I HISTOIRE NATURELLE D U s E N Ë G A L. CO QU ILLAG E s. Avec la Relation abrégée d’un Voyage fait en ce pays, pendant les années 1749, 50, 51, 52 & 5:3. Par M» ADANSON, Correfpondant de V Académie Royale des Sciences, Ouvrage orné de Figures. Mediis in finibus orhis ^ A P A R I S, Chez Claude-Jean-Baptiste Bauche , Quai des Auguftins, à l’image Sainte Genevieve , & à Saint Jean dans le Defert. M. D G C. L y I I. /4yec Approbation & Privilège du Roi. A TRÈS-HAUT E T TRÈS-PUISSANT SEIGNEUR LOUIS DE NOAILLES, DUC D’AYEN, Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant-General des Armees de Sa Majesté, Capitaine de la première Compagnie de fes Gardes , Gouverneur du RoufTillon , Capitaine & Gouverneur de Saint-Germain-en-Laye , ôcc. ONSEIGNEUR, Le goût que vous ave:^ pour les Sciences me dé- termine à yous offrir cette partie de VHijloire Na- turelle du Sénégal, Elle renferme un grand nombre -A. ■ E P I T R E. â^ohfetvaûons nouvelles & intéreffantes Jur les Coquil- lages, avec une relation des différens voyages que 'fai faits dans Vintérieur du pays. Je n’ai rien négligé pour donner tous les agrémens & la perfeâion convenables aux Jîijets que je traite dans cet ouvrage , & votre approbation peut feule rrien ajjurer le fucces. Vous m’ave^l permis de le faire paraître' fous vos aufpices : j’ai fend toute l’importance de cette grâce. Heureux Ji j’ai réuffi à le rendre digne de vous être préfenté ! Plus heureux encore f vous daigne^ Ihonorer de votr&- proteétion. Je fuis avec un profond refpeêl MONSEIGNEUR Votre très-humble. Si très- obéilTant ferviteur , Jdanson. extrait des registres ' de V Académie Royale des Sciences» à Du 4 Décembre 1756, MEflieurs de Reaumur & de Jüssieü le cadet ^ qui avoient été nomme's pour examiner un’ Ouvrage de M. A d a n s o n Correfpondant de PAcadémie J intitule : Hijîoire naturelle des Coquil^- ïages du Sénégal , précédée éÜune courte Relation dé un Voyage fait en ce pays pendant les années 1749 , 1750, 1751 , 1752 ? 1753^» en ayant fait leur rapport J l’Academie a juge que les vues ingenieufes’ de l’Auteur , fon exaélitude dans les delcriptions , & fa fagacite dans les obfervations , donnoient lieu de croire que fes travaux fèroient reçus favorablement du Public J & etoient dignes de l’approbation de l’Academie. En foi de quoi j’ai figné le prélènt cer-^- tificat. A Paris , le 4 Décembre 1756,^ GRANDJEAN DE FOUCHY, Scc. perpétuel de VAcad. Royale des Sciences, PRIVILEGE DU ROL LOUIS, PAR LA GRACE DE DiEU, Roi DE FrANCE ET DE NaVARHE : A'nos amés & féaux Confeillers , les Gens tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel j Grand-Confeil , Prévôt de Paris , Baillifs , Séné-' chaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra , Salut : Nos amés LES Membres de l’Academie Royale des Sciences de notre bonne Ville de Paris , Nous ont feit expofer qu’ils auroient befoin de nos Lettres de Privilège pour l’impreffion de leurs Ouvrages. A ces causes , voulant favorablement traiter les Expofans ,Nous leur avons permis & permettons par ces Préfentes , de faire imprimer par tel Imprimeur qu’ils voudront choifir , toutes les recherches ou obfervations journa- lières, ou relations annuelles de tout ce qui a été fait dans les alTemblées de ladite Aca- ^émle Royale des Sciences , les Ouvrages , Mémoires, ou Traites de chacun des Parti- culiers qui la compoftnt , & généralement tout ce que ladite Academie voudra taire paroître , après avoir fait examiner lefdits Ouvrages , & jugé qu’ils font dignes de 1 im- preirion,en tel volume, forme, -marge, caraftere, conjointement ou feparement, ÔC autant de fois que bon leur femblera, & de les faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de vingt années confécutives , à compter du jour de la date des Préfentes; fans toutefois qu a Foccafion des Ouvrages ci-deffus fpécifiés, ils puiüent en imprimer d’autres qui ne foient pas de ladite Académie : Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes, de quelque qualité & condition quelles foient , d’en introduire d’impreffion étrangère dans aucun beu de notre obeiffance ; comme auffi d’imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contre- dire lefdits Ouvrages , ni d’en faire aucune traduâion ou extrait , fous quelque prétexte que ce puiffe être, fans la permilTion expreffe & par écrit des Expofans,ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des conîrevenans , dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris , & l’autre tiers auxdits Expofans , ou à celui qui aura droit d’eux , & de tous dépens , dommages & intérêts ; à la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que 1 imprelEon defdits Ouvrages fera faite dans notre Royaume & non ailleurs , en bon papier , & beaux caratteres , con- formément aux Réglemens de la Librairie ; qu’avant de les expofer en vente , les manufcrits ou imprimés qui auront fervis de copie à i’imprelTion defdits Ouvrages , feront remis dans le meme état oh l’Approbation y aura été donnée , es mains de notre très-cher & féal Chevalier, le Sieur Daguesseau , Commandeur de nos Ordres, Chancelier de France; & qu’il en fera enfuite remis deux exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre un dms celle de notredit très-cher & féal Chevalier le Sieur Daguesseau, Chancelier de France ; le tout à peine de nullité des préfentes ; du contenu defquelles vous mandons & en- joignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes , pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble ou empêchement; Voulons que la copie des préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou a la fin delcüts Ouvrages , foit tenue pour duement fignifiée , & qu’aux copies collationnées par 1 uq de nos amés 6c féaux Confeillers-Secrétaires , foi foit ajoutée comme a 1 original ; com- mandons au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis , de fane pour Fexecution d’icelles tous aéles requis & nécelTaires , fans demander autre permiiiion, & nonobltant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le dix-neuviéme du mois de Mars, l’an de gr^çe mil fept cent cin- quante, & de notre Régne le quarante-deuxième. Par le Roi en fonConfeil^ ^ Renfîré fur le Réélire n de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires è’/mpri- ttie7,rfde Paris N® 430. fol. 30^. conformément au Réglement de fp23 , qui fait de~ feTfis ÎLZ pentes dl que%L quhité quelles foient, autres que les Libratres 6* ’lJpnm,u„, dlJnd,,. diluer ^ faire afieker „eun, L.vres pour le. oendre en kure noms, foit quils s’en difent les Auteurs ou autrement ;& a la charge de fournir a la fufdite Chambre huit Exemplaires prefents par [article 108 du meme Reglement. A ParUUsDieeuénqp. G R A S , Syndic. FAUTES A CORRIGER. Dans h Voyage. 'page iS , ligne i8 ^ femé , Ufei femée. ^ , ligne 23 , pain de finge , life^ pain de finge* 82 , ligne I , en marge , 1748 , life[ 1749. î 1 1 , ligne 17 , fur les côtes , lifes^ fur les côtés. 329, ligne 1 5 , qui ne ceffa , /i/è{ qui ne cefiçreaî,^ 135, ligne 3, ouaniear, lifez guaniar, ii6x , ligne 2 , oublians , life:^ oubliant. ligne 14, barbes , lifei^ Arabes. 163 , ligne 23 , j’entendis , life^ j’entendoîs.’ ,366, ligne 26, cracrelaîs , lifer^ cacrelats. 370 , ligne 31 , rempli , life!^ remplis. *77 5 3^ 5 obligé de relier, life\^ obligé d’y relier.' *79, ligne 23,3 dix lieues du cap Verd, à dix lieues des lHes du cap Verd» 381 , ligne 9 , après avoir paffé toutes , Ufes^ après avoir palTé par toutes. 383 , ligne II, fous le noms , life^^ fous le nom. Dans la Préface^ ^c. page XX , ligne 1 6 , auxquelles elles font communes , lif. auxquelles ils font communs; xxiv , ligne 1 1 , fes cornes une longueur, life:^ fes cornes ont une longueur. Ixxij , Ixxiij , Ixxiv , Ixxv & fuiv. Koman , life[ Kaman. Dans VHiJioire des Coquillages, Page 3 , ligne 23 , applati en delTus , life^ applati en delTous. O, ligne 9, au delTus de la tête, life^ au delfous de la tête. ligne 17, une fois plus longue, Hfe^ une fois plus longues. Il , ligne 36 , celli-ci, Ufe^ celle-ci. 23, ligne 29 , ordinairement comme avec les yeux, Ufe^ ordinairement avêS les yeux. 6 3 , ligne 4 , Ærythræa , life^ Erytbræa. 71 , ligne 36, il ne s’étend, lifes^ il ne l’étend. 83, ligne 23 , fanguinis maculis , lifei(^ fanguineis maculis. 87, ligne 4, quadratæ notatæ , quadratæ notæ. 88 , ligne 13, rollro purparafeente , Hfes^ rollro purpurafeente. 1 ’ÿ<) ligne 9 , eft fermé, Hfe!^ eft formé. 262 , ligne 38, comme on le voit dans , life^ comme dans. *745 iigne 18, qui partent d’une centre, Hfe:^ qui partent d’un centre.’ *77 J ligne 14, entouré d’une ou deux, life^ entouré d’un ou deux. 182 , ligne 7 , fes turbercules, life^ les tubercules. 384, ligne ly , de douze petits filions , /ryèç de plufieurs petits filions. 202 , ligne 30 , auffi obtus qui puiffe l’être , Hfe^ audi obtus qu’il puilfe l’Ittg^ 208 , ligne 33 , que la demie de, Ufe[ que la moitié de. 216, ligne 37, chamis alpera, life^ chama afpera. ^•^75 ligne 33-36 , quænum, life^ quarum. ^45 5 ligne 27 , par un nombre, /i/èç par un grand nombre. 264, ligne 12, la plus grande a uji tuyau, la plus grande efl un tuyarî. AVERTISSEMENT- La Carte qu'on a mife à la tête de cet Oayrage , a &é exécutée par les foins de M. Buache , dent le mérité & les talens font afe^ connus par fes ouvrages. Ellen’ejl que le précis, & , pour ainfi dire , l'extrait iune Carte beaucoup plus grande & très-détaillée, que l' Auteur fe propofe de publier dans le volume qui traitera de tHifloire phyjîque du Sénégal. Il rendra compte dans ce volume , des additions & changemens que l'on pourra remarquer, 6- des moyens qu'il a pris pour rendre cette Carte plus parfaite que celles qui ont paru jufquki. VOYAGE JVIeridie a l’Occidput de Pai-is Longitades prises du Premier Méridien de 1*1810 de Ter. VOYAGE A U SÉNÉGAL. L efl peu de perfonnes au monde qui ne naiflènt avec une inclination qui fe déve- loppe & fe fortifie avec l’âge. A quelque deflination que nous préparent la naiflânce ou l’éducation , le goût dominant preVaut toujours , & c’eft lui qui décidé ordinairement du genre d’occu- pations que nous devons fuivre. Un goût particulier pour f etude de la phyfique & de l’hiftoire naturelle , qui fe déclara en moi de bonne heure , me fit connoître que l’ëtat ecclëfiaftique auquel m’avoient deftinë mes parens , ne convenoit pas à mes inclinations ; & j’aban- donnai un bénéfice dont j’étois déjà pourvû , pour me livrer uniquement à l’étude de la Nature. La botanique fut la partie a laquelle je m’attachai la première , comme unç des plus intéreflantes, tant par fon utilité que par fagréable variété qu’elle offre. La façilité que je trouvai dans les leçons publiques de A 2 V O V A G E M‘'^ de Julîieu au Jardin du Roi , m’y attiroit fouvent ÿ & mon affîduite avec ce goût décidé pour cette fcien- ce , me firent bientôt connoîtrê d’eux. C’eft fous ces deux grands maîtres , auxquels je ne puis aop marquer ici ma reconnoiffance , que je commençai a entrer dans cette vafle carrière que je cours aujourdhui. L eipnt d’obfervation & cette fagacitë qui eft particulière a M. Bernard de Juffieu , & qu’il fçait fi bien inipirer , & , pour ainfi dire , naturalifer dans tous ceux qu un goût femblable rapproche de lui , prirent facilement chez moi , & m’entraînerent infenfiblement de 1 etude des plantes à celle des minéraux , de ceux-ci aux ani- maux , jufqu’aux infeéles même & aux coquillages ^ enfin dans toutes les parties de l’hiftoire naturelle. Dès-lors le cabinet du Roi , celui de M. de Reau- mur ^ & celui de de Jufïieu me furent ouverts 5 je puifai la un fonds de connoifTances qui me mettoit en état de faire utilement des obfervations de toute e pe- ce • un peu d’aftronomie même ne me parut pas mu- tile h mon qbjpt , & j^i appris , autant qu’il etoiî néceflaire , fous M- le Monniei. 11 Ce ne fut qu’après avoir travaille pendant plus de fix ans fous les yeux de ces illuftres Académiciens 3, que ie déclarai le defTein que j’av ois conçu depui^ong- tems de voyager. Leurs obfervations fur les differen- tes branches de Thiftoire naturelle de la France , îai - foient peu de chofes a defirer ; je penfai donc que nen lie me feroit plus utile que d’employer faire un voyage dans quelque pays éloigné, & p fréquenté, perfuadé que j’en rapporterois beaucoup de connoiffànces nouvelles pour l’Europe, Je fçavois AUSÉNÉGAL. 3 que l’Afrique équinoxiale n’avoit été vifitée par aucun naturalille , & que par conféquent j’aurois un vafte champ d’oblervations a moiflbnner. Ce n’étoit pas peu entreprendre , fans doute , que de vouloir exécuter à moi feul un ouvrage qui exige ordinairement les travaux d’un botanille , d’un phy- licien , d’un anatomifte & d\indeffinateur. Cette con- fidération ne m’eifraya pas néanmoins, & je’ fis con- noître mes intentions à feu mon pere , qui me préfentà au commencement de l’année 1748 , à M. David ^ chevalier de l’ordre de S. Michel & direéleur de la Compagnie des Indes , dont il étoit fort connu. M. Da- vid toujours attentif à ce qui peut être utile au com- merce , goûta fort mon deffein , & me témoigna beau- coup de joie d’une entreprife qui pouvoir être aulTi avantageufe a la phyfique qu’au commerce de fa cé- lèbre Compagnie : il m’obtint une place dans les comp- toirs de la Concelfion du Sénégal , avec mon pafTage fur le premier bâtiment qui partiroit aulTi-tôt après la publication de la paix. Je lus ravi de trouver ainli lac- compliflement de mes delTeins , & je partis de Paris le 70 oécemb. r , ^ ^ ^ Auteur part 20 décembre de la meme annee , pour me rendre au de Paris, port de l’Orient où fe font les embarqiiemens de la Compagnie. L’hiver faifoit encore fentir fes rigueurs lorfque — - je m’embarquai le 3 mars de l’année 1 749 , fur le vailleau le Chevalier Marin , commandé par M. Daprès quement à de Mannevillette. Nous mîmes à la voile fur les dix heures du matin , & fortîmes du port accompagnés de deux petits bâtimens deflinés a faire route avec nous. Les vents de N-E. nous portèrent bientôt en pleine ï 7 49- Mars. Marfouiss, Vont à la fenconae du vent. Mauvais taras j ^ ii r 1 fouâleCapFi- ΀S vents act^ueroient de nouvelles lorces , cC la tne^ s’enfîoit de plus en plus. Nous fâmes obliges de met-- tre a la cape , & nous eiluyâmes en cet état toute la tourmente d’une mer orageufe. Enfin après avoir lutté pendant vingt-un jours contre les mauvais tems , nous doublâmes heureufement le cap Finifterre , qui nous avoit donné tant de mal. ^ VOYAGE mer. Elle écoit belle , tranquille, & nous offroit tous les jours un fpedacle charmant. Des milliers de mar- fouins qui fe jouoient autour de nôtre vaiffeau , fem- bloient nous féliciter de notre heureufe navigation : ils s’élevoient comme en fautant au-delTus de Peau , de façon qu’on les voyoit en entier , puis fe courbant en are, ils fe plongeoient aVec une agilité furprenante, & reparoilToient enfuite , imitant aflez par ces mouve- mens les ondulations de k mer. Cétoit un plaifir de les voir tantôt avancer de front rangés fur une même ligne , tantôt fe croifer les uns les autres comme pour fe difputer l’approche du batiment ; enfin on ne fe laflbit point d’admirer leurs dilférens jeux , tant ils étoient variés & divertiflans. On dit que ces poififons vont toujours â la rencontre du vent , & les marins augurent par leur marche , de celui qu’il doit faire. Si cela n’efl pas vrai dans toutes les rencontres, ce le fut du moins dans celle-ci. En effet nous ne jouîmes pas long-tems de cette agréable tranquillité. Elle fut bientôt interrompue par des vents contraires, qui foufîlerent du S-E. avec une telle violence , que la mer devint fort grofle en peu de tems. Les bateaux qui étoient â notre fuite ne pouvant y tenir , furent difperfés ^ & nous les perdîmes de vûe jiifqu’au jour de notre arrivée au Sénégal.. Cependant AUSÉNÊGAL. 5 A peine avions -nous atteint la latitude de 56 degres j que nous commençâmes â trouver la mer plus belle. Un vent frais de N-N-E. nous faifoit faire tranquillement de belles journées. Nous goû- tions après un tems orageux & fombré , la douceur d’un beau climat , lorfque nous eûmes connoiiûànce de terre le 6 d’avril. C’etoit le Pic de Tènètif qui fe pre- fentoit à nous fous la forme d’une pyramide , ou ^ plus exaèlement , d’un cône furbaiffè, dont les côtes etoient hèriffès de pluiieurs pointes. Quoique , fui- vant notre eflime , nous en fu liions éloignés de plus de quatorze lieues dans le N-E. , il nous paroiffoic elevé fous un angle de plus de 5 degrés^ A cette dii^ tance , il avoit plus l’air d’un nuage que d’une mon- tagne , par fà couleur blanche ^ il n’y aVoit que fa Habilité qui pût la faire reconnoître. On la voyoit tan- tôt au-delTus , tantôt au-deflous des nuages , félon que ceux-ci étoient plus ou moins éloignés de nous. Plus nous en approchions en la tenant toujours au fud- oueft , plus elle lèmbloit le mettre au niveau des mon- tagnes voihnes ; de forte qu’a quatre lieues de dillance il ne fut plus poHible de la dillinguer d’avec elles. Dans cette pofition Pille Ténérif ne nous offroit à la vûe qu’un amas de montagnes , fi ferrées & Il rapprochées , qu’on n’en dillinguoit que les pointes. La connoifïance que nous avions prife de Pille Té- nérif, fuivant Pulage pratiqué par les bâtimens qui voyagent fur la côte d'Afrique , fuffifoit pour nous guider dans la route que nous avions a faire jufquesau Sénégal j & nous l'aurions pourfuivie , fi les circonf- tances préfentes PeuTent permis. Mais Peau 6c les vL 1749^ Avril. 6^ Avril. Vûe du Pic de Ténérif'. On fe décidé à faire une re^ lâche. 6 I VOYAGE 1749.- vres avoient été confommés pour la plus grande par- tie pendant le retardement occafîonné par les contre- tems que nous avions eflliyés fous le cap Finillerre, & le peu qui relloit ne luffifoit pas pour achever notre voyage , il falloit néceffairement faire une relâche pour prendre de nouvelles provifions. Se trouvant fi proche de terre , c’eût été une imprudence que d’en manquer i’occafion : on fit donc voile deffus jufqu’à la nuit, pen4ant laquelle on mit en panne. Mouillage au Le lendemain on reconnut le port de Sainte-croix , crok qui eft à i’eft de Fille , & l’on y mouilla par quarante- cinq bralTes à trois encablures de terre. Ce port peu different d’une rade foraine , parce qui! eft très-ouvert, feroit affez bon , fi l’ancrage y étoit affuré ; mais fon fond qui eft de roches très-efcarpées , eft fujet a laiffer gliflèr les ancres , & a couper les cables ; d’ailleurs il eft fort fain. Toute la journée fut employée à af- fourcher le navire , ÔC a le bien affurer fiir les ancres. On s’amufa aulïiâla pêche du maquereau. Ce poiffbn , prelque le feu! qu’on trouvât alors en cet endroit , y étoit fi abondant qu’il fembloit que tous ceux de la mer voifine s’y étoient rendus. On n avoir qu a jetter la ligne , l’on étoit fur d’en retirer un poilTon , fou^ vent même fans le lecours de l’amorce. Pêcheàdif- Lcs gcns du pays en font la pechedune maniéré çj:s;tion. avantageuft. Dès que la nuit eft venue , & par une mer tranquille , ils s’arment de flambeaux , & fe difperfent avec leurs canots dans toute la rade , à une lieue â la ronde. Arrivés dans les quartiers qui leur paroiffent les plus poiffbnneux , ils s’arrêtent te- nant leur flambeau au-deffus de l’eau , de maniéré qu’il I 7 4 9* Avril. AUSÉNÉGAL. 7 les éclairé fans les éblouir ; & dès qu’ils voient le poiiTon fe jouant fur l’eau^ raflemblé autour de la lu- mière , ils donnent un coup de filet , qu’ils vuident aulTi-tôt dans leur canot : ils vont ainfi toujours pê^ chans julqu’à ce que leur provilion foit faite. Tant que la pêche duroit , on ne voyoit à chaque infiant que des canots charges , qui venoient à bord du navire pour vendre leur poifibn ; & on l’a voit a très-bon compte. Le maquereau des Canaries n’eft pas de même efpèce que celui qu’on voit fur les cotes de l’Europe ; il efl moins large , & plus petit , quoi- que fort allonge : là peau eft d’un bleu fonce fur le dos, argentée fous le ventre , & agréablement mar- brée. Sa chair efi; blanche & ferme, un peu féche à la vérité j mais , quoiqu’inférieure à celle du maque- reau d’Europe , elle ne lailfe pas d’être d’un bon goût. Le jour fuivant nous eûmes la liberté de defcendre à terre. La mer étoit fort tranquille dans la rade ; mais c’étoit toute autre chofe fur le rivage : elle s’y déployoit d’une maniéré qui auroit intimidé les plus hardis. Comme il efi; tout couvert de galets, qui for- ment un bord très-efcarpé , & que la mer entraîne & rapporte fucceffivement , l’attérage efi; fort difficile. On efi; obligé de profiter de la lame qui porte à terre , & d’avoir attention que le canot ne tourne point , & qu’il ne foit pas rapporté a la mer : c’efi à quoi veillent plufieurs matelots qui attendent fur le rivage. Dès qu’ils voient arriver la lame , ils fe mettent à la mer , faififlènt le canot , l’enlèvent avec le monde qui efi dedans , & le portent à terre avec autant de force que d’adreffe» i 8 VOYAGE 1749- AvriL Ville de Sainte-croix. Laguira ca- pitale. Montagnes de Ténérif. Lorfqu’on eft a terre , on trouve à cent pas du rU vage la ville de Sainte-croix , fituée a Tell de Fifle , comme le port auquel elle a donné fon nom. Cette ville n eft ni fortifiée, ni fermée de murailles. Elle eft bâtie fur une plaine allez élevee au-defîus de la mer , & qui fe termine en une langue de terre fort baffe , blanche & fabloneufe , d'environ une lieue de lon- gueur vers le fud. Sa longueur eft de quatre cens toi- fes , fur une largeur moitié moindre. Ses maifons font au nombre de trois cens , bâties en pierre & a trois étages. Elle peut contenir environ trois mille hablr tans , tous Efpagnols , qui , par leurs mœurs & leur façon de vivre , différent peu de ceux d'Europe. A trois lieues â Foueft de cette ville , en fuivant les gorges des montagnes , qui élèvent infenfiblement le terrein , on trouve celle de Laguna qui eft la capitale de rifle. Elle eft affife au pied du Pic, dont j'ai déjà parlé. Cette montagne, qui porte le nom de Pic de Ténérif, eft par le 2^^ degré 12 min. de latitude fep- tentrionale^ & par le 18® degré 52 min. de longi- tude , à Foccidentde Paris. Sa hauteur que nous avons trouvée de plus de deux mille toifes , c eft-a-rdire 3 de près d'une lieue perpendiculaire , doit la faire regarder comme une des plus hautes montagnes de FUnivers. On dit que fon fommet eft couvert de neige pendant toute Fannée , & qu’il jette quelquefois des matières enflammées , fans faire beaucoup de bruit. Elle tient a peu près le milieu de Fifle , & eft environnée d un grand nombre de montagnes qui n’ont guères de demi-lieue de hauteur perpendiçulaire. Au pied de ces montagnes on voit ravines femblable? a des précipices AU SÉNÉGAL. prëdpiœs affreux , qui ont fouvent plus de cent pieds 1749. de largeur fur deux cens de profondeur. Ils font creu- fës par des torrens qui s’y engouffrent pendant les orages , & qui en fe retirant les laiffènt à fec. Le terrein de cette iffe eff: rougeâtre , peu profond & lëger mais d’une grande fertilité. Dans les gorges des montagnes qui font au nord & à l’eff: de la ville , on trouve les plus belles forêts d’orangers , de citro- niers , de cédrats , & de limoniers de toutes les efpeces. Les grenadiers & les figuiers croiffènt par-tout à plai- fir. Àux plus excellens fruits de l’Europe , les habitans de Ténérif joignent ceux de TAfrique , comme les ba- naniers , les papayers & les ananas , qu’ils cultivent dans leurs jardins. Les caroubiers , les melons de toute efpece ^ & fur- tout les melons-d’eau ^ occupent les terres les plus ingrates. Les vallées qui forment leurs campagnes portent les plus beaux blés du monde , au milieu defquels s’élèvent par intervalles des bouquets de fang-dragon ( I ) , qui par leur hauteur & leur for- me, imitent affez le port majeffueux du latanier (2). Les montagnes font mifes en vignobles , qui ont Ses acquis une grande célébrité par les excellens vins qu’ils rapportent , & que l’on connoît fous les noms de vin de Canarie & de vin de Malvoifie. Le premier efl tiré d’un gros raifin , qui donne un vin fort & capiteux : c’efl le vin d’ordinaire. On fait l’autre avec un petit raifin , dont le grain efl rond & fort doux : aulîi la liqueur qui en provient a-t-elle une faveur agréable & plus douce, quirlui donne une grande fupériorité fur (i) Draco arhov. Clujii.. (i) Efpece de palmier dont les feujlles s’ouvrent en éventail. B ÏO 174 9- AyriJ. VOYAGE le premier. On attribue d’ordinaire la qualité de ces vins au climat & a la nature du terroir ÿ mais je crois que la culture & la façon qu’on donne aux vignes , y a pour le moins une auffi grande part. Voici ce que j’ai vu pratiquer aux environs de Sainte-croix. On fait choix des collines qui font à une expofition avanta- geufe du midi , négligeant toutes les autres : on en cultive la partie la plus balTe , jufqu’à la hauteur de deux cens pieds au plus. Sur tout le terrein delfine aux vignes , on elève de petits murs à hauteur d’appui ^ à la diftance de quatre à cinq pieds les uns au-defliis des autres. Ces murs fervent à plufieurs fins 5 car premiè- rement , en arrêtant les terres , ils empêchent les vignes d’être dêchauffêes ; en fécond lieu , ils retiennent les eaux des pluies , qui fans cela auroient coule fur la terre fans la pénétrer ; enfin , ils augmentent de beau- coup la réflexion des rayons du foleil , & procurent aux feps une plus grande chaleur. Il efl; vrai que comme ces murs font faits de pierres feches , c’eft-a-dire , fym- métriquement arrangées fans mortier ni torchis , il s’en écroule quelquefois dans les groffes pluies ; mais le mal efl bientôt réparé : on peut même le prévenir , en fai- lant régner au-deflus du mur le plus eîeve , un cordon de groffes pierres un peu incliné , pour rompre la force des eaux & les détourner. Il me femble que cette pra- tique pourroit être fui vie en Italie , & même en Pro- vence , dans le Languedoc , & dans les autres provin- ces méridionales de la France , par des particuliers qui poffédent des terreins montueux dont ils ne fçavent que faire. Par ce moyen ils mettroient en culture bien des collines , que leur rapidité a fait négliger , ôc ils 17 49- Avril. AU SÉNÉGAL. ii en retireroient de grands avantages , fur-tout fi elles font dans une bonne expoftion.:;)!..; ,7 Le revers de ces montagnes, le coté; qui 'regarde le nord , eft aride & inculte. îl ne préfente a la vue qUün amphithéâtre de rochers nuds , d’un gris d’ardoife , & taillés en parallelipipèdes verticaux , de fix a huit pieds de hauteur fur trois à quatre de largeur , dont les, an- gles font'fort tranchans : on diroit autant de précipices élevés les uns au-delTus des autres. Lorfqu’on eft par- vûe furie , n i fommet des venu aulommetj, on elt ravi tout dun coup par un montagnes, point de ^vûe qui jfeft borné que par l’horilbn de la mer : on fe trouve bien au^deifusdes nuages au'tra- vers defquels on apperçoit ,à douze lieues dans le fud , la Canarie & les ifles voifines. On eft aulïi étonné de ce qu’au lieu de marcher Lur de la terre ijionsne trouve foUS'lès pieds que des cendres dés ponces '& des pier- res brûlées , dont on rencontre encore en defcendant des morceaux difperfés ça Ôc la, mais dont la plus grande partie a été entraînée au pied des, montagnes , & même julqués au bord de la mer. Dans les endroits où la terre étoit ouverte , je Nature des voyois au-delTous des ponces , une pierre en grolTes maflès , de couleur d’ardoife , & pareille aux rochers découverts '^que j’avoïs remarqués fur la croupe des montagnes. Cette pierre a une reflèmblance fi parfaite avec les pierres fondues par le feu des volcans , & la comparaifon que j’en ai faite avec les laves que de Juflieu ont reçu non-feulement des volcans d’Italie , mais même de celui de l’ifte Bourbon & de plufieurs autres , établit cette relTemblance de maniéré que je ne crois pas qu’on puifle ni qu’on doive lui donner un 12 VOYAGE 1749. Avril, Sources «l’eau. Troupeaux. autre nom. J’ai obfervë la même chofe dans les ravî-^ nés 5 ÔC dans la carrière qu’on a creufêe aux environs de Sainte-croix : on y trouve la même pierre au-deffous d’un lit fort irrégulier de pierres brûlées. On la coupe par quartiers pour l’ufage des bâtimens. L’infpedion extérieure & intérieure de ces montagnes , les laves dont elles font entièrement formées , & toutes les pierres brûlées qui font répandues jufques dans le lit de la mer , ne me laiiîènt aucun lieu de douter que cha-^ cune des montagnes qui compofent Fille Tenerifj ne doive fon origine a un volcan particulier , qui s’ell éteint après Favoir travaillée intérieurement , comme Fed: encore aujourd'hui le Pic, cette énorme monta- gne dont le feu fe manifeUe de rems en tems. Il n’y a point de riviere dans cette ifle à caufe de foh peu d’étendue. Les habitans y fuppléent par des canaux creufés dans des troncs d’arbres, qui commu- niquent a des fources forties a mî-côte des montagnes : de-lû Feau eft portée dans la ville , qui en efl diftante d’une demi-lieue. Comme cette eau eft afïèz dure & crues ils font dans Fufage de la filtrer au travers d’une pierre qui eft fort commune dans leurs carrières. C'efl une efpece de lave couleur de fuye , qui tient le milieu entre la denfité de la lave grile^ & la porofite de la ponce. ‘ L’heureufe température de Ténérif , & la bonté des pâturages , contribuent beaucoup a l’excellence des beftiaux qu’on y nourrit. On y voit de beaux trou- peaux de bœufs, & des. chevreaux d un goût exquis : les moutons font moins communs. On y élève des volailles de toute efpece , mais le gibier , fur-tout en AU SÉNÉGAL. 13 ôifêaux , y eft fort rare. J’ai remarque que îe ferin qui devient tout blanc en France, eft a Ténërif d’un gris prefqu’auffi foncë que celui de la linotte. Ce change- ment de couleur provient vraifemblablement de la froidure de notre climat* La pafîion que j’avois pour herborifer me fît regret- ter que la failon fiat fi peu avance'e. La plupart des plantes particulières a ce pays , ëtoient encore cachées dans le fèin de la terre : neanmoins mes recherches ne furent pas tout-à-fait infruëlueufes. Je trouvai encore fur le bord de la mer deux efpeces de glacëes ( i ) , au^ trement appellées ficoides ; \q j a. fminoiies (2) laifToit pendre du haut des précipices & des ravines , fès bran- ches chargées de fruit en maturité ; & le glayeul de Provence (3) ornoit les vallées & les prairies de fes fleurs. Je m’apperçus en courant les montagnes , que les plantes qui leur étoient particulières , affeéloient une certaine hauteur. Le kleinia (4) , par exemple , &C quelques plantes nouvelles , que je me propofè de faire connoître j en occupent conftamment la partie infé- rieure , celle où fe font communément les plantations 1749. Avril. Serin de coup- leur griie. Plantes dg Ténérif. CO Ficoidea procumbens, portuîacæ folio. N/Jf. Mem, Acad. 1711* pag. Aizoon foiiis cuneiformi-ovatis , floribus fefiilibus. Linn, Hort, Upfpag. 1Z7. ç Ficoides nollras , kali folio , flore albo. Tournef. Mem. Acad. 1705, Jpag.i^i. 1 Mefembryantheumm foiiis altetnisj teretiufculis obtu/îs, ciliatis, ^ Linn. Horc. Upf.pag. 129. (1) Jafminoides Africanum , jafmini acuîeati foiiis , & facie. Nijf. Mem» Acad. 171Ï. p. ^xo.pl. ii.fig. I. (3} Gladiolus utrinque floridus, flore rubro. C. B. p. 41. (4) Kleinia foiiis laaceolaûs planis , caifle Itçvi , ventricofo. ZzVzrr. Bon, Cliff. p. 395, î4 VOYAGE 1749. Avril, Beauté du climat. 15. Départ de Téatrif. de vignes. Dans la partie moyenne , on ne voyoit que, le titimale arbrifleau ( i ) ; enfin , leurs fommets etoient couverts de forêts d’euphorbe (2) , dont les tiges de douze a quinze pieds de hauteur j m'avoient paru d’en- bas , comme une verte peloufe d’une herbe très-fine. Deuforbe & le titimale etoient pour lors en fleurs, & environnes de plufieurs efpeces de liferons , qui fer- pentoient autour de leurs tiges. Je ne trouvai dans mes promenades qu’une efpece de coquille terreftre , dont on verra la defcription & la figure dans l’Hifloire des Coquillages , qui fuit cette relation (3), Je ne me laflbis point d’admirer la beauté de ce pays. La douceur d’un climat où il ne gèle jamais , la fituation avantageufe de l’ifle , la variété de fes duélions , tout cela avoit pour moi des attraits infinis ; & j’y eufTe rePæ plus long-tems fi les circonfiances FeufTent permis. Mais la faifon s’avançoit , nos provi- fions d’eau & de vivres étoient faites , il falloit nous rendre au lieu de notre deflination. Nous levâmes l’ancre le ly avril , 6c nous quittâmes l’ifle Ténérif après huit jours de relâche. Les vents ali- fés de N-E. aflèz modérés pour ne pas trop elever la mer , nous permirent de voguer tranquillement juf- qiies fous les tropiques. La les jours clairs 6c fereins , & les grandes chaleurs nous firent connoitre que nous avions changé pour la troifiéme fois de climat : l’hiver, le printems , l’été 6c la canicule 3 nous avions éprouvé ( 1 ) Tithy malus dendroides linariæ foliis ex infula Canarina. Pluk. Phyt. tab. 3 19. AA* 5* . , . • • (2.) Euphorbia aculeata nuda fubquinquangularis , aculeis geminatis. Linn. lion. Cliff. pag, i-^6. (3) Limaçons univalves. Genre 5. plane, i.fg- 2.. Pouchet. AUSÉNÉGAL. 15 toutes ces faifons en moins de fix fèmaines. La mer ^749. nui , dans ces parages , paroît comme en feu , lorf- qu elle eu agitee pendant la nuit , marquoit notre neufe, route par un fillon de lumière que le vailleau laiflbit derrière lui. Ce phenomene , dont le detail le trouvera dans un autre ouvrage , me parut allez interellànt , ôc je palîài plufieurs nuits à le confide'rer , & à en recher- cher la caule. Nous continuâmes notre route avec la même faveur ^ ^ du ciel jufqu’aii 2 J avril, où Ton fe trouva à la vue côte du Séné* de la côte du Sénégal. C’étoit une terre balle, fablo- neufe &. très-blanche , qu"on avoit allèz de peine à dillinguer , quoique le tems fût bien clair , & qu’on n’en fût éloigné que de trois à quatre lieues : cepen- dant on reconnut à une touffe d’arbres mafquée en partie par les dunes de làbles , que l’on étoit par le travers du bois de Griel , c’ell-a-dire , à deux lieues au nord de Tille du Sénégal. Peu de tems après on ap- perçut au-deffus du bâtiment un oifeau qui paroiffoit fatigué & cherchoit à le repoler j en effet il s’arrêta fur une manœuvre , d’où on le fit defcendre d’un coup de fufil. Cet oifeau étoit d’une beauté trop finguliere pour que je n’en falîè pas une légère defcription. C’é- îoit une efpece de geai (i) , auquel il rellembloit fort par la grolleur du corps , & par la figure du bec & des pieds; mais il en différoit a quelques autres égards. Il étoit d’un bleu pâle fous le ventre , & fauve fur le dos. Sa queue qui avoit pour ornement deux plumes de la longueur du relie de fon corps , étoit relevée aulfi-bien que fes ailes j par l’éclat d’un bleu célelle le Oifeau de pafl'age. (i) Garrwkis argentoratenfis. Wdlug. ornith. pag. 89, tah. 10, î6 VOYAGE 1 7~^. plus beau qu’on puifïe imaginer. J’ai eu fouycnt oeea-^> fion de voir ce geai dans les terres du Sénégal ; mais comme j’ai reconnu depuis que c’étoit un oifeau de pallàge , qui vient habiter pendant quelques mois de l’été dans les pays méridionaux de l’Europe , ôc qui retourne paf^r le refte de l’annee au Sénégal , je ne veux pas laifïèr ignorer qu’il a été rencontre quelque- fois en mer dans le tems de fon paflage. ^ ^ Mouillage Le même jour on arriva devant l’habitation du Se- dans la racfe. Aptès avoit fait ks figuaux ordinaires , & famé le fort de plufieurs coups de canon , on alla mouiller trois lieues au-deffus , a l’embouchure du fleuve Ni- ger , par les neuf brades , fur un fond de vak ôc de bonne tenue. Quoique l’on lut a une demi-lieue de la barre , la mer étoit très-forte , & les vents du large y excitoient des houles furieulès, qui caufoient au vailr Canot verfé. küU un tangage inluportable. Le canot qu on avoit mis a la mer , Ht capot fous une lame , & nous fumes témoin d’un malheur qui n’efl: que trop ordinaire dans la navigation. Comme il tourna feus deflus delïous, les matelots qui étoient dedans , tombèrent a la mer , & l’un d’eux difparut & fut perdu lans relTource. Nous ne reliâmes pas long-tems dans cette rade, un bateau envoyé de l’ifle du Sénégal , vint nous prendre pour nous faire palTer la barre , & nous entrer dans le fleuve. Barre, ce On entend par le nom de barre l’elfet que produi- que c’efi. plufieurs lames , qui en palTant fur un haut fond , s’enflent &: s’élèvent en une nappe d’eau de dix a douze pieds de hauteur , & retombent enfuite en fe brifant. La première lame n’a pas plutôt eu fon elfet , qu’elle eft fuivie par une fécondé , & celle-ci par une troilieme. A U s Ê N ÉGAL, i; Elles commencent à le faire fentîr à cent ôc quelque- fois à cent cinquante toifes de la côte , ôc font autant à craindre pour les plus gros que pour les plus petits bâtimens. Un canot rifque d’y être fubmergê, & un navire y lèroit bientôt mis en pièces. Cette barre s’é- tend lur toute la côte du Sénégal ; du moins y a-tdl fort peu d’endroits qui n’y fbient fujets. C’étoit un pareil écueil qu’il falloir franchir pour entrer dans le fleuve , dont l’embouchure étoit mafquée par un banc de fable fur lequel les lames brifoient. Heureulement nous arrivions dans la faifon où la mer efl: plus trai- table J & la barre moins rude j & nous étions conduits par des nègres , tous gens de bonne volonté , & tel- lement familiarifés avec la barre qu’il efl; rare d’y voir arriver des accidens. Les bateaux de barre font des petits bâtimens pon- tés , de cinquante a foixante tonneaux , & quelquefois davantage. On les envoie ordinairement fur leur lefl; ; alors ils ne tirent guères plus de quatre a cinq pieds d’eau. Le loin en eû totalement confié aux nègres , ÔC il ne faut pas vouloir les contrarier ou leur donner des eonfeils. Lorfqu’on efl: fur la barre chacun garde un profond filence , pour ne point interrompre le com- mandement : les uns fe cachent , foit par timidité , foit crainte d’être mouillés ; les autres plus aguerris , ref- tent fur le pont pour confidérer l’effet des lames. Comme oblervateur, je ne pouvois me difpenlèr de garder ce dernier polie , aufli fus-je bien mouillé. Nous demeurâmes plus d’un demi-quart-d’heure fur ce dan- gereux paflàge J tantôt élevés par des lames qui fle- chifîûient fous nous , tantôt batus par d’autres qui fe C 1749. Avril. Bateaux de barre. PalTage de la barre. I 749* Avril. î8 VOYAGE brifoient contre les flancs du bâtiment , & finiflbient en le couvrant d’une nappe d’eau. Üne lame nous fou- levoit , puis nous laiflbit à fec : une autre venoit nous relever , & etoit bientôt fuivie par d’autres fembla- bles. Après toutes ces alternatives , nous nous vîmes enfin hors de tous dangers. C’eft un ulage qu’on falTe après ce palîàge quelque générofitè aux nègres de barre : chacun des paflàgers s’en acquitta noblement , & ils furent tous fort contens. ^Largeur du Dès quc nous fumcs entrès dans le fleuve j nous Lnïouchi/e.” Jious trouvâmcs dans un canal fort tranquille , d’une largeur de plus de trois cens toifes , c’eft-Vdire , quatre ou cinq fois plus grande que celle de la Seine au Pont- Royal. Sa direction fuit aflèz exaèlement le nord & le fud , parallèlement à la côte , dans une étendue de trois lieues , depuis fon embouchure jufqu’à l’ifle du Séné- gal. Le terrein des deux côtés n’eft qu’une plaine de fable mouvant , d’une grande blancheur , femé çà & la de petites dunes que le vent éleve & déplace aufli faci- Pointe de lement. Le bord occidental forme une langue de terre fort baflè , qui fépare le fleuve de la mer , & dont la plus grande largeur n^a pas cent cinquante toifes : c’eft ce qu’on appelle la Pointe de Barbarie. Le bord orien- tal eft plus élevé , mais tous deux font également ari- des & ftériles , & ne produifent que quelques plantes aflèz baflès. On ne commence a, trouver des arbres que deux lieues au-deflus , vers l’iflet aux Anglois j encore ne font-ce que des mangliers : c’eft prefque le leul ar- bre qu’on rencontre jufqu’à l’ifle du Sénégal. Débarque- Cetteiflecftà ttois lieues de l’embouchure du fleu ve, dèsénôgif^ & à deux tiers de lieue de l’iflet aux Anglois. C’eft le AU SÉNÉGAL. ï9 chef-lieu de la Concelîion du Se'negal ; ôc le Diredeur 1749. ^ general y fait la re'fidence. Nous arrivâmes a l’entrée de la nuit au port oriental du fort , où nous débarquâmes. Auffi-tôt que j’eus mis pied à terre , je me rendis chez M. de la Érue, qui étoit directeur général. Il me fit géaé~ l’accueil du monde le plus gracieux. Les lettres de re- commandation que je lui remis de la part deM. David, fon oncle , direéleur de la compagnie des Indes , qui vouloit bien s’intéreilèr pour moi , eurent leur effet aii-delâ même de ce que j’en pouvois attendre dans un pays rempli de difficultés. Enfin il me promit de me féconder en toutes les occafions , ÔC il le fit avec un zèle & des bontés dont les fciences lui font redeva- bles, fl j’ai fait quelque chofe pour elles. L’exécution fuivit de près les promefîès : j’eus la liberté de m’étendre dans le pays , de l’examiner , d’en reconnoître les produffions; & pour m’en donner les moyens , M. de la Brue me procura un canot , des noirs , un interprête , enfin toutes les facilités que la compagnie des Indes fpécifia au Confeil fupérieur , dans une lettre où elle lui faifoit connoitre fes in- tentions. Arrivé dans un pays fi différent à tous égards de Defcription 1 . 1, V . P • o"^ 'ri- deTlileduSé- celui d ou je lortois , oc me trouvant , pour ainii dire , négai. dans un nouveau monde , tout ce que je voyois fixoit mon attention , parce que tout m’inflruifoit. Ciel , climat , habitans J animaux , terres , végétaux , tout étoit nouveau pour moi ; je n’étois accoutumé à aucun des objets qui fè préfentoient. De quelque côté que je tournaffe mes regards , je ne voyois que des plaines fabioneufes , brûlées par les ardeurs du foleil le plus Cij Largeur du Niger vers --‘ne ifle. Nègres du Sénégal, VOYAGE violent. L^ilîe même fur laquelle je me trôuvoîs > n e- toit qu’un banc de fable de 1150 toifes de longueur fur 150 ou 200 toifes au plus de largeur, & prefque de niveau avec les eaux du fleuve. Elle le partageoit en deux bras , dont l’un a l’orient avoir environ 300 toifes, & l’autre à l’occident avoit près de 200 toifes de largeur , fur une profondeur confiderable. Malgré fa flérilité, cette ifle étoit habkée par plus de trois mille nègres , attirés par les bienfaits desblancs au fervice defquels la plupart font fort attaches. Ils y Leurs mai- ont bâti Icuts maifons , ou autrement leurs cafés , qui fons plus de la moitié du terrein. Ce font des ef- peces de colombiers ou de glacières , dont les murs font de rofeaux bien joints les uns aux autres , & foutent^ par des poteaux plantés en terre, Ces^poteaux ou pi- |uets s’élèvent â la hauteur de cinq a fix pieds , & supportent une couverture ronde de paille , de meme hauteur, & terminée en pointe. Chaque café n a que le rez- de-chauflee , & porte depuis dix jufqu’a quinze pieds de diamètre. Il n’y a pour toute ouverture qu’une feule porte quarrée , encore efl-elle fort baflè j & fou- vent avec un feuil élevé d’un bon pied au-deflus de terre , deforte que pour y entrer il faut incliner le corps en levant fort haut la jambe , ce qui fait pren re Leurs lits. unC attitude aufli ridicule que gênante. Un ou deux lits donnent fouvent à coucher a toute une famille^ y compris les domefliques , qui font pêle-mêle & cote a côte de leurs maîtres & des enfans de la maifon. Ces lits confiflent en une claie pofée fur des traverfes , fou- tenues par de petites fourches, â un pied au-delTus de terre. Une natte qu’ils étendent delTus , leur tient lieu « i A U S Ê N L. Je paillafTe , de matelas’, & pour l’ordinaire dé draps & "T^4 9. de couverture ; pour des oreillers , ils n’en connoiflent ^ point. lieurs.meubleîs nedéscembarraiTent pas beau- bies. '' coup : ils fe bornent a quelques potsMe^terre , 'qu’mon appelle chnàrïsj à des calebafTes , des fébilles & autres ' ' utenfiles lémblables. i . i Toutes les cafés d’un même particulier font fermées Tapade , ce Id’une muraille ou paliflàde de fofea'ux d’environ fix ’ pieds dp hauteur : on donneià ces fortes ’de intiürs le nom dé tapade. Quoique les nègres gardent peu de fymmétrie dans la pofition de leurs maifons j les fran- çois de l’ifle du Sénégal les ont accoutumés à obferver une certaine régularité & une uniformité dans là gran- deur des tapades , qu’ils ont réglées de maniéré qu’elles forment une petite ville , percée de plufieurs rues bien alignées & fort droites. Elles ne font point pavées, & heureufement- elles n’en ont pas befoin, car on fe- roit fort embarrafîe de trouver la moindre pierre a plus de trente lieues à la ronde. Les habitans tirent même un parti plus avantageux de leur terrein fablo- neux : comme il eft 'fort profond & très-meuble , il leur fert de fiége ; c’eft leur- fopha , leur canapé , leur lit de repos. Il a encore quelques autres bonnes qua- lités ; c’efi: que les chûtes n’y font point dangereufes , & qu’il efl toujours d’une grande propreté , même après les plus grandes pluies, parce qu’il imbibe l’eau faci- lement , & qu’il ne faut qu’une heure de beau tems pour le fécher. Au relie , cette ville ou village , comme on voudra la nommer , efl; la plus belle , la plus gran- de, & la plus régulière de toutes les villes du pays : on y compte , comme je l’ai déjà dit , plus de trois 1 7 49- Avril. Taille des hommes. n .^1 KVüQMMQ- ri A., rriilie habitaiis Aellèf a plus d’un quart de" lieue de longueur f lur une largeur égale à celle de Tille , dont elle , occupe i le centre aifôz ^égaleuâent-diftriHuée: aux deûx côfôS idu-fort quilabom 7 -A Ai : ^ On peuAdîre que les nègres du Sénégal' font les plus beaux hommes de la Nigritie. Leur taille eft ... pour Tordinaire au-delTus de la médiocre, bien prife , ■ ‘ ^ de fans défaut J II elt inouï qiT on en voie de boiteux , de bolTus |de noués a moi^^^ ce ne Lok i^ar acci- dent. Ils font forts , robuftes , & d’un tempérament propre a la fatigue. Leurs cheveux font noirs , frifés , cotoneux ôc d’une 'fineffe extrême. Ils ont les yeux noirs de bien fondus^ peu de barbe les traits du vifage affez agréables , de la peau du plus beau noir. Leur lemern habillement ordinaire confifte en un petit morceau de toile qui leur palTe entre les cuilTesy de dont les deux ^ bouts relevés en haut de plilTés^ÿ) forment une efpece de caleçon qui fe ferme avec Un cordon par devant : c'eft ainfi qu’ils couvrent leur nudité. Ils ont aufli une pagne , c’eft-à-dire > mne piece de toile de coton, de la figure d’une grande ferviette , qu’ils palTent négligem- ment fur Tune des deux épaules ^ en laijlant flotter un bout fur leurs genoux. Les femmes font a peu près de la taille des hom- mes , également bienfaites. Leur peau eft d"une finefle de d’une douceur extrême. Elles ont les yeux noirs , bien fendus la bouche de les lèvres petites , de les traits du vifage bien proportionnés. Il s’en trouve plu- fieurs d’une beauté parfaite.' Elles ont beaucoup de vivacité , de fur-tout un air aifé de liberté qui fait Leur habii- plaifu. Ellcs fc fervcHt , pour fe couvrir , de deux kment, ' r Taille des femmes. AU S É N Ê GA L. 25 pagnes , dont Tune qui fait le tour de leur ceinture , defcend jufqu’aux genoux, & tient lieu^de jupon ^ l’autre leur couvre les deux épaulés , & quelquefois la tête. Cet habillement eft aflèz modefle pour un pays ü chaud j mais elles fe contentent pour l’ordinaire de la pagne qui leur couvre les reins , & quittent l’autre pour peu qu’elle les incommode. On juge bien qu’elles ne font pas long-tems à s'habiller , ou à fe deshabiller, & que leur toilette eft bientôt faite. Comme l’iHe du Sénégal eft de la dépendance du royaume d’Oualo , les nègres qu’on y voit , lur-tout les libres , font de cette nation. Ils font , généralement parlant , d’un naturel doux , fociable & obligeant. Ceux que la Compagnie entretenoit à mon fervice , étoient Oualofes , comme ils fe difent , ou par corrup- tion Yolofes. J’employai les premiers mois de mon arrivée , non- feulement à étudier les mœurs & le caradere des ha- bitans , mais encore à apprendre la langue oualofe , qui eft la plus répandue dans le pays : car je n’ignorois pas qu’elle me feroit d’une grande utilité , & même d’une nécelTité indifpenfable , pour les recherches que je me propofois. Dans cette vue je les fréquentois , & me trouvois avec eux le plus fouvent qu’il m’étoit polTible. Enfin quand je me crus aflèz inftruit de leurs ulàges , famjliarifé avec leurs maniérés , & en état de fçavoir comment je me comporterois dans une terre qui faifoit depuis long-tems l’objet de mes plus ar- dens defirs , je penfai à me répandre de côté &: d’autre. Les fables mouvans de l’ifîe du Sénégal , des chien- dens J des mangliers ôc quelques liferons ne fuffifoient î 7 49- Avril. Caraftere des negres Oua- lofes. L’Auteur ap- prend leurlan- gue. / Me de Sof. 17 4 9- vril. 24 VOYAGE pas pour occuper bien long-tems un naturalifte. Je ne pouvois trouver de quoi m’inftruire qu’en traver-^ iant le fleuve pour vifiter le continent. J’y paflbis dans mon canot le plus fouvent qu’il m’étoit pofllble, fou vent même plufieurs jours de fuite. L’ifle de Sor eft la première terre qui fe prelente au bord oriental du fleuve , & qui fait face à l’ifle du Sénégal. Elle a plus d’une lieue de longueur , & eft partagée par de petites rivières qu’on nomme marigots. Ses fables qui ne^dii- ferent en rien de ceux de l’ifle du Sénégal , font ^ Jine fertilité inconcevable. Ils forment dans fon milieu plufieurs collines d’une pente fort douce ^ & couvertes de gommiers blancs , de gommiers rouges ( i ) , & d au- tres arbres tous épineux, & d’un accès tres-diflicile. 10 Mai. Je deicendis pour la première fois fur cette ifle le rufeeue Sef I O de mai , accompagné de mon interprête & des deux nègres qui avoient conduit mon canot. Elle eit bor- dée d’un bois très-épais , au travers duquel on trouve , avec bien de la peine, un fentier par ou il faut ne- ceflairement pafler pour pénétrer dans fbn intérieur. Ce leroit un petit mal , fl l’on n etoit pas continuelle- ment arrêté par les épines qui s accrochent aux ha- bits , & déchirent les jambes : pour moi j’en etois quitte pour quelques morceaux de ma vefte ou de ma che- mife , feuls vêtemens qu’on puifle fouffrir dans un pays fl chaud , où la chemife feule gêne encore beaur coup ; mais mes nègres avec toute leur fouplefle , y laiflbient fouvent (quelques lambeaux de leur peau 3 fl) Efpeces d’acacies fur lefqnelles on recueille les deux fortes de gom- nies, la blanche & la rouge , connues autrefois fous le^ nom de gomme Arabique , & aujourd’hui fous celui de gomme du Sénégal. IJlIIIBIIIf ■ A U S É N É C A L. 15 fans parler des epines qui leur entroient dans les pieds; car la plupart ne font pas ufage des làndales. N’eft-il pas étonnant que depuis plus de trente ans que les ha- titans de cette iÜe ont commerce avec ceux de l’ifle du Sénégal , ils ne fe foient pas donné la peine de s’ou- vrir un chemin praticable ? Y a-t-il rien qui prouve mieux la parelTe & la négligence des nègres ? Leur grand chemin , la grande route de cette ifle , eft un fentier , qui même ne mérite pas ce nom ^ puifque fou- vent on eft obligé de fe mettre ventre à terre pour y pallèr. Malgré ces difficultés je me tirai d’em- barras. Mes nègres m’apprirent qifil y avoir du gibier dans cet endroit. J’avois mon fufil ; ils portoient auffi cha- cun le leur. J’y chafTai quelques heures , fans me re- buter des courbettes qu’il falloir faire à chaque inffant fous les épines. Des perdrix & quelques lievres que je tuai , me dédommagèrent de mes fatigues. Le lievre de ce pays n’eff: pas tout-a»fait celui de France : il eft un peu moins gros , & tient pour la couleur du lievre & du lapin. Il femble que fa chair blanche le rappro- che davantage du lapin ; mais il ne terre point. Sa chair eft d’une délicateffe & d’un goût exquis. On ne peut pas dire la même chofe de celle de la perdrix : elle eft d'une dureté qui la fait méprifer. Je ne fçai même fi on ne doit pas lui donner plutôt le nom de gelinote , car elle en a la groffeur & a peu près les cou- leurs. Deux forts ergots qu’elle porte derrière les pieds , la diftinguent fuffifamment des autres efpeces de ce genre. Content de ma cliaffe , je pourfuivis jufqu’au village D 1749. Mai. Lievres> Perdrix, Vlllacre de Sor, 1749- Mai. 26 VOYAGE deSor qui donne fon nom a cette iile. Pour y arriver:, il me fallut paflèr deux marigots : ce font des rivières , dont tout le pays eft tellement coupé , qu’on ne peut faire deux pas fans trouver fon chemin barré. J’avois Paffacre <îe cxpédicnt lorfqu’ellcs n’étoient pas trop profon- deux mari- des ; c’étoit de me faire porter par mes nègres. Je m’en fervis en cette occafion : l’un d’eux me prêta fes épau- les 5 & comme fes habits ne l’embarralToient pas , il fut bientôt dans Peau jufqu’à la poitrine , & me paiîà dans un inftant , & comme en courant , le premier marigot qui avoit plus de largeur que la Seine au Pont-Royal. Voilà quelle fut ma monture ( qu’on me palTe ce ter- me ) : c’eft la plus fûre pour ces fortes de trajets , parce que ces gens-là font accoutumés à cheminer dans ces plaines d’eau , comme dans celles de terre , & qu’ils en connoiifent toutes les routes : aulTi je n’en avois point d’autre lorfqu’il s’agiflbit de traverfer une riviere ou un étang de moyenne profondeur j je ne le répé- terai plus. Mes pieds , malgré mon attention , avoient trempé dans l’eau; mais ils ne furent pas long-tems à fe fécher. Chaleur ex- J’avois à luarcher fur des fables qu’on auroit tort d’ap- ceÆvedesfa- autrement que des fables brûla ns , puifqu’on y éprouvoit dans les tems les plus ordinaires , une cha- leur de 60 degrés & même davantage , comme je l’ai reconnu depuis , par des obfervations que j’ai fuivies fcrupuleufement au thermomètre de M. de Reaumur. On peut faire l’effai de fe procurer une pareille chaleur aux pieds , dans un tems où celle de l’air libre fera de 22 degrés à l’ombre ^ comme il étoit alors fur l’ifle du Sénégal le 10 mai , dans un jour des plus froids de AUSÉNÉGAL. 27 l’hiver du pays : on jugera facilement quelle doit etre 17 49- la fenfîbilite d’un Européen tranfporté d’un climat îemperé, au climat le plus chaud de l’Univers. Mes fouliers s’y racorniflbient , le coupoient , puis tom- boient en poudre : les pieds même de mes negres cre- valToient j & la feule réflexion de la chaleur du fable me faifoit lever toute la peau du vifage , & m’y cau- foit une cuiffon qui duroit quelquefois cinq ou fix jours. Tels étoient les effets les plus ordinaires de la grande chaleur que j’avois a éprouver quand je me promenois dans les terres du Sénégal : effets qui aug - mentoient a proportion que la chaleur au lieu de 22 degrés , montoit au ^4® à l’ombre, c’eft-à-dire , dans l’air le plus froid. A ces incommodités , il faut joindre celle du fable mouvant , qui , outre qu’il fatigue beau- coup parce qu’on y enfonce jufqu’à la cheville du pied , remplit les fouliers d’un poids tout-a-fait gê- nant. Ce fut alors que je reconnus l’utilité de cette peau épaiflè de plus d’un travers de doigt , que la na- ture a placée fous les pieds des nègres , qui , en leur fer- vant de défenfè contre la dureté des corps etrangers, les difpenfe de l’ufage des fouliers. Je m’accoutumois cependant peu à peu a ces genres de fatigues j car il n’eft rien dont on ne vienne à bout avec de la bonne volonté , & ce point ne me manquoit pas. Après les alternatives d’un paffage au travers des bois d’épines , des rivières , & des fables ardens , j’ar- i^eGowerneur rivai, chaffànt & herborifant, au village de Soi*. J’y trouvai le Gouverneur que les nègres connoiffent fous le nom de Borom-dek , c’efl-a-dire , Maître du village. C’étoit un vénérable vieillard d’environ cin-, D ij 28 VOYAGE 174 9. quante ans , qui avoit la barbe blanche & les cheveux gris. Quand je dis un vieillard de cinquante ans , c'eft qu’il eft de fait que les nègres du Sénégal font réelle^ ment vieux dès l’âge de quarante-cinq ans & fouvent plutôt : & je me fouviens d’avoir entendu dire plu- fleurs fois , à des françois anciens habitans du Séné- gal , qu’ils avoient remarqué que la vie des negres de ce pays ne pafibit guères foixante ans , remarque qui s’accorde parfaitement avec les oblervations dont j ai tâché de m’affurer pendant mon féjour au Sénégal. Mais pour revenir au maître du village de Sor , c’etoit un grand homme , de bonne mine , qui portoit fur fa phyfionomie un caraélere de douceur & de grande bonté : il s’appelloit Baha-Jec. Il étoit affis fur le fable à l’ombre d’un jujubier (i.) planté devant fa café, ou Salut des nè- il fumoit & converfoit avec quelques amis. AufTi-tôt qü’il m’apperçut , il fe leva, me préfenta trois fois la main , puis la porta tantôt â fon front , tantôt a la poitrine , me demandant à chaque fois en fa langue , comment je me portois. J’en fis autant de mon cote en même tems , parce que je compris bien que c’etoit la façon de fàluer ufitée dans le pays. Il ne m’ota point fon bonnet , car il n’en portoit pas ; pour moi je fuivis 1 1 r _ l grès la coutume des françois , qui eft de ne fe pas décou- vrir devant les gens de fa couleur. Il me fit aj ^ enfui te une natte fur laquelle je m’afîls ^ & il fe mit fur un des coins ^ fans qu’il me fut pofïible de le faire Leur refpea approchcf du milieu. C’eft une marque de refpeélqu ils pour les fran- ^ux ftançois , qu’ils regardent comme des (i) Jajuba acuieata» neîVQfis folüs infrà fericeis flavis. Burm. Thei^ !SeyL p. 131. tab. € i\ AU SÉNÉ G, 'A L. 29 __ grand - gents , c’eft - à - dire , comme des feigneurs 1 7 49* bien au-deiTus d’eux. En effet , ils n’ont pas tout-à-fait tort; & il faut , autant que l’on peut , les entretenir dans cette efpece de foumifïion : aufîi ne le prefTai-je pas beaucoup. Deux de fes femmes , car la polygamie efl établie dans ce pays , vinrent un moment après avec fes énfans , me faire compliment , & m’apporte- rent quelques jattes pleines de lait , des œufs & des poules. Je bus un peu de lait & les remerciai du refie. Leur dîner ne devoit pas tarder , & Baba-fec comp- so° toit fur moi. En attendant la curiofité me porta à vifiter le village. Les câfès n’y ètoient ni fi grandes ni fl belles que celles que j’avois vues dans l’ifle du Sé- négal. La couverture defcendoit dans quelques-unes prefque jufqu’à terre , & étoit relevee fur le devant de la porte de quelques piquets , pour y former une efpece d’auvent où l’on étoit à couvert des rayons du foleil. Dans d’autres , les murailles étoient enduites d’un torchis de terre graffe , pétrie avec de la boufe de vache , qui exhaloit une affez mauvaife odeur. Dans celles-ci on avoir pratiqué deux ouvertures oppofées ^ dont chacune n’étoit qu’un œil de bœuf d’un pied Ôc demi de diamètre , percé dans le mur a la hauteur de deux pieds. J’avois trouvé les portes quarrées de l’ifle du Sénégal fort gênantes , je trouvai celles-ci bien autrement ridicules , quand il fallut faire toucher mes genoux au menton pour y entrer. L’intérieur de ces cafés reffembloit en tout à celles que j’avois vues au Sénégal. Les rues étoient aufîi peu régulières que les cafés 5 & fort étroites. Malgré le peu de fymmérrie 30 V O Y A G E ””1749. qu’obrervent les architedes de ces maifons , les villages ne laiflent pas d’être agréables , parce qu’ils font plan- tés ça & là d arbres , qui en procurant de la fraîcheur , recréent la vue par une verdure continuelle. Nudité des Les enfans de l’un ôc de l’autre fexe , même ceux nf^ris ^ " qui avoient déjà neuf ou dix ans , âge auquel com-*^ mencent à fe déclarer les fignes de puberté , étoient réellement nuds. Les hiles avoient pour ornement autour des reins quelques ceintures dé verroteries , ou à leur défaut , de vertébrés de requien ( i ) , ou de queL ques coquillages enfilés comme des grains de chape- lets. On s’imaginera peut-être que ces enfans dans cet état de nudité , dévoient fe déconcerter àda vûe d’un étranger ; point du tout ; on a beau les approcher , & même leur faire des niches , on ne les voit point afiêêler aucun air voluptueux de liberté j & fims paroitre hon- teux , ils n’ont rien que d’aifé & de naturel dans leur contenance. On fera fans doute également furpris d’en- tendre dire que les enfans qui avoient à peine fix mois commençoient à marcher abandonnés à eux-memes. C’étoit un plaifir de voir ces foibles créatures fe traî- ner , au foleil fur le fable , à quatre pattes comme des petits finges , & de les entendre avec un air de con- tentement , marmotter déjà quelques mots entre leurs dents. Les femmes avoient toutes autour du corps une demi-pagne qui leur fer voit de jupe ; du refte elles étoient nues de la ceinture en haut. Comme elles font pour l’ordinaire fort bienfaites , elles ont tou- jours fort bon. air dans ce deshabillé, fur-tout quand (x) PoliTpn vorace, du genre des chiens de mer. Les jeunes requiens font un mets fort goûté des nègres. AU Sénégal. on ell; fait à leur couleur : ceux qui n’y font pas ac- 1749. coutumes , doivent le contenter de regarder leur taille, qui eft ce qu’elles ont de plus beau. De quelque côté que je tournaile les yeux dans ce riant féjour, tout ce que j’y voyoismeretraçoit l’image la plus parfaite de la pure nature : une agréable foli- tude qui n’étoit jbornée de tous côtés que par la vue d’un paylage charmant ; la htuation champêtre des cafés au milieu des arbres , l’oifiveté & la moHefïè des nègres couchés à l’ombre de leurs feuillages , la fim- plicité de leur habillement & de leurs mœurs , tout cela me rappelloit l’idée des premiers hommes , il me fèmbloit voir le monde à fa nailîànce. Mon efprit s’occupoit agréablement de ces penfées , ^ Dîner avec lorfqu’on vint m’avertir que le Gouverneur du village neur de Sor. m’attendoit pour dîner. Je retournai fur mes pas , guidé par mes nègres dans ce labyrinthe de cafés , où je me ferois perdu facilement. Je le retrouvai dans l’endroit où je l’avois lailTé , avec les enfans & quel- ques amis. Ils étoient alTis les jambes croifees fur le fable , autour d’une grande jatte de bois pleine de coufcous : c’efl une bouillie épaiflè & grenue , faite de deux efpeces de mil. Il me fît alïèoir auprès de lui , Ôc commença à manger en portant fa main dans le plat , & prenant une petite poignée de coufcous ^ qu’il roula avec les doigts , faute de cuillier & de fourchette , dont l’ufage n’efl pas encore venu jufques chez eux. Il m’invita enfuite a en faire autant. Je ne me fis pas prier , & je fuivis fon exemple ; car je ne m’écartois jamais de ce principe , que rien n’efl: plus capable de gagner la confiance Ôc l’amitié des étrangers chez leD S^sssmBSsamBB 1 7 49- Mai, Les femmes ne mangent point avec leurs maris. 3^ VOYAGE quels on fe trouve , que de fe conformer a leur ma- niéré de vivre & à leurs ufages ; & je m’en fuis toujours bien trouvé. Le coufcous étoit au requien : ils le trou- vèrent excellent | & uné^des meilleures preuves c eft que le plat fut bien nettoyé. Pour moi j’en jugeai moins favorablement. Mais les goûts font diffères , & il n’eft pas permis d’en difputer. Rien à mon fens n’eft plus infipide que cette forte de mêp , & k ma- niéré de le manger n’eft guères moins degoutanm.^ Je m’y fis pourtant , & le trouvai aflez bon par la fuite. Ce feul fer vice compofa tout notre feftin. Le repas fini , une jeune efclave , dans fon habit de nature , nous préfenta tour a tour une jatte pleine d eau dans laquelle chacun but , après quoi on s’y lava la main qui avoit fait l’office de cuillier. C’eft toujour^s la droite : la gauche efl deftinée à des ufàges qui ne font pas compatibles avec la propreté. Ces pratiques > comme la polygamie , une fuite des préceptes de la religion Mahométane qu’ils ont embraflee , & dont lis n’admettent que les principes qui font les plus con- formes à leurs ufages & à leur maniéré aifee de vivre. J’avois été fort furpris de ne voir aucune des femmes de mon hôte manger avec lui j mais j’appris que c etoit la coutume dans le pays , & qu’aucune femme n avoit jamais eu cet avantage , parce qu ik font periuades , en bons mahométans , qu’il n’y a point de paradis pour elles. Ainfi elles mangèrent après nous , & de la même kçon , defl-a-dire , fans table , fans affiettes , ni nappe, ni cuilliers , ni fourchettes, ni couteaux , ni icrvicttss • Pour remercier mon hôte de fes bonnes façons , je lui AUSÊNÉGAL. 33 __ îtiî fis preTent de quelques pattes de fer fi) , 8c je diflri- 1749. buai des verroteries à les femmes 8c à fes enfans. Il voulut me retenir à un bal quialloit commencer , mais je le priai de remettre la partie à un autre tems , parce que le jour commençoit à baifïèr. Nous nous quittâ- mes ainJfî fortcontens l’un de l’autre. Les guiriots fz) en reconnoifîance de la generofité dont j’avois ufê à leur egard , m’accompagnerent jufques à plus de deux cens pas , jouans du tambour , au fon duquel toute la jeunelTe danfoit en cadence , pour me te'moigner la joie. Enfin je les perdis de vue, 8c me hâtai de retour^ ner à fille du Sénégal. Je ne fus pas médiocrement fatisfait de ma première réception chez le feigneur de Sor. Elle m’apprit qu’il y avoir beaucoup a rabattre de ce que j’avois lu par- tout , 8c de ce que j’avois entendu dire du cararâere fauvage des Africains j 8c je crus que cela ne devoir point regarder ceux du Sénégal. Il n’en falloir pas da- vantage pour m’encourager à me répandre de plus en plus parmi eux ; 8c je fus ravi d’apprendre quelque tems après , qu’il devoir partir dans le courant du mois fuivant, un bateau pour traiter des bœufs à l’elcale desMaringoins. Un Employé de la Compagnie char- gé de cette traite, m’engagea â faire le voyage avec lui. Nous nous embarquâmes le 16 juin de grand matin fur le Niger. Nous le fuivîmes en montant, 8c vojLal’ei- quand nous lûmes à la pointe de l’ille Bifêche , nous commençâmes à perdre de vue l’ille du Sénégal , qui ^ (i) La patte de fer eft la douzième partie d’une barre de neuf pieds de long ; elle fert de monnoie dans le pays. (z) C’eft le nom (^ue les nègres Abîment aux mulîciens 6i aux tambours dn pays, ' ■ ' E 1749. Juin, Mangliers , arbres fort fmguliers. 34 VOYAGE en ell: dillante d’environ une lieue. Nous avions l’ifîe Bifêche fur notre droite , &: Tifleau Bois fur la gauche. Toutes deux etoient bordées de mangliers qui don- noient a notre navigation tout l’agrement d une pro- menade dans une belle & large avenue d’arbres. Les mangliers(i) ont quelque chofe de trop fmgulier pour les paifer fous filence. Ces arbres , dont les plus grands n’ont communément que cinquante pieds de hauteur ^ ne croilTent que dans l’eau , & fur le bord des rivières ou l’eau delà mer remonte deux fois par jour. Ils conier- vent toute l’année la fraîcheur de leurs feuilles , comme prefque tous les autres arbres de ce pays : mais ce qui les rend plus remarquables , ce font de loi^ues racines qui fortent de leurs branches les plus baffes & tom- bent de haut en bas pour s’approcher du fond dei eaucC pénétrer dans la terre. Elles relTemblent alors a autant d’arcades de cinq k dix pieds de hauteur , qui fe^ent a fupporter le corps de l’arbre , 6c a l’avancer meme de jour en jour dans le lit du fleuve. Ces arcades “ ferrées & fi entrelacées les unes dans les autres , qu elles font commeune terraffe naturelle & a jour , elevee fur l’eau avec tant de folidité , qu on pourroit y marcher, fl les branches trop fournies de feuilles n’y mettoient empêchement. ^ t t* Nous fîmes ainfi trois lieues dans les mangliers, après quoi , depuis le marigot de Kiaîa , jnfqu a celui de Torkhod, a quatre lieues & demi de Pme Sé- négal 5 nous ne vîmes fur les deux bords du “^uve que des joncs ou rofeaux de dix a quinze pie s e (OMangles aquatica , foiiis fubrotundis & pundtads. Plum. gen. AU SÉNÉGAL. hauteur (i). Torkhod eft un village fitue' à la gauche 1749. du Niger , fur une colline de fable rouge , au pied de laquelle paiïe le marigot qui porte fon nom. Ceft le feul village que nous ayons pû voir dans notre route depuis rifle du Se'negal. Les mangliers nous avoient ôte la vûe des autres qui font répandus dans les terres bailès que le Niger inonde. La fituation avantageufe ^ Peifpeâive de Torkhod , la couleur rouge de fà colline , la beauté TorkliS! des arbres dont elle efl couverte , & la prairie fur la- quelle il domine, préfentent une perfpeélivefort riante» Des pêcheurs de l’endroit nous apportèrent des ma- choirans (2) , des anguilles & d’autres poifTons qu’ils avoient pêchés dans leur petite riviere. Nous en ache- tâmes plus de cinq douzaines, qui ne nous revinrent pas à trois deniers la piece j puis nous continuâmes notre route , rencontrant encore quelques mangliers fur la rive droite du fleuve , jufqu'à une lieue près d’un village appellé Maka , où ces arbres fe terminoient. Nous arrivâmes le même jour avant la nuit a l’ef- Arrivée à^ef- cale des Maringoins , lieu où devoit fe faire la traite, ringobs. Il en efl de cette efcale , qui efl: la première qu’on trouve en remontant le Niger, comme du tropique pour les navigateurs en mer ; les françois qui y paflènt pour la première fois , s^obligent à faire une gracieu- feté au2ç laptots (3) : je leur fis donc délivrer la grati- (i) Gramen dadylon bicorne tomentofum maximum, fpicis numéro- fiffimis. Sloan. Jam, vol. i . tab, 1 5 . Ç Nhamdia brafilienfibus, bagre do Rio luzitanis. Marcgr. p, 149. Myftus cirrhis fex longiflimis , pinnâ dorfi fecundâ triangulari. d Gronov. Muf. Ichth.p. 35. «• 84. (3) On appelle de ce nopi les nègres qui font au fervice de la Conr- pagnie. E ij 36 V O .Y A G E 1749. fication ordinaire. L’efcale des Maringoins n’eft eloî- gnée que de treize lieues françoifes au nord ^ nord-ell de Tille du Se'negal. Ceft une plaine de fort bonne ter- re , qui s’étend des deux côtes du Heuve jufqu’au vil- lage de Maka que nous venions de quitter , & qui dans cette longueur de plus de fept lieues , forme des vaftes prairies , dans lefquelles les habitans elevent beaucoup Maringoms de beftiaux. On a donné le nom de marigot des Ma- c^ecedecou- ^ petite rivicrc qui vient de la mer fe joindre au Niger un peu au-deflbus de Tefcale^ parce qu’elle eft pleine de rofeaux extrêmement hauts & fort épais ^ qui fervent de retraite à une efpece de cou- fins qu’on appelle maringoins. Il y a des tems où ces petits animaux fortent de ces endroits inaccelîibles , en fl grande abondance que l’air en ell obfcurci. On a bien de la peine à s’en garantir , parce que leur aiguil- lon pénétre au travers des étoffes les plus ferrées ; & leur piquûre devient infupportable par la prodigieufe ‘ quantité de ces petits infeàes dont on eft affailli en même tems , & qui mettent en un moment le corps comme en feu. C’eft une des plus grandes incommo- dités qu’on ait à fouffrir dans tous les lieux aqua- tiques. Les maures nous attendoient a deux cens pas du bord feptentrional du fleuve ^ où ils étoient campés. On ne voyoit dans toute la campagne que des trou- peaux nombreux de bœufs , de moutons , de cabrits & de chameaux , qui paiffbient en toute liberté. lendemain je defcendis à terre , pour voir de près les bœufs qui m’avoient paru differens de ceux d’Europe : ils étoient la plûpart beaucoup plus gros , 6c plus Troupeaüx des maures. 1749* Juin. AU SÉNÉGAL. 37 hauts fur jambes : ils fe faifoient remarquer par une loupe de chair qui s^elevoit de plus d’un pied fur le garrot entre les deux épaulés. Ce morceau ell: un man- ger délicieux. Les moutons , ou , pour parler plus corredement ^ les beliers , car on n’eft point dans Tu- iage de les couper , font aufli d’une elpece bien diftin- guee. Ils n’ont du belier de France que la tête de la queue ; du relie , pour la grandeur & le poil , ils tien- nent davantage du bouc , qui lui-même n^a rien de remarquable. Tous deux ont la chair extrêmement délicate, mais fouvent trop parfumée. Il femble que la laine eût été incommode au mouton dans un pays déjà trop chaud j la nature l’a changée en un poil mé- diocrement long & alîèz rare. En traverlant ces vaftes troupeaux , je me trouvai Leurs tentes, infenfiblement approcher de l’adouar : c’eft le nom qu’on donne a un amas de tentes où le logent les mau- res. Ces tentes font toutes rondes en cône , 6c d’une grofïè étoffe de poil de chevre 6c de chameau , afïèz ferrée pour être impénétrable à la pluie. Elles étoient placées les unes auprès des autres en forme de cercle , foutenues chacune par une perche qui s’élevoit au mi- lieu , 6c arrêtées dans leur circonférence avec des lon- ges de peau de bœuf, attachées a des piquets environ un pied au-deffus de terre. L’intérieur étoit tapifle tout autour de plufieurs rangs de nattes, affermies d’un côté par la tente , 6c de l’autre par leurs meubles , qui fè bornent a quelques outres où font renfermées leurs hardes , leur lait , leur beurre , enfin leurs pro- vifions débouché , 6c a quelques moitiés de calebaflès qui leur fervent de pots 6c de vafes. 17 49- Juin. Portrait des maureJFçs. Portrait des tïuures. Leur habil- lement. I^eur frugalité. 38 VOYAGE Pendant que les hommes gardoient les hefliiaux , les femmes , renfermées fous leurs tentes , s occupoient a. battre le beurre , a filer , a prendre foin de leurs en- fans , ôc des autres ouvrages domeftiques. Elles ont le teint olivâtre , les traits du vifage réguliers , les yeujç grands & pleins de feu , les cheveux fort longs & nat^ tés , pendans a quelques-unes , & relevés à d’autres. Elles me parurent aufîi avoir la taille bien faite , quoi-*- que petite , & fur-tout beaucoup plus de réferve que les nègrelles. Les hommes ne font guères moins grands que les nègres , mais ils en different par leur couleur qui efi: rouge ou rouge brun ; par leurs cheveux qui font médiocrement longs , crépus & plus épais ; ôc fur-tout par les mufoles qui marquent davantage fous leur peau : ils ont auffi le vifoge plus maigre , plus décharné , & la peau du corps moins tendue. Leur habillement & celui de leurs femmes confifte en une longue chemife de toile noire , & une pagne dont les femmes fe couvrent la tête & les épaules , & que les hommes roulent tantôt autour de leurs corps comme une ceinture , tantôt autour de la tête pour imiter le turban. Cette pagne n’eft pas toujours de coton & de couleur noire ; il y a beaucoup d’hommes qui la por^ tent de laine blanche, fouvent bordée de rouge. J’ai ■ parlé ci-devant d’un repas que je fis avec des nègres; mais ceux des maures ne leur cèdent en rien pour la frugalité. Le lait de chameau , de vache, de chevre ôç de brebis , avec le mil, fait leur nourriture ordinaire; & fouvent la gomme feule avec le lait leur tient lieu de tout autre mêts & de boiffon. . / . / Il n’y avoit pas encore deux mois que j’etois au Se-- AU SÉNÉGAL. jiegal, & j’avois déjà eu occafion de voir ôc de con- noître par moi-même j autant qu’il m’étoit néceflàire pour le tems préfènt ^ de toutes les nations qui l’ha- bitent ^ les deux les plus éloignées par leurs mœurs Ôc la maniéré de vivre , celle des maures & celle des nè- gres. Lavois remarqué dans les uns & dans les autres un fond d’humanité ôc un caraâ:ere fociable qui me donnoit de grandes efperances pour la fureté que je devois trouver parmi eux 5 ôc pour la réuflite des con- noifïànces que je voulois prendre de leur pays. Le jour fuivant je parcburus , herborilànt ôc chai- fan t , les brillantes campagnes qui font fur la rive op- pofée du fleuve. Elles étoiçnt alors toutes couvertes de la groffe efpece de mil appellée guiarnatt (1) y qui âpprochoît fort de ià maturité , Ôc dont les nègres avoient enveloppé les épis avec leurs propres feuilles , pour les mettre à l’abri des attaques des moineaux qui y font ordinairement de grands ravages. Ce n’étoît pas une petite beibgne que de marcher dans la plaine au travers de ces mils , dont les cannes fort groflès ôc aiîèz ferrées , avoient huit bons pieds de hauteur. La chaleur étoit étouffante, parce que le vent ne fe fai- foit pas fentir dans ces grandes herbes , ôc que le fo- leil peu éloigné du zénith dardoit fes rayons prefque à plomb. Mes nègres pour fe diftraire de la longueur de la route , ôc pour fe défaltérer , arrachoient de tems en tems des cannes entières de ce mil , ôc en fucçoienc la moëlle après Lavoir dépouillée de fbn écorce. Ils m’en préièiiterent quelques morceaux ainfi préparés , ( I ) Milium arundinaceum , fubrotiindo femine forgo nominatum. C, Pin, 16. 1749- Juin» Champs s3@ gros mih 40 VOYAGÉ 1749- Juin. Jardins des nègres. que je goûtai, & que je trouvai fi doux & d’une eau fi fiicree que je fui vis bientôt leur exemple. Je ne doute nullement que ces cannes de mil , traitées com- me les cannes à fucre , ne fourniiTent également une liqueur propre a faire du fucre. Village ap- Enfin , après avoir cheminé pendant une demhheure peiiéDepieur. autre chofe que des herbes autour de moi , je me trouvai au pied d’une petite dune fur laquelle etoiç bâti un village que les negres appellent Depieur.^ Je f avois examiné étant fur le bord du fleuve , d’où il paroiflbit fous un point de vue charmant. Le pied de la colline qui étoit toute de fable pur & rougeâtre , ne montroit par-tout que des jardins. On y voyoït alors des giromons , cette efpece de potirons particu-, liers aux pays chauds , qui ne cedent point a ceux des pays froids pour la groffeur , & dont le goût fucre a quelque choie de plus fin & de plus délicat. Les deux efpeces d’ofeille de Guinée (i), la verte &; la rouge , arbrifleaux de quatre a cinq pieds de hauteur , & qui ne reffemblent à la nôtre que par le goût , y croiffoient ù merveille. Le tabac & des haricots de toute efpece couvroient le refie du terrein. De ces jardins je pafiai dans le village fans vouloir m’y arrêter , parce qu’il ne me paroiffoit pas différent Frayeur des dcs autrcs. Gommc ü cft peu fréquenté par les fran- çois , ù caufe de fon éloignement du fleuve tous les petits enfans qui n’avoient pas encore vû de blancs , effrayés en me voyant , fuy oient chacun de leur cote , cherchant un afyle entre les jambes de leurs nieres , 8^ jgttoient des cris qui m etonnerent peu , parce que ( ï) Ketmu Indi^a , goflypii folio , acetofæ fapore. Pium. Cat. p. a. AU SÉNÉGAL, j’en découvris bientôt la caufe. Cependant je m’éloi- gnois peu a peu pour éviter le tintamarre épouvan- table que ma préfence avoir occafionné , lorfqu’une femme qui m’avoit apperçu cueillant quelques fruits dans les jardins , crut me faire plaifir en m’en appor- tant d’une efpece qui eft fort ellimée dans le pays. En même tems elle me conduifit au milieu du village a l’arbre d’où elle venoit de les cueillir. Il étoit fort gros , quoique peu élevé : les branches fouples & pen^ dantes j & fes longues épines , me le firent reconnoître pour l’agialid de Profper Alpin (i) : chez les nègres il eft connu fous le nom de Joumpe. M’étant arrêté pour le confidérer, je fus bientôt environné d’une troupe d’enfans des deux fexes attirés par la curiofité. Les uns , fcit par refped; , foit par crainte , fe tenoient a l’écart ; les autres fe familiarifoient aflèz pour appro- cher de moi , me demandant des verroteries : ce font , comme je fai dit ailleurs , les marchandifes & les or- nernens du pays. La plupart n’av oient jamais vu de blanc de fi près; les uns touchoient mes habits & mon linge ; d’autres prenoient mon chapeau , & mes che- veux que je portois en bourfe , ne pouvant s’imaginer qu’ils euflènt pu croître de la longueur dont ils me les voy oient fur les oreilles ; d’autres enfin tâtoient ma bourfe , me demandant du tabac dont ils la croyoient remplie , à caufe de la refiemblance qu’elle avoit avec une efpece de petit fac de cuir quarré , dans lequel ils font accoutumés de porter leur tabac fur feftomac : mais quelle fut leur furprile , lorfqu’ils me virent ôter ;Tia bourfe , & mes cheveux me tomber jufqu’a la (î) Agilialid. P. Alp, u^gyp, vol. i.p. xo. 17 49- Juûi. Scène fingu- liere arrivée à l’Ajiteur. F ^2 V O Y AGE 777^ ceinture. La liberté que je leur laiflai d’examiner l’uïî de l’autre les défabufa bientôt , & fur le prétendu ufage ^e cette bourfe , & fur mes cheveux , dont la longueur ne leur parut plus douteufe dès qu’ils les virent réel- lement attachés a ma tête. La Icène hnguliere que je venoîs d’elTuyer , fans m’y être attendu , me fit faire plufieurs réflexions au fortir de là. Il me revint dans l’idée que la couleur blanche fi oppofée à la noirceur des Africains , étoit la première choie qui avoir frappé les enfans : ces pau- vres petites créatures étoient alors dans le meme cas que nos enfans , lorfqu ils voient pour la première fois un nègre. Je me rappellai encore que la fécondé particularité qui avoir étonné les autres , étoit la longueur & l’épaiflèur de mes cheveux , par rapport aux leurs qui femblent une laine très-fine & frifée ; & en dernier lieu la pelanteur & la gêne de mon habil- lement , qui cependant ne confiftoit qu’en une fimple vefte de toile de coton fort légère. L’on ceflera d’etre furpris de ce que les uns me dernandoient des marchan- difes , & les autres du tabac , lorfqu’on fçaura que les nègres , de tout âge , de tout fexe & de toute condi- tion , fe font accoutumés à demander aux blancs jus- qu’aux plus petites bagatelles, lorfqu’ils ne peuvent pas les efeamoter. On a bien raifon de dire que ce font les quêteurs & les voleurs les plus adroits qu’il y ait au monde. Plantes des Au licu dc fulvre le chemin que j’avois pris au tra- l’efcaîe ^ aux Vcrs dcs chumps ennuyeux de mil pour me rendre a Maringoins. Dephur 3 je retournai par la prairie qui eft au-deirus. Je n’y vis pour tous arbres que quelques gommiers ^ A U s É N É G A L. 43 une quantité prodigieufe de tamaris femblables a ce- ' lui de Narbonne , le lèsban (i) arbriiïèau , & une grande efpece de fenfitive epineulè , que les nègres ap- pellent guérCLckïao , c’eft-à-dire , bon-jour , parce que , difent-ils , lorlqu’on la touche ou qu’on lui parle de près , elle incline aulîî-tôt les feuilles pour fouhaiter un bon jour , & témoigner qu’elle eft fenfible a la politeflè qu’on lui fait. Parmi les herbes dont la prai- rie eft couverte , on remarque le jujfiæa(^2') , la perft- caire (^) , une alftne (4) , plulieurs eipeces de mollugo , beaucoup de gramens^ le coldenici , & une petite fenfitive rampante & làns épines , qui eft infiniment plus délicate & plus fenfible que toutes les efpeces que je connois. Je ne négligeai pas de vifiter aufti , les jours fui- vans , les villages & les campagnes voifines ^ où je trouvai abondamment une efpece d’arbrifleau incon- nu jufqu’ici aux Botaniftes,& que les maures nom- ment guer^im. Je découvris encore un grand nombre d’autres plantes nouvelles qu’il leroit inutile de nom- mer ici , & dont je donnerai les delcriptions de les figures dans un ouvrage particulier. . iiy a dans ces quartiers beaucoup de làngliers , mais Il ne me fut pas poflible d’en joindre un feul. Je tuai piufieurs de ces oifeaux que les françois appellent (i) Sesban. P. Alp. Ægypt, vol. i. p. ii, (z) Juffiæa ereâa , floriîaus tetrapetalis odandris feffillbus. Zinn. FL Zcyl. Î70. (3) Perficaria maderafpatana longiore folio hirfiito. Pluk. Phytogr. tab. zio.jig. 7. (4) Alfine lotoides ficnla. Bocc. rar.pL zi. (5) Coldenia. Linn. FL Zeyl. 6^, F ij 1749- Juin.- Oifeaux ap- pellés gros- yeux. ___ 44 VOYAGE 1,7 4 9.”~ gi;os-yeux. Ils les ont en effet d’une grandeur qui n’a aucune proportion avec celle de la tête. La forme de leur corps , & celle des pieds qui font divifês en trois doigts 3 les rapprochent fort de l’outarde. Ils ont la grofîeur de la poule , & le plumage dun gris cendre mêle de blanc. Leur chair eft tendre ôc peut le manger. Ma chafîè ne pouvoir manquer d’être fort abondante dans la prairie ^ car le gibier de toute efpece y eft ex- chaffe Inter- trêmemcnt commun : mais elle êtoit interrompue a les triards ^ chaque inftant par les cris aigus & importuns dune efpece d’oifeaux appelles uett-uett par les negres , & criards ou pialards par les françois , parce que dès qu’ils voient un homme , ils fe mettent à crier à toute force & a voltiger autour de lui , comme pour avertir les autres oifeaux , qui , dès qu ils les entendent , pren- nent leur vol pour s’échapper. Ces oifeaux font le fléau des chafïeurs : ils font fuis par-tout où ils en ren- contrent , de trouver la place vuide de gibier peu de îems après qu’ils y font arrives. Ceux-ci me mirent dans une impatience qui leur coûta cher ÿ comme ils vont toujours deux à deux , j’en tuai plufleurs paires ^ parmi lefquelles il s’en trouva de deux efpeces. foutes deux ne furpaffoient guères la grofîeur du pigeon | mais elles étoient haut montées fur jambes ,& avoienc le vol afiez long. La couleur de 1 une de ces deux eft peces 3 étoit un gris cendré qui fe répandoit fur le dos & les ailes 3 tout le refte defon corps etoit blanc. L au- tre efpece avoir les ailes & une partie de la queue noires , & fes épaules étoient armées d une petite corne noire 3 allez longue, de la forme & de la durete d un ergot 3 qui lui fervoit d’arme offènfive & defenfi^e pour k battre contre les autres oifeaux. 17 49- Juin. A U ' S Ê N É G A L. 45 ^ Nous étions au huitième jour de notre vdyage , îorfque la traite finit , & que nous penfâmes a retour- ner à rifle du Sénégal. Les maures qui ne s’étoient rendus à cette efcale que pour y vendre leurs bef- tiaux 5 ayant confomme les fourages des environs , s’étoient difpofés a aller camper dans un autre en- droit , & même à fe retirer vers des montagnes fort éloignées dans le nord du fleuve , pour en éviter les Inondations que les premières pluies de juin avoient depuis peu annoncées. Leurs tentes étoient déjà pliées; Ils les avoient mifes avec leurs meubles & utenfiles , dans des facs de cuir pafle fort proprement. Le tout étoit chargé fur des chameaux ÔC fur des bœufs , qui portoient leurs maifons , leurs meubles , leurs femmes & leurs enfans. Telle eft la vie des maures : ils ne font Jamais fixes dans un lieu : leurs troupeaux qui font toutes leurs richefles , les obligent de changer de quar- tiers , félon que les faifons ôc les pâturages le de- mandent. Peu de tems âpres mon retour â fifle du Sénégal ^ Il fe préfenta une oçcafion d’aller a Podor , comptoir de la Compagnie , diftant de foixante lieues ou envi- ron de cette ifle , fur le fleuve Niger. Le bâtiment de- voir aller & revenir fans s’arrêter : néanmoins je m’y embarquai. Mes nègres ne fe firent pas prier pour me fuivre ^ ôc fe rangèrent avec l’équipage. On fit voile le 30 juin , en remontant le fleuve à peu près de l’ouefl; à l’eft. Les vents furent fi favorables , qu’on arriva en trois jours â Podor. Une navigation fi précipitée ne me permettant pas de defcendre â terre j’en profitai pour relever le cour$ du fleuye, Tobferyois les difle- 23. Retour à l’iflg du Sénégal. Décampe^ mène des maures. 30. Fremiervoya- ge à Podor. Précautions pour lever le cours du Ni-* ger. __ 4^ VOYAGE Î748. rentesT’b.Ygeurs de fon Ht , celle des embouchures des rivières qu’il reçoit , l’angle que celles-ci forment eh y entrant, la rencontre des illes, & leur longueur; je fondois aufll là profondeur ; eniin je ne negligeois rien de ce qui pouvoir donner à mes obfervations une plus grande exactitude , me fervant de la bouflble pour marquer les changemens de direction dans fon cours , mefurant de tems en tems fa vîteflè j ou celle du bâti- ment ; & ajoutant quelquefois à ces deux moyens l’ellime de la grandeur des diftances , dont j’avois une pratique auflî heureufe qu’on la puilTe defirer. Excepte quelques platons femës ça & la dans le lit du Niger, & que l’on évite quand les vents ne font pas tout-à^ fait contraires , on ell lur de le trouver navigable par- tout. Quoiqu’il fût alors dans fa plus grande dé- crue J il avoir depuis vingt jufqu’à trente pieds ôc davantage de profondeur. L’eau de la mer , qui y re- monte année commune jufqu’au deffus clu marigot des Maringoins , à quinze lieues environ de fon embou- chure, avoit gagné cette année jufqu’au défert, c’eft- à-dire ,à plus de trente lieues. C’efl: à peu près le terme où s’arrêtent les eaux làlées ; mais le flux & le reflux /- de la mer fe fait lentir beaucoup plus haut ; il parvient font fenfibles . r , ^ rr 1 1 v -f r i r n 1 1 à Podor- juiqu au deiius de Fodor, ou li le rend lenlibie par le gonflement des eaux douces du fleuve , qui éprouvent les mêmes alternatives , mais en des tems moins égaux, La plus grande hauteur du flux que j’ai mefuré fur le bord de la mer , vis-à-vis l’ifle du Sénégal , n’efl: que de deux pieds ôc demi dans les grandes marées des équinoxes, Il paroît donc que le Niger depuis Podor tpte, jufqu’à la mer , c'eft-à-dire , fur foixante lieues de A U s É N É G’A L. ^rj eoiifâ , n’a guères plus de deux pieds & demi de pente ; deforte qu’on peut croire que toute cette etendue de pays fait , à l’exception des dunes qui y font répan- dues çà & là , une plaine balle au-delà de l’imagina- don , & d’un niveau tel que s’il arrivoit que la mer fe gonflât egalement par-tout de vingt à trente pieds , elle lèroit totalement couverte de fes eaux* Le fort de Podor efl: bâti fur le bord méridional du Fort de PoJ Niger , dans un lieu autrefois couvert de bois 3 mais la quantité que les françois en ont coupe depuis plus de dix ans qu’ils s’y font établis , a recule la forêt d’une petite demi-lieue. On y voit des tamariniers de la plus Boîs de cg belle taille , des gommiers rouges , & plufieurs autres efpeces d’acacies êpineufes , dont le bois extrêmement dur , imite par la couleur ôc la beauté de fes veines , ceux que nous employons dans la marqueterie. Le bois-bouton , e^ece diflerente de celle qui croît en Amenque ; y efl: fort commun. La facilité avec la- quelle îbn bois fe lailTe travailler , & fa belle couleur jaune , le font préférer à tous les autres dans les ou- vrages de ménuiferie. Il efl: connu chez les nègres fous le nom de khojf. Le terrein gras & argilleux de ce FenWké de pays favorife beaucoup les travaux du jardinage. AulTi les françois cultivent-ils avec un grand avantage plu- fieurs variétés d’oranges , de citrons , de limons ; la figue , la grenade, la goyave , & beaucoup d’autres fruits excellens , comme l’ananas , la papaye , & le pignon(i), efpece de cachiment qui peut paflèr pour (i) Anona ttiaxitna, follis latis Iplendentibus, fruclu maxîmo viricîi conoide, tuberculis feu fpinulis innocennbus afpero. Sloan, Jam, vol, tab. I, 1749* Juillet. Remarque fur les cha- leurs. Force furpre- riante de i’au- iruçhe. VOYAGE lin des meilleurs fruits des pays chauds. Tous les lé- gumes d’Europe y réuffiflTent en perfeaion. Ils recueil- lent fans peine les racines de bâtâtes j qui multiplient :onfidérablement dans les champs humides & mare- :ageux où ils en ont une fois plante ; cette racine leur tient lieu de châtaignes & de rnarons , dont les meilleurs lui cèdent en bonté & en délicateflè. Les au- tres fruits par leur acidité , leur fourniflènt des lues plus convenables a des habitans de pays chauds. Pendant le peu de jours que je reliai a Podor , le thermomètre me donna i degré de chaleur de plus nue je n’avois eu fur l’ifle du Sénégal avant mon de- part : il marquoit depuis 30 jufqu’à 31 degrés. Le « juillet, il étoit encore a 30 degres ù iept heures du foir après le coucher du foleil , dans 1 exponuon a plus froide de l’air libre au nord déclinant a l’eft . _ Le même jour deux autruches qu’on elevoit depuis près de deux ans dans ce comptoir , me donnèrent un fpedack qui eft trop rare pour ne pas menter d etre rapporté. Ces oifeaux gigantefques , que le n avols apperçus qu’en palfant dans les campagnes brulees ôc fabloneufes de la gauche du Niger , je les vis la tout 'a mon aife. Quoique jeunes encore , elles egaloient à très-peu près la taille des plus gtolTes. Elles «oient fl privées , que deux petits noirs montèrent eniemble la plus grande des deux : celle-ci n’eut pas plutôt lenti ce poids qu’elle fe mit ù courir de toutes fes forces , & leur fit faire plufieurs fois le tour du village , fans qu i fût poffible de l’arrêter autrement qu’en lui barrant le paffage. Cet exercice me plût tant, que je voulus le Ikire répéter ; & pour effay er leurs forces , je fis monter I 7 ,4 9' Jui4ot, A U S É N É G A L. 49 un nègre de taille fur la plus petite , & deux au- tres fur la plus grolîè. Cette charge ne parut pas difproportionnée à leur vigueur : d’abord elles trot- tèrent un petit galop des plus ferre ; enfuite lorfqu’on les eut un peu excite' , elles e'tendirent leurs ailes comme pour prendre le vent ^ & s’abandonnèrent a une telle vîtefle qu’elles fembloient perdre terre. Il n’efl; iàns doute perfonne qui n’ait vu courir une per- drix, & qui ne îçache qu’il n’y a pas d’homme capa- ble de la fuivre à la courfe ; & on penfe bien que h elle avoir le pas beaucoup plus grand , fa vîtefle feroit confide'rablement augmente'e. L’autruche , qui marche comme îa perdrix, a ces deux avantages^ & je fuis perfuadd que celles-ci euflènt laiffé bien loin der^ riere elles les plus fiers chevaux anglois qu’on eût mis 'k leurs trouffes. Il efl vrai qu’elles ne fourniroient pas une courfè aulîi longue qu’eux ; mais , à coup fur , elles pourroient l’exécuter plus promptement. J’ai e'té témoin plufieurs fois de ce fpedacle , qui doit donner une ide'e de îa force prodigieufe de l’autruche , ôc faire connoître de quel ufage elle pourroit être , fi l’on trou- voit moyen de la maîtrifer & de l’inflruire comme on dreffe le cheval. J’employai encore moins de tems à defcendre a l’ifle du Se'ne'gal , que je n’en avois mis à monter à Podor. Les vents de N-E. , les courans du fleuve dont les eaux avoient groiîi confidérablement par les pluies, furent fi favorables qu’on en profita pour faire de grandes journées , fans qu’il me fût poffible de def- cendre à terre, ni de m’arrêter. Je ne me repentis ce- pendant pas d’avoir fait ce premier voyage : il me fit G P VOYAGE 17 49. connoître tous les avantages que je pourrois tirer d’un Juüier. ^ fécond de même d’un troifiême. J’avois compté , en bordeSiC relevant le plan du Niger , neuf ou dix villages fur ià rive feptentdonale , & quarante-fept fur la rive mé- ridionale. Un fleuve de deux a trois cens toifes de largeur , bordé par-tout d’arbres de diflerentes efpeces , dont les feuilles font entretenues dans un verd tou- jours naiflànt 3 les troupeaux nombreux d’élepbans que j’avois vû fe promener fur fes bords , les chevaux marins , les crocodiles , une infinité d’autres animaux aufli finguliers , & un plus grand nombre encore d’oi- feaux remarquables par l’éclat & la diverfité de leurs couleurs ; tout cela me promettoit une matière bien ample a des oblèrvations nouvelles ÔC intéreflàntes. . ' Rendu a l’ifle du Sénégal le i 5 juillet , je m’apper- dii Sénégal. ^ ÇLis de l’effet des pluies qui tomboient abondamment depuis quelques jours. L’accroiflèment du fleuve fut fl prompt , que l’on vit le 1 9 le retour des eaux douces à ion embouchure, où deux jours auparavant on avoir Deuxfaifons VU l’cau faléo dc la mer. Ce terme fert de réglé pour • Sénégal. partage de l’année en deux faifonsj» qui different peu l’une de l’autre. La première eft celle où il ne pleut jamais , & où les eaux du Niger font gâtées par celles de la mer : elle commence en décembre & finit en juin ou juillet. La ièconde eft celle où l’on eft fujet aux pluies , & ou les eaux du fleuve font douces. Les pluies durent rarement plus de trois mois , elles com- mencent a la fin de juin ôc finiflènt avec le mois de feptembre. Je ne vois pas pourquoi nos anciens voyageurs ont appelle du nom d’été , la faifon féche des pays de la •1 # • AUSÉNÉGAL. 51 zone torride , & de celui d’hiver la faifon pluvieufe , fl le nom d’eté convient à la faifon la plus chaude , & celui d’hiver à la laifon la plus froide : or il eft cer- tain , & je l’ai reconnu par des obfervations faites au thermomètre pendant cinq années , que les plus gran- des chaleurs arrivent conftamment dans la faifon plu- vieufè qu’ils ont qualifiée du nom d’hiver. Les fran- çois du Sénégal , qui fe font apperçus de l’erreur dans laquelle étoient tombés les voyageurs , ont voulu la corriger modeftement , en changeant le terme d’été en celui de baJfe--JaiJon , c’efl-à-dire , celle où les eaux du Niger font bafies ; & ils ont donné le nom de haute-- fctijon à celle de l’hiver des anciens , parce qu’alors les eaux du Niger font fort hautes. Sans examiner quelle a pu être la fource de cette erreur , qui a été aveuglé- ment embraflee par la plûpart des phyficiens de nos jours , ôc qui en fe répandant jufques dans les meilleurs ouvrages , influe depuis long-tems fur bien des con- noifïànces phyfiques ^ & en particulier fur les con- noifîànces météorologiques , aujourd’hui fi embrouil- lées j je dois me borner à dire ici que cette faufîè dé- nomination exige une fevere correction. J’appellerai donc , avec les françois qui habitent le Sénégal , hajfe^ faifon celle de la fécherefîe , & haute-faifon celle des pluies : ou encore, pour me conformer aux noms re- çus dans toute l’Europe , & pour être entendu de tout le monde , je défignerai la première par le nom d’été , & la derniere par celui d’hiver ; enforte que l’hiver & l’eté fe trouveront arriver au Sénégal a peu près com- me ils arrivent en France. Ces deux faîfons font j, i:omme je l’ai dit, les feules qu’on y éprouve : on n’y G ij 1 749. Juillet. .» * Ij'lj î* j2 VOYAGE 1749. ~ connoît nî prîntems ni automne. Quand je parle d’hi- Jiiiiiet. ^ p^g s’imaginer qu’on voie des glaces, des neiges , ou de la grêle : ce font de ces chofes qu’on ne connoît pas au Sénégal , & dont il n’eft même pas poffi-ble de faire naître la moindre idée aux naturels du pays, de quelque comparaifon que l’on fe ferve. L’hiver du L’hiver du Sénégal eft feulement un tems moins chaud chaud que'^i’é- quc le tcfte dc l’année , quoiqu’il foit toujours plus té delaFran- FraUCC , daUS Icfqucls Ü efl affez rare qu’on voie tomber des neiges ou de la grêle. Je reviens aux eaux du Niger dont j’ai parlé , & qui ont donné lieu a cette petite digreffion. Elles font fa- lées pendant la moitié de l’annee vers l’ifle du Séné- gal. Comme le pays eft fort bas , qu’on n’y voit ni rochers ni aucune forte de pierres , mais feulement des fables mouvans, il ne s’y trouve pour la meme raifon Puits de ride aucuue fource d’eau i on eft oblige de creufer alors des puits , qui à, la vérité ne donnent pas beaucoup de peine , car on trouve l’eau à trois & quatre pieds , & fouvent a deux pieds de profondeur j mais elle eft tou- jours faumâtre , c eft-a-dire , qu’elle conferve un petit goût de fel communiqué aux terres par la proximité de la mer. O X...UV. Le 8 août nous étions a ce jour où le foleil paflànt leS zénith’^ midi perpendiculairement fur nos têtes , réuniffoit l’ombre de nos corps fous nos pieds. C’etoit pour la fécondé fois que je voyois ce phénomène depuis mon arrivée au Sénégal : il m’avoit paru pour la première fois le quatrième jour du mois de mai^ & je devois le revoir toutes les années a peu près en pareils tems. La du Sénégal. Août. A U s É N É G A L, 55 chaleuf quHl occafionnoit à fon retour du tropique du cancer vers l’e'quateur , etoit beaucoup plus grande que celle que fon premier palîàge avoir excitée : car le thermomètre marquoit pour les nuits du mois de mai 22 degrés , & 26 a 28 pour le jour ; au lieu que les nuits d’août donnoient 26 d. & les jours 32 d. Le 9 août & les jours fuivans , je me promenai aux environs de Tille du Sénégal , & je retournai a Tille de Sor,dont j’ai déjà parlé. L’ulage des canots européens me paroillant trop incommode a caufe de leur pefan- teur 5 pour traverfer journellement le fleuve , je jugeai à propos de me fervir par la fuite d’une efpece dé ca- not nègre , que les françois appellent pirogue. Ces pe- tits bâtimens Ibnt faits tout d’une piece , & d’un tronc d’arbre creufé & fort leger. Ils ont depuis dix jufqu’a trente pieds de longueur , fur un à deux pieds de lar- geur & de profondeur , & font terminés en pointe par les deux bouts. Le mien étoit des plus grands. Lorf- que j’y fus entré , mes deux nègres fe placèrent aux deux extrémités , Tun a la poupe & l’autre a la proue.- Pour moi je me mis au milieu , où je n’avois d’autre liège qu’un barreau de traverfe j, dont les deux bouts fichés dans les flancs de la pirogue , fervoient aulîî à les tenir écartés toujours a la même dillance. Mes nè- gres avoient chacun une pagaïe a la main : ce font de petites palettes de bois , faites en croilTant , & atta- chées au bout d’un bâton dont ils fe lèrvent pour ramer. Celui qui étoit à la proue fe tenoit debout , & plongeoir fa pagaïe dans l’eau en la poulîànt der- rière lui , pendant que l’autre aflis gou vernoit avec la fienne. Quand nous fûmes arrivés a l’autre bord du 1749. Août. Chaleurs de cette faifon. Canots nè- gres. 54 VOYAGE fleuve , îîs tirèrent la pirogue a terre : c’efl: le feul moyen que les gens du pays aient pour mettre ces petits bâtimens en fûretë. contre les vagues qui les au- roient bientôt remplies , lorfqu’ils ne peuvent pas les mouiller alTez loin du rivage. Cette manœuvre ne dura pas long-tems , & je por-* tai mes pas au village de Sor. J’y fus très-bien ac- cueilli, comme à l’ordinaire , & je demandai qu’on m’indiquât les endroits les plus propres pour la chaflè; car dès ce jour j’avois congédié mon interprête , parce que i’avois une teinture fufGlànte de la langue du pays J pour comprendre tout ce que les nègres me difoient , & pour leur expliquer mes penfées. On me mena dans un quartier d’où je vis partir un troupeau de gazelles ; mais je ne penfei plus a chaflèr dès que j’eus apperçu un arbre dont la grofleur prodigieufe attira toute mon attention. C’étoit un calebaflier , autrement appelle pain-de-finge ( i ) , que les oualofes nomment goui dans leur langue. Sa hauteur n’avoit rien d’extraordinaire , elle étoit de foixante piçds en- viron i mais fon tronc étoit d’une grofleur demefuree ; j’en fis treize fois le tour en étendant les bras autant qu’il m’étoit pofîible ; & pour une plus grande exac- titude J je mefurai enfuite avec une ficelle la circonfé- rence 5 que je trouvai de foixante-cinq pieds : fon dia?- metre avoir par conféqiient près de vingt-deux pieds. Je ne crois pas qu’on ait jamais rien vu de pareil dans aucune autre partie du monde ; ôc je fuis perfuade que fi nos anciens voyageurs avoient eu connoiflance de cet arbre , Ils n’auroient pas manqué d’y ajouter bien (i) Bahobab» P, Jlp. vol. %. pag. 57, ei3aseræ}csex7K^:y>isia. AU SÉNÉGAL. 55 du merveilleux. Il eft auffi fort étonnant que cet ar- bre ait été totalement oublié par ceux qui nous ont donné Thiftoire du Sénégal , d’autant mieux qu’il n’y en a guères de plus communs dans le pays. Du tronc tel que je viens de le décrire , de vingt-deux pieds de diamètre , fur huit à douze pieds de hauteur , parroient plufieurs branches J dont quelques-unes s’étendoient horizontalement , & touchoient la terre par leurs ex- trémités : c^étoient les plus grandes ; elles avoient de- puis quarante-cinq julqu’a cinquante-cinq pieds de lon- gueur. Chacune de ces branches auroit fait un des arbres monftrueux de l’Europe : enfin tout l’enfemble de ce pain-de-finge paroifibit moins former un feuî arbre qu’une forêt. Ce ne fut pas tout : le nègre qui me lèrvoit de guide me conduifit à un fécond qui avoir foixante-trois pieds de circonférence , c’eft-à- dire , vingt-un pieds de diamètre , &; dont une racine , qui avoit été pour la plus grande partie découverte par les eaux d’une riviere voifine , portoit cent & dix pieds de longueur , fans compter la partie qui refioit cachée fous les eaux de cette riviere , & que je ne pus faire découvrir. Le même nègre m’en montra un troi- fiéme qui Uétoit pas fort loin de-la , & m’ajouta que fans fortir de cette ifle , j’en pourrois voir un grand nombre d'autres qui ne leur étoient pas beaucoup in- férieurs pour la taille. Ma furprife celTa dès-lors , & fatisfait d’en avoir vu trois , je me difpofai à chafler. Un vent d’efi: qui s’éleva tout à coup , avec une im- pétuofité telle qu’il fembloit devoir déraciner & en- lever tous les arbres , m’empêcha d’aller plus loin. Ces coups de vent font les avant-coureurs ordinaires de la 1 7 49- Août. L’Auteur liir-' pris par un grain violent. 1 749* Août, 56 VOYAGE pluie dans ces pays j de celui-ci amenoit avec lui une epaiflè nuée qui creva aufli-tôt. Le village étoit loin , & Ton ne pouvoir efpérer de le repgner. Mes nègres ne voyant aucun abri pour eux, quittèrent leurs pagnes & fe jetterent a la nage dans une petite riviere qui pafToit auprès de cet endroit. Ceft leur coutume , lorL qu’ils font furpris par un orage , de fe plonger dans l’eau , plutôt que de s’expofer a être mouillés par celle de la pluie , dont ils craignent les mauvais effets. Pour moi qui n’eus ni le tems ni la v olonte de les fuivre j je me retirai fous le plus gros des pains-de-fnge que je venois de voir , comptant m’y trouver a couvert com- me fous le toit d’une maifon. Il fembloit que le ciel fondoit en eau , tant la pluie etoit forte . chaque goutte qui tomboit s’étendoit fur la terre de toute la largeur de la main. Je ne foulfris rien de fa première impétuolité j mais quelques minutes apres , lorfque l’arbre eut été bien abreuve j Jc fus inonde par 1 eau qui ruiffeloit de fes branches , & leurs fmuofités firent comme autant de lits , d’ou le prçcipitoient des tor-? rens , qui réunis dans la vafte lurlace du tronc , en cou- loient comme un fleuve. On s’imagine bien que je n’aurois pas eu beau jeu en reliant fous le pain-de-finge j ^e m’en éloignai bien vite , & me mis en pleine cam- pagne, où je ne jouai guères plus beau rôle : j’eflùyai là tout l’effort du grain , qui dura une bonne heures & je Içus à mon retour dans l’ifle du Sénégal , qu il y étoit tombé deux pouces trois lignes deau. Les eaux du Niger parvenues à leur plus haut point d’accroiffement , inondoient tous les environs de l’ifle du Sénégal , & les rendoient impraticables. Forcé de ® renoncer AUSÉNÊGAL. 57 renoncer entièrement à toutes fortes de promenades , je ne voyois qu’un moyen de pouvoir employer le long intervalle de tems que devoit durer l’inondation ; c’etoit de paflèr dans un pays qui en fût à l’abri. Un bâtiment partoît pour Gore'e , petite ifle diftante d’en- viron trente-cinq lieues marines au fud-fud-oueft de l’iile du Sénégal , & fort proche du cap Verd. Je crus ne pouvoir mieux faire que de profiter d’une commo- dité qui fe preTentoit fi à propos , & je m’y embarquai, ^ On mit en mer le 27 août par des vents d’oued peu pour favorables ; mais un grain ( i ) amené pendant une nuit par un vent d’ell; furieux , nous poulîà fi vivement qu’il nous fit faire à fec , c’eft-a-dire , à mâts & à cor- des iàns le lècours d’aucunes voiles , plus de chemin que nous n’en avions fait depuis fept jours que nous étions en route. On vit pendant ce grain une lumière que les marins connoilîènt fous le nom de feu S, Elme : elle ferpenta pendant près d’une minute au haut du mât , & à l’extrémité de la girouette , où elle fe diffipa. Les matelots la regardèrent comme un heureux pré- fage qui leur annonçoit la fin de la tempête , & ils ne furent pas trompés dans leurs efpérances : le vent s’ap- paila bientôt apres , & rendit à la mer là première tran^ quillité. Le q feptembre au point du jour , nous nous trou-^ ^ Septembre, vâmes par le travers du cap Verd : c étoit un nouveau v^fd! fpeélacle pour moi , qui , depuis quatre mois que j’étois arrive au Sénégal , a vois perdu l’habitude de voir des fi) On appelle de ce nom tous les coups de vents oraçreux qui font ac- compagnes de pliu’e, de tonnerre & d éclairs; & l’on felert du terme de ^rain-Jec pour défigner ceux qui font fans pluie. H jg VOYAGE. = cAteaux & fur-tout des pierres. Nous découvrîmes Se’pLtL. de tems après les ifles^de la Magdeleine , & dans o„n.oum.à la matinée l’on mouilla dans l’anfe de Goree. Une Me de Go- t^lTe , & une petite _ montagne tre efeamée , font toute cette ifle d’ un fixieme de lieue d Defoiptioi. longueur. Malgré fon peu deten ue, a .‘'•“j”?, •le ceœ Me. agréable : du cote du fud on y jouit d vûe qui n’ea bornée que par l’horizon de la mer , & du côté du nord on découvre au loin le «P J. ’ tous les autres caps & avances des teires ■ Quoiqu’elle foit dans la zone torride , on ne laifle p ÿy refpirer prefque toute l’annee un air frais 8ç ten^ pe^ré : cela vLt le l’égalité des jours & des nuits & L ce qu’elle eft continuellement rafraîchie par les vents qui foufflent fucceffivement des terres & de la mer. M. de S^nt-Jean , qui en eft diredeur , bellie de plufieurs beaux bâtimens : il 1 a fortifié'- ^ ^ fortifie encore tous les jours : entre fes mains elle elt devenue une place imprenable. Par fes ^ , découvert plufieurs fources d’eau ; les jar ins SantéI de'Leaux arbres fruitiers; on y recueille les plus excellens légumes : enfin , en , ces avantages , il en a fait d’une petite ifte f^^he & rile un féjour fur & charmant. Je lui avois ete d j recommandé par M. de la Brue , fon frere , direaeur général de la Conceffion , & je ne pouvois manquer de trouver auprès de lui toutes fortes de facilites. Les rochers^dont l’ifle de Gorée eft environnée , pro- duifent une infinité de coquillages & de poilfons mois voyaïu-ef- qui m’occupetent pendant J" j, cakdePortu- • m^eiTibarq^uai le i ^ du meme mois , P AUSÉNÉGAL. 59 bâtiment qui alloit faire une traite de bœufs & de mil à Portudal. Cette efcale que les nègres appellent du nom de Sali , n’ell eloigne'e que de neuf lieues au fud de rifle de Gorèe. La barre qui y régné , nous obligea de mouiller le bâtiment à une demi-lieue de terre , pour ne pas Fexpolèr aux lames. Une pirogue m^ mena lans aucun accident. Je me trouvai dans une terre fabloneufè , mais d’une fertilité inconcevable & toute couverte de bois. Le grewiaÇ^i') ^ une efpece de polygala à femence d’érable , le rebreug{^i) , & le âem- boutonn(^'Ç) , faifoient des taillis au-deflus defquels les monbins , appellés fob dans le langage du pays , éle- voient leurs têtes chargées de fruits. Les feuilles de cet arbre lui donnent aflèz l’air du frefne ; mais il fe fait bientôt reconnoître par fes fruits qui font femblables par leur groflèur, leur forme & leur couleur ^ à nos prunes de fainte-catherine : ils étoient murs pour lors j ôc j’en mangeai quelques-uns , auxquels je trouvai un goût aigrelet , aromatique & fort agréable. Je vis aufli dans ces quartiers plufleurs fromagers épineux (5), connus par les nègres fous le nom de benten , & beau- coup d’autres grands arbres. Les nègres avoient coupé ce bois en plufleurs endroits pour y faire des champs de petit mil : il étoit alors près de fa maturité. Tout ce beau pays étoit habité par des oifeaux en- core plus beaux. Le geai , dont j’ai parlé ailleurs (6) , y étoit par troupes : l’éclat de fes couleurs azurées vu ( I. i. 3.) Efpeces d’arbres inconnus en Europe. (4} Moubin aiboc foliis fraxini , frudtu luteo racemofo. P/h'TZ- pag. 44. (5) Ceyba viricis folio {(S) Page 15. caudice aculeato. Plum. gen.pag. 41. H ij JjyiyiMM.WffWIlllTiWtl 1749. Septembre. Bois du pays. Beauté des oifeaux. 6o VOYAGE aaB^^erwniBarTM ^ ^ r> % • 11/” a côte de la vive couleur de feu des moineaux appelles septembre, cardinaux , dont toutes les campagnes étoient alors couvertes , faifoit un coup dœii admirable. Ce fut dans cet endroit que je trouvai la feule efpece de lima- çon(i ) terreftre que j’aie obfervé dans le pays. Il etoit fort commun dans une prairie découverte , remplie de joncs , & d’ambrofie- maritime ; j’en vis même plufieurs vivans au pied des arbres voifins , où ils étoient à l’ombre. C’eft une cliofe digne de remar- que , & qui fans doute paroitra furprenante , que dans une fi vafte étendue de pays bien boifé , on ne ren- contre qu’une efpece de limaçon terreftre , pendant qu’on en voit tant d’efpeces dans les pays tempérés. Les françois n’ont point établi de comptoir a Por- tudal , & lorfqu’ils y vont en traite , ils defcendent chez VAlker , ou le Gouverneur du village , qui pof- fede un grand nombre de cafés. Il m’en avoir deftiné une dans laquelle je logeois. Une nuit que je dormois d’un profond fommeil , je fus réveillé par un cri hor- rible qui mit tout le village en rumeur. Je m’infor- Mort d’une mai aufti-tôt de ce que c’étoit; & l’on me dit que l’on négreffe. plguroit k mott d’une jeune fille , qui avoir été mor- due a quatre lieues de fa par un ferpent , dont le venin l’avoit fait périr en moins de deux heures ; & que fon corps venoit d’être tranfporté à fa cale. Le premier cri avoir été jetté , fuivant la coutume , par une des parentes de la défunte ^ devant la porte de fa café , qui étoit fort proche de la mienne. A ce fignal toutes les femmes du village fortirent en pouflant de lèmblables (i) THiftoire naturelle des Coquillages Univalves , 5,. le limaçon ^ plane, i.fig. Kambeul. AU SÉNÉGAL. 