^' 1 jssr I LEusH-.Gaulilieuïi-l'Hardy, ^^^.7 •/•) %ihxvLXV oî tlj£ Puscmn OF COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD CflllEGE, CAÏÏBRUCE, MASS. JFounïie'O bv prfbate subscrfjjtfon, fn 1861. The gift of -L '9^ eutlL/rvc)cvti\-'»iaV, No. -^806. ■** l HISTOIRE NA T U R E L L E DES DORADES DE LA en I*N E. f Je vois un Peuple antique , induftricux , immenfe ; Ses Rois fur la fagefle ont fondé leur puiflance, De leurs voifins fournis , heureux LégiHateurs, Gouvernant fans conquête, & régnant par les niœur^J Orphelin de la Chiner Trag. de Voltaire. r I I iML* .- 4 ■I w I .iMS H I s T O R E NATURELLE DES D O DELA ClILNE, Gravées par M. F. N, Ma rt i n e t ^^ Ingénieur & Graveur du Cabinet du Roi ; Accompagnée cî'Obfervations VHiJioire Naturelle des Oifeaux^ fe foit furpafTé dans un genre encore plus difficile. Il paroîtra tous les mois un Cahier compofé de fix Planches enluminées , grand in-foho & grand in - 40. de trois à quatre feuilles d'imprelTion in-folio, & de deux ou plus in-/^o. fuivant que la matière l'exigera ; & pour jeter une plus grande variété dans les Gravures , on y joindra quelques-uns- des plus beaux Monuments , les Coftumes & les fîtes les plus remarquable^- par leur fmgularité. Les Cahiers fe diftribueront au Bureau de VHiJioire Naturelle des- Dorades de la Chine , à côté de la Veuve Duchefne , Libraire , rue Saint- Jacques. On s'adreflera dans ce Bureau , pour Paris & pour la- Province , à M. Martinet, Ingénieur 6c Graveur du Cabinet du Roi^. Le prix de Pz;z-4.o, eft de 7 liv. 10 fols.. Celui de Vin-folio , 10 liv. On trouve au même Bureau V Innocence du premier âge en France ^^ nouvelle édition , qui contient un Difcours fur les progrès de la Langue françoife , VHifoire de Pierre-le-Long j la Fête de la Rofe,& la Cour d'Amour, in-^^, avec figures , prix 3 liv. il fols.- ■MMMH SSmmimm ^mmtmm LEMPEREUR CHmoi^ .^B^. K ^ ^, ["i.iilli^WyfWttTf^yyfJiia^WIWT^iff^pyjiTTTri] •i- > HISTOIRE NATURELLE DES DORADES DE LA CHINE, &c. I N T R O D U C T I O N. M À A Nation la plus polie de l'Europe a pour Antipodes (i) les Peuples les plus cérémonieux de la terre, les Chinois. Rien n'eft plus frappant que le contrafte qui fe trouve entre les Mœurs , les Ufages ôc les Loix de ces Habitants des deux extrémités du Monde. On diroit que les éléments rmême auroient craint de fe reffembler. Les rivières, les montagnes & les •vallons de la Chine parx^iiTent différer des nôtres par la forme, par les afpefts, &par les produftions. Il faut convenir que cette différence eft toute entière à l'avantage des Chinois. La terre qu'ils habitent eft la plus fertile & la plus peuplée de l'Univers ; les mers qui la bornent , & les rivières qui l'arrofent , offrent encore a l'imagination un tableau plus étonnant ; c'eîl rlk que la nature femble avoir pris plaifir a déployer fes immenfes richeffes : =îoutes les différentes efpeces de PoifTons connues en Europe, s'y trouvent raffemblées & confondues avec beaucoup d'autres qui n'exiftent que pour les Chinois. .( I ; Cette expreffion ne doit pas être prife à la rigueur. Aij 4 INTRODUCTION. Peut-être croira-t-on d'abord que , feduits par la bonne foi fuperftitieùfe du Père du Halde , & par les rêveries d'un grand nombre de Voyageurs , nous avons adopté leurs abfurdes exagérations ? Mais le foin que nous prenons dans le cours de cet Ouvrage, de- les relever quand la matière nous y invite , détrompera facilement nos Lecteurs. Les Chinois font le Peuple dont on a dit le plus de bien & le plus de mal ; on a beaucoup raifonné depuis cent ans fur les Mœurs & les Loix de cette Nation ,. que plufieurs Savants croient la plus ancienne de la terre ; un fujet fi digne de l'attention des hommes, a fait naître de