77) 74 ohboit Harcluy Bury AU. | 4 Nr 4 HISTORY FA Longitudes à l'Occident de Paris DU SENEGAL Grrigec, et Augmentée de plusieurs détails par MAdanson correspondant de l'Acad*R* des Se D Dressee et excculée par les soins MAYS Jrequenté par ler Arabes de Philippe Bee que l'on apelle Muarer au Seneyul 1756 Lieucs marines de France. 6 10 Er] To 7e Lieues communes de France Marais Goumel muremaent appelé Lnc Kadi, & qui aureche pendant l'hner, test ensemecé foi ras pirantlfeomprenantune den de pres de iou lélér quarrée entre le uvre Niger ék cali léGnuibie. Les Pros Bhol, de Sin et pluft 5 ; : abeouolor me Has 5 L < a Joseph de KAssox REY arer Ro, ne oulant plur rires ubbgu comp fran) eyadoa Care À re Le BourlaOuolof pour À / Den F du'Rgy de Kas son À Farm de Bondou À ie Republ ant _T$ LA TAN Céuag A me A & JARA Rep°d. a Rep‘de re, Mandingues Gien dus: l ïe indiqués } À TARA pr dr ge GER Vie iiuce o1rRè RM EE) LEsmpire duBaNBARE que Lo sait êtrg fort étendu se tr ve dans celte partie. On ne Le connr4 F en fixer Las Lam. | a que Les Min am ét à Gumbie ler Esebnies Danbarar 2 Karxron Royaume PARTIE DE LA Havre Guivez - LL. À 7 | 7) 4728 ai di HAS LOIRE NATURELLE PR ES À L POOUILLAGES Avec la Relation abrégée d’un Voyage fait en ce pays, pendant les années 1749, 50: 51,952 à 53: Par M. ADANSON, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences. Ouvrage orné de Figures. Mediis in finibus orbis , Sol ubi : ALVPA RTS, Chez CLaupr-JeAN-Barrisre Paucue , Quai des Augultins, à l’image Sainte Genevieve, & à Sainr Jean dans le Deferr, M. D CCG .BVIL Avec Approbation & Privilége du Roi. f— Digitized by the Internet Archive. « in 2010 with funding from University of Illinois Urbana;Champaign 4 http:/www.archive.org/details/histoirenaturellOOmisc / EN | | Q BE — SA : Z nCTA à LD ON NP | \ \z 4 Ÿ po A TRES-HAUT ET TRÈS-PUISSANT SEIGNEUR LOUIS DE NOAILLES, DUC DAKEN, Chevalier des Ordres du Ror, Lieutenant-Général des Armées de Sa MAJESTÉ , Capitaine de la premiere Compagnie de fes Gardes , Gouverneur du Rouflillon , Capitaine & Gouverneur de Saint-Germain-en-Laye , &c. ONSEIGNEUR, Le goût que vous avez pour les Sciences me dé- termine à vous offrir cette partie de l'Hifloire Na- turelle du Sénégal, Elle renferme un grand nombre 1] L'F 1 ME d'obfervations nouvelles & intéreffantes fur les Coquil- . lages , avec une relation des différens voyages que j'ai faits dans l'intérieur du pays. Je n’ai rien négligé pour donner tous les agrémens & la perfe&ion convenables aux fujets que Je traite dans cet ouvrage, & votre approbation peut feule men affurer le fucces. Vous m'avez permis de le faire paroître fous vos aufpices : j'ai fenti route l'importance de cette grace. Heureux fe J'ai reuffe à le rendre digne de vous être préfente ! Plus heureux encore ft vous daigne? l'honorer de votre protechion. Je fuis avec un profond refpeét , MONSEIGNEUR, Votre très humble , & très= obéiffant ferviteur , ADANSON. EXTRAIT DES REGISTRES de l’Académie Royale des Sciences. Du 4 Décembre 1756, Effieurs pe Reaumur & DE Jussieu le cadet, qui avoient été nommés pour examiner un Ouvrage de M. Abanson, Correfpondant de l’Académie , intitulé : Hiflore naturelle des Coquil- lages du Sénégal , précédée d'une courte Relation d'un Voyage fait en ce pays pendant les annees 1749 , 1750 , 1751,17$2, 1753 >; &c. en ayant fait leur rapport , l’Académie a jugé que les vues ingénieufes de l’Auteur, fon exactitude dans les defcriptions, & fa fagacité dans les obfervations , donnoient lieu de croire que fes travaux feroient reçus favorablement du Public, & étoient dignes de lapprobation de l'Académie. En foi de quoi j'ai figné le préfent cer- tificat. À Paris, le 4 Décembre 1756. GRANDJEAN DE FOUCHY, Sec. perpétuel de &”’ Acad. Royale des Sciences. née memes émet PRIPILE GE D'U ROZ OUIS, PAR LA GRACE DE Dieu, RO1 DE FRANCE ET DE NAVARRE: À nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maitres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Séné« chaux , leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra , SazuT : Nos amés LES MEMBRES DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES de notre bonne Ville de Paris, Nous ont fait expofer qu'ils auroiïent befoin de nos Lettres de Privilége pour l’impreffion de leurs Ouvrages. À CES CAUSES, voulant favorablement traiter les Expofans, Nous leur avons permis & permettons par ces Préfentes, de faire imprimer par tel Imprimeur qu'ils voudront choïfir, toutes les recherches ou obiervations journa- lieres , ou relations annuelles de tout ce qui a été fait dans les afflemblées de ladite Aca démie Royale des Sciences, les Ouvrages , Mémoires , ou Traités de chacun des Parti: culiers qui la compofent , & généralement tout ce que ladite Académie voudra faire paroitre , après avoir fait examiner lefdits Ouvrages, & jugé qu'ils font dignes de l'im- preflion , en tel volume, forme, marge, caraétere, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon leur femblera, &t de les faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de vingt années confécutives , à compter du Jour de la date des Préfentes; fans toutefois qu’à l’occafion des Ouvrages ci-deflus fpécifiés , ils puiflent en imprimer d’autres qui ne foient pas de ladite Académie : Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient , d’en introduire d’impreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiflance ; comme aufli d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contre- faire lefdits Ouvrages, ni d’en faire aucune traduétion ou extrait , fous quelque prétexte que ce puifle être, fans la permiflion exprefle & par écrit des Expofans, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers auxdits Expofans, ou à celui qui aura droit d'eux, & de tous dépens, dommages & intérêts ; à la charge que ces Préfentes feront enrepiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs &t Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l'impreflion defdits Ouvrages fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bôn papier, & beaux caraéteres , con formément aux Réglemens de la Librairie ; qu'avant de les expofer en vente, les manufcrits où imprimés qui auront fervis de copie à l'impreflion defdits Ouvrages, feront remis dans le même état où l’Approbation y aura été donnée , ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, le Sieur DAGUESSEAU , Commandeur de nos Ordres, Chancelier de France; & qu’il en fera enfuite remis deux exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notredit très-cher & féal Chevalier le Sieur DAGWESssEAU , Chancelier de France; le tout à peine de nullité des préfentes ; du contenu defquelles vous mandons & en- joignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes, pleinement & paifblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement: Voulons que la copie des préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin defdits Ouvrages , foit tenue pour duemenit fignifée , &t qu'aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeillers-Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'original ; com- mandons au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis , de faire pour l’exécution d'icelles tous aétes requis & néceflaires, fans demander autre permifhon, & nonobitant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaïfir. DonNé à Paris le dix-neuviéme du mois de Mars, l'an de grace mil fept cent cin- quante , & de notre Régne le quarante-deuxiéme. Par le Roi en fon CRE ‘ . Regiftré [ur le Regifire 12 de Le Chambre Royale & Syndicale des Libraires € Impri- meurs de Paris, N°. 430. fol. 309. conformément au Réglement de 1723 , qui fait dé- fenfes à toutes perfonnes de quelque qualité qu’elles foïent, autres que les Libraires € Imprimeurs, de vendre, débiter & faire afficher aucuns Livres pour les vendre en leurs noms, foit qu’ils s'en difent les Auteurs ou autrement ; & à la charge de fournir à la fufdite Chambre huit Exemplaires prefcrits par l'article 108 du même Reglement, À Paris le ÿ Décembre 1750, LE GRAS, Syndic qe RAUTES A CORRE IG EE Dans le Voyage. Page 18, Ligne 18 , femé , life femée. 6, ligne 23, pain de finge , lifez pain de finge: " ë , ligne 1,en marge, 1748 , lifex 1749: 111, ligne 17 , fur les côtes, lifez fur les côtés. 129, ligne 15, qui ne cefla, lifez qui ne ceflerent. 135, ligne 3, ouanicar, lifez ouaniar. 161, ligne 2, oublians, /ifez oubliant, ligne 14, barbes, lifez Arabes. 163, ligne 25, j'entendis, /ifez j'entendois, 166, ligne 26, cracrelats , lifex cacrelats. 170, ligne 31, rempli, life remplis. 177 , ligne 31, obligé de refter, lifez obligé d'y refter: 179, ligne 25, à dix lieues du cap Verd, Lfez à dix lieues des ifles du cap Verd: 181, ligne 9, après avoir paffé toutes , /ifez après avoir pailé par toutes, 183, ligne 11, fous le noms, /ifez fous le nom. 3 Dans la Préface, &c. Page xx, ligne 16, auxquelles elles font communes , Zif. auxquelles ils font communs; xxiv , ligne 11 , fes cornes une RATE, lifez fes cornes ont une longueur. lxxi, bexiij, bxiv, Ixxv 6 fuiv. Koman, life; Kaman. Dans l’Hifloire des Coquillages. Page 3, ligne 23 , applati en deflus, lifez applati en deflous. 6, ligne 9,au deflus de la tête, /ifez au deflous de la tête. ligne 17, une fois plus longue , /ifez une fois plus longues. 11, ligne 36, celli-ci, lifez celle-ci. 23, ligne 29, ordinairement comme avec les yeux, /iféx ordinairement avec les yeux. 6s, ligne 4, Ærythræa, life Erythræa. 71, ligne 36, il ne s'étend , /ifez il ne l'étend. 83, ligne 25 , fanguinis maculis, lifez fanguineis maculis, 87, ligne 4, quadratæ notatæ, lifez quadratæ notæ. 88, ligne 13 , roftro purparafcente , ifez roftro purpurafcente, 259, ligne 9, eit fermé, ifez eft formé. 162 , ligne 38 , comme on le voit dans, /ifez comme dans. 174, ligne 18 , qui partent d’une centre, lifez qui partent d’un centre, 177 , ligne 14, entouré d’une ou deux, Lifez entouré d’un ou deux. 182, ligne 7, fes rurbercules, /ifez {es tubercules. 184, ligne 17, de douze petits fillons , li/ez de pluñeurs petits fillons. 202, ligne 30, auf obtus qui puifle l'être , /i/ez aufli obtus qu'il puifle l'être, 208 , ligne 35 , que la demie de, lifez que la moitié de. 216 , ligne 37, chamis afpera, /ifez da afpera. 227, ligne 35-36, quænum, lifez quarum. 245, ligne 27, par un nombre, /ifez par un grand nombre. 264, ligne 12, la plus grande a un tuyau, i/ez la plus grande eft un tuyan; M — ANVTE RTISSEMENT. La Carte qu'on a mife à la tête de cet Ouvrage, a &é exécutée par les foins de M. Buacxe, dont le mérite € les talens font affèz connus par fes ouvrages. Elle n’eft que le précis, & , pour ainfi dure, l'extrait d'une Carte beaucoup plus grande & très-detarllée , que l Auteur fe propofe de publier dans le volume qui traitera de l Hijtoire Phyfique du Senégal. Il rendra compte dans ce volume , des additions & changemens que l’on pourra remarquer , & des moyens qu'il a pris pour rendre cette Carte plus parfaite que celles qui ont paru jufqu'icr, VOYAGE |’ 1 NE y \ W/1/0 NN | M N” EA 4 #,} (4 Ko À C VOYAGE A U SENEGAL. 4 EF ù que l’état eccléfiaftique auquel m’avoient deftiné mes parens ,ne convenoit pas à mes inclinations ; & j'aban- donnai un bénéfice dont j'étois déja pourvüû , pour me livrer uniquement à l'étude de la Nature. La botanique fut la partie à laquelle je m’attachai la premiere , comme une des plus intéreflantes, tant par fon utilité que par l’agréable variété qu’elle offre. La facilité que je trouvai dans les leçons publiques de 2 VOYANCE M de Juffieu au Jardin du Roi,m’y attiroitfouvent; & mon affiduité avec ce goût décidé pour cette fcien- ce, me firent bientôt connoître d'eux. C’eft fous ces deux grands maîtres , auxquels je ne puis trop marquer ici ma reconnoiflance , que je commençai à entrer dans cette vafte carriere que je cours aujourd’hui. L’efprit d’obfervation & cette fagacité qui eft particuliere à M. Bernard de Juffieu , & qu'il {çait fi bien infpirer, &, pour ainfi dire, naturalifer dans tous ceux qu'un goût femblable rapproche de lui, prirent facilement chez moi, & m’entraînerent infenfiblement de l’étude des plantes à celle des minéraux, de ceux-ci aux ani- maux , jufqu’aux infectes même & aux coquillages , enfin dans toutes les parties de l’hiftoire naturelle. Dès-lors le cabinet du Roi, celui de M. de Reau- mur , & celui de M" de Juflieu me furent ouverts; je puifai À un fonds de connoiïflances qui me mettoit en état de faire utilement des obfervations de toute efpe- ce : un peu d’aftronomie même ne me parut pas inu- tile à mon objet, & j'en appris, autant qu'il étoit néceflaire , fous M. le Monnier. Ce ne fut qu'après avoir travaillé pendant plus de fix ans fous les yeux de ces illuftres Académiciens, que je déclarai le deffein quej'avoisconçu depuis long- tems de voyager. Leurs obfervations fur les différen- tes branches de l’hiftoire naturelle de la France , laif- foient peu de chofes à defirer ; je penfai donc que rien ne me feroit plus utile que d'employer ma jeunefle à faire un voyage dans quelque pays éloigné, & peu fréquenté, perfuadé que jen rapporterois beaucoup de connoïffances nouvelles pour l'Europe. Je fçavois AU SÉNÉGAL. 3 que l'Afrique équinoxiale n’avoit été vifitée par aucun naturalifte, & que par conféquent j'aurois un vafte champ d’obfervations à moiflonner. Ce n’étoit pas peu entreprendre , fans doute , que de vouloir exécuter à moi {eul un ouvrage qui exige ordinairement les travaux d’un botanifte, d’un phy- ficien , d’un anatomifte & d’un deflinateur. Cette con- fidération ne m'eflraya pas néanmoins, & je fis con- noître mes intentions à 1 mon pere, qui me préfenta au commencement de l’année 1748 , à M. David , chevalier de l’ordre de S. Michel & directeur de la Compagnie des Indes, dontilétoit fort connu. M. Da- vid toujours attentif à ce qui peut être utile au com- merce, goûta fort mon deflein, & me témoigna beau- coup de joie d’une entreprife qui pouvoit être aufli avantageufe à la phyfique qu’au commerce de fa cé- Ièbre Compagnie : il n’obtint une place dans lescomp- toirs de la Conceflion du Sénégal, avec mon pañlage fur le premier bâtiment qui partiroit aufi-tôt après la publication dela paix. Je fus ravi de trouver ainfi l’ac- ne compliffement de mes defleins, & je partis de Paris le + 20 décembre de la même année , pour me rendre au de PR port de l'Orient où fe font les embarquemens de la Compagnie. L'hiver faifoit encore fentir fes rigueurs lorfque ET je m'embarquai le 3 mars de l’année 1749, fur le ét vaifleau le Chevalier Marin, commandé par M. Daprès Eur r de Mannevillette. Nous mîmes à la voile fur les dix ‘Orient. heures du matin, & fortimes du port accompagnés de deux petits bâtimens deftinés à faire route avec nous, Les vents de N-E. nous porterent bientôt en pleine À i 1749. Mars. Marfouins. Vont à la rencontre du verte Mauvais tems fous le Cap Fi- niiterre, ; VOYAGE mer. Elle étoit belle, tranquille, & nous offroit tous les jours un fpectacle charmant. Des milliers de mar= ouins qui fe jouoient autour de notre vaifleau , fem- bloient nous féliciter de notre heureufe navigation : ils s'élevoient comme en fautant au-deflus de l’eau , de façon qu’on les voyoit en entier; puis fe courbant en arc, ils fe plongeoïent avec une agilité furprenante, & reparoifloient enfuite , imitant aflez par ces mouve- mens les ondulations de la mer. C’étoit un plaifir de les voir tantôt avancer de front rangés fur une même ligne , tantôt fe croifer les uns les autres comme pour {e difputer l’approche du bâtiment ; enfin on ne fe lafloit point d'admirer leurs diflérens jeux, tant ils étoient variés & divertiffans. On dit que ces poiflons vont toujours à la rencontre du vent , & les marins augurent par leur marche , de celui qu'il doit faire. Si cela n’eft pas vrai dans toutes les rencontres, ce le fut du moins dans celle-ci. En effet nous ne jouîmes pas long-tems de cette agréable tranquillité. Elle fut bientôt interrompue par des vents contraires, qui foufièrent du S-E. avec une telle violence ; que la mer devint fort grofle en peu de tems. Les bateaux qui étoient à notre fuite ne pouvant y tenir, furent difperfés, & nous les perdimes de vüe jufqu’au jour de notre arrivée au Sénégal. Cependant les vents acqueroient de nouvelles forces , & la mer s’enfoit de plus en plus. Nous fâmes obligés de met. tre à la cape, & nous efluyâmes en cet état toute la tourmente d’une mer orageufe. Enfin après avoir lutté pendant vingt-un jours contre les mauvais tems, nous doublâmes heureufement le cap Finifterre, qui nous avoit donné tant de mal, À U SÉ N É G’A L. 5 À peine avions-nous atteint la latitude de 36 degrés , que nous commençames à trouver la mer lus belle. Un vent frais de N-N-E. nous faifoit ire tranquillement de belles journées. Nous goû- tions après un tems orageux & fombre, la douceur d’un beau climat, lorfque nous eûmes connoiflance de terre le 6 d'avril. C’étoit le Pic de Ténérif qui fe pré- fentoit à nous fous la forme d’une pyramide, ou, plus exaétement , d’un cône furbaifle, dont les côtés étoient hériflés de plufieurs pointes. Quoique, fui- vant notre eftime , nous en fuflions éloignés de plus de quatorze lieues dans le N-E: , il nous paroïfloit élevé fous un angle de plus de 5 degrés. A cette dif- tance , il avoit plus l’air d’un nuage que d’une mon- tagne , par fa couleur blanche ; il n’y avoit que fa flabilité qui pût la faire reconnoître. On la voyoit tan- tôt au-deflus , tantôt au-deflous des nuages , felon que ceux-ci étoient plus ou moins éloignés de nous. Plus nous en approchions en la tenant toujours au fud- oueft, plus elle fembloit fe mettre au niveau des mon- tagnes voifines ; de forte qu’à quatre lieues de diftance ilne fut plus poffible de la diftinguer d'avec elles. Dans cette polition l'ifle Ténérif ne nous offroit à la vüe qu’un amas de montagnes, fi ferrées & fi rapprochées, qu'on n’en diftinguoit que les pointes. La connoiflance que nous avions prife de l’ifle Té- nérif, fuivant l’ufage pratiqué par les bâtimens qui voyagent fur la côte d'Afrique, fufhfoit pour nous guider dans la route que nous avions à faire jufquesau Sénégal ; & nous l’aurions pourfuivie , fi les circonf- tances préfentes l’euflent permis, Mais l’eau & les vi- ARCS PORTE LIRE) ——— 6 Avril. Vûe du Pid de Ténérnif, Onfe decide à faire une re- lâche, 6 VIO!YAGE 1749. vres avolent été confommés pour la plus grande par- Lee qu pendant le retardement occafionné par les contre- tems que nous avions efluyés fous le cap Finifterre, & le peu qui reftoit ne fufhloit pas pour achevernotre voyage ; il falloit nécellairement faire une relâche pour prendre de nouvelles provifions. Se trouvant fi proche de terre, c'eût été une imprudence que d’en manquer Voccafion : on fit donc voile deflus jufqu’à la nuit, pendant laquelle on mit en panne. Mouillageau Le lendemain on reconnut le port de Sainte-croix, PES qui eft à l’eft de l’ifle, & l’on y mouilla par quarante- cinq brafles à trois encablures de terre. Ce port peu différent d’une rade foraine, parce qu’il efttrès-ouvert, feroit affez bon , fi ancrage y étoit afluré : mais fon fond qui eft de roches très-efcarpées , eft fujet à laiffer glifler les ancres, & à couper les cables ; d’ailleurs il eft fort fain. Toute la journée fut employée à af- fourcher le navire, & à le bien aflurer fur fes ancres. On s’'amufa auffi à la pêche du maquereau. Ce poiflon, prefque le feul qu’on trouvât alors en cet endroit, y étoit fi abondant qu’il fembloit que tous ceux de la mer voifine s’y étoient rendus. On n’avoit qu’à jetter la ligne, l’on étoit für d’en retirer un poiflon , fou= vent même fans le fecours de l’amorce. Pêche à dif- Les gens du pays en font la pêche d’une maniere NE al bien plus avantageufe. Dès que la nuit eft venue , & par une mer tranquille , ils s’arment de flambeaux , & fe difperfent avec leurs canots dans toute la rade, à une lieue à la ronde. Arrivés dans les quartiers qui leur paroiïflent les plus poiffonneux , ils s’arrêtent te- nant leur flambeau au-deflus de l’eau , de maniere qu’il AU SÉANYÉ GA L. les éclaire fans les éblouir ; & dès qu'ils voient le poiflon fe jouant {ur l'eau, raflemblé autour de la lu- miere , ils donnent un coup de filet , qu'ils vuident auffi-tôt dans leur canot: ils vont ainfi toujours pê- chans jufqu’à ce que leur provifion {oit faite, Tant que la pèche duroit , on ne voyoit à chaque inftant que des canots chargés, qui venoient à bord du navire pour vendre leur poiflon ; & on l’avoit à très-bon compte. Le maquereau des Canaries n’eft pas de même efpèce que celui qu’on voit fur Les côtes de l'Europe ; il eft moins large , & plus petit, LE que fort allongé : fa peau eft d’un bleu foncé fur le dos , argentée fous le ventre , & agréablement mar- brée. Sa chair eft blanche & ferme, un peu féche à la vérité; mais, quoiqu’inférieure à celle du maque- reau d'Europe, elle ne laïfle pas d’être d’un bon goût. Le jour fuivant nous eûmes la liberté de defcendre à terre. La mer étoit fort tranquille dans la rade ; mais c'étoit toute autre chofe fur le rivage : elle sy déployoit d’une maniere qui auroit intimidé les plus hardis. Comme il eft tout couvert de galets, qui for- ment un bord très-efcarpé, & que la mer entraîne & rapporte fucceflivement , l’attérage eft fort difficile, On eft obligé de profiter de la lame qui porte à terre, & d’avoir attention que le canot ne tourne point , & qu’il ne foit pas rapporté à la mer: c’eft à quoi veillent plufieurs matelots qui attendent fur le rivage. Dès wils voient arriver la lame, ils fe mettent à la mer, difiene le canot , lenlèvent avec le monde qui eft dedans , & Le portent à terre ayec autant de force que d’adrefle, Attérage dif- ficile, 8 VEUT MAMNGRE mn. ] 17 49. Lorfqu’on eft à terre, on trouve à cent pas du ri- Lu 5e vage la ville de Sainte-croix , fituée à left de l’ifle, Saime-croix. Comme le port auquel elle a donné fon nom. Cette ville n’eft ni fortifiée, ni fermée de murailles. Elle eft bâtie fur une plaine aflez élevée au-deilus de la mer, & qui {e termine en une langue de terre fort bafle, blanche & fabloneufe , d'environ une lieue de lon- gueur vers le fud. Sa longueur eft de quatre cens toi- 1es, fur une largeur moitié moindre. Ses maïfons font au nombre de trois cens, bâties en pierre & à trois étages. Elle peut contenir environ trois mille habi- tans, tous Efpagnols , qui, par leurs mœurs & leur façon de vivre, différent peu de ceux d'Europe. Jagunaca À trois lieues à l’oueft de cette ville, en fuivant les pitale. TS : gorges des montagnes, qui élèvent infenfiblement le terrein , on trouve celle de Laguna qui eft la capitale de l'ifle. Elle eft aflife au pied du Pic, dont j'ai déja Montagnes parlé. Cette montagne, qui porte le nom de Pie de Fe Tri Ténérif, eff par le 28° degré 12 min. de latitude fep- tentrionale , & par le 18€ degré 52 min. de longi- tude , à l’occidentde Paris. Sa hauteur que nous avons trouvée de plus de deux mille toifes, c’'eft-à-dire , de près d’une lieue perpendiculaire, doit la faire regarder comme une des plus hautes montagnes de l'Univers. On dit que fon {ommet eft couvert de neige pendant toute l’année, & qu’il jette quelquefois des matieres enflammées , fans faire beaucoup de bruit. Elle tient à peu près le milieu de l'ile, & eft environnée d’un grand nombre de montagnes qui n’ont guères moins de demi-lieue de hauteur perpendiculaire. Au pied de çes montagnes on voit ravines femblables à des précipices MUSÉE NE C'AL. 9 précipices affreux , qui ont fouvent plus de cent pieds de largeur fur deux cens de profondeur. Ils font creu- {és par des torrens qui s’y engouffrent pendant les orages, & qui en fe retirant les laïflent à fec. Le terrein de cette ifle eft rougeâtre, peu profond & léger , mais d’une grande fertilité. Dans les gorges des montagnes qui font au nord & à left de la ville, on trouve les plus belles forêts d’orangers, de citro- niers , de cedrats , & de limoniers de toutes les efpeces. Les grenadiers & les figuiers croiflent par-tout à plai- fir. Aux plus excellens fruits de l’Europe, les habitans de Ténérif joignent ceux de l'Afrique, comme les ba- naniers , les papayers & les ananas , qu’ils cultivent dans leurs jardins. Les caroubiers , les melons de toute efpece , & fur tout les melons-d’eau , occupent les terres les plus ingrates. Les vallées qui forment leurs campagnes portent les plus beaux blés du monde , au milieu defquels s’élevent par intervalles des bouquets de fang-dragon(r), qui par leur hauteur & leur for- me, imitent aflez le port majeftueux du latanier (2). Les montagnes font mifes en vignobles , qui ont acquis une grande célébrité par les excellens vins qu’ils rapportent, & que l'on connoît fous les noms de vin de Canarie & de vin de Malvoiïfie. Le premier eft tiré d’un gros raifin, qui donne un vin fort & capiteux : c’eft le vin d’ordinaire. On fait l’autre avec un petit raifin, dont le grain eft rond & fort doux : aufli la liqueur qui en provient a-t-elle une faveur agréable & plus douce, qui lui donne une grande fupériorité fur 1) Draco arbor. Clufii. 2) Efpece de palmier dont les fewlles s'ouvrent en éventail. B ( ( 1749. Avril. Qualité de fon terre Ses vigne- bles. 15 VOYAGE le premier. On attribue d'ordinaire la qualité de ces vins au climat & à la nature du terroir ; mais je crois que la culture & la façon qu’on donne aux vignes, y a pour le moins une auffi grande part. Voici ce que jai vû pratiquer aux environs de Sainte-croix. On fait choix des collines qui font à une expofition avanta- geufe du midi, négligeant toutes les autres : on en cultive la partie la plus bafle , jufqu’à la hauteur de deux cens pieds au plus. Sur tout le terrein deftiné aux vignes, on élève de petits murs à hauteur d'appui, à la diftance de quatre à cinq pieds les uns au-deflus des autres. Ces murs fervent à plufieurs fins; car premie- rement , en arrêtant les terres , ils empêchent les vignes d’être déchauflées ; en fecond lieu , ils retiennent les eaux des pluies , qui fans cela auroïent coulé fur la terre fans la pénétrer ; enfin, ils augmentent de beau- coup la réflexion des rayons du foleil , & procurent aux feps une plus grande chaleur. Ileft vrai que comme ces murs font faits de pierres feches, c’eft-à-dire, fym- métriquement arrangées fans mortier ni torchis, il s’en écroule quelquefois dans les grofles pluies ; mais le mal eft bientôt réparé : on peut même le prévenir, en fai- fant régner au-deflus du mur le plus élevé, un cordon de grofles pierres un peu incliné, pour rompre la force des eaux & les détourner. Il me femble que cette pra- tique pourroit être fuivie en Italie, & même en Pro- vence, dans le Languedoc, & dans les autres provin- ces méridionales de la France, par des particuliers qui poflédent des terreins montueux dont ils ne fçavenc que faire. Par ce moyen ils mettroient en culture bien des collines, que leur rapidité à fait négliger , & ils ART SENÉG/A L (1 en retiréroient de grands avantages , fur-tout fi elles font dans une bonne expofition. Le revers de ces montagnes, le côté qui regarde le mord , ef aride & inculte. I] ne préfente à la vüe qu’un amphithéatre de rochers nuds , d’un gris d’ardoife, & taillés en parallelipipèdes verticaux , de fix à huit pieds de hauteur fur trois à quatre de largeur , dont les an- gles font fort tranchans: on diroit autant de précipices élevés les uns au-deflus des autres. Lorfqu’on eft par- venu au fommet, on eft ravi tout d’un coup par un point de vüe qui n’eft borné que par l’horifon de la mer : on fe trouve bien au-deflus des nuages , au tra- vers defquels on apperçoit, à douze lieues dans le fud , la Canarie & les ifles voifines. On eft aufli étonné de ce qu’au lieu de marcher fur de la terre, on ne trouve fous fes pieds que des cendres, des ponces & des pier- res brülées , dont on rencontre encore en defcendant des morceaux difperfés çà & [à, mais dont la plus grande partie a été entraînée au pied des montagnes, & même jufques au bord de la mer. Dans les endroits où la terre étoit ouverte , je voyois au-deflous. des ponces , une pierre en grofles mailles, de couleur d’ardoife, & pareille aux rochers découverts que j'avois remarques fur la croupe des montagnes. Cette pierre a une reflemblance fi parfaite avec les pierres fondues par le feu des volcans, & la comparaifon que j'en ai Éice avec les laves que MF de Juffieu ont reçu non-feulement des volcans d'Italie, 1749. Avril Vüe fur le fommet des montagnes. Nature des pierres. mais même de celui de l’ifle Bourbon & de plufieurs autres, établit cette reflemblance de maniere que je ne crois pas qu'on puifle ni qu’on doive lui donner un Bi 12 VEDAEY/AIGE 1740. autre NOM J'a1 obfervé la même chofe dans les ravi- "7 nes, & dansla carriere qu’on a creufée aux environs de Sainte-croix : on y trouve la mème pierre au-deflous d'un lit fort irrégulier de pierres brûlées. On la coupes par quartiers pour lufage des bâtimens. L’infpettion extérieure & intérieure de ces montagnes , les laves dont elles font entierement formées, & toutes les pierres brûülées qui font répandues jufques dans le lit de la mer, ne me laifent aucun lieu de douter que cha- cune des montagnes qui compofent lifle Ténérif, ne doive fon origine à un volcan particulier , qui s’eft éteint après l'avoir travaillée intérieurement , comme left encore aujourd’hui le Pic, cette énorme monta- gne dont le feu fe manifefte de tems en tems. Sources Il ny a point de riviere dans cette ifle à caufe de ee Eden peu d’étendue. Les habitans y fuppléent par des canaux creufés dans des troncs d'arbres, qui commu niquent à des fources forties à mi-côte des montagnes: de-là l’eau eft portée dans la ville, qui en ef diftante d’une demi-lieue. Comme cette eau eft aflez dure & crue , ils font dans l’ufage de la filtrer au travers d’une pierre qui eft fort commune dans leurs carrieres. C’eft une efpece de lave couleur de fuye, qui tient le milieu entre la denfité de la lave grife, & la porofité de la ponce. Troupeaux. L’heureufe température de Ténérif, & la bonté des pâturages , contribuent beaucoup à l’excellence des beftiaux qu'on y nourrit. On y voit de beaux trou- peaux de bœufs, & des chevreaux d’un goût exquis : les moutons font moins communs. On y élève des volailles de route efpece ; mais le gibier, fur-tout en À U! S ÉN É G A L. 13 oïfeaux, y eft fort rare. J'ai remarqué que le ferin qui devient tout blanc en France, eft à Ténérif d'un gris prefqu’aufli foncé que celui de la linotte. Ce change- ment de couleur provient vraifemblablement de la froidure de notre climat. La paflion ns j'avois pour herborifér me fit regret- ter que la faifon füt fi peu avancée. La plüpart des plantes particulieres à ce pays, étoient encore cachées dans le fein de la terre : néanmoins mes recherches ne furent pas tout-à-fait infruétueufes. Je trouvai encore fur le bord de la mer deux efpeces de glacées (1), au- trement appellées ficoides ; le 7z/minoides (2) laïfloit pendre du haut des précipices & des ravines, fes bran- * ches chargées de fruit en maturité ; & le glayeul de Provence (3) ornoit les vallées & les prairies de fes fleurs. Je m’apperçus en courant les montagnes , que les plantes qui leur étoient particulieres, affectoient une certaine hauteur. Le Kleinia (4), par exemple, & quelques plantes nouvelles , que je me propofe de faire connoître , en occupent conftamment la partie infé- rieure , celle où fe font communément les plantations pag. 322. pl, 13. fig. x. | ; ; y Aizoon foliis cuneiformi-ovatis , Horibus fefilibus. Linn. Horr, Upf. pag. 127. HE j Ficoides noftras, kali folio ; Aore albo. Tournef. Mem. Acad. 1705. Ficoidea procumbens , portulacæ folio. Niff. Mem. Acad. 1711, À pag. 241. Mefembryantheumm foliis alcernis, teretiufculis obtufis, ciliatis. Linn. Hort. Upf. pag. 129. { (2) Jafminoides Africanum, jafmini aculeati foliis, & facie, Niff: Mem. Acad, 1711. p. 320. pl. 12. fig. 1. (3) Gladiolus utrinque floridus, Aore rubro. C. B. p. 41. (4) Kleinia foliis lanceolatis planis , caule lævi, ventricofo. Linn, Hort. Cliff. p. 395. LS nt | 1749: Avril. Serin de cou= leur grife. Plantes de Ténérif, a Avril, Beauté du climat, 1749. 14 VOYAGE de vignes. Dans la partie moyenne, on ne voyoit que le titimale arbrifleau (1) ;enfin , leurs fommets étoient couverts de forêts d’euphorbe (2), dont les tiges de douze à quinze pieds de hauteur , m'avoient paru d’en- bas, comme une verte peloufe d’une herbe très-fine. L'euforbe & le titimale étoient pour lors en fleurs, & environnés de plufieurs efpeces de liferons, qui fer+ pentoïient autour de leurs tiges. Je ne trouvai dans mes promenades qu’une efpece de coquille terreftre, dont on verra la defcription & la figure dans l'Hiftoire des Coquillages, qui fuit cette relation (3). Je ne me laflois point d’admirer la beauté de ce pays. La douceur d’un climat où il ne gêle jamais , la fituation avantageufe de l’ifle , la variété de fes pro ductions, tout cela avoit pour moi des attraits infinis ; & jy eufle refté plus long-tems fi les circonftances l'euffent permis. Mais la faïfon s’avançoit, nos provi- fions d’eau & de vivres étoient faites , il falloit nous rendre au lieu de notre deftination. LE Départ de Ténérnif. Nous leyvâmes l’ancre le 15 avril, &nous quittämes lifle Ténérif après huit jours de relâche. Les vents ali- {és de N-E. affez modérés pour ne pas trop élever la mer , nous permirent de voguer tranquillement juf- ques fous les tropiques. Là les jours clairs & fereins, & les grandes chaleurs nous firent connoïître que nous avions changé pour la troifiéme fois de climat: l’hiver, le printems, l'été & la canicule; nous avions éprouvé (1) Tithymalus dendroides linariæ foliis ex infulà Canarinà. Pluk. Phyr, tab. 319. fig. $. À À :00 (2) Euphorbia aculeata nuda fubquinquangularis , aculeis geminatis, Linn. Hort. Cliff. pag. 196. (3) Limaçons univalves. Genre $. planc. x, fig. 2. Pouchet. L AN UT SNÉCNIÉ GTA L. 15 toutes ces faifons en moins de fix femaines, La mer ui, dans ces parages , paroît comme en feu , lorf- qu’elle eft agitée pendant la nuit , marquoit notre route par un fillon de lumiere que le vaifleau laifloit derriere lui. Ce phénomene, dont le détail fe trouvera dans un autre ouvrage, me parut aflez intéreflant , & je pañlai plufieurs nuits à le confidérer , & à en recher- cher la caufe. Nous continuâmes notre route avec lamêmefaveur du ciel jufqu’au 25 avril, où l’on fe trouva à la vüe de la côte du Sénégal. C’étoit une terre bafle, fablo- neufe & très-blanche , qu'on avoit aflez de peine à diftinguer , quoique le tems füt bien clair , & qu’on n'en Au éloigné que de trois à quatre lieues : cepen- dant on reconnut à une toufle d'arbres mafquée en partie par les dunes de fables , que l’on étoit par le 265 Vüûe de la côte du Séné- gals travers du bois de Griel , c’eft-à-dire , à deux lieues au nord de l’ifle du Sénégal. Peu de tems après on Ap= erçut au-deflus du bâtiment un oifeau qui paroifloic ue & cherchoït à fe repofer ; en effet 1l s’arrêta fur une manœuvre, d’où on le fit defcendre d’un coup de fufil. Cet oïifeau étoit d’une beauté trop finguliere pour que je n’en fafle pas une légère defcription. C’é- toit une efpece de geai (1), auquel il refflembloit fort par la dubilrab du corps, & par la figure du bec & des ieds ; mais il en différoit à quelques autres égards. Il étoit- d’un bleu pâle fous le ventre, & fauve fur le dos. Sa queue qui avoit pour ornement deux plumes de la longueur du refte de fon corps , étoit relevée, aufi-bien que fes aîles , par l'éclat d’un bleu célefte Le (1) Garrulus argentoratenfis. Willug. ornith. pag. S9. tab. 10. Oifeau de paflage, Mouiilage dans la rade. Carot verfe. Barre, ce que c'eft. 16 VOYAGE lus beau qu’on puiffe imaginer. J'ai eu fouvent occa: lion de voir ce geai dans les terres du Sénégal ; mais comme j'ai reconnu depuis que c’étoit un oifeau de affage, qui vient habiter pendant quelques mois de Pété dans les pays méridionaux de l'Europe , & qui retourne pafler le refte de l'année au Sénégal , je ne veux pas laifler ignorer qu'il a été rencontré quelque- fois en mer dans le tems de fon paffage. Le même jour on arriva devant l'habitation du Sé- négal. Après avoir fait les fignaux ordinaires , & falué le fort de plufieurs coups de canon, on alla mouiller trois lieues au-deflus , à l'embouchure du fleuve Ni- ger , par les neuf brafles, fur un fond de vafe & de bonne tenuë. Quoique l’on fût à une demi-lieue de la barre, la mer étoit très-forte, & les vents du large y excitoient des houles furieufes, qui caufoient au vaif {eau un tangage infuportable. Le canot qu’on avoit mis à la mer, fit capot fous une lame, & nous fûmes témoin d’un malheur qui n’eft que trop ordinaire dans la navigation. Comme il tourna fens deflus deflous, les matelots qui étoient dedans , tomberent à la mer, & lun d'eux difparut & fut perdu fans reffource, Nous ne reflâmes pas long-tems dans cette rade, un bateau envoyé de l’ifle du Sénégal , vint nous prendre pour nous faire pañler la barre, & nous entrer dans le fleuve. On entend par le nom de barre l’effet que produi- {ent plufieurs lames, qui en paffant fur un haut fond , s'enflent & s'élèvent en une nappe d’eau de dix à douze pieds de hauteur, & retombenr enfuite en fe brifant. La premiere lame n’a pas plutôt eu fon eflet, qu’elle ft fuivie par une feconde, & celle-ci par une troiliéme. | NN Elles AU PEN ÉOCYA L: 17 Elles commencent à {e faire fentir à cent & quelque- 740. fois à cent cinquante toiles de la côte, & font autant à craindre pour les plus gros que pour les plus petits bâtimens. Un canot rifque d'y être fubmergé, & un navire y feroit bientôt mis en pieces. Cette barre s’é- tend fur toute la côte du Sénégal ; du moins y a-t:il fort peu d’endroits qui n’y foient fujets. C’étoit un pareil écueil qu’il falloit franchir pour entrer dans le fleuve , dont l'embouchure étoit mafquée par un banc de fable fur lequel les lames brifoient. Heureufement ous arrivions dans la faifon où la mer eft plus trai- table , & la barre moins rude ; & nous étions conduits ar des nègres , tous gens de bonne volonté , & tel- | TETA familiarifés avec la barre qu’il eft rare d'y voir arriver des accidens. Les bateaux de barre font des petits bâtimens pon- . Bareaux de tés , de cinquante à foixante tonneaux , & quelquefois “ai davantage. On les envoie ordinairement fur leur left ; alors ils ne tirent guères plus de quatre à cinq pieds d’eau. Le foin en eft totalement confié aux nègres , & il ne faut pas vouloir les contrarier ou leur donner des confeils. Lorfqu’on eft fur la barre chacun garde un profond filence , pour ne point interrompre le com- mandement: les uns fe cachent , foit par timidité, foit crainte d’être mouillés; les autres plus aguerris , ref tent fur le pont pour confidérer l’eflet des lames. Comme obfervateur, je ne pouvois me difpenfer de garder ce dernier pofte , aufi fus-je bien mouillé. Nous Pañage de la demeurâmes plus d’un demi-quart-d’heure fur ce dan- in gereux pañlage , tantôt élevés par des lames qui flé- chifloient fous nous, tantôt batus par d’autres qui fe & 18 1 AV OV AG E 1749. brifoient contre les flancs du bâtiment, & finifloient Aväk en le couvrant d’une nappe d’eau. Une lame nous fou- levoit, puis nous laifloit à fec : une autre venoit nous relever , & étoit bientôt fuivie par d’autres fembla- bles. Après toutes ces alternatives, nous nous vimes enfin hors de tous dangers. C’eft un ufage qu’on fafle après ce pañlage quelque générofité aux nègres de barre : chacun des paflagers s’en acquitta noblement, & ils furent tous fort contens. PEUR Dès que nous fümes entrés dans le fleuve , nous embouchure, NOUS trouvames dans un canal fort tranquille , d’une largeur de plus de trois cens toifes , c’eft-à-dire , quatre ou cinq fois plus grande que celle de la Seine au Pont- Royal. Sa direction fuit aflez exactement le nord & le fud , parallèlement à la côte , dans une étendue de trois lieues, depuis fon embouchure jufqu’à l’ifle du Séné- gal. Le terrein des deux côtés n’eft qu’une plaine de fable mouvant, d’une grande blancheur , femé çà & là de petites dunes que le vent éleve & déplace aufli faci- je de lement. Le bord occidental forme une langue de terre fort baffe , qui fépare le fleuve de la mer, & dont la plus grande largeur n’a pas cent cinquante toifes : c’eft ce qu’on appelle la Pointe de Barbarie. Le bord orien- tal eft plus élevé; mais tous deux font également ari- des & ffériles, & ne produifent que quelques plantes affez bafles. On ne commence à trouver des-arbres que deux lieues au-deffus, vers liflet aux Anglois ; encore ne font-ce que des mangliers : c’'eft prefque le {eul ar- bre qu’on rencontte jufqu’à Pifle du Sénégal. Débarque- | Cetteifleeftà trois lieues de l’embouchure du fleuve, ment à liile du Sema. &t à deux tiers de lieue de l’iflet aux Anglois. C’eft le AU SÉNÉGAL. 19 chef-lieu de la Conceflion du Sénégal ; & le Directeur général y fait fa réfidence. Nous arrivâmes à l’entréede la nuit au port oriental du fort , où nous débarquâmes. Aufli-tôt que j'eus mis pied à terre, je me rendis chez M. de la Brue, qui étoit directeur général. I] me fit l’accueil du monde le plus gracieux. Les lettres de re- commandation que je lui remis de la part de M. David, fon oncle, directeur de la compagnie des Indes , qui vouloit bien s’intérefler pour moi , eurent leur eflec au-delà même de ce que j’en pouvois attendre dans un pays rempli de difficultés. Enfin il me promit de me Æeconder en toutes les occafions , & il le fit avec un zèle & des bontés dont les fciences lui font redeva- bles, fi j'ai fait quelque chofe pour elles. L’exécution vie de près les promefles : j'eus la liberté de m’étendre dans le pays ; de l’examiner , d’en reconnoître les produétions ; & pour m’en donner les moyens, M. de la Brue me procura un canot, des noirs, un interprète , enfin toutes les facilités que la compagnie des Indes fpécifia au Confeil fupérieur , dans une lettre où elle lui faifoit connoître fes in- tentions. Arrivé dans un pays fi différent à tous égards de Accueil pra- cieux du Di- reéteur géné- ral, Defcription de l’ifle du Sé- celui d’où je fortois, & me trouvant , pour ainfi dire, régal. dans un nouveau monde, tout ce que Je ss fixoit mon attention, parce que tout m'inftruifoit. Ciel, climat, habitans, animaux, terres, végétaux , tout étoit nouveau pour moi; je n’étois accoutumé à aucun des objets qui fe préfentoient. De quelque côté que je tournafle mes regards, je ne voyois que des plaines fabloneufes , brülées par les ardeurs du foleil le plus Cij 20 VOYAGE es "1749. violent. L’ifle même fur laquelle je me trouvois, n’é- + toit qu'un banc de fable de 1150 toifes de longueur, {ur 150 ou 200 toifes au plus de largeur, & prefque Largeurdu de niveau avec les eaux du fleuve. Elle le partageoït re ne en deux bras , dont l’un à l’orient avoit environ 300 toiles, & l’autre à l’occident avoit près de 200 toifes de largeur , fur une profondeur confidérable. ne du Malgré fa féérilité, cette ifle étoit habitée par plus de trois mille nègres , attirés par lesbienfaits des blancs au fervice defquels la plûpart font fort attachés. Ils y Que mai Out bâti leurs maifons, ou autrement leurs cafes , qui ons ou cafes, 7 : occupent plus de la moitié du terrein. Ce font des ef- peces de colombiers ou de glacieres , dont les murs font de rofeaux bien joints les uns aux autres, & foutenus par des poteaux plantés en terre. Ces poteaux ou pi- quets s’élevent à la hauteur de cinq à fix pieds, & fupportent une couverture ronde de paille, de même hauteur, & terminée en pointe. Chaque cafe n’a que le rez-de-chauflée, & porte depuis dix jufqu’à quinze pieds de diamètre. Il n’y a pour toute ouverture qu'une feule porte quarrée , encore eft-elle fort bafle , & {ou- vent avec un feuil élevé d’un bon pied au-deflus de terre ; deforte que pour y entrer il faut incliner le corps en levant fort haut la jambe, ce qui fait prendre Les ls. une attitude aufli ridicule que gênante. Un ou deux lits donnent fouvent à coucher à toute une famille, y compris les domeftiques, qui font pêle-mêle & côte à côte de leurs maîtres & des enfans de la maifon. Ces lits confiftent,en une claie pofée fur des traverfes, fou- tenues par de petites fourches, à un pied au-deflus de terre, Une natte qu’ils étendent deflus, leur tient lieu A UNS E N É G A L. 21 de paillafle , de matelas, & pour ordinaire de draps & 720. de couverture; pour des oreillers, ils n’en connoiffent nr: . eurs mem point. Leurs meubles ne les embarraflent pas beau- bles. coup : ils fe bornent à quelques pots de terre, qu’on appelle canaris , à des calebafles, des fébilles & autres utenfiles femblables. Toutes les cafes d’un même particulier font fermées Tapade , ce d'une muraille ou paliffade de rofeaux d'environ fix *” 44 ieds de hauteur : on donne à ces fortes de murs le nom de tapade. Quoique les nègres gardent peu de fymmétrie dans la pofition de leurs maifons , les fran- çois de l’ifle du Sénégal les ont accoutumés à obferver une certaine régularité & une uniformité dans la gran- deur des tapades , qu’ils ont reglées de maniere qu’elles forment une petite ville, percée de plufieurs rues bien alignées & fort droites. Elles ne font point payées, & heureufement elles n’en ont pas befoin, car on fe- SE Cu roit fort embarraflé de trouver la moindre pierre à plus de trente lieues à la ronde. Les habitans tirent même un parti plus avantageux de leur terrein fablo- neux : comme il eft fort profond & très-meuble , il leur fert de fiége ; c’'eft leur fopha, leur canapé , leur lit de repos. IL a encore quelques autres bonnes qua- lités ; ch que les chûtes n’y font point dangereufes , & qu'il eft toujours d’une grande propreté, même pre les plus grandes pluies, parce qu’il imbibe l’eau faci- lement , & qu'il ne faut qu'une heure de beau tems pour le fécher. Au refte , cette ville ou village, comme on voudra la nommer, eft la plus belle, la plus gran- de, & la plus réguliere de toutes les villes du pays: on y compte, comme je l'ai déja dit, plus de trois 22 V'OY AGE ns “3742 mille habitans : elle a plus d’un quart de lieue de SE longueur , fur une largeur égale à celle de l’ifle, dont elle occupe le centre, aflez également diftribuée aux deux côtés du fort qui la commande. Tee On peut dire que les nègres du Sénégal font les plus beaux hommes de la Nigritie. Leur taille eft our l'ordinaire au-deffus de la médiocre, bien prife, & fans défaut. Il eft inoui qu’on en voie de boiteux, de boflus, de noués, à moins que ce ne foit par acci- dent. Ils font forts, robuftes, & d’un tempérament propre à la fatigue. Leurs cheveux font noirs, frifés , cotoneux & d’une finefle extrême. Ils ont les yeux noirs & bien fendus , peu de barbe, les traits du vifage . affez agréables, & la peau du plus beau noir. Leur QE RP habillement ordinaire confifte en un petit morceau de toile qui leur pañle entre les cuifles, & dont les deux bouts relevés en haut & pliflés, forment une efpece de caleçon qui fe ferme avec un cordon par devant : c’eft ainfi qu’ils couvrent leur nudité. Ils ont aufli une pagne , Ceflà-dire , une piece de toile de coton, de la figure d’une grande ferviette, qu'ils paflent négligem- ment fur l’une des deux épaules, en laiffant flotter un bout fur leurs genoux. Isis Les femmes font à peu près de la taille des hom- mes , également bienfaites. Leur peau eft d’une finefle & d’une douceur extrême. Elles ont les yeux noirs, bien fendus ; la bouche & les lèvres petites, & les traits du vifage bien proportionnés. Il s’en trouve plu- fieurs d’une beauté parfaite. Elles ont beaucoup de vivacité, & fur-tout un air aifé de liberté qui fait Leur habit plaifir, Elles fe fervent , pour fe couvrir , de deux lement, MU’: SÉ N ÉG;A L. 23 pagnes , dont l’une qui fait le cour de leur ceinture, defcend jufqu'aux genoux, & tient lieu de jupon ; l'autre leur couvre les deux épaules, & EE 2 la tête. Cet habillement eft aflez modefte pour un pays fi chaud; mais elles fe contentent pour l'ordinaire de la pagne qui leur couvre les reins, & quittent l'autre pour peu qu’elle les incommode.On juge bien qu’elles ne font pas long-tems à s’habiller , ou à fe deshabiller, & que leur toilette eft bientôt faite. Comme l'ifle du Sénégal eft de la dépendance du royaume d'Oualo, les nègres qu’on y voit, fur-tout les libres , font de cette nation. Ils font, généralement parlant , d’un naturel doux , fociable & obligeant. Ceux que la Compagnie entretenoit à mon fervice, étoient Oualofes, comme ils {e difent, ou par corrup- tion Yolofes. Jemployai les premiers mois de mon arrivée, non- feulement à étudier les mœurs & le caractere des ha- bitans , mais encore à apprendre la langue oualofe , qui eft la plus répandue dans le pays : car je n’ignorois pas qu’elle me feroit d’une grande utilité, & même d’une néceflité indifpenfable, pour les recherches que je me propofois. Dans certe vüe je les fréquentois, & me trouvois avec eux le plus fouvent qu’il m'étoit poflible. Enfin quand je me crus aflez inftruit de leurs ufages , familiarifé avec leurs manieres , & en état de fçavoir comment je me comporterois dans une terre ui faifoit depuis long-tems l’objet de mes plus ar- À defirs , je penfai à me répandre de côté & d'autre. Les fables mouvans de l’ifle du Sénégal , des chien- dens , des mangliers & quelques liferons ne fufifoient LA ns ee 2 | 1749, Avril, Cara@tere des negres QOua- lotes, L'Auteur ap- prendleurlan- gue, lle de Sora 1749. Avnil. 10 Mai. Promenade fur cette ifle, * Arabique, & aujourd’hui fous celui de gomme du Sénégal, 24 VOYAGE pas pour occuper bien long-tems un naturalifte. Je ne pouvois trouver de quoi m'inftruire qu’en traver- fant le fleuve pour vifiter le continent. J’y paflois dans mon canot le plus fouvent qu'il m’étoit poflible, fouvent même plufieurs jours de fuite. L’ifle de Sor eft la premiere terre qui fe préfente au bord oriental du fleuve, & qui fait face à l’ifle du Sénépal. Elle a plus d'une lieue de longueur , & eft partagée par de petites rivieres qu'on nomme marigots. Ses fables qui ne dif- ferent en rien de ceux de l’ifle du Sénégal , font d’une fertilité inconcevable. Ils forment dans fon milieu plufieurs collines d’une pente fort douce, & couvertes de gommiers blancs, de gommiers rouges(1),& d’au- tres arbres tous épineux, & d’un accès très-difficile. Je defcendis pour la premiere fois fur cette ifle le 10 de mai accompagné de mon interprète & des deux nègres qui avoient conduit mon canot. Elle eft bor- dée d’un bois très-épais , au travers duquel on trouve, avec bien de la peine, un fentier par où il faut né. ceflairement pafler pour pénétrer dans fon intérieur. Ce feroit un petit mal, fi l’on n’étoit pas continuelle- ment arrêté par les épines qui s’accrochent aux ha- bits, & déchirent les jambes : pour moi j'en étois quitte pour quelques morceaux de ma vefte ou de ma che- mile , feuls vêtemens qu’on puifle foufirir dans un pays fi chaud , où la chemife feule gêne encore beau- coup ; mais mes nègres avec toute leur fouplefle, y laifloient fouvent quelques lambeaux de leur peau, (x) Efpeces d’acacies fur lefquelles on recueille les deux fortes de gom- ines, la blanche & la rouge, connues autrefois fous le nom de gomme fans AU SÉNÉGAL. 25 fans parler des épines qui leur entroïent dans les pieds ; car la plüpart ne font pas ufage des fandales. N’eft-il as étonnant que depuis plus de trente ans que les ha- 42 de cette ifle ont commerce avec ceux de l’ifle du Sénégal , ils ne fe foient pas donné la peine de sou- vrir un chemin praticable ? Y a-t-il rien qui prouve mieux la parefle & la négligence des nègres? Leur grand chemin , la grande route de cette ifle , eft un {entier , qui même ne mérite pas ce nom , puifque fou- vent on eft obligé de fe mettre ventre à terre pour pañler. Malgré ces difficultés je me tirai d’em- arras. Mes nègres m'apprirent qu'il y avoit du gibier dans cet endroit. J’avois mon fufil ; ils portoient aufli cha- cun le leur. J’y chaflai quelques heures, fans me re- buter des courbettes qu’il falloit faire à chaque inftant fous les épines. Des perdrix & quelques lievres que je tuai, me dédommagerent de mes fatigues. Le lievre de ce pays n’eft pas tout-à-fait celui de France : il eft un peu moins gros, & tient pour la couleur du lievre & du lapin. Il femble que fa chair blanche le rappro- che davantage du lapin ; mais il ne terre point. Sa chair eft d’une délicatefle & d’un goût exquis. On ne peut pas dire la même chofe de celle de la perdrix : elle eft d’une dureté qui la fait mébprifer. Je ne fçai même fi on ne doit pas lui donner plutôt le nom de gelinote, car elle enala groffeur & à peu près les cou- leurs. Deux forts ergots qu’elle porte derriere les pieds , la diftinguent fuffhifamment des autres efpeces de ce genre. Content de ma chaîle, je pourfuivis jufqu’au village Lievres, Perdnix, Village de Sor. Paflage de deux mari- gots. Chaleur ex- ceilive des fa- bles, 26 V'D'N/A CE de Sor qui donne fon nom à cette ifle. Pour y arriver, il me fallut pafler deux marigots : ce fonc des rivieres, dont tout le pays eft tellement coupé, qu’on ne peut faire deux pas fans trouver fon chemin barré. Javois un expédient lorfqu’elles n’étoient pas trop profon- des ; c'étoit de me faire porter par mes nègres. Je m’en fervis en cette occafon : lun d'eux me prêta fes épau- les ,& comme fes habits ne lembarrafloient pas , il fut bientôt dans l’eau jufqu’à la poitrine, & me paf dans un inftant, & comme en courant, le premier marigot qui avoit plus de largeur que la Seine au Pont-Royal. Voilà quelle fut ma monture ( qu’on me pale ce ter- me } : c’eft la plus füre pour ces fortes de trajets , parce que ces gens-là font accoutumés à cheminer dans ces plaines d'eau , comme dans celles de terre, & qu'ils en connoiflent toutes les routes : aufli je n’en avois point d'autre lorfqu’il s’agifloit de traverfer une riviere ou un étang de moyenne profondeur ; je ne le répe- terai plus. Mes pieds, malgré mon attention, avoient trempé dans l’eau ; mais ils ne furent pas long-tems à fe fécher. J'avois à marcher fur des fables qu’on auroit tort d’ap- peller autrement que des fables brûlans , puifqu’on y éprouvoit dans les tems les plus ordinaires, une cha- leur de 60 degrés & même davantage , comme je Pai reconnu depuis , par des obfervations que j'ai fuivies fcrupuleufement au thermometre de M. de Reaumur. On peut faire leflai de fe procurer une pareille chaleur aux pieds, dans un tems où celle de Pair libre fera de 22 degrés à l'ombre, comme il étoit alors fur l’ifle du Sénégal le 10 mai, dans un jour des plus froids de AU SÉNÉGAL. 27 l'hiver du pays : on jugera facilement quelle doit être la fenfibilité d’un Européen tranfporté d’un climat tempéré , au climat le a chaud de l'Univers. Mes fouliers s’y racornifloient , fe coupoient , puis tom- boient en poudre : les pieds même de mes nègres cre- vafloient ; & la feule réflexion de la chaleur du fable me faifoit lever toute la peau du vifage , & m’y cau- foit une cuiflon qui duroit quelquefois cinq ou fix jours. Tels étoient Les eflets les plus ordinaires de la grande chaleur que j'avois à éprouver À us je me promenois dans les terres du Sénégal : effets qui aug - mentoient à proportion que la chaleur au lieu de 22 degrés , montoit au 34° à l’ombre, c’eft-à-dire , dans l'air le plus froid. A ces incommodités, il faut joindre celle du fable mouvant , qui, outre qu’il fatigue beau- st parce qu’on y dis jufqu’à la cheville du pied , remplit les fouliers d'un poids tout-à-fait ge- nant. Ce fut alors que je reconnus lutilité de cette peau épaifle de plus d’un travers de doigt , que la na- ture a placée fous les pieds des nègres , qui , en leur fer- vant de défenfe contre la dureté des corps étrangers, les difpenfe de l’ufage des fouliers. Je m'accoutumois cependant peu à peu à ces genres de fatigues ; car il n’eft rien dont on ne vienne à bout avec de la bonne volonté , & ce point ne me manquoit pas. Après les alternatives d’un pañlage au travers des a cm 1749. Mai. Efets de cet- te chaleur, Incommodi- tés des fables. Réception de l’Auteur chez bois d’épines , des rivieres , & des fables ardens , j’ar- leGouverneur rivai, chaflant & herborifant , au village de Sor, J'y trouvai le Gouverneur que les nègres connoiflent fous le nom de Borom-dek , c’'eft-à-dire , Maître du village, C’étoit un vénérable vieillard d’environ cin- D 5 e Sor. 28 NV 10 AAUCGÉE RE 1749. quanteans, qui avoit la barbe blanche & les cheveux NS gris. Quand je dis un vieillard de cinquante ans , c’eft qu'il eft de fait que les nègres du Sénégal font réelle- ment vieux dès l’âge de quarante-cinq ans & fouvent plutôt : & je me fouviens d’avoir entendu dire plu- fieurs fois , à des françois anciens habitans du Séné- gal, qu'ils avoient remarqué que la vie des nègres de ce pays ne pafloit guères foixante ans ; remarque qui s'accorde parfaitement avec les obfervations dont j'ai tâché de n’aflurer pendant mon féjour au Sénégal. Mais pour revenir au maître du village de Sor, C’'étoit un grand homme, de bonne mine, qui portoit fur fa phyfionomie un caractere de douceur & de grande bonté : il s’'appelloit Baba-fec. I] étoit aflis fur le fable à l’ombre d’un jujubier (1) planté devant fa cafe, où Saurdesnt- 1] fumoit & converfoit avec quelques amis. Aufli-tôt A qu'il n’apperçut, il fe leva, me préfenta trois fois la main , puis la porta tantôt à fon front, tantôt à la poitrine, me demandant à chaque fois en fa langue, comment je me portois. J’en fis autant de mon côté en même tems, parce que je compris bien que c’étoit la façon de faluer ufitée dans le pays. Il ne m’ôta point fon bonnet, car il n’en portoit pas ; pour moi je fuivis la coutume des françois, qui eft de ne fe pas décou- vrir devant les gens de fa couleur. Il me fit apporter enfuite une natte fur laquelle je m'aflis ; & il fe mit fur un des coins, fans qu’il me fût poflible de le faire Leur rfpet approcher du milieu. C’eft une marque de refpe& qu’ils our les fran- : : on portent aux françois , qu’ils regardent comme des (1) Jujuba aculeata, nervofs foliis infrà fericeis flavis. Burm. Thez. Zeyl. p. 131. tab, Gr. A U! SÉ NÉ GA L. 29 rand-gents , c'eft-à-dire , comme des feigneurs Bien au-deflus d'eux. En eflet, ils n’ont pas tout-à-fait tort; & il faut , autant que l’on peut , les entretenir dans cette efpece de foumiflion : aufli ne le preflai-je pas beaucoup. Deux de fes femmes, car la polygamie eft établie dans ce pays, vinrent un moment après avec {es enfans, me faire compliment, & m’apporte- rent quelques jattes pleines de lait , des œufs & des poules. Je bus un peu de lait & les remerciai du refte. | Leur dîner ne devoit pas tarder, & Baba-fec comp- toit fur moi. En attendant la curiofité me porta à vifiter le village. Les cafes n’y étoient ni fi grandes ni fi belles que celles que javois vues dans l’ifle du Sé- négal. La couverture defcendoit dans quelques-unes prefque jufqu’à terre , & étoit relevée fur le devant de la porte de quelques piquets , pour y former une efpece d’auvent où l’on étoit à couvert des rayons du foleil. Dans d’autres , les murailles étoient enduites d'un torchis de terre grafle, pétrie avec de la boufe de vache , qui exhaloit une aflez mauvaife odeur. Dans celles-ci on avoit pratiqué deux ouvertures oppofées, dont chacune n’étoit qu’un œil de bœuf d’un pied & demi de diametre, percé dans le mur à la hauteur de deux pieds. J’avois trouvé les portes quarrées de l’ifle du Sénégal fort gènantes , je trouvai celles-ci bien autrement ridicules, quand il fallut faire toucher mes enoux au menton pour y entrer. L'intérieur de ces cafes reflembloit en tout à celles que j'avois vues au Sénégal. Les rues étoient aufli peu régulieres que les cales , & fort étroites, Malgré le peu de fymmétrie Mafons ou cafes de Sor. Nudité des enfans, 30 VO MA GE qu’obfervent les architeétes de ces maifons, les villages ne laiflent pas d’être agréables , parce qu’ils font plan- tés Çà & là d'arbres, qui en procurant de la fraîcheur, recréent la vüe par une verdure continuelle. Les enfans de l’un & de l’autre fexe , même ceux qui avoient déja neuf ou dix ans , âge auquel com- mencent à fe déclarer les fignes de puberté , étoient réellement nuds. Les filles avoient pour ornement autour des reins quelques ceintures de verroteries, ou à leur défaut, de vertebres de requien (1), ou de quel- ques coquillages enfilés comme des grains de chape- lets. On s'imaginera peut-être que ces enfans dans cet état de nudité, devoient fe déconcerter à la vûe d’un étranger : point du tout ; on a beau les approcher, & même leur faire des niches , on neles voit point affecter aucun air voluptueux de liberté ; & fans paroître hon- teux , ils n’ont rien que d'aifé & de naturel dans leur contenance. On fera fans doute également furpris d’en- tendre dire que les enfans qui avoïent à peine fix mois commençoient à marcher abandonnés à eux-mêmes. C'étoit un plaifir de voir ces foibles créatures fe trat- ner , au foleil fur le fable , à quatre pattes comme des petits finges , & de les entendre avec un air de con- tentement ;, marmotter déja quelques mots entre leurs dents. Les femmes avoient toutes autour du on une demi-pagne qui leur fervoit de jupe; du refte elles étoient nues de la ceinture en haut. Comme elles font pour lordinaire fort bienfaites , elles ont tou- jours fort bon air dans ce deshabillé, fur-tout quand (1). Poiffon vorace, du genre des chiens de mer. Les jeunes requiens font un mêts fort goûté.des nègres. AU'S'ÉNÉG A L. 31 on eft fair à leur couleur : ceux qui n’y font pas ac- coutumés , doivent fe contenter de regarder leur taille, qui eft ce qu’elles ont de plus beau. De quelque côté que je tournafle les yeux dans ce riant féjour, toutce que j'y voyoismeretraçoit l'image la plus parfaite de la pure nature : une agréable foli- tude qui n’étoit bornée de tous côtés que par la vüe d’un payfage charmant ; la fituation champètre des cafes au milieu des arbres, l’oifiveté & la mollefle des nègres couchés à l'ombre de leurs feuillages, la fim- plicité de leur habillement & de leurs mœurs , tout cela me rappelloit Pidée des premiers hommes, il me fembloit voir le monde à fa naïflance. Mon efprit s’occupoit agréablement de ces penfées, lorfqu’on vint m’avertir que le Gouverneurdu village mattendoit pour diner. Je retournai fur mes pas, guidé par mes nègres dans ce labyrinthe de cafes, où je me ferois perdu facilement. Je le retrouvai dans l'endroit où je l’avois laïflé, avec fes enfans & quel- ues amis. Ils écoient aflis les jambes croifées fur le ble , autour d'une grande jatte de bois pleine de coufcous : c’eft une bouillie épaifle & grenue, faite de deux efpeces de mil. Il me fit afleoir auprès de lui, & commença à manger en portant fa main dans le plat, & prenant une petite poignée de coufcous , qu’il roula avec les doigts, faute de cuillier & de fourchette, dont l’ufage n'eft pas encore venu jufques chez eux. Il m'invita enfuite à en faire autant. Je ne me fis pas prier , & je fuivis fon exemple ; car je ne m'écartois jamais de ce principe , que rien n’eft plus capable de gagner la confiance & l’amitié des étrangers chez lef- —————— 17 49. Mau, Diner avec e Gouver- neur de Sor, 32 VOYAGE —— 749. quels on fe trouve, que de fe conformer à leur ma Mai. niere de vivre & à leurs ufages ; & je m’en fuis toujours bien trouvé. Le coufcous étoit au requien : ils le trou- verent excellent ; & une des meilleures preuves ceft que le plat fut bien nettoyé. Pour moi j'en jugeai moins favorablement. Mais les goûts font diflérens, & il n’eft pas permis d’en difputer. Rien à mon fens n’eft plus infipide que cette forte de mêts, & la ma- niere de le manger n’eft guères moins dégoûtante. Je m'y fis pourtant , & le trouvai aflez bon par la fuite. Ce feul fervice compofa tout notre feftin. Le repas fini ,une jeune efclave, dans fon habit de nature, nous préfenta tour à tour une jatte pleined’eau dans laquelle chacun but , après quoi on s’y lava la main qui avoit fait office de cuillier. C’eft toujours la droite : la gauche eft deftinée à des ufages qui ne font pas compatibles avec la propreté. Ces pratiques font, comme la polygamie, une fuite des préceptes de la religion Mahométane qu’ils ont embraflée, & dontils n’admettent que les principes qui font les plus con- formes à leurs ufages & à leur maniere aifée de vivre. Hess J'avois été fort furpris de ne voir aucune des femmes Re de mon hôte manger avec lui; mais j’appris que c'étoit "la coutume dans le pays , & qu'aucune femme n’avoit jamais eu cet avantage , parce qu'ils font perfuadés , en bons mahométans, qu’il n’y a point de paradis pour elles. Ainfi elles mangerent après nous , & de la même façon, c'efl-à-dire, fans table, fans afliettes, ni nappe, ni cuilliers , ni fourchettes, ni couteaux, ni ferviettes. : :: Pour remercier mon hôte de fes bonnes façons, je lui A UN S'ÉANIÉ GA L, 33 lui fs | ri de quelques pattes de fer (1), & je diftri- buai des verroteries à fes femmes & à fes enfans. Il voulut me retenir à un bal qui alloit commencer ; mais je le priai de remettre la partie à un autre tems, parce que le jour commençoit à baïfler. Nous nous quittâ- mes ainfi fort contens l’un de l’autre. Les guiriots(2) en reconnoïflance de la générofité dont j'avois ufé à leur égard, m’accompagnerent jufques à plus de deux cens pas , jouans du tambour , au fon duquel toute la jeunefle danfoit en cadence , pour me témoigner fa joie. Enfin je les perdis de vüe, & me hâtai de retour- ner à l’ifle du Sénégal. Je ne fus pas médiocrement fatisfait de ma premiere réception chez le feigneur de Sor. Elle m’apprit qu’il y avoit beaucoup à rabattre de ce que j'avois 1û par- tout , & de ce que j'avois entendu dire du caractere fauvage des Africains ; & je crus que cela ne devoit point regarder ceux du Sénégal. Il n’en falloit pas da- vantage pour sp 28 à me répandre de plus en plus parmi eux ; & je fus ravi d'apprendre qua tems après , qu’il devoit partir dans le courant du mois füuivant, un bateau pour traiter des bœufs à l’efcale des Maringoins. Un Employé de la Compagnie char- gé de cette traite, m’engagea à faire le voyage avec - lui. Nous nous embarquâmes le 16 juin de grand . matin fur le Niger. Nous le fuivimes en montant, & quand nous fûmes à la pointe de l’ifle Bifèche, nous commençâmes à perdre de vüe l’ifle du Sénégal, qui (1) La parte de fer eft la douziéme partie d'une barre de neuf pieds de long : elle fert de monnoie dans le pays. (2) C'eft le nom que les nègres donnent aux muficiens & aux tambours du pays, E 16 Juin, Voyage à l'ef cale des Ma- ringoins, Mangliers , arbres fort finpuliers. 34 VO" WA" G E en eff diftante d'environ une lieue. Nous avions l’'ifle Bifèche fur notre droite, & l’ifleau Bois fur la gauche. Toutes deux étoient bordées de mangliers qui don- noient à notre navigation tout l'agrément d’une pro- menade dans une belle & large avenue d’arbres. Les manpgliers(r) ont quelque chofe de trop fingulier pour les pafler fous filence. Ces arbres, dont les plus grands n’ont communément que cinquante pieds de hauteur, ne croiflent que dans l’eau , & fur le bord des rivieres où l’eau dela mer remonte deux fois par jour. Ils confer- venttoute l’année la fraîcheur de leurs feuilles , comme prefque tous les autres arbres de ce pays : mais ce qui les rend plus remarquables, ce font de longues racines qui fortent de leurs branches les plus bafles, & tom- bent de hauten bas pour s'approcher du fond de l'eau & pénétrer dans la terre. Elles reflemblent alors à autant d’arcades de cinq à dix pieds de hauteur, qui fervent à fupporter le corps de l'arbre, & à l’avancer même de jour en jour dans le lit du fleuve. Ces arcades font fi ferrées & fi entrelacées les unes dans les autres, qu’elles font commeuné terrafle naturelle & à jour , élevée fur Peau avec tant de folidité , qu’on pourroit y marcher, fi les branches trop fournies de feuilles ny mettoient empêchement. Nous fimes ainfi trois lieues dans les mangliers, après quoi , depuis le marigot de Kiala, jufqu’à celui de Torkhod, à quatre lieues & demi de l’ifle du Sé- négal , nous ne vîmes fur les deux bords du fleuve que des joncs ou rofeaux de dix à quinze pieds de (1) Mangles aquatica , foliis fubrotundis & punétatis. Plum. gen. Pag. 13. AU! S É NÉ G A L. 35 hauteur(1). Torkhod eft un village fitué à la gauche du Niger, fur une colline de fable rouge , au pied de laquelle pale le marigot qui porte fon nom. C’eft le feul village que nous ayons pü voir dans notre route depuis l'ifle d Ôté la vûe des autres qui font répandus dans les terres bafles que le Niger inonde. La fituation avantageufe de Torkhod , la couleur rouge de fa colline, la beaute des arbres dont elle eft couverte, & la prairie fur la- quelle il domine, préfentent une perfpective fort riante, Des pêcheurs de l’endroit nous apporterent des ma- choirans (2), des anguilles & d’autres poiflons qu'ils avoient pêchés dans leur petite riviere. Nous en ache- tâmes plus de cinq douzaines, qui ne nous revinrent pas à trois deniers la piece ; puis nous continuâmes notre route, rencontrant encore quelques mangliers fur la rive droite du fleuve, jufqu’à une lieue près d’un village appellé Maka , où ces arbres fe terminoient. Nous arrivâmes le même jour avant la nuit à l’ef- cale des Maringoins , lieu où devoit fe faire la traite. Il en eft de cette efcale, qui eft la premiere qu’on trouve en remontant le Niger, comme du tropique / 4 . . u Sénégal. Les mangliers nous avoient Perfpeétive du village de Torkhod. Arrivée à l’ef cale des Ma- ringoins, pour les navigateurs en mer ; les me qui y pañlent : Le la premiere fois , s’obligent à faire une gracieu- eté aux laptots (3): je leur fis donc délivrer la grati- (1) Gramen daétylon bicorne tomentofum maximum, fpicis numero- fiflimis. S/oan. Jam. vol. 1. tab. 15. Nhamdia brafilienfibus, bagre do Rio luzitanis. Marcgr. p. 149. (2)S Myfus cirrhis fex longiflimis, pinnâ dorf fecundi triangulari. Gronov. Muf. Ichth. p. 35. n. 84. (3) On appelle de ce nom les nègres qui font au fervice de la Com- pagnie. E i 36 VOYAGE 1749. fication ordinaire. L’efcale des Maringoins n’eft éloi- “% gnée que de treize lieues françoifes au nord : nord-eft de l’ifle du Sénégal. C’eft une plaine de fort bonne ter- re, qui s'étend des deux côtés du fleuve jufqw'au vil- lage de Maka que nous venions de quitter , & qui dans cette longueur de plus de fept lieues , forme des vaftes prairies, dans lefquelles les habitans élevent beaucoup L Re de beftiaux. On a donné le nom de marigot des Ma- fins. ringoins à une petite riviere qui vient de la mer fe joindre au Niger un peu au-deffous de Pefcale, parce qu’elle eft pleine de rofeaux extrêmement hauts & fort épais , qui fervent de retraite à une efpece de cou- fins qu’on appelle maringoins. Il y a des tems où ces petits animaux fortent de ces endroits inacceflibles, en fi grande abondance que Pair en eft obfcurci. On a bien de la peine à s’en garantir, parce que leur aiguil- lon pénétre au travers des étofles les plus ferrées ; & leur piquüre devient infupportable par la prodigieufe quantité de ces petits infectes dont on eft afailli en même tems , & qui mettent en un moment le corps comme en feu. C’eft une des plus grandes incommo- dités qu'on ait à fouflrir dans tous les lieux aqua- tiques. Troupeaux Les maures nous attendoïent à deux cens pas du des maures, . CE fete 1 bord feptentrional du fleuve , où ils étoient campés. On ne voyoit dans toute la campagne que des trou- peaux nombreux de bœufs , de moutons, de cabrits & de chameaux, qui paifloient en toute liberté. Le lendemain je defcendis à terre, pour voir de près les bœufs qui m’avoient paru différens de ceux d'Europe: ils étoient la plûpart beaucoup plus gros, & plus AU SÉNÉGAL. 37 hauts fur jambes : ils fe faifoient remarquer par une loupe de chair qui s'élevoit de plus d’un pied fur le arrot entre les deux épaules. Ce morceau eft un man- ger délicieux. Les moutons, ou, pour parler plus correctement , les beliers, car on n’eft point dans l’u- fage de les couper, font aufli d’une efpece bien diftin- guée. Ils n’ont du belier de France que la tête & la queue ; du refte , pour la grandeur & le poil, ils tien nent davantage du bouc , qui lui-même n’a rien de remarquable. Tous deux ont la chair extrèmement délicate, mais fouvent trop parfumée. Il femble que la laine eût été incommode au mouton dans un pays déja trop chaud ; la nature l’a changée en un poil mé- diocrement long & aflez rare. En traverfant ces vafles troupeaux , je me trouvai infenfiblement approcher de l’adouar : c’eft le nom qu’on donne à un amas de tentes où fe logent les mau- res. Ces tentes font toutes rondes en cône, & d’une grofle étofle de poil de chevre & de chameau , aflez ferrée pour être impénétrable à la pluie. Elles étoient placées les unes auprès des autres en forme de cercle, foutenues chacune par une perche qui s’élevoit au mi- lieu , & arrêtées dans leur circonférence avec des lon- ges de peau de bœuf, attachées à des piquets environ un pied au-deflus de terre. L'intérieur étoit tapiflé tout autour de plufieurs rangs de nattes , affermies d’un côté par la tente, & de l’autre par leurs meubles, qui fe bornent à quelques outres où font renfermées leurs hardes , leur lait , leur beurre, enfin leurs pro- vifions de bouche , & à quelques moitiés de calebafles qui leur fervent de pots & de vafes, GREAT NES TIR 1749 Juin. Leurstentes, 38 MBIANOONT LA: GIE 1749. Pendant que les hommes gardoient les beftiaux , les L “+ femmes, renfermées fous leurs tentes, s’occupoient à ortrait des \ \ . mures. battre le beurre, à filer , à prendre foin de leurs en- fans, & des autres ouvrages domeftiques. Elles ont le teint olivâtre , les traits du vifage réguliers, les yeux grands & pleins de feu , les cheveux fort longs & nat- tés , pendans à quelques-unes , & relevés à d’autres. Elles me parurent auffi avoir la taille bien faite, quoi- que petite , & fur-tout beaucoup plus de réferve que Portrait des les nègreflès. Les hommes ne font guères moins grands Due que les nègres; mais ils en different par leur couleur qui eft rouge ou rouge brun; par leurs cheveux qui font médiocrement longs , crêpus & plus épais ; & fur-tout par les mufcles qui marquent davantage fous leur peau: ils ont aufli le vifage plus maigre , plus décharné , & la peau du corps moins tendue. Leur Lieu bi habillement & celui de leurs femmes confifte en une longue chemife de toile noire , & une pagne dont les femmes fe couvrent la tête & les épaules, & que les hommes roulent tantôt autour de leurs corps comme une ceinture, tantôt autour de la tête pour imiter le turban. Cette pagne n’eft pas toujours de coton & de couleur noire; il y a beaucoup d’hommes qui la por- tent de laine blanche, fouvent bordée de rouge. J'ai Lurfugalté. parlé ci-devant d’un repas que je fis avec des nègres; mais ceux des maures ne leur cédent en rien pour la frugalité. Le lait de chameau , de vache, de chevre & de brebis, avec le mil, fait leur nourriture ordinaire; & fouvent la gomme feule avec le lait leur tient lieu de tout autre mêts & de boiflon. J n’y avoit pas encore deux mois que j’étois au Sé- AU SÉNÉGAL. 39 négal, & j'avois déja eu occafion de voir & de con- noître par moi-même , autant qu'il m'étoit néceffaire our le tems préfent , de toutes les nations qui lha- Es , les deux les plus éloignées par leurs mœurs & la maniere de vivre, celle des maures & celle des nè- res. J'avois remarqué dans les uns & dans les autres un fond d'humanité & un caractere fociable qui me donnoit de grandes efperances pour la füreté que je devois trouver parmi eux, & pour la réuflite des con- nciflances que je voulois prendre de leur pays. Le jour fuivant je parcourus, herborifant & chaf- fant, les brillantes campagnes qui font fur la rive op- pofée du fleuve. Elles étoient alors toutes couvertes de la groffe efpece de mil appellée gwzarnatr (1), qui approchoit fort de fa maturité, & dont les nègres avoient enveloppé les épis avec leurs propres feuilles , pour les mettre à l’abri des attaques des moineaux qui y font ordinairement de grands ravages. Ce n’étoit pas une petite befogne que de marcher dans la plaine au travers de ces mils, dont les cannes fort grofles & aflez ferrées , avoient huit bons pieds de hauteur. La chaleur étoit étouffante, parce que le vent ne fe fai- foit pas fentir dans ces grandes herbes, & que le fo- leil peu éloigné du zénith dardoit fes rayons prefque à plomb. Mes nègres pour fe diftraire de la longueur de la route, & pour fe défaltérer , arrachoient de tems en tems des cannes entieres de ce mil , & en fucçoient la moëlle après l'avoir dépouillée de fon écorce. Ils m'en préfenterent quelques morceaux ainfi préparés, (5) Milium arundinaceum , fubrotundo femine forgo nominatum. C. B, Pin. 16. L iamps da Champs d gros mil, Village ap- pelléDepleur. Jardins des aèpres. Frayeur des enfans àlavüe d'un blanc. 40 VOYAGE que je goûtai, & que je trouvai fi doux & d’une eau {1 fucrée que je fuivis bientôt leur exemple. Je ne doute nullement que ces cannes de mil, traitées com- me les cannes à fucre , ne fourniflent également une liqueur propre à faire du fucre. Enfin ,après avoir cheminé pendant une demi-heure fans voir autre chofe que des herbes autour de moi, je me trouvai au pied d’une petite dune fur laquelle étoit bâti un village que les nègres appellent Depleur. Je . lavois examiné étant fur le bord du fleuve, d’où il paroïfloit fous un point de vüe charmant. Le pied de la colline qui étoit toute de fable pur & rougeûtre, ne montroit par-tout que des jardins. On y voyoit alors des giromons, cette efpece de potirons particu- liers aux pays chauds, qui ne cédent point à ceux des pays froids pour la grofleur , & dont le goût fucré a quelque chofe de plus fin & de plus délicat. Les deux efpeces d’ofeille de Guinée (1), la verte & la rouge, arbrifleaux de quatre à cinq pieds de hauteur, & qui ne reflemblent à la nôtre que par le goût , y croïfloient à merveille. Le tabac & des haricots de toute efpece couvroient le refte du terrein. De ces jardins je paflai dans le village fans vouloir m'y arrêter, parce qu'il ne me ee pas différent des autres. Comme il eft peu fréquenté par les fran- çois , à caufe de fon éloignement du fleuve , tous les petits enfans qui n’avoient pas encore vü de blancs, effrayés en me voyant, fuyoient chacun de leur côté, cherchant un afyle entre les jambes de leurs meres, & jettoient des cris qui m'étonnerent peu, parce que (1) Ketmia Indica, goffypii folio, acetofæ fapore. Plum. Car. p. 2. = | j'en AU SÉNÉGAL. 41 j'en découvris bientôt la caufe. Cependant je m'éloi- gnois peu à peu pour éviter le tintamarre épouvan- table que ma préfence avoit occalionné , lorfqu’une femme qui m'avoit apperçu cueillant quelques fruits dans les jardins, crut me faire plaïfir en m’en appor- tant d’une efpece qui eft fort eftimée dans le pays. En même tems elle me conduifit au milieu du village à l'arbre d’où elle venoit de les cueillir. Il étoit fort gros, quoique peu élevé : fes branches fouples & pen- dantes , & {es longues épines , me le firent reconnoître pour lagialid de Profper Alpin (1): chez les nègres il eft connu fous le:nom de foumpe. M'étant arrêté pour le confidérer, je fus bientôt environné d’une troupe d’enfans des deux fexes attirés par la curiofité. Les uns , foic par refpect , foit par crainte , fe tenoient à l'écart ; les autres fe: familiarifoient aflez pour appro- cher de moi, me demandant des verroteries : ce font, comme je l’ai dit ailleurs, les marchandifes & les or- nemens du pays. La plûpart n’avoient jamais vû de blanc de fi près; les uns touchoient mes habits & mon linge ; d’autres prenoïent mon chapeau , & mes che- veux que je portois en bourfe, ne pouvant s’imaginer qu’ils euflent pû croître de la longueur dont ils me les voyoient fur les oreilles ; d’autres enfin tâtoient ma bourfe , me demandant du tabac dont ils la croyoient remplie, à caufe de la refflemblance qu’elle avoit avec une efpece de petit fac de cuir quarré , dans lequel ils nt accoutumeés de porter leur tabac fur l’eftomac : mais quelle fut leur furprife , lorfqu'ils me virent ôter ma bourfe , & mes cheyeux me tomber jufqu’à la (3) Agihalid. P. A/p. Ægyp. vol. 2. p. 10. F 1749 Scène fingu- liere arrivée à l’Auteur, RE — — 1749: Juin, Plantes des environs de l'efcate aux 42 AANVDONVIA) QE ceinture. La liberté que je leur laïflai d'examiner lun & l’autre les défabufa bientôt, & fur le prétendu ufage de cette bourfe, & fur mes cheveux ,dont la longueur ne leur parut plus douteufe dès qu'ils les virent réel- lement attachés à ma tête. La fcène finguliere que je venois d’effuyer , fans m'y être attendu , me fit faire plufieurs réflexions au fortir de là. IL me revint dans l’idée que la couleur blanche fi oppofée à la noirceur des Africains ,étoit la premiere chofe qui avoit frappé les enfans : ces pau- vres petites créatures étoient alors dans le même cas que nos enfans , lorfqu'ils voient pour la premiere fois un nègre. Je me rappellai encore que la feconde particularité qui avoit étonné les autres, évoit la longueur & l’épaifleur de mes cheveux ; ‘par rapport aux leurs qui femblent une laine très-fine: & frifée ; & en dernier lieu la pefanteur & la gêne de mon habil.. lement, qui cependant ne confiftoit qu’en une fimple vefte de toile de coton fort légere. L'on ceflera d’être furpris de ce que les uns me-demandoïent-des marchan- difes, & les autres du tabac , lorfqw’on fçaura que Îles nègres , de tout âge , de tout fexe & de toute condi- tion , fe font accoutumés à demander aux blancs juf- qu'aux plus petites bagatelles, lorfqu'ils ne peuvent pas les efcamoter. On bien raifon de‘dire que ce font les quêteurs & les voleurs les plus adroits qu'il y ait au monde. | Au lieu de fuivre le chemin que j'avois pris au tra- vers des champs ennuyeux de mil pour me rendre à Maingoins. Depleur , je retournai par la prairie qui eft au-deflus. Je ny vis pour tous arbres que quelques gommiers, AU SÉNÉGAL. 43 une quantité prodigieufe de tamaris femblables à ce- lui de Narbonne , le fesban (1) arbrifleau , & une grande efpece de fenfitive sen , que les nègres ap- pellent guérackiao, c'eft-à-dire, bon-jour , parce que, difent-ils , lorfqu’on la touche ou qu’on lui EE de près, elle incline aufli-tôt fes feuilles pour fouhaiter un bon jour, & témoigner qu’elle eft fenfible à la politefle qu’on lui fait. Parmi les herbes dont la prai- rie eft couverte , on remarque le juffiæa (2) , la perfi- caire (3), une alfine (4) , plufieurs efpeces de mollugo, beaucoup de gramens, le coldenia (5), & une petite fenfitive rampante & fans épines, qui eft infiniment plus délicate & plus fenfible que toutes les efpeces que je connois. Je ne négligeai pas de vifiter aufli , les jours fui- vans , les villages & les campagnes voifines , où je trouvai abondamment une efpece d’arbrifleau incon- nu jufqu’ici aux Botaniftes, & que les maures nom- ment guerzim. Je découvris encore un grand nombre d’autres plantes nouvelles qu'il feroit inutile de nom- mer ici, & dont je donnerai les defcriptions & les figures dans un ouvrage particulier. Il y a dans ces quartiers beaucoup de fangliers , mais il ne me fut pas poflible d’en joindre un Bul. Je tuai plufieurs de ces oïfeaux que les françois appellent (1) Sesban. P. Alp. Ægypt. vol. 1. p. 12. (2) Jufiæa erecta , oribus tetrapetalis oétandris feflilibus. Linn, F1. Zeyl. 170. (3) Perficaria maderafpatana , longiore folio hirfuto. Pluk. Phytogr. Lab. 210. fig. 7. (4) Alfine lotoides ficula. Bocc. rar. pl. 11. (5) Coldenia. Linn, FI, Zeyl. 69. F ij 17 49% —_—_— Juin. Oifeaux ap- pellés gros- yeux, 17 49. Juin, Chaffe inter- rompue les criards, par 44 VODAY AA NIGYE gros-yeux. Ils les ont en effet d’une grandeur qui n’a aucune proportion avec celle de la tête. La forme de leur corps , & celle des pieds qui font divifés en trois doigts , les rapprochent fort de Foutarde. Ils ont la roffeur de la poule , & le plumage d’un gris cendré mêlé de blanc. Leur chair eft tendre & peut fe manger. Ma chafle ne pouvoit manquer d’être fort abondante dans la prairie, car le gibier de toute efpece y eft ex- trêmement commun : mais elle étoit interrompue à chaque inftant par les cris aigus & importuns d’une efpece d’oifeaux appellés uett-uett par les nègres, & criards ou pialards par les françois, parce que dès qu'ils voient un homme, ils fe mettent à crier à toute force & à voltiger autour de lui , comme pour avertir les autres oifeaux, qui, dès qu’ils les entendent, pren- nent leur vol pour s'échapper. Ces oifeaux font le fléau des chafleurs : ils font hs par-tout où ils en ren- contrent , de trouver la place vuide de gibier peu de tems après qu'ils y font arrivés. Ceux-ci me mirent dans une impatience qui leur coûta cher ; comme ils vont toujours deux à deux, jen tuai plufieurs paires, parmi lefquelles if s’en trouva de deux efpeces. Toutes deux ne furpafloient guères la grofleur du pigeon; mais elles étoient haut montées fur jambes, & avoient le vol aflez long. La couleur de Pune de ces deux ef- peces , étoit un gris cendré qui fe répandoit fur le dos & les aîles , tout le refte defon corps étoit blanc. E’au- tre efpece avoit les aîles & une partie de la queue noires , & fes épaules étoient armées d’une petite corne noire, aflez longue, de la forme & de la dureté d’un ergot, qui lui fervoit d’arme offenfive & défenfive pour fe battre contre les autres oïfeaux. AU SÉNÉGAL. 45 Nous étions au huitiéme jour de notre voyage, lorfque la traite finit, & que nous penfâmes à retour- ner à l’ifle du Sénégal. Les maures qui ne s’étoient rendus à cette efcale que pour y vendre leurs bef- tiaux , ayant confommé les fourages des environs, s'étoient difpofés à aller camper dans un autre en- droit, & même à fe retirer vers des montagnes fort éloignées dans le nord du fleuve, pour en éviter les inondations que les premieres pluies de juin avoient depuis peu annoncées. Leurs tentes étoient déja pliées; ils les avoient mifes avec leurs meubles & utenfiles, dans des facs de cuir pañlé fort proprement. Le tout étoit chargé fur des chameaux & fur des bœufs , qui portoient leurs maifons, leurs meubles, leurs femmes & leurs enfans. Telle eft la vie des maures:ils ne font jamais fixes dans un lieu : leurs troupeaux qui font toutes leurs richefles, les obligent de changer de quar- tiers , felon que les faifons & les pâturages le de- mandent. Peu de tems après mon retour à l’ifle du Sénégal, il fe préfenta une occafion d’aller à Podor , comptoir de la Compagnie , diftant de foixante lieues ou envi- 1749 Juin, 23. Retour à l'ifle du Sénégal, Décampe- ment des maures, ron de cette ifle, fur le fleuve Niger. Le bâtiment de- voit aller & revenir fans s'arrêter : néanmoins je m’y embarquai. Mes nègres ne fe firent pas prier pour me fuivre , & fe rangerent avec l'équipage. On fit voile le 30 juin, en remontant le fleuve à peu près de l’oueft à l’eft f fi f: bI ‘ i à left. Les vents furent fi favorables, g on arriva en trois jours à Podor. Une navigation fi précipitée ne me permettant pas de defcendre à terre , j'en profitai pour relever le cours du fleuve. J'obfervois Les diffé- 30. Premiervoya- ge à Podor. Précautions pour lever le cours du Ni- ger, Cor ce SE) a 1748. Juillet. Les marées font fenfibles à Pod 46 D AVTOÏ VIA GIE rentes largeuts de fon lit , celle des embouchutes des rivieres qu’il reçoït , l'angle que celles-ci forment en y entrant, la rencontre.des ifles, & leur longueur ; je fondois aufi fa profondeur ; enfin je ne négligeois rien de ce qui pouvoit donner à mes obfervations une plus grande exactitude , me fervant de la bouflole pour marquer les changemens de direction dans fon cours, mefurant de tems en tems fa vîitefle , ou celle du bâti- ment ; & ajoûtant quelquefois à ces deux moyens l’eftime de la grandeur des diftances, dont j'avois une pratique aufli heureufe qu’on la puifle defirer. Excepté quelques platons femés çà & là dans le lit du Niger, & que l’on évite quand les vents ne font pas tout-à- fait contraires, on eft für de le trouver navigable par- tout. Quoiqu'il füt alors dans fa plus grande dé- crûe , il avoit depuis vingt jufqu’à trente pieds & davantage de profondeur. L’eau de la mer, qui y re- monte année commune jufqu’au deflus du marigot des Maringoins , à quinze lieues environ de fon embou- chure, avoit gagné cette année jufqu’au défert, c’eft- à-dire , à plus de trente lieues. C’eft à peu près le terme où s'arrêtent les eaux falées ; mais le flux & le reflux de la mer fe fait fentir beaucoup plus haut ; il parvient jufqu’au deflus de Podor, où il {e rend fenfible par le gonflement des eaux douces du fleuve , qui éprouvent . . . / les mêmes alternatives, mais en des tems moins égaux. À plus de 60 lieues de la COR, La plus grande hauteur du flux que j'ai mefuré fur le bord de la mer, vis-à-vis l’'ifle du Sénégal , n’eft que de deux pieds & demi dans les grandes marées des équinoxes. Il paroît donc que le Niger depuis Podor jufqu’à la mer, c’eft-à-dire , fur foixante lieues de A Uÿ S'É N É GA L. 47 cours! n’a guères plus de deux pieds & demi de pente; deforte qu’on peut croire que toute cette étendue de pays fait , à l'exception des dunes qui y font répan- dues çà & là, une plaine bafle au-delà de l’imagina- tion, & d'un niveau tel que sil arrivoit que la mer fe gonflàt également par-tout de vingt à trente pieds, elle féroit totalement couverte de fes eaux. Le fort de Podor eft bâti fur le bord méridional du Niger, dans un lieu autrefois couvert de bois; mais la quantité que les françois en ont coupé depuis plus de dix ans qu'ils s'y font établis, arecule la forêt d’une 7 demi-lieue. On y voit des tamariniers de la plus elle taille , des gommiers rouges, & plufieurs autres efpeces d’acacies épineufes, dont le bois extrèmement dur, imite par la couleur & la beauté de fes veines , ceux que nous employons dans la marqueterie. Le bois-bouton , efpece différente de celle qui croît en Amérique, y eft fort commun. La facilité avec la- ais bn bois fe laifle travailler, & fa belle couleur jaune , le font préférer à tous les autres dans les ou- vrages de ménuiferie. Il eft connu chez les nègres fous le nom de khof. Le terrein gras & argilleux de ce pes favorife beaucoup les travaux du jardinage. Aufli es françois cultivent-ils avec un grand avantage plu- fieurs variétés d’oranges , de citrons , de limons ; la figue , la grenade, la goyave , & beaucoup d’autres fruits excellens, comme lananas , la papaye , & le pignon(r), efpece de cachiment qui peut pafler pour (1) Anona maxima, foliis latis fplendentibus, fruétu maximo viridi conoide, tuberculis feu fpinulis innocentibus afpero. S/oan. Jam. vol, 2. tab, 215. fig. 1. EEE PET PEER 1749. Juillet, Fort de Pos or. Bois de ce pay Ss Fertilité de fon terrein, 48 VOYAGE MES | 1749. un des meïlleurs fruits des pays chauds. Tous Les lé- Juillet. gumes d'Europe y réuffiffent en perfection. Ils recueil- lent fans peine les racines de batates, qui multiplient confidérablement dans les champs humides & maré- cageux où ils en ont une fois planté : cette racine leur tient lieu de châtaignes & de marons, dont les meilleurs lui cèdent en bonté & en délicatefle. Les au- tres fruits par leur acidité , leur fourniflent des fucs plus convenables à des habitans de pays chauds. Remarque Pendant le peu de jours que je reftai à Podor, le LE thermometre me donna 1 degré de chaleur de plus que je n’avois eu fur l’ifle du Sénégal avant mon dé- part : il marquoit depuis 30 jufqu’à 31 degrés. Le $ juiller, il étoit encore à 30 degrés à fept heures du foir , après le coucher du foleil, dans l’expofition la plus froide de l'air libre au nord déclinant à l'eft. SR Le même jour deux autruches qu’on élevoit depuis sruche, près de deux ans dans ce comptoir , me donnerent un fpectacle qui eft trop rare pour ne pas mériter d’être rapporté. Ces oïfeaux gigantefques, que je n’avois apperçus qu’en pañlant dans les campagnes brûlées & fabloneufes de la gauche du Niger, je les vis là tout à mon aïife. Quoique jeunes encore , elles égaloïent à très-peu près la taille des plus grofles. Elles étoient fi privées , que deux petits noirs monterent enfemble la plus grande des deux : celle-ci n’eut pas plutôt fenti ce poids qu’elle fe mit à courir de toutes fes forces, & leur fit faire plufieurs fois le tour du village, fans qu'il fût pofible de arrêter autrement qu’en lui barrant le pañage. Cet exercice me plût tant, que je voulus le faire répéter ; & pour effayer leurs forces, Je fis monter un AUUT SE N É G'A L. 49 un nègre de taille fur la plus petite, & deux au- tres fur la plus grofle. Cette charge ne parut pas difproportionnée à leur vigueur : d'abord elles trot- terent un petit galop des plus ferré ; enfuite lorfqu’on les eut un peu excité , elles étendirent leurs aîles comme pour prendre le vent , & s’abandonnerent à une telle vitelle qu’elles fembloient perdre terre. Il n’eft fans doute perfonne qui n'ait vû courir une per- drix, & qui ne {çache qu’il n’y a pas d'homme capa- ble de la fuivre à la courfe ; & on penfe bien que fi elle avoit le pas beaucoup plus grand, fa vielle feroit confidérablement augmentée. L’autruche , qui marche comme la perdrix, a ces deux avantages ; & je fuis perfuadé que celles-ci euflent laïflé bien loin der- riere elles les plus fiers chevaux anglois qu’on eût mis à leurs trouflès. Il eft vrai qu’elles ne fourniroient pas une courfe aufli longue qu'eux ; mais, à coup für, elles pourroient l’exécuter plus promptement. J'ai été témoin plufieurs fois de ce fpe“tacle, qui doit donner une idée de la force prodigieufe de l’autruche, & faire connoître de quel ufage elle pourroit être , filon trou- voit moyen de la maïîtrifer & de l’inftruire comme on drefle le cheval. J'employai encore moins de tems à defcendre à l’ifle du Sénégal , que je n’en avois mis à monter à Podor. Les vents de N-E. , les courans du fleuve dont les eaux avoient grofli confidérablement par les pluies, furent fi favorables qu’on en profita pour faire de grandes journées , fans qu’il me fût poflible de def cendre à terre, ni de m’arrêter. Je ne me repentis ce- pendant pas d’avoir fait ce premier voyage : il me fit 1749 Juillet, Départ de Podor. so VO} YA QUE ATETLLIECAIIEN ER 1749. Connoître tous les avantages que je pourtoïs tirer d'un vie fecond & même d'un troifiéme. J'avois compté ,en bordentieNi- relevant le plan du Niger , neuf ou dix villages fur fa FR rive feptentrionale, & quarante-fept fur la rive mé- ridionale. Un fleuve de deux à trois cens toïfes de largeur , bordé par-tout d’arbres de différentes efpeces, dont les feuilles font entretenues dans un verd tou- jours naïflant ; les troupeaux nombreux d’élephans que j'avois vü fe promener fur fes bords , les chevaux marins, les crocodiles, une infnité d’autres animaux auffi finguliers, & un plus grand nombre encore d’oi- feaux remarquables par l'éclat & la diverfité de leurs couleurs ; tout cela me promettoit une matiere bien ample à des obfervations nouvelles & intéreffantes. amine Rendu à l’ifle du Sénégal le 1 $ juillet , je m’apper- du Sénégal. çus de leffet des pluies qui tomboient abondamment depuis quelques jours. L’accroiflement du fleuve fut {1 prompt, que l’on vit le 19 le retour des eaux douces à {on embouchure, où deux jours auparavant on avoit Deux faifons vü l’eau falée de la mer. Ce terme fert de regle pour to OU de l’anné deux faif ui different e partage de l’année en aifons, q peu lune de l'autre. La premiere eft celle où il ne pleut jamais, & où les eaux du Niger font gâtées par celles de la mer : elle commence en décembre & finit en juin ou juillet. La feconde eft celle où l’on eft fujet aux pluies, & où les eaux du fleuve font douces. Les pluies durent rarement plus de trois mois; elles com- mencent à la fin de juin & finiflent avec le mois de feptembre. Je ne vois pas pourquoi nos anciens voyageurs ont appellé du nom d'été , la faifon féche des pays de la A UM S:É. NY É GA L. SI zone torride , & de celui d’hiver la faifon pluvieufe, fi le nom d’été convient à la faifon la plus chaude, & celui d’hiver à la faifon la plus froide : or il eft cer- tain, & je l'ai reconnu par des obfervations faites au thermometre pendant cinq années, que les plus gran- des chaleurs arrivent conftamment dans la faifon plu- vieufe qu'ils ont qualifiée du nom d'hiver. Les jte “4e du Sénégal , qui £e font apperçus de l'erreur dans aquelle étoient tombés les voyageurs , ont voulu la corriger modeftement , en changeant le terme d’été en celui de baffe-faifon , c'eft-à-dire, celle où les eaux du Niger font bafles; & ils ont donné le nom de haute- faifon à celle de l'hiver des anciens, parce qu’alors les eaux du Niger font fort hautes. Sans examiner quelle a pû être la fource de cette erreur, qui a été aveuglé- ment embraflée par la plüpart des phyficiens de nos jours, & qui en fe répandant jufques dans les meilleurs ouvrages , influe depuis long-tems fur bien des con- noïflances phyfiques , & en particulier fur les con- noiflances météorologiques , aujourd’hui fi embrouil- lées ; je dois me borner à dire ici que cette faufle dé. nomination exige une févere correction. J'appellerai ns 1749. Juillet, donc, avec les françois qui habitent le Sénégal , baffe- faifon celle de la fécherefle, & haute-faifon celle des pluies : ou encore, pour me conformer aux noms re- çus dans toute l’Europe, & pour être entendu de tout le monde, je défignerai la premiere par le nom d'été, & la derniere par celui d'hiver ; enforte que l'hiver & l'été fe trouveront arriver au Sénégal à peu près com- me ils arrivent en France. Ces deux faifons font, comme je l'ai dit, les feules qu’on y éprouve : on n’y G 5. LIBRARY tenir EE Tag PE EN € Ref se VO IA LIGNE 1749. COnnOît ni printems ni automne. Quand je parle d’hi- lt ver, il ne faut pas s’imaginer qu'on voie des glaces, des neiges , ou de la grêle : ce font de ces chofes qu’on ne connoît pas au Sénégal, & dont il n’eft même pas poffible de faire naître la moindre idée aux naturels du pays, de quelque comparaifon que l’on fe ferve. L'hiver du L’hiver du Sénégal eft feulement un tems moins chaud Sénégal plus Ê k È ; chaud que ré- que le refte de l’année , quoiqu'il foit toujours plus & de la Fran- æ. chaud que les grands étés de France, dans lefquels il eft aflez rare qu’on voie tomber des neiges ou de la grêle. Je reviens aux eaux du Niger dont j'ai parlé, & qui ont donné lieu à cette petite digreflion. Elles font fa- lées pendant la moitié de l’année vers l’ifle du Séné- gal Comme le pays eft fort bas, qu’on n’y voit ni rochers ni aucune forte de pierres, maïs feulement des fables mouvans, il ne s’y trouve pour la même raifon pus de Melauicunte fource d’eau : on eft obligé de creufer alors des puits, qui à la vérité ne donnent pas beaucoup de peine , car on trouve l’eau à trois & quatre pieds, & fouvent à deux pieds de profondeur ; mais elle eft tou- jours faumâtre, c’eft-à-dire , qu’elle conferve un petit goût de fel communiqué aux terres par la proximité de la mer. 8 Août. Le 8 août nous étions à ce jour où le foleil paffant EE à nid diculairement fur nos têtes, réunifloit je a zénith, à Midi perpen s ombre de nos corps fous nos pieds. C'étoit pour la feconde fois que je voyois ce HUrene depuis mon arrivée au Sénégal : il m'avoit paru pour la premiere fois le quatriéme jour du mois de mai; & je devois le revoir toutes les années à peu près en pareils tems. La AU SÉNÉGAL. 52 chaleur qu’il occafionnoit à fon retour du tropique du cancer vers l'équateur , étoit beaucoup plus grande que celle que fon premier paflage avoit excitée : car le thermometre marquoit pour les nuits du mois de mai 22 degrés, & 26 à 28 pour le jour ; au lieu que les nuits d'août donnoient 26 d. & les jours 32 d. Le 9 août & les jours fuivans, je me promenai aux environs de l’ifle du Sénégal , & je retournai à l’ifle de Sor , dont j'ai déja parlé. L’ufage des canots européens me paroïflant trop incommode à caufe de leur pefan- teur, pour traverfer journellement le fleuve, je jugeai à propos de me fervir par la fuite d’une efpece de ca- not nègre, que les françois appellent pirogue. Ces pe- tits bâtimens font faits tout d’une piece , & d’un tronc d’arbre creufé & fort leger. Ils ont depuis dix jufqu’à trente pieds de longueur , fur un à deux pieds de lar- geur & de profondeur, & font terminés en pointe par les deux bouts. Le mien étoit des plus grands. Lorf- que j'y fus entré, mes deux nègres fe placerent aux deux extrémités, l’un à la poupe & l’autre à la proue. Pour moi je me mis au milieu, où je n’avois d’autre fiége qu’un barreau de traverfe , dont les deux bouts 17 49% Août. Chaleurs de cette faifon, Canots nè- gres. fichés dans les flancs de la pere , fervoient aufli à les tenir écartés toujours à la mème diftance. Mes nè- grès ayoient chacun une pagate à la main : ce font de petites palettes de bois, faites en croiflant , & atta- chées au bout d’un bâton dont ils {e fervent pour ramer. Celui qui étoir à la proue fe tenoit debout, & plongeoit fa pagaïe dans l’eau en la pouflant der- riere lui, pendant que l’autre aflis gouvernoit avec la fienne, Quand nous fümes arrivés à l’autre bord du S4 VO VAALGNE 17349 fleuve, ils tirerent la pirogue à terre : c’eft le feul 1408 moyen que les gens du pays aient pour mettre ces petits bâtimens en füreté contre les vagues qui les au- roient bientôt remplies , lorfqu’ils ne peuvent pas les mouiller aflez loin du rivage. Cette manœuvre ne dura pas long-tems, & je por- tai mes pas au village de Sor. J'y fus très-bien ac- cueilli, comme à l’ordinaire , & je demandai qu’on m'indiquât les endroits les plus propres pour la chafle ; car dès ce jour j'avois congédié mon interprète, parce que j'avois une teinture fuffifante de la langue du pays, pour comprendre tout ce que les nègres me difoient, & pour leur expliquer mes penfées. On me mena dans un quartier d’où je vis partir un troupeau de gazelles ; mais je ne penfai plus à chafler dès que jeus apperçu un arbre dont la grofleur prodigieufe Aïbres d'une attira toute mon attention. C’étoit un calebaflier , grofleur ex- ! : aordinaire, autrement appellé pain-de-finge(1), que les oualofes nomment gout dans leur langue. Sa hauteur n’avoit rien d’extraordinaire , elle étoit de foixante pieds en- viron : mais fon tronc étoit d’une groffeur démefurée ; jen fis treize fois le tour en étendant les bras autant qu'il m'étoit poflible ; & pour une plus grande exac- titude , je mefurai enfuite avec une ficelle fà circonfe- rence, que je trouvai de foixante-cinq pieds : fon dia- metre avoit par conféquent près de vingt-deux pieds. Je ne crois pas qu’on ait jamais rien vü de pareil dans aucune autre partie du monde; & je fuis perfuadé que {1 nos anciens voyageurs avoient eu connoiïflance de cet arbre, ils n’auroient pas manqué d’y ajouter bien (1) Bahobab, P, 4/p. vol. 2. pag. 37. AU” SÉ N É>GrA L. 55 du merveilleux. Il eft aufli fort étonnant que cet ar- ,,,9 bre ait été cotalement oublié par ceux qui nous ont 4° donné l’hiftoire du Sénégal , d'autant mieux qu'il ny en a guères de plus communs dans le pays. Du tronc tel que je viens de le décrire , de vingt-deux pieds de diametre, fur huit à douze pieds de hauteur, partoient lufieurs branches , dont quelques-unes s’étendoient | 2 mA N & touchoient la terre par leurs ex- trémités : c'étoient les plus grandes ; elles avoient de- puis quarante-cinq jufqu’à cinquante-cinq pieds de lon- gueur. Chacune de ces branches auroit fait un des arbres monftrueux de l’Europe : enfin tout l’enfemble de ce pain-de-finge paroïfloit moins former un {eul arbre qu'une forêt. Ce ne fut Le tout : le nègre qui me fervoit de guide me conduifit à un fecond qui avoit foixante-trois pieds de circonférence , c’eft-à- dire, vingt-un pieds de diametre , & dont une racine, qui avoit été pour la plus grande partie découverte par les eaux d’une riviere voifine, portoit cent & dix pieds de longueur , fans compter la partie qui reftoic cachée fous les eaux de cette riviere, & que je ne pus faire découvrir. Le même nègre m’en montra un troi- fiëme qui n'étoit pas fort loin de-là , & n'’ajouta que fans fortir de cette ifle, jen pourrois voir un grand nombre d’autres qui ne leur étoient pas beaucoup in- férieurs pour la taille. Ma furprife cefla dès-lors, & fatisfait d'en avoir vû trois, je me difpofai à chaffer. Un vent d’eft qui s’éleva tout à coup , avec une im- L'Auteur fv- / / 5: . : / . ris par un pétuofité telle qu'il fembloit devoir déraciner & en- han violons, lever tous les arbres, n’empècha d'aller plus loin. Ces coups de vent font les avant-coureurs ordinaires de la 56 VOYAGE = : site . ‘ 1749. pluie dans ces pays; & celui-ci amenoït avec lui une Août, épaifle nuée qui crêva aufli-tôt. Le village étoit loin, & l’on ne pouvoit efpérer de le regagner. Mes nègres ne voyant aucun abri pour eux, quitterent leurs pagnes & fe jetterent à la nage dans une petite riviere qui pañoit auprès de cet endroit. C’ef leur coutume, lor£ qu'ils font furpris par un orage, de fe plonger dans l’eau , plutôt que de s’expofer à être mouillés par celle de la pluie, dont ils craignent les mauvais effets. Pour moi qui n’eus ni le tems ni la volonté de les fuivre, je me retirai fous le plus gros des pains-de-finge que je venois de voir , comptant my trouver à couvert com- me fous le toît d’une maifon. Il fembloit que le ciel fondoit en eau , tant la pluie étoit forte : chaque goutte qui tomboit s’étendoit fur la terre de toute la largeur de la main. Je ne fouffris rien de fa premiere impétuofité ; mais quelques minutes après , lorfque l'arbre eut été bien abreuvé , je fus inondé par l’eau qui ruifleloit de fes branches, & leurs finuofités firent comme autant de lits, d’où fe précipitoient des tor- rens , qui réunis dans la vafte furface du tronc, en cou- loient comme un fleuve. On s’imagine bien que je m’aurois pas eu beau jeu en reftant fous le pain-de-finge ; je m'en éloïgnai bien vite, & me mis en pleine cam- pagne, où je ne jouai guères plus beau rôle : j’efluyai B tout l'effort du grain , qui dura une bonne heure; & je fçus à mon retour dans l’ifle du Sénégal , qu'il y écoit tombé deux pouces trois lignes d’eau. Les eaux du Niger parvenues à leur plus haut point d’accroifflement , inondoient tous les environs de l’ifle du Sénégal , & les rendoient impraticables. Forcé de renoncer AU SÉNÉGAL. s7 tenoncer entierement à toutes fortes de promenades, je ne voyois qu'un moyen de pouvoir employer le long intervalle de tems que devoit durer linondation ; c’étoit de pañler dans un pays qui en füt à l'abri. Un bâtiment partoit pour Gorée, petite ifle diftante d’en- viron trente-cinq lieues marines au fud-fud-oueft de l’ifle du Sénégal, & fort proche du cap Verd. Je crus ne pouvoir mieux faire que de profiter d’une commo- dité qui fe préfentoit fi à propos, & je my embarquai. On mit en mer le 27 août par des vents d’oueft peu favorables ; mais un grain (1) amené pendant une nuit par un vent d’eft furieux , nous poufla fi vivement qu'il nous fit faire à fec, c’eft-à-dire, à mâts & à cor- des fans le fecours d’aucunes voiles, plus de chemin que nous n’en avions fait depuis fept jours que nous étions en route. On vit pendant ce grain une lumiere que les marins connoiïflent fous Le nom de feuS. Elme: elle ferpenta pendant près d’une minute au haut du mât , & à l'extrémité de la girouette , où elle fe diffipa. Les matelots la regarderent comme un heureux pre- fage qui leur annonçoit la fin de la tempête, & ils ne furent pas trompés dans leurs efpérances : le vent s’ap- 1749. Août, 27. Embarq 1C= ment pour l'ile de Go- rée, paifa bientôt après, & rendic à la mer fa premiere tran- quillité. Le 4 feptembre au point du jour, nous nous trou- vâmes à le travers du cap Verd: c'étoit un nouveau fpectacle pour moi , qui , depuis quatre mois que j'étois arcivé au Sénégal , avois perdu l'habitude de voir des (3) On appelle de ce nom tous les coups de vents orageux qui font ac- compagnés de pluie, de tonnerre & d'éclairs; & l’on fe fert du terme de grain-fsc pour défigner ceux qui font fans pluie. 4 Septembre, üe du cap Verd. 58 VOYAGÉ —————— ?, : : 1 [1749. Côteaux & fur-tout des pierres. Nous deécouvrimes *“Pembre peu de tems après les ifles de la Magdeleine, & dans fe os la matinée l’on mouilla dans lanfe de Gorée. Une rée, langue de terre bafle , & une petite montagne très- efcarpée, font toute cette ifle d’un fixiéme de lieue de a, Dsfipéon longueur. Malgré fon peu d’étendue, fa fituation la rend affez agréable : du côté du fud on y jouit d’une vûe qui n’eft bornée que par Fhorizon de la mer , & du côté du nord on découvre au loin le cap Verd, tous les autres caps & avances des terres voifines. Quoiqu’elle foit dans la zone torride, on ne laiïfle pas d'y refpirer prefque toute l’année un air frais & tem- pére : cela vient de légalité des jours & des nuits, & de ce qu’elle eft continuellement rafraïchie par les vents qui foufflent fucceflivement des terres & de la mer, M. de Saint-Jean, qui en eft directeur , la em- bellie de plufieurs beaux bâtimens : il Pa fortifiée & la fortifie encore tous les jours : entre fes mains elle eft devenue une place imprenable. Par fes foins on y a découvert plufieurs fources d’eau ; les jardins ont été plantés de beaux arbres fruitiers ; on y recueille les plus excellens légumes : enfin, en lui procurant tous ces avantages , il en a fait d’une petite ifle fêche & fte- rile, un féjour für & charmant. Je lui avois été déja recommandé par M. de la Brue, fon frere , directeur général de la Conceflion, & je ne pouvois manquer de trouver auprès de lui toutes fortes de facilités. Les rochers dont l’ifle de Gorée eftenvironnée, pro- : duifent une infinité de coquillages & de poiflons mols, Voyage let qui m’occuperent pendant quelques jours , après quoi ale de Portu- : ; c J Gi 7% je m’embarquai le 13 du même mois, fur un petit AU SÉNÉGAL. 59 bâtiment qui alloit faire une traite de bœufs & de mil à Portudal. Cette efcale que les nègres appellent du nom de Sal, n’eft éloignée que de neuf lieues au fud de l’'ifle de Gorée. La barre qui y regne, nous obligea de mouiller le bâtiment à une demi-lieue de terre, pour ne pas l'expofer aux lames. Une pirogue m'y mena fans aucun accident. Je me trouvai dans une terre {abloneufe , mais d’une fertilité inconcevable & toute couverte de bois. Le grewia(1), une efpece de polygala à femence d'érable, le rebreup(2), & le dem- boutonn (3), faifoient des taillis au-deflus defquels les monbins, appellés /ob dans le langage du pays, éle- voient leurs têtes chargées de fruits. Les feuilles de cet arbre lui donnent allez l’air du frefne ; mais il fe fait bientôt reconnoître par fes fruits qui font femblables par leur grofleur , leur forme & leur couleur , à nos prunes de fainte-catherine : ils étoient murs pour lors; & J'en mangeai quelques-uns , auxquels je trouvai un goût aigrelet, aromatique & fort agréable. Je vis aufli dans ces quartiers plufieurs fromagers épineux (5), connus par les nègres fous le nom de benten, & beau- coup d’autres grands arbres. Les nègres avoient coupé cé bois en plufieurs endroits pour y faire des champs de petit mil : il étoit alors près de fà maturité. Tout ce beau pays étoit habité par des oifeaux en- core plus beaux. Le geai , dont j'ai parlé ailleurs(6), y étoit par troupes : l'éclat de fes couleurs azurées vû (EE 3.) Efpeces d'arbres inconnus en Europe. (4) Monbin arbor foliis fraxini , fruétu lureo racemofo. Plum. gen. PAS: 44 À (5) Ceyba viticis felio, caudice aculeato. Plum. gen. pag. 42. (6) Page 15. H ———— 1749. Septembre. Bois dupays. Beauté des oïfeaux. _— 1749. Septembre. Mort d'une névrefle, 60 VAOIVAAIGE à côté de la vive couleur de feu des moineaux appellés cardinaux , dont toutes les campagnes étoient alors couvertes , faifoit un coup d'œil admirable. Ce fut dans cet endroit que je trouvai la feule efpece de Tima- çon(1) terreftre que j'aie obfervé dans le pays. Il éoit fort commun dans une prairie découverte , remplie de joncs , & d’ambrofie-maritime ; j'en vis même plufieurs vivans au pied des arbres voifins, où ils étoient à l'ombre. C’eft une chofe digne de remar- que, & qui fans doute paroïtra furprenante, que dans une fi vafte étendue de pays bien boïfé , on ne ren- contre qu’une efpece de limaçon terreftre , pendant qu’on en voit tant d’efpeces dans Les pays tempérés. Les françois n’ont point établi de comptoir à Por- tudal , & lorfqu'ils y vont en traite, ils defcendent chez l’Alker, ou le Gouverneur du vitlage, qui pof- {ede un grand nombre de cafes. Il m’en avoit deftine une dans laquelle je logeois. Une nuit que je dormois d’un profond fommeil, je fus réveillé par un cri hor- rible qui mit tout le village en rumeur. Je n’infor- mai aufli-tÔt de ce que c’etoit ; & l’on me dit que l’on pleuroit la mort d’une jeune fille, qui avoit été mor- due à quatre lieues de 1à par un ferpent, dont le venin lavoit fait périr en moins de deux heures ; & que fon corps venoit dètre tranfporté à fa cafe. Le premier cri avoit été jetté , fuivant la coutume, par une des parentes de la défunte , devant la porte de fa cafe, qui écoit fort proche de la mienne. À ce fignal toutes les femmes du village fortirent en pouflant de femblables (1) Voyez l'Hiftoire naturelle des Coquillages Univalves, genre $. Le limagçon , planc. x. fig. 1. Kambeul. A U=SYÉ/NYÉ GYA L. 6i cris, & fe raflemblerent autour du lieu d’où étoit parti le premier cri. A les voir & à les entendre , on les eût pris toutes pour des parentés de la défunte, tant elles paroifloient pénétrées dé douleur, & aflurément c'en eût été une démonftration des plus authentiques , fi elle fût partie du fond du cœur : mais elle n’en avoit ue l'apparence ; ce n’étoit qu'un pur eflet de lufage dabli ans le pays. Ce tintamarre épouvantable dura uelques heures ; c’eft-à-dire , jufqu’au point du jour. Alors les parens entrant dans la cafe de la défunte, lui prirent la main , & lui firent plufeurs queftions qui furent fuivies de bien des offres de fervices : voyant welle ne leur répondoit point, ils fe retirerent en difant : hélas ! elle eft morte. Ses amis en firent autant , puis l’on porta le corps en terre, & l’on mit à fes côtés deux potsde terre ; dont l’un étoit plein d’eau & l’autre plein de coufcous: c’étoit fans doute pour lui fervir de nourriture , fuppofé qu'il lui prit encore envie de boire ou de manger. Les funérailles achevées, Les cris, les hurlemens & les pleurs ceflerent. Le deuil finit aufli : on ne pénfa plus qu’à faire feftin en l'honneur du mort, & l’on fit dès Le foir du même jour un fol- gar , C'efl-à-dire un bal, qui fut continué pendant trois nuits : voici comme il fe pafla. Toute la jeunefle du village s’écoit raflemblée dans une grande place , au milieu de laquelle on avoit al- luméun grand feu. Les fpeétateurs formoient un quarré long ,aux deux extrèmités duquel les danfeurs étoient rangés fur deux lignes oppolées, les hommes d’un côté & les femmes de l’autre. Deux tambours qui fe cenoient fur les côtés, pour régler la danfe, n’eurent LR css ns 17 4 L Septembre, Cérérorse des funérail= les, Bal donne à cette occa- fion. 62 VOYAGE EF pas plutôt battu la marche, que les adteurs com Septembre. mencerent une chanfon dont le refrain fut repeté par tous les fpectateurs. En même tems un danfeur fe détachant de chaque ligne, s’avança en danfant vis-à- vis de celui qu’il lui plut de l’autre ligne, à la diftance de deux ou trois pieds, & fe recula en cadence jufqu’à ce que le fon du tambour les avertit de fe rapprocher & de fe joindre en fe frappant les cuifles les unes contre les autres , c’eft-à-dire, l’homme contre une femme, & la femme contre un homme:ils fe retirerent enfuite, & recommencerent bientôt les mêmes fingeries, en diverfifiant leurs danfes ,autant de fois que le tambour donna le fignal , & enfin ils retournerent à leur place. Les autres danfeurs en firent autant chacun à leur tour, mais fans fe repeter ; puis les deux lignes s’ap- procherent enfemble jouant aufli leur rôle. Ces geftes {ont aflez immodeftes , comme l’on voit ; mais les au- tres mouvemens qu'on n’apperçoit guères, fi l’on ny eft pas fait , le font encore bien davantage. Les nègres ne font point un pas pour danfer que chaque membre de leur corps , chaque articulation, la tête même ne marquent tous en même tems un mouvement difié- rent, & toujours en obfervant la cadence, quelque précipitée qu’elle foit. C’eft dans la jufteffe de ce nom- bre infini de mouvemens que confifte principalement l’art de la danfe des nègres : il faut être né avec une foupleffe femblable à la leur, pour pouvoir les imiter, Cet exercice tout violent qu’il étoit, dura une bonne partie de la nuit, pendant laquelle on vuida plufieurs pots d’une bière très-forte qu’ils font avec le mil. Ils recommencerent les deux nuits fuivantes, & le troi- fiéme jour les divertifflemens ceflerent. Un Européen A U° SÉ NÉ G'A L. 63 auroit porté le deuil pendant quelques mois ; l’Afri- cain profite de ces accidens pour fe réjouir : tels font les ufages bizarres des différentes nations ; ce qui fait naître la joie chez les unes eft un fujet de triftefle chez les autres. Javois defcendu facilement à terré en arrivant à Portudal , parce que la mer étoit traitablé ; mais on fut fort embarraflé quand il fallut s’en retourner à bord du bateau : elle étoit extrêmement grofle, & les lames qui brifoient fur la barre la rendoient aufli dan- gereufe que difficile. Nous nous y rifquâmes cepen- dant dans une grande pirogue, mé de traite, moi, & quelques paflagers qui fe difpofoient à jetter avec des moitiés de calebafles l’eau quientreroit dedans. La pirogue étoit ainfi chargée, lorfqu’une lame qui vint à terre , lemporta à l’aide des bras de quatre nè- gres, tous habiles nageurs , qui en avoient la con- duite : ils la pouflerent de toutes leurs forces, & fau- terent dedans à mefure que l’endroit où ils devoient ramer entroit dans l’eau. Nous nous trouvâmes bien- tôt dans les plus grofles lames , dont quelques-unes ui s’élevoient comme de longues collines , fe bri- us contre la pirogue , & la remplirent d’eau en nous inondant. Nous travaillâmes tous à la vuider fans perdre courage , & nous avions aflez d’affaires, pendant que les rameurs étoient attentifs à forcer de rames , pour éviter adroitement les lames lorfqu’elles approchoient. Tantôt la pirogue s’élevoit par une ex- trèmité fur le dos d’une lame , pendant que l’autre extrèmité s’y plongeoit : tantôt elle fe trouvoit fup- portée & comme fufpendue par ces mêmes extrémités Le se sen | 1740 Septembre, Paflage de 1a arre de Por- tudal en piro- HALO \ 1749. beptembre. 26. Promenade aux ifles de la Magdeleine. 62 VOYAGE fur les pointes de deux lames différentes : quelquefois elle n’étoit foutenue que par fon milieu fur Le fommet d’une lame, de maniere que fes deux bouts reftoient en l'air comme en équilibre. Ce fut en cette maniere qu’expofés à tous momens au péril évident d’être fub- mergés , nous franchîmes cette barre, avec un bon- heur inoui, & que nous arrivâmes à bord du bateau, ui nous remit à l’ifle de Gorée le 24 feptembre à l'entrée de la nuit. Deux jours après, M. de Saint-Jean voulut me donner la fatisfaction d'aller aux ifles de la Magde- leine , qui en font éloignées d’une bonne lieue. Il fit équiper un bateau dans lequel je m’embarquai avec lui & quelques officiers de fon département. De ces deux ifles il n’y en a qu’une de praticable ; l’autre n’eft qu'un rocher nud & efcarpé, fort élevé au-deflus des eaux , & tout blanc par les ordures que les plangeons , les goëlans, les fous & d’autres oïfeaux de mer y ont faites en s’y repofant. L’ifle principale de la Magdeleine, quoique petite, pourroit être habitée , fi elle avoit un port ; mais on ne peut l’aborder que par une petite ane toute femée de rochers fur lefquels la mer eft ra- rement tranquille. Cette anfe fait une efpece de cul- de-fac ou de long canal, qui aboutit à un baflin na- turel de figure ovale, creufé dans le roc, de douze pieds de profondeur fur douze toifes de longueur , & de la plus belle eau , où l’on peut fe baigner en füreté, Du refle cette ifle n’eft qu'une montagne prefque ronde, & femblable à celle de Gorée: elle a aufli deux petites fources d’eau qui tariflent pendant l’hiver : la vûe y eft également belle & fort étendue, & l'air ex- trêémement AU SÉ N É GA L. 6; put trèmement frais; mais il n’y auroit aucune fatisfation 340. de s’y arrêter pour ce feul avantage. Ses rochers fer- nr vent de retraite à un nombre infini de pigeons ramiers naturels au pays , & qui ne différent de ceux d'Europe qu’en ce qu'ils font d’une délicatelle & d’un goût plus exquis. J'ai dit ailleurs que les nègres font négligens & Paefe &: parelleux à l’excès : en voici une nouvelle preuve. u M. de Saint-Jean avoit fait planter fur cette ifle des batates, afin d’engager les nègres du voifinage qui y viennent fréquemment , à en continuer la culture & à les multiplier , pour les vendre enfuite à la Compa- gnie : ils y étoient venus en effet quelques jours avant nous , & avoient enlevé les batates , fans fe donner la peine d’en repiquer les branches, que nous trouvames hors de terre & defléchées par Les ardeurs du foleil. Les plantes les plus remarquables de cette ifle, rie étoient Ve mêmes que javois obfervées à Gorée. Dans le bas on voyoit plufieurs efpeces nouvelles de /per- macoce , & un helianthemoides, que les françois appel- lent falade-de-matelots, parce qu’ils en mangent les feuilles comme le pourpier , dont elles ont le goût. Plus haut fe trouvoient les corchorus(1), & plufieurs liferons à feuilles découpées. Le fommer de la mon- tagne étoit rempli d’un grand nombre d’arbrifleaux , tels que les ricins , les rapia (2), & les cafles puantes, parmi lefquels croifloient abondamment le dracuncu- lus (3) , l'ornithogalum à fleurs vertes, & une fort (1) Corchorus five melochia. J. B. 1. 982. (2) Tapia arborea triphylla. Plum. gen. pag. 12. (3) Arum polyphyllum ceylanicum; caule feabro, viridi diluto, ma- culis albicantibus.notato. Comm, Hort. amfl. vol, 1. tab. $ 2. J as VONT IAT GE Re 40. jolie efpece d’amarante (4) : enfin lorceille couvroit * les rochers les plus expofés. IL y avoit auffi quelques pains-de-finge de cinq à fix pieds de diametre : ils por- toient tous des noms d’Européens, dont les caracteres étoient gravés profondément dans leurs écorces. Nous ne voulümes pas contrevenir à la coutume; chacun fit fa marque fur ces arbres. Pour moi je me contentaï de renouveller deux de ces noms qui étoient aflez anciens pour en mériter la peine : l’un datoit du quinzième & l'autre du feiziéme fiécle. Ces caracteres avoient en- viron fix pouces de longueur , mais ils ER en largeur qu’une très-petite partie de la circonférence du tronc, d’où je jugeai qu’ils n’avoient pas été gra- Visiletedes vés dans la jeuneffe de ces arbres. Au refte, ces infcrip- . Ris tions fufffent, ce ine femble, pour déterminer à peu ne près à quel âge peuvent arriver les pains-de-finge ; car fi l’on fuppole que ceux dont il eft queftion ont été ravés dans leurs premiers ans , & qu’ils aient groffi de fix pieds dans l’efpace de deux fiécles, on peut cal- culer combien il leur faudroit de fiécles pour parvenir à vingt-cinq pieds, qui eft le dernier terme de leur groffeur. Après avoir refté trois jours à herborifer agréable- ment fur l'ifle de la Magdeleine , & à obferver les beaux coquillages qu’elle produit , nous nous rendi- mn E. mes à Gorée, d’où je partis le 2 octobre pour l’ifle du Gorée pour Sénégal. Les vents contraires de N-E. me retinrent 7 EE jours en mer, qui mauroient infiniment ennuyé 4 s'ils ne m’euflent procuré une obfervation intéreflante. (1) Amaranthus verticillatus minor, Bengalenfis ferpylli foliis incanis. Pluk. Phytogr. tab, 10. fig. 3. AU SÉNÉGAL. 