ()l ment qu'il donne.il en a encore vn autre.qu. etl de rraitter de chofes tfloignées, la plus-part de| quelles ont eftéincogneucs aux plus exceller! autheurs de relie profefllon.quiayent efteej tre les anciens. Que s'il falloic efenre ces chofl naturelles des Indes, auffi amplement comnl elles le requièrent bien , eftans chofes fi remal quables, ie ne doute pas qu'on n en peuii rail desœuures qui neferoient pas moindres ql celles de Pline.Theophrafte & Anftote.Mais ne me repute point aflez fuffifant,&(encor qj ie le fufïe) ce ne feroit mon intention , ne tej( dat à autre fin que de remarquer quelques cM fesnaturelksque i'ay veuës& cogneues efti aux Indes , ou bien que i'ay entendues de P fonnes Agnes de foy ; lefquelU s me fembl «ftrerares,& peu cogneues en 1 Europe. A l fondequoy iepaflaay fuccinftementfur bel des Indes. Liure. II I. 74 i coup d'icelleSjtantpource qu'elles font ià eferi* i tes par d'aunes, ou bien qu'elles requièrent da~ ! uantaged'efciarciflcment & de difeours, que ce ! queie leur pourrais donner» \Des vents 3 de leurs différences , propriétés # eau fi s en général. Chapitre Ife Y a n x traitte aiix deux îiures pre- cedens ce qui concerne le Ciel , ôà l'habitation des Indes en gênerai, il nous conuient parler des trois elemens,rair,Peau, &la terre ± ôc de leurs compofez, qui font les métaux , plantes & animaux ; car pour le regard du feUiie ne voy phofe fpeciale aux Indes qui ne Toit es autres re- giôs/iquelquvn nevouloit direquelafaçôdê [tirer du feu en frottant deux ballons l'vn contre autre, comme en vfent quelques Indiens \ de luire quelque chofe en des courges, y iéttât vne pierre ardente , & d'autres choft s femblables fufTent à remarquer,auflî en ây-ic eferit , ce que l'onenpouuoitdire.Mais de ceux qui font aux Vulcans ou bouches de feu des Indes, dignes :ertainement de remarque, i'en diray à leur or- Jre, en trâittant de h diuerflté des têrres,ef- buclles l'oh trouue ces feux ou Vukâs.Parquoy bour commencer par les vents,ie diray premiè- rement, que c'eft à bonne caufe que Salomdïfc tntre les grades fciêces que Dieu luy auoit doii- Wes , eftime beaucoup la cognoifîance de U Kij :r riÉ^k Hiftoire. naturelle x force des vents,& de leurs proprietez certaine^ j ment admirables. Pourcequeles vns font p lu- | uicux,& les autres fecs ; les vns maladifs & les j autres fains-,les vns chauds, & les aunes ttoidsj , ks vns doux&gratieux, & les autres ludesfc . rempeftueuxyles vns fteriles& les autres fetules, auecvne infinité d'autres différences. H y ad*; vents qui courent en certaines régions & lont I comme teigneurs d'icelles , fans fouffnr 1 en- trée ou communication de leurs contraires. En L d'autres parties ils foufflent de telle façon.que, tantoft ils font vainqueuis,& tantoft font vain-k eus , & bien fouuent il y a des vents nefeis vnàe venir m eiu, comme en Ly ma, & aux plaines, ils expe- jimentent que le Nort leur eft maladif, &en- pyeux , & par toute cefte code , qui dure plus te cinq cents heu es, ils tiennent le s;ud pour vn lent fain & frais , & qui plus eft , tres-ferain , ôc tracieux , mefme que iamais il n'en pleut , tout ju contraire de ce que nous voyons en Euro- pe, &en cefte partie de la ligne. Toutesfoisce ui eft en lacofteduPeru, n eft pas vne regiç Hiftoire naturelle générale, mais pluftoftvne exception, &vne merueille dénature, de ne pleuuoir iamaisen cefte code là, ôc qu'il y règne toufiours vn mef- mevent, fans donner lieu à fon contraire -, de- quoy nous dirons après ce qu'il nous en femble- ia. Maintenant demeurons à ce point, queic Nort n'a point de l'autre cofté de la ligne, lest." proprietez que T Aufter a par deçà . encores que tousdeuxfouftlétduMidy,àdesregions&paf ties du monde oppofites& contraires: car o n'eft pas règle générale par delà, que le a ort { chaud, ny pluuieux, comme l'Autter l'eft par çà-, au contraire il pleut là aufli bien lors que n lire Aufter y règne, comme l'on void en toute laSierre, ou montagne du Peru, enChillé,& en la terre de Gongo , qui eft de l'autre cofté dr la ligne, &bienaduanceeenlamer. EtenP< tozimefme, le vent qu'ils appellent Tomah ni ( qui eft noftre Nort , fi j'ay bonne mémoire eft extrêmement froid, fec, & mal plaifant comme il nous eft par deçà. Il eft vrayqueo H'cft pas chofe couftumiere par delà que ce n or diflîpe les nuages comme icy; au contraire ( fi i< ne me trompe)il caufe fouuentefois de la pluye Et n'y a point de doute que les vents ne tirent, & n'empruntent cefte grande diuerfné d'effeâ contraires, des lieux par où ils partent, ôc de prochaines régions d'où ils naitfent , corne cha ' ,que iour Ton expérimente en mille endroits Mais parlant engeneralde la qualité des vents l'on doit pluftoft regarder aux coftes& partie du monde, d'où ils nailTent& procèdent, ' non point pour eftreducoûç de deçà UU ligne! des Indes. Liure III. ?$ m autrement , comme il me femble que le Phi- ■ilofophe en a eu opinion. Ces vents capitaux* qui (ont le Leuant & le Ponent , n ont point de jqualitez il vniuerfelles, nyfi communes en ce continent, ny en l'autre, comme les deuxfuf- |dits. Le Soîanus , ou Leuant , efticy ordinaire- jment ennuyeux, Ôc mal fain; & le Ponent, ou jZephyre, eft plus doux, & plus fain. Aux ïndes & en toute laTorride, lèvent d'Orient qu'ils appellent brife , eft au côtraire d'icy fort fain ôc délicieux. Du Ponent,ie n'enpoùrray dite cho- fe certaine,ny générale, d autant qu'il ne fouffl e jpoint du tout, ou bien fort rarement, en la -ror- iride: car en tout ce que Ion nauige entre ces $eux Tropiques, le vent de la brife y eft ordinal- (re, mais pource que c'eft vnedesmerueilleufes jruures dénature, ilferabon d'en entendre la pufe & l'origine. £hte les brife s courent toufiours enlaTorride% & hors tticelle les vents d'abas &ks brifes y font touftour s ordinaires. Chapitre IV. E chemin de la mer n eft pas .comme celuydelaterre, pour retourner par | bu l'on apafTc, il y a vnmefme che- min, ditlePhilofophe, d'Athènes à \ (Thebes, que de Thebes à Athènes : maisil n'efl: |>as ainfi en la mer , pource que Ton va par vr* fhemin, & retourne- on par vn autre. Les pre- miers qui defcouurirent les Indes Occidenca- r Mifloire naturelle les, voire Orientales, trauaillerent beaucoup & TinlZîa curent de grandes difficulté àtrouuer larou- ; î./.4. c.6. te, iufques à ce quel expérience, mailtreHede| ces fecrets , leur euft enfeigné , que de nauiger par l'Occean , n'eft pas choie femblable , que de palier en Italie par la mer j^^ttërranee , où l'on ! varecognoiijant âuretou^ïesrnefmespOrts &j caps, que Ion a veuz à l'aller* Ôc ne fait-on touf- iours qu'attendre la faueur du vent qui f y chan. ge en vn inftant,& encor quâd il leur deffaut, ils ont recours i ôc fe feruent fort bien de la ramcJ & ainfi vont ,& viennent les galères toufioursd en cofloyant la terre. En certains endroits de la! mer Occeane on ne doit efperer autre vent que celuy qui court , parce qu'ordinairement il y| dure longtemps. En fin celuy qui eft bon pour aller, ne left pas pour retourner: car en la met outre le Tropique, ôc dedans la «rorride, les vents cte Leuant y régnent toufiours, foufflans conti- nuellement fans permettre leurs contraires , en laquelle région y a deux chofes merueilleufesj l'vne, qu'en icelle (qui eft la plus grande derf cinq en quoy ils diuifent le monde ) régnent ki vents d'Orient qu'ils appellent brifes , fans qud ceux du Ponent ôc Midy, qu'ils appellent vend d'abas, ayent lieu de courir en aucune fàifon àè Tannée. L'autre merueille eft, que ces brifes d celTent iamais de foufïler , & lepluscommune^ ment es lieux qui font plus proches de la ligne! éfquels ilfemble que les calmes deullcnt eftrd plus ordinaires, d'autant que c'eft la partie dd monde plus fnbjette àl'ardeur dufoleil. Mair gfeft au contraire ; car à peine on y void des cal des Indes. Liure 111. Su j nies , & fi la brife y eft beaucoup plus froide , 6c \y dure plus longtemps; ce qui a eflérecogneu ;en toutes les nauigations des Indes, C eft donc là l'occafion pourquoy la nauigation que l'on (Fait allant d'fcfpagne aux Indes Occidentales, eft plus briefue, & plus facile, voire plus aiîcu- }rec, que celle que l'on faict au retour d'icdles jen Efpagne. Les flottes fortans de Seuille , ont le plus de peine & de difficulté à paiîer & arri- uer iufques aux Canaries , d'autant que ce Gol- phe desYegues, ou desiuments, eft variable, êftant battu de plusieurs &diuersvents: mais ayant parte les Canaries , elles vont baifTans iuf- ques à entrer en la Torride , où ils trouuent in- continent la brife, & y nauigét vent en pouppe de telle forte , qu'à peine eft befoing en tout Iç voyage de toucher aux voiles. Pour cefte raifort ils appelèrent ce grand Golphc, le Golphe des Dames, pour fa douceur &ferenitc. En après, fuiuant leur route, elles arriuent iufques aux Ik les de la Dominique, Guadelupe, Defîree, Ma- rigualante, 6c les autres, qui font en cet endroit Comme les fauxbourgs des Indes. Là les flottes fe feparent & fe diuifent, dont les vns (qui vont en la neuue Efpagne) tirent à main droite, pour recognoiftre l'Efpagnolle , & ayans recogneu le Cap fainét- Antoine, donnent iufques àfaindl Ican Delua, leur feruant toufiours la mefme brife Celles de terre terme prennent la main I gauche, &vont recognoiftre la haute monta- jgne de Tayrone /puis ayanr touché en Car- j thagene, palFentoutreà Nombfede Dios , d'où; par terre on Ya à Panama, & de là par la mer du fftfîoire naturelle Sud auPeru. Mais lors que les flottes retout- îient en Efpagne,elles font leur voyage en cefte façon. La flotte du Peru varecognoiftreleCap fain£ Antoine, puis entre en la Hauane, qui eft vn fort beau port , de fille de Cube , & cellede la neuue Efpagne vient mefme toucher en la Hauane , eftant fort-e de la v raye Croix , ou de Tlfle de fainé* Iean Delua; toutefois ce n'eft fans trauail, pource que là ordinairement ventent les brifes, qui eft vn vent contraire pour aller à ce port de la Hauane. Ces flottes eftans join&es pour retourner en Efpagne, vatft chercher leur hauteur hors des Tropiques, où incontinent ils trouuent des vents d'abas, qui leur feruentiufc ques à la veiie des Ifles des Açores , ou Ty erce^ res, ôc de là à Seuille. De forte qu'ils font le voyage de l'aller en peu de hauteur, nef'eflow gnans point de la ligne de pi us de vingts degrez* quieft }à dans les Tropiques Maisle retour fé fait par le dehors d'iceux Tropiques, en 28. ou trente degrés de hauteur pour le moins; ce qu'ils font pour la raifon fufdite, d'autant que dans les Tropiques continuellement régnent des vents d'Orient , lefquels font propres pour aller d3Ef- pagne aux Indes Occidentales, pource que la route eft d'Orient au Ponent, & hors les Tropi- ques, qui eft en i3.degrez de hauteur, l'on trou- lie des vents d'abas, lefquels font plus certains, & ordinaires, plus l'on fefïoigne de la ligne^qui font propres pour retourner des Indes, d'au- tant que ce font vents de Midy & dePonenr^ quiferuent pour courir à l'Orient &auNort.i Le mefme difeours eft aux nauigations que l'on fais ei* Jesfndes. Liure ÏJI. $t lit en la mer du Sud, allant de laneuucÉfpa- ne & du Peru, au* Philippines, ou à la Chine; : retournant des Philippines, ou Chine, à la euueEfpagnè: car cela leur eft facile, pourec u'ils nauigent toujours d'Orient ail Ponentj roche de la ligne, ou ils trouùent continuelle- tel : le vent de brife , qui leur donne en pouppe. n I an quatre vingts quatre forcir de Gallao eri ymavn nauire pour aller aux Philippines, le- jel courut Se rtauigea deux mille fept cents nies fans voir terre * & la première qu'il def- mdrit, fuftTlfle dcLiïflbn, où ilalloit, ôcy int port, ayant fait fon voyage en deux mois, nsauoir eu aucune faute de vent, ny foufrert cune tourmente, & fut fa route prefque touf- urs tous laligne 5 pource que de Lyma qui eft louze degrez au Sud, il vint àrriuer à Menilla; 11 eft quafi autres tant au Nort. Le mefme ur accompagna Aluaro de Mandana, quand ut àladefcouuerte deslfîes appellees de Sa- mon, pource qu'il eut toujours le vent en •uppe iufques à la veùé de ces Iflcs , Iefqudlesî ment eftrediftantesdulieudu Peru, d où ils tuent 3 corrtmemil Jieties, ayant fait fa route inours en vne mefme hauteur au Sud. Le re- ir eft comme le voyage des Indes en Efpa- t: car ceux qui retournent des Philippines oii une à Mexique, afin de trouuer les vents d'à-' \> montent à beaucoup de hauceur, iuïqués |t nettre au droit des Mes de Iappon,& venant? îcognoiftrc les Calliphornes, retournent par ofte de a neuue Efpagne , au port d'Acapui- » d ou ils eftoient fortis. De forte qu'il e& L - . M H Hiftoire naturelle mcfmc prouué parceftenauigation, que d'O- rient au Ponent l'on nauige fort bien dans les Tropiques , d'autant qu'il y règne des vents Orientaux: mais retournas du Ponét en Orient, l'on doit chercher les vents d'abas , ouduPo- nent , hors des Tropiques en hauteur de 17. de- grés. Les Portugais expérimentent le mcfme en la nauigation qu'ils font à l'Inde d'Orient , bien; qu'au rebours , pource qu'allant de Portugal, le voyage eft ennuyeux , & de trauail , mais le rc-r tour eft plus ay fé , d'autant qu'à l'aller leur r ou, te eft du Ponent à l'Orient j tellement qu'il leu conuient monter iufqu'à ce qu'ils ayent trouu & inq gneucs. — 1 dés Indes. Liure ///. $& Dt la différence des hrijes , rjr vents dUbas* wfetnble des autres vents. Chàpiïre V* I e n que ce qui a efté dit cy deflus , foif vncchofefiapprouuee, ôc C\ vniuerfei- kj neantmoins il me refte toûfîouis vn dtfir d'enquérir la caufe de cefecret, jpourquoycn laTorride l'on nauige toujours i d'Orient en Occident aucc telle facilité, & non au contraire , d'Occident en Orient* Qui eft le roefnc que il l'on demandoit pourquoy les bri- fes régnent là , & non les vents d'abas, puis que félon bonne Phiiofophie, ce qui cftpcrpetuel, Vniuerfel & de par foy (comme difent les l'hilo- fophcs)doit auoirvne caufe propre, & de pat foy. Orauant que m'airefler à ceftequeftion, qui me femble remarquable, il fera befoing de déclarer ce que nous entendonspar les brifes & vents d'abas , à caufe que cela feruira beaucoup pour ce fujet , & pour plusieurs autres ehofes & matières des vents ~& nau 'gâtions. Les pilote* mettent trente-deux différences de vents, par- ce que pour conduire leur proue au port defî- ré , ils ont befoing de faire leur Conte fort pun- c^uellement, & le plus diftin&ement, & au me- ftu qu'ils peuucnt, veu que pour peu qu'ils ti- râflcnt en vn code, ou à l'autre, enfin deleut chemin , fe trouueroient grandement eiloigne^ d'où ils penferoient aller, & ne content plus d« ttente-deux ycms5 d'autant que ces diuihou$ i Hiftùirè naturelle fumfent, &nepourroit-on auoir la mémoire pour en retenir dauantage. Mais à langueur, : comme ils mettent trentre deux vents, l'on en pondit conter 64. "8. & aj<5. finalement al- ler multipliant ces parties îufques à l'mnny: car le lieu où fetrouue lenauire eftant comme | îe centre, & rout hemifpherc en circonférence, quieft cequiempefche quel'onnepuiflecon* ter des lignes fans nombre, lefque les fortans de ce centre, tirent droiéï à ce cercle hnealen tout autant de parties, qui ferôt autant de vents diuers, puifque ainfieft, que le vent vient de toutes les parties de l'hemifphete , & qu'on le peut diuifer en autant de parties que nous vou- drons imaginer ? Toutefois la fageiïe des nom- mes fe conformant à la fainfte Efcnture , re- marque quatre vents, qui font lesptincipauï de tous , & comme quatre coings de 1 vnmers, que l'on ferme, en faifant vne croix aueedeux i ligne», dontl'vnevadvnPoleàlautre,&lau- tred'vn Equinoxe à l'autre, & font d vn cofte le Nort , ou Aquilon , & l' Aufter , ou vent de Mi- dy , fon conrraire ; & de l'autre cofte l'Orient, qui procède d'où forr le foleil, & le Ponem d ou ilfccouchc. Et combien que l'Efcnturefainae parle en quelques endroirs d'autres dmerfites de vents, comme de l'Eurus , & Aquilon que ceux de la mer Occeane , appellent Norr d eft, & ceux de la mer Méditerranée Gregual duquel ileit feit mention en la nauigation défaut Paul, h eft-ce que lamefmeEfcriturefaincte rapporte &s quatre différences remarquables que tout le monde cognoir, qui font comme il eft du , Sep-, , des Indes. Liure IIL S 3 Itentrion, Midy, Orient ôc Ponenr. Mais d'autant que I on trouue trois différences au leuer , ôc naiflance du foleil ( d'où vient le nom d'Orient ) à fçauoir , les deux plus grandes deçlinaifons iqu'ila accouftumé de faire, ôc le milieu d'icel- jles, félon qu'il naift endiuers lieux en hyuer, jl'eftc , ôc en celle qui tient le milieu de ces deux jfaiions. Pour cefte raifon l'on conte deux autres (vents, qui font l'Orient d'e (lé, & l'Orient de l'hyuer, & par confequent deux autres Ponents id'hyuer & d'efté , contraires aux deiîufdits. De forte qu'il y a huit vents en huit points notables du ciel , qui font les deux Pôles , les deux Equi- Inoxes, les deux folftices, 6Y leurs oppofites au mefme cercle, lefquelsfont appeliez de diuers noms ôc appellatiôs en chacun heu de la mer ÔC te la terre. Ceux qui nauigent POcceatiront ac- :ouft umé les appeller ainii. Ils dônnct le nomde Mort aux vents foufïlans de noftre Pôle, qui re- lient le mefme nom de Nort, & de Nordeft, Ce- uy qui luy eft prochain ôc qui vient de l'Orient îftiual, ils l'appellent £ft$ celuy qui fort du vray prient, Equinoxialj ôc vSueft, celuy qui vient de l'Orient d'hyuer. Au Midy, ou Pôle Antarctique jlsdonnent le nom de Sud, & à celuy du Cou- chant d'hyuer, le nom de Suroeft; au vray Cou- rbant Equinoxial, le nom de Oeft, & au Cou- phant d'efté, celuy de Nort-oeft. Ils diuifent en- :feux le refte des vents , Ôc leur donnent les jioms, félon qu'ils participent, & f approchent ies autres, comme Nortnortoeft,nortnoitdeft, Ht nordeft , eft fueft , fur feroeft , fufueft , oeft, rur-oeft, oeft, nortoeft j de forte que parleurs L iij j/ifloire naturelle dénominations l'an cognoit d'où ils procèdent. En la mer Méditerranée encor qu'ils fument la mefme diuifion & façon de conter, neantmoins Us leur donnent d'auttes noms différents Ils ap- , pelientle N or t, Tramontane, & fon contraire, qui eft le Sud, Mezojorne, ou Midy. L Lit ils rappellent Leuant, & l,OwftPuncnt> & ceux qui trauerfent ces quatre, ils les nomment ainir, le Sueft eft par eux dit Xirocque , ou Xalocque, & fon oppofitc qui eft le Nortoeft, Mettrai Ht appellent Grec, ouGregual, lcNordeit, 6c le Surocft fon contraire , Leuefchc , Lybique , ott «Afriquain. En latin les quatre cogneus font, St- ptentm , ^£rfer9 StihfoUnm, Umnms : Et les entre- meilwz font, ^mh, V*kwnm% ^tfhtm cr Cor*. Selon Pline, VHUurnw&Eww, fontvnmefmc vent, qui eft le Sueft, ou Xalocque : Uumrn* eft le mefme que l'Oeft, ou Ponent : *4yuU , &*H r^, le mefme que Nortcft, ou Gregual, & Tra- montane: jtfmm, & Lybique, eft ce Suroeft, ou Leuefchc: *A»ft*9 Sc&tm9ek le Sud ou Midy : Or ** , ScZephir* n'eft autre que le Norf oeft, ou Meftral, & à fon prochain qui eft Norc deft , ou Gregual , on ne luy donne autre nom que Phénicien. Queiqu es autres les diuifentd y- ne autre manière: mais parce que cen'cft pas à prefent noftre intention de raconter les noms! Latins & Grecs de tous les vents y difons feule- înet qui foat ceux d'entre ces vents que nos m* tiniers de fOccean dinde appellent bnies, & yentsdabas. Iayeftc fort longtemps en difh çuité fur ces noms, voyant qu'ils en vfoient ton différemment , iufqucs à ce que j'aye recogneu des Indes. Liure 111. $4. que ces noms font plus généraux, que propres, & particuliers. Ils appellent brifes, ceux qui fer- uent pour aller aux Indes , & qui donnent quafî enpouppe, lefquclspar ce moyen coprennent tous les vents Orientaux, & ceux qui en dépen- dent y & appellent vents d'^bas , ceux qui font près pour retourner des Indes , & qui fouftlent depuis le Sud iufques au Ponent eftiual ; de ma- nière qu'ils font comme deux efcoiiades des vents de chacun cofté , les Caporaux defquelles font d'vne part le Nortdeft, ouGregual; &dc l'autre le Suroeft, ouLeuefche. Mais Ton doit entendre que du nombre des hui& vents ou dif- férences que nous auons cottez , il y en a cinq qui font propres pour nauiger , & non les trois autres.Ie veux dire que quand vn nauire nauige en la mer, il peut aller & faire long voyage auec l'vn de ces cinq vents,encorqu'ils ne luy feruent pas cfgalement: mais il ne fepeut point feruic d'aucuns des trois , côme fi le nauire va au Sud, il nauigera auec le Nort , le Nortdeft , le Nort- oeft, & auec l'Eft, & l'Oeft : car ceux des coftez feruent efgalement pour l'aller, & pour le ve- nir. Mais du Sud , il ne f'en pourra feruir, pour- ce qu'il luy eft directement contraire , ny de fes deux collatéraux qui font Sueft & Suroeft, qui cft vne choie fort triuiallc, & commune à ceux qui nauigent .Ceft pourquoy il n'eftoit befoing de le déduire icy, finon pour fignifier queles vents latéraux du vray Orient, font ceux qui communément foufïlent en laTorride, qu'ils appellent brifes, & les vents de Midy declinans au Ponent, qui feruent pour nauiger 4'Occi- L iii) Hiftoire naturelle 4ent à l'Orient, nefpntpoint ordinaires en la To rride , parquoy l'on les va chercher hors des Tropiques , 6c les appellent les mariniers des Indes communément vents d'abas. «: Quelle eft la caufe pûtirquoy nauigeant en la Torrzde, ilya tofifiotirs des vents d'Orient. Chapitre VI. I s o n s maintenant ce qui touche la queftion proppfee, fçauoir, quelle eft la caufe ppurquoy Ton nauige bien en la Torride d'Orient au Ponét , 8c non au contraire. Sur quoy nous deuôs prefuppofer deux fondemés certains : l'vn eft que le mouue- ment du premier mobile, qu'ils appellent rauif* fant , ou diurnel , non feulement tire ôc efmeut quant & iuy les fpheres celeftes qui luy font in- férieures , corne il fe void chacun iour au foleil, lune & eftoilles , mais auffi ks éléments partici- pent de ce mouuement , entant qu'ils n'en font point empefchess. La terre ne fe meut à caufe de îa grande peianteur qui la rend mobile, & qu'el- le eft auflî beaucoup éloignée de ce premier mp» bile. î. élément de l'eau ne fe meut non plus de ce mouuement diurnel, d'autant qu'il eft joinék & afTemblé auec la terre , & font enfemble vna flpherej de façon que la terre l'empefçhe dcfe mouuoir circulairement ; mais les deux autres, clemens, le feu & l'air , font plus fubtils, & plus proches des régions celeftes, d'où vient qu'ils participent de Jeuxmçuuement, &foi*tmeus des Indes. Liure. III. s$ <& agitez circulairement , comme les mefmes ! corps celeftes. Pour le regard du feu , il n'y a point de doute qu'il n'ait fa Sphere,ainfi qu'A- riftote&les autres Philofophes font tenurmais pour lair (qui eft le point de noftre fubiet ) il eft très-certain qu'il fe meut du mouuementdiur- nel,quieft d'Orient à l'Occident, ce que nou$ voyons clairement es Comètes qui fc meuuét d'Orient à rOccident,montan$, defcendans, & finalement tournoyansen noftre hemifphere, idelamefme façon queleseftoilles femeuuenc lau firmament. Car autremét ces Comètes eftas en la région & Sphère défaire ù elles s'engen- drent,apparoiirent & fe c Ji^fomment,}! leur fe- roit impoffible defe mouuoir circulairement comme ils fe meuuent3fi l'élément de l'air où ils font,ne femouuoit du mefme mouuemcnt du (premier mobile. Careftansces Comètes d'vne jmatiere enflammée , parraifon deuroient de- imeurer arreftees fans fe mouuoir circulaire- imenr,fî la Sphère où elles font,demeuroitfans jfe mouuoir, fi ce n'eft que nous faignions que quelque Ange ou Intelligence chemine auecla jCometc , la menant circulairement. En Tan JJ77. apparut cefte merueilleufe Comète ( de (figure reflemblant vn plumage) depuis Thori- ifon prefqueiufques àla moitié du Ciel, & dura idepnis le premier Nouembre iufques au hui- i&iefme de Décembre. le dis depuis lepremier |de Nouembre j cariaçoit qu'en Efp3gneonla preid & remarqua premièrement au 9. de No- vembre (fuiuant le récit des Hiftoriens de ce réps)neantmoinsauFeru, où i'eftoispourlors^ \ ififtotre naturelle il me (buuienc bien que nous la vifmes êc re- j marqaafmes hui& iours deuant,&tous les iours j cnfuiuans.Pour la caufe de cefte diuerfité,quel- t ques-vns la pourront dire particulièrement, , mais ie veux dire qu'en ces quarâte iours quel- \ le dura,nous remarquafmes tous , tant ceux qui eftoient en Europe, que nous autres aufliqui cftions alors aux Indesjqu'ellcfc mouuoit cha- que iour du mouuement vniuerfel , d'Orient au Ponent, comme la Lune & les autres eftoilles. D'où il appert que la Sphère de l'air eftantfa région, il faut que le mefme élément femeuuc de cefte façon. Nous recogncufmes auflî,quc outre ce mouuement vniucrfcl,elle en auoit en» cor vn autre particulier , par lequel elle fe mou- uoit auec les plancttesd'Occidét en Orient: car chaque nui& elle deuenoit plus Orientale, ainfi que font la Lune , le Soleil , & Y t ftoille de Ve- nus. Nous remarquafmes dauantage vn troi- ficfme mouuement particulier, dot elle le mou- uoit au Zodiaque vers leNort , d'autant que paflees quelques nuitts , elle fe trouuoitplus (5on jointe aux fignes Septentrionaux. fct para- uanture cela fut caufe pourquoy cefte grande] Comète fuft pluftoftveucdeceuxquieftoient| plus Méridionaux , corne le font ceux du Peru.) Et d'autre part,ceux de l'Europe commccercnd à la voir plus tard , à caufe que par ce troiiiefmej mouuement que i'ay dit , elle s'approchoit plus des Septétr ionaux. Toutesfois vn chacun a peu; remarquer les différences de ce mouuement, de façon que l'on peut bien voir que plusieurs & 4iuers corps celcftc*, donnent leurimpreflîon àeslnàes. LiureAll. 86 USpHeredei'air.ainfieft-il certain que l'air fe ticuc du mouuemét circulaire du Ciel/TOrient u Ponent,qui eft le premier Fondement misen uant cy délias Le fecôd neft pas moins certain, ,iy nocoire,qui eft que le mouuemét de l'air aux Parties qui font fous la ligne, ou proches d"iccl- je,eft tres-vifte &leger,&d'autât plus qu'ils ap- Coche de l'Equinoxe , par confequent ce mou- icmcnt eft d'aueât plus lent Se pefan t,qu*il s'ef- oigne de la ligne en Rapprochant des Pôles. La •aifon de cecy eft manifefte , parce que le mou- vement du corps celefte.eftât la caule efficiente le ce mouuement de l'air, il doit par neceflîte fcftre plus prompt 6c plus léger à l'endroit où le fcorps celeffe a Ton mouuement plus vifte.Or de Couloir enfeigner la raifon pourquoy le Ciel a |vn plus vifte mouuemét en la Torridc,qui eft la iugne,plus qu'en autre partie du Ciel, ceferoie (peu citimer les hommes , puis qu'il eftaifé de Voir en vneroiic que Ton mouuement eft plus tardif & pefant à l'endroit de (a plus grande cir- iconference.qu'à l'endroit de fa plus petite , & quelle acheue (on grand tour au mefme efpacc de temps,que la moindre acheuc fon petit. De •ces deux fondemens procède la raifon pour la- | quelle ceux qui nauigent grands Golphes,d'0- 1 rient au Ponent,ttouuct toufiours vent en pou- ! pejallans en peu de hauteur, 6V tant plus ils font 1 proches de l'Equinoxc^ant plus leur eft certain i cV durablele vent Etau contraire nauigeans du IPonent à l'Orient, ils trouuent toufiours vent I en proue, & contraire. Pourcc que lcmouue- ! ment ires-vifte de lEquinoxe , tire après foy Jjîftoire naturelle l'élément de l'air , comme il fait le furplusclef Sphères iuperieures.Parainfi l'air fuit toufiours le mouuement du iour allant d'Orient au Po- nant,fans iamais varier , & le mouuem et de l'air vifte amené mefme après foy les vapeurs & ex- halations qui s*efleuent de la mer , ce qui caufe en ces parties & régions vn continuel vent de brife qui court de Leuant. Le Père Alonfo San- chez,qui eft vn Religieux de noftrc Côpagnie, qui a voyagé en l'Inde Orientale & Occiden- tale^omme homme ingénieux & expérimen- té , difoit, qu'en nauigeant deiTous la ligne,oi| proche d'icelîe,auec vn temps continu & dura/ ble, il luy fembloit que c*eftoit le mefme air^ meu du Ciel}qui conduifoit les nauires , & n'e- ftoft pas proprement vn venr, ny exhalation^ maisceft airefmeu du cours iournalier duSo< leiljpour preuue dequoy il mettoit en auant que le temps eft toufiours égal & femblablc au Gol* phe des Dames , & es autres grands Golphc* que l'onnauigeenlaTorride. Pour raifon de- quoy lesvoiles des nauires y font toufiours de mefme façon, fan? aucune impetuofité , 8c fan* qu'il foit befoing les changer prefque en tout le chemin. Que fi l'air n'effoit efmeu du Gel, il pourroit quelquesfois défaillir > quelquesfois le changer au côtraire, 8c quelquesfois y auroic des tourmentes. Toutesfois combien que cecjr foit dit doctement , Ton ne peut pas nier que ce ne foit vent,& qu'il n'y en aye , attendu qu'il y a i des vapeurs 8c exhalations de la mer , & que nous voyons quelquesfois que tantoft la brife eft plus forte, & tantoft plus foible, &remife, | des Indes. Liure. II î. %y h telle façon qu'il aduient quelquesfois que >n ne peut porter toutes les voiles. L'on doit t, >nc entendre,&eft la verité,que l'air efmeu at- :e quant &foy les vapeurs qu'il trouue, dau- int que la force eft grande , & qu'il ne trouue pintderefiftance, pourraifondequoy lèvent (Orient & Ponent eftaum* continuel ôc pref- |ie toufiours femblable es parties qui font I oches de la ligne , & prefcjue en toute la Tor- Hie , qui eft le chemin que fuit le Soleil entre h deux cercles du Cancer àc du Capricorne. j i ; . „ hurquoy fort ans delà Torride enfin de hau~ tcuYjïontrouuefluôfouuent des vents iâbas. Chapitre VIL V i voudra bié regarder de près ce qui a efté dit, pourra aufli bien entendre, qu'en allant du Ponent à l'Orient , en hauteur plus outre que lcsTropiques, n trouue des vents d'abas } d'autant que le ouuemcntdel'Equinoxeeftant il vifte, il eft ufe que l'air fc meut deflbus luv/uiuant fon ouuement , qui eft d Orient au Ponent,atti- nt quant & foy les vapeurs qui s'efleuent de mer, de forte que les vapeurs Ôc exhalations i s'efleuent des coftes de l'Equinoxe, ou Tor- le, venansà rencontrer le cours &mouue- :nt de la Zone, font contraintes par la reper- flîon de retourner quafî au contraire , d'oà :nnent les vents d'abas,& Suroeft , communs (1 ordinaires en ces parties là. Tout ainfî que rus voyons au cours des eaùes, lesquelles fi et- }jifloife naturelle les font rencôtices dWrcs qui foient plus for- tes , retournent quafi au contraire. Et fcmble qu'il en foit ainfî des vapeuts & exhalations, d'où vient que les vents (e tournent & fefepa- itntd'vnepait à l'autre. Ces rents d'abas ré- gnent le plus communemet cnlamoyéhehau-; teur,qui eft de 17 i 37. degrez! combien qu'ils. ne foient pas fi certains &fi réguliers que lest brifes le font en peu de hauteur. Laraifon e(U poureeque les vents d'abas ne font pascaufei de ce mouuement propre & égal du Ciel, com4 rne les brifes le font , cftans proches de la ligne.i Mais comme i'ay dit , ils y font plus ordinaires, & bien fouuent plus furieux, & plus tempe- ftueux. Mais en allant en plus grande hauteurJ comrfl€ de quarante degrez , il y a auffi peu d'af- ieuranec es vents eh la mer , comme en kterrd car tantoft les brifes , ou Norts y foufflent , m tantoft les vents d'abas , ou Ponents, d où vientt que les nauigations y font plus incertaines ôà plus dangereufes. Des exceptions quily a enU règle fufditeM des vents & calmes qùily aenU mer & en la terre \ Chapitre VIIL E que nous auons dit des vents qui courét ordinairement dedans & deJ horslaTorridc,fc doit entendre ert „ la haute mer cVaux grâdsGolphetf car en la terre , c'eft tout autrement , en là* quelle l'on trouue de toutes fortes de vents,à caufe de l'inégalité qu'il y a entre les montagnes des fades. Dure III. 8% t les valléesjc grand nôbre des ruiieres&de* ics,Ôc les diueries fîtuatiôs des pays, d'où s'efle- tét les vapeurs grofîes,&efpaifles,lefquelles soc fmeuës de rvne,ou de l autre part , félon la di<- icriité de leur origine & commencement, qui ait ces vents diuers, fans que le mouuemrentdc airjCaufcduCieljayttantde puiiTàncc,quede es attirer & mouuoir quant ôc foy. Et celte di- lerfucdc vents ne fc trouuc point feulement tn la terre , mais auffi es codes de la mer qui "ont enlaTorride, pource qu'il y a des vents brains qui viennent de la terre, & marins , qui bufflent de la merjiefquels vents de la mer font ordinairement plus fains,& plus gratieux , que ion pas ceux de la terre , lefquels fontaucon- :rairc ennuyeux ôc mal fains, bien que ce foit la îirTerenCedes coftec qui caufe cefte diuerfitc. Communément les forains ou terriens fauf- ilent depuis la minuidfc,iufques au Soleil leuanr, Sciceuxde la mer , depuis que le Soleil com- mence à s'efchaurTer,iufques après qu'il eft cou- ché. Dequoy la caufe eft parauanture que la terre,commc matière plus grolTe , fume dauan- rage alors que la âame du Soleil ne donne plus defTus , tout ainfî que le bois vert, ou mal fec, fume dauantage en eftaignant la (lame, Mais la mer comme elle eft compofee de parties plus fubtileSjn'cngendre point de fumées, finô quâd Ton l'efehauffe 5 de mcÇflc que la paille, ou le foing,eftant humide,&'Cn petite quantité, en- gendre de la fumée , quand on les brufle; ôc lors que la flame cette , la fumée deffaut tout aufli toft.Quoy qu'il.en foit^il cfl certain que le JHifloire naturelle vent delà terre foufïlepluftoftJanuidt , &ce- luy dé îa mer au contraire durantle iour.Telle- ment que toutaihfî qu'ilya fouaemesfois des vents contraires, violents , cV tempeiïueux es conSesdelamer , ainfî y voit-onde très-grands calmes. Quelques hommes fort expérimentez racontent qu'ayans hauigé plufîeurs grandes trauerfesde mer fous la ligne, ils n'y ont neant- moinsiamais Veu de calmcs,mais que toujours peu ou beaucoup l'on y fait chemin , à caufe de l'air efmeu du mouuementcelefte,qui fuffiti conduire la nauire donnant en pouppe,commc il fait.lay deiîa dit,comme vne nauire de Lyma, allât à Manilla, nauigea & courut deux mil fept cens lieues tôufîours fous la ligne , à tout le moins n'en eftant efloigné que de douze degrez & ce au mois de Feurier,& de Mars, qui eft lors que le Soleil y eft pour Zenit, & en tout ceii ef- pacene trouuerent aucuns calmes ,maistouf- ioursvn vent frais, tellement qu'en deux mois ils firent ce grand voyage.Mais en la Torride,& hors d'icelle , Ton a accouftumé de veoir de grands calmes es codes où arriuent lesvapeurS des lïks , ou de la tetre ferme. C'eft pourquoy les tourbillons & tempeftes , cVles inefperees efmotions de l'air font plus certaines & ordi- naires auxeoftes où arriuent les vapeurs deiat terre,que non pas en la plaine mer. I'entensert la Torride, car hors d'icelle, cV en la haute mer^ l'on y trouue des calmes , & des tourbillons de vents.Toutesfois il ne lailîè pas d'y auoir quel- ques fois entre les deux Tropiques, voire en la mefmeligne^des grands vents & des pluyes fu- bites^ des Indes. Lime. III. g9 il ïites , encor que ce foit bien auant dans la mer: lar pour ce fairejes. vapeurs & exhalations de amer font afîez fuffifantes , lefquelless'efmoa- ans aucunefois haftiuement en l'air 9 caufent es tonnerres ôc tourbillons , mais cela eft plus rdinairepresdela terre,& defïùs la terre. Quad :nauigeaydu Peru en la neuue Efpagne ,ie îmarquay qu'en tout le temps que nous fuf- les en la code du Peru,noftre voyage fut(com- ie toufîours a acco uftumé) fort doux & facile, caufe du vent de Sud qui y court, & auec le* l uel l'on va vent en pouppe,retournant d'Efpa- pe&delaneuueEfpagne. Comme nous tra- -rfionsleGolphe, & allions toufîours auanc mslamer , prcfque toufîours fous la ligne, ?us trouuafmes vn temps frais^paifibleAgra- eux,ventenpouppe : mais arriuant comme oche de Nicaragua , & de toute cefte cofte, )useufmes des vents contraires,auec grande iantitëdepIuyes&brouïllars,qui quelouès- is bruyent horriblement. Toute cefte nauiga- )n fut dans la Zone Torride> car de douze de- ez au Sud qu'eu: Lyma , nous nauigeafmcsà sfept,oùgiftGuatulco, port delà neuueEf- gne,&croy que ceux qui auront prins garde xnauigations qu'ils ont faites dans laTorri- ^rouueront à peu près ce que l'en ay dit , qui Era pour la raifon des vents qui régnent par tnerenlaZoneTorride. M m oire na tureîlt D'aucuns effecis merueilleux des vents qui j font en quelques endroitts des Indes. Chapitre IX. E feroitchofefort difficile de racon- ter par le menu les effeds admirables que caufent aucuns vents endiuerfes ^ régions du monde, ôrd'en donner k raifon. Il y a des vents qui naturellement trou^ 'blentreaue de la mer, & la rendent verte- noire de d'autres qui la rendent claire comme vn mi- roir ,les vm> efgayent & refiouyiïent defoy , g les autres apportent de l'ennuy & de la trifteflc Ceux qui noutrilTent des vers à foye ont gran foins de fermer les feneftres , lors que lester. . d abas foufflent , & de les ouurir quand leurs contraires courent, ayans trouuepar certaine expérience que leurs vers fe meurent & dimi- nuent par les vns , s'engraiffent & deuiennent meilleurs par le moyen des autres , & qui y voudra prendre garde de près , il pourra remar- quer en foy-meCme que les diuerfitez des vents caufent de notables impreffions & changemens en la difpofition des corps, principalement aux parties dolentes & indifpofees , & lors qu'el ei **.«U io- font plus tendres & debiles.L'Efcriture appelle «"*• Pvmventbruflant, & l'autre, vent de rofee & W I71 plein de douceur. Et n'eft ?*&ofe£m^± l°T' 4# UU\e nue Ton apoerçoiue de C\ notables efteas gR dt ^ELfi , Limaux, fc es homme, des Indes. Dure. 1 I f . $ q puis que l'on en cognoift vifiblemct au fer mef- me,qui e/l le plus dur de tous ks métaux. Pav veu des grilles de fer en quelques endroits des Indes,de telle façon moulues ôc confommccs, qu'en ks preflanc encre les doigts, dks Ce refoU uoient en poudre , comme fi c'euft eftc du foin, ou de la paille feche. Ce qui procède tant feu- lement du venr,qui le. corrompt du tout, & fans qu on lepuitfe empefcher. Mais laûTantà parc piuheurs autres grands ôc merueiileux cffe'&s* i'en veux feulement raconter deux -, l'vn dcd quels5encor qu'il caufe des douleurs plus gran- des que la mefme mort,nJapporte point de -mal* ny d'incommodité dauantage- l'autre deftruitl &ofte la vie fans le feu tir. Le mal de la mer^ dont ceux-là font trauaillez qui commencent à nauiger,eft vnechofeforc ordinaire , ôc neant- moinsil ionignoroit fon naturel, qui efttanc cogneu à tous les hommes , l'on penferoit que ce fuit le mal delamort,de la façon qu'il afflige & tourmente pendant le temps qu'il dure, par le vominement d'eftomach,douleurs de tefte Ôc autres mil accidensfafcheux. Mais à la verité,ce mal Ci commun Ôc Ci ordinaire, vient aux horn- mes pourlanouueautédeJ'air de la mer : car combien qu'il foit vrayqueiemouuementdu nauire y ayde beaucoup3en ce qu'il s'efmetn pi* ou moins 5 & mefme l'infection Ôc mauuaife. odeur des chofes des nauires,neâtmoinsla pro- pre ôc naturelle caufe eft l'air Ôc ks vapeurs de h ^^quel débilite^ trauaille tellemet le corps &reftomach qui n'y font point accouftumez, qu ils en font merueilkufemem efmeus Se châ- M i j ffifloire ridturtlle gczï car Pair eft l'élément par lequel nous vl- uons&refpironsj'attirant dedans' nos mefmes entrailles, lefquelles nous baignons fcarrou- fonsd'iceiuy : c'eft pourquoyiln'y a choie qui altère fi toft & auec tant de force, que le chan- gement de l'ait que nousrefpirons, comme l'on void en ceux qui meurent de pefte* C'eft chofe approuueepar plufieurs expériences , que l'air de la mer cft principal moteur de ccftc eftrange indifpofuion , i'vne eft,que quand il court de la mer vn air fort, nous voyons que ceux qui font en terre, fe Tentent du mal de la mer,comme il m'eft aduenu ploficuis fois. Vne autre.que tant plus auant l'on entre dans la mer , & que l'on s'eOoigne de terre , plus on eft atteint & eftour- dy de ce mahvnc autrc,quallas le long de quel- que Iile,& venans par après à emboufcher en la plaine mer , l'on ytrouue enceft endroit l'air plus fort. Encore que ie ne vueilte pas nier que le mouuement & agitation ne puuTecauferce mal , puis que nous voyons des hommes qui en font épris , paiTans desriuicres en des barques, 6c d'autres qui en font de mefme en allant dans deschariots ou carolTes, félon les diuerfescom- plexions d'eftomacs:comme au contraire y en a d'autres , qui pour groiTe &cfmeuc que puilTe cftrela mer , ne s'en fentent iamais. Parquoy c'eft chofe certaine & expérimentée , que l'air de la mer caufe ordinairement ceft effed en ceux qui de nouueau entrent fur icelle. I'ay voulu dire toutcecy', pour déclarer vn effe& eftrange quiaduient en certains endroits des Indes, où l'ait & lèvent qui y court eftourdxc des Indes. Liure. III, 91 les hommes, non pas moins, mais dauantage qu'en la mer. Quelques-vns le tiennent pour fable,d7autresdifentquec'eft addition , de ma part,iediraycequim'eftaduenu. Il y a au Fera vne montagne haute , qu'ils appellent Pariaca- ca, & ayant ouy dire & parler du changement qu'elle caufoit , i'allois préparé le mieux que ie pouuois,felon l'enfeignement que donnent par delà ceux qu'ils appellent Vaquianos, ou ex- perts : mais neantmoins toute ma préparation, quand ie vins à monter les cicalliers qu'ils ap- pellent, qui eft le plus haut de cefle montagne, ie fus fubitement atteinte furprins d'vnmalfi mortel & eftrange , que ie fus prefque fur le poinct de me laifler choir de la monture en ter- re, & encor que nous fullîons plufieurs de com- pagnie, chacun haftoit le pas fans attendre fon compagnon , pour fortirviftement de ce mau- vais palfagc. Me trouuant donc feul auec vn Indien,lequel ie priay de m'ayder à me tenir fur la monture, ie fus épris dételle douleur,dc fan- glots & de vomiiremens, que ie pehfay iettcr Se rendre lame. D'amant qu'après auoir vomv la viande, les phlegmes ôc h colère, l'vne ïaune Se l autre verde,ie vins iufques I ietter le fang de la violence que ie fentois en l'eflomach, ie dis en fin,que fi cela euft duré , i'eutfe p éfé certaine- ment eftrc arriué à la mort. Mais cela ne dura que comme trois ou quatre heures, iufques à ce que nous fuilîons defeendus bien bas ,& que nousfuflîonsarriuezen vne température plus conuenable au naturel , où tous nos compa- gnôsa qui eftoient quatorze ou quinze, eftoient M iij Hifioire naturelle fatiguez,quelques-vnscheminansdemandoient j confeiîïon,penfans reallement mourir, Us au- j tresmettoientpiedàterrre, &eftoient perdus, j de yomiITement,& de force d'aller à la felle, ôc | mefutditquautresfois quclquesvnsy auoient perdu la vie de ceft accident. le veis vn homme quifedefpitoit contre terre, s'efcriantde rage | ôc douleur que luyauoitcaufé le paflage de Pa- riacaca. Mais ordinairement il ne fait point aucun dommage qui importe, autre que ceft ennuy àc fafcheux defgouft qu'il donne pen- dant qu'il dure , ôc n'eft pas feulevment le pas de | la montagne Pariacaca > qui a cette propriété, | mais aufli toute cefte chaîne de montagnes qui court plus de cinq céts, lieues de lôg$& en quel- que endroit que l'on la pafle , l'on fent cette ! eftrange intemperature, combien que ce foit en ! quelques endroits plus qués autres , & plus à] eeux qui montent du cofté de la mer , qu'à ceux I qui viennent du cofté des plaines. Iei'aypaf-I fee mefme outre de Pariacaca, par Lucanas&j Soras, ôc en autre endroit par Colleguas, ÔC\ en autre par Cauanas , finalement par quatre J lieux differens en diuerfes allées & venues, &l toufîours en cet endroit ay fenty l'altération j Ôc eftourdifTement que i'ay dit, encor qu'en nul endroit , ce n'a efté tellement que la pre- mière fois en Pariacaca , ce qui a efté expéri- menté par tous ceux qui y ont paflTé. Et n'y a point de doute, que la caufe de cefte intempe- rature & fi eftrange alteratiô, eft le vent, ou l'air qui y règne, pource que tout le remède ( & le meilleur qu'ils y trouuent) eft de fe bouCcher, des ^ndes. Liure III. 92, eant que l'on peut,le nez, les oreilles & h bou- che. & de fecouurir d'habits, fpecialement le- ftomachj d'autant que laireft Ci fubtil & péné- trant, qu'il va donner iufques aux entrailles : ôc non feulement les hommes Tentent cette alté- ration , mais aufïl les belles, quiquelquesfois s'arreftent , de forte qu'il n'y a efperon qui les puiiTe faire aduancer. Pe ma part, ie tiens que ce lieu eft vn des plus hauts endroits de la ter- re qui foit au monde: car l'on y monte vneef- pacedémefuree , & me femble que la monta- gne Neuade d'Efpagne , les Pyrénées & les Al- pes d^Italie , font comme maifons communes à Fendroit des hautes tours. Parquoy iemeper- fuade que l'élément de l'air eft en ce lieu là fi fubtil & 11 délicat , qu'il ne fe proportionne point à la refpiration humaine ,. laquelle le re- quiert plus gros & plus tempéré , Ôc croy que c'eft la caufe d'altérer fi fort l'eftomach,& trou- bler toute la difpofkion. Les pafTagesdes mon- tagnes Neuades & autres de l'Europe , que i'ay veuès, combien que l'air y foit froid ,& qu'ii trauaille & contraigne ceux qui y pa(Tent,de fe veftir, neantmoins ce froid n'ofte pas l'appétit démanger , au contraire il le prouoque,ny ne caufe point de vomifTemem en reftomach,mais feulement quelque douleur aux pieds > &aux mains. Finalement leur opération eft extérieu- re , mais c il des Indes que ie dy,fans trauailler, ny les pieds,ny les mains , ny aucune partie ex- térieure, brouille toutes les entrailles au de- dans^ ce qui eft plus admirable , il aduient au rnsfmc endroit que le Soleil y eft chaud , qui M iiij Hifloire naturelle me fait croire que le mal que Ton en reçoit, vient de la qualité de l'air que Ton y refpire, d'autant qu'il eft tres-fubtil & tres-delicat , & quefon froid n'eft pas tant fenfible comme il cft penetrant-Toute celte chaîne de montagnes cfl: communément deferte , Tans aucuns villa- 1 gtSytiy habitations des hommes ; de forte qu'à I peine l'on y trouuc des petites maifons oure-j traittes pour y loger les pafîans de nui&.Il n'y a non plus d'animaux,ou bons, ou mauuais , fi ce n'eft quelques Vicunos , qui font des moutons du paysjefqueis ont vne propriété eftrange & merueilleufe, comme ie diray en fon lieu. L'her- be y eft fouucntesfoisbruflee, & toute noire de l'air que ie dis , & ce defert dure comme vingt- cinq à trente lieues de trauerfe , & contient de longueur , cpmmci'ay di6fc, plus de cinq cens lieuës.Il y a d'autres deferts ou lieux inhabitez, qu'ils appellent au*Peru , Punas (pour parler du fécond poin& que nous auons promis ) où* là qualité de l'air trenche les corps & la vie des homes fans le fentir. Au teps pafTé les Efpagnols cheminoient du Peru au Royaume deChillé, par la montagne:auiourd'huy l'on va ordinaire- ment far mer , &'quelquesfois le long de la co- ite : & combien que le chemin y foit ennuyeux Ôc fafcheux , il n'y a pas toutesfois tant de dan- ger qu'en l'autre chemin de la montagne , où il y a des plaines, au pafïagc defquelles plusieurs hommes font morts & peris,& d'autres en font tfchappez par grande aduenture , dont les vns font demeurez eftropiez. Il court en ccft en- droit ?n petit ak , qui n çft pas trop for t,ny vio- des Indes. Liure III. $$ lent: mais il pénètre de telle façon,que les nom- mes y tombét morts quafi fans fefentir, ou bien ks doigts des pieds & des mains y demeurent^ ce qui pourra fembler chofe fabûleufe, &tou- i tefois c'eft chofe véritable. I'ay cogrteu , & long •temps fréquenté leGenerafHierofmeCoftilla, j ancien peupleur de Cufco,qui auoit perdu trois -ou quatre doigts des pieds, qui luy tomberont. i en paffànt les deferts de Chillc ,. parce qu'ils îfauoient efté atteints & pénétrez de ce petir air; i& quand il ks vint à regarder , ils eftoient défia i tous morts , & tombèrent d'eux-mcfmes t fans • îuy faire aucune douleur, tout am fi que tombe îdel'arbre vne pomme gaftee. Ce Capitaine ra- : contoix que d'vne bonnearmee qu'il auoit con- duite, & pafiTee par ce lieu les années précéder* - i tes , depuis la defcouuerte de ce Royaume faite ,par Almagro, vne grande partie des hommes y demeurerêt morts, &qu'ilyvid les corps eîlen- dus parmy le defert , fans aucune mauuaife cor- ruption & odeur. Adjouftant dauantage vne smofeforteftrange, qu'ils y trouuerent vnieu- ,(îc garçon viuant, lequel eftantenquis comme -iauoit vefcu en ce lieu , dift qu'il feftoit caché •m vne petite caue^ne , d'où il fortoit pour coa- i Per auec vn petit coufteau de la chair d\m che- ■Jal mort, & quilf'eftoit ainfi fubftanté long i:emps, auecnefçay combien de compagnons pu fe maintenoient de cefte façon: mais que : îefîa ils y eftoient tous demeurez, l'vn mourane juijourd'huy, & demain Pautre, difant qu'il ne jlefiroic autre chofe que de mourir là auec les' liutrcs , veu qu'il ne fentoit délia plus en luy au^ Hifloire naturelle cune difpofîtion pour aller en vn autre endroit,, «y pour prendre gouft en aucune chofe. Fayj entendu le mefme d'autres, & parriculierementj dvn qui eftoit de noftre Compagnie , lequel; pour lors eftant feculier , auoit palïc par ces de-i ferts, de eft vne chofe merueilleufe que la qualij té de cet air froid, quituë, & conferue aufli tout enfemble les corps morts fans corruption] le l'ay aufli entendu d'vn vénérable Religieux) de Tordre de fainft Dominique, & Prélat d'icel le, qui Pauoit veu paflant par ces deferts , & qui plus eft , me conta qu'eftant contraint d'y patfd lanuicl:, pour fe defFendre & remparer contre ce vent il mortel qui court en ce lieu, netrouj uant autre chofe à propos, aflembla vne grande! quantité de ces corps morts qui eftoient là , &| £ft cficeux comme vne muraille, &cheuetdj li&, de celle façon il dormit, lesmorts iuy don nans la vie. Sans doute c'eft vn genre de froid queceftuy-là 11 pénétrant, qu'il efteint lâcha) leur vitale en coupant fon influe nce; & d'autan qu'il eft auflj tres-froid, il ne corrompt, ny dort ne putréfaction aux corps morts, parce que 1 putréfaction procède de chaleur & d'humiditéj Quanta l'autre forte d'air que l'on oyt refonne fous la terre, & qui caufe des tremblemens plu aux Indes qu'es autres régions, j'en parleray ej traittant des qualitez de la terre des Indes- Maintenant nous nous contenterons de ce qq eft dit des vents & de l'air , & pafl'crons à ce qtj fe prefente du fujet de l'eau. des Indes. Lime III. U De lOccean qui circuit les Indes de Umerdtt Nort^ ejr celle du Sud. Chapitre X. ■Kj© N t r e les eaux la mer Occeane a îa IRKfè principauté, par laquelle les Indes ont Ijjj^^^eiteclelcouutrtes, qui toutes ionten- uironneesd'elie-meime: car ou ce font [fies de la mer Occeane, ou bien terre ferme, laquelle mefme en quelque endroit qu'elle ff- liffe, &facheue, eft toufîours bornée de cet Dccean. fufques au jourd'huy Ton n'a point de£ :ouuert au nouueau monde aucune mer Medi- :erranee, comme il y en a en Europe, Afîe, ôc Afrique , efquelles il entre quelque bras de ce- te grande mer , ôc font des mers diftin&es, pre- lans les noms des Prouinces & terres qu'elles 'ont baignant, &prefque toutes les mers Me- literranees fe continuent , ôc fe joignent entre ux ôc auec le mefme O ccean , par le deflroit de îibaltar , que les anciens nommèrent, Colom- les d'Hercules , encores que la mer rouge / :ftant feparee de ces autres Mediterranees , en- te toute feule en TOccean Indique, Ôc la mer -afpie ne fe joint auec aucune autre. Donc lùx Indes, comme j'ay dit, l'on ne trouue point (l'autre mer que cet Occean, lequel ils dîuifenr m deux j l'vnqu ils appellent mer duNort, & fautre mer duSud,pourceque la terre des In- les Occidentales , qui fut premièrement def- louuertepar i'Occean, qui arriueiufques à l'Eu uagne, eft toute fhueeauNort, &pariceli-e r g$eri>ctot. Hifioire naturelle terre on adefcouuertdepuisvnemerderautri cofté, laquelle ils ont appellee mer du Sud,d'auj tant qu'ils dépendirent , iufqu'à pafTer la ligne ôc ayans perdu le Nort, ou Pôle Ar&ique, qu'il! appellerent Sud ; pour cefte caufe l'on a appellj la mer du Sud tout cet Occean qui eft de Fautr j cofté des Indes Occidentales, encotes quvnj grande partie d'icelle foit fituee au Nort , coml me l'eft toute la coiie de la neuue Efpagne, Nua îagna, Guatimala, & Panama. L'on dit que il premier defcouureur de cefte mer futvnBlad conunes deBalboa, ôc qu'il la defcouurit pd l'endroict que nous appelions aujourd'huy Tci re ferme , où la terre f'eftre-ffit , & les deux mer T'approchent de Ci près l'vne de l'autre , qu'il n a que 7. lieues de diftance: car bien quel on ej chemine 18.de Nôbre de Dios à Panama, neanJ moins c'eft en tournoyant,pour chercher la ce] modité du chemin : mais tirant par la droicle U ghe , vne mer ne fe trouuera diftante de l'autrd de plus que j'ay dit. Quelques-vns ont difeour &: mistn auât de rompre le chemin de 7. lieiiea #fîn de joindre vne mer auec l'autre, pour reii dre le paflage du Peru plus cômpde & plus ayfd parce que ces 18. lieues de terre qu'ily a entn nombre de Dios & Panama, emportent plus cU defpenfe Ôcdetrauail, que deux mil trois cenfl qu'il y a de mer. Sur quoy toutefois quelques vns ont voulu dire que ceferoit pour noyer i| terre , difans qu'vne mer eft plus bafle que l'aq tre. Comme au temps pa(Té l'on trouue parle hiftoires, que pour la mefme confideration l'o: delaifla l'entreprife de vouloir joindre & contii des Jnâes . Liure III. j>J itiuer la mer rouge auec le ml , du temps du Roy iSefoftris , ô^depuis de l'Empire d'Gthomam Mais de ma part , ie tiens tel difcours & propo- sition pour chofc vaine , encore que cet incon- vénient allégué n'y deuft: point efcheoir, lequel Uufliie ne veux pas tenir pour certain, &croy iju'il n'y a puiifance humaine qui fuft fufEfante oour rompre & abattre ces très- fortes & impé- nétrables montagnes que Dieu a mifes entre les (Jeux mers , & lésa faites déroches très- dures, à in de fouftenir la furie des deux mers. Et quand |)ien ce feroit chofe poflîble aux hommes, il me ièmble que l'on deuroit craindre le chaftiment lu ciel, en voulant corriger lesceuures que le Créateur par fa grande prouidence a ordonnées fcdifpofees enlafabriquedecétvniuers. Laif- ant donc ce difcours d'ouurir la terre, &vnir es deux mers enfemble, il y en a vn autre moins !cmeraire,mais bien difficile & dangereux de re- chercher , fi ces deux grands abyfmes fe j oigne t |n quelque partie du monde, qui fut l'entrepris fe de Fernâde Magellan, gentilhôme Portugais, uquel la grande hardiefïe & confiance en h re- |herche de ce fujet, & heureux fuccez qu'il euft nletrouuant, donna le nom d'éternelle me- aoire àcedeftroit que iuftement Ton appelle unomdefon defcouureur, Magellan. Duquel, leftroit nous traitterons quelque peu , comme l'vne des grandes merueiiles du monde. Qj^el- !ues-vns ont creu que ce deftroit que Mageifan rouua en la mer du Sud, n'eftoit point, ou qu'il leftoit rerTerré,comme nom Alonfe d'Ariîlla cf. fit en fon Auracane, & aujourd'huy y en a qui I Hifîoire naturelle ditent qu'il n'y a point de tel deftroit , mais qn!j ce font des Mes, entre la mer & là terre, pourd! que la terre terme prend fin en cet endroit, & ai boutd'icelle font toutes Ifles, outre lefquelie! vne mer fe joint plainement auec l'autre, o] pour mieux dire, eft toute vne mefme meij JVÎais àlaverité cedchofe certaine qu'il y a v| deftroit, ôc de L terre fort longue, ôc fort efteni due d Vn cofté ôc d'autre, bien qu'on n ayt encofl peu cognoiftre iufquesou iepeut eften'dre celfe qui eft de l'autre cofté du deftroit au Sud. Apre! Magellan pafta le deftroit vnnauire de l'Eue!) que de Plaifance , Dom Guitieres Caruajal , cfl laquelle ils difent que le maft eft encores à LyJ ma, à l'entrée du Palais , l'on alla depuis parlj colté du Sud pour defcouurir ce deftroit , parlj commandementdeDomGuarciadeMendocd qui pour lors auoitle gouuernement de ChilM Suiuant quoy le Capitaine Ladrillero le troud ôc le palîa I'ay leule difcours & lanarratiô qui en a faite, où il dit qu'il ne fe hazarda de déferai barquer le deftroit^ mais qu'ay at défia recognej la mer du N ort , il retourna arrière pour rafprd té du temps, & que l'hyuer eftoit défia entré, cj qui cauloit que les vagues venans du Nort , ella eftoient grottes ôc bondiffanteSj ôc les mers tcn| tes efeumantes defurie. De noftre temps Fran çoisDrachAnglois, apaiîece mefme d eft roil Depuis luy , le Capitaine Sarmiento le paiïàpal le cofté du Sud , ôc tout dernièrement , en l'ai ijc?7. d'autres Anglois l'ont parte par l'infini) clïon deDrach, lefquels de prefent rodentli code du Peru, & pource que le rapport qu'en ! desfndes. Liùre Ht. $g i fait le maiftre pilote qui le pafTa, me femble no« | table, ie l'infereray icy. Du définit de Magellan , & comme on le paj/i du cofiê du. Sud. Chapitre XL N Tan de noftre falut mil cinq cents foixante & dix-neuf, ayant François Drach paffe ledeftroit de Magellan* & couru la cofte de Chillé, & de touc lePerû, &prins lenauire de fain&Ieand'An- thona, où il y auoit grande quantité de barres d'argent, le Viceroy Dom François deTollede, arma, ôc enuoya deux bons nauires, pour re- cognoiftre le deftroit , allant pour Capitaine d'icelles, Pierre Sarmiente, homme do&e en Aftrologie. Ils fortirent de Callao de Lyma , au commencement d'Ô&obre , & pource qu en cefte cofte il court vh vent contraire,qui fouffîe toufîours du Sud 5 ils f'aduancerent beaucoup en la mer, & ayans nauigé vn peu plusde trente iours, auecvn temps fauorable, fe trouuerenc en la hauteur du deftroit. Mais d'autant qu'il eft fort difficile de le recognoiftre , ils rapprochè- rent de terre, où ils entrèrent en vne grande Anfe , en laquelle il y a vn Archipelague d'iûzs. Sarmiento f'obftinoic que là eftoit ledeftroit, & tarda plus d'vn mois à le chercher par diuers endroits , montant fur de très-hautes monta- gnes en terre. Mais voyant qu'il ne letrouiioit point, àlarequeftequeceux del'àrmee luy fi- rent, retournèrent en fin à fortir en la mer, où il Hiftoire naturelle fift largue. Lemefmeiour furuint vn téps aïîez rude, aucc lequel ils coururent, ôc au cômence- ment de la nui<5fc virent le feu de la Capitaine, qui auffi toft difparut ^tellement que l'autre na. uirene la vidiaïnais depuis. Le îour enfin uantJ durant toufiours la force du vent qui eltoit tra- uerfain, ceux de la Capitaine recogneurent vnc cuuerture que faifoit la tei re, & trouuerét bon de fy retirer à l'abiy , iufqu à ce que la tempefte fuft appaifee. Ce qui leur fucceda de telk façon, quay ans recogneu l'ouuerture , ils virent qu'el- le alloit de plus en plus entrant dans la terre , Ôi foupçonnans quecefuft le deftroit qu'ils ^cher- choient, prindrent hauteur aufoleil, oùilsfc trouncrent en ji. degré & demy , qui eft la pro- pre hauteur du deftroit; & pour f'affeurer dauâ^ rage, mirent le briguantin hors, lequel ayant couru plufieurs lieues dans ce bras de mer, fana en voir la fin, recogneut que c'efloit là le dé- croît. Et pource qu'ils auoient ordre delepaf- fer, ils lailTerentvne haute croix plantée là, & des lettres au bas , afin que fi l'autre nauire arri- uoit là , elle euft nouuelles de la Capitaine, & la fuiuift. Us payèrent donc ledeftroit entemps fauorable, & fans difficulté , Scfortisenlamer duNort, arriuerenten ie ne fçay quelles Ifles, où ils recueillirent de l'eau, & fe rafraifehirent. Delà prindrent leur route au Cap de vert , d'où le pilote majeur retourna au Peru par la voye de Carthagene &de Panama, & apporta au Vict- roy ledifeours dudeftroit & de tout le fuccez, dont il fut recompéfé félon lebonferuice qu'il, auoit fait. Mais le Capitaine Pierre Sarmiento, du Cap, desîndes. Liure ÏIÎ. $? jàu Cap de vert pafTa en Seuille au meime nauire iqu'il auoitpaflé le deftroit , & fut à Ja Court, où h Majeftc le recOmpenfa , & à Ton inftance fift jcommandement de drefïer vue grolTe^rmee, qu'il enuoya fous la conduite de Diego Flore* jde Valdez, pour peupler & fortifier ce deftroit* Toutefois cefte armée , après diuers fuccez , fift beaucoup de defpenfe ôc allez peu d'effet. Reue- nant donc à l'autre nauire Viçadmiralle , qui al- (oit en la corn pagnie de la Capitaine , l'ayât per- due, auec le Temporal que j'ay dit , elle fe mit à prendre la mer le plus qu'elle peut : mais cômç !e vent cftoit trauerfain ôc tempeftueux, ils cui- lerent certainemét périr, de forte qu'ils fe con- férèrent tous > fe preparans à la mort. La tem- jefte leur continua trois iours fans f'appaifer, 6V: t chaque heure ilspenfoient deuoir donner en :érre , mais il leur aduint bien au contraire : car h 0 alloient plus eiloignans de la terre , iufqu'à à fin du troifîefme'iour qae la tempefte f'appai- a , Ôc lors prenanshautcur , ils fe trouucrent en 6. degrez : toutefois voyans qu'ils n'auoient lonné au trauers, Ôc au contraire eftoient efîoi- ;nez de la terre, fe trouuerët tous efmerueillez* ) où ils iugerent (comme Hernâde Lamero pi- ote dudit nauire me le Conta) que la terre qui ft de l'autre cofte du deftroit, comme nous aU ons par la mer du Sud > ne couroit pas mefma umb que iufques au deftroit , mais qu'elle fe purnoit vers leLeuant: car autrement c*eu(l ftéchofe impoflible qu'ils n'eufîent abordé la erre , ayans couru tant de temps pouffez de ce uuerfain: gais ils ne paflerent point plus ©à* I J Hiftoire naturelle tre, Se ne virent non plus fi la terre f acheucrit là ( corne quetques-vns vculenr dire ) que c'eft vnc Iflecme la terre de l'autre codé du deftroit, & que là les deux mers deNort&Sudfe joignent' enfembie, ou fi elle alloit courant vers l'Eft, juG qu'àfeioindre aueclaterrede Vifta, qu'ils apJ pellent, qui refpond au Cap de bonne Efperanj ce, comme c'eft l'opinion d'autres. La vérité ddi cecy n'eft encore aujourd'huy bien cognciie , ôi ne fe trouue aucun qui ay t couru cefte terre. LA Viceroy Dora Martin Henricque me dit qu'il tej noit pour inuention del'Angiois, le bruit quj auoit couru, de ce que ce deftroit faifoit ineon-j tinentvnelile, & fe joignoient les deux mern pource qu'eftant Viceroy de la neuue Efpagne| il auoit diligemment examiné le pilote Portuj gais que François Drach y lailTa , & neantmoin: ji'auoit aucunement entendu telle chofe de luy Mais c'cftoitvnvray deftroit & terre ferme dtj deux ceftez. Retournant donc ladite Viçadml ralle, ilsrecogneurent le deftroit, comme ledij Hcrnande Lamero me raconta, mais par vne auj tre bouche ou entrée qui eft en plus de hauteur' à caufe de certaine grande Iile qui eft à l'embort cheure du deftroit qu'ils appellent la Cloche pourlaformequ'ellea; & comme il di (bit, îil voulut paffer: mais le Capitaine & les (oldatj ne le voulurent point contenir, & leur fera bloit que le temps eftoit jà bienaduanec, ff qu'ils couroient grand danger; parainfi îisrd tournèrent à Ghilic , ^ au Peru, fans l'aud paffe* des Indes > Liure Ht pi Vu définit que quelques vns afferment ejln en h Floride* Chapitre XIÎ. Ôvt ainfî que Magellan rrouuâ cedeftroitqui eftau^ud, il y en a eu d'autres qai ont prétendu de£ couurir vn autre deftroit qu'ils di- fent eftreauNort, ôc l'imaginent :n la Floride, dont la cofte court de telle façon, taue l'on ne fçait la fin. L' Adelantade Pierre Me- .endez, homme fçauant & expérimenté en la lier, afferme que c'eft chofe certaine qu'il y a là ;h deftroit , & que le Roy îuy auoit commandé le le defcouurir , en quoy faire il monftroit vn res-grand defir. Il raettoit en auant ces raifons lour prouuer fon opinion, ôc difoit que Ton tuoitveu en la mer du Non des reftes de naui- esfemblables à ceux dont vfoient les Chinois, :c qui euft efté impoflible fil n'y euft eu paflage l'vne mer à l'autre ; & racontoitmefme qu'en lertame grade baye qui eft en la Floride, laquel- e entre trois cents lieues dans la terre , on y voie! les baleines en certain téps de l'année, qui vien- jient de l'autre mer. Apportant outre ce , quel- lues autres indices , concluoit finalement eue reftoit chofe côuenabic à la fageffe duCreateuç K au bel ordre de la nature , que corne il y auoit fommunication & partage entre les deux mers, «PoJe Antarctique, il yen euft auffi toutds K ii - ffiftùire naturelle rîiefme au Pôle Ar&ique , qui eft le principal j Pôle. Quelques-vns veulent direqueDrachaj! eu cognoiffance de ce deftroit , & qu'il a donné; occaffon de le iuger ainfi , quand il paffa le long de la cofte dclanéuueEfpagne, par la mer du i; Sud. Mefme on a opinion que d'autres Angloish qui cette année 1587. prindrétvnnauire venant;, des Philippines, auec grande quantité d**r, & autres richefTes , ayent aufïî pafle ce dcftroitj Laquelle prifeils firent joignant les CalliphorJ nés, que les nauires retour nans desPhilippine» ëc de la Chine en la neuue Efpagne , ont accouJ ftumé de recognoiftre. L'on Patfèure que com- me au jourd'huy cfVgrande la hardieffe des ho tn-l mes , & le defîr de trouuer nouueaux moyensl ty f'àggrandir , tel , qu'auant peu d'années Ton aura defcouuert ce fecret. Et eft certes vne cho- fe digne d'admiration, que comme lesformis vont toujours fuiuant le chemin & la trace des! autres \ aufïi les hommes en la cognohTance 8â recherche des chofes nouuelles, ne farreftend iamais iufques à ce qu'ils ayent atteint le but dej fîré pour le contentement 8c gloire des homJj mes. Et la haute & éternelle fageffe du Crcateui fcTcrt decefte naturelle curiofîté des hommesj pour communiquer la lumière de fon faindj Euangile, aux peuples quitoufîours viuent cjj ténèbres obfcures de leurs erreurs. Maisenfuj le deftroit du pôle Ar&ique, f'il y en a n'a poinj encores efté defcouuert iufques auiourd'huy Ceft pourquoy ce ne fera point chofe hors eu propos de dire ce que nous cognoiifonsdes par ticularitez du deftrok Antalgique jà defcou| des Indes. Liureîîl. y? açrt & recogneu par le rapport de ceux qui l'ont veu & remarqué oculairement. Des fropriete^dtt deftroit de Magellan. Chapitre XIII. E deftroit, comme j'ay âk, eft à 50, degrez iuftesau Sud , & y a dVne mer en l'autre , 1 efpace de quatre vingts dix, ou cent lieues. Au plus eftroit il eft dVnelieue, ou quel- que peu moins > auquellieu ainfi eftroit ils pre- tendoient que le Roy fift baftir vne foiterelfe jpourdefrendre lepaiïage. Le fond en quelques endroits eft fi profond, qu'on ne le peut fonder, & en d'autres l'on trouue fonds à 18. voire à ij* jbraiïees. De cent lieues qu'il contient de Ion- igueur d'vne mer à l'autre, l'on recognoift claire- jmentque les vagues de la mer du Sud courent jiufques à 30. lieues , & les autres 70. lieues font occupées des ondes & des flots de la mer du Nort. Mais il y a celte différence, que les trente; lieues du cofté du Sud courent entre des roches &rnontagnes très-hautes , les fommets def- quelles font continuellement couuerts des nei- ges; tellemét qu'il femble ( à caufe de leur gran- de hauteur) qu'elles fe joignent les vnes auec les autres , cerqui rend l'entrée du deftroit du cofté du Sud , fi difficile à recognoiftre. En ces trente lieues la mer y eft très- profonde, fi bien qu'on n'y peut trouuer fonds , toutefois Ton y peut amarcr les nauires en terres , d'autant que le ri- N iij | ._ -i Hjtt Ujtotre naturelle Uigc yeftdroK & coupé: mais aux autres foi- xante & dix lieiies qui viennent de la met du Nort, Ton ytrouuefonds, & y a d'vn cofté & d'autre de grandes campagnes, qu'ils appellent Cauanas. Plufîeurs grandes riuieres d'vneeauj belle & clait e , entrent dans ce deftroit, & y a es enuirons d'iceluy de grandes & merueilleufes forefts , où Ton trouue quelques arbres d'vn bois exquis & de bonne odeur, lefqueh font iiu| cogneuz par deçà,dont apportèrent pour mon«| ftre ceux qui y palîcrent du Peru. Il y a de granJ des prairies auant dedans la terre, &y aplu4 fleurs Ifles qui fe font au milieu du deftroit. Lest Indiens qui habitent aucoftéduSud, fontpe-j tits & mefehans ; ceux qui habitent du cofté du! Mort font grands & vaillans, ils en apportèrent, en Efpagne quelques vns qu'ils prindrent . Us y trouuerent des morceaux de drap bleu ,' & au-! très enfeignes , & apparences que quelques! hommes de l'Europe auoient pafieparlà. Les! Indiens faliierent les noftres, au cqueslenomi de I e s vs. Ils font bons arcners,& vont veftusj de peaux debeftes dechallè, dont il y en a là grande abondance. Les eaux du deftroit croif-j fenfr& décroilîènt , comme les m.avees, & void-| on à l'œil que les marées d'vn cofté viennent dd la mer du Nort, & les autres de la mer du Sud Au lieu où elles fe rencontrent , lequel comme j'ay dit , eft à trente lieues du Sud , & à foixante Se dix du Nort, combien qu'il femblc qu'il deufl y auoir plus de danger qu'en tout le r eft e, neanfc moins quand le nauirt du Capitaine Sarmien- ?©, dont j'ay parlé cy deflus, lapaila, ils n'eurent 1 desjndes. Dure III. 100 point de grande tourmente, au contraire ils y trouuerent beaucoup m oins de difficulté qu'ils ne penfoient, parce qu'alors le temps eftoit fort doux & gracieux, & dauantage, les vagues de la merduNort y venoientdefia fort rompues , à caufe du grand efpace defo.xante & dix lieues qu'ils cheminent , & les flots de la mer du Sud n'y font non plus furieux , à caufe de la profon- deur qui eft en cet endroit, dedans laquelle pro- fondeur ces mefmes flots fe rompent , & fe noyent. Il eft bien vray qu'en temps d'hyuer le deftroit eft innauigable pour les tempeftes ôc furies des mers qui y font alors. Ceft pourquoy quelques nauires qui fe font ingérez de pafler ce «deftroit au temps d'hyuer, fe font perdus. Vn feul nauirel'a paflé du codé du Sud , qui eft la Capitaine que j'ay ditte , & ay efté bien ample- ment informé de tout ce que j'ay dit , par le pi- lote d'iceluy , appelle HernandeAlonfe, &ay veu la vraye description & cofte du deftroit qu'ils firent & tracèrent en le partant, de la- quelle ils apportèrent la copie au Roy d'Efpa- gne , & l'original à leur Viceroy au Peru. Du flux ér reflux de la mer Occeant es Indes. Chapitre XIV. N des plus admirables fecrets de natu- re eft le flux & le reflux de la mer , no'n pas feulement pour cefte eftrange pro- priété de croiftre Se décroiftre, mais encores beaucoup dauantage 3 pour la dirTe- N iiij Hiftoire naturelle rcnce qu'il y a en cela en diuerfes mers , voiîe en, diuerfes coftes d'vne mefmemer. Il y a des mers qui n'ont ny flux, ny reflux iournel, com-i me l'on void en la Méditerranée intérieure qui; eft en la mer Thyrrene, & toutefois il y a flux & reflux par chacun iour en la mer Me&iterra-I née fuperieure, qui eft celle de Venile^ qui don- ne occafïon à bon droit de f'en efmerueiller en ce que toutes ces deux mers eftans Mediterra- nées, & celle deVenife non plus grande que l'autre, il eft -ce qu'elle a du flux & reflux com- melOccean, & cefte autre mer d'Italie n'en a point. Il fe trouue quelques mers Mediterra- nees qui manifeftement croiflent, & diminuent chaque mois, & d'autres qui ne croisent, ny au iour, ny au mois. Il y a d'autres mers comme l'Occeand'Efpagne, quj ont le flux & reflux de chaque iour ; & outre ceft uy-là , ils ont auflî ce- luy de chaque mois , qui vient deux fois , à f ça- uoir à l'entrée , ôc au plein de la lune, & l'appel- lent grande mer. Or de dire qu'il y ayt quelque mer qui aye le flux & reflux de chaque iour , & n'aye celuy du mois , ie n'en fçache point. Ceft chofe efmerueillable , que la diuerfîte que l'on void es Indes fur ce fubjecV. car il y a des en- droits où la mer chaque iour monte & dimi- nue deux lieues , comme Ton void en Panama, Se au haut de l'eau elle monte beaucoup da- vantage ; il y en a d'autres où elle monte Ôc f'ab- bailTe fi peu , qu'à peine en cognoift-on la dirre- rence. C'eft l'ordinaire de lamerOcceane d'a- uoir fon flux & reflux iournel, & ce reflux iour* ngl eft deux fois au iour naturel, & f'aduaa- des Inde r. Liure.lll. loi ce toujours de trois quarts d'heure en vniour pluftoft qu'en fautre,(uiuant le mouuement de la Lune. Par ainfi la marée neft iamais en vne mefme heure d'vniour qu'elle eft en celle de l'autre. Quelques-vns ont voulu dire que ce flux & reflux procedoitdu mouuement local de i'eaiie de la mer, de forte que l'eauë qui vient croiiTantenvncofté , va décroisant en l'autre qui iuyefl: contraire, tellement qu'il s ft plaine mer en vn endroit , lors que la mer eu baife en la partie oppoiîte, tout ainûque Ton voiden vne chaudière pleine d'eaue que l'on remue, quand ellepanche d'vn codé , l'eauë augmente, êc à l'autre cofto elle diminue. Il y en a d'autres qui afferment que la mer en vn mefme temps croift en tous endroids, 6c en vn mefme temps elle y diminue , tout ainfi que le bouillon d'vn pot,fortant du centre^'eftend à tous endroi&s, ôc quadil ce(Te,il diminue aufîl déroutes parts, Ceftc féconde opinion eft vraye, & la peut- on tenir,felonmoniugement, ceitaine& expéri- mentée, non pas tant pour les raifons que les Philofophes en donnent en leurs Météores que pour l'expérience certaine que 1 on en a peu faire.Car pour me fatisfaire de ce point & que- ftion,ie demanday fort particujierement au fuf- dit pilote , comment eftoient les marées qu'il trouua au deftroit, & s'il eftoit ainfî que les ma- rées de la mer du Suddefcroiflbient au temps, que celles de la mer du Nort montoient. Et au contraire,pourqucy cefte demande eftant veri- table^laduenoitquelecroiftre de la mer en vn çndroit,cftoit dclcroiftre en l'autre, qui eft ce Hifloire naturelle que la première opinion afferme , il me refpon^ dit qu'il n'en eftoif pas ainfi , mais que Ton voyoit & recognoifïbit appertemét que les ma* réesdelamcrduNort , & celles de la mer du Sud , croifïbient en mefmciemps, tant que les vagues d'vne mer fe rencontroient auec celles de l'autre, & qu'en vn méfme temps aufîî elles! commençaient à deferoiftre chacune en fa merj difant que le monter & defeendre eftoit chofe qu'ils voyoient chaque iour, & que le coup& le rencontre dVn flux à l'autre fe faifoit(comme i'ay dit ) aux foixante & dix lieues de la mer du Nort,& aux trente de lamer du Sud ; d'où l'on peut recueillir manifeftement que le flux & re- flux de l'Occean n'eft pur mouuement local, mais pluftoftvne altération & ferueur, par la- quelle rcallement toutes les eailes montent & croiffent tout en vn mefme temps , & en autre elles s'abbaiffent & diminuent , ainfi que le bouillon du pot,dont i'ay parlé cy defTus. Il fe- rait impofîi ble de comprendre ce point par ex- périence , fi cen'eftoit en ce deftroit où fe ioint tout l'OcceandVne part & d'autre , car il n'y a] que les Anges qui le peufTent voir, & recognoi lire par les coftes oppefites , d'autant que les hommes n'ont point la veue aflez loingtaine, ny le pied affez vifte & léger qu'il (èroit debc^ foing, pour porter les yeux d'vncoftc à l'autre en fi peu de temps, quvne marée donne de loi- fir,qui font feulement fix heures. des Indes] Liure. III. io* VcdiHcrs coiffons ,& de la manière de çefcher des Indiens. Chapitrb X V* L y a en l'Occean des Indes vne inno- brable multitude de poiilbns, lesef- peces & proprietez desquels, le feul Créateur peut declater.ïl y en a plu- fieuisquifontdemefme genre , que ceux que voyons en la mçt de l'Europe.comme font fain- tes & allofes , qui montent de la mer aux riuie- res,dorades,fardines, &plufieurs autres II y en a d'autres , dont ie ne penfe point enaupir veu par-deçà de femblables, comme ceux qu'ils appellent Cabrillas, qui refTemblent de quel- que chofelestruittes,& les appellent en la neu- ueEfpagnc, bobos, & montent delà mer aux riuieres. le nay point veu par delà debefugues, ny de truittes^ncor qu'ils difent qu'on en trou- ue en Chillc. De Tonine il y en a en quelques endroits de la cofte du Peru, mais c'eft fortra* rement , & font d'opinion qu'à certain temps ils vont frayer au deftroit de Magellan , comme ils font en Efpagne , au deftroit de Gibaltar. Et pour cette occafîon l'on en trouuedauan- tage en la cofte de Chillc, combien que celle quei'ay veuë par delà,n eft telle que celles d'Ef- pagne. Aux Ifîes qu'ifc appellent de Barlouen- te,qui font Cube , fain& DominiquCjPort-ri- che ôdamaiquej'on trouue vn poifsô qu'ils ap- pellét Manat^eftiageefpecedepoiflbn, fïpoif- fonlon doitappelkr, vn animal qui engendre ■ l/ifloire naturelle fes petits vitiants,&a des mammelles &du laid* dont il les nourrift,paifTant l'herbe aux champs, mais en effe&ii habite ordinairemét en l'eau, &pour cefte occafion ils le mangent comme ponTon toutefois lors que l'en mangeay,qui fut à S. Dominique,vn iour de Vendredy , i'auois quelque fcrupule,non point tant p®urce qui eft ait , comme parce qu'en couleur & faueuril cftoit fembîable à des morceaux de veau,& auffi eft-il grand, & delà façon d'vne- vache parla partie de derrière. Des Tiburons, & de leur in- incroyable voracité , ie m'en efmerueillayauec raifon , lors que ie veids que d'vn qu'ils auoient prins,(au port que i'ay dit ) luy tirèrent du petit ventre vn grand coufteau de boucher , vn granà haim de fer,&vn morceau de la tefte d'vneva- che,auec fa corne entière , encor ne fçay fi toiw tes deux yeftoient point. le veids envneanfe que fait la mcr,où l'on auoit pendu envn pieu, pour pafîetemps,vn quartier de cheual,qu*en vn moment vne compagnie de Tiburons vindrent à i odeur3où à fin d'auoir plus de plaifir, la chair ducheualne touchoit pas en l'eau, maisefloit «fleuee en l'air ie ne fçay combien de palmes, & cefte bande de poisons eftoient à lentour, qui fautoient , & d Vne atteinte en l'air coup- poient chair & osd'vnceftrange viftelTe , telle- ment qu'ils decoupoiét Je mefme iaret du rouf- £n,comme fi c euft efté vn troc de lai&uc, d au* tant qu'ils ont les dets trichantes corne rafoirs. Il y a des petits poiflbns qu'ils appellent ram- bos,qui s'attachent à ces Tiburons, & lefquels iisnepeuuent chaflcrA fe nourrirent de ce qui ~ des Indes. Dure. ÎIÎ. 105 jefchappe parles coftez à ces Tiburons : iiyâ (d'autres petits poiffons, qu'ils appellent^poif- fons volans , iefquels Ton trouue dans les Tro- |piques,& ne pente point qu'il y en ayt ailleurs: ils font pourfuiuis par les Dorades, & pour s'ef- Ichapper d'icelles,fautent de la met36c vont allez ^loing en l'air, &pour cefte caufe les appellent poilîbns volans. Ils ont des ailles comme de toille,ou parchemin,qui les fouftiennent quel- que temps en l'air. Au nauire où i'allois, en vola ou fauta vn queieveids, &remarquayîa façon queie dy des aides. Il eft fouuent faitmé- tion es hiftoires des Indes , des lézards , ou cay- mans,qu ils appellent , &c font de vray ceux que Pline,& les anciens appellent crocodiles : on les trouue es codes & riuieres chaudes; car aux co- ites & riuier es froides , il ne s'en trouue poinr, C'eftpourquoy il n'y en a point en toute la co- fte du Peru, iufques à Pay ra, mais de là en au ant l'on en trouue ordinairement es riuieres. C'elfc Vn animal tres-fier & cruel , combien qu'il foit fort lent & pelant. Il fait fa chalTe , & va cher- cher fa proy e hors de Peau , 8c ce qu'il y prend vif,le va noyer en l'eau , toutesfois il ne le man- ge point que hors de l'eau , d'autant qu'il a le gohèr de telle façon, que s'il y entroit de l'eau, il fe noyeroit facilement. Ceft vnechofe ef- merueillable,que le combat d'vn caymant auec le tygre,dont il y en a de très- cruels aux Indes, Yn Religieux desnoilres me raconta qu'il auok wu ces belles combatre cruellement Tvne con- tre l'autre au riuage de la mer. Le caymant, «ucc fa queus donjioit de fore grands coups an ; J/iftoire naturelle tygre ] & tafchoit par fa grande force de lenv ! porter en l'eau , & le tygre auecfes griffes re*| fîftôit au caymant,l'attirant à terre. En fin le xyJ, gre vainquic,& ouurit le lézard , ce deuft eftrc! par le ventre qu'il a fort tendre, & fort délicat* j car en autre partie il eft 11 dur , qu'il n'y a lance, | voire à peine arquebufe qui le puiife percer. La! vi&oire qu'eut vn Indien d'vn autre eaymanr, fut encor plus excellente , le caytttant luy auoit emporte vn lien petit fils , & quant & quant | s'eftoit plongé en la mer, dont l'Indien cîmeu 6c courroucé, feietta incontinent après , aucc vncoufteauenlamain , & comme ils font ex- 1 cellens nageurs & pion peurs, 6c que le cay mant j mge toujours à fleur d eau, il le bletfa au ven- | tre de telle façon, que le caymat fe fentant bief- i fé,fortit hors au riuage,& lafcha le petit enfant ià mort. Encor plus efmerueillable eft le corn* bat que les Indiens ont aucc les balâines , en* quoy patoift la grandeur & magnificence du Createur,de donner à vne nation fi balTe , com- me font les Indiens , l'induftrie & la hardiefle d'attaquer la plus fi ère & plus difforme bette qui foit en Tvniuers , & non feulement de la cô* battre,mais aufîl de la vaincre , & d'en triom* pherfi gaillardement. Gonfideranf cela, ie me fuis fouuenuplufïeurs- fois du paflage du Pfal* jmifte,qui dit de la balaine: Draco tfte , eptm formé* fiiAdtlludendumei Quelle plus grande moquerie Î>eut-il eftre,que ce qu vn Indien meine vne ba- eine aufli grande qu'vne montagne , vaincue & attachée auec vne corde? La façon 6c maniè- re dont y fent les Indiens de la Floride , (fclon des Indes. Liure. III. 104 j«jue m'ont raconté prfonnes expertes) pouî prendre ces balaines,defquelles y a grande qua- iirc,e{t qu'ils fe mettent en vue canoë, ou bar- ique,quicft comme vneefcorfe , & en nageant s'approchent du codé de la balaine , puis d\nc ({grande dextérité ils luy fautent & montent fufe le col, & là le tient commeàchcual, en atten- jdant Ton point} puis à fa commodité met vn ba* ;jfton aigu & fort, qu'il porte auec foy dans la rifeneftrede la narine de la balaine , Rappelle na- jrine,le conduit , ou pertuis par où refpirent les ibalaines. Incontinent le pouffe auant auec vn lautrebafton bien fort , &le fait entrer le plus (profondément qu'il peut. Cependant la balai- jne bat furieufement la mer , & cileue des mon- tagnes d'eau , s enfonçant dedans dVne gran- de violence, pu s reffort incontinent , ne fça- Ichant que faire de rage , l'Indien neantmoins I demeure toujours ferme & alïïs , & pour luy S payer l'amende de ce mal,luy fiche encor vn au- jtrepieufemblable en l'autre narine , le faifanfc I entrer de telle façon qu'il l'eftouppe du rout,&: jluy oftclarefpiration, & alors il fe rem et en fa i1 canoë , qu'il tient attachée au côfté de la balai- ne, auec vne corde,puis fe retire vers terre, ayâc premièrement attaché fa corde à la balaine , la- quelle il va filant , & lafehant fur la balaine , qui jeependât qu'elle trouue-beaucoup d'eau, faul- te d'vn codé &d'autre,comme troublée de dou- leur^ en fin s'approche de terre , où elle de- meure incontinent à fec , pour la grande enor- mité de fon corps , fajis qu elle puiiïe plus fe ! juouuoir 9 ny fe raanier , & lors grand nombre Hifioire naturelle d'Indiens viennent trouuer le vainqueur , polir cueillir Tes defpouilles,ils acheuent de la tuer, W decouppant,8tfaifant des morceaux de fa chair, qui eft allez mauuaife, lefquels ils f eehent & pi- lent pour en faire de la poudre , dont ils vfent pour viande, qui leur dure long temps. Enquoy eftaccôplycequieft dit en vn autre Pialmc de la mefrn e baleine: Dedtiii eum efcapopulù jEthiofi* L'Adelentade Pierre Médés, racôtoit plufieurs fois cefte pefcherie,de laquelle mefme fait men- tion Modardes en fon liure.il y a vue autre pef- chérie , dont vfent ordinairement les Indien» en la mer , laquelle, quoy qu'elle foit moindre* ne laifîe d'eftre digne de raconter. Ils font com- medes fagots deiong , ouVarigfec, bien liez* qu'ils appellent Balfas,& les ayants portez fut leurs efpaulcs iufques à la mer , les y iettent , &• incontinent ils fe mettent deflus , & ainfiafliS| entrent bienauaht en lamer,vogans aueede petites cannes dvn codé & d'autre , ils vont vne&deux lieues en haute mer potfr pefcher, portants fur ces fagots leurs cordes & leurs rets, Se fe fouftenants fur iceux , ils'iettent leurs rets, &fontlàpefchants la plus grande partie de la tiuid.ou du iour, iufques à ce qu'ils ay et emply leur mefure , auec laquelle ils retournent fort contens. Certes ce m'eftoitvne grande récréa- tion, de les Voir aller pefcher au Callao de Ly- ma,pource qu'ils eftoient grand nornbre,& ain* fi chacun cheualier,où aflis,couppant les onde* de la mer,à qui mieux mieux , lefquelles à l'en- droit où ils pefchent,font grandes* & furieu* fa, reffembloicnt.lçs Tritons, ou Neptune^ desjndes. Liure ///. JOj qu'on peint defîus l'eaùe,& eftas arriuez en ter- re tirent leur barque del'eauefurleur dos la- quelle auffitoft ils deffont &eftédent fur le ri, iage à fin que les herbes fe fechét & efgoutent (1 y auoit d'autres Indiens des vallées de Yca* luiauoientdecouftume d'aller pefcher fur des :uirs ou peaux de loups marins, en fiez & pleins lèvent, ôc de fois à autre les fouffloient cômfe ■dotes de yent, depeur quelles ne s'enfonfaf, ent. Au val de Canete^qu'anciennement ils ap- >elloient le Guarco, il y auoit grand nombre lepelcheurs Indiens, mais pource qu'ils refi- rent à l'Ingua , quand il fut- conqueftet celte pe, il feignit faire paix auec eux: c'eft pour- .uoy à fin de luy faire fefte , ils ordonnent vne iclcne folemne/le de plufieurs milliers d'In- icns, quien leurs vaifîeaux de ionc, entrèrent i la mer, & auretour de Hngua, qui auoit ap* |areille quelques foldats couuerts ; fit d'eux Vn ■uel carnage , & de là demeura cefte terre tant peuplée, combien qu'elle foit © abondante : rertiie le vis vne autre façon de pefcher ou ,e mena Je Viceroy Dom François de Toile- "toutesfoiscen'eitoitpofntenla mer, mais i vne nuiere qu'ils appellent Grade,en la pro- nce des Charcas,où des Indiens Chiraquanàs plongeaient enl'eaùc, ôc nageans auec vne >nurablc viiteiTe fuiuoient ks poiiTôn$,&: âuec s dards ou harpôs qu'ils portoient en la main oite, nageans feulement auec la gauche, blef- lient lepoiflbn, ôc ainfi navré le tiroient en jut : reifemblansen cela eftre plus poiffons il hommes de terre. Mais ores que nous fom O Hiftoire naturelle ines forties de la mer,venons à ces autres forte* d'eauës qui reftent à dire. ~~Ves lacs ér des epangs que ionmnut es Indes. Chapitre XVI. Y lieu de ce que la mer Méditer! ranee eft au vieil monde , le Créai teur a pourueu ce nouueau d plufieurs iacs,dôtyenaquelqud w vnsû grands que Ton peutprcj prement appeller mers:veu que l'Efcriture ad pelle ainfi celuy de Palcftine.qui n'eft pas fi gtaj que quelques vns de ceux-cy. Le plus renom me eft celuy de Titicaca, quieftauPeru cn^ Prouince de Coilao, lequel , comme i'ay ditaj liure precedent,contient prefque quatre vingj liciies de tour, & y entrent dix ou douze gran<| fleuues.il y a quelques tempsque Ion cornent à le nauiger auec des barques Se des nauires,& procédèrent fi mal , que le premier nauire qd entra s oùurit dvnetempefte quisefleua en lac. L'eau n'eft pas totalement amerenyfall comme celle de la mer , mais elle eft fi efpaU qu'on ne le peut boire. Deux efpeces depo fons s'engendrent en ce lac en fort grade aboi dance, lVndefqueis ils appellent Suches, à eft grand & favoureux, mais flegmatique I mal (ain:& l'autre Bogas,qui eft plus fain,co4 bien quilfoit petite fort efpineux.Il y a tri grand nombre de canards fauuages & de et ssreulles. Quand le* Indiens veulent fcirçi des Indes. LiuresîIL jo§ fteou dônerdu pafTetemps à quelque perfb no- uage quipaÇeJe long des deux nuages, qu'ils appellent Chucuyto Se Ûmafuyo, ils affènv* bknt vne grand quantité de Canoës, & vont Éuïànt vn rond pourïuiuans & enferrans ks ca- nards iufques à en prendre auée les mains tanc qu'ils veulent, ôc appellent çe&e façon de pefl cher* Chaco. En l'vn & en l'autre ritiage de ce lac font les meilleures habitations du Peru. De (on yfïuë il naift & procède vn autre îacplus Petit, encore qu'il ibit bien grand, qu'ils appel- lent Paria, auriuage duquel y a grand nombre de beftial , fpecialement de porcs,qui s'ehgraif- lent extrêmement des herbiers qui croisent erk ces nuages. Il y a beaucoup d autres hes aux lieux hauts de la montagne d'où naifTent des ^riuieres & des ruifïèaux , qui viennent de là eii à'uànt à eftre fort grands fleuues. Au chemin |d'ArequippaàCollao,ilya au haut deux beaux ilacs d'vn cofté & d'autre du chemin : de iVri fort vn ruilîèâu, qui depuis deuiènt fieuue, & fë jperdàla mer du Sud. De l'autre ils dtfent que la fameuferiuiere d'Àporima prend Ton origi- ne, de laquelle l'ont dit que là renommée riuié- re des Amazones^utremét ditte de Maragnoh/ Jprocede auec fa grande quantité & aiïembJeë jd'eaucs qui fe ioigneht en ces montagnes . C'ett ^Vne chofe que l'on peut Fouuéntesrois deman- ider, d'où viét qu il y a tant de lacs au haut de ces Ittiontagnes , efquels il n'entre aucune, nuierë, ^toais au contraire plufieùrs grands ruilfeaux erl portent, & fi n'apperçoit-on point que ces lacs diminuent prefque en aucune faiibn de lW r ïfiftoire naturelle née. t>e penfer que ces lacs s'engendrent des neiges fondues ou des pluy es du Gel, celane i fatisfait point du tout , car il y en a plusieurs de , ceux-là qui n'ont celle abondance de neiges ny tant de pluyes,& fi l'on ne s'apperçon point ; qu'ils dirainuent.Ce qui fait croire que ce font j fources qui y naiffent & fourdenr naturelle- ment, bien qu'il ne (oit pas mal à propos de croire que les neiges &'les pluy es y peuuent aider en quelques faifons.Ces lacs font fi com- muns aux plus hauts Commets des montagnes, qu'à peine y a-il riuiere fameufe qui ne tire fon origine de quelqu'vn d'iccux. Leur eaue eft fore nette & claire, & fi engendre peu déposons, cncor fi peu qu'il y en a, eft fort menu à cau- fe du froid qui y eft continuellement : corn- bien qu'il y ait toutesfois quelques vns de ces lacs qui font véritablement chauds, qui eft vne autre merueille: Au bout de la valleeJe Tara- paya proche de Potoii y a vn lac de forme rode tel qu il femble auoir efté faitpar compas.l eaue duqueleft tres-chaude, combien que la terre en foit extrêmement froide. Ils ont accouftumé de s'y baigner près du riuage , d'autant qu vn peu auant l'on ne pourroit fouffrir la chaleur. Au milieu de ce lac y a vn bouillon de plus de vingt pieds en quarré,qui eft fa vraye fource:& neat- moins quoy que cefte fource en foit ainfi gran- de , iamais on ne le void croiftre en aucune fa- çon, & femble qu'il s'exhale de foy-mefme, ou qu'il ait quelque ifiuë cachée & incogneue. On nele void non plus diminuer , qui eft vne autre merueUle, iacoit que l'ô en ait tiré vn gros riul- desjndes. LiurellL 107 feaucouratpour faire moudre certains engins pour le meta!, veu que pour la grande quantité de l'eaiie qui en fort, par raifon il deuroit dimi- nuer. Or laiffant le Peru &pa(ïàntàlaneurue Efpagne, les lacs qui s'y tiouuent ne font pas moins remarquables,fpecialemét ce tât fameux de Mexique , auquel l'on trouue de deux fortes d'eaiies , i'vne faîlee Se femblable à celle delà mer , & l'autre claire & douce à canfe des riuie- res qui y entrent. Au milieu de ce lac y a vn ro- cher fort plailant &c délicieux où il a des baings d'eau e chaude qui y fourdent , lefquels iîsefti- mét beaucoup pour la fanté.ll y a des iardins au milieu de ce lac, fôdez & portez furl'eaùe mef- me ou Ton vôid de parterres pleins de mille for- tes d'herbes 8c de fleurs, & font de telle façon ■qu'on ne les peut bien comprendre fînon en les voyant La Cité de Mexique eft fôdeefcr ce lac, encor que les Efpagnols ayentremply déterre tout le lieu & affiette d'icellejIaifTans feulement quelques courants d'eaiie, grands ^petits qui entrent & tournoyer dans la ville pour voi&u- rer ce qu'ils ont de befoin,comme bois,herbes, pierres,fruicT:s du pays, &• toutes autres chofes. Quand Cortes conquefta Mexique, il fit faire des brigantins , & depuis luy fembla qu'il eftoit plus feur de ne s'en feruir point.C'eft pourquoy ils vfent des Canoës , dont y a grande abondan- ce.lly a en ce lac beaucoup de poifTon &devi- uier , combien que ie n'y ay pas veu de poifTon «le prix,toutesrois ils difent que le reuenu de ce lac vaut trois cens mille ducats. Il y a plusieurs autres lacs nonloing de là, d'où l'on porte beau- O iij Hifîoire naturelle coup de poiflbn àlyf exique.La Prouince dçM* çhouacâ cil ainfi appellee , pource que c eft vne Prouince abondante enpoiffon,tty- adetrcs- îeaux ôc srands lacs, efqueis y a, beaucoup de poiffon , % eft çefte terre faine Ôc ftaifcheJly a pluficurs autres lacs , defqueb il n eft pas poffi. Me faire mention,!