6i Gris 5 & fe raflèmblerent autour du lieu d’où eùoit parti 1 7 4 ^7^ le premier cri. A les voir & a les entendre , on les eût pris toutes pour des parentes de la defunte , tant elles paroiflbient pe'ne'trees de douleur , & aflùrement c’en eût eûe une de'monllration des plus authentiques , fi elle fût partie du fond du cœur : mais elle n’en avoir que l’apparence ; ce n’eùoit qu’un pur effet de l’ufàg^e établi dans le pays. Ce tintamarre épouvantable dura quelques heures > c’eft-à-dire , jufqu’au point du jour. Alors les parens entrant dans la café de la défunte , lui prirent la main , & lui firent plufieurs queftions qui furent fuivies de bien des offres de lervices : voyant qu’elle ne leur répondoit point , ils le retirèrent en dilant : hélas ! elle efi; morte. Ses amis en firent autant ^ Cérérrèii'S • 1) 1 oïl ' \ r tunérail-' puis 1 on porta le corps en terre , & I on mit a les cotés les. deux pots de terre j dont l’un étoit plein d’eau & l’autre plein de coufcous : c’étoit làns doute pour lui fervir de nourriture , fuppofé qu’il lui prît encore envie de boire ou de manger. Les funérailles achevées , les cris , les hurlemens & les pleurs cefferent. Le deuil finit aulfi : 1 ’on ne penfa plus qu’à faire fellin en l’honneur du mort, & l’on fit dès le foir du même jour un fol- gar , c’ell-à-dire un bal , qui fut continué pendant trois nuits : voici comme il fe paffa. Toute la jeunefle du village s’étoit raffemblée dans , une grande place , au milieu de laquelle on avoir al- fion.' lumé un grand feu. Les fpeélateurs formoient un quarré long , aux deux extrémités duquel les danlèurs étoient rangés fur deux lignes oppofées , les hommes d’un côté & les femmes de l’autre. Deux tambours qui fe tenoient fur les côtés , pour régler la danfe , n’eurent 6î VOYAGE ^^77”o~ pas plutôt battu la marche , que les a^eurs com- Sep42c. înencerent une chanfon dont le refrain lut répéta par tous les fpeaateurs. En même tems un danfeur le détachant de chaque ligne , s’avança en danlant vis-a- vis de celui qu’il lui plut de l’autre ligne , 'a la diltance de deux ou trois pieds , & fe recula en cadence julqu a ce que le fon du tambour les avertit de fe rapprocher & de fe joindre en fe frappant les cuilfes les unes contre les autres , c’eft-à-dire , l’homme contre une femme, & la femme contre un homme : ils fe retirèrent enluite, & recommencèrent bientôt les mêmes fingeries , en diverfifiant leurs danfes , autant de fois que le tambour donna le fignal , & enfin ils retournèren t 'a leur place. Les autres danfeurs en firent autant chacun a leur tour, mais fans fe répéter; puis les deux lignes s ap- prochèrent enfemble jouant aulTi leur rôle. Ces geltes font alfez immodeftes , comme l’on voit; mais les au- tres mouvemeiis qu’on n’apperçoit gueres, i on ny eft pas fait , le font encore bien davantage. Les negres ne font point un pas pour danfer que chaque membre de leur corps, chaque articulation, la tete meme ne marquent tous en même tems un mouvement di e- rent & toujours en obfervant la cadence , que que précipitée qu’elle foit. C’eft dans la jufieffe de ce nom- bre infini de mouvemens que confifte principalement l’art de la danfe des nègres ; il faut être ne avec une fouplelTe ferablable à la leur , pour pouvoir les imiter. Cet exercice tout violent qu’il étoit , dura une bonne partie de la nuit , pendant laquelle on vuida plufieurs pots d’une bière très-forte qu’ils font avec le nul. Ils recommencèrent les deux nuits fuivante^ , e troi fîëme jour les divertilTemens ceflerent. Ln Européen AU SÉNÉGAL. -63 âuroit porte le deuil pendant quelques mois ; l’Afri- 1749. cain profite de ces accidens pour fe rejouir : tels font les ulàges bizarres des differentes nations ; ce qui fait naître la joie chez les unes efl un fujet de trifteffe chez les autres. Javois defcendu facilement à terre en arrivant à Paffag-deia - ^ . . , . , barre de For- Portudal , parce que la mer etoit traitable ; mais on mdai en piro- fut fort embarraffe quand il fallut s’en retourner à bord du bateau : elle etoit extrêmement grofle , & les lames qui brifoient fur la barre la rendoient auffi dan- gereufe que difficile. Nous nous y rifquâmes cepen- dant dans une grande pirogue , l’Employé' de traite , moi , & quelques paflàgers qui fe difpofoient à jetter avec des moitie's de calebaflès l’eau qui entreroit dedans. La pirogue e'toit ainfi charge'e , lorfqu’une lame qui vint à terre , l’emporta a l’aide des bras de quatre nè- gres , tous habiles nageurs , qui en avoient la con- duite : ils la pouffèrent de toutes leurs forces , & fau- tèrent dedans à mefure que l’endroit où ils dévoient ramer entroit dans l’eau. Nous nous trouvâmes bien- tôt dans les plus groffTes lames , dont quelques-unes qui s’e'levoient comme de longues collines , fe bri- ferent contre la pirogue , & la remplirent d’eau en nous inondant. Nous travaillâmes tous à la vuider fans perdre courage , & nous avions afffez d’affaires , pendant que les rameurs e'toient attentifs à forcer de rames , pour éviter adroitement les lames lorfqu’elles approchoient. Tantôt la pirogue s’èlevoit par une ex- trémité fur le dos d’une lame , pendant que l’autre extrémité s’y plongeoir : tantôt elle fe trouvoit fup- portée Ôc comme fufpendue par ces mêmes extrémités 6^ VOYAGE fur les pointes de deux lames differentes : quelquefois Septembre. n’etoit foutcnue que par fon milieu fur le fommet d'une lame , de maniéré que fes deux bouts reftoient en l’air comme en équilibre. Ce fut en cette maniéré qu’expofés a tous momens au péril évident dette fub^- mergés J nous franchîmes cette barre, avec un bon- heur inoui , & que nous arrivâmes a bord du bateau , qui nous remit a l’ifle de Goree le 2.4 Icptci^hre a l'entrée de la nuit. Deux jours après , M. de Saint-Jean voulut me aux\fles^de la donnct la fatisfaèlion d’aller aux ifles de la Magde- Magdeieme. ^ font éloignées d’une bonne lieue. Il fit équiper un bateau dans lequel je m’embarquai avec lui & quelques officiers de fon département. De ces deux ifles il n’y en a qu’une de praticable ; l’autre n’eft qu’un rocher nud & efcarpé , fort élevé au-delTus des eaux , & tout blanc par les ordures que les plongeons , les goëlans , les fous & d’autres oifeaux de mer y ont faites en s’y repolànt. L’ifle principale de la Magdeleine , quoique petite , pourroit être habitée , fi elle avoir un port ; mais on ne peut l’aborder que par une petite anle toute femée de rochers fur lefquels la mer eft ra- rement tranquille. Cette anfe fait une efpece de cul- de-fac ou de long canal, qui aboutit â un baffin na- turel de figure ovale , creufé dans le roc , de douze pieds de profondeur fur douze toifes de longueur , & de la plus belle eau , où l’on peut fe baigner en fureté. Du refte cette ifle n'efl: qu’une montagne prefque ronde , & femblable a celle de Corée : elle a auffi deux petites fources d’eau qui tariffent pendant l’hiver : la vue y eft égalemeut belle & fort étendue , ^ l’air ex- trêmement O A U s É N É G A L. 65 trêmement frais ; mais il n’y auroit aucune fatisfadion de s’y arrêter pour ce feul avantage. Ses rochers fer- vent de retraite a un nombre infini de pigeons ramiers naturels au pays , & qui ne différent de ceux d’Europe qu’en ce qu’ils font d’une delicateffè & d’un goût plus exquis. J’ai dit ailleurs que les nègres font nègligens & pareffeux à l’excès : en voici une nouvelle preuve. M. de Saint-Jean avoit fait planter fur cette ifle des bâtâtes , afin d’engager les nègres du voifinage qui y viennent fréquemment , a en continuer la culture & à les multiplier , pour les vendre enfuite a la Compa- gnie : ils y étoient venus en effet quelques jours avant nous , & avoient enlevé les bâtâtes , ians fe donner la peine d’en repiquer les branches , que nous trouvâmes hors de terre & defféchées par les ardeurs du foleil. Les plantes les plus remarquables de cette ifle , étoient les mêmes que j’avois obfèrvées à Gorée. Dans le bas on voyoit plufieurs efpeces nouvelles de /per-- mcLCoce , & un heliamhemoides , que les françois appel- lent fàlade-der-matelots , parce qu’ils en mangent les feuilles comme le pourpier , dont elles ont le goût. Plus haut fe trouvoient les corchorusÇi) , & plufieurs lifèrons à feuilles découpées. Le fommet de la mon- tagne étoit rempli d’un grand nombre d’arbriffeaux , tels que les ricins , les tapia (2) , & les caffès puantes , parmi lefquels .croiflbient abondamment le draeuncu- lus , V ornithogalum â fleurs vertes , & une fort (1) Corcboms five melocJiia. J. B. z, c/82,. (2) Tapia arborea triphylla. Plum. gen. pag. 22. .(3) Arum polyphyllum ceylanicum-, caule fcabro, virldi diluto, ma- .culis albicantibus notato. Comm^ Hort. amjl, vol. i. tab. 5 2. I 1749- Septembre.' ParelTe des nègres. Plantes de cet- te ifle. 66 VOYAGE 1749. Septembre. jolie efpece d’amarante (4) : enfin l’orceille couvroit les rochers les plus expofés. Il y avoir auffi quelques pains- de-finge de cinq a fix pieds de diamètre : ils por- toient tous des noms d’Europeens , dont les caraderes etoient grave's profondément dans leurs écorces. Nous ne voulûmes pas contrevenir à la coutume j chacun fit fa marque fur ces arbres. Pour moi je me contentai de renouveller deux de ces noms qui etoient allez anciens pour en mériter la peine : Pun datoit du quinzième ôc l’autre du feiziéme fiécle. Ces caraderes avoient en- viron fix pouces de longueur , mais ils n’occupoient en largeur qu’une très-petite partie de la circonférence du tronc, d’où je jugeai qu’ils n’avoient pas été gra- vieii’e.Tedes vés dans la jeunellè de ces arbres. Au relie , ces inferip- dons fulïifent j ce me femble , pour déterminer a peu près à quel âge peuvent arriver les pains-de-finge 3 car fi l’on fuppole que ceux dont il ell quellion ont ete gravés dans leurs premiers ans , & qu’ils aient groflî de fix pieds dans l’efpace de deux fiecles , on peut cal- culer combien il leur faudroit de fiécles pour parvenir à vingt-cinq pieds , qui ell le dernier terme de leur grofieur. Après avoir relié trois jours à herborifer agréable- ment fur Pille de la Magdeleine , & a obferver les beaux coquillages qu’elle produit , nous nous rendî- mes a Corée , d’où je partis le 2 odobre pour Pille du ie%oîr Sénégal. Les vents contraires de N-E. me retinrent dix jours en mer, qui m’auroient infiniment ennuye s’ils ne m’eufient procuré une obfervation intéreflante. (i) Amaranthus vertlcillatus minor, Bengalenfis ferpylli foliis incanis. Piuk. Phytogr. tab, lO. fig. y rrb;es lés pains 2. Oâobre. Départ de G 1 ille du Sé- négal A U s É N É G A L. 67 Le 6 du même mois a fix heures & demie du foir j nous étions a cinquante lieues environ de la côte , lorf- que quatre hirondelles vinrent chercher gîte fur le bâtiment , & fe repoferent côte à côte fur les échelons des haubans. Je les pris facilement toutes quatre, & les reconnus pour être les vraies hirondelles d’Europe. Cette heureufe rencontre me confirma dans le foup- çon que j’avois formé que ces oifeaux paffoient les mers pour gagner les pays de la zone torride , dès que l’hiver approchoit : en effet j’ai remarqué depuis , qu’on ne les voit que pendant cette (àifon au Sénégal , avec les cailles , les bergeronettes , les écouffes & quelques autres oifeaux de paflage qui toutes les années s’y ren- dent lorfque le froid les chaffe des pays tempérés de l’Europe. Un fait qui n’eft pas moins digne de remar- que , c’efl que les hirondelles ne nichent pas au Sénégal comme en Europe : elles couchent toutes les nuits deux à deux , ou folitairement , dans le fable fur le bord de la mer , où elles habitent plus volontiers que dans le cœur des terres. Je fus encore diftrait de la longueur de cette tra- verfée par les divertiflèmens que me donnoient les poiffons volans. C’étoit alors leur faifon : la mer en étoit , pour ainfi dire , couverte. Leur grofleur efl égale à celle du goujon ou du merlan. Ils ont deux nageoires prefqu’aufli longues que tout le corps , & qui leur fer- vent d’aîles pour voler au-deffus de Leau. Les dorades & les bonites font d’autres poiffons qui en font très- friands : ils leur faifoient alors la chaffe , ôc l’on voyoit à chaque inflant de petites nuées de poiffons volans , ,qui s’élevoient: au-deffus de Leau pour éviter ces cruels 1749- O (Sobre. HironcJelIes de paiïage. Poilibns vo- lans. 6g VOYAGE 1749. ennemis j & couper en même tems leur route. Comme oaobre. foutiennent en l’air qu’autant que leurs ailes font humides > leur volée étoit courte ^ & beaucoup de ceux qui s’étoient élevés par-defTus le navire y re- tombèrent : nous en fîmes une capture très-abondante fans autre artifice. J’en mangeai quelques-uns que je trouvai très-délicats & de bon goût. Lorfque j’arrivai a l’ille du Sénégal le 1 1 odobre , arbres , les campagnes , & les prairies fe reflèntoient également de la vigueur de la faifon que les pluies avoient amenée : on ne voyoit qu’une verdure agréa- ble qui avoit fuccédée à une fécherefle alfreufe. Ees pluies avoient cefle : les eaux du Niger qui commen- çoient a décroître , dévoient rendre la route de Podor plus praticable. Je ne pouvois faifir un tems plus fa- vorable a mes recherches fur les bords du fleuve : je penfai donc a faire une fécondé fois ce voyage. Je fçavois bien que les vents qui ne font pas ordinaire- ment bons dans cette fa-ifon , me feroient faire de pe- tites journées. J^en augurois avantageufement pour les travaux que je me propofois , & je m’embarquai le 25. 23 du même mois. Ceft l’ordinaire que les bâtimens ge à Podor. qui fe dîfpofent a faire ce voyage , fe fourniflènt de bois vis-à-vis la pointe de l’ifle Bifêche , dans une ifle qui a retenu depuis le nom de l’ifle au Bois , à une pe- tite lieue de celle du Sénégal. On s’y arrêta dans un fort joli quartier , où le bateau entra facilement au milieu des mangliers , & fe trouva fous un couvert de verdure très-agréable. Pendant que Pon fit la provi- lîon , je defcendis fur cette ifle dont le terrein inondé n’étoit qu’un marais & un bourbier continuel. Je fen» AUSÉNÉGAL. 69 toîs de tous côtes une odeur gracieufè , dont je ne de- vinai la caufe que lorfqu’en pénétrant dans le bois j j’arrivai , ayant de l’eau jufqu’à mi-jambe , dans un lieu que je vis tout couvert d’une efpece de boulette diffé- rente de celle d’Egypte. Elle étoit alors en fleurs ^ ôc répandoit une odeur extrêmement flatteufe. Depuis cet endroit jufqu’au village de Maka , les deux bords du Niger font tellement couverts de man- gliers , qu’il efl: impoflîble aux gens de pied d’y mar- cher. Comme les vents nous manquoient, les laptots furent obligés de haler le bâtiment à la cordelle ^ ayant de l’eau jufqu’â la ceinture , ôc quelquefois davantage. Les premières journées furent de cinq ou fix lieues , jufqu’à ce qu’on eût gagné l’efcale des Maringoins ^ parce que le fleuve court prefque nord & fud juf- ques-là , & que les vents ne furent pas tout-à-fait con- traires : mais depuis cet endroit jufqu’à Podor , fa di- reélion change de l’ouefl; à i’efl; , & l’on eut bien de la peine à faire trois lieues par jour. Tantôt c’étoit un platon(i) qui nous arrêtoit: tantôt les arbres qui bor- dent le fleuve empêchoient de haler à la cordelle ; & l’on: paflbit une bonne partie du jour à touer le bâti- ment (2). Ces difficultés me donnoient le tems & les moyens de prendre connoiflânce du pays. Je defcen- dois à terre matin & foir : je pénétrois les bois ^ je tra- verfois les marais & les campagnes , herborifant ôc chaflànt : jamais je ne retournois les mains vuides ; ici c’étoit une plante , un infeéle qui m’arrêtoitj là c'étoic 1749. Oâobre. Difficuîtés à- remonter le Nigerpendant ce mois. (1) Banc de fable élevé fur îe fond de feau. (2) C’eft tirer le bâtiment par le moyen d^un cordage que Ton attache à im arbre , ou à un ancre qu’on laifle tomber au fond de l’eau. 1 749- Oàobre. Nombre pro- digieux de crocodiles, 3°- ^ Promenade près dç Gan- 70 VOYAGE un quadrupède fingulier , un oifeau paré des plus vi- ves couleurs : tout ce qui le prélentoit etoit un objet nouveau. Un peu au^deflus de l’efcale aux Maringoins , je commençai à voir des crocodiles : quand je dis que je commençai à en voir , j’entends par centaines ; car vers l’iJOfe du Sénégal on en trouve bien quelques-uns. Mais il femble que cet endroit foit leur rendez-vous , 3c même des plus gros : j’y en ai vû qui avoient depuis quinze jufqu’à dix-huit pieds de longueur j Sc j’ignore qull en exifte de plus grands. Il y en avoit plus de deux cens qui paroilïbient en meme tems au-delïus de l’eau , lorfque le bateau pafla dans ces quartiers. Ils eurent peur & plongèrent auffi-tot, mais ils reparurent bientôt après pour reprendre haleine ; car ces animaux ne peuvent demeurer que quelques minutes fous 1 eau fans refpirer. Lorfqu’ils furnagent , il n’y a que la par- tie fupérieure de leur tête & une petite partie du dos qui s’élève au-defïus de l’eau 1 ils ne reflèmblent alors à rien moins qu’à des animaux vivans : on les pren- droit pour des troncs d’arbres flottans. Dans cette atti- tude qui leur laifle Tufage des yeux ^ ils voient tout ce qui fe palTe fur l’un & l’autre bord du fleuve , & dès qu’ils apperçoivent quelque animal qui vient pour y boire , ils plongent > vont promptement à lui en nageant entre d.eux eaux , l’attrapent par les jambes, & l’entraînent en pleine eau pour le dévorer après l’avoir noyé. On nhvoit pas encore fait vingt-cinq lieues le 30 odobre. Je vis le matin une fort belle plaine fur la gauche du Niger, vis-a-vis le village de Gandor 3 ] y AU SÉNÉGAL, 71 1749. Oâobre. defcendis , mais j’eus bientôt lieu de m’en repentir. Après avoir marche pendant une heure , je trouvai mon chemin barré par le marigot d’Ouafoul , quiétoit alors confidérable. Le fleuve lait un coude un peu au- defliis de cet endroit. Le bâtiment trouvant là le vent favorable , avoit gagné plus d’une lieue d’avance fur moi , & ôn ne penfoit guères à m’attendre , ignorant l’embarras où j’étois. Il falloir cependant le rejoindre. Je n’avois pris qu’un nègre Banbara qui s’étoit offert pour m^accompagner ; car on ne fçauroit croire quelles peines j’avois de me faire fuivre par ceux qui a voient une fois courus avec moi : ils connoiffbient trop bien les dangers auxquels je m’expolbis j & ils ne trou- voient pas affèz de plaifir à partager les fatigues de mes promenades. Je fis avec mon Banbara une grande demi-lieue dans un marais formé par l’épanchement des eaux du marigot fur ces terres baffes ^ dont je ne me tirois qu’avec peine , ayant de l’eau jufqu’aux genoux , & rencontrant à chaque pas des ferpens de la grande Serpens dime taille , fur-tout de ceux qui ont le corps extraordinai- uèmlT rement gros eu égard à fa longueur. Je les évitois d’auffi loin que je les appercevois ; mais mon nègre me raflùra en me difant qu’ils n’étoient pas malfaifans. J’en tirai un , à bout portant , qui avoit près d’un pied de diamètre fur huit & demi de longueur. Il le*.char- gea fur les épaules comptant en faire bonne chere avec fes camarades. Lorfque j’eus avancé encore quelques pas vers le lit c’ ar- du marigot , j’entrai quoiqu’habillé dans l’eau jufq U a marigo:, la ceinture. Je n’eus garde d’aller plus loin : j’aurois V O Y AGE 1749. trouve quelque trou qui m’auroit fort embarrafïe. J en- Gftobre. yQpi mon nègre fonder le terrein , & pendant ce tems-là je montai fur un arbre , pour m’éloigner des ferpens & de l’eau qui commençoit a me fatiguer. Après avoir fondé trois endroits différens , il jugea qu’il pourroit me paflèr dans celui ou l’eau ne lui ve- noit que jufqu’aux narines en s’élevant fur la pointe des pieds. Il étoit grand, & avoit fix pieds & quel- ques lignes de hauteùr. Je montai fur fes épaulés por- tant mon fufil , quelques oifeaux , & un paquet de Il le pafTe fur plantes. Il fut bientôt dans l’eau jufqu’au col , & ce fonï^gre^au HC fut oas faus pcut dc ma part que je me fends plon- rifque de fa ggj. infenfiblement jufqu’à la ceinture : je m’abandon- nai alors à fa fage conduite, ou plutôt à ma bonne fortune , & je le laiflài aller comme il voulut : ïl palTa avec une confiance étonnante , & fans perdre tete, le milieu du marigot , en avalant trois fois de fuite de l’eau qui le priva pendant quelque tems de la refpira- tion. Echappé à ce pas dangereux , je vis flotter une plante d'une grande beauté : c’étoit un cadelari (i) à feuilles foyeufes & argentées. J’oubliai tout en ce mo- ment , & quoique mon Banbara eut encore de 1 eau jufqu’au menton , je me rifquai a arracher cette belle plante. Je fortis ainfi fort heureufement du marigot d’Ouafoul J qui avoit alors près de 120 toifes de lar- o-eur ,c’eil-a-dire , environ deux fois celle de la Seine au Pont-royal , & je rejoignis mon bateau avant midi. Le foir même , dans l’incertitude ou j etois fi je trou- verois la route praticable fur le bord du fleuve qui m a- yoit tant expofe toute la matinée , je defcendis fur le (i) Cadelari. Hort. Mql pan. 10. pag. 155. tah. 78, AU SÉNÉGAL. 73 bord oppole , ou je ne ms guères plus heureux. Je ' 1749.”^ rencontrois de tems en tems des forêts de roieaux de 1 • \ i ‘II! • • Forêts de ro- clix a douze pieds de hauteur , qui mettoient ma pa- féaux imprati- tience à Têpreuve , quand il les falloir traverfèr. Il n’y avoir aucun fentier , &foiivent ils êtoient fi e'pais qu’ils fe touch oient du haut & du bas , de maniéré à me pri- ver entièrement de la vue du ciel & de la terre. Les jours fui vans fe pafîerent .plus agréablement : Hippopota» on arriva dans le quartier ou les hippopotames , autre- vaux marins, ment appelles chevaux marins , font fort communs. Cet animal > le plus grand des amphibies , ne fe trouve que dans l’eau douce des rivières de l’Afrique; & une chofe digne de remarque , c’efl que l’on n’en a encore obfervé que dans cette partie du monde , à laquelle il femble être particulièrement attaché. On lui donne communément la figure d’un bœuf : c’efl à la vérité l’animal auquel il rellemble davantage ; mais il a les jambes plus courtes , & la tête d’une grofîeur déme- furée. Quant à la grandeur , le cheval marin peut prendre le pas après l’éléphant & le rhinocéros. Ses mâchoires font armées de quatre défenfes avec lef- quelles il détache les racines des arbres qui lui fervent de nourriture. Il ne peut refier long-tems fous l’eau fans refpirer : c’efl ce qui l’oblige de porter de tems en tems la tête au-deffus de fa furface , comme fait le cro- codile. Il hennit d’une maniéré peu différente du che- val , mais avec une fi grande force qu’on Fentend dif- îinêlement d"un bon quart de lieue. On voit dans ces mêmes quartiers, avec le cheval marin , une fécondé efpece de crocodile, qui ne cède KdUe'/ ^ ° point à l’au|:rç pour la groffeur. On le diflingue par fà K 74 _ VOYAGE 1 7 4 c;. couleur noire , & par fes mâchoires qui font beaucoup oaohs. pi^g allongées. Il eil encore plus carnalTier : on le dit même fort avide de chair humaine. Beauté du Ni. Lc batcau côtoyoit tantôt Tune tantôt l’autre, rive du fleuve. Par-tout elles êtoient bordées d’arbuftes , communément de laules ou de fesbans , couverts de liferons ou d’apocins de plufieurs efpeces , qui après avoir ferpenté autour de leurs branches , laiffoient pendre leurs jets chargés de fleurs de différentes cou- leurs. Au pied de ces arbrifleaux flottoit la per ficaire aufli en fleur. Je navigeois ainfi dans une prairie flot- tante 5 où paifîbit une multitude de fauterelles , dont la couleur verte bigarrée d’un beau rouge de feu , fai- foit un effet admirable. Plus loin les palmiers éle- V oient leurs têtes au-defïùs des femeliers ( i ) & des aca- cies 5 dont tout le refte du terrein étoit couvert. Enfin rien ne manquoit a la beauté de la perfpeélive dont, mes yeux furent recréés dans un efpace de plus de quinze lieues , depuis le délert jufqu’aii village de Bo- hol. Ce feroit la riviere du monde la plus agréable , fi l’on n’avoit a craindre a tous momens les crocodiles , ôc quelquefois même les chevaux marins dont elle efl remplie. Rondier,ef- Le palmier, dont je viens de parler, ell: celui que Ser. les nègres connoiffent fous le nom de ronn (2) , qu’il a plû aux françois de changer en celui de rondier. Il porte un tronc fort gros & fort droit , femblable à une colomne de cinquante a foixante pieds de hauteur , de l’extrémité de laquelle fort un failceau de feuilles ^ (i) Efpece de hauhinia n-on décrite. ,(2) Carim-pana. Bon. Malab. vol. i- n* 9* AUSÉNÉGAL. 75 ___ qui , en s'écartant , forment une tête ronde. Chaque 1749- feuille reprêlènte un éventail de cinq a fix pieds d’ou- verture , porté fur une queue de même longueur. De ces arbres les uns donnent des fleurs mâles , qui font flériles : les autres qu’on appelle femelles , fe chargent de fruits qui fè fuccèdent fans interruption pendant prefque toute l’année. On m’en apporta plnfieurs de la groflèur d’un melon ordinaire , mais un peu plus ronds. Ils étoient enveloppés d'une peau coriace , épaifle comme un fort parchemin , qui recouvroit une chair jaunâtre , remplie de filamens attachés â trois gros noyaux qui en occupoient le milieu. Les nègres aiment beaucoup ce fruit : lorfqu’il a été cuit fous les cendres , il a un peu du goût du coin : fon odeur elf aiîèz forte , mais agréable. Le faille du Niger ell diflérent de celui d’Europe. Il Saule, a les tiges ôc la foiblelTe de l’ofier, mais fes feuilles font très-courtes ôc arrondies par les extrémités. Chez les nègres il porte le nom de kelélé. C’eft un arbre des plus honorés' dans le pays 3 fes jeunes branches palîènt entre les mains des dames , qui en font des cure-dents. Au défaut de ceux-ci , qui laiflent un peu d’amer tu mç dans la bouche , on emploie les branches de quelques autres arbres de bonne odeur. Ces différentes efpeces de cure-dents s’appellent du nom de Jbkiou. Les élephans , dont je voy ois tous les jours un grand 5 Novembre, nombre fe répandre fur les bords du fleuve , ne m’é- aux environs ' tonnoient plus. Le 5; novembre comme je me prome- nois dans les bois qui font vis-à-vis le village de Da- gana , j’apperçus quantité de leurs traces fort fraîches^ Je les fuivis conftamment pendant près de deux lieues; Kij i 1749- Novembre. Elephans. Singes vêrds, Sangliers. 76 VOYAGE de enfin je découvris cinq de ces animaux , dont trois fe vautroient couche's dans leur fouil à la maniéré des codions , & le quatrième ètoit debout avec fon petit , mangeantlesextrêmitès des branches d’une acacie qu’il venoit de rompre. Je jugeai par comparaifon de la hauteur de l’arbre contre lequel ètoit cet éléphant , qu’il avoit au moins onze ou douze pieds , depuis la plante des pieds jufqu’à la croupe. Ses dèfenfes for- toient de la longueur de près de trois pieds. Quoique ma prèlence ne les eût pas émus , je penfai qu’il ètoit à propos de me retirer. En pourfuivant ma route , je rencontrai des impreffions bien marquées de leurs pas que je mefurai : ils avoient près d’un pied & demi de diamètre. Leur fiente qui reflembloità celle du cheval , formoit des boules de jfèpt à huit pouces d’èpaiflèur. Je vifitai le lendemain avec un piaifir infini les belles campagnes qui font en deçà de BokoL Je paflai d’a- bord fous des arbres remplis de finges verds , dont les gambades ètoient fort divertiflàntes. Je me trouvai enfui te dans une plaine très-abondante en gibier , & où je fis une chaflè merveilleufe. De la j’entrai dans un petit bofquet planté auprès d’un marais qui attiroit des compagnies de pintades. Pendant que j’étois aux aguets dans cet endroit , j’apperçus un de ces énormes l^ngliers particuliers à l’Afrique , & dont je ne fçache pas qu’aucun naturalifte ait encore parlé. Il venoit tête baifïee fur moi , & m’auroit infailliblement atteint fl je ne l’euffe , pour ainfi dire , averti de détourner fes pas , par quelque bruit que je fis en le couchant en joue. Il ètoit noir comme les fangliers d’Europe , mais d’une taille infiniment plus haute. Il ayoit quatre AU SÉNÉGAL. 77 grandes de'fenfes , dont les deux fuperieures ëtoient recourbëes en demi-cercle vers le front , où elles imi- ï 7 49- Novembre. toient les cornes que portent d^autres animaux. Plus j’approchois de Podor , plus j’e'tois expofë , Dangers & parce que les bords du Niger font plus de'lèrts , fur- voyage de tout celui qui regarde le feptentrion. Cependant ni les dangers que je courois de la part des bêtes feroces , ni les fatigues de la chafîe dans des bois bien défendus par leurs épines , ni les chaleurs étoulïkntes du vent d’ell J qui m’obligeoient d’aller à chaque inftant aux eaux du fleuve pour y éteindre ma foif ardente; tout cela ne m’efFrayoit point , rien n’étoit capable d’ab- battre mon courage : une fànté merveilleufè me fou- tenoit contre tant de peines, de périls , & de fatigues auxquelles beaucoup auroîent fuccombés. Le 7 novembre il m’arriva une aventure encore 7; plus critique &: plus effrayante que celles que j’avois éprouvées jufqu’alors. Comme je me promenois alter- nativement tantôt fur l’un , tantôt fur l’autre bord du fleuve , je paflai ce jour-là fur le bord feptentrionaL Je marchois en chaffant dans une terre déferte , qui n’avoit jamais été défrichée , toute couverte de bois aulîi anciens que le pays , & dont l’épaidéur feule ^ indépendamment des bêtes féroces qui s’y retirent , auroit du m’infpirer de la frayeur. Malgré les dangers & les incommodités inféparables de cette chaflé , ma curiofité me portoit a pénétrer dans les lieux les plus épais de ces bois ; les animaux , les plantes & les oi- féaux que je rencontrois à chaque pas m’y invitoient» Le nègre que j’avois pris pour m’accompagner ne me fuiyoit que de fort loin. Il étoit midi i ôc je fînifTois à 174 9- Novembre.- Rencontre d’uîi tigre. 78 VOYAGE peine de recharger mon fufil après avoir tue deux tou- cans , lorfque je vis un tigre a mes côtes. Il ne m’avoit pas encore apperçu : un arbre fe trouvoit entre lui & moi 5 & il marchoit fort lentement la tête panche'e vers la terre. Je gliffai promptement une balle dans mon fufil J pour le coucher en joue derrière Farbre , & j’armai ma main gauche d un couteau. A ces mouve“ mens le tigre le retourna fierement de mon cote & me lança des regards terribles. Quoique je n’en fulTe pas éloigné de douze pieds , la prudence ne vouloir pas que je lui tirafle mon coup , parce que j’étois feul , & qu’il y avoir beaucoup a rifquer pour moi , fi je ne l’eus pas étendu mort fur la place. Je pris le parti qui me parut le plus fage dans une pareille rencontre : c’étoit de le tenir toujours couché en joue , un genouil plié pour plus de fureté , & de frapper la terre de Fauj tre pied fans me déranger , afin de le déterminer a prendre fon chemin. Il le fit a Finftant en débutant par un faut tel que je n’en ai jamais vu de femblable, & me délivra ainfi de l’embarras où m’avoit jetté fà préfence importune. Oès ce moment je quittai le bois pour me rappro- cher du bord du fleuve , où mon nègre ne me rejoi- gnit qu’une heure après. Nous attendîmes fort long- tems le bateau fans en avoir de nouvelles ; nous allâ-^ mes même quelque peu au-devant , mais toujours inutilement. Nous l’avions laifle plus de deux lieues derrière nous , & il n’y avoit aucune apparence qu’il dût arriver avant le coucher du foleil. Il étoit quatre heures dn foir ; & depuis fix heures du matin que je f^tiguqis , je n’ayois tien pris que de l’eau AU SÉNÉGAL. 79 bûv^ois une grande abondance pouf temperer les cba- 1749. leurs que me faifoit efTuyer le foleii le plus ardent. Novembre. Prelîe par la faim aufïi-bien que mon nègre , je me dé- terminai à faire le dîner du fàuvage. Rien n’y man- ^ DWr de qua. J’avois tue' , chemin faifant , plus de gibier que nâîeT' dS quatre hommes afl&me's n’en auroient pu manger. Mon nègre ne fut pas embarraflè' pour le faire rôtir; il frotta enfemble deux bâtons qui prirent feu a l’inftant ; il fit aufiî une broche de bois , qu’il garnit avec un tou- can , deux perdrix & deux pintades. Quand ce dîner, encore plus frugal & de moindre appareil que celui des nègres, fut fini; je crus ne pouvoir rien faire de plus avantageux pour moi & pour tous les françois qui viendroient par la fuite fe promener dans ce dan- gereux endroit , que d’y mettre le feu , comme le pra- tiquent les nègres. Pendant deux heures que ie reRai l'ymetiefeu IV ° ' O •-> r *1 en le retirant, la , je le lomentai , & j y tournis des matières luffi- làntes pour embrâfer plufieurs lieues de ce valle de'- fert , qui s’étend depuis le village appellé Ndounn- maîigas jufqu’à Podor , dans une efpace de plus de vingt lieues , & qui n’ell: fréquenté que rarement par les maures , qui y campent dans quelques endroits où ils ont mis le feu. A fept heures du foir le bateau tant defiré & fi long-tems attendu , arriva ; je m’y embar- quai avec une grande fàtisfaétion à la lueur du feu que j’avois allumé; & j’appris huit jours après qu’il brû- loir encore 5 & qu’il avoir découvert plufieurs lieues de pays. On arriva le 8 à Lamnaï. Cette petite ifle , qu’on peut nommer à bon droit l’ifle aux oifeaux , efl fort leauxTurniie balTe , ôc n’a pas deux cens toifes de longueur. Ses ar- il 1 y 8o VOYAGE 1 749. ?fovembre. Stratiote I plante du Nil. bres etoient couverts d’une multitude fi prodigieufe de cormorans & de hérons de toutes les elpeces ^ que les kptots qui entrèrent dans un ruiffeau , dont elle etoit alors traverfee j remplirent en moins de demU heure un canot, tant des jeunes qui furent pris a la main ou abattus à coups de bâtons , que des vieux dont chaque coup de fuhl faifoit tomber plulieurs douzai- nes. Ces oifeaux Tentent un goût d’huile ôc de poiflbn qui ne plaît pas a tout le monde. Je trouvai dans cette ille une plante que je n’avois pas encore vu : c’étoit le ftratiote , connu fous le nom de ftratiote d'Egypte j cette plante merveilleufe qu’on dit fe promener furies eaux du Nil , cherchant k nour^ riture à la maniéré des animaux. G’eft afluremcnt bien mal à propos qu’on a fait ce petit conte , ou qu on a interprête dans ce lens les defcriptions , peut-etre trop lâches ^ que les voyageurs en ont donne. Le ftratiote du Niger eft le même que celui du Nil , dont on voit la figure dans Prolper Alpin ( i J , & dans le Jardin de Malabar (2) > & il porte des racines fi bien piquées en terre , que l’on a allez de peine a l’arracher. Ce qui a fans doute induit en erreur , c'eft que cette plantç produit des petits bouquets de feuilles fort écartes les uns des autres j & portés fur une tige , qui , après avoir flotté fur l’eau , va fe perdre infenfiblement dans la terre, à peu près comme font dans ce pays-ci les por tamogetons , les nymphoidss , Bc les feuilles memes du îienufer. La proximité où j’étois de Podor , que Ppn décou-^ (1) Hay âlem el maovi, id eft, ftratiotes. Projp. Jlp. Ægyp, y. t.p. (2.) Kodda-pail, Ho/t, Mal. voCii. pag. 32. tab. 6^, ' vroit AU SÉNÉGAL. 8i 1749. Novembre. 10. Arrivée à Po- dor. vroit au loin par-deflus des terres fort baiïès , me faifoit foupirer avec d’autant plus d’ardeur après le moment où je devois y débarquer j que le bateau faifoit a peine trois ou quatre lieues par jour. Enfin cet heureux inf- tant arriva le 10 de novembre, & mit fin Je dix-* neuvième jour à ce voyage long , difficile , & d’autant plus pénible que je l’avois fait dans le mois où fe font lèntir les plus grandes chaleurs de l’année. Le tlier- mometre que je ne pouvois expoler fûrement que dans cSivï^’^ilns la chambre du bateau , y marquoit fur le midi depuis tiateaux- 40 jufqu’a 4^ degrés. Elle étoit fi pénétrée de l’ardeur du foleil , que la nuit même elle confervoit encore 50 à ^ 2 degrés de chaleur : c’étoit une vraie étuve , ou même une fournaile ardente , dans laquelle diflilloit goûte à goûte le bray & le goudron , que les chaleurs liquéfioient au point de lui permettre de paOer par toutes les jointures du bâtiment. Enfin les chaleurs que j’ai foulFertes dans ce rude voyage , étoient telles que je ne crois pas qu’on en puiflè éprouver ailleurs de plus grandes ; & je ne fuis nullement farpris que la plupart des françois qui font près de deux mois à faire le voyage deGalam en juillet & août , y arrivent rarement fans être attaqués de quelque fievre ardente. Auffi ceux qu’une longue expérience ou une parfaite connoiflance du pays ont rendu plus prudens , partent dès le mois de juin , auffi-tôt que les eaux font allez hautes ; alors ils ont beaucoup moins a craindre & a fouffirir de fintempérie de la faifon pluvieufe & des chaleurs qui augmentent continuellement depuis le mois de juin juiqu’en novembre : ils n’y réfilleroienc certainement point en partant en feptembre&oèlobre, 82 VOYAGE Une autre incommodité du voyage de ?odor ou Novembre. Qalam , pendant le mois d’odobre , ce font les ma- ^Kommodet rîngoins & les abeilles. Jai dit ailleurs combien les premiers font importuns : les abeilles le font encore davantage. Tous les jours vers îemidi ,i’étois fur dVtre accueilli par un , deux , & quelquefois plufieurs eflàins qui venoient fe rendre dans la chambre du bateau , attirés peut-être par Todeur pénétrante & réfmeufe du goudron : elles m’obligeoient de quitter le bateau , & de chercher à terre la tranquillité. La même choie m’arriva a Podor en novembre & décembre. Il y a apparence que c’eft pendant ces trois mois que les elTains fortent des vieilles ruches pour en former de nouvelles : on en trouve alors alTez îouvent des monceaux conlidérables. Je vis un jour un toit de café J dont la furface de feize pieds quarrés , étoit re- couverte d’une couche de plus de quatre travers de doigt , d’abeilles qui s’y étoient ainfi entaffées. C’eft une preuve non équivoque de la prodigieule quantité qu’il y a de ces infedes dans le pays. Ils fe logent par- tout ; mais communément dans les troncs d’arbres que la vieillelîe a creules. Cette année ils avoient fait trois ruches dans notre habitation de Podor : l’une entre les volets & la fenêtre d’une chambre au premier étage ; l’autre au rez de chaullee , dans une petite armoire pleine de ferrailles dont on ouvroit tous les jours un battant , & qui étok placée au fond d’un magafin fort oblcur ; la troihéme étoit fufpendue au plancher d un autre magafin , fur le coin même de la porte. On réulîit difficilement à chaflèr ces petits animaux j meme pendant la nuit, & par le moyen du feu : ils fçayent AU SÉNÉGAL. 85 1749. Novembre. Qualité de leur miel. Plantes de Podor* trouver dans les ténèbres ceux qui les inquiètent , & ils les puniflent par des piquûres très-douloureulès. Ces abeilles ne diffèrent de celles d’Europe que par la petiteflè. Leur miel a cela de fmgulier , qu’il ne prend jamais de confiftance comme le nôtre : il eff: tou- jours liquide & fèmblableà un fyrop de couleur bru- ne. On peut dire qu’il eff: infiniment fupérieur pour la délicatefle & le goût au meilleur miel qu’on re- cueille dans les provinces méridionales de la France. Le terrein de Podor me parut alors bien different de ce que je Pavois vu dans mon premier voyage. Au lieu d’une plaine féche 6c ftérile , je vis une campagne agréable , entrecoupée de marais dans lefquels le ris croiflbit naturellement , 6c fans avoir été femé. Le ter- rein plus élevé étoit couvert de mil : l’indigo 6c le co- ton y étaloient la plus belle verdure. Prefque toutes les plantes aquatiques des pays chauds paflerent en revue fous mes yeux : j’obfervai la le meniante(i), deux elpeces de pontederia, (2) , les juJJiæaX'^') , les hmmcL , 6c le pongati (4) du Jardin de Malabar. J’y trouvai auffî plufieurs efpeces à^alijma , de lilerons , de nénuphar, l’utriculaire , l’^orro/izÆ (5) , les adha~ toda , un grand nombre de fouchets 6c d’autres plantes la plupart inconnues. Je ne bornai pas ma curiofité aux campagnes voi- gulieres. ( I ) Nympliæa Indica minor Ixvis. Rumph. Herb. Amb. vol, G.pag. i Gj. tab. 72.. fg. (i) Ponrederia floribus umbellatis. Linn. Fl. Zeyl. 119. (3) Nouvelles efpeces. (4) Pongati. Hort. Mal. vol. i i.pag. 47. tab. 24. (5) Hottonia flore folitario, ex foliorum alis proveniente. Burm. Tk. ZèyL pag. 1 2 1 . tab. S$.fig. l. 749. Novemtr?. Obfetvatlon rie la la'itude de Podor. 84 VOYAGE fines; elle s’étendit encore jufques dans les bois & les marigots qui font répandus a deux lieues a la ronde. J’y trouvai auffi beaucoup d’arbres nouveaux , & des oifeaux d’une grande beaute. Mais parmi les chofes fingulieres que j’obfervai , rien ne me frappa plus que certaines eminences de terre , que leur hauteur & leur régularité me firent prendre dè loin pour unallemblage de cafés de nègres , & même pour un village confide- rable. Ce n’ëtoit cependant que les nids de certains petits infedles. Ces nids font des pyramides rondes de huit a dix pieds de hauteur , fur à peu près autant de bafe , dont la furface efl unie , & d’une terre gralTe extrêmement dure & bien maçonnée. L intérieur efl un labyrinthe de petites galeries entrelacees les unes dans les autres i elles repondent a une petite ouver- ture qui donne entrée & fortie aux infedes qui l’ha- bitent. On les appelle vagvague : peut-être font-ce les mêmes que l’on nomme poux de bois & fourmis blan- ches en Amenque & dans les Indes orientales. Ils ont la figure des fourmis ordinaires , mais leurs membres font moins diftinguës. Leur corps qui efl d’un blanc fale , eft auffi plus mol , plus rempli , & comme hui- leux. Ces animaux multiplient prodigieufement , & quand ils travaillent à fe loger > ils attaquent^d abord quelque tronc d’arbre mort 5 qu’ils ont bientôt ronge & détruit. Dans mes deux voyages j’avois levé avec foin la carte du Niger depuis fon embouchure jufques a Po- dor : il ne me refloit plus qu’à connoitre la latitude de ce lieu. La différence que je trouvois entre mon plan & celui que donnent les cattes anciennes ôc mo- A U S Ê N É G A L. 85 dernes , me fit foupçonner que cette latitude nWoit 1749- ^ pas été bien déterminée j s'il étoit vrai qu^’on y eût jamais travaillé. Pour m’en aflurer , je fixai avec les précautions requifes un gnomon de 8 pieds i pouce I ligne de hauteur, au-defTus d’une plate-forme ré- duite à un niveau allez exaél. J’y obfervai , pendant le mois de novembre & une partie de celui de décembre , différens points d’ombre du foleil , qui me donnèrent , par le calcul , fa hauteur ; d’où je conclus la latitude de Podor de 16 d. 44 m. i boréale , conformément au réfultat que je communiquai pour lors a M. le Monnier, qui voulut bien en faire part a l’Académie des Sciences (i). Cette obier vation étoit de quelque importance , puifqu’elle corrige une erreur de plus de 1 5 minutes dont toutes les cartes font Podor trop fep- tentrional ; & qu’elle diminue de beaucoup la lon- gueur du cours du fleuve , dont même la plûpart des direélions données jufqu’à préfent étoient faulTes. Ainfi outre l’avantage que je retirai de mon fécond voyage de Podor , en prenant.des connoillances de l’hilloire naturelle du pays; il me procura encore celui de vé- rifier & de corriger un point de géographie ellentiel pour le cours du Niger , dont nous ne connoilîbns bien encore qu’une petite partie. En defcendant ce fleuve , les vents d’efl me furent ^ aulfi favorables qu’ils m’avoient été contraires en mon- Podor à rifle tant. Je. partis de Podor le 17 décembre, ôc j’arrivai le 21 à l’ifle du Sénégal ; deforte; que je ne fus que cinq jours dans mon retour , au lieu que j’en avois (1) Cette obfervation a été imprimée dans le volume des Mémoires pvcfentés à l’Académie par divers Sçavans , p. 605. 86 VOYAGE 1749. Décembre. 1750. Il Janvier. Second voya- ge à Corée. 10 Février. Voyage de Gambie. Op. mouil” |e vis-à-vis le comptoir d’Albréda, Poiflons du denve de Gambie. employé dix-neuf à monter à Podor. Les eaux en baiflànt avoient laifle fur les bords du fleuve un limon dont les nègres fçavent profiter auflî-tôt qu elles fè font retirées. Ils avoient femé par-tout le gros mil , le tabac 5 & des haricots de plufieurs elpeces. Je ne reliai pas long-tems a Pille du Sénégal f j'en partis le 1 1 janvier de Pannée fuivante pour retourner une féconde fois a Pille de Corée , où j'arrivai le i 5 . De4à je de vois faire le voyage de Gambie avec de la Brue & de Saint-Jean , diredeurs , Pun de la con- ceflion du Sénégal , ôc Pautre de Pille de Corée. Ils alloient rétablir le comptoir françois d’Albréda , fi- tué fur ce fleuve à fix ou fept lieues de fon em-. bouchure , & dillant d’environ cinquante lieues de Pille de Corée. Trois bâtimens mirent enfemble a la voile le 10 février , & entrèrent le 20 dans le fleuve Gambie. Son embouchure ne commence , a propre-^, ment parler , qu’à la pointe de Bar , quoique fon lit foit prolongé alTez avant dans la mer , par des bancs de fable ou des hauts-fonds qui fe trouvent entre Pille aux Oifeaux & le cap Sainte-marie. Ce cap eft une terre haute qu’on laillè fur la droite. Depuis la pointe de Bar jufqu’au comptoir d’Albréda le fleuve a une largeur affez inégale d’une lieue dans quelques en-- droits , & d’un peu davantage dans d’autres. Ses bords font aifez élevés , & garnis des deux côtés de grands arbres qui indiquent allez la. bonté du terrein. L’on mouilla, vis-à-vis lePcomptoir , & Pon relia quelques jours en rade làns delcendreàterre. On y fit bonne chere , en maigre fur-tout. Les nègres nous ap- portoient quantité d’excellens poilTons , des rayes j des A U s É N É G A L. 87 foies , des vieilles monftrueiiles ^ & beaucoup d’buîtres 1 7 5 o7~' d’arbres (i) qui font très-abondantçs dans ce fleuve, février. Elles ont tout ce qui leur faut pour y vivre. Les man- gliers dont tous fes bords foat bien .fournis^ leur prê^ tent leurs racines pour s’y attacher , & l’eau de la mer n’y perd jamais là falure. Ce qu’il y a de fingulier, c’efl: que par-tout ailleurs on détaché les huîtres des rochers , au lieu queià on les cueille fur les arbres. Lorfque la mer a bailTé elle les laiflè a découvert , & on les voit pendantes a leurs racines : c’efl: ce qui a fait dire à quelques voyageurs qui en ont vus de lembla- blés en Amérique , qu’elles perclioients lur les arbres. Les nègres n’ont pas tant de peme qu’on penferoit bien , à les cueillir : ils ne font que couper la branche où elles font attachées. Une feule en porte quelque- fois plus de deux cens , & fi elle a plufieürs rameaux , elle fait un bouquet d’huîtres qu’un homme auroit bien de la peine a porter, La coquille dé ces huîtres différé de celles d’Europe, en ce qu’elle efl: plus lon- gue , plus étroite Ôc moins épaifîè ; du refte la délica- tefîe & le bon goût de leur chair ne permettent pas aux connoifîèurs d’y appercevoir aucune difFérence.:5 fuppole qu’el- les foient dillinguées de celles de la zone glaciale. Nous avions pendant le jour les divertiflèmens des baleines, & ceux de la mer pendant la nuit. Dès que neufe!" le Ibleil en le plongeant fous l’horizon , avoir ramené les ténèbres , la mer nous prêtoit aufîî-tôt fa lumière* La proue du navire , en failant bouillonner lès eaux , fembloit les mettre en feu : nous voguions ainli dans un cercle lumineux qui nous environnoit comme une gloire d’une grande largeur, d’où s’échappoit dans le lillage un long trait de lumière, qui nous fuivit juf- qu’à l’ille de Çorée , où nous débarquâmes le 23 du même mois. Corée. Au lieu de retourner aulîî-tôt à l’ilïe du Sénégal , je voulus relier à Corée pour y achever les oblèrvations fur les plantes , ^ particulièrement fur les coquillages & d’autres corps marins , qui m’avoient échappés dans mes deux premiers voyages. C’étoit alors la faifon des poilTons , du moins des poiflbns de moyenne taille. La mer en paroilToit remplie : lorfqu’ils étoient pourfuivis par les gros , on les voyoit par bancs s’approcher de * ferre J ôç Ibuvent y échouer* J’ai vu de çes bancs de N 1749- Mars, Pêche ex- traordinaire. 98 VOYAGE plus de cinquante toifes en quatre , où les poilTons e'toient fi ferres qu’ils rouloient les uns au-deflùs des autres iàns pouvoir nager. Aufli-tôt que les nègres ont apperçu un banc femblable auprès de terre , ils fe jet- tent a l’eau , portans d’une main un panier pour faire la pêche , & nageans de l’autre. C’eft une chofe des plus plaifànte que de les voir dans cette attitude gê- nante , pénétrer tour a tour au milieu de ces four- milières , plonger fimplement leur panier , puis le relever , & s’en retourner chez eux chargés de poif- fons. J’ai été témoin oculaire d’une pêche extraordinaire qui fut faite dans le même mois , fur le rivage de Ben , à une lieue de Me de Corée , par les gens de l’équi- page d’un vailTeau de la Compagnie , mouillé dans la rade. Ils n’avoient qu’une fenne d’environ foixante bradés (i) , qu’ils jetterent a tout hazard a la mer j car ils n’eurent, pas le .bonheur de rencontrer un banc de poilTons : cependant ils firent une pêche fi abondante , que le rivage fut couvert dans toute l’étendue de la fenne , par les poifïbns qu’elle y amena , quoique bien maltraitée. J’en comptai une partie > qui me fit juger que le nombre total étoit de; plus de fix mille, dont les moindres égaloient la groffeur d’une belle carpe. On y voyoit des fardes , des vieilles , des argentines , des mulets ou cabots de deux efpeces , des lunes , des carengues , & d’autres poilTons peu connus. Les nè- gres du village voihn en prirent chacun leur charge , & les matelots du navire en remplirent leur chaloupe a couler bas , abandonnant le reffe fur le rivage. Dans {i) Mefure marine de cinq pieds. AU SÉNÉGAL. 99 toute autre pays une pêche femblableauroit fans doute 1750. pafîee pour miraculeufè. Il y a dans Tifle de Gorêe , comme je Pai déjà dit , Infe£le fort 1 rr T 5 C 1 • incommode , une terre balle que 1 on nomme bavane. J y logeois appeiié vag- dans une café de paille ^ conflruite à la maniéré des nègres : elle étoit neuve quand j’y entrai ; mais en moins d’un mois elle fut toute à jour. J’en recherchai la caufe que je découvris bientôt. Tout ce terrein étoit rempli d’une efpece de fourmi blanche j ou de vagva- gue , différente de celle dont j’ai parlé ailleurs. Celle-ci au lieu d’élever des pyramides , refie enfoncée dans la terre , & ne fe déclare que par des petites galeries cy- lindriques de la grolîèur d’une plume d’oye ^ qu’elle éleve fur tous les corps qu’elle veut attaquer. Ces ga- leries font toutes de terre cimentée avec une délica- teiïè infinie. Les vag vagues s’en fervent comme de chemins couverts pour travailler fans être vues ; ôc on peut compter que de telle nature que foit ce a quoi elles s’attachent , cuirs , étoffes , toiles , livres , bois , tout efl bientôt rongé & confommé. J’en eus été quitte à grand marché , fi elles n’euffent attaqué que les rofeaux de ma café j mais elles me percerent une malle qui étoit élevée fur des tretaux un pied au-deffus de terre ^ & rongèrent la plupart de mes livres. Mon lit même n’é- toit pas épargné , ôc quoique j’eus foin tous les foirs d’abattre les galeries , elles étoient fouvent élevées au milieu de la nuit jufqu’a mon chevet j & gagnoient jufq lies dans mon lit ^ où les vagvagues après avoir découpé mes drap & mes matelas , en venoient à ma peau qu’elles mordoient cruellement. On me difpen- fera de parler ici des enflures Ôc des vives douleurs qui N ij 100 VOYAGE 17 5®* accompagnèrent le poifon de ces morfures. Ces in-- feéles , dont la grofleur ne pafîè guères celle des gran- des fourmis d’Europe , font d’une conftitution telle que ni l’eau douce , ni l’eau fàlée de la mer , ni le vi- naigre , ni les autres liqueurs fortes , dont j’ai plufieurs fois inondé le fol de ma chambre ^ n’ont pu les faire périr ; & quelques moyens que j’aie tenté pour en éteindre la race , il ne m’a jamais été poffibîed’y réuflir. Les torts infinis & les ravages que font ces animaux demanderoient qu’on cherchât quelque voie fûre de les exterminer : on a propofé l’arfenic comme un fe- cret infaillible ; mais il ne feroit pas pudent d’en con- feiller l’ulage , & encore moins de le pratiquer : le feu 5. s’il n’étoit pas fujet a des défaftres plus dangereux que ceux que eaufènt les vagvagues , feroit l’expédient le moins difpendieux & le plus efficace | car on voit ra- rement ces infeéles dans les lieux où il a paffé vivement.^ Obfervatîoœ Si j’ai bcaucoup foufïèrt de l’incommodité des vag- vagues, il faut convenir auffi qu’ils ont contribué à un grand nombre d’obfervations , & a me faire répéter cent fois des expériences que je n’aurois peut-être faites que rarement. Ma chambre étoit remplie de baquets pleins d’eau de mer , où j’avois continuellement des poiffons vivans qui rendoient pendant la nuit une lu- mière femblable à celle des phofphores. Les bocaux remplis de coquillages , les poifibns mêmes qui étoient étendus morts fur ma table , en donnoient auffi de leur côté. Toutes ces lumières réunies enfemble , ôc réfléchies fur différentes parties de ma chambre j la faifoient paroître enflammée ; & j’avouerai qu’elle me parut telle la première fois que j’apper^us cet étrange lOï AU SÉNÉGAL. phénomène j & qu’il me fit rimprefiion qu’il efi; or- dinaire à tout homme d’éprouver en pareil accident. Les vagvagues en me reVeillant en furfaut , renouvel- lerent ma première frayeur beaucoup plus fouvent que je ne l’aurois d’abord fouhaité ; mais ma crainte fc diflîpa peu à peu par l’habitude ^ & j’eus beaucoup de plaifir dans la fuite à confidérer ce Ipedacle fingu: lier. Ce qu’il avoit de plus charmant ^ c’eft que chaque Poiffbns poiflbn rendoit là forme fenfible par la lumière qui en fortoit : il en e'toit de même des coquillages ôc de tous les corps marins que j’avois chez moi : les baquets eux- mêmes fembloient des fournaifes ardentes. Ce n^eft pas tout : chaque jour le Ipedacle étoit nouveau ^ & la décoration changeoit, parce que chaque jour j’avois de nouveaux poiflbns ôc de nouveaux coquillages à obferver : tantôt c’e'toit une farde , une carengue; tan- tôt une pourpre , un pucelage ; tantôt c’étoit un po-» lype , un crabe ou une étoile de mer qui faifoit voir fes rayons lumineux au milieu des ténèbres : enfin je dillinguois parfaitement la forme de tous ces animaux divers , par les traits de lumière qui partoient de cha- cune de leurs parties ^ & mille pofitions différentes que je pouvois leur donner , me permettoient de varier à l’infini cette décoration lumineufe. Lorfque les vagvagues me forçoient de quitter cette brillante demeure , & de chercher de la tranquillité au dehors , la mer courroucée me préfentoit en grand le même phénomène. Ses montagnes d’eau fembloient f& métamorphofer en montagnes de feu, ôc offroient à mes yeux un fpe(5ïacle merveilleux , ôc plus capable d’exciter l’admiration que la crainte , à ceux même qui auroient été expofés à là fureur. lOZ VOYAGE 1750. Mars. Accident fin- gulier. Quoique la mer fut violemment agitëe aux envi- rons de l’ifle de Gorëe , a caufè de l’ëquinoxe du prin- tems où nous étions alors , je ne laiiTois pas de la pafïer fouvent dans un petit canot, pour gagner la grande terre. Un jour que j’allois au cap Bernard , il m’arriva un accident qui penlâ me coûter la vie. Ce cap n’efl éloigné de-Gorée que d’un tiers de lieue: c’étoit pour la première fois que je me difpofois à y defcendre. De loin il me paroifToit faire une anfe femblable a un petit port , & je comptois y aborder aifément ; mais a mefure que j’approchois du rivage j’y trouvois plus de difficulté ; la mer brifoit par-tout avec force , & je ne voyois aucun endroit fur pour débarquer. Cependant les vagues entraînoient toujours mon canot vers la terre , & je me vis tout à coup enveloppé d’une lame qui l’emporta fur un rocher où il verfa en fe brifant. Tout le bonheur que j’eus dans ce bouleverfement , où je ne perdis point la tête , fut que le canot en tour^ nant , s’arrêta fur ce rocher , où il fut foutenu comme une voûte de deflbus laquelle mes deux nègres s’échap^ perent. Je n’attendis pas qu’une autre lame vînt le re-. lever & peut-être me couvrir , comme cela feroit in- failliblement arrivé : je profitai de la légèreté de mes jambes pour gagner le haut du rivage , où j’en fus quitte pour me fécher en me promenant au foleil. Jufques-là nulle difficulté n’avoit été capable de m’arrêter ; cependant cette catailrophe , indépendam- ment des douleurs que me caufoit la mer toutes les fois que je m’y embarquois j me fit faire de férieufes réflexions fur les rifques que je eourois en pafîant, tous les jours de G orée au continent dans un fi petit vaifîeau? 17 5 0- Mars. A U S Ê N É G A L, loj M. de Saint-Jean , direéleur de cette ilîe , qui avoit pour moi toutes fortes d’attentions , & même plus que je n’en avois moi-même , voulant m’epargner les périls auxquels je m’expofois fi évidemment , propofa au maître de Ben , petit village du continent à une lieue dans le nord de Corée , de me recevoir chez lui , & de me procurer toutes fûretés pour les promenades que je ferois fur fes terres ôc par-tout où je pourrois^ m’éten- dre. Ce feigneur nègre , qui étoit extrêmement affec- tionné pour les françois , fut au comble de fa joie de pouvoir en polîeder un chez lui pendant quelques le- maines. Je trouvai le 24 avril en arrivant dans fon village J une café commode qu’il avoit fait bâtir nou- vellement dans fa tapade pour fon ufage. Elle étoit environnée de plufieurs cours & jardins , où il m’avoit encore préparé un petit cabinet bien éclairé , & dans une fituation telle que je Pavois defirée pour la com- modité de mes obfervations. Rien ne favorifoit da- vantage mes intentions que la pofition avantageufe de ce village. D’un côté la mer me fourniffoit tout ce que je pouvois fouhaiter en poiffons & en coquillages : d’un autre côté j’avois les plaines , une forêt confidé- râble & à deux lieues de la les montagnes du cap Verd. Dans tous ces endroits je devois trouver de quoi me fatisfaire tant en plantes qu’en animaux de toute elpece; Ce pays eft entièrement fabloneux , comme les en- virons de Pille du Sénégal 5 mais il forme une plaine beaucoup plus élevée. Il produit avec les mêmes plan- tes, un grand nombre d’autres qui lui font particu- lières ; on y voit auBi beaucoup de bois d’épines , tels Avril. 24, L’Auteur va demeurer dans le village de Ben , au milieu des nè- gres. ï 7 5 O- Avril. Î04 VOYAGE que les acacîes , & des pains-de-finge. En allant de Ben au cap Verd , je rencontrai fur ma route , à peu près à pStêSxf moitié chemin ^ deux de ces derniers arbres encore plus gros que eeu^ que jWois admiré aux environs de Tifle du Sénégal. Je mefurai leurs troncs avec une ficelle, & je trouvai à Fun foixante & feize pieds , & à Tautre foixante &dix-fept pieds de circonférence , c* eft-à-dire, plus de vingt-cinq pieds de diamètre, Ceft ce que j’ai vu de plus merveilleux en ce genre ; & fi l’Afrique en montrant l’autruche & Mephant s’eft acquife la jufte réputation d’avoir enfanté les géans des animaux , on peut dire qu’elle ne s"eft point démentie a l’égard des végétaux 5 en tirant de fon fèin les pains-de-finge , qui furpaffent infiniment tous les arbres exiftans aujour- d’hui ^ du moins dans les pays connus , & qui font vraifemblablement les arbres les plus anciens du globe terreftre. Nids d’une Aux branches de ces arbres étoient fufpendus des SlL? nids qui n’étonnoient pas moins par leur grandeur, Ils avoient au moins trois pieds de longueur, & ïeÜhijiT bloient à de grands paniers ovales , ouverts par en bas , & tiffus confufément de branches d’arbres affez grolTes. Je n’eus pas la fatisfadion de voir les oifeaux qui les avoient conftruits 3 mais les habitans du voifinage mWurerent qu’ils avoient affez la figure de cette ef- pece d’aigle qu’ils appellent mann. A juger de la gram deur de ces oifeaux par celle de leurs hids , elle ne devoir pas être beaucoup inférieure à celle de l’au^ truche. Terreindes La vûc de la double montagne du cap Verd etoit le feul moyen que j’ayois pour diriger mes pas dans ' ' cette î 7 5 0. AvrU. A U S É N Ê G k L. lof C^tte vafle plaine ; ear les fables y etoient tellement agites & tranfportës d’un lieu a l’autre par les vents, qu’il n’ëtoit pas poffible d’y appercevoîr rii'-feritïer fît aucune trace marquée : les ëminences même que je tén- eontrois quelquefois j au lieu de me guider, ne fer- voient qu^à m’egarer moi & mes nègres , a caule de leur grande uniformité. Elles portoient pour toute verdure des arbriflèaux connus dans l’Inde fous le nom- de bois de renette (i). Je marchois aulîl quelquefois- dans des champs très-vaftes, femës naturellement d’une efpece de bafilic particulière au pays. Ce qui me parut dig ne de remarque, c’eft que pâr-tout ou il croifloit,- il ëtoit fort épais , & qu’on y voyoit rarement d’autres plantes de telle efpece qu^elles fuflènt , pas même dans les endroits les plus clair-fèmës , comme fi fà proximité leur eût ëtë funefle. Ce bafilic eft ligneux & vivace: il forme un arbriiîèau de deux pieds de hauteur 5 dont les tiges ôc les feuilles font d’un verd rougeâtre , & répandent une odeur de citron extrêmement gra- cieufe. Les fables quoique mobiles & déplaces à chaque inftant , produifoient encore beaucoup d’autres petites plantes , & fur-tout des chiendents qui en couvroienc prefque toute la furface. , Mes promenades les plus ordinaires etoient dans la Forêt de pala forêt de Krampfane', que j’appellois aufîi la forêt 'des palmiers, parce qu’en effet on y voit peu d’autres arbres. Elle commence a une petite demi-lieue du vil- lage de Ben , & s’e'tend jufques â deux lieues dans l’eft vers le nord , en faifaht-un demi-cercle , & paffant â ,--'^7 j. .'V:;! r ■ ' ■ ' (i) Dodonæ^, Linn. Hort.Cliff. 148.. . Staphylodëndrum foliis lauri anguftis. Cat.’pcc'^. 18. O ïp6 . V O Y A G E un quart de lieue d’un village ruine , appelle Mhao , & fitue fur le rivage a une lieue & demi de Ben. Sa largeur eft par- tout d’environ un quart deAieue. Son terrein eft bas , & creufë dans certains endroits comme un canal , qui paroît avoir e'té autrefois ftnon un baffin inondé par les eaux de la mer , du moins un lit de ri- vière d’eau falée , qui en fe deflechant a laifle un fable noir & limoneux , dans lequel les eaux de la pluie prennent un goût de fel qui les empêche d’être pota- bles. J’oferois même affurer que ce canal faifoit autre- fois partie du marigot deKann , dont il eft plus qu’evi- dent que la communication a été interceptée par une jettée de làbles, que les vents ont amenés auprès de fon embouchure. Du côté de Ben jufqu’aux deux tiers de fa longueur , cette forêt eft toute en palmiers-dattiers , à l’entree defquels s’élève un petit bofquet de palmiftes : dans l’autre tiers on ne voit que de ces derniers. Le dattier de ce pays eft fauvage , & vient fans culture. Les nè- gres Serères du royaume de Kaïor, qui comprend le cap Verd , l’appellent kionkomm ; & ceux du pays d’Oualo vers l’ifle du Sénégal , lui donnent le nom de for-for. l\ s’élève rarement au-deflus de vingt a trente pieds : fbn tronc eft rond & droit , de couleur tannée , & de.hx pouces au plus de diamètre. De fon fbmmet il fort une gerbe de feuilles de huit à neuf pieds de longueur , qui s’étendent en rond comme un parafbl , & fe courbent un peu vers la terre. Le pied de cet arbre produit un nombre infini de tiges ftmbîables à celle du milieu , mais qui s’élèvent rarement à la hauteur de quatre ou cinq pieds. Ces tiges grolïiflènt confidera- AU SÉNÉGAL. 107 bîement cet arbre , & même au point que par-tout où il fe feme naturellement en forêts ^ on a bien de la peine à s’ouvrir un paflage au , travers des épines qui terminent lès feuilles. Ses fruits font plus courts que ceux du dattier cultive' ; mais leur chair eft plus e'paiffe. Ils font d’un goût fucré, très-agre'able , & infiniment au-deflùs de celui des meilleures dattes du Levant ; peut-être parce qu'elles mûrifîent mieux fur f arbre. Le palmifte efl de tous les palmiers ( i ) du pays , celui qui s’e'leve le plus. On en voit de foixante a quatre-vingt pieds de tige , làns aucune branche. Son tronc eft noir extérieurement , également gros dans toute lâ longueur , de du diamètre d’un à deux pieds. Sa tête lè charge de feuilles à peu près Comme le dat- tier. Il porte des fruits ronds de la grollèur d’une petite noix , & recouverts d’une chair jaunâtre dont on fait l’huile de palme. Les nègres lui donnent le nom de tir. C’eft de ces deux arbres qu'on tire le vin de palme. Cette liqueur rellemble parfaitement au petit lait par fa couleur. Il y a plufieurs maniérés de la tirer : voi(ÿ comment les nègres pratiquent la première , & comme je Fai fouvent pratiquée , a leur exemple , à l’égard du dattier dans la forêt de Krampsàne. On coupe une tige à quelques pouces au-deflbus de la couronne , dont on ne laiffe que quelques feuilles : on les couche par-deflùs i’incifîon j & oh les y aflùjettit avec une cheville qui fe fiche dans Farbre. L’extrémité de ces feuilles fè replie enfuite dans une calebafîe , ou dans un petit pot de terre rond , d’e'troite ouverture , qui fe trouve ainfi fuf» (1) Palma altiflima, non fpinofa , fru6tu pruniformi minore , racemofo fprfo, Sloan, Jam. voLx. tab, x\y 1 7 ç O. Avril, Palmifte; Vin de palme. Première ma- niere de le ti- rer. loS . ' Ô' Y À G E A 1750. pendu (ans pouvoir quitter les feuilles ni tomber. Par ce moyen la fève qui fort de la tige coupée , coule le long des feuillës , &Vàfe rendre dans le pot où elle s’amàlfè. • f. - Seconde La fécondé maniéré de tirer'le vin de palme fe ré- duit à faire un trou rond au-defToüs de la tête de l’ar- bre ,aù lieu-dè la couper - 5t a y introduira quelques feuilles épilées qui -fervent de goutiere ou de canal, pour conduire la liqueur dans le pot qui y eft attaché. - Ces deux pratiques font faciles a exécuter à l’égard du-dattiérjidont on- n’attaque ^ que les tiges qui n’ont pas plusde cinq pieds de hauteur. Mais lorfqu’il s’agit de tirer lé vin d’un arbre très-haut , comme du pal- mille , on a beaucoup plus de peine. Les nègres ont 'un expédient merveilleux pour y monter. Ils fe fer- vent d’une fangle d’écorce de hcLuhima , ou de feuilles de palmier amorties au foieil, battues & trelTées ^ de ■ trois travers de doigt de largeur.- L’un des bouts ell percé d’un œillet, dans lequel entre un bâtonnet atta^ ché én travers a f autre bout , pour faire l’office de 'bouton. Cette fanglé ne doit être ni trop fouple , ri trop roide : il lui faut un reiïbrt fuffifant pour l’empê- cher de trop plier.. Elle fait comme un cercle de deux pieds & demi dé diamètre , qui lorfqu’il efl tendu par -le > corps de d'homme & Celui de l’arbre , devient un oValé' qui laifle environ un pied & demi de dillance Maniéré Cntre Ics dcux. Avec cette ceinture , ils fe lient pour dont les iiè- v montcnt en s'aidant d’abord des grès montent , ^ ^ ’ . . n 1 fur les arbres. pieds ^ puis des genoux & des mains , julqu a ce que la partie de la fangle qui appuie fur l’arbre , fe trouve au- deffous de celle qui en foütenant leurs reins ou leur^ AU SÉNÉGAL. ^109 Cuîfïès J leur fert de fiëge : alors ils fe rapprochent de 777^^ Tarbre , pour relever en haüt la partie oppofée , qui bientôt après fe trouve encore abailïee au-deflbus de celle des reins , qui ont été élevés par le travail des pieds & des genoux. La fàngle ne peut gliflèr , parce qu'elle ell toujours bien tendue entre rhomme & le tronc, quL d'ailleurs ell très-rude. De cette façon ils parviennent bientôt au fommet dé l'arbre. La ils s'af- leoient fur leur fângle , ôc jouillans de la liberté de leurs bras , ils coupent les régimes de fruits qu’ils ont jugés mûrs , ils les attachent avec les calebafles pleines de vin, &: les defcendent en bas par le moyen dmne corde : car ils n'oublient jamais en montant de porter avec eux en bandoulière tout ce qui leur eft nécelîàîre pour ce travail ; une corde , un couteau , & des cale- balTes vuides pour remplacer celles qu’ils ont retirées pleines de liqueur. Lorfqu’ils veulent defcendre de ces arbres , ils font le contraire de ce qu’ils avoient fait pour y monter ; c’eft-a-dire , qu’ils abaillènt de tems -en tems la langle au lieu de la relever. Leur prompti- tude ôc leur aifurance dans ce métier fatiguant j fait affez connoître quelle doit être leur foupleiïè , ôc coiu- bien ils font adroits ; car on ne dit pas qu’il leur foit jamais arrivé d’accident , Ôc ils n’ont à craindre que de la part de la fangle qui pourroit fe rompre. 11 faut que cette efpece de vendange coûte peu de peine aux nègres , puifque leur vin eft a fi bon marché qu’on en a fur les lieux plus de quarante pintes pour dix fols , ôc fouvent pour la moitié de ce prix. Elle ne le fait pas toute dans le même tems , comme l’on fait celle du raiftn dans les pays tempérés. Les arbres ne IIO VOYAGE fournilîènt chaque jour qu’une petite quantité' de ce AvrU. , & on eft oblige de le confommer prefqu’auffi-tot, parce qu’il s’aigrit en peu de tems. Les nègres ne le boivent que vingt-quatre heures après qu’il eft tire , c’eft-a-dire , lorfqu’il a aflèz fermenté pour piquer Qualités de agréablement le palais. Il eft potable jufqu au troL ■ fiéme jour ; mais alors il porte Kla- tête , & Ion ivrefle eft très-dangereufe, Pafle ce tems ü fe tourne en rriau- vais vinaigre , qui contraéle bientôt une odeur infup-^ portable. Pour moi , & il en fera de même de toutes les perfonnes qui cherchent plutôt la délicateife que la force dans le vin , j’ai toujours remarqué qu’il étoit délicieux dans fa nouveauté, & que plus il étoit frais , plus il avoit de bonté : j’en ai bû cent fois dans les calebaffes encore attachées aux arbres , jamais je ne lai trouvé meilleur que dans les premiers inftans : il a alors toutes les bonnes qualités qu’on ne peut efpérer de lui trouver douze heures après. Il a une faveur douce , fucrée autant qu’il faut , fouvent relevée d^une légère pointe de verdeur qui flatte le goût très-agréar blement. Enfin le feul défaut qu’on doive reprocher à cette liqueur , c’eft qu’elle ne puifle fe garder pour être traniportée dans nos climats , où l’on en feroit plus de cas que dans celui où on la recueille. J’avoue? rai cependant que ce vin , tout flatteur qufil eft , n’a pas les bonnes qualités de celui d’Europe. En tel état qu’on le boive , doux ou acide , il a toujours quelque çhofe de corrofif, du moins j’ai eu lieu de le juger tel , - après en avoir ufé pour unique boiiîbn pendant les quinze jours que je reftai a Ben ; car dans fon état de doqçeur il n’eft pas dangereux , quelque quantité qu’pn AU SÉNÉGAL. I I I en boive : peut-être auflî fa qualité corrofive m’étoit- 1750. elle plus fenfibîe , parce que je n’étois accoutumé a aucune forte de vin. Parmi cette multitude prefqu’in finie de palmiers Plantes de qui remplifïbient la forêt de Krampsàne , je voyois par Krampïàne! intervalles beaucoup d’arbres & de plantes rares. Deux efpeces de tabernæmontanœ le faifoient remarquer par la beauté de leur feuillage d’un verd gai & luftré : une eipece nouvelle de hignonia le dillinguoit aulïl par la grandeur de fes fleurs , & par la lingularité de fes fruits , qui pendoient comme de gros concombres au bout dé fes branches. Auprès du village de Mbao je trouvai le poivrier d’Ethiopie , cet arbre aromatique auquel les françois établis au Sénégal donnent le nom de mani-^ guette. Vers l’extrémité de la forêt , je vis plufieurs ef peces d’anones ou de corofoliers , dont les plus grandes étoient dans les bois , les moyennes fur les côtes , & les plus petites dans les plaines expolees au foleil , la plupart chargées d’excellens fruits. En fuivant la côte maritime depuis Mbao jufqu^’à Rufish, qui efl: un vil- lage confidérable à deux lieues & demie de la ^ je mar- chois fi-ir des fables tout couverts de Jophora ( i ) , & de l’aloë de Guinée (2) , dont les nègres des environs font de très-bons cordages qui fe corrompent difficilement dans l’eau. On compte de l’ifle de Corée à Rufisk trois lieues en ligne direèle. J’avois déjà fait ce voyage par mer, L’attérage y efl: fort difficile , fur-tout dans les tems où (1) Sophora tomentofa foliis /ubrotundis. Linn.FL Zeyl. KjJ» (2) Aloe Guineenfis, radice geniculatâ, foliis è viridi & acro undulatim Vâriegatis. Comm, Hort, Amji. vol. 2. pag. 35?. tab. %o. î 12 V O Y AGE 1750- Avril. la mer efl: agitëe , parce que la côte eïl baffe & toute {hinée de pointes de rochers. Lorfqu’on efl mouillë f vis-a-vis ce village , on jouit d’un point de vûe fort agréable : fa fituation fur une colline plantée d’arbres , le petit ruifîèau dont les eaux fàlëes ferpentent fur la droite pour en former une prefqu’ifle , la forêt tou- jours verte qui s^’eleve par derrière. en amphithéâtre, forme fur le tout un payfage ravillànt & qu’on ren- çontreroit difficilement ailleurs. Les nègres de ce lieu me parurent fort laborieux. Les uns ëtoient alors oc- cupes à battre les feuilles de l’aloë de Guinée , pour en féparer la filaffe , les autres la tordoient & en prépa- roient des lignes de pêche & des nafîès : d’autres enfin faifoient des arcs & des flèches pour la chaffe. Après avoir vifité toutes les maifons de Rufisk , je fus fort furpris d’entrer comme dans un fécond village : c’étoit un afîemblage de cales un peu moins grandes , cou- vertes de labié & femblables à autant de maufolées élevés fur les corps de leurs morts qui y étoient en- terrés , fuivant fufage établi chez tous les peuples de la nation Serère. L’Ametr eft m’étoit pas encotc arrivé d’être attaqué par les attaqué par un nègres jufqu’au q, de Mai , où côtoyant la mer pour me ri 0 1, Serere. jç Rufisk a Ben , qui en efl: éloigné de plus de trois lieues , je fus pourfuivi par un nègre Serère , qui Ibrtant du bois voifin , lançoit fes flèches empoifon- nées fur moi & fur le nègre qui mWcompagnoit. J’a- vois plus de deux cens pas d’avance fur lui , & d’ail- leurs j’étois bon marcheur , & accoutumé à ces labiés fatiguans où l’on enfonce fouvent jüfqü’a mi-jambe, Je continuai donc ma route en doublant le pas , fans perdre A U s É N É G A L. ,13 perdre haleine , & làns paroître ému des démonftra- dons menaçantes par lefquelles il elperoit m’arrêter en m’intimidant ; car j’avois encore une refîburcé dans mon fufil , fuppofë qu’il fût venu a la portée du coup. Mais après s’être bien fatigue tantôt à courir fiir moi ^ tantôt à me décocher fes flèches , mon brave ennemi , voyant qu’il avoit perdu les peines, & que jem’èloi- gnois de plus en plus de lui , jugea à propos de rentrer dans là forêt. C’ètoit làns doute quelqu’un de ces Se« reres fauvages réunis en une petite république à dix lieues de là , qui étoit forti de fon pays pour exercer le brigandage. Il n'y avoit que mon fulil qui pût le tenter , & s’il eût été plus adroit & plus rufé , il ne m’auroit certainement pas épargné pour s’en rendre maître. Cette maniéré d’attaquer eft alîèz ordinaire à une race de maures A-^ounas , qui ne font d’au- tre metier que de le mettre en embulcade derrière un arbre , pour tirer un coup de fufil ou une flèche à un homme dont ils veulent avoir les armes. Un pareil accident m’étoit arrivé dans mon lecond voyage de Podor : mais le maure que je découvris , regarda plus d’une fois avant de m’attaquer 3 & il fut bien décon- certe , quand il vit que j’étpis en garde , & que je le couchois en joue. 1750* Mal. Quand je fus hors de crainte de la part du làuvage Coquillages Serere , j’eus tout le plaifir de la promenade fur une cote extrêmement blanche , où la mer jettoit à chaque inftant des coquillages fans nombre. Je vis là deux eipeces de celui qu’on appelle conque perfique(i) : (1) Koyei i’Hiftoire naturelle des Coquillages Univalves. Genre 8. P n4 ” ;V O Y A G E 1 7 5o7~ c’efl la plus grande coquille de la côte. Uanimal qu’elle contient pele quelquefois cinq ou Ex livres. Les negres le ^bf>ucanent & le confervent pour les tems de fa- mine , oïl ils ont recours à fa chair , qui eft alTez fade & coriace , mais cependant d’une grande reffource dans un prelTant befoin. Les vis (i) , les tonnes (2) , & un grand nombre de bivalves , en particulier celle que l’on nomme la coucha mucTonata (3) ? Y etoi^ut aulll en abondance. Plantes qu’on Toutes Ics fois quc je 1116 rcndois a la foret de y trouve. Krampsàne je prenois des routes différentes & détour- nées. Tantôt c’étoit du, côté de la mer que je portois mes pas , & je trouvois le Jparrium , & le ketmia a feuilles de tilleul , fur les bords du marigot de Kann ; le xiînenia ( ^ le ritnbot ^ le fagava & quelques acacies fur les collines. Tantôt je traverfois des campagnes fertiles , remplies d’anones de la petite efpece ^ plufieurs lianes a citron , appellées toll par les negres. Leur fruit a beaucoup de rapport avec celui du man- guier de l’Inde , & il a la figure & le goût du citron. Le gibier ne manquoit pas dans ces quartiers : il y avoir beaucoup de gazelles , & de cette petite efpece de bi- ches (6) qui ont a peine la grandeur du lievre. Ceux-ci Chaffe du pattoieut , pour ainfi dire , de deffou.s les pieds : il ar- lièvre à la fa- jfjya, dcux fois à uu nègre de ma fuite de lancer fur eux gtiaïe. V -- -e t: 1 ' ( i )' Fojei THift. nat. desCoqtiill. Univaîves.Gen. ç).pl. 5. laval. (i) Ibid. Coquillages Operculés. Gen. z. plane, j.fig. 5.Tfcfan. (z) Ibid. Coquillages Bivalves. Gen. 6. plane, 2.. Koman. ^ (4) Spartium feandens, citri foliis, floribus albis, ad nodos conlertim mfcenîibüs. Plum. eat. p. iÿ. ^ ^ ^ {5) Ximenia aculeata , flore villoflo , fruétu luteo. Plum. gen. pag. G. {6) Cervus juvencus, perpurilUisGuineenfis. tab. 45. fig. 1. 2. ô- 5. AU SÉNÉGAL. ,115 là fâguaïe , deux fois le coup porta ; & il m’afTura que 1750.” jamais il ne faifoit autrement îa chafle à cet animal. La faguaïe efl une efpece de lance de fept à huit pieds de longueur , terminée par un fer femblable à celui d’une pique. C’efl l’arme la plus familière aux nègres : ils la jettent à la main. Celui-ci la dardoit avec beaucoup de force & de jufteflè : il me donna auffi quelques le- çons de cet exercice qui me plaifoit beaucoup. . Mon travail ètoit partage entre les plantes ^ les ani- ^ Coquillages maux , les coquillages , & ceux-ci feuls m’occupoient nard, autant que tout le refte. Je profitois de l’avantage que j’avois d’être dans un pays où ils abondent. Les rochers du cap Bernard & du cap Manuel qüi font vis-à-vis l’ille de Gorêe , m’en fournirent un grand nombre de très-beaux , tels que les rouleaux , les pourpres , les plus grandes efpeces d’étoiles de mer; ÔC plufieurs poilîons mois, comme les lièvres de mer, les féches & les polypes. Dans les fables de l’anle de Ben , je trouvois quelques vis & des holotur ries, Quelquefois j’entrois dans l’eau de la mer jus- qu'aux genoux , pour tirer du iable les coquillages qui s’y cachent , comme les nérites & les cames , pendant que les nègres faifoient plus loin la pêche aux poiflTons. Ils font accoutumés dans cet endroit à leur faire la chafle à la faguaïe , en entrant dans l’eau juf- qu’à la ceinture , & fouvent davantage. Lorfqu’ils an- ^haffe aux ^ poilTons avec perçoivent le thon , le capitaine , le lurmulet , ou la faguaïe. quelque gros poiflbn femblable , ils lui lancent la fa- guaïe avec une adreffe merveilleufe , & manquent ra- rement leur coup. Cette baye leur fournit encore beaucoup de moyens poiflTons qu’ils pêchent au filet. Pij I 7 5 Or Mai,. Le lion & ie loup mar- chent de com- pagnie. lié VOYAGE Ils les ouvrent en deux , & les étendent au foleil pour les faire fécher , & les vendre aux maures , qui leur apportent en échange le mil qui manque chez eux. Ces poifTons me procurèrent une obfervation qui ne le feroit peut-être pas prélèntée ailleurs. Comme les nègres les mettent fécher fur le comble de leurs cafes' & fur les tapades , leur vue & leur odeur attirent fouvent dans le village les lions , les tigres & les loups qui rodent fans celle aux environs : malheur alors aux enfans , aux hommes même qui fe trouvent dehors. Il arriva une nuit a un lion & un loup d’entrer de com- pagnie jufques dans la cour de la café où j’étois cou- ché : ils s’élevèrent tour à tour en pofant leurs pieds de devant fur le comble , comme il me fut facile de les entendre , & ils emportèrent leur provifion. On s’af- fura le lendemain par les impreffions de leurs pieds bien marquées dans le fable , qu’ils étoient venus en- lemble , & on reconnut l’endroit d’où ils avoient enlevé deux poilTons r fans doute que chacun avoir pris le fien. Ce vol étoit modefte pour deux animaux auffi carnalTiers J mais leur choix n’étoit pas tombé fur les plus petits. J’ignore qu’on ait encore fait cette re- marque, que le loup fraye avec le lion i cependant ce fait n’eft pas un Cas extraordinaire ^ on en a des preuves journalières dans ces quartiers ^ on y entend prelque tous les foirs le loup mugir a cote du lion. J ai ete témoin cent fois de la même choie dans tous mes voyages fur le Niger , & je fçai à n’en pouvoir dou- ter, que le loup ie trouve fouvent avec le lion, ians avoir rien a craindre de ia parté Ce rteft pas ^ue la taille du loup d’Afrique , qui eil beaucoup fupcrieure ï 7 5.0' Mai. AU SÉNÉGAL. 117 a celle du loup d'Europe , falle quelque impfelîion fur le lion 3 c’ell feulement parce que la chair ne le tente en aucune maniéré : & ce qui me confirme dans cette opinion , c’efi: que je n’ai jamais vu que les deux lions qu’on elevoit au milieu du village du Sénégal , ayent attaque les chiens qu’on leur expofoit ou qu’ils ren- controient lorfqu’ils s'étoient déchaînés ; au lieu qu’ils tomboient fur le premier cheval ou fur le premier enfant qui fe trouvoit dans leur chemin. Quelques jours après cette vifite du lion avec le Hardieffedu loup , on eut celle d’une tigrelTe qui vint dans la même café avec fon petit , & enleva pareillement deux poif- fons. Je ne veux que ces deux événemens pour preu-^ indifférence ves de la parefiè & de l’indifierence des nègres , fur les torts que leur font ces animaux , & fur les dangers auxquels ils font eux-mêmes continuellement expo- fés. Quand on leur demande pourquoi ils ne le don- nent pas la peine de leur faire la chaffe , ou de retirer leur poillon J du moins pendant la nuit : ils le conten-^ tent de répondre , qu’il faut que tout le monde vive , & que ce leroit une plus grande fujétion pour eux de renfermer tous les foirs ce poilTon , que de le pêcher. Il ell vrai que la pêche ell dans cet endroit d’une facilité qu’on ne peut exprimer^ Leurs terres font en friche prefque par-tout , foit parce que les labiés font trop ingrats , ou qu’étant ac- coutumés au métier de pêcheurs qui leur coûte moins de peine , ils les négligent & le repofent fur les mau- res du foin de leur fournir leur necefiaire. Ceux-ci y etoient alors , & avoient amené leurs bagages Ôc leurs denrées , non fur des boeufs ôc des chameaux , comme 1,8 VOYAGE -J y ^ O. je les avois vu au nord du Niger ^ mais feulement fur des ânes , dont ils étoient très-bien fournis. J’eus de la maures. peine a. reconnoitre cet animal , tant il etoit beau 6c fcen vêtu en comparaifon de ceux de l’Europe , qui je crois feroient de meme , fi le travail ôc la maniéré dont on les charge ne contribuoient beaucoup a les défi- gurer. Leur poil etoit d’un grisdefouris fort beau ôc bien luftré , fur lequel la bande noire qui s’étend Iç long de leur dos , & croife enfuite fur leurs épaules/ faifmt un joli effet. Ces ânes font un peu plus grands que les nôtres , mais ils ont auffi quelque cfiofe dans la tête qui les diflingue du cheval , fur-tout du cheval barbe , qui eft comme eux naturel au pays , mais tou- jours plus haut de taille. Caraflere des H m’étoit déjà arrivé de demeurer quelques jours au nègres, nillieu dcs nègres ; mais je n’avois jamais refte fi long^ tems chez eux , feul & éloigné du commerce des gens de ma nation. Ce fut4â que j’eus lieu de connoître à fond leur caraélere , leurs mœurs , leur maniéré de vivre , & leurs ufages ; j’y fus même témoin de la cé- rémonie d’un mariage ; mais cela m’éloigneroit trop de mon fujet : je me bornerai à dire ici qu’ils font en gé- néral très-humains & hofpitaliers. ^ ^ ^ 10 Juin. Le 9 mai je retournai de Ben à G orée , d’où je partis G Départ de fuivant pour me rendm a l’ifle du Sene- Rtrrdemen, gai. J’arrivai le 1 6 11 la barre, au pied de laquelle je fur la barre, fus obligé d’attendre les vents pendant quatre jours. On peut juger de quelle tranquillité j’ai dû jouir dans un petit bateau balancé en tout fens par des lanies continuelles. J eus La tout le loifir de confiderer l’eftet fiirprenant de ces lames de la barre , & de promener AU SÉNÉGAL. 119 ma vue de toutes parts , fans appercevoir autre chofe (^ue des fables eblouillans d’un cote , & la plaine li- quide de l’autre. Il efl: vrai que quelquefois ce Tpe^lacle uniforme étoit varie par la vue des pirogues des nègres pêcheurs j qui bravoient la barre pour venir à bord apporter du poiflbn. Quoique la mer foit très-grofle à la côte , la rade ne laiiTe pas d’être poiflbnneufe. Nos matelots y faifoient une pêche abondante à la ligne, fur-tout d’une efpece de vieille qui y eft fort com- mune. Ce poifTon a une avidité extraordinaire pour mordre a l’hameçon ; & dès qu’il eft pris , c’ell un plai- fir de voir les élans ôc les efforts qu’il fait pour fe dé- livrer : cela va même au point qu’il renverfe fon effo- mac , que l’on voit fortir par la bouche fous la forme d’une veffie de carpe : ces efforts font encore accom- pagnés d’un bruit fourd & très-fort , qu’il rend comme en grondant , & qui lui a valu le nom de grondin > fous lequel on le connoît fur cette côte. Un vent d’ouefl , en me tirant de ce difgracîeux fejour, me fit paflèr la barre & me remit a l’ifle du Sénégal le 20 du mois de juin. J’avois grand befoin de me repofer des fatigues de tous mes voyages fur la mer , qui m’avoit plus incommodé que n’auroit fait une longue maladie. Chacun fçait que le mal de mer efl une efpece d’abattement ou de défaillance , qui caufe des naufées & des vomiffemens plus ou moins fréquens , félon la diverfité des tempéramens qui font expofes fur cet élément. Il y a des gens qui n’ont ja- mais connu ce mal : il y en a d’autres qui n’en reffentenc les effets que pendant les premiers jours , & qui en font quittes pour quelques étourdifïemens : dans d’autres K II iiiin lin irin 1750. J uin. Pèche d’avril au village de Sor. J’étois affis fur une natte au ji’un? vipere. jnilieu d^une cour , avec le gouverneur du village ôc toute fa famille. Une vipere de l’efpece malfaifante, après avoir fait le tour de la compagnie , s’approcha de moi. Cette familiarité ne me plaifpit guère; & pour éviter les accidens , je m’avifai de la tuer d^un coup de baguette que je tenois a la main. T oute la compagnie fe leva aulTi-tôt, en jettant les hauts cris , comme li l’eus fait un meurtre : chacun s’éloigna de moi , & prit la fuite: l’endroit fut bientôt défert. Comme la choie devenoit férieufe , & que le bruit s’en répandoit dans tout le village ; je prohtai de cet inflant ou j etois leu , pour mettre la vipere dans mon mouchoir , & la c^her dans la poche de ma vefte. C’étoit le moyen de m aïfurer Â Ü s É N É G A t. Î27 cet animal , qu’il etoit fi difEcile de fe procurer dans 17 ce pays 3 & en même tems de calmer tous les efprits en le leur ôtant de la vue. Je n’êtois pas trop en fûreté dans ce lieu , & l’on m’y aüroit fait un mauvais partie mais le maître du village , homme de bon fens ^ chez qui tout cela s’êtoit paSe , réfléchit qu’il étoit de fon honneur ôc de fon intérêt de faire cefler le tumulte de d’étouflèr le bruit : l’autorité que lui donnoit fa place , fon caraélere de marabou , & la maniéré dont il s’y prit, lui en aflurerent la réulîite. Voilà un trait qui Les nègres fait voir combien les nègres font zélés obfervateurs de leur religion & des fuperftitions qui y font atta- chées. Ils ne regardent pas les ferpens comme leurs fétiches ou leurs divinités , ils les reipeélent cependant affez pour ne les pas tuer : ils les laiflent croître & mul- tiplier dans leurs cales, quoique fouvent ces animaux mangent leurs poulets , ôc oient coucher , pour ainli » dire , avec eux. îl ell vrai qu il efl; rare qu’ils faflènt du mal à perlbnne ; il faut qu’ils foient attaques ou bief- les , ou qu’on leur marche fur le corps , pour les obli- ger à donner un coup de dent. Le 7 de mai ie defeendis le Niger pour vifiter le 7 .^1 ••rî r* i^romenadg marigot de Del , qui n eit pas fort éloigne de Ion em- dans le mari- bouchure. Le vent étoit favorable ÿ ôc mes nègres pour s’éviter la peine de pagayer ou de ramer , mirent à la voile. On peut croire que celle d’une petite pirogue de trente pieds de long , ne doit pas être bien grande ; aufli ne furent-ils pas beaucoup embarraflés pour la trouver. L’un d’eux planta une perche de dix pieds fur l’avant , ôc la croilànt en haut avec un petit bâton , y étendit la pagne dont il étoit vêtu. Ces pagnes font 175 1. Mai. Son entrée eft fermée par barre. Banc de co- quilles. î28 voyage d’uH ufàge merveilleux : leur forme efl telle que i^on peut dans roccafion en faire une voile , un drap , une couverture , un manteau , une jupe ou une ceinture. Je ne puis mieux comparer la figure qu’avoit cette voile 5 qu’à celle d’une baniere , dont les deux bouts d’en-bas furent attaches aux côtés de la pirogue. Le nègre qui étoit derrière à la poupe, gouvernoit ayec fa pagaïe , pendant que l’autre dirigeoit la voile & la tournoit au vent. Avec ce foible feéours , je fis près de deux lieues en moins d’une heure de tems , & j’arrivai à l’entrée du marigot de Del. A l’endroit où il fe dé- bouche dans le Niger j il efl fermé par une barre de fable fur laquelle les vagues du fleuve brifent quel- quefois allez dans les vents de nord-oueft , pour en empêcher l’entrée aux grandes pirogues. Mes gens pri- rent fi bien leur teras, qu’ils franchirent la difEculté, êc après m’avoir fait parcourir le marigot dans tous fes détours , ils me conduifirent au village de Del , qui étoit bâti fur l’extrémité d’un banc de coquilles. Ce banc s’étendoit de près d’une lieue dans le nord 5 & il me parut remarquable en ce qu’il étoit entièrement découvert à fleur de terre , & que toutes les coquilles étoient d’une même efpece d’huîtres , qui avoient vécu autrefois fur les mangliers des marigots voifins , de la même maniéré que celles que j’ayois obfervées dans ÎQ fleuve Gambie. La mer avoit amené dans le Niger une quantité prodigieufe de poumons marins & de vélettes , que j’eus tout le loifir à mon retour de voir flotter fur iès eaux. Les premiers |de ces [animaux fe connoiflènc dans le pays fous le nom de bonnets-flamans , & les derniers 175/* Mai. Galère , ef- AU SÈNÉGAt; 129 derniers fous celui de galères (i). Rien ne refTemble davantage à une vellie remplie d’air , & peinte d’un beau rouge , que le corps de la galère. On a peine a y pece de ver diftinguer autre chofe qu’une frange fur le dos , & huit filets fous le ventre , qui defcendent en bas comme pour fervir de leR à la veflîe , qui fe foutient toute hors de l’eau, & ell portée au gré des vents. Cet ani- mal tout informe qu’il efl; , & prefque fans aucun mou- vement fenhble , efl cauftique au point que lorfqu’on le touche , il caufe une douleur femb labié à celle d’une brûlure. J’en pris un dans la main pour en faire l’é- preuve , & je le retins jufqu’a ce que fon effet com-. mençât a fe faire ièntir : il le déclara à l’extérieur par une petite rougeur , fuivie d’un picotement & d’une inflammation qui ne cefîà qu’au bout de quatre heures. La douleur fè communiquoit à toutes les parties dé- licates du corps , comme a celles du vifàge , & fur-tout aux paupières , par un attouchement même très-léger de la main enflammée. Les obfèrvations que je fuivois depuis quelques an- Précautions nées fur les chaleurs du pays , avec une attention & des vues particulières , me paroiffoient affez impor- tantes pour que je les étendiflè de maniéré à les rendre fufceptibles de comparaifon. J’imaginai d’obferver dans les jours les plus chauds de l’année , les degrés que marquoit le thermomètre de M. de Réaumur étant expofé à l’air libre , & ceux qu’un fécond inflru- ment femblable marquer oit pendant le même tems dans le fable de la campagne expofé au fbleil. M. An- (i) Urtica marina foluta purpurea, oblonga , cirrhis longiffimis. Sloan^ ^am, vol. 1 . pag. 7. tab. ^‘ fig- 5. R 17 5 1- Mai. Î30 VOYAGE driot qui , aux connoiiîànces de la phyfique dans lef- quelles il eft fort verfé , joint refprit d’obfervations qu’il execute avec beaucoup de précifion , m’a été d’un grand fecours dans celles-ci; & il a bien voulu par- tager mes peines dans toutes les autres j où j’avois be- foin de quelqu’un qui fît dans un endroit des expé- riences correfpondantes a celles que je faifois dans un autre. C’étoit un tribut réciproque que nous rendions a l’amitié qui nous unifToit fi intimement l’un a Tautre depuis notre jeunefTe. 4 Juillet. ‘ Je choifis le quatrième jour de juillet pour faire une Chaieuréton- CCS obfcrvations intéreflantes fur l’ifle du Sénégal* Le foleil n’etoit alors éloigné de notre zénith que de 7 degrés vers le nord , enforte qu’il pouvoir être re- gardé comme vertical vers le milieu du jour. La Savane qui s’étend a l’oueft du fort Saint-Louis , comme une grande plaine au niveau de la mer voifine , & expofée aux vents de tous les côtés , fur-tout à celui de l’oueft qui fouffloit ce jour-là, me fournit la place la plus convenable que je pôuvois def rer , parce qu’elle eft fans abri. Un monticule de fable élevé de quatre pieds, qui fe trouvoit fort à propos au milieu de cette plai- ne , me fervit pour y préfenter au foleil un thermo- mètre très-exaâ; , dont j’enfonçai feulement la boule dans le fable. Je le pofai dans cet endroit vers les dix heures du matin , & il y refta jufqu’à trois heures du foir. Pendant tout ce tems j’obfervois les degrés d’af* cenfion de la liqueur du thermomètre de cinq en cinq minutes. M. Andriot en tenoit regiftre , placé fous un petit angard de paille où je me retirois de tems en tems à couvert des rayons du foleil , qui me caufoit queU î7 5 I. Juillet. Les oeufs ds poule y font, A U S É N Ê G A L. 131 quefoîs des etourdillemens très-marques. Il reftoit dans cet endroit pour veiller à cet infiniment , ôc y obfer- ver , pendant que j’allois au fort confulter un autre thermomètre que je tenois continuellement fufpendu à l’air libre à Tombre , & à dix-huit pieds au-defliis de la terre , pour eViter les reflets de chaleur qu’elle efl fujette à renvoyer. Celui-ci marquoit pour la chaleur de l’air libre, dans l’expofition la plus froide de l’ifle, 30 degres , pendant que l’autre donnoit pour la cha- leur du fable 60 d. Trois œufs de poule que j’y avois enfoncé & lailTé pendant trois heures , dans le cuîts delTein de m’afllirer de l’eflet que cette chaleur pou voit produire fur eux , ne furent pas durcis , mais le blanc avoir pris légèrement autour de la coque , & ils étoient aflèz cuits pour être mangés : ils furent de notre dîner , & nous les trouvâmes fort bons. Il y a tout lieu de croire que fi la longueur du tube de ce thermomètre eût donné plus de champ à la liqueur , elle eût monté beaucoup plus haut que 60 d. ^ ^ comme je m’en fuis apperçu depuis en répétant ces obférvations avec d’au- tres thermomètres d’une graduation portée jufqTà l’eau bouillante. Je ne m’étendrai pas davantage ici fur ces fortes d’expériences^ il me fuflira pour le pré- fent de les avoir indiquées, me réfervant d’entrer dans un plus grand détail dans le Traité de mes Obferva- îioiis phyfiques. Pendant la nuit du q feptembre il s’éleva un vent 9 Septembre, furieux de l’efl , qui amena une pluie très-forte , ac- compagnée d’éclairs fi prompts & fl vifs que leur lu- mière ne paroiflbit -pas: interrompue. Deux tonnerres Effets duton, tombèrent en même tems dans deux endroits diflerens R ij septembre. Effets fem- tîables à ceux de l’éieârici- ïé. 132 VOYAGE de Tifïe du Sénégal , l’un fur un mât de bateau , & l’autre fur le bâtiment de l’hôpital ^ â deux cens toifes de diftance l’un de l’autre fur le même bord du Niger. Celui qui tomba fur l’hôpital ne fit autre chofe que chiffonner & brifer deux girouettes pofées fur un même pavillon , lever quelques ardoifes de la couver- ture , fendre plufieurs chevrons de la charpente , 6c cafler trois carreaux du plancher ^ fur la chaux duquel il s’amortit , fans blefler aucun des malades qui fe trou- voient à côte. Il fe pafïà quelque chofe de plus remar- quable à l’égard du mât de bateau qui avoit environ quarante pieds de haut. Il étoit goudronné alTez exac- tement par-tout. Le tonnerre le fillona a deux pouces de profondeur , mais inégalement , dans toute fa lon- gueur J fans toucher aux ferremens , aux manœuvres, aux cordages , ni aux pommes de racage goudronnées dont il étoit environné , & il termina fon effet au collet , où un large prélat de toile épaiffe & bien gou- dronnée l’entouroit , far le pont du bateau. Il femble que la réfine ait rompu la tous fes efforts & Fait obligé de s’écarter. On fçait que ces bâtimens font gou- dronnés par-tout les dehors , enforte qu on peut re- garder leur furface extérieure comme une couche con- tinue de réfine. Un nègre a qui on en avoit confie la garde pendant cette nuit la , étant couche dans la chambre de Farriere , reçut une commotion fubite , dont il reffentoit encore des impreffions très-fortes le lendemain dans toutes les parties de fon corps. Je laiflè aduellement aux phyficiens curieux de ces fortes de phénomènes , ù juger fi Fon peut trouver une plus grande analogie entre les effet ordinaires que Fon re- AU SÉNÉGAL. 133 connoît dans l’éledricitd , & ceux que préfenta le ton- nerre dans cette occafion. Les eaux furent fi abondantes pendant ce grain , & fe précipitèrent avec une telle force , qu’elles détachè- rent, à quatre ou cinq lieues de là , une petite langue de terre qui flotta comme une ifle au gré des eaux. On la vit le matin , femblable à une autre Délos , entraî- née par le courant du Niger , prendre là route vers l’Océan. Son agréable verdure , & la difpofition avan- tageufe des arbres dont elle étoit couverte , lui don* noient l’air d’une ifle enchantée , qui en lit defirer la pofTelïion à l’ifle du Sénégal. Un canot fut envoyé auflî-tôt : il rejoignit cette ifle , lit paflér plufieurs cor- des dans fon bois , & la força , malgré fa réfiflance , à fe joindre aux fables de celle du Sénégal. Tout le vil- lage fut attiré par la nouveauté de ce fpeélacle : jamais on n’avoit vû une ifle fi riante : chacun s’empreflbit d’y entrer ; mais on fe défioit de fes racines , que l’on pre-* noit pour autant de ferpens. Je la mefurai & ne lui trouvai que quatre toifes de diamètre : elle étoit ronde, & ne portoit qu’une elpece d’arbriflèau épineux de dix pieds de haut , que les nègres appellent du nom de billeur(^i'). Ses racines extrêmement ferrées & entre- laflees les unes dans les autres , ne retenoient que peu de terre graflè que l’eau n’avoit pu délayer. C’efl: du bois de cette plante, infiniment plus léger que le liège , que fè fervent les habitans du pays pour leurs pêches ou quand ils veulent s’aider à traverfèr à la nage le fleuve , dans les endroits où il a trop de lar- geur. (i) Efpece nouvelle de fesban. 175 î. Septembre. Ifle flottante fur le Niger. 1751. Septembre. Les nègres font d’excel- lens nageurs. PoifTon treir.‘ blcur. 134 VOYAGE Ils font tous excellens nageurs : on en a Journelle- ment des marques ; mais il n’eft rien qui le prouve da- vantage que la hardiefle avec laquelle ils s’expofent aux lames de la barre. J’etois le 25 du même mois fur le bord de la mer , occupe a obferver la hauteur des marées de Téquinoxe , lorfqu’un navire françois arriva vis-a-vis le fort du Sénégal. Son canot s'approcha juf- qu’aux premières lames , où la barre commence a fe faire fentir: la il attendit que l’on vînt prendre langue & chercher les nouvelles qu’il apportoit. Le nègre qui avoir coutume de faire ce métier ^ fe mit a l’eau pour les aller prendre au travers des lames qui bri- foient alors plus qu’à l’ordinaire , parce que les marées étoient plus fortes. A voir l’état elfrayant des lames qui s’élevoient de plus de dix pieds de hauteur , & retomboient comme autant de nappes d’eau , avec un bruit & une pefanteur énorme, on n’auroit jamais cru qu’il eût pu les vaincre : cependant il les pafla toutes en fe faifant porter fur le dos des unes , plongeant fous les autres dans lefquelles il paroiflbit enféveli , & re- gagna fort heureufement la terre avec les paquets dont on l’avoit chargé. Ce n’eft pas toujours la mer qu’on a le plus à craindre dans ce pafTage : il court fur cette barre des requiens h forts & fi terribles , qu ils empor- tent quelquefois le plongeur. Ce fut fans doute un accident pareil qui fit diiparoître dans ce même mois un nègre , dont on n’entendit jamais parler depuis. Le lendemain on pêcha dans les eaux douces du fleuve un poiflbn qui a peu de rapport avec ceux qu on connoît jufqu’à préfent. Son corps efl: rond , fans écaih les & gliflant comme celui de l’anguille , mais beau- AU SÉNÉ G" A L. '135 coup plus épais par rapport a fa longueur. Il a aulïl 17^1. quelques barbillons a la bouche. Les nègres le nom- ment ouanuar ^ ^ les François trembleur ^ à caufe de la propriété qu’il a de caufer j non un engourdifTement comme la torpille , mais un tremblement très-dou^ loureux dans les membres de ceux qui le touchent. Son eifet qui ne m’a pas paru différer fenfiblement de la commotion éleélrique de l’expérience de Leyde , que j ’avois déjà éprouvée plufieurs fois , fe commu- nique de même par le fimple attouchement , avec un bâton ou une verge de fer de cinq ou fix pieds de long , de maniéré qu’on laiffe tomber dans le moment tout ce qu’on tenoit à la main. J’ai fait plufieurs fois cette expérience , & celle de manger de la chair de ce poif- fon , qui quoique d’un affez bon goût , n’étoit pas d’un ufage également fain pour tout le monde. L’ifle du Sénégal n’efl , comme je l’ai dit plufieurs fois , qu’une efpece de banc de fable a découvert , qui ne produit que peu d’herbes infuffifantes &; peu pro- pres à fournir à la nourriture des troupeaux de la Com- pagnie. C’efl ce qui a obligé de choifir un lieu où ces troupeaux puffent trouver & les pâturages & la fûreté contre les pillages des maures & des nègres. On a ren- contré une partie de ces avantages fur une ifle afîèz grande , qu’on appelle l’ifle de Griel , & qui efl a deux lieues dans le nord de celle du Sénégal. La facilité qu on a de s’y tranfporter par une petite riviere de meme nom , & tout le bien que j’avois entendu dire de cet endroit , m’engagerent à y faire un voyage de quelques jours. Je partis pour m’y rendre le 2 d’odo- bre 5 par ce même canal qui efl parallèle au bras pria- nüede &riçj. 136 V O Y A G Ë 1751.’ cipal du Niger , & qui n’eft feparé de la mer dans toute oaobre. longueur que par une langue de fable de cent toifes Pélicans, au plus de largeur. Il etoit tout couvert de pélicans ou grands-gofiers , qui fe promenoient gravement comme des cignes fur fes eaux. Ce font làns contredit , après Fautruche , les plus grands oilèaux du pays. T en. tuai un dont les ailes mefurées d’une extrémité a l’autre avoient plus de dix pieds d’ouverture. La lom gueur de fon bec étoit de plus d’un pied & demi , & le lac qui y eft attaché en deflbus contenoit près de vingt- deux pintes d’eau. L’ufàge de ce fac n’eft uniquement que pour la pêche : c’eft comme une efpece d’épervier que la nature a donné à cet oileau , pour lui faciliter les moyens de pourvoir a fes grands befoins. Elle ne pouvoir le placer dans un animal qui fçût mieux s’en fervir , & on peut dire qu’il entend la pêche dans la Leur marnera perfeclion, Ccs oifcaux nagent ordinairement par com- de pêcher. pagnie fur les hauts fonds , & forment un grand cercle qu’ils reflèrrent en fe rapprochant peu a peu pour ra-^ mener le poilTon j que le mouvement de leurs pieds contient dans ce petit efpace : quand ils le voient allez raflèmblé , ils plongent dans l’eau leur bec ouvert , & le referment avec une vîtelTe comparable à celle d’un pêcheur qui jette & retire aulîi-tôt fon épervier. Pour verfer l’eau dont leur fac eft rempli , ils ne font que pancher leur bec de côté en l’entrouvrant légèrement , elle s’échappe aufti-tot & laifle à lec les poiftbns , qu’ils vont manger paifiblement à terre. Point de vue Quand on eft à un quart de lieue de Pille de Griel , on croit voir une belle avenue d’arbres qui fe préfente fur le côté ; leur fymmétrie ferait même penfer qu’ils A U s É N Ê G A L. 137 ont ete plantes a delïèin pour former a cet endroit un point de vue charmant : ce ne font cependant que des pains-de-finge femes par les mains de la nature, & ils fe font reconnoitre facilement par leur forme & leur groflèur. Excepte ces arbres qui font en grande quan- tité' fur cette pointe , ôc un bouquet de mangliers , on n’en voit guères d’autres fur cette ifle. La prairie fè trouve de ce même côté , fur un fable rouge un peu elevé , où font femés ça & là quelques arbrilîeaux, & fur-tout des titimales ,dont la blancheur fort agréa- blement par le vif coloris des fleurs de la fuperbe (i) qui les couronne. Le relie du terrein ell une plaine bafîè & unie , dont la plus grande partie ell cachée fous les eaux pendant la làifon pluvieufe : elle ie dé- couvre en hiver en les rallèmblant dans un petit ruif* feau qui femble en former une petite ifle dans la grande ifle de Griel. Cette partie balance les bonnes qualités de l’autre , car elle ne produit que deux fortes de plan- tes (2) dont il ne paroît pas que les belliaux foient fort friands. 1751, Oâobreî Après avoir palîe le ruiflèau qui fépare la petite ifle vîiiage de de la grande ifle de Griel , on trouve vers le nord le village de Dounn fur un fable rougeâtre un peu plus élevé, & d'une fertilité étonnante. En avançant plus loin , toujours vers le nord , on arrive au village de Nguiàgo , d’où on apperçoit fur la droite à une lieue De Nguiàgo, de diflance celui de Torkrod , qui en efl: féparé par un marais de toute cette étendue. Comme ce marais efl (i) Nouvelle erpece mcthonica. (1) La crifte marine ou falicov ; & la crelTa de Linnxus. Spec. Plant. S 1751. Oàobre. 138 VOYAGE rempli d’eau & de joncs , on y trouve beaucoup d’oi- v^cioore. féaux aquatiques , tels que les courlis , les bécaffes , les farcelles & les canettes. Ces dernieres for-tout qui féaux aquati- font une petite efpece de canard peu diderente de la farcelle d’Europe , s’y rendent quelquefois en fi grande quantité' qu’elles couvrent de grands elpaces de ter- rein : on ne les voit alors que par milliers ; de on les tue ,’pour ainfi dire , de même. Il n’eft pas rare d’en voir coucher une trentaine d’un coup de fufil , & lou- vent même le double. Il eft vrai que c eft aux negres que font rêferve's ces beaux coups. Outre qu’ils font bons tireurs , qu’ils ne Te fervent que de ces gros ôc errands fufils appelle's boucaniers , & qu’ils ne couchent ces oifeaux qu’au raz de terre & dans de vafles plaines , ils ont encore un autre avantage fur les Européens . ils peuvent approcher le gibier a la faveur de la coi^ leur de leur corps , qui étant noir depuis la tête ]ui- qu’aux pieds , fe confond avec la verdure de la cam- pagne^ au lieu que la blancheur du vifage d un Euro- péen , le moindre bout de manchette ou de col blanc font apperçus de fort loin par le gibier j le plus petit mouvement l’épouvante Ôc le fait partir avant meme qu’on foit a fa portée. , t. / 1 i U. aes Les nègres de ce quartier font obliges de coucher grès de Griei. j^g]^ors fur dcs Uts aifez hauts , pour etre a 1 abri des mouftiques ôc des maringoins qui y font très-communs^, fur-tout dans ce mois. Ces lits ont communément cinq h fix pieds en quarré : ils confident en une double claie fort èpailfe , portée for quatre poteaux ekves de huit è neufpieds au-deffos de terre. On monte a cette efpece de plateforme par des échelons liés à deux des poteaux AU s É NÉ G A L. à. plomb les uns au-deiïus des autres. Cette btuation 1751. B’eft guères avantageufe , & on a bien de la peine à gagner le haut , parce que la plupart des échelons fe font dérangés a force de monter , & l’on gliflè fouvent du côté où ils penchent, les nègres y montent cepen- dant avec aflèz de facilité. L’heure du coucher du fo- leil qui ell le lignai de la fortie des maringoins, l’ell aulîi pour les nègres qui fe rendent fur la plateforme. Ils y foupent, ils y fument en faifant la converlation qui dure une bonne partie de la nuit , après quoi ils dorment jufqu’au jour ainfi expofés au bel air. Je n'a- vois pas pris la précaution d’apporter un pavillon avec moi, enforte que je couchai avec eux & comme^eux , c’efl-a-dire , prefque nud , la grande chaleur ne permet- tant pas de fouffrir aucun vêtement. Les confins étoient à la vérité moins incommodes dans cet endroit que dans les lieux couverts ; mais ils fucçoient encore beau- coup de mon fang , & j’avois tous les matins le vilage couvert de boutons. Cela ne m'empêcha pas néan- moins d’y palîèr des nuits fort agréables. Indépendamment des fables , des dialogues , ôc des Beauté du cie! contes amufans & pleins de faillies que les nègres fai- foient tour à tour , fuivant la coutume établie chez eux ; j’étois enchanté de l’afped: éclatant d'un ciel tou- jours ferein , où les étoiles brilloient avec une grande vivacité. Elevé fur cette plateforme , comme fur un petit obfervatoire à découvert de tous côtés , il m’étoit facile de les fuivre dans leur commune révolution d’orient en occident. Souvent je ne perdois de vûe le bord fupérieur du difque du foleil &. les grandes étoi- les, que lorfqu’elles le plongeoient fous l’horifonde la S ij T40 VOYAGE Ty 5 1, merj & il n^etoit pas rare d’y fuivre quelques ëtoiîes Oûobre. au-deflbus de la moyenne grandeur , quoique l’on l’on ne pût les appercevoir que vers le 3® ou 4^ degrë de leur hauteur fur l’horifon après leur lever, a caufe des vapeurs qui font plus abondantes fur les terres. Connoiflance Lcs nègrcs mc nommoient auffi un grand nombre lïaS? d’ëtoiles qui compofent les principales conllellations , comme celles du Lion , du Scorpion , de l’Aigle , de Pegafe , d’Orion , Sirius , Procyon , Pëpi de la Vierge , Canopus j avec la plupart des planètes qu’ils connoif- foîent allez bien. Ils diftinguoient même jufqu’a la fcintilîation dès étoiles qui commençoit alors a deve- nir fenfible. Pour des gens dont les connoiflances font très-bornèes , il eft étonnant qu’ils raifonnent aiilïi pertinemment lur les aftres j & il n’eft pas douteux qu’avec des inftf umens & de la volonté , ils devien- droient d’excellens aftronomes, habitans un climat oà l’air eft extrêmement ferein prefque toute l’année, & où vivant dehors , ils ont toutes les commodités pof- fibles pour examiner a chaque inftant ce qui fe pafle dans le ciel. Incendies or- Quclques jOurs apîès que je fus de retour a l’ifte du ilinaires dans Sénégal , le feu- prit au quartier du nord du village. Je ïegres.^^ laiflù ù penfct quels progrès il devoir faire dans des cales de paille extrêmement proches les unes des au- tres & delTéchées par les ardeurs du foleil , étant anime par un vent affez fort de nord-eft. Les marabous eurent beau monter fur le fommet des cafés enflammées , cra- cher fur le feu en marmottant leurs prières , y jettant même leurs gris-gris , & faifant mille momeries aiilii ridicules , aucune des cafés où ils avoient monté ne AU Sénégal; 141 fut e'pafgnee ; dc le feu n’arrêta fa fureur que lorfque ^ les habitans , fentans l’inutilité de ces enchantemens fuperflitieux , eurent mis tous leurs foins a jetter de l’eau & des fables pour l’éteindre. Dès le lendemain on travailla à réparer fes ravages : on rebâtit de nou- velles cafés fur le même terrein ^ & au bout de quel- ques jours on oublia tous les torts qu’il avoit faits. Les accidens du feu font fi ordinaires dans ce pays , que j’ai vu des années où il ne le palToit pas un mois , & quel- quefois huit ou quinze jours , fans qu’il prît dans quelque cale : ils font même 11 terribles que dans 1 ef- pace de cinq ans j deux fois la moitié du village du Sénégal fut incendiée & confumée en moins de vingt- quatre heures dans une étendue de près de quatre cens îoifes. On ignore fouvent la caufe de ces incendies , parce qulls prennent communément dans le jour & pendant les plus grandes ardeurs du foleil ; & les nè- gres y font fi accoutumés , qu’ils y perdent peu de monde ôc peu d’elfe ts , s’y attendant continuellement fans trop les craindre. le fort de l’ide du Sénégal. J’y entrai pour la première étroit que les branches des mangliers qui font des deux côtés fe croifent a leurs cimes , & font comme un ber- ceau ou une allée couverte de près d’un quart de lieue de longueur. Je payai un peu chèrement le fervice que ces arbres me rendoient en me défendant des ar- deurs du foleil j car je fus en un moment afîàilli par une multitude prodigieufe de maringoins ôc de gr ofîès 1^2 V O Y A C E inouclies(i), dont les piquûres fe font fentir^aufll Décembre, vivement que celles des mouches a miel. Mes nègres qui ètoient nuds , furent bien autrement incommode's que moi ; leur corps en etoit tellement couvert que ces infedes fe touchoient & faifoient plufieurs rangs les uns fur les autres. Je crois qu’on n’a jamais rien vu de pareil , & que toutes ces piquûres leur tirèrent au- tant de fang qu’auroit pû faire une faignee copieufe. il falloit que ce canal fût comme le grand chemin où les maringoins fe rendent du fond du bois , qui femble être le magafin général du pays , pour fortir enfemble par nuées , &; fe répandre enfuite dans les villages ôc par tous Içs lieux habites par les hommes ou les animaux. A cette incommodité près ce fèroit la plus jolie promenade du monde que ce marigot , qui n a que deux à quatre toifes de large , fur autant ÔC quelque- Fréquenté fois davantage de profondeur. Il eft frequente par un léaux'd’unë grand nombre d’oifeaux tous plus beaux les uns que grande beau- ^utrcs , & fur-tout pat plufieurs efpeces de martins- pêcheurs , dont le plumage eft peint agréablement des couleurs les plus variées ôc les plus vives. On y entend aufïî un ramage continuel répété par les échos fonores qui fe redoublent plufieurs fois , a caufe de la multU plicité des troncs d’arbres dont il eft borde. Ses deux extrémités font barrées par un platon ou banc de fable qui n’en permet l’entrée qu^aux pirogues : cependant en prenant l’heure des marées ^ on pourroit y faire paffer par le marigot de Kantaï des chaloupes , qui fe- Mangliers soient des abatis confidéràbles de bois de mangliers, ponfsdérables. (i) Tabanns. Le taon. AU SÉNÉGAL. 143 ___ dont îa plupart ont douze à quinze pouces de diame- 1751. * tre , & feroient d’un ufage merveilleux pour la char- pente des maifons. Celui de ces platons qui fe trouve au bout oriental du marigot , eft a un fable vafeux qui découvre à mer baffe. Quand j’y paffai , une demi- douzaine de crocodiles y etoient étendus au foleil , immobiles & femblables à autant de pièces de bois couchées par terre. Toutes les fois que les nègres ap- prochent de cet endroit , ils font fûrs d’y trouver de ces animaux ; ôc c’efl: de-la qu’ils ont donne à ce ruiffeau le nom de marigot des Diajiks j qui en leur langue lignifie marigot des Crocodiles. Je débouchai par la droite de ce platon dans le ma- rigot de Kantaï , où les nègres etoient alors beaucoup occupés à la pêche du lamantin. Ce poiflbn dont tous les voyageurs n’ont pas manqué de parler , qu’ils ont même décrit fans le bien connoître , & qui probable- ment a donné lieu ù la fable des firènes , mérite un afîèz long détail pour que je fois difpenfé d’en dire davantage dans cette courte relation. Il ne fe pafîe pas d’année que les nègres habitans de ces quartiers , & qui s’en réfèrvent la pêche exclufivement a tous les autres, n’en prennent une demi-douzaine , dont ils vendent la plus grande partie au fort du Sénégal. Cette pêche ne fe fait qu’en décembre & janvier qui font les mois les plus favorables. La chair du lamantin efl un manger excellent : elle efl blanche comme celle du veau ou du cochon , & fa faveur tient de toutes les deux ; mais rarement efl-elle aufli tendre. En remontant le Niger au fortir des marigots de Kantaï ôc de Guiara , je vis le long de la côte de Bar- 144 VOYAGE 17^ I. barie toutes les ravines que la mer avoir creufees la Décembre, ^qIHq en fc dëployant vivement fur fes fables. Elle ëtoit encore allez grolïe alors pour epancher fes eaux dans le fleuve. Ce qu’il y a de remarquable dans cet effet des groffes mers , c’efl: qu il s’efl: déclare plufieurs années de fuite pendant le folflice d’hiver , & nori dans les équinoxes , comme fl les marees eufïent ete plus fortes dans ces tems-la que dans ceux-ci. Crépufcules Quelque diligence que je fis , je ne pus rejoindre la pointe de Me du Sénégal qu’a flx heures du foir , ôc quand j’arrivai au fort il étoit déjà nuit : car dans ces pays où les nuits font prefque toujours égalés aux jours , le crépufcule eft très-court , & il ne le paOe^pas un quart-d%eure entre le coucher du foleil & les tene-» bres ; enforte que dès qu’il efl a lO ou i 5 degrés fous l’horifon , elles le répandent aufli-tot fur la furface de la terre , & il y fait aufli noir qu a minuit. Satisfait de ce que m’avoit appris une navigation non interrompue pendant plufieurs mois de fuite dans toutes les petites rivières des environs de Me de Sor , je ne voulus pas manquer l’occaflon de voir le travail des labours qui dévoient fe faire au commencement du mois de juin de l’annee fuivante dans cette ifle. Tous les habitans du village s’étoient rendus le 8 de Lal^M^des matin a la campagne , a la fuite du Seigneur , en terres fur l’ifle chantant & danfant comme dans un jour de fête : les uns portoient leurs tambours & leurs flûtes ; les autres n’avoient pour tout inftrument qu’une petite bêche faite en croiflànt, emmanchée avec un bâton courbe par le milieu & affez long pour qu’ils ne fuffent pas obligés de fe baiffer en travaillant. Après avoir daiifé ^ quelques A U s É N É G A L. ,4^ _______ quelques momens fur le lieu même , ceux-ci fans in- TTsTT terrompre la cadence , fe mirent à labourer la terre avee leur bêche , pour arracher les mauvailès herbes. Pen-r dant ce travail ils imitoient fi bien par leurs mouvez mens & leurs chants le fon & la melure des inflru- mens , que Pon eût dit que tous ces laboureurs n’e'toient que des chanteurs & des danfeurs. Cêtok un plaifir de voir comment ces gens fè dêmenoient, & toutes les eontorfions qu’ils fe donnoient avec un air de conten- tement , félon que le Ibn des tambours etoit plus ou moins vif & précipite , & que les guiriots donnoient plus de feu à leurs chaulons. Ils ne dévoient quitter le travail qu’à la nuit; & deux jours après ils dévoient faire un fécond labour , qui confifte à creufer avec la même bêche quelques trous , dans lefquels ils jettent Semailles^ une petite pincée de mil , qu’ils recouvrent aulÜ-tôt de terre en la ramenant par-defTus avec le gros doigt du pied. Cette façon faite , ils fe repofent de tout le refie fur les pluies , & ils font difpenles de tout travail jufqu’à la récolte. Leurs îougans, c’eft ainfi qu’on ap- pelle les campagnes labourées , font ordinairement fermées par une haie vive d’épines , ou d’une efpece de titiraale qui ne vient jamais ni fort grand ni fort gros. Thimaie,, Son écorce efl d’une blancheur qui le fait remarquer fur tous les autres arbres. Il croît fort vite , comme tous les bois mois ; & lorfqu’on le coupe il répand une grande quantité de liqueur blanche & épaifîè comme du lait, qui coule par ruifîèaux. Quand ces laboureurs furent bien en train de trar Oifeaux de vailler , je les quittai pour faire un tour en chafîant jufqu’au village dç Sor-nguiànn , qui efl à une petite T 1^6 VOYAGE demi-lieue de Sor ou de Sor-baba. Je tuai des colibris, des piverds , des perdrix , des alouettes & quelques oyes. Il eft ordinaire à ces trois derniers oifeaux de percher fur les arbres ; chofe qui ne leur arrive guères Oye. en France. L’oye de ce pays , que les nègres appellent hitt 5 n^’a rien qui flatte dans la couleur de Ion plu- mage ; mais on remarque fur fa tête une boflè affez groffe , couronnée de plufieurs caroncules qui lui fer- vent d’ornement. Ses épaules a l’endroit où fe fait l’in- flexion de l’aile , font aufli armées d’une corne fem- blable a une épine , de près d’un pouce de longueur. Elle s’en fert fort adroitement contre les oifeaux de proye qui voudroient l’attaquer. Ma chaffe fut augmentée de beaucoup par une dé- couverte que je fls en côtoyant le marigot voifin de Sor-baba. Des traces fraîchement imprimées fur le fable 5 & que je reconnus facilement pour être du cro- codile , piquèrent ma curiofité : je voulois , en les fui- vant 5 aller à la rencontre de cet animal ; mais après l’avoir cherché vainement , j’arrivai à un endroit dif* tant de cent cinquante pas du marigot , où lé làble paroilToit avoir été gratté Mes nègres jugèrent que ce pourroit être le lieu où ce crocodile venoit de faire Ponte du cro- fa pontc , & üs ne fe trompèrent pas 3 après avoir creufé environ un demi-pied , ils trouvèrent une tren- taine d’œufs , qu’ils emportèrent comptant en faire grand-chere. Ils n’étoient guères plus gros que des œufs d’oye , & répandoient une petite odeur de mule qui auroit fans doute beaucoup plu aux perfonnes qui aiment cette odeur. Il y ayoit plus de trois ans que j’étois dans le pays 17 1^ Juin. AU SÉNÉGAL. 