nos jour« une foule d'Ouvrages eftimables ; mais quels en ont été les réfultats ? La curiofité du Public a-t-elle été fatisfaite ? Nous ne pouvons îe croire. Il reçoit toujours avec une égale avidité tout ce qui s'écrit pour & contre ; 6c fon opinion flotte encore incertaine entre M. de Voltaire 6t M. de Guignes , Dom Fernetty & fon Antagonifte , la Sorbonne ôc les Jéfuites. Nous fommes bien éloignés de difcuter toutes îes pièces dé ce grand' procès. Nous fentons qu'il eft prefqu'impoffible aujourd'hui d'en parler d'une manière indifférente. Dans les difputes littéraires qui agitent tous les efprits , l'a neutralité d'un Ecrivain eft une mal-adreffe , je dirois prefque un crime dont les deux partis le punilTent à la fois. Cette dernière réflexion plus approfondie , nous feroit perdre de vue l'objet que nous nous propofons : ne tranfportons point le lieu de la fcene à Paris , & revenons promptement à nos Chinois. Ce que nous avons ajouté au titre de cet Ouvrage , nous impofe la loi de les faire connoître avant de pafïer à rHiiloire Naturelle de leurs Dorades. INTRODUCTION, ARTICLE PREMIER. Vues générales fur les Chinois ; origine & durée de leur Empire^ Si le Peuple Chinois eft l'objet ctes méditations les plus intérefTantes ; c'eft qu'il eft le feul fur la terre qui , civilifé depuis près de cinq milfe ans , a confervé fans altération les traits caraftériftiques de fa première Origine. Ouvrons fes annales ; mais pafîbns fous filence les temps que les Lettrés les plus éclairés regardent comme fabuleuse. Arrêtons-nous un moment à Fou-hy ( i ) , l'Apotre éc le Fond^ateur de cette vafte Monarchie. Nous voyons plufieurs Peuplades échappées des environs de la montagne Arafat , fe répand^re dans les tei'res fertiles qu'arrofe le Fleuve Jeaune. Elles ne venoient point pour conquérir. Le (ïefir de vivre fous un Ciel plus doux, d^ans des plaines jufqu 'alors inhabitées léiir avoit fait abandonner leurs fauvages retraites ; aufïi, d^accorcTavec fes droits du fang , l'amitié avoit préfidé à la formation de ces différentes Peuplades : un& douce égalité y régnoit ; l'autorité des chefs de famille y étoit feule refpe^lée ; autorité fainte de laquelle découlent toutes les vertus fociales , & qui éleva l'homme à la connoiflance ,. à l'adoration cle fon auteur. Heureux Chinois y vous ne l'avez jamais méconnue cette Loi Cl) Nous allons tranfcrire ce qxii fe trouve dans le premier Mémoire du tome II de l'Ouvrage dont il eft parlé dans l'Avejtiiïement. « Les Lettres Chl- » liais n'onijamaif rigardè comme fabuleux Us règnes •>:> de Fou-hy, ieHoang-ti; aucun d\ux, cejl-a~dlre, 3i pas un feul n a jamais doute que Fou-hy ne foit U » Fondateur, & Hoang-ti le Le'gijîanur de U Mç- » narchie Çhinoift j»». INTRODUCTION. facrée de la Nature, qui dit a tous les hommes : « les premiers mouvements iy du cœur , & les premiers confeils de la raifon vous commandent l'obéif- ^> fance à vos pères », Le fage Fou-hy , doué d'un efprit fupérieur, d'une éloquence perfuafive, ^ d'une ame compatiflante ôc jufte, fentit qu'il étoit nécefTaire à l'homme de reconnoître un Dieu , 6c de l'honorer par un culte : il n'eut point la vanité de fe donner pour un Prophète, il ne voulut point ejitraîner ua Peuple ignorant & facile , par le charme & l'éclat des fictions , par l'afcendanc de fon éloquence. Il eut afîez bonne opinion de fes femblables j pour ne leur enfeigner que ce qu'il croyoit. Il prêcha la vertu plus encore par fes exemples que par fes difcours , 6c prefcrivit un culte aulîi pur que fes mœurs. Les Chefs s'y foumirent , leurs enfants les imitèrent , 6c tous à i'envi reconnurent Fou-hy pour leur bienfaiéleur , leur premier Pontife .6c leur Souverain. Le refte de la terre a pu dire