^ lçsfçauoir en particulier, feulement Ton* peut remarquer par ce qui en a efté diicouru auljure précèdent, que louz la Torride il y a plus grande abondance de lacs, qu'en autre partie du monde : & ainfi parce que nous auons dit cy-defïus , êç le peu que nous di- rons des riuieres & fontaines,naus mettons ha à cefte matière d'eaues, Vefluficurs & diuerfes fonrea & fontaines. Chapitre XVII. Lyaés Indes comme es autres parties du monde grande diuer- fïtédefources, fontaines &ri« uieres, & quelques vnes de pro- priétés eftranges.En Guancaue- licadu Peruoù font les mines du vif argent , il y a vne fontaine qui iette l'eauc chaude , & en coulant,fon eaue feconuertit en roche, de laquelle roche ou pierre l'on ediJ jfiequafî toutes les maisôs du bourg. Cefte pier- re eft molle , ôç aifeç à coupper 9 car aueç vn fc* desjndes. Lime III. ïo 8 Ton la couppe, & taille auflî facilement comme iic'cftoitdubois, &cft/egere,& de durée. Si , quelques hommes , ou animaux boiuent de ce- jfte eau , ils meurent d'autant qu'elle fe congelle , dedans leur vétre,& s'y côucrtit en pierre:pour cefte caufe en font morts quelques cheuaux. i Comme cefte eau fe va conuertiÂant en pierre, ! celle qui decoulle bouche le chemin aurefte, l tellement qu'elle eft contrainte de changer fon I cours, &pour cefte raifon elle court endiuers | endroits, au pris que va croiiïànt la rochc.En la pointe ou Cap de fain&e Hélène, y a vne fouroe ; ou fontaine de betum, qu'au Peru ils appellent Coppey. Ce doit eftre vne chofe femblable,à ce que dit TEfcriture, de ce val fauuage oùfc trouuoient des puits de betum. Les mariniers, fefetuent de cefte fontaine , ou puitsde Cop- pey , pour oindre & poiifer leurs cordages & appareils , pource quelle leur fert corn* mêla poix& lebray en Efpagne. Lors que ie nauigeois en la neuue Efpagne par la cotte du Peru , le Pilote me monftra l'Iflc qu'ils appel* j| lent rifle des loups , où il y a vne autre fontaine & puits de Coppey , ou betum , auec lequel mefmement ils breent les cordages. Il y a d au- , très fontaines & fources de goultran , que le fufdit Pilote, homme excellent en fa vacation* médit auoir veues ,<& qu'il luyeft oit aduem» que nauigeant quekmesfois par cefte cafte là, ils'eftoit trouué fîauànt en la mer, qu'il auoit perdu la vcué de terre, & neantmoirisilauoie | iccogneu par l'odeur du Coppey o&iie&oit, | tufficertaineracot,cornme s'il euft recogneula O ui) r Hifloire naturelle terre,teîle eft l'odeur qui fort continuellement de cefte fource. Aux baings, qu'ils appellent les baings de l'Ingua, y a vn canal d'vne eaùe qui i ibrt toute chaude & bouillante, ôc ioignât icel - j le y en a vne autre dont l'eau eft aufti froide que i neige : L'Ingua auoit accouftumé de lesmo- 1 derer l'vne auec l'autre, ôc eft vne chofe remar- ; quable,qu'il y ait des fources de qualitez Ci con- j traires r qui font ôc viennent fi près l'vnede j l'autre. Il y a vn nombre infini d'autres fources | chaudes,fpecialement enlaprouince des Char* cas , en l'eau desquelles Ton ne peut endurer Ôc j tenir la main l'efpace d'vn *Ane Maria , comme j ie l'ay veu par gageure. En vne maitairie proche i de Cufco fourd vne fontaine de fel , qui ainfi i comme elle va courant , fe va conuerthTant en £el,qui eft blanc, ôc bon à merueilles: que fi elle j eftoit en autre contrée, ce neferoit petite ri* j che/Tc , toutesfois ils en font peu d'eftat , pour j l'abondance du fel qu'il y a là. Les^eaues qui { courent en Guayaquil qui eft au Peru , prefque foubsla ligne Equinoxialle, font tenues pour! falutaires, pour le mal Neapolitain, & autres | femblables. A raifon dequoy l'on y vient de I plufieurs lieux fort efloignez pour y receuoir guarifon. Et difent que la caufe de cela eft, pour ce qu il y a en cefte contrée grande abon- dance de racines, qu'on appelle falccpareille, la vertu & opération de laquelle eft d cogneiie, ôc qu elle communique fa propriété aux eaux où elle eft mife , de guarir cefte maladie. Bilca- îiota eft vne montagne , qui félon l'opinion du commun 5 eft au plus haut lieu du Pcru > le fom- des fades. Liure II L 109 met de laquelle eft tout couuert de neige, Ôc en quelques endroits eft noir comme charbon. Il fort d'iceluydeuxfources en lieux tout entrai- res, qui deuiennent incontinent fort grands ruifïéaux , ôc peu à peu grands fleuues , 1 vn def- quels va à Coilao dans ce grand lac Titicaca, ôc l'autre va aux Landes , ôc eft cel uy qu'ils appeU IkntYucay, qui fe joignant auecvn autre, fort à la mer duNort, ayant vn cours furieux êc impétueux. Ceftefource quand elle fort de la |j roche Bilcanota que j'ay dit, eft de la mefme Morte ôc couleur que l'eau de lexiue, ayant la couleur cendrée, ôc jettant vue fumée , comme Me chofe bruflee, laquelle court ainfivn long fjtemps, iufques à ce que la multitude des^aux |qui y entrent, luy efteignent ce feu & fumée, (qu'elle tire de fon commencement. Enlaneu- Ijue Efpagne j'ay veu vne fource, comme d'ancre Quelque peu bleue, vne autre au Peru , de cou- peur rouge comme fang, d'où ils l'appellent la Iriuiere rouge. Des Rimeres. Chapitre XVIII. Ntre toutes les riuieres non feule- ment des Indes , mais auftï de tout îe monde vniuerfel, le fleuue Mara- gnon, ou des Amazones, tient la principauté , duquel nous auons parlé au hure précèdent. Les Efpagnols l'ont pluileurs fois tauigé, pretendans de/couurir des terres, qui Hiftoire naturelle félon le bruit commun,font fort riches,fpecia- | lement celles qu'ils appellent de Dorado r & t Paytiti. L'AdelentadeleandeSallines, fitvnc entrée mémorable , encor quelle fut de peu \. d'erTecl: Il y a vn pafFage qu'ils appellent le Pon- j go, qui doit eftrevn des plus dangereux pas de | tout le monde: car lariuiere eftant refïcrrce en ^ cet endroit, & contrainte entre deux roches y très-hautes en précipice, vient à tomber droi* ôement du haut en bas, auecvne grande roi* |j deur, ou l'eaiïe parlacheute qu'elle fai&defi|j haut/ait vn tel bouillon , qu'il femble impoffi-|| ble de le pafTer fans fe noyer. Neantmoinsla hardieflè des hommes a bien ofé entreprendre | de palier ce patfage , pour le defir de ce Dorado j tantrenommé. Ils felaifTercnt couler du haut j en bas, pouîfez delar©ideur& du courant du) fleuue , fe tenans bien aux Catioes ou barques,) où ils e{loîent,& encor qu'elles fuffent renucr-) fées fans defîus defïbubs en tombanr, & eux &( leurs Canoës s'enfonçaiïent en l'eau; neant-j moins parleur force & par leur induftrie ils fe t emettoient & retournoient toufiours en hautj ôc de cède façon efchappa toute rarrace,excep-) té quelque peu qui fe noyèrent. Çt ce quieffi plus admirable , ils s'y comportèrent fi dcxtr©4 ment qu'ils ne perdirent pas mefme la muni- tien &la poudre qu'ils portoient. Au retour^ (pource que après auoir endure beaucoup dej trauaux,& de dangers,ils furent côtraintf en fi'm de retourner pafree mefme lieu) ils montèrent par l'vne de ces roches très- hautes auec leurs] poignards qu'ils fichoient en la roche. Le C*i des Indes. Liurelll. mitaine Pierre d'Qrfua fît vne autre entrée par le ^ nefme fleuue , lequel eftat more fur ce voyage, ik lesfoldats seftans mu tinez,d autres Capitai- îes pourfuyuirent rentreprinfe,par le bras qui l'ient ufques en la mer du Mort. Vn Religieux jle noftré Compagnie nous difoit, qu'eftant fe~ plier, il fè trouua quafî en toute cette entre- prinfe, & que les marées montoient bien près Ile cent lieues à mont le fleuuç, & que à l'en* jjroit où il va fe ietçer dans la mer , qui eft quafi loubslaligne, ou fort proche d'icellç, ilafoi- ii:ante& dix lieues d'emboucheure , ehofe in- croyable, & qui excède la largeur de la mer Mediterraneejencor qu'il y ait quelques autres, nui en leurs deferiptions ne luy donnent que ingt cinq , ou trente lieues d'embouchure. Kpres celle riuiere, tient le fécond lieu en IV- liuers la riuiere de Plata , ou d'argent, qui s'ap- |elîe autrement le Paraguey, laquelle court des hontagnes du Perd, &fe va perdre en la mer, h la hauteur de trente cinq degrez au Sud. iile croift , comme ils difent , en la mefme façon du Nil, mais beaucoup d'auantage fans lompairaifon, & rend les champs qu'elle bai- rnc comme vne mer,par l'efpace de trois moisB jpres retourne à fon cours , où les nauircs jiontent beaucoup de lieues à mont. Il y a plu- leurs autres rleuùes , & en quelques endroits n'y pleut point du tout Cette terre bafle a beaucoup de Ucux inhabit» des Indes. Liure III. ni b!c$ , tant à caufe des fablons qui y font dange- reux y car ils'ytrouuc des montagnes entières de ces Tablons , qu'à caufe des marefeages qui f y font des eaux dépendants des montagnes, î Icfquelies netrouuanspointd'yfluëences ter- 1 tes plates & ba{Tes,îes noy et du tout,& les ren- i dent inutiles. Et à la vérité la plus grande partie ' detoute ceftecofte delamer eftde cefteforte 1 es Indes , principalement du eofté de la m er du 1 Sud: l'habitation dcfquelles coftes eft àpre- j fent fi diminuée &mefprifce, que des trente ) parts du peuple qui y habitoit, les vingt- neuf y I défaillent, & à fon opinion, que le refle des In* I diens finira auant peu de temps.Plufîeurs félon | leurs diuerfes opinions attribuent cela à diuer- (es caufes,les vns au trop grand trauail que Ton adonné à ces Indiens, les autres au changeméc & diuerfitc des viandes & boire dont ils vfent, I depuis qu'ils cômuniquent auec ks Efpagnols: les autres au trop grand excès de boire, & au- tres vices qu'ils ont. Quant à moy , ie croy que ce defordre eft la plus grande caufe de leur di- minution, cVn'eftpas temps maintenant d'en difcourirdauantage. En cette terre baiïè (que ie dis généralement eftre mal faine Se peu con- ucnable à l'habitation des hommes) il y a exce- ption en quelques endroits qui font têperez Se fertiles, comme la plus grandepartic des plai- nes du Peru, où il y a des vaiôs trais Se qui font fort fertiles. La plus grande partie de l'habita- tion de la cofte entretient tout le commerce d'Efpagnepar mer , duquel dépend tout TEftat £es??^?f« i? cçftccoftc il/ a quelques villes h I. Hiftoire naturelle a(Tez bien peuplées, comme ty ma & Truxillo, au Peru, Panama & Carthagene en la terre fer- me , & es lues S. Dominique Port- riche, &la j Hauane , & plusieurs autres villes qui font ; moindres que çelle-cy, corne eft la vraye Croix, l enlaneuueEfpagne,Yça,Aricgua, & autres | au Peru,& meimes les ports font cômunement I habitez, combien que ce foit affez petitement. J La féconde fortéde terre eft au contraire fort I haute,& par confeqaent froide & feiche, com- 1 me toutes les montagnes le font ordinairemét. Cefte terre n'eft point fertile, rty plaifante}mais elle eft fort faine , qui la rend peuplée , & habi- tée. Il y a des pafturages, & en iceux beaucoup de beftial , ce qui fuftante en la plus grand* part la vie humaine , & auec le beftial , ils fuppleent le derlaut qu'ils ont de bleds & femences , par leurs trocs , & efchanges. Mais ce qui rend en- core dauantage €es terres habitées, de quelques vnes fort peuplées, eft la richefle des mines qui fe trouuent en icelles , pource que tout obey t à l'argent & à l'or. A caufe des mines ilyaquel- ques habitations d'Efpagnols & d'Indiens, qui fe font accreues & augmentées, comme eft Po« tofi , & Guancauelicqua au Peru , & Cacatecas en la neuue Efpagne. Il y a aufli par toutes ces montagnes de grandes habitations d'Indiens* qui aujourd'huy fe maintiennét , voire veut-on dire qu'ils vont en augmentât, finon que le tra- uail des mines en confume beaucoup , & quel- ques maladies generalles en ont mefme de- flruit vne grande partie, comme leCocolifté en la neuue EXpagne. Toutesfois l'on nef'ap- pçrsoic des Indes. Liiïn ///. ÎT^ perçoit point qu'ils diminuent beaucoup. ; En ! celle extrémité de terre haute, froide , ôcfd- iche, ilyadeuxcommoditez, que j'ay dites des jpafturages & dts mines, qui recompenfent bien les autres deux qui font es terres baffes de la cofte, à fçaUoir le commerce de la mer, êch fertilité du vin, qui ne croifl qu'en ces terres fort chaudes. Entre ces deux extrêmes il y a te terre de moyenne hauteur, laquelle, combien qu'elle foit en quelques endroits plus baffe , ou plus haute Tvne que l'autre , ce neantmoins clic n'approche ny de la chaleur delà cofte, ny de l'intenaperature des montagnes, ggaeefle forte de terre il croifl: beaucoup de femences , de fro- ment, d'orge , & de mays Jefquelîes ne fe trou- uent aucunement es terres hautes, mais bien lux baffes ; ilyamefme abondance dépaflura- jes, debeftiai, de fruicls, & de foreifs afTez verdoyantes. Celle partie efl la meilleure habi- :ation des trois, pour la fahré, Se pour la récréa- :ion -, c'efl pourquoy auffi ce qui efl le plus peu- île es Indes, efl: de celle qualité > ce que j'ay te- narqué fort curieufement en plusieurs che- nins & voyages que j'ayfaifts, & ay trouué )our vray, quelësProuirtces & parties mieux Peuplées d'Indiens, font en ce/le Situation. Que on regarde de près enlaneuueEfpagne (qui :ft fans doute la meilleure Frouince que leSo- eilenuironne) par quelque endroit de la code [uelon y entre, l'on y va toujours montant* K encores qu'après auoir monté beaucoup, jOri commence à defeendre : toutesfois C'en: Mtpeù, &toufiours la terre y demeure beats-. i- Hifiotre naturelle coup plus haute , que celle de la code. Tout ic terroir de Mexique efl de cette nature & fitua- tion, & ce quie'ftés enuirons du Vulcan, qui cftlameilleure terre des Indes, comme auflilc fontauPeru, Arequipa, Guamangua, & Cuf-j co> combien que ce (bit l'vn plus que l'autre.) Mais en fin tout y eft terre haute, encoresquq Ion y dépende à des vallées profondes, & qucj l'on monte de hautes montagnes, ilsendifemj autant de Quito, faindeFoy, & du meilleur] du nouueau Royaume. Four refolution, ie croyj que la fagelîe & prouidence du Créateur a pour-j ueuencecy, & voulu pour le mieux, &quela| plus grande part de cefte terre des Indes fiill haute, &eûeuee, à fin quelle fuft d'vnemeil-i leure température : car ëftant baffe , elle euflj cfté fort chaude foubs laZoneTorride, prinj cipalement eftant diftante ôc efloignee de lj mer. Auffi toute la terre que i'ayv eue es Indes) eft auoifinee de montagnes d'vn cofté , ou dj l'autre, & quelques fois de toutes parts. Telle) ment que i'ayplufieurs fois dit par delà, quei| defiroisme voir en vn endroit, d'où rhorifoij fe formaft & finift par le Ciel, & vne terre efterç due & vnie, comme Ton voit en Efpagne t mille campagnes : toutesfois ie n ay point d fouuenance d'auoir iamais veu de telles veiiq aux Indes, fuft aux lues, ou en la terre ferrm encores que j'y aye cheminé plus de feptcem lieues en longueur. Mais comme j'ay dit, le voj fmage des montagnes eft fort à propos en ceflf région , pour tempérer la chaleur du Soleil. P;; âinfi tout ieplus habité des Indes, eft de laf des Indes. Dure ÎII. fA çôn que i'ay dit, & généralement toute cette 1 terre eft abondante en herbages, pafturages, 3c ;■ forças , au contraire de cequ Ariftoce & les an- |i ciens ontpenfe. De forte que quand Ion va de î'Europeaux Indes, Ion Pefrneruciilede voir U :i terre belle , il verdoyante, & pleine de fnkadesr, jj neantmoins cette règle a quelques exceptions* ôc principalement en la terre du Peru, qui eft f d'vn naturel eltrange entre toutes les autres, de laquelle nous dirons maintenante Des propriete\de la terre du Peru. Chapitre XX* O v s entendons par Je Peru à noii point toute cède grande partie du monde, qu'ils appellent l'Améri- que j puis qu'en icelle eft compris ~ leBreiil, le Royaume de Chilié,3£ celuy de Grenade, & toutesfois aucun d'keux Royaumes n'eft le Peru, mais tant feulement ce- fte partie qui giftau coite du Sud , commençant au Royaume dsQuitto, qui eft icubs la ligne ôc qui va courant en longueur iufqu'au Royaume deChilîé, lequel eft hors des Tropiques, qui fe- raient ilx cens lieues en longueur \ & en largeur jne contient point dauantage que ce que corn- iprennent les Indes^ ou môtagnes, qui font côm- 'me cinquante lieues communes, encoresqu'eri quelques endroits 3 comme à Chachapoays, il y ayt dauantage. Cefte partie du monde que Ton appelle Peru, eft fort remarquable, & cen* 1 Hifioire naturelle tient en foy des proprietez fort effranges , qui font qu'elle fert d'exception à la tegle générale : des Indes. La première eft qu'en toute la cofte il ne fouffle continuellement qu'vn feul vent, qui eftleSud &Suroeft, contraire a çeluy qui i aaccouftumé de courir foubs la Tornde. Lale-j coode eft , qu'eftant ce vent de fa nature le: plus violent, tempeftueux , Se maladif de tous, j néanmoins il eft encefte région merueilkufe- ment gracieux , fain , & aggreable , de telle fa- çon que l'on luy doit attribuer 1 habitation de ceftecofte, laquelle fans doute feroit inhabita- ble , & ennuveufe , à caufe de fa chaleur , fi par fon foufflemént elle n'eftoit addôucie. La troi- fiefine eft, queiamais il ne pleut, tonne nei- ee nv erefte en toute cefte cofte, quieftvne chôfe diene d'admiration. En quatriefme heu, à peu de diftance de la cofte il pleut & neige terriblement. En cinquiefme lieu, i y a deux chaînes de montagnes, qui courent lvne com- me l'autre, & envne mefme hauteur du Pôle, neantmoins enl'vney a de très-grandes forefts, & y pleut la plus-part de l'année, eftant tort chaude. L'autre tout au contraire eft toute nue, & defcouuerte, & fortfroide -, de forte que 1 hy. uer & l'Efté font départis en ces deux monta- gnes, & les pluyes, & la ferenite mefme Ot Ifin d'entendte mieux cecy, 1 on doit configu- rer que lePeru eft diuifé comme en trois pat- lies, longues &eftroittes, qu'ils appellent La- nos, Sierras, & Andes. LesLanos font laco- fte de la mer : la Sierra font toutes montagnes, & quelques vallées; & les Andes font monta; des Indes. Dure III. iij î gnes afpres & rudes. Les Lanos , ou code de la | mer , ont quelques dix lieues de large , en quel- ques endroits moins , & en d'autres quel- ■ que peudauantage. La Sierra contient comme vingt lieues en large, & les Andes autant, tan- ! toft plus, rantuft moins. Ils courent en leur longueur Nort &Sud, & en leur largeur, d'O- rient au Ponant. C'eft doncques çhofe merueil- leufe, qu'en il peu de diftance, comme font cinquante lieues efgalement efloignees de la li- gne ôc Pôle, y aye vne il grande diueriité, qu'en vn lieu il y pleuue prefque touflours , ôc en l'au- tre il n'y pleuue quaiiiamais. Ilnepleutiamais en ceftecofte ou Lanos, encores qu'il y tombe quelquesfois vne eau menue, qu'ils appellent Guarua , & en Caftille , Mollina , laquelle quel- quesfois s'efpaifîlt en certaines gouttes d'eau qui tombe, toutesfois ce n'eft point chofe en- nuyeufe, ny telle, qu'il foit befoing de fe cou* «rir pour cela. Les couuerturesy font de nates, auec vn peu de terre par defïus , & leur eft cho- fe fufïifante. Aux Andes prefque durant toute l'année il y pleut , combien qu'il y ayt en vn temps plus de ferenité qu'en l'autre. En la Sier- ra , qui gift au milieu des deux extrêmes , il pleut au mefme temps qu'en Bfpagne, qui eft depuis Septembre , iufques en Auriî : mais en l'autre faifon le temps y eft plus ferain , qui eft quand le Soleil en eft. plusefloigné, &ie con- traire, quand il en eft plus proche, dequoy nous auons a{Tez amplement traiété au îiure précèdent. Ce qu'ils appellent Andes, &.*cg qu'ils appellent Sierra, font deux chaines dç P ii) Hiftoire naturelle montagnes très-? hautes , qui doiuent courir plus de mille lieues à veiïel'vne de l'autre, Ôs prefque tfgalement. Il y a vn nombre infiny de vicugnes, qui naiilènt & f'engendrent aux Sierres, qui font proprement comme chèvres fauuages, fortviftes, êc fort agiles. Ilyamef- mes de ces anirnaux/qu'ils appellent Guanacos, Se Pacos , qui font des moutons , que Ton peut suffi bien dire, lesafnes de ce pays , dequoy il fera traidé en fon lieu : & aux Andes fe trou- vent des Anges fort gentils, de plaifants , & des perroquets en grande quantité. L'onytrouue suffi Therbe, ou arbre, qu'ils appellent Coca, qui eft tant eftimé des Indiens-, 6c latrai&equc l'on en fait, y vaut beaucoup d'argent. Celle qu'ils appellent Sierre , fait des vallées es en-» droi&s o*ù elle fouure , qui font les meilleures habitations du Peru , comme eft la vallée de Xauxa,&dJAndaguaylas, &deYucay. En ces vallées il croift du froument, dumays, & d'au- tres fortes de fruids, toutesfois es vnes moins qu'aux autres. Plus outre que la Cité de Cufco, (■ qui eftoit anciennement la Cour des Seigneurs de ces Royaumes) les deux chaînes de monta- gnes que i'ay dites , fe retirent, &Vefloignent dauantage les vnes des autres, ôc laillcnt au mi- lieu vne plaine & large campagne , qu'ils appel- lent, la Prouince de Coliao , où il y a grand nombre de riuieres , & beaucoup d'herbages, & pafturages fertiles , & là eft auili le grand lac de Titicaca : mais encor que ce foit terre plaine , & à la mefme hauteur & intemperature que la Sier- w ? & qu'il n'y ayt non plus d'arbres , ny de fo- des Jndes. -Liure III. 116 refis , toutefois le défaut qu'ils ont du pain , y eft recompenfé par les racines qu'ils fement, les- quelles ils appellent Papas; & croiiTent dedans la terre. Celte racine eft le manger des Indiens: car les feichans de nettoyans, ils en font ce qu'ils appellét Chugno, de qui eft le pain & nourritu- re de ces Prouinces. Il y a mefme d'autres raci- nes &" petites herbes qu'ils mangent. Ceftvne terre faine, & la plus peuplée des Indes, & la plus riche, pour l'abondance des beftiaux qui fy nourrirent, tant de l'efpece mefme de ceux qui font en Europe, comme brebis , vaches, 5c che- vres; que de celles du pays qu'ils appellent Gua- nacos , &Pacos, & y a des perdrix aflez abon- damment. Apres laProuince de Collao vient celle deCharcas, où il y a des vallées chaudes de grande fertilité, & des roches tres-afpres, lefquelles font fort riches démines; tellement qu'en nul endroit du monde il n'y en a point de meilleures, ny dcplus belles. Des caufes qùils donnent pourquoy Une fie ut aux Lanos, ou ceftes de Lmer. Chapitre XXI, 'Autant que c'eftehofe rare & ex- traordinaire qu'il y ait quelque ter- re où il ne pleuue iamais,ny tonnej les hommes défirent naturellemés fçauoir la caufe de telle nouueauté. La raifon que donnent quelques-vns qui ont re- cherché & conïideré cecy de près, eft qu'il ne P iiij Hifioire naturelle $rcfleue en celle code des vapeurs afTez groflès & fufHfantes pour engendrer la pluye faute de matière : mais qu il y a feulement des vapeurs petites 8c légères, qui ne peuuent engendrée autre choie que les broiiillars &c rofees , com- me nous voyons en Europe qu'il y a bien fou- tient au matin des vapeurs qui s'eileuent, lef- qu elles ne fe conuertillent pas en pluyes , mais feulement en broiiillars. Ce qui prouientdela. matière qui n'eft point allez grolTe&fufrifante pour fe tourner en pluye. Etdifentque la caufe pourquoy cela, qui n'aduient quaucunefois en Europe, arriue continuellement enlacofte du Peru j eit pource que cefte région efttres-fe- çhe, &: ne rend point de grofles vapeurs. On re« cognoift fa fecherefle par le grand nombre de fa* blons qui y font, Se parce que Ton n'y trouue ny puits, ny fontaines, finonen vne très-gran- de prpfondïté de quinze ftades , ( qui eft la hau-» teur d'vn homme , ou plus ) & encor eft-ce près âcs riuieres , Teau defquelles penetranr la terre, eO; caufe que l'on y peut faire des puits. Tel- lement que Ton a veu par expérience, que 1© cours des riuieres eftant deftourné , les puits fe font taris, iufques à ce qu'elles fuiîent retour- nées en leurs cours ordinaires, ôc donnent ce- lle raifon, pour caufe matérielle de céterTe<5t: mais pour la caufe efficiente, ils en ont vne au- tre qui neft pas moins confiderable, qui eft, que la hauteur exceflîuc de la Sierre, qui coure par toute la cofte, porte abryà cesLanos; de forte quelle empefche qu'aucun vent nyfouf- fie du cefté de la terre, fi ce n çft û haut , qui! I 1 des Indes. Uure III. II 7 foit pardeflus les croupes de ces montagnes, au moyen dequoy ïi n'y coure qu'vn feul vent qui eft celuy de la merjequel ne crouuant point de contraire, ne preife n'y exprime point les va- peurs qui s'efleuent pour engendrer la piuye, , de manière que l'abry de la Sierre empefche que les vapeurs ne s'efpaiffifTent , & fait qu'el- jles fe conuerriifent toutes en bruines. H y a : quelques expériences quife rapportent à ce dif* : cours d'autant qu'il pleut en quelques collines i de la code qui ont le moins d'abr y, comme font i les roches d'Atico Se d'Arequipa : mefmes qu'il iya pieu eh quelques années que les Norts ou ! Brifes y fouf£oient,voire pendant tout le temps i qu'ils durèrent , comme fi arriua en foixante 6C dixhui6t aux Lanos de Trugillo , oil pleut abondamment; ce qu'ils n'auoient point veu plufieurs Irecle^auparauant. Dauantage il pleut $n la mefme cofte es lieux où les Brifes ou Norts font ordinaires, comme en Guayaquil, & es lieux où la terre fe hauffe beaucoup & fe deftourne de l'ombrage ôc abry des montagne* comme en ceux qui font plus outre que Ariqua Quelques vns en difeourent de celle façon,mais que chacun en penfe ce qu'il voudra: c'eft vne chofe certaine que defeendant de la Sierre i en ces Lanos l'on a accouftumé de voir comme deux Ciels, l'vn clair &ferain par le haut , ôc l'autre obfcur, & comme vn voile gris tendu au defloubs , qui couure toute la cofte i mais encor qu'il n'y pleuue pas, cefte bruine y eft Imerueilleufement profitable pour produire de iherbe, &pourefleucr 3 & nourrir les femen* Hifloire naturelle ces: car cncor qu'ils ayent l'eau e au pied tant î qu'ils veulent qu'ils tirent des eftrangs ou lacs,|j toutesfois celle humidité du Ciel a vne telle ver-| tu , que .ceflànt de tomber fut la terre, elle caufej vne grande incommodité & diminution auxi grams & femences.Et ce qui eft plus digne dad-H miration, les fablons Cccs & ft eriles par cefte ro-fl fee ou bruine, fereueftent d'herbes &de rieurs! qui eft vne chofe plaifante & agréable à voir &CÊ degrande vtiîképour lespafturages dubeftialJI comme Ton void en la montagne , qu'ils appel*! lent de fablon, proche de la Cité des Roys. De la propriété de laneuueE/pagne, des //les & des autres terres. Chapitre XXII. A neuue Efpagne furpaflè les au! très Prouinces enpafturages, qui caufe qu'il y a vn nombre infiny d& produit de toutes les cC^gccs de frui&s iquifont en Efpagne, & rapporte aufïï grande 'abondance de pain ôc de vin , comme mefme telle abonde en pafturages & beftial. Le Ciel y ieft faite & ferain, entre le chaud ôc le froid. L/hy- !uer& TEfté y eft parfaitement, ôc s'y trouue 'grande quantité d'or, qui eftues-rin. Néant- (moins cefte terre eftpauure'& peu peuplée^ 1 pour la guerre continuelle que les Auracanos* !& leurs alliez y font, d'autant que ce font des I Indiens robuftes,6c amis de leur liberté. »i ■ ' — ■ £>e la terre incognué, ejr de U dwerjitédvn tour entier, qui eft entre les Orientaux & Occidentaux. Chap. XXIII. » ifr L y a degrandes conie&ures qu'enîa P|zone Tempérée, qui eft au Pôle An- *° tartique , il y ait des terres grandes ëc fertiles, maisiufques auiourd'huy elles *ie font defcouuertes , & ne cognoift-on d'autre terre en cefte Zone, que celle de Chillé Se quel- q e partie de la terre qui court d'Etiopie au Cap de bonne Efperance, commeilaeftédiel: au premier Hure. On fçait auffi peu , s il y a ha- bitation aux deux autres Zones des Pôles, & r Hiftoire naturelle fî la terre continue 8c paruient iufqucs à celL|< du codé de l'A ntar clique ou Sud. L'on ne col] gnoïft pas melme la terre qui gift pafle le de 1 itroit de Magellan, d'autant que la plus grand»; hauteur que l'on a cognuë d'icelle, eft de cin-ji quanteiîx degrés, ainn qu'il eftditcy-deuanru .&dueoftéduPoleArdticquejOuNort,nenfçai| on non plus iufques où va la terre, qui courfl pafTéle Cap de Mendoçin&lcs CaliiphomesJ ny les bornes & fin de la Floride, 8c iufques oui elle peut s'eftendre vers l'Occident, ilyapeil de temps que l'on a defcouuert vne nouuelîJ terre, qu'ils appellent le nouueau Mexicque, où] ils difent, qu'il y a beaucoup de peuples qui pari lent la langue des Mexicquains. Les Philippines ,&les Ifles fumantes, comme racontent aucun! quilefçaueiit par expérience, courent plus dej neuf cens lieues : mais de traitter de la Chine! Cochinchine , & Syam,& autres régions qui font de l'Inde Orientale, ce feroit contre mori intention , qui eft feulement de trai&er des Oc! cidentales. L'on ne cognoift pasmefmelanluJ grand part de l'Amérique qui gift entre le Perd & le Brefil, combien que de toutes parts l*on ed cognoiife les bornes. Surquoy il y a diuerfesh opinions des vns 8c des autres , qui difent , quej tout eft vne terre noyée, pleine de lacs 8c di lieux aquatiques. D'autres afferment qu'il y J de grands 8c fleuriiïans Royaumes , s'imaginansi que là font le Paytiti, le Dorado , 8c les CsefarsJ où ils difent qu'il y a des chofesmerueilleufes} l'ay ouy dire à vn de noftre Compagnie, hommel 4igne de foy , qu'il y auoit veu de grandes habi-l des Indes. Liure III. no tations , Ôc des chemins autant rompus & baN tus comme font ceuxdeSalamanqueà Vailla- dolid y ce qu'il veid alors que Pierre d'Orfua , ÔC depuis luy, ceux quiluyfuccederent rirent l'en- trée Ôc defcouuerte, par la grande riuiere des Amazones, lefquels croyans que le Dorado, qu'ils cherchoient eftoit plus auant,nefefou- cierent de peupler là, ôc après demeurèrent fans le Dorado qu'ils ne trouuerent point, ôc fans cefte grande Prouince qu'ils laifïèrent. Devray c'eft chofe iufques auiourd'huy cachée, que l'habitation de l'Amérique, excepté les extre- mitez , qui font le Peru,le Brefîl , ôc l'endroit où la terre commence à s'eftrefîir, qui eft en la riuie- re d'argent, puis Tucuman, qui fait le tour à Chilié , & aux Charcas. Il y a fort peu de temps que nous auons entendu pat lettre àes noftres qui cheminent en faincte Croix de la Sierre, que l'on va defcouurant de grandes Prouinces & habitations , qui tombent en cefte partie, qui eft entre le Brefîl ôc le Peru. Le temps les dëf- couurira, car comme la diligence Ôc hardielïe des hommes eft auiourd'huy grande à vouloir circuir le monde d'vne part ôc d'autre, nous pouuons croire, que tout ainfî quei'onadef- couuerttout ce qui eft cogneu iufques à pré- sent, l'on pourra de mefme defcouurir ce qui re- fte, afin que le S. Euangilefoit annoncé à l'vni- uerfel monde, puifque défia les deux Couron- nes de Portugal , ôc de Caftille , fe font rencon- trées par rOrient ôc par le Ponent, iufques à ioindre leurs defcouuertures enfembîe,quieft à la mité vne chofe remarquable, que tes vas ~~ JMb ÏHfifloire naturelle foientparuenusiufques en la Chine, & Iappoh j par l'Orient, & les autres aux Philippines qui! ibntvoifînes & prefque contiguësàla Chinai parTOccidenr. Car de Tille de Lullbn,quieft : la principalle des Philippines, ou eft la cité de Mammille, iuiques à Macan, qui eft Tlfledej Cauton,ii n'y a que quatre vingts ou cent lieitaftl de mer entre deux , & trouue chofe merueilleu- 1| fe , qu'encore qu'il y ait fi peu de diftance de l'vn I à l'autre, il y a neantmoihs, félon leur conte, vn I iour entier de différence entre eux,de forte qu'il A eft Dimanche à Macan , lors que à Mammille il ij eft Samedy, cV ainfidu refte. Ceux de Macan 1 ëc la Chine ont vn iour aduancé, & ceux des! Philippines en ont vn retardé. Il aduint au Perc I ^llonfe S anches , duquel il eft faick mention cy I deuant, que partant des Philippines il arriua à I Macan,le deuxiefme iour deMay félon fon con- J te, & voulant dire l'office de faincl: Athanafe^ I trouua qu'ils celcbroiet la fefte de rinuentiortl fainde Croix , par ce qu'ils contoient là le troi- 1 fiefme de May. Il luy en aduint tout-autant , en I vn autre voyage qu'il fit par delà. Quelques vns I ont trouuéjcefte variation & diuerlité eftrange, jj Se leur femble , que cela procède de la faute des | vns, ou des autres , ce qui n'eft pas toutesfois, I mais eft vn conte vray & bien obferué : car fui- I liant la différence des chemins paroùonteftc les vns & les autres, il faut neceflairement di- re , que quand Ton fe rencontre on doit auoic vn iour de différence. La raifort eft,pource que nauigeant d'Occident à T Orient, Ton va touf- iours gagnant le iour * & trouue Ton pluftoft lé - leuer âesJndeL Liure. III j2l euer du Soleil, &au contraire ceux quinaui- jent d'Orient au Ponent,vontroufiours perdant eiour,& s'en retirent arriere,pource que le So- eil de plus en plus leur Va ieuât plus tard, & cô- ne plus ils vont approchant du hbuàht ou du >onent, plus ils ont lé iour toit ou ta rd. Au Peru lui eft Occidental, au refpeél de rEfpagne^oiî demeure de plus de fix heure* arriere-de farori ue quand il eft midy en Efpagne , il eft aube'ou oind du iour au Peru; 6V quand l'aube du iour û par deçà , la minui& fé trouue eftre par delà; ay fai& prëuue certaine de cela, par la compu- ition dés Eclypfes du Soleil & de la Lune, laintenant donc, que les Portugais ont taSE ur nauigation d'Occident a l'Orient, & lcs aftillans d'Orient en Occident, quand ils fé font venus à ioindre & rencontrer, quiaefté ix Fhilipines & Macan,les Vus ont gaigrie dou - : heures d'aduance , & les autres en ont per~ i tout autant. Par ainfi en vnmèfme poinct envn mefmé temps ils trouuènt la différen- ce vingt heures, qui eft vn iour entier. Aii oyen dequoy neceilairement les vns font au Diliefme de May quand Its autres content le mxiefme : & quand les vns ieufnent le Samèdy ind, les autres mangent delà ch?ir pour le ur de la Refurre&ion. Que fi nous, voulons indre qu'ils pailaiTent plus outre, tournoyans corvne autre fois le monde, & qu'ils vfafTent i mefme conte , quand ils tournoient à fe ioin- ^îlsfetrouueroient aufsi bien parleur mef- î conte en deux iours de différence. Carcom- \*y dit^ ceux qui vont au ieuer du Soleil 'j/tftoire naturelle vont contant le iourpluftoft ; comme le Soi* leur va leuant pluftoft,& ceux qui vont au coi chant au contraire, vont contant le iour pli tard d'autant qu'il leur va fortant plus tard. F nakmét la diuerfité des midis fait les diuers coi tes desiour s. Et d'autant que ceux qui vôt nau géants du Leuant au Ponent,, vontchangear leurs midis fans le fentir,& toufiours neantmoj pourfuiuentle mefme conte où ils fetrouue quandils partent,il eft neceffaire qu - circuit du monde ils trouuent faùt( d'vn iour entier. * acheuants *aûte à leur coi Des VolunSyOU huches de feu, Chap. XXIIIÏ. 'Ombien que Ton trouue en daut i endroits des bouches de feu , . corn •lemontjfctna Vvefuuio , quauioi . id'huy ils appellent le mont de Sor neantmoinsc'eft chofe remarquable que ce fetrouue es Indes. Ordinairement ces Vole font rochers ou pics de montagnes tres-hai qui s'esleuent pardeffus les fommets de toi lesautresmontagnes. Ils ont en leurs fomm: vne planure , &au milieu vne fofle,ou gra bouche qui defeend iufques au profond ou t d'icelle, qui eft chofe efpouuentable a voir, ces bouches il fort de la fumée , & quelques du feu. Il yen a quelques -vns qui îettent 1 peudefumee, & prefque n ont aucune toi de Volcans,comme eft celuy d'Arcquipa , âes Indes. Lîure. III. f^ éft d'vne hauteur démefuree,& prefque du tout de fable qui ne fe peut monter en moins de deux jours , neantmoinsonn'yatrouuéaucune ap- parece de feu,mais feulemet les veftiges de quel- ques facnfkes que faifoient là les Indiens lors qu'ils eftoient Gentils.Et quelque peu de fume- qu iliette quelquesfois.Le Volcan de Mexique^ qui eft proche du bourg des Anges,eft aufsi d V- ne hauteur admirable où l'on mote trente lieues en tournoyant.De ce Volcan fort5non pas conti- nuellement , mais de fois à autre ôc prefque cha~ que lour, vne grofle exhalation & tourbillon de fumée qui fort droit en haut corne vn trait d ar- fealefte, qui par après fe fait femblable a vn tref- grand plumage iufquesi ce qu'il celle Ju tout & aufsitoftfe refoult en vne nuée noire &obfcu- re. Plus communémet^lle fort au matin après lé kuer du Soleil,& au foir quand il fe couche,en- cor que l'enay veufortiren autres heures! Il fortaufsi quelquesfois après celle fumée beau- Coup de cendres. De feu Ion n'en a eftcor veii lorunufquesâprefent, toutesfoisPon a crainte qu'il ne forte & brusle la terre qui eft à l 'entour, laquelle eft la meilleure de tout le Royaume.Et tient-on pour certain qu'il y a quelques corres- pondance entre ce Volcan & la Sierre de Tlax- calaqui eneftaffez proche, quicaufeles ton- oerres & efclairs fi grands que Ion void êcoit Bêla poudre.Cortez raconte la diligence qu'il* gîte pour defcouurir ce qu'il y auok en ce VoP SJî. •a*»/ li " Hifîoire naturelle tan." Les Volcans de Guatimalla font plus re- nommez tant pour leur grâdeur & hauteur,que les nauigeans en la mer du Suddefcouure.it de fort loimque pour l'efpouuentement & valen- ce des feux qu'ilsiettent defoy. Ilarnuaaui5 de Décembre de l'an paffé i586.que toute la Ci- té de Guatimalla prefquc tombad vn tremble- ment de terre , où demeurent mefme quelque perfonnes. Ilyauoit défia f.x mois que de .ou &de nuiaie Volcan ne ceflbit de letterpar 1 haut & comme vomir vn fieuue de feu , la ma tiere duquel tombant aux çoftéz du Volcan ,1 conuertiffoit en cendre corne terre bruslee(chc fequi furpaflele iugement humain d'entendt comme il peut tirer de fon centre tant de matie re qu'il iettoithors defoy durant ces lix moi pource qu'il n'auoit accouftume' de îetter qr 3e la fumée & non pastoufiours , mais quelqu foisde petites aammefches. Celamefut de. eftant en Mexique par vn Secrétaire de 1 A' dience de Guatimalla,homme digne de roy,vc r« n'auoit pas encor alors cefsé ce Volcan de le terces feux queiedy. Cesans paflezmetro. uantenQuitto enlaCitddes Roys^le Vole, ou ilsont proche iettoit tant de cendre, qu . beaucoup de lieux en circuit il pleut tant I cendre quelle obfcurciffoit la lueur du >ourJ en tomba telle abondance en Quitto qu'il n ftoitpofsible de cheminer par les rues. Lo. veu d'autres Volcans qui ne Jettent ny flami ny fumée, ny cendre mefme, maisl on lesvc brusler au fondsd'vne viue flamme fans s amc ur.de tcUe f*c,on eftoit ecluy qu'en noftre «m des Indes. Liure III. T23 vn Preftre cupide & auariçieux fe perfuada que ce qu'il voyoit bruslant,eftoient maffes d'or, iu- géant en foy-mefme,que ce ne pouuoit eftre au- tre métal ny matière, chofe qui depuis tant d an- nées ardoit fans fe confommer, & eftant en cefte perfuafion , il fit de certaines chaudières & chaî- nes , auec ne fçay quel infiniment pour cueillir & retirer l'or de ce puits ou Volcan • mais le feu fe moqua de luy , pource que la chaîne de fer 8c. la chaudière n'approchoient pas pluftoft du feu, qu'aufsitoft elles ne fe défirent &fufTent cou- pées comme fi c'euft eftë des eftoupes.Ce neant- moinsonme diftquece perfonnage s'obftinoit toufiours , & alloit recherchant d'autresinuen- tiôspour tirer Sç puifcr ceft or qu'il s'imaginoit. JjhtelU eft la cm/è çeurquoy le feu & la fumée durentjilong temps en ces^olcans. Chapitre XXV. L n eft jabefoin défaire mention des; autres Volcans, puifque par ks defïuf- di&slon peut entendre ce qui en eft, toutesfois c'eft chofe digne de recher- cher quelle eft la caufe qui fait durer le feu & la fumée en ces Volcans: pource qu'il fembleque ce foit chofe prodigieufe, voire qui excède le cours naturel deietter de leur eftomac tant de flammes comme ils en vomaTent. D'où procède cefte matière qui la leur donne, ou comme eft- clle engendrée là dedans ? Quelques- vns ont eu opinion que ces Volcans vont confommant la. çutierç intérieure qu'ils ont de leur nature, & mêmbià ififtoin croyent pour cefte cai prendront fin quâd ils -* par manière de dire, q cefte opinion , l'onvo montagnes ou rochers. bruslee, qui eft fort leg excellente à*faire edifi< celle que l'on apporte < Et en effeâ: il y a des a] ces montagnes ou roc feu naturel,qui s'eft eft fommee. Et par ainfi c bruslees & pénétrées di Quant eft de moy , i( qu'il n'y ait eu airtrefî lieux, au temps parte Mais ce m'eft chofe d Toit ainfi de toits les Vo qu'ils mettent h ors , ef ne pourrait plus,eftant comprinfe dans cefte o ■fort.O litre cela il y a d< ries, voire milliers danr mefme façon , iettans mee,du feu,& de la cei naturel(felo que réfère recherchant ce fecret foit cefte affaire, & s'af l'exhalation du feu de 1 rut & penfant en veni vint a bout de fa vie. Pc jation, ie penfc, & eft i i! y a des lieux en la ter desjndes. Liure III. 12 4 Ter à foy la matière vaporeufe , &r Je la conuer- tir en eau , qui font; les fontaines lefqu elles tou- jours découlent, & toujours ont dequoy dé- couler , entant qu elles attirent a foy la matière del'eauraufside mefme il y a des lieux qui ont la propriété d'attirer à eux les exhalations chau- des^ de les conuertir en feu & en fumee,& par leur force & violence iettent mefme d'autres matières efpaiftes qui fe refoluent en cendre , en pierre de ponce, ou autre matière femblable , 8c qui eft vn argument fdfnfant,qu'és Volcans cela foit ainfi , c'eft qu'ils iettent en certain temps de la fumee,non pastoufiours, & en certain temps du feu,& non toufiours , qui eft félon quils ont peu attirer à foy & digérer, comme les fontaines en temps d'hyuer abondent , & en eftè dimi- nuent, voire quelques- vnes fechent du tout, fe - i "on la force & vigueur quelles ont, & félon la matière qui fe prefente ; ainfi eft-il de ce que ces Volcans en diuers temps iettent du feu, plus ou moins. Les autres difent que c'eft le feu d'enfer, & qu'ilfort par la pourferuir d'aduertnTement, à fin de conhderer par là ce qui eft en l'autre vie : mais fi f enfer, comme tiennent lesT heologiens, eft au centre de la terre,laquelle tient de diamè- tre plus de deux mille lieues,! on ne peut pas iu- ger que ce feu foit du centre , d'autant plus que le feu d'enfer , félon que S. Bafîle & autres en- Baf. m tf<& feignent, eft fort différent de ceftuy que nous z8- & in voyons , pource qu'il eft fans lumière , & ard Se exam' bru$le5fans comparaifon plus que le noftre. Ain- fi ie conclus que ce que i'ay dict me femble plus raifonnabk, Q^iiij Hiftoire naturelle Des tremblemens de terre* Chapitre XXVÏ. Velques-vns ont penfé,que de ce$ Volcas qui font es Indes,procedent es tremblemens de terre, allez fre- quens par delà: mais parce qu'ils viennent ordinairemét es lieux qui font esloignez de ces Volcans , ce n'en peut pas eftre la caufe totale. Il eftJbié vray qu'ils ont cer- taine forme & fympathie les vns auec les autres; pource que les exhalations chaudes qui s'engen-r drent es intimes concauitez de la terre , femblent eftre principale matière du feu de ces Volcans, par lefquels mefme s-allume vne autre matière? plusgrolfe, de rend ces apparences de flamme & Fumée qui fortent . Et ces mefmes exhalations ne trouuarïsau dedans de la terre aucune fortieai- feejmeuuent la terre pour fortir auec vne gran- de viq\ence, d'où vient le bruit horrible qu'on entend au defîbubs de la terre,& mefme le mou- uement de la terre,eftant agitée de cefte bruslan* te exhalation.Tout ainfi comme la poudre à ca- non es mines & artifices , eftant touchée du feu, rompt les roches & les murailles: & comme la çhaftaigne mife au feu, faute & fe rompt en fai- fant bruit, lors au'elle iette dehors l'air quieft enferme dedans ion efeorce , parla vigueur du feu: Aufsile plus ordinairemét ces tremblemens de terre ont accoufturne d'aduenir aux endrojtg des Indes. Liure. III. ijj jBaritimes5 qui'ls appellent des loups, & d'autres qui font furie commence- ment delà cofte delà neuue Efpagne , qu'ils appellent des* Cocos, eftoient de cefte mef- me façon. Dauantage,il fe trouue vn endroit au milieu du grand Océan, hors de la veuë de terre, &esloigné d'icellede plufieurs lieues , auquel Ton voit comme deux tours , oupics , d'vne ro- che fort hault esleuez , qui fortent du milieu de la mer,& neantmoins ioignât icelles 1 on ne peut trouuerny fonds, ny terre. L'on ne peut encor certainement comprédre,ny recognoiftre quel- le eft la forme entière & parfaite de la terre des Indes, pourn'auoir efte lesextremitez d'icelle du tout defcouuertes iufqu'à ^relent. Néant- moinsnous pouuôs dire comme âlrauers,qu'ei- jlc peut eftre comme vn cœur , auec les poul- [Çions.Le plus large de cç cœur % cft du Brefii au Y ffiftoire nat. des Indes. Liure. III. 1?eru , la pointe au deftroit de Magellan , & le hautfcdil s'acheue eft la terre ferme , & de la commence le continent a s'eslargir peu à peu iuf. ques a arriuer à la hauteur de la Floride & terres fuperieures, qui ne font encorbien cogheiies. L'on pourra entendre d'autres particularitez de cefte terre desirdes, par les commentaires que lesEfpagnols ontefcrit de leurs fuccés &def- couuertes , & en autre, de la pérégrination que iay efcrite, qui a la vérité eft eftrange, & en peut donner beaucoup de cognoinance,& eft ce qui m'a femblé fufrire àprefent pour donni quelque intelligence des chofes des Indes, quant aux communs elemens , defquels toutes les par-» ties du monde font formées & compofees^ LIVRE Q^VATRIESME DE ^HISTOIRE NATV: RELLE ET MORALE DES Indes. CHAPITRE I. Des trois genres de mixtes, ou compo/èz,dontie dois trait ter en cefie hifoire. Y an Ttraittéauliure précèdent de ce qui touche les elemens, Ôc les (impies des Indes, nous parle- rons en ce prefent liure , des mix- tes & des compofez , entant qu'il bous femblera conuenable au fubjecl:,dont nous Voulons traitter.Et combie qu'il y ait beaucoup d'autres genres diuers,nous réduirons toutesfois cefte matière en trois , qui feront les metaux,les plantes & lesanimaux.Orles métaux font corne ces plates couuertes & cachées dedâs les entrail- les de la terre , qui ont quelque refTemblance cntr eux , en la forme Se manière de leur production : d'autant que l'on voit, & reco- gnoift mefme entre eux des rameaux & com- me vn tronc , duquel ils naiflent & procè- dent, ] mofefuft toutes, les homes guidez ou poufles i'vn inftind naturel, eileurent la chofe plus du- rable^ plus maniable, qui eft le metail , 8c en- tre ces métaux voulurent que ceux-là euiTent la preéminenceen cefte inuention de monoye,qui ie leur naturel eftoiét plus durables, & incorru- ptibles, à fçauoir l'argent 8c l'or. Lefquels non feulement ont efte en eftime, entre les He- brieux, A(Tyriens,Grecs, Romains, & autres na- dons de l'Europe & d'Afie, mais auffi entre les olus efloignees 8c barbares nations de Tvniuers, :omme font les Indiens tant Orientaux, corn- rie Occidentaux, où l'or & l'argent eft tenu en tufti grand pris 8c eftime, l'employanseniou- irage de leurs Temples & Palais, 8c aux vefte- aens,&açcpuftremens des Roys, &des grands R ij " : t/iftoire naturelle Seigneurs.Mais er.cor que L'on ayt trouué quek ques barbares, qui ne cognoitfbient, ny i or, nyj l'argen^comme Ton raconte de ceux deFloridei qui prenoient les poches, & les facs, où eftoiij largenr, lequel ils iettoient cV delaiflbient ef-| pars parmy la terre, comme chofe inutile. Et Pline mefme recite des Babitacques, qui abhorj roient l'or ,&: pour cela , renfeueliffoient , afiri que perfonne ne s'en peuft feruir. Toutesfoii il fe trouue auiourd'huyforrpeude ces Floril diens& Habitacques,& grand nombre au coni •traire, de ceux qui eftiment, recherchent, &| •font eftat de For Ôc de l'argent , fans qu'ils ayen befoing de l'apprendre de ceux qui y vontdj l'Europe. Il eft vray que leur auarice n'eft poinj paruenué au but de celles des noftres, & nonj pas tant idolâtre' lor & l'argent, quoy qu'il) fuffent idolâtres , comme quelques mauuai Chreftiens , qui ont commis plufieurs grand excès pour l'or & l'argent. Ncantmoins c'eH vue chofe fort digne de confédération, queîj fageffedu Seigneur éternel ayt ainfi voulu enrj chir les terres du monde plus elloignees , & qti font peuplées d'hommes moins ciuils, & polj tiques, qu'en ces lieux-là il ayt mis le plusgranl nombre de mines , & en plus grande abondari ce que iamais ay t efté, afin d'inuiter les hommd par tel moyen à rechercher ces terres ôc les po| feder, afin auffi, fur cefte occafîon , de commû niquer la religion, ôc culture du vray Dieuj Ceux qui ne le cognoifîoient point, s'accorrj *&' H. pHffant en cela la Prophétie d'Ifaye, difant, qui FEglife deuoit dlendtc fes bornes, n on feuh, des Indes. Lime IV. 131 Ircentàladextre, mais aufïî à la feneftre, qui L'entend, comme dià faincl Auguftin , que TE- isfiiguJU.f, (jangilc fe doit eflargir ôc eftendre, non feule- âeConC9Td- ixitnt par ceux qui fincerernent & auec vne mn& cîx% l/raye-& parfaicte chanté le prefchent & an- jioncent , mais aaffi par ceux qui l'annoncent, :endans à fins Ôc intentions temporelles. D'où ious voyoas les terres des Indes, pour eftre plus abondantes de mines & de richefTes , eftre ienoftre temps les mieux cultiuees en la Reli- gion Chreftienne, s'aydant le Seigneur pour Tes fins & intentions (ouueraines de nos defirs k inclinations. Là defîus difoït vn homme Page, quecequefaictvnperc à farfille pour la sien marier, eft de luy donner beaucoup de '■ lot ôc de moyens en mariage , ce que Dieu a iaict à cefte terre tant afpre&laborieufe, luy lonnant de grandes richeiTes en fes mines, afin |ue par ce moyen elle trouuafl mieux qui la finit rechercher. Il y a donc aux Indes Occi- dentales grand nombre Ôc abondance de mines, le toutes fortes de métaux, commeidecuiure, le fer , de plomb , d'eftain , de vif argent , d'ar- gent, 8c d3or : & entre toutes les régions Ôc par- ties des Indes, les Royaumes da Peru, font ceux qui abondent le plus en ces métaux , fpecialle- tnent en argent, or, & vif argent, ou mercure, Scsy en trouue grand nombre, pource que tous les iours l'on defcouuredenouuellesrai- Et eft chofe fans doute, que félon laqua es. ité de la terre, celles qui (ont àdefcouurir, l'ont en plus grand nombre, fans comparaifo», que celles que l'on void àprefent defcouuertesi R iij JUHtlk Efiftbire naturelle voire femble que toute la terre eft femee de ces métaux plus qu'aucune autre terre qui nous foit à prefent cogneuë au monde , ou de la- quelle les autheurs anciens ay ent faict mention par le paire. de Genef. tnund. De la qualité & nature de la terre, oufetrouÀ uent les métaux, dr que tau* ce s métaux. nefe mettent en œuure es Indes , & comme les Indiens fe fer uoient dïiceux. Chapitre III. A raifon pourquoy il y a tant dej „ ' richclTes de métaux es Indes 3 fpc-l ^ cialement aux Occidentales du Pe-j ru, eftcommci'aydi<5fc,lavolon-! ^té du Créateur, quiadeparty fesl dons comme il luy a pieu. Mais venant à la rai-j fon naturelle & Philofophique, c'eft chofe bien» vraye ce qu'en a eferit Philon homme fage, di-l faut , que l'or, l'argent de métaux naiiïent natu-l rellement aux terres plus fteriles & infructueu-l fes. De vray nous voyons qu aux terres de bon-j ne température, & qui font fertiles d'herbes &j defriù&s, rarement ou iamais on n'y trouuej des mines , pource que la nature fe contente dej Eufeb.Ub.%. leut donner vigueur, pour produire les fruits!! %*ITL< Plus neceflaires à la conferuation & entretien? de la vie des animaux & des hommes. Au eon-*. traire, aux terres qui font fort af|>res,feiches, 8à desjndes. Uure IV*. 132. fteriles , comme en des montagnes trekhautesy & en des roches qui font afpres, ôc d'vne tem- pérature fort rude, l'on y trouue les mines d'ar- gent , de vif- argent , &? de l'or , ôc toutes ces ri- cheffes (qui font venues en Efpagne,depuis que les Indes Occidentales ont efté defcouuertes) ont efté tirées de lieux comme cela, qui font af- pres, pénibles, defcouuerts ôc fteriles. Toutes- fois le gouft de cefte monnoye rend ces lieux doux ôc agréables voire habitez de grand nom- bre de peuple. Or combien qu'il y ay t aux Indes (comme i'aydid) plusieurs veines & mines de toutes fortes de métaux, toutesfoisilsn'enli- rent , ny fe feruent point d'antres , que des mi- nes d'or ôc d'argent , ôc mefme de vif-argent, d'autant qu'il eft neceflaire , pour tirer & affiner l'or ôc l'argent. Ils y portent le fer d'Efpagne, &de la Chine. Quant au cuiure, les Indiens en ont tiré Ôc mis en œuure quelquesfois pour ce que leurs ferremens ôc armes n eftoient point ordinairement de fer , mais de cuiure. Depuis que les Efpagnols tiennent les Indes l'on en a tire fort peu, Ôc ne prennent point la peine d'en rechercher les mines, encorquily en ayt pluiîeurs,pour-ce qu'ils s'arreftentàla recherche des métaux plus riches ôc précieux & y employent leur temps ôc leur trauail. ils fe feruent des autres métaux de cuiure ôc fer » tant feulement de ce qu'on leur en enuoye d'Efpa- gne , ou bien de ce qui refte de raffinement de For & l'argent. L'on ne tiouue point que les Indiens vfafTent cy- deuant d'or,ny d'argent, ny à autre metail.paur monnoye, ôc pour prix des - * R iiii fUnM chah, 5, Hiftoire naturelle chcfèsy mais feulement s'en feruoient pour or- nement,commeii a efté dit, & ainfi il y en auoit I gHandefomme Se quantité aux Temples,Palais, : £c feouitures , àuec mil genres de vafesd'orôc 1 d'argent qu'ils auoient. Ils ne fe feruoiét point i d'or iiy d'argent pour trafîcquer & acheter, mais changeoient&troquoient des chofes aux | autres , comme Homère & Pline racontent des i anciens. Ils auoient quelques autres chofes de | plus grande eftime, qui couroit entr'eux pour ! prix; au lieu de monnoye, ôc iufqucs auiour- d'huy dure cette couftume entre les Indiens, t comme aux Prouincesde Mexicque, ils vfent | au lieu de monnoye du Cacao (qui eftvn petit; | fun£t) & auec iceïuy acheptent ce qu'ils veu- | lent. Au Peru ils fe feruent du Coca, pour cefte. | mcCmefin, quieft vne feuille que les Indiens j eftimént beaucoup, comme auParaguey ils ont» des- coings de fer pour monnoye, & du coftonj nfïu en-fainde Croix de la Sierre. Finalement la | manière de trafkquer des Indiés , & leur ache- j te* ôc vendre , eftoit efohanger ôc bailler chofes | pourchofes : ôc bieaqu il y euft de grands mar-J chez , &c des foires fort célèbres, fi efVce qu'ils i n'ont eu befoing, ny.neceffité 4e monnoye , ny.j mefmcdecourratiers,- poureeque tous eftoiétj fort bien apprins , à fçauoir côbien il eftoit be^ | fongdedonerdVnefortedemarchandife pour i vné, tant dVne autre. Depuis que les Efpagnols : y font entrez -, les Indiens fe fontmefmes feruis de l'or & de l'argent pour acheter, & au com- mencement n'y auoit aucune monnoye 5 mais l'argent au poids eftoit leur prix & leur mon- 1 desjndes. Liure IV. 133 iiioye , comme Ton raconte des. anciens &o- i mains. Du depuis pour la plus grande commo- ,^4 dite, Ton forgea de la monnoye en Mexique, & jau Peru : toutefois iufqu' à prefent , en ces Indes : Occidentales Ton n'a battu aucune monnoye de cuiure, ou autre métal , mais feulement d'ar- gent ôc d'or , pource que la richetfe d'iceîle ter- ire n'a admis, ny receu la monnoye qu'ils appel- llent debillon, ny autres genres d'alloy dont ils ! vfent en Italie, & aux autres Prouinces de l'Eu- rope; bien qu'il foit vray qu'en quelques Ifles Ides Indes, comme fainct Dominique, ôc Port- riche , ils vfent de monnoye de cuiure , qui font des quarts , lefquels ont cours feulement en ces Ifles, pource qu'il y a peu d'argent ôc d'or. le dis jpeu , encore qu'il y en ayt beaucoup , toutefois lil n'y a perfonne qui le tire, ou affine. Mais par- ce quelarieheuedes Indes, &l'vfage de trauaik 1er aux mines, coniifte en or, argent, vif-argent* ie diray quelque chofe de ces trois métaux, laif- ! jfant pour l'heure le refte. Hifloire naturelle De lor que l'on tire, & affine es Indes. Chapitre IV. fe-rv^g 'O r entre tous les métaux a eftc tou- / H/P fiourseftimé pour le plus excellent ,âr ^Jj^/ auecques bonne raifon, d'autant qu'il eft le plus durable , & incorruptible de tous : carie feu , qui confume , & diminue tous les autres , l'amende, & le rend en fa perfe- ction. L or qui a parte plufîeurs fois par le feu, demeure en fa couleur , très-fin, & tres-pur, le- Plm. îih. 35. quel proprement fappelle (félon que Pline rap- tat' h porte) Obrifo,dequoy fait tant de mention TEf- criture, & l'vfage qui confomme tous les au- tres métaux (comme dit le mefme Pline) n'a- moindrit aucunement l'or, & n'y faid aucun- dommage, mefme il ne fe mange, nynef'ea- uieillit. Et encores que fa matière & ion corps foit (î ferme , ôc fi foiide qu'il eft, il fe laide neantmoins tellement doubler, & tirer, que c'eft chofe merueilleufe. Les batteurs d'or & tireurs fçauent bien la force qu'il a de fe laifler fîfortamenuifer, fans fe rompre iamais. Tou- tes lefquclles chofes bien confédérées, auec au- tres excellentes proprietez qu'il a, donneront à entendre aux hommes d'entendement , pour- î.quoy enl'Efcriture fain&e la charité f'accom- pare à l'or. Au refte, il eft peu de befoing de raconter fes excellences , pour le faire efti- mer &rechercher: car la plus grande excellence qu'il ayt, eft d'eftre ià cogneu , comme il 1 eft en- tre les hommes, pourlafuprémepuifTance,& ver 11. \catt 3. \Pfalm. 67. hren. 4. . Reg 6. des Indes. Liure IV. 134, I grandeur du monde. Venâtdoncànoftrefujer, il y a aux Indes grande abondance de ce métal, & fçait-on par les hiftoires certaines, que les In* j guas duPeru nefecontentoientpasd'auoirde : grads & petits vafes d'or, des cruches, des coup- ; pes, des talTes, & des flacôs, voire des tinnes, ou ! grands vaiiïeaux ; mais auflî en auoient-ilsdes j chaires,des brâcars, ou littieres rout d'or maffif, | & en leurs Temples auoient mis plufleurs fta-» | tues & images d'or maiïi^defquelles on en trou- j ue encore en Mexique quelqu'vnes, mais non ! pas en relie quantiré, que quand les premiers Conquefteurs arriuerent en i'vn Ôc en l'autre Royaume , qui y trouuerent de grandes richef- fes, & en fut encor fans comparaifon caché dans terre beaucoup dauantage par les Indiens. Ce f croit chofe qui fembleroit fabuleufe de racon- ter qu'ils ayenr fait des fers à cheuaux d'argent, à faute de fer, 6c qu ils ayent payé trois cents éf- cus d'vne bouteille de vin, & autres chofes eftranges ; & toutefois en vérité elles' font ad- uenues , voire & des chofes encores plus gran- des. L'on tire For de ces parties en trois façons & manières , ou à tout le moins i'av veu vfer de ces trois: car il fe trouue de l'or en paille, ou pépin, de l'or en poudre, & de l'or en pierre.îls appellent l'or en pépin, de petits morceaux d'or qui fetrouuent ainfi entiers , & fansmefiange d'autre métal , lequel n'a befoing d'eftre fondu, ny affiné par le feu j & les appellent pepins>pour ce qu'ordinairement ce font de petits morceaux comme pépins, oufemence démêlions &: ci- f trouilles , & celuy dont parle lob , quand il dits Hifioire naturelle loS i». Leueiïïïm aurttm. Combien qu'il arriue quelque-, fois, qu'il y en a de plus grands, & de tels que j'en ay veu qui pefoient plufîeurs liures. Ceft l'excellence ôc la grandeur de ce métal feul (fe- MnM.$. Ion que Pline afferme) defetrouuer ainfipur, É*.J« & parfaicl: , choie qui n'aduient point à tous au- tres métaux , lefquels ont toufiours de l'efcumc ôc du terreftre , ôc ont de befoin qu'on les affine auec le feu. l'ay veu mefme de l'argent naturel, en façon mefme il y en a d'aurre que les Indiens appellét Papas, ôc quel- ques-fois il fen trouue des morceaux de tout pur &fîn, en façon de petites racines rondes: ce qui eft rare toutefois en ce métal, mais allez ordinaire en for. Il fe trouue peu de cet or en pépin, au refpe& des autres efpeces. Cet or en pierre eft vne veine d'or qui naift ôc f engendre dans la mefme pierre ou caillou,comme i'ay veu aux mines de Caruma au gouuernement de Sal- lines , des pierres fort grandes, toutes pénétrées , ôc trauerfees d'or. D'autres qui eftoient la moi- tié d'or , & l'autre moitié de pierre. L'or qui eft de cette façon fe trouue en des puks, ou des mi- nes, qui ont leurs veines comme d'argent , mais ils font très -difficiles à tirer. Agatarchides ef- crit au liure cinquiefme de la mer Erythrée , ou rouge (ainfi raconte Phocion en fa Bibliothè- que) la façon ôc manière d'affiner l'or tiré des pierres, de laquelle ont vfé anciennement les Roys d'Egypte, &eft vnechofe admirable de veoir comme ce qu'il en efcrit, reflcmble , & fe rapporte proprement à la façon dont l'on vfe encore maintenant à r'affiner ces métaux dor des Jnâes. Liure IV. 13 f ôc d'argent. La plus grande quantité d'or qu'on tire ôc recueille es Indes , eft de celuy qui eft en . -poudre , qui fe trouue es riuieres, ou es lieux ÔC torrens où beaucoup d'eaux ont paflc , d'autant que les fleuues des Indes font abondans en céte efpece d'or. Comme les anciens ont célébré pour cefteoccafion JeTage enEfpagne, le Pa- role en Afie, ôc le Gange en l'Inde Orientale, ôc appelloient , lamenta auri > ce que nous autres appelions l'or en poudre , ôc eftoit la plus gran- de quantité de l'or qui fe faifoit à prefent que ces raclures & poudres qui fetrouuoient es ri- uieres. A prefent aux îfles de Bralouente, Efpa- gnolle , Cube & Port-riche , y en a eu , & y en a encore en grande abondance es riuieres : mais on en rapporte fort peu enEfpagne, par faute de naturels du pays, ôc pour la difficulté qu'il y a de le tirer. Il y en a grande quantité au Royau- me de Ghilléi de Quitto ôc au nouueau Royau- me de Grenade. L'or le plus célèbre eft celuy de Caranaua au Peru, Se celuy de Vaîdinia en Chil- lé, d'autant qu'il vient auec l'aloy Se perfection, qui font vingt-trois quillats ôc demy, voire quelquefois plus. L'on fait eftat aufli de l'or dfc - Veragua, pour eftre très -fm. Ils apportent mef- me beaucoup d'or à Mexique des Philippines Ôc de la Chine, mais communément il eft foible ôc de bas aîoy. L'or fe trouue méfié ordinairement ou auec l'argent, ou auec lecuiure. Pline dit PlinM* j qu'il n'y a aucun or où il n'y ayt quelque peu **t- 4- d'argent, ou de cuiure: mais celuy qui eft méfié d'argent, eft communément de moins de quil- kts, qaccsluy qui eft mefle de caiure. S'ily a la i*+- > Hiftoire naturelle cihquiefme partie d'argent, Pline dit qu'il Pap- pclîe proprement, Elettrum, qui a la propriété de reluire plus à la lumière du feu, que l'argent fin, ny l'or fin. Celuy qui eft auec le cuiure , eft ordi- nairement du plus haut aloy. On raffine l'or en poudre en des lauoirs, en le lauant en beaucoup d'eau, iufquesàceque le fable tombe des pla- teaux , & l'or comme le plus pefant demeure au fonds. On l'affine mefme auec du vif argent, 8c auec de l'eau forte , pource que l'allun dont Ton , fait cefte eau , a la vertu de feparer l'or d'auec l'ordure, ou des autres métaux. Apres qu'il eft purifié & fondu, ils en font des briques , ou pe- tites barres pour l'apporter en Efpagne, pource qu'eftant en poudre on ne le pourroit tirer des Indes : car on ne le peut quinter , marquer , ny Tlln. U. 33. elTayer qu'après qu'il eft tondu. Le fufdit, hifto- tef 3« riographe raconte que l'Efpagne fur toutes au- tres Pr,ouinces du monde, eftoit abondante en des métaux d'or & d'argent, fpecialement Gal- lice & Portugal , & fur tout les Aftures , d'où il raconte qu'on rapportoit par chacun an à Ro- me vingt mille liures d'or , ôc qu'il ne l'en trou- uoit en aucun autre lieu vne telle abondance. Ce qui femblc eftre tefmoigné au Hure des Ma- LMd afin de participer de leur gouuernemcm, des Indes. Liure 1 V* pour te bien desvns & des autres; en fccom- j rnuniquanc réciproquement les biens & grâces \ dont ils iouyiFent. On ne peut bien apprécier, ; nyeftimet le nombre & quantité d'or que l'on i apporte des Indes : mais Ton peut bien affermer I que c'eft beaucoup dauantageque ce que Pline ; raconte qu'on apportoit chaque an d'Efpagne à Rome. En la flotte où ie vins, qui fut l'an ij8 7. la déclaration de la terre ferme fut de douze caf- I fons d'or,defquels chaque caiïbn pour le moins pefoit quatre arobes, qui font cent liurespe- | Tant, & mil cinquante- fix marcs de la neuuc £f- ! pagne, quieftoit tant feulement pour le Roy, fans ce qui vint pour les marchands & particu- liers, eftant enregiiiré, ôc ce qui vint non enre- gistré , comme Ton en apporte beaucoup. Cela fuffit en ce qui touche Tôt des Indes : de l'ar- gent nous en dirons maintenant. De l'argent des Indes. Chapitre V. O v s lifons au liure de lob ces paro- les : V argent a certains commencemens cr ra~ loh xS ânes enjes veines , & l'or afin lieu arrêté ou il f engendre crfefpaifiit , le fer en f cm fiant ^ fe tire de U terre , çr la pierre fendu è par la chaleur , fi tourne en future. Par cela il déclare en peu de pa- roles fprtfagement, les propriété? decesme- raux5 l'argentjor, le fer & le cuiure. Nous auôs dit quelque chofe deslieux où l'orP engendre, & k eongek t qui font des fufdites pierres m Hiftoire naturelle profond des montagnes& es entrailles de la ter- te, ou de l'arène des riuieres, & es lieux par où les' torrents ontpalTé, ou bien aux très -hautes montagnes; iefquelles poudres d'or defcendenc Se f'efcoulent auec l'eau, qui eft la plus commu- ne opinion que ion- tient es Indes. D où vient que pinfieurs du vulgaire croyent que le délu- ge ayant noyé toute la terre iufques aux plus hautes montagnes, a efté caufe qu'à prefent l'on trouue cet or es riuieres, & en des lieux fi efloignez. Nous dirons maintenant comme Ion J defcouure les mines d'argent, de leurs veines, racines &commencemens, dont parle lob. Et diray en premier lieu , que la caufe pour laquel- le l'on donne le fécond heu à l'argent entre les métaux, eftpource qu'il approche de l'or plus que nul autre d'iceux , en ce qu'il eft plus dura- ble, ôc fe fent moins endommagé.du feu, fe laïUl fant auui manier , ôc mettre en œuure plus faci-j lemenr que les autres , voire il furpaOe l'or en (a clarté Ôc fplendeur , ôc au fon qu'il a plus clair,* & plus agréable : car fa couleur eft plus confor- me, & reuëmblante la lumière, & fon fon eft plus pénétrant, plus vif & plus délicat. Aufïïyl a-il certains lieux efquelsils eftiment l'argét daj uantàge que non pas l'or. Toutefois ccft vn arj gument & %ne, pour iuger que l'or eft plus précieux de tous les métaux , en ce qu'il fe trouj ue plus raremét ôc que la nature fe monftre plud efcharfe à le produire, que nonpaslesautresj encore qu'il y ay t des terres ( Côme l'on dit de H Chine ) efquelles l'on trouue plus facilement deTor, que de l'argent mefme. Toutefois c'eft "" ' chofe s âesjndes. Liure IV. JJy ,chofe plus cômune ôc ordinaire , que Ton trou-^ ;uc plus facilement, ôc en plus grande ahondan- jce de l'argent, quedeTor. Le Créateur a pom> jueu les Indes Occidentales d'rne il grande ri- kfeelTe d'argent , que tout ce que l'on void es hi- ftoires ancienne» , ôc tout ce que l'on dit des ar- genteries , ôc minières d'Efpagne , ôc des autres iProuinces , efl: beaucoup moins que ce que l'on [iroid en ces partieslà. Les mines d argent fe Itrouuent communément es montagnes , ôc ro- ches très-hautes, ôc du tout defertes , encores Qu'autrefois on en ayt trouué es plaines ôc cam- pagnes. Il y en a de deux fortes différentes, les j/nes qu'ils appellent efgarees , ôc les autres fixes & arreftees. Les efgarees font des morceaux de petal qui fe trouuent amaflez en quelques en- Êoits, lefquels eftans tirez &leuez, Ton n'en mue point après dauantage. Mais les veines es font celles qui en profondeur & longueur >nt vne fuite continue en façon de grades bran- les ôc rameaux d'vn arbre * ôc quand l'on en & :rouué vned'icelles, Ton en trouue ordinaire- ment plufîeurs autres au mefme Heu. La façon ie purger Ôc d'affiner l'argent, de laquelle ont /fêles Indiens, eftoitparfondure, en fondant & faifant refoudre celte maiTe de métal par le Feu qui iette le terreftre d'vn coite > Ôc par fa [Force fepare l'argent dauecle plôb \ TeMain d'a- jiieclecuiure, & les autres métaux qui fetrou- lient méfiez. Aceftefinilsfaifoient, ôc baflif- loient des petits fourneaux en lieux où le vent. Jouffloit le plus communément,^ auec du bois j3c du charbon qu'ils y mettaient , faifoient leur \1 § r fflfloire naturelle artifice & leur affinement, & appellent au Péri A ces fourneaux, Guayras. Depuisque lesEfpaJ miols Y ont entrez, outre cefte façon de fon-J dre Raffiner dont ils vfent encores àprefentj ils affinent aaffi l'argent auec du vif -argent, &| en tirent dauantage par ce moyen, que non pal en le faifant fondre, & l'affinant parle feu. Ca I il fetrouue du métal d'argent que l'on ne peu affiner, ny purger aucunement auec le feu, mai feulement auec le vif argent. Mais cefte forte d métal eâ communément métal pauure, &foi ble, qui cft ecluy toutefois qui fe trouue en plu grande abondance. Ils appellent pauure, celu qui rend &r donne peu d'argent, & grade quan titc de métal : & celuy là riche au contraire, qu donne, & rendplus grande quantité d'argem Ceft vne chofe merueilleufe, non feulement d cefte différence & diuerfné qui fetrouue à ai finer vn métal par le feu , & l'autre fans feu aue du vif argent; maisauffi de ce qu'aucuns de ce métaux qui s'affinent au feu, ne peuuent p; bien eftre fondus, quad le feu en eft allumé aue du vent artificiel, comme de foufflets, mais feu Jement quand il eftfoufflé & allumé auec l'aï naturel. & le vent qui court. Et d'autres au cor traire, qui font plus facilement fondus auec l'ai artificiel des foufflets, que non pas auec l'air* le vêt naturel. Le métal dts mines de Porco fil fine facilem et auec des foufflets, & celuy des m nés de Potozi ne peut eftre fondu auec les foui fiets, mais feulement par le moyen de l'air de Guayras, qui font de petits fourneaux aux co fiez des montagnes, baftis exprès du colle d - âesjndes. Lîure IV. Ij£ Vent , au dedans defqueis ils fondent ce metaî$ (k combien que ce foit chofe difficile de donnet raifon àceftediueriué^ toutefois elle eft toute certaine 8c approuuee par la longue expérien- ce. Tellement que l'auaricieux defir de ce métal tanteftimé des hommes, leur a fait recherchée mille inuentions & gentils artifices, d'aucuns defqueis nous ferons mention cy après. Les principaux lieux des Indes où Ton tire l'argent* font la neuue Eïpagnè , & le Peru : mais les mi-» nés du Peru furpafîent de beaucoup ks autres^ Centré toutes les autres du m onde, Celles de Potozi, desquelles nous traiterons vn peu à loifir , pource que ce font des chofes plus célè- bres & plus remarquables qui foient es Indes. De U montagne, on colline de Foto^ & dé fa de/couuerturei Chapitre V L ^raô,fe£^ A montagne ou colline de Poto- ■£q IMOs? zi tant renommée, eftfîtuee en la * Prpuince de Charcas, au Royau- me du Peru,diftant derEquinoxë verslecoftéduSud, ou Pôle An- tarctiq ue , de 21. degrez 2. tiers ; de forte qu'elle tombe fous le Tropique aux confins de la Zone Torride, ôc toutefois cefte région eft fort froide, Voire plus que n'eft pas Gaftille la vieille au Roy- aume d'Efpagne* & plus encores que la Flandre mefme , combien que par raifon elle deuil: eftrë chaude* ou tempérée, eu efgard à la hauteur, U Sij Hifloire naturelle cdeuâtiondu pôle où elle eft G tuée. Laraifon Ton n'euft au- S iij »*» Mifloire naturelle eiine cognoiftance de Fotazi j ny de fa richeïTe* que iufques à douze ans après l'entrée des Efpa- gnolsau Peru, duquelkdefcouuerturefenfift en cefte façon. Vn Indien appelle Gualpa , de la nation de Chumbibilca, qui eft vne Prouince de Cufco , allant vn iour à la chade ôc pourfuite de quelque venaifon , & cheminant vers la part duPonent, oùla befteferetiroit , commença de courir à mont le roc> qui pour lors eftoit couuert , &; planté pour la plus-part de certains arbres qu'ils appellent, Quinua , & de buiiîbns fort efpais , & comme il f'efleuoit pour monter en vn paiFage quelque peu afpre & difficile , fut contraint mettre la main en yne branche qui fortpit de cefte veine d'vne mine d'argent (à laquelle depuis ils ont donné le-nom de riche) qu'il arracha, &apperccut en la fo (Te & racine d'icelle, le métal qu'il recogneut eftre fort bon, par l'expérience qu'il auoit de ceux de Porco ■ $ puis ayant trouué en terre , ioignant ce- lle veine, quelques morceaux de métal qui f'e- iloient rompus & départis d'icelle, fans toute- fois qu'on les peuft bien cognoiftre à caufe que leur couleur eftoit changée, & gaftee du foieil &' de l'eau, il les porta à Porco eiîayer par Guayras ( qui eft efprouuer le métal par le feu) payant recogneu parla fa grande richeiîè , ôc heureufe fortune, fouyiïoit, & droit fecrette- ment cefte veine, fans le communiquer* ou en parler à perfonne, iufques à ce qu'vn Indien, ïîQmmé Quaca , natif de la vallée de Xaura , qui çftaux limites de la Cité desRoys, lequel de- ' g^uraiu m li?a de Porco , proche voifin de çç ïjlO des Indes: Dure IV. GUalpa>Chumbibilquaf-appcrcetttvn iota qu'il Édfoit quelque affinement, & qu'il feifoit de 'plus grands fomons & briques,que celles qu'on Faifoic ordinairement en ces lieux , pource mel- me qu'il augmentoit en defpenfe d'habitS)ayant iufques alors vefeu allez pauuremenr. Pour cè- de occafion, Se que ce meta! que (on voiuii atti- noit Se mettoit en œuure-, eftqit différent de ce - luy de Porcoi il penfa de defcouurir ce fecret, & filt tant, que combien que l'autre tinft Ton affai- re fecrette autant qu'il luy eftoit poffiblc,neant- nioins parimportunité fut contraint de le me- ner aurocdePotozi, ayant de fia paiïc z. mois en la iouyûànce de ce riche threfor. Et lors 1 in- dien Gualpa dit àGuanca qu'il print pour (a part vne veinequ'il auoit dçfcouuerte,laquelle cltoit proche de la veine riche, & eft celle que 1 on ap- pelle aujourd'hui la veine de Diego Centcno, qui nfeûoit pas moins riche, mais feulemet plus dure àfouir, Se plus difficile à tirer. Parainu rout d'vn accord partirët entr'eux le roc le çius riche du monde. Il aduint du depuis quel In- dien Guanca trouuant quelque difficulté à fouir & cauer faminequi eftoit très-dure ,& l'autre Gualpa ne luy voulant faire part de lafienne, eurent débat enfemble > ôc pour cefte came le Guanca deXaura irrité de cela, & de quelque autre chofe, alla defcouurir cefte affaire à ion jnaiftre qui Pappelloit Vuillaroel, Etpagnol, quilorsrendoitàPprco. Ce Vuillarocl en vou- lant cognoîftre la vérité, alla en Potofi, , & trou- -wantlaricheiîeqilefQnYanacona2 ouieruiteur luy auoit dit, fift çaregiftr'çr l'Indien Guanca* - ; S iiij r Jtautti* ■ Lfifloire naturelle f'eftaquant auec îuyà la fufdite veine, quifurj diteCenteno; ils appellent ceiaeftaquer, qui;i vaut autant que fîgnaler, Ôc remarquer poux j] foy îa mine, ôc autant d'efpace que la loy conce-i de Se permet à ceux-là qui troùuentvne mine J ôubien à ceux qui la fouy fient; au moyen de-l quoy après l'auoir monftree Ôc defcouuerte à la luftice, ils demeurèrent Seigneurs de la mine, pour lafoiiir, & en tirer l'argent, eommede leur propre, en payant feulement auRoyfori droid de cinquiefme. De forte que lepremiet enregiftrement ôc déclaration que Ion fift des mines de Potozi, fut le vingt-vniefme iour du mois d'Auril , de Tan 154/, au territoire de Por> co, par lefdits VillaroelEfpagnol, ôc Guanca Indien, Incontinent après Ton defcouurit vne autre veine , qu'ils appellent veine d'eftain , qui a efté tres-riche , quoy que rude ôc laborieufe à y trauaiîler , pour eftre ion métal auffi dur que le caillou. Du depuis le trentiefme iour d'Aouft, au mefme an de quarante-cinq , la veine appel- îee Mendieta, fut enregiftree, qui font les qua- tre principales veines de Potozi. Ils difent de la veine riche , îa premiet e qui fut defcouuerte, que fon métal eftoit hors terre la hauteur d'vne lance en façon de rochers, foufleuant la fuperfi- cie de la terre, comme vne crefte de trois cents pieds de longueur, &decrezedelarge, &que cela demeura defcouuert ôc defeharné par h de* luge , ayant cefte veine , comme la partie la plus dure , refifté à la force Ôc impetuoiuc des eaux. Son métal eftoit fî riche, qu'ilyauoit la moitié ff argent, & continua çefte veine en fariçheiïc des Indes. Liure IV- Lft | iufques à cinquante ôc foixante ftades , à la hau- I reurd'vn homme de profondeur, où elle vint | à défaillir. De cette façon furent deicouuertes ks mines de Potozi par la prouidence diuine, laquelle a voulu pour la félicité d'Efpagne, que la plus grande riche lie qu'on fçache , ôc qui la- mais ayt efté au monde, fuft cachée pour vrt temps, pour la defcouurir au temps que l'Em- pereur Charles le Quint , de glorieufe mémoi- re, tenoit l'Empire, les Royaumes d'Efpagne/ te la feigneurie des Indes. Incontinent après que la defcouuerture de Potozi fut cognuë aux Royaumes du Peru, plufieurs Efpagnoîs, ôc prefque la plus-part d^s bourgeois de la Gité d'Argent, qui eft à dixhui& lieues de Potozi, vindrent pour y prendre des mines, mefmesy vindrent plufieurs Indiens de diuerfes Prouin- ces, &fpecralement les Guayzadores de Porco, •li qu'en bref temps ce fut la meilleure ôc plus grande habitation de tout le Royaume. île la richeffe que F on a tir'ee & tire chacun tour du roc ou montagne âe Potozi . Chapitre VIL 3Ay efte plufieurs fois en doute s'il fe trouuoit aux hiftoires des anciens vne fi grande richefle de mines, comme celles que nousauonsveues denoftre Itempsau Peru. S'il yaeuiamaisaumonde des mines riches & renommées pourcçteffeft , ce jêhM* Il Plin.U.tf eaf.6. Hiftoire naturelle ont eue celles d'Efpagne, dont les Carthaginois ontioiiy, & du depuis les Romains ; lefquelles, . comme i'ay dit , ne font pas feulement eftimees & renommées par les liures profanes, mais aul- fi par les Efcritures fain&es. Celuy qui plus par- ticulierement fai& mention de ces mines, au moins que faye veu, eft Pline, qui efcnt amii en fon hiftoire naturelle: il fi trouue de l'argent prefyue en toutes Provinces, maûceluy d'Ejfagnee (lie meilleur detom, lequel cm fi fT s'engendre en vne terre fiente, ■aux montagnes E$agne, le/quels on commença fiuyr du temps de Hanmbal,fi voyent encor a prefent, CT retiennent encor les me/mes noms de ceux qui les def couvrirent. Entre ces mines , celle quedefcouuntBebel lo, qui en retient te nom encor autourd'huj , fut fort re- nommée , er dit-on quelle donnoit CT rapportoitfi gran- de riche fe afin matÛre Hanmbal, que chaque tour U* yecueilloit trois cens liures d'argent , O" tufques a main- tenant on a toufiours contmué-de trauailler a cette mi- ne, de telle forte quelle efi a prefent de mil cinq cens pat de profondeur cauee en la montagne. De fquels puits néanmoins ce fie grande profondeur, les Gafcom qui y trauaillent tirent l'eau qu'ils y trouuent four les ajfc- , cher, erycauermieuxàleuraifi, tout durantletemps t mctZT queleschandelleserhl»miereleurdurent,entclle.akn* Iraphia. dame qu'il femble que ce qu'ils en tettent (oit vne xmw~ n. lufques icy font les paroles de Pline, que \ ay des Indes. Liure IV. 142, voulu icy réciter de mot à mot, pour conten> ter dauantage ceux qui entendent que c'eft de mines, voyant que la mefme chofe qu'ils expe-- rimentent auiourdshuy? â efté excercee par les anciens. Et certainement la richeiFe de cefte mine d'Hannibal aux monts Pyrénées , eftoir grande & bien remarquable, laquelle les Ro- mains poiFederent, y ayans continué Ton ouura- *e iufquesau temps de Pline, qui fut comme rois cens ans. La profondité de cefte mine :ftoit de mil cinq cens pas , qui eft vn mil & de- ny , & fut fi riche au commencement, qu'elle /alloit à Ton maiftre par chacun iour trois cens iures, de douze Onces la liure. Mais combien jue cefte richeiFe ayt eflé grande , elle n'appro- he neantmoins à celle qui de noftre temps i'eîl retrouuee en Potozi. Car comme il appert >ar les regiftres de la maifon de la. çontra&a- ion de cefte Prouince, ôc comme plusieurs lommes anciens dignes de foy l'atteftent,au emps que le Licentié Polio gouuernoit cefte ^rouince , quifutplulieurs années après la def- :ouuertede cefte montagne, Ton enregiftroit ktir oit pour la cinquiefme, chacun Samedy, :ent cinquante & deux cens milpezes, dont le :inquiefme reuenoit à trente & quarante mil >ezes , ôc pour chacun an vn million ôc demy, )u peu moins. Tellement que fuiuant ce con- e Ton droit chaque iour de cefte mine, corn- ue trente mil pezes, dont il reuenoit au Roy >our la cinquiefme, fîx mil pezes par iour. ïl y a ncor vne chofe à mettre en auant , pour mon- trer la ri ch elle de Potozi, que le conte quia r .i***i:i.* Hiftoire naturelle efté fai& , n'eft feulement que de l'argent qui fi marquoit & quintoit, & eftchofe cognuëat Peru, que Ton avfélong temps en ces Royati| mes d'argent qu'ils appeiloient,courant,leque n'eftoit marqué ny quinte. Et tiennent pou -certain ceux qui cognouîent ces mines, quel ce temps, la plus gtande partie de l'argent qu l'ontiroit de Potozi, ne fe quintoit point, S eftoit celuy qui auoit cours entre les Indiens & beaucoup entre les Efpagnols, comme i lay veu continuer iufques à mon temps. Pa cela Ton peut bien croite, queletietsdelati chefïède Potozi, voire la moitié ne fe manife •ftoit, nynefe quintoit point. Il y aencor vn autre considération plus remarquable, en C que Pihïe met que Ton auoit fouy mil cinq cet pasencefteminede Babello, & que toufïoui Ton trouuoit de l'eau, qui eft- ce qui donne 1 plus grand empefehement qui foit à tirer 1 métal des mines. Mais en celle de Potozi, er cor que l'on y ayt fouy & caué plus de deu cens ftades ou hauteurs d'vn homme en pre fondeur, iarnais on n'y a trouué d'eau , qui e le plus grand heur de cefte montagne. Ma quoy ? les mines de Porco, dont le métal c trefbon&tref-riche, font auiourd'huy délai fées pour l'incommodité de l'eau qu'ils y oi rencontrée en y fouy flan t. Pour ce que ce foi deux trauaux infupportables en recherchant: métal, de cauer & rompre les roches, & d'e tirer l'eau tout enfemble. Le premier defquel à fçauoir de cauer la roche , donne afTez de pe îïq\ voire efl trop dur & trop exceffif. Final des Indes. UurelPZ 1^5 tient auiourd'huy fa Majefté reçoit pour (oit ijuint par chacun an^lVn portant l'autre, vn mil- 'ion de l'argent des mines de Potozi, fans l'au- be richelîe, qui luy vient de vif-argent, ôc au- nes droi&s Royaux, qui eftvn grand threfor. Quelques hommes experts ayans iuppiné les :ontes, difent, que ce que Ton a apporté à quin- :er en la caiTe , ou douane de Potozi, iufques en l'an mil cinq cens quatre vingts cinq, fe monte à cent millions de pezes d'eftay, dont chaque peze vaut treize reaux & vn quart , fans conter l'argent que Ton a peu tirer fans quinter , Ôc qui Sa efté quinte es autres calTes Royalies, ôc faos l'argent courat que l'on a mis en œuure au pais* qui n'eft point quinté,qui eit vne chofe innom- brable, combien que les premiers regifhes des quints nefoient pas fi clairement, ou intelli- giblement eferits, que font ceux d'auiourd'huys pour ce qu'aux commencemens , Ôc premiè- res defcouuertes , l'on faifoit la recepte par Ko- rnaines, tant eftoit grande l'abondance qu'il f en auoit. Mais par les mémoires Se recherches que Mil le Viçeroy Dom Francifque de Toile- de, en l'année mil cinq cens foixante&r qua- torze, fetrouua qu'il y auoit foixante ôc feiza millions, iufqu'en ladite année, ôc depuis le- dit an iufques a celuy de quatre vingts cinqia- clufiuement, il appert par les regiftres Royaux qu'il s'eft quinte iufques à trente cinq millions. L'on enuoya au Viçeroy ce conte de Potozi, en l'an que i'ay dit , lors que i'eftois au Peru , êc du depuis la richelle qui eft venue aux Hôtes da Peru ,eft montée à beaucoup dauantage. En h Hijîoire naturelle flotc où ie vins , de Tan mil cinq cens quatre ! vingts fept, ii y auoit onze millions qui vin-| drent aux deux flottes du Peru,&Mexicque,dôt I les deux tiers eftoienr en celle du Peru, & y en auoit prefque la moitié pour le Roy. l'a y voulu déduire cecy particulièrement , afin de faire| entendre la puiflance que la diuine Majefté a voulu donner aux Roys d'Efpagne fur les chefs defquels tant de Couronnes & de Royaumes ont efté amalFez, 6c lefquels par fpeciale fa- ueur du Ciel.ont joint les Indes Orientales auec les Occidentales, enuironnans tout le monde par leur puiflance. Ce que Ton doit croire eftre ainfî arriué par la prouidence de noftre Dieu 5 pour le bien de ces peuples qui viuentj fîefloignez de leur chef, quieftle Pontife Ro- main, Vicaire de Chrift noftre Seigneur, en la foy & obeïiîànce duquel tant feulement l'on Î>eut eftre fauué , & mefme pour la deffence de a foy Catholique & del'Eglife Romaine, en ces parties où la vérité eft tant oppugnee , ëc pour- iuiuie des hérétiques. Et puifque le Seigneut confoUt. Hem fùmusy fus fuit ille, iAim fondera refit, Gemmàjque >Utsre volenîes> Preaojàpericttlafodit? Auec raifon , il les appelle précieux dager, pour le grand trauail & péril auec lequel Ton tire les métaux, que les hommes eftiment tant. Pline pîm- &4h dit qu'en Italie il y a plufieurs métaux, mais que c^'4" • les anciens ne voulurent pas permettre cfy tra- vailler , afin de conferuer le peuple. Ils appor- toient ces métaux d'£fpagne ôc faifoient tra- uailler les Efpàgnols aux mines , comme tribu- taires. L'Efpagne en fait auiourd'huy tout de mcfme aux Indes, en-Ce quey ayant & reftant fans doute en Efpagne plufieurs mines de mé- taux, neantmoins ils ne les veulent pas cher- - cher, ny permettre qu'on y trauaille, à caufe des incôueniens , que l'on y voit chacun iour: mais ils les font apporter des Indes, où on les tire auec beaucoup de trauail , & rifque. Ce roc de Potozi contiens en foy , comme i'ay dit , quatre ; ^■u Hiftoire naturelle. veines principales , qui font la veine riche , cel- le de Centeno , celle d'Eftain , & celle de Men- ; dieta. Toutes ces veines font en la partie Orien- tale de la montagne, comme regardansleleuer. du Soleil : car en l'Occidentale il ne s'en trou- ueaucunej Lefdictes veines courent Nort & Sud 3 qui eft de Pôle en Pôle. Elles ont à l'en- droit le plus large fix pieds, & aupluseftroit vnepaulme. liy enad*autres de diuerfe façon qui fortentd'i celles veines, comme hs grands , rameaux des arbres , ont de couftume d'en pro-. . duire de petits. Chaque veineadiuerfes mines qui font parties ou portions d'elle-mefme, di-, dindes, & feparees entre diuersmaiflres, de**1 noms defquels elles font ordinairement appel- j lees. La grande mine contient quatre vingts^ verges, & ne peut contenir dauantage par Tor-4 donnance, & la moindre en contient quatre*." Toutes ces mines font auiourd'huy fort pro-: fondes. L'on conte en la veine riche foixante- & dixhuid minessqui font profondes de quatre vingts Ôc centftades, ou hauteurs d'hommes, voire en quelques endroi&s iufques à deu* cens. L'on conte en la veine de Centeno vingt quatre mines, dont quelques vnes s'aduancent iufques à feptante ou quatre vingts ftades,de pi ofond,& ainii des autres veines de cefte mon- tagne. L'on inuenta pour remède à cefte gran- de profondité,des mines qu'ils appellent focca- bones, qui font caues ou mines faidfces au pied de la montagne, lefquelles vont trauerfant iuf- ques à rencontrer les veines. Carl'ondoiten- tendre.que côbien que les veines couientNort, des Indes. Livre î V. 14 y & Sud , comme il a eflc dit5neantrrioins c eft eri rabaiiTant depuis le fommet iuiques au pied&. bas de la montagne , qui fera félon qu'on croit iparconié&urè 5plus de douze cens fiades.Etâ ce conte encor que les miness'eftendenten tel- le profondeur , il refte neantmoins encore plus de fix fois autant d'efpace, iufqucsà leur fonds & racine , laquelle, félon qu'ils difent j doit eftre tres-riche& abondante , comme le tronc & la fôurcede toutes les veinés. Combien que iuf- qu'auiourd'huy nous ayons veu le contraire par expérience , car tant plus haute & esleuee eft la veipeà lafuperficie delaterrejtantplusfetrou- ue riche;plus aufsi qu'elle va en profcndeur5l'on trouuë fon métal plus pauure, & moindre d'aï- loy. Cependant ilsinuenterent les Soccabons, par lefquels on entre & fort aifement , pour tra- uailler aux mines,auec moins de court , de peine Se de danger. Ils ont huièt pieds de largeur &c vne ftade de hauteur , & les ferment auec des portes ; L on tire par iceux les métaux fort faci- lement, en payant au propriétaire du Soccabon, le cinquiefmede tout le métal que l'on tire par iceluy. Il y en a défia neuf de faids:& autres que Ton a commencé à faire* L'on fut vingt neuf ans à faire vnSoccabon, qu'ils appellent,du venin; qui va fe rendre & donner a la v eine riche , ayant efté commencé en Tan mil cïnq cent cinquante; 'vnziefme année de la defcouuerte3& acheuc en i'an mil cinq cens quatre vints cinq,lvn{iefme iauril; Ce Soccabon rencontra la veine riche , a :rente cinq ftades près de la fource ou racine , 6é f'auoitde la où il rencontra i a veine iufques m T r I tJifioire naturelle faut & emboucheure de la mine , autres cent & trente cinq ftades. De façon qu'il falloit def ! cendre toute cefte profondité pour trauailler à la' mine. Tout ce Soccabon contient depuis for; ouuerture , iufques à la veine du CruferoJ qu'ils appellent , deux cent cinquante vergeSj à laquelle œuure furent employez les vingt- reuf ans de temps , qui ontefté dits a fin qu< Ton voye le grand trauail que prennent lei hommes pour rechercher l'argent aux entrail les de la terre. Cependant ils trauaillent en ce mines en continuelles ténèbres , & obfcuritc fans fçauoir aucunement quand il eft iour 01 nuiâ:. Or d'autant que ce font lieux queleSo- leil ne vifite aucunement , il n'y a pas feulemeni de perpétuelles ténèbres, maisaufsi y fait vn ex- trême froid, & y court vn air fi grofsier, & con traire à la nature & difpofition humaine, que le: hommes qui y entrent de nouueau,s'y eftour- dilfentcommedumaldela mer. Ce qui m ad uintà moy-mefme en vne de ces mines, oùi( fenty douleur de cœur , & fanglots d'eftomach Ceux qui y trauaillent feferuentde flambeaux & chandelles pour leur efclairer, en départant I< labeu r , & Touurage de telle forte,que ceux qu trauaillent le iour , y repofent la nu i&,& les au très au contraire les viennent efchanger , pou] trauailler la nuift & repofer le iour. Le métal ) eft cômunement dur, & à cefte caufe ils le tiren a coups de marteaux , le rompant & efclattan par force, comme fi c'eftoit vn caillou. Par âpre: ils montent ce métal fur leurs efpaules par dei efcheiles à trois branches , faites de cuir de va- âesjndes. Liure IV. 146 che retors , comme pièces de bois, qui fonttra- uerfeesd'efchellonsde bois : de forte qu'en cha- ' cune de ces efchelles, Ton y peut monter & des- cendre tout enfemble. Ces efchelles font lon- gues dedix ftades, & à la fin d'ieelles en recom- méce vne autre de la mefme longueur,commen- çant , & finilfant chaque efchelle a des éta- blies & plattes formes de bois, où il y a des fie- ges , & lieux pour fe reçofer, comme galleries; d'autant qu:il y a plufieurs de ces efchelles à inonter,boutabout. Vn homme y porte ordi- nairement, fur fes efpaules , le poids de deuxar- robes de métal, auec vne toiile attachée , en façon d'vne hotte,& y montent trois à trois. Ce- luy qui va deuant , porte vne chandelle attachée à fon poulce: car comme il eft dit , il n'y a nulle lumière du Ciel, & vontfe tenansa lefchelîe des deux mains pour monter fi grande efpace de hauteur , qui furpafle communément cent cin- quante ftades de hauteur , chofe effroyable , & qui donne fefpouuente feulement à y penfer, tant efl grand le defir d'argent , pour la recher- che duquel les hommes endurent tant de ffà* uail. Et certes ce n'eft point fans raifon que Pline traittant de celle matiere,s'exclame & dit ainfi; Nom entrons lufyues aux entrailles de h terre , ey dons fourfmuant les rubéfies m fque s aux lieux descon- ^f* f damne^ Et par après au meîme liure , il ditain> c7^'. '** Iv.Ceuxqut recherchent les métaux, fint les œuuresplus ]ue de géants , faifins des troua , çr mettes au vra~ fond delà terre > ferceans les montagnes fi auant , çy> profondément, à Ulueur des chandelles i mUit»** Hifioïre naturelle &* la nuiïl font seblables , çr en f lu-peuf s mois ne voyent autour, d'où bien fouumt il aduient , que les parotides mines fondent er tombent, accablans dejfoubs plufteurs des miniers qui y tramaient. Et en après il adioufte: ils entament U roche dure, auec des marteaux de fer, fe- fants cent cinquante hures, cT tirent les métaux fur leurs tfp*ulles-9trdH*ilUnsdeùur d'autant que comme i'ay dicl:,ils vfent peu de la fonte , mais affinent auec le vif argent qui efl de plusgrâd profit. Et pour ce que les proprietez du vifargent font admira- bles, & que cette manière d'affiner l'argent eft fort remarquable , ie traitteray du vif argent de fes mines & ouurage, & ce qui femblera con^ uenableacefujed. Des propriete^memeilleufes du vif argent. Chapitre. X. E vif argent ainfi appelle par les Latins , pour- ce qu'il coule &. fe gliiTe viftement d'vn lieu en autre,entre tous les métaux a de grandes & merueilleufes pro- prietez. La première , que combien que ce ioit vn vray métal, fieft-ce toutes-fois qu'il n'eft pas dur , & fi n'a point de forme arre- ftee,ny de confiftance comme, les autres me-» taux , mais il eft liquide & coulant , non pas comme l'or & l'argent fondu,ains de fa propre nature ; combien qu'il foit vne liqueur , il eft neantraoins plus pefant qu'aucun autre métal: c'eft pourquoy tous lesautres nagent defïus& ne vont point au fond, d'autant qu'ils font plus légers. I'ay veu mettre en vn baril de vif argent deux liuresdc fer, lefquelbs nageaient délias T iiij m M- Hiftoire naturelle j>lh. hb. 5j. comme fait du bois ou du liège fur leau. Pline ' met vne exception a cela, difant que l'or tant feulement s'y enfonce &nç nagepasdelTus:ie n'en a y pas veu l'expérience , mais parauenture cela procède de ce gue le vif argent naturelle- i ment circuit l'or & le cache dedans foy, quieft vne des plus importantes proprietez qu'il ait. Car il s attache à l'or d'vne façon merueilleufe, le cherche & le va trouuer la où il le fent , & ce non feulement , mais aufsiii l'enuironne & le ïoint de telle façon , qu'il le defpoùille &fepa-l re de quelconque métal & autre corps où il foie rnesle. Pour cefte raifon ceux-là prennent de lor qui fe veulent preferuer du dommage & des incommoditez duvifargent.L'on s'eft feruy j pour donner remède a ceux , es oreilles defquelsj on auroit mis du vif argent pour les faire mou rir i fècretement , de certaines petites platines d'or qu'on leur mettoit es oreilles, àcaufede laver-, tu qu'a l'or d'attirer le mercure. Et par après ils; tiraient les platines toutes blanches du vif ar-i gent quis'y efloit attache, Eftant vn iourâ1 Ma-| drilallé voir les ouurages exquis que Iacomo de ■Treço, excellent ouurier Milannois faifoit pour j fàinâ Laurens le Royal , iladuint queiem'yj trouuay le iour qu'ils doroient quelques pièces! d'vn contre -table qui eftoient la bronze , ce qui i fe fait auec vif argent. Et d'autant que la fumée I du vif argent eft mortelle , il me dift que les ou-; uriers fe preferuoient de ce venin en prenant vn doublon d'or roullé qu'ils aualloient , lequel éftanten l'eftomac attiroità foytout le vif ar- gent qui leur entrojt en fumçepaj* les yeux, pari des Indes. Liure. IV. 149 les oreilles, par les narrines& par la bouche , & par ce moyen fe garantiiToient du dommage du vif argent que l'or attiroit ainfi en leftomac, &iettoient en après le tout auec les excremens, chofe certes digne d'admiration. Apres que le Vifargenta purifié l'or , & qu'il la nettoyé & purgé des.autres métaux, & de tout meslange, il eft feparé luy-mefme d'auec l'or fonamy par la chaleur du feu,lequel le laifle du tout purifié & fans vif argent. Pline dit que par certain art & inuention l'on feparoit l'or d'auec le vif ar- gent, toutesfoisiene voy point qu'auiourd'huy l'on vfe de tel art , & me femble que les anciens n'ont point fceu & entendu que l'argent fc peuft affiner auec du vif argent , qui eft au* ïourd'nuy le plus grand vfage & principal pro- fit du vif argent , pour ce qu'il dit expreflement que le. vif argent nefe iointd aucun autre métal qu'a l'or , & lors qu'il fait mention d'affiner l'ar- gent il ne parle feulement que de la manière de fondre, d'où l'on peut inférer que lesanciem n'ont point cogneuce fecret. A la vérité iaçojt qu'entre 1 or & le vif argent il y ayt vne amitié & fympathie , neantmoins la où le vif argent ne trouue point d'or, ilfeva rendre à l'argent & fe ioint auec luy , bien que ce ne foit pas de telle -façon qu'il fait auec Tor. Mais en fin il le net- toyé, il le fepare d'auec la terre , le cuiure & îe plombjparmy lefquels s'engendre l'argent , fans qu'il foit befoin de feu pour le raffiner par fon- dure, encor qu'il fe faille feruirdufeu pour! feparçr d'auec l'argent, comme ie diray cya- près? ^e vif argent ne tient conte d&s autres Hiftoire naturelle métaux, horf-mis lof & l'argent :au contraire îl les-corrompt, les parforce & confomme, & les va fuyant tant qu'il peut. Ce qui eft aufsi vne chofe admirable, & pour cefte caufe l'on le met en des vafes de terre ou dâs les peaux d'animaux, d'autant que fi on le met dans desvahîeauxde cuiure, de fer,ou d'autre métal, aufsi tofl il les perce & corrompt , & pénètre aufsi toute autre matiere.C eftpourquoy Pline l'appelle le venin de toute chofes , & dit qu'il confomme & gafte tout. L'on trouue du vif argent es fepultures des hommes morts, qui après auoir confomme les corps, en fort fort net & fort entier. Il s'en eft mefme trouué dans les os & moiielle des hom- mes & des animaux,lefquels l'ayant receu en fu- mée parla bouche h parlesnarines,ilfecongel- le au dedans,& leur pénètre ainfi les os.Et pour - cec'eftvne chofe fort dangereufe de hanter Se fréquenter auec vne créature fi venimeufe & il mortelle. Il a aufsi vne autre propriété d e courir & faire cent mil petites goûtes , defquelles pour petites & menues qu'elles puiffent eftre, il ne s'en perd pas vne, mais vont retournant par cy par là fe ioindre auec leur liqueur. Et eft qua- ïi incorruptible,n'y ayant chofe prefquequile puhîe gafter,d'où vient que le mefme Pline 1 ap- pelle fueur éternelle. Ilaencorvne autre pro- prieté,c'eft que côbien qu'il foit celuy qui fepar- re l'or d'auec le cuiure,& de tous les autres me- taux,neantmoins ceux qui veulent dorer du cui- ure,du bronze ou de l'argent,fe feruét du vif ar- gent, pour eftre le moyenneur de ceft aflgmble- menn car on dore les métaux par fon ay de. En: des Indes. Lium I V. 150 cre toutes lesmerueilles de cefte eftrâge liqueur, celle qui m'a femblé plus digne deftre remar- quée , eft que combien qu'il foit la chofe la plus pefante du monde,neantmoins il fe tourne tota- lement en la chofe plus légère du monde,qui eft. la fumée par laquelle il monte en haut ayant elle conuertyen iceile, aufsi toft lamefme fumée, qui eft vne chofe Ci légère , fe retourne du tout en vne chofèfi pefante, comme eft la propre li- queur du vif argét: enquoyilfe refout :car cefte famée venant a rencontrer en haut le métal qui eft vn corps dur , ou bien venant à vne région froide , aufsi toft il s'efpaifsit & fe tourne en vif argent ; que fi l'on luy donne vne autre fois le feu , tout de mefme il fe retourne en fu-; mee pour fe refoudre encor en vif argét.Tranf- mutation vrayement eftrange d'vne chofe fi pe- fante en chofe Ci légère , & d'vne fi légère en vne 11 pefante , ce que Ton peut tenir pour chofe ra- re en nature. Et pour ce l'Autheur de la nature eft digne deftre glorifiéen toutes ces& autres eftrangesproprietezde ce métal , puifque toute chofe engendrée obeyt promptement à fes loix cachées & incogne u es. J>h lieu oh ton trome le vif-argen t , & comme l'on defeomrit ces très -riches mines en Gtsancauilca. ChnAPitre XI. E vif argent fe trouue en vne manière de pierre, laquelle donne & apporte aufsi tout enfemble ce vermeillon que 'ic^anciè/is appellerent Mimmç >. & encor au- MMÉDil Hifioire naturelle iotird'huy Ton appelle les images de enflai mi- niades , lefquels font peints auec du vif argent» Les anciens ont beaucoup fait d'eftat de ce mi* 1>*>\-<1* nmm , ou vermeillonje tenant pour vne couleur lacree, comme Pline raconte , difant que les' Romains auoient accouftumë d'en peindre la face de IupiterSff 'les corps de ceux quitriom- phoient en Ethiopie jmefmes les idoles &les Gouuerneurs aufsi auoient la face peinte de ce minium. Et que ce vermeillon eftoit tellement fcftiméàRome (lequel on y portoit feulement dEfpagne , oùilyauoit beaucoup de puits& «de mines de vif argent, qui y font encor au- îourd'huy) que les Romains ne permettoient pas que Ton laffinaft & accommodaft en Ef- pagne , de peur qu'ils n'en defrobaffent quel- que chofe , mais on le portoit à Rome , feellc, tout ainfien pierre comme ils le tiroient de la mine, puis l'affinoient. L'onyenapportoitpar chacun an de l'Efpagne , fpecialement de l'An- dalufîe , enuiron dix milliures, que les Romains eftimoientvneexcefsiue richeffe. I'ay rapporté toutcécy de cet Autheur , afin que ceux qui voyent auiourd'huy ce qui fe pafle au Peru, ayent le contentement de fçauoir ce qui s'eft pa (Té anciennement entre le plus punTants Sei- gneurs de l'vniuers. le le dy pour leslnguas, Roys du Peru,& pour les Indiens naturels d'ice* îuy , qui trauaillerent & fouyrent long temps es mines de vif argent, fans fçauoir ce que c'eftoitj du vif argent,& fans le cognoiftre , ny fans y re-; chercher autre chofe que le Cynabre ou ver- Hieilton , qu'ils appellent Limpy > lequel ils ef)zV des Indes. Dure. IV. î|X ment beaucoup, pour ce mefme efTed que Pli- ne a raconté des Romains, & des Ethiopiens,qui eft pour Te peipdre & teindre la face & le corp d'eux & leurs idoles;ce qui a efte beaucoup pra- tiqué par les Indiens,fpecialement quand ils al- louent a la guerre, de en vfent encor auiourd'huy quandils font quelques dances & fefteS", &ap- pellét cela febarbouiller,pour ce qu'il leur fem- bloit que les faces & vifages ainii barbouilles efpouuentoient beaucoup , & auiounThuy je tiennent pour vn ornement & mignardife. Pour cefte caufe il y a eu d'eftranges ouurages demi- très, aux montagnes de Guancauilca, qui font au Peru , proches de la Cite de Guamangua, def- quelles ilstiroient ce metal,& eft de la façon,que fiauiourd'huyl'on entre par les caues & Ïqccsl- bons, que les Indiens firent de ce temps là, tes hommes s'y perdent, &ne trouuent point de chemin pour en fortir : mais ils nefe Coudoient point du vif- argent , qui naturellement eft en k mefme matière , ou métal de vermeillon > ny ne cognoiffoient pcânt qu'il y euft au monde de telle matiere.Les Indiens n'ont paseftéfeuls qui ayentefté long temps fans auoir cognoiffance.de cefte richeffe , mais aufsiles Efpagnols ontefte' de mefme, iufquesa ce que en fan mil cinq cens foixante fix,& foixante f ept,que le Licentié Ca- ftro gouuernoit auPeru,l'on defeouu rit les mi- nes de vif arget, ce quiaduint de cefte façon. Vn home d'entendemét , appelle Henricque Guar- çes,Portugais de nation,ayant vn morceau de es métal colorë,que i'ay dit que les Indiensappel- knt Limpy,auec lequel ils le peignent le vifage Hiftoire naturelle comme illegardoit & contemploit , cogneut quec'eftoit la mefmechofe qu'en Caftille l'on appelloit vermillon , d'autant- qu'il fçauoit bien que le vermillon fe tire demefme métal que le vif argent , il conie&ura que ces mines de- uoient eftre de vif argent , & fe tranfportaau lieu d'où l'on tiroit ce metal,pour en faire l'efTay & l'expérience. Ce quil trouua eftre ainfï, & ayant de ceftefaçon efte defcouuertes les mines de Palcasau terroir de Guamangua,il y alla grâd nombre d'homes pour tirer le vifargent,& de là le portera Mexicque , où l'on affine l'argent par Je. moyen du vif~argent , dequoy plulïeurs fe font enrichis.Cefte contrée de mines , qu'ilsap* pèllentGuancauilca, des lors fe peupla d'Efpa- gnols& d'Indiens quiyarriuerent , &auiour- d huyyarriuent encor pour trauailler aTou- v rage de ces mines de vifargent , lefquelles font en grand nombre & fort abondantes. Mais fur toutes cesmines, celle qu'ilsappellent d'Ama- dor,deCabrera,autrement des Saints5eft belle & remarquable.C'elt vn rocher de pierre tres-du- re,toute femee de vif argent,& de telle grâdeur, qu'elle s'eftend plus de quatre vingts varresen Jongueur,& quarante en largeur,en laquelle mi- ne l'on a fait plufieurs puits & foifes de foixante Se dix ftades de profondeur?de forte que plus de trois cens hommes y peuuent trauailler tous en- femble tant eft grade fa capacité. Celte mine fut defcouuerte par vn Indien d'Amador de Ca- brera, appelle Nauincopa , du bourg d'Acoria* &lafitenregiftrer Amador de Cabrera en fon s, j des Indes. Liure IV. jji Hom. Il en fut enprocez contre le Procureur hTcal , mais par arreft Fvfufruid luy en fut ad- jugé, comme ayant eftë le defcouureur. Du depuis il vendit fon droict à vn autre , pour le prix de deux cens cinquante mil ducats, & par après ayant opinion qu'il auoit eflé trompé eu céfte vente, mit en ad ion l'acheteur, pour ce qu'ils difent qu'elle vaut plus de cinq cens mil ducats , voire quelques- vns tiennent qu'elle vaut bien vn million'; d'or : chofe rare , qu'il y ait vne mine de telle valeur & richeiîe ! Lors que Dôm Francifque de Tollede gouuernoit au Pcru , il y eutvn homme qui auoit efté en Mexicque, & remarqué comme Ton affinoit' l'argent , auec le mercure, appelle Pero Fernan - des de Veîafco , qui s offrit & s'ingéra d'affiner & de tirer l'argent dePotozi auec le mercure, & en ayant fait preuue en Tan mil cinq cens foi* xante & onze, en vint à fon honneur , ê lors on commença en Potozi à affiner l'argent auec le vif-argent que l'on y portoit de Guancauelic- qua, qui fut vn beau remède pour les mines : car par le moyen de ce vif-argent, l'on tira vn nom - bre infiny d'argent de ces métaux , dont ils ne faifoient point d'eftat , lefquels ils appelaient racleures. Car comme il a eftë dit3le vif-argent; purifie l'argent encor qu'il foit &c , pagure , & de peu dalloy , cequel'onne peut faire en le faifant fondre par le feu. Le Roy Catholique tire de l'ouuragedes mines du vif-argent , fans couft ny rifque aucune, prefque quatre cens milpezesdemine, qui font de quatorze reaux jhaçun, ou peu moin^ outre le droit qui luy w ffiftoire naturelle tiientènPotozi , où il eft employé, quieftvni. autre grade richeflè. L'on tire chacun an r ïvn portantl autre, de ces mines de Guancauilca , 8* mil quintaux de vif argent , & voire dauantage. De la fat m de tirer le vif argent , comme on en affine l'argent. Chapitre XII. ^g^y Ifcns maintenant comme 1 on tire le vif argent, & cômë auec luy Ton affine l'argent. L'ô prend la pierre ty ou métal, où fe trouue le vif argét, ê laquelle ils mettent au feu dedans des pots de terre , bien bouchez^presqu'ilsl ot premievement pillée & moullùe,de forte que ce métal ou pierre, venant âfe fondre parla cha- leur du feu,le vif argent s'en fe pare,& en fort eri enuiron fix ou fept mil quintaux de rif-argent, fans ce que l'on tire des lames, (qui eftleterreitre, &: ordure d^s premiers lauoirs des métaux, qui fe font en des chaudières.) Lcf- quelles lames ils bruilét & mettent en ces four- neaux pour en tirer le vif. argent qui demeure :enicelles. Et y a plus de cinquante de ces four- neaux en la ville de Potozi ,& en Tarpaya. La quantité des métaux que Ton affine ( comrrje quelques hommes expérimentez en ont fait le conte,; fe peut monter à plus de trois cens mil quintaux par an,des lames & terreftres defquels refondues & rafinees > l'on peut tirer plus de deux mil quintaux de vif argent. Or l'on doit fftiftoire naturelle fçauoir, qu'il y a diuerfes fortes de métaux pouJ ce qu'il y a quelques métaux qui rendent beau-l coup d'argent ôc côfomment peu de vif- argent! ôc d'autres au contraire qui confomment bcau-l coup de vif~argent,&: rendent peu d'argent, il 3 en a d'autres qui en confomment beaucoup , & rendent beaucoup d'argent, & d'autres qui con fomment peu de vif-argent,& rendent peu d'ar gent:& félon que les hommes rencontrent er ces métaux, ainil ils enrichifïent & appauurif fentenleurtraitte. Combien que le plus ordi naireméc il arriue, que tout ainfi comme le me> tai riche donne plusd'argent,auiîî il confomm< beaucoup plus de mercure, & le pauure au con- traire ainfi qu'il donne peu d'argent, il confom meauffipeu de vif-argent. L'on pile & meut premièrement le métal fort menu , auec dej mafles Ôc inftruments, qui frappent ôc pilent cette pierre,comme des moulins à tan, Ôc eftant le métal bien pilé, ils le faifentendes facsde cuiure , qui font Ôc rendent la poudre auffi def liée êc menue, comme ceux qui font faits d< foye de cheual , ôc fafsét ces facs lors qu'ils font bienaccommodez&: entretenus, trente quin taux en vniour ôc vne nuid, puis l'on met h poudre de ce métal , eftant faflee, en des caftons de buitrones, où ils la mortifient ôc defgraiftent auec de la faulmure , mettât à chaques cinquan- te quintaux de poudre cinq quintaux de fel, ôc font cela , pource que le fel defgraifle ce métal, & lefepare d'auec la terre ôc l'ordure qu'il a, à 6n que le vif-argent recueille plus facilement, & attire l'argent. Apres ils mettent du yif-ar: desjndes. Luire Jfr ^ g'ent en vn linge de Hollande cru, & ]e pre£ fent & expriment fur le métal, forrant le vif-ar- gent comme vne rofeé , en tournant Ôc méfiant toufiours cependant le métal, afin que ccfte ro- fee de vif-argent fe cômunique à tout. Auoarâ* uant qu'ils eulïènt inuenté les biiy trônes de feu Ton amaflbit ôc paiftriflbit plu/leurs ôc diuer- Bs fois le métal auec le vif-argent, dans de gran- des auges, ôc le laiflbientainfipofer quelques iours , puis retournoient à le remefler Se amaf- fer vne autre-fois , iufques à ce qu'ils penfoient que tout le vif-argent eftoitja incorporé auec 1 argent , ce qui tàrdoit vingt iours ôc plus , ôc quandil tardoitpeu,c'eftoit comme neuf iours. Du depuis l'on defcouurit, (comme le defir d'acquérir eft diligent) que pour abbreger le temps, le feu y aydoit beaucoup pour caufer que le vif-argent recueillift pluftoft l'argent, &ain(ulsinuenterent ks buy trônes, ou l'oit mettoit des cafles pour mettre le métal auec du fel & du vif-argent, ôc par deflbus met- toient le feu petit à petit en des fourneaux faits exprès , par defïous terre , ôc en l'efpace de cinq ou iix iours le vif- argent incorpore à foy l'ar- gent, puis quand ils cognoi/Tent que le mercure a ait fon dcuoir, rçaucirqu'iladutoutaffcm-.