147 fans’ avoir encore pû contenter Fenvie que j’avois de voir le quartier de la Chaux. C^eft un lieu auquel on a donné ce nom à caufe de la chaux qu’on y fait avec des coquilles qui y font en grande abondance. Comme il eft fur le bord d’une petite riviere qui communique avec le Niger , on y va facilement par eau en partant de Fille du Sénégal. Je m’y rendis le 20 du mois d’août 20 Août, fur un bateau qui alloit prendre de la chaux. Il y a Tà dans ce canton ^ comme dans les plus beaux pays du monde , de grandes plaines , d’agréables vallées , d’ex- cellens pâturages en tout tems pour le gros & le menu bétail , 6c des petites rivières dont les bords font cou- verts de mangliers & d’autres arbrés toujours verds. La principale de ces rivières porte le nom de marigot de la Chaux. Elle ell grande & fort poilTonneufe : elle abonde fur-tout en grolles anguilles , en carpets & en machoirans. Ce dernier poilîbn ell fort bon & extrê- ro iïbn ap- mement gras : mais il faut s’en méfier lorfqu’il ell en- core en vie ; car il ell armé fur les deux nageoires des côtés , & fur celle du dos , d’un dard extrêmement pointu avec lequel il porte des coups dangereux à ceux qui fe mettent en devoir de le prendre. Les bief- fures en font venimeufes &:fe guérijffent difficilement. En mettant pied â terre fur le bord méridional de Banc de co- ce marigot , je me trouvai fur un banc de coquilles , dans lequel on avoir creufé un grand nombre de fours a chaux afièz près du rivage. Quoique dépourvu de terre , ce banc etoit couvert d’un bois très-epais : on y voyoit même quelques pains-de-finge de plus de trois pieds de diamètre. Je le fuivis en marchant toujours fur les coquilles jufqu’au village appellé Montel ^ qui Tij 148 VOYAGE' 1 7 5 2™ efl à pîos de demi-lieue dé là vers lé midi , & je ré« tournai par un autre chemin afin d’en feconnoître la largeur. Entre plufieurs chofes qui me firent plaiffr dans cette promenade , celle qui m’en procura davan- tage , fut de voir la maniéré dont un de mes nègres tua un crocodile de fept pieds de long. Il l’avoit ap- perçu endormi dans les brouflailles au pied d’un arbre 5 Chaiïe au fur le bord d’une riviere. Il s’en approcha afièz douce- ^rocodue. Iq pas dveiller , & lui porta fort adroite- ment un coup de couteau dans le cote du col , au de- faut des os de la tête & des écailles , & le perça , a peu de chofe près , de part en part. L’animal blefle à rhort , fè repliant fur lui-même quoiqu’avec peine , frappa les jambes du nègre d’un coup de fa queue , qui fut fl violent qu’il le renverlà par terre. Celui-ci fans lâcher prife , fe releva dans l’inftant , & afin de n’avoir rien à Craindre de la gueule meurtrière du crocodile , il l’en^- veloppa d’une pagne , pendant que fon camarade lui retenoit la queue i je lui montai auffi fiir le corps pour l’affujétir. Alors le nègre retira fon couteau , & lui " coupa la tête qu’il fépara du tronc. Cette expédition fut terminée en fort peu de tems. Ils firent tout leur poflîble pour traîner le corps du crocodile jufqu’au bateau ; car il étoit trop pefant pour être porté : mais voyant leurs efforts inutiles, ils l’embarquerent dans un canot pour le remettre a bord. Cette aélion de bravoure mérita à mon nègre les éloges de tous les laptots du bateau , & des babitans du voifinage , qui connoiffoient depuis long-tems fon adrelfe dans la Sa chair fe chaflc du crocodÜe. On fît honneur a Ion gibier , don t îirange. mangca dès le foir même plufieurs tronçons. Sa Caméléons, AU S É N É’G A L. 149 -chair dont je goûtai auffi quelques morceaux , ne me 17^1. parut pas avoir une odeur de mufc auiïi forte que Ton dit qu’elle a d’ordinaire , & je la trouvai fort man- geable. Le jour fuivailt je me promenai de l’autre côte' du marigot de la Chaux , & je ne fus pas peu furpris d’y trouver un grand nornbre de collines de labié rouge de plus de trente pieds de hauteur. Les néous les déthars (2) & plufieurs autres arbres fruitiers don- noient des marques alïurees de la fertilité de ce terrein. Je voyois a chaque pas fur les arbrilïèaux des camé- léons , qui 5 lorfqu’on les touchoit , changeoient en noir leur couleur verte. Ils avoient alors beau jeu a faire la chafîè aux faiiterelles dont la terre e'toit, pour ainh dire , couverte ; & ce leroit une erreur de croire que cet animal ne mange point ; fa maigreur ne doit pas nous en impofer. T ous ceux que je trouvai avoient l’ellomac rempli de papillons ôc lur-tout de lauterel- les , qui temoignoient qu’ils n’avoient pas obferve' un jeûne aulîi rigoureux que le penfoit autrefois le vul- gaire : mais ce n’eh: pas la feule erreur dont il ait befoiii d’être delabufe. Pour revenir au banc de coquilles d’huitres qui cou- Semimens des vrent les campagnes de la Chaux dans une étendue de fJrSo^n'deî plus de demi-lieue , les nègres ont auiïi leurs pre'jugés. Les uns racontent que ce banc eft l’ouvrage des finges du tems palTé; & que ces animaux plus fre'quens alors dans ces quartiers qu’ils n'y font aujourd’hui , man- gèrent ces huîtres : les autres veulent que ce foient les de'pouilles de celles que leurs peres ont boucane'es;, (i) (2) Nouvelles efpeces d’arbres nou décriüs. ï 50 VOYAGE 17 p. Août. Retour àFifle siu Séi|égal. c’efl-à-dire , fechees a la fumee , comme ils faifoient en- core eux-mêmes il n’y a pas longues années , lorfque les mangliers de cette riviere leur en fourniflbient , comme font aujourd’hui ceux du fleuve Gambie. Les françois qui ont examiné ces bancs , & qui ont entendu raifonner les nègres fur leur formation , font aulîi de ce dernier fentiment. Mais quand on leur accorderoit ces deux points , ils feront toujours embarrafTés d’ex-r pliquer comment ces coquilles ont pu s’arranger aufït régulièrement qu’on les trouve , & fans aucun mé- lange. D’ailleurs la quantité d’huîtres qu’on peut bou- caner & écailler en un jour eft ^ petite en comparai fon de l’amas immenfè des coquilles en queftion , & fuppoferoit pour la formation de ce banc un fi grand nombre de fiécles , que la chofe perd par la fupputa- tion toute vraifemblance. Sans avoir recours a des preuves auffi douteufes , pour expliquer comment fe font formés ces amas & quelques autres femblables , il fuffit de confidérer ce qui fe pafTe dans le fleuve de Gambie , où les huîtres qui y multiplient confidéra^ blement fur les racines des mangliers , ont formées par leurs dépôts , dans plufieurs endroits de fon lit , des bancs de coquilles fort élevés : & l’on fera bien fondé a croire que ces endroits ont été autrefois des lits de rivières où les huîtres vivoient aufli fur les mangliers; que ces lits ont changé fucceflivement de place , & que la mer en baifïant a laifle ces bancs a découverts & afïèz de niveau à huit ou dix pieds au-deffus de fà furface. Le 2 3 je retournai à l’ifle du Sénégal dans ma pi- rogue. Quoiqu’elle fût volage , & peu ferme fur fon affiette , j’aimai mieux m’en fervir que d’attendre la AU SÉNÉGAL, îf\ commodité du bateau qui iiVavoit amefte. Mes nègres nagèrent à Fenvi Tun de Pautre j & me firent pafTer en moins de deux heures ies deux lieues & demi qu’il y a de la Chaux à Pifle du Sénégal. Maigre les grofTes vagues ôc un grain de vent que nous eûmes à la bande de Pefl en Portant du marigot > nous ne reçûmes aucun coup de lame , & nous ne prîmes pas une feule goûte d’eau , parce que nous étions 'k l’abri fous^les mangliers. Le vent s’étoit calmé tout-a-fait > & il n’y avoir plus que quelques vagues encore allez grolîes , lorfqu’une pirogue fe mit k l’eau pour traverfer le fleuve. Elle étoit petite , & portoit trois hommes ^ dont deux pa- gayoient : dans cet exercice ils faifoient une efpece de mufîque avec un refrain que j’entêndois d’aflèz loin , & qui n’étoit pas défàgréable. Le nègre qui gouver* noit avec fa pagaye pour éviter les lames , fe trouva apparemment en défaut j ou bien celui qui étoit occupé vers le milieu a vuider l’eau qui entroit dedans , pen- cha trop d’un côté & fît perdre fon équilibre à la pi- rogue ; elle verfa & eux avec elle. Quoiqu’ils fuflent fort habiles , ils eurent toutes les peines du monde à la remettre fur l’eau 3 à la fin cependant à force de la pouffer ôc de fe la renvoyer les uns aux autres par les extrémités, en reliant toujours à la nage, ils la vui- derent ôC remontèrent dedans les uns après les autres. Dans toute autre circonflance on fe feroit diverti a voir leurs manœuvres, la forcé ôcl’adrefîè qu’ils mirent en ufàge pour fe tirer de ce danger, ôc Pon peut dire qu’ils réuflirent parfaitement bien. Cet accident n’efl pas rare ; mais comme ils font tous excellêns nageurs > il efl inoui qu’ils y périffent. 17 5^2. Août, î^irogue Tes'-’ fée. I 7 5 Août. Serpentgéant. 152 VOYAGE Vers le milieu du mois fuivant on me fît preTent d^un jeune ferpent de Fefpece du ferpent géant. Ce préfent me fit plaifir , parce que c’étoit le premier de cette efpece que j’eufîè vû : j’en conierve encore au^ jourd’hui la dépouille en entier dans mon cabinet. Il venoit d’être pris dans le marigot même de l’ifle du Sénégal , & il étoit très-vivant. Il avoir trois pieds & un peu plus de longueur. Le fond de fa couleur étoit un jaune livide , coupé par une large bande noirâtre qui regnoit tout le long du dos , & fur laquelle étoient femées quelques taches jaunâtres aifez irrégulières. Ui; lufîre répandu fur tout fbn corps , le faifoit briller comme s’il eut été vernifle. Sa tête n’étoit ni platte ni triangulaire , comme celle de la vipere , mais arrondie & un peu allongée. Ce ferpent tout petit qu’il étoit ^ fuffifoit pour me le faire diftinguer de toutes les autres efpeces ; mais ce n’étoit qu’une foible image des gros dont jarnais je ne me ferais formé une idée jufte , fi peu de terns après on nç m’en eût apporté en difîerem tes fois deux médiocres j dont le plus grand avoir vingt-deux pieds & quelques pouces de long fur huit pouces de large. Un cendré noir lavé de quelques lignes jaunes peu apparentes , étoit la couleur domi- nante de là peau , qui étant étendue avoir vingt^cinq à vingt-fîx pouces de largeur : elle me fut laifîee toute entière avec un tronçon de çhair , dont le relie devoir faire le repas du chalTeur & de tout fon village pen^ dant plufîeurs jours. La tête qui y tenoit encore , éga- loit en grandeur celle d’un crocodile de cinq à fix pieds : fes dents étoient longues de plus d’un demi- pouce , fortes ôc aigues ^ & l’ouverture de fa gueule’ auroit AU SÉNÉGAL. 153 auroît été plus que fuffifante pour avaler en entier un lievre & même un chien afiez gros , fans avoir befoin de le mâcher. La vue de ces deux fèrpens , qui de l’aveu de mes nègres & de tous ceux qui en avoient beaucoup vu , n’étoient que des médiocres , ne me permirent plus de douter de la vérité de ce que j’en avois entendu dire mille fois dans le pays , & que j’avois mis au nombre des fables. Les nègres mêmes auxquels j’étois redevable de ceux-ci ^ m’affurerent que je n’avois rien vu de hn- gulier en ce genre , & qu’il n’étoit pas rare d’en trou- ver , à quelques lieues dans l’eO; de l’ifle du Sénégal , dont la grandeur égaloit celle d’un mât ordinaire de bateau. Des gens du Biflâo difent en avoir vû dans leur pays qui auroient furpaffé de beaucoup ces pièces de bois. Il ne fut pas difficile de juger par la compa- raifon de leurs récits avec les ferpens que j’avois fous les yeux , que la taille des plus grands de cette efpece appréciée â fa jufte valeur, devoir être de quarante à cinquante pieds pour la longueur j de d’un pied â un jpied de demi pour la largeur. La maniéré dont cet animal fait la chalîè n’eft pas moins finguliere que fon énorme groffeur. Il le tient dans les lieux humides & proche des eaux. Sa queue ell repliée fur elle-même en deux ou trois tours de cercle , qui renferment un efpace rond de cinq â lîx pieds de diamètre , au-deflhs duquel s’élève là tête avec une partie de fon corps. Dans cette attitude & comme immobile ^ il porte fes regards tout autour de lui , de quand il apperçoit un animal â fa portée , il s’élance fur lui par le moyen des circonvolutions de fa queue V 1752. Septembre. Taille despluî, grands. Mem'eredont ils diaffent. 175 2.. Septerajjre. Leur utilité. 154 VOYAGE qui font Tefifèt d’un puiiïànt reffort. Si l’animal qu’il a atteint a belles dents eft trop gros pour pouvoir être avalé en fon entier , comme lèroit un bœuf , une gazelle ou le grand beiier d’Afrique , après lui avoir donné quelques coups de fes dents meurtrières ^ il l’é- crafe & lui brife les os , foit en le ferrant de quelques nœuds , foit en le prefïant fimplement du poids de tout fon corps qu’il fait gliffer pefamment delTus : il le re- tourne enfuite dans la gueule pour le couvrir d’une bave écumeule, qui lui facilite le moyen de l’avaler fans le mâcher. îl a cela de commun avec bien d’autres ferpens & des lézards qui ne mâchent jamais ce qu’ils mangent , mais l’avalent en entier. Ce monflre tout terrible qu’il eft par fa grandeur & là force , ne fait pas tant de ravages que l’on pourroit fimaginer. Sa grofleur qui le décele facilement par- tout oh il ell , fait la fureté des animaux moins forts que lui. Son corps roulé en fpirale fur lui-même , pa- roît de fort loin comme la mardelle d’un puits , dc ç’ell un indice fuffifant aux voyageurs & aux belliaux mêmes pour détourner leur route. On n’entend pag dire qu’il attaque les hommes , du moins les exemples de ceux qui fe font lailTés prendre font alTez rares. D'ailleurs la chaife aux grands animaux , tels que le cheval , le bœuf, le cerf, & autres quadrupèdes fem- blables qui trouvent leur falut dans leurs jambes , ne le flatte pas beaucoup , foît parce qu’elle lui donne trop de peine , qu’elle n’eft pas fl aflurée , ou qu’elle n’efl; pas tout-à-fait de fon goût. Il mange plus volon-* tiers d’autres ferpens plus petits que lui , des lézards 3 des crapauds fur-tout ôc des fauterelles , qui ne fem- AU SÉNÉGAL. blent naître par nuages dans ce pays que pour aiïbuvir 1 7 5 2. fa faim infatiable. On peut dire enfin a l’avantage de ces animaux j qu’ils font plus de bien que de mal , puifqu’ils purgent les terres où ils fè trouvent d’une multitude innombrable dlnfe6les & de reptiles très- incommodes , qui feroient de'ferter les habitans des pays les plus fertiles où ils le font établis ÿ & que les nègres ont inte'rêt de les laifTèr vivre en paix. Mais je reprends le fil de ma narration. La necelîité où je me trouvois de retourner dix fois dans les me- MeauBois. mes endroits de en différentes faifons , me donna oc- cafion le 1 2 du mois d’oèlobre de découvrir une chofe que j’étois bien éloigné de penfer. En traverfant au moins pour la vingtième fois l’ifie au Bois pour ga- gner le village de Kionk , j’apperçus plufieurs petits poiffons dans des marais formés par l’eau des pluies. Ils étoient tous d’une même efpece , ôc le rouge vif dont ils étoient colorés me les fit reconnoître pour des rougets de la petite efpece. Les pluies avoient cefle^ Rougets. & l’eau qui commençoit a tarir dans ces baflins , ne leur promettoit pas une longue vie. Ils dévoient mou- rir bientôt , comme je le vis deux jours après que le terrein fut defféché. L’efpece devoit , ce femble, être perdue fans reffource pour ces endroits : point du tout , l’année fui vante il en reparut de femblables à ceux-ci , & a ceux des années précédentes. Voila un fait qui efi: d’autant plus digne de remarque , qu’on ne voit pas par quel moyen ces poiffons ont pu être amenés dans ces endroits : car d’un côté ces baflins ^ quoiqu’enfon- cés , n’ont aucune communication avec les eaux du TSJiger qui en efl; éloigné d’environ trois cens toifes ; 175^- Oéobre, Arrivé an vil- lage deKionk, Incommodi- té des marin- goins. 156 VOYAGE d’ailleurs l’efpece de ces poiflbns eft étrangère a ce même fleuve , enforte qu’on ne peut pas croire que les oifeaux aquatiques en ayent apporté les œufs. On ne dira pas , fans doute , que les rougets dépofent tous les ans leurs œufs dans le fond de ces bafllns où ils fe con- fervent pendant neuf mois de fécherefle jufqu’au re- tour des pluies , puifque la même difficulté fubflfteroit toujours à l’égard de l’origine des premiers. Il feroit pour le moins auffl abfurde d’imaginer que leurs fe- mences ont été enlevées dans d’autres lieux avec des vapeurs , qui , en retombant , les ont difperfées ça & la dans differens baffins. Je ne m’arrêtai dans ces marais que le tems qu’il fal- loir pour les traverfer , parce qu’il étoit fort tard. Je paflài enfuite dans une belle campagne où au milieu d’une quantité prodigieule de plantes peu connues , le narcifle en cloche (i) fe diftinguoit autant par fon odeur gracieufe que par la blancheur de fes fleurs. J’ar- rivai à Kionk a l’entrée de la nuit , que les maringoins me firent paffer fort défagréablement. Malgré toutes les précautions que le gouverneur du village a voit pris pour me garantir de leurs pourfuites, en me lo- geant dans une de fes cafés , nouvellement recrépie d’un torchis de boufe de vache , & où il faifoit entre- tenir une épailTe fumée , il en entroit encore aflez pour me défefperer. Ces infedes incommodes , & encore plus la mauvaife odeur du crépi , & la fumée infuppor- table a tout autre qu’a des nègres , me forcèrent de déloger. Je courus tout le village de café en café cher- (i) NarcifTus Ceylanicus, tlore albo hexagono odorato. Comm^ Hort^ Amjî, vol, I . pag. 75. tab. 5 9. AU SÉNÉGAL. 157 chant un meilleur gîte. Par-tout où j’entrois je voyois i ^ ^ les lits bien remplis : peres , meres , enfans , hommes , oaobre. femmes , filles & garçons , tous etoient pêle-mêle cou- coJihenT'pl! chês côte a côte > quelquefois cinq ou fix & même jufqu’à huit fur un même lit , vêtus comme quand ils fortirent du ventre de leur mere. Mais ce qui me frappoit le plus , c’êtoit la tranquillité avec laquelle ils dormoient au milieu d’une fumée fi épaifïè qu’elle fembloit devoir les fuffoquer. Enfin après bien des tours , il ne me refta plus qu’un parti , qui fut de me coucher dehors fur un couple de nattes étendues entre deux feux , où les maringoins me firent encore acheter bien cher quelques momens de repos. Dès que le jour , que j’attendois avec impatience , Champ dep§< commença à paroître,le maître du village voulut me donner le plaifir de la promenade ; il me conduifit dans fes jardins. Tous les environs en étoient fort agréables : ce qui n’étoit pas en labours , formoit de vafies prairies , femées çà & la de bouquets de man- gliers & de pains-de-finge , qui faifoient un payfage charmant. Le petit mil dont les nègres fe nourriflènt , & qu’ils nomment en leur langue dowgowp-Tiioi^Z ( i ) , montroit alors fes épis dorés. Ils étoient proches de leur maturité , ôc attiroient une multitude infinie d’oi» féaux qui y faifoient des ravages confidérables. Pour les épouvanter les habitans avoient croifés leurs lou- 1 11/^1 1/ Heures pour gans d un grand nombre de fils auxquels étoient fuf écarter les oi- pendus des coquillages des os & d’autres corps fem- blables capables de faire du bruit en fe choquant les uns contre les autres. Quatre cordes qui dévoient faire (i) Panicum Indicuni, fpicâ longilîïmâ. C. B, Pin^pag, vj. 17 5 2. Oâ:oi)re. Nuées de moineaux. Champs d’in digo , de ta bac, ôcc. 158 VOYAGE jouer le tout, repondoient aux quatre coins du champ, où autant de femmes ou d'enfans perchés fur des an- gards ou plateformes couvertes , de fept a huit pieds de hauteur , faifoient la garde , mettoient le tout en mouvement en tirant chacun leur corde , auffi-tot qu’ils voyoient approcher les oilèaux. Ils joignoîent encore a ce bruit celui de leurs voix & le claquement de leurs mains. Cet exercice devoir continuer jufqu’a ce que le mil fût en état d’être coupé : cependant mal- gré tous leurs foins , il fe faifoit toujours du pillage , & leur vigilance étoit fouvent trompée. Les petits bengalis , les moineaux noirs Sc rouges , & d’autres oifeaux fort jolis qui changent de couleur une fois l’année , & que nous nommons fénégalis , s’y ren- doient tous les matins par troupes : mais le fléau le plus terrible étoit une grofle efpece de moineaux jaunes ÔC noirs ; ils venoient par nuages fondre comme une grêle fur les moiflbns , & quand ils avoient porte la défolation dans un quartier , ils paflbient dans un^au- tre. Pour peu qu’ils y demeuralîent , & fouvent même avant que les nègres enflent eu le tems de faire jouer leurs épouvantails , ces moineaux avoient déjà caufe des défordres irréparables. J’ai lu je ne fçai dans quelle relation , que les Egyptiens n’ont pas recours a d autre artifice; mais il faut ou qu’ils fement davantage de grains , ou que les moineaux deftruèleurs foient en moindre grande quantité chez eux , puifqu on n e^ tend pas dire qu’ils y occafionnent des famines aulfl fréquemment que chez nos negres. I- Auprès de ces champs de mil il y avoit des lougans ■ de coton , d’indigo ^ de tabac , de melons-d’eau , d’ha-^ 17 5 2- Oâobre. Moï-moï ef— pace de con- A U SÉNÉGAL, 159 ricots & d’autres legumes. Chacun d’eux etoit fermé d’une haie d’épines , fur laquelle ferpentoit une efpece de concombre fauvage , connue dans le pays fous le nom de moi-moi {i). Cett| plante étoic chargée de pe- tits fruits d’un beau rouge de corail , dans leur parfaite combre fau maturité , & dont quelques-uns même avoient été attaqués par les fèrpens , les lézards & les oileaux. Mes gens qui les apperçurent , en cueillirent plufieurs qu’ils me préfenterent après en avoir goûté. Ce fruit m’étoic fort connu depuis long-tems : j’en avois vû fouvent ufer aux gens du pays , & moi-même j’en avois mangé plufieurs fois fans conféquence jufqu’à une douzaine , pour me délaltérer dans les grandes chaleurs ; jamais je n’en avois été incommodé. Je m’avifai ce jour-la d’en manger une plus grande quantité : je dînai vers le midi d’un grand appétit , & je foupai de même làns avoir aucun preiîèntiment de ce qui devoir m’arriver. Ce ne fut que vers les neuf heures du foir que ce fruit commença a faire fon effet : je fus furpris fubitement piSte d’un fuffoquement , & enfuite tourmenté aulîi violem- ment que par l’émétique le plus puifîànt que j’eufïe encore éprouvé ; ce qui dura pendant près de huit heures. Un de mes nègres âgé de vingt ans , & qui avoir mangé de ce fruit beaucoup plus que moi , fut attaqué de même vers le minuit j mais il n’en fut pas quitte a fi bon marché. Cet émétique agit fur lui pen- dant plus de vingt-quatre heures , avec une force qui ne lui permit pas de fe reconnoître pendant tout ce tems 5 & penfa lui coûter la vie. Quand on auroit fait (i) Bryonia folio angulofo acuco gUbro. Burm, Thef. ZeyL pag. 48^, tab. lÿ.fg. I. Effets teitî» blés de cetta 1752. Oâobre, Fêie du Tci“ iiaské. Bal général. 160 VOYAGE une fembîable expérience a delTein , je ne crois pas qu’on eût pu en efpérer un fuccès plus favorable : & ce qu’il y eut de plus remarquable dans celle-ci , c’efl que chacun fut incommodé a proportion de la quan- tité qu’il avoir mangé de ce fruit ; qu’il n’agit en au- cune maniéré fur celui qui s’en étoit tenu à une dou- zaine , & que le plus incommodé fe trouva deux jours après auffi bien portant que s'il n’eût jamais été tour- menté de cet émétique. Il m’ennuyoit de tant fouffrir à Kionh : je retournai à l’ifle du Sénégal , où j’arrivai affez atems pour afîifter à la fête du Tabashé. Les mahométans de la fede de Sina-Ali ont inftitué cette fête en mémoire de la naif- fance de ce Prophète ; & elle tombe tous les ans vers le milieu de la lune d’odobre : cette année on la célé- bra le 18. Tout ce jour fe palTa dans les feftins & les réjouilTances , où l’on ne penfa a rien moins qu’au Saint dont on honoroit la fête , & il finit par un bal général dans la Pavane qui fait face au fort , où fe rendirent des gens de tout fexe & de tout âge. Le bal fut ouvert à quatre heures du foir par des danfes au fon des tam^ bours , des flûtes , & des voix des muficiennes. La jeu- neffe dans fes plus beaux atours , montra tout ce qu’elle fçavoit faire en ce genre. Quand on eut bien fatigué pendant deux heures a danfer fuivant le goût du pays , c’eft-a-dire , dans les poflures & les mouvemens les plus indécens & les plus oppofes a lidee que nous nous Pommes formée de la modeflie & de la pudeur ^ la Pcène changea. On fit place aux gens de diflindion èc aux fèigneurs : on ouvrit un grand cercle , ou ils ^ entrèrent montés fur leurs chevaux pares magnifiquer? mçnt^ AU Sénégal; réi ment. Rien n’étoît plus divertilîànt que de voir ces fiiperbes courfiers , publians pour ce moment leur ar- deur , le conformer au defïèin de la fête : ils levoient leurs pieds , & en frappoient la terre legerement & en cadence : tous les mouvemens de leur corps s’accor- doîent avec une juftefTe admirable au fon des inftru- mens 5 enfin rien ne relTembloit davantage à une danfè bien conduite & bien mefuree que leurs geftes. Il fem- bloit que la fête êtoit pour eux , tant ils paroifibient y prendre de part , & tant ils êtoient fenfibles aux applaudilTemens. Je ne crois pas qu’on puifFe donner un fpedacle plus brillant que celui d’un cheval drefle dans cet exercice , & fur-tout d’un cheval de la beaute & de la finefle de nos barbes du Sénégal. Les cavaliers eux-mêmes n’ajoutoient pas peu d’agre'ment a tous ces jeux : ils guidoient leurs chevaux & leur faifoient imi- ter tout ce qu’ils vouloient repreTeriter , en feignant par leurs geftes &: leurs attitudes j tantôt un combat , tantôt une lutte, une chafle ou une danfe. Les fpeêla- teurs épris d’une merveilleufe admiration , ne virent approcher la nuit qu’à regret : elle vint trop tôt pour eux, & mit fin à ces divers amufèmens qui ne refpi- roient que la joie , le badinage & le plaifir. Un voyage par terre de l’ifle du Sénégal à la Chaux devoir me donner de nouvelles connoifîànces d’un canton qui m’avoit paru fi beau. Je l’entrepris le q. de novembre : ma pirogue me fit faire cinq quarts de lieue par eau jufqu’au port de Galel , où je pris terre pour me rendre au village du même nom , à cinq cens toifes environ du rivage. On y arrive au travers des fables découverts , fur lefquels fouffloit ce jour-là un vent X 1752. OÙobre, Où danfent les chevaux-. 4 Novembre, Voyage par terre à la Chaux. 1 62 VOYAGE i7^Z~ d’eft des plus chauds qu’on eût encore fenti dans la Novembre. . jnais Ics chalcurs que je foufFris en les traver-» brûlant fant n'etoient rien en comparaifon de celles qui m'at- tendoient fur le chemin de la Chaux. Difficulté de J’avois une bonne lieue à faire pour m’y rendre. Je damcetvS’ üs TOutc d’abord dans une plaine fabloneufe & diffi- cile 5 où entr’autres arbres épineux & qui fe plaifenc dans les terres les plus arides , je rencontrai celui que les oualofes appellent niotoutt : il porte beaucoup de cette gomme réfine connue fous le nom de bdelliurn , & les branches fervent de fokiou , c’eft-a-dire , de cure- dent aux femmes du pays. Quoique le foleil ne fût pas encore au milieu de fa carrière , il avoit déjà mis les fables en feu : mes fouliers furent bientôt fendus & brûlés par leur ardeur. Dans tout autre tems j’aurois arrolé ces labiés brûlans de mes fueurs j mais le vent d'eft écoit de fa nature fi fec , que malgré la grande chaleur de fait & du foleil , la peau etoit deflechee avant que la lueur eût le tems de fe déclarer au dehors. Des piçotemens cuifans fe répandoient fur tout le corps ; & fouvent le fang s’ouvroit „ au travers des pores de la peau , un paûage t|ue la fueur n’avoit pû y trouver. La couleur noire de mes nègres s’étoit chan- gée en un rouge cuivré : une foif ardente , compagne inféparable de la grande féchereffe , leur faifoit montrer la langue pour refpirer plus facilement : elle me pref- foit bien autant qu’eux ; & je puis dire que ce n’elt pas le moindre tourment dans des plaines arides où l’on ne trouve pas une feule goûte d’eau. C’eût été, fans doute , une grande confolation pour nous , altérés comme nous Tétions, & prefque rôtis par le foleil ; mais 17 51- Novembre. Crabes dont les mordans mont- trueux. AU SÉNÉGAL. les habitans de ce pays n^ont pas l’ufàge , comme dans bien d’autres pays beaucoup moins chauds , d’entrete- nir des reTervoirs d’eau fur toutes les routes pour le foulagement des voyageurs. Après une heure de marche dans ces fables au foleil le plus ardent , j’entrai dans une prairie aufïi fèche , & toute remplie de joncs épais , de trois à quatre pieds de hauteur, qui mettoient ma patience a l’épreuve. Le peu d’eau que j’y trouvai étoit faumâtre , croupie & gâtée par les crabes. Jamais je n’avois tant vû de ces animaux , que j’en découvris dans ce quartier-là. Les uns étoient rouges , d’autres étoient cendrés tirans fur le noir , avec des mordans fi prodigieux , qu’ils au- roient pu facilement m’embrafler la jambe fans la fer- rer. Enfin cette forêt de joncs continuels , car ce fut uniquement ce que je trouvai dans l’efpace d’une demi- lieue , me conduifit jufqu’au banc de la Chaux. J’étois aifez fatigué pour me repofèr : je m’y arrêtai quelque tems , ÔC je dînai fous les arbres , avec quel- ques provifions & un melon-d’eau que j’avois pris à Galel. L’ufage de ce fruit efl extrêmement fàin , fur- tout après le repas , & j’en ai mangé fouvent pour mon defièrt plus de cinq à fix livres fans en être incommodé ni furchargé , quoique j’eufie déjà bien dîné. Etant afîis fous ces arbres, j’entendis les perruches & les perroquets fur ma tête , ôc je voyois tomber à mes pieds les grai- nes d’acacies & de gommiers qu’ils épluchoient en mangeant. Cependant mes nègres que les chaleurs du foleil & du fable avoient beaucoup incommodés , fè frottèrent le front avec des crapaux vivans , dont ils de pour la frouverent encore quelques-uns fous les broullàilles : Xij Dîner fc: les arbres. Les cnapaux font un reme- 164 VOYAGE GrY” c’eft allez leur coutume lorfqu’ils font travaillés dé la Novembre, ^ i|s en furent foulages* Je ifen foulFrois guères moins qu’eux, &i’aurois fuivi volontiers leür exemple | mais le défaut d’habitude & une certaine répugnance prefqu’invincible , que je crois naturelle a toutes les perfonnes qui ne font pas accoutumées a manier ces fortes d’animaux , m’empêcberent d’avoir recours à ce remede tout innocent ôcfalutaire qu’il eft. oifeaux de La toutc quc j’avols tenue en allant b la Chaux fut lapine de la jg ^ mon retout , car il n’y en avoit point d’autre. Je tuai dans la prairie un flamant & une outarde d’une autre efpece que celle d’Europe. Elle en diflere par la couleur du plumage , qui eft gé- néralement d’un gris cendre : fon col eft aufll beau- coup plus long; & elle porte j, comme l’alouette j une efpece de houpe fur le derrière de la tete. Les françois du pays lui ont donné le nom d’autruche volante. Ce n'eft pas ici le lieu d’examiner fi ce nom lui convient ; mais on peut dire que cet oileau reflemble a l’autruche à bien des- égards. Les nègres II étoit fort tard quand je palTai a la vue de Gaîel; bmknt leurs ^ nègres avoient mis le feu aux herbes & aux broiiflàilles de la campagne , autant pour la rendre pra- ticable , que pour la mettre en état d’être enfemencée l’année fui vante. Ainfi la chaleur du feu fuccéda cette nuit a celle du foleil : je marchai a là lueur jufqu au port où je m’embarquai pour l’ifle du Sénégal. J’y ar« rivai fi las & fi fatigué , aufli-bien que mes nègres , que je ne crois pas avoir jamais eu plus befoin de repos. Dans ce voyage & dans tous ceux que je faifois (i) Phœnicopterus Bahamenfis. Catesbi^ vol. i. tab. 73 <5* 74. AU SÉNÉGAL. 1752. Novembre. Maniéré dont ils préparent l’indigo. depuis le mois de juin , j’avois pour objet principal de prendre connoiflànce des plantations d’indigo. J’e'tois curieux de fçavoir la quantité & la qualité de celui que les nègres cultivent aux environs de l’ifle du Séné- gal , parce que mon dellein étoit de réitérer quelques épreuves dont j’avois fait part dans fon tems à M"® de la compagnie des Indes. Les nègres ne font pas beau- coup de façons pour tirer la teinture de cette plante. Ils fe contentent d’en cueillir les feuilles en tel tems de l’année que ce foit , de les piler dans un mortier pour les réduire en pâte, & d’en faire des pains qu’ils confervent au fec. Quand ils veulent s’en fervir , ils les font diflbudre dans une elpece de lelîive faite avec les cendres d’une plante graflè qui croît dans leurs prairies, & qu’ils nomment r^é7?2è(i). Cette dilîblution prend une teinte d’indigo , dans laquelle ils trempent leurs toiles à froid, autant de fois qu’ils jugent la chofe né- celTaire pour leur donner une couleur plus ou moins foncée. Je ne fçai quelle lympathie ont les cacrelats avec l’indigo , mais toutes les fois qu’il m’arrivoit de lailîèr pendant la nuit quelque botte de cette plante dans ma chambre , j’étois fur d’en trouver le lendemain plu^ fleurs centaines qui s’y étoient logés : il fembioit même que tous s’y étoient raflemblés. Ces infedes font auiïî incommodes‘qu’ils font communs fur i’iffe du Sénégal. Quoiqu’ils aient à peine la grofleur du doigt , ils font J . ■‘■il Tl 1 V. ’ - ‘'e ces infec- des ravages incroyables. Ils rongent les linges , les tes. draps , les bois , les papiers , les livres , enfin tout ce qui le trouve expolè à leurs dents : ils attaquent même (>) Porcuîacâ marina larifolia, Hore fuave rubenti. P/kw. Cat.pag. 6, Cacrelats, ,66 VOYAGE ' 5 J. l’aloë dont l’amettume dcarte tous les autres infeâes. Novembre, Ils font encore fort défagrëables par Todeur infede qui fort de leur corps , & ce font les ennemis les plus ter- ribles de ceux chez qui ils fe font logés ; car ils ne for- tent que la nuit , & voltigent de tous côtés dans ks chambres où iis font un bruit pareil a celui que l’on entendroit dans une voliere bien garnie d’oifeaux. En- fin le cacrelat multiplie fi prodigieufement^, que ce fèroit un animal pernicieux , dangereux meme , s il n’avoit un grand nombre d’ennemis, ^ Ceux qu’il a le plus a craindre font l’araignee &: k fourd : c’efi: une efpece de lézard que l’on dit veni- meux j il en eft auffi friand que l’araignée. Tous deux |e logent comme lui dans ks chambres , pour lui^faire une guerre continuelle qui alTure la tranquillité des habitans chez kfquels ils fe font une fois établis. Le hérilTon lui fait auffi la chalTe. Celui du Sénégal ne dilfere de celui d’Europe que par la groffeur. Il p^e ^ comme lui, quelque tems de la baffe-faifon , ceft-a- dire , de la faifon froide & féche , dans une efpece de fommeil léthargique , pendant lequel il s’abftient de nourriture , & fort rarement pour la prendre 1 mais auffi fçait-il pendant ks nuits d’été reparer k tems perdu. J’en ai élevé un pendant plus de trois ans dans ma chambre , oÙ il me rendoit de grands fervkes en me délivrant des araignées , des cracrelats-, des lourds, des fourmis & autres animaux dont elle etoit infeélee. Lé hériffon eft un manger trèsidéiicat &,d’un grand goût fur- tout lorfqu’on k prend vers k tems ou 4 commence a entrer dans fon fommeil léthargique. Puces du la- Une autre incommodité fur-tout pendant i hiver AU SÉNÉGAL. 167 ___ ou îa bafîe-faifon , ce font les puces du fable. On les 175 2. appelle ainfi parce qu’elles fe logent dans les fables des cafés habitées. Ils en font fi remplis , que dès qu’on y a mis le pied , il en eft aufïi-tôt couvert ; & leur petitefîè eil telle que ce n’eft que par leur grand nombre qu’on peut les appercevoir. Leurs piquûres ne font pas bien vives : cependant lorfqu’elles font aflèz multipliées , elles font l’effet d’un picotement ou d’une demangeaifon qui n’eft guères fupportable. Ce que cet înfede a de plus fingulier , c’efl: qu’il ne faute & ne monte jamais plus haut que trois a quatre pouces , en- forte que toutes les fois que l’on a l’attention de fe tenir un demi-pied au-deffus de terre 5 on eil fur de n’avoir rien à craindre de fà part. Je crois que c’efl ici le lieu , puifque je fuis fur l’ar- Avantages de ticle du Se'nègal , de parler aufîi de quelques-uns de fes gai! avantages. Quoique les chaleurs de fon climat foient excefïives , & même telles que l’hiver y eft beaucoup plus chaud que l’été de la France , elles font cependant iLipportables, On s’y accoutume peu a peu , parce que chaleurs l’air efl rafraîchi tous les jours par des vents qui vien- nent fuccefïîvement de la mer & des terres. On peut aufïî fe procurer de la fraîcheur , ou en s’expofànt au vent , ou en fe mettant k l’ombre dans les maifons lorL qu’elles font bien percées & que les fenêtres font gar- nies de chafïis de toile bien claire. C’efl a ces chaleurs qu’on efl en partie redevable de Ses fables la fertilité des terres. Les fables de cette ifle font au- [Sel jourd’hui des jardins d’un grand rapport. Indépen- damment des légumes & des fruits du pays , tels que l’ofeille de Guinée , la batate , l’ananas , l’orange , k ïé8 VOYAGE 1752. goyave & quelques autres j on y cultive pendant l’Ki- Norembre, plupart dcs herbages & des legumes de l’Europe, Le figuier , le grenadier & la vigne fe chargent tous les ans d’exeellens fruits. Avec un peu de travail &: de foins , il n’y a guères de fruits ni de graines qu’on n’y recueillît en très-grande abondance , on en retireroit tout ce qu’on voudroit , & généralement tout ce qui eft nécefîàire à la vie. Enfin le terrein de l’ifle du Séné- gal , tout fabloneux qu’il eft , produit avec tant de facilité , que beaucoup de plantes portent plufieurs fois l’année. C’eft ce que j’ai éprouvé par moi-même dans un jardin que je deftinois a ces expériences j & choie qui paroîtra fans doute furprenante , c’eft que j’ai femé tels & tels légumes dont j’ai fait plus de douze récoltes dans la même année j mais j’en renvoie le détail curieux a un autre ouvrage. Abondance ^ ^ p^ut-êtrc pas dc pays au monde ou les vo- dçs volailles. lailles foient plus communes. On y élesre des coqs- d’inde , des pintades , des oyes , des canards & une pro- digieule quantité de poules. Les pigeons y font d une délicateflè achevée. Les cochons y multiplient beau- Papoiffon. coup. La pêchc n’y eft pas moins abondante^, & le Ni- ger eft fi poiflbnneux que j’ai vu des tems où l’on pre- noit les carpets a la main. Ce fleuve fournit avec le lamantin , des capitaines > des mulets ou cabots , des furmulets , des foies j des raies , des racaos & 4*^utres poiflons excellens : on y prend aufli beaucoup de cre- vettes , d’hommars & de crabes d’une grande bonté. La plupart de ces poiflons viennent de la mer , & l’on prétend que pris dans ce fleuve ils font meilleurs , parce (^uç Ig mélange de l’eau douce avec celle de la mer AU SÉNÉGAL. 169 leur donne plus de delkateiïe. A tous ces agremens on 175 peut ajouter encore le plaifir de la chafle : on trouve lur cette ifle des petites poules-d’eau , des be'calTes de plufieurs efpeces , des alouettes , des grives , des per- drix de mer j &: des lavandières jaunes , ou pour dire quelque chofe de mieux , les ortolans du pays : ce font des petits pelotons de graille d'un goût excellent. La feule chofe qui manque à l’ifle du Séne'gal ^ ce font les promenades : elle elf , dit-on , trop bornée , & trop à découvert. On pourra , fans doute , y faire des avenues , dés allées couvertes & s’y procurer de Fom- bre , quand on voudra y planter des pains-de-fmge ÔC d’autres arbres qui le plaifent dans les fables noyés : mais à quoi bon prêter ainf une retraite aux marin-»' goins , voifîns encore plus incommodes que les cha- leurs ? De quelle utilité feroient ces avenues dans un pays où la promenade n'eft de faifon qu’après le cou- cher du foleil ? Doit-on les regretter quand on a des Ag^é^mensdes jardins où une verdure toujours naiflànte & non inter- rompue préfènte chaque jour de n ouvelles décorations , GU un grand nombre de fleurs aufîi agréables par leur odeur que par la variété de leurs couleurs , croifïènt prefque fans foins & fans culture ? On y voit des bafi- îics de toutes les grandeurs & de toutes les couleurs , les tubéreufes , les narciffes à cloche , les lis-afphodeles^ parmi lefquels la belle-de-nuit , Fœillet-dlnde , les amarantes &le grenadier en fleur font un très-bel efèt. Les lézards bleus & dorés , les papillons & d'autres in^ fèdes tous également beaux , fe plaifent a y venir mé- langer leurs différentes couleurs , & diverfifîent agréa- blement l’uniforraité qui efl ordinaire à la plupart des jardins, " y ^ 7 5 3- Juin. IJO VOYAGE 1752. J’avois levé les plans de Tifle au Bois , de celle de Carte des en- Goel , de la Chaux , de Tille de Sor, de Bokos & de le du Sénégal plulieurs autres ; & il ne me relloit plus qu’a y joindre executee, ^elui de la pointe de Barbarie & des falines , pour avoir une carte complette des environs de Tifle du Sénégal , depuis le village de Mouitt à Tembouchure du Niger , jufqiTa celui de Torkhodà fept lieues de diftance dans le nord. L’envie que j’avois que rien ne manquât à cet ouvrage déjà fi avancé , & qui m’avoit tant coûté de peines & de voyages dans des fables brûlans , me fit encore entreprendre celui des falines. Je m’embarquai le ï 5" de juin 1 75 3 , dans un bateau qui alloit y faire Voyage aux la traite du fel. Comme il étoit bien équipé ôc que faunes. favorable , on eut bientôt palTé Tille aux Anglois , qui n’efl qu’un morceau de terre noyée , de cent toiles de diamètre , couverte de rofeaux & de mangliers prefqu’impénétrables. On pafla aufîi promp- tement Tifle de Bokos , & quand on fut par le travers de la pointe méridionale du marigot de Del , je mis )ied à terre pour toifèr les environs , pendant que le )ateau continuoit fa route pour fe rendre au lieu du mouillage. Petits ferpens En marchant dans les fables de cette pointe , je ren- Controls fi fouvent des ferpens , qu’ils fembloient nai- tre fous mes pas: heureufement ils n’étoient ni grands ni venimeux 5 â peine avoient-ils la grollèur du petit doigt , enforte que leurs morfures ne pouvoient être dangereufes. Ces fables me conduifirent aux falines que je trouvai à deux tiers de lieue du marigot. Ce Paffins des font dcs cfpeces de marais de deux à trois^ cens toifes fjines. longueur fur un tiers de largeur , rempli d’une t Di AU SÉNÉGAL. 171 eau fàlee & extrêmement âcre. Cette eau ell: fi chargée de fel qu’relie en rend le tiers de fon volume ôc même davantage; ôc en fe criftalliiànt elle couvre leur fond d^une croûte epaiflè & fort dure. Les nègres entrent jufqu’aux genoux & fouvent davantage dans cette eau , que les ardeurs du foleil rendent comme bouil- lante. Ils font armés de pieux d'un bois fort dur , avec iefquels ils caflent le fel j qu’ils portent enfuite fur le bord du fleuve , où les françois le traitent avec eux. Ce fel eft communément d’une blancheur éblouiflànte ; il y en a aufîî d’incarnat : mais de telle couleur qu’il foit , il a toujours une âcreté & une amertume défagréable: c’efl cette qualité corrofive qui le rend peu propre aux fàlaifbns des viandes & du poifïbn. On pourroit croire que ces marais falans ont quel- N ont aucu- que communication avec la mer : je l’avois foupçonné cation aveTiéi de même avant de m’être tranfporté fur les lieux ; mais j’en ai reconnu ce jour-là l’impoffibilité. Ils font fépa- res du Niger par une terre de plus de cinq cens toifes , où il s’élève une chaîne de dunes , au pied defquelles fes eaux , ôc celles de la mer même la plus courroucée , n’arrivent jamais. Le nivellement que j’ai tiré le même L’Autemsen jour de tout ce terrein , m’a aulTi fait connoître que le SeUemm!:" fond de ces marais efl: au-delKis de la furface des eaux du fleuve; d’où je conclus qu’il faut chercher ailleurs que dans la communication aduelle des eaux de la mer, la caulè & l’origine du fel qu’on retire tous les ans en fi grande abondance de ces falines. Lorfque j eus examine les falines & fini tous mes nivellemens , je me rendis à l’efcaîe , dite l’efcale du piquet J ou de voit fe faire la traite, & vis-à-vis laquelle Yij 172 VOYAGE J7 5 3. le bateau etoit mouille. Remployé de traite avoic déjà fait élever une tente fur le rivage , & conftruire les cabanes de feuillées fous lefquelles nous devions coucher. Le feigneur nègre, maître des falines , appelle autrement KoïOTti-c^ou ou KïCLîii-^dJfou ^ averti de fon Portrak du attivée , vint lui rendre vifite. Cétoit un homme qui niÇr paroilToit avoir environ quarante ans : il étoit grand & bien fait. Sa couleur n’étoit pas d'un noir bien fon- cé, mais teinte d’un peu de rouge. Il avoir l’air noble quoiqu’il ne fut pas beau , l’efprit vif, les maniérés aL fées 3 le ton de voix doux & agréable . il s expliquoit bien & parloit gravement. Après une demi-heure de converfation , quand ce feigneur fut convenu de tout avec l’employé pour la traite, il nous conduifit a un quart de lieue de la au village de Guébenn dont il •Mameredont étolt gouvemcur. Il nous y reçut fort civilement , & îi reçoit FAu- ^vec Une politefle que l’on n’auroit pas cru de- voir rencontrer dans un homme de fà couleur. Une collation de lait doux , de vin de palme , des prunes d’icaque, appellées ourdi, & d autres fruits du pays nous attendoit. Il avoir fait raffembler toute la jeu- neffe du village pour nous donner un bal; & elle nous accompagna en danfant au fon des voix ôc des inflru- mens jufqu’à l’efcale , où Ion continua la danfe & les jeux jufqu’a la nuit. La danfe efl la pafïion favorite des nègres , &■ l’on voit au milieu de ces bals j-ufqu aux enfans qui peuvent a peine fe foutenir ; on diroit qu ils font nés en danfant, à voir la juflefle avec laquelle ils marquent la mefure dans tous leurs mouvemens. Les mêmes amufemens recommencèrent tous les foirs des jours fulyans ; enfin ce galant homme fit tout fon pof A U s É N Ê G A L. 173 ' ffraSEsaBeKâAzeaass fible pour nous procurer quelques divertiffemens ; & 17.5 3« ce n’étoit pas une petite confolation pour nous dans un quartier fi défert ôc fi dépeuplé. Le lendemain j allai reconnoître les environs de Mouitt , qui eft à deux tiers de lieue dans le füd de ^ l’efcale du Piquet. Ceft un village aflez grand &c fort commerçant , fitué avantageufement fur une colline bien plantée de pains-de-fmge & de figuiers fauvages d’une grande hauteur : ces derniers arbres ont beau- coup de rapport avec le fycomore des anciens. En che- min faifant je paifai par un grand nombre de petites falines remplies d’un fel fort rouge & infiniment plus âcre & plus corrofif que celui des grandes falines de Guébenn. Je rencontrai aulTi des renards , des gazelles , & les veftiges des fangliers & des loups fraîchement imprimés fur le fable ; mais la chafïe de ces animaux qui m’étoient aflez connus , ne me tenta pas tant que celle de certains oifeaux noirs que j’apperçus â l’orient du village. Ils étoient fi femblables aux coqs-d’inde pour la groflèur ÔC le plumage, qu’on s’y feroit faci- lement trompé. J’en tuai deux d’un même coup , l’un mâle , & l’autre femelle. Tous deux portoient fur la tête une efpece de cafque noir ôc creux , de même grandeur ôc de même figure que celui du cafoar : ils avoient fur le col une longue plaque femblable à un vélin très-luifant , qui étoit rouge dans le mâle & bleu dans la femelle. Cet oifeau pourroit bien être la galli- nache des portugais , ou celui que les françois des ifles de l’Amérique appellent marchan ; il fe nomme guinav chez les nègres. Les habitans de ce quartier le regardent comme un marabou , c’eft-à-dire , comme un animal 1 7 5 3* Jmn. Foudenn ar- briffeau ufité pour teindre le$ oniles. Relèvement de la côte de Barbarie. 174 VOYAGE ' facre , peut-être parce, qu’il vit communément des pe^ tits ferpens qui font fi communs dans le voifinage , ôc pour lefquels tous les nègres ont une vénération fu-» perftitieuie. Ils ne pouvoient foufFrir que je facrifiafie aufix hardiment leurs marabous à mes plaifirs ; ils me regardoient comme un forcier lorfque je les tuois du premier coup -, car ils s’intaginoient que ces oifeaux étoiênt invulnérables. Leur fuperftition alla même au point que chacun d’eux me prédit que je mourrois im failliblement dans la journée, pour avoir commis un fi grand crime. Cette adion ne m’avoit pas mis en bonne réputation dans l’elprit des habitans de Mouitt : j’en fus quitte cependant pour me promener plus loin. Je dirigeai mes pas vers le village de Guioel & de Guében , où je trouvai quelques-uns de ces arbrilîèaux que l’on nomme foudenn dans le pays : c’efi: une efpece dCalkanna ( i ) dont les feuilles fervent aux maureftès ôc aux nègreffes pour procurer lans douleur a leurs ongles un beau cor loris rouge, qui le foutient jufqu’à leur entière répro- dudion. De là je continuai ma route jufqu’au village de Del j puis je revins à l’efcale. Les bords du Niger étoient alors couverts dans cet endroit d’une efpece de petits poilTons à peine aulli gros que la moitié d’un tuyau de plume d’oye : ils étoient d’une blancheur & d'une tranfparence lèmb labié à celle d’un criftal : une ligne argentée , fort étroite , s’étendoit fur chacun de leurs côtés. Après avoir pâlie trois jours aux làlinesdeGuébenn ^ (i) Liguftrum Ægypducnj el lunne vel tamar-endi. P. Alp. Ægyp^ pag. Z}. AU SÉNÉGAL. 175 j’en partis le 1 8 au foir. Je retournai a Tille du Sénégal 1753. en failànt route fur la pointe de Barbarie , afin de pou- voir la placer fur ma carte. Je fis près de trois lieues à pied , en côtoyant fes fables dans tous leurs détours , depuis la barre fur la rive occidentale du Niger juf- qu’au village de Gueutt , qui répond au milieu de Tille du Sénégal. Ma pirogue me fuivoit terre à terre , Sc la rangeoit le plus près qu’il étoit polîible ^ afin d’être prête à me prendre quand mon chemin fe trouvoit barré par un ruilîèau , ou par quelques-uns de ces bou- quets épais de tamaris Sc de fanar qui croilTent ça & Ih fur le rivage. Dans toute cette route je ne vis autre choie que des crabes jaunes , dont la terre étoit fi cou- verte , que je parcourois quelquefois des plaines de plus de cinquante toifes fans en pouvoir découvrir Tefpace d’un pied. Le liferon maritime (i) étaloit fur ces fa- bles , avec fon agréable verdure , la pourpre de fes fleurs 5 qui fortoit admirablement bien fur leur blan- cheur 5 Ôc faifoit une broderie merveilleufe. On n’y Piantesquîs’y • 1 • rr 1 • 1 trouvent. voyoït pour tous arbriileaux que quelques tamaris , le beiiel-ojfar {2) , le paretuvier (5), le lànar(4), le fpar^ tium (5) J le conocœrpus (6) ; mais beaucoup de lobe-- lia (7) ôc d’ica^we(8). Ce dernier donne retraite à une efpece de fourmis rouges qui fe logent dans fes bran- Fourmis mil) ges. (1) Convolvulus mariniis catharticus, folio rotundo, flore purpureo, Vlum, Plant, de V Amérïq. pag. plane. 104. (2) Beidel-olTar. P. Alp. Ægyp. pag. 85. (3) (4) Arbres qui n’ont pas encore été décrits. (5) Sparrium feandens, citrei foliis, floribus albis, ad nodos confertim r).z(cemih\x%. Plum. cat, pag. 19. {6) Conocarpus Linn. Hort. Cliffl pag. 485. (7) Lobelia frutefeens portulacæ folio. Plum. gen. pag. li. (8) Icaco fruétu ex albo rubefeente. Plum, gen, pag. 43, ru 0^:5 17 5 3- Juia. L'Auteur fon- a à Ton retour n France. 176 V O Y A G E ches : elles y forment , avec les feuilles ^ une efpece de nid , d’où elles fe jettent fur les perfonnes qui ont Tim» prudence d’approcher pour en cueillir les fruits , & les mordent cruellement. Je ne pouvois manquer d’être attaque par ces infeêles , ayant à traverlèr beaucoup de ces bois. Leur piquûre avoit quelque chofe de li veni- meux , que mon viiàge & mes mains furent couverts d’ampoules femblables à des brûlures , dont la douleur ne put être appaifêe que par une grolTe pluie que j’ef- fuyai a . l’entrée de la nuit. Elle fut accompagnée de tonnerre & d^éclairs , a la lueur defquels je traveriai le fleuve pour me rendre a l’ifle du Sénégal. Dès que j’y fus arrivé, je ne fongeai plus qu’a re- tourner en France. Il y avoit plus de quatre ans que j’en étois abfent , Cependant ce tems j’avois eu occafion de faire une fuite d’obfervations aufli nombreufe que l’on pouvoir raifonnablement efpérer dans la concel- fion du Sénégal : du moins s’il en reftoit encore queb quçs-unes à faire , c'étoit tout au plus celles qui ne font limplement que curieufes , qui échappent pour l’ordinaire aux yeux les plus clairvoyans , ou qui de^ mandent un trop long féjour pour être terminées. Ces çonfidérations fuflirent pour me déterminer : il devoir arriver plufieurs bâdmens dans le courant du mois ÿ jé me difpofai à en profiter. Quoique j’euffe envoyé tous les ans en France un grand nombre d’animaux , des oifeaux , des poilTons , des infeéles , des herbiers , des graines de plantes & d’autres produélions du pays , à de Réaumur & de Juflieu , a mefure que ces chofes s’étoïent préfentées ; ie f^avois qu’il manquoit encore bien des chofes, fur- tou^ I 7 s 3- Juin. A U S Ê N É G A L. 177 tout beaucoup d^arbres & arbrifTeaux qui n avoient ja- mais paru en Europe , pas même dans les jardins du Roi. Inftruit de la proteâion fmguliere dont Sa Ma- jefte' daigne favorifer la botanique ; excite de plus par les ordres de Ms" le duc d’Ayen , qui me parvenoienc par les lettres de M. B. de Juffieu , je crus qu’il êtoit de mon honneur , en qualité de naturalise & de bota- niSe , de ne pas retourner en France lans apporter avec moi les plantes les plus remarquables que produit le climat brûlant du Sénégal , pour les joindre à celles que Sa Majefté a fait raffembler des deux hémifpheres , èc qu’elle entretient avec autant de magnificence que de goût dans fes fuperbes ferres de Trianon , de Choifi & de Paris. A cet effet je réfolus d’aller encore une fois a Po- dor. Je partis le i o de juillet avec des vents favorables. voyage àPo Depuis que j’étois dans le pays je n’avois vû que deux plantes de l’Europe , fçavoir le tamaris & le pourpier ; & ce voyage que je faifbis pour la troifiéme fois , me donna lieu de remarquer que de tous les arbres qui couvrent prefque iàns interruption les bords du Niger, il n’y en a pas un huitième qui ne foient des bois éph neux très-durs , & fur-tout des acacies , d’autant plus grands & moins épais qu’ils font plus éloignés de la côte maritime. Mais ce qui me frappa davantage dans ma route , ce fut une chafïe aux finges , que je fis a fix lieues en deçà de Podor , fur les terres qui font au fud de Donaï , autrement appellée Fille du Coq , & qui fut d ’ autant plus finguliere , que je ne crois pas qu’on en ait fait de plus abondante. Le bateau ayant été obligé de relier une matinée , je mis pied à terre pour ïO Juillet. Troifiéme Chaffe aux: finies verdi. O 178 VOYAGE chalîèr. Ce lieu étoit fort boife , ôc rempli de linges Juillet. yej-Jg ^ q^e je n’apperçus que par les branches qu’ils calToient au haut des arbres , d’où elles tomboient fur moi 5 car ils etoient d’ailleurs fort filentieux & fi lé- gers dans leurs gambades qu’il eût été difficile de les entendre. Je n’allai pas plus loin , & j’en tuai d’abord un , deux & même trois , fans que les autres pa- ruflent bien effrayés ; cependant lorfque la plupart fe fentirent blelïes , ils commencèrent à fe mettre a l’abri , les uns en fe cachant derrière les groffes bran- ches , les autres en defeendant a terre ; d’autres enfin , & c'étoit le plus grand nombre , s’élançoient de la pointe d’un arbre fur la cime d’un autre. Rien n’étoît plus divertifEnt , lorfqu’ils fautoient plufieurs enfem- ble fur la même branche , que de la voir plier , & lailîer tomber les derniers tandis que les premiers gagnoient pays J, & que les autres reftoient encore fufpendus en l’air. Pendant ce petit manège je continuois toujours à tirer deffus , & j’en tuai jufqu’au nombre de vingt-trois en moins d’une heure , & dans un efpace de vingt toi- fes , fans qu'aucun d’eux eût jetté un feul cri , quoiqu’ils fe fuffent plufieurs fois raffemblés par compagnies , en fourcillant , grinçant des dents , & faifant mine de vouloir m’attaquer. Mes premiers foins en arrivant a Podor avoient été de raffembler le plus de plantes qu’il étoit poffible , pour le jardin du Roi ; & je fus fort heureux d’avoir recueilli & mis dans deux grandes caillés trois cens pieds d’arbres différens avant de quitter ce comptoir L’Ameîr eft Car pendant les dernieres courfes que je fis à mon re- tour le 2 du mois d’août, aux environs de Bokol, je kil. A U s É N É G A L. 179 fus frappe d’un coup de foleil j accompagne d’une fiè- vre ardente , de refpece de celles qui enîevent la plu- part des Européens en moins de deux jours. Ce fut ainfi que ce voyage me fut plus funefte que quatre an- nées de fatigues , pendant lefquelles je n’avois pas «fiuyé la moindre maladie. Quoique j’eufiè refié les trois premiers jours lans aucun fecours , avant d’arriver à l’ifle du Sénégal , je foutins la force de la maladie pendant un mois ; & après une rechute qui m’avoit mis à deux doigts de ma perte , je me trouvai enfin hors d’affaire. Ma jeuneflè , jointe a une confiitution qui n’avoit été altérée par aucune débauche ^ ôc encore plus les loins généreux du plus tendre des amis ( i ) , me fui- yerent la vie. ' De tous les vaifleaux venus à la côte ^ il n’en refioit plus qu’un , par lequel je devois retourner en France, Je m’y embarquai convalefcent , après avoir paffé la barre pour la fixiéme fois , & je partis de la rade du Sénégal le 6 de feptembre. Les vents contraires qui régnent dans cette faifon , ne nous promettoient pas une courte navigation : comme ils fouffloient du nord Sc du nord-efi, ils ne nous permirent pas de nous elever vers le nord : nous fûmes obligés de porter tou^ jours à l’oueft. En faîfant cette route nous trouvâmes, à dix lieues du cap Verd j une mer fort blanche : nous filâmes cent bradés & davantage de fonde fins trou- ver le fond j après quoi la mer reprenant la couleur ordinaire , nous crûmes avoir pade fur un haut-fond de fable blanc , que les cartes hollandoifes font de quatre- vingt brades. (i) M- Andriot que j’ai déjà cité à la page iz5)-i50. Z ij iT'i 3' Juillet. 6 Septeml^rff. II s’embarque pour re:ou - nerenFrance. i8o VOYAGE ^ ■ 7 5 3- ■septembre. Il ell pris par les calmes. Pèche de la haute mer. Lorfque nous nous trouvâmes â deux cens lieues des côtes , entre le 1 7^ & le 1 8® degré de latitude , nous eûmes le commencement d’un calme qui dura près de quinze jours, avec des chaleurs étoulFantes. il fut fi profond que le bâtiment ne parut pas avoir changé de place, quoique les courans Teuflent porte beaucoup dans le fud. Cétoit le lieu du monde le plus favorable pour trouver l’eau de la mer dans toute fa falure , puif- qu’on étoit affez éloigné des terres pour ne pas crain- dre que l’eau douce des fleuves s’y fût communiquée : î’en remplis donc une bouteille , que je fcellai hermé- tiquement dans le deflein d’en faire l’analyfe a mon retour en France* Rien de plus ennuyeux que la tranquillité d’un vaifleau furpris par les calmes ; & rien de plus défefpé- rant que de fe trouver en pleine mer , fur-tout lorfque les vivres commencent a manquer. On profita de ce contre-tems pour prendre du poiifon ; & l’on n’avoit pas tout-â“fait tort : les modiques provifions qu’on avoit embarquées au Sénégal étoient confommees ; nous étions déjà réduits à la viande falee , & nous avions tout l’air de refter encore long-tems en mer. Les requiens , les bonites , les grandes-oreilles & les dorades étoient alors en abondance. Ces trois derniers poiflons ne vivent que de poiflbns-volans: ils en font même avides à un tel point , que fi l’on en contrefait un en couvrant l’hameçon d’un peu de linge , accom- pagné de deux plumes blanches, & qu’on le fafle traî- ner au bout d’une vergue ou â l’arriere du navire , ils s’y laiflènt tromper & le laififlent fans balancer. Nous n’employâmes pas d’autre moyen ; il reulîit fi bien A U s É N É G A L. î8i qu^on en pfit une quantité prodigieufe , dont on fala 1753. une partie pour le befoin . La bonite & la grande-oreille Septembre, font des thons de la moyenne efpece ; ils en ont tout le goût. La dorade leur cède quelque chofe h cet egard ; mais elle remporte de beaucoup pour la beauté : c’ell: fans contredit le plus beau poiffon de la mer. La cou^ leur dominante de fon corps n’eft qu’un bleu noir, qui lorfqu’il eft dans l’eau , paroît comme un azur écla* tant , qui j après avoir pafTe toutes les nuances du verd & du violet , vient fe perdre dans le brillant de l’or répandu fur fes côtés , pour lui faire la plus riche parure que l’on puifle imaginer* A ce premier calme fuccéderent plufieurs autres , ^mes fus- dont les moindres furent de trois à huit jours : ils ne nous quittèrent que lorfque nous eûmes pafle le 30® degré de latitude. La ils furent remplacés par des vents de fud-ouefl; , a la faveur defquels nous cherchâmes les illes des Afores les plus voifïnes. C’étoit le parti le plus fage, dans la pofition où nous nous trouvions, manquant de bilcuit & d’eau , & ayant la plus grande partie de Téquipage hors de lervice. Peu de jours après on découvrit une terre fort haute & embrumée , qu’on reconnut pour l’ilîe du Pic , & à côté celle de Payai. On porta fur celle-ci à toutes voi- loOftobre; les , & l’on entra le 20 d’odobre dans fon port de l’eft. On y mouilla d’abord par quinze brades , & enfuite par neuf braffes , fur un fond de fable noir attirable par l’aimant , & de peu de tenue. Ce port efl le feul qu’il y ait dans l’ifle de Payai ; & quoiqu’il femble à l’abri de deux grandes montagnes, il eft expofé aux vents de nord-eft ôc de fud-efl qui y rendent la mer très-rude. 182 VOYAGE fur-tout en automne , & font chalîèr les navires lorf- oaobre. p^s bien afourche's fur trois & même quatre ancres. Il eft à couvert des vents d’oueft par l’ifle même , dans laquelle il ell: creufë comme en un demi-cercle de quatre cens toifes d’ouverture fur trois cens d’enfoncement. L’ifle du Pic qui eft a deux petites Vents caufés lieu eg ^ pooDofite , le défend auffi des vents généraux par le Pic Fayai de 1 eit ; mais elle lui en procure de bien plus dange- reux : elle réfléchit & rabat fur lui les vents de fud-oueft & de nord“Oueft qui viennent la rencontrer : elle arrête auffi les nuages , qui y caufent des vents très-variables. C’eft une remarque que j’ai faite pendant mon féjour , & dont les habitans de Payai m’ont affuré avoir une longue expérience , que toutes les fois que le Pic eft obfturci par quelque brouillard 3 il occafionne du vent; auffi le regardent-ils comme leur plus fidèle anémof- cope(i). Il y a apparence que cette montagne fait l’effet d’un corps non éleélrifé qui attire les nuages ; d’où il arrive que l’air qui l’environne étant prefle iné- galement de tous côtés , eft forcé de prendre un cours irrégulier. me du Pic. Le Pic des Afores n’a guères plus de demi-lieue de hauteur perpendiculaire : regardé du côté de Payai , il a la forme d’un cône tronqué , furmonté par un mam- melon pointu , qui fe trouve par le ^8^ d. 35' m. de latitude feptentrionale , & par le 3® r d. de longitude occidentale. C’eft la feule montagne qu’il y ait dans i’ifle de même nom , que l’on peut regarder comme le vignoble de celle de Payai. Elle en dépend , & tous les habitans de ce lieu y ont leurs maifons de cam- (i) Infti'ument qui feic à faire connoicre de quel cote les vents foufïlent. AU SÉNÉGAL. 183 pagne , leurs fermes & leurs vignes , qu’ils s’appliquent 5 3.^ à faire valoir. Ils y vont tous les ans faire leurs ven- danges , de deux efpeces de vins blancs fèmblables à ceux des Canaries , mais d’une qualité inferieure. Leur malvoille efl moins liquoreufè ; & le vin fec , ou le vin de table , efl: d\ine force qui tient de l’eau-de-vie, & qui porte bientôt à la tête. Auflî-tôt que leurs vins font faits , ils les font paflèr en fèptembre & oêlobre dans leurs caves de Fayal , d’où on les porte enfaite au Brêfil ôc dans quelques autres parties du monde, fous le noms de vins de Fayal , quoique cette ifle n’en produifè point, & que tous viennent du crû de l’ifle du Pic. Si le port de Fayal n’êtoit pas expofê à des bouraf- Perfpeaivs ques de vent auiîi frequentes , ce feroit un des plus jolis ports du monde , par le point de vue charmant fous lequel cette ifle fe préfente. Leféjour que nous y fîmes avant de defeendre ù terre , me donna tout le loifir de la confidérer. Elle paroît comme une montagne creu- fée en demi-cercle, & partagée en quatre ou cinq fom- mets couverts d’arbres , & qui defeendent jufques à la mer par une pente allez douce. Au pied de cette mon- tagne eft la ville , qui fait le tour du port : elle efl en- vironnée d’un grand nombre de jardins , difpofés les uns au-delTus des autres en une efpece d’amphithéatre , dont l’irrégularité même offre aux yeux la perfpeêlive la plus riante. L’attérage efl; femblable à celui de Sainte- croix de Pille Ténérif, avec cette différence que le ri- vage efl moins efearpé , & couvert d’un fable ou gra- vier noirâtre allez fin , fur lequel on defeend plus tran- quillement. 184 VOYAGE 1 7 5 3- Oâobre. Ville Payai. de Température de l’air. lî y a une efpece de fort prefqu’au milieu du fond du port , dont les murs font baignés par les eaux de la mer. La ville vient après , & fait la même figure que le port. Elle eft gouvernée par un Capitan mor(i), ôc très-peuplée. Ses habitans font au nombre de cinq mille , tous portugais , la plupart eccléfiaftiques , relL gieux ou religieuies : jamais on n’a tant vu de couvens dans une feule ville. Les églifes y font fort belles ôc bien entretenues. On y voit aufii beaucoup de beaux bâtimens , entr^autres la maifon des Jéfuites , qui font les feigneurs temporels de l’ifle. Les maifons bour-» geoifes font fort propres , toutes boifées & parquetées, d’où l’on peut juger que le bois n’y manque pas. . L’ifle de Payai efl: fous un beau ciel : l’air y efl: bon , & conferve pendant l’hiver une température fuffifantc pour qu’on n’ait pas befoin de feu : aufli l’on ne s’y chaulfe point , & l’on ne voit aucune cheminée dans les maifons. Pendant l’été elle efl: rafraîchie continuel- lement par les vents , parce qu’étant au milieu de la elle peut en jouir de quelque côté qu’ils vien- mer Qualités du terrgin. nent; & ils rendent la chaleur du jour fupportable Le terrein n’y efl: pas moins admirable que la tem- pérature de l’air. Comme il eft rouge & pierreux , & parfta femblable à celui de l’ifle du Pic , il feroit aufli fort propre à produire de bons vins ; mais il eft trop borné:, & l’on fe contente d’y cultiver les chofes les plus néceflàires. L’humidité de fes montagnes entre-s. (i) Voici les titres du Gouverneur, tels qu’il me les donna par écrite ^gr,or- J^j-onimo de Brum da Silveira P orras Fidal^o da Cafa de jua Mag\‘ e Cavaleiro Porfejfo na. Ordem de Xyfl” Capitao- Maior da Capïtania das Mhas dos JJfores Payai ç Pico. tient AU SÉNÉGAL. fg^ dent fa fertilité. Leurs crêtes font couvertes de très- 7^-^ beaux arbres , de noyers , de châtaigniers , de peupliers blancs , & fur-tout d’arboufiers qui ne quittent jamais leur verdure. C’efl: la prodigieulè quantité que Pon trouve de ces derniers dans cette ille , qui lui a fait don- ner le nom de Fayal , nom fous lequel les portugais connoifîènt l’arboulier. La lève de cette terre eft mer- veilleufe & travaille continuellement : elle ne fe repofe jamais , & produit toutes fortes de biens. Sur les col- lines ombragées on cultive plufieurs racines , comme la batate ôc la colocafe , qui fervent de nourriture aux domeftiques. Les campagnes reflèmblent à autant de jardins féparés les uns des autres par des murailles de pierre féche de hauteur d’appui : elles font deflinées aux bleds ; mais celui qu’on y recueille fuffit à peine pour la nourriture des habitans; on y fupplée par le maïs , le lupin , la geiïe & quelques autres legumes qui réufliiïènt mieux fur les coteaux. On a encore de grandes refTources dans les jardins , Jardins, où l’on cultive un grand nombre de fruits , les oran- gers ôc les citroniers de toutes les efpeces , des poiriers , des pommiers , le figuier , le grenadier , la vigne & l’olivier , avec beaucoup d’herbages. Les pafleques , les melons , les giromons , les calebaflès fucrées (i) & plu- fieurs autres fruits de terre y font comme naturels. Il ne dépendroiî que des habitans de donner plus d’ordre a leurs jardins , & de les orner un peu mieux ; car les fleurs ne leur manquent pas. Ils ont, pour les bordu- res , beaucoup d’oignons à fleur , le thim , la lavande , (0 Cucurbita oblonga, flore aibo, folio molli. C B. Pin. Morif. hijl. /gay.. cat. ^.fg. Aa i86 V O Y A G E la làuge , le romarin ^ le bafilic & les plantes aronîâ-- ti(|ues. L’œillet , la giroflée , la balfamine , le jarmin y le baHrier(ï) , les lis-afphodèies (2) , les narciffes & la tubéreufe etoient en fleur au commencement du mois de novembre. Dans le même tems les lupins ( i ) ? dont on avoit femé les collines , etoient fortis de terre; & ils dé voient vraifèmblablement fleurir au mois de jan» vier fuivant. On ne peut guères trouver ailleurs une plus grande abondance de troupeaux. Il y a des bœufs excellens, des moutons , des cabrits & des cochons *. on y nourrit des volailles de toute efpece. Le poiflbn n’y efl: pas fort commun , & l’on efl borne a celui de la mer . on y pêchoit alors beaucoup de petites foies & de carlets que l’on prenoit facilement a la ligne. J ai remarque une certaine conformité entre cette ifle & celle de Te- nêrif, en ce qu’elle a peu de gibier & peu d’oifeaux. Dans plufieurs promenades que j’y ai faites a^ deux lieues a la ronde, je n’ai rencontre que peu de lievres , & quelques cailles répandues dans les campagnes. Il efl vrai qu’il ne manquoit pas de merles fur le foramet des montagnes : j’en vis meme un grand nombre donc le plumage noir étoit agréablement tache de blanc : ils étoient par compagnies fur les arboufiers , dont ils mangeoient les fruits en jafant continuellement.^ Quoique l’automne foit une faifon très-agreable dans les ifles Afores , néanmoins le ciel commençoit à fe brouiller & à menacer des pluies. L’ifle de Fayal efl (î) Cannacorus ampiiffimo folio , flore ratilo. Injî. pag. ^6-j. (i) Lilio-arphodelus piiniceus. Cluf- hijl. i.pag. 137. (3) Lupimis albus. Park^ Morif, x. tab./.fig- J» A U s É N É G A L. 187 encore plus pluvieufe que les autres, fans doute à caule du Pic & de fes propres montagnes qui determi- i^ent les nuages à s’y arrêter. De-là naiflènt un grand nombre de fources , qui le déclarent par-tout, même dans plufîeurs quartiers de la ville , où on les ramalîè dans des citernesbien pavées. L’eau de ces fources, quoi- que d’une grande pureté, eft pelante & extrêmement crue : elle m’a même paru minérale & ferrugineule. La montagne la plus élevée de cette ille , le trouve L’ifledeFayaî à peu près vers fon centre a deux lieues Ôc demie de la aïs vokSf ville. Elle vomiflbit autrefois des flammes avec des matières embrafées , & caufoit des tremblemens de terre aflèz frequens. L’éruption qui le déclara en 1 672 fut la derniere : elle laifla à la bouche du volcan un grand baflin , qui , au rapport des habitans , a la ligure d’un parallélogramme , ceint d’un mur très-élevé , ôc ü régulier qu’on le prendroit pour un travail de l’art , fi l’on ne fçavoit parfaitement qu’il doit fon origine aux feux foûterrains. Les eaux des pluies ont depuis rempli ce baflin , & en ont formé une efpece de lac , ou pour mieux dire , un rélèrvoir de la plus belle eau , qui fait aujourd’hui l’etonnement & l’admiration des infulaires. C’eft, fans doute, par le moyen de ce vol- can ou de plufîeurs enfemble , que s’efl: élevé tout le terrein de cette ifle , qui n’a pour toutes pierres que differentes efpeces de laves, avec lefquelles on trouve des pierres brulees & des ponces. Le grain de ces laves cfl beaucoup plus gros que celui des pierres de l’ifle de Tenerif , dont j’ai parlé au commencement de cette relation (ï). (i) Voyez la page II. i8B VOYAGE Cette relâche , quoiqu’un peu longue , me fit beau- oaobre. jg plaifir. Outre les connoiffances qu’elle me donna d’un pays que je voyois pour la première fois , elle me repofà des fatigues du voyage, & me mit en état de fupporter celui que j’allois faire de-la en France. La lenteur ordinaire aux portugais , & les difficultés que nous eûmes de la part de la mer a embarquer 1 eau, le bois , le bifcuit , les farines , les bœufs , les volailles & autres provifions , ne nous permirent de fortir du 8 Novembre, port dc Fayal que le 8 de novembre. Nous eûmes des ^Onieyei’an- fud-oueft qui Hous firent bientôt perdre de vue les Afores. Je profitai de leur tranquillité pour pren- dre une fécondé bouteille d’eau de mer à trois cens lieues des côtes de France : c etoit tout ce qu il m en falloit pour en faire la comparaifon avec celle dont j a- vois eu foin de me pourvoir dans les mers du Sénégal, Notre navigation du Sénégal a Fayal avoit etc fort ennuyeufe , mais fa fin fut des jjlus perilleufe. A peine Tempête de avlons-iious fait cinquante lieues en quittant les Afo- deus mois, j-gg ^ qu^uu vcnt furicux de fiid-eft s’empara de la mer , & nous fit éprouver le commencement d’une tempête qui dura deux mois. Nous fûmes obligés de mettre "a la cape , & d’effuyer en cet état tous fes caprices. On conçoit alfez ce que c’eft que la pofition d’un fragile bâtiment expoié â etre le jouet d une mer courroucée j tantôt élevé fur une montagne d eau , & tantôt plonge dans les abyfmes^ battu en flanc par une lame, appe- lant! par l’autre , qui en tombant deffus , lemble devoir le briler en mille morceaux. On peut encore le figurer l’inquiétude du voyageur qui foupire apres un repos qu’il ne peut trouver j l’embarras d un pilote dont 1 art AU S É N É G A L. 189 devient inutile , ôc qui cherche vainement fa route dans le ciel au milieu des 'brouillards & des flots qui femblent conjurés contre lui; enfin l’etat du matelot le plus aguerri , qui voit dilpàroitre un 'Vaiflèau a. lès côtés : Quel fujet de méfiance pour eux l J ' Telle fut notre pofition pendant les deux mois les plus courts de Tannée. Ce fut en c^t-état que nous ^FaufTe mme errâmes tant dans TOcéan que dans la Manche où les cS! ^ courans nous portèrent , & où nous étions obligés chaque jour de fuir la terre que nous cherchions fur une côte remplie d’écueils ; lorfqu’une bonace., dont nous fçûmes profiter , nous permit de fortir de ce canal & de chercher un afyle dans le port de Brefl ; car la force de la tempête avoit mis nos voiles en pièces , brifé nos manœuvres , le corps même du vaiflèau étoit bien maltraité , les vivres manquoient , & Ton ne pouvoit fe rendre en cet état au port de l’Orient , qui étoit le lieu de la deftination , quand même on auroit eu les vents les plus favorables. Quand nous fûmes par le travers de Tifle d’Oueflant , nous embarquâmes un pilote côtier, qui nous fit entrer dans le port de Brefl le 4 de janvier 1754. On peut 4 Janvier; juger de Tétat où je me trouvois en arrivant dans cette de ville après quatre mois du voyage le plus rude , &; que j’avois entrepris convalefcent d’une maladie , dont le fouvenir me devint encore plus amer lorfque je vis la plupart des plantes qui en avoient été la caufe , per- dues par les rigueurs de la faifon. Pendant que notre vaiflèau fe radouboit & fè ragréoit pour fe rendre au port de TOrient , je paflài un mois à Brefl pour rétablir ma fanté chancelante , Ôc me difpofer au voyage de Il 5 4- Janvier. Eau de mer fufceptible de gelée. î8 Février. Arrivée à Palis. Ï^o VOYAGE Paris , que je fis dans les neiges ôc les grandes gêlees de feVrier , qui , comme Ton fçait , furent très-violentes, fur-tout dans la Bretagne. Les plantes qui me reftoient périrent par les grands froids , qui me furent utiles eiî cela feul , qu’ils me firent connoître que Peau de mer , même la plus (àlée comme celle du Sénégal , eft fuf*- ceptible de gelée. Les deux bouteilles que j’en empor^ tois bien enveloppées dans du foin , furent cafièes par la glace qui s’y forma , &: qui fut trouvée douce , comme je l’oblèrvai avec de Juflieu , a mon arri»^ vée a Paris le i B de février ^ après plus de cinq années d’abfence^ VIN. HISTOIRE DES COQUILLAGES lisï ^ *S* i #fc 9% *% fife *S* ^1 *1^ î ^ ;--_ P RÉ FAC E- LO R S qu’a mon retour du Sénégal je travaillai à donner un certain ordre aux obfervations que î’avois faites pendant mon voyage , je ne comptois pas devoir commencer par l’hiftoire des Coquillages j & mon projet étoit de donner en un corps d’ouvrage complet tout ce qui regarde les autres parties de l’hil- toire naturelle de ce pays ; j^avois même déjà entame riiifloire phyfique : mais comme le nombre conlide- rable des matériaux que j’ai recueillis , ôc qui renferme des détails trés-intéreiîàns & acquis par des recherches fort pénibles , fe feroit trouvé relTerré dans des bornes trop étroites j j’ai crû qu’il ieroit a propos de donner a cet ouvrage un peu plus d’extenfîon,de le diftribuer en plulieurs parties, &: de commencer par une de celles qui font d’un goût plus général : mon choix eft donc tombé fur les Coquillages. Une autre raifon m’a fait donner la préférence a cette partie j c’eft qu’elle man- quoit à l’hiftoire naturelle , n’ayant point encore été travaillée par l’examen des animaux , & j’ofe dire que la plûpart des fujets qui y font traités feront exaéle- ment neufs pour mes leêleurs ; ils pourront , fi l’on veut , palïèr pour autant de nouvelles découvertes. Le fiècle dans lequel nous vivons ^ en a produit a ij iv PRÉFACE. lui leul 5 en hiftoire naturelle , plus que tous ceux qui Pont précédé : on a vû naître la théorie des plantes & celle des infedes ^ on a vu des corps pierreux autrefois mis au nombre des végétaux ^ fe métamorphofer en' animaux , & des animaux fe reproduire par une fimple divifion des parties de leur corps ; enfin on a vû fous le microfcope des molécules auparavant inanimées, fe développer , prendre du mouvement , la vie même , & pafïèr fuccefîivement par ces trois maniérés d’exif- îence : on n’a été témoin de ces découvertes que de- puis que de Tournefort , de Reaumur , de Jufïieu , Trembley, de Bulïbn & Needham ont paru. Les autres parties de l’hiftoire naturelle ont été travaillées par beaucoup d’autres perfonnages illuftres j mais il fem- ble qifon ait entièrement perdu de vue les Coquil- lages : d’où vient cette efpece de préférence ? Les decouvertes en hifloire naturelle , comme dans les autres fciences , n’ont été faites que pas à pas. Les premiers obfervateurs n’ont d’abord apperçu que ce qu’il Y avoir de plus frappant dans les parties exté- rieures des corps fournis à leurs recherches j ceux qui les ont fuivis ont remarqués quelques particularités de plus ^ d’autres enfin j venus après ceux-ci , ont ajouté à l’examen des parties extérieures , ce qu’il y avoir de plus fecret & de plus caché dans l’intérieur de ces memes corps. Tel a été le progrès de nos con- noilTances en hifloire naturelle. Mais il s’en faut bien que toutes fes parties ayent marché d’un pas égal à leur perfection. Celles qui montroient quelque appa- rence d’utilité ont été cultivées les premières; on s’efl enfuite attaché a celles qui olfroient quelques fingu- V PRÉFACE. larites , ou qui flattoient agréablement les fens ; c’efl ainfi que les coquillages ont fixé à leur tour l’atten- tion des naturaliftes , par la beauté & l’agréable va- riété de leurs couleurs. Mais cette même beauté qui a fait jetter les yeux fur les coquillages , efi: devenue un puifiànt obftacle aux progrès de cette icience. La coquille feule dépo- fitaire de cette riche parure , a fait méprifer l’animal auquel elle fervoit de couverture j & efi devenue feule Tobjet de l’admiration de quelques naturaliftes. Epris, comme les curieux , de la beauté frappante de fes couleurs, ils n’ont pas jugé que l’habitant fût digne de leurs recherches , & la difficulté de fe le procurer à chaque inftant , n a pas peu contribué à augmenter leur dédain. Ils fe font donc bornés a l’examen des coquilles , ils n’en ont confidéré que la forme , celle de fon ouverture , ou le nombre de fes pièces j c’eft d’elle feule qu’ils ont voulu tirer leurs caraéleres pri- mitifs & diftinélifs : de-la cette foule de fyftêmes auffi peu fatisfailàns les uns que les autres. D’autres natu- raliftes ont a la vérité décrit quelques animaux j il y en a même qui ont indiqué en gros ôc d’une maniéré affez vague la méthode qu’il falloir fuivre dans Texa- men des coquillages ; mais aucun ne s’eft propofé de former une hiftoire fuivie & complette de ceux qui habitent les terres & les côtes maritimes de l’Europe, & perfonne depuis eux n’a tenté de fexécuter. Enfin , on peut dire en général que jufqu’aujourd’hui l’on n’a confidéré les coquillages que par leur habillement ^ leur enveloppe extérieure , la coquille , & non par les animaux qui les habitent. vj PRÉFACE, Le voyage que je viens de faire en Afrique , entr’au- tres oblèrvadons nouvelles qu’il m’a procuré , m’a fourni nombre de remarques curieufes fur les coquil- lages. On verra par la fuite que je préfente , que la mer du Sénégal eft auiïi fertile qu’aucune autre mer des pays chauds , qu’elle produit comme celle des Indes ^ les belles Cames , les Pourpres , les Rouleaux , & fur- tout les rares variétés qui portent les noms d’ Amiraux , Vice-Amiraux , &c. fi eftimées des curieux , avec plu- fleurs autres efpeces , qui , quoique moins apparentes par la vivacité & la diftribution de leurs coùleurs , fe- ront fans doute regardées à caufe de la Imgularite de leur forme , & à caufe de leur nouveauté : cependant comme un feul pays ne peut avoir l’avantage de pro- duire tous les coquillages , on ne fera pas plus étonné de voir que cet ouvrage ne parle point de certaines efpeces qui fe trouvent dans les cabinets , que d’y en voir d’autres qui ne fe rencontrent nulle part. J’aurois defiré, pour le rendre plus complet , pouvoir y join- dre les coquillages qui naiffent fur les côtes maritimes de la France , tant dans l’Océan que dans la Méditer- ranée j mais ni le tems ni les circonflances ne me l’ont encore permis. Un ouvrage qui donneroit une hiftoire générale & détaillée des corps marins ^ & qui préfen- teroit par ordre & fous un point de vue raifonné ces différens objets , mériteroit fans doute l’attention du public. Il feroit a fouhaiter que quelqu’un au fait de ces fortes d’obfervations , & protégé , fût envoyé fur ces côtes , pour nous en faire connoître les co- quillages par des deiïèins exaéls & par des delcrip- îion? faites fuivant les principes que j’établis j he î PRÉFACE. vîj combien d’obfervations n’y a-t-il pas ^ faire fur cette matière encore neuve , feule capable d’occuper un homme pendant plufieurs années , & digne autant qu'aucune autre des recherches des naturaliftes. Si le projet que je propole etoit mis-en execution , on ver- roit cette partie jufqu’ici négligée , avancer en peu de tems beaucoup plus que les autres j & il refteroit peu de chofes à faire pour rendre ce traité aulîi complet qu’on peut le defirer^ Je ne dirai pas avec quelques Auteurs modernes , que je n’ai employé a cet ouvrage que des momens perdus ; ils n’ont traité cette matière que comme un jeu , parce qu’ils l’ont travaillée fans foin ôc fans peine : en elFet ils n’ont examiné que les coquilles , qui ne leur fournilToient aucun caraàere certain ; de-là ils ont conclu que cette étude ne devoit être qu’une efpece de divertiflèment fembîable à celui que pren oient au- trefois Scipion & Lælius , tous deux Romains , l’un grand général & l'autre homme fort éloquent , îorf- qu’ils ramaiTbient des coquilles pour fe délaffèr de leurs occupations férieufes. Je conviendrai avec eux qu’une heure d’examen fur les coquilles de leur cabinet , a fulE pour les ranger fuivant l’ordre qu’ils nous ont donné ; mais font-ils parvenus au but qu'ils fe pro- pofoient , celui de nous faire connoître les coquilles qui ont le plus de rapports & de refïèmblances ? Non fans doute j & il me fera facile de faire voir qu’au contraire ils n’ont fait qu’augmenter le delbrdre & la confufion qui regnoient déjà dans cette partie , Sc que s’ils nous ont ouvert un chemin j c’étoit celui qui de- voit nous égarer ; car fi nous jettons les yeux fur leurs PRÉFACE, arrangemens ou leurs méthodes , nous y verrons par- tout les genres confondus , des coquilles terreftres mêlees indiftindement avec des coquilles marines , & réciproquement celles-ci avec des terreftres , des oper- culées avec des coquilles ftmples , & fouvent même des portions de bivalves avec des univalves ; nous y verrons des variétés fans nombre , des variétés d’âge & de fexe , fe métamorphofer &: prendre le nom d’ef- peces. Tels font les défauts communs à prefque tous les Auteurs : c’eft ainfi que la plûpart ont placé les Li- maçons terreftres , coquillages fans opercule , avec des Sabots , coquillages marins operculés ; les Rubans , au-, très coquillages terreftres ^ avec les Vis , & fouvent des Foffiles marins avec des coquillages d’eau douce. Ces exemples que l’on multiplieroit trop , fi l’on vou- loir les citer tous , & dont l’erreur faute aux yeux des connoilïèurs , prouvent aflez le peu de folidité & l’infuffifance des méthodes tirées des coquilles. En effet tant que l’on ne confidérera que la forme des coquilles , ce vuide fquelette ^ cette féche dé- pouille , feul objet que nous préfentent les cabinets , quand on ne les regardera que par un côté , que par une partie , l’ouverture par exemple , on fera toujours fujet â marier enfemble des coquilles fort différentes comme font celles qui n’ont point d’opercule , avec celles qui en font pourvues. Ce défaut naît de la dif- ficulté qu’il y a de trouver les coquilles avec cet oper- cule lorfqu’on ne les pêche pas immédiatement dans la mer , & de ce qu’on le rencontre rarement dans les colleélions des cabinets , choie cependant d’une plus grande importance qu’on ne fe l’eft imaginé jufqu’ici , PRÉFACE. îx pour la difl:inâ;ion des coquillages. Une autre diffi- culté qui empêche que l’on puilTe ranger les coquilles par leur figure feulement ^ & fur-tout par le contour de leur bouche ou de leur ouverture , c’efi; qu’il y en a qui ont une forme particulière dans leur jeuneflè , & une autre dans leur vieillefle; telles font la plupart des Pourpres , dont la bouche ou l’ouverture a la lè- vre tranchante , mince & lans dent pendant leur jeu- nefié, au lieu que dans leur vieillelîe elle efi: épailîè , dentée, ôc bordée d’un large bourrelet; fouvent cette même lèvre s'épaiffit de maniéré qu’elle ferme pref- qu’entierement l’ouverture , ne lui laiilànt qu’une ef* pece de fente alTez étroite; les différens fexes éprou- vent auffi des variétés à peu près femblables. Qu’arri- vera-t-il donc de là ? C’efi: que de deux coquilles de même elpece j dont l’une fera jeune fans bourrelet , 6c l’autre vieille avec un large bourrelet , on mettra la première dans le genre des Buccins ^ ôc l’autre dans celui des Pourpres ; il en fera de même à l’égard des diiférences occafionnées par la difierence du lexe; mé- prifes dans lefqiielles font tombés tous ceux qui n’ont confulté dans les Coquillages que leurs coquilles , 6c non les animaux qu’elles renferment : enfin , excepté la divifion générale & ancienne des coquilles en Uni- valves , Bivalves & Multivalves , ils^ ont mis cette Icience dans une confufion , dont il ne feroit pas poffible de la tirer , fans la connoiflànce des animaux auxquels elles appartiennent. Il y avoit donc dans les Coquillages quelque chofe de plus à confidérer que leurs coquilles ; l’animal qui les habite devoir nous guider dans nos arrangemens b X PRÉFACE. méthodiques , lui feul devoit nous fervir de réglé y puifqu’il en eft la principale partie , celle qui donne à cette efpece de fquelette extérieur , la forme , la grandeur , la dureté , les couleurs , enfin tous les acci-- dens que nous y admirons. Si nous examinons atten- tivement ce peuple nouveau & entièrement oublié ^ fi nous confidérons en particulier chacun des êtres qui le compofent , nous découvrirons dans leurs mœurs , dans leurs allions , dans leurs mouvemens & dans leur maniéré de vivre , une infinité de chofes tres- curieulès ^ des faits intéreflàns & capables de fixer l’at- tention d’un oblervateur avide & intelligent ; nous appercevrons dans la ftruélure de leur corps un grand nombre de parties aufli fingulieres par leur forme que par leurs ufages : en entrant enfuite dans les details , nous conviendrons que cette matière demandoit a être traitée férieufement & non comme un jeu , étant auffi remplie d’épines & de difficultés qu’aucune autre partie de rhiftoire naturelle. C’efi: d’après cet examen & ces réflexions , que j’ai cru devoir travailler cet ouvrage fur un plan tout diflerent de celui qu’ont fuivi les anciens & les mo- dernes. J’ai déjà dit que leurs méthodes , bien loin de donner aucune lumière fur la connoifiance des Coquil- lages , tendoient au contraire à nous écarter de la vraie route qu’il faut luivre pour l’acquérir ^ & l’on verra par l’expofe que je vais faire de mon plan , que je ne dois rien aux uns & aux autres , puifque je n’ai pas emprunté la moindre de leurs idées. D’abord je me déclare aflez ennemi des fyftêmes , & je connois trop leurs défauts pour en admettre PRÉFACE. _ xj aucun , même dans cette partie où, ouvrant une car- rière nouvelle aux amateurs de Thiftoire naturelle, il me feroit aulïi libre que facile d’en établir. C’ell: un principe duquel je ne m’écarterai point dans les autres parties de l’bifloire naturelle du Sénégal que j’aurai a traiter après celle-ci. Je me contenterai de rappro- cher les objets fuivant le plus grand nombre des de- grés de leurs rapports & de leurs reflemblances ; les defcriptions qui ferviront a établir cette relTemblance , feront auffi les preuves les plus folides fur lefqu elles feront appuyées les raifons que j’aurai eu de les rap- procher. Ces objets ainfi réunis , formeront plulieurs petites familles que je réunirai encore enlemble , afin d’en faire un tout dont les parties foient unies & liées intimement. Je ne promets cependant pas que l’on trouvera par -tout cette liaifon ; c’efl un avanta2;e qu’on ne peut raifonnablement efpérer que dans ces ouvrages univerfels qui raifemblent tous les objets connus , & non dans ceux qui , comme celui-ci , n’of- frent que les objets particuliers à un pays : je conviens, au contraire , que tous ceux dont je traiterai ne for- meront pas une fuite complette, &; ce n’étoit point mon but ; mais du moins ne ferons-nous point obligés d’admettre des liaifons forcées , auxquelles la nature ne fe prête point , telles que celles que l’on voit dans tous les fyflêmes : les corps que nous aurons réunis , po^ii^ront être féparés ou mariés d’une maniéré aum bizarre , que par ignorance , ou dans des méthodes auHi mal concertées. Si jufqu’à préfent l’on avoit tra- vaille a découvrir dans les corps leurs rapports , a en faire de petites familles bien caraêlérifées , ce que quel- b ij xij PRÉFACE, ques-uns appellent des familles naturelles, Phiftoire de la nature feroit aujourd’hui moins embrouillée , leaucoup plus avancée, & l’on feroit moins embar- lalîe fur la place que doivent occuper tant d’êtres ifolés que Ton ne fçait où rapporter, faute d’en avoir fait des defcriptions entières & d’exaéles comparaifons. Cet ouvrage fera donc moins une méthode ou un fyftême , qu’une nouvelle maniéré de confidérer les Coquillages : il n’y fera plus queflion de l’ancienne divihon en Univalves , Bivalves & Multivalves. J’ai apperçu quelque chofe de plus dans les Coquillages : ï’ai reconnu que les animaux de ceux que l’on a ap- pelles jufqu’ici Univalves , avoient un grand nombre de rapports généraux , une refîemblance générale ; mais j’ai trouvé dans leurs coquilles mêmes de quoi divifer cette famille en deux : quelques-unes d’elles ont une petite piece qui fert a les boucher comme un couvercle , que j’appelle à caufe de cela Vopercule y ôc qui caradérife la famille des Operculées que j’établis , celle qui fuivra immédiatement la famille des Uni- valves proprement dites. J’ai été obligé d’en agir de même a Tégard du terme de Bivalves , ne pouvant l’adopter dans le même fens que l’ont pris les moder- nes , parce que dans la famille des Bivalves dont les animaux ont les mêmes rapports généraux , il y en a dont les coquilles ont plus de deux pièces , c’eft-à-dire, ne peuvent plus être appellées corredement Bivalves: j’ai divifé cette famille en deux , lailîant à la première , a celle dont la coquille n’a que deux pièces , le nom de Bivalve , & donnant a l’autre qui porte plufieurs pièces , celui de Multivalye. Après avoir employé le PRÉ FA C E. xiij terme dé Bivalves , dont les modernes ie fervoient pour defigner indifféremment ces deux familles , les Bivalves & les Multivalves , il m’a fallu faire un terme qui revînt a celui de Coucha d’Ariffote , de Pline ôc des anciens : j’ai cru que celui de Conque pourroit rendre ce terme , en lui confèrvant toute là force & fon éten- due , c’eff-à-dire , en lui laiffant comprendre les Mul- tivalves avec les Bivalves : par-la j’ai évité toutes les idées & les dénominations fauiïès qu’occafionnoient le terme de Bivalve lorfqu’il tomboit fur un coquillage de plus de deux pièces , comme fur une Pholade , ôc celui de Multivalve qui pouvoir s’appliquer égale- ment à certaines efpeces de vers à pinceaux , tels que les Glands-de-mer , les Conques Anatiferes , &c. qui font exclus de cette famille par le terme Coucha des anciens. Nos Coquillages feront donc diffingués en Lima- çons & en Conques. Les Limaçons feront divifés en Uni valves ôc en Operculés j, & les Conques en Bival- ves & en Multivalves. Voila nos quatre familles gé- nérales , qui feront encore elles-mêmes fous-divifées en plufieurs autres familles fubalternes. Paffons aêluel- lement à la maniéré dont chacune de ces parties fera traitée. Les caracfleres dont je me fer virai pour diftinguer les familles fubalternes , feront pris de la pofition des yeux dans les JLimaçons , & de la figure des trachées dans les Conques j les autres parties feront employées pour caraêlérifer les genres , & la coquille me guidera pour l’ordinaire dans la diflinêlion cfes efpeces & des variétés. J’avertis ici que j’aurois pû prendre les ca- xiv PRÉFACE. radieres des familles fubaîternes de toute autre partie que de la fituation des yeux ; j’ai préféré' celle-ci , parce que , quoique fujette à varier, elle eft encore plus confiante que les autres , qu’elle eft facile a apperce- voir , & qu’elle s’oppofe moins à la réunion des Co- quillages qui ont entr’eux le plus d’analogie. Dans un art nouveau , ôc il en eft de même d’une fcience tirée du fein de Toubli , combien ne rencontre- t-on pas de difficultés quand il s’agit de fe faire en- tendre ? combien de termes ne faut-il pas inventer ? J’ai fenti ces difficultés fur-tout quand il a été quef- tion de trouver des termes pour défigner des parties qui n’ont pas été beaucoup obfervées, & elles fe font préfentées d’autant plus fouvent, que notre langue a été abandonnée , fur cette matière , par les langues am ciennes , qui n’en ont que peu ou point du tout traite. Je donnerai ci-après dans un article féparé , les défini- tions avec l’explication & l’ufage de ces parties , afin de n’être pas obligé de les répéter a chaque deferip- tion , ôeje rendrai raifon ,, parrtout où il fera nécelTaire, des noms dont j’aurai été obligé de me fervir. A l’égard des noms que j’affignerai aux efpeces de Coquillages inconnues ou anonymes , voici la règle que je me fuis preferite : je donnerai d’abord un noni fimple & unique a un genre ^ ou , ce qui revient au même , a la première efpece d’un genre ; & îorfqu’il y aura plufieurs efpeces , j’ajouterai à ce nom généri- que , un nom fpécifique , particulier & propre à cha- cune des efpeces fuivantes. En cela je ne dérogerai point a la coutume reçue chez prefque toutes les na- tions Européennes , de donner aux peres de famille PRÉFACE. xr un nom que leurs enfans prennent aufîî , pour faire connoître qu’ils defcendent de telle ou telle fa- mille; mais en ajoutant a ce nom de famille un nom de terre ou de polTeffion , ou tout autre nom arbi- traire , pour diftinguer les enfans les uns des autres: c’eflainü que Martin, par exemple , ayant quatre en- fans, appelle l’un Martin du moulin , l’autre Martin du^folTe , le troifieme Martin de l’etang , & le qua- trième Martin de la laulTaie ; &: il auroit trouve deux cens noms pareils , s’il eût eu deux cens enfans. Je me conformerai a cet ufage d’autant plus volontiers qu’il s’accorde avec le genie de toutes les langues connues ^ & qu’il ne peut caufèr aucun embarras lorJfqu’on veut reunir ou divifer deux ou plufieurs genres differens. Prenons pour exemple quelque genre de plante con- nue , comme l’oranger. Un Auteur qui , à l’exemple de M. Linnæus , rangera fous le même genre l’oran- ger , le citronier , le limonier, &c. nommera la pre- mière efpece Oranger fimplement , la fécondé Oranger- citionier , & la troifieme Oranger-limonier; un autre Botanifte qui regardera ces trois efpeces comme trois genres dilFêrens , appellera l’un Oranger , l’autre Li- monier J le troifieme Citronier , & ainfi de fuite : par- la on évitera toute confufion , & chacun aura la liberté de réunir ou divifer les genres & les efpeces fuivant fes îdees, làns être obligé de forger à chaque inftant de nouveaux noms auxquels ne peuvent fuppléer les phrafes des nomenclateurs , ou de changer les noms reels & primitifs de chaque chofe. Rien de plus prejudiciable à nos connoiflances que ces changemens de noms : nous devons confèrver les xvj PRÉFACE. anciens , fur-tout ceux qui paroiiTent fort bons , & qui ont e'té adoptés par les maîtres de l’art. Ceux qui étu- dient la Botanique & qui ont fait quelques progrès dans cette fcience , ne fçavent que trop quel embarras caufent aujourd’hui ces termes nouveaux qu’on a voulu fubftituer aux anciens , peut-être autant pour faire oublier leurs auteurs refpedables ^ que pour ré- duire cette fcience a une nomenclature dont tous les termes exprimalîènt quelque caraélere de chaque plan- te. Ce projet , beau dans la fpéculation , nuifible dans la pratique , impoiïible dans l’execution , opérera fans doute un jour un avantage , en ce qu’il nous fera fentir la néceiïité de recourir aux termes des anciens , il nous fera lire leurs ouvrages, & nous y verrons avec étonnement quel abus quelques modernes en ont fait , en employant , fans choix & fans referve , des noms confacrés pour exprimer des chofes fort connues , que les nouveaux noms rendent aujourd’hui comme étran- gères aux gens même les plus confommes dans cette fcience. L’expérience nous apprend que la plupart des noms fignificatifs qu’on a voulu donner à différens ob- jets d’hiftoire naturelle , font devenus faux a mefure qu’on a découvert des qualités , des propriétés nou- velles ou contraires a celles qui avoient fait donner ces noms ; il faut donc , pour fe mettre a l’abri ^des contradiaions , éviter les termes figurés même faire enforte qu’on ne puiffe les rapporter a quelque étymologie , afin que ceux qui ont la fureur des éty-^ mologies ne foient pas tentés de leur attribuer une idée fauffe. , Il en doit être des noms comme des coups des jeux de PRÉFACE. xvij de hazard, qui n’ont , pour l’ordinaire ^ aucune liai- fon entr’eux : ils feront d’autant meilleurs qu'ils fe- ront moins fignificatifs j moins relatifs à d’autres noms , ou à des chofes connues ; parce que l’idée ne fe fixant qu’à un feul objet , le faifit beaucoup plus nettement que lorfqu’elle fe lie avec d’autres objets qui y ont du rapport. Ils doivent être courts & dans le goût de la langue dans laquelle on écrit. C’eft aufîi la méthode que j’ai fuivie : j’ai tâché de n’en prendre que de doux ^ & fur-tout de les faire les plus courts qu’il a été poflible , en fui van t les règles des termi-’ naifons françoifès & le génie de notre langue. Il n’efl pas douteux que la plupart de ces noms nouveaux paroitront d’abord mal fonans , durs & fouvent inin-? telligibles ; que ceux même qui feront goûtés par tels & tels connoifleurs , feront rejettés par d’autres per- fonnes auffi judicieufes. Tel eft le fort des nouveaux termes , & je m’attends que ceux-ci l’éprouveront : ce- pendant ces noms deviendront par l’ufage aulîi fami^ îiers & auflî fignificatifs que les anciens , & je fuis per- fuadé que fi l’on fait attention aux avantages qui en doivent réfulter , on me paiîèra facilement ceux même qui pourroient paroître négligés. Le dernier abus que l’on doit éviter dans les noms , c efl leur double emploi , & l’on ne fçauroit trop blâ- mer ceux qui tranfportent à des chofes inconnues des noms déjà donnés à d’autres objets , défaut qui fe rencontre dans tous les ouvrages faits avec précipita- tion J fans foin , &; fur-tout dans ceux des jeunes Au- teurs qui ont négligé la leélure des anciens. Cet article, un des plus importans dans l’hifloire naturelle , mérite c xviij PRÉFACE, qu’on y fallè attention fi Ton veut avoir quelque cer- titude dans cette fcience 3 6c il feroit a fouhaiter que les naturaîifles qui nous ont précédés, n’eufïent pas em- pruntes tant de termes d’arts 6c de fciences pour nom- mer les objets qu ils ont décrits : un coup d’œil jette fur les Dictionnaires les eût empêché d’en faire ufàge , en leur apprenant qu’ils avoient déjà été employés avant eux pour défigner des chofes d’une nature fort différente : c'eft le moyen dont je me fuis fervi , 6c que je puis indiquer comme le plus fur pour éviter cet abus qui n’eft aujourd’hui que trop multiplié. Je fup- primerai donc , en nommant les Coquillages , tous les termes qui ont double emploi , parce qu’ils mettent par-tout de la confufion : tels font les noms de guerre qui font propres a des animaux très-connus , comme le tigre , la taupe , la bécâfle , la perdrix , la tortue , îa chenille 6cc. tels font ceux qui ne conviennent qu’aux végétaux , comme la figue , la poire , la chi- corée , îa laitue , le radis , la pelure d’oignon , 6cc. tels font encore les termes d’arts 6c de fciences, comme le treillis , le rateau , le télelcope , la géographie 6c tant d’autres. J’agirai de même à l’égard des noms adjeélifs , tels que la tuilée , la chambrée , la tanée , 6cc. je leur fubfiituerai un terme neuf, qui n’aura eu juf- qu’ici aucune fignification. On lent affèz de quelle utilité il feroit que les prin- cipes que je propofe fur l’ulàge 6c l’impofition des noms , fufiènt mis en exécution de concert par tous les naturaliftes , tant pour abréger la nomenclature , que pour foulager la mémoire. Quelles obligations n’aurions-nous pas aux anciens s’ils avoient entame PRÉFACE. xix ce travail ? que de peines e'pargne'es à nous & a nos delcendans , slls avoient enrichi l’hiftoire naturelle de tant de noms dont la pofte'rité fera redevable à notre fiecle , ôc auxquels nous regrettons avec raifon que nos predecelîèurs n’ayent pas travaille ? Ces noms appropries à chaque objet , le defigneroient fans doute plus promptement & plus fûrement qu’aucune del^ cription , comme nous fçavons par expérience que le nom d'une perfonne connue nous la remet mieux dans la mémoire que tous les fignalemens & les dei^» criptions que l’art ou l’éloquence du difcours pour- roient nous en faire. J’ai fuivi Tordre qui m’a paru le plus naturel pour les delcriptions J je veux dire qu’au lieu de faire une hifloire de mes obfervations liir chaque Coquillage , j’ai divifé ma defcription en deux parties , dont la pre- mière regarde la coquille, & la fécondé l’animal , en les diflinguant par un titre que j’ai porté en marge: j’ai diflingué pareillement les autres articles que j’aî eu à traiter , tels que la tête , la bouche , les yeux, &c. deforte qu’en regardant à la marge on voit par les ti- tres particuliers ce dont il eft queflion dans chaque article. Cette diflribution m’a paru d’autant plus com- mode , qu’elle donne beaucoup plus d’ordre aux ma- tières , qu’elle épargne bien des répétitions inutiles & ennuyeufes au leéleur impatient de s'inflruire , ôc qu’elle le difpenfe de lire une defcription entière pour un feul objet qu’il lui importe de connoître. Elle a en- core un avantage, en ce qu’elle permet de voir d’un coup d’œil les différences ou les refïemblances de plufieurs objets , ôc de faire la comparaifon de certaines parties c ij XX PRÉFACE. d’un Coquillage avec les parties femblables d’un autre Coquillage ; moyen , comme l’on fçait , le plus pro- pre pour donner de la netteté & de la précifion a nos connoiflànces. Je n’afîigne point de caraélere particulier à chaque genre que j’établis , parce que ces caraéleres particu- liers qui font arbitraires , varient quelquefois & de- viennent fouvent faux ou équivoques lorfqu’on vient à trouver de nouvelles efpeces : j’y fupplée par une exaéle & entière defcription ; elle tient lieu des meil- leures caraéleres , puifqu’elle les raflemble tous j ceux qui font arbitraires auffi-bien que ceux qui font réels . Les caraéleres qui font décrits dans une première ef- pece ou dans une divihon de genre , ne font point ré- pétés dans les fuivantes auxquelles elles font com- munes ; je me contente , pour éviter les répétitions , de faire remarquer les chofes qui leur font particu- lières , & qui peuvent en même tems les caraélérifer & les diflinguer des autres efpeces. J’ajoute encore à la fin de chaque fèélion quelques remarques dans lei- qiielles je fais une récapitulation , où j’explique ce que les Coquillages qu’elle renferme ont de commun , en quoi ils diiférent de ceux des autres familles , & par-tout où cela fè peut faire j j’emploie les compa- raifons & les rapports prochains par Jefquels deux fa- milles peuvent le rapprocher , pour lier plus intime- ment , comme je l’ai déjà dit , toutes les parties de cet ouvrage. Une autre attention a laquelle j’ai crû ne devoir pas manquer , c’ell; de donner à mes defcriptions toute l’extenfion dont elles étoient fulceptibles , afin de ne PRÉFACE, xxj nen laifFér defirer de €e qui peut interefler. Elles feront nlême aflèz détaillées pour que Ton puifle comparer enfemble toutes les parties de nos Coquillages , ju- ger de celles qui embrafîènt le plus grand nombre de rapports , pour enfuite , fans autre examen , en faire différens arrangemens ou des fyftêmes 3 6cil me fèmble déjà voir tous ces gens dont la fcience confifte dans les combinaifons des méthodes , tous ces retourneurs de fyflêmes ( qu’on me pafle ce terme) , travailler à don» ner une autre forme a ma dilfribution ^ l’adapter a leurs idées , & la préfenter enfuite comme quelque chofe de neuf, en y ajoutant un petit nombre d’ob- lèrvations. Mais pour leur éviter cette peine , Je join- drai à ce traité une table de ces principales combinai- fons , par laquelle ils verront combien il eft facile d’imaginer des arrangemens méthodiques , des fyftê- mes J quand on polTede bien fa matière ôc quand on eft bon obfervateur j ils verront encore par cette table que les fyhêmes en hiftoire naturelle fe prêtent à tout, qu’ils font inépuilables , & que les Coquillages feuls fourniroient par la combinaifon de dix parties différentes , plus de cent fyflêmes femblables a ceux que l’on fait tous les jours , tant fur les plantes que fur les animaux ôc les autres parties de l’hifloire naturelle. Rien de fi fréquent aujourd’hui que ces fortes de produélions fur des fujets rebattus , ôc rien de fi rare que d’en trouver quelqu’une dont l’Auteur puifle fe glorifier d’avoir appris quelque chofe au publie. J’en donne pour exemple la plupart des ouvrages fyftêma- tiques de Botanique qui ont paru depuis M. de Tour- xxij PRÉFACE. nefort; que nous ont-ils appris de plus que ceux de ce grand homme? Le voici, c’eft que Ton peut imaginer tous les jours de nouveaux fyftêmes làns perfedionner davantage une fcience. Ce que je dis de la Botanique doit s’appliquer egalement aux autres parties de Thif- îoire naturelle. Plus nous voudrons imaginer ou com- biner de fyftêmes , plus nous re'pandrons de ténèbres & d’obfcurite' dans nos connoiflànces. Fuyons donc ces froides & vaines répétitions qui n’offrent au public que ce qu’il a déjà vu fous mille formes : multiplions les obfervations , & non les fyftêmes Ôc les livres , qui , à la confufion de Phiftoire naturelle , ne font au- jourd’hui qu’embrouiller la matière au lieu d’inftruire. La table dont je viens de parler , eft celle que j’ai fait précéder immédiatement l’hiftoire des Coquilla- ges : c’eft comme un extrait des obfervations les plus eflèntielles qui font répandues dans le corps des def- criptions. Je l’appelle table des rapports , parce qu’en effet elle rafïèmble dans autant àe colonnes diftin-? guées , toutes les parties femblables des Coquillages qui ont le même rapport ou la même particularité , la même reffemblance qui eft indiquée à la tête de cha- cune de ces colonnes. Elle nous tiendra lieu des fyfte- mes & des méthodes des Auteurs , que j’aurois rap^ porté par ordre , fi elles en euffent valu la peine : mais elles font fi mal concertées , & fabriquées d’après des parties de coquilles & des coquilles fi peu oblervées , fl légèrement examinées , que , pour peu que l’on ait de connoiftànce dans cette matière , on eft tente de croire que leurs Auteurs en ont voulu faire un badi- nage. On trouvera dans cette table , des obfervations PRÉFACE, xxiij fur les coquilles , redifiées & redreflëes par rexamen des animaux qui les habitent ; on y verra une fuite de combinaifons ou de rapports, qui mettra les le(aeurs • au fait d’une maniéré plus fure & plus inilrudive que tous les fyftêmes , & qui ne les forcera point à des arrangemens bizarres , parce que ces combinaifons ne font point faites contre nature ni au hazard , mais feu- lement par la réunion des Coquillages qui fe rappro- chent naturellement ; on y verra comment les Co- quillages d’une famille fe joignent a ceux d’une autre famille , comment ils fe rapprochent & s’unifTent par certaines parties pendant qu’ils s’éloignent par d’au- tres : cet ouvrage qui m’a coûté beaucoup de peine , en épargnera beaucoup à ceux qui travailleront après moi fur la même matière. Il n’eft pas nécelTaire de donner des exemples de l’utilité que retireront de cette table les perfonnes qui , fans avoir acquis une connoifTance fuffifante des animaux des Coquillages , voudront ranger les co- quilles de leur cabinet -, elle efl déterminée par là clarté fa fimplicité , & par la liberté que chacun aura de choifir dans les rapports celui qui lui plaira le plus pour fes arrangemens : mais je dois faire part d’une remarque que j’ai fouvent eu occafion de faire , c’ed; que de tous les rapports que l’on obferve dans les coquilles , il n’y en a point de plus général , de plus confiant & de moins fautif, que celui qui fe tire de l’échancrure ou du canal fupérieur de leur ouver- ture , dans celles qui ont ce canal ; & de la figure de l’ouverture même , dans celles qui n’ont ni canal ni échancrure. XXIV PRÉFACE. La mefure dont je me fers dans les dimenfions des Coquillages efl le pied de roi de Paris. Je ne donne en pieds, pouces & lignes que les grandeurs abfolues &: re'elles des coquilles ôc des animaux en entier ; car pour ce qui elî des proportions de chacune de leurs parties , je crois qu’il ell: plus fûr de décrire leur gran- deur relative , je veux dire , la grandeur relative d’une partie proportionnellement à la grandeur d’une autre partie : alnh au lieu de dire la tête de tel Coquillage a un pouce de longueur , fes cornes ont un pouce de longueur , je dis que fes cornes une longueur égale à celle de la tête j ôc je fuis cette règle d’autant plus volontiers , que les grandeurs abfolues des parties molles ou dures des Coquillages changent avec f%e dans leur accroilîèment , au lieu que les grandeurs relatives font allez conftantes. J’aurois defiré pouvoir fupprimer les citations des phrales latines que je mets a la tête de chaque defcrip- tion , & m’en tenir aux numéros des Auteurs qui ont donné des ligures ; mais comme ces phrafes tiennent fouvent lieu de tout autre fynonyme &: de figure , de que d’ailleurs les naturalifles paroilTent les demander, je les rapporte avec les fynonymes , fuivant la date de leur ancienneté, dans le même ordre que celui que j’ai fuivi dans la table chronologique des Auteurs que je cite dans le cours de l’ouvrage , c'efl-à-dire , en commençant par les plus anciens & finilTant par les plus modernes. Il n’efl; prefque perfonne qui ne convienne de Tuti- lité des figures , du moins des bonnes figures : ce font des tableaux fidèles qui nous préfenteiit a chaque inflant P R É FA C E. XXV înftant des objets que fbuvent Ton ne peut efperer de voir en nature : elles font d’une nécefïité indif- penfable , fur -tout lorfqu’il eft quellion de faire connoître des animaux qui ne font pas encore connus , ou des objets qui ont peu de rapport avec ceux que nous connoilTons ; c’eû pour cela que j’ai accompagne mes delcriptions des figures de toutes les efpeces de Coquillages que j’ai obferves au Sénégal. Il s’en trouve à la vérité beaucoup qui ont été déjà gravées dans quelques ouvrages modernes ; mais comme le plan de mon ouvrage diffère du leur en cela qu’il préfente les animaux qui habitent chaque coquille , je n’ai pu me dilpenler de figurer toutes celles qui appartiennent a chaque animal d"un même genre ; d’ailleurs elles font travaillées avec une exaêlitude qu’on aura peine a trouver dans les anciennes. Reboul qui les a défi fine ôç gravé , mérite bien que je lui rende cette juffice ; mais ce coup d’effài qui n’eff: pas indigne d’une main de maître , parle aflez en là faveur : les dix-neuf plan- ches qui accompagnent cet ouvrage mettront les con- noiffeurs à portée de juger de la perfedlion que l’on doit attendre d’une main fi habile. Pour donner plus de netteté à ces figures, j’ai fup- primé les ombres qui auroient pu faire perdre de vûe certaines parties des animaux qui font plus impor- tantes à mon objet : en cela j’ai voulu beaucoup moins accorder à la févérité des règles ordinaires du deflèin , qu’à l’ulage des naturaliftes qui fuppofent que leurs objets font détachés de tous les corps voifins ^ & fi proches de l’œil ou éclairés fi également de tous côtés , qu’ils ne peuvent jetter aucune ombre. J’ai fixé une d XXV] PRÉFACE, grandeur raifonnable a ces mêmes figures ^ diminuant les plus grandes , donnant les moyennes telles qu’elles font , & grofïifTant les plus petites après les avoir re- preTentê dans leur grandeur naturelle. J’ai foin d’a- vertir dans les defcriptions de celles qui font dans ce cas. J’ai évite fcrupuleufement ces fituations contre na- ture , que quelques Auteurs ont donné a leurs co- quelqi i les fiï quilles , en les figurant la pointe en haut , fituations aufïî bizarres que celles qui repréfenteroient les hom- mes la tête en bas &: les pieds en haut. On en fendra tout le ridicule quand on verra les animaux traîner leurs coquilles : aufîi ai-je eu foin de les préfenter dans la pofition qu’ils affèélent , foit en marchant , foit en fe fixant j, l’ouverture de la coquille toujours placée dans fon vrai fens , & non dans le fens con- traire , défaut auquel on remédie facilement aujour- d’hui en gravant au miroir. Un autre défaut que j’ai évité 5 c’efl de donner des figures de coquilles impar- faites , roulées , ou ufées fur la meule , à la lime j &c. On ne fçauroit trop exhorter ceux qui en feront figu- rer par la fuite , de fe difpenfèr de repréfenter celles qui auront été limées : elles prennent par-lè. des figures qui n’exiflent point dans la nature , & qui deviennent peu intérellàntes & encore moins inflrudives. Comme une feule fituation de la coquille ne fufEt pas pour en préfenter toutes les faces , j’ai été obligé de figurer deux fois la même , du moins dans les Li- maçons , afin d’en faire parôître en même tems le dos & le devant ou l’ouverture ; & dans la première efpece de chaque genre où j’ai aufîi figuré l’animal , je fai PRÉFACE. xxvij donne fous trois afpeéls differens pour mettre en évi- dence toutes les parties de Fun & de l’autre. " Il feroit fort inutile de faire repréfènter , comme l’ont quelquefois demandé certaines peribnnes peu au fait de la maniéré d’obferver & encore moins de l’ana- tomie des Coquillages , l’animal tiré entièrement de fà coquille : cette opération qui lui coûteroit toujours la vie à caule de fa molleflè & de la difficulté qu’il y a de le détacher fans le mettre en pièces , fe borne- roit à nous faire voir une mafîe de chair tournée en fpirale , ou de toute autre forme , dont la coquillè nous donne un modèle bien plus parfait. Il n’en eft pas de même des autres parties qu’il nous importe de connoitre ^ leur figure n’efi: point empreinte fur la coquille , on ne peut les bien voir que quand l’animal les fait fortir , que quand il fè croit dans une fécurité qui lui permet de les développer , de les étendre , & de les expolèr au dehors ; c’eft dans cet état que je les ai fait repréfenter dans tous les détails que m’a permis un examen attentif & répété plufieurs fois. J^'ai borné le nombre de mes Coquillages à 1 8 5 ef- peces , qui étant doubles & fouvent triples , comme on vient de le faire obferver , font plus de 400 figures: les defcriptions fuppléent aux ' variétés y car on ne finiroit jamais fi l’on vouloir repréfenter toutes celles qu’éprouvent leurs coquilles , tant dans la forme à dilférens âges , que dans les couleurs : on en verra la preuve dans les citations que je fais des Pucelages , des Rouleaux, &c. Ces 185 elpeces font numérotées par genres , & comme la première efpece de chaque genre exige des détails tant fur la forme des coquilles que à ij xxviij PRÉFACE. fur celle de leurs animaux , je me fuis 1èr vi des lettres de Talphabet pour dèfigner des parties femblables : c’ell ainfi que le T défigne toujours la tête des Lima- çons , B la boucbe , C les cornes , & ainfi des autres parties. Tel eft f ordre dans lequel feront traitées toutes les matières de cet ouvrage , qui fera fuivi d’une table alphabétique des noms françois , latins , grecs ôc étran- gers qui y font répandus. Je ne dois pas laifïèr ignorer les facilités que m’ont procurées pour l’exécution de cet ouvrage , les per- fonnes diftinguées qui ont bien voulu faire la dépenfe des planches qui l’accompagnent. Le public leur doit beaucoup pour l’intérêt qu’elles prennent a l’avance- ment des Iciences. Pour moi pénétré des obligations que je leur ai , je ne puis que me plaindre de la loi qui m'efl impofée de taire des noms aulïi illuflres que chers à la Littérature. XXIX DEFINITIONS DES PARTIES DES COQUILLAGES^ Et explication de quelques termes dont on s’eji Jervi dans le cours de cet Ouvrage, T’Ëntènï)S par le mot de Coquillage, un animal dont J le corps efl moi, fans aucune articulation fenfîble; & recouvert , en tout ou en partie , d’une croûte pierreufa appellee Coquille, à laquelle il elî attaché étroitement par un ou plufieurs mufcles. Quoique tous les Coquillages ayent une relTemblance gé- nérale, il y a cependant de grandes différences, tant dans la figure, que dans le nombre des parties qui compofent l’Ani- mal ou fa Coquille. Je vais en faire le détail en les rappor- tant à ces deux chefs: je ferai remarquer en même tems ce que les obfervations m’ont appris fur leurs ufages ; & comme la Coquille eff la première chofe qui fe préfente à la vue lorfqu’on rencontre un Coquillage, c’eff par elle que je vais commencer. PARTIES DE LA COQUILLE, La Coquille eff cette croûte pierreufe qui recouvre le Coquîiiç, corps de l’animal en tout ou en partie. On peut la regarder comme le vrai os des Coquillages , puifqu’elle en fait les fondions en fervant de bafe ou d’appui aux mufcles qui y font attachés. Cet os différé des os des animaux Qua- drupèdes , Oifeaux , Poiffbns , Reptiles , &c. en ce qu’au lieu d’être recouvert par les chairs , il leur fert d’enve- loppe : il différé encore des os des Cruffacés & des Infedes, parce qu’au lieu d’avoir, comme eux, une grande quantité Univalve. Operculée. Bivalve. Muliivalve. Limaçons. Conques. XXX DÉFINITIONS DES PARTIES de mufcles répandus fur toute leur furface interne , il n’en, a qu’un très-petit nombre. Sa fubftance eft pierreufe, d’une nature femblable à celle de la craie : il fait elFervefcence «& fe diflbut , comme elle , en touchant les elprits acides. Je diftingue quatre fortes de coquilles, fçavoir: Celles qui confident en une feule piece, & que l’on nomme Univalvcs : telles font celles des planches 1,2, 3 , 20. Celles qui font compofées de deux pièces inégalés en grandeur , fort dilTemblables , & le plus fouvent de nature différente ; dont l’une eft plate & fert d’opercule ou de cou- vercle à l’autre piece, qui efl: toujours tournée en fpirale : je les appelle, à caufe de cela. Coquilles Operculées-, celles de la planche 6= jufqu’à la 13^ font de ce nombre. 