67 Le 6 du même mois à fix heures & demie du foir, nous étions à cinquante lieues environ de la côte, lorf que quatre hirondelles vinrent chercher gîte fur le bâtiment , & fe repoferent côte à côte fur les échelons des haubans. Je les pris facilement routes quatre, & les reconnus pour être Les vraies hirondelles d'Europe. Cette heureufe rencontre me confirma dans le foup- çon que j'avois formé , que ces oïfeaux pafloient les mers pour gagner les pays de la zone torride, dès que l'hiver approchoit :en effet j'ai remarque depuis , qu’on ne les voit que pendant cette faifon au Sénégal , avec les cailles, les bergeronettes, les écouffes & quelques autres oifeaux de pañlage qui toutes les années s’y ren- dent lorfque le froid les chafle des pays tempérés de l'Europe. Un fait qui n’eft pas moins digne de remar- que, c’eft que les hirondelles ne nichent pas au Sénégal comme en Europe : elles couchent toutes les nuits deux à deux , ou folitairement , dans le fable fur le bord de la mer , où elles habitent plus volontiers que dans le cœur des terres. Je fus encore diftrait de la longueur de cette tra- verfée par les divertiflemens que me donnoient les ne 17 49. O&obre. Hirondelles de paflage. Poifons yox ans. poiflons volans. C’étoit alors leur faifon : la mer en étoit, pour ainfi dire , couverte. Leur groffeur eft égale à celle du goujon ou du merlan. Ils ont deux nageoires prefqu’aufli longues que tout le corps, & qui leur fer- vent d'ailes pour voler au-deflus de l’eau. Les dorades & les bonites font d’autres poiffons qui en font très- friands : ils leur faifoient alors la chafle, & l’on voyoit à chaque inftant de petites nuées de poiflons volans, qui s’élevoient au-deflus de l’eau pour éviter ces cruels Ii Pate —: --| 1749: Gétobre. 12, Arrivée à l’ifle au Sénégal, 13. Second voya- ge à Podor. 68 VON AA GARE ennemis , & couper en même tems leur route. Comme ils ne fe foutiennent en Pair qu’autant que leurs aîles font humides , leur volée étoit courte, & beaucoup de ceux qui s’'étoient élevés par-deflus le navire y re- tomberent : nous en fimes une capture très-abondante fans autre artifice. J'en mangeaï quelques-uns que je trouvai très-délicats & de bon goût. Lorfque j'arrivai à l’ifle du Sénégal le 12 octobre, les arbres, les campagnes, & les prairies fe reffentoient également de la vigueur de la faifon que les pluies avoient amenéé : on ne voyoit qu’une verdure agréa- ble qui avoit fuccédée à une fécherefle affreufe. Les pluies avoient ceflé : les eaux du Niger qui commen- çoient à décroître, devoient rendre la route de Podor plus praticable. Je ne pouvois faifir un tems plus fa- vorable à mes recherches fur les bords du fleuve : je penfai donc à faire une feconde fois ce voyage. Je fçavois bien que les vents qui ne font pas ordinaire- ment bons dans cette faifon , me feroïent faire de pe- tites journées. J'en auguroiïs avantageufement pour les travaux que je me propofois ; & je m'embarquai le 23 du même mois. C’eft l'ordinaire que les bâtimens qui fe difpofent à faire ce voyage , fe fourniflent de bois vis-à-vis la pointe de l’ifle Bifêche, dans une ifle quia retenu depuis le nom de lifle au Bois, à une pe- tite lieue de celle du Sénégal. On sy arrêta dans un fort joli quartier , où le bateau entra facilement au milieu des mangliers, & fe trouva fous un couvert de verdure très-agréable. Pendant que Pon fit la provi- fion , je defcendis fur cette ifle dont le terrein inondé n’étoit qu’un marais & un bourbier continuel, Je fen- AU SÉNÉGAL. 69 tois de tous côtés une odeur gracieufe , dont je ne de- vinai la caufe que lorfqu’en pénétrant dans le bois, j'arrivai , ayant de l’eau jufqu’à mi-jambe , dans un lieu que je vis tout couvert d’une efpece de boulette diffé- rente de celle d'Egypte. Elle étoit alors en fleurs, & répandoit une odeur extrèmement flatteufe. Depuis cet endroit jufqu’au village de Maka , les deux cn du Niger font tellement couverts de man- gliers , qu'il eft impoflible aux gens de pied d’y mar- cher. Comme les vents nous manquoient, les laptots furent obligés de haler le bâtiment à la cordelle ,ayant de l’eau jufqu’à la ceinture, & quelquefois davantage. Les premieres journées furent de cinq ou fix lieues , jufqu’à ce qu’on eût gagné l’efcale des Maringoins, parce que le fleuve court prefque nord & fud juf- ques-là , & que les vents ne furent pas tout-à-fait con- traires : mais depuis cet endroit jurqu'à Podor, fa di- rection change de l’oueft à left, & l’on eut bien de la peine à faire trois lieues par jour. Tantôt c'étoit un platon (1) qui nous arrêtoit :tantôt les arbres qui bor- dent le fleuve empèchoient de haler à la cordelle ; & l’on pañloit une bonne partie du jour à touer le bâti- ment (1). Ces difficultés me donnoient le tems & les moyens de prendre connoiïflance du pays. Je defcen- dois à térre matin & foir : je pénétrois les bois; je tra- verfois les marais & les campagnes , herborifant & chaflant : jamais je ne retournoïs les mains vuides ; ici c'étoit une plante, un infeéte qui m’arrétoit ; là c'étoit (x) Banc de fable élevé fur le fond de l’eau. (2) C’eft tirer le bâtiment par le moyen d’un cordage que l'on attache À un arbre, ou à un ancre qu’on laiffe tomber au fond de l’eau. 17 49: O&tobre: Difficultés à remonter le Nigerpendant ce mois, 1749. Otobre. Nombre pro- digieux de crocodiles, SO. Promenade 70 VOOIYV2A1G.E un quadrupède fingulier , un oifeau paré des plus vi- ves couleurs : tout ce qui {e préfentoit étoit un objet nouveau. Un peu au-deflus de lefcale aux Maringoins, je commençai à voir des crocodiles : quand je dis que je commençai à en voir, j'entends par centaines ; car vers l'ifle du Sénégal on en trouve bien quelques-uns. Mais il femble que cet endroit foit leur rendez-vous , & même des plus gros : j'y en ai vû qui avoient depuis quinze jufqu’à dix-huit pieds de longueur , & j'ignore qu'il en exifte de plus grands. Il y en avoit plus de deux cens qui paroifloient en même tems au-deflus de l’eau , lorfque le bateau pañla dans ces quartiers. Ils eurent peur & plongerent aufli-tôt ; maisils reparurent bientôt après pour reprendre haleine ; car ces animaux ne peuvent demeurer que quelques minutes {ous l’eau fans refpirer. Lorfqu'ils furnagent, il n’y a que la par- tie fupérieure de leur tête & une petite partie du dos qui s’éleve au-deflus de l'eau : ils ne reflemblent alors à rien moins qu’à des animaux vivans : on les pren- droit pour des troncs d’arbres flottans. Dans cette atti- tude qui leur laïfle l’ufage des yeux , ils voient tout ce qui fe pafle fur Pun & l'autre bord du fleuve, & dès qu’ils apperçoivent quelque animal qui vient pour y boïre , ils plongent , vont promptement à lui en nageant entre deux eaux , l’attrapent par les jambes, & l’entraînent en pleine eau pour le dévorer après lavoir noyé. On n’avoit pas encore fait vingt-cinq lieues le 30 pas de Ga Oétobre. Je vis le matin une fort belle plaine fur la j nor. gauche du Niger, vis-à-vis le village de Gandor ; jy À Ur SÉ N ÉG A L. 71 defcendis , mais j'eus bientôt lieu de m'en répentir. 1749. Après avoir marché pendant une heure , je trouvai VAL ve mon chemin barré par le marigot d’Ouafoul , quiétoit alors confidérable. Le fleuve fait un coude un peu au- deflus de cet endroit, Le bâtiment trouvant là Le vent favorable , avoit gagné plus d’une lieue d'avance fur moi, & on ne penfoit guères à m'attendre, ignorant l'embarras où j'érois. Il falloit cependant le rejoindre. Je n’avois pris qu'un nègre Banbara qui s’étoit offert pour m'accompagner ; car on ne fçauroit croire quelles peines j'avois de me faire fuivre par ceux qui avoient une fois courus avec moi : ils connoifloient trop bien les dangers auxquels je m’expofois , & ils ne trou- voient pas aflez de plaifir à partager les fatigues de mes promenades. Je fis avec mon Banbara une grande demi-lieue dans un marais formé par l’épanchement des eaux du marigot fur ces terres bafles , dont je ne me tirois qu'avec peine , ayant de l’eau jufqu’aux genoux , & rencontrant à chaque pas des ferpens de la grande Serpens d'une taille, fur-tout de ceux qui ont le corps extraordinai- HT rement gros eu égard à fa longueur. Je les évitois d’auffi loin que je les appercevois ; mais mon nègre me raffura en me difant qu'ils n’étoient pas malfaifans, J'en tirai un, à bout portant , qui avoit près d’un pied de diametre fur huit & demi de longueur. Il le char- gea fur fes épaules comptant en faire bonne chere avec {es camarades. Lorfque j'eus avancé encore quelques pas vers le ic L'Auteur ar- du marigot, j'entrai quoiqu’habillé dans l’eau jufqu’à a ke la ceinture. Je n’eus garde d’aller plus loin : j'aurois 72 VO AGE es, 1749. trouvé quelque trou qui m'auroit fort embarraffé. J'en- enr voyai mon nègre fonder le terrein , & pendant ce tems-là je montai fur un arbre, pour m’éloigner des ferpens & de l’eau qui commençoit à me fatiguer. Après avoir fondé trois endroits différens , il jugea qu'il pourroit me pafler dans celui où l’eau ne lui ve- noit que jufqu’aux narines en s’élevant fur la pointe des pieds. Il étroit grand, & avoit fix pieds & quel- ques lignes de hauteur. Je montai fur fes épaules por- tant mon fufil , quelques oïfeaux , & un paquet de . a plantes. Il fut bientôt dans l’eau jufqu’au col , & ce fon nègre, au NE fut pas fans peur de ma part que je me fentis plon- Fais ide FOR in nfblei ent jufqu’à la ceinture : je m’abandon- nai alors à fa fage conduite, ou plutôt à ma bonne fortune, & je le laïflai aller comme il voulut : il pañlà avec une conftance étonnante, & fans perdre tête, le milieu du marigot, en avalant trois his de fuite de l'eau qui le priva pendant quelque tems de la refpira- tion. Echappé à ce pas dangereux, je vis flotter une plante d’une grande beauté : C’étoit un cadelari (1) à feuilles foyeules & argentées. J’oubliai tout en ce mo- ment , & quoique mon Banbara eût encore de l’eau juiqu’au menton, je me rifquai à arracher cette belle Jante. Je fortis ainfi fort heureufement du marigot d'Ouafoul , qui avoit alors près de 120 toifes de lar- geur , Ceft-à-dire, environ deux fois celle de la Seine au Pont-royal, & je rejoignis mon bateau avant midi. Le foir même , dans l’incertitude où j’étois fi je trou- verois la route praticable fur le bord du fleuve qui m’a- voit tant expolé route la matinée, je defcendis fur le (1) Cadelari. Hort. Mal. part. 10. pag. 155. tab. 78, bord A Uït S'ÉÈNYÉ GA L. 13 bord oppolé , où je ne fus guères plus heureux. Je 1740 rencontrois de tems en tems des forêts de rofeaux de LU dix à douze pieds de hauteur, qui mettoient ma pa- Pa a tience à l'épreuve, quand il les falloit traverfer: Il n FRAlgEr avoit aucun fentier , & fouvent ils étoient fi épais qu’ils fe couchoient du haut & du bas, de maniere à me pri- ver entierement de la vûe du ciel & de la terre. Les jours fuivans fe paflerent plus agréablement : Hippapors® on arriva dans le quartier où les hippopotames , autre- Vu tuurins. ment appellés chevaux marins , font fort communs. Cet animal , le plus grand des amphibies , ne fe trouve que dans l’eau Ver des rivieres de l'Afrique; & une chofe digne de remarque, c’eft que l’on n’en a encore obfervé que dans cette partie du monde, à laquelle il femble être particulierement attaché. On lui donne communément la figure d’un bœuf : c’eft à la vérité l'animal auquel il reflemble davantage ; mais il a les jambes plus courtes, & la tête d’une groffeur déme- furée. Quant à la grandeur , le cheval marin peut prendre le pas après l'éléphant & le rhinoceros. Ses mâchoires Lis armées de quatre défenfes avec lef- quelles il détache les racines des arbres qui lui fervent de nourriture. Il ne peut refter long-tems fous l’eau fans refpirer : c’'eft ce qui l’oblige de porter de temsen tems la tête au-deflus de fa furface, comme fait le cro- codile. IL hennit d’une maniere peu différente du che- val, mais avec une fi grande force qu’on l'entend dif tinétement d’un bon quart de lieue. On voit dans ces mêmes quartiers, avec le cheval Seconde er pece de cro: marin , une feconde efpece de crocodile, qui ne cède cou, point à l’autre pour la groffeur, On le diftingue par fa | K 74 4 AVJOIVAA'G E 1749. Couleur noire, & par fes mâchoires qui font beaucoup Oo. plus allongées. Il eft encore plus carnaflier : on le dit même fort avide de chair humaine. BexxéduNi Le bateau côtoyoit tantôt l’une tantôt l’autte rive F*4 du fleuve. Par-tout elles étoient bordées d’arbuftes, communément de faules ou de fesbans , couverts de liferons ou d’apocins de plufieurs efpeces, qui après avoir ferpenté autour de leurs branches , laifloient pendre leurs jets chargés de fleurs de différentes cou- leurs. Au pied de ces arbrifleaux flottoit la perficaire auffi en fleur. Je navigeois ainfi dans une prairie flot- tante, où paifloit une multitude de fauterelles , dont la couleur verte bigarrée d’un beau rouge de feu, fai- foit un effet admirable. Plus loin les palmiers éle- voient leurs têtes au-deflus des femeliers (1 )& des aca- cies, dont tout le refte du terrein étoit couvert. Enfin rien ne manquoit à la beauté de la perfpetive dont mes yeux furent recréés dans un efpace de plus de quinze lieues, depuis le défert jufqu’au village de Bo- kol. Ce feroit la riviere du monde la plus agréable, fi Pon n’avoit à craindre à tous momens les crocodiles, & quelquefois même les chevaux marins dont elle eft remplie. Rome Le palmier, dont je viens de parler, eft celui que rmiers les nègres connoïflent fous le nom de ronn (2), qu'il a plû aux françois de changer en celui de rondier. Il porte un tronc fort gros & fort droit , femblable à une colomne de cinquante à foixante pieds de hauteur , de lextrémité de laquelle fort un faifceau de feuilles, (1) Efpece de hauhinia non décrite. (2) Carim-pana. Horr. Malab, vol. x. pag. 11. tab. 9. AU SÉNÉGAL. 75 qui , en S'écartant , forment une tête ronde. Chaque 1749. feuille repréfente un éventail de cinq à fix pieds d’ou- verture , porté fur une queue de même Jongueur. De ces arbres Les uns donnent des fleurs mâles , qui font fériles : Les autres qu’on appellé femelles , fe chargent de fruits qui fe fuccèdent fans interruption pendant prefque toute l’année. On n'en apporta plufieurs de la groffeur d’un melon ordinaire , mais un peu plus ronds. Ils étoient enveloppés d'une peau coriace, épaifle comme un fort parchemin , qui recouvroit une chair jaunâtre , remplie de filamens attachés à trois gros noyaux qui en occupoient le milieu. Les nègres aiment beaucoup ce fruit: lorfqw’il a été cuit fous les cendres, il a un peu du goût du coin : fon odeur elt aflez forte , mais agréable. Le faule du Niger eft différent de celui d'Europe. Il saue, a les tiges & la foiblefle de l’ofier , mais fes feuilles font très-courtes & arrondies par les extrêmités. Chez les nègres il porte le nom de Éruté C’eft un arbre des plus honorés dans le pays ; fes jeunes branches pañlent entre les mains des dames , qui en font des cure-dents. Au défaut de ceux-ci, qui laïffent un peu d’amertume dans la bouche, on emploie les branches de quelques autres arbres de bonne odeur. Ces différentes efpeces de cure-dents s’appellent du nom de fokiou. Les élephans , dont je voyoistous les jours un grand ; Novembre. nombre ni répandre fur les bords du fleuve, ne m'é- épuseus tonnoient ne: Le ÿ novembre comme je me prome- % Pas: nois dans les bois qui font vis-à-vis le village de Da- gana, j'apperçus quantité de leurs traces fort fraîches. Je les fuivis conftamment pendant près de deux lieues; | Ki] 76 VOYAGE 740 & enfin je découvris cinq de ces animaux, dont trois ! * fe vautroient couchés dans leur fouil à la maniere des Elephans, Sr fs : cochons, & le quatriéme étoit debout avec fon petit, mangeant lesextrèmités des branches d’uneacacie qu’il venoit de rompre. Je jugeai par comparaifon de la hauteur de l'arbre contre lequel étoit cet élephant, qu'il avoit au moins onze ou douze pieds, depuis la plante des pieds jufqu’à la croupe. Ses défenfes for- toient de la longueur de près de trois pieds. Quoique ma préfence ne les eût pas émus, je penfai qu’il étoit à propos de me retirer. En pourfuivant ma route, je rencontrai des impreflions bien marquées de leurs pas que je mefurai : ils avoient près d’un pied & demi de diametre. Leur fiente qui reflembloit à celle du cheval, formoit des boules de fept à huit pouces d’épaifleur. Je vifitai le lendemain avec un plaifir infini les belles campagnes qui font en deçà de Bokol. Je pañlai d’a- Singes vérds, bord fous des arbres remplis de finges verds, dont les gambades étoient fort divertiflantes. Je me trouvai enfuite dans une plaine très-abondante en gibier , & où je fis une chaffe merveilleufe. De Rà j'entrai dans un petit bofquet planté auprès d’un marais qui attiroit des compagnies de pintades. Pendant que j’étois aux aguets dans cet endroit, j'apperçus un de ces énormes Sages. fangliers particuliers à l’Afrique ; & dont je ne fçache pas qu'aucun naturalifte ait encore parlé. Il venoit tête baïflée fur moi, & m'auroit infailliblement atteint fi je ne l’eufle, pour ainfi dire , averti de détourner fes pas, par quelque bruit que je fis en le couchant en joue. Iétoit noir comme les fangliers d'Europe, mais d’une taille infiniment plus haute, Il avoit quatre AU SÉNÉGAL. 77 grandes défenfes , dont les deux fupérieures étoient recourbées en demi-cercle vers le front, où elles imi- toient les cornes que portent d’autres animaux. Plus j'approchois de Podor , plus j'étois expofé, parce que les bords du Niger font plus déferts, fur- tout celui qui regarde le feptentrion. Cependant ni les dangers que je courois de la part des bêtes feroces, ni les fatigues de la chafle dans des bois bien défendus par leurs épines , ni les chaleurs étouffantes du vent d’eft , qui m’obligeoient d’aller à chaque inftant aux eaux du fleuve pour y éteindre ma boit ardente; tout cela ne m’eflrayoit point , rien n’étoit capable d’ab- battre mon courage : une fanté merveilleufe me fou- tenoit contre tant de peines, de périls , & de fatigues auxquelles beaucoup auroient fuccombeés. Le 7 novembre il m’arriva une aventure encore plus critique & plus efrayante que celles que j'avois éprouvées jufqu’alors. Comme je me promenois alter- nativement tantôt {ur l’un, tantôt fur l’autre bord du fleuve , je pañlai ce jour-là fur le bord feptentrional. Je marchoïs en chaflant dans une terre déferte , qui navoit jamais été défrichée , toute couverte de bois auffi anciens que le pays, & dont l’épaifleur feule, 1749. Novembre. Dangers & fatigues du voyage de Podor. Avanture cri: tique . indépendamment des bêtes féroces qui s’y retirent, . auroit dû m'infpirer de la frayeur. Malgré les dangers & les incommodités inféparables de cette chafle, ma curiofité me portoit à pénétrer dans les lieux les plus épais de ces bois ; les animaux , les plantes & les oi- feaux que je rencontrois à chaque pas m’y invitoient, Le nègre que j'avois pris pour m’accompagner ne me fuivoit que de fort loin, Il étois midi; & je finiflois à a 1749. Novembre, Rencontre d'un tigre, 78 VOYAGE peine de recharger mon fufil après avoir tué deux tou- cans , lorfque je vis un tigre à mes côtés. I ne m’avoit pas encore apperçu : un arbre fe trouvoit entre lui & moi ; & il marchoit fort lentement la tête panchée vers la terre. Je gliflai promptement une balle dans mon fufil , pour le coucher en joue derriere larbre, & j'armai ma main gauche d’un couteau. À ces mouve- mens le tigre fe retourna fierement de mon côté & me lança des regards terribles. Quoique je n’en fufle pas éloigné de douze pieds, la prudence ne vouloit as que Je lui tiraffe mon coup, parce que j'étois feul, & qu'il y avoit beaucoup à rifquer pour moi, fi je ne Veus pas étendu mort fur la place. Je pris le parti qui me parut le plus fage dans une pareille rencontre : c’étoit de Le tenir toujourscouché en joue , un genouil plié pour plus de füreté, & de frapper la terre de l’au- tre pied fans me déranger , afin de le déterminer à prendre fon chemin. Il le fit à linftant en débutant par un faut tel que je n’en aï jamais vû de femblable, & me délivra ainfi de l'embarras où m'avoit jetté fa préfence importune. Dès ce moment je quittai le bois pour me rappro- cher du bord du fleuve , où mon nègre ne me rejoi- gnit qu'une heure après. Nous attendîmes fort long- tems le bateau fans en avoir de nouvelles; nous allä- mes même quelque peu au-devant, mais toujours inutilement. Nous l'avions laiffé plus de deux lieues derriere nous, & il n’y avoit aucune apparence qu’il dût arriver avant le coucher du foleil. IL étoit quatre heures du foir ; & depuis fix heures du matin que je fatiguois , je n'avois rien pris que de l’eau , dont je A US ÉINIÉ GA L. 79 büvois une grande abondance pour tempérer les cha- leurs que me faifoit efluyer le foleil le plus ardent. Preflé par la faim aufli-bien que mon nègre , je me dé- terminai à faire le diner du fauvage. Rien n’y man- qua. J'avois tué, chemin faifant, plus de gibier que quatre hommes aflamés n’en auroient pû manger. Mon nègre ne fut pas embarraflé pour le faire rôtir ; il frotta enfemble deux bâtons qui prirent feu à l’inftant ; il fit auffi une broche de bois , qu'il garnit avec un tou- can , deux perdrix & deux pintades. Quand ce diner, encore plus frugal & de moindre appareil que celui des nègres, fut fini; je crus ne pouvoir rien faire de plus avantageux pour moi & pour tous les françois qui viendroient par la fuite fe promener dans ce dan- gereux endroit, que d’y mettre le feu , comme le pra- tiquent les nègres. Pendant deux heures que je reftai là , je le fomentai , & j'y fournis des matieres fuffi- fantes pour embrâfer plufieurs lieues de ce vafte dé- fert , qui s'étend depuis le village Fe ess Ndounn- mangas jufqu’à Podor , dans une efpace de plus de vingt lieues, & qui n’eft fréquenté que rarement par les maures, qui y campent dans quelques endroits où 17 49. Novembre, Diner de l’Auteur au milieu des bois, I! y metlefeu en fe retirant. ils ont mis le feu. A fept heures du foir le bateau tant defiré & fi long-tems attendu , arriva : je m’y embar- quai avec une grande fatisfaétion à la lueur du feu que javois allumé; & j'appris huit jours après qu’il brü- ne encore , & qu’il avoit découvert plufieurs lieues e pays. Étant le 8 à Lamnaï. Cette petite ifle, qu’on pers nommer à bon droit l’ifle aux oïifeaux , eft fort alle , & n’a pas deux cens coifes de longueur. Ses ar- Nombre pro- digieux d’oi- feaux {ur l’ifle de Lamnaï, Le — 1749. Novembre. Stratiote ; plante du Nil, 80 VYOFVMAUCGRE bres étoient couverts d’une multitude fi prodigieufe de cormorans & de hérons de toutes les efpeces , que les laptots qui entrerent dans un ruifleau , dont elle étoit alors traverfée , remplirent en moins de demi- heure un canot, tant des jeunes qui furent pris à la main ou abattus à coups de bâtons, que des vieux dont chaque coup de fufil faifoit tomber plufieurs douzai- nes. Ces oifeaux fentent un goût d'huile & de poiflon qui ne plaît pas à tout le monde. Je trouvai dans cette ifle une plante que je n’avois pas encore vû : c'étoit le ftratiote, connu fous le nom de ftratiote d'Egypte; cette plante merveilleufe qu’on dit fe promener fur les eaux du Nil , cherchant fa nour- riture à la maniere des animaux. C’eft aflurément bien mal à propos qu’on a fait ce petit conte, ou qu’on a interprèté dans ce fens les defcriptions , peut-être trop lâches , que les voyageurs en ont donné. Le ftratiote du Niger eft le même que celui du Nil , dont on voit la figure dans Profper Alpin(1), & dans le Jardin de Malabar (2); & il porte des racines fi bien piquées en terre, que l’on a aflez de peine à l’arracher. Ce qui a fans doute induit en erreur, c'eft que cette plante produit des petits bouquets de feuilles fort écartés les uns des autres , & portés fur une tige, qui, après avoir flotté fur l’eau , va fe perdre infenfiblement dans la terre, à peu près comme font dans ce pays-ci les po- tamopgetons , les zymphoides , & les feuilles mêmes du nenufar. Ur. La proximité où j'étois de Podor, que l’on décou- (1) Hay alem el maovi, id eft, ftratiotes. Profp, Alp. Ægoyp. y. 2.p.$1. (2) Kodda-pail, Horc. Mal, vol. 11. pag. 32. tab. 63, : ÿroit AU SÉNÉGAL. 81 vroic au loin par-deflus des terres fort bafles ,me faifoit foupirer avec d'autant plus d’ardeur après le moment où je devois y débarquer , que le bateau failoit à peine trois ou quatre lieues par jour. Enfin cet heureux inf{- tant arriva le 10 de novembre, & mit fin le dix- neuviéme jour à ce voyage long , difficile, & d'autant plus pénible que je l’avois fait dans le mois où fe font fentir les plus grandes chaleurs de l’année. Le ther- mometre que je ne pouvois expofer fürement que dans la chambre du bateau, y marquoit fur le midi 4 49 jufqu’à 45 degrés. Elle éroit fi pénétrée de l'ardeur du foleil , que la nuit même elle confervoit encore 30 à 32 degrés de chaleur : c’étoit une vraie étuve, ou mème une fournaife ardente, dans laquelle diftilloit goute à goute le bray & le goudron, que les chaleurs liquéfioient au point de lui permettre de pafler par toutes les jointures du bâtiment. Enfin les chaleurs que j'ai fouffertes dans ce rude voyage , étoient telles que je ne crois pas qu’on en puille éprouver ailleurs de plus grandes ; & je ne fuis nullement furpris que la plûpart des françois qui font près de deux mois à faire le voyage de Galam en juillet & août, y arrivent 1749. Novembre, 10, Arrivée àPo- dor. Chaleur ex- ceflive dans les bateaux, rarement fans être attaqués de quelque fievre ardente, Auffi ceux qu’une longue expérience ou une parfaite connoïflance du pays ont rain plus prudens , partent dès le mois de juin, aufli-tôt que les eaux font aflez hautes ; alors ils ont beaucoup moins à craindre & à foufrir de l’intempérie de la faifon pluvieufe & des chaleurs qui augmentent continuellement depuis le mois de juin KÉlen novembre : ils n’y réfifteroient gerrainement point en partant en feptembre _ octobre, Novembre. A beiïlles très- incommodes, 82 VOYAGE Une autre incommodité du voyage de Podor ou de Galam, pendant le mois d’oétobre, ce font les ma- ringoins & les abeïlles. J'ai dit ailleurs combien les premiers font importuns : les abeïlles le font encore davantage. Tous les jours vers le midi, j'étois für d’être accueilli par un, deux , & quelquefois plufieurs effains qui venoient fe rendre dans la chambre du bateau, attirés peut-être par l’odeur pénétrante & réfineufe du goudron: elles m’obligeoient de quitter le bateau, & de chercher à terre la tranquillité. La même chofe m’arriva à Podor en novembre & décembre. Il y a apparence que c’eft pendant ces trois mois que les effains fortent des vieilles ruches pour en former de nouvelles : on en trouve alors aflez fouvent des monceaux confidérables. Je vis un jour un toit de cafe , dont la furface de feize pieds quarrés, étoit re- couverte d’une couche de plus de quatre travers de doigt , d’abeilles qui sy étoient ainfi entaflées. C’eft une preuve non équivoque de la prodigieufe quantité qu'il y a de ces infectes dans le pays. Ils fe logent par- tout; mais communément dans les troncs d’arbres que la vieillefle a creufes. Cette année ils avoient fait trois ruches dans notre habitation de Podor : l’une entre les volets & la fenêtre d’une chambre au premier étage; l'autre au rez de chauflée , dans une petite armoire pleine de ferrailles dont on ouvroit tous les jours un battant, & qui étoit placée au fond d’un magafin fort obfcur ; la troifiéme étoit fufpendue au plancher d’un autre magafin , fur le coin même de la porte. On réuflit difficilement à chafler ces petits animaux , même pendant la nuit, & par le moyen du feu : ils fçavent AU SÉNÉGAL. 83 trouver dans les ténèbres ceux qui les inquiétent, & 1749. ils les puniflent par des piquüres très-douloureufes. Norre Ces abeilles ne different de celles d'Europe que par Quafté de la petitele. Leur miel a cela de fingulier , qu’il ne ME prend jamais de confiftance comme le nôtre : il eft tou- jours liquide & femblable à un fyrop de couleur bru- ne. On peut dire qu'il eft infiniment fupérieur pour la délicatefle & le goût au meilleur miel qu’on re- cucille dans les provinces méridionales de la France. Le terrein de Podor me parut alors bien différent nr “ de ce que je l’avois vû dans mon premier voyage. Au lieu d’une plaine féche & ftérile, je vis une campagne agréable , entrecoupée de marais dans lefquels le ris croifloit naturellement , & fans avoir été femé. Le ter- rein plus élevé étoit couvert de mil: lindigo & le co- ton y étaloient la plus belle verdure. Prefque toutes les plantes aquatiques des pays chauds paflerent en revüe fous mes yeux : j'obfervai là le meniante(1), deux efpeces de pontederia (2) , les juffiæa (3) , les lemma , & le pongati (4) du Jardin de Malabar. Jy trouvai auffi plufieurs efpeces d’alz/ma , de liferons, de nénuphar, l’utriculaire , l’hortonia (5) , les adha- roda , un grand nombre de fouchets & d’autres plantes Ja pläpart inconnues. Je ne bornai pas ma curiofité aux campagnes voi- Eminences de terre fort fin- gulieres, + (1) Nymphæa Indica minor lævis. Rumph. Herb. Amb. vol, G. pag. 167. tab. 72. fig. 3. © (2) Pontederia foribus umbellatis. Linn. F1. Zeyl. 119. (3) Nouvelles efpeces. (4) Pongati. Hort. Mal. vol. 11. pag. 47. tab. 24. (s) Hottonia flore folirario, ex foliorum alis proveniente. Burm, Th. ÆZzyL pag. 121, tab. 55. fig. 3. L i 84 WU A ICE 1749. fines; elle s’étendit encore jufques dans les bois & les NE marigots qui font répandus à deux lieues à la ronde. Fy trouvai aufli beaucoup d'arbres nouveaux , & des oifeaux d’une grande beauté. Mais parmi les chofes fingulieres que j'obfervai , rien ne me frappa plus que certaines éminences de terre, que leur hauteur & leur régularité me firent prendrede loin pour un affemblage de cafes de nègres, & même pour un village confidé- rable. Ce n’étoit cependant que les nids de certains petits infectes. Ces nids font des pyramides rondes de huit à dix pieds de hauteur, fur à peu près autant de bafe , dont la furface eft unie , & d’une terre grafle extrêmement dure & bien maçonnée. L'intérieur eft un labyrinthe de petites galeries entrelacées les unes dans les autres : elles répondent à une petite ouver- ture qui donne entrée & fortie aux infeétes qui l’ha- bitent. On les appelle vagvague : peut-être font-ce les mêmes que l’on nomme poux de bois & fourmis blan- ches en Amérique & dans les Indes orientales. Ils ont la figure des fourmis ordinaires, mais leurs membres font moins diftingués. Leur corps qui eft d’un blanc fale , eft aufli plus mol , plus rempli, & comme hui- leux. Ces animaux multiplient prodigieufement , & quand ils travaillent à fe loger , ils attaquent d’abord quelque tronc d'arbre mort , qu’ils ont bientôt rongé & détruit. 4 Obfervarion Dans mes deux voyages j'avois levé avec foin la e la la‘itude : : - x & Podur, Carte du Niger depuis fon embouchure jufques à Po- dor :il ne me reftoit plus qu’à connoître la latitude de ce lieu. La différence que je trouvois entre mon plan & celui que donnent les cartes anciennes & mo- AQUR SIÉNN'É)GYA L. 8s dernes , me fit foupçonner que cette latitude navoit pas été bien déterminée , s’il étoit vrai qu'on y eût jamais travaillé. Pour m'en aflurer , je fixai avec les précautions requifes un gnomon de 8 pieds 1 pouce 1 ligne de hauteur, au-deflus d’une plate-forme ré- duite à un niveau aflez exat. J'y obfervai, pendant le mois de novembre & une partie de celui de décembre, diflérens points d’ombre du foleil, qui me donnerent, par le calcul , fa hauteur ; d’où je conclus la latitude de Podor de 16 d. 44 m. : boréale , conformément au réfulrat que je communiquai pour lors à M. le Monnier , qui voulut bien en faire part à l’Académie des Sciences(1). Cette obfervation étoit de quelque importance , puifqu’elle corrige une erreur de plus de 1 ÿ minutes dont toutes les cartes font Podor trop fep- centrional ; & qu’elle diminue de beaucoup la lon- gueur du cours du fleuve, dont même la plüpart des directions données jufqu’à préfent étoient faufles. Ainfi outre l'avantage que je retirai de mon fecond voyage de Podor , en prenant des connoiïffances de l’hiftoire naturelle du pays ; il me procura encore celui de vé- rifier & de corriger un point de géographie effentiel pour le cours du Niger tas nous ne connoiïflons bien encore qu’une petite partie. En defcendant ce FR , les vents d’eft me furent auffi favorables qu’ils m’avoient été contrairesen mon- tant. Je partis de Podor le 17 décembre, & j'arrivai le 21 à l’ifle du Sénégal ; deforte que je ne fus que cinq jours dans mon retour , au li que j'en avois (1) Cette obfervation a été imprimée dans le 2° volume des Mémoires préfentés à l'Académie par divers Sçavans, p. 6os. me 17 49: Décembre. 17. Retour de Podor à l'ifle du Sénégal, 86 VO! YMATGE TRES f 1749. employé dix-neuf à monter à Podor. Les eaux en Décembre. À £ Le à baïffant avoient laïflé fur les bords du fleuve un limon dont les nègres fçavent profiter aufli-tôt qu'elles fe font retirées. Ils avoient femé par-tout le gros mil, le tabac , & des haricots de plufieurs efpeces. se. Je ne reftai pas long-tems à l'ifle du Sénégal : jen garer parts le 1 1 janvier de l’année fuivante pour retourner econd voya- ARRETE 1 Loi le gàGor. une feconde fois à l'ile de Gorée, où j'arrivai le 154 De-là je devois faire le voyage de Gambie avec M: de la Brue & de Saint-Jean , directeurs , l’un de la con- ceflion du Sénégal , & l’autre de l’ifle de Gorée. Ils . / . . . , f alloient rétablir le comptoir françois d’Albréda, fi- tué fur ce fleuve à fix ou fept lieues de fon em- bouchure , & diftant d'environ cinquante lieues de idee. lifle de Gorée. Trois bâtimens mirent enfemble à la Gambie. voile le 10 février , & entrerent le 20 dans le fleuve Gambie. Son embouchure ne commence , à propre- ment parler , qu’à la pointe de Bar , quoique fon lit foit prolongé aflez avant dans la mer , par des bancs de fable ou des hauts-fonds qui fe trouvent entre l’ifle aux Oifeaux & le cap Saïnte-marie. Ce cap eft une terre haute qu’on laifle fur la droite. Depuis la pointe . , Q , { de Bar jufqu’au comptoir d’Albréda le fleuve a une largeur affez inégale d’une lieue dans quelques en- droits, & d’un peu davantage dans d’autres. Ses bords {ont aflez élevés , & garnis des deux côtés de grands arbres qui indiquent aflez la bonté du terrein. On moule : L'on mouilla vis-à-vis le comptoir, & lon refta le vis-à-vis 3 s " \ le comptoir quelques jours en rade fans defcendre à terre. On y ft Ru bonne chere, en maigre fur-tout. Les nègres nous ap- oïflons du feuve de portoient quantité d’excellens poiflons, des rayes ; des Crambie. k à | RER EEE A U'! S'É N? É)G/A L. 87 foles, des vieilles monftrueufes , & beaucoup d’huîtres d'arbres (1) qui font très-abondantes dans ce fleuve. Elles ont tout ce qui leur faut pour y vivre. Les man- gliers dont tous fes bords font bien fournis, leur pré- tent leurs racines pour s’y attacher , & l’eau de la mer n’y perd jamais fa falure. Ce ve y a de fingulier, c’eft que par-tout ailleurs on détache les huîtres des rochers , au lieu que là on les cueille fur les arbres. Lorfque la mer a baie, elle les laïfle à découvert, & on les voit pendantes à leurs racines : c’'eft ce qui a fait dire à quelques voyageurs qui en ont vûs de fembla- bles en Amérique , qu’elles perchoient fur les arbres. Les nègres n'ont pas tant de peine qu’on penferoit bien , à les cueillir : ils ne font que couper la branche où elles font attachées. Une feule en porte quelque- fois plus de deux cens, & fi elle a plufieurs rameaux, elle fait un bouquet d’huîtres qu’un homme auroit bien de la peine à porter. La coquille de ces huîtres differe de celles d'Europe, en ce qu’elle eft plus lon- gue , plus étroite & moins épaifle ; du refte la délica- celle & le bon goût de leur chair ne permettent pas aux connoifleurs d'y appercevoir aucune différence. Ce fut dans ce voyage que je commençai à con- noître par moi-même les défordres que caufent les fauterelles , ce fléau fi redouté dans ces brûlans cli- mats. Le troifiéme jour après notrearrivée ,nousétions encore en rade : il s’éleyva au-deflus de nous, vers les huit heures du matin, un nuage épais qui obfcurcit l'air en nous privant des rayons du foleil. Chacun fut (1) Voyez l'Hiftoire naturelle des Coquillages bivalves. Genre 3. ? Hut. tre , planc. 14. fig. 1. Loc, | 1750. Février, Huiïtres d’arz bres, Nuage de fau terelles, 88 VeO WI AGE ere 1750. étonné d’un changement fi fubit dans l'air , qui eft ra- Fe rement chargé de nuages dans cette faifon ; mais on reconnut bientôt que la caufe en étoit dûe à un nuage de fauterelles. Il étoit élevé d'environ vingt ou trente toifes au-deflus de la terre , & couvroit un efpace de plufieurs lieues de pays, où il répandoit comme une pluie de fauterelles qui y païfloient en fe repofant, puis reprenoient leur vol. Ce nuage étoit apporté par un vent d’eft aflez fort : il fut toute la matinée à pañler fur les environs , & on jugea que le même vent les précipita dans la mer. Elles porterent la défolation par-tout où elles paflerent : dE avoir confommé les herbages, les fruits, & les feuilles des arbres , elles attaquerent jufques à leurs bourgeons & leurs écorces: les rofeaux mêmes des couvertures des cafes, tout fecs qu’ils étoient, ne furent point épargnés : enfin elles cauferent tous les ravages qu’on peut attendre d’un animal aufli vorace. J'en pris un grand nombre que l’on voit encore dans mon cabinet : elles étoient en- tierement brunes, de la groffeur & longueur du doigt, & armées de deux mâchoïres dentées comme une fcie & capables d’une grande force. Elles avoient des aîles beaucoup plus longues que celles de toutes les faute- relles que je connois : c’étoit fans doute à leur gran- deur qu’elles devoient cette facilité à voler & à fe foutenir dans l’air, Peuples qi. On ne fe perfuaderoit pas facilement qu’un infecte mangent les , . À : . furereles. hideux comme l’eft la fauterelle, pût fervir de nourri- ture à l'homme. C’eft cependant un fait certain que piufieurs nations de ce pays la mangent. Elles donnent mème différentes façons à ce mêts fingulier. Les unes le AU SÉNÉGAL. 89 les pilent & en font une bouillie avec le lait ; les autres les font rôtir fimplement fur les charbons , & les trou- vent excellentes. On ne peut guères difputer fur les goûts ; mais Jaurois Lis volontiers aux nègres de Gambie tous les nuages de fauterelles pour le plus miférable de leurs poiflons. Une chofe qui m'a toujours étonné, c’eft la promp- titude prodigieufe avec laquelle la féve des arbres ré- pare dans ce pays-là les pertes qu’ils ont faites : & je n'ai jamais été plus furpris que lorfque defcendant à terre quatre jours après ce terrible paflage de faute- relles , je vis les arbres couverts de nouvelles feuilles, & ils ne paroifloient pas avoir beaucoup fouffert. Les herbes porterent un peu plus long-tems les FE de la défolation ; mais peu de jours fufhrent pour faire oublier tout le mal que les fauterelles avoient fait. Les peuples qui habitent le pays de Gambie font Mandingues ou Sofés , pour m’exprimer comme eux. Ils ne vivent & ne s’habillent pas différemment des autres noirs ; mais leurs cafes font mieux bâties : peut- être doivent-ils le goût de leur architecture aux Por- tugais qui s’y font établis autrefois. Leurs murailles font de terre grafle bien pétrie , fort liante , & qui prend en féchant beaucoup de folidité. Le dôme qui les couvre eft de paille, & defcend jufques à un autre petit mur de hauteur d'appui, qui fait autour de Ia cafe une petite pese où l'on eft à couvert des rayons du foleil. Le feu avoit pris au village peu de tems avant mon arrivée : les murs des cafes qui avoient réfiftés , étoient en partie d’un beau rouge, & en par- tie vicrifiés par la violence du feu : ils fembloient de M ————— 17$0. Février. AG@ivité de læ fève dans les plantes. Nation des Mandingues, Leurs cafes, Février, Hirondelles d Europe, Cabinet d’ob- fervations. Fertilité du pays. 99 1 AVAOXYMANGRE \ luifant. La cafe où je logeois étoit vafte & commode, mais auffi fombre qu’un foûterrein, même en plein midi, parce qu’elle n’avoit d’autres ouvertures que deux por- tes percées à fes extrêmités. Je dois faire obferver ici, de crainte de l’oublier, qu’un grand nombre de nos hirondelles d'Europe venoients y rendre touslesfoirs, & y pañloient la nuit perchées fur les chevrons de la couverture: car, comme je l’ai fait remarquer ailleurs , elles ne nichent pas dans ces pays, elles n’y font qu'hi- yernér. | Mon objet en me rendant à Gambie étant d’y faire les obfervations d’hiftoire naturelle, il me falloit né- ceflairement un endroit aflez éclairé pour travailler; mais toutes les cafes du village étoient trop fombres: Jimaginai de profiter d’un tamarinier qui fe trouvoit au milieu du jardin attenant à ma cafe, & planté de beaux orangers , de citroniers , de papayers & d’autres arbres fruitiers. Je fis faire une enceinte de paille fous {on épais feuillage, qui me procuroit avec une ombre & unefraïcheur agréable , letendre ramage dés oifeaux. C’étoit un vrai cabinet de naturalifte , & je doute qu’on en ait encore vû de fi champêtre. Quant à moi, fa me- moire m’eft infiniment chere par les connoiflances qu’il m'a procurées d’une multitude de plantes nouvelles & fort curieufes que produit ce pays, fans contredit un des plus beaux de l'Afrique. | Les terres y font grafles ; profondes , d’une reffource & d’une fécondité étonnante : elles produifent d’elles- mêmes & prefque fans culture tout ce qui eft néceffaire À UN SÉNMÉGYA L. 91 à la vie, grains, fruits, légumes & racines. Dans les lieux les plus élevés & un peu fecs ;lon voit l’acajou , des papayers de deux éfpecés , des-poyaviers , des orangers & des citroniers d’une grande beauté : jen ai mefuré quelques-uns qui avoient plus de vingt-cinq pieds de hauteur, & un pied & demi de-diametre au tronc. Les racinés de maniok, d'igname;.& de batate multiplient confidérablement dans les lieux décou- verts. Les terres noires & humides font occupées par des forêts de bananiers au pied défquels croiflent le poivre & le gingembre. Tout y vient en perfection & d’une excellente qualité, On y fait aufli beaucoup de vin de palmier délicieux. Le poivre de cet endroit n’eft pas le même que celui de l'Inde. C’eft: une baye ronde, de la grofleur d’un grain de chenevis , qui acquiert, par la maturité une couleur rouge, & une faveur afléz douce. Elle con- tient une femence de la forme & grofleur de la graine du chou, aflez dure, & d’un goût. de: poivre aro- matique qui pique agréablement la langue, Ce fruit naîc par petites grappes furun arbrifleau de trois à quatre pieds de hauteur, dont les branches fouples & déliées font garnies de feuilles ovales , pointues par les extrèmités ; allez grales, &:femblables: à cells: du troëne. | : le Telormnssits" | Le ris eft prefque le feul grain qui foit cultivé à: Gambie dans les terres inondées par les-pluies de la haute-faifon. Les nègres coupent toutesxes:ferres par. de petites levées qui retiennent les) eaux :delmaniére que leur ris efttoujoursbaigné: On avoit fait larécolte bien long-tems avant monrarriwée), &/les-rifières ne: M i 1750. Février, Poivre. . Culture du ris, LS SEE 1750. Février. Mouches lui- fantes, Bois de Gam- BIC 02 VOYAGE faifoient ,en février, que des rnarais defléchés où croif- foient quelques herbes fauvages. Tous les foirs on y voyoit voler de tous côtés des petites mouches luifan- tes , qui, par-tout où elles pañloient, faifoient briller une lumiere femblable à celle des étoiles courantes. Je m'y promenai plufieurs fois dès l'entrée de la nuit, & je m’apperçus qu’elles fortoient des crevafles for- mées dans cette terre marécageufe defléchée , où elles avoient pratiquées Jeurs retraites. Je remarquaiï encore que celles qui étoient aîlées éclairoïent aufli-bien que celles qui ne létoient pas:chofe quine fe voit point en France , où les premieres n’ont pas cet avantage. En- fin elles ne prenoient leur efor que pendant trois ou quatre heures au plus, après quoi elles rentroïent dans leurs trous. J'en recueillis un grand nombre, que je confervai quelques jours dans de petites phioles où elles donnerent de la lumiere tant qu’elles vécurent; mais elle s’affoiblifloit à proportion que Pinfeéte appro- choit de fa fin. C'eft improprement qu’on à nommé ce petit infeéte ver-luifant ou mouche-à-feu , puifqu’il n’elt ni mouche ni ver. C’eft un fcarabé de la petite taille , brun de fa couleur , & dont le corps applati eft écailleux comme dans tous les autres fcarabés. Ses aîles font recouvertes de deux fourreaux aufli écail- leux ; quoiqu’aflez mols. La lumiere dont il eft pourvü, n’eft logée que dans les trois derniers anneaux de fon corps; encore faut-il qu’il leur imprime quelque mou- vement:, pour l’obliger à fe montrer au dehors. En s'éloïgnant du fleuve on trouve une terre d’un fablon rouge, gras , extrêmement fin , & d’une ferti- lité inconcevable, Cela paroît par les arbres dont elle LR Ce re PE AU SÉNÉGAL. 93 éft chargée. Ici ce font des bofquets impénétrables , 1750. non par les épines , qui y font aflez rares, mais par leur nue épailleur : jy ai rencontré quelques plants de vigne Dire femblable à celle de l'Europe. Là ce font des bois de haute futaie, courbés fous le poids des c:ffus(1), qu'on appelleroit lianes en Amérique , à caufe de la maniere dont elles s’y attachent en montant puis en defcendant , s’entrelaçant les unes dans les autres , & paroiflant tirer en bas & aflujettir leurs branches, comme font les manœuvres d’un vaifleau à l'égard de fes vergues & de fes mâts. Ce fut dans ces belles cam- pagnes “ss je vis ces arbres prodigieux en grofleur & en grandeur , les ceybas(2) du P. Plumier , autrement les polons ou fromagers, que les nègres du Sénégal appellent benten , comme je l'ai dit ailleurs. Le benten furpafle en hauteur tous les autres arbres Benten arbre du Sénégal , comme le pain-de-finge, dit calebaffier, a les furpañle par fa Grolius. Il y en a de cent dix & même de cent vingt pieds de hauteur , dont le tronc de huit à dix pieds au plus de diametre , & extrême- ment droit , a cinquante ou foixante pieds & fouvent davantage de longueur, entre les racines & les bran- ches. Les canelures ou efpeces d’aïlerons qui naïflent quelquefois dans toute la longueur de ce tronc , ne diminuent rien de la beauté qu’il doit à la blancheur de fon écorce, & à la hardiefle avec laquelle il porte fa tête bien pommée & arrondie. C’eft de cet arbre que | On en fit les nègres font leurs pirogues en creufant fon tronc , “*?"#*" (1) Cereo affinis fcandens planta aphylla; caule rotundo , articulato, glabro, fucculento; faturatè viridi. S/oan. Jam. vol. 2, tab. 114. fig. 3.6 4. (2) Ceyba viucis folio caudice glabro. Plum. gen. pag. 42. SES CAEN UTAQIEY Février. Farobier, Figuier ex= traordinaire, 04 VO0: Y'A GE dont le bois eft très-mol , liant & extrémement léger, Ceux de Gambie ayant à leur difpofition les plus gros bentens , font aufli les plus grandes pirogues : ils en ont de quarante à cinquante pieds de long, fur quatre à cinq pieds de largeur &un peu moins de profondeur. Le farobier eft un autre grand arbre , aufli commun ue le benten, mais d’un ufage tout différent à caufe de la dureté & de la pefanteur de fon bois. Ses fruits font fort recherchés par les nègres. Ce font des goulles femblables à celles du haricot , mais de plus d’un pied de longueur, qui renferment des femences noires, ap- platies , femblables à de grofles lentilles , & envelop- pées d’une chair jaune farineufe. Ils mangent cette chair , qui fouvent leur tient lieu de toute autre nour- riture , fur-tout quand ils voyagent. Elle eft fort bon- ne , nourriflante, & d’un goût de pain-d’épice fucré & très-agréable. A l’extrêmité orientale du village d’Albreda je trou- vai un figuier fauvage d’une figure & d’une groffeur extraordinaire. [1 n’étoit pas fort haut ; mais fon tronc qui avoit environ dix pieds de diametre, étoit coupé de tant de canelures , qu'il fembloit compolé de plu- fieurs arbres joints les uns aux autres par leurs troncs, dont la plûpart s’étendoient davantage vers les raci- nes, où ils -formoient des efpeces d’archoutans. Le même tronc dont la hauteur ne pafloit pas quinze pieds, fe divifoit en plufieurs branches fort grofles & bien garnies de feuilles, qui rendoient cet arbre fort agréable, & capable de faire un très-bel ombrage. Les habitans du lieu en avoient profité pour faire un cal- PE idé e E en — de, ceft-à-dire, une falle de converfation, Cette falle que c'elt. A U" SÉ N'É G’AL. 95 confiftoit en un plancher élevé de deux à trois pieds au-deflus de terre, & compofé de plufieurs fourches plantées Les unes à côté des autres, fur lefquelles por- toient des traverfes : on avoit recouvert le tout avec des claïes fort ferrées , & quelques nattes par-deffus. C’étoit-là le lieu où fe tenoïent les affemblées ; les fainéans y alloient fumer & converfer ; on y voyoit des curieux de nouvelles ; en un mot, c'étoit-là que fe traitoient toutes les affaires du village. IL n’eft pas étonnant, fans doute , que dans un pays humide on voie des grenouilles : cependant je devois naturellementen être furpris, n’enayant encore trouvé dans aucun de mes voyages. De. Podor jufqu’à Gambie, qui en comprenant l’ifle du Sénégal , celle de Gorée , Portudal & plufieurs autres lieux où j'avois été , renferment un efpace de plus de cent cinquante lieues qui m’étoit aflez connu ,je n’avois encore vû que des crapaux. Ce fut dans un puits creufé au bout occi- dental du village d’Albréda que je découvris les pre- mieres grenouilles : fes bords élevés de fix pieds & coupés verticalement , les empêchoient de fortir. Je n’en vis que dans ce puits, mais elles y étoient en fi grande quantité, que quand elles s’éleyvoient au-deflus de l’eau , elles en cachoiïent totalement la furface , fe tenant toutes en recouvrement les unes au-deflus des autres, à peu près comme font pofées les tuiles qui couvrent nos maifons. Leur corps plus petit & plus ramaflé que celui des grenouilles de France, & leur couleur verte, tigrée de plufieurs taches noires jettées agréablement , me la firent regarder comme une efpece bien diftinguée, 1760. Février, Grenouilles, 96 VOYAGE ASIE PRESS 17504 La botanique & toutes les autres parties de Phiftoire naturelle avoient beaucoup profitées entre mes mains dans ce fertile pays, & je me ferois enrichi d’un nom- bre d’obfervations encore plus confidérable , s’il m’eût été permis d’y faire un plus long féjour ; mais les cir- conftances & les embarras d’un comptoir qu’il falloit EU. établir, m’empêcherent d'y refter. Je m'embarquai le Gambiall'ile 12 Mars pour retourner à Gorée, avec le directeur de #Gorée. Cetteifle, & celuidu Sénégal qui avoient donnés tous leurs foins pour que rien ne me manquât pendant que j'étois à Gambie. Baleines La traverfée fut fongue, & nous eûmes tout le loifir ones. Je confidérer de fort près deux baleines que nous avions déja vûes dans notre premier voyage. Elles nous fuivirent plus long-tems dans celui-ci, & nous eûmes le plaïfir de voir les jeux & la marche majef- tueufe de ces monftres, dont la compagnie ne nous amufoit qu’autant qu’ils n’approchoient pas trop le vaifleau. J’eftimai leur longueur d’environ cinquante- cinq ou foixante pieds : Ja partie de leur dos qui for- voit toujours hors de l'eau, avoit bien douze pieds de longueur fur quatre à cinq de largeur, indépendam- ment de la cête , qui s’éleyoit quelquefois pour refpirer fans faire d’autre bruit que celui du cheval lorfqu'il fouffle en bâvant. Ils ne rejettoient point l’eau par les nafeaux comme font tous les fouffleurs, qui font aufli fort communs dans les mers des tropiques : enfin je n’apperçus aucune apparence de nageoire fur leur dos. C’eft fans doute à une baleine de cette efpece qu’avoit appartenu autrefois une vertebre de quatorze pouces de diametre fur huit de hauteur , que j'eus occafion de voir AU SÉNÉGAL. 97 ; K À À ne) voir depuis fur le rivage , avec quelques côtes de plus 1750. de dix pieds de longueur. On fera peut-être furpris de Mt: ce que je parle des baleines n’en ayant rien de plus précis à dire : cependant comme elles fe trouvent dans un pays où les nègres n’ont ni l'envie ni l’habitude de leur faire la chafle, & comme il n’y a pas d’apparence qu’on y en voie jamais de plus près ni : commodé- ment que j'ai vü celles-ci , je devois faire part ici de mes remarques, pour faire connoître de quelle gran- deur font les baleines de la zonetorride, fuppofé qu’el- les foient diftinguées de celles de la zone glaciale. Nous avions pendant le jour les divertifflemens des Rene Fa baleines, & ceux de la mer pendant la nuit. Dès que neufe. le foleil en fe plongeant fous l’horizon , avoit ramené les ténèbres, Î, mer nous prêtoit aufli-tôt fa lumiere. La proue du navire, en faifant bouillonner {es eaux, fembloit les mettre en feu : nous voguions ainfi dans un cercle lumineux qui nous environnoit comme une gloire d’une grande largeur, d’où s’échappoit dans le {illage un long trait de lumiere, qui nous fuivit juf- qu’à l’ifle de Gorée , où nous débarquâmes le 23 du vés à Tir de mème mois, Gorce. Au lieu de retourner auffi-tôt à l’ifle du Sénégal, je voulus refter à Gorée pour y achever les obfervations fur les plantes , & particulierement fur les coquillages & d’autres corps marins, qui m’avoient échappés dans mes deux premiers voyages. C’étoit alors la faifon des poiflons , du moins des poiflons de moyenne taille. La mer en paroifloit remplie : lorfqu’ils étoient pourfuivis Nan de par les gros, on les voyoit par bancs s'approcher de serre, & fouvent y échouer. J'ai vü de ces bancs de N Popin pes = | 1749. Mars. Pêche ex- traordinaire, 03 VO Y LA IGLE lus de cinquante toifes en quarré , où les poiffons étoient fi ferrés qu’ils rouloient les uns au-deflus des autres fans pouvoir nager. Aufli-tôt que les nègres ont apperçu un banc femblable auprès de terre, ils fe jet- tent à l’eau, portans d’une main un panier pour faire la pêche, & nageans de l'autre. C’eft une chofe des plus plaifante que de les voir dans cette attitude gê- nante , pénétrer tour à tour au milieu de ces four- millères , plonger fimplement leur panier , puis le relever, & s’en retourner chez eux chargés de poif- {ons. J'ai été témoin oculaire d’une pêche extraordinaire ui fut faite dans le même mois, fur le rivage de Ben, à une lieue de Pifle de Gorée, par les gens de l’équi- age d’un vaifléau de la Compagnie, mouillé dans la rade. Ils navoient qu'une fenne d’environ foixante brafles (1), qu’ils jetterent à tout hazard à la mer ; car ils n’eurent pas le bonheur de rencontrer un banc de poiflons : cependant ils firent une pêche fi abondante, que le rivage fut couvert dans toute l’étendue de la {enne , par les poiffons qu’elle y amena, quoique bien maltraitée. Jen comptai une partie, qui me fit juger que le nombre total étoit de plus de fix mille, dont les moindres égaloient la grofleur d’une belle carpe. On y voyoit des fardes, des vieilles, des argentines , des mulets ou cabots de deux efpeces, des lunes , des carengues , & d’autres poiflons peu connus. Les nè- gres du village voifin en prirent chacun leur charge, & les matelots du navire en remplirent leur chaloupe à couler bas, abandonnant le refte fur le rivage. Dans (1) Mefure marine de cinq pieds. AU SÉNÉGAL. 99 toute autre pays une pêche femblable auroit fans doute pailée pour miraculeufe. Il y a dans l’ifle de Gorée, comme je l’ai déja dir, une terre bañle que l’on nomme Savane. Jy logeois dans une cafe de paille, conftruite à la maniere des nègres : elle étoit neuve quand j'y entrai ; mais en moins d’un mois elle fut toute à jour. J’en recherchaï la caufe que je découvris bientôt. Tout ce cerrein étoit rempli d’une efpece de fourmi blanche , ou de vagva- gue, différente de celle dont j'ai parlé ailleurs. Celle-ci au lieu d'élever des pyramides, refte enfoncée dans la terre, & ne fe déclare que par des petites galeries cy- lindriques de la grofleur d’une plume d’oye , qu'elle éleve Que tous les corps qu’elle veut attaquer. Ces ga- leries font routes de terre cimentée avec une délica- telle infinie. Les vagvagues s’en fervent comme de chemins couverts pour travailler fans être vues; & on peut compter que de telle nature que foit ce à quoielles s’attachent , cuirs , étofles , toiles, livres , bois, tout eft bientôt rongé & confommé. Jen eus été quitte à grand marché , fielles n’euflent attaqué que les rofeaux de ma cafe ; maiselles me percerent une malle qui étoit élevée fur des tretaux un pied au-deflus de terre , & rongerent la plüpart de mes livres. Mon lit même n’é- toit pas épargné, & quoique j'eus foin tous les foirs d’abattre les galeries , elles étoient fouvent élevées au milieu de la nuit jufqu’à mon chevet, & gagnoient jufques dans mon lit, où les vagvagues après avoir découpé mes draps & mes matelas, en venoient à ma peau qu’elles mordoient cruellement. On me difpen- {era de parler ici des enflures & des vives douleurs qui Ni 1750. Mars. Infe&te fort incommode n appellé vag- vagues 100 VOYAGE Logos di pe | QE 1759. accompagnerent le poifon de ces morfures. Ces in- fectes, dont la groffeur ne pale guères celle des gran- des fourmis d'Europe , font d’une conftitution telle que ni l’eau douce , ni l’eau falée de la mer, ni le vi- naigre, ni les autres liqueurs fortes, dont j'ai plufieurs fois inondé le fol de ma chambre , n’ont pû les faire périr ; & quelques moyens que j'aie tenté pour en éteindre la race , il nem’a jamais été poffible d’y réuflir. Les torts infinis & les ravages que font ces animaux demanderoïent qu’on cherchât quelque voie füre de les exterminer : on a propofé l’arfenic comme un fe- cret infaillible ; mais il ne feroit pas prudent d’en con- feiller Pufage, & encore moins de le pratiquer: le feu, s'il n’étoit pas fujet à des défaftres plus dangereux que ceux que caufent les vagvagues, feroit l’expédient le moins difpendieux & le plus efficace; car on voit ra- rementces infectes dans les lieux où il a paflé vivement. Obfervations Si j'ai beaucoup foufert de l’incommodité des vag- LS vagues, il faut convenir aufli qu'ils ont contribué à un grand nombre d’obfervations , & à me faire répéter cent fois des expériences que je n’aurois peut-être faites que rarement, Ma chambre étoit remplie de baquets pleins d’eau de mer, où j'avois continuellement des poiflons vivans qui rendoient pendant la nuit une lu- miere femblable à celle des phofphores. Les bocaux remplis de coquillages, les poiffons mêmes qui étoient étendus morts fur ma table, en donnoient aufli de leur côté. Toutes ces lumieres réunies enfemble , & réfléchies fur différentes parties de ma chambre, la faifoient paroître enflammeée ; & j'avouerai qu’elle me parut celle la premiere fois que j'apperçus cet étrange À UN SÉN É G/A L. 101 phénomène , & qu'il me fit Pimprefion qu'il eft or- dinaire à tout homme d’éprouver en pareil accident. Les vagvagues en me réveillant en 2 , renouvel- lerent ma premiere frayeur beaucoup plus fouvent que je ne l’aurois d’abord fouhaité ; mais ma crainte fe diflipa peu à peu par habitude, & j’eus beaucoup de plaifir dans la fuite à confidérer ce fpetacle fingulier. Ce qu'il avoit de plus charmant , c’eft que chaque poiflon rendoit fa forme fenfible par la lumiere qui en fortoit : il en étoit de même des coquillages & de tous les corps marins que j’avois chez moi: les baquets eux- mêmes fembloient des fournaifes ardentes. Ce n’eft pas tout : chaque jour le fpectacle étoit nouveau , & la décoration changeoit, parce que chaque jour j’avois de nouveaux poiflons & de nouveaux coquillages à obferver : tantôt c’étoit une farde , une carengue ; tan- tôt une pourpre, un pucelage ; tantôt c’étoit un po- lype, un crabe ou une étoile de mer qui faifoit voir fes rayons lumineux au milieu des ténèbres : enfin je diftinguois parfaitement la forme de tous ces animaux divers , par les traits de lumiere qui partoient de cha- cune de leurs parties ; & mille pofitions différentes que je pouvois leur donner , me permettoient de varier à l'infini cette décoration lumineufe. Lorfque les vagvagues me forçoient de quitter cette brillante demeure, & de cherchér de la tranquillité au dehors, la mer courroucée me préfentoit en grand le même phénomène, Ses montagnes d’eau fembloient fe métamorphofer en montagnes de feu, & offroient à mes yeux un fpectacle merveilleux , & plus capable d’exciter admiration que la crainte, à ceux même qui auroient été expolës à fa fureur, Poiflons lu mineux, 102 " VOYAGE CRT ESS LIENS CE 1750 Quoique la mer füt violemment agitée aux envi- Marse > / \ LT: : accder. sn. “088 de Pifle de Gorée , à caufe de l’équinoxe du prin- galier, tems où nous étions alors, je ne laïflois pas de la paler fouvent dans un petit canot, pour gagner la grande terre. Un jour que j'allois au cap Bernard , il m’arriva un accident qui penfa me coûter la vie. Ce cap n'eft éloigné de Gorée que d’un tiers de lieue: c’étoit pour la premiere fois que je me difpofois à y defcendre. De loin il me paroifloit faire une anfe femblable à un petit port, & je comptois y aborder aifément : mais à mefure que j'approchois du rivage j'y trouvois plus de difficulté : la mer brifoit par-tout avec force, & je ne voyois aucun endroit für pour-débarquer. Cependant les vagues entraînoïent toujours mon canot vers la terre , & je me vis tout à coup enveloppé d’une lame qui l'emporta fur un rocher où il verfa en fe brifant. Tout le bonheur que j'eus dans ce bouleverfement, où je ne perdis point la tête , fut que le canot en tour- nant, s’arrêta fur ce rocher , où il fut foutenu comme une voûte de deflous laquelle mes deux nègres s’échap- perent. Je n’attendis pas qu’une autre lame vint le re- lever & peut-être me couvrir, comme cela feroit in- failliblement arrivé : je profitai de la légereté de mes jambes pour gagner le haut du rivage , où j'en fus quitte pour me fécher en me promenant au foleil. Jufques-à nulle difficulté n’avoit été capable de n'arrêter ; cependant cette cataitrophe, indépendam- ment des douleurs que me caufoit la mer toutes les fois que je m'y embarquois ; me fit faire de férieufes réflexions fur les rifques que je courois en paffant tous les jours de Gorée au continent dans un fi petit vaifleau, A U1S ÉN'É GA L. 103 M. de Saint-Jean , directeur de cette ifle , qui avoit pour moi toutes fortes d’attentions, & même plus que je n’en avois moi-même , voulant m'épargner les périls auxquels je m'expolois fi évidemment , propofa au maître de Ben, petit village du continent à une lieue dans le nord de Gorée, de me recevoir chez lui, & de me procurer toutes füretés pour les promenades que je ferois fur fes terres & par-tout où je pourrois m’éten- dre. Ce feigneur nègre , qui étoit extrêmement affec- tionné pour les françois, fut au comble de fa joie de pouvoir en pofléder un chez lui pendant quelques fe- maines, Je trouvai le 24 avril en arrivant dans fon village , une cafe commode qu'il avoit fait bâtir nou- vellement dans fa tapade pour fon ufage. Elle étoit environnée de plufieurs cours & jardins, où il m’avoit encore préparé un petit cabinet bien éclairé , & dans une fituation telle que je l’avois defirée pour la com- modité de mes obfervations. Rien ne favorifoit da- vantage mes intentions que la pofition avantageufe de ce village. D’un côté la mer me fournifloit tout ce ge je pouvois fouhaiter en poiflons & en coquillages : un autre côté j'avois les plaines , une forêt confidé- rable, & à deux lieues de la les montagnes du cap Verd. Dans tous ces endroits je devois trouver de quoi me fatisfaire tant en plantes qu’en animaux de toute efpece. Ce pays eft entierement fabloneux , comme les en- virons de l’ifle du Sénégal ; mais il forme une plaine beaucoup plus élevée. Il produit avec les mêmes plan- tes, un grand nombre d’autres qui lui font particu- lieres : on y voit aufli beaucoup de bois d’épines, tels Avril. 24, L'Auteur va demeurer dans le village de Ben j au milieu des nè- gres. 104 b AVIOIMIAÎIGE 1750. que lesacacies, & des pains-de-finge. En allant de Ben pains fnge 2AICRP Verd, je rencontrai fur ma route, à peu près à montrueux” iMmOitié chemin , deux de ces derniers arbres encore plus gros que ceux que j'avois admiré aux environs de l’ifle du Sénégal. Je mefurai leurs troncs avec une ficelle, & je trouvai à l’un foixante & feize pieds, & à l’autre foixante & dix-fept pieds de circonférence, c’eft-à-dire, plus de vingt-cinq pieds de diametre. C'eft ce que j'ai vü de plus merveilleux en ce genre; & f1 l'Afrique en montrant l’autruche & l’élephant seft acquife la jufte réputation d’avoir enfanté les géans des animaux , on peut dire qu’elle ne s’eft point démentie à l’égard des végétaux, en tirant de fon fein les pains-de-finge, qui furpaffent infiniment tous les arbres exiftans aujour- d'hui, du moins dans les pays connus , & qui font vraifemblablement les arbres les plus anciens du globe terreftre. Nids dineysil Aux branches de ces arbres étoient fufpendus des raordinaire, nids qui n’étonnoient pas moins par leur grandeur. Ils avoient au moins trois pieds de longueur , & reflem- bloient à de grands paniers ovales , ouverts par en bas, & tiflus confufément de branches d’arbres aflez grofles. Je n'eus pas la fatisfation de voir les oïfeaux qui les avoient conftruits ; mais les habitans du voifinage m'aflurerent qu’ils avoient aflez la figure de cette ef- pece d’aigle qu’ils appellent ntann. À juger de la gran: deur de ces oïfeaux par celle de leurs nids, elle ne devoit pas être beaucoup inférieure à celle de l’au- truche. Teneindes La vûe de la double montagne du cap Verd étroit Eve 1 le feul moyen que Javois pour diriger mes pas dans cette AU SÉNÉGAL 105 cette vafte plaine ; car les fables y étoient tellement agités & tranfportés d’un lieu à l'autre par les vents, qu'il n'étoit pas poflible d'y appercevoir ni fentier ni aucune trace marquée : les éminences même que je ren- controis quelquefois, au lieu de me guider, ne fer- voient qu’à n'égarer moi & mes nègres , à caufe de leur grande uniformité. Elles portoient pe toute verdure des arbrifleaux connus dans l’Inde fous le nom de bois de renette(r). Je marchois-aufli quelquefois dans des champs très-vaftes, femés naturellement d’une efpece de bafilic particuliere au pays. Ce qui me parut digne de remarque, c’eft que par-tout où il croifloit, il étoit fort épais, & qu’on y voyoit rarement d’autres lantes de aie efpece qu’elles fufflent, pas même dans Le, endroits les plus clair-femés , comme fi fa proximité leur eût été funefte. Ce bafilic eft ligneux & vivace: il forme un arbrifleau de deux pieds de hauteur , dont les tiges & les feuilles font d’un verd rougeatre , & répandent une odeur de citron extrêmement gra- cieufe. Les fables quoique mobiles & déplacés à chaque inftant , produifoient encore beaucoup d’autres petites plantes, & fur-tout des chiendents qui en couvroient prefque toute la furface. Mes promenades les plus ordinaires étoient dans la forèt de Krampfane, que j'appellois aufli la forèt des palmiers , parce qu’en effet on y voit peu d’autres arbres. Elle commence à une petite demi-lieue du vil- lage de Ben, & s'étend jufques à deux lieues dans left vers le nord , en faïfant un demi-cercle , & pañlant à (1) Dodonæa. Linn, Horr. Cliff. 148. Staphylodendrum folis lauri anguftis. Plum. Car. par. 18. Forêt de pale mers, 106 r V'OYAG'E “1730 un quaït de lieue d'un village ruiné , appellé Mbao, Mk & fitué fur le rivage à une lieue & demi de Ben. Sa largeur eft par-tout d'environ un quart de lieue. Son terrein eft bas, & creufé dans certains endroits comme un canal, qui paroît avoir été autrefois finon un baflin inondé par les eaux de la mer, du moins un lit de ri- viere d’eau falée, qui en fe defléchant a laiflé un fable noir & limoneux , dans lequel les eaux de la pluie prennent un goût de fel qui les empêche d’être pota- bles. J’oferois même affurer que ce canal faïfoit autre- fois partie du marigot de Kann , dont il eft plus qu’évi- dent que la communication a été interceptée par une jettée de fables , que les vents ont amenés auprès de fon embouchure. Datiers, Du côté de Ben jufqu’aux deux tiers de fa longueur, cette forèt eft toute en palmiers-dattiers , à l'entrée defquels s’éleve un petit bofquet de palmiftes : dans l’autre tiers on ne voit que de ces derniers. Le dattier de ce pays eft fauvage , & vient fans culture. Les nè- gres Serères du royaume de Kaïor, qui comprend le cap Verd, l’appellent kionkomm ; & ceux du pays d'Oualo vers l’ifle du Sénégal, lui donnent le nom de for-for. Il s’éleve rarement au-deflus de vingt à trente pieds : fon tronc eft rond & droit, de couleur tannée, & de fix pouces au plus de diametre. De fon fommet il fort une gerbe de feuilles de huit à neuf pieds de longueur , qui s'étendent en rond comme un parafol , & fe courbent un peu vers la terre. Le pied de cet arbre produit un nombre infini de tiges femblables à celle du milieu , mais qui s’élevent rarement à la hauteur de quatre ou cinq pieds. Ces tiges grofliflent confidéra- AU SÉNÉGAL. 107 blement cet‘arbre, & même au point que par-tout où il & {eme naturellement en forèts , on à bien de la peine à s’ouvrir un pañlage au travers des épines qui terminent fes feuilles. Ses fruits font plus courts que ceux du dattier cultivé ; mais leur chair eft plus épaiïfle. Ils font d'un goût fucré, très-agréable, & infiniment au-deffus de celui des meilleures dattes du Levant ; peut-être parce qu'elles mûüriflent mieux fur l'arbre. Le palmifte eft de tous les palmiers (1) du pays, celui qui s’éleve le plus. On en voit de foixante à quatre-vingt pieds de tige, fans aucune branche. Son tronc eft noir extérieurement , également gros dans toute fa longueur , & du diametre d’un à deux pieds. Sa tète fe charge de feuilles à peu près comme le dat- ter. Il porte des fruits ronds de la grofleur d’une petite noix, & recouverts d’une chair jaunâtre dont on fait l'huile de palme. Les nègres lui donnent le nom de tr. C’eft de ces deux arbres qu'on tire le vin de palme. Cette liqueur reflemble parfaitement au petit lait par fa couleur. Il y a plufieurs manieres de la tirer : voici comment les nègres pratiquent la premiere, & comme je l'ai fouvent pratiquée, à leur exemple , à l'égard du dattier dans la forêt de Krampsène. On coupe une tige à quelques pouces au-deffous de la couronne, dont on ne laïfle que quelques feuilles : on les couche par-deflus lincifion , & on les y aflujettit avec une cheville qui {e fiche dans l'arbre. L’extrèmité de ces feuilles fe replie enfuite dans une calebafle , ou dans un petit potde terre rond , d'étroite ouverture , qui fe trouve ainfi fuf (1) Palma altiffima, non fpinofa, fruétu pruniformi minore , racemofo fparfo. Sloan. Jam. vol. 2. tab. 11 D O 1] Palmilte. Vin de palme. Premiere ma- niere de le ti- rer. 108 bp AVYONYMA' GIE 1750. pendu fans pouvoir quitter les feuilles ni tomber. Par "ce moyen la féve qui fort de la tige coupée, coule le long des feuilles , & va fe rendre dans le pot où elle s’amafle. Secondema- La feconde maniere de tirer le vin de palme fe ré- duit à faire un trou rond au-deflous de la tête de l’ar- bre , au lieu de la couper, & à y introduire quelques feuilles pliées | qui fervent de goutiere ou de canal, pour conduire la liqueur dans le pot qui y eft attaché. Ces deux pratiques font faciles à exécuter à l'égard du dattier, dont on r’attaque que les tiges qui n’ont pas plus de cinq pieds de hauteur. Mais lorfqu’il s’agit de tirer le vin d’un arbre très-haut , comme du pal- mifte, on a beaucoup plus de peine. Les nègres ont un expédient merveilleux pour y monter. Ils fe {er vent d’une fangle d’écorce de bauhinia , ou de feuilles de palmier amorties au foleil, battues & treflées , de trois travers de doigt de largeur. Lun des bouts eft percé d’un œillet, dans lequel entre un bâtonnet atta- ché en travers à l’autre bout , pour faire l’office de bouton. Cette fangle ne doit être ni trop fouple , ni trop roïde : il lui faut un reflort fuffifant pour lempé- cher de trop plier. Elle fait comme un cercle de deux pieds & demi de diametre, qui lorfqw’il eft tendu par le corps de l’homme & celui de l'arbre , devient un ovale qui laïffe environ un pied & demi de diftance Marie entre les deux. Avec cette ceinture , ils fe lient pour rm ainfi dire à l'arbre , & montent en s’aidant d’abord des iurlesarbres. pieds, puis des genoux & des mains, jufqu’à ce que la partie de la fangle qui appuie fur l'arbre, fe trouve au- deflous de celle qui en foutenant leurs reins ou leurs AU SÉNÉGAL. 109 cuifles , leur fert de fiège : alors ils fe rapprochent de l'arbre , pour relever en haut la partie oppolée, qui bientôt après fe trouve encore abaiflée au-deflous de celle des reins, qui ont été élevés par le travail des pieds & des genoux. La fangle ne peut glifler, parce qu’elle eft toujours bien tendue entre homme & le tronc, qui d’ailleurs eft très-rude. De cette façon ils arviennent bientôt au fommet de l'arbre. Là ils s’af- Bic fur leur fangle , & jouiflans de la liberté de leurs bras , ils coupent les régimes de fruits qu’ils ont jugés mûrs, ils les attachent avec les calebafles pleines de vin, & les defcendent en bas par le moyen d’une corde : car ils n’oublient jamais en montant de porter avec eux en bandoulière tout ce qui leur eft néceflaire our ce travail ; une corde , un couteau, & des cale bre vuides pour remplacer celles qu’ils ont retirées pleines de liqueur. Lorfqu’ils veulent defcendre de ces arbres , ils font le contraire de ce qu’ils avoient fait pour y monter ; c’eft-à-dire, qu’ils abaïflent de tems en tems la fangle au lieu de la relever. Leur prompti- tude & leur affurance dans ce métier fatiguant , fait affez connoître quelle doit être leur fouplefle, & com- bien ils font adroits ; car on ne dit pas qu’il leur foit jamais arrivé d’accident , & ils n’ont à craindre que de la part de la fangle qui pourroit fe rompre. Il faut que cette efpece de vendange coûte peu de peine aux nègres, aTee leur vin eft à fi bon marché w’on en à fur les lieux plus de quarante pintes pour dix fols, & fouvent pour la moitié de ce prix. Elle ne fe fait pas toute dans le même tems , comme l’on fait celle du raifin dans les pays tempérés. Les arbres ne 110 VOYAGE 750. fourniflent chaque jour qu’une petite quantité de ce Bäk vin, & on eft obligé de le confommer prefqu’aufli-tôt, parce qu'il s’aigrit en peu de tems. Les nègres ne le oivent que vingt-quatre heures après qu'il eft tiré, c’eft-à-dire , lorfqu'il a aflez fermenté pour piquer Qualités ae agréablement le palais. Il eft potable jufqu’au troi- HE fiéme jour ; mais alors il porte à la tête, & fon ivrefle eft très-dangereufe. Paflé ce tems il fe tourne en mau- vais vinaigre, qui contracte bientôt une odeur infup- portable. Pour moi, & ilen fera de même de toutes les perfonnes qui cherchent plutôt la délicatefle que la force dans le vin , jai toujours remarqué qu'il étoit délicieux dans fa nouveauté ; & que plus il étoit frais, plus il avoit de bonté : j'en ai bû cent fois dans les calebaffes encore attachées aux arbres, jamais je ne l'ai trouvé meilleur que dans les premiers inftans : il a alors toutes les bonnes qualités qu’on ne peut efpérer de lui trouver douze heures après. Il a une faveur douce, fucrée autant qu’il faut, fouvent relevée d’une légere pointe de verdeur qui flatte le goût très-agréa- blement. Enfin le feul défaut qu’on doive reprocher à cette liqueur, c’eft qu’elle ne puifle fe garder pour être tranfportée dans nos climats, où l’on en he plus de cas que dans celui où on la recueille. J’avoue- rai cependant que ce vin , tout flatteur qu’il eft, n’a pas Les bonnes qualités de celui d'Europe. En tel état qu’on le boive, doux ou acide , il a toujours quelque chofe de corrofif; du moins j'ai eu lieu de le juger tel, après en avoir ufé pour unique boïflon pendant les quinze jours que je reftai à Ben ; car dans fon état de douceur il n’eft pas dangereux , quelque quantité qu’on A Uft SÉANYÉDGYA L. 111 en boive : peut-être aufli fa qualité corrofive m'étoit- ;-;2. elle plus fenfible , parce que je n’étois accoutumé à aucune forte de vin. Parmi cette multitude prefqu'infinie de palmiers Plntes ee qui remplifloient la forêt de Krampsane, je voyois par “Ans intervalles beaucoup d'arbres & de plantes rares. Deux efpeces de rabernæmontana fe faifoient remarquer par la beauté de leur feuillage d’un verd gai & luftré : une efpece nouvelle de ignonia fe diftinguoit aufli par la grandeur de fes fleurs , & par la fingularité de fes fruits, mi pendoient comme de gros concombres au bout de es branches. Auprès du village de Mbao je trouvai le “nisies d'Ethiopie, cet arbre aromatique auquel les rançois établis au Sénégal donnent le nom de mani- guette. Vers l'extrémité de la forêt, je vis plufieurs ef- peces d’anones ou de corofoliers, dont les plus grandes étoient dans les bois, les moyennes fur les côtes , & les plus petites dans les plaines expofées au foleil ; la plüpart chargées d’excellens fruits. En fuivant la côte maritime depuis Mbao jufqu’à Rufisk, qui eft un vil- lage confidérable à deux lieues & demie de là, je mar- chois fur des fables tout couverts de fophora(1}, & de l’aloë de Guinée(2), dont les nègres des environs font de très-bons cordages qui fe corrompent difficilement dans l’eau. On compte de lifle de Gorée à Rufisk trois lieues en ligne directe. J'avois déja fait ce voyage par mer. L’attérage y eft fort difficile, fur-tout dans Les tems où (1) Sophora tomentofa foliis fubrotundis. Linn, FL Zeyl. 163. (2) Aloe Guineenfis, radice geniculatà, foliis à viridi & atro undulatir variegauis. Comm. Hort. Armfl. vol. 1. pag. 39. tab. 10. 1750. Avril. 4 Mai. n L'Auteur eft 72 L AVROIWAUGIE la mer eff agitée , parce que la côte eft baffle & toute femée de pointes de rochers. Lorfqu’on eft mouillé vis-à-vis ce village , on jouit d’un point de vûe fort agréable : fa fituation fur une colline plantée d'arbres, le petit ruiffeau dont les eaux falées ferpentent fur la droite pour en former une prefqu’ifle , la forèt tou- jours verte qui s'éleve par derriere en amphithéatre, forme fur le tout un payfage raviflant & qu’on ren- contreroit difficilement ailleurs. Les nègres de ce lieu me parurent fort laborieux. Les uns étoient alors oc- cupés à battre les feuilles de l’aloë de Guinée, pour en Téparer la filafle ; les autres la tordoiïent & en prépa- roïent des lignes de pêche & des nafles : d’autres enfin faifoient des arcs & des fléches pour la chafle. Après avoir vifité toutes les maifons de Rufisk, je fus fort furpris d'entrer comme dans un fecond village : C'étoit un aflemblage de cafes un peu moins grandes , cou- vertes de fable & femblables à autant de maufolées élevés fur les corps de leurs morts qui y étoient en- terrés , fuivant l’ufage établi chez tous les peuples de la nation Serère, Il ne m’étoit pas encore arrivé d’être attaqué par les à = , à \ A 4 ataqué parun nègres jufqu’au 4 de Mai, où côtoyant la mer pour me nègre Sérère. rendre de Rufisk à Ben, qui en et éloigné de plus de trois lieues , je fus pourfuivi par un nègre Serère , qui fortant du bois voifin, lançoit fes fléches empoifon- nées fur moi & fur le nègre qui m'accompagnoit. J’a- vois plus de deux cens pas d'avance fur lui, & d’ail- leurs j'étois bon marcheur, & accoutumé à ces fables fatiguans où l’on enfonce fouvent jufqu’à mi-jambe, Je continuai donc ma route en doublant le pas , fans perdre AU SÉNÉGAL. 113 perdre haleine , & fans paroître ému des démonftra- tions menaçantes par lefquelles il efpéroit n'arrèter en m'intimidant ; car j'avois encore une reflource dans mon fufil , fuppofé qu’il fût venu à la portée du coup. Mais après s'être bien fatigué tantôt à courir fur moi, tantôt à me décocher fes fléches, mon brave ennemi, voyant qu’il avoit perdu fes peines, & que je m’éloi- gnois de plus en plus de lui, jugea à propos de rentrer dans fa forêt. C’étoit fans doute quelqu'un de ces Se- rères fauvages réunis en une petite république à dix lieues de là, qui étoit forti de fon pays pour exercer le brigandage. Il n’y avoit que mon fufil qui pût le tenter , & s’il eût été plus adroit & plus rufé , il ne mauroit certainement pas épargné pour s’en rendre maître. Cette maniere d'attaquer eft aflez ordinaire à une race de maures appellés Azounas , qui ne font d’au- tre métier que de fe mettre en embufcade derriere un arbre, pour tirer un coup de fufil ou une fléche à un homme dont ils veulent avoir les armes. Un pareil accident m'étoit arrivé däns mon fecond voyage de Podor : mais le maure que je découvris, regarda plus d’une fois avant de m'attaquer ; & il fut bien décon- certé , quand il vit que j'étois en garde, & que je le couchoïs en joue. Quand je fus hors de crainte de la part du fauvage Serère, j'eus tout le plaifir de la promenade fur une côte extrêmement blanche , où la mer jettoit à chaque inftant des coquillages fans nombre. Je vis à deux efpeces de celui qu’on appelle conque perfique (1): (1) Voyez l'Hiftoire naturelle des Coquillages Univalves. Genre 8. L'Yer, planc. 3. fig. 1.6 21. P Coquillages e la côte de Mbao. T7 0; Mai, Plantes qu'on y trouve, Chafle du lèvre à la fa- guaie. 114 VOYAGE c’eft la plus grande coquille de la côte. L'animal qu’elle contient pefe quelquelois cinq ou fix livres, Lesnègres le boucanent & le confervent pour les tems de fa- mine , où ils ont recours à fa chair, qui eft aflez fade & coriace , mais cependant d’une grande reflource dans un preflant befoin. Les vis (1), les tonnes (2), & un grand nombre de bivalves, en particulier celle que lon nomme la concha mucronata (3), y étoient aufli en abondance. Toutes les fois que je me rendois à la forêt de Krampsàne je prenois des routes différentes & dérour- nées. Tantôt c’étoit du côté de la mer que je portois mes pas, & je trouvois Le /partium (4), & le kermia à feuilles de tilleul, fur les bords du marigot de Kann; le ximenia (5), le rëmbot , le fagara & quelques acacies fur les collines. Tantôt je traverfois des campagnes fertiles, remplies d’anones de la petite efpece , & de plufieurs lianes à citron, appellées roll par les nègres. Leur fruit a beaucoup de rapport avec celui du man- guier de l’Inde, & il a la figure & le goût du citron. Le gibier ne manquoit pas dans ces quartiers: il y avoit beaucoup de gazelles , & de cette petite efpece de bi- ches(6) qui ont à peine la grandeur du lièvre. Ceux-ci partoïient, pour ainfi dire, de deffous les pieds : il ar- riva deux fois à un nègre de ma fuite de lancer fur eux (1) Voyez l'Hif. nat. des Coquill. Univalves. Gen. 9. pl. 4. fig. s. Faval. (2) Ibid. Coquillages Operculés. Gen. 2. planc. 7. fig. $. Téfan. (3) Ibid. Coquillages Bivalves. Gen. 6. planc. x8. fig. 2. Koman. (4) Spartium fcandens, citri foliis, oribus albis, ad nodos confertim nafcentibus. Plum. cat: p. 19. (5) Ximenia aculeata , flore villofo , fruétu lutéo. Plum. gen. pag. 6. (6) Cervus juvencus, perpufillus Guineenfis. Seba , vol. 1. p.70. tab. 43. CNE tour A ce É 3 AU SÉNÉGAL. 115 f faguaïe , deux fois le coup porta; & il m'aflura que 1750. jamais il ne faifoit autrement la chafle à cet animal. La faguaie eft une efpece de lance de fept à huit pieds de longueur , terminée par un fer femblable à celui d'une pique. C’eft larme la plus familiere aux nègres : ils la jettent à la main. Celui-ci la dardoit avec beaucoup de force. & de juftelle : il me donna aufli quelques le- çons de cet exercice qui me plaifoit beaucoup. Mon travail etoit partagé entre les es , les ani- | Corillges maux, les coquillages, & ceux-ci feuls moccupoient st ie autant que tout le refte. Je profitois de l'avantage que j'avois d’être dans un pays où ils abondent. Les rochers du cap Bernard & du cap Manuel qui font vis-à-vis l’ifle de Gorée, m'en fournirent un grand nombre de très-beaux , tels que les rouleaux , les pourpres, les plus grandes efpeces d’étoiles de mer ; & plufieurs poiflons mols, comme les lièvres de mer, les féches & Les polypes. Dans les fables de lanfe de Ben, je trouvois quelques vis & des holotu- ries, Quelquefois j'entrois dans l’eau de la mer juf- qu'aux genoux, pour tirer du fable les coquillages qui sy cachent , comme les nérites & les cames, pendant que les nègres faifoient plus loin la pêche aux poiflons. Ils font accoutumés dans cet endroit à leur faire la chafle à la faguaïe , en entrant dans l’eau juf- qu’à la ceinture, & fouvent davantage. Lorfqu’ils ap- Dear perçoivent le thon, le capitaine , le furmulet , "1. ny Sh quelque gros poiflon femblable, ils lui lancent la fa- guaïe avec une adrefle merveilleufe, & manquent ra- rement leur coup. Cette baye leur fournit encore beaucoup de moyens poiflons qu’ils pêchent au filer. Pi PPCPERPIINNIEERETTTS 1750. Mar, Le lion & le loup mar- chent de com- pagnie, 116 VIOL YIAIGIE Ils les ouvrent en deux, & les étendent au foleil pour les faire fécher , & les vendre aux maures , qui leur apportent en échange le mil qui manque chez eux. Ces poiflons me procurerent une obfervation qui ne fe feroit peut-être pas préfentée ailleurs. Comme les nègres les mettent fécher fur le comble de leurs cafes & fur les tapades , leur vûe & leur odeur attirent fouvent dans le village les liôns, les tigres & les loups qui rodent fäns cefle aux environs : malheur alors aux enfans, aux hommes même qui fe trouvent dehors. I} arriva une nuit à un lion & un loup d’entrer de com- pagnie jufques dans la cour de la cafe où j'étois cou- ché : ils s’'élevèrent tour à tour en pofant leurs pieds de devant fur le comble, comme il me fut facile de les entendre , & ils emporterent leur provifion. On saf- fura le lendemain par les impreflions de leurs pieds bien marquées dans le fable , qu’ils étoient venus en- femble, & on reconnut FPendroit d’où ils avoient enlevé deux poiflons : fans doute que chacun avoit pris le fien. Ce vol étoit modefte pour deux animaux auffi carnafliers , mais leur choix n’étoit pas tombé fur les plus petits. J’ignore qu’on ait encore fait cette re- marque, que le loup fraye avec le lion: cependant ce fait n’eft pas un cas extraordinaire ; on en a des preuves journalieres dans ces quartiers ; on y entend prefque tous les foirs le loup mugir à côté du lion. J'ai été témoin cent fois de la même chofe dans tous mes voyages fur le Niger, & je fçai à n’en pouvoir dou- rer, que le loup fe trouve fouvent avec le lion, fans avoir rien à craindre de fa part. Ce n’eft pas que la taille du loup d'Afrique, qui eft beaucoup fupérieure A U SÉ/N'ÉCG A L. 117 à celle du loup d'Europe, faile pe imptefion fur le lion; cet feulement parce que fa chair ne le tente en aucune maniere : £ice qui me-confirme dans cette opinion , c'eft que'je n'ai jamais vü que les deux lions qu’on élevoit au milieu du village du Sénégal , ayent attaqué les chiens qu’on leur expofoit ou qu’ils ren- controient lorfqu’ils s’étoient déchaînés ; au lieu qu’ils tomboient fur le premier cheval. ou fur le! premier enfant qui fe trouvoit dans leur chemin. Quelques jours après cette vifite du lion avec le loup, on eut celle d’une tigrefle qui vint dans lamême cafe avec {on petit, .& enleva pareillemént deux poif- fons. Je ne veux que ces deux événemens pour preu- ves de la parefle & de l'indifférence des nègres, fur les torts que leur: font ces animaux , & fur les dangers auxquels ils font eux-mêmes continuellement expo- {és. Quand onrleur demande pourquoi ils ne fe don- nent pas la peine de leur faire la chafle, ou de retirer leur poiflon ;, du moins pendant la nuit : ils fe conten- tent de répondre; qu'il faut que tout le monde vive, & g” ce raie uné plus grande fujétion pour eux de renfermer tous les foirs ce poiflon , que de le pêcher. I] eft vrai que la pêche eft dans cet endroit d’une facilité qu’on ne peut exprimer. Leurs terres font en friche prefque par-tout , foit parce que les fables font trop ingrats, ou qu’étant ac- coutumés au métier de pècheurs qui leur coûte moins de peine, ils les négligent & fe repofent fur les mau- res du foin de leur fournir leur néceflaire. Ceux-ci éoient alors, & avoient amené:leurs bagages & leurs denrées, non fur des bœufs & des chameaux, comme Hardielle du tigre, Indifférence des nègres, r18 VOYAGE e. je les avois vû au nord du Niger, mais feulement fur ana des ânes, dont ils étoient très-bien fournis. J’eus de la murs, peïne à reconnoître cet animal , tant il étoit beau & bien vêtu en comparaifon de ceux de l’Europe, qui je crois {eroïient de même, fi le travail & la maniere dont on les charge ne contribuoïent beaucoup à les défi- gurer. Leur poil étoit d’un gris de fouris fort beau & bien luftré, fur lequel la bande noire qui s'étend le long de leur dos , & croife enfuite fur leurs épaules, faifoit un joli effet. Ces ânes font un peu plus grands que les nôtres , mais ils ont aufli quelque chofe dans la tête qui les diftingue du cheval , fur-tout du cheval barbe , qui eft comme eux naturel au pays, maïs tous jours plus haut de taille. Caradtere des I métoit déja arrivé de demeurer quelquesjours au FF milieu des nègres ; mais je n’avois jamais refté fi long- téms chez eux , feul & éloigné du commerce des gens de ma nation. Ce fut-là que j'eus lieu de connoître à fond leur caractere , leurs mœurs , leur maniere de vivre, & leurs ufages : j'y fus même témoin de laicé- rémonie d’un mariage ; mais cela m’éloigneroit trop de mon fujet : je me bornerai à dire ici qu'ils font en gé+ néral très-humains & hofpitaliers. 10 Juin. Le 9 mai je retournai de Ben à Gorée, d’où je partis Cons % Je ro du mois fuivant pour me rendre à l’ifle du Séné- Retardement gal. Jarrivai le 16 à la barre, au pied de laquelle je re fus obligé d'attendre les vents pendant quatre jours, On peut juger de quelle tranquillité j'ai dû jouir dans un petit bateau balancé en cout fens par des lames continuelles. J’eus là tout le loifir de confidérer l’eflet furprenant de ces lames de la barre, & de promener A U: SÉ N É GA L. 119 ma vüe de toutes parts, fans appercevoir autre chofe que des fables éblouiffans d’un côté , & la plaine li- quide de l’autre. Il eft vrai que quelquefois.ce fpectacle uniforme étoit varié par la vüe des pirogues des ñègres pêcheurs , qui bravoient la barre pour venir à bord apporter du poiflon. Quoique Ja mer foit très-grofle à la côte, la rade ne laifle pas d’être poiflonneufe. Nos matelots y faifoient une pêche abondante à la ligne, fur-tout d’une efpece de vieille qui y eft fort com- mune. Ce poiflon a une avidité extraordinaire pour mordre à l’hameçon ; & dès qu’il eft pris , c’eftun plai- {ir de voir les élans & les Jul qu’il fait pour fe de- livrer : cela va même au point qu’il renverfe fon efto- mac, que l’on voit fortir par la bouche fous la forme d’une veflie de carpe : ces efforts font encore accom- pagnés d’un bruit fourd & très-fort, qu'il rend comme en grondant , & qui lui a valu le nom de grondin , fous lequel on le connoït fur cette côte. Un vent d’oueft , en me tirant de ce difgracieux féjour , me fit pafler la barre & me remit à l’ifle du Sénégal le 20 de mois de juin, J’avois grand befoin de me repofer des fatigues de tous mes voyages fur la mer, qui mavoit plus incommodé que m’auroit fait une longue maladie. Chacun fçait que le mal de mer eft une efpece d’abattement ou de défaillance , qui caufe des naufées & des vomiffemens plus ou moins fréquens, felon la diverfité des tempéramens qui font expolés fur cet élement. Il y a des gens qui n’ont ja= mais connu ce mal :il y en a d’autres qui n’en reflentent les effets que pendant les premiers jours, & qui en font quittes pour quelques étourdiflemens : dans d’autres Pêche du grondin, 10. Arrivée à l'ifle du Sénégal. Mal de mer, ce que c'eit, Le 1750. Juin, 120 I AWO Y'A GC EU ! ce mal ne paroît que lorfque la mer eft fort agitée, & qué le mouvement du vaïflèau eft très-violent : d’au- tres enfin, & j'étois de ce petitnombre, en font incom- modés pendant tout le tems qu’ils y reftent; dans les plus courts voyages , même de deux heures, comme dans les plus longs; dans les calmes, comme dans les . tems. Les tempéramens forts & les tempéramens oibles en font également attaqués : il n’y a que telle ou telle conftitution ou difpofition de tempérament , celle des enfans, par exemple, des perfonnes affoiblies par les maladies, & de quelques autres en fanté qui en foit exempte. On ne connoît pas encore pourquoi de ces dernieres les unes font fujettes à ce mal, pen- dant que les autres lui échappent. L’utilité générale qui réfulteroït de cette connoïflance, qui pourroit pañler pour une vraie découverte dans un fiécle aufli éclairé que celui-ci, mériteroit l’attention des Méde- cins (1) qui ont occafion de voyager fur mer, ou qui (1) En faveur des Médecins qui voudroient s’atracher à découvrir la caufe de ce mal, je joindrai ici quelques autres remarques que j'ai faites, 1°. Ceux qui, commé mot, furent conftimment malades, en s’embar- quant pour la premiere fois fur un moyen vaiffeau du port de 500 ton- neaux, ne fentirent les premiers éraurdiffemens ou le mal de tête qu’au bout de quatre heures; le vomiffement ne prit qu’à la feptiéme heure, & continua’ pendant lés deux mois que dura le voyage. 2°. Lorfqüe je ne reftois pas aflez long-rems en mer pour donner lieu au vomiffement , il me prenoit une ou deux heures après que j'érois defcendu à terre, foir que j'euffe mangé, foit que je n'eufle pas mangé en débarquant. 30. Il eft très= rare que le mal de mer donne la fièvre ; il dérange feulement l’eftomac, fans Oter l’appétit. 4°. J'ai remarqué qu’il échappoit beaucoup plus de femmes que d'hommes à ce mal; & plus de ceux qui ont la vûe baffle & courte, que de ceux qui l’ontforte & longue. 5°. Enfin j'ai obfervé que ceux qui ont été le plus incommodés par la mer, fe portent toujours in- finiment mieux fur terre, que ceux qui fe font le mieux porté & qui ont paru les plus vigoureux en mer, {ont AU SÉNÉGAL. 121 ont à portée de faire ces expériences. La caufe de ce mal une fois connue, on pourroit trouver quelque fûr préfervatif, qui rendroit cet élement praticable à des gens, qui, faits pour les voyages & avec la meilleure volonté du monde , fouvent n’en font détournés que par ce feul obftacle. Ce mal qu'on ne plaint pas allez, m'avoit ruiné & dérangé Pda au point qu’arrivé fur l'ifle du Sé- négal , je ne vis d'autre moyen de rétablir ma fanté altérée , que de m'y fixer , renonçant à toute efpece de voyage fur mer, & prenant une ferme réfolution de n’y remettre le pied que pour faire mon retour en France. J'avois lieu d’être content d’ailleurs des voya- ges que je venois de terminer fi avantageufement pour Fhiftoire naturelle dans les contrées méridionales de la Conceflion; & les environs de l'ifle du Sénégal & du Niger , devoient me fournir beaucoup d’obferva- tions de phyfique & d’hiftoire naturelle, qui m’avoient échappées. J'y reftai donc encore quelques années, pendant lefquelles outre ces obfervations , le tems me permit de lever quelques cartes topographiques que j'avois projettées, pour me guider dans mes petits Li sc ous | 17650. Juin, L'Auteur re. nonce aux voyages par mer, Projet d'ure carte des en- virons de l'ifle du Sénégal, voyages. Dans la fuite de cette relation, je ne citerai plus que ce que ces promenades des environs de l'ile du Sénégal m'ont offert de plus remarquable. Il y avoit long-tems que je defirois vifiter le village de Kionk, qui eft dans l'ifle au Bois, à une lieue au nord de lifle du Sénégal. Je m'y rendis le 4 feptembre avec une chaloupe : mais je ne fus pas heureux dans mon retour ; car lorfque je fus en pleine eau , il s’éleva ja vent furieux de l’eft : c’'étoit un avertiflement de Q 4 Septembre. Il eft furpris par un grain au milieu du fleuve, Septembre. 1750. 124 VOYANCE chercher la terre, pour éviter l’orage qui menaçoit. En eflet , à peine étois-je par le travers de la pointe de l’ifle au Bois qu’il crêva. Comme je ne pouvois me rallier à la terre quelque diligence que je file, & que le danger étoit preflant , je gagnai aufli-tôt le platon qui joint cette pointe à l’ifle du Sénégal. L’exemple d’une pirogue , dont les nègres , furpris comme moi par lorage, s'étoient mis dans l’eau jufqu’à la cein- ture fur ce même platon, pour la retenir contre lechoc des lames dont elle avoit d’abord été comblée , fut {uivi par les fix nègres de ma chaloupe & par dix au- tres pañlagers hommes ou femmes , qui fe jetterent aufMi à l’eau. Ils fe diftribuerent tout autour de la cha- loupe, & la foutinrent contre l'effort du vent & des vagues. C’étoit le moyen le plus für d'empêcher qu’elle ne fût fubmergée, ou entraînée fur le rivage où elle fe feroit infailliblement brifée ; deux écueils également à craindre dans cet endroit , où la largeur du Niger con- fidérablement augmentée par la réunion de fes deux bras , forme une efpece de lac dont l'étendue donne beaucoup de prife au vent, qui y excite fouvent de vraies tempêtes. Cet orage en méritoit bien le nom par les éclairs & le tonnerre dont la pluie & le vent étoient accompagnés. L’attention des nègres qui fou- levoient ma chaloupe , n’empècha pas qu’elle ne fit un pied & demi d’eau , tant par celle qui tomboit du ciel, que par les vagues qui la couvroient quelquefois fous la forme d’une nappe, dont j'étois aufli enve- loppé. Je fus encore plus lavé & comme leffivé par Veau de la pluie , à caufe de la violence avec laquelle le vent la lançoit. Sa continuité m'ôtoit la liberté de AU SÉNÉGAL 123 la refpiration , quoique je me fufle mis à couvert fous le manteau du patron. Ses redoublemens entraînoient quelquefois mes nègres avec la chaloupe au point que Javois tout à craindre pour eux & pour moi. Ils ne lâcherent cependant pas pied, leur courage les foutint pendant plus de deux heures, & nous fauva. Ce grain qui avoit commencé à trois heures du foir, ne devint intéreflant pour moi que fur la fin. Le vent en ceflant vers les cinq heures , me permit de faire porter fur la pointe feptentrionale de l’ifle du Sénégal. C’étoit la terre la plus proche, & je m’empreflois d'y débarquer pour me tirer au plus vite de l’eau dont la chaloupe étoit encore demi-pleine , malgré les foins ue fe donnoient les dix paflagers pour la vuider de celle que les lames ÿ apportoient à chaque inftant. Pendant que nous avancions à force de rames, il parut un phénomene que je n’avois pas encore vû de fi près, & dont j'ignore que perfonne ait jamais parlé. C’écoit une efpece de trombe femblable à une colomne de fumée qui tournoit fur elle-même. Cette colomne avoit dix à douze pieds de largeur , fur environ deux cens cinquante de hauteur :elle étoit appuyée fur l’eau par fa bale, & le vent d’eft la portoit vers nous. Aufli- tôt que les nègres l’eurent apperçue, ils forcerent de rames pour l’éviter. Ils connoifloient mieux que moi le danger auquel nous aurions tous été bot ,fice tourbillon eût pafñlé fur nous; car ils fçavoient que fon eflet Le plus ordinaire eft d’étouffer par fa chaleur ceux qui en font enveloppés, & quelquefois d’enflammer leurs maifons de paille, & ils avoient plufieurs exem- ples de gens à qui un femblable accident avoit coûté Q5 et 1750. Septembre, Trombe de fumée très= dangereux. 124 VOYAGE 1750. Ja vie. Ils furent affez heureux pour la laifler à plus de "Penbr dix-huit toifes derriere la chaloupe, & fe félicicerent d’avoir échappé fi à propos à ce torrent de feu, que la lumiere du jour ne laifloit voir que comme une épaifle fumée. Sa chaleur à cette diftance de plus de cent pieds étoit très-vive, & telle qu’elle tira de la fumée de mes habits tout mouillés, quoiqu’elle n’eût pas le tems de les fécher. L'air libre avoit alors 25 degrés de cha- leur, & je penfe que la colomne de fumée devoit en avoir au moins $o pour rendre fenfible l'humidité qu’elle attiroit. Elle nous laïfla aufli une odeur très- forte , plus nitreufe que fulfureufe, qui nous infeéta long-tems, & dont la premiere impreffion fe fit fentir par un léger picotement dans le nez. Cette impreflion occafionna dans quelques-uns l’éternüment , & en moi une pefanteur & une difficulté dans la refpiration. Be Ce fut dans le mois de mars de l’année 1 751 que je Sue commençai à lever le plan des environs de Pifle du STE Promen sureté Sénégal. Le 8 je partis dans ma pirogue, avec mes © deux cubalots ( c’eft le nom qu’on donne aux nègres pêcheurs ) dans le deflein de faire par eau le tour de l'ifle de Sor , dont je connoiflois aflez l’intérieur. Je remontai le Niger en rangeant toute la terre de cette ifle jufqu’à fa pointe boréale, pour entrer dans le ma- rigot de Kantaï qui en baigne le bord oriental , & pour Margot de en tracer le COS. Quand Ty fus entré, je crus me poionneux, trouver plutôt dans un vivier que dans une riviere de quinze à vingt toifes de large, tant elle étoit poiflon- neufe. C'étoit un charme de naviger fur cette riviere, dont l’eau claire & unie comme une glace, étoit bor- dée de mangliers fort hauts, qui procurent une ver AU SÉNÉGAL. 125 dure & uñe fraîcheur raviffante dans Pefpace de plus d’une lieue. Les poiflons y fautoient de tous côtés ; mais ce qu'il y avoit de plus fingulier, C’eft que par- tout où nous paflions , il en entroit continuellement dans la pirogue. Les plus gros , comme les meilleurs fauteurs , pafloient par-deflus ; mais prefque tous les moyens y retomboient. Les mouvemens qu'ils fai- foient en pirouettant , ne me paroiffant pas naturels ni faits à plaifir, je les examinai pour en découvrir la caufe : ils avoient reçu la plüpart quelques coups de dents, qui me firent connoître qu’ils avoient été pour- fuivis par les plus gros , qui leur faifoient la chañle. Pendant deux heures que je fus à parcourir ce mari- got, je comptai deux cens trente poiflons appellés car- pets(r), qui fe trouverent pris fans autre artifice. C’é- toit une pèche honnète pour mes nègres. Comme ils étoiént cubalots, c’eft-à-dire , pêcheurs de leur métier, ils n’en furent pas fort furpris ; & me dirent que quand ils faifoient la pêche aux gros poiflons avec la ligne ou la varre, ils laifloient aller leur pirogue au courant de ces petites rivieres , & comptoient fouvent davan- tage fur les petits poiflons qui fe prenoïient d’eux- mêmes, que fur le hazard des gros. Jamais les cormorans , les plongeons , les faucons- pêcheurs n’avoient eu plus beau jeu : auffi les mangliers de cette riviere en étoient tout couverts. Le faucon- êcheur , que les oualofes appellent du nom de nguiar- Lol , & Les françois de celui de nanette , eft un oïfeau de la grandeur d’une oye, & dont le plumage eft brun, à l'exception de la tête , du col, de la poitrine & de la (1) Efpece de vieille femblable à la carpe, mais plus courte, RENTE ET TPS ’ 1791. Mars, Oifeau ap- pellé faucon pêcheur. CT "| de LIT Mars. 22 Avril, Scène fingu- liere au fujet d'une vipere. 126 VOYAGE queue qui font d’un très-beau blanc. Il a Le bec très- fort & crochu comme celui de l'aigle, & des ferres aigues , courbées en demi-cercle, dont il fe fert admi- rablement bien pour la pêche. Il fe tient ordinaire ment fur les arbres au-deflus de l’eau , & quand il voit un poiflon approcher de fa furface, il fond deflus, & l’enleve avec fes ferres. J'en tuai un qui me fit regar- der d’un fort mauvais œil par mes nègres , parce que cet oïifeau eft craint & refpecté chez eux : ils portent même la fuperftition au point de le mettre au nombre de leurs marabous, c’eft-à-dire , de leurs prêtres, qu’ils regardent comme des gens facrés & divins. Ils s’appai- {erent cependant dès qu’ils virent que je leur avois procuré un poiflon de plus de quatre livres , que ce prétendu marabou avoit porté fur le rivage pour en faire curée, Une aventure à peu près femblable m'arriva le 22 d'avril au village de Sor. J'étois aflis fur une natte au milieu d’une cour, avec le gouverneur du village & toute fa famille. Une vipere de l'efpece malfaifante, après avoir fait le tour de la compagnie , sapprocha de moi. Cette familiarité ne me plaifoit guère ; & pour éviter les accidens, je n’avifai de la tuer d’un coup de baguette que je tenois à la main. Toute la compagnie fe leva aufli-tôt, en jettant les hauts cris, comme fi jeus fait un meurtre : chacun s’éloigna de moi, & prit la fuite : l'endroit fut bientôt défert. Comme la chofe devenoit férieufe , & que le bruit s’en répandoïit dans tout le village ; je profitai de cet inftant où j’étois feul, pour mettre la vipere dans mon mouchoir , & la cacher dans la poche de ma vefte, C'étoit le moyen dem’aflurer AU:S ÉINÉ G A L. 127 cet animal, qu'il étoit fi difficile de fe procuter dans ce pays ; & en même tems de calmer tous les efprits en le leur ôtant de la vüe. Je n’étois pas trop en füreté dans ce lieu, & l’on m’y auroit fait un mauvais parti; mais le maître du village, homme de bon fens, chez qui tout cela s’étoit pailé, réfléchit qu’il étoit de fon honneur & de fon intérêt de faire cefler le tumulte & d’étouffer le bruit: autorité que lui donnoit fa place, fôn caractere de marabou , & la maniere dont il sy prit, lui en aflurerent la réuflite. Voilà un trait qui 14 siges fait voir combien les nègres font zélés obfervateurs de leur religion & des fuperftitions qui y font atta- chées. Ils ne regardent pas les ferpens comme leurs fetiches ou leurs divinités, ils les refpectent cependant aflez pour ne les pas tuer :ils les laiflent croître & mul- tiplier dans leurs cafes, quoique fouvent ces animaux mangent leurs poulets, & ofent coucher , pour ainfi dire , avec eux. Il eft vrai qu’il eft rare qu’ils faffent du mal à perfonne ; il faut qu'ils foient attaqués ou blef- {és , ou qu’on leur marche fur le corps, pour les obli- ger à donner un coup de dent. Le 7 de mai je defcendis le Niger pour vifiter le marigot de Del, qui n’eft pas fort éloigné de fon em- bouchure. Le vent étoit favorable ; & mes nègres pou s’éviter la peine de pagayer ou de ramer, mirent à la voile. On peut croire que celle d’une petite pirogue de trente pieds de long , ne doit pas être bien grande : aufli ne furent-ils pas beaucoup embarraflés pour la trouver. L'un d’eux planta une perche de dix pieds fur l'avant, & la croifant en haut avec un petit bâton, y étendit la pagne dont il étoit vêtu. Ces pagnes font L font fort {u- perfliteux, 7 Mai. Promenade dans le mari r € de Del, 128 VOYAGE si. d’un ufage merveilleux : leur forme eff telle que fon "peut dans l’occafion en faire une voile, un drap, une couverture , un manteau , une jupe Où une ceinture. Je ne puis mieux comparer la figure qu'avoit cette voile, qu’à celle d’une baniere , dont les deux bouts d’en-bas furent attachés aux côtés de la pirogue. Le nègre qui étoit derriere à la poupe, gouvernoït avec fa pagaïe , pendant que l’autre dirigeoit la voile & la tournoit au vent. Avec ce foible fecours, je fis près de deux lieues en moins d’une heure de tems, & j'arrivai Son entrée à l’entrée du marigot de Del. A l'endroit où il fe dé- et fermée par w . 1 une bare, bouche dans le Niger, il eft fermé par une barre de fable fur laquelle les vagues du fleuve brifent quel- quefois aflez dans les vents de nord-oueit, pour en empêcher l'entrée aux grandes pirogues. Mes gens pri- rent fi bien leur tems, qu’ils franchirent la difficulté, & après n'avoir fait parcourir le marigot dans tous fes détours , ils me conduifirent au village de Del, qui 5 : us étoit bâti fur l’extrèémité d’un banc de coquilles. Ce ques, banc s’étendoit de près d’une lieue dans le nord ; &il me parut remarquable en ce qu’il étoit entierement découvert à fleur de terre, & que toutes les coquilles étoient d’une même efpece d’huîtres, qui avoient vécu autrefois fur les mangliers des marigots voifins, de la même maniere que celles que j'avois obfervées dans le fleuve Gambie. | | La mer avoit amené dans le Niger une quantité prodigieufe de poumons marins & de vélettes, que j'eus tout le loifir à mon retour de voir flotter fur fes eaux. Les premiers de ces animaux fe connoiïflent dans le pays fous le nom de bonnets-flamans , & les derniers AU SÉNÉGAL. 129 derniers fous celui de galères(r). Rien ne refflemble 51. davantage à une veflie remplie d'air, & peinte d’un 2 M. ds beau rouge , que le corps de là galère. On a peine à y pece de” yes diftinguer autre chofe qu’une frange fur le dos , & huit filets fous le ventre , qui defcendent en bas comme pour fervir de left à la veflie, qui {e foutient toute hors de l’eau, & eft portée au gré des vents. Cet ani- mal tout informe qu’il eft, & prefque fans aucun mou- vement fenfible, eft cauftique au point que lorfqu’on le touche, il caufe une douleur femblable à celle d’une brûlure. J’en pris un dans la main pour en faire lé- preuve , &-je le retins Les ce que fon eflet com- mençât à fe faire fentir : il fe déclara à l'extérieur par une petite rougeur , fuivie d’un picotement & d’une inflammation qui ne cefla qu’au bout de quatre heures. La douleur fe communiquoit à toutes les parties dé- licates du corps ,comme à celles du vifage, & fur-tout. aux paupieres, par un attouchement même très-léger de la main enflammée. Les obfervations que je fuivois depuis quelques an- Précantions nées fur les chaleurs du pays , avec une attention & ete des vues particulieres , me paroifloient aflez impor- tantes pour que je les étendifle de maniere à les rendre fufceptibles de comparaifon. J'imaginai d’obferver: dans les jours les plus chauds de Pannée , les degrés ue marquoit le thermometre de M. de Réaumur étant expolé à l'air libre, & ceux qu'un fecond inftru- ment femblable marqueroit pr le même tems dans le fable de la campagne expofé au foleil. M. An- (1) Urtica marina foluta purpurea, oblonga, cirrhis longiflimis, Sloan, Jam. vol. 1. pag. 7. tab. 4. fig. 5. R Chaleur éton- nante du fa- ( 4 Juillet. ble, 130 VOYAGE driot qui, aux connoiffances de la phyfique dans lef quelles il eft fort verfé , joint lefprit d’obfervations qu'il exécute avec beaucoup de précifion, ma été d’un grand fecours dans celles-ci; & il a bien voulu par- tager mes peines dans toutes les autres, où j'avois be- foin de quelqu'un qui fit dans un endroit des expé- riences correfpondantes à celles que je faifois dans un autre. C’étoit un tribut réciproque que nous rendions à l'amitié qui nous unifloit fi intimement l’un à l'autre depuis notre jeunefle. Je choifis le quatriéme jour de juillet pour faire une de ces obfervations intéreflantes fur l’ifle du Sénégal. Le foleil n’étoit alors éloigné de notre zénith que de 7 degrés vers le nord , enforte qu'il pouvoit être re- gardé comme vertical vers le milieu du jour. La Savane qui s'étend à loueft du fort Saint-Louis, comme une grande plaine au niveau de la mer voifine, & expofée aux vents de tous les côtés, fur-tout à celui de l’oueft qui fouffloit ce jour-là, me fournit la place la plus convenable que je pouvois defirer , parce qu’elle eft fans abri. Un monticule de fable élevé de quatre pieds, qui fe trouvoit fort à propos au milieu de cette plai- ne, me fervit pour y préfenter au foleil un thermo- metre très-exact, dont j'enfonçai feulement la boule dans le fable. Je le pofai dans cet endroit vers les dix heures du matin, & il y refta jufqu’à trois heures du {oir. Pendant tout ce tems j'obfervois les degrés d’af- cenfion de la liqueur du thermometre de cinq en cinq minutes. M. Andriot en tenoit regiftre , placé fous un petit angard de paille où je me retirois de tems en tems à couvert des rayons du foleil , qui me caufoit quel- AU SÉNÉGAL. 137 nn quefois des étourdiflemens très-marqués. Il reftoït dans 1751. cet endroit pour veiller à cet inftrument, & y obfer- M ver, pendant que j'allois au fort confulter un autre thermometre que je tenois continuellement fufpendu à l’air libre à l'ombre, & à dix-huit pieds au-deflus de la terre , pour éviter les réflets de chaleur qu’elle eft fujette à renvoyer. Celui-ci marquoit pour la chaleur de l'air libre, em lexpofition la plus froide de l'ile, 30 degrés , pendant que l’autre donnoit pour la cha- leur du fable 60 d. ‘. Trois œufs de poule que jy os avois enfoncé & laiflé pendant trois heures , dans Le cuirs. deffein de m’aflurer de l'effet que cette chaleur pouvoit produire fur eux , ne furent pas durcis, mais le blanc avoit pris légerement autour de la coque, &ils étoient aflez cuits pour être mangés : ils furent de notre diner, & nous les trouvâmes fort bons. Il y a tout lieu de croire que fi la longueur du tube de ce thermometre eût donné plus de champ à la liqueur , elle eût monté beaucoup plus haut que 60 d. : ; comme je m'en fuis appeïçu depuis en répétant ces obfervations avec d’au- tres thermometres d’une graduation portée jufqu’à l'eau bouillante. Je ne m’étendrai pas davantage ici fur ces fortes d'expériences; il me fufira pour le pré- fent de les avoir indiquées , me réfervant ARE dans un plus grand détail dans le Traité de mes Obferva- tions phyfiques. Pendant la nuit du 9 feptembre il s’éleva un vent 9 Seprembre. furieux de left, qui amena une pluie très-forte , ac- ne if compagnée d’éclairs fi prompts & fi vifs que leur lu- miere ne paroïfloit pas interrompue. Deux tonnerres Efer duton- tomberent en même tems dans deux endroits diflérens R ij 132 A VO À GE Ur LAPS de l’ifle du Sénégal , lun fur un mât de bateau , & * l’autre fur le bâtiment de l’hôpital , à deux cens toifes de diftance l’un de Pautre fur le même bord du Niger. Celui qui tomba fur hôpital ne fit autre chofe que chiffonner & brifer deux girouettes pofées fur un même pavillon, lever quelques ardoifes de la couver- ture, fendre plufieurs chevrons de la charpente , & caffer trois carreaux du plancher, fur la chaux duquel il s’'amortit, fans bleffer aucun des malades qui fe trou- voient à côté. Il fe paffa quelque chofe de plus remar- quable à l'égard du mât de bateau qui avoit environ quarante pieds de haut. Il étoit goudronné aflez exac- tement par-tout. Le tonnerre le fillona à deux pouces de profondeur, mais inégalement , dans toute fa lon- gueur , fans toucher aux ferremens, aux manœuvres, aux cordages, ni aux ponunes de racage goudronnées dont il étoit environné , & il termina fon eflet au collet, où un large prélat de toile épaifle & bien gou- dronnée l’entouroit , fur le pont du bateau. Il femble ue la réfine ait rompu là tous fes efforts , & l’ait obligé de s’écarter. On fçait que ces bâtimens font gou- dronnés par-tout les dehors , enforte qu’on peut re- garder leur furface extérieure comme une couche con- £fets m- tinue de réfine. Un nègre à qui on en avoit confié la nee garde pendant cette nuit là, étant couche dans la té. chambre de l'arriere , reçut une commotion fubite, dont il reflentoit encore des impreflions très-fortes le lendemain dans toutes les parties de fon corps. Je laiffe actuellement aux phyficiens curieux de ces fortes de phénomènes , à juger fi lon peut trouver une plus grande analogie entre les effet ordinaires que l’on re- AU SÉNÉGAL. 133 connoît dans l'électricité, & ceux que préfenta le ton- nerre dans cette occafion. Les eaux furent fi abondantes pendant ce grain, & fe précipiterent avec une telle force, qu’elles détache- rent, à quatre ou cinq lieues de à, une petite langue de terre qui flotta comme une ifle au gré des eaux. On la vit le matin, femblable à une autre Délos, entrat- née par le courant du Niger , prendre fa route vers l'Océan. Son agréable verdure, & la difpofition avan- tageufe des arbres dont elle étoit couverte, lui don- noient l'air d’une ifle enchantée , qui en fit defirer la polleffion à l’ifle du Sénégal. Un canot fut envoyé aufli-tôt : il rejoignit cette ifle, fit pañler plufieurs cor- des dans fon bois, & la força, malgré fa réfiftance , à fe joindre aux fables de celle du Sénégal. Tout le vil- lage fut attiré par la nouveauté de ce fpectacle : jamais on mavoit vû une ifle fi riante : chacun s’emprefloit d’y entrer ; mais on fe défioit de fes racines , que l’on pre- noit pour autant de ferpens. Je la mefurai & ne lui trouvai que quatre toifes de diametre:elle étoit ronde, & ne portoit qu’une efpece d’arbriffeau épineux de dix pieds de haut, que les nègres appellent du nom de billeur(1). Ses racines extrêmement ferrées & entre- laflées les unes dans les autres, ne retenoïent que peu de terre grafle que l'eau n’avoit pü délayer. C’eft du bois de cette plante, infiniment plus léger que le liége, que fe fervent les habitans du pays pour leurs pêches ou quand ils veulent s’aider à traverfer à la nage le fleuve , dans les endroits où il a trop de lar- geur. (1) Efpece nouvelle de fesban. T7 ST Septembre. fe flottane fur le Niger. 134 VOYAGE is ls font tous excellens nageurs : on en a journelle- rs ment des marques; mais il n’eft rien qui le prouve da- font d'excel. Vantage que la hardiefle avec laquelle ils s’'expofent lens nageurs, x James de la barre. J’étois le 25 du même mois fur le bord de la mer, occupé à obferver la hauteur des marées de l’équinoxe, lorfqu’un navire françois arriva vis-à-vis le fort du Sénégal. Son canot s’approcha juf- qu'aux premieres lames , où la barre commence à fe faire fentir: 1à il attendit que l’on vint prendre langue & chercher les nouvelles qu'il apportoit. Le nègre qui avoit coutume de faire ce métier , fe mit à l’eau pour les aller prendre au travers des lames qui bri- foient alors plus qu’à l'ordinaire , parce que les marées étoient plus fortes. A voir l’état effrayant des lames qui s’élevoient de plus de dix pieds de hauteur , & retomboient comme autant de nappes d’eau, avec un bruit & une pefanteur énorme, on n’auroit jamais cru qu’il eût pu les vaincre : cependant il les pafla toutes en fe faifant porter fur le dos des unes , plongeant fous les autres dans lefquelles il paroifloit enféveli, & re- gagna fort heureufement la terre avec les paquetsdont on l’avoit chargé. Ce n’eft pas toujours la mer qu’on a le plus à craindre dans ce paflage : il court fur certe barre des requiens fi forts & fi terribles , qu’ils empor- tent quelquefois le plongeur. Ce fut fans doute un accident pareil qui fit difparoître dans ce même mois un nègre, dont on n’entendit jamais parler depuis, Pointer Le lendemain on pêcha dans les eaux douces du FÈRr fleuve un poiflon qui a peu de rapport avec ceux qu’on connoît jufqu’à préfent. Son corps eft rond, fans écail- les & oliffant comme celui de l’anguille, mais beau- AU SÉNÉGAL. 