- blc 1 argent, fans laiiTer rien arrière, ôc qu'il s'en citimbu, comme fait l'efponge de l'eau, l'in- corporant auec foy, ôc le feparantdela terre, du plomb & du cuiure, auec lefqueîs ils s'en-' gendre, puis ils le tirent ôc feparentdumefmë rit-argent. Ce qu'ils font en eefte manière, ils jettent le métal en des chaudières , ôc vaiffcâu* V ij iJiftoire naturelle pleins d'eau, ou auec des moulinets ou roues," vont tournant tout à i'entour le métal , comme qui feroit delà mouftarde, ôc lors va fortant la terre & ordure du métal, auec l'eau qui court; Ôc l'argent & vif-argent, comme plus pefans demeurent au fond de la chaudière , & le métal qui demeure eft comme du fable : delà ils le ti- rent ôc portent lauer vne autre fois auec de| grands plats de bois en des cuues pleines d'eau, &làilsacheuent défaire tomber la terre, làif| fant l'argent ôc vif argent feuls. Toutesfois il ne laifle pas de couler quelquefois vnpeu d'ar- gent ôc vif- argent auec la terre ôc ordure , ôc eft ce qu'ils appellent relaué, lequel ils approufi- tent par après , êc en tirent ce qu'il refte. Apres donc que l'argent ôc vif-argent font nets, ôc\ qu'ils commencent à reluire à caufe qu'il n'y refte plus de terre, ils prennent tout ce métal lequel eftantmis dans vn linge, ils le pre(Tent& expriment très-fort, & par ce moyen fort tout le vif-argent qui n eft point incorporé auec l'ar- gent, & demeure le refte fait comme vnpain d'argent, ôc vif- argent, ainfi que demeure le marc des amandes quand [elles font prefTees pour faire de l'huyle , Ôc eftant ainfi bien prciTé, le marc qui demeure contient en foy feulement la fixiefme partie d'argent , ôc les cinq autres de mercure; tellement que s'il refte vn maredej foixante liures, les dix font d'argent , ôc les cin-i quante de vif- argent. De ces marcs ils font desi pines qu'ils appellent, ou pommes de pin, en la; façon de pains de fucre, creufes par dedans, lef- quelles ils font ordinairement de cent liures des Indes. Liure IV. ijç pefant, puis pour feparer l'argent d'auec le vif- argentjes mètrent au feu violenr, où ils les cou- urentd'vn vafe de terre, à la façon d'vn moule à faire hs pains de fucre qui font comme capu- chons, ôc les couuranr de charbon, leur don- nent le feu, par lequel le vif- argent s'exhale en fumée, ôc rencontrant ce capuchon de ter- re, là s'efpafik Ôc diftille ainfi que fait la fumée dupotaucouuercle, ôc par vn canal en façon d'allembicq, Ton reçoit tout le vif-argent qui fe diftiiie , demeurant l'argent feiil , lequel ne fe change en la forme & figure, mais aux poids il diminue de cinq parts moins quauparauant,Ôr demeure crefpu ôc fpongieux, qui eft vne chofe digne de voir. De deux de ces pines Ton fait vne barre d'argent , du poids de foixante cinq ou foixante fix marcs,& de celte façon ils la por- tent eflayer , quinrer ôc marquer. L'argent tiré auec le mercure eft fi fin , que iamais il n'abaifîe de deux mil trois cens quatre vingts d alloy , ÔC eft fi excellent que pour le mettre en œuureles Orfeures ont ont befoin de labaifler d'aîîoy, en y mettant de la foulde, ou meflange, corne aufll Ton fait es maifonsde la monnoye, où l'argent fe met en ceuure fous le coing. L'argent endure tous ces tourmens ôc martyrs (s'il faut dire ain- fi) pour eftre affiné : que filon confiderebien, c'eflvn amas tout formé, où Ton meut, l'on s'af- fe , Ton paiftrit , l'on fait le leuain , 6c l'on cuit l'argent: outre tout cela, l'on le laue,telaue,cuir9 & recuit, parlant par les pilions, facs, auges buy trônes, chaudieres,batoirs5preffoirs. fours, & finablement par l'eau ôc par le feu. le dis ceey Y "J "jEcclef.%. Vfal. II. Hifîoire naturelle pour-ce que voyant cet artifice en Potozi,iç j confiderois ce que diti'Efcriture des iuftes,que: CoUbit eos , çr purgahit quafi argentam , ÔC ce quel- j le dit en autre part , Sicut argentum purgatum terr* \ purgatum feptuplum. Tellement que pour purifier l'argent , l'affiner & le nettoyer de la terre ôc pierre où il s'engendre, Ton le purge & purifie îep t fois : car en effecl: ils le tourmentent ôc paf- fent par les mains fept fois, voire dauantage, iufques à ce qu'il demeure pur & fin, ce quieft de mefme en la doctrine du Seigneur, Ôc doi- vent eftre telles , & ainii purifiées les âmes , qui doiuent participer ôc ioiiyr de fa pureté diuine. lk Pes engins à moudre les métaux > &deïeffay de l'argent. Chapitre XII î. é^Our conclure cette matière ôc fujed "de l'argent ôc des métaux, il nous refte W^deux chofes à 6c cou- leur. Pour celle occafîon les Romains , félon qu'eferit Pline, les appelîoient Vnions. Quand il aduient que l'on en trouue deux qui fe reiïem- blent du rout, ils haulfent beaucoup de prix, fpecialement pour des pendants d'oreille. l'en ay veu quelques paires qu'ils eftimoie.nt a mil- liers de ducats, encore qu'elles ne fu lient pas de la valeur des deux perles de Cleopatra, desquel- les Pline raconte que chacune valoit cent mille ducats, auec lefquelîes cède folle Pvoyne gagna la gageure qu'elle auoit faite contre Marc An- toine , de gafter , & defpenfer en vn fouper plus de cent mille ducats , d'autant que fur le deifert elle mitvne de ces perles en de fort vinaigre, puis après la perle eftantdidoute auec le vinai- gre , elle la beut ainiî. Ils dikm que l'autre per- llîfloirè naturelle le fut coupée en deux, &mife au Panthéon de Rome , aux pendants d'oreille de la ftatuede Venus. Efope raconte de Clouis fils du bafte- leur ou comédien , qu'en vn banquet il fit pré- senter aux conuicz, entre les autres mets, à cha- cun vne perle riche, duToute en vinaigre, afin de xendre lafefle plus magnifique.Ce font efté des folies de ces temps -là, mais celles d'aujourd'huy ne font pas moindres,attendu que nous voyons non feulement les chapeaux 8c les cordes, mais auflï les bottines à 8c lespattins des femmes de baffe condition, eftre tout femez de broderie de perles. Onpefche des perles en diuers endroits des Indes: mais la plus grande abondance eft en la mer du Sud , proche du Panama , ou font les îfles qu'ils appellent pour cefte occafion , les Ifles des perles. Mais Ton en tire aujourd'huy en la mer duNort en plus grande quantiré, 8c de meilleures, qui eft proche de la riuiere qu'ils appellent , de la hache. le vis là comme Ton en faifoit la pefche , qui fe fait auec afTez de couft,. & de trauail des pauures efclaues, lefquels fe plongét fix, neuf, voire douze braffes en la mer, à chercher les huiftres, lefquelles ordinairement font attachées aux rochers & grauier de la mer. Ils les arrachent delà, 8c 0 en chargent pour re- uenir fur l'eau, 8c les mettre en leurs canoës, où ils les ouurét après pour en tirer le threfor qu'ils ont dedans. L'eau de la mer eft en cet endroit tres-froide, mais encore ce leur eft beuaucoup plus grand trauail de retenir leur haleine quel- quefois vn grand quart d'heure , voire demie! heure, en failant leur pefche* £tafin que eeà desjndes. Liure IV. j^o jpauures efclaues puifïent mienx retenir leur ha-» leine, ils leur font manger des viandes feiches, & encore en petite quantité -, tellement que l'a- uarice leur fait faire ces abftinences ôc conti- nences contre leur volonté. L'on met des perles en reuure en diuerfes façons , ôc les perce-ton pour faire des chaines, ôc y en a jà grande abon- dance en quelque lieu que cefoit. £n Tan 1^87. ievids au mémoire de ce quivenoit des Indes pour le Roy, qu'il y auoit dix-huicl: marcs de perles, ôc encores trois caftons dauantage, Et pour les particuliers il y en auoit mil deux cens îôixante ôc quatre marcs , & outre tout cela, fept fachets qui n'eftoient point pefez,cequ on eufï: tenu en autre temps pour fable. D h pain des Indes, & du mays. Chapitre XVI. Aintenant pour traitter des plantes nous commencerons à cel- les qui font propres &particulie- res es Indes; & puis après de celles I qui font communes aux Indes, & — à l'Europe. Et pource que les plan- tes ont efté créées principalement pour 1 entre- tien de l'homme; ôc que la principale dont il prend nourriture , eft le pain, il fera bon de dire quel pain il y a aux Indes, &dequoyiIsvfentà faute d'iceluy. Ils ont comme nousauonsicy, jnnompropre, par lequel ils defïgnent ôc £- *~-% Hifioire naturelle gnifient le pain, qu'ils difent au Peru, Tanta, Se en d'autres lieux d'vne autre façon. Mais la qua- lité & fubftance du pain dont ils vfoient aux In- des , eft chofe fort différente du noftre , pourcé qu'il ne fetrouue qu'il y euft aucun genre de frornent5ny orge, ny mil, ny de ces autres grains dont on fe fert en Europe à faire du pain,au lieu de cela ils vfoient d'autres fortes de grains & ra- cines, entre lefquels lemays tient le premier lieu,& auec raifon legrain qu'ils appellét mays, que l'on appelle en Caftille, bled d'Inde, & eu Italie, grain de Turquie. Et ainu comme le fro- ment eit le plus commun grain pour Mage des hommes, es régions de l'ancien monde, qui font Europe, Afie & Afrique; ainfl aux endroits du nouueau monde le grain de mays eft le plus commun, & qui prefque f'eft trouué en tous les Royaumes des Indes Occidentales , comme au Peru, en la neuue Efpagne, au nouueau Royau- me , en Guatimalla , en Chillc , en toute la ter- re ferme. le ne trouue point qu'anciennement éslfles de Barlouente, qui font Cuba, faincT: Dominique, lamaycque, &c faincT: Iean, ils vfaf- fent du mays, aujourd'huy ils vfent beaucoup de là Yuca, & Caçaui, dequoy nous traiterons incontinent. le ne penfe point que le grain de mays foit inférieur au froment en force , ny en fubftance,mais il eft plus chaud,& plus groÂîer, & engendre beaucoup defang,d'où vient que ceux qui n'y font point accouftumez s'ils en mangent trop, ils deuiennent enflez & ro- gneux. Il croift en des cannes , ou rofeaux , cha- cun defquels porte vne ou deux grappes, auf- quelles desjndes. Liure IV. quelles le grain eft attaché 5 ôc combien quele grain en foir aflez gros, -fi eft-ce qu'il [y en trou- ue en grande quantité ; teljemet qu'en quelques grappes j'ay conté fept cens grains. Il le faut fe- mer à la main vn à vn, & non pas efpars. Il veut: la terre chaude & humide, ôc en croift en plu-, fïeurs lieux des Indes en fort grande abondance^ & n'eft point chofe rare «n ces pays de recueillir trois cens fanegues ou mefures d'vne feule de femence. Il y a de la différence entre le mays, comme il y en a entre le froment , l'vn eft gros* &fortnourriirant; &Tautre petit &fec, ou'ils appellent moroche. Les feuilles & la canne1 ver- te du mayseft vn manger fort propre pour les mules &pour les chenaux, & leur fcrt suffi de pailje quâd elle eft feiche j le grain en eft de plus de iubftance ôc nourriture pour ks cheuaux, que n'eft pas l'orge. Ceftpourquoy ils ont ac- couftumé en ces pays de faire boire lesbeftes auant que leur donner à manger: car fi éks beuuoienr après, ce feroitpour les faire enfler comme elles feroient ayant mange du froment! Le mays eft le pain desIndes, Ôc le mangenc communemét bouillyain/ï en grain tout chaud, ,& l'appellent mote, comme les Chinois ôc Jap- pons mefmes mangent le ris cuit auec foneau Chaude, quelquefois le mangent rofty. Il y a du mays rond& gros comme celuy deLucanas, |que les Efpagnols mangent rofty comme viande iehcieufe, ôc a meilleure faveur que lesguar- fenfes, ou pois roftis. Il y avne autre faconde f c manger plus delicieufe , qui eft de mouldre k pays, & en ayant amaffé la fleur, enfairedepe- X k — ■ 1 -ffl r pli». I H 11. Hiftoire naturelle tits tourteaux qu*ils mettent au feu , qu'on a ac* . couftumé deprefenter tous chauds à la table, if En quelques endroits ils les appellent Arepas. || Ils ront mefme deceftepafte des boullesron- I des, & les acc'ouftrent dVne façon qu'ils durent I j & fe conleruent long tcmps,les mangeant corn- i ; me vn mets délicieux. Ils ont inuenté aux Indes jj (pour friandife & délices) vne certaine façon de j j paftez qu'ils font deceftepafte & fleur auecdub) fucre, lefquels ils appellent bifeuits , & mellin*! dres. Le mays ne fert pas feulement aux Indiens! de pain , mais aufîî il iert de vin : car ils en font! leur bouton , de laquelle ils fenyurent pJuftoftJ que de vin de raifins. Ils font ce vin de mays en! diuerfes façons , Tappellans au Peru , Acua, &jl pour le nom le plus commun es Indes, Chicha.1 Le plus fortfe fait en façon de ceruoife , met- tant tremper premièrement le grain de mays iufques à ce qu'il fe creue > par après ils le cuifent dVne telle façon, & deuient fifort, qu'il en faut peu pour abbatre fon homme. Us appellent ce- ftuy là auPeru, Sora, & eft vn breuuage def fendu par la loy, à caufe des grands inconueniéi qui en prouiennent, enyurant les hommcs.Maii cefte loy y eft malobferuee, d'autant qu'ils n< laiflent point d'en vfer, ains partent les nuic"t! & les iours entiers à en boire en dançans & bal lans. Pline raconte que cefte façon debreuua gc , qui eftoit de grain trempé, ôc cuit par après auec lequel on Penyuroit , eftoit anciennemen en vfage en France , en Efpagne , ôc en d autre Prouinces , comme au jourd'huy en Flandres il yfent delà ceruoife faite de grain d orge. Il jl des Indes. Liure IV. itfz vnê autre façon de l'Acua, ou Cracha, qui eft de mafcherlemays, &: faire duleuain de ce qui a eftéainfi mafché, après le faire bouillir, voire eft l'opinion des Indiens, que pour faire de bon Jeuain il doit eftre mafché par des vieilles pour- ries , ce qui fait mal au cœur àl'ouyr feulement toutefois ils ne laiiîent pas de le boire. La façon la plus nette , la plus faine , & qui fait moins de dommage, eft de roftircemays, qui eft celle dont vfent les Indiens les plus ciuiliiez, & quel- quesEfpagnols3mefme pour médecine: car en efFe<5t- ils trouuent que c'eft vne fort falubre boiiîon pour les reins, d'où tient qu'es Indes à peine fe trouue il aucun qui fe plaigne de ce mal de reins , à caufe de ce qu'ils boiuent de ce Chi- eha. Les Efpagnols & Indiens mangent pour ffiandifes ce maysboiïilly, ourofty, quand il eft tendre en fa grappe comme laict , ils le met- tent au pot, & en font desfaulfes, qui eft vn bon manger. Lesrejettons du mays font fort gras, & feruent au lieu de beurre &d'huil!e$ tellement que le mays es Indes fert aux hom~ mes & auxbeftesdepain, devin, &d'huillé. Pour cefte raifon le Viceroy Dom f rancifque de Tollede difoit que le Peru auoit deux chofes fiches, & de grande nourriture, quieftoientlé mays & lebcftial du pays. A la venté il auoit' raifon, d'autant que ces deux chofes yfetuenc de mil. Iedemanderay pluftoft que iè neref- ondray , d'où a efté porté le premier mays au* Indes, & pourquoy ils appellent en Italie ce' çrain tant profitable a grain de Turquie : car à h r frite ie rie trouue point que les anciens faftenl Xij Htfloire naturelle mention de ce grain , combien que le mil ( que I Pline efcrit eftre venu de l'J nde en Itaiie,y auoic | dix ans lors qu'il efcriuoit ) ay t quelque refTem- 1 blanceauec iemays, en ce qu'il dit que c'eft vn I grain qui naift en rofeau, &: fe couure de fal feuille, ayant le coupeau comme des cheueux,! Se en ce qu'il eft fertile. Toutes lefquellescho- fes ne-fe rapportent pas au mil. En fin le Créa- teur a depany & donne à chaque région ce qui luyeftoitneceiTaire. A ce continent ri adonne le froment, qui eft le principal entrerenement des hommes; & au continent des Indes il a don- né le may s , qui tient le fécond lieu après le fro- ment, pour l'entretenement des hommes & des animaux. Des-XucASfCaçauiy Papas -jCh/tnes&d»Eis. Chapitre XVII. j N quelques endroits des Indes Ton vfe j'dVri genre d, pain qu'ils appellemCa- .^cau: ; lequel fe fait dvne certaine raci- ^ qu'ik appelant Yuca. L'Yuca eft vne grande & girofle racine qu'ils coupent en petits mor- ceaux, la râpent, puis la mettant comme en vne preiïe', il i'efpreignent pour en faire vne tourte defliee&r grande, de la forme prefquc d'vne rar- miç ou bouclier de More , puis après ils la font feicher , èc eft le pain qu'ils mangent. Ceft vne chofe fans gouft, mais qui eft faine, & de bonne nourriture. Pour cefteraiton nousdifions, eitas à S. Dominique, quec'eftoit le propre manger des gourmands; car l'on en peut manger beau- i coup, fans craindre que l'excès en faite mal. Il des Indes. Liure 1 V. }tre petit* i l'vnneft que de l'herbe ,& l'autre eft défia en grain; Ôc combien qu'on y aytmené éts labou- i reurs pour voir fils y pourroientvfer de 1-agri- | culture du bled, fiefUce qu'ils nyont trouué ; aucun moyen de ce faire, pour la qualité de la i terre. On y apporte de la farine de la neuue £{- j pagne , ou des Canaries , laquelle eft fi humide, qu'à peine en peut-on faire du pain qui foit pro- j fuable, & de bon gouft. Les hofties quand nous \ difions la Meife, lé plioient comme & c'euft efte du papier mouillé; ce qui eft caufé par *''»"*! me humidité & chaleur qu'il y a tout cnfemble en cefte terre. Il y a vn autre extrême, & con- traire à ceftuycy, qui eft qu'en quelques en* droits des Indes il n'y croift de mays, ny de fro- ment, comme eft le haut de la Sierre du Peru & !es Proujnces qu'ils appellent de Collao, qui eft la plus grande partie de ce Royaume, où la tem- pérature eft fi froide & fi feiche , qu'elle ne peut endurer qu il y croûfe du froment , ny du mays; au lieu dequoy les ïndiés vfent d' vn autre gén- ie de racines qu'ils appellent Papas, Iefquellcs font de la façon de turmes de terres , qui font petites racines, & iettentbien peu de feuilles. Ils cueillent ces Papas, & les laiifent bien fecher au foleil, puis les pilans, en font ce qu'ils appel- lent Chuno, qui fe côferue ainfi plufieurs îours, & leur fert de pain. Il y a en ce Royaume fort grande traitte de ce Chuno pour porter aux mi- |6« de Potoçij on mange mefme ces Papas ainfi des Indes. Liure IV. i^ fraifches, bouillies, ourofties, ôc desefpeces d'icelles yen a de plus douce, fcquicroiftés lieux chauds, dont ils font certaines fauftes&r hachis qu'ils appellent Locro. En fin ces racines font tout le pain de cefte terre -, tellement que quand l'année en eft bonne, ilsf'en refiouyifenc fort , pourcc qu'arTez fouuét elles fe gellent de- dans la terre, tant eft grand le froid & intempc- rature de cefte région. Ils apporter les mays des vallées , ôc de la cofte , ou riue de la nier, 3c les Efpagnols qui font friands, font apporter des mefmes lieux de la farine de bled,laquelle fe cô- ferue bien , ôc fen fait de bon pain , à caufe que la terre eft feche. En d'autres endroits des Indes comme es Mes Philippines, ils fe feruent de ris au lieu de pain,dont il y en croift de fort exquis? & en grande abondance en toute cefte terre; ôc en la Chine , où il eft de bonne nourriture, ils le cuifent en des pourcellaines , Ôc après le meflét tout chaud auec fon eau parmy les autres vian- des: ilsfontmefmedeceris en beaucoup d'en- droits leur vin & breuuage , le faifant tréper, ôc puis bouillir corne l'on fait labicrc en Flandres, ou l'Acua au Peru. Le ris eft vne viande qui n'eft gueres moins commune , ôc vniuerfelle en tout le monde que le fromét & le mays , ôc parauen- ture encore l'eft-il dauantage:car outre ce qu'ils cnvfent en la Chine, an lapon, es Philippines, &en la plus grande partie de l'Inde Orientale, c eft le grainqui eft le plus commun en Afrique Ôc en Ethiopie. Le ris demande beaucoup d'hth» midité , & prefque vne terre toute ré prie d'eau, comme vne prairie. En Eaçope . au Peru , ôc en Hifloire naturelle Mexique, où ils ont fvfagedu bled, on mangé le ris pour vn mets & viande, & non pour pain, ôc lecuifent auec du laid, ou du bouillon du pot, ou d'vne autre manière. Le ris le plus ex- quis eft celuy qui vient des Philippines ôc de la Chine, comme il a efté jà dit; ôc cecy fufrife pour entendre généralement ce que l'on mange es Indes au lieu du pain. De dinerfes racines qui croijfent es Indes. Chapitre XVIII. ||3| Ombun que la terre de deçà foie '*$$ plus abondâte ôc plus fertiîe en trui&s H$ qui croiiTent fur la terre , à caufe delà grande diuerfîté des arbres fruictiers, Se des iardinages que nous auonsj neantmoins quant aux racines ôc autres chofes cronTants deiïbubs la terre, dont l'on vfe pour viande, il me femblequ'ily en a plus grande abondance par delà : car de ces efpeces de plantes nous auons bien icy véritablement des raues, des na- ueaux, des paftenades, des chicorées , des ci- boules, des aulx ôc quelques autres racines pro- fitables: mais en ce 'pays -là il y en a tant de di- uerfes fortes, que ie ne les pourray conter. Cel- les desquelles maintenant il me fouuient, outre le Papas qui eft le principal, il y a les ocas, yano- cocas, camotes, vatas , xiquimas , yuca , cochu- cho, caui, totora, mani , ôc vnc infinité d'autres efpeces, côme de patattres,lefquelles on man- ge comme vne viande délicate Ôc favoureufe. On a de mefme apporté aux Indes des racines desjndes. Liure IV. 16$ de par deçà , lefquelles ont cela de plus, qu elles y profitent ôc fructifient dauantage que ne font pas les plantes des Indes , quand elles font ap- portées en Europe : la caufe en eft corne le croy damant que par delà il y a plus de diuerlttez de température que non pas par deçà, pourraifon dequoy il eft aifé d'efleuer, & nourrir les plâtres en ces régions, & de les accômoder à la tempe- rature qu'elles requièrent*; Ht mefrn'e les racines Ôc les plantes qui y croirTênt, fans y auoir eitc portées, y fo nt meilleures que par deçà ; car les oygnons,les aulx, ôc les paftenades, ne font pas telles en Efpagne , qu'elles font au Féru : pour les naueaux , ils y font en (I grande abondance, qu'ils ont augmenté en quelques endroits de telle façon , que l'on m'a affermé qu'ils n y pou- uoient efpuifer l'abondance, Ôc force des na- ueaux , qui y pulluloient ainfî pour y femer du bled. Nous auôs veu aflèz de fois des raues plus grottes que le bras d'vn homme, fort tendres ôc debongouft, ôc de ces racines que-i'ay dites, quelques vnes feruét pour viande, &: manger or- dinaire, corne les camotes , lefquelles eftant ro- fties,feruet de fruit,ou de légumes ,Ily en a d'au- tres qui leur feruent de délices , cô me le cochu- cho, qureftvne petite racine douce, que quel- ques vns côfilTent pour plus grande delicateiîe, Il y a d'autres racines qui font propres pour ra- fraifehir, comme la xiquima qui eft d'vne quali- té fort froide & humide, ôc en temps d'Efté ra- fraîchit , ôc eftanche la foif, mais les Papas ôc les oças font les principales pour la nourriture , ôc fubftance. Les Indiens eftiment l'ail fur toutes Hiftoire naturelle * les racines de r£urope,& le tiénét pour vn fruit de grande efficace. En qupy ils n'ont pas faute «le raik>n,pource qu'il leur conforte & efchauffe Teftomach, à caufe qu'ils le mangent d Vn appé- tit, & ainfi crud, comme il fort de la terre. Ve plujîeurs fortes de verdures, & légumes, & de ceux quils appellent concombres opines. ou pommes de pin, petits fruits de Çhillé, & des prunes. Chapitre XIX. Vis que nous auons commencé par les moindres plantes , ie rxourray toucher en peu de paroles ce qui concerne les verdures , & les porees , 6c ce que les Latins appellét ^rfo/^fans toucher encor rien des aibres. Il y a quelques genres de ces arbrif- feaux ou verdures aux Indes, qui font de fort bon gouft. Les premiers Efpagnols nommèrent heaucoup de chofes des Indes des noms d'Efpa- gne prins des chofes à quoy ils reflembloient le pluSjComme les pines, concôbres & les prunes, combienquecefuiTentàlavefitédes fruits di- uers & fort differens, fans comparaifon,de ceux d'ffpagne, qui s'appellent ainfî. Lespinesou pommes de Pin, font de la mefme façon & figu- re extérieure, que celles de Caftille : mais au de- dans elles differét du tout, pource qu'elles n'ont point de pignôs, ny d'efcailleSjmais le tout y eft vne chair,que l'ô peut manger quadTefcorceça eft dehors, àc eft vn fruit qui a l'odeur fort excel- des Indes. Liure IV- 166 Jente,&: eft fore favoureux & délicieux au gouft. Il eft plein de fuc, & a la faueur d'aigre- doux, ils le mangent l'ayant couppé en morceaux, & laif- fé tremper quelques temps en de l'eau Ôc du fel. Quelques-vns difent qu'il engendre la choiere, & que l'vfage n'en eft pas trop fain. Mais ie n'en ay peint veu~aucune expérience qui le puifl'e fai- re croire. Elles naiflent vneàvne, comme vne canne ou tige qui fort d'entre plufîeurs feuilles, comme le lys , combien qu'elle foit vn peu plus grande, & plus grotte. Le haut &: couppeau de chaque canne eft la pomme, elle croift en rerres chaudes & humides , cV les meilleures font cel- les des Ifles de Barlouente. Il n'en croift point au Peru, mais l'on y en apporte des Andes, lef- quelles toutesfoisnefont ny bonnes, ny bien meures. L'on prefenta vne de ces pines à l'Em- pereur Charles, qui deuoit auoir donné beau- coup de peine ôc de foucy à l'apporter des In- des , ainfî auec fa plante a car on ne Teuft peu au- trement apporter: toutesfois il n'en voulut pas cfprouuer le gouft. I'ay veu en la neuue £f pagne de la conferue de ces pines , qui eftoit fort bône. Ceux qu'ils appellent concombres,nc font point arbres non plus, mais feulemét des arbrifTeaux, parce qu'ils n'ôt qu'viran de durée. Ils îuy don- nèrent ce nom, pource que quelques-vns de ces fruits , & la plus part font en lôgueur & en ron- deur femblables aux concôbres d'£fpagne,mais au refte ils font beaucoup differéts , parce qu'ils nont pas la couleur verde,mai s violette,ou iau- ne,ou blanche, &ne font point efpineux, ny Ica- Lreux,mais fort vnis Ôc polis,ayansJe gouft très Hlfioire naturelle €?i£Fercnt& trop meilleur que le eoncobre d'Ef- pagne : car ils ont vn aigre- doux fort favoureux «uiand ils (ont meurs, cùbien que ce fruidt n'ait jasle goufl fî aigre , corne la Pine. lis font fort frais, pleins de fuc , & de facile digeftion, & en temps de chaleur font propres pour rafraifchir. L'on en ode iefcorce qui eft blanche, ôc tout ce qui relteeft chair. Ils croifïenten vne terre tempérée, & ., veulent eftre arroufés, ôc en- cor que pour la reffemblance ils les appellent concombres, il y en a beaucoup neantmoins quifont ronds du tout, Ôc d'autres de différen- ce façon, tellement qu'ils n'ont pas mefme la figure des concombres. Il ne me fouuient point auoir veu de cède forte de plante en la neuuc Lfpagne, ny aux Ifies, mais bien aux Lanos du Peru. Ce qu'ils appellent petit fruid de Chillé, etë de mefme fort plaçant à manger, êc tire prefque au gouft de cerifes, mais en tout le refte il eft fort différent, d'autant que ce n'eft pas vn arbre, mais vne herbe, qui croifl peu, ôc s'efpand fur la terre, iettant ce pe- tit fruicl: , qui en couleur ôc grains reiTemble quafl, ôc approche des meures quand, elles font blanches, encore à meurir, bien que ce fruicl; foit plus rude, ôc plus grand que les meures. Ils difent que ce petit fruict- fe trouue naturelle- ment aux champs en Chillé, où i'yenayveu. L'on la feme de plantes Ôc de branches, ôc croift comme vn autre arbriiïeau. Ce qu'ils appellent prunes , font véritablement fruids d'arbres, & ont plus de reffemblance que les autres, aux vrays prunes. Il y en a de diuerfes fortes , dont des Indes. Liure 1^ \6j ils appellent les vnes prunes de nicaragua, qui font fort rouges & petites, & ont fort pends chair au defîus du noyau,mais le peu qu'ils tien- nent, eft d'vn gouft exquis , ôc d'vn aigret auffi bon ou meilleur que ceiuy des cerif es. L'on efti- me ce fruict eftre fort fain , qui a voyagé en beau- coup & diuers endroits, nous ayt recité qu'eri desdefertsde l'Iile Iamaycque,ilauoittrouué des arbres, où croiiToit du Poivre. Mais Tort neft point encor certain quefenfoit, & n'y a des Indes. Liure /f; psint mefme de traitte de ces efpiceries aux Iîî- I des. Le Gingembre fut porté de l'Inde à TEfpa- gnolie,& y a multiplicde telle façon,que Ton ne (çauroit auiourd'huy que faire du gtandnôbrc qu'il y en a. En la flotte de Tannée mil cinq cens quatre vingts fept,i'o_n apporta vingt deux mil cinquante trois quintaux de Gingembre àSeuii- \/\ mais l'efpicerie naturelle que Dieu a donne aux Indes Occidentales, eftee que nous appel- ions en Caftille, Poivre des Indes, & aux Indes Axi, par vn mot gênerai, prins delà première terre des Ifles, qu'ils conquefterent. Il eft dit en langue deCufco Vchu5& en celle de Mexicque, Chili. Celle plante eftdcfîa fort cognuc, par- quoy i'en diray peu de chofe, feulemét Ton doit entendre qu'anciennement entre les Indiens, elle eftoit fort eftimee, & en portoient aux en- droits où elle ne croiflbit point, corne vne mar- chandife de confequence. Elle ne croiltpasés terres froides,comme en la Sierre du Petu, mais auxvallees chaudes,où elle eft fouuent arroufee* Il y a de cet Axi de diuerfes couleurs, l'vn eft verdj'vn rouge,&rautre de couleur iauîne,& y en a d Vne forte de fort cauftique,qu'ils appelée Caribe, qui eft extrêmement afpre & poignant, & d'autre qui n'a point celle afpreté,maisaa côtraire eft il doux que l'on le peut manger feul, corne vn autre fruit. Il y en a qui eft fort menu, & odoriférant en la bouche, quaïî côme d'odeur de mufe , & eft trefbon. Ce qui eft afpre ôc poi- gnant en cet Axi,font les veines & la graine feu- lement ; car le refte ne lcft point, attendu qu'on le mage verd & fec,entier & broyc,au pot,& en Hiftoire naturelle desfaufTes, car c'eft la principale faufl^S: tou- te l'efpicerie des Indes. Quand cet Axieft prins modérément, il ayde ôc conforte Peftomach pour la digeftion ; mais fi l'on en prend trop , il a de mauuais effets, pour-ce que de foy il eft fort chaud, fort fumeux, Ôc fort penetratif, d'où vient que l'vfage en eft preiudiciableàlafanté des ieunes gens, principalement de lame, d'au- tant qu'il prouoque à la fenfuahté, ôc eftvne chofe effrange , que côbien que le feu ôc la cha- leur qui eft en luy, foit affés cogneue par l'expé- rience que tous en rontjveu que chacun dit qu'il brufle ea la bouche ôc en i'eftomach3neatmoins quelques-vns voire plufieurs veulent maintenir que le poivre d'Inde n'eft pas chaud, mais qu'il eft froid Ôc bien tempéré. Mais ie Jeur pour- rois dire , qu'il en feroit tout autant du poivre, encor qu'ils m'amenaflent toutes les expérien- ces qu'ils voudroient de 1 vn ôc de l'autre. Tou- tesfois , c'eft vne mocquerie de dire qu'il n'eft point chaud, veu qu'il 1-eft extrêmement. L'on vfe du fel pour tempérer l'axi , d'autant qu'il a grande force de le corriger, ôc fe modèrent ainfi i'vn l'autre par la contrariété qui eft entr'eux. Ils vfent aufli de Tomates qui sot froids Ôc bien fains. Ceft vn gère de grain qui eft gros,& plein de fuc, lequel dône bon gouftàlafaufTe,& font bons aufli à manger. Il fe trouue de ce poivre d'Inde vniuerfellemét en toutes les Indes, & If- les3neuueEfpagne, Peru,& en tout le reftequl eft defcouuert,tellemét que côme le mays eft le grain le plus gênerai pour le pain , ainfi Taxi eft 1 efpicerie la plus commune pour les fauflès. des Indes. Liure. IV.  Du Plane, Chapitre XXI, Enant aux grandes pîantes3ou aux arbres, le premier des Indes du- quel il eft conuenabîe parler,eft le plane ou platane , comme le vul- gaire l'appelle. l'ayefté quelque téps en doute,!! le plane , que les anciens ont cé- lèbre,^ celuy des Indes, efloit vne mefme efpe- ce : ceftuy-cy bien confideré , & ce qu'ils efcri- uent de l'autre, il n'y a point de doute qu'ilsn^ foienten diuerfes cfpeces. La caufepourqucy les Efpagnols l'ont appelle plane (car les natu- rels n'auoient point de telnom ) a elle corrmé ésautres arbres, pour autant qu'ils ont trou né quelque relïèmblâce de l'vn à l'autre, en la mef- me façon qu'ils ont appelle prunes.pine^aman- ^cs, & concombres, deschofes fi différentes à celles qu i en Caftille font a ppellees de Cesnoms* La chofe enquoy il me femble qu'ils trouuerent plus de reilemblance entre ces planes des Indes* & les planes qu'ont célèbre les anciens , a efcéen la grandeur des feuilles .-pour ce que ces planes lesonttres-grandes&tres-fraifches, &lesan- riens les ont tant eftimez aufsipour cefte gran- deur, & cefte fraifcheur de leurs feuilles. -C'eft aufsi vne plate quia befoing debeaucoup d'eau2 & prefque continuellement , ce qui s'accorde ?5?c l'Ecriture, qui dit ? Cmme le plane 4hPra des — -- y I £cl. M \ m* Hifioire naturelle taptx. Mais à la vérité il n'y a non plus de compa- raifon ny de reflèmblance de l'vne à l'autre , non plus qu'il y a,comme dit le prouerbe, de l'oeuf i h chaftaigne. Car premièrement le plane an- cienne porte point de fruid , au moins ils n'en faifoient point d'eftat , mais la principalle occa- fion pourquoy ils l'eftimoient , eftoit à caufe de fon ombrage , parce qu'il n'y auoit non plus de Soleil deflbus vn plane, qu'il y a deflbus vne cou- uerture.Au contraire , la raifon pourquoy l'on ledoiteftimeren quelque chofe es Indes, voi- re en faire beaucoup d'eftat , eft à caufe de foi fruiâ:., quiefttres-bon, car d'ombrage ils n'en ont aucunement. Dauantage le plane ancien auoit le tronc 11 grand , & les rameaux fi efpars, pîwelib. i. que Pline raconte d'vn Licinius , Capitaine Ro- **$&* main , lequel ajccomppagné de dix-huict de fej compagnons., print fa réfection fort à l'aife,dan! le creux d'vn de ces planes. Et de l'Empereui CaiusCaligula, qui s'afsit luy & vnze conuier furie haut des rameaux d'vn autre plane &k leur fit vnfuperbe banquet. Les planes des In- des^, ot point de tels creux, troncs, ny rameaux II dit dauantage que les anciens planes croif- foient en Italie , & en Efpagne , combien qu'il yeuflentefté apportez premièrement de Grè- ce , &auparauant del'Aiïe : mais les planes de Indes ne croiffent point ny en Italie , ny en Ef- pagne. le dy qu 'ils n'y croiifent point, car enco que l'on en ait veu quelques vns à Seuille au iar dm du Roy, ils n'y cjpoiflent , & ny vallent rien Finalement la chofe enquoy ils trouuent del; reflernblance entre l'vnfc l'autre eûfortdift âesjnâes. Liure 1 V. 17 û fente. Car iaçoit que la feuille de ces planes an- ciens fuft grande , toutesfois elle n'eftoit pas tel- le,ny femblable à ceux qui font éslndes veu que Pline l'accom pare à la feuille d'vne vigne, bu de pîlnelih \û figuier. Les feuilles du plane des Indes font d'v- ca£< *•♦ ne merueilleufe grandeur , &fontprefquefuf- fifantes pour couurirvn homme des pieds iuf- ques à h tefte , tellement qu'aucun ne peut met- tre en doute,qu'il n'y ait grande différence entre lvn & 1 autre* Mais pôle le cas , que ce plane des Indes foit différent de l'artcien , pour cela il n'en mérite pas moindre loûange,maispeut eftrê encor dauantage , à caufe des proprietez tant vtiles , & profitables qu'il a enluy. C'eft vne plante qui fait vn ceps dedans la terre, duquel fbrtent plufieurs reiettons diuers & feparez,fans eflre ioints enfemble. Ces reiettons croiffent & groifsiffent , faifant prefque chacun vn ar«* brilîeau à part , & en croi fiant ils jettent ces feuilles qui lont d Vn vert fin , &lijTé, &dela grandeur que i'ay dit. Quand il eftcreu , com* me de la hauteur d'vne ftade & demie , ou de deux,iliettevn feul rameau ou grappe de fruift, auquel il y a quelquesfois grand nombre de ce fruic~r, , & quelquesfois jnoias. l'en ay conté en quelques vns de ces rameaux, trois cens, dont chacun auoit vne paulme de long , plus oii moins, & eftoit gros comme de deuxoutroi$ doigts, bien qu'il y ait beaucoup de différence en.cela , encre les vns & les autres. L'on en ofte la coque,ou efcorce , tout le refle eft vne chair, pu noyau ferme , & tendre , qui eft bon à Çanger, fain & de bonne norriture. Cefrui& 1* Hifioire naturelle Incline vn peu plus à froideur qu'a chaleur. Ils! ont. accouftumé de cueillir les rameaux , ou grapp*ss,que i'ay dit, eftants verds, & les mettre I en des vailTeaux où elles fe meuriilent, eflans bien couuertes , fpecialefnent yiand il y a d'vne ). certaine herbe,qui fert à cet effedrli Ton les laif- j femeurir en l'arbre, ilsont meilleur gouft, &< vne odeur tres-bonne,comme de camoifTes , ou !: pommes douces. Ils durent prefque tout le long de l'année , a caufe qu'il y a toufiours de$ retenons, qui riàifféht de ce ceps, tellement que quand rvnacheue, l'autre commence à donne* fruict, l'vn eft à demy parcreu , & l'autre com- mence à iettonnerde nouueau, de façon que les] vns fuccedent aux autres , & ainfi y a toufiours dufruicl: toute l'année durant. En cueillant lâ\ grappe ils couppent le reietton-, d'autant qu'il! n'en iette point plus d'vne , ny plus d'vne fois,) mais comme i'ay dit, le ceps demeure & reiettej continuellement de nouueaux reietttons , iufl ques à ce qu'il fe ïafle , & vieillifle du tout. Cca plane dure quelques années, & demande beau- coup d'humidité, & vne terre fort chaude. Ilsj îuymêttentdelacehdreau pied pourlemieutf| entretenir , Se en font des bocqueteaux fort ef4 pais , qui leur font de grand profit & réuenu,j pourcequec'eft lefruicl: dont l'on vfe le plus es Indes, & y eft prefque vniuerfellement com'H mun "en- tous endroits , iaçoit qu'ils difentquej fon origine foit venue de l'Ethiopie. Et a la vm rite les Nègres en vfent beaucoup , & en quel- ques endroits s'en feruent au lieu de pain, voiré ^en font du vin. L'on mange ce ^uiâde plané des Indes. Liure. IV. 171 tout cru comme vn autre fruicl:, l'on le roftit irtefme , & en fait-on plufleurs fortes de pota- ges, voire (iesconferues, & en toutes ces chofèî il s'accommode fort bien. Il y a d'vne efpece de petits planes blancs & fort délicats ,lefquels ils appellent en lEfpagnol , Dominique. Il y en a d'autres qui font plus forts & plus gros,& d'vne couleur rouge. Il n'en croift point en la terre du Peru,maisl'on les y apporte des Indes3comme à Mexique deCuernauaca, Se des autres vallées. En la terre ferme & en quelques Isles y. a. de grands planares, qui font comme boqueteaux fort efpais. Si la plante eftoit propre pour bruf- ler , c'euft efté la plus vtile de toutes , mais elle n'y eft aucunement propre: car fa focille , ny fes rameauxnepeuuét brusler,&encor moins feruir de mefrain , à caufe que c'eft vn bois moiielleux, & qui n'a point de force. Neantmoins Dom Al- longe Darzilla(comme ii dit ) fe feruit des feuil- les feches de cet arbre pour eferire vne partie de l'Auracane, & à la vérité a faute de papier on s'en pourroit feruir , v.eu que fa feuille eit de la lar- geur d'vne feuille de papier, ou peu moins 8ç longue de quatre fois autant. Du Cacao & de la Coca. Chapitre XXII. Açoit que le plane foit le plus profi- table , neantmoins le Cacao eft plus WJS^ eftimé en Mexique , & la Coca au Pe- ru,efquelsdeux arbres ils ont beaucoup de fit- Y iij ii'%i Hifioire naturelle perftition.Le Cacao eft vn fruiâ: vn peu moin- j dre qu'amendes, & toutesfois plus gras , lequel \ cftantroftyn'apas mauuaife faveur. Il eft tant ; eftimé entre les Indiés,voire entre les Efpagnols, | que c'eft vn des plus riches, voire plus grands commerces de la neuue Efpagne. Car comme j c'eft vn fruid feede qui fe garde long temps j fan^fe corrompre , ils enamdnent desnauires chargez de la Prouince de Guatimalla. En l'an paffé vn corfaire Anglois bru sla au port de Gua- tulco en la neuue Efpagne plus de cent mil charges de Cacao. L on s'en fert mefme corn-» medemonnoye , d'autant qu'auec cinq Cacaos i ils acheptent vne chofe , auec trente vne autre, &auec cent vne autre, fans qu'il y aye contra- | di&ion , &ont accouftumé de les donner pour aumofne aux pauures qui leur demandent. Le principal vfage de ce Cacao eft en vn breuuage qu'ils appellent Chocholaté, dont ils font grand | cas en ce pays, follement & fans raifon, & fait! mal au coeur a ceux qui n'y font point accouftu* j mez , d'autant qu'il y a vne efeume & vn bouil- lon au haut qui eft fort mal agréable pour en vfer , fi 1 on n y a beaucoup d'opinion. Toutes- fois c'eft vne boilfon fort eftimee entre les In- diens, de laquelle ils traittçnt , & feftoyentles Seigneursqui viennent ou parlent par leur ter-* re. Les Efpagnols qui font ja accouftumez au pays, font extrememét friands de ce Chochola-| té. Ils difent qu'ils font ce Chocholaté en diueiH fes façons & qualitez , fçauoir l'vn chaud,f autre froid, & l'antre tempéré , & y mettent desef- yices beaucoup de.ee cfeili, Mefmes ils en font des Indes. Liure. IV. 17* clés pafteSjqu'ils difent eftre propres poutTefto- mach,& contre le catarrhe. Quoy qu'il ne foit, ceux qui n'y ont point efté nourris n'en font pas beaucoup curieux. L'arbre où croift cefruicb eft d'vne moyenne grandeur & d'vne belle fa* çon,il eft fi délicat que pour garder que le Soleil ne le brusle ils plantent auprès deluy vn autre grand arbre quiluy fert feulement d'ombrage, &■ l'appellent la mère du Cacao. Il y a des lieux où ils font ainfi que les vignes & les oliuiers font en Efpagne. La Prouince qui en a plus grande abondance, pour le commerce & la marchand!- fe eft celle de Guatimalla.il n'en croifl: point au Peru, mais il y croift de la Coca, qui eft vne autre chofe où ils ont encor vne autre plus gran- de fuperftition qui femble eftre chofe fabufeu- {è. A la vérité latraitte de la Coca enPotozife monte à plus de demy million de pezes par cha- cun an,d'autant qu'onyenvfe quelques quatre vingts dix ou quatre vingts quinze mille cor* beilles par an. En Tan rail cinq ces quatre vingts & trois on y en confomma cens mil. Vne cor- beille de Coca en Cufco vaut deux pezes & de- * my, & trois , & en Potozi elle vaut tout contant quatre pezes & cinq tomines , & cinq pezes ef- fayez. G'eftl'efpecede marclianSife à l'occa- iion de laquelle prefque fe font tous les marchez & foires , parce que c'eft vne marchandife dont il y a grande expédition. La Coca donc qu'ils eftiment tant , eft vne petite feuille verde qui naift en des arbrhTeaux qui font comme d'vne brade de haut , elle croift en des terres fort; chaudes & humides , & iette ceft arbre de qua* Jrfiftoire naturelle tremoken quatre mois cefte feuille qu'ils ap* pelîent la trefmkas ou tremoy • elle requiert beaucoup de foin à lacultiuer, pource qu'elle cft fort délicate , & beaucoup dauantage a la conferuer après qu'elle eft cueillie. Ils les met- tent par ordre en des corbeillôs longs & eftroits, & en chargent les moutons du pays , qui ^ont auec cefte marchandife en trouppes chargez de mil & deux mil, voire trois mil de ces corbeil- Ions. On l'apporte le plus communément des/ Andes & vallées, efqueiles il y a vne chaleur in- fup portable, & où il pleut toufiours la plus part de l'année. Enquoy les Indiens endurent beau- coup de trauail & de peine pour l'entretenir , & bien fouuét piufieurs y pertlét la vie, parce qu'ils partent de la Sierre & de lieux tres-froids pour l'aller cultiuer & recueillir en ces Andes. C'eft pourquoy il y a eu de grandes difputes & diuer- iité d'opinions entre quelques hommes doctes & fages , à fçauoirs'il eftoit plus expédient d'ar- racher tous ces arbres de Coca, ou de les huiler, mais en fin ils y font demeurez. Les Indiens le-* ftiment beaucoup , & au temps des Rois Inguas Iln'eftoit pas licite, ny permis au commun peu- ple d'vferdelaCocafansla licence du Gouuer- neur. L'vfage en eft tel, qu'ils le portent en la bouche & le mafchent , fucçant,fans toutesfois l'aualler. Ils difent qu'elle leur donne vn grand* courage , &leur eft vne finguliere friandifc.- Piufieurs hommes graues tiennent cela pour fu* perftition & chofe de pure imagination. De ma part, pour dire la vérité , ie me perfuade que ce n'eft point vne pure imagination , mais au con* des Indes. Liure. IV. 173 traire i'entends qu'elle opère & donneforce Se courage aux Indiens : car Ton en voit des erfects qui ne" peuuent eftre attribuez a îmaghation, corne de cheminer quelques iournees fans man- ger auec vne poignée de Coca , & autres eflfe6cs femblables. La faulfe a»jec laquelle ils mangent ce Coca leureftaTez conuenable , pource que l'en ay goufte , & a comme le goufi: de Su m icq* Les Indiens la broyent auec de la cendre d'os bruslez &mis en poudre , ou bien auec delà chaux,commedautresdifent,cequileurfemble fort appetiffant & de bon gouft , & difent qu'il leur fait vn grand profit. Ilyemployent libre- ment leur argent,& s'en feruent en mefme vfage que de la monnoye. Encor toutes ceschofesne feroient point mal a propos , n'eftoit le hazari &rifquequ'ilyaen fon commerce , &aTap- profiter, en quoy tant ces gens font occuper Les Seigneurs Inguasvfoientdu Coca comns de chofe royale & friande , & eftoit la chofe qu'ils offroient le plus en leurs facrhices5le bruf- lant en l'honneur de leurs idoles. Du Maguey, du Tunal, delà Cochenille y de î mir & du cotton. Chapitre XXIII. ^ E maguey eft l'arbre des merueiU L^les, duquel les Nouueaux ouCha- i petones ( comme ils les appellent fslade»') ont accouftumé d'eferire des mira- it f/ifloire naturelle cîes,en ce qu'il donne de l"eau,du vin, de l'huil- le,du vinaigre , du miel, du firop, du fil, des ef- guilles,& mil autres chofes. C'eft vn arbre que Jes Indiens eftimét beaucoup en la neuue Efpa- gne , &r en ont ordinairemét en leurs habitations quelqu vn pour entretenir leur vie. 1 1 c toift & Je cultiuent'aux champs , & a les feuilles larges & grofsieres,au bout defquelles il y a vne pointe forte & aigûe,qui fert pour attacher comme des efplingues , ou pour coudre comme vne efguil- le, & tirent aufsi de cefte feuille comme vn cer- tain fil , dont ils fe feruent. Ils coupent le tronc qui eft gros quand il eft encore tendre , & de- meure vne grande concauité,par laquelle mon- te la fubftance de la racine, & eft vne liqueur que Ton boit comme de l'eau qui eft frefche& douce. Cefte mefme liqueur eftant cuitte fe tourne comme vin, lequel deuient vinaigre en le lardant aigrir , & en le faifant boliillir d'auan- tageil deuient comme du miel , &rlecuifanti demy il leur fertoèikop, qui eft afïez fain & de bonne faveur, voire me femble meilleur que le firopde raifins. Voyla comme ils font cuire & fe feruent de cefte liqueur en diuerfes façons , de îaquell&ils tirent bonne quantité,d'autant qu en certaine faifon ilstirentpar chaque iour quel- ques pots de cefte liqueur. Il y a mefme de ces arbres au Peru , mais ils ne les rendent point fi profitables comme en la neuue Efpagne. Le bois de ceft arbre eft creux & moi, & fert pour conferuer le feu , pource qu'il le retient comme vne mefche d'arquebuze, & s y garde long tlps, dont i'ay veu que les Indiens s'en feruoient i ceft des Indes. Luire IV 174 effed. Le tunal eft vn autre arbre fameux en 1* neuue Efpagne, fi arbre nous deuons appel- 1er vn morceau de feuilles amaîfees lesvnesfur les autres, lequel eft de la plus eft range façon d'arbre, qui foîti Pource qu'il fort déterre pre- mièrement vne feuille , & d'icelle vne autre , 8c de celle - cy vne autre, & ainfî va croifsât iufques à fa perfedion , finon que comme fes feuilles vont fortant en haut & aux coftez , celles d'em- bas s'engrofsiffent, & viennent prefque a perdre la figure de feuilles , enfaifantvn tronc & des rameaux qui font afpres , efpineux & difformes, d'où vient qu'en quelques endroits ils l'appel- lent chardon. Il y a des chardons , ou Tunaux fauuages qui ne portent point de fruid, ou bien il eft fort efpineux , & fans aucun profit. Il y a mefmedesTunauxdomeftiques, qui donnent du fruid fort eftimé entre les Indiens,qu 'ils ap- pellent Tunas , & font de beaucoup plus gran- des que les prunes de frère , & ainfi longues. Ils en ouurent la cocque,qui eft gra(fe,& au dedans y a Je la chair , & des petits grains femblablesl ceux des figues , qui font fort doux , &ontvn bon gouft , fpeciallement les blanches , lefquels ont vne certaine odeur fort agréable, mais les rouges ne font p*s ordinairement a bons. Il y a vne autre forte de Tunaux , lefquels ils eftiment beaucoup dauantage , encor qu'ils ne donnent point de fruid , & lei cultiuent auecvn grand foing&r diligence: &iaçoit qu'ils n'en recueil- lent point de ce fruid , neantmoins ils rappor- tent vne autre commodité & profit qui eft de la graine, d'autant que certains petits Versnaif* .1 Hiftoire naturelle fent aux feuilles de cet arbre , quand il eft bien cukiué, & y font attachez , conuerts d'vne cer- taine petite toile délice , lefquels on circuit déli- catement y & eft la cochenille des Indes tant re- nommée, de laquelle l'on teint en graine. Ils les laifFent fecher , & ainfi fecs, ils les apportent en £(pagne,qui efl vne greffe, & riche marchandi- fe. L arrobe de cefte cochenille, ou graine, vaut plufieurs ducats. On en apporta en la flotte de l'an mil cinq cens quatre-vingts le pt , cinq mil fix cens foixante dix-fept arrobes,qui montoient à deux cens quatre vingts trois mil , fept cens en & cinquante pezes , & ordinairement il vient tous les ans vne femblable richeffe. Ces Tunaux croiffent es terres temperees,qni décli- nent a froideur. Au Peru il n'y en croift point encor iufquesâ prefent. Ienayveu quelques plantes en Èfpagne , qui ne méritent pastoutes- îbis d'en faire aucun eftat.Ie diray aufsi quelque chofe de TAnir , combien qu'il ne vient pas d'vn arbre,mais d'vn herbe, parce qu'il fert à la tein- ture des draps, & que c'eft vne marchandife qui s'accommode auec la graine , & mefme qu'il croift en grande quantité, en la neuue Efpagne, d'où il en vint en la flotte que i'ay dit , cinq mil deux cens foixante & trois arrobes , ou enuiron, qui montent autant de pezes. Le cotton mefme croift en des petits arbriffeaux , & en des grands ' arbres qui portent comme des pommettes , lef- quels s omirent & donnent cefte filaffe , & après l'auoir cueillie, la fillent, & la tirent pour en fai- re des eftoffes. C eft vne des chofes qui foit es In- des de plus grand profit , & de plus d'vfage , car *j' des Indes. Liure I V. 175 H leur fert de lin , & de laine pour faire des ha- bits.il croift en terre chaude, & y en a vfie gran- de quantité es vallées &: cofte du Peru,en la neu- Vie Efpagne,ës Philip pines,&- en la Chine. Ton-- tesfoisilyenabeaucoup dauantage, qu'en au- cun lieu que ie facile \ en la Prouince de Tucu- man,en celle de fainéte Croix delaSierre, & au Paraguey,& leur eft le cotton le principal reue- nu. L'on apporte en Efpagne du cotton des IF- les de S. Dominique , &" en vint l'année que i'ay dit foixante & quatre arrobes. Aux en droits des Indes où croift le cotton ils en font de la toile dont les hommes & les femmes vfent le plus communément, mefmes en font leurs fermettes Jetables, voir des voiles de nauire- Il y en a de gros , & d'autre qui eft fin & délicat. Ille tei- gnent en diuerfes couleurs , comme nousfaifons les draps de laine en Europe. Des M4meycs>Guayauos>& Faites. Chapitre XXIV. Es plantes dont nousauonsparîé,fbnt les plantes les plus profitables des lu * des , & celles qui font les plus necef- faires pourleviure: toutesfois il y en a beaucoup d'autres qui font bonnes a manger, «ntre lefquelles les mameyes font eftimees eftans de la façon des groffes pefches , voire plus greffes. Ils ont vn ou deux noyaux dedans, 1k h chair quelque peu dure. Il y en a qui font '}>.» Hlfloire naturelle «taux & d'autres qui font aucunement aigres, & ©ntl 'efcorce forte & dure. On fait de la confer- ue de la chair de ce frui&,qui reflemble au coti- gnac, l'vfage de ce fruiâ: eft aiTez bon , & encor meilleure la conferue,que l'on en faictjîscroif- fent es Isles, &r n'en a y point veu au Peru. C'eft; vn arbre qui eft grâd,& bien fa it,d'vn allez beau feuillage. Les Guayauos font d'autres arbres qui portent communément vn mauuais fruict, plein de pépins •afpres, & font de la façon de petites pômes* C eft vn arbre mal eftimé en la terre fer* jne,& aux Isles,car ils difent qu'il a l'odeur com- me des punaifesXe gouft & faveur de ce frui&, •ft fort grofsier, & fa fubftancc mal faine* 11 y a cnS. Dominique,& es autres Isles.desmôtagnes toutes pleines de ces Guayauos, & difent , qu'ils n'y auoit point de telle forte d'arbres ,auant que lesEfpagnolsyarriuaiîent , mais que l'on les y a apportez de ie ne fçay où. Cet arbre a multiplie infiniment,parce qu'il n'y a aucun animal,qui en rnange les pépins, ou la graine, d'où vient qu'e-» ftans ainfi femez parmy la terre , comme elle eft; chaude & humide,il y a ainfi multiplié. Au Peru cet arbre diffère des autres Guayauos , pource que le fruiâ: n'en eft point rouge,mais eft blanc, & n'a aucune mauuaife odeur, mais eft d'vn fort bon gouft:& de quelconque forte deGuayauos, que ce foit le fruid en eft aufsi bon comme le meilleur d'Efpaigne fpecialement de ceux qu'ils Ïpellét Guayauos de matos, & d'autres petites uayauilles blanches. C'eft vn fruiâ: aiTez fair>, Se côuenable pour l'eftomac, pource qu'il eft de forte digeftipn, & afle* froid ; les Paltas au con- deslnâes. Liure.lV. ij6 traire font chaudes & délicates. Le Palto eft vn arbre grand & de beau feuillage /fcjui a le fruid, comme des grofles poires , il a dedans vn gros noyau,& tout le relie eft vne chair molle , telle- ment que quand ils font bié meu rs, ils font com- me du beurre,& ont le gouft délicat. Les Paîtas font grands au Peru , & ont vne efcaille fort du- re,que Ton peut ofter toute entière. Ce fruid eft en Mexique,pour la plus part fort,àyant l'efcor- ce déliée , qui fe pelle comme des pômes. Ils les .tiennent pour vne viade faine, & comme i ay dit, qu i décline quelque peu a ehaleur.Ces mamay es Guay auos, & Paftos i font les pefches , hs pom- mes, & les poires des Indes , encor que ie choifi- roispluftoft celles de l'Europe. Maisquelques autres par l'vfage , ou peuteftre, par affection, pourront eftimer dauantage ceux-cy des Indes* le ne doute point,que ceux qui n'ont point veu, ny goufte',de cesfruicl,prendrôtpeu de pîaiîiri lire cecy,voire felafïèrôt de roiiyr3& moy mef- me ie m'en laffe,qui caufe que fabregeray enra- cotant quelques autres fortes de fruit.Car ce fe- roit chofe impofsible de pouuoir traiter de tous, Du Chicocapot^des Annonas & des Capolljes. Chapitre. XXV. Velquesvnsqui ont voulu augmen- ter les chofes des Indes , ont mis en âuant qu'il y auoit vn fruift,qui eftoit femblableau cotignac , & l'autre qui «ftoit comme du bknc manger : pource que la hJiftoire naturelle faveur leur fembla digne de ces noms. Le coti- - gnac ou mermelade(fi ie ne me trompe)eftoit ce qu'ils appelloient,çapotes,ou chicoçapotés, qui fontd'vn gouft fort doux, & approchant à la couleur de cotignac. Quelques Crollos,(qui eft Je nom dont ils appellent les Efpagnols nais aux Indes)difent que ce fruid furpalTe en excellence tous les fruits d'Efpagne. Toutesfois ce n'eft mon opinion, mais ils difent qu'au gouft prin- cipalement il furpaiïe tous les autres fruids, où 5e ne me veux pasarrefter neâtmoins , parce que cela ne le mérite pas.Ces chicocapotés ou çapo- • tes, entre ieiquelsil y a peu de différence , croif- fent es lieux chauds de la neuue Efpagne,& n'ay teint ccgnouTance, qu'il y ait de tel fruid en la terre ferrie du Puru.Pour le blanc manger5c'eft l'Amené vou guanauara , quicroift enterre ferme. l'Annonaeft de la façon d'vne poire, & ainfi quelque peu aiguê"& ouuerte , tout le de- dâs eft tédre & mol comme beurre, & eft blanc, doux & d\ n gouft fort favqureux. Ce n'eft pas manger blanc, encor qu'il foit blanc manger, mais à la vérité c'eft beaucoup augmente de hiy donner tel nom, bien qu'il foit délicat & d'vn gouft favoureux, & quoy que félon le iugemêt d'aucuns, il foit tenu pour le meilleur fruid des ïndes,ila en foyvne quantité de pépins noirs, & les meilleurs quei'ay veu, a efté en la neuue Ef- pagne,où les capolyes croifsét aufsi,qui font co- rne des cerifes,& vn noyau,bié que quelque peu plus gros. Mais la forme & figure eft comme de cerifes,de bône faveur,ay at v n doux-aigret:maîs ïe nay point veu de capollyes en autre contrée* -~- Ve des Indes \ Liure IV* ijj De plqfieurs fortes de fruitiers , des Cocos a des Amendes, des Andes, & des Amen- des de Chacbapoyœs, Chapitre XXVI. L ne feroit pas pofîible de racôter tous les fruits & arbre des Indes, attendu queienc m'en refouuiens pas de plu- fïeurs , êc qu'il y en a encor beaucoup dauantagedefquelsien'ay pas cognoifïance, ÔC me femble chofe ennuyeufe de parler de toutes, dontilmefouuienr. Ilfetrouuedonc d'autres genres de fruitiers Ôc de fruits plus greffiers, comme ceux qu'ils appellent lucumes , du fruit defquelsils difent, par prouerbe, que c'eft vn prix difïimulé, comme les guauas, pacayes , les hobos, & les noix qu'ils appeliét emprifonnees, lefquels fruits femblent à plufïeurs eftre des noix de la mefme efpece que font celles d'Efpa- gne. Voire ils difent, que Ci l'on les trâfpîantok fouuent d'vn lieu en autre , qu'ils rapporteroiéc des noix toutes femblables à celles d'Efpagne Se ce qu'ils donnent ainfi vn fruit fauuage, & fi mal plaifant, eft à caufe qu'ils font fauuages. En fin l'on doit bien côfîderer la prouidence & richef- fe du Créateur, lequel a departy à tant de diuer- fes parties du monde, telle variété d'arbres frui- tierSjle tout pour le feruice des hommes qui ha« bitent la terre, & eft vne chofe admirable de veoir tant de différentes formes, gouft, ôc effets du tout incognus>& dont on n'auoit iamaû ouy Hifioire naturelle parler au monde , auparauant la defcouuertc des Indes, Er defquelles mefme Pline , Diof- coride &Theophrafte, voire les plus curieux, n'ont eu aucune cognoiffanec , neantmoins toute leur recherche & diligence. Ils'efttrou- uc des hommes curieux de noftre temps qui ont eferit quelques traittez de ces plantes des In- des,des herbes, &riuieres , & des opérations qu'ils ont en lVfage de médecine, aufquels l'on pourra recourir , qui en voudra auoir plus am- ple cognoilïance , parce que ie prétends traitter feulement en peu de mots & fuperficiellement ce qui me viendra en la mémoire , touchant ce fabie&. Neantmoins il ne me femble pas bon palier foubs filence les cocos , ou palmes des Indes , à caufé d'vne propriété qu'ils ont,qui eft fort notable, & remarquable. le les appelle pal* mes,non pas proprement.ny qu'il y ait des dat- tes, mais d'autant que ce (ont arbres fembla- blés aux autres palmes Ils font hauts & forts, 6c plus ils montent en haut>plus vont-ils iettans des rameaux grands & fort eftendus. Ces pal- mes ou cocos donnent vn fruit qu'ils appellent aufli cocos , dequoy ils ont accouttumé faire des vafes pour boire, & dilent qu'il y en a quel- ques vns qui ont vne vertu,& propriété contre lepoifon, Ôc pour guérir le mal de cofté. Le noyau & la chair d'iceux( quand il eit efpoifîî ôc fccjeft bon à manger , ôc approche quelque peu dugouft dechaftaignesverdes. Quand le coco eft en l'arbre encor tendre, tout ce qui cft dedas çftcoramevn laid qu'ils boiuent par délices, & pour rafraifehir en temps de chaleur.. I'ay des Jndes. Liure IV. 17 Ê veu de ces arbres en fain& Ieande port riche & autres endroits des Indes,& m'en dirent vne choferemarquableique chaque mois ou Lune cet arbre iette vn nouueau rameau de ces co- cos , tellement qu'il donne du fruit douze fois par an, comme ce qui eft eferit en 1* Apocaiypfe, & à la venté il me fèmble que ce fuft de mefme* pource que tous les rameaux fontd'aages fort differens, ks vns commencent, les autres font delia meurs , Se ks autres le iont à demy. Ces cocos que iedy font ordinairement delà figu- re & grofTeur d'vn petit mellon : Il y en a dVnc autre forte qu'ils appellent coquilios , qui eft vn fruit meilleur , dont il y en a en Chillc. Ils font quelque peu pluspetits que noix, mais vn peu plus ronds. Il y a vne autre efpece de cocos qui ne donnent point ce noyau ainfî efpoiffi, mais ils ont dedans vne quantité de petits fruits comme Amendes, à la façon des grains de gre- nade* Ces amendes font trois fois auflî grandes que celles de Caftille , & leur reilemblent au gouft, encor qu elles foient vn peu plus afpres & font auflî humides & huilleufes. C'eft vn a£ fez bon manger , auffi ils s'en feruent en deli* ces, faulte d'amendes * pour faire des malfe- pains j & autres telles chofes. Us les appellent amendes des Andes * pour ce que ces cocos croifTent abondamment es Andes du Peru, & font Ci forts &durs,que pour les ouurir, il eft befoingdclesfrapper rudemét âuec vnegrolTc pierre. Quand ils tombent del'arbre/ils ren- controientlateftede quelquvn > il n'auroit ià befoing d'aller plus loing. £t femble vne choft Hifloire naturelle incroyable, que dedans le creux de ces cocos qui ne font pas plus grands que les autres, ou gueres dauantage, il y aneantmoins vne telle multitude & quantité de ces amendes. Mais en ce qui concerne les amendes, & tous les au- tres fruits femblables, tous les arbres doiuent céder aux amendes de Chachapoyas, lefquel- les ie ne peux autrement appeller. C'eft le fruit le plus délicat , friand , & plus fain de tous , tant quei'ayeveu es Indes. Voire vndo&e Médecin affermoit qu'entre tous les fruits qui font es In- des, ou en Efpagne, nul n'approchoir de l'excel- lence de ces amendes. Il y en a de plus grades & de plus petites que celles que i'ay dit des Andes, mais toutes font plus gralîès que celles de Caftil- le. Elles font fort tendres à manger, ont beau- coup de fuc,& de fubftance,& corne onétueufes èc fort agréables , elles croifTent en des arbres très hauts, & de gtand feuillage. Et comme Veft vne chofe precieufe,naturc aufll leur a don- ne vne'oonnecouuerture ôc deffenfqveu qu'el- les font envneefcorce quelque peu plus gran- de & plus poignante, que celle des chaftaignes, toutesfois quand xefte efeorce efl: feche, Ton en tire facilement le grain. Ils racontent que les fînges, qui font fort friands de ce fruit, & defquek il y a vn grand nombre en Chacha- poyas du Peru , (qui efl: la contrée de toutes, où iefçache qu'il y ayt de ces arbres) pour ne fe picquer en l'efcorce, & en tirer l'amende, les iettent rudement du haut de l'arbre fur les pierres, & lesayans ainfi rompues, les ache- nent d ouurir pour les manger à leur plaifir. desjndes. Uure IV. i? w9 Deplufleurs & diuerfc s fleurs , & de quelques arbres qui donnent feulement de laflïur, ejr comme les Indiens en vfent. Chapitre XXVII. Es Indiens font fort amis des fleurs, &enlaneuue Efpagne plus qu en au- tre partie du monde , parquoy ils ont accouftumé de faire plufieurs fortes de boucquets, qu'ils appellent là fuchilles,auec vne telle variété & gentil artifice, que Ton n'y peut rien defirer dauantage. Ils ont vne couftu- mc entr'eux que Les principaux offrent par hon- neur leurs fuchilles,ou bouquets aux feigneurs, & à leurs hoftes , & nous en donnoient en telle abondance, quand nous cheminions par cette Prouince, que nous ne fçauions qu'en faire, bien qu'ils fe feruent auiourd'huy à cet effet, des principales fleurs de Caftille ', pour-ce qu elles croiflent là mieux qu'icy, comme font les œillets ,rofes ,iafmins , violettes, fleurs d'o- ranges,©^ les autres fortes de rieurs, qu ils y ont portées d'Efpagne , y profitent merueillêufe- ment. Les rofiers en quelques endroits y croif- foient trop , tellement qu ils ne donnoiét point derofes.il arriuavniour quvn rofier fut bru- lé, * les reiettons & fcyonsqui ietterent in- continent, portèrent des rofes en abondance, &de là ils apprindrent à les efmonder, &en ©fter le bois fuperflu a tellement qu amour- Z iij II hâ LTiftoire naturelle d'huy ils donnent des rofes fufEfammenr; Mais outre ces fortes de fleurs que Ton y a portées dicy , il y en a beaucoup d'autres , les noms defquelles le ne peux pas dire: qui font rouges , iaunes , bleiies,violettt*s, & blanches, auec mil différences , lefquelles les Indiens ont accouftumé de porter en leurs telles, comme vn plumage pour ornement. Il eft yray que plulîeurs de ces rieurs n'ont que la vciïe, pour ce que l'odeur n'en eft point bon- ne , ou elle eftgrofliere, ou elles n'en ont point du tout , encor qu'il y en ait quelques vnes d'excellente odeur. Comme celles qui cronTent en vn arbre qu'ils appellent floripot- dio, ou porte-fleur, qui ne donne aucun fruit niais porte feulement de ces fleurs , lefquelles font plus grandes que fleurs de lys, & font qua^ fi en forme de clochettes, toutes blanches, Se ont au dedans des petits filets comme Ion voil au lys 2 il ne celle toute Tannée de produire ces fleurs , l'odeur defquelles eft merueilleufe- ment douce ôc agréable fpecialement en la frailcheur du matin. Le Viceroy Dom Fran- çifco de Tpllede enuoya de ces arbres au Roy Dom Philippes , comme vne chofe digne d'eftre plantée aux iardins Royaux. En la neu- ue Efpagne les Indiens eftiment beaucoup la fleur qu'ils appellent yolofuchij, qui fignific fleur de cœur, pource qu'elle eft de la mefme forme d'vn cœur, &neft pas gueres moindre. Il y a méfiée vn autre grand arbre, qui porte ^e cefte forte de fleurs, fans porter d'autre fruit, MM Y5?94fur^uiçft forte, & comme il me âesjndes. Dure IV. 280 femble, trop violente, à d'autres elle leur pour- ra fembler aggreable. C'eft vne chofe aflez co- gneueque la fleur qu'ils appellent fleur du So- leil, a la figure du Soleil , & fe tourne félon le mouuemcntd'iceluy. Il y en a d'autres qu'ils appellent œillets d'Inde , lefquels reflèmblent à vn fin velours orangé & viole^celles-là n'ont aucune fenteur qui foit d'eftime,mais feulemét font belles à la veiie. Il y a d'autres fleurs , qui outre la beauté de la veiie , combien qu'elles n'ayent aucune odeur, ont vne faveur comme celles qui reflèmblent à ceHe du crefl^n alié- nons: que fi l'on les mangeoit fans les voir , l'on ne iugeroit point que ce fuft autre chofe» La fleur de granadille eft tenue pour chofe re- marquable, & difent qu'elle a en foy les mar- ques & enfeignes delà paflion , & que l'on y remarque les clouds, îacoulomne, Us fouets, là couronne d'efpines , & les playes , enqucy ils ne font pas du tout efloignez de raifon , iaçoit que pour y trouuer & remarquer tou- tes ces chofes , il foitbefoing de quelque pie- té, qui ayde à en faire croire vne partie , mais elle eft fort exquife, 8c tresbelle à la veiie , en- cor qu'elle n'aye point d'odeur. Le fruit qu'ils appellent auffi granadille, fe mange, fe boit, ou poix mieux dire,fe fucce spourrafraifchir: ce fruit eft doux , & félon l'opinion de quel- ques-vns , il Peft par trop. Les Indiens ont accouftumé en leurs feftes , &dances déporter; des fleurs en leurs mains, Odes Roys,& Sei- gneurs en portent pour la magnificence. Pouc £ iiij Ju Hifloire naturelle cefteoccafîon l'on void des peintures de leurs anciens ordinairement aaec des fleurs en la main , comme l'on void icy auec des gands. Il me femble en auoir affez dit fur ce qui con- cerne les fleurs. L'on vfe auflî à ceft efFect du bazilic,encor que ce ne (oit point vne fleur, mais feulement vne herbe , ôc ont accouftu- mé d'en auoir en leurs iardins , & delà bien cultiuer , mais maintenant ils en ont fi peu de foing , qu'il n'eft plus auiourd'huy bazilic, mais s'eft vne herbe qui croift autour des eftangs . DuBaulme. Chapitre XXVIII. E fouuerain Créateur n'a pas feule- ment formé les plantes pour feruir de viande, mais auflî pdur la recréa-» tion & pour la médecine &guarifon de l'homme. I'ay dit quelque peu de celles qui feruent pour la nourriture , qui eft le principal: Et mefme quelque peu de celles qui feruent de récréation, il refte donc maintenant de traitter de celles qui font propres à la médecine, dont ie diray auflî quelque^ peu de chofe. Et encor que toutes les plantes foient medecinales quâd elles font bien cogneiïes & bien appliquées, toutesfois il y a quelques chofes particulière- ment, que l'on void notoirement auoir efté or- donnes duCreateur pour la médecine, & pour âesfnâes. Lime IV '*' h fanté des hommes , comme font les liqueurs, huiUes, gommes & rezines qui prouiennent de diueifes plantes & hetbes , Se qui facilemet de- monftrent à l'expérience à quoy elles font pro- près. Sur toutes ceschofes le baufme auecrai- fon eft renommé pour fon excellente odeur, & beaucoup dauantage pour l'exquis efteft qu-il a de curer les playes & autres diuers remèdes que Ion expérimente en luy fur la guarifon des ma- ladies. Le baufme qui vient des Indes Occiden- tales n'eit pas de lamefmeefpçce que le vray baufme qu'on apporte d' Alex'adrie ou du Cai- re, & qui ancienneméteftoit en ludee, laquelle Iudee?felon que Pline eferit , poflèdo.t ftule au £.1 ■ «, monde celle grandeur, iufquesà ce que 1 Empe- l reurVefpafun l'apporta à Rome & en Italie. Ce qui me donne occafionde dire que 1 vne li- queur «d'autre nefont point d vne mefme ef- , pece, c'eftàcaufeque les arbres d ou elles leur- rent font entr'eux forr différentes: car 1 arbre du baufme de Paleftine eftoit petit, Se à la façon de vigne, comme raconre Pline pour lauoirveu; & Tceux d'aujourd'huy qui l'ont yen enOnent, en difent autant. Comme auffi UGunâeEIcn- ture appelle le lieu où gtoffit le baufme, vigne CMU ,. d'Enguaddi, pourlareiTemblance qui aauec les vignes.I'ay veu l'arbre d'où fe tire le baufme des Indes , quieftauflî grand comme vn grena- dier , voire approchât quelque peu de fa façon, fii'ay bonne mémoire, n'ayant rien de comun auec la vigne-.combien que Strabon efenue >que S«£U<. l'arbre ancien du baufme eftoit de la grandeur l l des grenadiers. Mais aux accidens ôc opérations Y 4 Hifioire naturelle ce font liqueurs fort femblables , commcelle, le font en eur odeur admirable, & en la cure & guanfon des playes, en la couleur , & en la fub- itancej veu qu'ils racontent de l'autre baufnuv qu il y en a de blanc, de vermeil , de verd , & de noir; ce que Ion void aufïï en ceux des Indes Et tout ainfi qu'ils riroient l'ancien en coupant, fc incifantl'efcorce, pour en faire diftiller cefte li- queur* ainfi en font-ils de mefme en celuy des Pli». lib. ii. Indes, encore qu'il diftille en plus grande quan- 9MJ.J tite. Et comme en cet ancien il y en a d'vne for- „ te qui eft tout jpur, lequel ils appellent Opobal- lamo , qui eft la propre larme qui diftille ; & vn *utre qui n eft pas fi exquis , lequel on tire du boisde i'efearec & des feuilles efpreintes&r cui- tes au feu, lequel ils appellent Xylobalfami. De mefme aufli entre le baufme des Indes il y en a vn pur qui fort ainfi de l'arbre , & d'autres que les Indiens tirent encuifant &efprcignant les feuilles cV le bois, mefmesilslefophiftiquent, Se augmentent aucc d'autres liqueurs , afin qu'il y en ay t dauantage. Et n'eft pas fans raifon qu'ils 1 appellent baufme: car il l'eft véritablement, encores qu'il nefoitpas de la mefme efpeccde l'ancien, & eft beaucoup eftimé , & le feroit da- uantage, fi ce qui eft auiourd'huy es efmeraudes & perles ny eftoit, à fçauoir d'eftre a prefent en grande quantité. Ce qui importe dauantage, eft Ivfage auquel il eft employé de feruir de chrefme qui eft fi neceflàire en la fain&e Eglife, & de telle vénération, ayant déclare le Siège Apoftoliquc, qu'on fafTe le chrefme aux Indes aucc le baufme , & qu'on en vfc au Sacremét do des Indes. Liure IV. tt* Confirmation, & aux autres Sacremens, dont l'Eghfe vfe. On apporte lebaufme enEfpagnc de la neuuc Efpagne , de la Prouince de Guati- rpalla , deChiappa, & d'autres lieux où il abon- de dauantage, encore que le plus eftimé foit ce- luy qui vient de l'Ifle de Tollu , qui eft en la ter- re ferme, non pas loing de Cartagene. Ce bauf- me eft blanc, Ôc. cômunement ils tiennent pour plus par fai& le blanc que le rouge, encore que Pline donne le premier lieu au vermeil, le fecôd laublanc, le troiïïefmeauvcrd,& le dernier au ... , moir. Mais il femble que Strabon eftime dauan- (apt \' tage le baufme blanc , comme les noftres lefti- mcnt. Monardes traitte amplement du baufme dçs Indes en la première & féconde partie , fpc- cialement de celuy de Cartagene & de Tollu, qui eft tout vn. Ien'aypointtrouuéquelcsln- StrAb.lïbr. idiens anciennement eftimaflènt beaucoup le GeoZr4ï r baufme ; ny mefmes l'employaiFent en vfage d'in portance, encores que Monardes difeque les Indiens curoient auec iceluy leurs playes , ôc que delà rapprindrenclesEfpagnols. J)el ambre , & des autres huilles , gammes , & drogues que l'on apporte des Indes* Chapitre XXIX. g^Sjfe Près le baufme l'ambre tient le fccôd $V^ lieu -, c'eft vne autre liqueur qui eft auflî odoriferente & médicinale, mais plus lefpaiiïè de foy, qui fe tourne & fefpaiiîk en vn»- jpafte de complexion chaude, & de bon parfum, J-fifioire naturelle lequel ils appliquent auxplayes, ble/fures, 8c\ autres neceilitez. Surquoyie me rapporte auxl Médecins, fpecialement au DO&eur MonardesJ qui à la première partie a eferit de cefte liqueur,! & de beaucoup d'autres médicinales quivien>| nent des Indes. Cet ambre vient mefme de lai neuue Efpagne , laquelle a cet aduantage fur les] autres Prouinces, en ces gommes , liqueurs , &| fucs d'arbres ; qui caufe qu'ils ont là abondance! de matières pour le parfum , & pour la medeci-l ne, comme eft l'Animé" qui y vient engrandel quantité , le Copal , ou Suchicopal , qui eft vnj autre genre, comme de Storax& Encens, qui al mefme d'excellentes opérations , & eft d'vnej très-bonne odeur, propre pour lesfuffumiga-l tions. Mefme laTacamahaca, & la Caranna, qui fontauffi fort médicinales. On apporte de cefte Prouince de l'huille d'afpic, de laquelle les Médecins & Peintres feferuentafïezj les vns pour leurs empiaftres, & les autres pour vernir leurs peintures. L'on apporte mefme pour les Médecins la cafte fïftule, laquelle croift abon- damment en faindfc Dominique. C'eft vn grand] arbre qui porte fes cannes comme fon fruiclJ L'on apporta en la flotte où ie vinsde faincl DoJ minique, quarante -huicl: quintaux de cafte n*J ftule. La falcepareille neft pas moins cogneùeJ pour mille remèdes à quoy on l'employé j il en vint en cefte flotte cinquante quintaux de Iaj mefme Iile. Il y a beaucoup de cefte falcepareil-f JeauPeru, & de fort excellente enlaProuincef deGuayaquil, quieftfoubs la ligne. Plufieursj fe vont faire guarir en cefte Prouince, & eft l'o- des Jndes. Liure IV. iS} pinion de quelques-vns , que les feules eaux (impies qu'ils bornent , leur donnét famé à caa- fe quelles palîent par racines , comme nous auons dit cy deflus , d'où elle tire fa vertu > telle- ment que pour fuer en cefte terre , il n'eft point befoing de beaucoup de couuerture, ny d'ha- bits. Leboisdeguayac, qu'ils appellent autre- ment, boisfainft, ou bois des Indes ,cioift en abondance aux mefmes Ifles , & eft auffi pefant que le fer; tellement qu'il i'enfoniFe incontinent en l'eau. De ceftuy l'on en apporta en cefte flot- te trois cens cinquante quintaux , & en euft-oa peu apporter vingt , voire cent mil , fil y auoic diftribution-de ce bois. Il vint auffi en la meime flotte, Ôc de la mefme Ifle , cent trente quintaux de bois de brefil , qui eft fi rouge , enflambe , de fi cogneu , & dont on vfe tant pour ies teintu- res & autres chofes. Il y a es Indes vne infinité d'autres bois aromatiques, gommes, huilles& drogues i de forte qu'il n eftpaspoîïibîe de les pouuoir tous raconter , & eft chofe auffi de peu d'importance à prefent. le diray feulement que au temps des Rois Inguas de Cufco, & des Rois Mexiquains, il y eut beaucoup de grands per- fonnages experts à curer & medecîner auecles fimples, &faifoient de fort belles cures, d'au- tant qu'ils auoient cognoiftance de plusieurs vertus & proprietez des herbes , racines , bois, & des plantes quicroiffent par delà, &dorit les anciens d'Europe n'ont eu aucune cognoik fance. Ilyarnille de ces (impies qui font pro- pres pour purger, comme les racines deMe- choaçan , les pignons de la Punna , la conferuc Hifîoire naturelle •téGuanucquo, l'huille de figuier, &plufieut$ autres chofes, lefquelles eftans bien appliquées & en temps, ne font pas (comme ils tiennent) de moindre efficace que les drogues qui vien- nent d'Orient. Cequi fepeutvoir enlifantle difcours qu'en fait Monardes en la première Ôc féconde partie où il traitte amplement du Ta- baco , ou petun , duquel Ton a fait de notables expériences contre le venin* LeTabaco eflvn arbriffeau, ou plante afîez commune 4 qui a en foyneantmoins des rares vertus, comme entre autres de feruir de contrepoifon , ainfi que plu- ficurs &diuerfes plantes j parce que l'Autheut de toutes chofes adeparty fes vertus comme il luyapleu, & n'a point voulu qu'aucune chofe nafquift au monde ocieufe. Mais c'eftvn autre donfouuerain à l'homme de les cognoiftre, ôc en fçauoir vfer comme il conuient, ce que le mefme Créateur concedeàqui illuyplaift. Le Do&eurFrançois Hernande a fait vn bel œuure de cefte matière, des plantes des Indes, liqueurs & autres chofes médicinales, par l'exprès com- mandement èV commiffiô de fa Majefté, faifant peindre & pounaire au naturel toutes ks plan* tes des Indes, lefquelles, corn me ils difent, font en nombre de plus de mille deux cens, & difent & eflartant les buif- fons: de forte que comme nous l'efcriuét quel- ques Religieux qui l'ont efprouué, il a efté tel- le fois qu'ils n'ont peu cheminer en vn iour plus cTvne lieue. Vn de nos frères, homme di- gne de foy, nous contoitque feftantefgaré $c perdu dans les montagnes, fans fçauoir quelle part, nypar oùildeuoit aller, il fc trouua de- dans des buiflbns fiefpais, qu'il fut contraint de cheminer furiceux fans mettre les pieds en terre, par l'efpace de quinze iours entiers, & que pour y voir lefoleil, & pour remarquer quelque chemin en celle foreft fi efpaiiïe & pleine de bois, ilauoit befoing de monter au coupeau des plus grands arbres , pour de là def- couutir le chemin. Qui lira le difeours traktant de (on voyage, & combien de fois il f eft perdu &efgaré, & les chemins qu'il a cheminez, les eftrangesaduenturesquiluy fontaduenuès, ce que ) ay eferit fuccinctement , pour me fembler chofe digne d'eftre feeuej & qui aura quelque peu cheminé par les montagnes des Indes , en- core que ce ne foient que les dix- huiéfc lieues qu'il y a de Nom de Dieu à Panama,pourra bien penfer de quelle grandeur font ces forefts des Indes y de forte que n ayant aucun hyuer en ces parties là qui faffe fentir le froid , & que l'humi- dité du ciel & de la terre y eft fl grande , que les montagnes produifent vne infinité de forefts, & la campagne qu'ils appellent Sauanas,vne in- finité d'herbe. Il n'y a point faute d'frerbe pour les pafturages , de mefrain pour les édifices , ny de bois à faire du feu. Ceftvne chofe impoflî- blcdc des Indes. Liure. IV. i%$ ble de pouuoir raconter les différences & figu- res de tant d'arbres (au nages 5 d'autant que de la plus part l'on n'en fçait pas les noms. Les cèdres iiefîimez anciennement, font là fort communs, pour les édifices 8c pour les nauires , & y en a de diuerfesfaçoi'iS^es vns blancs, & d'autres roux, qui font fort odoriferas.il y a vne grande quan- tité de lauriers d'vn piaifant regard aux Andes du Peru. Aux montagnes de la terre ferme, aux Isles , en Nicaragua, & en la neuue Efpagne* Comme aufsi il y a vne infinité de palmes , & de ceiuas, dequoy les Indiens font leurs canoës, qui font des bafteaux faits tout d'vne pièce. L'on ap- porte en Efpagne du mefrain de bois fort exquis de la Hauane,en l'Isle de Cube , où il y a vne in- finité de femblablesarbreSjComme font i'Ebenea* le Caouana,la Grénadille, les Cèdres, 8c autres éfpeces que ie ne cognois point. Il y a mefme de grands Pins en laneuue Efpagne, encor qu'ils né foient pas fi forts que font ceux d'Efpagne.Us ne portent point de pignons , mais pommes vui- des*Les Chefnes qu'ils appellent de Guayaquil, eft vn bois exquis, & odoriférant , quand on le taille , mefme il y a dés cannes & rofeauxtres - hauts,des rameaux & petites cannçs, defquels ils font des bouteilles & cruches pour puifer de l'eau , & s'en feruent mefmesen leurs baftiméns* Il y a aufsi le bois de mafisle , dequoy ils font des arbres &mafts de nauires, & les eft i ment aufsi? forts comme fi c'eftoit du fer. Le Molle eft vn arbre de beaucoup devenus, lequel iette des petits rameaux , dont les Indiens font du vin , ils l'appellent en Mexique,arbre du Peru , pour ce { Hifloire naturelle qu'il tftvenu de la*, mais il en croiftaufsienla neuue Efpagne , & de meilleur que celuy du Peru.il y a mil autres fortes d'arbres dont ce fe- roitvn trauail fuperrlu d en traitter-Quelques p. vns de ces arbres font d'vne énorme grandeur,& parleray feulement d'vn qui eft en TlacoCha- uoya,trois lieues de Guayaca,en la neuue Efpa- gne. Cet arbre eftant mefuré , fe trouua feule- ment en vn creux auoir par dedans neuf graças, & par dehors ioignant la racine , feize , & plus haut douze. Cet arbre fut frappe de foudre de- puis le haut iufques en bas,au droit du cœur ,qui fit ce creux, qui y eft. Ils difent que auparauant que le tonnerre fuft: tombé deflus, il eft oit fufri- fant pour ombrager mil hommes. C'efl pour~ quoy il s'y aifembloient pour faire leurs dances, bals & fuperftitionsjneantmoins il refte encor de prefent des rameaux & de la verdure, mais non pas beaucoup. Ils ne fçauent quelle efpece d'ar- bre e'eft , (inon qu'ils difent que c'eft vne efpece de Cèdre. Ceux qui trouueront cecy eftrange, lifent ce que Pline raconte du plane de Lydie, le PUntlih il treux duquel côtenoit quatre vingts cV vn pied, «*/.i. " '&" reffembloit pluftoft vne cabane ou maifon, que non pas creux d'arbre , fon branchage vn bois entier, 1 obrage duquel couuroitvne gran- de partie de la campagne .Par ce qui eferit de cet arbre , Ton n'aura point tant d'occafion de s ef- merueiller du Tyflèran quiauoit fa maifon & meftier dans le creux dvn Chaftaignier.Et d'vn autre Chaftaignier ,ficen'eftoit ceftuy-làmef- me , dedans le creux duquel entroient hui& hommes à çheual,& en reflortoient fans s'incon* des Indes. Livre. IV. \Î6 imoder les vns les autres. Les Indiens exerçaient ordinairement leurs idolâtries en ces arbres ain- fi eftranges,& difFormes,âin{i que fàifoient mef- me les anciens Gentils , comme racontent Quel- ques autheurs de ce temps. V es plantes & fruitiers que ton a apportez de l'E {pagne aux Indes. Chapitre. XXXI. Es Indiens ont eu plus- de profit* & ont efté mieux recompenfés es plantes que Ton y a portées d'Ef- pagne, qu'en autres marchandi- Tes, pource que le peu qui font venues des Indes en Efpagne,y croisent peu & y ont mal multiplié,& au contraire le grand nom- bre que l'ô a porté d'Efpagne aux Indes, y vient tref bien , & y font grandement multipliées. le ne fçay fi nousdeuons dire que ce foit a caufe de la bonté des plantes, pour donner gloire a ce qui cft d icy,ou bien fi nous dirons que c'eft la terre, pour la donner a ce qui efl de delà» Finallement il y a par delà de tout ce qui fe produitde bon en Efpagne,& en quelques endroits meilleur, & en quelques endroits pire,comme le froment,!* or- ge, les porees, ou verdure, & toutes fortes dé légumes , aufsi leslaidues , choux i raues, oygnons , ail , perfil , naueauX , paftenades, berengenes , ou pommes d 'Amour , fcariolles, betes , efpinards , garuences, ou poids , febues, lentilles , & finallement tout ce quicroiftpar Aa ij "Ni Jfiftoire naturelle deçà de domeftique , & de profit : de forte que ceux qui y ont fait voyage , ont efté curieux d y port«r des femences de toutes fortes,& le tout y a beaucoup frudifié encor queç/ait efté diuer- femét,fcauoir aux vns mieux, aux autres moins. Quant auxarbes , ceux qui plus generallement, & plus abondamment y ont frudifié,ontefte les oranges-,lymonniers,citronmers}&autresfruias de cette forte . Il y a défia en quelques endroits, comme des bois , & des forefts d orangers. Ce que trouuant eftrange, iedemanday quiauoit remplaces champs de tant d'orangers, Ion me reipohdit, que cela eftoit aduenu fortuitement, d'autant que les oranges eftans tombées a terre, & pôurries,leur femence auoit germé, & de cel- les que leseaux auoient emporté en diuers en- droits,venoient a naiftre ces bois ainfi efpais. Ce. qui me fembla vne bonne raifon. I'ay dit que c'eftoit le fruid,qui generallemet s'eft plus aug- mente es Indes, pour ce que ie n'ay efte en nul endroit où il n y ait des oranges , d'autant que toutes les Indesfont vne terre chaude &hmrii~ de quieft ce requiert cet arbre. Ilsnecroiuent point en la Sierre,maisl'on les y apporte des val- lees,ou coftedelamer. La conferue d oranges clofes qu'ils font es Isles,eft la meilleure que i ay veiie par deçà, ny par delà mefme. Les pefcbes, les preu~es,& abricos, y ont fort multiplie , & en laneuue Efpagne plus qu'en autre endroit. U| croift au Peru fort peu de ces fortes de truicts, outre les pefches, &encor mojns éslsles. H y croift des pommes & des poires, mais c'eit allez moyennement , il y a des prunes rarement , raatf des Indes. Liure. IV. "187 des figues en abondance, principalement au Pe~ ru. Il Te trouue des coings en toutes les contrées «les Indes, & en la neuue Efpagne,en telle a-bon- dance,quils nous en donnoient cinquante à choi- firpour demie reaile. Il yi affez de grenade? aufsi,bien qu'elles foient routes douces, caries aigres n'y font point bien venues. Il y a de très- bons mêlions en quelques endroits du Péril. Les cerifes & les guignes iufques auiourd'huy n'ont point encor bié fru&ifié es Indes, & crOy que ce n'eft pas faute de temperature,pourcequ il yen a de toutes fortes,mais peut-eftre faute de foing, ou par ce que Ion n'a pas bien rencontré fa tem- pérature. En fin ie ne trouue point que par delà ils ayent faute d'aucun fruid délicieux. Quant aux frui&s grofsiers,ïls n'ont point de beillottes, ny de chaitaignes, Se n'ay- point de cognoîiîance, que iufques auiourd'huy il y en ait creu.^ L*s amendes y croilfent, mais c?e ft fort peu. L'ony porte d'Efpagne pour les friands, des amendes, de noix , desàueîlaines , &n'ay point entendit qu'il y ait desnefles,nydescormes;ce qui impor- te pêu.Mefembleque cecy doit fuffire pour fai- re entendre qu'iln'y manque aucune délice de fruiéts. Maintenant difons quelque chofe des plantes de profit,que l'on y a portées cFEf pagrîe, Ôc acheuerons ce traitté desplantes, qui eit 'délia ennuyeux. A a- iij naturelle Des raijzns, vignes, oliueS) meures > & des cannes diifucre. Chapitre XXXII. 