3 O. Celles dont les deux pièces, que l’on nomme Battans, font toujours de même nature, à peu près égales, du moins en grandeur, &: fans aucun replis fenfibles ou difiingués que l’on puiffe regarder comme des fpires : on appelle ces Co- quilles Bivalves -, on les voit de fuite depuis la planche 14e jufqu’à la 18^. 40. Enfin celles qui font formées par l’afiemblage de plu- fieurs pièces ordinairement inégales , & que l’on nomme par cette raifon Coquilles MuUivaives'. la planche 19^ en donne pîufieurs de cette efpece. Les Coquillages dont la coquille confifie en une feule piece de telle figure qu’elle foit , ou en deux pièces dont l’une efl tournée en fpirale, s’appellent du nom commun & général de Limaçons : ceux au contraire dont la coquille a deux pièces ou davantage, mais qui ne font pas fenfiblement tournées en fpirale, s’appellent du nom général de Conques. Ainfi l’on voit qu’en confidérant lès Coquillages fuivant la diftinétion que je viens de faire de leurs quatre différentes fortes de coquilles, il doit y avoir néceffairement , 1°. Des Limaçons Univalves & Operculés, 2". Des Conques Bivalves & Multivalves. DES COQUILLAGES. xxxj Les parties principales qui ont rapport à ces quatre fortes de Coquilles font au nombre de dix , fçavoir ; 6®. Les attaches des Mufcles. 70. La Charnière. 8°. Le Ligament. 9°. Le Përiofle. 10°. La Nacre. J’appelle du nom de Spire les tours & les circonvolutions que fait une coquille en le repliant fur elle-même. Ces fpires font de figure plus ou moins conique, & communes à tous les Limaçons excepté au Sormet ( i. gen. i. pi. i. } & aux Lépas ( i-ïi. gen. 7. pL 2.). Mais leur difpofition n’efi: pas la même dans tous : elle varie fuivant les différens plans fur iefquels elles tournent, &: elles peuvent tourner fur quatre plans dilférens, qui font; 1°. le plan horizontal ; 2^. le plan cylindrique ou étendu fur un cylindre; 3°. le plan conique; 40. enfin le plan ovoïde. De ces quatre difpofitions des Spires naiflent quatre figures dilférentes de Coquilles. I Lorfque les fpires tournent autour d’un point fuppofé infiniment petit, & fur un plan horizontal en s’appliquant immédiatement les unes fur les autres , elles doivent nécef- fairement former une figure plane & femblable à un difque; on peut appeller ces coquilles Difcoïdes : & comme les fpi- res font coniques , c’efi-à-dire , qu’elles vont en groffifiant du centre à l’extrémité fur un des points de la circonfé- rence , il doit arriver que le centre de ce difque foit ou en- foncé d’un côté & applati de l’autre , ou enfoncé des deux côtés, foit inégalement, foit également. La coquille du Co- ret {gen. 3. pZ. i. ) efl: dans ce dernier cas, & c’eft la feule de celles que j’ai obfervées au Sénégal , qui ait la figure difcoïde, 2°. Si les fpires tournent autour d’un cylindre, foit qu’el- les foient écartées, foit qu’elles foient rapprochées de ma- niéré à fe toucher, elles formeront une coquille cylindrique, en fuppofant que le corps des fpires foit lui-même cylin- drique, ou qu’étant conique, l’extrémité amincie s’écarte du cylindre d’une quantité pareille à celle de fon amincifie- ment. Car fi les fpires étoient coniques & fort renfiées , il jo. Les Spires. 20. Le Sommet. 30. L’Ouverture. 40. L’Opercule. 5". Les Battans. r®. Spire, Coquüle difcoïde. Coquille cylindrique. Coquille turbinée. xxxij DÉFINITIONS DES PARTIES en rëfulteroit une coquille conique , mais tronquée au Heu d’être pointue à l’une de fes extrémités, c’eft-à-dire , dont la figure tiendroit le milieu entre le cône & le cylindre. Je ne connois encore qu’une coquille dont on puiffe dire qu’elle prend la figure cylindrique , c’eft celle du Vermet ( i .pl. 1 1. ) ; mais fes fpires font ordinairement évidées ou fort écartées les unes des autres, & toujours collées contre difiPérens corps qui les empêchent de prendre une certaine régularité. 3°. Si les fpires fe courbent en montant de bas en haut ou en defcendant de haut en bas autour d’un cône , elles donneront une coquille conique , que l’on appellera autre- ment turbinée ÿ & elles montreront au centre de leurs révolutions un creux ou un ombilic, comme dans les eC- peces 3 , 4, 5 & 6 , du genre du Sabot (pl. 12. ) , dans les quatre efpeces de Natiçe(p/. i3.),& dans quelques autres, La même forme de coquille proviendra de la révolution d’une fpire conique autour d’un axe cylindrique fuppofé alfez fin pour ne pas empêcher que les fpires fe touchent ; alors elles ne lailferont appercevoir entr’elles aucun creux, (i) Il ne faut pas confondre ici les coquilles turbinées avec les coquilles que Ron- delet appelle Turbo, quoiqu’elles ne foieht pas réellement turbinées , mais ovoïdes, comme il en avertit lui-même en parlant d une efpçce de Pourpre. ii Nunc djcemus ?) TiOTi de , pd de ipjis , ïd eji , noîi de turbïmitis , pd ds turbiîiihus , JJ qui in longiorem & acutiorem verticem deficiunt quàm turbinata 6» cochlm. jj hib. 2, Teflac. cap. lè. pag. 2^. edit. lat. Il Eft igitur turbo qp amplo & lato paulatïm in muçronem depnit, ut de Buc~ 3>j cinâ pripfit Ovidius. Cava Buceina fumitur illi Tortilis in latum quee turbine crépit ah imo, n Hujus figura eft turbo luprius , ' Quem pueri magno in gyro vacua atria cireum Intenti ludo exercent , ” Ut ait Virgilius. JJ Ah hujus figum fimilitudine , dicuntur turbinata oflracodermorum généra..,.. Alia, JJ tejld continua inclufa quidem , nec ullâ ex parte confpeUa , dempto capite , ut Buc- sj cina , Purpura, Cochlea, denique turbinata ornnia, qua capitis operculum hahent. Jbid. cap. I. pag. 62 6* 63. _ . ^ 11 femble par cg dernier paffa^e que l’Auteur entre en contradiéilon avec lui-meme, en rappellant aux turbinées la Pourpre & le Buccin , tandis que dans le premier paf- fage que j’ai cité , il les en exclut manifeftement en n’y admettant que les Limaçons operculés , qu’il appelle Cochleæ. Mais il s’explique plus claireiuent quatre lignes plus bas , en difant ; » Quee ( turbinata ) teftiam. habent unicain totam continuam , atque in JJ anpaUus contoriam , dempto capite , quod operculo tegitur. Atque hoc quidem tur~ JJ binatis proprium eft, quo à reliquis pcernantur. jj D’où l’on voit qu’il donne le nom de turbinées aux coquilles dont la tête ou la bafe eft applatie ou tronquée , & qui ont un opercule , cochlece dempto capite , quod operculo tegitur , caraûefes cojnmuns aux gemés du Sabot, de la Toupie , de la Natice & de la Nérite, aucuns DES COQUILLAGE S. xxxiij aucune efpece d’ombilic. Cette figure efi; la plus ordinaire aux turhinées : on en voit des exemples dans le genre de la Toupie ( efpeces i, 2, 5 , 4, p/. 12.}, dans celui du Sabot ( efpeces 1,2,4,5,9,10.), dans celui de la Nérite( efpeces i-^,pl. 13.), & dans beaucoup d’autres. 40. Enfin lorfque les fpires tourneront fur un axe ovoïde , ou, ce qui revient au même, fi les fpires étant coniques , fort renfiees, & arrondies à l’extrémité la plus grofle, tour- nent autour d’un axe cylindrique fuppofé extrêmement fin , elles formeront une coquille ovoïde , qui dans le premier cas fera percée d’un ombilic, comme dans l’efpece de Pourpre que j’appelle Labarin f 2. pl, 7. ) : dans le fécond cas cette coquille ovoïde n’aura aucune apparence d’ombilic, comme dans le Bulin (^geii. 2. pl. i.), ou dans le Kambeul ( 5. ï. pl. I. ). Cette derniere forme efi: la plus commune dans les Limaçons, foit Univalves , foit Operculés. Aucune de ces quatre efpeces de fpires n’a lieu dans les Conques. Dans l’explication que je viens de donner des difi^rentes formes que prennent les coquilles fuivant la figure & la diL pofîtion de leurs fpires , je me fuis borné à ces quatre prin- cipales qui font les plus ordinaires , parce qu’on y peut rapporter facilement toutes celles qui font intermédiaires , ôc qui font, pour ainfi dire, les nuances par lefquelles elles fe lient & s’unifient les unes aux autres. C’efi ainfi, par exem-î- pie, que la coquille du Pouchetf i. gen. '$.pL i. ) tient d’un côté aux coquilles difcoïdes, comme à celle du Goret ( gen. 3. pl. i.), par fa forme applatie, & de l’autre aux turhinées ou aux ovoïdes fans ombilic , par fon fommet renflé & éminent fur l’une de fes faces. Il en fera de même des autres coquilles douteufes , on les rapportera aux deux figures principales , dont elles paroîtront participer davantage. Il faut obferver que le nom fubfiantif de fpire , que j’em- ploie comme terme générique , pour exprimer indifférem- ment les quatre fortes de circonvolutions qu’une coquille peut faire fur elle-même, a été employé quelquefois fous le nom de volute ou de fpirale comme fubfiantif, ou même de celui à" hélice , fur-tout lorfqu’il étoit quefiion de celles qui pqruçnt fur un cylindre. Mais ces trois derniers termes font c Coquille ovoïde. I®. Remar- que, a®. Remar- que. ' i, ÿ' Nombre des l'pireS, Varie avec sxxiv DÉFINITIONS DES PARTIES fi peu d’ufage dans les ouvrages qui traitent des Coquillages, que j’ai crû devoir conferver celui de /pire qui a été reçu le plus anciennement chez les Latins , pour exprimer toutes fortes d’enroulemens en ligne fpirale. Je compte le nombre des fpires en partant du haut de la coquille & defcendant vers le fommet , de forte que la pre- mière efl: celle qui forme fon ouverture j c’eh ordinairement la plus grande de toutes : la demiere termine l’extrémité op- pofée ou le fommet ; elle efl toujours la plus petite. C’eÆ ainiî que la coquille du Kambeul ( i. gen. a dix fpires 5 depuis fon extrémité fupérieure ou depuis fon ou- verture G, jufqu’à la pointe du fommet S : il en eh de même de toutes les autres coquilles. ^ . Le nombre des fpires & leur figure varie dans la même ef- pece, par Page & par le fexe. Les jeunes coquilles en ont ordinairement moins que les vieilles : la raifon en eh toute, fimple. L’accroiffement de la coquille fe fait par l’ouverture qui s’étend de jour en jour , & fe colle fur les anciennes fpires en tournant avec elles : il doit donc arriver que celles- ci , qui font les plus baffes , fubfihant toujours , augmentent en nombre à mefure que l’animal , croiffant en âge , en forme de nouvelles. il y a des coquilles qui, quoiqnedemêmeâge, n’ont pas toujours un pareil nombre de fpires. Cette diffé- rence provient quelquefois de maladie, ou de la mauvaife Peutiervirà conhitution de l’animal; mais c’eh pour l’ordinaire un effet déterminer le du fexe dans les Coquillages où il eh dihingué. C’eh ainfi que dans le genre des Pourpres, dans celui du Buccin, & dans quelques autres, il eh ordinaire aux mâles d’avoir les fpires plus nombreufes , plus allongées, moins renflées, & la coquille plus petite que celle des femelles. Cette obfer- vation que je n’ai pas négligée par-tout où j’ai trouvé occa- fion de la faire , n’eh pas de petite conféquence pour déter^ ■miner & fixer bien des variétés qu’on regarde fouVent comme de vraies efpeces, quoiqu’elles ne different entr’ell es que par i’âge ou par le fexe. La largeur des fpires fe prend dans le fens où elles tour- nent, en les confîdérant comme ne faifant enfembîe qu’un corps continu qui détermine la largeur de la coquille ; & -leur longueur ou leur hauteur fe prend félon celui où elles Leurs dl îuenlions. DES COQUILLAGES. XXXT s'appliquent par les côte's les unes fur les auttes. Ainfî dans la coquille du Kambeul ( i. gtn, <). pL i. ) 3. 3. marque la largeur de la troifiéme fpire, & V Z. marque fa longueur. Il eft ordinaire aux fpires des Limaçons de tourner ce droite à gauche en defcendant de l’ouverture au fommetj cependant il y en a quelques-uns dont les fpires vont au contraire de gauche à. droite: c’efl ce que quelques modernes appellent mal-à-propos des coquilles uniques. On les délî- gneroit plus exaétement par le nom de Coquilles tournées ou roulées de gauche à droite ; & même pour abréger , on pourroit les appeller Coquilles gauches & les autres (Tb- quilles dextres. Elles font fort rares , & je n’en ai obfervé que deux au Sénégal , qui font le Bulin & le Goret ( gen. 2. ^ l^pL I. }. Quand je dis que les fpires d’une coquille font tournées de droite à gauche ou au contraire, je veux dire de la droite de l’animal à fa gauche ; non pas en le regardant en face , comme l’entendent quelques perfonnes, mais en fe fiippo-r faut à fa place dans îa coquille , comme nous nous fuppo- fons à la place d’une perfonne, lorfque la regardant en face nous jugeons que fa main droite n’eft pas fa gauche, quoique dans fa fituation refpeétive elle foit réellement oppofée à notre gauche. Le Sommet elî: cette partie qui fait ordinairement la pointe & toujours le fond même de la coquille. Il ne fe trouve pas dans tous les Limaçons , par exemple dans le Sormet ( I. gem i.pl. I. }, & dans l’efpece de Lépas que j’appelle Kalifon ( ii.p/. 2. ) j & il n’a pas toujours la même forme dans toutes les coquilles où il fe rencontre. Dans les unes il rentre entièrement en dedans , & laifle à fa place un creux femblable à un ombilic , comme dans le GolTon ( 2. gen. ï.pl.i. S.}. Dans les autres, il rentre en partie au de- dans , & forme une cavité au milieu de laquelle paroît fou extrémité arrondie comme un bouton : c’eft ce qui arrive à la coquille du Yet ( i.pL 3. S. ). Dans d’autres il ef applati ou 11 peu enfoncé , qu’il paroît former une furface plane 8c fans bouton, comme dans le Goret (gen. 3. pi. i. v. ) , le Bobi 8c le Duchon efpeces de Porcelaine f 4 <& 5;. gen. 10. p/. 4- ^ plupart des efpeces de Pucelage C gen. 1 1. Droite Si gauche d’una Coquille, Comment on les peut dé- terminer. Sommet. Des Lima- çons, V"' Ses dimen- fiorjs. acmrj DÈFÏNîTîONS DES PARTIE^ d/. ). Dans d’autres enfin il fait une éminenee plus ou moins élevee, quelquefois percee ( Dafan, Gival. 6 & y. S'en 7 vL 2. ) , quelquefois fembkble à un bouton fans fpi-’ res (Libôt, Lui , &c. i. 2. 3.4. 3.8. 9. d? 10. gai. y.pLz.), mais le plus fouvent tourné en fpirale : ces dermeres 1 ont ordinairement affez confidérable , parce qu’il eft compofe de la réunion de toutes les fpires, excepté de la première qui fait l’ouverture. 4 i , ï Son Bouton. L’extrêmité du fommet peut s’appellêr le bouton ou la pointe dufommet l’extrêmite oppofee, celle ou fe trouve i’oüverture J fe nommera, fi l’on veut, le haut ou la baie de h coquille. Celle-ci fe porte ordinairement en haut , ou au moins en avant, lorfque l’animal marche. ^ ^ , La longueur du fommet fe compte depuis 1 extrémité in- férieure de la première fpire , ou de 1 ouverture , jufqu a fcm bouton , parallèlement à la longueur de la coquille : ainfî i. S, efi; la longueur du fommet de la coquiüe du Kambeul { I. gai. Sa largeur fe prend de même fur le point r. a fon oritrine, mais en traverfant la coquille. C’eft fur ces deux fens que je détermine la longueur & la largeur des coquilles de toutes les efpeces de Limaçons. Je compare ordinairement la longueur du fommet refpec- tivement à fa largeur, & a la longueur de la première fpîre, ©U ce qui revient au même, à celle de l’ouverture qu’elle forme , parce qu’elles déterminent enfeoible les proportions des autres parties de la coquille j par-la j évité beaucoup de détails. J T 7 • Sommet des Dans les Conques le fommet fait , comme dans les i.ima- p/zi, le fond de la coquille. ^ Il efi quelquefois peu apparent, comme efiace ou rentre dans la coquille , comme dans l’Huître ( G. i. pL 14. S. ) , la Pholade & le Taret (pi. 19. G. i & 2. S.) : mais pour l’ordi- naire il forme au dehors deux éminences , fort petites dans les unes ( Teliine, pL 18, gai. 3. S. ), médiocres dans d’am très ( Came, p/. 16. gai. 4. S. ), & fort confîderables dans quelques autres (Fagan & Mufible, pZ. 1 8. gai. 6. ejp. ^ ^ 9.}. Ces éminences paroilfent meme quelquefois wurnees en fpirale, mais les fpires ne font ni diftinguees parfaitementau dehors, ni marquées profçndément au dedans comme dans les Limaçons* DES COQUILLAGES. xxxvi] D^tns les coquilles où le fommet n’ell pas apparent au de- hors, c’eft le lieu de la charnière qui détermine le point où il devoit fe trouver naturellement j fouvent même il eE rem- placé par un repli que les bords font en dedans de la co- quille au-deffus de la charnière, ou au-deflbus du ligament. Je prends la longueur de la coquille des Conques en par- tant du fommet à l’extrémité oppofée : leur largeur fe prend fur une ligne qui coupe la première en angle droit ; c^eE ainE que dans la coquille de la Telline (p/. i8. gai. } s M. détermine fâ longueur, & t g. montre fa largeur j d’où l’on voit que cette coquille & la plupart de celles des Con- ques ont beaucoup plus de largeur que de longueur. La litua- tion naturelle à ces Coquilles pendant que l’animal marche, ou qu’il fe tient en repos , c’eE d’avoir un des bouts de leur largeur élevé en haut, à peu près dans la pofition où je les )ai fait repréfenter depuis la planche 14 jufqu’à la 1 9e. Au lieu du terme de bouche qu’on emploie ordinairement pour déEgner l’ouverture par laquelle l’animal fort de fa coquille, je me fers de celui Couverture y afin d’éviter la confufion que pourroit occafionner le terme de bouche qui conviendroit également & à la coquille & à la bouche de l’animal. L’ouverture des coquilles des Limaçons eE toujours for- mée par la largeur de l’extrémité de la première fpire ; elle en eE comme la coupe, dont elle imite parfaitement la figure. Elle fe trouve tantôt à leur droite, tantôt à leur gauche, fé- lon que les fpires tournent de l’un ou de l’autre fens. Ainfi comme les fpires tournent plus communément de droite à gauche que du fens contraire, il y aura beaucoup plus d’ou- vertures à droite qu’à gauche. Ces dernieres font appellées ouvertures uniques, comme j’ai dit plus haut qu’on appelloit leurs coquilles ; mais on feroit mieux de les nommer ouver- tures gauches y & d’appelier les autres ouvertures droites. Dans ce fens la coquille du Bulin & celle du Goret ( gen. 2. <& 3. gl. i.)nous montrent deux ouvertures gauches j & toutes les autres coquilles des Limaçons y fi l’on en excepte celles du Sormet & des Lépas qui n’ont pas de fpires , ont l’ouver- ture droite. Je dis que l’ouverture eE paralLcle à la longueur de la OUVERTV' RE. Gauche. Droite. Parallèle". xxxviij DÉFINITIONS DES PARTIES coquille, lorfque fon plan, ou la coupe de l’extrêmitë de la première fpire qui la forme , fuit la meme direction que lé orand axe ou la ligne qui pafferoitpar le centre de la coquille d’une extrémité à i’autre, comme dans le GolTon ( 2. gai. i* pi I. ), le Girol ( 6. gai. 10. pL 4. ) , toutes les efpeces de Pucelage ( ti. pi ^*3 ^ quelques efpeces de Rouleau ©bllque, ( gau 1. pi 6. ). Elle eft au contraire oblicpuz^ lorfqu elle eft inclinée fur un plan qui s’écarte de la diredion de ce meme axe de la coquille : telle eft celle de la plupart des Pourpres ( gai. 2. pl 7. 8. 9* ) J ées genres de la Toupie, du Sabot \gai. 6. ë’ Z.pl 12.), de la Natice, de laNérite ( gau 7. 8. 9. 27/. 13.) ^ t -11 J 7-- Sa figure Toutes les figures dont l’ouverture de la coquille des Li- maçons ell fufceptible , fe réduifent à quatre principales aux- quelles on peut rapporter facilement les figures interme- diaires qui tiennent un peu des unes & des autres. Elle elt Ronde ronàt ou orbiculaire dans les unes, comme dans les genres du Bulin (a.pl' àu Cerite {gcn- 4. pl- 10. }, du Vermet Demi-ronde, f gen. ^.pl éu Sabot(^6/2. S. pl 12. Ç j demi-^wiiac OM taülée en demi-lune dans d’autres , comme dans la Natice & Ovale & al- k Nérite ( gai. 7. & 9. pli3- ). Dam d’autres elle eft ovale op. longée. elliptique, comme dans quelques Lepas(^g;ï. y- pu 2. i* bot , 6. Dafan , 7. Gival, &c. },& quelques Pourpres 2. pl 7.3. Pakel, 2î. Jatou,p/, 9. &c.) : & fouvent cette ellipfe elt rétrécie vers fon milieu de maniéré qu’elle repréfente un trou ' de ferrure , ou, plus exaélement, cette figure que les géomètres appellent cafjinoïde, comme on en voit un exemple dans le Golfon (2. gau i.pl i. ) Enfin elle reffemble dans d’autres a une longue fente ou à une ellipfe allongée & reflerrée, comme dans toutes les efpeces de Pucelage ( gai. ii.pl ^.) , quelques Porcelaines (4. Bobi, ^.Duchon. gau io.pl 4.), la plupart des Rouleaux i. pZ. 6. ),& quelques Pourpres (29 btai- ron , 34- Parois, 3 3. Genot. pl 9. ). Ses deux lè- Les bords de l’ouverture fe divifent naturellement en deux vres. parties , fouvent égales , quelquefois inégales, dont l’une qui eft à droite ( d. Goftbn2. gen. i.pl i. ) s’appelle levre dwite, Bc l’autre qui eft à gauche g. fe nomme lèvre gauche. Lo genre du Lépzs (pl 2.), & celui du Vermet (pZ. i i.),font les feuls des Limaçons dans lefquels on ne peut faire cette \ DES COQUILLAGES. xxxix diftinétioiljparce que les bords de leur ouverture font circu- laires, de même figure & de même ëpailTeur dans leur con- tour. Dans les autres genres les deux lèvres font toujours dif- femblables à plufieurs égards. La livre droite ne change jamais do figure dans bien des Lèvre droite, efpeces, elle eft toujours mince & tranchante ( Kambeul i. geii, 5:. Yet, gen. S. pl. 3 , &c. }, ou épaiife ( Viétin , geji. 4. pL I. ) ; dans d’autres, elle fe replie à un certain âge & fuivant certaines circonfiances ( Pouchet 2. geji. $.pL i.}, ou bien elle prend un bourrelet au dehors (Vojet 12, Jabik i^.pi,S.)^ ou des dents au dedans ( Barnet i. gen. 3.^/. 10. Lorfque la coquille vient à augmenter le nombre de fes fpires, après que la lèvre droite a pris un bourrelet extérieur, ce bourrelet refte dans l’endroit où il s’eft formé : c’efl: pour cette raifon que l’on voit tant de coquilles qui ont fouvent un bourrelet (Saburon S. pl. 7. )j & quelquefois plufieurs (Vojet 12, Ja- bik i‘^. pl. 8.) répandus fans ordre fur leurs fpires. Je ferai remarquer que je n’ai encore apperçu cette efpece de bour- relet que dans les Limaçons operculés , & il difiere trop des futures élevées fur certaines coquilles cafiees , comme celle que l’on voit fur le dos de la coquille du Salar ( 8.pl.6. ) ou du Téfan( 5'. pl. 7. } , pour qu’on puilfe les confondre. La lèvre gauche diffère elfentiellement de la lèvre droite Lèvre gauche; en ce que, dans les coquilles à ouverture droite, elle efl tou- jours fermée en tout ou en partie par la convexité d’une por- tion de la première ou de la fécondé fpire. Lorfque les fpires font tournées horizontalement, ou roulées de maniéré qu’el- les s’enveloppent & fe recouvrent entièrement ou prefqu’en entier les unes & les autres, c’eff; le côté de la première fpire qui fait toute la lèvre gauche; il efi: pour lors arrondi, & formé par une ligne droite ( Rouleau , i.pL6.), ou convexe ( GolTon 2 , ^^v/z, i.pl. i.). Pucelage ( gen. ii.pl. 3.}. Quand les fpires ne fe recouvrent que de moitié ou envi- ron, c’efl: la fécondé fpire qui forme la moitié inférieure de la lèvre gauche ; celle-ci efl: alors arrondie & convexe dans cette partie f Kambeul i. gen. 5:. p/. i. ), & droite ou creufe dans l’autre ( Minjac 6.pl. 7. Lorfque les fpires ne s’appli- quent que par le côté de maniéré qu’elles ne fe coupent en aucune façon ni les unes ni les autres, comme dans le Ver- Son canaL Supérieur. Inférieur. ri DÉFINITIONS DES PARTIES met ÇpL 1 1. il n’y a aucune diftinélion entre la lèvre gau-> che & la lèvre droite ; parce que , comme je l’ai dit ci- delTus , les bords font parfaitement femblables dans leur contour. Ce n’eft qu’à côté de cette lèvre qu’on apperçoit 1’om.bilic dont j’ai parlé plus haut {pag. xxxiij. ): il femble qu’il en dépend du moins en quelque chofe, puifqu’il ne fe trouve que dans les coquilles dont la lèvre gauche eft fort petite ou formée par une très-petite portion de la fécondé fpire, & qu’il eft d’autant plus grand que la lèvre gauche eft plus petite , comme il eft facile de le voir dans le genre du Sabot (pi. 1 2. ) 5 & dans celui de la Natice CpZ, 1 3 . ). Ce que je viens de dire de la lèvre droite ^des Limûfons qui ont l’ouverture à droite, doit s’appliquer à la lèvre gau-^ che de ceux dont l’ouverture eft à gauche , comme à celle du Bulin, &c à celle du Coret {gen. 2. & ^.pl. i.). La plupart des Limaçons , fur-tout ceux dont l’animal eft analogue aux Pourpres , ont une efpece de goutiere^ ou de canal ( D. Yet. gen. pi. 3.) creufé dans l’extrémité fupé-. rieure de l’ouverture : quelquefois ils en ont un femblable pratiqué dans l’extrémité oppofée ( E. Ÿet. g£m 8. pL 3. ). Je nomme le premier canal Jiipérieut y 6c le dernier canal ^ in- férieur. Il s’en trouve aufîi quelques-uns qui ont a cote du canal fupérieur un autre canal creufé au haut de la lèvre droite, comme l’on en voit un en F dans la coquille, de 1 ef- pece de Pourpre que j’appelle Kalan (^o.pl. 9.). C’eft la feule des coquilles du Sénégal où j’aie obferve cette particularité, & je fçai qu’elle eft commune à plufieurs autres efpeces de Pourpres à peu près femblables , qui fe trouvent dans la Méditerranée. Le canal fupérieur eft ou fort court ( D. Sakem i. pLy.j y ou fort allongé ( C. Bolin 20. pi. 8. ) ; quelquefois evafe (Nivar 31.P/.9.), rétréci (Çofar22.p/.9 ), ou fermé corn, me un tuyau ( Jatou 21. j?/. 9. ) ; quelquefois fans échancrure (Vojet 12.pl. 8. ), & quelquefois profondément échaherç (Falîn y. pi. 7.). ' 1 ' Le canal inférieur eft toujours fort court & plus petit que le canal fupérieur ; quelquefois échancré ^ mais ordina^ rèment fans échancrurCf DES COQUILLAGES. &]] II n’y a rien de particulier dans l’ouverture de la coquille des Conques : ce n’eft qu’une longue fente ( A. M. F. T. B. Huître. pL 14. ) formée par réloignement des battans , & d’autant plus grande qu’ils s’écartent en s’ouvrant davantage. Il y en a cependant quelques-unes dont les battans étant fer- més, ont quelques autres ouvertures naturelles. La Mulfole {pi. 18. ) en a une fur le devant de fa coquille à l’oppofé du fommetj les Solens, la Pholade & le Taret { pL 19. ) en ont deux , dont chacune eft placée aux extrémités de leur largeur. V Opercule ne fe trouve, comme je l’ai dit ci-devant, que dans les Limaçons que j’appelle Operculés. C’eft une petite piece cartilagineufe ou pierreufe , de figure variable , mais toujours plate, &: fort petite eu égard au corps des fpires de la coquille. Il ed toujours attaché en deffus du pied de l’animal. Dans les uns, on le voit à Ibn extrémité poflérieure, de forte qu’il s’éloigne conlîdérablement de la coquille quand l’animal l’é- tend pour marcher (Jamar,p/. 6. O.) : dans d’autres il eft placé vers le milieu de la longueur du pied (Sakem,p/. 7. 0.): dans d’autres enfin il eft fixé à fa racine, de maniéré qu’il joue par une efpece de charnière fur le bord de la lèvre gauche de l’ouverture, comme dans le genre de la Nérite ( p.. 13.). Il imite parfaitement en cela le fécond battant des Coquil- lages Bivalves. Il y a une particularité remarquable dans les opercules qui ne font pas attachés immédiatement à la racine du pied, comme on les voit dans les Nérites; c’efi que loifque le pied de l’animal , celui de la Pourpre par exemple, vient à fortir de fa coquille, l’opercule demi-rond qui fe trouvoit préfen- ter fa pointe fupérieure à l’extrémité fupérieure de l’ouver- ture lorfqu’il la bouchoit, la préfente au contraire à fon ex- trémité inferieure, ce qui ne s’opère que par un retourne- ment entier de cette partie. On obferve ce retournement de i’operctile d’une maniéré alfez fenfible non-feulement dans la Pourpre, mais même dans le Rouleau, dans le Buccin & dans plufieurs autres Limaçons operculés ^ lorfqu’on voit at- tentivement l’animal fortir de fa coquille, ou y rentrer plu- Geurs fois de fuite. Ouverture des Conques. C- Opercui.i^« Son attachsi Sa fvibftan- Sa figure. Son ufage. ïxîj DÉFINITIONS DES PARTIES Je n’ai obfervé d’opercule pierreux que dans le genre de^ la Nérite (pL 13. } & dans la 4^ efpece de Natice que j’ap- pelle Gochet ( p/. 13* )• Dans tous les autres Coquillages onerculés il eft cartilagineux , épais dans les uns ( Sakem pi 7. Bolin pL 8. &:c. ) , & fort mince dans les autres ( Bue-- cin , Cerite, pL 10.). Sa furface exte'rieure eft toujours fil- lonee de plulieurs lignes concentriques èc parallèles à fes- Quant à fa figure elle eft ronde ou orbiculaire dans quel- quS Limaçons” ( Cerite , pL 10. Vermet , pL ii. ) , demi- ronde ( Pourpre , pl. 7. Natice, Nerite, pL 13.), ovale OM elliptique dans d’a'utres (Rouleau, p/. 6.). On croit commu- nément qu’il fert toujours à fermer exadement la coquil- le , & même à fervir de couverture & de dëfenfe à l’animal contre l’attaque des corps étrangers : cela eft vrai dans celles- OLi il prend la forme de l’ouverture, comme dans les^ouver- turcs rondes, demi-rondes ou ovales de la Cérite(/7/.^io.)s. de la Nérite (p/. 13.)» & (K ç).). Mzis à l’egard des coquilles dont l’ouverture efl fort allongée, & de ngurs différente de cet opercule, je ne vois pas de quel ufage il peut être aux animaux qu’elles renferment, car il ne bouche fouvent pas la cinquième partie de l’ouverture. C’eft ce que j’ai obfervé dans les Rouleaux & dans quelques efpeces de. Il différé de L’opercule des Limaçons operculés différé de celui des Li- l’opercule des maçons iLiiivdlves & tcrrefîres, en ce que 1 animal le prend Limaçons ter- naiffance, & en même tems que fa coquille , comme le remarque fort bien Ariftote(i), & après lui le DoélêuE Rondelet (2); au lieu que celui des Limaçons terreftres fe forme tous les ans une ou plufîeurs fois, & cela dans les tems où ces animaux veulent fe mettre a 1 abri de la feche- reffe ocoalionnée par les chaleurs ou les froids exceffifs. 11 confifte en une bave vifqueufe , fortie du corps de l’animal, &: durcie en une croûte blanche affez épaiffe, mais peu lo- (a) Operculum utrique huic generi (PurpurÆ & Succino ) adhæret nativum, & cæUis omnibus turbinatis. . . . Operculum etiam jam mde ab ortu omma g™ (Æ Turbinatis loquïtur). Statim ab ipfâ procreatione turbinatis operculum inefle dicit, ad dlfcrimen Cochlearum , quæ ipfæ fibi ex glutlnofo humore, five ex muco luo oper^ çulum conficiunt. Rondü, Tefiaçt lit., a. cap, 3. pa^, JQ» DES COQUILLAGES. xliij îicîe^ plutôt coriace que cartilagineufe, de fubdance crétacée qui fait effervefcence avec les efprits acides. Cette croûte ne tient jamais au corps de l’animal, & elle différé encore des vrais opercules en ce que fa furface extérieure ne montre au- cuns filons concentriques. Tous les opercules pierreux font de nature crétacée & fe Remarque» diflbivent avec effervefcence, comme les coquilles, dans les efprits acides : mais les opercules cartilagineux réfiftent à leur aétion. Ceux-ci portent avec eux une efpece d’onéluo- (îté ou de graiffe, qui , lorfqu’on les brûle fur des charbons , répand une odeur forte, quelquefois^ affez: gracieufe , mais pour l’ordinaire infupportable. On difoit autrefois que leur fumée étoit un remede fouverain pour les vapeurs & l’épi- lepfîe : telle efl la vertu qu’on attribuoit fur-tout à celui d’une efpece de Pourpre que j’appelle Kalan ("p/. 3. ), & que Rondelet ( i) croit être le Conchjrlium des anciens j mais on en fait peu d’ufage aujourd’hui. Le terme de Battans a été confacré pour défîgner les deux 5*- pièces des Conques Bivalves y fans doute parce qu’elles font à peu près égales entr’ellcs , ou de forme alfez femblable, comme font ordinairement les battans d’üne porte. On peut dire qu’elles different des deux pièces des Limaçons Oper- culés, ordinairement par leur nature, & toujours par leur forme : car dans celles même dont l’opercule efl pierreux, cet opercule a toujours une forme applade, du moins n’en a-t-on pas encore vu qui fût turbiné , c’efl-à-dire , tourné en plufîeurs fpires creufées en dedans ; & toutes ont toujours le corps de leur coquille compofé de plulieurs volutes d’une grandeur démefurée eu égard à celle de cet opercule. Les Bi- valves au contraire ont, comme je viens de le dire, deux pièces a peu prés d condamment de & même même forme , de même grandeur nature. D. G. jig. i. pL 16, mon- trent les deux battans de la coquille d’une Came. On voit dans la furface interne de ces battans, plufeurs taches enfoncées qui font connoître le lieu où les mufcles du corps de l’animal leur étoient unis : c’eif ce que j’appeile les attaches. Elles prennent la même forme que les'mufcles Cf. Attaches DES Mus- cles. (i) Tejlac, lib. 2. cap. 15. pag. 86 & 87, /ij 7”' CHARNIE- RE. Des Lima- çons. Des Con- «jues. 8°. Ligament. Sa fituatlon. PÉRIOSTE. xHv DÉFINITIONS DES PARTIES dont je parlerai ci-près (i) ; & c’ed pour cette raifon què** dans mes defcriptions je ne diflingue point cet article de ce- lui des mufcles , pour éviter les répétitions. Il n’efl pas ordinaire de trouver une charnière dans h coquille des Limaçons operculés^ on en voit cependant une apparence dans celle de la Nérite : il y a quelquefois à foa opercule O. {pi 13. Dunar.) deux dents q. r. qui s’engraî-- nent avec deux dents pareilles de la levre inferieure cie l‘3, coquille. La charnière des Conques fe trouve toujours placée pro-- elle des fomniets & même au-deffous d eux. Les dents qui la forment font quelquefois en petit nombre , comme dans les Tellines {pL 18. G. ); quelquefois elles font nombreufes, comme dans le Fagan , la Muiîole j &c. {pi 18. Elles fervent à affermir les battans, &à les contenir toujours dans la meme place. ^ ^ Toutes les coquilles des Conques ont un Ligament qui les unit enfemble proche des fommets & de la charnière. Ce ligament les affermit , & les fait ouvrir par fon reffbrt qui a quelque chofe de fpongieux. Il eft différent dans diverfes efpeces de Coquillages. Ceux dont la charnière n’eff; point dentée l’ont en dedans , ou dans l’épaiffeur du talon ou des bords de la coquille, comme dans l’Huître, le Jambonneau, &c. (pd 14. & 13. L. ) j il eft au contraire placé au dehors des coquilles dont la char- nière eft dentée, parce que s’il étoit placé en dedans il cou- vrirok les dents de la charnière, & rendroit leur ufage inu- tile îles Cames & les Pétoncles {pi 16. & 18. ) font dans^ce cas. Ces derniers font ordinairement fecs & calTans lorfqu’ils paffent quelque tems hors de l’eau ; mais dans l’eau iis s’a- molliflent comme un cuir fort, de forte qu’ils fe courbent & fe redreflent fans fe caffer dans le tems de l’accourciflement & du relâchement des mufcles qui attachent intérieurement l’animal à fa coquille. Si l’on regarde les coquilles comme les os des Coquilla- ges, on doit regarder la membrane qui enveloppe la plupart comme leur période. En effet elle en fait l’office, puifqu elle contribue à leur confervatioîi & à leut accroifl'ement, Ce (î) Page 1y. 6> Ivj^ DES COQUILLAGES. xly périolîe ne recouvre jamais leur furface interne, mais feiile- nient l’externe, tant dans les Limaçons que dans les db/z- ques^ quoique quelquefois il fe replie un peu fur leurs bords , comme il ar ive au Jambonneau ( pL 15;. IL). Dans les unes il eft fort mince, comme dans les Vis {pL 4. ) & les Pholades {pL 19, ) ; dans d’autres il eft fort ëpa:s, comme dans le Ni- var ( pL. 9. ) & la Muffole {pL 18. ) j dans d’autres enfin il eÆ fi dëlie qu’il paroît ne pas exiller, ou même il n’exifie pas, comme dans les Porcelaines & les Tellines {pl. 4. 19. ). Je ne difiingue la Nacre comme partie de la coquille que pour faire connoître par ce titre quelles font celles qui en portent, celles qui n’en portent pas, & enfin celles dont la fubfiance tient le milieu entre la nacre & la nature ordi- naire des coquilles. PARTIES VE UANJMAL, Mon delfein n’efi point de parler ici des parties intérieures qui regardent l’anatomie des Coquillages. Ce fujet a été traité alfez amplement par plufieurs Auteurs célébrés , tels que Harder (i), Heyde(2), Lifter (3), Swammerdam (4),Mrs. Mery (^), de Tournefort (6) & Duyerney (7) j d’ailleurs la ftruéture de ces parties , leurs fonélions , leurs ufages , &c. font pour la plupart fi difficiles à déterminer , fur-tout dans les Bivalves, que les Auteurs que je viens de citer ne fe font prefque jamais accordés dans les noms & les ufages qu’ils leur ont attribué; le petit nombre même qu’ds en ont dé- terminé foudre encore des difficultés , & laide bien des chofes à defirer. Je me borne donc aux feules parties extérieures, à celles (1) Examen Anatomicum Cochlecz terre(lris demiportez. (2) Anatome Mytuïi. (3) Exercitaüo Anatomie a , prima de Cochleis terreflribus ù Limacihitsi Exercitatio Anatornica altéra de Buîcinis fluviatilibus & marinisx (4) Biblia N attirai. (5) Moule d’Etang. Mèm. de t Académie , année 1710. (6) (7) Leurs manuferits font dans les regiftres de l’Académie. On fçait que M. Du- verney avoir travaillé avec un foin particulier l’anatom>e des Coquillages : il feroit à fouhaiter que fes ouvrages fur cette matière fuffent rendus publics , nous y trouve-- rions fans doute beaucoup d’éclaircilTemens & d’obfervations neuves qui feroient éga-- Isment honneur à la nation ôc à la mémoire de ce célébré Anatomifee, 10", La Nacre. xlvj DÉFINITIONS DES PARTIES que h vue & le toucher font appercevoir ôc reconnoître fa-? cilement fans lefecours du fcalpcL anatomique; j’en diilingUQ vingt, qui font ; lo. La Tête. 20. Les Cornes^ 3 O. Les Yeux. 4°. La Bouche. 5°. Les Mâchoire?»’ 6°. Les Dents. 70. La Trompe, §0. Le Col. 90. Le Corps» îqo. Le Pied, ïio. Le Manteau, Y* La Tite. efc une efpece d’eminence ronde & charnue, qui Tête. pj-^feni-e â la partie anterieure & fupérieure du corps des Limaçons ( T. Coret , plane, i. ). Swammerdam y a fçu trouver un cerveau , qu’il dit être mobile & capable de fe porter de devant en arriéré : il eft compofé de deux parties globuleufes, féparées l’iine de l’autre, à peu près comme dans le cerveau humain. Dans les Conques telles que l’Huître {pL 14. ),la Came {pL i6.),&c. je n’ai encore rien apperçu, non plus que les obfervateurs , que l’on puilfe regarder comme la tête, à moins qu’on ne veuille donner ce nom à une petite éminence ronde qui efl aU'delTous de la bouche ; en ce cas on feroit en droit de dire que les Conques ont la tête dans la partie inférieure de leur corps, au contraire des Limaçons. oP. Les Cornes ne fe trouvent que dans les Limaçons ^ encore Cornes, quelques-uns d’eux en font-ils dépourvus, comme le Sor- met( pl. ï.), & le Mouret (pi. 2. ). Ceux qui en portent Leur nom- n’eii ont jamais moins de deux, & jamais plus de quatre. Elles font toujours placées fur les côtés de la tête ou à fou Leur Craa- origine ( Goret , p/. i. }, ou à fon extrémité ( Porcelaine, tion. 7 \ PL 4. T Leur ftruc- Elles varient auffi par leur fruélure interne. Dans le genre du Limaçon terredre ^ comme dans le Kambeul (pi. i.)^ ï2®. Les Trachée?, 13°. Les Ouïes. 14®. L’Anus, a 30. Le Cœur, a 6°. Les Mufcles. 3:7°. Le Sexe & les Par-y ties de la généra- tion. ïS®. Les (Eufs. 19®. Les Filets. 20®. Les Fils, V DES COQUILLAGES. xlvlj ce font des efpeces de tuyaux creux GG. DD. qui ont la faculté de fe replier &: de rentrer en eux -mêmes , par îe moyen d’un muicle qui en lire l’extrémité jufques dans l’intérieur de la tête. Ce mufcie eft le nerf optique lui-même, fuivant Swammerdam. Dans tous les autres Limaçons elles paroilTent compofées de fibres longitudinales , tantôt à un, tantôt à deux plans in- ternes & externés , entrecoupées de quelques anneaux ou mufcles annulaires , tels qu’on les voit aflez bien expri- més dans le FolTar ( pL 13.)* O’efi; par le jeu de ces fibres que les cornes s’allongent ou fe raccourcilfent au gré de l’animal i mais elles ne rentrent jamais ni au dedans d’elles- mêmes, ni dans la tête, elles reftent au dehors confervant la plus grande partie de leur longueur. Tous les Auteurs modernes, fi l’on en excepte Swammer- dam (i), ont penfé, fur la parole de Pline (2), que les Li- maçons fe fervoient de leurs cornes comme de guides pour fonder & tâter le terrein où ils avoient à marcher; mais 011 ne voit rien dans leur mouvement qui prouve une pareille attention dans ces animaux. Il femble même qu’elles leur font aufil inutiles que les cornes fuperflues ou embarrafiantes de certains Infeétes-; du moins leur ufage n’efi-il pas appa- rent. On fçait feulement qu’elles ont le fentiment très-fin, & plus délicat que les autres parties de leur corps. On n’apperçoit des Yeux que dans les Limaçons ; mais tous n’en ont pas, comme l’on peut voir dans le Sonnet (p/. i. ) , & dans le Mouret (p/. 2.) Leur fituation n’eft pas non plus la même dans tous : quelques-uns les portent à leur fommet ( Kambeul,Ormier,pZ. i. 2. Y Y. ), d’autres vers leur mi- lieu ( Sakem pZ. 7. Y Y. ) , & d’autres à leur origine ( Libot, pZ. 2. Y Y. ) Ils font confiamment au nombre de deux. Swammerdam qui a examiné ceux du Limaçon terrefire, dit qu’ils ont la figure d’un bulbe, d’un oignon arrondi dans fa partie fupérieure, & applati du côté oppofé. Il n’y a ap- (1) Perperam autem fomniarunt quidam, quod Cochlea fuis corniculis, ut'cæcus baculo fuo utatur, ad viam niniirum quam reptare debent inveftigandam, aut ad ex- plorandum taftuque dignofcendum , an dura fint objefla vel mollia. Bill. nat. vol. 2» fa^. 1^8. (2) Cochleis oculonimvicemcGrniculabÎAaprætentatureplent. Hip. Mund. lib. ï i» W- 37- Leur ufage. Leur fitua- tion. Leur nom- bre. Leur flruc- ture. xlvlîj DÉFINITIONS DES PARTIES perçu qu’une feule tunique qu’il appelle elle en re® couvre la furface interne. Il a encore diftmgué dans fon in-r térieur les trois humeurs, l’aqueufe , la cryitaiiine & la vitrée. Malgré ce grand appareil, cet animal & tous les Limaçons, excepté le Pucelage, ont le feus de la vue h obtus, qu’d ne paroit pas qu’ils faffent de leurs yeux le même ufage qu’en font les autres animaux. J’ai remarqué qu’en général ils étoient recouverts par k peau commune qui enveloppe les cornes & la tête 5 & c’eft vraifemblablement fon épaiffeur & fon opacité qui les émoulfe & les rend inutiles. La Bouche eR fort petite dans les Limaçons, Se pkcéa B O u‘c HE au-delTous de la tête ( Goret , pL i. B. ) ou à fon extrémité desLimaçons. intérieure ( lÀhot , plane. 2. B.). Elle paroît comme un petit fillon dont la forme varie fuivant les efpeces : dans les unes il eil longitudinal ou parallèle à la longueur de la tête (Popel, p/. 10. B. ); dans les autres il eft en partie longitu- dinal, en partie tranfverfal (Bulin,p/. i. B.). On peut ap- Ses Lèvres, peller du nom de lèvres les bords de la bouche qui forment ce lîllon : elles font ordinairement fort petites. Bouche des La bouche des Conques eft incomparablement plus grande Conques. que Celle des Limaçons, Elle fe trouve placée dans la partie la plus baffe de la coquille vers le coté gauche de fa char- nière. Tout ce que l’on y peut diftinguer, ce font quatre ef- peces de lèvres femblables à autant de feuillets charnus, ex- trêmement minces, qui bordent une ouverture qui aboutit à »-• î’eftomac par un éfophage fort court. Ces lèvres font divi- fées par le haut , & réunies quelquefois par en bas : elles s’ao-itent continuellement lorfque l’animal ouvre fa coquille, & obligent par ce mouvement l’eau de paffer dans l’ouver- ture qui lui fert de bouche. Leur tiffu paroît confiiler en un nombre infini de fibres tranfverfales extrêmement ferrées. On ne trouve point de Mâchoires dans les Conques. Lz Mac H 01- plupart des Limaçons en ont deux verticales, c’eff-à-dire , pofées l’une au-deffus de l’autre, à la maniéré des Quadru- pèdes : tel eft le Limaçon terrellre que j’appelle Kambeul- {p/. i.). Les autres n’en ont aucune, comme la Gondole (p/. I. ) ; ou bien ils ont en leur place une trompe qui fort jiu dehors, comme l’Yet (p/- 3-)' cJ- i ^ DES COQUILLAGES. x]ix Supérieur». La mâchoire fupe'rieure eft communément d’une fubûance cartilagineufe, mais ferme, analogue à celle de la corne, & de couleur d’écaille , c’eÆ-à-dire , brune tirant fur le rouge. Sa forme varie fuivant les efpeces : dans les unes elle repré- fente un croiflant ou un fer à cheval ( Kambeul ^ gen. 5'. pL 5'., J.) ; dans d’autres elle reffemble à un ofTelet triangulaire ou conique dont la pointe regarde en bas ( Libot , gen. 7. pL 2. R. Cette mâchoire ne paroît pas avoir de mouvement. La mâchoire inférieure confiile en une efpece de mem- Inférieure, brane cartilagineufe,fortfîmple, qui tapilTe le palais inférieur de la bouche. Cette membrane eh; fufceptible de deux mou- vemens , dont l’un tend à la gonfler & à l’avancer fur les bords de la bouche fous la figure d’une boule coupée en deffus d’un petit fillon, comme j’ai fait rêpréfenter celle du Limaçon en n ( pL i, ) ; par l’autre mouvement elle rentre au dedans en formant des replis femblables à ceux d’une ' bourfe qui fe ferme. Au milieu du fillon & des plis, on ap- perçoit un petit trou qui répond immédiatement à l’éfophage : c’efl: par ce trou que les alimens doivent pafler pour fe ren- dre dans l’eftomac. Je n’ai encore apperçu des Dents que dans la bouche des Limaçons, & tous les obfervateurs en ont cherché inutile- ment, ainfî que des mâchoires , dans celle des Conques. Dans les Limaçons qui ont la mâchoire fupérieure, c’efl: la mâchoire même, qui, quoiqu’immobile , fait la fonélion de dent;foit qu’elle foit fimple & fans aucune divifion comme celle du Lépas (gen. 7. pL 2. R.), foit qu’elle foit relevée comme celle du Limaçon terreflre (gen ®. Le Périofte. C’ell de ces C parties que je vais tirer les arrangemens fuivans* Ixij TABLE DES RAPPORTS 1®. Les fpires peuvent être confiderées, j®. par leur nombre, a®, par Spires, leur figure, 3®. par leur fituation. 1 Limaçons qui nont pas d? fpires. Limaçons dont les fpires for- ment un ombilic au haut,c efl-à- dire,àlabafede la Coquille. Limaçons dont les fpires for- ment un ombilic au foikmet de la Coquille. Limaçons dont les fpires ne forment pas d’ombilic , ni au fommet ^ ni à la bafe de la Coquille. Univalves. Sormet. pl, i. Libot. pL%. 1 Liri. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. . Univalves. 0. Univalves. Goffon. pl. I . Univalves. Bulin. pl. I . Coret. Pietin. Kambeul, Pouchet. Ormier. pl. a. Sigaret. Yet. plfi. Philin. Miran. pl. 4. Rafe!. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine. iVarel. Egouen. Bobi, Ducbon. Girol. Agaron. Majet. pl.’ÿ. Lupon. Bitoij. Potan. Palier. Simeri. Stipon, Operculés. Jamar. pl, 6. Barnet. pl, 10. Melar. JoL Tilin. Nifot. Mafan. Rac. Couper. Funon. Chotin. Soni. Loman. Dip. Saiar, Popel. Sakem. pL 7. Pakel.' Goumier. Sadot. Chadet. Minjac. Fafin. llèf: Saburon. Covet \r Uatm. iVIafier Jabik. V • Satnier. Solat. Marnat. pl.Il. Bivet, Daki. Giton. Rifet. Lipin. Ofilin. Sirat. Retan. Bolin, Sari. _ r t „ Kachin. Jatou. ;^/.9-Gor. Lofet. Suga. Dunar. pl.J). Tafon. Tadin. Goufol. Lagar, Bisni. Selor. Siger. Kifet, Staron. Kalan. Nivar. Blatiit. Silus. Parois. Genot. Operculés. j Labarin. pl. 7. Téfan. Cofar. pl, 9. Bofon. pl, la, Vaflet. Fujet. Lonier. Livon. ^ Dalat. Foffar. pl.\'^, Natice. 1 Fabel. i Gochet. Operculés. 0? at Operculés. 0. i \ DES COQUILLES DES ANIMAUX. Ixiij Limaçons dont les /pires tournent en defcendant De gauche à droite , ou au De droite à gauche , ou au contraire, en montant de gauche contraire , en montant de droite à gauche. On les appelle Bouches à gauche. Univalv£s, Operculés. Bulin. pl. I, O» Goret, à droite. On les appelle Bouches à droite. Uni VALVES. GolTon. pL I. Pietin. Limaçon. Goret. Ormier. pl. 2, Sigaret, Yet. Philin. p/,3. Miran. pl. 4, Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine, Narel. Egouen. Bobi. Girol. Agaron. Majet. pl. 5. Lupon. Bitou. Potan. Palier. Simeri, Operculés. Jamar. pl. Melar. Tilin. Mafan. Goupet, Ghotin. Loman. Salar. Sakem, pl, Pakel. Sadôt. Minjac. Téfan Fafin. Saburon, Govet. pl, Miga. Totombo. Vojet. Jabik. Samier, Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. 6. Jaton. Gofar. Lofet. Suga. Tafon. Goufol, Bigni, Siger, _ Staron. ' * Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genot. pl. 9. Vermet.p/.i2 Lilpe. Dofan. Datin. Mafier, Jelin. Marnat pl. 12 Bofon. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. Vafiet. Fujet. Sari. Bamet. p/.io. Lonier. Jol. Nifot Rac. Funon. Soni. Dip. Popel. Cerite. Goumier. Ghadet. Degon. Ligar. MefaL Livon. Dalat. Kachin, Gor. Foffar. pl. Natice. Fanel. Gochet. Dunar. Tadin. Lagar. Selot, Kifet. 'iii 1 : 1 '.Al ( Itiv TABLE B E S RAPPORTS Je coniîdere le fommet quant à grandeur comparée a celle dô Sommet» l’ouverture de la Coquille. i°. Il peut manquer ou n pas^ fen- Able. 2°. Il peut être plus court que l’ouverture. 3^. Il peut ecte égal a elle. 4°. Enfin il peur la furpaffer en longueur. Limaçons dans lefquels le fom- met nefi pas fenfible, Uniyalves. Sormet. pL r. Goffon. Goret. Bobi. pl. 4- Duchon. - Majet. p/. 5. Lupon. Bitou. Operculés. Q. Limaçons dont le fommet efi plus court que l’ouverture. UiîTVALVES. Bulin. Pietin. Pouchet. Libot. Liri. Soron, Gadin. Mouret, Dafariî, Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Ormier, Sigaret* pl. 1. Yet. Philtn. V^’ 3 Narel. pl. pl. 2. Porcelaine. Egouen. Bobi. Duchon. GiroL Agaron. Potan. pl. Falier, Simeri. Stip'on. Opercules. Jamar. pl. 6. V ojet. Melar. Jabik-. Tilin. Samier. Mafan. Solat. Coupet. Bivet. Chotin. Lipin, Loman. Sirat. Salar. Bolin, Sakem. pl. 7. Jatou. pl. ,9 pl. 8. Marnat. pl.ii. Oülin. Retan. Dalat. Labarih Pakel. Sadot, Téfan. Minjac. Fafm." Saburon. Cofar. Tafon. Goufol. Bigni. Siger. Kalan. Nivar. Genoî. Foffar. Natice. Fanel. Gochet. , Dunar. Tadin. Lagar. .Selot. Kifeî» pl. 13. Limaçons dans lefquels le fom- met eft égtd à P ouverture':- Univalves. O. Operculés. Goyet pl.Z. Livon. Kachin. 4°. Limaçons dont le fommet efl plus long, que l’ ouverture. Univalves. Kambeul. pl.i. Miran. pl, 4. Rafel. Njfat. Arvan. Faval. O P E R C U L E s. Miga. pl. 8. Barnet. pL îQ. Verrnet.p/. ii Totombo. Giton, Lofet. Suga. Silus. Farois pl.9^ Jol. Nifot. Rac. Funon. Sont. Dip. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. ■' Degon. Ligar. Lifpe, Dofan. t)atin. Mafier. Jelin. Bofon. Daki. Rifet. V affet. Fujet. Sari. Loriier. Gor. pl. 12. On DES COQUILLES DES LIMAÇONS. ixv On peut obferver trois chofes dans l’ouverture ; i». fa forme 5 i®. fon 3“* canal ; 3®. fes lèvres ou fcs bords. Ouvertu- re. lo. Figure de l’ouverture. Limaçons dont r ouverture ejl exactement ronde. •Limaçons dont V ouverture ejl en demi-lu- ne. Limaço,ns à ouverture elliptique ou ovale. Lim.îçons à ouverture allongée. Univalves. 0. Univalves. 1 Goret, pl. I. Pouchet. Univalves. < Operculés. jg Sormet. pL i, , Sakem. pl, 7, Biilin. Labarin. Kambeiil. | Pakel. Libat pl. 2. Sadot. Liri. Te(an. Soron. Mmjac. Gadin. Fafin. Mouret. Saburon. . Dafan. Covet. pl. 8. Givai. Miga. Sulin. Totombo. Garnot. Vojet.. Jenac. Jabik. Kalifon. Solat. Ormier. Bivet. Sigaret. Giton, Yet. pl. 3. fr'P"^- Phiiin. Sirat. ... , Bolin. Miran. pL. 4. Rafel. ^atoiL pl. 9. ]S7;Hf Cofar. Arvan. ^efet. Faval. Suga. Talon. Bsgni. Silus. Barnet. pl. 10. Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. Marnat, pl,. 11. Univalves. GolTon. pl. I. Pietin. Narel. pl. 4. Porcelaine. Egouen. Bobi. Duchoiî. Girol. Agaron. Majet. pl, 5. Lupon. Bitou. Potan. Palier. Simeri. Stîpon. Jamar. pl. 6. Melar. Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. ► Operculés. Samier. pl. 8. Goulbl. pl. 9. Siger. Staron. Kalan. Nivar, Blatiti. Farois. Genot. 1 Operculés. Popel. pL 10. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Ligar. Mefal. Vermeî pl, ii, Lifpe. Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Bofon. pl. 12. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. V affet. Fiijet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachia. G or. Operculés. Foffar. pl. 13. Natice. Panel. Gochet. Dunat. Tadin. Lagar. Selot. Kifet. DES COQUILLES DES LIMAÇONS. Ixvij 5°. Lèvres ou bords de l’ouverture. Limaçons dont V ouverture a les lords aî^us ou tranchans , fans bourrelet. Limaçons dont l’ouverture a les bords arrondis ou obtus , fans bourrelet au de- hors. Limaçons dont V ouverture a or- dinairement un bourrelet au de- hors de la lèvre droite ^ du moins dans leur vieilleffe. Univalves. Sormet. pl. i. GolTon. Bulin. Goret. ■ Pietin. Kambeuî. Libot. pl, 2. Liri. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Ormier. Sigaret. Yet. pl. 3. Philin. Miran. pl, 4. j Rafel. 1 Nifat. 1 Arvan. Faval. Potan. pl. 5. Falier, Operculés. Jamar. pl, 6. Popel. pl. 10. Melar. Cerite. Tilin. Goumier. Mafan. Chadet. Coupet. Degon. Chotin. Ligar. Loman. Mêlai. Vermet.p/.ii. Sakem. pl. 7, Lifpe. Labarin. Dol'an. Pakel. Datin. Sadot. Mafier. Téfan. Jelin. Marnat.p/.ia. Solat. pl. 8. Bofon. Bivet. Daki. Giton. Rifet. Lipin. Ofilin. Cofar. pl. 9. Retan. Lofet. ValTet. Snga. Fujet. Tafon. Sari. Goufol. Lonier. Bigni. Dalat. 2^1 var. Kachm. Blatin. Gor. Siliis. FolTar. pl, 13. Farois. Natice. Nivar. Fabel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kilêt. Univalves. Majet. pl. 4. Lupon. Bitou. Simeri. pl. 5. Stipon. Univalves. Pouchet. pl. i. Porcelaine, pl, 4. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Operculés. Falin. pl, 7. Saburon. Covet. pl, 8. ■Miga. Totombo. Vojet. Jabik. Samier. Sirat. Bolin. Jatou, pl. 9. Operculés. Siger. pl. 9. Staron. Kalan. Barnet. pl.io. Jol. Nifot Rac. Funon. Soni. Dip. îxvilj TABLE r> E S R A P P O K T Opircule. L’opercule peut être confidéré quant à fa fubftance & quant à fa figure. 1°. Subftance de i’opercule. Limaçons qui ont un opercule de corne. Limaçons dont l’opercule ejl pierreux. Limaçons qui n ont pas d' opercule^ pL phz Sormet. Gofibn. Bulin. Coret- Pietin. Kambeul. Pouchet. Libot. Liri. Soron, Gadin. Mouret. Dafan. GivaJ. Sulin. Garnot, Jenac. Kalifon. Ormier. Sigaret. Yet. pL\^ EhUin, . Miran. pl-. ^, RafeL Nifat. Arvan. Faval^ Porcelaine. Narel. _ Egouen* Bobi. Girol. Agaron: Majet. pl. 5. Lupon. Bitou^ Potan.- Falier. Simeri. Stipon»^ Jamar. pL 6. Melar. Tilia. Mafan. Couper. Chotin. Loman.- Salar. Sakem. pl.’j» Laitario. Pakél. Sadot. Téfan Minjac.'- Fafin. Saburon. Covet _pl. 8. Miga. Totombo' Vojet. Jabik. Samier. Solat. Bivet. Giron. Lipin. Sirar. Bolin. Jatou. p/. 9. Cofar. Lofer. Suga. Tafon. GoufoL- Bigni. Siger. Sraron. Kaian. Nivar. Blatin. Siius. Farois. Genot. Barnet. pl. 10. Joh Nifor. Rac. Funon. Soni. Dip. Popel. Cerire. Goumier. Chader. Degon. Vermer. pl.ii. Lifpe. Dofan. Datin.. Mafier. Jelin. Marnat ph 12. Bofon. Daki. Rifer. Ofilin. Reran. Vaflet.- Fujer. Sari. Lonier». Livon. Dalar. Kachin.' Gor. Foflar. pl, 13; Narice. Fanel. Gocher. pl. 1 3. Dunar. Tadin. Selbr, Lagar.' Kifet. DES COQUILLES DES LIMAÇONS. Ixix 1°. Figure de l’opercule. Lïmàçorts dont l’opercule ejl exadement rond. Limaçons dont L’opercule ejl en demi-lune. Limaçons dont Vopercule ejl elliptique ou oval. Limaçons dont l’opercule ejî fort alongc. Popel. ^/. 10. Ofilin. pL 12 Cerite. Retan. Goumier, Vaffet. Chadet.- Fujet. Degon. Sari. Ligar.' Lonier. Mefal. Livon. Vermet.p/.ii. Lifpe. Kachni. Dofan. Gor. Datin. Mafier, Jelin. Sakem. pl. 7. Labarin. Pakel. Dip. pl, 10. Marnat. pL. 12, Bofon. Daki. Rifet. Foflar. pl. 13. Natice. Fabel. Gochet. Dunar. Tadin., Selot. Lagar. Kilet. Sadot. pl, 7. Jatou. pl, 9. Téfan. _ Cotar. Minjac. -Loiet. Fafin. Suga» Saburon. Tafon, Covet pl, §. Miga. Totombo. Siger. Vojet. Staron. Jabikl Solat. Bivet. Siliis. Giton. Barnet. pl, lo, Lipin. Jol. Sirat. Nifot. Boiin. Rac. Funon. Sonl. Jamar. pl,6, Melar. Tilin. Mafan. 1 Coupet. 1 Chotin, Loman. Salar. Samier. pl. 8. Kalan. pL 9. | Farois. Genot, Ixx TABLE DES RAPPORTS Parmi les Coquilles des Limaçons il y en a qui font nacrées , Sc ' ^ d’autres qui ne le font pas. Limaçons dont la Coquille a ISr efl nacrée , ni au dedans ni au dehors^ Operculés. Jamar. Melar. Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. Jaton. Cofar. Lofet, Suga. Tafon. Goufol, Bigni. Siger. btaron. . Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Parois, Genot. Barnet. pl. lO. Jol. Nifot. Rac. Funon, Soni. "Dip. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Ligar. Mçfal. Yevmet. pl. 1 1. Lifpe. Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Marnat. pl. i% Bofôn. Daki. Rifet. FofTar. pl. 13 Natice. Fabel. Gochef, Dunar, Tadin. Selot. Lagan, Rifet. DES COQUILLES DES LIMAÇONS. Ixxj Le Périofte recouvre la coquille de certains Limaçons-, il y en a d’au- tres qui n’en ont point. On peut le confidérer par fon épaiflTeur. PÉRIOSTE. tr a ■point de périojie fenfible Uni VALVES. Sormet. pl. i Goffon. Pietin. Libot. Soron. Gadin. Mouret» Dafan, Gival. Sulin, Kalifon. Ormier. Sigaret. Yet. Philin. pl. % pl. 3 Porcelaine, pl. 4. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. Lupon. B itou. Potan. Palier. Simeri. Stipon. pl. 5 Operculés. Téfan, pl. 7. Minjac. Solat. pl, 8. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. Jatou. Cofar. Lofet. Suga. Blatin. Silus. Parois. Genot. pl.<) pl. 10 Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. Ligar. Mefal. Vermet.p/.i I. Lifpe, Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Ofilin. pl. 12. Retan. Vaffet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Foffar. pl. 13 Limaçons dont la Coquille EJî recouverte d’un périojîe ajeifin. Univalves. Bulin. pl. 1. Goret. Kambeul. Pouchet. Liri. pl, a, Garnot. Jenac. Miran. pl. 4. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Operculés. Sakem. Labarin. Pakel. Sadot. Fafm. Saburon. Goret, pl, 8 Miga. Totombo. pl.^. Taforu Goufol. Bigni. Siger. Staton. Kalan. Barnet. pl. 10. Jol. Popel. Cérite. Goumier, Chadet. De?on. Marnat.^/. 12. Bofon. Daki. Rifet. Natice. pl. 13. Panel. Gochet. Dunar. Selot. Logar. Kifet. 3 • , EJl recouveite d’un pèriojle épais. Ope. RC ULÉs. Jamar. -Melar. Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman, Salar. pl. 6. Vojet. J abik. Samier. Nlvar, pl. 8. pl.C). TABLE DES RAPPORTS hxlj 'CONQUES. La Coquille îles Conques eft compofée de 7 parties principales, fçavoir , 1°. Les Batrans. 5°. Les Attaches. 1° . Les Sommets. 6^^ La Nacre. 3®. La Charnière. 7®. Le Périofte. 4®. Le Ligament. Ces 7 parties fournilfent les arrangemens fuivans. 1^. Les Battans peuvent être confidérés en eux -mêmes, quant à leur Battans, figure j ou relativement les uns aux autres, par rapport à leur grandeur. I Conques dont les battans Et ferment exa^ement. 0 font parfaitement égaux Et laijfent quelques ouvertures. 2° Dont les battan Et ferment exaàement. s font inégaux Et laijfent quel- ques ouvertures. ' '■ Bivalves. Lulat. pL 15. Aber, Doîeî, Fonet. Apan. Jélbn, ClonifTe.^/.iô. Ajar. Codok. Cotan. Dofin, Gordet, Pitar. Felan. Poron. pl. 17. Pirel. Lunot, Pegon, Sunet. T ofar. Jouret. Mutel. Pamet. pl.l^. Gafet. Nufar. Tivel. Pvlatarloa, Jagon, Jabet. "Vovan. î MULTIVAtVES. Rôpan. pl. ip. BrvAifVEs. 1 Lifor. pl. 17. Fatan, Galcinelle. Vagan. Gatan. Mofat, pl. 18. Koman. Movin. Fagan. Robet. Anadara. Tagal. pl. 19. Golar. Molan. MULTÎ VALVES. Julan. pl. 19. Tugon, T aret. Bivalves. Gafar, pl. 14. Garin. Vetan, Bajet. Rojel. f Guron. Satal. Jataron. jj/. 15. Bivalves. Chanon. p/. 15. Effan. MULTI VALVES. 0. Multivalves. 0. ua DES COQUILLES DES CONQUES. lxxli| On peut confidérer les fommets, par rapport à leur grandeur, 6c la lîtuacion qu’ils ont fur un des côtés des battans. Sommets. ■ Conques dont les fommets ne | font pas fenfibles. | A l’une des extrémités des battans. 2°. Conques dont les fommets font Au-dejfous du | milieu des bat- milieu des tans. 1 battans. Au-deffiis du milieu des bat- tans, . Bivalves. O. MULTI VALVES. Julan. pl, 19. Tugon. Paret. tlopan. Bivalves. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Garon. Satal. Jataron. jp/. 15. Lulat. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Jélbn. Bivalves. | Chanon.^/. 15.1 Cloniffe./;/.i6. Ajar. Codok. Gordet. Pitar. Pirel. pl. 17. Lunot. Pegon. Sunet. T ofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Miitel. Pamet. pl. i8. Gafet. Nufar. Matadoa. Fagan. Robet. Anadara. Jabet. Muffole. Bivalves. ElTan. pl. 15. Cotan. pl. 16. Dofin. Felan. Poron. pl. 17. Tivel. pl. 18. Mofat. Koman. Jagon. Movin. Vovan, Bivalves. Tagal. pl. 19. Golar. Molan. MULTI VALVES. 0. j Multivalves. 0. Multivalves, 0. Multivalves. Q. Jxxiv TABLE DES RAPPORTS Charniè- re. Comme la charnière fe trouve placée, pour rordinaire , de la même maniéré que les fommecs , étant diftribuée également fur leurs côtés y nous ne parlerons point de fa fituation , mais feulement du nombre & de la figure de fes dents Sc de fes cavités. l". EJi pTefqu'in- fenjîbley ou fans dents , & quel- quefois avec une cavité. ' 1 a". A une , deux, ou trois dents arrondies , affe^ égales , & au- tant de cavi- tés dans chaque battant. Conques dont la charnière 3" A depuis deux jufqu'à fix dents inégales y dans chaque battant, & qui font les unes comme de longs filets , les autres arron- dies , avec autant de cavités femblahles placées enîr'^ elles. 4 . A plus de dix dents parfaite- ment fembla- bles y dans cha- que battant, & autant de ca- vités propres à les recevoir. 5». Aune ou deux dents ,fort rap- prochées , en forme de lan- guettes tifie[ longues, ou en cuilleron , & fans cavités en- tr elles. Bivalves. i Gafar. vl. 14, 1 Garin. Bivalves. Guron. pl. 14, Satal. Bivalves. Chanon.p/.iï. Jéfon. MULTÏVAÎ-VIS. 0. Bivalves. Fagan. pl.i^, Robet. Bivalves. 0. i Vetan. Bajet. Rojel. Luiat. pLi<. Aber. Jataron.p/. 15. Cioniffe.D/.iô. Ajar. Codok. Cotan» Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pL. 17. Pirel. Lunof. Pégon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan» Calcinelîe. Vagaî. Gatan. Pamet. pl. 18. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Mofat. Koman. Jagon. Mo vin» Anadara. labet. MulTole. Vovan. Multivalves. Tagal. pl. 19. Golar. Molan. Julan. Dotel. Fonet, Apan. Effan. MuteL pl, 17.. Mu LTIVALYÏS. 0. Tugon. Tarer» MUXTJVAtVES.' Ropan. pl, 15. Muitivalves. 0. ■ DES COQUILLES DES CONQUES. kxv Le ligament différé dans les Conques , autant par fa forme que par 4^- fa fîtuation : dans les unes il eft à peu près rond, & placé en dedans Lïgament. ou en dehors de la coquille, au-deffus ou au-deffous des fommets: dans les autres il eft allongé ôc placé de l’une de ces quatre maniérés i î’égard des fommets. Conques dont le ligament I®. 2«>. j 3? Efl arrondi, 6» placé autour ou Efl allongé. & placé au- Efl placé entre les fommets. au milieu des fommets. dejfus des fommets,. & autour des fommets. ^en dedans. en dehors. tt en dehors. Bivalves. Multivalves. Bivalves. Multivales. Bivalves. Mol riv ALvr s Gafar. pl. 14. 0. Luiat. pl. 15. 0. Fagan, pl.\8. Julan. pl. 19 Garin. Aber. Rohet. Tugon. Vetan. Dotel. \nadara. Tarer. Bajet. Fonet. Jabef. Ropan. Rojel. Apan. Muffole. Guroji. Chanon. V^ovan. Satal. Jéfon. Jataron. pl.i^. Clonifie./>/.i6. Ellan. Ajar. • Lifor. pl. 17. Codok. Fatan. Cotan. Calcinelle. Dofin. Pamet. pl, 18. Gafet. Pltar. Felan. Nufar. Poron. pl. 17. TiveH Pirel. Matadoa. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Vagal. Gatan. .Mute}. Mofat. pl. 18, Koman. lagon. VIovin. Tagal. pl. 19. Golar. dolan. T7\BLE des rapports Attaches. IxxvJ Autant il y a de mufcles qui attachent le corps des Conques à leur coquille, autant il y a , dans les battans , de taches qui défignent le lieu où ils croient fixés. Ces mufcles, Sc par conféquent leurs attaches, va- rient par la figure , la grandeur ôc le nombre. Nous ne les examinerons ici que par le nombre. Conques qui portent dans chaque battant Une attache. Bivalves. Multivalves.^ Gafar. pl. 14. lulan. pl. iq. Garin. 1 ugon. Ve tan. 1 aret. Bajet. Ropan. Rojel. Guron. Satal. Chanon. »/. 15. Effan. Deux attaches. Quatre attaches. ‘Bivalves. Pamet. pL i8. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Mofat. Koman. Jagoîi. Movin. Fagan. Robet. Anadara. Jabet. Muffole. Vovan. Tagal. pL 19. Golar. Molan. Jataron. »/. 15 Jéibn. Clonifle.jo/.ib Ajar. Codok. Cotan. Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Bivalves. Lulat. pl. 15. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Multi valves. O. Poron. pl. 17 Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan, Calcinelle. Vagal. Gatan. Mutel. DES COQUILLES :>D ES CONQUES. Ixxvij , Dans les coquilles des Conques, comme dans celles des Limaçons , il y en a qui font nacrées , d’autres qui ne le font pas , & d'autres dont la fubtlance tient le milieu entre la nacre &c la nature ordinaire aux Coquilles. 6°. Nacre. Conques dont la coquille. 1 EJl nacrée au moins en de-^ dans. BtVALVES. Lulat. pl. 15, Aber. Dotel. Fonet. Apan. Chanon. Mutel. pl. 17. Multiv ALVES. O. ' Tîre_ un peu fur la nacre en dedans. Bivalves. 1 Gafar. pl. 14; Garin. ■ ■ V'etan. Bajet. Rojel. Gurojn. Satal. E/ïan. , pl. 15. MULTI,V ALVES. O. 3^ N’efl nacrée ni au dedans ni au dehors. B I V A Jataron. /?/. i'5. Jéfon. ! ClonlflTe.p/.iô* V ‘ L V E, S. Ajar. Codok. Cotan. Dofin. Gordet. PitaT. Fe an. Poron. Pirel. Lunot. Pégon. Suuet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan, Calcinelle, Vagal. Gatan. pl.XJ Pamet. pl. 18. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Motat. Koman. ! Jagon. Movin. Fagan. Robet. ' Anadara. Jabet. MulTole. Vovan. MULXI VALVES. Julan.’’ pl. 19, Tngon. 1 aret. Ropan.' Tagal. Golar. Molan. pl.xç). PÉRIOSTE. Le périofte peut être confidérc dans les Conques , comme dans les Limaçons , par rapport à fon épaiiTeur. î". N’a point de pérlojle fenfible. Bivalves. Jataron. pi. i j Cloniffe./^/.iô. Ajar, Codok. Cotan. Dofin. Gordet. Pegon. pL 17. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Cakinelle. Vagal. Gatan. Mutel. Pamet. pi. 18. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Mofat. pl. 19 Koman. Jagon. Moyin. Multivaives. Tarer, pl. 19. Ropan. Conques dont la et quille a”. Efi enveloppée ddun périofle fi^' Bivalves. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Guron. Satal. Chanon. pLi<. Effan. Jéfon. Pitar. Felan. Poron. Pirel. Lunot. Fagan. Robet. j Multivalves. Juian. pl. 19. l’ugon. pl. i6. pl. 17. pl. i8. Molan. pl. 19. 3 • EJî recouverte d’un périofle épais. Bivalves. Luiat. pl. 15. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Anadara.p/.i8. Jabet. Muffole. Tagal. Golar. pu 19. MULTIVAtVES. O. DES ANIMAUX DES LIMAÇONS. îxxix RAPPORTS PAR UANIMAL. LIMAÇONS. ^ On peut confidérer l'Animal des Limaçons par 5 de fes parties prin-- cipales, qui font, I®. Les Cornes. 4'’. La Trachée. 2°. Les Yeux. 5®. Le Pied. 3®. La Bouche. De ces parties naiflent les arrangemens fuivans. Les Cornes peuvent être eonfidérées, i®. par leur nombre, 2® leur figure , 30. par leur fituarion fur la tête de l’animal. par Cornes; Nombre des cornes. Limaçons qui Il ont point d: Univalves. Sormet. pl. I. Goflbn. Mouret. pU 2. Kalifon. Limaçons qui ont deux cornes. Univalves. pl. I. Operculés. O. Bulin. Corée. Piétiii. Libot. Ltm. Soron. Gadirr. Mourer. Dafdn. Gival. Sultn. Garnor. Jenac. Kalifon. Yet. Philii». Miran. Rafel. Nifar. Arvan. Faval. Porcelaine. Narel. Egouen.. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. Eupon. Biron. Potaru Palier. Simeti. Scipon. fl.i. pl. 5. pL 4. ph f. O P pl. 6. £ R C U L £ s. plj. Jamar. Melar, Tilin. Mafan. Couper. Chotin. Loman. Salar. Sakem. Labarin. Pake!. Sadot. Téfan Minjac. Fafm. Saburon. Covet pl. 8. Miga. Totombo Vojet. Jabik. Samier, Solat. Bivet, Giton. Lipin. Strat. Bolin. pl.^. Jatou. Cofar. Lofer. Suga. Tafon. Goufol, Bigni. Siger. btaron. Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genor. Barnet. pl. lO. Jol. Nifor. Rac. Funon, Soni, Dip. PopeL Cerite. GounûerJ Chader. Degon. , Ligar. Mefal. Vermet.p/.ii. Lilpe. Dofan. Datin.^ Mafier. Jelin. Marnat pl, 12. Bofon. Daki. Rifer. Foffar. pl. 13, Natice. Fabe). Gochet» I Limaçons qui 1 ont quatre cornes. Univalves. Kambeul.^/. i. Pouchet. Ormier. pl, 2. Operculés. Ofilin. pl. 12. Reran. Vaflet. Fujer. Sari. Lonier, Livon. Dalar. Kachin. Gor. Dunar, pl, 13. T adin. Selot. LagarÉ Kilet. Ixxx TABLE DES RAPPORTS 1°. Figure des cornes. Limaçons dont les cornes font coniques ou cylindriques j Sans renflement à leur origine. \ Avec un renflement à leur origine. j)l. Univalves. Bulin. pi. Coret. Pietin. Kambeul. Pouchet. Ljbot. Lii'i. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Yet. Philin. Miran. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. I. p/.3. pl. 4. Operculés. Vermet/j/. ii. Lifpe. Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Marnat. pl. la, Bofon. Daki. Rifet. O fil in. Retan. Vaffet. Fùjet. Sari, Lonier. Livon. Dalat. '' ■ Kachin. Gor. • Foffar. pl. 13. Natice. Fanel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kifet. Univalves. Porcelaine, fl. 4- Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. pl.^- Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon. Operculés. Jamar. ■Melar, Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. Sakem. Labarin. Pakel. Sadot. Tefan. Minjac. Fafin. Saburon. Covet. Miga. Totombo. Vojet. Jabik. Samier. Solat. Bivet. Giton. Lipin, Sirat. Bolin, pl. 6. pl. 9. pl. 7. pl, 8 Jatou. Cofar. Lofet. Suga. ' Tafon. Goufol. Blgni. Siger. Staron. Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Faroisi Genot. Barnet. pl. 10 Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Ligar. Mefal, bicuacion ?^x DES ANIMAUX DES LIMAÇOl^IS. kxxj Limaçons dont les cornes font placées A la racine de la tête. A l' extrémité de la tête. Univalves. Bulin. pl. I. Corel. Pietin. Operculés. pl. 6. Libot. Liii. Soron.. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Ormier. Yet. Philin. pl. pLj. Jamar. Melar. Tilin. Mafan. Couper. Chotin. Loman. Salar. Popel. pl. lo. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Vermet pl, 1 1. Lifpe. Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Marnat. pl. ii. BoPon. Daki. Rifet. Ofdin. Retan. V affet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Foffar. Natice. Fanel. Gochet, Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kilet. pî.i^. U>aVALVES. Kambeul.^/. i, Pouchet. Mîran. pl, 4. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. pl. 5 Lupon. Bitou. Potan. Faüer. Simeri. Stipon. Operculés. Sakem. Labarin. Pakel. Sadot. Telan, Minjac. Fafm. Saburon. Covet Miga. Totombo Vojet. Jabik. Samier. Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. pl.7. pl. 8, Jatou. pl, 9, Cofar. Lofer. Suga. Tafqn. Gouibl. Bigni. Siger. Staron. Kalan. Nivar. B'atin. Silos. Farois. Genot. Barnet. pl. 10.! Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip, Ixxxîj TABLE DES RAPPORTS a®. Je confidere les yeux des Limaçons par rapport à leur ficuation à Yeux, l’égard de la tête ôc des cornes. Limaçons qui nont point d'yeux. Limaçons qui ont deux yeux | Limaçons qui ont deux yeux placés fur la tête à la racine des \ placés fur la tête , derrière les cornes , fur leur côté interne. f cornes , vers leur coté externe. Univalves. > Operculés. | Univalves. Operculés. \ Univalves. Sormet. pl. i. i GoiTon. Mouret. pl. z. Kalilbn. O. Buiin. pl. i. I Goret. Pietin. û. Yet. pl. 3. Philin. Operculés. O. Limaçons qui ont deux yeux placés fur la tête, à l’ ori fine des cornes , fur leur côté externe. pl. Univalves. Libot. Liri. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Miran. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. pl.4. Operculés. Barnet. pl. lo, Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. V ermet.^/. 1 1 Llfpe. Dofan. Datin. Mafier. Jelin. Marnat pl. iz Bofon. Daki. Rifet. Foflar. pl. 13 Natice. Fanel. Gochet. . 5 • Limaçons qui ont deux yeux placés un peu au-dejjlis de la racine des cornes , fur leur cote externe Univalves. Porcelaine. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. \garon. Majet. Lupon. Bitou. Potan. Palier. Simeri. Stipon. pi. 4. pl. 5. Operculés. Barnet. pl. 10. Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. 6?. Limaçons qui ont deux yeux placés vers le milieu des cornes, fur leur côté externe. Univalves. O. Operculés. Jamar. Melar. Tiiin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. 1ISakem. Labarir. Pakel. Sadot. r efan. Minjac. Fafin. iSaburon. pl. 6. pl. 9. pl.7. Covet, Miga. Totombo. Vojet. Jabik. Samigr. Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. p/. 8. Jatou. Cofar. Lofet. Suga. Tafon. GoufoL Bigni. Siger. Staron. Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genot. Popel. pl. 10. Ce rite. Goumier. Chadet. Degon. Limaçons qui ont deux yeux placés au fommet des cor- nes» Univalves. Kambeul.p/. I, Pouchet. Ormier. pl. z. pl. iz. Operculés. Ofilin. Retan. Vaifet. Fujet. S.ari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Dunar, pl. 13 Tadin. Selot. Lagar. Kifet. DES ANIMAUX DES LIMAÇONS. Ixxiij La bouche des Limaçons ell garnie de deux mâchoires fans trompe , ou bien elle a une trompe fans mâchoires. Limaçons don i”. deux mâchoires fans trompe. t la bouche a une tro 2°. mpe fans mâchoires. Univalves. Sormef. pl. i. GolTon. Bulin. Goret. Piétin. Kambeul. Pouchet. Libot. pl. 2. Lîri. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival. Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. l Operculés. Marnat.^/. 12. Foffar. pl. 13. Bofon. Natice. Daki. Fabel. Rifet. Gochet. Tilin. Dunar. Retan. Tadin. Vaflet. Selot. Fujet. Lagan. Sari. Kilet. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Univalves. Yet. pl. 3. Philin. Miran. pl. 4. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. pl. 5. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon. Operculés. Jamar. pl. 6. Barnet. pl. 10. Melar. Jol. Tilin. Nifot. Mafan. Rac. Couper. Funon. Chotin. Soni. Loman. Dip. Salar. Popel. Sakem. p/. 7. Mérité. Labarin. Goumier. Pakel. ‘ Chadet. Sadot. Degon. Téfan. Vermet.p/. ii. Minjac. Lifpe. Fafin. Dofan. Saburon. Datin. Vojet. pl. 8. Mafier. Jabik. , JS™' Samier. Solat. Bivet. Lipin. Sirat. Bolin. Jatou. pl. g. Cofar. Lofer. ’ Suga. Tafon. Goufol. Bigni. Siger. Staron. Nivar. Blatin. Siliis. Farois. Genou /ij % Ixxxiy 4 • Trachée. TABLE DES RAPPORTS Je ne confidere dans la trachée des Limaçons qne fa figure. Elle eft caracterifee dans les difFérens genres : elle relTemble à un trou rond dans les uns J Sc a un long tuyau dans d’autres. Un trou fimplt Limaçons don 1°. qui fe trouve fur l’un des côtés de r animal. Univalves. Operculés. Sormet. pl. i. Vermer-y/. ii. PolTar, pi. 13 Golion. Lifpe. Narice. Bulin. üofa;i, Fabel. Corer. Datin. Gochet. Pietin. Mafier. Dunar. Kambeul, Jelin. Tadin. Poucher. Marnat. Selor. Libor. pl, 2. Bofon. Lagar. Liri. Daki. Kilêt, Soron. Rifer. Gadin. Ofilin. Mourer. Reran. -Dalan. Vaffet. Gival. Pujet. Sulin. Sari. Garnot. Lonier. Jenac. Livon. Kalilbiî. Dalar. Ornaier. Kachiis, G or. Un long tuyau , qiù fort vers le dos de ranimai. pi. 4. Univalves. Yet. pl. 3. Philin. Miran. Rafel. Nifat. Arvan. Payai . Porcelaine. Narel. Egoiien. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. Lupon. Bitou. Potan. Palier. Simeri. Stipon. O.P E R c U L É s. pl.^. Jamar. pl Melan. Tilin. Mafan. Couper. Chotin. Loman. Salar. . Sakem. pl. Labarin. Pakel. T efan. ■ Minjac. Pafin. Saburon, Coret. Miga. Totombo. Vojet. Jabik. Samier. Solar. Bivet. Giron. Lipin. Sirar. Bolin. pl. 6. Jatou. pl. 9. Cofar, Lofer. Suga. T afon. Goufol. Bigni. Siger. Staron. Kalan. Nivar. Blarin. Silus. Parois. Genot. g Barnet. pl. 10 ■ Jol. Rifer. Rac. Punon. Soni. Dip. Popel. Cérite. Goiimier. Cbader. Degon. DES ANIMAUX DES LIMAÇONS. îxxxv Les Limaçons ont ordinairement le pied coupé de quelques filions. Les uns en ont plufieurs répandus fur toute fa furface fupérieure & infé- rieute; les autres n’en ont qu’un qui parcourt le milieu de fa longueur en deffus ; d’autres enfin en ont un qui le traverfe à fa partie antérieure : je ne parlerai ici que de ce dernier. r- Pied. Limaçons qui n’ont point de fillon tranfiverfial j à la partie antérieure du pied. Univalves. Operculés. Sormet, pl. i. Yermet./i/.n. FofTar. pl. 13. Goflon. Lifpe. Natice. Goret. Dofan. Fanel. Pietln. Datm. Gochet. Katnbeul. Mafier. Dunar. Pouchet. Ofilin. n/. 12. Tadin. Libot. pl. 2. Retan. Lagar. Liri. Vaffet. Selot. Soron. Fujet. Kifet, Gadin. Sari. Mouret. Lonier. Dafan. Livon. Gival. Dalat. Sulin. Kach'vi. Garnot. Gor. Jenac. Kalifon. f 1 Ormier. Sigaret. Yet. pl. 3. 1 Philin. - Limaçons qui ont un fillon tranfverfal à la partie antérieure de leur pied. Univalves. Miran. pl. 4. Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Majet. Lupon. BItou. Potan. Palier. Simeri. Stipon. pl. 5. Operculés. Jamar. Melar. Tilin. Matan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. Sakem. Labarin. Pakel. Sadot. Téfan Minjac. Fafin. Saburon, Covet Miga. Totombo Vojet. Jabik. Samier."* Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. P h 6, pl-9‘ pl.?. pl. 8. Jatou. Cotar. Lofet. Suga. Tafon. Goufol. Bigni. Siger. Staron. Kalan. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genot. Barnet. pl. 10. Jol. Mfot. Rac. Funon. Soni. Dip. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Marnat. /i/. 12. Bofon. Daki. Ritet. Ixxxvj TABLE DES RAPPORTS CONQUES. Les principales parties de l’Animal des Conques font au nombre de quatre , fçavoir : I®. Le Manteau. 3°. Le Pied. 2'^. Les Trachées. 4®. Les Fils. _ i”. Le manteau peut être confidéré quant à fa figure. Manteau. ^ ° ( I®. EJl divïfé tout autour en deux lobes. Conques dont le manteau 2®. EJl divïfé dé un côté feulement en deux lobes. 3®' Forme un fac ouvert feulement dans les deux extrémités oppofécs. Bivalves. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Bajet. RojeL MUITIVALVES. 0. Bivalves. Lulat. pl.i^. Pamet, pl.i^. Aber. Gafet. DoteL Nufar. Fonet. Matadoa. Apan. Mofat. Cloniffe.B/.iô. Koman. Ajar. Codok. Cotan. Dofm. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pl. 17. Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Bivalves. Jataron.p/. 15. Tagal. pl. 15. Golar. Molan. MULTIVAIVES. Julan. pl. ip. Tugon. Taret. Ropan. - Multivalves. 0. DES ANIMAUX DES CONQUES. Ixxxvij On peut confidérer les Trachées par leur nombre ôc leur figure. i®. * Trachées. Conques qui n ont quune trachée qui pa- raît comme une ouverture. a®. Conques qui ont deux tra- chées en manié- ré dd ouverture. Conques qui ont deux trachées en forme de tuyaux féparés & difingués. 4'’- Conques qui ont deux trachées en forme de tuyaux réunis. Bivalves. Gafar. pL 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Bivalves. Jataron./?/. 15. Lulat. A ber. Dotel. Fonet. Apan. Bivalves. Cloniffe./i/.i6. Ajar. Codok. Cotan. Doün. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pl. 17. Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Joiiret. Lifor. Fatan. Calcinelle. V agal. Gatan. Pamet. pl. 18. Gafet. Niifar. Tivel. Matadoa. Mofat. Koman. Jagon. Mo vin. Multivalves. Taret. pl, lÿ. Ropan. Bivalves, j Tagal. pl, 19.1 Golar. Molan. Multi valves. Julan. pl. 19. Tiigon. MULTI VALVES. 0. Multivalves. 0. f kxxviij TABLE DES RAPPORTS, &c. Il y a des Conques qui n^’onc pas de pied , il y en a d’autres qui en font ^ ^ pourvues. Parmi les dernieres, les unes le laiflTent appercevoir de rems en tems au dehors, &c les ancres le tiennent toujours caché. Conques qui nom pas de pied. Bivalves. Gafar. pL 14 Garin. Vetan. B a] et. Ro’iel. Multivalves. O. Conques dont le pied ne paraît pas au dehors. Bivalves. Tagal. pl. 15. Golar, Molan. MulTIV ALVES. Julan. pl. leq. Tugon. Tarer. Ropan. Conques dont le pied parait au dehors. Bivalves. Poron. pLij. Pamètii /j/. 18. Pirel. Gafet. Lunot. Nufar»^ Tivel. Matadoa. Mofat. Koman. Jagon. Movin. Jataron. p/. 15. Luiat. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Cloniffe.p/.i6. Ajar. Codok. Cotan. Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lilbr. Fatan, Calcinelle. Vagal. Gatan. Multivalves. O. 4 • Fils. Les Fils (i) donc il eft ici queftion, font ceux par lefquels certaines Conques s’attachent à différens corps fixés au fond des eaux. Conques qui s’ attachent par des fils. I Bivalves. i Luiat. pl. it, I Aber, \ Dotel. _ j Fonet. I Apan. Chanon, ETan. Jéfon. Conques qui nont polÊit de fils pour fie fixer. Mufrole./>/,i8, Multivalves. | 13 I V A L V E S. 0. Gafar. pl. 14, Poron. pl. 17. Pamet. pl. 18. Garin. Pirel. Gafet. Vetan. Lunot. N ufar. Bajet. Pégon. Tivel. Rojel. Sunet. Matadoa; Guron. T ofar. Mofat. Satal. Jouret. Koman. Jataron. Lifor. Jagon. Clonlffe. u/.i6. Fatan. Movin. , . ‘ A|ar. Calcinelle. Tagal. pl, 19. Codok. Vagal, Golar. Cotan, Gatan. Molan. Dofin, Gordet. Pitar. Felan. Multivalves. Julan. pl. 19 Tugon. Taret. Ropan. (i) Voyez ce que j’entends par ce terme, dans mes Définitions, page Ix, Fin. de la Tahk des Rapports^ îxxxix: *4* ^ i i ^ *î*» W ‘>feS « i#* *î* % ;âf.| ‘P ' " *^* S ^îiiiîsfc' ^ # -»- J , TABLE CHRONOLOGIQUE DES AUTEURS Dont il ejl fait mention dans cet Ouvrage. ARiflot. hïjl, Anim. Ariftotelis opéra omnia quæ extant græcè &: lati- ne, &c. Authore Guillelmo Duval, ôcc. Lutetiæ Parifiorum, 1619. in-fol. 2 vol. P Un, hijl. Mund. C. Plinii fecundi hiftorîæ Mundi , libri 37. à Sigif- ■ mundo Gelenio Caftigati, Scc. càtn nods Pindani, Scaligeri, &c, Lugduni, 1582. in-fol. 1553 Behn. Aquat. Pétri Bellonii Cenomani de Aquatilibus, libri duo, &c. Parifiis, 1553. in- 12. forma oblongâ, cùm fig. ligneis averfo af- peduj raris bonis. — 54 Pondel. Ptjc . pars 2. edic. lat. Guillelmi Rondeletii DocStoris Medici, Scc. pars fecunda de Pifcibus, Scc. Lugduni, 1554. in-fol. chartâ parvâ, ug. lign. averfo afpe6tu , raris bonis. —5 8 Rondel. Poijf. pan. 2. édit.franç. La fécondé partie de Phiftoire entière des PoilTonSjCompofée premièrement en latin par Maître Guillaume Rondelet, Scc. maintenant traduite en françois, Scc. à Lyon , 1558. in fol, petit pap. fig. en bois , peu fidèles , Sc à contre-fens. "" Bqffiiet. Aquat. pars ait. Francifci BofTued Surregiani Do6toris Medici, de Naturâ aquadlium Carmen , in alteram partem univetfæ Guil- lelmi Rondeletii, Scc. liiftoriæ quam de Aquatilibus fcripfit, Scc. Lugduni, 1558. in-4®. chartâ parvâ. fig. lign. averfo afpedtu, raris bonis. Gefn. Aquat. Conradi Gefneri, Medici Tigurini , hiftoriæ Animalium liber IV. qui eft de Pifcium Sc Aquatilium Animantium naturâ. Ti- guri, 1558. in-fol. cum fig. ligneis, raris bonis , Sc averfo afpeètu. ^^5 Math. VQiû Andreæ Mathioli, Senenfis Medici, Commentarii in fex libres Pedacii Diofcoridis. Venetiis ex officinâ Valgrifianâ, in-fol. fig. ligneis, nonnullis bonis, Sc averfo afpedu. "—99 Imper. Hiftoria Naturale di Ferrante Imperato Neapolitaiio. Neapoli , 1599* Venetiis, 1(372. in-fol. Coloniæ, 1(395. %• hgueis, raris bonis. ï(3i(3 Colum. Aquat, Aquadlium Sc terreftrium alicjuot Animalium, aliarum- m xc TABLE CHRONOLOGIQUE que Naruralium rerum obfervationes , Fablo Columnâ Autore. Ro- mæ, i6î(j. in-4°. chariâ parvâ , càm figuris æneis optimis j refto afpeftu. Çolum. Purp. Fabü Columnæ Lyncei Purpura. RomaCj i (î i (î . fig. seneis opdmis, re£to afpeélii. — 42 Aldrcv. Exang. Ulyflls Aidrovandi, Patrici Bononienfis, de Exanguibus libri 4, &c. Bononiæ , 1642. in-fol. fig. iign. averfo afpeftu j raris bonis. — 49 Jonjl. Exang. Hiftôriæ^ Naturalis de Exanguibus , libri 4 ^ cùm æneis figuris J à Joanne Jonftono Medicinæ Dodore. Francofurri , 1649. Amftelædami, 1(367 Se 1716. in-fol. figuris .'Eneis , averfo afpe(Slu pefiimis. — 67 Du Tert. hijî, des Antill. Hiftoire générale des Antilles , &c. Tom. 2. contenant l’Hiftoire Naturelle, &cc. Par le R. P. du Tertre , de l’Or- dre des FF. Prêcheurs, &c. A Paris, 1667. in-4®. figures en cuivre, la plupart allez bonnes. — 78 Lifi. Anim. Angl. Martini Lifter, &c. Hiftoriæ Animalium Angliæ , très Tradatus, uuus de Araneis, alter de Cochleis tùm terreftribus, tum fiuviacilibus , tertîus de Cochleis marinis,dc.Londini, i67S.in-4°. chartâ parvâ , fig. æneis bonis. — 79 Harder. Exam. Joh. Jacobi Harderi, Bafil. M. D. &c. Examen Anato- micum Cochleæ terreftris domiportæ. Bafileæ, 1679. in-12. broch. cùm fig. æneis bonis. — Si Bonan. Recr. Recreatio mentis & oculi in obfervatione Animalium Tefta- ceorum , &c. à PP. Philippo Bonanni, Soc. Jefu. Romæ , 1681. in-4^. Italicè cùm fig. æneis , averfo afpedu , cæterà bonis. Eadem Latinè. Romæ, 1684. ^*4**. *— §4 Heyde Anat. Anatome Mytuli, Belgicè Mojfel, &c. Autore^ Antonio de Heyde, M. D. Amftelodami, 1684. in-12. chartâ parvâ , fig. æneis, fub bonis. — 85 Lifi. Hifi. Conchyl. Martini Lifter Hiftoria, fivè Synopfis methodica Con- chyliorum, &c. Londini , 1685. in-fol. fig. æneis optimis. — 94 Lîfier. Exerc. I*. Martini Lifter Exercitatio Anatomica, in qua de Coch- leis maximè Terreftribus & Limacibus agitur, &c. Londini, 1694. in- 8. fig. æneis bonis. — 95 Lifier. Exerc. aU. Martini Lifter Exercitatio Anatomica altéra, in qua maximè agitur de Buccinis fluviatilibus, ôc marinis, Sfc. Londini, i695.*in-S. fig. æneis bonis. I 1700 Mém. de VAcad. Mém. de l’Académie Royale des Sciences. A Paris , I 1712 in'4®. fig. en cuivre alTez bonnes. ‘■1705 Rumph. Muf. D’Ambüinfche Rariteit Kamer, &e. Georgius Everhardus Rumphius. T’Amfterdam, 1705. in-fol. fig. æneis bonis plerifque. — 09 Muf. Kirh. Mufæum Kirkerianum, fivèMufæumà P. Atlianafio Kirkero, in Collegio Romano, Soc. Jefu, |am pridem incœptum , riuper refti- tutum, audum, defcriptura & içonibus illuftratum j a Philippo Bo- DES AUTEURS. nanni, Soc. Jefu. Romæ, 1705». in-fol. fig. æneis,averfo afpedu, cæterùm bonis. 1709 Petiv. Ga^oph. Gazophylacium Naturæ & Artis , à Jacobo Petiv. Pars 1*. Londini, 1709. Pars 2®. 1711. in-foi. chartâ parvâ , fig. æneis , plerifque bonis. — 14 Barrel. îcon. Plantæ per Galliam , Hifpaniam & Italiam obfervatæ, &c. à R. P. Jacobo Barreliero; quibusaccellit^ecimen Infedorum quo- rumdam marinorutn ; cura Antonii de Juiueu, Med. & Bor. ProfelT. Parifiis, 1714. in-fol. chartâ parvâ, fig. æneis bonis. — 1 5 Vallifn. Raccolt. Raccolta di varj Trattati del Signor Vallifnieri , &c. In Venezia, 1715. in-4®. fig. æneis , fub bonis. ~ 17 Tonrnef. Voyag. Relation d'un Voyage du Levant , fait par ordre du Roi, &:c. par M. Pitton de Tournefort, &c. A Paris, 1717. 2 vol, in-4®. fig. en cuivre, parfaites. — 22 Lang. Meth, Caroli Langii Methodiis nova & facilis Teftacea marina, in fuas débitas clalTes, généra & fpecies diftribuendi. Lucernæ, 1722. in-40, chartâ parvâ. — i^Sloan.Jam. A Voyage to the Iflands Madera , Barbadoes , Nieves, S. Chriftophers , and Jamaica ; With the Natural Hiftori , Bec. Bi Sir Hims Sioane , Bart. London , 1725. in-fol. 2 vol. chartâ parvâ. fig. æneis J rarb fidelibus. — 33 Bell, Tered. Godofredi Sellii HiAoria Naturalis Teredinis feu Xylophagi marini. Trajedi ad Rhenum , 173 5. in-4‘’. fig. æneis , vix bonis. ■ ■■ ' ■ Roujfet Obf. ObfervaliDns fur l’origine, la conftitution & la nature des Vers de mer, qui percent les vailfeaux , les piliers, les jeitées , & les eftacades. Par M. Rouffèt, Membre de la Société Royale des Sciences dè Berlin. A la Haye^ 1733. broch. 31 pages, avec fig. peu^.exa£tes. — ^ifScb.Thef. Locupietifliini rerum Natufalium Thefanri accurata deferiptio, & iconibus artificiofiflimi , expreflîo , &c. Ex toto terrarum orbe collegit , digeflit , defçripfit & depingendum curavit , Albertus Seba, &c. Amftelædami, 173 4* in-fol. 2 vol. chartâ magna, cùm fig. æneis bonis. — Swammerd. Bibl. Joannis Swammerdamii Amftelædamenfis, Biblia Na- turæ *, fivè hiftoria Infeétorum , in clalTes certas redaéta , &c. Leydæ, 1737. in-fol. 2 vol. fig. æneis , plerifque bonis. — 39 Plane. Conch. Jani Planci Ariminenfis,de Conchis minus notisJiber,&c. Venetiis, 1739. in-4®. fig. æneis, plerifque bonis. — 42 Hijl. Conchyl. L’hiftoire Naturelle éclaircie dans deux de fes parties prin- cipales , la Lithologie & la Conchyliologie , &c. Par M***. A Paris, 1742. in-fol. pet. pap. fig. en cuivre, parfaites. ■ ' ■ ' Gualt. Ind. Gualtieri Nicolai Index teftarum Conchyliorum , Scc. Flo- rentiæ , 1742. in fol, chartâ imperiali -, fig. æneis, vulgb bonis. — 4^ Linn. Faun. Suec. Caroli Linnæi, Med. &c Bot. Prof. Üpfal. &c. Fauna Suecica, fiftens Animalia Sueciæ regni : Quadrupedia, Aves, Ani- m IJ xcij TABLE CHRONOLOGIQUE, &:c. , phibia , Pifces 5 Infecta, Vermes ; diftributa per claffes & ordînes J généra & fpecies , ôcc. Stockolmiæ , i74<>. in-8^. fig. nonnullis æneis , vix bonis. 1748' Linn. Syft. Nat. edit. 6. Caroli Linnæi Archiatr. Reg. Med. & Bot. Prof. Upîal. Syftema naturæ, fiftens régna tria .naruræ, in clalTes & or- dines, généra & fpecies'redafta , rabulifque æneis iliuftrata. Editiy- fexta. Stockolmiæ , fig. æneis nonnullis , peffimis. 5 3 Klein. Tent. Jacobi Theodori Klein , Tentamen methodi Oftracologicæ , fivè Difpofitio naturalis Cochlidum & Concharum , &c. Lugdnni- Batavorum, 1755. in-4°. fig. æneis, vulgb peffimis. Mém. préfentés à VAcad. Mémoires de Mathématique & de Phyfique , ' préfentés à l’Académie Royale des Sciences par divers S^avans, A Paris, in-4®. fig. en cuivre, fort bonnes^ CXllï - / KVV- -Yi-m" w ' «m-- W W'I'.IV' m ' /-mv" w '7'in" w; DIVISION GENERALE DE CET OUVRAGE. F A M I LIMA L L E I. Ç 0 N S. -’ S E C T I O N I. LIMAÇONS UNIVALVES. GENRE I. La Gondole. Cymbium- (pl. i.) EJp. I. Sonner. 2. GofTon. GENRE IL tï Buxin. Bulinus. ^ genre ni. Le Goret. Corecus, genre IV. Le PiETiN. Pedipes. GENRE V. Lï Limaçon. Cochlea. 1. Kambeul. 2. Pouchet. GENRE V r. Le Lepas. LepaSf CP^* ^0 EJp. I. Libot. (pl. 2.) 2. Liri. 3. Soron. 4. Gadin. 5. Mouret. 6. Dafan. 7. Gival. 8. Sulin. 9. Garnot. 10. Jenac. 11. Kalifon. GENRE VIL L’Ormier. Haliotis, 1. Ormier. 2. Sigaret. GENRE LVit. Yetus.. 1. Yer. 2. Philiïu VI IL KciŸ DIVISION GENRE IX, La Vis. Terebra, ( pl. 4.) Efp. I. Miran, 2. Rafel, 3. Nifat. 4. Arvan. 5. Faval. GENRE X. La Porcelaine. Porcellana. 1. Porcelaine. 2. Narel. 3. Egouen. 4. Bobî. 5. Duchon. GÉNÉRALE Efp. 6. Girol. 7. Agaton. - GENRE XI. Le Pucelage. Çypraa. (pl* J-) 1. Majet. 2. Lupon. 3. Bitou. GENRE XII, Le Mantelet. PeriBolus. 1. Potan. 2. Palier. 3. Simeri. 4. Stipon. SECTION II LIMAÇONS GENRE I. Le Rouleau. Strombus. (pl.^.) Efp. i- Jamar, 2. Melar. 3. Tilin. 4. Mafan. 5. Couper. 6. Choiin. 7. Loman. 8. Salar. GENRE II. La Pourpre. Purpura, (pl. 7.) 1. Sakem. 2. Labafin. 3. Pakel. 4. Sadôc. 5. Téfan. Minjac. 7. Fafin. 8. Saburon, Covet. ( pl. 8.) 10. Miga. ji. Totomboi OP ERCULES, Efp. li* Vojet. 13. Jabik. 14. Samier. 1 5 . Solat. 16. Bivet. 17. Giron. 18. Lipin. 19. Sirar. 20. Bolin. 21. Jatou. (pl*?*) 22. ' jofar. 2 3 . Lofer. 24. Suga. 25. Tafon. 2 à gauche ou à droite de la coquille: ü n’y a que 1 obliquité de cette même ouverture qui puiffe faire connoitre quel eft ie deffus de la coquille , & quel eft fon deffous. . , L’obliquité de l’ouverture O qui eft coupee de droite a gau- che en defcendant, ayant déterminé la face la plus large de la coquille pour fon deffus , on s’apperçoit que les fpires tour^ nent de droite à gauche, en regardant le plan de la coquille comme horizontal, & conféquemment l’ouverture eft a la gauche, ce qui la range avec les Uniques, comme le Kulm, Cette ouverture eft ronde à peu de chofe près, & fes bords fontfimples & fort tranchans : ils font interrompus fur la droite par la rondeur delà première fpire, qui vient fe confondre La délicateffe de cette coquille & fon peu d epaiffeur la ^ r A ollo nniif» . lUl^ rendent un peu tranfparente. Au dehors elle eft pdiC ; faute , & de couleur fauve, lui- UNIVALVES. 9 La tête T t.de l’animal eft cylindrique, très-étroite dans fa Anima partie fupérieure ; mais fort étendue fur les côtés, & prolongée Tête, en une membrane qui lui fait un large empattement. Cet em- pattement prend fucceffivement difterentes formes , qui ren- dent quelquefois la tête obtufe & arrondie T, & quelquefois ©chancrée t.. à fon extrémité. Comme il eft placé aux côtés de îa tête, & qu’il eft plus fufceptible de relâchement, lorfqu’Ü fe porte en avant il fait une échancrure à fon milieu j & cette écliancrure difparoît lorfque ce même empattement fe con- traéle & eft tiré en arriéré. La bouche B eft placée au-deffousde la tête à peu près dans Bouche. Ibn milieu. Les lèvres , lorfqu’elle efl fermée , lui font prendre la figure d’un t dont la tête feroit courbée en arc. En s’ouvrant elle laifTe appercevQir par intervalles les mâchoires qu’elle renferme. La mâchoire fupérieure eft faite en croiffant , & fa con- Mâchoire vexité qui efl lifTe, regarde en bas : elle paroît immobile. L’in- férieure au contraire reifemble à un tuyau cylindrique ou à une trompe dont l’extrémité eft percée , arrondie & armée de plulîeurs rangs de dents, que je ne puis mieux comparer qu’à celles d’une étrille : elle fe porte facilement jufqu’au bord des lèvres. Les cornes C. C. fortent au nombre de deux, de la bafe de Cornes, la tête aux côtés de laquelle elles font attachées, &: la fuiv paffent une fois en longueur. Elles font fines, déliées, fem-^. blables à des aiguilles fort pointues, & ont une grande fa- cilité à fe courber & à fe mouvoir en tous fens. ^ Les yeux Y. Y. femblables à deux petits points noirs, font Yeu.v» comme enchafies à la racine des cornes, fur leur côté intérieur. Le pied P a une longueur prefqu’égale au diamètre de la coquille. Il repréfente une ellipfe allongée & un peu moins large que la tête , au-devant de laquelle il s’étend de maniéré à la cacher entièrement lorfqu’il marche. Ses deux extrémi- tés font également obtufes, & fon grand diamètre furpaffe fouvent près de deux fois le petit. Pendant que l’animal marche, une grande partie de fon Coî, corps paroît hors de la coquille , fous la forme d’un long col ^ a peu près cylindrique , dont la longueur, y comprife celle de la tête , excède deux fois fa largeur. B ^îanteau. Sexe, Coa'eur, JO COQUILLAGES Au travers de ce col qui efl alTez tranfparent , on apperçoit facilement le cœur, & l’on en diftingue très-bien les batte- mens. Il eft placé à fa droite; particularité qui mérite d’au- tant plus d’être remarquée, que cette partie aôeéle toujours la gauche dans le plus grand nombre des Limaçons. Dans cette même fituation de l’animal, on voit le manteau comme une légère membrane qui tapiffe les parois intérieu- res de la coquille jufqu’aux bords de fon ouverture, dont il lui arrive rarement de s’écarter pour s’étendre au dehors. Il forme du côté gauche, en rapprochant de tems en tems fes bords, une double ouverture , dont la plus élevée donne paf- fage à l’air, & l’autre aux excrémens. Ceux-ci font vermicu- lés, & tournés en demi-cercle. Cet animal eft , comme le précédent , hermaphrodite de i’efpece de ceux qui demandent la jonélion de deux indivi- dus, mais qui ne fe fécondent pas réciproquement ni en même tems. Il ne jouit pas plus de ce privilège que ceux dans lef- quels le fexe eft partagé : il eft vrai qu’il a un avantage de plus qu’eux , c’eft qu’il peut féconder un individu tandis qu’il eft fécondé par un troifiéme, &: celui-ci par un quatriè- me , & ainfî de fuite ; de forte qu’on les voit fouvent réunis plufieurs enfemble comme des grains de chapelet. 11 jette un fray femblable à un gâteau rond , infiniment petit & gélatineux , qui contient environ cent œufs ronds & appla- tis,de mâhie fubftance, à l’extrémité defqiiels on apperçoit le frerme , comme un petit point opaque. Cette gelee & les œufs font de couleur de fuye ou d’un brun rougeâtre , & trahfparens. a / •. t Dans quelques-uns j’ai vu fortir du cote gauche, entre le col & le manteau , une efpece d’oreillette triangulaire & charnue qui fe montroit quelquefois au dehors^ dans d autres il ne fe manifeftoit rien de femblable. Peut-être l’analogm me fera-t-elle connoître un jour l’ufage de cette partie vue dans un animal de même genre & plus grand que celui-ci. Ce petit animal eft tout noir ou du moins d un brun noir. Sa coquille qui eft tranfparente & fauve lorfqu’elle eft vuide^ paroît noire quand il la remplit. ■ ' ÜNIVALVES. ir GENRE IV. LE P I E T I N. Pedipcs. PI. i. On appellera, fi l’on veut, avec moi du nom de Pietîn un nouveau genre de coquillage marin, que j’ai trouvé en grande quantité autour de l’ifie de Gorée. Je le nomme ainfî a caufe de la maniéré finguliere dont il marche avec les deux talons dont fon pied femble être formé, comme on le verra ci-après dans la defcription de cette partie. Pour découvrir ce petit coquillage, il faut le chercher dans les cavités des rochers que l’on nomme mâchefer dans le pays. C’efi la , & fur-tout dans ceux qui font expofés aux grands coups de mer , qu’il fe tient caché. Sa coquille n’eft figurée nulle part (i) : elle fe rencontre dans peu de cabinets , & je ne l’ai vûe que dans ceux où je l’ai envoyée. Elle eft fort dure & épaiffe, comme la plupart des coquilles marines. Sa forme repréfente un ovoïde arrondi dans fon contour, obtus à fa bafe,& pointu au fommet. Elle n’a que trois lignes de longueur, & deux lignes un quart de largeur , c’eil-à-dire, que fa longueur excède fa largeur à peine d’une moitié. La figure E la repréfente dans fa grandeur natu- relle, qui eft groffie de beaucoup dans les figures GSN. On y compte fix tours de fpirale qui defcendent de droite à gauche, au contraire de celles du Éulin & du Goret; & je fuis bien-aife d’avertir que tous les coquillages qui fui vent celui-ci ont leurs fpires tournées de même. Elles font peu renflées, & par conféquent peu diftinéles ou fort étroitement liées les unes aux autres. La première fpire, celle où ell: l’ou- verture, a une telle difproportion avec les autres, qu’elle les efface toutes : celles-ci font à fon égard, ce qu’eff un mamme-- Ion pointu fur un tetton bien rond. Vii^t-cinq filions aflez légers, font diffribués aflez égale^- ment fur toute la furface extérieure de la première fpire; iis la fuivent dans fa longueur, & par-là coupent la coquille tranfverfalement,mais dans une diredion oblique. Ces vingt- cinq filions feréduifent à huit dans la fécondé fpire, à trois dans (i) Je ne fçai fi l’on pourroit y rapporter celli-ci de Lifter : compreffa fbfca fafciata, brevior, fmu longo adroftrum notabili. Lijler, fiijl. Conchyl. tab, B ij Coquille. Spires. 12 ü-averture. Couleur. A N I M A T Ite. . Bouche. Cornes. C O Q U I L L A G:E S la rroHIëme, & diminuent ainfi infenfiblement jufqu’à la pointe du fommet où elles difparoiffent. L’ouverture eft des plus fingulieres. On peut la regarder comme une ellipfe dont le contour eft très-irrégulier. Son errand diamètre eft double du petit : il eft parallèle au grand diamètre de la coquille, & un peu plus long que le fommet. L’irrégularité qu’on obferve dans fon contour vient des dents qui en bouchent une bonne partie: on en diftingue deux mé- diocres à fa droite & autant à fa gauche, vers le milieu de fa longueur , & une cinquième infiniment plus groffe que les au- tres : celle-ci eft placée à Fextrêmité inférieure de l’ouverture, & s’éleva jufqu’au tiers de fa longueur comme une languette qui la diviie obliquement en deux parties inégales. Toutes ces dents font dans l’intérieur de l’ouverture : je parlerai de leur ufage ci-après. La lèvre droite de l’ouverture eft fîmple & fort tranchante : la gauche au contraire eft arrondie, & recouverte d’une large bande, luifante & d’un beau poli. Quelques-unes de ces coquilles font d’un fauve clair, &: d’autres font d’un blanc fale. La lèvre gauche de l’ouverture eft communément aflez blanche. L’animal qui habite cette coquille eft fort petit en compa- raifon d’elle. Sa tête T forme un croiflant qui a une fois plus de largeur que de longueur. Elle eft arrondie à fon extrémité qui eft échancrée. Au milieu de fa longueur & en deflbus eft placée la bou- che B, dont l’ouverture eft formée par deux lignes horizon- tales jointes par une ligne verticale. Sa fîtuation lui donne la figure d’une h couchée fur le côté. Le jeu des lèvres qui forment cette bouche, ne confifte que dans un mouvement latéral qui les éloigne & les rapproche alternativement de la ligne verticale. Les dents font fembiables à celles du Coret(i). Les cornes C. C. font affez épaiffes & cylindriques , c’eft-a- dire, égales en groftèiir depuis leur racine jufqu’à leur extré- mité. Elles ont moitié plus de longueur que la tête, du milieu de laquelle elles fortent. Dajjs leur fiiuation naturelle elles (i) Voyez la page 9, . ■ U^N'I V A L V"E s.- 13 fe portent verticalement en haut, au contraire ..de ce que l’on voit dans la plûpart des coquillages qui les portent ou en devant ou fur les côtes. Ses yeux font petits, ovales Y Y, une fois plus longs que Yeux, larges, & placés entre les cornes & la tête, de maniéré que leur grand diamètre eft parallèle à fa longueur. Le pied P. J. K. de cet animal eft ce qu’il a de plus fingulien Pied. Sa forme eft elliptique , arrondie aux extrémités. Il a deux fois plus de longueur que de largeur , & il efl prefqu’une fois plus court que la coquille. Mais ce qui le rend remarquable, c’eft qu’il paroît compofé de deux talons femblables P. K. po- fés à chacune de fes extrémités.. Ces talons lailfent entr’eux un efpace vuide & creuie profondément J , qui donne à ce pied la forme d’un pié-bot , auquel on peut très-bien le com- parer. Quant à la maniéré dont il fait agir ce pied, voici ce que i’ai obfervé plulîeurs fois. Lorfqu’ii veut marcher , il s’affermit fur le talon podérieur K, & porte le talon antérieur P en avant & auffi loin que le peut permettre la partie creufe J , qui elî fufceptibîe d’un relâchement conlîdérable : il rapproche en- fuite le talon podérieur'K de maniéré qu’il touche l’anté- rieur P , & fait avancer tout fon corps d’un efpace égal à celui qui les tenoit féparés. Ce premier pas fait, il en recommence un fécond, en prenant pour point d’appui le talon podérieur pendant que l’antérieur avance , &: faifant réciproquement îervir celui-ci de point d’appui au talon poftérieur pour le ra- mener à lui. On peut croire que ce mouvement exécuté avec une certaine vîtelfe doit accélérer conlîdérablement fa mar- che; auffi y a-t-il peu de grands coquillages, que celui-ci, tout petit qu’il eft, ne devance de beaucoup , quand il veut fe don- ner la peine de marcher. C’eft de la fingularité de cette dé- marche que j’ai emprunté le nom de Piétin que je donne à ce coquillage. . , On ne voit pas d’abord quel peut être l’ufage de la grande dent qui eft en bas de l’ouverture de la coquille , & l’on ne s’imagineroit guères qu’elle fert à tenir écartés les deux talons dont je viens de parler. Cependant c’eft un fait qui devient hors de doute lorfqu’on obferve rahimaf entrer' & fortir plu- fieurs fois de fa coquille; ajors on voit, fes deux talons fe re- 14 COQUILLAGES tourner de côté", & palTer l’un à droite & Fautre à gauche de la dent, qui étant prolongée jufques dans l’intérieur de la co- quille, comme je m’en fuis alTuré en la coupant en deux , les tient toujours éloignés l’un de l’autre, à quelque profondeur qu’ils la pénétrent. Le manteau eft une membrane épaifle qui fe répand dans l’intérieur de la coquille, jufques aux bords de fon ouverture, & laiffe à droite un petit trou rond auquel répond l’anus. Le corps du Piétin efl d’un blanc faie j mais fes yeux 6c fes cornes tirent fur le noir, GENRE V, LE LIMAÇON, Coçhka, On cQnnoît parfaitement le Limaçon , & il y en a de tant d’efpeces dans tous les jardins 8c dans les campagnes, qu’il n’eft prefqne perfonne qui n’en ait vu l’animai vivant. Il n’y en a qu’une efpece au Sénégal 5 mais elle eft beaucoup plus grande que toutes celles que nous çonnoiffons en Europe, 6c elle furpaffe plus d’une fois celle que nous appelions à Paris le Vigneron, en latin Pomatia. Je ne l’ai trouvée que dans un feul endroit, où elle étoit à la vérité fort commune, fur- tout pendant le mois de feptembre. C’étoit dans une prairie aride, éloignée d’une petite demi-lieue de la mer , derrière le village de Portudal, que les nègres appellent autrement Sali , à neuf lieues environ dans le &d de l’iüe de Corée, 1. LE K A M B E U L, PI, 1. Buccinum exoticum variegatum læyius Çolum, Âquat. pag. iS & 18. Buccinum majuS feptem fpirarum ex rufo radiatum. Lijler. hijl. ConchyL '' tab. 4. , Buccinum idem minus radiatum. Ejufd, ibid. tab, lo. Jig. j. Buccinum radiatum, medio primo orbe leviter acuto, Ejufd, ibid. tab. 1 1, fié' . . J. . , Cochlea ftridior, lads fafciis rufefcentibus per longum dudis diftmda, coiumellâ albâ. Ejufd. ibid. tab. ^J^-fig- Cochlea oblonga, exotica, lævis. Petiv, Gaioph. vol. i.cat. i^ytab. 44.’ fis Buccin 4’une fort belle couléuc d’agathç bariolée de rouge & de coulet^; 'UNÎVALVES. fauve, avec une bouche fort évafée & toute unie. Mifl. Conch.p, i-jo, plane, i^. fig. E. Buccinum fluviatile majus, læve, labio interne repando, ex carneo, ful- vo , albido , & purpurafeente colore fafeiatum , aliquando lineis in- terfedis pundtatum , nebulatum , & marmoris inftar lucidè & ele- ganter variegatum. Gualt. Ind. pag. & tab, G. fig. C. Buccinum fluviatile , idem minus, candidum , ôc in prima & in fecundà fpirâ lineâ fubrubrâ circunidatum. Ejufd. ibid.fig. D. Tuba phonurgica torofa ; ex rufo radiata, Lifteri. Klein, tent. pag. 54. fpec. 1. n. ^ ^ _ Tuba phonurgica fpiris planis : fafeiata : perlonga , lata, ex rubro fafeiata, columelle albâ, Lifteri. Ejufd. ibid.Jpec. x, n. i. e. La coquille du Kambeul parvenu à fon dernier pe'riode d’accroiffement , a trois pouces & demi de longueur & un pouce &: demi de largeur , c’eft-à-dire , que fa longueur fur» palfe une fois, & même davantage, fa largeur. C’eft une ef» pece d’ovoïde obtus & arrondi à fon extrémité fupérieure, & pointu au fommet. Elle eâ mince, légère, fragile, & com- pofée de dix fpires, lifles, unies, peu renflées , bien diftin- guées les unes des autres, & qui tournent en defeendant de droite à gauche. i , ^ Son ouverture G qui eft à droite, forme une ellipfe arron» die en haut, pointue par en bas, & près de moitié plus courte que le fommet. La lèvre droite eft mince, aiguë, tranchante fur les bords, & fe replie un peu à fon extrémité fupérieure fur la lèvre gauche qui eft arrondie & fermée prefqu’entie- rement par la fécondé fpire. Sa furface extérieure eft recouverte d’un périofte membra- neux & extrêmement mince, qui n’empêche pas de voir fes couleurs. Les jeunes font d’un fond blanc ou agathe, marbré de plufteurs bandes longitudinales, ondées, d’un brun très- foncé, qui devient fauve dans les moyennes, & qui difparoît entièrement dans les vieilles ; celles-ci font d’un blanc fale qui tire fur l’agathe vers le fommet. Je connois deux variétés de cette coquille ; Tune Une fois plus petite que l’autre, & beaucoup plus allongée propor- tionnellement à fa largeur : les bandes qui la colorent font aufti moins ferrées, mais plus foncées. La coquille. que Lifter a figurée à la planche 10, de fon Hiftoire Conchylio- logique, eft une jeune de cette variété j celle qu’il a donnée à Coquille, Spires, Ouvtîrtxir?, Périofte, Couleur, Variétés, N I M A L, Tête? iG COQUILLAGES la planche 9, 4, en eft une grande , ainlî que celles de la planche 6 C & D. de Gualtieri. L’autre variété eit celle que j’ai décrite, & dont je me fuis contenté de figurer une moyenne. La figure 7 de la planche 44 de Petiver, 8c la^^'. 6 de la fl., ii de Lifter, donnent une jeune coquille de cette variété jColumna, pag. 16 j Fidiftoire de la Conchyoliologie 3 pl. 13, fig. E j & Lifter , fU 57^» fig. 33 , en repré entent une de moyenne grandeur. Malgré les variétés auxquelles font fujettes ces coquilles, tant dans leur grandeur que dans les proportions de leurs parties, elles iftont toutes qu’ùn même nombre de fpires, qui augmente avec l’âge depuis trois jufqu’a dix. La tete T de Fanimal que renferme cette coquille, a la forme d’uns demie fpliere, convexe en deftus, applatie en delTous, & arrondie à fou extrémité. Elle a une fois plus de largeur que de longueur, & ne paroît pas diftinguée du col qui fort d’une longueur égaie à celle de la moitié de la co- quille. Tous deux font ridés comme le refte du corps , & relevés de petits grains femblables à autant de petites ve- ruës, qui en rendent la furface rude & âpre au toucher. De l’extrémité de la tête fortent quatre cornes, dont deux plus grandes G. G. font placées en deftus & fur fes côtés, & les deux autres plus petites D. D. font entre celles-ci fort proches de la bouche. Toutes font cylindriques , terminées par un . bouton j & elles ont cela de particulier qu. elles font creufes en dedans, & femblables. al un tuyau dans lequel pafle un; nerf qui vient s’attacher- a leur extrémité. Ce nerf fert a les replier au-dedans d’elles-mêmes comme dans^un fourreau, & à les. rentrer entièrement dans la tete, au gre de ranimai particularité que je n’ai encore remarquée que dans le genre du Limaçon. Les deux grandes cornes G. G. font environ deux fois plus longues que les petites. D. D. ^ Les yeux font deux petits points noirs peufaillans, places au fommet des deux grandes cornes en Y Y. La bouche B eft marquée par un petit fillon en^forme d’Y grec, aflèz difficile à diftinguer au milieu de la tête qu’elle fait paroître comme échancree. J^lâcholres. Lorfqu’on prefle la tête, ou que l’animal veut manger, on voit fortir deux mâchoires 3 dont la fuperieure J. 1. Cornes. Yeux. Bouçhe. U N I V A L V E s. fente^Ufl Cfoiflant ou un fer à cheval cartilagiiieu?^, élevé de cinq a fîx greffes canelures qui débordent en bas & font l’of- fice d’autant de dents. ^ La mâchoire inférieure ne confifle que dans le palais infé- rieur de la bouche, qui efl tapiffé d’une membrane coriace, mais extrêmement mince, blanche & tranfparente, fur la- quelle font diliribuées longitudinalement fur deux censrano^s environ vingt mille dents, femblables à autant de crochets courbes en arriéré. Ces crochets font fî petits qu’on a peine a les fentir au toucher j on ne les diffingue parfaitement qu^au microfeope. On a figuré en ;z. cette membrane telle qu’elle fe préfente fur les bords de la bouche, quand l’animal fe difpofe à manger j & elle efl; développée à la lettre N. pour faire voir le nombre & la difpofition de fes dents. ^ Le manteau ell une membrane charnue & épaiffe M , atta- chée comme une efpece de collier à la racine du col de l’ani- mal. Elle tapiffe les parois intérieures de fa coquille, au bord defquelles elle forme un bourrelet arrondi, qui ne fort point au dehors. Elle eft percée fur la droite de l’animal d’un trou ordinairement rond A, qui donne paffage à l’air & aux ex- crémens. Ceux-ci font cordés en petits tourillons. Le pied P a la forme d’une ellipfe fort alongée, dont la longueur efl: triple de fa largeur, & égale à la longueur de la coquille. Il efl; convexe Ôc fort ridé en deffus, applati en deffous, pointu à fon extrémité poftérieure, & obtus à l’ex- ?:rêmité antérieure, qui cache ordinairement le deffous de la tête en s’avançant jufques fur la bouche» On fçait que le Limaçon efl hermaphrodite, & que cha- que individu réunit en lui les deux fexes. Il peut en faire ufage en même tems ; mais il ne peut fe paffer du concours d’un autre individu pour opérer la fécondation. L’ouverture tant de la partie mâle que de la partie femelle, ne fe trouve que difficilement : il faut la chercher entre les deux cornes qui font fur la droite de l’animal. Ceux que je trouvai en feptembre à Portudal ayant été gardes quelques jours , mirent bas pîufieurs œufs de trois lignes de long, fur deux lignes 6c davantage de largeur. Ces œufs etoient couverts d’une croûte affez dure 6c jaunâtre. On en voit un de grandeur naturelle à la lettre O. C Manteau Pied, Sexe. Couleur. î8 COQUILLAGES La couleur de ranimai eft cendrée en deffus , & blanchâtre en deflbus. Obferva- Cette elpece de Limaçon eft appeilée par les nègres du nom tkm. Kamheid, que je lui. ai conlèrvé. 11 y a apparence qu’elle paffe l’hiver ou la faifon féche dans un profond affoupiffe- ment, comme font les Limaçons de l’Europe ; car j’en trou- vai plulieurs qui s’étoient à demi enterrés, dès le mois de feptembre, au pied des arbres & dans lesb ouffailles les plus épaÜTes. Quelques-uns avoient même déjà fermés très-exaéle- ment l’ouverture de leur coquille avec un couvercle de ma- tière blanchâtre & plâtreufe , pour fe garantir contre les longues féchereffes qui dévoient continuer depuis le mois d’odobre jufqu’à celui de juin de l’année fuivante. Ce cou- vercle fermente, comme la coquille, avec l’eau-forte. 2. L E P O U C H E T. P/. ï. Je donne le nom de Poucliet â une fécondé efpece de Li- maçon terreftre,que j’ai trouvée abondamment fur ie fom- met des montagnes de Fille T enerif , l’une des Canaries , a plus de cinq cens toifes de hauteur. Turbo variegams. fc}?. ConcAy/. 74. 74. Serpentulus ore labiato acucangub , edentulo : ferpentulus varias ; quï turbo variegatus -, Lifteri. Klein, tent. p, 9-Jp^c. i.n.6. lab. i .fig. 18, Coquille. Sa coquille eft médiocrement épailTe , & fi applatie, quefa largeur, qui efi: communément de neuf lignes, eft double sntrcs de fa longueur. Elle n’a que cinq fpires peu renflées , mais bien diftinguées , & coupées tranfverfalement par un grand nombre de caneiures fort ferrées & courbées en arc. Son fom- met eft convexe & fort obtus. Ouverture. L’ouverture eft prefque ronde, une fois moindre que la largeur de la coquille, applatie comme elle, & tournée en- tièrement fur la face oppofée au fommet. La lèvre droite qui en environne les trois quarts, eft fort large , tranchante, &- repliée horizontalement au dehors. Lorfque le plis de cette lèvre eft enlevé par accident, de deffus le milieu de la coquille vers l’ancfle de la lèvre gauche, on découvre en cet endroh un ombilic très-profond qu’elle cachoit entièrement a la vue. Couleur*! ' ü N I V A L V E s. 19 Sa couleur eft olivâtre ou cendrée pendant que l’animal vit ; mais lorfqu’elle a refié quelque tems à l’air après la mort de l’animal, elle rougit, & blanchit peu après. GENRE VL L’ O R M I E R, Haliotis, ^ I. L’O R M I E R. PL X, . Aea-àî ày^U, aùs quibufdain. Arijîot. hifl. Anim. llb, 4. caf. 4. Patella altéra major. Belon. Aquat. Lib. t. pag. 355. Auris marina. Rondel. Pi/c. pars z'*. edit. lat.pag. 5. L’Oreille marine. Rondel. Poijf. part. 1. édit, franç. pag. 3. Auris marina. Bo[fuet. Aquat. pars ait. pag, 6. Patella major Bellonii. Gefn, Aquat. pag. 808. Auris marina feu Patella fera Rondeletii. Ejufd. pag. 807. - Aldrov. Exang.pag. 5 50 tS- 55i.J%. i. ad ÿ. Otion fîvè Auricula alia. Ejufd. pag. 551. Patellæ feræ fivè Aures marinæ. Jonji. Exang. tab. ij.Jtg. 4 d* 5. Auris marina , Bellonio Patella major. Bon. recr.p. 9 1-, clajf. i . «. 