135 coup plus épais par rapport à fa longueur. Il à aufli quelques barbillons à la bouche. Les nègres le nom- ment ouaniear , & les françois trembleur , à caufe de la propriété qu'il a de caufer , non un engourdiflement comme la torpille , mais un tremblement très-dou- loureux dans les membres de ceux qui le touchent. Son eflet qui ne m'a pas paru différer fenfiblement de la commotion électrique de l’expérience de Leyde, que j'avois déja éprouvée plufieurs fois , fe commu- nique de même par le fimple attouchement , avec un bâton ou une verge de fer decinq ou fix pieds de long, de maniere qu’on laifle tomber dans le moment tout ce qu’on tenoit à la main. J’ai fait plufieurs fois cette expérience, & celle de manger de la chair de ce poif- fon , qui quoique d’un aflez bon goût, n’étoit pas d’un ufage également fain pour tout le monde. L’ifle du Sénégal n’eft, comme je l'ai dit plufieurs fois, qu’une efpece de banc de fable à découvert , qui ne produit que peu d'herbes infufhifantes & peu pro- pres à fournir à la nourriture des troupeaux de la Com- pagnie. C’eft ce qui a obligé de choilir un lieu où ces troupeaux puflent trouver & les pâturages & la füreté contre les pillages des maures & des nègres. On a ren- contré une partie de ces avantages fur une ifle aflez grande, qu'on appelle l'ifle de Griel , & qui eft à deux lieues dans le nord de celle du Sénégal. La facilité qu’on a de Sy tranfporter par une petite riviere de même nom , & tout le bien que j'avois entendu dire de cer endroit , m’engagerent à y faire un voyage de quelques jours. Je partis pour m’y rendre le 2 d’oéto- bre, par ce même canal qui eft parallèle au bras prin- 2 Ofobre, Voy age à l'ifle de Gris, 136 VOYAGE DA cipal du Niger, & qui n’eft féparé de la mer dans toute fa longueur que par une langue de fable de cent toifes Péleans, au plus de largeur. Il étoit tout couvert de pélicans ou grands-goliers , qui fe promenoïent gravement comme des cignes fur fes eaux. Ce font fans contredit, après l’autruche, les plus grands oïfeaux du pays. J'en tuai un dont les aîles mefurées d’une extrêmité à l’autre avoient plus de dix pieds d’ouverture. La lon- gueur de fon bec étoit de plus d’un pied & demi, & le fac qui y eft attaché en deflous contenoit près de vingt- deux pintes d’eau. L’ufage de ce fac n’eft uniquement que pour la pêche : c’eft comme une efpece d’épervier que la nature a donné à cet oifeau , pour lui faciliter les moyens de pourvoir à fes grands befoins. Elle ne pouvoit le placer dans un animal qui fçût mieux s’en {ervir, & on peut dire qu’il entend la pêche dans la Leurmaniere Perfection. Ces oifeaux nagent ordinairement par com- épée. pagnie fur les hauts fonds, & forment un grand cercle qu’ils reflerrent en fe rapprochant peu à peu pour ra- mener le poiflon , que le mouvement de leurs pieds contient dans ce petit efpace : quand ils le voient aflez raflemblé , ils plongent dans l’eau leur bec ouvert, & le referment avec une vîtefle comparable à celle d’un pêcheur qui jette & retire aufli-tôt fon épervier. Pour verfer l’eau dont leur fac eft rempli , ils ne font que pancher leur bec de côté en l’entrouvrant légerement, elle s'échappe aufli-tôt & laïfle à fec les poiflons, qu’ils vont manger paifiblement à terre. Pontdewue Quand on eft à un quart de lieue de l’ifle de Griel,, Gi % on croit voir une belle avenue d'arbres qui fe préfente | fur le côté : leur fymmétrie feroit même penfer qu'ils ont AU SÉ NÉ G: AL. 137 ont été plantés à deflein pour former à cet endroit un 751. point de vûe charmant: ce ne font cependant que des °*°°* pains-de-finge femés par les mains de la nature, & ils {e font reconnoître Li pa par leur forme & leur grofleur. Excepté ces arbres qui font en grande quan- tité fur cette pointe, & un bouquet de mangliers, on n’en voit guères d’autres fur cette ifle. La prairie fe trouve de ce même côté , fur un fable rouge un peu élevé , où font femés çà & [à quelques arbrifleaux, & fur-tout des titimales, dont la blancheur fort agréa- blement par le vif coloris des fleurs de la fuperbe (1) qui Les couronne. Le refte du terrein eft une plaine balle & unie, dont la plus grande partie eft cachée fous les eaux pendant la faifon pluvieufe : elle fe dé- couvre en hiver en les raflemblant dans un petit ruif- feau qui femble en former une petite ifle dans la grande ifle de Griel. Cette partie balance les bonnes qualités de l’autre , car elle ne produit que deux fortes de plan- tes (2) dont il ne paroît pas que les beftiaux foient fort friands. … Après avoir pañié Le ruifleau qui fépare la petite ifle Village de de la grande ifle de Griel , on trouve vers le nord le Et village de Dounn fur un fable rougeâtre un peu plus élevé, & d’une fertilité étonnante. En avançant plus loin , toujours vers le nord , on arrive au village de Nguïñàgo , d’où on apperçoit fur la droite à une lieue De Nguis. de diftance celui de Torkrod , qui en eft féparé par un marais de toute cette étendue. Comme ce marais eft (1) Nouvelle efpece de methonica. (2) La crifte marine ou falicor; & la creffa de Linnæus. Snec. Plane. P&£+ 223. S 138 VOST TA. GE “175 rempli d'eau & de joncs, on y trouve beaucoup d’oi- Le {eaux aquatiques , tels que les courlis, les bécafles, les digiux doi- farcelles & les canettes. Ces dernieres fur-tout , qui rs “TE font une petite efpece de canard peu différente de la farcelle d'Europe, s’y rendent quelquefois en fi grande quantité qu’elles couvrent de grands efpaces de ter rein : on ne les voit alors que par milliers ; & on les tue, pour ainfi dire , de même. Il n’eft pas rare d’en voir coucher une trentaine d’un coup de fufil , & fou- vent même le double. Il eft vrai que c’eft aux nègres que font réfervés ces beaux coups. Outre qu'ils font bons tireurs , qu’ils ne fe fervent que de ces gros & grands fufils appellés boucaniers, & qu’ils ne couchent ces oïfeaux qu’au raz de terre & dans de vaftes plaines, ils ont encore un autre avantage fur les Européens : ils peuvent approcher le gibier à la faveur de la cou- leur de leur corps, qui étant noir depuis la tête juf- qu'aux pieds, fe confond avec la verdure de la cam- pagne ; au lieu que la blancheur du vifage d’un Euro- péen , le moindre bout de manchette ou de col blanc {ont apperçus de fort loin par le gibier ; le plus petit mouvement l’épouvante & le fait partir avant même qu’on foit à fa portée. Lis des n- Les nègres de ce quartier font obligés de coucher gs Gil. Jchors fur des lits aflez hauts, pour être à Pabri des mouftiques & des maringoins qui y font très-communs, fur-tout dans ce mois. Ces lits ont communément cinq à fix pieds en quarré:ils confiftent en une double claie fort épaille , portée fur quatre poteaux élevés de huit à neuf pieds au-deffus de terre. On monte à cetre efpece de plateforme par des échelons liés à deux des poteaux AU! SE. N E G'A L. 139 à plomb les uns au-deffus des autres. Cette fituation n’eft guères avantageufe , & on a bien de la peine à gner le haut, parce que la plüpart des échelons fe 54 dérangés à force de monter, & l’on glifle fouvent du côté où ils penchent ; les nègres y montent cepen- dant avec aflez de facilité. L'heure du coucher du fo- leil qui eft le fignal de la fortie des maringoins, left aufli pour les nègres qui fe rendent fur la plateforme. Ils y foupent, ils y fument en faifant la converfation qui dure une bonne partie de la nuit, après quoi ils dorment jufqu’au jour ainfi expofés au bel air. Je n’a- vois pas es la précaution d'apporter un pavillon avec moi , enforte que je couchaïi avec eux & comme eux, c’eft-à-dire, prefque nud , la grande chaleur ne permet- tant pas de fouffriraucun vêtement. Les coufins étoient à la vérité moins incommodes dans cet endroit que dans les lieux couverts ; mais ils fucçoient encore beau- coup de mon fang, & j'avois tous les matins le vifage couvert de boutons. Cela ne m'empêcha pas néan- moins d’y pafler des nuits fort agréables. Indépendamment des fables , des dialogues, & des contes amufans & pleins de faillies que les nègres fai- Cu a 1791 O&tobre. Beauté du ciel d1 Sénégal, foient tour à tour , fuivant la coutume établie chez eux ; j'étois enchanté de re éclatant d’un ciel tou- jours ferein ; où les étoiles brilloient avec une grande vivacité. Elevé fur cette plateforme , comme fur un petit obfervatoire à découvert de tous côtés, il m'étoit facile de les fuivre dans leur commune révolution d’orient en occident. Souvent je ne perdois de vüe le bord fupérieur du difque du foleil & les grandes étoi- les , que lorfqu’elles fe plongeoïient fous l’horifonde la Si 140 VOPETALGAE en mer; & il n’étoit pas rare d'y fuivre quelques étoiles *_ bien au-deffous de la moyenne grandeur , quoique l’on Pon ne pât les appercevoir que vers le 3e ou 4° degré de leur hauteur fur Phorifon après leur lever , à caufe des vapeurs qui font plus abondantes fur les terres. ru Les nègres me nommoient auffi un grand nombre rates, d'étoiles qui compofent les principales conftellations, comme celles du Lion , du Scorpion , de l’Aigle , de Pegafe, d'Orion, Sirius, Procyon , l’épi de la Vierge, Canopus , avec la plûpart des planètes qu'ils connoif- foient aflez bien. Ils diftinguoient même jufqu’à la {cintillation des étoiles qui commençoit alors à deve- nir fenfible. Pour des gens dont les connoiffances font très-bornées , il eft étonnant qu’ils raifonnent aufls pertinemment fur les aftres ; & il n’eft pas douteux qu'avec des inftrumens & de la volonté , ils devien- droient d’excellens aftronomes , habitans un climat où Pair eft extrèmement ferein prefque toute l’année, & où vivant dehors, ils ont toutes les commodités pof- fibles pour examiner à chaque inftant ce qui fe pafle dans le ciel. Incendiesor. Quelques jours après que je fus de retour à l’ifle du pre dus Sémésabiletfen prit au quartier du nord du village. Je nègres. laïfle à penfer quels progrès il devoit faire dans des cafes de paille extrêmement proches les unes des au- tres & defléchées par les ardeurs du foleil , étant animé par un vent aflez fort de nord-eft. Les marabous eurent beau monter fur le fommet des cafes enflammées, cra- cher fur le feu en marmottant leurs prieres, y jettant même leurs gris-gris , & faifant mille momeries aufli ridicules , aucune des cafes où ils ayoient monté ne AU SÉNÉGAL. 141 fut épargnée ; & le feu n’arrêta fa fureur que lorfque eZ (ie les habitans , fentans l’inutilité de ces enchantemens °°°" fuperftitieux , eurent mis tous leurs foins à jetter de l'eau & des fables pour l’éteindre. Dès le lendemain on travailla à réparer fes ravages : on rebâtit de nou- velles cafes fur le même terrein , & au bout de quel- ques jours on oublia tous les torts qu'il avoit faits. Les accidens du feu font fi ordinaires dans ce pays, que j'ai vû des années où il ne fe pañloit pas un mois, & quel- uefois huit ou quinze jours , fans qu'il prit dans quelque cafe : ils font même fi terribles que dans l'ef- ace de cinq ans , deux fois la moitié du village du Sénégal fut incendiée & confumée en moins de vingt- quatre heures dans une étendue de près de quatre cens toifes. On ignore fouvent la caufe de ces incendies , parce qu’ils prennent communément dans le jour & pendant les plus grandes ardeurs du foleil ; & les nè- gres y font fi accoutumés, qu'ils y perdent peu de monde & peu d’eflets, s'y attendant continuellement fans trop les craindre. L’ifle de Sor eft partagée en deux parties inégales 8 Décembre. ar un petit marigot dont l'embouchure eft vis-à-vis br le fort de l’ifle du Sénégal. Jy entrai pour la premiere A soil fois dans ma pirogue le 8 décembre. Ce marigot eft fi étroit que les Luis des mangliers qui font des deux côtés fe croifent à leurs cimes, & font comme un ber. ceau ou une allée couverte de près d’un quart de lieue de longueur. Je payai un peu chérement le fervice que ces arbres me rendoient en me défendant des ar- deurs du foleil ; car je fus en an moment afläilli par For incom. mode par les une multitude prodigieufe de maringoïins & de grolles nn. 142 VOOI YA G E “is. mouches(r), dont les piquûres fe font fentir aufli Décembre vivement que celles des mouches à miel. Mes nègres qui étoient nuds, furent bien autrement incommodés que moi : leur corps en étoit tellement couvert que ces infectes fe touchoient & faifoient plufieurs rangs les uns fur les autres. Je crois qu’on n’a jamais rien vü de pareil, & que toutes ces piquûres leur tirerent au- tant de fang qu’auroit pû faire une faignée copieufe. Il falloit que ce canal fût comme le grand chemin où les maringoins fe rendent du fond du bois, qui femble être le magafin général du pays, pour fortir enfemble par nuées , & fe répandre enfuite dans les villages & par tous les lieux habités par les hommes ou les animaux, À cette incommodité près ce feroit la plus jolie promenade du monde que ce marigot , qui n’a que deux à quatre toifes de large, fur autant & quelque- Me fois davantage de profondeur. Il eft fréquenté par un faux d'une grand nombre d’oifeaux tous plus beaux les uns que grndebea Tes autres, & fur-tout par plufieurs efpeces de martins- pêcheurs, dont le plumage eft peint agréablement des couleurs les plus variées & les plus vives. On y entend auffi un ramage continuel répété par les échos fonores qui fe redoublent plufieurs fois, à caufe de la multi- plicité des troncs d’arbres dont il eft bordé. Ses deux extrémités font barrées par un platon ou banc de fable qui n’en permet l'entrée qu'aux pirogues : cependant en prenant l’heure des marées , on pourroit y faire pafler par le marigot de Kantaï des chaloupes , qui fe- roient des abatis confidérables de bois de mangliers, Mancliers confdérables. (1) Tabanus. Le taon, A UA S'ÉIN/É)G/A L. 143 dont la plüpart ont douze à quinze pouces de diame- tre, & feroient d’un ufage merveilleux pour la char- pente des maifons. Celui de ces platons qui fe trouve au bout oriental du marigot, eft d’un fable vafeux qui découvre à mer bafle. Quand j'y pañlai , une demi- douzaine de crocodiles y étoient étendus au foleil , immobiles & femblables à autant de pieces de bois couchées par terre. Toutes les fois que les nègres ap- prochent de cet endroit, ils font fürs dy trouver de ces animaux ; & c’eft de-là qu’ils ont donné à ceruifleau le nom de marigot des Diafiks, qui en leur langue fignifie marigot des Crocodiles. 21 Je débouchai par la droite de ce platon dans le ma- rigot de Kantaï , où les nègres éroient alors beaucoup occupés à la pêche du lamantin. Ce poiflon dont tous les voyageurs n’ont pas manqué de parler, qu'ils ont même décrit fans le bien connoître, & qui probable- ment a donné lieu à la fable des firènes, mérite un aflez long détail pour que je fois difpenfé d’en dire davantage dans cette courte relation. Il ne fe paile pas d'année que les nègres habitans de ces quartiers , & qui s’en réfervent la pêche exclufivement à tous les autres, n’en prennent une demi-douzaine , dont ils vendent la plus grande partie au fort du Sénégal. Cette pêche ne {e fait qu’en décembre & janvier qui font les mois les plus favorables. La chair du lamantin eft un manger excellent : elle eft blanche comme celle du veau ou du cochon, & fa faveur tient de toutes Les deux ; mais rarement eft-elle aufli tendre. En remontant le Niger au fortir des marigots de Kantaï & de Guiara, je vis le long de la côte de Bar- 271. Décembre. Péche du !a- mantin, La mer fe déploie dans le Niger. 144 VOYAGE “1751. barie toutes les ravines que la mer avoit creufées la Décembe, weille en fe déployant vivement fur fes fables. Elle étoit encore aflez grofle alors pour épancher fes eaux dans le fleuve. Ce qu'il y a de remarquable dans cet effet des groffes mers, c’eft qu'il s’eft déclaré plufieurs années de fuite pendant le folftice d’hiver , & non dans les équinoxes , comme fi les marées euflent été plus fortes dans ces tems-là que dans ceux-ci. Crépufules Quelque diligence que je fis, je ne pus rejoindre la forts courts. + * 10 > . pointe de l’ifle du Sénégal qu’à fix heures du foir, & quand ÿarrivai au fort il étoit déja nuit : car dans ces pays où les nuits font prefque toujours égales aux jours, le crépufcule eft très-court , & il ne fe pafle pas un quart-d’heure entre le coucher du foleil & les téne- bres ; enforte que dès qu’il eft à 10 ou 1 5 degrés fous lhorifon, elles fe répandent aufli-tôt fur la furface de la terre, & il y fait aufli noir qu’à minuit. Satisfait de ce que m’avoit appris une navigation non interrompue pendant plufieurs mois de fuite dans toutes les petites rivieres des environs de l’ifle de Sor, je ne voulus pas manquer l’occafion de voir le travail des labours qui devoient fe faire au commencement F du mois de juin de l’année fuivante dans cette ifle. [5752 Tous les habitans du village s’étoient rendus le 8 de 17752. en grand matin à la campagne, à la fuite du Seigneur , en ere RrBle chantant & danfant comme dans un jour de fête ; les uns portoient leurs tambours & leurs flutes ; les autres n’avoient pour tout inftrument qu'une petite bêche faite en croiflant , emmanchée avec un bâton courbé ar le milieu & affez long pour qu’ils ne fuflent pas obligés de fe baïffer en travaillant, Après avoir danfé quelques AU SÉNÉGAL. 145 quelques momens fur le lieu mème, ceux-ci fans in- 1752. terrompre la cadence , fe mirent à labourer la terreavec leur bêche , pour arracher les mauvaifes herbes. Pen- dant ce travail ils imitoient fi bien par leurs mouve- mens & leurs chants le fon & la mefure des inftru- mens , que l’on eût dit que tous ces laboureurs n’étoient que des chanteurs & des danfeurs. C’étoit un plaifir de voir comment ces gens fe démenoient, & toutes Les contorfions qu’ils fe donnoient avec un air de conten- tement, felon que le fon des tambours étoit plus ou moins vif & précipité , & que les guiriots donnoient plus de feu à leurs chanfons. Ils ne devoient quitter le travail qu’à la nuit; & deux jours après ils devoient faire un fecond labour , qui confifte à creufer avec la même bèche quelques trous, dans lefquels ils jettent Semaïlles: une petite pincée de mil, qu'ils recouvrent aufli-tôt- de terre en la ramenant par-deflus avec le gros doigt du pied. Cette façon faite , ils fe repofent de tout le refte fur les pluies, & ils font difpentes de tout travail jufqu’à la récolte. Leurs lougans, c’eft ainfi qu’on ap- elle les campagnes labourées , font ordinairement Dole par une haie vive d’épines, ou d’une efpece de titimale qui ne vient jamais ni fort grand ni fort gros. Tiimale, Son écorce eft d’une blancheur qui le fait remarquer : fur tous les autres arbres. Il croit fort vite , comme tous les bois mols ; & Lorfqu’on le coupe il répand une grande quantité de liqueur blanche & épaifle comme du lait, qui coule par ruifleaux. Quand ces laboureurs furent bien en train de traz Oifeaux de | Fe À l'ile de Sor, vailler , je les quittai pour faire un tour en chaflant jufqu’au village de Sor-nguïànn , qui eft à une petite D: ; 146 | AVLO Y AGE “1752 dei-lieue de Sor ou de Sor-baba. Je tuai des colibriss 1. des piverds , des perdrix , des alouettes & quelques oyes. Il eft ordinaire à ces trois derniers oïifeaux de percher fur les arbres ; chofe qui ne leur arrive guères Oye. en France. L’oye de ce pays, que les nègres appellent hat, na rien qui flatte dans la couleur de fon plu- mage ; mais on remarque fur fa tête une bofle aflez grofle , couronnée de plufieurs caroncules qui lui fer- vent d'ornement. Ses épaules à l'endroit où fe fait l’in- flexion de laîle , font aufli armées d’une corne fem- blable à une épine , de près d’un pouce de longueur. Elle s’en fert fort adroïtement contre les oïfeaux de proye qui voudroient l’attaquer. Ma chafle fut augmentée de beaucoup par une dé- couverte que je fis en côtoyant le marigot voifin de Sor-baba. Des traces fraîchement imprimées fur le fable, & que je reconnus facilement pour être du ero- codile , piquerent ma curiofité : je voulois, en les fui vant , aller à la rencontre de cet animal ; mais après lavoir cherché vainement, j'arrivai à un endroit dif tant de cent cinquante pas du marigot , où le fable paroïfloit avoir été gratté. Mes nègres jugerent que ce pourroit être le lieu où ce crocodile venoit de faire Ponteduero- {à ponte; & ils ne fe tromperent pas ; après avoir Es à creufé environ un demi-pied , ils crouverent une tren- taine d'œufs , qu'ils emporterent comptant en faire grand-chere. Ils n’étoient guères plus gros que des œufs d’oye, & répandoient une petite odeur de mufc qui auroit fans doute beaucoup plûü aux perfonnes qui aiment cette odeur: k I y avoit plus de trois ans que j'étois dans le pays A U S É N'É G’A L. 147 fans avoir encore pû contenter l'envie que j'avois de voir le quartier de la Chaux. C’eft un lieu auquel on a donné ce nom à caufe de la chaux qu’on y fait avec des coquilles qui y font en grande abondance. Comime il eft fur-le bord d’une petite riviere qui communique avec le Niger, on y va facilement par eau en partant de l’ifle du Sénégal. Je m’y rendis le 20 du mois d'août fur un bateau qui alloit prendre de la chaux. Il y a dans ce canton , comme Lac les plus beaux pays du monde , de grandes plaines, d’agréables vallées , d’ex- cellens pâturages en tout tems pour le gros & le menu bétail , & des petites rivieres dont les bords font cou- verts de mangliers & d’autres arbres toujours verds. La principale de ces rivieres porte le nom de marigot de la Chaux. Elle eft grande & fort poiflonneufe : elle abonde fur-tout en groffes anguilles , en carpets & en machoirans. Ce dernier poiflon eft fort bon & extrè- mement gras : mais il faut s’en méfier lorfqu'il eft en- core en vie; car il eft armé fur les deux nageoires des côtés , & fur celle du dos, d’un dard extrêmement pointu avec lequel il porte des coups dangereux à ceux qui fe mettent en devoir de le prendre. Les blef- fures en font venimeufes & fe guériflent difficilement. En mettant pied à terre fur Le bord méridional de ce marigot, je me trouvai fur un banc de coquilles, dans lequel on avoit creufé un grand nombre de fours à chaux aflez près du rivage. Quoique dépourvu de terre , ce banc étoit couvert d’un bois très-épais : on voyoit même quelques pains-de-finge de plus de trois. pieds de diametre. Je le fuivis en-marchant toujours fur les coquilles jufqu’au village appellé Montel ; qui Ti 20 Août. Voyage au marigot de la Chaux. Foflon ap- pellé machoi- ran. Banc de co- quilles, Chafe au crocodile, . prife, fe releva dans lin 148 A AVIOIMAAÏGE eft à plus de demi-lieue de là vers le midi , & je re- tournai par un autre chemin afin d’en reconnoître la largeur. Entre plufieurs chofes qui me firent plaifir dans cette promenade , celle qui m’en procura dayan- tage, fut de voir la maniere dont un de mes nègres tua un crocodile de fept pieds de long. Il lavoit ap- perçu endormi dans les brouflailles au pied d'unarbre, fur le bord d’une riviere. Il sen approcha aflez douce- ment pour ne le pas éveiller, & lui porta fort adroite- ment un Coup de couteau dans le côté du col , au dé- faut des os de la rère & des écailles, & le perça , à peu de chofe près, de part en part. L’animal bleffé à mort, fe repliant fur lui-même quoiqu’avec peine, frappa les jambes du nègre d’un coup de fa queue , qui fut fi violent qu’il le renverfa ar terre. Celui-ci fans lâcher ant, & afin de n’avoir rien à craindre de la gueule meurtriere du crocodile, il len- veloppa d'une pagne, pendant que fon camarade lui retenoit la queue : je lui montai aufli fur le corps pour l’aflujétir. Alors le nègre retira fon couteau, & lui coupa la tête qu’il fépara du tronc. Cette expédition fut terminée en fort peu de tems. Ils firent tout leur poflible pour traîner le corps du crocodile jufqu'au bateau ; car il éroit trop pefant pour être porté : mais voyant leurs efforts inutiles, ils lembarquerent dans un canot pour le remettre à bord. Cette ation de bravoure mérita à mon nègre les éloges de tous les laptots du bateau , & des habitans du voifinage, qui _connoifloient depuis long-tems fon adrefle dans la Sa cuir chaffe du crocodile. On fit honneur à fon gibier , dont mange. on manpgea dès le foir même plufieurs tronçons. Sa AN UE SUÉRNVÉCGYA L. 149 chair dont je goûtai aufli quelques morceaux, ne me parut pas avoir une odeur de mufc aufli forte que l’on dit qu’elle a d'ordinaire , & je la trouvai fort man- geable. Le jour fuivant je me promenai de l’autre côte du marigot de la Chaux, & je ne fus pas peu furpris d'y trouver un grand nombre de collines de fable rouge de plus de trente pieds de hauteur. Les néous(1}, les dhurs (2) & plufieurs autres arbres fruitiers don- noient des marques aflurées de la fertilité de ce terrein. Je voyois à chaque pas fur les arbrifleaux des camé- léons , qui , lorfqu’on les touchoit , changeoïient en noir leur couleur verte. Ils avoient alors beau jeu à faire la chafle aux fauterelles dont la terre étoit, pour ainfi dire, couverte; & ce feroit une erreur de croire que cet animal ne mange point ; fa maigreur ne doit as nous en impofer. Tous ceux que je trouvai avoient l'eftomac rempli de papillons & fur-tout de fauterel- les, qui témoignoient qu’ils n’avoient pas obfervé un jeûne aufli rigoureux que le penfoit autrefois le vul- gaire : mais ce n’eft pas la feule erreur dont il ait befoin d'être défabufe. Pour revenir au banc de coquilles d’huitres qui cou- vrent les campagnes de la Chaux dans une étendue de plus de demi-lieue , les nègres ont aufli leurs préjugés. Les uns racontent que ce banc éft l’ouvrage des finges du tems pallé ; & que ces animaux plus fréquens alors dans ces quartiers qu’ils n’y font aujourd’hui, man- gerent ces huîtres : les autres veulent que ce foient les dépouilles de celles que leurs peres ont boucanées, (1) (2) Nouvelles efpeces d'arbres non décrits, 1762. Août, Caméleons; Sentimens des nègres fur fa formation des bancs de co- quilles. Retour à l'ifle su Sénégal, 150 1 VID VAE c’eft-à-dire , féchées à la fumée , comme ils faifoient en- core eux-mêmes il n’y a pas longues années, lorfque les mangliers de cette riviere leur en fournifloient , comme font aujourd’hui ceux du fleuve Gambie. Les françois qui ont examiné ces bancs, & qui ont entendu. raifonner les nègres fur leur formation, font aufli de ce dernier fentiment. Mais quand on leur accorderoit ces deux points, ils feront toujours embarraflés d’ex- pliquer comment ces coquilles ont pû s'arranger aufi régulierement qu’on les trouve, & fans aucun mé- lange. D'ailleurs la quantité d’huîtres qu’on peut bou- caner & écailler en un jour eff fi petite en comparai- fon de l’amas immenfe des coquilles en queftion , & fuppoferoit pour la formation de ce banc un fi grand nombre de fiécles , que la chofe perd par la fupputa- tion toute vraifemblance. Sans avoir recours à des preuves aufli douteufes, pour expliquer comment fe {ont formés ces amas & quelques autres femblables , il fufht de confidérer ce qui fe pañle dans le fleuve de Gambie , où les huîtres qui y multiplient confidéra- blement fur les racines des mangliers, ont formées par leurs dépôts , dans plufieurs endroits de fon lit, des bancs de coquilles fort élevés : & l’on fera bien fondé à croire que ces endroits ont été autrefois des lits de rivieres où Les huîtres vivoient aufi fur les mangliers ; que ces lits ont changé fucceflivement de place , & que la mer en baïffant a laïflé ces bancs à découverts & aflez de niveau à huit ou dix pieds au-deflus de fa furface. Le 23 je retournai à l’ifle du Sénégal dans ma pi- rogue. Quoiqu’elle fât volage , & peu ferme fur fon afliette , jaimai mieux m'en fervir que d’attendre la AÛÜ SÉNÉG'A L. 151 commodité du bateau qui m'avoit amené. Mes nègres nagerent à l’envi l’un de l’autre , & me firent pañler en moins de deux heures les deux lieues & demi qu'il y a de la Chaux à l’ifle du Sénégal. Malgré les grofles vagues & un grain de vent que nous eûmes à la bande de l’eft en fortant du marigot , nous ne reçûmes aucun coup de lame , & nous ne primes pas une feule goute d’eau , parce que nous étions à l’abri fous les mangliers. Le vent s’éroit calmé tout-à-fait, & il n’y avoit plus que tr vagues encore aflez grofles , lorfqu’une pirogue fe mit à l’eau pour traverfer le fleuve. Elle étoit petite, & portoit trois hommes , dont deux pa- gayoïent : dans cet exercice ils faifoient une efpece de mufique avec un refrain que j'entendois d’aflez loin, & qui n'étoit pas défagréable. Le nègre qui gouver- noit avec fa pagaye pour éviter les lames , fe trouva PET ) apparemment en défaut ; ou bien celui qui étoit occupé vers le milieu à vuider l’eau qui entroit dedans, pen- cha trop d’un côté & fit perdre fon équilibre à la pi- rogue ; elle verfa & eux avec elle. Quoiqu'ils fuflent fort habiles, ils eurent toutes les peines du monde à la remettre fur l’eau ; à la fin cependant à force de la pouller & de fe la renvoyer les uns aux autres par les extrémités, en reftant toujours à la nage, ils la vui- derent & remonterent dedans les uns après les autres. Dans toute autre circonftance on fe Éroic diverti à voir leurs manœuvres, la force & l’adrefle qu’ils mirent en ufage pour fe tirer de ce danger, & l’on peut dire qu'ils réuflirent parfaitement bien. Cet accident n’eft pas rare; mais comme ils font tous excellens nageurs , il eft inoui qu'ils y périflent. Pirogue vor fée. os | ——_— 17152. Août. Serpentpéant. 152 VOYAGE Vers le milieu du mois fuivant on me fit préfent d’un jeune ferpent de l’efpece du ferpent géant. Ce préfent me fit plaifir, parce que c’étoit le premier de cette efpece que jeufle vû : j'en conferve encore au- jourd’hui la dépouille en entier dans mon cabinet. IL venoit d’être pris dans le marigot même de l’ifle du Sénégal , & il étoit très-vivant. Il avoit trois pieds & un peu plus de longueur. Le fond de fa couleur étoit un jaune livide, coupé par une large bande noirâtre qui regnoit tout le long du dos, & fur laquelle étoient {emées quelques taches jaunâtres aflez irrégulieres, Un luftre répandu fur tout fon corps, le faifoit briller comme s’il eût été verniflé, Sa tête n’étoit ni platte ni triangulaire, comme celle de la vipere, mais arrondie & un peu allongée. Ce ferpent tout petit qu’il étoit, _fuMifoit pour me le faire diftinguer de toutes les autres efpeces ; mais ce n’étoit qu’une foible image des gros dont jamais je ne me ferois formé une idée jufte, fi peu de tems après on ne m’en eût apporté en différen- tes fois deux médiocres, dont le plus grand avoit vingt-deux pieds & quelques pouces de long fur huit pouces de large. Un cendré noir lavé de quelques lignes jaunes peu apparentes, étoit la couleur domi- nante de fa peau , qui étant étendue avoit vingt-cinq à vingt-fix pouces de largeur : elle me fut laifée toute entiere avec un tronçon de chair, dont le refte devoit faire le repas du chafleur & de tout fon village pen- dant plufieurs jours. La tête qui y tenoit encore , égas loit en grandeur celle d’un crocodile de cinq à fix pieds : fes dents étoient longues de plus d’un demi- pouce, fortes & aïigues ; & louverture de fa gueule auroit AY UN SDÉENMENG A L. * 15% auroit été plus que fuffifante pour avaler en entier un lievre & même un chien aflez gros , fans avoir befoin de le mâcher. La vüûe de ces deux ferpens, qui de l’aveu de mes nègres & de tous ceux qui en avoient beaucoup vü , n’écoient que des médiocres, ne me permirent plus de douter de la vérité de ce que j'en avois entendu dire mille fois dans le pays, & que j'avois mis au nombre des fables. Les nègres mêmes auxquels j'étoisredevable de ceux-ci , m’aflurerent que je n’avois rien vüû de fin- gulier en ce genre , & qu'il n'étoit pas rare d’en trou- ver, à quelques lieues dans l’eft de l’ifle du Sénégal , ‘dont la grandeur égaloit celle d'un mât ordinaire de bateau. Des gens du Biflao difent en avoir vû dans leur pays qui auroient furpaflé de beaucoup ces pieces de bois. Il ne fut pas difficile de juger par la compa- raifon de leurs récits avec les ferpens que j'avois fous les yeux, que la taille des plus grands de cette efpece appréciée à fa jufte valeur, devoit être de quarante à cinquante pieds pour la longueur , & d’un pied à un pied & demi pour la largeur. Ê AG La maniere dont cet animal fait la chafle n’eft pas moins finguliere que fon énorme grofleur. Il fe tient dans les lieux humides & proche FA eaux. Sa queue eft repliée fur elle-même en deux ou trois tours de cercle , qui renferment un efpace rond de cinq à fix pieds de diametre , au-deflus duquel s’éleve fa rête avec une partie de fon corps. Dans cette attitude & comme immobile, il porte fes regards cout autour de lui, & uand il apperçoit un animal à fa portée , il s’élance far lui par le moyen des circonvolutions de fa queue V 17 52 Septembre. Taille desplus grands, Maniere dont ils chaflent, 14 + WOMNMAIGHE rien tem) . 1752 qui font l'effet d’un puiflant reflort. Si l’animal qu'il 4 “Pembrs. Grteinr à belles dents eft trop gros pour pouvoir être avalé en fon entier , comme feroit un bœuf , une gazelle ou le grand belier d'Afrique , après lui avoir donné quelques coups de fes dents meurtrieres , il l’é- crafe & lui brife les os, foit en le ferrant de quelques nœuds , foit en le preffant fimplement du poids de tout fon corps qu'il fait glifler ten deflus : il le re- tourne enfuite dans fa gueule pour le couvrir d’une bave écumeufe, qui lui facilite le moyen de Pavaler fans le mâcher. Il a cela de commun avec bien d’autres ferpens & des lézards qui ne mâchent jamais ce qu'ils mangent , maïs l’avalent en entier. lewuïié. Ce monftre tout terrible qu’il eft par fa grandeur & fa force , ne fait pas tant de ravages que l’on pourroit l'imaginer. Sa grofleur qui le décele facilement en tout où il eft , fait la füreté des animaux moins forts que lui. Son corps roulé en fpirale fur lui-même, pa- roît de fort loin comme la mardelle d’un puits ; & c’eft un indice fuffifant aux voyageurs & aux beftiaux mêmes pour détourner leur route. On n'entend pas dire qu’il attaque les hommes, du moins les exemples de ceux qui fe font laiflés prendre font aflez rares. D'ailleurs la chafle aux grands animaux , tels que le cheval , le bœuf, le cerf, & autres quadrupedes fem blables qui trouvent leur falut dans leurs jambes, ne le flatte pas beaucoup , foït parce qu’elle lui donne trop de peine , qu’elle n’eft pas fi aflurée, ou qu’elle n’eft pas tout-à-fait de fon goût. Il mange plus volon- tiers d’autres ferpens plus petits que lui, des lézards, des crapauds fur-rout & des fauterelles, qui ne fem- AU SÉNÉG A L.* 155 blent naître par nuages dans ce pays gare afouvir fa faim infatiable. On peut dire enfin à l'avantage de ces animaux , qu'ils font plus de bien que de mal, puifqu’ils purgent les terres où ils fe trouvent d’une multitude innombrable d'infectes & de reptiles très- incommodes , qui feroient déferter les habitans des pays les plus fertiles où ils fe font établis; & que les nègres ont intérèt de les laifler vivre en paix. Mais je reprends le fil de ma narration. La néceflité où je me trouvois de retourner dix fois dans les mé- mes endroits & en différentes faifons, me donna oc- cafion le 12 du mois d'octobre de découvrir une chofe que j'étois bien éloigné de penfer. En traverfant au moins pour la vingtième fois l’ifle au Bois pour ga- gner le village de Kionk, j'apperçus. plufieurs petits poiflons dans des marais formés par l'eau des pluies. Ils étoient tous d’une même efpece, & le rouge vif dont ils étoient colorés me les fit reconnoître pour des rougets de la petite efpece. Les pluies avoient cellë, & l’eau qui commençoit à tarir' dans ces baflins , ne ee 17952. Septembre. 12 Oftobre. romenade à l'ifle au Bois: Rougets. leur promettoit pas une longue vie. Ils devoient mou- rir bientôt , comme je le vis deux jours après que le terrein fut defléché. L’efpece devoit , ce femble, ètre perdue fans reflource pour ces endroits : point du tout, mer fuivante il en reparut de femblables à ceux-ci, & à ceux des années précédentes. Voilà un fait qui eft - d'autant plus digne de remarque, qu’on ne voit pas par quel moyen ces poiflons ont pù être amenés dans ces endroits: car d’un côté ces baflins , quoiqu’enfon- cés , n’ont aucune communication avec'les eaux du Niger qui en eft éloigné d’environ trois cens toiles ; ; Vi Arrivé au vil- lage deKionk. Incommodi- té des marin: goins, 156 ? dE AVOOMNMANGNE d’ailleurs l'efpece de ces poiffons eft étrangere à ce même fleuve , enforte qu’on ne peut pas croire que les oïfeaux aquatiques en ayent apporté les œufs. On ne dira pas, fans doute, que les rougets dépofent tous les ans leurs œufs dans le fond de ces baflins où ils fe con- fervent pendant neuf mois de fécherefle jufqu’au re- tour des pluies, puifque la même difficulté fubfifteroit toujours à l'égard de l’origine des premiers. IL feroit pour le moins aufli abfurde d'imaginer que leurs fe- mences ont été enlevées dans d’autres lieux avec des vapeurs, qui ,en retombant, les ont difperfées çà & là dans différens baflins. Je ne m’arrêtai dans ces marais que le tems qu’il fak loit pour les traverfer , parce qu'il étoit fort tard. Je pañlai enfuite dans une belle campagne où au milieu d’une quantité prodigieufe de plantes peu connues, le narcifle en cloche (1) fe diftinguoit autant par fon odeur gracieufe que par la blancheur de fes fleurs. J’ar- rivai à Kionk à l’entrée de la nuit, que les maringoins me firent pafler fort défagréablement. Malgré toutes les précautions que le gouverneur du village avoit pris pour me garantir de leurs pourfuites, en me lo- eant dans une de fes cafes , nouvellement recrépie d’un torchis de boufe de vache, & où il faïfoit entre- tenir une épaille fumée , il en entroit encore affez pour me défefperer. Ces infeétes incommodes , & encore lus la mauvaife odeur du crépi, & la fumée infuppor-. table à tout autre qu’à des nègres , me forcerent de déloger. Je courus tout le village de cafe en cafe cher- (1) Narcifus Ceylanicus, flore albo hexagono odorato. Comm. Horc ÆArnft. vol, 1. pag. 7sitab, 39 . à | " A UN SÉ N É GA L. 157 chant un meïlleur gîte. Par:tout où J'entrois je voyois les lits bien remplis : peres, meres, enfans, hommes, femmes, filles & garçons, tous étoient pêle-mêle cou- chés côte à côte , quelquefois cinq ou fix & même jufqu’à huit fur un même lit, vêtus comme quand ils init du ventre de leur mere. Mais ce qui me frappoit le plus , c'étoit la tranquillité avec laquelle ils dormoient au milieu-d’une fumée fi épaifle qu’elle fembloit devoir les fufloquer. Enfin après bien des tours, il ne me refta plus qu’un parti, qui fut de me coucher dehors fur un couple de nattes étendues entre deux feux , où les maringoins me firent encore acheter bien cher quelques momens de repos. Dès que le jour , que j’attendois avec impatience, commença à paroître , le maître du village voulut me donner le plaifir de la promenade ; il me conduifit dans fes jardins. Tous les environs en étoient fort agréables : ce qui n’étoit pas en labours, formoit de vafles prairies , femées çà & là de bouquets de man- gliers & de pains-de-finge , qui faifoient un payfage charmant. Le petit mil dont les nègres fe nourriflent, & qu’ils nomment en leur langue dougoup-nioul (1), montroit alors fes épis dorés. [ls étoient proches de leur maturité, & attiroient une multitude infinie d’oi- feaux qui y faifoient des ravages confidérables. Pour les épouvanter les habitans avoient croifés leurs lou- gans d’un grand nombre de fils auxquels étoient fuf pendus des coquillages , des os & d’autres corps fem- blables capables de faire du bruit en fe choquant les uns contre lés autres. Quatre cordes qui devoient faire (1) Panicum Indicum , fpicâ longiflimä. C. B. Pin. pag, 17. 1762. O&tobre. Les nègres couchent pê= le-mêéle. Champ de pe- tit mil, Induftrie des nègres pour écarter les oi- eaux, ———— — 1752 O&tobre, Nuées de moineaux. Champs d'in- digo , de ta- bac, &c. 158 VOYAGE jouer le tout, répondoient aux quatre coins du champ, où autant de femmes ou d’enfans perchés fur des an- gards ou plateformes couvertes , de fept à huit pieds de hauteur , faifoient la garde , & mettoient le tout en mouvement en tirant chacun leur corde , aufli-tôt qu'ils voyoient approcher les oifeaux. Ils joignoïent encore à ce bruit celui de leurs voix & le claquement de leurs mains. Cet exercice dévoit continuer jufqu’à ce que le mil fât en état d’être coupé : cependant mal- gré tous leurs foins, il fe faifoit toujours du pillage, & leur vigilance étoit fouvent trompée. Les petits bengalis, les moineaux noirs & rouges , & d’autres oïfeaux fort jolis qui changent de couleur une fois l'année , & que nous nommons fénégalis, sy ren- doient tous les matins par troupes : mais le-fléau le plus terrible étoit une grofle efpece de moineaux jaunes & noirs ; ils venoïent par nuages fondre comme une grêle fur les moïflons , & quand ils avoient porté la défolation dans un quartier , ils pafloient dans un au- tre. Pour peu qu’ils y demeuraflent ,& fouvent même avant que les nègres euflent eu le tems de faire jouer leurs épouvantails , ces moïineaux avoient déja caufé des défordres irréparables. Jai là je ne fçai dans quelle relation , que les Egyptiens n’ont pas recours à d'autre artifice ; mais il faut ou qu’ils fement davantage de grains , ou que les moineaux deftruéteurs foient en moindre grande quantité chez eux, puifqu’on n’en- tend pas dire qu’ils y occafionnent des famines aufli fréquemment que chez nos nègres. Auprès de ces champs de mil il y avoit des lougans de coton, d’indigo , de tabac , de melons-d’eau , d’ha- A U: SÉN'É G'A L. 1$9 + < AR —— ricots & d’autres légumes. Chacun d'eux étoit fermé 1752. d’une haie d’épines , fur laquelle ferpentoit une efpece dti de concombre fauvage , connue dans le pays fous le . nom de moi-moi (1). Cette plante étoit chargée de pe- oem tits fruits d’un beau rouge de corail , dans leur parfaite combre tau- maturité, & dont quelques-uns même avoient été "*” attaqués ge les ferpens , les lézards & les oïfeaux. Mes gens qui es apperçurent , en cueillirent plufieurs qu'ils me préfenterent après en avoir goûté. Ce fruit m'étoit fort connu depuis long-tems : j'en avois vû fouvent . ufér aux gens du pays, & moi-même jen ayois mangé plufeurs fois fans conféquence jufqu'à une douzaine, our me défaltérer dans les grandes chaleurs ; jamais je n’en avois été incommodé. Je m'avifai ce jour-làe d'en manger une plus grande quantité : je dinai vers le midi d’un grand appétit ; & je foupai de même fans avoir aucun preflentiment de ce qui devoit m’arriver. Ce ne fut que vers les neuf heures du foir que ce fruic | Eñers temi- \ > . ‘ : les de cexe commença à faire fon eflet : je fus furpris RER plante. d’un fuffoquement , &enfuite tourmenté aufli violem- ment que par l'émétique le plus puiffant que j'eufle encore éprouvé ; ce qui dura pendant près de huit heures. Un de mes nègres âgé de vingt ans, & qui avoit mange de ce fruit beaucoup plus que moi , fut attaqué de même vers le minuit; mais il n’en fut pas à fi bon marché. Cet émétique agit fur lui pen- ant plus de vingt-quatre heures , avec une force qui ne lui permit pas de fe reconnoître pendant tout ce tems, & penfa lui coûter la vie. Quand on auroit fait (1) Bryonia folio angulofo acuto glabro.. Burm. Thef. Zeyl. pag. 43. tab. 19. fig. 3. | 160 VIOXY" AIG E me 1752 une femblable expérience à deffein , je ne crois pas: Li qu’on eût pû en efpéter un fuccès plus favorable : & ce qu'il y eut de plus remarquable dans celle-ci, c’eft ue chacun fut incommodé à proportion de la quan- tité qu'il avoit mangé de ce fruit ; qu'il n’agit en au- cune maniere fur celui qui s’en étoit tenu à une dou- zaine, & que le plus incommodé fe trouva deux jours après aufli bien portant que s’il n’eût jamais été tour menté de cet émétique. Fête dut Il m’ennuyoit de tant fouffrir à Kionk : je retournai back, à l’ifle du Sénégal , où j’arrivai aflez à tems pour aflifter à la fête du Tabaské. Les mahométans de la fete de Sina-Ali ont inftitué cette fête en mémoire de la naif- #ance de ce Prophète; & elle tombe tous les ans vers le milieu de-la lune d’oétobre : cette année on la célé- bra le 18. Tout ce jour fe pafla dans les feftins & les réjouiflances , où l’on ne penfa à rien moins qu’au Saint Bal général. dont on honoroit la fête, & il finit par un bal général dans la favane qui fait face au fort, où fe rendirent des gens de tout fexe & de tout âge. Le bal fut ouvert à quatre heures du foir par des danfes au fon des tam- bours, des flutes, & des voix des muficiennes. La jeu- nefle dans fes plus beaux atours, montra tout ce qu’elle fçavoit faire en ce genre. Quand on eut bien fatigué pendant deux heures à danfer fuivant le goût du pays, c'eft-à-dire , dans les poftures & les mouvemens les plus indécens & les plus oppofés à l'idée que nous nous fommes formée de la modeftie &: de la pudeur, la fcène changea. On fit place aux gens de diftinétion & aux feigneurs : on ouvrit un grand cercle , où ils entrerent montés fur leurs chevaux parés magnifique ment, - AU SPÉRNI ÉCGYA L. 161 ment. Rien n’étoit plus divertiflant que de voir ces * fuperbès courfiers , oublians pour ce moment leur ar- deur , fe conformer au deflein de la fête : ils levoient leurs pieds, & en frappoient la terre légerement & en cadence : tous les mouvemens de leur corps s’accor- doient avec une juftefle admirable au fon des inftru- mens; enfin rien ne reffembloit davantage à une danfe bien conduite & bien mefurée que leurs geftes. Il fem- bloit que la fête étoit pour eux, tant ils paroifloient y prendre de part, & tant ils étoient fenfibles aux applaudiflemens. Je ne crois pas qu’on puifle donner un fpectacle plus brillant que celui d’un cheval dreflé dans cet exercice , & fur-tout d’un cheval de la beauté & de la finefle de nos barbes du Sénégal. Les cavaliers eux-mêmes najoutoient pas peu d'agrément à tous ces jeux : ils guidoient leurs chevaux & leur faifoient imi- ter tout ce qu'ils vouloient repréfenter , en feignant par leurs pattes & leurs attitudes, tantôt un combat, tantôt une lutte, une chafle ou une danfe. Les fpecta- teurs épris d’une merveilleufe admiration, ne virent approcher la nuit qu’à regret : elle vint trop tôt pour eux, & mit fin à ces divers amufemens qui ne refpi- roient que la joie, le badinage & le plaifir. Un voyage par terre de lifle du Sénégal à la Chaux devoit me donner de nouvelles connoïffances d’un canton qui m'avoit paru fi beau. Je l’entrepris le 4 de novembre : ma pirogue ine fit faire cinq quarts de lieue par eau jufqu’au port de Galel, où je pris terre pour me rendre au village du même nom, à cinq cens toiles environ du rivage. On y arrive au travers des fables découverts, fur lefquels foufoit ce jour-là un vent X 4 Novembre, Voyage par terre à la Chaux. a TP7IS 2e Novembre. Vent d’eft brûlant. | D'ficuité de voyager pen- dant ces vents, 162 VOYAGE d’eft des plus chauds qu’on eût encore fenti dans la faifon : mais les chaleurs que je fouffris en les traver- fant n’étoient rien en comparaifon de celles qui m'at- tendoient fur le chemin de la Chaux. J'avois une bonne lieue à faire pour m’y rendre. Je fis route d’abord dans une plaine fabloneufe & difi- cile, où entr'autres arbres épineux & qui fe plaifent dans les terres les plus arides , je rencontrai celui que les oualofes appellent miotoutt : il porte beaucoup de cette gomme réfine connue fous Le nom de bdellium , & {es branches fervent de fokiou , c’eft-à-dire, de cure- dent aux femmes du pays. Quoique le foleil ne fût pas encore au milieu de fa carriere ,ilavoït déja mis les fables en feu : mes fouliers furent bientôt fendus & brûlés par leur ardeur. Dans tout autre tems jaurois arrofé ces fables brûlans de mes fueurs ; mais le vent d’eft étoit de fa nature fi fec, que malgré la grande chaleur de l'air & du foleil , la peau étoit deflëchée avant que la fueur eût Le tems de fe déclarer au dehors. Des picotemens cuifans fe répandoient fur tout le corps ; & fouvent le fang s’ouvroit , au travers des pores de la peau , un paflage que la fueur n’avoit pû y trouver. La couleur noire de mes nègres s’étoit chan- gée en un rouge cuivré : une foif ardente, compagne inféparable de la grande fécherefle , leur faifoit montrer la langue pour refpirer plus facilement : elle me pref- {oit bien autant qu'eux ; & je puis dire que ce n’eft pas le moindre tourment dans des plaines arides où l’on ne trouve pas une feule goute d’eau. C’eût été, fans doute , une grande confolation pour nous, altérés comme nous l’étions, & prefque rôtis par le foleil : mais AU SÉNÉGAL. 163 les habitans de ce pays n’ont pas l’ufage, comme dans bien d’autres pays beaucoup moins chauds , d’entrete- nir des réfervoirs d’eau fur toutes les routes pour le foulagement des voyageurs. Après une heure de marche dans ces fables au foleil le plus ardent, j'entrai dans une prairie aufli féche , & toute remplie de joncs épais, de trois à quatre pieds de hauteur , qui mettoient ma patience à l'épreuve. Le peu d’eau que J'y trouva étoit fäumâtre , Croupie &c gâtée par les crabes. Jamais je n’avois tant vû de ces animaux , que j'en découvris dans ce quartier-là. Les uns étoient rouges, d’autres étoient cendrés tirans fur le noir, avec des mordans fi prodigieux , qu’ils au- roient pü facilement m’embrafler la jambe fans la fer- rer. Enfin cette forèt de joncs continuels, car ce fut uniquement ce que je trouvai dans l’efpace d’une demi- lieue, me conduifit jufqu’au banc de la Chaux. J'éois aflez fatigue pour me repofer : je m’y arrêtai quelque tems , & je dinai fous les arbres, avec quel- ques provilions & un melon-d’eau que j'avois pris à Galel. L’ufage de ce fruit eft extrêmement fain, fur- rout après Le repas, & j'en ai mangé fouvent pour mon PL ce ss 2] 1752 Novembre. Crabes dont les mordans font mont- trueux. Diner fois les arbres. deflert plus de cinq à fix livres fans en être incommodé ni furchargé , quoique j'eufle déja bien dîné. Etant aflis fous cesarbres, j'entendis les perruches & les Ole + fur ma tête, & je voyois tomber à mes pieds les grai- nes d’acacies & de gommiers qu’ils épluchoient en mangeant. Cependant mes nègres que les chaleurs du {oleil & du fable avoient beaucoup incommodés , fe frotrerent le front avec des crapaux vivans , dont ils rrouverent encore quelques-uns fous les broufläilles : X i Les crapaux font un reme- de pour la mi- graine, Déesse A ATAESS Noyempre, Oïfeaux de la prairie de la Chaux, Les nègres brûlent Jeurs tirres, 164 VIOL VIA GE c’eft aflez leur coutume lorfqu'ils font travaillés de la migraine, & ils en furent foulagés. Je n'en fouffrois guères moins qu'eux, & j'aurois fuivi volontiers leur exemple ; mais le défaut d'habitude & une certaine répugnance prefqu’invincible , que je crois naturelle à toutes les perfonnes qui ne font pas accoutumées à manier ces fortes d’animaux , m’empêcherent d’avoir recours à ce remede tout innocent & falutaire qu’il eft. La route que j'avois tenue en allant à la Chaux fut auffi celle que je pris à mon retour, car il ny en avoit point d'autre. Je tuai dans la prairie un flamant (1) & une outarde d’une autre efpece que celle d'Europe. Elle en differe par la couleur du plumage , qui eft gé- néralement d’un gris cendré : fon col eft aufli beau- coup plus long ; & elle porte, comme lalouette, une efpece de houpe fur le derriere de la tête. Les françois du pays lui ont donné le nom d’autruche volante. Ce n'elt pas ici le lieu d'examiner fi ce nom lui convient; mais on peut dire que cet oifeau reflemble à l’autruche à bien des égards. Il étoit fort tard quand je pañlai à la vûe de Gale]; & les nègres avoient mis le feu aux herbes & aux brouflailles de la campagne , autant pour la rendre pra- ticable, que pour la mettre en état d’être enfemencée Pannée fuivante. Aïinfi la chaleur du feu fuccéda cette nuit à celle du foleil : je marchai à fa lueur jufqu’au port où je m’embarquai pour lifle du Sénégal. Jy ar- rivai fi las & fi fatigué , aufli-bien que mes nègres , que je ne crois pas avoir jamais eu plus befoin de repos. Dans ce voyage & dans tous ceux que je faifois (1) Phænicopterus Bahamenfis. Caresbi , vol. 1. tab. 73 & 74. AU SÉNÉGAL. 165 dépuis le mois de juin, j'avois pour'objet principal de prendre connoiflance des plantations d'indigo. J’étois curieux de fçavoir la quantité & la qualité de celui que les nègres cultivent aux environs de l’ifle du Séné- gal, parce que mon deflein étoit de réitérer quelques épreuves dont j'avois fait part dans fon tems à M de la compagnie des Indes. Les nègres ne font pas beau- coup de façons pour tirer la teinture de cette plante. Ils fe contentent d’en cueillir les feuilles en tel tems de l’année que ce foit , de les piler dans un mortier pour les réduire en pâte, & d’en faire des pains qu'ils confervent au fec. Quand ils veulent s’en fervir , ils Les font difloudre dans une efpece de leflive faite avec les cendres d’une plante grafle qui croît dans leurs prairies, & qu’ils nomment rhéme(1). Cette diflolution prend une teinte d'indigo , dans laquelle ils trempent leurs toiles à froid , autant de fois qu’ils jugent la chofe né- ceflaire pour leur donner une couleur plus ou moins foncée. Je ne fçai quelle fympathie ont les cacrelats avec lindigo , mais toutes les fois qu’il m’arrivoit de laïfler pendant la nuit quelque botte de cette plante dans ma chambre, j'étois für d’en trouver le lendemain plu- fieurs centaines qui s’y étoient logés : il fembloit mème que tous s’y étoient raflemblés. Ces infectes font aufli incommodes qu’ils font communs fur l'ifle du Sénégal. Quoiqu’ils aient à peine la groffeur du doigt, ils font des ravages incroyables. Ils rongent les linges , les draps , les bois, les papiers , les livres, enfin tout ce qui fe trouve expole à leurs dents: ils attaquent même (+) Portulaca marina latifolia, ore fuave rubenti. Plum. Car. pag. 6. 1752. Novembre, Maniere dont ils préparent l'indigo. Cacrelats, Incommodité de ces infec- tes, 1 Asia. Novembre, 166 VPFOMYT AGE l’aloë dont lamertume écarte tous les autres infectes. Ils font encore fort défagréables par l’odeur infecte qui fort de leur corps, & ce font les ennemis les plus ter- ribles de ceux chez qui ils fe font logés ; car ils ne for- tent que la nuit, & voltigent de tous côtés dans les . Chambres où ils font un bruit pareil à celui que l’on Puces du fa- 2:Ce entendroit dans une voliere bien garnie d’oifeaux. En- fin le cacrelat multiplie fi prodigieufement , que ce feroit un animal pernicieux , dangereux même, s'il mavoit un grand nombre d’ennemis. Ceux qu’il a le plus à craindre font l’araignée & le fourd : c’'eft une efpece de lézard que l’on dit veni- meux ; il en eft aufli friand'que l’araignée. Tous deux fe logent comme lui dans les chambres, pour lui faire une guerre continuelle qui affure la tranquillité des habitans chez lefquels ils fe font une fois établis. Le hériflon lui fait aufli la chaffe. Celui du Sénégal ne diflere de celui d'Europe que par la groffeur. Il pañle ; comme lui, quelque tems de la bafle-faifon , c’eft-à- dire, de la faifon froide & féche , dans une efpece de fommeil léthargique , pendant lequel il s’abftient de nourriture , & fort rarement pour la prendre : mais auffi fçait-il pendant les nuits d’été réparer le tems perdu. Jen ai élevé un pendant plus de trois ans dans ma chambre , où il me rendoit de grands fervices en me délivrant des araignées, des cracrelats, des fourds, des fourmis & autres animaux dont elle étoit infectée, Le hériffon eft un manger très-délicat & d’un grand goût , fur-tout lorfqu'on le prend vers le tems où il commence à entrer dans fon fommeil léthargique. Une autre incommodite fur-tout pendant l'hiver A U SÉ NÉ G A L. 167 ou Ja bafle-faifon, ce font les puces du fable. On les 1:52. appelle ainfi , parce qu’elles fe logent dans les fables rt des cafes habitées. Ils en font fi remplis , que dès qu'on y a mis le pied , il en eit aufli-tôt couvert ; & leur petitefle eft telle que ce n’eft que par leur grand nombre qu’on peut les appercevoir. Leurs piquûres ne font pas bien vives : cependant lorfqu’elles font aflez multipliées , elles font l'effet d’un picotement ou d’une démangeaifon qui n’eft guères fupportable. Ce que cet infecte a de plus fingulier , c’eft qu’il ne faute & ne monte jamais plus haut que trois à quatre pouces, en- forte que toutes les fois que l’on a l'attention de fe tenir un demi-pied au-deflus de terre , on eït für de n'avoir rien à craindre de fa part. Je crois que c’eft ici le lieu, puifque je fuis fur Par Avantages de tes CES ile du Séné- ticle du Sénégal , de parler aufli de quelques-uns de fes Eu avantages. Quoique les chaleurs de fon climat foient exceflives, & mème telles que l'hiver y eft beaucoup plus chaud que l'été de la France, elles font cependant fupportables. On s’y accoutume peu à peu, parce que _Les chaleurs l'air eft rafraîchi tous les jours par des vents qui vien- 8 D nent fucceflivement de la mer & des terres. On peut auffi fe procurer de la fraîcheur , ou en s’expofant au vent ,ouen fe mettant à l'ombre dans les maifons lorf- qu’elles font bien percées & que les fenêtres font gar- nies de chaffis de toile bien claire. C’elt à ces chaleurs qu’on eft en partie redevable de Ses finies la fertilité des terres. Les fables de cette ifle font au- 42: *"*" jourd’hui des jardins d’un grand rapport. Indépen- damment des légumes & des fruits du pays, tels que lofeille de Guinée , la batate , ananas , orange , la ESSRPRESERPENMESSS TK 122 Novembre. Abondance des volailles. Du-poiflon. 168 VOYAGE goyave & quelques autres, on y cultive pendant l’hi- ver la plpart des herbages & des légumes de l'Europe. Le figuier , le grenadier & la vigne fe chargent tous les ans d’excellens fruits. Avec un peu de travail & de foins , il n’y a guères de fruits ni de graines qu’on n’y recueillit en très-grande abondance, on en retireroït tout ce qu’on voudroit, & généralement tout ce qui eft néceflaire à la vie. Enfin le terrein de l’ifle du Séné- gal , tout fabloneux qu'il eft, produit avec tant de facilité, que beaucoup de plantes portent plufieurs fois l'année, C’eft ce que j'ai éprouvé par moi-même dans un jardin que je deftinois à ces expériences; & chofe qui paroîtra fans doute furprenante , c’eft que j'ai femé tels & tels légumes dont j'ai fait plus de douze récoltes dans la même année ; mais j'en renvoie le détail curieux à un autre ouvrage. Il n’y a peut-être pas de pays au monde où les vo- lailles foient plus communes. On y éleve des coqs-. d'inde , des pintades, des oyes, des canards & une pro- digieufe quantité de poules. Les pigeons y font d’une délicatefle achevée. Les cochons y multiplient beau- coup. La pêche n’y eft pas moins abondante, & le Ni- ger eft fi poiflonneux que j'ai vü des tems où l’on pre- noit les carpets à la main. Ce fleuve fournit avec le lamantin , des capitaines , des mulets ou cabots , des furmulets, des foles , des raies , des racaos & d’autres poiflons excellens : on y prend aufi beaucoup de cre- vettes , d'hommars & de crabes d’une grande bonté. La plûpart.de ces poiffons viennent de la mer, & lon prétend que pris dans ce fleuve ils font meilleurs , parce que le mélange de l'eau douce avec celle de la je euf ; AU SÉNÉGAL, 169 . e leur donne plus de délicateflé. À tous cesagrémenson 1752: peut ajouter encore le plaifir de la chafle : on trouve ‘fur cette ifle des petites poules-d’eau , des bécafles de plufieurs efpeces , des alouettes , des grives, des per- drix de mer, & des lavandieres jaunes , ou pour dire quelque chofe de mieux, les ortolans du pays: ce font des petits pelotons de graifle d’un goût excellent. La feule chofe qui manque à l'ifle du Sénégal , ce . font les promenades : elle eft, dit-on, trop bornée, & trop à découvert. On pourra, fans doute, y faire des avenues , dés allées couvertes & s’y procurer de lom- bre, quand on voudra y planter des pains-de-finge & d’autres arbres qui fe plaifent dans les fables noyés : mais à quoi bon prêter ainfi une retraite aux marin- goins , voilins encore plus incommodes que les cha- leurs ? De quelle utilité feroient ces avenues dans un pays où la promenade n’eft de faifon qu'après le cou cher du foleil ? Doit-on les regretter quand on a des Agiémensdss jardins où une verdure toujours naïflante & non inter- RES rompue préfente chaque jour denouvelles décorations, où un grand nombre de fleurs aufli agréables par leur odeur que par la variété de. leurs couleurs , croiflent prefque fans foiñs & fans culture? On y voit des bafi- Kcs de toutes les grandeurs & de toutes les couleurs, les t@béreufes , les narcifles à cloche, les lis-afphodeles, parmi lefquels la belle-de-nuit , l’œillet-d'inde , les amarantes & le grenadier en fleur font un très-bel eflet, Les lézards bleus & dorés, les papillons & d’autres in-: fectes tous également beaux £ plaifent à y venir mê- le) langer leurs différentes couleurs, & diverfifient agréa- blement l’uniformité qui eft ordinaire à la plüpart des jardins, ; Y o 170 V OY A GÉ 1752, J'avois levé Les plans de l’ifle au Bois, de celle de CE Griel, de la Chaux, de Pifle de Sor, de Bokos & de le du Sénégal plufieurs autres ; & il ne me reftoit plus qu’à y joindre: FES celui de la pointe de Barbarie & des falines ,pour avoir une carte complette des environs de l’ifle du Sénégal, depuis le village de Mouitt à l'embouchure du Niger, juiqu’à celui de Torkhod à fept lieues de diftance dans le nord. L’envie que j'avois que rien ne manquât à cet ouvrage déja fi avancé , & qui m’avoit tant coûté de peines & de yoyages dans des fables brûlans , me fit — Encore entreprendre celui des falines. Je m’embarquai 1755 Île 1$ de juin 1753, dans un bateau qui alloit y faire en la traite du fel. Comme il étoit bien équipé & que D : le vent fut favorable, on eut bientôt pallé l’ifle aux Anglois, quin’eft qu'un morceau de terre noyée, de cent toiles de diametre , couverte de rofeaux & de : manpgliers prefqu'impénétrables. On pañla aufli promp- tement l’ifle de Bokos, & quand on fut par le travers de la pointe méridionale du marigot de Del , je mis pied à terre pour toifer les environs, pendant que le bateau continuoït fa route pour fe rendre au lieu du mouillage. | Pets Ripens En marchant dans les fables de cette pointe, je ren- ae controis fi fouvent des ferpens , qu’ils fembloient naï- tre fous mes pas: heureufement ils n’étoient ni ds ni venimeux ; à peine avoient-ils la grofleur du petit doigt , enforte que leurs morfures ne pouvoient être dangereufes. Ces fables me conduifirent aux falines que je trouvai à deux tiers de lieue du marigot. Ce Pafins ce; font des efpeces de marais de deux à trois cens toifes falines, : : E “de longueur fur un tiers de largeur, rempli d’une AU SÉNÉGAL. 171 eau falée & extrèmement âcre. Cette eau ef fi chargée de fel qu’elle en rend le tiers de fon volume & même davantage ; & en fe criftallifant ‘elle couvre leur fond d'une croûte épaille & fort dure. Les nègres entrent jufqu’aux genoux & fouvent davantage dans cette eau , que les ardeurs du foleil rendent comme bouil- lante. Ils font armés de pieux d’un bois fort dur , avec . lefquels ils caflent le fel , qu'ils portent enfuite fur le bord du fleuve, où les françois le traitent avec eux. Ce {el eft communément d’une blancheur éblouiflante ; il y en a aufi d’incarnat : mais de telle couleur qu’il foit, il a toujours une âcreté & une amertume défagréable: c’eft cette qualité corrofive qui le rend peu propre aux falaifons des viandes & du poiflon. On pourroit croire que ces marais falans ont quel- N'ont aucu- que communication avec la mer : je l’avois foupçonné éaion avec la de même avant de m'être tranfporté fur les lieux ; mais j'en ai reconnu ce jour-là l'impofibilité. Ils font fépa- _ rés da Niger par une terre de plus de cinq cens toiles, où il s’éleve une chaîne de dunes , au pied defquelles fes eaux, & celles de la mer mème la plus courroucée, - - n'arrivent jamais. Le nivellement que j'ai tiré le même L'Auteursen jour de tout ce terrein , n’a aufli ir connoître que le re fond de ces marais eft au-deflus de la furface des eaux du fleuve ; d’où je conclus qu'il faut chercher ailleurs que dans la communication aétuelle des eaux de la mer , la caufe & l’origine du fel qu'on retire tous les ans en fi grande abondance de ces falines. Lorfque j’eus examiné les falines & fini tous mes nivellemens, je me rendis à l’efcale , dite l’efcale du Piquet , où devoir fe faire la traite, & vis-à-vis laquelle Y i 172 VOYAGE 1753. le bateau étoit mouillé. L’employé de traîte avoit “% déja fait élever une tente fur le rivage, & conftruire les cabanes de feuillées fous lefquelles nous devions coucher. Le feigneur nègre, maître des falines , appellé autrement Korom-affou ou Kram-affou , averti de fon Portrait du arrivée, vint lui rendre vifite. C’étoit un homme qui “4 _ paroïfloit avoir environ quarante ans: il étoit grand & bien fait. Sa couleur n’étoit pas d’un noir bien fon+ cé, mais teinte d’un peu de rouge. Il avoit l'air noble quoiqu'il ne füt pas beau, l’efprit vif, les manieres ai-- fées , le ton de voix doux & agréable : il sexpliquoit bien & parloit gravement. Après une demi-heure de converfation, quand ce feigneur fut convenu de tout avec l'employé pour la traite, il nous conduifit à un quart de lieue de là au village de Guébenn dont il Manicedont étoit gouverneur. Il nous y reçut fort civilement, & Rs TA même avec une politeffe que l’on n’auroit pas cru de voir rencontrer dans un homme de fà couleur. Une collation de lait doux, de vin de palme , des prunes ‘ d’icaque, appellées ourat , & d’autres fruits du pays - nous attendoit. Il avoit fait raflembler toute la jeu- nefle du village pour nous donner un bal ; & elle nous - accompagna en danfant au fon des voix & des inftru- mens jufqu’à l’efcale, où l’on continua la danfe & les jeux jufqu’à la nuit. La danfe eft la paflion favorite des nègres, & l’on voit au milieu de ces bals jufqu’aux enfans qui peuvent à peine fe foutenir ; on diroit qu’ils font nés en danfant, à voir la jufteffe avec laquelle ils - marquent la melure dans tous leurs mouvemens. Les mêmes amufemens recommencerent tous les foirs des jours fuiyans : enfin ce galant homme fit tout fon pof AU SÉNÉGAL. 173 fible pour nous procurer quelques divertiflemens ; & ce n’étoit pas une petite confolation pour nous dans un quartier fi défert & fi dépeuplé, | Le lendemain j'allai reconnoître les environs de . Mouitt , qui eft à deux tiers de lieue dans le fud de” l'efcale du Piquet. C’eft un village aflez grand & fort commerçant , fitué avantageufement fur une colline bien plantée de pains-de-finge & de figuiers fauvages . d'une grande hauteur : ces derniers arbres ont beau- coup de rapport avec le fycomore des anciens. En che- min faifant je paflai par un grand nombre de petites falines remplies d’un fel fort rouge & infiniment plus âcre & plus corrofif que celui des grandes falines de Guébenn. Je rencontrai aufli des renards, des gazelles, & les veftiges des fangliers & des loups fraîchement imprimés fur le fable : mais la chafle de ces animaux qui m'étoient aflez connus, ne me tenta pas tant que celle de certains oifeaux noirs. que j'apperçus à l’orient du village. Ils étoient fi femblables aux cogs-d’inde pour la grofleur & le plumage, qu’on s’y feroit faci- lement trompé. J'en tuai deux d’un même coup, l’un mâle, & l’autre femelle. Tous deux portoient fur la tête une efpece de cafque noir & creux , de même grandeur & de mème figure que celui du cafoar : ils avoient fur le col une longue plaque femblable à un vélin très-luifant , qui étoit rouge dans le mâle & bleu dans la femelle. Cet oifeau pourroit bien être la galli: nache des portugais, ou celui que les françois des ifles de l’Amérique appellent marchan ; il fe nomme guinar chez les nègres. Les habitans de ce quartier le regardent comme un marabou , c’eft-à-diré , comme un animal Oifeaux fe ctés, Ee7053s Une 174 “1 EVSO WA GE facré, peut-être parce qu’il vit communément des pe tits ferpens qui font fi communs dans le voifinage, & pour lefquels tous les nègres ont une vénération fu- perflitieufe. Ils ne pouvoient fouflrir que je facrifiafle ‘aufli hardimént leurs marabous à mes plaïfirs: & ils P ; me régardoient comme un forcier lorfque je les tuois du premier coup; car ils s’imaginoient que ces oifeaux . étoient invulnerables. Leur fuperftition alla même au point que chacun d’eux me prédit que je mourrois in- failliblement dans la journée, pour avoir commis un {i grand crime. i | 328) Cette ation ne m’avoit pas mis en bonne réputation dans lefprit des habitans de Mouitt : jen fus quitte cependant pour me promener plus loin. Je dirigeai mes pas vers le village de Guioel & de Guében, où je trouvai quelques-uns de cesarbrifleaux que lon nomme Foudemar- fondenn dans le pays : c’eft une efpece d’alkanna (1) brifleau ufité pour teindre dont les feuilles fervent aux maurefles & aux nègrefles es ongles, Relevement de la côte de Barbarie, pour procurer fans douleur à leurs ongles un beau co- loris rouge, qui fe foutient jufqu’à leur entiere répro- duétion. De là je continuai ma route jufqu’au village de Del ; puis je revins à lefcale, Les bords du Niger : étoient alors couverts dans cet endroit d’une efpece de petits poiflons à peine aufli gros que la moitié d’un tuyau de plume d’oye : ils étoient d’une blancheur & d'une tranfparence femblable à celle d’un criftal : une ligne argentée, fort étroite, s'étendoit fur chacun de leurs côtés. Après avoir pailé trois jours aux falines de Guébenn, (x) Liguftrum Ægypuum, el-hanne vel'tamersendi, P, 4lp. Æeyp Pa£: 23. 4 - à LAUWSÉANTÉOGYA L. 175 j'en partis le 18 au foir. Je retournai à l'ifle du Sénégal en faifant route fur la pointe de Barbarie, afin de pou- voir la placer fur ma carte. Je fis près de trois lieues à pied , en côtoyant fes fables dans tous leurs détours, depuis la barre fur la rive occidentale du Niger juf- w’au village de Gueutt, qui répondau milieu de lifle du Sénégal. Ma pirogue me fuivoit terre à terre, & la rangeoit le plus près qu’il étoit poflible, afin d’ètre ee à me prendre quand mon chemin fe trouvoit mrmna oncsssemem | 17 53» Juin, ; : arré par un ruifleau , ou par quelques-uns de-ces bou- . 0 épais de tamaris & de fanar qui croiflent çà & BR ur le rivage. Dans toute cette route je ne vis autre chofe que des crabes jaunes, dont la terre éroit fi cou- verte , que je parcourois quelquefois des plaines de plus de cinquante toifes fans en pouvoir découvrir l'efpace d'un pied. Le liferon maritime (1) étaloit fur ces fa- bles , avec fon agréable verdure , la pourpre de fes fleurs, qui fortoit admirablement bien fur leur blan- cheur , & faifoit une broderie merveilleufe. On n’y voyoit pour tous arbrifleaux que quelques tamaris, le. berdel-offar (2) , le paretuvier (3), le fanar (4), le /par- um (5), le conocarpus (6) ; mais beaucoup de lobe la (7) & d’icaque(8). Ce dernier donne retraite à une efpece de fourmis rouges qui fe logent dans fes bran- (1) Convolvulus marinus catharticus , folio rotundo, flore purpureo. Plum. Plant. de lAmérig. pag. 89. planc. 104. (2) Beidel-offar. P. Aip. Ægyp. pag. 85. (3) (4) Arbres qui n’ont pas encore été décrits. (5) Spartium fcandens, citrei foliis, Aoribus albis, ad nodos confertim nafcentibus. Plum. cat. pag. 19. (6) Conocarpus Linn. Hort. Cliff. pag. 485. (7) Lobelia Rte portulacæ folio. Plum. gen. pag. 11. (8) Icaco fruétu ex albo rubefcente. Plum. gen. pag. 43. Plantes qui s’y trouvent, Fourmis rou- ge Su 176 VOYAGE “3755. Ches:elles y forment, avec fes feuilles, une efpece de 1 nid, d’où elles fe jettent fur les perfonnes qui ont l’im- prudence d'approcher pour en cueillir Les fruits, & les mordent cruellement. Je ne pouvois manquer d’être attaqué par ces infectes ayant à traverfer beaucoup de ces bois. Leur piquüre avoit quelque chofe de fi veni- meux , que mon vifage & mes mains furent couverts d’ampoules femblables à des brûlures , dont la douleur ne put être appaifée que par une grofle pluie que j'ef- fuyai à l'entrée de la nuit. Elle fut accompagnée de tonnerre & d’éclairs, à la lueur defquels je traverfai le fleuve pour me rendre à l’ifle du Sénégal. L'Auteur fn. Dès que j'y fus arrivé, je ne fongeai plus qu’à re- FiFane, tourner en France. Il y avoit plus de quatre ans que jen étois abfent , & pendant ce tems j’avois eu occafion . de. faire une fuite d’obfervations aufli nombreufe que lon pouvoit raifonnablement efpérer dans la concef- fion du Sénégal : du moins s’il en reftoit encore quel- ques-unes à faire , c'étoit tout au plus celles qui ne {ont fimplement que curieufes , qui échappent pour Vordinaire aux yeux les plus clairvoyans, ou qui de- mandent un trop long féjour pour être terminées. Ces confidérations fufhirent pour me déterminer : il devoit arriver plufeurs bâtimens dans le courant du mois ;je me difpofai à en profiter. Quoique j'eufle envoyé tous les ans en France un. grand nombre d'animaux , des oifeaux, des poiflons, des infectes , des herbiers , des graines de plantes & d’autres productions du pays, à M" de Réaumur & de Juflieu , à mefure que ces chofes s’étoient préfentées ; je fçavois qu’il manquoit encore bien des chofes, fur- tou AU SÉNÉGAL. 177 . tout beaucoup d'arbres & arbrifleaux qui n'avoient ja- mais paru en Europe , pas même dans les jardins du Roi. Inftruit de la protection finguliere dont Sa Ma- jeté daigne favorifer la botanique ; excité de plus par les ordres de ME le duc d’Ayen, qui me parvenoient par les lectres de M. B. de Juffieu , je crus qu’il étoit de mon honneur , en qualité de naturalifte & de bota- nifte, de ne pas retourner en France fans apporter avec moi les plantes les plus remarquables que produit le climat brûlant du Sénégal , pour les joindre à celles que Sa Majefté a fait raflembler des deux hémifpheres, & qu’elle entretient avec autant de magnificence que de goût dans fes fuperbes ferres de Trianon , de Choifi & de Paris. A cet effet je réfolus d’aller encore une fois à Po- dor. Je partis le 10 de juillet avec des vents favorables. Depuis que j'étois dans le pays je n’avois vü que deux plantes de l’Europe, fçavoir le tamaris & le pourpier ; & ce voyage que je faifois pour la troifiéme fois, me donna lieu de remarquer que de tous les arbres qui couvrent prefque fans interruption les bords du Niger, il n’y en a pas un huitiéme qui ne foient des bois épi- neux KE ee , & fur-tout des acacies , d'autant plus grands & moins épais qu’ils font plus éloignés de la côte maritime. Mais ce qui me frappa davantage dans ma route , ce fut une chaflè aux finges, que je fis à fix lieues en deçà de Podor, fur les terres qui font au fud de Donaï , autrement appellée l'ifle du Coq , & qui fut d’autant plus finguliere , que je ne crois pas qu’on en ait fait de plus abondante. Le bateau ayant été obligé de refter une matinée, je mis pied à terre pou 7, . 10 Juillet, Troifiéme voyage àPo, dor. Chafe aux finges verds. 178 VID AAGRE 1753. Chafler. Ce lieu étoit fort boifé , & rempli de finges . Juilkt verds, que je n’apperçus que par les branches qu'ils cafloient au haut des arbres, d’où elles tomboient fur moi; car ils étoient d’ailleurs fort filentieux , & fi lé- gers dans leurs gambades qu'il eût été difficile de les entendre. Je n’ailai pas plus loin , & j'en tuai d’abord un , deux & même trois , fans que les autres pa- ruflent bien effrayés ; cependant lorfque la plüpart {e fentirent bleffés , ils commencerent à fe mettre à l'abri , les uns en fe cachant derriere les groffes bran- ches, les autres en defcendant à terre ; d’autres enfin, & c'étoit le plus grand nombre , s’élançoient de la pointe d’un arbre fur la cime d’un autre. Rien n’étoit plus divertiflant , lorfqu’ils fautoient plufieurs enfem- ble fur la même branche, que de la voir plier, & laïfler tomber les derniers tandis que les premiers gagnoïent pays, & que les autres reftoient encore fufpendus en lair. Pendant ce petit manège je continuois toujours à tirer deflus, & j'en tuai jufqu’au nombre de vingt-trois en moins d’une heure, & dans un efpace de vingt toi- es, fans qu'aucun d’eux eût jetté un feul cri, quoiqu’ils fe fuffent plufieurs fois raflemblés par compagnies , en fourcillant , grinçant des dents, & faifant mine de vouloir m’attaquer. Mes premiers foins en arrivant à Podor avoient été de raffembler le plus de plantes qu'il étoit poflible , pour le jardin du Roi; & je fus fort heureux d’avoir recueilli! & mis dans deux} grandes caifles trois cens pieds d'arbres différens'avant de quitter ce comptoir : L'Auer et Car pendant les dernieresicourfes que je fis à mon re- fappe 2 cour le 2 du mois d'août; aux environs de Bokol, je coup de f{o- leil. A U: S:É NÉ G A L. 179 fus frappé d’un coup de foleil , accompagné d’une fie- vre ardente, de l’efpece de celles qui enlevent la plü- part des Européens en moins de deux jours. Ce fut ainfi que ce voyage me fut plus funefte que quatre an- nées de fatigues, pendant lefquelles je n’avois pas efluyé la moindre maladie. Quoique j'eufle refté les crois premiers jours fans aucun fecours avant d'arriver à l'ile du Sénégal , je foutins la force de la maladie pendant un mois ; & après une rechûte qui m’avoit mis à deux doigts de ma perte , je me trouvai enfin hors d'affaire. Ma jeunefle , jointe à une conftitution qui n’avoit été altérée par aucune débauche , &encore plus les foins généreux du plus tendre des amis(1), me fau- verent la vie. De tous les vaifleaux venus à la côte, il n’en reftoit plus qu’un , par lequel je devois retourner en France. Je m'y embarquai convalefcent , après avoir pale la barre pour la fixiéme fois , & je partis de la rade du Sénégal le 6 de feptembre. Les vents contraires qui regnent dans cette faifon , ne nous promettoient pas une courte navigation: comme ils foufHoient du nord & du nord-eft, ils ne nous permirent pas de nous élever vers le nord : nous fûmes obligés de porter tou- jours à l’oueft. En faifant cette route nous trouvämes, à dix lieues du cap Verd , une mer fort blanche : nous filâmes cent brafles & davantage de fonde fans trou- ver le fond ; après quoi la mer reprenant fa couleur ordinaire , nous crûmes avoir pailé bc un haut-fond de fable blanc , que les cartes hollandoifes font de quatre- vingt brafles. (1) M. Andfior que j'ai déja cité à la page 129-130. 17 $3 Juillet. 6 Septembre. Ils’embarque pour retou:- nerenFrance. 189 LV AIDE YAAIGAE, Es Lorfque nous nous trouvàmes à deux cens lieues TRE des côtes ,entre Le 17° & le 18° degré de latitude ,nous is cames, élimes le commencement d’un calme qui dura près de quinze jours, avec des chaleurs étouffantes. IL fuc fi profond que le bâtiment ne parut pas avoir changé de place, quoique les courans l’euflent porté beaucou dans le fud. C’étoit le lieu du monde le plus favorable pour trouver l’eau de la mer dans toute fa falure, puif- qu’on étoit allez éloigné des terres pour ne pas crain- dre que l’eau douce des fleuves s’y ft communiquée: j'en remplis donc une bouteille, que je fcellai hermé- tiquement dans le deffein d’en faire Panalyfe à mon retour en France. Rien de plus ennuyeux que la tranquillité d'un vaifleau furpris par les calmes ; & rien de plus défefpé- rant que de fe trouver en pleine mer, fur-tout lorfque les vivres commencent à manquer. On profita de ce contre-tems pour prendre du poiflon ; & l’on n’avoit pas tout-à-fait tort : les modiques provilions qu’on avoit embarquées au Sénégal étoient confommees ; nous étions déja réduits à la viande falée , & nous avions tout l’air de refter encore long-tems en mer. _Pêcie de a Les requiens, les bonites, les grandes-oreilles & les dorades étoient alors en abondance. Ces trois derniers poiffons ne vivent que de poiflons-volans : ils en font même avides à un tel point , que fi l’on en contrefait un en couvrant lhameçon d’un peu de linge , accom pagné de deux plumes blanches, & qu’on le faffe trai- ner au bout d’une vergue ou à l'arriere du navire, ils s'y laïffent tromper & le faififfent fans balancer. Nous n'employâmes pas d'autre moyen : il réuflit fi bien A U° S'É'N É G A L. 181 qu'on en ptit une quantité prodigieufe, dont on fala une partie pour le befoin. La bonite & la grande-oreille fonc des thons de la moyenne efpece ; ils en ont tout _légoûr. La dorade leur cède quelque chofe à cet égard ; mais elle l'emporte de beaucoup pour la beauté : c’eft fans contredit le plus beau poiflon de la mer. La cou- leur dominante de fon corps n’eft qu’un bleu noir, qui lorfqu'il eft dans l’eau , paroît comme un azur écla- tant, qui, après avoir pailé toutes les nuances du verd & du violet, vient fe perdre dans le brillant de Por répandu fur fes côtés, pour lui faire la plus riche parure que l’on puiflé imaginer. A ce premier calme fuccéderent plufieurs autres, dont les moindres furent de trois à huit jours : ils ne nous quitterent que lorfque nous eûmes pañlé le 30€ degré de latitude. Là ils furent remplacés par des vents de fud-oueft , à la faveur defquels nous cherchâmes les ifles des Afores les plus voifines. C’étoit le parti le plus fage, dans la pofition où nous nous trouvions, manquant de bifcuit & d’eau , & ayant la plus grande partie de l'équipage hors de fervice. Peu de jours après on découvrit une terre fort haute & embrumeée , qu’on reconnut pour l'ifle du Pic, & à côté celle de Fayal. On porta fur celle-ci à toutes voi- les, & l’on entra le 20 d’oétobre dans fon port de l’eft. On y mouilla d’abord par quinze brafles , & enfuite par neuf brafles, fur un fond de fable noir attirable par Jaimant, & de peu de tenue. Ce port eft le feul qu'il y ait dans l’ifle de Fayal ; & quoiqu'il femble à Pabri .de deux grandes montagnes, il À expofé aux vents de nord-eft & de fud-eft qui y rendent la mer très-rude, 1753: Septembte. Calmes fuc- ceflfs, 20 Ofobte, Relâche à l'ile de Fayal, 182 VaOrY AGE 1753. {ur-tout en automne, & font chafler les navires lorf- qu’ils ne font pas bien afourchés fur trois & même quatre ancres. Il eft à couvert des vents d’oueit par l’ifle même, dans laquelle il eft creufé comme en un demi-cercle de quatre cens toifes d'ouverture fur trois cens d’enfoncement. L’ifle du Pic qui eft à deux petites nd lieues à loppofite, le défend aufli des vents généraux Fayal. de left ; mais elle lui en procure de bien plus dange- reux : elle refléchit & rabat fur lui les ventsde fud-queft & de nord-oueft qui viennent la rencontrer : elle arrête auffi les nuages, qui y caufent des vents très-variables, C’eft une remarque que j'ai faite pendant mon féjour, & dont les habitans de Fayal m'ont afluré avoir une Jongue expérience , que toutes les fois que le Pic eft obfcurci par quelquebrouillard , il occafionne du vent; auffi le regardent-ils comme leur plus fidéle anémof. cope(1). Il y a apparence que cette montagne fait l'effet d’un corps non éledtrilé qui attire les nuages ; d’où il arrive que l’air qui l’environne étant prefle iné- galement de tous côtés, eft forcé de prendre un cours irrégulier. He du Pi, Le Pic des Afores n’a guères plus de demi-lieue de hauteur perpendiculaire : regarde du côté de Fayal, il a la forme d’un cône tronqué , furmonté par un mam- melon pointu , qui fe trouve par le 38€ d. 35 m. de latitude feptentrionale , & par le 3°; d, de longitude occidentale. C’eft la feule montagne qu’il y ait dans l'ifle de même nom, que l’on peut regarder comme le vignoble de celle de Fayal. Elle en dépend , & tous les habitans de ce lieu y ont leurs maifons de cam- (2) Inftrument qui fert à faire connoître de quel côté les vents foufilenr A U" S'É'N É'G À L. 193 pagne , leurs fermes & leurs vignes, qu'ils s'appliquent “à Éire valoir. Ils y vont tous les ans faire leurs ven- danges, & deux efpeces de vins blancs femblables à ceux des Canaries, mais d’une qualité inférieure. Leur malvoifie eft moins liquoreufe ; & le vin fec, ou le vin de table , eft d'une force qui tient de l’eau-de-vie, & qui porte bientôt à la tète. Aufli-tôt que leurs vins font faits, ils les font pañler en feptembre & oétobre dans leurs caves de Fayal, d’où on les porte enfuite au Bréfil & dans quelques autres parties du monde, fous le noms de vins de Fayal , quoique cette ifle n’en produife point, & que tous viennent du crû de l'ile du Pic. l Si le port de Fayal n’étoit pas expofé à des bouraf- ques de vent aufli fréquentes , ce feroit un des plus jolis ports du monde, par le point de vüe charmant fous lequel cette ifle fe préfente. Le féjour que nous y fimes avant de defcendre à terre, me donna tout le loifir de la confidérer. Elle paroît comme une montagne creu- fée en demi-cercle , & partagée en quatre ou cinq fom- mets couverts d’arbres, & qui defcendent jufques à la mer par une pente aflez douce. Au pied de cette mon- tagne eft la ville, qui fait le tour du port : elle eft en- vironnée d’un grand nombre de jardins , difpofes les uns au-deffus des autres en une efpece d’amphithéatre, dont lirrégularité même offre aux yeux la perfpective la plus riante, L’attérage eftfemblable à celui de Sainte- croix de l'ifle Ténérif, avec cette différence que le ri- vage eft moins efcarpé, & couvert d’un fable ou gra- wier noirâtre allez fin, fur lequel on defcend plus tran- quillement, Perfpe&iye de Fayal, Le 17/58: Oftobre. Ville de Fayal. Température de l'air, Qualités du terrein. 124 VIONTTA ICE Il y une efpece de fort prefqu’au milieu du fond du port, dont les murs font baignés par les eaux de la | mer. La ville vient après, & fait la même figure que le port. Elle eft gouvernée par un Capitan mor(1), & très-peuplée. Ses habitans font au nombre de cin mille , tous portugais, la plüpart eccléfiaftiques, reli- gieux ou religieufes : jamais on n’a tant vû de couvens dans une feule ville. Les églifes y font fort belles & bien entretenues. On y voit aufli beaucoup de beaux bâtimens , entr'autres la maifon des Jéfuites, qui font les feigneurs temporels de l’ifle. Les maifons bour- geoïfes font fort propres, toutes boifées & parquetées, d’où l’on peut juger que le bois n’y manque pas. L’ifle de Fayal eft fous un beau ciel : l'air y eftbon, & conferve pendant l'hiver une température fufhfante pour qu’on n'ait pas befoin de feu : aufli l’on ne s’y chaufle point , & l’on ne voit aucune cheminée dans les maifons. Pendant l’éte elle eft rafraîchie continuel- lement par les vents, parce qu’étant au milieu de la mer, elle peut en jouir de quelque côté qu'ils vien- nent ; & ils rendent la chaleur du jour fupportable. Le terrein n’y eft pas moins admirable que la tem- érature de l’air. Comme il eft rouge & pierreux, & par-là femblable à celui de l’ifle du Pic, il feroit aufli fort propre à produire de bons vins; mais il eft tro borné, & l’on fe contente d’y cultiver les chofes les plus néceflaires. L’humidité de fes montagnes entre- (1) Voici les titres du Gouverneur, tels qu'il me les donna par écrit ; St" Jeronimo de Brum da Silveira Porras Fidalgo da Cafa de jua Mag'' e Cavaleiro Porfeffo na Ordem de Xyf* Capitao. Maior da Capitania das Tihas dos Affores Fayal e Pico. tient AU SÉNÉGAL. 185 tient {à fertilité. Leurs crètes font couvertes de très- beaux arbres , de noyers , de châtaigniers , de peupliers blancs, & fur-tout d’arboufiers qui ne quittent jamais leur verdure. C’eft la prodigieufe quantité que l’on trouve de ces derniers dans cette ifle, qui lui a Aie don- ner le nom de Fayal , nom fous lequel les portugais connoiflent l’arboufier. La féve de cette terre eft mer- veilleufe & travaille continuellement : elle ne fe repofe jamais, & produit toutes fortes de biens. Sur les col- lines ombragées on cultive plufieurs racines, comme la batate & la colocafe, qui LCL de nourriture aux domeftiques. Les campagnes reflemblent à autant de jardins féparés les uns des autres par des murailles de pierre féche de hauteur d’appui : elles font deftinées aux bleds ; mais celui qu’on y recueille fufft à peine pour la nourriture des habitans; on y fupplée par le maïs , le lupin , la gefle & quelques autres légumes qui réufiflent mieux fur les coteaux. On à encore de grandes reflources dans les jardins, où l’on cultive un grand nombre de fruits, les oran- gers & les citroniers de toutes les efpeces, des poiriers, des pommiers , le figuier , le grenadier , la vigne & l'olivier , avec beaucoup d’herbages. Les pafteques , les melons, les giromons , les calebafles fucrées (1 )& plu- fieurs autres fruits de terre y font comme naturels. Il ne dépendroit que des habitans de donner plus d'ordre à leurs jardins, & de les orner un peu mieux ; car les fleurs ne leur manquent pas. Ils ont, pour les bordu- res , beaucoup d'oignons à fleur , le thim, la lavande, (1) Cucurbita oblonga, flore albo, folio molli. C. B. Pin. Morif. hif. Set y. caë.s. fige.  a 175 3- O&tobré, Jardins, F733° Otobre, Troupeaux, Eau de four- Les 186 VRCONYLArGRE la fauge, le romarin, le bafilic & les plantes aroma- tiques. L’œillet, la giroflée , la balfamine, le jafmin, le balifier(1), les lis-afphodèles(2), les narcifles & la tubéreufe étoient en fleur au commencement du mois de novembre. Dans le même tems les lupins(r)), dont on avoit femé les collines , étoient fortis de terre; & ils devoient vraifemblablement fleurir au mois de jan- vier fuivant. On ne peut guères trouver ailleurs une plus grande abondance de troupeaux. Il y a des bœufs excellens, des moutons, des cabrits & des cochons: on y nourrit des volailles de toute efpece. Le poiflon n’y eft pas fort commun , & l’on eft borné à celui de la mer : on ÿ pêchoit alors beaucoup de petites foles & de carlets que l’on prenoit facilement à la ligne. J'ai remarqué une certaine conformité entre cette ifle & celle de Té- nerif, en ce qu’elle a peu de gibier & peu d’oifeaux. Dans plufieurs promenades que j'y ai faites à deux lieues à la ronde, je n’ai rencontré que peu de lièvres, & quelques caïlles répandues dans les Al Il eft vrai qu’il ne manquoit pas de merles fur le fommer des montagnes : j'en vis même un grand nombre dont le plumage noir étoit agréablement taché de blanc : ils étoient par compagnies fur les arboufiers, dont ils mangeoient les fruits en jafant continuellement. Quoique l’automne foit une faifon très-agréable dans les ifles Afores , néanmoins le ciel commençoit à fe brouiller & à menacer des pluies. L’ifle de Fayal eft (1) Cannacorus ampliffimo folio , ore rutilo. Znff. pag. 367. (2) Lilio-afphodelus puniceus. Cluf. hifl. 1. pag. 137. (3) Lupinus albus. Park. Morif. Hifl. feët. 2. tab. 7. fig. 3. AU SÉNÉGAL. 187 encore plus pluvieufe que les autres, fans doute à caufe du Pic & de fes propres montagnes qui détermi- nent les nuages à s’y arrêter. De-là naïflent un grand nombre de fources , qui fe déclarent par-tout , même dans plufieurs quartiers de la ville, où on les ramafle dans citernes bien pavées. L’eau de ces fources, quoi- que d’une grande pureté, eft pefante & extrèmement cruë : elle m'a même paru minérale & ferrugineufe. La montagne la “#4 élevée de cette ifle, fe trouve à peu près vers fon centre à deux lieues & demie de la ville. Elle vomifloit autrefois des flammes avec des matieres embrafées , & caufoit des tremblemens de terre aflez fréquens. L’éruption qui fe déclara en 1672 fut la derniere : elle laifla à a fee du volcan un grand baflin, qui , au rapport des habitans, a la figure d’un parallelogramme , ceint d’un mur très-élevé, & fi régulier qu’on le prendroit pour un travail de Part, fi on ne fçavoit parfaitement qu'il doit fon origine aux feux foûterrains. Les eaux des pluies ont depuis rempli ce baflin , & en ont formé une efpece de lac, ou pour mieux dire , un réfervoir de la plus belle eau, qui fait aujourd’hui l’étonnement & l’admiration des infulaires. C’eft, fans doute, par le moyen de ce vol- can ou de plufieurs enfemble , que s’eft élevé tout le terrein de cette ifle qui n'a pour toutes pierres que différentes efpeces de laves, avec lefquelles on trouve des pierres brülées & des ponces. Le grain de ces laves eft beaucoup plus gros que celui des pierres de l’ifle de Ténérif, dont j'ai parlé au commencement de cette relation(1). (1) Voyez la page 12. Aa i] 175$ 3 O&tobre, L'ifledeFayal eft l'ouvrage des volcans. 188 - VOYAGE 1753. Cette relâche, quoiqu’un peu longue, me fit beau: - coup de plaifir. Outre les connoïfflances qu’elle me donna d’un pays que je voyois pour la premiere fois, elle me repofa des fatigues du voyage, & me mit en état de fupporter celui que j'allois faire de-làen France. La lenteur ordinaire aux portugais , & les difheultés ue nous eûmes de la part de la mer à embarquer l’eau, le bois, le bifcuit, les farines, les bœufs, les volailles & autres provifions , ne nous permirent de fortir du #Noremère. port de Fayal que le 8 de novembre. Nous eûmes des nieve] an- - _ . PA A en vents de fud-oueft qui nous firent bientôt perdre de vüe les Afores. Je profitai de leur tranquillité pour pren- dre une feconde bouteille d’eau de mer à troïs cens lieues des côtes de France : C’étoit tout ce qu’il m'en falloit pour en faire la comparaifon avec celle dont j'a- vois eu foin de me pourvoir dans les mers du Sénégal. Notre navigation du Sénégal à Fayal avoït été fort ennuyeufe, mais fa fin fut des plus périlleufe, A peine Tempée de AViONs-nous fait cinquante lieues en quittant les Afo- xs res, qu'un vent furieux de fud-eft sempara de la mer, &" nous fit éprouver le commencement d’une tempête qui dura deux mois. Nous fâmes obligés de mettre à la cape, &c d’efluyer en cet état tous fes mn On conçoit aflez ce que Ceft que la pofition d’un fragile bâtiment expofé à être le jouet d’une mer courroucée; tantôt élevé fur une montagne d’eau , & tantôt plongé dans les abyfmes ; battu en flanc par une lame , appe- fanti par l’autre , qui en tombant deflus, femble devoir le brifer en mille morceaux. On peut encore fe figurer l'inquiétude du voyageur qui foupire 7 un repos qu'il ne peut trouver ; l'embarras d’un pilote dont l’arc AURSIÉAINÉGYA L. 189 devient inutile , & qui cherche vainement fà route dans le ciel au milieu des brouillards & des flots qui femblent conjurés contre lui ; enfin l’état du matelot le plus aguerri, qui voit difparoître un vaifleau à fes côtés : Quel fujet de méfiance pour eux ! Telle fut notre pofition pendant les deux mois les plus courts de l’année. Ce fut en cet état que nous errâmes tant dans l'Océan que dans la Manche où les courans nous porterent , & où nous étions obligés chaque jour de fuir la terre que nous cherchions fur une côte remplie d’écueils ; lorfqu'une bonace , dont nous fçûmes profiter , nous permit de fortir de ce canal & de chercher un afyle dans le port de Bref : car la force de la tempête avoit mis nos voiles en pieces , brifé nos manœuvres , le corps même du vaifleau étoit bien maltraité , les vivres manquoient, & l’on ne pouvoit {e rendre en cet état au port de l'Orient, qui étoit le lieu de la deftination , quand mème on auroit eu les vents les plus favorables. | Quand nous fümes par le travers de l’ifle d'Ouefant, nous embarquâmes un pilote côtier, qui nous fit entrer dans le port de Breft le 4 de janvier 1754. On peut juger de l’état où je me trouvois en arrivant dans cette ville après quatre mois du voyage le plus rude, & que Javois enrrepris convalefcent d’une maladie, dont le fouvenir me devint encore plus amer lorfque je vis la plüpart des plantes qui en avoient été la caufe, per- dues par les rigueurs de la faifon. Pendant que notre vaifleau fe radouboit & fe ragréoit pour fe rendre au port de l'Orient , je paffai un mois à Breft pour rétablir ma fanté chancelante , & me difpofer au voyage de Dés ns, } 1793: Décembre, Fauffe route dans la Man che. PR CORRE ET ON 1754. 4 Janvier. Reliche au port de Breft, 199 VOORYMAIGRE 2754 Paris , que Je fis dans les neï ges & les grandes gèlées de février , qui, comme l’on fçait, furent très-violentes, fur-tout dans la Bretagne. Les plantes me reftoient a era périrent par Les grands froids, qui me furent utiles en clés. cela feul, qu'ils me firent connoître que l’eau de mer, même la plus falée comme celle du Sénégal , eft fuf- ceptible de gêlée. Les deux bouteilles que j'en empor- vois bien enveloppées dans du foin, furent caflées par la glace qui sy forma, & qui fut trouvée douce, __ comme Je l’obfervai avec M" de Juflieu , à mon arri- Ms vée à Paris le 18 de février , après plus de cinq années Paris. ” d’abfence. es 7 >] FIN, MISTOIRE DES COQUILLAGES. 4:17 > | pi PAL { ; pl U FANE 1 4 AE à VAR ER ke En 5 Lg 4 "1 sd 1 ds ( nm HER pers où 211% A 1 sert EN Fe %# ris DURE Ne à pt 2 AA: j'a LADA IUOX . } | ) : | : À, +) SJ ; + 1 1 { L | h | t x ä “IL “ » ÿ 4 si . ke , | | | | | MED) PH AT ALL VAS PAT D'OR 1 | nf A 7 uw | sou | "ile . | PRG AL 3 k | 7 + … HISTOIRE DE COQUILLAGES L RSQU’A mon retour du Sénégal je travaillai à donner un certain ordre aux obfervations que J'avois faites pendant mon voyage , je ne comptois pas devoir commencer par l’hiftoire des Coquillages , & mon projet étoit de donner en un corps d'ouvrage complet tout ce qui regarde les autres parties de l’hif- toire naturelle de ce pays ; j'avois même déja entamé l’hiftoire phyfique : mais comme le nombre confidé- rable des matériaux que j'ai recueillis, & qui renferme des détails très-intéreflans & acquis par des recherches fort pénibles , fe feroit trouvé reflerré dans des bornes trop étroites ; j'ai crû qu’il feroit à propos de donner à cet ouvrage un peu plus d’extenfion, de le diftribuer en plufieurs parties, & de commencer par une de celles qui font d’un goût plus général : mon choix eft donc tombé fur les Coquillages. Une autre raifon na fait donner la préférence à cette partie; c’eft qu’elle man- quoit à l’hiftoire naturelle, n'ayant point encore été travaillée par l’examen des animaux , & j'ofe dire que Ja plûpart des fujets qui y font traités feront exacte- ment neufs pour mes lecteurs ; ils pourront , fi l'on veut , paller pour autant de nouvelles découvertes. Le fiècle dans lequel nous vivons , en a produit a i] iv PORTECE AE: lui feul , en hiftoire naturelle, plus que tous ceux qui l'ont précédé : on a vû naître la théorie des plantes & celle des infectes , on a vü des corps pierreux autrefois mis au nombre des végétaux, fe métamorphofer en animaux , & des animaux fe reproduire par une fimple divifion des parties de leur corps ; enfin on a vû fous le microfcope des molécules auparavant inanimées , {e développer, prendre du mouvement, la vie même, &t pañler fucceflivement par ces trois manieres d’exif- tence : on n’a été témoin de ces découvertes que de- puis que M5 de Tournefort, de Reaumur , de Jufieu, Trembley, de Buffon & Needham ont paru. Les autres parties de l’hiftoire naturelle ont été travaillées par beaucoup d’autres perfonnages illuftres ; mais il fem- ble qu'on ait entierement perdu de vüe les Coquil- lages : d’où vient cette efpece de préférence ? Les découvertes en hiftoire naturelle, comme dans les autres fciences , n’ont été faites que pas à pas. Les premiers obfervateurs n’ont d’abord apperçu que ce qu'il y avoit de plus frappant dans les parties exté- rieures des corps foumis à leurs recherches; ceux qui les ont fuivis ont remarqués quelques particularités de plus ; d’autres enfin , venus après ceux-ci, ont ajouté à l’examen des parties extérieures , ce qu'il y avoit de plus fecret & de plus caché dans l’intérieur de ces mêmes corps. Tel a été le progrès de nos con- noiffances en hiftoire naturelle. Mais il s’en faut bien que toutes fes parties ayent marché d’un pas égal à leur perfettion. Celles qui montroient quelque appa- rence d'utilité ont été cultivées les premieres ; on se enfuite attaché à celles qui offroient quelques fingu- PRÉFACE. y larités, ou qui flattoient agréablement les fens : c’eft ainfi que les coquillages ont fixé à leur tour l’atten- tion des naturaliftes, par la beauté & l’agréable va- riété de leurs couleurs. Mais cette même beauté qui a fait jetter les yeux fur les coquillages , eft devenue un puiflant obitacle aux progrès de cette fcience. La coquille feule dépo- fitaire de cette riche parure , a fait méprifer animal auquel elle fervoit de couverture , & eft devenue feule l'objet de l'admiration de quelques naturaliftes. Epris, comme les curieux , de la beauté frappante de fes couleurs, ils n’ont pas jugé que Phabitant fût digne de leurs recherches, & la difhiculté de fe le procurer à chaque inftant , n'a pas peu contribué à augmenter leur dédain. Ils fe font donc bornés à l’examen des coquilles, ils n’en ont confidéré que la forme, celle de fon ouverture , ou le nombre de fes pieces ; c’eft d'elle feule qu'ils ont voulu tirer leurs caracteres pri- mitifs & diftinctifs : de-là cette foule de fyftèmes aufli peu fatisfaifans les uns que les autres. D’autres natu- raliftes ont à la vérité décrit quelques animaux ; il y en a même qui ont indiqué en gros & d’une maniere aflez vague la méthode qu'il falloit fuivre dans l’exa- men des coquillages ; mais aucun ne s’eft propofé de former une hiftoire fuivie & complette de ceux qui habitent les terres & les côtes maritimes de l’Europe, & perfonne depuis eux n’a tenté de l’exécuter. Enfin, on peut dire en général que jufqu’aujourd’hui l’on n’a confidéré les coquillages que par leur habillement , leur enveloppe extérieure , la coquille, & non par les animaux qui les habitent, v) PRÉFACE. Le voyage que je viens de faire en Afrique, entr'au- tres obfervations nouvelles qu'il m'a procuré , m’a fourni nombre de remarques curieufes fur les coquil- lages. On verra par la fuite que je préfente, que la mer du Sénégal eft aufli fertile qu'aucuneautre mer des pays chauds ; qu’elle produit comme celle des Indes, les belles Cames, les Pourpres , les Rouleaux, & fur- tout les rares variétés qui portent lesnomsd’Amiraux, Vice-Amiraux, &c. fi eftimées des curieux, avec plu- fieurs autres efpeces, qui, quoique moins apparentes par la vivacité & la diftribution de leurs couleurs, fe- ront fans doute regardées à caufe de la fingularité de leur forme , & à caufe de leur nouveauté : cependant comme un feul pays ne peut avoir l'avantage de pro- duire tous les coquillages, on ne fera pas plus étonne de voir que cet ouvrage ne parle point de certaines efpeces qui fe trouvent dans les cabinets , que d’y en voir d’autres qui ne fe rencontrent nulle part. J’aurois defiré, pour le rendre plus complet , pouvoir y join- dre les coquillages qui naïffent fur les côtes maritimes de la France, tant dans l'Océan que dans la Méditer- ranée ; mais ni le tems ni les circonftances ne me l’ont encore permis. Un ouvrage qui donneroit une hiftoire générale & détaillée des corps marins, & qui préfen- tæroit par ordre & fous un point de vüe raifonné ces différens objets , mériteroit fans doute l'attention du public. Il feroit à fouhaiter que quelqu'un au fait de ces fortes d’obfervations , & protégé, fût envoyé fur ces côtes, pour nous en faire connoître les co- quillages par des defleins exa@s & par des defcrip- tions faites fuivant les principes que j'établis ; hé! PRÉFACE. vi combien d'obfervations n’y a-t-il pas à faire fur cette matiere encore neuve, feule capable d’occuper un homme pendant plufieurs années , & digne autant qu'aucune autre des recherches des naturaliftes. Si le projet que je propole étoit mis en exécution , on ver- roit cette partie jufqu’ici négligée, avancer en peu de tems beaucoup plus que les autres , & il refteroit peu de chofes à faire pour rendre ce traité aufli complet qu’on peut le defirer. Je ne dirai pas avec quelques Auteurs modernes , que je n'ai employé à cet ouvrage que des momens perdus ; ils n’ont traité cette matiere que comme un jeu , parce qu’ils l'ont travaillée fans foin & fans peine: en ec ils n’ont examiné que les coquilles , qui ne leur fournifloient aucun caractere certain ; de-là ils ont conclu que cette étude ne devoit être qu'une efpece de divertiffement femblable à celui que prenoient au trefois Scipion & Lælius , tous deux Romains, l’un grand général & l’autre homme fort éloquent , lorf- qu'ils ramafloient des coquilles pour fe délaffer de leurs occupations férieufes. Je conviendrai avec eux qu’une heure d'examen fur les coquilles de leur cabinet, a fufñ pour les ranger fuivant l’ordre qu’ils nous ont donné ; mais font-ils parvenus au but qu'ils fe pro- pofoient , celui de nous faire connoître les coquilles qui ont le plus de rapports & de reflemblances? Non fans doute , & il me fera facile de faire voir qu’au contraire ils n’ont fait qu’augmenter le defordre & la confufion qui regnoient déja dans cette partie, & que s'ils nous ont ouvert un chemin, c’étoit celui qui de- voit nous égarer : car {1 nous jettons les yeux fur leurs vi PRÉFACE. arrangemens Ou leurs méthodes, nous y verrons par- tout les genres confondus , des coquilles terreftres mêlées indiftinétement avec des coquilles marines, & réciproquement celles-ci avec des terreftres , des oper- culées avec des coquilles fimples, & fouvent même des portions de bivalves avec des univalves ; nous verrons des variétés fans nombre , des variétés d'âge & de fexe, fe métamorphofer & prendre le nom d’ef- peces. Tels font les défauts communs à prefque tous les Auteurs : c’eft ainfi que la plüpart ont placé les Li- maçons terreftres, coquillages fans opercule, avec des Sabots, coquillages marins operculés ; les Rubans, au- tres coquillages terreftres , avec les Vis, & fouvent des Foffiles marins avec des coquillages d’eau douce, Ces exemples que l’on multiplieroït trop, fi l’on vou- loit les citer tous, & dont l'erreur faute aux yeux des connoïfleurs , prouvent aflez le peu de folidité & l'infuffifance des méthodes tirées des coquilles. En effet tant que l’on ne confidérera que la forme des coquilles, ce vuide fquelette , cette féche dé. pouille , feul objet que nous préfentent les cabinets, quand on ne les regardera que par un côté , que par une partie, ouverture par exemple , on fera toujours fujet à marier enfemble des coquilles fort différentes , comme font celles qui n’ont point d’opercule , avec celles qui en font pourvues. Ce défaut naît de la dif- ficulté qu’il y a de trouver les coquilles avec cet oper- cule lorfqu’on ne les pêche pas immédiatement dans la mer, & de ce qu’on le rencontre rarement dans les collections des cabinets , chofe cependant d’une plus grande importance qu’on ne fe l'eft imaginé jufqu'ici, pour PRÉFACE. ix pour la diftinétion des coquillages. Une autre diff- culté qui empêche que l’on puifle ranger les coquilles ar leur figure feulement , & fur-tout par le contour de leur bouche ou de leur ouverture, c’eft qu'il y en a qui ont une forme particuliere dans leur jeunelfle , & une autre dans leur vieilleffe ; telles font la pläpart des Pourpres , dont la bouche ou l'ouverture a la Iè- vre tranchante , mince & fans dent pendant leur jeu- nefle , au lieu que dans leur vieillefle elle eft épaille , dentée, & bordée d’un large bourrelet; fouvent cette même lèvre s’épaiflit de maniere qu’elle ferme pref- qu’entierement louverture, ne lui laïffant qu’une ef- pece de fente aflez étroite; les différens fexes éprou- vent aufli des variétés à peu près femblables. Qu’arri- vera-t-il donc de là ? C’eft que de deux coquilles de même efpece , dont l’une fera jeune fans bourrelet , & lautre vieille avec un large bourrelet, on mettra la premiere dans le genre des Buccins, & l’autre dans celui des Pourpres ; il en fera de même à l'égard des différences occafionnées par la différence du fexe; mé- prifes dans lefquelles font tombés tous ceux qui n’ont confulté dans les Coquillages que leurs coquilles, & non les animaux qu’elles renferment : enfin , excepté la divifion générale & ancienne des coquilles en Uni- valves , Bivalves & Multivalves, ils ont mis cette fcience dans une confufion , dont il ne feroit pas poflible de la tirer , fans la connoiffence des animaux auxquels elles appartiennent. Il y avoit donc dans les Coquillages quelque chofe de plus à confidérer que leurs coquilles ; l'animal qui les habite devoit nous guider dans nos arrangemens b x PRÉFACE. méthodiques , lui feul devoit nous fervir de regle, puifqu’il en eft la principale partie , celle qui donne à cette efpece de fquelette extérieur , la forme, la grandeur , la dureté , les couleurs , enfin tous les acci- dens que nous y admirons. Si nous examinons atten- tivement ce peuple nouveau & entierement oublié, fi nous confidérons en particulier chacun des êtres qui le compofent , nous découvrirons dans leurs mœurs, dans leurs actions , dans leurs mouvemens & dans leur maniere de vivre , une infinité de chofes très- curieufes , des faits intéreffans & capables de fixer Pat- tention d’un obfervateur avide & intelligent ; nous appercevrons dans la ftruture de leur corps un grand nombre de parties aufli fingulieres par leur forme que par leurs ufages : en entrant enfuite dans les détails , nous conviendrons que cette matiere demandoit à être traitée férieufement & non comme un jeu, étant aufli remplie d’épines & de difficultés qu'aucune autre partie de l’hiftoire naturelle. C’eff d’après cet examen & ces réflexions, que j'ai cru devoir travailler cet ouvrage fur un plan tout différent de celui qu'ont fuivi les anciens & les mo- dernes. J'ai déja dit que leurs méthodes, bien loin de donner aucune lumiere {ur la connoiflance des Coquil- lages, tendoient au contraire à nous écarter de la vraie route qu’il faut fuivre pour l’acquerir ; & l’on verra par l’expofé que je vais faire de mon plan, que je ne dois rien aux uns & aux autres, puifque je n'ai pas emprunté la moindre de leurs idées. D'abord je me déclare aflez ennemi des fyftèmes , & Je connois trop leurs défauts pour en admettre PRÉFACE. x) aucun , même dans cette partie où, ouvrant une car- riere nouvelle aux amateurs de l’hiftoire naturelle, il me feroit auf libre que facile d’en établir. C’eft un principe duquel je ne m’écarterai point dans les autres parties de l’hiftoire naturelle du Sénégal que j'aurai à traiter après celle-ci. Je me contenterai de rappro- cher les objets fuivant le plus grand nombre des de- grés de leurs rapports & de leurs reflemblances : les defcriptions qui ferviront à établir cette refflemblance, feront aufli les preuves les plus folides fur lefquelles feront appuyées les raifons que j'aurai eu de les rap- procher. Ces objets ainfi réunis , formeront plufieurs petites familles que je réunirai encore enfemble, afin d’en faire un tout dont les parties foient unies & liées intimement. Je ne promets cependant pas que l’on trouvera par-tout cette liaifon ; ceft un avantage qu’on ne peut raifonnablement efpérer que dans ces ouvrages univerfels qui raflemblent tous les objets connus , & non dans ceux qui, comme celui-ci, n’of- frent que les objets particuliers à un pays:je conviens, au contraire , que tous ceux dont je traiterai ne for- meront pas une fuite complette, & ce n’étoit point mon but ; mais du moins ne ferons-nous point obligés d’admertre des liaifons forcées , auxquelles la nature ne fe prête Les , telles que celles que l’on voit dans cous les fyftèmes : les corps que nous aurons réunis, ne pourront être féparés ou mariés d’une maniere auf bizarre , que par ignorance , ou dans des méthodes aufli mal concertées. Si jufqu’à préfent l’on avoit tra- vaillé à découvrir dans les corps leurs rapports, à en faire de petites familles bien caractérifées, ce que quel- bi xij PRÉFACE. ques-uns appellent des familles naturelles, lhiftoire de la nature feroit aujourd’hui moins embrouillée ; Eeaucoup plus avancée, & l’on feroit moins embar- safe fur la place que doivent occuper tant d'êtres ifolés que l’on ne fçait où rapporter, faute d’en avoir fait des defcriptions entieres & d’exactes comparaïfons. Cet ouvrage fera donc moins une méthode ou un fyftême , qu'une nouvelle maniere de confidérer les Coquillages : il n’y fera plus queftion de l’ancienne divifion en Univalves , Bivalves & Multivalves. J'ai apperçu quelque chofe de plus dans les Coquillages : Jai reconnu que les animaux de ceux que l’on a ap- pellés jufqu’ici Univalves , avoient un grand nombre de rapports généraux , une reflemblance générale ; mais J'ai trouvé dans leurs coquilles mêmes de quoi divifer cette famille en deux : quelques-unes d'elles ont une petite piece qui fert à les boucher comme un couvercle, que j'appelle à caufe de cela Popercule , & ui caradtérife la famille des Operculées que jétablis, celle qui fuivra immédiatement la famille des Uni- valves proprement dites. Jai été obligé d’en agir de même à l'égard du terme de Bivalves, ne pouvant ladopter dans le mème fens que l'ont pris les moder- nes, parce que dans la famille des Bivalves dont les animaux ont les mêmes rapports généraux , il y en a dont les coquilles ont plus de deux pieces, c’eft-à-dire, ne peuvent plus être appellées correétement Bivalves: j'ai divifé cette famille en deux, laïffant à la premiere, à celle dont la coquille n’a que deux pieces, le nom de Bivalve , & donnant à l’autre qui porte plufieurs pieces , celui de Multivalve. Après avoir employé le PRÉFACE. xiij terme de Bivalves , dont les modernes fe fervoient pour défigner indifléremment ces deux familles , Les Bivalves & les Multivalves, il m’a fallu faire un terme qui revint à celui de Concha d’Ariftote, de Pline & des anciens : j'ai cru que celui de Conque pourroit rendre ce terme , en lui confervant toute fa force & fon éten- due, c’eft-à-dire, en lui laiflant comprendre les Mul- tivalves avec les Bivalves : par-là j'ai évité toutes les idées & les dénominations faufles qu’occafionnoient le terme de Bivalve lorfqu’il tomboïit fur un coquillage de plus de deux pieces, comme fur une Pholade, & celui de Multivalve qui pouvoit s'appliquer égale- ment à certaines efpeces de vers à pinceaux , tels que les Glands-de-mer , les Conques Anatiferes , &c. qui font exclus de cette famille par le terme Concha de anciens. Nos Coquillages feront donc diftingués en Lima- çons & en Conques. Les Limaçons feront divifés en Univalves & en Operculés , & les Conques en Bival- ves & en Multivalves. Voilà nos quatre familles gé- nérales , qui feront encore elles-mêmes fous-divifies en plufieurs autres familles fubalternes. Paflons actuel- lement à la maniere dont chacune de ces parties fera traitée, Les caracteres dont je me fervirai pour diftinguer les familles fubalternes, feront pris de la pofition des yeux dans les Limaçons, & de la figure des trachées dans les Conques ; les autres parties feront employées pour caraétérifer les genres, & la coquille me guidera pour l'ordinaire dans la diftinétion des efpeces & des variétés, J'avertis ici que j'aurois pü prendre les ca- xiv PRÉFACE, racteres des familles fubalternes de toute autre partie que de la fituation des yeux : j'ai préféré celle-ci, parce que , quoique fujette à varier, elle eft encore plus conftante que les autres , qu’elle eft facile à apperce- voir, & qu’elle s’oppofe moins à la réunion des Co- quillages qui ont entreux le plus d’analogie. Dans un art nouveau , & il en eft de mème d’une fcience tirée du fein de l'oubli, combien ne rencontre- t-on pas de difficultés quand il s’agit de fe faire en- tendre ? combien de termes ne faut-il pas inventer ? J'ai fenti ces difficultés fur-tout quand il a été quef- tion de trouver des termes pour défigner des parties qui none pas été beaucoup obfervées, & elles fe font préfentées d'autant plus fouvent , que notre langue a été abandonnée, fur cette matiere , par les langues an- ciennes , qui n’en ont que peu ou point du tout traité, Je donnerai ci-après dans un article féparé , les défini- tions avec l'explication & lufage de ces parties , afin de n’être pas obligé de les répeter à chaque defcrip- tion, & je rendrai raifon , par-tout où il fera néceflaire, des noms dont j'aurai été obligé de me fervir. À l'égard des noms que j'aflignerai aux efpeces de Coquillages inconnues ou anonymes, voici la règle que je me fuis prefcrite : je donnerai d’abord un nom fimple & unique à un genre , ou , ce qui revient au même , à la premiere efpece d’un genre ; & lorfquil y aura plufieurs efpeces , j'ajouterai à ce nom généri- que, un nom fpécifique , particulier & propre à cha- cune des efpeces fuivantes. En cela je ne dérogerai point à la coutume reçue chez prefque toutes les na- tions Européennes , de donner aux peres de famille PRÉFACE. Ps. un nom que leurs enfans prennent aufli, pour faire connoître qu'ils defcendent de telle ou telle fa- mille; mais en ajoutant à ce nom de famille un nom de terre ou de pofleflion , ou tout autre nom arbi- traire , pour ducr les enfans les uns des autres: c’eft ainfi que Martin, par exemple, ayant quatre en- fans, appelle Pun Martin du moulin , l’autre Martin du foffé , le troifiéme Martin de l'étang , & le qua- triéme Martin de la fauflaie ; & il auroit trouvé deux cens noms pareils , s’il eût eu deux cens enfans. Je me conformerai à cet ufage d'autant plus volontiers qu'il s'accorde avec le génie de toutes les langues connues , & qu’il ne peut caufer aucun embarras lorfqu’on veut réunir ou divifer deux ou plufieurs genres différens. Prenons pour exemple quelque genre de plante con- nue , comme l’oranger. Un Auteur qui, à l'exemple de M. Linnæus , rangera fous le même genre l’oran- ger , le citronier , le limonier, &c. nommera la pre- miere efpece Oranger fimplement , la feconde Oranger- citronier , & la troifiéme Oranger-limonier ; un autre Botanifle qui regardera ces trois efpeces comme trois genres différens , appellera l’un Oranger , l’autre Li- monier , le troifiéme Citronier , & ainfi de fuite : par- BR on évitera toute confufion , & chacun aura la liberté de réunir ou divifer les genres & les efpeces fuivant fes idées , fans être obligé de forger à chaque inftant de nouveaux noms auxquels ne peuvent fuppléer les phrafes des nomenclateurs , ou de changer les noms réels & primitifs de chaque chofe. Rien de plus préjudiciable à nos connoiffances que ces changemens de noms : nous deyons conferver les xv) PRÉFACE, anciens, fur-tout ceux qui paroillent fort bons, & qui ont été adoptés par les maîtres de l’art. Ceux qui étu- dient la Botanique & qui ont fait quelques progrès dans cette fcience , ne fçavent que trop quel embarras caufent aujourd’hui ces termes nouveaux qu'on a voulu fubftituer aux anciens , peut-être autant pour faire oublier leurs auteurs refpectables , que pour ré- duire cette fcience à une nomenclature dont tous les termes exprimaflent quelque caractere de chaque plan- te. Ce projet, beau dans la fpéculation , nuifible dans la pratique, impoflible dans l'exécution, opérera fans doute un jour un avantage ,en ce qu'il nous fera fentir la néceflité de recourir aux termes des anciens ; il nous fera lire leurs ouvrages, & nous y verrons avec étonnement quel abus quelques modernes en ont fait, en employant, fans choix & fans réferve , des noms confacrés pour exprimer des chofes fort connues, que les nouveaux noms rendent aujourd’hui comme étran- geres aux gens même les plus confommés dans cette {cience. L'expérience nous apprend que la plûpart des noms fignificatifs qu’on a voulu donner à différens ob- jets d’hiftoire naturelle, font devenus faux à mefure qu’on a découvert des qualités, des propriétés nou- velles ou contraires à celles qui avoient fait donner ces noms ; il faut donc , pour fe mettre à l'abri des contradictions , éviter les termes figurés , & même faire enforte qu’on ne puifle les rapporter à quelque étymologie, afin que ceux qui ont la fureur des écy- mologies ne foïent pas tentés de leur attribuer une idée faufle. Il en doit être des noms comme des coups des jeux e PRÉFACE. xvij de hazard, qui n'ont , pour lordinaire , aucune liai- fon entr'eux : ils feront d'autant meilleurs qu'ils fe- ront moins fignificatifs , moins relatifs à d’autres noms, ou à des chofes connues ; parce que l'idée ne {e fixant qu’à un feul objet , le faifit beaucoup plus nettement que lorfqu’elle fe lie avec d’autres objets qui y ont du rapport. Ils doivent être courts & dans le goût de la langue dans laquelle on écrit. C’eft aufli la méthode que j'ai fuivie : j'ai tâché de n’en prendre que de doux , & fur-tout de les faire les plus courts qu'il a été poflible , en fuivant les règles dés termi- naifons françoifes & le génie de notre langue. Il n’eft pas douteux que la plüpart de ces noms nouveaux paroîtront d’abord mal fonans , durs & fouvent inin- telligibles ; que ceux même qui feront goûtés par tels & tels connoïfleurs , feront rejettés par d’autres per- fonnes aufli judicieufes. Tel eft Le fort des nouveaux termes , & je m’attends que ceux-ci l’éprouveront : ce- pendant ces noms deviendront par l'ufage aufli fami- liers & aufli fignificatifs que les anciens , & je fuis per- fuadé que fi l’on fait attention aux avantages qui en doivent réfulter , on me paflera facilement ceux même qui pourroient paroître négligés. Le dernier abus que l’on doit éviter dans les noms, c’eft leur double emploi ; & l’on ne fçauroit trop blä- mer ceux qui tranfportent à des chofes inconnues des noms déja donnés à d’autres objets, défaut qui fe rencontre dans tous les ouvrages faits avec précipita- tion , fans foin, & fur-tout dans ceux des jeunes Au- teurs qui ont négligé la lecture des anciens. Cet article, un des plus importans dans l’hiftoire naturelle, mérite € XVii PRÉFACE. qu’on y fafle attention fi l’on veut avoir quelque cer- titude dans cette fcience ; & il feroit à fouhaiter que les naturaliftes qui nous ont précédés, n’euffent pasem- pruntés tant de termes d'arts & de fciences pour nom- mer les objets qu'ils ont décrits : un coup d'œil jetté fur les Dictionnaires les eût empêché d’en faire ufage, en leur apprenant qu’ils avoient déja été employés avant eux pour défigner des chofes d’une nature fort différente : c’eft le moyen dont je me füuis fervi, & que je puis indiquer comme le plus für pour éviter cet abus qui-n’eft aujourd’hui que trop multiplié. Je fup- primerai donc, en nommant les Coquillages , tous les termes qui ont double emploi , parce qu’ils mettent par-tout de la confufion : tels font les noms de guerre qui font propres à des animaux très-connus, comme le tigre, la taupe, la bécafle , la perdrix , la tortue, la chenille, &c. tels font ceux qui ne conviennent qu'aux végétaux , comme la figue, la poire, la chi- corée , la laitue, le radis, la pelure d’oignon, &c. tels font encore les termes d’arts & de fciences, comme le treillis, le rateau, le télefcope , la géographie & tant d'autres. J'agirai de même à l’égard des noms adjedifs , tels que la tuilée, la chambrée, la tanée, &c. je leur fubftituerai un terme neuf, qui n’aura eu juf- qu'ici aucune fignification. On fent aflez de quelle utilité il feroit que les prin- cipes que je propole fur l’ufage & l’impofition des noms , fuflent mis en exécution de concert par tous les naturaliftes , tant pour abréger la nomenclature, que pour foulager la mémoire. Quelles obligations n’aurions-nous pas aux anciens s'ils avoient entamé PRÉFACE. XiX ce travail? que de peines épargnées à nous & à nos defcendans, s'ils avoient enrichi l’hiftoire naturelle de tant de noms dont la poftérité fera redevable à notre fiécle , & auxquels nous reprettons avec raifon que nos prédécefleurs n’ayent pas travaillé ? Ces noms appropriés à chaque objet , le défigneroient fans doute plus promptement & plus fürement qu'aucune def- cription , comme nous fçavons par expérience que le nom d'une perfonne connue nous la remet mieux dans la mémoire que tous les fignalemens & les def- criptions que l’art ou l’éloquence du difcours pour- roient nous en faire. J'ai fuivi l’ordre qui na paru le plus naturel pour les defcriptions, je veux dire qu’au lieu de faire une hiftoire de mes obfervations fur chaque Coquillage, j'ai divifé ma defcription en deux parties, dont la pre- miere regarde la coquille, & la Conde l'animal , en les diftinguant par un titre que j'ai porté en marge: j'ai diflingué pareillement les autres articles que j'ai eu à traiter , teis que la tête, la bouche, les yeux, &c. deforte qu’en regardant à la marge on voit par les ti- tres particuliers ce dont il eft queftion dans chaque article. Cette diftribution m’a paru d’autant plus com- mode, qu’elle donne beaucoup plus d'ordre aux ma- tieres , qu’elle épargne bien des répétitions inutiles & ennuyeufes au lecteur impatient de s’inftruire , & qu’elle le difpenfe de lire une defcription entiere pour un feul objet qu’il lui importe de connoître. Elle a en- coreun avantage, en ce qu’elle permerde voir d’un coup d'œil les différences ou les refflemblances de plufieurs objets , & de faire la comparaifon de certaines parties ci] XX PRÉFACE. d'un Coquillage avec les parties femblables d’un autre Coquillage ; moyen , comme lon fçait, le plus pro- pre pour donner de la netteté & de la précifion à nos connoiflances. Je n’afligne point de caractere particulier à chaque genre que J'établis , parce que ces caracteres particu- liers qui font arbitraires, varient quelquefois & de- viennent fouvent faux ou équivoques lorfqu’on vient à trouver de nouvelles efpeces : j'y fupplée par une exacte & entiere defcription ; elle tient lieu des meil- leures caracteres , puifqu’elle les raflemble tous , ceux qui font arbitraires aufli-bien que ceux qui font réels. Les carateres qui font décrits dans une premiere ef- ece ou dans une divifion de genre , ne font point ré- pétés dans les fuivantes auxquelles elles font com- munes ; je me contente, pour éviter les répétitions , de faire remarquer les chofes qui leur font particu- lieres, & qui peuvent en même tems les caradtérifer & les diftinguer des autres efpeces. J'ajoute encore à la fin de chaque fe“tion quelques remarques dans lef- quelles je fais une récapitulation , où j'explique ce que les Coquillages qu’elle renferme ont de commun, en quoi ils difiérent de ceux des autres familles , & par-tout où cela fe peut faire, j'emploie les compa- raifons & les rapports prochains par lefquels deux fa- milles peuvent fe rapprocher , pour lier plus intime- ment, comme je l'ai déja dit, routes les parties de cet ouvrage. Une autre attention à laquelle j'ai crû ne devoir pas manquer, c’eft de donner à mes defcriptions toute lextenfion dont elles étoient fufceptibles, afin de ne PRÉFACE. xx) rien laiffer defirer de ce qui peut intérefler. Elles feront même aflez détaillées pour que l’on puifle comparer enfemble toutes les parties de nos Coquillages , ju- ger de celles qui embraflent le plus grand nombre de rapports , pour enfuite , fans autre examen, en faire dérens arrangemens ou des fyftèmes ; & il me femble déja voir tous ces gens dont la fcience confifte dans les combinaifons des méthodes , tous ces retourneurs de fyftêmes ( qu’on me pale ce terme), travailler à don- ner une autre forme à ma diftribution , l'adapter à leurs idées , & la préfenter enfuite comme quelque chofe de neuf, en y ajoutant un petit nombre d’ob- fervations. Mais pour leur éviter cette peine, je join- drai à ce traité une table de ces principales combinai- fons , par laquelle ils verront combien il eft facile d'imaginer des arrangemens méthodiques , des fyftè- mes , quand on poflede bien fa matiere & quand on eft bon obfervateur ; ils verront encore par cette table que les fyftèmes en hiftoire naturelle fe prêtent à tout, qu'ils font inépuifables , & que les Coquillages feuls fourniroient par la combinaifon de dix parties différentes , plus de cent fyftèmes femblables à ceux ue Jon fait tous les jours , tant fur les plantes que dr les animaux & les autres parties d l’hiftoire naturelle. Rien de fi fréquent aujourd’hui que ces fortes de productions fur des fujets rebattus , & rien de fi rare que d'en trouver quelqu’une dont l'Auteur puifle fe glorifier d’avoir appris quelque chofe au public. Jen donne La exemple la plûpart des ouvrages fyftéma- tiques de Botanique qui ont paru depuis M, de Tour- xxij PRÉFACE. nefort; que nous ont-ils appris de plus que ceux de ce grand homme? Le voici; C'eft que l’on peut imaginer tous les jours de nouveaux fyftêmes fans perfectionner davantage une fcience. Ce que je dis de la Botanique doit s'appliquer également aux autres parties de l’hif toire naturelle. Plus nous voudrons imaginer ou com- biner de fyftêmes , plus nous répandrons de ténèbres & d’obfcurité dans nos connoïfflances. Fuyons donc ces froides & vaines répétitions qui n’offrent au public que ce qu’il a déja vû fous mille formes : multiplions les obfervations, & non les fyftèmes & les livres, qui, à la confufion de l’hiftoire naturelle, ne font au- jourd’hui qu’embrouiller la matiere au lieu d’inftruire. La table dont je viens de parler, eft celle que j'ai fait précéder immédiatement l’hifloire des Coquilla- ges : c’elt comme un extrait des obfervations les plus effentielles qui font répandues dans le corps des def- criptions. Je l’appelle table des rapports, parce qu’en effet elle raflemble dans autant de colonnes diftin- guées, toutes les parties femblables des Coquillages qui ont le même rapport ou la même particularité , la même reflemblance qui eft indiquée à la tête de cha- cune de ces colonnes. Elle nous tiendra lieu des fyfté- mes & des méthodes des Auteurs , que j'aurois rap- orté par ordre, fi elles en euflent valu la peine : mais elles font fi mal concertées, & fabriquées d’après des parties de coquilles & des coquilles fi peu obfervées , {1 légerement examinées, que , pour peu que l’on ait de connoiffance dans cette matiere , on eft tenté de croire que leurs Auteurs en ont voulu faire un badi- nage. On trouvera dans cette table, des obfervations PRÉFACE. XXI) fur les coquilles , rectifiées & redreflées par l'examen des animaux qui les habitent ; on y verra une fuite de combinaifons ou de rapports, qui mettra les lecteurs au fait d’une maniere plus füre & plus inftructive que tous les fyftèmes , & qui ne les forcera point à des arrangemens bizarres, parce que ces combinaifons ne font point faites contre nature ni au hazard , mais feu- lement par la réunion des Coquillages qui fe rappro- chent naturellement; on y verra comment les Co- uillages d’une fâmille fe joignent à ceux d’une autre A mille , comment ils fe rapprochent & s’uniflent par certaines parties pendant qu’ils s’éloignent par d’au- tres : cet ouvrage qui ma coûté beaucoup de peine, en épargnera beaucoup à ceux qui travailleront après moi fur la même matiere. Il n’eft pas néceflaire de donner des exemples de Putilité que retireront de cette table les perfonnes qui , fans avoir acquis une connoiflance fufhfante des animaux des Coquillages , voudront ranger les co- quilles de leur cabinet ; elle eft déterminée par fa clarté , fa fimplicité , & par la liberté que chacun aura de choifir dans les rapports celui qui lui plaira le plus pour fes arrangemens : mais je dois faire part d’une remarque que j'ai fouvent eu occafion de faire, c’eft que de tous les rapports que l’on obferve dans les coquilles , il n’y en a point de plus général , de lus conftant & de moins fautif, que celui qui fe tire de l’échancrure ou du canal fupérieur de leur ouver- ture , dans celles qui ont ce canal ; & de la figure de ouverture même, dans celles qui n’ont ni canal ni échancrure. XxIV PRÉFACE. La mefure dont je me fers dans les dimenfions des Coquillages eft le pied de roi de Paris. Je ne donneen pieds, pouces & lignes que les grandeurs abfolues & réelles des coquilles & des animaux en entier; car pour ce qui eft des proportions de chacune de leurs parties , je crois qu'il eft plus für de décrire leur gran- deur relative, je veux dire, la grandeur relative d’une partie proportionnellement à la grandeur d’une autre partie : ainfi au lieu de dire la tête de tel Coquillage a un pouce de longueur, fes cornes ont un pouce de longueur , je dis que fes cornes une longueur égale à celle de la tête; & je fuis cette règle d'autant plus volontiers , que les grandeurs abfolues des parties molles ou dures des Coquillages changent avec l’âge dans leur accroiflement , au lieu que les grandeurs relatives font aflez conftantes. Jaurois defiré pouvoir fupprimer les citations des phrafes latines que je mets à la tête de chaque defcrip- tion , & men tenir aux numeros des Auteurs qui ont donné des figures ; mais comme ces phrafes tiennent fouvent lieu de tout autre fynonyme & de figure , & que d’ailleurs les naturaliftes paroiffent les demander, je les rapporte avec les fynonymes , fuivant la date de leur ancienneté, dans le même ordre que celui que jai fuivi dans la table chronologique des Auteurs que je cite dans le cours de l'ouvrage, c’eft-à-dire, en commençant par les plus anciens & finiflant par les plus modernes. | Il n’eft prefque perfonne qui ne convienne de l’uti- lité des figures, du moins des bonnes figures : ce font des tableaux fidéles qui nous préfentent à chaque inftant PRÉFACE. XXV inftant des objets que fouvent lon ne peut efpérer de voir en nature : elles font d’une néceflité indif penfable , fur-tout lorfqu'il eft queftion de faire connoître des animaux qui ne font pas encore connus, ou des objets qui ont peu de rapport avec ceux que nous connoiflons ; C’eft pour cela que j'ai accompagné mes defcriptions des figures de toutes les efpeces de Coquillages que j'ai obfervés au Sénégal. Il s’en trouve à la vérité beaucoup qui ont été déja gravées dans quelques ouvrages modernes ; mais comme le rip de mon ouvrage diflere du leur en cela qu'il préfente les animaux qui habitent chaque coquille , je n’ai pû me difpenfer de figurer toutes celles qui appartiennent à chaque animal d’un même genre ; d’ailleurs elles font travaillées avec une exactitude qu’on aura peine à trouver dans les anciennes. Mlle Reboul qui les a def finé & gravé , mérite bien que je lui rende cette juftice ; mais ce coup d’eflai qui n’eft pas indigne d’une main de maître , parle aflez en fa faveur: les dix-neuf plan- ches qui accompagnent cet ouvrage mettront les con- noïfleurs à portée de juger de la perfection que lon doit attendre d’une main fi habile. Pour donner plus de netteté à ces figures, j'ai fup- primé les ombres qui auroient püû faire perdre de vüe certaines parties des animaux qui font plus impor- tantes à mon objet : en cela j'ai voulu beaucoup moins accorder à la févérité des règles ordinaires du deflein, qu’à l'ufage des naturaliftes qui fuppofent que leurs objets font détachés de tous les corps pr & fi roches de l'œil ou éclairés fi également de tous côtés, qu’ils ne peuvent jetter aucune ombre, J'ai fixé une d xxV) PRÉFACE. grandeur raifonnable à ces mêmes figures , diminuant les plus grandes, donnant les moyennes telles qu’elles font, & grofliflant les plus petites après les avoir re- réfenté dans leur grandeur naturelle. J'ai foin d’a- vertir dans les defcriptions de celles qui font dans ce cas. J'ai évité fcrupuleufement ces fituations contre na- ture , que quelques Auteurs ont donné à leurs co- quilles , en les figurant la pointe en haut , fituations auffi bizarres que celles qui repréfenteroient les hom- mes la tête en bas & les pieds en haut. On en fentira tout le ridicule quand on verra les animaux traîner leurs coquilles : aufli ai-je eu foin de les préfenter dans la pofition qu'ils affectent, foit en marchant , foit en fe fixant, l’ouverture de la coquille toujours placée dans fon vrai fens , & non dans le fens con- traire , défaut auquel on remédie facilement aujour- d’hui en gravant au miroir. Un autre défaut que j'ai évité , c’eft de donner des figures de coquilles impar- faites , roulées, ou ufées fur la meule, à la lime, &c. On ne fçauroit trop exhorter ceux qui en feront figu- rer par la fuite, de fe difpenfer de repréfenter celles qui auront été limées : elles prennent par-là des figures qui n’exiftent point dans la nature, & qui deviennent peu intéreflantes & encore moins inftrudtives. Comme une feule fituation de la coquille ne fuffie pas pour en préfenter toutes les faces, j'ai été obligé de figurer deux fois la même, du moïns dans les Li- maçons, afin d’en faire paroître en même tems le dos & le devant ou l'ouverture ; & dans la premiere efpece de chaque genre où j'ai aufli figuré l'animal , je l'ai PRÉFACE. XXVi) donné fous trois afpe@s diflérens pour mettre en évi- dence toutes les parties de lun & de l’autre. Il feroit fort inutile de faire repréfenter | comme l'ont quelquefois demandé certaines perfonnes peu au fait de la maniere d’obferver & encore moins de l’ana- tomie des Coquillages, l'animal tiré entierement de fa coquille : cette opération qui lui coûteroit toujours la vie à caufe de fa mollefle & de la difficulté qu'il y à de le détacher fans le mettre en pieces, fe borne- roit à nous faire voir une mafle de chair tournée en fpirale , ou de toute autre forme, dont la coquille nous donne un modele bien plus parfait. IL men eft pas de même des autres parties qu’il nous importe de connoître ; leur figure n’eft point empreinte fur la coquille, on ne peut les bien voir que quand Panimal les fait fortir, que quand il fe croit dans une fécurité qui lui permet de les développer, de les étendre , & de les expofer au dehors; c’eit dans cet état que je les ai fait repréfenter dans tous les détails que m’a permis un examen attentif & répété plufieurs fois. J'ai borné le nombre de mes Coquillages à 185 ef- peces , qui étant doubles & fouvent triples , comme on vient de le faire obferver , font plus de 400 figures: les defcriptions fuppléent aux variétés ; car on ne finiroit jamais fi l’on vouloit repréfenter toutes celles qu'éprouvent leurs coquilles , tant dans la forme à différens âges, que dans les couleurs : on en verra la preuve dans les citations que je fais des Pucelages , des Rouleaux, &c. Ces 185 efpeces font numerotées par genres, & comme la premiere efpece de chaque genre exige des détails tant fur la forme des coquilles que di] XXVi) PRÉFACE. far celle de leurs animaux , je me fuis fervi des lettres de l'alphabet pour défigner des parties femblables : c’eft ainfi que le T défigne toujours la tête des Lima- çons, B la bouche , C les cornes, & ainfi des autres parties. Tel eft l’ordre dans lequel feront traitées toutes les matieres de cet ouvrage , qui fera fuivi d’une table alphabétique des noms françois, latins, grecs & étran- gers qui y font répandus. Je ne dois pas laifler ignorer les facilités que m'ont procurées pour lexécution de cet ouvrage , les per- fonnes diftinguées qui ont bien voulu faire la dépenfe des planches qui accompagnent. Le public leur doit beaucoup pour l'intérêt qu’elles prennent à l’avance- ment des fciences. Pour moi pénétré des obligations que je leur ai, je ne puis que me plaindre de la loi qui m'eft impofée de taire des noms aufli illuftres que chers à la Littérature. | DÉFINITIONS DES PARTIES DES COQUILLAGES, Er explication de quelques termes dont on s’eft fervi dans le cours de cet Ouvrage. ’EnTenDs par le mot de Coquillage, un animal dont Je corps eft mol, fans aucune articulation fenfible; & recouvert , en tout où en partie , d’une croûte pierreufe appellée Coquille, à laquelle 1l eft attaché étroitement par un ou plufeurs mufcles. Quoique tous les Coquillages ayent une reffemblance gé- nérale, 11 y a cependant de grandes différences, tant dans la figure , que dans le nombre des parties qui compofent l’Ani- mal ou fa Coquille. Je vais en faire le détail en les rappor- tant à ces deux chefs: je ferai remarquer en même tems ce que les obfervations m'ont appris fur leurs ufages ; & comme la Coquille eft la premiere chofe qui fe préfente à la vûe lorfqu'on rencontre un Coquillage, c’eft par elle que je vais commencer. PARTIES DE LA COQUILLE, La Coquille eft cette croûte pierreufe qui recouvre le corps de l’animal en tout ou en partie. On peut la regarder comme le vrai os des Coquillages, puifqu’elle en fait les fonétions en fervant de bafe ou d'appui aux mufcles qui y font attachés. Cet os diflere des os des animaux Qua- drupedes , Oifeaux , Poiffons , Reptiles, &c. en ce qu’au lieu d’être recouvert par les chairs , 1l leur fert d’enve- loppe : il differe encore des os des Cruftacés & des Infectes, parce qu’au lieu d’avoir , comme eux, une grande quantité Coquillage. Coquille: Univalye. Operculée, Bivalve. Mulivalve. Limaçons. Conques. XXX DÉFINITIONS DES PARTIES de mufcles répandus fur toute leur furface interne, 1l n’en a qu’un très-petit nombre. Sa fubftance eft pierreufe, d’une nature femblable à celle de la craie : 11 fait effervefcence & fe diflout, comme elle, en touchant les efprits acides, Je diftingue quatre fortes de coquilles, fçavoir: 10, Celles qui confiftent en une feule piece, & que l’on nomme Univalves : telles font celles des planches 1,2, 3, 4 & 5. 