'Entens par les plantes profitables cel- les qui outre ce que L'on en mange au logis , apportent de l'argent à leur maiftre. La. principale defquelles efl la vigne,de laquelle vient le vin ,1e vin-aigre , le raifin vert & fec.le verjus & le firop. Mais le vin eftceluya^ui vaut le mieux. Ilnecroift point de vin ny raifin es Isles, ny terre ferme , mais en la neuue Efpagne il y a quelques vignes qui por- tent du raifin , toutesfois Ion n'en fait point de vin. La caufe en doit eflre pource que le raifin ne,:femeuritpasbien,à caufe des pluyes qui y viennent aux mois deluillet &Aouft, qui les empefehent de meurir : ils s'en feruent tant feu- lement pour manger. L'on y porte le vin d'Ef- pagne de des Canaries , comme en tout le refte des Indes, referué au Peru & au Royaume de Chillé , où il y a des vignes qui rapportent de tres-bon vin, lefquelles vont chaque iour croif* fant en quantité à caufe que c'eft vne grande ri - chefïe en ce pays ; & en bonté, parce qu'aueç le temps ils deuiennent plus expérimentez vi- gnerons. Les vignes du Peru font communes es vallées chaudes,où il y a des eaûes , & les arrou- fent auec la main, parce qu il n'y tombe point de pluyes du Ciel; & auxLanos, & en la Sierredie desjndes. Lime IV. 188 n'y vient point à temps. Il y a des endroits où les vignes ne font point arrofeesjiy du Ciel,ny de îa terre,& toutesfoiselle ne laiflent de fru&ifier en grande abondance,comme en la vallée d'Yca, 8ç aux fo{fes qu'ils appellent de Viilacuri , efquels lieux il Te trouue des fofTez, ou terre enforcees parmy les morts fablons,lefquels font toute Tan- née dVne incroyable fraifcheur , fans qu'il y pleuue aucunement en quelque faifon que ce foit , ny qu'il y ait des eaiies pour lesarrofer arr tificiellement. La caufe eft parce que le terroir eftefpongieu^ , & qu'il fuccel'eaûe desriuieres qui viennent de la Sierre , qui hume&ent ces fa - bIons,ou bien c'eft l'humidité de la mer (comme d'autres penfent ) laquelïepaflant au trauers de ce fable, caufe que l'eau e"n?éri eft pas{re'rile,ny inutile, ainfi que le Philofophè l'enfeigne. Les vignes y ont tant multiplié , qu'à cefte occafion lesdifmesdes Eglifes y font augmentez de cinq &fixfoisau double depuis vingt ans. Les val-* lee~ plus fertillesde vignes font Viâfôr ,'; pro- che d'Arequipa , Yca , au terroir de Lyrna & Caraguato, au terroir de Chuquiauo. Ilspor;* tent ce vin à Potozi , Cufco & endiùev's en- droits , ce qui eft'vn grand reuenu : Caràucç toute l'abondance qu'il y en a , vneboifteille oit arrobe y vaut cinq ou'fix ducats ; que il c'eft: vin d'Efpagne , comme on y en porte commu- nément aux flottes , il en vaut dix ou douze. L'on fait du vin comme celuy d'Efpagne au Royaume de Chillé, poureeque c'eft le mef? me climat , mais il fe gafte quand l'on l'apporte au PerUJls mangent des railins, où l'on ne peut Aa iiij Hifioire naturelle boire de vin, &efl chofe admirable, que Ton trouue en la Cité de Cufco des raifins frais tout le long de Tannée, qui vient ( comme ils médirent) de ce que les vallées produifent du fruiâ: en dîners mois de Tan, Toit qu'ils entent [es ignés en diu.erfes faifons, ou que celle va- rie^ vienne de la qualité de la terre :quoy qu'il enfoit, c'eft vne chofe certaine qu'il y a quel- ques'vallées qui portent du frui&toutle long de l'année. Si quelqu'vn s/efmerueille de cecy, il fe ^pourra efmerueiller dauantage de ce que i© & y viennent bien, principalement en la Prouince qu'ils appellent Miftecqua , où il y a des vers a foye , & mettent tnçeuurç iaftye quilsej) recuiçlkot, 4oQt.j|i des Indes. Liure. IV. 189 font de tref-bon tafetas. Toutesfois ils n'en ont point fait iufques à prefent de damas , de fa- tins , ny de velours. Le fucre efl vne autre reue- nu plus grand , veu que non feulement on en confomme es Indes , maisaufsi l'on en Ppporte beaucoup en Efpagne \ car les Carmes croif- fent fort bien en diuerfes parties des Indes. Ils ont bafty leurs engins aux Isles, en Mexique, au Peru& en d'autres endroits quiîeur appor- tent vn fort grand reuenu. L'on me dift que l'engin à fucre de Nafca fou loit valoir de reue- nu, phis 4e trente mil pezes par chacun an. Ceîuyde Ohicama, ioignant Truxillo, eftoit mefme d'vn grand reuenu , & ceux de la neuue Efpagne aufsi ne le font pas moins : car c efi: vne chofe eftrange que ce que l'on gafte & con- fomme deiucne es Indes. L'on apporta de rif- le de fainâ:. Dominique , en la flotte ou ievins, h uicl cens quatre vingts & dixhuiâ; caiTonsde fucre ,. lefquels eftans comme ie les vids. char- ger en Port-riche, cha-que caffe deuoit eftreà mon opinion, dehuid arrobes pefant, qui font deux cens.; Le fucre eft le principal reuenu de ces Isles, tant fe;font addonnez les hommes à l'ap- pétit des chofes douces. Il y a mefmes desoli- -ues& oliuiersaux Indes., iedy en Mexique & au Peru: toutesfois il n'y a point eu encoir iuf- ques auiourd huy aucun moulina huille , & ne s'en fait- point j parce qu'ils confomment tou- tesles oliues a manger , & les accommodent fort i>ien: ils trouuent que pour faire l'huille,le:gouft y eâ plus grand quele profit. C'eft pour'quoy l'on y porte toute l'fauille qu'il va d'il f pagne* * Hifioire naturelle En ceft endroit i acheueray la matière des plan- tes^ venons aux animaux des Indes. Dtt bejtial portant faine \& des vaches* Chapitre XXXIII. E trouue qu'il y a trois fortes d a- WJ*\ nimauxés Indes, dont les vnsy f^l ont ^^ portez d'Efpagne,Ies au- M§jj très font de. la mefme efpece de ceux que nous auons en Europe, & toutefois n y ont point efté portez par lesÉf- pagnols, & les autres font animaux propres des Indes, & defquelslonnetrouue point en Efpa- gHe.De la première forte font les brebis,vaches, -chevres,porcs,cheuaux, afnes, chiens, chats, 8c autres tels animaux : car il y en a es Indes de tou- tes ces efpeces. Le menu beftial y a beaucoup multiplie ,.quefi Tony pouuoit approfiterles laines pou ries enuoyer en Europe, ce feroitvne dés plus grandes richeffes qu'ils euflent es Indes: „pource que les troupeaux de brebis ont là vn grand nombre de pafturages , fans que l'herbe y diminue en beaucoup d'endroits; Il y a au Pera vnettelle abondance de ces pafturages & herba- ges, que perfonne n'en poflede en propre , mais chacun fait paiftre fes troupeaux ou il veut. Pour cefte raifon il y a communément grande abondance de chairs , lefquelles font à fort bon marche', mefme les autres chofes qui procèdent des brebis , commele laid & le fromage. Ils fu- rent vn temps qu'ils- laifferent perdre toutes les des Indes. Liure. IV. 190 laines, îufques a ce que quelques vns fe mirent 1 les mefnager & en faire des draps & couuertu- res, qui a elle vn grand fecours pour le corn* mun peuple de celle terre : d'autant que le drap de Caftiiley eftfort cher. Xlyaplulieurs drapiers drapans auPeru, & beaucoup dauan- tage en là neuue Efpagne , encor que les draps que Ton y porte d 'Efpagne foient beaucoup meilleurs , foit que la laine en foit plus fine , ou que tes ouuriers foient plus experts. Autres- fois fe font trouuez des hommes qui poffe* dbient foixante & dix,& cent mil teftes de bre- bis , encor qu'iprefent n'y en ait gueres moins. Que fi c'eftoit en Europe ce feroit vne très- grande richeflè , mais en ces^ pays-là ce n'eft qu'vne moyenne richeife. En plufieurs endroits des Indes , &croy que c'eft en la plus grand* part, Iemenubeftialnefrucl:ifie)& n'y profite pas bien à caufe que l'herbe eft haute , & la ter- re fi vicieufe,qiMl n'y peut pas bien paiftre com- me le grand beftiaî. Ceft pourquoy il y a vne innumerable multitude de vaches , defquelles y a de deux fortes. Les vnes font domeftiques , & gui vont en trouppeaux , comme en la terre de Charca , cVenautres Prouinces du Perucom^ memefme en toute la neuue Efpagne. De ces vaches domeftiqu es ils s'en fe ruent Se en tirent de la commodité * tout ainfi qu'en Efpagne, fçauoir la chair, le beurre , lés veaux , & tes boeufs pour labourer, la terre.. L'autre forte de vaches font fauuages^quife tiennent ésmonta- gnes & forefec'eft pourquoy on mtes dom pte, jointe n'ont aucun maiftre à qui elles.foient en Htfloire naturelle propre ] tant pour l'afpreté & efpeflTeur des fo- refis, que pour la grande multitude qu'il yen a : & celuy qui le premier les tue , en eft l&mai- ftre comme d'vne befte de chafle. Ces vaches fauuages ont tellement multiplié en S. Domini- que, & en autres endroits des enuirons , qu'elles vont à milliers par les campagnes & bois,n'ayans aucun maiftre à qui elles appartiennent.!- on fait la chafle à ces bettes , pour leur cuir tant feule- ment, &fortentenla campagne des nègres ou des blancs a cheual , auec leurs coupe-iarefls, qui courent les toreaux& vaches, & quand ils les ont frappez , & arreftez , ils leurs appartien- nent. Ilsles efeorchent, & en portent la peau en leur maifon , lahTant la chair perdue, fans qu'il y ait perfonne qui la prenne ou emporte, à caufe de l'abondance qu il y en a. Tellement qu'ils m'ont attefté en cefte Isle , qu'en quel- ques endroits l'air s'y eftoit corrompu , pour l'abondance de ces chairs empuanties. Le cuir que Ton apporte en Efpagne, eft vn des meil- leurs reuenus des Isles , & de la neuue Efpagne, En la flotte de quatre vingts & fept, il vint de S. Dominique le nombre de trente-cinq mil quatre cens quarante quatre cuirs de vaches, &delâ neuue Efpagne foirante -quatre mil trois cens cinquante , qu'ils eftimerent a quatre vingts fei- ze mil cinq i cens trente deux pezes. De forte que quand Ion defeharge vne de ces flottes , c'elt chofè admirable ,de voir la rjuiere de Scuille & ce't arcenaKdù fe defehargent tant de cuirs & de marchandise II yaaufsi des chèvres en grand nombre, le principal proflt desquelles çit Iç des Indes. Liure IV. 19I faif,outre les cabrits, le laid, & autres commo- ditez qu'on en tire: d'autant que les riches, & les pauures fe feruent de ce fuifpour leur efclai-» rer,car comme il y en a grande quantité, aufsi y cft-ilà fort bon conte , & plus que rhuillemef* me. Ileftvrayque tout le fuit dont ilsfe fer- uent,n'eft pas feulement de ceiuy desmasles. Ils en accommodent les marroquins pour la chauf- fure , toutesfois ie n'ay point opinion qu'ils foient fi bons comme ceux que Ton y porte de Caftille. Les cheuaux y ont multiplié, & y. font exquis en beaucoup d'endroits , voire en la plus part s'yentrouue des races d'aufsi bons, com- me les meilleurs d'Efpagne, tant pour courir vne carrière & pour parade, que pour le trauail, & pour faire chemin. C'eft pourquoy ils fe fer- uent pour belles de louage , & pour voyager le plus ordinairement des cheuaux , combien qu'il n'yait pas faute de mulles,car il y en a beaucoup, fpeciallement es lieux où fe font les voitures par terre, comme en la terre ferme. Iln'yapasvniï grand nombre dafnes, aufsi ils ne s'en feruent gueres à cet vfage , ny pour le trauail & ferui- ce. Des chameaux il y en a quelque peu, &en ay veu au Peru qui y auoient efté portez des Ci* naries,& qui y auoient multiplié , mais affez pe- titement. En S. Dominique les chiens y ont multiplié en nombre ,& en grandeur d' vne telle façon,que c'eft auiourd'huy la playe , & l'affli- âion de cefte Isle. Cai ils mangent les brebis , &: Vont en trouppes par les champs. Ceux qui les tuent y ont vn tel falaire , que ceux qui tuent les loups en E{pagne:de vray s chiens, il n'y en auoit Hiftoire naturelle point premièrement es Inces,mais quelques ani- maux femblables a des petits chiens , Iefquels les Indiens appellent AIco; c'eft pour-quoy ils ap- pellent du mefme nom d'AIco , les chiens que l'onyaportezd'Efpagne, àcaufe de larefTem- blancequi eft entr'eux , & font les Indiens fi amis de ces petits chiens, qu 'ils efpargnerôt leur manger pour leur donner : tellement que quand ils vont par païs,ils les portent aueceux fur le^irs cfpaulles,ouenleurfein,& quand ils font mala- des ilstiennent ces petits chiens auec eux , fai/s fe feruir d'eux en autre chofe que pour l'amitié Se compagnie. I>e quelques animaux de t Europe que les EJ} a* nols tr ornèrent es Indes, & comment Us peuuenty auoirpafsê. Chapitre XXXIV. 'Eft yne chofe certaine , que Ton a porté d'Epagne tous ces animaux dont i'ay parle , & qu'il n'y en auoit point es Indes , quand elles furent premièrement defcouuertes , il n'y a pas cent ans : car outre que c'eft. vne chofe quipeut eftre approuuee par des tefmoingsquiviuent enco- re$ , c'en eft vne preuue fuffïfante , de voir que les Ind iens n'ont en leur langu e aucun mot pro- pre pour (ignifier ces animaux, mais ilsfe fer- ment de*mefmes noms Efpagnols, combien qu'ils f?îent corrompus. Pour autant que ne cognoifr des Indes. Liure. IV. 19% fims point la chofe, ils prindrentle mot com- mun aux lieux, dont elle auoit elle apportée, Iay trouué cette règle bonne pour difcerner quelles chofes auoient les Indiens, auparauant que les Efpagnols y vinffent , & cellesqu'ils nV uoicnt point: carilsdonnoient vn nom à celles qu'ils^ auoient , & cognoiflènt délia 5 & ont donné des noms nouueaux a celles qu'ils ont eu de nouueau , qui font les mefmes noms E fpa- gnolsle plus communément , quoy qu'ils les prononcent à leur mode , comme au cheuaî, au vin & au froment. L'on y crouua des animaux delà mefme efpecede ceux que nousauonsen l'Europe/ans qu'ils y euffent efté portez par les Efpagnols Jl y a des lyons,des tigres, ours ; fan- gliers, renards, & d'autres beftesfïeres & fauua- %cs, dequoynous auonspropofé vn argument au premier liûre, fçauoir que n'eftant pas vray- femblable qu'ils euiïent paffé aux Indes par mer, attendu que ceft chofe impofsible de paf- fer rOcccan à nage, & feroit vne folie , de penfer que les hommes les euflènt embarquez auec eux, il s'enfuit que ce monde fe continue en quelque endroits auec l'autre nouueau , paroù ces animaux peuuentauoirpaiTé, & peuplé peu à peu ce nouueau monde: puifque fu iuant ÏEf- criture, ces animaux fe fauuerent en larche.de Noé , & de la ils ont multiplié au monde. Les <»«.*« lyons que i ay veus ne font rouges , & n'ont pointées crins, auec le rquels on a accouftumé de les peindre. Ils font gris, & non pas fi furieux comme on le voiden peinture. Les Indiens «"aniaflènt » & * a&mblent pour prendre & • I H Hiftoire naturelle ehaffer les lyôs3& font comme vn circuit , qu'ils appellent chaco, dont'ils les enuironnent , puis les tuent à coups de pierres, de ballons , & d'au* très inftrumens ; Ces lyons mefmes ontaccou- fbme' de grimper aux arbres , où eftans montez kslndiens les tuent auec des lances , ou.arbal* lettres , 8c plus facilement auec des a rquebuzes. Les tygresy font plus furieux , &plus cruels, & ont la rencontre plus dangereule , à caufe qu'ils s'eilancent & afTaillent en trahifon. Ils font tachetez, cVdelamefme façon queles hi* ftoriographes les peignent. I'ayouy quelques- fois conter que ces ty grès efloient animez con- tre les Indiens , & qu'ils n'aifailloient point les Efpagnols , ou bien peu, & qu'ilsalloient pren- dre & choifir vn Indié au milieu des Efpagnols* & qu'ils femportoient. Les ours quils appel- lent en langue de Cufco , otoioncos , font de la melme efpece que ceuxd'icy, &fe terrifient. L'onyvoid peu de ruches, pourcequelesrays de miel qui font es Indes ï fe trouuent aux arbres & dellbubslaterre,& non pas aux ruches, com- me en Caftille. Lesrays de miel que i'av veusen laProuince de Charcas, que là ils appellent le chiguanas , font d'vne couleur grife,a\ant peu deiuc, & reilemblent plus à vne paille douce, qu'à des rays de miel. Ilsdifent que lesabeilles font petites comme mouches , &r qu'elles iettent leur efîfain deflous la terre. Le miel en eft afpre, & noir, toutesfoisen quelques endroits il yen a de meilleur , & des rayons mieux formez, comme en la Prouincede Tucuman enChillc, & en Cartagene.Ie n'ay point veu ny ouy parler- des Indes. Liure IV. ijj qu'il y ayt des fangliers.mais des regnards 8c au- tres animaux qui mangent les bettes, & lavo- laille.il y en a plus que les pafteurs ne voudroiér. Outre es animaux qui font furieux & domma- geables, il y en a d'autres profitables, qui n'y onc point efté portez par les Lfpanols , comme font. les cerfs & autres,dont y en a grande abondance en toutes les forefts. Mais la plus grande partie eit vne venaifon fans cornes, à tout le moins ie n y en ay point veu d autres,ny ouy parler qu'on y en ayt veu , ôc tous font fans'cornes corne cor- cos. Il ne me femblepas difficile de croire, mais eft prefque certain que tous ces animaux par leur légèreté, & pour eftre naturellement fau- uages , ayent paffé d Vn mode à l'autre par quel- que endroit où ils le ioignent , puis qu'aux gran- des Mes & efloignees de la terre ferme, len'ay point de cognoiilàncequils'yentrouue^quoy que l'aye fait recherche de le defcouurir. Des ûj '/eaux de par deçà qui font es Indes, & comment ils feintent y auoirpaf£ Chapitre XXXV. 'On pourra plus facileraét croire qu'il en foit aùifi des oyfeaux, & qu'il y en * delà mefme efpece de ceux de par de- çà, comme font les perdrix, les tour» tes, pigeons, ramiers, caillés &plmîeurs& di- uerfes fortes de faucons, lefquels l'on enuoye de U neuue Efpagne & du Feru,aux feigneurs d'Efi Bb P lin. Ub. 10 jfftoire naturelle pagne, d'autant qu'on en fait grande eflime. Il y a mefme des Herons,& des Aigles de diuerfçs fortes, & n'y a point de doute que ces efpeces d'oy féaux & autres ftmblables, n'y ayentpafle bien pluftoft que les lyons, les tigres , & les cerfs. Il feuouueaufli es Indes vn grand nom- bre de Perroquets , fpeciallement aux Andes du Peru,& es Ifles dcPoLt-riche^ S. Domini- que y où ils vont par bandes , comme font les pigeons par deçà. £n fin les oyfeaux auec leurs aiflesjvont où ils veulent, & certainement plu- fleurs efpeces d'iceux pourront bien pafler le Golphe,puis que c'en: chofe certaine, comme Pline l'afferme, qu'il y en a beaucoup qui paf- fentlamer,&vonten àzs régions fort eftran- ges, combien que ien'aye point leu qu'aucuns oyfeaux paifent au vol vn fi grâd Golphe, com- me eft celuy de la mer Occeane des Indes. Tou- tefois ne le tiens-ie pas pour du tout impofli- ble, puis que l'opinion commune des mariniers cft.qu'il s'en trouue deuxeens lieués,voire beau- coup dauantage loin de la terre. Et que mefme, IM03&4- côme Ariftotclenfeigne, les oyfeaux endurent dcpart\ani- facilement eftre dans l'eau , d'autant qu'ils ont mat.cap.6. peu derefpiration , corne nous voyons aux oy- feaux maritimes,lefquels fe plongent& font vn lon^tempsdedans l'eau. Ainfi pourra-on dire, quelles oyfeaux qui fe trouuent à prêtent en U terre ferme , & es Ifles des Indes, ont peu pafTer - Umer,fedéla(îkns en des Mettes & en des ter- res qu'ils recognoiflent par vninftincl: naturel, (comme Pline raconte de quelques vns) ou par- . aduanture fe laiffans to mber en l'eau , quand ils PUn.Uh. 10 àesJndesLiure.îir ' 7. font fanguez dévoiler ^ 7-V apx oyfeaux queïv; if ^ ^ « > a point d'animaux terteïe t * - f"'1" l! te . qu'ils y ont pafFé o!r j ' tles fans do"- la mefme efpece de cenJ^F A *m Comds I"d« degtaPnds o/C ?offUTCanl ' âaux i« monté, du pa^s nuit ,nter rt" fois »«', ransquekX.Sr Uern£?td'eux m^ a'eft pour il chlfn. , en V™ ,e fo»* , « ce q^'y enauoitauxTnï' a, P°U,IeS; att«"h gno/S vattiua^nt/ce^S ** Kfi%* « qu'elles ont vn nom Voit F0U"é' Par- ^ndapoulleGualp^P^X75^^6'- Js««à ia defcouuerte 3« Ifl^Sl "î ^ content qu,^ y 0 " '"«deSalomon, ta- aux noftres. LWD™ P°ï"M tables eftant vn oyfa fiE"t,ff"tendre ^^ la poulie <*<™ elle eftJ«hôme?I«lqUe ' & R pr°fitabl* *ux,quandJSpaCmfentpeUp0,tersucs Bb ij j-Jifioire naturelle 8c mefmes les portent facilement en leurs poul- liers & cages de ionc , ou de bois. Finalement il V a es Indes beaucoup d'efpeces d'animaux,*: d'oyfeaux de ceux de l'Europe,que ïay dûtes,* d'autres fortes que d'autres pourront raconter. CommTileftfoÇiblequ'ily aylés Indes quel- ques fortes d'animaux , donttlnyayt point ailleurs. Chapitre XXXVI. •Eft chofe plus difficile de monftrer ' & prouuer quel cômencement ont eu plufieurs & diuerfes fortes d'ani- . ft maux qui fetrouuentés Indes, de pelpece defquels nous n'auons point en ce con- tinent. Car file Créateur les a produits en ces parties, il ne faut point alléguer, nyauo.t re- cours à l'Arche de Noé, &n'eftoupointdebe- foin de fauuet alors toutes les efpeces d oy féaux & animaux , fi d'autres deuoient eftre créées de nouueau : d'autre partonnepourroitpasdire, le le monde euft elle fait & acheue es fix lours de la création , s'.l y euft eu encor d autres nou- uelles efpeces à former, Se pnnapa kment des animaux parfaits , & non moins exceilens , que cZ qui nous font cogneus. Si nous d.fons donc que toutes les ef?eces d-animaux furent conferuees en l'arche de Noé.ils enfmtqueles animaux, de l'efpece defquels ilnes enttouue end'autres endroits qu'es Indes,y ayentpafle des fndes. Liure I V. i^j de ce continent, tout ainfî comme nous auons dit des autres animaux qui nous font cogneus. Cela fuppofé , ie demande comme ii eft pofîî- ble qu'il n'en (bit refté par deçà aucun de leur efpece, & comme il s'en trouue feulement par delà, où ils font comme voyagers Se eftrangers, Ceftàlaveritëvnequeftion qui ma longtéps tenu en perplexité, le dy pour exemple, fi les moutons du Peru,& ceux qu'ils appellent Pa- cos, & Guanacos, ne fc trouuent point en d'au- tres régions du monde, qui les a portez au Pe- ru, ou comment y ont ils eité, veu qu'il n'eft de- meuré aucune apparence, ny refte d'iceux en routeemonde? Que il ils n'y ont point pafTé dVne autre région, comment fe font- ils formés & produits par delk ? Paraduanture Dieu a-il fait vne autre nouuelle création d'animaux? Ce que ie dy de ces Pacos, ôc Guanacos, ie le dy de mil autres différentes efpeces d'oyfeaux ôc d'animaux de forefh,qui iamais n'ont efté co- gneus,ny de figure, nydenom, ôc defquelsil n'eft fait aucune mention, foitentreles Latins, foit entre les Grecs, ou quelques autres nations de ce monde. Il faut donc dire, que combien que tous les animaux foient fortis de l'Arche, neantmoins par vn inftinct naturel, & proui- dence du Ciel, diuers genres d'iceux s'efparti- rent en diuerfes régions , en aucunes defquelles ils fe trouuerentfibien , qu'ils n'en voulurent point partir ; ou s'ils en fortirent , ne fe confer- uerent, ou bien en fin de temps ils périrent to- talement, comme l'on void arriuer en beau- coup dechofes : car fi l'on y veut regarderde Bb iij j/ifioire naturelle près, on trouuera que ce n'eft pas tant feule- ment.vne chofc propre ôc particulière es In- des , mais auiîî generalle en beaucoup d'autres régions ôc Promnces de l'Aile, d'Europe, ôc d'Affrique, efquelles l'on dir qu'il y a de certai- nes efpeces d'animaux, qui ne fe trouutnt point en d'autres régions, au moins s'il s'en trouue ailleurs , l'on recognoift qu'ils y onrefté portez de h. Puis donc que ces animaux font for tis de l'arche , comme poar exemple , les Elephans que l'on trouue feulement en l'Inde Orientale, & de là Te font communiquez en d autres ré- gions, nous en pourrons dire autant de ces ani- maux du Peru > ôc des autres des Indes qui ne fe trouuenten autre partie du monde. L'on peut bien aufli conilderer fur ce fubjet , fi tels ani- maux différent en efpece , Ôc elfcntiellement de tous les autres, ou il celle leur différence eft ac- cidentalle, laquelle peut y auoir eftécaufee par diuers accidens, comme nous voyons au ligna- ge des hommes, que les vnsfont blancs, & les autres font noirs ', les vns geans,les autres nains, 6c en l'efpece des linges , les vns n'ont point de queue , ôc les autres en ont : entre les moutons, les vns font ras,& les autres vellus; les vns gi ads ôc forts, qui ont le col fort long, comme ceux du Peru , ôc les autres foibles ôc petits , ayans le col court comme ceux de Caftille. Mais pour en parler plus fainement, qui voudra par ce dif- cours , en mettant feulement ces différences ac- cidentalles , conleruer la propagation des ani- maux es Indes , Ôc les réduire à ceux d'Europe, prendra vne charge de laquelle il pourra mala> T) es Indes. Liure IV. xpgi fe'ment forcir à Ton honneur. Car il nous de- uons iuger les efpeces d'animaux par leurs pro- prietez, ceux des Indes font Ci differens, que c'eft appeller l'œuf chaftaigne, de les vouloir ré- duire aux efpeces cogneucs de l'Europe-, ' Des Oy féaux qui font propres es Indes, Chapitre XXXVIî. ^ L , y a aux Indes de pluifîeurs fortes pd'oyfeaux remarquables, foit qu'ils " foient delà mefme efpece de ceux d'i- cy, ou autres dirferens. Ils apportent delà Chine cerrains oyfeaux, qui ri ont point de pieds aucunement, & tout leur corps eft qua- « plume. Ils ne s'affient point en terre, mais hs fe pendent aux rameaux par des filets, ou plumes qu'ils ont, ôc ainfiferepofent comme des mouches, cVchofes aériennes. Au Peruiiy *des oyfeaux qu'ils appellent Tomineios, h" pe- tits, que beaucoup de fois i ay douté, les voyant voler, fi c'eftoient abeilles, ou papillons : mais à la vente, ce font oyfeaux. Au contraire çiux qu ils appellent condores, y font dVne extrême grandeur, & dvnc telle force, que non feule- mentils ouutent Se defpecent vn mouron, ôc le mangent, mais aufîî vn veau tout entier. Ceux qu ils appellent Auras, ôc les autres poullazes, (Iciquelles ie croy quant à moy eftre du genre Bb iiij I Hijîoire naturelle des corbeaux) font d'vne eftrange légèreté , & ont la veuë fort aiguë , eftans fort propres pour nettoyer les Citez , d'autant qu ils ny laiflent aucunes charongnes , ny chofes mortes.llspaf- fent la nuid fut les arbres, ou iur les rochers, &. au matin viennent aux Citez iemettans lut le fommet des plus hauts édifices , d ou ils elpient & attendent leur pnfe. Leurs petits ont le plu- mage blanc, comme l'on raconte des corbeaux, & changent le poil en noir. Les guaoamayacs font oyfeaux plus grands que perroquets & leur refiemblent en quelque choie, ib tout elti- mezpout la dmerfe couleur de leur p limage, qui eft fort beau, & fort agg. eable En la neuue Efpaene il y a abondance doyleaux, d vn excel- ler plumage, de forte qu'il ne s en trouue point en Europe,qui en approchenecômrae 1 on peut voir parle! images de plum« , qu'ils apportent de l&fquels auec beaucoup de raifon,font pn- fés &eftimés, donnans occafion de selmer- ueiller que l'on pu.ffe faire auec des plume? do.feaul.vne cenure fi délicate , & fi parle- ment efgale, qu'il, femblent proprement eftte de .rayes couleurs de peinture , & ont vn ce !, & vn regard fi gay, fi vif , & fi agréable que le peintre tf en peut pas faire de fi beaux auec fon pinceau , & (es couleurs. Quelques Indiens, tons onuriers& experts en cet art, pourtrayent de ces plumes , & reprefentent P^'afmen*. ce qu'ils voyent peint auec le pinceau, de telle façon que les peintres d'Efpagnè nont en ce point aucun aduantage fut eux. Le ?"«£"« # Prince d'Efpagne Dpm PhObppe.luy donna des Indes. Dure IV. 197 trois eftampes, oupourtraits fai&s déplume, comme pour mettre en vn Breuiaire-, lefqnelles (on Altelfe monftra au Roy Dom Phiîippes noftre fieur fon père j lefquels fa Majefté con- templant, Ôc regardant de pres,dift qu'il n'auoit iamais veu en ceuure fi petite vne chofe de fî grande perfection & excellence. Comme Ton euft. vn iourprefenté àlaSaincleté de Sixte V. vn autre quarre plus grand où eft oit pourtraic fainct François, & qu'on luy euft dit que les in- diens faifoient cela de plume; il le voulut ef- prouuer, touchant des doigts le tableau , pour voir fi c'eftoit plume,d'autant que cela luy fem- bloit chofe merueilleufe deftre û proprement ageancé, que lavetienepouuoitiuger, & dif- cerner fi c'eftoient couleurs naturelles déplu- me , ou Ci elles eftoient artificielles, de pinceau. Ceft vne chofe fort belle , que les rais ôc regard que ictte vn verd , vn orengfé , comme doré, ôc autres couleurs fines, & vne chofe digne de re- marquer, quelesregardans d'vne autre façon, on les vpid comme couleurs mortes.Ils font les meilleures & plus belles images de plume, en la Prouince de Mechouacan , ôc au bourg de Paf- çaro* La façon eft qu'auec de petites pinces deli-, cates ils arrachent les plumes des mefmes oy- féaux morts, & auec vne colle defliee qu'ils ont, les vont attachant légèrement Ôc poliement. Us prennent ces plumes fl délicates ôc petites de cesoyfeaux qu'ils appellent auPcru, Tomjn- cios, ou d'autres femblables, qui ont de très- parfaites couleurs en leurs plumes. Les In- dien^ outre ces imagesA feferuoient des plumes* Hifloire naturelle en beaucoup d'autres ouurages fort précieux, fpecialement pour l'ornement des Roys & Sei- gneurs, de leurs temples & idoles : car il y a auffi d'autres grands oyfeaux qui ont des plu- mes excellentes & très-fines, dequoy ils fai- foient des pennaches & plumages bigarrez,fpe- ciallement quand ils alloient en guerre , les en- richiiïànt d'or & d'argent, fort artificiellement, quieftoit vne chofe de grand prix. Lesmefmes oyfeaux y font encores aujourd'huy, mais ils n'en font pas tant curieux, &" n'en font plus tant de pennaches, ny de gentillettes, comme ils fouloient. Il y a aux Indes d'autres oyfeaux du tout contraires à ceux-cy , de fi riche pluma- ge, lelquels outre ce qu'ils font laids,oe feruenc d'autre chofe que de faire de la fiente , Ôc neant- moins ne font ils pas, peuteftre, de moindre profit. l'ayconfiderécela, m'efmerueillant de la prouidence du Créateur qui a ainfi ordonne que les autres créatures feruent aux hommes. En quelques Illes ou Phares , qui font ioignanc lacofteduPeru, l'onvoidleloing des pics, ÔC montagnes toutes blanches, & diroit-on à les voir, que ce feroit de la neige, ou que tout y eft vne terre blanche : mais ce font des monceaux de la fiente de ces oyfeaux marins qui vont là continuellement fienter , & y en a fi grande abondance, qu'elle fehaufle plufieurs aulnes, voire plufieurs lances en haut, cequifemble chofe fabuleufe. Ils vont auec des bafteaux à ces Illes, feulement pour charger celle fiente, pource qu'il n'y a autre fruict, grand, ny petit' en icelles -, & eu celle fiente fi commode, & fi des Indes. Liure I V. ips profitable, que la terre qui en eft fumée, rap- portedu fruid en fort grade abondance.Ils ap- pellent cette fier. te,gtiano, d'où a pris le nom la vallée, qu'ils difent de Hmaguana, es vallées du Peru, où ils feferuent de cefte fiente, & eft la plus fertile de ce terroir. Les coings , grenades, & autres fui&s y excédent en grandeur & bon' té tous les autres , cV difent que c'eft pource que l'eau auec laquelle ils lesarroufent, pafïe par delà terre fumée de cefte fiente, quicaufe la beauté de cefruicl:. Tellement que ces oy- feaux n'ont pas feulement la chair pour feruir de viande, lechantpourlarecreation, lapîume pour l'ornement &gaillardife; tnais auffileur fîente fert pour engraiiïèr la terre. Ce qui a eité ainfi ordonné par le Créateur fouuerain, pour le feruice de l'Homme, afin qu'il Ce refïbuuien- ne de recognoiftre, & eftre loyal à celuy duquel tout fon bien procède. Des beftes de chafe. Chapitre XXXVIII. V t r e les animaux de chafTe dont nous auons parlé, qui «font com- muns es Indes & à l'Europe, il y % en ? dautres levinirent agalTer, ou luy ietrer des pierres, il rnettoir bas fe pot d vn corté & tut les pierres ruant de fa part contre les enfans, iniques a ce ou'il euft alîeuréle chemin j puis retOurnoK à Lterïon por, 6V qui plus eft encore, qu' ! fuft Ln beuueutdc vin (côme plufieurs fois ie luy en ay veu boire , lors que ton maiftre luy en let- toit d'enhaut) néanmoins il n'y «ftiarnais tou- ché qu'on ne luy en euft donne corge Ils me dirent mefmeque s'il voyoit des ^«far- dées, il fe iettoii fut elles, & leur t,r. it la co.rTa- « lés des-accommodât, & les voulant «ordre. Cècv pourra eftre addition pource que te ne i'ay point veu : mais ie ne pente point qu'il y ayt animal qu. plus approche de la côuetfation hu- maine, que cette race de guenons. Ils en racon- tent tant de chofes , que de peur qu'on ne pente quej'adjouftefoyà de.fabîes, ouquonnek» des Indes. Livre IV. zot tienne pour telles, ietrouue meilleur de îaTfler cefubie& & conclure ceite matière, enbenif- iantlautheurde toutes créatures de ce qu'il a voulu creer vne efpece d'animaux feulement pour la récréation 6c le plaifir des hommes. Quelques vns ont efent que l'on apportoitecs nncos ou guenomà Salomon de l'Inde Occi- dentale, mais iecroy de ma part aue c'eftoitde lOnentaîe. V Des vkugnes é tarugues du Féru. Chapitre X£r. Ntr e ks chofes remarquables des Irdesdu Peru,font ks vieugnes ôt moutons du pays qu'ils appellent, qui lont des animaux traidables & de beaucoup de profit. Les vieugnes font fauuages & les moutons eft vn beftial domeitique. Q „ J. ques vm ont pen fé que les vieugnes font ce que Anttote, Plme, & autres autheurs tramât" „ * ) quand ils efcriuem de ce qu'ils appellent CavrJ *fn^ ?' * amemenrque quereflembknce pour la légère- * U'J pour reflembler aufîi en quelque chofe aux cne- vreSAa,Se„effecelIesn^ontpointdV„eiîef. mecfpece, car les vieugnes n'ont point de cor- «es mais celles-là en ont, comme Ariftotera- JlndeOaenaU, i, l'efpece defquels ils cirene Ce Hifloîre naturelle les pierre* de bezaar : car s'ils font de ce genre, ceferoit vneefpecediuerfe, comme en la race cks chiens l'efpecc du maftin eft autre que celle du lévrier. Les vicugnes du Peru ne font point aiuTi les animaux qui portent la pierre de bezaar en la Frouince de la neuue Efpagne , ieiquels lis appellent là bezaars , d'autant que ceux-là (ont de l'eipece des cerfs & venaifon. Neantmoms le ne fçaehe autre partie du monde où iWayedc ces animaux, finonauPeru, &enChille, qui fontProuinces joignantes l'vne de 1 autre. Les vicugnes font plus grandes que les chèvres, & plus petites que les veaux. Ils ont le poil tirant àcouleur derofefeche, quelque peu plus clai- re Ils n'ont point de cornes comme les cerfs ôc capreas. Ils paifTent, & fe retirent es endroits les plus hautains des montagnes, qu'ils appellent Pucmas. La neige, ny la gelée ne les offenfe pas, au contraire il femble qu elle les recree.lls vont en trouppe, & courent tres-legerement. Quad ils rencontrent des voyageurs, ou quelques be- lles ilsf'enfuyent comme beftes tort timides, & en fuyant ils chaffent deuant euxleurs petits. On ne f apperçoit point qu'ils multiplient beau- coup. Celt pourquoy les Roislnguas auoient défendu la chatte des vicugnes, fi ce nettoie pour leurs feftes, & par leur commandement. Quelques*vns fe plaignent que depuis que les Eipagnols y font entrez , on a donné trop de li- cence à la chaffe des vicugnes , & quMs font di- minuez pour celle occafion^ La manière de charter dont les Indiens vfent, eft de cechaco, «jii eft qu'ils famaflent plufaurs hommes cn« des hâet. Liure IV. 2az femble, quelquefois iu fques à mil, ou trois mil, Voitedauar rage , 8< entourant vn grand elpace deboM j>,von.cb?flàntl,.venaifon,,u fquesàce qnii» fe fuient mincis de.tous coftez par ce moyen ils fe prennent d'ordmaire de 5. à 4. cens ou enwron, & lors ,1s ptennét ce 'qu'ils veulent, laiilans aller lerefte, fpecialement fefemeJles pour la multiplication. Ils ont accouftuiné de tondre ces animaux, & de faire de leur laine des couuertures & caftellongnes de grand prix, par- ce que cefte lame eft comme vne foye'blanche qui dure longtemps; &cômeJa couleur eft na- turelle & non point de teinture, elle eft perpé- tuelle Us eftoffes faites de cefte laine, font fort Wches, &rortbonnespourletempsdécha" eurs, & tiennent qu'elles W profitables pour mflamation des reins & autres parties, tempe- rans la chaleur exceflîue. La mcfme vertu a cefte Jatne, quand elle eft mife en des mattelas. C'eft pourquoy quelques vns en vfent à céte fin pour J xpenence qu'ils en ont. Ils difent dauanLë, que cefte laine, oucouuerturefa.ted'ieelle eft médicinale pourd'autres ind,fpofitions,commï pourla goutte, toutefois .e nay pascognoilTan- la I™f Syt fâU 3UCune «P^ence certaine, La char de ces v.cugnes n'eft pas bonne, enco- re que jes Indiens la mangent, & qu'.lsenfont de la cec.ne,ou cha.r fechee, pour les effecîs de la medeClne. j dlra f ^ *£ par Ja S.erre duPeru , j'arriuay en vn tambo , ou în, . T Vnf°ir' eft^^ffligéd'vne terrible douleur des yeux, tellemencqu 'il me femb o t S** vouloient fortir dehors ( qui eftvnaS Ce ij Il Wfloire naturelle Eftani donc couche auec te" Ind]enne ?U1 """.tv c eaôk vn morceau de chair de vi- feras guary, ";Xme«,& encore toute fan- C,gnC\U:LTdeceftTrned;cineJ&incontinent iftetattoufol"etrchat<1ueVdu, me quitta du tout, vu commune de Tlf ' 'Ïef û ol aSurné d'en vfer chaflet «^«'iSe pour les prendre, qui d'vne autre particulier ej dcs eft qu'en approchant affezpre . > cotdeaux aueccertam plomb s, q^ p & fe méfient entre leur .pieds , ■ « / ^ prennent la vieugne. La prn i resdebezaarclu onrPc ilY a vn autre nous «aillerons çyapr-iy^^ fef? ^'S2 S^fontplusfegersque quels auffi fon^.1^^,' „an jj de corps , & ?6S ViCUgraie r Ïu fr§llsont les oUeJ ont vne chaleur pm hentpoint en molles fc P^ Victnes,àioutlemoinsie. trouppe comme les vicug ^ commUne- ;. yeitu. ' des Jndes. Liure I V Des Pacos , Guanacosy& moutons du Peru. Chapitre XLI. L n'y a chofe au Perude plus gra- de richefîe & profit que le beftial du pays, que lesnoftresappellét moutôs des Indes , & les Indiens en langue generalle l'appellét la- ma: car tout bien confideré^c' efb l'animal du plus grand profit , &delamoindie delpenfe de tous ceux qu'on cognoifTe. Ils tirent de ce beftial la viande Ôc le veftement, comme ils font des brebis en Efpagne. Dauantage ils en tirent la commodité de la charge ôc de la voitu* re de tout ce qu'ils ont befoin , attédu qu'il lcujjr fert à porter leurs charges, & d'autre codé, il n'eft point de befoin dédefpendre aies ferrer, «yen Telles, ou en bafts, & non plusenauoine: mais il fert fesmaiftresgratuitement^fe conten- tant de l'herbe qu'il trouueparmy les champs de manière que Dieu lésa pourueus de brebis &dejuments en vn mefme animal. Et comme ceft vne nation pauure, il a voulu auffi les exempter en ce poincl:, de couft & de def penfe, pource qu'il y a beaucoup de pafturages & her- bages en la Sierre , & ce beftial n'a point befoin d'autre couft. Il y a deux efpeces de ces moutons ou lamas, lesvns defquels ils appellent pacos, ou moutons porte laine, &Jes autres font raz, & de peu de laine ; auiîî font-ils meilleurs pour là charge. Ils font plus grands que des grands moutons, & moindres cu,ie des veaux -, & ont le Ce iij Hiftoire naturelle col fort long, à la femblance d'vn chameau, dont ils ont* bien befoing: car eftans haut sèc dleuez de corps, ilsontbefo.ng dvncola.nii Ion* pour ne Ublet point difformes. Us font de diuerfes couleurs, les vns tous blancs, les autres noirs , les autres gris, & l«autr«mef' lez qu'ils appellent Moromoro. Les Indiens «tf£ de grandes fuperftitions à cho.fit ce. San* , pour les facrifices , de que le couleur ils deuoient eftre , félon la diuerfité des fa.fons, & des facrifices. La chair en eft bonne, encore* qu'elle fo.tdure: mais celle de leur, agneaux eft la meilleure, & la plus délicate que 1 onfçau- ro.t manger , toutefois l'on n en *f%T& beaucoup à manger, poutee que le p me pal fruift c/profit qu'ils rapportent, ^ /» «»« pour faire des draps, & leferu.cequil font : à porter charge. Les Indiens mettent la laine en Lute, & fontdeseftoffes, dont.lsfeveften , IV ne qui eft gtoffiere & commune qu ils appel- ;chlnafcaf&rauttefine&dehcate,qu1sap pellent cumbi. De ce cumbi lit font des tapis de table descouuertures, & autres ouuragese^- qu, , qui fo" de longUC dureC ' ? °nr " fc beau luftre, approchant comme du m.foye & ce qu'ils ont de f.ngul.er , eft leur façon de tiftre kU ne d'autant V''sfontà deux faces tous le! «es qu'ils veulent , fans que Ion voye aucune fin, ny bout ««'"g^ euaRoy duPeru auoitde grands ^llttesou uriers àfaire cefte matiete de «**£*W cipaux refidoient au quartier ^ Capach.ca joi- gnant le grand lac de Titicaca. «s teignent cette des Jndes. Liure IV* 104. laine de diuerfes couleurs très fines, auec plu- fieurs fortes d'herbes , de laquelle ils font beau- coup de difFerencs ouurages, degrofîîers, ou communs, Ôc de fins. Tous les Indiens & In- diennes y trauaillent en la Sierre , Ôc ont leurs meftiers en leur maifon, fans qu'ils ayent befoin d'acheter, ny faire faire les eltofFes qu'ils vfent chez eux. Us font delà chair de ce beftial, du eufehargui , ou chair fechee , qui leur dure long temps & en font grade eftime. Ils ont accôuftu- me de conduire des bandes de Ces moutons, chargez comme voituriers , ôc vôt en vne ban- de de trois cens , ou cinq cens , voire mil mou- tons, lefquels portent du vin,du mays, du coca, du chuno, du vif argent, ôc toute autre forte de marchandage, ôc qui plus eft,de l'argent la meil- leure de toutes : car on porte les barres d'argent depuis Potozi iufquen Ariqua , où il a foixante ôc dix lieues , & auoient autrefois accoafhimé de les porter à Arequipa,qui font cent cinquan- te lieues. le me fuis beaucoup de fois efmer- ueillc de v oir ces trouppes de moutons chargez de mil & deux mil barres d'argent , Ôc beaucoup dauantage, qui font plus de trois cent mil du- cats, fans autre garde, ny efeorte, que quelques Indiens , qui feruent feulement pour guider les moutons, ôc les charger, ôc defeharger, ou pour le plus quelques Efpagnols ; & dorment ainfi toutes les nui&s au milieudes champs fans autre garde que cela. Et neantmoins en vn(i long chemin, &auec fî peu de garde, l'on ne trouue iamais qu'il y ayt faute, ou perte d'aucu- ne chofe fur vn fi grand nombre d'argent , tant, Ce îiij Hifioire naturelle eft grande la feureté , deffoubs laquelle on che- mine auPeru. La charge que porte ordinaire- ment vn de ces mourons , eft comme de quatre ou fix arrobev \ quand le voyage eillong , ils ne cheminent par iour que deux, ou trois lieues, ou quatre pour le plus. Les moutonniers qu'ils appeilét, qui font ceux qui côduifent les troup - pes & bandes, ontleursgiltts, & repaires or- dinaires, qu'ils cognoiffent où il y a de l'eau, & des pafturages , & là ils defcharge nt , cV font leurs rentes, y Fa fans du feu ,& accommodai Jeurmanger, & ne font pas trop mal, encores que ce foit vne façon de cheminer affez flegma- tique &tardiue. Quand il n'y a point plus d'v- ne iournee de chemin à faire, v n de ces mou.tôs portetienhuiclarrobes pefant , & dauautage, & chemine auet fa charge vneipurnee entière dehuicl, ou dix lieues, ainfi qu'en ont vféde pauures foldars qui cheminoient par le Peru, Toutcebeftialfeplaiften vn air froid, & pour cefte occafion il fe trouue bien en la Sierre , & meurt aux Lanos à caufe de la chaleur. Il ardue par fois que cebeftialefttout cpuuert déglace & de gellee , & neantmoins demeure fain , & fe porte fort bien. Les moutons ras font plaifans à regarder , pource qu'ils f'arreftent aU chemin, &haufTentlecol, regardans les perfonnes fort artentiuemenr, & demeurent làainfi vne lon- gue efpace de temps fans femouuoir, ny faire iemblant de crainte, ny de contentement v ce /ercommetdtots,oules auoten horreur tmm Mw£& ?»c les me/mes cbefis, votre dep/res , ont 1 «eues entre les Grecs & Us Romains] auiit commandes tout lemonde , commet nZZZ facilement entendre non feulement deLZ Tbeoaoret, & autres, matsaufst des leurs mef- [ff 4r k rnnce de* ténèbres e/lant le cbefde toute infidélité, cen'efipas «$*£ M d ^uuer entre les tnfiilcs des crÎZi destmmondtces^âesfolltes, propres &, £ ucnablesàvntelmatftre. EttLnLekZ' cccns Gentils ayentde beaucoup /«§&*& cy du nouueau monde, en JeJ^ ^ ^^»eantmotnspeuUonreZ^Z jylfurscbo/esdtgnes de mémoire. Mati ™J'»l¥>pU'Uya,eficommtdegens barbZ rcs,lefqUels priuez, de la lumière Lernaturel LIVRE CINQJVIESME DE LHIS^TOIRE NATV- relle & morale des Indes. lob. 41. J>)ue l'orgueil & l'enuie du diable a ejléla caufe de l "idolâtrie Chapitre premier. S 'O R g v e 1 e & la prefomption du diable eft fï grande & fi obfti- j! née , que toujours il appette& s'efforce de fe faire honorer pour Dieu ,& tout ce qu'il peut { defrober & s'approprier de ce qui appartient au très-haut Dieu, iine celle de le faire aux nations aueugles du mondejefquel- les la lumière &refplendeurdufainc"t Euangile n'a point encore fclaircies. Nous lifonsen lob de cet orgueilleux tyran, qu'il met fes y eux au plus haut , & qu'entre tous les fils de l'orgueil il eft le Roy. Lesdiuines Efcritures nous enfek gnét fort clairement fes mauuaifes intentions, & fatrahifonfi outrecuidee, par laquelle il âpre- tendu efgaikr fon tkofne acéluy de Dieu^ des Indes. Liure. V 2.10 iœluy difanten Eftye:n, 4/.***/.^ ■ iem^ ; ^»^^fejd^qHumufafovUhJ n^crferyfimUMe™ Très baur.Et en EzechieJ: *fi» en U chaude D,e» au m,l,eu de h mer Ainfi ton % , jours prefifte Satan d ce mefchant «±fc£fe *^'i8' fcm-eD.eu. Et combien queleiufte, & feuere chafhment du tref haut l'ait defpouilWd Su! tefa pompe, &fa beauté', par laquelle il s'eftoit enorpeuly .ayant eftétraftté comme merico/t la telonme & indtfcretion , ainfi qu'il eftefcric auxmefmes Prophètes: neâtmoin^na pasd 1 m.nue d vn pomt fa mefchante & peruerfe in- tention % laquelle il domonftre L tous les moyens qui luy font pofsibles , comme vn chien enrage, mordant lefpee de laquelle Ion le frap pe. Car comme il eftefcrit, l'orgueil de ceux croiflant. D ou vient le perpétuel & eftrange >***7h foacy que cet ennemy de Dieu a toufiourseu de fe faire adorer des hommes,inue„tant tant de genres d idolâtries , par lefquelles il a tenu fi long temps fubjette la plus grande partie du monde de forte qu '/peine refte-if 1 Dieu vn coing de Ton peuple d'Ifrae! VrA^ - kfortdf l'Euaiil/la ^a^S^ ****• que par la force de la croix, il a brifé & ruiné les plus importantes & puiffantes places de fon . Royaume; par fa mefme tyrannie il a com- mence d-affaillir les peuples & nations les Tus ignées & barbares ^'efforçant de gjg Ddi; — Hiftoire naturelle lier entr'euxla fauiTe & menfongere dîuinité, laquelle le fils de Dieu luy auoit oftee en fon Egile l'enchaifnant & enfermant comraeen vne cage ,ou prifon,ainfi qu'vne belle funeufe a fa dandeconfufion , & refiouyffance desferm- teurs de Dieu, comme ille fignifie en lob. Mais en fin ores que l'idolâtrie aefté estirpee de la meilleure , & plus notable partie du^nonde , il • s'eft retiré au plus esloigné , & a règne en celle autre partie du monde,laquelle combien quelle foit beaucoup inférieure en noblefle.ne l'eft pas toutesfois en grandeur & largeur, il y a deux' caufes & motifs principaux,pour lefquels le dia- ble s'eft tant eftudiéd planter l'idolâtrie & toute infidélité , de telle façon qu'a peine l'or itrouue aucune nation , où il n'y ait quelque idolâtrie. L'vne.eft fa grande préemption & orgueil,qui eft telle , que qui voudra confiderer comme il * &*i +• bien olé s'attaquer au mefme Fils de Dieu & vrayDieu , en luv difant eftrontement qu il fe profternaftdeuant'luy,& qu'ill'adoraft,cequ il faàfoit , combien qu'il ne fceuft pas afferment- que c'eftoit le mefme Dieu , mais pour le moins aW quelque opinion qu'il fiift fetW de Dieu. Cruel & efpouuantable orgueil , d ofer ainfi in- dignement attaquer fon Dieu ! certainement ce- luv-!à ne trouuera pas beaucoup eftrange , qu il fe fafie adorer côme Dieu , par des nations ,gno - rantes , puis qu'il s'eft voulu faire adorer par Dieu mefme , en fe difant Dieu , bien qu il fo.t vne fiabominable& deteftable creature.L autre caufe& motif de l'idolâtrie, eftlahaynemor- téll^&mimiUéqu'ilaconccûçpouuamajïfion- des Indes. Liure. V. m très les hommes. Car comme dit le Sauueur dés le commencement il aeftc homicide ; & retient cela comme vne condition. & proprietéinfepa- rabJedefa mefchanceté. Et pource qu'il fçaic que le plusgrand mal'heur dej'homme, eft d'a- dorer lacreature,comme Dieu; à cefte occafïon xi ne celle d'inuenter toutes fortes d'idolâtries, pour deftruire les hommes & les rendre ennemis deDieu. Ily adeuxmauxque le diable faiten i idolâtrie, 1 yn qu'il nie fon Dieu , fuiuant ce p^ge^deUfelcDieu^racre/: Etlautre, Veut. qu ils affublent à vnechofeplus baiTe queluy pource que toutes les créatures font inférieures a la rauonnable, & le diable, encor qu'il foit fu- peneur de l'homme en nature , neantmoinsen cftat il eft beaucoup inferieur,puis que l'homme en cefte vie eft capable de la diuinité & éternité Parce moyen Dieu eft des honoré, & l'homme" perdu en tous endroits par l'idolatrie3dequoy le diable fuperbe & orgueilleux eft fort content. Veplufaurs fortes d'idolatrié >, de/que lies les - Indiens ont puis que cefiteluy qui donne les beaute7y $r qui « fÔ.™ *$M{ctyf*f*- Vautre Part s tls mwentâmi* I Hifloire naturelle ration U puijfance & les ejfetts de ces chofes , par iceïles mefmes ils dament entendre de combien doit ejlre pluspuif- font qu elles toutes > celuy qui leur a donné ce/} ejlre quel- les ont , pource que l'on peut cometfurer parla beauté o* grandeur qu'ont les créatures^ quel doit ejlre le Créateur de toutes ces chofes, Iufques icy font les paroles-du li- " ure de Sapience, defquelles l'on peut tirer vn bon & fort argument, pour conuaincre la gran- de tromperie des idolâtres infidelles, qui veu- lent pluftoftjferuir & reuerer la créature que le Rom.x. Créateur: comme iuflement l'Apoftre les re- prend. Mais d'autant que cecy n'eft point du prefent fubied , & qu'il eft fufhTamment rap- porté aux Sermons que l'on a efcrits contre \ts erreurs des Indiens, il fuffit quant à prefent de dire qu'ils adoroient le grand Dieu , & leurs Dieux vains & menfongers tout d'vne mefme façon: pourceque la faconde faire oraifon au Vira cocha,au Soleil, aux Èftoilles, &au refte des Guacas ou idoles, eftoit douurir les mains & faire certain fon auec les lèvres , comme de perfonnes qui baifenf, & de demander ce que chacun defiroit,en leur offrant facrifices. Com- bien qu'il y eu il grande différence entre les pa- roles dont ils vfoient pour parler auec le grand Ticciuiracocha, auquel ils attribuoient princi- palement le pouuoir & commandemet fur tou- tes chofes , & celles dont ils vfoient a parler aux autres, lefquels ils n'adoroient feulement que chacun en fa maifon commeDieux ou Seigneurs particuliers , &difoient qu'ils eftoient leurs in- terceffeursenuersle grand Ticciuiracocha. Ce- tte façon d adorer ouurantks jjjjJjftfe^MBj des Indes. Lime. V. ixè en baifant , a quelque chofe de femblable à celle que lob auoit en horreur, comme chofe propre *•*- ji» des idolâtres, difant; Si Uybaifé mes mamt auecmt louche regardant le Soleil quand d reluit , ouU Lutte quand elle efi claire : ce qui efi vne très-grande miqutte\ ÇT efi m er le très grand Die». De F idolâtrie dont les Indiens vferen tfur < Us cbofes particulières. Chapitre V. E diable nes'eft pas côtenté de faire que ks aueugles Indiens adoraflène le Soleil, laLune^esEftoillesJaterre^&Iamer ce pluheurs autres chofes générales en la nature* mais ila paiTé plus outre en leur donnant pour Dieu, & les aflubieâif&ns à des chofes baifes& petites,* la plusgrad part,ordes&iniames.L o nesefpouuentera point de ceft aueuglemétdes barbares , qui fe voudra fouuenir de ce que l'A- Rom poftre dit des Sages & des Philofophes,qu ayans cogneu Dieu,ilsne le glorifierez pomt,ny ne luy rendirent grâces comme a leur Dieu, mais qu'ils le perdirent en leurs opinions & penfees , & leur cœur a efté endurcy en leur follie,& ont changé la gloire & deïté de l'éternel Dieu à des &L blançes& figures des chofes caduques & cor- ruptibles, corne d'hommes,doyfeaux,de befles & de ferpens. L'on fçait aflez que lesE-vptiens adoroient le chien d'Ofiris , la vache d'Ifis, & le B§§8S * Amçion : lesRoma^ns adoroient la Hiftoire naturelle deefle Februa, des fleures, &l'oye Tarpeïen- ne & qu'Athènes la fage adoroit le Coq & le Corbeau, &femblables autres vanitez & mo- queries , dont leshiftoires des anciens Gentils font toutes remplies. Et font tombez les hom- mes en vn f. grand malheur , pour n auoir voulu s'alfuiettirâ laloy de leur vray Dieu & Créa- teur , commefaind Athanafeletraide docte- ment efcnuant contre les idolâtres. Mais cet v.nechofe merueilleufement effrange , que le desbordement & perdition quia elle en cela entre les Indiens , fpecialement du Peru : car ils adoroient les riuieres , les fontaines , les em- boucheures desriuieres, lesentrees desmon- taenes , les roches ou grandes pierres les col- lines , lesfommetsdes montagnes qu ils ! appel- lent Apachitas, &les tiennent pour choie de erande deuotion. En fin ils adoroient toute chofeennature , quifur fembloit remarquable & différente du refte, comme y recognomant quelque particulière deïtë. L'on me monftra en • Caxamalca de la Nafcavne colline, ou grance terre de fable qui fut le principal adoratoire, ou Guacadesantiens. ie leur demandois quelle diuinite ils y trouuoient , & ils me refpond.- rent qu'ils fadoroient à caufe de cefte mer- ueille qu'il auoit deftre vne terre de fable trefi- haute au milieu des montagnes de pierre qui eftoient tref-efpaiffes. Nous eufmesbefomg en la Cité desRoys.d'vn grand nombre de gros bois , pour fondre vne cloche , & pource 1 on coupa vn grand arbre difforme , qui pour i* griur&fonantiquité auoitefte tagog des Indes. Liure V*. xi/ adoratoi^&Guacades Indiens. Etleurfem- bloit qu'il y auoit quelque diuinité en tout ce qui auoit quelque chofe d'extiaordinaire & dV- ftrangeen Ton genre, iufquà en attribuer au- tant aux petites pierres àc métaux, voire aux: racines ôc aux fruits de la terre, comme aux ra- cines qu'ils appelaient Papas. Ilyenad'vne iorte eftrange qu'Us appelaient Lallahuas , lef- quel/es ils baifoient ôc ks adoroient. Ils ado- rent auiTi les Oursiles Lyons, les Tigres & les eouleuures, afin qu ils ne leur fa.sét aucun mal' & tels que font leurs Dieux , telles & auffî plai- iantes font les chofes -qu'il leur offrent en k$* adorant. Ils ont accouftnmé quand ils vont par chemin d'y ietter ou aux carrefours, aux colli- nés &principalementauxfommets,quîiisap^ pellcnt Apachittas, des vieux fouliers, des plu- rr jes, du Coca mafché, qui eft vne heibe dont ils vfent beaucoup. Et quand ils n'ont rien dauan- tage, leur îectenr vne pierre, le tout en offrande, annqu ils les lailfentpaiïèr, & qu'ils leur don- nent bones forces, lefquelles ils difent leur aug- men ter par ce moyen, comme il efl rapporte en vn Cocile Prouincial du Peru. C'eft pourciuoy Ccncj?' *$ 1 on trouue en ces chemins de grands monceaux TaflT de ces pierres offertes, & des autres chofes fui- dites. De fcmblable folie vfoient its anciens defquelsileflditauxProuerbes;^^^ ,; Pf9mh 0 fredemermMmoceande Mercure ,*infiaue ccLylui W/«M :q^icft à diçc, que l'aine rire non plus de fruit ny d'vtilité du fécond , que du pre- mier : pource que le Mercure de pierre ne reco, gnoift point l'offrande, ny lç fol ne peut reco* JE* l/iftoire naturelle gnoiftrc l'honneur que l'on lu; J* .^^ 3'vne autre offrande, non moins plainte Bc ri dicule qui eft d'arracher le P6il des fourc.h ** f «Fr'iraù Soleil & aux collines , aux Apachi- ipitÉl derable comme Js s afluM^ ^ ^ t -1 & eft ce «V ûquel tous les Gentils comrnu- fcilj&ett.ceiuyrcH caDitainedifcret &bon hcmentadoroient- Vn«pja b eraifon Chreftienniecontoit .q«»« Soleil a> il auoit perfuade aux f ™^ aeature de r^furiV^mSauCaciqueScfe, Dieu,6c """J- ".jj^donnaft vn Indien k- gneur principal q^lluJ ah. «, donna vn, porte la lettr«il '^ d ut refpondit, c'eft rnoy T'es Indes. Liure V. 2I« chofequecequcieluy commande. Ainfirepli, ^rLtnîrmec,eft contre Ssœs «eau SoleiII honneur qui cftdeu au Crearenr &fagne„rderour. La ta.fon du capïelcs content, tous, & dit Je Cacique & ffikaS entTndac L'"nt ^^ *WîEï Fessas FWsSSîgae »f chofe qui traUa,Hoit târj ÏSgjJSHÊ bier f lire Dieu, en q„0y il dift vemé Ainfif eue 1 on vient à déclarer aux i„ J i '°rS „.,„ », , lr aux indiens leurs pr Ec Hijïoire naturelle m D'^me ilàoktrkfur les defunSs. Chapitre VI. L y a vn autre genre d'idolâtrie fort différent des fufdits, dont les Gentils ont \fé à l'occafion de leurs deffunds, qu'ils ay «noient a & eftimoient, & femble que le S^ettTe donner à entendre que le comrnen- cernent de l'idolâtrie fo« procède de là d lant 0>]4cnjtces. u j JrA»thor>(eeyÀemeM* cet erreur des Jndes. Liure V. 2lp hient adorer. Lacumjttédes excelle» s ouuners augmenta ce ftemuentlond' idolâtrie y tellement que par leur art ces flattées furent fi élégantes , que ceux qui ne fcauoient ce que fe/tott , efloient prouoque\a les adorer , d'autant que par l'excellence deleurartypmendans contenter celuy qui leurbadloit k faire , tls tiraient des psurtraits 0> peintures beaucoup plus excellentes, o" le vulgaire conduit de l'apparence a- grâce del'ouurage, vint a tenir er e fil- mer pour Dieu celuy qui peu auparauant mottefté hono- ré comme homme. Et cela fut l'erreur miferabledes hom- mes ,quts 'accomo dans ores a leur affSion crfentiment, ores a ta flatterie de leurs fyys, vindrent a impofir aux pierres le nom incommunicable de Dieu , les adorant pour Dieux, Tout cecy eft au liure de Sapience , qui eft cligne d'eftre notté , & trouueront au pied la lettre ceux qui feront curieux rechercheurs de l'antiquité, que l'origine de l'idolâtrie ont efté ces pout traits & ftatuès des defFunts,ie dy de l'i- dolatrie, qui eft proprement d'adorer des idoles & images: car il n'eft pas certain que cette autre idolâtrie d'adorer les créatures, cômele Soleil, & la milice du Ciel , ou le nombre des planettes &eftoilles;dequoyil eft fait mention aux Pro- phètes, ayt efté depuis l'idolâtrie & les ftatuès: «/Wio. combien que fans doute l'on ayt fait des ftatuès Soth'u & idoles en l'honneur du Soleil,de la Lune ôc de la terre. Venant à nos Indiens, ils vindrent au lommet de l'idolâtrie par ks mefmesvoyes que demÔftrerEfcri'ure, Premièrement ils auoknc • ioing de conferuer les corps de leurs Roys 6c * Seigneurs, & demeuroient entiers fans aucune mauuaife odeur, & fe corrompre plus de deux cens ans. De cefte façon eftoient les Roysln-^ Ee- iij f/ifloire naturelle guasau Cufco, chacun en fa chappelle&adç- ratoire, donc le Viceroy Marquis de Canette, pour extirper l'idolâtrie, fit tirer ôc porter en la Cité des Roys trois ou quatre Dieux , qui caufa grande admiration de voir ces corps morts de- puis tant d'années fi beaux Ôc Ci entiers qu'ils eftoient. Chacun de ces Roys Inguas lailîbic tous Ces threfors,moyens & reuenu pour entre- tenir fon adoratoire où Ponmettoit Ton corps, & y auoit beaucoup de miniltres, auec toute fa famille, qui eftoient dédiez à fonferuice. Car nul Roy fuccefkur n vfurpoit le* threfors ôc vaiffellede fon predecefTeur, mais il en aflèm- bloit tout de nouueau pour luy ôc pour fon Pa- lais. Ils ne fe contentèrent point de cette idolâ- trie enuers les corps des deffun&s , mais aufli ils faifoient leurs (tatuës & reprefentations,& cha- que Roy durant fa viefaifoit taire vne idole où iî eftoit reprefenté, laquelle ils appelaient Gua- oigui, qui lignifie frère. Pource que 1 on deuoit faire à cefte ftatuë durât la vie Ôc la mort de Pln- gua , autant d'hôneur & de vénération qu'à luy- mefme. Et portoient cefte ftatuë en la guerre ÔC en procefïion , pour auoir de la pluye Ôc du bon temps, & leur faifoient diuerfes feftes , ôc facri- iîces. Il y a eu beaucoup de ces idoles au Cufco, ôc en fon territoire : toutesfois l'on dit à prefent que cefte fuperftition d'adorer les pierres y a cef- fé du tout, ou en la plusgrande^partie Apres qu'on les euft defcouuertes , par la dihgence du Licencié Polio , ôc fut la première celle d'Ingua Rocha, chef de la partialité ou race principale ^e Hanam Cufco ,-& trouue l'on de cefte façon, des Jndes. Liure V. 220 qu'entre ks autres nations ils auoient en grande c{frme,Sc reueroientles coips de leurspredecef feurs, & adoroient auffi leurs ftatuës. Des fuperjlmons dont ils vfoient anec les morts. Chapitre VIL Es Indiens du Peru ont creu com- munément que les âmes viuoicnc japres cefte vie, & que les bons jeltoient en la gloire, & ks mauuais enlapeine: tellement qu'ilyapeu de difficulté , ileur perfuader tels articles. Mais U ne sot pas paruenus hifqu'au point de cognoi- lire que les corps deuoient refuf citer auec les âmes. Ceft pourquoy ils employ oient vneex- ceilme diligence, c6meilaeftédit,àconferuer les corps lefquels ils honoroient après la mort3 à £efte fin leurs fuccefleurs leur baiiloient des ro. bes,& leur faifoient des facrifices, fpecialement ks Royslnguas en leurs enterremens deuoient eftre accompagnez de grand nombre de ferui. leurs Se femmes pour Ton feruice en l'autre vie. Païquoy le iour qu'il decedoit, l'on mettoit à mort les femmes qu'il auoit le plus aymees, ks icrukemsSc officiers, afin quilsl'allafTent fer- uir en l'autre vie. Quand Guanacapa mourut, qui fut père d'A tagualpa , au teps duquel entrè- rent les Efpagnolsjl'on mita mort mil & tant aeperfonnes>detousaages,& conditions, pour *0nferuiceâ & pour l'accôpagner en 1 autre vie» Ee lin j/i/loire naturelle Ils les tuoient après plufieurs châfons, cV yuro- gneries, & ces deftinez à la mort fe tcnoiët bien heureux. Ils leur facrifioient plufieurs chofes, fpccialement des petits enfans,& deleurfang fai foient vue raye au vifage du defîund d'vne oreille en l'autre » Celte mefme fuperftiuon , & inhumanité de tuer des hommes, & des femmes pour accompagner Se feruir le deffund en i au- tre vie, a efté fuiuie d'autres , & cft encor à pre- fent vifuee parmy d'autres nations barbares; Voire comme eferit Polio, elle a efté prefque générale en toutes les Indes. Le vénérable Beda feefm e racôte , que les Anglois auparavant que feconuertir à l'Euangile, auoientcefte mefme couftume de tuer des hommes , pour accompa- gner & feruir les deffunds. L'on raconte dvn Portugais, qu'efiant captif entre les barbares, auoit receu vn coup de flefche, dont il perdit vn œil ôc comme ils le voulurent (acnfier , vn îour pour accompagner vn Seigneur deffund, il ref- pondit que ceux qui demeuroient en l'autre vie, Feroientpcud'eftat du deffund, fionluy don- noit pour copagnon vn homme borgne & qu il eftoit meilleur luy en dôner vn qui euft fes deux veux L & cette raifon eftant trouuee bonne par les barbares , fuft caufe qu'ils le laiflerent. Ou- tre cefte fuperftitiondefacriner les homes aux deffunts, dont l'on n vfe qu'à endroit des grads feieneurs , il y en a eu vne autre beaucoup plus commune ôc générale en toutes les Indes, qui cft de mettre à boire , & à manger fur les fepul- turesdes deffunds, croyans qu'ils fe nournt- fôient de cela , quia mefrac efte vn erreur entre des fndes. Liure V. zit les anciens, comme efeript faim Auguftin. Et pourcefttffecl:,dèleur donnera manger & à boire. Au oufd'huy plufieurs Indiens inndel- ks , tirent de terre fecrettement leurs defFuncts des cimetières , ôc ks enterrent en des collines, ou en des partages des montagnes , ou bien en leurs propres maifons. Ils ont mefme accou- tumé de leur mettre de l'argent, & de l'or en la bouche, aux mains ôc au fein, ôc de les reueftùr de robes neuues , ôc du râbles , doublées , ôc pliees par deffous le lict mortuaire. Ils croyent que les âmes des defFun&s vont vagabondes, ôc endurent le froid, la foif\ la faim, &letrauailj &par cefteoecafion , ils font leurs anniuetfai- res, en leur portant des habits, à manger & ^ boire. A rai-fon dequoy les Prélats en leurs Sy- nodes aduenifTent fur tout que les Preftres don. nent à entendre aux Indiens que les offrandes que lonmet auxEglifes furlesfepultures, ne font pas le manger, ny boire des derïun&s, mai? pour les pauures, 6c pour les mimftres, &que Dieu eft feul qui fuitante les âmes en l'autre vie, puis qu'ils ne mangent, ny ne boiuent aucune* chofe corporelle, ôc importe beaucoup qu'ils fçachent bien cela, afin qu'ils neconuertiflenc cet yfage religieux en fuperftition gentile, corn- me le font plufieurs. Hfflàire naturelîi I il De ta façon d'inhumer Us deffunSls entre les Mexiquains & autres nations. Chapitre VIII» i Y a n t raconté ce que plufîeurs I nations du Peru ont fait auecles deftunds, il ne fera mal à pro- pos de faire mention particuliè- re des Mexiquains en cet en- ■ droit , les mortuaires defquels eftoient fort folemnifez , & pleins de grandes folies C'eftoit l'office des Preftres & Religieux çn Mexique (car il y en auoit quiviuoient en vne eftrange obferuance , comme il fêta ditJpecUlement les Mexiquains, entiers les ima- ges &ftatuès> Chapitre IX. O m b i e n que véritablement Dieu !foit grandement offenfé en ces ido- lâtries fufdires, où Ton adoroit ks , créatures, fi eft- ce que le faincl Ef- pnt reprouue, & condamne encores dauantage vn autre genre d'idolâtrie, qui eft de ceux qui adorent feulement lesimages & figures f aides de la main des hommes, lesquelles n'ont autre chofe en elles, que d'eftre vn bois, ou pierre, ou métal, & la figure que Dieu leur a voulu don- ner. CeftpourquoyleSage parle ainfi de telles gens : Malheureux font, ZT entre Us mort s fe peut conter Sap. ta lepwce de ceux Cmmtimdc Ufem- J-fierem. Bayuc. 6. Ffitim. 113 OfcA %. Hifloire naturelle liante d'animaux , ou vne pierre mutile, qui n a rien da~ uantariqued'ejtre vne antiquaille. Et pourfuit diui- nement ces propos à l'encontre de cet erreur ôc folie des Gentils. Cômeaûill le Prophète Efaïe, 0 le Prophète Hieremie, le Prophète Baruc, & le faind Roy Dauid, en traînent amplement. Et eft necellaire ,& conuenable que le miniftre de lefus-Chrift, qui reprouue les erreurs de Tido- Jauie, aye bonne veiie, & qu'il confidere bien cespaiTages, & lesraifons quele fainct Efprit touche fiviuement eniceux , & comme toutes fereduifent envnebrieuefentence que met en auant le Prophète Ofee : Celuy qui l'a fuit \aeftevti muritr-, parquoy il n'efi f>omt Dieu: le veau donc de Sama- neferuira aux toilles d'araignées. Reuenât donc à no - (trepropos,ilya eu aux Indes vne grande cu- riofité défaire des idoles & peintures dediuer- fes formes, &de diuerfes matières, lefquelles ilsadoroient pour dieux, &les appelloientau Peru , Guacas, eftans ordinairement des beftes laides ôc difformes, au moins celles que j'ay veiies eftoient toutes ainfi. le croy certaine- ment que le diable, en 1 honneur duquel on fai- foit ces idoles, prenoit plaifir de fe faire adorer en cesdifîormitez. Et à la vérité ilfetrouuoic aufli que le diable parloir ôc refpondoit en beaucoup de ces Guacas, ou idoles ; ôc ks Pre- ftres & miniftres venoient à ces oracles du pè- re de menfonge ; ÔC quel il eft , tels eftoient fes confeils, aduis & prophéties. CaeftéésPro- uinces de la neuue Efpagne, en Mexique, Tef- çuco , Tlafcalla , Cholula, ôc aux parties voifi- nés de ce Royaume, où ce genre d'idolâtrie a desjndes. Liure fr. zz± elle leplaspiadiq.equ.en Royaume dumon- de fctcft vnechofe prodigieufe doiiir conta 1 -s fuperflitions qu'ils ont eues en ce point; ton, tesfo.s il ne fera pas malpiaifan, d'en raconter quelque chofe. Le principal idole de Mexique eftoit, comme l'ay dit, Vitzilipuztli.. Ceftofr vne ftatuè de bois, taillée en fembiance d'vn homme affis en vnefcabeau de couleur d'azur pofe fur vn branquard, de chaque coin duquel iorto.t vnbois, ayant la forme d vne tcâc de lapent : 1 efcabeau denotoir qu'il eftoit affis an cieJ; cet idole aueit tout le front azuré, & eftoit lie pardetfuslenez d'vne bande décodeur d'a- zur qui prenoit d'vne oreille à l'autre ; iJauoit iurla tefte vn riche plumage , en façon d'vn bec de petit ovfeau , qui eftoit couuerr pat le haut ovn orb.enbruny; ilauoit en la main gauche vne rondelle blanche auec cinq formes de pom- mes de pin faites de plumes blanches , q„iv efto.enr polies en croix , & du haut fortoit vn gail ardet dor, ayant aux coftez quatre fai- tes, lefquelles, au dire des Mcxiquains, auoïenr cite enuoyees du ciel , pour faire les ades & prouefles qui fe d.ronc en fonlieu. Ilauoiten ia main dextre vn ballon azuré , qui eftoit taf lé en façon d vne couleuure ondoyante. Toutcét ornement & le tefte qu-iLauo.t, portoit fon fens, ainfique le declaroient les Mexiquains. 1-enom de vitzihpuztli, main gauche de Plume reluifante. le diray cy après du temple fuperbe, des facrifices, feftes, & cetemonies de ce grand Dtefentirr f C,h°feS '«""VM* Mais à ptelent il fera feulement dit que cet idole Veûu f/iftoire naturelle & orné richement, eftoitmis en vn autel fort haut, en vne petite pièce, ou encaftillement, fottcouuertedehnceux, deioyaux.de plumes, & d'ormmens dot, auec beaucoup de rondel- les de plumes les plus belles & plus gentilles qu'ils pouuoient .ecouuret , & auoit toofionrs deuant ioy vne couttme, pa«r plus grande ve- nerauon. Ioignant la chambre ou chappelle de cet idole.il y auoit vne pièce qm eftott de mon. dre curage, & non pas fi bien ornée ou il y auoit vn autre idole qu'ils appellent Tlaloc. Ces-deux idoles eftoknt toujours enfemble, pource qu'ils les reputo.ent côpagnons, & d v- ne efeale puiflance. Il y auoit vn autre idole en Mexique , fort eft.mé , qui eftoit le Dieu .& : poj- nitence, & des tub.lez & pardons &£***& appellent céudoleTezcall.puca.&efto.t fait dVne pierre fort reluifante & noire, comme iayel,eftantvcftu de quelques gentils afcquets à eut mode. Il auoit des pendants d ote. les d'or & d'argent , & en lalevre d'embas vn pet canon de «yftal , de la longueur d vn «me , ou demy pied /dans lequel ils mettoient quelques fois vne plume verte,* quelquefois vne azurée, qui le faifoitreffembler tantoft vne efmeraude "antoft vne turquoiM auoit les cheueux ce.n s & bandez auec vn lifct dor bruny , au bout du- «uelpendoit vne oreille d'or auec deux bran- dons de fumées peintes enicelle qmfigmnoiet les prières des affligez ,& péchez q*«»«£fi quand ils fe reconurando.enta luy. Entre « deux oreilles pendoient vn ™>œbre. Je £"? hérons. Il auoit vnioyau pendu au col fi grand. des Indes. Liure V t"«IcB d'or, au *££$£&* ht^eS «>«« dVn chafton d or rlff' f ^ui for" n7i ««««,« tqu^?cS»,fiu«. & fort bru. -utcqeoui8fefaSuttl!Tin',ir^it ce miroir, ou chafton d'or wtV aPPe,, qui veut quatre fi^Stef." ^^ndextre *•* donnoir aux ï22 °lent ^^menc C-cft la ttCrSf ks Pec^Z. Plus cet idoie, dPe £S BV? rCra,êno^nt h fautes. U y auoit pardon iuC0UUriftJeu» raditcy après Ijçr*w 4* » co™meilfc- m'"e, fef4^& dTÏÏfccn£t^ delà 6. Ploient *ffi * ^ «•«! parcuoy tf, le «beau, enrourédW "P a,eftdTurvnef & élabouree de *&£%£?* <0uge , P«nte. f«cheiiauoItvneoîde/eearnS-£nJamain « la droite vue dardffi' ™tesde *>«<>«; & *a voudra jener ^n^"' commf maislevifaged'vnpetitoyfeauauec vn bec rouge , *c au deflus vne crefte pleine de verrues, ay^ant des rangs de dents &lalangue qui luy fortoit dehors. Il portoit fur la tefte vne r«reypointuëde papierpeinr vnefaulx en la Sain , & beaucoup d'affiquets d'or aux ïambes, & mi autres folles inuentions qui toutes fuoTnt leur figmncation , & fadoroient parce qu'il fafoit riche ceux quil vou foit , cqomme Memnon&Plutus Et a la vé- rité ce nom que les Choluanos donnoient à leur Dieu, eftoit bien à propos, encore qu'ils ne •entendifl-ent pas. Us l'appdloient Querzaal- coalt, qui lignine couleuure de plume nche.car teleftk diable del'auarice. Ces barbares nefc conten oientpointd'auoirdes pieux maisauffi ifs Lient des deefles, comme les table -de. Poètes les introduirent , & l'aueugle gentil te desGrecs&desRomains, lesootvenerees La J ndpak des deefles qu'ils adoroient , eftoit l npellee Tozi , qui veut dire, noftre ayeule la- qEcomme racontent les hiftoues de Mex.- que futfiUe duRoy deCulguacan, qui fal* àesjndes. Liurep* '-,> SrFSSSâSâS wcnnces, & de veftir les viuans des peaux d« ûcnfiez.ayansap prin squeleu roieuTpIaif0 en cela, comme mefme d'arracher" S 1 ceux qu',1, ;facrifioienr; ce qaih appr £££ de leur BIeu jeque| tira & z2chz k%g™& h s grand chafTeur, que ceux de TJafcaila depm" pnndrentpour pieu, & ceux-là eftoienfi- pou quoy ,1s fofoienr vne grandc fefte; f * oî „'. W '^«"«'«"«IVne telle forme! crire J • J? ^« de Perdre ie «™P» à la dcd 5 Cn'X l f C faÇ°n- I,s fonnoie« vne trom- pelurlaubeduiour, au fonde laquelle jlsflf 6 antres mitruments de chafTe, & alloienc aU£ leur ,doie en proceffion, fuiuis dVn grand nom! bre de peuple à vne Sierre haut* , auWraet % 1 quelle J, auoi drdr. & ac'COmm^f de feu. ke, & au mIi auteltres.richeinVenn orne , ou l]s mettolentlïdo!e. JlsalloientchL «inans auec vn grand bruit de trompettes J. Ffij Hiftoire naturelle lescoftez decefteSietre, ou montagne , où ils metto "t le fen par tousles endroits.au mo.en Svfôitoient plufieuts& dîners animaux lefauels alloient vers le fommet fuyants le ieu. Ceschaffeuts coutoient aptes, aueç de gtands pTenotfvn gland laifu, fc tefiouyffanc, î s Se (Lifioient deuant l'idole les cerfs , & j in?,,,* leur attachant le cœur, auec la gtands animaux, leur arr r^ CTceniuiTant cheué.ilsprenoient des homme ^ceq £« « g f& fe ^ t0-U^ Scieur idole de la mefme façon qu'ils bours , iui^ rrrande reuerence , & lo- kTr ks cla s de cefte chaffe , dequoy ils W- n0mbt^t et entenhn«ion Mexique, rrpeuples^L.ainfiqu^eflédit. desjndes. Liure V. 2ZJ D'vne efirange façon d'idolâtrie , pratiquée entre les Mextqminu Chapitre X. O m m e nous auons dit que les Rois Inguas du Peru firent faire à leur femblance de certaines fta- tués, qu'ils appelaient leurs Gua- oiquies, ou frères ; & leur fai- loientporter autant d'honneur, qu'à eux rnef- mes. Ainfien ont failles Mexiquâins deleurs dieux : mais ils ont palïë plus outre, pource que des hommes vifs ils faifoient des dieux, qui eftoit en cefte manière. Ikprénoientvn captif, tels qu'ils aduifoient boneftre, & auparavant que ce le facrifier à leurs idoles , luy donnoient lemefme nom de l'idole auquel il deuôic eftre lacrinc , & le veftoient & ornoientdes mefmes , ornements qUe leur idole, difans qu'il rëprefen- toit lemefme idole. Et pendant tout le temps que duroit cefte représentation (qui eftok d'vn an en certaines fedes, en d'autres de fix mois, & «ndautresmoins)ilsl'adoroient&veneroient delà mefme façon que le propre idole ; cepen- oLlra.aT0,t' b,eUUoit' & fc'efiouvlToit. Quand ,1 alloïc par les rues, lepeuple foitoit pourladorer, &tous luy offraient beaucoup daumofnes & luy porroient les enfans, &fê malades, afin qu'il les guarift_& benift , & Juy faiflbient en tout faire fa volonté , S qu fj F f iij Hiftoire naturelle eftoit toufiours accompagné de dix ou douze hommes, de peur qu'il ne i'enfuyft. Et luy afin que l'on luy fift teuetence pat où il palloit, ion- noitdefois » autre a'vne petite flufte, afin que Je peuple f'appreftaft pour l'adorer. La fefte eftant wnuë , & luy eftant bien gras, ils le tuoient, l'ouuroient , & le mangeoient , failans vn folemnel facrifice de luy. A la vente c'aft vne chofe pitoyable de confiderer la façon de laquelle Satan tenoit ces gens en fapu.llance, & rient encores'aujourd'huy plufieurs qui tonr de femblables cruautez & abominations , aux defpens des triftes âmes , & des miferables côrpsde ceux qu'ils luy offrent ; &luy femoc- que&rit de la bourde & mocquene qu'il faiéc aux pauures mal-heureux , lefquels mentent bien par leurs péchez que le rres-haut Dieu les delaifie en lapuiflance de leurennemy, qu'ils ont choifi pour Dieu, & pour fouftien. Mais puisque ïay dit ce qui fuffit de l'idolâtrie des Indiens , il P enfuit que nous traînions de leur religion , ou pour mieux dire fuperftmon , de laquelle ils vfent en leurs facrifices temples , & cérémonies, Se ce qui touche le refte. des Indes. Liure V*. 11S Comme le diable s'eft efforcé de s'égaler à Dieu, & dehyreffembler aux façons de facrifi- ces, religion, &Jacrements> ' Chapitre XL V A n t que de venir à ce poinclrî on doit confiderer vne chofe, qtri eft fort digne de regarder de près, qui eft, que comme le diable par Ton or- gueil a prinsparty, ôc Peft rendu contraire à Dieu s ce que Dieu par fa Cage/Te ordonne pour ion honneur ôc feruice , & pour le bien Ôc falut de 1 homme ; le diable f efforce de l'imiter , ôc le peruernr , pour eftre honoré , ôc faire que 1 homme en foit condamné. Car comme nous voyons que le grand Dieu a des facrifices, des Ireltres, des Sacrements, des Religieux, des 1 ropheties , ôc des gens dédiez à fon feruice di- uin , & fain&es cérémonies ; ainfi le diable a fes Sacrifices, Preftres, fes façons de facremens, fa gent dediee, Ces reclus ôc faindtetez feintes, auec mil fortes de faux Prophètes; tout ce qui fera^ plaifantd entendre, eftat déclaré en particulier, f nonpoint de petit faite.,, pour celuy quife fouuiendra comme le diable eft le père de nien* longe, ainfi que la vérité ledit enl'Euangile; parquoy il procure vfurper pour foy la gloire , deDieu, ôc contrefaire la lumière par fes tene- '' bres. Les enchanteurs d'Egypte , enfeignez de leur maiftre Satanas , f efforçoient de faire d'au- ^eimerueilles, femblables à celles deMoyfe, Exal 7- F f iiij Hifloire naturelle & (TAaron , pour fefgaler à eux. Nous lifons au 1 1 i% liure des luges, dé ce Micas Prcftre du vain ido- le, qui fe feruoit mefme des ornemens dont Ton vfoit au Tabernacle duvrayDieu, comme de l'Ephod du Séraphin , & des autres chofes. Soit que ce foit , à peine y a- il chofe inftituee par Ie- fus- Chrift noftre Seigneur , en fa loy Euangeli- que, que le diable ne l'aye fophiftiquee en quel- que façon , & portée à fa gentilité , comme Ton pourra voir enlifant ce que nous tenons pour certain, par le rapport de gens dignes defoy» des couftumes & cérémonies des Indiens , des- quelles nous traiterons en ce hure. ■ Des Temples qui fe font tronue%J$ Indes. Chapitre XII. Ommenç ant donc par les Tem- ples, tout ainfi que le grand Dieu a voulu qu'on luy dediall: vne maifon j où fon fainct Nom fuft honoré , ôc qu'elle ruft particulièrement voiiee à fon ferui- ce; ainfi le diable par fesmefehantes intentions perfuada aux infîdelles qu'ils luy fifsét de fuper- bes tempes, & des particuliers adoratoires, ÔC fanduaires. En chaque Prouince du Peru il y auoit vn principal guaca ou maifond'adoration, & outre icelle , il y en auoit vne vniuerfelle par tous les Royaumes des Inguas, entre lefquelles il y en a eu deux fignallees & remarquées -, l'vne qu'ils appelloiét de Pachacama , qui eft à quatre des Indes. Hure V. 2z9 lieues de Lyma, où l'on voit encor auiourd'huy les ruines d vn très-ancien , & grand édifice, du- ncheffc infime des vafes, & dss cruches d'or Se d argent qu us apportèrent quand ils prindréc 1 ngua Alfagualpa. H y a certains mémoires & - » rlT W *"' ** le diab,e en ce Temple • parlo.t vifiblement, & donnoit refponfes par Ion oracle , & que quelquefoisils vovoient vne couleuure tachetée; & eft vne chofe fort com- fflune&approuuee es Indes, que le diable par- oit,&refpondoit en ces faU* fancWes.en trompait fes miferables. Maislàoù l'Euângile a£fi * ,eP,eredemenfonge.yeftdeuenu muet, - amfi que Plutarque eferit de fon temps. CurJ- JMnuVjthy.ufnàireowuU. Et faind luftin mar- ****&* tyr traite amplement dece filence que Chrift Vf 'f-- T e7:omUm>edir0nS> ^^«.p^Icido- #£g les comme il auoit efté beaucoup aupatauant prophétie en la diuine Efctiture. La façon quauoient les miniftres infidelles & enchan- teur, de confulcer leurs dieux, eftoit comme le diable les enfeignoit. C'cftoit ordinairement de nuiél-, & pour le faire, entroient, les efpaules tournées vers l'idole, marchans en arrière, & pnans les corps en melinans la tefte, & fe met- toienten vne laide pofture, & ainfiilslescon- iultoient; La tefponfe qu'ils faifoient ordi- nairement eftoit en manière d'vn fiffkmentef- pouuentable, ou comme vngrinftement, qui leurfaifoit horreur, Sç tource dont il les aduer- tiftoit, &leurtonraiandoit, eftoit vn achemil Hifloire naturelle nement à leur déception & perdition. Mainte- nant l'on trouue peu de ces oracles , par la rnife- ricordedeDieu, & grande puinance de Iefus- Chrift. Il y a eu au Peru vn autre temple, & ora- toire plus eftimé, qui fut en la Cité de Cufco, où eft auiourd'huy le monafteredefainét. Do- minique. Et l'on peut voir que ça eftévneœu- ure fort belle &. magnifique par le paué & pier- resde l'édifice, qui reftent encor auiourd'huy. Ce temple eftoit comme le Panthéon des Ro- mains, en ce qu'il eftoit la maifon & demeure de tous les Dieux; Caries Roy s Inguas mirent en iceluy les Dieux de toutes les natiôs , & Pro- uinces qu'ils conqueftoient, ayant chaque idole fon lieu particulier, où ceux de leur Prouincc îesvenoient adorer, auec vne defpenfe excefliue déchoies que l'on apportoitpout fon minifte- re. Et par cela ils auoient opinion de retenir feurement,ôc en deuoir, les Prouinces qu'ils auoient conqueftees, tenans leurs Dieux com- me en oftage. En cefte mefme maifon eftoit le Pinchao, qui eftoit vne idole du Soleil , de très- fin or,ouuré d'vnegrande richefTe de pierreries, lequel eftoit pofé vers l'Orient, auec vn tel arti- fice, que le Soleil à fon leuer iettoit fes rayons fur luy , & comme il eftoit de tres-fin métal , les rayons reuerberoient auec telle clarté , qu'il ref- fembloit vn autre Soleil. £.es Inguas adoraient ceftuy-là pout leur Dieu , & le Pacha yacha , qui lignifie le Créateur du Ciel; ils difent qu'aux defpoiïilles de ce temple fi riche, vnfoldat eut pour fa part cefte trefbelle planche d'or du So- leil. Et comme le ieu eftoit lors»defaifoniil.l* des Indes. Liure V. 2jo perdit vne nuid en ioiiant , d'où vint le prover- be qui eft au Peru,pour les grands ioûeurs, ai- fant qu'ils iou^nt le Soleil auant qu'il naùTe. Vesfuperbes Temples de Mexique. Chapitre XIII. A. fuperftition des Mexiquains aefté ians comparaifon plus grande que cel- le de,ceux-cy, tant en leurs cérémo- nie?, comme en la grandeur de leurs temples, lefquels ancienhement les Efpagnols appelloiét de ce mot Cu, lequel mot peut auoir efté prins des infulaires de fainft Dominique, ou de Cuba, comme beaucoup d'autres mots qui fonten viage , lefquels ne font ny d'Efpa- Çne,ny d'autre langue dont l'on vfe auiourd'huy es Indes, comme font Mays, Chico, Vaquiano, Chapeton , & autres femblables. Il y auoit dôç en Mexique le Cu, fî fameux temple de Vitzili- puztli, qui auoit vn tour & circuit fort grand, & faifoit au dedan? de foy vne belle court. Il eftoit tout bafty de grandes pierres en faconde couieuures, attachées les vnes aux autres, 6ç pour cela le circuit eftoit appelle Coatepantli, qui veut dire circuit de couieuures. Sur chacun des coupeaux des chambres 6c oratoires où, eftoientles idoles,y auoit vn perron fortioly, ouuragé des petites pkrres menues , noires comme du geais, arrangées d'vn bel ordre, auec le champ tout releué de blanc & de rouge , qui Il Hijîoire naturelle rendoit à le voir d'embas vne grande clarté. Et au delfus du perron il y auoit des carneaux fort mignonnement faits, ouuragez comme en li- I maçons , & auoit pour pied & appuy deux In- I diens de pierrre aflis, tenansdes chandeliers en I leurs mains, & d'iceux fortoient corne des croi- I (bnsreueltus auec les bouts enrichis de plumes I iaunes& vertes, & des franges longues demef- I me. Au dédits du circuit de cefte court il y auoit I plufieurs chambres de Religieux, & d'autres | quieftoientaudeffuspourles Preftres Se Papes, I car ainfi ils appelloient les fouuerains Pretlres | qui fertroient à l'idole. Cefte court eft fi grande I & Ci fpatieufe , que huiâ: ou dix mil perfonnes y I dançoient en rond fort à laife , s'entretenans les I mains les vns des autres , qui efloit vne couftu- j me dont ils vfoient en ce Royaume; ce qui fem- 1 blechofe incroyable. Il y auoit quatre portes! ou entrées à l'Orient , au Portent , au Nort , & I auMidy, De chacune de cçs portes fortoit&j commençoit vne chauffée fort belle de deux àj trois lieues de long. Parquoyilyauoitau mi-j lieu du lac où eftoit fondée Ja Cité de Mexique! quatre chauffées en croix fort larges , qui rem-j beliiffoient beaucoup. Sur chacun portail oui entrée il y auoit vn Dieu ou idole, ayant le vifa-p ge tourné du codé des chauffées vis k vis de laf portede ce tepfedeVitzilipuztli.il y auoit tren!l te degrez de trente braffes de long, & efioienrl feparez de ce circuit de la court par vne rue qui! eftoit entr eux. Au hautdecesdegrezilyauoii vn pourmenoir de trente pieds de large tout en duit de chaux , au milieu duquel pourmenoir (t des Indes. Liure V. 231 Voyoit vncpallifladetrefbien faite d'arbres fort hauts planter de rang , à vne braiTe lVn de l'au- tre. Ces arbres eftoient fort gros, ôc tous percés «le petits trous, depuis le pied iufqu'au coupeau, & y auoit des verges trauerlans d'vn arbre à 1 autre,aufquelles eftoient tra-uerfees & enchaiC nées plufïeurs telles de morts par les tamples. £a chafque verge il y auoit vingt teftes , & ces râgs de teftes côtinuoient depuis le bas iufqu'au haut des arbres. Ceftepallilîade eftoit fi pleine de ces teftes de morts depuis vn bout iufqu'à Pautre, que c'eftoit vne chofe merueilleufementtrifte & pleine d'horreur. Les teftes eftoient de ceux qu'ils auoient facrifiez ; car après qu'ils eftoient morts, &: que l'on en auoit mangé la chair, la refte en eftoit apportée & baillée aux mimftres é\i temple, qui les enchaifnoit ainfi iufqu'à ce quelles tôbaftent par morceaux, & auoient Je foing de remplacer celles qui tomboieat, par d'autres qu'ils mettoient en leurs places. Au fommet du temple il y atioit deux pierres ou chapoelles , ôc en icelles eftoient les deux idoles que i'ay dites de Vitziîipuztli, & fon compa- gnon Tlalot. Ces chappelles eftoient taillées ôc cifellees fort artifîcieufement, & il hautes elle- uees, que pour y monter il y adok vn'efcallicr 4e pierre de fix vingts degrez. Au deuant de ces chambres ou chappelles il y auoit vne court de quarante pieds en quarré , au milieu de laquelle il y auoit vne pierre haute de cinq paumes , qui eftoit verte ôc pointue en façon de pyramide^ eftoit là pofee pour les facriticesdes hommes «|ueiVn y faifoit ; Car vn homme eftant couché Hifloire naturelle defîus à la renuerfe , elleluy faifoit ployer le corps , ôc ainfi ils l'ouuroient, & luy tiroient le cœur , comme ie diray cy après. Il y auoit en la Cité de Mexique 8. ou 9. autres temples corne celuy que i'ay dit, lefquels. eftoient attachez ôc continuez les vus aux autres dans vn grand cir- cuit >ôc auoient leurs degrez particuliers , leur court , leurs chambres ôc leurs dortois. Les en- trées des vns eftoient au Ponent, des autres au Leuant, des autres au Sud , ôc celles des autres au Norr. Tous ces temples eftoient ingenieufe- ment élaborez, & enceints de diuerfes façons de créneaux ôc peintures , auec beaucoup de figures de pierres, eftans accompagnez & forti- fiez de grands & larges efperons. Ils eftoient dédiez à diuers Dieux , mais après le temple de Vitzilipuztli, îuiuoit celuy de Tezcalipuca,qui eftoitleDieu de peenitence & des chaftimens, fort efleuéjiaut, & fort bien bafty. Il y auoit quatre vingts degrez pour y monter, au haut defquels fe faifoit vne planure ou table de fîx vingts pieds de large,& joignant icelle,vne falle tapiftee de courtines de diuerfes couleurs & ou- urages. La porte d'icelle eftant baffe Ôc large, toujours couuerted'vn voile, ôc n'y auoitque les preftres feulement qui y pouuoient entrer. Tout ce temple eftoit elabouré de diuerfes taiU les ôc effigies auec vne grande curiofîté, d'au- tant que ces deux temples eftoient comme les Eglifes Gathedrales, ôc le refte à leur refpedfc comme Paroiftes ôc H ermitages j ôc eftoient fi fpacieux ôc de tant de chambres qu'il y auoit en; ! iceux ks mjntfteres, Us collèges, les eïcholes & Ss des Jndes. Liure V. 2jz les maifons des prefrres, dont ie parleray cy après. Ce qui eft dit peut fuffire pour entendre l'orgueil du diable , 6V le malheur de cette mife- rable nation , qui auec fî grande defpenfe de leurs biens, de leur trauail,'&- de leurs vies,fer- uoientainfî leur propre ennemy, qui ne preten- doit deux autre chofe,que de deftruire leurs âmes , & confommer les corps, Neantmoins ils s en contentoient fort , ayans opinion en leur û grande erreur, que c'eftoient de grands & ptu'f- .,Vn ,?* îvîlr ' ô comn]e de. v,\* Tr -n de J-obferuance & aufteri^ J+ v«?defe$ mimftres. Il v auoitau P*», i ? ^onafleresdeviemesrlr r / piu{îeurs nV*Ar/ "uc vierg es (car d autre qualité eIJ*« Wjloire naturelle enauoit vn en chaque Prouince. I!y auoiten ces Monafteres deux fortes de femmes , les vnes anciennes.qu'ih appelaient Mamacomas , pour l'inftruaion &enfeignementdesieunes ; &Ies autres eftoient deieunes filles deftinees la pour vn certain temps , puis après l'on les woit de a pour leurs Dieux ou pour TIngua. Ilsappel- loient celle maifon ou Monaftere,Acllaguagi> quieftàdire,maifondechoifies. Chaque Mo- naftere auoitfon vicaire ou gouuerneur, nom- mé Appopanaca , lequel auoit la puiifance & li- berté de choifir toutes celles qu il vouloit,de quelque qualité qu'elles fuffent eftans au def- foubsde Huidans , Il elles leur fembloient de bonne taille & difpof.tion. Ces fallesataG enfer- rées dans ces Monafteres,eftoient endoannees par les Mamacomas en diuerfes chofes necellai- res pour la vie humaine,& aux couftumes & cé- rémonies de leurs Dieux , ¶presilslesti- roient de là eftans au de&s de quatorze ans , 5c les enuoyent en la court auec bonne garde vne partie defquelles eftoient députées pour feruir auxGuacas & fanduaires , conferuans perpé- tuellement leur virginité vnepart.e pourles facrifices ordinaires qu'ils faifoient de pucelles, & autres facrifices extraordinaires qui le tai- foientpourlefalut, la mort, ou les guerres de l'Ingua,& vne partie mefme pour feruir de fem- rnes& de concubines à l'Ingua,& à d'autres Cens oarens & Capitaines aufquels il les donnoit,qui leur eftoit vne grande & honorable récompen- se: & ce département fe faifoit par chacun an. Ce* Monafteresauoient & poffedoient en pro- des Indes. Lime. V. i»* prêtes héritages , renteS& reuenus pour l'en- tretien , nourriture & fifetatian de ces vie", ges,qui efto.ent en grand nombre. Uneftoit pomtJIclte a vn père de faire refus de bailler fe fil es lors que 1 Appopacana les demandoit pour les enferrer & mettre en ces Mpnafteres , Voire Plufîeurs offroient leurs filles de leur bonne vo! lonte.leurfemblantquec'ëftoit vn grand meri epour ellesd eftre facrifiees pourl & lontrouuo.t que quelques- vus de ces Marna. comasou Acllaseuft faifly contre fon honneur ceftottvn ineu.table chaftiment delesenterrer toutes v.ues, ou de les faire mourir par vnau- tregenredecruelfupp,ice.LediabIePaeumef: me en Mexique fa façon & manière dereligieu- i« , encor que leur profefsion nefuft de plus iZZT-A eftoit en cefte forîe- Au ^an* deceg,and circuit que nous auons dit cv-def fl» qui eftoit au téple principal , il y aùoit deux maifonscommeclauftrales.visivisi-vueder^! tre, 1 vne d hommes & l'autre de femmes. En celle de femmesilyauoit feulement des pucel- esde douze a treize ans , lefquelles ils appel- Z ' Mr ^Penit««- Elles eftoienÏÏ. tant comme les hommes, viuoienten chafteté& règle comme pucelles.dediees au feruiee de leur iJieu.L exercice quelles auoient eftoit de net- toyer & ballier le temple , & apprefter g que matin à manger a ftdok&Zfes minimes La X7 'V6 rec™"°™ 1« religieux.- Lavande qu ,Is appreftoient à l'idole eftoit confmlj Pa"]ven tigUrede mains& deP^s, commedumaffe paan , & appreftoient auece» j/ifioire naturelle pain de certaines faulces qu'ils mettaient cha- que iour au deuant de l'idole , & Tes £re'ftres le mangeoient comme ceux de Baal , que conte Vankl 14. Daniel. Ces filles auoient les cheueuxcoUpez, & les laiiloientcroiftre par après iufqua quel- que temps: elles feleùoient à minuid aux mati- nes de l'idole, qu'ils celebroient tous les iours, faifans les mefmes exercices que les religieux. Ils auoient leurs Abbaiffes qui lesoccupoient a faire destoiles de diuerfes façons pour l'orne- ment de leurs idoles & dés temples. Leur habit ordinaire eftoit tout blanc fans aucun ouurage, nv couleur. Elles faifoient aufsi leurs péniten- ces à minuid , fe facrifians en fe bleflans elles. mefmes,& 5 **"*tt*p*rUf»ttrftuit*. ChapiTRe XVI. 'On cognoift alTezparles lettres ^PeresdenoftreCôpagnieef! perft.t:on, & menfonges. Quelcjues Pw«q„i Gg iij Hifloire naturelle ont efté en ces pays, racontent de ces boncos, & religieuxdelaÇhine,difans,qu'ity en ade plu- - fieurs ordres,&'de diuerfes fortes, que les vns les vindrent voir veftus d'vn habirblanc , portans des bonnets , & les autres, d'vn habit noir , ians cheueux & fans bonnet,& que ces religieux or- dinairement font peu eftimez , & les Mandarins, ouminiftresde iuftice les fouettent comme ils font le refte du peuple. Ils font profefs.on de ne mangerde chair , ny de poillon,ny de chofeau- cune ayant vie, ains feulement du ris , &des herbes, maisen fecretils mangent de tout , & font pires que le commun peuple. Ils d.fent que lesrelieieux quifont en la court quieftenPa- quin.font fort eftimez. Les Mandarins vont or- nement fe recréer aux Narelles, ou Mo^ fteres decesmoines, & en retournent prelque toufiours yures. Ces Monastères font ordinai- rement hors des villes, & ont dedans leur enclos ?eTtemples. Toutesfois ils font peu ^ curieux en la ChW des idoles , ou des temp es • car le Mandarins font peu d'eftat des idoles , & les ne crovent pas qu'il y ait autre vie,ny autre Pa- adï° queWre en officede Mandarin , ny -dieifer, que les prifons qu'ils donnenr aux eft necettaire de l'entretenir pai :l idola rie.com- me mefmele Philofophe l'enfeigne afes gou- t- ™r^Etaefréenl'Efcriture;vneexcufeque ' donna Aaron.de l'idole duveauquilauoit fa.