avec quelque vérité % La crainte fit les Pieux, l'audace fit les Rois. Cittsiitou; Il en eft de la pluralité des Dieux comme de celle des femmes ; ce ne fut point le fentiment de l'amour qui £t adopter l'une 6c l'autre. Chez les antiques Chinois , le premier des fentiments , la reconnoilTance des enfants, fut la bafefur laquelle s'affermit l'autorité paternelle; la reconnoif- fance des Peuples pofa les premiers fondements de l'autorité monarchique, 6c du culte qu'on y rend à l'Etre-Suprême. Le Souverain fut reconnu pour le Fils du Ciel; il reconnut fes fujets pour fes enfants j 6c la tendre INTRODUCTION. j foumilTion du fils pour le père, devint en même temps loi particulière,, ge'nerale & facrée. / Rien n'eft plus loin de nos mœurs , & cependant plus conforme h la Vertu 6c aux principes d'un bon Gouvernement que l'enthoufiafme des Chinois pour la piété filiale : « C'ejl y difent-ils , /^ vertu par excellence, >i le lien de la fociété , le point d'appui de l'autorité ; c'ejl la loi éter^ *> nelle du Ciel y la luflice de la terre & la mejure de tout mérite. L'homme >i eft ce qu'il y a de plus noble dans l'univers ^ & la piété filiale y ce qu'il >i y a de plus grand dans l' homme «, Ofera-t-on dire que les Peuples de notre moderne antiquité ont auiîl connu la piété filiale? Eh! de quelle manière l'ont-ils connue? Toujours altérée dans fes principes , toujours fubordonnée à des Loix qui lui étoieiit étrangères. Quels éloges Rome non corrompue encore n'a-t-elle pas pro- digués à Fabius , Rome qui donnoit aux pères le droit de vie & de more .fiir leurs enfants! On vit un père, vieillard vénérable , au commandement de fonfils, s'arrêter & dcfcendre refpeftueufement de cheval pour honorer en lui un Conful de la République. De nos jours le Gouverneur de Pékin, dans le plus pompeux appareil , étoit forti de fon palais ; de loin il reconnut fon pcre,qui cherchoit à fe confondre dans la foule. Auflî-tôt il met pied à terre,, pénètre jufqu'à lui, tombe h fcs genoux, le falue , & attend qu'il foit pafTé pour retourner à la tête de fon brillant corteo-e. Faut-il encore un plus grand exemple? l'Empereur lui-même, en 1777, alloit tous les cinq jours au moins fe profterner devant fa mère.. Pénétrons-nous du plus profond refpeél pour le premier Apôtre de la \ 8 INTRODUCTION. Divinité , qui fit adopter par clés hommes fimples 6c conféquemmeQt crédules, l'idée fublime d'un culte dégagé de toute fuperftition. Admirons k premier Légiflateur de la terre, qui fit des vertus naturelles , fociales, civiles 6c religieufes , les loix fondamentales du Gouvernement , loix qui , malgré les fréquentes invafions des Tartares , les efforts multipliés des Tyrans , l'anarchie des guerres civiles , la foupleffe artificieufe deç femmes 6c des flatteurs , les projets ambitieux des Grands ; malgré le luxe enfin plus redoutable qu'eux , malgré le choc perpétuel de toutes les paf- fions, fubfiftent toujours inébranlables après cinquante fiecles, dans le plus vafle , le plus riche 6c le plus peuplé des Empires. Le genre 6c les bornes de cet Ouvrage ne nous permettent pas de donner à ces réflexions toute l'étendue dont elles font fufceptibles * cependant nous ne pouvons nous empêcher de mettre fous les yeux de ijos Lefteurs un contrafte bien étonnant. . D'un côté 5 c'eft la nature encore brute, abandonnée à elle-même qui n'a pour régler fes penchants 6c perfe^ionner fa raifon que cette voix inté- rieure qui fe fait entendre à tous les hommes , &c cette voix difte dans Vn coin de la terre des loix aufii durables que le monde ; loix que leç vaincus font conftamment adopter aux barbares qui les fubjuguent. D'un autre côté , nous voyons la Philofophie , les Sciences 6c les Arts après