20, Celles qui font compofées de deux pieces inégales en pandens fort diflemblables, & le plus fouvent de nature ifférente ; dont l’une eft plate & fert d’opercule ou de cou- vercle à l’autre piece, qui eft toujours tournée en fpirale : je les appelle, à caufe de cela, Coquilles Operculées ; celles de la planche 6° jufqu’a la 13° font de ce nombre. 3°. Celles dont les deux pieces, que l’on nomme Battans, font toujours de même nature, à peu près égales, du moins en grandeur, & fans aucun replis fenfibles ou diftingués que l’on puifle regarder comme des fpires: on appelle ces Co- quilles Bivalyes ; on les voit de fuire depuis la planche 14e jufqu’a la ré. 4°. Enfin celles qui font formées par l’affemblage de plu- fieurs pieces ordinairement inégales, & que l’on nomme par cette raifon Coquilles Mulrivalves: la planche 19° en donne plufieurs de certe efpece, Les Coquillages dont la coquille confifte en une feule piece de telle figure qu’elle foit, ou en deux pieces dont l’une eft tournée en fpirale, s'appellent du nom commun & général de Zimaçons : ceux au contraire dont la coquille a deux pieces ou davantage, mais qui ne font pas fenfiblement tournées en {pirale, s'appellent du nom général de Congues. Ainfi l’on voit qu’en confidérant les Coquillages fuivant la diftinction que je viens de faire de leurs quatre différentes fortes de coquilles, il doit y avoir néceflairement, 1°. Des Limaçons Univalves & Operculés, 2°. Des Conques Bivalves & Multivalves. DES COQUILLAGES, XXXj Les parties principales qui ont rapport à ces quatre fortes de Coquilles font au nombre de dix, fçavoir : 10, Les Spires. G°. Les attaches des Mufcles. 20. Le Sommet. 7°. La Charniere, 3°. L'Ouverture, 80. Le Ligament. 4. L'Opercule. 9°. Le Périofte. 5°. Les Battans. 10°. La Nacre. J'appelle du nom de re les tours & les circonvolutions + wi fait une coquille en fe repliant fur elle-même. Ces fpires ont de figure plus ou moins conique, & communes à tous les Limaçons excepté au Sormet ( 1. gen. 1. pl. 1.) & aux Lépas ( 1-11. gen. 7. pl. 2.). Mais leur difpofition n’eft pas la même dans tous: elle varie fuivant les différens plans fur lefquels elles tournent, & elles peuvent tourner fur quatre plans différens, qui font; 1°. le plan horizontal ; 2°, le plan cylindrique ou étendu fur un cylindre; 3°. le plan conique; 4°. enfin le plan ovoide. De ces quatre difpofitions des Spires naïflent quatre figures différentes de Coquilles. 1°. Lorfque les fpires tournent autour d’un point fuppofé infiniment petit, & fur un plan horizontal en s'appliquant immédiatement les unes fur les autres, elles doivent nécef- fairement former une figure plane & femblable à un difque; on peut appeller ces coquilles Difcoïdes : & comme les fpi- res font coniques , c’eft-i-dire, qu’elles vont en groffiffant du centre à l’extrêmité fur un des points de la circonfé- rence , il doit arriver que le centre de ce difque foit ou en- foncé d’un côté & applati de l’autre, ou enfoncé des deux côtés , foit inégalement, foit également. La coquille du Co- ret (gen. 3. pl. 1. ) eft dans ce dernier cas, & c’eft la feule de celles que j'ai obfervées au Sénégal , qui ait lafigure difcoïde, 2°, S1 les fpires tournent autour d’un cylindre, foit qu’el- les foient écartées, foit qu’elles foient rapprochées de ma- niere à fe toucher, elles rer une coquille cylindrique, en fuppofant que le corps des fpires foit lui-même cylin- drique, ou qu’étant conique, l’extrèmité amincie s’écarte du cylindre d’une quantité pareille à celle de fon amincifle- ment. Car fi les fpires étoient coniques & fort renflées, il à a SPIRE. Coquille difcoïde, Coquille cylindrique, Coquille turbinée. xxx. DÉFINITIONS DES PARTIES en réfulteroit une coquille conique , mais tronquée au lieu d’être pointue à l’une de fes extrèmités, c’eft-a-cire, dont la figure tiendroit le milieu entre le cône & le cylinére. Je ne connois encore qu’une coquille dont on puifle dire qu’elle prend la figure cylindrique, c’eft celle du Vermet( 1.p2. 11. ); mais fes {pires font ordinairement évidées ou fort écartées les unes des autres, & toujours collées contre diflérens corps qui les empêchent de prendre une certaine régularité. 3°. Si les fpires fe courbent en montant de bas en haut ou en defcendant de haut en bas autour d’un cône, elles donneront une coquille conique , que l’on appellera autre- ment turbinée (1), & elles montreront au centre de leurs révolutions un creux ou un ombilic, comme dans les ef- peces 3, 4, 5 & 6, du genre du Sabot ( pZ. 12.), dans les quatre efpeces de Natice ( pl. 13.), & dans quelques autres, La même forme de coquille proviendra de la révolution d’une fpire conique autour d’un axe cylindrique fuppofé afez fin pour ne pas empêcher que les fpires fe rouchent ; alors elles ne laifleront appercevoir entr’elles aucun creux, (1) I ne faut pas confondre ici les coquilles swrbinées avec les coquilles que Ron- delet appelle Turbo, quoiqu’elles ne foient pas réellement turbinées , mais ovoïdes, comme il en avertit lui-même en parlant d’une efpece de Pourpre. » Munc dicemus » non de spuSéder , fed de spoeuSois ipfis , id ef? , non de turbinatis, fed de turbinibus, » qui in longiorem 6 acutiorem verticem deficiunt quam turbinata & cochleæ.» Lib. 2. Teftac. cap. 16. pag. 88. edit. lat. » Eft igitur turbo qui ex amplo & lato paulatim in mucronem definit, ut de Byuc- » ciné fcripfit Ovidius. J Cava Buccina fumitur illi Tortilis in latum quæ turbine crefcit ab imo. » Hujus figure ef? turbo luforius , . Quem pueri magno in gyro vacua atria cireum Intenti ludo exercent , » Ut ait Virgilius. » Ab hujus figure fimilitudine, dicuntur turbinata offracodermorum genera.... Ali » tefl4 continuä inclufa quidem , nec ullä ex parte confpeéta, dempto capite , ut Buc- w cine, Purpuræ , Cochleæ, denique turbinata omnia , quæ capitis operculum habent. Ibid. cap. 1. pag. 62 € 63, 11 femble par ce dernier paffage que l’Auteur entre en contradi@tion avec lui-même, en rappellant aux turbinées la Pourpre & le Buccin, tandis que dans le premier paf- fage que j'ai cité , il les en exclut manifeftement en n’y admettant que les Zimacons operculés , qu'il appelle Cocklee. Mais il s'explique plus clairement quatre lignes plus bas , en difant:» Que ( turbinata ) teflam habent unicam totam continuam , arque in » anfraélus contortam, dempto capite, guod operculo tegitur. Atque hoc guidem tur- » binatis proprium eff, quo @ reliquis fecernantur. » D’où l’on voit qu’il donne le nom de turbinées aux coquilles dont la tête ou la bafe eft applatie ou tronquée , & qui ont un opercule , cochleæ dempto capite, guod operculo tegitur, caraéteres communs aux genres du Sabot, de la Toupie, de la Natice & de la Nérite, © aucune DES COQUILLAGES. xxxiiÿ aucune efpece d’ombilic. Cette figure eft la plus ordinaire aux turbinées : on en voit des exemples dans le genre de la Toupie ( efpeces 1,2, 3, 4, pl. 12.), dans celui du Sabot (efpeces 1,2,4,5,9,10.), dans celui de la Nérite( efpeces 1-5. pl. 13.), & dans beaucoup d’autres. 4°. Enfin lorfque les fpires tourneront fur un axe ovoide, ou, ce qui revient au même, fi les fpires étant coniques , fort rentlées, & arrondies à l’extrêmité la plus grofle, tour- nent autour d’un axe cylindrique fuppofé extrèmement fin, elles formeront une coquille ovoïde, qui dans le premier cas fera percée d’un ombilic, comme dans l’efpece de Pourpre que j'appelle Labarin ( 2. pl. 7. ) : dans le fecond cas cette coquille ovoide n’aura aucune apparence d’ombilic, comme dans le Bulin ( gez. 2. pl. 1.), ou dans le Kambeul( gen. $. 1. pl. 1.). Cette derniere forme eft la plus commune dans les Zimagons, foit Univalves, foit Operculés. Aucune de ces quatre efpeces de fpires n’a lieu dans les Conques. Dans l’explication que je viens de donner des diflérentes formes que prennent les coquilles fuivant la figure & la dif- poñition de leurs fpires, je me fuis borné à ces quatre prin- cipales qui font les plus ordinaires, parce qu’on y peut rapporter facilement toutes celles qui font intermédiaires, & ui font, pour ainf dire, les nuances par lefquelles elles fe lent & s’uniflent les unes aux autres. C’eft ainf, par exem- ple, que la coquille du Pouchet( r. ge”. $. pl. 1. )tient d’un côté aux coquilles difcoides, comme À celle du Coret( gen. 3. pl. 1.), par fa forme applatie, & de l’autre aux surbinées ou aux ovordes fans ombilic, par fon fommet renflé & éminent fur l’une de fes faces. Il en fera de même des autres coquilles douteufes, on les rapportera aux deux figures principales, dont elles paroïîtront participer davantage. Il faut obferver que le nom fubftantif de fire, que j'em- ploie comme terme générique , pour exprimer indifférem- ment les quatre fortes de circonvolutions qu’une coquille peut faire fur elle-même, a été employé quelquefois fous le nom de volute ou de fpirale comme fubflantif , ou même de celui d'Aélice, fur-tout lorfqu'il étoit queftion de celles qui pournent fur un cylindre, Mais ces trois derniers termes font € Coquille ovoide, 1°, Remar- que, 2€. Remar- que. Nombre des fpirese Varie avec l'âge. Peut fervir à déterminer le fexe, Leurs di- men{ions, axxiy DÉFINITIONS DES PARTIES f peu d’ufage dans les ouvrages qui traitent des Coquillages, que j'ai crû devoir conferver celui de fpire qui a été reçu le plus anciennement chez les Latins, pour exprimer toutes fortes d’enroulemens en ligne fpirale. Je compte le nombre des fpires en partant du haut de la coquille & defcendant vers le fommet , de forte que la pre- miere eft celle qui forme fon ouverture; c’eft ordinairement la plus grande de toutes : la derniere termine l’extrêmité op= pofée ou le fommet ; elle eft toujours la plus petite. C’eft ainfi que la coquille du Kambeul ( 1. gen. s. pl. 1.) a dix fpires, depuis {on extrêmité fupérieure ou depuis fon ou- verture G, jufqu’à la pointe du fommet S: il en eft de même de toutes les autres coquilles. Le nombre des fpires & leur figure varie dans la même ef- pece, par l’âge & par le fexe. Les jeunes coquilles en ont ordinairement moins que les vieilles : la raifon en eft toute fimple. L’accroiflement de la coquille fe fait par l'ouverture qui s'étend de jour en jour, & fe colle fur les anciennes {pires en tournant avec elles : il doit donc arriver que celles- ci, qui font les plus bafles, fubfifant toujours, augmentent en nombre à mefure que l’animal, croiffant en âge, en forme de nouvelles. Il y a des coquilles qui, quoique de même âge, n’ont pas toujours un pareil nombre de fpires. Certre difié- rence provient quelquefois de maladie, ou de la mauvaife conftitution de l’animal ; mais c’eft pour l'ordinaire un efier du fexe dans les Coquillages où 1l eft diftingué. C’eft ainf que dans le genre des Pourpres, dans celui du Buccin, & dans quelques autres, il eft ordinaire aux mâles d’avoir les fpires plus nombreufes , plus allongées , moins renflées, & la coquille plus petite que celle des femelles. Cette obfer- vation que je n’ai pas négligée par-tout où j'ai trouvé occa- fon de la faire, n’eft pas de petite conféquence pour déter- miner & fixer bien des variétés qu’on regarde fouvent comme de vraies efpeces, quoiqu’elles ne different entr’elles que par l’âge ou par le fexe. La largeur des fpires fe prend dans le fens où elles tour- nent, en les confidérant comme ne faifant enfemble qu’un corps continu qui détermine la largeur de la coquille ; & leur longueur ou leur hauteur fe prend felon celui où elles DES COQUILLAGES. xxxv s'appliquent par les côtés les unes fur les auttes. Ainfi dans la coquille du Kambeul ( 1. ge. $. pl. 1.) 3-3: marque la largeur de la troifiéme fpire, & V Z. marque fa longueur. l eft ordinaire aux {pires des Limaçons de tourner ce droite à gauche en defcendant de l’ouverture au fommet; cependant il y en a quelques-uns dont les fpires vont au contraire de gauche à droite: c’eft ce que quelques modernes appellent mal-à-propos des coquilles uniques. On les défi- gneroit plus exaétement par le nom de Coquilles tournées ou roulées de gauche à droite; & même pour abréger, on pourroit les appeller Coguilles gauches & les autres Co- quilles dextres. Elles font fort rares, & je n’en ai obfervé ai deux au Sénégal , qui font le Bulin & le Coret ( gen. 2. pl x.) Édand ) dis que les fpires d’une coquille font tournées de droite à gauche ou au contraire, je veux dire de la droite de l'animal à fa gauche; non pas en le regardant en face, comme l’entendent quelques perfonnes, mais en fe fuppo- fant à fa place dans fa coquille, comme nous nous fuppo- fons à la place d’une perfonne, lorfque la regardant en face nous jugeons que fa main droite n’eft pas fa gauche, quoique dans fa fituation refpective elle foit réellement oppofée à notre gauche. Le Sommet ef cette partie qui fait ordinairement la pointe & toujours le fond même de la coquille. Il ne fe trouve pas dans tous les Zimaçons | par exemple dans le Sormet (x. gen. 1. pl. 1. ), & dans l’efpece de Lépas que j'appelle Kalifon ( 11. pl. 2.); & il n’a pas toujours la même forme dans toutes les coquilles où il fe rencontre. Dans les unes il rentre entierement en dedans , & laïfle à fa place un creux femblable à un ombilic, comme dans le Gofon ( 2. gen. 1. pl. x. S.). Dans les autres, 1l rentre en partie au de- dans, & forme une cavité au milieu de laquelle paroît fon extrêmité arrondie comme un bouton : c’eft ce qui arrive à la coquille du Yet ( 1.p1. 3.8. ). Dans d’autres il eft applati ou fi peu enfoncé, qu’il paroît former une furface plane & fans bouton, comme dans le Coret ( gen. 3. pl. r. v.), le Bobi & le Duchon efpeces de Porcelaine ( 4 & $. gen. ro. pl 4), & dans la plüpart des efpeces de Pucelage ( gen. 11. e1l Droite 6e gauche d’une Coquille, Comment on les peut dé- terminer 2°. SOMMET. Des Lima- çonse xxxvj DÉFINITIONS DES PARTIES pl. 5.). Dans d’autres enfin il fair une éminence plus où moins élevée, quelquefois percée ( Dafan, Gival. 6 € 7. gen 7. pl 2.), quelquefois femblable à un bouton fans fp1= res (Libot, Liri, &c. x. 2. 3. 4. 5.8.9. & 10. gen. 7.pl.2.), mais le plus fouvent tourné en fpirale : ces dernieres l'ont ordinairement aflez confidérable, parce qu’il eft compofé de la réunion de toutes les fpires, excepté dé la premiere qui fait l'ouverture. Son Boutar, L’extrêmité du fommet peut s’appeller le bouton ou Ia pointe du fommet; & l’extrêmité oppofée, celle où fe trouve l'ouverture, fe nommera, fi l’on veut, le haut ou la bafe de la coquille, Celle-ci fe porte ordinairement en haut, ou au moins en avant, lorfque l’animal marche. Pia dimen- La longueur du fommet fe compte depuis l’extrêmité in- ï férieure de la premiere fpire, ou de l'ouverture, jufqu’à fon bouton, parallélement à la longueur de la coquille : ainf r. $. eft la longueur du fommet de la coquille du Kambeul (x. gen. s. pl. 1.). Sa largeur fe prend de même fur le point 1. a fon origine, mais en traverfant la coquille. C’eft fur ces deux fens que je détermine la longueur & la largeur des coquilles de toutes les efpeces de Limaçons. Je compare ordinairement la longueur du fommet refpec- tivement à fa largeur , & à la longueur de la premiere fpire, ou, ce qui revient au même, à celle de l’ouverture qu’elle forme , parce qu’elles déterminent enfemble les proportions des autres parties de la coquille ; par-là j’évite beaucoup de détails. Crete Dans les Conques le fommer fait , comme dans les Zima- PF çons, le fond de la coquille. Il eft quelquefois peu apparent, comme effacé ou rentré dans la coquille, comme dans l'Huître (G. 5. pl. 14 S.), la Pholade & le Taret ( pl. 19. G.1 & 2.S.): mais pour l’ordi- naire il forme au dehors deux éminences, fort petites dans les unes ( Telline, p£. 18. gen. $. S.), médiocres dans d’au- wes ( Came, pZ. 16. gen. 4. S.), & fort confidérables dans quelques autres (Fagan & Mufole, pl. 18. gen. 6. efp.s &o.). Ces éminences paroiflent même quelquefois tournées em fpirale, mais les fpires ne font ni diftinguées parfaitementau dehors, ni marquées profondément au dedans comme dans les Limacons. DES COQUILLAGES. XXXVI) Dans les coquilles où le fommet n’eft pas apparent au de- hors, c’eft le lieu de la charniere qui détermine le point où il devoit fe trouver naturellement; fouvent même il eft rem- placé par un repli que les bords font en dedans de la co- quille au-deflus de la charniere, ou au-deflous du ligament. Je prends la longueur de la coquille des Cozgues en par- tant du fommet à l’extrêmité oppofée: leur largeur fe prend fur une ligne qui coupe la premiere en angle droit : c’eft ainfi que dans la coquille de la Telline ( p{. 18. gen. $. s M. détermine fa longueur, & Tr 6. montre fa largeur; d’où l’on voit que cette coquille & la plüpart de celles des Con- ques ont beaucoup plus de largeur que de longueur. La fitua- tion naturelle à ces coquilles pendant que l’animal marche, ou qu'il fe tient en repos, c’eft d’avoir un des bouts de leur largeur élevé en haut, à peu près dans la pofition où je les ai Fit repréfenter depuis la planche 14 jufqu’à la 19°. Au lieu du terme de bouche qu’on emploie ordinairement pour défigner l’ouverture par laquelle l'animal fort de fa coquille, je me fers de celui d'ouverture, afin d'éviter la confufon que pourroit occafionner le terme de bouche qui conviendroit également & à la coquille & à la bouche de l'animal. L'ouverture des coquilles des Zimaçons eft toujours for- mée par la largeur de l’extrêmité de la premiere fpire ; elle en eftcomme la coupe, dont elle imite parfaitement la figure. Elle fe trouve tantôt à leur droite, tantôt à leur gauche, fe- lon que les fpires tournent de l’un ou de l’autre fens. Ainfi comme les fpires tournent plus communément de droite à gauche que du fens contraire, il y aura beaucoup plus d’ou- vertures à droite qu’à gauche. Ces dernieres font appellées ouvertures uniques, comme j'ai dit plus haut qu’on appelloit leurs coquilles ; mais on feroit mieux de les nommer ouver- tures gauches, & d’appeller les autres ouvertures droites. Dans ce fens la coquille du Bulin & celle du Coret ( gen. 2. & 3. pl 1. )nous montrent deux ouvertures gauches; & toutes les autres coquilles des Zimaçons , fi l’on en excepte celles du Sormer & des Lépas qui n’ont pas de fpires , ont l’ouver- ture droite. Je dis que l'ouverture eft parallèle à la longueur de la o OUvERTU- RE. Gauche, Droite: Parallèle, Oblique: Sa figure, Ronde. Demi-ronde. Ovale & al- longée, Ses deux lè- vres, sxxviÿ DÉFINITIONS DES PARTIES coquille, lorfque fon plan, ou la coupe de l’extrêmité de la premiere fpire qui la forme, fuit la même direction que le grand axe ou la ligne qui pañleroit par le centre de la coquille d’une extrèmité à l’autre, comme dans le Goflon ( 2. gen. r, pl 1.), le Girol( 6. gen. 10. pl. 4. ), toutes les efpeces de Pucelage ( gen. 11. pl. 5.) & quelques efpeces de Rouleau (gen. x. pl. 6. ), Elle eft au contraire oblique, lorfqu’elle eft inclinée fur un plan qui s’écarte de la direétion de ce même axe de la coquille : telle eft celle de la plüpart des Pourpres (gen. 2. pl. 7. 8. 6 9.) , des genres de la Toupie, du Sabot (gen.G. 6 8.pl. r2.), de la Narice, de la Nérite ( 2e. 7.8.6 9. pl 13.) & de beaucoup d’autres. Toutes les figures dont l'ouverture de la coquille des Zi. macons eft fufceptible, fe réduifent à quatre principales aux- quelles on peut rapporter facilement les figures intermé- diaires qui tiennent un peu des unes & des autres. Elle eft ronde ou orbiculaire dans les unes, comme dans les genres du Bulin (2. pl. 1. ), du Cerite (ges. 4. pl. 10. ), du Vermet (gen. s.pl. 11.),& du Sabot( gen. 8. pl. 12.(; demi-rondeou taillée en dem1-lune dans d’autres, comme dans la Natice & la Nérite ( gen. 7.6 9. plx3. ). Dans d’autres elle eft ovale ou elliptique, comme dans quelques Lépas ( 2e. 7. pl. 2. 1. Li bot, 6. Dafan, 7. Gival, &c. ),& quelques Pourpres( ger. 2. pl. 7.3. Pakel, 2r. Jatou, pl. 9. &c.): & fouvent cetteellipfe eft retrécie vers fon milieu de maniere qu’elle repréfente un trou de ferrure, ou, plusexactement, cette figure que les géometres appellent caffinoïde, comme on en voit un exemple dans le Gofon (2. gen. 1.pl. x. ) Enfin elle reflemble dans d’autres à une longue fente ou à une ellip{e allongée & reflerrée, comme dans toutes les efpeces de Pucelage ( gez. 11. pl. s.), quelques Porcelaines (4. Bobi, $. Duchon. ges. 10. pl. 4. ), la plûpart des Rouleaux ( gen. 1. pl. 6. ), & quelques Pourpres(29. Sta- ron, 34. Farois, 35. Genot. pZ. o.). Les bords de l’ouverture fe divifent naturellement en deux parties, fouvent égales, quelquefois inégales, dont l’une qui eft à droite ( D. Goflon 2. gen. 1.pl. r.) s’appelle /èvre droite, & l’autre qui eft à gauche c. fe nomme /èvre gauche. Le genre du Lépas ( pz. 2.), & celui du Vermet( p£. 1 1.), font les feuls des Limagons dans lefquels on ne peut faire cette DES COQUILLAGES. XXXIX diftinétion, parce que les bords de leur ouverture font circu- lires, de même figure & de même épaifleur dans leur con- tour. Dans les autres genres les deux lèvres font toujours dif. femblables à plufieurs égards. La lèvre droite ne change jamais de figure dans bien des Livre droite, efpeces, elle eft toujours mince & tranchante ( Kambeul x. gen. 5. Yet, gen. 8. pl. 3, &c. ),ou épaifle ( Piétin, gen. 4. pl. 1. ); dans d’autres, elle fe replie à un certain âge & fuivant certaines circonftances ( Pouchet 2. gen. $. pl. 1.), ou bien elle prend un bourrelet au dehors(Vojet 12, Jabik 13.p2.8.), ou des dents au dedans ( Barnet 1. ge. 3. pl. 10. ). Lorfque la coquille vient à augmenter le nombre de fes {pires , après que la lèvre droite a pris un bourrelet extérieur ,ce bourrelet refte dans l'endroit où il s’eft formé : c’eft pour cette raifon ue l’on voit tant de coquilles qui ont fouvent un bourrelet (Eluron 8. pl. 7.),& quelquefois plufieurs ( Vojet 12, Ja- bik 13. pl. 8.) répandus fans ordre fur leurs fpires. Je ferai remarquer que je n’ai encore apperçu cette efpece de bour- relet que dans les Limagçons operculés , & il differe trop des futures élevées fur certaines coquilles caflées, comme celle que l’on voit fur le dos de la coquille du Salar ( 8. p2.6. ) ou du Téfan( 5. p£. 7. ), pour qu’on puifle les confondre. La lèvre gauche differe effentiellement de la lèvre droite Livre gauche. en ce que, dans les coquilles à ouverture droite, elle eft tou- jours fermée en tout ou en partie par la convexité d’une por- tion de la premiere ou de la feconde fpire. Lorfque les fpires font tournées horizontalement, ou roulées de maniere qu’el- les s’enveloppent & fe recouvrent entierement ou prefqu’en entier les unes & les autres, c’eft le côté de la premiere fpire qui fait toute la lèvre gauche ; il eft pour lors arrondi, & formé par une ligne droite { Rouleau, ge. 1. pl. 6. ), ou convexe ({ Goflon 2, gez. 1.p£. 1.), Pucelage ( gen. 11.pl. s.). Quand les fpires ne fe recouvrent que de moitié ou envi1- ron, c’eft la feconde fpire qui forme la moitié inférieure de la lèvre gauche ; celle-c1 eft alors arrondie & convexe dans cette partie ( Kambeul r. gen. 5. pl. 1. ), & droite ou creufe dans l’autre ( Minjac 6. p/. 7. ). Lorfque les fpires ne s’appli- quent que par le côté de maniere qu'elles ne fe coupent en aucune façon ni les unes m les autres, comme dans le Ver- Son canal. Supérieut, Inférieur. x] DÉFINITIONS DES PARTIES met( pl. 11. ), 11 n’y a aucune diftinétion entre la lèvre gau- che & la lèvre droite ; parce que , comme je l'ai dit ci deflus , les bords font parfaitement femblables dans leur contour. Ce n’eft qu'a côté de cette lèvre qu’on apperçoit l’ombilic dont j'ai parlé plus haut ( pag. xxxüj. ): il femble qu’il en dépend du moins en quelque chofe, puifqu’il ne fe trouve que dans les coquilles dont la lèvre gauche eft fort petite ou formée par une très-petite portion de la feconde fpire, & qu'il eft d'autant plus grand que la lèvre gauche eft plus petite, comme 1l eft facile de le voir dans le genre du Sabot (p£. 12.), & dans celui de la Natice ( p/. 13. ). Ce que je viens de dire de la lèvre droite des Zimagçons qui ont l’ouverture à droite, doit s’appliquer à la lèvre gau- che de ceux dont l'ouverture eft à gauche, comme à celle du Bulin, & à celle du Coret (gen. 2. & 3.pl. 1.). La plüpart des Limaçons , fur-tout ceux dont l’animal eft analogue aux Pourpres, ont une efpece de goutiere ou de canal ( D. Yet. gen. 8. pl. 3. ) creufé dans l’extrêmité fupé- rieure de l’ouverture : quelquefois ils en ont un femblable pratiqué dans l’extrêmité oppofée (E. Yet. gen. 8. pl.3.). Je nomme le premier canal fupérieur, & le dernier canal in Jérieur. Il s’en trouve aufli quelques-uns qui ont à côté du canal fupérieur un autre canal creufé au haut de la lèvre droite, comme l’on en voit un en F dans la coquille de l’ef- pece de Pourpre que j’appelle Kalan (30. p£. 9.). C’eft la feule des coquilles du Sénégal où j'aie obfervé cette particularité, & je fçai qu’elle eft commune À plufeurs autres efpeces de Pourpres à peu près femblables , qui fe trouvent dans la Méditerranée. Le canal fupérieur eft ou fort court ( D. Sakem 1. p2.7.), ou fort allongé ( C. Bolin 20. pl. 8. ) ; quelquefois évalé (Nivar 31. pl. 0.) , retréci (Cofarzz.pl.9 ), ou fermé com- me un tuyau ( Jatou 2r. pl. 9.) ; quelquefois fans échancrure (Vojet 12. pl. 8. ), & quelquefois profondément échancré (Fan 7. pl, 7.), Le canal inférieur eft toujours fort court & plus petit que le canal fupérieur ; quelquefois échancré, mais ordinai- rement fans échancrure, + DES COQUILLAGES. x1ÿ Il n'y a rien de particulier dans l'ouverture de la coquille Ouverture des Conques : ce n’eft qu’une longue fente (A. M. F. T.B. EN E Huître. pl. 14. ) formée par l'éloignement des battans , & d’autant plus grande qu’ils s’écartent en s’ouvrant davantage. Il y en a cependant quelques-unes dont les battans étant fer- més, ont quelques autres ouvertures naturelles. La Muflole pl. 18. )en a une fur le devant de fa coquille à loppofé du ommet ; les Solens, la Pholade & le Taret ( pZ. 19.) en ont deux, dont chacune eft placée aux extrèmités de leur largeur. "Opercule ne fe trouve, comme je l'ai dit ci-devant, que 4°: dans les Zimaçons que j'appelle Operculés. C'eft une petite AAAICUER piece cartilagineufe ou pierreufe, de figure variable, mais toujours plate, & fort petite eu égard au corps des fpires de la coquille. Il eft toujours attaché en deflus du pied de l’animal. Dans Son attaches les uns, on le voit à fon extrêmité poftérieure, de forte qu’il s'éloigne confidérablement de la coquille quand l’animal l’é- tend pour marcher ( Jamar, pl. 6. O. ) : dans d’autres il eft placé vers le milieu de la longueur du pied (Sakem , p£. 7. O.): dans d’autres enfin il eft fixé à fa racine, de maniere qu'il joue par une efpece de charniere fur le bord de la lèvre gauche de l’ouverture , comme dans le genre de la Nérite ( p£. 13.). Il imite parfaitement en cela le fecond battant des Coquil- lages Bivalves. | y a une particularité remarquable dans les opercules qui ne font pas attachés immédiatement à la racine du pied, comme on les voit dans les Nérites; c’eft que lorfque le pied de l’animal , celui de la Pourpre par exemple, vient à fortir de fa coquille, l’opercule demi-rond qui fe trouvoit préfen- ter fa pointe fupérieure à l’extrêmité fupérieure de l’ouver- ture lorfqu’il la bouchoit, la préfente au contraire à fon ex- trèmité inférieure, ce qui ne s’opere que par un retourne- ment entier de cette partie. On obferve ce retournement de l’opercule d’une maniere aflez fenfible non-feulement dans la Pourpre, mais même dans le Rouleau, dans le Buccin & dans plufeurs autres Zimagons operculés, lorfqu’on voit at- tentivement l'animal forur de fa coquille, ou y rentrer plu- fieurs fois de fuite. s Sa fubftan- ££e Sa figure, Son ufage. Il differe de l’opercule des Limaçons ter- reltres. lxij DÉFINITIONS DES PARTIES Je n’ai obfervé d’opercule pierreux que dans le genre de la Nérite (p£. 13.) & dans la 4° efpece de Natice que j’ap- pelle Gochet ( p£. 13.). Dans tous les autres Coquillages operculés il eft cartilagineux, épais dans les uns ( Sakem pl. 7. Bolin p£. 8. &c.), & fort mince dans les autres ( Buc- cin , Cerite, pl. 10.). Sa furface extérieure eft toujours fil- lonée de plufeurs lignes concentriques & paralleles à fes bords. Quant à fa figure elle eft ronde ou orbiculaire dans quel- ques Limaçons ( Cerite , pl. 10. Vermet, pl. 11.), demi- ronde ( Pourpre, pl. 7. Natice, Nerite, pl. 13.), ovale ow elliptique dans d’autres (Rouleau, pZ. 6.). On croit commu nément qu’il fert toujours à fermer exactement la coquil- le, & même à fervir de couverture & de défenfe à l’animal contre l’attaque des corps étrangers : cela eft vrai dans celles où il prend la forme de l'ouverture, comme dans les ouver- tures rondes , demi-rondes ou ovales de la Cérite( p/. 10.), de la Nérite (pl. 13.), & du Jatou ( p£. 9.). Mais à l’égard des coquilles dont l’ouverture eft fort allongée, & de figure différente de cet opercule, je ne vois pas de quel ufage 1l peut être aux animaux qu’elles renferment, car il ne bouche louvent pas la cinquiéme partie de l’ouverture. C’eft ce que j'ai obfervé dans les Rouleaux & dans quelques efpeces de Pourpre. L'opercule des Limaçons operculés differe de celui des Li- maçons urivalyves & terreftres, en ce que l’animal le prend dès fa naiflance, & en même tems que fa coquille, comme le remarque fort bien Ariftote (1), & après lui le Docteur Rondelet (2); au lieu que celui des Limaçons terreftres fe forme tous les ans une ou plufeurs fois, & cela dans les tems où ces animaux veulent fe mettre à l’abri de la féche- refle occafñonnée par les chaleurs ou les froids exceffifs. Il confifte en une bave vifqueufe, fortie du corps de l’animal, & durcie en une croûte blanche aflez épaifle, mais peu fo- (1). Hift. anim. lib. 4. cap. 4 & 15. (2) Operculum utrique huic generi ( Purpuræ & Buccino ) adhæret nativum, & cæteris ommbus turbinatis..., Operculum etiam jam inde ab ortu omnia gerunt (de Turbinatis loquitur). Statim ab ipfà procreatione turbinatis operculum inefle dicit, ad difcrimen Cochlearum, quæ ipfæ fihi ex glutinofo humore, five ex muco fuo opes. culum conficiunt, Rondel:Teftac, lib, 2. cap. 3. pag. 7 DÉS COQUILLAGES. xliij lide, plutôt coriace que cartilagineufe, de fubflance crétacée qui fair eflervefcence avec les efprits acides. Cette croûte ne tient jamais au corps de l’animal, & elle differe encore des vrais opercules en ce que fa furface extérieure ne montre au- cuns fillons concentriques. Tous les opercules pierreux font de nature créracée & fe diflolvent avec effervefcence, comme les coquilles, dans les efprits acides : mais les opercules cartilagineux réfiftent à deur aétion. Ceux-ci portent avec eux une efpece d’onétuo- fité ou de graïfle, qui, lorfqu’on les brüle fur des charbons,,. répand une odeur forte, quelquefois aflez gracicufe , mais “2 l'ordinaire infupportable. On difoit autrefois que leur umée étoit un remede fouverain pour les vapeurs & l’épi- lepfie : telle eft la vertu qu’on attribuoit fur-tout à celui d’une efpece de Pourpre que j'appelle Kalan ( p£. 3. ), & que Rondelet (1) croit être le £'ozchylium des anciens ; mais on en fait peu d’ufage aujourd’hui. Le terme de Bartans a été confacré pour défigner les deux ieces des Conques Bivalves, fans doute parce qu’elles font a peu près égales entr'elles, ou de forme affez femblable, comme font ordinairement les battans d’une porte. On peut dire qu’elles different des deux pieces des Limaçons Oper- culés, ordinairement par leur nature, & toujours par leur forme : car dans celles même dont l’opercule eft pierreux, cet opercule a toujours une forme applatie, du moins n’en a-t-on pas encore vi qui fût turbiné, c’eft-à-dire, tourné en plufieurs ‘pires creufées en dedans ; & toutes ont toujoursle corps de leur coquille compofé de plufieurs volutes d’une grandeur démefuré: eu égard à celle de cet opercule. Les Bi- valves au contraire ont, comme je viens de le dire, deux pieces à peu près de même forme, de même grandeur, & conftamment de même nature. D. G. fig. 1. pl. 16. mon- trent les deux battans de la coquille d’une Came. On voit dans la furface interne de ces battans, plufieurs tâches enfoncées qui font connoître le lieu où les mufcles du corps de l’animal leur étoient unis : c’eft ce que j'appelle les attaches. Elles prennent la même forme que les mufcles (1) Teflac. lib. 2, cap. 15. pag. 86 6 87. fi Remarque, e BATTANSe 6?, ATTACHES pEs Mus- CLES, Le CHARNIE- RE. Des Lima- cons. Des Con- ques. s° LIGAMENT. Sa fituation, 0 PÉRIOSTE, xiv DÉFINITIONS DES PARTIES dont je parlerai ci-près (1); & c’eft pour cette raïfon que dans mes defcriptions je ne diflingue point cet article de ce- lui des mufcles, pour éviter les répétitions. Il n’eft pas ordinaire de trouver une charniere dans Ia. coquille des Zimacons operculés, on en voit cependant une apparence dans celle de la Nérite : il y a quelquefois à fon opercule O.( pl. 13. Dunar. ) deux dents q. r. qui s’engrai- nent avec deux dents pareilles de la lèvre inférieure de la: coquille. La charniere des Conques fe trouve toujours placée pro-- che des fommets & même au-deflous d’eux. Les dents qui la: forment font quelquefois en petit nombre, comme dans les. Tellines ( pi. 18. C. ); quelquefois elles font nombreufes, comme dans le Fagan, la Muflole, &c. (pl. 18. ). Elles fervent: à aflermir lesbattans, & à les contenir toujours dans la même. plice. Toutes les coquilles des Conques ont un Ligament qui les unit enfemble proche des fommets & de la charniere. Ce: ligament les aftermit, & les fait ouvrir par fon reflort qui à: quelque chofe de fpongieux. he. Il eft différent dans diverfes efpeces de Coquillages. Ceux dont la charniere n’eft point dentée l’ont en dedans, ou dans. l’épaifleur du talon ou des bords de la coquille, .comme. dans l’Huître, le Jambonneau, &c. (pl. 14. & 15. L.);,1l eft au contraire placé au dehors des coquilles dont la char- niere eft dentée, parce que s’il étoit placé en dedans il cou- vriroit les dents de la charniere, & rendroit leur ufage inu- tile:les Cames & les Pétoncles( p£. 16. & 18.) font dans ce cas. Ces derniers font ordinairement fecs & caffans lorfqu’ils paflent quelque tems hors de l’eau ; mais dans l’eau ils s’a- moiliflent comme un cuir fort, de forte qu’ils fe courbent & {e redreflent fans fe cafler dans le tems de l’accourcifflement & du relâchement des mufcles qui attachent intérieurement. Vanimal à fa coquille. Si l’on regarde les coquilles comme les os des Coquilla- ges, on doit regarder la membrane qui enveloppe la plüpart comme leur périoite. En effet elle en fait l’office, puifqu’elle contribue à leur confervation & à leur accroïfflement, Ce (1) Page Iv. & lv. seit DES COQUILLAGES. xlv périofte ne recouvre jamais leur furface interne, mais feule- ment l’externe, tant dans les ZLimaçons que dans les Con ques, quoique quelquefois il fe replie un peu fur leurs bords, comme il arrive au Jambonneau ( p£. 15. R.). Dans les unes il eft fort mince, comme dans les Vis ( p/. 4.) & les Pholades (p£. 19.) ; dans d’autres il eft fort épais, comme dans le Ni- var ( p£. 9.) & la Mufole ( p£. 18.) ; dans d’autres enfin il eft fi délié qu’il paroît ne pas exifter, ou même il n’exifte pas, comme dans les Porcelaines & les Tellines ( p. 4.6 19. ). Je ne difungue la Nacre comme partie de la coquille que pour faire connoître par ce titre quelles font celles qui en portent, celles qui n’en portent pas, & enfin celles dont la fubflance tient le milieu entre la nacre & la nature ordi- maire des coquilles. PARFFES DE L'ANIMAL. Mox deflein n’eft point de parlerici des parties intérieures qui regardent l’anatomie des Coquiilages. Ce fujet a été traité aflez amplement par plufieurs Auteurs célebres , tels que Harder (1), Heyde (2), Lifler (3), Swammerdam (4),Mr:. Mery (5), de Tournefort (6) & Duverney (7); d’ailleurs la ftructure de ces parties, leurs fonétions, leurs ufages, &c.. font pour la plûpart fi difficiles à déterminer , fur-tout dans les Bivalves, que les Auteurs que je viens de citer ne fe font prefque jamais accordés dans les noms & les ufages qu’ils leur ont attribué ; le petit nombre même qu’ils en ont dé- terminé fouffre encore des difiicultés, & laifle bien des chofes à defrer. Je me borne donc aux feules parties extérieures, à celles eo Examen Anatomicum Cochleæ terreftris demiportæ. (2) Anatome Mytuli. (3) Exercitatio Anatomica, prima de Cockhleis terreftribus & Limacibusi Exercitatio Anatomica altera de Buccinis fluviatilibus & marinis. (4) Biblia Nature. s) Moule d'Etang. Mém. de l Académie, année 1710. (7) Leurs manuferits font dans les regiütres de l’Académie. On fçait que M. Du- verney avoit travaillé avec un foin particulier l’anatomie des Coquillages : il feroit à fouhaiter que fes ouvrages fur cette matiere fuflent rendus publics , nous y trouve rions fans doute beaucoup d'éclairciflemens & d’obfervations neuves qui feroient éga- lement honneur à la nation & àla mémoire de ce célebre Anatomifte, . xp. La Nacre, xlvyj DÉFINITIONS DES PARTIES que la vûe & le toucher font appercevoir & reconnoître fa+ cilement fans le fecours du /Ca/pel anatomique: j'en diftingue vingt, qui font : 10. La Tête, 120. Les Trachées, 20. Les Cornes, 33 Les Ouies, 3°. Les Yeux. 14°. L’Anus. 4°. La Bouche. asso. Le Cœur. 5°. Les Mâchoires, 46°. Les Mufcles. 60. Les Dents. 17°. Le Sexe & les Par- 7°. La Trompe. ties de la généras 80. Le Col. tion. o°. Le Corps, 380. Les Œufs: zo°. Le Pied. so°. Les Filets, ai. Le Manteau, 20°, Les Fils. 1° La Tére eft une efpece d’éminence ronde & charnue, qui TÊTE fe préfente à la partie antérieure & fupérieure du corps des Limaçons (TT. Coret, planc. 1. ). Swammerdam y a {çu trouver un cerveau , qu'il dit être mobile & capable de fe porter de devant en arriere : 11 eft compofé de deux parties globuleufes, iéparées l’une de l’autre , à peu près comme dans le cerveau humain, Dans les Conques telles que l’'Huïître ( pZ. r4.), la Came (pL. 16.), &c. je n’ai encore rien apperçu, non plus que les obfervateurs, que l’on puifle regarder comme la tête, à moins qu’on ne veuille donner cenom à une petite éminence ronde qui eft au-deflous de la bouche ; en ce cas on feroit en droit de dire que les Conques ont la tête dans la partie inférieure de leur corps, au contraire des Zimagçons. 2°. Les Cornes ne fe trouvent que dans les Zimacons encore CorKes. quelques-uns d’eux en font-ils dépourvus, comme le Sor- met (pl 1.), & le Mouret ( pl. 2. ). Ceux qui en portent Leur nom- n’en Ont jamais moins de deux, & jamais plus de quatre. bre. Elles font toujours placées fur les côtés de la tête ou à fon Leur fiu- origine ( Coret , pZ. 1. ), ou à fon extrêmité ( Porcelaine, tion. n pl 4). Leur ftuc- Elles varient au Mi par leur ftructure interne. Dans le genre De du Limaçon terreflre | comme dans le Kambeul ( p4 1.), DES COQUILLAGES, xlvi ce font des efpeces de tuyaux creux C C. D D. qui ont la faculté de {e replier & de rentrer en eux-mêmes , par le moyen d’un muicle qui en ure l’extrèmix jufques dans l’intérieur de la tête. Ce mufcle eft le nerf optique lui-même, fuivant Swammerdam. Dans tous les autres Limaçons elles paroïffent compofces de fibres longitudinales , tantôt à un, tantôt à deux plans in- ternes & externes , entrecoupées de quelques anneaux ou mufcles annulaires , tels qu’on les voit aflez bien expri- més dans le Foflar ( pl. 13.). C’eft par le jeu de ces fibres que les cornes s’allongent ou fe raccourciflent au gré de l’animal : mais elles ne rentrent jamais ni au dedans d’elles- mêmes, m1 dans la tête, elles reftent au dehors confervant la plus grande partie de leur longueur. Tous les Auteurs modernes, fi l’on en excepte Swammer- dam (1), ont penié, fur la parole de Pline (2), que les Li- maçons fe fervoient de leurs cornes comme de guides pour fonder & tâter le terrein où ils avoient à marcher; mais on ne voit rien dans leur mouvement qui prouve une pareille attention dans ces animaux. Il femble même qu’elles leur font aufli inutiles que les cornes fuperflues ou embarraffantes de certains Infectes ; du moins leur ufage n’eft-il pas appa- rent. On fçait feulement qu’elles ont le fentiment trèsin, & plus délicat que les autres parties de leur corps. On n’apperçoit des Yeux que dans les Limacons ; mais tous n’en ont pas, comme l’on peut voir dans le Sormet( p£. 1.), & dans le Mouret ( p£. 2.) Leur fituation n’eft pas non plus la même dans tous : quelques-uns les portent à leur fommet ( Kambeul , Ormier , p£. 1.@ 2. Y Y.), d’autres vers leur mi- lieu ( Sakem p£. 7. Y Y.), & d’autres à leur origine ( Libot, pl.2. YY.) Ils is conftamment au nombre de deux. Swammerdam qui a examiné ceux du Limaçon terreftre, dit qu’ils ont la figure d’un bulbe, d’un oignon arrondi dans fa partie fupérieure, & applati du côté oppofé. Il n’y a ap- (1) Perperam autem fomniarunt quidam , quod Cochlea fuis corniculis , ut cæcus baculo fuo utatur, ad viam nimirum quam reptare debent inveftigandam, aut ad ex- plorandum taétuque dignofcendum , an dura fint objeéta vel mollia. Bibl. nar. vol. 2. pag. 158. ! 1 (2) Cochleis oculorun vicem cornicula bina prætentatu replent. Hi/. Mund, lib, 14, cap. 37. Leurufage. © YEU x. Leur fitua= tion. Leur nom bre. Leur ftruc- ture. r,0 AUS BoucHe des Limaçons. Ses Lèvres. Bouche des Conques. xlvij DÉFINITIONS DES PARTIES perçu qu’une feule tunique qu’il appelle l’uyée; elle en re- couvre la furface interne. Il à encore diftingué dans fon in- térieur les trois humeurs, l’aqueufe, la cryftalline & la vitrée. Malgré ce grand appareil, cet animal & tous les Limaçons, excepté le Pucelage, ont le fens de la vüe fi obtus, qu’il ne paroïît pas qu’ils faflent de leurs yeux le même ufage qu’en font les autres animaux. J’ai remarqué qu’en général ils étoient recouverts par la peau commune qui enveloppe les cornes & la tête ; & c’eft vraifemblablement fon épaifleur & fon opacité qui les émoufle & les rend inutiles. La Bouche eft fort petite dans les Limaçons, & placée au-deflous de la tête (Coret, pZ. 1. B.) ou à fon extrêmité antérieure ( Libot , planc. 2. B.). Elle paroît comme un petit fillon dont la forme varie fuivant les efpeces : dans les unes il eft longitudinal ou parallele à la longueur de la tête (Popel, p£. 10. B.); dans les autres il eft en partie longitu- dinal, en partie tranfverfal ( Bulin, pl. 1. B.). On peut ap- peller du nom de lèvres les bords de la bouche qui forment ce fillon : elles font ordinairement fort petites. | La bouche des Conques eftincomparablement plus grande que celle des Zimagçons. Elle fe trouve placée dans la partie la plus baffle de la coquille vers le côté gauche de fa char- niere. Tout ce que l’on y peut diftinguer, ce font quatre ef- peces de lèvres femblables à autant de feuillets charnus, ex- trèmement minces, qui bordent une ouverture qui aboutità leftomac par un éfophage fort court. Ces lèvres font divi- fées par le haut, & réunies quelquefois par en bas: elles s’agitent continuellement lorfque l’animal ouvre fa coquille, & obligent par ce mouvement l’eau de pafler dans l’ouver- ture qui lui fert de bouche. Leur tiflu paroït confifter en un nombre infini de fibres tranfverfales extrêmement ferrées. On ne trouve point de Mächoires dans les Couques. La plûpart des Limaçons en ont deux verticales , c’eft-à-dire, pofées lune au-deflus de l’autre, à la maniere des Quadru- pèdes : tel eft le Limaçon terreftre que j'appelle Kambeul (p£. 1.). Les autres n’en ont aucune , comme la Gondole (pl. 1.); ou bien ils ont en leur place une trompe qui fort au dehors, comme l’Yet ( pl. 3.). s a DES COQUILLAGES. xlix La mâchoire fupérieure eft communément d’une fubftance cartilagineufe, mais ferme, analogue à celle de la corne, &c de couleur d’écaille, geit-à-dire, brune tirant fur le rouge. Sa forme varie fuivant les efpeces : dans les unes elle repré- fente un croiffant ou un fer à cheval ( Kambeul , gen. 5. pl. 5. 3.) ; dans d’autres elle reffemble à un offeler triangulaire ou conique dont la pointe regarde en bas ( Libot , gen. 7. pl. 2.R.). Cette mâchoire ne paroît pas avoir de mouvement. La mächoire inférieure confifte en une efpece de mem- brane cartilagineufe, fort fimple, qui tapife le palais inférieur de la bouche. Cette membrane eft fufceptible de deux mou- vemens , dont l’un tend à la gonfler & à l’avancer fur les bords de la bouche fous la figure d’une-boule coupée en deflus d’un petit fillon, comme j'ai fait repréfenter celle du Limaçon en 7 ( pl. 1.); par l’autre mouvement elle rentre au dedans en formant des replis femblables à ceux d’une bourfe qui fe ferme. Au milieu du fillon & des plis, on ap- perçoit un petit trou qui répond immédiatement à l’éfophage: c’eft par ce trou que les alimens doivent pañler pour fe ren- dre dans l’eftomac. Je n’ai encore apperçu des Dents que dans la bouche des Limaçons, & tous les obfervateurs en ont cherché inutile- ment, ainfi que des mâchoires , dans celle des Conques. Dans les Limaçons qui ont la mâchoire fupérieure, c’eft la mâchoire même, qui, quoiqu'immobile , fait la fonction de dent ; foit qu’elle foit fimple & fans aucune divifion comme celle du Lépas ( gez. 7. pl. 2. R.), foit qu’elle foit relevée comme celle du Limaçon terreftre (gen 5. pl. 1. J.) de cinq à fix canelures qui débordent comme autant de dents. Les dents de la mâchoire inférieure font infiniment petites, prefqu’imperceptibles à la vûe, quoique le toucher les fafle quelquefois fentir. Regardées au microfcope, elles reflem- blent à autant de petits offelets cartilagineux, très-durs, dont la pointe fe recourbe vers l’eftomac, comme ceux de la lan e du Lion ou du Chat. Elles font ordinairement fort nom- breufes & diftribuées en pluñeurstrangs fur la mâchoire, dont elles recouvrent entierement la furface antérieure. Vers le tiers de la longueur de cette mâchoire, on décqu- yre à fa partie poflérieure, & à l'entrée de l’éfophage , une E Supérieure. Inférieure, 6? DENTS. De la mâs choire fupé- rieures De la mi- choire infe- rieure. Langue. TROMPE. 1 DÉFINITIONS DES PARTIES petite caroncule blanche, conique, & noire à fon extrêmité qui pend en bas : c’eft la langue de l'animal. Quant à la maniere dont il fe feng de fes mâchoires, de fes dents & de fa langue, voici ce que j'ai obfervé. Lorfqu’il veut manger quelque corps folide, comme font les feuilles d’une plante, 1l préfente fa mâchoire inférieure fur les bords de la bouche fous la forme d’une boule coupée en deflus d’un petit fillon, comme l’on voit celle du Limaçon ( 7. pl. 1.) ou celle du Lépas ( ». p4 2. ) ; 1l élargit enfuite ce fillon en avançant encore la mâchoire & lui faifant faire le cuilleron ; puis 1l la referme en pinçant & attirant à lui une portion de la feuille qu’il brife en la preffant contre la mâchoire fupé- rieure ( J. pl. 2. ),ce qui fe fait avec un bruit aflez fenfible & fort femblable à celui qu’on entend lorfque le ver à foie mange. Le morceau ainfi détaché de la feuille & finement broyé , entre par l’ouverture de la mâchoire inférieure dans léfophage, & va de là fe porter dans l’eftomac pour fervir de nourriture à l'animal. La caroncule que jai dit fe trouver à l'entrée de l’éfophage, & qui reflemble à une petite langue pendante en bas, fert fans doute à empêcher le retour des alimens, & à les précipiter dans l’eftomac. Telle eft la méchanique du mouvement des mâchoires dans les Limaçons qui en font pourvus. Elle eft à peu près la même dans tous, & ne differe pas fenfiblement dans les différentes efpeces. Dans les Limagons dont la bouche eft dépourvue de mâ- choires, on voit à leur place une efpece de 7'rompe ou de tuyau cylindrique, qui eft d’une grande longueur dans cer- taines efpeces , & beaucoup moindre dans d’autres. Cette trompe eft charnue , d’une fubftance mufculeufe, peu épaifle & fort fouple. On peut la regarder comme un éfophage allongé, qui à la faculté de fortir du corps & d’y rentrer comme dans un fourreau. Son extrêmité eft percée d’un trou rond , bordé tout autour d’une membrane cartilagi- neufe, aflez mince, femblable aux mâchoires inférieurés dont j'ai parlé ci-deflus, & dentée de même: Il n’y a que les Limaçons carnaciers qui foient pourvus de ces fortes de trompes:ils s’en fervent comme de tarriere pour percer Les coquilles des autres Coquillages dont ils DES COQUILLAGES. lj . fuccent la chair: Les alimens n’ont pas d’autre entrée dans le corps de l'animal que l’ouverrure de l’extrêmité de certe trompe. On en voit difiérentes formes à la lettre L. des plan- ches 3, 4 & 10. Tous les Limaçcons ont une efpece de Co! plus où moins long , qui fupporte la tête & l’éloigne du refte du corps, comme l’on voit dans le Coret & le Limaçon ( p£. 1. ). Îl n'y a rien de femblable dans les Conques. “Le Corps ou le tronc des Coquillages prend la forme de la coquille dont il remplit toute la capacité, de forte que quand elle eft fpirale |, comme font la plüpart des Zima- gons , 11 eft parelement tourné en fpirale ; lorfque la co- quille n’a point de fpires ou de volutes fénfibles , le corps n’eft point contourné : tel eft celui de quelques Lépas & de toutes les Conques. Rien ne reffemble mieux à un Pied que ce gros mufcle qui s'étend fous le col & une partie de la poitrine des Zimaçorrs. El eft applau en deflous , & formé par l’aflemblage d’un grand nombre de forts mufcles, qui font placés en long dans quel- ques-uns & en travers dans d’autres. Sa figure n’eft pas conf- tante : elle dépend des différens mouvemens que fe donne l'animal auquel il tient lieu de Pie. ‘Quand ii veut marchér, il donne à ce pied un mouvement d’ondulation femblable à celui des flots de la mer, & qui le tranfporte en le faifant, pour ainf dire, glifler d’un lieu à l’autre : c'eft le mouvement progreflif ordinaire à la plûpart des Limaçons dont le pied eft uni dans fa furface inférieure, Ceux qui, comme le Piétin ( gen. 4. pl. 1.P.K.), l’ont di- vifé en deux parties à peu près égales, s’en fervent d’une maniere toute différente : lorfqu’ils veulent avancer , ils ap- puient fortement fur le bord antérieur de @ pied ; c’eft le point fixe vers lequel tout le refle du pied, qui eft dans le relâchement ; eft amené : au contraire lorfqu'ils veulent re- culer , ils fe cramponnent fur fon bord poftérieur, & alors le devant qui eft dans linaétion eft obligé de fe rapprocher vers cette partie où Le point d'appui fe trouve dans ce tems-là. Le Pied n’a ni la “te forme n1 le même ufage dans les Conques , du moins ne peut-il ramper. Il eft quelquefois cy- lindrique, comme dans la Pholade, le Solen ( pl. 19.), &c. & 1] de jt P1eEp. Des Lima- çons. Des Con- ques. ra MANTEAU. Des Lima- çons, Des Con- ques, Son ufage, lij DÉFINITIONS DES PARTIES & communément applati fur les côtés & fort tranchant (Ca . me, pl. 16 & 17. Telline & Pétoncle, pl. 18.);il fert aux unes de point d'appui pour fe pouffer & s’avancer, & aux autres de reflort pour fauter avec force, comme il arrive aux Tel- lines. Il y a auffi quelques genres dans lefquels il manque abfolument : telle eft l’'Huître( p£. 14:) J’appelle du nom de Manteau cette membrane mufcu- leufe, ordinairement aflez mince, qui recouvre & tapifle les parois intérieures de la coquille. Sa figure n’eft pas la même dans tous les Coquillages, & dans le même animal elle varie d’un inftant à l’autre, felon la différence des mouvemens qu’il fe donne. Dans quelques Limaçons , comme dans le Kambeul ( gen. $. planc. 1. M. ), cette membrane forme le collier en environnant le col de l’animal : dans d’autres, tels que la Porcelaine ( p/. 4. M. N. ), le Pucelage( p£.s. M.), le Mantelet( pZ. s. M. N.), elle forme le manteau en enve- loppant & recouvrant non-feulement le dedans , mais même le dehors de la coquille. Dans les Conques cette membrane fort rarement hors de la coquille, mais elle enveloppe tout le corps de l'animal, foit en fe divifant en deux, comme dans J’Huître ( p/. 14. B. T.F. M. A. ), foit en faifant une efpece de fac ouvert par les deux bouts, comme dans le Solen ( p.19: M. N.), la Pho- lade ( pZ. 19. M. ), &c. C’eft à caufe de l’inconflance & de l’irrégularité que j'ai remarqué dans la forme que prend cette membrane dans divers Coquillages, que j'ai crû devoir changer fon nom de Collier en celui de Manteau. Ce terme ne défignant qu’une enveloppe en général , pourra convenir à tous les Coquil- lages qui ont une enveloppe femblable , quelque figure qu'elle puife | veae . Le principal ufage du manteau dans les Coquillages, eft d'empêcher que l’eau n’entre dans la coquille cohtre la vo- lonté de l’animal , ou de la retenir à fon gré. Dans les Con- ques, par exemple, où il n’eft pas d’une piece, mais divifé en deux lobes, lorfque la coquille s'ouvre, les deux lobes s'appliquent exactement l’un contre l’autre de maniere que l’eau du dehors ne peut y entrer, ni celle du dedans en fortix fans la participation de l’animal, DES COQUILLAGES, liij Le manteau porte unç ou deux ouvertures qu’on peut appeller Z'rachées , à caufe de leur ufage, & dont la fituation varie fuivant les différens Coquillages. Dans les Zimaçons 1l n’y a qu’une trachée dont l’ouver- ture fe trouve fur les bords du manteau , comme dans le Li- maçon ( p£. 1. À. ); ou bien elle forme un long canal ou tuyau fort de la coquille , comme dans les Pourpres L 7. K.). AA eft placée à droite, vers le dos de l'animal, dans tous les Limaçons, excepté dans ceux qui ont leur cequille tour- née à gauche, comme le Bulin & le Coret( p/. 1. ): ceux-là l'ont à gauche, | On apperçoit encore affez fouvent une feconde ouverture un peu plus petite que la trachée, & placée ordinairement un peu au-deflous ou par derriere elle; c'eft celle où fe trouve Panus : elles font féparées l’une de l’autre par une cloifon médiocrement épaifle qui leur ôte toute communication. Dans les Conques le manteau fait quelquefois deux ou- vertures pareilles, comme dans le Jataron ( pZ. 15. T. A.), & quelquefois il laifle fortir hors de la érable deux tuyaux inégaux ( Pétoncle, p£. 18.T. A.), dont le plus grand eft ordi- nairement le plus proche du ventre de l’animal , & le plus petit eft placé derriere ou vers le dos de fa coquille. Ces deux tuyaux communiquent ordinairement enfemble & font par conféquent deux trachées : je nommerai celle qui eft la plus proche du ventre de l'animal la Trachée antérieure ou fu périeure, & celle du dos la Trachée poftérieute ou inférieure. L'ufage de ces trachées n’eft pas équivoque lorfqu’on les obferve pendant quelques heures. On voit que celle des Zi magons äfpire l'air ou l’eau, qui eft enfuite rejetée dehors ( 1 ). La trachée antérieure des Conqgues attire pareillement l’eau, & la trachée poftérieure la renvoie : 1l leur arrive cependant quelquefois de la rendre par la même trachée qui l’a reçue, (x) In hoc labio five limbo bini ad dextram hiatus confpiciuntur , alter excernendis fœcibus dicatus ; alter attrahendo & emittendo aëri inferviens. Swammerd. ( de Cochleà Vinearum , five arme, Bibl. nat. vol. 2. pag. 99. Hujus Te cartilaginis ufus eft, ad aquam aëremve aquatum recipiendam , ejicien- damque ad branchiarum officium ...... Hic itaque tubulus tracheæ five foraminis branchialis . ..... ufum præftat. Lifter. ( de Purpurà, Buçcino marino craflo ,rufeg cente , fiato & undato, ) Exercir, anar, alt. pag. 74 12°, TRACHÉES, Des Lima- çons, Des Com ques: Leur ufige, 13°. QOuiezs. Des Lima- çons, Des Con- quese iv DÉFINITIONS DES PARTIES L'eau ainf attirée va fe rendre aux opies (1 ), & fertfeulemenr, dans les Limaçons, à procurer à l’animal l’air qui lui eft né- ceflaire : mais dans les Conques elle a un ufage de plus; elle {ert encore de véhicule au limon qui doit faire leur nourri- ture, & qu’elles ne peuvent prendre que par la trachée an- cérieure, n'ayant, comme je l'ai déja dit, ni col, ni tête ni bouche allongée qu’elles puiflent porter au dehors comme font tous les Limaçons. On apperçoit fur le dos des Limaçons ,au-deffous du man- teau vers l’origine de la trachée, quatre petites Ouies noï- râtres , deftinées à féparer l'air qui eft contenu dans l’eau, ê& à le tranfmettre à l’aorte qui vient fe joindre à elles pref- que à fa fortie du cœur (2). Ces Ouies font beaucoup plus grandes & placées diflé- remment dans les Cozques. Elles enveloppent & recouvrent entierement le pied ou le ventre de l’animal , fur les côtés duquel elles font attachées deux à deux vers le dos de la co- quille, dont elles égalent à peu près la longueur. Par leur fubftance elles reflemblent à quatre feuillets membraneux extrêmement minces , taillés en demi-lune, & formés par un tiflu de petits tuyaux tranfverfaux , difpofés comme des tuyaux d’orgues, fort ferrés & unis étroitement les yns aux autres. On voit fur le dos de chacun de ces feuillets un rang de petits trous ovales, par lefquels l’eau entre dans les tuyaux & les fait gonfler. J'ai remarqué qu’en les fouflant par ces trous, on les fait gonfler facilement. Ces tuyaux font quel- quefois coupés par d’autres tuyaux longitudinaux un peu plus gros & aflez écartés, qui paroïflent autant de fibres def: tinées à aflermir leur afflemblage. Je n’ai point fait figurer ces parties, parce qu’il eff rare qu’elles fe préfentent aux obfervateurs qui ne cherchent point l’anaromie des Coquillages, quoiqu'il foit toujours fa: cile de les découvrir fans le fecours du fcalpel. | (x) Athæc ( Trachea ).... non branchiarum vicem explet, ut voluit Columna, fed ad ipfas branchias aquam ducit reducitque. Æjz/d. ibid. pag. 75. (2) Etenim ad fundum hujus duétüs extemporanei ( Tracheæ fcilicet }, intrà cavi- tatem dorfalem binæ branchiæ nigricantes poftæ funt, ad has vero ( quod in coëta animali clarè videre poteris) reétà fertur arteria aorta, è corde exiens. Præter branchias autem illas exiguas nigricantes , aliæ ampliflimæ branchiæ & mi- nùs nigricantes fecundèm membranam dorfalem protenduniur , illafque paryas qualj ampleétuntur, Jbid, | DES COQUILLAGES. ty Pour trouver l’Anus dans les Limaçons il ne faut que chercher l'ouverture qui touche immédiatement la trachée. On apperçoit un peu au-deflous de fes bords, l’extrêmité de l'intefhn qui vient s’y décharger. C’eft l’anus ( Limaçon, pi 1. A. ) qui eft, comme la trachée, aflez éloigné de la bou- che par laquelle les Limaçons prennent leurs alimens. Dans les Congues l’Anus fe trouve pareillement dans la trachée poftérieure ( Jambonneau , p£. 15. a. ) qui eft analo- gue à l’ouverture des Zimagons, dont je viens de parler. IL reflemble à l’anus des Zimascons en ce qu’il touche prefque la trachée antérieure : mais il en differe en même tems en ce qu'il eft auf proche qu’il puifle l'être de l'ouverture par la- quelle l'animal reçoit la nourriture qui doit être portée à fa bouche ; de forte que comme la trachée poftérieure pompe quelquefois l’eau, & par conféquent les alimens, on pour- roit dire avec aflez de fondement que ces animaux prennent leur nourriture & rendent leurs excrémens par le même canal. 3 Les Excrémens font différens dans les différens Coquilla- ges ; parmi les Limagons on en voit de vermiculés ou de con- tournés comme des petits tourillons de corde ou de fil: tels font ceux du Bulin, du Coret & du Kambeul ( pz. 1): les au- tre$ les rendent en petits grains, comme on l’obferve dans la Toupie ( p£. 12. ) & la plüpart des Congues. Quoique le Cœur foit réputé comme une partie interne, je crois cependant qu’il eft à propos de faire remarquer qu’il eft toujours placé vers la furface du corps des Zimaçons, dans le fond de la cavité que forme le manteau. On le trouve à droite dans le Bulin & le Coret( p£. 1.), par une fuite né- ceflaire du contour de leur corps de gauche à droite, au con- traire des autres Limagçons qui l’ont à gauche, Il à un mou- vement très-fenfble, par lequel il monte & defcend alterna- tivement: Il n’eft pas auf facile d’appercevoir le cœur des Conques; il eft caché dans l’intérieur de leur corps fous le ventricule, Willis aflure avoir apperçu dans celui de l’Huître le mou- vement de fyftole & celui de diaftole, Les Zimagçons dont la coquille n’a qu'une feule piece, comme font les Trivalyes des planches 1,2,3,4&5, 149 ANUSs. Des Lima- çons, Des Con- ques, Excrémens, 1e" Corur. Des Lima- çons. Des Con- ques. 16°, MuscLes, Des Lima- çons Unival- ves, Des Lima- çons Opercu- les. Des Con- ques, Leur ufage, 17°, Sex Er. Ivj DÉFINITIONS DES PARTIES n’ont qu’un feul Muftle qui attache leur corps à la coquille, par une petite partie du dos & à peu près vers le milieu de fa longueur. Ce mufcle forme un large tendon , femblable à un ruban fort mince, qui fe divife un peu au-deflus de fon infertion en deux ou trois rubans principaux. Chacun de ces rubans fe fubdivife en plufeurs autres rubans plus petits, qui fe difperfent &c fe diftribuent dans toutes les parties du corps. | Les Limagons Operculés qui ont deux pieces à la coquille, ont deux mufcles diftingués , dont le premier qui les unit à la coquille refflemble à celui des Univalves: l'autre qui tient à l’opercule eft ordinairement rond & fort large, mais peu épais. Les Coquillages que j'ai fait repréfenter depuis la 6° jufqu’à la 13° planche font de ce nombre. Parmi les Conques il y en a qui, comme l’Huître, n’ont qu'un mufcle qui leur traverle précifément le milieu du corps, pour s'attacher au milieu des battans de la coquille: on voit les impreflions de ces attaches en EE. planche 14. D’autres en ont deux, telles que les Cames ( pZ. 16 Ee.), les Tellines ( pZ. 18. Ee. ) & plufeurs autres. Îls traverfent ordinairement les deux extrêmités de leur corps pour latta- cher aux extrêmités de la coquille. : Il y en a qui en ont trois ou quatre, ou même davantage, comme les Jambonneaux ( p£. 15.E. e.j.1.). Ces mufcles font tantôt ronds, comme dans le Solen, (pl. 19.), tantôt ovales (Ee }), ou de toute autre figure, ordi- nairement très-épais, & d'autant plus longs que les coquilles qu'ils attachent ont plus de concavité ou de profondeur. Ils font compofés de fibres droites & verticales, comme il paroît quand on les fait bouillir : dans l’endroit où ils s’unifent à la coquille, ils acquierent fouventune dureté femblabie à celle de la pierre. ; Leur ufage eft d’écarter les battans, ou de les rapprocher, pour ouvrir ou fermer la coquille, au gré & fuivant les be- foins de l'animal. Après fa mort, ces mufcles fe relâchent de maniere que les battans reftent continuellement ouverts où écartés l’un de l’autre. Il n’y a peut-être pas d’endroit par où les Coquillages foient plus bizarres & en même tems plus admirables que PH DES COQUILLAGES. {vi par le Sèxe : dans les uns il eft diftingué ; on voit des indi- vidus mâles & des individus femelles, comme dans l’Yet (pL 3.), la Pourpre ( p£. 7.),la Toupie (p.12. ),&c. Dans les autres le fexe eft réuni ; ceux-ci font appellés herma- phrodites. 6 On peut diftinguer trois fortes d’hermaphrodifme dans les Coquillages : 1°. Celui auquel on n’apperçoit aucune des parties de la génération, foit mâles, foit femelles ; & qui fans aucune efpece d’accouplement, engendre fon femblable : 1l eft particulier aux Conques. 2°. Celui qui réuniflant en lui les deux efpeces de parties fexuelles, ne peut fe fuffire à lui-même , mais a befoin du concours de deux individus qui fe fécondent réciproquement & en même tems, l’un fervant de mâle à l’autre, pendant qu’il fait à fon égard les fonctions de femelle. Cet herma- phrodifme fe voit dans le Limaçon ( pl. 1.) & dans quelques autres , dont l’accouplement fe fait en élevant leur col en face l’un de l’autre, & l’approchant réciproquement par le côté. 3°. Celui qui poflédant les deux efpeces de parties géni- tales à befoin de la jonction de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en même tems à caufe de l'éloignement de leurs organes. Cette fituation défavantageufe les oblige de monter les uns fur les autres pendant l’accouplement. Tel eft l’hermaphrodifme du Bulin & du Coret ( p£. 1.):fi um individu fait à l’égard de l’autre la fonction de mâle, ce mâle ne peut être fécondé en même tems par fa femelle, quoi- qu’hermaphrodite; il ne le peut être que par un troifiéme in- dividu qui fe met fur lui vers le côté en qualité de mâle. C’eft pour certe raïfon que l’on voit fouvent un grand nombre de ces animaux accouplés en chapelet les uns à la queue des autres. Le feul avantage que cette efpece d’hermaphrodites ait fur les Limaçons dont le fexe eft partagé, c’eft de pouvoir féconder comme mâles un fecond individu, & être fécondés en même tems comme femelles par un troifiéme individu. Il ne manqueroit plus aux Coquillages, pour réunir toutes les efpeces d’hermaphrodifmes, que de pouvoir s’accoupler à eux-mêmes, & être en mêrne tems le pere & la mere du même gnimal. La chofe n’eft pas impoffible, puifque plufeurs font k Hermaphre- difine de trois efpeces, vi DÉFINITIONS DES PARTIES pourvüûs des deux organes néceflaires ; & peut-être quelque obfervateur y découvrira-t-l un jour cette forte de généra- tion, qui ne doit pas nous paroïître plus étrange que celle des Conques, des Polypes & de tant d’autres animaux fem- blables qui fe reproduifent fans accouplement fenfible , & fans aucun des organes requis dans les autres animaux pour opérer la génération. Siuationdes Dans les Zimaçons dont le fexe eft partagé, l'ouverture de parties de la l'organe eft placée fur la droite de l’animal. genération. , à x bn de : : Les parties mafculines & les parties féminines font unies enfemble, & ont beaucoup de chofes communes entr’elles , dans les hermaphrodites de la feconde efpece : elles mont qu'une ouverture commune qui fe trouve fur le côté droit a l’origine des cornes. Dans les hermaphrodites de la troifiéme efpece, chaque organe a fon ouverture diftinguée , l’une à l’origine des cor- nes, & l’autre beaucoup au-deflous ; toutes deux du côté gauche dans les Zimacons dont le corps tourne en defcen- dant de gauche à droite comme le Bulin & le Coret( p4. r.), & au contraire du côté droit dans ceux où il tourne de droite à gauche, comme je l’ai obfervé dans quelques Coquillages d’eau douce (r) qui fe trouvent aux environs de Paris dans la petite riviere des Gobelins. Les Coquillages d'fferent encore beaucoup dans la ma- niere de faire leurs petits : les uns font Vivipares, comme la plûüpart des Conques, & quelques Limaçons tels que l’'Yer ( p£. 3. ): les autres font Ovipares. Parmi les Ovipares , il y en a dont les œufs font recouverts d’une croûte à la maniere des œufs des Oifeaux & des Rep- tiles: tel eft le genre du Limaçon terreftre ( pl.r. Kambeul. O.). Il y en a d’autres dont les œufs font environnés d’une ef- pece de gêlée qui les unit les uns avec les autres à peu près comme les œufs des grenouilles ou de certains poiflons : tels font ceux du Bulin & du Coret( pZ. 1.). Dans d’autres , comme dans les Pourpres ( pl. 7. ), les œufs font des efpè- 6. (x) Buccinum fubflavum, pellucidum, fex orbium, claviculà admodum tenui , pro- duétiore Anglicum. Liff. hift. Conchyl. rab. 123. fig. 21. & tab. 124. fig. 24. » Buccinum fubflavum , pellucidum quatuor orbium , ore ampliflimo , mucrone acuto. Ejufd. tab. 123. fig. 22. DES COQUILLAGES. lix ces de facs membraneux, ovoides ou fphériques , quelque- fois folitaires , & ordinairement réunis en une mafle que l'on appelle en latin Favago (1), parce que leur affemblage imite en quelque forte celui des cellules d’une ruche à miel. Chacun de ces facs contient plufeurs petits qui en fortent dans leur maturité, quoiqu’Ariftote (2), Rondeler & leurs feétateurs ayent dit le contraire, dans la perfuañon où 1ls étoient que tous les Coquillages devoient leur origine uni- quement au limon & à ia pourriture. Le nombre des petits eft très-confidérable dans les Cor- ues ;1l va jufqu’à plufieurs milliers: 1l eft beaucoup moindre + les Limaçons Operculés, & encore moindre dans la plüpart des U/nivalses. Les petits des Coquillages Vivipares font revèêtus de leur coquille en fortant, & même bien avant de fortir du ventre de la mere. On voit pareillement la coquille déja formée à ceux des Ovipares avant qu’ils fe foient débarraflés de la gêlée qui les enveloppoit. Dans les Coquillages qui font deftinés à changer de place, la coquille eft fort nette au dehors ; au lieu que dans ceux qui, comme les Huîtres, doivent refter fixés pendant toute leur vie, elle eft d’abord couverte d'une matiere mucilagi- neufe capable de la coller aux difiérens corps auxquels 1ls uvent toucher. C’eft par ce moyen que fe fait la premiere adhéfion ; elle fe fortifie enfuite par les fucs pierreux qui fer- vent à l’accroiflement de la coquille. Indépendamment des parties dont je viens de parler, & qui ont des ufages aflez connus, il s’en trouve quelques autres auxquelles on ne peut affigner aucun ufage, & qui paroïflent n’être qu’un ornement: tels font les Filets que l’on voit au pied de l’Ormier & du Lépas ( planc. 2. F. G.), du Sabot ( pl. 12.F.), & ceux qui bordent le manteau de l'Huître ( pl. 14 FF.), ou du Jambonneau ( p£. 15. T. t. ). (1) Purpuræ verno tempore eumdem in locum fefe colligentes , condunt quam favaginem (wsxiemper ) nominant, quæ veluti favus eft apum, verùm non ità elegans, fed quañ ex putaminibus cicerorum alborum multa inter fe compofita, ftruem unam fuà cohæfione coagmentatam. Arift. hifl. anim. Lib. $. cap. 15. (2) Nuüllum ïis (Ovis) patet foramen, neque ex its nafcuntur Purpuræ. Sed cum Purpuræ , tum etiam reliqua teftis inclufa à limo ferè & materià putrefcente oriuntur. Ejufd. ibid. ki Nombre des petits, 19°. FILETS. 20°, F1zs, x DÉFINITIONS DES PARTIES, &c. Tls font à peu près de même nature queles cornes de la plûpart des Zimasçons, c’eft-a-dire, qu’ils font peu fufceptibles de contraction ou de dilatation , & formés de plufeurs rangs de fibres longitudinales & de fibres tranfverfales. Il y en a quelques-uns, par exemple ceux de l’'Huître, qui étant cou- pés s’agitent pendant fort long-tems : ils n’ont aucun mou- vement progreflif, mais ils remuent fi conftamment daris la même place, que la vüe en eft fatiguée(r ). Les Conques font quelquefois aflujetties au fond des eaux par différens Fils, qui font ou diftingués, comme dans le Jam- bonneau ( gen. 3. pl. 15.F.), ou réunis en un nerf, comme dans la Mufole ( planc. 18. ). Ces fils partent de l’origine du pied de l'animal. Ils font d’une nature analogue à celle des cheveux, ou des fibres nerveufes des Quadrupèdes. Les Co- quillages qui ont de ces fils, reftent toujours fixés dans le même lieu; & lorfqu’on coupe leurs fils, 1ls ne tardent pas à en pofer d’autres avec leur pied qui leur fert de conduéteur. C'eft par fon moyen qu'ils fe fixent de nouveau aux corps immobiles qu’ils rencontrent, comme je l’ai obfervé dans le Lulat, efpece de Jambonneau dont je parlerai ci-après dans l'Hiftoire des Coquillages (2). (x) Cette remarque paroît avoir été faite par Leuvenhoek, {2) Voyez la page 210. DES RAPPORTS OU DES COMBINAISONS, Autrement appellées fyflêmes, ou arrangemens méthodiques, que l’on peut faire fur les Coquillages. A ANT il y à de manière de confiderer les Coquillages, autant on peut faire de méthodes ou de fyftèmes fur cette partié de l'Hiftoire Naturelle. On peut, comme je l'ai fait, d’abord les divifer en deux familles principales; favoir, les LimAçons & les CoNQuEs; & enfuite les regarder fous deux points de vue généraux , quant à l'Animal & quant à fa Coquille. Enttons dans le détail. RAPPORTS PAR LA COQUILLE. LIMAÇONS. Dans la Coquille des Limaçons, je diftingue 6 parties principales, qui font, 1°. Les Spires. 4%. L'Opercule. 2°. Le Sommet. $°. La Nacre. . 3°. L’'Ouverture. 6°. Le Périofte. C'eft de ces 6 parties que je vais tirer les arrangemmens fuivans, TASER EMDIE' SLR A REPIO RTS ne Les fpires peuvent être confiderées, 1°. par leur nombre, 2°. par SPIRES. [eur figure, 3°. par leur fituation. Ixij D 1° Limaçons qui n'ont pas de fpires. Limacons dont les fpires for- ment un ombilic au haut, c'eft-a- Limacçons dont Les fpires for- ment un ombilic au fommet de la Limaçons dont les fpires ne forment pas d'ombilic, ni au fommet, ni à la bafe de la Coguille. dire, alabafe de - la AE PHP a Li Univaves. || Univazves. | UNIVALVES. | Univaives. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1. o. Goflon. pl.1.\Bulin. pl.1.]Jamar. pl.6. Barnet, pl. 10. l'E 2 METRE | ST Melar. Jol. Libor. 1, 2. , ! ietin, Tilin. Nifot. Liri. Ê OPErCULÉS. | OPERCULÉS. Kambeul. Mafan. Rac. Soron. Labarin. pl. 7 LA Pouchet. Coupet. Funon. Gadin. Téfan. Ormier. pl. 2. Chotin. Soni. Mouret. Cofar. pl. 9, Sigaret. Loman. Dip. Dafan, Bofon. pl. 12, Yet. pl) Salar. Popel, Gival. Vaflet. Philin. ‘” [Sakem, pl. 7. Cerite, Sulin. Fujet. 4 à Pakel. Goumier, Garnot. Lonier. Mira, pl.4.| Sador. Chadet. Jenac. Livon. Rafel. Minjac, Degon. Kalifon. Dit, tes Fafin. Des ane | LOTERIE ul Saburon. + OPERCULÉS. || Natice. Porcelaine. Covet pl. 8. Vermet. p.11. ©. Fabel. Narel. Miga. Lifpe. Gochet. Egouen. Totombo Dofan. Bobi. Voet. Daün Duchon. Jabik. Mañier. Girol. Samier. Jelin. Agaron. Solat. mr Pl.r2. - Bivet. aki. Be à Giton. Rifet. Bitou. Lipin. Ofilin. Dre, Sirat. Retan PApee Bolin. Sari. Simeri. Jätou. pl. 9. sis Stipon, Lofet. 0e Suga. Dunar. pl.13. Tafon. Tadin. Goufol. Lagar. Bigni. Selot. Siger. Kifer, Staron. - Kalan. Nivar, Blatin, Silus. Farois. Genot. 0 DÉS COQUILLES DES ANIMAUX. Ixiij << — —— — — o 2 « Limaçons dont les [pires tournent en defcendant De gauche à droite, ou au | contraire, en montant de droite à gauche. On les appelle Bouches à gauche. A ————— ————————— UNIVALVES. OPERCULÉS, à droite. UNIVALVES. Bulin. pli, CA Goflon. pl.1.|Jamar. pl.G. Jaton. pl. 9. Coret, Pietin. Melar. Cofar. Limaçon, Tilin. Lofet. Coret. Mafan. Suga. : Coupet. Tafon. San. PA Done Goufol. Loman. Bigni. Se PL:3-| Salar. Siger. 5 me Sakem. p1.7. Staron. Miran, pl.4.|Pakel. Kalan. Rafel. TERRA dre Z es Minjac. sg rvan. Téfan _ Faval. è FäGn: Farois. Re PRIE Genot, arel. Egouen. FA pl. 8. Eau pl.10. Bobi. Tr ga b Nifot Girol. otompbo. Vojet Rac. Agaron. Jabik, Funon, Majet. pl. 5.| Samier, Soni. Lupon. Solat. Dip. Bitou. Bee Popel. Potan : Cerite. Fali , Giton. G : alier. Lipin. oumier, Simeri, SE: Dé Bolin. er. Mefal, De droite à gauche , ou au contraire, en montant de gauche On les appelle Bouches à droite. OPERCULÉS. Vermet. pl.12. Lifpe. Dofan, Datin. Mañer, Jelin. Marnat pl. 12. Bofon. Daki. Rüfet. Ofilin, Retan. Vallet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin, Gor. Foffar. pl. 13. Natice. Fanel. Gochet. Dunar. Tadin. .… Lagar. Selot. Kifet, lxiv TABLE DES RAPPORTS eo Ép . Je confidere le fommet quant à fa grandeur comparée à celle de MMET: l'ouverture de la Coquille. 10. Il peut manquer ou n'être pas fen- fible. 2°. Il peut être pluf court que l’ouverture. 3°. 1l peut être égal à elle. 4°. Enfin il peut la furpafler en longueur. a 1e 2 Limaçons dans | 7 Re re Limaçons dont le fommet ef? plus court que l'ouverture. fenfible. UNIVALVES. UNIVALVES. OPERCULÉS Sormet. pl. 1. Bulin. pl.1. Yet. pl. 3] Jamar. pl.6. Vojet. pl. 8. Marnat. pl. 12. Goflon. Pietin. Philin. Melar. © Jabik. Ofün. Coret; Pouchet. Narel. pl.4. Tilin. Samier. Retan. Bobi. pl.4.]|Libot. pJ. 2. Porcelaine. Mafan. Solat. Dalat. Duchon. || Liri. Egouen. Coupet. Bivet. Foffar. pl. 13. Majet. pl.5.|]1] Soron. Bobi. Chotin. Lipin. Natice. Lupon. [| Gadin. Drchon. Loman. Sirat. Fanel. Bitou. Mouret: Girol. Salar. Bolin. Gochet, Dafan. Agaron. Sakem. p/.7.Jatou. pl. 9. Dunar. Orrrcurés. |] Gival. Potan. pl. 5. Labarin, Cotar. Tadin: Sulin. Tate Pakel. Tafon. Lagar. Qe Garnot. Sen Sadot. Goufol. Selot. Jenac. Stipon. Téfan. Bigni. Kifet, Kalifon. : Minjac. Siger. Ormier. Fafin,. Staron. Sigaret. Saburon, Kalan. ‘ Nivar. Genot. 4 I 2 RE PE RS EE D A 3°. 40% —— Limatons dans lefquels le fom- met eft égal à l'ouverture. Limacons dont le fommet eft plus long que l'ouverture. UnivaLves. OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. o. ‘Cove pl8, Kambeul. pl.1} Miga. pl. 8. Barnet. p/. 10. Vermet. p/.11- on Miran. pl. 4. Totombo. Jol. Lifpe. Kactin, Rafel. * | Giton. Nifot. Dofan. Nifat. Lofet. pl. 9. Rac. Datin. Arvan. Suga. Funon. Mañier. Faval. She ne Jelin, - 1D. Farois. Pt D pl. 12. Cerite. Rifet. Goumier. Valle Chadet. RE Degon. Sa. ; Ligar. Lonier, Gor. 2 IR On DES COQUILLES DES LIMAÇONS. Ixv On peur obferver trois chofes dans l'ouverture ; 1°. fa forme; 2°. fon canal; 3°. fes lèvres ou fes bords. 3°- OUvERTU- ———0 10, Figure de l'ouverture. Limaçons dont l'ouverture ef exa&ement ronde. UNIVALVES. o. OPERCULÉS. Popel. pl. 10. ‘ra À Goumier. Chadet. Degon. Ligar. Meñl. Vermet pl. 11. Lifpe. Dofan. Datin. Mañer. Jelin. Bofon. pl. 12. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. Vallet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Limaçons dont l'ouverture Limaçons à ouverture elliptique ou ovale. eft en demi-lu- ne. URIwALVES.| UNIVALVES. ; OPERCULÉS. Coret. pl. 1. Sormet. pl 1.; Sakem. pl.7. Pouchet. Bulin. Labarin. —| Kambeul. Pakel. OPERCULÉS. FE SHC Foffar. pl. 13] Liri. Tefan. Natice. EU Minjac. Fanel. Gadin. Fañn. Gochet. Mouret. Saburon. Dunar. Dafan. Covet. pl.8. Tadin. Gival. Miga. Lagar. Sulin, Totombo. Selot. Garnot, Vojet, Kifet, Jenac. Jabik. Kalifon. Solat. Ormier. Bivet. Sigaret. Feu Yet. ere Philin. 7" | Sirar. Miran. pl. 4. PU Rafel. Jatou. pl. 9. Nifat. Cofar. Arvan. ee Eva Thon. Bigni. Silus. Barnet. pl. 10. Jol. Nilot. Rac. Funon. Soni. Dip. Marnat. pl. 12. Pietin. Narel. Bobi. Girol. Majet. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon. Jamar. Melar. Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. Duchon. Agaron. Limacons à ouverture allongée. UNIVALVES. Gofon. pl. 1. pl. 4. Porcelaine. Egouen. pis. OPERCULÉS. Samier. pl.8. « pl9. fxvj . TABLE DES RAPPORTS 20, Canal de l’ouverture. Limacons dont l'ouverture n'a point de canal ni en haut ni en bas. forme de canal, au haut feulement. Univazves. | OPErcULÉS.| UNIVALVES. | OPERCULÉS. Sormet. pl.1.|Ligar. pl. 10. Miran. pl4|Sadot. pl.7. CRE F Mefal. L Rafel. d Fañn. n ulin. Vermet.p1r\ Nifat. Saburon. Core. Lifpe. é Arvan. Covet. pl.s8. Pietin. Dotin Faval. SPL Kambeul, Mañer. Porcelaine. RSC Pouchet. FAT Narel. Étoni, Libot. pl. 2. | Egouen. RE: D ol Girol. ps pl. 9. Soron: Daki. Agaron. Ré = Gadin. Rifet. Potan. Col, Mouret, Ofilin. Falier, DE Dafan. Retan, Simeri. a Gival, Vallet. Stipon, SA Sulin. Fujet, Fabre Garnot, Sari. Niger Jenac. Lonier. Blatin, Kalifon. Livon. Silus. Ormier. Dalat. ne Sigaret. Rte Nifot. pl. 10. Éd Soni. : Di pe Foffar. p2. 13. Natice. Fabel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kifet. Limaçons dont l'ouverture a un canal, ou une échancrure en Limaçons dont l'ouverture a un canal affez grand en haut, & un plus petit en bas. UNIVALVES. Yet. Pl 3. Philin. Bobi. ph4. Duchon. Majet. pl.s. Lupon. ds . Bitou. OPERCULÉS. rl. 6. Jamar. Melan. Tilin, Mafan. Coupet. Chotin. Loman. Salar. Sakem. pl. 7. Labarin, Pakel. Tefan. Minjac. Mica. 1. 8. Te Vojet. Jabik. Samier. Lipin. Sirat. Bolin. Cofar. Tafon. Farois. Genot. pl. 9. Barnet. pl. 10. Jol. Rüifet. Rac. Funon. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. Limaçons dont l'ouverture a les bords aigus UNIVALVES. Sormet. pl. 1.]Jamar. p/.6. Popel. pl. 10. DES COQUILLES DES LIMAÇONS. 3°. Lèvres ou bords de l'ouverture. TS ou tranchans , fans bourrelet. OPERCULÉS. Limaçons dont l'ouverture a Les bords arrondis ou obtus , fans bourrelet au de- hors, tirs entree UNIVALVES. Majet. pl. 4. Goflon. Melar. Cerite. Lupon, Bulin. Tilin, Goumier, Bitou, Coret. Mafan. Chadet. Simeri, pl.s. Pietin. Coupet. Degon. Stipon. Kambeul. Chotin. Ligar. iris Libot. pl 2. Loman. Méfal. OPERCULÉS. Liri. Salar. Vermet.pl.11.] Siger. pl. 9. Soron. Sakem. pl. 7. Lifpe. Son! Erin Labarin. Dofan. Kalan. ouret. Pakel. Datin. Dafan. Sadot. Mañer. Es pl.10. Gival. Téfan. Jelin. Ni. Sulin. Minjac. ainar #Lra 2 Garnot. Solat. pl.8. Bofon. "Pie" = AE lire Bivet. Daki. Soni. Kalifon. Giton. Rifet. Dip. Ormier. Lipin. Ofilin. : sb Cofar. pl. 9. Retan. Yet. PL 3: | Lofet. Vallet. Philin. Suga. Fujet. Miran, pl. 4. | Tafon. Sari. Rafel. Goufol. Lonier. Nifat. Bigni. Dalar. Arvan. Nivar. Kachin. Faval. Blatin. Gor. Silus. Foffar. pl. 13. de - 0 Phi 5} Farois. Natice. nt à Nivar. Fabel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Laçgar. Kilet. Ixvij Limaçons dont l'ouverture a or- dinairement un bourrelet au de- hors de La lèvre droite ; du moins dans leur vieillefe. UNIVALVESs, | OPERCULÉS. Pouchet. pl. 1.4 Fafin. pl.7. Porcelaine. pl. 4. Saburon. Narel. Covet. pl. 8. Egouen, Miga. Bobi. Totombo. Duchon. Vojet. Girol. Jabik. Agaron. Samier. Sirat. Bolin. Jatou, pl. 9. [xviij D'APRIE DE SU -RTAÏBIP OR TS Mr pet à Fo peut être confidéré quant à fa fubftance & quant à fs gure. 1°, Subftance de l’opercule. Limaçons qui n'ont pas : £ 3 7 / 5 Limacons dont . . ni s p < d'opercule. Limacçons qui ont un opercule de corne. L Oper. cule ef? PIETrEu x. Gochet. pl 13. Sormet. pl. 1. Miran. pl.4. | Jamar. pl. 6. Jatou. pl.g9. Vermet.pzri. Goffon. Rafel. Melar. Cofar: Lifpe. Dunar. Bulin. Nifat. Tilin. Lofet. Dofan: Tadin:. Coret, Arvan, Matan, Suga. Datin. Selot. Pietin. Faval. Coupet. Taton. Mafier. Lagar. Kambeul. Porcelaine. | Chotin. Goufol. Jelin. Küiet, Pouchet. Narel. Loman. Bigni. Marnat pl. 12. Libot. pl.2. Egouen. Salar. Siger. Bofon. Liri. Bebe Sakem. pl. Staron. Daki. Soron, pps : Labarin. Kalan. Rifet. Gadin. garon. Pakel. Nivar. Ofilin. Mouret.. Majet. pl.s. | Sadot.. Blatin Retan. Dafan. Lupon. Téfan Silus. Vaffet. Gival. Bitou. Minjac. Farois. Fujet. Sulin. Potan. Fafin. Genot. Sari. at ne Saburon. Barnet. pl. 10. Lonier. enac. imerie Joi. Livon. Kalifon. Stipqn.- vs FURS Nifot. Dalat. ur T a A Rac. Kachin. igaret. Vojet. Funon. Gor. Les pl 3 Jabik. Do. Se pl. 13. PET Ses Popel. HL Rise Cerite Gen. Goumer ini Chadet Lipins Dre Sirat. es Bolin. DES COQUILLES DES LIMAÇONS. D AS RE ST Semen te ee nca ne MR eee 2°. Figure de l’opercule. Limaçons dont Limaçons dont l'opercule ef nes dont elliptique ou oval. Limaçons dont l’opercule efl exaement rond. A 2 ————— Popel. pl. 10. Ofilin. pé. 12. Cerite. Retan. Goumier. Vaflet. Chader. Fujet. Degon. Sari. Ligar. Lonier. Mefal. Livon. V .pLit. Dalat, Lie. pri: Kachin, Dofan. Gor. Datin. Mañier, Jelin, l'opercule eft en demi-lune. Sakem. pl 7. Labarin, g Pakel. Dip. pl 10. Marnat. pl. 12. Bofon. Daki. Rüfet. Foffar. pl. 13. Natice. RES Fabel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Lagar, Kilèt. Sadot. Téfan. Minjac, Fafn. Saburon. Covet Miga. Totombo. Vojet. Jabik, Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin, pl. 8. pl 7. Jatou. Cotar. Lofet. Suga. T ni Goufol, Bigni. Siger. Staron. Nivar. Elatin. Silus. Barnet. p2. 10. Jol. } Nifot. Rac. Funon. Soni. pl. 9. lxix l'opercule efl fort alongé. Jamar. Melar, Tilin. Mafan. Coupet. ® Chotin. Loman. Salar. Samier. pl. 8. Kalan. pl. 9. Farois. Genor, pl.6. » © Ixx FAUIL'ENDIE SL R'APMO K'TS Parmi les Coquilles des Limaçons il y en a qui font nacrées, & d'autres qui ne le font pas. 5° NACRE. Limaçons dont la Coquille 1° o Ef? nacrée qu dedans. 2°, IN'eftnacrée, ni au dedans nt au dehors: Univarves.| OPERcCULÉSs. || UNIVALVES. OPERCULÉS. Ormier. pl 2.! Ofilin. pl. 12.]|Sormet. pl. 1. | Jamar. pl.6. Jaton. pl. 9. Vermet.pl.11. “ Retan. Goflon. Melar. Cofar. Lifpe. Vaffet. Bulin. Tilin. Lofet... Dofan. Fujet. Coret. Mafan. Suga. Datin. Sari. Piérin. Coupet. Tafon. Mañier. Lonier. Kambeul. Chotin. Goufol, Jelin, Livon. Pouchet. Loman. Bigni. Marnat. pl. 12. Dalat. Libot, pl, 2. Salar. Siger. Bofon. nn Liri. Sakem. pl.7. en Daki. Of. Soron, Labarin. N° un Rüifet. Gadin. Pakel. Vars Mouret. Sadot. Blaun, ras nb à Dafan. Téfan. Silus. Fabel ) Gival. Minjac. Farois. Code | Sulin. Fafn. Genot. Be Garnot, Saburon, Barnet. pl. 10. Tadin. Jenac. Coret. pl. 8, Jol. Selot. Kalifon. Miga. Nifot. Lagan, Sigaret. Totombo: Rac. Kifet, | Yet. plz. | Vojet. Funon. | Philin. Jabik. re EE Samier. 1pe (Ur PE AS ont. Popel. NE F Bivet. Cerite. ne Giious Goumier. Fe . Lipin. Chadet. IN GEAE Degon, Porcelaine, : : Bolin. Ligar. Ham Mefal. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. pl. 5. Lupon. : Bitou. Potan, Falier. Simeri. Stipon. DES COQUILLES DES LIMAGONS. Ixxj o Le Périofte recouvre la coquille de certains Limaçons; il y en a d’au- 6°. tres qui n’en ont point. On peut le confidérer par fon épaifleur. PÉRIOSTE. 1° N'a point de périofle fenfible UNIVALVES. Sormet. pl. 1] Téfan. pl. 7. Goflon, injac. Pietin, Solat. pl. 8. Libot. pl. 2.| Bivet. Soron. Giton. Gadin. Lipin, Mouret, Sirat. Dafan. Bolin. Gival. Jatou 1 . € .9 Sulin. Cofar. F Kalifon. Lofex. Ormier. Suga. Sigaret. Blatin. Yet. rl. 3° Silus. Philin Farois. Poreelaine. pl. 4. Genot. Narel. Nifot. pl. 10. Egouen. “ex Bobi. Funon. Duchon. ay, Girol. Dip. Agaron. Ligar. Majet. pl. 5.| Mefal. Lupon. vV RE Bitou. Lie. Pr Potan. Dofan. Falier. Datin. suien. Mafier. Supon. Jelin. Ofilin. p2. 12 Retan. Vaflet. Fujet, Sari. Lonier. Livon. Dalat. e Kachin. Gor. Foffar. pi. 13 OPERCULÉS. Limaçons dont la Coquille LA Ef recouverte a un périofte alex fin. UNIVALVES. pli. Bulin. Coret. Kambeul. Pouchet. Liri. Garnot. Jenac. Miran. Rafel. Nifat. Arvan. Favyal, pl. 2 pl.4. OPERCULÉS. Sakem. Labarin, Pakel. Sadot. Fafin. Saburon. Coret. Miga. Totombo. Tafon. Goufol. Bigni. Siger. Staron. Kalan. Barnet. pl. 10. Jol. Popel. Cérite. Goumier. Chadet. Degon. Marnat. pl. 12. Bofon. Daki. Rifet. Natice. Pl. 15. Fanel. Gochet. Dunar. Selot. Logar. Kilet. rl. 8. pl. 9. o Ars Eft recouverte d'un périofte épais. OPERCULÉSs. Jamar. pl, 6. ru pl. 8. Melar, Jabik Tilin. Santieé, Mafan. T: Céobét, Nivar, pl.0. Chotin. Loman. Salar, ne Ixxi TABLE DES RAPPORTS CONQUES. La Coquille des Coxques eft compofée de 7 parties principales, fçavoir , 1°. Les Battans. . Les Sommets, . La Charniere. 4°. Le Ligament. s°. Les Attaches. 6°. La Nacre. 7°. Le Périofte. Ces 7 parties fourniffent les arrangemens fuivans. Les Battans peuvent être confidérés en eux-mêmes, quant à leur figure ; oy relativement les uns aux autres, par rapport à leur grandeur. tee BarTTaNs, r° o 2 Conques dont les battans font parfaitement égaux Dont les battans font inegaux À Et ferment | Et laiffent quel- Et ferment exattement. Et laiffent quelques ouvertures. exattement. | ques ouvertures. = EE es L Brvazves. | Mucrivasves. | BivaLves, R MULTIVALVES: BIvVALVES. BivALVES. Lulat. pl. 15.|Ropan. pl. 194 Lifor. pl, 17. Julan. pl 1911 Gafar. pl. 14. | Chanon. pl. 15. Aber. Fatan. Tugon, [1 Garin. Effan. Dotel, Calcinelle. Taret. Vetan, Fonet. Vagan. Bajet. Apan. Gatan. ele Jéton. Mofat. pl. 18. An Clonifle. p.16. Koman. 1: Ajar. P Moins Jataron. pl. 15. Codok. Fagan. à Cotan. Robet. Mucrivacves. | MucrTivazvEs. Dofin. Anadara. © a. Gordet, Tagal. pl. 19. Pitar, Golar. Felan. Molan. Poron. pl. 17: Pirel. Lunot, Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Mutel. Pamet. pl. 18, Gafet. Nufar. Tivel. » Matadoa. Jagon. Jabet. Vovan. I OC NE DÉS COQUILLES DES CONQUES. On peut confidérer les fommets par rapport à leur grandeur, & la fituation qu'ils ont fur un des côtés des battans. Ixxiij à a à 27e SOMMETS: 1° Conques dont les fommets ne A l'une des font pas fenfibles. extrémités des battans. PRE ES BIVALVES. | Murrivarves. BivaLves. o. Julan. pl. 19. lugon. Taret. Ropan. | Î Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Garon. Satal. Jataron. pl. 15. Lulat. Aber. Dorel. Fonet. Apan. Jéfon. MULTIVALVES. Q: 2 Q Conques dont les fommets font Au-deffous du milieu des bat- tans. BivVALVES. Chanon. pl. 15. Clonifle. p.16. Ajar. Codok. Gordet. Pitar. Pirel. Lunot. Pegon. See Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Mutel. Pamet. pl. 18. Gafet. Nufar. Matadoa. Fagan. Robet. Anadara. Jabet. Muflole. pl. 17. MULTIVALVES. o. Au milieu des battans. BivALVES. Efan. pl. 15. Cotan. pl. 16. Dofin. Felan. Poron. pl. 17. Tivel. Mofat. Koman. Jagon. Movin. Vovan. MULTIVALVYESe Oo. pl. 18. Au-deffus du milieu des bat- Lans, BivaLves. Tagal. pl. 19. Golar. Molan. MULTIVALVES. o. Ixxiv T'ASBL'E DES, R'A4P PORT S Comme la charniere fe trouve placée, pour l'ordinaire , de la mème maniere que les fommets, étant diftribuée également fur leurs côtés, : nous ne parlerons point de fa fituation , mais feulement du nombre & de la figure de fes dents & de fes cavités. 3°: CHARNIE- RE. ES 1e. Ef? prefqu'in- fenfible, ou fans dents , 6 quel- qguefois avecune CAVilEs BivALves. Gañar. Pl14. Garin. Vetan. Bajet, Rojel. Lulat. ÂAber. Dotel, Fonet, Apan, Eïlan. plis. Mutel. pl 17. MULTIVALYES. Ropan. p£, 19: Conques dont La charniere o A AS une, deux, | 4 depuis deux jufqu’a fix dents ou trois dentsi. , L d ? b . H 7, arrondies , affez! inégales, dins chaque battant, 29 évales, & au-|@ qui font les unes comme de tant de cavi-{ longs filets, les autres arron- tés dans chaqu Edies , avec autant de cavités battant. . femblables placées entr’elles. MULTIVALVES. [on BIVALVES. BIvALVES. Guron. pl. 14. | Chanon.pl.15. Satal. Jéfon. Jataron. pl. 15. Mofat. Clonifle. p/.16. ann Âjar. Movin, Poron. p2. 17. Pirel. Aa Lunot. Pécon. Sue Tofar. Jouret, Lifor. Fatar. Calcinelle, Vagal. Gatan. Matadoa. MULTIVALVES. oO. 4° A plus de dix dents parfaite- ment fembla- bles , dans cha- que battant, & autant de ca- vilés propres & les recevoir. BIvVALVES. Fagan. pl. 15. Robet. Anadara. Jabet. Mufole. Voyan. MULTIVALVES. oO. o De: A une ou deux dents , fort rap- prochees , en forme de lan- \guettes allez longues, ou en cuilleron , & fans cavités en- tr’elles. BivALves. o. MULTIVALVES. Tagal. pl. 19. Gaar. J Molan. Julan. Tugon. Taret. DES COQUILLES DES CONQUES. Ixxv Le ligament differe dans les Conques, autant par fa forme que par 4°. la fituation : dans les unes il eft à peu près rond, & placé en dedans LIGAMENT. ou en dehois de la coquille, au-deflus ou au-deffous des fommets: dans les autres il eft allongé & placé de l'une de ces quatre manieres à l'égard des fommets. o Conques dont le ligamenr Le 20. a? Eft arrondi, & placé autour ou Eft allonge, € placé au- Eft placé entre les fommets, au milieu des fommets, deffus des fommets, & autour des fommets, en dedans. en dehors. en dehors. LE peaimnet F2 7: EL CEE PAR 7. AGUEAE ALVES. mn di DS BivALvEs. | Musrivaes. Bivazves. | Mocrivaivis Gafar. pl. 14. Lulat, pl15. ré Fagan. pl.18. Julan. pl. 1#1 Garin. Aber. Robet, Tugon, Vetan. Dotel. Anadara. Taret, Bajet. Fonet. Jabet. Ropan. Rojel. Apan. Muflole. Guron. Chanon. Vovan. e Satal. Jéfon. Jataron. pl. 15. Clonifle. p.16. Eflan. Ajar. Tr Lifor. pl.17. Codok. Fatan. Cotan. Calcinelle, Dofin. Pamet. pl. 18. ee. Gafet. Es Nufar. Poron. pl. 17. Tivel. Pirel. Matadoa. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Vagal. Gatan, Mutel, Mofat. pl.18. Koman. Jagon. Movin. Eng pl. 19. Golar Molan, 0 RE A Lt age Ixxv) TABLE DES:RAPPORTS # ?. Autant 1l y a de mufcles qui attachent le corps des Conques à leur TTACHES. coquille, autant il y a, dans les bartans, de taches qui défignent le lieu où ils étoient fixés. Ces mufcles, & par conféquent leurs attaches, va- rient par la figure , la grandeur & le nombre. Nous ne les examinerons ici que par le nombre. Conques qui portent dans chaque battant yo 2°. ET Une attache. Deux attaches. Quatre attaches. A on BivaLves. | Murrivarves. Bi V AT VIELS. Bivazves. | MUzTivaALvEs. Jafar. pl. 14. Julan. pz. 19. Jataron. pl. 1$. Pamet, pl. 18.| Lulat. p.15. de Garin, REC Jéfon. ‘ Gafet. Aber. Vetan, aret. Nuf. Dotel. is Clonifle. pl.16. !uar. RAI Qte Ropan. Pot P ivel. Fonet. tojel. Cod Matadoa. Apan,. xuron. Cor Mhofat. atal. Dora Koman. “hanon.plrs. Gordet, Jagon. Elan, Pitar. Movin. i Felan. Fagan. Robet. Poron. pl. 17. Anadara. Pirel. Taper Lunot. Muflole. Pegon. Vovan. Sunet. Tofar. Tagal. pl. 19. Jouret. Golar. CU Molan. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Mutel. MuLTIVALVES. Oo. DES COQUILLES DES CONQUES. Ixxvij Dans les coquilles des Conques, comme dans celles des Limaçons , il y en a qui font nacrées, d'autres qui ne le font pas, & d'autres dont la fubitance tient le milieu entre la nacre & la nature ordinaire aux coquilles. 6°. NACRE, Conques dont la coquille. Fes g. éd ns Tire un peu fur la nacre N'eft nacrée ni au dedans ni au rer Te en dedans. dehors. BivALvESs. BivALvESs. | Murrivazves. BIvVALVE.Ss. MULTIVALVES. Lulat. pl. 15. Gafar. pl. 14. Ke Jataron. pl, 15. Pamet. pl. 18.[Jülan. p.19. Aber. Garin. Jéfon. Gafer. Tugon. Dotel. Vetan. Cloniffe. pl. 16- Nufar. Lg Fonet. Bajer. Ajar. Tivel. opan. Apan. Rojel. CAidE: Matadoa. Chanon. Guron. RES Mofat. Mutel. pl. 17 Satal. Dofin. Koman. Me à Eflan. pl. 15: Gordet, Jagon. Pitar, Movin. MULTIVALVES. Felan. Fagan. 0. Robet. Poron. Pl: 17: Anadara. 2e Jabet. ae Muilole. Re : Vovan. net, Tofar. Tagal. pl. 19. N Touret. Goiar. Ltée: Molan. Fatan. L Calcinelle, Vagal, Gatan. Ixxvij T'AMB'L ES DYE S RAP NO RTS Le périofte peut être confidéré dans les Conques, comme dans les Limaçons , par rapport à fon épailleur. 2) PÉriosrTe. Corques dont la c.quil'e nee 22: 322 N'z point de périgfte Eft enveloppée d’un periofte Eÿj? recouverte d’un périofle fenfible. aflèz fin. épais. BivALVES. MULTIVALVES. BivALVES. Î MULTIVALVES. BivALVvES. MULTIVALVES, Jataron. pl. 14] Tatet. pl. 16.| Gafar. pl 14. Julan. pl. 19. Lula. plis. o. Clonifle. pl. 16. Ropan. Garin. 1 upon Aber. Âjar. Vetan. Dotel. Codol” Bajet. Fonet. Cotan. Rojel. Apan. Dofn. Guron. Anadara.p/.18. Gordet. Satal. Jabet. Pegon. pl. 17. É ER Muflole. Sunet. ES Tofar. Jéfon. Jourer. Pitar. pl. 16. Lifor. Felan. Fatan. Pp L Calcinelle. Prel. PE Vagal. Lunot. Gatan. Mutel. Fagan. pl. 18. p rs LE Robet. amet. pl. 18. CAE. P Molan. pl. 19. : Nufar. Tivel. - Matadoa. Mofat. pl. 19. Koman. Jagon. Movin. Tagal. pl, 19. Golar. À 1 DES ANIMAUX DES LIMAGONS. [xxix RAPPORTS PAR L'ANIMAL. LIMAÇONS. . On peut confidérer l’Animal des LiMAGONS par $ de fes parties prin- cipales, qui font, 1°. Les Cornes. 4°. La Trachée. 2P, Les Yepx. s°. Le Pied. 3°. La Bouche. De ces parties naïllent les arrangemens fuivans. ñ "11? La Les Cornes peuvent être confidérées, 1°. par leur nombre , 2°. par à Fr: leur figure , 30. par leur ficuarion fut la tète de l'animal. ARMES Le) 2? 1°, Nombre des cornes. Limaçons qui Limaçons qui n'ont point d. Limacons qui ont deux cornes. | OpÉ.quaire cornes. S cornes. UnivaLves. | UNIvVALvES. WIOTERCULESHU Univ Av 28: Sormet. pla.| Bulin. pl. |Jamar. pl. 6. Jatou. pl.9. Vermet.pl.11. Kambeul. pz. 1. Goffon. F4 Melar. Cofar. Dee Pouchet. 1e, 4" mn : Tilin, Lofet. ofan, . ‘ Mouret.. pl. 2. Libor. pl: 3: | Mafan. Suga. Datin.. Ormier. «pl, 2. Kalifon. x 5h Coupet. Tafon. Mafñer, _ - Gadin. Chotin. Goufol. Jelin. OPERCULÉS. OPERCULÉS. | Mourer. Loman. Bigni. Marnat pl.12.| Ofilin. pl 12. ©. CL Salar. Siger. Bofon. Retan. Sulin. Sakem. pl.7. Staron, Daki, Vaflet. * pere Labarin. Le Rüifet. Fujet, Kalifon. Pakel. Blain. Foffar. pl. 13. Sari. Yer. pl. 3. Sadot. Silus < Natice. Lonier. Philin. Téfan F. re Fabel. Livon. Miran. pll4. | Minjac. FA ve Gochet, Dalat. Rafel. Fafn. enot. Kachin. +07 Saburon. Barnet. pl. 10, Gb: Faval. Covet pl. 8. ee Dunar. pl. 13. De «ein Miga. R ot. é Tdi, Egouen. Totombo PEL. Selor, Bobi. Voijet. SE Lagar. Duchon, Jabik. Dis. Kifet. He. Samier, P Lw Majet ls Solat. Ci 4 Lupon, PS liver. pr Bitou. Giton. Chader. Te Lipin. D a y Elie ra. gone , : Ligar. Suipon, Bolin. Mefl. L'ABLE D ÊS Ixxx RAPPORTS 2°. Figure des cornes. Limaçons dont les cornes font coniques ou cylindriques , Sans renflement à leur origine. Avec un renflement à leur origine. UNIVALVES. OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. Bulin. 1 1. | Vermet pl. 11. Foffar. pl. 13. | Porcelaine. pl. 4°} Jamar. Le Coret. 5 Lipe. 1 Natice. Fe Narel. $ Mo r£ Je pl. 9: Pietin. Dofan. Fanel. Egouen. Tilin. ou Kambeul. | Datin Gochet. Bobi. Mafan. Re Pouchet. Mañier. Dunar. Duchon. Couper VTT nee Libot. pl 2. Jelin. Tadin. Girol. Chotin. Goufol. Liri. Marnat. pl. 12. Selot. Agaron. Loman. Bigni. Soron. Bofon. Lagar. Majet. pl.s. Salar. Siger. Gadin. Daki. Kifec, Lupon. Sakem. pl. 7. Staron. Mouret. Rüifet. Bitou. Labarin. Kalan, Dafan. Ofilin. Potan. Pakel. Nivar. Gival. Retan. Falier. Sadot. Blatin. Sulin. Vaffet. Simeri. Tefan. Silus. Garnot. Fujet. * Stipon. Minjac. . Faroiïs. is r Fañfin. Genot. alifon. es. Saburon. Barnet. pl. 10. Yet. rl. 3. Dal : Covet. pl. 8. Jol. Philin. pre Mi Nifot : Kachin. En és. Miran.… pl. 4 |] Gor Totombo. Rac. Rafel. É Vojet. Funon. Nifat. Jabik. Soni Arvan. Samier. Dip. Faval. Solat. Popel. Bivet. Cerite Giton. Goumier. Lipin. Chadet. Sirat. Degon. Bolin, Ligar. Mefal. f » PE LL Ro D D 3°, Situation DES ANIMAUX DES LIMAGÇONS. 3°, Situation des cornes. Ixxx Limaçons dont les cornes font placées A la racine de la tête. UNIVALVES. Bulin. L 1. ]Jamar. pl. 6. Coret. : Melar. Ë Pietin. Tilin. Libot. pl.2. Mafan. Liri. Loupet. Sron. Chotin. Cd Loman. Mouret. Salar. Dafan. Popel. pl. 10. Gival. Cerite. Sulin. Goumier. Garnot. Chadet. Jenac. Degon. Kalifon. Vermet p/. 11. Ormier. Lifpe. Yet. pl.3. | Dofan. Philin. Datin. Mañier. Jelin. OPERCULÉSs. Marnat. pl. 12. Bofon. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. Vaflet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dailat. Kachin. Gor. Foflar. pl. 13. Nid - Fanel. Gochet. Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kifet, A l'extrémité de la tête. UNIVALVES. imeri. Stipon. OPERCULÉS. rl. 9. Labarin. Cofar. Pakel. Lofet. Sadot. Suga. Telan. Taton. Müinjac. Goufol. Fañn. Bigni. : Saburon. Siger. C . 8. Staron. Men. pl. 8 Kalan, Totombo. Nivar. Vojet. Blatin. Jabik re Samier Farois. Solat Genot. Bivet Barnet. pl. 10. Giton Jol. Lipin Nilot. Sirat, Rac. Bolin Funon. Soni. Dip. = Ixxxij » TABLE DES RAPPORTS Je confidere les yeux des Limaçons par rapport à leur fituation à l'égard de la tète & des cornes. Limaçons qui n’ont point d'yeux. UNIVALVESs. Sormet. pl. 1: Gofon. Mouret, pl. 2. Kalifon. Limacons qui ont deux yeux] Limaçons qui ont placés fur la tête, à l'origine des OPERCULÉS. o. o cornes, [ur leur côté externe. : UNivaLves.| OPERCULÉS. Libot. pl. 2.| Barnet. pl. 10. Liri. Jol. Soron. Nifot. Gadin. Rac. Mouret. Funon. Dafan. Soni. Gival. Dip. Due pee Vermet. pl. 11. afnote Lifpe. Jerac. DA Kalifon. D Miran. pl. 4. Mafier. Rafel. Jelin. Nifat. Marnat p/ pl 12 Arvan. Bofon. Faval. Dakr Rifet. Foflar. pl. 13 Natice. Fanel. Gochetghs 20: Limacons qui ont deux yeux placés fur La tête à la racine des cornes, fur leur côté interne. o Limaçons qui ont deux yeux placés fur La tête, derriere les cornes , vers leur côté externe. deux yeux placés un peu au-deffss de la racine des cornes , fur leur côté externe Limaçons qui ont deux yeux lacés vers Le milieu des cornes, UNIvALvESs. | OPERCULÉS. | UNIVALVES. | OPERCULÉS. Bulin. pl. 1. . Yet. pl. 3. 7” Coret. Philin. Pietin,. 5° L 7° Limaçons qui ont deux yeux placés au fommet des cor- nes. UNIVALVES. UNIVALVES. UNIVALVES. Porcelaine. pl. 4. Se Kambeul. p/.1. Narel. 5 Pouchet. Egouen. OPERCULÉS. ! Bobi. Jamar. pl.6. Jatou. pl. o. Ormier. pl. 2. P 1 Pr) : Duchon. Melar. Cofar. : Girol. iTilhin. Lofet. OPERCULÉS. Agaron. Mafan. Suga. Ofilin. pl. 12. Majet. pl. 5. [-0upet- Daion Retan. upon. Chotin. Goufol. Vafet. Hé Loman, Bigni. Fujet. RER Salar. Siger. Gr Fier. Sakem. pl.7. Staron. Lonier. RATES Labarir. Kalan. von Stipon. Pakel. Nivar. Dalat. Se DR Kachin, - efan. ilus. es OPERCULÉS. Minjac. Farois. D 1 Barnet. pZ. 10. |Fafñin Genot. Tan, FEI Se hi ,g. Popel. pl. 10: | Sclor, En N 0 P ne AE La ata . Dix oumier. j Funon. Totombo,. Chader, Kifer, cet ; H “+ Degon. IP« aDIK. DES ANIMAUX DES LIMAGONS. lxxiij La bouche des Limaçons eft garnie de deux mâchoires fans trompe, ou bien elle a une trompe fans mâchoires. 3° Boucue. Limaçons dont la bouche a + deux méchoïres fans trompe. 2° une trompe fans mâchoires. UNIVALVES. OPERCULÉSs. UNIVALVES. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1. Marnat. p/. 12. Foffar. pl. 13. |] Yet. pl 3. Jamar. pl.6.Barnet. pl. 10. Goflon. rer sr Philin. Melar. Jol. Balin, aki.- abel. à Tilin. Nifot, “qe Rifet. Cocher, Nine Pl4 |Mafan. Rac. Piétin. Tilin. Dunar. Nifat. Coupet. Funon. Kambeul. Retan. Tadin. FR Chotin. Soni. Pouchet. Vailer. Selot. Pécal Loman. Dip. Libot. pl 2. Fuje à Lagan. Portelite. Salar. Pope L Liri. pese Kiet. Narel. Sakem. pl. 7. Cerite. De. ns Egouen. FORT Goumier. Gadin. Ka uR Bobi. HALef Chadet. Mouret, K re Duchon. Sadot, Degon. Dafan. Gor sp Girol. Téfan. Vermet. pl. 11. Gival. fs Agaron. Minjac. Lifpe. Sulin. : Fan. Dofan. Garnot. no. Pl, $ Saburon, Datin. Jenac. Bitou. Vojet, Pl 8. Mañier, Kalifon. Potan. Jabik. Jelin, Falier. Samier. Simeri. Solat. Stipon. Bivet. Lipin. Sirat. Bolin. Jatou. L, 9e Cofar. PT Lofet. Suga. Taton. Goufol. Bigni. Se. Staron. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genot, Li Ixxxiv 2 TRACHÉE. TABLE DES RAPPORTS Je ne confidere dans la trachée des Limaçons que fa figure. Elle eft les uns, & à un long tuyau dans d’autres. caractérifée dans les différens genres : elle reflemble à un trou rond dans 7 Limaçons dont la trachée forme 1° Un trou fimple qui [e trouve fur l’un des côtés de l'animal. es OPERCULÉS. UNIvVALVES. Sormet. pi. 1. Goflon. Bulin, Coret. Pietin. Kambeul. Pouchet. Libot. Lin. Soron. Gadin. Mouret. Dafan. Gival, Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. Ormier, pl. 2. Vermet. pl. 11. Lifpe. Dofan. Darin. Mañier. Jelin. Marnat. p.12. Bofon. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. Vañlet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Foffar. pi. 13. Natice. Fabel. Gochet. Dunar. Tadin. Seiot. Lagar. Kiet. 2°, Un long tuyau, qui fort vers le dos de l'animal. UNIVALVES. | OPERCULÉSs. Yet. 1.3. Jamar. pl.6.]Jatou. pl.9 Phiin. p5 | Melan. d Cofar. Müran I j Tilin. Lofet. Rafel, | + | Malan. Suga. Née Coupet. Taion. nee Chorin. Goufol, Engal. Loman. Bigni. Porcelaine. Silar. Siger. Narel. Sakem. pl. 7. Staron. Egouen. Labarin, Kalan. Bobi. Pakel. Nivar. Duchon. Tefan. Blatin. Girol. Minjac. Silus. Agaron. Fañn. Farois, Men Et Saburon. Genot. Lubon pet Coret. pl. 8. Barnet. pl. 10. Bitou. Miga. ol. Potan. Totombo. Rifet. Falier. Vojet. ac. Simeri. Jabik. Funon. Stipon. Samier. Soni. Solat. Dip. Bivet. Popel. Giton. Cérite. Lipin. Goumier, Sirat. Chadet. Bolin. Degon. DES ANIMAUX DES LIMAÇONS. Ixxxv Les Limaçons ont ordinairement le pied coupé de quelques fillons. 5°. Les uns en ont plufeurs répandus fur toute fa furface fupérieure & infé- Pire. rieure ; les autres n'en ont qu'un qui parcourt le milieu de fa longueur en deffus ; d’autres enfin en ont un qui le traverfe à fa partie antérieure : je ne parlerai ici que de ce dernier. ee, , Limacons qui n'ont point de fillon tranfverfal Limaçons qui ont un fillon tranfverfal à la à la partie antérieure du pied. partie antérieure de leur pied. UNIVALVES. OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1. | Vermet. pl.11. Foflar. p£. 13.1] Miran. pl.4. |Jamar. pl. 6. Jatou. pl. 9. Goflon. J Lipe. F Natice. m'a Rafel. pes Melar, 4 Cofar. ue Coret. Wofan. Fanel. Nifat. Tilin. Lofet. Pietin. Datin. Gochet. Arvan, Mafan. Suga. Kambeul. Mañier. Dunar. Faval. Coupet. Tafon. Pouchet. Ofilin. pl. 12. Tadin. Porcelaine. Chotin. Goufol. Libor, _pZ. 2. | Retan. Lagar. Narel. Loman. Bigni. Liri. Vafet. Se ot» Egouen. Salar, Siger. Soron, Fujet. Kifet. Bobi. Sakem. pl7. Staron. Gadin. Sari. Duchon. Labarin. Kalan, Mouret, Lonier. Majet. pl. s- Pakel. Nivar. Dafan. Livon. Lupon. Sadot. Blatin. Gival. Dalat. Bitou. Téfan Silus. Sulin. Kachin, é Potan. Minjac. Farois. Garnot. Gor. Mahé Pafn, Genot. Jenac. Simeri. Saburon. Aria pl. 10. Kalifon. Stipon: ovet pl. 8. : Jol. Ormier. En Mes P Nifor. Sigaret. k Totombo Rac. Yet. pl. 3. Vojet. Funon. Philin, Jabik. Soni. Samier. Dip. Solat. Popel. Bivet. Cerite. Giton. Goumier. Lipin. Chadet. Sirat. Degon. Bolin. Marnat. pl. 12. Bofon. Daki. Rifet. Txxxvj TABLE DES RAPPORTS 1° MANTEAU. 2°. Les Trachées. CONQUES. Les principales parties de l’Animal des Conques font au nombre de quatre, fçavoir : 1°, Le Manteau. 3 4° . Le Pied. . Les Fils. Le manteau peut être confidéré quant à fa figure. 1. ET divife tout autour en deux lobes. MULTIVALVES, Lo A BIvALvESs. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan, Bajet. Rojel. Conques dont le manteau 2% Eft divifé d'un côté feulement en deux lobes. ON murs RE t BivALves. Lulat. plis. Pamet. pl 18. Gafet. Nufar. Aber. Dotel. Fonet. Matadoa. Apan. Mofat. Cloniffe. pZ. 16. Koman, Ajar. Jagon. Codok. Movin. Cotan. Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pl. 174 Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle, Vagal. | Gatan. MULTIVALVES,. ©. o 3 - Forme un fac ouvert feulemen dans les deux extrémités oppofécs. BivALVESs. | MULTIVALVES. Jataron. p2. 15«| Julan. pl. 19. Tagal. pl. 19} es Golar. H Molan. Ropans DES ANIMAUX DES CONQUES. On peut confidérer les Trachées par leur nombre & leur figure. 1°, 5° Conques qui n'ont qu'une trachée qui pa- roit comme une ouverture. BivaALves. . pl 14. MULTIVALVES, ©. a Conques qui ont deux tra- chées en manie- : re d'oùverture. BIVALVES. Jataron. pl. 15. Lulat. MULTIVALVYES. ©, o ÿ. Conques qui ont deux trachées en forme de tuyaux féparés € diflingués. DRE 177: DE ALVES. À Mucrivarves. Clonifle. pl.16. ju pl. 19. Ajar. Ropan. Codok. Cotan. Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pl, 1 Pirel. tee Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan, Calcinelle, Vagal. Gatan. Pamet. pl. 18. Gafet. 6 Nufar. l'ivel. Matadoaà, Mofat. Koman. Jagon. Movin, Ixxxvij o TRACHÉES. 4. Conques qui ont deux'trachées en forme de tuyaux réunis, MULTIVALVES. Pl 19. BivALVES. Tagal. pl 1 Julan. Gofar, Là Tugon. Molan. Ixxxviij T AB SE D E S.RAPRORTS, &c. Il y a des Conques qui n'ont pas de pied, il y en à d’autres qui en font pourvues. Parmi les dernieres, les unes le laiffent appercevoir de tems en tems au dehors, & les autres le tiennent toujours caché. ER TRS SET EE SIN SD I OO 1% C orgues qui n'ont pas de pied, 2 Conques dont le pied ne paroît pas au dehors. ee 3° Conques dont le pied paroit au dehors. BiVALVES. BIVALVES. | Murrivaves. BIT VA LIVES. Gafar. pl. 14] Tagal. pl. 19. Julan. pl. 10. Jataron. pl. 15. Poron. pl. 17. Pamet. pl, 16. Garin. ce ? Tugon. Lulat. Pirel. Gafet. Vetan. Molan. Taret. Aber. Lunot. Nufar. Bajet. Ropan. Dorel. Pegon. Tivel. Rojel. Fonet, Sunet. Matadoa. Apan. Tofar. Mofat. MULTIVALVES Clonilfe. p£. 16. Jouret. Koman. 0. Ajar. for. Jagon, ÉodoE. Fatan. Movin. Cotan, Calcinelle, Dañsl Vagal. Gordet. Gatan. Pitar. Felan. MULTIVALVES. o. : 4. Les Fils (1) dont il eft ici queftion, font ceux par lefquels certaines 1LS. Conques s’attachent à différens corps fixés au fond des eaux. n°. | Conques qui s’attachent par des fil BIVALVES. Lulat. plis, Aber. Dotel. Fonet. Apan. Chanon. Eflan. Jéfon. Muflole, p.18, o Se 2° Conques qui n'ont point de fils pour fe fixer. MULTrTVALVES. 0. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Guron. Satal. Jataron. Cloniffe, p2.16. Ajar. B'IN ANBUVIELS. | MULTIVALVES, Poron. pl. 17. Pamet. pl. 18. Julan. pl. 19. Pirel. Gafet. Tugon. Lunot. Nufar. Taret. Pégon. Tivel. Ropan. Sunet. Matadoa. Tofar. Mofat. Jouret, Koman. Lifor, Jagon. Fatan. Movin. Calcinelle. Tale sn Vagal. ASE at Gatan. Molan. (1) Voyez ce que j'entends par ce terme, dans mes Définitions, page Ix. Fin de la Table des Rapports. IxxxIX TABLE CHRONOLOGIQUE DES AUTEURS Dont il eft fait mention dans cet Ouvrage. ARifot. hifl. Anim. Ariftorelis opera omnia quæ extant græcè & lati- nè, &c. Auchore Guillelmo Duval, &c. Luretiæ Parifiorum, 1619. in-fol. 2 vol. Plin. hifi. Mund. C. Plinii fecundi hiftorie Mundi, libri 37. à Sigif- mundo Gelenio Caftigati, &c. cüm notis Pintiani, Scaligeri, &c. Lugduni , 1582. in-fol. 1553 Belon. Aquat. Perri Bellonii Cenomani de Aquatilibus, libri duo, &c. Paris, 1553. in-12. formâ oblongä, cüm fig. ligneis averfo af- peétu , raris bonis. ; — $4 Rondel. Pift. pars 2. edit. lat. Guillelmi Rondeletii Do&toris Medici, &c. pars fecunda de Pifcibus, &c. Lugduni, 1554 in-fol. chart parva, fig. lign. averfo afpeétu , raris bonis. | —; 8 Rondel. Poiff. part. 1. édir. franç. La feconde partie de l’hiftoire enuere des Poiffons, compofée premierement en latin par Maître Guillaume Rondelet, &c. maintenant traduite en françois, &c. à Lyon, 1558. in fol. petit pap. fig. en bois , peu fidéles, & à contre-fens. — Boffuet. Aquat. pars alt. Francifci Boffueti Surregiani Doétoris Médici, de Naturâ aquatilium Carmen , in alteram partem univerfæ Guil- lelmi Rondelerii, &c. hiftorix quam de Aquatilibus fcripht, &c. He » 1558. in-4°. chartà parvä. fig. lign. averfo afpeëtu, raris onis. —— Gefn. Aquat. Conradi Gefneri, Medici Tigurini, hiftoriæ Animalium liber IV. qui eft de Pifcium & Aquatilium Animantium naturâ. Ti- guri,1$$8. in-fol. cum fig. ligneis, raris bonis , & averfo,afpectu, — 6$ Math. Petri Andreæ Mathioli, Senenfis Medici , Commentarii 1n fex libros Pedacii Diofcoridis. Veneriis.ex officinà Valgrifianà , 1 565: in-fol. fig, ligneis, nonnullis bonis, & averfo afpeétu. ‘— 99 Imper. Hiftoria Naturale di Ferfante Imperato Neapolitano. Neapoli, 1599. Venetiis, 1672. in-fol. Coloniæ, 1695. in-4°. fig. lignes, ratis bonis. "2616 Colum. Aquat. Aquatilium & terteftrium aliquot Animalium, aliarum- zu x TABLE CHRONOLOGIQUE que Naturalium rerum obfervationes, Fabio Columnäâ Aurore. Ro- mæ, 1616.1in-4°. chartà parvâ, cûm figuris æneis optimis, recto afpeétu. 1616 Colum. Purp. Fabii Columnæ Lyncei Purpura. Romæ, 1616. fig. æneis epumis, recto afpectu. — 42 Aldrov. Exang. Ulyffis Aldrovandi , Patrici Bononienfis, de Exanguibus me 4, &c. Bononix , 1642. in-fol. fo. lign. averfo afpectu , raris onis. — 49 Jonfl. Exang. Hiftorix Naturalis de Exanguibus, libri 4, cm æneis figuris , à Joanne Jonftono Medicinæ Doctore. Francofurti, 1649. Amitelædami, 1667 & 1716. in-fol. figuris æneis , averfo afpectu peflimis. , — 67 Du Tert. hifi. des Antill. Hiftoire générale des Antilles , &c. Tom. 2. contenant l’Hiftoire Naturelle, &c. Par le R. P. du Tertre , de l'Or- dre des FF. Prècheurs, &c. A Paris, 1667. in-4°. figures en cuivre, la plüpart affez bonnes. — 78 Lifl. Anim, Angl. Martini Lifter, &c. Hiftoriæ Animalium Angliæ , tres Traétatus, unus de Araneis, alter de Cochleis tûm terreftribus, tm Auviatilibus , tertius de Cochleis marinis , &c.Londini, 1678.1n-4°. chartä parvà, fig. æneis bonis. — 79 Harder. Exam. Joh. Jacobi Harderi, Bafil. M. D. &c. Examen Anato- micum Cochlez terreftris domiportæ. Bafileæ, 1675. in-12. broch. cùm fig. æneis bonis. — 81 Bonan. Recr. Recreatio mentis & oculi in obfervatione Animalium Tefta- ceorum , &c. à PP. Philippo Bonanni, Soc. Jefu. Romæ, 1681. in-49. Italicè ; cm fig. æneis, averfo afpetu , cæterà bonis. Eadem Latinè. Romæ, 1684. in-4°. — $4 Heyde Anar. Anatome Mytuli, Belgicè Moffel, &c. Autore Antonio de Heyde, M. D. Amitelodami, 1684. in-12. chartà parvä, fig. æneis, fub bonis. — 85 Lift. Hift. Conéhyl. Martini Lifter Hiftoria, fivè Synopfis methodica Con- chyliorum , &c. Londini, 1685. in-fol. fig. æneis optimis. — 94 Lifler. Exerc. Is, Martini Lifter Exercitario Anatomica , in quâ de Coch- leis maximè Terreftribus & Limacibus agitur, &c. Londini, 1694. in-8. fig. æneis bonis. —95 Lifler. Exerr. ak. Martini Lifter Exercitatio Anatomica altera, in quâ maximè agitur de Buccinis Auviatilibus, & marinis, &c. Londini, 1695. in-$. fig. æneis bonis. fizco Mém. de l'Acad. Mém. de l'Académie Royale des Sciences. A Paris, 1712 in-4°. fig. en cuivre affez bonnes. 