10 (S* î î . Auris marina quibufdam. Liji. hijl. Anim. pag. i6j.tab. j.fig. 16. Auris marina major, latior, plurimis foraminibus , eorumve veftigiis ad 40 circiter confpicua, clavicuiâ elatâ, ex Angliâ. Ejufd. hifl. ConchyL tab. 61 1. fig. 1. Auris marina minor, densè ftriata , ex margine interna; ex Africa. Ejufd. ibid. tab. 6 ii. fig. 3 . Auris marina afpera , clavicuiâ latâ , comprefTâ , item limbo valdè lato infignita. Ejufd. ibid. fig. 4. Auris marina ingens, profunda, fulcata. Ejufd. ibid. tab. 61^. fig. 5. Auris marina lævis , è flavo viridefcens , columellâ "plana , & paulatlm cavatâ. Ejufd. ibid. tab, 61^. fig. 6. Auris marina. Rumph. Miif. pag. 121. tab. ^o.fig. G. H. Auris marina , Bellonio patella major. Muf. Kirk.pag. ^^6.n, 10 Sc 1 1. Auris marina ftriata & rugofa. Lang. meth. pag. 5 5 . Auris marina margaritifera , feptem foraminibus. Hifl. ConchyL p. 242, _ plane. -J. fig. A. Oreille de mer , percée de trous , nacrée en dedans , ayant plufieurs fe- mences de perles dans fon milieu , entr’autres une perle ronde & belle ^ qui fe diftingue des autres. Ejufd. ibid. p. 245. Auris marina fçx foraminibus. Ejufd. ibid. pag. i.{i.fig. B. Oreille de mer plus petite de moitié, plus belle, & remarquable par la beaute de fon orient , la rondeur & l’uni de fes bords , & la belle mar- brure verte & blanche de fa robe ; elle eft percée de fix trous à l’ordi- naire. Ejufd. ibid. pag. 245. c ij COQUILLE. Spires» COQUILLAGES Oreiile bigarrée de taches rouges, fur un fond blanc*, fes rides font 'crès- failiantes , ainfi que fon œil , avec des bords inégaux & déchiquetés. Ejufd. ibid. jig. D. Oreille qui n’eft différente de la première marquée A, que parce quelle n’a point de perles, quelle n’a que fix trous, & que fon épiderme ôté , elle montre une robe bariolée de verd & de grandes taches hmnQs.Ejufd.ibtd.fig.F. _ Auris marina leviter ftriata, ex flavo viridifcens rondeletii. GuaU. Ind. pag. & tab. é^.fig. A. _ ^ Auris marina maxima profondè fulcata ,- intus & extra argenteo cxruleo colore nitens Bonanni. B. , ^ . r Auris marina leviter ftriata, lucidè albida, plufquam fexdecim foramini- bus diftinéta. Ejufd. ïbid. fig. C. _ ^ Auris marina, ftriis flexuofls & fulcatis, fufca, intus ex cxruleo argentea , Bonanni. Ejufd. ibid. fig. E.L.M. Haliotis ftriata rugofa. Linn- Faun. Suec.pag. 379. n. 1316’. Auris marina. Ejufd. fyfi. nat. ed. 6. pag. 74. n. zjx. Auris lævis : latior-, cretataj graiiulata j Kumi)hn, Klein, tent. p.i^.Jpec. i. n. 2. tab. y. fig- I13' Auris ftriata : tenais ; lata -, leviter ftriata -, Rumphii. Ejufd, ibid.fpec. z.n. i. Les François rappellent -3 Ormier , Oreille marine , ou Oreille de mer. Les Anglais ^Moûïtt of Pearî. Lang. Les Allemands 3 Lang. Les Mnénfj- 3 Telinga maloli ou Bia facatsjo. Rumph. Les Amboimis 3 Hovileij. Rumph. La figure de la coquille de FOrmier lui a fait donner le nom d’Oreille , parce qu’en effet elle reprëfente affez bien î’oreille de l’homme. Si on la confîdere au dehors dans la fitua- tion naturelle de Fanimal iorfqu’il marche, elle paroît comme un baffin oval renverfë, c’eft-à-dire , dont la convex te eft tournée en deffus. Alors on apperçoit vers fon extrémité, poftérieure & un peu fur la droite, trois tours de fpirale affez élevés pour former en cet endroit une efpece de mammelon à trois étages. On voit encore un rang de trous ronds, dif- pofés fur une ligne courbe, parallèle à la longueur dé la co- quille , & à une diftance à peu près égalé de fon bord droit & du milieu de fa largeur. Cette rangée de trous, qui font au nombre de fept,fe termine au milieu de fa longueur 3 mais elle eft continuée par un grand nombre de tubercules ou de mammeioîis qui fuivent fes bords & ne finiffent qu avec ÜNIVALVES. 21 îe premier tour de fpirale. Ces mammelons font comme les velHges des trous : j’en ai compté près de cinquante. Le refie de la furface extérieure de la coquille eft coupé par un nombre infini de filions creufés légèrement & fort proches les uns des autres. îls ont tous leur origine au fom- met, & Vont en prenant la courbure d’un demi-cercle, fe répandre fur toutes les parties du bord droit de la coquille, où iis fe perdent. Quant à fa furface intérieure , elle ell d’une nacre du poli le plus beau &: le plus luifant. Les trois tours de fpirale qui font en relief au dehors de la coquille, paroifient ici en creux. Le bord des trous n’efi: pas non plus tranchant en dedans comme il l’eft au dehors. Cette coquille efii afiez épaifie, & l’on en trouve de dif- férentes grandeurs. Les plus grandes que j’aie vû avoieiit quatre pouces & davantage de longueur, deux pouces un quart de largeur, Sc environ un pouce de profondeur. L’ouverture efl ovale ou elliptique, à peu près de la forme & de la grandeur de la coquille. Sa lèvre droite eft courbée en arc, mince dans les jeunes, épaifie dans les vieilles, & tran- chante fur les bords: la lèvre gauche au contraire efi épaifie, repliée comme un large bourrelet au dedans de la coquille, & nacrée comme elle. Si l’on met cette coquille au nombre de celles qui font tournées en fpirale , comme on ne peut s’en difpenfer , fon ouverture fe trouvera placée à la droite de tout le corps des fpires ; & les fpires elles-mêmes prifes dii bord droit de l’ouverture, tourneront par derrière l’animal en def- cendant de fa droite vers fa gauche. Le fond de la couleur de la coquille efi; rouge de chair au dehors, quelquefois fans mélange , & fouvent marbré de blanc. L’efpace que les trous lailTent entr’eux efi rempli par une petite bande blanche qui va fe perdre dans le bord voi- fin. Au dedans elle eft recouverte d’une nacre éclatante , dont la couleur pafiTe alternativement du blanc au verd, & du verd au violet , fuivant les différens afpeéts fous lefquels elle fe préfente. On remarque une fi 'grande variété dans la forme & k couleur de la coquille de l’Ormier, qu’il n’efi pas étonnant que les Auteurs en ayent fait trois ou quatre efpeces diffé- Ouverture» Couleur* Variiîtés» Obferva- tion. A N ï M A L Tête. Bouche. % Cornes. COQUILLAGES rentes. H y en a d’ovales alongees ,& de courtes. Les jeunes font plus applaties & ont moins de uous & de filions que les vieilles. Dans celles-ci on compte fept trous & cent cinquante filions; les jeunes, au contraire, n’ont que trois ou quatre trous & cinquante ou foixante filions. Ce n’efi; que dans les jeunes qu’on peut juger de leur couleur ; car il eft rare que les vieilles ne foient couvertes d’un limon gras & verdâtre , ou enveloppées d’une croûte pierreufe qui les défigure : il faut les en dépouiller pour découvrir leur couleur naturelle , qui efi;, comme je l’ai dit , un fond rouge marbré de blanc. Il y a encore quelques différences dans l’intérieur des unes 8c des autres. Dans les vieilles la nacse forme des ondes affez inégales, qui vont aboutir au creux du fommet ou de la vo-* iute ; on y trouve auffi fort fouvent de petites perles : au lieu que fa furface eft égale & unie dans les jeunes. Il n’eft pas facile d’expliquer comment le forment les trous de la coquille de FOrmier ; mais on remarque très-bien qu’à mefure que la coquille s’agrandit, il fe fait fur fes bords un nouveau trou, dont le commencement n’eft d’abord qu’une échancrure. Cette échancrure augmente peu après, & devient un trou rond , qui eft porté infenfîblement vers le milieu de la coquille par les additions continuelles qui fe font à fes bords, & fe ferme enfuite à fon tour , comme ceux qui Font précédés. La tête T de FOrmier eft groffe, cylindrique, d’une lar- geur égale à fa longueur, applatie à fon extrémité , & comme tranchée obliquement en deffous. On y voit l’ouverture de la bouche B , femblabîe à un petit fîllon qui fe trouve vertical iorfque la tête s’étend , & qui de- vient parallèle à fa longueur lorfqu’elle fe courbe en deffous. Quatre cornes défiguré & de longueur différentes prennent naiffaiice de l’origine de la tête. Les deux plus grandes C. C. font de figure conique, un peu applaties, quatre à cinq fois plus longues que larges , & un peu plus longues que la tête. Les deux autres D. D. font une fois plus courtes , taillées en prifme à trois angles, dont la longueur eft double de la largeur. Par leur fîtuation elles fe trouvent du côté extérieur des plus longues cornes C. C.àune fort petite diflance d’elles, pies font libres & dégagées de tous côtés , excepté à leur U N I V A L V E s. bafe, où une membrane N. aiïez légère, fort ample, & comme déchirée fur fes bords, vient les joindre avec la tête. Les yeux Y. Y. ne femblent être que deux petits points noirs. Ils font portés comme ceux du Limaçon , furlefommet des cornes extérieures & prifmatiques D. D. Le manteau n’efi: pas une partie bien apparente d,ans cet animal. Ce n’ed qu’une membrane alTez mince MM, qui s’é- tend fur toute la furface intérieure de la coquille, & paroît rarement hors de fes bords. On ne la foupçonneroit pas en ne regardant que le dos de l’animal, lî les deux extrémités antérieures, celle de la droite & celle de la gauche qui fe ter- minent en pointe vers l’origine du col, ne fe montroient fous la forme de deux languettes triangulaires , tantôt par le fé- cond, tantôt par le troifiéme trou le plus proche du bord de la coquille par où on les voit fortir L. Je ne connois pas de coquillage dont le pied foit mieux orne que celui de l’Ormier. Il ed extrêmement gros, comme dans la plûpart de ceux dont la coquille ed fort évafée; & il déborde conlîdérablement la fîenne quand il marche. Vu en dedbus P. il reprefente une ellipfe dont l’extrémité antérieure ou la plus proche de la tête, ed coupée au milieu de fa lar- geur par une crenelure triangulaire adez profonde. En deffus il ed convexe, & orné, à quelques lignes de fes bords, de deux franj^es , ou, pour mieux dire, de deux fraifes F. G. qui en font le tour. Ces deux fraifes font bien didinguées l’une de l’autre dans leur partie podérieure & furies côtés, jufqu’J la racine de la tête, où elles fe réunilTent en une membrane N„ déchirée & frangée fur les bords , qui la recouvre ordinaire- ment comme avec les yeux & les cornes , de maniéré qu’il ed rare^qu elle paioide audi clairement que j’ai été oblio'é de la repréfenter dans la figure, pour mettre au jour ces diifé- Tentes parties dont la fmgularité méritoit quelques détails. Chaque fraife ed formée d’une membrane alfez épailfe , qui prend naidance de lafubdance meme du pied. Ses bords font découpés profondément d’environ quarante caiielures fi<^urées en croilfiint. Du fond de chaque croiiîant il fort un filet fem- blable a une foye tres-deliee, qui a le double de leur lon- gueur. Leurs cornes font aufiî terminées par un filet ÿ mais il ed rameux & fubdivile en plufieurs branches, La difpofiîioîi. Yeuïi Manteau» coquillages de ces deux fraifes en falbalas , & la quantité prodigieufe de filets dont elles font bordées , font un tres-bel etiet & font une riche parure fur le pied de cette efpece d’Ormier. Il y a peu de coquillages dont l’animal foit aulïi varie pour ia couleur. Sa tête eft d’un cendré-noir , traverfe par un grand nombre de petites raies blanches. Les colomnes ou les prif- mes qui portent les yeuXjSc la membrane ou la coëlïe qui re- couvre la tête, font d’un verd-pâle. Le blanc fait la couleur du dos de l’animal, & du deffous de fon pied. Son manteau eft auffi blanc, avec un bordé de verd. La partie fuperieure du pied & fes deux franges en falbalas , font bicarrées de ta-* ches blanches , mêlées avec de petites raies noirâtres. Tous les rochers de la côte du Sénégal nourriiient une quantité prodigieufe de ce coquillage. Je 1 ai compare a ceux qui nailfent fur les côtes de la France , & je n’ai trouve au- cune dilfëreiice ni dans les coquilles, ni dans 1 animal qu renferment. Le goût eft auffi le même, & les nègres qui ha- bitent les bords de la mer, le mangent comme font les trançois de nos côtes. Voilà des coquillages femblables qui habitent des climats bien différens pour la température. Je ks ai ob- fervés aux ifles Canaries & aux Afores *. on les a vus dans la Suède : ils fe trouvent donc fur toutes les côtes depuis la ligne iufqu’au foixante-neuviéme degre de latitu.^e , & peutrctre au-delà. Cela ne doit-il pas faire foupçonner quhl régné une température à peu près égale dans les mers les plus oppofees. Cette température poiirroit peut-être fe trouver a une cer- taine profondeur qu’il feroit à propos que ceux qui habitent les côtes vouluffent fe donner la peine d’obferver. 2. LE S I G A R E T. PL t. La coquille que j’ai fait repréfenter a la figure 2. appar^ tient vraifemblablement à un animal bien difierent de celui de rOrmier : mais comme je ne l’ai point vu , je ne puis rien en dire. Je rapproche feulement fa coquille de la fienne , com- me ont fait plufieurs Auteurs modernes ^ & je les fuis d autant plus volontiers, que je n’en ai obfervé aucune a laquelle elle reflèmblg davantage , quoiqu’elle en différé encore a bien des égards, Cochlea • U N I V A L V E S. 2^ Cochlea deprefïa , ore admodum expanfo, leviter ftriata. Lif. hijl. Conch. taL ^jo.fig.ii. Pateila oârava. Rumph, Muf. pag. 123. tab. ^o.Jîg. R. Kirk. pag. 475. num. 404. i^uris Baliamica non perforata. Petiv. Ga\oph. vol. i. cat. 587. tab. 11. fig- 4- Oreille de mer qui n’a point de trous & qui n’eft point nacrée, avec une volute en dedans détachée de fon bord. Hijl. Conchyl. pag. 242. pl. j. fig. c. Auris marina foraminibus carens , fpirâ interna a'dmodùm à circuitu dif- tindâ, & nullo modo incùs fplendida. Ejufd. ibid. Auris marina magis deprelTa , ore magis expanfo , minutilTimè ftriata, fed nullis foraminibus diftinéta, candidiffima. Gualt. înd. pas. & tab. 6<). litt. F. Catiniis ladis. Klein. Tent.pag. 19. tab. J.fig. 114. Cidaris ore admodum expanfo j deprefta *, leviter ftriata Lifteri. Ejufd. pag.xi.fpec.i. Sa coquille n’efl ni nacrée ni percée comme celle de FOr- mier 3 mais fon ouverture ell; prefqu’aulïî évafée , quoique moins allongée. Sa lèvre gauche a un bord beaucoup plus large & moins épais, & Fon apperçoit quelquefois à fon ori- gine un petit ombilic. Elle eli formée de quatre tours de fpirale mieux marqués. Ces fpires font entourées d’un grand nombre de canelures très-fines & fort ferrées, que d’autres canelures prefqu’infen- îibles coupent à angles droits. Sa couleur efi quelquefois blanche , & quelquefois fauve tant en dehors qu’en dedans. Lorfqu’elle eft fauve , elle efi; traverfée par cinq ou fix bandes moins foncées. J’ai trouvé cette efpece afiéz fréquemment dans les fables de l’embouchure du Niger. GENRE VIL LE L E P A S. Lepas, LEpas , en grec , fignifie une Ecaille. Arifiote &: les Grecs de fon tems ont donné ce nom au coquillage dont il efi queftion , autant a caufe de fa forme, que parce que les rochers fur lefquels il s’attache en grande quantité, paroilfent écailleux OU couverts d’écailles. Ce nom efi aujourd’hui fi en ufage D Coquille. Ouverture» Spires» Couleur. 26 COQUILLAGES en France, queje ne crois pas qu’on veuille lui fublîituer ce- lui de Patella. Cefynonyme inconnu dans l’ancienne latinité, & imaginé par les traduéleurs modernes d’Ariftote , ne répond aucunement au terme de Lépas. Il préfente même une idée qui ne lui convient point j car Patella traduit en françois, lignifie un petit plat : or il y a peu de Lépas dont la coquille ait cette figure : la plupart s’en éloignent même affez, les unes étant percées, les autres écailleufes , ou faites en ba- teau , &c. ; & il n’eft pas naturel à un plat d’être percé, d’être écailleux ou chambré comme un bateau. Ces raifons , indé- pendamment de l’autorité d’Ariftote, font je crois fuffifantes pour juftifîer le choix que j’ai fait du nom donné par cet au- teur, le plus ancien que nous connoilEons parmi les natu- ralifies. Le genre du Lépas renferme des animaux fi bizarres & fi peu conftans , tant dans leur figure que dans leur coquille , que l’on ne pourroit jamais le fixer, fi l’on n’avoit égard à l’enfemble de leurs rapports j & fi je le rapproche de l’Or- jîiier , c’eft moins parce qu’il lui reflemble à certains égards , que parce qu’il n’y a point de coquillage avec lequel il con- vienne davantage. L’animal du Lépas a tantôt deux yeux ôc deux cornes, &: tantôt il en manque j tantôt fes yeux font placés au côté intérieur des cornes , tantôt ils fe trouvent par derrière elles. Sa coquille eft fouvent entière, fouvent percée, chambrée ou écailleufe. Ces quatre différences tirées de la forme des coquilles, me ferviront pour divifer ce genre en quatre feétions qui ren- fermeront , La première , les Lépas à coquille fîmple & entière, tels que font les efpeces i , 2 , 3 , 4 & La fécondé, les Lépas à coquille percée en deffus, tels que les efpeces 6 & 7. La troifîéme, les Lépas à coquille chambrée, comme les efpeces 8 , 9 & 10. La quatrième, les Lépas à coquille écailleufe OU formée de plufîeurs écailles, comme i’efpece ii. UNIVALVES. lo. LÉPAS A COQUILLE SIMPLE ET ENTIERE. I. LE L I B O T. PL 1. Lepas fivè Patella quarra. Aldror. Exang. pag. 545 (5- 54(3’. Patella Aldrovancli. Jonji. Exang. tah. \6. Patella alba, paucis & valdè eminentibus ftriis ftellara Barbadenfis. Lijl. hiji. Conchyl. tab. ii? jParella fubfufca, exiguis tuberculjs fecundiim ftrias exafpçrata, EmÇd.ibid, tab. ^^6.fig. Patella nigra , magna , tenuiter admodùm ftriata , Africana. Ejiifd. ibid. tab. 16. Patella miniata, oblonga , densè ftriata. Ejufd. ibid. tab. $i%.fig. zi. Patella nigra, magna, tenuiter admodum ftriata. Muf. Kirk.p. 437. n.zu Patella capenfis, verruculisradiata.PftzV. Ga^oph. vol. z.cat. 41-j.tab. 8 Patella major, tenais, compreftâ, ftriata, cinerea maculis crebris c rubro fufcis variegata, vertice alho. Sloan. Jam.v. 1. tab. z^o.fig. 16 & ij. Patella limbo integro , vertice acuto , margine inæquali , ftriis radiata, ci- nerea; lineâ citrinâ circumdata, iiuùs candida. Gualt. Ind. pae & tab. 8. lut. J. ^ ^ Patella integra , ftriata : papiliaris, feu Patella fubfufca, exiguis tuberculis fecundum ftrias rugofas afpera ; Lifteri. Klein. Tent.pag. 1 1 5 .fpec. i . nam. 13. Patella integra, ftriata : nigra , magna, tenuiter admodùm & rugosè ftria- ta, vertice acuto integro, Lifteri. Ejufd. ibid. n. 14. Patella integra , ftriata : oblonga , miniata, irregulariter & rugosè ftriata. Ejufd, ibid, n. 18, La coquille du Libot repre'feiite une efpece de baflîn à peu près conique , dont la cavité' , dans la fituation naturelle à l’animal , ed tournée en bas vers la terre. Les bords de cette cavité' peuvent être regarde's comme la feétion ou la bafe de ce cône, dont le contour eft une ellipfe beaucoup moins ouverte du côte où eft la tête de l’animal que de celui qui lui eft oppofe'. Cette ellipfe détermine la figure & la grandeur de Fouverture, qui eft égale à la bafe do la coquille: elle a environ un tiers plus de longueur que de largeur. Le îommet du çone n’eft pas exaélement placé dans fon milieu Jamais a peu près au tiers de fa longueur en approchant de la tete de l’animal. Il eft arrondi, ôc fe trouve dans la Dij .-OqUILLE. Ouverture. Sommet. Coulenr. Variétés. 28 COQUILLAGES partie la plus ëlevee de la coquille, dont la hauteur varie félon les differens âges: dans les plus grandes, cette hauteur eft communément une fois moindre que leur longueur. La furface extérieure de la coquille eft ornée de diverfes canelures qui partent du fommet , & vont fe rendre aux bords qui font alfez inégalement dentelés. J’ai compté cent de ces canelures , dont cinquante font alternativement moins fail- lantes : on voit encore quelquefois fur les côtés de celles-ci deux autres canelures femblables à deux petits filets peu fen- fibles. La furface intérieure efi unie, luifante, & d’une nacre de couleur bleue tirant fur le noir. Le cendré noir eft la cou- leur qui s’étend fur le relie de la coquille. On remarque une fi grande variété dans les différentes co- quilles de cette première efpece de Lépas , qu’il eft rare d’en rencontrer deux pareilles -, & l’on feroit tente d’en faire au- tant d’efpeces diftinguées , fi l’animal qu’elles renferment n’é- toit parfaitement femblable dans toutes. Elles different par la couleur, par la forme, par les canelures & par les dents du contour. Les unes font blanches , les autres font grifes , d’autres font cendrées ou noirâtres : dans quelques-unes on voit quelques canelures fauves ou rougeâtres : dans d’autres il n’y a que le fommet de blanc j c’eft l’ordinaire des vieilles coquilles que le frottement a ufées dans cet endroit. La forme conoïde des unes eft extrêmement applatie 5 elle eft au con- traire affez relevée dans d’autres. Les canelures font beaucoup plus marquées dans les premières , & ordinairement en plus petit nombre : il y a telles coquilles qui n’en ont que^cin- quante, la plupart hériffées de petites pointes; j’en ai vu qui n’en avoient que vingt-cinq. Les mêmes ont auffi les dents du contour plus grandes, & l’on en trouve plufieurs dans lefquelles elles font affez profondes pour leur donner la forme d’une étoile tantôt â cinq, tantôt à fept rayons : celles qui ont cette fingularité font appellées AJirolepas. Après avoir obfervé un grand nombre de ces coquilles, i’ai reconnu que ces variétés provenoient non-feulement de leur âge, mais encore de la différence des lieux où elles fe trouvoient. J’ai remarqué qu’en général les jeunes étoient plus applaties & moins épaiffes, qu’elles avoient beaucoup ü N I V A L V E s. 2g moins de cane! ures, que ces caneîures étoient âpres & rudes au toucher J que leurs bords étôient dentelés ou crénelés plus profondément 3 & que fouvemrces' dentelures dévoient leur naiffiince aux irrégularités des rochers fur lefquels l’animal avoit long-tems refté attaché. Dans les vieilles au contraire, comme dans -celle que j’ai décrite , les coquilles font plus élevées & plus épaiffes, les caneîures font affez lifles & plus nombreufes, & leurs bords ne lailTent voir aucune de ces ca- nelures que le frottement avec le tems ont effacées. Mais dans toutes ces coquilles, foit jeunes, foit vieilles, j’ai re- connu un caradere affez conffant; c’eft dans le fommet,qui eâ toujours affez obtus, & placé à peu près au tiers de leur longueur du côté de la tête de l’animal. Quoique l’animal ne forte pas autant hors de la coquille qu il paroit dans la figure, j’ai cru devoir le préfenter de cette façon yjiEn de mettre en vue les parties les plus remarquables. Sa tête T eff cylindrique, de moitié moins large que lon- gue, & tronquée obliquement en deffous à fon extrémité. C’eft là que fe trouve la bouche B,qui,lorfqu’elie eft fer- mée, imite affez bien par le plis de fes lèvres la figure d’un t, dont la tête feroit formée par une ligne courbe. Lorfqiie ces lèvres viennent à s’écarter, l’ouverture de la bouche paroît cornme un trou oval,aufond duquel on voit le jeu des mâ- choires Ôc des dents. J’ai fait repréfenter toutes ces parties féparément & un peu plus grandes que le naturel , fur le coin^de la planche. La lettre O montre la bouche ouverte vue en face avec les deux mâchoires j on voit ces deux mâchoires de côté à la lettre J, & les lettres R. L. les font voir détachées l’une de l’autre* La mâchoire fupérieure R. eft un offelet triangulaire, de la nature de la corne, noir & pointu à fon extrémité qui pend en bas. Cet offelet eft fixé au palais fupérieur de la bouche , de maniéré qu’on ne lui apperçoit aucun mouvement. La mâchoire inferieure , au contraire , eft une efpece de trompe ou de tuyau cylindrique L. dont le bout eft armé d’une plaque cartilagineufe fort fouple, & toute hériffée de petites dents difpofees fur une dixaine de rangs, & recourbées en arriéré comme celles du Kambeul. Le microfeopè m’en a fait aecouvrir plus de deux cens. On voit cette mâchoire en face A J»' I M A E,' Tête. Bouche» Mâchoiresi Cornes. Yeiix. Manteau. Pied; 30 COQUILLAGES en V. étendue de côté en L d. & fç rencontrant avec la mâ- choire fupérieure en J. Des côtés de la tête & defon origine partent deux cornes coniques C. C. qui lorfqu’elles font bien étendues, la fur- paffent de moitié. Elles fortent rarernent hors de la coquille. A la racine des cornes on diflingue deux yeux Y. Y. pla- cés fur leur côté extérieur. Ils paroiffent comme deux petits points noirs, qui ne faillent point au dehors, & qui font re- couverts de la peau qui enveloppe les cornes. Après la tête & les parties que je viens de décrire , celle qui fe fait le plus remarquer dans cet animal , c’eft le manteau qui déborde la coquille tout autour. Il efl; armé de trois rangs de filets F. F. charnus , en forme de foyes , mais un peu ap- platis : ceux qui font placés fur le bord font un peu plus longs que les autres. J’en ai compté près de deux cens fur chaque rang , de forte que le total monte à fix cens ovi environ. Leur nombre & leur difpofîtion font une frange fort agréable & d’une grande délicateffe, A deux ou trois lignes amdeffus de cette frange , on apper- çoit encore, fur le même manteau, une efpece de couronne ou de cordon qui règne tout autour G, G. Cette couronne eH formée par un rang de petites languettes quarrées,applaties, & inégalement dentelees liir leurs bords : elle ne fort pref- que jamais de defibus la coquille, & reffenable à une légère dentelle. Le pied eû encore une des parties extérieures du Lépas, Il n’eft jamais expofé â la vûe pendant que l’animal rnarche ou qu’il eft appliqué aux rochers j mais lorfqu’on le détache, il paroît comme un gros plaftron P. coupé en delfous en un oval , qui couvre prefque tout le corps , & dont le grand dia- mètre furpafle prefqu’une fois le petit diamètre. Comme iî eft fufceptible de contraélion & de dilatation en tout fens , fa furface eft affez inégale & creufée d’un grand nombre de filions dont la fîtuation & la forme varient comme fçs mou- yemens. Lorfqu’il eft bien tendu , on y remarque facilement certains points qui tantôt s’élèvent comme de petits globules, tantôt s’abaiflent ou fe creufent en demi-fphere pour former autant.de ventoufes ou de fuçoirs qui fervent à le fixer. Ses bords font tranchans , légèrement ondés, ôc creufés en deftuf par un petit fillon c|ui en fait le touq - ü N I VA L V E s. 31 C’efî par le moyen de ce pied que Fanimaî marche en. fe tramant, &: gliflant, pour ainfî dire, d’un lieu à un autre. Son mouvement progreffif efl; extrêmement lent ^ & il chancrê rarement de place. Lorfqu’il eft fixé dans un endroit, tout fon mouvement fe réduit à élever fa coquille à deux ou trois lignes de difiance de la pierre à laquelle fon pied eft appli- qué, &; il la rabaifie avec une grande vîtefie auffi-tôt que quelque corps étranger vient à le toucher. Dans cet état il tient extrêmement à la pierre, non-feulement par la vifcofité de fon pied, mais encore par le nombre infini de ventoufes dont il eft couvert, de maniéré qu’il faut employer une o-rande force pour l’en détacher. ^ Lorfqu’on releve le manteau de cet animal on apperçoit le cœur, dont les battemens font très-fenfibles. Il fe trouve fur la gauche, fort proche du col, dans le finus que fait le manteau à fa jonélion avec le defius du pied. On découvre encore par le même artifice, du côté droit deux ouvertures rondes ou deux conduits en forme de tuyaux ’ dont le plus grand & le moins élevé efi l’anus. L’autre qui eft placé un peu plus haut & en devant, laifte fortir les par- ties de la génération. La partie mâle, dans ceux où j’ai eu oc- cafîon de la voir, étoit d’un rouge pâle. Dans le finus du man- teau avec la partie fupérieure du pied, on voit encore à l’œiî nud douze petits trous femblables à autant de points difpofés tout autour du corps à des diftances à peu près égales. S’il y avoit quelqu’analogie entre les infeéles & les coquillages, on pourroit dire que^ ces douze points font autant de ftigmates qui fervent au Lépas pour la refpiration : mais c’eft ce que i’obfervation ne m’a pas encore appris, & qui ne paroît pas vraifemblable , ce coquillage étant pourvu comme les autres, d’une^ouverture pratiquée dans le manteau, ouverture qui fert en meme tems de paflage a la refpiration & aux excrémens. La couleur de cet animal n’eft pas bien confiante. Elle eft blanc fale dans quelques-uns, les jeunes fur-tout. Les vieux n’ont cette couleur que vers le deftbus du pied, du refte ils font d un bleu qui tire fur le noir. Les moyens font d’un nris cendre. ° Ce coquillage eft fort commun fur les rochers du cap Verd , de i’ifle de Corée, Ôc de celles de la Magdelaine. Les Cœur. Amis, Parties de la généra- tion. Couleur. 32 COQUILLAGES natures du pays le mangent. Les plus grands que j y ai ob- fervés avoient près de quatre pouces de longueur a leur co- quille J fur trois de largeur *, j’en conferve une femblable dans mon cabinet. I. L E L I R I. P/, i. On trouve dans les mêmes lieux, mais plus rarement, une fecottde efpece de Lépas, qui n’a étd figurée nulle part que & coquille eft de même forme que la précédente , mais d’une nature en quelque forte différente : car au heu d eue comme elle, d’une matière pierreufe , elle neft gueres plus que canilagineufe, mais fans aucune flexibilité. Elle eft ex- trêmement mince , tranfparente, & recouverte d un periofte membraneux, au-deffous duquel on napperçoit aucune ap- parence de canelures. Ses bords font entiers. Elle n a que qua- tre lignes de longueur fur trois de largeur. ^ Son fommet eft placé , comme dans la première efpecç , vers le tiers de fa longueur, mais dans unfens contraire, c eit- à-dire, proche de la queue ou de la partie pofterieure de 1 an - mal. Ce fommet faitune efpece de crochet recourbe en arriéré. Cette coquille emprunte fa couleur de rouille du periofte tête & fâ cornes font plus longues que dans la première ^^^Son pied eft auffi fort long & déborde tant foit peu le der- rière de la coquille lorfque 1 animal marche. On ne voit aucun cordon autour de fou manteau, mais feulement un rang de trente filets fourchus qui en compofent Tout fon corps eft d’un jaune fale ; du refte il reflemble affez au précédent. J. LE S O R O N, PL 2. Patellaalba , compreîTa, lævis. Llfi.hifi.Conchyl. tab. Caiyptra quæ Patella alba comprefta lævis; Liften. Klein. Tent. pag. i . Jpec. 5. tab. 8. CoouiELE. La coquille du Soron eft fort épaiffe , & moins allongée que les précédentes ; celle que j’ai obferve Coquille. Periofte, Sommet. Couleur; Animal Tête, Pied. Manteau. Couleur. O UNIVALVES. 35 Sommet. Couleur. Yeux. quatre lignes de diamètre. Sa bafe ou la fedion du cône dont elle a la figure, eft ronde ou formée par une ligne circulaire. Sa furface intérieure: & extérieure font très-polies, ce qui leur donne un œil luifant : celle-ci eft creufée de fept à huit filions circulaires, qui ont pour centre le fommet dont ils font aflez éloignés. Le fommet eft émouffé , arrondi , & placé fort proche du bord poftérieur de la coquille : il eft une fois moins élevé qu’elle n’eft large. Sa couleur eft d’un blanc de neige. La tête de l’animal eft fort courte & confidérablement ap- a Tim a l. plane : elle a un peu plus de largeur que de longueur, & une Tête. iegerç membrane à fon extrémité que les cornes atteignent a peine. ° Les yeux font placés fur la partie poftérieure des cornes dont la tranfparence qui les kifle voir par devant, les fait pa- roitre comme placés fur leur côté intérieur, de maniéré qu’on s Y tromperoit facilement fi on ne les regardoit de plufîeurs fens différens. Son pied eft affez exadement rond , je veux dire qu’il a autant de largeur que de longueur. Le manteau qui recouvre tout fon corps, eft fi court qu’on en voit a peine les bords. Au lieu d’une frange de filets ils montrent une rangée de petits points élevés, qu’on ne diftin- gue facilement qu’avec le fecours du verre lenticulaire. Sa couleur eft d’un blanc fale. Ce coquillage eft extrêmement rare fur la côte du Sénégal, 4- L È G A D I N. PL i. P,atella limbo integro, ftriis majoribus & fafciis airernatim $c gradatim lignata , conica , fubviridi cplore depi6la. Gualc. Ind. pas. & tab. g, litt, Cf i r 6 y; Toute la différence que j’ai obfervée entre cette quatrième Coquille. elpece &: celle que je viens de décrire, confifte dans la forme e a coquille, qui eft aufti fort épaiffe, mais plus régulière- ment conique. j r b Son fommet eft plus relevé, & placé très-exadement, du Sommet, oms dans le plus grand nombre, au centre d’où partent E Pied. Manteau, Couleur.; 34 COQUILLAGES environ cent rayons à peu près égaux. Ces rayons font feffl'« bîables à de petites côtes peu élevées & arrondies , qui vont aboutir aux bords de la coquille , dont le contour eft^cir^ cul aire indépendamment des enfoncemens & autres irrégu-* larités auxquelles iis font fujets. Cette coquille , fraîchement tirée de la mer , eft terreufe Couleur. ^ rouillée J mais lorfqu’on l’a un peu lavée elle de- vient extrêmement blanche. ^ J’ai trouvé fur les rochers de Fifle de Goree & du cap Ma- nuel une grande quantité de ce coquillage , dont les plus grands avoient dix lignes de diamètre ôc moitié moins de profondeur du fommet à la bafe. Ils étoient fort abondant fur-tout depuis le mois de janvier jufqu au mois de mai» 5. LE M O U R E T. P/. 2. Pâteîîâ nigricans minor, capillaceis Mis infignira j Afrkana. lijî. hifi. Conchyl. tab. . ,, . ^ „ Paîeila ftriis nigris donata,ipfo vertice alba, nigraque fere linea cincto. Eiufd. ibid. tab. fig‘ ^ . Pâtella integra ftriata ; minor eapiUaceis ftriïs peékinata, ex Arrica 5 Liiteri» Klein. Tent. pag. i. n. 15-. tab. 2.fig. t. c&o ui LLE, L’ouverture de la coquille du Mouret eft elliptique, comme üwerture. dans la première efpece» Ses bords font entiers. Elle a enviroil un pouce de longueur i fa largeur eft un tiers moindre , & un peu plus grande que fa profondeur» Sommet Le fommct eft élevé & placé vers fon centre, en s’appro- chant cependant un peu de fa partie poftérieure. Deux cens canelures extrêmement fines & fort ferrées partent de ce fom- met, & fe répandent comme autant de rayons fur toute la furface extérieure de la coquille. ^ Couleur» Sa couleur eft ordinairement grife au dehors , ou cendree tirant un peu fur le verd. Lorfqu elle a ete roulee fur le ri- vage fon fommet devient blanchâtre, & fes canelures font brunes, fur un fond quelquefois blanchâtre & quelquefois vineux, fouvent coupé par trois ou quatre bandes brunes, circulaires & concentriques au fommet. Au dedans elle^elî d’un poli très-brillant , brune fur fes bords , & blanchâtre dans le fond. / 1 i j? 4 Animal. Je US coiinois point d’efpece de Lepas dont la figure du Cornes, UNIVALVES. corps s’éloigne davantage de Tes congénères que ne fait celle- ci. Ses yeux &: fes cornes font fî petits , que l’on peut dire qu’elle n’a ni les uns ni les autres. Sa tête efl; faite en demi-lune, & coupée vers le milieu par une large crénelure qui femble la divifer en deux parties égales. Le cordon que j’ai remarqué fur le manteau de la première elpece, manque dans celle-ci; & fes bords au lieu d’être fran- gés , font légèrement crénelés. Dans le finus qu’il fait avec le delTus du pied, on ne trouve point les douze ftigmates dont J’ai parié ; on voit feulement fur la droite une petite mem- brane quarrée qui eft dans une agitation continuelle :c’eft le tuyau de la refpiration. Son pied n’a point non plus ce fillon circulaire de la pre- mière efpece. Le fond de la couleur de tout fon corps efl un gris-cendré, fur lequel font répandues un grand nombre de petites taches d’un affez beau jaune. Cette efpece efl fort commune fur les rochers de l’iUe de Goree. 2°. LÉPAS A COQUILLE PERCÉE EN DESSUS. d. LE D A S A N. P/. X. Lepas Agria^fivè Patella Sylveftris. Colum, Jquat. pag. ii & iz. Patella Cypria dida. Bonan. recr. pag, 90. clajf. i. n. Patella levirer ftriara, intùs viridis, extra ex fufco rufefcens; Africana. Lijl. hijl. Conchyl. tab. 5x8.^^. 4. pp. Patella Cypria dida. ICirk. pcig. 4;^, tt. y Patella capenfis, comprelTa, orificio magno. Pa. Garoph. vol. i . cat. 48 a. tab. i.fig. iK ^ ^ ^ ^ Patella capenfis foraminofa. Ejufd. vol. 2. cat. 416. tab. ^i.fig. 8. Lepas oblonga, vertice perforato. Tournef, Voyag. vol. i.pag. 249. Lepas tout uni, quoique rayé de lignes brunes; il eft percé dans fon fom- met. Hijl. Conchyl pag. 240. p/. 6. fig. C. ï atella vemfice perforato , oblonga , ftriata , nonnullis aliis lineis in gi- . mm gradatim difpofitis circumdata , bafi intùs dentata , fubalbida. irualz. Ind, pag. & tab. 9, Un. N. Patella vertice perforato , ftriata , aliquando rugofa, vel ex plumbeo vel /irr circumdata. Ejufd. ïbid. E ij Têts. Manteau Pied. Couleur. Coquille. Sommet, Couleur. Animal. Pied. Manteau, 36 COQUILLAGES Patelk integra , ftriata : Cypria , ftrüs craffis , ftrigibus profundis , bafi el- liptica-, extùs lutea , intùs albaj Bonanni. Klein. Tent. pag. Ï14, Jpec, I. n. Z. - Il y a peu d’efpeces plus communes que celle-ci , fur-tout vers la partie méridionale de Tille de Gorëe. Sa coquille eft conique à bafe elliptique. Elle a environ un tiers de pouce de longueur, un quart moins de largeur, & une fois moins de profondeur. Elle eft fort épaiffe , & perce'e au fommet d’un trou elliptique qui a à peu près la cinquie'me partie de fa longueur. Ce trou ne fe trouve pas tout-à-fait â fon milieu, mais un peu plus proche de la tête. Ses deux ex- trémités font arrondies & un peu plus larges que fon milieu, ce qui lui donne allez l’air d’un trou de lërrure. A l’extérieur elle eft prefque toujours recouverte d’une croûte marneufe, blanchâtre, au-delïbus de laquelle on voit cinquante caneiures alTez foibles, dont vingt-cinq font alter- nativement moins faillantes. Ces caneiures partent du fom- met , & vont fe terminer aux bords de la coquille , qui font prefqu’entiers ou dentelés très-légerement. Le fond de fa couleur eft d’un blanc verdâtre au dedans. Au dehors il eft tantôt blanc, tantôt gris, tantôt rouge, fur- tout dans les jeunes. Mais comme les vieilles font ordinaire- ment enveloppées d’une croûte blanchâtre , elles paroiffent toujours blanches, &: il eft rare qu’on leur trouve une autre couleur lorfqu’on les dépouille : on voit cependant un peu de rouge autour du fommet de quelques-unes. Le pied de Tanimai a une particularité que je n’ai pas ob- fervée dans les autres efpeces de ce genre. Ses bords & ceux du Jîlion qui régné tout autour, font ornés d’un rang de filets fort petits & très-ferrés. La frange qui borde le manteau n’eft formée que par uri rang de filets rameux qui ont depuis trois jufqu’à cinq pointes. Le cordon fe trouve auffi au»deflus de la frange , mais il ref- femble à un bourrelet fans dentelle. Les deux extrémités antérieures du manteau paflent par- deffus le col de l’animal pour border l’ouverture qui eft per- cée au fommet de la coquille. Ils y forment , fans fortir au dehors, une efpece de tuyau par lequel on voit quelquefois l’eau fortir avec les excrémens. UNIVALVES. 37 Au milieu de la longueur du corps , dans îe lînus que fait le manteau avec le pied, on apperçoit deux ftigmates qui font percés Fun à droite & l’autre à gauche. Au-devant de chacune de ces ouvertures on voit fortir un petit corps charnu , fait en languette triangulaire, dont îe limbe extérieur eft foutenu par un offelet blanc, femblable à une aiguille applatie. Cette languette , qui repréfente aflez bien un petit étendart dont l’ofleiet fait le bâton , eft traverfée par un grand nombre de libres qui en rendent le tiflu fort agréable. Je ne connois pas parfaitement l’ufage de ces deux parties dont la ftruéture eft affez iinguliere. A l’égard de la couleur de cet animal , elle ne différé en Coukur rien de celle de la première efpece , non plus que la figure de fes autres parties. 7. LE G I V A L. PL U On donne ordinairement le nom de Treillis à la coquille de cette efpece , à caufe du réfeau que forment fes canelures. Mais comme cette particularité lui eft commune avec beau- coup d’autres coquilles , pour éviter toute confufîon , j’ai mieux aimé lui donner le nom de Gival , qui par lui-même n’a au- cune fîgnification, Parella retkulata, quafi refis foràmina oftendens conftantî proportione â circumferentiâ ad centrum diminuta,Iuceo colore^ auc cinereo. Bon, recr. pag. 90. clajf. 1. n. 6. Pateüa cancellata ; Jamaicenfis. Lifi. hijî. Conchyl. tab. i, Patella cancellata, densè admodùm ftriata; Barbadenfis. Ejufd. tab, 527. Patelîa reticulata, quafi retis foramina oftendens, conftanti proportione I cireutnferentiâ ad centrum diminuta, liiteo colore , aut cinereo. Muf. Kirk. pag. 43 5. n. 6. Pateîla Batbadenfis cancellata. Petiv. Gaioph. vol. 1, cat. 580. îab. 8o,' fig. II. Patella ftriata, vertice mucronato perforato. Lang. meth. pag. 3. Lepas a ftries partant de fon œil , traverfées par d’autres ftries, ce qui forme un réfeau -, fa couleur eft commune & fon œil troué. Hijl. Conchyl, pag. 240. pl. 6.fg. J. Patella integra, reticulata feu clathrata, lutea vel cinerea 3 Bonanni. Klein. Lent. pag. ii6.fpec. z. n. i. Patella integra, reticulata feu clathrata; cîathri denfioris eadem cum prjB- cedenti; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 2. tab. S.fg.^. Coquille, Sommet. Couleur, A N I MAL. Manteau. Pied. Ck)uleur. 3S COQUILLAGES La coquille du Gival eft de même forme que la precedente , mais moins ëpaiire,& crénelée un peu plus fenfiblement fur les bords. Elle efl; percée au fommet d’un trou oval beaucoup plus petit, & qui a à peine la huitième partie de fa longueur. De ce fommet partent quarante canelures rondes & affez ^roifes , qui vont fe rendre fur les bords de la coquille. Quinze a vingt autres canelures un peu moins élevées, traverfent celles-ci en décrivant autant d’elîipfes dont le fommet eft le centre. Le croifement de ces canelures lailfe un grand nombre de petits efpaces quarrés qui forment un réfeau admirable, & dont les mailles augmentent à mefure qu’elles approchent des bords de la çoquilie. Les plus grandes coquilles que j’ai obfervées ont un pouce & demi de longueur, & une fois moins de hauteur ; leur lar-^ geur eft de moitié moindre. Leur couleur fouftre de grandes variétés ; il y en a de blan- châtres, de grifes & de brunes 5 j’en ai même une petite qui eft bleuâtre. Les brunes font communément tigrées de blanc. Les blanches ont quelquefois des taches rouges répandues ça & là fans ordre ; mais il eft plus ordinaire de leur voir fept larges bandes d’un gris-cendré, qui s’étendent comme autant de rayons du fommet aux bords de la coquille, où elles ont plus de largeur qu’à leur origine. Le manteau de l’animal n’eft point frangé, mais feulement bordé d’un rang de trente petits tubercules, qui ont l’appa- rence d’autant de points blancs. La même uniformité règne encore dans fon pied , qui a un pareil nombre de points élevés fur fon limbe: du refte l’ani- mal reflemble en tout à celui de la première efpece. La couleur de tout fon corps eft d’un blanc pâle. Gette efpçce eft aflèz rare ; je l’ai trouvée en mai à l’iHe de Corée. «i.— ,, Il , „p.l.!!l , . . I .pi—- '■■■' — 1 ■ LÊPAS A COQUILLE CHAMBRÉE. 8. LL SU LIN. PL Z. Paceliâ lævis , densè maculara , admodum comprefTa. Lijl. hiji. Conch^L toK 34- Muf. pag, ii|. an, 6, tab.^o.fig, O, ÜNIVALVES. 35 Patella Indica lingualis, roftro interné ad dextmm. Pair. Gurm. vol. i cat. ijo. tab. 8. Périt Lépas de forme longue , tout brurt & raboteux j il n’a de fingulier que d’être chambré & d’avoir rmrl fait en 'bec, placé à l’une de fes " extrémités. Htfi. Conchyl pag. 241 . pL 6.fig. N. ( Coquille frufte. ) ' Pateila ftrudurâ peculiari donata, fatis depreflà ^ cavitatem oblongam . eftormans & in angulum acutum dehnens, ubi fuperinduéta lamina ufque ad medium ejufdem cavitatis finum quemdam depreflum , confticuit, lævis fragilis, pellucitla , candidiflîma , Petro Michelio Crepidula dida, ex Infulâ Ilvae. Guak. Ind.pag. 9. tab. 6^.fig. H. Cochlearw pennata, feu pennarum galiinacearum moire piéta, Rumphii. Klein. Tent. pag. ii^.Jpec, i. ^ Cochlearia, Patella lævis, densè maculata, admodùm comprelîà ^ Lifteri, Ejufd. pag. 1 1 9. fpec. 4. La coquille du Sulin eft une efpece de baffin elliptique. Coquille. renverfe & fort applati, Ëlle a un pouce un tiers de longueur, un quart moins de largeur , & prefque trois fois moins de pro- fondeur. Son épaiffeur eû allez coniîdërable^ & elle eft polie & unie au dedans & au dehors. Son fommet ne fe trouve pas placé fur fa furface , mais Sommet, fur ion bord pollerieur , ou il fe termine en un bec légèrement recourbé vers le côté droit. Sa bafe eft elliptique & ondée alTez irrégulièrement fur fes bords qui font fort tranchans. Intérieurement elle eft cham- brée ou divifee par une cloifon qui s’étend parallèlement à Cloifori. fa bafe. Cette cloifon n’occupe & ne couvre que la moitié pofterieure de la coquille, & fon bord antérieur eft terminé par une ligne tantôt droite, & tantôt courbe ou creufée en portion de cercle : elle eft extrêmement dure , quoiqu’aflez mince, & ne prend pas naiftance immédiatement aux bords de la coquille, mais un peu au^eflus , de maniéré que le pied de l’animal la recouvre entièrement pendant qu’il marche. Sa couleur eft affez variable ; elle eft tantôt brune & tantôt CoiJeur rouffe , tant a l’intérieur qu’à l’extérieur. Quelquefois elle eft verte avec des petits points bruns. Le plus grand nombre eft à fond blanc au dehors, parfemé de longues taches d’un brun rougeâtre J au dedans ce fond eft blanc ou couleur de chair, fans aucun mélange. La tete & les cornes de ranimai font parfaitement fem- A n i m a 4. Diables a celles de la première efpece j mais fes yeux au lieu Manteau. Pif4. Gaii’eur. QUILLE. 40 COQUILLAGES d'être placés à la racine des cornes, fe trouvent un peu au-» deffus. Son manteau eft bordé de vingt^inqcrénelures découpées en maniéré de croiffant, du milieu defquelles on voit s’éle^ ver un petit point blanc. On trouve fur la droite de l’animal, dans lefînusquefait le manteau à fa jonétion avec le pied, un petit corps blanc, femblable à une languette triangulaire qui eft ordinairement recoprbée en bas. Son pied eft elliptique ; mais fa partie fupérieure fe ter- mine en deus; oreillettes triangulaires, qui s’étendent fur le? côtés pendant qu’il marche. En deflbus, ce pied eft traverfé par pluiieurs filions qui le font paroitre ride. ^ La plus grande partie du corps de l’animal eft logée dans la cioifon' de la coquille. Il a les cornes jaunes & les yeux noirs. Son pied eft d’un blanc fale en deffous, & marqueté d’un grand nombre de petits points noirs. Le refte de fon corps eft d’un cendré qui tire fur le noir. ^ Les rochers de l’ifle de Gorée fourniffent beaucoup de ce coquillage. 11 femble qu’il fe plaît davantage dans les lieux où la mér vient battre avec plus de violence j & je ne con- nois pas d’efpece qui foit plus difficile à détacher des pier- res. Il y adhéré avec tant de force, qu’on en enleva fouvent éclats avec l’animal, c). LE G A R N O T. P/. 2. Si je ne confultois que la figure de la coquille de c^te çfpece, je l’appellerois la Aùzce//e , qu’elle reprefente parfai- tement bien j mais comme l’on peut trouver par la fuite d au- tres coquilles de même figure & auxquelles ce nom convien- dra é<7alement , j’ai préféré de lui donner le nom^ de Garnot. Sa coquille a beaucoup de rapport avec la précédente j elle en différé cependant a bien des égards. Elle eft fi mince qu on voit le jour au travers. Sa longueur paffe rarement dix lignes j fa largeur eft un quart moindre, & égaie à fa profondeur. Il femble que la figure de cette coquille a ete forcée par une compteffion faite fur fes côtés. Lorfqu’on la retourne fur le aos elle a la forme d’une nacelle ou d’un petit canot, dont Cloilun. UNIVALVES. la çîoîfoiî, qui s’étend à peine jufqu’à fon milieu & qui eft tres-enfoncee , fait comme une efpece de banc ou de cabane meiiagee a fon extrémité. • ^ ^ elle eft ordinairement recouverte d’un pé- Période no e brun ^ membraneux 6c très-fin , qui s’enleve facile-' ment. ^ Lorfqu’on a dépouillé la coquille de cette enveloppe, on voit que fa couleur eft brune dans les unes, & blanche dans d autres, avec deux rayes brunes, qui prenant leur origine au ommet, en parcourent la longueur pour fe terminer au bord oppofé. E’animal ne différé du précédent qu’en ce que fes parties iont beaucoup plus ramaffées & moins étendues. fonc^ manteau font découpées moins pro- Les oreillettes latérales du pied deviennent peu fenfîbles ix comme oblitérées, J ai trouvé cette efpece avec la précédente, mais plus ra- i:ement. Elle fe plaît davantage dans les fables, où elle s’at- tache aux coquillages qui y refient cachés. Couleur, Animal. Manteau, Pied, lo. LE J E N A C. PL 2, La coquille du Jenac eft chambrée comme les deux pré-? cedentes, & elle diffère de la première, appellée Sulin, en ce qu elle eft ronde & infiniment plus applatie. Son diamètre n excede pas cinq a fîx lignes, & furpafle quatre à cinq fois la profondeur. Elle eft fort mince, & cachée au dehors fous un periofte compofé de plufîeurs lames en recouvrement les unes fur les autres , qui la rendent aflez rude au toucher. Par tous ces endroits elle reffemble fort à une coquille que j’ai trouvée dans le corps d’une efpece de lièvre-de-mer com-'’ mune au Sénégal. La cloifon qui partage fon intérieur ne s’étend pas iuf- qu au tiers de fa longueur, . coquille eft fort blanche, fur-tout dans fa furface intérieure qui eft du plus beau poli. Les cornes de l’animal font ornées vers leur extrémité, un petit nombre de tubercules blancsqui les font paroître chagrinées. 1 r ^ Coquille. Période, Cloifon, Couleur. Animal. Cornes, F Ked. .Manteau. ("ouleur. Coquille. ■Ecailles. Couleur. ANIMAL. Tête. 42 COQUILLAGES Son pied e/l exactement arrondi , & l’on n’y voit aucune apparence d’oreillettes : il eft chagriné en de/Tus. Le manteau eft auffi chagriné , & bordé feulement à fa gauche, vers le derrière de la tête, de huit filets cylindri- ques afiez longs. La couleur de tout fon corps eft d’un blanc de neige ; il n’y a que les yeux de noirs. Cette efpece n’eft figurée nulle part, non plus que la pré- cédente , & elle eft extrêmement rare : je Fai trouvée fur les rochers expofés de l’ifle de Corée. 40. LÉPAS A COQUILLE ÉCAILLEUSE. II. L E K A L I S O N. P/. Z. Je n’ai obfervé qu’une efpece des Lépas qui ont plufîeurs écailles à leur coquille. Elle fe trouve fréquemment fur les rochers de la pointe méridionale de Fifte de Corée. înfetti marini analoghi aile Patelle , o cinfici delli Agrumi. 'Wallifri. raccolt.pag. 247. tab. iô.jîg. 2. Sa coquille a la forme d’un demi-ovoïde convexe par-defius, plat, en defîbus & obtus à fes extrémités. Elle a trois lignes de longueur, & une fois moins de largeur. Les huit écailles dont elle eft compofée font fort courtes, environ deux fois plus larges que longues , & pofées en re- couvrement les unes fur les autres de devant en arriéré. Elles font toutes relevées dans le milieu d’une petite côte a.flez ai- guë, &: chagrinées fort délicatement fur toute leur furface. La couleur de cette coquille eft rougeâtre pendant que Fanimal eft vivant : après fa mort , elle devient grife ou cendrée. L’animal, du Kalifon ne différé pas moins que fa coquille de toutes les autres efpeces de Lépas que j’ai décrites. Sa tête a la figure d’un croiffant ou d’une demi-lune : ellé^ eft arrondie à fon extrémité , & étroitement unie à la co- quille , dont elle ne peut guères s’écarter pour fe montrer au dehors. On ne voit pas la moindre apparence des cornes ni des yeux. Cornes. U N î V A.L V E s. 43 Son pied efl elliptique , obtus aux extrémités , une fois Pied. plus long que large, & étroitement attaché à la coquille qu’il ne déborde jamais. Le manteau refiémble à une peau charnue , affez épaifle. Manteau, appliquée & comme collée fur toute la furface interne de la coquille. Il la déborde un peu au dehors pour l’environner d’un bourrelet qui affermit fes huit écailles. Lorfqu’on examine ce bourrelet avec le verre lenticulaire, on découvre fur fes bords dix-huit petits boutons chargés d’un faifceau de poil. Ces faifceaux font placés au défaut des écailles, dans l’endroit où elles s’uniifent avec le bour- relet ; de maniéré qu’il y en a neuf fur la droite & autant fur la gauche. J’ai compté environ vingt poils fur chacun, L’ufage de ces faifceaux m’eft entièrement inconnu. Le corps de l’animal eft d’une couleur de chair très- Couleur, agréable. La fruéture afîez curieufe de cet animal auroit exigé quel- Remarque ques détails dans les figures ; mais comme fa petitelfe ne m’a pas permis de l’examiner à fond , je me fuis contenté de le repréfenter de grandeur naturelle, avec fes huit écailles ré- parées l’une de l’autre, & de faire remarquer ce que les ob- fervations m’ont appris , en attendant que je puiffe examiner ceux des côtes de France ou de l’Amérique, dont la gran- deur eft beaucoup plus avanta^eufe. Vallifnieri, dans l’endroit où je l’ai cité, appelle ce co- quillage Punaife de mer, en le comparant à la Gallinfeéte des orangers, Cocais , qu’il appelle la Punaife des orangers: mais on voit affez combien eft grande la diftance qui fe trouve entre ces deux animaux, Petiver donne le nom d’Ofcabrlon à une efpece beaucoup plus grande qu’il avoit reçu de la Caroline: Ofcabrion Carolinum perelegans. Ga'^oph.vol i.cat. 5Z8'. tab. 3. GENRE V I I 1. L’ Y E T. Yetm. JLEs anciens ont connu fous le nom latin de Coucha Per-^ Jica , un coquillage qu’ils recevoient fréquemment du golfe Perfîque. Quelques modernes lui ont confervé ce nom, que Fij 44 COQUILLAGES les François ont rendu dans leur langue par celui de Conque Perlîque. Mais il nous vient tant de coquilles & tant d’autres raretés de ce ^olfe , que ce feroit embrouiller nos idées que de leur donner à chacune en particulier ce feul nom de Perfîque ou Perlîenne , qui leur convient également à toutes. C’elî: pour ne pas tomber dans ce défaut que j’ai confervé à la première efpece de ce genre le nom d’Yet^ fous lequel il eft connu chez les nègres voiiîns du cap Verd. Ce coquillage a beaucoup embarraffé les modernes dans leurs combinaifons méthodiques j, & ils n’ont pu jufqu’à pré» fent ranger fa coquille, faute d’en avoir vu l’animal. La côte du Sénégal m’a fourni les moyens de l’examiner : elle en nourrit une prodigieufe quantité, fur-tout dans la partie fa- blonneufe qui s’étend depu s le village de Rufîsk jufqu’à celui de Ben. Là tous les ans les groffes mers du mois d’avril en rejettent un fi grand nombre que le rivage en paroit quel- quefois tout couvert; on y en trouve de deux efpeces, de toutes les grandeurs. I. U Y E T. m. J. Concha maxima exotica v^lrmê'tst candida. Colum. Aquat. pag. d8. & 6^^ Concha altéra lutea niinor. Ejufd. ibid, .Concha natatilis minima Perficæ didæ recendorum congener. Ejufd. Purp.pàg. 28 d 30. Concha Perfica ma|or. Aldrov. exang. p. ^60. Concha Perfica minof. Ejufd. ibid. Concha Perfica major & minor. Jonjl. exang. îïb. 4. tah. 17. Cochlea è littore Iberico, colore varia. Bonan.recr. pag. 1 1 Bnccimitn Perficum majus, clavicnlâ piilvinata papillatum. Lifl. hifi. Conchyl. tab. i. Buccinum Perficum parvum j ex rufo nebulatum clavicnlâ obtusâ. Ejufd.. tab. Buccinum Perficum ex rufo nebnlatum , cîaviculâ profundê fulcatâ, ejuf- que margine acuta. Ejufd. tab. j^6. fig. j. Buccinum Perficum fiibrufum , maximè ventricofiim cîaviculâ clavatâ. Ejufd. tab. $Qi.fg« 8. Cochlea è littore iberico , colore varia. Muf. Kirk. pag. 450V n, <3. Cochlea longa pyriformis major , in torta, cylindroidea,. umbonata lævis, ore amphore. Lang. meth. pag. ii. Xa Tonne ou pente Conque fphériqoe. Hifi. Conchyl. pag. 304. pl. 10. fig- G. Cochlea longa pyriformis intorta integra, maxima, umbonata, iævis. ÜNIVALVES. 45 infigniter vencricofa fubalbida , nonnullis Cochka Latina dida. Gualt. Ind. pag. & tab. 27. ütt. A. A. Cochlea longa , pyriiormis 5 intortâ, cylindroidea , umbonara, umbone diuiofo , læyis, fufca , maculis , nigricantibus aliquandb donata. Ejufd. pag, & tab, 29. litt. A. Cytnbium màmillare : pro türbine mamillam exferens : Ibericnm, coloris modo albidi , modo li vidi , modo carnei vel figulini , maculis higris ; Bonantii. Klein, Tent,pag. Si.Jpec. 2. n. 2. tab. ^.fig, 97. Cymbium auritum , labio concavo , inftar abris in duas extremirates acutas termirianrej altero latere voluto; turbine infra bafimj quod Bucci- , num Perficum ex rufo nebulatum, claviculâ profundè fulcatâ, ejuf- que margine acuta j Lifteri. Ejufd. ibid.fpec. 3. ra. 2. Cymbium auritum , aliud parvum 3 claviculâ obtufa , labio craflîore j Lifteri. Ejufd. ibid.fpec. z, n. La coquille de l’Yet eft une des plus grandes que ]’ai ob- Coquille. fervées fur la côte du Sénégal. Elle a neuf à dix pouces de longueur, fur fept à huit de largeur, & une fois moins de profondeur de delTus en deflous. On peut la regarder comme une portion d’ovoïde obtus D. S. coupé par la moitié dans fon grand diamètre, & dont la longueur furpalTe la largeur d’environ une quatrième partie. Ses extrémités font arron- dies ou fort obtufes , & fon épailfeur n’eft pas fort confi- dérable. Elle eft iiffe au dehors, & formée de trois fpires qui tour- Spire*, nent de droite à gauche & horizontalement fur elles-mêmes. La première de ces fpires compofe elle feule prefque toute la coquille. Les deux autres fpires forment un fommet arrondi S. & Sommet, caché dans la cavité que forme en bas la première fpire. Les bords de cette cavité font extrêmement aigus de rentrent en dedans par une furface très-oblique qui fe termine à la racine du fommet. • L’ouverture de cette coquille eil des plus évafées que l’on otivermre, connoiffe. C’eft une eilipfe obtufe à fes extrémités, qui font terminées par une échancrure confidérable creufée dans la coquille. L’échancrure d’en haut D. reffemble à une créne- lure en demi-lune , plus large que profonde : & celle d’en bas E. forme un canal plus long où plus profond qu’il n’efl large. La longueur de cette ouverture eft double de fa lar- geur: elle eft égale & prefque parallèle à celle de la coquille» ^ 5 Couleur, L^^ariétés. A N ï Al 4 L Tête, Cornes. Yeuï. 46 G O Q U I L L A G E S Sa largeur eü: aulîi prefqu’ëgale à la fîenne dans fa moitié fupérieure. La lèvre droite efl très-ample, mince & tranchante, fans bordure. La gauche au contraire ell renflée & arrondie dans le bas , Ample dans le haut , quoiqu’épaifle & obtufe : elle efl; ornée un peu au-deflus de fon milieu de quatre dents qui tour- nent en fpirale, ôc dont la fupérieure efl trop rentrée en de- dans de la coquille pour être facilement apperçue : elle laifle voir encore au dehors une large trace ridée, qui s’étend de- puis ces dents jufqu’à l’échancrure fupérieure, qu’elle va gagner en ferpentant fur le dos de la coquille. La furface intérieure de cette coquille efl blanche , & du poli le plus brillant : à l’extérieur elle efl fauve, quelquefois marbrée de taches blanches. Les variétés qu’on obferve dans les diflerens individus de cette coquille , dépendent de leur âge. Les jeunes font ordi- nairement un peu plus longues : leur largeur efl de moitié moindre que leur longueur ; leur fommet efl applati. Celui des moyennes efl arrondi ; mais l’intervalle qui les fépare de- puis le tranchant de la première fpireefl creufé obliquement: telle efl celle que j’ai figurée aux lettres D. E. S. Dans les vieilles, au contraire, le fommet efl applati ou bien il rentre un peu en dedans , & l’efpace qui fépare les fpires efl applati ou horizontal. On ne voit communément que trois ou quatre dents à la lèvre gauche de l’ouverture j j’ai cependant une moyenne de ces coquilles qui fait exception à cette réglé ; elle en a cinq très-bien diflinguées , ëc que l’on voit facile- ment au dehors. La tête de l’animal efl extrêmement grande, faite en demi- lune T. & de moitié auffi large que fa coquille. Elle efl plane en deflbus, convexe par deffus, & tranchante fur fes bords. Ses cornes G. C. ont la forme de deux ianguettes trianr gulaires, applati es, trois fois plus longues que larges, & trois fois plus courtes que la tête. Elles y font attachées en deflus à une diftance allez grande 8c à peu près égale de fon extrêr mité & de fes côtés. Les yeux Y. Y. font placésA peu près au miHettde la lon- gueur de la tête, vers le côté extérieur des cornes^ mais ils font éloignés derrière elles d’une diflance égale â leur, largeur, UNÏVALVES. 4? ils font médiocrement grands, noirs , arrondis, & légère- ment élevés. On reconnoit facilement la bouche B. par un long tuyau Bouche, ou trompe L. qui en fort très-fouvent. Cette trompe eft cy- lindrique, d’une longueur égaie à celle de la tête. Son extré- mité efl: percée, & garnie de petites dents en forme de cro- chets. Elle fert à cet animal pour percer les autres coquillages & en fucer la chair qui lui fert de nourriture. Son manteau recouvre les parois intérieures de la coquille Manteau, fans fortir au dehors. A fon extrémité antérieure il fe replie pour former un tuyau K. K. de la longueur de la tête, fur laquelle il paffe entre les cornes. Ce tuyau efl cylindrique , fort épais, & coupé par devant dans toute fa longueur. Il porte à fes côtés une membrane épailfe, charnuë, & quar- rée N. N. qui s’étend fur toute fa longueur. Dans la fécondé figure on a repréfenté ce tuyau couché fur la gauche , pour le faire paroître avec fes deux lobes ou membranes. Ce tuyau donne paffage à l’air & aux excrémens. Le pied P. du Yèt ef la partie la plus confidérable de fon Pied, corps. Il ef fi monftrueiix que la coquille en couvre à peine la quatrième partie quand il veut y rentrer. Alors il fe replie en deux dans toute fa longueur & forme un long canal G. G. dans fon milieu. Lorfqu’il ell étendu pour marcher, il prend la figure d’une ellipfe , obtufe aux extrémités , & qui s’avance aifez pour cacher toute la tête en delTous, comme on le voit dans la première figure. Il a alors une fois plus de largeur & moitié plus de longueur que la coquille. Son grand dia- mètre furpafie aufii d’un tiers le petit. Son épaiffeur efi: confidérable , fur-tout dans la partie pofié- rieure qui déborde la coquille. Il eft relevé en cet endroit d’une vive-arrête qui efl fillonée & comme coupée de rides très-profondes. Dans les nouveaux nés ce pied fe loge en entier dans la coquille. T out le corps de cet animal efl d’un brun tirant fur le noir. Couleur, Ses yeux font noirs j & l’on voit un cercle blanc à l’extrémité du tuyau que forme le manteau. Quoiqu’il ne me foit pas arrivé de furprendre l’Yèt en ac- couplement , on peut préfumer qu’il efl hermaphrodite , parce que j’ai trouvé des petits vivans dans le corps de la plupart. Obferva" t'ion. 4S COQUILLAGES fiir-touî pendant les mois d’avril & de mai. L’analogie qui eft entre ce coquillage & quelques autres qui font des her- maphrodites de cette efpece^ pourroit encore confirmer mon opinion. Mais ce que je puis affirmer avec plus de certitude, c’eft qu’il efl vivipare , & que fes petits en naiffant portent des coquilles qui ont déjà un pouce de longueur, & de même grandeur que celle qui eft figurée à la lettre A. Je n’en ai trouve que quatre ou cinq dans chaque animal j & peut-être les févre-t-il pendant les premiers mois. Ce qui me donne lieu de le penfer, c’^eft que j’en ai vu plufieurs qui portoient leurs cinq petits dans le plis de leur pied j cependant ceux-ci avoient déjà un pouce & demi de longueur à la coquille. Voilà des enfans d’une taille prodigieufe pour un coquiL iage, & on peut croire que les peres & meres qui leur ont donné naiffance doivent être d’une groffeur çonfîdérable; auffi en voit-on qui pefent fept à huit livres. Leur chair , fur-tout celle du pied , eft coriace & d’une grande dureté : elle eft néan^ moins d’une grande reflburce aux habitans de la côte , qui , dans les tems de famine, les boucanent ou les font fécher au foleil pour s’en nourrir & fuppîéer à la difette, ou pour les aller vendre avec leur poiffon aux gens qui demeurent dans l’intérieur des terres. Ceux-ci le font cuire avec de l’eau de ris ou de mil pour l’amollir, & le mangent avec plaifîr. L b P H I L I N, P/. 3, Cette feconde efpece d’Yèt que j’appelle Philin, eft plus rare que la première, & fe voit plus volontiers vers l’embou- chure du Niger que fur les côtes du cap verd : je l’ai obfer-^ vée pendant le mois de février. Concha natadlis altéra, Colum. 4quat. pa^. 28 d Concha natadlis altéra \mgns.. Éjufd. ibid. Cochba Indiæ orientaiis ex in'fulis Phiiippinis, trecenis iibris ponderans. Bonan. recr.pag. iiz. claff. Biicciniiin Perficqm , fubfufcum /maxirpum , angqftum , claviculâ exca- vata 5 cujpfque margo admodum acuta eft, ex infulis Phiiippinis. Liji. hifl. Conchyl. tab. ioo.jig. 7. , . Cpchlea Indiæ onentalis exinfulis Phiiippinis, trecenis Iibris pondérons.' Muf. Kirk.pag. n. 1. Cochlea longa pyriformis major, intorta, cylipdroidea , upnbohata lævis. Lang. msth. pqg, 21. Cochlea '■ U N ï V A L V E S. 49 Cocliîea loiiga pyriformis , intorra, cylindroidea , foiafa ftriis aUquantu- ium undatis , umbonara*, in bafi margine.acuto donata, fubalbida „ lineis &c maculis rufis raris undatim depidta. Gualt. Ind, pag. & tab. 19. litt, B. Cymbium umbilicatum ; Concha nautiloides altéra magna , Fabü Co- lumnæ. Klein, tent. pag. So.Jpec. i. n. i. Cymbium mamillare ; prb turbine mamillam exferens^ Philippinum •, ab infuiis Plîilippinis, Bonanni. Ejufd, ibid. fpec. n. i. La coquille du Philin eft mince, beaucoup moins épaifTe Coquilleo & plus longue que celle de i’Yèt. J’en ai vu dont la longueur etoit d’un pied & davantage, & furpalToit une fois la largeur. Son ouverture eft plus étroite &: moins évafee j elle a deux Ouverture. Fois plus de longueur que de largeur. Son échancrure fupé- rieure 8c l’inférieure font plus profondes. Les variétés que l’âge produit dans cette coquille , fuivent Varîétés. tout le contraire de ce que j’ai fait obferver dans la première efpece. Les petites font à proportion plus courtes que les grandes; car leur longueur n’eft pas double de leur largeur: elles n’ont que deux dents à la lèvre gauche ; leur fommet eft arrondi & élevé, quoique peu faillant au-delà de l’extré- mité de la coquille ; & l’intervalle qui fépare les fpires eft applati 8c peu creufé. Dans les vieilles on voit trois ou quatre dents extrêmement grandes fur la lèvre gauche ; ôc l’inter- valle des fpires eft creufé fort obliquement. La couleur des jeunes eft brune au dedans, agathe-clair au Couleur, dehors. Les grandes font par-tout de couleur de chair. L’animal eft moins grand que celui de la première efpece. Animal. Son pied n’eft guères plus long ni plus large que la co- Pied, quille. Sa couleur eft blanchâtre. Couleur. La chair de cette efpece n’eft d’aucun ufage. Les maures fe fervent de fa coquille pour puifer de l’eau. GENRE IX. LA VIS. Tcrehra. Quoique parmi les coquillages qui portent le nom de Vis, il s’en trouve plulîeurs efpeces dont la coquille s’éloigne de la forme de la Vis, étant beaucoup moins allongée ; nous g'’ CoQUILiE. Spires. pcnofie. Ouverture Variétés. 50 COQUILLAGES leur conferverons néanmoins ce nom à caufe de la parfaite reifemblance des animaux que renferment les unes & les autres. I. L E M I R A N. P/. 4. Buccinum brevi roftrum , ex toto tæve , clavicuîatum. Lifl. hîjl. Conchyl. tah. 911. fig. 3 3- ... . Pfeucîo-ftrombus nodofus inter fpirasj Lifteri. Klein, tent. f. ^^.fpec. 2. lab.i.fg. 121. La coquille du Miran eft ovoïde, arrondie & obtufe dans fon extrémité fupérieure , & terminée en une pointe ti;ès- fine à fon fommet. Sa longueur eft d’environ treize lignes, & furpaffe une fois & un tiers fa largeur, qui n’eft que de cinq lignes & demie. Elle eft médiocrement épaiffe, & formée de dix fpires qui tournent en defcendant peu obliquement de droite à gauche, & dont l a largeur diminue à mefure qu’elles approchent du fo .nmet, où elles fe terminent par un point prefqu’impercep- tible. Ces fpires font un peu renflées & bien dift nguées par un léger flllon qui les fépare. Les deux premières, ou les plus proches de l’ouverture , font liffes & unies j mais les huit autres jufqu’au fommet, font relevées chacune de plu- fleurs petites côtes parallèles à la longueur de la coquille. Au refte elle eft d’un poli & d’un luftre qui n’eft point terni par le périofte fubtil qui la recouvre. Son ouverture eft une eilipfe irrégulière , pointue par le bas, & arrondie par le haut, où elle fe termine en un canal profondément échancré dans la coquille. La longueur de cette ouverture eft double de fa largeur. Elle eft une fois & un quart plus courte que le fommet de la coquille, & à peu près parallèle à fa longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft fimpie, courbée en por- tion de cercle, tranchante & fans bordure. La lèvre gauche eft aulE courbée en deux fens différens, mais arrondie , & garnie par le haut de deux plis affez gros , dont l’inférieur fait le tour de l’échancrure de l’ouverture. La feule variété que l’on obferve dans cette coquille , con- lifte dans la proportion de fes parties, dont la largeur com- parée à leur longueur eft plus grande dans les jeunes que dans les vieilles. ÜNÏVALVES. Leur couleur , dans tous les âges j efl ou blanche ou agathe , fans aucun mélange. La tête de l’animal que contient cette coquille, a la forme A d’un croiffant, dont la convexité T. eft bordee d’une mem- brane très-fine. Elle eft arrondie & convexe en deffus, & plate en deflbus : fa largeur eft double de fa longueur. Deux cornes G. C. cylindriques, & terminées en pointe, prennent leur origine de fon fommet & fur fes cotes qui les tiennent fort éloignées l’une de l’autre. Leur longueur eft double de celle de la tête. Leur furface eft polie & luifante. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. peu apparens, & placés fur le cô:é extérieur des cornes à leur origine. La bouche B. eft une fente affez longue , parallèle a la lom gueur de la tête , & fituée au-delfous d’elle dans fon milieu. Lorfqu’elle s’ouvre on apperçoit le mouvement de la mâ- choire inférieure qui porte de bas en haut. Quoique je n’aie point vù fortir de langue à cet animal , l’analogie me fait penfer qu’il doit en avoir une femblabie à celle de i’Yèt (i), & du genre de la Porcelaine qui fuit celui-ci (2). Le pied P. P. forme une ellipfe très-ouverte ou obtufe à fes extrémités. Sa longueur eft prefque double de fa^largeurjfe un tiers plus courte que la coquille. A fon extrémité ante- rieure il eft traverfé par un profond fillon S. & prolonge^ fur fes côtés en deux oreillettes triangulaires D. D. qui n’ont que la lîxiéme partie de fa longueur. Le manteau eft une membrane épaifle qui tapiffe l’intérieur de la coquille fans déborder au dehors. Elle fe pliffe feule- ment en un tuyau cylindrique K. K. qui a le quart de la lon- gueur de la coquille,. Ce tuyau fort par le canal ou l’echan- crure de l’ouverture de la coquille, 8c fe rejette fur le cote gauche de l’animal. Le deflbus de fon corps eft d’un blanc pâle ; 8c le deflus eft d’un blanc-d’eau marqueté de petits points ou de lignes uoirâtres,. Ce coquillage ne vit que dans les fables. Je l’ai trouvé frér- quemment fur la côte maritime de Ben, pendant le mois de mars. (i) Voyez la page 47. (2.) Pag. 58. G i] Couleur. N I M A L. Tête. Cornes, Yeux. Bouche. Pied. Manteau. Couleur. 52 Coquille. Spires. Ouveitufe. A H I M A L, .â w r m A 1. Coquille, COQUILLAGES 2. LE R A F E L. K. 4. Buccinum brevi roftrum claviculâ tenui & produdâlæve, îacinlâ quâdam ad imum quemque orbem eleganter fcriatâ diftinblum. Lijt. hijî. Conchyl. lab. 977- 34. Turbo apertus canalicuiacus obüque incurvatus ftriatus. Lang, meth. pag. ^ rTeudû-ftrombus carminatusad imum quemque ordinem , ibidemque ele- ganter ftriatusj Lifteri. Kkin. tmt. pag. ^yfpec. i. La coquille du Rafel a la même forme & la même cou- leur que celle de la première efpecej mais elle efl plus ëpailTe & plus allougëe. Elle a un pouce &: demi de longueur, & une fois & demi moins de largeur. Ses fpires font au nombre de onze , prefque applaties , ren- flées feulement dans leur partie inférieure , dans l’endroit où elles fe joignent les unes aux autres. Elles font toutes cou- pées par fept ou huit petits filions qui en font le tour paral- lèlement à leur longueur. Ces filions font croifés par d’autres filions plus petits, qui les coupent à angles droits en fuivanr la longueur de la coquille. Les deux premières fpires d’en haut font ordinairement liffes , unies , &: fans aucun de ces filions dans les vieilles coquilles. L’ouverture eft une fois & demi plus courte que le fom- met. Sa lèvre gauche eft relevée de quatre ou cinq plis, dont le plus élevé eft le plus confîdérable. L’animal eft parfaitement femblabie à celui de la première efpece. On trouve ce coquillage dans les mêmes endroits , mais- moins fréquemment. 3. LE N I F A T. PL 4. Buceinum roftramm , interfedis lineis. fafciatum. Lijîer. hiji. Conchyl. tab. 91^. fig- 7- L’animal du Nifat refîemble à celui des deux efpeces pré- cédentes , à cela près que fon pied eft aufli long & un peu plus large que la coquille, & que le tuyau de fon manteau fort beaucoup moins au dehors. Sa coquille eft aufti ovoïde , mais pointue à fes deux extré- mités. Elle a près de deux pouces de longueur^ êc uuefois ëc deux tiers moins de largeur. Spires, U N I V A L V E S. On y compte onze fpires applaties comme dans la fécondé efpece, mais liffes , unies, & renflées plus fenlibiement par le bas. L’ouverture efl une elîipfe pointue par les deux extrémi- tés , dont la fupérieure forme, par le prolongement de la eo- quiile, un canal alTez loug. La longueur de cette ouverture elt prefque triple de fa largeur : elle égale la longueur du. fommet. Un ou deux plis alTez gros & arrondis , s’élèvent d'ans la partie fupérieure de la lèvre gauche. La couleur de cette coquille ell un fond blanc, tigré d’un grand nombre de taches quarrées, qui font jaunes dans les vieilles & brunes dans les jeunes. Ces taches font difpofées régulièrement fur plulieurs lignes qui s’étendent d’un bout à l’autre de la coquille en fuivant le contour de fes fpires. Cette efpece fe trouve avec les deux premières , mais plu? rarement. 4. L’ A R V A N. PL 4. Buccinum denrarnm , clavicalâ longiffimâ , Unis deiisè radiatum. Lifl. hijl. Conchyl. tah. S 6^, Scrombusdecimu&chalybæus.iîwmr'^.OTw/rra^. 100. art. ro. tab. 30. Unicornu Indicum minus, orbibus ftriacis. Peùv, Ga-{ogh.voL x.caî. iab.'j 10. Perficula gutruiis croceis lineata. Ejufd. ïbïd.cat. 30^. tah. S. fig. z. Porcellana Erythræam referens major. Barrd. Icon.pag. 133. tab. 13 22. fig. 3 3. Cochlea longa, pyriformis , intorta & fulcata , umbone quafi compla- naroj labio externo leviter fimbriato, candida , aliquando carnea colore nebulata , lineis croceis densè circumdata. Gualt. Ind. pag. & tab. 28. litt. B. Cochlea longa', pyriformis, intorta, & fulcarà, fublivida , pundis cro- ceis, vel rufis densè confperfa. Ejufd. ibid. litt. C. D. È. L’animal de cette quatrième efpece de Porcelaine a le man- teau un peu plus ample que les précédentes 3 il recouvre les trois quarts de la coquille. Son tuyau en fort auffi très-peu & eft plus court que la tête. ' . Sa coquille eft un ovoïde obtus aux deux extrémités. Son grand diamètre a un pouce au plus de longueur, dcfurpafife de moitié le petit diamètre. Elle n’a que quatre tours de fpirale, dont le premier fait toute la coquille. Les trois autres font peu apparens , & for- ment un fommet ordinairement applati, & quelquefois creufé comme un petit nombril. L’ouverture efl courbée en forme de eroiffant égal à la lon- fueur de la coquille , à laquelle elle efl parallèle. Elle reflem- le à une longue fente qui a cinq fois plus de longueur que de largeur. Sa partie fupérieure forme un canal étroit &: pro- fondément échancré» On voit encore dans fi partie inférieure UNÏVALVES. et une elpece de canal, mais infiniment plus petit & fembhble à un léger fîllon. La lèvre droite efl bordée au dedans & dans toute fa lon- gueur de douze à quinze dents fort petites & peu fenfibies dans la plupart. Huit dents un peu plus grandes s’étendent depuis la par- tie fupérieure de la lèvre gauche, jufques un peu ai>.ieflbüs du milieu de fa longueur. La couleur varie beaucoup dans les coquilles de cette ef- Couleur, pece. Les unes font blanches , les autres font tigrées de pe- tites taches rouges. D’autres font rayées de quinze à vingt lignes très-étroites , qui les traverfent circulairement : ces lignes font jaunes dans les unes & rouges dans les autres. Elle fe voit fréquemment fur les côtes du cap Verd , êc dans les rochers de l’ifle de Gorée,. 5. LE DUCHON. P/.'4. Cette efpece fe rencontre auJîî dans les rochers de l’ilîe de Corée, mais beaucoup plus rarement. L’animal relfernble au précédent. Sa coquille n’a que fix lignes de longueur, & moitié moins Coquille. de largeur. Le ïbmmet efl: applati comme dans l’efpece qui précédé. Sommet. L’ouverture efl: prefque droite , & fi étroite qu’elle a fix Ouverture, fois plus de longueur que de largeur. La lèvre droite, au lieu d’être arrondie au dehors comme dans les précédentes, forme deux efpeces de bourrelets ap- platis & diflingués par deux filions aflez profonds. Elle efl: bordée intérieurement de vingt petites dents répandues fur toute fa longueur. Dix dents un peu plus grandes garniflent la moitié fupérieure de la lèvre gauche. La couleur de cette coquille efl un fond blanc, coupé tranf- Couleur, verfalement par un nombre infini de petites rayes gris-de-lin, é. LE G î R O L. PL 4. Je rapporte au genre de la Porcelaine cette fixiéme efpece & la fuivante , auxquelles on a donné le nom d’Olives à caufe de la figure de leur coquille. J’en ai vu les animaux, mais letemsne m’a point permis de les examiner: je fçai feu- Cz COQUILLAGES lement qu’ils ne ditïerent pas fenfiblement de ceux des ef- peces de Porcelaines que je viens de de'crirej & c’efl; ce qui m’a détermine à les mettre à leur fuite. Rhombus ex toto albidus feu leucophæuSj unicâ ftriâ acuta drçamdatus. Liji. hift. ConchyL. taB. 7 i. Rhombus parvus, majofcuUs maculis diftindtus, & labro & columellâ ex viola purpurafcentibus. kjujd. tab. -jti.fg.ô. Rhombus parvus anguftior, densè maculatus, lab.o tantum interno levi’- ter purpurafcence. Ejufd. ibid. fig. 7. Rhombus nebulatus & fafciatus columellâ fubcroceâ , claviculâ fulcatâ. Ejufd. lab. ji^.fig. 16. Rhombus undatus, filTurâ intima violaceâ , claviculâ comprefsâ. Ejufd, tab.j^i. pg. xo. Rhombus ccaffioribus undis exaratus , claviculâ obtusâ fulcatâ Ejufd. tab. 7^^. fig. x^.^ Rhombus denfis undis depiâtus , claviculâ obtusâ fulcatâ. Ejufd. ibid, fig. a 4. Cylinder nonus. Rumph, Mufipag. ixo. art. 9. tab. ^9- fig. 7. Olive blanche agréablement marbrée de taches brunes. Hijl, ConchyL pag. x%6. plane. 16. fig. Q. Olive blanche avec deux bandes dans fes extrémités, formées par des lettres brunes , où l’on lit diftinétement deux B & un D ; appellée Litterata, Ejufd. ibid. fig, R. Cochlea cylindroidea , lævis , vel fubrufa , vel leucophæa , vel albida , ma^ culis fubpurpureis diftinéla. Gualt. Ind. pag. è tab. xp litt. C. D. Cochlea cylindroidea, liiieis fufeis, luteis, & fubcteruleis undadm exa- rata, labro incerno rngofo, & rofeo. Ejufd, ibid. litt. G. Cochlea cylindroidea, albida obfcurè ex luteo punélata. Ejufd. ibid. lut. H. J. L. Cochlea cylindroidea, candida , lineis fufeis , Se lividis undatim depiéla. Ejufd. ibid. litt. M. N. 00. PP. Cochlea cylindroidea , albida , ex fufco undatim lineata , & fafeiata , nonnullis maculis nigricantibus raro notata. Ejufd. pag. & tab. 14, litt. B. Cochlea cylindroidea , ex luteo , livido , & fubcæruleo variegata & faf- eiata. Ejufd. ibid litt. F. Cochlea cylindroidea, ex luteo viridefeens, tribus fafciis fufeis nigrican- tibus cinâa. Ejufd. ibid. litt. L. Cochlea cylindroidea , ex fufco viridi , albo, & fubluteo undatim piéla, ex nigro fafeiata, intùs candida; Rumphii. Ejufd. ibid. litt. N. Coquille. La coquille du Girol efl: extrêmement épaiiTe , cylindrique^ arrondie par le haut, & pointue à fon extrémité inférieure, UNIVALVES. c'eM-dire, aufommet. Elle a près d’un pouce de longueur & moitié moins de largeur. Les fept tours de fpirale qui la compofent, font applaties & fort ferrées, mais diftinguées les unes des autres par un lillon profond qui fait paroitre leurs bords aigus & tranchans. L’ouverture eft trois fois plus longue que le fommet. Sa longueur eft quintuple de fa largeur, & prefque parallèle à la longueur de la coquille. Elle eft très-aiguë en bas , fans canal , & plus large en haut où elle eH coupée d’une large crénelure. ^ La lèvre droite efl: aiguë quoique fort épaiife. Elle paroîc d’abord fans bordure, mais lorfqu’on la regarde au dehors, on apperçoit comme une lame de plus d’une ligne de lar- geur, qui s’élève fur fa furface extérieure où elle forme une efpece de pli. La lèvre gauche eÆ arrondie, & lailTe voir vers le haut quatre à cinq lames peu élevées, dont les bords forment au- tant de replis ou de petites côtes faill antes & un peu écar- tées, au-delTous defquelles on voit huit àfeize dents affez lon- gues & fort étroites, qui vont jufqu’en bas de l’ouverture. La couleur de cette coquille eft peu confiante. J’en ai de blanches, de jaunes, de jaunes-livides , de jaunes-verd , & même de verdâtres fans aucun mélange. J’en ai aulli qui, fur ces différens fonds, font tachées, tigrées, marbrées ou cou- vertes de zigzags qui s’étendent tantôt fur leur longueur, tantôt fur leur largeur. Ces taches, ces points, ces bandes & ces lignes font cendrés, noirs ou bleuâtres dans les unes ; bruns, rougeâtres ou pourpres dans les autres : enfin leur mé- lange efl fî varié, que ce feroit perdre fon tems que de faire i’énumeration de toutes celles qui ont été décrites ou figu- rées par les auteurs. Je me fuis contenté de citer une vingtaine des principales variétés, auxquelles on peut rapporter toutes les autres, dont plus de deux cens font parvenues à ma con- noiffance. Leur intérieur efl auffi blanc , jaune , violet, ou pourpre foncé. Je n ai vu ce coquillage que dans les fables de l’embou- chure du Niger : il y efl fort commun, ôc toujours enfoncé a quelques pouces de profondeur. Spires. Ouvertufç, Couleur; Variétés, 64 COQUILLAGES 7. L’A G A R O N. Fl. 4* Turbo brafilienfis, lævi&:nitidâfuperficie,acutus biniszonis muftelinis tranfvetfim dudis fuprà colorem cinerçum cum albo mixcum. recr.pag. 16^. clajf. 3. n. 369. Rhombus parvus, tenuis, ri6tu parente, ipsâ columella fufca, claviçulâ produdiore acuta. Lijl. hijt. Conchyl. pag. 729. 17. Turbo brardienfis , IsEvi & nitidâ fuperficie, acutus binis zonis muftelinis tranfverfim dudis fuprà colorem cinereum cum albo mixtum» Muf, Kirk. pag. 470. n. ^6^, Çylindrus brafilienfis albus fafciatus. Petiv. Gaioph. vol. 1, cat. 578, tqb. $9.fig. 8. _ Çylindrus Maderafpatanus, minor albus, ore pamlo, Ejufd. tbià.cat.^ii^x, tab. 6c). fig. i. ^ Strombus labro exteriore crafib velud pulvinato. Barrel. le. pag. 132. taÈ. i^tt.fig. 17. Cochlea cylindroidea , mucronata, lævis. Lang. meth. pag. 17, Terebellum fafeiatum zonis muftelinis fuper albo j Bonanni. Klein, tmt» pag. fpec.7. Dadylus teflellatus*, LifterL Ejufd. pag. jj.fpec. ïo. Dadylus jafpidifans. Ejufd. pag. 7%. fpec. 18. Gette efpece fe trouve, moins fréquemment, avec la pré- cédente, à laquelle elle reffemble affez. Coquille. Sa coquille eft beaucoup moins épaiffej elle a environ quinze lignes de longueur, & une fois & demi moins de largeur. Ouverture. Ùouverture efl: auffi plus évafée , à peine deux fois plus longue que le fommet. Sa longueur eft feulement triple de fa largeur. La lèvre droite ed un peu plus aiguë & beaucoup plus mince que dans la précédente. La lèvre gauche eft unie & fans dents 3 & les quatre ou cinq plis de fa partie fupérieure font fort rapprochés , & forment un cordon aftez relevé. Ç^ouleiif. Cette coquille varie beaucoup dans fes couleurs. Son fond eft blanc ou gris, quelquefois fans mélange, & quelquefois coupé par une ou deux bandes jaunes ou de couleur agathe, marbrées de brun. Son intérieur eft ordinairement brun , comme les plis de la lèvre gauche 3 & quelquefois ce brmj îire fur le violet. GENR5 U N I V A L V E s. 6i GENRE XI. LE PUCELAGE. Cypræa. Ce coquillage a été appelle par les Anciens des noms de Coucha f^enerea & êCÆrjthræa^qae les François ont rendu par ceux de Conque de Vénus ou Pucelage. Ce dernier a prévalu autant à caufe de fa brièveté , que parce qu’il exprime alTez bien la figure de fa coquille (i). C’efi; pour les mêmes raifons que je lui ai confervé ce nom, fans le confondre avec celui de la Porcelaine, comme j’en ai averti ci-deffus (2). Je n’en connois que trois efpeces fur les côtes du SénégaL ï. L E M A J E T. PL 5. Concha lævigatoria diéta. Cclum. Aquat. pag. 6-j & 6ç}. Concha Veneris magna gibbofior, iatior, multb majoribus maculis nigrî- cantîbus donata è Àladagafcar. Lijl. hiji. Conchyl. tab. CSi.fig. 29, Concha Veneris ex viridi fufcefcenSj lata, valdè gibbofa, maculis fufcis lacis depiâra j Jainaicenfis. ra^. 6%-j.fig. 54. Concha Veneris magna cralTa ^ lata, ventre & ipsâ rima nigricante, dorfo magnis maculis reticulatim depido -, ex infulâ Mauritii. Ejiifd, 703. 52. Veneris concha Indica media, alba polita, nigro maculata. Petiv.Gayoph. vol. 2. cat. 27.3. tab. ^G.fig. 7. Veneris concha Indica media, maculata, coftis & ventre lads nigrican- tibus. Ejufd. ibid. cat.. 274. tab. ^6. fig. 8. Erytlmea lituris pundulifque maculofa , lineâ anguftiore dorfum perciir- rent^. Barrel. Ic.pag. i^^.tab. i^ti.fig. 23. Erythrara maculofa, major, lineâ anguftâ fuprà dorfum ferpente. Ejufd. ibid. tab. i^ii.fg. 24. Porcellana fimbriata, bah lata, in dorfo magnis maculis ex fufco fulvi- dis, & nigricantibus nebulata; lateribus colore livido lucido, veluti in Achate eleganter diftindis. Gualt. Ind.pag. & tab. 15. litt, S. T. Sa coquille A. repréfente une portion d’ovolde qui feroit Coquille, coupé par la moitié dans fa longueur. On juge bien par-là Coacha Venerea^ fie dicia , ^ rh ymaiKUM ncpt hixÉv^if re /UeraÈù Pi^eiÀZi/yi — - Ejufd. pag. 107. art. zq. pag. ^yfig. G. G. *— — Ejufd. pag. 108. tab. ^^.fig. E. G. Cylindrus lividus j binis fafciis albis cindtus , notulis cruentatis Ar ii& girum difpofitis relTellatus, bah albâ 6c fanguinis maculis îEqualiter diftributis notatâ. Muf. Kirk pag. 471. n. ^61. Cylindrus candidus ut nix, tranfverfas ftrigulas habens, notafque aureas iinè ullo ordine difpofitas oftentans. Ejufd. ibid. n. 364. Petit Cornet pondtué de brun fur un fond blanc, avec deux fafcies d’un jaune pâle. Hiji. Conchyl. pag. zSi.p/. i^.fig. J. Autre Corner plus gros , entouré d’une feule zone blanche bariolée de brun , ainfi que le haut de la tête, qui eft toute marbrée -, le fond de la robe eft pondtué , ôc d’un jaune tirant fur le verd. Ejufd. ibid, Cochlea conoidea , umbonaîa , nonnihil ftriata , colore luteo obfcuro fe- cundum longitudinem undatim depiéta , feu radiata , ex albo faf- ciata. Gualt. Ind. pag. & tab. zo. litt. M. Cochlea conoidea, umbonata, albida, ex fufco fafciata , roftro latè nigri- cante , & ftriato. Ejufd. ibid. litt. N. Cochlea conoidea, umbonata, lævis, ex albido vlridifcens, fafciata faf- ciis candidis, ipfifque punétis rufis maculatis. Ejufd. ibid. litt. Q. Cochlea conoidea, aliquantulum mucronata, lævis candida, maculis ru- biginofis densè notata, punélata ôc fafciata. Ejufd. pag. & tab. zi. litt. D. LijJ Coquille. Spires. Sommet. ©uverture. 84 COQUILLAGES. Cochlea conoidea , maxima , umbonata , in acumen obrufum firiatnm definens , rubiginofo colore diverfimodè notata , in medio fafciâ candidâ circumdata, umbone ex albido & fufco radiatim maculato, Ejufd. ibid. Un. E, Cochlea conoidea , bah leviter umbonata ^ candida , fulvis maculis S/C punftis veluci fafciis diverfimodè variegata. Ejufd. ibid. lin. F. Cochlea conoidea leviter umbonata , candida , parvis fubrotundis ma- culis helvaceis , nullo fervaro ordine pundata. Ejufd. ibid. lin. G. Cochlea conoidea, leviter umbonata, lævis , candidiffima , iineis latw croceis interfeétis circumfcripta , ipfo roftro purpurafcente. Ejufd. ibid. lin. H. Cochlea conoidea , umbonata, laivis, albida, colore fufco vel rubiginofià densè obfcurata. Ejufd. ibid. lut. N. Cochlea conoidea, lævis, candida, ex piceo atro fanguineo colore nebiv lara, & maculata. Ejufd. ibid. Un. P. Cochlea conoidea, umbonata, candidiffima, maculis nigricantibus raris circumfcripta , & duabus fafciis vix confpicuis croceis circumdata. Ejufd. pag. & tah. 22. lin. F. Cochlea conoidea, leviter umbonata, densè maculata, fublutea, vel ex luteo viridifcens, vel ex fufco lutefcens , fafciâ fiibalbidâ cinda , iineis, numeris, vel charaderibus quibufdam ignotis defcripta , & fignata. Ejufd. ibid. Un. M. La coquille de cette première efpece de Rouleau que j’ap- pelle J amar , eft fort épailTe & de figure à peu près conique. Sa longueur dans les plus grandes eft de fix à fept pouces, & furpaffe fa largeur des deux tiers. Elle efl formée de douze fpires qui fe roulent fiorizonta-- lement les unes fur les autres, en tournant de droite à gau- che. La première de ces fpires fait elle feule prefque tout le volume de la coquille, & fe replie en angle droit vers fa partie inférieure, pour former un plan prefqu’horizontal &: ereufé légèrement dans fon milieu. Ce retour ou ce repli de la première fpire en deffous,fe joint aux onze autres fpires qui font auiîî applaties , prefqu’liorizontales & un peu en- foncées dans leur milieu : il figure avec elles une efpece de fommet conique, mais fort applati , environ quatre fois plus large que long, & terminé à fon centre par une pointe très- fine. Ce fommet eft comme la bafe du cône que forme la partie fupérieure de la coquille j il n’a que la huitième partie de fa longueur. L’ouverture reftemble à une fente longue & droite , de moitié plus large dans fa partie fupérieure que d^ps l’infé- O P^E R G U L É s. rîeure. Sa longueur eft déterminée par eelle de la première fpire , enforte qu’elle eft fept fois plus longue que le fommet. Elle eft oblique à l’axe de la coquille, & a fix fois moins de largeur que de longueur. Son extrémité fupérieure fait par fon enfoncement un canal demi-cylindrique fans échancrure j mais l’extrémité inférieure eft profondément échancrée. La lèvre droite eft aiguë & fort tranchante fur les bords : Iz gauche eft renflée , arrondie & très-fimple. Un périofte membraneux , épais & roufsâtre enveloppe toute la furface extérieure de cette coquille, & la rend brute: mais îorfqu’il eft enlevé, on y découvre un poli & une va- riété de couleurs admirables. C’eft dans les coquilles de ce genre qu’on trouve les plus belles couleurs j & fi cette efpece ne fournit pas les plus ri- ches , elle donne du moins le plus grand nombre de variétés. Le fond de fa couleur eft blanc, ou jaune, ou rouge, ou brun. Chacun de ces fonds eft ou taché de points fans ordre , ou marbré, ou entouré de bandes ou de lignes ponéluées. De-là ce nombre infini de variétés fi recherchées par les curieux, qui leur ont donnés différens noms. Lorfque le fond de ces coquilles eft fimplement taché fans ordre, on leur donne le nom de Tigre, Cylindrus îndicus, & raro repertiis, colore conchyliaro, qui candidis noti^ paflini cælatur aureâ lineolâ circumdatis , in bafi perfedtè compla- narus. Bonan. recr. pag. 128. cla(f, 3. n. i 23. Cylindroides jafpidem Sicnlum repræfentans mulriplici coloruin mifturâ* Ejufd. ibid. pag. 129./?. 133. Voluta Marmorata. Rumph. Muf. pag. 104. tab. 32. n. i. Cylindrus Indicus , & rarb repertus , colore conchyliaro , qui candidis notis paffim cælatur aureâ lineolâ circumdatis , in bafi perfedè com- planatLis. -Muf. Kirk. pag. 157. n. 123. Cylindroides jafpidem Siculum repræfentans muhipliei colorum mifturâ. Ejufd, ibid. n. 133. Cornet rare , appelle le Tigre jaune , par rapport à fes taches blanches fur un fond jaune. Hift. Conchyl.pag. 281. p/. i^.fig. M. Cornet vrai Tigre dont le fond eft rouge tacheté de blanc, celui des Tigres ordinaires eft brun. Ejufd. ibid. fig. O. Çochlea conoidea, umbonata, tenuirer ftriata bafi aliquantulum nodosâ, candida, colore ex piceo nigro, vel ex pullo luteo reticulata. Cualt,- Ind. pag. & tab. 22. litt, D. Périofte» Couleur. Variétés, r. Le Tigre, 2. Les Spec- tres. ?• Ï.E PaRD, 4. L’Aîle de P.APILtON. 5- La Guinée. S6 COQUILLAGES Ces taches viennent-elles à fe réunir pour former plulîeurs lignes de petits points divifés trois par trois, par deux ou trois larges bandes irrégulières j on nomme alors ces coquilles les Spe jcres , fuivant le témoignage de l’Auteur de la Conchylio- logie françoife j car le Coucha SpeBrorum de Rumphe, pl. 32, lettre S , eil; une efpece très-différente de la variété dont il s’agit. Cylindrus fads elegans colore albo , cyanea , diluto , tyrio , Sc caftaneo coloratus. Bonan. recr. pag. ii8. clajf. 3. n. 130. Rhombus cylindro-pyramidalis ex rufo nebularus, & hic Sc illic aliquoc lineis interpundiads defcriptus. Lijl.hijl. ConchyL, tab.jyz.fig. 18. d* 77^'fig’ ^7- !«i, — Rumph. Muf. pag. 107. tab. 34. fig. M. _ Cylindrus fads elegans colore albo , cyaneo , diluto, tyrio & caftaneo co- loratus. Kirk.pag. 130. Cornet peu commun, appellé les Spectres, à caufe de quelques figures bizarres dont il eft chargé -, ces figures font rougeâtres fur un fond blanc , & forment deux grandes fafcies , avec trois rangs de points entre chacune d’elles. Hijî. ConchyL pag. z8o. pl. C. Conus bafeos Ixvis j nebulata , ex rufo pafllm lineadm punélata , Lifteri. Klein, tent. pag. GZ.Jpec. i. n. 10. Si les bandes qui divifent les lignes ponduées prennent une forme régulière , on leur donne alors le nom de Fard. Cylinder antonomafticè Pardus vocatus ob maculas , teflellnlis fanguineis ejufdem ferè magnitudinis, omnibus fpatio æquali inrer fe diftan- tibus ornatus , fuprà laéteum colorem , quem pttEtereà très aureæ zonæ circumfepiunt. Bonan. recr. pag. 1^5. claff. 3. 36^. Si ces mêmes bandes font marquées de taches faites en croiffant, ou ponduées dans leur milieu, repréfentant un œil avec fa prunelle , on leur donne le nom CAîle de Papillon. Cornet très-rare, appellé ÏJîlc de Papillon ; certains yeux & des taches faites en croiflànr que l’on remarque dans les trois rangs de bande- lettes qui l’entourent, relïemblent aftez â celles des ailes de papillon *, le fond du Cornet eft fauve , & il n’y a de blanc que les efpaces entre les taches brunes des cercles & des fafcies. Hiji. ConchyL pag. i8z. pl. i P fig. F. Lorfque les lignes ponduées font féparées folltairement ou deux à deux, par d’autres lignes formées par de grandes OPERCULÉS. Zj taclies quarrées 8c rapprochées pareillement deux à deux , on nomme alors ces coquilles Guinée ou Spéculation. Trochus niloticiis maculofus. Aldrov. exang. pag. 352. Cylindrus vefte quafi byflinâ redus-, in quâ quadratæ notatæ fanguineæj punda crocea , & lineolæ rufæ , vei fulvæ opus quafi acu pidutn efFormant. Bonan. recr. pag. \x<).n. 132. Cornet de la grande taille, tout entouré de lignes ponduées & de petites fafeies chargées de différentes taches brunes & violettes, fur un fond blanc ; il approche affez de celui qu’on appelle la Guinée ou la Spé- culation. HiJÎ. Conchyl. pag. i^i. pl. ly fig. Q. Cochlea conoidea, maxima, bafi plana, candidiffima , lineis interruptis fignata , maculis & notulis fufeis pundata , fafeiata & notata ; ali- quando fublivido colore ieviter nebulata , intùs albida. Gualt. înd. pag. & tab. 22. Vitt. B. Cochlea conoidea, aliquantulum umbonata , candida, ex rufa nebulata & fafeiata, & hinc, &iUinc lineis interruptis, & notulis fignata, & diftinda. Ejufd. ibid. litt. C. Cochlea conoidea candidiffima, notulis rufis, interdùm nigris afperfa, Ejufd. ibid. litt. E. Conus bafeos lævis -, byffina; in quâ quadratæ notæ fanguineæ ; punda crocea 5 & lineolæ rufæ, vel fulvæ -, opus quafi acu pidum efformant 3 Bonanni. Klein, tent. pag. 6-j.fpec, i.n. 10. /. Lorfque les lignes à grandes taches quarrées , 8c celles à petits points fe fuccédent alternativement les unes aux au- tres, on appelle ces coquilles T innés de Bcurrc'.tdlQ eh celle que j’ai figurée à la planche 6 , n®. i. Cochlea marina altéra. Belon. aquat. pag. 4257. Cochlea cylindroides. Rondel. pife. pars. 2. edit. lat. pag. 95?. Coquille de Limaçon faite en pyramide. S.ondel. poiff, part. 2. édit.franç, pag. ^5. Cochlea cylindroides. Bojfuet, aquat. pars. ait. pag. 51. Cochlea cylindroides ; Rondeletü. Gefn. aquat. pag. i2,6. Cochlea cylindroides -, Prier. Aldrov. exang. pag. 399. Cochlea cylindroides 3 Prier. Jonjl. exang. pag. 5(3. tab. 12. Rhombus cylindto-pyramidalis ; lineis pundatis velut quibufdam carade- ribus ignotis confpiciendus. Lifl. hifl. Conchyl. tab. jyyfg. 19. Voluta Meta Butyri. Rumph. Muf pag. 102. art. 2. tab. ^i.fig.C. Voluta Meta Butyri. Hifl. Conchyl. pag. 278. Cornet Tinne de Beurre. Ejujd. ibid. Cochlea conoidea, ex fubrufo pallida, lineis ex albo , nigroque inter- ruptis fignata. Gualt. Ind. pag, & tab. 22. litt. G. Cochlea conoidea, fubrufa, lineis exrubro obfcuro, alboque interrupcis eircumdata, & pundata. Ejufd, ibid. lut, H. 6. La Tinne DE Beurre, 7- La Musi- que. Remarque. 8ï COQUILLAGES Cochlea conoidea, leviter umbonara, candidiffima , aliquando fubliyidas' pundfcis, & lineis rufis diftindVa. Ejujd. ïbid. litt, L. Conus bafeos lævis’, meca Buryri fpiiis in bafi divilis, planis, ex nigro flammeis, medio mucrone brevi , aeuw, ventre biuyraceo, per fé- riés micarum nigricantium inæqualium quad fafciaiusj Rumphii, Klein, tent.pag. i. n. î. Lorfque les points quarrés font égaux, 8r qu’ils forment des lignes égales qui imitent les notes du plein-chant ou de la mufique, on les appelle Mujîquc. Cylindrus niridus, & perfedè lævigatus, notis aureis & rufis audus, on- dine artificiofo diftributis. Bon. recr. pag. iz8. cla[f. 3. n. 131. Rhombus cyiiudro pyramidalis albus, lineis latis croceis interfedtis cir- cumfcriptus, ipfo roftro purparafeente. Lijl. htjl. Conchyl. tab. 7(37. fig. 17. tab. 7,70. Rhombus maximus cylindro pyramidalis albus, quadratis maculis nigri- cantibiis çircumfcriptus , in medio .tamen dus piagulæ luteæ confi- pickinrur. Ejufd. ihid. tab. 774. J%. 2-o. •Voluta Muficalis. Rumph. Muf pag. 101. art, 3. tab. 31. fig. jD. Cylindrus niddus & perfedlè lævigatus , notis aureis & rufis audtus , or- dine artificiofo diftribiitk. Muf. Kirk. pag. 1,57. /2. 13 i. 'Cochlea conoidea, urjabone fatis complgnato , apice tranfverfim ftriato , magna , ponderofa fubalbida, notulis helvaceis, yel rufis per feriem ■difpofitis, dense circumfcripta. Gualt. Ind.pag. & tab. ii'. litt. B. Cochlea conoidea bafi complanata, lævis, candida, quadratis maculis nj- gricantibus , aliquando rubefeentibus , ceu lineis interfeftis per fe- riem elegantiffimè circumfcripta. Ejufd. ïbid. litt. O. Quelquefois ces coquilles font naturellement blanches ; fouvent elles ie deviennent lorfqu’en roulant fur le rivage de la mer, leurs couleurs, qui ne font que fuperfîcielles, ont été enlevées. On en voit beaucoup dans les cabinets, qui n’ont acquis cette blancheur qu’après avoir été ufées fur meule, éc polies enfuite. Trochus niloticiis albus. Aldrov. exang. pag. 35 2.. _ Rhombus cylindro- pyramidalis , lævis, albidus , claviculâ acuta. Lif. hift. Conchyl. tab. -J fig. î. Rhombus cylindro pyramidalis, leucophæus, ipfo roftro violaceo. Ejufd. ibid. tab. j^^.fig- Cochlea conoidea , mucronata, lævis, albida, apice aliquantum ftriato. Gualt. ind.pag. & tab. 20. litt. B. ferai obferver en fînilTant l’énumeration des variétés de OPERCULÉS. de cette coquille, qu’elle eft de'fîguree dans plufîeurs Auteurs, qui en ont repréfenté les unes avec lefommetufé, & les au- tres avec la lèvre droite de l’ouverture pareillement ufëe. Ces deux defauts, fur-tout le dernier, font ordinaires à Gualtieri 5 & peut-être le retrouverions-nous dans les autres Auteurs, s’ils avoient mis, comme lui, en vûe cette partie de l’ouver- ture des coquilles dont nous venons de parler. Ainfi l’on ne fera point furpris que dans mes citations j’aie rapporté à la même efpece deux fortes de coquilles, dont l’une a la lèvre droite aiguë & le fommet pointu, & douLl’autre ale fommet plat & ufé, &: la même lèvre épailTe. La tête de l’animal renfermé dans cette coquille efl petite. Animai. cylindrique , de longueur Bc de largeur égales, & tronquée obliquement en deffous à fon extrémité T. Elle fait corps avec le col , qui fort quelquefois du double de fa longueur Lors de la coquille. Des deux côtés de la tête & de fon origine partent deux Comcs. cornes cylindriques, terminées par une pointe très-courte C. C. Elles ont quatre fois plus de longueur que de largeur, & fur- pafîent une fois la longueur de la tête. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. placés au côte Yeux, extérieur des cornes, fort proche de leur extrémité, vers la (îxieme partie de leur longueur. Ils ne faillent point au de- hors, & femblent furmontés par la pointe des cornes, qui forme un petit cône obtus, de longueur & de largeur égales. La bouche eft un petit trou rond, ouvert au milieu d’une Bouche, large folTette B. creufée fous l’extrênaité de la tête. Cette fof- fette fait, comme dans la Sangfuë, l’office d’une ventoufe ou d un fuçoir par lequel la tête s’attache facilement aux corps qu elle touche. L’anim al a befoin de ce fecours pour faciliter fa progreffion & le tranfport de fa coquille, qui eft d’une pe- lanteur & d’un volume peu proportionnés à la petiteffe de fon corps. Son manteau tapiffe feulement les parois intérieures de la Manteau, coquille, Bc fort par-delTus fon col fous la forme d’un tuyau cylindrique K, dont la longueur égale la cinquième partie de la coquille & furpalTe un peu celle des cornes. Ce tuyau eft fendu par devant dans toute fa longueur : il fe rejette corn-* munément fur la gauche de l’animal. M Tkd. Opercule. Couleur. 90 COQUILLAGES. Le pied P. efl; elliptique , obtus & arroadi àfes extrémités'.. Sa longueur eft triple de la largeur , & égale aux deux tiers de la coquille. 11 eft une fois plus étroit qu’elle. Un profond lillon S. le traverfe à fon extrémité antérieure, & le refte de fa furface eft ridé & comme lillone dans toute fa longueur par un grand nombre de petites raies fort inégalés. A l’extrémité poftérieure du pied, on apperçoit un petit opercule O. qui lui eft attaché en delTus par la moitié d er^ bas feulement; l’autre moitié reftant libre & détachée. C’eft une lame de corne fort mince , de figure elliptique , deux fois plus longue que large, & cinq fois plus courte que l’ou- verture de la coquille. Sa furface extérieure eft coupée par huit petits filions courbés en arcs , dont les cornes regardent le fommet de la coquille. _ • 1 1 r L’ufage ordinaire des opercules eft de couvrir Fanimal lorl- qu’il eft entré dans fa coquille, & de la boucher exactement; mais il faut croire que la nature a eu d’autres vues en en don- nant à celui-ci un fi petit qu’il peut à peine couvrir la cin- quième partie de l’ouverture de la fienne : il s applique tou- jours dans l’angle inférieur de cette même ouverture. “ Le pied de cet animal eft couleur de chair, mais un peu fale. Sa tête & le tuyau du manteau font noirâtres en delTus & blanc-faîe en deffous. L’opercule eft brun. Ce coquillage eft fort commun fur la côte du Sénégal , fur- tout les variétés appellées les Speélres , la Guinée , & la Tinne de Beurre. On en voit quelques-unes fur la pointe méridio- nale de Fifte de Gorée; mais elles font communes au-delà de i’expreffion dans cette traînée de roches que fait le cap Ber- nard en avançant dans Fanfe de Ben , a une lieue de 1 me de Gorée. 2. L E M É L A R. PL Rhombus cylindro pyramidalis , ftriis capilîaceis punftatifque circum- fcripms, ciaviculâ integra. LiQ. hijl. Conchyl. tab. 75 y J‘§' 1' , Rhombus cylindro pyramidalis, ex rufo nebulatus , ftriis capiiiaceis do- narus, ciaviculâ fulcatâ. Ejufd. ïbid. tab. 7(^0. fig. 6. ■Voluta Tigerina. Rumph. Myf. pag. lo^.art. tab. fig- • Cylindrus Moluccenfis, crafliis , carnens , fafciis capiUaceis tuicis. t'etiv. Gü'^oph. vol. 2. cat. 245. tab. 98. j%. 9. 1 r f; c Rhombus defpoliarus leviter. //zjZ. Conchyl. pag. 28;. tab. 16. Jig. Rouleau qui par fon fond couleur de chair, approche de la couleur d une 4 OPERCULÉS. çj Ecorchée dont il a pris le nom. Ce fond eft traverfé de grandes taches brunes, & rayé par-tout légèrement. Ejufd. ibid.pag, 285. ^ Cochlea longa pyriformis intorta , integra , bah fulcara , ftriis minimis donata , ex albido purpurafcens; colore helvaceo, feu rufo nebulata. Gualt. Ind. pag. & tat, xG. litt. D. Conus VolutaTygerinaj bafeos muricaræ anguftioris -, fpiris fulcatis-, ven- tre longo , fubtiliter ftriato , nubeculis caftaneis , fæpè nigricantibus , fuper albo & rubenti-, Rumphii. Klein, tent, pag. 'ji.fpec. 2. n. 2. Cette fécondé efpece de Rouleau que j’appelle Mélar,fe plaît auffi fur les rochers du cap Bernard. L’animal ne différé du précédent qu’en ce que fon pied Animal. eft auffi long que fa coquille. Sa coquille a une fois plus de longueur que de largeur. Coquille. & fon grand diamètre eft de deux pouces & demi. Elle n’a que dix fpires parfaitement femblables à celles de Spires, la première efpece; mais elles font traverfées par un grand nombre de petits filets très-ferrés. On compte depuis quatre- vingt jufqu’à cent de ces filets dans la première fpire. Le Sommet. Commet a deux fois plus de largeur que de longueur. La longueur de fon ouverture eft feptuple de fa plus grande Ouverture, largeur. Cette coquille eft quelquefois d’un beau blanc , & fouvent Couleur, couleur de chair, marbrée de grandes taches brunes non in- terrompues dans quelques-unes , & divifées en trois bandes dans d’autres. C’eft de-là qu’elle a pris fon nom d’Ecorchée, nom fous lequel elle eft connue dans la plûpart des cabinets. 3. LE T I L I N. P/. Cylindroides colore fulvo dilucido tinârus, &c fquamis fanguineis deco- rarus. Bonan. recr. pag. 128. claff. 5. n. \^6. Cylindrns alius ladeo colore circum reétus, fuperficie prope bahm in pin- nulas definente candidâ , intus autem violaceâ. Ejufd. ibid.p. 16^5. n. 3(^5.. Rhombus cylindro pyramidali fimilis paulb coloratior , riétuque ferè toto violaceo; ex infiilâ Mauritii. Lift. hijl. Conchyl tab. j^S.fig. 3. Rhombus parvus cylindro pyramidalis, ex rufo minutiffimis maculis re- ticulatus & fafeiatus. Ejufd. ibid. tab. j%Z.fig. 41. Cylindroides colore fulvo dilucido tinétus ôc fquamis fanguineis deco- ratus. Muf. Kirk. pag. 457. n. i^G. Cylindrus abus laéfeo colore circum teiftus, fuperficie prope bafim in pin- pulas definentecandida, intùs autem violaceâ. Ejufd. r. 471. n. 3 <55. M ij Coquille. Sj iras. Sommet. Caverture. Couleur,. A N T M A L. Pied. Opercule. 92 COQUILLAGES Voluta duabiis zonis reticulatis variegata. Hiji. ConchyL pag. 278. tab, i 5. Joli Cornet blanc , avec deux zones formant des réfeaiix jaunes. Ejufd. ibid. pag. 281. Conus bafeos lævisj fpirisbafeos toroidibus, oreextremo violaceo , Lifteri, Klein, tent.pag. ô^.fpec. i.n. 4. h. Conus fafciata pennata •, coloris fulvi dilucidi , fuper fafciis ; maculis cruentis, velut fquamis decorata , Bonanni, Ejufd, pag. Gj.Jpec. i. n. 10. Conus fubrufa fafciata ^ zonis anguftis ex albo & nigro tefifellatis. Ejufd, pag. 6c).fpec. 30. La coquille du Tilin a deux pouces de longueur , & une largeur prefqu’une fois moindre. Ses dix fpires font un peu renflées & arrondies. Les neuf d’en bas portent fur leur convexité plufieurs petits filets qui tournent avec elles. Par leur réunion elles forment un fom- met un peu convexe, affez élevé, une fois plus large que long, & trois fois plus court que la première fpire. Celle-ci efi lifle, unie,& s’arrondit un peu en fe repliant en bas fur le fommet. L’ouverture n’a que cinq fois plus de longueur que de largeur : elle eft affez étroite & aiguë dans fon extrémité in- férieure. Le fond de la couleur de cette coquille eft brun, jaune ou blanc. Celles qui font brunes foulFrent rarement le mélange des autres couleurs. Les jaunes ou les blanches font entou- rées de deux bandes formées par un réfeau dont les filets font bruns, ou rouges, ou noirâtres , les mailles reftant jau- nes ou blanches, comme le fond fur lequel ce réfeau eft étendu. Ces deux bandes ne fe voient jamais fur le fommet, mais feulement fur la première fpire 3 la plus large en occupe la partie inférieure, & la plus étroite tourne vers fon milieu. J’ai remarqué que le fond blanc ou jaune des jeunes bru- nit en vieiliiflant, & qu’il eft plus ordinaire aux jeunes qu’aux vieilles d’être violettes dans l’intérieur. Le pied de l’animal eft femblable à celui de la première efpece 3 mais il eft près de deux fois plus étroit que fa co- quille, & coupé en deflbus par douze filions qui s’étendent fur toute fa longueur. Son opercule eft trois fois plus long que large , 8c troi5 fois plus court que l’ouverture de la coquille. OPERCULÉS. 93 Sa tête & fon pied font noirâtres en deffus & en deffous , Couleur. & taches d’un grand nombre de petites lignes cendrées d’iné- gales grandeur : fon pied eft encore bordé au-devant d’une bande couleur de rofe. Ses cornes & fon tuyau font couleur de chair pâle, & traverfés par de petites raies brunes. On trouve ce coquillage très-abondamment au cap Ber- nard, au cap Manuel & aux Ifles de la Magdelaine. 4. LE M A F A N. P/. J’ai rencontré , mais plus rarement , dans les mêmes en- droits cette quatrième efpece, à laquelle j’aurois confervé fon nom d’ Amiral , fi ce nom n’eût appartenu depuis long- tems à une efpece de Papillon dont la chenille vit fur l’or- tie (i). Rhombus Indicus albus , fafciis flavis & inxznàns.Petiv. Ga\oph. vol. 1, cat. 51 Z. tab. ij.fig. ii. Voluta Arciiithalafllîs fecundus. Hijl. Conchyl, pag. 179, tab. i yfig. H. Cornet Vice-Amiral , dont les fafcies marbrées de taches blanches fur un fond jaune , forment un très- beau compartiment; ces fafcies imitent les banderolles des vailfeaux ; fa tête eft très-bien marbrée & fort élevée pour un Cornet. Ejufd. ibid. pag. z8i. Voluta Archithalaffus primus. Ejufd. ibid. pag. 279. N. Cornet Grand-Amiral , qui ne différé du Vice-Amiral que par une ligne ponduée , qui fe trouve au milieu de la grande fafcie jaune. Le com- partiment de la robe & de la tête de l’Amiral eft infiniment au- deffus de celui du Vice- Amiral; c’eft une coquille des plus rares. Ejufd. ibid,. pag, z8i. Cochlea conoidea^ albida, colore luteo radiata, vel nebulata , & quafi fafciata, pundata, obfcurè ftriata ; apice ftriis bullatis exafperato. Gualc. Ind.pag, à tab. 20. litt. F. Cochlea conoidea , rnucronata, lævis, crocea , tribus fafciis candidis, no- tulis rubris nigricantibus undatim depidis elegantillimè circumdata. Ejufd. ibid. litt. G. ■ .j Cochlea conoidea, rnucronata, lævis, colore luteo, vel ex luteo rufef- cente depida , duabus fafciis candidis cinda. Ejifd. ibid. litt. J. L’animal relfemble à celui de la troifiéme efpece , à la cou- Animal. leur près, qui eft très-blanche. Sa coquille a une fois & un peu plus de longueur que de Coquille. largeur : la plus grande que j’aie trouvé eft d’un pouce & demi, (i) Voye^i_ le Fauna Suecica de Linnæus. N®, 777, Spires, Sommet; Ouverture. Couleur, 94 COQUILLAGES On y compte onze fpires légèrement renflées, & entourées de filions affez profonds , qui font au nombre de vingt dans la première fpire, & fort écartés les uns des autres. Cette fpire eft prefque plate , & forme un. angle affez aigu en fe repliant dans fa partie inférieure. Elle a près de quatre fois plus de longueur que le fommet: celui-ci a une fois plus de largeur que de longueur. L’ouverture reffemble à la précédente , mais elle n’a que quatre fois plus de longueur que de largeur. C’efl cette efpece qui fournit les Amiraux, les Vice-Ami- raux, &les coquilles les plus eftimées, tant pour la forme, que pour la richeffe & la netteté des couleurs. Leur fond eft toujours d’un très-beau blanc, coupé par des marbrures d’un beau jaune doré, divifées en deux ou trois bandes, Lorfqua ces bandes font fîmples, elles forment les Vice-Amiraux; lorfque les deux d’en-haut font partagées par une ligne ponc- tuée , elles donnent cette belle variété qu’on appelle Amiral ou Grand-Amiral, & leur réunion produit l’Extr’ Amiral. 5. LE C O U P E T. P/. Cylindrus Indicus, niveo candore teârus, & quadratis noîulis piceis ità teffêllatus, ut ex eben.o, & ebore compofims yideatur, Bon, recr. pag. iz8. clajf. 5. n. itt. Cylindrus candidus fafciculis piceis fegmenratus. Ejufd. ihid. pag. 129. n. I 3 8. Rhombus albus cylindro pyramidalis, ex nigro rufefcentibus maciilis un- datis circumfcriptus *, ex infuiâ Mauritii. Lifi., hifl. Conchyl. tab. 775?. jîg. 25. Rhombus parvus cyiindro pyramidalis, maeulisex rufo nigricantibus un- datim depidus -, ex infuiâ Mauritii. Ejufd. ibid.fig. 16. Muhca rufticoi'um. Rumph. Muf. pag. 106. an. 19. taf B. B. ^ Cylindrus Indicus , niveo candore tedus , & quadratis notuiis piceis ità relïèllatus , ut €X ebeno , & ebore compofîtus videatur. Muf. KirL pag. 457. 12.8. Cylindrus candidus fafciculis piceis fegmenratus, Ejufd, ihid. n. 138, Rhombus Indicus albus minor , pundis nigris quadrangulis macularus. Betiv. Gayytph. vol. 2. cat. 257. tab. 99. fg. Cornet bariolé de petits filets bruns, fur un fond blanc. Hijt. Conchyl. pag. %%Q. pl. fig’B. Voluta Hebraica. Ejufd. pag, zyS.fig. G. Volute appellée i’Hébraïque -, elle doit ce nom aux taches noires répan- OPERCULÉS. éijes fui- fa robe blanche ; ces taches imitent aflTez bien les caraderes hébraïques. Ejufd. ibid. pag. 281. Cochlea longa pyriformis vulgaris , lævis , candida , maculis helvaceis undatim fignata. Gualt. Ind. pag. & tab. 25. ütt. Q. Cochlea longa pyriformis vulgaris, lævis, candida, laris maculis irregu- laribus ex nigro rufefcentibus feriatim difpofitis circumdata. Ejufd. ibid. litt. T. Conus mufîca rufticorum ; tora rubra , maculis nigris quadratis j Rumphii, Klein, tent. pag. 6^. fpec. i. n. ix. ^ » éloigné le plus cette efpece des deux precedentes. Coquille, c elî la forpie de la coquille, qui fur un pouce ôc demi de longueur, n’a que moitié moins de largeur. Elle ne porte que huit fpires aflez applaties , dont la première ell environ- Spires; nee de plufîeurs filets peu apparens, & à peine trois fois plus longue que les autres qui forment le fommet. Celles-ci font releyees de quelques boifettes alfez fenfibles. L ouverture reflembîe a la precedente ; mais la première Ouvertures ipire qui la forme s’arrondit en fe repliant fur le fommet à fon extrémité inferieure. Le fond de cette coquille efi: quelquefois blanc, quelque- CouW fois couleur de chair, & prefqu’entierement couvert de ban- des brunes tirant fur le rouge ou fur le noir. Ces bandes font onde'es & s’étendent fur toute fa longueur ; mais elles fe di- vifent pour l’ordinaire en plufieurs grandes taches quarrées difiribuees fur quatre ou cinq lignes qui tournent avec les fpires. C’efi: de la difpofition de ces taches que quelques-uns lui ont donné le nom de Mufique, & c’eft à caufe de leur figure que d’autres l’ont changé en celui d’Hébraïque. Ce coquillage efi rare au Sénégal : on le voit cependant quelquefois aux ifies de la Magdeiaine, & dans les brifans de Rufisk. le C h O T I N. P/. (î. Turbo levis quartus intra fpongias vivens. Aldr.exang,p.^^c),Jig, > La coquille du Chotin efi à peu près de même longueur Coquille. que la precedente, mais beaucoup plus étroite. Elle repré- fente un ovoïde pointu aux deux extrémités, & dont la lon- gueur furpalîe une fois & demi la largeur. J ^ compte dix fpires , dont la première efi peu renflée. Spire». Ime, urne, 6c une fois 6c demie plus longue que les neuf au- Couleur. N I M A L. Pied. Opercule. Couleur. COQUILLAGES très qui forment le fommet. Celles-ci font applaties & lëge- rement fillonnëes. Le fommet a moitié moins de longueur que de largeur. ^ • 1 1 o Le fond de fa couleur eft quelquefois blanc , & recouvert d’un rëfeau fin à fils jaunes j quelquefois il eft fauve & tra- verfë par une ligne blanche qui tourne fur le^ milieu de la première fpire ; mais il lui eff plus ordinaire d etre verd ou, de couleur olive j avec quelques marbrures blanches. Le pied de l’animal eft femblable à celui de la premiers efpece, mais une fois plus court que fa coquille. Son opercule reffembleacelui de la troifieme efpece. Le deffus de fon pied & le tuyau du manteau font noirs. Sa îête^fes cornes & le deflbus du pied font d une couleur de chair pale, pointillëe de blanc. . j i Cette efpece eft fort commune fur tous les rochers de la côte du Sënëgal. 7. L E L O M A N. FL 6, Codilea cylindroides altéra. Aldrov. exang. pag. Cylindrus Turcicam veftem atralicâ manu pidam oftentans , finuolis piduris & mæandris, quos aureus colpr cum albo , de ianguineo confufus efFormat, interdùm quafi fquamis tedus. Bonan. recr. pag. 12. 9- elajf. •/•r Rhombus major cylindro pyramidalis ex rufo vermiculacus -, ex inlula Mammï. Lift. hijl. Conchyl. tab. j'èS. fig. ^o. Voluta pennata , attagenata. Rumph. muf.p. io^. arc. 10. tab. ji.fig. B. Cvîindrus Turcicam veftem attalicâ manu pid.am oftentans , finuolis pic- tuns & mæandris , quos aureus color cùm albp, ^ con- fufus efformat ^ interdùm quafi fquamis tediis. MuJ. Kirk. p. 457- Rhombus Tuiipa. Hifi. Conchyl. pag. pL 16. Jig. B. kouleau trèa-rare , marqué de pluf.eurs tache, bleues & brunes traverfees par des lignes & des points fur un fond blanc -, on l appelle la Tulipe. Ejiifd. ibid.pag. 1,85. n v Rhqmbus pannus aureus. Ejufl. pag. 183. jig. L. ^ ^ Rouleau qui par fon beau compartiment dore, a mente le nom de Drap- di 01. Ejufd. ibid.pag. %% s r o ^ j Rhombus pannus aureus fafeiatus. Ejujd. pag. 283. J. _ Rouleau le plus beau, c eft le Drap-d or , non-feulement coipparti te ' toute fon étendue de grandes taches & de lignes aurores fur un fond blanc , comme les draps d’or ordinaires , mais fafcie en deux endroits par des marbrures plus ferrées, dans lefquelles on apperçoit un peu de bleu. Ejufd. ibid.pag. 185. Cochlea " OPERCULÉS. 