les fiecles brillants d'Alexandre 6c d'Augufte , élever par degré les çfprits aux connoilTances les plus fublimes , les plus variées , les plus étendues ; déjà elles ont pafTé de la Grèce en Italie , elles embraffent l'Em- pirç immenfe des Romains , ea frauchiiTenc iiiêmc les limites. Enfin elles re|;neiu INTRODUCTION. régnent avec orgueil fur tous les Peuples civilifés du continent. Ces Peuples font alors éclairés par un flambeau dont la vive lumière s'oppofe aux écarts delaraifon, prête des charmes à la plus faine morale, & fait entrevoir pour prix de la vertu , une éternité de bonheur ; 6c nous voyons ces Peuples , riches de tous les avantages connus , fe laifTer prefque toujours égarer par le fanatifme , dégrader par la fuperflition , tourmenter par des loix tyranniques , variables , contradiftoires. Ce n'efl qu'après que les abus dans tous les genres ont été portés à leur dernier période ; ce n'efl qu'après une éclipfe prefqvie totale de l'cfprit des Nations, que la raifon, fortie avec effort de fon tombeau , a commencé à donner aux hommes , éveillés par l'intérêt commun , dés idées plus jufles , des loix moins capri- cieufes ; & à l'autorité monarchique ou républicaine , c'eft-à-dire à l'autorité purement temporelle , une correfpondancc moins indirefte & moins vague entre fes différents rameaux. De tout cela que devons - nous conclure? Que les plus profondes combinaifons de l'efprit ne valent pas les premières impulfions de la nature , & que tu parlois le langage de la raifon, éloquent & vertueux Roujfeau y quand tu difois : « Je conviens que les hommes font méchants ;"mais n je fens que l'homme jeft né bon >k ARTICLE IL Loix fondamentales ; caufos de leur durée. Ce fcntiment de Roujfeau eft le principe de tout bien ; l'opinion contraire eil la fource de tout mal. Que la guerre ôc la liberté foient la B lO INTRODUCTION. bafe de vos loix, vous créez des Spartiates qui fouleront aux pieds^ toutes les autres palTions. Perfuadez à un Peuple nailTant qu'il doit un jour conquérir la terre ; & d'ime Bourgade du Latium vous ferez la Capitale du monde. Infpirez une aveugle foumiiTion aux décrets fanguinaires d'un faux Prophète, les fanatiques vont peupler la terre. Couronnez-y les caprices d'un defpote , vous y faites ramper des efclaves,. Eft-il vrai , comme le dit le célèbre Auteur de VEfpritdes Loix , qu'un pouvoir doit être balancé par un autre , & que, du choc perpétuel de cette double autorité , réfuîte la force d'un Empire ? Un réfultat plus fur elt la défiance réciproque, la faufleté, la haine & le malheur de fe rendre méprifable en méprifant autrui. J'aime mieux le Vieillard du bon la Fontaine. Ses enfants n'ont pu rompre un faifceau de dards liés enfemble •- en les détachant, le Vieillard les brife 6c dit : e , Vous- voyez, mes enfants, le prix de la concorde;- Cette idée fimple , cette vérité palpable a dû fe prcfentcr la première à des hommes dont le cœur n'avoit pas encore eu le temps de fe corrompre ; égaux par la nature, réunis par choix, ils crurent ne former qu'une grande famille. Les devoirs mutuels du père & des enfants , Fou-hy nt fit que Tes étendre des fujets au Souverain, & de ce père du peuple h tous ceux qui le recomioifîoient pour tel. La piété filiale , qui conduit fans effort à la fubordination , fut au0i la première loi qui lia le fils au père, le peuple au chef , & ce Fils du Ciel au. Ciel même,. INTRODUCTION. n Telle fut la bafe fur laquelle s'éleva la conflitution politique , civile & jeligieufe des Chinois. Cette morale qui , chez d'autres Peuples , ne de- vroit être foumife qu'aune puiflance purement T|)irituelle , & qui cependant ne l'a pas moins été toujours a je ne fais quelle opinion populaire , 6c aux