170$ Rumph. Muf. D'Amboinfche Rariteit Kamer, &c. Georgius Everhardus Rumphius. T'Amfterdam , 1705. in-fol. fig. æneis bonis plerifque. — 09 Muf. Kirk. Mufæum Kirkerianum, fivè Mufæum à P. Athanaño Kirkero, in Collegio Romano, Soc. Jefu, jam pridem incæptum , nuper refti- tutum, auctum, defcriptum & iconibus illuftratum ; à Philippo Bo- DES AUTEURS. XCj nanni, Soc. Jefu. Romæ, 1709. in-fol. fig. æneis, averfo afpedu, cæterüm bonis. 1709 Petiv. Gazoph. Gazophylacium Naturæ & Artis , à Jacobo Petiv. Pars 14. Londini, 1709. Pars 22. 1711. in-fol. chartä parvä , fig. æneis, plerifque bonis. — 14 Barrel. Icon. Plantæ per Galliam , Hifpaniam &c Italiam obfervatæ, &c. à R. P. Jacobo Barreliero ; quibus acceflit Specimen Infeétorum quo- rumdam marinorum : curà Antonii de Juflieu, Med. & Bot. Profeff. Parifiis, 1714. in-fol. chartà parvi, fig. æneis bonis. —1$ Vallifn. Raccolr. Raccolta di var; Tratrais del Signor Vallifnieri , &c. In Venezia, 1715. in-4°. fig. æneis , fub bonis. — 17 Tonrnef. Voyag. Relation d'un Voyage du Levant, fait par ordre da Roi, &c. par M. Pitron de Tournefort, &c. À Paris, 1717. 2 vol. in-4°. fig. en cuivre, parfaites. — 22 Lang. Meth. Caroli Langii Methodus nova & facilis Teftacea marina, in fuas debitas claffes, genera & fpecies diftribuendi. Lucernæ, 1722. in-40. chartä parvä. — 25 Sloan. Jam. A Voyage to the Iflands Madera, Barbadoes , Nieves, S. Chriftophers , and Jamaica ; Wich che Natural Hiftori, &c. Bi Sir Hims Sloane , Bart. London , 1725. in-fol. 2 vol. chartâ parvi. fig. æneis, rard fidelibus. — 33 Sell. Tered. Godofredi Sellii Hikotia Naturalis Teredinis feu Xylophagi marini. Trajedi ad Rhenum, 1733.in-4°. fig. æneis, vix bonis. — Roâffer Obf. Obfervations fur l'origine, la tonftitution & la nature des Vers de mer, qui percent les vailleaux , les piliers, les jettées, & les eftacades. Par M. Roufler, Membre de la Société Royale des Sciences de Berlin. A la Haye, 1733. in-8°. broch. 31 pages, avec fig. peu exactes, . — 34 Seb. Thef. Lotupleciflimi rerum Naturaliam Thefauri accurata defcriptio, & iconibus artificiofflimi , exprefio , &c. Ex toto cerrarum orbe collegit, digefit, defcriple & depingendum curavit , Albertus Seba, &c. Amftelædami , 3734: in-fol. 2 vol. chartâ magnä, cùm fig. æneis bonis. è — 37 Swammerd. Bibl. Joannis Swammerdamii Amftelzdamenfis, Biblia Na- turæ ; fivè hiftoria Infeétorum , in claffes certas redaëta , &c. Leydæ, 1737. in-fol. 2 vol. fig. æneis , plerifque bonis. — 39 Planc. Conch. Jani Planci Ariminenfis , de Conchis mins notisliber, &c. Venetiis, 1739. in-4°. fig. æneis, plerifque bonis. — 42 Hifl. Conchyl. L'hiftoire Naturelle éclaircie dans deux de fes parties prin- cipales , la Lithologie & la Conchyliologie , &c. Par M##*, A Paris, 1742. in-fol. pet. pap. fig. en cuivre, parfaites. —— Gualt. Ind. Gualtieri Nicolai Index teftarum Conchyliorum , &c. Flo- * rentiæ, 1742. in-fol. chart imperiali ; fig. æneis, vulgd bonis. — 46 Linn. Faun. Suec. Caroli Linnæi, Med. & Bot. Prof. Upfal. &c. Fauna Suecica, fiftens Animalia Sueciæ regni : Quadrupedia , Aves, Am- mn i] . - xcj TABLE CHRONOLOGIQUE, &c. phibia ; Pifces, Infeéta, Vermes ; diftributa per claffes & ordines ; genera & fpecies , &c. Stockolmiæ , 1746. in-8°, fig. nonnullis æneis, vix bonis. ùc-t) 1748 Linn. Syft. Nat. edit. 6. Caroli Linnæi Archiatr. Reg. Med. & Bot. Prof. Upfal. Syftema naturæ, fiftens regna tria naturæ, in clafles & or- dines, genera & fpecies redaéta , tabulifque æneis illuftrata. Editio- fexta. Stockolmiæ , fig. æneis nonnullis , peflimis. — 53 Klein. Tent. Jacobi Theodori Klein, Tentamen methodi Oftracolopicæ, fivè Difpolitio naturalis Cochlidum & Concharum, &c. Lugduni- Batavorum , 1753. in-4°. fig. æneis, vuled peflimis. : Mém. préfentés à l Acad. Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l’Académie Royale des Sciences par divers Sçavans, &c.. À Paris, in-4°. fig. en cuivre, fort bonnes. DESERT GENERALE DE CET OUVRAGE. F AM. 1 Æ EL E HI. LIMACÇONS. SEC FA QE LIMAÇONS UNIVALPVES GENRE I. Efp. 1. Libor. (pl. 2.) LT 3 à La GonDoLe. Cymbium. (pl. 1.) « Qu Efp. 1. Sormet. 4. Gadin. 2. Goffon. s- Mouret. GENRE IL. 6. Dafan. Le Buiin. Bulinus. Fi io GENR E III. 9. Garnot. Le Cornet. Coretus, at M GENRE IV. GENRE VIL Le Prrin. Pedipes. L'ORMIER. Halioris. GENRE VV, 1, Ormier. Le LimAçon. Cochlea. à Ci 1. Kambeul. GENRE VIill. 2. Pouchet, GENRE VL dd: ee: (p£ 3.) Le Lipas. Lepas, (pk2.) | 2. Philin, XCiV DIVISION GÉNÉRALE GENRE IX. La Vis. Terebra. ( pl. 4) Efp. 1. Miran. 2. Rafel. 3. Nifat. 4. Arvan. + Faval. CHEINPR'E :: X: LA PorceLaIxE. Porcellana. 1. Porcelaine. . Narel. . Egouen. . Bobi. . Duchon. A HR ww b Efp. 6. Girol. 7. Agaron. GENRE XI. Le Pucrrace. Cyprea. (pl. s:) 1. Majet. 2. Lupon. 3. Bitou. GENRE XIL Le Manterer. Peribolus. I. Potan. 2. Falier. 3. Simeri. 4. Stipon. SECTRON.IL LIMAÇONS GENRE NT Le Rovureau. Srrombus. (pl. 6.) Efp. 1. Jamar. . Melar. 3. Tilin. 4. Mafan. s- Couper. 6. Chotin. 7 8 b . Loman. . Salar. GENREER La Pourpre. Purpura. (pl. 7.) 1. Sakem. , . Labarin. . Pakel, Sadot. . Téfan. . Minjac. Fafin. . Saburon. . Cover. (pl 8.) + Miga. . Totombo. — Ô ce 1 un BR w à D OPERCULÉS. Efp. 12. Vojet. L 13. Jabik. 14. Samier. 15. Solar. 16. Bivet. 17. Giton. 18. Lipin. 19. Sirat. 20. Bolin. 21. Jatou. 22. Cofar. 23. Lofet. 24. Suga. 25. Tafon. 26. Goufol. 27. Bigni. 28. Siger. . 29. Sraron. 30. Kalan. 31. Nivar. 32, Blatin. 33. Sius. 34. Farois. 3j: Genor. (pl. 9.) DE CET OUVRAGE. xor GENRE Ill. Efp. 2. Bofon. Le Buccin. Buccinum. (pl. 10.) FRE Æfp. 1. Barnet. 4. Rifer. 2. Jol. GENRE VII. r “pr Le SABot. Turbo. 4. Rac. Ofl s- Funon. CHERE 6. Sont. 2Z. Retan. Di 3° Vallet. us à Fujet GENRE IV. " Po Le Cerire. Cerithium. 6. Lonier. 1. Popel. 7. Livon. 2. Cerite. 8. Dalar. 3. Goumier. 9. Kachin. 4: Chader. *“ 10, Gor. 5- Degon. a 60 GENRE VIII. 7. Mefl. | La Narice. Natica (pl.13.) GENRE V. 1. Foffar. Le VerMeT. Vermetus. (pl. 11.) 2. Natice. 3. Fanel. 1. Vermet. Cdclét 2. Lifpe. A EOU 3. Dofan. GENRE"TX. 4. Datin. LA NeErirs. Nerica. + Maler. 1. Dunar. 6. Jelin. 2. Tadin. GENRE VL 3. Lagar. La Tourie. Trochus. (pl. 12.) 4. Selor. 1. Marnat. s- Kifer. +] % FAMILLE Il. CONQUES. SECTION L. CONQUES BIVALVES. GENRE I. Efp. 3. Vétan. 4. Bajet. L'virns. Oum (plie) | 3 7 EP. Le Gafar. . Guron. 2. Gann. . Satal, xevj DIVISION GÉNÉRALE, &e. GENRE FI. Efp. 17. Fatan. Le Jaranon. Jararonus.( pl. 15.) 18. cel à GENRE III 10. Gatan. Le JAMBONNEAU. Perna. 21, Mutel. Efp. 1. Lulat.. pre | GENRE W. 3. Dotel. La Teruie. Tellina. (pl.18.) 4. Fonet. 1. Pamet. ‘ s: Apan. 2.. Gafet. 6. Chanon. 3. Nufar. 7. Eflan. ‘4 4. Tivel. 8. Jefon. s+ Matadoa. GENRE “I. GENRE VI. LA CAME. Chama. (pl:16.Y Le PEroncze. Peclunculug, 1. Clonifle. 1. Mofat. 2e. AJAT: z. Kaman. 3. Codok. 1.1 3. Jagon. 4. Cotan. 4. Movin. s- Dofin. s: Fagan. 6. Gordet. 6. Robert. 7. Pitar. 7. Anadara. 8. -Felan, 8. Jaber. 9. Poron. (pl: 17.) 9. Mufole. 10. Pirel. + 24 19, Vovan. 11. Lunot. 12. Péson. GENRE VI. 13. Sunet. Le Soren. Solen. (pl.19.) 14. Tofar, 1. Tagal. 15. Jouret. 2. Golar. 16. Lifor. 3. Molan. SE: C4 HO. NS AT. -CONQUES-MULTIFALV ES GIE NORERME - GENRE FI. , L4 Puorane: Pholes. (pl 19.) | Le Tarer. Teredo. * (pl. 19.) Efp. 1. Julan, Efp. 1. Taret. | 2. Tugon. 2. Ropan. : COQUILLAGES COQUILLAGES: FAMILLE PREMIERE. DES LIMACONS. 1 Usou’ici l’on a connu fous le nom de Limaçons, les coquillages dont l’animal a une coquille tan- tôt d’une, tantôt de deux pieces, une tête, une bouche, un corps, un anus, un pied; & le plus fouvent des cornes, des yeux & un manteau. Ceux dont il eft queftion dans cette famille ont le plus grand nom- bre de ces parties ; & c’eft pour cela que nous leur avons con- fervé le nom de Limaçons. Cette famille fera divifée en deux feétions : la premiere contiendra les Limaçons dont la coquille eft d’une piece ; & que l’on appelle Univalves : la feconde renfermera ceux dont la coquille eft de deux pieces, & que je nomme Oper- çulés. | ; A 2 COQUILLAGES SECTION PREMIERE. DES LIMAÇONS UNIVALVES. Es Limaçons Univalves dont je vais traiter dans cette premiere fection , forment douze genres, qui, confidérés à raifon de la pofition de leurs yeux, pourroient être réunis en‘ cinq petites familles fubalternes , fçavoir: o in 1 1 1°. Ceux qui n'ont ni yeux ni | 7, Goxnozr. cornes. 2°. Ceux qui ont deux ne Le Buzin. Genre 2: Genre 1. & les yeux placés a leur racine & + Le Corer. + - - 3. fur leur côté interne. Le Pier. - - = 4 3°. Ceux qui ont quatre see Fr Loco TE G nes, dont les deux extérieures à L'ORMIER, = - > portent les yeux fur leur fommert. o ( 1 4°. Ceux qui ont deux cornes, | [> [rvas. & les yeux placésäleurracine&f jy. Sr & fur leur côté externe, ou par der- Las Visn sg 24-200. riere. 5°. Ceux qui ont deux cornes, | rA Porcezane & les yeux pofés un peu au-deflus DURE s A, 1 ï de leur racine, & fur leur côté Le MANTELET. externe. : L] L] 1 7! Led el m Q L1 27 GENE: ka LA GONDOLE. Cymbium: L'Ordre que je me fuis propofé de fuivre en parlant des co- quillages , exige que je commence d’abord par ceux qui font le moins compofés, tant dans la forme de l’animal que dans celle de fa coquille, Si l’on examine le coquillage qu’on ap- pelle Gondole, on ne fera aucune difficulté de luidonner la premiere place, & de le faire marcher à la tête des Univalves, UNIVALVES. : à caufe de la fimplicité de fa ftruéture, On n’en connoît que deux efpeces fur la côte du Sénégal. 1. LE 'SSORMET. P4 «. Rien ne reffemble davantage à un ongle que la coquille du Sormet repréfentée aux lettres K.C. D. Elle eft ovale , extré- mement mince, & fort petite eu égard au corps de l’animal, dont elle recouvre à peine la moitié, étant attachée fur fa partie poftérieure en D. Au dehors D. K. elle eft convexe, polie & luifante; mais lorfqu’on l’a détachée, & qu’on la re- garde en dedans, on voit qu’elle eft concave & aflez tranfpa- rente, Ses bords C.C. font repliés en dedans, & forment une efpece de bourrelet qui regne tout autour, excepté dans fon extrèmité antérieure : celle-ci eft arrondie & un peu plus large que l’extrêmité poftérieure, qui paroît comme coupéé & for- mée par une ligne droite. Sa longueur d’une extrêmité à l’au- re eft d'environ cinq lignes, & fa largeur de trois. On ne diftingue dans l'animal de cette premiere efpece, aucune partie qui ait rapport à ce que l’on appelle tête, cor- nes, yeux, manteau, dans les autres limaçons. Tout fon corps T.E. D. n'eft, à proprement parler, qu’un morceau de chair mufculeux, aflez ferme, &coupéen un demi-cylindre arrondi à fes deux extrèmités. Il eft convexe en deflus E, applati en deflus P, & creufé fur les côtés par deux fillons très-profonds, qui s'étendent dans toute fa longueur qui ne pañle guères dix lignes. Sa largeur eft égale par-tout, d'environ trois lignes. A l’extrêmité antérieure du corps on apperçoit un grand . trou rond B, percé dans le milieu de fon épaiffleur. C’eft la bouche de l’amimal ; mais il n’eft pas poffible d'y trouver au: -cune mâchoire, ni les dents. $ On voit encore fur le côté droit du corps, fort proche de fon extrêmité poftérieure, une ouverture ronde A qui donne une entrée libre à la refpiration, & laïffe une fortie aux excré- mens: c’eft l'anus. Depuis cette ouverture latérale jufqu’à l’extrêmité où eft placée la bouche, le deflous du corps de l'animal P lui fert de pied pour fe traîner. Ce pied n’eft diftingué du refte du corps que par les deux fillons latéraux dont j'ai parle ci-deflus, Ai CoQuiczs. ANIMAL. Corps. Bouche, Anus, Pied, Couleur, 4 COQUILLAGES La couleur de l’animal eft d’un blanc fale; & fa coquille . tire un peu fur la couleur ce corne. COQUILLE. AXIMAL. Corps. Je ne connois aucun Auteur qui ait parlé de cette efpece de Gondole. Je l’ai trouvée pendant le mois de juin fur les bords du Niger près de fon embouchure: elle vit dans l’eau de la mer, enfoncée d’un à deux pouces dans les fables. 1. LE GOSSION. PL 1. Concha utroque latere fe colligens. Colum. Aquat. pag. 67 € 69. Cochlea Siracufana, intùs livida, extrà calthea. Bon. recr. p. 112. claff. 3. num. 3. Concha utroque latere fe colligens, Fabii Columnæ , umbilicata, ex fufco maculata, labro finuofo. Lifi. Rift. Conchyl. tab. 714. fig. 72. Cochlea Siracufana, ints livida extrà calthea. Muf. Kirk. pag. 450. n. 3. Veneroides Barbadenfis minor, marmorata. Periv. Gazoph. Car. vol. x4 585. tab. ço. fig. 13. & D. Perfica minor. Barrel. Ic. p. 133. tab. 1322. fes. 37. Nux marina Iævis, umbilicata, ex albo & fufco lucidè variegata. Guañ, Ind. pag. & tab. 12. Ure. J. Balla umbilico fimplici; profundo : ex fufco maculata ; utroque latere fe colligens ; Fabii Columnæ. Klein. rent. pag. 82. fpec. 1. n. 5. La coquille du Goflon a la forme d’un ovoide arrondi aux extrèmites, & de dix lignes de longueur fur une largeur une fois moindre. Elle eft médiocrement épaifle, & compofée de quelques tours de fpirale qui vont de droite à gauche, & dont on ne peut diftinguer le nombre, parce que le fommet au lieu de fortir dehors, rentre en dedans, pour former un petit om= bilic à l'endroit S qu'il devroit occuper. L'ouverture qui {e trouve placée à droite des fpires, eft une ellipfe fort irréeuliere, plus large en haut qu’en bas, retrécie dans fon milieu , & d’une longueur égale a celle de la coquille. . Sa lèvre droite D eft épaifle & tranchante fur les bords : la lèvre gauche fe replie comme une lame aflez mince fur la convexité de la premiere fpirale. Sa couleur eft grife ou cendrée, & quelquefois fauve ou rougeitre , ordinairement marquée de petites ondes , & fou- vent traverfée par deux bandes plus foncées. Le corps de l’animal eft beaucoup moins allongé que dans la premiere efpece : il eft recouvert prefqu’en entier par la coquille, PR PES UNIVALVES.. ‘ Son pied eft extrêmement épais & fi renflé qu’il bouche, comme un gros mufcle, l'ouverture de la coquille, ne pou- vant entrer dedans. Certe efpece eft plus commune que la premiere ; on la voit pendant toute l’année dans les mêmes endroits. Le coquillage que M. Plancus à figuré avec fon animal, dans fon Traité des Coquillages peu connus du port de Ri- mini (1),approche beaucoup de cette efpece. GENRE IL LE BULIN. Zulinus. PL r. ] E donne le nom de Bulin à un petit coquillage d'eau douce, qui vit communément fur la lentille de marais, & fur le lem- ma, dans les marais &c les étangs de Podor. Cette dénomina- tion m'a paru lui convenir, parce que l’animal pendant fa vie nage prefque continuellement à fleur d’eau, & qu'après fa mort {a coquille flotte comme une petite bulle d’air tranfpa- rente, Je n'ai obfervé qu’une efpece de ce genre, & elle n’eft figurée ni décrite nulle part. Pied, Sa coquille eft une des plus petites que je connoifle, ayant à Coquisre, peine une ligne &c un tiers delongueur, fs une largeur pref- qu'une fois moindre, c’eft-à-dire, d'environ trois quarts de ligne. La lettre E la repréfente dans fa grandeur naturelle ; &e elleeft groffic au microfcope aux lettres J. L. Q. Elle etëvoïde, arrondie dans fon contour , obtufe à fa bafe, pointue au fom- met, & tournée en quatre ou cinq fpirales qui vont en defcen- dant fort obliquement de gauche à droite, Les fpires font fi renflées, qu'aux endroits de leur jonction celles paroiflent laifler un profond fillon entr’elles. Un grand nombre de rides très- fines & fort ferrées, s'étendent de longueur fur toute la fur- face de cette coquille, qui cft luifante, extrémement mince & tranfparente. Son ouverture O fe trouve à gauche, comme dans les co- quilles qu’on appelle uniques ou à bouches retournées. Elle repréfente une ellipfe verticale, obrufe dans fa partie fupérieure, êc aigué dans l’inférieure. Son grand diametre furpañle une fois le petit diametre, & égale la longueur du fommer. Ses bords (1) Nux marina, Lepus marinus & Amygdala marina diéta. Planci de Conchis minus nolis, pag. 22, tab, $. fig. 9 & 10. Spires. Ouverture, Couleur, ANIMAL. Tête. Bouche. Michoires, Cornes. Yeux: Pied. Manteau. Couleur. Obferva- tion, G COQUILLAGES font fimples, tranchans, & interrompus à la rencontre de la premiere {pire qui forme la partie inférieure de l’ouverture. Cette coquille eft de couleur fauve, quelquefois pointillée de noir vers l’ouverture. On voit à la lettre T la tête de l’animal : elle eft demi- cylindrique, convexe en deflus, applatie en deflous, & bor- dée tout autour d’une large membrane, qui eft légerement échancrée à fon extrêmité. Au-deflus de la tête, vers fon extrémité antérieure , eft placée l'ouverture de la bouche B, qui par la réunion des lè- vies, repréfente un marteau à deux têtes. Le fond de la bouche eft rempli par deux mâchoires, qui ne différent pas fenfiblement de celle du Limaçon, ( PL. r.i.n. J. N.) dont la grandeur m’a permis de faire un détail plus circonftancié. Au milieu de la tête font placées deux cornes CC. une fois plus longue qu’elle. Elles font aflez exactement cylin- driques, capables de peu de contraction , & portent à leur origine & par derriere, un appendice membraneux G, en forme de croiflant, dont la convexité eft tournée vers la co- quille, EN. Les deux petits points noirs qui font les yeux YY , font placés dans l’angle intérieur que forment les cornes en for tant de la tête. Le pied P eft de figure elliptique, obtus à fon extrémité antérieure, & pointu à l’extrêmité oppofée. Son grand dia- metre eft triple du petit diametre, & prefqu’égal à la longueur de la coquille: dans fa plus grande largeur il eft un peu plus étroit que la tête. Le manteau eft une membrane aflez fine qui tapifle tout l’intérieur de la coquille, fans fortir au-delà des bords de fon ouverture. Là elle fe replie fur la gauche de l’animal pour former un petit trou rond auquel répond l’anus. Les excré: mens font ronds & vermiculés. Tout le corps de l’animal eft d’un gris cendre. Cet animal a cela de fingulier, qu'il nage prefque conti- nuellement à fleur d’eau, Te pied retourné en deflus, & la coquille pendante en bas. Pour prendre cette attitude, il monte fur la premiere herbe qu’il rencontre, & quand il eff °"UNIVALVES. ; arrivé à la hauteur de l’eau, il glifle fon pied au-deflus de fa furface en retournant en même tems fon corps. Alors fa co- quille qui pend en bas lui fert de left, & fon pied qui fait au-deflus comme une goute de cire fur laquelle l’eau n’a point de prife, fert à le faire avancer par fes ondulations , & à le promener par-tout en nageant fur le dos. On le trouve ra< rement dans une autre pofition, & c'eft pour cela que la fur- face de l’eau en paroît fouvent toute couverte. J'ai vû exé- cuter la même manœuvre, mais moins fréquemment, au petit coquillage de même genre qui fe trouve aux environs de Pa- ris, & que l’on nomme communément la Membraneufe (1 ). Ce petitcoquillage ne fe voit que depuis Le mois de feptem= bre jufqu’à celui de janvier, dans les marécages formés par l’eau des pluies qui tombent en juin, juillet, août & feptembre. Ces marais font defléchés pendant cinq à fix mois, & pour ainf dire, brûlés par le foleil le plus cuifant : les coquillages difpa- roiflent alors ; on ne trouve fur la terre que des coquilles abandonnées par leurs animaux que la fécherefle a fait périr. Cependant on en voit reparoître de femblables tous les ans pendant la faifon pluvieufe : j'ai même remarqué que plus l’année étoit chaude, plus ils étoient abondans; & à un tel point qu’un coup de main en enlevoit plufeurs milliers. Com- ment expliquer cette merveilleufe réproduétion ? Comment des œufs aufi délicats & aufli petits que ceux que doivent produire ces petits animaux, peuvent-ils tefter dans un ter- rein auf aride fans fe deflécher entierement ? Comment ces animaux eux-mêmes, s’il eft vrai qu’ils fe cachent dans le fein de la terre, peuvent:ils réfifter pendant cinq à fix mois aux ardeurs du foleil ? GENRE EL LE CORET, Coretus, Pl. LE Coret ef un coquillage d'eau douce, qui fe trouve auffi fréquemment que le Bulin dans les lieux marécageux de Po- dor:on pourroit même le regarder comme une efpece de Bu- lin ,en ne confidérant que certaines parties qui leur font com- + (1) Buccinum fluviatile, à dextrà finiftrorsm tortile, triumque orbium fivè neri: todes. Lif. hifl. Conchyl, tab. 134. fig. 34. ) CoQurILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. s COQUILLAGES munes ; Cependant l’animal examiné en détail fera voir des différences notables, qui jointes à la forme finguliere de {a coquille, m’ont déterminé à en faire un genre diftingué. J'en ai rencontré un grand nombre d’efpeces dans les pe- tites rivieres des environs de Paris; mais celle que je vais dé- crire eft différente & particuliere aux pays fitués entre les tropiques. Il n’en eft fait mention ni dans les auteurs ni dans les livres des voyageurs ; elle eft auffi peu connuëé dans les cabinets : fa petitefle l’a fait fans doute négliger comme la précédente, On peut regarder fa coquille comme un difque également applati fur chacune de fes faces, & d’une ligne & demie au plus de diametre. La lettre E. la donne dans fa grandeur na- turelle, & elle eft confidérablement groffie aux lettres R.V. X. Malgré fa petitefle on diftingue facilement les quatre tours de fpirale dont elle eft formée. Les {pires font arrondies, ren- flées dans leur contour, & laiflententr’elles un fillon circulaire également creufé fur les deux faces de la coquille : mais la maniere dont elles font tournées verticalement fur elles-mêmes empêche que l’on voie clairement l’extrêmité V, qui devroit : faire le fommet. Cette extrémité eft engagée au centre de leurs révolutions, & ne s’éleve pas plus fur une face que fur l’autre, de forte qu’il paroît afflez douteux de quel côté eft l'ouverture, a gauche ou à droite de la coquille: il n’y a que l’obliquité de cette même ouverture qui puifle faire connoître quel eff le deflus de la coquille, & quel eft fon deflous. L’obliquité de l'ouverture O qui eft coupée de droite à gau- che en defcendant, ayant déterminé la face la plus large de la coquille pour fon deflus, on s’apperçoit que les fpires tour- nent de droite à gauche, en regardant le plan de la coquille comme horizontal, & conféquemment l'ouverture eft à fa gauche, ce qui la range avec les Uniques, comme le Bulin, Cette ouverture eft ronde à peu de chofe près, & fes bords font fimples & fort tranchans : ils font interrompus fur la droite par: la rondeur de la premiere fpire, qui vient fe confondre avec eux. La délicatefle de cette coquille & fon peu d’épaiffeur la rendent un peu tranfparente. Au dehors elle eft polie, lui- fante, & de couleur fauve. à dA a UNIVALVES. ) La tête T t.de l’animal eft cylindrique, très-étroite dans fa A x 1 M a Le partie fupérieure ; mais fort étendue fur les côtés, & prolon gée en une membrane qui lui fait un large empattement. Cet em- pattement prend fucceffivement diflérentes formes, qui ren- dent quelquefois la tête obtufe & arrondie T , & quelquefois échancrée t. à fon extrêmité. Comme il eft placé aux côtés de la tête, & qu’il eft plus fufceptible de relâchement, lorfqu’il fe porte en avant il fait une échancrure à fon milieu ; & cette échancrure difparoît lorfque ce même empattement fe con- tracte & eft tiré en arriere. La bouche B eft placée au-deffous de la tête à peu près dans fon milieu. Les lèvres, lorfqu’elle eft fermée, lui font prendre la figure d’un r dont la tête feroit courbée en arc. En s’ouvrant elle laifle appercevoir par intervalles les mâchoires qu’elle renferme. La mâchoire fupérieure eft faite en croiffant, & fa con- vexité qui eft lifle, regarde en bas : elle paroît immobile. L'in- férieure au contraire reflemble à un tuyau cylindrique ou à une trompe dont l'extrémité eft percée , arrondie & armée ce plufeurs rangs de dents, que je ne puis mieux comparer qu’à celles d’une érrille : elle fe porte facilement jufqu’au bord des lèvres. 5 ic Les cornes C. C. fortent au nombre de deux, de la bafe de la tête aux côtés de laquelle elles font attachées, & la fur- pañlent une fois en longueur. Elles font fines, déliées , fem- blables à des aiguilles fort pointues, & ont une grande fa- cilité à fe courber & à fe mouvoir en tous fens. Les yeux Y. Y. femblables à deux petits points noirs, font comme enchaflés à la racinedes cornes, fur leur côté intérieur, - Le pied P à une longueur prefqu’égale au diametre de la coquille. Il repréfente une ellipfe allongée & un peu moins large que la tête, au-devant de laquelle 1l s'étend de mamiere à la cacher entierement lorfqu'il marche. Ses déuxextrêmi- tés font également obtufes, & fon grand diametre furpañle fouvent près de deux fois le perit. 1 . Pendant que l’animal marche, une grande partie de fon corps paroît hors de la coquille, fous a Pa d’un long col, à peu près cylindrique, dont la longueur, y comprife celle de la tête, excéde deux fois fa largeur, B Téte, Bouche, Michoires, Cornes. Yeux. Pied. Manteau. Cou'eur. 10 COQUILLAGES Au travers de ce col qui eft afez tranfparent , on apperçoit facilement le cœur, & l’on en diftingue très-bien les batte- mens. Il eft placé à fa droite ; ; particularité qui mérite d’au- tant plus d’être remarquée, que cette partie atiecte toujours la gauche dans le plus grand nombre des Limaçons. Dans cette mème fituation de l’animal , on voitle manteau comme une légere membrane qui tape les parois intérieu- res de la coquiiie juiqu’ aux bords de fon ouverture, dont il lui arrive rarement de s’écarter pour s'étendre au dehors. Il forme du côté gauche, en rapprochant de tems en tems fes bords, une double ouverture, dont la plus élevée donne paf: fage à F air, &l autre aux excrémens. Ceux-ci font vermicu- les, & tournés en demi-cercle. Cet animal eft, comme le précédent, hermaphrodite de l'efpece de ceux qui demandent la jonction de deux indivi- dus, mais qui ne fe fécondent pas réciproquement nien même tems. Îl ne jouit pas plus de ce privilége que ceux dans lef- quels le fexe eft partagé : 1l eft vrai qu’il a un avantage de plus qu'eux, c’eft qu'il peut féconder un individu tandis u'il eft fécondé par un troifiéme, & celui-ci par un quatrié- me, & ainfi de fuite ; de forte qu’on les voit fouvent réunis plufieurs enfemble comme des grains de chapeler. Il jette un fray femblable à un gâteau rond, infiniment peris & gelatineux, qui contient environ cent œufs ronds & appla- us,de même fubflance, à l’extrêmité defquels on apperçoit le germe, comme un petit point opaque. Cette gêlée & les œufs font de couleur de fuye ou d’un brun rougeîtie, & tranfparens. Dans quelques-uns j'ai vü fortir du côté gauche, entre le col & le manteau , une efpece d’oreillette triangulaire & charnue qui fe montroit quelquefois au dehors ; dans d’autres 1lne fe mamifeltoit rien de femblable. Peut-être l’ analogie me ferat-elle connoître un jour l’ufage de cette partie vüe dans un animal de même genre & plus g grand que celui-ci. Ce petit animal eft tout noir ou du moins d’un brun noir, Sa coquille qui eft tranfparente & fauve lorfqu’elle eft vuide, ue noire quand il la mn cé | a == DE UNIVALVES. 11 DPR IN 1 LV, LE PIETIN. Pedipes PL r. ON appellera, fi l’on veut, avec moi du nom de Piéuin un nouveau genre de coquillage marin, que j'ai trouvé en grande quantité autour de l’ifle de Gorée. Je le nomme ainf à caufe de la maniere finguliere dont il marche avec les deux talons dont fon pied femble être formé, comme on le verra ci-après dans la defcription de cette partie. Pour découvrir ce petit coquillage , il fau le chercher dans les cavités des rochers que l’on nomme mâchefer dans le pays. C’eft là, & fur-tout dans ceux qui font expofés aux grands coups de mer, qu'il fe tient caché. Sa coquille n’eft figurée nulle part (r) : elle fe rencontre dans peu de cabinets, & je ne l’ai vüe que dans ceux où je l’ai envoyée. Elle eft fort dure & épaifle, comme la plûpart des coquilles marines. Sa forme repréfente un ovoide arrondi dans fon contour, obtus à fa bafe, & pointu au fommet. Elle n’a que trois lignes de longueur, & deux lignes un quart de largeur, c’eft-à-dire, que fa longueur excède fa largeur à peine d’une moitié. La figure E la repréfente dans fa grandeur natu- relle, qui eft groffie de beaucoup dans les figures GS N. On y compte fix tours de fpirale qui defcendent de droite à gauche, au contraire de celles du Bulin & du Coret; & je Coqurzzr. Spires, fuis bien-aife d’avertir que tous les coquillages qui fuivent . celui-ci ont leurs fpires tournées de même. Elles font peu renflées, & par conféquent peu diftinétes ou fort étroitement liées les unes aux autres. La premiere fpire, celle où eft l’ou- verture, a une telle difproportion avec les autres, qu’elle les . efface toutes : celles-ci font à fon égard, ce qu’elt un mamme- Jon pointu fur un tetton bien rond. Vingt-cinq fillons allez légers, font diftribués affez égale. ment {ur toute la furface extérieure de la premiere fpire ; ils la fuivent dans fa longueur, & par-là coupent la coquille tran{verfalement, mais dans une direétion oblique. Ces vingt. cinq fillons fereduifent à huit dans la feconde fpire, à trois dans {x) Je ne fçai fi l’on port y rapporter celli-ci de Lifter : ‘ " = Cochlea comprella fufca fafciata, brevior, finu longo ad roftrum notabili, Ziffer. Hift. Conchyl. tab. $77. fig. 32, Bi; Ouverture, 12 COQUILLAGES la troifiéme, & diminuent ainf infenfiblement jufqu’à a pointe du fommet où elles difparoiflent. L'ouverture eft des plus fingulieres. On peut la regarder comme une ellipfe dont le contour eft très-irrégulier. Son grand diametre eft double du petit : il eft parallele au grand Couleur. ANIMAL. Tête, diametre de la coquille, & un peu pius long que le fommet. L'irrégularité qu’on obferve dans fon contour vient des dents qui en bouchent une bonne partie: on en diftingue deux mé- diocres à fa droite & autant à fa gauche, vers le milieu de fa longueur, & une cinquiéme infiniment plus grofe que les au- tres : celle-ci eft placée à l’extrêmité inférieure de l’ouverture, & s’éleve jufqu’au tiers de fa longueur comme une languette qui la divife obliquement en deux parties inégales. Toutes ces dents font dans l’intérieur de l’ouverture: je parlerai de leur uface ci-après. La lèvre droite de l’ouverture eft fimple & fort tranchante: la gauche au contraire eft arrondie, & recouverte d’une large bande, luifante & d’un beau poli. Quelques-unes de ces coquilles font d’un fauve clair, & d’autres font d’un blanc fale. La lèvre gauche de l'ouverture eft communément aflez blanche. L'animal qui habite cette coquille eft fort petit en compa- raifon d’elle. Satère T forme un croiffant qui a une fois plus de largeur que de longueur. Elle eft arrondie à fon extrèmité qui eff - échancrée. Bouche. SR Corres, Au milieu de fa longueur & en deflous eft placée la bou- che B, dont l’ouverture eft formée par deux lignes horizon- tales jointes par une ligne verticale. Sa fituation lui donne la figure d’une H couchée fur le côté. Le jeu des lèvres qui forment cette bouche, ne confifte que dans un mouvement latéral qui les éloigne & les rapproche alternativement de la ligne verticale. Les dents font femblables à celles du Coret(r), Les cornes C.C. font affez épaifles & cylindriques, c’eft-à- dire, égales en groffeur depuis leur racine jufqu’a leur extré- mité. Elles ont moitié plus de longueur que la tête, du milieu de laquelle elles {ortent. Dans leur fituation naturelle elles (1) Voyez la page 9. UNIVALVES. 13 fe portent verticalement en haut, au contraire de cé que l’on voit dans la plüpart des coquillages qui les portent ou en devant ou fur les côtés. Ses yeux font peuts, ovales Y Y , une fois plus longs que Yeux, larges, & placés entre les cornes & la tête, de maniere que leur grand diametre eft parallele à fa longueur. . Le pied P.J.K. de cet animal eft ce qu'il a de plus fingulier, Pied, Sa forme eft elliptique, arrondie aux extrêmités. Il a deux fois plus de longueur que de largeur , & il eft prefqu’une fois plus court que la coquille. Mais ce qui le rend remarquable, c’eft qu’il paroît compofé de deux talons femblables P. K. po- fés à chacune de fes extrémités. Ces talons laiflent entr’eux un efpace vuide & creufé profondément J, qui donne à ce pied la forme d’un pié-bot, auquel on peut très-bien le com- parer. Quant à la maniere dont 1l fait agir ce pied, voici ce que j'ai obfervé plufeurs fois. Lorfqu’il veut marcher, il s’afflermit fur le talon poftérieur K, & porte le talon antérieur P en avant & auf loin que le peut permettre la partie creufe J, qui eft fufcepuble d’un relâchement confidérable : il rapproche en- fuite ie talon poftérieur K de maniere qu’il touche l’anté- rieur P, & fait avancer tout fon corps d’un efpace é;al à celui qui les tenoit féparés. Ce premier pas fait, il en recommence un fecond , en prenant pour point d'appui le talon poftérieur pendant que lantérieur avance, & fafant réciproquement fervir celui-c1 de point d’appui au talon poftérieur pour le ra- mener à lui. On peut croire que ce mouvementexécuté avec une certaine vitefle doit accélerer confidérablement fa mar- che; auffi y a-t-il peu de grands coquillages , que celui-ci, tout petit qu'il eft, ne devance de beaucoup, quand il veut fe don- ner la peine de marcher. C’eft de la fingularité de cette dé- marche que j'ai emprunté le nom de Pieéun que je donne à ce coquillage. 4 On ne vit pas d’abord quel peut être l’ufage de la grande dent qui eft en bas de l’ouverture de la coquille, & l’on ne s’imagineroit guères qu’elle fert à tenir écartés les deux talons dont je viens de parler. Cependant c’eft un fait qui devient hors de doute lorfqu’on obferve l'animal entrer & fortir plu- fieurs fois de fa coquille: alors on voit fes deux talons fe re- Manteau. Couleur, 14 COQUILLAGES tourner de côté, & pañler l’un à droite & l’autre à gauche de la dent, qui étant prolongée jufques dans l'intérieur de la co- quille, comme je m’en fuis afluré en la coupant en deux, les. uent toujours éloignés l’un de l’autre, à quelque profondeur qu'ils la pénétrent. Le manteau eft une membrane épaifle qui fe répand dans l'intérieur de la coquille, jufques aux bords de fon ouverture, & laifle à droite un petit trou rond auquel répond l'anus. Le corps du Piétin eft d’un blanc fale ; mais fes yeux & fes cornes tirent fur le noir. GENRE; LE LIMAÇON. Cochlea. ON connoît parfaitement le Limaçon, & il yen a detant d’efpeces dans tous les jardins & dans les campagnes, qu’il n’eft prefque perfonne qui n’en ait vü l’animal vivant. Il n’y en a qu’une efpece au Sénégal ; mais elle eft beaucoup plus grande que toutes celles que nous connoïiffons en Europe, & elle furpañle plus d’une fois celle que nous appellons à à Paris le Vigneron, en latin Pomatia. Je ne l’ai trouvée que dans un feul endroit, où elle étoit à la vérité fort commune, fur- tout pendant le mois de feprembre. C'étoit dans une prairie affez aride, éloignée d’une petite demi-lieue de la mer, derriere le village” de Portudal , que les nègres appellent autrement Sali, à neuf lieues environ dans le fud de l’ifle de Gorée. ILE SENOKIATMUBLENURMES MPZUr Buccinum exoticum variégatum lævius wpéradys, Colum. Aquat, pag. 16 & 18. Buccinum majus feptem fpirarum ex rufo radiatum. Lifler. hifl. Conchyl. tab: 9; fig. 4. Buccinum idem minus radiatum. Eju/d. ibid. tab. xo. fig. $ Buccinum radiatum, medio primo orbe leviter acuto. Eu, hd, tabs 11, ge 6: Cochlea ftriéior, latis fafciis rufefcentibus per longum du&tis diftin&ta, columellà AE Ejufd. ibid. tab. 578. fig. 33. Cochlea oblonga, exotica, lævis. Petiv. Gazoph. voi, 1. cat. 145. tab. 44, JTE" 7e ; Buccin d’une fort belle couleur d’agathe bariolée de rouge & de couleur UNIVALVES. is fauve , avec une bouche fort évalée & route unie. 1/1. Corch. p. 270. planc. 13. fig. E. Buccinum fuviaule majus, læve, labio interno repando, ex carneo, ful- vo, albido, & purpurafcente colore fafciatum, aliquando lineis in- rerfeétis punétatum , nebulatum, & marmoris inftar lucidè & ele- ganter variegatum. Gualt. Ind. pag. & tab. G. fig. C. Buccinum Auviatile , idem minus, candidum, & in primä & in fecundä fpirà lineâ fubrubrâ circumdatum. Ejufd. ibid. fig. D. Tuba phonurgica torofa : ex rufo radiata, Lifteri. Klein. tent. pag. 34. Jpec. x. ne 5. Tuba phonurgica fpiris planis : fafciata : perlonga, lata, ex rubro fafciata, columelle albâ, Lifteri. Eyjufd. ibid. fpec. 1, n. 1.e. La coquille du Kambeul parvenu à fon dernier période d’accroiflement, a trois pouces & demi de longueur & un pouce & demi de largeur , c’eft-à-dire, que fa longueur fur- pañle une fois, & même davantage, fa largeur. C’eft une ef- pece d’ovoide obtus & arrondi à fon extrêmité fupérieure, & pointu au fommet. Elle eft mince, légere, fragile, & com- pofée de dix foires, liffes , unies, peu renflées , bien diftin- guées les unes des autres, & qui tournent en defcendant de droite à gauche. Son ouverture G qui eft à droite, forme une ellipfe arron- die en haut, pointuë par en bas, & près de moitié plus courte que le fommet. La lèvre droite eft mince, aiguë, tranchante fur les bords, & fe replie un peu à fon extrêmité fupérieure fur la lèvre gauche qui eft arrondie & fermée prefqu’entie- rement par la feconde fpire. Sa furface extérieure eft recouverte d’un périofte membra- neux & extrêmement mince, qui n'empêche pas de voir fes couleurs. Les jeunes font d’un fond blanc ou agathe, marbré de plufeurs bandes longitudinales, ondées , d’un brun très- foncé , qui devient fauve dans les moyennes, & qui difparoît entierement dans les vieilles ; celles-ci font d’un blanc fale qui tire fur l’agathe vers le fommet. Je connois deux variétés de cette coquille ; l’une une fois plus petite que l’autre, & beaucoup plus allongée propor- tionnellement à fa largeur : les bandes qui la colorent font auffi moins ferrées, mais plus foncées. La coquille que Lifter a figurée à la planche 10, #g. $, de fon Hiftoire Conchylio- logique, eft une jeune de cette variété ; celle qu’il a donnée à COQUILLE, Spires. Ouverture. Périofte, Couleur, Variétés, ANIMAL. Tête, Cornes. Yeux. Bouche. Mächoires. 16 COGDÉIELACTES la planche 0, fz 18e. 4, en eft une grande, ainfi que celles de la planche 6 » Jg. C & D. de Gualtieri. | L'autre variété eft celle que j'ai décrite, & dont je me fuis contenté de figurer une moyenne. La figure 7 de la planche 44 de Petiver, & la fzg. G de La p/. 11 de Lifter, donnent une jeune coquille de cette variété ; Columna, pag. 16 ; l'Hiftoire de la Conchyoliologie, pl. 13, fig. E ; & Lifer > PL 578» fig: 33, en repréfentent une de moyenne grandeur. Malgré les variétés auxquelles font fujettes ces coquilles, tant dans leur grandeur que dans les proportions de leurs parties, elles n’ont toutes qu’un même nombre de fpires, qui OR avec l’âge depuis trois jufqu’à dix. a tête T de l'animal que renferme cette coquille, a Ia je d’une demie fphere, convexe en deflus, applatie en deffous , & arrondie à fon extrêmite. Elle a une à fois plus de largeur que de longueur, & ne paroît pas diftinguée du col qui 1 fort d’une longueur égale à a celle de la moitié de la co- quille, Tous deux font ridés comme le refle du corps , & relevés de petits grains femblables à autant de petites ve- ruës, quien rendent la furface rude & À apre au toucher. De l'extrémité de la tête fortent quatre cornes, dont deux plus grandes C. C. font placées en deflus & fur £es côtés, &c les deux autres plus petites D. D. font entre celles-ci fort proches de la bouche, Toutes font cylindriques , terminées par un bouton, & elles ont cela de particulier qu’elles font creufes en dedans » & femblables à un tuyau dans lequel pale un nerf qui vient s'attacher à leur extrémité. Ce nerf fert à les replier au-dedans d’elles-mêmes comme dans un fourreau, & à les rentrer entierement dans la tête, au gré de l’animal: "particularité que je n’ai encore remarquée que dans le genre du Limaçon. Les deux grandes cornes C. C. font environ deux fois plus longues que les petites D, D. Les yeux font deux petits points noirs peu faillans, placés au fommet des deux grandes cornes en 42 La bouche B eft marquée par un petit fillon en forme dx grec, aflez difficile à diftinguer au milieu de la tête qu’elle fait paroître comme échancrée. Lorfqu’on prefle la tête, ou que l'animal veut manger, on voit fortir deux mâchoires , dont la fupérieure J, 1. AR ente UNIVALVES. y fente un croiflant ou un fer à cheval cartilagineux, élevé de cinq à fix grofles canelures qui débordent en bas & font l’of- fice d'autant de dents. La mâchoire inférieure ne confifte que dans le palais infé- rieur de la bouche, qui eft tapiflé d’une membrane coriace, mais extrêmement mince, blanche & tranfparente, fur la- quelle font diftribuées longitudinalement fur deux censrangs environ vingt mille dents, femblables à autant de crochets courbés en arriere. Ces crochets font fi petits qu’on a peine à les fentir au toucher ; on ne les diftingue parfaitement qu’au microfcope. On à figuré en . cette membrane telle qu’elle fe préfente fur les bords de la bouche, quand l’animal fe difpofe à manger ; & elle eft développée à la lettre N. pour faire voir le nombre & la difpoñition de fes dents, Le manteau eft une membrane charnue & épaifle M , atta- chée comme une efpece de collier à la racine du col de l’an1- mal. Elle tapifle Les parois intérieures de fa coquille, au bord defquelles elle forme un bourrelet arrondi, qui ne fort point au dehors. Elle eft percée fur la droite de l’animal d’un trou ordinairement rond A, qui donne pañlage à l’air & aux ex- crémens. Ceux-ci font cordés en petits tourillons. Le pied P a la forme d’une ellipfe fort alongée, dont la longueur eft triple de fa largeur, & égale à la longueur de la coquille. Il eft convexe & fort ridé en deflus, applati en deflous, pointu à fon extrêmité poftérieure, & obtus à l’ex- trèmité antérieure, qui cache ordinairement le deffous de la tête en s’avançant jufques fur la bouche. On fçait que le Limaçon eft hermaphrodite, & que cha- que individu reunit en lui les deux fexes. Il peut en faire ufage en même tems; mais 1l ne peut fe pafler du concours d’un autre individu pour opérer la fécondation. L'ouverture tant de la partie mâle que dela partie femelle, ne fe trouve que difficilement : il faut la chercher entre les deux cornes qui font fur la droite de l’animal. Ceux que je trouvai en feptembre à Portudal ayant été gardés quelques jours, mirent bas plufieurs œufs de trois lignes de long, fur deux lignes & davantage de largeur. Ces œufs éroient couverts d’une croute afflez dure & jaunâtre. On en voit un de grandeur naturelle'à la lettre ©. Manteau, Pied, Sexe. Couleur. Obferya= tion, COQUILLE. Spires. Ouverture, 18 COQUILLAGES La couleur de l’animal eft cendrée en deflus, & blanchâtre en deflous. Cette efpece de Limaçon eft appellée par les nègres du nom de Xambeul, que je lui ai confervé. Il y à apparence qu’elle pañle l’hiver ou la faifon féche dans un profond afloupifle- ment, comme font les Limaçons de l’Europe: car j’en trou- vai plufieurs qui s’étoient à demi enterrés, dès le mois de feptembre, au pied des arbres & dans les b'ouflailles les plus épaifles. Quelques-uns avoient même déja fermés très-exacte- ment l’ouverture de leur coquille avec un couvercle de ma- tiere blanchâtre & plâtreufe , pour fe garantir contre les longues fécherelles qui devoient continuer depuis le mois d'octobre jufqu’à celui de juin de l’année fuivante. Ce çou- vercle fermente, comme la coquille, avec l’eau-forte. A UDIELMPEOUICNEMNBE NO P A Ne: Je donne le nom de Pouchet à une feconde efpece de Li- maçon terreftre, que j'ai trouvée abondamment {ur Le fom- met des montagnes de l’ifle Ténérif, l’une des Canaries, à plus de cinq cens toifes de hauteur. Turbo variegatus. Lift. hifl. Conchyl. tab. 74. fig. +4. - Serpentulus ore labiato acutanoulo , edentulo : ferpentulas varius; qui turbo variegatus ; Lifteri. Klein. rent. p. 9. fpec. 1. n.6. ral. 1. fig. 18. Sa coquille eft médiocrement épaifle, & fi applatie, que fa largeur, qui eft communément de neuf lignes, eft double de fa longueur. Elle n’a que cinq fpires peu renflées, mais bien difinguées , & coupées tranfverfalement par un grand nombre de canelures fort ferrées & courbées en arc. Son fom- met eft convexe & fort obtus. L'ouverture eft prefque ronde, une fois moindre que la largeur de la coquille , applatie comme elle, & tournée en- tierement fur-la face oppofée au fommer. La lèvre droite qui en environne les trois quarts, eft fort large , tranchante, & repliée horizontalement au dehors. Lorfque le plis de cette lèvre eft enlevé par accident, de deflus le milieu de la coquille vers l’angle de la lèvre gauche, on découvre en cetendroitun ombilic très-profond qu’elle cachoit entierement à la vûe, UNIVALVES. 19 Sa couleur eft olivâtre ou cendrée pendant que l'animal vit ; mais lorfqu’elle a refté quelque tems à l’air après la mort de l'animal, elle rougit, & blanchit peu après. GENRE VI. LORMIER. Haldioris. 1.0 R M LE R.2PLE, Aurks dyplu, Canaries os quibufdam. Ariflor. kiff. Anim. lib, 4: cap. 4. Patella altéra major. Belon, Aquat. db. 1. pag, 395. Auris marina. Rondel. Pifc. pars 24. edit. lat. pag. $. L'Oreille marine. Rondel. Poiff. part. 1. édir. franç. pag. 3. Auris marina. Boffuer. Aquat. pars alt. pag. G. Patella major Bellonii. Ge/n. Aquat. pag. 808. Auris marina feu Patella fera Rondeletii. Eju/d. pag. 807. — Aldrov. Exang. pag. $50 & $$1. fig. 1. ad 9. Orion fivè Auricula alia. Ejufd. pag. 551. Patellæ feræ fivè Aures marinæ. Jonft. Exang. tab. 17. fig. 4€ 5. Auris marina, Rellonio Patella major. Bon, recr.p. 9r. claff: 1.n. 106 1. Auris marina quibufdam. Lifi. hifl. Anim. pag. 167. tab. 3. fig. 16. Auris marina major, latior, plurimis foraminibus , eorumve veftigiis ad 40 circiter confpicua, clavicul elatà , ex Angliâ. Æjufd. hift. Conchyl. tab. G11. fig. 2. Auris marina minor, densè ftriata , ex margine interna; ex Africà. Ejufd. ibid. tab. 612. fig. 3. Auris marina afpera, claviculà latà, compreffà , item limbo valdè lato infignita. Ejufd. ibid. fig. 4. Auris marina ingens, profanda, fulcata. Ejufd. ibid. tab. 613. fig. 5. Auris marina lævis , è Aavo viridefcens , columellà planâ, & paulatim cavarâ. Ejufd. ibid. tab. 614. fig. 6. Auris marina. Rumph. Mu. pag. 121. tab. 40. fig. G. H. Auris marina , Bellonio patella major. Muf. Kirk. pag. 436.n. 10 & 11. Auris marina ftriata & rugofa. Lang. meth. pag. 55. Auris marina margaritifera, feptem foraminibus. Hifé. Conchyl. p.24. planc. 7. fig. À. Oreille de mer, percée de trous, nacrée en dedans , ayant plufieurs fe- mences de perles dans fon milieu, entr'autresune perle ronde & belle qui fe diftingne des autres. Eyu/d. ibid. p. 145$. Auris marina fex foraminibus. E)u/d. ibid..pag. 242. fie. B. Oreille de mer plus petite de moitié, plus belle, & remarquable par là beauté de fon orient, la rondeur & l’uni de fes bords, & la belle mar- brure verte & blanche de fa robe ; elle eft percée de fix trous à l'ordix naire. Ejufd. ibid. pag. 145. Ci Couleur; COQUILLE. Spires, 20 COQUILLAGES Oreille bigarrée de taches rouges, fur un fond blanc; fes rides font très- faillantes , ainfi que fon æ1l, avec des bords inégaux & déchiquetés. Ejufd. ibid. fig. D. Oreille qui n’eft différente de la premiere marquée A, que parce qu’elle n’a point de perles, qu’elle n’a que fx trous, & que fon épiderme ôté, elle montre une robe bariolée de verd & de grandes taches brunes. Ejufd. ibid. fig. F. Auris marina leviter ftriata, ex flavo viridifcens rondeletii. Gualt. Ind, pag. & tab. 69. fig. À. Auris marina maxima profondè fulcata , intüs & extrà argenteo cæruleo colore nitens Bonanm. Eyu/d. ibid. fig. B. Auris marina levier ftriata , lucidè albidä, plufquam fexdecim foramini- bus diftincta. Eyufd. ibid. fig. C. E Auris marina, ftriis Aexuofis & fulcatis, fufca, intüs ex cæruleo argentea Bonanni. Ejufd. ibid. fig. E.L. M. Haliotis ftriata rugofa. Linn Faun. Suec. pag. 379. n. 1326. Auris marina. Ejufd. fyft. nat. ed. 6. pag. 74. n. 232. Auris lævis: latior ; cretata; granulata ; Rumphii. Klein. tent. p.19. fpec. 1. n. 2. tab. 7. fig. 113. Auris ftriata : tenuis; lata ; leviter ftriata; Rumphii. Eju/d. ibid. fpec. 2.n. 1. Les François l’'appellen:, Ormier, Oreille marine , ou Oreille de mer. Les Anglois, Mother of Pearl. Lang. Les Aliemands , Meer Chreen. Lang. Les Malais ,Telinga maloh où Bia facatsjo. Rumph. Les Amboinois, Hovileij. Rumph. La figure de la coquille de l’Ormier lui a fait donner le nom d’Oreille, parce qu’en effet elle repréfente affez bien loreille de l’homme. Si on la confidere au dehors dans la fitua- ton naturelle de l’animal lorfqu’il marche, elle paroïît comme un baflin oval renverfé, c’eft-à-dire, dont la convex té eft tournée en déflus. Alors on apperçoit vers fon extrêmité poñlérieure & un peu fur la droite, trois tours de fpirale aflez élevés pour former en cet endroit une efpece de mammelon à trois étages. On voit encore un rang de trous ronds, dif- pofés fur une ligne courbe, parallele à la longueur de la co- quille, & à une diftance à peu près égale de fon bord droit & du milieu de fa largeur. Cette rangée de trous, qui font au nombre de fept, fe termine au milieu de fa longueur; mais elle eft continuée par un grand nombre de tubercules ou de mammelons qui fuivent fes bords & ne finiflent qu'avec UNIVAELEVES, 21 le premier tour de fpirale. Ces mammelons font comme les vettiges des trous : j'en ai compté près de cinquante. Le refte de la furface extér.eure de la coquille eft coupé par un nombre infini de fillons creufés légerement & fort proches les uns des autres. Ils ont tous leur origine au fom- met, & vont en prenant la courbure d’un demi-cercle, fe répandre fur toutes les parties du bord droit de la coquille, où 1ls fe perdent, Quant à fa furface intérieure , elle eft d’une nacre du polile plus beau & le plus luifant. Les trois tours de fpirale qui {ont en relief au dehors de la coquille, paroiffent ici en creux. Le bord des trous n’eft pas non plus tranchant en dedans comme il left au dehors. Cette coquille eft aflez épaifle, & l’on en trouve de dif- férentes grandeurs. Les plus grandes que j'aie vû avoient quatre pouces & davantage de longueur, deux pouces un quart de largeur, & environ un pouce de profondeur. L'ouverture eft ovale ou elliptique, à peu près de la forme & de la grandeur de la coquille. Sa lèvre droite eft courbée en arc, m nce dans les jeunes, épaifle dans les vieilles, & tran- chante fur les bords: la lèvie gauche au contraire eft épaifle, repliée comme un large bourrelet au dedans de la coquille, & nacrée comme elle. Si l’on met cette coquille au nombre de celles qui font tournées en fpirale ,comme on ne peuts’en difpenfer , fon ouverture fe trouvera placée à la droite de tout le corps des fpires ; & les fpires elles-mêmes prifes du bord droit de l’ouveiture, tourneront par derriere l’animal en def- cendant de fa droite vers fa gauche. Le fond de la couleur de la coquille eft rouge de chair au dehors, quelquefois fans mêlange , & fouvent marbré de blanc. L'efpace que les trous laflent entr'eux eft rempli par une petite bande blanche qui va fe perdre dans le bord yi- fin, Au dedans elle eft recouverte d’une nacre éclatante, dont la couleur pañle alternativement du blanc au verd, & du verd au violet, fuivant les ditlérens afpeéts fous lefquels elle fe préfeare. On remarque une fi grande variété dans la forme .& la couleur de la ç >quille de l'Ormier, qu'il n’eft pas étonnant que les Auteurs en ayent fait trois ou quatre efpeces difé- Ouverture; Couleur, Variétés, Obferva- tion. ANIMAL. Tête. Bouche. Cornes. 22 COQUILLAGES rentes. Il y en a d’ovales alongées, & de courtes. Les jeunes font plus applaties & ont moins de trous & de fillons que les vieilles. Dans celles-ci on compte fept trous & cent cinquante fillons; les jeunes, au contraire, n’ont que trois ou quatre trous & cinquante ou foixante fillons. Ce n’eft que dans les jeunes qu’on peut juger de leur couleur; car il eft rare que les vieilles ne £foient couvertes d’un limon gras & verdâtre ,ow enveloppées d’une croute pierreufe qui les défigure : 1l faut les en dépouiller pour découvrir leur couleur naturelle, qui eft, comme je l’ai dit, un fond rouge marbré de blanc. Îl y a encore quelques différences dans l’intérieur des unes & des autres. Dans les vieilles la nacre forme des ondes aflez inégales, qui vont aboutir au creux du fommet ou de la vo- lute ; on y trouve auffi fort fouvent de petites pérles : au lieu que fa furface eft égale & unie dans les jeunes. Il n’eft pas facile d'expliquer comment fe forment lestrous de la coquille de l’'Ormier ; mais on remarque très-bien qu’à mefure que la coquille s'agrandit, il fe fait fur fes bords un nouveau trou, dont le commencement n’eft d’abord qu’une échancrure. Cette échancrure augmenté peu après, & devient un trou rond , qui eft porté infenfiblement vers le milieu de la coquille par les additions continuelles qui fe font à fes bords, & fe ferme enfuite à fon tour, comme ceux qui l’ont précédés. La tête T de l'Ormier eft groffe, cylindrique , d’une lar- geur égale à fa longueur, applatie à fon éxtrêmité , & comme tranchée obliquement en deflous. On y voit l'ouverture de la bouche B, femblable à un petit fillon qui fe trouve vertical lorfque la tête s’étend , & qui de- vient parallele à fa longueur lorfqu’elle fe courbe en deflous. Quatre cornes de figure & de longueur différentes prennent naiflance de l’origine de la tête. Lés deux plus grandes C. C. font de figure conique, un peu applaties, quatre à cinq fois plus longues que larges , & un peu plus longues que la tête. Les deux autres D, D. font une fois plus courtes , raillées en prifme à trois angles, dont la longueur eft double de la largeur. Par leur fituation elles fe trouvént du côté extérieur des plus longues cornés C. C'à une fort petite diftance d’elles. Elles font libres & dégagées de rous côtés , excepté à leur UNIVALVYES. 23 bafe, où une membrane N. aflez légere, fortample, & comme déchirée fur fes bords, vient les joindre avec la tête, Les yeux Ÿ. Ÿ. ne femblent être que deux petits points noirs. Ils font portés comme ceux du Limaçon , fur le fommet des cornes extérieures & prifmatiques D. D. Le manteau n’eft pas une partie bien apparente dans cet animal. Ce n’eft qu’une membrane aflez mince M M, qui s’e- tend fur toute la {urface intérieure de la coquille, & paroît rarement hors de fes bords. On ne la foupçonneroit pas en ne regardant que le dos de l’animal, fi les deux extrémités antérieures, celle de la droite & celle de la gauche qui fe ter- minent en pointe vers l’origine du col, ne fe montroient fous la forme de deux languettes triangulaires , tantôt par le fe- cond, tantôt par Je troifiéme trou le plus proche du bord de la coquille par où on les voit fortir L. Je ne connois pas de coquillage dont le pied foit mieux orné que celui de l’'Ormier. Îl eft extrèmement gros, comme dans la plûpart de ceux dont la coquille eft fort évaiée; & il déborde confidérablement la fienne quand il marche. Vü en deflous P. il repréfente uneellipfe dont l’extrêmité antérieure ou la plus proche de la tête, eft coupée au milieu de fa lar- geur par une crenelure triangulaire afez profonde. En deflus il eft convexe, & orné, à quelques lignes de fes bords , de deux franges ,ou, pour mieux dire, de deux fraifes F.G. qui en font le tour. Ces deux frailes font bien diftinguées l’une de l’autre dans leur partie poflérieure & fur les côtés, jufqu’à 1a racine de la tête, où elles fe réuniflent en une membrane N. déchirée & frangée fur les bords, qui la recouvre ordinaire- ment comme avec les yeux & les cornes, de maniere qu’il eft rare qu’elle paroifle auffi clairement que j'ai été obligé de la repréfenter dans la figure, pour mettre au jour ces diilé- rentes parties dont la fingularité méritoit quelques détails. Chaque fraife eft formée d’une membrane aflez épaifle, qui prend naiffance de la fubftance même du pied. Ses bords fonc découpés profondément d'environ quarante canelures figurées en croiflant, Du fond de chaque croiffant 1l fort un filet fem- blable à une foye très-déliée, qui a le double de leur lon- gucur. Leurs cornes font auffi terminées par un filer;-mais il eft rameux & fubdivi:é en plufeurs branches. La difpofition Yeux, Manteau, Pied, Couleur. Obferva- tion. 21 COQUILLAGES de ces deux fraifes en falbalas, & la quantité prodisieufe de filets dont elles font bordées, font un très-bel etiet & font une riche parure fur le pied de cette ef! sr d’Ormier. Il y a peu de coquillages dont l’animal foit auffi varié pour la couleur. Sa tête eft d’un cendré-noir, traverfé par un grand nombre de petites raies blanches. Les colomnes ou les prif- mes qui portent les yeux, & la membrane ou la coëfle qui re- couvre la tête, font d’un verd-pâle. Le blanc fait la couleur du dos de animal, & du deflous de fon pied. Son manteau eft auffi blanc, avec un bordé de verd. La partie fupérieure du pied & fes deux franges en falbalas, font bigarrées de ta- ches blanches , mêlées avec de petites raies noirûtres. Tous les rochers de la côte du Sénégal nourriflent une quantité prodigieufe de ce coquillage. Je l’ai comparé à ceux qui naiflent fur les côtes de la France, & je n'ai trouvé au- cune différence ni dans les coquilles, ni dans l’animal qu’elles renferment. Le goùr eft auffi le même, & les nègres qui ha- bitent les bords de la mer, le mangent comme font les françois de nos côtes. Voila des coquillages femblables qui habitent des climats bien difiérens pour la température. Je les ai ob- fervés aux ifles Canaries & aux Afores : on les a vüs dans la Suède : ils fe trouvent donc fur toutes les côtes depuis la ligne jufqu’au foixante-neuviéme degré de latitude , & peut-être au-delà. Cela ne doit-il pas faire foupçonner qu’il regne une température à peu près égale dans les mers les plus oppofées à Cette température pourroit peut-être fe trouver à une cer- taine profondeur qu'il feroit à propos que ceux qui habitent les côres vouluffent fe donner la peine d’obferver, 2.1 AÉEMISNTOGEARIE FEUMMPZ C2 La coquille que j'ai fait repréfenter à la figure 2. appars tient vrafemblablement à un animal bien diflérent de celui de l’Ormier: mais comme je ne l’ai point vü, je ne puisrien en dire. Je rapproche feulement fa coquille de la fienne,com- me ont fait plufieurs Auteurs modernes; & je les fuis d'autant plus volontiers, que je n’en ai obfervé aucune à laquelletelle reflemble davantage, quoiqu’elle en diflere encorea bien des épards, | Cochlea UNIVALVES. 2 Cochlea deprefa, ore admodum expanfo, leviter ftriata. Lif. hift. Conch. tab. $70. fig. 21. Patella octava. Rumph. Muf. pag. 123. tab. 40. fie. R. — Muf. Kirk. pag. 475. num. 404. Auris Bahamica non perforata. Periv. Ga%oph. vol. 1. cat. ÿ87. rab. 1». + 4 Oreille de mer qui n’a point de trous & qui n'eft point nacrée, avec une volute en dedans détachée de fon bord. Hit. Conchyl. pag. 142. PTE Go ie ra CR Auris marina foraminibus carens, fpirà internâ admodüm à cireuitu dif- tin, & nullo modo intüs fplendida. Ejufd. ibid. Auris marina magis deprefla, ore magis expanfo, minuriffimè ftriata, fed nullis foraminibus diftinéta, candidiflima. Gualt. Ind. pag. & tab. 59. lict. F. Catinus laétis. K/ein. Tent. pag. 19. tab. 7. fig. 114. Cidaris ore admodum expanfo ; deprefla ; leviter ftriata Lifteri. Ejufd. pag. 21. fpec. 1. Sa coquille n’eft ni nacrée ni percée comme celle de l’'Or- mier ; mais fon ouverture eft prefqu’aufli évaiée, quoique moins allongée. Sa lèvre gauche a un bord beaucoup plus large & moins épais, & l’on apperçoit quelquefois à fon ori- ine un petit ombilic. Elie eft formée de quatre tours de fpirale mieux marqués. Ces fpires font entourées d’un grand nombre de canelures très-fines & fort ferrées, que d’autres canelures prefqu’infen- fibles coupent à angles droits. Sa couleur eft quelquefois blanche , & quelquefois fauve tant en dehors qu’en dedans. Lorfqu’elle eft fauve, elle eft traverfée par cinq ou fix bandes moins foncées. J'ai trouvé cette efpece aflez fréquemment dans les fables de l'embouchure du Niger. CORPNTROE" VITE LE LEP-AS. Zepas. LEpas ;en grec, fignifie une Ecaille. Ariftore & les Grecs de fon tems ont donné:ce nom au coquillage dont il eft queftion, autant à caufe de fa forme, que parce que les rochers fur lefquels il s'attache en grande quantité, paro:flent écailleux ou couverts d’écailles. Ce nom eft aujourd’hui 4 en ufage CoqQuiLzr. Ouverture, Spires, Couleur. 26 COQUILLAGES en France, que je ne crois pas qu’on veuille lui fubflituer ce- lui de Parella. Cefynonyme inconnu dans l’ancienne latinité, & imaginé par les traducteurs modernes d’Ariftote, ne répond aucunement au terme de Lépas. Il préfente même une idée qui ne lui convient point; car Patella traduit en françois, fionifie un petit plat: or il y a peu de Lépas dont la coquille ax cette figure : la plüpart s’en éloignent même aflez, les unes étant percées, les autres écailleufes , ou faites en ba- eau, &c.; & il n’eft pas naturel à un plat d’être percé, d’être écailleux ou chambré comme un bateau. Ces raifons, indé- endamment de l'autorité d’Ariftote, font je crois fuffifantes pour juftifier le choix que j'ai fait du nom donné par cet au- teur, le plus ancien que nous connoiffions parmi les natu- raliftes. Le genre du Lépas rénferme des animaux fi bizarres & fi peu conftans, tant dans leur figure que dans leur coquille, que l’on ne pourroit jamais le fixer, fi l’on n’avoit égard à T’enfemble de leurs rapports; & fi je le rapproche de l’Or- mier, c’eft moins parce qu’il lui reflemble à certains égards, que parce qu'il n’y a point de coquillage avec lequelil con- vienne davantage. L'animal du Lépas a tantôt deux yeux & deux cornes, & tantôt il en manque; tantôt fes yeux font placés au côté intérieur des cornes, tantôt ils fe trouvent par derriere elles. Sa coquille eft fouvent entiere, fouvent percée, chambrée ou écailleufe. Ces quatre diflérences tirées de la forme des coquilles, me ferviront pour divifer ce genre en quatre fections qui ren- fermeront, ; La premiere , les Lépas à coquille fimple & entiere, tels que font les efpeces 1,2, 3, 4 & 5. La feconde, les Lépas à coquille percée en deflus, tels que les efpeces 6 & 7. La troifiéme, les Lépas à coquille chambrée, comme les efpeces 8,9 & 10. La quatriéme, les Lépas à coquille écailleufe ou formée de plufñeurs écailles, comme l’efpece 11. ses VNAVALVERS + ro. LÉPAS À COQUILLE SIMPLE ET ENTIERE. 1. LE LIBOT, PL 2. Lepas fivè Patella quarta. Æ/dros. Exang, pag. 545 & 546. Patella Aldrovandi. Jonft. Exang. tab. 16. Patella alba, paucis & valdè eminentibus ftriis ftellata Barbadenfis. Lift, hift. Conchyl. tab, $32. fig. 114 à Patella fubfufca, exiguis tuberculis fecundüm ftrias exafperata. Ejufd. ibid, tab. 536. fig. 15. | Patella nigra , magna, tenuiter admodüm ftriata, Africana. Eju/d. ibid, tab, 537. fig. 16. Parella miniata, oblonga , densè ftriata. Eju/d. ibid, tab. 538. fig. 25. Patella nigra, magna, tenuiter admodüm ftriata. Muf. Kirk. p.437. n. 25: sr capenfis, verruculis radiata. Periv, Gazoph. vol. 1.cat. 417.tab,8 5. ge. 11, Patella major, tenuis, compreffa, ftriata, cinerea maculis crebris à rubro fufcis variegara , vertice albo. Sloan. Jam. v. 1. tab. 240. fig. 16 & 17. Patella imbo integro , vertice acuto, margine inæquali , ftriis radiata, ci- nerea; lineâ citrinà circumdata , intüs candida. Gua/r, Ind, pag. & tab, 8. lice. J. Patella integra , ftriata : papillaris, feu Patella fubfufca , exiguis tuberculis “en frias es afpera ; Lifteri, Klein. Ten. pag. 115. fpec. 1. num. 13. Patella integra, ftriata : nigra , magna, tenuirer admodüm & rugosè ftria- ta, vertice acuto integro, Lifteri. Eju/d. ibid. n. 14. | Patella integra , ftriata : oblonga , miniata, irregulariter & rugosè ftriata, Ejufd. ibid. n. 18. La coquille du Libot repréfente une efpece de baffin à peu près conique , dont la cavité, dans la fituation naturelle à l'animal , eft tournée en bas vers la terre, Les bords de cette cavité peuvent être regardés comme la fection ou la bafe de ce cône, dont le contour eft uneellipfe beaucoup moins ouverte du côté où eft la tête de l’animal que de celui qui lui eft oppofé. Cette-ellipfe détermine la figure & la grandeur de l’ouverture, qui eft égale à la bafe de la coquille: elle a environ un tiers plus de longueur que de largeur, j; Le fommet du cône n’eft pas exactement placé dans fon milieu , maisä peu près au tiers de fa longueur en approchant de la tère de l'animal, Il eft arrondi, & fe trouve dans la D ij CoqQuicee, Ouverture, Sommet, Couleur. Vaniétés. 2 COQUILLAGES partie la plus élevée de la coquille, dont la hauteur varie felon les différens âges: dans les plus grandes, cette hauteur eft communément une fois moindre que leur longueur. - La furface extérieure de la coquille eft ornée de diverfes canelures qui partent du fommet, & vont fe rendre aux bords qui font aflez inégalement dentelés. J’ai compté cent de ces canelures, dont cinquante font alternativement moins fail- lantes : on voit encore quelquefois fur les côtés de celles-ci deux autres canelures femblables à deux petits filets peu fen- fibles. La furface intérieure eft unie, luifante, & d’une nacre de couleur bleue tirant fur le noir. Le cendré noir eft la cou- leur qui s'étend fur le refte de la coquille. On remarque une fi grande variété dans les différentes co- quilles de cette premiere efpece de Lépas, qu'il eft rare d’en rencontrer deux pareilles; & l’on feroit tenté d’en faire au- tant d’efpeces difinguées, f l’animal qu’elles renferment n’é- toit parfaitement femblable dans toutes. Elles différent par la couleur, par la forme, par les canelures & par les dents du contour. Les unes font blanches, les autres font grifes, d’autres font cendrées ou noirâtres : dans quelques-unes on voit quelques canelures fauves ou rougeîtres : dans d’autres il n’y a que le fommer de blanc; c’eft l’ordinaire des vieilles coquilles que le frottement a ufées dans cet endroit. La forme conoïide des unes eft extrêmement applatie ; elle eft au con- traire aflez relevée dans d’autres. Les canelures font beaucoup plus marquées dans les premieres, & ordinairement en plus petit nombre : il' y a telles coquilles qui n’en ont que cin- quante, la plüpart hériflées de petites pointes; j’en ai vû qui n’en avoient que vingt-cinq. Les mêmes ont auff les dents du contour plus grandes, & l’on en trouve pluñeurs dans lefquelles elles font aflez profondes pour leur donnerla forme d’une étoile tantôt à cinq, tantôr à fept rayons : celles qui ont cette fingularité font appellées Æ4/rolepas. Après avoir obfervé un grand nombre de ces coquilles, j'ai reconnu que ces variétés provenoient non-feulement de leur âge, mais encore de la différence des lieux où elles fe trouvoient. J'ai remarqué qu’en général les jeunes. étoient plus applaties & moins épaifles, qu’elles avoient beaucoup UNIVALVES. 29 moins de canelures, que cés canelures étoient âpres & rudes au toucher, que leurs bords étoient dentelés ou crenelés plus profondément, & que fouvent ces dentelures devoient leur naïfflance aux irrégularités des rochers fur lefquéls l'animal avoit long-tems refté attaché. Dans les vieilles au contraire, comme dans celle que j'ai décrire , les coquilles font plus élevées & plus épaifles, les canelures font aflez lifles & plus nombreufes, & leurs bords ne laiflent voir aucune de ces ca- nelures que le frottement avec le tems ont effacées. Mais dans toutes ces coquilles, foit jeunes, foit vieilles, j'ai re- connu un caractere aflez conftant; c’eft dans le fommet, qui eft toujours aflez obtus, & place à peu près au tiers de leur oi du côté de la tête de l'animal. uoique l’animal ne forte pas autant hors de la coquille An1maL: qu’il paroît dans la figure, j'ai crû devoir le préfenter de cette façon , afin de mettre en vûe les parties les plus remarquables. - Sa tête T eft cylindrique, de moitié moins large que lon- ue, & tronquée obliquement en deflous à fon extrêmité. C’eft là que fe trouve la bouche B, qui, lorfqu’elle ef fer- mée, imire aflez bien par le plis de fes lèvres la figure d’unr, dont la tête feroit formée par une ligne courbe. Lorfque ces lèvres viennent à s’écarter, l’ouverture de la bouche paroît comme un trou oval, au fond duquel on voit le jeu des mà- choires & des dents. J’ai fait repréfenter routes ces parties féparément & un peu plus grandes que le naturel, fur le coin de la planche. La lettre O montre la bouche ouverte & ve en face avec les deux mâchoires ; on voit ces deux mâchoires de côté à la lettre J, & les lettres R. L. les font voir détachées l’une de l’autre. La mâchoire fupérieure R. eft un offelet triangulaire, de la nature de la corne, noir & pointu à fon extrêmité qui pend en bas. Cet offélet eft fixé au palais fupérieur de la bouche, de maniere qu’on rie lui apperçoit aucun mouvement. La mâchoire inférieure, au contraire , eft une efpece de trompe ou de tuyau cylindrique L. dont le bout eft armé d’une plaque cartilagineufe fort fouple, & route hériflée de petites dents difpofées fur une dixaine de rangs, & recourbées en arriere comme celles du Kambeul. Le microfcope m’en a fait découvrir plus de deux cens. On voit cette mâchoire en face Tête, v Bouche, Mûâchoiresi CoQuiLLe. Périofte, Sommet, Couleur. ANIMAL. Tête. Pied. Manteau. Couleur, COQUILLE, 32 C'O QUIL 'LgA GIE S naturels du pays le mangent. Les plus grands que ÿ’y ai ob- fervés avoient près de quatre pouces de longueur à leur co- quille , fur trois de largeur : j'en conferve une femblable dans mon Cabinet. 20 É EPL ANNEE On trouve dans les mêmes lieux, mais plus rarement, une feconde efpece de Lépas, qui n’a été figurée nulle part que je fçache. Sa coquille eft de même forme que la précédente, mais d’une nature en quelque forte différente : car au lieu d'ê être, comme elle, d’une matiere pierreufe , elle n’eft guères plus que cartilagineufe, mais fans aucune Aexibiliré. Elle eft ex- trêmement mince, tranfparente, & recouverte d’un périofte membraneux, au- -deflous duquel on n’apperçoit aucune ap- parence de canelures. Ses bords font entiers. Elle n’a que qua- tre lignes de longueur fur trois de largeur. Son fommet eft placé, comme dans la premiere efpece, vers le tiers de fa longueur, mais dans un fens contraire, c'eft- à-dire, proche de la queue ou dela partie poftérieure de l’ani- mal. Ce fommer faitune efpece de crochet recourbé en arriere. Cette coquille emprunte fa couleur de rouille du périofte qui l'enveloppe. Sa tête & fes cornes font plus longues que dans la premiere efpece, Son pied eft auffi fort long & déborde tant foit peu le der- riere de la coquille lorfque l’animal marche, On ne voit aucun cordon autour de fon manteau, mais feulement un rang de trente filets fourchus quien compofent la frange. Tout fon corps eft d'un jaune fale : du refte il reflemble aflez au précédent, 3 LE SORON. PL 2. Patella alba , compreffa, lævis. Lif. hifl. Conchyl. tab. 545. fig. 37. Calyptra quæ Patella alba compreffà lævis; Lifteri. Klein. Tent. pag, 118, Jpec. 5. tab. 8. fig. 8. La coquille du Soron eft fort épaille , & moins allongée que les’ précédentes ; celle que j'ai obfervé n’a guères que quatre UNIVALVES. 3 quatre lignes de diametre. Sa bafe ou la feétion du cône dont elle a la figure, eft ronde ou formée par une ligne circulaire, Sa furface intérieure & extérieure font très-polies, ce qui leur donne un œil luifant: celle-c1 eft creufée de fept à huit fillons circulaires, qui ont pour centre le fommet dont ils font aflez éloignés. Le fommet eft émoufle , arrondi , & placé fort proche du bord poftérieur de la coquille : il eft une fois moins élevé qu'elle n’eft large. Sa couleur eft d’un blanc de neige, La tête de l'animal eft fort-courte & confidérablement ap- platie: elle a un peu plus de largeur que de longueur, & une . légere membrane à fon extrêmité que les cornes atteignent à peine, Les yeux font placés fur la partie poftérieure des cornes, dont la tranfparence qui les laifle voir par devant, les fait pa- roître comme placés fur leur côté intérieur, de maniere qu’on s’y tromperoit facilement fi on ne les regardoit de plufeurs fens diflérens. Son pied eft aflez exactement rond, je veux dire qu'il a autant de largeur que de longueur. Le manteau qui recouvre tout fon corps, eft fi court qu’on en voit à peine les bords, Au lieu d’une frange de filets 1ls montrent une rangée de petits points élevés, qu'on ne diftin- gue facilement qu'avec le fecours du verre lenticulaire. Sa couleur eft d’un blanc fale. : Ce coquillage eft extrêmement rare fur la côte du Sénégal, & LÉ GADIN, PL 2. Patella limbo integro, ftriis majoribus & fafciis alcernatim & gradatim fignata , conica , fubviridi colore depicta. Gualt. Ind. pag. & tab. 9. li, C? Toute la différence que j'ai obfervée entre cette quatriéme efpece & celle que je viens de décrire, confifte dans la forme de la coquille, qui eft auf fort épaifle , mais plus réguliere- mént conique. Son fommet eft plus relevé, & placé très-exaétement, du moins dans le plus grand nombre, au centre #94 partent Sommet, Couleur. ANIMAL: Tête. Yeux, Pied, Manteau, Couleur, CoqQuiLee, Somme: COQUILLE. Périofte, Sommet. Couleur. ANIMAL. Tête. Pied. Manteau. Couleur, CoqQuILLE, 32 COQUILLAGES naturels du pays le mangent. Les plus grands que j'y ai ob- fervés avoient près de quatre pouces de longueur à leur co- quille , fur trois de largeur: j'en conferve une {emblable dans mon Cabinet. 26 LE PLAN MIONTENINE On trouve dans les mêmes lieux, mais plus rarement, une feconde efpece de Lépas, qui n’a été figurée nulle part que je fçache. Sa coquille eft de même forme que la précédente, mais d’une nature en quelque forte différente : car au lieu d’être, comme elle, d’une matiere pierreufe , elle n’eft guères plus que cartilagineufe, mais fans aucune flexibilité. Elle eft ex- trêmement mince, tranfparente, & recouverte d’un périofte membraneux, au-deflous duquel on n’apperçoit aucune ap- parence de canelures. Ses bords font entiers. Elle n’a que qua- tre lignes de longueur fur trois de largeur. | Son fommet eft placé, comme dans la premiere efpece, vers le tiers de fa longueur, mais dans un fens contraire, c’eft- à-dire, proche de la queue ou dela partie poftérieure de l’ani- mal. Ce fommet fair une efpece de crochet recourbé en arriere, Cette coquille emprunte fa couleur de rouille du périofte qui l'enveloppe. Sa tête & {es cornes font plus longues que dans la premiere efpece, Son pied eft auf fort long & déborde tant foit peu le der- riere de la coquille lorfque l’animal marche. On ne voit aucun cordon autour de fon manteau, mais feulement un rang de trente filets fourchus qui en compofent la frange. Tout fon corps eft d’un jaune fale : du refte il reffemble affez au précédent. 3 LE SORON. PJ 2. Patella alba , compreffa, lævis. Lif. hift. Conchyl. tab. 545. fig. 37. Calyptra quæ Patella alba comprefla lævis; Lifteri. K/ein. Tent. pag, 118, Jpec. 5. tab. 8. fig. 8. La coquille du Soron eft fort épaifle, & moins allongée que les’ précédentes : celle que j'ai obfervé n’a guères que quatre UNIVALVES. 33 quatre lignes de diametre. Sa bafe ou la feétion du cône dont elle a la figure, eft ronde ou formée par une ligne circulaire, Sa furface intérieure & extérieure font très-polies, ce qui leur donne un œil luifant: celle-ci eft creulée de fept à huit fillons circulaires, qui ont pour centre le fommet dont ils font aflez éloignés. -_ Le fommet eft émoufée , arrondi, & placé fort proche du bord poftérieur de la coquille : il eft une fois moins élevé qu'elle n’eft large. Sa couleur eft d’un blanc de neige, La tête de l'animal eft fort-courte & confidérablement ap- platie: elle a un peu plus de largeur que de longueur, & une . légere membrane à fon extrêmité que les cornes atteignent à peine, Les yeux font placés fur la partie poftérieure des cornes, dont la tranfparence qui les laifle voir par devant, les fait pa- roître comme placés fur leur côté intérieur, de maniere qu’on s’y tromperoit facilement fi on ne les regardoit de plufeurs fens diflérens. Son pied eft afflez exactement rond, je veux dire qu'il a autant de largeur que de longueur. - - Le manteau qui recouvre tout fon corps, eft fi court qu’on en voit à peine les bords. Au lieu d’une frange de filets ils montrent une rangée de petits points élevés, qu’on ne difln- gue facilement qu'avec le fecours du verre lenticulaire. Sa couleur eft d’un blanc fale. Ce coquillage eft extrêmement rare fur la çôte du Sénégal, AL. GA DIN. PL 2 Patella limbo integro, ftriis majoribus & fafciis alcernatim & gradatim fignata , conica , fubviridi colore depicta. Gual. Ind. pag. & tab. 9. lire, C®? Toute la différence que j'ai obfervée entre cette quatriéme efpece & celle que je viens de décrire, confifte dans la forme de la coquille, qui eft auffi fort épaifle , mais plus réguliere- mént conique. Son fommet eft plus relevé, & placé très-exaétement, du moins dans le plus grand nombre, au centre ses partent Sommet, Couleur. ANIMAL: Tête, Yeux, Pied, Manteau, Couleur, CoqQuiLre, Somme:, Couleur. CoguiLLer. Guverture. Sommet. Couleur, ANIMAL. 34 COQUILLAGES environ cent rayons à peu près égaux. Ces rayons font fem- blables à de petites côtes peu élevées & arrondies, qui vont aboutir aux bords de la coquille, dont le contour eft cir- culaire indépendamment des enfoncemens & autres irrégu- larités auxquelles ils font fujets. Cette coquille, fraîchement tirée de la mer , eft terreufe & comme rouillée ; mais lorfqu’on l’a un peu lavée elle de- vient extrêmement blanche. J'ai trouvé fur les rochers de l’ifle de Gorée & du cap Ma- nuel une grande quantité de ce coquillage, dont les plus grands avoient dix lignes de diametre & moitié moins de profondeur du fommet à la bafe. Ils étoient fort abondans fur-tout depuis le mois de janvier jufqu’au mois de mai. 5 LE MOURET. P 2. Patella nigricans minor, capillaceis ftriis infignita ; Africana. Liff. hiff. Conchyl. tab. 537. fig. 17. Patella ftrits nigris donata, ipfo vertice albo, nigrâque fere lineâ cinéto. Ejufa. ibid. tab. 539. fig. 22. Patella integra ftriata : minor capillaceis ftriis peétinata, ex Africä ; Lifteri. Klein. Tent. pag. 115. fpec. 1. n. 15. cab. 8. fig. x. L'ouverture de la coquille du Mouret ef elliptique, comme dans la premiere efpece. Ses bords font entiers. Elle a environ un pouce de longueur: fa largeur eft un tiers moindre, & un peu plus grande que fa profondeur. Le fommet eft élevé & placé vers fon centre, en s’appro- chant cependant un peu de fa partie poftérieure. Deux cens canelures extrêmement fines & fort ferrées partent de ce fom- met, & fe répandent comme autant de rayons fur toute la furface extérieure de la coquille. Sa couleur eft ordinairement grife au dehors, ou cendrée tirant un peu fur le verd. Lorfqu’elle a été roulée fur le ri- vage fon fommet devient blanchâtre, & fes canelures font brunes, fur un fond quelquefois blanchâtre & quelquefois vineux, fouvent coupé par trois ou quatre bandes brunes, circulaires & concentriques au fommet. Au dedans elle eft d'un poli très-brillant , brune fur fes bords, & blanchâtre dans le fond. Je ne connois point d’efpece de Lépas dont la figure du UNIVALVES. 35 corps s'éloigne davantage de fes congénères que ne fait celle- ci. Ées yeux & fes cornes font fi petits, que l’on peut dire qu’elle n’a ni les uns ni les autres. | mal Sa tête eft faite en demi-lune, & coupée vers le milieu par une large crénelure qui femble la divifer en deux parties égales. Le cordon que j'ai remarqué fur le manteau de la premiere efpece, manque dans celle-c1; & fes bords au lieu d’être fran- és, font légerement crénelés. Dans le finus qu’il fait avec e deflus du pied, on ne trouve point les douze ftigmates dont j'ai parlé ; on voit feulement fur la droite une petite mem- brane quarrée qui eft dans une agitation continuelle: c’eft le tuyau de la refpiration. Son pied n’a point non plus ce fillon circulaire de la pre- miere efpece. Le fond de la couleur de tout fon corps eft un gris-cendré, fur lequel font répandues un grand nombre de petites taches d’un aflez beau jaune. pe Cetre efpece eft fort commune fur les rochers de l’ifle de orée. 2°. LÉPAS A COQUILLE PERCÉE EN DESSUS. 6 L'E D AS A N° PL 2. Lepas Agria, fivè Patella Sylveftris. Colum. Aquat. pag. 11 6 12. Patella Cypria diéta. Bonan. recr. pag. 90. claff. 1. n. 3. Patella levirer ftriata, intùs viridis, extrà ex fufco rufefcens; Africana. Lift. hifi. Conchyl. tab. 528. fig. 4. & 529. © Patella Cypria dicta. Muf. Kirk. pag. 435. n. 3. Patella capenfis, compreffa, érificio magno. Per. Gazoph. vol. 1.cat. 484. tab. 3. fie, 1r. Patella AN foraminofa. Ejufd. vol. 1. cat. 416. tab. 85. fig. 8. Lepas oblonga, vertice perforato. Tournef. Voyag. vol. 1. pag. 249. Lépas tout uni , quoique rayé de lignes brunes; il eft percé dans fon fom- -met. Hiff. Conchyl. pag. 240. pl. 6. fig. C. Patella vertiñice perforato , oblonga, ftriata , nonnullis aliis lineis in gi- rum gradatim dates circumdata, bal intùs dentata , fabalbid Gualt. Ind. pag. & tab. 9. lt. N. Patella vertice perforato , ftriata , aliquando rugofa, vel ex plumbeo vel fubnigro radiata, unâ lineâ aliquando duabus circumdata. Eju/à. ibid. dir. P,Q.R.S.T, Ei Cornes, Manteau. Pied. Couleur. CoQuILLeE. Sommet, Manteau. 36 COQUILLAGES Patella intégra , ftriata : Cypria, ftriis craflis , ftrigibus profundis, bafi el- liptica; extüs lutea , intus alba; Bonanni. K/ein. Tent. pag. 114. Jpec. 1. n. 2. Il y a peu d’efpéces plus communes que celle-ci, fur-tout vers la partie méridionale de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft conique à bafe elliptique. Elle à environ un tiers de pouce de longueur, un quart moins de largeur, & une fos moins de profondeur. Elle eft fort épaifle, & percée au fommet d’un trou elliptique qui a à peu près la cinquiéme partie de fa longueur. Ce trou ne fe trouve pas tout-a-fait à fon milieu , mais un peu plus proche de la tête. Ses deux ex- trêmités font arrondies & un peu plus larges que fon milieu, ce qui lui donne aflez l’air d’un trou ce ierrure. | - A l'extérieur elle eft prefque toujours recouverte d’une croute marneufe, blanchâtre, au-deflous de laquelle on voit cinquante canelures affez foibles, dont vingt-cinq font alter- nativement moins faillantes. Ces canelures partent du fom- met, & vont fe terminer aux bords de la coquille, qui font prefqu’entiers ou dentelés très-légerement. Le fond de fa couleur eft d’un blanc verdâtre au dedans. Au dehors il eft tantôt blanc, tantôt gris, tantôt rouge, fur- tout dans les jeunes. Mais comme les vieilles font ordinaire- ment enveloppées d’une croute blanchätre , elles paroïflent toujours blanches, & il eft rare qu’on leur trouve une autre couleur lorfqu’on les dépouille : on voit cependant un peu de rouge autour du fommet de quelques-unes. Le pied de l’animal a une particularité que je n’ai pas ob- fervée dans les autres efpeces de ce genre. Ses bords & ceux du fillon qui regne tout autour, font ornés d’un rang de filets fort petits & très-ferrés. La frange qui borde le manteau n’eft formée que par un rang de filets rameux qui ont depuis trois jufqu’à cinq pointes. Le cordon fe trouve auffi au-deflus de la frange ; mais il ref- femble à un bourrelet fans dentelle. Les deux extrêmités antérieures du manteau pañlent par- deflus le col de l’animal pour border l’ouverture qui eft per- cée au fommet de la coquille. Ils y forment, fans fortir au dehors, une efpece de tuyau par lequel on voit quelquefois l'eau fortir avec Les excrémens, UNIVALVES. 37 Au milieu de la longueur du corps, dans le finus que fait le manteau avec le pied, on apperçoit deux ftigmates qui font percés l’un à droite & l’autre à gauche. Au-devant de chacune de ces ouvertures on voit forur un petit corps charnu, fait en languette triangulaire, dont le limbe extérieur eft foutenu ar un offeiet blanc, femblable à une aiguille applatie. Cette ne , qui repréfente aflez bien un petit étendart dont l’oflelet fat le bâton, eft traverfée par un grand nombre de fibres qui en rendent le tiflu fort agréable. Je ne connois pas parfairement l’ufage de ces deux parties dont la ftruéture eft aflez finguliere. A l’égard de la couleur de cet animal, elle ne differe en rien de celle de la premiere efpece , non plus que la figure de fes autres parties, 7: LE GI VAMRMEFP2S On donne ordinairement le nom de Treillis à la coquille de certe efpece , à caufe du réfeau que forment fes canelures, Mais comme cette particularité lui eft commune avec beau- coup d’autres coquilles, pour éviter toute confufion , j’ai mieux aimé lui donner le nom de Gival, qui par lui-même n’a au: cune fignification, Patella reticulata, quafi retis foramina oftendens conftanti proportione à circumferentià ad centrum diminuta, luteo colore, aut cinereo. Bon. recr. pag. 90. claff. 1. n. 6. Patella cancellata ; Jamaicenfis. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 527. fig. . Patella cancellata, densè admodüm ftriata; Barbadenfis. Ejufd. tab. $ 27. Da. SRE quafñ retis foramina oftendens, conftanti proportione à circumferentià ad centrum diminuta, luteo colore , aut cinereo. Mufc Kirk: pag. 435. n. 6. Patella Barbadenfis cancellata. Periv. Gazoph. vol, 1, cat. 580. cab, 8os fig. 11. Patella ftriata, vertice mucronato perforato. Lang. meth. pag. 3. Lépas à ftries partant de fon œil, traverfées par d'autres ftries, ce qui forme un réfeau ; fa couleur eft commune & fon œil trouc. Hif. Conchyl. pag. 240. pl G. fig. J. Patella integra, rericülata feu clathrata, lutea vel cinerea ; Bonanni. K/ein. . Tent. pag. 11G. fpec. 2. n. 1. Patella integra, reticulata feu clathrata; clathri denforis eadem cum præ- cedenti; Lifteri, Ejufd. ibid: m, 2, cab. 8: fig. 3. Couleur, CoqQuiiee. Sommet, Couleur. ANIMAL Manteau. Pied. Couleur, 38 COQUILLAGES La coquille du Gival eft de même forme que la précédente, mais moins épaiñle, & crénelée un peu plus fenfiblement fur les bords. Elle eft percée au fommet d’un trou oval beaucoup plus petit, & qui a à peine la huitiéme partie de fa longueur. De ce fommet partent quarante canelures rondes & aflez rofles , qui vont fe rendre fur les bords de la coquille. Quinze à vingt autres canelures un peu moins élevées, traverfent celles-ci en décrivant autant d’ellipfes dont le fommet eft le centre, Le croifement de ces canelures laiffe un grand nombre de petits efpaces quarrés qui forment un réfeau admirable, & dont les mailles augmentent à mefure qu’elles approchent des bords de la coquille. Les plus grandes coquilles que j’aiobfervées ont un pouce & demi de longueur, & une fois moins de hauteur : leur lar- geur eft de moitié moindre. Leur couleur fouffre de grandes variétés : il y en a de blan- châtres, de grifes & de brunes; j'en ai même une petite qui eft bleuâtre. Les brunes font communément tigrées de blanc, Les blanches ont quelquefois des taches rouges répandues çà & là fans ordre ; mais il eft plus ordinaire de leur voir fept larges bandes d’un gris-cendré , qui s'étendent comme autant de rayons du fommet aux bords de là coquille, où elles ont plus de largeur qu’à leur origine. Le manteau de l’animal n’eft point frange, mais feulement bordé d’un rang de trente petits tubercules, qui ont l’appa- rence d'autant de points blancs. La même uniformité rèone encore dans fon pied, qui a un pareil nombre de points élevés fur fon limbe: du refte l’ani: mal reffemble en tout à celui de la premiere efpece, La couleur de tout fon corps eft d’un blanc pâle. Cette efpece eft aflez rare : je l’ai trouvée en mai à l’ifle de Gorée. 3. LÉPAS À COQUILLE CHAMBRÉE. 8. LE SU LIN. PL2, Patella lævis, densè maculata, admodüm cémpreffa. Lift. hift. Conchyl, cab. $45- fig. 34. — Rumph. Muf. pag. 123. art, 6: rab.40. fig. O. UNIVALVES. 39 Patella Indica lingualis, roftro internè ad dextrum. Petiv. Gazoy. vol. 2. car, 270. tab. 53. fig. 8. Perit Lépas de forme longue , tout brun & raboteux ; il n’a de fingulier que d'être chambré & d’avoir l’œil fait en bec, placé à l’une de fes extrêmités. Hifl. Conchyl. pag. 141. pl. 6. fig. N. (Coquille frufte. ) Patella ftruéturâ peculiari donata, fatis deprefls , Cavitatem oblongam efformans & in angulum acutum definens, ubi fuperinduéta lamina ufque ad medium ejufdem cavitatis finum quemdam deprefflum conitituit, lævis fragilis, pellucida, candidiflima, Petro Michelio Crepidula diéta, ex Infulà Ilvæ. Gualr. Ind. pag. 5. tab. 69. fig. H. Cochlearia pennata, feu pennarum gallinacearum more piéta, Rumphit. Klein. Tent. pag. 118. fpec. 1. Cochlearia, Patella lævis, densè maculata, admodüm compreffa; Lifteri. Ejujd. pag. 119. fpec. 4. La coquille du Sulin eft une efpece de baffin ellipuque, renverié & fort applati. Elle a un pouce un tiers de longueur, un quart moins de largeur , & preique trois fois moins de pro- fondeur. Son épaifleur eft aflez confidérable ; & elle eft pole & unie au dedans & au dehors. Son fommet ne fe trouve pas placé fur fa furface, mais fur fon bord poftérieur, où il fe termine en un bec légerement recourbé vers le côté droit. Sa bafe eit elliptique & ondée aflez irrégulierement fur fes bords qui font fort tranchans. Intérieurement elle eft cham- brée ou divifée par une cloifon qui s'étend parallèlement à fa bafe. Cette cloifon n’occupe & ne couvre que la moitié poflérieure de la coquille, & fon bord antérieur eft terminé par une Hgne tantôt droite, & tantôt courbe ou creufée en portion de cercle : elle eft extrêmement dure, quoiqu'’aflez mince, & ne prend pas naïiflance immédiatement aux bords de la coquille, mais un peu au-deflus, de maniere que le pied de l’animal la recouvre entierement pendant qu’il marche. Sa couleur eft aflez variable : elle eft tantôt brune & tantôt rouffe , tant à l’intérieur qu’à l'extérieur. Quelquefois elle eft verte avec des petits points bruns. Le plus grand nombre eft à fond blanc au dehors, parfemé de longues taches d’un brun rougeñtre ; au dedans ce fond eft blanc ou couleur de chair, fans aucun mélange. La tête & les cornes de l'animal font parfaitement fem- blables à celles de la premiere efpece ; mais fes yeux au lieu CoqQuiLts. Somme, Cloïlon, Couleur, ANIMAL. Yeux, Manteau, Cou'eur. CoqQuILLE. 40 COQUILLAGES d’être placés à la racine des cornes, fe trouvent un peu au- deflus. . Son manteau eft bordé de vingt-cinq crénelures découpées en maniere de croiffant, du milieu defquelles on voit s’éle- ver un petit point blanc. On trouve fur la droite de l'animal, dans le finus que fait le manteau à fa jonction avec le pied ,un petit corps blanc, femblable à une languette triangulaire qui eft ordinairement recourbée en bas, Son pied eft elliptique ; mais fa partie fupérieure fe ter- mine en deux oreillettes triangulaires, qui s'étendent fur les côtés pendant qu’il marche. En deflous, ce pied eft traverfé par plufieurs fillons qui le font paroître ridé. La plus grande partie du corps de l’animal eft logée dans la cloifon de la coquille. Il a les cornes jaunes & les yeux noirs. Son pied eft d’un blanc fale en deflous, & marqueté d’un grand nombre de petits points noirs. Le refte de fon corps eft d’un cendré qui tire fur le noir. Les rochers de l’ifle de Gorée fourniflent beaucoup de ce coquillage. Il femble qu’il fe. plaît davantage dans les lieux où la mer vient battre avec plus de violence; & je ne con- nois pas d’efpece qui foit plus difficile à détacher des pier- res. Il y adhere avec tant de force, qu’on en.enleve fouvent des éclats avec l’animal, ou EE GA RENLOMT.L PJ..2. Si je ne confultois que la figure de la coquille de cette efpece , je l’appellerois la Vacelle, qu’elle repréfente parfai- tement bien ; mais comme l’on peut trouver par la fuite d’au- tres coquilles de même figure & auxquelles ce nom convien- dra également, j'ai préferé de lui donner le nom de Garnot. Sa coquille a beaucoup de rapport avec la précédente; elle en differe cependant a bien des égards. Elle eft fi mince qu’on voit le jour au travers. Sa longueur pañle rarement dix lignes; & fa largeur eft un quart moindre, & égale à fa profondeur. Il femble que la figure de cette coquille a été forcée par une compreffion faite fur fes côtés. Lorfqu’on la retourne fur le dos elle a la forme d’une nacelle ou d’un petit canot, ". 4 UNIVALVES. 4t la cloifon, qui s'étend à peine jufqu’à fon milieu & qui eft très-enfoncée , fait comme une efpece de banc ou de cabane ménagée à fon extrèmité. A Pextérieur elle eft ordinairement recouverte d’un pé- riofte brun , membraneux & très-fin , qui s’enleve facile- ment. Lorfqu’on a dépouillé la coquille de cette enveloppe, on voit que fa couleur eft brune dans les unes, & blanche dans d’autres, avec deux rayes brunes, qui prenant leur origine au fommet, en parcourent la longueur pour fe terminer au bord oppofié. L'animal ne differe du précédent qu’en ce que fes parties font beaucoup plus ramaflées & moins étendues. Les crénelures du manteau font découpées moins pro- fondément. Les oreillettes latérales du pied deviennent peu fenfbles & comme obliterées. J'ai trouvé cette efpece avec la précédente, mais plus ra- rement. Elle fe plaît davantage dans les fables, où elle s’at- tache aux coquillages qui y reftent cachés. so LLE.. 3, E-NLAr CPL, 2; La coquille du Jenac eft chambrée comme les deux pré- cédentes, & elle differe de la premiere, appellée Sulin, en ce qu’elle eft ronde & infiniment plus applatie. Son diametre n'excède pas cinq à fix lignes, & furpañle quatre à cinq fois fa profondeur. Elle eft fort mince, & cachée au dehors fous un périofte compofé de plufeurs lames en recouvrement les unes fur les autres, qui la rendent aflez rude au toucher. Par tous ces endroits elle reflemble fort à une coquille que j'ai trouvée dans le corps d’une efpece de lièvre-de-mer com- mune au Sénégal. La cloifon qui partage fon intérieur ne s'étend pas juf- qu’au uers de fa longueur. Cewe coquille eft fort blanche, fur-tout dans fa furface intérieure qui eft du plus beau poli. Les cornes de l’animal font ornées vers leur extrêmité, d’un peut nombre de tubercules blancs qui les font paroître chagrinées, F Cloifon, Périolte. Couleur, ANIMAL: Manteau. Pied, CoqQuiLcs, Périofte, Cloifon, Couleur, ANIMAL Cornes. Pied. Manteau. Couleur, CoQuILLE. Ecailles. Couleur. ANIMAL. Tête, Cornes, 42 COQUILLAGES Son pied eft exactement arrondi, & l’on n’y voit aucune apparence d’oreilletres : 11 eft chagriné‘en deflus. Le manteau eft auffi chagriné ,| & bordé feulement à fa gauche, vers le derriere de la tête, de huit filets cylindri- ques aflez longs. La couleur de tout fon corps eft d’un blanc de neige ; il n’y a que les yeux de noirs. ‘ Cette efpece n’eft figurée nulle part, non plus que la pré- cédente, & elle eft extrêmement rare: je lai trouvée fur les rochers expofés de l’ifle de Gorée. 4% LÉPAS A: COQUILLE ÉCAILLEUS,E LE KA UL. L SON: PL 25 Je n’ai obfervé qu’une efpece des Lépas qui ont plufeurs écailles à leur coquille. Elle fe trouve fréquemment fur les rochers de la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. Infetti marini analoghi alle Patelle , o cimici delli Agrumi. Wallifn. raccolt. pag. 147. tab. 16. fig. 2. Sa coquille a la forme d’un demi-ovoide convexe par-deflus, plat en deffous & obrus à fes extrêmités. Elle a trois lignes de longueur, & une fois moins de largeur. Les huit écailles dont elle eft compofée font fort courtes, environ deux fois plus larges que longues, & pofées en re- couvrement les unes fur les autres de devant en arriere. Elles font toutes relevées dans le milieu d’une petite côte aflez ai- guë, & chagrinées fort délicatement fur toute leur furface. Ea couleur de cette coquille eft rougeître pendant que l'animal eft vivant : après fa mort , elle devient grife ou cendrée. L'animal du Kalifon ne differe pas moins que fa coquille de toutes les autres efpeces de Lépas que j'ai décrites. Sa tête à la figure d’un croiffant ou d’une demi-lune : elle eft arrondie à fon extrêmité , & étroitement unie à la co- quille, dont elle ne peut guères s’écarter pour fe montrer au dehors. j On ne voit pas la moindre apparence deg cornes n1 des yeux. UNIVALVES. 43 Son pied eft elliptique, obtus aux extrêmités , une fois plus long quelarge, & étroitement attaché la coquille qu’il ne déborde jamais. Le manteau reflemble à une peau charnue , aflez épaïñe, appliquée & comme collée fur toute la furface interne de la coquille. El la déborde un peu au dehors pour l’environner d’un bourrelet qui aflermit fes huit écailles. Lorfqu’on examine ce bourrelet avec le verre lenticulaire, on découvre fur fes bords dix-huit ‘petits boutons chargés d’un faïfceau de poil. Ces faifceaux font placés au défaut des écailles, dans l'endroit où elles s'uniflent avec le bour- relet ; de maniere qu’il y en a neuf fur la droite & autant fur la gauche. J'ai compté environ vingt poils fur chacun. L'ufage de ces faifceaux m’eft entierement inconnu. Le corps de l'animal eft d’une couleur de chair très- agréable. La ftructure aflez curieufe de cet animal auroit exigé quel- ques détails dans les figures; mais comme fa pèritefle ne m’a pas permis de l’examiner à fond, je me fuis contenté de le repréfenter de grandeur naturelle, avec fes huit écailles fé- parées l’une de l’autre, & de faire remarquer ce que les ob- fervations m'ont appris, en attendant que je puifle examiner ceux des côtes de France ou de l’Amérique, dont la gran- deur eft beaucoup plus avantageufe. Vallifnieri, dans l'endroit où je l’ai cité, appelle ce co- quillage Punaife de mer, en le comparant à la Gallinfecte des orangers, Coccus, qu’il appelle la Punaife des orangers: mais on voir aflez combien eft grande la diftance qui fe trouve entre ces deux animaux. Petiver donne le nom d’Ofcabrion à une efpece beaucoup plus grande qu’il avoit reçu de la Caroline: Ofcabrion Carolinum perelegans. Gazoph. vol 1.ear. 528. cab. x. fig. 3. GE N'R'E- V'IAT: L' Y E T, Yétus. LES anciens ont connu fous le nom latin de Concha Per- f'ea , un coquillage qu’ils recevoient f.équemment du golfe Perfique. Quelques modernes lui ont confervé ce nom, que F ij Pied. Manteau. Couleur. Remarque. 44 COQUILLAGES les françois ont rendu dans leur langue par celui de Conque Perfique. Mais il nous vient tant de coquilles & tant d’autres raretés de ce golfe, que ce feroitembrouiller nos idées que de leur donner à chacune en particulier ce feul nom de Perfique ou Perfienne , qui leur convient également à toutes. C’eft pour ne pas tomber dans ce défaut que j'ai confervé à la premiere efpece de ce genre le nom d’Ver, fous lequel il eft connu chez les nègres voifins du cap Verd. Ce coquillage a beaucoup embarraflé les modernes dans leurs combinaifons méthodiques, & ils n’ont pü jufqu’à pré- £ent ranger fa coquille, faute d’en avoir vü l’animal. La côte du Sénégal m'a fourni les moyens de l’examiner : elle en nourrit une prodigieufe quantité, fur-tout dans la partie fa- blonneufe qui s'étend depu s le village de Rufsk jufqu’à celui de Ben. Là tous les ans les groffes mers du mois d’avril en rejettent un fi grand nombre que le rivage en paroït quel- quefois tout couvert :on y en trouve de deux efpeces, de toutes les grandeurs. ul ONE, 27 3 Concha maxima exotica wpfrod»s candida. Colum. Aquat. pag. 68.6 69. Concha mesrdys altera lutea minor. £yu/d. ibid. Concha natatilis mearèd»s minima Perficæ diétæ recentiorum congener. Ejufd. Purp. pag. 28 & 30. Concha Perfica major. A/drov. exang. p. 560. Concha Perfica minor. Æju/d. ibid. Concha Perfica major & minor. Jonfl. exang. lib. 4. tab. 17. Cochlea à litrore Iberico, colore varia. Bonan.recr. pag. 113. claff. 3. n.6G. Buccinum Perficum majus, claviculà pulvinata papillatum. Lift. hifi. Conchyl. tab. 794. fig. 1. k Buccinum Perficam parvum , ex rufo nebulatum claviculà obtusâ. Ejufd. tab. 595. fig. 2. Buccinum Perficum ex rufo nebulatunr , claviculà profundè fuleatä, ejuf- que margine acuta. Æjufd. tab. 796. fig. 3. Buccinum Perficum fubrufum , maximè ventricofum claviculà clavati. Ejufd. tab. 802. fig. 8. Cochlea à littore Iberico , colore varia. Muf. Kirk. pag. 4ç0. n. G. €ochlea longa pyriformis major, inrorta, cylindroidea , umbonata lævis, ore ampliore. Lang. meth. pag. 21. La Tonne ou petite Conque fphérique. if. Conchyl. pag. 304. pl. 20. 9. G. S Cochlea longa pyriformis intorta integra, maxima, umbonata, lævis, UNIVALVES. 45 infigniter ventricofa , fubalbida, nonnullis Cochlea Latina diéta. Gual. Ind. pag. & tab. 17. litt. À. A. l Cochlea longa , pyritormis, intorta, cylindroidea , umbonata, umbone finuolo, lævis, fufca, maculis , nigricantibus aliquandd donata. Ejufd. pag. & tab. 15. licr. À. Cymbium mamillare : pro turbine mamillam éxferens : Ibericum, coloris mod albidi, modà lividi, modà carnei vel figulini, maculis nigris; Bonanni. K/ein. Tent. pag. 81. fpec. 2. n. 2. tab. $. fig. 97. Cymbium auritum , labio concavo , inftar auris in duas extremitates acutas terminante , altero latere voluto; turbine infrà bafim; quod Bucci- num Perficum ex rufo nebulatum , claviculà profundè fulcatä, ejuf- que margine acutà ; Lifteri. Eju/d. ibid. fpec. 3. n. 2. Cymbium auritum, aliud parvum ; claviculà obtufa, labio crafliore; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 3. n. 3. La coquille de l’Yet eft une des plus grandes que j'ai ob- fervées fur la côte du Sénégal. Elle a neuf à dix pouces de longueur, fur fept à huit de largeur, & une fois moins de profondeur de deflus en deflous. On peut la regarder comme une portion d’ovoide obtus D. S. coupé par la moitié dans fon grand diametre, & dont la longueur furpañle la largeur d'environ une quatriéme partie. Ses extrêmités font arron- dies ou fort obtufes, & fon épaifleur n’eft pas fort confi- dérable. CNT, Elle ef life au dehors, & formée de trois fpires qui tour+ nent de droite à gauche & horizontalement fur elles-mêmes. La premiere de ces fpires compofe elle feule prefque toute la coquille. Les deux autres fpires forment un fommet arrondi S. & çaché dans la cavité que forme en basla premiere fpire. Les bords de cette cavité font extrêmement aigus & rentrent en dedans par une furface très-oblique qui fe termine à la racine du fommet. | | L'ouverture de cette coquille eft des plus évafées que l’on connoïfle. C’eft une ellipfe obtufe à fes extrêmités, qui font terminées par une échancruré confidérable creufée dans la -coquille. L’échancrure d’en haut D. reflemble à une créne- lure en demi-lune , plus large que profonde : & celle d’en bas E. forme un canal plus long ou plus profond qu'il n’eft large. La longueur de certe ouverture eft double de fa lar- geur: elle eft égale & prefque parallele à celle de la coquille. CoOQuILLE, Spires, Sommet, Ouverture, Couleur, 46 COQUILLAGES Sa largeur eft aufi prefqu’égale à la fienne dans fa moitié fupérieure. ‘La lèvre droite eft très-ample, mince & tranchante, fans bérdüre. La gauche au contraire cft renflée & arrondie dans le bas, fimple dans le haut, quoiqu’épafle & obrufe : elle eft ornée un peu au-deflus de fon milieu de quatre dents qui tour- nent en fpirale, & dont la fuperieure eft trop rentrée en de- dans de la coquille pour être facilement apperçue: elle laifle voir encore au dehors une large trace ridée, qui s’étend de- puis ces dents jufqu’à l’échancrure fupérieure, qu’elle va gagner en ferpentant fur le dos de la coquille. La furface intérieure de cette coquille eft blanche, & du . poli le plus brillant: à l'extérieur elle eft fauve, quelquefois Variétés, ANIMAL. Tête. Cornes. Yeux. marbrée de taches blanches, Les variétés qu’on obferve dans les diflérens individus de cetre coquille, dépendent de leur âge. Les jeunes font ordi- nairement un peu plus longues : leur largeur eft de moitié moindre que leur longueur : leur fommer eft. applati. Celui des moyennes ef arrondi ; mais l'intervalle qui les fépare de- puis Le tranchant de la premiere fpire eft creufé obliquement: telle eft celle que j'ai figurée aux lettres D. E. S. Dans les vieilles, au contraire, le fommet eft applati ou bien il rentre un peu” en dedans, &r efpace qui fépare les fpires eft applati ou horizontal, On ne voit communément que trois ou quatre dents à la lèvre gauche de l’ouverture; j'ai cependant une moyenne de ces coquilles qui fait exception à cette regle; elle en a cinq très-bien diftinguées, & que l’on voit facile- ment au dehors. La tête de l’animal eft extrêmement grande, faite en demi- lune T. & de moitié aufi large que fa coquille. Elleeft plane en deflous, convexe par deflus, & tranchante fur {es bords. Ses cornes C. C. ont la forme de deux lanouettes trian- gulaires, applaties, trois fois plus longues que larges, & trois fois plus courtes que la tête. Elles y font attachées en deflus à une diftance aflez grande & à peu près égale de fon extrè- mité & de fes côtés. Les yeux Ÿ. Ÿ. font placés à peu près au milieu de la lon gueur de la tête, vers le côté extérieur des cornes; mais ils font éloignés derriere elles d’une diflance égale à leur largeur. UNIVALVES. on ” ‘Ils font médiocrement grands, noirs , arrondis , & légere- ment élevés. On recennoît facilement la bouche B. par un long tuyau ou trompe L. qui en fort très-fouvent, Cette trompe eft cy- lindrique , d’une longueur égale à celle de la tête. Son extré- mité eft percée, & garnie de petites dents en forme de cro- chets. Elle fert à cet animal pour percer les autres coquillages & en fucer la chair qui lui fert de nourriture. Son manteau recouvre les parois intérieures de la coquille fans fortir au dehors. A fon extrêmité antérieure il fe replie pour former un tuyau K. K. de la longueur de la tête, fur laquelle il pañle entre les cornes. Ce tuyau eft cylindrique, fort épais, & coupé par devant dans toute fa longueur. Il porte à fes côtés une membrane épaifle, charnuë , & quar- rée N. N. qui s'étend fur toute fa longueur. Dans la feconde figure on a repréfenté ce tuyau couché fur la gauche, pour le faire paroître avec fes deux lobes ou membranes, Ce tuyau donne pañlage à l’air & aux excrémens. Le pied P. du Yèt eft la partie la plus confidérable de fon corps. Il eft fi monftrueux que la coquille en couvre à peine la quatriéme partie quand il veut y rentrer. Alors il fe replie en deux dans toute fa longueur & forme un long canal G. G. dans fon milieu. Lorfqu'il eft étendu pour marcher, il prend la figure d’une ellipfe , obtufe aux extrêmités, & qui s’avance afflez pour cacher toute la tête en deffous, comme on le voit dans la premiere figure. Il a alors une fois plus de largeur & moitié plus de longueur que la coquille. Son grand dia- metre furpañle auffi d’un tiers le perit. Son épaifleur eft confidérable , fur-tout dans la partie pofté- rieure qui déborde la coquille. Il eft relevé en cet endroit d’une vive-arrête qui eft fillonée & comme coupée de rides très-profondes. Dans les nouveaux nés ce pied fe loge en entier dans la coquille. Tout le corps de cet animal eft d’un brun tirant fur le noir. Ses yeux font noirs ; & l’on voit un cercle blanc à l’extrèmité du tuyau que forme le manteau. Quoiqu'il ne me foit pas arrivé de furprendre l’Yèt en ac- couplement, on peut préfumer qu’il eft hermaphrodite , parce que j'ai trouyé des petits vivans dans le corps de la plüpart, Bouthe, Manteau, Pied, Couleur. Obferva- tion, à |: C'ORMTLDMCRS fur-tout pendant les mois d'avril & de mai. L’analogie qui eft entre ce coquillage & quelques autres qui font des her- maphrodites de cette efpece, pourroitencore confirmer mon opinion. Mais ce que je puis afirmer avec plus de certitude, c’eft qu’il eft vivipare , & que {es petits en naïflant portent des coquilles qui ont déja un pouce de longueur, & de même grandeur que celle qui eft figurée à la lettre À. Je n’en a1 trouvé que quatre ou cinq dans chaque animal ; & peut-être les févre-t-1l pendant les premiers mois. Ce qui me donne lieu de le penfer, c’eft que j'en a1 vû plufieurs qui portoient leurs cinq petits dans le plis de leur pied ; cependant ceux-ci avoient déja un pouce & demi de longueur à la coquille. Voilà des enfans d’une taille prodigieufe pour un coquil- lage, & on peut croire que les peres & meres qui leur ont donné naïffance doivent être d’une groffeur confidérable: auf en voit-on qui pefent fept à huit livres. Leur chair, furtout celle du pied, eft coriace & d’une grande dureté : elle eft néan- moins d’une grande :efflource aux habitans de la côte, qui, dans les tems de famine, les boucanent ou les font fécher au foleil pour s’en nourrir & fuppléer à la difette, ou pour les aller vendre avec leur poiflon aux gens qui demeurent dans l’intérieur des terres. Ceux-ci le font cuire avec de l'eau de ris ou de mil pour l’amollir, & le mangent avec plaifr, 2 LE BNE LILUIN SPL. Cette feconde efpece d’Yèt que j'appelle Philin, eft plus rare que la premiere, & fe voit plus volontiers vers l’embou- chure du Niger que fur les côtes du cap verd : je l’ai obfer- vée pendant le mois de février. | . Concha natatilis smgsrddys alrera. Colum. Aquat. pag. 28 & 30. Concha natatilis mesrèdys alrera magna. Ejufd, ibid. | Cochlea Indiæ orientalis ex infulis Philippinis, trecenislibris ponderans, Bonan. recr. pag. 112. claff. 3.n. 2. Buccinum Perficum , fubfufcum , maximum , anguftum , claviculâ exca- vatä , cujufque margo admodum acuta eft, ex infulis Philippinis. Lift. hifi. Conchyl. tab. 800. fig. 7. | Cochlea Indiæ orientalis ex infulis Philippinis, trecenis libris ponderans. Muf. Kirk. pag. 449. nr. 2. Cochlea longa pyriformis major, intorta, cylindroidea, umbonata lævis, Lang. meth. pag. 21. Cochlea UNIVALVES. 49 Cochlea longa pyriformis , intorta, cylindroidea , ftriata ftriis aliquantu- lum undatis, umbonata ; in bafi margine acuto donata, fubalbida, lineis & maculis rufis raris undatim depiéta. Gualk. Ind. pag. & tab. 29. lite, B. d Cymbium umbilicatum ; Concha nautiloides altera magna , Fabii Co- lumnæ. Klein. tent. pag. So. Jpec. 1, n. 1. Cymbium mamillare : prd turbine mamillam exferens; Philippinum; ab infulis Philippinis, Bonanni. Eyufd. ibid. fpec. 2. n. 1. La coquille du Philin eft mince, beaucoup moins épaifle & plus longue que celle de l’Yèt. J'en ai vü dont la longueur étoit d’un pied & davantage, & furpañloit une fois la largeur. Son ouverture eft plus étroite & moins évafée; elle a deux fois plus de longueur que de largeur. Son échancrure fupé- rieure & l’inférieure font plus profondes. Les variétés que l’âge produit dans certe coquille, fuivent rout le contraire de ce que j'ai fait obferver dans la premiere efpece. Les petites font à proportion plus courtes que les grandes ; car leur longueur n’eft pas double de leur largeur: elles n’ont que deux dents à la lèvre gauche; leur fommet eft arrondi & élevé, quoique peu faillant au-delà de l’extrè- mité de la coquille ; & l'intervalle qui fépare les fpires eft applati & peu creufé. Dans les vieilles on voit trois ou quatre dents extrèmement grandes fur la lèvre gauche; & l’inter- valle des fpires eft creufé fort obliquement. La couleur des jeunes eft brune au dedans, agathe-clair au dehors. Les grandes font -par-tout de couleur de chair. L'animal eft moins grand que celui de la premiere efpece. Son pied n’eft guères plus long n1 plus large que la co- quille. Sa couleur eft blanchâtre. La chair de cette efpece n’eft d'aucun ufage. Les maures fe fervent de fa coquille pour puifer de l’eau. GorEsN ad Re EX, LA VIS. Terebra. Quoique parmi les coquillages qui portent le nom de Vis, il s’en trouve plufeurs efpeces dont la coquille s'éloigne de la forme de la Vis, étant beaucoup moins allongée ; nous CoQuiLzr. Ouverture, Variérés. Couleur. ANIMAL. Pied. Couleur, COQUILLE. Spires. Périofte. Ouverture. Variétés, sa CO QUIIE L 4G HS leur conferverons néanmoins ce nom à caufe de la parfaite reflemblance des animaux que renferment les unes & les autres. 1 LE MIRAN. PL.4 Buccinum brevi roftrum , ex toto læve, claviculatum. Li, hifi. Conchyl. tab. 977. fig. 334 EP AA TEE Pfeudo ftrombus nodofus inter fpiras; Lifteri. K/ein. tent. p. 35. fpec. 2. tab. 7. fig. 121. « La coquille du Miran eft ovoide, arrondie & obtufe dans fon extrêmité fupérieure, & terminée en une pointe très- fine à fon fommet. Sa longueur eft d'environ treize lignes, & furpañle une fois & un tiers fa largeur, qui n’eft que de cinq lignes & demie. : Elle eft médiocrement épaifle , & formée de dix fpires qui tournent en defcendant peu obliquement de droite à gauche, & dont la largeur diminue à mefure qu’elles approchent du fo nmet, où elles fe terminent par un point prefqu’impercep- tible. Ces fpires font un peu renflées & bien dift nguées par un léger fillon qui les fépare. Les deux premieres, ou les plus proches de l’ouverture, font lifles & unies ; mais les huit autres jufqu’au fommet, font relevées chacune de plu- fleurs ‘petites côtes paralleles à la longueur de la coquille. Au refte elle eft d’un poli & d’un luftre qui n’eft point ternt par le périofte fubtil qui la recouvre. Son ouverture eft une ellipfe irréguliere, pointue par le bas, & arrondie par le haut, où elle fe termine en un canal profondément échancré dans la coquille. La longueur de cette ouverture eft double de fa largeur. Elle eft une fois & un quart plus courte que le fommet de la coquille, & à peu près parallele à fa longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft fimple, courbée en por- tion de cercle, tranchante & fans bordure. La lèvre gauche eft auffi courbée en deux fens différens, mais arrondie , & garnie par le haut de deux plis aflez gros, dont l’inférieur fait le tour de l’échancrure de l’ouverture. La feule variété que l’on obferve dans cette coquille, con- fie dans la proportion de fes parties, dont la largeur com- parée à leur longueur eft plus grande dans les jeunes que dans les vieilles, UNIVALVES. ;r Leur couleur, dans tous les âges, eft ou blanche ou agathe, fans aucun mêlange. La rête de l'animal que contient cette coquille, a la forme d’un croiffant, dont la convexité T. eft bordée d’une mem- brane très-fine. Elle eft arrondie & convexe en deflus, & plate en deffous : fa largeur eft double de fa longueur. Deux cornes-C. C. cylindriques, & terminées en pointe, prennent leur origine de fon fommet & fur fes côtés qui les tiennent fort éloignées l’une de l’autre. Leur longueur ef double de celle de la tête. Leur furface eft polie & luifante. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. peu apparens, & placés fur le cô:é extérieur des cornes à leur origine. La bouche B. eft une fente aflez longue, parallele à la lon- ueur de la tête, & fituée au-deflous d’elle dans fon milieu. orfqu’elle s’ouvre on apperçoit le mouvement de la mâ- choire inférieure qui porte de bas en haut. Quoique je n’aie point vû fortir de langue à cet animal, l'analogie me fait penfer qu'il doit en avoir une femblable à celle de l’Yèr(r), & du genre de la Porcelaine qui fuit celui-c1(2). Le pied P. P. forme une ellipfe très-ouverte ou obtufe à fes extrêmités. Sa longueur eft prefque double de fa largeur, & un tiers plus courte que la coquille. À fon extrèmité anté- _ rieure il eft traverfé par un profond fillon S. & prolongé fur fes côtés en deux oreillettes triangulaires D. D. qui n'ont que la fixiéme partie de fa longueur. Le manteau eft une membrane épaifle qui tapiffe l’intérieur de la coquille fans déborder au dehors. Elle fe pliffe feule- ment en un tuyau cylindrique K. K. qui a le quart de la lon- gueur de la coquille, Ce tuyau fort par le canal ou l’échan- crure de l’ouverture de la coquille, & fe rejette fur le côté uche de l'animal. Le deffous de fon corps eft d’un blanc pâle; & le deflus eft d’un blanc-d'eau marqueté de petits poines ou de lignes noirâtres, Ce coquillage ne vit que dans les fables. Je l'ai trouvé fré- quemment fur la côte maritime de Ben, pendant Le mois de mars. TA (1) Voyez la page 47, (2) Pag. 58, G ij Couleur. ANIMAL: Tête, Cornes. Yeux; Bouche, Pieds Manteau, Couleur, COQUILLE. Spires. Ouverture, ANIMAI: ANIMA, COQUILLE. LD - JCHOUILTTANGES 2. LE RAFÉIL. PL 4. Buccinum brevi roftrum claviculà tenui & produétä læve, lacinià quâdam ad imum quemque orbem eleganter ftriarà diftinétum. Lif£. hifi. Conchyl. tab. 977. fig, 34. Turbo apertus canaliculatus oblique incurvatus ftriatus. Lang. meth. pag. 46. ? Pfeudo-ftrombus carminatus ad imum quemqaue ordinem, ibidemaue ele- : RES 3 Ana ? n ganter ftriatuss Lifteri. Klein. tent. pag. 35. fpec. 1. La coquille du Rafel à la même forme & la même cou- leur que celle de la premiere efpece; mais elle eft plus épaifle & plus allongée. Elle a un pouce & demi de longueur, & une fois & demi moins de largeur. Ses fpires font au nombre de onze, prefque applaties, ren- flées feulement dans leur partie inférieure, dans l’endroit où elles fe joignent les unes aux autres. Elles font toutes cou- pées par fept ou huit petits fillons qui en font le-tour paral- lèlement à leur longueur. Ces fillons font croifés par d’autres fillons plus petits, qui les coupent à angles droits en fuivant la longueur de la coquille. Les deux premieres fpires d’en haut {ont ordinairement lifles, unies, & fans aucun de ces fillons dans les vieilles coquilles. L'ouverture eft une fois & demi plus courte que le fom- met. Sa lèvre gauche eft relevée de quatre ou cinq plis, dont le plus élevé eft le plus confidérable. | L'animal eft parfaitement femblable à celui de la premiere efpece. On trouve ce coquillage dans les mêmes endroits, mais moins fréquemment. 2.0 ÉUE NME A apr de Buccinum roftratum, interfectis lineis fafciatum. Lifler. hiff. ConchyL. tab. 14 fig. 7- L'animal du Nifat reflemble à celui des deux efpeces pré- cédentes, à cela près que fon pied eft auffi long & un peu plus large que la coquille, & que le tuyau de {on manteau fort beaucoup moins au dehors. Sa coquille eft auffi ovoide, mais pointue à fes deux extrê- mités. Elle a près de deux pouces de longueur, & une fois &” deux tiers moins de largeur. . 2 “UENA Y À LIVIE . à On y compte onze fpires applaties comme dans la feconde efpece, mais lifles , unies, & renflces plus fenfiblement par le bas. » L'ouverture eft une ellipfe pointue par les deux éxtrêmi- tés, dont la fupérieure forme, par le prolongement de la co- quille, un canal aflez long. La longueur de cette ouverture eft prefque triple de fa largeur : elle égale la longueur du fommet. Un ou deux plis aflez gros & arrondis , s’élevent dans la partie fupérieure de la lèvre gauche. La çouleur de cette coquille eft un fond blanc, tigré d’un grand nombre de taches quarrées, qui font jaunes dans les vieilles & brunes dans les jeunes. Ces taches font difpofées régulierement fur plufeurs lignes qui s'étendent d’un bout à l’autre de la coquille en fuivant le contour de fes {pires. Cette efpece fe trouve avec les deux premieres, mais plus rarement. 4 L'ARVAN. P44. Buccinum dentatum , claviculä longiffimä, ftriis densè radiatum. Life. hif. Conchyl. tab. 837. fig. 64. Strombusdecimus chalybæus. Rumph. muf: pag. 100. art. 10. tab. 30. fig. J. Unicornu Indicum minus, orbibus ftriatis. Periy. Gazoph. vol. 2. cat. 161. rab. 75. fig. 6. Turbo apertus , canaliculatus, reétiroftrus ftriatus. Lang. meth. pag. 45. Strombus acularis ; afper : chalybea; fpiris falcatis, ex cæraleo chalÿbæis, aliquandè albis nigredine afperfa; Rumphii. K/ein. tent. pag. 17. fpec. 1. B.n. 1. b. Strombus acularis; afper : fiphunculus, fupet fpiris convexis perpendicu- lariter densè ftriatus; Lifteri. Eju/4. pag. 28. ibid. B. n. 6. : Il n’y a pas de coquillage plus commun fur la côte fablon- neufe du cap Verd que cetre quatriéme efpece de Vis. Sa coquille a plus exaétement la forme de vis que les pré- cédentes. On peut la regarder comme un cône arrondi à fa bafe, & qui s’allonge & diminue également jufqu’au fommet, où 1l fe termine en une pointe très-fine. La longueur des plus andes ne pafle pas treize lignes : elle eft quadruple de leur en qui n’a que trois lignes un quart. Elle eft compofée de douze ou treize fpires exactement plates ou fans renflement , de maniere qW’elles ne paroiflent diftinguées que par un petit fillon qui les fépare les unes des Spires, Ouvérture, Couleur, CoQuiLLE. Spires. Ouverture, Couleur. » s4 COQUE TAGÉS autres. Ces fpires font toutes coupées par un grañd nombre de fillons fort légers, qui fuivent la longueur de la coquille: ce font autant de termes ou de marques FA fon accroiflement. L'ouverture eft à peu près femblable à celle de la premiere efpece, mais deux fois & demi plus courte que le fommet. L’échancrure fupérieure eft large & peu profonde. Sa lèvre gauche n’a qu’un pli fort léger. Le fond de la couleur de cette coquille eft un blanc fale, qui devient agathe dans la moitié fupérieure de chaque fpire. sex LE UE ATV: A LPL à. La côte du cap Verd fournit encore une cinquiéme efpece de Vis, plus grande que la précédente & de même forme, que j'appelle du nom de Faval. Turbo nitidus, & eburneus, in quo fpirarum commifluræ vix dignofcun- tur, maculis rufs notatus. Bon. recr. pag. 126. claff: 3. n. 107. Buccinum dentatum claviculà longiffimä , ftriatum & latis maculis ex rufo nigricantibus tadiatum. Liff. hift. Conchyl. tab. 841. fig. G9. Buccinum dentatum , claviculi longiflimi læve , binis fafciis ex maculis quadratis magnis, fufco me ce depiétum. Ejufd. tab. 842. Jig. 70. né dentatum , læve , claviculà longiffimà , ex Aavo nebulatum, Ejufd. tab. 843. fig. 73. — Ejufdem , tab. 845$. fig. 73. Buccinum brevi roftrum, claviculatum, ftriatum, maculatum, orbibus quaf duplicatis diftin&tum. Eju/d. tab. 979. fig. 36. Strombus fecundus. Rumph. muf. pag. 100. art. 2. tab. 30. litt. B. Turbo niridus, & eburneus, in quo fpirarum commiflurz vix dignofcun- tur, maculis rufis notatus. Muf: Kirk. pag. 4S$. n. 107. Turbo apertus latus lævis. Lang. meth. pag. 45. Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus lævis, Ejufd. pag. 46, Vis. Hifi. Conchyl. pag. 276. planc. 