97 Co.chlea îonga pyriformis vulgaris , umbonata , lævis, ex albo , fulvo can- dido J auL'eo , & fubrubro colore variegata , lineata rnaculata. Gualc. Ind. pag. & tab. 25. litt. J, Cpchlea Ionga pynl:ormis vulgaris , lævis , candidiflîma , maculis croceis lacis depiéta, ex rubro fufco colore reciculata, lineata, & fplendi- diffime vermiculata. Ejufd. ibid. litt. A. A. • L’animal du Loman relTemble en tout au précédent, ex* cepté par fa couleur qui eft jaune, aulïî pointillée de blanc. La coquille eH auffi de meme forme, mais feulement une fois plus longue que large. Les plus grandes que j’ai vû ont a peine deux pouces de longueur. Elles font lilfes, unies & d un très-beau poli. Le fommet eft deux fois plus court que la première fpire, & une fois plus large que long. Le fond^ de fa couleur eft un beau blanc , fur lequel s’é* tend un réfeau brun , à mailles anguleufes de dillérentes granÿurs. Ce tiftu eft interrompu par quelques marbrures qui font donner à cette coquille le nom de Brunettc lorf- qu elles font^brunes, & celui à^Tulipe quand elles font poin- n ees & melees de bleu. Quand le releau & les marbrures font orangés, on l’appelle &c’eft le Z)/up-ti’or iotlqu ils font d’un beau jaune d’or. On la trouve, aftez rarement, auxifles de la Magdelaine, 8. L E S A L A R. PL 6. ’ Cette derniere efpece que j’appelle Salar, eft auffi rare que la precedente, & fe rencontre avec elle aux ifles de la Mag- delaine. ° Cochlea Geographiçam Tabulam repræfentans : in ejcis enim teftâ albâ, ica difponunuir maculæ , & iineolæ fucvæ , uc Provinciæ , & Regio- nes in Tabula Geogcaphicâ indicantur. Bonan. recr. pag. 1 <7. claff.z. num. 319, I O J ! JJ RJio.mbus maximus , ex rufo vermiculatus , claviculâ mucicatâ ; ex infulâ Mauricii. Lifl. hijl, Conchyl. tab. jyj.Jîg. 41. Voluca Nubeculæ. i?«TO/7A. muf. pag. 10^. art. G. tab. ^i.fig. G. Cochlea Geogi-aphicam Tabulam repræfentans : in ejus enim teftâ albâ, ita dilponiintur maculæ, & iineolæ furvæ , ut Ptovinciæ , & Re^io- nés in Tabulâ Geographicâ indicantur. Muf. Kirk. pag. 470. n. 3^1 9. Cylindrus Moluccenfis, lævis, ex rafo al.boque marippratus. Petiv. Gar, vol. 2. cüt. 244. tab. ÿ^.fg. ‘ N Anima l.. Coquille. Sommets Couleur. Animai.. Pied. Ojiereuie. Coquille, Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. ç)8 COQUILLAGES Cochlea cylindroidea iimbonata lævis nitens,ore elongato anguftiore, Lang. meth. pag. i6. RhombuSj textile -fericum, Hijl. Conchyl. pag. zSj. pL i6. fig. A, Rouleau appelle le Brocart de foye il imite par fa bigaruue brune fur un fond blanc. Ejnfd. ibid. pag. Cochlea longa pyriformis intorta , integra j niucronata , bafi muricata , ex fufco macLîlata & vermicuiata. Gualt. Ind. p. & tab. x&. lut. E. Nubecula; Tabula Geographicaj fuper tefta alba, maculas & lineolasfur- vas , velue Regiones in Tabulis Geographicis habet difpofitas j Bo- nanni. Klein, tent.pag. ~j6, jp^c. y .a Nubecula quæ Rhombus maximus ex rufo vermieularus^ claviciila mu- ricatâ 5 Lifteri. Ejnfd, ibid. Jpec. 4. Le pied de ranimai eft auiïi long & prefqu’auffi large que fa coquille. Son opercule eft beaucoup plus petit que dans toutes les autres efpeces. Il n’a que la huitième partie de la longueur de l’ouverture de la coquille. Du refte il reffemble affez a la lîxiéme efpece. Sa coquille a un peu plus de deux pouces de longueur, & une fois moins de largeur. Elle eil: aflez mince , a peu près cylindrique, obtufe à fon extrémité fupérieure , & pointue par le bas. . . - r On n’y compte que huit fpires, dont celles qui forment le fommet font un peu renflées ou relevées d’une petite côte au-deffus de leur milieu. ... Le fommet reffemble à celui de la première efpece j mais la partie inférieure de la première fpire, l’endroit ou elle fe replie en deffous, eft relevé de feptàhuit tubercules qui de- viennent infenfibles dans les autres fpires. L’ouverture eft plus évafee que dans les autres efpeces . fa longueur furpaffe à peine trois fois fa plus grande largeun La furface extérieure de cette coquille eft liffe & polie. Le fond de fa couleur eft blanc, ou blanc fale, ou agathe, mar- bré de brun, & taché de petits points bruns plus fonces, rangés fur plufîeurs lignes qui en font le tour. La difpofitioii de ces marbrures lui a fait donner par quelques-uns le nom de Géographie , que d’autres ont changé en celui de Biv- card de foye. OPERCULÉS. GENRE IL 99 LA POURPRE. Purpura. De tous les genres de Limaçons que j’ai obfervës au Séne'- gal, la Pourpre eft celui qui prëfente le plus grand nombre a’elpeces. La forme de leur coquille eft aufti extrêmement varie'e. On en voit de rondes ou prefque rondes, d’ovales & de longues. Les premières ou les rondes, ont rarement des pointes fur leur furface : on leur a donne le nom de Tonnes. Les fécondés ou les ovales , font ou fans pointes ou liériflees de pointes ; dans le premier cas on les appelle Buccins ; & Rochers ou Murex dans le fécond : les troifiëmes ou les lon- gues, font auffi garnies de pointes ou fans pointes j on les con- noît fous le nom de Pourpres. Cette divifion qui eft celle qu’ont luivi les Auteurs qui ont rapprocîië avec plus de fuccès les ef- peces nombreufes de ce genre, eft encore fujette à des defauts eflentiels j parce que n’ayant ëgard qu’à la forme de ces co- quilles, du feul genre des Pourpres ils en ont fait quatre, auxquels ils ont rapportë beaucoup d’efpeces de coquillages fort différons, & même plufîeurs de ceux qui n’ont point d’opercule. ConnoilTant les coquilles de ce genre par les animaux qui les habitent, il ne nous fera pas difficile de les ranger; &: pour en rendre les rapports plus facile à faifir, je le diviferai en fept feëlions tirëes de la forme du canal fupërieur de leur ouverture. C’eft prefque la feule partie de la coquille qui foit conftante, quoique fujette elle-même à quelques lëgeres variëtës dans fes diftërens âges. Ces feëtions renfermeront : I®. Les Pourpres à canal court , ëchancrë & fimple: telles font les efpeces 1,2,3, 4, 6. 2°. Les Pourpres à canal court, ëchancrë & replie en de- hors : comme dans les efpeces 7, B, 9, 10 & ii. 3°. Les Pourpres à canal mëdiocre, non ëchancrë : telles font les efpeces 12, 13, 14,1^, 16, 17 & 18. 40. Les Pourpres à canal très-long; telles font les efpeces 19 & 20. 5'^. Les Pourpres à canal long ^ & ferme comme un tuyau ; telle eft l’efpece 21, N ij Coquille. 100 COQUILLAGES 6°. Les Pourpres à canal médiocre, fort refferré, Sc pref' que fermé : telles font les efpeces 22 , 25 & 24. 7”. Enfin les Pourpres à canal évafé : telles font les efpe^ ces qui fuivent depuis le 11°. 2^ jufqu’aü n®. 3^. Cette divifion n’eft, pour ainii dire, qu’accelToire à celle que j’ai faite des efpeces de ce genre , confidérées & rappro- chées par la figure de leurs animaux j & fi je lui ai donné la préférence , c’eft parce qu’elle fera d’un ufage plus fréquent & plus utile à ceux qui veulent connoître les coquilles dont ils n’ont pas encore vu les animaux. Elles font d’ailleurs toutes deux parfaitement femblables en ce qu’elles réunifient les mêmes efpeces. L’une fait voir d’abord les animaux dont les yeux font placés au milieu de la longueur des cornes , elle préfente enfuite ceux qui les ont placés un peu au-delfous, & enfin ceux qui les portent au-deSus du milieu des mêmes cornes. L’autre divifion qui regarde les coquilles, commence par celles dont l’ouverture eft ovale ou demi-ronde, les ron- des viennent enfuite , & elle finit par celles qui font fort allongées. s /O. POURPRES A CANAL COURT, ÉCH ANCRÉ ET SIMPLE. I. LE S A K E M. PZ. 7. Turbo mudronibus afper j qui binos circulos in maximo orbe effingunt ; carneo colore in facie interna , helvaceo in externâ pidlus. Benan. recr. pag. 16^3. clajf. "y^n. ^4-6, Turbo mucronibus afper,. qui binos circulos in maximes orbe efiingunt:; carneo colore in facie interna ,, helvaceo in externâ pibhis, MuJ^ Kirk. pag. 472. n. 345. ’Cochlea' canalicuiata febt'a crafîîor vulgaris, mucronata , ftriata ac fini- briata, canalicuio rugofcrSc quafi in fecontorto, muernne tubetofcj.. ‘ Lang, meth.- pag. Ï4. La coquille de cette première efpece eft ovoïde , obtufe & arrondie par le haut, & pointue par en bas. Sa plus grande longueur eft de trois pouces & quelques lignes , & furpaffe de moitié fa largeur. Elle eft médiocrement épaifiTe & compofée de dix fpires im peu renftées dans leur milieu, & bien diftinguées par uii Spires. OPERCULÉS. loi filîon profond qui les fépare les unes des autres. La première ell prefqu’une fois plus longue que les neuf autres qui for- ment le fommet. A l’exterieur elles font toutes coupées par- un grand nombre de filions qui tournent avec elles : on en compte vingt-lix ou vingt-fept dans la première fpire, douze dans la fécondé, & beaucoup moins dans les autres. Chaque fpire eft encore élevée vers fon milieu , d’un rang de boifettes qui en font le tour : il s’en trouve quelquefois deux rangs dans la première fpire, mais elles font placées vers fi par- tie inférieure, & ce qui paroît en relief au dehors, efi en creux au dedans. L ouverture efi; grande, ovale ou elliptique, arrondie par le haut & aiguë vers le bas. Sa longueur efi: double de fa largeur. EUe efi; un peu oblique à l’axe de la coquille, & echancrée à fon extrémité fupérieure en un canal fort court, ^ un peu plus de profondeur que de largeur. Son ex- trémité inférieure efi auiîî echancrée, mais d’une maniéré peu fenfible. La lèvre droite efi mince & tranchante : on remarque au- dedans vingt-fix ou vingt-fept petites canelurespeu élevées, & qui viennent fe terminer en autant de petites dents rangée-s fur fes bords. Ces canelures répondent aux vingt-fept filions que j’ai dit qu’on appercevoit en creux au dehors de la pre- mière fpire. La lèvre gauche efi renflée, arrondie, lifle, unie, creufée en arc vers fon milieu, & comme recouverte d’une lame rougeâtre, extrêmement mince, & d’un poli parfait. Un peu au-delTus du milieu de fa longueur , on voit un renflement ou bourrelet confidérable & ridé, qui va en ferpentant fe ter- miner a l’echancrure. Ce bourrelet ne fe voit point dans les jeunes, mais feulement dans les vieilles, & il lailfe un léger enfoncement entre lui & la lame polie de la lèvre gauche. Le fommet eft conique , fort élevé , terminé par une pointe très-fine , & une fois plus court que l’ouverture : il a un peu plus de largeur que de longeur. Le périofie qui recouvre l’extérieur de cette coquille efi fort mince 8c peu fenfible. Il femble même qu’il ait été al- teie par la frange & la croûte verdâtre dont elle efi ordinai» rement enveloppée. Ouyerture, Sommet, Pérlofle, Couleur. Variétés. Animal. Tête, Cornes. Yeux, Souche. Manteau. Pied. Î02 coquillages La couleur n’efî; pas la même dans les jeunes Sr dans les vieilles. Celles-ci font cendrees au dehors, blanches en de- dans, & fauves tout autour de l’ouverture. Les jeunes ont le bord interne de la lèvre gauche & leur furface exte'rieure d’un brun cendré , & les boffettes blanchâtres. On obferve encore quelques variétés dans les unes & les autres. Les jeunes font plus courtes proportionnellement a leur largeur , & elles ont deux rangs de boffettes à la première fpire, au lieu que les vieilles n’en ont qu’un rang, du moins auprès de la lèvre gauche. La tête de l’animal qui remplit cette coquille, eft petite eu égard au refte du corps : elle eff cylindrique T. de longueur & de largeur prefqu’égales. De fon extrémité qui paroît comme échancrée & creufee en arc, fortent deux G. G. épaiffes, de figure conique, & près de deux fois plus longues qu’elle. Ces cornes font ren- flées confidérablement depuis leur racine jufquau milieu, & coupées en deffous par un fillon qui en parcourt la lon- gueur. C’eft fur ce renflement que les yeux Y, Y. font places au milieu de la longueur des cornes &: à leur côté extérieur. Ils font noirs , fort petits & femblables à deux points qui ne faillent point au dehors. . La bouche fe fait reconnoître par un petit trou ovai B, ouvert tranfyerfalement au deffous de la tete vers le milieu de fa longueur. Il y a apparence qu’elle renferme une trompe ou une lanf gue en forme de tuyau, comme il eft ordinaire a la plupart des efpeces de ce genre i mais je ne dois point en parler, n’ayant pas été affez heureux pour la voir fortir, ^ Une membrane peu épaiffe tapiffe les parois intérieures de la coquille, fans s’étendre au dehors, & fert de manteau à l’animai. Ce manteau eft ondé & comme légèrement frile fur fes bords : à fa partie fupérieure il fe replie en un tuyau K. qui fort d’une longueur égale à la fixiéme partie de la cor quille par fon échancrure fupérieure , & qui fe rejette fur ia gauche, _ Le pied P. eft un gros mufcle elliptique, obtus a les ex? trêmités, une fois plus long que large, 8f près de moitié plus OPERCULÉS. 103 court que îa coquille. On remarque en deffous deux filions, dont l’un S. le traverfe à fon extrémité antérieure , pendant que l’autre G. parcourt fa longueur, en croifant le premier à angles droits. Le refie de fa furface efl encore coupé d’un nombre infini de petits filions longitudinaux. Lorfque rani- mai marche , ce pied cache la tête en deffous & une partie des cornes , comme on le voit dans la première figure de la planche. Un opercule mince & cartilagineux O. efl attaché entre le manteau & le pied de l’animal , un peu au-deffous du mi- lieu de fa longueur. Il a la forme d’une demi-lune. Sa lon- gueur efl double de fa largeur , & une fois moindre que celle de l’out^erture de la coquille. Il la bouche cependant très- exaélement, en rentrant avec l’animal, 3 ufqu’au milieu de la première fpire qui fe trouve beaucoup rétrécie dans cet endroit. Sa furface efl lifîé, d’un brun noir, 8c marquée de cinq filions légèrement creufés en arc , dont les cornes font tournées en haut. Les deux fexes font fort bien difiingués dans ces animaux. Il y a des mâles & des femelles. Les premiers fe peuvent re- connoître à la forme de leur coquille , qui efl moins renflée 8c qui porte un plus petit nombre de boffettes : au refie, ils laiffent fortir de tems en tems, vers la droite, une verge fem- blable à une languette triangulaire & applatie , qui feule fuffit pour les caradlerifer. Tout le corps de l’animal efl cendré-noir en deffus , & blanc-pâle en deffous. Ce coquillage efl fort commun fur les rochers de l’ifle de Corée. Les nègres des environs l’appellent Sakem , en ap- puyant un peu fur îa derniere fyllabe, comme s’ils difoient Siikmm. Ils le mangent cuit fur les charbons. Sa chair efl blanche 8c affez tendre. 2. LE L A B A R I N. PL j. Biiccinum breviroftrum muricatiim , labro dentato, orè ex purpura leviter rindoj claviculâ brevi. Liji. hift. Conchyl. tab. 95 y fig. 6. Buccinum breviroftrum muricatum , ore ex purpura nigricante, dentato, Ejufd. tab. 956. fig. 7. Buccinpm breviroftrum aculeatum, ore fubluteo, claviculâ fubitâ &c aca- tâ. Ejufd, tab. 9, Opercule Sexe, Couleur, 104 COQUILLAGES Buccinum breviroftrum labrofum , çrafTum ore fubcroceo, muricaturn j roftro umbilicato. Ejufd. tab, 590. 51. Buccinum breviroftrum labrofum , crafîum , variegatum , unico ordine clavatum. Ejufd. tab. 52- Buccinum Madrafpatanum nodofum ftriis fafciatis. Petiy. Ga'^oph.vol. i. cat. 19 3. tab. 10. Gülea muricatajquæ Buccinum breviroftrum rauricatum , labro dentato 5 ore ex purpura leviter Einâ:o •, claviculâ brevi , Lifteri. Klein, tent, pag. i)%.fpec. 3. n. 3. Galça muricatas ore fubcroceo , roftro umbiliçaco. Ejufd. ibid. n. §. Coquille. L’animal du Labarin eft femblable au precedent 3 mais fa coquille eft infiniment plus épaiffe que la tienne , & que celle de toutes les Pourpres que j’ai obfervees au Sénégal. Elle efl prefque ronde , longue de deux pouces au plus , & un quart moins large. Spires. Elle n’a que cinq a fîx tours de fpirale. La première fpire porte vingt à vingt-cinq filions 3 mais elle eti; ornée du haut en bas de quatre rangs de boffettes qui font enfermées entre deux bourrelets fort gros. Le bourrelet d’en haut prend fon origine un peu au-deffus du milieu de la lèvre gauche de l’ouverture , & faifant un demi-cercle va, fe terminer à fon échancrure fupérieure. Le milieu de ce bourrelet laiffe entre lui de la lèvre gauche un trou ou follette alTez grande, qu’ori peut appeller l’ombilic. Le bourrelet inférieur reffembk à une fraife fort irrégulière , qui ceint la bafe de la premiers fpire. Sommet. Le fommet a une fois plus de largeur que de longueur. Ouverture. L’ouverture n’a que vingt à vingt-cinq dents à fa lèvre droite, & fon canal fupérieur a, une fois plus de profondeur que de largeur. Couleur. Cette coquille efl ordinairement couverte d’un limon ver- dâtre. Lorfqu’on l’en a dépouillée , on voit que fa couleur naturelle efl blanc-de-lait. Dans les jeunes il n’y a que la première fpire qui ait cette couleur 3 les autres font brunes ou fauves. Variéiis. Les variétés auxquelles ces coquilles font fujettes , con- fiflent en ce que les quatre rangs de boffettes fe reduifent à deux ou trois dans les unes , à un feul dans les autres. Dans les jeunes le bourrelet inférieur efl moins apparent: le bour- relét fupérieur èfl aufïi bien moindre 3 il prend fon origine un OPERCULÉS. ïoj un peu au-deffus du milieu de la lèvre gauche de l’ouver- Fure. Ce coquillage fe trouve abondamment dans la riviere de Gambie, autour de Fifle James & aux environs d’Albreda, dans les lieux remplis de rocaiiles , de toujours baignés par les eaux falées de la mer. LE P A K E L. F/. 7. Cochleà cinerea, in dorfo tonfillas nigricantes geftiens j ore valclè expan- fo, & apertOj labris carneis , parte intima cinerea , fafciis violaceis fignata. Bonan. recr. pag. 16^. clajf. 3. n. 568. Buccinum breviroftrum , labrofum craflTum , nodofum , columellâ latâ pla» nâ-, Barbadenfe. Lijl. hijl. Conchyl. tab. fig> 49- Buccinum majus, canaliculatum , & fulcatum, ftriatum, papillofum, la- bio externo fatis patulojôc minutifllmè dentato, interno veto re- pando, & in fummitate quoque dentato , fafciis aibidis, & piceis lucide depiftum. Gualt. Ind. pag. & tah. 5 1. litt. E. Mamma verrucofa , papillâ prominente , labio oris ad columeilam re- pando J extùs dçnfis yariolis afpera, nigricans , intùs cornea ; Lifteri. Klein, tent. pag. zt. Jpec. 9. La coquille de cette efpece efl; obtufe à fes extrémités , & extrêmement applatie de devant en arriéré. Sa longueur efl: d’environ deux pouces, fur une largeur moindre de moitié. Elle efl peu épaiffe, mais d’une grande dureté, & formée de cinq fpires fort renflées. La première furpalTe trois ou quatre fois toutes les autres eii longueur. Sa furface extérieure efl: enyi^ ronnée de vingt-cinq petits Allons , & de fix à fept rangs de boffettes pointues. Les autres fpires font nues, Sc fi peu dé- tachées qu’on peut à peine les diftinguer. Le fommet qu’elles forment efl; fort court, obtus à fon extrémité, près de deux fois plus large que long, & trois fois plus court que l’oU'^ verture. L’ouverture efl beaucoup plus grande que dans les précé- dentes, eu égard au volume de la coquille; mais elle con- ferve les mêmes proportions. Le canal fupérieur efl un peu moins profond que large. La lèvre droite reffemble à celle de la première efpece , & elle efl de plus ondée à fix endroits différens, au-delfous de chaque rang de boffettes. La lèvre gauche préfente au dehors une furface très-large Coquillï. Spires. Sommet. Ouverture. C'xjiileur. Animal. Remarque. A K I M À L. Opercule. Co QUILLE. Spires. io6 COQUILLAGES & applatie, dont l’extrémité fupérieure , au lieu d’être arron* die en bourrelet, forme une petite côte aiguë & tranchante, dont les bords font garnis d’une douzaine de petites dents. Une croûte tartareufe, tantôt verdâtre, tantôt couleur de chair, couvre ces coquilles. Quand on l’a enlevée, on voit que les jeunes font d’un brun violet, & que les vieilles font marbrées de brun & de verd Au dedans elles font de cou- leur d’azur rembruni. La lèvre gauche de l’ouverture eft fau- ve, & la droite eft violette. L’animal différé des précédons en ce que fa couleur eft plus foncée & tire fur le violet. Son opercule eft auift près de deux fois plus court que l’ouverture de la coquille. Ce coquillage eft affez rare : on le voit fur les rochers du cap Manuel. A la forme applatie de fa coquille , & à la croûte qui la recouvre , on la prendroit au premier abord pour la coquille d’un Ormier. Lorfqu’on prefle un peu l’opercule de cet animal après qu’il eft rentré dans fa coquille, il rend une affez grande quantité de liqueur, qui eft d’abord verdâtre, & qui devient pourpre foncé en fe defféchant. On fçait que cette propriété eft commune à la plupart des efpeces de ce genre. 4. LE S A D O T. PI 7. Baceiniim breviroftrum album, tîenriculo unico ad imam columellam; Anglicum. Lifi. hâjl. Conchyl. tab. 19. Buccinum breviroftrum , fuprà modum craffum, ventricofius , labro den- ticulato 5 Anglicum. Ejiifd. ibid. fig, 18. L’animal du Sadot reffemble à celui de la première efpece ; mais fa couleur eft d’un très-beau blanc fans aucune tache. Son opercule eft oval ou elliptique, arrondi aux extrémités. Sa coquille eft fort épaiffe, de figure ovoïde, pointue aux deux extrémités , longue d’un pouce un quart , & pref- qu’une fois moins large. Elle porte fept fpires peu renflées & peu diftinguées. La première eft environnée de quinze ca- nelures fort peu élevées qui en font le tour. Ces canelures font en petit nombre & encore moins apparentes fur les au- tres fpires. Le fommet eft fort pointu, plus court d’un tiers ou d’uiî quart que l’ouverture, & un peu plus large que long. Sommet. OPERCULÉS. Ï07 L’ouverture eft affez grande au dehors, &: fort rétrécie en dedans par l’épaiffeur confidérabie de la lèvre droite. Elle n’a aucune forte d’échancrure à fon extrémité inférieure, & celle de fon canal fupérieur eft fi peu fenfîble que l’on pourroit rapporter cette coquille aux efpeces 12, 13 , &c. de la troifiéme fedion, defquelles elle fe rapproche beaucoup. Sa lèvre droite efi extrêmement épailfe , tranchante fur les bords , & armée intérieurement de quatre à fept petites dents qui y font difiribuées du haut en bas. La lèvre gauche a un bourrelet médiocre, comme dans la première efpece ; elle eft arrondie de même. La couleur de ces coquilles lorfqu’on leur a enlevé la cralfe verdâtre qui les enveloppe, eft blanche, ou grife, ou cendree, ou jaunâtre. Dans quelques-unes les fpires du fom- met font environnées d’une bande fauve : dans d’autres cette bande eft brune , & fait deux tours fur la première fpire. Plufieurs de ces coquilles ont les canelures écailieufes ou tuiléesjje veux dire, recouvertes de petites lames arrondies & relevées en onglets difpofés de la même maniéré que les tuiles creufes dont on couvre certaines maifons. Ces mêmes coquilles tuiiees n’ont point de dents à la lèvre droite, mais fes bords font ondés & marqués de quinze à dix-huit cféne- lures peu profondes. D’autres n’ont ni les dents ni les cré- nelures ; & il s’en trouve parmi les unes & les autres qui ont un petit ombilic creufé au milieu du bourrelet de la lèvre gauche.^ J’ai une autre variété qui a la coquille beaucoup moins épaifte, & même fort mince relativement aux autres de la même efpece. J’ai obfervé ce coquillage dans le port de l’Orient , à l’iiîe de Ténerif des Canaries, à celle de Fayal l’une des Afores; & je fçai qu’elle fe trouve fréquemment fur toutes les côtes de la Bretagne. S- LE T E S A N. PL 7. Coclilea quafi faniculls fpiflîs cinda, & in fpirarum dudibus diminutis, colore rerreo, & viûlaceo diluto bicolor. Bohan. recr.vap. iiéT. claff. 5. n. 2(î. ^ ^ Buccina quatuor fpirarum dudibus mira naruræ arte eleganter circum- voluta, intus livido colore fubalbida, foris reticularis fafciolis fu- pennduda, inter quas rofeus color rubefcit. Ejufd. ib. p. 1 37. n. O ij 191. ■ W.i/t. Ouverture. Couleur. Variétés. /• t loS COQUILLAGES Buccinum breviroftrum ftriatum fufcum, undatis lineis albis depifturn; , Jamaicenfe. Lijl. hijî. Conchyl. tab. 43* fcochlea pennata. Rumph. muf. pag. 90. art. 3. îab. C. Bia Culit bawang , Malabarorum. Ejufd. ibid. CduJblea quafi ftiniculis fpiffis cindla, & in fpiraruiïî dudibus diminutis, colore terreo, & violaceo diluto bicolor. Muf. Kirk.p. 4^1. n.i^. Cochlea canaliculata introrsùm incurvata umbonata, ftriata fimbriata gio- bofa & in fummitate fuâ fulcata canaliculo ragofo & quafi in fe contotto. Lang. meth. pag. i6. Dolium ftriatum , regularitermaculofum, appellatum. Hlfi. Conch. pag. 300. pi. lo.fig. A. . . Conque Sphérique on Tonne, appeilée la Perdrix, parce qu elle en imite le plumage. Ejufd. ibid. pag. 304. _ •• 1 • Buccinum majus , canaiiculatum , & fuicatum , ftriatum ftriis latis cam- planatis infigniter umbilicatum , maculis fulvidisj & albidis inter- • ruptis in unaquaque fpirâ per feriem fignatum , intus candidum,. Gualt. Ind. pag. & tab. 5 1 . litt. F. ürceus Ote ad canaliculum finuose reffexo j clathratus , quatuor fpirarum , intùs lividus, foris reticulatus , flofculis fuper indudus, inter quos rofeiiscolor rubefcit? Lifteri. Klein, tenu pag. ^^.fpec. 4. n.i. Gâlea ftriata mucrone trocliiformi , fpkis toroidibus-, Bonanni. Ejufd. pag. ^-].fpec. î. n. 5. Semicaflis ftriata, coftofa, mucronata -, Lifteri. Ejufd. pag. Si6. fpec. 1. num. 1. d. Le nom de Perdrix que quelques modernes; ont donné a: cette efpece de Pourpre à caufe de fa couleur , appartient ^ comme l’on fçait, depuis long-tems à un oifeau connu dé- tour le monde 3 c’eft pourquoi je lui ai donné le nom de- Téfan. Sa coquille eft fi mince & fi fragile qu’il eft rare de la trou- ver entière , même fur le rivage fabloneux de Mbao & de Rufiskyoh elle eft rejettée en abondance pendant les grandes marées du mois d’avril. Sa figure reprefente un ovoïde, obtus à l’extrémité fupérieure, terminé en pointe au fommet, ôc dont la largeur eft de moitié moindre que fa longueur , qui excède quelquefois fîx pouces. . Elle a fept à huit fpires renflées, arrondies, & tres-biert diftinguées. _ _ Tout fon extérieur eft lifle, fans périofte, releve d un grand nombre de canelures applaties & fort larges, qui tournent avec les fpires, & qui fe touchent les unes & les autres à fort peu de chofe près. On en compte depuis vingt jufqu’à vingt- OPERCULÉS. Î09 cinq dans la première fpire , huit ou dix dans la fécondé, fept dans la troifiéme , les autres en ont d’autant moins qu’elles font plus proches de la pointe du fommet. Ces canelures pa- roiflent en creux au dedans de la coquille, où elles font fe- parées par un pareil nombre de petites côtes qui font quatre à cinq fois plus étroites qu’elles. Le fommet eft conique , fort pointu , de moitié plus large que long, & une fois & demie plus court que l’ouverture. Celle-ci a deux échancrures comme dans la première ef- pece, mais celle d’en haut eft fort évafée & une fois plus large que profonde j celle d’en bas efl; peu fenfble. La lèvre droite eft mince ^ tranchante, & marquée de plu- fieurs ondes, dont le nombre égale celui des canelures de la première fpire : fon bord eft un peu renflé au dedans. La lèvre gauche eft fort renflée, arrondie, & recouverte d’une grande lame luifante & très-mince. Le bourrelet qui s’élève beaucoup au-deffus de fon milieu , eft creufé d’un pro- fond ombilic , qui eft fermé en partie par cette lame. Quelquefois cette coquille eft entièrement fauve, quel- quefois elle n’a de fauve que la première fpire , pendant que les autres font couleur de chair j mais ordinairement elle eft blanche, & marquée au dehors d’un ft grand nombre de ta- ches fauves, qu’elles couvrent la moitié de fa blancheur. Ces taches font quarrées & difpofées aflez régulièrement fur toutes les canelures, dont elles égalent la largeur. LE M I N J A C. P/. 7. Terria Nautiii fpecies ab Ariftotele prodita. Belom aquati pcLg. 385. Cochlea rugofa &c umbilicata. Rondeh pifc. lib. i. edit. lat.pag. io6i Limaçon ridé ayant un trou comme un nombril. Ejufd, po'iQ'. édit.franç^ . pag. 72. Cochlea rugofa & umbilicata-, Rondeletii. Bojfuet. aquat. pars alt.p. 55,. "" Ge(n. aquat. pag. 287. — — Aldrov. exang. pag. 595. Cochlea rugofa. Jonjl. exang. tah, lo.fig. 9, Cochlea nivea, è papyracea fubftantia vehui compaéla, at non plicarili# femicircularihus canaliculis diftincüa, inter quos ftriæ ferè planæ macuiis flavis teirellata;. Bonan. recr. pag. 1 1 5. claff. 3.0. i6. Cochlea fiiperiori craflîor, eodem modo canaliculata, fimilihufque notis diftinéla, ore valdè labrofo, & valvulis cdronaro, in cujus extremi- tate foramen profundura 3 èSiculo mari. Ejufd. ibid. n. 17. Sommet; Ouveiture. Couleur, ÊOQUILL2. Spires. îio COQUILLAGES Cochlea cum prascedente conveniens in ftrigis 5c macuîis, at bail pia- niore i Indiæ orientalis. EJufd. ibid.pag. wG.n.x^. Buccinum Anipullaceum , tenue, roftro leviter finuofo, ftriis taris , toro- fis, valdè extantibus maculatis circumdatiim ; ex freto Maiava. Lijl, hiji. Conchyl. tab, 15. Cochlea ftriata fivè olearia. Rumph. muf, pag. 50. art. i, tab. ij.fig. A. Bia Minjac Maiabarorum. Ejufd. ibid. Cochlea niyea, è papyraceâ fubftantiâ veluti comp^da, at non plicadli , femicircularibus canaiiculis diftinda, inter quos ftriæ ferè planæ maculis flavis telTeliaîje. Muf. Kirk. pag. 450. n. 16. Cochlea fuperiori craffior, eodem modo canaiicuiata, fimilibufque notis diftinda, ore valde labrofo,& valvulis coronato, in cujus extremi- tate foramen profundum-, è Siculo mari. Ejufd. ibid. n. 17. Cochlea ciim præcedente conveniens in ftrigis & maculis , at bafi pla- niore, Indiæ orientalis. Ejufd. ibid. n. 25. Perdicea Luzonis, globofa, coftis elatis maculatis. Petiv. Gaioph. vol. 2. cat. ij^.mb. ÿ^.fg. II. Cochlea canahcuîata reda craffior vulgaris iimbonata ftriata ftriis canali- culatis, & in fummitate fuâ fulcara canaliculo rugofo 5c quali in fe comono. Lang. meth. pag, 1^. Cochlea canaiicuiata, extrorfum incurvata vulgaris umbonata ftriata, ftriis canaliculatis, & umbiiicata. Ejufd. pag. z6. Tonne chargée de cordelettes , tachetées de jaune fur un fond blanc, H if. Conchyl. pag. pi. zo.fig. C. Cochlea caffidiformis, umbiiicata, vçntricofa, ftriata, ftriis raris elatis ca- naiiculatis, & in fummitate colore fulvido leviter telTçliatis , fubai- bida. Gualt, Ind. pag. & tab, 59. lia. E. Cette efpece que m’appelle Minjae, clu nom malabare que le célébré Rumphe nous a laifTé dans fes écrits, a beaucoup de reffemblance avec la precedente , tant par les couleurs de fa coquille que par fa legereté & fon peu d’epaifleur ; mais fa forme eft prefque ronde. Sa longueur qui efl de deux pou- ces environ , excède à peine fa largeur d’une quatrième partie. Elle eft de plus tranfparente. Elle n’a que £x fpires, qui diffèrent de celles de la prècè? dente en ce qu’elles font diftinguèes par un large & profond canal. Leurs caneiures font plus étroites ^ plus relevées, air rondies & fèparèes les unes des autres par un efpace plus grand que leur largeur. La première fpire en a quatorze, la fécondé en a trois, & les autres beaucoup moins. Ces ca-? nel Lires font en creux dans rmtèrieur de la coquille, & fe% parees par autant de paires de filets ou de petites côtes qu^ égalent leur largeur. OPERCULÉS; ,1, Le fommet efl conique , pointa , mais fort applati , deux Sommet fois plus large que long , & trois fois plus court que l’ou- verture. ^ La/èwe droite de l’ouverture ell un peu plus évafe'e que Ouvem™ la precedente J elle n’a que quatorze ondes fur fes bords. a levre gauche a auffi un ombilic 5 mais il manque dans le plus grand nombre. Cette coquille eft enveloppee d’un périofte affez épais, pm, qui lui communique fa couleur roufsâtre. 'J f'eau Coalom, blanc, tache de quelques points fauves & quarre's,diilribue's luHes canelures a une grande diftance les uns des autres. Cette elpece le trouve avec la precedente. 2°. POURPRES A CANAL COURT, ÉCH A NC RÉ ET REPLIÉ EN DEHORS. 7- LE F A S I N. PL J Spire«, Lijî. hijl. Conchyl. tab. 957. fig. (St. ^ tab. 1005. fig' 7^- Cette efpece fe rencontre quelquefois dans les rochers de la pointe leptentrionale de Tille de Goree. Sa coquille eft encore plus mince & plus fragile que les Coouiu,f deux precedentes , quoique fans tranlparence. Elle n’a pas deux pouces de longueur : fa largeur eft moindre do moitié Elle eft compofee de fept fpires applaties ou fort peu ren- Bees, & diftmguees par un ie'ger fillon. Leur fiuface exté- rieure paroit comme ridée par un grand nombre de petits mets irreguliers, qui s’étendent fur la longueur de la coqLlle. On voit auffi quelquefois un petit bourrelet ou cordon qui traverfe la fécondé fpire. Le fommet relTemble au precedent pour les proportions mais il eft feulement une fois plus long que large ^ ’ L’ouverture différé de toutes celles qui précèdent en qu elle eft moins évafée, & qu’elle a deux fois plus de îon- L’échancrure de fon canal fupérieur mon 11 s profonde que large, repliée fur le dos de la coquille, & recourbee legerement fur fa gauche. On n’ap- Somme?, ce Ouverture. Pérlofte. Couleur. Variétés. A N 1 M Îï2 COQUILLAGES perçoit pas la moindre apparence d’échancrure dans fon ex- trémité inférieure. La lèvre droite eft bordée au dehors d’un bourrelet arrondi & allez épais : on voit quelquefois au dedans une vingtaine de petites dents. ^ a • / ^ La lèvre gauche eft relevée vers fon extrémité fuperieure, d’un & quelquefois de deux bourrelets allez gros &: tans Le périofte qui recouvre cette coquille eft fort mince & fond de fa couleur eft fauve : elle eft entoure'e de quatre à cinq petites bandes blanchâtres, marque^ de plufieurs ta. ches quarrées brunes ou violettes, qui par leur arrangement reffemblent parfaitement à des notes de mulique. On remarque que le bourrelet de la lèvre droite manque totalement dans les jeunes coquilles : elles tranchante fur les bords, & garnie au dedans de dix a douze dents rangées avec peu de régulante. 8. LE S A B U R O N. P/. 7. Buccinum parviim. Rondel, pi/c. edit. lut. pug. 83. Le Cornet de mer. Ejufd. poif. édit franç. pag. 33. Buccinum patvum-, Rondeletii. Bojfuet, aquat. pars. ait. pag. 41. Gefn. aquat. pag. I5 3_, Aldrov. exang. pag. 530. , , -i 1 a • _ Cochlea in parte concavâ candido colore , carneoio in gi iivupe tt^fverris lineis tanquam feaipro incifis rugata pundifque fulvxs afperfaiUlyffiponenfîS. Ponan. recr.pag.iiy cla£. 3. n. lo. Caflis fimbdata ftriata. Rumph. muf. pag. 84. tab. ^^.frg-9- ^ ^ S Méat parte concava colore candido , carpeolo r„ g.bbosa, rnfrpe Snfve^fis lineis tanquam fcalpro incifis rugata, punaifque fulvrs afperra;üiyffiponenfis, Cochlea caffidiformis umbilicata , umbonata, ftriata. Lang. meth. p. 30. Rocher couleur d’agathe , dont les lèvres forment un bourrelet avec une ^ bande ou côte de relief qui rraverfe la coquille dans fon milieu, Lpuis la tète jufqu'à la bafe , chofe très-finguliere & unique. Htjl. CaffisXTau!* cplôft & fuicafâffimbnl maculofai turbine ohin(o-, i^z- culis puniceis fuper coftis 3 Riimphii. /f/em. renf./J. 9 .Jp • i- ^5- L'animal de cette efpece & de celle qui préce'de, ne diÉfd. ■ tent des autres dont j’ai parlé jufqu’ici , qu en ce OPERCULÉS. iij manteau fort un peu fur la lèvre droite de l’ouverture de la coquille. Sa coquille reffemble à celle de la cinquième efpece , par fa forme & par fon peu d’èpailTeur ; mais elle eft beaucoup moins fragile. Elle n’a qu’un pouce &: demi de longueur, & un tiers moins de largeur. Elle eft compofe'e de fept fpires bien renflées & arrondies, mais peu diftmguèes les unes des autres. La furfaceextèiieure de ces fpires eft releve'e d’un grand nombre de petites cane- lures fort ferrées , qui tournent avec elles. On en compte trente-cinq fur la première , douze fur la fécondé , huit fur la troifiéme, & beaucoup moins fur les autres. La première fpire a encore fur fa gauche un bourrelet alfez élevé, qui la traverfe du haut en bas. Le fommet eft conique , pointu , fort convexe , une fois plus large que long, & une fois & demi plus court que l’ouverture. Celle-ci relfemble à la précédente, mais elle n’a qu’une fois & demi plus de longueur que de largeur. Le bourrelet de la lèvre droite eft applati au dehors , Sc arrondi fur fa furface intérieure , qui eft rrdée de vingt-cinq à trente petites côtes tort courtes Su irrégulières. La lèvre gauche eft extrêmement ridée dans fa partie fu- périeure qui forme un bourrelet confidérable. L’ombilic fe trouve caché derrière ce bourrelet, qui fe replie par-deftlis lui avec le canal de l’ouverture. Cette coquille eft fort belle & bien luftrée. Cinq rangs de taches fiuves, quarrées, tournent fur la première fpire, dont le fond eft agathe ou couleur de chair. L’endroit où ces taches rencontrent les deux bourrelets eft brun très-foncé. Les au- tres fpires n’ont qu’un pareil rang de taches. Le contour de l’ouverture eft blanc de lait, & fon intérieur paroît fauve, à caufe de fa tranfparence qui lailfe voir les taches du dehors. Il eft bon de remarquer ici que le bourrelet qui fe trouve fur la gauche de la première fpire de cette coquille & prefque à l’oppofé du bourrelet de la lèvre droite de fon ouverture, a été autrefois le bourrelet de cette même lèvre, pendant que la coquille avoir une demie fpire de moins. C’eft pour cela qu’il n’eft pas toujours placé au même endroit dans toutes P Manteau. Coquille. Spiresâ Sommet. Ouverture. Couleur. Remarque, iï4 COQUILLAGES les coquilles , mais tantôt plus loin, tantôt plus proche du bourrelet de la lèvre droite , félon que l’accroiflement de la coquille eft plus ou moins avancé. J’ai trouvé quelquefois cette efpece dans les fables de l’ille de Corée. 5. LE C O V E T. P/. 8. Turbo Lindofis anfraélibus produbtus , crenulifque tranfverlîs afper, bine à linteo levirer crifparo veluti compofitus , multicolor plerumque , interdùm albus , vel eburneus, vel nigricans , vel fubviridis. Bonan. recr.pag, ixo. clajjl 3. n. 6z. Buccinum breviroftrum cancellatum , densè finuofum , labro dentato -, An- glicum. Liji. hijl. Conchyl, tah. 11. Turbo undofis anfradibus produdus, crenulifque traiifverfis afper, bine è linteo levirer crilpato veluti compofitus, multicolor plerumquè, interdùm albus, vel eburneus, vel nigricans, vei fubviridis. Muf. Kirk. pag. 45 3. 72. 6%. Buccinum Condor oblongum coftacura. Petiv. Ga^oph. voL z. cat. 137. tab. 6^,fig. 8. Buccinum Anglicum marinum cancellatum. Ejufd. ibid. cat. Î6. tab. 75. fig" 4’ Coquillages compris en latin fous les noms de Turbo, Trochus, Bucci- num. Reaumur ^ Mém. Acad. 1710. p. 4^3’ (Figure avec lanimal.) Buccinum parvum pruniforme canaliculatum ftriatum êc fimbriatum. Lang. meth. pag. 33. Buecinum parvum, fulcatum Sc canaliculatum, ftriatum, rugofum, rugis eminentibus , iineis circularibus albidis , &c fufeis obfcurè notatum. Gualc. Ind. pag. & tab. 44. litt. C. Buccinum parvum , fulcatum , & canaliculatum , ftriatum , rugofum , ru- gis granulatis, labro externo dentato fubalbidum. Ejufd.ibid. Buccinum parvum , fulcatum , & canaliculatum , coftulatum , obfcurè ftriatum , ex albido & rufo veluti fafeiatum. Ejufd. ibid. litt. E. Coquille. La Coquille du Covet repréfente un ovoïde allongé, arrondi & obtus à fon extrémité fupérieure, & pointu à l’extrémité oppofée. Sa plus grande longueur eft d’un pouce environ , & double de fa largeur. Spires. Elle eft médiocrement épailTe , &: compofée de huit a neuf fpires prefque plates ou peu renflées , mais bien diflinguées les unes des autres. La furface de ces fpires eft chagrinée par les petits boutons applatis , que forment un grand nombre de canelures longitudinales & tranfverfales , fort ferrées, & qui fe croifent à angles droits. Les canelures longitudinales ou pa- OPERCULÉS. iij rallèles à la longueur de la coquille , font un peu plus confi- dërables que les autres qui la traverfent. Celles-ci font au nornbre de quatorze fur la première fpire, de lîx à fept dans la fécondé, & beaucoup moins dans les autres. Le fommet eft conique , un peu plus long que large , & égal à la longueur de Fouverture. Celle-ci a une fois plus de longueur que de largeur. L’é- chancrure de fon canal fupérieur ed: légèrement repliée, & de moitié plus profonde que large. La lèvre droite ed épailfe, & garnie au dedans d’un rang de fept à neuf dents , dont celle du milieu ed ordinairement un peu plus groflè que les autres : c’ed le petit bourrelet qui la borde au dehors , qui forme les canelures longitudinales dont les fpires font couvertes. Quelques rides & même trois ou quatre petites dents fe font voir dans la partie fupérieure de la lèvre gauche. Elle ed recouverte par une grande lame mince & luifante qui s’étend fur une petite partie de la fécondé fpire. Le bourrelet ed pros & court, placé, vers fon extrémité fupérieure, & re- îeve de quatre ou cinq petites canelures égales. La couleur de cette coquille ed bleuâtre, blanche, brune ou fauve , quelquefois fans taches , & quelquefois avec une bande bleue ou brune qui tourne avec les fpires. Les dents & la plaque de l’ouverture manquent dans les jeunes coquilles. La lèvre droite ed aiguë, tranchante, & ex- trêmement mince. Leur fommet ed aufîi proportionnellement plus court que l’ouverture. Les vieilles diderent pareillement entr’elles : les unes ont les canelures égales , & pour lors leur furface ed chagrinée par-tout également : dans les autres les canelures longitudi- nales font du double plus grofles & plus écartées que les tranf- verfales , ce qui les fait paroître comme autant de côtes, dont le nombre varie entre dix & quinze fur chaque fpire. Ces petites différences ont fait divifer mal-à-propos cette efpece en trois ou quatre efpeces didinguées. L’animal du Covet a le tuyau du manteau auffi long que fes cornes, & dix fois plus épais. Son pied ed égal à la lon- gueur de fa coquille, prefque quarré, de comme frangé ou frifé tout autour. P n Sommet. Ouverture Couleur. Variétés. N î M A L. Couleur. Coquille. Spires, Sommet. Ouverture. Couleur. 116 COQUILLAGES La couleur de fon corps eft blanc-jaunâtre j du relie il ref- femble à la première efpece. J’ai obferve ce coquillage en grande quantité à l’ifle Ténérif des Canaries, & à Payai des Afores. Il ne diliére en rien de celui que l’on trouve fur les côtes de la Méditerranée. 10. LE M I G PL 8. La coquille du Miga ne me paroît figurée dans aucun Au- teur. Elle n’a que neuf lignes de longueur. Ses neuf fpires font arrondies , renflées , & relevées de dix à douze côtes prefque parallèles à fa longueur, couchées ce- pendant un peu fur le côté & de gauche à droite. Elles font encore marquées d’un grand nombre de petits filions qui tournent avec elles , & qui coupent toutes les côtes à angles droits. Ces filions font au nombre de vingt dans la première fpire, de dix dans la fécondé, &c. Le fommet efl; de moitié plus long que large, & de moi- tié plus long que l’ouverture. Celle-ci eft prefque ronde, à pein'e un quart plus longue que large. Elle a dans fa partie inférieure un petit canal fans échancrure, formé par une petite dent élevée fur la racine de la lèvre gauche , qui elle-même n’eft que légèrement ridée vers fa partie fupérieure. La lame qui la recouvre ne s’étend aucunement fur la fécondé fpire. Son bourrelet eft allez lifte & fans canelures. La lèvre droite eft garnie de quinze dents femblables à quinze lonp filets, & bordée d’un petit bourrelet, comme l’efpece précédente. On remarque une grande variété de couleurs dans cette coquille. 11 y en a de blanches, de grifes, de jaunes, de fau- ves , de brunes , de couleur de chair , de gris-de-lin & de violettes. J’en ai même une qui eft d’une belle couleur de pourpre. Il n’y a que celles qui font blanches ou fauves qui admettent un mélange des autres couleurs ; on voit fur quel- ques-unes du brun ou du bleu , diftribué par bandes ou par marbrures. Rien de plus commun que cette efpece dans les rochers du cap Bernard, près de Fifte de Corée, OPERCULÉS. 117 II. LE T O T O M B O. PL S. BucGinum brevi roftriim, columeilâ callosâ, cancelktum, LiJI, hijl. Conch. tab. 97^-fig- ^5- Buccinum brevi roftrum , colamellâ callosâ, undatis ftriis levirer diftinc- turti, è rufo fafciarum. Ejujd. tab. 9ji.fig. ^6. Arcularia minor^teftâ exiguâj mucrone elongatoj coloris cinerei nitentis; Malaicenfibus Bia Totombo didta j nobis Arcularia quia ftramineis ciftulis intexitur. Rumph. Muf. pag. 92. art. 12. tab. i/.fig. N. Buccinum parvum^ fulcarum , & canaliculatum, fubrotundum, cralTum, gibbofum , utroque labio repando , fimbriato & croceo , ex fufco fubalbidum, intùs candidum. Gualt. Ind. pag. & tab. 44. lut. L. Buccinum parvum , fulcarum & canaliculatum , labro interno infigniter repando, externo fimbriato, rugofum,aliquandoftriatumj mucrone coftis, feu rugis perpendicularibus eleganter divifo; aliquando pa- pillis coronato , fubalbidum. Ejufd. ibid. lin. M, N. CaflTis lævis-, Arcularia minor *, teftâ exiguâ -, mucrone elongato j coloris cinerei nitentis. Bia totombo -, Rumpliii. Klein, tent.pag. 9 i.fpec, i . num. 5. Caffis ftriata , columeilâ callosâ ; Buccinum cancellatum minus , Lifteri. Ejufd. pag. si.fpec. n. 10. Cette efpece fe trouve avec la précédente, mais moins fré- quemment. Sa coquille n’a que lîx lignes de longueur, & moitié moins de largeur. Elle ed compofée de fept fpires applaties , mais didinguées' comme par étages, & renflées dans leur partie inférieure. Leur furface ed chagrinée par des canelures qui ne différent de celles du Covet que par le nombre. Il y en a quinze tranf- verfales fur la première fpire , & quatre feulement fur la fécondé. Le fommet ed audî large que long, &: de moitié plus long que l’ouverture. Celle-ci reffemble parfaitement à la précédente. Sa lèvre droite n’a que neuf dents intérieurement , &: elle ed bordée au dehors d’un bourrelet affez épais. Sa lèvre gauche ed recouverte d’une lame arrondie, très- grande, & extrêmement épaiffe, qui enveloppe prefque toute la furface antérieure de la première, fpire. La couleur de cette coquille ed blanche , ou fauve , ou bleuâtre , quelquefois fans taches, ôc quelquefois avec deux Coquille, Spires. Sommer, Ouverture* CGuîeuîi Variétés. îiS COQUILLAGES ou trois bandes brunes qui font le tour des fpires. Lorfqu’elle efl: jeune elle éprouve les même variétés que les deux précédentes. 3^. POURPRES A CANAL MÉDIOCRE, NON ÉCHANÇRÉ. II. LE V O J E T. PL 8. Buccinum. Rondel. Pifc. pars fecunda, pag. 8i.. Operculutn Buccini. Èjufd. ibid. pag. 8^. Le Cor dç mer. Ejufd. Poijf. part. 2. édk. franç. pag. 52, Couvercle du Cor de mer. Ejufd. ibid. pag. 5 5 . Buccinum Rondeletii. Bojfuet. aquat. pars ait. pag. 59. Gefn. aquat. pag. 152. Buccinum villofum Neapolitanum. Colum, aquat. pag. iz & ï4' ( cum animali. ) Buccinum Aiabaftrite hirfuEum Ejufd. ibid. pag. 536’ 57. Biiccina Rondeletii. Aldrov. exang. pag. 325. Operculum Purpuræ, ( id eft, Buccini ) Rondeletii. Ejufd. ibid. pag. 34 p^r vingt à trente plis qui femblent autant de canelures irrégu- lières , dont les deux plus baffes font un peu plus greffes que les autres. La couleur du périoffe eft rouffe. Celle de la coquille qu il recouvre eil blanche dans quelques-unes , fans mélangé ou avec des marbrures brunes : dans d’autres elle eft fauve avec un bordé de brun autour de l’ouverture , Sc fept grandes ta- ches pourpres ou violettes fur chacun des bourrelets. Il y a de ces coquilles qui , comme je l’ai dit , ont huit pouces de longueur quand elles font parvenues a leur jufte grandeur j il y en a d’autres qui n’ont que trois a quatre pou? ces ; d’autres un pouce & demi ; d’autres enfin qui ne paffent guères un pouce. Elles prennent toutes deux bourrelets , conftamment éloignés l’un de l’autre d’un tour de fpirale, & qui fe forment dans deux tems différens. Dans les coquilles qui n’ont jamais plus d’un pouce de longueur, le premier bourrelet commence quand elles ont atteint neuf lignes : il paroît à un pouce dans celles d’un pouce & demi j à deux ou deux pouces & demi dans celles de trois a quatre pou- ces j & à quatre ou cinq pouces dans celles de fix à huit. De-là les nombreufes variétés que l’on obferve dans cette co- quille. Les petites font proportionnellement plus courtes que les grandes j & moins renflées dans les mâles que dans les femelles. Lorfque cette coquille eft arrivée à fon dernier période d’accroiffement, elle perd entièrement fon périofte^, & par conféquent fon velouté ou fes poils. Il femble qu’a cet âge la nature réferve les fucs nourriciers pour le foutien de l’ani- mal, elle ne fournit plus à l’accroiffement ni à l’entretien de la coquille. Pour lors elle s’ufe, dépérit peu à peu , & de- vient fujette au3t vers & aux fcolopendres , qui la piquent fur-tout vers la pointe du fommet. L’animal reffemble à celui de la première efpece. Son opercule eft elliptique, affez épais. Sa couleur eft un jaune-pâle, marqué d’un grand nombre de taches très-inégales & d’un noir tirant fur le violet. Sa chair eft tendre & blanche. Il rend beaucoup de cette cou- leur qu’on appelle pourpre Ï2I OPERCULÉS. Cette efpece fe plaît entre les rochers où la mer brife avec violence, & j’en ai trouvé beaucoup dans i’anfe de l’iHe de la Magdelaine. 13. L E J A B I K. PL 8. Buccinum roftratum, labro duplicato comprefiTum , cancellatum. Lijler. hiji. Conchyl. tab. fig- 34* Buccinum roftratum , labro duplicato dentato , duplici ferie linuum ca- vato. Ejufd. tab. 943. fig. 39. Murex Luzon , aiata , circulis pulchrè afperis. Pet. Ga^oph. vol. %. cat. 249. tab. 100. fig. iz. Buccinum majus , canaliculatum , roftratum , ore labiofo , fimbriatum , iæve 5 labio externo duplicato , & papillis rotundis tubulo quodam fibi invicem conjundtis diftin(ft;o , in dorfo ligulis quibufdam bul- latis cùm fpiris continuatum , labio interno rugofo , ex albido , Sc fufco diverfimodè cqloratum. Gualt. Ind. pag. & tab. 49. litt. B. Urceus ore integro, fubrotiindo , ad dextram labiato, feu ore plicato in- tègre duplici finuum ferie muricatus -, Lifteri. Klein, tent. pag. 48. Jpec. i. n. iG. L’animal du Jabik ne différé point du précédent , & on A n i m a l. le voit auffi fréquemment dans les mêmes endroits. Sa coquille eft obtufe & arrondie à l’extrémité fupérieure. Coquille. Elle n’a que deux pouces & demi de longueur, & fept ou huit fpires , dont la première eft quelquefois lifte & quelque- Spires, fois environnée de trois rangs de petites boffettes affez égales: les autres n’en ont qu’un rang. Chaque fpire eft encore tra- verfée , parallèlement à la longueur de la coquille, par deux bourrelets qui n’ont pas de place fixe : quelquefois ils font rangés bout à bout les uns des autres fur les deux côtés de la coquille, & quelquefois ils font difperfés fans ordre, mais toujours diftans d’un tour de fpirale les uns des autres. Ces bourrelets font arrondis & comme ridés fur les côtés dans la plupart 3 mais il y en a quelques-unes qui y portent des tubercules affez gros. Le canal fupérieur de l’ouverture eft beaucoup moins long Ouvertuiff. que dans la précédente efpece, & il domine à peine la lèvre droite. Le canal inférieur eft moins évafé, cylindrique, à demi fermé , médiocrement échancré dt recourbé en bas. La lèvre droite eft creufée très-profondément au dedans de fon bourrelet, & fes bords font irrégulièrement ondés, fans crénelures , & marqués de dix ou douze rides inégales, Q 122 COQUILLAGES Tériofte. Le périofte qui recouvre cette coquille n’eft point velu. Couleur. Sa couleur eil fauve , quelquefois entourée de deux bandes brunes ou violettes. 14. LE S A M I E R. PL 8. Buccin fingulier par fes ftries aurores j interrompues par de grolfes tu- bercules blanches -, fa bouche eft garnie de dents , dont la lèvre torme un repli. Hiji. Conchyl. pL i%. fig~ K. Cette efpece fe trouve fur la pointe feptentrionale de Me de Corée , mais affez rarement. Coquille, Sa coquille eft beaucoup plus epaifle & plus dure que les deux précédentes, de figure a peu près triangulaire, mais al- longée, & pointue aux deux extrémités. Sa longueur eft dou- ble *de fa largeur qui n’a qu’un pouce ou peu davantage. Spires. Les fept fpires qui la compofent font peu renflées & peu diftinguées. Sa furface extérieure eft toute raboteufe par vingt groftes canelures longitudinales , & par un grand nombre d’autres qui les traverfent en angles droits, & laiffent un petit bouton au point de leur reunion. La première fpire a de plus un gros bourrelet élevé à cote de la levre gauche de 1 ou- verture, & qui s’étend jufques fur la fécondé fpire. Ouverture, L’ouverture différé des deux précédentes en ce qu’elle eft beaucoup plus étroite, & qu’elle a deux fois plus de lon- gueur que de largeur. Son canal inferieur eft court , fort étroit & fans échancrure, ^ , 1 r • La lèvre droite eft applatie en devant fur le bourre! et, -qui n’eft point creux: elle eft bordee intérieurement de cinqafix dents extrêmement groftes. -j a r La lèvre gauche n’a que douze ou quinze rides. A ion ex- trémité fupérieure on^apperçoit un petit ombilic femblable à un long fillon, formé par le bourrelet qui y eft applique. Coükur Le contour de l’ouverture eft couleur de chair ^ le r^e de la coquille eft blanc , & quelquefois aufîl couleur de chair. 15. L E S O L A T. P/. S. Coquille. La coquilîe de cette efpece que j’appelle du nom de So- lat, reftemble à celle de la première efpece, tant par fa figure que par fon épaifteur. Elle eft longue d’un pouce, U moins large des deux tiers. OPERCULÉS. 125 Ses fept fplres font applaties,bien diftinguees, &etagees, parce qu’elles fe replient prefqu en angle droit un peu au- defl'ous de leur milieu. Leur furface eft relevee de piuiieurs cô tes longitudinales , affez écartées , & traverfees par plulieurs filets prefqu’infenfibles, qui laifient un petit tubercule coni- que 4 Fcndroit ou clics les touchent. Ces tubercules font dif* pofés fur fix à fept rangs tranfverfaux dansla prem ere fpire, fur deux ou trois dans la fécondé, & fur un feul dans les au- tres, de maniéré que ceux du rang inferieur, qui fe trouve fur l’angle faillant formé par le pli des fpires , font beaucoup plus grands que les autres , & paroilfent autant de petites épines. . • n n Son ouverture repréfente une demi-lune , mais elle elt tronquée par le bas & fans canal. 1 v/r La lèvre droite eft aiguë , trancliante, fans bourrelet, line au dedans , & marquée fur fes bords d un nombre de petites crénelures pareil à celui des rangs de pointes qui font fur la première fpire. Elle s’evafe de maniéré qu elle feinble fortir un peu en dehors. La lèvre gauche eft liffe, arrondie , recouverte d une lame mince & luifante, & relevee d un bourrelet ride, qui , pre- nant origine au milieu de la longueur, va tournant en demi- cercle fe terminer au canal fuperieur de l ouverture , ôc forme à moitié chemin un ombilic oval & peu profond. ^ Le fond de fa couleur eft gris, ou blanc , ou agathe, coupe par une bande fauve, & marque de quelques taches brunes, jettées çà & là fur l’angle faillant des fpires. Elle eft brune au dedans. Elle eft extrêmement commune autour des rochers du cap Bernard. lô. LE B I V E T. PI. 8. Biiccinum majus canaliculatum , roftratum , ore labiofo , craffiini ftriis , Sc plicaturis, feu coftulis eminennbiis rugofum , elegantiflime can- ceUatum, & exafperatum , caiididum aliquando ex fufco lineatum. Gualt, Ind. pag. & tab. B. & C. La coquille du Bivet reftemble beaucoup à la precedente , mais elle a un pouce un quart de longueur, & moitié moins de largeur. " Qij Spiies. Ouverture Couleur. CoqVILLE 124 COQUILLAGES Spires. Ses fplres ne font point étagées , mais renflées & arrondies. Leurs côtes font plus relevées, rarement armées de pointes, &: coupées par des filets plus fenfibles. Ces filets font au nombre de douze à vingt-quatre dans la première fpire , & de quatre à huit feulement dans les autres. Ouverture. L’oiiverture eft pointue en bas comme en haut , & un tiers plus longue que le fommet. La lèvre droite eft creufée fur les bords de douze petits filions, après lefquels s’étendent jufqu’au dedans de la co- quille un pareil nombre de dents ou de filets qui font l’al- ternative avec eux. La lèvre gauche n’a point de lame fur fa furface, & elle porte, depuis fon milieu jufqu’à fon extrémité fupérieure. trois groffes dents qui tournent en dedans : l’autre moitié eft occupée par les rides ou filets de la première fpire. Le bour- relet commence à paroître un peu au-deflus de fon milieu. Cette coquille eft blanche ou grife, environnée de deux ou trois bandes brunes qui tournent avec les fpires. Elle fe voit en grande quantité avec la précédente. Corée & du cap Bernard. Sa coquille n’a que dix lignes de longueur. Elle eft fort pointue aux extrémités, & prefqu’une fois plus longue que large. Spires. Ses huit fpires font relevées de côtes applaties, qui for- ment une efpece de treillis avec les petits filets qui les cou- pent à angles droits. On compte douze ou quinze de ces filets dans la première fpire, fix dans la fécondé, & beaucoup moins dans les autres. Sommet. plus long que l’ouverture. Ouverture. Le Canal fupérieur de l’ouverture eft deux ou trois fois plus court qu’elle. La lèvre gauche eft îiffe,fans dents , recouverte d’une pe- tite lame luifante, peu élevée. Son bourrelet fe trouve placé avec Fombilic , fort proche de l’extrémité fupérieure. Couleur, Cette coquille eft blanche ou fauve, fans aucun mélange. OPERCULÉS. 12S i8. LE L I P I N. P/. S. . . La figure de la coquille du Lipin s’éloigne un peu des trois précédentes , en ce que fon extrémité fupérieure s’amincit davantage que le fommet, & la fait paroître plus allongée. Les plus grandes que j’ai obfervées ont prefque un pouce & demi de longueur , & une fois moins de largeur. Elles portent neuf fpires prefque applaties, mais bien dif- tingLiées & relevées par un rang de boutons arrondis & afiéz gros, qui fait le tour des fpires. Dans la première ce rang de boutons eft placé vers fa partie inférieure , au lieu que dans les autres il femble couronner leur extrémité fupérieure. Leur fiirface eft encore relevée d’un grand nombre de petits filets fort ferrés, qui fuivent aufiî le contour des fpires. On en compte trente dans la première , douze dans la fécondé, & beaucoup moins dans les autres. Le fommet eft un peu plus long que large, & un quart plus court que l’ouverture. Celle-ci eft elliptique , pointue aux deux extrémités , de moitié plus longue que large , & terminée en haut par un canal prefqu’égal à fa longueur , & légèrement courbé vers le dos de la coquille. Ce canal eft conique , prefqu’une fois plus long que large à fon origine, & ouvert d’une fente affez étroite, & qui égale la cinquième partie de fon contour. Son bord droit efi tranchant , l’autre efi arrondi. A l’extrémité inférieure de l’ouverture on apperçoit un petit canal fort aigu , fans échancrure , & accompagné d’une petite dent en filet à l’origine de la lèvre gauche. Elle eft arrondie , fans bourrelet & fans ombilic. La couleur de cette coquille eft fauve , & quelquefois blan- che avec des marbrures brunes. Elle n’eft pas rare dans les rochers du cap de Dakar. 4°. POURPRES A CANAL JRÉS-LONG. 19. LE S I R A T. PI. S. Murex Luzonis, plicis elatis nigris rugofis. Petiy. Ga\oph. vol. i. cat. 248. tab. 99. fig. 13* La coquille du Sirat différé de toutes les efpeces de Pour- COQUILLE. Spires. Sommet, Ouverture. Couleur. CoqviLiE, iz6 COQUILLAGES près décrites jufqu’ici, par la longueur du canal qui termine fon extrémité ûipérieure. Elle a environ deux pouces & demi de longueur. Elle eft compofée de huit fpires renflées , arrondies , & relevées de neuf greffes côtes rondes & prefque parallèles à fa longueur, cependant un peu inclinées de droite à gauche. Trois de ces côtes font un peu plus greffes que les autres qu’elles féparent en trois paires. Elles font comme formées par un repli , & armées chacune d’un nombre d’épines égal à celui des fpires, de forte qu’il ne s’en trouve qu’un rang fur chaque fpire. Les épines de la première iont beaucoup plus grandes que les aiitres, longues d’environ cinq lignes, & placées vers fa partie inférieure ; dans les autres fpires elles fe trouvent à peu près vers le milieu de leur longueur. Elles font toutes un peu courbées en bas , & coupées d’un pro- fond fîllon dans toute leur longueur fur le côté convexe. Outre ces côtes longitudinales, la furface de la coquille eff encore ornée d’un grand nombre de petits filets qui tour- nent avec les fpires. Le fommet eff auffi long que large, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture avec fon canal. Celle-ci reffemble à la précédente, à cela près qu’elle eff moins aiguë dans le bas ; mais fon canal fupérieur la furpaffe d’une quatrième partie en longueur. Ce canal eff conique , applati de devant en arriéré, où il fe recourbe légèrement, & une fois plus long qu’il n’eft large à fon orig ne. Il porte quelquefois trois ou quatre épines femblables à celles des foires, mais plus petites. Sa fente eff fort étroite : elle égale a peine la fixiéme partie de fon contour j & fes bords font tranchans. La lèvre droite eff tranchante & légèrement ondée fur les bords, relevée en dedans d’environ quinze filets fort courts, & bordée au dehors d’une des neuf côtes longitudinales, qui, outre la greffe épine que j’ai dk qu’elle porte en bas, a encore une petite crête dans fa partie fupérieure. La lèvre gauche eff arrondie, recouverte en bas d’une pe- tite lame mince , luifante , & accompagnée fur les côtés du canal, d’un bourrelet droit, demi-cylindrique & affez con^- fidérable. Couleur. OPERCULÉS. 127 Cette coquille eft blanche ou fauve, avec quelques ban- des brunes. Elle eft fujette à quelques variétés par rapport au nombre & à la forme des piquans. Le bourrelet même de la lèvre droite , dont l’intérieur eft plein dans les vieilles, fe trouve vuide & creux dans les jeunes. Celles-ci ont ordinairement moins de piquans, parce qu’elles ont moins de fpires j & le canal de l’ouverture eft un peu moins long, par comparai- fon avec le fommet. L’animal différé peu des precédens. Son manteau eft feu- lement orné d’un petit filet fur la droite, & fon tuyau plus allongé ; il égale la moitié de la longueur de la coquille, & fort peu hors de fon canal. Son opercule eft prefque rond. J’ai rencontré rarement cette efpece aux ifles de la Mag- del aine, mais abondamment à l’ifte Ténérif des Canaries. 20. LE B O L I N. PL 8. Purpura major pelagia exotica corniculata. Colum. aquat.-pag. 60 & 61. Purpura Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munira, parte interna rofeo fulgens colore, externâ vero, vel albo unicolor, vel flavo, tyrio, ac luteo multicolor. Bonan. recr.pag. 153. claJJ'. 3. num. 283. Buccinum ampullaceum roftratum , majus, muricibus longiffimis inftruc- tum ad ienos pares in infimo orbe primo. Lijier. hijl. Conchyl. tab. 901. Jig. XI, Hauftellum longiroftrum fpinofumj ventre & roftro rugofis; fpinis raris aduncis & magnisj trocho obtufo. Rumph. Muf. pag. 8(î. tab. 16. fis- , . . . Purpura Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munira, parte internâ rofeo fulgens colore, externâ verb , vel albo unicolor, vel flavo , tyrio , ac luteo multicolor. ALuf. Kirk.pag. 4(28. n. 284. Purpura rediroftra, umbonata & muricata, acumine canaliculi tantillùm extrorfum inclinata. Lang. meth. pag, 25. Purpura rediroftra , major, aculeis longis , validis & incurvis armata, albida, aliquando rufefcens. Gualt. Ind.pag. & tab. ^o.fig. D. - Hauftellum muricatum feu dentatum-, longiroftrum fpinofum; venrre &: roftro rugofis 3 fpinis raris aduncis & magnis, trocho obtufo ; Rum- phii. Klein, tent. pag. Gyfpec. 2. n. 3. L’animal du Bolin reffembîe parfaitement à celui du Sirat, à cela près que fon manteau eft bordé de deux longs filets fur la droite, & fort étendu fur la gauche. Variétés. Animal. Opercule. Animal. C0QUÎ1,I.E. Spireso Sommât. Ouverture. Couleur. Remarque 12S COQUILLAGES Sa coquille approche auffi beaucoup de la fienne. Elle eft un peu plus épaiffe, & repréfente affez bien une maffue ou un fufeau à tête courte 8c ronde. Sa longueur eft de quatre à huit pouces J 8c double de fa largeur. ^ Elle eft compofée de huit à neuf foires renflées , arrondies , bien diftinguées , 8c relevées de fix a fept grofles côtes à peu près égales , comme repliees de droite a gauche , 8c oblique- ment couchées fur fa longueur. Ces cotes font traverfées ^ comme toute la coquille , par un grand nombre de filets , 8c armées feulement fur la première fpire, de quatorze dents difpofées fur deux rangs qui tournent vers fon milieu. Ces dents ont depuis un demi-pouce jufqu’à un pouce de lon- gueur dans les coquilles de quatre pouces, 8ç dans celles de huit elles ont un à deux pouces. Elles font courbées fur le côté, de maniéré qu’elles remontent un peu en haut en di- vergeant, ôc toutes creufées d’un profond fillon fur leur con- vexité. , Le fommet eft une fois plus large que long, 8c preiqu une fois plus court que l’ouverture fans fon canal. L’ouverture eft un tiers plus courte que fon canal, qui eft à peu près cylindrique, ôc trois fois plus long que lar^e a fa naiftance. 11 porte communément quinze à dix-^huit épines horizontales , aflez droites , 8c une ou deux fois plus petites que celles des fpires. . , La lèvre droite reffemble à celle du Sirat , mais elle n a point de crête dans fa partie fupérieure. La lèvre gauche fe fait remarquer par la figure & la gran- deur de la plaque luifante qui la recouvre. Cette plaque fe releve 8c fe préfente vis-à-vis l’ouverture comme une lame aflez mince, ondée dans fon milieu, 8c une fois plus longue que large. Cette coquille eft blanche, ou jaune, ou fauve au dehors, 6c couleur de rofe au dedans. Elle eft aflez commune aux ifles de la Magdelaine. Il ne faut pas confondre cette coquille avec celle delà Me^ diterranée que Rondelet a décrite (î), 8c que les Vénitiens appellent ôc les Génois Roiicera. meen approche beaucoup , à la vérité , Ôc même aflez pour qu’on ne puifle la (i') Hiftoire des Polffons , fécondé partie , éditiçn francoife , page 45 -. . ^ diftinguer OPERCULÉS. 129 di/liflguef au premier abord, comme il eû arrive à la plupart des fureurs qui n en ont fait qu’une efpece. Cependant lorfqu’oii 1 examin^de près, on voit qu’elle en dilfere à pluiieurs égards. 1°. Ses côtes font peu élevées & prefqu’infenfibles. 20. Outre es deux rangs d epines de la première fpire, elle a encore un rang qui tourne fur les autres. 30. Ces épines font plus cour- tes moins courbes. 4“. Le fommet efl moins renflé, de moitié feulement plus large que long, & de moitié plus court roT . 5'°* Celle-ci efl auffi longue que fon canal. 6 . La levre droite n’a point de bourrelet, & elle porte trente petits niets fur fon bord interne. 7^ , Enfin , la lèvre gauche a huit ou dix petites dents fur fa partie fupérieure, & fa plaque elt moins large & prefque droite. S°. POURPRES A CANAL LONG , ET FERMÉ COMME UN TUYAU. 21. LE J A T O U. PL 9. Voici une efpece des plus communes autour de l’ifle de Goree, & des plus rares dans les cabinets. Je ne l’ai vu figu- rée nulle part. ° Sa coquille efl: très-épaifle, de figure triangulaire, &poin.- tue aux deux extrémités. Elle a un pouce & demi de lon- gueur, & une fois moins de largeur. Elle efl compofée de huit fpires convexes, comme étagées ^ relevees de trois grofles côtes longitudinales, dont l’une efl placée fur le milieu de fon dos, & les deux autres fur les cotes de l’ouverture. Ces côtes font ailées & tranchantes fur la première fpire, arrondies fur les autres, & féparées par un gros bouton qui s’élève dans l’efpace qu’elles lailTent en- tr elles fur chaque fpire. Le fommet efl auffi long que large, & de moitié plus court que ^1 ouverture , y compris fon canal. L’ouverture eft fort petite eu égard au volume de la co- quille Elle reprefente une ellipfe très-réguIiere , dont le grand diamètre efl de moitié moindre que le petit, ôc un tiers plus court que fon canal. Celui • r Sa couleur eft fauve, ou d’un brun très-fonce & tirant lur le noir. 23. LE L O S E T. PI 9. La coquille du Lofet n’a que fix lignes de longueur fur une largeur une fois & demie moindre. . Ses fpires font au nombre de huit, peu renflees, 8c chagri- nées de tubercules médiocres, applatis , fort ferres ,,fe tou- chans les uns les autres, 8c diftribués fur douze a quinze rangs dans la première fpire, fur cinq dans la fécondé, 8c en moin- dre quantité dans les autres. Son fommet eft un tiers plus long que large, 8cauiiilong que l’ouverture avec fon canal. ^ ,11/», Celle-ci reftemble à la précédente , a cela près qu elle elt de moitié plus longue que large , 8c qu’elle n’a point de ca- nal ni de côte à fon extrémité inférieure fur la lèvre gauche. Cette lèvre eft recouverte d’une lame courte 8c mince, qui fe redreffe 8c préfente en devant fes bords qui font tran- chéris* La lèvre droite eft découpée de dix ou douze dents fur fes bords , 8c relevée de quatre ou cinq intérieurement. Le brun foncé fait toute fa couleur. On la trouve communément fur les rochers de lifte de Corée. 2,4, LE S U G A. P/. 9, Cette efpece fe voit fréquemment avec la precedente, a laquelle elle reftemble infiniment. Sa coquille eft plus petite, n’ayant que cinq lignes de lon- ^^Elîe n’a que huit ou douze rangs de tubercules dans fa première fpire, 8c trois ou quatre feulement dans la fécondé. Ils font plus petits , plus renflés , arrondis , 8c fort écartés les uns des autres. OPERCULÉS. 135 Le fommet eft de moitié plus long que large, & un peu plus long que i’ouvertuie. La lèvre droite de l’ouverture n’efl: bordée que de lîx à huit dents , &■ la lame de la lèvre gauche ne fe releve pas fenlîblement. Le fond de fa couleur efl: blanc, & les tubercules font bruns. 7°. POURPRES A CANAL ÉVASÉ, 25. LE T A F O N. PL 9. Buccinnm dentatum , admodum craflTum , fiifcum , ieviter & dense ftriâ- tiim , ventricofum. Lijî. hijî. ConchyL tab. 55. Buccinum breviroftrum , admodum craflTum , fufcum , tetiuiter ftriatum ; è lînu Mexicano juxtà Campêche. Ejufd. tab. ^6^. fig. t6. Lagena ore femilunaro, craffa, fufca , tenuiter ftriata ; Lifteri. Klein, tent. pag. 50. fpec. ï.n. 4. La coquille du Tafon efl obtufe & arrondie à fon extré- mité fupérieure, longue d’environ un pouce & demi, & une fois moins large. On y compte neuf fpires qui font quelquefois légèrement renflées, & quelquefois applaties ,( excepté la première qui efl: toujours fort renflée ) & peu diflinguées les unes des autres. Leur furface extérieure efl: coupée par un nombre prodigieux de filions creufés légèrement & qui tournent avec elles. Le fommet efl: un peu plus long que large , &: fort peu plus court que l’ouverture. Celle-ci efl elliptique, obtufe à fon extrémité fupérieure, aiguë à l’inférieure , & une fois plus longue que large. Son canal fupérieur efl: fort court , très-évafé , & coupé en haut d’une échancrure qui a autant de largeur que de profondeur. Elle a encore dans fon angle inférieur un canal non échan- cré, & formé par la rencontre de quelques filets élevés fur les deux lèvres. La lèvre droite efl découpée fur fes bords de vingt à vin^t- deux petites dents rapprochées deux à deux, & ornée dedans d’un pareil nombre de filets, dont les inférieurs foni un peu plus gros que les autres, Sommet. Ouverture. Qoiüeuî,( Coquille, Spires, Sommet. Ouverture, ,34 COQUILLAGES La lèvre gauche a quelquefois une petite plaque relevée de quinze à vingt rides , dont les deux d en bas font un peu ■ plus greffes que les autres : quelquefois elle eft liffe , unie , fans plaque, mais toujours avec un filet dans fon extrémité inférieure. Elle a un bourrelet qui n eff guères fenfibie que lorfqu’elle porte la petite lame ridée. ^ _ Période. Elle eff couverte d’un périoffe mince & verdâtre , qui^lui Couleur. îaiffe toujours un peu de fa couleur. Son fond eff cendre ti- rant fur le noir, quelquefois traverfé par un grand nombre de petits filions blancs. . Remarque La différence qu’on remarque dans la figure des fpires & * de la lèvre gauche de l’ouverture de cette coquille , caraefte- rife le fexe de l’animal qu’elle renferme. Le male a fa coquille plus étroite , plus allongée , a fpires applaties , & la ievre gauche de l’ouverture fans lame & fans rides. Animal L’animal ne différé de celui de la première efpece que par Opercule fou operculc qui eff parfaitement elliptique , hffe & uni au ^ ’ dehors, fans rides & fans filions, une fois plus long que large, & de moitié feulement plus court que l’ouverture de la co- obfervé cette efpece non-feulement à l’ifle de Corée, mais même à celle de Tenerif des Canaries, ou elle eff égaler ment commune dans les rochers les plus battus par les v^igues. 2^. LE G a U S O L. PL 9. L’animal du Goufol refiémble parfaitement au précédent. rnnniîTF Sa coquillc eft médiocrement épaiffe, longue d’environ ' neuf lignes : elle furpaffe une fois & un peu davantage fa largeur* . • . Spires. Ses huit fpires font toutes applaties, peu diffinguees,liffes & unies, fans canelures. ^ , t ^ o r Ouverture. Son ouverture eft deux fois plus longue que large , & fans canal fenfibie à l’extrémité inférieure. Le canal fupeneur eft plus court & plus évafé que le précèdent , & echancre de même. ^ 1 t La lèvre droite eff mince , tranchante , fans dents. l.a gau- che porte dans fa moitié fupéneure une petite plaque lui- fante , garnie de cinq greffes dents qui tournent dans 1 mte^ rieur de la coquille. OPERCULÉS. 155 Elle efl c!e couleur agathe-clair, & recouverte d’un périofle Couleur, mince & fauve. Périofte. On ne la trouve que rarement autour de l’iHe de Corée, 27, LE B I G N L P/. 9. Buccinum Barbadenfe. Lifi. hijî. Conchyl. tab. Zx-j.fig. 49.3. 6” tab> ^6^. fig- 49- fi Buccinum parvum , pruniforme , acuminatum , læve , ex carneo Sc albido obfcurè pLindatum. Gualt. Ind. pag. & tab. Jîg. B. Lagena ore longo angufto , Pbrygiè pibta 6c dentata; Lifteri. Klein, tent. P(^g' 2. n. 4. La coquille du Bigni n’a que fîx lignes de longueur, fur coquille. une largeur une fois moindre. Ses fpires font un peu renflées. Spires. Son ouverture efl fort évafée, une fois feulement plus Ouvenure, longue que large. La lèvre droite efl médiocrement épaiife , garnie au de- dans de douze ou quinze dents fort petites. La lèvre gauche efl fîmple , arrondie , fans plaque , fans dents & fans bourrelet. Sa couleur varie à l’infini. Son fond efl ordinairement Couleur, blanc, & tout couvert de petites lignes longitudinales , on- dées, qui font brunes dans quelques-unes &êuves dans d’au- tres : quelquefois il efl marbré de rouge-brun & de jaune ou coupé par une petite bande blanche , ponéluée de brun ou de rouge-brun , qui tourne fur les fpires. Au dedans elle efl parfaitement blanche. Elle fe trouve en grande quantité dans les rochers del’ifle de Corée. 28. LE S I G E R. PI. 9. Buccinum dentatum , parvum , ridu angufto , læve , exiguis punduris fafciâtim depidum. Lijl. hiJî. Conchyl. tab. 825. 45. Buccinum dentatum, parvum , roftratum, ampullaceum, læve, fubcro- ceum , pitnduris albis densè depidum. Ejufd. ibid. Jîg. 44. Buccinum dentarum rufum , exiguis maculis albis depidum , ridu fub- purpureo. Ejufd. tah. ’èiG.fig. 48 <& 49. tab. Sig.fig. 49. c. Buccinum parvum , pruniforme , acuminacum , læve , ex albo 6c nicrro variegatum. Gualt. Ind. pag. & tab. ^■f.fg. C. Buccinum parvum, pruniforme , acuminacum , læve, album , dentatum, punduris rubris depidum. Ejufd. ibid. fig. E, Buccinum parvum, pruniforme, canaliculatum, læve, colore muftelino, carneo 6c albido variegatum, Ejufd, ibid.Jîg. G. CO(iÜILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Remarque. Animal, Yeux. Opercule. 136 C O Q ü I L^L A G E S Buccinum parvum , pruniforme , canalicularum , læve , ex rubro , & albido depidtum , & punétatum. Ejufd. ibid. fig. H. Lagena ore longo , angufto , rufa , exiguis maçulis albiç , ridu fubpur- pureo j Lifteri. Klein, tent. pag. ^o.Jpec. 1. n. z. Ce coquillage fe voit très-frëquemment avec le precedent , dont il ne différé que parce que fa coquille eff plus ëpaiffe , moins arrondie à Fextrêmité fupérieure, & que fa longueur n’eft pas tout-à-fait double de fa largeur. Ses fpires font ( excepté la première ) applaties , peu diHin^ guées les unes des autres , & coupées par un grand nombre de filions prefqu’imperceptibles qui tournent avec elles. Le fommet forme un cône raccourci , dont la longueur eff égale à fa largeur 5 &: de moitié plus courte que l’ou- verture. Celle-ci eff fort étroite, un peu courbée en arc dans fon piilieu, & quatre fois plus longue que large. La lèvre droite eff très-épaiffe & arrondie fur les bords. Elle eff renflée confidérablement vers fon milieu , & ornée en dedans de quinze dents à peu près égales & affez grandes, La lèvre droite porte dans fa moitié fupérieure fept à huit dents femblables , mais plus petites. Le périofte qui la recouvre efl; fort mince & cendré. Au- deflous elle eff quelquefois blanche , marbrée de jaune ou de brun : quelquefois elle eff entièrement brune. Cette coquille ne prend de l’épaiffeur & des dents aux deux lèvres de l’ouverture , que lorfqu’elle eff parvenue à fon dernier période d’accroilîément , de forte qu’avant ce tems elle reffemble beaucoup à l’efpece qui précédé : on la diftingue cependant par fon ouverture , qui a encore alors deux fois plus de longueur que de largeur, & par fes fpires qui font toujours applaties & filloniiées. L’animai diffère de tous ceux décrits jufqu’ici, par la po- fition de fes yeux, qui fe trouvent placés beaucoup au-deffous du milieu de la longueur des cornes. Son opercule eft infiniment petit : il n’a pas plus d’une ligne de longueur: il eft extrêmement mince, tranfparent, fauve , elliptique , obtus à fes extrémités , de moitié plus long que large , & trois fois plus court que l’ouverture de la coquille. 29, OPERCULÉS. 137 49. LE S T A R O N. PI, 9. Buccinutn dentatum parvum ridfcu comprelTo fîve angufto yariegatum , ftriis valdè exafperatum *, Jamaicenfe. Lifi. hijl. Conchyl.tab. 82.J.. fig’ 45- Buccinulum dentatum Jamaicenfe , ftriis fafciatis maculatum. Petiv. Ga-^oph. vol. I. cat. 578. tab. ^.fig. 4. Bucciniim parvum, pruniforme, canaliculatum , ridu compreftb, ftriis exafperatum , candidum , ex fufco maculatum , labio extetno den- tato. Gualt. Ind. pag. & tab. fig. L. Oliva variegata; ridu compreftb; Lifteri. Klein, tent.pag. Î^.Jpec. 4. Toute la différence qu^on remarque entre cette efpece & îa précédente, confifte en ce que fa coquille eft plus épaiffe, qu elle a huit lignes de longueur , que fon fommet eft un peu plus large que iong,& qu’enfin elle eft quelquefois en- tièrement blanche, & marbrée de taches d’un bleu d’ardoife. Elle multiplie beaucoup moins dans les mêmes endroits. 30. LE K A L A N. PI. 9. Græcis, Purpura Latinis , Roncera Genuenftbus, Ognidla Ro. manis. Selon, aquat. pag. 420. Murex Marmoreus. Rondel. pifc. pars Jecunda ^ edit. lat.pag. -]G. Conchylium. Ejufd, ibid. pag. 83. Operculum Conchylii. Ejufd. ibid. pag. 8^. Murex Marbrin. Ejujd. édit, franç, part. 2. pag, 48. Conchylium. Ejufd. ibid. pag. 54. Couvercle du Conchylium. Ejufd. ibid. pag. 55. Murex marmoreus, Rondeletii, Boffuet, aquat, pars ait. pag, 35. Çonchyliuiîi Rondeletii. Ejufd. pag. 4^. Operculum Conchylii, Rondeletii. Ejufd. pag. 43. Conchylium Rondeletii. Gefn. aquat. pag. 340. Operculum Conchylii , Rondeletii. Ejufd. pag. 341. Murex marmoreus, Rondeletii. Ejufd. pag. 6^0. Murex Stromboides, five Rhomboidesbilinguis. Colum,aquat.p.6o& 61. Murex marmoreus , Rondeletii. Aldrov. exang. pag. 334. Conchylium Rondeletii, cum fuis Operculis, Ejufd. ibid. pag. 34tj. Murex marmoreus, Rondeletii. Jonf, exang. pag. 34. tab. 11. Conchylium Rondeletii. Ejufd. ibid. pag. 3^. Murex intus rubefcens, extùs marrnoreus, fanguineis & rubiginofis ma- culis contedus , cortice tuberofo & afpero ; oris labro admodum tumefcente , undofis finubus arcuato, & mucronis circumvoluriones fere totaliter obtegente. Bonan* recr.pag. 155. cla(f, 3. n. 300. Coquille, Coquille. I 158 COQUILLAGES Buccinutn bilingue majus tenue , ex rufo nebulatum mitricatum •, Jamai- cenfe. Liji. hiji. Conchyl. tab. Sôo.Jig. 17. Buccinum bilingue grave , labro crallo fivè pulvinato , maculatum Sc ftriis & muricibus exafperatum. £7^/2/» 26i.fy. 18. Buccinum ampullaceum ; grande variegatum, claviculâ extremo plana leviterque muricatâ. Ejufd. tab. 88z. fig. 4. Alata lentiginofa , malaicenfibus Bta Taijlala di£la. Rumph. muf.pag. 1 1 1» art. 10. tab. ^7. fig. Q. r • • t • • r Murex intùs rubefcens j-extùs marmoreus, fanguineis & rubiginolis ma- euüs contenus •, cortice tuberofo 8c afperoj oris labro admodum tumefcente, undofis finubus arcuato, & mucronis circumvolutiones ferè toralitcr obregente. Mufi. Kirh. pag. ^69. n. 300, Murex dorfo rugofo. & tribus verrucarum ordinibus exafperato. BarreL le. pag. 1^1. tab. 1^1^, fig. 6. Murex ftriatus rugofus & fimbriatus , aure ad tertiam fpiram ufque eîon- gatâ 3 & cùm appendice ( ficuti fæpius auricula cuti ) ira fpiris adhæ- rente munitâ muricatos. Lang. meth. pag. 27. Rocher garni de rides & de tubercules par étages. Sa lèvre fort en forme d’aîle ; fa couleur à fond blanc eft mêlée de quelques taches brunes. Hifi. Conchyl. pag. pL C. Murex ftriatus, rugofus, papiilofas , & tuberofus , ex albido & terreo colore depiétus. Gmlt. Ind. pag. & tab. ^i. fig. A.^ Lentigo muiticoior-, fuper albo colore flavo , cinereo, diftinétus 3 Rum- phii. Klein, tent. pag. 100. Jpec. i. Lenîigo tenais -, ex rufo nebulata;Llfteri. Ejufd. ïb, Jpec. x. tab. 6. fig. 107. Lenrigo gravis , labro craftb, feu pulvinato; Lifteri. Ejufd. ibid./pec. 3. Selon a appelle ce coquillage des noms àe Purpura, Ron- cera, Ogniella, &c. Rondelet lui a donne celui de Conchy- lium 5 prétendant que c’étoit le Conchjlium de Diofeoride & des Anciens , & il a tranfporté les noms de Roncera & à'Ogiiklla â une autre efpece de Pourpre à long canal , qui approche beaucoup de celle que j^ai décrite fous le nom de Bolin(iJ. La difficulté que les Modernes ont trouvé a con- cilier ces deux Auteurs , & à certifier la connoiffance du vrai Conchjlium des Anciens, leur a fait fans doute abandonner ce nom, que nous ne voyons nulle part depuis Rondelet. Ce font les mêmes raifons qui m*ont déterminé à donner à ce coquillage le nom de Kalan. Sa coquille eft des plus épaifles & des plus pefantes. Elle a environ huit à neuf pouces de longueur , & moitié moins de largeur. (i)- Voyez la page iiS. OPERCULÉ 13g ... Sommet. Ouvertute. ' Hes onze fpires qui la compofent font applaties & même Spires, un peu creufées dans leur milieu, & forment une efpece de pli en débordant les unes fur les autres. Elles font marquées en bas de quatre ou cinq filions peu apparens , & d’un rang de boutons ou de ^ros tubercules obtus & arrondis. Ces tu- bercules font placés dans la partie inf^eure de la première fpire , au lieu que dans les dix autres ils couronnent leur partie fupérieure; ils-paroilfent en creux dans l’intérieur de la coquille. La première fpire efi: encore ondée ou marquée de plufieurs plis fort inégaux , & quelquefois de deux à quatre rangs de pareils tubercules. Le fommet eft de moitié plus large que long, & une fois & un quart plus court que la première fpire. L’ouverture forme une efpece de parallélogramme fort rétréci en dedans , dont la longueur eft quadruple de fa lar- geur , & triple de la longueur du fommet. Elle fe termine en haut par un canal cylindrique médiocrement long , fans échancrure , aigu à droite , arrondi à gauche , & recourbé tantôt fur la droite en dedans , tantôt fur la gauche en dehors. Cette ouverture paroît fort évafée au dehors, parce que la lèvre droite s’étend confidérablement. Celle-ci eft très- épailTe , obtufe fur fes bords , quoique fans bourrelet , & pliée vers le haut pour former un fécond canal ou une gou- tiere F. fort courte & demi-cylindrique. Elle defcend en bas fur la fécondé fpire, & quelquefois jufques fur la troifîéme qu’elle femble couper en deux parties. La lèvre gauche eft droite , c’eft-à-dire qu’elle n’eft nul- lement creufée en arc vers fon milieu, particularité que je n’ai remarquée dans aucune des Pourpres décrites jufqu’ici. Elle eft obtufe , arrondie, & recouverte d’une grande lame du poli le plus parfait. Lorfqu’on tire fraîchement cette coquille de la mer, elle Pénoiîe. eft enveloppée d’un période roux & affez mince, qui étant enlevé , laiffe voir fon fond fauve, fur lequel font répandues Couleuri quelques marbrures blanches ondées. On découvre encore dans quelques-unes une bande d’une très-belle carnation, qui s’étend fur les tubercules. Intérieurement elle eft blan- che, mais les bords des deux lèvres fe teignent d’une couleur S ij 140 COQUILLAGES cuivrée dès qu’elle a relié quelque-tems expofée fur le rivage après la mort de l’ammal. ^'ariétésr Cette Goquille ne prend de l’épaiffeur & de l’étendue à la lèvre droite , que lorlqu’elle a atteint une longueur d’environ trois pouces j mais toutes celles qui font parvenues à cette grandeur n’ont pas pour cela cette lèvre épailTe. Il y en a qui, comme les jeunes. Font extrêmement mince, tranchan- te, fort relTerrée, fans évafement & fans canal , ce qui leur donne un air tout différent & capable d’en impofer aux ob- fervateurs qui n’ont point vû les animaux des unes & des autres. C’eft ainlî que le Doéleur Rondelet a regardé fon ConchjUum comme une efpece différente de fon Murtx mar- morms : telle ell encore l’erreur du fçavant Lifter , qui n’a pas même foupçonnë que le Buccin de la planche 882 de fa Conchyliologie, pût fe rapprocher de ceux qu’il a figurés aux planches 860 & 861 du même ouvrage. Il y a aufti de ces coquilles qui, comme je Fai dit , n’ont qu’un rang de tubercules fur la première fpire, & d’autres qui en ont deux, trois & même quatre. Ces tubercules font ordinairement arrondis 5 on en voit cependant quelques-unes qui les ont pointus , mais toujours affez courts. Ces petites différences qui ne font dues qu’à Fâge ou à des accidens, ne doivent point nous faire multiplier cette efpece mal-à-propos.. A 1 M A 1. L’animal reffemble beaucoup à celui de la première efpece ; Yevx. mais fes yeux paroiffent placés un peu au-delTus du milieu de la longueur des cornes. Opercule. L’opercule eft fixé fur l’extrémité poftérieure de fon pied , & il n’y tient que par la quatrième partie de fa longueur , de par un de fes bords , celui qui eft convexe. Il eft elliptique , arrondi à l’extrémité fupérieure qui eft plus épaifle , pointu à Fextrêmité oppofée, trois à quatre fois plus long que large , brun-noiratre , poli fur fa furface extérieure , & un peu courbé de gauche à droite en defeendant. Lorfque le pied de l’animal fort de la coquille, il fe retourne de maniéré que la pointe de Fopercule qui fe trouvoit en bas pendant qu’il y étoit renfermé, regarde en haut, & qu’au contraire fa ron- deur qui étoit en haut defeend en bas. J’ai trouvé cette efpece communément dans les rochers •de la pointe feptentrionale de Fifle de Corée & de Rufisk. Elle OPERCULÉS. 141 rend üne liqueur qui pourroit fervir à teindre, comme celle de la plupart des Pourpres. Suivant le témoignage de Rondelet (i) ce c’eft de ce co- Remarque. 95 quillage que les Anciens tiroient ce couvercle ( opercule } 35 appelle ôVwf par Diofcoride, en latin Ünguis^ par Serapion 99 Athfap-atheb ou Athfar-athaib , c’eft-à-dire , Ongle aro- 99 matique^ à caufe de fa figure : car il reffemble à l’ongle d’un 95 oifeau de proie, & tient contre la chair par le bout qui eft 99 le plus épais.... Diofcoride en reconnoît deux efpeces: 99 l’une que l’on tire de la Mer-rouge, & qui eft blanche & 99 & graâe ; c’eft la plus eftimée : l’autre eft noirâtre &: plus 99 petite; elle vient de Babylone ..... Les couvercles ronds 99 des Pourpres , s’appellent du nom de Blatta Bj^antia ou 99 Blattioii Bj^andum ; mais les Apothicaires appellent au- 99 jourd’hui indifféremment Blattas Bjiamias les couvercles 99 du Conchjlium & ceux des Pourpres (2) .... Ils ont tous 99 à peu près les mêmes vertus, quoique de forme différente. 99 Lorfqu’on les brûle ils répandent une odeur femblable à 99 celle du Cajîorcum , & leur fumée eft d’un grand fecours 99 pour les vapeurs & contre l’épileplie. Pris en décoébon ils 99 font laxatifs. 99 Voilà ce que dit Rondelet de l’opercule de coquillage. Aujourd’hui on en fait peu d’ufage; il eft feulement recher» ché, comme les coquilles, pour l’ornement des cabinets. 31. LE N I V A R. PL Ç). Cochlea furvam Æthiopis pellem colore fimulans , binis fafciis cinfta inæqualibus , ore valdè angufto , quamvis in longum produèto. Bon, recr. pag. 165. clajf. 3. n. 357. ■ — Muf. Kirk. pag, 47 z. n. 350. Buccin de couleur fauve, rayé fur toute fa fuperficie j les fept étages de fa clavicule qui font applatis , le rendent extrêmement rare. Hiji, ConchyL pag. 268. plane, i z . fig. A. Fufiis brevis Æthiops à colore \ binis fafciis intequalibus cindus j BonannL Klein, tent. pag. 6i.fpec. z. n. g. L’animal du Nivar reffemble parfaitement à celui de k A n j m a l, douzième efpece. j'*' urr . * ’ Or[ (i) Seconde partie de THifloire entière des Poiiïqns z.. ckap. 10. pag. 53. (z) Pourpre appellée à Gènes Roncèra y à Venife Ôgnella , en Languedoc luCA^ T r\/jtY A A ' M Coquille. Spires, Sommet, Ouverture, Périofte. Couleur, Coquille. 142 COQUILLAGES Sa coquille efl médiocrement épaiffe , fort allongée , Bc pointue aux deux extrémités. Elle a cinq à fîx pouces de lon- gueur, & une fois & un tiers moins de largeur. Ses onze fpiresfont renflées confîdérablement,& repliées en angle droit vers le milieu , excepté la première, dans la- quelle ce repli ne fe voit que vers fon extrémité inférieure : il les faitparoître comme étagées, & il forme tantôt un angle aigu, tantôt un pgle obtus, fouvent garni d’un rang de tu- bercules arrondis. Leur furface efl encore ornée d’un grand nombre de petits filions qui tournent avec elles. Le fommet efl: un peu plus long que large, & de moitié plus court que la première fpire. L’ouverture efl elliptique , aiguë aux deux extrémités , & deux fois plus longue que large. Elle fe confond avec fon canal fupérieur, qui efl: ouvert en demi-cylindre, & à bords tranchans. La lèvre droite efl: aiguè', tranchante, mince & relevée en dedans de quinze à vingt filets qui tournent avec la première fpire. La lèvre gauche efl creufée en arc vers fon milieu, recou- verte dune plaque luifante, polie , fort petite, & prefqiie fans bourrelet. Le périofte qui la recouvre refifemble à un drap brun , te^ jiace , très-épais & velouté. Le fond de fa couleur efl: brun, quelquefois violet, tanné ou couleur de fuie, coupé par une bandelette blanche, di- vifée inégalement en deux par un filet brun. Cette bandelette commence un peu au-deflbus du milieu de la première fpire, & tourne fur la partie fupériêure des autres. Ce coquillage fe trouve alfez fréquemment dans les rochers des ifl.es de, Corée & de la Magdelaine. LE B L A T I N, P/,9. Cette efpece fe voit abondamment avec la précédente , a laquelle elle relfembie aflez,a la petitelfe près, Sa coquille a rarement plus de fept lignes de longueur. Sa largeur efl une fois moindre. Elle n’a que huit'fpires qui font peu renflées, fort ferrées, & chagrinéès'pàf un grand nombre de tubercules aflez gros. Spires, OPERCULÉS. 1^5 écartés 8c difpofe's fur pliilîeurs rangs qui tournent avec elles. On en compte cinq à lix fur la première fpire , deux fur la fécondé, Sc un feuî fur les autres. Le fommet égalé en longueur la première fpire. La longueur de l’ouverture n’ed pas tout-à-fait triple de fa largeur. La lèvre droite ef mince & fans dents dans quelques-unes, dans d’autres elle eft fort e'paiffe, ornée au dedans de cinq dents alfez groffes , & arrondies. Le fond de fa couleur eft un pourpre foncé, tirant fur le violet ou fur le noir. Dans quelques-unes la première fpire eft entourée de deux petites lignes blanchâtres peu fenfbles. Elle n’a point de période apparent , non plus que les efpeces qui la fuivent. 53. LE S I L U S. FL 9. Buccinum. l/Ji. hijl. Conchyl. tah. 18. 6" tab. 958. inferior. } La coquille du Silus différé de la précédente en ce que fa longueur eft de neuf lignes, qu’elle paffe une fois ër un quart fa largeur, & que fes fpires font couvertes de tubercules ap- platis , très-ferrés, & divifés en treillis par des filons qui font au nombre de dix à quinze dans la première fpire , de huit à dix dans la fécondé, & de cinq dans la troilîéme. Son fommet eft un peu plus long que la première fpire. La lèvre droite de l’ouverture ed médiocrement épaiffe dans la plupart, tranchante fur les bords, & garnie au dedans de dix à douze petites dents en filets. Elle ed d’un brun-fale, coupé par une petite bande blanc- fale qui tourne fur le milieu des fpires. On la trouve abondamment dans les rochers de l’ifie de Corée., 34. LE PAROIS. PL 9. Turbo tuberofus quafi fubdii, & candidâ telâ Ollandicâ indudus, in mulciplices plicacuras,&: pulvillos corrugatâ. recr.pag. iiz. cla(f. 3. 79. Buccinum roftratum parvum , aîiquibus binis tenuiter , valdè acutis ftriis circumdatLim. Lijl. hift. Conchyl. tab. 924. jî^. 16. Turbo tuberofus quaf fubtili , & candidâ telâ Ollandicâ indudus, in multiplices plicaturas , & pulvillos corrugatâ. Muf. Kirk, pag. 454, Sommet. Ouverture. Couleur, Périofle. COQUitLE, SommeCa Ouverture, Couleur, Coquille» Spires, Sommet. Ouverture. Couleur. Variétés. A N I w A L. 344 COQUILLAGES Oxyrynchiis Indiens, orbibus nodods & catenatis. Petiv. Ga^oph, vol. z. cat, Z 5 O. tab. ^6. fig. 6, Fufus brevis , laevis fafeiatus , binis tenuiter & valdè acutis ftriis circum- datus-, Lifteri. Klein, tent. pag. 60. fpec, 1. n. i.f. Fufus brevis ftriatus , acutus , inter fpiras plicatas granulato filo conftric- tus-, Bonanni. Ejufd. pag. 61. fpec. z. n. z. e. La forme allongée de la coquille du Farois l’a fait mettre au rang de celles qu’on appelle Fufeau. Elle a deux pouces de longueur fur une largeur près de deux fois moindre.^ Les onze fpires dont elle eft compofée font fort ferrées, peu diftinguées , & creufées ou comme enfoncées dans leur milieu , au contraire de la plupart des coquillages qui les ont ordinairement renflées. Elles font légèrement flllonnées dans leur contour, & bordées à chaque extrémité d’un rang de petits boutons fort ferrés : ceux du rang fupérieur font com- munément pointus , & beaucoup plus gros que ceux du rang inférieur. La première fpire n’eft creufëe que beaucoup au- delTous de fop milieu j & au dedans elle efl enFironnée de huit à quinze canelures médiocres & ridées. Le fommet eft prefqu’une fois plus long que large , & fort peu plus long que la première fpire. La lèvre droite de l’ouverture eft toujours mince, fans dents, & échancrée en angle aiga dans l’endroit où la pre- mière fpire eft enfoncée. La lèvre gauche a vers fon extrémité fupérieure un petit bourrelet , accompagné d’un ombilic fembiable à un petit fillon. Sa couleur eft grife ou brune, & quelquefois fauve. Le périofte qui refte communément attaché dans la partie con? cave des fpircs , la rend brune ou noirâtre dans ces en- droits. ^ Le nombre & la forme des boutons ou tubercules des fpirçs caufent quelques legeres variétés dans cette coquille, il y en a , & ce font ordinairement les plus petites ^ les moins allongées , qui ont le rang inférieur des boutons des fpires plus applati & moins relevé que le rang de la fpire fuir vante. On vo t le contraire dans les autres. L’animal reflemble à celui de la trentième efpece, par la fituafion de fes yeux, & par la longaeur de fon opercule , ' qui OPERCULÉS. 145 qui cependant n’efl: ni auffi grand ni courbé en portion de cercle. Ce coquillage fe plaît dans les rochers de Fille de Corée. 35. LE G E N O T. PL SI. Cette derniere efpece de Pourpre fe rapproche beaucoup du genre des Rouleaux par la figure de l’animal , de fon oper- cule, &: de fa coquille. Celle-ci repréfente un ovoïde prefqu’également pointu à fes extrémités, long d’un pouce & demi de deux fois moins large. Elle n’a que dix fpires qui font creufées , & entourées de deux rangs de boutons , comme l’efpece précédente 3 mais ia première fpire eft chagrinée ou couverte de petits bou- tons égaux , difpofés en treillis , & qui paroilTent formés par une vingtaine de canelures tranfverfales , coupées à angles droits par d’autres canelures parallèles à la longueur de la coquille. Le fommet eft de moitié plus long que large , de un tiers plus court que la première fpire. L’ouverture reffemble parfaitement à celle des Rouleaux. Elle repréfente une longue fente , de largeur à peu près égale par-tout, aiguë dans fon extrémité inférieure, ëc cinq fois plus longue qu’elle n’eft large. La lèvre droite ne différé point de la précédente. La lèvre gauche eft droite comme dans la trentième ef- pece. Elle eft recouverte d’une petite lame luifantc, & n’a pas de bourrelet fenfîble, mais feulement un léger fîllon qui tient lieu d’ombilic à fon extrémité fupérieure. Elle eft couleur de chair dans la première fpire, & grife dans les autres. Je n’ai vû cette coquille figurée nulle part. Elle eft fort rare dans les rochers des iftes de la Magdelaine , ôc encore plus dans les cabinets. Coquille, Spires^ Sommet, Ouveiturc. Couleur, 14^5 C O Q U I L L A G E S GENRE III. LE BUCCIN. Buccinum. P Our ne point m’ëcarter de l’application que les Anciens ont faite du nom générique de Buccin (i) à plulîeurs efpeces de coquillages Operculés, qui ont une grande affinité avec les Pourpres J j’ai cru devoir tranfporter ce nom à ceux dont je vais parler, comme ayant avec le Buccin beaucoup plus • de rapport que tous les autres coquillages qui font parvenus à ma eonnoiffance. I. LE B A R N E T. PL lo. Buccinum Barbadenfe. Lijl. hifi. ConchyL tah, fig. ^ — E}u0.. tab. y'è^.fig. inferiori ... Epidromus oculams. Klein, tenXi pag. ^yfpec. 7. r . C O Q ü ille. La coquille du Barnet eft petite , épaiffe , %c %urée comme un ovoïde obtus à fon extrémité fupérieure, & fort pointu au fommet. Elle ne paffe guères fîx lignes en longueur : fa lar- geur eft une fois & un tiers moindre. On la voit dans fa gran- deur naturelle à la lettre E , & elle eft groffie de beaucoup dans les trois figures voifînes. Spires. Les onze fpires qui la compofent font liftes, polies, ap- platies , ( excepté la première ) fort ferrées , & peu diftinguées les unes d’avec les autres. Sommet. Le fommet a moitié plus de longueur que de largeur, & moitié plus de longueur que la première fpire. Ouverture. L’ouvetture eft elliptique, aiguë par le bas, où elle forme un canal étroit avec une légère échancrure , arrondie par le (i) Buccinis ( ««pwl ) & Purpuris ( } favificare in more eft. u4rîjl. hijl, Anim. lib. 5. câ-p. pag. 843. i>. , ^ 1 ■ Buccinis modus idem gignendi , qui Purpuris , tempufque idem eft : operculum item oris idem tàm huic utrique generi adhæret nativum, quàni cæteris turbinatis omnibus, Pafcuntur quoque exertâ linguâ quæ fub opercule latet. Ibid. pag. 844. D. Promufeidas item gerant ( turbinata ) modo mufearum : quod quidem membrum îinguæ effiglem præ fe fért. Habent hoc idem & Purpuræ & Buccina firmum & to- rofum. Ejufd. ihii. lib. 4. cap. 4. pag. 880. A. Concharum ad purpuras & conchylia , eadem quidem eft materia , fed diftat tem- peramento. Duo funt gqnera , buccinum, minore conchâ , ad fimilitudinem ejus buc- cinl quo fonus editur , undè & caufa nomini ^ rotunditate oris in marglne incifâ ; alte- rum purpura vocatur , cuniculatim procurrente roftro , & cuniciili latere introrsùs îubulato , quà proferatur lingua, &c. Plin. hlji, lib, 9. cap. 36. pag. 166. OPERCULÉS. haut, 8c une fois & demie plus longue que large. Son extré- mité fupérieure forme un canal court, évafë & coupé fur le dos de la coquille par une échancrure qui a un peu plus de profondeur que de largeur. La lèvre droite eft obtufe, & fort épaiffe , quoique fans bordure, peu évafée , prefque droite, & garnie intérieure- ment de huit petites dents arrondies. La lèvre gauche eft arrondit?, court»©© au milieu en por- tion de cercle, couverte d’une petite plaque luifante, unie, fans bourrelet , & comme légèrement ridée au dehors vers fon extrémité fupérieure. Toute fa furface extérieure efl: recouverte d’un période membraneux , roufsâtre, fi mince & fi tranfparent qu’on voit parfaitement fes couleurs au travers. Son fond eft blanc, fauve, ou brun , fans aucun mêlante dans quelques-unes; mais il eft ordinaire à la plupart d’être brunes , tachetées de petits points ronds & blancs, difpofés régulièrement en quinconge ; ou bien d’être blanches , vei- nées ou couvertes d’un réfeau brun-rougeâtre. L âge & le fexe du Barnet caufent quelques variétés dans la forme de fa coquille. J’ai remarqué que les plus jeunes ont proportionnellement moins de longueur, moins dépaif- feur, & moins de fpires; que l’extrémité fupérieure eft moins obtufe, le canal de l’ouverture plus allongé, prefque fans échancrure ; enfin qu’elles ont la lèvre droite fort mince , trancjiante & fans dents. Quelques-unes des vieilles ont auffi la plûpart de ces caracfteres , ce font les femelles. Mais il y a une autre particularité qui eft commune à prefque toutes les vieilles coquilles , foit mâles, foit femelles : c’eft que lorf- qu’elles ont atteint le nombre d’onze fpires , elles fe caftent par 1 extrémité du fommet , de maniéré qu’il ne refte que les quatre à cinq fpires d’en haut ou de fa bafe. J’en ai fait repréfenter une dans cet état, {figure B. L. K. S. G. P. O.) Ce n’eft pas ici le lieu d’examiner par quels moyens l’animal exé- féparation dans une coquille auiTi dure & auftî epaifîe que l’eft celle-ci dans fa viedlefte : il fuffit dé fçavoir que les fix fpires du fommet fe détachent, dans la plus grande partie, auffi-tot après qu’elles font parvenues â leur dernier priode de grandeur, & qu’il y en a fort peu dans lefquellcs 4 ieparation prévienne ce terme. T ij Périofte.. Couleur, Variétés, Remarque. Animai. Tête. Cornes. Veux. 148 COQUILLAGES Cette propriété de caffer fa coquille à un certain âge & dans certaines circoiiftances , n’eft pas bornée à ce feul co-' quiliage : on Ta obfervée dans uneefpece de Limaçon terrellre du Languedoc , dont Lifter a donné la figure ( i ) dans fa Con- chyliologie^ &: Fon verra qu’elle leur eft commune avec un autre coquillage marin que je décrirai ci-après (2). C’eft autour de cette coquille , fur-tout de la variété dont la couleur efi blanche veinée de brun , que fe forme une pe- tite efpece de millepore à mammelons^donfijc parlerai dan.s: Fhiftoire des Vers & autres corps marins obfervés au Sénégal., Cette millepore la défigure tellement qu’on ne peut en recon- noître la forme & les contours qu’en la dépouillant entière- ment. Comme elle eft ordinairement habitée par un petit crabe de Fefpece de ceux que Fon appelle Soldat ou Bernard r rlermite ^ cet animal en prolonge l’ouverture en fpirale, â peu près comme auroit fait le Limaçon vivant , dans toute l’épaifleur de la millepore, qui eft de près d’une ligne. Cette coquille ainlî incruftée & recouverte delà millepore , em- prunte la figure d’un ovoïde obtus à fes extrémités, long de quatre à fix lignes, fur trois à quatre lignes de largeur. Sa cou- leur eft noirâtre au dehors j mais iorfqu’elle a roulé quelque- tems fur le rivage, fes mammelons en s’ufant, prennent une couleur blanche femblable à celle qui régné dans fon inté- rieur. Lifter a figuré une de ces coquilles dans ce dernier état au bas de la planche 585 de fa Conchyliologie. L’animai du Barnet a la tête petite , cylindrique, de lon- gueur & de largeur à peu près égales , & légèrement échan- crée à fon extrémité T. Les cornes C. C. font prefque cylindriques , obtufes au fommet, & de moitié plus longues que la tête, fur les côtés de laquelle elles font placées vers fon extrémité antérieure. Elles ont quatre à cinq fois plus de longueur que de largeur, & font renflées médiocrement à leur origine. Les yeux font deux petits points noirs peu faillans, placés à la racine même des^ cornes, fur Ip renflement qui eft à leur côté extérieur Y. Y. ,, - j,; - (1) Bucdiium album', claviculâ produâîore , ferè abruptâ ; Galliæ NarbonenUs, %ïft. hip. Cùnchyl. tab. iJ- fig- 12. (2) Coquillages Operculés, Genre 4. Le Popel, pag.. 153. pl< lO.fig. i. Bouchei OPERCULÉS. 14g La bouGÎie paroît comme un petit trou rond B, percé au- defîbus de ia tête vers le milieu de fa longueur , d’où fort continuellement une trompe cylindrique L, de longueur prefqu’égale à celle des cornes ^ &: qui paroît diviféeà fon ex- trémité en deux petites lèvres , au milieu defquelles on ap- perçoit une petite ouverture ronde. Le manteau efî: une membrane fort mince, qui s’étend fur la furface intérieure de la coquille, & fe replie en un tuyau cylindrique K , qui fort d’une longueur égale à la cinquième partie de la coquille par fon échancrure, en fe couchant un peu fur ia gauche. Le pied P. eft petit, de figure elliptique, arrondi à fon ex- trémité antérieure , qui efl: traverfée par un fîllon profond S , accompagné d’un autre fillon fort court & longitudinal G. L’autre extrémité eft pointue. Sa longueur efl: quadruple de fa largeur, & une fois moindre que celle de la coquille. A la racine du pied, vers le milieu de fa longueur, efl at- taché un opercule cartilagineux O, de figure elliptique, près de deux fois plus long que large, & environ quatre fois plus court que la coquille. Tout le corps de l’animal , vu en deffus, efl d’un blanc- pâle , tacheté de petits points elliptiques & rougeâtres : re- gardé en delfouSjil paroît d’un blanc-fale fans aucune tache. Ses cornes font rougeâtres au milieu , & cendrées ou blanc- fale aux extrémités. Je n’ai pas obfervé de coquillage auffi abondant que l’efl celui-ci dans la pointe méridionale de l’ifle de Corée. On voit par cette defcription que le genre du Buccin ne différé de la Pourpre que par la figure des cornes, par lafitua- tion des yeux qui font à leur bafe, & par la langue ou trompe qui fort continuellement de fa bouche. 1. LE J O L. PL 10. Je ne trouve prefque d’autre différence entre cette efpece & la précédente que dans la grandeur de fa coquille : elle n’excéde jamais la longueur de trois lignes; elle n’a que fept fpires qui ne fe caffent jamais, &: dont la pointe efl plus moufle. Son fomrnet n’a guères plus de longueur que de largeur. Elle efl blanche , gris-de-Iin , couleur de chair, fauve ou brune; Manteau, Pied, Opercule, CoiiIeuF» Remarque, Coquille, Spires. Sommet, Couleur. Animal. Pied. Coquille. Spires. Ouverture. Couleur . Périofte. Variétés. Coquille. Spires, Couleur, Coquille, Spires. Ouverture. 1^0 COQUILLAGES d’ailleurs elle lui reflemble parfaitement, & fe trouve dans les mêmes endroits. On ne peut cependant pas dire que ce foit la même efpece que la précédente dans un âge moins avancé; car, comme l’on a vu , les jeunes & les femelles ont la lèvre droite de l’ou- verture fort mince, au lieu que les individus de celles-ci l’ont également épaiife. 3. LE N I S O T. PL 10. L’animal du Nifot ne différé de celui delà première efpece qu’en ce que fon pied a quatre fois plus de longueur que de largeur. Sa coquille reffemble auffi à la fienne quant a la figure ; mais elle n’a que quatre lignes de longueur, & huit îpires chagrinées , ou couvertes de petits tubercules fort ferrés & féparés par des filions qui forment une efpece de treillis. L’ouverture a deux fois plus de longueur que de largeur. Elle n’a d’autre couleur que le gris-de-lin , ou une belle carnation , fans être recouverte d’un périofte. La lèvre droite de l’ouverture éprouve les mêmes variétés de fexe & d’âge que la première efpece. On la trouve avec elle , mais moins fréquemment, 4. LE RA C. PL 10. Celle-ci eft encore plus rare que la précédente, dont elle ne paroît qu’une variété , qui a les fpires un peu renflées ^ avec quelques canelures parallèles à la longueur de fa co« quille, & fans tubercules. Sa couleur eft brune. 5. LE F U N O N. PL 10. La coquille du Funon a cinq lignes de longueur & près de deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font un peu renflées & canelées en longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft marquée au fond de dix longs filets. La lèvre gauche montre , vers fon milieu , trois groftes dents qui la caraétérifent & la diftinguent des quatre pre» mieres efpeces. Couleur. OPERCULÉS. Sa conleur eft fauve ou brune. Elle eft peu commune dans les rochers de Rufîsk. 6. LE S O N I. PL 10. La coquille du Soni ne pafîe guères deux lignes en Ion- Coquille gueur. Elle eft formée de huit fpires, fur le milieu defquelles Spires, îoiirnent deux petits filets diRgnnes ou couverts de tuber- eu J es. Le fommet eft une fois plus long que large, & une fois plus long que la première fpire. L’ouverture reprëfente une demi-lune, arrondie aux extrê- mites, a peine de moitié plus longue que large, & fans canal a l’extrémité inférieure. La lèvre droite porte deux groffes dents au milieu de fa longueur. La lèvre gauche ell lüTe , fans plaque & fans dents. Le fond de fa couleur eft blanc, prefque toujours coupé par la couleur brune ou rouge des deux filets chagrinés qui tournent fur les fpires, & la rendent fort agréable. ^le fe voit affez fréquemment dans les rochers de l’ifie de Goree. Sommet. Ouverture. Couleur, 7- le DIP. PL lo. J’ai obfervé cette derniere efpece de Buccin dans les ro- chers de l’ifle de Corée &: du cap Manuel , où elle efi; fort commune. Sa coquille a jufqu’à cinq lignes de longueur , & deux fois Coquille. moins de largeur. Ses dix fpires font bien renflées, arrondies, & chagrinées Spires, de petits tubercules, comme dans la troifiéme efpece, mais mieux diflmgués. La première fpire a dix à quinze rangs de ces tubercules, la fécondé en a cinq, la troifiéme quatre, & les autres beaucoup moins. L ouverture reffemble a la précédente. Ses deux lèvres font Ouverture, ians dents , & la gauche efi recouverte d’une petite plaque mince & luifante. ^ Elle efl ordinairement d un bîanc-de-neige fans mélange; Couleur, eue porte cependant quelquefois du rouge fur fes tubercules. A N ï M A L. Pied. Opercule. Coquille. Spires. 1^2 COQUILLAGES L’animal ne différé des précedens que par fon pied , dont la longueur furpaffe à peine du double la largeur ; & par fon opercule qui eft taille en demi-lunej & de moitié feulement plus long que large. GENRE IV. LE CERITE. Cerithium. pAbius Columna s’eft fervi (i) du trot grec iatinifé Ceri- thium , pour défigner une efpece du genre des coquillages que ie vais décrire fous le nom commun de Cerite. ï. LE P O P E L. PL lo. Buccinum fufcum , ftriatum , & muricatum *, Africanum. Lift. hift. Conch. tab. iii.fig. 17- • .... . r Buccinum fufcum , nodofis ftriis diftindlum. Ejufd.tab. Buccinum fufcum , primis orbibus muricatum , çaeterum ftriis nodoEs exafperatum. Eju/d. ibid. ftg. to. ,,1 r r Vrai Clocher Chinois formant plufiears étages, fa couleur d un brun-lali régné par-tout j fa bouche recourbée eft à remarquer. Hift. Çonchyl. pag. zjf- plane, fig. F. _ ^ . Turbo apertuSj canaliculatus , oblique incurvatus, ftriatps, minutilhmis papillis undequaque exafperatus , albidus. Gualc. Ind. pag. & tab. 5 7 , fig. C. . . Tympanoîonos ftuviatiiis nodosè ftriatus, oris labio effufo j Liften. Klein, tent. pag, ^o.Jpec. i. n. 4. tab. z-fig- 4°; Tympanotoiios fluviatilis fimilis minor j Lifteri. EjuJd, ibid. n. Tympanotonos fluviatilis , in primis orbibus muricatus; cæcerum nodo- fus in ftriis j Lifteri. EjuJd. ibid. n. 6, La coquille du Popel a la forme d’une pyramide , ou d’un cône renverfé ôc fort allongé, dont la partie fuperieure eil obtufe , arrondie , & va toujours en diminuant jufqu’à fa par- tie inférieure qui fe termine en une pointe trèsÆne. Sa lon- gueur eft d’environ trois pouces , & prefque triple de fa largeur, ^ ^ • 1 • Elle eft fort épriffe, & compofée de feize fpires appianes & fl ferrées qu’on a beaucoup de peine à les diftinguer les unes des autres. Chacune d’elles eft entourée d'environ cinij cordons inégaux: celui du milieu çft garni de boffettçs coni? (i) Aquatil. & terreftr. o^ferv. 57. ques OPERCULÉS. ques & pointues ; les autres font formés de petits tubercules arrondis, qui les font paroître comme chagrinés, ou même comme des tourillons de cordes bien torfes. Le fommet efi une fois & demi plus long que large, & près de trois fois plus long que ia première Ipire. L’ouverture eft petite eu égard au volume de la coquille, une fois plus étroite qu’elle, & prefque quarrée ou irrégu- lièrement arrondie. Elle a deux canaux, dont un en bas très? petit, étroit, & formé par un enfoncement^ de la lèvre droite 5 l’autre eft en haut fur la gauche, fort court, évafé, & légè- rement recourbé en dehors, fans échancrure. La lèvre droite eft aiguë, tranchante, épaiffe, & irrégu- lièrement ondée & crénelée fur fes bords. Dans la partie fu- périeure elle forme une efpece d’auvent qui s’avance conlî- dérablement fur l’ouverture. La lèvre gauche ell arrondie , luifante , unie , creufée en arc, & comme repliée au dehors. Le périofe ell d’un brun-fali dans les jeunes, noirâtre dans les vieilles , médiocrement épais, &: lî adhérent à la co- quille , qu’on ne voit guères d’autre couleur fur fa furface extérieure. Au dedans elle eft blanc-fale dans les jeunes , & d’un brun de cafié-clair dans les vieilles. Lorfqu’on veut la dépouiller entièrement de fon période , opération qui ne réuffit que très-difficilement, on ne trouve au-delTous qu’un blanc fade &: peu agréable. On remarque que les petites coquilles font à proportion moins longues que les grandes, qu’elles ont moins de fpires, & les épines moins apparentes ou même infenfîbles dans la plûpart : la lèvre droite de l’ouverture eft aufli moins ondée & plus mince. Il eft ordinaire aux vieilles de cafter les neuf fpires du fom- met, comme je l’ai fait obferver dans le Buccin Barnet(i}, de maniéré qu’il n’en refte que les fept premières , telles qu’on les voit à la figure B. K. S. P. O. Les dernieres fpires blanchiflent avant que de fe cafter, parce qu’elles fe dépouil- lent d’abord du périofte brun , & des canelures ou cordons qui les recouvroient. Quelquefois ces mêmes coquilles font relevees d’une , de deux, & même de trois bourrelets lon- (i) Foyei la page 147, & la fig. i. de la plane. 10. Softunet. Guvemire. Pérlofeï Couleur, Variétés. Remarque. Animal Tête. Cornes, Yeux. Bouche. Manteau, Opercule. Couleur, IS4 COQUILLAGES gituéinauîL diftribuës fans ordre fur chacune des trois pre^ mieres fpires. La tête de l’animal eft cylindrique T, allongée, tronquée en deflbus à fon extrémité , Sc ornée fur les côtés d’un bour-^ reîet qui porte une petite frange femblable à une crête. De fon origine partent deux longues cornes C. C, termi- nées en pointe, & renflées conf dérabiement un peu au-deifous de leur milieu, jufqu’à leur racine. Au fommet du renflement des cornes , & fur leur côté ex- térieur , font placés les yeux Y Y , femblables à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. . La bouche forme un petit fillon placé de longueur au- deflbus de la tête à fon extrémité B. La membrane du manteau eft épaifle , & tapifle les parois intérieures de la coquille. Son extrémité fupérieure fe replie en un tuyau K, cylindrique, aflez court, & couronné de dix petites languettes triangulaires. Ce tuyau fort rarement de la coquille. Le pied efl petit, prefque rond ou de figure orbiculaire P, de moitié plus étroit que la coquille , bordé à fon extrémité antérieure ou du côté de la tête, par un lîllon tranfverfal S, & marqué en deflbus de plufîeurs petits filions parallèles à fa longueur. Il fe prolonge par-deflus en un mufcle cylindrique, qui porte à fon extrémité un opercule exaélement orbiculaire , cartilagineux, fort mince, brun tranfparent, & marqué de cinq filions circulaires concentriques. Comme cet opercule efl: beaucoup plus petit que l’ouverture de la coquille, il rentre confidérablement en dedans lorfque l’animal s’y renferme. La tête , les cornes & le deflus du pied de cet animal font d’un cendré-noirâtre , mêlé d’un peu de blanc. Le deflbus de fon pied eft blanc j & fon manteau eft blanchâtre, tacheté de plufieurs petits points noirâtres. Ce coquillage eft des plus communs dans toutes les ri- vières bourbeufes, où l’eau falée de la mer remonte, & fur- tout à l’extrémité feptentrionale de fille du Sénégal. îl^ fe traîne dans la vafe entre les gramen &: les mangliers, où il fe nourrit de fcolopendres & d’autres vermifîeaux marins. OPERCULÉS. 2. LE C E R I T E. PI. lo: Bucciiiàm tuberofum Gerichium parvum. Colum. aquat.pag. 5 3 6’., 57. Turbo mberofus & afper , in quo nafcicur cancellus. Aldrov. exang. 