vaines fpéculations philofophiques ; cette morale, dis-je , qui eft une, univerfelle , préfida feule à la Légiflation Chinoife , & les vertus qu'elle nous confeille , furent commandées par des loix pofitives; l'oubli, la fimple omifïion des devoirs facrés déparent, de concitoyen, les crimes de lefe- humanité , les moindres fautes en ce genre furent envifagées comme des attentats aux Loix fondamentales du Gouvernement ; bien différent de ceux <îe l'Europe, où tout homme qui s'interdit le vol , rafTalTuiat & la révolte contre le Souverain, peut devenir à la fois mauvais maître, mauvais frère, anauvais mari, mauvais fils, mauvais père, médifant, menteur, ingrat, 6cc. ians pouvoir être repris par les Loix. Ce ne fut pas encore affez pour le Légiflateur Chinois de forcer les hommes à être juftes & bons , à remplir tous les devoirs que prefcrit la morale ; il fut attacher pour jamais à ces devoirs , non les égards d'une politeffe affervie aux variations de la mode , 6c qui ne font fentis & pratiqués que par le petit nombre .; mais un cérémonial fixe , invariable j auquel font également allujettis le dernier homme du peuple, ôcle premier Mandarin de l'Empire ; nous n'avons ofé dire l'Empereur lui-même : nous favons qu'on dit en Europe que les Rois n'ont point de parents. Que penferoient des Européens , en voyant le plus puifiant des Potentats defcendre de foii Trône impérial , dès que le devoir l'appelle ^ Bij MMttariMtaMcass 12 INTRODUCTION, aux afTembîées de fa famille , y paroître fans pompe ; & dépouillé de toutes les prérogatives du Trône , s'aller rejoindre h la branche dont il eft forti*, pour y prendre le rang que l'âge feul peut lui donner ? L'âge qui marque les rangs dans l'intérieur des familles y les fixe au{îi dans la fociété ; c'eft en Chine fur-tout que la vieillefTe jouit des avantages les plus flatteurs. Rien n'eft plus jufte en effet que le refpecl pour les vieillards ; la politelTe autrefois s'en étoit impofé le devoir. Malheur aux Peuples qui lailTent tomber en défuétude cette loi de la nature à laquelle tous les hommes font intérefles j cette loi qui rendoit la jeunene plus docile aux leçons , & la vieilleffe plus digne d'en donner ; la plus importante peut-être de toutes les loix , & furement la plus douce & la plus confolante pour l'humanité T Après avoir jeté un coup-d'œil fur les principes du Gouvernement de la Chine , & fur la caufe de leur durée , il nous refte à montrer commene il^ ont été tranfmis de fiecle en fiecle jufqu'à Ta génération préfente. ARTICLE 1 1 L Des King , ou des premiers Livres dajfiques.- Four fixer les idées du peuple fur les principaux devoirs de l'homme & du citoyen, Fou-hy inventa des fignes fymboliques qu'il traça autour d'un cercle, &: qu'il fit fufpendre dans les lieux les plus fréquentés. Ce monument, le plus ancien qui foit fur la terre, fubfifte encore tel qu'il eft forti des mains du premier Légiflateur des Chinois. Yen-îi 5 qu'on peut regarder comme le fécond , 6c qui mérita le nom INTRODUCTION. i j refpeélable de laboureur célejîe ^ pour avoir enfeigné ou perfe61ioniic le plus utile de tous les Arts , doubla les combinaifons de Fou-hy , qu'on nomme les huit koua^ ou les hmzjîgncs fufpendus. Ces huit koua forment trois rangs de lignes droites , entières & brifées , & divifées en huit parties. Yen-ti les porta jufqu'à fix rangs. Il y renferma tout ce que l'homme alors pouvoir & devoit favoir. Que de Nations , dansledix-huitieme fieclej font privées de l'avantage dont peuvent s'enorgueillir les Chinois depuis près de cinq mille ans! Quelle foule de citoyens, chez les Peuples les plus éclairés, ont toujours ignore les Loix fous la garde defquelles ils jouifTent de leurs biens , de la vie 