£t . S Neantmoins les Chinois ont accouftume de porter aux pouppes de leurs nauires, end? des Indes. Liure. V. 3,3e petites chappeles vne pucelleen bolTe afsifeen la chaire auec deux Chinois audeuant d'elle agenouillez en façon d'Anges ; & y ade la lu-' miere ardente de iour &denuid. Et quand ils doiucntfairevoilc,iJsluyfontpluCeuKfacrifi. ces3& cérémonies , auec vn grand bruit de tam- bours^ de cloches , iettans des papiers bruslans par la pouppe. Venas donc aux Religieux, ie ne içache pomtquauPeruily ait eu maifon pro- pre d hommes retirez outre leurs Preftres & lorciers, dont y en a vne infinité. Mais ça efté en Mexique ou il femble que Je diable aitmis vne propre obferuance : Car il y auoit au circuit du grandtemple deux Monafteres , comme i'ay dit cy.deflus,IVn de pucelles, dequoy i'ay traidé,& I autre de leunes hommes reclus de dix-huicfU vingt ans, Iefquels ils appelloient Religieux. Ils portaient vne couronne en la telle comme les frères de par déciles cheueux vn peu plus Ion** qui leur tomboientiufquesâ moytiéde l'oreil- le , excepté qu'au derrière de la tefte ils les laif- ioient croiftre quatre doigts de longs qui leur defcendoient fur les efpaulles , & les trouflbient Se accommodoient par trèfles. Ces ieuncsgens qui feruoient au temple de Vitzilipuztli, vi- uoient en pauureté, & chafteté,& faifoient Pof- fice de Leuites,adminiftrans aux Preftres, & di- gnitez du temple , lencenfoir , le luminaire , &l lesveltemens. Ils ballioyent, & nettoyoient les lieux facrez apportans du bois, afin qu'il bruf- laft toufiours, au brafier , oufouyerdu Dieu, quieftoit comme vne lampe qui ardoit conti- nucUemem deuantrautel de l'idole. Outre ces 9ë $j Hiftoire naturelle îeunes hommes , il y auoit d'autres petits gar- çons,quTeftoient comme nouices, qui feruoient auxchofes manuelles, comme eftoit d'accom- moder le temple de rameaux , rofes , & ioncs, donner l'eaue à lauer aux Preftres, bailler les ra- zoirs pour facrifier , & aller auec ceux qui de- mandoéit laumofne pour la porter. Tous ceux - cy auoîent leurs fuperieurs? qui auoient la char- ge & commandement fur eux \ & viuoient auec vne telle honnefteté , que quand ils fortoient en public, où il y auoit des femmes, ils alloient tou- jours les telles fort baiflees , les yeux enterre, fans les ofer hauffer pour les regarder. Ils auoiét pour veftement des linceux de red,& leur eftoit permis de fortir par la Cité quatre a quatre , & fix i fix pour aller demander laumofne aux quartiers. Et quand 1 on ne leur la donnoit , ils auoient licence d'aller aux grains des champs, & cueillir les efpics de pain , ou grapettes de mays, qu'ils auoient de befoing, fans que le maiftr e en ofaft parler, ny les empefcher. Ils auoient cefte licence, pou rce qu'ils viuoient pauurement , & n 'auoient autre reuenù que laumofne. Us ne pouuoient eftre plus de cinquante, & s'exer- çoiënten pénitence, fekuansi minuit à fonner des cornets & buccines,pour efueiiler le peuple. Us faifoient chacun leur quart à veiller l'idole, de peur que le feu deuant l'Autel ne s'eftaignift . Us adminiftroiétenfencenfoir, aueclequelles Preftres encenfoient l'idole a minuit, au matin,â midy, & au foir. Ils eftoient fortfubjeâs & obeyiTansaleurs fuperieurs& noutrepaffoient pas d'vn point ce qu'ils leur cominandoient. Et des Indes. Lîure. V. , %,j après qu'i minuit les Preftres auoient acheué d encefer.ceux-cvs'en alloient en vn lieu fecret &efcarte, & facrifioient, fe tirans du fan? des mollets auec des pointes dures & aiguës. Et de ce rang qu'ils tiroientainfi,ils s'en frottoient les temples.mfque au deflous l'oreille, & a vas ache ue ces lacnfices,ils s'en alloient incontinent fe la- ueren vn petit eftang, deftinéace't effet. Ces Jeunes gens ne fe oignoient point d'aucun be- tum, par/a tefte,nvpar lecorps, commefai- fojent les Preftres, & leurs vefteméns eftoient dvne toile, qu'ilsfont là fort rude , & blanche. Cet exercée & afpretéde pénitences leur du» co! ZT S1 û •" *. a?quelils viuoient auec beau" coupdauftenteAfolitude.C'eftiIaveritévne a tnff fnge'Te H- Êuffi °Pinion de reIigio« SeS ftCeilendro.it Jece^sieunes hommes & tilles de Mex.que,quïls vont feruans le diable auec tant de ngueur&daufterité : cequeplu- tres-hautD,eu, qu, eft vne grand'honte & con- tuhonpourceuxdentrelesnoftresquifeglori. fient d auoir fait vn bien peu de pénitence .com- bien que l'exercice de ces Mexfquains n'eftpas perpétuel, mais dvn an feulement, cequileur eftoitplustolerabk. " =qu.ieuc Hifloire naturelle % * Des pénitences ,& de Iditfteriti dentksln* • diensontvfé, à laferfuajtondu diable. Chapitre XVII. Vifque nous fommes venus à ce point.il fera bon , tant pour def- couurir le maudit orgueil de Sa- tan, comme pour confondre, & - refueiller quelque peu noftrelaf- cheté & froideur au feruice du grand Dieu,que «ousdifions quelque chofe des rigueurs & péni- tences eftrangesque ceftemiferablegentfaiToit ,*-il parla perfuafion du diable comme les faux Pro- 1 ïhetesPde Baal , qui fe bleffoient, & frappoient, . Lee des lancettes,& fetiroient du fang,& com- me ceux qui facrifioient leurs fils & filles au fale Belphegor,& les paffoient parle feu felonque »-, - tefinoicnent les diuines lettres. Car Satan a tou- defnensdeshommes.Ilaeftédefiadit comme les Preftres& Religieux de Mexique fe leuoiet à minuit, & ayans encenfé deuans l'idole , com- me dignitez du temple.ils s'en allouent en vn Ueu aflez large où il y auoit beaucoup de cierges , « làs'afleoient, & prenans chacun vne ponte de mnguey,quieftcommevnealefne,oupo.nçon S, aueclefquelles.ouauecautresfortesde ILttes, ou rafoirs, ilsfe peigno.ent & pe - çoient le mollet desiambes, toignantlos, leu-l ^beaucoup de fang,«iec lequel ils s o.gno.ent par les temples, & mettoient tremper ces poin-. des Indes. Liure. V. Zjg res, ou lancettes, dedans le refte du fang , puis après les mettoient aux créneaux delà court, fi- chez en des gIobes,ou boulles de paille^ fin que tous veiffent &cogneufTent la pénitence qu'ils faifoient pour le peuple. Ilsfe Jauent, &net- toyent ce fang , en vn lac député pour cet effet, qu'iIsappellentEzapangue,quieil:^dire,eaude fang ; Et y auoit au Temple vn grand nombre de cespointes & lancettes , parce qu'ilsne pou- noient faire feruir vne deux fois. Outre cela ces Preftres & Religieux faifoient de grands ieuf^ nés , comme deieufner cinq& dix iours fui- uants, deuantquelqu'vne de leurs grandes fe- ftesA leur eftoient ces iours comme noz quatre tempsnls gardoient H eftroittement la continen- ce, que quelques vns deux pour ne tomber en quelque fenfualité, fe fendoient les membres vi- nlz par le milieu,^ faifoient mil chofes,pour f© rendre impuiflans , à fin de n offenfer point leurs Dieux. Ils ne beuuoient point devin , &dor- moiet fort peu , pource que la plus part de leurs exercices eftoient de iviid, & commettoient fur eux-mefmes, de grande çruautez, fe martvrifans pour le diable, le tout à fin qu'ils fuffent reputez grands xeufneurs & penitens. Ils auoient accou- tumé de fe difeipliner auec des cordes pleines de nœuds, & non pas eux feulemet , mais encore le peuple faifoit cefte macération & fuftigation en la procefsion & fefte qu'ils faifoient i l'idole* Tezcahpuca,que i'ay dit cy-deflus eftre le Dieu de pénitence. Car alors ils portoient tous i leurs mains des cordes neuues de fil de mâguey, 4 Vue braflè de long, auec vn nœud au bout* Hiftoire naturelle & d Scelles ils fe fuftigeoient , s'çn donnant de grands coups par les efpaules. Les Preftres ieuf- noiont cinq iours fuyuanssauant cefte fefte,man- geans vne feule fois le iour , & fe tenoient fepa- rez de leurs femmes,fans fortir du temple , pen- dant ces cinq iours fe fouettans rigoureufement auec les ordres fufdits. Les lettres des Pères de la Compagnie de I £ s v s , qu'ils ont efcrites des Indes,traittent amplement dcspenitences,6V ex- eefsiues rigueurs dontvfent lesBoncos, encor que le tout y ait eftc fophiftiqué, & qu'ii y ait plus d'apparenee que de vérité. Au Peru pour folemnifer la fefte de l'Yta , qui eftoit grande, tout le peuple ieufnoit deux iours, durant lef- quelsils ne touehoient point à leurs femmes , ny ne mangeoient aucune viande auec du fel , Se d ail,ny ne beuuoient point de Chica.Ils vfoient beaucoup de cefte façon de ieufner , pour cer- tains péchez , & faifoient pénitence en fe fouet- tans auec des orties fort alpres. Et tantoft s en- trefrappans plufieurs coups par les efpaules dV- ne certaine pierre en quelques endroits. Cefte gent aueuglee par la perfuafion du diable , fe tranfportoit en des Sierres, ou montagnes fort afpres , où quelques fois ils fe facrifioient eux- mefmes , fe precipitans du haut en bas de quel- que haut rocher , qui font toutes embufehes de tromperies de celuy qui ne deïîre rien tant , que îe dommage & perdition des hommes. des Indes. Lîure. V. 239 Desfacnftes que les Indiens faifiknt audia . ble,ér de quelles dp/es. Chapitre XVIII. , 'A efte'en l'abôdance & diuerfité d'of- frandes & facrifices , enfeignez aux in- .fidelles pourleur idolâtrie , que l'en- 'nemy de Dieu & des hommesa plus demonftre fon aftuce & fa mefchancete. Et comme ceft vne chofe conuenable, & propre de la religion de confommer la fuftance des créatures au feruice & i l'honneur du Crea- teur,quieftlefacrifice : ainfîlepereJemenfon- ge a muente de fe faire offrir & facrifier les créa- tures de D,ed , commeàl'autheur& feig„eur d icelles. Le premier genre de facrifices, duquel Ieshommesontvfé5aeftéfortfimple : carCain de for beftail, ce que firent au fsi depuis Noé r t - Abraham , & les autres Patriarches, iuYquesYcê ^ que ceftample cérémonial du Leuitique ait efte' dSr ^f*?™0^ » 7 » «* de fortes Se differencesde facrifices , pour diuers affaires, de d.uerfeschofes,& auec diuerfes cérémonies. De lamefmefaconil s'eft contenté, entrequelques muons , deleurenfeignerqu-ilsluy fac^fiX de ce qu ils auoient : mais enuers d'autres il a paire fi outre , en leur donnant vne multitude tîl ^&Z%\&rdecermonies • f-'«fKri- ueU ⣫ P °fbferul!ânces' W'^ font efmer- uedlablcs. Et femble clairement, que parla il Hiftoire naturelle Viieillez débattre , & s efgallerà laloy ancienne, &en beaucoup de chofes vfurper fes propres ceremonies.Nousfouuons réduire en trois gen- res de facrifices tous ceux dont vfent les infidel- îes, les vnes des chofes infenfibles , les autres d animaux ,"& les autres d'hommes. Ilsauoyent accouftumé'au Perude facrifier du Coca, qui eft vne herbe qu'ils eftiment beaucoup, & du mays, qui eft leur bled, des plumes de couleurs & du Chaquira , qu'ils appellent autrement Mollo, des conches ou huiftres de mer , & quel- ques fois de 1 or & de l'argent, qui eftoit aucu- nes fois en figures des petits animaux. Mefme de la fine eftophe de Cumbi , du bois taille , & odoriférant , & le plus ordinairement du fuif brusle'. Ilsfaifoient ces offrandes ou facnfices, pour obtenir des vents propices , & vn bon temps , ou pour la fanté & deliurance de quel- ques dangers, ou mal-heurs. *Au fécond gen- re , leur ordinaire facrifice eftoit des Cuyes, qui font des petits animaux, comme petits connus, que les Indiens mangent ordinairement. Et en chofesd 'importance , ou quand c'eftoient quel- ques perfonnes riches, ils offroientdes Pacos, ou moutons du pays , ras ou vellus, &pre- noient garde fort curieufement au nombre, aux couleurs , &au temps. La faconde tuer quelconque vi&ime, grande ou petite , dont vfoient les Indiens félon leurs cérémonies an- cîennes, eft la mefme de laquelle vfent auiour- d'huy les Mores , qu'ils appellent Alquible, qui eft de prendre la befte fur le bras droit , &hiy tourner lesyeux vers le Soleil, difant certaines des Jndes. Liure. V. 24 1 paroles, félon la qualité de la vidime que Ion tue. Car fî elle eftoit de couleur, ks paroles s addreflbient au Chuquilla , & tonnerre , à fin qu'il n y euft difetted' eaux : îl elle eftoit blan- che &r rafe, ils l'onroientauSoleilauec certain fies paroles , fi elle eftoit velue , ils 1 offroient aufsi auec d'autres , à fin qu'il donnaft fa lu- mière, & fuft propice à la génération : fi c eftoit vn Guanaco,qui eft de couleur grife, ils addref- foient lefacrificeauVïracocha. AuCufcoI'on tupit & facrifioit chacun an, aueccefte céré- monie, vn mouton ras au Soleil , & Je bruf- loient veftu d'vne chemifolle rouge , ôc ïors qu'il brusloient , ils iettoient au feu certains pe- tits panniers de Coca, qu'ils appelaient Vilca- ronca, pour lequel facrifice ils auoient des nom- mesdeputezfc du beftail, quineferuoit iau- trexhofe. Ils facrifioient mefme des petits oy- feaux, encorquecelane fuft pas fi fréquent au Peru , comme en Mexique , où les facrifices des caille s eftoit fort ordinaire. Ceux du Peru facri- fioient des oy féaux de la Puna ,(ainfi appellent îlsledefert (quand ils deuoientallera la guer- re pour faire diminuer les forces des Guacasde leurs contraires. Ils appelaient ces facrifices Cuzcouicça, ou Conteuicça , ouHaullauica ou Sopauicça , & le faifoient en cefte forme. Ils prenoient plufieurs fortes de petits oyfeaux du defert, & alTembloient beaucoup d'vn bois ef- pineux, qu'ils appellent Yanlli, lequel eftant allumé /alfembloient ces petits oy feaux.Cet af- femblement eftoit appelle Qujco, puis les iet- toiexit au feu, au tour duquel allaient les offi- ; j/ifloîre naturelle cîers du facrifice , auec certaines pierres ron- des & cottellees s où eftoient peintes plufieurs couleuures, lyons, crapaux, & tigres, p?ofe- rans ce mot Vfachum, qui lignifie, la vidoire nous foit donnée, & autres paroles. Enquoy ils difoient que les forces des Guacas de leurs, ennemis feperdoient, & tiroient certains mou- tons noirs , qui eftoient en prifon , quelques îours fans manger, lefquels ils appelaient Vr- ca, & en les tuans, difoient ces paroles, com- me les coeurs de ces animaux font affoibhs, ainfi foient affaiblis nos contraires î que f'ils voyoient en ces moutons , qu vne certaine chair qui eftoit derrière le cœur , ne fe fuit point confommee par les ieufnes & pnfons panées , ils les tenoient pour vn mauuais au- gure. Ils amenoient certains chiens noirs, qu ils appelloient Appuros , & les tuoient, les ict- tans en vne pleine auec certaines cérémonies, faifans manger cefte çiiair à -quelques fortes d'hommes, lefquels facrifice^ils faifoient, de peur que l'Ingua ne fuft offenfé auec du poi- Ton & pour cet effet ils ieufnoient depuis le matin iufques au leuer des eftoilles ; & lors ils fe faoulloient, & fe honnilïoient a la façon des Mores. Ce facrifice leur eftoit le plus con- venable , pour foppofer aux Dieux de leurs contraires, & combien que pourleiourd nuy vne grand' partie deces couftumes ayent cefle^ les guerres ayans prins fin , toutesfois il en eit- demeuréencor quelques reftes, pour 1 occa- sion des difputes particulières ou communes des Indiens, ou des Caciques, ou d'entre les villes. des Indes. Liure V. ±A ïls facrifioient & offroierfc aufsi des concheç de la mer, qu'ils appellent Mollo, ôc les offroiët aux fontaine & four ces , difans que les cou- ches eftoiet filles dé la mer , mère de toutes les eaux, ils donnent a ces conçues des noms dif- ierens félon la couleur ,& senferuent aufsi a dmerfes fins. Ils en vfentprefque en toutes for- tes de facnfices , & encor auiourd'huy quelques vns mettent des couches filées dedans leur Chica, par fuperflition. Finalement il leur " iembloitçonuenable d'offrir facrifices de touc ce qu'ils femoient & esleuoient. Il yauoit des Indiens députez pour faire ces facrifices aux fontaines , fources, & ruifleaux qui ôaffoient par les villes , ou parleurs Ghacras -9 qui font leurs meftairies,& les fcifoierit,- après auoir acneue leurs femailles, afin qu'ils ne ceflaffenr. de courir, & qu'ils arroufaffenttoufiours leur? héritages. Leslorciers iettoient leur fort pour cognoiftre le temps auquel les facrifices fe de. iioient faire, lefquels eftans acfieuezv l'on al- iembloit delà contribution du peuple, ce que 1 ondeuoit facrifier , & les bailloit-on à ceux quiauoient la charge défaire ces facrifices. Ils les railoient au commencement de l'Hyuér quieftlorsquelesfontaines , fourcés, & riuie- rescroifient pour l'humidité du temps, & eux rattnbuoient a* leurs facrifices^ Ils ne facri. fjoiertt point aux fontaines & fources des de- ferts.Aujourd'huy demeure encor entr'euxle refped qu'ils auoient aux fontaines , fources eftangs, ruifieaux, ou riuieres qui parlent pàsles nites,&Ghacras,mefmesaufsiaux fontaines & j/ifioire naturelle Aiieres des deferts. Ils font particulière reué- rence& vénération à la rencontre de deux ri- uieres , & la fe laucnt pour la fanté , s'oignans premièrement auec de la farine de mays , ou auec a litres chofes , en y adiouftant diuerfes cé- rémonies, ce qu ils font mefme en leurs baings. Des facrïfices d'hommes qu'ils faifiient. Chapitre XIX. A plus pitoyable mefauanture de ce pàuure peuple , eft le vaflellage qu ilspayoient au diable , luyfa- crifiant des hommes, quifontles ' images de Dieu, & ont efté créées pouriouyr de Dîeu. En beaucoup de nations ils auoient accouftumé de tuer, pour accompa- gner les deffuncts,comme a efte dit cy deftus,les perfonnes qui leur eftoient les plus aggreables, & de qui ils imaginoient qu'ils fe pourraient mieux feruir en l'autre monde. Outre cefteoc- cafion,ilsauoient accouftume au Peru, de facri- fier des enfans de quatre ou fix ans,iufques a dix, &lapluspartdecesfacrifices , eftoient pour les affaires quiimportoient al'Ingua , comme en fes maladies, pour luy enuoyer faute, meirae quand il alloit en guerre , pour la vidoire, & quand ils donnoient au nouueau Ingua le bourrelet, qui eft l'enfeigne du Roy ; comme font icy le feeptre & la couronne En celte io- lemnité , ils facrifioient le nombre de deux cents enfans de quatre i dix ans , qm eftoitvn V àesjnâes. Lhre y. ,,, cruel & inhumain fpedtade. La faeo„ deJeX tnhercftou dele. hoyer & enterrer a«ec cer" tames reprefentatio ns & «remonta L Z il îlsleurcouppoientlatefte &«'n*v,T a&c fembla fi rrift? , > ï ' aa(ciuel* cet Pre/Ferltnrllf ^Ss^ V0U,UrentPaS,e leurs maifons f pV "tournèrent en me genre ^r LJfcnrure rac°<»e SM Je mef- "icgenre de facnfice auoir efté rh *f, les natiôs barbares de. r! en vfaee entre Utre hn fin? mf4rJmMt 'A U-vki Um,e 'jUUoj. let ffiftoirê naturelle Ut" Â2s Tfquds Dauid fe plaint que ceux ces peuples .deiqu coufturneS) lufqua d'Ifrael «PP^™^, au «fable. Cequeia- fàaifiet leurs fils & «^ , pointefté ag- mais Dieun avoulu & ne'uj P kvi çteable. Car comme .1 a Ç&^f^ u ies hommes £™<» ■ - —, & acccptéla Bien que le Semeur ayppg ^ U ne volonté du hdtie iw quieftoitdecou- confentitpasponttantau-^^^ petlate-Reafonfil^nq Yvouluen fur. & tyrannie du diable adoiéauec paffer Dieu , prenant pla.lu r ce Sm-Smm^ct^etfaite. UsMextquams. Chatitrï XX. A.çoitqueceuXduPerUa£„tfur^é ' Ce'ux de Mexique en lo« g« « ^ï',2 ^-^s orifices ? tou- Des Indes. Liure V. z+3 toutes les nations du monde, au grand nom- bre d'hommes qu'ils facrifïoient , & en la façon, horrible qu'ils le faifoient. Et afin que Ton voye le grand mal-heur enquoy le diable tenoir ce peuple aueuglé, ie raconterayparle menu IV- fage& façon inhumaine qu'ils auoientencela. Premièrement les hommes qu'ils facrifïoient, eftoientprins en guerre. Et ne faifoient point cesfolemnelsfacrifïces, iî ce n'eftoient de cap- tifs, de forte qu'il femble qu'en cela ils ont fui- uy le ftiie des anciens. Car félon que veulent dire certains Autheurs, pour cette occafion ils appelloient le facrifice, vtflima, d'autant que c'e- ftoit de chofe vaincue: comme mefmeils l'ap- pelloient, Hoftia, quajîab hojle^omce que c'eftoit vne offrande faite de leurs ennemis, combien que l'on ayt accommode ce mot à toutes for- tes de factifî ces. A la vérité les Mexiquains ne facrifïoient point à leurs idoles que leurs cap- tifs, Se n'eftoient les ordinaires guerres qu'ils faifoient, que pour auoir des captifs pour les facrirlces. C'eft pourquoy quand les vns & les autres fe battoient, ils tafehoient de prendre vifs leurs contraires, ik de ne les tuer point pour iouyr de leurs facrifices. Et cefte fut la raifon que donna Alotecuma au Marquis du Val, quand il luy demanda , pourquoy eiîant fi puiu fant, & ayant conquefté tant de Royaumes, ilnauoit pas fubiugué la Prouince deTaica]- la, qui eftoit fi proche: Motecuma refpou- dit à cela, que pour deux caufes, il n'.uioit as conquefté cefte Prouince. combien qu'il uy euft efté fi facile s'ili'euft veuiu entrepren» Hh iij l ffiftoire naturelle .dre : l'vne pour auoir enquoy exercer la icu- ne(Tc Mexiquaine, de peur qu'elle nefe nour- rift en oyfiuete' & delicateii'e : l'autre & prin- cipale, quilauoitreferué cefte Prouince pour auoir d'où tirer des captifs pour ^acrifier à leurs Dieux. La façon dont ils yioient en ces facrifices, eftoit qu'ils aiTembloient en cefte pallilïade de teftes de morts , qui a efté ditte cy delTus , ceux qui deuoient eftre facrifiez , &c fai- foit l'on auec eux au pied de cefte pallhTade vne cérémonie , qui eftoit qu'ils les mettoienttous. arrangez au pied decefte paliilîade auec beau- coup cThommes de garde qui lef entouroient. Incontinent fortuit vn Pieftreveftu d'yne au- be courte pleine deflocquons, ou houpettes par le bas , & defeendoit du haut du temple auec vne idole fai&e de pafte de bled, & mays amafte auec du miel , qui auoit les yeux de grains de voirre vert, & les dents de grains de mays , 8c defeendoit auec toute la viftefTe qu'il pouuoit les degrez du temple en bas, &mon- toic par deifus vne grande pierre qui eftoit fi- chée en vne fort haute terratle au milieu delà court. Cefte pierre s'appelloit Quauxicalli, qui veut dire , la pierre de 1* Aigle ,6c y montoitle Preftre par vn petit efcailier qui eftoit au dé- liant de la terraile, & defeendoit par vn autre qui eftoit en l'autre code, toufîqurs embralTant fonidole: puismotoit aulieuoueftoient ceux que l'on deuoit facrifier , & depuis vn bout iufqu'à l'autre alloit monftranttefte idole à vn chacun d'eux en particulier, leur difant, ceftuy eft voftre Dieu.&t en acheuant de monftrer,dc£ des Jndes. Liure V. 24+ ccndoit par l'autre codé des degrez, & tous ceux qui deuoient mourir s'en alloientenpro- eefîîon iufqu'au lieu où ils deuoient eftre fa- crifiez,&làtrouuoient appreftés les minières qui ks deuoient facrifiet. La façon ordinaire defacrifier, eftoit d'ouurir l'eftomach àceluy qu'ils facrifîoienr: après luy auoir tiré le cœur encor à demy-vif, ils iettoient l'homme & le faifoient rouler par les degrez du temple, les- quels eftoient tous baignez & fouillez de ce fang. Et afin de le faire entendre plus particu- lièrement, fix Sacrificateurs confticués en ce- lle dignité, fortoient au lieu du facrifice , qua- tre pour tenir les mains & les pieds de celuy que l'on deuoit facrifier : l'autre pour tenir la tefte, & l'autre pour ouurir l'eftomach , & tirer le cœur du facrific. Ils appeiloient ceux-là Cha- chalmua,qui en noftre langage vaut autant que miniftrc de chofe facree. C eftoit vne dignité fupréme & beaucoup eftimee entr'eux , où l'on heritoit & fuccedoit comme en vne chofe de Mayorafqueoufief. Le miniftrc qui auoit l'of- fice de tuer, qui eftoit le fixiefme d iceux , eftoit eftimé & honoré comme fouuerain Preitre &c Pontife, le nom duqud eftoit différent, félon la différence des temps & folemnitez. Tout de mefme eftoient leurs habits differens quand ils fortoient à excercer leur office, félon la diuer- fité de temps. Le nom de leur dignité eftoit Papa Se Topilzin, leur habit & robbe eftoit vne courtine rouge en façon de Dalmatiqoe auec des houpes au bas , vne couronne de riches plu- mes verdes, blanches ôc iaulnes fur la tefte, & Hh iiij ■ !;É j/ifloke naturelle aux oreilles comme des pendans d'or, aufqueîs y auoit des pierres vertes enchallees , & au de(- fous de la lèvre ioignant le milieu de la barbe, auoit vne pièce comme vn petit canon d'vne pierre azurée. Ces fix Sacrificateurs venoient les vifages & les mains ointes d'vn noir fore luifant. Les cinq autres auoienr vne chcuelu- refortcrefpue &' entortillée auec des lifets de cuir , defcuiels ils font ceints par le milieu de la tefte, & portans au front de petites rondel- les de papier, peintes de diuerfes couleurs, & eftoient veftus d'vne Dalmaticjue blanche ou- urée de noir. Ils reprefentoient auec ceft orT nement, la mefme figure du diable : de forte que cela donnoit crainte & tremeur à tout le peuple de les voir fortir auec vne fi horrible reprefentation. Le fouuerain Preftre portoit en la main vn grand coufteau d'vn caillou fort large & aigu , vn autre Preftre portoit vn col- lier de bois, ouuré en façon d?vne couleuure, Tous fix fe mettoient en ordre iojgnant cefte pierre pyramidalle, de laquelle iay parlé cy deuant, eftantvis à vis de la porte de la chap- pelle de l'idole. Cefte pierre eftoit fi pointue, que l'homme qui deuoit eftre facrifié , eftant couché deflus à la renuerfe, fe plioit de telle façon, qu'en luylaifTant feulement tomber le coufteau fiir l'eftomach , fort facilement il sou- uroit par le milieu. Apres que ces facrificateurs eftoient mis en ordre, Ton droit tous ceux qui auoient efté prins es guerres, lefquels de- uoient eftre facrifkz en cefte fefte. Et eftans fort accompagnez d'hommes pour la garde Oc des ^ndes. Liure V. i+f tous nuds, on les faifoit monter de rang ces lar- eesdegrez, au lieu où eftoient appareillez les miniftres^ & comme chacun d'eux venoit en fon ordre, les fix Sacrificateurs le prenoient l'vn par vn pied, l'autre par vn autre, i'vnparvne main, & l'autre par l'autre, &k iettoient à la renuerfe fur cefte pierre poindue, où lecin- quiefme de cesminiftres luymettoit le collier de bois au coi, & le grand Preftre luyouuroïc l'eftomach auec le coufteau , d'vne eftrange promptitude & légèreté , luy arrachant le cœur auec les mains , & le monftrok ainfi fumant au Soleil, àquiilofFroit cefte chaleur & fumée de cœur, & incontinent fetournoit vers l'idole, & luy iettoit au vifage , puis ils iettoient le corps du facrifié , le roulant par lesdegrez du temple fort facilement , pource que la pierre eftoit mife fi proche des degrez , qu'il n'y auoit pas deux pieds d'efpace entre la pierre & le pre- mier degré ; de forte que d'vn feul coup de pied ils iettoient les corps du haut en bas. De cefte façon ils facrifîoient vn à vn tous ceux qui y eftoient deftinez5& après qu'ils eftoient morts, & que l'on auoit iett^ les corps en bas, leurs maiftres, ouceuxquiles auoientprins, lésai- îoient releuer , & les emportoient, puis après lesayan* départis entreux, ilslesmangeoienr, celebrans leur fefte & folemnité.Il y auoit tou- jours pour le moins quarante, ou cinquante de cesfacrifiez, pource qu'il y auoit des hommes fortaddroitsà les prendre. Les nations circon- uoifines en faifoient autant , imitans les Mexi- quains en leurs cquftumes ôc cérémonies fur lç feruice des Dieux, l/jftoire naturelle JXvne autre forte defacrifices £ hommes , dont vfoient les Mcxiquains. Chapitre XXL J- yauoitvne autre forte defacrifices qu'ils faifoient en diuerfes feftes , lef- quels ils appelloient Racaxipe Velizt* li y qui eft autant qu'efcorchement de perfonnes.On l'appelle ainfi, pource qu'en cer- taines feftes ils prenoientvn, ouplufieurs efcla- ues, félon le nombre qu'ils vouioient, & après fauoir efcorché, enreueftoient de la peauvn liomme qui eftoit députe à cet effed. Ceftuy- là f'enalloit par toutes les maifons & marchez de la Cité, dançant & ballant, & luy deuoient tous offrir quelque chofe v & fi quelqu'vn ne luy of- froit rien , il le frappoit d'vn coin de la peau au vifage, le fouillant de cefang figé qui y eftoit. Cefte inuention duroitiufques à ce que le cuir fe corrompift , pendant lequel temps ceux qui ploient ainfî, aflembloient beaucoup d'aumof- nés qu'ils employoient aux chofes necefiaires pour Je feruice de leurs Dieux. En beaucoup de ces feftes ils faifoient vn deffy entre ceJuyqui facrifioit, &celuyquideuoit eftre facrifié , en cefte forme. Ils attachoient Tefclaue par vn pied à vne grande roue de pierre, & luy bail- loient vne efpee & vne rondelle aux mains, afin qu'il fe deffendift , & fortoit incontinent celuy qui le deuoit factifier, arme d'vne autre efpec des Indes. Liure V- 24.fi Se rondelle ; que fî celuy qui deuoit eftre facri- fié 3 fe deffendoit vaillamment contre l'autre, & l'empefchoit , ildemeuroit exempt &deli- uré du facrifice , acquérant le nom de Capitaine fameux ; & comme tel, eftoit du depuis enten- du: mais fil eftoit vaincu, ilslefacrifïoienten la mefme pierre où il eftoit attaché. C'eftoit vn ititre genre de facrifice , quand ils dedioient quelque efclaue poureftre la représentation de .'idole, & difoient que c'eftoit fa retfemblance. Ils donnoient aux Preftres par chacun an vn eC> :laue, afin qu'il n'y euftiamais faute delà fem- élance viue de l'idole; & incontinent qu'il en- roit en l'office, après qu'il eftoit bien laué, ils le feftoient de tous les habits &ornemensderi- lole, luy donnans fon mefme nom. Il eftoit oute l'année reueré& honoré comme le mef- ne idole, ôc auoit toufîours auec luy douze lommts de garde, de peur qu'il ne f'enfuift, uec laquelle garde on le laifïbit aller libre- nent où U vouloitj& G d'auenture il f enfuyoit, e chef de la garde eftoit mis en fon lieu, pour eprefenter l'idole, & après eftre facriflé. Çé.c ndien auoit le plus honorable logis de tout le emple , où il mangeoit ôc beuuoir , & où tous es principaux le venoient feruir & honorer, uy apportans à manger auec l'ordre & appareil [ue Ion fait aux grands. Quand il fortoit par- ti y les rues de la Cité , il alloit fort accompagne :e Seigneurs, cVportoit vne petite flufte en la nain , qu'il touchoit de fois à autre , pour faire ntendre qu'il pafloit. Et incontinent lesfern- aes fortoient auec leurs petits enfans en leurs Hifloire naturelle bras , & les luy prefentoient , le faliians comme Dieu; toutlerefte du peuple en faifoit autant. Ils le mettoienr de nuiefc envne forte prifon, ou cage , de peur qu'il ne f'en allait , iufques à ce qu'artiuant la fefte ils le facrifîoient , comme j'ay dit cy deiTus. Par ces façons , & beaucoup d'autres , 'le diable abufoit , & entretenoit ces pauures miferables , & eftoit telle la multitude de ceux qui eftoient facrifîez par cefte infernale cruauté, qu'il femble que ce foit chofe incroya- ble: car ils afferment qu'il y en auoit quelques fois plus defînq mil; & que tel iour f'eft pallé qu'ils en ont fac'rifié plus de vingt mil en diuersl endroits. Le diable vfoit , pour entretenir cefte tuerie d'hommes, d'vne plaifante & eftrange in- uention, qui eftoit, que quand ilplaifoit aux Préfères de Satan, ils alloient aux Rois, cVleur declaroient comme leurs dieux fe mouroient de faim , & qu'ils euiîent mémoire d'eux. Inconti- nent les Rois f* appareilloient, & aduertitïbient lesvns les autres que les dieux demandoient à manger, partant qu'ils commandafïent au peu- ple de fe tenir preil à venir à la guerre > & ainfi le peuple afïemblé , ôc les compagnies ordon- nées, ils fortoient aux champs, où ilsafTem- bloient leur armée , & toute leur difpute & combat eftoit de fe prendre les vns les autres pour facrifier, tafehans de fe faire paroiftre tant d'vn cofté que d'autre, en amenant le plus de ca- ptifs pour le facrifîce ; tellement qu'en ces ba- tailles ilstafchoientplusàfentre-prendre, qu'à f entre-tuer, pource que tout leur but eftoit d'a- mener des hommes vifs pour donner à manger deslitâes. Dure Pr. 2.4? \ leurs idoles , qui eftoit la façon pat laquelle ils apportoient les vi&imes à leurs dieux. Et doit- on fcauoir queiamais Roy neftoit couronné, qu'au préalable il n euft fubiugué quelque Pro- uince , de laquelle il aracnaft.vn grand nombre de captifs pourles facrificesde leurs dieux, ÔC ainfipar tous moyens c'eftoitchofe infinie que le fang humain que l'on efpandoit en l'hon- neur de Satan. Comme défia les Indiens épient latfez, * & ne pouuoient plus fouffrir la cruauté de leurs dieux* Chapitré XXII. Lvsievrs de ces barbare^ eftoient défia laflez & ennuyez d'vne fi exceffiue cruauté à ef- pandre tant de fang d'hommes, ôc du tribut fi ennuyeux d'eftre toufiours en peine de gagner des captifs pour la nourriture de leurs dieux, leur femblant vne chofe infupportabïe-, & néant- _ moins ils ne laifloient de fuiure, & exécuter leurs, rigoureufesloix, pour la grande crainte que lesminiftres des idoles leur donnoient de leur cofté, & par les rufes aueclefquelles ils te- noient ce peuple en erreur: mais en l'intérieur ils defiroient atfez de fe voir libres d'vne fi pe- fante charge. Et fut vne grande prouidencede Dieu, que les premier .qui leur donnèrent la Hiftoire naturelle cognoiflance de la loy de Ièfus-Chrift, les tîoit toaflenr en cefte difpofuion, pource que fans doute ce leur fembla vne bonne lo v , ôc vn bon Dieu, qui vouloir eftre feruy de cetfe façon. Sur ce propos me conçoit vn Religieux graue en la ncuuc fifpagnc , que quand il fut en ce Royau- me il auoit demandé à vn ancien Indien, hom- me de qualité , comment les Indiens auoient il toft receu laloydelefus-Chrift, ôc lai/Té la leur, fans faire dauantage de preuue, d'eflàv,- ny de difputè furicelle: car il fembloit qu'ils Pc- Itoient changez fans y auoir eftc efmeus par rai- ion tumfante. L'Indien refpondit: Ne crois point , Père , que nous prenions ïî inconfideré- ment la loy de Iefus-Cbrift , comme tu dis pource que ie t'apprends que nous eftions défia laffez , ôc mefcontents des chofes que ks idoles nous commandoient, ôc que nous auionsdefia parle de les laiiTer , Ôc de prendre vne autre loy Et comme nous trouuafmes que celle que vous nous prefehiez, n'auoit point de cruauté, ôc qu elle nous eftoit fort conuenable, iufte 6V bonne 5 nous entendifmes, ôc creufmes que ce- itoitlavrayeloy, &ainfinôuslareceufmes fore volontairement. La refponfe de cet Indien fac corde bien auec ce qu'on lit aux premiers dif- coursqu'Hernâde Cortez enuoyaà l'Empcreu* Charles le quint, ou il raconte qu'après auoir conquefté la Cité de Mexique , eftant en Guy- oacan, luy vindrent des Ambaflàdcurs de la Ré- publique & Prouince de Mechoacan , deman- dai quil leur enuoryaftfaloy, &quil!aleuf appnit de m entendre, pour autant qu'ils pre« des Jades. Liure p* z^È tehdoient de îailTer la leur , qui ne leur fembloit pas bonne; ce que leur accorda Cortez, & au- jourd'hui font les meilleurs Indiens, Ôc plus vrais Chreftiens qui foient en la neuue Efpa- gne. Les Efpagnols qui virent ces cruels facn£- ces d'hommes* fe déterminèrent d'employer toute leur puiiïance àdeftruire vn fi deteftablc & maudit carnage d'hommes; & d'autant plus qu'ils virent vn loir deuant leurs yeux facrifier foixante , ou foixante & dix foldats Efpagnols, qui auoient efté prins en vne bataille, qui fc donna fur la conquefte de Mexique , & vne au- tre fois trouuerent eferit de charbon, en vne chambre en Tezcufco , ces mots : Icy fufl fnfin- mr vn telmdheureux , atéec fis compagnons , ûtte cm* ieTe\cHfco ftmfierent. Il aduint mefme à ce pro- pos, vn cas fort eftrange, & neantmoins vérita- ble, ayant efté rapporté parperfonnes dignes de foy , 6c fut que les Efpagnols regardans vn fpectacle de ces facririces, & comme ris auoient ouuert ôc tiré le cœur à vnieune homme fort difpos, l'ayant ietté, ex: fait rouler du haut en bas des degrez , comme eftoit leur coudume; quand il vint en bas , dift aux Efpagnols en fa langue, Cheualiers, ils m ont tué; ce qui ef- meut grandement les noftres d'horreur , «&de pitié. Et n'eft point chofe incroyable que ce- ftuy-là ayant le cœur arraché, ayt peu parler, at- tendu queGalien raconte qu'il eftarriué plu- Gitl.U.uié fleurs fois aux facririces des animaux, après leur uippoc &> auoir tiréle cœur, & ietté fur l'autel, que les ani- pUtor- f*z mauxrefpiroient, voire bramoient & choient "'•"M* hautement , inefrnp couroient quelque temps. Hifîoire naturelle Laiffans maintenant ceftequeftion, comme il foit pofïible que cela puifte eftre par nature , ië pourfuiuray mon intention, qui eft de faire voir combien ces barbares abhorroient défia cefté infupportable feruitude qu'ils auoient à l'homi- cide infernal , & combien grande a efté la mife- ficorde que le Seigneur leur a faite, en leur communiquant fa lo y douce^ & du tout agréa- ble. Comme le diable fefî efforcé d'en future , & de contrefaire les facrements de la faincîe Eglife. Chapitre XXV. E qui eft le plus cfmerueillable de l'erï- uie & preiomption de Satan, eft, qu'il ayt contrefait non feulement enTido- iatrie & facrifîces, mais aufîi en certai- nes cérémonies nos Sacrements, que Iefus-Ch. noftre Seigneur a inftituez, & defqueis vfe la faincte Eglife , ayant fpecialement prétendu imiter en quelque façon le facrement de Com- munion, qui eft le plus haut, & le plus diuin de tous, pour le grand erreur des infîdelles, qui y, ptocedoient en céte manière. Au premier mois-, qu'au Peru ils appellent Raymé, & refpond à noftre Décembre, fe faifoit vne très folemnellc fefte, appclleeCapaerayme, & enicellefefai- foient beaucoup de facnfîces & cérémonies, qui durpient plufîeursiours, pendant lefquels nul forain &eftranger ne fe pouuoit trouuer en la des Indes. Dure V. 14.9 en la Cour ,*qui eftoit en Cufco. Ces ioUrs eftâs paffez, ils donnoient congé & licéce aux eftran- gers d'entrerrafin qu'ils participaient à la fefte, Ôc aux facrifices , leur communiant en cefte for- me. Les Mamacomas du Soleil, qui eftoient comme Religieufes du Soleil, faifoient de petits !>ains de farine de mays ^ teinte, ôc paiftrie auec e fang des moutons blancs qu'ils facrifioient ce iour là , incontinent ils commadoient que tous les forains des Prouinces entraient, lefquelsfe mettoient en ordre , & les Preftres qui eftoient de certain lignage, defcendans de Liuquiyupan- guy, donnoient à chacun vn morceau de ces pe- tits pains , leur difans qu'ils leur donnoient ces morceaux, afin qu'ils fufîent confederez ôc vnis auec l'ingua , ôc qu'ils les aduifoient qu'ils ne diiî'ent , ny penfalîent mal contre l'ingua : mais qu'ils luy portaient toufiours bonne affection* pource que ce morceau feroit tefmoin de leur intention, & volonté, quef'ilsne faifoient ce" qu'ils deuoient, il les defcouuriroit , Ôc feroit contre eux. L'on portoit ces petits pains en de grands plats d'or, ôc d'argent, qui eftoient defti- nez pour cet effet, ôc tous receuoient , ôc raan» geoient ces morceaux remercians infiniment le Soleil d\n& fi grande grâce qu'il leur faifoit , di- fans des paroles , & faifans des lignes d Vn grâd contentement ôc deuotion : proteftans qu'en leur vie ilsneferôient, ny penferoient chofe contre le Soleil , ny contre l'ingua , Ôc qu'auec cefte condition ils receuoient ce manger du So- leil a ôc que ce manger demeureroit en leurs corps pour tefmoignage de la fidélité qu'ils gar- ~ Hiftoire naturelle doiem au Soleil, ôc à l'Ingua leur Roy. Cefte fa- çon de communier diaboliquement fe faifoit mefme au dixiefme mois appelle Coyarayme, qui eftoit Seprébre, en la fefîe folemnellê qu'ils appellent Cytua, faifant la mefme cérémonie, Ôc outre celle communion (f'ileu^permisd Vfer de ce mot en chofe diabolique) qu'ils faifoient à tous ceux qui venoient de dehorsjils enuoyoiét auflî de ces pains en tous les guacas, fan&uaires, ou idoles de tout le Royaume , & tout envn mefme temps f'y trouuoient desperfonnesde tous codez, qui venoient exprès pour les rece- uoir , aufquels ils difoient en leur baillant , que le Soleil leur enuoyoit cela en fîgne qu'il vou- îoitque touslevenerafTent ôc honorafTent , ÔC en enuoyoiertt mefme par honneur aux Caci- ques. Quelqu'un parauenture tiendra cecy pour fabie ôc inuention : mais pourtant c'eft vne cho* fe très- véritable, que depuis Ingua Yupangi, ( qui eft celuy qui a fait plus de loix , de couftu- mes, Ôc cérémonies, comme Numa à Rome) dura celle manière de communion, iufques à ce que FEuangile deroftreSdgneur Iefus-Chrift mi&hors toutes ces fu'per Muions, leur donnant le y ray manger dévie, quiconferue &vniflles am es auec Dieu. Qui voudra s'en fatisfaire plus amplement , life la relation que le Licencié Po- lo efcnuit à rArcheudque des Rois, DomHie- ronymo de Loayfa, ou il trouuera cecy, Ôc beau- coup d'autres criofes qu'il a delcouuertes & tp^ prèuuees par fà grande diligence. x des Jnâes. Liure V- z/o De h façon que le diable s'ejl efforcé de contre- faire en Mexique U fefte du fainct Sacre* ment & Communion > dont vfelaJawcJe Eglife. Chapitre XXIV. E (era chofe encor plus eiraerueilla* ble d'ouyr parler de la fefte ôc fo~ lemmité de la Communion, que le mefme diable, Prince d'orgueil, or* donna en Mexique, laquelle, bien qu'elle foie vn peu longue, il ne fera mal à propos de racon- ter, lelon qu'elle eft eferite par personnes dignes de foy. Les Mexiquains faifoient au mois de May leur principale fefte de leur dieu Vitzili- puztli, & deuxioursauparauantcefte fefte, ces filles dont i'ay parlé cydefîus, qui eftoient re- clufes au mefme temple, ôc eftoient comme re- Jigieufes , moulloient vne quantité de femençe de blettes, auec du maysrofty, ôc après qu'il eftoit mordu, le paiftriflbiét, ôc amaiîoient auec du miel, & faifoient de cefte pafte vn idole de la mefme grandeur qu'eftoit celuy de bois, luy mettans au lieu des yeux, des grains devoirres verds, azurez, ou blancs; ôc au lieu de dents,des grains de mays, aflîs auec tout l'ornementa appareil que i'ay dit cy deiliis. Apres qu'il eftok du tout acheué, tous les Seigneurs venoient, ôc luy apportoient vn veftement exquis , ôc riche, tout femblableà celuy de l'idole, duquel ils le veitoient. Et après l'auoir ainfî veftu ôc orné, ils ftifleoient en vnefeabeau azuré, 3c' fur vnbran- liij Hifioire naturelle card, pour le porter furlesefpaules. Le matin de la fefte venu , vne heure auant le iour for- toient toutes ces filles veftués de blanc, auec des ornemens tousneufs , lefquelles eftoient apfel- lees ce iour là , Sœurs du Dieu Vitzilipuzth. El- les venoient couronnées de guirlandes de mays rofty.&crcuaffc , reffemblantazaar, ou fleur d'orenge, & portoient en leur col de grottes chaines de mefme , qui leur pafïbient en ef- charpe par deiïbus le bras gauche. Elles efloienc colorées de vermillon par lesioiies, & auoient les bras , depuis les couldes iufques aux poings, couuerts de plumes rouges de perroquets, êc âinfi ornées , elles prenoient l'idole fur leurs ef- paules , le tirans , Ôc portans en la court où eftoient defia tous les ieunes hommes veftus d'habits faits d'vn red artificieux , eftans coron- nez de la mefme façon que les femmes. Alors que ces filles fortoient auec l'idole, les ieunes hommes s'approchoient auec beaucoup de re- uerence, &prenoient lalittiere, oujjyranc^rd^ où eftoit l'idole, fur leurs efpaules, iTportans au pied des degrez du Temple, où tout le peu- ple s'humilioit, & prenant de la terre de l'aire, fe la mettoit fer la tefte , qui eftoit vne cérémo- nie ordinaire qu'ils obferuoient entr'eux , aux principales feftes de leurs Dieux. Celte céré- monie faite, tout le peuple fortoit en procef- fio n, auec toute la diligence & légèreté qui leur eftoit pofïible , & alloient à vne montagne qiu eftoit à vne iietie de la Cité de Mexique , appel- iee Chapultepec , & là faifoient vne dation , ÔC des facrifices. Incontinent ils partoienc de U des Jndes. Liure V. zji âùec la mefme diligence , pour aller en vn lieu quieftoit proche de là, qu'ils appelloient Atla- cuyauaya, où ils faifoient la féconde dation > ôc au partir de là , alloient en vn autre bourg , vne lieiîe plus outre , qui fe nomme Cuyoaquan, d'où ils partoknt , retournans en la Cité de Me- xique, fans faire aucune autre ftanon. Ils fai- foient ce chemin de plus de quatre lieues , en trois, ou quatre heures^ & appelloient cefte proceffion , Ypayna Vitziîipuztli , qui veut di- re, le vifte& diligent chemin de Vitziîipuztli. Arriuez qu'ils eftoient au pied des degrez5ils mettoient en bas le brancard de l'idole , & pre- noient de greffes cordes, lefquelles ils atta- choient aux bras d'vn brancard , puis après auee beaucoup de diferetion & de reuerence , ils montoient la littiere àuec l'idole , au fommet du temple, les vns tirans d'enhaut, & les autres leur aydant d'embas, cependant l'on n'enten- doit retentir que le fon des fluftes,des buccines, des cornets , Se des tambours qui fonnoient. Ils le montoient de cefte façon, d'autant que les degrés du temple eftoient fort roides & eftroits, ôc l'efcallier fort large , tellement qu'ils n'y pouuoient monter cefte littiere fur leurs efpau-. les. Pendant qu'ils montoient cefte idole, tout le peuple eftoiten la court, auec beaucoup de reuerence & de crainte. Apres qu'il eftoit mon- té iufques au haut, &qu'on^auoitmisenvne petite loge de rofe , laquelle ils luy tenoient ap- preftee, incontinent v enoient les ieunes hom- mes, lefquels femoient,& refpandoient vne grande quantité de fleurs dediuerfes couleurs,. Ii iij Hiftoire naturelle 3ont ils rempliflbient tout le temple dedans & dehors. Cela fait, toutes les filles fortoient auecques l'ornement que nous auons dit cy defïus, & apportoicnt de leur Conuent des tronçons , ou morceaux de pafte , compofee de blettes , & de mays rofty , qui eftoit de la mef- me pafte de laquelle l'idole eftoit fait &com- pofé, & cftoient en forme de grands os. Us les bailloient aux ieunes hommes, lefquels les por- toient en haut , les mettans aux pieds de l'ido- le, dont ils remplifloient tout le lieu, iulques à ce qu'il n'y en peuft entrer dauantage. llsap- pelloient les tronçons de pafte, les os lÔc chair de Vkzilipuztli. Et ayans ainfi eftendu ces os, aufïï toft venoient tous les anciens du Temple, Preftres ; Leuites , & tout le refte des miniftres, félon leurs dignitez, & leurs antiquitez : car il y auoitentr'eux fur ce point, vne belle règle, & ordonnance, &venoient les vns après les au- tres auec leurs voiles dered, dediuerfes cou* leurs, &ouurages, félon la dignité, & office dvn chacun, ayans des guirlandes en leurs te- ftes, & deschaines de fleurs pendues au col. Apres euxvenoient les dieux & deefles, qu'ils adoroient en diuerfeS figures , veftus de la mef- meliuree, puis fe mettans en ordre au tour de ces tronçons ôc morceaux de pafte, faifoient certaine cérémonie, en chantant, & ballant fur keux. Aumoye^dequoy ils demeuroient bé- nits & confacrez pour la chair & os de cet ido- le. La cérémonie & benedi&ion de ces tron- çons de pafte, par laquelle ilseftoient tenus & eftimez pour os & chair de l'idole, eftant ache> ué des Indes. Liure V. ijz ilshonoroient ces morceaux delà mefme manière que leur dieu. Puis fortoientles Sacri- ficateurs qui commençoient le facrifice d'hom- mes en la façon qu'il aeftédit cydelîus, ôcen facrifioit-on ceiour là vn plus grand nombre qu'en nul autre , pour autant quec'efteit lafe- fte la plus folemnelie qu'ils euiîent. Les facri- fices eftans acheuez, fortoient tout auflî toft tous les ieunes hommes Ôc filles du temple, or- nez comme il a eftédit, ôc après s'eftre mis en ordre, &£e£re rangez les vns vis avis des au- tres, ils balloient, &dançoient au fondu tam- bour qu'on leur fonnoit en loiiange de lafo- lemnitc ôc de l'idole qu'ils celebroient. Auquel chant tous les Seigneurs anciens, & les plus notables leurrefpondoient, ballans àl'entour d'iceux , ôc faifans vn grand cercle , comme ils ont de couftume , demeurans toujours les ieu~ nés hommes & filles au milieu. A cebeaufpe- ctacle venoit toute la Cité , ôc y auoit vn corn- i mandement fort diligemment obferuc en cette terre, queleiour de l'idole Vitzilipuztli, Ton ne deuoit manger autre viande que ceftepafte emmiellée, dequoy l'idole eftoit fait. Et celle viande fe deuoit manger incontinent au poincl: duiour, &nedeuoit-on boire d'eau, ny aucu- ne autre chofe après , iufques après midy, ôc te- noient que c'eftoit vn mauuais'augure, voire facrilege, que de faire le contraire: mais après les cérémonies acheuees, il leur eiloit permis de manger toute autre chofe. Pendant le temps de cefte cérémonie ils eachoient l'eau aux pe- tits enfans, aduertiffans tous ceux quiauoient Ii iiij s- Hiftoire naturelle l'vfage de raifon , de ne boire point d'eau % que fils le faifoient , Tire de Dieu viendroitfur eux, & mourroient \ ce qu'ils obferuoient fort dili- gemment, ôc rigoureufement. Les cérémonies, bal, 6c facrifices acheuez ; , ils T'en alloient tous defpouiller, &lesPreftres & dignitez du tem- ple prenoient l'idole de pafte, lequel ils def- poiiilloient de ces ornements qu'il auoit , & faifoient plufieurs morceaux, tant de cet ido- le mefme , que de ces tronçons qui eftoient confacrez, puis après ils les depactoient au peu- ple en forme de Communion, commençans aux plus grands, & continuans au refte, tant hommes, femmes, que petits enfans , lefquels les receuoient auec tant de pleurs, de crainte, 3c de r euerence , que c'eftoit vne chofe du tout admirable, difans qu'ils mangeoient la chair, &les os de Dieu, dequoy ils le tenoient indi- gnes. Ceux qui auoient des malades , en de* mandoient pour eux , & leur portoient auec beaucoup dereuerence, & vénération. Tous ceux qui communioient, demeuroient obliges de donner le difme de cefte femence , ou grain, dequoy eftoit faict l'idole. La folemnitc de la Communion eftant achcuee, vn vieillard de beaucoup d'authorité montoit fur vnlieu emi- nent, & d'vnevoix fort haute, prefchoitleuç loy, & leurs cérémonies. Qui ne fefmerueille- ra doncques que le diable ayt eftc Ci curieux de fe faire adorenfe receuoir en la façon que le- fus Chrift noftre Dieu a ordonne , & enfei- gné, & comme lafain&eEglifeaaccouftuméï Par cela certes , l'on voi4 clairement vçrific ce .. des Indes. Liure V. *fi qui a efté propose au commencement , que Sa- tan tafche & s'efforce tant qu'il peut d'vfur- per &de defrober pour fo y V honneur & feruice qui eft deu à Dieu fe tilencor qu'il y mefle tous- jours les cruauté's & ordures ^ pource que c'eft vnefprit d'homicide & d'immondicité, & père demenfonge. Ves Confefeurs, & de kConfepon dont ^ v foient les Indiens. Chapitre XXV. E père de menfônge a voulu mefme contre-faire le facrement de Con- fefsion , & en Tes idolâtries fe faire honorer auec des cérémonies fort femb labiés à l'vfage des fidèles. Au Peru ils auoient opinion que toutes les maladies & aduerfitezleur venoient pour les péchez qu'ils auoient faits, & pour remède ils vfoient de fa- crifices, & outre cela,fe confeflbierit mefme verbalement prefque en, toutes les Prouinces, & auoient des ConfefTeurs députez pour ceft ' effed , des fuperieurs , & d'autres qui leur eftoient inférieurs :& y auoit des péchez refer- uezaufuperieur. Ilsreceuoient des pénitences, voire quelques fois tres-rigoureufes : & prin- cipalement quand le pécheur efloit quelque pauure homme,quin'auoitque donner auCon- fefièur, & eftoit ceft ofrlce.de Gonfeifeur mef- me exercé par les femmes. L'vfage de ces Con- fefleurs forciers , crer la perfonne d'Aaron & les au- i très Preftres , & en la Loy Euange- lique nous auons mefme le fainct Chrefme, ôc on&ion , dequoy l'on vie quand Ton nous facre Preftres de Chrift. Il y auoit mef- me en la Loy ancienne , vrie certaine côpofmon odoriférante, que Dieu deffendoit d'employer en autre chofe quau feruice diuin. Le diable a voulu contrefaire toutes ces chofes à fa façon, côme il a accouftumé , ayant inuenté à cefte fin des chofes fïordes , Se fi fales , quelles mon- trent afTez quel en eft l'Autheur. les Preftres des idoles en Mexique, s'oignoient en cefte ma- nière. Ils s'oignoient le corps depuis les pieds iufqu'à la tefte,& tous les cheueux auflï,lefquek leur demeuroient en forme de trèfles reiïem- b ansàdescrinsdecheual, à caufe quilsvap- phquoient cefte ondion humide & mouillée, i,es cheueux leur croiiïbient tellement auec le temps, qu'ils leur tomboient iufqu'aux iarers, ii pefans, qu'ils leur donnoient beaucoup de peine à les porter, car ils ne les coupoient, ny tondoient point, iufqu'à ce qu'il* mou- juiTent, ou qu'on ks en difpeàfaft pour leur £fïfîoire naturelle grande vieille ffe, ou bien qu'on lenémplôyaft aux gouuemements ôc autres offices honora- bles en la Republique, ils portoient leurs che- uellures trcflees, de fix doigts de long, & fe noirciftoient Ôc teignoient auec de la fumée de bois de pin, ou raiiine, pouree que de toute -antiquité entr'eux, c'a efté toufiours vne of- frande qu'ils raifoient à leurs idoles. Et pour ce- fteoccafion elle eftoit fort eftimee & reuerce, Ils eftoient toufiours noircis de celle teinture, depuis les picdsiufqu àla tefte ^tellement qu'ils rcflembloientà des Nègres fort reluifants, ôc celle-là eftoit leur ordinaire ondion. Toutes- fois quand ils alloient facnfier Ôc encenfer de- dans les montagnes, ou aux Commets dicel- les ôc aux cauernes obfcures ôc tenebreufes, où eftoient leurs idoles, ils vfoient d'vne au- tre onction- fort différente, -faifont de certai- nes cérémonies pour leur ofter la crainte, & augmenter le courage. Cette on&ion fe fai- foit auec diuerfes beftiolles venimeufes, com- me d'araignées, de fcorpions.-dec bportes,de fallemandres ôc de vipères, lefquelles les gar- çonsdes Collèges prenoient Ôc amaffoient , à quoy ils eftoient fi adroits, qu'ils en eftoient ttufiouts garnis, quand les Preftres leur en de- mandoient. Le principal foing&foucydeces carçons , eftoit d'aller a la chafle de ces beftiol- les- ques'ilsalloientautre-part, & quedauan- ture ils rencontraient quelqu'vne de ces be- ftiolles, ils s'atreftoient àla prendre, auec au- tant de peine, comme fi leur propre yie euft defpendudcGela, A raifon dequoy les Indiens des Indes. Liure. V. £57 rie crai^noient point ordinairement ces be- ftiolles venimeufes, n'en fa il ans non plus dé- fiât, que fi elles ne feuiTent point elle , d'autant qu'ils auoient tous efté nourris en cet exerci- ce. Pour faire cet vnguent de cesbcftiolles , ils les prenoient toutes enfemble , & les bruf-^ loient au foyer du temple , cjui eftoit deuant l'autel ,iufques à ce qu elfes fuifent reduitresen cendre, puis les mettoienten des mortiers auec beaucoup de Tauaco, ou betû (qui efl vne her- be,dont cefte nation vfe pour endormir la chair, &pour nefentir point letrauail ) auec lequel ils mesloient ces cendres , qui leur faifoit perdre la force.Ils mettoient mefmeauec cefte cendre, quelques feorpions , araignes & cloportes vi- ues, meslans& amaflàns le tout enfemble, puis ils y métroient d'vne femence toute moullue, qu'ils appeiloient Ololuchqui , dequoy les In- diens font vnbreuuage , pour voiries voifins, d'autant que l'effed Se cefle Herbe eft d'ofter, & priuer l'homme du fens. Ils moulloient met- me auec ces cendres, des vers noirs & velus, defquels le poil feulement efb venimeux , & amalfoient tout cela enfemble auec du noir , ou fumée de rezine, lemettansen des petits pots, lefquels ils pofoient deuant leur Dieu, difans que c'efloit la leur viande. C'eft pourquoyils appeiloient cela, manger4iuin.Par le moyen de cet oignement ils deuenoient forciers , & voy- oient,& parloiét aux diables.Les Preîtres eftans barbouillez dé cefte pafte,perdoiét toute crain- te , prenans en eux vn efptit de cruauté. A rai- ion dequoy ils tuoisntles hommes aux facnfi- ~ " "-— fck —-~ fl i » nui' ii 1 ■Il lit ' : 1 ir £ I il'-1' Hifloire naturelle ces fort hardiment, ôc alloient de nuict tous feuls aux montagnes Ôc dedans les cauernes ob- fcures, mefprifans les belles fieres , Ôc tenans pour certain & approuué, que les lyons, tigres, ferpens ,& autres beftesfurieufes qui s'engen- drent aux montagnes & foreils , f enfuyroient d'eux, par la vertu de ce betum de leur Dieu.Et a la vérité , fi ce betum ne les pou u oit faire fuyr, c'eftoit chofe fuffifante pour ce faire, que le gourtraid du diable enquoy ils eftoient tranf- iormez. Ce betum feruoit mefmepourguarir les malades & les enfans, parquoy tous l'appel - loient,la médecine diuine ,&ainfî de toutes parts venoient ils par deuers les dignitez& Préfixes, comme vers leurs Sauueurs , à fin qu'ilslèur ap^ pîicaflentla médecine diuine, &les oignoient d'icelle, par les parties deuilantes. Us afferment qu 'ils fentoient par ce moyen vn notable allége- ment, cequideuoiteftreà caufequele Taua- co,& Ûloluchqui,ont d'eux mefmescefte pro- priété d'endormir la chair, eftans appliquez en façon demplaftxe, ce qu'ils doiuent opérer, à plus forte raifon. eftans mesiez auec tels poifons. Et pource qu'il leur amortillbit , & appaifoit la douîeur,illeur fembloit que ce fuit, vn erTect. de fanté, & de vertu diuine. C'eft pourquoyils sccouroientaVes Préfixes, comme a des hom- mes faims, lefquclsentretenoient en cet erreur & esblouyfiemenr lesignorans, leur perfuadans ce qu'ils vouloient, ôc les faifuns venir à leurs médecines, & cérémonies diaboliques, parce qu'ils auoient telle authorité ;., qui'J fuffifoic gu'ils lediflent, pour le faire unir ç omme *f- H des Indes. Liure. V. 25S ticle de foy. Etainll ils faifoient parmy le vul- gaire mille fuperftitions , en la façon d'offrir l'encens , en la façon de leur couper les che- ueux, en attachant de petites bûchettes au col, & des filets auec des petits os de couleuures,- leur commandant qu'ils fe baignaflent à certai- ne heure , qu'ils veillaflent de nuict au fouyer, de peur que le feu ne s'eftaignift , qu'ils ne man- geaiTent point d autre pain que celuy quiauoit efté offert à leur Dieu , qu'ils fe retiraient eri leur befoing incontinent par deuers les forciers, lefquels auec certains grains iettoient les farts & deuînoient , regardans en des cuues, & poëi- les pleines d'eau. Les forciers & rjainrftres du diable auoient accouftumé mefme d'emba- durnofer beaucoup. Et eft vne chofe infinie delà grande multitude qu'il y a eue de ces de- uins, fortiileges , enchanteurs , deuineurs 8c autres fortes de faux prophètes. Auiourdhuy il refte encor de cefte peftilence , quoy qu'ils fe tiennent fecrets & couuerts, n'ofan s ouverte- ment exercer leurs facrijégeS , & diaboliques cérémonies , & fuperftitions , mais leurs abus? & maléfices font defcouuerts plus au long , & particulièrement aux confefsionnaîres faits par les Prélats du Peru. Il y a vn genre de forciers entre les Indiens permis par les Roys Inguasy qui font comme deuins ,' lefquels prennent vne telle forme & figure qu'ils veulent , al- lons & faifans par l'air beaucoup dé chemin* en fort peu de temps r & voyent ce qui fe paiïè. Ils parlent auec le diable , lequel leur jefpond en 4e certaines pierres , ou autre Kfe tj l/ijîoire naturelle chofes qu'ils vénèrent beaucoup.Iis fe feruet cîe deuins , & pour dire ce qui fe pafîe en des lieux les piusesîoignez,auant que la nouuelle en vien- ne ou puifle venir. Comme mefme ileftencor arriué depuis que les Efpagnols y font, qu'en diftance de plus de deux ou trois cens -lieiie-sj'on a feeu les mutineries, les batailles, les rebellions^ les morts, tant des tyrans, comme de ceux qui eftoient du eofté du Roy, & des perfonnes par- ticulieres, ce que Ton a fçeu du mefme iour que les chofesarriuerent, ou bienle iourenfuyuant, qui eftoit chofe impofsible, félon le cours de nature. Pour faire celte diuination, ils fe met- . tentenvne maifon fermée par dedans, &s9en- yurentiufquesa perdre le iugement, puis vn iour après ils refpo.ndenta ce que f on leur de- mande. Quelques vns afferment qu'ils vfent de certaines ondions. Les Indiens ^difent que les vieilles exercent ordinairement cet office de for» tileges , & particulièrement celles d vne Pro- uîncc,qu ils appellent Coaillo , d'vne autre vil- fe,appellee Manchey,& de la Prouince de Gua- rochiri. Ilsenfeîgnent mefme où font les chofes perdues & defrobees. De toutes ces fortes de forciers, il y en a eu en tous endroits, vcrslef- quels viennent ordinairement les Anaconas , & Cyuas, qui feruent aux Efpagnols quand ils ont perdu quelque enofe de leurmaiftre , ou qu'ils défirent fçauoir quelque fuccez des chofes paf- fees , ou aduenir. Comme quand ils defeendent & vont aux Citez des Efpagnols pour leurs af- fiires particulières, ou pour les publiques, ils fcùrs demandent fi leur voyage fe portera bie^' des Indei. Dure Jf. 2.59 s'ils feront malades,s'ils mourront,ou retourne- ront fains,s'ils obtiendront ce qu'ils prétendent? &lesforciersJoudeuineursrerpondent)ouy,ou non , ayans premièrement parlé auec le diable, en vn lieu obfcur, de manière que ces Anaconas oyent bien le Ton de la voix 3 mais ils ne voyent pas à qui les deuins parlent , ny n'entendent pas ce qu'ils difent. Ils font mil cérémonies & facri- fkes pour cet effecl:, auec lefquels ilsinuoquent le diable , & f'enyurent brauement. Et pour ce jàire,ils vfent particulièrement d'vne herbe,ap- pellee Villea * le fuc de laquelle ils mettent de- dansle Chica, ou le prénent d'autre façon. L'on peutvoir en cecy,combien eft grand le mai'heur de ceux qui ont pour maiftres , lesminiftres de celuy-là, duquel l'office eft détromper. Eteft vne choie approuuee, qu'il n'y a rien qui em^. pefche tant les Indiens dereceuoirla foy du S. Euangile>& de perfeuerer en icelenleurme«antesGua: rasou enfeignes, & leurs perço.ent les -oreil- les, puis quelque vieillard les ,fouetto.t auec d^ fonles, àleuroignoit le vifage '™£*g le tout en figne qu'ils deuoient eftre Cheualiers oyaux de f'IngU. Nul eftrangei : n| jjuuoj eftre enCufco,durât ce mois & cefte efte, ffiais fuLfinilsyentroient,&leurdonno.tona^ de ces morceaux de may s.auec du fane du figt fice, qu'ils mangeaient e^nç de cofedciatiop Il 9 iiii ■llll El H 11 11 f lin! I1! ■llll 11! Il ||l| p Mil II ■Ui fftftoire naturelle *wclWaoommedaeftéditcy-de(ïus,C'eft we chofc eftrange quele diable félon fa mode aïtmefme,ntroduiî,en Idolâtrie, vne Trinité- or tes.tmis ftatués du Soleil , eftoient appellee; Ajkmbo, Ckmmty, & Intiquaoquy,quifignj. fctepere&SeigneurSoteil.IefifsS^il, II frere5.oled.de hmefme façon ils «ondoient fcstroisftatii««fc Chuquilla , quieftleDieu quiprefideen h région de I air.où iltône, pleut & neige.IIme fouuientqu eftant en Chuquifa- «, va Preftre honorable me monftra vne in- formation , quei'euz affez long temps entre nwsmaiB , ou il eftoit prouué qu'il y auoit vn certain Guaca , ou oratoire, ou les Indiens ado- xorcnt vn .dole .nommé Tangatanga , laquelle ds difoient eftre vne en trokj & fro.s çH yn Etcommece Preftre eftoit emerueillé décela ieteydyquelediabIe,parfoninfernal&obfti- ne orgueil, par lequel il prétend toufîours fe faire Dieu, defroboit tout ce qu'il pouuoit de la vente, pourlemployerafesmenfonges, & tromperies. Reuenans donc aux feftes du fé- cond( moK qu'ils appellent Çamey, outre les Jacrifices qu ils faifoient , ils iettoient les cendres aual vn ruiffeau, allans cinq, ou fix lieues aptes, auec des bourdons , ou baftons , le priant qu'il tes portait mfquesalamer, pour autant que le Viracocha y deuoit receuoir ce prefent: Au ' trowefme, quatrième , & cinquiefme mois , ils oirroient cent moutons noirs meslez , & gris auec beaucoup d'autres cbofes, que ie laiflè , dé peurdeftre ennuyeux. Le fixiefme mois s'ap- pelle HatuncuzquyAymorey, qui refpondà des Indes. Dure. V. ^3 Mav auquel Ton facrifioit cent autres montas deto'utescouleurs.en cefte Lune & mois , qui eft quand l'on apporte le Mays As champs en kmaifon.lonfaifoitla feftequieft encor m- iourd'huy fort en vfage entre les Indien & rappellent Aymorey. Ceftefeftefe fait en me- nant depuis la Chacra , ou métairie iufques a 1* maifon; difans certaines chanfons , ou * prient que le Mays puiffe durer long temps,& 1 appel- lent Mamacora. Ils prennent certaine pcromi du plus fécond Mays, du creu de leurs me««- riesflequel ils mettent en vn petit grenier qw ils appellent Pirua , auec certaines cérémonies, veillants troisnuiâs, & mettent ce Mays dans les plus riches habits qu'ils ayent & des qu il eftainfi enueloppé & accommode, ilsadorent cefte Pirua, & l'ont en grande vénération, <3i- fants que c'eft la raere du Mays de leurs f enra- ges &que par ce moyen le Mays augmente, Se Te c'onferue.En ce mois ils font vn lacrifice par- ticulier, & les forciers demandent à la Pirua,«i elle a de la force affez pour durer iufques à l'an i venir ,& fi elle ref pond, que non.ils por- tent le mays brusler à la métairie , d ou ils i ont apporta, félon la puiffance d'vn chacun, après ils font vne autre Pirua , auec les mefmes céré- monies, difans qu'ils la renouuellent abnque lafemence du Mays neperiffe ,& fi elle refpond qu'elle a de la force alfez , pour durer d auan- tage.ilsla laiffent iufques à l'autre année. Cefte fottè vanité dure iufques auiourd'huy , & eft fort commune entre les Indiens , d'auoir ces Piruas,& frire la fefte d' Aymorey.Le feptieime II hJifioire naturelle mois rcfpond a Iuin, & s'appelle Aucayctizquy' Intiraymy. En iceJuy ils faifoient k fefte appel- le Intiraymy , ou J on facrifioit cent moutons, guanacos, & difoient que c'eftoit Ja fefte du So- leil .- en ce mois ils faifoient. vn grand nombre de ftatuè's de bois de qm'nua taillé, toutes ve- ftucs de précieux habits , & fe faifoit le bai qu'ils appelaient Cayo. En cefte fefte 1 on ef- pandoit beaucoup de fleurs par le chemin, & y venoientles Indiens, fort barbouillez , & ks Seigneurs y eftoient ornez auéc àes petites platines d'or à la barbe , & chantoient tous; & doit-on fçauoir que cefte fefte tombe qua- i\ au mefme temps , que nous autres Chreftiens faifons la folemnité au faincl: Sacrement, qui lay reflembïe en quelque chofe, comme aux dances, chants & représentations. Et pour ce- lte raifon, il y a eu , & a encor entre les fn- diens ( Jefquels celebroient vne fefte aucune- ment fembîableàcelle que nous célébrons du faind Sacrement ) beaucoup de fuperftitions à célébrer cefte fefte ancienne de l'Intiraymy. Le hui&iefmemoiseft appelle, Chahua,Huaiv quy, auquel ils brusloient cent autres moutons,' tous gris,de couleur de Vizcacha , félon Tordre fufdit, lequelmoisrefpondànoftreluillet.Le neufîefme mois s appelloit Yapaguis , auquel l'onbrusloit cent autres moutons^ de couleur de chaftaigneî& couppoit- on la gorge,& bruf- loit-onaufsimilCuyes, afin cme Ja gellee , ny l'eau, ny l'air, ny le Soleil ne fiffent aucun mai aux métairies , & refpond ce mois a l'Aouft. Le di^Ghe mois § 'appelloit Coyaraymy, auquel des Indes. Dure. V. *<>4 l'on brusloit cent autres moutons blancs, qui eftoient vellus. En ce mois, qui rcfpond a Sep- tembre , l'on faifoit la fefte appellerfitua , eri cefte forme. Ils s'aflèmbloient le premier îour de la Lune,auant qu'elle leuaft , & en la voyant ils s'efcrioient hauteme't , portant en leurs mains des flambeaux de feu, difans, que le mal s en aille dehors, en s'entre frappans les vns les au- tres auec ces flambeaux. Ceux qui faifoient ce- la s'a ppelioient Panconcos . Et ap res auoir ache- ué.s'enalloientenbaing gênerai , auxruifleauX & aux fontaines, chacun en fon propre eitang. & fe mettoient à boire quatre îours durans. fcn ce mois les Mamacomas du Soleil failoient grande quantité' de petits pains , faits auec le fans desfacrifices , & endonnoient va morceau à chacun deseftrangers,& forains, mefmeilsen enuoyoientauxGuacas, eftrangers, debout le royaume , &à plufieurs Curacas, enfignede confédération^ loyauté.au Soleil & a l'Ingua, comme ilaeftéjà dit. Lesbaings.yurognenes, & quelque reftes de cefte fefte Situa.demeurent encor auioufd'huy en quelques endroits, auec des cérémonies quelque peu différentes, ce qui eft fecretement toutesfois, parce que ces te- fies principalles, & publicques ont celle. L vn- fiefme roois.Homaraymy Punchaïquis .auquel Us facrifioient cent autre moutons. Et s ils auoient faute d'eaiiepourvn remède, & afin ■ de faire pleuuoir , ils mettoient vn mouton tout noir, attaché au milieu dVne plaine efpandant beaucoup de Chicatout autour de luy, & ne luy dennoient point à manger, Haussa ce qu A hlifloire naturelle pleufl^cequieft encor praticquéaujourd'huy en plmieurs endroits, en ce mefme temps qui cit GâoDre. Le douziefme, & dernier mois s appellent Aymara, auquel l'on facrifioit cent autres moutons , & faifoient k fefte appellée Ra> micantara Rayquis. En ce mois qui refpod aNoucmbre,lon appareilloitee qui eftoit ne- ceflaire pour les enfans qui fedeu oient faire no- tices Jemoisenfuiuant , & Jes enfsns auecles vieillards faifoient vne certaine monftre auec quelques tours, & celte fefte eftoit appellée Itu- xaymi, laquelle fe fait ordinairement quand il pleut trop , ou trop peu,ou qu 'il y a de la pefti- lence. Entre les feltes extraordinaires , qui y eftoientaufsi en grand nombre, la plusfameu- ie eftoit celle qu'ils appelaient Ytu. Cefte fe- fteYtun auoit point de temps, ny defaifonar- xeftee, autrement, que en temps de necefsite. Pour fe préparer a icelle , tout le peuple ieuf- xioit deux iours durants , aufquels ils ne tou- chaient point à leurs femmes jny ne mangeoient point de viande auec le fel,ny aiï, & ne beuuoiet point de Chica. Tous s'afiembloient en vne place,où il n'y auoit aucun eftranger , ny aucun animal, & auoient de certains habits; & orne- ments, qui feulement feruoientpour cefte fe- fte. Ils marchoient en procefsion fort douce- ment, les telles couuertesde leurs voiles, bat- tans des tambours fans parler Tvn à l'autre. Cela duroit vn iour & vne nui&,puis le iour enfui- uant,ils danfoient,& faifoient bonne chère, par deux iours & deux nuits continuellement, di- fans que leur oraifon auoit efté acçepte'e. Et encor x dès îndes. Liure V. i-6$ éncor que cefte fefte ne fe fatfe auiùurd'huy auec toute cefte cérémonie ancienne, fi eft-cé que cômunement ils en font vtte autre , qui eft fort femblable, laquelle ils appellent Ayma, auec des veftemens qui feruent feulement à cet effecl:, & font cefte manière de procelîion auec leurs tambours , ayans auparauant ieufné , puis après fe mettent à faire bonne chère; ce qu'ils ont de couftume de faire en leurs vrgentes ne- ceflîtcz* Et combien que les Indiens ayentde- laiiTé en public de facnfier des beftes 3 ôc autres chofesquihefe peuuent cacher des Efpagnols, neantmoins ils fe feruent roufïours de pluiîeius cérémonies qui ont leur origine de ces fedes ôc fuperftitions anciennes. Carilsfontencorau- iourd'huy côuuertemét cefte fefte de l'Ytu aux dances de la fefte du Sacrement , en faifans les dances de Lyamallama, & de G uacon , ôc d'au- tres félon leur cérémonie anciéne , à quoy Tort doit bien regarder de près. L'on a fait des trait- iez plus amples de ce qui concerne cefte matiè- re , pour les lieux où il eft neceftaire remarquer les abus ôc fuperftitions qu'auoient les Indiens lors de leur gentilité, afin que les Preftres ôc Curez y prennent garde. Suffifedoncàprefent d'aûoir traitté de l'exercice^auquel le diable oc- cupoit fes deuots , afin que contre fa volonté Ton voye la differencequ'il y a de la lumière aux ténèbres, ôc de la vérité Chreftienne, au men- Ifonge gentil, quoy que rennemyde Dieu ôé des homes ayt tafchc auec tous fes artifices dé contrefaite ks ehofes d§ Dieu. Il ffijloire naturelle De la fefte du lubile que celebroient les Mexiquains* Chapitre XXIX. Es Mexiquains n'ont eftc moins cu- rieux en leurs feftes & folçmnitez,lef- j quelles eftoient de peu de defpenfe | de biens \ mais d'vn grâd couft de fang I tiumain. Mous auonscy deflus parlédelafefte j principale de Vitzilipuztli, après laquelle h fe- fte de Tezcalipuca eftoit la plus folemnifee. Cefte fefte tôboit enMay,& en leurKalendrier ils l'appelloient Toxcolt , elle efcheoit de qua- tre ans en quatre ans auec la fefte de pénitence, où il y auoit planiere indulgence ôc pardon des péchez. En ce iour ils facrifioient vn captif,qui auoitlafemblancederidole Tezcalipuca, qui eftoitle19.de May. En la veille de cefte fefte, les feigneurs venoient au réple, & apportaient vnveftement neuf,femblable à celuy de l'idole, lequel les Preftres luy veftoient, luy ay ans pre- mièrement oftc les autres habits, lefquels ils gardoient auec autât ou plus de reuerence que nous faifons les ornemens II y auoit aux coffres de l'idole plufieurs ornemés, ioyaux, affiquets, & autres richeffes, de bracelets, de plumes pre- cieufes, qui ne feruoient d'autre chofe que d'c- ftre là, & adoroient tout cela comme le mefmc 0ieu. Outre le vertement, auec lequel ils ado- roient l'idole ce iour- là 3 ils luy meteoientde T)e$ Indes. Lime V. 26S certaines enfeignes de plume, des garde- foleils, des ombrages, & autres chofes: layans ainfî reueftu & orné, ils oftoient la courtine ou voi- le de la porte, afin qu'il fuft veu de tous,& alors fortoit vne des dignitez du Temple , veftude lamefme façon que l'idole, portant des fleurs en la main, & vne petite flufte de terre, ayant Vn Ton fort aigu, & fe tournant du côfté de l'O- rient, il la touehoit, puis retourné vers l'Occi- dent , le Nort & le Sud , il faifoit le femblable, Et apre$auoir ainfî fohné vers les quatre par- tics du monde (dénotant que ks prefens & ab- fensl'oyoient) il mettoit le doigt en Taire , ôc cueillant de la terre d'icelle, la mettoit en la bouche y àc la mangeoit eh ligne d'adoration. Autant en faifoient tous ceux qui y eftoienc prefens, & en pleuransfe profternoient, in- uoquans robfcurité de la nuict & les vents , les prians qu'ils ne les delaiflaflènt,, ny oubliaient point , ou bien qu'ils leur oftafîent la vie , pour donner fin à tant de trauaux qu'ils enduroienc en icelle. Les larrons , les fornieâteurs , les ho- micides, 6c tous les autres delinquansàuoient grande crainte & trifteiïe en eux pendant que Cefte flufte fonnoit : tellement que quelques yns ne pouuoient diffimuler , hy cacher leurs delicts. Par ce moyen tous ceux-là ne deman- doient autre chofe à leur Dieu, finon que leurs deli&s ne fufTent point manifeftez, efpandans beaucoup de larmes, & auec vne grande rçpen- tance & regret, orfroiént quantité d'encens pourappaiferlejirs Dieux. Les hommes cou- jrageux ôc vaillans, & tous les vieux foldaté tîij j/îftoire naturelle qui fuiuoient l'art militaire , en oy ant cefte flu- ftedemandoientauec vne grande deuotion à Dieu le Créateur, au Seigneur pour lequel nous viuons au Soleil,& à d'autres leurs Dieux, qu'ils leur donnaient vi&oire contre leur s en- nemis, & des forces pour prendre beaucoup de captifs, afin d'honorer leurs facrifices. Lace- j remanie fufditefefaifoit dix iours auparauanc lafefte, pendant lefquels dix iours le Preftre fonnoit cefte flufte, afin que tous fifTent cefte adoration de manger de la terre, & de deman- der à leur idole ce qu'ils voudroient , & fai« (oient chaque iour oraifon, les yeux haufTez au Ciel,auec des foufpirs cV gemiflemenSjCom- me perfonnes qui fe contriftoient de leurs fau- tes & péchez. Iaçoit que cefte contrition ne f uft que par crainte de la peine corporelle que Ton leur donnoit, & non pas pour crainte de l'éternelle , parce qu'ils croyoient pour certain qu'il n'y auoit point de peine fi eftroitte en l'autre vie. C'eft pourquoy ils s offroient à la mort volontairement, ayans opinion que c'e- &oit à tous vn repos aflèuré. Le premier iour delà fefte de cet idole Tezcalipuca eftant ve- nu, tousceuxdela Cité s'aflèmbloient en vne court pour célébrer auflî la fefte duKalendrier, dont nous auons parlé, qui s'appelloit Tox- eoalth,qui fignifie chofe feche : laquelle fefte ne fe raifoit à autre fin , que pour demander de l'eau en la façon que nous autres folemnifons les Rogations: & ainfi cefte fefte eftoit touf- ioursen May, qui eft le temps que l'on a plus faute d'eau en ce pays-là. L'on commençoit à des Indes. Liure V. 167 la célébrer le neufiefme de May , finiflant lç dixneufiefme. Le dernier iour de la fefte au ma-' tin, les Preftres tiroient vn branquart ou lir- tiere, fort bien ornée de courtines, & de fan- dos de diuerfes façons. Ce branquart auoit autant de bras & tenons, qu'il y auoit de mi- niftres qui le deuoient porter. Tous lefquels fortoient barbouillez de noir, les cheueux longs, treflez par la moitié auec des lizets blancs, & veftus de la liuree de l'idole. Deflus ce branquart ils mettoient le perfonnage de l'idole, député pour cette fefte, qu'ils appel- aient, femblancedu Dieu TezCalipuca,&lc prenans fur leurs efpaules,le tiroient en pu- blic au pied des degrez, éV incontinent for- toient les ieunes hommes, & les filles reclufes de ce temple, portans vne groffe corde torfe de chaifnes de mays rofty , auec laquelle ils en- uironnoient le branquart, & mettoient au col de l'idole vnechaifnedemefme, & en la tefte vne guirlande. Ils appellent la corde Toxcait , dénotant la fecherefTe , Ôc fterilité du temps. Les ieunes hommes fortoient entou- rez auec des courtines de red, des guirlan- des, Ôc des chaifnes de mays rofty. Les filles eftoient veftuè's d'habits ôc orneraens tous neufs , portans au col des chaifnes de mays ro- fty, ôc en leurs teftes des Tyares fai&es de ve*- gettes toutes couuertes de mays. Ils auoient les pieds couuerts de phimes, & les bras ôc loues colorées de fard. Ils apportoient aufîi beaucoup de ce mayS rofty, Ôc les principaux fc les mettoient à la tefte & au col, prenans Ll iij Hifloire naturelle ics fleurs en leurs mains. Apres que l'idole eftoit mis en fon branquart & littiere, ilsfe- moient par tout^au tour grande quantité de ra- meaux de manguey,les feuilles duquel font lar- ges & efpineufes. Ce branquart mis fur les ef- paules des deflufdits Religieux, ils le portoienc en proceflîon par dedansle circuit de la court, & deux Preftres marchoient deuant auec des brafîers ou encenfoirs, encenfans fort fouuent l'idole , & chaque fois qu'ils mettoient l'en- cens, ils hauiîbient le bras|le plus haut qu'ils pouuoient vers l'idole & vers le Soleil, leur di- fans qu'ils efléuaflent. leurs oraifons au Ciel, comme cefte fumée s'efleuoit en haut. Alors tout le peuple qui eftoit en la court, aljoit & fc tournoit en rond vers ielieuoùalioit l'idole, portanstous en leurs mains des cordes neuues de fil de manguey,d'vne brafle de lôg, ayans vn nœud au bout , êc auec icelles fe difcipli noient s'en donnans de grands coups fur les efpaules, de la façon que l'on fe difcipline en Efpagne lé leudy fainct.Toute la muraille de la court &les créneaux eftoiét pleins de rameaux& de fleurs, fi bien ornez, & auec telle fraifcheur , qu'ils donnoient vn grand contentement. Cefte pro- ceflîon eftanr achcuee , ils rapportoient l'ido- le au lieu où il auoit accouftumé d'eftre: puis après venoit vne grande multitude de peuple auec des fleurs accômodees de diuerfes façons, dont ils remplifloient le téple & toute la court, de forte qu'il fembloit ornement d'oratoire. Tout cela eftoit accommodé & mis en ordre par les mains des Preftres, les ieunes hommes des 'Indes. Lime V. z^8 du Temple leur baillant, & feruant ces chofes de dehors. La chapelle ou chambre de l'idole demeuroitceiourlàdefcouuerte fans y mettre îevoile. Cela fait chacun venoit offrir des cour- tines, des fandaux, des pierres precieufes, des ioyaux, de l'encens5du bois gommeux, des gra- pe's, ouefpicsde mays, des cailles, & finale- ment tout ce qu'ils auoient accouftumé d'offrir en telles folemnitez. Quand ils offroientees caHles, (qui eftoit l'offrande despauures) ifs fai- foient cefte cérémonie, qu'ils les bailloient aux Preftres, lefquels les prenans, leur arrachoient latefte , & aufli toft les iettoient aux pieds de l'Autel, où ils perdoient leur fang , & autant en fai foient- ils des autres qu'ils offroient. Chacun o'ïfroit félon fon pouuoir, d'autres viandes , 6c fruits lefquels eftoient aux pieds de l'Autel des miniftresdu Temple, & eftoient ceux qui les recueilloient, & les portoient en leurs cham- bres. Cefte folemnelle offrande faite, le peu- ple s'en alloit difner chacun en fon bourg & en la maifon , laiffans ainfi la fefte fufpendué , iuf- qu'après difner. Pendant ce temps les ieunes homes & filles du Temple, auec les ornements fufïits s'occupoientà ieruir l'idole de tout ce qui luy eftoit dédié pour fon manger. Laquelle viande eftoit appreftee par d'autres femmes qui auoient fait vœu de s'occuper ce iour- la à faire le manger de l'idole, & d'y feruir tout le iour. C'eft pourquoy toutes celles qui auoient fait le vœu,?enoiét au point du iour, s'offrans aux dé- putez du Temple,afin qu'ils leur comandaffènt ce qu'elles deuoient faire , & Taccomphifoient Ll iiij Hiftoire naturelle fort diligemment Elles faifoient & appreiloiét tant de diuerfités & inuentions de viandcs,quc ç'eftoicvne choie admuable. Cède viande eltât accqmodee , & l'heure du difner venue , toute? ces filles fortoient du Temple en procefîion, chacune vn petit panier de painenlamain,& en l'autre vn plat de ces viandes, & marchoiç deuant elles vn vieillard qui feruoit de maiftre d'hoftel, auec vn habit allez plaifanr, ileftoic veftu d Vn furplis blanc, qui luy venoit iufqu'au mollet des ïambes, fur vn pourpoint fans man- ches, de cuir rouge, à la façon d'vne tunique. Il portoit des ailles, au lieu de manches, d'où for- toient des lifets larges , aufquels pendoit fur le milieu des efpaules, vne moyenne callabafTe ou citrouille , qui eftoit toute remplie , & cou- uerte de fleurs,par des petits trous qui y eftoiét, & au dedans y auôit pluiieurs chofes de fuper- ftition. Ce vieillard marchoitainfi accommo- dé deuant Pappareil, fott humble, & trifte, ayant la tefte baifïee , & en approchant du lieu qui eftoit au pied des degrés, il faifoit vne gran- de humiliation & reuerence, puisfe retirant d'vn cofté,les filles s'approchaient auec la vian- de, & Palloient prefenter de rang , & par ordre les vnes après les autres , auec beaucoup de re- uerence. Puis ayans prefenté toutes ces vian- des, le vieillard s'en retournoit comme deuanr, Se remenoit les filles en leur Conuent. Cela fait,les teunes hommes & miniftres de ce Tem- ple fortoient , & recueilioient cette viande , la- quelle ils portoientaux chamfcresdesdignitez #c Prellres du Temple , lefquels auoient ieufné 10 des Jndes. Dure lr. par l'efpace de cinq iours, mangeans feulement vnefois leiour, &Pe(loient abftcnus de leurs femmes , fans fortir du temple , durant ces cinq iours, pendant lefquels ils fefoittoient rigou- reufement auec des cordes, & mangeoientde celle viande diuine (ainfî l'appelloient-ils ) tout ce qu'ils pouuoient, & neftoit licite à aucun d'en manger, finon à eux. Tout le peuple ayant acheué de difner, fe raffcmbloic à la court pour célébrer & voir la fin de la fefte, où ils faifoient venir vn captif, qui par l'efpace d'vn anauoit reprefenté l'idole, eftant veftu, orné, & honore comme le mefme idole, & luy faifans tous re- uerence , le mettoient entre les mains des facn- fîcateurs , lefquels fe prefentoient au mefme temps , & l'alloient faifir par les pieds & mains. Le Papa luy fendoit & ouuroit l'eftomach, luy arrachant le cœur, puishauflbit la main tant qu'il pouuoit, le monftrant au Soleil, & à l'ido- le , comme il a efté dit cy deuant. Ayans ainfi fa- crifié celuy qui reprefentoit l'idole, ilsPenal- loient en vn lieuconfacré, & députe pour cet effet , où arriuoient les ieunes hommes , & filles du temple , auec les ornements fufdits , lefquels eftans mis en ordre, dançoient , & chantoient à l'enteur des tambours, & autres inftruments, dont les dignitez du temple ioiioient, &fon- noient. Puis venoient tous les Seigneurs, ayans les mefmesenfeignes & omemensque les ieu- nes hommes, lefquels dançoient en rond au- tour d'iceux. On ne tuoit point ordinairement en ce iour d'autres hommes que le facrifié, tou- tefois de quatre en quatre ans feulement on en Hijloire naturelle auoit d'autres auec luy , qui cftoit en Tan du Iu- bilé & indulgence pleniere. Apres le Soleil cou- ché /chacun eftant content de fonner , de man- ger & de boire , les filles Pen alloient toutes à leur Conuent ,' & prenoient de grands plats de terre, pleins de pain paiftry de miel, qui eftoiét couuerts de petits paniers ouurez , & façonnez de teftes & os de mort, & portoient la collation àl'idole, raontansiufques àlacourt quieftoit deuant la porte de l'oratoire, & l'ayans pofee en ce lieu , elles defeendoient auec le mefme ordre qu'elles y auoient monté, le maiftre d'hoftel al- lant toujours deuant. Incontinent fortoient tous les ieimes hom mes en ordre, auec des can- nes, ou rofeaux es mains , qui commençoient à courir au haut desdegrez du temple, àl'enuie l'vn de l'autre , pour arriuer les premiers aux plats de la collation. Cependant les dignitez re- marquoient celuy quiarriuoit le premier, fé- cond , troifiefme & quatriefme, fans faire eftat du refte. Cefte collation eftoit auffi toft enleuee par ces ieunes hommes, laquelle ils emportoiét comme grandes reliques. Cela fait, les quatre qui premiers eftoient arrfuez, eftoient mis au milieu des dignitez & anciens du temple, & auec beaucoup d'honneur les mettoient en leurs chambres, les loûans , & leur donnans de bonsornemens, & delà en auant eftoient reue- rez & honorez comme hommes fîgnalez. La prinfe de cefte collation eftant acheuee, & la fe- fte célébrée auec beaucoup de refiouylFançe , Ss decrierie, ils donnent congé à tous cesieunes hommes & filles qui auojtnt feruy l'idole $ aa des fndes. Liure V". 270 fnoyen dequoyils fenalloient les vns après les autres, au temps qu elles fortoient. Tous les pe- tits enfans des collèges & efcholes eftoient à la porte de la court, auecdespelottesdeionc, ôc d'herbes aux mains, lefquelles ils leur iettoient fe mocquans & rians d'elles, commede perfon- nes qui fe retiroient du feruice de l'idole, ils fortoient aueç liberté de difpofer de foy à leur yolontc, & auec cela prenoit fin la fefte. De la fefte des marchands que célébraient ceux de Choluîecas* Chapitre XXX. Ombien que faye aflez cy def- fus parlé du (eruice que les Mexi- quains faifoientà leurs dieux , fî eft-ce que ie diray encore quelque chofe de la fefte de celuy qu ils ap - pelloientQuetzaçoaalt, qui eftoit le dieu des riches, laquelle fe folemnifoit en celle forme. Quarante iours auparauat les marchands ache- toient vn efclaue , bien fait , fans aucun vice , ny tache, tant de maladie, comme de bleflure, le- quel ils v^ftoient des ornements de l'idole , afin qu'il le reprefentaft quarante iours. Auant que de le veftir ils le purifioient > le lauant deux fois envn lac qu'ils appelloient, lac des dieux, & apresquileftoitpurifié, ils le veftoientdemef- mequeridole eftoit veftu. Il eftoit fort reueré, durant quarante iours, à caufe de ce qu'il repre- ftatoit, ïlsl'emprifonnoientdenuici, comme Hifloîre naturelle îlacftc ditcydefïus, de peur qu'il ne fenfuyfr, & le matin le ciroientde la prifon, lemettans en vn lieu eminent où ils le feruoient , en luy donnant à manger des viandes exquifes. Apres qu'il auoit mangé, ils luy mettoient des chaifnes de fleurs au col , ôc beaucoup de bouquets aux mains. Il auoit fa garde fort accomplie, auec beaucoup de peuple qui l'accompagnoit , & al- loit auec luy par la Cité.ll alloit chantât & dan- çant par toutes les rues, afin d'eflre cogneu pour la femblance de leur dieu , & lors qu'il com- menç oit à chanter , les femmes & petits enfans fortoient de leurs maifons pour le (allier, & luy faire leurs offrandes comme à leur dieu. Deux vieillards d'entre les dignitez du temple, vc- noient par deuers luy neuf iours auparauant la fefte, lefquels f'humilians deuant luy, luy di- foient d'vne voix fort humble & bafTe , Sei- gneur, tu dois fçauoir que d'icy à neuf iours f'a- cheue le trauail de danfer & de chanter : car lors tu dois mourir, &ildeuoitrefpondre, que ce fuft à la bonne heure. Ils appelloient cefte céré- monie Neyolo Maxiltleztli, qui veut direl'ad- uertifTement ; & quand ils l'aduertifïbient , ils prenoient garde fort attentiuèment filfecon- triftoit point, & fil dançoitauflî ioyeufement que de couftume -, que frl ne le faifoit auec vne telle gayeté qu'ils defiroient , ils faifoient vne fotte fuperftition en cefte manière. Ilsf'enal- loient incontinent prendre les razoirs des facti- ^iccs9 lefquels ils lauoient, & mettoient du fang humain qui y reftoit des facrifices paflez. Et de ces laueures luy faifoient vn breuuage méfié des Indes. Dure Pr. z?t auec vne autre liqueur faite de Cacab , 6c luy donnoient à boire , 6c difoient que ce breuuage auoit telle opération en luy, qu'il luy feroit per- dre la mémoire de tout ce qu'on luy auoit dir, & que cela le rendroit prefque infenfible, & rc- tourneroit àfonchant &gayeté ordinaire. Ils difentdauantage, qu'il f'offroit allègrement à mourir, eftant enchanté de ce breuuage.La cau- fe pourquoy ils tafehoient de luy ofter ceftè tri- ftefTe, eftoit, pour autant qu'ils tenoienteela pour vn mauuais augure ; & pour vn pronoïlic de quelque grand mal. Leiour de la fefte eftan* venu, apresluyauoir fait beaucoup d'honneur, chanté lamufique, & luy auoir prefente l'en- cens, les Sacrificateurs fur la minuid le pre- noient & le facrifioient àlafaçonfufdite, fai- fans offrande de fon cœur à la Lune, lequel ils iettoient après contre l'idole , laiflant tomber le corps au bas des degrez du temple , où ceux qui l'auoient offert te releuoient, qui eftoient les marchands defquels eftoit lafeftej puis l'ayant Î>orté en la maifon du plus notable d'entr'eux* efaifoient apprefter endiuerfesfaufTes, pour célébrer à l'aube du iour le banquet & difné de la fefte, ayans premièrement donné le bon iour à l'idole, auec vn petit bal qu'ils faifoient pen- dant que l'aube fortoit , & qu'on accornmodoïc le facrifié. En après tous les marchands s'afïem- bloient à ce banquet, fpecialement ceux qui faifoient le commerce de vendre & acheter des efclaues, qui auoient en charge d'offrir par cha- cun an vn efclaue pour la femblance de leur x>icu*Cét idole eftoit vn des plus honorez de ce^ l/iftoire naturelle Ûe terre, comme j'ay dit, c'eft pourquoy le teni* pie où il eftoit, eftoit de beaucoup d'authorité. Il y auoit foixante degrez pour y monter , & ad defïiis d'iceux y auoit vne court de moyenne lar- geur , fort propremét accommodée & plaftree> au milieu de laquelle il y auoit vne grande pièce ronde, en la façon de four, ayant fon entrée baffe ôc eftroite , tellement que pour y entrer il falloit fe bailler bien fort. Ce temple auoit fes chambres , ou chappelles comme les autres, ou il y auoit des Conuents de Preftires* déjeunes hommes , de filles ôc d'enfans, comme il a efté dit, ôc toutesfois il n'y auoit qu vn feui Preftre quireftdoit continuellement là, ôc eftoit com- me femainier : car combien qu'il y euft en cha- cun de ces temples trois ou quatre Curez ôc di- gnitez , chacun y feruoit fa femâine fans en for- tir. L'office du femainier du temple (après auoir endoctriné les enfans ) eftoit de battre vn grand tambour tous les iours à l'heure que fe eouchoit le Soleil, pour la mefme fin que nous auons ac- çouftumé de fonner l'oraifon. Ce tambour eftoit tel, qu'on en entendoit le fon enroué de toutes les parts de la Cité , alors vn chacun fer- roi t fa marchandife , & fe retiroit en fa maifon^ Ôc y auoit vn ft grand fiîence, qu'il fembloit qu'il n'y euft homme viuant dans la ville. Au matin , lors que l'aube du iourcommençoità fortir , il recommençoit à battre ce tambour, quiefto.it leiîgneque leiour commençant, au moyen dequoy les voyagers ôc forains s'arre- ftoient à ce fignal pour commencer leurs voya- ges, gourée qu'il n'eftoit point permis iufquesà des Indes. Liure V- 2,7 'z ce temps de fortir de la Cité. Il y auoit en ce temple vne court de moyenne grandeur, en la- quelle on faifoit de grandes dances & refiouyk fances $ auecdes farces , ou entremets, le iour de la fefte de l'idole. Pour lequel effed il y auoit au milieu de cefte court vn petit théâtre de trente pieds en quatre, fort propremét agen- cé, lequel ils accommodoient de feuillages pour ce iour, auectout l'artifice & gentillette qu'il eftoit poffible, eftant tout ehuironné d'arcades de diuerfes fleurs & plumages, & y tcnoient at- tachez en quelques endroits beaucoup de petits oyfeaux, connils, & autres animaux paifibies. Apres difner tout le peuple PaïTembloit en ce lieu, & les bafteleurs fe prefentoient, & ioiioiét des farces -, les vns contrefaifoient les foutds Si les enrumez, les autres les boiteux, les aueugles ÔC les manchots, lefquels venoient demander guarifon à l'idole. Lesfourds refpondoientdu coqàl'afne, les enrumez touiïbient, les boi- teux clochoient , racontans leurs miferes & en- nuis, dequoy ils faifoient beaucoup rire le peu- ple ; les autres fortoient en forme de beftioles, les vns eftansveftus comme efcargots, les au- tres comme crapaux, & d'autres corne lézards, puisPentre-rencontrans racontoient leurs offi- ces, &feretirans chacun de foncofté, ils tou- chaient de petites fluftes, qui eftoit chofeplai- fante à ouyr. Ils contrefaifoient mefme des pa- fùllons, éc des petits oyfeaux dediuerfescou- eurs, & eftoient lesenfans du temple quire- prefentoient ces formes ; puis ils montoient eu y ne petite foreft qui eftoit là plantée exprès r ou Hiftoire naturelle îesfreftres du temple les tirôient auecdesfar- bacanes. Et cependant ilsfe difoient plufieuts plaifans propos, les vns en attaquant, & les au- tres tn défendant , dequoy les afîîftans eftoient ioyeufement entretenus. Cela acheué, ils fai- foient vn bal, ou mommerie auec tous ces per- fonnages, cVpar ce moyen s'acheuoit la fefte. Ce qu'ils auoientaccouftumé de faire aux plus principales feftes. 1 1 Jguel profit ton f eut tirer du traifîi des fuçerjlitions des Indes. Chapitre XXXI. E qui a efte dit, fuffife pour entendre le foing & la peine que les Indiens employ oient à feruir Se honorer leurs idoles , ôc pour mieux dire , le diables car ce feroit vne chofe infinie, & de peu de pro- fit, de vouloir raconter entièrement ce qui s'y paflej veumefme qu'il pourra fembleraquel- ques-vns qu'il n eftoit point de befoing d'en di- re tant comme j'ayfait; &que c'eft perdre le temps , comme on fait , en Iifant les contes que feignent les Romans de Cheualerie. Mais fi ceux qui ont cefte opinion , y veulent regarder de près, ils trouueront qu'il y a grande différen- ce entre Tvn & l'autre, & recognoiftront que ce peut eftre vne c^oïe vtile , pour placeurs conflderations d'auoir lacognoitiancedescou- ftumes & cérémonies dont yfoient les Indiens; -._ , — - - pfç-. des fncles. Liure p*. 273 Premièrement cette cognoiftancen'eft pas feu- lement v tile , mais au/Ij neceftaire aux terres ou ils ont vfé de ces fuperftitions, afin que les Chré- tiens , & ma'.ftres de la loy de lefus-Chrift, fça- ehent les erreurs & fuperftitions des anciens, pour voir fi les Indiens en vient point encores aujourdhuy ouuertement, ou couuertement* Pour cefteoccafion pluiîeurs doctes Se fignalez perfonnages onr eferit des diicours affez am- ples de ce qui s'en eft trouué , voireles Conci- les Prouinciaux, ont commandé qu'on les efcri~ ut de imprime, comme on a fait en Lima, où vn difeoursa eiié fait plus ample, que ce qui en eft icy traitté. Ceftpourquoy c'eîl: chofe impor- tante pour le bien des Indiens, que les Bfpa- gnols eftans en ces parties des Indes , avent la cognoiiïànce de toutes ces chofes. Cefte narra- tion mefmepeut feruir auxtfpagnols dedelk, ôc à tous autres , en quelque endroit qu'ils foient, pour remercier Dieu noftre Seigneur, ôc luy rendre grâces infinies dVn fi grand bien que celuy que nous a departy , & va donnant fa iaincte loy, laquelle eft toute iufte, toute nette, & toute profitable. Ce qu'on peut cognoiftre en la comparant auec les loix de Satan , où tant de malheureux ont vefeu fi miferables. Elle peut mefme fermr pour defcouurir l'orgueil,' renuie, les ttromperies, & les embufchesdiï diable, qu'il exerce contre ceux qu il tient cap- tifs ^veu que dVn cofté il veut imiter Dieu, ôâ faire comparaifon auecluy&fafaincteloy; ôc d'autre cofte il entremette en Ces a&es tant dé vanitez , d'ordures , & de cruautez , comme ce* Mm Hifioire naturelle luyqui n'a point d'autre exercice que de fophi- {tiquer, & corrompre tout ce qui eft bon. Fina- lement qui verra les ténèbres ôc l'aueuglement auquel tant de grandes Prouinces & Royaumes ont refeu fi long temps, & que beaucoup de peuples, voire vne grande partie du monde, vi- uent encores deceus de femblables tromperies* ne pourra ( fil a le cœur Chreftien) qu'il ne ren- de grâces au très -haut Dieu , pour ceux qu'il ap- pelle de fi grandes ténèbres, à l'admirable lu* miere de fon Euangile , fuppliant l'immenfc charité du Créateur quil les conferue, & aug- mente en fa cognoifiance, & en fon obeyfiancej &que demefme aufîiil fecontrifte pour ceux qui tojdfiours fuiuent le chemin déperdition: & qu en fin il fupplie le Père de mifericorde qu'il leur defcouure lesthrefors &richeiïcs de lefus-Chrift , lequel auec le ère v le fainct £f- prit règne par tous les fiecles. Amea. s. ±74 LIVRE SIXIESME DE L'HISTOIRE NAÎVRELLE êc morale des Indes, gïueî opinion de ceux-là efifauffe, qui tien-* rient que les Indiens ont faute d'entendement* Chapitre premier, Y a n t trâitté cy deûant de la re- ligion donc vfoient les Indiens, ié pretens eferite en ce liure de leuré couftumes> police &gouuerrie- ment , pour deux fins \ l'vne , afin d'ofter lafaufïe opinion que Ton a communé- ment deux, qu'ils font hommes groiliers , ÔC brutaux, ou qu'ils ontfi peu d'entendement; qu'à peine meritent-il* que l'on die qu'ils en ayent. D'où vient quel'on leur fait plufieursex- eez& outrages, en fe féru an t d'eux prefqueen la mefme façon que fi c'eftoient beftes brutes, & les reputans indignes d aucun refpeét, qui eft vn fi vulgaire & fi pernicieux erreur(ainfi que le fçauent fort bien ceux qui auec quelque zèle Sç Confi4eration , ont chçminé parmy eux , & qui Mm ij Hiftoire naturelle ont veu&cogneu leurs fecrets & confeils: ) & d'autre part, le peu de cas que font de ces In- diens pluiieursqui penfent fçauoir beaucoup, & neanrmoins qui font ordinairement les plus ignorans,& plusprefomptueux, queiene voy point de plus beau moyen pour confondie ce- ite pernicieufe opinion % qu'en leurdeduifant l'ordre & façon de faire qu'ils auoient au temps qu'Us viuoient encore fous leur loy, en laquelle combien qu'ils euffent beaucoup de chofes bar- bares , & fans fondement , neantmoins ils en auoient beaucoup d'aurres, dignes de grande admiration, par lefquelles Ton peut entendre qu'ils ont le naturel capable de receuoir toute bonne instruction , &de fait ils furpaflent en quelques chofes, plufîeurs de nos Républiques. Et n'eft point chofe demerueille qu'ilyayteuv entr'eux de iî grandes & fi lourdes fautes, veu qu'il y en a eu aulîî entre les plus fameux Légis- lateurs & Philofophes, voire fans excepter Ly-j curgue , ny Platon. Et entre les plus fages Re* publiques, comme ont cftcla Romaine, & l'A- thénienne, où l'on peut recognoiftre des cho- fes fi pleines d'ignorance, &fi dignes de rifee, qu'à la vérité filesRepubl. desMexiquains & Inguas eulTent efté cogneiies en ce temps des Romains & des Grecs , leurs loix 8c gouuerne- mens euflent efté beaucoup eftimez d'eux. Mais nous autres à prefent ne confiderans rien de ce- la , y entrons par l'efpee , fans les ouyr , ny en- tendre, nousperfuadans que les chofes des In- diens ne mentent qu'on enfaiïe autre eftimc,i quecomme l'on fait d'vnevenaifon prife enlaj des Indes. Dure VI. 27 S . foreft , qui ay t efté amenée pour noftre feruice &pafTetemps. Les hommes plus profonds, & plus diligents, qui ont pénétré & atteint iuf- ques à la cognoifîance de leurs fecrets , couftu- mes & gouuernement ancien, en ont bien au- tre opinion , & f'efmerueiilent de l'ordre, & du difcours qui a efté entr'eux', du nombre def- quels eft Polo Ondeguardo, lequel ie fuisxom- munement au difcours deschoïesduPeru-, & pour celles de Mexique, lean deToiiar, qui auoit eu vne prébende en l'Eglife de Mexique, & aujourd'huy eft Religieux de noftre Compa- gnie de Iefus , lequel par le commandement du Viceroy Dom Martin Enrriques , a fait vn dili- gent ., & ample recueil des hiftoires de cefte na- tion, & plufleurs autres gf aues & notables per • Tonnages, lefquels tant par -parole, que par ef- crit , m'ont fuffifamment informé de toutes ces chofes que ie raconte icy. L'autre fin & inten- tion, & le bien qui fepeutenfuiure parlaco- gnoiflance de ces loix , couftumes & police des Indiens, eft afin deleurayder, & les régir par les mefmes loix & couftumes, attendu qu'ils doiuenteftre gouuernez félon leurs couftumes & priuileges, entant qu'ils ne contreuiennent à la loy delefus-Chrift , & de fafaincleEglîfe, qu'on leur doit conferuer & entretenir comme leurs loix principales: car l'ignorance des loix & couftumes a efté caufe qu'on y a commis plu- Heurs fautes de grande importance, parce que les luges & Gouuerneurs ne fçauent pas bien comment ils doiuent donner iugement, & y ré- gir leurs fujets. Et qu'outre ce que c'eft ieurfai- Mm iij Hifloire naturelle revn grand tort, &al/er contre raifon, ce nous, efl chofe préjudiciable & dommageable, parce que de là ils prennent oceailon de nous abhor- rer , comme gens qui en tout , (oit au bien , ou aumal, leur auonsefté, & fommestou fi our$ contraires. J)e lafupputation des temps , ejr du Kalendrier duquelvfoieM les Mexiqudns* Chapitre II. Ommençant donc par la diui- fîon & fupputation des temps que les Indiens taifoient (en quoy certes l'on peut rtxognoiftre vn des plus grands fignesde leurviuacitc & bon entende- ment ) ie diray premièrement de quelle maniè- re ks Mexiquains contoîent , & diuifoient leur année, de leurs mois, de leur Kalendrier, de leurs contes, desfiecies, &desaages. Ils diui- foient Tan en dix-huid mois, à chacun defquels ils attribuoient vingt iours, en quoy les trois cents foixante iours font accomplis, fans com- prendre en aucun de ces mois, lescinq iours qui refient du furplus , faifant l'ace ompliifemée de Tan entier: mais ils les contoîent à part, & les appelloient, les iours de rien , durant lef- quels le peuple ne faifoit aucune chofe , & n'al- îoient pas mefmes en leurs temples , mais ils S'occupoient feulement à fe viflter ks vns les autres , perdans ainfi le temps , & les S acrifîca- ÏÎM.