553 354. _ Turbo rnannoreus , miris circumvolutionum anfra6tibus cochleatus , in mari rubro vivens, & in monte. Etruico, quem dicunt Peglia, fub gleh'is invQatns. Bonan. recr. pag. l. k. 6j. I- — ■ Muf. Kirk. pag. Gf. ^ ' 0 . i Liji. hifl. Conchyl. tab. 101^. Jîg. 87. ? ' Strombus angulofus. Rumph. muf. pag. loi. art. 1 5. tab. ^o. fig. O. Turbo apertus canaliculatus, obliqué incurvatus ftriatus, ore fimbriato &£ crifpato. Lang, meth. pag. 46^. , Turbo apertus canaliculatus, obliqué incurvatus, ftriis cràffis', & papillis acutis fignatus, & validé muticatus , fubalbidus , tdaculis , & punétis piceis aliquando afperfus. Gualt. Ind. pag. '& kab. ff.'fgt- S, Turbo apertus, canaliculatus, obliqué incurvatus , ftriis circumdatus, SC papillis eminentibus, raris in unaquaque fpirâ difpofttis diftinétus, albidus. Ejiifd, ibid. fig, G. Turbo apertus, acuminatus, mucrone gradatim produéto , & acutiftimè muricato, in fpirarum commifturis papillis ftiinoribus circumdato, candidus. Ejufd. paf & tab. $G.fg. E. ( Idem minor. ) ' Vertagus labio plicatus : major ; fpiris angulofis &c muricatis ; cretatus \ labio oris oblique , & quafi incurvé plicato -, Rumphii. Klein, tent. pag. ii.fpec. 5. U. La coquille de cette efpece n’a guères que deux pouces de Coquille. longueur, & une fois moins de largeur. On n’y compte que doiize fpires , renfle'es dans leur mi- Spires^, lieu, qui eft garni d’un rang de bolTettes allez grolTes, elevées fur une côte parallèle à fa longueur. Le relie de leur furface effc entopré de dix à douze petits filets peu éleves. La fécondé fpire porte quelquefois un gros bourrelet fur la gauche. La longueur du fommet furpafie prefqu’une fois fa largeur. Sommet, & la première fpire. L’ouverture efi exactement ronde, 8c paroît beaucoup plus Ouverture, evafee que la precedente , parce qu’elle, fe porte prefqu’en- tierement hors de la coquille, fur fa droite. Son canal infe- rieur ell creufé en demi-cylindre, recouvert en partie par une cote afiez grolTe, élevée fur la bafe de la lèvre gauche. Le canal fupérieur ell relferré, &: de moitié plus profond que large. l-ia lèvre droite n’efi pas fenfîblement prolongée dans fa V ij .156 COQUILLAGES partie fuperieure , & elle ne forme pas l’auvent commê dans la première efpece. La lèvre gauche n’eft pas non plus repliée comme la fien- ne; elle eft recouverte feulement par une lame courte, mais épailTe, & relevée en bas d’un filet alTez gros qui tourne en dedans de la coquille. Couleur. Sa couleur eft blanche, fans mélange dans les jeunes, 8c légèrement tachée de brun dans les vieilles. Variétés. Je n’ai remarqué dans cette coquille qu’une légère variété, qui confîfte en ce que les boffettes des fpires font quelquefois aflez longues & pointues : cela fe rencontre ordinairement dans les jeunes j & c’eft vraifemblablernentle frottement qui ÏQS ufe & les arrondit dans les vieilles. Cette efpece vit aulfi dans la vafe ; mais on ne la voit qu’eu petite quantité dans le fleuve Gambie , vis-à-vis le comptoir d’Albreda. LE G O U M -l E R. PL lo. Turbo tuberofus & oblongus. Jldrov^ exang.pag.i S 5 «S” 3 5.4. fig. 3. Turbo innumeris penè coloribus fimul miftis in eute externâ pidus, afper, & loto fub quo ftabulatur deformis rin parte interna ut pl®- rimum albus , circà oris aperturam violaceus & nitidus. Bonan, recr^ pag. 1x3. clajf. 3- n. 82. Èuccinum recucviroftrum, claviculatum , ftriis muricatis circumdatum 3 - J è mari Mediterraneo. Lifi. hijt. Conchyl. tah. ïoj^.jîg. 82. Buccinum recurviroftrum. Ejujd. tab. lûii.fig. 85.. Turbo innumeris pene coloribus limul miftis in cure externâ pldus,, per J & luto fub quo ftabulatur deformis : in parte interna ut pluri- miim aibus , circà oris aperturam violaceus , & nitidus. Muf. Kirk. pag. 454. n. 82. Turbo âpercus canaliculatus , oblique incurvatus , ffiriatus & papillofus. Lang. meth. pag. 4f6. Turbo apertus, canaliculatus, rediroftrtis, murkatus, papillofus, ex aîbido fufcusj&macuiisnigricantibusafperfus. Gualc.Ind.-p. &t.^6.Jig. L. Tympanotonos pelagius *, loricatus , recurvirofter, turgidulus ^.labio oris femilunato crifpo-, Lifteri. Klein, tent.pag. ^o.Jpec. 2. «. 3. Tympanotonos pelagius, undatus, rugosèj labia rotundo , effufo -, ore longo angufto", Lifteri. Ejufd. ihid, n. 4. Oxyftrombus Irevisj mukicolor , exade conicus , ore patuîo canalkulato j labio plicato j foris afper 5 in maximis fpiris- denticulatus , & Itito, fub quo ftabulatur, deformis j intùs albus, circà oris aperturam vio» laceus & nitidus ; Bonanni. Ejufd. pag. ^yjpec. 1. n. 6. Coquille. La çoquille de cette cfpcce diflere de la precedente, en OPERCULÉS. IJ7 ce qu’elle ell un peu moins épaiflè , longue d’environ deux pouces & demi , & une fois & demie moins large. Ses fpires font au nombre de quatorze , moins renflées , Spires, avec des bofîettes plus petites. Le bourrelet de la fécondé fpire eft peu fenfible. L’ouverture ne s’étend prefque pas fur le côté de la co* Ouverture, quille : elle efl un peu plus longue que large. Sa lèvre droite eft peu épailTe, & la plaqué de la gauche efl plus étendue & moins épailTe. Lorfqu’on a dépouillé cette coquille d’une légère croûte Couleur, verte qui l’enveloppe pendant qu’elle eft dans la mer, elle paroît brune au dehors ou Cendrée , marbrée de blanc. Au ûedans elle eft blanchâtre , tachée d’un violet obfcur fur la lèvre droite. J’ai trouvé cette efpece dans les endroits vafeux de Tille Ténérif 6c de celle de Fayal. 4. LE C H A D E T. PL lù. Bttccinum recurviroftrurn , clavicularum ftriaîum & arperiim ; Jamaicenfe &c Barbadenfe. Lijî. hijl. ConchyL tàb. 8o 6* 8r. Buccinulum recurviroftrurn , nigrum , ftriatum & afperum minimum, Sloan. Jatfi. vol. pag. 2 31. Turbo aperçus, canalicularus , obliqué incurvatus, ftriatus, papillis ma- joribus , & minoribus exafperatus , fubalbidus , pundtis fulvis ali- quando notacus. Gualt. Ind. pag. & tah. 5 G. fig. N. Tympanotonos pelagiusj minor , ore contrado j Lifteri. Klein, tent.p. 30. fpec. z.n.i. _ ... .Verragus bifalcatus, fafciatus & afper -, Lifteri. Ejufd.pag. ^i.fpec. 4. b. Le Chadet fe rencontre quelquefois dans le fleuve Gambie. Sa coquille ne diifere de la précédente qu’en ce qu’elle a CoQuitiEa rarement un pouce de longueur, que fes douze fpires font Spires, fort plates, 6c entourées d’environ douze filets finement cha- grinés, dont trois font un peu plus apparens que les autres. Le canal fupérieur dé fon ouverture paroît un peu courbé Ouverture, fur le côté gau he. Sa couleur eft brune, ou noirâtre tirant fur le violet , ou Couleur, blanche entourée de plufieurs lignes de points bruns fort ferrés. Les jeunes coquilles n’ont que trois rangs de filets fur Variétés. Coquille. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Coquille, tsS c O Q U I L L A G E s chaque fpire j & j’en ai une autre variété fur laquelle tous les filets paroiffent comme effacés fans le fecours d’aucun frottement. 5. LE D É G O N. P/. 10. Turbo apertus,acuminatus ftriatus, rugofus, papillofus, afper, ex livido- albicans. Gualc. Ind. pag. & tab. F. La coquille du Dégon reffemble affez à la précédente , mais elle n’a guères que fept lignes de longueur j fa largeur eft une fois moindre. Elle porte dix fpires entourées de trois rangs de petits tu-> hercules inégaux & peu ferrés. La longueur de fon fommet furpaffe une fois celle de lai première fpire , & de moitié feulement fa largeur. Le canal fupérieur de fon ouverture eff fort court & fans courbure. Le fond de fa couleur eff quelquefois brun, mais ordinai- rement blanc. Les tubercules font toujours bruns. On la trouve fréquemment aux environs du cap Verd, 6. LE L I G A R. PL lo. Je dois avertir que les deux efpeces de coquillages qui fui^ vent ne font pas de même genre que les cinq qui les précé- dent. Ce qui m’a déterminé à les rapporter ici, c’eft la forme allongée de leur coquille , & non celle de l’animal, que j’ai vu à la vérité, mais fans avoir le tems de l’examiner. Toutes deux vivent enfoncées dans les fables de l’anfe de Ben , k une lieue dans le nord de i’iffe de Corée. 'zâxTtiyl five Bnccinum parvum. Colum. aquat. pag. 53 & 55. Turbo tuba di6lus eiegans , 16 6c aliquando 20 fpiris finirus, miicrone mira proportione valde acuminaro, eburnei coloris, & cochleatis crifpis corrugatus -, Perfici maris. Bonan. recr. p. i zy. clajf. 3. «. 1 1 5, t— - Muf. Kirk. pag. 45(3. rz. 1 1 5. Turbo integer, vulgaris ftriatus. Lang. meth. pag. 47. Turbo integer, vulgaris, maximus , cîenftffimè ftriatus, 30 circiter fpiris elongatus, fufcus. Gualt. Ind. pag. & tab. ^^.fig. A. Strombus cochloides, fpiris torofis , ftriatis , u-aAsrfyl 3 Fabii Columnte, Klein, tent. pag. 1^. Jpec. z. B. z.f. La coquille du Ligar a quatre pouces de longueur Sc troiç fois moins de largeur. OPERCULÉS. Elle efî formée de vingt fpires renflees, arrondies, bien Spires, didingue'es, & environnées de fept ou huit canelures médio- cres 6c égaies. Le fommet eû deux fois & demi plus long que large , & Sommet, quatre à cinq fois plus long que la première fpire. L’ouverture eft exaélement ronde ou orbiculaire , & en- Ouverture, tourée aux deux tiers feulement par une lèvre circulaire alfez mince , aiguë & tranchante fur les bords. L’autre tiers elî fermé par la convexité de la fécondé fpire qui fe trouve fur fa gauche. Le fond de fa couleur ell blanc, agréablement marbré de Couleur, grandes taches brunes. Elle n’a point de période fenlîble. Période, non plus que la fuivante. 7. LE M E S A L. P/. lo. Turbo lævis teftæ , in maii Adriatico frequens, fubtiliffimis crenis crif- pariis, colore lapidis Tiburcini, tribus fuprà decem orbibus, liceE mole parvus , extenfus. Bonan, recr. pag. iiS. cla^. 3, n. 23. Turbo alrer mole major decem tantùm orbibus finitus', valdè tumefcen- tibns, omnino lævigatîs , colore marmoreo fubalbido , & aliquan- tulum vetuftate flavefcente. Ejufd. ibid. n. 24. Muf. Kirk. pag. 45 i. «. 23 & 24. Cochlea albida , ad imum quemque orbem unâ vel airerâ ftrii majufculà, 1-iJl. hiji, Conchyl. tab, ^cji.jîg. (^6, Turbo integer vulgaris lævis. Lang. meth. pag. 47. Strombus cochloides , fpiris rorofis ftriacis; Tiburtinus , fubtilifïîmis cre- nis crifpatus, colore lapidis Tiburtini , ex mari Adriatico •, Bonanni, Klein, tent. pag. 29. fpec. 1. B. n. 2. a. Strombus cochloides , fpiris corofis ftriatis ; carminatus , albidus , ad imum quemque orbem unâ vel altéra ftriâ majufculà; ore rotundo, parum ad finiftram labiato ; Lifteri. Ejufd. ibid. b. La coquille du Mefaî relTemble infiniment à la précédente; Coquille. mais elle n a gueres plus de deux pouces 6c demi de longueur. Ses dix-fept a dix-huit fpires font auffi entourées de cinq à Spires,’ fix canelures , mais fi fines qu’elles femblent autant de filets fort écartés les uns des autres. Le dernier ou les deux d’en bas font fouvent un peu plus gros que les autres. Le fommet ne furpafle que trois fois la longueur delà pre- Sommet,' miere fpire. ^ L ouverture n’eft pas tout-à-fait ronde, mais un peu allon- Ouverture. ï(5o coquillages gée. Sa lèvre gauche paroît repliée comme une petite plaque fur la fécondé fpire. Gouleuf, Le fond de fa couleur eft quelquefois blanc ^ mais ordx* ^ nairement d’un agathe fort clair. GENRE V. LE VERMET. Fcrmems. A Ne confîdérçr que laforme delà coquille du Vermet,ofi la prendroit moins pour la loge d’un Limaçon ^ que pour celle d’un Pinceau de mer. On feroit encore moins porté à croire qu’elle eft pourvue d’un opercule: c’efl; cependant ce que nous apprend l’infpeélion de l’animal qui l’habite. Car quoiqu’elle foit courbée ou tortillée à la maniéré des Pinceaux de mer, ou même entrelacée & attachée , comme eux , à différons corps qui lui fervent de point d’appui j quoiqu’elle ait lafor- me cylindrique des tuyaux de Scolopendres, l’animal qu’elle renferme eft fort différent des leurs. Il feroit donc auffi in- iufte que peu conforme à la connoiffance que nous avons aujourd’hui de ce coquillage, de le regarder comme un Pin-; ceau de mer (^i ) , ou de le ranger dans la famille des P olypes à tuyaux (2) , ou dans celle des Coquillages Multivalyes (3 ) , comme ont fait plufieurs Auteurs. On en jugera facilement par les defcriptions fuivantes. I. JL E VERMET. PL 11, TubuU alii in quibus vernies delitefcunt. Aldrov. exang. pag. 5^1.' Penicillus alius. Jonji. exartg. tab. 17. ■ Tubuli vermiculares , faxis adhærentes, cæterorumque ôftporum teftis adnaci, ut ferpentes'fine régula , & innumeris penèmodis circiimflexi, ut plurimum foli, figura romndâ & levigatâ. Bonan. reçu pag. 92, cla(f. i. n. lo. A. D. « Muf. Kirk. pag. 437. n. 2.0. A. E. Phallus reftaceys marinusè vermium généré. Lijl. hijl.Conchyl.tab- 548, fig. 3. Rumph. Muf. pag. ixC. tqb. 41, f g. }. 2.. 4* (i) Caroli Langii Methodus Teftaceorum. Claff. i. feéî. a. PenicUîa. (a) Jaco’bi Theodori Klein Defcriptiones Tubuloruni marihorum , &c. Gedanî. J731. 4°. fig. TubuU marini. (3) Hiftoire naturelle éclaircie dans la Conchyliologie , &c. Troifierp-e çlajje des Çdûuilles Multivaîves , fécondé Famille , Vermijfeaux de mer, * ’ Monceau OPERCULÉS. j6i Moflceaa de Vemiiffeaux gris-blanc , tortillés ôc enlacés de différentes maniérés Hiji, Conchyl. pag. 552. pl. 29. fig. B. VermifTeau folitaire de couleur fauve , dont les replis finguliers vont fe terminer à une pointe blanche fort aiguë. Ejufd. ibid.fig. J. Tubulus marinus irregulariter incortus , vermicularis , rufefcens , ftriatus, “five cancellatus ; os habec rotundum , & quo magis ab eo tubus re- cedit , anguftior evadit, donec in turbinem acutiflîmmn definar. Gualc. Ind. pag. & tab. i o. fig. Q. Tubulus marinus irregulariter intortus, vermicularis, leviter ftriatus , & in turbinem obtufionem defiqens , fubalbidus. Ejufd. ibid.fig. V. Dentalium teftâcylindraceâ inætjuali flexuosâ çontortâ, Linn. Faun. Suec. ' pag. 380. n. 1328.Î La coquille du Vermet fe trouve rarement feule : elle fe Ke avec d’autres de la même efpece, & s’enlace de maniéré qu’elle forme des maffes pierreufes confîdêrables. Ces maflès n’ont communément qu’un à deux pouces d’épaiffeur , mais leur largeur n’ell point déterminée 3 elles s’étendent de plu- fîeurs toifes fur les rochers auxquels elles font attachées. J’en ai vu qui étoient couverts d’une croûte femblable & conti^ nuë de plus de vingt pieds quarrés. ' C’efl; particulièrement dans les baffins où l’eau de la mer eft tranquille que l’on trouve cette efpece , & fur-tout dans ceux qui font creufés naturellement dans le roc , comme 011 en voit aux ifles de Corée & de la Magdelaine. Chaque coquille confîdérée folitairement, repréfente une Coquille. efpece de cylindre de cinq à ûx pouces au plus de longueur, dont le diamètre qui a une ligne & demie à deux lignes de lar- geur en haut, diminue infenfiblement jufqu’au fommet où elle fe termine en une pointe très-fine. Elle n’efl jamais droite, mais pliée & tournée inégalement Spires, en plufieurs fpires, dont le nombre varie depuis cinq jufqu’à douze & peut-être davantage. Les fpires vont toujours de droite à gauche , & font ordinairement évuidées par-tout , ()%• G.G.^ quelquefois elles font rapprochées & fe touchent %o\x\.Qs,{fig. H. //.} comme dans les coquilles turbinées, en îaiffant au milieu un ombilic qui fert d’axe ou de centre au- tour duquel elles font leurs révolutions pour former un cône renverfe. G’efl par ces fpires qu’elle adhéré à différens corps; mais fon extrémité fupérieure eft dégagée & libre de tous cotés , de la longueur d’un pouce ou environ : elle s’élève X Pcriofte. Ouverture. Couleur, A N I M A L. Tcte. C' rnes. Yeux. Potiche. Pied. 162 COQUILLAGES verticalement à l’horizon , quoique quelquefois elle y foit un peu inclinée. , Son épailTeur n’eft pas bien coiifîdérable , mais fa durete furpaffe celle de la plupart des coquilles. Elle eft canelée dans toute fa longueur, ou relevée de lix à douze petits filets ridés pour l’ordinaire, ou chagrinés. ^ Le périofte qui l’enveloppe , ne fe voit qu’avec peine a caufe de fon extrême finefie. L’ouverture eft ronde ou orbiculaire , d’un diamètre égal à celui de la coquille, fort mince & tranchante fur fes bords , & élevée d’un pouce au-deflus des fpires. _ La couleur de cette coquille pendant que l’animal vit, eft au dehors d’un brun foncé , qui après fa mort devient cen- dré. Au dedans elle eft violette. La tête de l’animal regardée par le dos T,paroît avoir une fois plus de largeur que de longueur depuis les yeux : lorf- qu’on la regarde par deftbus B, fa longueur depuis le piecl^ paroît égaler fa largeur. Elle eft cylindrique , un peu appla- tie, & tronquée à fon extrémité. De fes côtés partent deux petites cornes C. C. femblables à deux languettes triangulaires, applaties, dont la longueur furpafle à peine la largeur , & dont le mouvement eft peu fenfible. ^ ^ Les yeux Y. Y. font placés à leur racine & fur leur côte extérieur. Ils refîemblent à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. L’ouverture de la bouche eft un petit fillon longitudinal B y par lequel on voit fortir prefque continuellement une petite trompe de la longueur des cornes, cylindrique, un peu ren- flée à fon extrémité qui n’eft point percée , mais garnie de plufîeurs rangs tranfverfaux de dents coniques & courbées en crochets. Le pied eft cylindrique, une fois plus long que la tête, & placé au-deftbus d’elle. Dans fa fîtuation naturelle il la paffe & déborde beaucoup au-devant d’elle, comme on le voit en P : on l’a couché fenfiblement fur le côté en p , afin de le rendre plus apparent. Ce pied ne fert point à l’animal pour marcher , comme on le voit dans les autres Limaçons , étant fixé continuellement dans le même lieu. OPERCULÉS. igj De fou origine, de l’endroit où il fe joint à la tête, on \roit fortir du même point deux filets cylindriques F. F. qui s’étendent d’une longueur égale à la fienne. Ils font un peu plus minces & deux fois plus longs que les cornes , & n’ont guères plus de mouvement qu’elles. A foii extrémité efi; attaché un opercule O , de figure or- biculaire, cartilagineux, extrêmement mince, & marqué fur fa furface de deux petits filions circulaires concentriques. Il efi une fois plus petit que le diamètre de la coquille, & rentre de plus de deux pouces dans fon intérieur, lorlqu’on inquiète l’animal ou qu’on le touche. Le manteau efi; une membrane fort courte qui tapifie les parois intérieures de la coquille, en formant une efpece de collier autour du corps de l’animal. Quoiqu’elle ne forte pas ordinairement au dehors, on l’a fait paroître en M, afin de mettre en vûe l’ouverture A. par laquelle l’animal infpire l’air, & rend fes excrémens, qui femblent des petits grains ovoïdes, fort allongés & grouppés enfemble parplufieurs pa- quets. Cette ouverture qui efi; aufli l’anus , fe trouve toujours fur la droite. La difiance qu’il y a du manteau à la tête , efi; de près d’un pouce ,& double de la longueur du pied. Dans cet efpace le corps de l’animal paroît comme un long col cylindrique , fur le dos duquel s’élève un bourrelet femblable à une plaque triangulaire, applatie, afiez large fur le devant, & fort poin- tue par derrière. Ce bourrelet , cette plaque s’étend fur toute fa longueur, aufîi-bien que deux petits cordons qu’on ap- perçoit fur fes côtés. Je n’ai jamais vû cet animal en accouplement, & pro- bablement il en efi difpenfé, comme bien d’autres coquil- lages, ne pouvant tranfporter fa coquille, ni en faire fortir fon corps de plus d’un pouce, pour communiquer avec fes voifins. Il efi cendré tirant fur le noir , depuis la tête, qui efi mou- chetée de petits points jaunes , jufqu’au manteau , depuis le manteau jii!qu’au milieu du corps il efi blanc-fale, & noi- râtre à l’extrémité inférieure. Opercule. Manteau^, Anusi Col. Sexe. Couleur. 164 CO QUILLAGES Z. LE L I S P E. P/. II. Tnbuîi alîi parvi in quibus vermes delitefcunr. Aldrov. exang. pag. ^6z. fig. Juperior, Tubuli alii parvi. Jonjl. exang. tah. 17. Tnbuli vermiculares femper quafi vifcerum niaflam Gonftituentes , ut piurimum colore fufco , rerreo , & livido ; lub loto fcopulis immo- biliter adhaerefcentfes , teftâ minutilïlmis ftriis afperâ. Bonan, recr. pag. 95. clajf. 1. n, 10. G, w— — Muf. K'irk. pag. 4^37. n. 20. G. Tubuli matini irregulariter intorti, vermiculares, fimul uniti in conge- riern rantæ molis, ut faepe tripalmarem diametriim habeat, & 23 ii- bras pondéré æquet. Gualt. Ind, pag. & tab. 1 o-. fig.. T. Coquille. La coquille du Lifpe, fur une longueur égale à la précé- dente, a tout au plus une ligne de diamètre, & fouvent beau- ^piies. coup moins. Elle n^eft tournée en fpirale que dans fa partie inférieure qui fait deux ou trois tours au plus. Sa furface n’eft Ouverture, point canelée, mais légèrement ridée en travers, & fon ou- verture ne déborde que de quelques lignes au-deffus des corps qui lui fervent d’appui. Couleur. Sa couleur ed jaunâtre. Elle eft auffi commune que la première autour de l’ide de Corée ; mais on ne la trouve qu’entre les rochers fur lefquels la mer bat avec violence. Les malfes qu’elle forme font fort compaéles , d’environ un à deux pieds de diamètre, & de cinq à fix pouces d’épaiifeur. 3, LE DOPA N. PL n. Cette efpece' s’attache par monceaux ronds d’environ un pied de diamètre, fur les coquillages & fur les morceaux de bois que le liazard a fixés au fond fablonneux & coquillier de la rade de Fifle de Corée. Coquille. La longueur de fa coquille eft de huit à neuf pôuces, & fa largeur de trois à quatre lignes. Elle eft contournée plus irrégulièrement que la première efpece, & fait un peu moins Spires. de ^ires , qui vont auffi de droite à gauche. Sa furface eft relevée de cinquante petits filets longitudinaux, fort ferrés,, & traverfés par d’autres filets ffimblables , qui forment un treillis extrêmement fin. Ouverture. Son ouverture ne s’élève pas d’un demi-pouce au-deffus des fpires. Elle s’incline toujours un peu fur le côté. OPERCULÉS. Elle ell jaune au dehors, &: de couleur de corne au de- Couleur, dans. Les cornes de Panimal ont deux fois plus de longueur qüe Animai,, de largeur. Comes. Son pied paroît comme plie en deux à fon extrémité. C'eft dans ce pli qu’efl placé l’opercule, qui ed û petit qu’on a de îa peine à le diftinguer fans le fecours du verre lenticulaire. Il n’a guères plus d’un huitième de ligne de diamètre. Le manteau eft bordé tout autour de douze petits tuber- Manteau, cilles jaunes. ^ La tete, les cornes , le pied & le manteau font bruns, poin- Couleur, tilîés de jaune & de rouge : le relie du corps eh blanc-de-corne dans fa moitié fupérieure , & blanc-de-lait taché de brun dans l’autre moitié, 4. le D a T I N. PL II. La coquille de cette efpece vit folitairement , 8c fans fe Coquilis. joindre a d autres coquilles de même elpece. On la trouve auffi, mais plus rarement, fur les rochers de l’iHe de Corée, 8c quelquefois fur les coquillages. Elle n’a que deux pouces de longueur, & deux lignes de Spires, diamètre. Elle eh tournée , comme les autres , de droite à gauche en trois fpires beaucoup plus rapprochées (fig. A. ) , & fouvent roulées fur elles-mêmes de maniéré qu’elles en- ferment le fonimet à leur centre, ce qui lui donne la forme d un cor ( B. ) dont le dehus & le dehbus font applatis comme un difque. Sa furface eh ordinairement lifle, quelque- fois relevée de cinq a fix filets qui parcourent fa longueur. Son ouverture déborde rarement les fpires. Ouverture. Elle eh jaunâtre, cendrée, ou d’un brun obfcur. Couleur, Le pied ae 1 animai eh parfeme de quelques petits tuber- Animai,, cilles jaunes. Pied. ^ Son^ opercule eh placé fur fon extrémité qui eh plate : il Opercule, n a qu’un fixiéme de ligne de diamètre. Il reflémbie à la première efpece quant à la couleur de fon Cou'euf. corps, à cela près que l’extrémité inférieure eh blanchâtre. 5. LE M A S I E R. PL n, Tiibuli dii in qiibus vermes deütcfcunt. Aldrov. exanf. vap. fg. inferior.} ^ o Jr 6 ) i66 COQUILLAGES Rumph. muf. pap. ta.b. lut. L. Tubuliis biftorcæ formis. Lang. meth. pag. 5. , . * VermiflTeau des mieux contournés, de couleur de chair^en quelques en- droits, & blanc dans le refte. Mift. Conckyl. pag. 3 5 z.pl. i^.fig. H. Cette efpece eft la plus grande des Vermets que j’ai ob- ferve's fur la côte du Sénégal. Elle eft auffi extrêmement rare ; je ne l’ai trouvée qu’aux environs du cap Verd, ou elle vit folitairement. .11 j 1 • Coquille. Sa coquille ell fort épailTe , longue d’un pied , large de huit à neuf lignes , marquée de vingt canelures longitudinales ex- Spires. trêmement fines , & tournée fur elle-même en trois fpires affez irrégulières, dont celles du fommet fe trouvent au-delfous des autres. Ouverture. Son Ouverture ne s’élève pas au-deflus des fpires. Couleur. Elle eft grife, fauve, ou couleur de chair au dehors, & couleur de corne au dedans. LE J É L I N. PL II. Le rems & l’occafion ne m’ont pas permis d’obferver fcru- puleufement l’animal du Jéiin que je mets a la fuite de ce genre j mais il m’a paru avoir beaucoup plus de rapport avec lui , qu’avec aucun autre coquillage. Coquille. Sa coquille ne s’eft préfentée à moi que deux fois , autour du cap Manuel , & elle ne fe trouve dans aucun cabinet que je fçache, C’efi; une des plus fingulieres qu’on ait peut-être vu dans le genre du Vermet. Elle ne paroît d’abord que com- me un boyau inégal , replié irrégulièrement fur lui-rneme, long de huit à neuf pouces, & large de fix à neuf ^lignes; mais lorfqu’on l’examine attentivement , 011 voit qu elle af- feéle de prendre une forme triangulaire, chofe qu on^ooferve dans les deux exemplaires que j’en ai , & qui ne ainerent qu’en ce que l’un préfente à droite ce que l’aiitre porte a gauche. , . Spires. La face R , qu’on peut regarder comme la lace anterieure, efi verticale , formée de. deux tours de fpirales peu inégaux, a peu près triangulaires , & rapprochés côte à côte. Elle efi ren- flée vers le milieu à l’endroit de leur réunion, & un peu plus avancée que fur les côtés qui déclinent en s’approchant de la face pofiérieure. Gelle-ci efi en partie verticale, formée pa^ie OPERCULÉS. 1^7 dos des deux tours de fpirale de la face antérieure; &: en partie horizontale , formée par un troifiéme tour de fpirale qui fait un cercle horizontal en communiquant avec eux , &: laiffe un petit cuhde-fac au milieu de fon ombilic. La face infé- rieure eh plate & horizontale , régl^ par le deHous de la troifiéme fpire. „ Cette coquille eh blanchâtre, peu épailfe, très-fragile, & d’une grande légèreté, qui provient de ce que fa furface ex- térieure eh toute piquée de petits trous. Ces trous ne péné- trent pas tout-à-fait jufqu’à fa furface intérieure, qui èh lilfe & d’un' beau poli : ils font entremêlés de petits tubercules, qui en certains ’ endroits paroiiTent enfermés dans un réfeau extrêmement fin. Les mailles de ce réfeau font hexagones, fort régulières , & coupées par trois filets , qui en fe croifant à leur milieu, vont fe rendre à chacun de leurs angles. Le morceau détaché que l’on voit en Z, en montre le tilTu tel qu’il paroît grofii par le^ fecours du verre lenticulaire. A la beauté & à la régularité du réfeau qui recouvre cette coquille, on la prendroit au premier coup d’œil pour un Madrépore des mieux ouvragés. ■* . Mais ce qui la rend encore plus finguliere , ce font deux ouvertures Q. O. en forme de tuyaux d’inégale grandeur, qui s’élèvent parallèlement l’un à l’autre. La grofleur & la longueur de ces tuyaux varie depuis deux jufqu’à quatre li- gnes ; de forte que lorfque le tuyau le plus grand a quatr® lignes, l’autre n’en a que deux. Au-defibus de ces deux ou- vertures , à l’extrémité oppofée des fpires , on voit encore en X. X. deux ouvertures à peu près femblables, par lefquelles la coquille étoit foiblement attachée aux rochers èc dans les fables. GENRE VL L A T O U P î E. Trochus. La figure qui eh ordinaire à la coquille des efpeces de ce genre, lui a mérité le nom de Toupie, que Rondelet (i) lui a donne le premier. La cote du Sénégal ne m’en a fourni que quatre efpeces que je vais décrire. (i) Hoc Turbinum genus à fimiiitudine inftnimeritî auo luütant pueri , Trochos appelJaiTius, Tejlac, edit, lut, pag, 92,. Couleur. Ouverture?. J ï<;S COQUIÎ-LAPES I. LE MARNAT. PI. ii.' Cochlea fublivida, nigris lineis undatis dlftinfta, lineis interdum nigriQ' ïibus &C miilto pluribus; Barba4enfis&: Jamaicenfîs. Liji. hijl. Conch. tah. S‘èj-fig- 38» ^ Cochlea Tiochiformis , lævis , ex albido , rubro , Sc fabyindi per lerietn linezia. Gualt. Ind. pag. & tab. 6^.Jîg. N.l _ _ ■ Saccus ore integro , fublividus, lineis nigris, undads, diftind^usi Lifteri, Klein.tent.pag./^^.Jpec.z.n.i, Coquille. La coquille du Marnat a la forme d’un ovoïde obtus , 8c comme coupé obliquement à fa partie fupérieure , & termine brufquement en une pointe très-fine à l’extrémité oppofée, Sa longueur ne paffe pas fept à huit ligoes , & fa largeur eft d’environ cinq lignes, c’eft-à-dire, moindre de moitié. Spires. Elle efi très-épaifie, & formée de fix fpires applaties, peu renflées , peu diftinguées, & dont la furfaçe eft bien Itiifante 8c d’un beau poli. Les deux premières font d’une grandeur démefurée' à l’égard de? autres qu’elles effacent prefqu en- tièrement. Sommet. Le fommet eft prefqu’aufti long que large, & un peu plus court que la première fpire. ^ Ouverture. L’ouvcrturc eft prefque ronde , 8c comme couchee ou in- clinée fur le dos de la coquille. _ La lèvre droite entoure cirçulairement plus des deux tiers de fa circonférence, qu’elle rend aiguü & d’un tranchant extrêmement fin. ’’ La lèvre gauche prëfente une furface plane, dont le bord çft affez droit & un peu tranchant au dedans de la coquille. Pérîofte. Le période qui l’enveloppe eft membraneu?t,fort mince, 8c peu fenfible. Couleur^ Le fond de fa couleur au dedans eft brun-caffe ; au dehors c’eftun gris-plombé, quelquefois rougeâtre , tout moucheté de petits points blancs difpofés fur plulîeurs lignes , qui , au lieu de tourner aveç les fpires , les coupent obliquement. Variétés. On n’obfervc d’autres variétés dans la forme 8c la couleur de cette coquille, que celles que l’âge y ocpfîonne. Lés pe- tites font plus courtes 8c plus larges à proportion quelles grandes j elles ont auffi moins de fpires , 8c font prefqu en- tièrement cendrées. Je OPERCULES. i6g Je tiens de M. Bernard de Jiiffieu une coquille qu’on ne peut nier être de la même efpece. Ce célébré Académicien Fa reçue autrefois , & encore tout récemment , des côtes de la Chine & de Bengale. Elle ne différé de la nôtre, que parce que fon fond plombé eft coupé par huit ou dix bandes blan- ches, fouvent ondées, qui tiennent lieu des lignes ponétuées jqu’on obferve dans celle du Sénégal. Voilà un exemple des .variétés que deux climats fort éloignés , mais peu différens 5> peuvent caufer dans la couleur d’une même efpece de co- quille. Quand l’animal fort de fa coquille , fa tête paraît comme un petit cylindre tronqué à fon extrémité T , & renflé à fa bafe par une efpece d’anneau ou de bourrelet^ dont la lar- .geur égale fa longueur. Des deux côtés de la tête & de fon origine , partent deux .cornes C. C. coniques ^ fort épaiifes , doubles de fa longueur, qui paroiffent divifées en delTus par un fîllon qui en par- court la longueur. JLes yeux font deux petits points noirs Y. Y. qui ne fail- lent point au-delfis de la furface des cornes, à la racine def- quelles ils font enchalTés fur leur côté ej^terne. Au-deffous de l’extrémité tronquée de la tête, on apper- çoit deux lèvres ovales , pendantes & latérales , au milieu defquelles on dif ingue un petit fillon longitudinal B , tra- verfé par un autre fillon placé un peu au-deffus, & dont le concours lui donne la forme d’un t à tête courb.e. C’efî: pro- prement l’ouverture de la bouche , au fond de laquelle fç trouvent deux mâchoires , dont l’inférieure efl garnie de vingt- quatre dents, qui, par le moyen du microfcope, paroiffent difpofées en long fur deux rangs fort ferrés. Le pied P de l’animal ef petit, elliptique, obtus à fes deux exttêmités, ou prefque rond, .& prefqu’une fois plus court ..que la coquille. Sa furface inférieure efl marquée de deux filions, dont le premier G plus léger , le coupe longitudinar lement dans fon milieu j l’autre plus profond , borde fon ex- trémité antérieure. En deffus du pied, vers le milieu de fa longueur , efl atta- ché un opercule O cartilagineux, fort mince, taillé en demi- lune , poli 6c luifam en demis , & marqué légèrement de plu- Animal. Tête. Cornes. Y eux. Bouche. Pied. Opercule. Manteau, Sexe. Couleur.' 170 COQUILLAGES fieurs lignes courbes qui ont pour centre commun un pomt placé vers fon angle fupérieur. On Ta figuré féparément en 0. La membrane qui forme le manteau efi: fort mince , &; ta- pilfe les parois intérieures de la coquille. Elle laiffe fur le col de l’animal , & un peu vers le côté gauche , une ouverture par laquelle il jette fes excrémens. Par cette même ouverture il fait fortir une petite lan- guette V charnue , triangulaire , applatie, trois fois plus lon- gue que large, que quelques Auteurs ont prife pour la partie affeéiée aux mâles. Pour moi , je n’ai point eu occafion de vérifier fi cet animal étoit hermaphrodite , c’eft-à-dire , fi chaque individu réunifibit les deux fexes , ou s’ils étoient partagés entre dilférens individus, car il arrive rarement qu’on les trouve en copulation ; mais je puis dire que j’ai obfervé cette partie dans tous ceux qui m’ont pafie par les mains. Quoi qu’il en foit, cette languette porte fur fon côté extérieur un olTelet pointu, fragile & blanchâtre, qui lui fert comme d& foutien dans toute fa longueur. M. B. de Juffieu m’a fait voir, depuis mon retour en France, les deux fexes bien diftingués dans un coquillage de l’Océan ,, appellé Vignot ou Bigourneau (i) , qui a un rapport très- prochain avec leMarnat du Sénégal , quoiqu’il n’ait pas com- me lui de languette fur le côté. Cela me fait foupçonner que l’oflelet dont cette languette efi: armée , efi une efpece d’ai- guillon dont les femelles feroient pourvues aufii-bien que les mâles, pour fe réveiller & s’exciter mutuellement dans le tems de la copulation , comme il arrive aux Limaçons de jardin. Le corps du Marnat efi d’^un blanc-fale,traverfé en deflus par un grand nombre de petites lignes noirâtres. Ce coquillage efi extrêmement commun à la pointe mé- ridionale de rifle de Corée. Il cherche les rochers découverts, & feulement ceux oii la mer vient battre avec violence ; car îorfqu’elle l’abandonne entièrement & qu’il fent un peu trop de fécherefie , il pourvoit à fa confervation en quittant le rocher & fe laiflant tomber â la mer ; puis il remonte de . nouveau jufqu’â la hauteur où elle celle de fe déployer. Il (i) Cocklea marina, quæ Batavis Alie Kruyk vocatur. Swammerd. BihU nau roi. 1. 180. tah. 9. '14-20. OPERCULÉS. 171 a recours au même artifice lorfqu’on le touche du bout du doigt, ou qu’on veut l’inquieter. 2. LE B O S O N. PL II. Buccinum fubîividum , ftriisnodofis &interdum muricatis exafperatum. \ Lijî. hijl. Conchyl. tab. $0. fig. 28. Cochlea rufefcens ftriis nodofis exafperataj Jamaicenfis. Ejufd. tab. 584. fiS' 4 ^ • Cochlea Jamaicenfis verruculata. Petiv. Ga^i^oph. vol. i. cat. 5^4. tab. 70. fig^ II- Buccinum parvum , integrum, ore oblique, mucrone gradatim acumi- nato, umbilicatum, denfe granulatum, ex fubalbido, ôc livido cor lore depidrum. Gualt. Ind. pag. & tab. ^^.fig. E. Cochlea marina terreftdformis, ftriis nodofis elegantiflîme exafperata, pallidè rufefcens. Ejufd. pag. & tab. ^yfig. H. Saccus ore integro : rufefcens, ftriata , nodofa , granujata ; Lifteri. Klein, tent. pag. fpec. 1. n. 4. Saccus ore circum circa fimbriato, fublivida, terreftris , ftriis nodofis, &: interdum muricatis; LifterL Ejufd. ibid. fpec. 3. n. 1. Le Bofon fe voit auffi autour de Tifle de Gore'e, mais beau- coup plus rarement. Sa coquille a dix lignes de longueur, deux tiers moins de largeur, & huit fpires affez renflées, arrondies, & dont la grandeur diminue proportionnellement. Elles font groflîere- ment chagrinées par des petits boutons égaux, & rangés fur plufîeurs lignes qui tournent avec elles. On en compte dix rangs fur la première fpire , cinq fur la fécondé, quatre fur la troifieme, & beaucoup moins furies autres. La longueur du fommet furpafle un peu celle de la pre- mière fpire. La levre droite de l’ouverture efl un peu ondée fur les bords. La gauche efl: étroite , un peu arrondie , & lailfe un. petit ombilic à côté d’elle. Cette coquille efl grife ou plombée. Ses boutons font or- dinairement blancs aufli-bien que le contour de l’ouverture, dont le fond tire fur le roux. 3. LE D A K I. PL iz. La coquille du Daki n’a guères plus de deux lignes de Coquille. longueur, fur une largeur prefqu’une fois moindre. Elle efl Yij Coquille. Spires. Sommer. Ouverture. Couleur, Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Animal. Tête. Cornes, Pied, Couleur. Coquille. l'ji COQUILLAGES peu épailïe , compofée de fept fpires applaties & liffes , qui diminuent à peu près également. Son fommet eft de moitié plus long que large , & une fois plus long que la ptemiere fpire. La lèvre droite de l’ouverture eft fi'mple ^ unie & tran-^ chante. La gauche s’arrondit un peu en le repliant fur la fé- condé fpire ; elle kilfe à fon extrémité fupérieure un pem ombilic femblable à un leger lillon. Le fond de fa couleur eft brun , fauve , ou gris'. La tête de l’animal ne porte point de bourrelet à fon ori- gine : elle eft cyHndrique, & fi groflé^ qu’elle égale prefque la largeur du pied. ^ j / Ses cornes font cylindriques ^ fort allongées, & très-de- liées. Son pied eH une fois plus long que lar^e , une fois plus étroit que la coquille, & pointu à fon extrémité poderieure» Le fillon qui le coupe en-delfous , ne s’étend que jufqu’à fon milieu. ' Son corps ed noirâtre eiï deffus , 8c blanchâtre en-delfous. Un petit filet jaune parcourt toute la longueur de fes cornes,- dont la couleur eft blanchatte. _ ^ , J’ai trouvé Communément ce coquillage attache aux-planteÿ marines qui croiffent fur les rochers de la pointe auftrale de- Fifle de Corée. 4. LÉ R I F É t. P/. II. Cette efpece ne différé de la précédente, qu eiï ce qu ellé eft plus rare, que' fa coquille eft: cendree , tirant fur le noir, infiniment plus mince, & toujours plus petite, n ayant pas deux lignes de longu-eur , & que les fpires font renilees oc arrondies, genre V I Î. LA ISl A T I C E. JVadcar. ^^Atice, en latin Naticdy eft un nom abandonne que les Anciens donnoient autrefois à un genre de coquillage allez femblable à la Nérite. Celui dont je vais parler, y a tant de rapport , qu’on ne peut lui refufer ce nom. '75 OPERCULÉS. I. LE F O S S A R. Fl rj. La coquille clu FolPar n’a guères plus de deux lignes , ou deux lignes & demie de diamètre. On la voit dans fa gran- deur naturelle en A, & elle eft groffie confîdërablement dans ies trois figures voifines. Elle eft prefque ronde, fort mince, fans përiolle , tranfparente, & un peu plus large que longue. Ses fpires font au nombre de cinq, arrondies, fort ren- iîëes , & bien dëtachëes , niais fi peu proportionnées , que la première efface par fon volume, toutes les autres. Elles font toutes entourées d’un grand nombre de filets fort fer- rés, dont on compte une trentaine dans la première fpire^ & douze à quinze dans la fécondé : la première a, outre ces filets, quatre à cinq greffes côtes fort aigues & tranchantes,, qui manquent dans quelques individus. Le fommet eft pointu , fort petit , une à deux fois plus long que large, & une à deux fois plus court que la première fpire. L’ouverture efi grande, &: taillée en demi-lune : elle s’é- tend & fe porte prefqu’entierement hors de la coquille, fur fa droite. Les bords de la lèvre droite font minces, tranchans, & marqués de quelques ondes , qui répondent aux cinq côtes élevées fur la furface extérieure de la première fpire. La lèvre gauche eft plate, unie, formée par une ligné droite, & comme repliée fur la fécondé fpire , où elle laiffe un peu au-deffous du milieu de fa longueur , un ombilic affez grand , & femblable à un trou rond , deux fois plus court qu’elle. Je n’ai vû d’autre couleur que la blanche fur cette co- quille. La tête de l’animal eft petite, cylindrique, de moitié plus longue que large , & légèrement échancrée à fon extrêmi-» té T, d’où part un petit fillon qui en parcourt la longueur en-deffus. A fon origine & fur fes côtés , font placées deux cornes C. C. épaiffes, deux fois plus longues qu’elle, & terminées en pointe. Elles portent chacune à leur racine , fur leur côté interne, un lobe, ou appendice charnu & quarré L, aufif Coquille^ Périofte. Spires. Sommet- Ouverture. Couleur. Animal. Tête, Cornes, Yeux. [Bouche. Manteau. Pied, Opercule. Couleur. 174 COQUILLAGES long que la moitié de la tête, fur laquelle il flotte librement. Elles font encore coupées vers le dos, & fuivantieur lon- gueur , par un flllon que traverfent un nombre infini d’an- neaux. Ceux-ci font fans doute les mufcles annulaires atta- chés à la fibre longitudinale qui forme le fiiion. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. placés à l’ori- gine des cornes, fur leur côté extérieur, prefque derrière elles. A l’extrémité de la tête en-delTous, on voit un petit fîlloiî longitudinal B , qui efl l’ouverture de la bouche. Le manteau confîfte en une Ample membrane , fort mince, qui tapiffe les parois intérieurs de la coquille. Le pied P efl fort petit , prefque rond, applati en deflbus, convexe en delTus, & une fois plus court que la coquille. L’opercule O a un peu moins de grandeur que l’ouver- ture : il a 5 comme elle , la figure d’une demi-lune. Il efl: fauve , cartilagineux , extrêmement mince , & marqué en deifus de plufieurs filions qui partent d’une centre commun placé vers fon angle fupérieur. Tout le corps de cet animal efl blanc comme fa coquille | il n’a de noir que les yeux. %. LA N A T I C E. PI 15, Cochlea umbilicata, cùm operculo fuo. Rondel. Pifc. pars 1. edit. lac, pag. 105. Coquille ayant un trou comme un nombril, avec Ibii couvercie. Eju/df édit, franç. pag. -JO. Cochlea umbilicata, cùm operculo fuo. Boffuet. aquat, pars alt.p. 5 5. Gejn. aquat. pag. x%6. — — Aldrov. exang. pag. 397. Cochlea maris Mediterranei non rata, perlata dicenda à colore unionis,’ fub cortice veiuti ovi ftruthio-cameli cælato. Bonan. recr. pag. 133, ciajj'. 3. n. i6î, Cochlea teftâ crafsâ & ponderosâ, colore carneo maculis rufis, & cafta- neis invicem alternatis vittata. Ejufd. ibid. n. 16^9. Cochlea umbilicata , inftar globi perfedè circinata & læyis , colore ony- chino. Ejufd. ibid. pag. 141. n. 2Z5. Cochlea alla fimilis figura, lævis & nitida •, afperfa coloribus fubviridi, rufo & croceo vehui aquâ multâ dilutis •, orbium commilTuris à fafciolâ albâ claviculatim intortâ indicacis ; bafi veiuti fcapi orbes fulcienîis in centro confpicuâ. Ejufd. ibid. n. 2.16, OPERCULÉS. 17J Cochlea fubllvida, ore fufco ad bafim Gujufque orbis velut funictilo de- pida, Anglica, Conchyl.tab. 19. Cochlea maris Medicerranei non rara, perlata dicenda à colore unionis^ fub cortice veluci ovi ftrutbio-canieli cælato. Muf. Kirk. pag. 459. num, 168. Cochlea tefta crafsa ôc ponderosâ j colore carneo, maculis rufis, ôc cafta- neis invicem alternatis vittaca. £Jufd. ibid. n. xGç). Cochlea umbilicata , inftar globi perfeétè cireinata, & læviSj colore ony- chino. Ejufd. ibid. pag. ^6i. n. 225. Cochlea alia fimilis figura, lævis & nitida; afperfa coloribus fubviridij rufia & croceo velud aquâ multâ dilutis; orbium commiftliris à faf- ciola alba claviculatim intortâ indicatisj bafi veluti fcapi orbes ful< cienris in centro confpicuâ. Ejufd. ibid. n. zi6. Cochlea marina terreftriformis lævis. Lang, meth. pag. ^1. Cochlea umbilicata foramine fpirarum femicirculari , umbilicali vero firaplici, lævis. Ejufd. pag. 54. Platyftoina ore fimplici : fafciaEum , ponderofum , carnenm , rufis 8c cafta- neis macuhs alternantibusfafciarumÿBonanni. fpec. I. n. i.g. Platyftoma ore fimbriato ; onychinum ; Bonanni. Ejufd, ibid, pag. ij, fpec. 2. 4. Platyftoma ore fimbriato : variegatum; coloribus fubviridi, riifo 8c cro- ceo , dilucis , commiftliris à fafciolâ albâ claviculatim intortâ , in umbilico fulris. Ejufd. ibid. n. 5. Platyftoma ore fimbriato tfublividum ; ore fufco 5 ad bafim cujufque or- bis velut funiculo conftridum; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 6. La coquille de la Natice ell arrondie, femblable à celle Coquille, du Limaçon de nos jardins, appelle la J/^igntrone ; mais elle eft un peu plus épaifle, longue de feize lignes, & un fîxie'me moins large. On n'y compte que fept ^ires renfle'es, ar- Spires, rondies , & d’un beau poli. Le fommet forme un cône furbailTé, peu pointu à fon Sommet, extrémité, une fois plus large que long, ôe prefqu’une fois plus court que l’ouverture. Celle-ci a la lèvre droite , lîmple & unie. Ouverture, Sa lèvre gauche n’eft repliee que dans le bas, en une lame peu epailfe , qui occupe a peu près le tiers de fa longueur. L’ombilic fe trouve exaélement vers fon milieu : il efl: deux fois plus court qu’elle, & porte vers le dos, un rendement demi-cylindrique, qui imite parfaitement un axe, autour duquel les fpires feroient leurs circonvolutions. Cet axe n occupe que la moitié de l’ombilic dans les jeunes coquilles. Périofte. Couleur. 7 176 COQUILLAGES. au lieu qu*il le bouche prefqu’en entier dans^ les vieilles. Le périofte qui les enveloppe eft Fauve & très-mince. Le fond de leur couleur eft blanc, rayé longitudinale- ment de lignes fauves qui recouvrent prefqu entièrement la furface. La première fpire eft encore entourée de quatre bandes, dont la première qui borde l’ombilic, eft bmneêc fort laro'e ; les deux autres qui fuivent font étroites & blanr ches 1 & la quatrième qui eft placée dans fa partie inferieure, eft blanche, marbrée de brun. Les autres fpires, aulft-bien que les jeunes coquilles, hont que cette derpiere bande. i.a couleur du dedans eft jaunâtre. 1 r 1 1 Cette efpece vit parmi les Algues marines dans les labiés de l’anfe de Ben , où elle rampe à la profondeur de ùeux pouces ou environ. Elle ne différé peut-être que par 1 eloi- gnement du climat, de celle de nos côtes, qui m a ete com- 'muniquée par M. B. de Juffieu , qui l’a obfervee daqs les fables des environs de Dieppe. J.. LE FANE L. P/, ij. Coclilea limacis nomine communiter appellara a forma , qua terreftubus limacibus omnimodè affimilarur^ cçlore anda rufo , & mndo ce- ieis pundis afperfa,& maculis notata,ex porraceo albelcentibus. Bonan. recr. pag. 141. clajf. 3. «. 214. a- Codilea Siracufani littoris, aiireâ cute teda quam color fui vus pundatitn fignar, & veluti vélo ^laftino fuper màüta.. Ejufd. ibid n. 228. fignar, & veluti vélo gialtmo lupei inauia. Cocblea claviculâ comprefsâ , pundis rufis dense depida. Liji.hifl. Conch. Cocbî^'lim^ih domine communiter appellata à forma , limacibus omnimodè affimilatur -, colore rinda rufo , & mtido , c^çis panais afperfa, & Biacnlis noota, .ss porraceo jlhefcenribus. Muj: CochfcatirSam li'tt”'rfs!aûreâ cure teaa, quam colot fulvus punaalim fionat, & veluti vélo glaftino fuper induta. E]ufd. ibid.n. ii^. Cochlea umbilicata foramine fpirarum femicirculari , umbilicali ve o ' in principio duplici lævis. Lang. meth. pag. 54* r r r ç Cochlea marina umbilicata , cinerea , pundis obftum rufts afperfa , faftiV interruptis ejufdem , fed magis mtenfi colons circumdata. Gualt. Cochka^’mafina umbilica^tf, 2vis, pundis rufis denfiffimè afperfa, HaryÉatrftapf^fpuiaafLholore fulvo foper cure aureâ. B.onanni. Kkin. tcnt. pag. lyfpec. i.n.ii. platyftoroa OPERCULÉS. m Pktyftoma ore fimbriato ; pundbamm \ colore rufo fnper aibo ; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. z. /2. 3. Cette efpece fe trouve avec la préce'dente, dont elle dif- Coquille. fere en ce que fa coquille eft un peu moins allongée, & que fes fpires font applaties en deffous , & comme étagees. Spires. Le fommet eft auJîi plus applati, deux fois plus large que Sommet, long, & deux fois plus court que l’ouverture. La lèvre droite de l’ouverture n’eft repliee que dans la Ouverture; quatrième partie de fa longueur vers l’angle inferieur. L’om- bilic eft très-grand, feulement une fois plus court qu’elle, & marque d’un axe peu conlîdérable. Le fond de fa couleur eft blanc, marqueté agréablement Couleur, de petits points bruns alTez ferrés : la première fpire eft quel- quefois entouree d’une ou deux , & même trois rangs de taches brunes alfez grandes. L’intérieur eft gris de lin , ou d’un beau violet. 4. LE COCHET. P/. 15. Cochlea inarina , apice brevi umbilico ïîmplici. Lijler. hiji. Conchyl. tab. ï7._ . . . Cochiea marina umbilicata^ lævis albida, lineisrufis angulos acutos effor- mantibus densè fignata. Gualt. Ind. pag. & tab. 6-j. fig. M. Platyftoma ore fmplicij undatum 5 iineis lufisj Lifteri. Klein, tent.p. 14. fpec. I. n. 5. ^ La coquille de cette efpece eft encore plus belle &: plus Coquille. epaifle que les deux précédentes , & aufti commune qu’elles dans l’anfe de Ben. Elle n’a que fîx fpires qui font un peu ap- Spires, platies fur les côtés & en deftbus. . gauche de l’ouverture fe replie dans fa moitié Ouverture, inferieure, & forme un peu au deftus du milieu de fa lon- gueur , un ombilic rond , fans axe , & trois fois plus court qu’elle. ^ beau blanc de lait au dedans , & ornée au Couleur, dehors d’un grand nombre de lignes longitudinales brunes, ^ ^ ondées en- zigzags , qui font un très- bel effet. On voit auflî quelquefois des points de la même couleur fur la. partie inferieure des fpires. r contient cette coquille eft blanc , & m’a paru Animal. Semblable à ccl Ji de la premiers efpece. Cependant, comme Z Opercule. ✓ coquillages: les circonfîances peu favorables où j’obfervai ces trois der-*- nieres efpeces ne me permirent pas de décrire leurs diffé-=^ rences fpécifiques , je ne puis en dire davantage. Son opercule au lieu d’être cartilagineux , ed pierreux ^ ou d’une matière parfaitement femblabîe à celle de la co- quille , d’un blanc auffi beau, & marqué de plufieurs filions- concentriques à fon angle fupéneur. GENRE Ÿ ïïl. LE SABOT. Turbo. 1 J’Ai dît ci-devant que le nom de Toupie avoit été donné a un coquillage à caufe de la figure de fa coquille ; c’efl en-' core à la figure de la fîenne que celui-ci doit fon nom de Sabot. En effet elle l’imite allez bien , étant faite en cône renverfé , avec cette différence que fa bafe ou fa partie fupé-- rieure n’efl pas coupée fur un plan horizontal , mais fort- oblique, I. L’ O S I L I N. PI. II. Nerira frequens in Addatico, estrinfecus alba, lineis & tefrelliilis fan-- dice Indicâ foîmatis notara , intrinfeeus colore margaritarum ar- gentea. Bonan. recr. pag. 139. claffi n. aoi, Trochus lævis, ex nigro feriatim dense maculatus; maris Mediterraneii' Lijl. hijl, Conchyl. tah. Trochus valdèfimilis, præter quàin quod orbium pars inferior fît paulu- lùm finuofa. Ejufd. ïbid, fig. 34. Trochus iævis , fafciis catenatis ex nigro albidoque , ceu vermicûlato quoj' dam opéré depidus. Ejufd. ibid. tab.^ 64^. fig. 3 5. Nerira frequens in Adriatico , extrinfeeus alba, lineis & teffellulis fan-- dice Indieâ formatis notata , intrinfecus colore margarirarum ar-^ genre». Muf. Kirk. pag. 462. n. 201. Cochlea Trochiformis ftriata. Lang. meth. pag. 5 0. Cochlea Trochiformis,- Iævis, albida , maculis inrerruptis , per feriem^ difpofiris , pullis , aliquando rufis fignata , & ceu vermicûlato quo- ’ dam opéré depida , intus argentea. Guak. Ind. pag. & tab. 6}. fig.D.E.G. Trocho-cochlea integra : Iævis, maculis nigris per fériés pida ; LifterL- Klein. tent. pag. ^x. fpec. i. n. i‘. tab. i. fig. 5 3- d 54" Trocho-cochlea integra : fafciis catenatis , ex nigro albidoque, feu ver- miculato opéré pida •, Lifteri. Ejufd. ibid. n. 2. Cette première efpèce que j’ai obfervée fréquemment dans- COQVILLEo OPERCULÉS, Î79 les rochers dePifle de Corée, & dans ceux dePifle Ténérif, Pune des Canaries , a une coquille fort épaÜTe , longue d’en- viron un pouce, & un fîxiéme moins large. Elle ell formée de fept fpires , liifes , unies , peu renflées , mais aifez bien diflinguées les unes des autres. Son fommet eft conique , médiocrement pointu , aufîi long que large, & de moitié plus court que l’ouverture. Celle-ci efl exaélement ronde , coupée obliquement fur tin plan incliné de quarante-cinq degrés à l’axe de la coquille, .& environnée à droite d’une lèvre lifle, aigue & tranchante, quoiqu’épailTe, & comme doublée intérieurement. La lèvre gauche efl: prefque verticale, & marquée en haut d’ùne petite éminence femblable à une dent fort moufle. Le période efl: fl peu fenfîble , qu’il femble ne pas exifler. On obferve peu de variétés dans la forme de cette co- quille, mais beaucoup dans fes couleurs. Il y en a dont le fond efl: gris , ou noir, ou cendré ; quelquefois fans mélange, & fouvent avec des petits points blancs , ou couleur de rofe. On en voit d’autres dont le fond efl: verdâtre, ou d’un blanc de corne veiné de petites lignes brunes fort ferrées , & coupé par trois ou quatre bandes blanches tachées de rouge. Il efl: rare qu’on les trouve entièrement recouvertes de leur croûte extérieure : elle ne refte ordinairement que fuE les deux premières fpires, & efl: enlevée dans les autres, foit par le frottement, foit par quelqu’autre caufe, qui fem- ble agir moins fréquemment fur celles qu’on trouve aux Canaries, que fur celles du Sénégal. Cette première croûte dont les dernieres fpires fe trouvent dépouillées , laiflTe voir la couleur orangée de la leconde croûte ; & lorfque celle-ci efl: encore enlevée, on apperçoit la troifîéme & derniere couche , d’une nacre d’abord violette , enfuite gris de lin ou couleur de rofe, & enfin argentée. Cette derniere couche efl: la plus épaifle ; elle femble former la plus confidérable partie de la coquille , du moins en tapifle-t’elle tout l’inté- rieur jufqu’aux bords de la lèvre droite, qui efl: entourée de la croûte noire qui enveloppe toute ia furface extérieure de la coquille. Un fi beau logement ne pouvoit être rempli par un ani- jnal plus richement paré. Sa tête T efl: cylindrique, un tiers Z ij Spires, Sommet, Ouverture. Périofle. Couleur, Animal. Tête. Cornes. Yeux. Bouche. Manteau. Pîcd. iSo COQUILLAGES plus large que longue, tronquée obliquement en delToiis à ion extrémité , & bordée tout autour d’environ deux cens petits filets cylindriques , peu fufceptibles de mouvement. Elle efl encore ornée en deflus d’une petite membrane aflez mince qui en recouvre la moitié pofiérieure , en la traver- fant, pour fe joindre à la racine des cornes. Les cornes C. C. fortent des deux côtés de la tête vers fon origine. Elles font fort minces & fi longues, qu’elles égalent la moitié de la longueur de la coquille. Les petits filets fans nombre qui les couvrent d’un bout à l’autre , les font paroître comme velues. Il femble qu’elles aident l’ani- mal à marcher, du moins il les pofe fou vent à terre. Deux petites colomne& placées fur le côté extérieur des cornes, mais bien diftinguées d’elles font furmontées par deux points noirs Y. Y. peu failla-ns , qui font les yeux. La bouche B fe reconnoît à une petitefente percée de lon- gueur, au delTous de la tête, vers le milieu de fon extrémité tronquée , dont les bords paroiiTent légèrement ondes , ou découpés de pi ufieurs crênelures. La membrane du manteau eft mince & crénelée inégale- ment dans fon contour. Elle tapifie les parois intérieurs de la coquille, & lailTe fur la gauche de ranimai,, une petite ouverture femblable à un canal par où les excrémens trou- vent une ilfue. C’efi encore par cette ouverture du manteau que fort fur-’ la gauche, une efpece de languette V triangulaire, applatie,, trois fois plus longue que large , & tout-a-fait femblable a celle que l’on voit dans le genre des Toupies (i). Elle efi: foutenue pareillement par un ofielet qui régné le long de fon côté extérieur. Nous voici à la partie la plus remarquable de l’animal , à fon pied. Il efi: petit P, de forme elliptique, obtus à fes deux extrémités, une fois plus long que large, & une fois plus court que la coquille. Tout fon contour efi: bordé de plus de fîx cens filets , femblables à ceux de la tête & des cornes. En deffous il efi traverfé par un grand nombre de petits filions, dont la plus grande partie efi coupée par un fillon plus confidérable G , qui s’étend de long depuis fa. (i) Voyez la page OPERCULÉS. îgi |5ame antérieure jufqu’à fon milieu. Sa furface fupërieure efl relevée d’un grand nombre de petits tubercules , & ac-' compagnée des deux côtés de deux membranes, qui prennent chacune leur origine des colomnes qui portent les yeux. La membrane qui eft à la droite du Pied, va fe terminer à l’opercule, auprès duquel elle elî ornée de trois longues cornes F. F. de la longueur & figure des cornes de la tête, velues comme elles, & accompagnées chacune, à leur ori- gine , de deux petits tubercules blanchâtres. L’autre membrane, celle qui eft fur la gauche, porte dans fa moitié podérieure, trois cornes femblables J ; & dans fa HKjitié antérieure , elle ed bordée de vingt-quatre filets dif- pofés fur deux rangs. L’opercule O eft extrêmement mince, tranfparent, & Opercule, d une rondeur parfaite. On voit fur fa furface, douze petits filions concentriques creufés fort légèrement. Il ed attaché au defîus du pied , vers fon extrémité podérieure. Tout le corps de cet animal ed noirâtre , marqué en dedus Codeur, d un nombre infini de petits points blanchâtres. a. LE R É T A N. PL 12. Trochus variegatus ore dentato, fafciis nodofis eircumdatüs. Liû. hilî. Conchyl. tab. 6^^, jig. ^7. Cochlea Troehiformis,^ bafi umbilicafa, & infîgniter dentata, & rugofa, in dorfo minutiflimis globulis per feriem difpoficis undeqtiaque circurnda^ta ; fqiioriiiTî iina linea purpureum colorem oftenrat j in al- téra lineâ globulus unus eft nigerrimus, alter candidiffimus, & fte aKernanm ift;E line.E ad apicem ufque mucronis elegaiitiftiinè pro— cediint. Gualt. Ind. pag. & tab. 6^, fig. B* ^ Trocho-cochlea integra : variegata, ore dentato, fafciis granulatis j Lifteri. Klein, tent. pag. fpec. 1, n. 3. La coquille du Retan a la meme forme & la même gran** deur que la précédente, mais elle ed un peu plus épaiffe. oes fpires font moins renflées, peu didinguées, & chagri- nées de boutons à peu près égaux, & rangés fur plufieurs lignes qui tournent avec elles. Il y a vingt de ces rangs dans la première fpire, fix dans la fécondé, & cinq feulement dans la troifiéme. Le fommet ed un peu plus court que ^ouverture, 6c de moitié plus large que long. Co Quitte, Spires. Sommot, Ouverture. Oouleur. COQUïLLt. 1Z2 COQUILLAGES La lèvre gauche de l’ouverture a une grofle & longue dent cylindrique, vers le haut; & la droite porte au dedans comme une fécondé lame féparée de celle du dehors par uii profond liilon , & relevée de dix canelures qui tournent en rentrant au dedans. Elle eft nacrée fort blanche au dedans , & couleur de chait au dehors. Ses turbercules font alternativement verdâtres & couleur de chair. Je l’ai trouvée fort rarement aux environs du cap Manuels, 3. L E V A S S E T. P/, iz. Umbilicus varius. RondeL pifc. pars ah. gdk. lot. pag. 104. Umbilic. RondeL poijf. part. %. édit, franç. pag. 70. Umbilicus varius , Rondeledi. Bojfuet. aquat. pars ah. pag. 53. — ^efa. aquat. pag. 287. M *"• Aldrov. exang. pag. 398. Trochus dentatus , ruber , nigris pun^uris feriatim diftindus. Lijl. hijl. Conchyl. tab. 6^j.fig. 1$. Trochus primus Eve maculofus. Rumph. muf.p. 74. art. i. tab. xi.jig. i, Trochus fafciis verrucofis è rubro albo nigro, &c. Petiv, Ga^oph. vol. i. cat. tab. i^.Jig. 10. Trochus ore angufto & horizontaliter compreflb ftriatus rugofus & um« bilicatus. Lang. meth. pag. 49. Sabot appellé le Bouton de camifole à qui il reflemble aflTez', ce font de petites cordelettes d’un beau rouge mêlé de points noirs 5 il a im ombilic, à côté duquel eft une lèvre très-épailTe, & une bouche dé- chirée, avec des dents. Hijl. Conchyl. p. i6 y pi. ii.jîg. L. Q. Trochus globofus thoracis interioris, pelle equina, ore dentato. Ejufd. ibid. pag. tôQ. Trochus ore amphore, & fubrotundo , umbilicatus, papillis nigris, albi- dis , & rubris per lèriem difpolitis £\^x\yLm.Guah.Ind.pag^&tab.6i, fig- H. Trocho-cochiea integra : rubra dentata, nigris punduris j Lifteri. K.lcin% tent. pag. 42 . Jpec. i . n. 4.. Cette efpece , que l’on appelle communément le Bouton de camifole y fe trouve abondamment dans les rochers de la pointe méridionale de Fille de Corée. Sa coquille eft médior crement épaifte, longue de fept à huit lignes, un peu plus large , & applatie dans fa partie fupérieure. Ses fpires font tantôt renflées , tantôt applaties , mais tou- jours chagrinées de petits boutops ronds, égaux, & diftris SpireSj. ' O T È R C U L Ê s. igj |>iiës fur plufieurs rangs qui tournent avec elles. Ces rangs de boutons varient de douze à vingt-quatre dans la première fpire ; de fîx à huit dans la fécondé, êc diminuent par degrés dans les autres. Le fommet eH une fois plus large que long, & fort peu plus long que l’ouverture. Celle-ci eft légèrement ridée, ou marquée tout autour d’environ quinze petites canelures. On voit au centre des fpires , un ombilic arrondi & très-profond. Sa couleur eft fujette à beaucoup de variétés. Quand elle fort de la mer,, elle eft ordinairement d’un cendré-noir qui, avec le tems, pafle au gris, & enfuite à une belle carnation ; cette derniere couleur fe- fortifie & fe change en une couleur derofe allez vive, fur-tout lorfque la coquille demeure long- tems fur le rivage. Dans ces diftérens états on remarque que les unes font coupées longitudinalement par cinq ou fîx bandes blanchâtres : les autres font marbrées également de rouge & de blanc , ou de blânc-verdatre : d’autres enfin fur un rond couleur de rofe , font tachées de plufieurs points noirs, ou d’un brun-noir, rangés fur quatre ou cinq lignes qui tournent fur la première fpire. L’animal différé de celui de la première efpece, en ce que îes deux membranes du deffus du pied font bordées d’un feul rang de filets, d’autant plus longs, qu’ils font plus pro- ches de l’opercule. Les trois cornes latérales du pied font ornées à leur origine, de trois filets inégaux terminés en maffue , & blanchâtres. 4. LE F U J E T. Fi. II. Umbilicus parvus. Rondel. pijc. pars ait. edit. lat. pag. 104. Umbilic. Rondel. poijf. part. 2. édk. franç. pag. 70. Umbilicus {>arvus , Rondeletii, Bojfuet., aquat^pars ait. pag. Gejn. aquat. pag, 287. » Aldrov. exang. p.ag. 598. Trochilus unidena ftriatus, ckviculâ tenui acuta. Lifter, hft. ConchyU tab. fig. ^4,. Trocho-cochlea integra : unidens ; Trochilus ftriatus, elavieulâ tenui, acuta •, Lifteri. Klein, tent. pag. 4^2..fpec. i. n. G. La coquille du Fujet a beaucoup de rapport avec la pré- cédente j mais elle n’a jamais que quatre lignes de longueur. Sommet. Ouverture. Couleur® A N I M A t. Pied, Coquille, Jpires. Ouverture. Couleur. Coquille. Spires. Summet. Ouverture. Couleur. Animal. Cornes. Pied. Coquille. 1S4 COQUILLAGES & fix ipires bien renflées, arrondies, & comme étagées. Les rangs de tubercules dont elle efî: chagrinée, font au nom- bre de quinze dans la première fpire , & de fix dans la fé- condé. La lèvre droite de Touverture efl bordée de fix petites dents. La lèvre gauche n’en a qu’une fort grofle à fon extrê- mité fupérieure : elle eft échancrée à foii extrémité infé- rieure , de maniéré que l’ombilic communique avec l’inté- rieur de la coquille. Sa couleur efl d’un rouge de corail brut , marqué de plu- fieurs points blancs , difpofés fur une ligne qui environne la première fpire. ' Je l’ai trouvé en petite quantité aux ifles de la Magde^ laine. ' • 5. LE SARL P/. li. La coquille du Sari n’a guère plus de deux lignes de longueur. Ses fix fpires font peu renflées , & environnées de douze petits filions. On en compte douze dans la première, cinq à fix dans la fécondé, & quatre dans la troifiéme. Son fommet efl auffi long que large , & un peu plus long que l’ouverture. Son ouverture 6>c fes lèvres font parfaitement femblables à celles de la première efpece. Elle n’a pas non plus d’om- bilic, du moins il n’y eiî pas marqué d’une maniéré bien fenfible. Le fond de fa couleur efi: cendré-noir, ou gris, ou brun, ou verd, ou rouge , pointillé, ou marbré de blanc. L’animal a les cornes auffi longues que fa coquille, auffi- bien que fon pied , qui a près de deux fois plus de longueur que de largeur. Ce coquillage efl: des plus communs fur les rochers de la pointe auftrale de l’ille de Gorée, 6. LE L O N I E R. Pi: 12. L’animal de cette efpece reflemble tellement à celui qui précédé, que je n’aurois fait aucune difficulté de confondre leurs coquilles & de les réunir eniemble, fi celle-ci n’èut été percée d’un ombilic affez profond , & fi fes fpires n’euf- fent Spires. OPERCULÉS. 185 fent été tantôt arrondies, & tantôt applaties; d’ailleurs elle a l’ouverture & les filions des fpires parfaitement femblables. Sa longueur efi d’environ fix lignes, & prefqu’une fois moin- dre que fa largeur lorfque fes fpires font applaties. Sa couleur efi grife ou brune, marbree de taches blanchâtres. Elle fe trouve en grande quantité au cap de Dakar. 7. LE L î V O N. PI. II. Le Burgaus. Du Tert. hift. des Antill. pag. 239. Cochlea umbiiicata diéta, ab aliquibus verb Tigris nominata; in extimâ parte colore eburneo teéla , fuprà quem atræ maculæ miro quodam ordine funt dilpofitae j lapideo veto cortice de nudata argenteum mar- garitarum candorem oftent^ns. In Malabarico finu inventa. Bonan. recr. pag. 1 17. dajf. 3. n. 29 & 3 9. ^ Muf. Kirk. pag. 451. Trochus maximus lævis , ex nigro maculatusj Baxbadenfis. Lijler. hijî. Conchyl. tab. 6à.o. fig. 30. Trochus Barbadenlîs magnus, ex aibo nigroque variegatus. Petiv. Ga'^oph. vol. 2. cat. 584. tab. yo. Jîg. 9. Coehlea umbîUcata , foramine fpirarum femi-circulari j umbilicali veto in principio duplici, lævis. Lang. meth. pag, 54. Sabot ombiliqué \ fa robe eft à fond blanc tacheté de noir , ce qui la fait nommer la Pie. Hijl. Conchyl. pag. 2.6^. pL \i.fig. G. Trochus Pica. Ejufd. ïbid. pag. 160. Cochlea marina terreftrifortnis , lævis pandida , vel argentea, nigerrimis rnaculis , aut lineis intensè , & dlverfimodè variegata , & fignata. Gualt. Ind. pag. ^4. tab. 6%. fig. B. Tigris Malabarica j Bonanni. Klein, tent. pag. fpec. i. Tigris Barbadenfis , Trocheides; Lifteri. Ejufd. ibid.fpec. 2. tab. ^.fig> 5 i. Le Livon efi: fort commun aux illes de la Magdelaine. Sa coquille efi; des plus épailTes, longue d’environ quatre pou- ces, & un peu moins large. Elle n’a que fix fpires peu ren- flées , liflTes 6c fans filions. Le fommet eft prefqu’une fois plus large que long, & auffi long que l’ouverture. Celle-ci eft femblable à celle de la première efpece ; mais fa lèvre gauche eft arrondie 8c creufee en portion de cercle, comme la lèvre droite, qui eft obtufe 8c arrondie. Son ornbiiic pénétré prefque jufqu’au fond du fommet, 8c eft orné dans fa partie antérieure, d’une grolTe dent fem- blable à un tubercule arrondi, Aa Couleu!-. Coquille, Spires.’ Sommet. Ouverture. Couleur, Coquille. Spires, Sommet, Ouverture. iS(S COQUILLAGES Le fond de fa couleur efl; noir, marbré, & comme lar- moyé d’un grand nombre de taches blanches obliques, qui lui font donner quelquefois le nom de fleuve , ou celui de Pl€, g. LE D A L A T. PL it. Umbilicus. Rondel. pifc. pars ait. edit. ht. pag. 104. Coquille de Limaçon nommée Umbilicus. Rondel. poijf. part. z. édit.- franç. pag. 6ç). Umbilicus Rondeletii. Bojfuet, aquat. pars ait. pag. 5 Gejh. aquat. pag. 287. — — Aldrov. exang. pag. 598. Cochlea umbilieata Perlata , quinque orbium anfradlbus eîaufa ; ex marî Luzitanico. Bonan, recr. pag. 133. claff. 3. n. 170. Trochus umbilicatus, edentulus, ftriatus, undatim ex fufco radiatus. Zi/?, hifi. Conthyl. tah. 64^0. fig. 29. Trochus planior, undatim ex rubro latè radiatus -, Anglicus. Ejufd. ibid., tab. 6^1. fig. 32. _ , r Cochlea umbilieata Perlata, quinque orbium anfradibusclaufaj ex marr Luzitanico. Muf. Kirk.pag, 459. n. 170. Cochlea Trochiformis ftriata & umbilieata. Lang. meth. pag. 51. Trocho-cochlea undata & umbilieata plana j ex rubro undatim latè radiata y Lifteri. Klein, tent.pag. j^i.Jpec. 2. n. i. J’ai obfervé cette efpece aux ifles Canaries 8c au cap de Dakar. Sa coquille ell médiocrement épailTe , fort apjplatie , longue de fept ou huit lignes , & plus large de moitié. Ses fept fpires font renflées, arrondies, comme étagées, 8c relevées d’un rang de boflettes qui borde leur partie infé- rieure. On voit encore dans quelques-unes, dans les jeune» fur -tout , un grand nombre de petits filets qui les envi- ronnent. Le fbmmet reflembîe au précédent dans les vieilles ; mais dans les jeunes, il efl; plus court que l’ouverture, 8c près de deux fois plus large que long. L’ouverture ne différé de la précédente, qu’en ce que fon ombilic n’a point de dents , 8c que fa lèvre droite efl tran- chante. Son fond efl cendré ou couleur de chair , coupé longi- tudinalement par quelques marbrures brunes ou violettes». Couleur, 9. LE K A C H I N. PL lu Trochus. Rumph. muf. pag. 74. tab. xi.Jig. 6. 9. & 10. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreflb, ftriatus, rugofus, pa- pillofus vel tuberofus. Lang. meth. pag. 48. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreftb, margine dentato , pa- pillis inæqualibus refertus & circumdarus , aliquando flriatus, terréo colore obîcurus. Gualt, Ind. pag. & tab. 60. Jig. A. La coquille du Kachin , a huit lignes de longueur & un peu plus de largeur : elle ell: coupée prefqu’horizontale- ment dans fon extrémité fupérieure. Ses fpires font peu ren- flées , & relevées de deux rangs de tubercules qui tournent avec elles : le rang d’en bas ell du double plus gros que l’autre. La fécondé fpire efl: remarquable, en ce que à fon origine, proche de l’ouverture , elle ell repliée & tranchante en vive- arrête fur laquelle tourne le premier rang de tubercules. Le fommet elî: prefqu’une fois plus large que long , 6t égal à l’ouverture. L’ouverture n’a point d’ombilic. Le fond de fa couleur ell blanc , marbré de taches vertes , brunes &: fauves. Je n’ai trouvé cette efpece qu’aux environs du cap Verd. 10. LE G O R. PI. 12. Trochus parvus, baft nodosâ, reliquum muricatusj Barbadenfis. Lijl. hijl. Conchyl. tab. 6^6. fig. 39. j Trochus afper : muricatus; nodofus in bafi , caeterum muricatus; Lifteri. Klein, tent. pag. 24. fpec. x. n. i. Cette efpece fe voit avec la précédente, à laquelle elle reflemble allez, par la coupe prefqu’horizontale de la bafe de fa coquille. Elle a près d’un pouce de longueur. Ses fpires font exaétement plates & couronnées dans leur partie fupérieure , d’un rang de pointes aflez fortes qui la rendent épineufe comme la molette d’un éperon. Elles font encore entourées de trois ou quatre rangs de petits tuber- cules traverfés par des rides peu fenlîbles. Le fommet ell prefque de moitié plus long que l’ouverture. Le fond de fa couleur ell cendré, ou blanc-fale , avec une grande tache rougeâtre autour de la lèvre gauche , dans l’en- droit ou devroit fe trouver l’ombilic. A a ij Coquille, Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Coquille. Spires, Sommet. Couleur. iSS COQUILLAGES GENRE IX. LA NÉRITE. Nnim. J E range le genre de laNérke à la fin des coquillages Opercû' les, & lerapproche plus quetoutautre des Bivalves, parce que 1* • ^ 1 *1 T- 1 , f • c’eft celui qui a le plus de rapport avec eux. En ellet, fi l’on conlidere la forme applatie de fa coquille, le raccourciffe» verture, l’épaiffeur & la nature pierreufe de fon opercule, fes efpeces de gonds , & les crênelures de la lèvre gauche de la coquille dans lefquelles il pue comme un battant dans fon pivot, à la maniéré des battans des coquilles Bivalves; on verra qu’elle leur reffemble à bien des égards. Il eft vrai que le battant fupérieur dont l’opercule fait la fonction , n’eft pas proportionné à la grandeur de la coquille qu’on poürroit comparer au battant inférieur des Bivalves , & que fa forme n’efî: pas concave , mais feulement applatie. L’ani- mal lui-même eft fort difterent de celui des Bivalves : & c’eft par ces endroits que je me crois allez fondé à laifler ce co- quillage parmi les Operculés, mais parmi les Operculés qui touchent, pour ainfî dire, aux Bivalves. r. LÉ DUNA R. Pi. 1-3. Nerita nigricans leviter fulcatu^, ckvicnlâ pariim comprefsâ, murtis & exiguis dentibus adrabrum , admodèm paucis' brevibus & acutis ad columellam. Li(l. hijl. Conchyl. tab. 6. Nerita profundè ftriis cralEs, & latis diftinda, utrinquè infigniter den- tata , ex atro colore rufefcens , intùs candida. Gualt^ Ind. pag. & tab, 6d. fig. S. Nerita exiguus niger l'aevis^s airt certè leviter adtnodum fulcatus utrinquè d'entatus Africanus. Ejufd. ibid. tab. 5 97. fig. 10. Le Dunar le voit très-abondamment autour des rochers de Fille de Corée. Coquille. Sa coquille a un pouce environ de largeur, & moitié moins de longueur. Elle a beaucoup d’épailfeur, & la forme d’un ovoïde très-obtus aux deux extrémités. On y compte trois fpires, dont la première eft renflée & arrondie ; les deux autres font très-petites, & forment un Spires. Sommât. OPERCULÉS. 189 fommet rônd fort obtus, deux fois plus large que long, & deux à trois fois plus court que l’ouverture. Sa furface ex- térieure eft recouverte d’un période médiocrement épais, au-delTous duquel on apperçoit vingt - cinq à trente filions alTez légers qui tournent fur la première fpire. L’ouverture repréfente une demi-lune qui s’étend hors de la coquille fur fa droite. Elle ed environnée jufqu’aux deux tiers de fa circonférence , par la lèvre droite qui ed fort aiguë , tranchante , quoique très-épailTe , & garnie intérieu- rement un peu au dedbus du bord de quinze à feize dents longues & fort ferrées , dont les deux plus baffes font plus groffeSj arrondies comnie deux boutons affez écartés. La lèvre gauche ed formée par l’applatiffement de la fe^ conde fpire , qui ed recouverte d’une large plaque luifante & légèrement chagrinée. Elle porte deux petites dents au milieu de fa longueur. Sa couleur ed un noir très-foncé au dehofs , qui tire fur la couleur de la poix, & un blanc affez clair au dedans. La tête de l’animal ed fort applatie, faite en demi-lune, & un peu échancrée à fon extrémité T. Ses cornes C. C. font cylindriques , fort minces , pointues aux deux extrémités, & une fois plus longue que la tête aux deux côtés de laquelle elles font placées fur fa bafe. Elles paroiffent coupées dans toute leur longueur, de vingt-quatre filons peu fenfîbles. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. placés au fommet d’une colomne pyramidale à trois angles, quatre fois plus courte que les cornes, & placée à leur côté extérieur. Au deffous de la tête vers le milieu de fa longueur , on voit l’ouverture de la bouche, qui ed ronde B, & environnée d’une lèvre circulaire fort épaiffe,pliffée Sc comme ridée. La membrane qui forme le manteau de l’animal, couvre entièrement l’intérieur de fa coquille. Elle ed fort mince, & légèrement crénelée fur fes bords qui font tachés de vingt petits points blancs fur un fond noir. Le pied P ed prefque rond, applati en deffous, convexe en deffus, un tiers plus long que large, & de moitié plus court que la coquille. Il ed coupé en deffous de plulîeurs pe- tits filions circulaires. Péfiofte. Ouverture. Couleur, Animal, Tête. Cornes. Yeujc, Bouche, Manteau, Pied, Operculet Couleur» 190 COQUILLAGES L’opercule eft un offelet pierreux , fait en demi-lune , d’une ëpaifleur & d’une dureté affez grandes. Sa furface ex- térieure O eft toute chagrinée, &: fon bord inférieur eft re- levé de deux grandes dents q, r. vers le milieu de fa longueur. Il eft liife dans fa furface interne J. C’eft par le moyen ce ceg dents qu’il eft attaché au delTus du pied & même à la lèvre gauche de la coquille, dont il ne s’écarte jamais , mais fur laquelle il fe rabat en s’ouvrant à peu près comme le cou- vercle d’une tabatière à charnière , ou , pour mieux dire , comme les battans des coquilles Bivalves auxquelles j’ai comparé cette coquille. La maniéré dont cet opercule ell uni au pied , différé de la plupart des autres Operculés, en ce qu’au lieu d’être at- taché à fon extrémité, comme dans le Rouleau (i), ouà fon milieu comme dans la Toupie (^2), il efl fixé dans le fînus que fait la racine du pied en fe confondant avec le man- teau. Il a à très-peu près la même fituation dans le genre de la Natice. Tout le corps de cet animal efl blanc-fale en delfous , & noirâtre en deffus, à l’exception du manteau qui efl moins foncé, & taché fur les bords, comme je l’ai déjà dit, d’une vingtaine de petits points blancs. i. LE T A D I N. P/. 13. Nerita magis afpera^ & lamellis femilunaribus albis, & nîgris aîternatim diftribuds teiïeilata. Bonan. recr. pag. 141. clajf. 3. n. iio. Nerita profundis & lads fuicis ftriifque adeb paucis, & aids diftindlus, variegauis, utrinquè dentatiis. Liji. hijl. Conchyl. tah. 15. Nerita rnagis afpera, & lamellis femilunaribus albis j & nigris alternadtn diftribuds teftèllata. Muf. Kirk. pag. 46Z. n. zio. Nerita Jamaicenfis ex albo nigroque teftlilata, Petiy. Ga'^oph. vol. i» cat. 581. tab. 1 y fig. iz, Nerita ftriata. Lang. meth. pag. 53. Nerita, ftriata, candida, pundis vel lineis nigris imbricadm difpofitls variegata. Gualt. Ind. pag. & tab. 66. Un. A. A. ’ Platyftoma, ore fimplici ; fafciatum ; pennatum , afperulgm , pennulis albis fuper nigro pluries fafciatum integrum ; Bonanni. Klein, tent, pag. 1 3 . fpec. 1. n. i. i. (1) Genre i. pag. 90, plane. 6. fig. t. O. (2) Genre 6. pag, 169. plane, iz. fig. 1. O. OPERCULÉS. 191 Dontolloma, dentibus utrinquèj ad columellam & ad labium, fulcatumj inter latos fulcos ftriatum , & variegatum*, Lifteri. Ejufd. ibid.p. 17, fpec. 2. n. 2. üi La coquille du Tadin différé de celle de k precedente, en ce qu’elle eft plus petite, n’ayant que neuf lignes au plus de longueur. Sa première fpire eft relevée de quinze cane- îures aflez greffes, à peu près égales, ordinairement liffes , 6c quelquefois chagrinées. Sa furface extérieure eft toute tachée de petits points blancs & quarrés , féparés par autant de points noirs de même figure & de même grandeur , répandus fur les canelures. Lorfqu’elle a été roulée quelque tems fur le rivage , elle perd entière- ment fes couleurs avec fes canelures, ôc devient entièrement jaune. Elle eft affez commune dans les ifles de la Magdelaine, ^ LE L A G A R. PU 13. Nerita profundis, 6c lads ftriis fulcata, utrinqué denrata , ex albido ni- groque catenatim depidta. Gualt, Ind, pag. & tab. 6d. Litt, P. La coquille de celle-ci eft aufti grande que celle de la première efpece , & fe trouve afléz rarement entre le cap Manu^ 6c le cap Verd. Son fommet au lieu d’être applati, eft pointu 6c formé de trois fpires également renflées. Il n’a qu’une fois plus de largeur que de longueur. Les trente filions de la première fpire font plus profonds que ceux de fa lèvre gauche eft ridée de plufieurs grinée. Sa couleur eft d’un brun-noir, quelquefois fans taches, 6c quelquefois marbré d’un blanc-fale. 4. LE S E L O T. PU 15, Nerita cujus veftem formant frequentes, & fpiffi funiculi flavidi ex co- lore purpureo adjedto magis vifibiles, & maculis atris notabiles, Bonari'^ recr.pag. 141, claff. 5. 217. — — Muf. Kirk. pag. 462. n. 217. Nérite canelée, & |olie par fa couleur mêlée de blanc, de couleur de rofe, 6c de noir. Hiji. Conchyl. pag. 255. p/. 10. fig. Q. la première elpece ; 8c plis au lieu d’être cha- Co QUILLE, Spires; Couleur, Coquille, Sommet, Spires, Coulciff, Coquille. Spires. Ouverture. Couleur. Coquille. Spires. Ouverture. Opercule. Couleur. 192 COQUILLAGES Nerita ftriata. Lang. meth. pag. 53. (Il confond cette efpece avec la pré- cédente, ) Platyftoma ore fimplici: fulcatum j & punélatiim ; maculis atris, fiiper funiculis flavidis ex colore purpurep, Bpnanpi. Klein, tent.pag, 14. fpec. i. n. a. La coquille du Selot a tout-à-fait la forme de la préce-î- dente ; mais elle n’a que neuf lignes de longueur : elle elî beaucoup moins e'paiffcj & relevée de quinze greffes cane-? lures qui tournent fur la première fpire. La lèvre droite de l’ouverture n’a que dix dents ; & la lèvre gauche eff liffe fur fa furface, & bordée de trois greffes dents échancrées §£ couinie partagées en deux à leur ex- trémité. Trois couleurs différentes , le rouge, le noir & le blan-^ châtre, font également répandues fur toute fa furface ex- térieure, où elles s’étendent par marbrures ondées, 5. LE K I S E T, PL 1^. Cette derniere efpece de Nérite fe trouve , avec la précé- dente , autour des ifles de la Magdelaine , mais en petite quantité. Sa coquille n’a que lîx lignes de longueur. Ses fpires font au nombre de trois , & fi applaties que le fommet qu’elles forment ne s’élève pas au dehors. La pre-? miere fait voir vingt canelures biffez larges , mais fort ap- platies. Les deux lèvres de l’ouverture font Hffes & dépourvues de dents. Son opercule eff liffe & uni par-deffus; il porte à fon ex- trémité fupérieure deux dents affez groffes,mais courbées & beaucoup plus rapprochées que dans la première efpece. Sa couleur eff noire au dehors , blanche au dedans, & jau^ pâtre ou livide fur la lèvre gauche, REMARQUES OPERCULÉS, *95 REMARQUES Sur les Limaçons Operculés, PAr la maniéré dont rangé les Limaçons Operculés, on voit que j’ai d’abord commencé par ceux qui ont l’opercule lej^lus petit, c’ell-à-dire, par ceux qui fe rapprochent davan- tage des Univalves, & qu’au contraire j’ai fini par ceux dont l’opercule efl le plus grand par rapport à la coquille, c’eü- à-dire, par ceux qui ont le plus d’affinité avec les coquillages Bivalves. Cette fedion pourroit être encore divifée en deux familles, fçavoir : Premièrement, celle dont les animaux ont la trachée faite I- en canal ou tuyau, tels que font le Rouleau, la Pourpre, le Rouleau. Buccin & le Cérite. On pourroit l’appeller la famille des Pourpres, à laquelle on voit que, fans avoir égard à l’oper- Cérite. cule, les cinq derniers genres desÛnivalveSjl’Yet, la Vis, la Porcelaine, le Pucelage & le Mantelet,fe joindroient natu- rellement. Tous les caraéleres que j’ai dit être communs à ceux-ci , le font auffi aux Operculés dont il eft queftion j il n’y a que l’opercule qui les difiingue. La fécondé famille des Limaçons Operculés feroit comr l l. pofée des cinq genres reflans, fçavoir, le Vermet, la Toupie, Vermet, le Sabot, la Natice ^ la Nérite, dont la trachée efl fort cour- te, & ne forme point, de tuyau fenfîble , ou du moins pro- Naticê. longé au dehors,. Voici les cara.deres qui leur font communs. Nérite, i». Leur coquille efl toujours tournée en fpirale, & fans aucune apparence d’échancrure ou de canal à l’ouverture. 2°. L’animal a deux mâchoires à la bouche , fans aucune apparence de trompe. 3 °. La trachée & l’ouverture de l’anus fe trouvent placées conflamment fur la droite de l’animal. 4°. Enfin ces animaux fe nourriflent communément de fubflances végétales. Il fuit de-là qu’il y a beaucoup de rapport entre ces ani- maux & les fept premiers genres des Limaçons Univalves ; qu’ils n’en différent, pour ainfi dire, que par l’opercule de B b 194 C O Q U I L L A G E S , &c. la coquille j & qu’enfin il y a un peu plus de liaifon entr'eux^ quoiqu’il y en ait beaucoup moins qu’entre les genres de la famille que j’appelle des Pourpres, qui fe fuccédent les unes aux autres , prefque fans interruption. Quoiqu’on prenant ma divilîon de la pofition des yeux, j’aie été obligé dans cette feélion de féparer le genre du Sabot de celui de la Toupie, & celui de la Natice du genre de la Nérite, j’ai crû devoir les rapprocher dans les planches de mes delFeins, à caufede la reifemblance qui fe trouve entre leurs coquilles. FAMILLE SECONDE. DES CONQUES. Ette famille raffemble, comme je l’aî dit ail- leurs (i), les Coquillages qui ont une coquille compofëe au moins de deux pièces, peu differentes Tune de l’autre. L’examen de leur animal eil; beau- coup plus difficile que celui des Limaçons, parce que les battans de leur coquille ne s’entr’ouvrent que lëgere- ment , & ne laiffent voir qu’un petit nombre de parties , qui à la vëritë fortent affez au dehors dans quelques-uns, mais qui ne fe montrent jamais dans d’autres. Ces animaux ont aullî une druéture particulière: on ne leur voit ni tête, ni cornes , ni mâchoires , ni dents ; mais feulement un man- teau, des trachées, des ouïes, une bouche, un anus & quel- quefois un pied : on les a connu d.e tout tems fous le nom de Conques ^2). En coiifiderant les Conques par leur coquille, on pourra les divifer en deux feéHons , dont la première contiendra les Coquillages qui n’ont que deux pièces , & que l’on nomme Eivaives ; l’autre renfermera ceux qui ont plus de deux pièces , & que l’on nomme Multivaives. (i) Foyei les définitions des parties des Coquillages, &c. pag.. i <5^ 3. ' (2.) Nunc fpeciatim de Conchis loquamur , quibus teflra durior eft,quæque dua- bus teftis confiant, utrifque concavis. Hoc genus , vocat Arifioteles , to me/.tpcoi^ov , quod gemini tefiâ continetur , BivaK'C convertit Gaza , ficut univalve ; S-upitf enim valvæ lunt , eas Cicero Conchas latine dixit. Pinna enim,(fic græcè dlcitur) duabus grandibus patula Conchis , cùm parvâ fquillâ quafi focietatem coit cibi comparandi. Rondsl. pifc. pars ah. edh. Ut. lib. i. cap. ij.p. 19. Bb ij 1^5 cOQUIliLAGES SECTION PREMIERE. DES CONQUES BIVALFES. LEs Coquillages Bivalves paroiffent former trois familles diilinguëes par rapport à la figure de leur manteau» Dans la première on voit ceux qui^ ont les deux lobes du manteau féparés > L’HüÎtre. Genre i» dans tout leur contour : telle eft j La fécondé réunit ceux dont les 7 Jataron. - 2» deux lobesdu manteau forment trois V Jambonneau, p ouvertures fans aucun tuyau : tels font j ~ Dans la troifiëme fe rangent ceuxl Came. - - 4. dont les deux lobes du manteau for-| Telline. - ment trois ouvertures, dont deux> t Cou^noN - 6. prennent la figure d’un tuyau affezl 1;^ Solen. 1 - 7. long : tels font J G E N R E L L’ H U I T R E» OJÎreum, En parlant de la Nérite j’ai dit que c’était le Coquiirage qui approchoit davantage des Bivalves, & il me femble que l’Huître efl: celui des Bivalves qui s’éloigne le moins des Operculés. I. LE G A S A R. PL 14» L^Huître d’arbre. Du Tert. hijl. nat. des Antill. vol. t. pag. ^57. Oftreum radicum fivè lignorum , Malaicenribus Tiram b^aar vel Tiram akkar diâra. Rumph. muf. pag. 154. art. ï. tah. 4^6. fig. o. Oftreum roftratum complanarum , lameilis diverfitnodè finuofis com- padlum, rugofum4.ex albido viridefeens. Gualt.Ind, pag. & tab. 102. litt. D. Oftreum longum radicum feu- lignorum : Tiram Befoar, Tiram Accar5 Rumpbii. Klein, tent.pag, ix^. fpec. i.tab. "à^.fig. 17» BIVALVES. 197 Î1 y a plufîeufs efpeces d’Huîtrds au Sénégal j mais on n’en Vôit point de plus commune que celle que l’on fert fur les tables^ & que je nomme Gafar. Sa coquille a ordinairement trois pouces de longueur fur Coquille, une largeur une fois moindre; & il n’eft pas rare d’en voir qui ont lîx pouces , ou même davantage. Elle eft allez mince, éc repréfente un quarré long^ fort applati, obtus à fon ex^ trêmité fupérieure , & qui diminue en une pointe arrondie vers la charnière. Sa forme eft toujours extrêmement irré- gulière par les plis & les contours qu’elle prend, de ma-^ niere qu’il eft fort difficile, ou même prefqu’impoffible, d’en trouver deux femblables» Sa furface extérieure ell rude 8c comme raboteufe par les lames dont elle efl formée, 8c qui débordent fenliblement les unes au delTus des autres ; l’oi-^ térieure au contraire eft luifante 8c d’un beau poli. On voit quelquefois fur la première un période livide 8c fort mince. Pérlofie. Le battant fupérieur G eft mince, applati, 8c rarement Battans. creufé, mais toujours inégal 8c ondé comme le battant inféf rieur auquel il fe joint parfaitement. Celui-ci D eft toujours creux, mais peu profond, plus grand 8c plus épais que le premier. Il porte à fon extrémité poftérieure, celle où eft la charnière, une efpece de talon ou de fommet S formé par fes bords qui fe replient en de- Sommet, dans : ce repli fait un creux plus ou moins grand dans dif- férentes coquilles. Sur la furface applatie de ce repli, on apperçoit un leger Ligament, enfoncement dans lequel eft logé le ligament à reftbrt L, qui fert à joindre fortement les deux coquilles 8c à les écarter l’une de l’autre. C’eft une matière coriace , verdâtre , tirant fur le noir, fort applatie, fpongieufe vers le milieu, 8c capable de faire le reftbrt pendant qu’elle eft humecftée dans l’eau , mais qui eft d’une grande fragilité quand il vient à fe deftecher. Ce ligament n’entre point dans la cavité de la co- quille ; il eft renfermé dans le talon , fans cependant s’étendre jufqu’à fa pointe, où il laifte un petit vuide, afin que les battans puiftent s’ouvrir librement : il ne paroît pas au dehors. On ne voit ni dans l’un ni dans l’autre battant , aucune Chamîerç» dent qui puifte faire l’office de charnière, 8c ils n’ont aucune apparence d’être contournés en fpirale. \ Mufclç. 198 COQUILLAGES La marque qui dëfîgne l’endroit où le mufcle les atta- choit au corps, efl d’un violet foncé & rembruni E. Cette tache fe trouve placée affez exaétement au milieu de la lon- gueur de chaque battant , & une fois plus proche du bord droit que du bord gauche du battant fupérieur. Couleur. L’extérieur de çes coquilles eft quelquefois gris & quel- quefois violet, ou verd bordé de blanc. Leur intérieur ell violet bordé de blanc, ou d’un blanc nacré bordé de violet, Variétés. J’ai dit cirdeffus que cette coquille offroit tant de variétés dans fa forme plus ou moins applatie, plus ou moins ondée, qu’il n’étoit pas poffible d’en dire autre chofe que des géné- ralités. Cependant elle eft diftinguée des quatre autres efpeces qui fe trouvent au Sénégal ,1°. par fa forme oblongue , par fon peu d’épaiffeur ; enfin parce que, quoique fes bords foient ondés, jamais ils ne le font en zigzags. Animal. Lorfque la coquille de l’animal s’entr’ouve légèrement pour humer l’eau de la mer , & pourvoir par ce moyen à Manteau, fa fubfiftance, on apperçoit le manteau qui s’étend fur fes bords fans fortir au dehors. Il paroît comme une membrane fort mince, divifée en deux parties ou en deux lobes fort diftingués , dont chacun tapiffe les parois intérieures de cha- que battant de la coquille. Chaque lobe çonfidéré féparé- ment, paroît orné d’un rang de filets fimples alTez longs & égaux F, M. A. dillribués également autour de fes bords au nombre de cent ou environ, Outre cette frange on apper- çoit à une petite didance des bords du manteau , une efpeçe de membrane femblable a un bourrelet fîllonné qui le fuit dans fon contour, & qui efl relevé de cent petits tubercules arrondis T. Il ne faut pas s’attendre à voir d’autres parties dans l’Huître vivante, tant qu’on ne la regarde que dans la fituation qui lui eft naturelle. Mais fi l’on vient à féparer les deux écaillés Mufcle. l’une de l’autre, on apperçoit d’abord le fort mufcle qui les attachoit au corps de l’animal : en relevant enfuite le lobe fupérieur du manteau, on découvre quatre feuillets mem- Ouïes. braneux qui font les ouïes : chacune de ces oufes ed traverfée par cinquante flries fort déliées , qui font autant de tuyaux capillaires ouverts dans leur extrémité poftérieure. Elles s’étendent fur le devant du corps de Jl’animal, depuis la Bouche. BIVALVES. partie M , où les deux lobes font réunis , jiifqu’au point B où eft le commencement de la bouche. Celle-ci forme une ouverture alfez grande , bordée de quatre grandes lèvres alfez femblables aux ouïes , mais üx à huit fois plus courtes. Der- rière les ouïes on trouve une groffe partie charnue blanchâtre 6c cylindrique qui tourne fur le mufcle : ce n’eû autre chofe qu’un ellomac ou fac intedinal, femblable au pied, qui en fait lafondion dans les Conques & les Limaçons, mais qui, dans l’Huître , ne paroît pas fufceptible de contradion ni de dilatation. Ce fac inteftinal , ou ce pied , ne s’avance ja- mais fur les bords de la coquille ; il relie caché fous les ouïes dans le fond de la cavité M. A. qu’elles ferment entièrement fur le devant de l’animal , en fe joignant les unes aux autres par leur dos. Enfin fur le dos du mufcle on voit encore le canal des întelHns qui a une décharge en A. La trachée ou l’ouverture M. A. par laquelle l’animal re- çoit î eau pour en tirer l’air qui lui efi: nécelfaire, commu- nique avec l’anus, & nullement avec l’ouverture antérieu- re M. F. T. B. qui doit pourvoir à fa fubfifiance. Quelques Auteurs modernes ont alTuré que l’on avoir dif- tingué les Huîtres mâles d’avec les femelles : cependant il eft certain que la plupart de ces animaux qui vivent éloignés les uns des autres, & dans l’impuiffance de fe joindre par la copulation , engendrent leurs femblables j d’où l’on peut conclure qu’ils n’ont befoin d’aucun fexe pour fe repro- duire , ou que chaque individu les réunit tous deux. Tout le corps de l’animal efl d’un blanc-fale : les bords de fon manteau font noirâtres. Il efi particulier aux Huîtres du Sénégal de ne s’attacher qu’aux racines des arbres, & rarement à d’autres qu’à celles des mangliers. On les y trouve ralfemblées par paquets & fans aucun ordre , fouvent collées & appliquées les unes fur les autres , mais feulement par l’écaille inférieure : car quoique fouvent il croilfe d’autres Huîtres fur la piece fu- perieure , elle n efi: jamais fixe comme l’autre ; elle conferve toujours la facilité de s’ouvrir & de fe fermer à la volonté de 1 animal. Maigre le peu d’ordre qui régne dans leur po- Ëtion, on remarque cependant que le talon ou le côté de la Pied. Anus. Trachée, Sexe, Couleur. Obferva- tion. ÇO'ÇUlilE. Sommet, Couleur. aoo COQUILLAGES eharniere eft ordinairement tourné en bas , & que l’extrêmité oppofée , ou la plus large , regarde en haut , a peu près comme ie l’ai fait repréfenter à la %. i. c eft apparemment la fîtuation. la plus commode à l’animal pour fe procurer la nourriture. « Cette Huître eft grafle, tendre. Fort delicate, & peut la comparer, pour le goût, aux meilleures Huîtres de 1 Kn. rope On dit que l’on en trouvoit encore il n y a pas dix ans fur les mangliers du Niger, près de l’ifle du Sénégal; mais auiourd’hui l’on n’en voit plus que dans le fleuve de Gambie, & dans les rivières du Biffao , où rien au monde n eft plus commun, LE G A R I N. PL 14. i. Oftrea arborea dorfo uncato*, Jamakenfis. Lijî. hijl. Conchyl, tab. 197, ' fl ^ Spondyius variegatus, ftnatus, margine digitaîo. Ejufd. îbid. tab. 210. AA- Spondyius Barbadenfis parvus altè fulçatusî Petiv^ Oaioph.vol i.cat. 571. Oftrea minor'fulf ata , oblonga , gilsbofa , ambitu ferrato ? Sloan. Jatn, vol. i.pag. tab. 2.0 & 21. Oftreum ftrudurâ pecuüari deprefTum, incurvum, tuberculolum, ünuQ- fum 3 peripberiâ dendeuiatâ , feu plicaîuns anguftionbu^ circumdata , candldum. Gualt. Ind. pag. & tab. 104. lïtt. F, • j- Chamætrachæa pUcata, quæ fpondyius variegatus , ftriatus; njargme di- gitato; Lifteri. Klein, tent. pag. 1^0. Jpec. i. n, 9. Cette efpece différé très-peu de la precedente. Je ne l’aî vu s’attacher^’aux pierres & aux rochers fixes , fur-tout dans les lieux expofés aux courans de la mer, çornipe autour ç rifle de Corée & de celles de la Magdelaine, Sa coquille eft prefque triangulaire , applatie, longue d un pouce & demi , & un cinquième moins large , mais toujours pointue vers le talon ou le fommet. Elle eft plus epaiffe que celle de la première efpece, & relevée vers fon extrémité , de cinq ou fîx canelures triangulaires qui font 1 alternative Wec autant de dents en ^ligzags dont elle eft ^ordee. Sa couleur eft d’un rouge fort rembruni au dehors, ^ d’un verd-fale au dedans. LE 201 BIVALVES. 3. LE V É T A N. PL 14. La coquille du Vetan a la forme allongée comme la pre- Coquille. miere efpece ; mais elle efl; beaucoup plus renflée ou moins ap- platie, d’une épaiffeur & d’une dureté confîdérables. Elle a trois pouces & demi de longueur, & un tiers moins de largeur & de profondeur. Ses deux extrémités qui font également larges , Sommet. & fes quatre côtés un peu applatis, lui donnent la forme d’un cube allongé, ou d’un parallelipipede irrégulier. Sa furface extérieure efl fort inégale , 8c relevée en deffus & en deffous , vers l’extrémité oppofée à la charnière , d’une dixaine de greffes canelures triangulaires , ondées & comme tuilées. Le battant fupérieur , au lieu d’étre applati comme dans Battans. la première efpece, efl affez creux fans cependant faire la poche auprès du talon. Quoique beaucoup moins épais que le battant inférieur, il n’efl guères moins renflé^que lui. Ses bords vers l’extrémité fupérieure , font marqués de dix greffes dents triangulaires ou pliées en zigzags , qui s’emboè'tent exac- tement dans un pareil nombre de crênel lires creufées dans les bords du battant inférieur. Ces dix dents font l’alterna- tive avec les dix canelures dont j’ai parlé plus haut. La couleur de cette coquille efl incarnate au dehors , 8c Couleur, d’un blanc-nacré au dedans, qui laiffe voir une petite bande rouge vers les bords. L’endroit où étoient attachés les deux mufcles, montre une très-grande tache jaunâtre ou livide, qui occupe le milieu de la longueur 8c de la largeur de la coquille. - -r On la trouve fixée par fon battant inférieur, fur les ro- chers des ifles de la Magdelaine , 8c fur toutes fortes de pierres immobiles. 4. LE B A J E T. PL 14. Ollreum plicatum rnajus. Rumph. muf. pag. 15(3. an. 5. tab. 47. fig. C, & pag.^ 157. arr, fig. G. Oftreum ftriatuni ftriis peculiaribus. Lang. meth. pag. 81. Oftreum plicatum majus, teftâ crafsa, plicis laciniacis, feu clavatim mu- ricatus •, mufcofa & falfilaginofa , intùs alba , limbo nigro ; Ri}mphii, Klein, tent.pag. iz<^. Jpec. o. n. 3. Oftreum plicatum , quod mater perlarum fpuria , coloris pulli ; teftâ tenui i circàlimbum per plicas muricatâ-, Rumphii. Ejufid. ibid. n. 6, C c Coquille. Sommet. Battans. Codeur. Animal. Manteau. Coquille. Sommet. Battans. Couleur. 202 COQUILLAGES J’ai encore obfervé cette qiiatrie'me efpece autour des Ifles de la Magdelaine, où elle n’elt pas fort commune ; elle s’at- tache auiii aux rochers par le battant inferieur. Sa coquille eft prefqii’auffi e'paiffe que celle qui précédé, mais fort applatie, & prefqiie ronde : fouventmême fa lar- geur qui eft de tro.s pouces, excède d’une quatrième partie fa longueur prife du fommet à l’extrêmitè oppolèe. Une quin- zaine de grofles canelures triangulaires , & garnies ordinai- rement de pointes applaties en forme de crête, fouvent ra- rneufes , prennent nailfance du fommet qui eft pointu , & vont fe répandre , comme autant de rayons , fur fa circon- férence. Il n’y a de dilférence entre le battant fupèrieur & l’infé- rieur, qu’en ce que le premier ne fait point de creux inté- rieurement vers le fommet : d’ailleurs ils ont la même épaif- feur, & chacun quinze dents triangulaires en zigzags, qui font l’alternative avec les quinze canelures. Au dehors cette coquille eft couleur de rofe j elle eft blan- che au dedans, & bordée d’un pourpre très-foncé. La tache livide qui défigne le lieu de l’attache du mufcle , eft placée beaucoup au delTus du milieu de la longueur des battans , & vers leur droite. 5. LE R O J E L PL 14. L’animal du Rojel a fon manteau bordé de deux cens filets , dont cent font alternativement une fois plus courts. Sa coquille eft ronde, de deux pouces de diamètre, fi mince & fi applatie, qu’elle n’a pas trois lignes de profondeur. Sa furface eft allez unie. Le fommet ne s’avance point hors des bords de la coquille: il eft auflî obtus qui puifte l’être. Le battant inférieur eft prefqu’auffi applati que le fupé- rieur ; & il n’y a aucun enfoncement , ni dans l’un ni dans l’autre , vers le fommet. La couleur de l’animal & celle de l’intérieur de fa co- quille, eft d’un blanc-fale : à l’extérieur elle eft d’un rouge fort rembruni. On a vq que la première efpece d’Huître ne s’attache qu’aux bois & aux arbres. Toutes les autres préfèrent les BIVALVES. 203 pierres pour s’y fixer , & il y a apparence que mutes fortes de pierres leur conviennent également. Celle-ci a été trou- vée fur un telTon de bouteille caffée, qui fut pechée à la fonde à neuf braffes de profondeur dans l’anfe de Tifle de Corée. Le battant inférieur de fa coquille s’étoit entièrement appliqué & étendu fur la furface un peu concave du verre, 6. LE G U R O N. PL 14. Je ne doute nullement que les deux efpeces de coquilles dont je vais parler, ne foient fort différentes du genre des Huîtres. Ce font celles auxquelles les Anciens ont donné le nom de Spondyle, & que les Grecs de nos jours appellent Gdiderope, à caufe de leur reffemblance avec la corne du pied de l’ane qu’ils nomment Gaideron. Leur coquille imite li bien celle de quelques Huîtres , que plufieurs des Auteurs modernes les ont rangés indifféremment parmi elles. C’efl auffi à caufe de leur figure que je les rapporte ici , n’ayant point vû l’animal qui les habite. Spondyîus ferè ruber inuricatus. Lift. hft. Conchyl. tab. 106’. fig. 40. Rumph. muf. pag. 160. arc. 16. tab. 48. fig. i. La coquille du Guron a autant d’épaiffeur que celle de la troifiéme efpece d’Huître. Elle eff médiocrement applatie , longue de quatre pouces, & un quart moins large. Toute fa furrace extérieure efi hériffée de pointes applaties en forme de crêtes affez longues , plus larges à l’extrémité qu’à leur orioine, & un peu inclinées fur le devant. oon fommet eff fort large & comme tronqué. Le battant fupérieur eff un peu plus applati que l’inférieur. Tous deux ont une cavité médiocre dans leur talon au def- fous de la charnière, de leurs bords font relevés en dedans de cent à cent cinquante petits filets d’inégale grandeur. Ce qui diflingue principalement la coquille du Spondyle de celle des Huîtres, c’efl: que celle-ci n’a point de charnière, comme je l’ai dit ei-deffus, au lieu que le Spondyle en a une , &: même beaucoup plus groffe que dans aucun co- quillage connu. Dans le battant inférieur elle confifle en deux gros boutons arrondis, entre lefquels efl placé le ligament: à côté de chaque bouton on voit un trou de même grandeur. COQUILÏ.£. Sommet. Battans. Charnière. l-igament. Mufcle. CouIeijT, Coquille. Battans. Couleur. Remarque. 204 COQUILLAGES Le battant fupérieur a un pareil nombre de trous & dé boutons , qui font difpofés de maniéré que les deux trous voifins de la charnière reçoivent les deux boutons corref- pondans du battant inférieur, pendant que les deux trous de celui-ci emboëtent les boutons plus éloignés du premier. Le ligament eft une piece coriace, noire, ronde, de la grolfeur des boutons de la charnière, & qui fort d’un trou creufé dans fon milieu entre les deux boutons du battant inférieur , & entre les deux cavités du battant fupérieur, 11 ne paroît pas au dehors de la coquille lorfqu’elle eft Fermée, il n’y a dans le milieu de cette coquille, comme dans celle de l’Huître, qu’une grande tache ronde qui défigne le lieu du mufcle j mais cette tache fe trouve fort proche du bord gauche, c’eft-à-dire, dans un fens contraire à la place qu’il occupe dans le genre des Huîtres. Elle eft de belle couleur de feu au dehors, & blanche au dedans, avec un bord auflî couleur de feu. Cette efpece vit fur les rochers qui bordent les iftes de la Magdelaine. 7. LE S A T A 1. PL 14. Le Satal fe voit auffi, .mais fort rarement, dans les ro- chers de i’ilîe principale de la Magdelaine. Sa coquille eft la plus épaifle & la plus pefante de toutes celles que j’ai obfervées à la côte du Sénégal. Elle eft aflez exadiement ronde,& femblabléà une boule de quatre pou- ces & demi de diamètre. Sa furface eft raboteufe, mais fans pointes, & toute piquée d’une infinité de petits trous qui ne pénètrent pas jufqu’à la furface interne qui, eft lifte & polie. Elle différé de la précédente en ce qu’elle a plus d’épaif- feur, &: que le battant fupérieur eft auffi creux que l’infé- rieur. Le fond de fa couleur au dehors eft un rouge de fang qui la .pénétré à plus de deux lignes d’épaiftfeur 5 au dedans elle eft blanche & bordée de la même couleur. De toutes les efpeces d’Huîtres que j’ai décrites , il n’y a que la première qui foit mangeable , celle qui naît fur les arbres. Il femble que les pierres fur lefquelles croiftent les autres, dans les courans ou dans les lieux de la mer éloi- BIVALVES. gnes du limon , leur ôtent la bonne qualité que les autres lui doivent : elles font dures , coriaces, & même défagréables au goût , & Ton n’en fait pour cette raifon aucun ufage. GENRE IL LE JATARON. Jataronus, PI. 15’, e du nom de Jàtaron le genre de coquille que Ron- Celle du Sénégal s’attache comme celle de la Méditerranée , aux rochers expofés aux courans de la mer, fur lefquels elle fe groupe en alfez grande quantité. Elle y tient avec une telle force , qu’on a bien de la peine à l’en détacher fans la brifer en morceaux. On en voit beaucoup autour de Fille de Corée, de celles de la Magdelaine &: du cap Verd, fur-tout en Avril, où la vio- lence des marées les déracine du fond de la mer. Je n’en ai découvert qu’une feule efpece. Coucha rugata. Rcndel. tejlac. edit. lat, lib, î. cap. 25. La Coquille ridée. Ejufd. édit, franç. cap. 2.1, Coucha rugata, Rondeletü. Bojfuet. aquat. pars ait. pag. 19, Gefn. aquat. pag. ^16. - Aldrov. exang. pag. 458. Spondylus Barbadenfis & Jamaiceniis. Lijl. hifi.Conch.tab. lix.jlg. 47, - — > Ejufd. tah. li^.fig, q,8. Ejufd, tab. 21 $ . fig. 50. Barbadenfis & Jamaicenfis. ôc fîg. 5 r. - Ejufd. tab. 21(3. <5’ iij.fig. 52. (S* 55. Spondylus rniiior, fubruber , tenuis , imbricatus, apice diftorto, cavitare interiore auriculam referens. Sloan. Jam. vol. 1. tah. z^i.fig. 4. 5, t>. & 7. Coucha Gryphoides , globofa , ftriis fquamolîs exafperata , fufca. Gualt. Ind. pag. & tab. i o i . litt. C. Coucha Gryphoides fubrotuuda, laminis, & ruberculis diverfimodè exaf- peratà , 6c ftriata , terreo cojore obfcura. Ejufd. ibid, litt. D. Coucha Gryphoides , rugofa fiuubfa , afpera , candida. Ejufd. ibid, litt. E. Globus circiuatus; Lifteri. Klein, tent. pag. ly ^.Jpec. o. n. z. Globus undatus'j Lilleri. Ejufd. ibid. n. 3. tab. iz.fig. 81. Globus ferratus -, Lifteri. Ejujd. ibid. n. 4. Globus circinatus ëc uudatus*, Lifteri. Ejufd. ibid. n. 5. La coquille du Jataron eH prefque ronde, médiocrement Coquiu.e. applatie , du diamètre de deux pouces au plus , & d’une I Sommet. Battans. Charnière, Ligament. Mufcles. Couleur. Animal. Manteau. 2û6 coquillages grande épalffeur. Sa furface extérieure eft groffierement ridée par des fiiions qui la coupent fort irrégulièrement , tant en long qu’en travers, & quelquefois relevée comme par écailles. Intérieurement elle eft lilTe , unie, luifante, & bordée fur chaque battant, de cent vingt petits filets fort ferrés & d’inégale grandeur. Le fommet S eft alfez éminent au dehors , & paroît former un tour de fpirale beaucoup plus fenlible dans le battant infé- rieur D qui eft ordinairement plus épais , un peu plus grand & plus creux que le fupérieur G. La charnière du battant inférieur confifte en une grofte dent G, arrondie & relevée verticalement, dont le dos eft ftllonné de dix à douze canelures inégales. Le battant fupérieur eft creufé d’un trou canelé & fîl- îonné comme U dent du battg.nt inférieur qui s’y engraine exadement. Entre la charnière & le talon du fommet de chaque bat- tant, s’étend un ligament rouftatre, alfez court &: étroit L,L. qui les lie enfemble, & paroît fort peu au dehors. Les battans de cette coquille font liés enfemble par deux grands mufcles, dont on voit les impreftions fur leurs côtés, de maniéré que celle de la droite ou de derrière e. e. eft placée un peu au deftbus du milieu de leur longueur, & celle del? gauche, ou de devant E. E. un peu au delfus. Au dehors cette coquille montre une belle couleur de rofe ou de chair : au dedans elle eft quelquefois blanche , quelquefois purpurine ou violette. La fituation naturelle à cette coquille, eft d’avoir le fom- met en bas , & l’extrémité oppofée relevée en haut. Dans cet état, & pendant que les battans viennent à S'écarter l’un de l’autre, on découvre le manteau de l’animal femblable aux côtés d’un fac bien tendu, jmembraneux & fort épais, dont le contour eft relevé d’un nombre infini de petits uiber- CLiles jaunes M. M. difpofés fur cinq rangs fort ferrés. Ce fac enveloppe tout le corps de l’animal , & ne s’étend pas jiifqu’aux bords de la coquille : il eft percé de trois ou- vertures inégales, dont l’une B qui eft fur le devant de l’a- nimal , laifle pafîer fon pied , & les deux autres T. A. qui font les trachées , fe trouvent fur fon dos. © Trachté es. BIVALVES. 207 La trachée inférieure A eft elliptique , deux fois plus lon- gue que large. Son ufage ed de donner iffue aux excrémens , & rejetter Feau que l’autre trachée T a pompée. Celle-ci eft ronde , & une fois plus petite que la première. La troifieme ouverture B eft une fente fort étroite j qui s’étend depuis le fommet de la coquille jufques vers le mi- lieu de fa longueur. Elle laifte fortir aflez rarement le pied P ^ qui paroît ordinairement fous la forme d’une hache faite en demi-lune. Il a une fois moins de longueur que la coquille g & porte fur le devant vers fon milieu , un petit lobe charnu * à peu près quarré p. Les parties intérieures renfermées dans le fac que forme le manteau , font aflez femblables à celles de l’Huître j mais au lieu d un feul mufcle qui attache les coquilles , on en voit deux aflez grands, dont j’ai parlé ci-delTus. Le corps de l’animal eft blanc : il n’y a de jaune que les petits tubercules élevés fur le contour du manteau. On ne fait aucun ufage de fa chair. GENRE I I L LE JAMBONNEAU. Perna. On a donné le nom de J ambonneau à ce genre de coquillage autant a caufe de la forme de fa coquille ^ qu’à caufe de la grandeur qu’elle a dans certaines efpeces. Elle eft dans toutes fort mince, légère, allongée, & compofée de deux battans parfaitement égaux. î. LE L U L A T. PL 15. Mufculus tenais, lævis fubpurpureus. Lijl. hijî. Conch. tab. 155, Idem , Jamaicenfis. Eju/d. tah. 198. Mufculus vulgaris major i Malaicenfibus Afujfeng. RumpL muf, pag. 151. art, I. tab. 4^6, fig. B, Mytulus Anatarius; Malaicenfibus Afu[feng Bebec, Amboinenfibus Tkul^ Hitoenfibus Lulat. Ejufd. ibid.art. 2.,Jig, C. Mufculus Bahamenfis ferè radiatus. Petiv, Ga'pjph. vol. i. cat. ç88. tab, 7 1 . f^g. 1 1 . Concha longa, lara, & quafi gibbofa. Lang, tneth, pag. 74. ( Cet Auteur confond mal-à propos les Arches-de.Noé 77 & 78 de Bonanni, avec la Moule B. de la planche j\.6 de Rumphe. 3 % Pied. Parties in- ternes. Couleur. 20S COQUILLAGES Mufculus vulgaris major-, Rumphü. Sloan. Jam. pag. Mufcuius Papuanus cure luridâ. Hijl, Conchyl. pag. 3x7. pL C- Moule de la terre des Papous, dont la couleur eft fauve ordinairement-, celle-ci qui eft découverte , expofe aux yeux les plus belles couleurs d’agathe , de violet & de couleur de rofe. Cette Moule eft bolTue dans fa fuperficie, & cette boffe occafionne deux avances à l’endroit de la charnière. Ejufd. ibid. pag. 330. ^ , Mufcuius acutus vulgaris , Mal. AfuiTeng-, circa cardines gibbus, tandem glottoides, major 3 Rumpliii. Klein, tent. pag. \z-j.fpec. 1. a, Mufcuius acutus vulgaris , minor; Rumphü. Ejufd.^ ibid. b. Mufcuius acutus tenuis , lævis fubpurpureus -, Lifteri. Ejufa. tbid.p. iXv. fpec. 5. tab. 9.fig‘ , , Pholas Arenæ , quæ Mytulus Anatarius. AfuiTeng Bebec-, Amboin. Jhul Lulat -, articulum digiti Ipngus , i i iatus 3 effodiuntur , ut anatibus in ‘ efcam cedant*, Rumphü. Ej. ibid.p. 166. fpec. 4. n. z.tab. ii.fig. 67. Coquille. La coquille du Lulat a près de trois pouces de longueur, & une fois un quart moins de largeur. Elle eft ovoïde , ex- trêmement renflée & comme boftiie , de maniéré que fa pro- fondeur furpaffe un peu fa largeur. Ses deux extrémités foHt arrondies comme fes côtes j mais fon dos s etend vers le mi- lieu de fa longueur, en une aile aflez grande L, qui s’arron- dit en portion de cercle. ^ ^ . Périofte. Extérieurement elle eft recouverte d un periofte ep^is , le- uerementridé, caftant, & d’une matière approchante de ce le de la corne , qui fe replie en dedans de la largeur d’une li- gne R. r. tout autour de fes bords , excepté dans la partie L. a. où fe trouve le ligament. . Sommet. Le fommet S eft peu élevé ; il paroît former un demi-tour Èattans. de fpirak dans chacun des battans , proche de l’extremite du- quel il eft placé. Ceux-ci font parfaitement femblables. Charnière. On n'y diftingue point de charnière, mais feulement un fillon léger & fort long, qui fe termine dans chacun par une dent prefqu’infenfible. r , /r i Ligament Le ligament qui unit les deux battans , eft prefqu aufti long nue la demie de la coquille. Il s’étend fur fon dos en com^ mençant au fommet S , & va fe terminer en L un peu au delfons de fon allé, Il ell noirâtre , applati, d une epaifleur égale à celle de la coquille à laquelle il s’unit fans fortir au ddiors , où il paroît peu , & fans rentrer en dedans , quoiqu û s’enchâfe dans les deux filions de la charnière. ün # Mufclcs. BIVALVES. 209 On voit dans chaque battant, quatre petites taches, qui font connoitre qu’ils étoient attachés au corps de l’animal par quatre petits mufcles , dont les deux plus grands E. e. fe trouvent vers leur extrémité fupérieure , & les deux plus petits J. i. font dans l’extrémité oppofée. Il régne encore tout autour des battans, une petite ligne R qui les fuit exac- tement à une ligne de leurs bords : elle marque le lieu où les deux lobes du manteau leur étoient attachés. Le période qui enveloppe cette coquille, lui communique fa couleur brune ; mais lorfqu’on l’a dépouillée , on y décou- vre quatre couleurs, le blanc, le violet, le rofé & le pour- pre , qui tiennent chacun leur place fans fe mélanger. Inté- rieurement elle préfente une nacre à fond blanc , mélé de violet, qui prend, fuivant les inclinaifons qu’on lui donne, diverfes nuances de jaune & de verd. La coquille du Lulat ed ordinairement fixée, le fommet en bas & l’extrémité oppofée en haut. Ses deux battans ne s’entr’ouvrent que très-peu , mais cependant adez pour laider voir fon manteau. C’ed une membrane fort mince, entière Se d’une feule piece le long du dos A. a. L. S. de l’animal , mais partagée fur le devant T. t. F. P. dans toute fa longueur en deux lobes, qui font divifés chacun fur leurs bords, en deux feuillets très -courts, dont l’extérieur ed uni à la co- quille, fort proche de fes bords. Le feuillet intérieur porte depuis l’extrémité fupérieure de la coquille jufqu’à la qua- trième partie de fa longueur, une frange T. t. compofée de quinze filets cylindriques, fort courts, mobiles, & difpofés fur un feul rang. Les trachées font au nombre de deux. La plus grande, ou l’antérieure T. t. ed formée par l’éloignement des lobes du manteau dans fa partie frangée. C’ed par elle que l’eau entre dans le corps de l’animal pour fournir à fa nourriture : elle ^d trois fois plus courte que la coquille. La trachée podérieure A. a. ed percée fur le dos de l’ani- mal , dans l’endroit où le manteau ed d’une feule piece. Elle repréfente une ellipfe deux fois plus longue que large, & quatre fois plus courte que la coquille. Cette ouverture re- çoit l’eau qui doit pader par -derrière les ouïes, p'sur leur porter l’air nécelfaire à l’animal. Elle ne communique point D d Couleur, A N I M A i„ Manteau, Trachées, 210 COQUILLAGES avec Fautre trachëe , mais feulement avec Fanus que Fon apperçoit dans fon angle inférieur iz j & Fon voit vers fon milieu, une partie du grand mufcle fupërieur qui attache les deux battans. P5ed> Le pied du Lulat efl; petit & fait en demi-lune p. lorfqu’il ne s’en fert point j mais lorfqu’il veut en faire ufage , foit pour fonder le terrein, foit pour y fixer les fils qui doivent attacher fa coquille, il Fëtrëcit en l’allongeant fous la forme d’un poinçon un peu courbe P ; alors fa longueur efi: égale à celle de fes fils , & furpafie trois ou quatre fois fa plus grande largeur. Fîls. . Cet animal refie toujours en place & fixé aux rochers par une centaine de fils F qu’il y attache par le moyen de fon pied. C’eft au deffbus de ce pied & de fon origine, que par- tent ces fils. Ils font d’abord réunis comme un nerf, puis ils s’écartent au dehors, comme autant de cheveux tendus avec des diredîons différentes , & dont la longueur égale la largeur de la coquille. Il m’a paru que la Moule de mer des côtes de Norman- die, au lieu d’avoir la filiere au deflbus du pied comme celle du Sénégal , Favoit au contraire placée en deffus. Coulevu-. Le manteau du Lulat efi brun-café fur les bords j le refte de fon corps tire fur le blanc-pâle. Ce coquillage efi aflez commun dans les rochers des ifies de la Magdelaine & du cap Manuel , où il efi expofé à la fu'» reur des fiots qui viennent s’y brifer avec violence. 2. L’A B E R. PL 15. Miffculus purpureus cràfsè ftriatus. Lijl. hîft. Conchyl. tab. 55^ n. 195. Mufculus parvus fubfufcus, capiilaceis ftriis donatus. Ejufd. ibid. n. 194. Mufculus cæmleus in infimâ parce ftriatus, acîmodiim rarus. Hijl. Conck, pag. 327. pL 2.