6c de la liberté \ Deux mille fix cents quatre-vingt-treize ans avant l'ère vulgaire , fous le règne à^Hoang^ti^ un homme de génie inventa les premiers caraéleres fufceptibles d'exprimer toute efpece d'idées , & foumis à un petit nombre de règles. Il fe nommoit Yfang-kU ; les Chinois le regardent avec raifon comme un des bienfaiteurs de la Patrie : C'eft de lui que leur vient cet Art ingénieux , \, De peindre la parole & de parler aux yeux» Hoang-ti ne fe borna pas a en faire l'Hiftariographe de l'Empire, if en fit aufli fon Miniftre. / C'eft à cette époque que l'on fait remonter î'ufage de n'élever à tous les emplois & à toutes les dignités, que des hommes inftruits dans les Lettres; on diftingua feulement les Dofteurs ès-Loix des Doftenrs en l'Art de la Guerre -^ 6c cette diftin^ion , toute entière à l'avantage des H INTRODUCTION, premiers , prouve que ce n'a point été par des conquêtes que le plus xincicn & le plus puiiTant des Empires s'eft foutenu 6c s'eft agrandi. La guerre offenfive eft contraire à la morale, & conféquemment aux principes du Gouvernement Chinois. Les Lettrés la regardent comme une maladie de l'efprit ou du cœur ; 6c les Guerriers font pour ces hommes fages ce que les Médecins font pour nous, quelquefois utiks , fouvent dangereux. Les Lettrés, au contraire, chargés de foulager leur Monarque dans fes fonclions les plus importantes, de rendre la Juftice au Peuple, de maintenir la pureté de la morale, d'enfeigner la jeunefTe, de diftinguer dans le nombre ceux dont l'efprit eft propre aux Sciences ou aux affaires, ^ enfin de fixer & de répandre les découvertes dans les Arts d'utilité ; les Lettrés, dis-je, ont formé de tout temps un corps inébranlable, au milieu de ces chocs violents qui renverfent les Empires , ôc de tous les germes de corruption qui les minent fourdement. Pour juger de ce corps, &c de la force de fa conflitution , il fufîira de dire que l'Idolâtrie s'efl emparée de l'efprit des Peuples , qu'elle eft montée jufques fur le Trône ; que les Bonzes ^ parlant au nom du Ciel, ont foufflé leur fanatifme dans le cœur des Empereurs, 6c fur-tout de leur Favorites, 6c que la Religion des premiers fieclcs , qui n'avoit pour elle aux yeux des hommes ni la refTource de l'infpiration , ni celle des miracles, n'a jamais çeffé d'être la Religion du Gouvernement'. Dès que les Chinois purent faire ufage de l'Art d'écrire , on fit choix parmi les Lettrés de la premr-^ CUJJe ^ des deux hommes les plus «-/; INTRODUCTION. 15 vertueux , pour être fans cefle auprès de l'Empereur , & recueillir , l'un fcs- paroles , l'autre fes aélions ; on nommoit le premier, l'Hiflorien de la gauche j le fécond , l'Hiftorien de la droite ; l'Hiflorien en titre puifoic dans leurs écrits tout ce qui méritoit d'être tranfmis a la poftérité ; il y ajoutoit ce qui fe pafToit de plus remarquable dans le refte de l'Empire, &. en compofoit l'Hiftoire générale. Le noble emploi de faire connoître aux générations Ritures , les loix, les mœurs 6c les ufages de leurs ancêtres , abandonné parmi nous à tout homme fans aveu qui daigne s'en occuper, fiit de tout temps regardé par les Chinois comme une des fondions les plus graves, les plus importantes que les premiers hommes de l'Etat font feuls dignes de remplir. Qu'en a - t -- il réfulté ? Un ton fimple , auftcre 6c monotone , peu fait pour nous plaire ; mais un Ouvrage d'une véracité reconnue , d'une utilité locale- un monument refpe61:able, où les allions vertueufcs font retracées fan& fafle, où fe montrent les vices dans toute leur difformité, enfin, où fans cefTe on rappelle les Chinois aux fages principes de leur Gouver- nement.. Les koua de Fou-hy ^ combinés par Yen-tl ^ commentés par Ou^n-ouan^' 6c