Ï 4^ temple ceflbknç auffi dç facrifieç. des f rides. Dure VL zf6 Apres ces cinq iours paitez, ils recommençoiét leur conre de l'an, duquel le premier mois & le commencement eftoit en Mars, quâd les feuil- les commençaient à reuerdir, encores qu'ils prinflent 3. iours du mois deFeurier: car leur premieriour defaneftoit comme le 26. deFe- urier, ainfi qu'il appert par leur Kaiendrier, de- dans lequel mefme le noftre efteomprins & employé d'vn fort ingénieux artifice , & fut laie par les anciens Indiens, qui cogneurent les pre- miers hfpagnols. I'ay veu ce Kaiendrier , & l'ay encores en ma puifiance, qui mérite bien d'eftre veu, pour entendre ledifeours, & l'induitrie qu'auoientles Indiens Mexiquains. Chacun de ces dix -hui6t mois auoit fon propre nom , 6c fa propre peinture, qu'il prenoit communément de la principale fefte qui fefaifoit encemois, - ou de la diuerfué du temps que l'an caufeen iceux. Ils auoiét en ce Kaiendrier certains iours marquez & deftinez pour leurs feftes , & con- toient les fepmaines de treize iours, en y remar- quant les iours par vn zéro, qu'ils multiplioient iulqu'à treize, & incontinent recommençoient à eonrer , vn , deux , &c. Ils remarquoient auiïi les années de cesroues, par quatre lignes, ou figures, attribuans à chacun an vn ligne, dont V.vneftoit d'vne maifon, l'autre d'vnconnin, le troifiefme d'vn rofeau, & le quarriefme d'vn caillou, ils les peignoient de celle façon, denoj? tans par icelles figures l'an qui courcit 5 difans a tant de maifons , ou à tant de cailloux de telle _ roiie fucceda telle chofe: car l'on doit fçauoir que leur roiie, qui eftoit comme vn (îecle, con* Mm iiij Hifloire naturelle tenoît quatre fepmaines d'années, eftant cha- cune fepmaine de treize ans qui accompli'Toiéc en tout , cinquante deux ans. Ils peignoient au milieu de celle roue vn Soleil, d'où fortoiene en croix quatre bras, ou lignes iufoues à la cir- conférence de la roiie , &faifoiendeurtourert telle façon que la circonférence eftoit diuifee en quatre parties efgales, chacune defquelles auec fon bras, ou ligne, anoit vne couleur par- ticulière, & différente des autres, &eftoient les quatre couleurs, verd, azuré, rouge & iaune. Chaque portion de ces quatre , auoit treize fe- parations,qui auoient toutes leurs fignes, ou fi- gures particulieres,de rnaifon,ou de connin,ou derozeau, oudecaillous, fignifiantpar chaque figne vne année, & en tefte de ce ligne, ils pei- gnoient ce qui eftoit arriué ceft an là. Ceft pour quoyieveids au Calendrier, que i'ay dit, l'an- née, en laquelle les Efpagnojs entrèrent en Me- xique, marquée par vne peinture d'vn homme vedu de rouge, à noftre mode,car tel eftoit l'ha- bit du premier Êfpagnol, qu'enuoya Fernand Cortez, au bout de cinquante deux ans, quefe fermoit, & accomplifToic la roiie. Ils vfoiènc d'vne plaifante ceremonie,qui eftoit que la der- nière nuid ils rompoient tous les vafes & vten- fïles qu'ils auoient, <5cefteignoienttout le feu, & toutes les lumières , difans que le monde de- uoit prendre fin à l'accompliflement d Vne de ces roues, & que d'auenture ce pourroit eftre ceiie où ils fe trouuoient : car (difoient-ils) puis que le monde doit alors finir, qu'eit-il plus de feefoingd'apprcfter de viande, ny de manger? des Indes. Dure VI. 277 Ceft pourquoy ils nauoient plus que faire de vafes, ny de feu. Sur celte opinion ils pafïbienc toute la nuxt en grande .crainte, difans que Î>euteftreilne viendroitplusdeiour , & veil- oient tous fort attenriuement pour voir quâd le ipur viendroit . mais voyans que 1 aube com- mençoit à poindre; incontinent ils battoient plufîeurs tambours,& fonnoientdesbuccines, des fluftes, & autres inftrumens de refioyfîan- ce & allegrelle , difans que défia Dieu leur al- longeoit le temps d'vn autre fïecle, qui eftoient cinquante deux ans. Et alors ils recômençoient vne autre roue. Ils prcnoiét en cepremier iour, & commencement du fiech du feu nouueau,& achetoient des vafes 8c vtenfiles neufs pour ap- prefter la viande , & alloient tous quérir ce feu nouueau chez le grand Preftre, ayans fait au- parauant vne foiemnelle proceflion d'action de grâces pour la venue du iour, & prolonga- tion d'vn autre fïecle Telle eftoir leur façon, & manière de conter les années, les mois les fepmaines, & les ficelés. Comment les Roy s Inguœs contoientles ans & les mois. Chapitre III. Ombien que cefte fupputation des emps pratiquée entre les.Mexk:- mains, foit ailes ingenieufe & certti- it pour des hommes qui n'auoienc aucunes iettres, toutesfoisilme femble qu'Us ififloire naturelle ont/ru faute de difeours & de confideration, n'ayans point fondé leur conte fur Je cours de la Lune,ny diftribué leurs mois félon icelle, en quoy certainement ceux du Peru les ont fur- palfés, pource qu'ils partoient leur an en autant de iours parfaitement accomplis, cômenous faifons icy , Ôc le cliuifoient en d ouze mois , ou Lunes, efquels ils employoient ôc confom- moient les vnzeiours, qui reftentdela Lune, ainfi que Tefcrit Polo . Pour faire leur conte de l'anfeur ôc certain, ils vfoient de cette indu- ftr~ie,qu aux montagnes qui eftoient au tour de laCuédeCuico(oùfetenoitlacourtdes Roy s Inguas, ôc le plus grand fanctuaire des Royau- mes, comme lî nous difions vne autre Rome) ilyauoit douze coulomnes affifes par ordre^ en telle diftance l'vne de l'autre, que chaque mois vne de ces coulenes remarquoitleleuer 6c coucher du SoieiL Ils les appelloient Suc- canga, ôc parle moyen d'icellesils enfeignoient ôc annonçaient les feftes, ôc les faifons propres à femer, à recueillir ôc à faire autres chofes. Ils faifoient de certains facrifïces à ces pilliersdu Soleil, fuiuant leur fuperftition. Chaque mois auoitfon nom propre, ôc fes feftes particuliè- res, lis commençoientranpar lanuier, com- me nous autres, mais depuis vn Roy Ingua, appelle Pachacuto, qui fignifîe reformateur du Temple, fit commencer leur an par Décembre, àcaufe (comme ieconie&ure) qu'alors le So- \0 commence à retourner du dernier point de Capricorne, quieftlc Tropique plus pro- che d'eux. le ne fçay point que les Vns , ny les âesJndes.LiureVL 278 autres, ayent remarque aucun Bifexte,com-. bien que quelques-vns difent le contraire. Les fe m aines que contoient les Mexiquains n'e- ftoient pas proprement femaines, puis q#'el~ lesnVttoient pas de fept iours , auïîi les Inguas n'en firent aucune mention , ce qui neir pas de merueiile, attendu que le conte delà femaine n'eft pas fondé fur le cours du Soleil, comme celuy de Tan,ny fur le cours de la Lune comme celuy des mois, mais bien entre les Hebrieux eft fondéfurla creatioji du monde, que rap- porte Moyfe, & entre les Grecs, & les Latins, îur le nombre des fept planètes, du nom dzC- quelles mefmeles iours de la femaine ont prins leur nom. Neantmoins c'eftoit beaucoup à ces Indiens, eftans hommes fans liures, & fans let- tres comme ils font, qu'ils eu (lent vnan des {âifons&desfeltes iibien ordonnées comme lleftdiccy-deffus. J&ue Ion tf a point trom&aticune nation d' 'In- diens qui vfafi de lettres. Chapitre IV. Es lettres furent inuentees pour re- prefenter & iignifîer proprement les paroles que nous prononçons, ainfi que les paroles mçfmes ( félon le Philofophe) font les (îgnes& marques pro- pres des conceptions & penfees des homme^ Et iVn Ôc l'autre (iedy Illettrés & les mots) prit eftç ordonnez pour faire entendre les çho* Lfifioire naturelle fes. La voix pour ceux qui font prefens , & les lettres pour les abf ens , & pour ceux qui font à venir. Les fignes & marques qui ne font pas propres pour fignifier les paroles,mais les cho- lésine peuuent eftre appelles , ny ne font point à la vérité des lettres, encor qu'ils foienteferits. ■ , Car Ton ne peut dire quvne image du Soleil peint , foit vne eferirure du Soleil , mais feule- ment vne peinture, autant en enVil des autres fîgnes & chara&eres qui n'ont aucune refTem- blanceàlachofe, mais qui feruent tant feule- ment de mémoire. Car eduy qui lés inuenta, ne les ordonna point pour lignifier des paro- les : mais feulement pour dénoter vne chofe. On n'appelle point aufli ces chara&eres let- tres ny eferitures , comme de fait ils ne le font pas, mais pluftoft des chiffres ou mémoires, ainfi que font ceux dont vfent les Spheriftes & Aftrologues, pour fignifier diuersfignes où pla- nettes de Mars, de Venus, de Iupiter, &c. Tels chara&eres font chiffres, 6c non pas lettres, pourautant que quelque nom que Mars puhTe auoir en Italien , François, en Éfpagnol, touf- iours ce charactere le fignifie; ce qui ne fe trou- ue point es lettres : Car iaçoit qu'elles déno- tent les chofes, c'eft parle moyen des paroles: D où vient que ceux qui n'en fçauét la langue, ne les entendent pas, comme pour exemple le Grec, ny THeorieu^ ne pourra pas compren- dre ce que fignifie ce mot Sol, iaçoit qu'ils le voyent eferit, pource qu'ils ignorent le mot Latin. Tellement que l'efcriture& les lettre* font feulement pratiquées par ceux qui aue£ V - des Jndes, Liure VI. 279 icellcs fîgnihentdes mots, car fî immédiate- ment elles iîgnifient les chofes, elles ne font plus lettres ny efcriturrs,mais des chiffres ÔC des peintures, dequoy 1 on tire deux chofes bien notables. LVne que la mémoire des hiftoires ôc antiquités peut demeurer aux homes parFvnc de ces trois manières , ou par les lettres & eferi- tures, corne il a efté pra&iqué entre les Latins les Grecs , les Hebrieux, ôc beaucoup d'autres nations, ou par peinture , corne Ton a vfc pref- que en tout le monde : car il eft dit au Concile de Nice fecôd. La femture eft vn Uurej?onr Us idwts qui ne fanent lire y ou par chiffres & chara$eress comme le chiffre lignifie k nombre de cent, de mil Ôc autres, fans lignifier celte parole de cent» ou de mil. L'autre chofe notable que l'on en peut tirer, eft celle quis'eft propofeeen ce cha- pitre, à fçauoir que nulle nation des Indes def- couuertes de noftre temps, n'a vfé de lettres, ny d eferiture , mais de deux autres manières , qui en font images ÔC figures. Ce que l'entends dire non feulement des Indes, du Peru ôc de îa neu- ue Efpagne, mais auffi du Iappon & de îa Chi- ne. Et bien que ce que ie dis parauanture pour- ra fembler à quelques-vns eftre faux , veu qu'il eft rapporté par les difeours qui en font eferits, qu'il y a de 11 grandes Librairies & Vnïueriltes en la Chine & au Iappon, ôc qui! eft fait men- tion de leurs Chapas, lettres Ôc expéditions, toutefois ce que ie dy eft chofe véritable ainfî qu'on pourra entendre par le difeours fuiuant. Hiftoire naturelle De la façon des lettres & des Hures dont vf oient les Chinois. Chapitre V. L y en a plusieurs qui penjent , & eft bien la plus commune opinion, que s eferitures dont vfent les Chinois, fontlettres, commecellés dont nous vfonsen Europe, & queparicellesronpuiire eferire les paroles & difedurs* & que feule- ment ils différent de nos lettres & eferitures en ladiuerfitédes characleres, comme les Grecs différent des Latins , & les Hébreux des Chai- deans. Mais il n'en eft pas ainfi, pource qu'ils n'ontpoint d'Alphabe^ny n'eferiuent point de lettres, mais toute leur eferiture n'eft autre chofe que peindre & chiffrer, & leurs lettres ne lignifient point des parties de dictions, comme font les noftres , mais font des figures & repre- fentations des chofes , côme du Soleil , du feu, d'vnhommejde la mer,& des autres chofes. Ce qui appert évidemment, par ce que leurs eferi- tures ôc Chap'as font entédues d'eux tous,com- bien que les îangnes dont parlent les Chinois, foient en grand nôhre,& fort différentes entre elles, en la mefrne façon que nos nombres de chiffre font entendus efgaiement en Fraçois^ix EfpaghoI,& en Arabie, Car celte figure hui&, du que ce foit fignifie huiclr, encor que le Fran- çois appelle ce n6bKd>Ynefaçon^l,EfpagnoJ V des Indes. Liure VI. 180 tTvne autre D'où vient que les chofes eftans ds foy innumerablesjes lettres aufîi ou figures doc vfentles Chinois, pdur les dénoter font pref- que infinies: tellemét que celuy qui doit lire ou efcrirc à la Chine (comme font les Mandarins) doit fçauoir & retenir pour le moins quatre vingts cinq mil chara&eres ou lettres, & ceux qui font parfaits en cefte leâ:ure,en fçauét plus de fix vingts mil. Ghofe prodigieufe Ôc eftrage, voire qui feroit incroyable , fi elle n'eftoit atte- stée par des perfonnes dignes de foy, corne les Pères de noftre Côpagnie, qui font là côtinuel- lement apprenans leur langue ôc efcriture, Ôc y a plus de dix ans que de nuict ôc de iour ils- s'e- fhidientà cecy,auecvn perpétuel trauail. Caria charité de IefusChrift,& le defir de la faluation des âmes, furmôte en eux tout ce trauail Ôc dif- : ficulté , qui eft la raifon pour laquelle les hom- mes lettrez font tant eftimés en la Chine, à can- fe de la difficulté qu'il y a à les comprendre , Ôc ceux-là feulement ont les offices de Manda- rins, Gouucrneurs, luges & Capitaines, Pour celle occafion les pères prennent beaucoup de peine de faire apprendre à leurs enfans à lire ôc eferire. Il y a grand nombre de ces cfcholes où les enfans font inftruits, & où les maiftres les font eftudier de iour, & le père de nuicl: en la maifon. Tellement qu'ils leur endomma- gent beaucoup les yeux, ôc les fouettent fort tbuuent auec des rofeaux, bien que oe ne foie pasde ces rigoureux , defquels ils foiiettent les mal-fai&eurs; ils appellent cela la langue Man- i clarine , qui a befoin de lage 4Vn lomme pour Il Hiftoire naturelle cure comprinfe : & doit-on fçauoir qu'eneor que la langue de laquelle parlent les Mandarins foit particulière êc différente des vulgaires, lef- quelles font en grand nombre, & qu'on eitudic corne l'on ùit par deçà en Latin & en Grec , ôc que les lettrez qui font par toute la Chine la fçauent , & entendent tant feulement ; fî cft-ce toutefois que tout ce qui eft eicnt en icellc , eft entendu en toutes les langues, & iaçoit que les Prouinces ne s'entr'entendent point de parole les vnes les autres , toutefois par elerit ils s'en- tr'entendent J'vn l'autre, car il n y a qu'vne for- te de figures ou caractères pour routes, quifï- gnifle vne mefrne choie, mais non pas vn mef. me mot , ny prolation veu que comme i'ay dit, ils font feulement pour dénoter les chofis, & non pas les paroles, corne Ton peut facilement entendre par l'exemple des nombres de chif- fre Ceft pourquoy ceux du lappon & Its Chi- nois lifent & entendent fort bien les eferiturcs les vns des autres, combien que ce foient des nations & des langues fort différentes. Que s'ils parloient ce qu ils lifent , ou ekriuent , ils ne le pourroient pas entendre.Telles font donc les lettres , & les hures dont vfent les Chinois fi renommez au monde. Pour faire leurs im- prenions ils grauentvne planche, des figures qu'ils veulentimprimer. Puis en eftampent au- tant de feuilles de papier qu'ils veulent, de la mefme façon que ïun fait icy les peintures, qui font grauees en du cuiure, ou du bois. Mais quelque homme d'entendement pourra de- mander, comment ils peuuent lignifier leurs conceptions Y I âesjnâes. Livre. VI. *Sc | conceptions par des figures qui approchent , ou fcreilemblent à la chofe qu'ils veulent reprefen - Bter, comme de dire que le Soleil ëfchaurTe, ou [ qu'il a regardé le Soleil3ou que le iour eft du So- 6 leil.Finalement , comment iileur eft pofsible de t dénoter par de mefmes figures , les cas, les con- îon&ionsA les articles qui font en plufieurslan- gues& efcritures. Ierefpondsàcela, qu'ilsdi- fftinguent , & fignifient cefte variété" par certains tpoîn&srayeZj&difpofitionsdelafigure.MaisU eft difficile d'entendre comment ils peuuentef- t crire en leur langue des noms propres , fpeciale- : ment d'eftrangers ,veu que ce font chofesque ia- [mais ils n'ont veiies, &qu'ilsne peuuentmuen- j ter des figures qui leurfoient propres. Ienay [voulu faire l'expérience me trouuant en Mexi- que auec des Chinois , & leur dy qu'ils efcriuif- i fent en leur langue cefte propofition. Iofepn d'Acofta eft venu du Peru,& autres femblables, furquoy le Chinois fut vn long temps penfif, jimaisenfinil lefcriuit. Ce que d'autres Chinois Jeurent après , bien qu'ils variaient vn peu en la i prononciation dunom propre. Carilsvfent de ceft artifice pourefcrirelenom propre , qu ils cherchent quelque chofe en leur langue qui ay e refiemblance à ce nom , & mettent la figure de cefte chofe. Et comme il eft difficile entre tant de noms propres, de leur trouuer des chofes qui leur portent refiemblance en la prolation t aufsi leur eft- ce chofe fort difficile & fort laboneufe ! d'efcrire telsnoms.Sur ce propos le Père Allon - ifeSanchez nous contoit que lors qu'il eftoat en kChineî& que l'on le menoit endmers Tuba* Hiftoire naturelle naux , de Mandarin e^MadarnvIs eftoient fort! long temps à mettre foii nom par efcrit en leurs, Chapas,toutesfois ils l'efcriuoient en fin,le nom. mans en leur façon , & tellement ridicule , qu'ai peine approchoient-ilslenom, qui eft la façon! des lettres & efcritures dont vfoient les Chinois. Celle deslapponnoisen approchoit beaucoup, encor qu'ils afferment que les Seigneurs Iappon- noisqui vindrent en Europe, efcriuoient facile- ment toutes chofes en leur langue , quoy que ce fuiTent des noms propres d'icy, mefme l'on m'a monftré quelques efcritures d'eux : parquoyil femble qu'ils doiuent auoir quelque forte de lettres, encor que la plus part de leurs efcritures foientparcharac~teres& %ures,comme il a efté dit dts Chinois. Des ef choie s & vnwerfitezj de U Chine. Chapitre VI. Es Pères delà Compagnie difent qu'ils n'ont point veu en la Chi- ^C3% ne ^e Sr*ndes efchdles & Vni- SS*^* uerlitez de PhiIofophie,& autres ~K feiences naturelleSj&ccoyétqu'ii n'y en a point , mais que toute leureftude eft en la langue Mandarine,qui eft tref ample de tref- difficile, comme i'ay dit , & que ce qu'ils eftu- dientfont chofes qui font eferites en celle lan- gue , qui font des hifioires des ÇqÔlqs & opi- nionsxies loix ciuiles , des prouerbes moraux, des Indes. Liure. VI. i%£ des Fables, & plufieurs autres telles côpofitions, & ce qui en defpend .Des fciences diuines ils n'en ont aucune cognoiiTance,ny n'ôt autre chofe des naturelles que quelques petits reftesqu'ils ont en des proportions èfgarees, fansart& fans mé- thode , félon l'entendement & eftude d'vn cha- cun. Pour les Mathématiques, ils ont expérience des mouuemens celeftes, & des èftoiies • & pour Ja Medecine,ils ont cognoiffance des herbes, par Je moyen defquelles ils guariifent plufieurs ma- ladies, & en vient beaucoup. Ifs efcriuént auec des pinceaux, & ont plufieurs Hures efcrir s à la main, & dautresimprimez qui font tousd aflez mauuais ordre. Ils font grands ioiieurs de Co- médies: ce qu'ils font auec Vrt grand appareil de thearres, veftemens , cloches , tambours, & de voix,felon qu'il eft conuenable. Quelques Pères racontent y auoir veu des Comédies qur du- raient dix & douze iours auec leurs nuicls , fàjns qu'il y euft faute de loueurs fur le théâtre, ny de fpe&ateurs pour les regarder. Us font plu-* Geurs Scènes différentes , éc pendant que les vris reprefentent b les autres dorment ou repaiifenta Ilstraittent ordinairement en ces Comédies dés chofes, morales & de bon exemple, quifonc heantmoins entremesîees de chofes gayes & plaifafttes. Voila en fomme ce que les noftres racontent des^ lettres & exercices de ceux oV la Chine * où l'on ne peut nier qu'il n'y aie beaucoup d'entendement, & d'indu ftrie. Mais tout cela eft de peu de fubftance , pour ce «ju'en effed toute la feience des Chinois tend feulement a f§auoir eferire & lire * & non poim Hiftoire naturelle dauantage : carîlsne paruiennent point es fcien-- ces plus hautes . & leur eferire & lire n eft point proprement eferire & lire , puifque leurs lettres ne font point lettres,qui puilïent reprefenter les paroles, mais fontfiguresde chofesinnumera- bleSjlëfquclles ne fe peuuent apprendre que par vnbienlong temps, & auecvn trauail infiny. Mais en fin auec toute leur fcience,vn Indien du Peru, ou Mexique qui a apprinsâ lire & eferire, fçait plusque le plusfage Mandarin d'entr'eux, veu que l'Indien auec vingt quatre lettres qu'il fçait , eferira & lira tous les mots & paroles qui font au monde, & le Mandarin auec fes cent mrl lettres aura beaucoup de peine pour eferire quelque nom propre de Martin, ou Allonfe , & a plus forte raifon ne pourra-il pas eferire les noms des chofes qu'il ne cognoift point. Car en fin refaire de k Chine n'eft autre chofe qu'vne façon de peindre,ou chiffrer. Dt Ufdfopdes lettres & eferitures dont ont gnoiffance , & mémoire de l'antiqui- • té. C'eft pourquoy recherchant de quelle façon les Indiens -auoient conferué leurs! hiftoires , & tant de particularitez , i appris que cftcorquilsne fuffent p^gfubtils, nyfiçw? des Indes. Liure. VI. 285 rieux comme iont les Chinois &■ les Iapponnois, fi eft-ce qu'ils auoient entreux quelque forte de lettres & de liures, par lefquels ilsconfer- u oient a leur mode les chofesde leurs predecef- feurs.En la Prouince de Yu-latan,où eil l'Euef- ché, qu'ils appellent de Honduras, il y auoitdes liures de feuilles d'arbres à leur mode ployez 8c efquarris,efquels les fageslndiens tenoient coii}~ prinfes &defduitesla diftribution de leurs teps, la cognoiflance desplanettes, des animaux & des autres chofes naturelles , auec leurs antiquitez: . chofe pleine de grande curiofité & diligence. Il fembla à quelque Pédant que tout cela eftoit vn enchantement & art de magie, & fouftint ob- stinément que l'on les deuoitbrusler, de forte qu'ils furent mis au feu, Ce que depuis non feu- lement les Indiens recogneurentauoir eftcmai fait, mais aufsi lesEfpagnols curieux qui defi- roient cognoiftre lesfecrets du pays.U eneft ar- riué autant es autres chofes, car les noft res pen - fans que le tout fuft fuperftition,ont perdu plu - fleuri mémoires des chofes anciennes & facrees, qui pouuoient beaucoup profiter.Cela procède d'vn zèle fol & ignorant, qui fans fçauoir, ny vouloir entendre les chofesdes Indiens, difent (comme à charge clofe ) que ce font toutes for- celleries, & que tous les Indiens ne font que des yurongnes , qui font incapables de fçauoir , ny d'apprendre aucune chofe.Car ceux qui fe font voulu diligemment informer deux, y ont trou- ué beaucoup de chofes dignes de confîderation. Vn de noftre Compagnie de Iesvs, homme fortaccort & expérimente", aflVmbla en la Pro- Nn iij Izfifioires naturelle inncede Mexique les anciens de Tefcuco, de Tulla, &de Mexique , & conféra fort ample- ment auec eux , lefquels luymonftrerent leurs liures,hiftoires,& Calendriers,qui eftoient cho- fes fort dignes de voir , pource qu'ils auoient îe urs figu res , & hieroglyficques , par lefquelles ils reprefentoient les chofes en cefle manière. Celles qui auoient forme, ou figure,eftoient re-, prefentees par leurs propres images,& celles qui n en auoient point, eftoient reprefentees par des characteres qui les fignifioient , & par ce moyen ils figuroient , & efcriuoient ce qu'ils vouloient. Et pour remarquer le temps auquel quelque chofe arriuoit , ils auoient cesrolies peintes, car chacune d'icelles contenoit vn fiecle , qui eftoic cinquante- deux ans, comme aefté dit cy-defTus, &au cofté de ces roues , ilspeignoient auec ces figures & chara&eres,à l'endroit de l'année , les chofes mémorables qui aduenoieht en icelle. Comme ils remarquèrent l'année , que les Es- pagnols entrèrent en leur pays, en peignant vn homme auec vn chapeau , & vne iuppe rouge, au figne du rofeau3qui couroit alors. Et ain(î des autres accidens. Mais pource que leurs efcritu- res &r chara&eres n'eftoient pas fi fuffifans.com- mewsjettres &r efcritures , ils ne pouuoient ex- primer de n prés ks paroles , ains feulement la fubftance des conceptions. Et d autant qu'ils auoient accouftumé de raconter par coeur des difcours , & dialogues compofez par leurs Ora - teurs , & Rhetoriciens anciens , & beaucoup de Chapas dreflez par leurs Poètes (ce qui eftoic jropofsible d apprendre par les hieroglyphi- des Indes. Liure VL 284 ques, & chara&eres) les Mexiquaïns eftoient tort curieux,que leurs enfans appriilent par mé- moire ces dialogues & comportions. A raifon dequoy ils auoient des eicholes & comme des collèges , ou feminaires, où les anciens enfei- gnoient aux enfans ces oraifons , & beaucoup d'autres chofes , qui fe conferuoient entr'eux par la tradition des vns aux autres aufsi entière- ment, comme fi elles eufïent elle couchées par efcrit. Spécialement les nations plus renommées auoient foing que leurs enfans ( qui aucienc inclination pour eftre Rhetoriciens & exer- cer l'office d'orateurs y apprinnent de mot a mor ces harangues. Tellement que quand les Efpagnolsvindrenten leur pays, & qu'ils leur eurent enfeigné à lire &- efcrire noftre lettre, plufieursde ces Indiens efcriuirent alors ces ha - .rangues,ainfique le tefmoignent quelques hom- mes graues qui les leurent. Ce qui eft dit pource que ceux qui liront en Thiftoire Mexiquainede tels difcours longs fcelegans, croiront facile- ment qu'ils font inuentez des Efpagnols , & non pas reallement prins, & rapportez des Indiens. Maisen ayant cogneu la vérité certaine , ilsie laifferont pas d'adioufter foy, comme c'en: la raifon , a leurs Liftoires. Ils refermaient au&i ces mefmes difcours à leur mode , par des images & chara&eres , & ay veu, pour me fatisfaire en cet endroit, les oraifons du Patemofter, 8c^€ue Maria , Symbole , & confefsion generalle , ef- crites en cefle façon d'Indiens. Et à-la vérité quiconque les verra , s'en efmerueilîem. Car pour Çgnifier ces paroles , Moj/ pécheur me co*fe{fe. Nn iiij Hjfloire naturelle ils peignoient vn Indien à genoux aux pieds d'vn Reiigieux,comme qui fe confeffe , & puis pour celle -cy >k Dieu tout- ptvjfant , ils peignoient trois vifages auec leurs couronnes , en façon de la Trinité,^ ' U$°neu[e vierge Marie 9ih peignoient vn vîfage denoftre Dame , & vn demy corps de petit enfant , O* afamft Pierre çrfatntt tendes te* ffces auec de's couronnes,^ vne clef,* vne efpee, & ou les images leur deffailloient , il mettoient des chara&eres , comme , etupy tay pechê ■ , crc D'où Ton peut cognoiftre la viuacite de lenten - dément de ces Indiens, puifque cette façon d'ef- crire nos otaifons , & chofes de la foy ,ne leur a pas eflé enfeignee par les Efpagnols,ny ne leuf- fent peu faire, s'ils n'euffent eu particulière con - ception de ce qu'on leur enfeignoit .l'a y veu au Perula confefsion de tous les péchez qu'vn In- dien apportoit pour fe confelïer , efcritedela mefme forte, de peintures, & de chara&eres, en peignant chacun des dix commandements d'vne certaine façon,où il y auoit certaines mar- ques comme chiffres , qui eftoient les péchez qxû\ auoit faits contre ce commandement, le ne doute point que fi beaucoup des plus habiles Efpagnols eftoient employez à faire des me- ïftoires de ehofes femblables par leurs images & marques , qu en vn an ils n'y pourroient parue- Ijir , non pas en dix. Des regïftr es >& façon de conter, dontvfoient les Indiens dtp Pew. Chapitre VIII- Vparauant que les Efpagnols vinffent es Indes , ceux du Peru n'auoient au- cune forte d'efcriture, fuft par let> tres,par chara&eres, chiffres , ou fîgu- res,côme ceux de la Chine & de Mexique: tou- tesfoisils ne biffèrent pas de conferuer lame- moire de leurs antiquitez , ny de retenir l'ordre de toutes leurs affairesjde paix, de guerre, &de police , pource qu'ils ont eilé forts diligens en la tradition des vns aux autres, & les ieunes gens apprenoient & gardoient, comme chofe facree, ce que leurs fuperieurs leur racontoient,& 1 en- feignoientauec lemefme foing à leurs fuccef- feurs. Outre cefte diligence, ilsfuppleoientla faute d efcritures& des lettres , en partie par la peinture,comme ceux de Mexique(combié que ceux duPeru y fuffent fort grofsiers &lourds)& en partie,& le plus communément par des quip- 5os. Ces quippos font des mémoriaux , ou régi- res,qui font fai&s de rameaux, efquelsiiy a ai- uers nœuds & diuerfes couleurs , qui fignifienc diuerfes chofes: & eft vne chofe eftrange ,que ce qu'ils ont exprimé & reprefenté parce moyen. Car les quippos leur vallent autant, que les li- uresd'hiftoires ,iieîoix , de cérémonies , & des contesdeleursarTaires.il y auoit des officiers dé- putez pour garder cesquippos(qu'auiourd'huy JHiftoire naturelle ils appellent Quipocamayos ) lefquels efioîent obligez de tenir & redre conte de chaque chofe comme les Tabellions par deçà.C'eft pourquoy en tout 1 o leur adiouftoit entière foy , & crean- ce,car félon diuerfes fortes d'affaires, comme de guerre,depolice,de tributs, de ceremonies,& de terres,il y auoit dîuersquippos, ou rameaux, en chacun defquels il y auoit tant de nœuds petits & grands,^ de fîlletsattachez,lesvnsrouges,îes autres verts,Ies autres azurez,& lesautres blâcs; & finalement tant de diuerfitez, que toutainfi que nous autres tirons vne infinité de mots de vingt-quatre lettres , en les accommodansen di- uerfes façons , ainfiilstirojent des lignifications înnumerables de leurs nœuds & diuerfes cou- îeurs.Ce qu'ils font d'vne telle façon, qu'il arri- ue auiourd'huy au Peru, que quand au bout de deux ou trois ans , vn Cômiflaire va informer de la vie de quelque officier , que les Indiens vien- nent auec leurs menus contes & approuuez,di- fans, qu'en tel bourg ils luy ont baillé tat d 'œufs lefquels ils n'a point payez, en vne telle maifon vne poulle,en vne autre deux faix d'herbes pour fes cheuaux , & qu'il n'a payé que tant d'argent, & demeure en reftedetant. La preuue eftant faite fur le champ , auec celle quantité de nœuds & de poignées de cordes , cela demeure pour telmoignage,& efcriture certaine. le vids vne poignée de ces filets aufquels vne Indienne portoit efcrite la confefsion generalle de touti Ta vie, & par iceuxfe confeffoit comme i'euile peu faire en du papier efcrit,& luy demanday ce que c'eftoit , que quelques filez qui me femblev f des Indes. Liure. VI. 18 & rent quelque peu differens , elle me dift que c'e- ftoient certaines circonftances que le pèche' re- queroit pour eftre entièrement confeffe. Outre ces quippos de fil , ils ont vne autre comme ma- nière defcrire auec de petites pierres , par le moyen defquelles ils apprennent punâuelle-- ment les paroles qu'ils veulét fçauoir par cœur- Et eft vne chofe plaifante de voir les vieillards 6c caducs,auçc vne roiie faite de petites pierres,ap- prendre le Pater nofter^MQC vne autre, l'^ae M*-* ru , &'auec vne autre le Credo, & de retenir quel- le pierre tftyqw fut conç-e» du S. Eijnt y & laquelle, fouffnt foubs Ponce Pilate. C'eftaufsi vne chofe plai- fante , de les voir corriger quand ils faillent , car toute la correction ne gift qu'à contempler leurs petites pierres, & feroit vne de ces roues fuffifante pour me faire oublier tout cequeie fçay par cœur. Iiy a vn grand nombre de ces roues aux cimetières desEglifes, pour cétef- feclt. Mais c eft. chofe qui femble enchante- ment de voir vne autre forte de quippos qu'ils font de grains de mays. Car pour faire vn con- te difficile , auquel vn bon Arithméticien feroit bien empefehéauee la plume , & pour faire vne partition , a fin de voir combien vn chacun doit contribuer, ils tirent tant de grains d'vn cofté , & en adiouflent tant de l'autre , aueç. mil autres inuentions. Ces Indiens prendront leurs grains , & en mettront cinq d'vn cofté, trois d'vn autre, & huid en vn autre, & change- ront vn grain d'vn coftc,& trois d'vn autre.Tel lement qu'il fortent a^uec leur conte certain, fans faillir d'vn point. Et fe mettent pluftqfta l/ifioire naturelk îaraifon par ces quippos, fur ce quVn chacun doit payer,que nous ne pourrions faire nous au- tres auec la plume. Par cela l'on peut iuger s'ils ont rentendement,& fi ces hommes font belles. De ma part ie tiens pour certain qu'ils nous fur- paffent es chofes où ils s'appliquent. Vè l'ordre que les indiens tenaient en leurs efcritures. Chapitre. IX. L fera bon dadioufter icy ce que nous Çauons remarqué touchant lesefcritu- *es des Indiens: car leur façon n'eftoit 'pas d efcrire auec vne ligne fuiuie, suais du haut en bas, ou en rond. Les Latins & Grecs efcriuoient du cofté gauche au droit, qui eft h commune , & vulgaire façon dont nous vfons. Les Hebrieux au contraire commen- çaient de la droite à la gauche , c'eft pourquoy leurs liures commencent où lesnoftresfinifTent. Les Chinois n efcriuent pas, ny corne les Grecs, ny comme les Hebrieux , mais de haut en bas, car comme ce ne font pas des lettres, mais des di&ions entières, & que chaque figure, ou chara&ere fîgnifie vne chofe , ils n'ont point de befoingd'alTembler les parties des vnes auec les autres, & ainfi peuuent-ils bien efcrire du haut en bas. Ceux de Mexique pourlamefme raifonn'efcriuoientpas en ligne , d\n cofté a l'autre, mais au rebours dès Chinois commen- des Indes. Liure. VI. *8? çans en bas, montaient toujours en haut. Ils fe feruoientdecefte façon d'efcrire au conte des iours,& du refte des chofes qu'ils remarquoient* Côbien que quand ils efcriuoient en leurs roiies, ou fïgnes,ils commençoient du milieu où ils pei- gnoient le Soleil, & delàalloient montant par leurs années iufques au tour,& circonférence de laroiïe. Finalement ils fe trouue quatre diffé- rentes fortes d'efcrire, les vns efcriuans de la droitte à la gauche , les autres de la gauche a la & après iuy fou ffîjloire naturelle nepueù, & fils du premier. Les Caracas & Sei- gneurs gardaient le mefme ordre de fuccef- iion en leurs biens & offices. Et faifoient à leur mode des cérémonies , & obfeques excef- fïuesaudeffuncl:. Ils obferuoieïit vne couftu- me, verirablement gïâde ôc magnifique, qu'vn Roy qui entroir au Royaume de nouueau,n'he- ritoir point d'aucune chofe des meubles , vten- fïles & threfors de fon predeceffeur, mais il de* uoit eftablir fa maifon de nouueau , & aflem- blerdel'or&de l'argent, ôc les autres chofes quiluyeftoientneceiîaires, fans toucher à ce- luy du derYuncT:, qui eiloit totalement dédié pour fon adoratoire, ou Guaca, ôc pour l'entre- tien de la famille qu'il laifïbit , laquelle auec fa fuccefïion s'occupoit continuellement aux fa- crifices, cérémonies & feruicedu Roy mort. Car aufll-toft qu'il cftoit mort,ilsletenoient pour Dieu, & auoit Ces facrifices, ftatuès & au- tres choies femblables. Pour celte occailon il y auoit au Peru vn threfor infiny, car vn cha- cun des Inguas s'eftoit efforcé de faire que foa oratoire Ôc threfor farpalfaft celuy defes pre- decefleurs. La marque ou enfeigne par la- quelle il prenoit la poifeflion du Royaume, eftoit vn bourrelet rouge , d'vne laine plus fine que foye , lequel luy pendoit au milieu du frôt, n'y ayant que l'Ingua feul qui le pouuoit por- ter, pour autant que c'eftoit comme la couron- ne, Ôc diadème Royal. Toutesfois Ton pou- uoit bien porter vn bourrelet pendu au cofté, proche de roreille,comme quelques Seigneurs en portoient , mais l'Ingua feul le pouuoit por- -t TDes Indes, Liure VÎ. 2J0 i terâu milieu du front. Au temps qu'ils pre- j noient ce bourrelet, ils faifoienr des feftes fore j folemnelles , & pluiieurs facnfîces auec grande quantité de vafes d'or & d'argent , grand nom- bre de petites formes, ou images de brebis, fai- tes d'or & d'argent, grande abondance d'eftof- fes de Cumby, bien eilabourecsdefine& dé moyenne , plufieurs conches de mer de toutes fortes, beaucoup de plumes riches,& mil mou- tons qui deuoient eftre de diuerfes couleurs. Puis le grand Preftre prenoit vn enfant entre fes mains de i'aagc de il x à hui&ans, 6c pro- nonçoit ces paroles auec les autres miniftres, parlant à la ftatuë du Viracocha, Seigneur? nous f offrons cela , afin que tu nom tiennes en repos , £?* mus aydes en nos guerres, çonferue nofire Seigneur hngUA en fit grandeur & eftatyqu'il aille toufiours augmentant ± & luy donne beaucoup de fcauoir afin qu'il non* goa- uerne» Il fe trouuoit des hommes de tout lé Royaume, àc de tous les Guacas, 8c fanctuai- res à cefte cérémonie & ferment. Et fans dou- te l'affection 6c reuerence que ce peuple por- toit aux Roys Inguas , eftoit fort grande j car il ne fetrouue point que iamais aucun des fîens luyaye fait trahifon: pour autant qu'ils pro- cedoient en leur gouuernement non feule- ment auec vne puifTance abfolue, mais au(B auec vn bon ordre & iuftice,ne permettant pa3 qu'ancun y fuft foulé. L'ïngua pôfoit fes gou- uerneurs en diuerfes Prouinces , entre lefquels les vns eftoient fuperieurs, ôc qui ne recognoif- foient autre que luy, d'autr&s qui efïoiét moin- dres^ ôc d'autres plus particuliers auec vn û" bel 0d il Hifloire naturelle ordre & vne telle grauité qu'ils ne s'enhardif- foient pas de s'enyurer, ny de prendre vn efpic de mays de leur voifin. Ces Inguas tenoient pour maxime qu'il conuenoit toufiours entre- tenir les Indiens en occupation, de là vient que nous voyons encor auiourd'huy des chauffées des chemins, & des œuures d'vn fort grand tra- uail , lefquels ils difent auoir efté faites pour exercerles Indiens, de peur qu'ils ne demeu- raient dy fifs. Quand il conqueftoit vne Pro- uince de riouueau , il auoit accouftumé d'en- uoyer incontinent la plus grande part& les principaux des naturels de ce pays , en d'autres Prouinces, ou bien en fa court, & les appel- lent auiourd'huy au Peru, Mitimas. Puis au lieu d'iceux il enuoyoit d'autres de la nation de Cuf- co,fpecialemcnt les Oreiones, qui éftoiét com- me les Cheualiers d'ancienne maifon. Ils cha- Ôioient rigoureufement les crimes, & deli&s, ceft pourquoy ceux qui ont cogneu quelque chofe de celâ,font bien d'opinion qu'il n'ypeut auoir de meilleur gouuernement pour les In- èkn$> ny plus affeurc^ue celuy des Inguas, desjndes. Liure VI. 29? De la diftribution que le s Inguas f ai/oient de leurs vajjaux. Chapitre XIII. Our particularifer dauantage ce que pSjj iay dit cy-deiïus,ron doit fçauoir que ~ la diftribution que faifoient les Li- guas de leurs vaflàux , eftoit fî exacte & particulière, quelles poauoittous gouuer- ner fort facilement , combien que fon Royau- me fuft de mil lieues d'eftenduë; car ayant cpn- quefté vne Prouince, il reduifoit incontinent les Indiens en villes & communautez, lefquels il diuifoit en bandes. Sur chacune dixaine d'In- diens il en cômettoit vn pour en auoir la char- ge, fur chaque centaine vn autre, fur chaque millier vn autre , Ôc fur dix mil hommes vn au- tre, lequel ils appelaient Humo, qui eftoit vne des grades charges, & par defTus tous ceux- là encor, en chaque Prouince il y auoit vngou- uerneurdelamaifondes Inguas, auquel tou* les autres obeyflbient, & luy rendoient conte tous les ans par le menu,de tout ce qui eftoit ar- riué, a fçauoir de ceux qui eftoient nez, de ceux qui eftoient morts , des trouppeaux ôc des fe- mences. Les gouuerneurs fortoient par chacun an de Cufco, où eftoit la courte y retournoiét pourlagrandefeftedu Rayme, en iaquelleiîs apportoient tout le tribut du Royaume à la court,& n'y pouuoTent Centrer qu'à cefte co fi- nition. Tout le Royaume eftoit diuifé en qua- Oo iij Hifioire naturelle tre parties, qu'ils appelaient Tahuantinfuyo, fçauoir Chinchafuyo, Collafuyo, Aridefuyo Ôc Condcfiiyo, fuiuant les quatre chemins qui for- toientde Cufco oùrefidoitlacourt, ôc fefai- foient les afremblees générales du Royaume. Ces chemins ôc Prouinces correfpondantes à iceux, eftoient vers les quatre coings du mode , Collafuyo au Sud,Cmnchafuyo au Nort,Con- defuyo au Ponent, & Andefuyo au Leuant. En toutes les villes ôc bourgades il y auoit deux fortes de peuple, qui eftoient de Hananfaya& Vrinfaya , qui eft comme dire, ceux d'enhaut & ceuxd'embas. Quand Ton cômandoit de faire quelque œuure,ou de fournir quelque chofe à l'ingua les officiers fçauoient aufti toft de com- bien chaque Prouince , ville Ôc partialité y de- uoit côtribuer, dot le département ne fe faifoit point par parts efgales,mais par cottifation, fé- lon la qualité ôc moyens du pays. Tellement que s'il falloir cueillir par manière de dire, cent mil fanegues de mays , Ion fçauoit aufli toft: cobien il fall oit que chaque Prouince en bail- laft , fuft la dixiefme partie , la feptie fme, ou la cinquiefme. Autant en eftoit des villes & bour- gades , & Aillos , ou lignages. Les Qutpoca- ttiayos, qui eftoient les officiers & intendans, îenoient le conte de tout auec leurs filetz & neuds, fans y faillir aucunement, rapportans ce quel'onauoitpayé,iufquà vne poulie &vne charge de bois, ôc en vn moment voyoït-on |>ar leurs regiftres ce que chacun deuoit pay çr. âesjnâes. Dure VI. 291 Des édifices & façon de baflir des InguM. Chapitre XIV. Es édifices ôc baftimens que les nguas ont faits en temples ôc for- cerefTes, chemins, maifons des .hampsv&* autres femblables qui ont efté en c^rand nombre ôc d'vn excean uauail comme l'on peut voir encor au- iourd'huy par les ruines ôc veftiges qui en re- lient, tant en Cufco, qu'en Tyaguanaco,Tam- bo ôc en autres endroits, où il y a des pierres d'vnegrâdeurdémefuree : de forte que l'on ne peut penier corne elles furent couppees , ame- nées & aflifes au lieu où elles eftoient. Il venoiç vn grand nombre de peuple de toutes les Pro- uinces pour trauailler à ces édifices Ôc forteref- fes que l'Ingua faifoit faire en Cufco, ou en d'autres parties de fon Royaume ; d'autant que tels ouurages eftoient eftranges,& pour efpou- uenter ceux qui les contemploient : Ils n'v- foient point de mortier ou ciment, ÔC n'a- uoient point de fer, ny d'acier pour couper ôc mettre enœuure les pierres. Ils n'auoientnon plus de machines, ny d'autres inftruments pour les apporter: ôc toutesfois elles eftoient fi pro- prement mifes en ceuure, qu'en beaucoup d'endroits à peine voyoit-on la iointuredes vues auec les autres-, & y a plufieurs de ces pierres fi grandes, comme il eft dict, que ce leroitvne choie incroyable fi on ne les voyoir, Iemefuray à Tyaguanaço vnepjerre de trente O o iiij ffifloire naturelle huid pieds de long, de dix huid de large,& fix d'efpais. Et en la muraille de la forterefTe de Cufco , qui eft de Moallon , il y a beaucoup de pierres qui font encor d' vne plus eftrange gran- deur , & ae qui eft plus efmerueillable, eft que ces pierres n'eftans point taillées, ny efquarries pour les accommoder, maïs au contraire fort inégales les vnes aux autres en la torme & gran- deur , neanemoins ils les ioignoient Se enchaf- foient les vnes auec les autres, fans ciment, dV- ne façon incroyable. Tout cela fc faifoit à for- ce de' peuple, ôc auec vne grande patience à y trauailler. Car pour enchafler vne pierre auec l'autre, félon qu'elles eftoient adiuftees, il eftoit befoing de les eflayer, & manier plu- sieurs fois la plus-part d'icelles, n'eftans pas efgales, ny vnies. L'Ingua ordonnoit par cha- cun an ie nombre du peuple qui deuoit venir pour trauailler aux pierres & édifices , & en faifoient les Indiens le département entr'eux corne des autres chofes, fans qu'aucun fuft fou- lé. Neantmoins encor que ces édifices fuiTent grands, ils eftoient communément mai ordon^ nez & incommodes, & prefque comme les Mofquittes, ou édifices des barbares. Ils n'ont feeu faire d'arcades en leurs édifices ny de ci- ment pour les baftir. Quand ils virent drefTer des arcs de bois en la riuiere de Xaura, & après quelepontfutacheué qu'ils virent rompre le bois, tous commencèrent à fuyr, penfansque ie pont qui eftoit de pierre de taille deuft tom- ber à rinftant j & comme ils eurent veu qu'il demeuroit ferrne, & ce qui duraiuf- -h| des Jndes. Liure Vh z99 qu'au temps de Topa Ingua Yupangui , père de Guaynacapa , & ayeul d'Atahualpa, au teps du- quel lesEfpagnols entrèrent au Peru, pource que ce Topa Ingua Yupâgui fut le premier qui rompit celte couftume, & fe maria auecMama- oello fa fœur du cofté paternel , & ordonna que les Seigneurs Inguas Te peulîent marier auec leurs fœurs de père, &non point d'autres. Ce qu'il fiftdeiapart, & de ce mariage eufl: pour fils Guaynacapa, & vne fille appellee Coya Cuf- {îllimay j fe Tentant proche de la mort,il com- manda que Tes enfans de père & de mère fe ma- riaiîent enfemblc , & donna permiflion au refte des principaux defon Royaume , de fe pouuoir marier auec leurs fœurs de père. Et d'autant que ce mariage fut illicite , & contre la loy naturel- le, Dieu voulut mettre fin au Royaume des In- guas, pendant le règne de Guafcar Ingua, 3c Atahualpa Ingua , qui eftoit le fruicl: procrée de ce mariage. Qui voudra plus exactement en- tendre la façon des mariages entre les Indiens du Peru , qu'il life le traître que Polo en a eferit àl'inftance de Dom Hierofme de Loayfa Arche- cheuefque des Rois, lequel Polo en fîft vne fort curieufe recherche , comme il a fait de plufieurs autres chofes des Indiens. Ce qui importe bien d'eftre cogneu , pour euiter Terreur & inconue- nient où plufieurs tombent, qui ne fçachans quelle femme entre les Indiens eftl'efpoufe lé- gitime, ou la concubine, font marier l'Indien baptizé auec fa concubine , en laiflant îà la legi^- timeefpoufe. Par là voit on auflile peuderai- fon qu'ont eu quelques-vns qui ont prétend» s Pp iij Hifloire naturelle eKreque l'ondeuoit ratifier le mariage de ceux qui fe baptifoient, encore qu'ils fuflent frère & fœur.Le contraire a efté détermine par le Syno- I deprouincialdeLyma, auec beaucoup de rai- fon, puis qu'il eft ainfi qu'entre les Indiens mef- me ce mariage n'eftoit pas légitime. Djs l'origine des Inguas Seigneurs du Peru, & de leurs conquêtes & yitfoires. Chapitre XIX. -, Ar le commandement de la Majer| fté Catholique du Roy Dom Philip- h pes, l'on a fait la plus diligente & exa- j c~fce recherche qu'il a efté poflîble , de j l'origine, cquftume, & priuileges des Inguas, j ce que Ton n'a peu faire fi bien comme Ton euftj defiré , à caufe que ces Indiens nauQient po'mçj d'eferitures : toutesfois l'on en a reçouurc ccj que j'en diray icy> par leursquippos & regiftre$J lefquels, comme j'ay dit, leurferuent de liures. j En premier lieu, il n'y auoit point anciennemet au Peru aucun Royaume, ny Seigneur à qui tous obeyiïènt ,maiseftoientcômunautez, commet il y a encor aujourd'huy au Royaume de ChilléJ: & prefquc en toutes les Prouinces que les Es- pagnols ont conquifes en ces Indes Occiden-j taies, excepté le Royaume de Mexique. Par- quoy on doit fçauoir qu'il feft trouué aux Indesji trois genres de gouuernement , & façon de vi- ure. Le premier & meilleur a efté de Royaume, pu Monarchie, comme fut çeluy des Inguas, & \ des Jndes. Liure Vh 300 ceiuy de Motecuma , combien qu'ils furent en la plus-pait tyranniques. Le fécond eftoit de Coromunautez, où ils fe gouuernoient par 1 ad- uis & authortté de plufieurs , qui font comme Confeillers. Ceux-là en tepsde guerre ehfoient vn Capitaine , à qui toute vne nation , ou Pro- uince obey flbit,& en temps de paix chaque vil- le ou congrégation fe regiflbic, & fegouuer- noit foy-mefme, y ayant quelques homes prin* Cipaux, quele vulgaire refpede, ôcqueLques- fois, mais peu fouuét, aucuns d'eux Paflemhlent pour les affaires qui font d'importace, ahndad- uifer ce qui leur eft conuenable. Letroifiefme genre de gouuernemét eft du tout barbare qui eft compofé d'indies fans loy, fans Roy, & fans lieu arrefté , qui vont par trouppes , comme be- ftes fauuages. A ce que j'ay peu comprendre,^ premiers habitans des Indes eftoient de ce gen- re, comme le font ençores aujourd'hui vne grande partie des Brefilliens , Chyraguanas,, ■Chunchos, Yfcaycingas , Bïkôçones, & la plus grande partie des Floridiens , Ôc tous les Chi- chimaquas en la neuue Efpagne. De ce genre fe forma l'autre forte de gouuernement en Com- munautez , par l'induftrie & fçauoir de quel- ques principaux d'entr'eux , efquels il y a quel- que peu plus d'ordre, & qui tiennent vnheu plus arrefté, comme lefont au|ourd'huyceux d'Auracano , & de Teucapel en Chillé ;&ce- ftoient au nouueau Royaume de Grenade les Mofcas, & lesOttomittes en la neuue Efpa- gne, & en tous ceux-cy îUg a moins de n>r:e, & beaucoup plus de raifon' qu'es autres. De ce r r P p îiij Hifioire naturelle genre parîavaillantife Ôc fçauoir de quelques excellens hommes fortit l'autre gouuernement pluspuifïànt quiinftirua le Royaume & la Mo- narchie que nous trouuafmcs en M exique & au Peru, ponrce que les Inguas mirent toute cefte terre en Jeurfubje&ion, & y eftablirent leurs loir Ôc gouuernemêt. Il fe rrouue par leurs mé- moires que leur règne a duré plus de trois cents ans, mais n a pas atteint iufques à quatre cents, combien que leur feigneurie ayt efté vn long temps fans feftendre plus auant que cinq, 014 'fîxlieiies autour de Cufeo. Leur commence- ment & leur origine a efté en la vallée de Cuf- eo, d'où peu à peu ils conquefterent la terre que nous appelions Peru, & pafTereht plus outre que Qujtto , iufques àlariuiere dePafto, vers le Nort , ôc paruindrent iufques à Chillc vers le Sud, qui feroientprefque mil lieues de long. l\ feftendo.it en largeur iufques à la mer du Sud, qui leur eft auPonenr, ôc iufques aux grandes campagnes qui font de l'autre part de lachaif- ne des Andes, où Ton voit encor aujourd'huy le chafteau qui fe nomme le Pucara de l'Ingua, qui eft vne fortereflè qu'il fift baftir pourdef- fenfe , ôc frontière vers l'Orient. Les Inguas nç f'aduancerent point plus outre de cefte part, pour l'abondance des eaux, marefeages, lacs, ôc riuieres qui courent en ces lieux 5 de forte que la largeur de ce Royaume ne feroit pas droitte- ment de cent lieues. Ces Inguas furpalTerent toutes les autres nations de l'Amérique , en po«? Jice & gouuernemeijt , & beaucoup dauantage en valeqr 6c f n armes* combien que les Canaris \ des Indes. Dure VI. jox qui eftoient leurs mortels ennemis, &" quifa- I uoriferent les Efpagnols, n'ayent iamais voulu recognoiftre, ny confeffer cet aduantage fur eux, de telle façon que Ci encor auiourd'huy ils viennent à tomber fur ce difeours & compa- ; raifons,& qu'ils foientvn peu inftiguez,& ani- mez, ils s entretueront à milliers fur ceftedif- l pute qui font les plus vaillans, ainfi qu'il eft ar- | riuéen Cufco. L'artifice & couleur delaquel- ! le ks Inguas fe feruoient pour conquefter cV fe j faire Seigneurs de toute cefte terre , fut en fei- ! gnant que depuis le déluge vniuerfel, duquel i tous les Indiens ont cognoiffance. Je monde | auoiteftéreftauré & repeuplé par ces Inguas, & que fept diceux forcirent de lacauemede Pacancambo, à raifon dequoy tout le refte des homes leur deuoient tribut & vaifellage, com- me à leurs progeniteurs: outre cela,ilsdifoient & affermoienr que eux feuls tenoient la vray e Religion, & fçauoient comment Dieu deuoft eftreferuy& honore', & que pour cefte occa- fion ils y deuoient inftruire tous les hommes. C'eft vne chofe infinie que le fondemét qu'ils 4ônent à leurs couftumes& cérémonies , & y auoit en Cufco plus de quatre cents oratoires, comme en vne terre fain&e, & tous les iieux yeftoiét remplis de leurs myfteres. Comme ils alloient conqueftans les Prouinces , aufti al- loient-ils introduifans leurs mefmesGuacas,6c couftumes. En tout ce Royaume le principal idole qu'ils adoroient , eftoit le Viracocha Pachayachachic,qui lignifie Créateur du mon- 4e s & après luy le Soleil. Ceft pourquoyils Hifioire naturelle difoientquele Soleil reccnoit favcttu 8c fon eftredu Créateur, ainfî que les autres Guaca*, & quilseftoient interceflèurs enuers Juy. Du premier Ingna, & àefesfuccejfeurs. Chapitre XX. E premier home que les Indien! | racontent eftre le cômencement & le premier des Inguas, fut Man- gocapa, duquel ils feignent qu'a- j près le déluge il fortit de la cauer- j ne, ou feneftre de Tambo , qui eft efloignee dç j Cufco, enuiron de cinq ou fix lieues. Ils difent | que ceftuy-là donna commencement à deux ) principaux lignages , êc familles d'Inguas, les j vns defquels furent appeliez Hanancufco, & j les autres Vrincufco. Du premier lignage vin- j drentles Seigneurs, quicôquefterent, &gou- I uernerent cefte Prouince, & le premier qu'ils j font chef, & fouche du lignage de ces feigneurs queiedys, s'appelloit Ingaroca, lequel fonda vne famille, ou Aillo, qu'ils appellent >nômee Viçaquiquirao. Ceftuy-là encor qu'il ne fuft pasgrandfeigneur,feferuoitneantmoinsauec| de la vaiftelle d'or & d'argent , & ordonna en | rrtourât, que tout fon threfor fuft deftiné pour le feruice de fon corps,& pour la nourriture de j fa famille : fon fuccefleur en Ht de mefme , & fc ! tourna cefte façon de faire , en couftume genc^ laie, corne i'ay dit, que nul Ingua ne peuft hçT1 desjndes. Dure VI 3°* •riter des biens & maifondefon predeceilèur, mais qu'il fondaft vne nouuelle maifon. Au temps de cet Inguaroça les Indiens auoient des •idoles d'or,cY luy fucceda Yaguarguaque,hom- -medefia vieil, & difent qu'il eftoit appellede xenomlà, qui lignifie larme de fang, pourcc que ayant eftë vne fois vaincu, & prins paries i ennemis,de dueil & ennuyil en pleura du lang. 111 fat enterré en vn bourg appelle Polio, qui |eft au chemin d'Omafuyo, 6c fonda la famille j appellee AocaMipanaca. A ceftuy fucceda vn fiebnls Viracocha Ingua, qui fut fort riche, & fit faire beaucoup de vahTclled'or & d'ar- «rent : il fonda le lignage, ou famille de Cocco- panaca. Gonfalles Pizarre chercha le corps de ceftuy-cy,pour la renommée du grand threlor qui eftoit enterré auec luy , & après auoir don- né de cruels tourments à plusieurs Indiens, en fin il k trouua en Xaquixaquana, où le mef- me Pizarre fut après vaincu en bataille, pnns & fait exécuter par le Prefidenc Gualca. Gon- falles Pizarre fit brufler le corps de ce Vira- cocha Ingua, &les Indiens prindrent depuis ces cendres , iefquelks ils mirent en vn peut vafe, & les conferuerent, y faifans de grands facrifices , iufqu'à ce que Polo y remédia, & aux autres idolâtries qu'ils faifoicnt fur les corps des autres Inguas, lefquels auec vne ad- mirable addreiTe & diligence , il tira des mains des Indiens , les trouuans fort entiers , & fortembaufmez,enquoyiieftdgnit vn grand ^ nombre d'idolâtries qu'ils y faifoicnt . Les Indiens trouuerent mauvais que cet Ingua Hifioire naturelle slntitulaft Viracocha, qui eft le nom de lent Dieu, Ôc luy pour s'en exeufer, il leur fit enten- dre que le mefme Viracocha luy eftoit apparu en fonge , qui luy auoit commandé de prendre fon nom. A ceftuy fucceda Pachacuti Ingua Yupangui,qui fut fort valeureux, conquérant, Se grand politique, inuenteur de la plus gran- de partie des couftumes, & fuperftitiôs de leur idolarrie comme ie diray incontinent. De Pachacuti lngua Tupangui, & de ce qui advint depuis fin temps iufqua Guaynacapa. Chapitu XXI. Àchàcvti Ingua Yupangui régna I foixante ôc dixans, & conquefta beau- S^coupde pays. Le commencement de fes con quelles fut par le moyen d'vn fien frère j aifné, quiayantduviuantde fon père tenu la feigneurie, ôc de fon confentement faifoit la guerre, Fut defeonfîten vne bataille qu'il euft contre les Changuas, qui eft la nation qui pof- fedoit la vallée d'Andaguayllas , diftante de tré- te ou quarante lieues de Cufco , fur le chemin de Lima. Cet aifné ayant ainli elle defconfït, fe retira auec peu d'hommes, ce que voyant fon frère puifné Ingua Yupangui , pour fe faire feigneur, inuenta & mitenauant qu'vn iour luy eftant feul ôc ennuyé, le Viracocha Créa- teur, auoit parlé à luy, fe plaignant que côbieç^i au'il fuft le feigneur vniuerfel, ôc Créateur de 1 des fndes. Liure V^ï. 30$ routes chofes,& qu'il euft fait le Ciel, le Soleil* jie monde & les homes , & que lejtout fuft fous |fapuifsace,toutefoisilsneluyrêdoienti'obeïf- Ifance qu'ils deuoient, au contraire, ils hono- Iroient & adoroient efgalement le Soleil, M jtonnere , la terre , & les autres chofes qui^' a- juoient aucune autre vertu que celle qu'il leur |departoit,& qu'il luy faifoit fçauoir,qu'au Ciel (où il eftoit, l'on l'appelloit Viracocha Pachaya- Ichachic, qui lignifie Créateur vniuerfel, ôc afin que les Indiens creufTent que c'eftoit chofe vraye , qu'il ne doutaft bien qu'il fuft tout feul„ de leuer des homes fous ce titre , qu'il luy don- aeroit la victoire contre les Changuas, quoy qu'ils fuflènt pour lors vi&orieux,& en fi grand nombre, &leferoit Seigneur de ces Royau- mes , pource qu'il luy enuoyeroit des hommes qui luy ayderoient fans eftre veus, ôc fictane que fur cette couleur ôc fantafie, il commen- ça d'aiTembler vn grand nôbre de peuple , dont Il drelTa vne puifiànte armée, auec laquelle il obtint la vicl:oire,fe faifant feigneur duRoyau- me , oftant à fon père , ôc à fon frère la feigneu- rie. Puis après il conquefta^ ôc defeonfit les Changuas, Ôc dés lors il ordonna que le Vira- cocha feroit tenu pour feigneur vniuerfel , Ôc que les ftatucs du Soleil & du tonnerre luy fe- roient reuerence Ôc honneur. Dés ce temps auffi l'on commença de mettre la ftatuë du Vi- racocha plus haut que celle du Soleil, du ton- nerre, & du refte des Guacas Et iaçoit que cet, Ingua Yupangui euft donné des meftairieSj, «erres & beftiaux au Soleil^ au opnnerie, & au- Hijloire naturelle hes Guacas, il ne dédia toutesfois aucune cridi fe au Viracocha, donnant pour raifon, qu'il n'eri àuoit point de befoing -, par ce qu'il eftoit fei- gneur vniuerfel, & créateur de toutes chofes. Il déclara à Tes foldats après l'entière vi&oire des Changuas , que ce n'auoient point efté eux qui auoient vaincu^mais certains hommes bar- bus iquéie Viracocha luy auoit enuoyez , 6c que perfonne ne les auoit peu voir que luy,lef- quels du depuis s'eftoient conuertis en pierre*, parquoyil cbnuenoit Jes chercher, & qu'il les rëccgnoiftroit bien , & par ce moyen aiTemb & rama (Ta aux montagnes vne grande multi- tude de pierres, qu'il choifït , & les mit po Guacas, kfquels ils adoroient, & leur facri fîoient, ils les appellerent les Pururaucas, & les portoient en la guerre auec grande deuotion, tenan* pour certain qu'ils auoient obtenu la victoire par leur aide. L'imagination &fïétiô decctlnguaeut tantdepuiiîance, que par ce moyen il obtint de fort belles'vi&oires. Ceftuy fonda la famille appeilée Ynacapahaca,& fie t?ne grande ftatue d'or, qu'il appella Indillapa^ laquelle il mit en vn brancard d'or >■ fort richej ôc de grand prix , duquel or les Indiens prin- drent beaucoup pour porter àXaxamalca,pour la liberté ôc rançon d'Athahulpâ , quand le Marquis François Pizarrè le tintprifonnier. te licentié Polotrouua en Cufcodansfamai- fon, fes feruiteurs & Mamacomas,quifcruoiét à fa mémoire, & trouua que le corps auoit efté tranfportédePatallacla,àTotocache, où de- puis les Efpagnols ont fondée la parroiffe S» des Indes. Liure VÎi 30$ Blas. Ce corps eftoitfî entier y& bien accom- modé , auec certain betum , qu'il {embloir eftre tout vif. Il auoit les yeux faits d'vne petite toil- 'le d'or, fi proprement agencée , qu'ils sera- ; bloientdes propres yeux naturels. Il auoit en ; la refte vn coup de pierre qu'il euft en vne guer- | re, & eftoit gris, & chenu, fans auoir perdu va (eul cheueu, non plus que s'il ne fuft mort que de ce iour- là mefme , combien qu'il y euft plus defoixante & dixhui&ansquiieftoitdecedé. Le fufdit Polo enuoya ce corps auec ceux de quelques autres Inguas, en la cité de Lima, par le commandement du Viceroy, le Marquis de Canette, qui eftoitchofe fort neceiTaire, pour defraciner l'idolâtrie de Cufco, & piuûeurs Ef- pagnols ont veu ce corps , auec les autres en rhofpitai faind Andié, que fonda ce Marquis, combien qu'ils fuiîent défia bien gaftez. Dora Philippe Caritopa, qui fut arrière- fils * oubi- (arrière fils de cet Ingua, affermoit que les ri- che/Tes que celuy laiffa à fa famille , eftoient grandes, & qu'elles deuoient eftre en la puif- (ance des Yanaconas, Amaro & Toto , & au- tres. A cet Ingua fucceda Topaingua Yupan- gui, auquel vn fien fils appelle de mefrae nom, (iicceda, qui fonda la famille appelles Capac Aillo. Èfifîoire naturelle Du plus grand & plus illuftre Ingud> a(pdti\ Guaynàcapa,. Chatitre XXII. Ce dernier Ingua , fucceda Guay- ; rracapa , qui vaut autant à dire^ que ieune homme , riche 6c va-l ieureux, &fut tel à la vérité plus quenulde Tes predecefTeurs» ny de Tes fucceiîeurs. Ii fut fort prudent, & mit vri fort bon ordre par tous les endroits de fori I R oyaume , fut bôme hardy & déterminé , vail- lant & fort heureux en guerre. Parqùoy il or>- tint de grades victoires, il eftendit Ton Royau- me beaucoup plus que tous (es predecefTeurS i cnfemble n'auoient fait, ôc mourut au Royau- 1 nie de Quitto, qu'il auoit conquefté^eftât ell oi- gne de fa Cour de quatre ces heiies. Les Indiës louurirent après fondecez , & en laifTerent le j cœur ôc les entrailles en Quitto , Ôc le corps fut | apporté en Cufco , lequel fut mis au renomme \ temple du Soleil. L'on voit encorauiourd'huy plufîeurs edifice$,chauiTees , forterelTes, Ôc ceu- ures notables de ce Roy, ôc fonda la famille de Terne Bamba. Ce Gtfaynacapa fut adoré des fiens pour Dieu,eftant encor en vie , chofe que les vieillards afferment, ôc qui ne s'eftoir point faicte à l'endroit d'aucun de fes predecefïeurs. Quand il mourut , ils tuèrent mil perfonnes de fa maifon pour Taller feruir en l'autre vie , lef- I quels mouroient ainfî fort volontiers pour al- I kràfonferuicc. Tellement quepluficurss'of- I froyent i iesînâes. Dure. VI. ï°$ fonferuice. Tellement que plufieurs f'offroient j i la mort pour le mefme effed, outre ceux qui y ' eftoientdeftinez. Et eftoit vne chofe admirable que fa richefle & fon threfor. Et dautartt que ! peu de temps apresfa mort lesEfpagnols y en- trèrent, les Indiens prirent beaucoup de peine pour faire difparoiiïre le tout, combien qu il y en euft vne grande partie qui fut portée i Xa- xamalca , pour la rançon de Atahulpa Ion fils. Quelques hommes , dignes de foy , afferment cmil auoit en Cufco plus de trois cens fils & ar- rière-fils. Sa mère appelleeMamaoello,ruten- tr'eux fort eftimee. Polo enuoya en Lyma les corps d'îcellc, & de Guaynacapa , fort bien em- bauchiez , & defraciha vne infinité d idolâtrie que l'on faifoit en ceteniroit. A Guaynacapa fucceda en Cufco vn fien fils nomme Titoculsi- gualpa^uidepuiss'appella Guafpar Ingua Ion corps fut bruslé par lés Capitaines de Atahulpa, qui fut aufsi fils de Guaynacapa , & lequel le re- bella en Quitte contre fon frere,& marcha con- tre luyauec vnepuiffante armée. Ilarriuâque Quifquits& Chilicuchi, Capitaines de Atahul- pa: prindrent Guafpar Ingua en la Cite de Cuf- co, après qu'il eut efte' receu pour Seigneur & Rov (car il eftoit légitime fuccelïeur) ce qui caufa entoutfon Royaume vn grand dueil,ipe- cialement en fa court. Et comme toufiours en leurs necefsitez ils auoient recours auxiaenh- cesme fe trouuans alors aflez puillàns pour met- ire leur Seigneur e„n liberté , tant pour les forces des Capitaines qui le prindrent , comme pour 1* crofle armée qui venait auec Atahulpa. Ils 4el»; 8 „__ .-t. Q^ \i Hifioire naturelle bererent (voire quelques- vns difent que Ce fut' par ie commandement de cet Ingua ) de faire vn grand & folemnel faciificeau Viracocha Pa- chayachachic, quHïgnifie Créateur vniuerfel,i luy demandant que puis qu'ils ne pouuoientde- liurer leur Seigneur , il enuoyaft du Ciel des! hommes qui le deliuraflent de prifon.Et comme [ ils eftoient en grande efperance fur ce faci ifice,il j leur vint nouuelle comme vn certain peuple qui' eftoit venu par mer, auoit mis pied à terre , &j prinsprifonnier Atahulpa : pour cefteoccaiicn ils appeilerent les Efpagnols Viracochas, croyasj qu'ils eftoient hommes enuoyezdeDieu* tant pourîe petit nombre qu'ils eftoient à prendre! Atahulpa en Xaxamalca , comme pource que celaaduint incontinent après learfacritice fuf- ditfaitau Viracocha. Et de la vint qu'ils com- mencèrent d'appeller les EfpagnolsViracochas, comme ils le font auiourd'huy. Et à la vérité , fi nous l«ur eufsions donné vn bon exemple, & tel que nous deuions , ces Indiens auoient bien ren- contré , difans qv>e c'eftoient hommes enuoyez de Dieu .Et eft vne chofe fort confiderable , que la grandeur & prouidencediuine, comme il dif- pofaî entrée des noftresauPeru , laq'ietleeuft efté impofsible. n eufl eftéîa diflenfion des deux freres,& de leurs pc rtifans,& l'opinion (i grande qu'ils eurent des Chreftiens , comme d'hommes du Ciel, obligez certes en gagnant la terre des Indes à prendre peine de faire gagner beaucoup d'âmes au Ciel. des Indes. Dure VI. 206 Des derniers fuccejjêurs des Inguas. Chapitre XXIIL E refte de ce fubiet eft affez amplement traitté par les autheursEfpagnols aux hiftoires des Indes, & d'autant que cela eft outre la prefente intention , ie diray feule- ment de la fuccefsion qu'il y eut des Ingtias. Ata- hulpa eftant mort en Xaxamalca , & Guafcar en Cufco, & François Piza,rre auec les fiens s'eftant emparé du Royaume, Mangocapa filsdeGuay- nacapa les afsiegéa en Cufco, & les. tint fort j>reflez,mais en fin il quitta tout le pays,& fe re- tira en Vilca-bamba aux montagnes, efquellesil fe maintint à caufe de l'afpreté & difficile ac- cez d'iceiles, &la demeurèrent les fuccefleurs InguaSjiufquesi Amaro, qui fut prins& exécu- te eh la place de Cufco, auec^ne incroyable douleur^ regret des Indiens, voyans publique- ment faire iufticede celuy qu'ils tenoient pour Seigneur. Apres cela l'on en emprifonna d'au- tres du lignage de ces Inguas ; i'ay cogneu Dom Charles, petit fils de Guaynacapa , 8t. fils de Polo , qui fe fit baptifer , & fauorifa touf- iours les Efpagnols contre Mangocapa fon frère. Lors que le Marquis de Canette gou~ uernoit en ces pays . Sarritopaingua fortit de Vilca bamba j 8c Vint foubs aifeurance à ia Cité desRoys, oùluy fut donnée la vallée Yucay* & d'autres chofes , à quoy fucceda vrïé fiennê Hiftoire naturelle fîile. Voila la fuccefsion qui eft auiouf d'huy co- gneiïe de cefte fi grande & riche famille desln- guas, defquelsle règne dura plus de trois cens ans, où l'on conte onze fucceiTeurs en ce Royau- me, iufquesàcequ'il ceifa du tout. En l'autre partiallite & Vrincuïco, qui comme a efté dit cy defïus, eut Ton origine mefme du prem ierMan- gocopa,l'on conte huicl: fuccefTeursen cefte ma* niere. AMangocapafuccedaCinchoroc;, ace-* ftuy,CapacYupanguy5àceftuy,LuquyYupan- guy,à ceftuy,Maytacapaefte Tarcogumam,au- quel fu cceda vn fien fils,qu 'ils ne nomm et point, a ce fils fucceda Dom IeanTambo Maytapa- naca. Cela fuffife pour 1 origine & fuccefsion deslnguas quigouuernerent la terre duPeru, auecce quiaefté dit de leurs loix. gouuerne- ment,& manière de viure. De U manière de République qtiauoient les Mexiquains. Chapitre XXIIIL Ombien que Ton pourra voir par; l'hiftoire qui fera eferite du Royau- me, fuccefsion, & origine des Mexi- quains,leur manière de Republique & gouuernement , û eft-ce toutesfois que ie di - ravicy fommairement ce qui me fembleraplus remarquable en gênerai , dôntil fera cy après plus amplement difeouru en l'hiftoire. La pre- mière chofe par laquelle on peiît iuger quel* des Jndes. Liure> VI. 307 gouuernement des Mexiquains aefté fort poli- tic,eft l'ordre qu'ils auoient, & gardoientinuio- lablement d'eslire vn Roy. Pource que depuis le premier qu'ils eurent, appelle' Acamapach, iulques au dernier qui fut Moteçuma/econd de ce nom , il n'y en eut aucun qui vint au Royau- me par droit de fuccefsion, ains feulement y ve- noient par vne légitime nomination, & esîeâion, Cette esledion au commencement eftoit aux voix du commun, combien que les principaux fuifentceux qui conduifoient l'affaire. Du de- puis au temps d'Yfcoalt quatriefme Roy, par le confeil & ordre dvn fage & valeureux homme, qu'ils auoient appelle Tlacael , il y eut quatre eslecteurs certains & arreflez,lefquels auec deux Seigneurs, ouRoys, fujetsauMexiquain, qui eftoient celuy de Teicaco, &celuyde Tacu- ba, auoient droit de faire cefteesle&ion. Ilsef- lifoient ordinairement pour Roys , des ieunes hommes,pource que les Roys alloient toujours âlaguerre,&eftoitprefque la principale occa- lîon pourquoy ils les vouloient.C'eft pourquoy ils prenoient garde qu'ils fuffenr. propres & idoines a k guerre , & qu4ispriniient plaifir , & fe glorifiaient en icelle. Apres l'esleclion ils fai- ioient deux manières de feftes, l'vne en prenant polTefsion de l'eftat Royal , pour laquelle ils al- loient au temple, &faifoient de grandes céré- monies , Ôc facrifices fur le brader appelle diuin3 puilyauoit toufiours du feu deuant l'autel de l'idole, & après, quelques Rhetoriciens qui f e- ftudioient en cela , faifoient pluîleurs oraîfons & harangues. L autre fefte & la plus folemneile, . Hîftoire naturelle eftoit de Ton couronnement , pour laquelle il deuoit premièrement vaincre en batail!e,& ame- ner vn certain nombre de captifs,que l'on deuoiç facrifier a leurs dieux, & entroit en triomphe auec vne grande pompe , luy faifans vne folem- nellc réception , tant ceux du temple , lefquels alloienttousen procefsion , touchans & ioiïans de plufieurs fortes d'inftrumens , & encenfans ôç chantans comme les feculiers, & lescourtifans, qui fortoient auec leurs inuentions à receuoir le Roy vi&orieux. La courons & enfeigne Roya- le eftoit *en façon de mitre pardeuant,& eftoit par derrière coupée, de forte quelle n'eftoit pas toute ronde,car le deuant eftoit plus haut, & al- loit s'esleuant comme en poin&e. Le Roy de Tefcucoauoit le priuilege de couronner de fa, main le Roy de Mexique. Les Mexiquains ont efté fort loyaux & obeyifans à leurs Roys , & ne fe trouue point qu'ils leur ayent fait de trahifon. Les hiftoires racontent feulement qu'ils tafehe- rent de faire mourir par poifon leur Roy ap- pelle Ticocic , pour auoir efté couard & de peu d'effed. Mais il ne fe trouue point qu'il y ait eu cntr'euxdediuenfiqns, & partialitezparambi- tion, combien que ce foit chofe aflez ordinaire es commanautez: au contraire elles raçôtent com- me l'on verra en fun lieu, qu vn homme le meil- leur des Mexiquains, réfuta le Royaume, luy femblant qu'il eftoit expédient à la République d'auoir vn autre Roy. Au commencement que les Mexiquains eftoient encor pauures, & aifez petits corn pagnons , les Roys eftoient fort m odte- irez i leur entretien, & en leur cour3mais comme *■ des Indes Dure VI. 308 îîs augmentèrent en pounoir , ils augmentèrent aufsien appareils & en magnificence , iufquesa paruenira la grandeur de Motecuma, lequel luan i il n'euft eu autre chofe que la maifon des gnimaux,c'eftoit vnechofeaife*fuperbe,& tel- le qu'on n en a jamais veu d'autre femblable.Car il y auoit en cefte Tienne nuifon de toutes fortes de poiflbns. d'oyfeaux deXaeamamas, & de be- ftes5comme en vne autre arche de Noe'. Pour les poiflbns de mer, il y auoit des eftangsdealteia- iee>&r pour ceux des riuieres , des eftangs d'eaue douce. Les oyfeaux de proye y auoient leurs viandes,& les beftes fieres aufsi en fort grande abondance , & grand nombre d'Indiens eftoient occupez à entretenir ces animaux. Quand il voyoit qu'il n'eftoit pas pofsible yfeau,ou de befte fauuagcii en faifoit faire l'image & la fem- blance richement tailiee en des pierres precieu- fes en argent , en or , en marbre ou en pierre : & pou r toutes fortes d'entretiens , il auoit des mai-. ïbns& palais diuers, les vnsieplaiGr, les autres dedueil& trifteffe, &r les autres pour y traitter les affaires du Royaume. Il y auoit en ce palais plufieurs chambres , félon la qualité des Sei- gneurs qui le feruoientauec vn eftrange ordre & diftin&ion, Qq iijj f/ifloire naturelle Des filtres & dignitez, qui eftoient entre les Mexiquains. Chapitre XXV. Es Mexiquains ont eflé fort curieux I de départir les grades & dignitez entre I les nobles & les Seigneurs, afin que G Ton recogneuft ceux d'entreux auf- quelsl'on deuoit faire plus d'honneur. La digni- té" des quatre esle&eurs eftoit celle qui eftoit la plus grande & la plus honorable après le Roy, & leseslifoit-on5 incontinent après l'eslection du Roy. Ils eftoient ordinairement frères , ou fort proches parens du Roy , & les appelloient Tla- cohecalcalt , qui fignine Prince de laces que Ton ïette, ou darde , qui efl vne forte d'armes , dont ils v&ient fouùent.La dignité d après eftoit cel- le de ceux quilappelloient Tlacatecati , qui eft a dire, circoncifeurs , ou coupeurs d'hommes, La troifiefme dignité eftoit de ceux qu'ils ap- pelloient Ezuahuacalt,qui fignifie,efpandeur de fang par efgratignement.Tous lefquelstiltres 8c dignitez eftoient exercez par des hommes de guerre. Ilyauoit vn autre quatriefme intitulé Tlilancalqui , qui vaut autant adiré, que Sei- gneur de la maifon noire , ou de la noirceur, à caufe dvn certain encre , duquel les Preftres soignoient , & qui feruoit en leurs idolâtries. Toutes ces quatre dignitez eftoient du grand Confcil, fansl'aduis defquelsle Roynefaifqit^ V des Indes. Liure. VI. 309 nv pouuoit faire aucune. chofe d'importance,& le Kov eftant mort, l'on en deuoit eslire en la place vn qui fuft en quelqu'vne de ces quatre di- enitez- Ilyauoit aufsi, outre ceux-là, d'autres confeils,& audience,& difent quelques-vns qu il y en auoit autant comme en Efpagne , & qu'il y auoit diuers fieges & iurifdidions auec leurs ;Confeillers & Alcades de court , & d'autres qui leur eftoient foubmis, comme corngidors,alca- desMaieurs,Lieutenans& AlguafitsMaieurs & d'autres qui eftoient encor inférieurs & loub - | mis à ceux-cy auec vn fort bel ordre . Tous lel- : quels defpendoient des quatre premiers Princes qui afsiftoient au Roy. Ces quatre tant feule- ment auoient iurifdiaion& puiflance de con- damner à la mort , & les autresleur enuoyoïent des mémoires des fentences qu'ils donnoient: Au moyen dequoy en certain temps A on tailoit entendre au Roy tout ce qui fe paffoit enfon Royaume. Il y auoit mefme vnbon ordre 6c police eftablie fur le reuenu du Royaume : car il y auoit des officiers départis par toutes les Prouinces , comme des Receueurs , & T hrelo- riers.qui recueilloie't les tributs & rentes Roya- les. L'on portoit le tribut en la court pour le moins de mois en mois , lequel eftoit de tout ce qui croift & s'engendre en la terre, & en la mer, tant de loyaux & d'habits , que de viandes. Us eftoient fort foigneux de mettre vnbon ordre en ce quitouche leur religion , fuperftition & ido- lâtrie : & pour cefte occahony auoit vngranu nombre de miniftres qui auoient la charge d en - feignerau peuple les couftumes & cérémonies ijtoire naturelle *!eIeiir!oy. C'eft pourquoy fur ce qu'vn Pre-? ftre Chreftien vn iour fe plaignoit que les In- diens nettoient pas bons Chreftiens, & ne profi- taient pointàlalov de Dieu: vn vieillard Indien Juy refpondit fort à propos en ces termes: Que Us PrefiresrKdit il) employ nt autant defim £r de diligence 4 faire les Indiens chreftiens, que les mtmflres des Mes employ et k enfeigner leurs cerememes%c*rauec U moitié dm foin qu'ils y prendront >ds nou* rendront les meilleurs chre- fiiensdu monde , pource que l'a Uy de Iesvs-Christ tf beaucoup meilleure : mais Us Indiens ne l'apprennent foint a faute de gens qui U leur en feignent. En quoy \" certainement il dit vérité , anoftre grand honte & confufion. Comment les Mexiqtiains faij 'oient la gne) &de leurs ordres de Cheualerie. Chapitre XXVI. Es Mexiquains donnoientlepre< mier lieu d'honneur-à l'art & pro»| fefsion militaire ? c eft pourquoy les nobles eftoient les principaux foldats, & les autres qui nettoient point nobles par la valeur & réputation qu'ils acqueroient en guerre , paruenoient en desdi- gnitez & honneurs.- de forte qu'ils eftoient tenus pournobles. Ils donnoient de belles recompen-| fesà ceux qui auoient fait valeureufement , lef-1 quelsiouyflbient depriuilegesque nul autre ne! pouuoit auoir : ce qui les encourageoit beau«j coup* Leurs armes eftoient des razoirs de catf* des Indes. Liur>. VI. ?P Ilous aigus & trenchans , qu'ils mettoîent des îdeuxcoftez d'vn bafton , qui eftoitvne arme « furieufe , qu'ils afferment que d vn feul coup ils ! en coupaient le col à vh cheual.Ilsauotét de for- te. & pelantes malfués, des lances en façon de ?i ■ eues & d'autres façons de dards a letter , a quoy ils eftoient fort adroits, &faifoient la plus-part de le ,rcombatauecdes pierres. Il auoient pour armes deffenfiues de petites rondelles ou efcus,& quelque façon de falades & morions enuironnez de plumes. Ils fe veftoient de peaux de tigres ou lyons,& d'autres animaux fauuages. Us venoient incontinent aux mains auec l'ennemy,& eftoient fort exercez a courir &a luifter.Car leur princi- pale façon de vaincre n'eftoit pas tant en tuant, comme en prenant des captifs , dcfqueb ilsfe feruoient en leurs facriftees , comme il a elle dit. Motecuma mit la à eualerie à fon plus haut poinct, eninftituant certains ordres militaires, tomme de Commandeurs, auec certaines mar- ques & enfeignes. Les plus honorables d'entre les Cheualiers eftoient ceux qui portoient la cou- ronne de leurscheueuxattachee auec vr> petit U- zet rouee,& auec vn riche plumache,d ou pen- doient fur leurs efpaules des rameaux de plu- mes, & des bourlets de mefme. Ils portoient au- tant de ces bourlets corne ils auoient tait d actes fcnalez en guerre. Le Roy mefme efto'.t deceu oïdrede cheualerie , comme l'on peut voir en Chapultepec , ou eftoient Motecuma & ion tus accouftrez de ces façons de plumaches, taillez en vne roche, qui eft vne chofe digne de voir. H y auoitvn autre ordre de cheualene , qu'ils ap- ï/îftoire naturelle petloièntleslyons&lestigres.lefquelseftoien, communément les plus valeureux , & qu'on re i marquoitleplus en guerre, oùilsalloien^poN tans coufiours leurs marques & armoiries. IK auo,td autres Cheualiers , comme lesCheua hers Gns qui n eftoient en telle eftime comme ceux-cy,lefquelsauoientles cheueux coupez er rond par deflus l'oreille. Ilsalloient i la guerre portai» de mefmes marques que les autres Che- ual.ers.toutesfoisilsn'eftoientpointarmezqu, wlquesala ceinture , mais les plus honorables s armoiententiereme't. Tous les Cheualiers pou- uoient porter de 1 or & de l'argent , & fc Veflu de riche cotton, fe ferùir de vafes peints &do- rez, & porter des louliers aleurmode; mais le commun peuple ne pouuoit fe feruir que de vafes de terre.ne leur eftant pas permis de porter des fouhers,& ne pouuoient fe veftir que deNe. quen qui eftvne matière grofsiere. Chacun or» dre de ces Cheualiers auoit fon logis au Palais marquedeleurs marques, le premier eftoitap-l pelle,le logis des Princes,le fecond,des Aigles.le troifiefme,deslyons & tygres, & le 4. desGris. Les autres officiers communs eftoient en bas logez en oes moindres logis : & fi quelquVnfê logeoit hors de fon lieu , il encouroit peine de mort. r i des îndes. Liure. VI 31* J)u wand ordre, & diligence que les Mext- quains employ oient à nourrir PU ieunejfe. Chapitre. XXVII. L n'y a chofe qui m'aye doné plus doccafiô d'acimirer, ny que i'aye trouuee plus digne de louange & de mémoire , que Tordre & le foing quelesMexiquainsauoient 'm â nourrir leurs enfans. Car ils recognoffoient bien que toute la bonne efperance d'vne Repu- blique confifte en la nourriture & inftitutio de laieuneffe;ce que Platô trai&c afTez amplement enfesliures>/ enfans ; quefiauiourd'Luy ilsfui- uoientencor cet ordre, en fondant lesmaifons&: collèges , pour 1 inftru&ion de la ieunelfe , fans «loubte que la Chreftienté floriroit beaucoup «ntreles Indiens. Quelques perfonnes pieufes l'ont commencé , & le Roy & fon Confeil l'ont fauorifé, mais d'autant que c'eft vne chofe où il n'y a point de profit , il s'aduancej>ien peu , & y va l'on a*iTez froidement. Dieu .nous vueille ef- clarcir les yeux , a fin que nous voyons que cela eft à noftre côfufion, veu que nous autres Chre- ftiensnefaifons point ce que les enfans des ténè- bres faifoient a leur perdition , en quoy nous ©ous oublions de noftre deuoir« Hifîoire naturelle Desfeftes , & dances des indiens. Chapitre XXVIIL 'Autant que c'eft vne cfcofe qui defpend en partie du bon gouuer- nement , d'auoir en la Republi- que quelques ieuX , & récréations, quand il en efl temps;il ne fera ma £ propos que nous Facontions fur cette matière, ce que faifoient les Indiens , principalement les Mexiquains. Lonn'a point dèfcouuert es Indes aucune nation qui viue en communautez , qui n'ayt Ton entretien, & fa recreation,en ieux. dan- ces,^ exercices deplaifir. I'ay veu au Peru des ieux qu'ils faifoient en façon de combat, aux- quels les hommes des deuxcoftezs'enflamboiét quelquesfoisd'vne telle façon, que bien fouuent leur Paella (qui eftoit le nom de cet exercice) venoità eftre dangereufe. I'ay veu aufsi plu* fleurs fortes de dances, efquellesils contre-fai- foient,& reprefentoient certains meftiers , & o£ fices,comme de bergers, laboureurs, pefcheurs, & chaffeurs , & faifoient ordinairement toutes ces dances, auec vn fon & vn pas fort pefant , & fortgraue.Ilyauoit d'autres dances & mafeara- des,qu'ilsappelloiêtguacones3dontlesmafquesf & les geftes eftoient pures reprefentations du diable. Il y auoit mefme des hommes qui dan- çoientfur les efpaulles lesvns des autres en la * fajonf des Indes. Dure Vt 3*5 Façon qu'ils portent en Portugal , ce qu'ils ap- pellent les Paellas. La plus grande partie de ces dances eftoient fuperititions & efpeces d'ido- lâtrie , pource qu'ils honoroient leurs idoles &Guacasencefte façon- Pour cefte'occafion les Prélats fe font efforcez dele'ir ofter-, le plus qu'ils ont peu, de ces dances , combien qu'ils les laiflentà caufequ'vne partie ne font que ieux de récréation, car touf jours ils dancents & bal- lent à leur mode. Ils vfem en ces d ances de plu- sieurs fortes d'inftruments , dont les vris font comme fluftes ou petits canons, les autres com- me tambours, & les autres comme cornets en- tortilles : mais communément ils y chantent tousa la voix,& y en a vn ou deux qui chantent premièrement la chanfon , puistousles autres luyrefpondent. Quelques-^nes de ces chan- fons eftoient fort ingénie ufement compofeès, .& contenants des hiftoires : d'autres eftoient pleines de fuperftitions,& les autres n'eftoient que pures folies. Les noftres qui conuerfent entr'eux, ont effayé de mettre leschofes deno- flre fàinéte Foy en leur façon de chant. Ce qui a afTez bien profité, d'autant qu'ils employait les iours entiers à les chanter & réciter, pour le grand plaifir & contentement qu'ils pren- nent à ce chant, ïlsontmismefmesà leur lan- gue de nos comportions de mufique,. commet desHuic>ains,Chanfons & Rondeaux,lefquels- ils ont fort proprement tournez, quieft à la vé- rité vn beau& fort neceffaire moyen pour in- firuire le peuple. Iîsappelloient communemet^ au Peru des àmcQs^gu.ï , ésautres Prouirices w" ~ ~~ ~ lk.t fcfifloire naturelle Arèîttos , & en Mexique Mittotes. Et n'y 2 point eu en aucun autre lieu vne telle curiofité de ces ieux & dances , comme en la neuue Ef- pagae , où l'on voit encore auiourd'huy des Indiensfibrauesfauteurs, quec'eft vne chofe admirable. Les vns dancent fur vne corde, les autres fur vn pieu haut & droit en mille façons. Les autres auec la plante des pieds & lesiarets, manientyiettentenhautj&r reçoiuent; vn tronc fort pefant: ce qui femble incroyable, Ci ce n'eft en le voyant. Ils font plufieurs autres démon- ftrations de leur grande agilité, en fautant,vol- tigeant, faifans des foupîes-fauts , tantoft por- tans vn grand & pefant frix, tantofl endurans de*coupsqui feroient fuffifants pour rompre du fer. Mais fexercke de récréation le plus vfité entre les Mexiquains , eft le folemnel Mittoté , qui eft vne forte de bal qu'ils efti- soient fibraue & fi honorable , que le Roy mefmey dançoit quelques fois , non pas tou- tesfoispar force, comme le RoyDom Pedro d'Arragon auec le Barbier de Valence. Cebai ou Mittoté fe faifoit ordinairement es cours du temple , & en celles des maifons Royales qui eftoient les plus fpacicufes. Ils pofoient au milieu de la cour deuxdiuersinftruments, vn quieftoit en façon de tambour , & l'autre en façon d'vn baril fait tout d Vne pièce, & creu- fe' par dedans, lefquels ils mettoient fur vne fi- gure d'homme, ou d'animal, ou deflfus vne co* lomne. Ces deuxinftruments eftoient fi biea accordez enfemble , qu'ils rendoient en leur fon vne affez bonne harmonie^ faifoient auec desfndes. LiureJ^L 314, éës inftrumens plufîeurs Ôc diuerfes fortes d'airs &dechanfons. Ilschantoient& baloienttous au fon & à la cadence deces infirumens5d'vn fi bel ordre Ôc dVn fi bel accord , tarit aux voix, qu'au mouuemenr des pieds, que c'eftoit vné chofeplaifante avoir. Ils faifoient en ces dan- ces deux cercles ou rôties, Pvn defqueîs eftoit au milieu, proche des inftrumens , auquel les anciens & Seigneurs chantoient & dançoient fansprefquefe mouuoir: l'autre eftoit du relie du peuple à rentour3afFez efloigné du premier, auquel ils dançoient deux à deux plus légère- ment, ôc taifoient diuerfes façons de pas, aueç certains fauts à la cadence. Tous lefquels en- femble faifoient vn fort grand cercle. Ils fe ve- ftoient pour ces dances,de leurs plus précieux habits ôc ioyaux, & félon le moyen ôc pouuoic d'vn chacun, efximans cela vnechofe fort ho- norable: ôc pour cette occafîon ils apprenoient ces dances dés leur enfance. Et combien que la plus grande part d'icelhs fe faifoiét à l'honneur de leurs idoles , neantmoins cela n'eftoit pas? d'inftitution , mais comme il a efte dit, ceftoit vne récréation ôc pafîe-tempspourle peuple. C'efl: pourquoy iln'eft pas propre de hs oiter du tout aux Indiens , mais on doit bien prendre garde qu'ils n'y méfient parmy quelques fuper- ftitions. l'ay veu faire ce bal ouMittottéenla cour de TEgîife de Topetzotlan , qui eft vn bourg à fept lieues de Mexique, ôc mefembla de's lors que c'eftoit chofe bonne d'y occuper & entretenir les Indiens es iours de feftes , puis Qu'ils ont befoin de quelque recreatiô:& éW ffiftoires naturelle tant plus que celle-là eft publique , & fans le, preiudice d'autruy,il y a moins cTinconuenient qu'en d'autres qu'ils pourroient faire eux feuls, ! fi l'on leur oftoit celle-là. C'eft pourquoy il! faut conclure, (uiuantleConfeildu PapeGre-j goire , que c'eft vne chofe fort propre de laiiTer aux Indiens ce qu'ils ont de couftume & vfa-i gçs , pourueu qu'ils ne (oient point méfiez de leurs erreurs anciens , & défaire en forte que leurs feftes ôcpaiTe-téps f'acheminent à l'hon- neur de Dieu , & des Sain&s defquels ils célè- brent les feftes. Cecy pourra fufhre en gênerai des mœurs Ôc couftumes politiques des Mexi- quains. Et quant à leur origine , accroiilement & Empire, d'autant que c'eft vne matiereplus ample , & qui fera belle ôc plaifante d'entendre désfon commencement , nousentraitterons au liure fuiuant. m LIVRE SE PTIESME DE I/HISTOIRE NATV- relle & morale des Indes. <0 ne c'eftvne chofe vtile d'entendre les actes & geftes des Indes > çrincip dément ceux des Uexiquains. Chapitre premier. Mïk Ovte hidoire véritable bien ef- crite en: toufiours profitable au Le&eur. Car comme-dit le Sage: Ce qui 4 efié,eft> gr ce qui fera , efi ce , ^ qui a efté. Les chofes humaines ont entr elles beaucoup de refîemblance, & les vns fe font fages par ce qui arriue-aux autres. U n'y a peuple Ci barbare qui n'ait en foy quelque chofe de bon , tk digne de louange -, ny Repu- blique fi bien ordonnée, où il n'y ait quelque chofe à reprendre. C'eft poùrquoy quand il n'y auroit autre fruicl: en l'hiiloire & narration des faits des Indiens, que ceftecommane vti- lité d'eftre vne hifioire & relation des chofes, lefquelles en effedr de vérité font aduenues , el- le mérite allez d'eftre receiie comme chofe vti- ls, & ne la doit-on pas reietter , pourtant fi ce Rr. iij Hifloire naturelle font choies des Indiens. Comme nous voyons que les autheursqui traittent des chofes natu- relles , efcriuenc non feulement des animaux généreux, des plantes (îgnaleës Ôc des pierres precieufes, mais aulîî des animaux vils3des her- bes communes, des pierres ôc chofes v ulgaires, d'autant qu'il y a toufiours en icelles quelques proprietez dignes d'efTre remarquées. Ainfî quand il n'y auroit autre chofe en cecy queie traitte,que d'eftre vne hiftoire Ôc non point des fables ôc fi et ionê3 c'eft touilousvn fubie&qui a'eft pas indigne d'eftre eferit. ny d'eftre leu.ll y a ençor vne autre raifon plus particulière : c'eft que Ton doit dauantage eftimer en cecy ce qui eft digne de memoirejd'autant que c'eft vne na- tion peu eftimee, & d'autant mefme que c'eft vne matière différente de celle de noftie Euro- pe, cômeauiTi lefontcesnations:enquoy nous deuçns prendre plus de plailir ôcdt contente- ment d'entendre le fond de leur origine, leur façon de viure , leurs heureufes & malheureu- fes aduantures. Et n'eft pascefte matière feule- mét plaifante & agréable, mais auflî eft vtile 8c profitable, principalement à ceux qui ont la charge de les régir ôc gouuerner:car la cognoif- fance de leurs adtes inuite à donner crédit aux rioftres, ôc enfeigne en partie comment ils doi- uent eftre traittez, voire elle ofte beaucoup du commun & fol mefpris,auquel ceux de l'Euro- pe les ont,ne iugeans pas que ces peuples ayenc aucune chofe de raifon. Car certainernec on ne peut mieux trouuer l'cfclarciiTement de celle «ppinion;que par la yray e narration des faits, Sç desJndes.Liure. VIL i4 geftes de ce peuple. le trai&eray donc auec l'aydedu Seigneur, le plus breuement que îc pourray , de l'origin^progres, & faits notables des MeXiquains, par où Ton pourra cognoiftre le temps, & la difpofuion que le haut Dieu voulut choifir pour enuoycr aces nations la kmicrcdertuangiledcIisvs-CHRisTfcai filsvnique noùre Seigneur, lequel iefupplie acheminer noflre petit trauail, de forte qu'il puiflereuffir à la gloire de fa diuine grandeur, & à quelque vtilité de ces peuples , aufquels il a communique fa fain&e loy Euangelique. Des anciens habitant de la neuue Bfiagne^ & comment les Nauatliicas y vindrent. Chapitre II, Es anciens, & premiers habitans des Prouinces que nous appelions neuue Efpagne , furent des hommes fore barbares,& fauuages,qui viuoient & s'entretenoient feulement de la chafTe. Acefte occafioneftoient appeliez Chichimeequas. lis ne femoiét,ny ne cukiuoient point la terre , 6c ne viuoient point enfemble , d'autant que tout leur exercice eftoit de châtier , en quoy ils eftoient fort adroits. Ils habitoient aux plus ai- près lieux des montagnes, viuâts bcftialleraenr, fans nulle police & alloient tous nuds.Us fai- (bientlachaiTeaux belles roulTes, aux lièvres,. Kt iiij Hiftoire naturelle çonmns,bellettes, taupes, chats fauuagcs, ÔC aux oyfeaux, voire aux beftes immondes, com- me aux couleuures, lézards, locuftes, & vers, donc ils fe nourri (oient , auec quelques herbes ôc racines. Ils dormoient aux montagnes en des cauernes , & en des huilions: Ôc les femmes mefmes alloientàla chalTe auec leurs maris, laifîa ns leurs petits en fans attachez aux ra- meaux dVn arbre, dans quelque petit pannier de ionc, qui fe palToient d'eftre allaittez iufques à ce qu'elles retournaient de la chaile. Ils n'a- uoient aucuns fuperieurs, & ne recognoiiîoiét, îiy n'adoroient aucuns dieux,&n'auoient point de coutumes , ny de religion. Ilyaencorau- iourd'huy en la neuue Efpagne de cefte forte de gens , qm viuent de leur arc & flefehes , hC^ quels font fort dommageables: pour autant qu'ils Paftemblent par compagnies , pour faire quelque mâl,ou vollerie,& n'ont peu les Efpa- gnols par force, nyfintfïe, les réduire à quel- que police & obeyifance. Car comme ils n ont point villes,ny de refidêces , côbattre auec eux_ eft proprement^chafler aux beftes fauuages,qui Pefcartent , ôc fe cachent aux lieux le.