14. lett. S. & X. Turbo apertus latus, candidus, maculis rufis densè depiétus, viginti fpiris finitus, Rumphii. Gualt. Ind. pag. & tab. 56. litt. B. | Turbo apertus, fulcatus , fafcià elatà fpiras ambiente circumdauis , ex candido &fubrofeo colore undatim variegatus; Bonanni. Eju/4. pag, & tab. $7. litt. M. Turbo apertus, fulcatus, minutiffimè per longitudinem ftriatus , aliquando cancellatus , livido vel plambeo colore obfcuratus, in fpirarum com- miffuris fafcià candidâ , aliquando parvis punétis; rufis feriatim dif- pofitis notata circumdatus; Rumphui. Ejufd. ibid. litr. N. & O. Strombus acularis; lævis, feu fubula; toroceras, fulcatus, maculis latis ex UNIVALVES. ss tufo nigricantibus radiofis; Lifteri. Klein. rent.p. 27. fpec. 1. A. n: 4. ® Strombus acularis ; lævis , feu fubula ; marmoratus ; nitidus longus ; acu- tus ; junéturis fpirarum, vix dignofcendis, maculis Ruñis; Bonanni. Ejufd. ibid. n. 6. rte Strombus acularis ; lxvis, feu fubula ; duplicarus in'orbibus maculatis per Jongum friatus ; Lifteri. Eyu/d. pag. 28. n. 74 Strombus acularis ; lævis, feu fubula; alternas fpiräs latiores & ftriétiores ex avo nebularas exhibens; Lifteri. Ejufd. ibid, n, 8. La coquille du Faval a trois pouces & demi de longueur Coque. & cinq fois moins de largeur. | On y compte dix-huit à vingt fpires applaties, & qui ne font diftinguées les unes des autres que par un léger renfle- ment que l’on voit dans leur partie inférieure. Outre les fil- lons longitudinaux, chaque fpire eft comme partagée en deux portions inégales ou en deux fpires, par un fillon aflez pro- fond qui la fuit en tournant comme elle. La portion fupé- rièure de la fpire divifée par ce fillon, eft ordinairement du double plus petite que l’autre. Dans quelques coquilles ce fillon eft-prefqu’infenfble , comme dans la figure 70 de la planche 842 de Lifier. L'ouverture eft à peine deux fois plus courte que le fom- met dans les jeunes, & trois fois plus courte dans les vieilles. L'échancrure fupérieure ef étroite & profonde. La lèvre gau- che eft relevée de deux plis remarquables. La couleur de certe coquille lui donne une grande fupé- riorité fur les autres Vis. Elle eft quelquefois blanche & quel- quefois agathe, agréablement mouchetée de taches brunes où rougeñtres, ordinairement quarrées, & difpofées fur deux où trois lignes qui tournent avec les fpires, GENRE x. LA PORCELAINE. Porcellana. ON 2 donné anciennement le nom de Porcelaine à plufeurs efpeces de coquillages dont la forme approchoit beaucoup de celle des Pucelages. Une reflemblance même trop grande u’on a crû trouver entre les uns & les autres, les a fait con- ondre par quelques modernes fous le nom commun de Por- Spires, Ouverture, Couleur, CoQuiLLr, s6 COQUILLAGES celaines. Cependant comme la comparaifon feule des co- quilles ne fuflit pas pour déterminer ces rapports, & que l'examen des animaux qu’elles renferment nous fait voit des différences qui les diftinguent aflez les uns des autres, j'ai crû devoir conferver à ces deux genres le privilège qu'ils avoient autrefois de porter chacün leur nom. Je laifle au pre: mier le nom de Pucelage quine convient qu’à lui, & je rends à celui-ci celui de Porcelaine qu’il s’eft acquis , foit par la béauté du poli de fa coquille, fuivant Belon(r), foit par fa forme finguliere, fuivant le rapport de Columna (2). 3 1. LA PORCELAINE. PL4, La Porcelaine. Du Tert. hifi. des Antill. pag. 240. Turbo brafilienfis reftà valdè lævi, caftanei coloris. Bonan, recr, p. 160. num. 326. . Buccinum muficum fubrufum , maculis alhis diftinétum ; Barbadenfe. Liff. hift. Conchyl. tab. 818. fig. 129. Buccinum muficum fublividum, densè radiatum fivè ex fufco undatum. Ejufd. ibid. fig, 30. Buccinum mufcum undatum & maculatum. Eju/d. ibid. fig. 31 6,32 Cochlea longa, pyriformis intortæ, & fulcata ; utroque labio dentata, aut rugofo fimbriata ; l&vis, carneo colore fplendens. Gualk. Ind. pag. G’tab. "38. litt. L. dé Corus bafeos levis; brafilienfis levis ; labio paululüm exferto, coloris caftanci; Bonanni. Klein. tent. pag. 30. fpec. 14 n. 39. 7 Cüucumis undulatus & macularus ; Lifteri. Eyju/d. pag: 78: fpécsas tab. $. Ag. 92. fus eol ce fubrufus , maculis albis; Lifteri. Eyu/d. ibid. fpec. 2. 6. Cucumis obfcurè nebulatus; Lifteri. Æjufd. tbid. fpec. s. ; Semicaflis lævis : ex fufco undata; Lifteri. Ejufd. pag. 95. fpec. 2, n. 12. La coquille de la Porcelaine eft médiocrement épaifle, du plus beau poli, & d’un luifant que rien ne peut furpañler. C’eft une efpece d’ovoide arrondi, dont l’extrêmité fupé- (+) Purpurarum teftas Îtaïi Porcellanas vocant, quo etiam nomine Conchyli genus omne intelligunt : undè nos quoque detortà ad vafa appellatione Porcellanica vafa nuncupamus. Vocem quoque hanc agnofcimus in globalis, quibus noftræ mülierculæ fuas preces nuncupare folent: Parenoffres de Porcelaine vocant, qui ex teftis majorum, Purpurarum aut Muricum conficiuntur. Belon. Aquat. pap. 420. (2) Hujus generis ( dè Cypræis feu Conchis Venereis intelhigit } alé candidiores atque minores , nec denticulato hiatu, fed alterà parte tanthm paucis ftriis afpero ; quæ: als teftæ foramen fuerunt, & linguæ canalis ; has Porcellanas appellant, quiarin fe porcellii modo conglobantur. Colum. Agnat. pag. 67. ricure UNIVALVES. #7 rieure eft obtufe, & le fommet forme une pointe affez moufle. Sa longueur eft d'environ feize lignes, & fa largeur de neuf lignes , enforte que fon grand diametre eft prefque double du petit. Elle eft compofée de fix tours de fpirales qui vont en def- cendant peu obliquement de droite à gauche. La premiere fpire, celle qui fait l'ouverture, eft arrondie & très-grande, Sa longueur ef triple de celle des cinq autres tours pris en- femble, qui font le fommet. Ceux-ci font peu renflés & peu diftingués les uns des autres : ils fe terminent en une pointe affez large & arrondie. L'ouverture a la figure d’une ellipfe irréguliere, aiguë dans fes deux extrèmités ,& dont la longueur eft quadruple de fa largeur. Elle fe termine dans fa partie fupérieure en un canal aflez large, formé par l’enfoncement de la lèvre droite, qui n’eft nullement échancrée. Son grand diametre eft incliné obliquement fur celui de la écoulé , & prefque trois fois aufli long que le fommet. a lèvre droite de l'ouverture eft fort épaifle, & bordée d’un cordon qui s’éleve au dehors comme un ourlet. Ce cor- don , ce bourrelet fait tout le tour du canal fupérieur de l’ou- verture, &il vient, en fe repliant fur la lèvre gauche, y for- mer une longue dent qui rentre dans l’intérieur de la coquille. C’eft par ce bourrelet de la lèvre droite qu’on diftingue les coquilles des Porcelaines d’avec celles des Pucelages qui n’en ont pas la moindre apparence. Au refte Je bord intérieur de cette même lèvre a de plus une douzaine de petites dents dif- tribuées dans toute fa longueur: ces dents font fi petites dans quelques-unes, qu’on à de la peine à les diftinguer. La lèvre gauche eft renflée , arrondie, & garnie de quatre grandes dents depuis fa partie fupérieure jufqu’à fon milieu. Cette coquille n’eft fujette à varier que dans la couleur, qui eft roufsätre dans les unes, châtain dans d’autres , ou d’un agathe-clair , tigré de petites taches blanches répandues çà & là fans ordre, & traverfé par trois larges bandes fauves ou d’un brun rougeätre. Elle eft toujours d’un beau poli, parce qu’elle n’a point de périofte ni intérieurement ni extérieu- rement. Spires Sommet, Ouverture. Couleur, Périofte, La tête T de l'animal de la Porcelaine ef cylindrique, ié- A NM A ts H ete Cornes. Yeux, Bouche. Manteau. Pied, St) COQUELLAG ES. erementapplatie, de longueur & de largeur à peu près égales. Son extrêmité forme une échancrure affez étro.te, des deux côtés de laquelle partent deux cornes C. C. coniques, fort minces, & d’une longueur qui furpañle peu la fienne. Ces cor- nes font peu éloignées l’une de l’autre , parce que la tête a peu de largeur. Un peu au-deflus de leur origine vers la qua- triéme partie de leur longueur, on voit un renflement fem- blable à une petite colomne cylindrique qui feroit adoflée fur leur côté extérieur. . C’eft fur l’extrêmité fupérieure de ces renflemens ou de ces deux colomnes que font portés les yeux Y. Y. Ils font aflez gros, arrondis , & s’élevent comme deux petits points noirs. La bouche eft placée au-deflous de la tête, vers le milieu de fa longueur. Elle y fair une légere éminence, percée d’un trou rond B, d’où fort une langue ou trompe L. une fois plus longue que la tête. Cette trompe eft blanche, dentée & per- cée à fon extrêmité de même que celle de l’Yèt, & elle lus fert aux mêmes ufages. Le manteau eft une membrane fort mince , luifante, ex- trêèmement unie, & entiere fans découpures. Dans les coquil- lages que nous avons examinés jufqu’ici, cette membrane ne tapifle que les parois intérieures de la coquille, fans fortir au dehors : mais dans la Porcelaine elle s’étend à droite & à gau- che fur le dos de la coquille, de maniere qu’elle y forme deux pans M. N. qui recouvrent près de la moitié de fa furface ex- térieure, Ces deux pans ne font pas égaux : celui de la gau- che N. eft plus ample & s'étend davantage que celui M. de la droite. La membrane du manteau fe replie encore à fon extrêmité ‘antérieure & fur le col de l’animal , pour y former un tuyau K. cylindrique, un peu plus long que la tête, & qui fort par le canal de la coquille. Il fe place quelquefois entre les cornes, & quelquefois il fe rejette fur le côté gauche, comme on le voit dans la figure. , Le pied P. forme une ellipfe arrondie à fes extrémités, & une fois plus longue que large. Il eft grand & furpañle de près, d’une troifiéme partie la longueur & la largeur de la coquille, Ses bords font entiers, quoique légerement ondés. En deflous il eft coupé par deux profonds fillons, dont l’un S. eft plus UNIVALVES. s9 grand & letraverfe à fon extrèmité antérieure: l’autre fillon V. eit plus-petit, mais plus profond, & creufé un peu devant fon milieu & parallèlement à fa Jongueur. ais Le fond de la couleur de l’animal eft couleur de chair, bi- garé de quelques petits points blancs. On trouve ce coquillage aflez abondamment fur les rochers de l’ifle de Gorée ; mais particulierement pendant le mois d'avril, & dans les lieux où la mer bat avec une grande vio- lence. 2. LE ON ARE L. PL 4 La feconde efpece de Porcelaine que j'appelle du nom de Narel , ne diffère de la premiere que par fa coquille. _ Elle a à peine un pouce de longueur, & une fois moins de largeur. Sa furface extérieure eft relevée de quinze cane- lures ou petites côtes paralleles à fa longueur, & qui ne pa- roiflent que dans la partie inférieure des {pires, dans l’endroit où leur renflement eft plus confidérable. | Son ouverture eft beaucoup moins évafée que dans la pré- cédente : elle a une longueur quintuple de fa largeur. Sa couleur eft quelquefois blanche fans mêlange, quel- quefois veinée d’un grand nombre de lignes grifes , ondées en zigzag parallèlement à fa longueur. Elle trouve avec la précédente, quoique plus rarement. 3 L'EGOUE N.;P2 àl ‘Cochlea longa pyriformis vulgaris , Iævis , labio interno dentato, fim- briata, candida. Guak. Ind. pag. & tab. 25. lite. B. La coquille de l’Egouen n’a que neuf lignes de longueur. Sa largeur eft de moitié moindre. Son fommet eft cinq fois plus court que l’ouverture , & compofé de fix fpires applaties & beaucoup moins diftinétes que les précédentes. IL differe encore du leur en ce qu’il eft fort pointu. L'ouverture reflemble à celle du Narel; mais elle eft plus droite, & parallele à la longueur de la coquille. Sa lèvre droite n’eft point dentée ; & les dents de la lèvre gauche fe rapprochent un peu plus de fon extrèmité fupé- rieure , & font plus ferrées que dans les deux efpeces qui précèdent, ; À: Couleur. CoqQuiLrr. Ouverture. Couleur. CoqQuieer. Sommet. Ouverture. Couleur, ANIMAL Manteau, CoQuILLE. Spires: Sommet. Ouverture. 60 COQUILLAGES. Le fond de fa couleur eft ordinairement blanc ou agathé« clair, & quelquefois d’une très-belle couleur de chair, Elle eft fort commune autour de Fifle de Gorée. 4 LE BOBI PI 4 Venerea alba fafciculis tranfverfs aureis vittata. Bonan; recr. Pag. 144. claff. 3. n. 238. Ms Büccinum Perficum parvum , fafciis rufis densè depitum. Liff. hifl. Conch. tab. 803. fig. 9. Buccinum Perficum parvum, maculis rufis densè depi&um. ÆEju/d. ibid. re: Veneréa alba fafciculis tranfverfis aureïs vittata. Muf. Kirk. p. 463.n.238. Perficula lineis croceis circumdata. Periv. Gazoph. vol. x. cat, 308. tab. 8. fig. to. Perficula guttulis croceis lineata. Fjufd. ibid. cat. 309. tab. 8. fig. 2. Porcellana Erythræam referens major. Barrel. Icon. pag. 133. tab. 13212. 155 Che longa, pyriformis , intorta & fulcata , umbone quafi compla- nato , labio externo leviter fimbriato, candida , aliquando carneo colore nebulata, lineis croceis densè circummdata. Gual. Ind. pag. & tab. 18. lite. B. Cochlea longa , pyriformis, intorta, & fulcata, fublivida , pun@is cro- ceis, vel rufs densè confperfa. Ejufd. ibid. litr. C. D. E. L'animal de cette quatriéme efpece de Porcelaine à le man- teau un peu plus ample que les précédentes ; il recouvre les trois quarts de la coquille. . Son tuyau en fort aufli très-peu & eft plus court que la tête. Sa coquille eft un ovoide obtus aux deux extrêmités. Son grand diametre a un pouce au plus de longueur, & furpafle de moitié le petit diametre. Elle n’a que quatre tours de fpirale, dont le premier fait toute la coquille. Les trois autres font peu apparens, & for- ment un fommet ordinairement applati, & quelquefois creufé comme un petit nombril. L'ouverture eft courbée en forme de croiffant égal à la Jon- ueur de lacoquille, à laquelle elle eft parallele. Elle reflem- Êle à une longue fente qui a cinq fois plus de longueur que de largeur. Sa partie fupérieure forme un canal étroit & pro- fondément échancré, On voit encore dans fa partie inférieure ÜUÜNIVALVES. Gi une efpece de canal, mais infiniment plus petit & femblable à un léger fillon. La lèvre droite eft bordée au dedans & dans toute fa lon- eur de douze à quinze dents fort petites & peu fenfbles ns la plüpart. Huit dents un peu plus grandes s'étendent depuis la par- tie fupérieure de la lèvre gauche, jufques un peu au-leffous du milieu de fa longueur. La couleur varie beaucoup dans les coquilles de cette ef- pece. Les unes font blanches , les autres font tigrées de pe- tites taches rouges. D’autres font rayées de quinze à vingt lignes très-étroites , qui les traverfent circulairement : ces lignes font jaunes dans les unes & rouges dans les autres. Elle fe voit fréquemment fur les côtes du cap Verd, & dans les rochers de l’ifle de Gorée, s.:E ED UC HOIN.: PL Cette efpece fe rencontre auffi dans les rochers de l’ifle de Gorée, mais beaucoup plus rarement. L'animal reffemble au précédent. Sa coquille n’a que fix lignes de longueur, & moitié moins de largeur. Le fommet eft applati comme dans l’efpece qui précede. L'ouverture eft prefque droite, & fi étroite qu’elle à fix fois plus de longueur que dé largeur. La lèvré droîte, äu lieu d’être arrondie au dehors comme dans les précédentes, forme deux efpeces de bourrelets ap- platis & diftingués par deux fillons affez profonds. Elle eft bordée intérieurement de vingt petites dents répandues fur toute fa longueur. Dix dents un peu plus grandes garmiflent la moitié fupérieure de la lèvre gauche. La couleur de cette coquille eft un fond blanc, coupé tranf- verfalement par un nombreinfini de petites rayes gris-de-lin. és L Ex G.ÜR, Où, PL 4 Je rapporte au genre de Ia Porcelaine cette fixiéme efpece & la fuivante, auxquelles on a donné le nom d’Olives à caufe de la figure de leur coquille. J’en ai vû les animaux, mais letems ne m'a poiat permis de les examiner: je fçai feu Couleur; CoOQUILLE. Sommet, Ouverture, Couleur, CoQuiLLE. 62 COQUILLAGES lement qu'ils ne diférent pas fenfiblement de ceux des ef- peces de Porcelaines que je viens de décrire; & ç’eft ce qui L 2 \ . m'a déterminé à les mettre à leur fuite, Rhombus ex toto albidus feu leucophæus, unicâ ftrià acutâ circumdatus, Lift. hifl. Conchyl. tab. 717. fig. x. | Rhombus parvus, majufculis maculis diftinŒus, & labro & columellà ex violà purpurafcentibus. Ejufd. tab. 721. fig. 6. 5 Rhombus parvus anguftior , densè maculatus, labro tantum interno levi- ter purpurafcence. Ejufd. ibid. fig. 7. Rhombus nebulatus & fafciatus columellä fubcrocei , clavicula fulcatä. Ejufd. tab. 718. fig. 16. 15. Rhombus undatus, fur intimä violaceä , claviculà comprefsä. Ejufd, tab. 731. fig. 20. £ Rhombus craflioribus undis exaratus , claviculà obtusâ fulcatà, ÆEjufd. tab. 734. fig. 23. Rhombus denfis undis depiétus , claviculâ obtusâ fulcatä. Eÿu/l. ibid, fig. 24. end nonus. Rumph. Muf: pag. 120. art. 9. tab. 39. fig. 7. Olive blanche & agréablement marbrée de taches brunes. Æ1f£. Conchyl. pag. 286. planc. 16. fig. Q. ? Olive blanche avec deux bandes dans fes extrèmités, formées par des lettres brunes, où l’on lit diftinétement deux B & un D; appellée _Litrerata. Ejufd. ibid. fig. R. Cochlea cylindroidea, lævis, vel fubrufa, vel leucophæa, vel albida, ma- culis fubpurpureis diftincta. Gualr. Ind. pag. & tab. 23. litr. C. D. Cochlea cylindroidea, lineis fufcis, luteis, & fubcæruleis undatim exa- rata, labro interno rugofo, & rofeo. Ejufä. ibid. lire. G. Cochlea cylindroidea, albida, obfcure ex luteo punétata. Eju/l. ibid, biaae lan Le Cochlea cylindroidea, candida , lineis fufcis, & lividis undatim depiéta, Ejufa. ibid. litr. M. N. OO. PP. | + Cochlea cylindroidea, albida, ex fufco undatim lineata , & fafciata, nonnullis maculis nigricantibus rard notata, Ejufd. pag. & tab. 24. lice. B. S Cochlea cylindroidea , ex luteo, livido , & fubcæruleo variegata & faf- ciata. Ejufd. ibid. litt. F. Cochlea cylindroidea, ex luteo viridefcens, tribus fafciis fufcis nigrican- tibus cincta. Ejufd. ibid. lice. L. Cochlea cylindroidea , ex fufco viridi , albo, & fubluteo undatim piéta, ex nigro fafciata, intüs candida; Rumphii. Eyufd. ibid, lier. N. La coquille du Girol eft extrêmement épafle, cylindrique, arrondie par le haut, & pointue à fon extrêmité inférieure, ÉUNAMALVESD . c'eft-i-dire, au fommet. Elle à près d’un pouce de longueur & moitié moins de largeur. | © Les fept tours de fpirale qui la compofent, font applaties & fort ferrées , mais diftinguées les unes des autres par un fillon profond qui fait paroître leurs bords aigus & tranchans. L'ouverture eft trois fois plus longue que le fommer. Sa longueur eft quintuple de fa largeur, & prefque parallele à la longueur de la coquille. Elle eft très-aigué en bas, fans canal, & plus large en haut où elle eft coupée d’une large crénelure. j La lèvre droite eft aiguë quoique fort épaiffe. Elle paroît d'abord fans bordure, mais lorfqu’on la regarde au dehors, on apperçoit comme une lame de plus d’une ligne de lar- geur, qui s’éleve fur fa furface extérieure où elle forme une efpece de pli. bo” La lèvre gauche eft arrondie, & laifle voir vers le haut quatre à cinq lames peu élevées, dont les bords forment au- tant de replis ou de petites côtes faillantes & un peu écar- tées, au-deflous defquelles on voit huit à feize dents aflez lon- gues & fort étroites, qui vont jufqu’en bas de l’ouverture. La couleur de cette coquille eft peu conftante. J’en ai de blanches , de jaunes, de jaunes-livides , de jaunes-verd , & même de verdtres fans aucun mêlange. J’en ai auffi qui, fur ces différens fonds, font tachées, tigrées, marbrées ou cou- vertes de zigzags qui-s’étendent tantôt fur leur longueur, tantôt fur leur largeur. Ces taches, ces points, ces bandes & ces lignes font cendrés, noirs ou bleuâtres dans les unes; bruns, rougeîtres ou pourpres dans les autres: enfin leur mê- lange eft fi varié, que ce feroit perdre fon tems que de faire l'énumeration de toutes celles qui ont été décrites ou figu- rées par les auteurs. Je me fuis contenté de citer une vingtaine des principales variétés, auxquelles on peut rapporter toutes les autres, dont plus de deux cens font parvenues à ma con- noïffance. Leur intérieur eft auffi blanc , jaune, violet, ou pourpre foncé. Je n’ai và ce coquillage que dans les fables de l’embou- chure du Niger : il y eft fort commun, & toujours enfoncé à quelques pouces de profondeur, Spires, Ouverture, Couleitr; PAT: Variétés, CoQuILLr. Ouverture. €ouleur, 64 . COQUILLAGES 7 L'ARAGON. PL4, Turbo braflienfis, lævi & nicidä fuperficie, acutus binis zonis muftelinis __ tranfverfim ductis fuprà colorem cinereum cum albo mixtum. Bon. recr. pag. 164. claf]. 3. n. 369, L Rhombus parvus, tenuis , riétu patente , ipsâ columella fufci , claviculà productiore acutà. Liff. hift. Conchyl. pag. 729. fig. 17. Turbo brafilienfis, lævi & nitidà fuperficie, acutus binis zonis muftelinis tranfverfim duétis fuprà colorem cinereum cum albo mixtum. Mu. Kirk, pag. 470. n. 363: É Cylindrus brafilienfis albus fafciatus. Periy. Gazoph. vol. 2. cat. 578, tab. 59. fig. 8 Cylindrus Maderafpatanus, minor albus, ore patulo. Eju/d, ibid. cat. 242. tab, Go. fig. 34 £ k Strombus labro exteriore craffo & veluti pulvinato, Barrel. Ic. pag. 132. tab. 1322. fig. 17. Cochlea cylindroidea , mucronata , lævis. Lang. meth. pag. 17. Terebellum fafciatum zonis muftelinis fuper albo ; Bonanni. K/ein. ten. pag. 38. fpec. 7. Daétylus teffellatus; Lifteri. Ejufd. pag. 77. fpec. 10. Daéylus jafpidifans. Ejufd. pag. 78. fpec. 18. Cette efpece fe trouve, moins fréquemment, avec la pré- cédente, à laquelle elle reflemble aflez. Sa coquille eft beaucoup moins épaifle; elle a environ quinze lignes de longueur, & une fois & demi moins de largeur. L'ouverture eft auffi plus évafée, à peine deux fois plus longue que le fommet, Sa longueur eft feulement triple de fa largeur. La lèvre droite eft un peu plus aiguë & beaucoup plus mince que dans la précédente. La lèvre gauche eft unie & fans dents ; & les quatre ou cinq plis de fa partie fupérieure font fort rapprochés, & forment un cordon aflez relevé. Cette coquille varie beaucoup dans fes couleurs. Son fond eft blanc ou gris, quelquefois fans mêlange, & quelquefois coupé par une ou deux bandes jaunes ou de couleur agathe, marbrées de brun. Son intérieur eft ordinairement brun , comme les plis de la lèvre gauche; & quelquefois ce brun pire fur le violet, SK GENRE UNIVALVES. 6; GENRE. XI. LE PUCELAGE. Cypræ. CE coquillage a été appellé par les Anciens des noms de Concha l’enerea & d'Ærythræa, que les François ont rendu par ceux de Conque de Vénus ou Pucelage. Ce dernier a prévalu autant à caufe de fa briéveté , que parce qu’il exprime aflez bien la figure de fa coquille (1). C’eft pour les mêmes raifons que je lui ai conferve ce nom, fans le confondre avec celui de la Poele comme j'en ai averti ci-deflus (2). Je n’en connois que trois efpeces fur Les côtes du Sénégal. Re ERE oMi DR ET: PL Cencha lævigatoria Naurèyæsns diéta. Colum. Aquat. pag. 67 & 69. Concha Veneris magna gibbofor, latior, multd majoribus maculis nigri- cantibus donata à Madagafcar. Lifi. hifl. Conchyl. tab. 682. fig. 29. Concha Veneris ex viridi fufcefcens, lata, valdè gibbofa, maculis fufcis latis depiéta; Jamaicenfis. Eju/d. tab. 687. fig. 34. Concha Veneris magna crafla, lata, ventre & ipsà rimä nigricante, dorfo magnis maculis reticulatim depiéto; ex infulà Maurii. Æyu/d. tab. 703. fig. 52. Veneris concha Indica media, alba polita, nigro maculata. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. 273. tab. 96. fig. 7. Veneris concha Indica media , maculata , coftis & ventre latis nigrican- tibus. Eyufd. ibid. cat. 274. tab. 96. fig. 8. Erythræa lituris punétulifque maculofa , lineä anguftiore dorfum percur- rente. Barrel. Ic. pag. 133. tab. 1321. fig. 23. Erythræa maculofa, major, lineâ anguftà fuprà dorfum ferpente. Ejufd. ibid. tab. 1322. fig. 14. Porcellana fimbriata, bal lata, in dorfo magnis maculis ex fufco fulvi- dis, & nigricantibus nebulata; lateribus colore livido lucido, veluti in Achate eleganter diftinétis. Gualr. Ind. pag. & tab. 15. lite. ST. Sa coquille À. repréfente une portion d'ovoïde qui feroit coupé par la moitié dans fa longueur. On juge bien par-là (1) Concha Venerea fic diéta , # Ajg rù pegio purs mas loixivey. 7% re peralu PATLTL œuri : #94 TÀ Ed oTIpA xOLACTATI » TA MATE » quia partem fœmineam quodam modo repræfentat : externè quidem per labiorum fiffuram , internè verd propter cavitatem uterum mentientem. . . . ... Sunto igitur ditæ Porcellanæ _ eft Venereæ ss Te9s Te uræixsior æidoïor omierrle , ob aliquam cm puden Aldrov. Exang. pag. 552. (2) Voyez page 56» LALL ] o muliebri fimilitudinera L CoQuiLe, ir'ese Sommet, Ouverture. Couleur, 66 C'OMQNU ALL ALG: ES qu’elle a deux faces; l’une plane, qui ef le devant ou le def- fous ; & l’autre convexe, qui eft le dos. Son épaifleur eft aflez confidérable. Quoiqu’elle ne paroïfle pas tournée en fpirale, elle eft ce- pendant compofée de cinq tours qui vont horizontalement de droite à gauche. Le premier tour eft prefque le feul qui foit fenfible à caufe de fon volume:1l forme, pour ainfi dire, lui feul toute la coquille, & efface les quatre autres, qui font un bouton ou un fommet, à peine apparent, à fon ex- trêmité inférieure. L'ouverture eft une fente égale à la longueur de la co- quille, & placée à peu près dans fon milieu, cependant un peu plus proche du côté droit que du côté gauche. Elle n’eft pas tout-à-fait droite, mais elle fe courbe un peu vers fes ex- trêmités, en confervant un parallélifme aflez exact avec l’axe de la coquille. Dans l’endroit où elle eft plus large, elle a à peine la dixiéme partie de fa longueur. Ses deux extrêmités forment un canal profondément échancré dans la premiere fpire. La lèvre droite eft de moitié moins large que la gauche, & quoiqu’elle paroïffe tournée comme elle en fpirale, elle ne l’eft pas néanmoins: elle eft feulement repliée ou ramenée en dedans, où elle forme une grande cavité. Ses bords font obtus, très-épais, fans bourrelet, & relevés d’un bout à l’autre de trente-trois dents tranfverfales aflez longues & à peu près égales. La lèvre gauche eft convexe & renflée au dedans de Ia coquille, où elle tourne en fpirale. Elle fait une cavité no- table dans fa partie fupérieure. Ses bords ne portent que trente-une dents un peu plus longues & moins épaifles que celles de la lèvre gauche. Le plan formé par la largeur de ces deux lèvres n’eft pas exactement horizontal : il rentre tant foit peu en dedans de la coquille. ; ) Les plus grandes que j'ai obfervées avoient environ trois pouces un quart de longueur, & une fois moins de profon- deur. Leur largeur étoit moindre d’un tiers. Eeur couleur étoit agathe dans quelques-unes, brûlée dans d’autres, mais beaucoup plus claïre en deflous , & marquée fur le dos de UNIVALVES. 6) grandes taches brunes. Ces taches éroient quelquefois féparées dans les dernieres par une ligne qui s’étendoit d’un bout à l’autre de la coquille vers fon milieu. Les dents de l’ouver- ture étoient ordinairement blanchâtres, & la fente étoit quel- quefois noire, mais plus fouvent d’un brun-clair. Toute leur furface étoit d’un beau poli. Il y a peu de coquilles dont les variétés foient mieux ca- ractérifées dans la même efpece. J'en fait figurer, dans leur grandeur naturelle , fix des plus remarquables, dont je vais décrire les différences en rapportant à chacune les citations des Auteurs qui les ont figurées. Celle que repréfente la lettre D. a une fois plus de lon- ueur que de largeur. La lèvre droite de l’ouverture eft une ois plus étroite que la lèvre gauche, & garnie de vingt-trois dents , tandis que celle-ci n’en a que vingt-une. Le plan formé par ces deux lèvres eft arrondi ou convexe. Elle eft blanchätre en deflous, & gris-de-fouris fur le dos, qui eft fouvent traverfé par deux bandes étroites moins fon- cées. Ses extrèmités font rougeâtres & marquées ce deux points noirs. Venerea in mari Siculo , & Tarentino frèquens , ubi vulod vocatur Por- celetta. Bon. recr. pag. 145. claff. 3.n. 251. Concha Venerea lævis, ex fufco rufeicens, bifafciatia ad claviculam tri- bus aut pluribus maculis nigricantibus depiéta, item ad cervicem binis tantüm. Lift. hift. Conchyl. tab. 671. fig. 17. Concha Veneris crafla, fufca, & claviculâ & linguæ canali croceis, item utrinque binis maculis nigricantibus notata ; infulæ Afcenfionis. Ejufd. tab. 673. fig. 19. Porcelaine appellée la Souris, dont la couleur tire fur le gris, avec des points noirs à chaque extrèmité , imitant les yeux de cet animal. Hifi. Conchyl. pag. 310. pl. 21. lire. C. Porcellana vulgaris, lævis, lucida, duabus maculis nigris in utroque ca- pite infigniter notata, ventre albido, aliquando croceo. Guakr. Ind. pag. & tab. 13. lire. E. Porcellana vulgaris, lævis, fufca, lucida, duabus fafciis albidis in dorfo, & duabus maculis nigris in capite donata. ÆEju/d. ibid. lire. J. On voit à la lettre E. une autre variété fort mince & lé- gere : elle a moitié plus de longueur que de largeur. La lèvre droite de l'ouverture eft deux fois plus étroite que la gauche & bordée de dix-fept dents fort courtes & arrondies. La lèvre Li Variétés. 638 COQUILLAGES gauche n’en a que treize femblables, dont on ne voit bien que celles des extrémités ; celles du milieu font à peine fenfibles” Le plan de ces deux lèvres eft convexe. Les fpires du fommet font aflez apparentes. Elleeft orife, avec trois bandes brunes, qui manquent dans quelques-unes. Concha Venerea exigua, ferè plumbei coloris, aut leviter purpurafcens; ex infulà Mauriui. Lift. hifl. Conchyl. tab. 656. fig. +. Concha Veneris fabflava 1psà rimû purpurafcente , tribus fafciis circum- data, leviore reftà , è Madagafcar. Eju/d. ibid. tab. 665. fig. 9. Concha Veneris fufca, valdè levis, duabus fafciis albidis exornata; Bat- badenfis. Ejufd. tab. 667. fig. 11. Concha Veneris parva fubcinerea, ventre candido , unicà fafcià fufca, latâque circumdata, dorfo paululum gibbofo, admodüm levis, Ejufd. tab. 6G8. fig. 13. La variété de la lettre F. reflemble à la précédente. Elle eft feulement un peu plus épaifle & un peu plus grande. Son fommet ne paroît pas au dehors. La lèvre droite de louver- . ture eft une fois plus étroite que la gauche: elle à feize dents courtes, mais groffes. La gauche en a un pareil nombre. Elle eft blanchître en deflous , & brune en deflus, avec des. taches blanches, coupées par une ligne de même couleur qui la parcourt dans fa longueur. Concha Veneris parva purpurafcens , exiguis maculis albis densè depiéta. Lift. hifi. Conchyl. tab. 694. fig. 41. Concha Veneris parva tenuis rimâ candidâ, dorfo fufco maculisalbis re- ticulatim depicto. Ejufd. tab. 701. fig. 49. Concha Veneris tenuis, lateribus nigricantibus, dorfo maculis albis dif- tinéto ; ex infulà Mauritii. Ejufd. ibid. tab. 704. fig. 5.3. Porcellana Variolæ diéta. Rumph. Muf. pag. 115. art. x3. tab. 38. fig. O. Concha Veneris minor maculata & oculata. Periv. Gazoph.vol. 1. cat. 300: tab. 9. fig. 7. Concha Veneris Indica minor: Ejufd. vol. 2. cat. 175. tab. 96. fig. 9. La quatriéme variété figurée à la lettre G. eft infiniment plus épaifle & plus pefante que toutes celles dont jai parlé jufqu'ici. Elle eft auffi moins allongée & plus applatie. Sa longueur furpaffe à peine d’un tiers fa largeur. La lèvre droite eft prefqu’aufñli large que la gauche. Elles ont chacune quinze dents fort longues & femblables à celles de la lettre À. & UNIVALVES. 69 leur plan eft prefqu'applati. Le fommet ne fe voit pas au dehors. Sa couleur cft blanche en deflous, & brune fur le dos, dont le milieu eft picoté d’un grand nombre de petites taches blanches qui y font une efpece de réfeau. Ses extrémités font marquées d’une grande tache blanche. Venerea teftudinis inftar gibbofa, dorfo rufo albis ftellulis notabili. Bo». recr: pag. 147. claf]. 3. n: 258. Contha Veneris craffa ventre lato, rimä albidä , lateribus nigricantibus, dorfo fummo albis maculis depiéto ; ex infulà Mauriui. Lift. hift. Conchyl. tab. 702. fig. $0. Porcellanæ fpecies 62. Rumph. Muf. pag. 114. tab. 38. fig. F. Porcellana fimbriata, lævis , dorfo fubflavo, candidis punétis minimis fignato; lateribus fufco colore latè obfcuratis ; rimä albidä, capi- Hé aliquantulum tuberofis. Gualr. Ind. pag. & tab. 15. Lire. J. O. Porcellana in utroque latere fimbriata, crafla, ventre laro , rimä albidä, lateribus nigricantibus ; dorfo fummo albis maculis piéto, vel etiam fafcia favidà diftinéto ; Lifteri & Rumphii. K/ein. tent. pag. S9. Jpec. 4. n. 2. La lettre H. montre une cinquiéme variété fort petite, & de même forme que celle de la lettre D. Elle a une fois plus de longueur que de largeur. L'ouverture eft prefque droite, & garnie de dix-neuf dents à fa lèvre droite, & de feize feu- lement à fa gauche. Ces dents font aflez longues. Le fommer eft caché au dedans. Le fond de fa couleur eft blanc, traverfé fur le dos de trois bandes brunes, qui lui ont fait donner improprement le nom de petit Afne. Venerea lactea tribus fafciolis oftrinis fegmentata, quas aureæ laciniæ exornant. Bonan. recr. pag. 144. claf]. 3. n. 136. Concha Veneris parva, candida , tribus latis fafciis nigricantibus depicta ; exinfulis Maldivis. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 666. fig. 0. Porcellana Afelli. Rumph. Muf. pag. 118, art. x1. tab. 39. fig. M. Venerea laétea tribus fafciolis oftrinis fegmentata , quas aureæ laciniæ exornant. Muf. Kirk. pag. 464. n. 235$. Veneris concha Indica minor trifafciata. Periv. Gazoph. vol. 2. car. 190. tab. 97. fig. 11. Erythræa minor variegata & fafciata. Barrel. Ie. p. 133.tab. 1326. fig. 27. Porcelaine appellée le petit Afne, à caufe de trois barres noires qui fe voient {ur fa robe blanche. Hift. Conchyl. pag. 311. pl. 21. fig. T. PorciIlana fimbriata , lævis, minor, candida, tribus latis fafciis nigrican- 30 COQUILLAGES tibus, vel ex fufco rufefcentibus cinéta. Gualt. Ind. pag. 6 tab. xs. lice. M. Porcellana brevis fivè elatior vel gibba, Afelk ; triphici zonâ nigrâ tranfver- fali perdorfum album; Rumphui. Klein, tent, pag. 86. fpec. 2. n. 10. On voit encore une fixiéme variété à la lettre J. Elleaun certain rapport avec celle de la lettre F; on n’y voit aucune apparence de fommet; mais les dents de l’ouverture font très- longues & des plus faillantes. Ces dents font au nombre de feize {ur la lèvre droite, & l’on n’en compte que treize fur la lèvre gauche. Sa couleur eft un fauve foncé dans quelques-unes & clair dans d’autres, au milieu duquel un nombre infini de petits points blancs forment un efpace blanc, agréablement bigaré de plufeurs taches fauves & rondes de médiocre grandeur. Dans quelques-unes les taches blanches font moins fenfi- bles, & l’on ne voit que les points fauves qui fe répandent avec affez d’ordre fur tout le dos de la coquille. Venerea ftellata fpeciofiflima , moneta infularum Philippinarum, dorfe partim violaceo partim livido , intus ftellulis laéteis 8 aureis deco- rato. Bon. recr. pag. 144. claf]. 3. n. 247. Concha Veneris parva ventre & lateribus avefcentibus, ipfo linguæ ca- nali leviter purpurafcenre , dorfo maculato flavis & innumeris punc- turis candidis; ex Maldivis. Lif. hift. Conchyl. tab. Go2. fig. 38. Venerea ftellata fpecioffima , moneta infularum Philippinaram, dorfe partim violaceo , partim livido, intùs ftellulis laéteis & aureis de- corato. Muf. Kirk. pag. 464. n. 146. Veneris concha Indica minor, maculata, rimâ croceâ. Periy, Gazoph, vol. 2. cat. 281. tab. 97. fég. 17. Porcellana fimbriata , lævis, fubfulva, albis maculis depiéta, rimä fub- croce ; ventre & lateribus albidis, purpurafcentibus maculis fignata, Gualt. Ind. pag. & tab. 15. lit. G. Porcellana in utroque latere fimbriata : ftellata , thoracica ; ftellulis rubigi- nofis in dorfo albido diftinéta, lateribus ex fufco caftaneis; Rumphit & Bonanni. Klein. tent. pag. 85. fpec. 4. n. 4. Porcellana in utroque latere fmbriata : falita : ventre & lateribus Aave£- centibus; Lifteri. Ejufd. ibid, pag. 90. n. 13. C. Je pourrois citer un plus grand nombre de variétés auffi remarquables que celles que je viens de décrire, & que j'ai toutes examinées avec foin: mais ce petit nombre fufht pour faire connoître de quelles fortes de pee cette efpece de coquille eft fufceptible, tant pour la forme, que pour lg UNIVALVES. 71 nombre des dents & les couleurs, dont la feule énumération grofiroit inutilement ce volume. L'animal qui habite cette coquille eft le même dans toutes les variétés qui me font tombées fous les mains. Sa tête T. eit cylindrique, d’une longueur égale à fa lar- geur, & échancrée à fon extrêmité , au-deflous de laquelle on voit une petite éminence arrondie & coupée par un petit fillon B. tracé dans toute fa longueur. Ce fillon eft l’ouver- ture de la bouche. De l’extrêmité de la tête fortent deux cornes C. C. qui étant pofées fur fes côtés, laïflent entr’elles une échancrure creufée en demi-cercle. Elles font de figure conique, très- allongées, déliées, & terminées par une pointe très-ine. Leur longueur eft égale à la troifiéme partie de la longueur de la coquille. Un peu au-deffus de leur bafe & à peu près à la cinquiéme parue de leur longueur , on voit un renflement aflez confi- dérable fur leur côté extérieur. C’eft précifément au haut de ce renflement que fe trouvent les yeux Y. Y. Ils font un peu faillans. Avec le fecours du verre lenticulaire, on y diftingue une petite prunelle ronde & blanche, autour de laquelle s'étend l'iris d’un diametre fix fois plus grand & de couleur noire. C’eft prefque le feul coquillage auquel j'aie pù apper- cevoir aufh clairement l'iris diftingué de la prunelle : c’eit auf prefque le feul dont on puifle dire qu'il fait ufage de cet organe, & il en a le fentiment aflez fin. Le manteau du Pucelage eft encore plus remarquable que fes yeux. Il refemble à celui de la Porcelaine(r)en ce qu'il fort au dehors de fa coquille; mais il en difiere en ce qu'il l'enveloppe en entier de maniere qu'elle difparoît entierc- ment à la vûe. On peut dire qu'il forme alors un vrai manteau, dont le pan M. de la gauche eft plus ample que celui de la droite, & le recouvre en partie. Lorfque l’animal rentre dans fa coquille, ce manteau rentre très-promprement avec lui : mais il n’en eft pas de même lorfqu'il veut le faire fortir ; il ne s'étend que fort lentement & comme en tätonnant ; il lui faut un tems raifonnable pour s'en envelopper entierement. Dans cer état on prendroit le Pucelage plutôt pour un animal (1) Voyez la page 58. ANIMAL, Tête, Bouche, Cornes, . Yeux, Manteau. Pied, Gouleur. Remarque. 72 - COQUILLAGES entierement mol & charnu tel que les lièvres-de-mer, que pour un animal à coquille. Son manteau a encore une particularité moins fenfble, Sa partie antérieure, celle qui eft placée fur fon col , eft re- pliée pour former un tuyau K. qui fe loge dans l’échancrure fupérieure de la coquille. Ce tuyau ne fort point de la coquil« le ; il ne pañle pas fes bords. Le pied P. reffemble à une langue triangulaire affez mince, obtufe à fa partie antérieure, & terminée en pointe à l’extré- mité oppofée. Il égale la coquille en longueur & en largeur. Un large & profond fillon $. le traverfe dans fon extrémité la plus proche de la tête. On apperçoit auffi fur fa furface inférieure un grand nombre de petits fillons inégaux, creu- fés légerement fuivant fa longueur. Tout le corps de l’animal eit d’une feule couleur : c’eft un cendré noir, qui eft un peu plus foncé dans les cornes. Ce coquillage eft fort commun fur la côte maritime du Sénégal , & fur-tout dans les rochers de l’ifle de Gorée. Je l'ai obfervé auffi, mais moins fréquemment, auxifles Cana- ries & aux Afores. On voit, en comparant le genre du Pucelage avec celui de la Porcelaine, qu’il y a un rapport infini entre l’un & l’autre. On voit que la coquille de la Porcelaine a d’abord un fommet aflez confidérable & l’ouverture fort évafée dans les trois premieres efpeces, & que cette ouverture & le fom- met diminuent peu à peu, & fe retréciflent infenfiblement dans les efpeces 4 & $, pour fe rapprocher de la forme du Pucelage, auquel elle fe réunit par la cinquième variété H, de la premiere efpece. En examinant la figure de l’animal, on remarque que le manteau ne couvre qu’une partie de la coquille de la Por- celaine dans les premieres efpeces ; qu’il augmente peu à peu dans les autres, de maniere qu’il vient à égaler celui du Pu- celage. Les cornes, la tête, les yeux, le pied, &c. différent aufi fort peu ; & quoique je n’aie point apperçu de langue ou de trompe dans cette premiere efpece de Pucelage, où je ne l'ai point figurée, celle que j'ai obfervée dans les autres ne me laifle aucun lieu de douter qu’elle n’en foit pourvue aufi- bien qu’elles. Ces deux genres rentrent donc l’un dans l’aurre pas UNIVALVES. 73 par des degrés prefqu’infenfibles. Il n’y a de diflérence conf- tante entr'eux que celle que j'ai remarquée dans le tuyau du manteau, qui ne déborde jamais la coquille dans le Pucelage, au lieu qu'il paroît toujours au dehors dans la Porcelaine. C'eft fur ce caractere que je me fuis fondé pour en faire deux genres diftingués. x LE LUPON.PL 5. Porcellana vulgaris oblonga, candida. Guak. Ind. pag. & tab. 13. lite. C. La feconde efpece de Pucelage, à laquelle je donne lenom de Lupon, reflemble entierement à la premiere quant à l’ant+ mal, à l’excepuon de fa couleur qui eft fort blanche. Sa coquille eft médiocrement épaifle, longue de fix lignes Coquisce. au plus, & de moitié moins large. Elle repréfente un ovoide aflez exactement arrondi, de maniere que fa profondeur eft à peu près égale à fa largeur. On compte trois tours de fpirales à fon fommet, qui eft fort applati & peu apparent. L'ouverture diflere de celle de la premiere efpece, en ce qu’elle eft prefque droite & fans détours. . : La lèvre droite eft de moitié plus étroite que la gauche, & bordée de vingt-neuf denis fort courtes & petites. On dif- tingue à peine les traces de cinq à fix dents femblables vers le milieu de la lèvre gauche. Ces deux lèvres forment une furface très-convexe & arrondie. La couleur de cette coquille eft d’un blanc fale. Elle eft fort rare aux environs du cap Bernard proche de l'ile de Gorée. LÉ BÉROUN ES Cette efpece que les nègres nomment Bitou, differe fi peu de celle qu’on appelle Pou-de-mer fur les côtes de France, que je ferois tenté de la regarder cimme variété de la même efpece. Car quoique celle du Sénégal fit d’une blancheur comparable à celle du lait ou de la neige, elle a la forme & le nombre des canelures de celle d'Europe ; & je ne crois pas que la couleur gris-de-lin & les taches brunes qu’on remarque fouvent fur le Pou-de-mer, ni que fa taille qui eft prefqu’une K Sommet. Ouverture, Couleur. COQUILLE. Sommet. Guverture. Couleur, 74 C OQUELL AC ÉS fois plus grande, foient feules fufifantes pour Le diflinguer du Birou du Sénégal. Concha Veneris ftriata , cui fummo dorfo finuato fufcæ maculæ ; Jamai- cenfis & Barbadenfis. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 706. fig. 56. €oncha Veneris exigua, ftriata , leviter admodüm rufefcens, cui fammo dorfo integro maculæ rufefcentes; Anglica. Eju/d. ibid. tab. 707. fe. 57: Porcellana Pediculus. Rumph. Muf. pag. 118. art. 15. tab. 39. fig. P. Erythræa omnium minima rugofa & ftriata. Barrel. Ic. pag. 133. tab. 1326. fig. 28. Porcelaine appellee le Pou-de-mer , rayée & tachetée. Hiff. Conch. p. 310. pl. 21. fig. L. | Porcellana vulgaris, ftriis æqualibus circumdata, dorfo paululum finuato & lineato, bal plana, candida. Gualt. Ind. pag. & tab. 14. lite. O. Porcellana vulgaris, parva, globofa, ftriata, candida, dorfo finuato. Eju/d. ibid, litt. P. Porcellana fimbriata, ftriata, parva purpurafcens, dorfo finuato, ex fufco maculato. Eju/d. pag. & tab. 15. litt. P. Porcellana fimbriata , minor , amethyftino colore fignata , & tribus fufeis maculis in medio dorfi infeéta. Eju/d. ibid. dirt. R, La coquille du Bitou n’a guères plus de quatre lignes de longueur fur trois de largeur, & à peu près autant de pro- fondeur : elle eft arrondie comme un petit œuf. Il n’y paroît point de fommet : on ne découvre à l’extérieur d’autre tour de fpirale que celui qui forme toute la coquille, & qui renferme les deux autres & les cache dans {on in- térieur. Son ouverture eft prefque droite & beaucoup plus large que dans les deux efpeces qui précèdent. Elle à environ fix fois plus de longueur que de largeur dans l’endroit où elle eft plus évafée. La lèvre droite eft une fois moins large que la gauche, Elles font relevées toutes deux de plufeurs canelures dont le nombre varie depuis quinze jufqu’à trente. Ces canelures {ont à peu près égales & font le tour de la coquille en s’éten- dant tranfverfalement. Un léger fillon les coupe toutes en deux parties égales en paflant par le milieu du dos, Ee plan formé par les deux lèvres eft fort convexe. Sa couleur eft ordinairement d’un beau blanc de neige, & quelquefois couleur de chair extrêmement pâle. Celle UNIVALVES. 75 d'Europe eff communément gris-de-lin , & marquée fur le dos de trois taches brunes , qui fouvent font divifées par la moitié. RES Quelques-unes, tant de celles que j'ai obfervées au Sénégal Variétést ue de celles qui vivent fur nos côtes de l'Océan, n’ont point de fillon ou d’enfoncement au milieu du dos ; & l’on voit quelquefois dans les unes & les autres, fur le bord extérieur de la lèvre droite de leur ouverture, un léger renflement qui imite le bourrelet. Le petit animal qui habite cette coquille eft peu diflérent Axrmat des précédens. Ses cornes & fon pied font proportionnel- lement beaucoup plus longs. Celui-ci furpañle de moitié la longueur de la coquille. Le manteau eft d’un blanc prefqu’aufi clair que celui de Manteag, la coquille qu’il recouvre en entier. Comme il eft fort min- ce,& qu'il s'applique exactement fur fes canelures, elles le font paroître couvert de petites éminences ou de tubercules, quoiqu'il foit parfaitement lifle. On trouve ce petit coquillage affez fréquemment fur les rochers de l'ifle de Gorée & du cap Manuel. CN RER TE LE MANTELET.. Peribolus, LE genre de coquillage auquel je donne le nom de Man- telet à caufe de la figure de fon manteau, eît le dernier des Univalves que j'ai obfervés au Sénégal ; & 1l a beaucoup de rapport avec le Pucelage & la Porcelaine, comme on le verra par fa defcription. 10 LE PCT AN PA à. Rhombus tenuis ex fufco fafciatus , ore interno ex violà purpurafcente. Lift. hifl. Conchyl. tab. 741. fig. 37. Rhombus proximè fuperiori fimilis , at prætereà vermiculatim depiétus, Ejufd. ibid. pag. 742. fig. 38. Rhombus tenuis ex rufo maculatus. Æju/4. ibid, tab. 748. fig. 42. Rhombus tenuis ex fufco nebulatus fafciatufque. Æyu/. ibid. fig. 43. Rhombus parvus tenuis, fubpurpureus, maculis fufeis fafciatim depictus: Ejufi. ibid. tab. 749. fig. 44. Rhombus parvus tenuis, fubfufcus, bifafciatus, Ejufa, i*id. fig: 45 De COQUILLE. Spires: Ouverture. Périofte. Variétés. Couleur, 46 COQUILLAGES Ficus patva, vel fubpurpurea maculis fufcis; vel fubfufca, bifafciata per ftrias; Lifteri. Klein. cent. pag. 79. fpec. 7. La coquille du Potan eft fans contredit la plus mince & la plus fragile de toutes celles qui fe trouvent dans les mers. Elle a la forme d’un cylindre obtus à fes deux extrêmités 2 dont l’inférieure porte un petit fofffmet qui y fait une pointe très-courte. Les plus grandes ont communément un pouce &c demi de longueur , & moitié moins de largeur. Elles font formées de fept tours de fpirale qui tournent prefqu'horizontalement de droite à gauche. Le premier de ces tours efface prefque tous les autres, qui font très-diftinéts quoique peu renflés, & qui forment enfemble un fommet quatorze ou quinze fois plus court que lui. Son ouverture repréfente une ellipfe irréguliere,, aiguë par le bas, obtufe & fort large par le haut, où, fans être {en fiblement échancrée, elle forme un canal creufé en portion de cylindre. Son grand diametre eft triple du petit, & prefqu’égal à la longueur de toute la coquille, à laquelle il eft exacte ment parallele. La lèvre droite de cette ouverture eft extrèmement mince, aigué & fans bordure, & auffi fimple qu’on puiffe l’imaginer. La lèvre gauche eft renflée, arrondie, & relevée un peu au- deflus de fon milieu d’une efpece de veine aflez grofle, ridée, & qui va fe terminer en montant obliquement à l’extrêmité du canal de l’ouverture. Cette coquille dans fon état naturel n’eft jamais couverte d'aucun épiderme ou périofte; elle eft toujours du poli le plus beau & le plus luifant, mais fans tranfparence. Elle varie peu pour la forme; j'en ai cependant une dont l’ouver- ture s'étend jufqu’au bout inférieur de la coquille, où les fept tours de fpirale fe réduifent à cinq, & forment un fom- met applati & même tant foit peu enfoncé. Les’jeunes font un peu plus courtes que les vieilles proportionnellement à eur largeur. Sa couleur eft moins conftante que fa forme: dans les plus petites c’eft un violet, femblable à la fleur des prunes noires, qui s'étend au dedans comme au dehors. Cetre couleur de- vient, dans les moyennes, un gris-de-lin fort fale, & coupé tranfverfalement par deux bandes agathes, Enfin les plus UNIVALVES. > grandes font à fond blanc, avec quatre à cinq rangs tranf- verfes de petits points fauves; ou bien elles font d’un brun clair, marbré de quelques taches blanches, fouvent diftri- buées fur trois ou quatre bandes qui les traverfent dans leur largeur. a tête T, de l'animal qui habite cette coquille, eft cylin- drique , & un peu applatie. Sa longueur eft à peu près égale à fa largeur. Elle porte à fon extrêmité, qui eft un peu échancrée, & fur fes côtés, deux cornes C. C. fort longues & très-déliées, qui la furpaflent une fois en longueur. Elles font peu éloignées l’une de l’autre à leur origine, & deux fois plus courtes que la coquille. Les yeux font placés un peu au-deflus de la racine des cor- nes, & fur leur côté extérieur Y. Y. mais moins haut que dans le Pucelage & la Porcelaine. Ce font deux petits poiuts noirs qui ont peu de faillie au dehors. Au-deffous de la tête , vers le milieu de fa longueur, la bou- che paroïît comme une petite ouverture ovale B. Je n’y ai point apperçu de mâchoires, & il y a apparence qu’elle ren- ferme une trompe , comme la Porcelaine. Le manteau M. N. de cet animal, quoique plus petit que celui de la Porcelaine & du Pucelage, puifqu'il recouvre à peine la quatriéme partie de la furface extérieure de fa co- quille, n’eft pas moins admirable. Il eft tout parfemé au de- hors d’un grand nombre de petits filets charnus, cylindriques, obtus à leur extrêmité, & qui ont deux fois plus de longueur que de largeur. Ces filets font mobiles & s’élevent pendant que l’animal eft fous l’eau ; mais quand l’eau vient à les quit- rer, ils s’afaiflent & reflemblent à autant de petites verrues arrondies. C’eft à caufe de cet ornement que j'ai donné à ce genre de coquillage le nom de Mantelet. L'extrêmité antérieure du manteau forme de plus un tuyau K. cylindrique, aufi orné de filets; mais il eft fi court qu'il déborde à peine le canal de la coquille. Le pied eft extrêmement grand. Il repréfente une langue triangulaire P. P. obrufe à fon extrêmité antérieure , où elle eft traverfée par un profond fillon S. L’extrêmité oppofée fe termine en pointe plus ou moins aiguë, fuivant la volonté - ANIMALJ Tête, Cornes; Yeuxy Bouche, Manteau, Pied, Couleur. CoQuILLE. Spires. Ouverture. Couleur. ANIMAL. Manteau, Pied, Cou'eur. 78 COQUILLAGES de l'animal. Sa longueur eft triple de fa largeur, & furpañle de moitié celle de la coquille, dont 1l égale la largeur. Son corps eft d’un violet obfcur & foncé, qui fe rappro« che beaucoup du noir. Ce coquillage n’eft pas bien commun fur cette côte. Il vit fur les rochers de la partie méridionale de l’ifle de Gorée; mais 1l eft rare qu’on trouve fa coquille parfaitement en tiere, même fur l’animal vivant. 2. LUE EMA ENTIER PE Porcellana vulgaris. Barrel. Ic. pag. 133. pag. 1322. fig. 30. J'ai trouvé dans le même endroit cette feconde efpece de Mantelet que j'appelle Falier. Sa coquille n’a que cinq lignes de longueur, & fix tours de fpirale, dont les cinq dernieres font rentlées, mais f étroi- tement unies qu’on a de la peine à les diftinguer les unes des autres. Elles forment un fommet arrondi, quatre à huit fois plus court que la premiere fpire. La lèvre gauche de l'ouverture a vers fon extrêmité fupé- rieure quatre longues dents femblables à autant de plis qui rentrent dans l’intérieur de la coquille. Du refte celle-ci ref- femble parfaitement à la précédente, à cela près qu'elle eft tranfparente. Sa couleur eft blanche, agathe ou jaune, fans mêlange, dans quelques individus; & dans d’autres elle eft marquée de deux bandes fauves ou brunes qui fuivent le contour de la premiere fpire. Le fommet eft quelquefois environné d’une pareille bande. Le manteau de l'animal eft aufi couvert de filets, mais ils font coniques & feulement de moitié plus longs que larges: il a auffi un tuyau qui differe de celui de la premiere efpece en ce qu'il eft dépourvu de filets, & qu’il fort de la coquille, comme dans la Porcelaine, & d’une longueur égale à celle des cornes. Son pied eft de moitié plus large que la coquille. Le corps des plus jeunes eft blanc pâle, taché de perits points jaunes & rouges, qui dans les adultes deviennent fau yes ou bruns. Comme leur coquille eft fort mince & tranf, UNIVALVES. 79 Parente, ces taches paroiflent lui appartenir auffi-bien qu’à l'animal; mais lorfque celui-ci en eft détaché & féparé , elle n'a d'autre couleur que celle que j'ai fait obferver dans ma defcription. 3 LE SIMEREPÉ .-. Concha Veneris exigua alba, verè cylindracea. Lif?. hifl. Conchy L. tab. 714. fig. 70. 1. Cette troifiéme efpece ne diflére de la feconde que par la forme & la couleur de fa coquille. Elle eft plus étroite fur une largeur pareille. Elle eft auffi plus épaiffe, moins fragile & fans tranfparence. L'ouverture a cinq à fix fois plus de longueur que de lar: eur. Sa lèvre droite, fans être bordée , a une épaiffeur qui a rend obtufe. Elle fe fait remarquer par une lésere cour- bure qui femble la plier dans fon milieu & la rentrer un peu en dedans. Le fond de fa couleur eft ordinairement blanc, & quel- quefois agathe, ou brun, traverlé par deux bandes fauves, comme dans la feconde efpece. C’eft de cette efpece de coquille que les nègres fe font des bracelets, des colliers & d’autres ornemens femblables, en les enfilant dans leur longueur , comme les Européens enf- lent des grains de verroteries. Elle fe trouve abondamment fur toutes les côtes du Sénégal qui font bordées de rochers, 4 L'ESPRERONA PE S On trouve encore cette efpece autour de l’ifle de Gorée. Sa coquille n’a jamais plus de deux lignes & demie de lon- gueur : fa largeur eft moindre de moitié. Son ouverture eft femblable à celle de la troifiéme efpece; mais la lèvre droite eft bordée de quinze à dix-huit dents peu fenfibles. La lèvre gauche a huit ou dix dents répandues dans toute fa longueur , dont les deux ou trois premieres d’en haut font plus grandes que les autres. Sa couleur eft ordinairement d’un blanc de lait fans mê- fange : quelquefois elle eft coupée par une large bande fauve qui tourne avec la premiere fpire, CoQuiire, Ouverture. Couleur, CoqQuiLce, Ouverture, Couleur, T Gondole. Bulin. Coret. Piétin. Limaçon, Ormier. Lépas. 80 COQUILLAGES Cette efpece paroît fe rapprocher des efpeces trois & quatre (1) du genre de la Porcelaine. REMS#RQOUVES SUR LES LimMAÇONs UNiIvaALves, Jai tâché de faire voir dans cette premiere fection les rap- ports qui fe trouvent entre les Coquillages qui y font traites, en rapprochant ceux qui ont entr’eux le plus de reflemblan- ce, & en les réuniffant en cinq petites familles; mais on peut les confidérer encore fous plufeurs autres points de vûüe: on peut les regarder comme formant deux familles diftinguées, dont la premiere raflemble les fept premiers genres, ceux qui font les plus fimples, tant dans la figure de la coquille que dans celle de l’animal , tels que la Gondole, le Bulin, le Coret, le Piétin, le Limaçon, l'Ormier & le Lépas. On a vû r°, que foit que leur coquille fût faite en baflin, ou roulée en fpirale, foit que les fpires fuflent tournées à droite ou à gauche, leur ouverture n’a point de canal à aucune de fes extrémités. 20, Que leur animal n’a point de langue qui forte hors de la bouche ; mais feulement deux mâchoires. 3°. Que l’ouverture de l'anus & de la refpiration ne fe trouve que fur les côtés de l’animal, foit à fa droite, foit à fa gauche, excepté dans la premiere efpece d’Ormier, & dans les efpeces fix & fept du Lépas, qui l'ont vers le milieu du dos. 4%. Enfin, que ces animaux fe nourriflent plus volontiers de végétaux que de la chair des animaux. Malgré cette reflemblance générale que l’on trouve entre ces fept premiers Genres, on ne voit pas beaucoup de liaifon entr'eux par les rapports particuliers des autres parties ; & fi l’on en excepte celui du Coret & celui du Bulin qui rer= trent l’un dans l’autre, les autres font très-diftingués & fes parés par des intervalles qui laiflent defirer encore beaucoup de Genres qui vraifemblablement fe rencontreront dans d’aus tres pays. (1) Voyez la page 59. On UNIVALVES. 8r On apperçoit une plus grande liaifon entre les cinq genres qui fuivent, fçavoir , l’Yet, la Vis, la Porcelaine, le Pucelage & le Manteler. Ils femblent même fe rapprocher infenfible- ment de la feconde feétion des Coquillages Operculés, comme on le verra en comparant les généralités fuivantes avec celles qui font communes aux Operculés. 1°. Leur coquille a toujours au moins un canal à fon ouverture. 2°, L'animal a dans tous une trompe qui fort ordinaire- ment de la bouche. nai. 3°. L'ouverture de l’anus, & celle de la refpiration ou la trachée , n’eft jamais fur le côté ; elle fe montre par un tuyau qui pañle par-deflus le col , derriere la tête de l’animal. 4°. Leur pied eft toujours traverfé à l’extrêmité antérieure par un profond fillon. 5°. Enfin, ils font communément carnaciers, & vivent plus volontiers des fubftances animales que des fubftances végé- tales. Ce font eux qui percent les autres coquilles, & fouvent celles de leurs femblables, pour fe nourrir de la chair des animaux qu'elles contiennent, EE Yet. Vis. Porcelaine. Pucelage. Mantelet, 82 COQUILLAGE SLE: CG TOI E DES LIMAÇONS OPERCULÉS. N confidérant les Limaçons Operculés , comme nous avons confidérés les Limaçons Univalves de la premiere fection, par la fituation de leurs yeux, on peut réunir les neuf genres que contient celle-ci, en trois petites familles, fçavoir : | 10. CéUAQUI CNT dŒULCOINES, } Le Rourrau Ce avec un rénflement, & qui POr-Ÿ LA Pourrre. - - 2 tent les yeux ordinairement au-® Le Buccin. => - - 3. . x deffus DENT AQne , Ge IUT Te Cénve SUUSE "1 côté externe. 2°, Ceux qui ont deux cornes, fans renflement, & les yeux pla- cés à leur racine & fur leur côté externe. 3°. Ceux qui ont quatre cor- nes, dont les deux extérieures portent les yeux fur leur fommet. LE VERMET. - La Tourte. = - = 6. Ea NarTice. - , : Û i NI A L . Es. SABOT, —- C2 La NERITE. - GE NARMNENMIL LE ROULE AU. Srrombus. CE coquillage a été des mieux partagé pour les noms; & il auroit été à fouhaiter que ceux qui fe font empreflés de lui en donner, en euflent fait un choix plus heureux. S'ils avoient moins confulté la figure variable de fa coquille, ils n’auroient peut-être pas qualifié du nom de genre, un grand nombre d’efpeces qu’ils ont défignées par les noms de Volutes, Lozan- ges, Cornets, Cylindres, Pyramides, &c. fuivant les diffé rentes formes fous lefquelles elles fe préfentoient. L'ancien nom de Rouleau, qui convient aflezà ce genre, exprime fort OPERCULÉS. : 83 bien cette particularité qui eit commune à toutes fes efpeces d’avoir les fpires plates & comme roulées les unes fur les autres; & c’eit par ce même nom que je le défignerai. 1. LE JAMAR. P46. Cylindrus lividus, binis fafciis albis cinétus, notulis cruentatis & in girum difpofitis teffellatus, bafi albä & fanguineis maculis æqualiter diftributis notatä. Bon. recr. pag. 165$. claf]: 3. n. 361. Cylindrus candidus ut nix tranfverfas ftrigulas habens, notafque aureas finè ullo ordine difpofitas oftentans. ÆEju/d. ibid. n. 364. Rhombus cylindro pyramidalis, magnus, lineis interfectis, ex rufo albo- que circüm piétus, claviculà planä. Lift. hifl. Conchyl. tab. 762. Jig. 11. & 766. fig. 15. Rhombus cylindro pyramidalis fubrufus , lineis & albo nigroque pulchrè inerte, claviculà acuti. Ejufd. ibid. tab. 767. fig. 16. & 776. LINE Rhombas fubluteus cylindro pyramidalis, lineis quibufdam punétaris & fafciis undatis depiétus. Eju/d. ibid. tab. 780. fig. 27. Rhombus major cylindro pyramidalis , undatim fecundüm longitudinem depiétus, claviculà comprefsä ; Jamaicenfis. Ejufd. ibid, tab. 781. fig. 18. Voluta fafciata. Rumph. Muf. pag. 106. art. 17. tab. 33. fig. X. —— Ejufd. pag. 107. art. 24. pag. 33. fig. G. G. — Ejufd. pag. 108. tab. 34. fig. E. G. . Cylindrus lividus , binis fafcuis albis cinétus, notulis cruentatis & in girum difpofitis teffellatus, bal albâ & fanguinis maculis æqualiter diftributis notati. Muf. Kirk pag. 471. n. 361. Cylindrus candidus ut nix, tranfverfas ftrigulas habens, notafque aureas finè ullo ordine difpofitas oftentans. Ejufd. ibid. n. 364. Petit Cornet ponétué de brun fur un fond blanc, avec deux fafcies d’un jaune pâle. Hifl. Conchyl. pag. 281.72. 15. fig. J. Autre Cornet plus gros , entouré d’une feule zone blanche bariolée de brun , ainf que le haut de la tête, qui eft toute marbrée ; le fond de la robe eft ponctué, & d’un jaune tirant fur le verd. Ejufd. 1bid. T4 À Cochlea conoidea, umbonata, nonnihil ftriata , colore luteo obfcuro fe- cundum longitudinem undatim depiéta , feu radiata , ex albo faf- ciata. Gualr. Ind. pag. & tab. 10. litr. M. Cochlea conoidea, umbonata, albida , ex fufco fafciata, roftro latè nigri- cante, & ftriato. Eju/Z. ibid. lier. N,. . :,, Cochlea conoidea , umbonata, Iævis, ex albido viridifcens, fafciara fa ciis candidis, ipffque punétis rufis-maculatis. Eju/!. ifid. lite. Q. Cochlea conoidea, aliquanrulum mucronata, lævis candida, maculis ru- biginofis densè notata, punétata & fafciata. Æyu/d. pag. 6 tal. 21. lu. D. 10L L ÿ COQUIELE. Spires. Sommet. Ouverture, 84 C'ONDIUN L TAG Es. Cochlea conoïidea, maxima , umbonata, in acumen obtufum ftriatum definens, rubiginofo colore diverfimodé notata, in medio fafcià candida circumdata , umbone ex albido & fufco radiatim maculato. Eju/d. ibid. litt. E. Cochlea conoidea , bafi leviter umbonata, candida , fulvis maculis & punétis veluti fafciis diverfimodè variegata. Ejufd. ibid. lit. F. Cochlea conoïdea leviter umbonata, candida, parvis fubrotundis n1a- culis helvaceis , nullo fervato ordine punétata. Eju/d. ibid. lire. G. Cochlea conoidea, leviter umbonara, lævis, candidiflima , lineis latis croceis interfeétis circumfcripta, ipfo roftro purpurafcente. Ejufd. ibid. litt. H. Cochlea conoïidea , umbonata, læ&vis, albida, colore fufco vel rubiginofo densè obfcurata. Ejufd. ibid. lit. N. Cochlea conoidea, lævis, candida, ex piceo atro fanguineo colore nebu- lata, & maculata. Ejufd. ibid. lite. P. Cochlea conoidea, umbonata, candidiflima, maculis nigricantibus raris circumfcripta, & duabus fafciis vix confpicuis croceis circumdata. ÆEjufd. pag. & tab. 22. lit. F. Cochlea conoidea, leviter umbonata, densè maculata, fublutea, vel ex luteo viridifcens, vel ex fufco lutefcens, fafcià fubalbida cincta , lineis, numeris , vel charaéteribus quibufdam ignotis defcripta, & fignata. Ejufd. ibid. lit. M. La coquille de cette premiere efpece de Rouleau que j’ap- pelle Jamar, eft fort épaifle & de figure à peu près conique: Sa longueur dans les plus grandes eft de fix à fept pouces, & furpañle fa largeur des deux tiers. Elle eft formée de douze fpires qui fe roulent horizonta- lement les unes fur les autres, en tournant de droite à gau- che. La premiere de ces fpires fait elle feule prefque tout le volume de la coquille, & fe replie en angle droit vers fa partie inférieure, pour former un plan prefqu'horizontal & creufé légerement dans fon milieu. Ce retour ou ce repli de la premiere fpire en deflous, fe joint aux onze autres fpires qui font auffi applaties, prefqu’horizontales & un peu en- foncées dans leur milieu :1l figure avec elles une efpece de fommet conique, mais fort applati, environ quatre fois plus large que long, & terminé à fon centre par une pointe très- fine. Ce fommet eft comme la bafe du cône que forme la partie fupérieure de la coquille ; il n’a que la huitiéme partie de fa longueur. L'ouverture refflemble à une fente longue & droite, de moitié plus large dans fa partie fupérieure que dans l'infé- OPERCULES. 8s rieute. Sa longueur eft déterminée par celle de la premiere {pire , enforte qu’elle eft fept fois plus longue que le fommet. Elle eft oblique à l’axe de la coquille, & a fix fois moins de largeur que de longueur. Son extrêmité fupérieure fait par fon enfoncemént un canal demi-cylindrique fans échancrure; mais l’extrèmité inférieure eft profondément échancrée. La lèvre droite eft aiguë & fort tranchante fur les bords: la gauche eft renflée, arrondie & très-fimple. Un périofte membraneux , épais & roufsètre enveloppe toute la furface extérieure de cette coquille, & la rend brute: mais lorfqu'il eft enlevé, on y découvre un poli & une va- riété de couleurs admirables, C'eft dans les coquilles de ce genre qu’on trouve les plus belles couleurs ; & fi cette efpece ne fournit pas les plus ri- ches, elle donne du moins le plus grand nombre de variétés. Le fond de fa couleur eft blanc, ou jaune, ou rouge, ou brun. Chacun de ces fonds eft ou taché de points fans ordre, ou marbré , ou entouré de bandes ou de lignes ponétuées. De-là ce nombre infini dé variétés fi recherchées par les curieux, qui leur ont donnés diflérens noms. Lorfque le fond de ces coquilles eft fimplement taché fans ordre, on leur donne le nom de Z'igre. Cylindrus Indicus, & rar repertus , colore conchyliato, qui candidis notis paflim cælatur aureä lineolà cireumdatis, in bafi perfeétè compla- natus. Bonan. recr. pag. 128. claff. 3.n. 123. Cylindroides jafpidem Siculum repræfentans multiplici colorum mifturi. Eju/d. ibid. pag. 129. n. 133. Voluta Marmorata. Rumph. Muf. pag. 104. tab, 32. n. +. Cylindrus Indicus, & rard rie , colore conchyliato , qui candidis notis paflim cælatur aureâ lineolà circumdatis, in baf perfeétè com- planatus. Muf. Kirk. pag. 157. n. 123. Cylindroides jafpidem Siculum repræfentans multiplici colorum mifturi. Ejufd. ibid. n. 133. Cornet rare, appellé le Tigre jaune, par rapport à fes taches blanches fur un fond jaune. Hift. Conchyl. pag. 281. pl. 15. fig. M. Cornet vrai Tigre dont le fond eft ronge tacheté de blanc, celui des Tigres ordinaires eft brun. Eju/d. ibid. fig, O. Cochlea conoidea, umbonata, tenuiter ftriata bafi aliquantulum nodosä, candida , colore ex piceo nigro, vel ex pullo luteo rericulata. Gualr. Ind. pag. & tab. 22. lire. D. : Périofte, Couleur, Variétés, I. Le Ti1GRE. 86 COQUILLAGES 2e Ces taches vienñent-elles à fe réunir pour former plufeurs “a Fr FG- lignes de petits points divifés trois par trois, par deux ou trois larges bandes irrégulieres ; on nomme alors ces coquilles Les Spectres , fuivant le témoignage de l’Auteur de la Conchylio- logie françoife ; car le Cocha Spectrorum de Rumpbe, pl. 3z, lettre S , eft une efpece très-diflérente de la variété dont il s’agit. Cylindrus fatis elegans colore albo, cyaneo, diluto , tyrio , & caftaneo coloratus. Bonan. recr. pag. 128. claff. 3. n. 130. Rhombus cylindro-pyramidalis ex rufo nebulatus, & hic & illic aliquot lineis interpunétatis defcriptus, Lifl. hift, ConchyL. tab. 772. fig. 18. Ê 771. fig. 17. —— Rumph. Muf, pag. 107. tab. 34. fig. M. Cylindrus fatis elegans colore albo , cyaneo , diluto, tyrio & caftaneo co- loratus. Muf. Kirk, pag. 157. n. 130. Cornet peu commun, appellé les Speétres , à caufe de quelques figures bizarres dont il eft chargé ; ces figures font rougeâtres fur un fond blanc, & forment deux grandes fafcies , avec trois rangs de points entre chacune d’elles. Hif£. Conchyl. pag. 280. pl. 15. fig. C. Conus bafeos lævis ; nebulata , ex rufo paflim lineatim punétata; Lifteri. Klein, tent. pag. 68, fpec. 1. n. 20. 3- Si les bandes qu divifent les lignes ponctuées prennent une Le Par. forme réguliere, on leur donne alors le nom de Pard. Cylinder antonomafticè Pardus vocatus ob maculas, teffellulis fanguineis ejufdem ferè magnitudinis, omnibus fpatio æquali inter fe diftan- tibus ornatus, fuprà laéteum colorem , quem prætereà tres aureæ zonæ circumfepiunt, Bonan, recr, pag. 165. claf]: 3.n. 363. 4 Si ces mêmes bandes font marquées de taches faites en L'Aire De Croiflant, ou ponétuées dans leur milieu, repréfentant un œil PAPHEON. avec fa prunelle, on leur donne le nom d’ Aile de Papillon. Cornet très-rare, appellé l’Aile de Papillon ; certains yeux & des taches faites en croiffant que l’on remarque dans les trois rangs de bande- lettes qui l’entourent, reffemblent affez à celles des aîles de papillon; le fond du Cornet éft fauve , & il n’y a de b'anc que les efpaces entre les taches brunes des cercles & des fafcies. Hifi. Conchyl, pag, 182, PLUS fie We AR Lorfque les lignes ponétuées font féparées folitairement La GUINÉE. ou deux à deux, par d’autres lignes formées par de grandes OPERCULÉS. 87 taches quarrées & rapprochées pareillement deux À deux, on nomme alors ces coquilles Guinée ou Specularion. Trochus niloticus maculofus. Aldrov. exang. pag. 35 2. Cylindrus vefte quali byflinà reétus ; in quà quadratæ notatæ fanguinez, punéta crocea, & lineolæ rufæ, vel fulvæ opus quai acu piétum efformant. Bonan. recr. pag. 119. n. 132. Cornet de la grande taille, tout entouré de lignes ponétuées & de pertes fafcies chargées de différentes taches brunes & violetres, fur un fond blanc; il approche affez de celui qu’on appelle la Guinée ou la Spé- culation. Hift. Conchyl. pag. 281. pl. 15. fig. Q. Cochlea conoïdea , maxima, bali plan, candidiflima , lineis interruptis fignata, maculis & norulis fufcis punétata , fafciata & notata ; ali- quando fublivido colore leviter nebulata , intüs albida. Gualc. 1nd. ag, & tab. 22. lice. B. Cochlea conoïidea, aliquantulum umbonata , candida , ex rufo nebulata. & fafciata, & hinc, &illinc lineis interruptis, & notulis fignata, & diftinéta. Ejufd. ibid. lit. C. Cochlea conoidea candidiflima , notulis rufis , interdüm nigris afperfa. Ejufd. ibid. lier. E. Conus bafeos lævis ; byffina; in quâ quadratæ notæ fançuineæ ; puncta crocea; & lineolæ rufæ, vel fulvæ ; opus quafi acu piétum efformant ; Bonanni. Klein. tent. pag. 67. fpec. 1. n. 10, L. Lorfque les a à grandes taches quarrées, & celles à peuts points fe fuccédent alternativement les unes aux au- tres, on appelle ces coquilles Z'innes de Beurre:telle eft celle que j'ai figurée à la planche 6, n°. r. Cochlea marina altera. Belon. aquat. pag. 419. Cochlea cylindroides. Rondel. pifc. pars. 1. edit. lat. pag. 99. Coquille de Limaçon faire en pyramide. Rondel. poif]. part. 2. édit. franç. ag. 65. Épatés cylindroïdes. Boffuet. aquat. pars. alt. pag. 51. Cochlea cylindroides ; Rondeletii. Gefn. aqua. pag. 186. Cochlea cylindroides ; Prior. Æ/drov. exang. pag. 399. Cochlea cylindroides; Prior. Jonf£. exang. pag. 36. tab. 12. Rhombus cylindro-pyramidalis; lineis punétaris velut quibufdam caracte- ribus ignotis confpiciendus. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 373. fig. 19. Voluta Meta Butyri. Rumph. Muf. pag. 102. art. 2. tab. 31. fig. C. Voluta Meta Butyri. Hif?. Conchyl. pag. 178. Cornet Tinne de Beurre. Æjufd. ibid. Cochlea conoïdea, ex fubrufo pallida , lineis ex albo , nigroque inter- ruptis fignata. Gualr. Ind. pag. E tab. 12. lire. G. Cochlea conoidez, fubrufa, lineis ex rubro obfcuro , alboque iACErTUptiS circumdata, & punétata. Eju/d. ibid. lite. H. 6. LA Tinxe DE BEURRE, 7. La Musi- QUE. Remarque, 83 COQUILLAGES Cechlea conoïdea, levicer umbonata, candidiffima , aliquando fublivida ; punékis, & lineis rufñis diftincta. ÆEjufd. ibid. lire. L. Conus bafcos lævis; meta Butyri; fpiris in baf divifis, planis, ex nigro flammeis, medio mucrone brevi , acuto; ventre butyraceo, per fe- ries micarum nigricantium inæqualium qua fafciatus; Rumphii, Klein. tent. pag. 64. fpec. 1. n. 1, Lorfque les points quarrés font égaux, & qu’ils forment des lignes égales qui imitent les notes du plein-chant ou de la mufique, on les appelle Mufique. ' Cylindrus nitidus, & perfect lævigatus, notis aureis & rufis auétus, of+ dine artificiofo diftributis. Bon. recr. pag. 128. claff. 3. n. 131. Rhombus cylindro pyramidalis albus, lineis latis croceis interfectis cir- cumfcriptus, ipfo roftro purparafcente. Lif£. hifl, Conchyl. tab. 767. Jig. 17. € tab. 770. . Rhombus maximus cylindro pyramidalis albus, quadratis maculis nigri- cantibus circumfcriprus, in medio tamen duæ plagulæ luteæ conf- piciuntur. Æjufd. ibid. tab. 774. fig. 20. Voluta Muficalis. Rumph. Muf. pag. 102. art. 3. tab. 31. fig. D. Cylindrus nitidus & perfeétè lævigatus, notis aureis & rufñis auétus, or- dine artificiofo diftributis. Muf. Kirk. pag. 157. n. 131. Cochlea conoidea, umbone fatis complanato , apice tranfverfim ftriato , magna, ponderofa fubalbida, notulis helvaceis, vel rufis per feriem difpofitis, densè circumfcripta. Guait. Ind. pag. & tab. 21. lirt. B. Cochlea conoïdea bafi complanara, levis, candida, quadratis maculis ni- gricantibas , aliquando rubefcentibus, ceu lineis interfectis per fe- riem elegantiffimè circumfcripta. Ejufd. ibid. lit. O. Quelquefois ces coquilles font naturellement blanches ; fouvent elles le deviennent lorfqu’en roulant fur le rivage de la mer, leurs couleurs, qui ne font que fuperfcielles, ont été enlevées. On en voit beaucoup dans les cabinets, qui n’ont acquis cette blancheur qu'après avoir été ufées fur la meule, & polies enfuite. Trochus niloticus albus. A/drov. exang. pag. 352. Rhombus cylindro-pyramidalis, lævis, albidus , claviculâ acutä. Liff. hif. Conchyl. tab. 753. fig. 1. ; Rhombus cylindro-pyramidäalis, leucophæus, ipfo roftro violaceo. Eju/d. ibid. tab. 754. fig. 2. Cochlea conoiïdea , mucronata, lævis, albida , apice aliquantum ftriato. Gualt. Ind. pag. & tab. 20. lict. B, Je ferai obferver en finiflant l’énumeration des variétés | de OPERCUILÉS. 89 de cette coquille, qu’elleeft défigurée dans plufieurs Auteurs, qui en ont repréfenté les unes avec le fommet ufé, & les au- tres avec la lèvre droite de l’ouverture pareillement ufée. Ces deux défauts, fur-tout le dernier, font ordinaires à Gualtier:i; & peut-être le retrouverions-nous dans les autres Auteurs, s'ils avoient mis, comme lui, en vüe cette parue de l’ouver- ture des coquilles dont nous venons de parler. Ainfi l’on ne fera point furpris que dans mes citations j'aie rapporté à la même efpece deux fortes de coquilles, dont l’une a la lèvre droite aiguë & le fommet pointu, & dont l’autre a le fommet plat & ulé, & la même lèvre épaifle. er fn bio La tête de l'animal renfermé dans cette coquilleeft petite, Axrmac, cylindrique, de longueur & de largeur égales, & tronquée 1°: obliquement en deflous à fon extrèmité T, Elle fait corps avec le-col, qui fort quelquefois du double de fa longueur hors-de la coquille. > Étehrh Dir Des deux côtés de la tête & de fon origine partent deux Cornes. cornes cylindriques, terminées par une pointe très-courteC.C. Elles ont quatre fois plus de longueur que de largeur, & fur- pañlent une fois la longueur de la tête. Les yeux-{ont deux petits points noirs Y, Y.placésau côté Yeux. extérieur des cornes, fort proche de leur extrèmité, vers la fixiéme partie de leur longueur. Ils ne faillent point au de- hors, & femblent furmontés par la pointe des cornes, qui forme un petit cône obtus, de longueur & de largeur égales. La bouche eft un petit trou,rond, ouvert au milieu d’une Bouche. large foflerte B. creufée fous l'extrémité de la; tête. Cette fof; ferre fait, comme dans la Sangfuë, l'office d’une ventoufe où d’un fuçoir par lequel la tête s'attache facilement aux corps qu’elle touche. L'animal a befoin de ce fecours pour faciliter fa progreffion & le tranfport de fa coquille , qui eft d’une pe- fanteur & d’un volume peu proporuonnés à Ja petitefle de fon cerps. MX . à Rive stagir) Son manteau tapifle feulement les parois intérieures de [a Manteau, coquille, & fort par-deflus fon col fous la firme d’un tuyau cylindrique K, dont la longueur égale la cinquiéme partié de la coquille & furpafle un peu celle des cornes. CE tuyau eft fendu par devant dans toute fa lônguèur : il fe réjetté com. munément fur Ja gauche de l'animal.” CR à M . Opercule. Couleur, 99 COQUULLACES. Le pied P. eft elliptique, 6btus & arrondi à fes extrémités, Sa longueur ef triple de fa largeur, & égale aux deux tiers de la coquille. Il eft une fois plus étroit qu’elle. Un profond fillon $. le traverfe à fon extrêmité antérieure, & le refte de fa fürface eft ridé & comme filloné dans toute fa longueur par uñ grand nombre’ de petites'raies fort inégales. A l’extrêmité poftérieure du pied, on apperçoit un petit opercule O. qui lui eft attaché en deflus par la moitié d’en- bas feulement; l’autre moitié reftant libre & détachée. C’eft une Time de corne fort mince, de figure elliptique, deux fois plus longue que large, & cinq fois plus courte que l’ou- verture de la coquille. Sa furface extérieure eft coupée par huit petits fillons courbés en arcs, dont les cornes regardent le fommet de la coquille. L’ufage ordinaire des operculeseft de couvrir l’animal lorf- qu'il eft entré dans fa coquille, & de la boucher exactement; mais 1l faut croire que la nature a eu d’autres vûes en en don- nant à celui-ci un fi petit qu'il peut à peine couvrir la cin- quiéme partie de l'ouverture de la fienne : il s'applique tou- jours dans l’angle inférieur de cette même ouverture: Le pied de cet animal eft couleur de chair, mais un peu fale. Sa tête & le tuyau du manteau font noirâtres en deflus & blanc-fale en deffous. L’opercule eft brun. Ce coquillage eft fort commun fur la côte du Sénégal, fur- tout les variétés appellées les Spectres, la Guinée, & la Tinne de Beurre. On en voit quelques-unes fur la pointe méridio- nale de l’ifle de Goréc ; mais ellés font communes au-delà de l’expreffion dans cette traînée dé roches que fait le cap Ber- nard en avançant dans l’anfe de Ben, à une lieue de l’ifle de Gorée. 2 LE M'ÉL A RP 6. Rhombus cylindro pyramidalis, ffriis capillaceis purétatifque cireum- fcriptus, claviculà integrâ. Liff. hifl. Conchyl. tab. 755. fig. 17. Rhombus cylindro pyramidalis, ex rufo nebulatus, fbriis capillaceis do- natus, claviculà fulcata. Ejufd. übid. tab. 760. fig. 6. Voluta Tigerina. Rumph. Muf,pag. 103. aft.$. tab. 31. fig.F. Cylindrus Moluccenfs, craffüs, carneus, fafciis capillaceis fufcis. Periw, _… 'Gaxoph. vol.-2. cat. 145. tab. 48. fig. 9. Rhormbus defpoliatus leviter. Hij£. Conchyl. pag. 183. tab. 16. fig. C. Rouleau qui par fon fond couleur de chair, approche de la couleur d'une OPERCULÉS. gt Ecorchée dont il a pris le nom. Ce fond eit traverfé de grandes taches brunes, & rayé par-tout légerement. Æyu/d. ibid. pag, 285. Cochlea longa pyriformis inrorta,, integra;, bah fulcata, ftriis minumis donata , ex albido purpurafcens; colore helvaceo, feu rufo hebulata. Gual:: Ind: pag. 6 tar. 16. lite: D. j'ai Conus Voluta Tygerina; bafeos muricatæ anguftioris; fpiris fulcatis ; ven- tre longo, fubtiliter ftriato, nubeculis caftaneis, fæpè nigricantibus, fuper albo & rubenti; Rumphui. K£ein. tent. pag. 71. fpec. 1. n. 2. Cette feconde efpece de Rouleau que j'appelle Mélar , fe plaît auffi fur les rochers du cap Bernard. L'animal ne diflere du précédent qu’en ce que fon pied ANrmar. eft aufi long que fa coquille. Sa coquille a une fois plus de longueur que de largeur, Coquizrr. & fon grand diametre eft de deux pouces & demi. ; … Elle n’a que dix fpires parfaitement femblables à celles de la premiere efpece; mais elles font traverfées par un grand nombre de petits filets très-ferrés. On compte depuis quatre- vinot jufqu'a cent de ces filets dans la premiere fpire. Le fommet a deux fois plus de largeur que de longueur. La longueur de fon ouverture ef feptuple de fa plus grande largeur. Fa VIE A ENÈN Fe coquille eft quelquefois d’un beau blanc, & fouvent couleur de chair, marbrée de grandes taches brunes non in- terrompues dans quelques-unes , & divifées en trois, bandes dans d’autres. C’eft de-là qu’elle a pris fon nom d'Ecorchée, nom fous lequel elle eft connue dans la plüpart des cabinets, LE it LE PNPRE Cylindroides colore fulvo dilucido tinétus, &-fquamis fangüineis deco: ratus. Bonan. recr. pag. 128. clafl: 3..n. 136,1 ANSENTS Cylindrus alius laéteo colore circumredtus, faperficie prope bañim in pin- nulas definente candidà , intus. autem violatéà. Ejuf4. à id. p. 165. 1. 365. | D Rhômbus cylindro pyramidali fimilis pauld coforatior , rituque Ferè tôt violaceo; ex infulà Mauritii. Lifi. Hift) Conchy0itah 558 finlst Rhombus parvascylindro pytamidahs, ek-ruformanatifinis maeulisire- . uiculatus & faftiatus. Æjyu/4. #id.trabi 788cfie 41. at 14 9 Cylindroides colore fulvo dilucido tinétus & fquamis fanguinéis deco- ratus. Muf. Kirk. pag. 457. n. 136. r Cylindrus alius laéteo colore circum reêtus ,fuperficie prope bafin in pin: nulas definente candida, intüs auterm violaceà. Er. r. 4. n. 365. Sly: AILTEVEO 1 MPIFALOD % Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. €EOQUILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Opercule. c2 COQUILLAGES Voluta duabus zonis reticulatis variegata. Hifl. Conchyl. pag. 278. tab, 15. as-aP..io Joli Cornet blanc, avec deux zones formant des réfeaux jaunes. Ejufd: ibid. pag. 28 1. Conus bafeos lævis; fpiris bafeos toroidibus ;\oreextremo violaceo; Lifteri. K/ein. tent. pag. 6$. fpec. 1.n. 4. b. Conus fafciata pennata; coloris fulvi dilucidi, fuper fafciis ; maculis cruentis, velut fquamis decorata ; Bonanni. Eyu/d. pag. G7. fpec. 1. n. 10. Conus fubrufa fafciata ; zonis angultis ex albo & nigro teffellatis. Eju/d. pag. 69. fpec. 30%: La coquille du Tilin a deux pouces de longueur, & une largeur prefqu’une fois moindre. Ses dix fpires font un peu renflées & arrondies. Les neuf d’en bas portent fur leur convexité plufeurs petits filets qui tournent avec elles. Par leur réunion elles forment un fom- met un peu convexe, aflez élevé, une fois plus large que long, & trois fois plus court que la premiere fpire. Celle-ci eft life, unie, & s’arrondit un peu en fe repliant en bas fur le fommer. 1+ | L'ouverture n’a que cinq fois plus de longueur que de largeur : elle eft aflez étroite & aiguë dans fon extrèmité in- férieure. Le fond de la couleur de cette coquille eft brun, jaune ou blanc. Celles qui font brunes fouffrent rarement le mêlange des autres couleurs. Les jaunes ou les blanches font entou- rées de deux bandes formées par un réfeau dont les filets font bruns, ou rouges, ou noirâtres., les mailles reftant jau- nes ou blanches, comme le fond fur lequel ce réfeau eft étendu. Ces deux bandes ne fe voient jamais fur le fommer, mais feulement fur là premiere fpire ; la plus large en occupe la partie inférieure , & la plus étroite tourne vers fon milieu. J'ai remarqué que le fond blanc ou jaune des jeunes bru- niten vieilliffant, & qu'il eft plus ordinaire aux jeunes qu'aux vieilles d’être violettes dans l’intérieur. - Le pied de l’animal eft femblable à celui de la premiere efpece ; mais il eft près de deux fois plus étroit que fa co- quille, & coupé en deffous par douze fillons qui s'étendent fur toute fa longueur. Son opercule eft trois fois plus long que large, & crois fois plus court que l’ouverture de la coquille, OPERCULÉS. 05 Sa tête & fon pied font noirâtres en deflus & en deflous, & tachés d’un grand nombre de petites lignes cendrées d’iné- ales grandeur : fon pied eft encore bordé au-devant d’une pe couleur de rofe. Ses cornes & fon tuyau font couleur de char pâle, & traverfés par de petites raies brunes. On trouve ce coquillage très-abondamment au cap Ber- nard ,au cap Manuel & aux Ifles de la Magdelaine. 4...L E M AF AN. PL(6. J'ai rencontré, mais plus rarement, dans les mêmés en- droits cette quatriéme efpece, à laquelle j’aurois confervé fon nom d’Amiral , fi ce nom n’eût appartenu depuis long- tems à une efpece de Papillon dont la chenille vit fur l’or- tie (1). Rhombus Indicus albus, fafciis Aavis & mæœandris. Periy. Gazoph. vol. 1. cat. 312. tab. 27. fig. x1. Voluta Archithalaffus fecundus. Hif£. Conchyl. pag. 179. tab. 15. fig. H. Cornet Vice-Amiral , dont les fafcies marbrées de taches blanches fur un fond jaune , forment un très-beau compartiment; ces fafcies imitent les bamderolles des vaifleaux ; fa rête eft très-bien marbrée & forc élevée pour un Cornet. Eju/d. ibid. pag. 281. Voluta Archichalaflus primus. Eju/d. ibid. pag. 279. fig. N. Cornet Grand-Amiral , qui ne differe du Vice-Amiral que par une ligne ponétuée , qui fe trouve au milieu de la grande fafcie jaune. Le com- partiment de la robe & de la tête de l’Amiral. eft infiniment au- deffus de celui du Vice-Amiral; c’eft une coquille des plus rares. Ejufd. ibid. pag. 281. Cochlea conoidea , albida, colore luteo radiata, vel nebulata, & quafñ fafciata, punétata, obfcurè ftriata ; apice ftriis bullatis exafperato. Gualt. Ind. pag. & tab. 10. lirr. F. Cochlea conoïdea , mucronata, lævis, crocea , tribus fafciis candidis, no- tulis rubris nigricantibus undatim depictis elegantiflimè circumdata. Ejufd. ibid. rt. G. | Cochlea conoiïdea, mucronata, lævis, colore luteo, vel ex lureo rufef- cente depicta , duabus fafciis candidis cinéta. Eju/d. ibid. lice. J. L'animal reffemble à celui de la troifiéme efpece, à la cou- leur près, qui eft très-blanche. Sa coquille a une fois & un peu plus de longueur que de largeur : la plus grande que j'aie trouvé eft d’un pouce & demi, (1) Poyez le Fauna Suecica de Linnæus. N°. 777, Couleur, ANIMAt» CoQuILLE, Spires. Sommet. Ouverture, Couleur, 94 COQUILLAGES On y compte onze fpires légerement renflées, & entourées de fillons aflez profonds , qui font au nombte de vingt dans la premiere fpire, & fort écartés les uns des autres. Certe fpire eft prefque plate, & forme un angle aflez aigu en fe repliant dans fa partie inférieure. Elle à près de quatre fois plus de longueur que le fommet: celui-c1 a une fois plus de largeur que de longueur. L'ouverture reflemble à la précédente, mais elle n’a que quatre fois plus de longueur que de Targeur. C’eft cetre.efpece qui fournit les Añuraux, les Vice-Aïmi- raux, & les coquilles les plus eftimées, tant pour la forme, que pour la richefle & la netteté des couleurs. Leur fond eft toujours d’un très-beau blanc, coupé par des marbrures d’un beau jaune doré, divifées en deux ou trois bandes. Lorfque ces bandes font fimples , elles forment les Vice-Amiraux; lorfque les deux d’en-haut font partagées par une ligne ponc- tuée , elles donnent cette belle variété qu’on appelle Amiral ou Grand-Amiral, & leur réunion produit l’Extr Amiral, si! LE): GO:U PAËÉT; 4 26! Cylindrus Indicus, niveo candore reétus, & quadraris notulis piceis ità teflellatus, ut ex ebeno, & ebore compofitus videatur. Bon. recr. pag. 128. claff. 3. n. 122. Cylindrus candidus fafciculis piceis feomentatus. Fju/d. ibid. pag. 129. Lie SE ; Rhombus albus cylindro pyramidalis, ex nigro rufefcentibus maculis un- datis circumfcriptus ; ex infulà Mauritn. Lif£, hifl. Conchyl, tab. 779. fig. 25. | Rhone parvus cylindre pyramidalis, maculisex rufo nigricantibus un- datim depiétus ; ex infulà Mauritit. Æÿufd. ibid. fig. 26. Mufca rufticorum. Rumph. Muf. pag. 106. art. 19. tab. 33. lice. B. B. Cylindrus Indicus, niveo candore rectus, & quadratis notulis piceis ità teflellatus , ut ex ebeno , & ebore compolitus videatur. Muf: Kirk, pag. 457. n. 128. Cylindrus candidus fafciculis piceis fegmentatus. Æjufd. ibid. n: 138. Rhombus Indicus albus minor, punétis nigris quadrangulis macularus. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. 257. tab. 99. fig. 12. Cornet bariolé de petits filets bruns ! fur un fond blanc. Hiff. Conchyl. tt pags 280. pl 15. fig. B. 91 Voluta Hebraica. Eju/d. pag. 278. fig. G. Volute appellée l’'Hébraïque ; elle doit ce nom aux taches noires répan- OPERCULÉS. 95 dues fur fa robe blanche : ces taches imitent affez bien les caracteres hébraïques. Æju/d. ibid. pag. 18. Cochlea longa pyriformis vulgaris, lævis, candida , maculis helvaceis undatim fignata. Guak. Ind, pag. &: tab. 25. lite, Q. | Cochlea longa pyriformis vulgaris, lævis, candida , latis maculis irregu- laribus ex nigro rufefcentibus feriatim difpoficis circumdata. Eju/d. ibid, rt. T. : Conus mulfca rufticorum ; tota rubra , maculis nigris quadratis, Rumphii. Klein, tent. pag. 68. fpec. 1. n. 12. Ce qui éloigne le plus cette efpece des deux précédentes, c'eft la forme de fa coquille, qui fur un pouce & demi de longueur, n’a que moitié moins de largeur. Elle ne porte que huit fpires affez applaties, dont la premiere eft environ- née de plufieurs filets peu apparens, & à peine trois fois plus longue que les autres qui forment le fommet, Celles-ci font relevées de quelques boffettes aflez fenfibles. L'ouverture reflemble à la précédente ; mais la premiere fpire qui la forme s’arrondit en fe repliant fur le fommet à fon extrèmité inférieure. Le fond de cette coquille eft quelquefois blanc , quelque- fois couleur de chair, & prefqu’entierement couvert de ban- des brunes tirant fur le rouge ou fur le noir, Ces bandes font ondées & s'étendent fur toute fa longueur ; mais elles fe di- vifent pour l’ordinaire en plufeurs grandes taches quarrées, diftribuées fur quatre ou cinq lignes qui tournent avec les fptres. C’eft de la difpofition de ces taches que quelques-uns lui ont donné le nom de Mufique, & c’eft à caufe de leur figure que d’autres l’ont changé en celui d’Hébraïque. Ce coquillage eft rare au Sénégal : on le voit cependant quelquefois aux ifles de la Magdelaine, & dans les brifans de Rufisk. 6... EL; ;C:H-O:T:1 N6PLié Turbo levis quartus intrâ fpongias vivens. A{dr.exang. p. 3 59. fis. 4.2 La coquille du Chotin eft à peu près de même longueur que la précédente, mais beaucoup plus étroite. Elle repré- fente un ovoide pointu aux deux extrêmités, & dont la lon- gueur furpañle une fois & demi la largeur. On y compte dix fpires, dont la premiere elt peu renflée, life, unie, & une fois & demie plus longue que les neuf au- CoqQuizzr. Spires, Ouverture. Couleur, CoQuiLce, Spires, Couleur, ANIMAL. . Pied. Opercule. Couleur. 06 COQUILLAGES tres qui forment le fommert. Celles-ci font applaties & lége- rement fillonnées. Le fommet à moitié moins de longueur ue de largeur. Le fond de fa couleur eft quelquefois blanc, & recouvert d’un réfeau fin à fils jaunes; quelquefois il eit fauve & tra- verfé par une ligne blanche qui tourne fur le milieu de la premiere fpire : mais il lui eit plus ordinaire d’être verd ou de couleur olive, avec quelques marbrures blanches. Le pied de l’animal eft femblable à celui de la premigre efpece, mais une fois plus court que fa coquille. Son opercule reflemble à celu1 de la troifiéme efpece. Le deflus de fon pied & Le tuyau du manteau font noirs. Sa tête, fes cornes & le deffous du pied font d’une couleur de chair pâle, pointillée de blanc. Cette efpece eft fort commune fur trous les rochers de la côte du Sénégal. 7 LE LOMAN. PL 6. Cochlea cylindroides altera. Aldrov. exang. pag. 399. Cylindrus Turcicam veftem attalicà manu piétam oftentans , finuofs piéturis & mæandris, quos aureus color cùm albo , & fanguineo confufus efformat; interdüm quañ fquamis tectus. Bonan.,recr. pag. 129. claff. 3. n. 135. Rhombus major cylindro pyramidalis ex rufo vermiculatus; ex infulà Mauritii. Lift. hift. Conchyl. tab. 788. fig. 40. Voluta pennata, attagenata. Rumph. muf. p. 10$. art. 1®, tab. 32. fig. P. Cylindrus Turcicam veftem attalicà manu piétam ofkencans, finüofs pic- curis & mæandris, quos aureus color cm albo; & fanguineo con- fufus efformat; interdüm quañ fquamis teêtus. Muf. Kirk. p. 457. NUM. 135$. Rhombus Ta pal Hifi. Conchyl. pag. 283. pl. 16. fig. B. Rouleau très-rare , marqué de plufeurs taches bleues & brunes, traverfées par des lignes & des points fur un fond blanc; on l'appelle la Tulipe. Ejufd. ibid, pag. 285. Rhombus pannus aureus. Ejufd. pag. 283. fig. F. Rouleau qui par fon beau compartiment doré, a mérité le nom de Drap- d’or. Ejufd. ibid, pag. 285. Rhombus pannus aureus fafciatus. Ejufd. pag. 283. fig. J. Rouleau le plus beau, c’eft le Drap-d’or, non-feulement comparti dans toute fon étendue de grandes taches & de lignes aurores fur un fond blanc, comme les draps d’or ordinaires, mais fafcié en deux endroïts par des marbrures plus ferrées, dans lefquelles on apperçoir un peu de bleu. Ejufd. ibid, pag. 285. Cochlea OPERCULÉS. 07 Cochlea longa pyriformis vulgaris, umbonata, lævis, ex albo, fulvo can- dido , aureo , & fubrubro colore variegata, lineata & maculata. Gualt. Ind. pag. & rab. 15. lite. J. Cochlea longa pyniformis vulgaris, lævis, candidiflima , maculis croceis latis depiéta , ex rubro fufco colore reticulata, lineata, &c fplendi- diflime vermiculata. ÆEju/d. ibid. lite. À. À. L'animal du Loman reflemble en tout au précédent, ex- cepté par fa couleur qui eft jaune, auñi pointillée de blanc. La coquille eft aufli de même forme, mais feulement une fois plus longue que large. Les plus grandes que j'ai vü ont à peine deux pouces de longueur. Elles font liffes, unies &c d’un très-beau poli. Le fommer eft deux fois plus court que la premiere fpire, & une fois plus large que long. Le fond de fa couleur eft un beau blanc, fur lequel s’é- œænd un réfeau brun, à mailles anguleufes de différentes grandeurs. Ce tiflu eft interrompu par quelques marbrures qui font donner à cette coquille le nom de Brunette lorf- qu’elles font brunes, & celui de Z'ulipe quand elles font poin- ullées & mêlées de bleu. Quand le réfeau & les marbrures font orangés, on l’appelle Drap-orangé, & c’eft le Drap-a'or lorfqu'ils font d’un beau jaune d’or. On la trouve, aflez rarement, aux ifles de la Magdelaine. 8. LE: SA LA K.iPL 6, Cette derniere efpece que j'appelle Salar, eft auffi rare que la précédente, & {e rencontre avec elle aux ifles de la Mag- delane. Cochlea Geographicam Tabulam repræfentans: in ejus enim reftà albà, icà difponuntur maculæ , & lineolæ furvæ , ut Provinciæ , & Regio- nes in Tabula Geographicä indicantur. Bonan. recr. pag. 1 57. claff. 3. num. 319. ù Rhombus maximus, ex rufo vermiculatus, claviculà muricatà ; ex infulâ Mauniuii. Lift. hifl. Conchyl. tàb. 747. fig. 41. Volura Nubeculæ. Rumph. muf. pag. 103. art. 6. tab. 31. fig. G. Cochlea Geographicam Tabulam repræfentans : in ejus’enim teftà albâ, in difponuntur maculæ, & lineolæ furvæ , ut Provinciæ , & Regio- nes in Tabulä Geographic indicantur. Muf. Kirk. pag. 470. n. 319. Cylindrus Moluccenfis, lævis, ex rufo alboque marmoratus. Periv. Gaz. vol. 1. cat. 144. tab. 98. fig. 8, N ANIMAL:, CoQuILLE. Sommet, Couleur. A NIMAL, Pied, Opercule. COQUILLE, Spires. Sommet, Ouverture, Couleur. 08 COQUILLAGES Cochlea cylindroidea umbonata levis nitens, ore elongato angufticre, Lang. meth. pag. 16. : Rhombus, textile fericum. Hif. Conchyl. pag. 283. pl. 16. fig. À. Rouleau appellé le Brocart de foye , qu’il imite par fa bigarure brune fur un fond blanc. Ejufd. ibid. pag. 285. Cochlea longa pyriformis intorta , integra, mucronata, bafi muricara, ex fufco maculata & vermiculata. Gualr. Ind. p. & tab. 16. lice. E. Nubecula; Tabula Geographica; fuper teftä albä , maculas & lineolas fur- vas, velut Regiones in Tabulis Geographicis habet difpoftas ; Bo- nanni. Klein. tent. pag. 76. fpec. 3. Nubecula quæ Rhombus maximus ex rufo vermiculatus; claviculà mu- ricata ; Lifteri. Eju/d. ibid. fpec. 4. Le pied de l'animal eft auffi long & prefqu’auffi large que fa coquille. Son opercule eft beaucoup plus petit que dans toutes les autres efpeces. Il n’a que la huitiéme partie de la longueur de l’ouverture de la coquille. Du refte il reflemble aflez à la fix'éme efpece. Sa coquille a un peu plus de deux pouces de longueur, & une fois moins de largeur. Elle eft affez mince, à peu près cylindrique, obtufe à {on extrémité fupérieure , & pointue par le bas. On n’y compte que huit fpires, dont celles qui forment le fommet font un peu renflées ou relevées d’une petite côte au-deflus de leur milieu. Le fommet reflemble à celui de la premiere efpece ; mais la partie inférieure de la premiere fpire, l'endroit où elle fe replie en deflous, eft relevé de fept à huit tubercules qui de- viennent infenfibles dans les autres fpires. L'ouverture eft plus évafée que dans les autres efpeces: fa longueur furpañe à peine trois fois fa plus grande largeur. La furface extérieure de cette coquille eft life & polie. Le fond de fa couleur eft blanc, ou blanc fale, ou agathe, mar- bré de brun, & taché de petits points bruns plus foncés, rangés fur plufeurs lignes qui'en font le tour. La difpofition de ces marbrures lui a fait donner par quelques-uns le nom de Géographie , que d’autres ont changé en celui de Zro- card de foye. OPERCULÉS. - 99 SECN RS LT. LA POURPRE. Purpura. DE tous les genres de Limaçons que j'ai obfervés au Séné- gal, la Pourpre eft celui qui préfente le plus grand nombre d’efpeces. La forme de leur coquille eft aufli extrêmement variée. On en voit de rondes ou prefque rondes, d'ovales & de longues. Les premieres ou les rondes, ont rarement des ce re fur leur furface : on leur a donné le nom de Zonnes. s fecondes ou les ovales, font ou fans pointes ou hériflées de pointes ; dans le premier cas on les appelle Buccins ; & Rochers ou Murex dans le fecond:les troifiémes ou les lon- gues, font aufli garnies de pointes ou fans pointes; on les con- noît fous le nom de Pourpres. Cette divifion quieft celle qu’ont fuivi les Auteurs qui ont rapproché avec plus de fuccès tes ef- peces nombreufes de ce genre, eft encore fujette à des défauts eflentiels; parce que n'ayant égard qu'a la forme de ces co- quilles, du feul genre des Pourpres ils en ont fait quatre, auxquels 1ls ont rapporté beaucoup d’efpeces de coquillages fort difiérens, & même plufeurs de ceux qui n’ont point d’opercule. Connoiffant les coquilles de ce genre par les animaux qui les habitent, il ne nous fera pas difficile de les ranger ; & pour en rendre les rapports plus facile à faifir, je le diviferai en fept fections tirées de la forme du canal fupérieur de leur ouverture. C’eft prefque la feule partie de la coquille qui foit conftante, quoique fujerte elle-même à quelques légeies variétés dans fes diflérens âges. Ces fe@ions renfermeront: 1°. Les Pourpres à canal court, échancré & fimple : telles font les efpeces 1,2,3,4,5 & 6. 2°, Les Pourpres à canal court, échancré & replié en de- hors : comme dans les efpeces 7, 8,9, 10 & 11. 3°. Les Pourpres à canal médiocre, non échancré : telles font les efpeces 12, 13, 14,15, 16,17 & 18. 4°. Les Pourpres à canal très-long : telles font les efpeces 19 & 20. j s°. Les Pourpres à canal long, & fermé comme un tuyau: telle eft l’efpece 21; N :ij COQUILLE, Spires, 100 COQUILLAGES 6°. Les Pourpres à canal médiocre, fort referré, & pref- que fermé: telles font les efpeces 22, 23 & 24. 7°. Enfin les Pourpres à canal évafé : telles font les efpe- ces qui fuivent depuis le n°. 25 jufqu'au n°. 35. L Cette diviñion n’eft, pour ainfi dire, qu’accefloire à celle que j'ai faite des efpeces de ce genre, confidérées & rappro- chées par la figure de leurs animaux; & fi je lui ai donné la préférence, c’eft parce qu’elle fera d’un ufage plus fréquent & plus utile à ceux qui veulent connoître les. coquilles dont ils n’ont pas encore vü les animaux. Elles font d’ailleurs toutes deux parfaitement femblables en ce qu’elles réuniflent les mêmes efpeces. L’une fait voir d’abord les animaux dont les yeux font placés au milieu de la longueur des cornes; elle préfente enfuire ceux qui les ont placés un peu au-deflous, & enfin ceux qui les portent au-deflus du milieu des mêmes cornes. L'autre divifion qui regarde les coquilles, commence par celles dont l’ouverture eft ovale ou demi-ronde, les ron- des viennent enfuite, & elle finit par celles qui font fort allongées. 1°. POURPRES A CANAL COURT, ÉCHANCRÉ ET SIMPLE. r. LE SAKE M. PL 7. Turbo mucromibus afper , qui binos cireulos in maximo orbe effingunt; carneo colore in facie internä , helvaceo in externä piétus. Bonan recr. pag. 163. claff. 3. n. 346. Turbo mucronibus afper , qui binos circulos in maximo orbe efhngunt; carneo colore in facie internà, helvaceo in externâ piétus. Muf: Kirk. pag. 472. n. 345. Cochlea canaliculata reéta crafior vulgaris, mucronata, ftriata ac fim- briata , canaliculo rugofo & quafi in fe-contorto, mucrone tuberofo: Lang. meth. pag. 14. La coquille de cette premiere efpece eft ovoide, obtufe & arrondie par le haut, & pointue par en bas. Sa plus grande longueur eft de trois pouces & quelques lignes, & furpañle de moitié fa largeur. Elle ef médiocrement épaifle, & compofée de dix fpires un peu renflées dans leur milieu, & bien difinguées par um OPERCULES. 101 filon profond qui les fépare les unes des autres. La premiere et prefqu’une fois plus longue que les neuf autres qui for: ment le fommet. A l'extérieur elles font toutes coupées par un grand nombre de fillons qui tournent avec elles : on en compte vingt-ix ou vingt-fept dans la premiere fpire, douze dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Chaque fpire eft encore élevée vers fon milieu, d’un rang de boflettes qui en font le tour : il s’en trouve quelquefois deux rangs dans la premiere fpire, mais elles font placées vers fa par- tie inférieure, & ce qui paroît en relief au dehors, eft en creux au dedans. | L'ouverture eft grande, ovale ou elliptique, arrondie par le haut & aiguë vers le bas. Sa longueur eft double de fa largeur. Elle eft un peu oblique à l'axe de la coquille, & échancrée à fon extrêmité fupérieure en un canal fort court, & qui a un peu plus de profondeur que de largeur. Son ex- trêmité inférieure eft aufli échancrée, mais d’une maniere peu fenfible. La lèvre droite eft mince & tranchante:on remarque au- dedans vingt-fix ou vingt-fept petites canelures peu élevées, & qui viennent fe terminer en autant de petites dents rangées fur fes bords. Ces canelures répondent aux vingt-fept fillons que j'ai dit qu’on appercevoit en creux au dehors de la pre- miere fpire. La lèvre gauche eft renflée, arrondie, life, unie, creufée en arc vers {fon milieu, & comme recouverte d’une lame ns TA extrêmement mince, & d’un poli parfait. Un peu au-deflus du milieu de fa longueur , on voit un renflement ou bourrelet confidérable & ridé, qui va en ferpentant fe ter- miner à l’échancrure. Ce bourrelet ne fe voit point dans les jeunes, mais feulement dans les vieilles, & il laifle un léger enfoncement entre lui & la lame polie de la lèvre gauche. Le fommet eft conique, fort élevé, terminé par une pointe très-fine, & une fois plus court que l’ouverture: il a un peu plus de largeur que de longeur. Le périofte qui recouvre l’extérieur de cette coquille eft fort mince & peu fenfible. Il femble même qu'il ait été al- téré par la frange & la croute verdâtre dont elle eft ordinai- rement enveloppée. Ouverture, Sommet; Périoftes Couleur. Variétés. ANIMAL, « Tête, Cornes, Yeux. Bouche, Manteau. Pied. 102 COQUILLAGES La couleur n’eft pas la même dans les jeunes & dans les vieilles. Celles-ci font cendrées au dehors, blanches en de- dans, & fauves tout autour de l'ouverture. Les ; jeunes ent le bord interne de la lèvre gauche & leur furface extérieure d’un brun cendré, & les boffettes blanchätres. On obferve encore quelques variétés dans les unes & les autres. Les jeunes font plus courtes proportionnellement à à leur largeur, & elles ont deux rangs de boffettes à la premiere fpire, au lieu que les vieilles n’en ont qu’un rang, du moins auprès de la lèvre gauche. La tête de l’animal qui remplit cette coquille, eft petite eu égard au refte du corps : elle eft cylindrique T. de longueur & de largeur prefqu’ égales. De fon extrémité qui paroît comme échancrée & creufée en arc, fortent deux C. C. épaifles, de figure conique, & près de deux fois plus longues qu’elie. Ces cornes font ren- fées confidérablement depuis leur racine jufqu’au milieu, & coupées en deflous par un fillon qui en parcourt la lon- gueur. C’eft fur ce renflement que les yeux Ÿ. YŸ. font placés au milieu de la longueur des cornes & à leur côté extérieur. Ils font noirs, fort” petits & femblables à deux points qui ne faillent point au dehors. La bouche fe fait reconnoître par un petit trou oval B, ouvert tran{verfalement au deflous de la tête vers le nulieu de fa longueur, Il ya apparence qu’elle renferme une trompe ou une lan- gue en forme de tuyau, comme il eft ordinaire à la plüpart des efpeces de ce genre : mais je ne dois point en parler, n'ayant pas été aflez heureux pour la voir fortir. Une membrane peu épaifle tapifle les parois intérieures de la coquille, fans s'étendre au dehors, & fert de manteau a l'animal. Ce manteau eft ondé & comme lécerement frifé fur fes bords: à fa partie fupérieure il fe replie en un tuyau K. qui fort d’une longueur égale à la fixiéme partie de la co- quille par fon échancrure fupérieure , & qui fe rejette fur la gauche, gros mufcle elliptique, obtus à fes ex- Le pied P. eft un g trèmités, une fois plus long que large, & près de moitié plus OPERCULES. 10% court que la coquille. On remarque en deflous deux fillons, dont l’un S. le traverfe à fon extrémité antérieure, pendant que l’autre G. parcourt fa longueur , en croifant le premier à angles droits. Le refte de fa furface eft encore coupé d’un nombre infini de petits fillons longitudinaux. Lorfque l’ani- mal marche, ce pied cache la tête en deflous & une partie des cornes, comme on le voit dans la premiere figure de la planche. Un opercule mince & cartilagineux ©. eft attaché entre le manteau & le pied de l’animal, un peu au-deflous du mi- hieu de fa longueur. Il a la forme d’une demi-lune. Sa lon- gueur eft double de fa largeur , & une fois moindre que celle de l’ouverture de la coquille. IL la bouche cependant très- exactement, en rentrant avec l'animal, jufqu’au milieu de la premiere fpire qui fe trouve beaucoup retrécie dans cet endroit. Sa furface eft life, d’un brun noir, & marquée de cinq fillons légerement creufés en arc, dont les cornes font tournées en haut. Les deux fexes font fort bien diftingués dans ces animaux. Il y a des mâles & des femelles. Les premiers fe peuvent re- connoître à la forme de leur coquille, qui eft moins renflée & qui porte un plus petit nombre de boffertes : au refte, ils laiflent fortir de tems en tems, vers la droite, une verge fem- blable à une languette triangulaire & applatie, qui feule fuffir pour les caraéterifer. Tout le corps de l'animal eft cendre-noir en deflus , & blanc-pâle en deflous. Ce coquillage eft fort commun fur les rochers de l’ifle de Gorée. Les nègres des environs l’appellent Szkem , en ap- puyant un peu fur la derniere fyllabe, comme s'ils difoient Sakeum. Ils le mangent cuit fur les charbons. Sa chair eft blanche & aflez tendre. 2 LÉ'LABARIN..PÉ - Buccinum breviroftrum muricatum , labro dentato, ore ex purpurä leviter tinéto , claviculâ brevi. Lifé. hift. ConchyL. tab. 95 5. fig. 6. Buccinum breviroftrum muricatum , ore ex purpurâ migricante, dentato. Ejufd. tab. 956. fig. 7. Buccinum breviroftrum aculeatum, ore fubluteo, claviculà fubità & acu- à. Ejufd. tab. 957. fig. 9. Opercule, Sexe, Couleur, CoOQUILLE. Spires. Sommet, Ouverture. Couleur. Variétés. 104 COQUILLAGES Buccinum breviroftrum labrofum , craffum ore fubcroceo, muricatuin, roftro umbilicato. Æjufd. tab. 990. fig. s1. Buccinum breviroftrum labrofum , craflum , variegatum , unico ordine clavatum. Ejufd. tab. 991. fig. 52. Buccinum Madrafpatanum nodofum ftriis fafciatis. Petiv. Gazoph. vol. x. cat. 293. Lab. 19. fig. 10. Galea muricata, quæ Buccinum breviroftrum muricatum , labro dentato : ore ex purpurà leviter tinéto ; claviculä brevi; Lifteri. Klein, tent, pag. 538. fpec. 3. n. 3. Galea muricata, ore fubcroceo , roftro umbilicato. Ejufd. ibid. n. 8. L'animal du Labarin eft femblable au précédent ; mais fa coquille eft infiniment plus épaifle que la fienne , & que celle de toutes les Pourpres que j'ai obfervées au Sénégal. Elle eft prefque ronde, longue de deux pouces au plus, & un quart moins large. | Elle n’a que cinq à fix tours de fpirale. La premiere fpire porte vingt à vingt-cinq fillons ; mais elle eft ornée du haut en bas de quatre rangs de boffettes qui font enfermées entre deux bourrelets fort gros. Le bourrelet d’en haut prend fon origine un peu au-deflus du milieu de la lèvre gauche de l'ouverture , & faifant un demi-cercle va fe terminer à fon échancrure fupérieure. Le milieu de ce bourrelet laifle entre lui & la lèvre gauche un trou ou foflerte aflez grande, qu’on peut appeller l’ombilic. Le bourrelet inférieur reflemble à une fraife fort irréguliere, qui ceint la bafe de la premiere fpire. Le fommet a une fois plus de largeur que de longueur. L'ouverture n’a que vingt à vingt-cinq dents à fa lèvre droite, & fon canal fupérieur a une fois plus de profondeur que de largeur. Cette coquille eft ordinairement couverte d’un limon ver: dâtre. Lorfqu’on l’en à dépouillée, on voit que fa couleur naturelle eft blanc-de-lait. Dans les jeunes il n’y a que la premiere fpire qui ait cette couleur ; les autres font brunes ou fauves. Les variétés auxquelles ces coquilles font fujettes, con- fifent en ce que les quatre rangs de boffettes fe réduifent à deux ou trois dans les unes, & à un feul dans les autres. Dans les jeunes le bourrelet inférieur eft moins apparent: le bour.- relet fupérieur eft aufli bien moindre ; il prend fon origine ug OPERCULES. 10$ un peu au-deflus du milieu de la lèvre gauche de l’ouver- ture. Ce coquillage fe trouve abondamment dans la riviere de Gambie, autour de l’ifle James & aux environs d’Albreda, dans les lieux remplis de rocailles , & toujours baignés par les eaux falées de la mer. sal EisP, A KE: Li Bin Cochlea cinerea, in dorfo tonfillas nigricantes geftiens; ore valdè expan- fo, & aperto, labris carneis , parte intima cinerea, fafcus violaceis fignata. Bonan. recr. pag. 16$. claff: 3. n. 368. Buccinum breviroftrum , labrofum craflum, nodofum, columellà latä pla- nà; Barbadenfe. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 989. fig. 49. Buccinum majus, canaliculatum , & fulcatum, ftriatum , papillofum , la- bio externo fatis patulo, & minutiflimè dentato , interno verd re- nue & in fummitate quoque dentato, fafciis albidis, & piceis ucidè depiétum. Gualr, Ind. pag, & tab. 1. lire. E. Mamma verrucofa , papillà prominente, labio oris ad columellam re- pando , exrès denfis variolis afpera, nigricans , intüs cornea ; Lifteri, Klein. rent. pag. 22, fpec. 9. La coquille de cette efpece eft obtufe à fes extrémités, & Coquicr. extrêmement applatie de devant en arriere. Sa longueur eft d'environ deux pouces, fur une largeur moindre de moitié. Elleeft peu épaifle, mais d’une grande dureté, & formée de cinq fpires fort renflées. La premiere furpañle trois ou quatre fois toutes les autres en longueur, Sa furface extérieure eft envi- ronnée de vingt-cinq petits fillons, & de fix à fept rangs de boffettes pointues. Les autres fpires font nues, & fi peu dé- tachées qu’on peut à peine les difinguer. Le fomrret qu’elles forment eft fort court, obtus à fon extrêmité, près de deux fois plus large que long, & trois fois plus court que l’ou- verture. L'ouverture eft beaucoup plus grande que dans les précé- dentes, eu égard au volume de la coquille; mais elle con- ferve les mêmes proportions, Le canal fupérieur eft un peu moins profond que large. La lèvre droite refflemble à celle de la premiere efpece, & elle eft de plus ondée à fix endroits diflérens, au-detflous de chaque rang de bofertes. La lèvre gauche préfente au dehors une Nr très-large Spires, Sommet. Ouverture, Couleur. ANIMAL. Remarque, ÂANIMAL. Opercule. CoOQUILLE. Spires. Sommet. 106 COQUILLAGES & applatie, dont l’extrèmité fupérieure , au lieu d’être arron- die en bourrelet, forme une petite côte aiguë & tranchante, dont Les bords font garnis d’une douzaine de petites dents. Une croute tartareufe, tantôt verdätre, tantôt couleur de chair, couvre ces coquilles. Quand on l’a enlevée, on voit que les jeunes font d’un brun violet, & que les vieilles font marbrées de brun & de verd Au dedans elles font de cou- leur d'azur rembruni. La lèvre gauche de l’ouverture ef fau- ve, & la droite eft violette. L'animal differe des précédens en ce que fa couleur eft plus foncée & tire fur le violer. Son opercule eft auffi près de deux fois plus court que l'ouverture de la coquille. Ce coquillage eft aflez rare : on le voit fur les rochers du cap Manuel. À la forme applatie de fa coquille, & à la croute qui la recouvre , on la prendroit au premier abord pour la coquille d’un Ormier. Lorfqu’on prefle un peu l’opercule de cet animal après qu’il eft rentré dans fa coquille, 1l rend une aflez grande quantité de liqueur , qui eft d’abord verdâtre, & qui devient pourpre foncé en fe defléchant. On fçait que cette propriété eft commune à la plüpart des efpeces de ce genre. 4 LE SADOT. PL 7. Buccioum breviroftrum album , denticulo unico ad imam columellam ; Anglicum. Liff. Rift. Conchyl. tab. 956. fig. 19. Buccinum breviroftrum, faprà modum craffam, ventricofius , labro den- ticulato ; Anglicum. Æjufd. ibid. fig. 18. L'animal du Sadot reflemble à celui de la premiere efpece; mais fa couleur eft d’un très-beau blanc fans aucune tache. Son opercule eft oval ou elliptique, arrondi aux extrémités. Sa coquille eft fort épaifle, de figure ovoide, pointue aux deux extrêmités , longue d’un pouce un quart , & pref- qu’une fois moins large. Elle porte fept fpires peu renflées & peu diftinguées. La premiere eft environnée de quinze ca- nelures fort peu élevées qui en font le tour. Ces canelures font en petit nombre & encore moins apparentes fur les au- tres fpires. Le fommet eft fort pointu, plus court d’un tiers ou d’un quart que l’ouverture, & un peu plus large que long. OPERCULÉS. 107 L'ouverture eft aflez grande au dehors, & fort retrécie en dedans par l’épaifleur confidérable de la lèvre droite. Elle n’a aucune forte d’échancrure à fon extrêmité inférieure, & celle de fon canal fupérieur eft fi peu fenfible que l’on pourroit rapporter cette coquille aux efpeces 12, 13 , &c. de la troifiéme fection, defquelles elle fe rapproche beaucoup. Sa lèvre droite eft extrêmement épaifle, tranchante fur les bords, & armée intérieurement de quatre à fept petites dents qui y font diftribuées du haut en bas. La lèvre gauche a un bourrelet médiocre, comme dans la premiere efpece ; elle eft arrondie de même. La couleur de ces coquilles lorfqu’on leur a enlevé la crafle verdître qui les enveloppe, eft blanche, ou grife, ou cendrée, ou jaunâtre. Dans quelques-unes les fpires du fom- met font environnées d’une bande fauve: dans d’autres cette bande eft brune , & fait deux tours fur la premiere fpire. Plufeurs de ces coquilles ont les canelures écailleufes ou tuilées ; je veux dire, recouvertes de petites lames arrondies & relevées en onglets difpofés de la même maniere que les tuiles creufes dont on couvre certaines maïfons. Ces mêmes coquilles tuilées n’ont point de dents à la lèvre droite, mais fes bords font ondés & marqués de quinze à dix-huit créne- lures peu profondes, D’autres n’ont ni les dents ni les cré+ nelures ; & 1l s’en trouve parmi les unes & les autres qui ont un petit ombilic creufé au milieu du bourrelet de la lèvre gauche. J'ai une autre variété qui a la coquille beaucoup moins épaifle , & même fort mince relativement aux autres de la même efpece. J'ai obfervé ce coquillage dans le port de l'Orient, à l’ifle de Ténérif des Canaries, à celle de Fayal l’une des Afores ; & je fçai qu’elle fe trouve fréquemment fur toutes les côtes de la Bretagne. ss LE TESAN. PL 7. Cochlea quafñ funiculis fpiflis cinéta, & in fpirarum duétibus dimioutis, colore terreo, & violaceo diluto bicolor. Bonan. recr. pag. 116. claff. 3. n. 26. Buccina quatuor fpirarum duétibus mirâ naturæ arte eleganter circum- voluta , ints livido colore fubalbida, foris rerticularis fafciolis fu- perinduéta, inter quas rofeus color rubefcic. Eyu/d. ib. p.137. n. 191. O ij Oaverture, Couleur. Variétés, COQUILLE. Spires. Périofte. 708 COQUILLAGES Buccinum breviroftrum ftriatum fufcum, undatis lineis albis depiétam; Jamaicenfe. Lifl. hift. Conchyl. tab. 984. fig. 43. Cochlea pennata. Kumph. muf. pag. 90. art. 3:-tab. 17. fig. C. Bia Culit bawang, Malabarorum. £Ejufd. ibid. Cochlea qua funiculis fpiffis cinéta, & in fpiraram daétibus diminntis, colore terreo, & violaceo diluto bicolor. Muf: Kirk. p. 451. n.25. Cochlea canaliculata introrsüm incurvata umbonata, ftriata fimbriata glo- bof & in fummitate fuà fulcata canaliculo rugofo & quaf in fe contorto. Lang. meth. pag. 26. Dolium ftriatum , regulariter maculofum , Perdix appellatum. Æiff. Conch. pag. 300. pl. 120. fig. A. €onque Sphérique ou Tonne, appellée la Perdrix, parce qu’elle en imite le plumage. Ejufd. ibid. pag. 304. Buccinum majus, canaliculatum, & fulcatum , ftriatum ftriis latis com- planatis infigniter umbilicatum , maculis fulvidis, & albidis inter- ruptis in unaquaque fpirà per feriem fignatum , intüs candidum.. Guak. Ind. pag. & tab. 51. dirt. F. Urceus ore ad canaliculum finuosè reflexo; clathratus, quatuor fpirarum , intüs lividus, foris reticulatus , flofculis fuper indutus , inter quos rofeus color rubefcit; Lifteri. Klein. tent. pag. 49. fpec. 4. n. x. Galea ftriata mucrone trochiformi, fpiris toroïdibus ; Bonanni. Eyu/d. pag. 57. fpec. 1:n. $. Semicaflis ftriata, coftofa , mucronata ; Lifteri. Eju/d. pag. 96. fpec. 2. num. 2. d. Le nom de Perdrix que quelques modernes ont donné à cette efpece de Pourpre à caufe de fa couleur , appartient, comme l’on fçait, depuis long-tems à un oifeau connu de tout le monde; c’eft pourquoi je lui ai donné le nom de Téfan. Sa coquille eft fi mince & f fragile qu’il eft rare de la trou- ver entiere , même fur le rivage fabloneux de A/bao & de Rufisk , où elle eft rejettée en abondance pendant les grandes marées du mois d'avril. Sa figure repréfente un ovoide, obtus à l’extrêmité fupérieure, terminé en pointe au fommet, & dont la largeur eft de moitié moindre que fa longueur, qui excéde quelquefois fix pouces. Elle a fept à huit fpires renflées, arrondies, & très-bierm diftinguées. Tout fon extérieur eft Life, fans périofte, relevé d’un grand nombre de canelures applaties & fort larges, qui rournene avec les fpires, & qui fe touchent les unes & les autres à fort peu de chofe près. On en compte depuis vingt jufqu’a vingt- OPERCULÉS. 109 cinq dans la premiere fpire, huit ou dix dans la feconde, fept dans la troifiéme, & les aut£es en ont d’autant moins qu’elles font plus proches de la pointe du fommet. Ces canelures pa- roiflent en creux au dedans de la coquille, où elles font fé- arées par un pareil nombre de petites côtes qui font quatre à cinq fois plus étroites qu’elles. Le fommet eft conique, fort pointu , de moitié plus large que long , & une fois & demie plus court que l'ouverture. Celle-ci a deux échancrures comme dans la premiere ef- pece, mais celle d’en haut eft fort évafée & une fois plus large que profonde; celle d’en bas eft peu fenfible. : lèvre droite eft mince, tranchante, & marquée de plu- fieurs ondes, dont le nombre égale celui des canelures de la premiere fpire : fon bord eft un peu renflé au dedans. La lèvre gauche eft fort renflée, arrondie, & recouverte d’une grande lame luifante & très-mince. Le bourrelet qui Mere Rene au-deffus de fon milieu , eft creufé d’un pro- fond ombilic, qui eft fermé en partie par cette lame. Quelquefois cette coquille eft entierement fauve, quel- quefois elle n’a de fauve que la premiere fpire, pendant que les autres font couleur de.chair ; mais ordinairement elle eft blanche, & marquée au dehors d’un fi grand nombre de ta- ches fauves, qu’elles couvrent la moitié de fa blancheur. Ces taches font quarrées & difpofées affez régulierement fur toutes les canelures, dont elles égalent la largeur, 6, LE; MLN.JSA. C1: Phite Tertia Nautili fpecies ab Ariftotele prodita. Belon. aquat. pag. 383. Cochlea rugofa & umbilicata. Rondel. pifc. lib. x. edit. lar. pag. 106. Limaçon ridé ayant un trou comme un nombril. Eju/&. poiff. édit. franç. pag. 72. Cochlea ruzofa & umbilicata; Rondeletii. Boffuer. aquat. pars alt.p.$s. Gefn. aquat. pag. 187. : — Aldrov. exang. pag. 396. Cochlea rugofa. Jonfl. exang. tab. 19. fig. 9. Cochlea nivea, à papyracea fubftantia veluti compaéta, at non plicatili, femicircularibus canaliculis diftinéta , inter quos ftriæ ferè planæ maculis Havis tellellatæ. Bonan. recr.rpag. 1165. claf]. 3. n. 16. Cochlea fuperiori craflior, eodem modo canaliculata, fmilibufque notis diftinéta , ore valdè labrofo, & valvalis coronato, in cujus extremi- tate foramen profundum ; à Siculo mari. Ejx/d. ibid. n. 17. Sommet, Ouveiture, Couleur, Coquizee. Spires, 110 COQUILLAGES Cochlea cm præcedente conveniens in ftrigis & maculis, at baf pla- niore ; Indiæ orientalis. Ejufd. ibid. pag. 116. n.25. Buccinum Ampullaceum , tenue, roftro leviter finuofo, ftriis raris, toro- fis, valdè extantibus macularis circumdatum ;.ex freto Malava. Lif£, hift. Conchyl. rab. 899. fig. 19. Cochlea ftriata fivè olearia. Rumph. muf, pag. 90. art. 1. tab. 217. fig. À. Bia Minjac Malabarorum, Ejufd. ibid. Cochlea nivea, è papyraceâ fubftantià velati compaéta, at non plicauili , femicircularibus canaliculis diftinéta, inter quos ftriæ ferè planæ maculis favis teffellatæ. Muf. Kirk. pag. 450. n. 16. Cochlea fuperiori craflior, eodem modo canaliculata, fimilibufque notis diftinéta, ore valdè labrofo , & valvulis coronato, in cujus extremi- tate foramen profundum; è Siculo mari. Ejufd. ibid, n. 17. Cochlea cm præcedente conveniens in ftrigis & maculis , at bafi pla- niore, Indiæ orientalis. ÆEyufd. ibid. n. 25. Perdicea Luzonis , globofa, coftis elatis maculatis. Petiy. Gazoph. vol. 2. cat, 255. tab. 99. fig. 11. Cochlea canaliculata reéta craffior vulgaris umbonata ftriata ftriis canali- culatis, & in fummitate fuâ fulcata canaliculo rugofo & quali in fe contorto. Lang. meth. pag. 14. Cochlea canaliculata, extrorfum incurvata vulgaris umbonata ftriata, ftriis canaliculatis, & umbilicata. Æjufd, pag. 26. Tonne chargée de cordelettes, tachetées de jaune fur un fond blanc. Hifl. Conchyl. pag. 304. pl. 10. fig. C. €ochlea caflidiformis, umbilicata, ventricofa, ftriata , ftriis sariselatisica- naliculatis, & in fummitate colore fulvido leviter teffellatis, fubal- bida. Gualt. Ind. pag. & tab, 39. litr. E. Cette efpece que j'appelle Minjac, du nom malabare que le célèbre Rumphe nous a laifé dans fes écrits, a beaucoup de reflemblance avec la précédente, tant par les couleurs de fa coquille que par fa légereté & fon peu d’épaifleur ; mais fa forme eft prefque ronde. Sa longueur qui eft de deux pou- ces environ, excéde à peine fa largeur d’une quatriéme partie, Elle eft de plus tranfparente. Elle n’a que fix fpires, qui différent de celles de la précé- dente en ce qu’elles font diftinguées par un large & profond canal. Leurs canelures font plus étroites , plus relevées, ar- rondies & féparées les unes des autres par un efpace plus grand que leur largeur. La premiere fpire en a quatorze, la feconde en a trois, & les autres beaucoup moins, Ces cas nelures font en creux dans l’intérieur de la coquille, & fe- parées par autant de paires de filets ou de petites côtes qui égalent leur largeur. OPERCULES. 111 Le fommet eft conique , pointu , mais fort applati, deux Sommet. fois plus large que long, & trois fois plus court que Fou- verture. La lèvre droite de l'ouverture eft un peu plus évafée que Ouverture. la précédente; elle n’a que quatorze ondes fur fes bords. La lèvre gauche a auf un ombilic ; mais il manque dans le plus grand nombre. Cette coquille eft enveloppée d’un périofte aflez épais, Périofte. qui lui communique fa couleur roufsâtre. Lorfque ce periofte eft enlevé, elle paroît d’un fort beau Couleur. blanc, taché de quelques points fauves & quarrés, diftribués fur les canelures à une grande diftance les uns des autres. Cette efpece fe trouve avec la précédente. 