fon fils , 6c enfin par Confuchis y ïovm.tnz le premier des Livres clafïiqiies ou facrés que les Chinois nomment VY-king.. Le Chou-king eft le fécond : c'eft un recueil de ce que les Empereurs^ les Sages , ^ les Grands de la haute antiquité , ont fait 6>c dit de plus conforme à leur dodrine, 6c de plus propre a fervir de règle de aonduite. Il étoit compofé de cent chapitres ; Confucius le réduific à INTRODUCTION. cinquante , tel a-pcu-près qu'il eft à préfent ( i ). Rien n'efl comparable au refpe61:des Chinois pour le Chou-king , qu'ils appellent, le Livre fupé rieur, l'écho de la volonté du Ciel Leur dernier Empereur , tout idolâtre qu'il ctoit, en a fait l'éloge le plus pompeux, & même l'a traduit en Langue Tartare , fous le titre de Livre du Gouvernement. Nous doutons que cet excellent livre de morale foit jamais l'egardé par les Européens comme un bon ^uide en politique. Lui refuferont-ils leur cftime ? Non, ^uant à la théorie • les vertus qui fervent de bafe au Gouvernement Chinois font de tous les fiecles ôc detovis les pays, mais fondamentales en Chine; elles ne font qu'accelfoires en Europe : c'eft à quoi n'ont pas réfléchi nos ■rf Politiques moraliftes , tel que le bon Abbé de Saint-Pierre. Rien ne décelé mieux le principe fur lequel nos Loix fémi-féodales font appuyées , que le mépris de l'homme d'Etat pour les fpéculations du fage. Suppofons Richelieu & Maiarin entre le vertueux Confucius , & le fubtil Machiavel. Auquel auroient-ils donné la préférence? Le P. Jofcph eût volontiers cédé fa robe à l'un; mais il eût craint que l'autre ne Ijji eût enlevé fa faveur. On diroit qu'il y a trois fortes de morales, celle de la Religion;, celle de l'homme du monde , celle de l'homme d'Etat : on fent bien pourquoi je ne parle pas de celle de l'homme de Cour. C I ) Il eft en clnquacte - huit chapitres. La Traduftion publiée par M. de Guignes y'à.méûtéXt jTuiFrage des Lettrés. îîous nous fommes fait un devoir de n'admettre dans cette introdudion que les idées adoptées pat le Gouvernement Chinois. Il paroît jufte d'établir ce qu'une Nation penfe d'elle-même, avant de faire connoître ce que les autres Peuples eq ont dit, C'eft INTRODUCTION. 17 C'eft cette diverfité , fi nous l'ofons dire , d'opinions pratiques' fur les premiers devoirs de l'homme qui contribue le plus à relâcher parmi nous les liens de la fociété. L'inobfervation de ces devoirs ne provoque point la rigueur de nos Loix Européennes. Chofe étonnante , que les Peuples auxquels les plus grandes vérités ont été révélées , & qui font profelTion de fuivre une morale pure t' /'ar Afiirtmct^ ^• KTN - YI.T '\ /. /yIri)ohrc , a . Le Raowûn . /ftS'VUic en l'/uf Orai'c PiV Jfjr/in.-f- . Filr. > n,:f.'uu' en C/m i.Lc C/iar/>an/2ivr,2. Le Bleue/:-.' i»/*.iïv /'J/' Jfjrttn.-tJ^ilr. KIN-YV Le Nonroiia: ). /?t'.-\ri/te en Cnir ^r^vc far Martinet. Pli' /■ ■ i Le Alauncot Otav.^ f'ir Marhiu:t- . kiN-vr c9. .finf-ifi-f ^-n CAtm i.Lc Bruncl. 2 . Le C 'uiaèriL ). iTf.ii'C' r^v JLiHimt PiLf OUEN-YU 7Jc\*\fui c' en C/io i.La J^u/uôe . 2, Le jBaâcJ. irr,;ne par Jifarii/tei Fii.^ LONG-TSmO-YU oa OEUIl. DE DI^AGONS. 7f7. \ ^^li 2 . vy 1. L c Jfa.wiuc . 2.La C \jn~nunL\ ^ "/ T P^wwme en c/tinc . i'i\ire i'ii LONG-TSINGhYU )t OEUIL DE DRAGONS m/^^-.j... ... . Le Télej-cope^ Dco'.nne en Crum ih\we par Martinet Fu^' . LONGr^TSlNG^ YIT,,,, QEITIL DE DllAGONS J2 . %.\ '^- ,-J 2 i.Le Riihij' - nioiLche , 2 Le Naai/eiia\j. Pcj-Jnrw en Chu (rniot' f',ir Jl.X"tuU Fu.r. NIN'-EITBK-^VLT ou NTIVIPHES a. D^.l\.-lne en C/iine . ■ ^ 1 . L'ambre jaune .2 .Le Tricoloi^ . ûravc far .Ujrnr,'' Fil. > ?„?y LONG -T5INO^ TU ou LE S YE UX DE DRAGONS . //// f/- 1. U. i.Lc Oiantcoaiidc . 2.Lc /lorimcnihrc ) . De.^i-mi" .'n C/nn.^ ûrav.