- plus af- pres,& coiiuerts de la Sierre. Telle eft la flacon de viure encor auîourd'huy en beaucoup de Prouinces des Indes, & efttraittc principale- ment de cefte forte d'Indiens, aux liures , defre* cwandt Jndiomm fklute. Au lieu où il eft dit , qu'ils ont de befoing d'eftre contraints ôc aflujeclis par quelque force honnefte , ôc qu'il eft neceC faire de les enfeigner premieremét à eftre hom- mes puis après à eftre Ghreftiçs. L'on veut dire • des Indes. Dure P77. _ 31? que ceux qu'ils appellent en laneuueEfpagne, Ottomies, cftoient de celle forte, iefqueis corn- munement font de pauures Indiens hàbitans en vne terre afpre & rude , & neantmoins font en allez grand nombre, & viuent enfemble , ay ans entr'eux quelque police -, & ceux qui les co- gnoiflent, ne les trouuent pas moins idoines ÔC capables es chofes de la Chreftienté, que les au- tres qui font plus opulents , & qtf on tient pour mieux poHccz. Venansdonc ànoftrefujet, les Chichiraecas & Ottomies qui cftoient les pre- miers hàbitans delà neuue Efpagne, d'autant qu'ils ne femoient, ny labouraient la terre, laii- ferent le meilleur, & le plus fertile de cette con- trée fans le peupler ; ce que les nations qui vin- drent de dehors occupèrent, Iefqueis ils appel- loient Nauatalcas, d'amant que c'eftoit vne na- tion plus ciuile, & plus politique, & fignifie ce mot, peuple qui parle bien, au refpecT: des au- tres nations barbares, & fans raifon. Ces fecôds peupleurs Nauatalcas vindrent des autres ter- res eiloignees, quigifentversleNort, où l'on a maintenant defcouuert vn Royaume, qu'ils ap- pell - nt le nouueau Mexique. Il y a en cette con- trée deux Prouinces,i'vne appellee Aztlan, qui veut dire, lieu de hérons j l'autre Tuculhuacan, qui fignifie , terre de ceux qui ont les ayeuls di- pins. Les hàbitans de cesProuinces ont leurs maifons, leurs terres labourables, dieux, cou- ftumes , & cérémonies, auec le mefme ordre & police que les Nauatalcas, & font dîuifez en lent lignages, ou nations ; & pource qu'il y a vn vfa- ge en cette Pcouince, que chacun de ces ligna- Hiftoire naturelle gesafonlieu, èVfon territoire feparé, lesNa- natlacas peignent leur origine de premier terri- toire en figure decauerne, & difent qu'ils for- tiret de fept cauernes pour venir peupler la ter- re de Mexique,dequoy ils font mention en leur hiftoire, où ils peignent fept cauetnes , & les hommes qui enfortent. Parla fupputationde leurs liures il y a plus de 800. ans que ces Nauat> laças fortirent de leur pays , qui feroit, le redui- fant à noftre conte, l'an de noftre Seigneur 820.I Quand ils partirent de leur pays pour venir eni Mexique, ils tardèrent 80. ans en chemin , & la caufe qu'ils demeurèrent il longtemps en leur voyage, fut que leurs dieux (lefquels fens doute eftoient diables qui parloient vifiblemétà eux) leur auoient perfuadé qu'ils allalTent recherchas de nouuelles terres qui euflent de certains n- gnes. Ceft pourquoy ils venoient recognoil- fans toute la terre, pour rechercher lesfignes que leurs idoles leur auoient donné , & es lieux qu'ils trouuoient de bonne habitation , ils peu- ploient, ôc labouroient la terre , & corne ils de£- couuroient toufîours de meilleures contrées, ils delaifTbient celles qu'ils auoient ainfi première- ment peuplées, y lailTantneantmoins toufîours quelques-vns, principalement les vieillards ma- lades Se fatiguez, mefmes y plantoient & baftif- foient, dont on void encoraujourd'huy des re- lies par le chemin qu'ils tindrent, & employè- rent 80 . ans en celle façon de cheminer fi à loi- fir, ce qu'ils culîent peu faire en vn mois, par cq moyen ils entrèrent en la terre de Mexique en Tannée de neuf cents deux , félon noftre contCj des Indes. Liure VIL 3^ Comment les fîx lignages de Nauatlacas f ex- pièrent la terre de Mexique* Chapitre III. E s fept lignages que j'ay dit, ne fortirent pas tous enfemble ; les premiers furent lesSuchimilcQS, quifignifie, gent defemencesde „ fleurs. Ceux-là peuplèrent le ri- uage du grand lac de Mexique vers le Midy, & fondèrent vne Cité de leur nom, & plusieurs bourgades. Longtemps après arriuerent ceux du fécond lignage , appeliez Chalcas, qui figni- fie , gent des bouches , lefqucls fondèrent aufll vne autre Cité de leur nom , departans leurs H- rnites & territoires auec lesSuchimilcos. Lz$ troifefmes furent les Tepanecas, qui fignifîe» gent du pont , lefquels peuplèrent le riuage du lac versl'Occidenr, & f'accreurent tellement, qu'ils appellerent le chef & métropolitaine de leur Prouincc, Azçapuzalco , qui vaut autant à dire que fourmillrere, & furent vn longtemps fort puiiTans. Apres ceux-là vindrent ceux qui peuplèrent Tefcuco , qui font ceux de Culhua, qui veut dire , gent courbée , pource qu'en leur pays il y auoit vne montagne fort recourbée. Ec decefte façon fut ce lacenuironné de ces qua- tre nations, peuplans ceux-cy l'Orient, Ôc les Tepanecas le Nort. Ceux de Tefcuco furent çftimez fort courtifans: car leur langue & pra- ^ ' Hifioire naturelle noncîation eft fort douce , & mignarde. Apres arriueïent les Tlalluicas, qui figmfie , gen t de la Sierre. Ceux-là eftoient ks plus rudes , & grof- ïîers de tous; Ôc comme ils trouvèrent toutes les plaines occupées au tour du lac iuiqu'aux Sier- res,ils pafTerent de l'autre codé de la Sierre, où ilstrouuerent vne terre fort fertile, fpacieufe Ôc chaude , en laquelle ils fonderont & peuplèrent plufieurs grands bourgs, appellans la Metropo| litaine de leur Prouïnce, Çkiahunachua, qui eft autant à dire que lieu oùionne la voix de l'ai- gle, que noftre vulgaire appelle, & par corru- ption, Quernauaca-, '& eft cette Prouince celle qu'on appelle aujourd'huy le Marquizat. Ceux de la fixiefme génération , qui font les Tlalcal- fecas^ qui vaut autant à dire que gent de pain^ paiferenc la Sierre vers l'Orient, trauerfans ton te laSierreMenade, où eft le fameux Vulcan, entre Mexique & la Cité des Anges, où ils trou lièrent de bon pays , & P y eftendirent bien auât plufieurs édifices. Us y fondèrent plufieurs vil- les & Citez, dont la Métropolitaine fappellad^T leur nom Tlafcala. Celle- cy eft la nation qui fa- uorifales Efpagn*>ls à leur entrée, ôc par l'aydel- defquels ils gagnèrent ce pays; parquoy iufques' aujourd'huy ils ne payent point de tribut, ÔC iouyiTent d'vne exemption générale. Lorsque routes ces nations peuplèrent cçs pays , les Çhinchiraecas anciens habitans ne leur nrenc aucune refiftance, miis ils f enfuyoient, ôc com- me tous efpouuantez. ils fecachoient au plus; couuert des rochers. Maisceux qui habito:ent fie l'autre coftéde la Sierre, où les Tlafcaltecas : 1 des Indes. Liure VIL ji-9 f habituèrent , ne permirent point ce que le re- lie des Chichimecas auoient permis ; au con- traire ils femirent endcffenfe pour conferu*r leur pays, & comme ilseftoient géants, comme raconte leur hitloire, ils voulurent îetter par force les derniers venus , m ai* ils furent vaincus par la rufe & fineiTe des 1 iafcaltecas , lefquels feignirent de faire paix auec eux, puis les conq- uièrent en vn grand banquet \ & lors qu'ils eftoient occupez à leurs y nrongneries, iiyeut des hommes qui auoienreiré mis en crabufclœ à celle fin, qui leur defroberent finement leurs armes, qui eftoient de grandes mailucs, des ron- delles , des efpees de bois , ôc autres telles fortes d'armes. Cela fait, ils fe ietterent à i'impourueu fur eux, & les Chichimecas fevouîans mettre en deffenfe, & ne trouuans point leurs armes, f'enfuyrent aux montagnes & foreûs prochai- nes , oùmettans la main aux arbres, lesrorn- poient & arrachoient, comme fic'euifentefté "feuilles de laictuëes. Mais en fin comme les Tlafcaltecas alîoient armez, & en ordre, ils dé» firent tous les géants, fansenlailfervn feulen Vie. Ce qu'on ne doit trouuer eitrange, ny pour fable de ces géants : car on y trouue encores au- jourd'huy des os d'hommes morts dVne in- croyable grandeur. Lors que j'eftois en Mexi- que, en l'année quatre vingts &fix, ontrouua ljvn de ces géants enterré en vne de nosmeftai- lies, que nous appelions Iefus du mont, duquel on nous apporta vne dent à voir, laquelle fans y adjouiter, eftoitauifi grande que le poignet i'vn homme, & félon celle proportion tout ie £fi(loire naturelle refte lequel ieveis, & m'efmerueillayde ceftè difforme grandeur. Les Tlafcalrecas donc par cefte vi&oire demeurèrent paifibles, ôc tous les autres lignages aufli. Ces fix lignages que j'ay dit, conferuerent toujours amitié entr'eux, marians leurs enfans les vns auec les autres, ôc departans leurs limites paisiblement, puis fe- ftudîoient par vne honnefte émulation d'ac- croiftre&d'illuftrerleur Republique. Les bar- bares Chichimecasvoyans ce qui pallbit, com- mencèrent de prendre quelque police, &àfe veftir, ayans honte de ce qu'auparauant , & iuf- ques alors , ils n'auoient efté honteux, & ayans perdu la crainte par la communication de ces autres peuples, commencèrent d'apprendre d'eux plufieurschofes, ôc faifôient défia leurs maifonnettes, ayans quelque police ôc gouuer- nement. Ils efleurent auffi des Seigneurs , qu'ils recognoifloient pour chefs ôc Supérieurs ; au moyen dequoy ils forcirent prefque entière- ment de cefte vie beftiale, toutesfois ilsrefï- doient toujours aux montagnes, & enlaSierrc feparez des autres. Neantmoins ie tiens pour certain que cefte crainte eft prouenué des au- tres nations ôc Prouinces des Indes, dont les premiers furent hommes fauuages, lefquelsne viuans que dechalîe, entrèrent, penerrans les terres Ôc pays fort afpt es , defcouurans vn nou- ueau monde , ôc habitans en iceluy prefque comme beftes fauuages, fans toids ôc fansmai- fons , fans terres labourables , fans beftial , fans Roy, loy, ny Dieu, ny raifon. Du depuis, quel- ques autres cherchans de meilleures & nouuek ■ des Jndes. Dure VIL 320 [es terres, peuplèrent le pays fertile, introdui- ts vn ordre politic , & quelque façon de Ré- publique , encoses qu'elle fuft fort barbare. Par japres ces mefmer hommes , ou d'autres nations !qui eurent plus d'entendement Ôc d'induftrie que les autres, remployèrent à aiîujettir, & op- primer les moins puiiîans, iufques à fonder des Royaumes, ôc des grands Empires . Ainfi en ad- uint en M exique , au Peru , ôc en quelque en- droit, où fetrouuent des Citez, Ôc des Répu- bliques fondées parmy ces barbares. Ge qui me confirme en mon opinion , laquelle fay ample- ment déduite au premier liure, que les pre- miers habitansdes Indes Occidentales vindrent parterre, de que par confequent toute la terre des Indes fe continue auec celle d'Afie, d'Euro- pe & d'Afrique, &le nouueau monde auec Je vieil, combien que l'onn'ayt encores defeou- uert à prefent aucun pays qui touche, &fe joi- gne auec les autres mondes, ou que fil y amer entre deux, elle elt fi eftroitte, que les beftes fîe- res ôc fauuages la peuuent facilement patfer à nage, &leshommesendesmefchansbafteaux. MaislaûTans cefte Philofophie, retournons à noftre hiftoire. Hifioire naturelle De la/ortie des Mexiquains , de leur chemin^ ejr dépeuplement de ceux de Mechouacan\ Chapitre IV. Rois cents deux ans après que lesilx lignages fufdits furent for- tis de leur pays pour peupler la neuue Efpagne , le pays eftant défia fort peuplé , & réduit à quelque forme de police, ceux delà feptiefme cauerne ou lignée y arriuerent, qui eft la nation Mexiquaine, laquelle, comme les autres, fortit de laProuince de Aztlan, & Teucuîhuacan, nation politique,, cournlane & fort belliqueule. Ils adoroient l'idole VitziK- putzîi , duquel a efté fait ample mention cy de- liant; & le diable qui eftoit en cet idole, parloir,- ôc regi(Toit allez facilement cette nation. Cet idole donc leur commanda de fortir de leur pays , leur promettant qu'il les feroit Princes & Seigneurs de toutes les Prouinces qu'a uoient peuplé les autres fix nations 3 qu'il leur don n'e- roit vne terre fort abondante , beaucoup d or, cTargent,de pierres precieufes, de plumes, & dé riches mantes i fuiuantquoy ils forment, por— tans auec eux leur idole dans vn coffre de jonc, qui eftoit porté par quatre des principaux Pre- ftres, aufquels ilfecommunîquoit, &leurre- ueloit en fecret le fuccez de leur chemin, 8c voyage, les aduifant de ce qui leur deuoit ad- venir. Il leur donnoit meûnes des loix , & leur enfei- desfndes. Dure VIL 521 enfeignoit les couftumes , cérémonies ôc fa-cri? JEces qu'ils deuoient obferuer. Us n'aduâçoient* jiyne fe mouuoient aucunement, fansl'aduis & commandement de cet idole. Il leurdifoit quand ils deuoient cheminer, & quand en quel- que lieu ils deuoient f'arrefter, enquoy ilsluy Dbeyflbient du tout. La première chofe qu ils faifoient, où que ce fuft qu'ils arriuaflenr, eftoic i'edifier vne maifon , ou tabernacle , pour leur* faux Dieu, quilsdreflbient touliours au milieu iu camp, ôc y mettoient l'arche fur vn autel , de ta mefme façon qu on en vfe en la fainc~te Eglife Chreftienne. Cela fait, ils faifoient leurs fe- tnences de pain, Ôc des légumes dont ils vfoienr, 8c eftoient tant addonnez àl'obeyirancc de leur eieu, que fil leur commandoit de recueillir , ils recueilloient: mais fil leur commandoit de le- uerlecamp, tout demeuroitlà pour femence & nourriture cks vieillards, malades, & fati- guez, qu'ils alloient laiflfans à tout propos de lieu en autre, afin qu'ils peuplaient* pretendans par ce moyen que toute la terre demeureroit peuplée de leur nation. Cette fortie& pérégri- nation des Mexiquains femblera parauenture femblable à la fortie d'Egypte, ôc au chemin que firent les enfans d'Ifrael, veu que ceux-là comme ceux-cy, furent admonneftez de fortir, & chercher la terre de promiflion , & les vns & les autres portoient pour guide leur Dieu, con- fiaient l'arche, ôc luy faifoient tabernacle, ôc illesaduifoit, leur donnant desloix ôc des cé- rémonies 5 ôc les vns &les autres confomme-. rent vnsrand nombre d'années fur ce voyage - -- - b : Sf ;■; ; Hifloire naturelle cîe leur terre promife, où Ton recognoift de la reflemblance deplufieurs autres choies, en ce queleshiftoires des Mexiquains racontent, & ce que la diuine Efcriture rapporte des Ifraélites.j Et (ans doute c'eftvne choie véritable, quele! diable Prince d'orgueil l'eft efforce par les fa perditions de cette nation, de contrefaire & en fuiure ce que le très-haut & vray Dieu fift auec fon peuple: car comme il a efte traittccydcf-| fus, Satan a vne eftrange enuie de fe comparer, &f'efgaler à Dieu, d'où cétennemy mortel a prétendu faulfementvfurper la co m municationp & familiarité qu'il luy a pieu auoir auec les hommes. S'eft il iamaisveu diable qui conuer- faft ainfï auec les hommes, comme ce diable Virzilipuztli? L'on peut bien voir quel il eftoit, parce que Ton n'a iaraais veu , ny ouy parler de couftumesplus fuperftitieufes , ny de f acrifices plus cruels , & inhumains, que ceux que ceftuy enfeigna aux fîens. En fin elles furent inuentees par Fennemy du genre humain. Le chef & capi- taine que ceux-cyfuiuoient, auoit nomMexi, d'où vint par après le nom de Mexique, &ce- luydefa nation Mexiquaine. Ce peuple donc cheminant ainfi à loifîr, comme auoient fait les fix autres nations, penplans & cultiuans la terre en diuers endroits, dont y a encore aujourd'huy des apparences 8c ruines , 8c après auoir enduré beaucoup de trauaux & de dangers: vindrent en fin arriuer en laProuince deMechoacan, qui vaut autant à dire , que terre de poi(Ton, pource qu'il y en a grande abondance en de beaux &l grands lacs, où fe contentans delafituationôç i des Indes. Liure VU. 322. Fraifcheur de la terre, ils T'y voulurent repo- ser &arrefter : toutefois ayans confulté km Idole fur ce point, &voyans qu'il n'eneftoic jpas content, ils luy demandèrent qu'il leur per- imift à tout le moins d y lai/fer de leurs hommes jqui peuplaiTent vne il bonne terre ; ce qu'il leur jiccorda , leur enfeignant le moyen comment ils [ieferoient -, qui fut comme les hommes & les iremmes ieroient entrez pourfe baigner envn lac fort beau, qui f appelloit Pafcuaro, ceux qui refteroient en terre, leur defrobafTent tous leurs habits, Se incontinent leuatTent le camp, &f'erx flairent fans faire aucun bruit. Ce qui fut ainfî :ak, & les autres qui nepenfoiert en la trom- perie , pour le contentement qu'ils prenoient à c baigner, quand ils fortirent, & fe trouuerent îefpouillez de leurs habits, & ainfi mocquez Se lelaiflTez de leurs compagnons, ils demeurèrent brt mal contents, Se indignez de cela ; de forte 3[ue pour faire demonftrarion de la haine qu'ils :onceurentcontr'eux, ils difent qu'ils changè- rent de façon de viure , voire de langage. A put le moins c'eft vne chofe certaine que tou-< jours les Mechoacanes ont efté ennemis des Mexiquainsj c'eft pourquoy ils vindrent con- gratuler le Marquis de Vallc, après la vidtoire îbtenue, quand il gagna Mexique. Sfij De ce Hifîoire naturelle arriua en Malwalco> en Tula, é* en chapultepec. Chapitre V. L y a deMexouacquan en Mexique, plus de cinquante lieues, ôc fur le che- min eftMalinalco, où il leuraduint que fe plaignants à leur idole d'vnc femme très grande forcieie, quivenoitenleur compagnie, portant le nom de fœur de leur pieu, poureequ'auee fes m auuais arts elle leur faifoit de grands dommages, pretendât par cer- tains moyens fe faireadorer d'eux comme leur deeiïe i l'idole parla en fonge à l'vn de ces vieil- lards qui portoient l'arche, & luy commanda que de (a part il confolaft le peuple, leur faifant de nouueau de grandes promelTes , & qu'ils laif- faflent cette Tienne fœur auec ia famille, comme cruelle & mauuaife , en^leuant le camp de nuict en grand filence , fans faifler aucune apparence par où ils alloient. Ils le rirent ainfî, & la forcie- re fe trouuant feule auec fa famille , delahTee de la façon, peupla là vne ville qui fut appelle© Mahnalco, &leshabitans de laquelle font te- nus pour de grands forciers , eïtans yfîus dVne tellemere. Les Mexiquains, d'autant qu'ils fe- ftoient beaucoup diminuez par ces diuifions, ÔC pour le nombre des malades, & gens fatiguez qu'ikalloient lailfans, fe voulurent refaire, far- reftans en vn lieu appelle Tula, qui fîgnifie, lieu de ioncies, Là leur idole leur commanda qu'ils des Jndes. Liure Vil. 3x3 frrettafTent vne grande riuiere, afin quelle fe refpandill dedans vne grande plaine, &auecle moyen qu'il leur enfeigna, ils enuironnerent d'eau vne colline appeileeCoatepec, & en fi- rent vn grand lac, lequel ils plantèrent tout à Pentour de faulx , d'ormes , lapins , & autres ar- bres il commença à Py engendrer beaucoup de poifîon, ^f-y venir plufieursoyfeaux; delorte qu'il f'jKfîft vn lieu délicieux. C'eftpourquoy 1 affiette de ce lieu leur femblant affez agréable, & eftans laflTez de tant cheminer, plufîeurs par- lèrent de peupler là , & ne palfer plus outre ; de- quoy le diable fe fafcha fort, ôcmenaifantles Preftres de mort, leur commanda qu'ils remif- fent la riuiere à fon cours, & leur dift qu'il don- nèrent cette nuict le chaftiement à ceux qui auoient efté defobeyiîàns, tel qu'ils le meri- toient. Or comme lemal-faire eftfî propre au diable, & que la ïuftice diuine permet bien fou- uent que ceux-là foient mis entre les mains d'vn tel bourreau, quilechoififlent pour leur Dieu: ilarriua que fur laminuict ils ouyrent en cer- tain endroit du camp, vn grand bruit, & au ma- tin allans celle part , ils trouuerent morts ceux qui auoient parlé de demeurer là, La façon comme ils auoient efté occis 5 fut, qu'on leur auoit ouuertl'eftomach, &enauoit-ontiré!e cceur. Et de làcebonDieu enfeigna à cespau- lires malheureux les façons des facri fi ces qui luy plaifoient, qui eftoit en ouurant l'eftomach & leur tirer le cœu^ainfi qu'ils l'ont depuis pra- tiqué en leurs horribles facrifices. Ayànsveu ce chaftiment ainfi fait, Ôc que la campagne Sf ui Hifloire naturelle f eftoit dcfechee,à caufe que le lac f'eftoit vuidé*, ils confulterent leur Dieu de fa volonté, lequel | leur commanda de pafler outre, ce qu'ils firent, | Se peu à peu aduancerent, iufques à arriuerà ! Chapultepec, à vne lieiie de Mexique , lieu ce- ! îebre pour fa récréation & fraifeheur. Us fe for- 1 tifîerent en ces montagnes pour crainte des na- ' tîons qui habitoient cède contrée, lefquellesj leur efloient toutes contraires , principalement { d'autant qu vn nommé Copil , fils de cefte for- ciere laiflee en Malinalco , auoit blafm é, & mal parlé des Mexiquains : car ce Copil, par le com- mandement de fa mère, quelque temps après vint à la fuitte des Mexiquains, &f efforça d'in» citer contr'eux les Tapanecas , & les autres cir- conuoifins, iufques aux Chalcas $ de forte qu'ils vindrent en main armée pour deftruire les Me- xiquains. Le Copil cependant fe mit en vne colline qui eft au milieu du lac, appelleeAco- pilco, attendant la deftru&ion defesennemisj ôc eux par l'aduisde leur idole, allèrent contre îuy, & Le prenans au defpourueu, le tuèrent, ôc en apportèrent le cœur à leur Dieu, lequel com- manda qu'on le iettaft au lac. Et feignent que de là f'eft engendrée vne plante appelleeTunal, où du depuis fut fondée Mexique. Ils vindrent aux mains auec les Chalcas, & autres nations, ôc auoient les Mexiquains efleu pour leur Capitai- ne vn vaillant homme appelle Vitzilonilti , qui en vne charge fut pris, ôc tué par les ennemis: mais pour cela les Mexiquains ne perdirent pas courage, ains combatans valeureufement, maU gré leurs ennemis rompirent leurs efcadrons,& (i des Indes. Dure VIL 3*4 nenans au. milieu & corps de la bataille, les irieillards, femmes, & petits enfans,pa{Terent autre iufques à Atlaçuyauaya, ville des Cul- auas, lefquels ils trouuerent folemnifans vnc ferle, auquel lieuilsfe fortifièrent. Les Chal- cas, ny les autres nations nelesfuiuirentplus, mais eftans defpitez de fe voir deffaits par yn il petit nombre de gens , eux qui eftoient en Ci grande multitude , fe retirèrent en leurs villes. J)e la guerre que les Mexiqiïahs eurent contre ceux de Culhuacan, Chapitre VI. E s Mexiquains, par le confeil de l'idole, enuoyerent leurs mefla- ^ gers au Seigneur de Culhuacan, * luydemandansvn lieu pour habi- ter, lequel après en auoir commu» nique auec les fiens , leur accorda le lieu de Ti- çaapan, qui fignifie, eaux blanches, en inten- tion qu'ils le pcrdiffcnt , & y moururent tous, pour autant qu'il y auoit en ce lieu yn grand nombre de vipères, decouleuures, $cd autres animaux venimeux qui f'engendroient en vne colline quieftoit proche de là. Mais eux eftans perfuadez, & enfeignez de Feur diable, receu- rent de fort bonne volonté ce qui leur fut of- fert, &addoucirent par art diabolique tous ces animaux , fans qu'ils leur fiflent aucun domma- ge, voire les conuertirent en viande, & en rnar^ ;-_"" s r iiij w, Hifloire naturelle geoienta leur contentement, de appétit. Ce; que voyant le Seigneur de Culhuacan , & qu ils! auoient femé&cultiué la terre, ilferefolutdej îesreceuoir en fa Cité , & de contracter amitié j aueceux. Mais le DÎeu que les Mexiquains ado-t roient (comme ilaaccouftumé de ne faire au- cun bien, finon pour en tirer du mal) dift àfesj Preftresque cen'eftoit pas là le lieu où il vou- îoit qu ils demeuraient , & qu'ils en deuoient fortir en faifant la guerre. Ceft pourquoy ils deuoient chercher vne femme, qu'ils nomme- roient ladeetrededifçorde, & pourtant ils adr uiferent d'enuoyer demander au Roy de Cul- huacan , fa fille , pour eftre la Royne des Mexi- quains, & mère de leur Dieu, lequel receut vo- lontiers cefte ambaïTade , & incontinent leur cnuôya fa fille bien ornee& bien accompagnée, la mefme nuict qu'elle arriua, par l'ordonnance de l'homicide qu'ils adoroient , ils la tuèrent, cruellement. Et après l'auôir efeorchee fore proprement, comme ils fçauent faire, ils en ve- ftirentde la peau vn ieune homme , qu'ils cou- urirent par delfus des habillements d'elle \ & de cefte façon le poferent auprès de l'idole , le de- dianspour deefle &mcrcdeleur Dieu, & tou- iiouts depuis l'adorèrent, en faifans vn idole qu'ils appelloient Toccy , qui veut dire , noftre ayeule. Non contens de cefte cruauté , ils inui- terent malicieufement le Roy de Culhuacan, père de la ieune fille, de venir adorer fa fille, qui eftoit défia confacree deefTe , lequel venant auec de grands prefens,& bien accompagné des QenSj fut mené envnechappellefortobfcure, ' âesjnâes. Dure VU. 31/ j*ùeitoitleuridole,afin qu'il offcift facrificeà fa ! fille qui eîtoit en ce lieu/Mais il arriua que 1 en- cens qui eftoic en vn brader, & fouyer , f don I leur couftume , s'allumajde forte que par celte clarté,il recongneut le poil de Ta fille , & ayant parce moyen defcouuerc la cruauté, & la trom- perie, fortit delà,s'efcriant hautement, puis auec tous fes gens frappa furieufement furies Mexiquains5iufques à les faire retirer au ^tel- lement que peu s en fallut qu'ils ne s'y noyai- fent. Les Mexiquains fe deffendoient , îettans certaines dardiiies, dot ils fe feruoiet à la guer- re, defquelsils ofFenfoient beaucoup leurs en- nemis/Mais en fin ils gagnèrent terre, & délai f- fensce lieu la,s'en allèrent coftoyans de lac, fort karàflez & moûillez.les femmes & petits enfans pleurans &' iettans de grands cris contr'eux 3c contre leur Dieu , quiles auoit mis en telles de - ftreffès. Ils furent contrains de paffer vne nuie- re,qui ne fe pouu.it gueyer , c eft pourquoy ils s'aduiferent de faire de leurs ronde les, &de ioncs,certams petits batteaux,efquelsils pâlie - rent.Puis après en tournoyant, eftansjjartis de Culhuacan,arriuerentà Iztacalco, & finalcmec au lieu, où eft auiourd'huy l'Hermite fainct Anthoine à l'entrée de Mexique , Seau quar- tier qu'ils appellent auiourd'huy (aindU aul. pendant lequel temps leur idole lcsconfoloit en leurs trauaux, &les animait , leur fiufanç promenés de grandes chofes. Hifloire naturelle De la fondation de Mexique. Chapitre VIL E temps eftant défia venu , que le père de menfongedeuoit accom* plir la promeiTe qu'il auoit faire à Ton peuplcjequel ne pouuoitplus fupportertantde tournoycment, concluant que tous deuoient fe mettre à rechercher ce lieu bien heureux qui leur eftoit promis. Ce qui caufa telle deuotio ôc allegreffe à tous,que fan? dilay er ils fe mirent incontinent à Tentroprin- fe, &fe diuifans en bandes commencèrent à rechercher, fuiuant les lignes de la reuelatiô, le lieu defiré. Parmy l'efpaifTeur desioncs & gla- ïeuls de ce lac, ils rencontrèrent ceiour là le cours d'eaiie du iour de deuant , fort différent toutesfois,d'autant qu'il n'eftoit pas blanc,mais vermeil comme fang,lequel fe feparoit en deux ruifTeaux,dôt il y en auoit vn qui eftoit de cou- leur azuree,fort obfcure,ce qui les fit beaucoup efmerueiller , ôc dénota vn grand myftere à ce qu'ils difoient. En fin après auoir beaucoup cherché çà & là , apparut le Tunal naiffant d'v- ne pierre*, fur lequel il y auoit vn aigle Royal, ayant les aides ouuertes ôc eftéducs,tourné de- ûers le foleil , en receuant fa chaleur. Alentour de cet aigle , il y auoit beaucoup de plumes ri- ches,blanches,'rouges , iaunes , bleues , ÔC ver- tes, de la mefme forte de celles dont ils font des images , lequel aigle tenoit en fes griffes vn fort bel oyfeau. Lefquels le virent , ôc re- cogneurent que c'eftoit le lieu , qui leur auoit efté prédit par l'oracle ; ilsfe mirent a genoux ; Hifîoire naturelle tous faifans grande vénération à l'aigle, laquel- le leur inclina la tefte , en regardant de rous co. ftez. Il y eut alors de grands cris & demonftra- tions,& a&ions de grâces au Créateur, & à leur ' grand Dieu Vitzilpipuztl^qui en tout leur eftoit père ^ & leur auoit toujours dit vérité. Ils ap- pellerent pour cefte occafion la Cité qu'ils fon- derentlà,TenoxtiItan , qui fignifîe Tunal en \ pierre , ôc iufques auiourd'huy ils portent eh leurs armes vne aigle fur vn Tunal, auec vn oy- feau en vue griffe, &afîîs de 1 autre fur vn Tu- ml. Le iour fuiuajir,par la commune opinion ils firent vn hcrmitage foignant le Tunal de iaigle,àfîn que l'arche de leur Dieu y repofànV iufques à ce qu'ils euffent le m oy en de luy faire* vnfomptueux temple, écainfi firent ceftherj mitage de gnazons ôc de mottes qu'ils couuriJ rent de paille, puis après ayans confultc leur.™ Dieu, ils délibérèrent d acheter de leurs voirais de la pierre , du bois ôc de la chaux , en troc de poiObns,de grenouilles & de chevrettes,mefme auffîde canards, poules d'eaûc, courlieux ôc autres diuers genres d'oy féaux marins. Toutes lefquelles chofes ils pefchoient & chafToienc auec grande diligence en ce lac , auquel il y en a en grande abondance. Ils alloient auec ces cho- fes es marchez des villes & Citez des Tapane- quas, ôc de ceux de Tezcuco leurs circôuoifïns, ôc auec beaucoup d'artifice aflèmblerenr peu à peu ce qu'ils auoientde befoing pour l'édifice de leur Cite : de forte qu'ils battirent de pierre & de chaux vne meilleure chappellepourleur Mok,Ôc s'employèrent à remplir auec des plan- i des Indes. Hure. VII. 3*7 Les & du bloc,vnc grande partie de ce lac.Ce- la fait,l'idole paria vne nuid à vn de fesPreftres (en ces termes 2 Vy aux Mexicains que les futurs h âmïfertt chacun amc fes parens G* Amis , CT q» thfe Uparent en quatre quartiers principaux 4 ÏMourdcU Uaifin que m aue\faite pour mon repos , p- que chaque huartier édifie enfin quartier félon fa volonté. Ce qui lut mis en exécution, & ceux là font les quatre Iquar tiers principaux de M exique,que Ton ap- ïpelle auiourd'huy fain& Iean , fainde Marie la JRonde , faind Paul , & faine* Sebaftien. Apres 1 cela, les Mexiquains eftans ainfi diuifez en ces 1 quatre quartiers, leur Dieu commanda qu Us îrepartiffent entr'eux les dieux qu'il leurdecla- 5 reroit , &c qu'ils nommaiTent à chaque quartier " principal des quatr^d'autres quartiers particu- liers où leurs dieux fuffent adorez. Par ainh fous chacun de ces quatre quartiers principaux il y en auoit plufieurs petits qui y eftoient com- prins,felon le nombre des idoles que leur Dieu leur commanda d'adorer, lefquels ils appelè- rent Calpultetco, qui vaut autant à dire que Dieu des quartiers. En cefte manière la Cite de Mexique Tenoxtiltan fut fondée , Ôc vint a grande augmentation. Hifioire naturelle De la [édition de ceux de Tlatelulco, & du pre- mier Roy que les Mexiquains e/leurcnt. Chapitre VIII. Efte diuiïïon desquartiers eftant fai- &e en l'ordre defTufdit, quelques vieillards & anciens eurent opinion , qu'au département des lieux l'on né leur auoit pas,pof té le refpecT: qu'ils meritoient, pour cefte occafion eux ôc leurs parens fe mu- tinèrent ^allèrent rechercher vne nouuelle re- lïdence:& comme ils alloient par le lac,ils trou- uerét yne petite terre ou terraffè qu'ils appelléc Tlotelol^oùilspeuplerentjuydonnanslenora: deTlate!ulco,qui eft à dire lieu de terra/Te. Cela' rut la troifiefme dïuifiô dés Mexiquains depuis qu'ils partirent deleùr paysrcelle de Mechoua- can ayant efté la premiere,&celle de Malmalco la ieconde.Ceux-1^ qui fe feparerent & s'en al- lerent en Tlatelulco eftoientdes hommes re- nommez & d'vn mauuais naturel : par ainfî ils exerçoient enuers les Mexiquains leurs voifins, le pire voifinagc qu'ils pouuoicnt. Ils ont eu touiiours des débats contr'eux & iufques au* iourd'huy durer encor leurs inimitiez & ligues anciennes Voyans donc ceux de Tenoxtiltan, que ceux de Tlatelulco leur eftoientfort con- traires,&qu'ils alloient multiphâs^urent crain- te qu'auec le temps ils ne vmflent à les formon- ter , & fur ceft arîaire s'aflemtlcrcnt en confeil ou ils aduiferent qu'il cfloit b6 d'eflire vn Roy* âeslnâes. Liure. VII. 328 auquel ils obeyflent , & qui fuft craint de leurs ennemis,d'autant que par ce moyen ils feroiens plus vnis & plus forts entr'eux , & les ennemis ne fehazarderoient tant en leur endroit. Eftans ja délibère d'eflire vn Roy, ils prindrent vn au - tre aduis fort vtile & a{reuré,de ne l'eilire point d'entr'eux, poureuiter les di (Tentions, 6c pour gagner auec le nouueau Roy quelqu vne des autres natiôs voifines.defquelles ils fe voyoienfc circuits , ôc eux deftituez de tout fecours. Tout côfiderc,tant pour appaifer le Roy de Culhua- can, qu'ils auoient^grandement offenfé , ayans tué&efcorché la fille de fon predèce fleur, &: luy ayâs fait vne fi lourde moquene,c5memef- mc pour auoir vn Roy qui fuft de leur fang Me- xiquain , de la génération defqueîs il y en auoit beaucoup en Çulhuacan, qui y reft oient encor du temps qu'ils vefeurenten paix aiiec eux, ils arrefterét d'eflire pour Roy vn ieune home ap- pelle Acamapixtlijfils d'vn grand Prince Mexi- quain , & d'vne Dame fille du Roy de Gulhua- can. Incontinent ils luy enuoy erenr A^mbaiïa • deurs auec vn grand prefent}pour demader cefè Tiôme,lefquels firent leur Ambafïàde en ces ter- mes : Grand Seigneur ^nous autres vo s vafmx er fer- uiteurs.les Mexicains 3mis ÇT reprre\dedans les héri- tiers erro[èaux du lac , feuls.CT délai ffi\ de toutes les nations du monde , mais feulement conduits &* achemi- neTpar noflreVieuau lieu ou femmes , quitomheenU ' iunfdiiïion de vos limites d'^fcapufalco <&> de Teftu- ' €0 itresque vom nom aut\permu d'eftre^er de demeu- rer en iceluy, mws ne voulons point ', ny rfejlpas raifinna- lie de viwefins chef CT {ans Seigneur f* nous corn- I/iftoire naturelle pjanâe , mus corrige gr gmuerne ^nousïnfirutfanten nofire façon de vture , cr nous âtffenàe de nos ennemis* Partant nous venons à vous , fcachans qu'en voflre cour & maifen H y a des enjans de nofire vénération , apparen» tel^& allte% auec la vofire , qui font fortis de nos en- trailles çr des vôtres > de nofire ping £r du vofire , entre lesquels nous auons cognoijfance d'vn petit fils vofire & noï'îre , appelle \sfcamapixth. Nmsvom fupplions donc que vous nous le donnie%j>our Seigneur , lequel nous efii-, nierons comme il mente , puis qu'il cfi de la lignée det Seigneurs Mexiquams £r des Fjysde Culhuacan. Le Roy ayant mis l'affaire en délibération, & trou* uant que ce ne luy eftoit point chofe mal à pro- pos de s allier auec les Mexiquainsqui eftoienej vaillas, leur refpondit qu'ils menaflent Ton pe- tit fils à la bonne heure, combien qu'il adiou-j itaft,quefi c'eufteftévne femme, qu'il ne leur] euftpas baillée, lignifiant l'a&e fi énorme racô-1 té cy deffus, ôc acheua Ton difeours en olifants; S* en Aille mon petit fils , qu il férue vofire Dieu, çrfiitfon Lieutenant , quil régime &* gouuerne les créatures dece- luypour qui nous viuons ^Seigneur delà nutft^du tour o*' des vents , qu'il aille 0*/oit Seigneur de l'eau 0" de U terre , cy-' qu'dpojfede la nation Mexiquatne, emmenez- le à la bonne heure , cy ayel^efiin de le traitter corne fils cr petit fils mien. Les Mexiquains luy rendirent ' grâces, & tout cnfemble luy demandèrent qu'il le manaft de fa main,à raifon dequoy il luy dô- na pour femme vneDame des plus nobles d'en» tr'eux. Ils menèrent le nouueau Roy & la Roy- ne auec tout l'honneur qui leur eftoit pofîlble, & leur rirent vne folemnelle reception?iortans. tous iufques aux plus petits è à voirie Roy , le- quel " I des Indes. LiureVlt Sl9 [ quel ils menèrent en des Palais , quipourlors [ eftoient allez pauures.Et les ay ans a (lis en leurs throfnes Royaux,incontinent fe leua vn de ces viellards & Rhetoriciens qu ils eftimoiét beau* 'jcoup, quileur parla en cette manière: Monfils, feigneur, a" ^y noïtre, tu fois le bien venu À ce fie paume I maifon CT Cite Centre ces herbiers (y fanges ou tes pauures feres , ayeulx cries rendre con* tensyputfque tufcats que nous viuos en leurs terres % er de- dans leurs limites.Et acheua repérant ces mots: Ttê fois le bien venu.toy <£T U Royne mÛre maifirejfe a cettuj vofire i^«»«.Telle fut la harangue du vieillard,' laquelle3& les autres harangues que célébrée les hiftoires Mexiquaines, les enfans auoiét accou * ftumé d'apprendre par cœur , & ainfî le confei- lièrent par tradition,& y en a quelques vnes d'i- celles qui meritét biê cT eftre rapportées en leurs propres termes.Le Roy leur refpondit en les re- merciant & leur offrant fa diligence , & foucy à Ui deffendre , & Ton ayde en tout ce qu $0&ê* Fiïftoim naturelle roit.Ën après ils luy firent le ferm ent,& luy mi- rent félon leur mode la couronne Royale fur la teftc , qui eft femblable à la couronne de la feigneurie de Venifé. Le nom d'Acamixtli pre- mier Roy , lignifie poignée de rofeaux : c'eft pourquoy ils portent en leurs armes vne main tenant plufieurs fagettes de rofeau . De lefirange tribut que les Mexiquains payoienta ceux d'Azcapu^alco. Chapitre IX. Es Mexiquains rencontrèrent fi bien en Tefleétion de leur nouueau Roy, qu'en peu de temps ils commenceréc à prendre forme de Republique, ôc à fe faire renommer parmy les eftrangers , à\ caufe dequoy leurs voifins meus d'enuie &dc crainte, traitterent de lesfubjuguer, fpeciale- ment les Tapanecas , qui auoient pour Cite Métropolitaine Azcapuzalco,aufquelsles Me- xiquains payoient tribut comme nommes ve- nus de dehors , & demeurans en leur terre. Car le Roy d'Azcapuzalco craignant leur puifTan- ce qui alloitcroilFant, voulut opprimer les Me- xiquains^ en ayant délibère auec les fiens,en- uoya dire au Roy Acamixtli que c'eftoit trop peu de chofe que le tribut ordinaire qu'ils luy payoient , ôc que de là en auant ils luy deuoient aufîî apporter desfapins& desfaulx, pour les édifices de fa Cité, & outre cela qu'ils luy de- Ë&oiçnt faire vnurdin en l'caiie, femédediuer- des Indes. Liure. VII. 330 Ces herbes & de légumes , (k luy deuoient ame- ner par eau, ainfï accommodé par chacun an, fans y manquer : que s'ils y failloient , il les de - clareroir fes ennemis , & les raferoit du tour. Les Mexiquains receurent beaucoup d'ennuy &de fafcherie de ce commandement, renanc pour chofe impoflïble ce qu'il leur demandoit, &que ce n'eu" oit autre chofe que de chercher vne occafïon pour les ruiner : mais leur Dieu Vitzilipuztli les confola , s'apparoiffant celle nuict à vn viellard, auquel il commada qu il dift de fa part au Roy fon fils , qu'il ne fift point de difficulté d'accepter le tribut, & qu'il leur ay de- roit,&rendroit letoutfacilerce qui aduint de- puis. Car eflant venu le temps du tribut , les Mexiquains portèrent les arbres que l'on leur auoit commandé , Ôc qui plus eft } le iardin fait cnl'eaiïe, & porté en icelle, auquel y auoic beaucoup de mays , qui eft leur bled délia gre- né aucc les efpics. Il y auoit auffi du chih,ou axi.des blettes, tomates, fnfoiles , chias , cour- ges, & beaucoup d'autres choies toutes par* creiies & en leur faifon. Ceux qui n'ont point veu les iarcrkis qui fe font au lac en Mexique au milieu de l'eaue,ne croiront , ôc tiendront peur contes ce que i'eferis , ou s'ils le croy ent , ils di- ront que c'eft vn enchantement du diable qu'ils adoroient. Mais reallement ôc de fait ceft cho- fe fort faifable , & à l'on veu plufieurs fois faire decesiardinsmouuans enTeau. Carilsiettent delà terre deflus duionc ôc du glaieul, d'vne telle façon, qu'elle ne fe deffait point en feau^ & fement ôc cultiuent cette terre : de forte que j/iftoire naturelle îe grain y croift& meurit fort bien. Puis après ils l'enleuent dvn lieu en autre. Mais il eft bien vray que de faire facilement ce iardin grand , & que les fruidtsy croiflent bien,eft chofe qui fait iuger qu'il y auoit du fait deVitzilipuztiilequel ils appellent autrement Patillas5principalement n'en ay at iamais fak.ny,veu de séblables.LeRoy d'Azcapuzalco s'elmerueilla beaucoup quand ils vid accomply ce qu'il auoit tenu pourimpof- fîble , & dift aux iîens que ce peuple auoit vn grand Dieu qui leurrendoit tout facile , difant aux Mexiquains,que puifque leur Dieu leur do - noit toutes chofes parfaites , qu'il vouloit que l'année enfumant au temps du tribut,ilsluy ap- portaient dans le iardin vne cane & vn héron auec leurs œufs couuez , quideuoierit eftredc telle forte, qu'elles efcloûiifent leurs petits en arriuant, fans y faillir aucunement, fur peine d'encourir fon indignation. Les Mexiquains furent fort troublez & trilles d'vn fî fuperbe & difficile commandement qu'illeurfaifoit: mais leur DieUjComme il auoit accouftume, les con- forta de nuid par vn des fiens , & leur dift qu'il prenoit tout cela en fa charge , qu'ils ne perdif- fent point courage , mais qu'ils creuflent pour certain qu'il viendroit vn tempsque les Azca- puzalcos payeroientde leurs vies ces defirs de' nouueaux tributs.Le temps du tribut eftant ve- nu, comme les Mexiquains portoient tout ce que Ton leur auoit demâdé de leurs iardinages, l'ontrouua parmyles ioncs & glaïeuls duiar- din,fans fçauoir comment ils y eftoientdemeu- *ez,vne cane & yn héron cojuuans leurs oeufs^ des Indes. Liure. VII 331 cheminans3arriuerent à Azcapuzalco, où incon- tinent leurs œufs furent efclos. Dequoy le Roy d'Azcapuzalco estant efmerueillé outre-mefu- re,dift derechef aux fiens.que ces cb ofes eftoient plus qu'humaines, &q :e les Mexiquains corn- mençoient comme pour fe faire Seigneurs de toutes ces Prouinces. Neantmoins il ne dimi- nua aucunement l'ordre de ce tribut, & les Me- xiquains , pour r e fe trouuer aiTez puiffans , en- durèrent & demeurèrent en ceftc fubie&ion ÔC feruitude l'efpace de cinquante ans.En ce temps le Roy Acamapixth mourut, ayant augmenté fa Cité de Mexique de plufieurs édifices, riies, conduits d'eaiïes , & de grande abondance de munitions. Il régna en paix & repos quarante ans f ayant toujours efté zélateur du bien ôc augmentation de fa Republique. Comme il l eftoit proche de fa fin , il fit vne chofe mémora- ble, qui fut qu ayant des enfans légitimes, aux- quels il euft peu laùTer lafuccefîion du Royau- me, neantmoins ne le voulut pas fa-ire,mais au contraire il dift librement a la Republique,que comme ils l'auoient librement eileu, ainfi qu'ils efltuiTent celuy qui leurfembleroit eftre le plus propre pour leurbon gouuernement,les admo- neftant qu'en ce faifant ils eufTent efgard au bien de la Republique, & fe monftrant fafché de ne les laiiTer libres du tribut & fubiedion, trefpaira , leur ayant recommandé fa femme 8c fes enfans, & laiffa tout fon peuple defeon forte pour fa mort- Tt iij Hiftoire naturelle Dufecod Roy, & de ce qui aduint enfin règne* Chapitre X. Es obfeques du Roy deffuncl: acheuees , les anciens , les princi- paux du Royaume, ôc quelque partie du peuple , s'aflemblerent pour eflire vn Roy,où le plus an- cien propoia la necefîîté en laquelle ils eftoient, & qu'il conuenoit dlire pour chef de leur Cité vneperfonne qui euft pitié des vieillards, des femmes veufues & des orphelins, & qui fuft pè- re de la Republique, pource qu'ils deuoiét dire les plumes de fes aifles^les (ourdis de fes yeux,& la barbe de fon vifage: qu'il eftoit nccefTaire qu'il fuft valeureux, pource qu'ils auoient befoin de bien toftfepreualoir de leurs bras, felô que leur auoitprophetifé leur Dieu. Leur refolutionen lin fut d'eflire pour Roy vn fils du predecefleur, vfans enuers luy d'vn auffi bô office,en luy don- nant fon fils pour fucce{Teur,comme il fit enuers fa Republique, fe confiant enicelle. Ce ieune homme s'appelloit Vitzilouitli3qui lignifie plu- me riche. Ils luy mirent la couronne Royale ôc l'oignirent, comme ils ontaccouftume de faire à tous leurs Roys, auec vne onction qu ils ap- pelaient diuine, d'autant que c eftoit la mefme onction, de laquelle ilsoignoient leur idole. Incontinetvn Rhetoricienfitvne élégante ha- rangue, l'exhortant d'auoirbon courage pour les tirer des trauaux,feruitude Ôc mifere,efqueU les ils viuoient eftans opprimez des Azcapuzal- cos,&icelleacheuee,tous luy firent l'hommage des Indes. Dure VIL 331 & la recognoiffance. Ce Roy neftoit point ma- rié, & fon Confeil fut d opinion qu'il ieroit bon de le marier auec la fille du Roy d'Azcapuzal- ,afinderauoirpouramy,&d obtenir par ce- tte alliance quelque diminution de la pefante charge des tributs qu'il leur impofoit, combien qu'ils eurent quelque crainte, qu'il ne defdai- gnaft de leur donner fa fille,à caufe qu'ilseftoiet fes vaffaux : toutesfois le Roy d'Azcapuzalco Çy accorda , après qu'ils luy eurent demande fort humblement, & auec des paroles honne- ftes, lequel leur donna vnefienne fille appellee Ayanchigual, laquelle ils menèrent auec gran- de fefte & refiouïflance en Mexique, & rirent la cérémonie , & folemnité du mariage , qui eftoit d'attacher & nouer vn coing du manteau de l'homme auec vn autredu voile de la femme enfîgnede lien de mariage. Cefte Royne en- gendra vn fils, le nom duquel ils furent deman- dera fon ayeul,le Roy d'Azcapuzalco, & iet- tans les forts comme ils auoient accouftumé, (pource qu'ils obferuoient fort les augures, principalement fur le nom de leurs enfans) il voulut que fon petit fils f'appelîaft Chimalpo- poca, qui lignifie rondelle quiiette fumée. La. Royne fa fille voyant le contentement que le Roy d'Azcapuzalco monftra de ce petit fils, print de là occafion de luy demander , qu'il luy pleuftde foulagerles; Mexiquains de la charge li pefante des tributs, puis qu'il auoit défia vn petit fils Mexiquain,ce que le Roy fit de bonne volonté', par le Confeil des fiens, leur lahTant au lku du tribut qu'ils pay oient, vne fubie&ion * f Ttiiî; * Hifioire naturelle deluy porter chacun an vne couple de canards Se des pohTons5en recognoifïànce qu'ils eftoient fes fubie&s & qu'ils habitoient en fa terre. Par ce moyen les Mexiquains demeurèrent fore fouiagez 8c contens, mais le contentement leur dura bien peu , pource que la Royne leur pro- tectrice mourutpeu de temps après, & l'année cnfuiuante mourut aufïï le Roy de Mexique, Vitziiouitli , laifTant fon fils Chimalpopoca aa- gc de dix ans.il régna treize ans5& mourut aage de trente ans, ou peu plus. Il fut tenu pour vn bon Roy 6c diligent au feruicc de fes dieux,def- quels ils auoient opinion que les Roy s eftoient lesreffemblances,& que l'honneur que l'on fai- foit à leur Dieu , fe faifoit au Roy , qui eftoit fa femblance. C'eil pourquoy les Roys ont efté il affectionnez au feruice de leurs dieux. Ce Roy fut curieux de gaignerles volontez de fes voi- fîns, & de trafficquer auec eux , enquoy il aug- menta fa Cité,faifant que les fîcns sexerçafTent en chofes de guerre parmy le la^preparants,^ difpofans les hommes pour ce qu ils preten- doient obtenir, comme bien toft Ton verra. Vu troifiefme Roy chimalpopoca , de fa cruelle mort ^ & de Ùoceajion de la guerre que frentles Mexiquains. Chapitre XL EsMexiquains pour fuccefTeur du n oy mort,efleurét fon fils Chimalpopoca, par vn racur aduis ôc delibcratiô eom« des Indes. Dure Vit 333 mune, encores qu'il ne fuft qu'vn enfant de dix ans, ayâs opiniô qu'il eftoit toufiours neceflaire de conferuer la grâce du Roy d'Azcapuzalco, en faifant Ton petic fils Roy. Par ainfi ils le mirent en fonthrofne, luy donnant des enfeignes de guerre auecvnarc & des flefches en vne main, &vneefpeederazoirs, dont ils ontaccouftu- mé d'vfer, en la droite, fignifians par cela, com- me ils difent, que par les armes ils pretcndoienc femettre en liberté. Ceux de Mexique auoient grande difette d'eau, pource que celle du lac eltoit bourbeufe & fangeufe , & par confequëc mauuaife à boire. Pour à quoy remédier ils fi- rent que le Roy enfant enuoyaft demander à fon ayeul le Roy d'Azcapuzalco , l'eau de la montagne de Chapultepec , qui eft à vne lieue de Mexique, comme il a eue dit cy delTusj ce qu'ils obtihdrent facilement, & par leur dili- gence firent vn aqueduct de fafcines, glaieul, ôc gazon, par lequel ils firent venir l'eau en leur Cité. Mais d'autant que la Cité eftoit fondée fur le lac, &que l'aqueduc!: letrauerfoit, il fe rompoit en beaucoup d'endroits, & ne pou- uoient f'efiouyr de l'eau comme ils defiroient, &■ auoient debe(oing. Sur celle occafion, foie qu'ils la recherchaient tout exprès pour que- reller les Tapanecas , ou fuit qu'ils f'efmeuilent fur peu d'occafion; enfin ils enuoyerent vne ambafTade au Roy d'Azcapuzalco, fort refolue, difans qu'ils ne pouuoient f accommoder de l'eau dont il leur auoit fait grâce , à caufe que le canal f eftoit rompu en beaucoup d'endroit^ partant luy demandoieht qu'il les pourueuft de Hifioire naturelle bois, dechaulx, Ôc de pierre, & qu il leur en^ uoyaftfesouuriers, afin que par leur moyen ils fîiTent vn canal de pierre & de chauix , qui ne fc peuft rompre. CemeiTage nepleuit gueres au Roy , & encore moins aux liens , leur femblanc que c'eftoit vn meiïage outrecuidé , & des pro- pos fortinfolencs pour des valfauxàlendroict de leur Seigneur. Les principaux du Confeil doncques eftans indignez de cela , difoient que c'eftoit defîa beaucoup de hardiefle, puis que ne fe contentans de ce qu'on leur auoit permis de demeurer en terre d'autruy, & qu'on leur auoit donné de l'eau, ils vouloient dauantage qu'on les allaft feruir. Quelle chofe eftoit cela, Se dequoy prefumoit vne nation fugitiue & en- ferrée entre les bourbiers, qu'ils leur feroient bien entendre, fils eftoient propres poureftre ouuriers, & que leur orgueil Pabbailîèroit ,. eu leur oftantla terre & la vie. Sur ces termes& cholere ils fortirent , lailTans le Roy , lequel ils auoient vn peu pour fufpe&, àcaufe dupetic 61s. Et eux feparément confulterent de nou- ueau ce qu'ils deuoient faire, eu ils délibérè- rent de faire crier publiquement que nul Ta- paneca euft àtraitter, ny faire commerce auec aucun Mexiquâin , qu'ils n allaffent en leur Cité, &ne les receufTent en la leur, fur peine de la vie. Par où Ton peut entendre que le Roy ne commandoit pas abfolument fur ce peu- ple, & qu'il gouuernoit plus en façon de Con- ïul, ou de Duc, que de Roy, combien que de- puis auec la puifTance T'augmenta aullî le com- mandement des Roys, iu%ues à deuenjr tyrans des fndes. Liure VIL 334 parfai&s, comme l'on verra aux derniers Rois. Car c'a efté toufiours vne chofe ordinaire en- tre les barbares , que telle qu a efté la puifTance, tel a efté le commandement, voire-mefmeer* nos hiftoires d'Efpagne fe trouue en quelques Roys anciens la façon de régner dont cesTa- panecas vferent. Et les premiers Roys des Ro- mains furent de mefme, fauf que Rome des Roys déclina aux Confuls & vn Sénat , iufques à ce que du depuis elle vint à la puifTance des Empereurs. Mais ces barbares de Roys modé- rez déclinèrent à Tyrans. Et eftant l'vn & Tau - tregouuernement, le meilleur, &leplusfeur cft le règne modéré. Or retournans à noftrc. hiftoire, le Roy d'Azcapuzalco voyant la de* libération des Cens, qui eftoit de tuer les MeT xiquains, les pria que premièrement ils defro- balTent fon petit fils le ieune Roy, & après qu'ils fiffent aux Mexiquains ce qu'ils vou- droient.Prefque tous T'accordèrent en cela pour donner contentement au Roy, & pour la pitié qu'ils auoient de l'enfant: mais deux principaux y contredirent bien fort, affermans que c eftoit vn mauuais confeil , pource que Chimalpopo- ca, bien qu'il fuftde fonfang, eftoit du codé de la mère, &quelecofté du père deuoiteftrc préféré. Parquoyils conclurent que le premier qu'il conuenoit tuer , eftoit Chimalpopoca Roy de Mexique , ôc protefterent d'ainfi le fai- re. Le Roy d'Azcapuzalco fut fi fafchc de cefte refiftance qu'ils luy firent, &du confeil &re- folution qu'ils prindrent, que de là à peu de temps, de douleur & de defpit il tomba malade, £fiftoire naturelle dont il mourut. Par la mort duquel les Tapane- cas facheuans de refoudre , commirent vne grande trahifon : car vnenuiéfc le ieune Roy de Mexique dormant fans garde , & fans fe douter de rien, ceuxd'Azcapuzalco entrèrent en fon Palais, & le tuèrent (oudainement, f'en retour- nans fans eftre apperceus. Le matin venu que les nobles de M exique furet faliier le Roy com- me ils auoient accouftumé, ils le trouuerent mort auec de cruelles bleiïures, & lors ils fef- crierent, efleuans vn pleur qui remplit toute la Cité, & tous aueuglez de cholere , fe mirent in- continent en armes pour venger la mort de leur Roy< Comme ils marchoient défia pleins de fu- reur, & fans ordre , leur fortit au deuant vn des principaux Cheualiers des leurs ,tafchant de les appaifer par vne fage remonftrance : où alle^ vous ( dit-il ) o Mexiquâins, repofe\yos cœurs , regarde! que les chojês qui fint faiBes fans confident tien , ne font fat bien conduises > ny ri ont point de bon fucce^ B^prime^ voflre douleur , tonfidtrans qu encores que vofireRoy fiip mort , ïiïïufire fang des Mexiquâins rie fi pasfiny en luy. Nous aums desenfans des %eys dejfunBs ypar la conduire defquelsfuccedans au Royaume , vous fere\mieux ce que prétende^ ayans vn chef qui vous guide a vofire entre- frife. N'aleijasàmfiaueugleK^ deportel^yow , ejr eflj* fi\premierement vn Eoy çr Seigneur qui vous guide, ey* encourage contre vis ennemis. Cependant difiimule\difi çrettement , faifans les obfeques de vofire Roy mort , dont vous voyelle corps prefent : car par cy après il fi trcuuer* vne meilleure occafion d'en faire ta vengeante. Par ce moyen les Mexiquâins nepafïèrentpointplus outre, & f'arrefterent pour faire las obfequt s de des Indes. Liurc VIL 331 leur Roy. A quoy ils conuierent les Seigneurs deTefcuco &ceux deCulhuacan, ôc leur ra- contèrent rade fi énorme & cruel que les Ta- panecas auoient commis , les inuitans à auoir pitié d'eux, & à f'indjgner contre leurs enne- mis; à quoy ils adjoufterent, que c'eftoit leur in* tennon de mourir, ou de venger vne fi grande mefehanceté , leur demandans qu'ils ne fauori- fartent le party fi injufte de leurs contraires , 6c que de leur part ils ne les requeroient point qu'ils leur aydafTent de leurs armes & hommes, mais feulement qu'ils fuiïent attentifs à regar- der ce qui fe patïeroit, & qu'ils defirercient pour leur entretien, qu'ils ne leur bouchaflenr, ny empefehaflent le commerce,comme auoient fait les Tapanecas. A ces railons ceux de Tcfcu- eo&Culhuacan leur demonflrerent beaucoup de bonne volonté , & qtuls-en eftoient fort fa- tisfaits, leur offrant leurs Citez, & tout le com- merce qu'ils en defireroient, afin qu'à leur vo- lonté ils fe pourueufïent de prouifions & de munitions par terre & par eau, Apres cela ceux de Mexique les prièrent qu'ils demenraiTent auec eux, & affiftafient à Tefledtion du Roy qu'ils vcmloient faire \ ce qu'ils accordèrent auflî pour leur donner contentement. Hiftoire naturelle Du quatriefme Roy nommé Izcoalt, & de la] guerre contre les Tapanecas. Chapitre XI î. E v x qui fe deuoient trouuer en Pefle* &ion, eftans tous afTemblez, fe leua vn vieillard, tenu pour vn grand orateur, lequel , félon que racontent les hùtoi- res, parla en cefte manière : La lumière de vos yeux ww manque, o Mexiquains , mais non pas celle du cœur: car pofé le cas que vous auel^perdu celuyqut efloit lalu- nttere , (y le guide de ce fie République Mexiquaine , celle du cœur néanmoins vous efi demeurée ,pour confîderer que s ils ont tué vn homme, d'autres font demeure! après luy, qui pourront fûppleer fort aduantageufiment la faute que nous auens de luy. Lawblejfe de Mexique nefi pas finie four cela, nylefang^oyalefieint, Tourne\les yeux , O* regardeXjtutour de vous, & vous verreTJa nohlejfeMe- xiquaine mïfe en ordre, non point vn, deux, mais plujteurs CT excellens Princes, fils du I(py ^tcamapaxtli , mfire vray £r légitime Seigneur. Icy vous pourre\choifir a vo- ftre volonté, difant , te veux cefluy -cy , çr non cet autre. Que fi vous aue^perdu vn père , icy vous trouuerelpere CT mère. Faites efiat, oMexiquams, que le Soleil s'eji eclipfé & obfcurcyfur la terre pour vnpeu de temps , O* qu'incontinent retournera la lumière fur icelle. si Mexique a efiéobfcurcie par la mort de voftre %oy , fortebien tofi le Soleil, eflifé\yn autre fyy. J{egarde\bien a qui, crfùr qui vous tettere^ les yeux , £r enuers qui s'incline voftre tœur, car cefluy-là eft celuy que voftre Dieu Vitldipul^ &*$<*• Et ^?!ant encorç ce difcours a cet ora« I des Indes. Liure VIL 356 iteuracheua au contentement d'vn chacun. Eu [fin parlarefolution dececonfeil futefleuRoy I Ifcoalt, qui lignifie couleuure de razoirs, lequel leftoic fils du premier Roy Acamapixtli, qu'il I auoit eu dVne fienne efclaue j & bien qtriine Ifuft pas légitime, ilslechoifirent, pource qu'il I eftoit plus aduatageux que hs autres en meurs, valeur & magnanimité de courage. Tous mon- trèrent quilsen eftoient fort contens, &fur tous,ceux deTefcuco; pour autant que leur Roy eftoit marié auecvnefœurd'Ifcoalt. Apres que ce Roy fut couronné,& mis en fon fîege Royal, fe leua vn autre orateur, qui traitta de lobliga- jtion que le Roy auoit à fa Republique, & du courage qu il deuoitmonftrer auxtrauaux, di~ fant entre autres chofes : Regardes quamourXhuy nous fimmes dipendans de toy , parauanture laifièras-tt* tomber la charge qui t >ft fur tes effl aides ; laijferas-tu périr le vieillard CT U vielle , l'orphelin O* l* vefue ? ^îyei piHe dtsenfms qutvont grapinant par my l'air e , lefquels périront, fi nos ennemis nom Jurmontent ; Or fa donc, Sei~ gneur , commence à de/ployer O* efiendre ton manteau* pour prendre fur tes épaules tes enfans, qui font les paumes £T le commun populaire y lefquels font afeure^de l'ombra- ge de ton manteau y c^en la fraifiheur de ta bénignité. Continuant furcefujet beaucoup d'autres pa- roles , lesquelles ( comme en fon lieu a efté dit) ils apprenoient par cœur, pour l'exercice de leurs enfans, & après les enfeignoient comme vne leçon , à ceux qui commençaient d'appren- dre cefte faculté d'orateurs. Cependant les Ta- panecas eftoient refolus de deftruire la nation Mexiquaine-, & pour cet effet ils auoient drçffé Hiftoire naturelle beaucoup d'appareils.Parquoy le nouueau roj« traitta de déclarer la guerre , ÔC venir aux mains auec ceux qui les auoient tellement orTenfezl JMais le commun peuple voyant qucleursconb traires les furpaiîbient beaucoup en nombre d'hommes, & en machines de guerre, eftans cf pouuentez, vi-ndrent vers le Roy, & luy dei mandèrent par importunité qu'il n'en treprinfll point vne guerre fidangereufe, quiferoitde-j ftruire leur pauure Cité ôc nation. Surquo^l eftans interrogez quel aduisil conuenoit pren- dre; refpondirent que le Roy d'Azcapuzalca eftoit fort pitoyable, qu'ils luy demandaient paix, & f'orrrifîènt de le feruir, en les tirant hor< de ces glaïeuls, ôc qu'il leur donnaft des maifom &des terres parmy les llenneSj afin que par ce moyen ils défpendnTent tous d'vn Seigneur. Et pour obtenir cecy, ils portafTent leur Dieu en fa littiere, pourinterceffeur. La clameur du peu- ple euft tel pouuoir, principalement y ayanc quelques nobles qui approuuoient leur opi- nion, que l'on fîft incontinent appeller les Pré- fixes , ôc apprefter la littiere, ôc leur Dieu, pour faire ce voyage. Comme cela fapprefloit, ôc que toUsconfentoient à cet accord de paix, ÔC de f affujettir aux Tapanecas -> vn ieune homme gaillard, &de bonne façon, fefleua parmy le peuple , lequel auec vne fort bonne grâce parla ai n fi : £]*jft cecy , e Mexicains >efies vow fols? com- ment telle couardifi efl elle entrée ftrmy non* ? non* de» uons nous aller rendre tinjtaux ^Xu^uTl^dcoi f Puis fe tournant vers le Roy, luy dift : Commet, Seigneur, fermette'ZjVQfM tejle çbofc? permettent cefehfle, O* des fndes. Dure Vil. "337 : Uy dites qu'il Utflè rechercher vn moyen four noftrehon* \ neur O* four no(he deffenfe , çr que mm ne nous met* tions fùnt fi follement ', vrfi honteusement entre les mains de nos ennemis. Ceicune homme f'appelloit Tla- caellec, nepueu dumefmcRoy, Ôc fut le plus Valeureux Capitaine, & du plus grand confeil, que iamais les Mexiquains ont eu, comme cy lapres Ton verra. Animé donc Ifcoalt, parce lique fon nepueu luyauoit dit fi prudemment, détint le peuple, en difant qu'ils luy laiflàflent [premièrement efprouuer vn autre meilleur moyen. Et puis fe tournant vers la nobjeiïe des fiens, leur dift : Vtm eftes icy tôt* qui efies mes farens^ tr le meilleur de Mexique: celuy qui dur* le courage de ïforter vn mefageaux Tafamcas, qu dfileue, Eux fe re-> igardans les vns les autres, ne fe remuoient point, &ny eut aucun quivouluft f'offrir au coufteau. Alors ce iêune homme Tlacaellec fe leuant Coffrit à y aller, difant que puis qu il de- uoit mourir, qu'il importoitpeu que ce fuft au- iourd'huy , ou demain : car pour cmelle occa- fion fe deuoit-il tant conferuer? qu'il eftoit touc preft , & qu'il luy commandait ce qu'iliuy plai- roit. Et iaçoit que tous iugeaffent cet a&e pour Vne témérité , neantmoins le Roy fe tefolut de l'enuoyer , afin qu'il cogneuft la volonté & dif- pofitionduRoyd'Azcapuzalco, &defes hom- mes, eftimant qu'il eftoit meilleur daduanturer la vie de fon nepueu, que l'honneur de fa Re- publique. Tlacaellec eftantapprefte, printfon chemin , & paruenu aux gardes qui auoient commandement de tuer quelconque Mexi- quain qui vinft v ers eux * par artifice , ou autre* *- y a Hiftoire naturelle ment, leurperfuada qu'ils lelaifTafTent entre* vers le Roy 3 lequel fefmerueilla de le voir , ôc ouyt fon ambaflade, qui eftoit de luy demander paix foushonneftes conditions; lequel refpon- dit qu'il le communiqueroit auec les liens, Ôc qu'il retournait l'autre iour pour la refponfc. LorsTlacaellec demanda feuretc, mais il n'en peut obtenir d'autre, finon qu'il vfaft de fa bon* ne diligence. Aucccela il retourna en Mexique, donnant parole aux gardes de retourner. Le Roy de Mexique le remerciant de fon bon cou* rage , le renuoya pour auoir la refponfe , & luy commanda que fi elle eftoit de guerre , qu'il donnait au Roy d'Azcapuzalco certaines armes pour fe deffendre, ôc luy oignift , ôc emplumatë la telle comme ils faifoientauxhonimes morts, luydifant, que puis qu'il nevouloit point la paix, qu'ils luy ofteroient la vie, ôc aux nens. Et encores que le Roy d'Azcapuzalco euftdeilrc la paix, pour eftre de bonne condition, lesfiens neantmoins Tefguillonnerent de forte, que la refponfe fut de guerre déclarée. Ce qu'eftant ouyparlemeiïager, ilfîuVtoat cequefonRoy luy auoit commandé, déclarant par cefte céré- monie de donner armes , ôc oindre le Roy auec l'onction des morts, que de la part de fon Roy il le déffioit. Parquoy ayant tout acheuc , celuy d'Azcapuzalco fe laiftant oindre, & em plumer, donna au meiTager en payement de bonnes ar- mes , ôc cependant l'aduifa de ne retourner point par la porte du palais, pource que plu- fleurs iattendoient là pour le mettre par pièces, mais qu'il fortift en fecret par vne petite faute 1 des Indes. Littre VU. 33$ ?orte quieftoitouuerte, envne des courts de on Palais. Ce ieune homme le Rtl ainfi \ ôc ournoyant par des chemins cachez i vintàfe lettre en fauueté , à la veiie des gardes, & de là es défila, difant : Tapmeus cr^\cafu'Xdcosy vous ùtes md vojhe office àe garder , fcache\donc que vous eue\ tous mourir, er qu'il ne demeurera vn-Tapaneca » vie. Cependant les gardes fe ietterent fur luy, : fe porta fi valeureufément en leur endroit, u'il en tua quelques- vns, & voyant qu'il y ac- Durroit beaucoup dépeuple, fe retira gaillar- ementà fa Cité, où il porta nouuellesquela uerre eftoit déclarée auec les Tapanecas, ôc u'il auoit déifié leur Roy. e la bataille que les Mexiquains donnèrent mx TapxQfas , & de la grande *vi£foire qu'ils obtindrenL Chapitre XIII. E deffy entendu parle vulgaire dé Mexique , ils vindrent vers le Roy auecques leur coiiartlife accoutu- mée, pour luy demander congé de fortir de fa Cité, tenans pour rtain leur ruine & leur perdition. Le Roy les »nfula & anima tant qu'il peut,leur promettais ji'il leur dôneroit liberté , en furmontant leurs memiSj & qu'ils ne doutaient point d'eftre meus. Le peuple répliqua : Et fi nom fommes imus, quefmm-mui? Si non* fommes vaincus (ref- Vu ij des Indes. Dure VIL 3*3 pondit le Roy ) dés maintenant nom-nom obligeons de j nom mettre envosmains , afin que vom non mettre mort, ^rningie\no^chmsend^Uts,cr^tvom vous venotelde nom Autres, il feu donc amfi ( dirent- ils)tvo%perdeXLvMotre: quefevomlobtene\, des MJntenantnom-nom offrons ïefire vos tributaires , tra- vailler en vos maifins , faire vos Cémentes , CT porter ws «mes CT héfége ^and vous ire^k U guerre , pur touf- iours , CT * ftWMtf ™* «*« > f m\ Wcen™ns- ,V? accords faits entre le peuple & les nobles (leC quels ils accomplirent depuis de grc,ou par ror- ce entièrement, comme ils le promirent) le Roy nomma pour Ton Capitaine generalTlacacllec, & tout le camp eftant mis en ordre , & par elca- drons, donna les charges de Capitaines aux plus valeureux de fes parens & amis , puis leur ntt vne belle harangue, par laquelle il les anima, & leur accreut de beaucoup Courage qui! auoicnt défia bien prépare, 1< ordonna qu il obeyffent tous au commandement du Gênera qu'il auoit eftably : lequel fepara Ces gens et deux , & commanda aux plus valeureux & har dis qu'en fa compagnie ils aflailliffent les pre miers, & que tout le refte demeuraft arreft auec le Roy Ifcoalt , iufques à ce qu ils viflcn les premiers donner fur leurs ennemis. Mat chansdonc en ordre, ils furent defcouuertsd ceux d'Azcapuzalco , lefquels incontinent io tirent furieufement de leur Cite, portans d grandes richeffes , d or, d'argent , & d'armes d beaucoup de valeur , comme ceux qui auoierl l'Empire déroute cefte contrée, lfcoaltdonr, lefignal de la bataille, auec vn petit tarnboi des Indes. Dure Vit 33? qu'il portoit fur fes efpaules , 6c incontinent ef- leuerent vn grand cry , f efcrians, Mexique, Me- | xique,donnerent fur les Tapanecas-, & bien que lesTapanecas fuflenr en bien plus grand nom- ! bre qu'eux fans comparaison, toutefois ils ne biffèrent de les rompre , & les firent retirer en leur Cité. Puis venans ceux qui eftoient de- meurez derrière, criansTlacaelIec, victoire, victoire, tous dvn coup entrèrent en la Cité, où par le commandement du Roy , ne pardonnè- rent à hommes , ny vieillards , femmes , ny en- fans : car ils les mirent tous au trenchant de l'efpee, pillèrent & faccagerent la Cité, qui eftoit très- riche. Et non contens de cela, ils for-» tirent à la pourfuittede ceux qui f'en eftoient fuys, & retirez en l'affrété des Sierres, ou mon- tagnes qui eftoient proches de là , frappans fur iceux, dont ils firent vne cruelle boucherie. Les Tapanecas d'vne montagne où ils f'eftoient re- tirez, ietterent les armes, & demandèrent les vies, f'offrans à feruir les Mexiquains, leur don- ner des terres & des iardins , de la pierre , de la chaulx &du mefrain, & de les tenir toufiours pour leurs Seigneurs. A cefte occafion Tla- caellecfift retirer fes gens, & ceffer la bataille, leur donnant les vies foubs les conditions def- fufdites, lefquelles ils iurerent folemnellement, Puis après ils retournèrent à Azcapuzalco , & auec leurs defpouilles fort riches &vi&orieu- fes à la Cité de Mexique. Leiour enfuiuant le Roy fift aflèmbler les principaux &le peuple, aufquels il remit en auant l'accord qu'auoit fait commun, leur demanda f'ils eftoient contens - —■ Vu iij mis Hiftoire naturelle d'y perfifte^le commun dit qu'ils Fauoicnt pro* I & que les nobles l'auoient bien mérité; I parquoy ils eftoient cpntens de les feruir perp< tuellement , dequoy ils firent vn ferment qu'ils ont depuis gardé fans y contreuenir. Cela fait, Ifcoalt retourna à Azçapuzalco, &parlecon- feil des fiens , départit toutes les terres des vain- cus & leurs biens, entre les vainqueurs-, la prin- cipale partie tomba au Roy, puis à Tlacaellec, ôc après * au refte des nobles , félon qu'ils, f eftoient fignalez en la guerre. Us donnèrent me(me des terres à quelques plébéiens, pour f'eftre portez vaillamment ,' aux autres diftri- buerent du pillage , & en firent peu d'eftat, comme de gens coiiards. Ils deftinerent mefmc des terres en commun pour les quartiers de Mexique, & à chacun les fiennes, afinqu'aueç ïcelles ils aydalïent au feruice ôc facrifices de Içurs Dieux. Ce fut Tordre qu'ils gardèrent tou- jours de là en auant, au département des ter- res & defpoiïilles de ceux qu'ils auoient vain- cus^ aflujettis. Par ce moyen ceux d'Azcapu? zalco demeurèrent fi pauures, qu'il ne leur re- ftoit aucunes, terres pour labourer, & le pire fut, que l'on leur ofta le Roy, &'le pouupif 4'çn eflire d'autres que celuy de Mexique, des Indes. Dure Vit. 340 De h guerre & victoire que les Mexiquains eurent contre h Cité de Cuyoacan. -Chapitre XIV. Ombien que laprincipale Cite des Tapanelcoasfuft celle d'Azca- puzalco, toutesfois ils en auoient d'autres qui auoient leurs Sei- gneurs particuliers, comme Ta- cuba, Ôc Cuyoacan. Ceux là ayans veu Tefchec paMé , eufTent bien voulu que ceux d'Azcapu- -zalco euiTent renouuellé la guerre contre les Mexiquains, ôc voyans qu'ils ne f'y preparoient point, comme vne nation du tout rompue & desfaite, ceux de Cuyoacan délibérèrent de fai- re à part foy la guerre, pour laquelle ils ^effor- cèrent d'inciter ies autres nations' circonuoifî- îies , lefquelles ne voulurent point fe mouuoir, ny quereller les Mexiquains. Cependant croif- fant la haine ÔC enuie de leur profperitc , ceux de Cuyoacan commencèrent àmal-traideries femmes qui alloient à leurs marchez, fermoc- quans d'elles , & en faifans autant aux hom- mes fur lefquels ils auoient la domination. Pour laquelle occafion le Roy de Mexique dépendit qu'aucun des fîens n*allaft en Cuyoa- can , & qu'ils ne receiuTent en Mexique au» çuns d'eux. Ce qui donna occafion àceuxde Cuyoacan de fe refoudre du tout à la guerre. Mais premièrement ils les voulurent prouo- quer par quelque honteufe mocquerie, qui fuft Vu iijj Hiftoire naturelle de les cônuier en vne de leurs feftes folcm* nelles, où après leur auoir fait vn beau baquet, Se les auoir feftoyez auecvne grande dance à leur mode, ils leur enuoyerent pour ledefïert des habits des femmes , & les contraignirent de les veftir , 8c retourner ainfi veftus en femmes, en leur Cité , leur reprochans qu'ils n'eftoient que des couards , ôc des efFeminez , de n'auoir ofé prendra les armas, y ayans efté a(Tez prouo- quez. Ceux de Mexique difent qu'en recom- penfe ils leur firent vne autre lourde m ocque- rie , en leur mettant aux portes de leur Cite de Cuyoacan , certaines chofes qui fumoient, par le moyen defquelles plufieurs femmes auorte- rent* & plufieurs tombèrent malades. En fin le tout vintiufques au poincl; de guerre declareej de force -qu'ils fe donnerenc vne bacaille, où ils employèrent couce leur puiflance de part 6c d'autre, & eh icelle , Tlecaellcc par fa magnani* mite, &rufe de guerre, obtint la victoire: car ayanc laiflc le Roy^fcoalr combacant auec ceux de Cuyoacan , f alla mettre en embufeade auec quelque peu de vaillâs foldats , & en tournoyât leur vint donner en queue , où chargeant fur eux , il les flft retirer en leur Cité. Mais voyant qu'ils pretendoienc fe retirer au Temple , qui eftoit bien fore, feietca fur eux accompagné de trois valeureux foldacs, & leur gagna le deuanr, fe faififtanc du Temple, où ilmitlefeu, &les força de f'en fuyr parmy les champs , où faifant grand efchec fur les vaincus , les fuiuirent deux fieiies dans le pays, iufques à vne colline , où les ^aiacus iettans les armes, & çroifans les bras dei Indes. Liure. VIL 34* fi. tendirent aux Mexiquains,* auec beaucoup daueT fi bTen'qÎen finies Mexiquains leur de capur». c , • v ndtent aydec principaux de Culhuacan qui , 'f Lx Mexiquains, pourgaigner honneur, lei quels furelt ^^^X**^ où ils combatirent en tous lieux v^uteui "ent.L'ontecogneutbienquetouteUv,ao re aeuoit eftte attribuée au gênerai oc a ce ttot Car entre tant de captifsqu'il y auoit, .1 y en aûoit les deux tiers qui furent gagnez «s auatre, cequife pteuua facilement parla rSndlsvfeLt: car en P™rvn«pnf incontinent ils luy coupoient vn P« i de che ,„..ix & les bailloient aux auttes. Ainli nie t>ez reuenoientà ce nombre , d ou ils acquircnc G grande réputation & renommée, de va ta* Ieuxg Us furent honorez comme W^g1- & desrerres , ^ W" {g ^ donnoit tout temps «couftume défait^ qu occafion à ceux qui combattoient % ac '« Hiftoire naturelle ^mœ«.&gag„erdCIarepUt«ioftataér:| turent contre les Suchimikos. Chapitre XV. Éffc *, na"°n des Tapanecas eftant iuhjuguce, JesMexiquainscu. rent occafion d'en faire autant aux Suchimikos, hfquels corn. . mcJaefté dit, forent les pre- miers de ces fepteauernes ou hgnagesqui Peu- p etent cefte terre. Us MexiqLuS toutefois ne recherchèrent pas loccafîon.combien qu'il, pouuo.et prefumer comme vainqnenrs.de pafc fer plus outre , mais les Suchimilcos les efnfeul rent, ponr leur malheur, commeil arriueaux hommes de peu de fçauoir, & qui regardent de troppreS,lefqueIspournepreuoirleirama« quils imaginaient, tombèrent en iceJuy. L« ■Suchimikos forent d'opinion que pour les vi aoireSpafees,IesMexiqPuainse1ltre7renaS de les allubjettir , & délibérèrent entr'eux ceft la a J "f^r^q^-vns qui dirent qu'd euft elle bon dés lors de les recognoiftre pour fuper,eUrs)&d'apProuuerleurbo„heUr,„ePa„tw moins le contraire fut refoin , & s'aduancerent ffcoak r' *T5 batail,e' Ce ^"tendupa Ifcoalt Roy de Mexique, il enuoya contre eux fon gênerai Tlacaellec,auec fon armée , & vin! fenaroi .0nnC.r batâi,leaU "^™ champ, n* feparoirleurshmites, lefquelles deux «râles 1 des Indes, Livre. VIT. 342. eftoient atfez efgalesen hommes & en armes, imais elles furent bien diuerfes en Tordre & ma- nière de combattre; pource que les Suchimilcos chargèrent tous enfemble en vn monceau fans iordre,& Tlacaellec diuifa les Tiens par efcadrôs auec vn bel ordre:par ainfi ils rompirent incon- tinent leurs contraires,les faifans retirer enieuc iCité,en laquelle ils entrèrent alors, & les failli- rent iufques à les enfermer au temple,où ils mi* rent le feu.& les firent fuyr aux motagnes56V en fin les reduifirent à ce point 9 qu'ils fe rendirent les bras croifez. Le Capitaine Tlacaellec retour- nant en grand triomphejes Preftres allèrent au deuâtle receuoir, auec leur mufique deiîuftes, en encenfqnt deuantluy, les Capitaines princi- paux faifans d'autres cérémonies & monftres d'allegrelle, qu'ils auoient accouftumé de faire, & le Roy auec eux , s'en allèrent tous au tem- ple,rendre grâces à leur faux dieu. Car Le diable a toujours efte fort defireux de cela ■> & de s'at- tribuer l'honneur de ce qu'il n'a point mérité, attendu que ceft le vray Dieu qui donne la vU &oire,&: qui fait régner ceux qu il luy plaift, & jîô pas luy.Le iour enfuiuantle Roy Iicoaltfut en la Cité de Suchimilco , & là fe fift iurer Roy des Suchimilcos,& pour les confoler,leur pro- mit faire du bié,en figne dequoy il leur côman- da qu'ils fiiïentvne grade chauiTce,qui trauerfaft de Mexique à Suchimilco,qui sot quatre lieues, afin qu'il y eut plus de commerce & cômunica- tionentr'eux.Ce que firent les Suchimilcos,^ en peu de temps le Gouuernement des Mexi- cains leur femblafi bon, qu'ils s'eftimerear H Republi, JFfiftoire naturelle heureux d'auoir change de Roy& de Republi que, & quelques circonuoifîns poufTez d'en- uie, ou de crainte a leur perdition, ne fuirent pas fai&s fages du malheur de ces autres , com- me ils deuoient. Cuitlauaca eftoit vne Cite dans le lac, laquelle (encor que le nom & habitation foit changée) dure encor. Ils eftoiet fort adroits ànauiger par le lac, & pourtant illeurfembla qu'ils pourroient endommager beaucoup les Mexiquains par eau. Ce que le Roy ayant en- tendu , il euft voulu y enuoyer incontinent fon armée pour combattre contr'eux : mais Tla- caellec eftimantpeu cette guerre, fcreputant chofe honteufe de mener vne armée contre ceux-là, il s'offrit de les vaincre auec lesenfans feuls , & le mit à efFe&. Il s'en alla au temple,& tira du Conuent ceux d'entre les enfans qu'il trouua propres» ceft: affaire, aagez depuis dix ans iufques à dix- hui& , lefquels fçauoient gui* der& mener des batteaux ou canoës , & leur enfeigna certaines rufes. L'ordre qu'ils tindrent à cette guerre , fut, qu'il s'en alla en Cuitlauaca auec ces enfans , où par fes rufes il preffa fes ennemis en telle façon qu'il les fit fuyr,& com- me il ks pourfuiuoit , le Seigneur de Cuitlaua- ca luy vint au deuant , & fe rendit, luy , fa Cité, & fon peuple: par ce moyen cefla la pourfuitté. Les enfans retournèrent auec beaucoup de deC poiiillescV plufîeurs captifs pour leurs facrhî- ces , qui furent receuz folemneUement auec vne grande procefïion, mufîque& parfums, & al- lèrent adorer leurs dieux en prenant delà ter- te qu'ils raangeoient, & fe tirant du fang du desUes. Liure. VIL 54$ le confeil de TlacaeUeC*°" fortiroiéc rant le règne duquel les tips . / Ayant aflubjetty la terre & la Ciçe de . Hifloire naturelle parla valeur &co„fé I aTc ' blenaugme«t4 trouua meilleur que S eLfflfUt dadu''S * ««^«^^ Roy: fuma, premier de ce nom! Chapitre XVI. 'Autant quel'e/Ieaiô dunoûueau R™ ' 'appartenoitauxquatreEfleaëUSprin! - .aP»« («mme il a efté dit)& auecP"" au Roy de Tezcuco & au R ™ A* -f l ' .«pré» de„t,, ,„t„&d£ ™|S« "I» «u , ils le menèrent auec erandernm« «£5îï (0ul,yauolt ^«ours du feu iour& «**») le mirent en vn throf 7B,£° * nra du fang des oreilles & des iambes auec 1 I desjnâes. Liure VII. 344 ongles ou griffes de tigres, qui eftoit le facrifice auquel le diable feplaiioit d'eftre honoré. Les Preftres, les anciens& les Capitaines luy firent leurs harangues, le congratulans tousde fort eflection. Ils auoient accouftumé en telles ef- lections de faire de grands banquets $c des dan- ces, où ils coniommoient beaucoup de lumi- naires. Du temps de ce Roy fut indroduite la couftumt qu'ils auoient qu le Roydeuoit aller en perlonne faire la? guerre à quelque Prouin- ce, d'où ïl amenait des captifs pour folemnifer la fefte de fon couronnement , & pour lesfo- lemnels facrifices de ce iour là. Pour cefte eau- fe le Roy Moteçuma alla en la Prouince de Chalco , les habitans de laquelle s'eftoient dé- clarez fes ennemis, où ayant combatu valeuteu- fement , il amena vn grand nombre de captifs, defquels il offrit & célébra vn notable facrih- ce le iour de fonrouionnement , combien que pour lors il nefubiugua pas toute la Prouince de Chalco , d'autant que ceftoit vne nation fort belliqueufe. Plufîeurs venoientàce cou- ronnement de diuerfes Prouinces, tant pro- ches,qu eflcignees,pour voir cefte fefte , en la- quelle tous ceux qui y venoient, eftoient abon- damment & magnifiquement nourris & reue- ftus, principalement les panures, aufqueisTon donnoitdes habits neufs. Pour cefte caufe l'on apportoit ce iour là en la Cité les tributs du Royauecvn bel ordre & appareil , quiconfi- ftoiten des eftoffes à faire des habits de toutes fortes,du Cacao , de l'or, de l'argent , de riches plumachés, de grands fardeaux de coiton , ds tjlftoire naturelle îacî , des concombres , de plufîeurs fortes de id gumes ', de plufîeurs fortes de poiffons de merj & de riuiere , d'vne quantité de frui&s , & de J;i| venaifonfans nombre, fans faire compte d'vij nombre infiny de prefents queles autres Roy« Se feigneursenuoyoiet au nouueau Roy. Touu ce tribut marchoit de rang félon les ProuincesJ &audeuant les maiftres d'hoftel, & les rece- ueursauec diuerfes marques & enfeignes d vij| fort bel ordre , tellement que c'eftoit vne de« plus belles chofes de -la fefte , que de voir ren- trée des tributs. Le Roy eftant couronné, ij s'employa à conquefter plufîeurs ProuincesJ & d'autant qu'il eftoit vaillant & vertueux , il alla toufîours augmentant de plus en plus , & fe feruoit en toutes Ces affaires du confeil & de rinduftrie de fon gênerai Tlacaellec, lequel il ayma & eftima toufiours beaucoup , corne il en auoit aufsi bien occafion. La guerre ou ils'oc-* eu pa|le plus, & qui luy fut plus difficile,fut cel- le de la Prouince de Chalco,en laquelle luy ad- fcint de grandes chofes , dont il y en a vne entre autres fort remarquable, qui fut queles Chal- cfias ayans prins en guerre vn frère de Mote- cuma, ilss'aduiferentde le créer & eflire pour leur Roy, parquoy ils lu y firent demander fort courtoifement s'il vouloit accepter cefte char* ge. Il leur refpondit après qu'ils l'en eurent fort importuné, & qu'ils y perfiftoient touf- iours, que fi âbonefeient fis le vouloient esli\# jre pour Roy , qu'ils plantafTent en la place vr* arbre ou pieu fort hault, auquel ils fifïènt ac- commoder & jdrefler comme vn petit théâtre 7- "~ " a« Bém des Indes. Liure Vil. 3ff ïûcoùpeau où l'on peuft monter. Les Chalcas penfans que ce fuit quelque cérémonie pour fë faire dauantage valoir , le mirent incontinent à sffecl:, Ôc luy aflemblant tous Tes Mexiquains au cour du pieu , monta au coupeau auec vn chap- peau de fleurs en fa main, ôc de là il parla aux (iens en celle façon : 0 valeureux Mexiquams, ceux* y me veulent ejlirefour Um Rvy : mais les Dieux ne ven- ant jxos permettre que pmr e{ire Rjy te commette aucune 'ra-mjon contre mon pays , au contraire ie veux que vous affremelde moy quil conment plujloft endurer la morf, jue d'ayder afes ennemis. Difant cela, fe iettadu jhautenbas, fe brifant en mille pièces ; duquel fpe&acle les Chaicas eurent telle horreur ôc delpit, qu'incontinent ils fe ietterent fur les Me- xiquains j qu'ils mirent tous à mort à coups de lances, comme hommes qu'ils eltimerent trop hautains, fuperbes, ôc inexorables, difans qu'ils auoient les cœurs endiabiez. Il aduint que la nuicl; enfumante ils ouvrent deux chathuants qui crioient de trilles cris > ce qu'ils interprétè- rent pour figne malheureux, ôc pour vn prefage de leur prochaine dtflructipn , comme il ad- uint : car le Roy Moteçuma alla en perfonne contr'eux auec toute fa puiifance , où il les vain- quit, ôc ruina tout leur Royaume, ôc pafïant ou- tre la Sierre Menade , il alla touliours conqué- rant iufques à la mer du Nort. Puis retournant vers celle du Sud, il gagna Ôc allii jettit plufieurs Prouinces > tellement qu'il fe fift tres-puiiîànt Roy, le tout auecTayde ôc confeil de Tlacael- lec , qui a prefque conquis tout l'Empire Mexi- cain. Toutefois il futd opinion ( ce qui fut as* Xx Hijioire naturelle cbmpiy) que l'on ne conqueftaft point UPrd- uince de Tlafcalla, afin que les Mexiquains euf- fentvne frontière d'ennemis, où ils exerçaient f ôc tinflenr toufiours en allarme la ieuncfîe Me- xiquaine , &c. afin mefme qu'ils cufîent quantité de captifs pour faire les facrifices à leurs idoles, efquels , comme il a efté dit , ils confommoienc vn grand nombre d'hommes qui deuoient eftrc prins en guerre, & par force. L'honneur fe doit attribuer à ce Moteçuma, ou pour mieux dire, à ce Tlacaellec fon gênerai, du bel ordre & po- lice qui eftoit en ce Royaume Mexiquain, com- me aufïî des confeils & belles entreprifes qui f'y font exécutées, mefme du grand nombre des luges &c Magiftrats qui y eftoient autant bien ordonnez, qu'en aucune Republique, voire qui fuft des plus floriiïantes de l'Europe. Ce mef- me Roy augmenra beaucoup la maifon Roya- le , Se luy donna beaucoup d'authorité , ordon- nant plufieurs & diuers officiers , defquels il fc feruoit auecvn grand appareil & cérémonie. Il ne fut pas moins remarquable, touchant la de- uôtion ôc feruice de fes idoles, d'autant qu'il ac- creut le nombre des minières, leur inftituant de nouuelles cérémonies , aufquelles il portoit vn grand refpecl:. Il édifia ce grand temple dédié à leur Dieu Vitzilipuztli, duquel il a efté faidk mention en l'autre liure. Il facrifia en la dedica- tion de ce temple vn grand nombre d'hommes qu'il auoit prins en diuerfes victoires. Finale- ment iouylïant de fon Empire en grande pro- fperiré, il tomba malade , & m ourut , ayant ré- gné vingt- huicl: ans, bien autre que ne fut fon i des Indes. Dure VI /. 34% fucceflTeur Ticocic, qui ne luy refTembla, ny en valeur, ny en bon-heur ; Comme Tlacaellec refufa ieflre Roy 3 & dé l'ejleciion & gefies de Ticocic. Chapitre XVII; E s quatre députez fafTembîerent en confeil auec les Seigneurs de Tezcuco,&deTacuba, oùprefi- doit Tlacaellec, & procédèrent à l'efledion d'vn Roy, en laquelle Tlacaellec fut efleu par toutes les voix , comme méritant mieux celle charge que nul autre. Il là refufa pourtanr, leur perfuadant par raifons per- tinentes, qu'ils en deuoient eflire vn autre, par- ce qu'il difoit qu il eftoit meilleur, & plus expé- dient qu vn autre fuft Roy , & que luy fuft fort exécuteur & coadjuteur , corne il auoit efté iu£- qu'alors, que non pas de le charger de tout, puis que fans eftre Roy , il ne fe tenoit pas moins obligé de trauailler pour fa Republ. que f'ill'e- ftoit. C'eft vne chofe fort rare de refufer la prin- cipauté & le cômandement, & de vouloir bieri porter la peine & le foucy i fans en auoir l'hon- neur & la puifïance. Et y en a bien peu qui veu- lent quitter à vn autre la puiffanee & l'authori- té qu'ils peuuét feulement retenir en leur main* eneor que ce fuft chofe profitable à la Republi- que. Ce barbare furpaifaen cela les plus fagesi 4'entre les Grées & les Romains, & eft vfce k j Xx ») Hifloire naturelle çon qu'on peut faire à Alexandre, & à Iules Ce* i~ar,d'efquels l'vn eftimoit peu de chofe décom- mander à tout vn momie, & flft cruellement perdre la vie à Tes plus chers, & plus ridelles fer- uiteurs,pour quelques légers îbupçons qu'ils vouloient régner j & l'autre fe déclara ennemy de fa patrie, difant que f'il eftoit permis à l'houi- me de faire quelque chofe contre le droict & la raifon, ce deuoiteftre pour régner. Telle eft la foif & le defir que les hommes ont de comman- der. Bien que cet a&e de Tlacaellec pouuoit auftî procéder dVne trop grande confiance de foy , luy femblant que fans eftre Roy il Teftoit allez , veu qu'il commandoit prefque aux Rois; &eux luy permettoient porter certaines en fei- gnes, comme vntyare, qu'il leur appartenoic de porter feulement. Neantmoins cet a&e mé- rite beaucoup de louange, & d'eftre bien confi- deré, en ce qu'il auoit opinion de pouuoirda- uantage ayder à fa Republique , eftarit fubjed, qu'eftât fouuerain Seigneur. Et tout ainfî qu'en vne Comédie celuy-4à mérite plus de gloire qui reprefente le perfonnage qui importe le plus, encores qu'il foitd'vnpafteur, oud'vnpayfan* & laiife celuy du Roy , & du Capitaine , à celuy qui le fçait faire. Ainn* en bonne Philofophie les hommes doiuent auoir efgard fur tout au bien public, & {'appliquer en l'office & eftac qu'ils entendent le mieux. Mais cefte Philofo- phie eft la plus efloigneede cequifepradique aujourd huy. Cependant venons à noftre dif- cours , & difons qu'en rçcompenfe de fa mode- ftie, & pour le refpect que luy portoient le* des Indes. Dure VIL 34-7 Efle&eurs Mexiquains , ils demandèrent à Tla- caellec, que puis qu'il ne vouloir régner, qu'il dift celuy qui luy fembleroir propre; & il don- na fa voix à vn fils du Roy dcffanâ: , qui pour lors eftoir encores fort ieune , appelle Ticodc. Sur quoy ils répliquèrent que fes efpaules eftoient bien foibles pourvn fi grand taideau. Tlacaellec refponditque les Tiennes eftoient là pour luy ayde'r à porter la charge, comme il auoit fait auxdefFun&s. Au moyen dequoy ils pnndrcnc leur refolution, & fut cfleuTicocic, auquel furent faites toutes les cérémonies ac- couftumecs. Ils luy percèrent la narine, & pour ornement ils y mirent vne efmeraude ; qui eft la caufe pourquoy aux Hures Mexiquains'ce Roy eft dénoté par la narine percée. Il fut fort diffé- rent defonpere & predeceffeur, ayant efté re- marque pour homme couard, & peu belli- queux. Il alla faire la guerre pour fon couron- nement , en vne Prouince qui f'eftoit rebellée^ où il perdit beaucoup plus des fiens, qu'il ne print de captifs. Neantmoinsil retourna, difanc qu'il amenoit le nombre des captifs qu'il eftoit requis pour les facrifices de leur coronnemenr, êc ainfi il fut coronné auec vne grande folemni- té. Mais les Mexiquains mal cofitensd'auoirvn 5 Roy fi peu guerrier, traitterent de luy aduancer la mort parpoifon. Pour cefte occafion il ne dura point au Royaume plus de quatre ans, d'où l'on void bien que les enfans ne fuiuent pas toufiours le fâng & la valeur de leurs pères; & que tant plus grande a efté la gloire desprede celieurs , plus abominable eft la lafeheré de pu- r Xx iij Hifloire naturelle fillanimité de ceux qui leur fuccedent au com- mandement, 8c non pas au mérite. Maisceftc. perte fut bien reftauree par vn/reredu deffunft, qui efloit auflï fils du grand Moteçuma , appelle Axayaca, & lequel fut eileu par lopinion de Tlacaellec , où il rencontra mieux qu au précè- dent. pela mort deTlacaellec, & des attesd* Axaya- ca , feptiefme Roy des Mcxiquains. Chapitre XVIII. N ce temps Tlacaellec eftoit défia fort vieil , & à caufe de fa viellefle l'on le portoit en vne chaire fiirlesefpaules, pour fe trouuer au Confeil , & aux af- faires qui fe prefentoient. En fin il tomba mala- de, où le nouueau Roy , qui n eftoit pas encore couronne, le vifitoit fouuent, ôc refpandoit beaucoup de larmes , d'autant qu'il luy fem- bloit qu'il perdoit en luy fon père , & le père de la patrie. Tlacaellec luy recommanda afFedtueu- rf ACnt fCS enfa,ns » principalement l'aifné , qui reftoitmonftrc valeureux aux guerres paiîees, le Roy luy promit del'auoir pourrecomman- ' de, cVpour confoler dauantage le vieillard, il luy donna enfaprefence la charge & les enfei- gnesde fon Capitaine gênerai , auec toutes ks prééminences defonperc, dequoy le vieillard demeura tellement content , que fur ce conten- tement il acheuafesiourç. Que f ils ne fufTene des Indes. Dure FIL 34$ partez decefte vieenl'autre , ils enflent pcufe cenitbien-heureux, attendu que d'vne fi poute, & fi pauute Gité en laquelle il nafquit, il bit, Ce eftablit , pat fa valeut & magnammite , vu 11 erand, fi riche & fi puirtant Royaume. Les Me- Luains luy firent des obfeques comme au fon- dateur de cet Empite, plus fomptueufes, & plus magnifiques , qu'ils n'auoient fait a aucun des Royspredeceffeurs, & incontinent après Axa- vaca, pourappaiier le deiiil que tout le peuple Lexiquain pottoit de la mott de (on Capitaine délibéra de faire le voyage, comme il efto.t de befoingpour fon coutonnemtfit, Ceft pout- quoy il mena (on armée auec grande diligence en la Prouince de Tequantepec d.ftante de M e- xique de deux cents lieues , & la il donna la ba- taille àvn puiiïant exercite, & nombre infiny d'hommes qui f eftoient aflemblez , tant de ce- tte Prouince , comme des citconuoifines, pour - f oopofet aux Mexiquains. Le ptemiet delon camp qui faduança pour fe métier au combat, fut le mefme Roy défiant fes ennemis, defquels il feignit fuyr lors qu'ils le chargèrent , lulques à les attirer en vne embufche ou il y auoit plu- fieurs foldats cachez fous de la paille, lefquels fottirent à l'impourueu,. & ceux qui a loient f uvans , tournèrent tefte ; tellement qu ils arre • fterent au milieu d'eux ceux deTequantep.ee, & les chargèrent fort viuement, en faiiant d eux vne ctuelle boucherie. Etpoutfuiuant leutvi- ftoite , ils razerent leur Cité & leur temple, & chaftierentrigoureufementtouslescirconuo!