2, POURPRES A CANAL COURT, ÉCHANCRÉ ET REPLIÉ EN DEHORS. TD An ANSUTENE PETEx Lift. hifi. Conchyl. tab. 957. fig. 621. & tab. 100$. fig. 72. . Cette efpece fe rencontre quelquefois dans les rochers de la pointe feptentrionale de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft encore plus mince & plus fragile que les Coquierr. deux précédentes , quoique fans tranfparence. Elle n’a pas deux pouces de longueur : fa largeur eft moindre de moitié, Elle eft compofée de fept fpires applaties ou fort peu ren- Spires, flées, & diftinguées par un léger fillon. Leur furface exté- rieure paroît comme ridée par un grand nombre de petits filets irréguliers, qui s'étendent fur la longueur de la coquille. On voit aufli quelquefois un petit bourrelet ou cordon qui traverfe la feconde fpire. Le fommet reflemble au précédent pour les proportions, Sommet. mais il eft feulement une fois plus long que large. L'ouverture diflére de routes celles qui précèdent, en ce Ouverture. qu’elle eft moins évafce , & qu’elle à deux fois plus de lon- gueur que de largeur. L’échancrure de fon canal fupérieur eft une fois plus profonde que large, repliée fur le dos de la coquille, & recourbée légerement fur fa gauche. On n'ap- Périofte, Couleur. Varictes, ANIMAL. 112 COQUILLAGES perçoit pas la moindre apparence d’échancrure dans fon ex- trêmité inférieure. La lèvre droite eft bordée au dehors d’un bourrelet arrondi &c aflez épais : on voit quelquefois au dedans une vingtaine de petites dents. | La lèvre gauche eft relevée vers fon extrêmité fupérieure, d’un & quelquefois de deux bourrelets aflez gros &c fans ombilic. | Le périofte qui recouvre cette coquille eft fort mince & peu fenfible, Le fond de fa couleur eft fauve : elle eft entourée de quatre à cinq petites bandes blanchâtres, marquées de plufeurs ta- ches quarrées brunes ou violettes, qui par leur arrangement reflemblent parfaitement à des notes de mufique. On remarque que le bourrelet de la lèvre droite manque totalement dans les jeunes coquilles : elles ont cette lèvre tranchante fur les bords, & garnie au dedans de dix à douze dents rangées avec peu de régularité. 8. EMEOUS AUBAUVR OL NosPlia; Buccinum parvum. Rondel, pifc. edit. lat. pag. 83. Le Cornet de mer. Ejufd. poiff, édit, franç. pag, 53. Buccinum parvum ; Rondelern1. Boffuet. aquat. pars. ale. pag, 4a. —— Gefn. zquat. pag. 153. Aldroy. exang. pag. 330. Cochlea in parte concavä candido colore, carneolo in gibbosâ , infuper tranfverfis lineis tanquam fcalpro incifis rugata, punétifque fulvis afperfa ; Ulyfliponenfs. Bonan. recr. pag. 315. claff. 3. n. 20. Caflis fimbriata ftriata. Rumph. muf, pag. 84. tab. 25, fig. 9. Cochlea in parte concava colore candido, carneolo in gibbosä , infuper tranfverfis lineis tanquam fcalpro inçifis rugata , punctifque fulvis afperfa; Ulyfiponenfis. Muf. Kirk. pag. 451.n. 20. Cochlea caflidiformis umbilicata, umbonata, ftriata. Lang. metk. p. 30. Rocher couleur d’agathe , dont les lèvres forment un bourrelet avec une bande ou côte de telief qui traverfe la coquille dans fon milieu, depuis la tère jufqu’à la bafe, chofe très-finguliere & unique. Æif£, Conchyl. pag. 292. pl. 17. fie. H. Cafis ftriata , coftofa & fulcata; fmbrià maculofà; turbine obtufoy ma- culs puniceis fuper coftis ; Rumphii. Klein, tent, p. 92. fpec. 3. n. 3. L'animal de cette efpece & de celle qui précéde, ne diflé. rent des autres dont j'ai parlé jufqu’ici, qu'en çe que leur manteau OPERCULÉS. “13 thanteau fort un peu fur la lèvre droite de l’ouverture de la coquille. Sa coquille reflemble à celle de la cinquiéme efpece, par fa forme & par fon peu d’épaifleur ; mais elle eft beaucoup moins fragile. Elle n’a qu’un pouce & demi de longueur, & un ticrs moins de largeur. Elle eft compofée de fept fpires bien renflées & arrondies, mais peu diftinguées les unes desautres. La furface extérieure de ces fpires eit relevée d’un grand nombre de petites cane- lures fort ferrées, qui tournent avec elles. On en compte trente-cinq fur la premiere, douze fur la feconde, huit {ur la troifiéme, & beaucoup moins fur les autres. La premiere fpire a encore fur fa gauche un bourrelet aflez élevé, qui la traverfe du haut en bas. Le fommet eft conique, pointu , fort convexe , une fois plus large que long, & une fois & demi plus court que l’ouverture. Celle-ci reflemble à la précédente, mais elle n’a qu’une fois & demi plus de longueur que de largeur. Le bourrelet de la lèvre droite eft applati au dehors, & arrondi fur fa furface intérieure , qui eft ridée de vingt-cinq à trente petites côtes fort courtes & irrégulieres. La lèvre gauche eft extrêmement ridée dans fa partie fu- périeure qui forme un bourrelet confidérable. L’ombilic fe trouve caché derriere ce bourrelet, qui fe replie par-deflus lui avec le canal de l'ouverture. Cette coquille ef fort belle & bien luftrée. Cinq rangs de taches fauves, quarrées, tournent fur la premiere fpire, dont le fond eft agathe ou couleur de chair. L'endroit où ces taches rencontrent les deux bourrelets eft brun très-foncé. Les au- tres {pires n’ont qu’un pareil rang de taches. Le contour de l'ouverture eft blanc de lait, & fon intérieur paroît fauve, à caufe de fa tranfparence qui laïfle voir les taches du dehors. Il eft bon de remarquer ici que le bourrelet qui fe trouve fur la gauche de la premiere fpire de cette coquille & prefque à l’oppofé du bourrelet de la lèvre droite de fon ouverture, a été autrefois le bourrelet de cette même lèvre, pendant que la coquille avoit une demie fpire de moins. C’eft pour cela qu’il n’eft pas toujours placé au même endroit dans toutes Manteau, CoqQuiLLe. Spires, Sommet, Ouverture. Couleur. Remarque. COQUILLE. Spires. “COQ ME TAC h$ les coquilles | mais tantôt plus loin, tantôt plus proche du bourrelet de la lèvre droite , felon que l’accroiflement de la coquille eft plus ou moins avancé. J’ai trouvé quelquefois cette efpece dans les fables de l’ifle de Gorée. » LE CONERNEEE Turbo undofis anfraétibus produétus , crenulifque tranfverfis afper, binc à linteo leviter crifpato veluti compofitus, multicolor plerumquè, interdüm albus , vel eburneus, vel nigricans , vel fubviridis. Bonan. recr. pag. 120. claff. 3. n. 62. Buccinum breviroftrum cancellatum , densè finuofum, labro dentato; An- glicum. Lift. hifi. Conchyl. tab. 566. fig. 21. Turbo undofis anfractibus produétus, crenulifque tranfverfis afper, hinc è linteo leviter crifpato veluti compoftus, multicolor plerumqu, interdüm albus, vel eburneus, vel nigricans, vel fubviridis. Muf. Kirk. pag. 453.n. 62. Buccinum Condor oblongum coftatum. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. 237. tab. 64. fig. 8. Buccinum Anglicum marinum cancellatum. FEju/d, ibid. cat. 86. tab. 75. fig. 4. Coquillages compris en latin fous les noms de Turbo, Trochus, Bucci- num. Reaumur, Mém. Acad. 1710. p. 463. (Figuré avec l'animal.) Buccinum parvum prunmiforme canaliculatum ftriatum & fimbriatum. Lang. meth. pag. 33. Buccinum parvum , fulcatum & canaliculatum, ftriatum , rugofum , rugis eminentibus, lineis circularibus albidis, & fufcis obfcurè notatum. Gual. Ind. pag. & tab. 44. lit. C. Buccinum parvum , fulcatum , & canaliculatum, ftriatum , rugofum , ru- gis granulatis, labro externo dentato fubalbidum. Ejufd.ubid. lite. D. Buccinum parvum, fulcatum, & canaliculatum , coftulatum , obfcurè ftriatum , ex albido & rufo veluti fafciarum. Eyufd. ibid. litt. E. La coquille du Covet repréfente un ovoide allongé, arrondi & obtus à fon extrêmité fupérieure, & pointu à l’extrêmité oppoiée. Sa plus grande longueur eft d’un pouce environ, & double de fa largeur. Elle eft médiocrement épaifle , & compofée de huit à neuf fpires prefque plates ou peu renflées, mais bien diftinguées les unes des autres. La furface de ces fpires eft chagrinée par les petits boutons applatis, que forment un grand nombre de canelures longitudinales & tranfverfales, fort ferrées, & qui fe croifent à angles droits. Les canelures longitudinales ou pa- OPERCULÉS. 115 rallèles à la longueur de la coquille, font un pea plus conf- dérables que les autres qui la traverfent. Celles-ci font au nombre de quatorze fur la premiere fpire, de fix à fept dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Le fommer eft conique, un peu plus long que large, & Sommet, égal à la longueur de l’ouverture. Celle-ci a une fois plus de longueur que de largeur. L’é- Ouverture. chancrure de fon canal fupérieur eft légerement rephiée, & de moitié plus profonde que large. La lèvre droite eft épaule, & garnie au dedans d’un rang de fept à neuf dents, dont celle du milieu eft ordinairement un peu plus grofle que les autres : c’eft le petit bourrelet qui la borde au dehors, qui forme les canelures longitudinales dont les fpires font couvertes. Quelques rides & même trois ou quatre petites dents fe font voir dans la partie fupérieure de la lèvre gauche. Elle eft recouverte par une grande lame mince & luifante qui s'étend fur une petite partie de la feconde fpire. Le bourrelet eft gros & court, placé vers fon extrêmité fupérieure, & re- levé de quatre ou cinq petites canelures égales. La couleur de cette coquille eft bleuâtre, blanche, brune Couleur. ou fauve, quelquefois fans taches, & quelquefois avec une bande bleue ou brune qui tourne avec les fpires. Les dents & la plaque de l'ouverture manquent dans les Variétés. jeunes coquilles. La lèvre droite eft aiguë, tranchante, & ex- trèmement mince. Leur fommet eft auffi proportionnellement plus court que l'ouverture. Les vieilles différent pareillement entr'elles : les unes ont les canelures égales, & pour lors leur furface eft chagrinée par-tout également : dans les autres les canelures longitudi- nales font du double plus groffes & plus écartées que les tranf- verfales , ce qui les fait paroître comme autant de côtes, dont le nombre varie entre dix & quinze fur chaque fpire. Ces petites diflérences ont fait divifer mal-4-propos cette efpece en trois ou quatre efpeces diftinguées. L'animal du Covet a le tuyau du manteau auffi long que Axrmaz. fes cornes, & dix fois plus épais. Son pied eft égal à la lon- gueur de fa coquille, prefque quarré, & comme frangé ou frifé tout autour. P ïj Couleur. COQUILLE. Spires. Sommet. Quverture. Couleur, 116 C O Q\UÉL L À G Hs La couleur de fon corps eft blanc-jaunûâtre ; du refle il ref- femble à la premiere efpece. J'ai obfervé ce coquillage en grande quantité à l’ifle Ténérif des Canaries, & à Fayal des Afores. Il ne difiere en rien de celui que l’on trouve fur les côtes de la Méditerranée. 10. LE MANGA P/S: La coquille du Miga ne me paroît figurée dans aucun Au- teur. Elle n’a que neuf lignes de longueur. Ses neuf fpires font arrondies, renflées, & relevées de dix à douze côtes prefque parallèles à fa longueur , couchées ce- pendant un peu fur le côté & de gauche à droite. Elles font encore marquées d’un grand nombre de petits fillons qui tournent avec élles , & qui coupent toutes les côtes à angles droits. Ces fillons font au nombre de vingt dans la premiere fpire, de dix dans la feconde, &c. Le fommet eft de moitié plus long que large, & de moi- üé plus long que l’ouverture. Celle-ci eft prefque ronde, à peine un quart plus longue que large. Elle a dans fa partie inférieure un petit canal fans échancrure, formé par une petite dent élevée fur la racine de la lèvre gauche, qui elle-même n’eft que légerement ridée vers fa partie fupérieure. La lame qui la recouvre ne s'étend aucunement fur la feconde fpire. Son bourrelet eft aflez lifle & fans canelures. La lèvre droite eft garnie de quinze dents femblables à quinze longs filets, & bordée d’un petit bourrelet , comme l’efpece précédente. On remarque une grande variété de couleurs dans cette coquille. Il y en à de blanches, de grifes, de jaunes, de fau- ves , de brunes, de couleur de chair, de gris-de-lin & de violettes. J’en ai même une qui eft d’une belle couleur de pourpre. Il n’y a que celles qui font blanches ou fauves qui admettent un mêlange des autres couleurs ; on voit fur quel- ques-unes du brun ou du bleu, diftribué par bandes ou par marbrures. Rien de plus commun que cette efpece dans kes rochers du cap Bernard, près de l’ifle de Gorée. OPERCULÉS. 117 Pa 2 0T O'T OMP'O7 PTS Buccinum brevi roftrum , columellà callosà, cancellatum. Lif?. hifl. Conch. tab. 970. fig. 25. Buccinum brevi roftrum, columellà callosi, undatis ftriis leviter diftinc- tum, à rufo fafciatum. Ejufd. tab. 971. fig. 26. Arcularia minor ; teftà exiguâ; mucrone elongato; coloris cinerei nitentis; Malaicenfbus Bia Zorombo diéta ; nobis Arcularia quia ftramineis ciftulis intexitur. Rumph. Muf. pag. 92. art. 14. tab, 17. fie. N. Buccinum parvum , fulcatum , & canaliculatum, fubrotundum , craflumr, gibbofum , utroque labio repando , fimbriato & croceo , ex fufco fubalbidum, intüs candidum. Gualr. Ind. pag. & tab. 44. lite. L. Buccinum parvum, fulcatum & canaliculatum , labro interno infigniter repando, externo fimbriato, rugofum , aliquandoftriatum , mucrone coftis, feu rugis perpendicularibus eleganter divifo; aliquando pa- pillis coronato, ere ae Ejufd. ibid. lit. M. N. Cafis lævis; Arcularia minor ; teftâ exiguâ ; mucrone elongato ; coloris cinerei nitentis. Bia torombo ; Rumphii. K£ein. cent. pag. 91. fpec. 1. num. $- Cañlis ftriata, columellà callosä; Buccinum cancellatum minus, Lifteri, Ejufd. pag. 93. fpec. 3. n. 10. Cette efpece fe trouve avec la précédente, mais moins fré- quemment. Sa coquille n’a que fix lignes de longueur, & moitié moins Coavrrez, de largeur. Elle eft compofée de fept fpires applaties, mais diftinguées comme par étages, & renflées dans leur partie inférieure. Leur furface eft chagrinée par des canelures qui ne différent de celles du Covet que par le nombre. Il y en a quinze tranf- verfales fur la premiere fpire , & quatre feulement fur la feconde. Le fommet eft aufi large que long, & de moitié plus long que l’ouverture. Celle-ci reflemble parfaitement à la précédente. Sa lèvre droite n’a que neuf dents intérieurement, & elle eft bordée au dehors d’un bourrelet aflez épais. Sa lèvre gauche eft recouverte d’une lame arrondie, très- rande, & extrêmement épaifle , qui enveloppe prefque toute fa furface antérieure de la premiere fpire. La couleur de cette coquille eft blanche, ou fauve, où bleuätre , quelquefois fans taches, & quelquefois avec deux Spires, Sommet, Ouverture, Couleurs Variétés. e 118 COQUILLAGES ou trois bandes brunes qui font le tour des fpires. Lorfqu’elle eft jeune elle éprouve les même variétés que les deux précédentes. 3. POURPRES A CANAL MÉDIOCRE, NON ÉCHANCRÉ. 12. LEINMONTRENME PAS Buccinum. Rondel. Pifc. pars fecunda , pag. 81. Operculum Buccini. Éjufd. ibid, pag. 86. Le Cor de mer, Ejufd. Poiff. part. 2. édit. franç. pag. 52. Couvercle du Cor de mer. Ejufd, ibid. pag. 55. Buccinum Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 39. — Gefn. aquat. pag. 152. Buccinum villofum Neapolitanum. Colum. aquat, pag. 12 & 14.( cüm animali. ) Buccinuim Alabaftrite hirfutum xeæruyxes, Ejufd. ibid, pag. $3 & 57. Buccina Rondeletii. A/droy. exang. pag. 325. Operculum Purpuræ, (id eft, Buccini ) Rondeletii. Eju/. ibid. pag, 346. Buccinum. Jonft. exang. pag. 33. tab. 10. fig. 8. Murex Indiæ orientalis fafciatus fafciis in æqualia fpatia diftributis, quin- que orbium fpiris comprehenfus , labro oris altero levier crifpato , altero valvulis & ftrigis in adversä facie inftar tuberculorum tumef- centibus eleganter exornato, Bonan. recr, pag. 154. claff. 3. n. 289. Turbo lapideis coftis munitus, labro oris altero teftæ incumbente, altero leviter crifpato; colore ut plurimum cinereo , terreo, conchyliato diluto, vel calteo. Ejufd. ibid, pag. 126. n. 105. Buccinum roftratum , labro fimplici, altè ftriatum ad intervalla. Lif£. hiff, Conchyl. tab, 932. fig. 27. Buccinum roftratum, ventricofius magnis ftriis intervallo donatum. Eju/d. tab. 936. fig. 31. Buccinum roftratum , labro duplicato , fuperiori fimile, ore anguftiore, friis eminentibus & nodofis. Ejufd, tab. 937. fig, 32. — Rumph. Muf. pag. 161. tab. 49. fig. J. Murex Indiæ orientalis fafciatus fafciis in æqualia fpatia diftributis, quin- que orbium fpiris comprehenfus, labro oris altero leviter crifpato, altero valvulis & ftrigis in adverfa facie inftar tuberculorum tumef- centibus eleganter exornato. Muf. Kirk. pag, 468. n. 1290.%4 Turbo lapideis coftis munitus, labro oris altero teftæ incumbente , altero leviter crifpato ; colore ut plurimüm cinereo , terreo , conchyliato diluto , vel calteo. ÆEju/d. pag. 455. n. 105. Buccinum majus, canaliculatum, roftratum , ore labiofo, fimbriatum, fttiatum , ftriis papillofis cancellatis ; coftulà in unâ quâque fpirâ eminente colligatum, ex albido fubcinereum. Gualt, Ind, pag, & tab, So. litr. À. OPERCULÉS. 119 La coquille du Vojet eft grande, épaifle , pefante,ovoide, Coque. € pointue aux deux extrémités. Elle a fix à huit pouces de longueur , & une fois moins de largeur. Ce qui frappe le plus dans fa furface extérieure, c’eft le périofte épais & membra- neux qui la recouvre. If laiffe échapper par intervalles plu- fieurs membranes femblables à autant de crêtes, qui s’éten- dent fur toute fa longueur. Ces membranes ont environ trois lignes de longueur : le frottement qu’elles éprouvent fous les eaux, ufe leurs bords & les coupe en plufñeurs filets , qui rendent cette coquille velue, Ses fpires font au nombre de dix , bien diftinguées , arron- dies & renflées confidérablement dans leur milieu. Leur fur- face extérieure eft relevée de plufeurs grofles canelures ri- dées en long & fort écartées, qui tournent avec elles, au nombre de fept fur la premiere {pire ,& de deux feulement fur les autres. Ces canelures font croifées à angles droits par d’autres canelures plus petites, & qui laiflent un bouton ou tubercule aflez gros dans l’endroit où elles viennent à fe ren- contrer. Il n’y a que deux rangs de ces tubercules dans cha- cune des fpires du fommet, & l’on en voit quelquefois trois dans la premiere. On remarque encore fur la feconde fpire un bourrelet confidérable au-deflous de La gauche de l’ou- verture. | Le fommet eft pointu , auf long que large, & égal à la longueur de l’ouverture fans fon canal. L'ouverture eft elliptique, une fois plus longue que large, & terminée en haut par un canal cylindrique, arrondi, non échancré à l’extrêmité, une fois plus long que large , une fois plus court qu’elle, & un peu recourbé en arriére. La fente de ce canal égale la quatriéme partie de fon contour , & fes deux bords font tranchans. L’extrêmité inférieure de l’ouverture a auffi une efpece de canal arrondi, fort évaié, & fans échancrure. La lèvre droite eft relevée au dehors d’un gros bourrelet arrondi, & qui eft médiocrement creux en re auffi-bien que les fept canelures du dehors de la coquille. Celles-ci for- ment fur les bords intérieurs de la même lèvre fept ondes ou crénelures confdérables & arrondies, avec lefquellesfept paires de rides ou de dents font l'alternative, Périofte, Spires, Sommet, Ouverture, Couleur. Variétés. ÂANIMAL. Opercule. Couleur, i26 COQUILLAGES La lèvre gauche eft ridée en travers du haut en bas, par vingt à trente plis qui femblent autant de canelures 1rrégu- lieres, dont les deux plus bafles font un peu plus grofles que les autres. La couleur du périofte eft roufle. Celle de la coquille qu’il recouvre eft blanche dans quelques-unes , fans mêlange ou avec des marbrures brunes : dans d’autres elle eft fauve avec un bordé de brun autour de l’ouverture , & fept grandes ta- ches pourpres ou violettes fur chacun des bourrelets. Il y a de ces coquilles qui, comme je l'ai dit, ont huit pouces de longueur quand elles font parvenues à leur jufte grandeur ; il y en a d’autres qui n’ont que trois à quatre pou- ces ; d’autres un pouce & demi ; d’autres enfin qui ne pañlent guères un pouce. Elles prennent toutes deux bourrelets , conftimment éloignés l’un de l’autre d’un tour de fpirale, & qui fe forment dans deux tems différens. Dans les coquilles qui n’ont jamais plus d’un pouce de longueur, le premier bourrelet commence quand elles ont atteint neuf lignes : 1l paroît à un pouce dans celles d’un pouce & demi; à deux ou deux pouces & demi dans celles de trois à quatre pou- ces ; & à quatre ou cinq pouces dans celles de fix à huit, De-là les nombreufes variétés que l’on obferve dans cette co- quille. Les petites font proportionnellement plus courtes que les grandes ; & moins renflées dans les mâles que dans les femelles. Lorfque cette coquille eft arrivée à fon dernier période d’accroiflement, elle perd entierement fon périofte , & par conféquent fon velouté ou fes poils. II femble qu’à cet âge la nature réferve les fucs nourriciers pour le foutien de l’ami- mal, elle ne fournit plus à l’accroiffement ni à l’entretien de la coquille. Pour lors elle s’ufe, dépérit peu à peu, & de- vient fujette aux vers & aux fcolopendres, qui la piquent fur-tout vers la pointe du fommet. L'animal reflemble à celui dé la premiere efpece. Son opercule eft elliptique, aflez épais. Sa couleur eft un jaune-pâle , marqué d’un grand nombre de taches très-inégales & d’un noir tirant fur le violer. Sa chair eft tendre & blanche. Il rend beaucoup de cette cou leur qu’on appelle pourpre jette OPERCULÉS. 121 Cette efpece fe plaît entre les rochers où la mer brife avec violence, & j'en ai trouvé beaucoup dans l’anfe de l'ile de la Magdelaine. 13: LE J'AB4K: PLUS. Buccinum roftratum , labro duplicato compreflum , cancellatum. Lifler. hifi. Conchyl. tab. 939. fig. 34. | Buccinum roftratum , labro duplicato dentato , duplici ferie finuum ca- vato. Ejufd. tab. 943. fig. 39. Murex Luzon , alata, circulis pulchré afperis. Per, Gaxoph. vol. 2. car. 249, tab. 100. fig. 12. Buccinum majus, canaliculatum , roftratum , ore labiofo , fimbriatum , læve , labio externo duplicato, & papillis rotundis tubulo quodam fibi invicem conjunétis diftinéto , in dorfo ligulis quibufdam bul- latis cùm fpiris continuatum, labio interno rugofo , ex albido, & fufco diverfimodè coloratum. Gualt. Ind. pag. & tab. 49. lie. B. Urçeus ore integro, fubrotundo , ad dextram labiato , feu ore plicato in- tegro duplici finuum ferie muricatus ; Lifteri. K£ein. rent. pag. 48, Jpec. 1. n. 16, L'animal du Jabik ne differe point du précédent , & on le voit auffi fréquemment dans les mêmes endroits. Sa coquille eft obtufe & arrondie à l'extrémité fupérieure. Elle n’a que deux pouces & demi de longueur, & fept ou huit fpires, dont la premiere eft quelquefois life & quelque- fois environnée de trois rangs de petites boflettes aflez égales: les autres n’en ont qu’un rang. Chaque fpire eft encore tra- verfée , parallélement à la longueur de la coquille, par deux bourrelets qui n’ont pas de place fixe : quelquefois ils font rangés bout à bout les uns des autres fur les deux côtés de la coquille, & quelquefois ils font difperfés fans ordre, mais toujours diftans d’un tour de fpirale les uns des autres. Ces bourrelets font arrondis & comme ridés fur les côtés dans la plüpart ; mais il y en a quelques-unes qui y portent des tubercules aflez gros, Le canal fupérieur de l'ouverture eft beaucoup moins long que dans la précédente efpece, & il domine à peine la lèvre droite, Le canal inférieur eft moins évafé, cylindrique, à demi fermé , médiocrement échancré & recourbé en bas, La lèvre droite eft creufée très-profondément au dedans de fon bourrelet, & fes bords font irrégulierement ondés, fans crénelures, & marqués de dix ou douze rides inégales, ANIMAL, COQUILLE. Spires. Ouverture. Périofte. Couleur. CoQuILLE, Spires. Ouverture, Couleur, CoQuILLE. 122 COQUFLL AG ES Le périofte qui recouvre cette coquille n’eft point velu. Sa couleur eft fauve , quelquefois entourée de deux bandes brunes ou violettes. DO DCE S A NUDER PI Buccin fingulier par fes ftries aurores, interrompues par de groffes tu- bercules blanches; fa bouche eft garnie de dents, dont la lèvre forme un repli. Hifl. Conchyl. pag. 269. pl. 12. fig. K. Cette efnece fe trouve fur la pointe feptentrionale de l'ile de Gorée, mais aflez rarement. Sa coquille eft beaucoup plus épaifle & plus dure que les deux précédentes, de figure à peu près triangulaire, mais al- longée, & pointue aux deux extrêmités. Sa longueur eft dou- ble de fa largeur qui n’a qu’un pouce ou peu davantage. Les fept fpires qui la compofent font peu renflées & peu difiinguées. Sa furface extérieure eft toute raboteufe par vingt groffes canelures longitudinales, & par un grand nombre d’autres qui les traverfent en angles droits, & laiflent un petit bouton au point de leur réunion. La premiere fpire a de plus un gros bourrelet élevé à côté de la lèvre gauche de l’ou- verture, & qui s'étend jufques fur la feconde fpire. L'ouverture diflere des deux précédentes en ce qu’elle eft beaucoup plus étroite, & qu’elle a deux fois plus de lon- gueur que de largeur. Son canal inférieur eft court, fort étroit & fans échancrure. La lèvre droite eft applatie en devant fur le bourrelet, qui n’eft point creux: elle eft bordée intérieurement de cinq à fix dents extrêmement grofles. La lèvre gauche n’a que douze ou quinze rides. A fon ex- trêmité fupérieure on apperçoit un petit ombilic femblable à un long fillon, formé par le bourrelet qui y eft applique. Le contour de l’ouverture eft couleur de chair ; le refte de la coquille eft blanc, & quelquefois auffi couleur de chair. séVL Ero8: QUE AE RL 2 La coquille de cette cefpece que j'appelle du nom de So- la, reffemble à celle de la premiere efpece, tant par fa figure que par fon épaifleur. Elle eft longue d’un pouce, & moins large des deux tiers. OPERCULÉS. | Lits Ses fept fpires font applaties, bien diftinguées, & éragées, parce qu'elles fe replient prefqu’en angle droit un peu au- deflous de leur milieu. Leur furface eft relevée de plufieurs côtes longitudinales, affez écartées, & traverfées par plufeurs filets prefqu’infenfbles, qui laïflent un petit tubercule coni- que à l’endroit où elles les touchent. Ces tubercules font dif- pofés fur fix à fept rangs tranfverfaux dans la premiere fpire, fur deux ou trois dans la feconde, & fur un feul dans les au- tres, de maniere que ceux du rang inférieur , qui fe trouve fur l’angle faillant formé par le pli des fpires, font beaucoup plus grands que les autres, & paroiflent autant de petites épines. Son ouverture repréfente une demi-lune, mais elle eft tronquée par le bas & fans canal. La lèvre droite eft aiguë, tranchante, fans bourrelet, life au dedans, & marquée fur fes bords d’un nombre de petites crénelures pareil à celui des rangs de pointes qui font fur la premiere fpire. Elle s’évafe de mamiere qu’elle femble fortir un peu en dehors. La lèvre gauche eft life, arrondie, recouverte d’une lame mince & lufante, & relevée d’un bourrelet ridé, qui, pre- nant origine au milieu de fa longueur, va tournant en demi- cercle fe terminer au canal fupérieur de l’ouverture , & forme à moitié chemin un ombilic oval & peu profond. Le fond de fa couleur eft gris, ou blanc, ou agathe, coupé par une bande fauve, & marqué de quelques taches brunes, jettées çà & là fur l’angle faillant des fpires. Elle eft brune au dedans. Elle eft extrêmement commune autour des rochers du cap Bernard. és LR RUE VE TL Pr 2 Buccinum majus canaliculatum , roftratum , ore labiofo, craflum ftriis, & plicaturis, feu coftulis eminentibus rugofum , elegantiflimè can- cellatum, & exafperatum , candidum aliquando ex fufco lineatum. Gualt. Ind. pag. & tab. 48. fig. B. & C. Spires, Ouverture, Couleur, La coquille du Bivet reflemble beaucoup à la précédente, Coquizer. mais elle a un pouce un quart de longueur, & moitié moins de largeur. Qi Spires, Ouverture, Couleur, COQUILLE. Spires, Sommet, Ouverture. Couleur, 124 COQUITLE AG ES Ses fpires ne font point étagées, mais renflées & arrondies. Leurs côtes font plus relevées, rarement armées de pointes, & coupées par des filets plus fenfibles. Ces filets font au nombre de douze à vingt-quatre dans la premiere fpire, & de quatre à huit feulement dans les autres. L'ouverture eft pointue en bas comme en haut, & un tiers plus longue que le fommet. La lèvre droite eft creufée fur les bords de douze petits fillons, après lefquels s'étendent jufqu’au dedans de la co- quille un pareil nombre de dents ou de filets qui font l’al- ternative avec eux. La lèvre gauche n’a point de lame fur fa furface, & elle porte , depuis fon milieu jufqu’à fon extrêmité fupérieure, trois grofles dents qui tournent en dedans: l’autre moitie eft occupée par les rides ou filets de la premiere fpire. Le bour- relet commence à paroïître un peu au-deflus de fon milieu. Cette coquille eft blanche ou grife, environnée de deux ou trois bandes brunes qui tournent avec les fpires. Elle fe voit en grande quantité avec la précédente. 17. LE GITON. PIS. Celle-ci fe trouve auffi fréquemment autour de l’ifle de Gorée & du cap Bernard. Sa coquille n’a que dix lignes de longueur. Elle eft fort pointue aux extrêmités, & prefqu’une fois plus longue que large. Ses huit fpires font relevées de côtes applaties, qui for- ment une efpece de treillis avec les petits filets qui les cou- pent à angles droits. On compte douze ou quinze de ces filets dans la premiere fpire , fix dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Son fommet eft un quart plus long que large, & un quart plus long que l’ouverture. Le canal fupérieur de l’ouverture eft deux ou trois fois plus court qu’elle. La lèvre gauche eft life, fans dents, recouverte d’une pe- tite lame luifante, peu élevée. Son bourrelet fe trouve placé avec l’ombilic, fort proche de l’extrêmité fupérieure. Cette coquille eft blanche ou fauve, fans aucun mêlange. OPERCULÉS. 125 PARNEMENTLILDIPEINNT, PLUS, La figure de la coquille du Lipin s'éloigne un peu des trois Coquirre. précédentes , en ce que fon extrêmité fupérieure s’amincit davantage que le fommet, & la fait paroïtre plus allongée. Les plus grandes que j'ai obfervées ont prefque un pouce & demi de longueur, & une fois moins de largeur. Elles portent neuf fpires prefque applaties, mais bien dif- tinguées & relevées par un rang de boutons arrondis & aflez gros, qui fait le tour des fpires. Dans la premiere ce rang de boutons eft placé vers fa partie inférieure , au lieu que dans les autres il femble couronner leur extrêmité fupérieure. Leur furface eft encore relevée d’un grand nombre de petits filets fort ferrés, qui fuivent auñli le contour des fpires. On en compte trente dans la premiere, douze dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Le fommet eft un peu plus long que large, & un quart plus court que l'ouverture. Celle-ci eft elliptique , pointue aux deux extrémités, de moitié plus longue que large , & terminée en haut par un canal prefqu'égal à fa longueur , & légerement courbé vers le dos de la coquille. Ce canal eft conique, prefqu’une fois plus long que large à fon origine, & ouvert d’une fente aflez étroite, & qui égale la cinquiéme partie de fon contour. Son bord droit eft tranchant , l’autre eft arrondi. À l’extrêmité inférieure de l'ouverture on apperçoit un petit canal fort aigu, fans échancrure, & accompagné d’une petite dent en filet à l’origine de la lèvre gauche. Elle eft arrondie, fans bourrelet & fans ombilic. La couleur de cette coquille eft fauve, & quelquefois blan- che avec des marbrures brunes. Elle n’eft pas rare dans les rochers du cap de Dakar. #. POURPRES A CANAL FRÉS-LONG. 19. L'EST N'AIENT PANSE Murex Luzonis, plicis elatis nigris rugofis. Periv. Gazoph. vol. 2. cac. 148. tab. 99. fig. 13. Spires, Sommet, Ouverture, Couleur, La coquille du Sirat differe de toutes les efpeces de Pour- Coquurcr, Spirese Sommet. Ouverture; 126 COMUMLLACES pres décrites jufqu’ici, par la longueur du canal qui termine fon extrêmité fupérieure. Elle a environ deux pouces & demi de longueur. Elle eft compofée de huit fpires renflées , arrondies, & relevées de neuf grofles côtes rondes & prefque paralleles à fa longueur, cependant un peu inclinées de droite à gauche. Trois de ces côtes font un peu plus groffes que les autres qu’elles féparent en trois paires. Elles font comme formées par un repli, & armées chacune d’un nombre d’épines égal à celui des fpires, de forte qu’il ne s’en trouve qu’un rang fur chaque fpire. Les épines de la premiere font beaucoup plus grandes que les autres, longues d’environ cinq lignes, & placées vers fa partie inférieure ; dans les autres fpires elles fe trouvent à peu près vers le milieu de leur longueur. Elles font toutes un peu courbées en bas, & coupées d’un pro- fond fillon dans toute leur longueur fur le côté convexe. Outre ces côtes longitudinales, la furface de la coquille eft encore ornée d’un grand nombre de petits filets qui tour- nent avec les fpires. Le fommet eft auffi long que large, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture avec fon canal, Celle-ci reffemble à la précédente, à cela près qu’elle eft moins aiguë dans le bas ; mais fon canal fupérieur la furpañle d’une quatriéme partie en longueur. Ce canal eft conique, applati de devant en arriere, où il fe recourbe légerement, & une fois plus long qu’il n’eft large à fon origine. Il porte quelquefois trois ou quatre épines femblables à celles des {pires, mais plus petites, Sa fente eft fort étroite : elle égale à peine la fixiéme partie de fon contour ; & fes bords Due tranchans. La lèvre droite eft tranchante & légerement ondée fur les bords, relevée en dedans d’environ quinze filets fort courts, & bordée au dehors d’une des neuf côtes longitudinales, qui, outre la groffe épine que j'ai dit qu’elle porte en bas, a encore une petite crête dans fa partie fupérieure. La lèvre gauche eft arrondie, recouverte en bas d’une pe- tite lame mince, luifante, & accompagnée fur les côtés du canal, d’un bourrelet droit, demi-cylindrique & aflez con- fidérable. OPERCULÉS. 127 Cette coquille eft blanche ou fauve, avec quelques ban- des brunes. Elle eft fujette à quelques variétés par rapport au nombre & à la forme des piquans. Le bourrelet même de la lèvre droite , dont l’intérieur eft plein dans les vieilles, fe trouve vuide & creux dans les jeunes. Celles-ci ont ordinairement moins de piquans, parce qu’elles ont moins de fpires ; & le canal de l'ouverture eft un peu moins long, par comparai- fon avec le fommer. L'animal difiére peu des précédens. Son manteau eft feu- lement orné d’un petit filet fur la droite, & fon tuyau plus allongé ; 1l égale la moitié de la longueur de la coquille, & fort peu hors de fon canal. Son opercule eft prefque rond. J'ai rencontré rarement cette efpece aux ifles de la Mag- delaine, mais abondamment à l'ifle Ténérif des Canaries. RME CET DB 'ONL EN PES. Purpura major pelagia exotica corniculata. Colum. aquat. pag. Go € 61. Purpura Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munita, parte internà rofeo fulgens colore, externâ verd, vel albo unicolor, vel avo, cyrio, ac luteo mulricolor. Bonan. recr. pag. 15 3. claff: 3. , num. 233. Buccinum ampullaceum roftratum , majus, muricibus longiflimis inftruc- tum ad fenos pares in infimo orbe primo. Lifler. hifl. Conchyl. tab. 901. fig. 21. Hauftellum longiroftrum fpinofum; ventre & roftro rugofis; fpinis raris aduncis & magnis; trocho obtufo. Rumph. Muf. pag. 86. tab. 16. 127 Sax Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munita, parte internà rofeo fulgens colore, externä verd , vel albo unicolor, vel favo , tyrio, ac luteo multicolor. Muf. Kirk. pag. 468. n. 284. Purpura reétiroftra, umbonata & muricata , acumine canaliculi tantillèm extrorfum inclinata. Lang. meth. pag. 215. Purpura reétiroftra , major , aculeiïs longis , validis & incurvis armata, albida , aliquando rufefcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 30. fig. D. Hauftellum muricatum feu dentatum ; longiroftrum fpinofum; ventre & roftro rugolis ; fpinis raris aduncis & magnis, trocho obtufo ; Rum- phu. Klein. tent. pag. 63. fpec. 1. n. 3. Couleur, Variétés, ANIMAL, Opercule. L'animal du Bolin reflemble parfaitement à celui du Sirat, A x 1 4 £: à cela près qüe fon manteau eft bordé de deux longs filets fur la droite, & fort étendu fur la gauche, COQUILLr. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur, Remarque. 128 CO OUT LE À cs Sa coquille approche auffi beaucoup de la fienne, Elle eft un peu plus épaifle, & repréfente aflez bien une maflue ou un fufeau à tête courte & ronde. Sa longueur eft de quatre à huit pouces, & double de fa largeur. Efle eft compofée de huit à neuf fpires renflées, arrondies, bien diftinguées , & relevées de fix à fept grofles côtes à peu près égales, comme repliées de droite à gauche, & oblique- ment couchées fur fa longueur. Ces côtes font traverfées , comme toute la coquille, par un grand nombre de filets, & armées feulement fur la premiere fpire, de quatorze dents difpofées fur deux rangs qui tournent vers fon milieu. Ces dents ont depuis un demi-pouce jufqu’à un pouce de lon- gueur dans les coquilles de quatre pouces, & dans celles de huit elles ont un à deux pouces. Elles font courbées fur le côté, de maniere qu’elles remontent un peu en haut en di- vergeant, & toutes creufées d’un profond fillon fur leur con- vexité. Le fommet eft une fois plus large que long, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture fans fon canal. L'ouverture eft un tiers plus courte que fon canal, qui eft à peu près cylindrique, & trois fois plus long que large à fa naffance. Il porte communément quinze à dix-huit épines horizontales, aflez droites, & une ou deux fois plus petites que celles des fpires. La lèvre droite reflemble à celle du Sirat, mais elle n’a point de crête dans fa partie fupérieure. La lèvre gauche fe fait remarquer par la figure & la gran- deur de la plaque luifante qui la recouvre. Cette plaque fe releve & fe préfente vis-à-vis l'ouverture comme une lame aflez mince, ondée dans fon milieu, & une fois plus longue que large. Cette coquille eft blanche, ou jaune, ou fauve au dehors, & couleur de rofe au dedans. Elle eft aflez commune aux ifles de la Magdelaine. Il ne faut pas confondre cette coquille avec celle de la Mé- diterranée que Rondelet a décrite (1), & que les Vénitiens appellent Oguella, & les Génois Rozcera. Elle en approche beaucoup, à la vérité, & même aflez pour qu’en ne puiile la (1) Hiftoire des Poiflons , feconde partie, édition françoïfe, page 45. diftinguer OPERCULÉS. 129 diftinguer au premier abord, commeil ef arrivé à la plûpart des Auteurs qui n’en ont fait qu’uneefpece. Cependant lorfqu’on l’examine de près, on voit qu’elle en di:‘erc à pluñeurs égards. 1°, Ses côtes {ont peu élevées & prefqu'infenfibles. 2°. Outre les deux rangs d’épines de la premiere {pire, elle a encore un rang qui tourne fur les autres. 3°. Ces épines font plus cour- tes & moins courbes. 4°. Le fommet eft moins renflé, de moitié feulement plus large que long, & de moitié plus court que l’ouverture. 5°. Celle-c1 eft aufli: longue que fon canal. 6°, La lèvre droite n’a point de bourrelet, & elle porte trente peus filets fur fon bord interne. 7°. Enfin, la lèvre gauche a huit ou dix petites dents fur fa partie fupérieure , & fa plaque eft moins large & prefque droite. = T — - . 5°. POURPRES À CANAL LONG , ET FERMÉ COMME UN TUYAU. 21 LE JATOU. Pl... Voici une efpece des plus communes autour de l'ifle de Gorée, & des plus rares dans les cabinets. Je ne lai vû figu- rée nulle part, Lg <, . Sa coquille eft très-épaifle, de figure triangulaire, & poin- tue aux deux extrêmités. Elle a un pouce & demi de lon- gueur, & une fois moins de largeur. Elle eft compofée de huit fpires convexes , comme étagées & relevées de trois groffes côtes longitudinales, dont l’une eft placée fur le milieu de fon dos, & les deux autres fur les côtés de l’ouverture. Ces côtes font aîlées & rranchantes fur la premiere fpire , arrondies fur les autres , & féparées par un gros bouton qui s’éleve dans l’efpace qu’elles laïflent en- tr'elles fur chaque fpire. Le Le fommet eft auf long que large, & de moitié plus court que l'ouverture, y compris fon canal. L'ouverture eft fort petite eu égard au volume de la co- quille. Elle repréfente une ellipfe très-réguliere, dont le grand diametre eft de moitié moindre que le peut, &.un uers plus court que fon canal. Celui-ci a Rufigure d’un tuyau applati de devant en arriere , fermé éxaétementdans:toùte fa longueur, auf long que large à fon origine, a eft aîlée. CoqQuiLzr. Spires, Sommet, Ouverture, Couleur, Remarque. ANIMAL, Pied. Opercule. 130 C a QUVWE L AG &s Il fe termine par une petite pointe recourbée légerement fur le dos de la coquille. Il n’y a pas la moindre apparence de canal inférieur. La lèvre droite eft bordée au dehors d’un gros bourrelet: elle préfente en devant fon bord qui eft aigu, tranchant, & découpé en fix à huit petites dents plates , arrondies à leur extrêmité, & d'autant plus grandes qu’elles approchent da- vantage du canal. La lèvre gauche eft ronde ou convexe, life, unie, & re- couverte d’une lame très-courte. Le bourrelet qui accom- paghe le tuyau du canal, imite parfaitement le tuyau, étant cylindrique, creux intérieurement, & percé à fon extrèmi- té. Il eft formé par la réunion des deux aîles , celle du dos & celle de la gauche de l’ouverture. sons Ileft rare que cette coquille forte de la mer avec une cer- taine propreté. Elle eft toujours couverte d’une mucofité verte, ou d’un tartre gris, & fouvent de petits coquillages qu’il eft difficile d’en détacher. Netroyée de ces corps étran- gers, elle montre un fond blanc quelquefois fans mêlange, quelquefois marbré de brun, & le plus fouvent d’un brun- brûlé, qui remplit l’efpace abandonné par les trois côtes aîlées. Lorfque cette coquille eft fort jeune, qu’elle ne pañle pas trois lignes, elle a une figure toute différente de celle que je viens de décrire. Elle n’eft n1 triangulaire ni aïîlée ; fa forme eft à peu près conique; & elle n’a guères plus de longueur que de largeur. Ses fpires font au nombre de cinq feulement, relevées au milieu par une vive-arrête qui tourne avec elles, & marquées de fix petits filets qui y laiflent une petite pointe. La lèvre droite de {on ouverture n’eft point dentée, & fon canal qui eft une fois plus court qu’elle , n’eft pas encore entierement fermé. Sa couleur eft grife ou blanc-fale. Telle eft celle que j'ai fait figurer à la lettre A. dans la planche 9. L'animal du Jatou eft parfaitement blanc; 1l n’a que les yeux de noirs. Son pied n’a en deflous que quelques perits fillons paral- leles à fa longueur. £ Son opercule eftielliptique , auffi grand que l’ouverture de la coquille, de moitié plus long que large, & relevé au dehors de neuf petites nervures courbées en arc, OPERCULÉS. x3r Son manteau & fes autres parties reflemblent entierement à celles de la premiere efpece. 6, POURPRES A CANAL MÉDIOCRE , FORT RESSERRÉ ;, ET PRESQUE FERMÉ. orale C; O,EF, ANR: SRI. Buccinum roftratum. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 944. Murex coftofus, quinquangularis ; Rumphii. Kkin, rent. p. 102; fpec. 2. Cette efpece de Pourpre eft une des plus grandes que j'aie obfervées au Sénégal. Elle fe trouve communément aux iles de la Magdelaine. | Sa coquille eft extrêmement épaifle ; de figure ovoide, Coquir. terminée en pointe aux deux extrémités , longue d'environ huit pouces, & moins large d’un tiers. Elle eft compofée de neuf à dix fpires convexes, arron- Spires. dies, bien diftinguées , & relevées de fept à neuf grofles côtes qui s'étendent {ur toute fa longueur. Dans les deux pre- mieres {pires ces côtes font garmies de pointes médiocres, à peu près égales, & qui parotffent formées par un repli. On compte fix ou huit de ces pointes dans la premiere fpire, &c deux feulement dans la feconde: dans les autres elles fe mé- tamorphofent en un bouton aflez gros. Les côtes font encore toutes traverfées par un grand nombre de petits filets déli- catement chagrinés, qui couvrent auffi toute la furface de la coquille en tournant avec les fpires. Le fommet eft un peu plus long que l'ouverture, fans Somme. fon canal. Celle-ci eft médiocrement grande, & prefque ronde, un Ouvemre. peu aiguë & reflerrée aux extrêmités, A cellé d’en haut elle forme un canal prefque droit ou peu recourbé en arriere, ane fois plus court qu’elle, & dont les bords minces & tran- chans, font fi rapprochés qu'ils ne laiflent qu’une fente fort étroite. Son extrêmité inférieure à auf un petit canal fans échancrure, & formé en partie par une petite côte qui s’éleve fur l’origine de la lèvre gauche. Cette lèvre porte à fon extrémité fupérieure un bourrelet R ïj Ÿ Couleur. CoqQuiLLE. Spires, 132 COQUILLAGES. plein, qui laifle à fon origine un grand ombilic rond & très- profond. La lèvre droite eft épaifle , fans bourrelet, tranchante, & légerement ondée fur les bords, & marquée au dedans d’un nombre de fillons égal à celui dés pointes que portent les côtes de la premiere fpire. Sa couleur eft fauve, ou d’un brun très-foncé & tirant fur le noir. | 23 AULTEMLIORSNENTMEPZ ;1e; La coquille du Lofet n’a que fix lignes de longueur fur une largeur une fois & demie moindre. Ses fpires font au nombre de huit, peu renflées, & chagri- nées de tubercules médiocres, applatis, fort ferrés, fe tou- chans les uns les autres, & difiribués fur douze à quinze rangs _ dans la premiere fpire, fur cinq dans la feconde, & en moin- Sommet, Ouverture. Couleur, CO QUILLE. Spires, dre quantité dans les autres. Son fommet eft un tiers plus long que large, & auffi long que l'ouverture ayec {on canal. Celle-ci reflemble ä la précédente, à cela près qu’elle eft de moitié plus longue que large, & qu’elle n’a point de ca- nal ni de côte à fon extrêmité inférieure fur la lèvre gauche. Cette lèvre eft recouverte d’une lame courte & mince, qui fe redrefle & préfente en devant fes bords qui font tran- chans, La lèvre droite eft découpée de dix ou douze dents fur fes bords, & relevée de quatre ou cinq intérieurement. Le brun foncé fait route fa couleur. On la trouve communément fur les rochers de l’ifle de Gorée. 2ALLE SIC AE Cette efpece fe voit fréquemment avec la précédente, à laquelle elle reflemble infiniment. Sa coquille eft plus petite, n’ayant que cinq lignes de lon- gueur. Elle n’a que huit ou douze rangs de tubercules dans fa premiere fpire, & trois-ou quatre feulement dans la feconde. Es font plus petits, plus renflés, arrondis, & fort écartés les uns des autres, OPERCULÉES. 133 Le fommet eft de moitié plus long que large, & un peu plus long que l'ouverture. La lèvre droite de l'ouverture n’eft bordée que de fix à huit dents, & la lame de la lèvre gauche ne fe releve pas fenfiblement. Le fond de fa couleur eft blanc, & les tubercules font bruns. # POURPRES A CANAL ÉVASÉ, 28. LÉ TAFON. P4 9. Buccinum dentatum , admodum craflum , fufeum, levirer & densè ftria- tum, ventricofum. Lif£. if. Conchyl. tab. 831. fig. 55. Buccinum breviroftrum , admodum craflum , fufcum, tenuiter ftriatum ; è finu Mexicano juxtà Campèche. ÆEyjufd. tab. 963. fig. 16. Lagena ore femilunato, craffa, fufca , tenuiter ftriata ; Lifteri. Klein. rene. pag. $0. fpec. 1. n. 4. La coquille du Tafon eft obtufe & arrondie à fon extré- mité fupérieure, longue d’environ un pouce & demi, & une fois moins large. On y compte neuf fpires qui font quelquefois légerement renflées , & quelquefois applaties, ( excepté la premiere qui eft toujours fort renflée ) & peu diftinguées les unes des autres. Leur furface extérieure eft coupée par un nombre prodigieux de fillons creufes légerement & qui tournent avec elles. Le fommet eft un peu plus long que large, & fort peu plus court que l’ouverture. Celle-ci eft elliptique, obtufe à fon extrêmité fupérieure, aigué à l’inférieure, & une fois plus longue que large. Son canal fupérieur eft fort court, très-évafé, & coupé en haut d’une échancrure qui a autant de largeur que de profondeur, Elle a encore dans fon angle inférieur un canal non échan- cré, & formé par la rencontre de quelques filets élevés fur les deux lèvres. La lèvre droite eft découpée fur fes bords de vingt à vingt- deux petites dents rapprochées deux à deux, & ornée au dedans d’un pareil nombre de filets, dont les inférieurs font un peu plus gros que les autres, Sommet, Ouverture, Couleur, CoqQuicrr, Spires, Sommet, Ouverture, 134 COQUILLAGES La lèvre gauche a quelquefois une petite plaque relevée de quinze à vingt rides, dont les deux d’en bas font un peu plus groffes que les autres : quelquefois elle eft life, ume, fans plaque, mais toujours avec un filet dans fon extrémité inférieure. Elle a un bourrelet qui n’eft guères fenfible que lorfqu’elle porte la petite lame ridée. Périofte. Elle eft couverte d’un périofte mince & verdâtre, qui lui Couleur. laiffe toujours un peu de fa couleur. Son fond eft cendré ti- rant fur le noir, quelquefois traver{é par un grand nombre de petits fillons blancs. Remarque. La différence qu’on remarque dans la figure des fpires & de la lèvre gauche de ouverture de cette coquille , caracté- rife le fexe de l’animal qu’elle renferme. Le mâle a fa coquille plus étroite, plus allongée, à fpires applaties, & la lèvre gauche de l’ouverture fans lame & fans rides, Anxrmar, L'animal ne diflere de celui de la premiere efpece que par Opercule, fon opercule qui eft parfaitement elliptique , life & uni au dehors, fans rides & fans fillons, une fois plus long que large, & de moitié feulement plus court que l’ouverture de la co- quille. J'ai obfervé cette efpece non-feulement à l'ifle de Gorée, mais même à celle de Ténérif des Canaries, où elle eft égale- ment commune dans les rochers les plus battus par les vagues, 26. MELLE LELGNUISIO EP #9; L'animal du Goufol refflemble parfaitement au précédent, Sa coquille eft médiocrement épaifle, longue d’environ COQUILLE, neuf lignes : elle furpañle une fois & un peu davantage fa largeur. Spires. Ses huit fpites font toutes applaties, peu diftinguées, lifles & unies, fans canelures. Ouverture. Son ouverture eft deux fois plus longue que large, & fans canal fenfble à l’extrêmité inférieure. Le canal fupérieur eft plus court & plus évafé que le précédent , & échancré de même. La lèvre droite eft mince, tranchante, fans dents. La gau- che porte dans fa moitié fupérieure une petite plaque lui- fante , garnie de cinq groffes dents qui tournent dans l'inté- rieur de la coquille. OPERCULÉS. 135 Elle eft de couleur agathe-clair, & recouverte d'un périofle Couleur. mince & fauve. Périofte. On ne la trouve que rarement autour de l'ifle de Gorée. 17. LE BIGNI P4 0. Buccinum Barbadenfe. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 817. fig. 49.b. & tab. 964. fig. 49. f. Buccinum parvum , pruniforme, acuminatum, læve , ex carneo & albido æbfcurè punétatum. Gual. Ind, pag. & tab. 43. fig. B. Lagena ore longo angufto , Phrygiè piéta & dentata; Lifteri, K/ein. tenc. pag. 50. Jpec. 1. n. 4. La coquille du Bigni n’a que fix lignes de longueur, fur Coquurr, une largeur une fois moindre. Ses fpires font un peu renflées. Spires. Son ouverture eft fort évafée, une fois feulement plus Ouverture. longue que large. A lèvre droite eft médiocrement épaifle , garnie au de- dans de douze ou quinze dents fort petites. La lèvre gauche eft fimple , arrondie, fans plaque, fans dents & fans bourrelet. Sa couleur varie à l’infini. Son fond eft ordinairement Coulew, blanc, & tout couvert de petites lignes longitudinales , on- dées, qui font brunes dans quelques-unes & fauves dans d’au- tres : quelquefois 1l eft marbré de rouge-brun & de jaune, ou coupé par une petite bande blanche, ponctuée de brun ou de rouge-brun, qui tourne fur les fpires. Au dedans elle eft parfaitement blanche. Elle fe trouve en grande quantité dans les rochers de l’ifle de Gorée. 28: LES LOGE KR PL 5. Buccinum dentatum , parvum , riétu angufto , læve, exiguis puncturis fafciatim depiétum. Lift. hi. Conchyl. tab. 825. fig. 45. Buccinum dentatum, parvum , roftratum , ampullaceum , læve, fubcro- ceum, punéturis albis densè depiétum. Ejufd. ibid. fig. 46. Buccinum dentatum rufum , exiguis maculis albis depiétum , rictu fub- purpureo. Ejufd. tah. 826. fig. 48 & 49. & tab. 817. fig. 45. ce Buccinum parvum , pruniforme , acuminatum , læve , ex albo & nigro variegatum. Gualt. Ind. pag. & tab. 43. fig. C. Buccinum parvum, pruniforme > ACUMINAUM , lzve, album , dentatum, punéturis rubris depiétum. Ejufd. ibid. fig. E. Buccinum parvum, pruniforme , canaliculatum leve , Colore muftelino, carneo & albido variegatum, Eju/d. ibid. fig. G. CoQUuILLE, Spires. Sommet. Duverture. Couleur. Remarque. ÂANIMAL. Yeux. Opercule. 136 C © O/UUNL LÉ A GES Buccinum parvum, pruniforme , canaliculatum , læve, ex rubro, & albido depictum, & punétatum. £yufd. ibid. fis. H. Lagena ore longo , angufto , rufa, exiguis maculis albis, riétu fubpur- pureo; Lifteri. K/in. rent. pag. 50. fpec. 2. n. 2. Ce coquillage fe voit très-fréquemment avec le précédent, dont il ne differe que parce que fa coquille eft plus épaifle, moins arrondie à l’extrêmité fupérieure, & que fa longueur n’eft pas tout-à-fait double de fa largeur. Ses {pires font ( excepté la premiere ) applaties, peu diftin- guées les unes des autres, & coupées par un grand nombre de fillons prefqu’imperceptibles qui tournent avec elles. Le fommet forme un cône raccourci, dont la longueur eft égale à fa largeur , & de moitié plus courte que l’ou- verture. Celle-ci eft fort étroite, un peu courbée en arc dans fon milieu, & quatre fois plus longue que large. La lèvre droite eft très-épaifle & arrondie fur les bords. Elle eft renflée confidérablement vers fon milieu , & ornée en dedans de quinze dents à peu près égales & aflez grandes. La lèvre droite porte dans fa moitié fupérieure fept à huit dents femblables, mais plus petites. Le périofte qui la recouvre eft fort mince & cendré. Au- deflous elle eft quelquefois blanche , marbrée de jaune ou de brun : quelquefois elle eft entierement brune. Cette coquille ne prend de l’épaifleur & des dents aux deux lèvres de l’ouverture , que lorfqu’elle eft parvenue à fon dernier période d’accroiflement ; de forte qu'avant ce tems elle reflemble beaucoup à l’efpece qui précéde : on la diftingue cependant par fon ouverture , qui a encore alors deux fois plus de longueur que de largeur, & par fes fpires qui font toujours applaties & fillonnées. L'animal diflére de tous ceux décrits jufqu’ici, par la po- fition de fes yeux, qui fe trouvent placés beaucoup au-deflous du milieu de la longueur des cornes. Son opercule eft infiniment petit : 1l n’a pas plus d’une ligne de longueur ; 1l eft extrêmement mince , tranfparent, fauve , elliptique , obtus à fes extrêémités , de moitié plus long que large, & trois fois plus court que l’ouverture de la coquille, 29, ’ OPERCULÉS. 137 2. LE STARON. P4 ». Buccinum dentatum parvum riétu compreflo five angufto variegatum , ftriis valdè exafperatum ; Jamaicenfe. Lift. hifl. Conchyl. tab. 824, 43. Mc nulum dentatum Jamaicenfe , ftriis fafciatis maculatum. Peciv. Gazoph. vol. 1. cat. 578. tab. 9. fig. 4 Buccioum parvum , pruniforme, canaliculatum , riétu compreflo , ftriis exafperatum , candidum , ex fufco miculetifit labio externo den- tato Gualr. Ind. pag. & tab. 43. fig. L. Oliva variegara; riétu compreflo; Lifter1. K/ein. tent. pag. 8 3. fpec. 4. Toute la différence qu’on remarque entre cette efpece & Coquirrr la précédente, confifte en ce que fa coquille eft plus épaifle, qu'elle à huit ‘lignes de onsueus , que fon fommet eft un peu plus large que long, & qu’enfin elle eft quelquefois en- tierement blanche, & marbrée de taches d’un bleu d’ardoife. Elle multiplie beaucoup moins dans les mêmes endroits. 30. LE K A L A N. PL 9. Thquez Græcis, Purpura Latinis, Roncera Genuenfibus, Ogniellz Ro- manis. Belon. aquar. pag. 420. Murex Marmoreus. Rondel. pifc. pars fecunda , edir. lat. Pag. 76. Conchylium. Æyu/d. ibid. pag. 83. Operculum Conchylii. Eju/d. ibid. pag. 86. Murex Marbrin. Æyjud. édit. franç. part. 1. pag. 48. Conchylium ÆEyufd. ibid. pag. $4. Couvercle du Conchylium. Æjufd. ibid. pag. 55. Murex marmoreus, Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 35. Conchylium Rondelerii. Eju/d. pag. 42. Operculum Conchylii, Rondeleti. £yu/d. pag. 45. Conchylium Rondeletii. Ge/n. aqua. pag. 340. Operculum Conchylii, Rondeleti. Ejufd. pag. 341. Murex marmoreus, Rondeletii. Ejufd. pas. 630. Murex Sromboides, five Rhomboïdesbilinguis. Columraquat. p. co&ere Murex marmoreus, ‘Réndelerii, Aldrov. exang. pag. 1334. Conchylium Rondeletii , cum fuis Operculis. Ejufd. ibid. pag. 346. Murex marmoreus, Rondeletii. vi g exang. pag. 34. (ab, 11, Conchylium Rondeletii. Erufà. ibid. rag. 35. Murex intüs rubefcens, exrûs marmoreus, fanguineis & rubiginofis ma- culis contéétus ; cortice tubérofo &'afpero; ris labro admodum tumefcente , undofs finubus arcuato, & mucronis circumvoluütionés ferè toraliter obregente. Bonan, recr. pag. 155. claf]. 3: S 300. COQUILLE. 138 CO QU L LA c Es Buccinum bilingue majus tenue , ex rufo nebulatum muricatum ; Jamai- cenfe. Lift. hift. Conchyl. tab. 8Go. fig. 17. Buccinum bilingue grave, labro craflo fivè pulvinato , maculatum & ftriis & muricibus exafperatum. Æjufd. tab. 861. fig. 18. Buccinum ampullaceum ; grande variegatum, claviculà extremo planä, leviterque muricatä. Eju/d. tab. 882. fig. 4. Alata lentiginofa , malaicenfibus Bia Taijlala dicta. Rumph. muf.pag. 111. art. 10. tab. 37. fig. Q. Murex intùs rubefcens , extùs marmoreus, fanguineis & rubiginofis ma- culis contectus ; cortice tuberofo & afpero; oris labro admodüm tumefcente, undofis finubus arcuato, & mucronis circumvolutiones ferè rotalirer obregente. Muf. Kirk. pag. 469. n. 300. Murex dorfo rugofo & tribus verrucarum ordinibus exafperato. Barrel. Ic. pag. 132. tab. 1323. fig. 6. Murex ftriatus rugofus & fimbriatus, aure ad tertiam fpiram ufquè elon- gatà, & cùm appendice { ficuti fæpius auricula cuti ) ità fpiris adhæ- rente munità muricatus. Lang. meth. pag. 17. Rocher garni de rides & de rubercules par étages. Sa lèvre fort en forme d’aile ; fa couleur à fond blanc eft mèlée de quelques taches brunes. Hifi. Conchyl. pag. 194. pl. 18. fig. C. Murex ftriatus, rugofus, papillofus, & tuberofus , ex albido & terreo colore depictus. Guak. Ind. pag. & tab. 32. fig. À. Lentigo multicolor ; fuper albo colore flavo, cinereo, diftinétus ; Rum- ph. K/ein. rent. pag. 100. fpec. 1. Lentigo tenuis; ex rufo nebulata; Lifteri. Eju/d. ib. fpec. 2. tab. 6. fig. 107. Lentigo gravis, labro craflo, feu pulvinato; Lifteri. Eju/d. ibid. fpec. 3. Belon a appellé ce coquillage des noms de Purpura, Ron- cera | Ogniella , &c. Rondelet lui a donné celui de Conchy- lium , prétendant que c’étoit le Conchylium de Diofcoride & des Anciens, & il a tranfporté les noms de Roncera & d’Ogrniella à une autre efpece de Pourpre à long canal, qui approche beaucoup de celle que j’ai décrite fous le nom de Bolin(r). La difficulté que les Modernes ont trouvé à con- cilier ces deux Auteurs, & à certifier la connoïffance du vrai Conchylium des Anciens, leur a fait fans doute abandonner ce nom, que nous ne voyons nulle part depuis Rondelet. Ce font les mêmes raifons qui m’ont déterminé à donner à ce re le nom de Kalan. a coquille eft des plus épaifles & des plus pefantes. Elle a environ huit à neuf pouces de longueur, & moitié moins de largeur. (1) Voyez la page 118, OP ERCULÉS. 139 Les onze fpires qui la compofent font applaties & même un peu creufées dans leur milieu, & forment une efpece de pli en débordant les unes fur les autres. Elles font marquées en bas de quatre ou cinq fillons peu apparens , & d’un rang de boutons ou de gros tubercules obtus & arrondis. Ces tu- bercules font placés dans la partie inférieure de la premiere fpire , au lieu que dans les dix autres ils couronnent leur ae fupérieure ; ils paroïflent en creux dans l’intérieur de a coquille. La premiere fpire eft encore ondée ou marquée de plufieurs plis fort inégaux , & quelquefois de deux à quatre rangs de pareils tubercules. Le fommet eft de moitié plus large que long, & une fois & un quart plus court que la premiere fpire. L'ouverture forme une efpece de parallélogramme fort retréci en dedans, dont la longueur eft quadruple de fa lar- geur , & triple de la longueur du fommet. Elle fe termine en haut par un canal cylindrique médiocrement long, fans échancrure , aigu à droite, arrondi à gauche, & recourbé tantôt fur la droite en dedans , tantôt fur la gauche en dehors. Cette ouverture paroît fort évafée au dehors, parce que la lèvre droite s'étend confidérablement. Celle-ci eft très- épaifle | obtufe fur fes bords, quoique fans bourrelet, & pliée vers le haut pour former un fecond canal ou une gou- uiere F, fort courte & demi-cylindrique. Elle defcend en bas fur la feconde fpire, & quelquefois jufques fur la troifiéme qu’elle femble couper en deux parties. La lèvre gauche ef droite, c’eft-à-dire qu’elle n’eft nul- lement creufée en arc vers fon milieu, particularité que je n’ai remarquée dans aucune des Pourpres décrites jufqu’ici. Elle eft obtufe, arrondie, & recouverte d’une grande lame du poli le plus parfait. Lorfqu’on tire fraîchement cette coquille de Ia mer, elle eft enveloppée d’un périofte roux & aflez mince, qui étant enlevé, laifle voir fon fond fauve, fur lequel font répandues quelques marbrures blanches ondées. On découvre encore dans quelques-unes une bande d’une très-belle carnation, qui s'étend fur les tubercules. Intérieurement elle eft blan- che, mais les bords des deux lèvres fe teignent d’une couleur S ij Spires. Sommet. Ouverture, Périofte. Couleurs Variétés, ANIMAL, Yeux. Opercule. 140 COQUILLAGES cuivrée dès qu’elle a reflé quelque-tems expofée fur le rivage après la mort de l’animal. Cette coquille ne prend de l’épaiffeur & de l’étendue à la lèvre droite, que lorfqu’elle a atteint une longueur d'environ trois pouces ; mais toutes celles qui font parvenues à cette grandeur n’ont pas pour cela certe lèvre épaïfle. Il y en a qui, comme les jeunes, l’ont extrêmement mince, tranchan- te, fort reflerrée, fans évafement & fans canal , ce qui leur donne un air tout différent & capable d’en impofer aux ob- fervateurs qui n’ont point và les animaux des unes & des autres. C’eft ainfi que le Docteur Rondelet a regardé fon Conchylium comme une efpece différente de fon Murex mar- moreus : telle eft encore l'erreur du fçavant Lifier , qui n’a pas même foupçonné que le Buccin de la planche 882 de fa Conchyliologie, pût fe rapprocher de ceux qu'il a figurés aux planches 860 & 861 du même ouvrage. Il y a auffi de ces coquilles qui, comme je l’ai dit , n’ont qu’un rang de tubercules fur la premiere fpire, & d’autres qui en ont deux, trois & même quatre. Ces tubercules font ordinairement arrondis; on en voit cependant quelques-unes qui les ont pointus, mais toujours aflez courts. Ces petites différences qui ne font dûes qu’à Pâge ou à des accidens, ne doivent point nous faire multiplier cette efpece mal-à-propos. L'animal reflemble beaucoup à celui de la premiere efpece; mais fes yeux paroïflent placés un peu au-deflus du milieu de la longueur des cornes. | L’opercule eft fixé fur l’extrêmité poférieure de fon pied , & il n’y tient que par la quatriéme partie de fa longueur, & par un de fes bords, celu1 qui eft convexe. Il eft elliptique, arrondi à l’extrêmité fupérieure qui eft plus épaifle, pointu à l’extrêmité oppofée, trois à quatre fois plus long que large, brun-noirâtre , poli fur fa furface extérieure , & un peu courbé de gauche à droite en defcendant. Lorfque le pied de l’animal fort de la coquille, il fe retourne de maniere que la pointe de l’opercule qui fe trouvoit en bas pendant qu'il y étoit renfermé, regarde en haut, & qu’au contraire fa ron- deur qui étoit en haut defcend en bas. J'ai trouvé cette efpece communément dans les rochers de la pointe feptentrionale de l’ifle de Gorée & de Rufisk. Elle OPERCULÉS. 147 rend une liqueur qui pourroit fervir à teindre, comme celle de la plûpart des Pourpres. Suivant le témoignage de Rondelet (1) « c’eft de ce co- » quillage que les Anciens tiroient ce couvercle ( opercule ) » appellé éyvË par Diofcoride, en latin U/nguis, par Serapion » Athfar-atheb où Athfar-athaib , c’eft-a-dire | Ongle aro- » matique, à caufe de fa figure : car il reflemble à l’ongle d’un » oïfeau de proie, & tient contre la chair par le bout qui eft » le plus épais... Diofcoride en reconnoît deux efpeces: » l’une que l’on tire de la Mer-rouge, & qui eft blanche & » & grafle ; c’eft la plus eftimée : l’autre eft noirâtre & plus » petite; elle vient de Babylone..... Les couvercles ronds » des Pourpres, s'appellent du nom de Blatta Byzanria ou » Plattion Byzantium; mais les Apothicaires appellent au- » jourd'hui A étécémniene Blattas Byzantias les couvercles » du Conchylium & ceux des Pourpres (2)... Ils ont tous » à peu près les mêmes vertus, quoique de forme diflérente. » Lorfqu’on les brûle ils répandent une odeur femblable à » celle du Cafloreum , & leur fumée eft d’un grand fecours » pour les vapeurs & contre l’épilepfie. Pris en décoction ils » font laxatifs, » | Voilà ce que dit Rondelet de l’opercule de coquillage, Aujourd’hui on en fait peu d’ufage; il eft feulement recher- ché, comme les coquilles, pour l’ornement des cabinets. 31. LE NIVAR. PL Cochlea furvam Æthiopis pellem colore fimulans, binis fafciis cinéta inæqualibus , ore valdè angufto, quamvis in longum produéto. Bon, recr. pag. 165$. claf]. 3. n. 357. — Mu. Kirk. pag. 472. n. 350. Buccin de couleur fauve, rayé fur route fa fuperficie ; les fept étages de fa clavicule qui font applatis, le rendent extrèmement rare. Hif£. Conchyl. pag. 168. planc. 12. fig. A. Fufus brevis Æthops à colore ; binis fafciis inæqualibus cinétus; Bonanni. Klein. cent. pag. 6x. fpec. 1. n. 2, g. L'animal du Nivar reffemble parfaitement à celui de la douziéme efpece. t Seconde partie de l'Hiftoire entiere des Poiflons , Liv. 2! chap. 10. pag. 55. (2) Pourpre appellée à Gênes Roncers, à Venife Ognella , en Languedoc Burez, Ejufd, ibid, chap. 1, pag. 44, Remarque, ANIMAL, CoQuiLLE, Spires, Sommet, Ouverture, Périofte, Couleur. COQUILLE. Spires, 142 COQUILLAGES Sa coquille eft médiocrement épaifle, fort allongée, & pointue aux deux extrêmités. Elle a cinq à fix pouces de lon- gueur, & une fois & un tiers moins de largeur. Ses onze fpires font renflées confidérablement, & repliées en angle droit vers le milieu , excepté la premiere, dans la- quelle ce repli ne fe voit que vers fon extrémité inférieure : il les fait paroître comme étagées, & 1l forme tantôt un angle aigu, tantôt un angle obtus, fouvent garni d’un rang de tu- bercules arrondis. Leur furface eft encore ornée d’un grand nombre de petits fillons qui tournent avec elles. Le fommet eft un peu plus long que large, & de moitié plus court que la premiere fpire, L'ouverture eft elliptique, aiguë aux deux extrêmités, & deux fois plus longue que large. Elle fe confond avec fon canal fupérieur, qui eft ouvert en demi-cylindre, & à bords tranchans. La lèvre droite eft aiguë, tranchante , mince & relevée en dedans de quinze à vingt filets qui tournent avec la premiere fpire. La lèvre gauche eft creufée en arc vers fon milieu, recou- verte d’une plaque luifante, polie , fort petite, & prefque fans bourrelet. Le périofte qui la recouvre reflemble à un drap brun, te- nace , très-épais & velouté. Le fond de fa couleur eft brun, quelquefois violet, tanné ou couleur de fuie, coupé par une bandelette blanche, di- vifée inégalement en deux par un filet brun. Cette bandelerte commence un peu au-deflous du milieu de la premiere fpire, & tourne fur la partie fupérieure des autres. Ce coquillage fe trouve aflez fréquemment dans les rochers des ifles de Gorée & de la Magdelaine. 32,0 BR: A Tr LUN -PI x: Cette efpece fe voit abondamment avec la précédente, à laquelle elle reflemble aflez, à la peritefle:près. Sa coquille a rarement plus de fept lignes de longueur, Sa largeur eft une fois moindre. Elle n’a que huit fpires qui font peu renflées, fort ferrées, & chagrinées par un grand nombre de tubercules aflez gros, OPERCULÉES. 143 écartés & difpofés fur plufieurs rangs qui tournent avecelles. On en compte cinq à fix fur la premiere fpire, deux iur la feconde, & un feul fur les autres. Le fommet épale en longueur la premiere fpire. La longueur de l'ouverture n’eft pas tout-à-fait triple de fa largeur. A lèvre droite eft mince & fans dents dans quelques-unes, dans d’autres elle eft fort épaifle, ornée au dedans de cinq dents aflez grofles, & arrondies. | Le fond de fa couleur eft un pourpre foncé, tirant fur le violet ou fur le noir. Dans quelques-unes la premiere fpire eft entourée de deux petites lignes blanchâtres peu fenfibles. Elle n’a point de périofte apparent, non plus que les efpeces qui h fuivent. SU LES LU Sol va Baccinum. Liff. hiff. Conchyl. tab, 925. fig. 18. & tab. 958. fig. inferior. ? La coquille du Silus differe de la précédente en ce que fa longueur eft de neuf lignes, qu’elle pañle une fois & un quart fa largeur, & que fes fpires font couvertes de tubercules ap- platis, très-ferrés, & divifés en treillis par des fillons qui font au nombre de dix à quinze dans la premiere fpire, de huit à dix dans la feconde, & de cinq dans la troifiéme. Son fommet eft un peu plus long que la premiere fpire. La lèvre droite de l’ouverture eft médiocrement épaifle dans la plüpart, tranchante fur les bords, & garnieau dedans de dix à douze petites dents en filets. Elle eft d’un brun-fale, coupé par une petite bande blanc- fale qui tourne fur le milieu des fpires. On la trouve abondamment dans les rochers de l’ifle de Gorée. 34/0 L'E ‘FA RO TS. 7 PA 5: Turbo tuberofus qua fubrili, & candidä tel Ollandicä induétus, in multiplices plicaturas, & pulvillos corrugatä. Bonan. reer. pag. 122, claff. 3. n. 79. Buccinum roftratum parvum , aliquibus binis tenuiter, valdè acutis ftriis circumdatum. Lift. hiff. Conchyl. tab. 524. fig. 16. Turbo tuberofus quafñ fubuili, & candidâ telà Ollandici induétus ;, in mulriplices plicaturas, & pulvillos corrugatä. Mu/. Kirk. pag, 454. num, 79, . Sommet, Ouverture, Couleur, Périofte, CoqQuizzr, Sommet. Ouverture, Couleur, COQUILLE. Spires. - Sommet. Ouverture. Couleur, Variétés, ANIMAL. 144 COQUILLAGES Oxyrynchus Indicus , orbibus nodofis & catenatis. Periv. Gazoph. vol. 2. cat, 250. tab. 56. fig. 6. Fufus brevis, lævis fafciatus, binis tenuiter. & valdè acuris ftriis circum= datus ; Lifteri. K/ein. renr. rag. 6o. fpec. 2. n. x. f. Fufus brevis fkriatus, acutus, inter fpiras plicatas granularo filo conftric- tus; Bonanni. Eju/d. pag. 61. fpec. 2. n. 1.e. La forme allongée de la coquille du Farois l’a fait mettre au rang de celles qu’on appelle Fufe:u. Elle à deux puces de longueur fur une largeur près de deux fois moincre. Les onze fpires dont elle eit c mofée font fort ferrées, peu diftinguées, & creufées ou comme enfoncées dans leur milieu, au contraire de la plüpart des coqu ilages qui les ont ordinairement renflées. Elles iont lége cmeat fiilonnées dans leur contour, & bordées à chaque ext.ê nté d’un ring de petits boutons fort ferrés : ceux du rang furér eur font com- munément pointus , & beaucoup plus gros que ceux du rang inférieur. La premiere fpire n’elt creulée que beaucoup au- deflous de fon milieu; & au dedans elle eft environnée de huit à quinze canelures médiocres & ridées. Le fommet eft prefqu’une fois p'us long que large, & fort peu plus long que la premiere fpire. a lèvre droite de l'ouverture eft toujours mince, fans dents, & échancrée en angle aigu dans l'endroit où la pre- miere fpire eft enfoncée. La lèvre gauche a vers fon extrèmité fupérieure un petit bourrelet, accompagné d’un ombilic fembiable à un: petit fillon. | Sa couleur eft grife ou brune, & quelquefois fauve. Le périofte qui refle communément attaché dans la partie con- çave des fpires, la rend brune ou noirâtre dans ces en- droits. Le nombre & la forme des boutons ou tubercules des {pires caufent quelques légeres variétés dans cette coquille. 1] y en a, & ce font ordinairement les plus petites & les moins allongées, qui ont le rang inférieur des bourons des fpires plus applati & moins relevé que le rang de la fpire fui- vante, On vo t le contraire dans les autres. L'animal reffemble à celui de la trentiéme efpece, par la fituation de fes yeux, & par la longieur de fon opercule , qui OPERCULÉS. 145 qui cependant n’eft ni aufli grand ni çourbé en portion de cercle. Ce coquillage fe plaît dans les rochers de l'ifle de Gorée, 34 LE GENOT. Po. Cette derniere efpece de. Pourpre fe rapproche beaucoup du genre des Rouleaux par la figure de l'animal, de fon oper- cule, & de fa coquille. 1 Celle-ci repréfente un ovoide prefqu’également pointu à fes extrêmités, long d’un pouce & demi &,deux fois moins large. Elle n’a que dix fpires qui font creufées, & entourées de deux rangs de boutons , comme l’efpece précédente; mais la premiere fpire eft chagrinée ou couverte de petits bou- tons égaux, difpofés en treillis, & qui paroïffent formés par une, vingtaine de canelures tranfverfales, coupées à angles droits par d’autres çanelures paralleles à la longueur de la coquille. Le fommer eft de moitié plus long quelarge, & un tiers plus court que la premiere pire. iri gi L'ouverture reflémble parfaitement à.celle des Rouleaux. Elle repréfente une longue fente, de Largo à peu près égale par-tout, aiguë dans fon extrêmuté inférieure, & cinq fois plus longue qu’elle n’eft large. é La lèvre droite ne differe point de la précédente. ; La lèvre gauche eit droite comme dans la trentiéme ef pece. Elle :eft recouverte d’une petite lame luifante, & n’a pas de bourrelet fenfble, mais feulement un léger fllon qui tient lieu d’ombilic à fon extrêmité fupérieure. Elle eft couleur de chair dans la premiere fpire, & grife dans les autres. Je n'ai và cette coquille figurée nulle part. Elle eft fort rare dans les rochers des 1fles de la Magdelaine, & encore plus dans les cabinets, Pts, gs ET CoQuiLLr, Spiresy Sommet, Ouverture, Couleur, COQUILLE, Spires. Sommet. Ouverture. 146 COQUILLAGES G'EPN'RABUT TI: LE BU CCI N. PBuccinum. Pox ne point m'écarter de l’application que les Anciens ont faite du nom générique de Buccin (r) à plufeurs efpeces de coquillages Operculés, qui ont une grande affinité avec les Pourpres; j'ai crû devoir tranfporter ce nom à ceux dont je vais parler, comme ayant avec le Buccin beaucoup plus de rapport que tous les autres coquillages qui font parvenus à ma connoïffance. L 1. «LE,-B AR NET. ‘Pl'o Buccinum Barbadenfe. Lift. hift. Conchyl..rab. 919. fis. 14. ——— Ejufd: tab, $85: fig: inferior. Epidromus'oculatus. Klein. cent, pag. 53. fpec. 7: La coquillé du Barnet eft petite, épaifle, & figurée comme un ovoide obtus à fon extrêmite fupérieure, & fort pointu au fommet. Elle ne pañle guères fix lignes en longueur: fa lar- geur eft une fois & un tiers moindre. On la voit dans fa gran- deur naturelle à la lettre E, & elle eft grofie de beaucoup dans les trois figurès voifines. , Les onze fpires qui la compofent font lifles, polies, ap- platies, (excepté la premiere ) fort ferrées, & peu diftinguées les unes d’avec les autres. Le fommet a moitié plus de longueur que de largeur, & moitié plus de longueur que la premiere fpire. L'ouverture eft elliptique, aiguë par le bas, où elle forme . LA # . un canal étroit avec une légere échancrure, arrondie par le (1) Buccinis ( xnpvë ) & Purpuris (rep@éyus ) favificare in more eft. Ariff. hift. Anim. lib. $. cap. 15. pag. 843. D. Buccinis modus idem gignendi, qui Purpuris , tempufque idem eft : operculum item oris idem tàm huic utrique generi adhæret nativum, quàm cæteris turbinatis omnibus. Pafcuntur quoque exertà linguä quæ fub operculo latet. Jbid. pag. 844. D. Promufcidas item gerunt ( turbinata } modo mufcarum : quod quidem membrum linguæ effigiem præ fe fert. Habent hoc idem & Purpuræ & Buccina firmum & to- rofum. Ejufd. ibid. lib. 4. cap. 4. pag. 880. A. Concharum ad purpuras & conchylia, eadem quidem eft materia, fed diftat tem- peramento. Duo funt genera , buceinum, minore conchä , ad fimilitudirem ejus buc- cini quo fonus editur, undè & caufa nomini, rotunditate oris in margine incifà : alte- rum purpura vocatur, cuniculatim procurrente roftro , & cuniculi latere introrsbs tubulato , quà proferatur lingua, &c. Plin. hifi, lib. 9. cap. 36. pag. 166. OPERCULÉS. 147 haut, & une fois & demie plus longue que large. Son extré- mité fupérieure forme un canal court, évafé & coupé fur le dos de la coquille par une échancrure qui a un peu plus de profondeur que de largeur. La lèvre droite eft obtufe, & fort épaifle , quoique fans bordure, peu évafée , prefque droite , & garnie intérieure- ment de huit petites dents arrondies. La lèvre gauche eft arrondie, courbée au milieu en por- tion de cercle, couverte d’une petite plaque luifante, unie, fans bourrelet, & comme légerement ridée au dehors vers fon extrêmité fupérieure. Toute fa furface extérieure eft recouverte d’un périofte membraneux , roufsâtre, fi mince & fi tranfparent qu’on voit parfaitement fes couleurs au travers. Son fond eft blanc, fauve, ou brun , fans aucun mêlange dans quelques-unes ; mais il eft ordinaire à la plûpart d’être brunes , tachetées de petits points ronds & blancs, difpofés régulierement en quinconge; ou bien d’être blanches , vei- nées ou couvertes d’un réfeau brun-rougeître. L'âge & le fexe du Barnet caufent quelques variétés dans la forme de fa coquille. J'ai remarqué que les plus jeunes ont proportionnellement moins de longueur, moins dépaif- feur, & moins de {pires ; que l’extrêmité fupérieure eft moins obtufe, le canal de l'ouverture plus allongé, prefque fans échancrure ; enfin qu’elles ont la lèvre droite fort mince, tranchante & fans dents. Quelques-unes des vieilles ont auñffi la plûpart de ces caracteres, ce font les femelles. Maïs il y a une autre particularité qui eft commune à prefque toutes les vieilles coquilles , foit mâles, foit femelles : c’eft que lorf- qu’elles ont atteint le nombre d’onze fpires, clles fe caffent par l’extrèmité du fommet, de maniere qu’il ne refte que les quatre à cinq fpires d'en haut ou de fa bafe. J’en ai fait repréfenter une dans cet état, ( f£eure B. L. K.S.G.P.O.)Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner par quels moyens l’animal exé- cute cette féparation dans une coquille auf dure & auf épaiffe que left celle-ci dans fa vieillefle : 1l fuffir de fçavoir que les fix fpires du fommet fe détachent, dans la plus grande partie, aufi-tôt après qu’elles font parvenues à leur dernier période de grandeur , & qu’il y en a fort peu dans lefquelles Ja féparation prévienne ce terme, Ti Périofte, Couleur, Variétés, Remarque. ANIMAL. Tête, Cornes. Yeux, 148 C O9, QUE E E AG ES Cette propriété de cafler fa coquille à un certain âge & dans certaines circonftances , n’eft pas bornée à ce feul co- quillage : on l’a obfervée dans uneefpece de Limaçon terreftre du Languedoc, dont Lifler a donné la figure (1) dans fa Con- chyliologie;, & l’on verra qu’elle leur eft commune avec un autre coquillage marin que je décrirai ci-après (2). C’eft autour de cette coquille, fur-tout de la variété dont la couleur eft blanche veinée de brun, que fe forme une pe- tite efpece.de millepore à mammelons ; dont je parlerai dans l’hiftoire des Vers & autres corps marins obfervés au Sénégal. Cette millepore la défigure tellement qu’on ne peut en recon- noître la forme & les contours qu’en la dépouillant entiere- ment, Comme elle eft ordinairement habitée par un petit crabe de l’efpece de ceux que l’on appelle So/dar ou Bernard L’Hermite, cet animal en prolonge l’ouverture en fpirale, à peu près comme auroit fait le Limaçon vivant, dans toute Vépaiffeur de la millepore, qui eft de près d’une ligne. Cette coquille ainfi incruftée & recouverte de la millepore, em- prunte la figure d’un ovoide obtus à fes extrèmités, long de quatre à fix lignes, fur trois à quatre lignes de largeur. Sa cou- leur eft noirâtre au dehors; mais lorfqu’elle a roulé quelque- tems fur le rivage, fes mammelons en s’ufant, prennent une couleur blanche femblable à celle qui regne dans fon inte- rieur. Lifter a figuré une de ces coquilles dans ce dernier état au bas de la planche $8$ de fa Conchyliologie. L'animal du Barnet a la tête petite, cylindrique, de lon- gueur & de largeur à peu près égales, & légerement échan- crée à fon extrêmité T. Les cornes C. C. font prefque cylindriques , obtufes au fommet, & de moitié plus longues que la tête, fur les côtés de laquelle elles font placées vers fon extrêmité antérieure. Elles ont quatre à cinq fois plus de longueur que de largeur, & font renflées médiocrement à leur origine. Les yeux font deux petits points noirs peu faillans, placés : à la racine même des cornes, fur Le renflement qui eff à leur côté extérieur Y, Y. (x) Buccinum album, chaviculä produétiore , ferè abruptä ; Galliæ Narbonenfis, Lift. Rif. Conchyl. tab. 17. fig. 12. (2) Coquillages Operculés , Genre 4 Le Popel, pag. 153. pl 10. fig. 1 OPERCULEÉES. 149 La bouche paroît comme un petit trou rond B, percé au- deflous de la tête vers le milieu de fa longueur, d’où fort continuellement une trompe cylindrique L, de longueur prefqu'égale à celle des cornes, & qui paroît divifée à fon ex- trêmité en deux petites lèvres, au milieu defquelles on ap- perçoit une petite ouverture ronde. Le manteau eft une membrane fort mince, qui s'étend fur la furface intérieure de la coquille, & fe replie en un tuyau cylindrique K , qui fort d’une longueur égale à la cinquiéme partie de la coquille par fon échancrure, en fe couchant un peu fur la pures Le pied P. eft petit, de figure elliptique, arrondi à fon ex- trêmité antérieure , qui eft traverfée par un fillon profond, accompagné d’un autre fillon fort court & longitudinal G. L'autre extrémité eft pointue. Sa longueur eft quadruple de fa largeur, & une fois moindre que celle de la coquille. A la racine du pied, vers le milieu de fa longueur, eft at- taché un opercule cartilagineux O , de figure elliptique, près de deux fois plus long que large, & environ quatre fois plus court que la coquille. Tout le corps de l’animal, vû en deflus, eft d’un blanc- pile , tacheté de petits points elliptiques & rougeîtres : re- gardé en deflous, il paroît d’un blanc-ale fans aucune tache. Ses cornes font rougeñtres au milieu, & cendrées ou blanc- fale aux extrémités. Je n’ai pas obfervé de coquillage auffi abondant que l’eft celui-ci dans la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. On voit par cette defcription que le genre du Buccin ne Bouche, Manteau, Pied, Opercule, Couleur. Remarque, differe de la Pourpre que par la figure des cornes, par la fitua- - tion des yeux qui font à leur bafe, & par la langue ou trompe qui fort continuellement de fa bouche, an L'EéCJOiL, Pere, Je ne trouve prefque d’autre différence entre cette efpece & la précédente que dans la grandeur de fa coquille : elle n’excéde jamais la longueur de trois lignes; elle n’a que fept {pires qui ne fe caflent jamais, & dont la pointe eft plus moufle. Son fommet n’a guères plus de longueur que de largeur. Elle cft blanche, gris-de-lin , couleur de chair, fauve ou brune; CoQu'iLLE, Spires. Sommet, Couleur, ANIMAL,. Pied. CoQuiLLe. Spires. Ouverture, Couleur. Périofte. Variétés. COQUILLE. Spires, Couleur. CoqQuiLee. Spires. Ouverture. 150 COQUILLAGES d’ailleurs elle lui reffemble parfaitement, & fe trouve dans les mêmes endroits. On ne peut cependant pas dire que ce foit la même efpece que la précédente dans un âge moins avancé ; car, comme l'on a vû, les jeunes & les femelles ont la lèvre droite de l’ou- verture fort mince, au lieu queles individus de celles-ci l’ont également épaife. 3. LENS 40 AE APE :10. L'animal du Nifot ne differe de celui dela premiere efpece qu’en ce que fon pied a quatre fois plus de longueur que de largeur. Sa coquille reflemble auffi à la fienne quant à la figure; mais elle n’a que quatre lignes de longueur, & huit fpires chagrinées, ou couvertes de petits tubercules fort ferrés & féparés par des fillons qui forment une efpece de treillis. L'ouverture a deux fois plus de longueur que de largeur. Elle n’a d'autre couleur que le gris-de-lin, ou une belle carnation , fans être recouverte d’un périofte. La lèvre droite de l’ouverture éprouve les mêmes variétés de fexe & d’âge que la premiere efpece. On la trouve avec elle, mais moins fréquemment, 2 DL ERA CPE. Celle-ci eft encore plus rare que la précédente, dont elle ne paroît qu'une variété, qui a les fpires un peu renflées, avec quelques canelures paralleles à la longueur de fa ço- quille, & fans tubercules. Sa couleur eft brune. se LE Fr UIN IOUN, tee z 0. La coquille du Funon a cinq lignes de longueur & près de deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font un peu renflées & canelées en longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft marquée au fond de dix lonss filets, La lèvre gauche montre, vers fon milieu, trois grofles dents qui la caraétérifent & la diftinguent des quatre pre- micres efpeces. OPERCULÉS, 152 Sa couleur eft fauve ou brune. Elle eft peu commune dans les rochers de Rufisk. 6: LE: S'O'N'ENFECREE La coquille du Soni ne pañle guères deux lignes en lon- ueur. Elle eft formée de huit fpires, fur le milieu defquelles tournent deux petits filets chagrinés ou couverts de tuber- cules. Le fommet eft une fois plus long que large , & une fois plus long que la premiere fpire. L'ouverture repréfenteune demi-lune, arrondie aux extrè- mités, à peine de moitié plus longue que large, & fans canal à l’extrêmité inférieure. La lèvre droite porte deux groffes dents au milieu de fa longueur. a lèvre gauche ef life, fans plaque & fans dents. Le fond de fa couleur eft blanc, prefque toujours coupé par la couleur brune ou rouge des deux filets chagrinés qui tournent fur les fpires, & la rendent fort agréable. - Elle fe voit aflez fréquemment dans les rochers de l’ifle de Gorée. Aulail :bPe. PL. jé J'ai obfervé cette derniere efpece de Buccin dans les ro- chers de l’ifle de Gorée & du cap Manuel , où elle eft fort commune, Sa coquille à jufqu’à cinq lignes de longueur , & deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font bien renflées, arrondies, & chagrinées de petits tubercules, comme dans la troifiéme efpece, mais mieux diftingués. La premiere fpire a dix à quinze rangs de ces tubercules, la feconde en a cinq, la troïfiéme quatre, & les autres beaucoup moins. L'ouverture reflemble à la précédente. Ses deux lèvres font fans dents, & la gauche eft recouverte d’une perite plaque mince & luifante. Elle eft ordinairement d’un blanc-de-neige fans mélange; elle porte cependant quelquefois du rouge fur fes tubercules, Couleur. Coquizzr, Spiresi Sommet, Ouverture. Couleur, CoqQuiLrs, Spires, Ouverture, Couleur, ANIMAL. Pied. Opercule. COQuILLE. Spies. 152 COQUILLAGES L'animal ne differe des précédens que par fon pied, dont la longueur furpañle à peine du double fa largeur ; & par fon opercule qui eft taillé en demi-lune, & de moiuié feulement plus long que large. GENRE PV LE CERITE. Cerithium. F'Abius Columna seit fervi (1) du ot grec latinifé Ceri- thium , pour défigner une efpece du genre des coquillages que je vais décrire fous le nom commun de Cérite, T'PINER PIONPTET EN LL #%o. Buccinum fufcum, ftriatum , & muricatum; Africanum. Lif£. hiff. Conch, tab. 121. f29. 17.? Buccinum fufcum, nodofisftriis diftinétum. Ejufd. rab. 122. fig 18 & 19. Buccinum fufcum, primis orbibus muricarum , cæterum ftriis nodofis exafperatum. Ejufd. ibid. fig. 20. Vrai Clocher Chinois formant plufeurs érages, fa couleur d’un brun fali regne par-tout ; fa bouche recourbée eft à remarquer. Æiff, Conchy. pag. 276. planc. 14. fig. F. Turbo apertus, canaliculatus, obliquè incurvatus, ftriatus, minutiffimis papillis undequaque exafperatus, albidus. Gual. Ind. pag. & tab. 574 Jig. C. Tympanotonos fluviatilis nodosè ftriatus, oris labio effufo; Lifteri. Klein. tent. pag. 30. fpec. 1. n. 4. tab. 2. fig. 40. Tympanotonos fluviatilis fimilis minor; Lifteri. Ejufä. ibid, n. $: Tympanotonos Auviatilis, in primis orbibus muricatus; cæterum nodo< fus in ftriis ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 6. La coquille du Popel a la forme d’une pyramide, ou d’un cône renverfé & fort allongé, dont la partie fupérieure eft obtufe, arrondie, & va toujours en diminuant jufqu’à fa par- tie inférieure qui fe termine en une pointe très-fine, Sa lon- ueur eft d'environ trois pouces, & prefque triple de fa Ce | Elle eft fort épaifle, & compofée de feize fpires applaties & fi ferrées qu’on a beaucoup de peine à les diftinguer les unes des autres. Chacune d’elles eft entourée d'environ cinq cordons inégaux: celui du milieu eft garni de boflettes coni- (1) Aquatil, & terreftr. obferv. pag. 57. ques ODPERCULÉS. «53 ques & pointues; les autres font formés de petits tubercules arrondis, qui les font paroître comme chagrinés , ou même comme des tourillons de cordes bien tories. Le fommet eft une fois & demi plus long que large, & près de trois fois plus long que la premiere fpire. | L'ouverture eft petite eu égard au volume de la coquille, une fois plus étroite qu’elle, & prefque quarrée ou irrégu- lierement arrondie. Elle a deux canaux, dont un en bas très- petit, étroit, & formé par un enfoncement de la lèvre droite ; l'autre eft en haut fur la gauche, fort court, évalé, & lége- rement recourbé en dehors, fans échancrure.. La lèvre droite eft aiguë, tranchante, épaifle, & irregu- lierement ondée & crénelée fur fes bords. Dans fa partie fu- périeure elle forme une efpece d’auvent qui s’avance confi- dérablement fur l'ouverture. La lèvre gauche eft arrondie, luifante , unie, creufée en arc, & comme repliée au dehors. Le périofte eft d’un brun-fali dans les jeunes , noirâtre dans les vieilles, médiocrement épais, & fi adhérent à la co- quille, qu’on ne voit guères d’autre couleur fur fa furface extérieure. Au dedans elle eft blanc-fale dans les jeunes , & d’un brun de cafë-clair dans les vieilles. Lorfqu’on veut la dépouiller entierement de fon périofte, opération qui ne réuffit que très-dificilement, on ne trouve au-deflous qu’un blanc fade & peu agréable. On remarque que les petites coquilles font à proportion moins longues que les grandes, qu’elles ont moins de fpires, & les épines moins apparentes où même infenfibles dans la plûpart : la lèvre droite de l’ouverture eft auffi moins ondée & plus mince. Lleft ordinaire aux vieilles de caffer les neuf fpires du fom- met, comme je l’ai fait obferver dans le Buccin Barnet(r), de maniere qu’il n’en refte que les fept premieres , telles qu’on les voit à la figure B. K. S. P. O. Les dernieres fpires blanchiflent avant que de fe cafler, parce qu’elles fe dépouil- lent d’abord du périofte brun, & des canelures ou cordons qui les recouvroient. Quelquefois ces mêmes coquilies font relevées d’une , de deux, & même de trois bourrelets lon- (1) Poyez la page 147, & la fig. 1. de la planc, 10. V Sommet. Quverture, Périofte, Couleur. Variétés, Remarque. ANIMAL Tête. Cornes, Yeux. Bouche. Manteau, Pied. Opercule, Couleur. 154 COQ TILL AG E!S gitudinaux diftribués fans ordre fur chacune des trois pre mieres fpires. La rête de l’animal eft cylindrique T, allongée, tronquée en deflous à fon extrêmité, & ornée fur les côtés d’un bour- relet qui porte une petite frange femblable à une crête. De fon origine partent deux longues cornes C. C. termi- nées en pointe, & renflées confidérablementun peu au-deflous de leur milieu, jufqu’a leur racine. Au fommet du renflement des cornes, & fur leur côté ex- térieur , font placés les yeux Y Y , femblables à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. La bouche forme un petit fillon placé de longueur au- deflous de la tête à fon extrêmité B. La membrane du manteau eft épaiñle, & tapife les parois intérieures de la coquille. Son extrêmité fupérieure fe replie en un tuyau K , cylindrique, aflez court, & couronné de dix petites languettes triangulaires. Ce tuyau fort rarement de la coquille. Le pied ef petit, prefque rond ou de figure orbiculaire P, de moitié plus étroit que la coquille, bordé à fon extrêmité antérieure ou du côté de la tête, par un fillon tranfverfal S, & marqué en deflous de plufeurs peuts fillons paralleles à fa longueur. Il fe prolonge par-deflus en un mufcle cylindrique, qui porte à fon extrêmité un opercule exactement orbiculaire , cartilagineux, fort mince, brun tranfparent, & marqué de cinq fillons circulaires concentriques. Comme cet opercule eft beaucoup plus petit que l'ouverture de la coquille, il rentre confidérablement en dedans lorfque l'animal s’y renferme. La tête, les cornes & le deflus du pied de cet animal font d’un cendré-noirâtre, mêlé d’un peu de blanc. Le deflous de fon pied eft blanc ; & fon manteau eft blanchâtre, tacheté de plufeurs petits points noirâtres. Ce coquillage eft des plus communs dans toutes les ri- vieres bourbeufes, où l’eau falée de la mer remonte, & fur- tout à l’extrêmité feptentrionale de l'ile du Sénégal. IL fe traîne dans la vafe entre les gramen & les mangliers, où il fe nourrit de fcolopendres & d’autres vermifleaux marins, ë OPERCULÉS. 155 » LE: CEMRMLE, PL 10. Buccinum tuberofum Cerichium parvum. Colum. aquat. pag. $ 3 & $7. Turbo tuberofus & afper , in quo nafcitur cancellus. ÆA/droy. exang. pag. 353 Ë 354 + L Turbo inarmoreus, miris circumvolutionum anfraétibus cochleatus, in mari rubro vivens, & in monte Etrufco, quem dicunt Peglia , fub glebis inventus. Bonan. recr. pag. 121. claff. 3. n. 67. —— Muf. Kirk. pag. 463. n. 67. Lifl. hifi. Conchyl. tab. 1025. fig. 87.? Strombus angulofus. Rumph. muf.: pag. 103. art, 15. tab. 30. fig. O. Turbo L'e canaliculatus, obliquè incurvatus ftriatus, ore fimbriato & crifpato. Lang. meth. pag. 46. y Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus , ftriis craflis, & papillis acutis fignatus, & validè muricatus , fubalbidus, maculis, & punétis piceis aliquando afperfus. Gualr. Ind. pag. & tab. $7. fig. B. Turbo apertus, canaliculatus, obliquè incurvatus , ftriis circumdatus , & papillis eminentibus, raris in unaquaque fpirà difpoficis diftinétus, albidus. Ejufd. ibid. fig. G. Turbo apertus, acuminatus, mucrone gradatim produéto , & acutiffimè muricato , in fpirarum commiffuris papillis minoribus circumdato, candidus. ÆEjufd. pag. & tab. 56. fig. E.( Idem minor.) Len labio plicatus : major ; fpiris angulolis & MuriCatIS ; CrEtatus ; abio oris obliquo , & quafi incurvè plicato; Rumphii. K/eën, cent. pag. 31. /fpec. 5. a. La coquille de cette efpece n’a guères que deux pouces de longueur , & une fois moins de largeur. : On n’y compte que douze fpires, renflées dans leur mi- lieu, qui eft garni d’un rang de boffettes aflez grofes, élevées fur une côte parallele à fa longueur. Le refte de leur furface eft entouré de dix à douze petits filets peu élevés. La feconde fpire porte quelquefois un gros bourrelet fur la gauche. La longueur du fommet furpañle prefqu’une fois fa largeur, & la premiere fpire. L'ouverture eft exactement ronde, & paroît beaucoup plus évafée que la précédente, parce qu’elle fe porte prefqu’en- tierement hors de la coquille, fur fa droite. Son canal infé- rieur eft creufé en demi-cylindre, recouvert en partie par une côte aflez grofle, élevée fur la bafe de la lèvre gauche. Le canal fupérieur eft reflerré, & de moitié plus profond que large. La lèvre droite n'eft pas fenfiblement prolongée dans fa Vi Coquirce, Spiress Sommet, Ouverture, Couleur. Variétés, COQUILLE, 156 COQUILLAGES partie fupérieure , & elle ne forme pas l’auvent comme dans la premiere efpece. La lèvre gauche n’eft pas non plus repliée comme la fien- ne ; elle eft recouverte feulement par une lame courte, mais épaile, & relevée en bas d’un filet aflez gros qui tourne en dedans de la coquille. Sa couleur eft blanche, fans mêlange dans les jeunes, & légerement tachée de brun dans les vieilles. Je n'ai remarqué dans cette coquille qu’une légere variété, qui confifte en ce que les boffettes des fpires font quelquefois affez longues & pointues : cela fe rencontre ordinairement dans les jeunes; & c’eft vraifemblablementle frottement qui les ufe & les arrondit dans les vieilles. Cette ef pece vit auf dans la vafe; mais on ne la voit qu’en petite quantité dans le fleuve Gambie, vis-à-vis le comptoir d’Albreda, ses LIEN GIOM MOMEMRTMIP ETES Turbo tuberofus& oblongus. A/drov. exang. pag. 353 € 354. fig. 3e Turbo innumeris penè coloribus fimul miftis in cute externa piétus ; afper, & luto fub quo ftabularur deformis : in parte interuâ ut plu rimum albus, circà oris aperturam violaceus & nitidus. Bonan. recr.. pag. 123. claf RN72 02e Buccinum recurviroftrum, claviculatum , ftriis muricatis circumdatum ;, à mari Mediterraneo. Lift. hifi. Conchyl. tab. 1019. fig. 82: Buccinum recurviroitrum. Æyufd. tab. 1021. fig. 8. Furbo immumeris pene coloribus frmul miftis in cute externà piétus , va per, & luto fub quo ftabulatur deformis : in parte internä ut pluri- muüm albus, circà oris aperturam violaceus, & nitidus. Muf. Kirk. pag. 454. n. 82. Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus, ftriatus & papillofus: Lang. meth. pag. 46. Turbo apertus, canaliculatus, reétiroftrus, muricatus, papillofus, ex albido fufcus, & maculisnigricantibus afperfus. Goal ha, p. 1.56. fig. L. Tympanotonos pelagius ; loricatus , recurvirofter, turgidulus; labiv oris femilunato crifpo; Lifteri. K/ein. tent. pag. 30. fpec. 2. n. 3. Tympanotonos pelagius; undatus, rugosè ; DES rotundo , effufo ; ore je angufto; Lifteri. Eyu/d. ibid. n. 4 Oxyftrombus vis; multicolor, exate conicus , ore patulo canaliculato; labio plicato; foris afper ; in maximis fpiris denticulatus, & luto ; fub quo ftabulatur , deformis ; intüs albus, circà oris aperturam viO+ laceus & nitidus; Bonne Ejufa. pag. 33. fpec. 1. n. G. La coquille de cette efpece differe de la précédente, en OPERCULÉS. 157 ce qu’elle eft un peu moins épaifle, longue d'environ deux pouces & demi , & une fois & demie moins large. Ses fpires font au nombre de quatorze , moins renflées , avec des boflettes plus petites. Le bourrelet de la feconde {pire eft peu fenfible. L'ouverture ne s'étend prefque pas fur le côté de la co- quille : elle eft un peu plus longue que large. Sa lèvre droite eft peu épaifle, & la plaque de la gauche eft plus étendue & moins épaifle. Lorfqu’on a dépouillé cette coquille d’une Iégere croute verte qui l’enveloppe pendant qu’elle eft dans la mer, elle paroît brune au dehors ou cendrée, marbrée de blanc. Au dedans elle eft blanchâtre, cachée d’un violet obfcur fur la lèvre droite. J'ai trouvé cette efpece dans les endroits vafeux de lifle Ténérif & de celle de Fayal. « LÉ CHADET: P4 16. Buccinum tecurviroftrum, claviculatum ftriatum & afperum ; Jamaicenfe & Barbadenfe. Lif£. hift. ConchyL: tab. 1018. fig. 80 & 81. Buccinulum recurviroftrum , nigrum, ftriatum & afperum mirimum. * Sloan. Jam. vol. 1. pag. 131. Turbo apertus, canaliculatus , obliquè incurvatus, ftriatus, papillis mas joribus, & minoribus exafperatus , fubalbidus, punétis fulvis ali- quando notatus. Gualt. Ind. pag. & tab. $6. fig. N. Tympanotonos pelagius; minor, ore contraéto; Liiteri. K/ein. rent. p. 30, péc. 2. Te Le Vertagus bifalcatus, fafciatus & afper : Lifteri. Eju/d. pag. 31. fpec. 4. b. Le Chadet fe rencontre quelquefois dans le fleuve Gambie, Sa coquille ne difiere de la précédente qu’en ce qu’elle a rarement un pouce de longueur, que fes douze fpires font fort plates, & entourées d'environ douze filets finement cha- grinés, dont trois font un peu plus apparens que les autres. Le canal fupérieur de fon ouverture paroît un peu courbé fur le côté gauche. Sa couleur eft brune, ou noirâtre tirant fur le violet, ou blanche entourée de pluñeurs lignes de points bruns fort ferrés. Les jeunes coquilles n’ont que trois rangs de filets fus Spires, Ouverture, Couleur, CoqQurers, Spires, Ouverture, Couleur, Variétés, CoqQuiLLe. Spires. Sommet, Ouverture, Couleur, COQUILLE. 158 COQUILLAGES chaque fpire ; & j'en ai une autre variété fur laquelle tous les filets paroiflent comme effacés fans le fecours d'aucun frottement. ss LE DÉGON. PL ro. Turbo apertus, acuminatus ftriatus, rugofus, papillofus, afper, ex livida- albicans. Gualt. Ind. pag. & tab. $6. fig. F. La coquille du Dégon reflemble aflez à la précédente; mais elle n’a guères que fept lignes de longueur; fa largeur eft une fois moindre. Elle porte dix fpires entourées de trois rangs de petits tu- bercules inégaux & peu ferrés. La longueur de fon fommet furpañle une fois celle de la premiere {pire, & de moitié feulement fa largeur. Le canal fupérieur de fon ouverture eft fort court & fans courbure. Le fond de fa couleur eft quelquefois brun, mais ordinai- rement blanc. Les tubercules font toujours bruns. On la trouve fréquemment aux environs du cap Verd. 6. LE E E'GATR PE Ro Je dois avertir que les deux efpeces de coquillages qui fui- vent ne font pas de même genre que les cinq qui les précé- dent. Ce qui m’a déterminé à les rapporter ici, c’eft la forme allongée de leur coquille , & non celle de l’animal, que j'ai vû à la vérité, mais fans avoir le tems de l’examiner. Toutes deux vivent enfoncées dans les fables de l’anfe de Ben , à une lieue dans le nord de l’ifle de Gorée. Séxrryé five Buccinum expéemro parvum. Colum. aquat. pag. $3 & 55. Tuibo tuba diétus elegans, 16 & aliquando 20 fpiris finitus, mucrone mir proportione valde acuminato, eburnei coloris, & cochleatis crifpis corrugatus; Perfici maris. Bonan. recr. p. 127. claff. 3.n. 115$, — Muf. Kirk. pag. 456. n. 115. Turbo integer, vulgaris ftriatus. Lang. meth. pag, 47. mi x Turbo integer, vulgaris, maximus , denfiffimè ftriatus, 30 circiter fpiris elongatus, fufcus. Gualt. Ind. pag. & tab. $8. fig. À. Strombus cochloides, fpiris torofis , ftriatis , cuaziyé ; Fabii Columnæ, Klein. tent. pag. 29. fpec. 2. B. 2. f. La coquille du Ligar a quatre pouces de longueur & trois fois moins de largeur, OPERCULÉS, 159 Elle eft formée de vingt fpires renflées, arrondies, bien diftinguées, & environnées de fept ou huit canelures médio- cres & égales. Le fommet eft deux fois & demi plus long que large, & quatre à cinq fois plus long que la premiere fpire. L'ouverture eft exactement ronde ou orbiculaire, & en- tourée aux deux tiers feulement par une lèvre circulaire aflez mince , SU & tranchante fur les bords. L’autre tiers eft fermé par la convexité de la feconde fpire qui fe trouve fur fa gauche. fond de fa couleur eft blanc, agréablement marbré de grandes taches brunes. Elle n’a point de périofte fenfble, non plus que la fuivante. 2. LL:E . MES AL. LP 10: Turbo Iævis teftæ , in mari Adriatico frequens, fubtiliflimss crenis crif. patus , colore lapidis Tiburuni, tribus fuprà decem orbibus, licec mole parvus , extenfus. Bonan. recr. pag. 116. claff. 3. n. 23. Turbo alter mole major decem tantüm orbibus finitus, valdè tumefcen- tibus, omnind lævigatis , colore marmoreo fubalbido , & aliquan- tulum vetuftate Aavefcente. Ejufd. ibid. n. 24. — Mu. Kirk. pag. 451. n. 23 & 14. Cochlea albida , ad imum quemque orbem uni vel alterà ftrià majufculä, Lift. hift. ConchyL. tab. sg. fig. 56. Turbo integer vulgaris lævis. Lang. meth. pag. 47. Strombus cochloides , fpiris torofis ftriatis; Tiburtinus , fubriliffimis cre- nis ctifpatus , colore lapidis Tiburtini , ex mari Adriatico ; Bonanni. Klein. tent. pag. 29. fpec. 1. B. n. 2. a. Strombus cochloides, fpiris torofis ftriatis; carminatus, albidus, ad imum quemque orbem unà vel alterà ftrià majufculà ; ore rotundo, parum ad finiltram labiato ; Lifteri. ÆEju/d. ibid. b. La coquille du Mefal reffemble infiniment à la précédente; mais elle n’a guères plus de deux pouces & demi de longueur. Ses dix-ept à dix-huit fpires font auffi entourées de cinq à fx canelures, mais fi fines qu’elles femblent autant de filets fort écartés les uns des autres. Le dernier ou les deux d’en bas font fouvent un peu plus gros que les autres. Le fommet ne furpafñle que trois hé la longueur de la pre- miere fpire. L'ouverture n’eft pas tout-à-fait ronde, mais un peu allon- Spires, Sommet, Ouverture, Couleur. Périofte, COQuILLE, Spires, Sommet. Ouverture, Couleur. 160 COGUMLLACES gée. Sa lèvre gauche paroît repliée comme une petite plaque ur la feconde fpire. Le fond de fa couleur eft quelquefois blanc , mais ordi- nairement d’un agathe fort clair. GENRE VV. LE VERMET, ZJermetus, À Ne confidérer que la forme de la coquille du Vermet, on la prendroit moins pour la loge d’un Limaçon , que pour celle d’un Pinceau de mer. On feroit encore moins porté à croire qu’elle eft pourvue d’un opercule: c’eft cependant ce que nous apprend l’infpeétion de l’animal qui l’habite. Car quoiqu’elle foit courbée ou tortillée à là maniere des Pinceaux de mer, ou mème entrelacée & attachée , comme eux, à différens corps qui lui fervent de point d’appui; quoiqu’elle ait la for- me cylindrique des tuyaux de Scolopendres, l’animal qu’elle renferme eft fort difiérent des leurs. Il feroit donc auñfi in- jufte que peu conforme à la connoïflance que nous avons aujourd’hui de ce coquillage, de le regarder comme un Pin- ceau de mer(r),ou de le ranger dans la famille des Polypes à tuyaux (2), ou dans celle des Coquillages Multivalves(3), comme ont fait plufieurs Auteurs. On en jugera facilement par les defcriptions fuivantes. TONITE 4 VER MENT Poll Tr: Tubuli alii in quibus vermes delitefcunt. Aldrov. exang. pag. $61. Penicillus alius. Jonft. exang. tab. 17. Tubuli vermiculares , faxis adhærentes, cxterorumque oftreerum teftis adnati, ut ferpentes fine regulâ , & innumeris penè modis circumfexi, ut plurimum foli, figurâ rotundà & levigata. Bonan. recr. pag, 92, claff. x. n. 10. 4. D. — Muf. Kirk. pag. 437. n. 20. A. E. Phallus reftaceus marinus è vermium genere. Lift, hifl. Conchyl. tab. 5484 fig. 5. Rumph. Muf. pag. 126. tab. 41. fig. x. 2. 4. (1) Caroli Langi Methodus Teftaceorum. C/aff: 1. fe&. 2. Penicilla. d {2) Jacobi Theodori Klein Defcriptiones Tubulorum marinorum, &c. Gedeni. 1731. 4°. fig. Tubüli marini. (3) Hifloire naturelle éclaircie dans la Conchyliologie , &c. Troifiéme claf]e des Coquilles Multivalves , feconde Famille, Vermiffleaux de mer. -Monceau OPERCULÉS. 161 Monceau de Verimifleaux gris-blanc , tortillés & enlacés de différentes manieres Aift. Conchyl. pag. 352. pl. 29. fig. B. Vermiffeau folitaire de couleur fauve , dont les replis finguliers vont fe terminer à une pointe blanche fort aiguë. Eyufd. ibid. fig. J. Tubulus marinus irregulariter intortus, vermicularis , rufefcens, ftriatus, five cancellatus ; os haber rotundum , &-quo magis ab eo tubus re- cedit , anguftior evadit, donec in turbinem acutiflimum definar. .Gualt. Ind. pag. 6: tab. 10. fig. Q. Tubalus marinus irregulariter intortus, vermicularis, leviter ftriatus, & in turbinem obtufionem definens , fubalbidus. Ejufd. ibid. fig. W. Dentalium ceftà cylindraceä inæquali Alexuosà contortä. Linn. Faun. Suec. pag. 380. n. 1328.? La coquille du Vermet fe trouve rarement feule : elle fe lie avec d’autres de la même efpece, & s’enlace de maniere qu’elle forme des mañles pierreufes confidérables. Ces mañles n'ont communément qu’un à deux pouces d’épaifleur, mais leur largeur n’eft point déterminée ; elles s'étendent de plu- fieurs toifes fur les rochers auxquels elles font attachées. J’en ai vû qui étoient couverts d’une croute femblable & conti- nuë de plus de vingt pieds quarrés. C’eft particulierement dans les baffins où l’eau de la mer eft tranquille que l’on trouve cette efpece, & fur-tout dans ceux qui font creufés naturellement dans le roc,comme on en voit aux ifles de Gorée & de la Magdelaine. Chaque coquille confidérée folitairement, repréfente une Coquizrs. efpece de cylindre de cinq à fix pouces au plus de longueur, dont le diametre qui a uneligne & demie à deux lignes de lar- geur en haut, diminue infenfiblement jufqu’au fommet où elle fe termine en une pointe très-fine. Elle n’eft jamais droite, mais pliée & tournée inégalement Spires en plufieurs fpires, dont le nombre varie depuis cinq jufqu’à douze & peut-être davantage. Les fpires vont toujours de droite à gauche, & font ordinairement évuidées par-tout, ( fig. G.G.) quelquefois elles font rapprochées & fe touchent toutes, ( f14. H. H. )comme dans les coquilles turbinées , en laifant au milieu un ombilic qui fert d’axe ou de centre au- tour duquel elles font leurs révolutions pour former un cône renverié. C’eft par ces fpires qu’elle adhere à différens corps; mais fon extrèmité fupérieure eft dégagée & libre de trous côtés, de la longueur d’un pouce ou environ : elle s’éleve : » P£nofte. Ouverture. Couleur, Bouche, Pied, 162 COQUILLAGES: verticalement à l'horizon , quoique quelquefois elle y foit un peu inclinée. | * Son épaifleur n’eft pas bien confidérable, mais fa dureté furpañle celle de la plûpart des coquilles. Elle eft canelée dans toute fa longueur , ou relevée de fix à douze petits filets ridés pour l'ordinaire , ou chagrinés. M: Le périofte qui l'enveloppe , ne fe voit qu'avec peine à caufe de fon extrême finefle. L'ouverture eft ronde ou orbiculaire , d’un diametre égal a celui de la coquille, fort mince & tranchante fur fes bords, & élevée d’un pouce au-deflus des fpires. La couleur de cette coquille pendant que l’animal vit, eft au dehors d’un brun foncé, qui après fa mort devient cen- dré. Au dedans elle eft violette. La tête de l'animal regardée par le dos FT, paroît avoir une fois plus de largeur que de longueur depuis les yeux: lorf- qu’on la regarde par deflous B, fa longueur depuis le pied paroît égaler fa eu Elle eft cylindrique , un peu appla- ue, & tronquée à {on extrêmité. : De fes côtés partent deux petites cornes C. C. femblables à deux languettes triangulaires, applaties , dont la longueur furpañle à peine la largeur, & dont le mouvement eft peu fenfible. Les yeux Y. Y. font placés à leur racine & fur leur côté extérieur. Îls reflemblent à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. L'ouverture de la bouche eft un petitfillon longitudinal B, par lequel on voit fortir prefque continuellement une petite trompe de la longueur des cornes, cylindrique, un peu ren- flée à fon extrèmité qui n’eft point percée, mais garnie de plufieurs rangs tranfverfaux de dents coniques & courbées en crochets. Le pied eft cylindrique, une fois plus long que la tête, & placé au-deflous d’elle. Dans fa fituation naturelle il la pañle & déborde beaucoup au-devant d’elle, comme on le voit en P:on l’a couché fenfiblement fur le côté en p, afin de le rendre plus apparent, Ce pied ne fert point à l’animal pour marcher , comme on le voit dans les autres Limaçons, étant f&xé continuellement dans le même lieu. OPERCULÉS. 163 De fon origine , de l’endroit où 1l fe joint à la tête, on voit fortir du même point deux filets cylindriques F. F. qui s'étendent d’une longueur égale à la fienne. Ils font un peu plus minces & deux fois plus longs que les cornes, & n’ont guères plus de mouvement qu’elles. À fon extrèmité eft attaché un opercule O , de figure or- biculaire, cartilagineux, extrêmement mince, & marqué fur fa furface de deux petits fillons circulaires concentriques. Il eft une fois plus petit que le diametre de la coquille, & rentre de plus de deux pouces dans fon intérieur, lorfqu’on inquiéte Panimal ou qu’on le touche. Le manteau eft une membrane fort courte qui tapifle les parois intérieures de la coquille, en formant une efpece de collier autour du corps de l'animal. Quoiqu’elle ne forte pas ordinairement au dehors, on l’a fait paroître en M, afin de mettre en vüe l’ouverture À. par laquelle l'animal infpire l'air, & rend fes excrémens, qui femblent des petits grains ovoides, fort allongés & grouppés enfemble par plufieurs pa- HP Cette ouverture qui eft auffi l'anus, fe trouve toujours r la droite. La diftance qu’il y a du manteau à la tête, eft de près d’un pouce, & double de la longueur du pied. Dans cet efpace le corps de l’animal paroît comme un long col cylindrique, fur le dos duquel s’éleve un bourrelet femblable à une plaque triangulaire, applatie, aflez large fur le devant, & fort poin- tue par derniere. Ce bourrelet, cette plaque s'étend fur toute fa longueur, aufi-bien que deux petits cordons qu’on ap- perçoit fur fes côtés. \ Je n’ai jamais vû cet animal en accouplement, & pro- bablement 1l en eft difpenfé, comme bien d’autres coquil- lages, ne pouvant tranfporter fa coquille, ni en faire fortir fon corps de plus d’un pouce, pour communiquer avec fes voifins. Il eft cendré tirant fur le noir , depuis la tête, qui eft mou- chetée de petits points jaunes, jufqu’au manteau ; depuis le manteau jufqu’au milieu du corps 1l eft blanc-fale , & noi« râtre à l'extrémité inférieure, fl X ÿ Opercule. Manteau. Anus, Col. Sexe. Couleur. COQUILLE, Spres. Oùverture. Couleur, CoQuice. Dpires. Ouverture. 164 COQUILLAGES PONS NE À (D € SPRL UE Li Tubuli ali parvi in quibus vermes delitefcunt. Aldrov. exang. pag. $6z. fig. Juperior. Tubuli alu parvi. Jonfl. exang. tab. 17. Tubuli vermiculares femper quafi vifcerum maffam conftituentes , ut plurimum colore fufco , terreo, & livido ; fub luto fcopulis immo- biliter adhærefcentes, teftà minutiflimis ftriis afperä. Bonan. recr. pag. 93. claff. 1. n. 10.G. —— Muf. Kirk. pag. 437. n. 20. G. Tubuli marini irreoulariter intorti, vermiculares, fimul uniti in conge- riem tantæ molis, ut fæpe tripalmarem diametrum habeat, & 23 li- bras pondere æquer. Gualt. Ind. pag. & tab. 10. fig. Te La coquille du Lifpe, fur une longueur égale à la précé- dente, a tout au plus une ligne de diametre, & fouvent beau- coup moins. Elle n’eft tournée en fpirale que dans fa partie inférieure qui fait deux ou trois tours au plus. Sa furface n’eft point canelée, mais légerement ridée en travers, & fon ou- verture ne déborde que de quelqueslignes au-deffus dés corps qui lui fervent d'appui. - Sa couleur eft jaunître. Elle eft aufi commune que la premiere autour de l'ifle de Gorée ; mais on ne la trouve qu’entre les rochers fur lefquels, la mer bat avec violence. Les mafñles qu’elle forme font fort compactes, d'environ un à deux pieds de diametre, & de cinq à fix pouces d’épaifleur. 3: DE DO FA N. cPvr: Cette efpece s'attache par monceaux ronds d'environ un pied de diametre, fur les coquillages & fur les morceaux de: bois que le hazard a fixés au fond fablonneux & coquillier. de la rade de l’rfle de Gorée. La longueur de fa coquille eft de huit à neuf pouces, & fa largeur de trois x quatre lignes. Elle eft contournée plus irrégulierement que la premiere efpece, & fait un peu moins’ de fpires, qui vont auf de droite‘ gauche. Sa furface eft relevée de cinquante petits filets longitudinaux , fort ferrés, & traverfes par d’autres filets femblables, qui forment un treillis extrêmement fin. j Son ouverture ne s’éleve pas d’un demi-pouce au-deflus des fpires, Elle s'incline toujours un peu fur le côté. è OPERCULEÉS. 16$ Elle eft jaune au dehors, & de couleur de corne au de- dans. Les cofnés de l’animal ont deux fois plus dé longueur que de largeur. Son pied paroît comme plié en deux à fon extrémité. C’eft dans ce pli qu’eft placé l’opercule, qui eft fi petit qu’on a de la peine à le diftinguer fans le fecours du verre lenticulaire. Îl n’a guèrès plus d’un huitiéme de ligne de diametre. Le manteau eft bordé tout autour de douze petits tuber- cules jaunes. ., : | | 4 “La tête, les cornes, le pied & le manteau font bruns, poin+ tillés de jaune & de rouge: le refte du corps eft blanc-de-corne dans fa moitié fupérieure, & blanc-de-lait taché de brun dans l’autre moitié, de GUEST EEE UN Le es de De 5 4PUL E D'AUTOIUN.. Ph e. La coquille de cette efpece vit folitairement , & fans fe joindre à d’autres coquilles de même cfpece. On la trouve auffi, mais plus rarement, fur les rochers de l’ifle de Gorée, & quelquefois fur les coquillages. | Elle n’a que deux pouces de longueur, & deux lignes de diametre. Elle eft tournée , cornme les autres, de droite à gauche en trois fpires beaucoup plus rapprochées (fie. 4.), & fouvent roulées fur elles-mêmes de maniere qu’elles én- ferment le fommet à leur centre, ce qui lui donne la forme d’un cor ( fig. &.) dont le deflus & le deffous font applaus tomme un difque. Sa furface eft ordinairement life, quelque- fois relevée de cinq à fix filets qui parcourent fa longueur. Son ouverture déborde rarement les fpires. Elle eft jaanître, cendrée , ou d’un brun obfcur. Le pied de l'animal eft parfemé de quelques petits tuber- cules jaunes. Son opercule eft placé fur fon extrèmité qui eft plate : il n’a qu’un fixiéme de ligne de diametre. Il reflemble à la premiere efpece quant à la couleur de fon corps, à cela près que Fextrêmité inférieure eft blanchâtre. saobE:M'A°$ HER: Pl ir. Tubuli ali in quibus vermes delitcfcunr. Adroy. exang. pag. 56m fig. inferior.> LA Couleur, ANIMAL, Cornes, Picd, Mänteau, + ) Couleur Coquicze Spires, Ouverture, Couleur. ANIMAL, Pied. Opercule, sv a0: 08 Coeur” Coquicze. Spires. Ouverture. Couleur. CoQuiLze. Spirese 166 COQUILLAGES Rumph. muf. pap. 126. tab. 41. litr. L, Tubulus biftortæ formis. Lang. meth, pag. 5. Vermifleau des mieux contournés, de couleur de chair en quelques en- droits, & blanc dans le refte. Hift. Conchyl. pag. 352. pl. 29, fig. H. Cette efpece eft la plus grande des Vermets que j'ai ob- fervés fur la côte du Sénégal. Elle eft auffi extrêmement rare; je ne l’ai trouvée qu’aux environs du cap Verd, où elle vit folitairement. Sa coquille eft fort épaifle, longue d’un pied , large de huit à neuf lignes, marquée de vingt canelures longitudinales ex- trêmement fines, & tournée fur elle-même en trois fpires aflez irrégulieres, dont celles du fommet fe trouvent au-deflous des autres. Son ouverture ne s’éleve pas au-deflus des fpires, Elle eft grife, fauve, ou couleur de chair au dehors, & couleur de corne au dedans, 6 LE'TFSÉ LIN UPLirr Le tems & l’occafon ne m’ont pas permis d’obferver fcru- puleufement l'animal du Jélin que je mets à la fuite de ce genre ; mais il m’a paru avoir beaucoup plus de rapport avec lui, qu'avec aucun autre coquillage. | Sa coquille ne s’eft préfentée à moi que deux fois, autour du cap Manuel, & elle ne fe trouve dans aucun cabinet que je fçache, C’eft une des plus fingulieres qu’on ait peut-être vû dans le genre du Vermet, Elle ne paroît d’abord que com- me un boyau inégal, replié irrégulierement fur lui-même, long de huit à neuf pouces, & large de fix à neuf lignes: mais lorfqu’on l’examine attentivement , on voit qu’elle af- fecte de prendre une forme triangulaire, chofe qu’on obferve dans les deux exemplaires que j'en ai, & qui ne différent qu’en ce que l’un préfente à droite ce que l’autre porte à gauche. La face R, qu’on peut regarder comme la face antérieure, eft verticale, formée de deux tours de fpirales peu inégaux, à peu prèstriangulaires , & rapprochés côte à côte. Elle eft ren- flée vers le milieu à l’endroit de leur réunion, & un peu plus avancée que fur les côtés qui déclinent en s’approchant de la face poftérieure, Celle-ci eft en partie verticale, formée par le * OPERCULÉS. 167 dos des deux tours de fpirale de la face antérieure ; & en partie horizontale, formée par un troifiéme tour de fpirale qui fait un cercle horizontal en communiquant avec eux, & laifle un petit cul-de-fac au milieu de fon ombilic. La face infe- rieure eft plate & horizontale , réglée par le deflous de la troifiéme fpire. Cette coquille eft blanchâtre, peu épaifle, Lee ne & d’une grande légereté , qui provient de ce que fa furface ex- térieure eft toute piquée de petits trous. Ces trous ne péné- trent pas tout-a-fait jufqu'à fa furface intérieure, qui eft life & d’un beau poli : 1ls font entremêlés de petits tubercules, qui en certains endroits paroïflent enfermés dans un réfeau extrêmement fin.Les mailles de ce réfeau font hexagones, fort régulieres, & coupées par trois filets , qui en fe croifant à leur milieu, vont fe rendre à chacun de leurs angles. Le morceau détaché que l’on voit en Z ,en montre le tif tel qu’il paroît groffi par le fecours du verre lenticulaire. À la beauté & à la régularité du réfeau qui recouvre cette coquille, on la prendroit au premier coup d'œil pour un Madrépore des mieux Ouvragés. Mais ce qui la rend encore plus finguliere , ce font deux ouvertures Q. O. en forme de tuyaux d’inégale grandeur, qui s’élevent parallélement l’un à Fautre. La grofleur & la longueur de ces tuyaux varie depuis deux jufqu’à quatre li- es ; de forte que lorfque le tuyau le plus grand a quatre ignes , l’autre n’en a que deux. Au-deflous de ces deux ou- vertures , à l’extrêmité oppofée des fpires, on voit encore en X. X. deux ouvertures à peu près femblables, par lefquelles la coquille étoit foiblement attachée aux rochers & dans les fables. OCR IN RTE PVR LA TOUPIE. 7rochus. La figure qui eft ordinaire à la coquille des efpeces de ce genre, lui a mérité le nom de Toupie, que Rondelet (1) Lui a donné le premier. La côte du Sénégal ne m'en a fourni que quatre efpeces que je vais décrire. (1) Hoc Turbinum genus à fimilitudine inftrumenti quo luftant pueri, Trochos appellamus. Teflac, edit, lat, pag. 92, Couleur, Ouvertures, CoQuiLzr. Spires. Sommet. Ouverture. Périofte. Couleur; Variétés. 168 COQUILLAGES 1MLESMARNAT, PJ 12: Cochiea fublivida, nigris lineis undatis diftinéta, lineis intetdum nigrio- ribus & mulco pluribus; Barbadenfis & Jamaicenfis. Lift. hi. Conch. lab, 583. fig. 38. Cochlea Trochiformis, levis , ex albido, rubro, & fubviridi per feriem lineata. Gualt. Ind. pag. & tab. 63. fig. N.? + Saccus ore integro , fublividus, lineis nigris, undatis, diftinétus; Lifteri. Klein. tent. pag. 43. fpec. 2. n. 2. La coquille du Marnat a la forme d’un ovoide obtus , & comme coupé obliquement à fa partie fupérieure , & terminé brufquement en une pointe très-fine à l’extrêmité oppoiée. Sa longueur ne pañle pas fept à huit lignes , & fa largeur eft d'environ cinq lignes, c’eft-à-dire, moindre de moitié. Elle eft très-épaifle, & formée de fix fpires applaties, peu renflées , peu Rs & dont la furface eft bien luifante & d’un beau poli. Les deux premieres font d’une grandeur démefurée à l'égard des autres qu’elles effacent prefqu’en- tierement. Le fommet eft prefqu’auffi long que large, & un peu plus court que la premiere fpire. L'ouverture eft prefque ronde, & comme couchée ou in« clinée fur le dos de la coquille. La lèvre droite entoure circulairement plus des deux tiers de fa circonférence, qu’elle rend aiguë & d’un tranchant extrêmement fin. La lèvre gauche préfente une furface plane, dont le bord eff aflez droit & un peu tranchant au dedans de la coquille. Le périofte qui l'enveloppe eft membraneux, fort mince, & peu fenfible. | Le fond de fa couleur au dedans eft brun-café ; au dehors c’eft un gris-plombé, quelquefois rougeâtre, tout moucheté de petits points blancs difpofés fur plufieurs lignes, qui, au lieu de tourner avec les fpires, les coupent obliquement. : "On n’obferve d’autres variétés dans la forme & la couleur de cette coquille, que celles que l’âge y occafionne. Les pe- tites font plus courtes & plus larges à proportion que les grandes ; elles ont aufli moins de fpires , & font prefqu'en- tierement cendrées. | $ € OPERCULÉS. 