^.jïg. H. Petite Moule d’une rarete- infinie , par rapport à fa couleur parfaite de bleu-célefte ; on pourroit la dire unique : il paroît dans le bas quel- ques raies jaunes par étages. Ejufd. ibid. Mufculus acurus purpureus , crafsè ftriatus , pinnæ fîmilis 3 Lifteri, Klein» tent.pag. laS.fpec. 4. tab. ^.fig. 24. Cette fécondé efpece de Jambonneau fe trouve fréquem- ment autour des rochers de Fifie de Corée. CoQuiLLï. Sa coquille efi fort petite, & n’a jamais plus de quatorze 2îT BIVALVES. lignes de longueur fur une largeur une fois moindre. Elle eü, comme celle qui précédé, extrêmement renflée, & fou- vent de maniéré que fa profondeur furpafle de beaucoup fa largeur. Son fommet eft pointu : intérieurement il femble re- Sommet, plié légèrement auprès de la charnière, où il forme une petite poche. Chaque battant porte environ cinquante canelures mar- Battans^: quees profondément non-feulement fur la furface, mais en- core fur le période. Elles s’étendent de longueur depuis le fommet jufqu’à l’extrémité oppofée. Leurs bords font ornés tout autour d’un nombre de petites dents pareil à celui des canelures extérieures. Au-deflus du repli interne du fommet dans chaque bat- Chamîere. tant, la charnière paroît formée de quatre dents prefqu’im- perceptibles. Lorfqu’on enleve l’épiderme fauve de la coquille, elle pa- Couleur, roît au dehors d’un violet ou d’un ponçot éclatant : quelque- fois ces deux couleurs font agréablement mélangées de brun & de verd. Le blanc efl ordinairement la couleur qui régné au dedans J quelquefois il fe confond avec un violet obfcur. 5. LE DOTEE. PL 15. Mufculus parvus, latus, tenuicer ftriatus, ex fufco purpurafcens *, Jamai- cenfis. -Lijî. hiji. Conchyl. tab, :^66.fig. io6. Mufculus Gula foricis. HiJl, Conchyl. pag. 116. pi. 1$. Jlg. Petite moule nommée la Gueule de fouris, par rapport à fa forme poin- tue & à fa couleur grife , tachetée de violet j les bords de fes deux pièces font de couleur de rofe. Ejufd. ïbid. Mufculus polyleptoginglymus, qui mufculus parvus, latus, tenuiter ftria- tus, ex fufco purpurafcens; Lifteri. Klein, tent.pag. \6%.fpec. 5. ( Erravit Autor quoad cardinem ; non enim polyleptoginglymus. ) La forme applatie de la coquille du Dotel , fon peu d’é- Coquille. paiffeur,fa légèreté, fa fragilité, & fes cent canelures pref- qu’infenfibles la diftinguent affez de la précédente. Elle n’a guère qu’un pouce & demi de longueur. Intérieurement chaque battant efl: borde de cent petites Battans. dents. Leur fommet n’efl pas replié au dedans, & ne forme Sommet, par conféquent aucune poche. On a bien de la peine à décou- Charnière, vrir à la loupe une ou deux petites dents qui font à la char- piere. Dd i| Périofle» 212 COQUILLAGES Le përiofte de cette coquille lut donne une couleur noire. Il efl; beaucoup plus fin , moins écailleux & plus fouple que dans les deux efpeces qui précèdent ; & pour cette raifon, plus Couleur, difficile à détacher. 11 couvre une nacre très-belle , & d’une blancheur qui furpafie infiniment celle de l’intérieur. Il n’y a point de coquillage plus répandu fur les rochers de toute la côte. On le trouve auffi par paquets fur les huîtres attachées aux mangliers du fleuve Gambie. Les matelots Eu- ropéens lui donnent le nom de Moucle, & le mangent, a l’imitation des nègres, après l’avoir paffé au feu, 4. LE F O N E T. PL 15,. Mufcuîns major îatiffimus, ex caftaneo purpurafcens. lijl. hîjl. Conchyll tab. 203, Mytulus faxatilis. Rumph. mnf. pag. 15 1. art. 3. tab. ^è..fig. D, Mytulus aiiguftus feu gibbofus. Lang.- meth. pag. 74. Mufculus variegata. Hiji. Conchyl. pag. ^16. pL ^'^.fig- Q- Moule magellanique ^ bariolée de brun fur un fond agathe>, la maibrur©^ eft .fort différente des autres. Ejufd. ïbid. Mufculus aeutus, faxatilis, auri-formis, parvus, extus granularus, margine pilôfo , ex virore fpiendens j ex iaxis pendulusr anatibus expetitus> Rumphii. Klein, tent.pag. ii-j./pec. z. Mufculus aeutus , qui mufculus major , latiffimus , ex caftaneo purpurai- eensj Lifteri. Ejufd. ihid. pag. ii'B.-Jpec. 10. J’ai obfervé afîez rarement cette quatrième efpece vers le cap de Dakar. ^ ^ CoQuiitE, Sa coquille efl encore plus applade que la precedente^ longue de deux pouces & demi , fur une largeur une fois moindre & double de fa profondeur. Elle efl; lifle, unie, fans aucunes dents fur fes bords, & fans eanelures fur fa furface Périofte. qui efl recouvette d’un périofte très-épais & luftre. ^ Charnière. Sa chamiere efl: garnie de deux ou trois dents qu on dif-^ tingue facilement à la vûe. _ a / j Couleur-, La couleur du périofle efl: fauve , quelquefois melee de verd. Celle de la coquille efl d’une belle couleur de rofe ai* dehors ; la nacre régné dans fon intérieur, 5 .. U A P A N. PI. 15-. Cette efpece de Jambonneau efl: h plus grande de celles que j’ai obfervées au SénégaL BIVALVES. ^13 LWmal ne différé des précédens qu’en ce que fon man- teau a environ trente crénelures fort larges au lieu de filets. Sa coquille a fept pouces de longueur, &: deux tiers moins de largeur : elle eft fi applatie que fa largeur furpaffe plus d’une fois fon épaiffeur. Sa forme imite allez celle d’un jam- bon, ayant le dos prefque droit, l’extrémité fupérieure fort large & arrondie, & le ventre un peu concave vers le fom- met,qui diminue infenfîblement en pointe pour former une efpece de manche. Sa fubffance eft fort mince, auffi fragile que du verre, 8c affez femblable à celle de la corne ^ dont elle emprunte la couleur & la tranfparence. Intérieurement elle eft polie & luifante, mais au dehors fa furface eff hériffée vers l’extrémité d’un grand nombre de pointes pliées en cornets ou en tuyaux cylindriques fort min- ces, de même nature que la coquille, longs de quatre à cinq lignes & relevés en angle de quarante-cinq degrés. Ces pointes en tuyaux doivent leur origine aux crénelures du manteau de l’animal ; & quoiqu’elles paroiffent fans ordre, on difiin- gue cependant fur le refte de la coquille les veffiges des pre- mières qui ont été ufées ou brifées : on voit qu’elles étoienî difpofées fur quinze ou vingt rangs parallèles à la longueur de la coquille. Le ligament qui attache les deux battans, s’étend depuis le fommet jufqu’aux trois quarts de leur longueur vers l’extré- mité fupérieure. On ne diftingue aucune dent à la charnière. Les nègres font la pêche de ce coquillage autour des caps Bernard 8c Dakar , où il fe trouve en grande quantité à trois braffes de profondeur. Sa chair eft très-bonne , fur-tout lorf- qu’elle eft cuite 8c apprêtée 5 elle eft fort goûtée des euro-*- péens 8c des naturels du pays. 6. LE C H A N O N. PI Goncha Aîiformis, magis ventricofa , propè cârdinem pulvinata, fubrüfa," intùs cota argentea. Gualt, Ind^pag. & tab. 94. &£, B. Je n’ai point vû l’animal du Chanon : il eft fort commun autour du cap Manuel & du cap Verd ; & autant que je m’en fouviens, il s’attache avec des fils aux plantes marines. Sa coquille eft longue d’environ trois pouces, & compo- Animal. Coquille, Sommes, Ligament. Charnière, COQüILLÎ, Battans. Sommet. Ligament. Charnière. Mufcle. Cou’eur. COQWILLE. 214 COQUILLAGES fée de deux battans très-inégaux, dont l’un efl toujours plus petit que l’autre ; d’où je la juge appartenir à un genre de coquillage fort différent de celui du Jambonneau. Elle eft peu épaiffe , plate , arrondie , & porte à fes côtés deux efpeces d’aîles qui augmentent fa largeur de maniéré qu’elle furpaffe une fois & davantage fa longueur. Ce font ces ailes qui lui ont fait donner les noms d’^i'//e, à^Oifcau ou ài Hirojtdelle. L’aîle gauche eft toujours arrondie , & beaucoup plus courte que celle de la droite , qui fe termine en pointe. Ee battant fupérieur efl moins concave , beaucoup plus étroit dans fon milieu , & un peu plus large dans fes ailes ou à fes extrémités que le battant inférieur. Son fommet eft renflé comme un léger bouton , & placé à la quatrième partie de fa largeur vers la gauche. Le ligament eft noir & fort mince : il paroît un peu au de- hors, & s’étend depuis la.pointe gauche de la coquille, juf- qu’au milieu de fa longueur. Sa charnière montre dans le battant inférieur une petite dent longue, avec un long fillon qui régné au-deffous du ligament. Dans l’autre on voit une cavité qui reçoit la dent, & un petit filet qui engraine dans la rainure du premier. Il ne paroît qu’une attache de mufcle dans le milieu de chaque battant. La furface extérieure de cette coquille efl liffe, unie, quel- quefois jaunâtre & quelquefois brune. Une nacre fort belle & luifante recouvre fa furface interne , qui eft fouvent rem- plie de ces yeux de perles que les Jouailliers appellent loupes de perles. 7. r E S S A N. PL 15. La feptiéme figure repréfente dans fa grandeur naturelle une petite efpece de Peigne, la feule que j’aie rencontré fur la côte du Sénégal. La figure arrondie & applatie de fa coquille, avec deux petites ailes ou oreilles à peu près égales ,& l’inégalité dp fes deux battans , font voir qu’elle approche infiniment de l’ef- pece qui la précédé. Elle a tout au plus deux lignes & demie de longueur & un peu moins de largeur. Elle eft fî mince qu’elle eft tranfparente comme un talc. Sa furface eft liffe polie , excepté dans les deux oreilles , qui ont quatre ou BIVALVES. 21^ cinq caneîures relevées de quelques petits piquans, qu’on ne découvre que par le moyen du verre lenticulaire. ^ Ses deux battans font médiocrement convexes, mais l’in- Battans. férieur beaucoup plus que le fupérieur. Sa charnière n’a qu’une cavité qui reçoit le ligament fans Charnière. Je laiffer paroître au dehors. Ligament. Le fond de fa couleur efl un blanc fur lequel s’étend un Couleur, réfeau jaunâtre ou rougeâtre, mais prefqu’infenfîble par fa grande délicateife. 8. L E J É S O N. P/. 15, Le coquillage que je joins ici, me paroît appartenir à un genre encore difîerent de celui du Jambonneau, & de celui des efpeces 6. & 7. que je viens de décrire. On le trouve com- munément autour des rochers de l’ifle de Corée, attaché par des foies fort courtes à la vérité , mais de la même maniéré que les Jambonneaux, dont il ne s’éloigne pas beaucoup. Peftunculus anguftior maculatiis. Lijl. hijî. Conchyl. tab. 347./^. 184. Pedunculus ex latere produétior fubfufcus. Ejufd, ibid, fig. 185. Concha longa incurvata , ftriata , uigofa rugis imbricans , & undatim produdis, profundè fulcatis, albida. Gualc. Ind. pah. & tab. 00. fig. F. fecunda, Anomalo cardia efFufa, quæ Pedlunciilus obliqué in latum expanfus, an- guftior maculatus-, Lifteri Klein, tent. pag. i^^.fpec. 1. n. 34. Anomalo cardia efFufa, quæ Peâ:unculus fubfufcus ex latere produdus Sc pedi humano inferiori fîmilis ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 35. La coquille du Jéfon repréfente un ovoïde fort obtus aux Coquille. extrémités, dont l’inférieure eft prefque droite & un peu moindre que la fupérieure qui efl: arrondie. Elle a un pouce & demi de longueur, & une fois moins de largeur & de pro- fondeur. Elle eft affez épailTe, & relevée au dehors fur chaque battant de quinze caneîures longitudinales, fort grolTes, ar- rondies , & comme compofées de plufîeurs petites lames ou écaillés difpofées par ondes en recouvrement les unes fur les autres. L’intérieur ell lilTe & uni ; mais les caneîures qui au dehors font en relief, paroilfent ici en creux. ^ Les deux ^battans font parfaitement égaux, & portent vers Battant l’angle poflérieur de leur extrémité inferieure , deux petits fommets recourbés un peu en devant, & qui fe touchent par Sommet. Ligament. Chaxniere. ^.lufcles. Couleur, 216 c O Q U I L L A G E S les cotes. On voit un peu au-devant d’eux un petit enfon- cement en forme de cœur. ^ , Le ligament paroît un peu au dehors, & prend fon origine au fommet, au-delTus duquel il s’étend d’une longueur égale la quatrième partie de la coquille. La charnière dans le battant droit confide en deux dents y dont l’une, celle d’en haut, eft longuette, & l’autre arrondie. Dans le battant gauche il n’y a qu’une longue dent, avec une cavité qui reçoit la petite dent de 1 autre battant. Deux taches qu’on voit dans chaque battant, marquent les lieux où étoient fixés deux mufcles de moyenne grandeur. Cette coquille recouverte de fon période paroît brune ou terreufe j mais lorfqu’il ed enlevé, on découvre fur fa furface externe une belle couleur de rofe ou de feu : intérieurement elle ed fort blanche, avec une bande brune vers fon extré- mité fupérieure, GENRE IV. LA CAME. Chama, LEs coquillages que les Anciens ont appelles du nom de Cames font adez faciles à reconnoître par leurs figures & leurs defcriptions. Ils en ont fait plufîeurs genres a raifoiî de la forme plus ou moins allongée de leur coquille, & de la rudede ou du poli de leur furface. Mais je crois que fms avoir égard à ce dernier point , on peut les divifer en ron- des , en ovales régulières , & en ovales irregulieres j entends par’ces dernieres celles dont un des bords de la coqmlle ed ondé ou comme replié. Les premières font les vraies Ca- mes ; on appelle les fécondés Palourdes , & Lavignons les troifiémes. Toutes ont les deux pièces égales & parfaitement femblables : ij y en a de minces & d’épaifies , de renflees & de plates, de rudes & de lides indidinélement dans chacune des trois formes fous lefquelles je les confîdere. 11 ed com- mun à toutes de vivre enfoncées de quelques pouces dans les fables , & elles s’y enfoncent d’autant plus que leurs trachée? ont plus de longueur, I. LA c L O N I S S E, VU Græcis , Chamis afpera Latinis. Bdon. aquat, pag. ^ BIVALVES. 217 'Dtjxâ^.s Græcis ac Latinis , Cloniffa Maffiliæ, Genuaî Arfella^ Hifpanis Âr-- milia. Ejufd. ibid. pag. 407. Conchula rugata. Rondel. tejiac. edit. lat. lib. i. cap. xG. pag. iG. Pecicç coquille ridée. Ejufd. édit.franç. tejiac. liv. i. ch. iz.pag. ip. Conchula rugaca , Rondeletii. Bojfuet. aquat.pars ait. pag. lo. Gefri. aquat. pag. G. *- -■ Aldrov. exang, pag. 459. Cliama Peloris, Bellonii. Ejufd. pag. ApjG. Concha rugara, vuigi Pavarazzo. Ejufd. ibid. Chama afpera, Bellonii. Ejufd. ibid. . Concha rugata alia Bellonii. Ejufd. pag. 477. Chaîna afpera, Bellonii. Jonjl. exang. tab. 14. Concha rugata albo colore teéta, quam fubminius, citreus, puniceus , &: palearis color diftinguunt : pulchriores deferuntur à Luzitanico mari. Bonan. recr. p. 108. clajf. %. n. 75. Concha rugata alia, fulcis magis profundè excavata, luteo colore, in mari Mediterraneo abundè generata. Ejujd. ibid. n. -jG. Peétunculus maculatus, crebrioribus fafciis donatus*, Jamaicenfis. Lijler. hif. Conchyl. tab. z-j%. fig. 115, Peétunculus omnium craffilîîmus , fafciis ex latere bullatis donatusi An- glicus & ex mari Mediterraneo. Ejufd. tab. z%^.fig. ixz. Peétunculus variegatus; Jamaicenfis. Ejufd. tab. ^^$-fig- üJ. Chama Wyfs-fchulp diéta. Rumph. muf pag. i^o. tab, ^8.jig. 5. Concha rugata albo colore teéta, quam fubminius , citreus , puniceus Sc palearis color diftinguunt : pulchriores deferuntur à Luzitanico mari. Muf. Kirk. pag. 445. n. yz. Conpha rugata alia, fulcis magis profundè excavata, luteo colore 5 in mari Mediterraneo abundè generata. Ejufd. ibid. Concha Tellina diéta. Ejufd. pag. 447. n. icz. Chama cornubienfis Sc maris Mediterranei. Petiv. Ga-^oph. vol. z, cat. o. tab. 9hfig- ^7- . ^ Concha valvis æqualibus inæquilatera, mediocriter vel leviter umbonata, Sc redàincurvata, fubrotunda, faftigiata, rugofa. Lang, meth.p. Gç). Coehlea cordiformis æquilatera umbone cardinum unito , rugofa. ibid. Chama inæquilatera tranfverfim ftriata. Ejufd. pag. 70. Tellina frequentilfima, Sc gratiffimi faporis, pulchrè variegata lineis ju- giter in fe reflexis , feu rugofis, Ariminenfibus Paveraccia di» nullis maculis pîumbeis , ôc lineis rufis ratb nebulaia , &c fignaca, Ejufd. pag. & tab. 85. litt. A. Cricomphalos Luzitanica ; aibo cortice tefta; quam fubminius, cirrens ? purpureus & paiearis color diftinguunt, BonannL Klein, teni. p.1^6. fpec. 2.. _ Cricomphalos qui Peâunculus craffiffimus, fafciis ex latere bolktisj Lifteri. . Ejufd. pag. i4,j. fpec. Cricomphalos crebris fafciis , Jamaicenfis ; Lifteri. Ejufd. ibid.fpec. i ï. Quadrans plicata. Ejufd. pag. 155. fpec. 5 . Les jïLarfeillois V appellent Clonifle. Beloii. RonieL Les V éniüens y Biverone, Piverone, ou Piperone. lid. Les Génois y Arfelîe. lii. Les Rimiîiiens, les Ravemis & les Anconois , autrefois Pove- razos. BeL aujourd’hui Paveraccia, Plane. Les Efpagnols ^ Ktvsféihi. Bel. Les Sénégalois , Boukch. Coquille. La coquilîe de la CloniiTe efl epaiiïe, prefque ronde, large d’environ deux pouces, & un peu moins longue. Elle efl convexe , fort renflée & d’une profondeur prefqu’une fois moindre que fa longueur. Sa furface efl: relevée d’une qua- rantaine de canelures tranfverfales , demi-circulaires & ri- dées , qui s’effacent & difparoiffent à mefure qu’elles appro- chent du fommet : là elles femblent quelquefois traverfées par d’autres canelures longitudinales prefqu’infenfîbles. Battans. Les deux battans font exaélement femblables, aflez tran- chans , mais épais fur leurs bords, qui font marqués intérieu- rement d’une centaine de dents infiniment petites. Sommet. Il S portent chacun , un peu au-deffbus du milieu de leur largeur, un fommet S peu élevé, tourné en bas en volute, & qui touche prefque fon voifîn par les côtés. Au-defibus de ce fommet on voit une petite cavité ‘Q applatie, en forme de cœur, ronde dans les coquilles plus renflées, une fois plus longue que large dans celles qui font plus applaties, & tou- jours couverte de rides. Ligament. Le ligament L qui joint les battans, fort entièrement nu dehors, ou il paroît convexe. Il efl: deux fois plus court que la largeur de la coquille, & placé au-deflus du fommet 'auquel il vient fe terminer. Il femble qu’il quitte plus faci- f BIVALVES. 219 ïement îe battant droit que le gauche. Ces deux battans font applatis &■ comme creufés obliquement autour de lui. Deux groflesAents C à peu près triangulaires, obtufes 8c fort proches l’une de l’autre, forment la charnière du bat- tant droit D. Elles ont deux cavités fur leurs côtés 8c une troifiéme entr’elles, qui reçoivent les trois dents c. du battant gauche G. Sur la furface interne de chaque battant, on voit vers fes extrémités les attaches de deux gros mufcles ronds , dont le fupérieur E eft fort peu plus grand que l’inférieur e. Le trait R marque le lieu où les lobes du manteau étoient atta- chés aux mêmes battans. Le périofte, s’il y en a un fur la furface externe, n’eil pas fenfible. Cette coquille eft quelquefois blanche au dehors comme au dedans ; mais pour l’ordinaire fa furface extérieure eft de couleur de chair ou Jaunâtre, quelquefois coupée dans fa lon- gueur par trois bandes fauves , ou couverte de petites mar- brures très-fines , en zigzags bruns ou fauves, ou gris-de-lin. Les variétés que l’on obferve dans cette coquille font fi confidérables, que Jen’aurois ofé entreprendre de les fixer, fi Je n’en euffe obfervé plufîeurs fois les animaux qui fe font trouvés parfaitement femblables dans toutes. Ces variétés confiftent non-feulement dans fa forme, mais encore dans le nombre de fes canelures. Les unes approchent de la figure ronde, Ôc d’autres de la forme triangulaire: dans les premières le fommet s’applatit , ôc il devient pointu dans les dernieres. Il y en a de plus renflées 8c de moins renflées. Leur profon- deur furpafie quelquefois , mais elle n’eft jamais moindre que la moitié de leur longueur j leur fommet eft toujours placé au-deffous du milieu de leur largeur. A l’égard des canelures les jeunes coquilles les ont ordi- nairement liftes, 8c beaucoup moins nombreufes que les vieil- les : il s’en trouve même dans lefquelles on n’en compte que fept ou huit au lieu de quarante. Dans quelques-unes ces ca- nelures fe terminent par une petite pointe autour de la cavité qui paroît auprès du ligament 5 comme dans la Came que l’Auteur françois de la Conchyliologie a figurée à la lettre B de la planche 24^, 8c que je n’ai pas citée à caufe de l’étrange Ee i] Charnière MufclesJ Périofte. Couleur^ Variétés. 220 COQUILLAGES courbure que prend cette coquille , qui d’ailleurs ne difîer-3 pas fenliblement de la nôtre. Le célébré M. B. de Juffieu , que J’ai cité tant de fois a roccafion des facilités qu’il m’a procuré de comparer les coquilles du Sénégal à celles qui font dans fon riche cabinet avec les notes des difîerens pays d’où il les a reçu , a eu la complaifance de me communiquer X^Paveraccia de Rimini, que le fçavant M. Janus Plancus lui avoir envoyé tout récem- ment. La comparaifon que J’en ai faite m’a confirmé dans le foupçon où J’étois que la Cloniffe de Belon & de Rondelet pourroit bien être la Came obfervée au Sénégal j & elle ne ne m’a pas permis de trouver aucune différence notable entre ces deux coquilles. La Cloniffe de Rimini étoit de celles que i’ai dit approcher de la figure triangulaire , qui font moins renflées j dont les canelures font liffes , au nombre de qua- rante ou environ , & à fond blanc , marbré de zigzags bruns ou gris“de-lin. Animal. Ce feroit une erreur que de croire avec les Anciens (i) & quelques Modernes, que la Came a toujours fa coquille ou- verte ou béante. L’animal qui l’habite l’ouvre & la ferme à fon gré J comme font toutes les autres Bivalves dont les bat- tans ferment exaétement. Lorfqu’elle eft entr’ouverte , on ap- Manteau, perçoit fon manteau comme une membrane fort mince, divifée dans toute fa longueur en deux lobes égaux, qui re- couvrent chacun les parois intérieures de chaque battant. Leurs bords M font légèrement ondés ou crénelés, & s’éten- dent fur ceux de la coquille fans fortir au dehors. Trachées. De l’extrémité fupérieure du manteau fortent deux tra- chées T. A. en forme de tuyaux charnus & cylindriques, dont la longueur égale la fixiéme partie de celle de la co- quille. Ces tuyaux font auffî éloignés du fommet de la co- quille que du milieu de fa circonférence, & Joints enfemble (i) Nunc inquiramus qukl fit Chamis proprium , quo à Conchis , quibus in multis fimiles fimt, diftinguantur. Athenæus, J'e ïm à ^les h , cüTâis ôVôjMâftfô&i Tsi Tas Id cft j ChâiTiarunî rnêoiinit Jon Chius in Épidemiis quæ fortaffis à Græcis nominata funt , iws ri Ktxfix-ivM , id eft ; ab Hiando. Id etymum fecuti quidam Hiatulas Latine appellant. Sed .... tutiùs effe peto Græcâ appellatione uti , Piinii exemple ^ à quo Chamæ nominantur , & Chamæ-pelorides , & Chamæ-trachææ , atqne aliæ ejufdem generis. Chamæ igitur etfi toncharum generi fubfint, hoc tamen àcæteris conchis diftabunt, qubd femper biantj êc teftas apertas habent. Rondd. tefi. lib, i, eap, 8. pag. lo. BIVALVES. 22,1 prefque jufqu’au milieu de leur longueur, par une membrane mifee en forme de crête. Ils font quelquefois inégaux & quel- quefois d’égale grandeur, félon qu’il plaît à l’animal d’allon- ger & de groffir davantage Tun ou l’autre. Cependant j’ai remarqué que dans les adultes le tuyau podérieur A ed le plus grand : fa longueur furpade de moitié fa largeur, Sc d’un tiers l’autre tuyau T. Il ed couronné à fon extrémité d’une membrane fort mince & tranfparente, de l’origine de laquelle fortent environ quarante petits filets cylindriques, tronques à leur extrémité. Ces filets font une fois plus longs que la membrane , & difpofés fur un feul rang qui régné tout au- tour d’elle en dehors. Le tuyau antérieur T n’a pas plus de longueur que de lar- geur. Son extrémité ne porte point de membrane : elle ed feulement couronnée d’environ foixante filets femblables , dont trente font alternativement plus courts. Tous ces filets, tant dans l’un que dans l’autre tuyau, font mobiles, & jouent félon la volonté de l’animal, fans doute pour déterminer cer- tains corps à enfiler leur canal avec l’eau qu’ils y font entrer. Le tuyau podérieur A rend les excrémens avec l’eau que l’autre tuyau antérieur T a pompée. Le pied prend autant de formes différentes qu’il plaît à l’animal; mais lorfqu’il fe tient tranquille, il paroît ordinai- rement fous la forme d’un croidant P, dont la largeur ed prefque égale à celle de la coquille. L’animal s’en fert non pour marcher en rampant, mais pour poulTer en avant fon corps avec fa coquille. La couleur du corps de îaClonide ed blanchâtre : la frange dè fes tuyaux, & l’efpece de crête qui les unit enfemble font rougeâtres. Ce coquillage ed fort commun fur toute la côte du cap y erd. Il fe tient enfoncé dans les fables dans la fîtuation ou je l’ai fait repréfenter , fes deux tuyaux redans toujours au- deflus pour communiquer avec l’eau. Les nègres lui donnent le nom de Boukch , & en mangent la chair cuite fous les cen- dres : elle ed fort bonne , faine & très-délicate, Pied. Couleur. 2Z2 COQUILLP. Sommets. Ligament. Charnière. Eattans. Couleur. CO QUILLAGES Z. U A J A R. PL iS. Concha Nux maris diâra, Tarentino in mari & alibi frequens, ftriis vaidè fpiffis & rotundads , colore albo fulvis vel rufis maculis notato. Bon, recr. po-g- ni. clâjjl z. n. 9^* r. Muf, Kirk. pag, 4^6. n. ÿ6, • « • r Coucha cordiformis æqiâilatera , umbone cardinum unito ftriata. Lang, meth. pag^ 60. . Coucha cordiformis æquilatera, umbone cardinum umto, parva, Itriata, fubalbida, fulvis iineis maculata, & circumdata. Gualt. Ind. pag, {y tab, 71. litt. J. ■ rt • n. ■' Concha cordiformis æquilatera, umbone cardinum umto, Itnata, Itriis çraffioribus candida, maculis & Iineis fulvis referez, de çircumdata. Ejufd. ibid. litt. L. ^ 1 • • r • r Concha cordiformis inæquilatera , ftriis craffis elatis, rans lineis tranl- verfun fignaris diftinda ,, colore rubiginofo depicta. EjuJd. pag, Ùf tab, 83. Litt. D, A ne confîdérer que Fépaifîeur, la forme renfle'e & les ca- nelures longitudinales de la coquille de 1 Ajar, on la pren- droit moins pour une Came que pour un Pétoncle : mais on eft bientôt détrompé lorfqu’on a vu l’animal, qui ne différé point de celui de la première efpece. Elle n’a qu’un pouce de largeur, fur une longueur un peu moindre & qui ne fur- paffe guère fa profondeur. Elle porte fur chaque battant vingt-cinq à vingt-fix groffes canelures quarrees, quelquefois liffes & quelquefois légèrement ridées , qui au lieu de la tra-. verfer s’étendent de longueur. Le ligament & les fommets font affez femblables a ceux de la Clonifle ;mais la petite cavité en forme de cœur n’elt pas fenfblement creufée. • o j La charnière n’a qu’une dent dans le battant droit ^ oc deux dans le gauche. j r Chaque battant eft creufe intérieurement autour de fes bords de vingt-cinq ou vingt-fix canaux , termines p^ autant de crénulures profondes qui répondent aux vingt-fix cane- lures élevées fur fa furface extérieure. Ces petits canaux s’é- tendent jufqu’à deux lignes ou deux lignes & demie au de- dans de la coquille. , 1 o • Intérieurement elle eft blanche fur les bords & tire un peu fur le rouge vers le milieu. Extérieurement ion tond eft BIVALVES; 225 ï)rufl tirant fur le rouge, & mêlé de quelques lignes blanches. On la trouve communément dans les iables de l’embou- chure du Niger, pendant le mois de mai. J. LE C O D O K. PL 16. Concha parum excavata, &quari perfeftè circino rotundata; in utrâque parte albefcens, in externâ minutiffimis Ihigibus à centre ad margi- netn produdis , aliis lineolis in tranfverfum incifis corrugata ; ab Oceano occidentaü in lucem édita , mirum naturæ artificium often- dens. Bonan. recr. pag. 108. clc^. 1. n. 6^. 1-— Muf. Kirk. pag. 445. n. 70. Pedunculus magnus , planus , orbicularis , ferè rubefeens , capillaribus ftriis quafi cancelîatis confpicuus -, Barbadenfis & Jamaicenfis. Lifi. hijt. Conchyl. tab. 174. Chama luraria, feu Coaxans, Malaicenfibus Bia Codock. Rumph. muf, pag. 158. art. i. tab. 42. fig. H. ( fig. E. forte eadem’) Chama reticulata. Hijî. Conchyl. pag. ^lo. pL E. Came dont le fommet eft plus élevé que les autres, & les ftries moins profondes ; toute fa robe forme un vrai réfeau blanc. Ejufd. ibid. pag. 324. Concha marina , valvis æqualibus æquilatera , mediocriter , vel leviter umbonata,& obliqué incurvata, fubrotunda, complanata, ftriis can- cellaris elegantiffimè ftgnata, candida. Guat. Ind, pag. & tab. 77. fig. A. (Les proportions que l’Auteur donne à cette coquille dans fa 3«. figure , pêchent en ce qu’elle a beaucoup trop de protondeur. ) Chamelæa kvis, fivè circinis umbratilibus, tadu læviftîmis: quæ Chama lutaria, fivè Coaxans, Bia Cadock, à pîaufufonoro ita dida, fubro- tunda, palmaris, lævis, lutofi coloris-, in quâ latet nonnunquam la- piiius rotundus , argenteus , aliquaudo cuberculofus , Rumphii. Klein, tent. pag. i^^.Jpec. 3. n. 2. Tellina granulata, magna, plana, orbicularis, ferè rubefeens, capillari- bus ftriis quafi cancellata 8c afpera, Jamaicenfis; Lifteri. Ejufdem ^ pag. ï6o. fpec. 4. Le Codok fe voit aflez rarement entre le cap Manuel & le cap Verd. Sa coquille ell plus mince & plus applatie que les précé- Coquille, dentes, large de plus de deux pouces, un peu moins longue, & une fois & demie moins profonde. Un réfeau aflez fin , formé par environ cent canelures longitudinales &: autant de tranfverfales plus petites, qui les coupent à angles droits, couvre toute fa furface extérieure. Les mailles de ce réfeau font d’iautant plus grandes & mieux marquées, qu’elles ap- Sommets. Chamiere. Couleur. 224 C O Q U I L L AGES prochent davantage des bords de la coquille, qui font unis^ fans dents , & fans crénelures au dedans. Les fommets qui fe touchent à peu de chofe près comme les prëcédens, font places prefqii au milieu de la largeur de la coquille, Raccompagnes au-delfous d’une cavité en forme de cœur, très-profonde, mais fort petite. La charnière a trois dents dans le battant droit, R deux dans le gauche. « / Cette coquille eft d’un beau blanc au dehors, jaune-fouffree au dedans , avec un bord couleur de chair auprès de la char« niere. 4. LE C O T A N. PI \é. Peftanculus ondatim depiétus. Lifi. hijl, Conchyl, tab. 161. fig. 98. Peftimculus dense fafciatus , ex rubro variegatus , & undatus j ex infula Garnfey. Ejujd. tab. 12,7. Chama comubienfis fafciara, undis rubris. Pedv. Gaioph. vol. ^. cat. 6$. tab. ÿj. fig- 15* Concha marina valvis æqualibus , æquilatera , norabiliter umbonata , oC obliqué incurvata, fubrotunda , vulgaris, ftriis denfiffimis & pro- fundis tranfverfiiTi ftriata, & exafperata , candida , leviter ex rufco variegata & radiata. Gualt. Ind, pag. & tab. 7 5. litt, F. Concha marina valvis æqualibus, æquilatera, norabiliter umbonata, & obliqué incurvata, fubrotunda , vulgaris tranfverfim ftriata, ex albidp & fufco fignara , & lineata. 6^, ^ ^ • Cricomphalos , ex rulîro undaca fuper circulis denfis; Liften. Klein, tenu nap. 1A.-J. foec. I?. Animal. L^animai du Cotan a les deux trachées ou tuyaux du maU'* Trachées, teau joints enfemble dans toute leur longueur. Ils font p^- faitement égaux, & deux fois plus longs que lar^. Du rene l’animai ne différé point de celui de la première elpece. Coquille. Sa coquüle a la forme de celle qui précédé , mais elle a ra- rement deux pouces de largeur. Sa furface n eft pas non plus en réfeau ; elle porte feulement quatre-vingt-djx a cent petites canelures tranfverfales & arrondies. Sommets. Les fommets font placés exaélement au milieu de fa lar-c geur , R un peu écartés l’un de l’autre. La cavité en forme de cœur eft auffi très-profonde, affez grande & prefque ronde. Couleur. Je ne connois guère d’efpeces de coquillages dans lef- quelles les mêmes couleurs prennent autant de formes^R de nuances différentes. Leur fond eft toujours blanc, mele de ■ ' ' taches BIVALVES. 22,- taches fauves ou couleur de chair, qui s’étendent tantôt par marbrures , tantôt en zigzags, quelquefois par bandes longi- tudinales , quelquefois de ces deux maniérés , & fouvent de toutes les trois enfemble. On voit quelquefois un peu de violet fur fa furface interne. On la trouve communément dans les fables de l’iHe de Corée. J. LE D O S I N. P/, i^. PeAuncaîus ex infulâ Mauritii. Ziji,. hiji. Conchyl. tab. xi^i.Jîg 97. Pedunculus albidus , densè fafciatus , laciffimus, admodùm planus i Ja- maicenfis. Ejufd. tab. 288.^^. 124, ’ Concha marina , valvis æqualibus , æquHatera , mediocriter vel leviter umbonara, S>c obliqué incurvata, fubrotunda, ftriis profundis tranf- verfis, umbonem versus decrefcentibus, elegantiffimè undiquècinda, aibida. Gualt, Ind. pag. & tab. j6. lut. F. Cricomphalos Mauritanie^, romnda, alba; Lifteri. Klein, tent.pag. 1^6. •Cricomphalos latiffima aibida, densè circinataj admodùm plana*, Lifteri. Ejujd. pag. i^j.fpec. 14. La coquille du Dolin ne différé de celle qui précède, que Coquille. parce quelle eft un peu moins epailïe, plus légère, que fa furface eft d un poli luifant & éclatant, relevée de foixante canelures un peu plus larges, applaties; & en ce que la fof- fette en forme de cœur qui paroît au-delTous des fommets, ef moins enfoncée , & polie fans rides. Les battans font arrondis fur leurs bords : ils portent cha- Battans. cun quatre dents à la charnière. Chamîere. Elle eft d’une blancheur parfaite au dedans & au dehors. Couleur, On la voit aflez abondamment fur la côte de Portudal. «J. LE G O R D E T. Pl. 16. Peètunculus ex toto albidus, paulo planior 5 Jamaicenfis. Li(l. hid. Conchyl. tab. 275. fig. 109. JJ J Peduncuhis ^-ofnndior, ad alterum hurnemm finu longiufcuîo ; Jamai- Ejufd. tab. ZI fig. xio. • J’ai trouvé cette efpece autour de l’ifte de Corée & du cap Manuel. ^ Sa Coquille relTemble aftez a la précédente par fa légèreté. Coquille, la lancheur & fon beau poli: mais elle n’a guère plus d’un Ff 32(5 COQUILLAGES pouce de largeur. On compte fur fa furface plus de cent Sommet, trente canelures extrêmement fines ; & fon fommet qui eft placé beaucoup au-defibus de fon milieu, s’avance oblique- ment en pointe , caradere que nous n’avons point obferyé dans toutes les efpeces qui la précèdent : d’ailleurs la cavité en forme de cœur efi plus profonde &: ridée. _ Charmere. Chaque battant porte trois dents à la chamierer 7. L E P I T A R. PL 16. Chama injequîlatera , lævis^ craiTa fubalbida. Guak. Ind,.pag. & tab. 851- lin. B. Celle-ci efi; la plus commune &: la plus recherchée par lei gens du pays, qui en eftiment beaucoup la chair. Elle efi éga- lement répandue fur toute la côte fabionneufe depuis le cap Verd jufqu’au fleuve Gambie. Coquille. Sa coquille efi fort épaifie & extrêmement renflée, fur- tout dans les vieilles, qui ne portent guères que deux pouces & quelques lignes de largeur, & un pouce trois quarts de lon- gueur, fur une profondeur un quart moindre: les jeunes au contraire font plus applaties & fort minces. Leur furface ex- terne efi afiez liffe & unie vers le fomniet , mais relevée de plufieurs grofles rides vers les bords qui font aigus. Elles ne portent, non plus que toutes les autres efpeces qui fuivent, aucune imprelïion en forme de cœur au-deflbus des fom- mets. ^ Sommets. Ceux-ci font obtus, arrondis, contigus l’un a l’autre, 8c placés vers le bas de la coquille au tiers de fa largeur. Charnière. La chamiere porte quatre dents à chaque battant.^ ^ Périofte. Cette coquille efi recouverte extérieurement d’un penofte Couleur, livide ou blanc-fale & très-fin , qui s’enleve facilement , ôc laifie voir au-deflbus fa couleur blanche. Animal. L’animal différé un peu des précédens. Ses tuyaux reffem- Trachées.* blent à ccux de la quatrième efpece j mais fon manteau qui Manteau, dehors de la coquille, porte fur les bords de chaque lobe une membrane circulaire fort courte , découpée de anquante crénelures quarrées, terminées chacune par cinq petits filets charnus 8c mobiles. Les nègres appellent ce coquillage du nom de Boukch ou Bouikçh , comme la première efpece. 8. LE F É L A N. PL \G. La coquille du Félan eft extrêmement mince &: tranfpa- rente, d’une rondeur alTez exade, du diamètre d’un pouce & demi, & une fois moins profonde. Sa furface extérieure ne porte aucunes canelures,mais feulement quelques rides très- fines & allez égales , par-delTus lefquelles on voit par inter- valles un période fort mince. Son fommet fe trouve précifément au milieu de fa lar- geur. Il eû. affez pointu, mais peu éminent. 11 n’y a que deux petites dents triangulaires à chaque bat- tant pour former la charnière. Celles qui font recouvertes de leur période paroilTent fauves-clair; les autres font d’une grande blancheur. On les rencontre alTez rarement autour du cap Manuel, SJ. LE P O R O N. PL 17. Je n’ai jamais trouvé cette efpece plus grande qu’on la voit figurée à la planche 17; & elle ne différé de la précédente qu’en ce qu’elle n’a que deux lignes au plus de diamètre. Elle ed blanchâtre & quelquefois violette, au moins vers la charnière. On la voit abondamment dans les finuodtés des rochers remplies de fable. 10. LE P I R E L. PL 17. Celle-ci ed affez rare dans les fables de l’ide de Corée. Sa coquille ed fort mince & fragile, mais fans tranfpa- rence , large d’un pouce au plus , fur une longueur un peu moindre, & double de fa profondeur. Elle ed ornée exté- rieurement de près de cent canelures longitudinales extrême- ment fines , qui font trayerfées par quelques rides avec lef- quelles elles femblent faire un réfeau très-délicat. Le fommet ed fort obtus, & placé beaucoup au-deffous du milieu de fa largeur. Sa couleur ed blanc-fale. II. LE L U N O T. PL 17 Mufciilus ftriarus , ftriis tranfverfis , & longitiidinalibus cancellatus, qua*- num nonnullæ larere elongato cralfiores fine, rufus. Gualt. Ind, pag. & tab. cjo. litt. B, Coquille. Périofte. Sommet. Charnière. Couleur^, Coquille, Couleur. Coquille. Sommet. Couleur, Coquille. Sommet. Ligament. Charnière. Couleur. Animal. Trachées. Manteau. i . \ Animal. Trachées. Coquille, Ligament. Sommât, 228 COQUILLAGES La coquille du Lunot efi; fort mince , de figure ovoïde , obtufe aux extrémités , large d’un pouce èc demi au plus , fur une longueur moindre de moitié & prefque double de fa profondeur. Sa furface extérieure efl: couverte d’un réfeau extrêmement fin, formé par cent canelures longitudinales & autant de tranfverfales d’une délicatefie infinie. Le fommet efi; fort petit, & placé vers fon extrémité infé-* rieure à la quatrième partie de fa longueur. Le ligament efi; à peine une fois plus court que la largeur de la coquille j & la charnière confifiie, dans chaque battant, en trois petites dents égales & fort rapprochées. Le fond de la couleur de cette coquille efi; blanc ou couleur de chair , agréablement marbré de brun , fur-tout vers les extiê mités. L’animal qu’elle renferme a les tuyaux des trachées aUfiî longs que la moitié de la largeur de la coquille, écartés l’un de l’autre vers rextrêmité, & couronnés chacun de vingt filets. Le manteau porte fur chaque lobe une double membrane, comme la feptiéme efpece j mais elle n’efi ni crénelée ni bor- dée de filets. Les nègres pêchent une grande quantité de ce petit coquil- lage dans les fables dé Ben: c’efi le plus délicat de tous ceux qui fe mangent fur la côte ; ils le palfent légèrement au feu. ou fur les cendres chaudes. II. LE P É G O N. Pl 17, L’animal du Pégon reffemble afiez au précédent; mais fes tuyaux font quatre ou cinq fois plus courts que la largeur de la coquille. Sa coquille efi médiocrement épaifie, d’une grande dureté, un peu plus applatie que la précédente , longue de près de deux pouces, fur une largeur de moitié moindre, & double de fa profondeur. Elle efi marquée fur tout fa furface ex- térieure de quarante à cinquante canelures tranfverfales, ap- platies, d’un beau poli & très-luifantes. Les bords des battans font épais & arrondis. Le ligament efi prefque trois fois plus court que fa largeur, ëi; le fommet efi placé uin peu au-defibus de fon milieu. BIVALVES. 229 Sa charnière confiée en trois petites dents fort rappro- chées dans le battant droit, & en deux feulement dans le battant gauche. Sa couleur eft violette en dedans, rougeâtre au dehors, & parfemee de quelques taches brunes, dillribuées fur quatre ou cinq lignes qui s’étendent comme autant de rayons du fommet vers les bords. J’ai trouvé ce coquillage avec le précédent, mais beau* coup plus rarement. SJ. LE S U N E T. PL 17. Tellina latior , fafGÎatâ & undatâ quâdam pi£liirâ confpicua ; Indiæ orien- talis. Lijï. hiji. Conchyl. tab. 111. Tellina lata, lævis radiara, Indiæ orienralis. Ejufd. tab. iix. Tellina fafciaca anguftior, incùs lutefceus,, extra radiata. Ejufd. tab. 404.- fig. 248. Cricomplialos litcerata, quæ Tellina fafciata anguftior , intùs lutefcens i Lifteri. Klein, tent, pag. ïyj.fpec. 2 j. Tellina circinata 'iyl'fu(pcç Eve lirterata , cralîa , oblonga undulis fnfcis j Lifteri, Ejufd. pag. i^-j. fpec. x. n. 3,. Tellina circinata five lirterata, Xulanenfis ^ plana ; fuper circulis acutè Lindofa; Lifteri. Ejujd. ibid. n. 4. tab. ii. fig, 59. La coquille du Sunet efl: auffî épaifie , mais plus petite, plus applatie, &: moins allongée à proportion que celle qui précédé. Elle n’a pas un pouce un quart de largeur. Sa lon- gueur ed moindre d’un tiers feulement. Sa furrace, au lieu de canelures, eft marquée de vingt-cinq à trente filions tranf- verfaux & très-profonds. Les bords de chaque battant font marqués intérieurement de cent petites dents fort ferrées. Les dents de la charnière font au nombre de trois, alfez écartées. Sa couleur eft violette au dedans, blanchâtre au dehors , & marbrée très-agréablement de bandelettes rougeâtres croi- fées en zigzags. On la Voit peu fréquemment dans les fables du cap Ber- nard. 14. LE T O S A R. PL 17. Tellina Latini littoris , & Luzicanici maris apud Maderam , in ambitu ferrata, proprer fignram à cæteris diverfa , minutiftîmis ftrigis ra- gofaj. & ladeo Gulor§. Bonan. recr. pag. 104. clajf. x. «.•45.3" Charnière.' Couleur, Coquille, Battans. Charnière. Couleur, Coquille, Sommet, Couleur. Coquille. Sommet. Couleur. 230 COQUILLAGES Teilina pam ex rufo macularaj paululum cava, ftriis fafciatis valdè exaf- peiata. Lijl. hift. ConchyL tab. ^<-)6.fig, 243. Cricomphalos quæ Teilina parva, ex rufo maculata, paululum cava*, ftriis fafciatis valdè afpera-, ftifteri. Klein, tent.pag. i^j.fpec. y. Chamelæa, circinata, fivè concentricè fulcata, Luzitanica, ferè rotunda, in ambitu ferrata, coloris ladei j Bonanni. 152. fpec. i.n. y.î Le Tofar fe trouve auffi rarement aux ifles de la Magde- laine. Sa coquille reffemble aux deux précédentes par fa du- reté, fon poli &fon épaiffeur. Elle en diôere, parce qu’elle eft prefque ronde ou triangulaire, large d’un pouce, & fort peu moins longue. Sa furface extérieure eft relevée de trente pe- tites canelures tranfverfales. Ses bords font ronds, liftes ôc fans dents. Le fommet eft fort éminent, & placé en bas au tiers de fa largeur. Elle eft ordinairement blanche , & quelquefois couleur de chair , ou gris-dedin fans aucun mélange quelquefois elle eft rougeâtre, avec quelques taches blanches, difpofées fur dix ou douze rayons, qui partant du fommet comme centre, vont fe terminer à la circonférence, 15. LE J O U R E T. PL 17. Pednnculus maculatus, Jamaicenfis. Lift, hft, ConchyL tah, i-jo. n. loS. Chama inæquilatera , lævis , albida, maculis quadracis obfcurè fiilvidis teftelladm fignata, pundata, &: radiata. Gualt. Ind. pag, & tah. Sd. litt,. J. Chamelæa lævis, fivè cireinis umbracilibus , ladus læviffimis, maculata; Jamaicenfis , maculis inftar nubeçulamm difperfis ; LifterL Klein, tent, pag, 155. fpec. 3 . n. 16. Cette efpece ne différé des trois qui précèdent, que parce que fa coquille eft plus épaiffe, fans dents & fans canelures, mais d’un beau poli. Elle a deux pouces & demi de largeur & un tiers moins de longueur. Son fommet eft fort applati, & placé en bas vers la qua- trième partie de fa largeur. On apperçoit au*deffous comme une légère impreflion en forme de cœur , au milieu de la- quelle les bords des battans font légèrement ondés. Au dedans cette coquille eft fort blanche, & fauve ou gris-de-lin au dehors, avec des marbrures ou des taches quar^ BIVALVES. 251 rees brunes, quelquefois difpofées en deux rayons qui partent du fommet comme centre. On la rencontre affez rarement dans les fables du cap de Dakar &: de Rufisk. LE L I S O R. PI. 17. Celle-ci fe trouve encore dans les mêmes endroits, mais fur-tout dans l’anfe de Ben. Elle eft de celles qu’on appelle Lavignons, qui fe diftinguent des autres Cames, parce que les deux tuyaux du manteau font prefqu’auffî longs que leur coquille, & que leurs battans ne ferment jamais exadlement. Sa coquille eft ovoïde , obtufe aux deux extrémités , mé- diocrement renflée, large de deux pouces fur une longueur de moitié moindre, qui furpaffe de moitié fa profondeur. Elle ed extrêmement mince, très-fragile , luifante & unie. Ses deux battans font égaux, mais ils ne s’appliquent jamais exaélement par en haut , & laiffent une ouverture par laquelle les trachées doivent pafer : leurs bords font minces Ôc tran- chans au-delà de l’expreffion. Les fommets font obtus, un peu écartés l’un de l’autre, & fort peu au-delTous du milieu de la longueur de la coquille. Il n’y a point de cavité en forme de cœur. Les dents de la charnière font au nombre de trois dans chaque battant , toutes en lames fort minces , dont les deux latérales font fort éloignées , & laiifent entr’elles une cavité remplie par le ligament, qui efl: prefque rond & ne paroît que fort peu au dehors entre les fommets. La couleur de cette coquille efl; violette au dedans & grife ou agathe au dehors, avec cinq ou dix raies tantôt blanches & tantôt fauves, qui comme autant de rayons, partent dit fommet pour fe rendre à la circonférence, 17. LE F A T A N. PL 17. Voici la plus grande de toutes les Cames que j’ai obfervées au Sénégal. Sa coquille fe trouve abondamment dans les mois de mars, avril & mai, fur le rivage fabloneux qui s’étend de- puis le village de Ben jufqu’à celui de Rufisk. Elle a près de fix pouces de largeur fur une longueur un quart moindre, & double de fa profondeur. Elle efl tranfparente,prefqu’aulïi A N I M A Trachées, Coquille. Battans; Sommets,' Charnière.- Couleur, Coquille. Sommets. Charnière. Ligament. Couleur. COQUILJLE. Sommet. Charnière. Couleur. 232 COQUILLAGES mince que la précédente, & marquée vers le fommet d’une vingtaine de canelures tranfverfal es, rondes & fort écartées, qui dégénèrent vers les bords en des rides fort irrégulières. Les fommets fe touchent. Entre les dents de la charnière on voit une grande cavité, à peu près égale dans chacun des battans, qui ne ferment pas exadement, C’eft dans cette cavité que îe trouve logé le ligament, qui eft prefque rond, comme dans i’efpeçe pré» çédente. Elle eft d’un blanc-de-neige au dedans & au dehors, iS. LA G A L C I N E L L E. PL ij, Piperata Chama Latinis, Veneris Bevem%a, vel Biveronus Pevera\af Chalene vel Chalcene, Chalcinella vel Chalcera Anconitanis Sc Ra- vennatibus. Belon, aquat. pag. 404. Piperaca Chama, è genere lævium-, Bellonii. Gefn. aquat, pag. 323. Chama Piperata-, Bellonii. Aldrov. exang. pag. 471. Teliina vilior , complanata, fubrotunda, teftâ ex albo violaceâ, fafeiatâ & fragilij ex Cefenadco ^onn. Plane. Conch.pag. 32. La coquille de la Calcinelle a environ un pouce & demi de largeur, & moitié moins de longueur. Elle eft fort mince & beaucoup plus applatie que toutes celles qui précèdent 3 car fa longueur furpalTe plus de deux fois fa profondeur. Son fommet efl peu fenfible. La charnière & le ligament relfembîent à ceux des deux efpeces qui précèdent. Pendant que l’animal eft vivant , fa coquille eft bleuâtre ou d’un blanc-violet, qui devient blanc-de-neige lorfqu’elle a relié, après fa mort, ou dans le limon, ou expofée fur le rivage. Ce coquillage fe plaît dans les fables vafeux du Niger, 19. LE V A G A L. PL 17. Teliina è Madagafcar. Lijl. hijî, Conchyl. tab. ^%G.fig. 12,^. Teliina maxima latiffima , fubrubra radiata ^ ad alterum latus finuofa, Ejufd. tab. ^%7.fig. 234. Teliina fubalbida præcedenci perfimilis. Ejufd. tab. ^^Z.fig. 235. Teliina lævis, albida, rotunda. Sloan. Jam. vol. i. pag. i6y Chama inæqiiüatera, tranfverlim ftria!:a,fen lineata, altero latere finuofo, ex candido & rofeo pallidè fafeiaca. Gualt. Ind.pag. & tabf 8d. Idt, D, Teliina BIVALVES. 233 Tellina circinata, rudis; fine infcriptione; qnæ Telllna maxima, lanffima , fubru^ra circinata ( noij radiata ) ad alcerum latus finuofa j Lideri, Klein, tent. pag. i^-j.fpec. i. n. 12. Tellina ciccinata , ^.yi^ipos , rudis -, fme infcripûone , fubalbida \ Lifteri. Ejiijd. ibid. n. Tellina circinara ay^icpo;^ rudis; fine infcriptione ; quæ Tellina à Mada- .gafcar ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. ^4. Le Vagal fe trouve en grande quantité fur le rivage fablo- neux de Mbao. Sa coquille , qui ne différé de la précédente que parce CoQuniE, qu’elle elt un peu plus épaiffe, encore plus applatie & très- dure, a jufqu’à trois pouces de largeur. Sa longueur eft moin- dre de moitié, & quelquefois de plus des deux tiers, fur-tout dans les jeunes; de forte qu’elle a des proportions différentes dans les petites & dans les grandes : celles-ci paroiffent arron- dies. Sa furface extérieure eft liffe, mais marquée fur les bords de quelques greffes rides tranfverfales. Les battans forment à l’extrémité fupérieure une efpece de Battans. pli un peu courbé fur le côté, & qui ne joint pas exaèlement. Le fommet eff petit & comme recourbé en haut du côté Sommets du ligament, au contraire des autres Cames qui l’ont tourné en bas. Dans les vieilles coquilles il occupe à peu près le milieu de leur largeur ; dans les jeunes qui font plus allon- gées , il eft un peu au-deffus. La charnière a deux petites dents dans le battant droit , & Chamiere. trois dans le battant gauche. Le ligament eft trois fois plus court que la largeur des bat- Ligament, tans. Il eft convexe, placé au-deffus du fommet, & apparent autant au dehors qu’au dedans de la coquille. Sa couleur eft un blanc qui tire fur l’agathe, rraverfé Couleur^ de quelques bandes qui font jaunâtres dans les jeunes , ôc gris-violet dans les vieilles. 20. LE G A T A N. PL 17. Chama lutefcens, ex rubro radiata. Lijl. hijf. Conchyl. tah ^17. f g. 2(^1 -"i La coquille du Gatan a un pouce ôr demi de largeur &: Coquille, moitié moins de longueur. Elle eft rele^ ée extérieurement de vingt à vingt-cmq canelures tranfverfales, médiocres & ar- yo.ndieSf Gg Battans. Couleur. Coquille. Sommet. Ligament. Charnière. Couleur. 234 COQUILLAGES Ses battans ne forment point de plis comme dans Eefpece qui précède ; mais fon fommet , fon ligament de fa charnière n’en different aucunement. Elle ed: intérieurement & extérieurement d’une belle cou- leur de chair, qui fe change en violet autour du fommet. Je ne l’ai trouvée qu’une fois autour de l’iHe du Sénégal. il. LE M*U T E L. P/. 17. La coquille du Mutel appartient plutôt aux Moules d’étang qu’aux Cames. Elle m’a été appportée de l’intérieur des terres du Sénégal , où l’on m’a affuré qu’elle avoir été pêchée dans les lacs d’eau douce. Sa forme ne me laiffe aucun lieu de douter que ce ne foit une efpece de Moule analogue à celle de nos rivières d’eau douce. Elle a près de cinq pouces de largeur fur deux de longueur , & un de profondeur. Elle eft lilTe , îraverfée feulement par quelques rides, obtufe aux deux extrémités, mais plus large à celle d’en haut H qu’à celle d’en bas B, qui, comme l’on voit, a été figurée dans une fîtua^- tion renverfée. Son fommet efl peu apparent , & placé vers l’extrémité inférieure à la quatrième partie de fa largeur. Le ligament efi; convexe , & s’étend depuis le fommet jufqu’à la quatrième partie de la largeur des battans, vers leur extrémité fupérieure. La charnière n’a aucunes dents , mais feulement quelques afpérités peu fenfibles. La couleur de cette coquille eft fauve au dehors : au dedans elle montre une belle nacre, qui prend, fuivant les diverfes inclinaifons , différentes nuances de verd, de brun, de jaune de de violet. GENRE V, LA TELLINE. Tel&m. Jl y a fi peu de différence entre les Tellines & les Camp, que l’on ne s’écarteroit pas beaucoup de la vérité en réu- niffant les unes avec les autres ; mais ce feroit une erreur irès-groffiere que de les confondre avec les Moules , comme BIVALVES. S35 ont fait quelques Auteurs anciens fi), & après eux plu- iîeurs Modernes (2). On appelle les Tellines de ce nom , parce que , dit Ariftote (3) , elles parviennent en peu de tems au dernier période de leur grandeur. Les deux pièces de leur coquille font parfaitement égales. I. LE P A M E T. PI. iS. Tellina craflTa, admodum leviter ftriata, intùs violaceaj Africana. Lijl. hiji^ Conchyl. tah. Telliiia ftriara , cuneiformis, craffa, dense ftriata ; ambitu ferrato ; intùs violacea j Lifteri. Klein, tent. pag. i6o.fpec. 10. tab. ii.fig. 61. La coquille du Pamet approche de la figure d’un triangle Coquille. dont les côtés font fort inégaux. Elle ell folide, épaifle, comme coupée obliquement , & comme applatie à fon ex- trémité inférieure, & arrondie à l’extrémité oppofée. Sa lar- geur efi; de quatorze lignes fur une longueur moindre de moitié, & double de fa profondeur. Sa furface extérieure eftluifante, d’un très-beau poli, & ornée fur chaque battant de quatre - vingt filions longitudinaux & fort légers, qui, partant du fommet, vont fe rendre fur tous les points de leur circonférence. Ces filions font d’autant plus fenfibles qu’ils approchent de l’extrémité inférieure de la coquille; là ils femblent coupés & traverfés par une vingtaine de caiie- lures qui les font paroître chagrinés. Les battans font exaélement égaux, obtus & arrondis fur Battans. leurs bords, qui font finement découpés de quatre-vingt dents triangulaires, à peu près égales , 8c femblables à celles d’une (1) De Tellinis diverfas invenio opiniones. Etenim Athenæus eamdem cùm Lati- norum Mytulo ( fie enim pro filirXov legit Hermolaus ) efle opinatur , Mytulumque & Tellinam , de quibus nos capitibus feparatis loquimur, invicem confundit. Aldrov. exang. pag. 517. (2) Les trois termes de Mufculus feu Mutilus , Mytulus , & Tellina fe confondent aifément & fignifient tous trois le même genre de Coquillages qui efi: appellé Moules. On peut cependant dire que chacun de ces mots défigne une efpece très-diftinêle par fa figure & par fon caraâere ; mais c’eft toujours la même famille , & c’efi: mal-à-propos que Lifter fépare la Telüne d’avec la Moule, c’eft le même genre dont la Telline eft une efpece differente. Hijl. de la Conchyl. pag. 328. (3) Tellinæ àcrefeendi celeritate nomen habere videntur 'àn rcix,i?a, ylvo-rat quia ocyftlmè perficiuntur, quod Ariftoteles (/iê. 3. hifl. Anirn.) prœtereà Peêtunculis ac Purpuris etiam commune effe ait, anno enimmagnitudinem totam implent. Aldrov, exang. pag. 517. Gg H Sommets. Lfgament. Charnière. Mufcles.- PériofEe. Couleur. Animal. Manteau. Trachées, 236 C O Q Ü I L L A G E S fcie. Ces dents font plus marquées au dedans qu’au dehors , où elles difparoilTent quelquefois. Les fommets S font fort petits, triangulaires, pointus, peu éminens , peu fenfiblement tournés en fpirale , fort proches l’un de l’autre, & placés à la troifiéme partie de la largeur de la coquille vers fon extrémité inférieure. Le ligament que nous avons vu jufqu’ici placé au-deffus du fommet dans les coquilles à pièces égales, fe trouve dans les Tellines inégalement dillribué au-delfus &: au-delfous de lui. Au-deffus du fommet il eft extrêmement étroit & alTez court l : au-deffous il eft épais, prefque rond , & remplit, fans fortir au dehors, une petite cavité L, formée par une échan- crure faite dans chaque battant. Cette échancrure , fi l’on veut fe donner la peine de l’examiner , paroîtra répondre parfai- tement à l’enfoncement en cœur que j’ai fait obferver dans les premières efpeces de Cames. La charnière confiée, dans chaque battant, en trois petites dents triangulaires , fort rapprochées , & placées au dedans des fommets. Les attaches des mufcles font au nombre de deux dans cha- que battant, allez petites, & placées vers leurs extrémités. Celui d’en haut E eft elliptique, & un peu plus grand que l’inférieur e , qui eft prefque rond ou orbiculaire. La ligne R qui repréfente aftez bien la lettre h , marque l’endroit où cha- que lobe du manteau étoit attaché à la coquille. On n’apperçoit aucune apparence de périofte fur la fur- face de cette coquille, qui eft par-tout d’un poli très-beau & très-luifant. Elle eft blanche, ou jaunâtre, ou gris-de-lin, ta- chée quelquefois de violet ou de rouge au dedans , & marquée ordinairement au dehors de deux larges bandes triangulaires d’un brun violet, dont l’une couvre toute fon extrémité in- férieure dans l’endroit qui eft applati : l’autre bande qui eft plus large, s’étend fur l’extrémité oppofée. L’animal que recouvre cette coquille ne l’ouvre que très- peu, comme les Cames. Son manteau eft divifé pareillement dans toute fa longueur en deux lobes, dont chacun tapiffe intérieurement chaque battant , & s’étend un peu au dehors fous la forme d’une membrane fimpîe & très-mince M. Les trachées forcent de l’extrémité fupérieure du manteau BIVALVES. 237 foiïs h forme de deux tuyaux auffi fimples & fort courts , rap- prochés l’un de l’autre vers leur origine. Celui qui ell le plus proche de la charnière^ ou le poftérieur A, efl pour l’ordinaire plus petit quel’ante'rieur T. Le pied P eft placé à peü près aü milieu de la longueur de la coquille. Il a la forme d’un foc de charrue, ou d’une lame de couteau recourbée en haut à fon extrémité. Son ufage efl le même que dans les Cames, à cela près que la Telline faute quelquefois par fon moyen, c’efl-à-dire , que le mouvement que le pied imprime à fa coquille eft fort prompt, & fait l’ef- fer^d’un relTort qui fe débande fubitement, & la lance alîèz loin. La couleur de fa chair eft blanche. Rien de plus commun que ce coquillage fur la côte fa- bloneufe du Sénégal , fur-tout vers l’embouchure du Niger, où les nègres vont le chercher fur les bords du rivage après que la mer s’ell retirée. Iis le trouvent facilement en levant une couche de fable d’un pouce d’épailTeur. C’efl alors qu’on voit les Tellines fauter de tous côtés & faire des efforts pour regagner l’eau qui les a abandonné. On les fait cuire pour les manger. On croit qu’elles ont la propriété de rendre le ventre libre. 1. LE G A F E T. PL 18. Tellina frequentiflîma in littore Antii , flavo diluto tinda lîmul & furvo, vel cianeO) terreoque : nonnullæ melino, vel cirreo colore circum- tedæ , innumeræ nivis albedinem puriffimum referunt ; aliquæ ex Oceano occidentali delatæ valdè pellucidæ. Bonan, recr. pag. 104. clajf. 1. n> 47. t — — • Muf. Kirk, pag. 443. n. ^6. Tellina inæquilacera, lævis, ex fufco, & fubalbido radiata, intus purpu- ^ rafcens. Giialt. Ind. pag. & tab. 8 8 . litt, O. Tellina inæquilatera , lævis margine inrerno minutiflîmè dentato, ex al- bido , & violaceo fafciata, & ex fulvido maculata, ôc radiata. Eiufd. ibid. litt. Q. Cette fécondé efpece de Telline n’eft pas fort commune : elle fe trouve auffi vers l’embouchure du Niger. Sa coquille ne différé de celle qui précède qu’en ce qu’elle n’efl point fillonnee au dehors, qu’elle ne forme point une large furface a fon extrémité inférieure, ôc qu’elle efl piu^ applatie , ayant Piedà Couleur. Coquille, 23S COQUILLAGES près de deux fois plus de longueur que de profondeur : fa longueur n’eft que de fix lignes & fa largeur de dix j du relie elle lui reflèmbie parfaitement. LE N U S A R. P/. 18. COQUII-LE. Battans. Sommet. Tellina maris Italici , intrinfecus colore fulvo curn terreo porraceoque mixto , intrinfecus veto , ut plurimum cianeo , intecdutn çum iaÇteo confufo. Bonan. rcc'. 104. clajf. a. n. 37. ta. Muf. Kirk. pag. n. 3« barraffer le jeu. Variétés. Je n’ai obfervé dans cette coquille d’autres variétés que dans fa forme plus ou moins allongée. Périofte. Lorfqu’elle efl; couverte de fon périofle elle eft brune & Couleur, quelquefois mêlée de verd j mais le péiiohe enlevé, on voit que la blancheur de fa furface extérieure imite, comme l’in- térieure , celle du marbre blanc le mieux poli. Les nègres qui aiment beaucoup ce coquillage, en pêchent une grande quantité dans les fables vafeux de l’embouchure du Niger, où il efl; fort abondant, 0. LE R O B E T. PL i8, On trouve dans le même endroit une autre efpece de Cœur qui approche beaucoup de ceux qu’on appelle vulgairement Arche-de-noé , parce que la figure de chaque battant imite celle d’une nacelle. Coquille. Sa coquille repréfente un ovoïde arrondi aux extrémités, qui a dix lignes de largeur, huit de longueur , & prefqu’au- tant de profondeur : elle eft peu épaiffe , marquée au dehors de vingt-fix petites canelures longitudinales , arrondies , or- dinairement liftes & unies , mais quelquefois ridées en travers* Battans. Chaque battant eft bordé au dedans d’un pareil nombre de canelures fort courtes, qui ne paftent pas une bande d’une ligne de largeur, & marquée de cinquante-deux filions très- Sommets. li^ers qui s’étendent des bords jufqu’aux fommets. Ceux-ci font fort courts, & placés au tiers de leur largeur vers l’ex- trémité inférieure. Charnière. La chamiere égale les deux tiers de la largeur de la co+ " ' quille ; on n’y compte que trente-cinq dents qui reftemblent plutôt à des dents de fcie qu^à de petites lames , parce qu’elles font fort étroites &: pointues. Cou’eur. Cette coquille eft blanche 6ç tire quelquefois fur le rouge. 7. L’ A N A D 4 R A. PL ï8. Goncha TtoP^vXiT^ô'/lyyXvfAoç. Col. purp, po.g. io & ai. cpp, lî, Concha fréquentiffimè vifa in iictore Centnm ceüarum , & aliis adjacen- tibus Etruriæ ; parce conyexâ ftriis excavata j ex albo ftilphurea isj uno BIVALVES. 249 ^no îatere, & ex eodem aliquantulutn nigricans; ubi teftæ conjun- guntur denticulis frequentibus in iinearedâ difpofitis ornata,, Bonan^ recr. pag, 108. clajf. 1. n. 75. >— - Mu[. Kirk.pag. 445. n. 73. Concha Indica non diffimilis à fuperiori, nifî folo labro în altéra parte magis extenfo , ut plurimum alba , interdum ex albo nigrefcens. Bonan. recr, pag. 108. clq(f. 2. n. 74. Muf. Kirk. pag. 445. n. 74. Peélunculus albus, craffus, profundè fulcatus, edulis voudra Janiaicenns, Lifi, hijl. Conchyl. tab. x:^6,fig. 70. Peéten Virgineus , Malaicenfibus Bia Anadara. Rumph. muf. pag. 142. art. 8. tab. 44.^^. J. ■Concha rhomboidalis ftriata, parùm vel mediocriter tantùm elongata,' infigniter ventricofa , in extimâ interna ora notabiliter crenata , um- bone cardinis rantillùm tantùm didudto. Lang. meth. pag. 71. Peduncuius major, Polygin^lymus hirfutus. Sloan. Jam. vol. x. tab. 241. fig. 14. 15.6’ 16. Concha rhomboidalis, ftriata ftriîs crafiis rotundis, candida. Gualt. Ind. pag. & ùab. 87. litt. B. Concha rhomboidalis , ftriis latis notata , candida, & veluti cuticulâ quâ- dam rufâ veftita. Ejufd. ibid. litt, C, ^nomaiocardia effufa, quæ Peden virgineus, â menftruo quod, virgi- num inftar ftillat; Bia Anadara; teftâ crafta, dentata, latere airero ^ eftufo ; fine ginglymo ; mediante membrana junda ; ftriis planis ôc latis , fulcis anguftis, coloris pallidè albi ; falfilagine obduda ; Rum-< phii. Klein, tent. pag. i^i.Jpec. i. Anomalocardia effufa , quæ Concha ; Fabii Columnæ,' Ejufd. pag. 142. n. 5. a, Anomalocardia effufij, qua: Concha TroXvXtTilo'/lyyXupo; alla ferè Jfemicircu- laris, alba, craffa , profundè fulcata, edulis, margine irregulariter undofo ; Lifteri. Ej-ufa. ibid. n. c. Madra Bonanni, alba; interdùm nigrefcens. Ejufd. pag. iji.fpec. 2, tab.ii.fig.j^. La coquille de l’Anadara difFere de la precedente en ce qu’elle a près de deux pouces de largeur & moitié moins de longueur. Ses extrémités font quelquefois arrondies, quel- quefois coupées ou tronquées obliquement avec une petite crénelure. Elle a environ trente-cinq canelures longitudinales qui paroiffent quelquefois divifées en deux par la moitié, & traverfées par un grand nombre de petits filets extrêmement fins. Ces canelures font tantôt rondes, tantôt applaties. Les battans font ornés intérieurement fur les bords d’un pareil nombre de filions & de çanelures, au-delà defquelles li Coquille. Battans. 2^0' COQUILLAGES on voit comme les veftiges d’un grand nombre de lîilons très-’ fins qui s’étendent jufqu’aii fommet. Charnière. La charnière efi compofée de cinquante-fix à foixante dents- dans chaque battant. Périofte. Le période qui recouvre cette coquille ed brun , aflez épais , & très-velu. Couleur. La blancheur ed fa couleur tant au dedans qu’au dehors. Elle fe voit afiez rarement dans les fables de l’embou- chure du Niger. 8. LE J A B E T. PL i8. Coquille. J’ai obferve alfez fouvent la coquille du Jabet entre les rochers de l’ide de Corée. Elle ed infiniment petite n’ayant jamais plus de quatre à cinq lignes de longueur, fur trois de largeur &: autant de profondeur. Ses extrémités font tron- Périofle. qaiées obliquement. Sa furface extérieure ed recouverte d’un période très-fin &: blanchâtre , qui ne devient fenfible que- fur les bords de chaque battant par l’épaideur & la noirceur qu’il y prend. Delfous ce période elle paroît ornée de qua- rante à cinquante canelures longitudinales très-fines, avec lefquelles vingt autres canelures tranfverfales également fineSy forment un réfeau ou un treillis d’une grande déiicatede. Battans. Les battans ne font ni canelés fur leurs bords ni fillonnés intérieurement , & ils joignent exaélement par-tout. Sommets. Les fommets fe touchent prefque, & ne laiffent entr’eux qu’un fort petit efpace applati. Charnière. Sa chamiere porte vingt à vingt-cinq dents dans chaque battant. Couleur. Sa couleur ed’un blanc-fale, accompagné quelquefois de roux vers les fommets. 5). LA M U S S O L E. PL i8. 'S.kxane Græcîsj Clans 'L'àùmSyCalognone vulgo Græco, Venetk. Belon. aquat. p^g- Concha rhomboïdes. RondeL tejîac. lib. l.pag. 2,7. cap. 2,8'. Coquille nommée Muffble. Ejufd. édit.franç. pag. 20. ch. 24. Concha rhomboïdes, Rondeletii. BoJJuet. aquat, pars ait. pag, 20, — Gejn. aquat. pag. 317. Aldrov. exang, pag. 459. Balanus, Bellonii, Ejufd. pag, 4^0. BIVALVES. Mufculi , Matthioli. Ejufd. pag. 513. Concha naviculam exprimens, Rhomboïdes à nonnullis didtaj Mufculus ftriatus à Matthiolo , ab alüs Mitulus. Bon> recr. pag. 103. clajj'. 2. num, 32. Muf. Kirk. pag. 441* n, 31. Balanus Bellonii tenuiter ftriatus, Jamaicenfis. Lijl. hijl. Conchyl. tah, fiS' 2-°7- Mufculus Matthioli feu Mufculus ftriatus fafciis undatis fubfufcis de- piblus, Barbadeiifis. Ejufd. tab. ^GZ.fig. 208. Pecften faxatilis, Malaicenfibus Bia batu. Rumph. muf. pag. 143, arr. lo. & 144. tab. 4yfig. L. & P. Concha rhomboidalis ftriata, parùm vel mediocriter tantum elongata, inftgniter ventricofa , rugofa , umbone cardinis notabiliter didudo. Lang. meth. pag. 71. Concha Pediniformis inæquilatera, triangularis ex uno latere notabiliter elongata- Ejufd. pag. 72. ( Malè fociata cùm figura 105. Mufæi Kirkeriani, ) Bucardium cordiforme. Area Noemi. Hif. Conchyl. pag. ^^^.pl. 16, fig- Arche-de-Noé, qui préfente uno efpece de cœur oblong dans la partie de fa carène; fa charnière eft à dents fines comme une lime, & les ftries qu’on voit fur fa robe, forment un ouvrage chagriné de cou- leur brune fur un fond blanc ; plus elles s’approchent de fa carène, plus elles font creufes. Ejufd. pag. 335. Concha rhomboidalis fubrotunda, dorfo fatis lato, & expanfo, umbonis cardine depreftb , & infigniter didudo -, oris rima notabiliter hianre , ftriata ftriis aliquando tranfverfis, aliquandb circularibus ; vel un- datis, ex atro-fufco fubalbida. Gualt. Ind. pag. & tah. 87. litt. F. Concha rhomboidalis parva, ftriata ftriis granulatis, & in marginis extre- mitate aliquantulum emiffis , & fubtiliflîmo byflb donatis , fufea. Ejufd. ïhid. litt. G. Concha rhomboidalis elongata, naviculam exprimens diverfimodè, den- fiftîmè ftriata , & cancellata , ex albido fulvida *, maculis fufeis cir- cumdata , pundata & notata. Ejufd. ibid. litt. H. Concha rhomboidalis eadem cum fuperiori , fed ftriata ftriis infigniter craflis, raris, & fubrouindis. Ejufd. ibid. litt. J. Mufculus Polyleptoginglymus , Area Noæ , quæ Coucha rhomboidalis, naviculam exprimens; Bonanni. Klein, tent.pag. 16'j. fpec. i. Mufculus Polyleptoginglymus , qui Balanus Bellonii tenuiter ftriatus ; Lifteri. Ejufd. pag. 16%. fpec. 1. tab. 11. fg. £’ 70. Madra Rumphiana; coloris obfcuri, longior. Ejufd. pag. iji.fpec. i. JLes V énitiens Vappellait MoufiToIo ou MufTolo. Belon. Rond. Grecs en langage vulgaire^ Calognone ou Calagnone. Belon, Kond^ li i] Coquille, Périofte. Battans, Sommetsi Cîiarniere. Variétés. Couleur, Animal. Nerf, 252 COQUILLAGES Voici ^la coquille qu’on appelle communément V Arche:-* de-‘Noe a caufe de fa figure. Elle a à peu près la forme de precedente, près de quatre pouces de largeur, & une fois^ moins de longueur & de profondeur. Sa furface extérieure elt couverte d un periofle fort mince , qui en tombant laifie autour des bords de chaque battant un amas de poils très- epais & fort difficiles à arracher. Lorfqiie ce période eft en- levé, on la voit ornee de cinquante ou foixante petites ca- ne^ures longitudinales , fouvent divifées en deux, & ridées tranfverfolement. Ces canelures deviennent infenfîbles en approchant du fommet. Les bords des battans font intérieurement unis & fans ca- nelures, comme dans l’efpece qui précède; mais iis ne fer-' ment jamais exaélement , & laifient en devant, vers le milieu de leur longueur , une ouverture fouvent très-grande , dont 1 entree eft cachee par cet amas de poils du période dont j’ai pfirlc. Les fomméts font pointus ,. affez grands , & fort écartés 1 un de 1 autre. L’efpace qu’ils laident entr’eux ed audi fort large , & plat fans inclinaifon. La charnière ed prefqu’égale à la largeur des battans, 8c Gompofee de quatre-vingt à cent-dix dents infiniment petites. On obferve plufieurs variétés dans la forme de cette co- quille. Il y en a qui n’ont qu’un pouce de largeur , fur une' longueur moindre de moitié , fouvent égale à leur profon- deur , & quelquefois un peu plus grande. D’autres font plus ou moins grandes, & une fois plus larges que longues ; mais elles ont toutes au moins quatre-vingt dents à la charnière. Leur couleur ed blanche au dehors, avec des bandes tranf' yerfales rougeâtres qui ferpentent différemment en zigzags : intérieurement elles font blanches, quelquefois tachées de brun tirant fur le rouge. On les trouvé en grande quantité entre les rochers de l’idg de Corée. En cueillant ce coquillage je me fuis apperçu que Panimal tenoit aux rochers par une efpece de nerf qui paffoit au tra- vers de l’ouverture que j’ai dit que les battans de la coquille laiffoient entr’eux. Ce nerf paroidbit partir du pied de l’ani- mal , comme celui des J ambonneaux ; mais il ne s’épanouiffoiî • BIVALVES. 25, pas en un grand nombre de fils comme îe leur. Il étoit fort applati, & d’une dureté femblable à celle de la corne, dans l’endroit où il étoit attaché aux rochers j il s’amollifîbit en- fuite peu à peu en approchant du corps. Bonanni a èit la même remarque ( i J) à l’égard de là MulTole qu’il a obfervée dans la Méditerranée. Ce nerf fort à peine de la longueur de deux lignes hors de la coquille. iû. LE V O V A Ni Pl. i8i Chama nigra quæ forte antiquorum Glycimeris. Belon, aquat.pag. 408a Concha nigra. RondeL teijlacs lib. i. cap. 32. pag. 3 i. Coquille nonQ. Ejufd. édit.franç. ch. 17. pag. 22 (5* 23. Concha nigra, Rondeletii. Bojfuec. aquat. pars ait. pag. 2.3. Chama ( feu potius Concha, ut Rondeletio placer) nigra, Bellonii. Gefn. aquat. pag. 324. Chama nigra, fivè Glycimeris, Bellonii, Àldrov. exang. pap. 471. Concha nigra, Rondeletii. Ejufd, pag. Concha denticulata, marmoreâ fubftantiâ , intùs candida , foris maculis fulvis ferpenribus mirilicè exornara 5 Ulyffiponenfis. Bonan. recr. Lad. MuJ'. Kirk. pag. 444, n. 59, Concha paricer denrwa , colore candido, quem lineæ fubflavæ undas maris referentes bellè diftinguunf, Ulyffiponenfis. Ejufd. ibid. num. 6\. & Muf. Kirk, pdg. 445. num. 60. Concha Ulyffiponenfis littoris , nunquàm aliundè adme allata, aurei co- loris præftantiffimi , cifca cardinem candidis notis ità difpofitis fignata, ut fi binæ valvæ conjungantur , formetur quafi ftella fex ra- dios habens. Ejufd. ibid. n. 6 x.&c Mif. Kirk. n. 6 i. Pedtunculus magnus veluti litterulis quibufdam rufis eleganter exaratus. Lijl. hijî. Conchyl. tab. x^d.fg. 80. Chama Glycimeris Bellonii, quæ Pebtunculus ingens variec'atus exrufo’ ex infulâ Garnfey. Ejufd. tab. 14^7. fig. 82. ^ ’ Chama litterata rotundâ. Rumph. muf. pag. 139. art. 7. tab. ^y.fig. C.î Concha crafla lævis. Lang, meth, pag. 61. Concha craffia , lævis , fubalbida , luteis maculis ràdiata, fignata, fafciata; & virgulata, intùs macula fufcâ obfcurata. Gualt. Ind. pag. & tab. 72. litt. G. r t> J (1) In profundo marifüb cœno ftabulatur, în parte mferîorî navîs carînæ fimill aditus patet quo animal yeluti planta faxis adhæret Caro enim in tellâ inclufa paulatim in callolam lubllantiam dégénérât , eo duriorem , qub magis faxo propinquam. Luto îartaroque circumteélus terreo efl: colore, aut ubi explicatur fubalbus apparet, cafta- neis notis maculatus, Habet latera iulcis ftriata, & minus proRindis , quo magis ad punc um concurlus uve centrum accedunt. Plana efl pars fiiperior , ubi binæ valvæ mi-' nutatim enticulatæ uniuntur, lineifque ftgnatur ità dilpofttis , ut lancearum acuminat» teruna alten ftiper impofttum effingant, Bonan, recr, png. 103. clajp. 2, n, 33, COQUILLAGES Concha crafiTa, ponderofa, hirfuta, & ferico viilofo iiidumento fuliginofî coloris veftita. Ejufd. pag. & tab. 73. litt. A. Concha val vis æqualibus inæquilatera, notabiliter umbonata, & redtà in- curvata, fubrotunda, vulgaris, gradatim ftciata, albido & fufco fafciatim colorata. Ejufd. pag. & tab. 8z. litt. C. Concha valvis æqualibus inæquilarera, notabiliter umbonata, & re6tà in- curvata J fubrotunda, vulgaris, ftriis minutiffimis (îgnara, ex albido, & cæruleo fafciata. Ejufd. ïbid. Litt. D. Concha valvis æqualibus inæquilarera, notabiliter umbonata, & reârà in- curvata , fubrotunda , vulgaris , cralla , fubalbida , ftriis , & apice nigris notata. Ejufd. ïbid. litt. E. Ifocardia ftriata : quæ ftella *, intùs per limbum denticulata , foris circi- nata-, in limbo ftriata, circa cardinem confetti vertices colore aibo ftellam magnam oftendunt; Bonanni. Klein, tent.pag. i^^).Jpec. i, num. 3. l. Ifocardia lævis ; Bucardia ; quæ Concha marmorata , fulvis ferpentibus, crafta, candida, intùs denticulata ; Bonanni. Ejufd. pag. iJi^o.fpec. z. num. i.f. Chamelæa circinata , fivè concentricè fulcata -, quæ Chama litterata , ro- tunda umbone cardinum protenfo ; æqualiter expanfa ; plana; te- nuis, fuper circinis nigris undis infcripta; Rumphii. Ejufd. p. 15 i. fpec. \. n. Z. Chamelæa circinata , ftvè concentricè fulcata , quæ Chama Glycimeri? Bellonii, ingens variegata ex rufo ; Lifteri. Ejufd. pag. i^z. fpec. i. num. 13. Chamelæa lævis , fivè circinis umbratilibus , taètu lævifiîmis : flammea ; intùs dentata, candida, lineis undofis, fubfiavis belle infcripta; Bo- nanni. Ejufd. pag. I fpec. 3. 72. 9. Coquille. Si cette efpece ne fe range pas naturellement avec les cinq qui la précèdent, du moins on ne peut nier qu’elle en ap- proche beaucoup. Sa coquille eft exaélement ronde , très- épaiffe , du diamètre de deux à trois pouces , & une fois moins profonde. Extérieurement elle eft luifante & polie, quoique canelée longitudinalement & tranfverfalement en un treillis fort régulier , mais qui n’efl fenlîble qu’en faifant ufage de la loupe de trois lignes de foyer. Battans. Intérieurement les bords de fes battans font marqués cliay çun de quarante à quarante-cinq petites dents fort courtes & arrondies, qui fe prolongent par derrière en deux petites canelures auffi fort courtes. Ils joignent parfaitement par-tout. Sommets, Les deux becs des fommets fe touchent l’un l’autre, & font placés au milieu de leur largeur. Ils font arrondis , peu BIVALVES. > 2^5 émmens, courbés légèrement en bas, 6c ne laiffent entr’eux qu’un petit efpace appiati ôc comme creufé , fur lequel efl: appliqué extérieurement un ligament arrondi, allez épais , 6c trois fois plus court que la coquille. Sa charnière n’ell pas tout-à-fait rediligne, comme dans les cinq elpeces qui précèdent, mais courbée légèrement en arc, 6c ornée dans chaque battant de dix-huit à vingt petites dents arrondies, un peu élevées, à peu près égales, 6c difpofées fur une même ligne. Le fond de fa couleur varie beaucoup extérieurement : tantôt il eft blanc, tantôt couleur de chair ou fauve. J’en ai de celles-ci dont lefommet eft blanc en forme d’étoile, comme la variété dont parle Bonanni que j’ai cité, pendant que le relie de leur furface ell traverfé par trois ou quatre larcres bandes circulaires d’un fauve très-foncé. Les fonds blancs ou incarnats font traverfés par un grand nombre de petites lignes rougeâtres , pliées en zigzags d’une maniéré bizarre , mais fort agréable. Sa furface intérieure ef blanche, quelquefois tachée de fauve vers le milieu , 6c autour des attaches des mufcles. J’ai trouvé, fréquemment ce coquillage dans les fables de Fille de Corée 6c du cap Verd. G E N R E V I L LE S O L E N.. Solau oOlen ell un mot grec qui exprime un canal , un tuyau. Ce nom 6c ceux de Donax, Aulos, Onyx, Daétylus qui ligni- fient une canne de rofeau, une flûte, un ongle, un doigt, ont été donnés par les Anciens, comme celui de Coutelier par quelques François, au coquillage dont je parle, à caufe de la figure de fa coquille. Elle eû fort allongée, toujours ouverte 6c arrondie aux deux extrémités , 6c formée de deux pièces égales qui repréfentent allez bien un tuyau un peu appiati. I. L E T A G A L. P/. 151. Tellina alia in mari Rralilienfi frequens digiralem craffitiem & longins- êinem æquans ubique candida, Bonan, recr.p. iG^.claJJ'. 3. «. 555.. Ligament. Charrâerei Couleur, COQUILLAGES Chama anguftior , ex altéra parte finuofa ; Barbadenfis. Lifl. hïjl. Conchyl. Concha longa i^foris ^ anguftior , ex altéra parte finuofa j Lifteri. Kkin. tent. paP. 16-7. fpec. 9. tab. n- fig- 68. a. b. Coquille. Pérîofte. Mufcles.' Battans. Somnieîs. Ligament. Charnière. Couleur. La coquille du Tagal eft médiocrement épaifle, large de près de trois pouces, fur une longueur deux fois moindre & prefque double de fa profondeur. Extérieurement elle eft re- couverte d’un période greffier de couleur cendree,qui étant enlevé , laiffe voir quelques rides tranfverfales. Intérieurement elle eft lifte & marquée dans chaque battant de deux taches, dont la fupérieure e eft prefque ronde, & plus petite que l’inférieure E qui eft allongée & fort étroite: ces taches der fianent à l’ordinaire le lieu où étoient attaches les mufcles. ^Les bords des battans font fort tranchans. Ils joignent par^ faitement par-tout , excepté aux deux extrémités de la co- quille qui reftent toujours ouvertes.^ ^ Les fommets font infiniment petits S , & places un peu au-deflùs du milieu de la largeur des battans. Immédiatement au-deffus des fommets la coquille fe replie légèrement au dehors H. G’eft fur ce repli qu’eft attaché le ligament. L. 11 reflemble à un cuir noirâtre , convexe , aflez long , d une grande dureté , & qui fort entièrement hors de la coquüie. Au dedans du fommet de chaque battant, on volt deux dents aflez longues, étroites, fort rapprochées, & a peu près égales G. G. qui forment la charnière. La couleur de cette coquille eft blanche au dedans oc au Animal. Manteau. Trachées. Le manteau de l’animal au lieu d’être divifé en deux lobes, comme dans les'fix genres qui précèdent , forme une eipece de tuyau ou de fac membraneux , fort mince 8e ouvert a es deüx extrémités. On le voit en M. M. lorfque les^ battans viennent à s’ouvrir. Il eft prefque cylindrique , ega a a ar^r geur de la coquille, & couvre totalement les autres parties de fon corps. r j ^ ^ ‘ De Fextrêmité fupérieure de ce manteau fortent deux tra- chées T. A. fous la forme de deux tuyaux aflez longs, mais fl bien adofles Fün â l’autre qu’ils femblent n’en faire qu un. Ils font cylindriques, cependant un peu plus gros a leur orir gine qif à leur çxtrêmité , dont le contour eft çrenele de Jx- BIVALVES. 2^7 huit à vingt dents. Le tuyau podérieur A eft un peu plus petit que l’antérieur T. L’extrémité inférieure du manteau N s’étend un peu hors de la coquille. C’eft par ce bout que fort le pied P de l’ani- mal. Il eft cylindrique & ordinairement renflé vers fon ex- trémité : il facilite à l’animal le moyen de monter ou de def- cendre dans fon trou. La couleur de fon corps efl blanche. Ce coquillage efl; fort commun dans le limon noir & fa- bloneux du Niger, fur-put auprès des mangliers de l’extré- mité feptentrionale de l’iHe du Sénégal. 11 y efl enfoncé à trois ou quatre pouces de profondeur , dans une lîtuation ver- ticale femblable à celle que je lui ai donnée dans la figure i. & confervant toujours une communication avec l’eau par un trou qui laifle paflèr continuellement fes trachées. Quoi- qu’il paroiffe devoir fe fixer pour toujours dans le lieu où ii a une fois creufé fon trou , il arrive cependant qu’il change quelquefois de place, fur-tout lorfqu’il efl inquiété. On peut voir dans les Mémoires de l’Académie des Sciences ( i ) la defcription que M. de Reaumur a donnée de celui des cotes du Poitou, & les remarques curieufes qu’il a faites fur le mouvement progreflif de cet animal. Les nègres du Sénégal ne font aucun ufage de ce coquil- lage, parce qu’ils ne manquent pas d’autres poiflbns qui font infiniment meilleurs. Pied. Couleur. Remarque 2. LE G O L A R. PI. 19. Chama nigra. Rpndel. tejlac. lib. pag.i^. cap. 13, Coquille nommée Chama nigra. Ejufd. édit, franç. pag. 8. chap. lo. Chama nigra, Rondeletii. Bojfuet. aquat. pars ait. pag. 9. • f Gefn. aquat. pag. 323. Aldrov. exang. pag. 471. — — Jonjl. exang. tab. 1 pag. 44. Concha à Rondeletio longa didba; valdè pulchra vifu, colore albo cîrcà cardinem diftinéto fafciis rofeis, quibus binæ notæ candidæ radio- rum inftar ab eodem cardine extenfss fiiperimponuntur j rugas , quibus in gyruin crifpatur , aliæ minutiores ità tranfversè difcin- dunr, ut dupliciter corticofa videatur. Bonan. recr. pag. 108 & 109. elajf. Z. n. 77. (ï) Annie sjii. pag. 116 & futv. Coquille. Couleuïd Coquille. Sommets, Couleur, î. Huître. 258 COQUILLAGES Cliama nigra Rondeletii , quæ Chama angulla, fubrubra , oblique ftriata, duobus radiis medio dorfo inbgnita , è mari Mediterraneo. Lifl- hiji, Conchyl. tab. a^\6, fig, x6o. Tellina violacea. Rumph. muf. pag. 147. art. 4. tab. fig- E. î Concha foleniformis, rugofa, lineis hinc inde decuffatis fignata , fubro- fea , duobus candidis radiis in medio diftindta. Gualt. Ind. pag. 6" tab. 91. iitt. C. Concha longa biforis , quæ Teliina violacea Rumpliii ; leftatenuiflima , quinque pollices longa , unum lata , vaginæ inftar j in utrqque ex- trême patula, violacea virgis albis; in arenâ perpendiculariter hæ- rens. Klein, tent. pag. 164. fpec. i. Concha longa uniforis , quæ Chama nigra Rondeletii , ex mari Mediter- raneo , feu Chama angufta fubrufca , obliqué ftriata , duobus radiis medio dorfo infignita j Lifteri. Ejufd.pag. 167. Jpec. 7. J’ai obfervé cette efpece dans les fables de l’embouchure du Niger. Sa coquille n’a que deux pouces un quart de lar- geur , & une fois & demie moins de longueur. Elle eft quëe intérieurement de quinze filions longitudinaux tires obliquement. Sa couleur efi: par-tout d’un beau rouge, fur lequel on voit quelquefois deux ou quatre petites bandes blanchâtres qui, partant du fommet, en parcourent obliquement la lon- gueur, 3. LE M O L A N. PL 19. La coquille du Molan fe voit aufiS dans les fables de Fem- bouchure du Niger. Elle eft des plus minces & des plus fra- giles, large d’un pouce & demi, deux fois moins longue, fort applatie , extrêmement luifante & tranfparente. Ses fommets font places au tiers de la largeur de chaque battant , vers fon extrémité fupérieure. Elle eft d’un blanc qui tire fur la couleur de la corne. REMARQUES Sur les Conques Bivalves. PAî les deferiptions que ]e viens de faire des Conques de cette première feélion, on voit 1°. que l’Huître s’éloigne un peu des autres Conques par fes trachées qui ne paroifteiii BIVALVES. 2^9 pas au dehors & qui ne font pas faites en tuyau , & parce qu’elle n’a pas de pied, ou qu’il n’efl pas viiible. 20. Le Jataron & le Jambonneau fe rapprochent alTez de 1 1. i’Huître par la figure de leurs trachées ; mais ils ont un pied apparent au dehors j & le dernier a de plus des fils pour s’at- tacher & fe fixer aux corps étrangers. 30. Les autres Conques qui les üiivent , telles que les Ca- il i. mes, les Tellines, les Pétoncles & les Solens, ferefiemblent en ce qu’elles ont toutes un pied apparent, avec des trachées Pétoncle, en tuyaux ; & il s’en trouve entr’elles qui ont une très-grande Solen. affinité : les Cames , par exemple , femblent fe joindre aux Tellines par la Calcindk, qui a le ligament de la coquille en dedans & un peu apparent au dehors par un trou ouvert entre les deux fommets, & par la derniere Telline Matadoa, dont le ligament efl; placé de même, mais un peu au-delfous des fommets. Il y a quelques-uns de ces coquillages qui vivent attachés aux rochers, aux plantes ou à d’autres corps folides du fond de la mer , tels que les Huîtres , le J ataron & le J ambonneau î d’autres vivent enfoncés dans le limon dont ils ne fortent ja- mais d’eux-mêmes , comme le Solen : d’autres enfin vivent fur les fables ou enfoncés légèrement dans les fables, fur lef- quels & dans lefquels ils marchent , changeant continuelle- ment de place j telles font les Cames , les Tellines &les Pé- toncles. 260 COQUILLAGES SECTION II. DES CONQUES MULTIFALFES. LEs Coquillages Multivalves forment deux petites fa- milles qui renferment: La première , ceux dont aucune p des pièces de la coquille ne prend la > La Pholâse. Genre r» forme d’un tuyau : tels que S La fécondé , ceux dont une des pie-* ces de la coquille prend la forme d’un tuyau qui enveloppe entièrement tou- tes les autres pièces : comme G E N R Ë I. LA PHOLADE. Pholas. Je n’ai obfervé que deux efpeces de Pholades fur la côte du Sénégal : toutes deux vivent dans le limon un peu durci de l’embouchure du Niger. I. LE J U L A N. PL 15?. Concha longa quarta. Aldrov. exang. pag, 45 ^. Balanus Pholas Græcis diétiis et littore Anconitano 8c Narbonenlï. Bonario rec'-. pars i. pag. 30. ? (& Muf. Kirk. pag. 412. fig. A. Pholas parvus afper 3 Anglicus. Lijl.hijl. Conchyl. tab. 4-S$-fig- 278.? Pholas latus ; Anglicus. Petiv. Ga^oph. vol. 2. cat. 75. tab. 79. fig- 1 1. Pholas teftâ tenuiffimâ , ftriis minoribus cancellads lîgnata , candidâ. Gualt. Ind. pag. & tab. 105. litt. E. Pholas faxorum *, Narbonenfis , medium palmum longa » fefqiii digitum lata; vertice quahbifido*, intus alba, foris cinerea, reticulata, eor- rugata, eâ parte quâ faxum pénétrât afperiorj Bonanni. Klein, tent. pag. i6^.Jpec. i. n. 4. Pholas faxorum : quae Pholas parvus afper; Liffceri. Ejufd. ibid. n. 10. La coquille du Julan ell compofée de cinq pièces fort iné* Le Taret, - 2. COQUILIE. MULTIVALVES. 2^f gales & affez minces, dont les deux principales Ij 2. font les battans , comme dans les Bivalves , & forment un corps de coquille à peu près cylindrique, dont la largeur qui efl d’un pouce au plus, furpafle de moitié fa longueur & fa profon-^ deur. Ses deux extrémités ne ferment jamais exaélement; la fupérieure efl arrondie^ mais l’inférieure efl échancrée fur le devant de maniéré qu’elle paroît fe terminer en pointe eii delfous vers le dos. Chaque battant & la coquille même vue de côté , repré- fente un rhombe ou un parallélogramme dont les quatre cô- tés J. M. R. N. font inégaux. Leur furface extérieure paroît coupée par un profond fiilon ou canal S. J. qui part du fom- met & les partage en deux parties à peu près égales. De ces deux moitiés celle qui efl en bas J.M. R. S. efl relevée d’une vingtaine de petites canelures dentées ,qui en fe croifant , imi- tent fort les dents d’une lime : la moitié fupérieure J. N. S. efl marquée feulement de quelques canelures légères & liffes, parallèles à fa largeur. Intérieurement chaque battant efl liffe, on y voit en relief le canal qui efl en creux au dehors. Une légère éminence ronde S, placée au tiers de la largeur de chaque battant vers fon extrémité inférieure, tient lieu de fommet. Ilfe recourbe au dedans de la coquille, & efl recou- vert au dehors par un pli demi-orbiculaire R que fait chaque battant à cet endroit. Les deux autres pièces de la coquille défîgnées par les chiffres 3 &: 4 , & que j’appelle les palettes , font à peu près égales, mais prefque trois fois plus courtes que les battans, & infiniment plus minces &; d’une grande fragilité. Elles font prefque triangulaires, faites à peu près Comme les bat- tans de certaines Cames, un peu concaves d’un côté & con- vexes de l’autre , & s’appliquent chacune fur le fommet & fur le repli extérieur R de chaque battant. La cinquième piece que je nomme la lame, que l’on voit au no. 5'. efl prefqu’une fois plus longue que les palettes , mais beaucoup plus étroite. Elle reffemble à une petite lame platte, extrêmement mince , arrondie à fon extrémité fupé- rieure, & pointue par l’inférieure qui s’applique bout à bout des palettes le long du dos des deux battans, par le moyen d’une membrane très-fine. Battans. Sommet. Palettes. Lame; 202 COQUILLAGES Ligament. Le ligament eft une matière charnue à peine mufculeufe, qui s’étend fur le fommet des deux battans au dehors & entre les palettes 6c la lame qui le recouvrent. Il lie fi foiblement toutes les cinq pièces de cette coquille , qu’elles fe féparent dès que l’animal vient à mourir. Charnière. La chamiere confifte en une longue dent un peu cour- be C. C. qui part de la cavité que forme le fommet au dedans de chaque battant. Mufcles. Il n’y a dans l’intérieur de chaque battant qu’une feule tache E,qui déligne le lieu oùétoit attaché le mufcle. Cette tache eft elliptique, de médiocre grandeur, & placée un peu au-deffus du milieu de leur largeur. Couleur. Le blanc eft la feule couleur qu’on obferve dans cette co- Période, quille , lorfqu’on l’a dépouillée d’un période jaunâtre afléz mince , qui îémble l’envelopper entièrement comme un fac ouvert feulement à fes extrémités. Animai. L’animal qui habite cette coquille a un manteau membra- Manteau. neux aflez épais M , femblable à un tuyau ouvert feulement aux deux extrémités , comme celui du Solen. Trachées. Il fort de l’extrémité fupérieure de ce manteau , une tra- chée femblable à un tuyau cylindrique fort long, qui vu de côté paroît fort fimple: mais lorfqu’on le regarde en deftus, on voit qu’il eft divifé en deux tuyaux dont l’antérieur T eft plus grand que celui qui eft derrière A. Ils font légèrement dentelés fur leurs bords. Leur longueur n’eft pas conftante ; quelquefois elle eft plus grande, quelquefois elle eft plus courte que la coquille, félon que l’animal eft plus ou moins enfoncé dans fon trou. Pied. Le pied P fort de l’ouverture inférieure M du manteau. Il eft extrêmement court, long de trois lignes au plus, ôc paroît fous la forme d’un cône renverfe, fouvent un peu ap- plati ou comprimé fur les côtés. Son ufage n’eft pas de donner à l’anim-al le moyen de fortir de fon trou j car dès qu’il a une fois ereufé fa demeure, il y refte, fans avoir d’autre com- munication avec l’eau que par une petite ouverture qui lailTe fortir les trachées : il ne lui fert pas non plus à creufer le li- mon pour agrandir fon logement à mefure que fon corps prend de l’accroiflement. Les deux battans font pour cet effet l’office d’une lime ou d’une râpe qui le mine peu a peu pa? M Ü L T I V A L V E s. 2^3 fon mouvement continuel, & en détache des parcelles extrê- mement fines. Ce coquillage fe trouve enfoncé de deux à trois pouces dans le limon du marigot de la Chaux, à peu près comme celui des côtes de Poitou dont M. de Reaumur a donné l’hif- îoire. L’excellente diflertation que cet iUuftre Académicien a inférée dans les Mémoires de l’Académie (i), apprendra ce qui regarde la maniéré de vivre de cet animal, qui ne différé pas effentiellement de celui que j’ai obfervé au Sénégal. 2. LE T U G O N. PL 15,. La coquille du Tugon eft prefque ronde, obtufe aux deux Coquille. extrémités, peu épaiffe, mais d’une aflez grande folidité. Sa largeur eft d’un pouce un quart : elle furpafte à peine d’un tiers fa longueur & fa profondeur. La furface extérieure de chaque battant eft couverte de Battans. quarante canelures longitudinales, croifées par autant de ca- nelures ou de rides tranfverfales extrêmement fines , qui y forment un réfeau très-délicat. Les fommets font peu fenfîblement recourbés en dedans. Sommets. La dent de la charnière eft greffe, ronde, affez courte, & Charnière, creufée en cuilleron. Sa couleur eft blanche, comme dans la première efpece. Couleur, On la trouve abondamment auprès de l’embouchure du Niger. GENRE IL LE T A R E T. Tendo. Si nous ne confîdérions le Taret que par la figure trom- peufe de fa coquille, ce ne feroit point ici fa place, & il ref- teroit encore dans la claflç des coquillages que la plûpart des méthodes^ & des fyftêmes regardent comme douteux & im- poflibles a ranger ; du moins feroit-il encore confondu avec tout ce qu’on appelle Vers à tuyaux (^2). Mais comme nous nous fommes fait une loi de regarder l’animal ou la partie (i) Année pag. 126. & fuiv. (2.) MafTuet, Recherches intérefTantes fur la formation, &c. de diverlès efpeces de ^ers 3 tuyau. Rouffet , Obfervatîons fiir l’origine , &c. des Vers de mer, Mnntei fyjl. ^at. Dentalium ^ animal nereis. 2^4 COQUILLAGES vivante, comme la partie eflfentielle du coquillage, c’efl par cet endroit que nous croyons devoir le ranger parmi les Con-^ ques. Ce fera fans doute la première fois qu’il fe fera trouve fi proche d’elles , même dans les arrangemens méthodiques. I. LE T A R E T. PI, 15- Cette première efpece efl fort commune dans les racines des manghers qui bordent le fleuve Niger & celui de Gambie» Elle les perce vert calement , quelquefois à deux QU trois pieds, mais pour l’oidinaire à fix pouces au-defllis de terre , rarement au-deffous. Coquille. Sa coquüle efbçompofée de cinq pièces fortinégales , dpnt Tuyau. la principale & la plus grande a un tuyau à peu près cyiîn^ drique y. F. 5. qui enveloppe & cache toutes les autres. Ce tuvau efl percé aux deux extrémités V & F , de maniéré que iiptique & rétrécie auimilieu par deux côtes qui faillent au de- dans. La largeur du tuyau varie depuis trois jufqu’a fix lignes, 6c efl ordinairement un peu moindre en haut qu en bas : longueur efl environ vingt fois plus grande. Il a peu d epaif- feur , fur-tout vers la partie d’en bas , mais il eft d’une grande dureté. Sa furface extérieure efl ordinairement liffe , parce qu’elle eft féparée du bois par une efpece de tuyau fembiable extrêmement mince & fort luifant , que 1 animal a d abord collé contre le bois. Quelquefois ce premier tuyau n efl point détaché ni diftingué de celui qui enveloppe immédiatement le corps de l’animal ; alors fa furface extérieure porte les im- preffions des fibres du bois fur lequel il a été applique. La fituadon que j’ai obfervée à ce tuyau eft verticale les pièces de bois qui font verticales, & prefque horizontme cwns celles qui font couchées horizontalement : mais il y eft inlere de maniéré que, quoique fouvent un peu tortueux, fon ex- trémité fupérieure V fort toujours un peu au dehors & coi^ munique avec l’eau , pendant que l’extrêuiite inferieure b refte cachée dans le cœur du bois. Celle-ci fe bouche entiè- rement par une fubflance pierreufe, & fembiable a de ïa coquille, dans les Tarets qui ont acquis leur jufte grandeur. Les quatre autres pièces de coquille font placées aux extie- mites de ce tuyau.Xôrfqu’on l’ouW ou avec précaution, on voit a fon extrémité inférieure^ deux betire« nierps rif» P T M P — U, Sommets. 1 . 1 V aux oeux DatfâUs cre la 1 hoiade & des Conques Bivalves. Ges'battàns ont chacun la loçme d’une portion de fphère creufe au dedans & pointée ve^ l extrémité'. Ils ne joignent jamais bien enfemble & ■ laiflent une ouverture allez grande fur chacun de leurs côtés. Leur furface extérieure eft convexe, & hériirée dansfa Jon- gueurde_vingt-einq rangs de petites dents taillées en lozange ou aflez femblables a celles d’une lime. C’ell par leur moyen que 1 animal doit percer, ‘dans le bois, la cavité hémifphé- Au dedans ils font liiTes & relevés feulement d’une apo- phyfe ftyloide i. 2 affez mince, qui fer voit à les attacher au corps de l’animal. . > Vers l’extrémité inférieure de chaque battant on remarque une legere emmence S qui tient lieu de fommet. Elle eft echancree en deflbus, 8c porte au dedans deux petites dents D coniques, pointues , affez dures, qui fe croifent, la droite P"®*"' Ces deux dcnts pourroient etre regardées comme la charnière des battans • mats on en découvre eucore deux autres au deffous, qui foiit à 9' “ demi-cercle , & femblables a celles de la Pholade, dans laquelle elles font la foruSion de ch^mere, quoiqu’elles ne fe touchent jamais. On trouve a l’extrémité fupérieure du tuyau les deux der- coquille 3 4. qui relTembleàt à deux petites palettes affez epaiffes,applaties, quelquefois un peu creufe^ ' au dedans , legerement echancrées ou arrondies i leur extré- mité, & porties fur un pédicule cylindrique égal à leur loi gueur. Ces palettes font attachées au mufcle fupérieur du SmaTr^ .7' s’écartem'lorfque fa 9oTu Ile iff 7 dLs ■ tr ’ 1 ■'approchent, & les couvrent en fe joi- fvec Vf^du^tr' “““ communication La feule partie yte l’animal fait fortir de fa coquille, font A k i m . deux trachées en forme de tuyaux T. A. femblables à ceux Tilhét L1 Charnière Palettes. Manteau. Mufcles. Corps. Bftomac. Pied. Couleur. 266 ,C O quillages des Conques Bivalves. Ces tuyaux font cyUadriqn^ , fort courts, réunis l’un à l’autre à leur origine, & fortent a peine d’une ligne, c’eft-à-dire , de toute leur longueur, hors de la coquilll Celui qui eft en bas ou fur le devant T , eft un peu plus grand que l’autre, & bordé de trois rangs de blets , qui tous font au nombre de quarante. Lepreimer rang,-œ ui qui eft placé en dedans, eft compofé de neuf longs que les autres. Le tuyau fupérieur A eft bordure : il fert a rendre les excremens de l animal, Bc i eau. nue le tuyau frangé T reçoit à tenas a peu près égaux. ^ Lorfque l’on cafte la coquille du Tar^, on voit que les deux tuyaux T. A. viennent fe rendre, à une diftance deux ou trois fois aufti grande que leur longueur, au manteau L. M. U. avec lequel ils font corps. Ce manteau eft une efpecede tuyau membraneux fort minee, qui enveloppe, comme ion a vu dans le Solen, les pairies extérieures du wrps de l ji’eft attaché iiue vers les deux extrémités Pf deux membranes mufculeufes , dont la fuperieure L. eit c - culaire un peu plus épaifte & plus étroite que 1 inferieure IN , qui reffemble à une petite plaque orMculaire &qui du ligament des Conques Bivalves. Ces mufcles empechent qu’il ne puifle le mouvoir de haut en bas ou de bas .en haut dans la coquille, où il eft fixé à demeure. rmifcles Dans toute la longueur comprife entre ces deux mule le manteau eft détaché & comme flottant dans le tube de la coquille. Cette étendue peut ê,tre regardee comme le corp de Panimal, dont b moitié fupérieure L. M. eft plus mmee, tafque , grifôtre ou cendrée dans certains enoroits : 1 autre moitié mI O. eftxenflée, blanchâtre^ arrondie. ILairanfparence du manteau iies Intérieures du corps, teUes que 1 eftomac 0. E. & le tub xnteftinal E. a. Celui-ci eft ouvert en a , & fe déchargé dans On v^i/en^re^^^ par l’ouverture inférieure reau & des battans , une petite partie charnue, armndie i , quTeft anSoVe aa p.edde la Phola^ & des autres Conques. Ce pied eft vifqueux , fort mol , & dè couleur c^dre . La couleur de la coq;uiik & de l’animal eftordmairemen blanche. M Ü L T‘I V A E V" È S. 267 Le côdtiillage èont je \riêfts <îe patlét êft me efp'ôce de ceux Remarque, qui rongent les bois des vaiffeaux, & qui font tant de ra- Vages dans les ports de mer & dans les digues. L ne perce point le bois pour fe nourrir, comme l’ont prétendu tous les Auteurs qui en onrfait l’hiftoire, mais feulement pour le loger comme je l’ai prouve dans une difiortation lue l’annee derniere dans les Affemblées de FAcademie. La maniéré même dont cet animal perce les bois paroît moins un ept de fon entendement, que d’une méchaniqUe dépendante d’un mouvement naturel occafîonne par l’entree & la fortie de l’eau qui doit fournir à fa nourriture. On peut voir le Me- moire (i) où j’ai expliqué cette mechanique , & difcute les divers fentimens des Auteurs fur les mœurs, la généra- tion, la maniéré de vivre & de travailler du Taret de 1 Eu- rope, en le compm:ant à celui que j’ai obferve au Sénégal. 1. LE R O P A N. PI. 19* Pholas lignorum. Rumph. muf. pag. 1 5 %. art. 7. tah. ^6. Jîg. H. l Pholas minor, atro rubens lltiatus. Sloan. Jam. voL %. tah. 1^1. fig. 1.1 d 23. ? . . - . .. Pholas lignorum : Rumphiana*, longa 3 atutè elliptica •, fragilis -, veUicaii foramine rotundo -, coloris cinerei ; in palis putridis vivons. Klein, tent.pag^ i6f.fpec. 2. n, ï. La coquille du Ropan que j’ai rapporté au Taret, appar- coquille. tient à un genre différent. Elle a beaucoup plus de rapport avec ce qu’on appelle.Dail ou Da,tte. Elle eft compofee de trois Tuyau, pièces , dont l’une eft un tuyau conique , fort mince , qui refte attaché aux corps pierreux dans lefquels elle eft encliaffee. Ce tuyau eft percé, comme celui du Taret, de deux trous, dont le fupérieür eft beaucoup plus petit que l’inferieur. Il enveloppe entièrement les deux autres pièces de coquille qui font les battans. Ces battans repréfentent un ovoïde long d’un pouce ou Battans. environ , deux fois moins large, & beaucoup plu^ gros d fon extrémité inférieure qu’à la Iupérieure.|ïls font égaux, fort c^amiere. minces, fans cbarniere ni fommets apparens , êc terminés de Sommets, (1) Mémoires de Mathématique 6c de Phyflque, préfêntes a iJVcademie par divers Sçavans , tome troifiéme. _ , . . L1 ij c 0 Q ü I L L A G E S maniéré qu’étant fermés, ce qu’ils font très-exadlement, les deux dents fe croifent & s’embraflent. Leur furface eft liffe, quelquefois fauve ou brune, mafe ordinairement blanchâtre. Ce coquillage ne fe trouve que dans les amas de Balanus, autrement appelles Glands-de-mer, dont il perce la coquille pour fe loger. Il ne s’y enfonce jamais plus qu’il n’a de lon- gueur, lailTant toujours fortir les deux pointes de fes battans pour communiquer avec l’eau. Il enduit le trou qu’il a creu- fé, d’une coquille alTez mince en forme de tuyau, femblable . à celui du Taret, mais qui tient à ceux des Balanus de maniéré qu’on ne peut l’en détacher. Il ell fort commun autour de _i’ifle de Corée & du cap Verd. / R E M A R Q U ES Sur les Conques Multivalves. Le S deux genres de cette feélion, la Pholade & le Taret, fe rapprochent beaucoup l’un de l’autre par le nombre & l’ufage des pièces de leur coquille, & quoique diftingués par-là des Bivalves , ils tiennent cependant à eux , fur-tout au Solen, 1°. par la figure des battans de la coquille qui font béans ou qui lailfent une ouverture à leurs extrémités -, 2°. par le manteau de l’animal qui eft tout d’une piece & femblable à un fac ouvert aux deux bouts j 30. enfin parce qu’ils vivent toujours enfoncés dans quelques corps folides où ils palTent ordinairement toute leur vie fans fortir. REMARQUES Sur les Coquillages en général. A Près avoir indiqué les rapports de chaque genre de Co- quillage dans chaque famille, je dois en finiifant cette der- nière pa.rtie, faire remarquer la liaifon qui fe trouve entre ces familles. V Voici quel efi le point de vûe général fous lequel j’ai fait d’abord confidérer les Coquillages, Quaut à leur coquille ; M U L T rv A L V E S. 2(^9 elle les recouvre en tout ou en partie : elle eft compofee d’une ou de deux pièces qui font de nature &: de forme très- ditférentes, ou à peu près fembiables j ou bien elle confîfte en plufîeurs pxces. Quant aux- animaux renfermes dans ces coquilles, les uns ont une tête, une bouche, des mâchoires, des dents, des cornes, des yeux, un col, un manteau, un pied, des trachées, des ouïes, un anus, & un corps : d’autres ont toutes ces par- ties excepte les yeux, les cornes & le manteau : d’autres en- fin n’ont que le manteau, les trachées, les ouïes, la bouche l’anus & quelquefois le pied. > De là les deüx divifîons générales des Coquillages en Li- maçons & en Conques : de la la foüs-divifion des Limaçons en Univalves & en Operculés; & celle des Conques en Bi- valves & en Multivalves. ^ J’ai fait voir dans les deux premières dè ces fubdivifions, que les Porcelaines & les Pucelages tenoient aux Pourpres & aux Rouleaux par la figure de l’animal , ce qui fait la reunion des Coquillages Univalves avec les Operculés. Dans la fécondé & la troifiéme on a vû que la Nérite tenoit aux Bivalves par la figure & la liaifon des deux pièces de fa co- quille ; d’où il eft évident que ces deux familles s’unifient naturellement^, quoique moins intimement que les autres. Enfin, on a vu dans la troifieme & la quatrième que la Pho- lade joignoit etroitement les Multivalves aux Bivalves, au- tant par la figure du manteau de l’îuiimal , que par les deux ouvertures que fa coquille laifie aux deux extrémités. Telle efi; la liaifon que j’ai apperçue dans toutes les parties de cet ouvrage, liaifon dont la féalité a été afiez prouvée par les details; tel efi aufiî l’ordre fuivant lequel j’ai crû de- voir traiter les Coquillages que j’ai obfervés au Sénégal, afin ^ ^ connoifiance d’autant plus facile que j’ai fenti de difficultés en les comparant les uns aux autres, ëren les prelentanf fous les^ différentes faces fous iefquelles ils peu- vent etre confidéres par les perfonnes qui cultivent cette partie de i’hifioire Naturelle. •• FIN. 9 i?» table ALPHABETIQUE: TABLE ALPHABETIQUE Des Matières contenues dans ce Volume. Les premiers chiffres indiquent la page , & le dernier les planches. A. JVbeR , 2IO* A^i/iobolus y 245* Agaron j 64. Allée, 214* Ajar , Alata, 138. Alie-Kfuyk, 170. Anadara , 248. Anomalocardia f 215. 246. 249. Apan , 2 12. Arche-de-Noé ,251. 25 2» Arcularia , 117. Armilla, 217. 218. Arfella, 217. Arvan, 53. AJirolepas, 28. Atfar-Âthaib , 141. Atfar^Atheb, 141. Auris Bahamica, 25. marina, 19. 25. B. BAjet , TOÎ. 'PâXét.vas , 230.. Balanust 250. 25 ï. 260. Bamet , 146. Bernârd^I’Merimîte , 148. Beveram, 232. Bia Codock, 223. Bia ctilit Btiîî^ang, ro8. Bia matta^dca, 2394 Bia minjac, iio. Bia facatsjb , 29. Bigiîî, 135. Bigourîiéaü', Bitou,73. Biverone , 218, Biveronus^ 232. Bivet , 123. Blatin , 142. Bkita Bkantia ,14^* PL 4- 16. 18. 14. 10. $. 5- 8, 9. 12. Blattîon Bl^anûtm^ 141.. Bobi , 60. Bolin, 227, Bofon, 17 1. Boukch, 218. 22Î. Brocard de foie , p8. Brunette , 97. Bucardium ^ 246. Buccin, 14. 82. 99. 122. 1414 1464 193. tô., BuccinUi Î07. ti8. ^ Buccinulum ,157* .gaednwm, ii8. 143. 14^* *®* Aiabaftrite , ïi8. . ■■ — ampullaceum, 1 10. 1 27 • 1 3^» ' - ' — — AngUcum, 114. , . ... — ^ Barbaitnfe , 1 3 5 . 146. « bilingue f 138. . — . breviroftrum , 50. 54. 103. Î04. 103. 106. 107. îl4- ity. 133. —•Condor ^ 114. dentatum, 53. 54* *35* ^33* 137. — U — exffticum , 14. fluviatile, 7* *5* -^fufcum ,132* -- . — Madtajpatanafn , 104» I - r4. 103. 1084, 118. Ï2I. 123. minus, 14* I . muftcum ,3'^ , ..n— , — - parvum, 1 12. 1 14» 1 27* 135* 136.137. 171* — — — . Pèrjicum, 44- 48* .» >.'■ 1 1'" rudiatum^i 14* • ■■ recurviroflrum , 1 56. 1 57* RondeUtii ,118. — rojîràtum , 52. ïi8. 12I4 131. 143. fublivîdum, 171. tuberofum , 155* viüofum, ïi8« Bulîn,2. 3. 80» si T3 9É 1 1 ^ D F. s M A t I L K E S. Buîlit , 4. Burez, I4ï> iBurgaus, 185* PI, c. V>Alagiione, 251. Calcinelle, 232. 259. Calognone , 250. Calyptra. 32. Came , 196. 216. 223. 259» Cajfis, 112. 117. Catinus, 25. Cerite, 82. 152. 155. Cerithium , Chadet J 157. Chama, 223. 226. 230. 23^.233. 239. 236. .. afpera , 216. 217* Chamatrachea , 200. Chama Cornubienfis , 217. 224. Chamdxa, 223. 230. 239. 254. Chama glycimaris ,-253. . ■ nigra , 253. 237. 258» ■■■ ■ pdoris , 217. ■ W~ifs-fchulp t 217, Chanon ,213. Chotin, 93. Cidaris ,23. Clocher chinois, 152, Clonijfa, 217. CtonifTe, 216. 218. ■CochUa, 14. 97. Ï07. 109. IIO. 112. 141. 159. 174- 175- ^7^* .. ■ ■ ■ ■ canaliculata , 100. 108, iio. caffidiformts, iio. 112. cinerta, 103. comprejfa ,11. — : conoidea , 83- 84* 83. 87. 93* . cylindroidea, 62. 64. 98. • f cylindroides , 87- <)6, deprejja, 23. ■ , Jamaicenjis , 171. ■ Indi(Z , 48. 44- 48- 49* 5^- 59- 91.93.97.98. - marina , 87. 171. 175- 170* 177. 183. 2*7. 223. 224. 225, .. — nivea, 109. 11 0. oblonga , 1 4- pennata , 108. Cochlearia , 39. Cochlea rufefcens , 171. rugofa, 109. — Siracufana , 4. «7- 16. 10. 10. 10. 16. ’l; 16. I. 171 PI. Coucha ftriatay IIO. Jlriltior, 14. fublivida, iCB, ty^, ^ trochiformis , 168. 178. 181. 186. umbilîcata f 174* ^7^* 185. 1&6. Codok , 223. Cœur de bœuf, 246. Cofar, 131. ' >95 Coucha^ 4. 217. 222. 223. 243. 246. 248. 249. 231. 233. 234, 236. 237. 258. f aliformis ,7.1'^. I . -« gryphoides , 205. .. - lævigatoria , 63. — — longa, 207. 213, 260.. J.— - maxima, 44. ..m natatilis , 48. , 44* - Il .1^ Perjîca , 44. 1 1-*.. rugata ,203. 217. .11 1. — ... Venerea , 6^. 6^. -- — Veneris ,63.68. 69. 70. 74. 79< Conchula ^ ix-j. Conchylium, 137. Ï38. Conque iphérique, 108. ,36. 86. 87. 88. 91. 92. 95; Coquillages, 114. Coquille, 174. 186. 237. Coquille de limaçon , 87. — ridée , 203. 217. ■ . — de faim Jacques, 240. Cor de mer , 1 18. Goret, 2. 7. 80. Coretus , .7. Cornet, 83. 83. 86. 87. 92. 94* — de mer, 112. Grand- Amiral , 93. Vice- Amiral , 93. Cotan , 224. Coupet , 94. Couvercle du Conchylium, 137. du Cor, 1 18. Covet, 114. CricomphaloSyZl^. 224. 223.229. 230. Cucumis , 36. Cylinder , 62. 86. Cylindroides , 83. 9^- Cylindrus , 83. 83. 86. 87. 88. 9®- 9^* 93. 96. ■ ■ ' Brafilienjis , 64. Indicus , 94. Madrafpatanus , 64. . . - — Moluccenfis , 97. I. I. 16. 6. « TABLE Cymbitim, i. • — aurkum,4’^._ . ■ • mamUlare, *' ' — — umbilicatum , 49. ■ _ D. D. Daki , 171. 12. Dalat, 186, , 1-2. Dafan, 33. 2. Datin, 103. II. Degon,i58. Dentalium ,161. 10. Dip ,151. 10. Dofan, 164. Fi . Dolium, 108. j Dontofloma, 191. Dofm, 223. Dotel , 2i I- 16. M- Drap d’or, 97. Drap orangé , 97. ' Duchon ,61. 4- Dunar, 188. . *3- E. ïjGouen, 39. Epidromus, 146. Erythræa, 63. 69. 74. 4- EfTan, 214. M- F. Jr Agan , 246, Falier, 78. Fanel, 176. Farois , 143. Fafin ,111. Fatan , 231. Faval, 54. Felan, 227. Fonet, 212. Fofiar, 173.^ Fujet, 183. Funon, 150. Fufus , 141. 144. Ga G* — TAdin , 33. Gafet, 237. G aléa ^ 104. 108. Garin, 200. Garnot, 40, PHABETIQUE • Gafar, 196. Gatan, 233. Genot, 145. Géographie, 98. GiroT, 61. Giton, 124. Gival, 37. Glatis^ 250. Globus ,203. Gochet, 177. Golar, 257. Gondole, 2. 80. Gongole , 240. Gor^ 187. Gordet ,223. GofTon , 4. Goumier, 136. Goufol ,134. Guron , 203. H. l'I Aliotîs , 19. 20. Hannons, 240. 241. Hauflellum , 1 27. Hirondelle, 214. Hovileij , 20. Huître, 196. 238, l Abet, 230. Jabik, 121, lagon, 243. Jamar, 83. Jambonneau, 196. 207. 239, Jataron, ip6. 203. 139. Jataronus , 20 5. Jatou, 129. Jelin, 166. Jenac, 41. Jefon ,215. Jol , 149. Jouret, 230. Ifocardia , 241. 243. 234. Julan, 260. K. I^Achin , 187. Kalan , 1 37. Kalifon , 42. Kaman, 243. Kambeul, 14, 2. I. 19. DES MA Kifet, 191; TLnls , 240, I-jAbarin, 103. Lagar, 191. Lagena , 133. 13 Lentigo, 138. Lépas , 25. 27. ; Lepas , 25. Lepas agria, 35. r PI. 13. L. 136. 7- 13. 37. 80. 2. 2. lus^onis y 121. 12 J, nvarbrin, 137, Afzrai , 19* Libot , 27. 2. Ligar, 158. 10. Limaçon, 2. 14. 80. 1. ' "»— < ridé , 109. Lipin, 125. 8. Liri J 3 2. 2. Lifor, 231.' ï7* Lifpe J 164. II. Livon, 183. 12. Loman, 96. 6. Lonier, 184^ 12. Lofet, 132. f- Lulat, 207- 13. Lunot. 227.' *7- Lupon, 73. 5- M. Ji^Adra, 24^. 251. Mafan , 93. 6. Majet , 63. 5- Mamma , 103. Mantelet, 2. 73. 81. 5- Marnat, 168. 12. Mafier, 163. II. Matadoa , 239. 239. ï8. Meer Chreen , 2Q. Melar, 90. 6. Mefal, 139. 10. Miga, 116. 8. Minjac , 109. 7- Miran, 30. 4* Mofat, 241. 18. Molan, 238. 19. Mother of Pearî , 20. Moule , 208. 210. 21 1. 212.' Mouret, 34. 2. Moufible, 230. 231. Movin, 246. 18. Murex, 99. 118. 137. 138» »■- cofiofus, 13 1. T I E R E S. Murex marmoreus , 137. - firiatus, 138. ■ ■■■“ ■— flromboides , 137. Mujculi ,251. Mufculus , 207. 208. 210. 21 1, 2t2 227. 235. 251. Mufica , 94. Muffole, 250. 231. Muflblo, 25 ï. Mutel J 234. Mutilus ,235. Mytulus , 23 J. pu N. N. I Acelle , 40. Narel , 59. Natica ,172. Natice, 82. 172. 174. 193; Nerita, 178. 188. 190. 191. 192.' Nerite,82. 188. 191. 193. Nifat, 52. Nifot, 150. Nivar , 141. Nubecula , 98. Niifar , 238. Nux marina, 4. 3. 0( O. ’Gnella , 128. Ogniella, 137. 138. 141.' Oifeau ,214. Oliva ,137. Olive, 62. Ongle aromatique 5 141. "Ovui, 141. Operculum Buccini, 118. Conchylii, 157. Purpura: , 118. Oreille de mer, 19. 20. 23.’ ■ marine , 19. 20. Ormier J 2. 19. 20. 80. Ofcabrion , 43, Ofilin , 178. Ofîrea , 200. Oflreum , 196. 200. 201. Otion five Auricula , 1 9, Qxyrinchus , 144. Oxyjlrombus ,156. P Akel, 103, Pamçt, 235, 18. 17- 13. 13* 13- 13. 4* 10. 9” ï» 12, I *4^ V 1': ,j' ■ . • ^ ^ ’f ' » 1 .« ■ a l!' >v ■'f 'lii .■ r 't P' • \' ^ ■ , ; . / •>’ ^74 TABLE ALPHABETIQUE jPatella, îj. ^6. TJ. 3a. 33. 33. 36. PL yj. 38. 39. R» ». - — — altéra , 1 9. 'Cyprit^^ 35* PateLhz ferez, 19. Paveraccia, 218. 220. PeElen , 240. 249- 231. Pe6iunculus,^ly^^•J. 224.225.230. 239. 240. 241. .245. 246. 249.253. 'Pedipes , 1 1 . Pegon 5 228. lïfjÀiifii? , 217. penicillus , 160. Perdix , 108. Perdiix, 108. Peribolus , 75. Perna , 207. , Perjlca , 4. Perficida, 60. Pétoncle, 196. 240. 259» Peveraza, 232. Phallus, 160. Phllm, 48. Pholade ^ 260. P kolas, 208. 260. 267. Pie, 185. 186. Piétin, 2. 1 1. 80. Piperata, 232. Piperone, 218. Pirei, 227. Pitar, 226. Piverone , 218. Platyfloma . 175. 176. ij'j. 190. 192. Pomatia, 14. Popel , ï 5^’ Porcelaine, 2. 55. 56- 67. 69. 74. 81. Porcellana. , 55. 60. 65. 67. 68. 69. 70. 73. 74- Poron, 227. TTifiÇÛpx , 137“ Po£an,75. Pouchet, 18. Pourpre, 82. 99. 193. Poverazos ,218. Pfeudo-flrombus , 50. 52, Pucelage, 2. 65. 81. purpura, 99. 137. 138. — Africana , 1 27. »' — major, 127. ' — . . I...... reBirofira, 127, I. 17- 5- U- 18. 3- 19. 19. 17- 16. 10. 4- 4- 17- 5- I. Q Uadrans , 218. R, Ac, 150. Rafel, 52. Retan, 18 1. Rhombus , 62. 64. 75. 83. 86. 88. 90» 91.93.94. 96. 97. 98. ».i Tulipa, 96. Rifet, 172. Robet , 248. Rocher', 99. 112. 138. Rojel , 202. Roncera, 128. 137. 138. 141. Ropan, 267. Rouleau, 82. 96. 98. 193. '3Abot,82. 178. 185. 193. Saburon ,112. S accus , 168. 171. Sadot,io6. Sakem , 100. ; Sakeum , 103. Salar , 97. SiAîrfyl, 158. Samier ,122. Sari , 184. Satal, 204. Selot , 191. SemicaJJzs , 56. 108. Serpcntulus , 18. Sigaret , 24. Siger, 135. Siius, 143. Simeri, 79. Sirat ,125. Solat ,122. Soldat , 148. Solen ,255. Solen , 255. 196. 259. Soni ,151. Sormeî , 3. Soron,32. Sourdon , 1 96. Spondylus , 20O. 203. 205, Staron , 1 37, Stipon , 79. Strombus , 64. 82. 158. — acula '■w, 53- 54- 5ï‘ annula fus , 1 5 5 • cochloides , 159* decimus , 53. — fecundus , 54., . Tl. 10; 4- T2. l2“ 18. 14“ 19. 6. 12. 7- 7* 7* 8. 12. 14. H- •1 , ' ’PCié 00 ck On d 4 cl Cn Û E Suga 5 1 3 2^ Sulin, 38. Sunet , 229.' S M PL 9. 2. 17- T. A T I E R E S. Turbo nitidus , 54^ . ■■ •tuberofus, 143. ïjj. ijg. — variegatus ,18. Tympanotonos^ 152. 156* 15^; A Adin, 188. Tafon, 133. Tagal, 255. Taret , 260. 263. 264. Telinga maloli , 20. TeLlina , 223. 229. 230. 232. 233. 235. 237. 238.255.258. Telline, 196. 234. 259. Terebellum , 64. Terebra , 49. Teredo ,263. Tertia Nautili fpecies , 109. Téfan, 107. Tigris, 185. Tilin, 91. Tivel , 239. Tonne, 44. 99. no, Tofar, 229. Totombo ,117. Toupie, 82. 167. 193. ' Treillis, 37. Trochilus , 183. Trocho-cochlea, 178. 181. 182. , 186. Trochus ,%■] . 88. 167. 178. 18 1. 185. 187. Tuba phonurgica , 15. Tubuli, 160. 164. 165. marini , 164. vcrmiculares , 164. Tabulas ,161. 166. Tugon, 263. Tulipe , 97. Turbo , 100. 114. 118. 156. 158. 178. - ' apertus , 52. 53. 54. 152. 156. 157. 158. » " ' Brafilienfis , 56. 64. >' ' l(zvis ,95. ■— — « marmoreus , 155. 234. 13. 9- 19. 19. 18 18 4 19 6 18 17 8 12 183. 182. 12. 159. 155. 19. 12. U, ü. Mbilic, 182. 183; Umbilicus y 186. parvus , 183. — varias, 182, Unguis , 141. Unicornu , 53. Urceus, 108. 121. V. V. -75 Pk Agal ,232. Vaffet, 182., Venerea , 60. 67. 69. 70. Veneris Coucha ,6^. 69. 70. Veneroides , 4. Vermet,82. 160. 193. Ver met us , 160. Vermiiïeaii , 161. 166, Vertagus, 155. 157. Vetan ,201. Veuve , 186. Vignerone , 14. 175, Vignot , 170. Vis, 2. 49. 81. Vojet, 118. Voluta , 83. 85. 87. 88. 90. 92. 94. 96, 97. Vovan , 25 3. Archithalajjus , 93, 17. II. î î; II. .14. ï8. X. Afilj Tfety^iia , 2 1 6. Y. Et , 2. 43. 44. 81, Yetus , 43. Fin de la Table des Matières, i* 7^4 AC. T/v.Reùoul . deL.et~.KŸc . G T" Le LnVfAÇO^lsr CacLlea G X La. GcnStDOLE- C'cmLi 1 i i ! S- ,r,„ii#t' wé^' iSJÉ =' i s -.V ? 9 V ît-ïo y J -J > %Ê0''''m 'àf0lip]fW îi'üijif'jvvi.'^' S- Su/^n •Sipwi# ,(! :^( îfllW‘,*t fPP Cr.VI. ly'ORMlEP- Halioüs 'cMtm eiy/'a^-c dap nut/.hïr_jj:. T/i Redoul - t -ir.r- 1 * • ' < S/\ JJi-.uu/J 4 ; i . , /.y. //-. /y Th IL 12 t ûli^ « un»*yn 2 (..Xll.LE MaxtkEKT. Pcriholus / l'ottllt / /V g ■ « Z Q- C 017 et là Hivet 1^ . S ainie/ JJ. Gitmi Ig* X)ejjuie ct ijra<'é, tc JJfjjme e/-(/rap>é ola^ /iahpar^. T/^ . £^lûi<./ \ k l TurLo Q .7 S^seé- O- , VI . T OUP lE T' rocliiis . S- San .LiVÛ7V . ■y- Livo7i ç.Æiic/m/i (tôt. Oe1 2'/i lüi— (^T ISTATICE. ISr^ticA Cr IX La Neatie, LTerim / Diinai' . TaAin ^ Se/oÉ^ 3 Laxjar' SK^ureù 2)ejji/ie et:^arat>e- i:C Tuiir ^ar'_3i£,T'/i,Ii.el’ûu/ . 1 .C’ I J t è ^5 Gir Tæ «Tatarois Jataromis n GmLx GAMBOTSDSnEcAU Pema del^. 4^j'€y , Wi I ili I I TBir G .V. La. TelLINE, Tellina. TA- 4 . Ti vel -i^Gccfei .'«r ^et 3. JSTioitxr G. VI. Le Petoi^cle Pechinculus ■ Jüofat T/i . üehaui deC oC d’à- JVL. Th,. 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