- fins, puisils tirèrent ouvre, & fans f arre (1er m- ■'■■ **' ' -~ Xï 1HJ Htfloire naturelle cunement, allèrent conqueftansiufqacsàGua- uilco , qui eft vn port aujourd'huv fort cognai enlamer du Sud. Axayaca retournée cevoya- ge a Mexique auec de grandes defpouilles & ri- chefles, ou il fut honorablement coronné auec defomptueux, & magnifiques appareils de fa- cnhces, de tributs & autres chofes, où plusieurs vindrent voir fon couronnement. Les Rois de Mexique receuoient la couronne de la main des Rois deTezcuco, qui auoient cette préé- minence. Il fift beaucoup d'autres entreprinfes, ou il obtint de grandes victoires, eitant touf- lours le premier qui conduisit fon armée, & aflailloit fes ennemis; d'où il acquit le nom de très- valeureux Capitaine. Et non content de inbjuguer les eft rangers, il reprima, & mit le rrein aux tiens qui Peftoient rebellez, ce que ia- mais aucun de Ces predecefifeurs n'auoit peu , ny ofe faire Nousauons defiadit cydeuant com- me quelques feditieux f eftoient feparez de la République Mexiquaine,qui fondèrent vne Ci- te proche de Mexique, laquelle ils appellerez T ateiulco, & fut à l'endroit où eft aujour- d huy fainct lacques. Ceux-là f eftans reuoltez, tindrent vn party à part, & f'accreurent & mul- tiplièrent beaucoup, ne voulans iamais reco- gnoiftre les Seigneurs de Mexique, ny leur pre- ftcrobeyflahce. Le Roy Axayaca lesenuoya donc requérir qu'ils ne fuffent diuifez, mais que pins qu'ils eftoient d vn mefme fang, & vn peu- pie, qu'ils fe ioigniflènt, & recogneuflent le Koy de Mexique. Surquoy le Seigneur de Tla* tmiço fift vnerefponfe pleine de grand mef. des Indes. Lime. VII. 349 pns& orgueil, deffiant le Roy de Mexique à combattre en duel , & incontinent affembla. fes hommes, commandant à vne partie d'iceux qu'ils allaient fe cacher dans les herbiers du lac , afin d'eftre mieux couuerts* Où pourfe mocquer danantage des Mexîquains , il leur commanda prendre des figures de corbeaux, d'oyes, & d'autres animaux, comme des gre- nouilles , & autres femblables, penfans par ce moyen furprendre les Mexiquains, lorsqu'ils pafferoientparles chemins & chauffées du lac. Ayant entendu le derTy ôc la ru£e de Ton con- traire , il partit fon armée , donnant vne partie à Ton gênerai, fils de Tlacaellec,& luy comman- da de rompre , ôc de charger fur celle embufea- de du lac. Luy d'autre cofté , auec le refte de Tes gens par vn chemin qui n'eftoit point hanté, s alla camper deuant Tlatelulco. Incontinent il fît appeller celuy qui l'auoit défié , afin qu'il ac- complir! fa parole , ôc corne les deux Seigneurs de Mexique ôc de Tlatelulco s'aduancerent , ils commandèrent chacun aux liens , qu'ils ne fe remuaflent iufques après auoir veu lequel des deux feroit le vainqueur,ce qui fut fait , & tout auffi toft ces deux Seigneurs vindrent Tvn con- tre l'autre valeureufement, où ayans longue- ment combattu , en fin celuy de Tlatelulco fuft: contraint tourner les efpaules, d'autant que celuy de Mexique les chargeoit plus furieufe- ment qu'il ne pouuoit fupporter. Ceux de Tla- telulco voyans fuyr leur Capitaine, perdirent çourage,& tournèrent auflî le dos:mais les Me- «iquains lesfuyuantsdeprés les chargèrent tu-. jftfloire naturelle ricufcment. Neantmoins le Seigneur de Tla- telulco n'efehappa pas des mains d'Axayaca. Car fe penfant fauuer,ils fe retira au haut du té* plexm Axay aca le fuiuit de prés , qui l'attaignit & le faifit d'vne grande force, puisleiettadu hautçlu temple en bas, & fit mettre le feu puis après au temple,& à la Cite Cependant que ce* la fe pafloit à Tlatelulco, le G eneral Mexiquain eftoit fortefehauffé à la vengeance de ceux qui l'auoient pretédu déffaire par rufe, & par trom- perie, & après les auoir forcez par armes de fe rendre,& de luy demâder mifericorde, le Gene- ral leur dift qu'il ne leur pardôneroit point, que premièrement ils n euilent fait les offices des fi- gures qu'ils reprefentoient , parquoy il vouloit qu'ils criaiTent corne les grenouilles , & les cor- beaux^ chacun félon les figures qu'ils auoient prinfeSjd'autant qu'ils nauroient point de côpo- fïtion qu'en ce faifant. Ce qu'il hft pour les af- fronter, & mocquer de leur rufe. La crainte & rïeceffité enfeigne toutes chofes, tellemét qu'ils chanterent,& crièrent auec toutes les differéces de voix que l'on leur cômanda, pour auoir leurs vies fauues , combié qu'ils fulTent fort defpitez du pafTetéps que leurs ennemis prenoient d'eux. Ils difent que iufques auiourd'huy durent encor les brocards des Mexiquainsenuersles Tlate- lulcos, qui le portent impatiemment , lors que Ton leur ram entoi t ces châ ts & cris d'animaux. Le Roy Axayaca prit plaifir à cefte rifec , & in- continent après s'en retournèrent en Mexique en grade rehouy (Tance. Ce Roy fut eftimé pour vn des meilleurs qui ayent commande en MexU des Indes t Liure, VIL 350 !jùc. Il régna onze ans, 6c luy fucceda vn qui fut [beaucoup moindre que luy en valeur & vertus. J>es faiffs & affesd' Autzol y huiffiefme Roy de Mexique. Chapitre XIX. Ntre les quatresE (lecteurs de- ]VIexique,qui, comme il a efté dir, auoiéde droit d'eflire au Royau- me celuyqu ils vouloient , il y en auoit vn doué de plulieurs per- fections, nomme Autzol. Ceftuy futeileudes autres, 6c fut celte élection fort agréable à tout le peuple : car outre ce qu'il eftoit fort vaillanr, tous l'eftimoiét courtois,& officieux enuers vn chacun3qui eft vnedes principales côditions re- quifesàceuxquigouuernent, pour fe faire ay- mer& obeyr. Or pour célébrer la feftedefon couronnement, il s'aduifa de faire le voyage , ôc aller chaftier l'outrecuidance de ceux de Qua- xulatlaa,Prouince fort riche & abondante,, qui eft auiourd'huy la principale de la neuueEfpa- gne. Ceux là auoient voilé les officiers & mai- ftres d'hoftel qui apportoient le tribut à Me- xique, 6c auec celas'eftoient rebellez. Il eut de grandes difficultez à réduire cefte nation, pource qu'ils s'eftoient mis en vn lieu, où vn grand bras de mer empefehoit le palFage aux Mexiquains. Pour lequel trauerfer Autzol fit auec vn effrange trauail 6c induflrie fonder ea il : jfiftoires naturelle l'eaiïe , comme vne iflette de fâCcincs , de terre, & autres matériaux, par le moyen duquel ceu- ureil peut luy & Tes gens pafTervers fes enne- mis, Ôc leur donner bataille , où il les vainquit, ôc chaftia à fa volonté , puis s'en retourna à Mexique en triomphe , & auec grandes richef- fes, poureftre couronné Roy, félon leur cou- tume. Autzol eftendit fon Royaume par pluiîeurs conqueftes qu'ilfit, iufquesà parue- niràGuatimalla, quieftà trois cents lieuè's de Mexique. Il ne fut pas moins libéral , que vail- lant, car lors que les tributs arriuoient^ les- quels comme il a efte dit , venoient auec vn grand appareil , ôc abondance ) il fortoit de fon Palais , ôc faifoit alfemblcr en quelque lien1 tout le peuple, puiscommandoit que l'on ap- portait là tous fes tributs, lefquels il departoit à ceux qui auoiéc necefîîté. Il dônoit aux pauures deseftoffesa faire des habits , des viandes, Ôc de tout ce qu'ils auoient de befoingen grande quantité, ôc les chofes de prix, comme l'or, l'argent, lesioyaux, &lesplumaches eftoient départis entre les Capitaines , foldats , & ferui- teurs de fa maifon , félonie mérite d'vn cha- cun. Cet Autzol fut mefme grand politic, ôc fie abbatre les édifices mal ordonnez , & en re- edifîerde nouueau d'autres fort fomptueux. Il îuy fembla que la Cité de Mexique auoittrop peud'eaiie , &quelelaceitoit fort bourbeux, parquoy il fe délibéra d'y faire venir vn gros cours d'eaue, dont fe feruoient ceux de Guyoa- can. A cette fin il fit venir vers luy le principal de cefte Cité , qui eftoit vn fameux forcier > ôc ~ desjndes. Liure. VII. 35* jluy ayant propofé fon intention , le forcier luy idift qu'il regardait bien ce qu'il faifoit , pource .quecefte affaire eftoitde grande difficulté, ÔC jqu'il entendra , que s'il tiroir ce tuifleau de fon cours ordinaire, & le faifoit aller en Mexique, jtfnoyeroitlaCitc. Il fembla au Roy que ces jexeufes nettoient que pour euiter l'efred de jfon deffein, parquoy en eftant irrité le renuoya, \6c quelques iours après enuoya à Cuyoacan [vn Preuoft pour prendre le forcier,lequel ayant [entendu pour quelle occafîon venoient les miniftres du Roy, les fît entrer en fa maifon, puisfe transforma &fe prefenta à eux en for- me d'vn aigle terrible , dequoy le Preuoft & Ces gens efpouuentez , s'en retournèrent fans le prendre. Autzol irrité en renuoy a d'autres, auf- quels il fe prefenta en figure d'vn tigre tres- furieux, & ne luy oferent non plus toucher. Lestroifiefmes y furent , Se le trouuerent en forme d'vn ferpent horrible, dont ils eurent grande frayeur. Le Roy efmeu dauantage de ces façons de faire , enuoya dire à ceux de Cuyoacan, que s'ils ne luy amenoient le ior- eierlié , ilferoit rafer leur Cité: pour crainte dequoy, oufoit que luy de fa volonté , oufoit qu'il y euft efté forcé des fiens , en fin fe laifTa emmener au Roy, qui le fit incontinent eftran- gler ) puis après il accomplit fon deflèm , fai- fant cauer vn canal,par où cette eaiie peuft cou- ler à Mexique, par le moyen duquel il fit vemt vn gros cours d'eaiïsaulac, lequel ils condui- rent auec de grandes cérémonies & fuperfti- tions,oùilyauokde$ Preftresqui alloient en- Htfioire naturelle cenfanslejong du riuage, les autres facrifiW descailles,du fang de fqu elles ils oignoient les bordsducanal, &les autres fonnantsdes cor- nets,accompagnoientl'eaue de leur mufique, Vndes principaux alloit veftud'vn habit delà façon qu'ils attribuoient à la Dectfe de l'eaiie, & touslafalùoient, luydifans quelle fuftlabien venue. Toutes lefquelles chofes font peintes & figurées es annales de Mexique,le liure defqueb Jes eft auiourd'huy à Rome , qui a efté mis en la facree Bibliothèque, ou Librairie Vaticane,ou vnPerede noftre Compagnie quiefloit venu deMexique le vid, & les autres hiftoires lefquek les il expliquoitj & faifoit entendre au Biblio- thécaire de fa Saincteté, quife plaifoit infini, met d'entendre ce liure , lequel il n'auoit iamais peu comprendre-Finalementleaue fut amenée en Mexique , mais elleyfourdit en telle abon- dance, quepeus'en falluft qu'elle ne noyaft là Cité, comme l'autre auoit prédit, & en effe& el- îeruina vne grande partie d'icelle, à quoy in- continent ils remédièrent par l'indultrie d'Âut- zol j d'autant qu'il fit faire vn canal & ifluëj pour en faire couler les eaux,au moyen dequoy il repara les baftimens qui eftoient tombez,d'vn ouurage exquis,eftans auparauant de mefchans édifices. Par ainfi il laiila fa Cité enuironnee d'eaue, comme vne autre Venife, & fort bien baflie.Son règne dura onze ans,qui s'acheua au dernier & plus grand fuccerTeur de tous les M«« xiquains* " desjndes. Liure VII. 351 De l'ejlefîion du grand Moteçuma,dernier Roy de Mexique. Chapitre XX, V temps que les Efpagnols entrèrent en la neuue Efpagne, qui fut en l'an du Seigneur,rml cinq cents dix-huicl;, Moteçuma fécond de ce nom,& der- nier Roy des Mexiquains , ie dy dernier , car ia* çoit que ceux de Mexique , après fa rnort,en ef- leurent vn autre,voire de viuant rnefme de Mo- teçurna, qu'ils déclarèrent ennemy delà patrie, comme l'on verra cy après- Mais ceiuy qui luy fucceda & celuy qui vint captif entre les mains du Marquis de Vallé,n'eurent que le nom & tii- tre de Roys , d'autant que le Royaume eftoit ja prefque tout rendu aux Efpagnols. Tellement quauec raifon nous contons Moteçuma pour le dernier Roy,& corne tel,il vint au période de la puifïànce & grandeur des Mexiquains , ce qui eft admirable poureftre arriué entre barbares. Aceftecaufe,& que celle-là eftoit la faifon que Dieu auoit choifie pour enuoyer la cognoiiTan- cedefonEuâgile,^ règne de Iesvs -Christ en cefte contree,ie racôteray plus diftin&ement lès actes de Moteçuma,que des autres. Auparauant qu'il fuit Roy , il eftoit de fon naturel fort gra- ue,& fort pofe , & parloir peu, tellement que quand il opinoit au priué Confeiî,où il afliftoit, (es propos & difeours taifoient admirer vn cha- cun, fibienquedeflorsiL eftoit craint, &re£- 1 . N Hiftoire naturelle pe&é. Ilfcretiroit ordinairement en vne cha-* pelle , qui luy eftoit deftinee au temple de Vit- zilipuzt[i, où ils difoient que leur idole par- tait auec luy, &à cefte occafion eftoit eftimé fort religieux, & deuot. pour Tes perfections donc,&" pour eftre tref noble, & de grand cou- rage3(on efledtion futbriefue,& facilc,comme d'vne perfonne fur laquelle tous au oient le$ yeux fichez, pour eftre digne d'vne telle char7 ge. Ayant entendu fon efledion , il fe cacha au temple, en cefte chapelle ; fuft qu'il le fiftpa* difcours , ôc qu'il apprehendaft vne charge fi ardue , & difficile , comme eftoit de régir vn tel peuple : ou fuft, comme ie croy,par hypocrifie, & pour monftrer qu'il ne deiiroit en rien l'Hmv pire. En fin ils le trouuerent là , & le prindrent ôc menèrent à fon coniiftoire, l'accompagnant auec toute la refiouyfîance qui leur fut poffiî ble. Ji marchoit auec vne telle grauité, qu'ils difoient tous, que le nom de Moteçuma luy conuenoit fort bien , qui vaut autant à dire que Seigneur courrouce. Les Efle&eurs luy firent vne grande reuerence , luy faifans entédre qu'il auoit efté eileu. De là il fut mené deuant le fouyer des Dieux pour encenfer,où il leur offrit facrifices,en frtirantdu fang des oreilles, &A des mollets des ïambes, félon leur couftume* Ils le reueftitent de fes ornements Royaux , ôc luyayans percé les narines par le cartilage , ils y pendirent vne efmeraude tres-riche , couftu- me certes barbare & fafcheufe , mais le delîr de commander empefche defentir telles chofes. Apres qu'il fut aflis en fon ihrofne> ilouyt les orai- des Indes, taure. VÎÎ. 353 draifohs& harangues quel'on luy fit, lefquel- les au(ïi,felon qu'ils auoiec accouftuméVftoieni !elegantes3& anificieufes. La première fut pro- noncée par le Roy de Tefcuco , laquelle ayant tué conferuee pour la fraifche mémoire , 6c 'eftant bien digne d'eftre ouye:iela refereray icy !de mot àmot , 8c dit ainfî : La concordance ey vnitt de voix fur ton eflettion , donne affilia entendre (très- noble adolefcent ) le grand heur que tout le Royaume en doit receuoir , tant pour auoir mente , cr eflé digne que tus luy commandâmes que pur la refiouyjfanceft gêner aile que tous demonfirent j a cauft d'icelle. En quoy à la vérité ils ont bien de la raifin : car défia l'Empire de Mexique Ci va tellement dilatant, que pour gouuemer vn monde y tomme ileft, &- porter v ne charge fi pefante, ilrieflpas de befoing d'vne moindre dextérité > 0* magnanimité, que de celle qui refideen ton ferme £r valeureux cœur, ny jvn entendement moins repofe3 o* de moindre prudence que delà tienne, le voy er recogmy clairement, que le Dieu tout-puttfant ayme ce fie Cité, puis quil luy a donné la clarté, de choifir ce qui luy efiott convenable. Car (put tfl celuyqm ne croira qu'vn Prince, quiauant quedere* mer , auott pénétré les neuf voûtes du Ciel , ne doiué aufsibien obtenir amour d'buy les chofes qui font terrien - tics , pour fecourir fin peuple , en s aidant a ce/le fin de fin entendemetfibon Crfifubtil, veu qùily efi obligé par le deuoir HT U charge de RoyïQui ne croira aufit que legrad courage que tu as toufiours valeur eu fiement monfire en 4f aires d'importance , ne te manquera point auiourd'huy es chofes où tu en as tant de befoing f Qm penfera qu'en vne telle valeur puiffe dejfaillir l'ayde er leficours a là veufue O'à f orphelin ? Quinefe perfuadeta que l'Em- (ire Mexiqua'm ne [oit parueuu aufimmet de fin tuthi* À Hifloire naturelle ritéjuis que le Seigneur des chofes créées , t'a departy vit telle ne te déniera point fis plus grands dons, puis qùilta mis en vne charge fi grande, de laqueU lepmfes tu iouyrplufieurs années .Le Roy Moteçuma fut fort ententif à ce difcours , lequel eftant achetais difent qu'il fe troubla dVnc telle for- te, que voulant par trois fois refpondre, il ne peut parler, eftant vaincu des larmes quel'aife & le contentement a bien fouuent accouftumé decauferen démonstration de grade humilité. En fin, eftant reuenu à foy , il-dift brefuement: lejèws trop aneuglé, bon Ity de Tel^uco/iie ne cogmifi H âesjnâes. Liure VIL 354 fàs^Ç? entendus , queleschofès que vms m ' aue\dittes \ font vne pure foueur qu il vous platfl me pe fier , fms au entre tant d'hommes fi nobles , gr fi généreux qu'il \y a en ce Royaume %vom aut\efieu le moins fuffifant , qui eft moy^O" à la venté je me Cens tellement incapable d'v~ ne charge de fi grande importance , que ie nefcay que faire autre chofe que dejùfflier le Créateur des chofis créées ^qu il mefauonfe, £r demande a tous qu'ils le fuplient par moy* Ces paroles dites, il recommença de rechef à pleurer» Comment Moteçuma ordonna le fèruice de fa maifon> & de la guerre qu'il ftpour fin couronne* menti Chapitre XXL Eluy-Ià quleri^foh efledion fît vne . telle démonstration d'humilité , Se douceur, fe voyant Roy commença incontinent à defcouurir fes hau- tes peniees. La première fut qu'il commanda qu'il n'y euft aucun Plébéien qui feruift en fa maifon , ny euft office Royale^ainfl que les pre- decefTeurs en auoient vfé iufques alors^lefquelg il blafma de s'eftre feruis de gens de ba(Te con- dition , & voulut que tous les Seigneurs & plus illuftres perfonnages de Ton Royaum e ,demeu« raflent en fon Palais, & exerçaient les office jfjyioire naturelle de fa court Se de fa maifon. A quoy s'oppofa vh Vieillard de grande authorité , qui auoit efte fon précepteur, luy di fan t qu'il regardaftbien à ce qu'il faifoit , & qu'il fe mettoit en danger d*vn grand inconuenient, d'autant que c'eftoit feparer âe foy , & efloigner tout le vulgaire, & gent populaire, tellemenc qu'ils ne l'oferoient regarder en la face, fevoyansainfireiettez de luy. Il répliqua, que c'eftoit ce qu'il entendoit faire, & qu'il ne permettroit pas que les Plé- béiens allaient ainfi méfiez parmy les nobles, comme ils auoient fait iufques alors,difant que le feruice qu'ils faifoient eftoit félon leur con- dition, quicaufoitque les Roysnegagnoient aucune réputation , &ainfî demeura ferme en fa refolution. Aufîi toft il fit commander à ceux de fon Côfeil , qu'ils oftalTent tous les Plébéiens des offices & charges qu'ils exerçoient, tant en fa maifon qu'en fa court , & qu'ils en pour- ueufTent des Cheualiers , ce qui fut fait. Âpres il alla en perfonne à Tentreprife necefTaire pour fon couronnement. En ce temps s'eftoit reuol- té contre la couronne, vne Prouince fort efloi- gnee , vers la mer Occeane du Nort,où il mena auec luy la fleur de ces hommes , fort leftes & bien accommodez. Ilyfula guerre auecvnc telle valeur cV dextérité , qu'en fin il fubiuga toute la Prouince,& chaftia rigoureufement les rebelles, retournant auec vn grand nombre de captifs pour les facrifices , & beaucoup d'autres defpouilles. Toutes les Citez luy firent de fo- lemnellcs réceptions à fon retour, &les Sei- gneurs d'icelle* luy donnèrent l'eaiie à lauer, des Indes. Liure VIL 355 i luy faifans offices de feruiteurs; chofenonen- I cor vfitee par aucun de fespredeceiTeurs. Telle eftoit la crainte & le refped qu'ils luy portoiet. L'on fît en Mexique les feftes de fon courons J nement auec vn tel appareil de danfes, comé- dies, entremets , luminaires, & inuennons par plufieurs & diuers iours . Et y arriua vne li gran- de richeflè de tributs, apportez de tous Tes Royaumes, qu'il y vint des eftrangers mco~ gneus à Mexique, &c leurs ennemis meimesy vindrent en grand nombre , en habit diflimule, pour voir ces feftes , comme ceux de Tlafcalla, &ceuxdeMechouacan. Ce qu'ayant eftedeU couuert par Moteçuma,ii commanda qu on les logeait & traiftaft berngnement, & honorable- ment , comme fa propre perfonne. 1 leur ht mefme faire de belles galleries, pareilles aux Tiennes, defquelles ils peuvent voir & contem- pler les feftes. Parainfiils entroient de nuicfc en ces feftes , comme le Roy , faifans leurs leux &mafcarades, Etpource que i'ay fait mention de ces Prouinces , il ne fera mal à propos d'en- tendre, que iamais ceux de Mechouacan , de Tlafcalla,& de Tapacca, ne fe voulurent ren- dre aux Mexiquains , mais au contraire comba- «rent toufiours valeureaiement contr'eux,voi- re quelquesfois les Mechouacans vainquirent ceux de Mexique, comme firent auffi ceux de Tapaeca. Auquel lieu le Marquis Dom Fernade Cortés , après que luy & les Efpagnols eurent eft* chaffez de Mexique, prétendit fonder la première Cite d'Efpagnols,qu'il appella,fi bie* în'enfouuient, Segurade la Frontière , mais Hifloire naturelle cefte peuplade dura peu de temps , parce que ayant depuis reconquefté Mexique, tous tes Ef- pagnols y allèrent habiter. En fin ceux de Ta- paeca3deTlafcaila,ôcde Mechouacan ont tou- jours eftc ennemis des Mexiquains, encor que MoteçumadiftàCortés, qu'il ne les auoitpas iubiuguez tout à propos, afin d'auoir en eux vn exercice de guerre, & nombre de captifs. Des mœurs & grandeur de Moteçuma. Chapitre XXII. JE Roy s'adonaà fe faire refpe&er^ ' voir quafî adorer corne Dieu. Nul plebeïen ne le pouuoit regarder | en face-, que s'il le faifoit, il eftoit puny de mort.ll ne mettoit iamais ies pieds en terre,mais eftoit toujours porté fur les efpaules de quelques Seigneurs,& s'ildefce- doit,ils luy mettoict de riches tapis , fur lefquels il marchoit. Quand il faifoit quelque voyage, luy & les Seigneurs de fa compagnie, alioienc comme dans vn parc, ou circuit qui eftoit fait toutapropos, fclerefte du peuple alloithors du parc, l enuironnant dvn codé & d'autre. la- maisilneveftoitvn habit deux fois, ny man- geoit, ny beuuoit en vn vafe ou plat plus dVne fois, tout y deuoit eftre toufiours neuf, & don- nouàfes feruiteurscequiluy auoit feruy vne fois,de façon qu'ils eftoient ordinairement riches & magnifiques. Il eftoit extrememet diligent à taire obferuer ies loix,& quâd il retournoit vi- • des Indes . Uure. V II. 35 6 tlorieux de quelque guerre , il faignoit aucu- ncsfois de s'aller esbattre,puis Ce defguifoit pour voir fi les fiens,penfans qu'il ne fuft prefent,laif- foienr& obmettoient à faire quelque chofe de la fefte ou recepuon;que s'il y auoit quelque ex- cez ou quelque deffaulc, il en faifoit la punition rigoureufement. Et à fin de cognoiftremefme. comment Tes minières faifoient leurs offices , il fe defguifoit bien fouuent , 6c enuoyoit offrir des dons & prefens aux luges ,les prouoquant à faire quelque chofe de mal.Que s'ils tomboicnt en faute, ils eftoient incontinent punis de mort fans rcmiflîon, '& les faifoit mourir fans auoir efgard quilsfufiènt Seigneurs , oufes parens, voire de {es propres frères. Ilconuerfoit&fe familiarifoit peuaueclesfiens, &peufouuene fe laiflbit voir,eftant ordinairement retiré pour penferaugouuernement de fon Royaume. Ou- tre ce qu'il eftoit grand iufticier & fort braue,il fut fort belliqueux & bien fortuné, au moyen dequoy il obtint de grades vi&oires, &Lparuint à cefte grandeur , qui eft deferite aux hiftoires d'Efpagne. De laquelle il me femble que ce fe- roit chofe inutile d'eferire dauantage: feule- ment i'auray foin de reciter cy après ce que les liures& hiftoires des Indiens racontent, Ôc de- quoy nos efcriuains Efpagnols ne font aucune mention , pour n'auoirfufhTamment entendu les fecrets de cefte contrée, qui font chofes fore dignes d'eftre cogneiïes, comme l'on verra cy après. '■ .... ■ Y y ni) Hifloire naturelle tnonft. wonfi.%. Ï.Mach4.fJ Vesprefages & prodiges étranges qui aduiZ drenten Mexique auantque leur Empire prinfijïn. Cbatitre XXIII. Ombien que rEfcriturefain&e nous deffende dadjoufter foy aux augures k prognofticatiôs vaines,queS.Hie. rofmenous aduertiffe de ne craindre point les figncs du Ciel comme font les Gétils: NeantmoinsIamcfmeEfcritureenfeigne, que les fignes monftreux & prodigieux ne font pas du tout à mefprifer,& que hicn fouuent ils ont m aççouftuméde précéder quelques changeméts vmuerfels, & les chaftieméts que Dieu veut fall re,ainfi que le remarque fort bië Eufebe de Ce- laree , d'autant que le mefme Seigneur du Ciel &dela terre enuoye de tels prodiges Se nou- ueautez au Ciel, aux eleroes,aux animaux,& en tes autres créatures, à fin qu'en partie cela férue d'aduertifTerqent aux homes, ôç en partie qu'il* ioient vn commencemet de la peine & du cha- ftiement,par la peur & refpouuentement qu'il* apportent.Il eft eferit au fecod Hure des Mâcha- bées, quauparauant ce grand changement & perfecuçiÔ du peuple d'f frael,qui fut caufee par la tyrannie d'Antiochus,furnommé Epiphanes lequel les fain&es lettres appellent, racine de pèche, îlarriuaque par quarante iours entiers Ion vid par tout Hierufalci» de grands efea- dronsdeCheualiersenl'air , lefquelsauecdes armes dorées , Içurs lances & efeus, &fur 4e$ 1 des Indes. Liure VIL 5S7 < cheuaux furieux, ayans leurs eTpees tirées, fc frappoient , & oftenfoient , efearmouchans les vns contre les autres, & difent que ceux de Hie- rufalem voyans cela , fupplioient Dieu qu'il ap~ paifaftfonire, & que ces prodiges tournaient en bien. Ilcft efcritmcfme au hure deSapien- s^ l?o ce, que quand Dieu voulut tirer Ton peuple d'E- gypte ,& chaftier les Egyptiens, quelques vi- vons terribles & efpouuentablesf'apparurentà eux , comme des feux qui furent veus hors heu- re en formes horribles. Iofephe au Hure delà guerre des Iuifs, raconte plufieurs & grands prodiges qui précédèrent la deftru&ion de Hie- rufalem,& la dernière captiuité de fon malheu- reux peuple , que Dieu eut en horreur pour ia- fteoccafion, duquel Eufebe de Cefaree, &les Euçey^.\. autres racontent les m efm es palîages, authori- dehijt.Mul. fans fesprognoftics. Les Hiftoriens font pleins de femblables obferuations aux grands change- rons d'Eftats, ou Republiques, comme Paul Orofe, qui en raconte plufieurs, &fansdoute cefte obferuation n'eft pas vaine, ny inutile : car iaçoit que ce foit vanité, voire fuperitition def- fenduë par la loy de noftre Dieu, de croire légè- rement à ces prognoftics & fignes , toutefois es çhofes fort grandes , comme es changemens de nations, Royaumes, & loix fort notables * ce ji'eft pas choie vame,mais bien pluftoft certaine Ôc bien alïeuree, de croire que la fagefle du Très- haut ordonne , & veuille permettre ces chofes, qui donnent quelque nouuelle & prefage de ce qui doit arriuer, pourferuir, comme j'ay dit, % d'adttertiffementaux vas, & dechaftiment aux Jrfiftoire naturelle autre*, & à tous de tefmoignage que le Roy des Cieux a foucy des affaires des hommes, lequel tout ainfi qu'il a ordonne de très grands & ef- pouuentablesprefagespourle plus grand chan- gement du monde , qui fera le iour du Juge- ment, ainfîluy plaift-il de donner de merueil- leuxprefages, pour dénoter d'autres change- mens moindres en diuers endroits du monde, qui font toutefois remarquables, krquels il dif' pofe félon laloyde Ion éternelle fagefle. L'on doit auffi entendre, que combien que le diable ion père demenfonge, neantmoinsIeRoyde gloire luyfait bienfouuent confefîer la vérité contre fa volonté, laquelle il a déclarée plu- heurs fois de pure crainte, comme il fift au de- iert par la bouche desdemoniacles, criant que Iefus-Chrift eftoit leSauueur, quieftoitvenu pour le deftruire. Comme il fift par la Py thonif- fe, quidifoit que Paul prefehoit le vray Dieu. Comme quand il f apparut, Ôc tourmenta la femme de Pilate , laquelle il fift intercéder pour Iefus, homme iufte. Et comme plufieurs hiftoi- res, outre les facrees, rapportent diuers tefmoi- gnzges des idoles, en approbation de la Reli- gion Chreftienne, dequoy La&ance, Profpere & autres font mention. Que Ion lifeEufebe* aux liuses de la préparation Euangelique, Ôc ceux de fa demonftration , où il efttraitté am- plement de cefte matière. I'ay dit cecy tout à propos, afin qu'aucun ne mefprife cç que racon- tent, les Hiftoires Ôc Annales des Indiens, tou- chant les prefages Ôc prodiges eftranges qu'ils curent de la prochaine fin , ôc ruine de leur des Indes. Dure VIL îfS Royaume, & du Royaume du diable qu'ils ado- roient tout enfemble. Lefquels me femblent dignes d'eftre creus , & que l'on y adjoufte foy, tant pour eftre aduenus y a peu de temps, ôc que la mémoire en eft encores toute fraifche; quepource que c eft vne choie fortvray-fem- blable, que le diable felamentaft d'vnfi grand changement, & que Dieu par vn mefme moyen commençait à chaftier des idolâtres fi cruels & abominables. C'eft pourquoy ie les racontera/ icy comme chofes vrayes. Il aduint donc que Moteçuma ayant régné plufieurs années en grande profperité , & tellement eileué en Tes fantaiîîes, qu'il fefaifoit feruir & craindre, voi- re adorer comme fil euft elle Dieu -, le Seigneur Tout-puitfant commença de le chaftier, &de l'aduertir auflî, permettant que les mefmes dia- bles qu'il adoroit, luy annonçaient les triftes nouuelles de la perdition de fon Royaume, & le tourmentaient par des prognoftics qui n'a- uoient iamais efte veus, dequoy il demeura fi trifte & Ci troublé , qu'il en deuint tout hors de fon fens. L'idole de ceux de Chollola , qu'ils ap- pelaient Quetzacoalt , annonça qu'il venoit vne gent efttange pour pofieder Tes Royaumes. Le Roy de Tezcuco, qui eftoit grand Magicien, & auoit accord auec le diable, vint vn iour vifi- ter Moteçuma à heure extraordinaire, & Taf- feura que Ces Dieux luy auoient dit qu'il y auoit de grandes pertes qui f appreftoient pour luy,& pour tout fon Royaume. Plufieurs forciers 8c enchanteuts luy en alioient dire autant, entre lefquels il y en eut vn qui luy annonça fort par- Hifîoire naturelle îiculicrement ce qui luyaduint du depuis. Et comme il eftoit auec luy, l'aduertit que les poul-j ces des pieds & des mains luy defFailloient. Mo! îeçuma ennuyé de relies nouuelles, faifoit pren. dre tous ces forciers , mais incontinent ils dif- paroifloient en la prifon , dequoy il prenoit tel- le rage, que ne les pouuant tuer , il faifoit mou- rir leurs femmes Ôc leurs enfans, & deftruirc leurs maifons & leurs moyens. Or fe voyant importune, ôc agité de cesaduertiiïèmens, il voulut appaifer Tire de Ces Dieux , ôc pour celle caufe il {'efforça de faire apporter vne grande! pierre , pour fur icelle faire de grands facnfices. Pour en venir à bout', il enuoya grand nombre de peuple pour l'amener , auec des engins ôc in- ôruments, lefquelsne la peurent aucunement xnouuoir, bien que f*y eftans obftinez, ils y eut- fent rompu plusieurs engins. Mais comme ils perfeueroient toujours de la vouloir enleuer, ils ouvrent vne voix ioignantlapierre, quidi- foit qu'ils ne trauaillairent point en vain, Ôc qu'ils ne la pourroient point enleuer, pource que le Seigneur des chofes créées ne vouloir plus que Ton fîft ces chefes là. Moteçuma ayant entendu cela, commaMa que Ton fï&les facri- fices en ce lieu ; ôc dffent que la voix parla dere- chef, di fan t: Nevousay-iep4s dit que ce n'eft point U volonté du Seigneur des chofis créées, que cela fi fafe , CT *fin que vous croye^ qu'il efi ainfi , te me htjferay for ter quelque feu , fuis afres vous ne me fourre\mouuolr* Ce qui aduint ainfi : car incontinent ils la me- nèrent quelque peu d'efpace aflez facilement, puis après ils n'y peurent que faire , iufques à ce des Indes. Hure VIL 3S9 que par beaucoup de prières elle fe biffa porter iufques à l'entrée de la Cité de Mexique , oufu- bitement elle tomba dans le lac, & la recher- chai, nelapeurentrettouuer, mais fut trou- uee depuis au mefme lieu d'où ils l'auoient tirée, dequoy ils demeurèrent tous confus, & efpou- uantez. En ce mefme temps apparut au ciel vne flambe defeu très-grande, & fort luifante , en façon de pyramide, laquelle commençait à ap- paroiftre à la minuit , & alloit toujours mon- tant, iufques au matin leuer du foleil qu elle de- roeuroit aumidy, où elle difparoiffoit. Elle le monftra de cette façon chaque nuid par l'eipa- ce dvn an entier, & toutes les fois qu elle appa- roiffoit, le peuple iettoit de grands cris, comme ilsauoient accouûumé, croyans que c eftoit vn prefage de grand malheur. Il aduint mefme que le feu fe print au temple, fans qu'il y euft aucun au dedans, ny hors proche d'iceluy , nyquily fuft tombé aucun efclair, ny tonnerre. Surquoy les gardes Peftanscfcriees, il y accourut grand nombre dépeuple auec de l'eau, mais rien n y peut remédier ; tellement qu'il fut du tout cou» fommé, &difent qu'il fembloit que le feu for- tift des mefmes pièces de bois, & qu'il f'enflam. boit dauantage par l'eau que l'on y iettoit. L on vid fortir vne cornette en plein îour , qui cou- roit du Ponent vers l'Orient , iettant grande, quantité d'eftinceUes , & difent que fa figure eftoit comme d'vne queue fort longue, ayant au commencement trois teftes. Le grand .ac qui eftoit entre Mexique & Tezcuco, fans qu il y euft aucun vent, & fans tremblement de terre, Hifioire naturelle ou aucune autre caufe apparente, commençai foudamement a bouillir, & «eurent tellement ces bouillons que tous les édifices qui eftoientl prochesdiceluy.tomberentparterre.Usdifcnt quel on ouyt en ce temps plufieurs voix, com- 1 me dvne femme angoiilèe, qui difoit quelques fois :o mes infins, tk i/l venu le temps de veflre deftm. Sm. Et d autres fois difoit : o mes enfin* , ii vm I P'Xrty-'e^fin^evMnevotisackemelde perdredu tout? « apparut mefme diuers monfttes aucc deux teftes.qm eftans portez deuant le Rov.dif- patoiffoient auffi toft. Tous ces monutes fu. rent furpal.tz par deux autres fort effranges, dont lvn tut quelespefeheutsdulacprindfenc vn oyfeau grand comme vne grue, & delà cou- leur mefme, mais dVne effrange façon, & non Jamais veue Us le portèrent à Motecuma, qui pour lorsçftoit an Palais qu'ils appelaient de i pleurs & dedeiiil, lequel eftoit tout tendu de noir; d autant que comme il auoit plufieurs Pa- iai s pour la récréation, il en auoit auffi plufieurs pour le temps d'affMion, dont il eftoitalots afiez charge & tourmenté , à càufe des menaffes que fes Dieux luyfaifoient par de fitriftesad- uermTenieM. Les pefcheurs arriuerent fur le poinû de midy , & mirent deuât luy cet oyfeau qui auoit au faifte de latefte vne chofe comme imfante & tranfparente, en façon de miroir, ou avloteçama vid les deux & les eftoilles, dequoy U demeura tout eftonné, puis tournant les yeux aucel, & ne voyant point d-eftoilles, recom- mença a regarder en ce miroir, où il vid qu'il ve- noir vn peuple en guerre deuers l'Orient, Se msm , des Indes. Liure VIL 360 qu'il venoit armé, combatant, & tuant, lifift appeller Tes deuins & prognoftiqueurs , dont il en auoit vn grand nombre , lefquels ayans veu toutes ces chofes, Se ne fçachans donner raifon de ce qui leur eftoit demandé , incontinent l'oyfeaudifparut, tellement qu'ils ne le virent oneques depuis, dont Moteçuma demeura fort trifte & defeonfortc. L'autre prodige qui luy aduint, fut qu'vn laboureur qui auoit le renom d'homme de bien, le vint trouuer, &luy ra- conta qu eftant le iour de deuant à faire labou- rage,vngrand Aigle vint volant vers luy, qui le print en Ces griffes , & fans le bleffer , le porta en vne certaine cauerne, où il le IaùTa , pronon- çant cet Aigle ces paroles: Très- pmjfant Seigneur, t'ay apporté celuy que tu m'as commandé. Et l'Indien laboureur regarda de tous coftez à qui il par- Boit, maisilnevidperfonne. Alors il ouyt vne voix qui luydift: Cognois-tu cet homme que tu voids là eftendu en terre? Et regardant en icelle , vid vn homme endormy , & fort vaincu du fommeil, auec lesenfeignes Royales, des fleurs en la main, &vnbafton defenteursôc parfum ardent , comme ils ont accouftumé d'v* 1er en ce pays, lequel le laboureur regardant^ recogneut que c eftoit le grand Roy Moteçu- ma. Parquoy il refpondit incontinent, après Tauoir regardé : Grand Seigneur ', ceftuy-cy refemhle a noftreRoy Moteçuma. La voix recommença à dire: Tu dis vray> regarde quel il e/l, &* comme tu le voids en- dormy CT ajfoupy , fins auoirfeing des grands maux , O* des trauaux qui luy font préparés, il eft maintenant temps qu'il paye le grand nombre des ojfenfes qu'il a faites k tiiftoire naturelle Pieu , O* f*d reçoive la peine défis tyrannies , & de fort grand orgueil , & neantmoms tu voids tomme il a fi peu defiucy décela, Çf quil eftfi aueuglétnfies mifieres , qu'il n'a défia plus de (èntiment. Mais afin que tu le puijpi mieux voir , prends cebafion de fenteurs qu d tient ardent en fia mamy ey luy mets contre le vifiage, 0* lors tu verra* quil ne le fientira pas. Le pauure laboureur n'ofa approcher , ny faire ce que Ton luy difoit , pour la grande crainte qu'ils auoient tous de ce Roy: inaisla voix recommença à dire: N*ay es point de crainte , car te fiuis fans comparai fin plus que ce %oy , tek fuis defirutre , &ledeffendrey parquoy fiais ce quetetè comande. Sur ce commandement le payfan prend ce bafton d'odeurs de la main du Roy, 6V: luy mit ardent contre le nez, mais il ne fc meut, ny rnonftra aucun fentiment. Cela fait, la voix luy dift,que puis qu'il voyoir combien ce Roy eftoit endormy , qu'il Tallaft refueiller , ôc luy racon- tait ce qu'il auoitveui Alors l'Aigle parlerne£- me commandement reprit l'homme en fes gnf- feSj le remettant au propre lieu où il l'auoit pris, & pour accompIifTement de cequi luy aUoit eftë dit, venoitlàpour l'enaduertir. Ils difent qu'a- lors Moteçuma fe regarda au vifage , & trouuà qu'il l'auoit bruilé, ce qu'il n'auoit iufques alors fenty; dequoy il demeura extrêmement trifte, Se ennuyé. Il peut eftrequcce que le ruftic ra- conta , luy eftoit arriué en imaginaire vifion, Ôc n'eft pas incroyable que Dieu ordonna parle moyen d'vn bon Ange,ou permit par le moyen du mauuais, qu'on donnait cet aduertiflement au ruftic, pour le chaftiment du Roy, quoy eju'infidellej veu que nous lifons enladiuinc Efcrt- des Jndes. Liure Vit» ^gi Eferiture que des hommes infidelles & pécheurs ont eu de femblables apparitions cVreuelations, Ddtu - comme Nabuchodonofor, Balaam 8c la Pytho- jyum. li- hiiTe de Saiil. Et quand quelque ehofe de ces ap- j. i?£g. i8, paritions ne feroit arriué fi expreflement, à tout le moins il eft certain que Moreeuma eut beau- coup de grades triftefles cV fafcheries, pour plu- fîeurs &diuerfesreuelations qu'il eut, quefon Royaume & fa loy fe deuoiét bien tofl acheuer. De la nouuelle que Moteçtima receutdelarrwe* des Effagnols en fa terre, & de l'Ambaf- fade quil leur enuoya. Chapitre XXIV; 3^/A||rV quatorziefme an du règne de Mote- ^^^^çuma, qui fut l'an de floftre Sauueur, zQgS^iyij. apparurent en la mer du Nort des rauires, & des hommes defeendans; dequoyles "fubjets deMoteçuma furent beaucoup efmer- ueiliez, de voulans f'enquerir, & fe fatisfaire da- uanrage qui ilseftoient, ils furent auxnauires dans des canoës, portans plufieurs rafraifchitîe- mens de viandes , & d'eftoffes à faire des habits* feignans de les leur aller vendre. Les Efpagnols les recueillirent en leurs nauires, & en paye- ment de leurs viandes & eftoffes qui leur furent agréables , ils leur donnèrent des chaifnes de pierres faufîes , rouges , azurées , vertes & iaul- nes, que les Indiens croyoient eftre pierres pre- cieufes. Et les Efpagnols finformans qui eftoif leur Roy, & de fa grande puiffance, ieurdo^ Hijïoire naturelle lièrent congé, en leurdifant qu'ils portaient ces pierres à leur Seigneur, &: luy difTeni que pour le prefent ils ne pouuoient l'aller voir, mais qu'incontinent ilsretourrieroient, ôc levi- fltcroient. Ceux de la code allèrent incontinent a Mexique auec ce mdfage, portans la reprefen- tation de tout ce qu'ils auoient veu, dépeinte en des draps qu'ils auoient, tant des nautres, Ôc des hommes, que des pierres qu'ils leur auoient don- nées. Le Roy Moteçuma demeura par ce meiïa- ge fort penfif, Ôc leur commanda qu'ils ne le di- uuîgaiïènt , ôc ne le difTent à perfonne. Le iour enfumant il ailembla Ton Confeil , Ôc leur ayant monflré les draps Ôc les chaifnes, mit en délibé- ration ce qu'il deuoit faire, où il fut refolude donner ordre à toutes les coftes de la mer , que les habitans y fuffentauguet, & que quelque, chofe qu'ils vifTent, ils en aduifailent incontinét le Roy. L'année enfuiuante, qui fut au cômen- cement de l'an 151 8. ils virent paroiftre en la mer ta flotte où eftoit le Marquis de la Vallé, Dom Fernande Cortés auec Ces compagnons. Nou- uelle qui troubla beaucoup Moteçuma, ôc con« fultant auec les fiens,ils dirent tous que fans fau- te leur ancien & grand Seigneur Quezalcoaît eftoit venu, lequel leur auoit dit qu'il retourne- roit du cofté d'Orient , où il f'en eftoit allé. Il y auoit entre Us Indiens vne opinion , qu'vn grad Prince les auoit au temps paiTé laiflez, & pro- mis qu'il retourneroit, de l'origine ^fonde- ment, de laquelle opinion fera dit en vn autre lieu. C'eftpourquoy ils enuoyerent cinq prin- cipaux Ambafladeurs, auec des prefens riches,, des Indes. Dure Vit. 3^ pour le côgratuler de fa venue, leur difant qu'ils içauoient bien que leur grand Seigneur Quet- Zàlcoalr venoitlà, & que Ton feruiteurMote- çuma l'enuoyoit viiîter , fe tenant pour fon fer- uiteur. Les Efpagnols entendirent ce meiTage par le moyen de Marina Indienne qu'ils me- noient auec eux, & fçauoit la langue Mexiquai- & Fernande Cortés trouuant que c'eftoit ne vne bonne occafion pour leur entreei comman- da qu'on luy ornaftfort bien fa chambre, ôé eftant ailis auec grande authorité 6c ornement, fift entrer les Ambafladeurs, lefquels n'obmi- rent rien de f'humilier , finori de l'adorer pour leur Dieu. Ils luy firent leur ambaftade , difans quefonferuiteurMoteçuma l'enuoyoit vifiter, & qu'il tenoit le pays en fon nom, comme fo ri Lieutenant; qu'il fçauoit bien que c eftoit le To- pilcin qui leur auoitefté promis il y auoit plu» fieursans, lequel les deuoit venir reuoir.Par ain- fi qu'ils luy apportoierit les habits qu'il auoit ac- coutumé déporter, quand il conuerfoitauec eux, le fuppliât qu'il les receuft pour agréable^ en luy offranr plusieurs prefens de grade valeur. Gortésrefpondir, receuant les prefens, ordon- nant à entendre qu'il eftoit celuy qu'ils diloient$ dequoy ils demeurerét fort contens* & .fe voyâs receus & traittez de luy amiablemét ( car en ce- la , auflî bien qu'es autres chofes , ce valeureux Capitaine aefté digne de louange) que il l'en- treprinfe euftpaflc outre, qui eftoit de gagner par amitié ce peuple, il femble qu'il f'eftoit of- fert la meilleure occafion que l'on fe pourroié imaginer , pour aflubjettir cefte terre à l'Huai Zaij ' • Rom. xi. Hifloire naturelle giïe par paix , & par amitié : mais les péchez de ces cruels homicides 8c efclaues de Satan , vou- loient eike chaitiezduciel, comme aufïî ceux de plufieurs Efpagnols qui n'eftoient pas en pe- tit nombre. Ainfiles hauts iugemens de Dieu dirpoferent le falut de ces peupleSjayans premiè- rement retranché les racines endommagées , 8c comme dit P Apoftre , la mauuaiftic & aueugle- mentdesvns fut la faluation des autres. Enfin le iour d*apres l'ambaffade fufdite , tous les Ca- pitaines & principaux de la flotte vindrent dans l'Admiralie , & entendans l'affaire , & combien ce Royaume de Moteçuma eftoit puiiTant & ri- che , il leur fembla que c'eftoit chofe conuena- ble d'obtenir réputation d'hommes braues 8c vaillans enuers ce peuple , & que par ce moyen encores qu'ils fulTent peu , ils feroient craints 8c receus en Mexique. A celle fin ils defchargerent toute l'artillerie des nauires ; 8c comme c'eftoit chofe qui iamais n'auoit efté oiiie par les Indiés, ils demeurèrent aufli efpouuentez , que Ci le ciel fuit tombé fur eux. Apres , les Efpagnols fe mi- rent à les défier, afin qu'ils côbatiiTent auec eux, 8c les Indiens ne f'y ofans hazarder, ils les batti- rent &mal~traitterent, leur monftrans leurs efpees, lances, pertuifanes 8c autres armes dont ils les efpouuenterét beaucoup. Les pauures In- diens furent pour cet effet fi craintifs & efpou- uentez , qu'ils changèrent d'opinion, difans que leur Seigneur Topicin ne venoit point en celle tro upe, mais que c eftoient quelques dieux leurs ennemis qui venoient là pour les deftruire. Quad Us Ambalfadeurs retournèrent en Mexique, des Indes, Liure VIL 365 Moteçuma eftoit en la maifon de l'audience, ôç auant qu'ils luy donnaient l'ambalTade, le mal- heureux commanda de facrifier en faprefence vn nombre d'hommes , puis auec le fang des fa- cnfiez arroufer les AmbafTadeurs, penfantpar cefte cérémonie ( qu'ils auoient accoufturaé de faire en de folemnelles ambatfades ) auok bon- nerefponfe. Mais ayant entendu le rapports- information de la forme des nauires [ hommes, & armes, il demeura tout confus & perplexe puis ayant eu confeillàdeiîus, ne trouua autre meilleur moyenque procurer d'empefcher ren- trée à ces eftrangers , par les arts magiques, & coniurations. Ils auoient acçouftume fouuertt de fe feruir de ces moyens, d'autant qu'ils aûoiét grande cômunication auec le diable , par 1 ayde duquel ils obtenoient quelquesfois des effets eftranges. Ils afTemblerét donc tous les forciers, magiciens & enchanteurs, & perfuadez de Mo- teçuma, prindrét en leur charge de faire retour- ner ces gens là en leur pays. Pour cet effecl: ils furent en certain lieu qui leur fembla eftre pro- pre pour inuoquer les diables, &*xercer leurs arts, chofe digne de confideration. Ils firet tout ce qu'ils peurcnt , & fceurent , mais voyans que nulle chofe ne pouuoit empefcher les Chre- {liens, ils furent vers le Roy , luy difans que ceux-là eftoient plus qu'hommes, pourceque rien ne les endômageoit, pour toutes leurs con- iurations & enchantemens. Alors Moteçuma faduifa d'vne autre rufe, qui fut que feignant deftre fort content de leur venue , il enuoya commander à tous fes Royaumes qu'ils feruif- Zz il] f Hiftoire naturelle ent ces dieux celeftes qui eftoient venus en leur terre. Tout le peuple eftoit en grande rrifteife &furfaut, &venoient fouuent nouuellesqus lesEfpagnols f'enqueroient fouuent où eftoit le Roy, de fa façon de viure, de fa nuifon, & de fes moyens. Il eftoit extrêmement fafché de ce- la, 8c luy confeilloîent les fïens, & d'autres Ne- gromanciens , qu'il (e cachaft, luy offrant à ce- tte fin de le mettre en lieu ou créature ne le pourroitiamaistrouuer. Cela luy femblacho- fe vile 3 parquoy il fe détermina à les attendre, encores que ce fuft en mourant. En fin il fortit de (es maifons & Palais Royaux , pour loger en d'autres, les laitons pour loger ces dieux, com- me ils difoient. De l'entrée des Ejpagnols en Mexique. Chapitre XXY. E ne prétends point traitter les faits 8c geftes des Efpagnols qui conquefterét la ncuueEfpagne, ny lesaduentures eftranges qui leur arriuerent , ny le courage 8c valeur inuincible de leur Capitaine Dom Fernande Cortés , d'autant que de cela il y a beaucoup d'hiftoires & relations, corne celles que le mefme Cortés efcriuit à Charles V. Em- pereur , bien qu'elles foient d'vn ftile rond , ÔC aflèz efloigné darrogâce; le{quellcs dônentfuf- fifante cognoifsâce de ce qui fe pafta, en quoy il fut digne d'éternelle mémoire. Mais feulement pour accôplir mon intention, il refte de dite çç <»_~_Xii'!laLg:i71 des Indes. Liure VIL 5^4 que les Indiens racontent de cet affaire, ce qui naefté iufqu'aujourd'huy rédigé par efcnt en noftre vulgaire. Motecuma donc ayant enten- du les victoires du Capitaine, Se qu'il venoit, f aduancant pour fa coquette , qu'il i'eftoit con- fédéré à joint auec ceuxdeTlafcalla fes capi- taux ennemis, &auoitchaftié rudement ceux deCholiolafesamis-, f'imagina de le tromper, ou efprouuer enluy enuoyant vn homme prin* ciual , vertu , Raccommodé des mefmes orne- mens, & enfeignes Royales, qui feignit eftre Motecuma : laquelle fi&ion ayant efté defeou- uerte au Marquis par ceux de Tlafcalla qui Fac- eompagnoient , le renuoya après l'auoir douce- ment ôc prudemment reprins de l'auoir ainii voulu tromper i dequoy Motecuma demeura tellement confus , que pour la crainte de cela il retourna à fes premières imaginations-de vou- loir faite retirer les Chteitiens, par le moyen ÔC inuoeation des enchanteurs & forciers.^ Par- quoy il aiTembla vn plus grand nombre d'iceux quiln'auoit fait la première fois , tn les menaf- fant que f'ils retournoient vers luy fans accom- plir fon commandement , il n'en r'efchapperoïc vn feul , à quoy ils promirent d'obtempérer. Et pour cet effed tous les officiers du diable fen allèrent au chemia de Chalco, quieftoitparou deuoient pafTer les Efpagnols, oùmontansau faifte d vne cofte, leur apparut Tezcalipuca, vn de leurs principaux dieux , comme venant de- uers le camp des Efpagnols , en 1 habit de Chat- cas, qui audit lestetins ceints auechm&toms dvne corde de ionc; il venoit comme hors de Z z hij Hiftoire naturelle foy, & comme vn homme infenfé, &enyuté de rage & de furie. Arriué qu'il fut à lefcadron oes Negromanciens &forciers, ilfarrefta, & leur dift en grand cholere : Pmrquoy v*», autre, re- nmet-vm uy ? Q^efl-ce que ntupm* frètent fa.re- Varv.ftremoyen Use? mfurdaàuu'e: car defiatleti determme quehnluy ofe fo» Royaume &> finhonneu,, «erneinfetgneurwu comme twfire & tyran. Les en- chanteurs a ors oyans ces paroles , cogneurenc que c eftoit leur idole, & fhumilians deuât luy Juy battirent àl'inftant aumefmelieu vn autel de pierre,qa'ils couurirent de fl eurs qu'ils cueil- firent al entour ; luy au contraire ne faifant pas deltatdeceschofes, commença derechef à les tancer, difant : ^eftes-vm venmfatre.cy, tmftres, retourne^ retmrneXincmtment, cr regarda Mexique, f» que vw entendre qutd„, advenir telle. Et di- lent quils fe retournèrent deuers Mexique pour la regarder, & qu'ils h vireiu brudante & toute enHambee de viues fiâmes. Alors le diable dif- parut, & eux n'ofans pa/Ter plus outre, firent fçauoircelaàMoteçuma;cequ'ayant entendu, il fut vn long temps fans parler, regardant pen- hf en terre, puis dift , que ferons-nous donc, fi les dieux & nos amis nousdelaiflenr, & qu'au contraire ils aydent & fauotifent nos ennemis} le luis défia refolus, & nous deuons tous refou- orea ce point, qu'arriue ce qui pourra arriuer, nousnedeuonspointfuyr.ny nous cacher.n, monftrer aucun figne de coiiardifc. l'ay feule, tnent prtié des vieillards, & des petits enfans des Indes. Dure. VIL $6$ qui n'ont ny pieds,ny mains pour fe defFendre, ôc difant cela,fe teut, pource qu'il commençoit à fe cràfporter en extafe. En fin le Marquis Rap- prochant de Mexique, Mote.çuma s'aduifadc faire de neçefîné vertu, &fortitpour lerece- uoir comme à trois ou quatre lieues de la Cité, allant d'vne graue majefté,porté fur les.efpaules de quatre Seigneurs^ eftant couuert d'vn riche poëlle d'or <5c de plumeries. Lors qu'ils Centre* rencontrèrent , Moteçuma defcendit , & tous deux fe faliierent l'vn l'autre fort courtoifemét: Dom Fernande Cortés luy dift qui! ne fefou- ciaftderien, ôc qu'il n'eftoit là venu pour luy ofter fon Royaume,ny diminuer fon authorité. Moteçuma logea Cortés & Ces compagnons en fo n Palais Royal, qui eftoit fort magnifique , &: luy s'en alla loger en d'autres maifons priuees qu'il auoit. Les foldats defehargerent cefte nuict-là l'artillerie par refiouy (Tance,dequoy les Indiens s'efpouuenterentbeaucoupjn'eftans pas accouftumez d'ouyr vne telle nautique. Le iour enfuiuant Cortés fit aïTembler Moteçuma Se les Seigneurs de fa Court en vne grande fale,où luyeftant a(îis en vne haute chaire, leur dift qu'il eftoit feruiteur dVn grand Prince qui les auoit enuoyez en ce pays pour faire de bonnes ceuures, & qu'ayant trouuc eniceluyeeux de Tlafcalla qui eftoient fes amis , lefquels fe plai« gnoiét fort des torts & griefs que ceux de Mexi- que leur faifoient continuellement, à cefte oc- cafion il vouloit entédre lequel d'entr'eux auoit le tort, à fin de les appointer enfemble , pour de ïàenauaatnefetrauaiiler & guerroyer les vas 'ii Lftftoire naturelle ' les autres, & que cependant luy ôcfes freret (qui eftoient les £fpagnols)demeureroient tou- jours là fans les endommager, au contraire les ayderoient en ce qu'ilspourroient.Il mit peine de faire bien entendre ce difcours à tous, fe fer- liât de ces interprètes & truchemëts. Ce qu'en- tendu par le Roy & les autres Seigneurs Mexi- quains.ils furent extrêmement contés, &mon- ftrerent grands fignes d amitié à Cortés & aux fiens* Plufieursfont d'opinion que s'ils euffent fui u y l'affaire comme ils J'auoient commécéce iour là, ils euiTent peu facilement ordonner du Roy & du Royaume pour leur donner la loy de Σsv*s-CHRiTfansgrandeeffufiondefang.Mais îesiugementsdeDieu.font grads,& les péchez dts deux parties eftoient en grand nombre -, par ainii n'ayans fuiuy leur pointe , l'affaire fut dif- fère, combien qu'en fin Dieu fitmifericordeà celle nation, luy cômuniquant la lumière de fon faincl: Euangile, après auoir fait iugemet ôc pu- nition de ceux qui le meritoient, & qui auûient trop énormément ofFenfé la diuine reuerence. Tanty a que quelques occafiôss'efmeurent,dôt pjufieursplaintes,griefs & foupçons nafquiréc dvn cofté,& d'autre.Ce que voyant Corte's , ôc quelesvolontez des Indiens commençaient à fe diftraire d'eux,il luy fembîa neceifaire de s af- feurer , en mettant la main fur le Roy Moteçu- ma,lequel fut faifi,& mis les fers aux pieds, aéte certes efpouuentable au monde, & qui eft efgal à l'autre fîen,d'auoir bruflé Ces nauires, & s'eftre enclos au milieu de fes ennemis, pour vaincre ou pour mourir. Xe pire fut que à caufe delà desjrides. Uure. VII. S^ venue inopinée dvn Pamphilo Naruaesenla Ueré Crux, pour altérer & mutiner le pays fut de ! befoing que Cortés s'abfentaft de Mexique , & qu'il laiiaft le pauure Moteçuma entre les mains de {es compagnons, qui n auoient pas la diferetion, ny la modération telle que luy , par ainfi l'affaire vint à telle diiTenfion, qu'il n'y eut plus aucun moyen de faire paix. De la mort de Moteçuma , & for tic des : Efpagnols de Mexique. Chapitre XXVI, Ors que Cortis.eftoit.abfent.de Mexique, celuy qui eftoit demeu- ré fon Lieutenant,fut d'opiniô de donner vn rude chafliement aux Mexiquains, & fit ruer vtt grand nombre de la nobleiTe en vn bal qu'ils firent au Palais vs qui fut fi exceffif , que tout le peuple le mutina, & dVnefurieufe rage prindrent les ar- mes pour fe véger & tuer les Efpagnols.Par aimi Jes aflîegerétau Palais, les preflans de fi presque le dommage que Jes Efpagnols leur faifoient de leur artillerie & de leurs arbaleftes , ne les pou- uoit diftraire , ny faire retirer dé leur entre- prinfe,à quoy ils perfift erent par plufieurs îou rs leur empefehant les viures,fans permettre qu'il y entrait ou fortift aucune créature. Ils febat- toient auec des pierres,des dards à ietter , à leur façon,des efpeccs de lances qui font comme des flefehes , ou il y a quatre ou fix razoirs très -ay » . ;_ j ■: 1 ■ ' ; 1 , '= 1 } 1 E i Hiftoire naturelle gns, quifont telles queles hiftoires racontent. qu en ces guerres vn Indien dvn coup de ces ra- zoirs emportaprefque tout le col dvn cheual. SA comme ils combattoient vniouren cefterefoJ Jution & furie, ks Efpagnols pour les faire cef \ fer,rirent monter Moteçuma, auec vn autre amonflreZes Indes en faneur delafoyy fans le mérite de ceux qui les firent. Chapitre XXVII. Ainde Croix de la Syerre efl vne Prcr- uince fort grande , ôc fort eilongnee, au Royaume du Peru , quis'auoifine auec diuerfes nations d'infidèles, les- quels n'ont point encor la lumière de l'Euan- gilea depuis le temps (juei'ea fuisparty fi les Père? âes fndes. Dure. Vît 3 ty Itères de noftrc Compagnie,qui font là pour cet effc qui eft cô- meii déclare , s'accroiftre parles moyens hu- mains & terriens , que l'on cherche plus ordi* nairement que Iefus- Chrift. Ca efté auffi gran- de prouidence du Seigneur, que quand les pre- miers Efpagnols y arriuerent , ils trouuerent à& Taydc entre les mefmes Indiens,à caufe de leurs partialitez & grandes diuilîons. Cela eft tout cogneu au Peru,que la diuifion d'entre les deux frères Arahulpa,& Guafca, eftat nouucllement decedé le grand Roy Guanacapa leur père, fuit caufe de donner l'entrée au Marqui^Dom Fran- çois Pizarre,& aux Efpagnols, d'autant qtfvn chacun d'eux defiroit fon alliance , &quils cftoient occupez àfe faire la guerre l'vn à i'au- tre.Lon n'a pas moins expérimenté* en la neuue Efpagne , que Tay de de ceux de la Prouince é« ^aaiiij Hiftoire naturelle Tlafcalîa, à caufe 4e la perpétuelle inimitié qu'ils auoient contre les Mexiquains,caufa au Marquis Fernande Cortçs , ôc aux fiensja vi- ctoire & feigneurie de Mexique , & fans eux il leur euft efté impoflible de la gagner, voire feu- lement de fe maintenir au pays. Ceux-là Ce trompent beaucoup qui eftiment peu les In- diens^ quiiugent que par laduantage queles Efpagnois ont fur eux de leurs perfcnnes, che- uaux ÔC armes orTenfiues & derTenfîues3ils pour- ront conquefter quelconque terre ôc nation d'Indiens. Chilléeft encor là , ou pour mieux dire Aranco , ôc Teucapel,qui font deux villes, furiefquellesnos Efpagnois nont pasfçeu ga- gner vn pied de terre , combien qu'il y aye plus de vingt- cinq ans qu'ils y font la guerre,fans s'y efpargner. Car ces Barbares ayans vne fois per- du la crainte des cheuaux ôc des arquebufes > ÔC fçachans que l'Efpagnol tombe aufli bien qu'vn autre dVn coup de pierre, ou aueç vne flèche, ils fehafardent& entrent dans les, piques, fai- fans leurs entreprinfes. Combien d'années y a- il quel'onleuedes hommes en la neuue Efpa- gne que Ton mené contre les Chychymequos, qui font vn petit nombre d'Indiens tous nuds, armez feulement de leurs arcs ôc flefches , tou- tesfois iufques auiourd'huy ils n'ont peueftre vaincus,au contraire de iour en iour ils deuien- nent plus hazardeux & déterminez? Mais que dirons nous des Chucos,des Chyraguanas , ôc des Pilcocones, êc de tous les autres peuples des Andes ? Toute lafleur du Peru n'y a-elle pas Ip* menant aueç foy fi grand appareil d*arme$ 1 des Indes. Dure FIL m & hommes, comme nous auonsveu? Que fi- rent- ils î Auec quel profit retournerent-ils > lis > en reuindtent certainement bien heureux de n'y auoir laiffé la vie, y ayans pctdu leur baga- ge & ptefque tous leuts cheuaux. Qnaucun n'eftime pas qu'en parlant des Indiens l'on do.- ue entendre des hommes de rien: mais lil ie penfe, qu'il vienne , & en faflel'efpreuue. Il en Faut donc attribuer la gloire à qui elle appar- tient, qui eft principalement à Dieu, &àlon admirable difpofition : car fi Motecuma en Mexique, & l'ingua au Peru , le furent em- ployez à refifter aux Efpagnols , & leur empef- cher l'entrée , Cortez Se Pyzarre y euflent peu profité, encore qu'ils fuffent excellents Capital- nés, d'auoir mis feulement pied enterre. U efté mefme vn grand ayde pour faire receuoir aux Indiens la loy de iefus-Chrift , que la gran- de fubjedion qu'ils auoient à leurs Rois & Se - gneurs, & mefme la fujedion & feruitude qu ils auoient au diable , à fes tyrannies & à fon ioug fi pefant. Ce fut vne excellente difpofition de la Sapiencediuine, laquelle tire du profit du ma d'autruy qu'elle n'a pas femé. Il eft certain qu il n'y a aucun peuple des Indes Occidentales, qui avt efté plus idoine à l'Euangile, que ceux qui ont efté plus fujets à leurs Seigneurs, & qui ont efté chargez de plus grandes charges , tant de ttibuts &feruices, comme de couftumes& v a- ces fanguinolents. Tout ce que poflederent les Rois Mexiquains , & ceux du Peru, eft aiqour- îhuy le plus cultiué de la Chreftiente, & ou il y a moins de difficulté au gouuernemét, & police ffifioire naturelle Ecclefiaftique. Les Indiens eftoient défia fi lafTés d endurer le ioug tres-pefanc, & InfuppoItable des loix de fatan , des .acrifices , & cérémonies, dont nousauons parlé cy-defos, qu'ils conful- toient entre eux de chercher vne autre loy, Si vn autre Dieu, à qui ils fermiTent. C'eftpout- quoy la loy de lefus Chrift leur fembla, & fera- Ne encor aujourd'huy iufte, douce, nette, bon- ne, & toute pleine de biens. Et ce quieft diffici- leen noftreloy, qui eft de croire desnwfteres ii hauts & fouuerains, aefté bien facile entre ■ «x , d autant que le diable leur auoit fait com- prendre d autres chofes plus déciles. Et ce* «lehnes chofes qu'il auoit deftobees denoftre ioy Euangelique , comme leur façon decom- mumon & confeflîon , leur adoration de trois envn, & telles autres chofes femblables, lef- quellescontrela volonté de l'ennemy, ont aydé a raireplus facilement receuoir la vérité à ceux quilesauoient receuzen lamenterie. Dieu en toutes fes œuures eft fage , & admirable, lequel furmonte l'aduerfaire auec fes propres armes, 1 arrefte auec fon lacs , & l'efgorge auec fa pro- pre elpee. Finalement noftreDieu (qui auoit crée ces peuples, & qui fembloit fi longtemps les auoir misenoubly ) quand leur heure a efté venue, a voulu faire que les mefmes diables en- nemis des hommes qu'ils tenoient fautivement pour dieux donnaffent témoignage contre leur yoloté, defa vrayeloy, dupouuoirdeChrift,& du tnomphe de fa Croix , ainfi qu'il appert clai- '«""ïpar J esprefages, prophéties -, iSgnes ÔC grodiges cy deiTus racontez , auecplafieurs au» 'ies'lnâes. Unit VIL 374 «es qui font aduenus en diuers endroits, ôc que les mefmes miniftres dcfatan,forciers,ma- giciens, & autres Indiens l'ont confeflc. Et ne peut-on nier ( car c'eft chofe tres-euidente, & notoire par toutlemonde) que le diable noie fiffler, & que les pratiques , oracles, refponles, & apparitions vifibles, qui cftoient fi ordinai- res en toute celle infidélité, ont ce(?c çs lieux où le figne de la croix a efté planté , ou il va des Eglises, & où l'on a confeflc lenoradeC-hnlt, Que fil y a encor aujourd'huy quelque fien mi- nutre maudit^qui participe encores dequelque chofe de cela , ce n eft que^dedansles cauernes, fommets des montagnes, & aux lieux cachez, & du tout eiloignez du noiu& communion des Chreftiens. Le Seigneur fouuerain fou bemt, pour Tes grandes mifericordes, & poaria gloi- re de fonfainclnomj & à la venté filongou- uernoit , & regûToit ce peuple, tant teœpoielle- ment que fpirituellement , de la façon que por- te la loy de Ief us-Chrift a aec vn io ug h doux,& vne charge Ci légère, & qu'on ne Leur donnait point plus dé poids & de charge , que ce qu ils peuuent porterai! qu'il eft porté & comman- dé par les patentes du bon Empereur de bonne mémoire, & qu auec cela ils priniîent la moi- tié du foucy qu'ils employent à faire profit de leurs pauures fueurs , & trauaux , pour leur ay- der àleurfalut, ceferoit la Chreftiente la plus paifible & heureufe de tout lemonde. Mais nos péchez bien fouuent font occafion que Dieu ne départ pas fes grâces fi abondamment quil f erpit. Toutefois ie dis vne chofe qui eft vray e, Hifroire naturelle & le tiens pour certain, que jaçoitque la pre- mière entrée del'Euangile en beaucoup d'en- droits n'a pas efte accompagnée de fîneerité, Se de moyens Chreftiens, defquels l'on fedeuoit feruir , Ci eft-ce que la bonté de Dieu a tiré dij Bien de ce mal , & a fait que la fujetion des In- diens leuraye efté vn parfait remède & falua- fcion. Qjie 1 on confîdere vn peu ce que de no- Ure temps Ton a de nouueau conuerty en la Chreftienté, tant en Orient qu'au Ponent, & combien il y a eu entr'eux peu de feureté , & de jçerfeuerance en la foy & Religion Chreftienne, es lieux où les nouueaux conuertis ont eu entiè- re liberté dedifpofer de foy, félon leur libérai arbitre. La Chreftienté fans doute va croiiïant Se augmentant, & rapporte chaque iour plus de fruict entre les Indiens afîujettis, ôc au contrai- re fe va diminuant, ôc menaçant ruine es autres qui ont eu descommencemensplus heureux; ôc encore que les commencemens ayent efté labo- rieux ésjndes Occidentales, toutesfois le Sei- gneur n'a JaifFé d'enuoyer incontinent de bons ouuriers Ôc fidèles miniftres fiens , hommes fàinéte ôc Apoftoliques, comme furent Frère Martin de Valence de l'ordre -de fainét François, Frère Dominique de Getançois de Tordre de fainft Dominique, Frère Iean de Roa de l'ordre «le fainct Auguftin , auec d'autres feruiteurs du Seigneur, qui ont vefcufain&ement, ôc y ont ouuré des chofesplus qu'humaines. Des Prélats mefmetfages, & des Preflres fort faincls, ôc di- gnes de mémoire, defquels nous oyons des mi- racles remarquables y & propres actes d'Apa- àes'lnâes.LweVll B7S ftres, voire en noftte temps en auons cogneu 8c mon intention n'a efté plus outre que de- «ai- dter ce qui touche l'hiftoire propre des mefmes Indiens, & de venir iufques au temps que le Pè- re de noftre Seigneur lefus-Chrift voulut leur communiquer la lumière de fa parole, le ne paT- fcray plus outre, laiffantpour vn autre temps. Sur vn meilleur entendement, ledifcours de i'Euangile aux Indes ©ccidentales , lup- pliant le fouuerain Seigneur de tous & priant L feruiteuts qu'ils fupphent humblement fa uent, & augmenter par fes dons du ciel, la nou- uelle Chreftienté que les derniers fiecles ont plantée aux bornes'de la terre. Sou au Roy des Lcles gloire, honneur, & empire pour toul- jours.&àiamais. Amen. FIN. • : Table des choses plvs REMARQUABLES CÔNTENVES en cefte Hiftoire naturelle &; morale des Indes* ►' Bôdâce d'eaux fous la Zone Torride §■/ Abfurditez de Tlfle Atlanti- que de Platon 46. a Abus des Èfpagnols auTe- ru,prenans 1 efte pour l'hy- "e* jj.b Acamapach I. Roy de Me- xique 307. a Accord fait entre le Roy de Mexique & fon peuple,dë- uant qu'entreprendre vne guerre . 358. a.b Adlaguagi efpece de mona- ftere d e fem m es 233 . b. 23 4 Actes généreux de Fernan- de Cortez 366. a Action de grâces folemnel- les après vne vidioire 3 4 1 .a Adoration des morts corai mencee& augmentée 2180 b. 219 Adultères punis de mort 25>8. b Agilité -des guenons, & de leurs traicïs prefque in- croyables 200. a. b l'Aigle fus vnTanal, armoi- ries de Mexique, &pour- yquoy $16. a b 1 Ail fort eftime des Indiens l'Air combien necefFaire à la vie de l'homme 71. b l'Air efmeu de moauemenc cêlefte , f uffit foubs la ligne Equinoxiale pourcôduirc vnnauire 86. b.88.b Aleos petits chiens dont les ïndiçs ont gdd foing 191M êtes matières. . Àmàrb tngua exécuté par fetrouuent es Indes, dont les Efpagnols dans Cufco il n'y en a point en l'Euro- 3o6.b PC i5>M-b Ambre , efpece de gomme Annona, fruidl: appelle par médicinale j & odorife- les Efpagnols, blanc man- rente 182. a. b Amendes croiffans dans les Cocos 1^8. a.b Amendes de Chacapoyas, tenues pour le plus rare ger , à caufe de quelque reflemblance \-j6.h l'An des Indiens diuifé en dix-huicl: mois 275. b l'An des Perufiens plus par^ fruiét qui foit au monde fait & plus approchant du i78.b les Anciens n'ont peu fai- re vn voyage de propos délibère , faute d'aiguille 37. a les Anciens ne nauigeoient noftre , que celuy des Me- xlquains 27y.a.b Apopanaca , qui eftoit le fuperintendant des Mo- nafteres des femmes 235. b quauecrames 37-b Apachitas , fommets de Anciens Docteurs plus (tu dieux des fainàes let- tres, que des démonstra- tions de Philofophie 2.b Animaux venimeux con- montagnes adorez 216* i Ôi2î7 Arbre d'ecorme grandeur 1 l'Arc du ciel auec deuxco-1 leuures , eftoient les armes ! uertis par art du diable, de Tlngua Roy duPeru en bonne nourriture .214. a 224.1 Arcades aux baftimens, in- cogneiïes aux Indiens i9i.a.b l'Argent , pourquoy âpre; l'or eft prifé fur tous le • autres métaux 156. 1] l'Argent plus prifé en çei 4 Animaux parfaits ne peu- uent pas eftre engendrez de mefmeque les impar- faits, félon l'ordre de na- ture _ 4° -b fluûpurs efpeces d'Animaux /' Tablé tains endroits , que non meuuent d'eux- mefmeé pas l'or 136. b 1. b l'Argent plus commun or- Auantage que les Chrefties dinairement que non pas eurent aux Indes pour y for 136. b l'Argent comment eft affi- né par le feu 137. a. ôc comment auec le vif- ar- gent 137. b. 1J4. Ôcifr. Argent de diuerfes fortes 147 a planter hfcy 147. a.b fain& Auguftin doute fi le ciel circuit la terre de tou- tes parts 2. a fainct Auguftin beaucoup plus fubtil que La&ancé efîay de l'Argent comment Aufteritez exercées par les ^f fait ij£.b Ariftotenon réfute par Là- chance, touchant le lieu de la terre 1 j, b Armes des Mexiquains 309. [Armée en l'air, prefages d V- ne grande ruine 3/6. ôc 357 Mexiquains pourconfer- uer leur pudicité 238 cupide Auarjce d'vn certain Preftre , penfant tirer de l'or d'vn Vt>Ican 123. a Axi, efpicerie d'Inde 16 7. l'Amant trace comme vn chemin en Peau 3/. a rt militaire fort honoré l'Aymant communique vne des Mexiquains 309. b vertu au fer, de regarder toujours vers le Nort 3J.a 1 vfage de la pierre d'Ay- mant ànauiger, n'eft an- |Art de recognoiftre les I efloilles , inuenté par les [Phéniciens 34^ haque Indien fçauoit tous les Arts necefîaires à la vie humaine ; fans qu'il luy fuit befoing de £e feruir d'autruy 196. b Ls Aftres , félon quelques po&eurs de l'Eglife , fe ciea 36* a B BAI folennel en Mexique où le Roy mefmc dan* çoit. 313. b Balance terrible où le dia- ble faifôit confeiïer les lappnois. 3/j. a. b Balaine comment prife par les Indiens,& auec quel- le induftrie. 104. a.b comme ilslaraangent^à mefme. Barques des Indiens arfpel- leerCanoes. 42. b Bataille fans efpandre fang, faite feulement pour cé- rémonie à la reddition deTefcucb. 343. a Baufmede Paleftinè, &ce- luy des Ihdes,fort diffé- rents. 181. Iifert de chref- me es Indes aux Sacre- mens de Baptefme, Con- firmation,& autres. i8i;b Leblanc meilleur que le rouge. 182. a Èclle occafion aiix Efpa- gnols d'ailîibj e&ir les Indiens par douceur 5 fî leurs péchez Teuiïent permis. 2.61. a.b Befaar pierre qui fe trdûue en l'eftomach de quel- - ques animaux > tres-fou- ueraine contre le poi- fon. 20J, b* d'où elle Des matières. naift. 106. b-. comme elles s'appliquent,&quel- les font les plus excellen- tes. 207. a furquby elles fe forment. 207. b Beftail foigneufement con- ferué par les Inguas» 2^5. b . Belles fauuages adorées par les Indiens, & pourquoi 217. a Betum dit Coppey en In- dien. 108. a BifTexte fncogneu aux In- diens, 2j%, i Bochas ôc Suches poiiîbns fignallez du lac de Titi- cacâ. io6.à Boncos Religieux du dia- ble es Indes. 25j.a. b Bourrellet, marqué du Kùy Ingùa, comme font icy le feeptre ôc la couronne, 241. b.& 289-b Bois rares Ôc odoriférant qui nàidënc es Indes. 1$;. a.b Brancars d'or rnaflîf. 134, % les Brifes Ôc ytntï dabas font deux noms géné- raux qui comprennent les vents dVri cofté Ô& d'autre. 84,^ ?bb Table Bruine fort profitable aux Lanes du Peru. 117. a.b terres mcogneues CAcao, fruit fort efti- mé es Indes > de qui fertde monnoye 171. b Cacaui , pain fait d Vne ra- cine $£. b Calahafîes ou Citrouilles dinde , &dc leur gran- deur . 167. a.b Calcul des Indiens fort in- génieux & fort prompt z-S_p a.b . Camey , fécond mois des indiens 161b Canards en grande abon- dance au lac de Titicaca, Ôc comme on les chalTe 106. a Cannes de fucre de grand reuenu îS^.a Canopus, eftoille qui fe void au ciel du nouueau , monde 10. a Cap de Comorni autres* " ;,.1 pourquoy Caufe des inondations du Nil 54.b Caufe aiTeuree de l'Hyuet &del'Eftc '$6.z Caufe des tremblemens de terre i*4«V Caymans ou lézards , refy femblans aux Crocodi- les dont Pline parle. 103. a Cendre iettee en abondant ce par ies Volcans. 122.' a-b Cérémonie Mexiquaine de fe tirer du fang endiuers endroits. 343,. b.& 34i.b Ôc $52. b Cérémonies des Indiensen la fepulture des morts .221. b Se 111. Cérémonies qui fe faifoient aux facrifices des hom-, mes 243. 2 4 4_ Chachalmua , premiers S temps a paffé le deftroit Erreurs de l'imagination de Magellan , & d'au- tres depuis luy. £5-& E PTJAu de rrier rafraif- Xli chitjbien qu'elle foie fallee 67. a 14 paiTage d'Efaye , explique pour l'amplification de l'Euangile 130. & 151 Efchelles de cuir de vache pour monter hors des mines 146. a lanec v/. ~ -- - - Eauès de Guayaquil très- hiftoire dEfdras apocry- fouueraines pour le mal phe 48. a les Electeurs du Rcy de Mexique eftoknt ordi- nairement fes parens 308. b Bbb iii] Napolitain 208, b Eclipfe de la Lune,preuue certaine de la rondeur du eiel 4< a Tablt EïïecHon desRoys de Me- xique 9 ôc des feftes qui fe faifoienc à leur efta- blifîèment. 307. &30S. Efle&ion du premier Roy de Mexique. 328. & 319 î'Efcriture des Chinois eftoitdu haut en bas , ôc celle des Mexiquainsdu bas en haut. 286. Ôc 287 es Efcritures faillites faut fuiure Tefprir qui viui- fie , non la lettre qui tue. i- 5,.b FEfmeraude anciennement plus prifée quauiour- d'huy. 1/7. a b rare ioyau dVn plat d'Ef- meraude qu'ils ont à Gennes. jjg,a les Mexiquainsfeperçoient les narines , pour y Indiens, Viracôchas enl fans de Dieu, ôc à quelle occafîon. 3oj.b l'Efguille, feul guide du Na- uire. 3, trois fortes d'Eftoffes fai- tes de laine. 296. a Eftoilles adorées des In- diens pour diuerfes râi~ tons- 2i4.a. b Eftrange différence de deux régions proches , dont lVne faicl: le Diman- che, quand l'autre fait le Samedy. 120. b Ôc 12/. a. b 1 Euangile enfeigné aux In- diens lors qu'ils ont efté plus puifîans , comme il fut aux Romains, leur empire citant à fonplus haut période. 371. b pendre des Efmeraudes. Euangile accreu à dextre ôc 1/8. a l'Efpagnol chaque an, 1-vn portant l'autre, tire vn million d'argent de Pot- I tozi- 143» a jEfpagnols nays aux Indes appeliez Crollos. 176. b îfpagnols tenus pour Dieux. 4$. a262.fr 263 Ifpagnols appelle^ des feneftre , que fîgnifie. 37i. a . Exercices aufquels on ap- prenoit la ieuneflh 3ii.b Explication d'vn paiTagc de faint Paul allégué con- tre la rotondité du ciel S>. a Explication du Pfalme des matières. ïO), fur lemefmefubjeâ: Feu du Ciel quiconfomma 2#b quelques Geans pour leurs F péchez 39. a Fontaine merueiileufe , iet- tant l'eau chaude, laquelle fe conuercit en rocher 107. b Figuier admirable, dont la moitié porte fruict en vns iaifon , & l'autre partie en l'autre i£8.b Fille du RoydeCulhuacan maflacré par les Indiens, qui fut occafion de guerre ^4-32J Fleuue de la Magdeleine ap- pelle grande riuiere, en- tre fortauant dans la mer fans méfier fon^au en au- cune façon 57.a.b Fleuue des Amazones , Ôc fon emboucheure large de foixante & dix lieues no.a j Fleuues fort grands le moin- 1 FAmiliere raifon , pour prouuer à vn Indien que le Soleil n'eft point Dieu 217. b.&n8 Fertilité infertile des lues de la neuue Efpagne 118. b Fers de cheual d'argent y à faute de fer i34.a Fefte des marchands, ac- compagnée de diuerfes fortes de ieux 270.271.&: Ï73- Fefte de l'idole Tlafcalla 216. a. b Fefte pour demander de l'eau 2éj Feftes ordinaires & extraor- dinaires des Indiens 261. a Feftes de chaque mois 263. 264 Feuille duplanemerueilleu- fement grande 270.a Feuille de plane propre à ef- crire /7i.a Feu tire de deux baftôs frot- tez l'vn contre l'autre par les Indiens 74- a Feu d'enfer fort différent du noftre 114. a l dre furpatfant les plus; grands de tonte l'Europe I HO.a ;.] Fleurs de l'Lurope viennent I mieux aux Indes , qu'icjr I mefme N 179*2>:k Floridiens ont efté (ans au-j| cune cognoiiTance de l'on 130. b ■; Tabh 1 le Flux Se reflux h'eft point mouuement local , mais vne altération ôc ferueur des eaux loi.b diuerfué de Flux ôc reflux des mers ioo.b Fontaine de betum io8.a Fontaine de fel en Cufco loS.b Forefts horriblemét efpaif- fes es Indes i84.ab» Foreft d'orangers es Indes 1 87. les cerifes ont peu pro » fîcé aux Indes , (ôc pour- quoy 187. a Forme de ce qui cft defeou- tiert en la terre du Peru 127. a.b François Hernandes, Au- theur dVn rare Hure , où toutes les plantes, racines ôc liqueurs médicinales des Indes font pourtraites Froidure de îaZoneTorri- de, qui rend digne de mo- querie l'opinion d'Ariftote 63. a Frui&s d'Europe qui ont très-bien multiplié es In- des i8<>. a GEansarriuez ancienne- ment au Peru .9. a Gommes ôc huilles médici- nales , ôc odoriferentes, auec leurs noms ib2. b. Ôc 185 Gonzallez Pizarre vaincu, ôc défFaiéb , où fon auance luy anoit fait commettre tant de cruautez fur les In- diens 502. a Gouuerneurs des Prouinces comment eftabhs par les Inguas 29o.b Guacas, ou fan&uaires fort bien entretenus 29 jra Guaca, adoratoires des In- diens 21?. b Guaneos, ôc Occunas, che- ures fauuages 44. a Guayac appelle, lignum fan- Ût*m 118. a Guayaquil , chefne d'Inde qui eft fort odoriférant 185. a Guayauos fruicl: d'Inde affes bon i7J.b Guaynacapa, grand & va- leureux Ingua, & de la vie 304. b. &30;. ilfutaàoré H 'Abit de tefte fort di- uers en diuerfesPro- des matières. comme Dieu, eftantenco- Harangue du Roy de Ter- res en vie ibid. cuco faite à Moteçuma, Guayras , fourneaux pour touchant foneiledfcion au affiner i47-b Royaume 35;. a. b Guerres des Mexiquains le HardiefTe merueilleufe des plus fouuent nettoient hommes au paiïage de qu'afin de prendre les cap- Pongo io6.b tifs pour facrifier 243. a.b. Hatuncufqui Aymorey, li- ft: 246. b xiefme mois des Indiens, refpondant à noftre mois de May 262. b I Hiftoire des Indiens n'efl pas H Abit de teite fort di- à mefprifer, &pourquoy uers en diuerfesPro- 315. a.b uinces des Indes 197. a. vn Hiftoire de Mexique , mife | Indien ne pouuoit chan- pour fingularité en la Bi- ger l'habit delà Prouince, bliotheque du Vatican encore qu'il f'en allait vi- 3;i.b ure en vn autre ibid. Hiftoire de Mexique corn- 1 Harangue des Mexiquains pofee 285. bi! auRoydeCulbuacan, de- Hommes & femmes factï-Jj! mandas Ton petits fiispour fiez à la mort des Inguas, Roy 32&.a pour les aller feruir étil Harangue dVn vieillard fai- l'autre vie 220a H te à Acamapixtii , premier Hommes faits dieux , puis} Roy de Mexique 329. a facrifiez 22/. a. bk f-Iarangue dvn Cheualier Hommes facrifiez, en après1, Mexiquain, pour retenir mangez par ]es Preàreaj le peuple irrité du cruel 24J. a rnafTacredeleurRoy 534.b Humeur des Iuifs du touâ Harangue dVn vieillard Me- contraire à celle des InJ? xiquain, pour refle&ion diens 47. m dVn Roy nouueau 33/. b i Ta Hypocrifle de Moteçuma dernier Roy de Mexique îj*. a. b IAloufie des Indiens les vns contre les autres, pour Je renom de la vail- lantife 3oi.a Iardins portez fur l'eau au milieu d'vn lac 107. a Iardins fai&s fur l'eau d'vn merueilleux artifice , Se qui fèpeuuent mouuoir, Se mener où Ton veut 550a [dole porté par quatre Pre- ftres pour conduite, lors que les Mexiquains cher- choient vne meilleure ter- re, comme d autres enfans d'Ifraëel 1*0.321 idoles des Roys Inguas re- uerees comme eux-mef- mes 227 îcunefle fort foigneufemét inftruite en Mexique 311. ;ufnes des Indiens deuant la fefted' Yca 238. b leufnes des Indiens fe fai- ibient fans toucher à leurs bîe femmes 264 Ignorante & abfurde do- ctrine des Philofophes an- ciens 2.3 Imagination vieille & folle 14. D Immortalité de Famé aeftç creiie par les Indiens 220. a Indes , que lignifie , & ce que nous entendons parvn tel mot ^7.28 Inde Occidentale a efte la plus grande partie gou- uernee par le peuple feule- ment, & ny a eu en tout que deux Royaumes 2&8, a.b les Indes font des terres lai- des , richement dorées de Dieu, pour eftre ma- ries au faind Euangile 131. a Indiens fortpeudefîreuxde l'argent 47. b les Indiens ont vefeu en trouppes , fans Republi- que, comme font ceux de la Floride, du Brelil & au- tres 50. b Indiens fort braues nageurs ioj.2 les Indiens en toutes feftes des des matières bouquets portent 179.D les Indiens n ont point eu de mot propre pour dire Dieu 2ii.b les Indiens font de plus grâd entendement qu'on ne les eftime 275,a ïnguas Rois duPeru, ado- rez après leur mort 219. b Ingua, pour auoir occa- ilon d'ofler le Royaume à Ton père , & à fon frère 303. a.b Ioncs appeliez Totora par les Indiens 8j. b Ioiier le foleil auparauant qu'il naùTe, Prouerbe, ÔC d'où il efl venu 229. &Z30 les ïnguas eftoient merueil- Iours & nuicts tous efgaux leufement refpe&ez du peuple , & pourquoy 298.a le règne des ïnguas a duré plus de trois cents ans 300. b les ïnguas efpoufoient leurs fœurs 289. a. ils n heri- toient point des meubles dev leurs predecefîeurs, mais faifoient vn raefna- fenouueau ibid. b. ôc 301 .302. a Inondation du Nil, chofe toute Tannée fousTEqui- noxe ji.a.b Iours â'EÙ.c fort courts au Peru Cf cinq Iours de Tannée fu- perflus , aufquels les In- diens ne faifoient rien 27J«b Ifle de Sumatre 3 célébrée foubs le nom de Tapr»- bane 23. a Ifle Atlantique de Platon, où elle fe peut prendre 25. a naturelle , quoy qu'elle Ifle Atlantique de Platon,*; n'eft quvne pure fablc^ quoy qu'il fembie Tauoir deferite comme véritable,', 4/.b Ifle de fafeines faiéle auec\ vn grand ôc excetTû tra fembie contre la nature 5J. a Intégrité des femmes forç honorée des Mexiquains 260. a Inuentions grandement fu- peiftirieufes de Yupangui uail, pour palier vnear- Ta inee fur mer 350. a.b Ifles fortunées, pour quel- le caule appeliees Cana- ries 23. b Iuflice par qui exercée en Mexique -..3 09, a Iuflice fort exacte de Mote- çuma dernier Roy de Me- xique 356. a LAc très -chaud au mi- lieu dVne terre froide 206. b Lac de Mexique .ayant de deux fortes d'eau 107. a reuenu du lac de Mexique 107. a grands lacs au hautdes mon- tagnes, & d'où ils naiiTent io6.a.b Laitance fe rit & Te rriocque de l'opinion des Pen'pa- teticiens , touchant le ckl 2. a Laitance refuté 5 touchant les Antipodes 14.15. Langue Mandarine efl i'ef- criture des Indiens , qui n'eft que par characleres 280V es Legiflateurs ies plus fa- blé m eux ont erre 274 Lîberahtez d'Autzol, hui» éUcfee Roy de Mexique &h Linres des Indiens commet peuuent eftre faits fans let- tres 28o.b Lyons duPeru fort dùTem- blables à ceux d'Afrique 4$J> Lyons gris & fans crins ibid. M MAgie vaine contre les Chrefhens 563. a.b. 364 Maifon admirable remplie de toutes fortes d'animaux comme vne autre arche de Noé 308. a Malacaautresfois appelle le doré Cherfonefe 23. à Mamacomas eftoient les anciennes, & comme mè- res des filles renfermées Mameys , fruiâ: reflem- biant aux pefches 175. a. àquoyilfert ibid» Monati, monftrueux poif« fon qui paift aux champs ïo^. a9 il reffemble fon -/- des ma à la chair lors que Ton en mange 102. b Mandarins,of]iciers Indiens auecques combien de dif- ficulté fe peuuent rendre capables de tels eftats 280. a Mangocapa premier Ingua, Ôc ce qu'Us feignent de iuy 49. b. 3-oi.b Manguez, aibre de grandes merueilles 173. a. combien de chofes il fournit, &c quelles 15 ;.b Mariage illicite des Inguas auecques leurs feeurs 299. Mariages des Indiens, &: en quelle façon ils le celé- broient 260. a Mariages entre hs Indiens deffenuus tant feulement au premier degré 298. Marque certaine ôc a/Teurée pour difeerner ce qui a efté porté aux Indes de- puis quelles font defeou- uertes , ôc dont il n'y en auoit point auparauant 129. a Marques ôc lignes de quel- ques nauigations des an- UefeL ciens $S le Matin plus agréable en Europe, ôc le plus fafcheux auPeru 71 Matines de minuicl prati- quées par les miniftres du diable 232. 233 Mays, bled d'Inde 160. a. b. comment ils le mangent 161. a. comment ils f en fer- uent à faire l'eur boifion i6i.b leMays ôc Iebeftaiî feruent de mille chofes aux Indes i6i. a Mechoacanes ennemis des Mexiquains, Ôc pourquey 321. a Médecins fort experts trefois es Indes la Mer aux anciens, renuc!; p o u r n o n na ui gable o u-jj; tre le deilroit de Gibaltar1:; 16,1 { le mal que Ton endure fur", Mer , d'où caufé 90. a& Mer OcceanePrinceiTedeS). eaux 94- af Mers chaudes, ôc d'autres froides ^9. 7Qjl deux grandes Mers , pro-r* ches de fepr lieues 94. bm prefomptueux deileing!* d e 1 es faite joindre en fem- vnlac ioj.à ble ibid. Miel d'Inde fort afpre , & diuerfitédeMers n.à comme il naift i42.b la Mer iamais ne f'efloigne les Minéraux imitent les de la terre déplus de mille plantes en leur façon de lieues i2.a croiftre 128. a.b ! Mefnage des Indiens pour Mines efgarecs, & d'autres ladrapperie 203.2.04 fixes i37.a | Métal panure 5& métal ri- che, quels 137. b le Métal plus il eft proche de la fuperficie de la terre, plus il eft riche, & plus profond il eft au contrai- re 14.J. a richeiTe de quelques Mi- nes anciennes, qui n'ap- proche pas neantmoins à celle de Potofî 141. ÔC H*- . trauaiï trop excefïïf de$ Mi- nes 145.146 les Métaux pourcjuoy font Mines de vif argent enEf 129. b pagne ijo. b Moquerie plaifante des Me- xîquains contre les Tlate- Iulcos,apres les auoir vain- cus 349-fr Moine de Mexique > de leur veftement, office, & difci- creez es Métaux ne re trouuent qu'en terres fteriles , ôc pourquoy 131. 132? J'eau empefche fort latrai- , de des Métaux, ÔC pour- quoy ï42-b Meuriers plantez par les Ef- pline ibid. I pagnols en la neuueEfpa- Mois âcs Indiens de vingt [' gne,ontmerueilleufement profité pour les vers à foye ibS^b iexi, chef des peuples qui I vindrent peupler la Mexi- I qu/ , duquel ils ont tiré ïeurnom 231. b Uexique , ville fondée fur îours 27J*b Molins à moudre les mé- taux ij/.b Monde nouueau, félonies anciens, inhabitable 1. a. imaginé d'eux , comme vne maifon couuerte dit ciel ibid. b granr- des matières* ^grandfc partie du Monde encor à defcouurir N 13. a. Monnoyc* mefure de tou- tes chofes 130. a la Mort eftoit la punition des filles referrees qui Failloient 134.&13J NArine percée à vn Me* xiquain, pour y pen- dre vne Efmeraude 347. a.$ji.b la Nature inférieure fert toujours d'entretien à la iuperieure 228. b Mort volontaire de plu- Nauatalcas,peupîesquipo- ïleurs Indiens pour aller licerent la heuue Efpa- feruir leurs Roys en Tau- gne 517. â tre monde 304. Nauire appelle Victoire, More de Chimalpopoca, fit tout le tour de la ter- ieune Roy de Mexique ie * b tué traiftreufement par Nauigatiô auiourd'huy fort les Tapanecas 334. facile 34-&3J at> Nauigation de Salomoo, Mort de Moteçuma dernier Roy de Mexique 367. a.b Moutons au Peru feruans d'afnesà porter des char- ges 44.b Moutons d'Indes profita- bles fur tous autres ani- maux 203. a.b quelle peut eftre 37. a.b Nauires Efpagools tenus* des Indiens pour rochers à la première Veuë 43. a Neuue Efpâgne quelle 117. b le Nitrc refroidit l'eau 6j.a trouppes de Moutons char- NoblefTe Mexiquaine maf- gez de diuerfes marchan- difw ainfi que des mulets 204. a Moyenne regio de l'air plus ftoide,& pourquoy 68.a facree en vn bal par les Efpagnols $C6 Noix des Indes fort mal plaifantes, fontappelleèë par les Indiens , empoi- fonnees 177. a> Gcc Table Nort,vent fec 3c froid 4S. b .Noftre Dame, fecours des Efpagnols pourfuiuis des Indiens 368. a Nordefter,que fîgnifie , &C Nortoefter / $6.b Nouueau monde prefque tout iîtué fur la 2fone Torridc. ji.a les Indiens pour fe ren- dre capables de parler au diable X57.a. ce mefme oignement armoit de cruauté les Preftres , & leur faifoit perdre toute crainte ibid. Onction de Vitzilouitli fé- cond Roy de Mexique 331. b au Nouueau monde ne s'eft Onguent fait de petites be ftes , dont les Preftres In- diens eftoient omets 257. a Opnir eft en l'Inde Orienta- le 27.a Opinion d'aucuns que le Paradis terreftre eft fous l'Equinoxe , non fans rai- fon 65.ab.cV 71. a. b l'Or fe trouue en trois fa- çons , en paille , en pé- pins, & en pierre 134. & dote fans folution lOr deCarauanalepluscc- 68. b lebreduPeru i3;.a Occafîon de guerre entre l'Or ôc l'argent eftimé par les Tapenecas & Mexi- tout le monde rço.a quains 333. a. b lOr & l'argent ne feruoic l'Occean aux Indes eft diui- aux Indiens que d'orne» fc en la mer du Nort , & ment 132.& la mer du Sud J3J.a les Indiens n'vfent point Oignement dont vfoient d'autre rnonnoye que point defcouuert de mer Mediterannee 94.a Nuids d'Eftcfort fraifehes au Peru.au refpcâ: de celles del'Europe 70. b Nuicl: de fix mois en la ré- gion Pollaque 18. b lawNui6t comment caufee 4. a O .Bie&ion contre Ari- o des matières. d'Ôrfc d'argent ï35.a images de plume d'Ôyfeaujè lOr pôurquoy prift fur faits d'vn artifice admi- rons les métaux 133. b table j^.& I9? lOr & l'argent en nature Oy féaux laids à merueille combien de degrez au mais fort profitables deflous de 1 homme uB pour leur fiente i9j h b.&i^.a J &I5j8ià comme on raffine l'Or e& Oyfiueté chaffee , comme poudre d Orient i3;.b au Ponent fur mer , on a toufïours le vent en pouppe, du Po- nent à l'Orient au con- traire, & pourquoy %6 *: b ..^ : T>Achacamac,c;randSari Ordres ^fTerents des Pre- jf duaire Jes indie" ltresde Mexique, & de m.b fort dangereufe par ks Inguas , pour contenir plus facilement le peu- pk 15,0.1* P Indiens leur office ordinaire 231. Pajos', animaux opiniailres, a.b Ordre de la Cheualerie Mexiquaine , & des marques qu'ils auoient 310 les Oyfeaux endurent fa- cilement de demeurer & comme oh les gou* Pain de mays que ks Pre- nnes donnoient folem- nettement aux eftran- gers, image de la Com- munion 24oa dans 1 eau , & pourquoy Palais diuers de récréation ^V*3 „ i &daffliaioh. 5;9.b Gyfcaux rterueilleufement Pallifîade horrible courette petits i & d autres mer- teftede morts lv a. ueilleufement grands. Papas , racines dont quel- *£*'a | que* Indiens font dé Gyfcaux extrêmement bien certain pain qu'ils ap- varxez en couleurs i^b pellent Cogne n/a Ccc ii Tabh Papas efpece de pain i6j.b i64«a . ■;■ . r . Papas en Mexique eftoient les fouuerains Preftres des Idoles ijo.b 252. b Paraguey,fleuue de l'Amé- rique, inonde comme le Nil 5/«â Paraguey , fleuue grand à merueille 57-* Partage de Pariacaca fore dangereux pour le mal que le vent y fait endu- rer ?o-5>i i8s>.b Palaas , fruit délicat & bon àTeftomach 176. a Peinture, liure des idiots 279.3 Pénitences enioïn&es par les ConfefTeurs Indiens 2j4.a b les Perdrix ne fe voyét point au Peru 44. a vn Perc perdant fes enfâns, eftoit tenu pour grand pécheur *J4«a il tuoit fes enfans pour fe fauuer la vie ibid. Pariacaca,vn des plus hauts Pericoligero , animal fort endroits de la terre 91. a Paroles d'vn homme qui auoitdcfîale coeur arra- ché 248. a Pafte de mays, appelle par les Indiens, chair de leur Dieu Vitzilipuztli iji. . b. celle pafte deuoit eftre mangée au point du iour , & eftoit def- fendu de ne manger rien pefant 199 • b la Perle anciennement plus prifee qu'auiourd'huy ij9.a.b. combien l'abon- dance rend les chofes vi- les i57-b les Perles s'engendrent dans leshuiftres 159. a diuerfes fortes de Perles i;?.a Perroquets qui vont par bande 44:a autre iufques après mi- Perroquets volants parba- qui rendent toutes Peru abondant en vin 117.D chairs à bon marche, Peru abondant en rnints d'or & d'argent plus que toute autre terre des In- des 131. a Peru^quelle partie du.mon- de c eft h 4. a le Peru , nom deriué d'vn ileuue du pays , non pas d'Ophir , comme quek quesvnseftimcnt 16 Perufiens fort foigneux d'é- tretenir & confeeuerleur hiftoire par traditio , fans lettres , ny chara&eres a8j. a le trauail excefîîfquiiy a à pefcher les perles 155?. b & 160. a Plaifante façon de pefcher des Indiens 104. b des matières. grandeur , & def'artifîcc des Indiens aies ioindre en leurs baftimens , fans ciment 25)2. a.b Pourquoy auîourd'huy les Pilotes font affis fur la pauppe , & non pas fus la proue comme ancienne* ment 34. b Pines,. pu pommes de pin d'Inde i6j» & 166 Pinchao, idole du Soleil, de l'artifice dont il eftoit pofé 229. b Plàifan traiet d'vn Portu- gais ,par lequel il s'exem- pta d'eftre facrifié 220.b -. Pierres fuperititieufement * le Plane produit fruit toute offertes aux patTages, pour auoir beau chemin %1-J' Pierre qui fe taille & coup- pe comme bois 108. a Pierres my-ôr, &my-pier- res ^ 154- k Pierres fignifi catiuos /■ auec lefquellesles Indiens ap- 4, & 5 - prennent quelque chofe Pourquoy nos plantas prof j par cœur fitent mieux aux Indes; 286,2. que relies de delà en Eu" Pierres d'vne snerueilletife rope 16;.; ~ C c c iij l'année 170. b refTcmbbnce & diifemblan- ce des Planes des In- des , aux Planes anciens, iép.a. b les Planètes ne fe meuuent d'eux-mcfmes en \m corps corruptible Plébéiens exclus du feruicc du Roy , & de tout office parMoteçuma 354. a. b ils n'ofoient regarder le Roy en face fur peine de mort 35J- b Pline meurt en vne trop cu- rieufe recherche iz$. b Pluyes, caufeespar la cha- leur en la Torride " jj.b il ne Pleut, neige, tonne, ny ne grefle iamais au Pe- ™ 114. b Plufîeta chofes rares en nature , cogneiies plus par hazard que par indu^ (trie. 35> Ponsvolans 103, a le Pôle du S ud'n'eft marqué d aucune eftoille fixe 10. b ; Pôles Arctique , & Antar- ctique. 3. a. ceftuy cy re- uoqué en doute par S. Auguftin cod. aux deux Pôles il y a terre 6c mer 15,b jPongo , pafTage des plus dâ- gereux du monde fur le fleuue des Amazones i05>.b toont de paille for* afîèu- TM fc pour paflfer vn courait d'eau rapide j8.a Portugais fort experts en l'art de nauiger io.b Pottozi, montagne célèbre pour fes riches mines 138 comment fes mines fu- rent defcouuertes & en- registrées 140.&141 Poulies trouuees aux In* des à la defcouuerte , les- quelles ils appelloienc Gualpa , & leurs œufs Ponto I5>4.a Prefages menaçans la rui- ne des Eftats , ne font point à mefprifer com- me chofes vaines 3/7 a.b Prcftres comme aumofniers près de chaque Seigneur Indien ziz.z comment les Preftres des idoles confultoient leurs Dieux 229. a Prétexte des Inguas pour aggrandir leur feigneu- rie. , fut leur Religion* qu'ils difoient laroeilleu- re 30/. a Principes des vents infi- niment cachez aux hom- mes 7 76. b des matières. Indiens. Proceflîons des *yo.b Proceffion penitencieiie, faicte pour obtenir par- dondespechez %6j. a. b Prodiges horribles , & en grand nombre , arriuez deuant la ruine de Mec- que 359. & 360 profits qui fe peuuent tirer de la'le&ure de ces exe- QValitcz , fymboles, & diffymbolesimprou- uees à*-® Quantité d'or qui yient tous les ans des Indes en Ef- pagne 13J. ôc i>6 Quatre principales veines à pottozi, & leur profon- ditc *;* *44-b crables fuperftitions In- Quetzaalcoalt, Dieu des diennes 273. a,b marchands, ôc où il eftoi* Propriété plus rare de l'Ai- adoré *-5- b manc ignorée des An- Quippos , rameaux feruans ciens 33. b comme de regiftres pour prouince proche de Mexi- que, lailTee fans conque- iter , pour exercer touf iours la ieunerTe à la guerre , & pour auoir auflï où prendre des ca mémoire de ce qui fe paiToitauPeru i8r.a.b. R diuerfes TJ Acines fott X\, profitables es Indes 64«b ptifspourfacrifîer 345^ Racines adorées par les In- ptolomee ôc Auicenne ont tenu la Torride fort ha* bitable 64. a Punas , defertdù peru, où l'air tue les hommes , Ôc les animaux mefme 93. b pyramide de feu apparue au, ciej Tefpace d'vn an , de- diens 2i7«a; noftre Raifon ignorante mefme es choses natu- relles 37. | Rayme, premier mois, de< Indiens , & Te rapport au mois de Deccrnbj 262. a uant la ruine de l'Empire Régions fort delicieufi Mexiquain 3/5 • a des fades Ccc iiij il Table Régions fous l'Equinoxe Roches efleuees au milieu fort tempérées 63. b h Religion feruoit aux In- diens de prétexte pour faire la guerre 50. a Remède contre le change- ment que caufe le vent en Pariacaca. <>i.b Rencontre de deux riuieres honorées des Indiens, par vn particulier ref- pecl: 241. a.b RicheiTe de quelques If- les de la neuùe Eipagne 11S RicheiTe incroyable des de la mer , fans qu'on y puifîe trouuer fond au- tour i27.a Rofes comment venues es Indes ? l?9.^ Rotondité du ciel inco- gneiie a quelques Do- cteurs dei'Eglife 1.&1. de mefme le mouuement ibid. Roiie des Indiens où eftoiéc marquées les années 276 a. leur opinion que le monde deuoit finir à la findecefteRoûe 276. b Perufîens lors qu'ils fu- Royauté outrageufeme'nt rent prins par les Efpa- par vn Mexiquain , qui aima mieux fe précipiter cruellement à la mois 294. a .is fort commun es In- des 164.2 Liuiere des Amazones, nommée diuerfement 57. h. dicte Monarque des fleuues ibid. [leuues admirables en la jVorride 57.a.h Liuiere des Amazones , di- &e Maragnon 106. a [iuieres, collines, grandes pierres , Se fommets de montagnes adorez par les Indiens 226, b mort Roys des Indiens > tenus pour femblances 1 des Dieux 332. b Ruine efmerueillable d'vn gros bourg plein d'en- chanteurs 126. b SAcrifices des hommes comment fe faifoienc ^i.b.343,&f244 Sacrifices diuers que fai- ?s matiem. * foient les Indiens pour di- Soing incroyable des Mexi- uerfes occafions i$$. 240. &241 Sacrifices fort couftumiers aux Indiens en leurs necef- fitez 305.a.b quains à faire apprendre à leurs enfans leurs idolâ- tres cérémonies 3o^.a.b Solanus, vent de Leuât 79.a le Soleil plus il eft proche de Sagefle de ce fiecle foible es nous , plus il efchauffe , Ôc çhofes diuines r'ÔC mefme es humaines 20 Sainos , eftranges animaux dechafTe, & comme on les peut tuer 198. a.b Salce pareille, herbe falutai- taire pour le mal de Na- ples io8.b Sang humain beu par l'ef- claue qui deuoit eftrefa- crifié 27i.a Sciences cogneiies des Chi- nois ; 282. a la SecherefTe ne fuit pas la proximité du folcii 53. a faincte Croix de la Sierre, Prouince de Charcas , & comment conuertie à la foy 36?.a,b Singeries du diable à l'imita- tion de Iefus-Chrift 228. a.b Soccoboncs dextrementin- uentees pour tirer le me- tail plus facilement 14/. a.b brufle ri.b contraires erTedts du Soleil en la Zone Torride, & aux terres hors les Tropiques 54.a.b la grande force du Soleil caufe l'humidité fous l'E- quinoxe 59. a Soleil adoré fort commune, ment par les Indiens 213. b Sorcière, fœur de l'idole qui fonda la ville de Malinal- co , ou n'y a rien que de* forciers 322,b effects admirables d'vn Sor- cier îji.a Sorciers en grand nombre, & de l'empefchemét qu'ils ont dôné à l'amplification del'Euangile 259. a Source du Nil recherchée par Cefar 19. a Source comme bleue, autre rouge comme fang 109 Sources, chaude ôc froide l'yne .contre l'autre , aux — Table bairîgs de lTngfia io8.b pour vne rnefme Prouîn- 5uje& du quatriefme liurc ce en la fain&e Efcriture Succhrlles, bouquets des In - Tlafcaltccas, fixicfme gène diens37^.a. ils en font fort amateurs,& en offrent par honneur aux grands , & à leurs hoftes i7p.a.b Supcrftitions faiEes à la con- duite dyvm eau au trauers de Mexique 3/i.a.b ration des M auatalcas, & fut celle qui donna entrée aux Efpagnols 318,0. com- ment ils vainquirent les geansdelaSierre 319. a Tlacaellec, le plus vaillant (Capitaine qu ayent eu les Mexiquains, & de fa belle refolution 337.338. fa va- leur, & fa rufe guerriera contre les CuyojcanS340. a.b deffy de Tlacaellec faicl: au Roy d'Afcapuzalco 337. b fa fubtilité pour remar- quer le nombre de prifon- Tbarfîs enquelques endroits niers qu'il auoit pris 341. a £gnifje la pierre Chryfoli- fa conquefte dVne ville, TAbaco , arbrifTeau qui porte vn contre-poi- &n i83»b Taches noires en la voye la- ctée ducoftcduSud 10. &11 te, ou Jacinthe , autresfois la mer qui eft de cefte cou- leur à la rcuerberation du folèil 58. b Tharfïs de l'Efcriturc n en- pas Tharfo ville de Cilicie 28. a auec des enfans feulement 342. a.b. comme ilrcfufa la coronne 346. a.b Tembos , félon l'opinion des Indiens, race la plus ancienne des hommes 49. b Tharfis & Ophir , mots ge- Trame le plus commun des nerauxenlafain&eEfcri- Indiens n'eftoit quef- ture 27. b change fans argent tou- harfîs & Ophir entendus tefois I32.b des matières. Tauaco, herbe qui endort la Ifles fort efloïgnees de la chair ^7, a Température toute con- traire en moins de cin- quante lieues nj.a Temple de Cufco fembia- ble au Panthéon de Ro- me 2iy.b lieux maritimes plus fubjets aux Trem blêmes, &: pour- quoy 116.3. Tremblemens de terre fort eftranges ny.a.b la Terre, comment foufte- nuë 6.b la Terre du Pôle Antarcti- que n'eft pas toute couuer- te d'eaux u. b Terre ferme nefontpoinc habitées ^i.b Terres du Prcfte-Ian fort chaudes 66.b Terres encores incogneiies iip.a.b Tezcailipuca> dieu des iubi- lés de Mexique, & de fes ornemens xi^b Tiburon, poifTon merueiU leufementgourmâd ioi.b Titicaca, lacdefmerueilla- blc grandeur 88.a.b Trinité imitée par le diable, & adorée par les Indiens en trois ftatués du foleil i6i.b h Terre en fa longitude eft la Torride peuplée , & d'à- toufiours de femblable té- greable demeure , contre perature, mais en fa latitu- l'opinion des Philofophes action ,8.a 32. b Terre d'excellente tempera- la Torride pourquoy tein- ture encore à defcouurir peree64.a b>66. a.b.69.a 20 • D en la Torride on nauige fa* la Terre auec l'eau fait vn cilement d'Orient en Oc- g*°be 6$.b cident, non au contraire, lé continent des Terres fe & pourquoy 81.82 joint en quelque endroit, qu'en la Torride mefme la oupourlemoinsfauoifi- proximité du foleil ne cau- nc de fort près 4. b fe pas toufiours tant d'hu- Terrcs encores à defcouurir miditez fo.a.b 41, a la Torride fort habitée zo.a , Table quelques endroits de la Tor- Tygres furfeux contre les Indiens , & non contre les Efpagnols i^i.b ride extrêmement fecs, en cores que le reftefoit fort humide 61. a qui a meu les anciens de croire laTorride inhabi- table 21. a la Torride eft pluuieufe lors que le foleil en eft plus proche j$.a Trois fortes d'animaux qui fe trouuent es Indes i89.b Trois fortes de terres es In- des m. b. leurs quaiitez* m. a Tozi, principale deeiïe des Mexiquains n6.z Trois chofes ordinairement méfiées en toutes les céré- monies des Indiens 260. 161 Trois genres de gouuernc- mens recogneuz es Indes 299.300 VAches recherchées feu* lement pour le cuir Vaches domeftiques ôc fau- uages 190. a. b. de ces Va- ches fauuages fc tire vn grand'reuenu en cuirs 190. trouppeaux de Vaches fans maiftre es Illes de Cuba, Jamaïque & autres 43. b Valeurs des Indiens 572. b Vallées plus chaudes que les montagnes, & pourquoy 67.b Vallées, meilleures habita- tiens du Peru 115. b Variété de température des Tunal, arbre d'eftrange for- terres Equinoxiales 66,b me 174. a. de combien de Vents d'abas contraires aux forte il y en a ibid. versàfoye 89. a Tygres au Peru plus cruels Vent dangereux qui tue, & enuers les Indiens que les conlerue les corps fans cor- Efpagnols 45. b ruption 25. a* b le Vent du Ponent ne fouf- Tygres peuuentpaiïerfepr, Se hui& lieues de mer à nage 441b fie point 79. a en la Torridç des matières. Vents appeliez brifes en la Viétoiredes Mexiquains fur Torride , viennent d'O- lesTapaneças 339.a rient 75>.a Vicugnes, efpece de mou- quatre Vents principaux tonsfauuages2oi.vertude 82. b leur laine 201. a. la chaic /huict Vents en huidfc points eftfort fouueraine pour le . notables du ciel, & leurs mal des yeux noms 83. a les Vents déterre enlaTor- ride foufïlent plulioft de nuict que de iour , &ceux de mer au contraire , & pourquoy i.a. ibid, le Vif-argent fuy t les autres métaux , hormis l'or & l'argent I49.b le Vit- argent fe tourne en fumée , puis la fumée fe tourne en vif- argent ijo.a le Vent corrompt mefme le le Vif- argent & le vermil- fer 89.90 Ion nauTent en vne mef- proprietë d'vn Vent /lequel me pierre i/o. a foufflant fait pleuuoir des le Vif-argent vray métal, ôc pulces 74. b plus pefant que tous au- le Vent du Sud rend la coite très 1 48 du Peru habitable 214 propriété merueilieufe du 214 vn mefme Vent f'acquiert diuerfesproprietez, félon le lieu où il court 7j.a diuers Vents en la terre de la Torride 88. a trente deux Vents pofez par lespilores 82. a.b trois principales caufes de la différence & diuerfespro- prietez des Vents 7 7. a «ftranges diuerfucz de tem- pérature caufces par les Vents 70 Vif- argent à fe joindre au« tour de l'or 148. b combien l'Efpagnol tire des mines du Vif argent i$2.a Vignes fans fruid en la neu- ue Efpagne 117. b Vignes du Peru & de Chillé portent tresbon vin 187. b Vignes de la vallée d'Yca, qui viennent fans eftreia- mais arrofees d'aucune' pluye , & comment il fe peut faire i88.a 0$ Table des Vignes qui portent fruidfc tous les muis de l'année ~i88.b pourquoy on ne fai& point de Vin du raifm quicroift enlaneuueEfpagne 187. b Viracocha, nom que les In- diens dônoient au dieu iu- prême,auec d'autres excel- Jens & iîgnificatifs d'vn grandpouuoir 211. a Vitzilipuztli , principal ido- le de Mexique 3 & de tous fes ornemens i24.b Viurcs pofez au tombeau des morts pour les nour- rir après la mort 221.3 Voix entéduë, prefàgeant ia ruine de Moteçuma3j8.b Voracité desTiburonsio2.b Volcan de Guatimala plus admirable que tout autre I22.b matière qui entretient les Volcans 124. a. b Voyage d'Hannon Cartha- ginois y admirable en Ton temps 22.b Voyela&ee, appellec che- min faind Iacques y.a Vros, peuples brutaux qui ne Pefliment pas hommes j8.b ii matières. Vtilité de toute hiftoirc na- turelle 71 XAmabois, pèlerins côn train&s de dire leurs péchez furvne roche 2^4. Y YCa&Arica, & leur fa- çon de nauiger en des cuirs jp.a Ytu , grande fefte des In- diens, qu'ils faifoient eA neceflite\ & des prépara- tifs à icelle 2^4 Yupangui Ingua a elle en Mexique comme vn autre Numa à Rome, pour Pe- ftablûTement des loix 24?; i6t Z ZEphyre , vent doux éc fain y 9. a Zone Torride aux anciens inhabitable, & les raifons pourquoy 17.^ la Zone Torride en des en- droits tempérée, en d'au- tres froide, &en d autres chaude Cryh , 1 '■■/ £!II v&-v IfifPK *** US •*■**