^ VIT .f/.n-ùm/-Fi/,r YA ^ TAK ^^^\J ou OE UF 5 DE C ANN E JÔ. ^ 3. j.Lc Fetv^uqineuœ . 2 . Le Tettard . 3. Le Fjwujwoiujc Ve^rjtne tm C/iinè Ora vc p ar Jfiirtinct Fi7.f . # le KINr-YIJ. lé: '^^>\\\\^*/ -M'' ^"^1^ - ■ n i.Le Knjricant .2. l aurore ). /)cu\rmi' en Cku, tVMrUflci i KIN^ TE ON-- YU ou CABTllOLEURS i.Le Fer are t. 2 .Le Sonwncolo ore Pi--'\'t/u' en Cnim . ûrai^c par JfaràmU Fi/o- l NINhEUBKh^U ^z/NYMPHE.S 5:î^^^^^X^è lô 1. ^Ns De.ro'im m L Ai/w ■ i.Lc Iln/yur . 2 Le Tacne^r-nwid ch\Hu iKV Jf.irlnu't Fi/,^ . KIN'^YU. 1^. \ % V-' tv. '^ De^^nne en Chine l Orange'^ ^. 0 -'i^-'^ y* C'i 'H'ii lar tfarùnet FtL I' KIN^YII 20. 5 iMm i (S) I . Le Alaun-^faimc . 2 . l'E/bfamjlantc . J. /' Tout-chaw /h\-\''inc en L Vii/w Oranc ^Htr Martuicl fjo^ KIN-YU 21 . o ncux(v-m;.;// lks yeux dk dragon, /^.r/K'ce Jc\r VA-'TA>, --VLWv/ OEUFS DE Cx\NNE . :^2. 4^ y ,#-^' ■4 /^ ^> X, \ \ \ \ \ . 1 1 " ^niu. ''X 7 . Z <:' Rouille '. 2 . le Cerise .3./e Léopard . Pc.^.rim en ( '4//W //'Ky^>;^7!:-^/.,/c^ >** OUEN^TIT, of^ LETTRES. 2:v Ê. i.Lc f}Lo/\r-dorc . 2 . lELc'ga/iJ . Pej'j'me en Lmnc •nu-' /w -tfarù/ui FiL' NTN-EUBK-^nj ^w ]NnrMPHES 24'- k \' lyiarcaole Be^^me en c/une ma/imei^f/ca^' KIN H YU erviiULoii Dtwonne en Chine ni.rirùAcC'fil j tjadp 2 7. LONG-^T^^rNC^H YU ou LES YEIJX DE DRAGONS 20'. f^ i '^!^S^ i 2. ^ i. La Tunjuour . 2 . /(h/cjam ^ /)L\r^rt/w en c/fuw '••/•' NINnEimKHYU^/T^YMPHES 27. 1. La Oueiie-inine . 2 . lÈwondellc le en Chtm Jfoftùit't Fi/.'^ *fcti/r ninheubkhyu ou nymphes ?^. ft àcA6if>^'&i d)uie i.Le Fade . 2. le Jfimer. //wrMei/ils Jrié/j. OUEN'-TTJ^/^ LETTRES 2jÇ,. \ % )i Jctfti'ine. en Chin 1. Le Malta ch c . 2. La C 'rouv- hlaiic/icJ). JfariuiL't Fu^f Sculr . NINr-EUBKHYLrr^/N\TVI'PHES ^ 3û. ///^/ ..£ / ^^. 1.L& ïlacre . 2 . le Roaçi- /?ie/?wre^r De^^nne en Chu iTiaràntLMS <àçsA, / N 1 N - KUBIv - YUcwNYIMPIIE S Ih '•/ liûHi/ioMumt . ffc.r.ttnc en l'/ii/j.- i- pir .Sfartmct FiL- NlNr-EUP,K^YU.wNlMPIlES 32. (yedJOir- t> o ^A-ti- i.Lc Lapup. 2 . I'cI/iwhlJ. u LONG-T.SlNG-YU.7^a.F.S YEUX DE DRAGON.S 3.'- o 1. le Créole . a . le Framjimine^ . Dc'.fine ,'71 C/nm Âfarhnet PtL^ KfcuIfKnl ■ a\ / ^ ' KIN-YU f) u. ! \, '"%0^^ c m i nu Pe^p^rtfï'2 .w < htnt^- 1 . le. Souffre . 2 . le FeUt-^^/f^o^ . /!l,ir/iK.-& /ù/.'- <-'\-u/r ^?. NIN-EUBK-YUmN^TVTPHES. ^ D&pjnne^ en Cntm. AFar-tinct Fil'- Scii^.fui^ NIN-EUBIv-YU .//.NYMPHES (hn/n/t) . /fi-.'-.-'i/i,- ■■■Il ' /""' /li.vtai.iJi/- ■''/• M(^f OUENYU ou L E T T R E S Lctrlcauinj. Diui\nne en C iime , ''- '^"■'""-'^^T'S'!''''^^ ^U.ii/iii,'/ ///.• O'cu/f n-uip '.' n . CUOUIhYU c?u DORMKUPv.S. 38. i.L'Emiruht', 2. Le Palimrni/yniy, 5. Le ./d/z/uÂ/i'/ir A.'VUÏ.' .'// t/ur 9n.tr /a/.'t yiïc,S.-iJr V ^ v^. ou ^y\M^uv- ^ .3 ç V /'•:^' ^ '\rant. 2 . ru\fir:iu- vv; i /i^-'c ' LONG ^TSlNGr^YU cu^LKS YEUX DE DRAGON 7-. Ze Rohuzo, 2 . La Sû/7i/?/vi/i. D&i.'rm .■//, C/tim . MrrùftrtFtt JhJf'. YA - TAN - YU..^. OEUFS ^ CANNE 4.1. y^.- W j. /'a//yizù^(^, 2 . ZiL Rûiudelte , 3. Le J/^z/âà^e, t .Wrr/ik/ ^tl' J^-nU- 4> CHOUI-^ L^ of, I)()lVMKiai.S ^: i.Ze /Uiniu7?2,. 2. L'OmlyrclàiL^^. n,k\jtm t'n l7iu -■"■'jTf'^ NIN'-EUBK-YU..// NIMPUfes i.Le Carmi-£c/une . 2. Le B/^a/i/ac C'f-iWi' par ^Ifhirhnct Fil-- ^ ^Jf. OUEN-\U.v/ Ll-Vr IRI^N. • // ''ffl \i / :/// Lt- ru>Lr/r.' . jf.ivc fxtr Vîcfhfi't . \ AC i.< OUEN-YU ,v. Ll'/rTlli':.S f \ i. Le Sicc-ùrancA&f-muiôf . 2 . Le Tnj-ùz^ou/z^ Pas'^fuic an tvf^//ti . Oravc par 'fH<2r/i/i£i- FiLr . l€. KiN -vr r/ix/iiin ji'£ f.tr '?f Lu II tut /^r/•'■ O UE N H \Tî ..// L l*: 'F 'l^ Il II .S . 4 /. L0 Û^rurc/d/l/l . 2 . Z<" '/////U'-Z/ld/c ,-lL an, ('liW^^'f'.ir -//Kir/in.'f F''.-' ;?' KIN-\T^ / Lt^ Bt/uv/ . Dar.'firu' m ( hm ('■' ,-ivf p.ir 'Vtartmdt Filu' / « e^ » ■ *s