169 Je tiens de M. Bernard de Jufieu une coquille qu’on ne peut nier être de la même efpece. Ce célebre Académicien l’a reçue autrefois, & encore tout récemment, des côtes de la Chine & de Bengale. Elle ne differe de la nôtre, que parce que fon fond plombé eft coupé par huit ou dix bances blan- ches, fouvent ondées, qui tiennent lieu des lignes ponétuées qu’on obferve dans celle du Sénégal. Voilà un exemple des variétés que deux climats fort éloignés, mais peu différens, peuvent caufer dans la couleur d’une même efpece de co- quille. Quand l’animal fort de fa coquille, fa tête paroït comme un petit cylindre tronqué à fon extrémité T , & renflé à fa bafe par une efpece d’anneau ou de bourrelet, dont la lar- geur égale fa longueur. Des deux côtés de la tête & de fon origine, partent deux cornes C. C. coniques , fort épaifles, doubles de fa longueur, & qui paroïflent divifées en deflus par un fillon qui en par- court la longueur. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. qui ne fail- lent point au-deflus de la furface des cornes, à la racine def- quelles ils font enchañlés fur leur côté externe. Au-deflous de l’extrêmité tronquée de la rête, on apper- çoit deux lèvres ovales, pendantes & larerales , au milieu defquelles on diftingue un petit fillon longitudinal B, tra- verfé par un autre fillon placé un peu au-deflus, & dont le concours lui donne la forme d’un T à rêre courbe. C’eft pro- prement l'ouverture de la bouche , au fond de laquelle fe trouvent deux mâchoires, dont l'inférieure eft garnie de vingt. quatre dents, qui, par le moyen du microfcope, paroiflent dif pofées en long fur deux rangs fort ferrés. Le pied P de l’animal eft peut, elliptique, obtus à fes deux extrémités, ou prefque rond, & prefqu’une fois plus court que la coquille. Sa furface inférieure eft marquée de deux fillons, dont le premier G plus léger , le coupe longitudina- lement dans fon milieu ; l’autre plus profond, borde fon ex- trêmité antérieure. En deflus au pied , vers le milieu de fa longueur , eft atta- ché un opercule O cartilagineux, fort mince, taillé en demi- une, poli & luifant en deflus , & marqué légerement de plu- ANIMAL, Tête, Cornes: Yeux, Bouche, Pied, Opercule. Manteau, Sexe. Couleur, 170 :C OOMEL E AIG ES fieurs lignes courbes qui ont pour centre commun un point placé vers fon angle fupérieur. On l’a figuré féparément en o. La membrane qui forme le manteau eft fort mince, & ta- pifle les parois intérieures de la coquille. Elle laïfe fur le col de l’animal , & un peu vers le côté gauche, une ouverture par laquelle il jette fes excrémens. Par cette même ouverture 1l fait fortir une petite lan- guette V charnue, triangulaire, applatie, trois fois plus lon- gue que large, que quelques Auteurs ont prife pour la partie affectée aux mâles. Pour moi, je n’ai point eu occafñon de vérifier fi cet animal étoit hermaphrodite, c’eft-à-dire, fi chaque individu réunifloit les deux fexes, ou s'ils étoient partagés entre différens individus, car il arrive rarement qu’on les trouve en copulation; mais je puis dire que j'ai obfervé cetre partie dans tous ceux qui m'ont pañlé par les mains. Quoi qu'il en foit, cette languette porte fur fon côté extérieur un offelet pointu, fragile & blanchâtre, qui lui fert comme de foutien dans toute fa longueur. M. B. de Juffieu m’a fait voir, depuis mon retour en France, les deux fexes bien diftingués dans un coquillage de l'Océan, appellé Vignot ou Bigourneau (r), qui a un rapport très- prochain avec le Marnat du Sénépal, quoiqu'il n’ait pas com- me lui de languette fur le côté. Cela me fait foupçonner que V’offelet dont cette languette eft armée , eft une efpece d’ai- guillon dont les femelles feroient pourvues aufli-bien que les mâles, pour fe réveiller & s’exciter mutuellement dans le tems de la copulation , comme il arrive aux Limaçons de jardin. | Le corps du Marnat eft d’un blanc4ale ,traverfé en deflus par un grand nombre de petites lignes noirâtres. Ce coquillage eft extrêmement commun à la pointe mé- ridionale de l’ifle de Gorée. Il cherche les rochers découverts, & feulement ceux où la mer vient battre avec violence; car lorfqu’elle l’abandonne entierement & qu’il fent un peu trop de fécherefle , il pourvoit à fa confervation en quittant le rocher & fe laïflant tomber à la mer; puis 1l remonte de nouveau jufqu’à la hauteur où elle cefle de fe déployer. IL (1) Cochlea marina, quæ Batavis Aie Kruyk vocatur. Swammerd. Bibl. nar, vol, 1. pag. 180, tab. 9. fig. 14-20, OPERCULÉS. 171 a recours au même artifice lorfqu’on le touche du bout du doigt, ou qu’on veut l'inquiéter. 2.4 L EU B:O,.SOMNEE E1, 12. Buccinum fublividum , ftriis nodofis & interdum muricatis exafperatum. Lift. hifl. Conchyl. tab. 30. fig. 28. Cochlea rufefcens ftriis nodofis exafperata; Jamaicenfis. Eju/d. rab. $84. fig. 41. Cochilea Jamaicenfis verruculata. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. $64. tab.70. fig. 14. Buccinum parvum , integrum, ore obliquo, mucroné gradatim acumi- nato, umbilicatum, denfe granulatum , ex fubalbido , & livido co- lore depiétum. Gualr. Ind. pag. & tab. 45. fig. E. Cochlea marina terreftriformis, ftriis nodofis elegantiflime exafperata, pallidè rufefcens. Ejufd. pag. & tab. 54. fig. H. Saccus ore integro : rufefcens, ftriata , nodofa , granulata; Lifteri. K/ein. tent. pag. 43. Jpec. 1. n. 4. Saccus ore cireum circa fimbriato, fublivida, terreftris , ftriis nodofis, & interdum maricatis ; Lifteri. Eyufd. ibid. fpec. 3. n. 2. Le Bofon fe voit aufli autour de l’ifle de Gorée, mais beau- coup plus rarement. Sa coquille a dix lignes de longueur , deux tiers moins de largeur | & huit {pires aflez renflées, arrondies, & dont la grandeur diminue proportionnellement. Elles font grofliere- ment chagrinées par des petits boutons égaux, & rangés fur plufieurs lignes qui tournent avec elles. On en compte dix rangs fur la premiere fpire, cinq {ur la feconde, quatre fur la troifieme , & beaucoup moins fur les autres. La longueur du fommet furpafñle un peu celle de la pre- miere fpire. La lèvre droite de l'ouverture eft un peu ondée fur les bords. La gauche eft étroite, un peu arrondie, & laifle un petit Pers en à côté d’elle. Cette coquille eft grife ou plombée. Ses boutons font or- dinairement blancs auffi-bien que le contour de l'ouverture, dont le fond tire fur le roux. 2, OL. E,; Dik KE PEL Coaurirzr, Spires. Sommet, Ouverture, Couleur, La coquille du Daki n’a guères plus de deux lignes de Coquirrr. longueur, fur une largeur prefqu’une fois ec Elle eft 1] Spires. Sommet. Ouverture, Couleur. ANIMAL, Tête. Cornes. Pied. Couleur, COQUILLE, 172 C ONQATIE L'AG ris peu épaïfle ,| compofée de fept fpires applaties & lifles, qui diminuent à peu près également. Son fommet eft de moitié plus long que large, & une fois plus long que la premiere fpire. La lèvre droite de l’ouverture eft fimple, unie & tran- chante. La gauche s’arrondit un peu en fe repliant fur la fe- conde fpire ; elle laifle à fon extrêmité fupérieure un petit ombilic femblable à un leger fllon. Le fond de fa couleur eft brun, fauve, ou gris. La tête de l'animal ne porte point de bourrelet à fon ori- gine : elle eft cylindrique, & fi grofle, qu’elle égale prefque la largeur du pied. Ses cornes {ont cylindriques, fort allongées , & très-dé- liées. Son pied eft une fois plus long que large , une fois plus étroit que la coquille, & pointu à fon extrémité poftérieure. Le fillon qui le coupe en-deflous, ne s'étend que jufqu’à fon milieu. Son corps eft noirâtre en deflus, & blanchâtre en-deflous. Un petit filet jaune parcourt toute la longueur de fes cornes, dont la couleur eft blanchître. J'aitrouvécommunément ce coquillage attaché aux plantes marines qui croiflent fur les rochers de la pointe auftrale de l'ile de Gore, 4. CINÉ ROVERME TO PIPE TS. Cette efpece ne differe de la précédente, qu’en ce qu’elle eft plus rare, que fa coquille eft cendrée, tirant fur le noir, infiniment plus mince, & toujours plus petite, n’ayant pas deux lignes de longueur, & que fes fpires {ont renflées & arrondies. G'ÉPNIRLE VIE LE A N ATICE. Varica. N'atice, en latin Vatica, eft un nom abandonné que les Anciens donnoient autrefois à un genre de coquillage aflez femblable à la Nérite. Celui dont je vais parler, y a tant de rapport, qu’on ne peut lui refufer ce nom, OPERCULÉS. 173 mL LE FOSSAR. PL 13. La coquille du Foflar n’a guères plus de deux lignes, ou Coquisre. deux lignes & demie de diametre. On la voit dans fa gran- deur naturelle en À, &elle eft groffie confiderablement dans les trois figures voifines. Elle eit prefque ronde, fort mince, fans périoite, tranfparente, & un peu plus large que longue. Ses fpires font au nombre de cinq, arrondies, fort ren- flées, & bien détachées, mais fi peu proportionnées, que la premiere efface par fon volume, toutes les autres. Elles font toutes entourées d’un grand nombre de filets fort fer- rés, dont on compte une trentaine dans la premiere fpire, & douze à quinze dans la feconde : la premiere a, outre ces filets, quatre à cinq grofles côtes fort aigues & tranchantes, qui manquent dans quelques individus. Le fommet eit pointu , fort petit, une à deux fois plus que large, & une à deux fois plus court que la premuere ire. ue eft grande, & taillée en demi-lune : elle s’é- tend & fe porte prefqu’entierement hors de la coquille, fur fa droite. Les bords de la lèvre droite font minces, tranchans, & marqués de quelques ondes, qui répondent aux cinq côtes élevées fur la A extérieure de la premiere fpire. La lèvre gauché eft plate, unie, formée par une ligne droite, & comme repliée fur la feconde fpire , où elle laifle un peu au-deflous du milieu de fa longueur , un ombilic aflez grand, & femblable à un trou rond, deux fois plus court qu'elle. vd » Je n’ai vû d'autre couleur que la blanche fur cette co- quille. La tête de l’animal eft petite, cylindrique, de moitié plus longue que large , & légerement échancrée à fon extrèmi- té T, d’où part un petit fillon qui en parcourt la longueur en-deflus. A fon origine & fur fes côtés, font placées deux cornes C.C. épaifles, deux fois plus longues qu’elle, & terminées en pointe. Elles portent chacune 4 leur racine, fur leur côté interne, un lobe, ou appendice charnu & quarré L, auñfi Périofte, Spires. Sommet, Ouverture. Couleur, AÂANIMAL, Tête, Cornes, Yeux. Bouche. Manteau. Pied, Opercule, Couleur. 174 COQUILLAGES long que la moitié de la tête, fur laquelle 1l flotte librement. Elles {ont encore coupées vers le dos, & fuivant leur lon- sueur, par un fillon que traverfent un nombre infini d’an- neaux. Ceux-ci font fans doute les mufcles annulaires atta- chés à la fibre longitudinale qui forme le fillon. Les yeux font deux petits points noirs Ÿ. Y. placés à l’ori- gine des cornes, fur leur côté extérieur, prefque derriere elles. À l’extrêmité de la tête en-deflous, on voit un petit fillon longitudinal B, qui eft l’ouverture de la bouche. Le manteau confifte en une fimple membrane, fort mince, qui tapifle les parois intérieurs de la coquille. Le pied P eft fort petit, prefque rond, applati en deflous, convexe en deflus, & une fois plus court que la coquille. L’opercule O a un peu moins de grandeur que l’ouver- ture : il a, comme elle , la figure d’une demi-lune. El eft fauve , cartilagineux, extrêmement mince, & marqué en deflus de plufeurs fillons qui partent d’une centre commun placé vers fon angle fupérieur. Tout le corps de cet animal eft blanc comme fa coquille ; il n’a de noir que les yeux. | ain 4 NT AUD L'GNES PE cs. Cochlea umbilicata, cm operculo fuo. Rondel, Pifc. pars 2. edie. lat. pag. 105. Coquille ayant un trou comme un nombril, avec fon couvercle, Eyu/d. édit. franç. pag. 70. Cochlea umbilicata, cum operculo fuo. Baffuer. aquat. pars ake.p. 53. Gefn. aquat, pag. 286. La — Aldrov. éxang. pag. 397. Cochlea maris Mediterranei non fara, perlata dicenda à colore unionis, fub cortice veluti ovi ftruthio-cameli cælato. Bonan. recr, pag. 133. claff. 3. n. 168. Cochlea reftà crafsà & ponderosi, colore catneo maculis rufs, & cafta- néis invicem alternatis vittata: Eju/d. ibid. n. 169. Cochlea umbilicata, inftar globi perfectè circinata & lævis, colorelony- chino. Ejufd. ibid. pag. ï41. n: 225. Cochlea alia fimilis fgurâ, lævis & nitida ; afperfa coloribus fubvmidig rufo & eroceo veluti aquà mul diluuis ; orbium commiluris à fafciolà albâ claviculatim intortâ indicatis ; bai veluti fcapi orbes fulcientis in centro confpicuâ. Eyu/d. ibid. n. 226. OPERCULÉS. 17 Cochlea fublivida, ore fufco ad bafim cujufque orbis velut funiculo de- icta , Anglica. Lif£. hifi. Conchyl. tab. 568. fig. 19. Cochlea maris Mediterranei non tara, perlata dicenda à colore unionis, fub cortice veluti ovi ftruthio-cameli cælato. Muf. Kirk. pag. 459. num. 168. Cochlei teftà crafsà & ponderosi , colore carneo, maculis rufis, & cafta- neis invicem alrernatis vittata. Eju/d. ibid. n. 169. Cochlea umbilicata , inftar globi perfeétè circinata, & lævis, colore ony- chino. Eju/d. ibid. pag. 462. n. 125. Cochlea alia fimilis figurä, Iævis & nitida; afperfa coloribus fubviridi rufo & croceo veluti aquâ mulrà dilutis; orbium commiffuris à ff ciolà albä claviculatim intortä indicatis; bafi veluti fcapi orbes ful, cientis in centro confpicuâ. Ejufd. ibid. n. 126. Cochlea marina terreftriformis Lævis. Lang, meth. pag. $2. Cochlea umbilicata foramine fpirarum femicirculari , umbilicali verà fimplici , lævis. Ejufd. pag. $4. Platyftoma ore fimplici : fafciatum , ponderofum, carneum , rufis & cafta- neis maculis alternantibus fafciatum ; Bonanni. K/ein. ent. pag. 13. Jpec. 1. n. 1. g. Platyftoma ore fimbriato : onychinum; Bonanni. Ejufd. ibid: pag. 15, Jpec. 1. n. 4. Platyftoma ore fimbriato : variezatum ; coloribus fubviridi, rufo & cro- ceo , diluris, commifluris à fafciolà albâ claviculatim intortà , in umbilico fultis. Eju/d. ibid. n. $. Platyftoma ore fimbriato : fublividum ; ore fufco ; ad bafim cujufque or- bis velut funicalo conftritum; Lifteri. Eu/d. ibid. n. 6. La coquille de la Natice eft arrondie, femblable à celle Coqurzr. du Limaçon de nos jardins, appellé la f’ignerone; mais elle eft un peu plus épaïlle, longue de feize lignes, & un fixiéme moins large. On n’y compte que fept {pires renflées, ar- rondies, & d’un beau poli. Le fommet forme un cône furbaiflé, peu pointu à fon extrèmité, une fois plus large que long, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture. Celle-ci a la lèvre droite, fimple & unie. Sa lèvre gauche n’eft repliée que dans le bas, en une lame peu épaifle, qui occupe à peu près le tiers de fa longueur. L’ombilic fe trouve exactement vers fon milieu : 1l eft deux fois plus court qu’elle, & porte vers le dos, un renflement demi-cylindrique, qui imite parfaitement un axe, autour duquel les fpires feroient leurs circonvolutions. Cet axe n’occupe que la moitié de lombilic dans les jeungs coquilles, Spires. Sommet, Ouvertures Périofte. Couleur. 176 COQUILLAGES. au lieu qu'il le bouche prefqu’en entier dans les vieilles, Le périofte qui les enveloppe eft fauve & très-mince. Le fond de leur couleur eft blanc, rayé longitudinale- ment de lignes fauves qui recouvrent prefqu’entierement fa furface. La premiere fpire eft encore entourée de quatre bandes, dont la premiere qui borde l’ombilic, eft brune & fort large ; Les deux autres qui fuivent font étroites & blan- ches ; & la quatriéme qui eft placée dans fa partie inférieure, eft blanche, marbrée de brun. Les autres fpires, auffi-bier que les jeunes coquilles, n’ont que cette derniere bande. La couleur du dedans eft jaunâtre. Cette efpece vit parmi les Algues marines dans les fables de l’anfe de Ben, où elle rampe à la profondeur de deux pouces ou environ. Elle ne ditfere peut-être que par l’élo1- gnement du climat, de celle de nos côtes, qui m’a été com- muniquée par M. B. de Juffieu, qui l’a obfervée dans les fables des environs de Dieppe, 3 LE FANEL. PL 3. Cochlea limacis nomine communiter appellata à formä, quâ terreftribus limacibus omnimodè aflimilarur ; colore tinéta rufo , & nitido, ce- reis punétis afperfa, & maculis notata, ex porraceo albefcentibus. Bonan. recr. pag. 141. claff. 3. n. 224. | 27 Cochlea Siracufani littoris, aurea cute teéta, quam color fulvus punétarim fignat, & veluti velo glaftino fuper induta. Eju/A. ibid. n. 128. Cochlea claviculà comprefsa, punétis rufis dense depiéta. Lif£. kiff. Conch. tab. 564. fig. 11. | Cochlea limacis nomine communiter appellata à forma , quà terreftribus limacibus omnimodè aflimilatur ; colore tinéta rufo, & nitido, cereis punétis afperfa, .& maculis notata, ex porraceo albefcentibus. Muf. Kirk. pag. 462.1. 224. ch Cochlea Siracufani littoris , aurei eute teéta, quam color fulvus punétatim fignar, & veluri velo glaftino fuper induta. Eju/d. ibid. n. 128. Cochlea umbilicata foramine fpirarum femicirculari , umbilicali verd in principio duplici lævis. Lang. meth. pag. $4. Cochlea marina umbilicata, cinerea, punétis obfcurè rufis afperfa, fafciis interruptis ejufdem , fed magis intenfi coloris circumdata. Gualr, Ind. pag. & tab. 67, fig. Q. À. | Cochlea marina umbilicata, lævis, punétis rufis denfiflimè afperfa, & circumfcripta. Ejufd. ibid. fig. S. #7} LA Platyftoma ore fimplici, punctatum; colore fulvo fuper cute aurei ; Bonanni. Klein. tent. pag. 15. fpec. 1. n. 11. Platyftomg O'PERCULÉS. 177 Platyftoma ore fimbriato ; punétatum ; colore rufo fupeg albo; Lifteri. Ejufd. ibid. Jpec. 2. n. 3. Cétte efpece fe trouve avec la précédente, dont elle dif- fere en ce que fa coquille eft un peu moins allongée, & que fes fpires font applaties en deflous, & comme étagées. Le fommet eft aufi plus applati, deux fois plus large que long, & deux fois plus court que l'ouverture. La lèvre droite de l'ouverture n’eft repliée que dans la quatriéme partie de fa longueur vers l’angle inférieur. L’om- COQUILLE, Spires. Sommet, Ouverture, bilic eft très-grand , feulement une fois plus court qu’elle, . & marqué d’un axe peu confidérable. Le fond de fa couleur eft blanc, marqueté agréablement de petits points bruns affez ferrés : la premiere fpire eftquel- quefois entourée d’une ou deux, & même trois rangs de taches brunes aflez grandes. L'intérieur eft gris de lin, ou d’un beau violer, L'LELG O CHAT Plus, Cochlea marina , apice brevi umbilico fimplici. Lifler. hifl. Conchyl.. tab. 567. fig. 17. Cochlea marina umbilicata, lævis albida, lineis rufis angulos acutos effor- mantibus densè fignata. Gualt. Ind. pag. & tab. 67. fig. M. Platyftoma ore fimplici; undatum ; lineis ruäs; Lifteri. K/ein. tent. p. 14. Jpec. 1. n. $. La coquille de cette efpece eft encore plus belle & plus épaiffe que les deux précédentes, & aufli commune qu’elles dans l’anfe de Ben. Elle n’a que fix fpires qui font un peu ap- platies fur les côtés & en deflous. La lèvre gauche de l’ouverture fe replie dans fa moitié inférieure, & forme un peu au deflus du milieu de fa lon- gueur, un ombilic rond , fans axe, & trois fois plus court v’elle. Elle eft d’un beau blanc de lait au dedans, & ornée au dehors d’un grand nombre de lignes longitudinales brunes, tirant fur le rouge, & ondées en zigzags, qui font un très- bel efler. On voit aufli quelquefois des points de la même couleur fur la partie inférieures fpires. Couleur, CoQuiLer, Spires. Ouverture, Couleur, L'animal que contient cette coquille eft blanc, & m’aparu AN1MaL. femblable à cel ui de la premiere efpece. Cependant, comme Z Opercule, COQUILLE. 178 COQUILLAGES les circonfiances peu favorables où j’obfervai ces trois der- nieres efpeces ne me permirent pas de décrire leurs diffé- rences fpécifiques , je ne puis en dire davantage. Son opercule au lieu d'être cartilagineux, eft pierreux, ou d’une matiere parfaitement femblable à celle de la co- quille , d’un blanc auffi béau, & marqué de plufeurs fillons concentriques à fon angle fupérieur, GENRE MILLE LES ABTOLT: ab TAi dit ci-devant que le nom de Toupie avoit été donné à un coquillage à caufe de la figure de fa coquille : c’eft en: core à la figure de la fienne que celui-ci doit fon nom de Sabot. En effet elle l’imite affez bien , étant faite en cône renverfé , avec cette différence que fa bafe ou fa partie fupé- rieure n’eft pas coupée fur un plan horizontal, mais fort oblique. e LOS EL EN... Plrxa Nerita frequens in Adriatico, extrinfecus alba, lineis-& teffeHulis fan- dice Indicâ formatis notata , intrinfecus colore margaritarum ar- gentea. Bonan. recr. pag. 139. claff. 3. n. 101. Trochus lævis, ex nigro feriatim densè maculatus; maris Mediterraneñ, Lift. hifl. Conchyl. tab. 642. fig. 33. Trochus valdè fimilis, præter quâm quod orbium pars inferior fit paulu- lüm finuof2. Ejufd. ibid. fig. 34. Trochus lævis, fafciis catenatis ex nigro albidoque , ceu vermiculato quo: dam opere depiétus. Ejufd. ibid. tab. 643. fig. 35. Nerita frequens in Adriatico , extrinfecus alba, lineis & teffellulis fant- dice Indic formatis notata , intrinfecus colore margaritarum ar- gentea. Muf. Kirk. pag. 462. n. 201. €Cochlea Trochiformis ftriata. Lang. meth. pag. $0. Cochlea Trochiformis, læ&vis, albida, maculis interruptis , per feriem difpoñitis, pullis, aliquando rufis fignata, & ceu vermiculato quo- dam opere depicta , intus argentea. Gualt. Ind. pag. & tab. 63. fg. D. E.G. . Trocho-cochlea integra : levis, maculis nigris per feries piéta ; Lifteri.. Klein. tent. pag. 42. fpec. x. n. x. tab. 2. fig. 53 & 54. Trocho-cochlea integra : fafciis catenatis, ex nigro albidoque, feu ver- miculato opere picta ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 1. Cette premiere efpece que j'ai obfervée fréquemment dans OPERCULÉS. xf9 les rochers de l'ifle de Gorée, & dans ceux de l’ifle Ténérif; l’une des Canaries , a une coquille fort épaiile , longue d’en- viron un pouce, & un fixiéme moins large. Elle et formée de fept fpires, lifles, unies, peu renflées , mais aflez bien difinguées®les unes des autres. Son fommet eft conique , médiocrement pointu , auf long que large, & de moitié plus court que l'ouverture. Celle-c1 eft exactement ronde , coupée obliquement fur un plan incliné de quarante-cinq À l'axe de la coquille, & environnée à droite d’une lèvre lfle, aigue & tranchante, quoiqu’épaifle, & comme doublée intérieurement. La lèvre gauche eft prefque verticale, & marquée en haut d’une petite éminence femblable à une dent fort moufle. Le périofte eft fi peufenfble , qu’il femble ne pas exifter. On obferve peu de variétés dans la forme de cette co- css mais beaucoup dans fes couleurs. Il y en a dont le ond eft gris, ou noir, ou cendré ; quelquefois fans mêlange, & fouvent avec des petits points blancs, ou couleur de rofe. On en voit d’autres dont le fond eft verdätre, ou d’un blanc de corne veiné de petites lignes brunes fort ferrées , & coupé Par trois ou quatre bandes blanches tachées de rouge. Il eft rare qu’on les trouve entierement recouvertes de leur croûte extérieure : elle ne refte ordinairement que fur les deux premieres fpires, & eft enlevée dans les autres, foit par le frottement, foit par quelqu’autre caufe, qui fem- ble agir moins fréquemment fur celles qu’on trouve aux Canaries, que fur celles du Sénégal. Cette premiere croûte dont les dernieres fpires fe trouvent dépouillées , laïfle voir la couleur orangée de la feconde croûte; & lorfque celle-ci eft encore enlevée, on apperçoit la troifiéme & derniere couche, d’une nacre d’abord violette, enfuite gris de lin ou couleur de rofe, & enfin argentée. Cette derniere couche eft la plus épaiffe ; elle femble former la plus confidérable partie de la coquille, du moins en tapifle-r'elle tout l’inté- rieur jufqu'aux bords de la lèvre droite, qui eft entourée de la croûte noire qui enveloppe toute la furface extérieure de la coquille. Spires. Sommet, Ouverture, Périofte. Couleur. Un fi beau logement ne pouvoit être rempli par un ani- AN1 Mar. mal plus richement paré. Sa tête T eft cylindrique, un niers Tête. Z ij Cornes, Yeux. Bouche. Manteau, Pied. 180 COQUALLAGES plus large que longue, tronquée obliquement en deflous à {on extrêmité, & bordée tout autour d'environ deux cens petits filets cylindriques , peu fufceptibles de mouvement. Elle eft encore ornée en deflus d’une petite membrane aflez mince qui en recouvre la moitié poftérieure , en la traver- fant , pour fe joindre à la racine des cornes. Les cornes C. C. fortent des deux côtés de la tête vers fon origine. Elles font fort minces & fi longues, qu’elles épalent la moitié de la longueur de la coquille. Les petits filets fans nombre qui les couvrent d’un bout à l’autre, les font paroître comme velues. Il femble qu’elles aident l’ani- mal à marcher, du moins 1l les pofe fouvent à terre. Deux petites colomnes placées fur le côté extérieur des cornes, mais bien diftinguées d’elles , font furmontées par deux points noirs Y.Y. peu faillans, qui font les yeux. La bouche B fe reconnoît à une petitefente percée de lon- gueur , au deflous de la tête, vers le milieu de fon extrèmité tronquée, dont les bords paroïflent légerement ondés, ou découpés de plufeurs crènelures. La membrane du manteau eft mince & crênelée inegale- ment dans fon contour. Elle tapifle les parois intérieurs de h coquille, & laifle fur la gauche de l’animal, une petite ouverture femblable à un canal par où les excrémens trou- vent une iflue. C’eft encore par cette ouverture du manteau que fort fur la gauche, une efpece de languette V triangulaire, applatie, trois fois plus longue que large ; & tout-a-fait femblable à celle que l’on voit dans le genre des Toupies (1). Elle ef foutenue pareillement par un offelet qui regne le long de fon côté extérieur. Nous voici à la partie la plus remarquable de l'animal, à fon pied. Il eft petit P, de forme elliptique, obtus à fes deux extrêmités, une fois plus long que large, & une fois plus court que la coquille. Tout fon contour eft bordé de plus de fix cens filets, femblables à ceux de Ia rête & des cornes. En deflous il eft traverfé par un grand nombre de petits fillons, dont la plus grande partie eft coupée par un filon plus confidérable G, qui s'étend de Iong depuis fa (1) Voyez la page 169. OPERCGULÉS 9 181 partie antérieure jufqu’à fon milieu. Sa furface fupérieure eft relevée d'un grand nombre de petits tubercules, & ac- compagnée des deux côtés de deux membranes, qui prennent chacune leur origine des colomnes qui portent les yeux, La membrane qui eft à la droite du Pied, va fe terminer à l’opercule, auprès duquel. elle eft ornéé de trois longues cornes F.F. de la longueur & figure des cornes de la têtes velues comme elles, & accompagnées chacune , à leur ori- gine , de deux petits tubercules blanchîtres. L'autre membrane, celle qui eft fur la gauche, porte dans fa moitié poftérieure, trois cornes femblables J ; & dans fa moitié antérieure , elle eft bordée de vingt-quatre filets dif- pofés fur deux rangs. é L’opercule © eft extrémement mince, tranfparent, & d’une rondeur parfaite. On voit fur fa furface, douze petits fillons concentriques creufés fort légerement. Il eft attaché au deflus du pied, vers fon extrêmité poftérieure. Tout le corps de cet animal eft noirâtre, marqué en deflus d'un nombre infini de petits points blanchâtres. du DE RUE DAUNC CPR US Trochus variegatus ore dentato, fafciis nodofis circumdatas. Lifl. hifl. Conchyl. tab, 645. fig. 37: Cochlea Trochiformis, bafi umbilicata, & infigniter dentata, & rugofa, in dorfo minutiflimis globulis per feriem difpoñtis undequaque circumdata; quorum una linea purpureum colorem oftenrat ; in al- terà lineà globulus unus eft nigerrimus, alter candidiffimus, & fic alternatim iftæ lineæ ad apicem ufque mucronis elegantiflimè pro- cedunt. Gualt, Ind, pag. & tab. 63. fig. B.. Trocho-cochlea integra : variegata, ore dentato, fafciis granulatis ; Lifteri. Klein. tent. pag. 42. fpec. 1. n. 3. La coquille du Rétan a Ia même forme & la même gran- deur que la précédente, mais elle eft un peu plus épaife. Ses fpires font moins renflées , peu diflinguées, & chagri- nées de boutons à peu près égaux, & rangés fur plufñeurs lignes qui tournent avec elles. [1 y a vingt de ces rangs dans la premiere fpire, fix dans la feconde, & cinq feulemenre dans la troifiéme, Le fommet eft un peu plus court que l’ouverture, & de moitie plus large que long. Opercule, Couleur, CoquiLezx, Spires. Sommet, Ouverture, €ouleur. CoquieLe. Spires. 182 COQUILLAGES La lèvre gauche de l’ouverture à une groffe & longue dent cylindrique, vers le haut; & la droite porte au dedans comme une feconde lame féparée de celle du dehors par un profond fillon, & relevée de dix canelures qui tournent em rentrant au dedans. Elle eft nacrée fort blanche au dedans, & couleur de chair au dehors. Ses turbercules font alternativement verdâtres & couleur de chair. Je l'ai trouvée fort rarement aux environs du cap Manuel, 3. LE AN ASSIS Er Tir Pur Umbilicus varius. Rondel. pifc. pars alt. edit. lat. pag. 104. Umbilic. Rondel. poiff. part. 2. édit. franç. pag. 70. Umbulicus varius, Rondeletii, Boffuet. aquat. pars alt. pag. 53. — Gefn. aquat. pag. 187. — Aldrov. exang. pag. 398. Trochus dentatus, ruber, nigris punéturis feriatim diftinétus. Lif. hiff. Conchyl. tab. 637. fig. 25. Trochus primus five maculofus. Rumph. muf. p.74. art. 1. tab. 21. fig. x ” Trochus fafciis verrucofis à rubro albo nigro, &c. Periy. Gazoph. vol. 1. cat. 316. tab. 14. fig. 10. Trochus ore angufto & horizontaliter compreflo ftriatus rugofus & um- bilicatus. Lang, meth. pag. 49. Sabot appellé le Bouton de camifole à qui il reffemble affez ; ce font de petites cordelettes d’un beau rouge mèlé de points noirs; il a um ombilic, à côté duquel eft une lèvre très-épaille, & une bouche dé- chirée , avec des dents. Hiff. Conchyl. p. 263. pl. 11. fig. L. Q. Trochus globofus thoracis interioris, pelle equina, ore dentato. Ejufd. ibid. pag. 260. Trochus ore ampliore, & fubrotundo , umbilicatus, papillis nigris, albi. dis, & rubris per feriem difpofitis fignatus. Gualt. Ind. pag. 6 tab. 6x, fig. H. Trocho-cochlea integra : rubra dentata, nigris puncturis ; Lifteri. K/ein, tent. pag. 42. Jpec. 1. n. 4. Cette efpece , que l’on appelle communément le Bourox de camifole, fe trouve abondamment dans Les rochers de la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft médio- crement épaifle, longue de fept à huit lignes, un peu plus large, & applatie dans fa partie fupérieure. See fpires font tantôt renflées, tantôt applaties; mais rou- jours chagrinées de petits boutons ronds, égaux, & difiri OPERCULÉS. 183 bués fur pluñeurs rangs qui tournent avec elles. Ces rangs de boutons varient de douge à vingt-quatre dans la premiere fpire ; de fix à huit dans la feconde, & diminuent par degrés dans les autres. Le fommet eft une fois plus large que long, & fort peu lus long que l'ouverture. Celle-ci eft légerement ridée, ou marquée tout autour d'environ quinze petites canelures. On voit au centre des fpires, un ombilic arrondi & très-profond. Sa couleur eft fujerte à beaucoup de variétés. Quand elle fort de la mer, elle eft ordinairement d’un cendré-noir , qui, avec le tems, pañle au gris, & enfuite à une belle carnation: cette dermiere couleur fe fortifie & fe change en une couleur de rofe aflez vive, fur-tout lorfque la coquille demeure long- tems fur le rivage. Dans ces difiérens états on remarque que les unes font coupées longitudinalement par cinq ou fix bandes blanehâtres : les autres font marbrées également de rouge & de blanc, ou de blanc-verdâtre : d’autres enfin fur un fond couleur de rofe, font tachées de plufeurs points noirs, ou d’un brun-noir, rangés fur quatre ou cinq lignes qui tournent fur la premiere fpire. L'animal differe de celui de la premiere efpece, en ce que les deux membranes du deflus du pied font bordées d’un feul rang de filets, d'autant plus longs, qu’ils font plus pro- ches de l’opercule. Les trois cornes latérales du pied font ornées à leur origine, de trois filets inégaux terminés en maflue', & blanchîtres. té. LEE RSR... Pl 52. Umbilicus parvus. Rondel. pif. pars alt. edit. lat. pag. 104. Umbilic. Rondel. poiff. part. 1. édit. franç. pag. 70. Umbilicus parvus, Rondeletii. Bofuet. aquat. pars alt. pag. 53. — Géfn. aquat. pag. 187. —— Aldrov. exang. pag. 398. Trochilus unidens ftriatus, claviculà tenui acutä. Lifler. kif. Conchyl. rab. 654. fig. 54 Trocho-cochlea integra : unidens; Trochilus ftriatus, claviculà tenui acutâ; Lifteri. Klein. cent. pag. 42. fpec. 1. n. 6. La coquille du Fujet à beaucoup de rapport avec la pré- cédente; mais elle n’a jamais que quatre lignes de longueur, Sornmet, Ouverture, Couleur: ANIMAL,. Pied. 2 Coquizr. Spires, Ouverture, Couleur. CoqQuiLrr. Spires. Sommet. Ouyerture. Couleur. ANIMAL, Cornes. Pied, CoQuizrer. Spires. 194 COQUILLAGES & fix fpires bien renflées, arrondies, & comme étagées. Les rangs de tubercules dont elle eft chagrinée, font au nom- bre de quinze dans la premiere fpire, & de fix dans la fe- conde. La lèvre droite de l’ouverture eft bordée de fix petites dents. La lèvre gauche n’en a qu’une fort grofle à fon extré- mité fupérieure : elle eft échancrée à fon extrêmité infé- rieure, de maniere que l’ombilic communique avec l’inté- rieur de la coquille. Sa couleur eft d’un rouge de corail brut, marqué de plu- fieurs points blancs, difpoiés fur une ligne qui environne la premiere fpire. : Je lai trouvé en petite quantité aux ifles de la Magde- laine. N'OL'E TS AURCR SPPERIE La coquille du Sari n’a guère plus de deux lignes de longueur. Ses fix {pires font peu renflées, & environnées de douze petits fillons. On en compte douze dans la premiere, cinq à fix dans la feconde, & quatre dans la troifiémes Son fommet eft aufi long que large, & un peu plus long que l’ouverture, Son ouverture & fes lèvres font parfaitement femblables à celles de la premiere efpece. Elle n’a pas non plus d’om- bilic, du moins il n’y eft pas marqué d’une maniere bien fenfble, Le fond de fa couleur eft cendré-noir, ou gris, où brun, ou verd, ou rouge, pointillé, ou marbré de blanc. L'animal a les cornes auffi longues que fa coquille, auffi- bien que fon pied, qui a près de deux fois plus de longueur que de largeur. Ce coquillage eft des plus communs fur les rochers de Ia pointe auftrale de l’ifle de Gorée, GuHL:ETE © NE BR. PL. re: L'animal de cette efpece reflemble tellement à celui qui précede, que je n’aurois fait aucune difficulté de confondre leurs coquilles & de les réunir enfemble, f celle-ci n'eut été percée d’un ombilic aflez profond ; & fi fes fpires 08 ent OPERCULÉS. 185 fent éré tantôt arrondies, & tantôt applaties ; d’ailleurs elle a l'ouverture & les fillons des fpires parfaitement fembiables. Sa longueur eft d'environ fix lignes, & prefqu'une fois moin- dre que fa largeur lorfque fes fpires font applaties. Sa couleur eft grife ou brune, marbréedetaches blanchätres. Elle fe trouve en grande quantité au cap de Dakar. 7. LE LIVON. PL 12. Le Burgaus. Du Tert. hifi. des Antill. pag. 139. Cochlea umbilicata diéta, ab aliquibus verd Tigris nominata ; in extimä parte colore eburneo tecta, fuprà quem atræ maculæ miro quodam ordine funt difpofitæ ; lapideo ver corrice de nudata argenteum mar- garitarum ER oftentans. In Malabarico finu inventa. Bonan. recr. pag. 117. claff. 3. n. 19 & 30. — Muf. Kirk. pag. 451. Trochus maximus lævis , ex nigro maculatus; Barbadenfis, Zifler. hiff. Conchyl. tab. 640. fig. 30. Trochus Barbadenfis magnus, ex albo nigroque variegatus, Peciv. Gazoph. vol. 2. cat. $84. tab. 70. fig. 9. Cochlea umbilicata , foramine fpirarum femi-circulari , umbilicali vero in principio duplici, lævis. Lang. meth, pag. 54. Sabot ombiliqué ; fa robe eft à fond blanc tacheté de noir, ce qui la fait nommer Ja Pie. Hi%. Conchyl. pag. 163. pl. 13. fig. G. Trochus Pica. Eju/d. ibid. pag. 160. Cochlea marina terreftriformis, Iævis candida, vel argentea, nigerrimis maculis, aut lineis intensè, & diverfimodè variegata, & fignata. Gualt. Ind. pag. 64. tab. 68. fig. B. Tigris Malabarica ; Bonanni. K/ein. tent. pag. 41. fpec. 1. Tigris Barbadenfis , Trochoïdes; Lifteri. Eyu/d. ibid. fpec. 2. tab. 1. fig. 52. Le Livon eft fort commun aux ifles de la Magdelaine. Sa coquille eft des plus épaifles, longue d’environ quatre pou- ces, & un peu moins large. Elle n’a que fix fpires peu ren- flées, lifles & fans fillons. Le fommet eft prefqu’une fois plus large que long, & auffi long que l’ouverture. | Celle-ci eft femblable à celle de la premiere efpece ; mais fa lèvre gauche eft arrondie & creufée en portion de cercle, comme la lèvre droite, qui eft obtufe & arrondie. Son ombilic pénetre prefque jufqu’au fond du fommet, & eft orné dans fa partie antérieure, d’une groffe dent fem- blable à un tubercule arrondi. An Couleur, CoqQuiLee, Spires. Sommet. Ouverture. Couleur, COQUILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur, 186 COQUILLAGES Le fond de fa couleur eft noir, marbré, & comme lar- moyé d’un grand nombre de taches blanches obliques, qui lui font donner quelquefois le nom de feuve , ou celui de Pie. NÉE D AR A: EEE Umbilicus. Rondel. pift. pars alt. edit. lat. pag. 104. Coquille de Limaçon nommée Umbilicus. Rondel. poiff. part. 2. édir. franç. pag. 69. Umbilicus Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 53. — Gen. aquat. pag, 287. — Aldrov. exang. pag. 398. Cochlea umbilicata Perlata, quinque orbinm anfraétibus claufa ; ex mari Luzitanico. Bonan. recr. pag. 133. claff: 3. n. 170. Trochus umbilicatus, edentulus, ftriatus, undatim ex fufco radiatus. Lift. hift. Conchyl. tab. 640. fig. 29. Trochus planior , undatim ex rubro latè radiatus ; Anglicus. Ejufd. ibid. tab. GA. fig. 32. Cochlea umbilicata Perlata, quinque orbium anfraétibus claufa ; ex mari Luzitanico. Muf. Kirk. pag, 459. n. 170. Cochlea Trochiformis ftriata & umbilicata. Lang. meth. pag. $1. Trocho-cochlea undata & umbilicata plana; ex rubro undatim latè radiata; Lifteri. Klein. tent. pag. 42. fpec. 2. n. 3. J'ai obfervé cette efpece aux ifles Canaries & au cap de Dakar. Sa coquille eft médiocrement épaifle, fort applatie, longue de fept ou huit lignes, & plus large de moitié. Ses fept fpires font DA ER ; arrondies, comme étagées, & relevées d’un rang de boflettes qui borde leur partie infe- rieure. On voit encore dans quelques-unes, dans les jeunes fur-tout , un grand nombre de peuits filets qui les envi- ronnent. Le fommet reflemble au précédent dans les vieilles ; mais dans les jeunes, il eft plus court que l’ouverture, & près de deux fois plus large que long. L'ouverture ne difiere de la précédente, qu’en ce que fon ombilic n’a point de dents, & que fa lèvre droite ef tran- chante. Son fond eft cendré ou couleur de chair, coupé longi- tudinalement par quelques marbrures brunes ou violettes. OPERCULÉS. 187 9) L'ETK A @HAINN. PC 12 Trochus. Rumph. muf. pag. 74. tab. 21. fig. 6. 9. & 10. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreflo, ftriatus, rugofus, pa- pillofus vel tuberofus. Lang. meth. pag. 48. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreflo , margine dentato , pa- pillis inæqualibus refertus & circumdatus , aliquando ftriatus, terreo colore obicurus. Gual. Ind. pag. & tab. Go. fig. À. La coquille du Kachin, a huit lignes de longueur & un peu plus de largeur : elle eft coupée prefqu’horizontale- ment dans fon extrèêmité fupérieure. Ses fpires font peu ren- flées, & relevées de deux rangs de tubercules qui tournent avec elles: le rang d’en bas eft du double plus gros que l’autre. La feconde fpire eft remarquable, en ce que à fon origine, proche de l'ouverture, elle eft repliée & tranchante en vive- arrête fur laquelle tourne le premier rang de tubercules. Le fommet eft prefqu’une fois plus large que long, & égal à l'ouverture. L'ouverture n’a point d'ombilic. Le fond de fa couleur eft blanc, marbre de taches vertes, brunes & fauves. Je n’ai trouvé cette efpece qu’aux environs du cap Verd. IQUE EMGOR;,PL.x2:, Trochus parvus, bafñ nodosà, reliquum muricatus; Barbadenfis. Lif£. hift. Conchyl. tab. 646. fig. 39. Eat Trochus afper : muricatus; nodofus in bafñ , cæterum muricatus; Lifteri. Klein. tent. pag. 14. fpec. 2. n. 1. Cette efpece fe voit avec la précédente, à laquelle elle reflemble aflez, par la coupe prefqu’horizontale de la bafe de fa coquille. Elle à près d’un pouce de longueur. Ses fpires font exactement plates & couronnées dans leur parte fupérieure, d’un rang de pointes aflez fortes qui la rendent épineufe comme la molette d’un éperon. Elles font encore entourées de trois ou quatre rangs de petits tuber- cules traverfés par des rides peu fenfibles. Le fommet eit prefque de moitié plus long que l'ouverture. Le fond de fa couleur eft cendré, ou blanc-fale, avec une rande tache rougeâtre autour de la lèvre gauche, dans l’en- oit où devroit fe trouver l’ombilic. Aa ij CoQuiLe, Spires, Sommet. Ouverture. Couleur, CoqQuizer. Spires, Sommet. Couleur. CoQuILLE. Spires. 188 COQUILLAGES GE'N RER, LA NÉRITE Verira. J E range le genre de la Nérite à la fin des coquillages O percu- lés, & le rapproche plus quetoutautre des Bivalves, parce que c'eft celui qui a le plus de rapport avec eux. En effet, fi l’on confidere la forme applatie de fa coquille, le raccourcifle- ment & la petirefle de fon fommet, l’évafement de fon ou- verture, l’épaifleur & la nature pierreufe de fon opercule, fes efpeces de gonds, & les crênelures de la lèvre gauche de Ia coquille dans lefquelles 1l joue comme un battant dans fon pivot, à la maniere des battans des coquilles Bivalves; on verra qu’elle leur reflemble à bien des égards. Il eft vrai que le battant fupérieur dont l’opercule fait la fonction, n’eft pas proportionné à la grandeur de la coquille qu’on pourroit comparer au battant inférieur des Bivalves, & que fa forme n’eft pas concave, mais feulement applatie. L’ani- mal lui-même eft fort différent de celui des Bivalves : & c’eft par ces endroits que je me crois aflez fonde à laïfler ce co- quillage parmi les Operculés, mais parmi les Operculés qui touchent, pour ainf dire, aux Bivalves. mm LE DUNAR. P4 513. Nerita nigricans leviter fulcatus, claviculà parüm comprefsä , multis & exiguis dentibus ad labrum , admodüm paucis brevibus & acutis ad columellam. Lif£. hiff. Conchyl. tab. 596. fig. 6. Nerita profundè ftriis craffis, & latis diftinéta , utrinquè infigniter den- tata, ex atro colore rufefcens , intüs candida. Gualt. Ind. pag. & tab, 66. fig. S. Nerita exiguus niger lævis, aut certè leviter admodum fulcatus utrinquè dentatus ; Africanus. Ejufd. ibid. tab. $97. fig. 10. Le Dunar fe voit très-abondamment autour des rochers de l'ile de Gorée. Sa coquille a un pouce environ de largeur, & moitié moins de longueur. Elle a beaucoup d’épaifleur, & la forme d’un ovoiïde très-obtus aux deux extrêmités. On y compte trois fpires, dont la premiere eft renflée & arrondie ; les deux autres font très-petites, & forment un OPERCULES. 189 fommet rond fort obtus, deux fois plus large que long, & deux à trois fois plus court que l’ouverture. Sa furface ex- térieure eft recouverte d’un périofte médiocrement épais, au-deflous duquel on apperçoit vingt-cinq à trente fillons aflez legers qui tournent fur la premiere fpire L'ouverture repréfente une demi-lune qui s'étend hors de la coquille fur fa droite. Elle eft environnée jufqu’aux deux tiers de fa circonférence, par la lèvre droite qui eft fort aiguë , tranchante, quoique très-épaifle, & garnie intérieu- rement un peu au deflous du bord de quinze à feize dents longues & fort ferrées, dont les deux plus bafes font plus grofles, arrondies comme deux boutons aflez écartés. La lèvre gauche eft formée par l’applatiflement de la fe- conde fpire , qui eft recouverte d’une large plaque luifante & légerement chagrinée. Elle porte deux petites dents au milieu de fa longueur. | Sa couleur eft un noir très-foncé au dehors, qui tire fur la couleur de la poix, & un blanc aflez clair au dedans. La tête de l’animal eft fort applatie, faite en demi-lune, & un peu échancrée à fon extrémité T. Ses cornes C. C. font cylindriques, fort minces, pointues aux deux extrèmités, & une fois plus longue que la tête aux deux côtés de laquelle elles font placées fur fa bafe. Elles paroiflent coupées dans toute leur longueur, de vingt-quatre fillons peu fenfibles. Les yeux font deux petits points noirs Ÿ. Y. placés au fommet d’une colomne pyramidale à trois angles, quatre fois plus courte que les cornes, & placée à leur côté extérieur. Au deflous de la tête vers le milieu de fa longueur , on voit l'ouverture de la bouche, qui eft ronde B, & environnée d’une lèvre circulaire fort épaiñle, pliflée & comme ridée. La membrane qui forme le manteau de l’animal, couvre entierement l’intérieur de fa coquille. Elle eft fort mince, & légerement crênelée fur fes bords qui font tachés de vingt petits points blancs fur un fond noir. Le pied P eft prefque rond, applati en deflous, convexe en deflus, un tiers plus long que large, & de moitié plus court que la coquille. Il eft coupé en deffous de plufieurs pe- üts fillons circulaires. Sommet. Périofte, Ouverture, Couleur, ÂANIMAL,. Tête. Cornes. Yeux. Bouche; Manteau, Pied, Opercule, Couleur. 190 COQUILLAGES L’opercule eft un offelet pierreux, fait en demi-lune, d’une épaifleur & d’une dureté aflez grandes. Sa furface ex- térieure © eft toute chagrinée, & {on bord inférieur ef re- levé de deux grandes dents q. r. vers le milieu de fa longueur. Il ef life dans fa furface interne J. C’eft par le moyen de ces dents qu'il eft attaché au deflus du pied & même à la lèvre auche de la coquille, dont 1l ne s’écarte jamais , mais fur laquelle 11 fe rabat en s’ouvrant à peu près comme le cou- vercle d’une tabatiere à charniere , ou, pour mieux dire, comme les battans des coquilles Bivalyes auxquelles j'ai comparé cette coquille. La maniere dont cet opercule eft uni au pied, differe de la plüpart des autres Operculés, en ce qu’au lieu d’être at- taché à fon extrêmité, comme dans le Rouleau (1), ou à fon milieu comme dans la Toupie (2), 1l eft fixé dans le finus que fait la racine du pied en fe confondant avec le man- teau. [l a à très-peu près la même fituation dans le genre de la Natice. Tout le corps de cet animal eft blanc-fale en deflous , & noirâtre en deflus, à l'exception du manteau qui eft moins foncé, & taché fur les bords, comme je l’ai déja dit, d’une vingtaine de petits points blancs. 2, VIE L'APDUE NS EE) pee Nerita magis afpera, & lamellis femilunaribus albis, & nigris alternatim diftributis teffellata. Bonan. recr. pag. 141. claff. 3. n. 220. Nerita profundis & latis fulcis ftriifque aded paucis, & altis diftin@tus, variegatus , utrinquè dentatus. Lift. hif. Conchyl. tab. 599. fig. 15. Nerita magis afpera, & lamellis femilunaribus albis, & nigris alternatim diftributis teffellata. Muf. Kirk. pag. 462. n.'220. Nerita Jamaicenfis ex albo nigroque feflulata. Peciv. Gazoph. vol. 1, cat. S81. tab. 13. fig, 12. Nerita ftriata. Lang. meth. pag. $ 3. Nerita, ftriata, candida, punétis vel lineis nigris imbricatim difpofitis variegata. Gualt. Ind. pag. & tab. 66. lirr. A. 4. Platyftoma , ore fimplici ; fafciatum ; pennatum , afperulum , pennulis albis fuper nigro pluries fafciarum integrum; Bonanni. K/ein, tent, pag. 13, fpec. x. n. à. à, (1) Genre 1. pag. 90. planc. 6. fig. 1. O. (2) Genre 6. pag. 169. planc. 12, fig. 1. O. 2 OPERCULÉS, 191 Dontoftoma, dentibus utrinquè; ad columellam & ad labium, falcatum; inter latos fulcos ftriarum , & variegatum; Lifteri. Eju/d. ibid. p. 17. Jpec. 1.n. 2. a, La coquille du Tadin differe de celle de la précédente, en ce qu'elle eft plus petite, n’ayant que neuf lignes au plus de longueur. Sa premiere fpire eft relevée de quinze cane- lures aflez grofles, à peu près égales, ordinairement lifles, & quelquefois chagrinées. Sa furface extérieure eft toute tachée de petits points blancs & quarrés, féparés par autant de points noirs de même figure & de même grandeur , répandus fur les canelures. Lorfqu'elle a été roulée quelque tems fur le rivage , elle perd entiere- ment fes couleurs avec fes canelures, & devient entierement jaune. Elle eft aflez commune dans les ifles de la Magdelaine, sn BEA, CARPE! T3 Nerita profundis, & latis ftriis fulcata, utrinque dentata , ex albido ni- groque catenatim depiéta. Gualt, Ind, pag. & tab. 66. lux. P. La coquille de celle-ci eft auffi grande que celle de Ia premiere efpece , & fe trouve aflez rarement entre le cap Manuel & le cap Verd. Son fommet au lieu d’être applan, eft pointu & formé de trois fpires également renflées. Il n’a qu’une fois plus de largeur que de longueur. Les trente fillons de la premiere fpire font plus profonds que ceux de la premiere efpece; & fa lèvre gauche eft ridée de plufieurs plis au lieu d’être cha- grinée. Sa couleur eft d’un brun-noir , quelquefois fans taches, & quelquefois marbré d’un blanc-fale. SNA SELOT: PL 13 Nerita cujus veftem formant frequentes, & fpiffi funiculi Aavidi ex co- lore purpureo adjeéto magis vifibiles, & maculis atris notabiles. Bonan. recr. pag. 141. cla(]. 3. n. 217. —— Muf. Kirk. pag. 461. n. 117. Nérite canelée, & jolie par fa couleur mêlée de blanc, de couleur de rofe, & de noir. Hif£. Conchyl. pag. 159. pl. 10. fig. Q. CoQuILLE, Spires, Couleur, CoquiLze,. Sommet, Spires. Couleur, CoQuILLE. Spires. Ouverture, Couleur. CoqQuiLLe. Spires. Ouverture. Opercule, Couleur. 192 COGUILILACES Nerita ftriata. Lang, meth. pag. $ 3. (I confond cette efpece avec la pré- cédente. ) Platyftoma ore fimplici : fulcatum ; & punétatum ; maculis atris, fuper funiculis favidis ex colore purpureo, Bonanni. Klein. tent. pag, 14. Jpec. 1. n. 3.4. La coquille du Selot à tout-à-fait la forme de la précé- dente ; mais elle n’a que neuf lignes de longueur : elle eft beaucoup moins épaifle, & relevée de quinze grofles cane- lures qui tournent fur la premiere fpire. La lèvre droite de l’ouverture n’a que dix dents ; & la lèvre gauche eft life fur fa furface, & bordée de trois grofles dents échancrées & comme partagées en deux à leur ex- trêmité. Trois couleurs différentes , le rouge, le noir & le blan- châtre, font également répandues fur toute fa furface ex- térieure, où elles s'étendent par marbrures ondées. jen PL) R)INS ENT U PURE" Cette derniere efpece de Nérite fe trouve, avec la précé- dente, autour des ifles de la Magdelaine , mais en petite quantité. ë Sa coquille n’a que fix lignes de longueur. Ses fpires font au nombre de trois , & fi applaties que le fommet qu’elles forment ne s’éleve pas au dehors. La pre- miere fait voir vingt canelures aflez larges , mais fort ap- platies, Les deux lèvres de l’ouverture font lifles & dépourvues de dents. Son opercule eft life & uni par-deflus: 1l porte à fon ex- trèmité fupérieure deux dents aflez grofles, mais courbées & beaucoup plus rapprochées que dans la premiere efpece. Sa couleur eft noire au dehors, blanche au dedans, & jaus nâtre ou livide fur la lèvre gauche, 8% ME Dé REMARQUES OPERCULÉS, 193 REMARQUES Sur Les Limaçons OPERCULÉS, Par la maniere dont j'ai rangé les Limaçons Operculés, on voit que j'ai d’abord commencé par ceux qui ont l’opercule le plus petit, c’eft-à-dire, par ceux qui fe rapprochent davan- tage des Univalves, & qu’au contraire j'ai fini par ceux dont l'opercule eft le plus grand par rapport à la coquille, c’eft- ä-dire, par ceux qui ont le plus d’afhnité avec les coquillages Bivalves. Cette fection pourroit être encore divifée en deux familles, fçavoir : Premierement, celle dont les animaux ont la trachée faite en canal ou tuyau, tels que font le Rouleau, la Pourpre, le Buccin & le Cérite. On pourroit l’appeller la famille des Pourpres, à laquelle on voit que, fans avoir égard à l’oper- cule, les cinq derniers genres des Univalves, l'Yer, la Vis, la Porcelaine, le Pucelage & le Mantelet, fe joindroient natu- rellement. Tous les caracteres que j'ai dit être communs à ceux-ci, le font auffi aux Operculés dont il eft queftion ; il n’y a que l’opercule qui les diftingue. La feconde famille des Limaçons Operculés feroit com- pofée des cinq genres reftans, fçavoir, le Vermet, la Toupie, le Sabot, la Natice & la Nérite, dont la trachée eft fort cour- te, & ne forme point de tuyau fenfible, ou du moins pro- longé au dehors. Voici les caracteres qui leur font communs, 1°, Leur coquille eft toujours tournée en fpirale, & fans aucune apparence d’échancrure ou de canal à l'ouverture. 20. L'animal a deux mâchoires à la bouche, fans aucune apparence de trompe. 3°. La trachée & l'ouverture de l’anus fe trouvent placées conftamment fur la droite de l’animal. 4°. Enfin ces animaux fe nourriflent communément de fubftances végétales. Il fuit de-là qu’il y a beaucoup de rapport entre ces ani- maux & les fept premiers genres des Limaçons Univalves ; qu'ils n’en difiérent, pour ainf dire, que par lee de 1, Rouleau, Pourpre, Buccin, Cérite, TT Vermet, Toupie, Sabot. Natice. Nérite, 194 COQUILLAGES, &c. la coquille ; & qu’enfin il y a un peu plus de liaifon entr'eux, quoiqu'il y en ait beaucoup moins qu’entre les genres de la famille que j'appelle des Pourpres, qui fe fuccédent les unes aux autres, prefque fans interruption. Quoiqu’en prenant ma divifion de la poñition des yeux, j'aie été obligé dans cette fection de féparer le genre du Sabot de celui de la Toupie, & celui de la Natice du genre de la Nérite, j'ai crû devoir les rapprocher dans les planches de mes defleins, à caufe de la reflemblance qui fe trouve entre leurs coquilles. x95 RIRE DER N sx DULRORR 0" ST TRS TR ET TRE TR AO © 40% 4 x A x || #4 VA me en" PS de 15 sx PEER RER DRE RE DR ES] FAMILLE SECONDE. "4 o r 7. > x BRON RTS # 7 DES CONQUES. Æ1] Erre famille raffemble, comme je l’ai dit ail- | leurs(r), les Coquillages qui ont une coquille | compofée au moins de deux pieces, peu difiérentes |] l’une de l’autre. L'examen de leur animal eft beau- coup plus difficile que celui des Limaçons, parce que les battans de leur coquille ne s’entr’ouvrent que légere- ment , & ne laiflent voir qu’un petit nombre de parties, qui à la vérité fortent aflez au dehors dans quelques-uns, mais qui ne fe montrent jamais dans d’autres. Ces animaux ont aufli une ftruture particuliere : on ne leur voit ni tête, ni cornes, ni mâchoires, ni dents; mais feulement un man- teau, des trachées, des ouïes , une bouche, un anus & quel- quefois un pied : on les a connu de tout tems fous le nom de Conques (2). En confidérant les Conques par leur coquille, on pourra les divifer en deux feétions, dont la premiere contiendra les Coquillages qui n’ont que deux pieces, & que l’on nomme Bivalves; l’autre renfermera ceux qui ont plus de deux pieces, & que l’on nomme Multivalves, 1) Voyez les définitions des pure des Coquillages , &c. pag. 2 6 3. a Nunc fpeciatim de Conchis loquamur , quibus tefta durior eft, quæque dua- bus teftis conftant , utrifque concavis. Hoc genus d'fupor , vocat Ariftoteles , ro désir éspanois misaegéper ; quod geminà teftà continetur , Bivalve convertit Gaza , ficut pashesr univalve : Spy enim valvæ funt, eas Cicero Conchas latinè dixit. Pinna enim , (fic græcè dicitur) duabus grandibus patula Conchis, cm parvä fquillà quafi fcietatem coit cibi comparandi, Rondel. pifc. pars ale. edir. la. Lib. x. cap. 17.p. 19. bij 196 C0 QHANE.T ANG'EIS RE qe pe fe mp qe is SECTION PREMIERE DES CONQUES BIVALVES. Es Coquillages Bivalves paroïffent former trois familles diftinguées par rapport à la figure de leur manteau. Dans la premiere on voit ceux qui 12 A - ont les deux lobes du manteau fépares L’'HUÎTRE. Genre 1, dans tout leur contour: telle eft LE JATARON. - 2. lob troi deux lobes du manteau forment SES Tamron 3. La feconde réunit ceux dont one ouvertures fansaucun tuyau :tels font Dans la troifiéme fe rangent ceux EL Ce L 2 -_ À. dont les deux lobes du manteau for-Ÿ T, Trrrine. - d ment trois ouvertures , dont deux£ Le SourDON. - 6 prennent la figure d’un tuyau aflez À Le Soren. - - 7 long : tels font COENNCRC EURE L'HUITRE Offreum. EN parlant de la Nérite j'ai dit que c’étoit le Coquillage qui approchoit davantage des Bivalves, & il me femble que l’Huître eft celui des Bivalves qui s'éloigne le moins des Operculés. DO EG ASIA RS CPL 14 L'Huître d'arbre. Du Tert. hifl. nat. des Antill. vol. 2. pag. 257. Oftreum radicum fivè lignorum , Malaicenfibus Tiram befaar vel Tiram akkar diéta. Rumph. muf. pag. 154. art. *. tab. 46. fig. 0. Oftreum roftratum complanatum , lamellis diverfimodè finuofis com- pa&tum , rugofum , ex albido viridefcens. Gualc. Ind. pag. 6 tab. 102. litt, D Oftreum longum radicum feu lignorum : Tiram Befoar , Tiram Accar; Rumphu. Klein. tent. pag, 122. fpec: 1. tab. 8. fig. 17. i BIVAELEVES. 197 1! y a plufeurs efpeces d'Huîtres au Sénégal; mais on n'en Voit point de plus commune que celle que l’on fert fur les tables, & que je nomme Gafar. Sa coquille à ordinairement trois pouces de longueur fur une largeur une fois moindre ; & 1l n’eft pas rare d’en voir qui ont fix pouces, ou même davantage. Elle eft affez mince, & repréfente un quarré long, fort applati, obtus à fon ex- trèmité fupérieure, & qui diminue en une pointe arrondie vers la charniere, Sa forme eft toujours extrêmement irré- guliere par les plis & les contours qu’elle prend, de ma- mere qu'il eft fort difficile, ou même prefqu'impoñfible, d’en trouver deux femblables. Sa furface extérieure eft rude & comme raboteufe par les lames dont elle eft formée, & qui débordent fenfiblement les unes au deflus des autres ; l’in- térieure au contraire eft luifante & d’un beau poli. On voit quelquefois fur la premiere un périofte livide & fort mince. Le battant fupérieur G eft mince, applati, & rarement creufé, mais toujours inégal & ondé comme le battant infé- rieur auquel il fe joint parfaitement, Celui-ci D eft toujours creux, mais peu profond, plus grand & plus épais que le premier. IL porte à fon extrêmité poftérieure, celle où eft la charniere, une efpece de talon ou de fommet S formé par fes bords qui fe replient en de- dans : ce repli fait un creux plus ou moins grand dans dif férentes coquilles. Sur la furface applatie de ce repli, on apperçoit un leger enfoncement dans lequel eft logé le ligament à refort L, qui fert à joindre fortement les deux coquilles & à les écarter l’une de l’autre. C’eft une matiere coriace, verdâtre, tirant fur le noir, fort applatie, fpongieufe vers le milieu, & capable de faire le reflort pendant qu’elle eft humeétée dans l’eau , mais qui eft d’une grande fragilité quand il vient à fe deflécher. Ce ligament n’entre point dans la cavité de la co- quille; il eft renfermé dans le talon , fans cependant s'étendre jufqu’à fa pointe, où 1l laifle un petit vuide, afin que les I puiflent s’ouvrir librement : il ne paroît pas au dehors. On ne voit ni dans l’un n1 dans l’autre battant, aucune dent qui puifle faire l'office de charniere, & ils n’ont aucune apparence d’être contournés en fpirale, CoquiLee. Périofte. Battans. Sommet, Ligamenr. Charniere. Mufcle. Couleur, Variétés. ANITIMAL, Manteau. Mufcle. Ouies. 108 COQUILLAGES La marque qui défigne l’endroit où le mufcle les atta- choit au corps, eft d’un violet foncé & rembruni E. Certe tache fe trouve placée aflez exactement au milieu de la lon- gueur de chaque battant, & une fois plus proche du bord droit que du bord gauche du battant fupérieur. L'extérieur de ces coquilles eft quelquefois gris & quel- quefois violet, ou verd bordé de blanc. Leur : intérieur eft violet bordé de blanc, ou d’un blanc nacré bordé de violer. J’ai dir ci-deflus que cette coquille offroit tant de variétés dans fa forme plus ou moins applatie, plus ou moins ondée, qu’il n’étoit pas poflible d’en dire autre chofe que des géné- ralités. Cependant elle eft diftinguée des quatre autres efpeces qui fe trouvent au Sénégal, r°. par fa forme oblongue, 2°. par fon peu d’épaiffeur ; 30. enfin parce que, quoique fes bords foient ondés, jamais 1ls ne le font en Zigzags. Lorfque la coquille de l’animal s’entr'ouve légerement pour humer l’eau de la mer, & pourvoir par ce “moyen a fa fubfiftance, on apperçoit Île manteau qui s'étend fur fes bords fans fortir au dehors. Il paroît comme une membrane fort mince, divifée en deux parties ou en deux lobes fort diftingués, "dont chacun tapifle les parois intérieures de cha- que battant de la coquille. Chaque lobe confidéré féparé- ment; paroît orné d’un rang de filets fimples aflez longs & égaux F. M. A. diftribués également autour de fes bords au nombre de cent ou environ. Outre cette frange on apper- çoit à une petite diftance des bords du manteau, une efpece de membrane femblable à un bourrelet fillonné qui le fuit dans fon coutour, & qui eft relevé de cent petits tubercules arrondis T. I ne faut pas s’attendre à voir d’autres parties dans l’Huître vivante, tant qu'on ne la regarde que dans la fituation qui lui eft naturelle. Mais fi l’on vient à féparer les deux écailles l’une de l’autre, on apperçoit d’abord le fort mufcle qui les attachoit au corps de l’animal : en relevant enfuite le lobe fupérieur du manteau, on découvre quatre feuillets mem- braneux qui font les ouies: chacune de ces ouies eff traverfée par cinquante fîries fort déliées, qui font autant de tuyaux capillaires ouverts dans leur extrèmité poitérieure. Elles s'étendent fur le devant du corps de l'animal, depuis la É . - BIVALVES. 199 partie M, où les deux lobes font réunis, jufqu'’au point B où eft le commencement de la bouche. Celle-ci forme une ouverture aflez grande , bordée de quatre grandes lèvres aflez femblables aux ouïes, mais fix à huit fois plus courtes. Der- riere les ouies on trouve une groffe partie charnue blanchätre & cylindrique qui tourne fur le mufcle : ce n’eft autre chofe u’un eflomac ou fac inteflinal, femblable au pied, qui en ir la fonction dans les Conques & les Limaçons, mais qui, dans l Huître , ne paroît pas fufceptible de contraétion n1 de dilatation. Ce fac inteftinal , ou ce pied, ne s’avance ja- mais fur les bords de la coquille ; il refte caché fous les ouies dans le fond de la cavité M. A. qu’elles ferment entierement fur le devant de l’animal , en fe joignant les unes aux autres ar leur dos. Enfin fur le dos du mufcle on voit encore le canal des inteflins qui a une décharge en A. La trachée ou l’ouverture M. A. par laquelle l'animal re- çoit l’eau pour en tirer l’air qui lui eft néceflaire, commu- nique avec l'anus, & nullement avec l’ouverture antérieu- re M.F.T. B. qui doit pourvoir à fa fubiiftance. Quelques Auteurs modernes ont afluré que l’on avoit dif tingué les Huîtres mâles d’avec les femelles : cependant il eft certain que la plüpart de ces animaux qui vivent éloignés les uns des autres, & dans l’impuiffance de fe joindre par Ja copulation , engendrent leurs femblables ; d’où lon peut conclure qu'ils n’ont befoin d’aucun fexe pour fe repro- duire, ou que chaque individu les réunit tous deux. Tout le corps de l’animal eft d’un blanc-fale : les bords de fon manteau {ont noirâtres. Il eft particulier aux Huîtres du Sénégal de ne s'attacher qu’aux racines des arbres, & rarement à d’autres qu’à celles des mangliers. On les y trouve raflemblées par paquets & fans aucun ordre , fouvent collées & appliquées les unes fur les autres, mais feulement par l’écaiile inférieure : car quoique fouvent 11 croifle d’autres Huîtres fur la piece fu- périeure, elle n’eft jamais fixe comme l’autre ; elle conferve toujours la facilité de s’ouvrir & de fe fermer à la volonté de l’animal. Malgré le peu d’ordre qui régne dans leur po- fition , on remarque cependant que le talon ou le côté de La Bouche, Pied, Anus, Trachée, Sexe, Couleur, Obferva- tion. Coquizee. Sommet. Couleur. . 200 c OO L'LA GES charniere eft ordinairement tourné en bas, & que l’extrêmité .oppofée, ou la plus large, regarde en haut, à peu près comme je l’ai fait repréfenter à la fig. r. c'eft apparemment la fituation la plus commode à l’animal pour fe procurer la nourriture. Cette Huïître eft grafle, tendre, fort délicate, & on peut la comparer, pour le goût, aux meilleures Huîtres de l'Eu- rope. On dit que l’on en trouvoit encore 1l n’y a pas dix ans fur les mangliers du Niger, près de l’ifle du Sénégal; mais aujourd’hui l’on n’en voit plus que dans le fleuve de Gambie, & dans les rivieres du Biffao, où rien au monde n’eft plus commun, 2. BE Ve IR UNI RL ES Oftrea arborea dorfo uncato; Jamaicenfis. Lifl. hift. Conchyl. tab. 197. fig. 32. Spondylus variegatus, ftriatus, margine digitato. Ejufd. ibid. tab. 210. . 44. Sbb AE Barbadenfis parvus alrè fulcatus ? Periv. Gazoph. vol. 1. cat. $71. tab. 24. fig. 12. Oftrea minor fulcata, oblonga , gibbofa , ambitu ferratd ? Sloan. Jam. vol. 2. pag. 262. tab. 241. fig. 20 6 21. | Oftreum ftruéturà peculiari depreflum, incurvum, tuberculofum, finuo- fum , peripherià denticulatà, feu plicaturis anguftioribus cireumdati, candidum. Gual. Ind. pag. & tab. 104. lire. F. Chamætrachæa plicäta, quæ fpondylus variegatus, ftriatus; margine di- gitato; Lifkeri. Klein. tent, pag. 150, fpec. 1. n. 9. Cette efpece differe très-peu de la précédente. Je ne lai vû s'attacher qu’aux pierres & aux rochers fixes, fur-tout dans les lieux expofés aux courans de la mer, comme autour de l’ifle de Gorée & de celles de la Magdelaine. Sa coquille eft prefque triangulaire , applatie, longue d'un pouce & demi, & un cinquiéme moins large , mais toujours pointue vers le talon ou le fommet. Elle eft plus épaifle que celle de la premiere efpece, & relevée vers fon extrémité, de cinq ou fix canelures triangulaires qui font l’alternative avec autant de dents en zigzags dont elle eft bordée, Sa couleur eft d’un rouge fort rembruni au dehors, & d'un verd-fale au dedans. 8. LE BA 'VAANL V'E'S. 201 3x) LE VÉTAN. PL 14. La coquille du Vétan a la forme allongée comme la pre- miere efpece ; mais elle eft beaucoup plus renflée ou moins ap- platie, d’une épaiffeur & d’une dureté confidérables. Elle a trois pouces & demi de longueur, & un tiers moins de lo & de profondeur. Ses deux extrémités qui fontégalement larges, & fes quatre côtés un peu applatis, lui donnent la forme d’un cube allongé, ou d’un parallelipipede irrégulier. Sa furface extérieure eft fort inégale, & relevée en deflus & en deflous, vers l’extrêmité oppofée à la charniere , d’une dixaine de grofles canelures triangulaires , ondées & comme tuilées. Le battant fupérieur, au lieu d’être applati comme dans la premiere efpece, eft aflez creux fans cependant faire la poche auprès du talon. Quoique beaucoup moins épais que le battant inférieur, 1l n’eft guères moins renflé que lui. Ses bords vers l’extrêmité fupérieure, font marqués de dix grofles dents triangulaires ou phiées en zigzags, qui s’emboëtent exac- tement dans un pareil nombre de crênelures creufées dans les bords du battant inférieur. Ces dix dents font l’alterna- tive avec les dix canelures dont j'ai parlé plus haut. La couleur de cette coquille eft incarnate au dehors, & d’un blanc-nacré au dedans , qui laïfle voir une petite bande rouse vers les bords. L'endroit où étoient attachés les deux mufcles , montre une très-grande tache jaunâtre ou livide, qui occupe le milieu de boue & de la largeur de la coquille. On la trouve fixée par fon battant inferieur, fur les ro- chers desifles de la Magdelaine, & fur toutes fortes de pierres immobiles. # LE BAJE'T. PL 14. Oîtreum plicatum majus. Rumph. muf. pag. 156. art. $. tab. 47. fig. C, & pag. 157. art. 9. fig. G. Oftreum ftriatum ftriis peculiaribus. Lang. meth. pag. 82. Oftreum plicatum majus, reftà crafsi, plicis laciniais, feu clavatim mu- ricatus ; mufcofa & falfilaginofa, intüs alba, limbo nigro; Rumphii, Klein. rent. pag. 125$. fpec. 0. n. 3. Oftreum plicatum, quod mater perlarum fpuria, coloris pulli; teftà cenui; circà limbum per plicas muricatà ; Rumphii. Æjufd. ibid. n. 6. CoquiLee. Sommet. Battans, Couleur’ COQUILLE. Sommet, Battans. Couleur, ANIMAL. Manteau. EOQUILLE. Sommet. Battans. Couleur. 202 C ONQMME LL A G'E'S J'ai encore obfervé cette quatriéme efpece autour des ifles de la Magdelaine, où elle n’eit pas fort commune : elle s’at- tache aufli aux rochers par le battant inférieur. Sa coquille eft prefqu’aufli épaffe que celle qui précede, mais fort applatie, & prefque rende : fouvent même fa lar- geur qui eft de trois pouces, excéde d’une quatriéme partie fa longueur prife du fommer à l’extrêmité oppofée. Une quin- zaine de grofles canelures triangulaires , & garnies ordinai- rement de pointes applaties en forme de crête, fouvent ra- meufes, prennent naïffance du fommet qui eft pointu , & vont fe répandre , comme autant de rayons , fur fa circon- férence. Ii n’y a de différence entre le battant fupérieur & l’infe- rieur, qu’en ce que le premier ne fait point de creux inté- rieurement vers le fommet : d’ailleurs 1ls ont la même épaif- feur, & chacun quinze dents triangulaires en zigzags, qui font l'alternative avec les quinze canelures. Au dehors cette coquille eft couleur de rofe ; elle eft blan- che au dedans, & bordée d’un pourpre très-foncé. La tache livide qui défigne le lieu de l’attache du mufcle, eft placée beaucoup au deffus du milieu de la longueur des battans, & vers leur droite. se TL'ENR ONE Eu PL'rg L'animal du Rojel a fon manteau bordé de deux cens filets, dont cent font alternativement une fois plus courts. Sa coquille eft ronde, de deux pouces de diametre, fi mince & fi applatie, qu’elle n’a pas trois lignes de profondeur. Sa furface eft aflez unie. Le fommet ne s’avance point hors des bords de la coquille: il eft auffi obtus qui puiñle l'être. Le battant inférieur eft prefqu’auffi applati que le fupé- rieur ; & il n’y a aucun enfoncement, ni dans l’un ni dans l’autre, vers le fommet. La couleur de l’animal & celle de l’intérieur de fa co- quille, eft d’un blanc-fale : à l’extérieur elle eft d’un rouge fort rembruni. On a vû que la premiere efpece d’Huître ne s’atrache qu'aux bois & aux arbres. Toutes les autres préferent les BIVALVES. 203 pierres pour s’y fixer , & 1l y a apparence que toutes fortes de pierres leur conviennent également. Celle-ci a été trou- vée fur un teflon de bouteille caflée, qui fut pêchée à la fonde à neuf brafles de profondeur dans l’anfe de l'ile de Gorée. Le battant inférieur de fa coquille s’étoit entierement appliqué & étendu fur la furface un peu concave du verre. sc EG UIR O N;5En4. Je ne doute nullement que les deux efpeces de coquilles dont je vais parler, ne foient fort différentes du genre des Huïîtres. Ce font celles auxquelles lés Anciens ont donné le nom de Spondyle, & que les Grecs de nos jours appellent Gaiderope , à caufe de leur reflemblance avec la corne du pied de l’âne qu’ils nomment Gaideron. Leur coquille imite fi bien celle de quelques Huîtres, que plufeurs des Auteurs modernes les ont rangés indifféremment parmi elles. C’eft aufli à caufe de leur figure que je les rapporte 1c1, n'ayant point và l’animal qui les habite. Spondylus ferè ruber muricatus. Lif£. hiff, Conchyl. tab. 106. fig. 40. Rumph. muf. pag. 160. art. 16. tab. 48. fig. 1. La coquille du Guron a autant d’épaiffeur que celle de la troifiéme efpece d’Huître. Elle eft médiocrement applatie, longue de quatre pouces, & un quart moins large. Toute fa furface extérieure eft hériflée de pointes applaues en forme de crêtes aflez longues , plus larges à l’extrêémité qu’a leur origine, & un peu inclinées fur le devant. on fommer eft fort large & comme tronqué. Le battant fupérieur eft un peu plus applatu que l’inférieur. Tous deux ont une cavité médiocre dans leur talon au def- fous de la charniere, & leurs bords font relevés en dedans de cent à cent cinquante petits filets d’inégale grandeur. Ce qui diftingue principalement la coquille du Spondyle de celle des Huîtres, c’eft que celle-ci n’a point de charniere, comme je l'ai dit ci-deflus, au lieu que le Spondyle en a une , & même beaucoup plus grofle que dans aucun co- quillage connu. Dans le battant inférieur elle confifte en deux ros boutons arrondis, entre lefquels eft placé le ligament: a côté de chaque bouton on voit un trou de LUE grandeur. C 1] CoquiLees, Sommet, Battans. Charniere. Ligament, Mhufcle, Couleur, COQUILLE, Battans. Couleur. Remarque, 204 COQUILLAGES Le battant fupérieur a un pareil nombre de trous & de boutons , qui font difpofés de maniere que les deux trous voifins de la charniere reçoivent les deux boutons corref: pondans du battant inférieur, pendant que les deux trous de celui-ci emboëtent les boutons plus éloignés du premier. Le ligament eff une piece coriace, noire, ronde, de la groffeur des boutons de la charniere, & qui fort d’un trou creufé dans fon milieu entre les deux boutons du battant inférieur , & entre les deux cavités du battant fupérieur. IL ne paroît pas au dehors de la coquille lorfqu’elle eft fermée. Il n’y a dans le milieu de cette coquille, comme dans celle de l’'Huftre, qu’une grande tache ronde qui défigne le lieu du mufcle ; mais cette tache fe trouve fort proche du bord gauche, c’eft-à-dire, dans un fens contraire à la place qu’il occupe dans le genre des Huitres. À Elle eft de beile couleur de feu au dehors, & blanche au dedans, avec un bord auffi couleur de feu. Cette efpece vit fur les rochers qui bordent les ifles de Ia Magdelaine. j. LE SATAE PL 18 Le Satal fe voit auffi, mais fort rarement, dans les ro- chers de lifle principale de la Magdelaine. Sa coquille eft la plus épaifle & la plus pefante de toutes celles que j'ai obfervées à la côte du Sénégal. Elle eft aflez exactement ronde, & femblable à une boule de quatre pou- ces & demi de diametre. Sa furface eft raboteufe, mais fans pointes, & toute piquée d’une infinité de petits trous qui ne pénetrent pas jufqu’a la furface interne qui eft life & olie. d Elle differe de la précédente en ce qu’elle a plus d’épaif- feur, & que le battant fupérieur eft aufi creux que l’infé- rieur. Le fond de fa couleur au dehors eft un rouge de fang qui la pénetre à plus de deux lignes d’épaifleur ; au dedans elle eft blanche & bordée de la même couleur. De toutes les efpeces d’'Huîtres que j'ai décrites, il n’y a que la premiere qui foit mangeable , celle qui naït fur les arbres. [1 femble que les pierres fur lefquelles croiflent les autres, dans les courans ou dans les lieux de la mer éloi- BIVALVYES. 205 re du limon , leur ôtent la bonne qualité que les autres ui doivent : elles font dures, coriaces, & même défagréables au goût, & l’on n’en fait pour cette raifon aucun ujage. GENRE Il. LE JATARON. Jataronus. PI. 15. T'Appelle du nom de Jataron le genre de coquille que Ron- delet a appellé Coquille ridée. Celle du Sénégal s’attache, comme celle de la Médireemes © aux rochers expofés aux courans de la mer, fur lefquels elle fe roupe en aflez grande quantité. Elle y tient avec une telle Br qu’on a bien de la peine à l’en détacher fans la brifer en morceaux, On en voit beaucoup autour de l'ifle de Gorée, de celles de la Magdelaine & du cap Verd, fur-tout en Avril, où la vio- lence des marées les déracine du fond de la mer. Je n’en ai découvert qu’une feule efpece. Concha rugata. Rondel. reflac, edit, lat. lib. x. cap. 25. La Coquille ride. Ejufd. édit. franç. cap. 21. Concha rugata, Rondeletii. Boffuer. aquar. pars al. Pag. 19. — Gefn. aquat. pag. 316. — Aldroy. exang. pag. 458. Spondylus Barbadenfis & er is. Liff. hift. Conch. tab. 112. fig. 47: — Ejufd. tab. 213. fig. 4 —— Ejufd, tab. 215. «fig. > Bartadenf s 6 Jamaicenfis. & fig. 51. — Ejufd. tab. 116.8 217. fig. 52. & 53. Spondylus ininor , fabruber , enuis, imbricatus, apice diftorto, cavitate interiore auriculam referens. Sloan. Jam. vol. 1. tab. 241, ‘fig. 4.$. 6 8 7 Concha GHphôies | globofa , ftriis fquamofis exafperata, fufca. Guatr. Ind. pag. & tab. 107. lire. C. Concha Gryphoides fubrotunda, laminis, & tuberculis diverfimodè exaf- perata, & ftriata , terreo colore obfsaeal Ejufä. ibid. lire. D. Concha Gryphoides, rugofa finuofa , afpera, candida. Eju/4. ibid, lite, E, Globus circinatus; Lifteri. K/ein. tent. pag. 173. fpec. 0. n. 2. Globus undatus ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 3. tab. 12. fig. 81. Globus ferratus ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 4. Globus circinatus & undatus; Lifteri. Ejufd. ibid. n. $. La coquille du Jataron eft prefque ronde, médiocrement applatie , du diametre de deux pouces au plus, & d’une CoQuILLE, Sommet. Battans. Charniere. Ligament. Mufcles. Couleur. ANIMAL. Manteau. 206 C OZQLÉIIL'L A 'G'EIS grande épaifleur. Sa furface extérieure eft groffierement ridée par des fillons qui la coupent fort irrégulieremént , tant ën long qu’en travers, & quelquefois relevée comme par écailles. Intérieurement elle eft life, unie, luifante, & bordée fur chaque battant, de cent vingt petits filets fort ferrés & d’inégale grandeur. Le fommet $ eft aflez éminent au dehors, & paroït former un tour de fpirale beaucoup plus fenfible dans le battantinfé- rieur D qui eft ordinairement plus épais, un peu plus grand & plus creux que le fupérieur G. La charniere du battant inférieur confifte en une grofle dent C, arrondie & relevée verticalement, dont le dos eft fillonné de dix à douze canelures inégales. Le battant fupérieur eft creufé d’un trou canelé & fil- lonné comme la dent du battant inférieur qui s’y engraine exactement. Entre la charniere &c le talon du fommet de chaque bat- tant, s'étend un ligament rouffâtre, aflez court & étroit L. L. qui les lie enfemble, & paroît fort peu au dehors. Les battans de cette coquille font liés enfemble par deux grands mufcles, dont on voit les impreffions fur leurs côtés, de maniere que celle de la droite ou de derriere e. e. eft placée un peu au deflous du milieu de leur longueur , & celle dela gauche, ou de devant E. E. un peu au deflus. Au dehors cette coquille montre une belle couleur de rofe ou de chair : au dedans elle eft quelquefois blanche, quelquefois purpurine ou violette. La fituation naturelle à cette coquille, eft d’avoir le fom- met en bas, & l’extrêmité oppofee relevée en haut. Dans cet état, & pendant que les battans viennent à s’écarter l’un de l’âutre, on découvre le manteau de l’animal femblable aux côtés d’un fac bien tendu, meémbraneux & fort épais, dont le contour eft relevé d’un nombre infini de petits tuber- cules jauñes M. M. difpofés fur cinq rangs fort ferrés. Ce fac enveloppe tout le corps de l'animal , & ne s’étend pas jufqu’aux bords de la coquille : il eft percé de trois ou- vertures inégales, dont l’une B qui eft fur le devant de l’a- nimal, laifle pañler fon pied, &c les deux autres T. A. qui font les trachées, fe trouvent fur fon dos, BIVALVES. 207 La trachée inférieure A ef elliptique, deux fois plus lon- gue que large. Son ufage eft de donner 1flue aux excrémens, & rejetter l’eau que l’autre trachée T à pompée. Celle-ci eft ronde, & une tois plus petite que la premiere, La troifiéme ouverture B eft une fente fort étroite, qui s'étend depuis le fommet de la coquille jufques vers le mi- lieu de fa longueur. Elle laifle fortir aflez rarement le pied P, qui paroïît ordinairement fous la forme d’une hache faite en demi-lune. Il a une fois moins de longueur que la coquille, & porte fur le devant vers fon milieu, un petit lobe charnu, à peu près quarré p. Les parties intérieures renfermées dans le fac que forme le manteau, font aflez fembiables à celles de l’'Huitre ; mais au lieu d’un feul mufcle qui attache les coquilles, on en voit deux aflez grands, dont j'ai parlé ci-deflus. Le corps de l'animal eît blanc : il n’y a de jaune que les petits tubercules élevés fur le contour du manteau. On ne fait aucun ufage de fa chair. GE N'R'EZ PIE LE JAMBONNEAU. Perna. ON 2 donné le nom de Jambonneau à ce genre de coquillagé autant à caufe de la forme de fa coquille, qu’à caufe de la andeur qu’elle a dans certaines efpeces. Elle eft dans toutes Pin mince , légere, allongée, & compoñée de deux battans parfaitement égaux. MPL'EUL UL'ATO PL 55. Mufcalus tenuis, lævis fubpurpureus. Lif£. hifl. Conch. tab. 356. fig. 155. Idem , Jamaicenfis. Æjufd. tab. 359. fig. 198. Mufeulus vulgaris major ; Malaicenfibus A/uffèng. Rumph. muf. pag. 153. art. 1. tab. 46. fig. B. Mytulus Anararius; Malaicenfibus 4/ü{feng Bebec, Amboinenfibus Thu, Hitoenfibus Lular. Ejufd. ibid. art. 1. fig. C. Mufculus Bahamenfis ferè radiatus. Periv. Gazoph. vol. 1. cat. 588. tab. 73. fig. 11. Concha longa, lata, & quañi gibbofa. Lang. meth. pag. 74.( Cet Aureur confond mal-à propos les Arches-de Noé 77 & 78 de Bonanni, avec la Moule B. de la planche 46 de Rumphe. ) Trachées. Pied, Parties in+ ternes, Couleur, COQUILLE. Périofte. Sorimet, Battans. Charniere. Ligament. 208 .i € OOIURILE ACTES Maufculus vulgaris major; Rumphii. Sloan. Jam. pag. 263. Mufculus Papuanus cute luridä. Hif£. Conchyl. pag. 3217. pl. 25. fo. C, Moule de la terre des Papous, dont la couleur eft fauve ordinairement; celle-ci qui eft découverte, expofe aux yeux Les plus belles couleurs d’agathe , de violet & de couleur de rofe. Cette Moule eft boflue dans fa fuperficie, & cette boffe occafonne deux avances à l'endroit de la charniere. Ejufd. ibid. pag. 330. Mufculus acutus vulgaris, Mal. Afuffeng ; circà cardines gibbus, tandem glottoides, major ; Rumphii. K/ein. tenr. pag. 127. fpec. 1. a. Mufculus acutus vulgaris, minor; Rumphii. Æjufd. ibid. b. Mufculus acutus tenuis , lævis fubpurpureus ; Lifteri. Eju/d. ibid. p. 128. Jpec. $. tab. 9. fig. 25. Pholas Arenæ, quæ Mytulus Anatarius. Afuffeng Bebec; Amboin. Jhul , Lulat ; articulum digiti longus, 1 + latus; effodiuntur , ut anatibusin cfcam cedant; Rumphii. Æy. ibid, p. 166. fpec. 4. n. 2.tab. 11. fig. 67. La coquille du Lulat a près de trois pouces de longueur, & une fois un quart moins de largeur. Elle eft ovoide , ex- trêmement renflée & comme boflue, de maniere que fa pro- fondeur furpafñle un peu fa largeur. Ses deux extrêmités font arrondies comme fes côtés ; mais fon dos s’étend vers le mi- lieu de fa longueur, en une aîle aflez grande L,, qui s’arron- dit en portion de cercle. Extérieurement elle eft recouverte d’un périofte épais, lé- gerement ridé, caffant, & d’une matiere approchante de celle de la corne, qui fe replie en dedans de la largeur d’une li- gne R.7. tout autour de fes bords, excepté dans la partie L. S. où fe trouve le ligament. 4 Le fommet S eft peu élevé ; il paroît former un demi-tour de fpirale dans chacun des battans, proche de l’extrêmité du. quel il eft placé. Ceux-ci font parfaitement femblables. On n’y diftingue point de charniere, mais feulement un fillon léger & fort long, qui fe termine dans chacun par une dent prefqu'infenfible. ; Le ligament qui unit les deux battans, eft prefqu’auffi long: que la demie de la coquille. Il s'étend fur fon dos en com- mençant au fommet S , & va fe terminer en L un peu au deffous de fon aîle. Il eft noirâtre , applati, d’une épaifleur égale à celle de la coquille à laquelle 1l s’unit fans fortir au dehors, où il paroît peu, & fans rentrer en dedans, quoiqu'il s’enchâffe dans les deux fillons de la charmiere, | | n BIVALVES. 209 On voit dans chaque battant, quatre petites taches, qui font connoître qu'ils étoient attachés au corps de l’animal par quatre petits mufcles, dont les deux plus grands E. e. fe trouvent vers leur extrêmité fupérieure , & les deux plus petits J. z. font dans l’extrêmité oppofée. Il régne encore tout autour des battans, une petite ligne R qui les fuit exac- tement à une ligne de leurs bords : elle marque le lieu où les deux lobes du manteau leur étoient attachés. Le périofte qui enveloppe cette coquille, lui communique fa couleur brune ; mais lorfqu’on l’a dépouillée, on y décou- vre quatre couleurs, le blanc, le violet, le rofé & le pour- pre, qui tiennent chacun leur place fans fe mêlanger. Inté- rieurement elle préfente une nacre à fond blanc, mêlé de violet, qui prend, fuivant les inclinaifons qu’on lui donne, diverfes nuances de jaune & de verd. La coquille du Lulat eft ordinairement fixée, le fommet en bas & l’extrêmité oppofée en haut. Ses deux battans ne s’entr'ouvrent que très-peu , mais cependant aflez pour laifler voir fon manteau. C’eft une membrane fort mince, entiere & d’une feule piece le long du dos A. a. L.S, de l'animal, mais partagée fur le devant T.r.F. P. dans toure fa longueur er deux lobes, qui font divifés chacun fur leurs bords, en deux feuillets très-courts, dont l’extérieur eft uni à la co- due , fort proche de fes bords. Le feuillet intérieur porte epuis l’extrêmité fupérieure de la coquille jufqu’à la qua- triéme partie de fa longueur, une frange T.r. compofée de quinze filets cylindriques, fort courts, mobiles, & difpofes fur un feul rang. Les trachées font au nombre de deux, La plus grande, ou l’antérieure T. r. eft formée par l'éloignement des lobes du manteau dans fa partie frangée. C’eft par elle que l’eau entre dans le corps de l’animal pour fournir à fa nourriture : elle eft trois fois plus courte que la coquille. La trachée poftérieure À. a. eft percée fur le dos de l’ani- mal, dans l’endroit où le manteau eft d’une feule piece. Elle repréfente une ellipfe deux fois plus longue que large, & quatre fois plus courte que la coquille. Cette ouverture re- çoit l’eau qui doit pañler par-derriere les ouies, pour leur porter l'air néceflaire à l'animal. Elle ne FpAprique point Mufcles, Couleur. ANIMAL, Manteau. Trachées, Fied, Couleur. CoQuILLE. 210 COQUILLAGES avec l’autre trachée, mais feulement avec l'anus que l’on apperçoit dans fon angle inférieur a ; & l’on voit vers fon milieu, une partie du grand mufcle fupérieur qui attache les deux battans. Le pied du Lulat eft petit & fait en demi-lune p. lorfqu’il ne s’eu fert point ; mais lorfqu’il veut en faire ufage, fait pour fonder le terrein, foit pour y fixer les fils qui doivent attacher fa coquille, 1l l’étrécit en l’allongeant fous la forme d’un poinçon un peu courbe P ; alors fa longueur eft égale a celle de fes fils, & furpañle trois ou quatre fois fa plus grande largeur. Cet animal refte toujours en place & fixé aux rochers par une centaine de fils F qu’il y attache par le moyen de fon pied. C’eft au deflous de ce pied & de fon origine, que par- tent ces fils. Ils font d’abord réunis comme un nerf, puis ils s’écartent au dehors, comme autant de cheveux tendus avec des directions diflérentes, & dont la longueur égale la largeur de la coquille. Îl m’a paru que la Moule de mer des côtes de Norman- die, aa lieu d’avoir la filiere au deflous du pied comme celle du Sénégal, l’avoit au contraire placée en deflus. Le manteau du Lulat eft brun-café fur les bords; le refle de fon corps üre fur le blanc-pâle. Ce coquillage eft affez commun dans les rochers des 1fles de la Magdelaine & du cap Manuel, où il eft expofé à la fu- reur des flots qui viennent s’y brifer avec violence. 2 CEA BUE RS PPAIS. Mufculus purpureus crafsè ftriatus. Lif£. Hift. Conchyl. tab. 356 n. 193. Mufculus parvus fubfufcus, capillaceis ftriis donatus. Eju/d. ibid. n. 194. Mufculus cæruleus in infimâ parce ftriatus, admodüm rarus. Æif£. Conck. pag. 327. pl.25.fig. H. Petite Moule d’une rareté infinie, par rapport à fa couleur parfaite de bleu-célefte ; on pourroit la dire unique : il paroît dans le bas quel- ques raies jaunes par Ctages. Æju/d. ibid. Mufculus acutus purpureus, crafsè ftriatus, pinnæ fimilis; Lifteri. K/ein. tent. pag. 128. fpec. 4. tab. 9. fig. 24. Cette feconde efpece de Jambonneau fe trouve fréquem- ment autour des rochers de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft fort petite, & n’a jamais plus de quatorze BIVALVES. 211 lignes de longueur fur une largeur une fois moindre. Elle eft, comme celle qui précéde, extrêmement renflée, & fou- vent de maniere que fa profondeur furpañle de beaucoup fa largeur. Son fommet eft pointu : intérieurement 1l femble re- plie légerement auprès de la charniere, où il forme une petite poche. Chaque battant porte environ cinquante canelures mar- quées profondément non-feulement fur la furface, mais en- core fur le périofte. Elles s'étendent de longueur depuis le fommet jufqu’à l’extrêmité oppofée. Leurs bords font ornés tout autour d’un nombre de petites dents pareil à celui des canelures extérieures. Au-deflus du repli interne du fommet dans chaque bat- tant, la charniere paroît formée de quatre dents prefqu’im- perceptibles. Lorfqu’on enleve l’épiderme fauve de la coquille, elle pa- roît au dehors d’un violet ou d’un ponçot éclatant : quelque- fois ces deux couleurs font agréablement mêlangées de brun & de verd. Le blanc eft ordinairement la couleur qui regne au dedans; quelquefois il fe confond avec un violet obfcur. M LG DIOUEE TU SPE Sun: Mufculus parvus , latus, renuiter ftriatus, ex fufco purpurafcens ; Jamai- cenfs. Lift. hifl. Conchyl. tab. 366. fig. 1206. Mufculus Gula foricis. Hiff. Conchyl. pag. 126. pl. 25. fig. K. Petite moule nommée la Gueule de fouris, par rapport à fa forme poin- tue & à fa couleur grife, rachetée de violet ; les bords de fes deux pieces font de couleur de rofe. Eju/d. ibid. Mufculus polyleptoginglymus, qui mufculus parvus, latus, tenuiter ftria- tus, Ex Gen purpurafcens ; Lifteri. K/ein. tent. pag. 168. fpec. 5. (Erravit Autor quoad cardinem; non enim polyleproginglymus. ) La forme applatie de la coquille du Dorel , fon peu d’é- paifleur, fa légereté , fa fragilité, & fes cent canelures pref- qu’infenfibles la diftinguent aflez de la précédente. Elle n’a guère qu’un pouce & demi de longueur. Intérieurement chaque battant eft bordé de cent petites dents. Leur fommet n’eft pas replié au dedans, & ne forme par conféquent aucune poche. On a bien de la peine à décou- vrir à la loupe une ou deux petites dents qui font à la char- hiere, Dd ij Sommet. Battans. Charniere. Couleur. Coquizrr. Battans. Sommet. Charniere. Périofte. Couleur, CCQUILLE. Périofte. Charniere. Couleur, 212 COOL 'L AIGLELS Le périofte de cette coquille lui donne une couleur noire. Il eft beaucoup plus fin, moins écailleux & plus fouple que dans les deux efpeces qui précèdent ; & pour cette raifon, plus difiicile à détacher. Il couvre une nacre très-belle , & d’une blancheur qui furpañle infiniment celle de l’intérieur. Il n’y a point de coquillage plus répandu fur les rochers de toute la côte. On le trouve aufli par paquets fur les huîtres attachées aux mangliers du fleuve Gambie. Les marelots Eu- ropéens lui donnent le nom de Moucle, & le mangent, a limitation des nègres, après lavoir pañé au feu. 4. NET ONE NI IR EAES Mufculus major latifimus , ex caftaneo purpurafcens. Lifl. hift. Conchyl. tab. 364. fig. 203. Mytulas faxatilis. Rumph. muf: pag. 151. art. 3. tab. 46. fig. D. Mytulus anguftus feu gibbofus. Lang. meth. pag. 74. Mufculus variegata. Hift. Conchyl. pag. 326. pl. 25. fig. Q. Moule magellanique , bariolée de brun fur un fond agathe; la marbrure eft fort différente des autres. Æjufd. ibid. Mufculus acutus, faxatilis, auriformis, patvus, extus granulatus, margine pilofo , ex virore fplendens; ex faxis pendulus : anatibus expetituss Rumphui. K/ein. tent. pag. 127. fpec. 2. Mufculus acutus, qui mufculus major, latiffimus, ex caftaneo purpuraf- cens; Lifteri. Ejufd. ibid. pag. 128. fpec. 10. J'ai obfervé aflez rarement cette quatriéme efpece vers le cap de Dakar. Sa coquille eft encore plus applatie que la précédente, longue de deux pouces & demi, fur une largeur une fois moindre & double de fa profondeur. Elle eft life, unie, fans aucunes dents fur fes bords, & fans canelures fur fa furface, qui eft recouverte d’un périofte très-épais & luftré. Sa charniere eft garnie de deux ou trois dents qu’on dif- tingue facilement à la vûe. La couleur du périofte eft fauve, quelquefois mêlée de verd. Celle de la coquille eft d’une belle couleur de rofe au dehors: la nacre regne dans fon intérieur. ss LAPAN. PL 15. Cette efpece de Jambonneau eft la plus grande de celles que j'ai obfervées au Sénéoal, BIVALVES. 213 L'animal ne differe des précédens qu’en ce que fon man- teau a environ trente crénelures fort larges au lieu de filets. Sa coquille a fept pouces de longueur, & deux tiers moins de largeur : elle eft fi applarie que fa largeur furpañle plus d’une fois fon épaifleur. Sa forme imite aflez celle d’un jam- bon, ayant le dos prefque droit, l’extrêmité fupérieure fort large & arrondie, & le ventre un peu concave vers le fom- met, qui diminue infenfiblement en pointe pour former une efpece de manche. Sa fubftance eft fort mince, aufli fragile que du verre, & aflez femblable à celle de la corne, dont elle emprunte la couleur & la tranfparence. Intérieurement elle eft polie & luifante, mais au dehors fa furface eft hériflée vers l’extrêmité d’un grand nombre de pointes pliées en cornets ou en tuyaux cylindriques fort min- ces, de même nature que la coquille, longs de quatre à cinq lignes & relevés en angle de quarante-cinq degrés. Ces pointes en tuyaux doivent leur origine aux crénelures du manteau de l’animal ; & quoiqu’elles paroïfient fans ordre, on diftin- gue cependant fur le refte de la coquille les veftiges des pre- mieres qui ont été ufées ou brifées : on voit qu’elles étoient difpofées fur quinze ou vingt rangs parallèles à la longueur de la coquille. | Le ligament qui attache les deux battans, s'étend depuis le fommet jufqu’aux trois quarts de leur longueur vers l’extrê- mité fupérieure. On ne diftingue aucune dent à la charniere. Les nègres font la pêche de ce coquillage autour des caps Bernard & Dakar, où 1l fe trouve en grande quantité à trois brafles de profondeur. Sa chair eft très-bonne, fur-tout lorf- qu’elle eft cuire & apprètée; elle eft fort goûtée des euro- péens & des naturels du pays. 6 LE CHANON. PL 15 Concha Aliformis, magis ventricofa , propè cardinem pulvinata, fubrufa, iatÙs tota argentea. Gualr. Ind. pag. & tab. 94. lite. B. Je n’ai point và l’animal du Chanon : il eft fort commun autour du cap Manuel & du cap Verd ; & autant que je m’en fouviens, 1l s'attache avec des fils aux plantes marines. ANIMAL. CoQUILLE. Sommet: Ligament. Charniere, Sa coquille eft longue d'environ trois pouces, & comp9- Coquirrr. Battans. Sommet. Ligament. Charniere, Mufcle. Couleur, COQUILLE, 214 C OQMLIL'INAIGIE S fée de deux battans très-inéoaux, dont l’un eft toujours plus petit que l’autre ; d’où je la juge appartenir à un genre de coquillage fort différent de celui du Jambonneau. Elle ef peu épaïle, plate, arrondie, & porte à fes côtés deux efpeces d’aîles qui augmentent fa largeur de maniere qu’elle furpañfe une fois & davantage fa longueur. Ce font ces aîles qui lui ont fait donner les noms d’ÆAflée, d'Oifeau ou d’ Hirondelle. L’aîle gauche eft toujours arrondie, & beaucoup plus courte que celle-de la droite, qui fe termine en pointe. Le battant fupérieur eft moins concave, beaucoup plus étroit dans fon milieu, & un peu plus large dans fes aîles ou à fes extrémités que le battant inférieur. Son fommet eft renflé comme un léger bouton, & placé à la quatriéme partie de fa largeur vers la gauche. Le ligament eft noir & fort mince: il paroït un peu au de- hors, & s'étend depuis la pointe gauche de la coquille, ju£- qu’au milieu de fa longueur. Sa charniere montre dans le battant inférieur une petite dent longue, avec un long fillon qui regne au-deffous du ligament. Dans l’autre on voit une cavité qui reçoit la dent, & un petit filet qui engraîne dans la rainure du premier. Il ne paroît qu’une attache de mufcle dans le milieu de chaque battant. La furface extérieure de cette coquille ef life, unie, quel- quefois jaunâtre & quelquefois brune. Une nacre fort belle & luifante recouvre fa furface interne, qui eft fouvent rem- plie de ces yeux de perles que les Jouailliers appellent /oupes de perles, 7HGL'IE) S\SS AIN. Rs 8. La feptiéme figure repréfente dans fa grandeur naturelle une petite efpece de Peione, la feule que j'aie rencontré fur la côte du Sénégal. La figure arrondie & applatie de fa coquille, avec deux pétites aîles ou oreilles à peu près égales , & l’inégalité de fes deux battans, font voir qu’elle approche infiniment de l’ef- pece qui la précéde. Elle à tout au plus deux lignes & demie de longueur & un peu moins de largeur. Elle eft fi mince qu’elle eft tranfparente comme un talc. Sa furface eft life & polie , excepté dans les deux oreilles, qui ont quatre ou BIVALVES. 215 cinq canelures relevées de quelques petits piquans, qu'on ne découvre que par le moyen du verre lenticulaire. Ses deux battans font médiocrement convexes, mais l’in- férieur beaucoup plus que le fupérieur. Sa charniere n’a qu'une cavité qui reçoit Le ligament fans le laifler paroître au dehors. Le fond de fa couleur eft un blanc fur lequel s'étend un réfeau jaunâtre ou rougeître, mais prefqu'infenfble par fa grande délicatefle. 8 LE JÉSON. P4 15. Le coquillage que je joins ici, me paroît appartenir à un genre encore diflérent de celui du Jambonneau , & de celui des efpeces 6. & 7. que je viens de décrire. On le trouve com- munément autour des rochers de l’ifle de Gorée, attaché par des foies fort courtes à la vérité, mais de la même maniere que les Jambonneaux, dont il ne s'éloigne pas beaucoup. Peétunculus anguftior maculatus. Lif£. hifi. Conchyl. tab. 347. fig. 184. Peétunculus ex latere productior fubfufcus. Eyufd. ibid. fig. 185. Concha longa incurvata, ftriata , rugofa rugis imbricatis, & undatim produétis, profundè fulcatis, albida, Gual. Ind. pag. & tab. 90. fig. F. fecunda. Anomalo cardia effufa, quæ Peétunculus obliquè in lacum expanfus, an- guftior maculatus; Lifteri K/ein. tent. pag. 144. fpec. 1. n. 34. Anomalo cardia effufa , quæ Peétunculus fubfufcus ex latere produétus & pedi humano inferiori fimilis ; Lifteri. Æjufd. ibid. n. 35. Battans. Charniere. Ligament. Couleur, La coquille du Jéfon repréfente un ovoïde fort obtus aux Coquizr. extrèmités, dont l’inférieure eft prefque droite & un peu moindre que la fupérieure qui eft arrondie. Elle à un pouce & demi de longueur, & une fois moins de largeur & de pro- fondeur. Elle ei aflez épaifle, & relevée au dehors fur chaque battant de quinze canelures longitudinales, fort grofles, ar- rondies , & comme compofées de plufeurs petites lames ou écailles difpofées par ondes en recouvrement les unes fur les autres. L'intérieur eft life & uni; mais les canelures qui au dehors font en relief, paroïflent ici en creux. Les deux battans font parfaitement égaux, & portent vers l'angle poftérieur de leur extrêmité inférieure , deux petits fommets recourbés un peu en devant, & qui fe touchent par Battans. Sommet, Ligament. Charniere, Mufcles. Couleur. 216 C'OÏQUILLLAGIES les côtés. On voit un peu au-devant d’eux un petit enfon- cement en forme de cœur. Le ligament paroît un peu au dehors, & prend fon origine au fommet, au-deflus duquel 1l s'étend d’une longueur égale la quatriéme partie de la coquille. La charniere dans le battant droit confifte en deux dents, dont l’une, celle d’en haut, eft longuette, & l’autre arrondie. Dans le battant gauche il n’y a qu’une longue dent, avec une cavité qui reçoit la petite dent de l’autre battant. Deux taches qu’on voit dans chaque battant, marquent les lieux où étoient fixés deux mufcles de moyenne grandeur. * Cette coquille recouverte de fon périofte paroît brune ou terreufe ; mais lorfqu’il eft enlevé, on découvre fur fa furface externe une belle couleur de rofe ou de feu : intérieurement elle eft fort blanche, avec une bande brune vers fon extrè- mité fupérieure, CAEN UE EVE L A CAM E. Chama. LEs coquillages que les Anciens ont appellés du nom de Cames font aflez faciles à reconnoître par leurs figures & leurs defcriptions. Ils en ont fait plufieurs genres à raifon de la forme plus ou moins allongée de leur coquille, & de la rudefle ou du poli de leur furface. Mais je crois que fans avoir égard à ce dernier point, on peut les divifer en ron- des , en ovales régulieres, & en ovales irrégulieres : j'entends par ces dernieres celles dont un des bords de la coquille eft ondé ou comme replié. Les premieres font les vraies Ca- mes; on appelle les fecondes Palourdes , & Lavignons les rroifiémes. Toutes ont les deux pieces égales & parfaitement femblables : il y en a de minces & d’épaifles , de renflées & de plates, de rudes & de lifles indiftinétement dans chacune des trois formes fous lefquelles je les confidere. 11 eft com- mun à toutes de vivre enfoncées de quelques pouces dans les fables, & elles s’y enfoncent d'autant plus que leurs trachées ont plus de longueur. BuIL ACHIOIN TS SMTP TG Xaux rpaxsia Græcis , Chamis afpera Latinis. Belon. aquat, pag. 406. , Trhdeas BIVALVES. 217 Unées Græcis ac Latinis, Cloniffa Mañiliæ, Genuæ Arfella, Hifpanis Ar- milla. Ejufd. ibid. pag. 407. Conchula rugata. Rondel. teflac. edit. lat. lib. x. cap. 26. pag. 26. Perite coquille ridée. Ejufd. édir. franç. teflac. liv. 1. ch. 22. pag. 19. Conchula rugata , Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 10. Gefñn. aquat. pag. 316. —— Aldrov. exang. pag. 459. Chama Peloris, Bellonit. Eju/d. pag. 476. Concha rugata, vulgi Pavarazzo. Ejufd. ibid. Chama afpera, Bellonii. Eju/d. ibid. Concha rugata alia Bellonii. Eju/d. pag. 477. Chama afpera , Bellonii. Jonff. exang. tab. 14. Concha rugata albo colore teéta , quam fubminius, citreus, puniceus , & palearis color diftinguunt: pulchriores deferuntur à Luzitanico mari, Bonan. recr. p. 108. claff. 1. n. 75. Concha rugata alia, fulcis magis profundè excavata, luteo colore, in mari Mediterraneo abundè generata. Æju/d. ibid. n. 76. Peétunculus maculatus, crebrioribus fafciis donatus ; Jamaicenfis. Lifler. hifl. Conchyl. tab. 278. fig. 145. Pectunculus omnium craffiffimus Bis ex latere bullatis donatus; An- glicus & ex mari Mediterraneo. Ejufd. tab. 284. fig. 122. Peétunculus variegatus; Jamaicenfis. Eju/d. rab. 185. fig. 123. Chama Wyfs-fchulp diéta. Rumph. muf: pag. 160. tab. 48. fig. $. Concha rugata albo colore teéta, quam fubminius, citreus, puniceus & palearis color diftinguunt : Li RE deferuntur à Luzitanico mari, Muf. Kirk. pag. 445. n. 72. Concha rugata alia , fulcis magis profandè excavata, luteo colore ; in mari Mediterraneo abundè generata. Ejufd. ibid. n. 73. Concha Tellina diéta. Ejufd. pag. 447. n. 102. Chama cornubienfis & maris Mediterranei. Petiv. Gaxoph. vol. 2. cat. o. tab. 93. fig. 17. Concha valvis æqualibus inæquilatera, mediocriter vel leviter umbonata, & reétà incurvata, fubrotunda, faftigiata, rugofa. Lang. meth. p. 69. Cochlea cordiformis æquilatera umbone cardinum unito, rugofa. EJ. ibid, Chama inæquilatera tranfverfim ftriata. Ejufd. pag. 70. Tellina frequentiflima, & gratiflimi faporis, pulchrè variegata lineis ju- giter in fe reflexis, 4e rugofs, Ariminenfibus Paveraccia dicta. Planc. Conch. pag. 31. Concha marina valvis æqualibus æquilatera, notabiliter umbonata , & obliquè incurvata, fubrotunda vulgaris, ftriis circularibus profundis, elatis, bullatis exafperata, & circumdata, crafla, fubalbida, Gualr, Ind. pag. & tab. 75. lite. H. Concha marina valvis æqualibus inæquilatera , notabiliter umbonata , & obliquè incurvara, 2 broche vel triangularis vulgaris, ftriata aut pugis latis craflis, & in un extremitate rotundioribus , & craflioris Ee CoQuILzE. Battans. Sommet, Ligament, 218 COQUEÉLLAGES bus veluti flo ad alterum latus appenfis; ponderofa, candida, nor- nullis maculis plumbeis, & lineis rufis rard nebulata, & fignata. Ejufd. pag. & tab. 85. lit. À. À Cricomphalos Luzitanica ; albo cortice teéta; quam fubminius, citreus » purpureus & palearis color diftinguunt, Bonanni. K/ein. tent. p. 146. Jpec. 2. Cricomphalos qui Petunculus craffiffimus, fafciisex latere bullatis; Lifteri. . ÆEjufd. pag. 147. fpec. 8. Cricomphalos crebris fafciis, Jamaicenfs ; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 1x. Quadrans plicata. Ejufd. pag. 155. fpec. $. Les Marfeillois l’appellent Clonifle. Belon. Rondel. Les Vénitiens, Biverone, Piverone, ou Piperone. id. Les Génois, Arfelle. Zid. Les Riminiens, les Ravenois & les Anconois, autrefois Pove- razos. Bel. aujourd’hui Paveraccia. Planc. Les Efpagnols, Armilla. Bel. Les Sénégalois , Boukch. + La coquille de la Clonife eftépaifle, prefque ronde, large d'environ deux pouces, & un peu moins longue. Elle eft convexe, fort renflée & d’une profondeur preiqu’une fois moindre que fa longueur. Sa furface eft relevée d’une qua- rantaine de canelures tranfverfales , demi-circulaires & ri- dées, qui s’effacent & difparoiflent à mefure qu’elles appro- chent du fommet : là elles femblent quelquefois traverfées par d’autres canelures longitudinales prefqu’infenfibles. Les deux battans font exaétement femblables, aflez tran- chans, mais épais fur leurs bords, qui font marqués intérieu- rement d’une centaine de dents infiniment petites. Ils portent chacun, un peu au-deflous du milieu de leur largeur, un fommet S peu élevé, tourné en bas en volute, & qu1 touche prefque fon voifin par les côtés. Au-deflous de ce fommet on voit une petite cavité Q applatie, en forme de cœur, ronde dans les coquilles plus renflées, une fois plus longue que large dans celles qui font plus applaties , & rou- jours couverte de rides. Le ligament L qui joint les battans, fort entierement au dehors, où 1l paroît convexe. Il eft deux fois plus court que la largeur de la coquille, & placé au-deflus du fommet auquel il vient fe terminer. Il femble qu’il quitte plus faci- ’ BIVALVES. 219 lement le battant droit que le gauche. Ces deux battans font applatis & comme creufés obliquement autour de lui. Deux grofles dents C à peu près triangulaires, obtufes & fort proches l’une de l’autre, ris la charniere du bat- tant droit D. Elles ont deux cavités fur leurs côtés & une troifiéme entr'elles, qui reçoivent les trois dents c. du battant gauche G. Sur la furface interne de chaque battant, on voit vers fes extrèmités les attaches de deux gros mufcles ronds, dont le fupérieur E eft fort peu plus grand que l’inférieur e. Le trait R marque le lieu où les lobes du manteau étoient atta- chés aux mêmes battans. Le périofte, s’il y en a un fur la furface externe, n’eft pas fenfible. Cette coquille eft quelquefois blanche au dehors comme au dedans ; mais pour l’ordinaire fa furface extérieure eft de couleur de chair ou jaunâtre, quelquefois coupée dans fa lon- pal par trois bandes fauves, ou couverte de petites mar- rures très-fines , en zigzags bruns ou fauves, ou gris-de-lin. Les variétés que l’on obferve dans cette coquille font fi confidérables, que je n’aurois ofé entreprendre de les fixer, fi je n’en eufle obfervé plufieurs fois les animaux qui fe font trouvés parfaitement femblables dans toutes. Ces variétés confiftent non-feulement dans fa forme, mais encore dans le nombre de fes canelures. Les unes approchent de la figure ronde, & d’autres de la forme triangulaire: dans les premieres le fommet s’applatit, & 1l devient pointu dans les dernieres. Il y en a de plus renflées & de moins renflées. Leur profon- deur furpafle quelquefois, mais elle n’eft jamais moindre que la moitié de leur longueur ; leur fommert eft toujours placé : au-deffous du milieu de leur largeur. A l’égard des canelures les jeunes coquilles les ont ordi- nairement lifles, & beaucoup moins nombreufes que les vieil- les :1l s’en trouve même dans lefquelles on n’en compte que fept ou huit au lieu de quarante. Dans quelques-unes ces ca- nelures fe terminent par une petite pointe autour de la cavité qui paroît auprès du ligament ; comme dans la Came que l’Auteur françois de la Conchyliologie à figurée à la lettre B de la planche 24°, & que je n’ai pas citée à caufe de l'étrange Ee 1j Charniere, Mufcles, Périofte. Couleurs Variétés, ANIMAL. Manteau. Trachées, 220 COQUALLAGES courbure que prend cette coquille, qui d’ailleurs ne difiere pas fenfiblement de la nôtre. Le célebre M. B. de Jufieu, que j'ai cité tant de fois & Voccafon des facilités qu’il m’a procuré de comparer les coquilles du Sénégal à celles qui font dans fon riche cabinet avec les notes des diflérens pays d’où 1l les a reçu, a eu la complaifance de me communiquer le Paveraccia de Rimini, que le fçavant M. Janus Plancus lui avoit envoyé tout récem- ment. La comparaifon que j'en ai faite m’a confirmé dans le foupçon où j'étois que la Clonifle de Belon & de Rondeler pourroit bien être la Came obfervée au Sénégal ; & elle ne ne m'a pas permis de trouver aucune différence notable entre ces deux coquilles. La Cloniffe de Rimini éroit de celles que j'ai dit approcher de la figure triangulaire, qui font moins renflées, dont les canelures font lifles, au nombre de qua- rante ou environ , & à fond blanc, marbré de zigzags bruns ou pgris-de-lin. Ce feroit une erreur que de croire avec les Anciens (1) & quelques Modernes, que la Came a toujours fa coquille ou- verte ou béante. L'animal qui lhabite l’'ouvre & la ferme à fon gré, comme font toutes les autres Bivalves doit les bat- tans ferment exactement. Lorfqu’elle eft entr’ouverte, on ap- perçoit fon manteau comme une membrane fort mince, divifée dans toute fa longueur en deux lobes égaux, qui re- couvrent chacun les parois intérieures de chaque battant. Leurs bords M font légerement ondés ou crénelés, &c s’éten- dent fur ceux de la coquille fans fortir au dehors. De l’extrêmité fupérieure du manteau fortent deux tra- chées T. A. en forme de tuyaux charnus & cylindriques, dont la longueur égale la fixiéme partie de celle de la co- uille. Ces tuyaux font aufi éloignés du fommet de la co- quille que du milieu de fa circonférence, & joints enfemble (x) Nunc inquiramus quid fit Chamis proprium , quo à Conchis, quibus in multis fimiles funt, diftinguantur. Athenœus, m0 dt ympèy permpeoviues Tv © piles tv tmideiars , 94 Voas crus avouasus ra noyyüie mupé vo meymtevæs. Id eft , Chamarum meminit Jo Chius in Epidemis quæ fortaflis yyuai à Græcis nominatæ funt, äm0 +8 xeyyxtves , 1d ef ; ab Hiando. Id etymum fecuti quidam Hiatulas Latinè appelant. Sed..…. tutius. effe puto Græcà appellatione uti, Plinii exemplo , à quo Chamæ nominantur, & Chamæ-pelorides, & Chamæ-trachææ , atque aliæ ejufdem generis. Chamæ igitur etf concharum generi fubfint, hoc tamen à cæteris conchis diftabunt, qudd femper hiant, & teftas apertas habent, Rodel. eff, lib, 1. cap, 8. pag. 10, BI VUALVES. 22A brefque jufqu'au milieu de leur longueur, par une membrane frifée en forme de crète. Ils font quelquefois inégaux & quel- quefois d’égale grandeur, felon qu’il plaît à l'animal d’allon- ger & de grofir davantage l’un ou l’autre. Cependant j'a remarqué que dans les adultes le’tuyau poñtérieur A eft le plus grand: fa longueur furpañle de moitié fa largeur, & d’un tiers l’autre tuyau T. Il eft couronné à fon extrêmité d’une membrane fort mince & tranfparente, de l’origine de laquelle {ortent environ quarante petits filets cylindriques, tronqués à leur extrémité. Ces filets font une fois plus longs que la membrane, & difpofés fur un feul rang qui regne tout au- tour d’elle en dehors. Le tuyau antérieur T n’a pas plus de longueur que de lar- eur. Son extrêmité ne porte point de membrane : elle eff eulement couronnée d’environ foixante filets femblables , dont trente font alternativement plus courts. Tous ces filets, tant dans l’un que dans l’autre tuyau, font mobiles, & jouent felon la volonté de l’animal, fans doute pour déterminer cer- tains corps à enfiler leur canal avec l’eau qu’ils y font entrer. Le tuyau poftérieur À rend les excrémens avec l’eau que l'autre tuyau antérieur T a pompée. Le pied prend autant de formes différentes qu’il plaît à lanimal ; mais lorfqu'il fe tient tranquille , il paroît ordinai- rement fous la forme d’un croïflant P, dont la largeur eft prefque égale à celle de la coquille. L'animal s’en {ert non pour marcher en rampant, mais pour poufler en avant fon corps avec fa coquille. La couleur du corps de la Cloniffe eft blanchätre : la frange de fes tuyaux , & l’efpece de crête qui les unit enfemble font rougeâtres. e coquillage eft fort commun fur toute la côte du ca Verd. Il fe tient enfoncé dans les fables dans la fituation où je l’a fait repréfenter , fes deux tuyaux reftans toujours au- deflus pour communiquer avec l’eau. Les nègres lui donnent le nom de Boukch, & en mangent la chair cuite fous les cen- dres : elle eft fort bonne , faine & très-délicate, À] Pied, Couleur, CoOQUILLE. Sommets, Ligament. Charniere. Battans, Couleur. 222 COQUILLAGES RU À J ARRPZ re, Concha Nux maris diéta, Tarentino in mari & alibi frequens, ftriis valdè fpiflis & rotundatis, colore albo fulvis vel rufis maculis notato. Bon. recr. pag. x11. claff. 2. n. 98. —— Muf. Kirk. pag. 446. n. 96. Concha cordiformis æquilatera , umbone cardinum unito ftriata. Lang. meth. pag. Go. Concha cordiformis æquilatera, umbone cardinum unito, parva, ftriata, fubalbida , fulvis lineis maculata, & circumdata. Gualr. Ind. pag. & tab. 71. lit. J. Concha cordiformis æquilatera , umbone cardinum unito , ftriata, ftriis craffioribus candida, maculis & lineis fulvis referta, & circumdata. Ejufd. ibid. lire. L. Concha cordiformis inæquilatera , ftriis craflis elatis, raris lineis tranf- verfim fignatis diftinéta, colore rubiginofo depiéta. Ejufd. pag. & tab. 83. lire. D. A ne confidérer que l’épaifleur, la forme renflée & les ca- nelures longitudinales de la coquille de l’Ajar, on la pren- droit moins pour une Came que pour un Petonclé: mais on eft bientôt détrompé lorfqu’on a vû l'animal, qui ne differe point de celui de la premiere efpece. Elle n’a qu’un pouce de largeur, fur une longueur un peu moindre & qui ne fur- pale guère fa profondeur. Elle porte fur chaque battant vingt-cinq à vingt-fix groffes canelures quarrées, quelquefois lifles & quelquefois légerement ridées, qui au lieu de la tra- verfer s'étendent de longueur. Le ligament & les fommets font aflez femblables à ceux de la Clonifle ; mais la petite cavité en forme de cœur n’eft pas fenfiblement creufée. La charniere n’a qu’une dent dans le battant droit, & deux dans le gauche. Chaque battant eft creufé intérieurement autour de fes bords de vingt-cinq ou vingt-fix canaux, terminés par autant de crénulures profondes qui répondent aux vingt-fix çane- lures élevées fur fa furface extérieure, Ces petits canaux s’é- tendent jufqu’à deux lignes ou deux lignes & demie au de- dans de la coquille. Intérieurement elle eft blanche fur les bords, & tire un peu fur le rouge vers le milieu. Extérieurement fon fond eft BIVALVES, 225 brun tirant fur le rouge, & mêlé de quelques lignes blanches. On la trouve communément dans les fables de l’embou- chure du Niger, pendant le mois de mai. > LE CO D OK;:PBUrc. Concha parum excavata, & quafi perfetè circino rotundata; in utrâque parte albefcens, in externâ minutiflimis ftrigibus à cencro ad margi- nem produétis , aliis lineolis in tranfverfum incifis corrugata ; ab Oceano occidentali in lucem edita , mirum naturæ artificium often- dens. Bonan. recr. pag. 108. claff. 2. n. Go. —— Muf. Kirk. pag. 445. n. 70. Peétunculus magnus, planus, orbicularis , ferè rubefcens, capillaribus ftriis quafi cancellatis confpicuus ; Barbadenfis & Jamaicenfis. Lift. hift. Conchyl. tab. 337. fig. 174. Chama luraria, feu Coaxans, Malaicenfibus Bia Codock. Rumph. muf. pag. 138. art. 1. tab. 42. fig. H. (fig. E. forte eadem?) Chama reticulata. Hiff. Conchyl. pag. 310. pl. 14. fig. E. Came dont le fommet eft plus élevé que les autres, & les ftries moins profondes ; toute fa robe forme un vrai réfeau blanc. Eju/d. ibid. Pag. 314. : Concha marina, valvis æqualibus æquilatera , mediocriter, vel levirer umbonata, & obliquè incurvata, fubrotunda, complanata, ftriis can- cellaris elegantiflimè fignate, candida. Gualr. Ind. pag. & tab. 77. . fig. A. (Les proportions que l’Auteur donne à cette coquille dans fa 3e. figure , pèchent en ce qu’elle a beaucoup trop de protondeur. ) Chamelæa levis, fivè circinis umbratilibus, taétu læviflimis : quæ Chama Jutaria , fivè Coaxans, Bia Cadock, à plaufu fonoro ica diéta, fubro- tunda, palmaris, lævis, lutofi coloris; in quà latet nonnunquam la- pillus rotundus, argenteus, aliquaudo tuberculofus, Rumphii. K/ein. tent. pag. 153. fpec. 3. n. 2. Tellina granulata, magna, plana, orbicularis, ferè rubefcens, capillari- bus ftriis qual cancellata & afpera, Jamaicenfis; Lifteri. Eju/dem , pag. 160. fpec. 4. Le Codok fe voit aflez rarement entre le cap Manuel & le cap Verd. Sa coquille eft plus mince & plus applatie que les précé- Coquizzr, dentes, large de plus de deux pouces, un peu moins longue, & une fois & demie moins profonde. Un réfeau aflez fin, formé par environ cent canelures longitudinales & autant de tranfverfales plus petites, qui les coupent à angles droits, couvre toute fa furface extérieure. Les mailles de ce réfeau font d'autant plus grandes & mieux marquées, qu’elles ap- Sommets. Charniere. Couleur. ÀÂANIMAL. Trachées. COQUILLE. Sommets, Couleur, 224 C ONONUMLILAIGIE S prochent davantage des bords de la coquille, qui font unis; fans dents, & fans crénelures au dedans. Les fommets qui fe touchent à peu de chofe près comme les précédens, font placés prefqu’au milieu de la largeur de la coquille, & accompagnés au-deflous d’une cavité en forme de cœur, très-profonde, mais fort petite. La charniere a trois dents dans le battant droit, & deux dans le gauche. Cette coquille eft d’un beau blanc au dehors, jaune-fouffrée au dedans, avec un bord couleur de chair auprès de la char- niere. "LEZ COLE A INIUPA AE Pectunculus undatim depictus. Lif£. hifl, Conchyl. tab. 262. fig. 98. Pectunculus densè fafciatus, ex rubro variegatus , & undatus ; ex infulà Garnfey. Ejufd. tab. 291. fig. 127. Chama cornubienfis fafciata, undis rubris. Peciv. Gazoph. vol. 2. cat. 6. tab. 93. fig. 15. : Concha marina valvis æqualibus, æquilatera , notabiliter umbonara , & obliquè incurvata, fubrotunda , vulgaris, ftriis denfiflimis & pro- fundis tran{verfim ftriata, & exafperata, candida , leviter.ex fufca variegata & radiata. Gualt. Ind. pag. & tab. 75. lie, F. Concha marina valvis æqualibus , æquilatera , notabiliter umbonata, & obliquè incurvata, fubrotunda, vulgaris tranfverfim ftriata, ex albido & fufco fignaia, & lineata. Æju/d. ibid. lire. G. Cricomphalos, ex rubro undata fuper circulis denfis; Lifteri. K/ein. ten, pag. 147, fpec. 13, L'animal du Cotan a les deux trachées ou tuyaux du man- teau joints enfemble dans toute leur longueur. Ils font par- faitement égaux, & deux fois plus longs que large. Du refte l'animal ne difiere point de celui de la premiere efpece. Sa coquille a la forme de celle qui précède , mais elle a ra. rement deux pouces de largeur. Sa furface n’eft pas non plus en réfeau ; elle porte feulement quatre-vingt-dix à cent petites canelures tranfverfales & arrondies, Les fommets font placés exactement au milieu de fa lar- geur, & un peu écartés l’un de l’autre. La cavité en forme de cœur eft aufi très-profonde, aflez grande & prefque ronde, Je ne connois guère d’efpeces de coquillages dans lef quelles les mêmes couleurs prennent autant de formes & de nuances différentes. Leur fond eft toujours blanc, mêlé de taches BIVALVES. 225 taches fauves ou couleur de chair, qui s'étendent tantôt par marbrures, tantôt en zigzags, quelquefois par bandes longi- tudinales, quelquefois de ces deux manieres, & fouvent de toutes les trois enfemble. On voit quelquefois un peu de violet fur fa furface interne. On la trouve communément dans les fables de l’ifle de Gorée. “ LE DOSIN. Pie Pectunculus ex infulà Mauritii. Lif£. hift. Conchyl. tab. 161. fig 97. Peétunculus albidus, densè fafciatus , latiflimus, admodüm planus ; Ja- maicenfis. Ejufd. tab. 188. fig. 1214. Concha marina, valvis æqualibus, æquilatera, mediocriter vel leviter umbonata , & obliquè incurvata, fubrotunda, ftriis profundis tranf- verfis, umbonem versüs decrefcentibus, elegantiflimè undiquè cinéta, albida. Gualt. Ind. pag. & tab. 76. licr. F. Cricompbalos Mauritanica , rotunda, alba; Lifteri. Klein. tent. pag. 146. ec Cricomphalos latiffima albida, densè circinata , admodüm plana; Lifteri. Ejufd. pag. 147. fpec. 14. La coquille du Dofin ne differe de celle qui précède, que parce qu’elle eft un peu moins épaifle, plus légere, que fa furface eft d’un poli luifant & éclatant, relevée de foixante canelures un peu plus larges, applaties; & en ce que la fof- fette en forme de cœur qui paroït au-deflous des fommets, eft moins enfoncée , & polie fans rides. Les battans font arrondis fur leurs bords : ils portent cha- cun quatre dents à la charniere. Elle eft d’une blancheur parfaite au dedans & au dehors, On la voit aflez abondamment fur la côte de Portudal, EEE SO RDPE’L" FL 16. Petunculus ex toto albidus, pauld planior ; Jamaicenfis. Lif£. hifl. Conchyl. tab, 273. fig. 109. Peétunculus profundior , ad alterum humerum finu longiufculo ; Jamai- cenfis. Ejufd. tab. 274. fig. 110. J'ai trouvé cette efpece autour de Fifle de Gorée & du cap Manuel. Coquirce, Battans. Charmiere, Couleur, Sa coquille reffemble aflez à la précédente par fa légereté, Coquicre, fa blancheur & fon beau poli: mais elle n’a guère plus d’un 226 COQUILLAGES pouce de largeur. On compte fur fa furface plus de cent Sommet. trente canelures extrêmement fines; & fon fommet qui eft placé beaucoup au-deflous de fon milieu, s’avance oblique- ment en pointe, caractere que nous n’avons point obfervé dans toutes les efpeces qui la précèdent: d’ailleurs la cavité en forme de cœur eft plus profonde & ridée. Charniere Chaque battant porte trois dents à la charniere, 7. LEP Re 2 Pr 6: Chama inæquilatera , lævis, craffa fubalbida. Gualt. Ind. pag. & tab. 851 lice. B. Celle-ci eft la plus commune & la plus recherchée par les gens du pays, qui en eftiment beaucoup la chair. Elle eft éga- lement répandue fur toute la côte fablonneufe depuis le cap Verd jufqu’au fleuve Gambie. Coquuzr. Sa coquille eft fort épaifle & extrêmement renflée, fur- tout dans les vieilles, qui ne portent guères que deux pouces & quelques lignes de largeur, & un pouce trois quarts de lon- gueur , fur une profondeur un quart moindre: les jeunes au contraire font plus applaties & fort minces. Leur furface ex- terne eft aflez life & unie vers le fommet, mais relevée de plufieurs groffes rides vers les bords qui font aigus. Elles ne portent, non plus que toutes les autres efpeces qui fuivent, aucune impreflion en forme de cœur au-deflous des fom- mets. Sommers, Ceux-ci font obtus, arrondis, contigus l’un à l’autre, & placés vers le bas de la coquille au tiers de fa largeur. Charniere. La charniere porte quatre dents à chaque battant. Périofte. Cette coquille eft recouverte extérieurement d’un pér'ofte Couleur, livide ou blanc-fale & très-fin, qui s’enleve facilement, & laiffe voir au-deflous fa couleur blanche. Aximar. L'animal difiere un peu des précédens. Ses tuyaux reflem- Trachées. blent à ceux de la quatriéme efpece ; mais fon manteau qui Manu. fire un peu au dehors de la coquille, porte fur les bords de chaque lobe une membrane circulaire fort courte , découpée de cinquante crénelures quarrées, terminées chacune par cinq petits filets charnus & mobiles. Les nègres appellent ce coquillage du nom de Boukch ou Bouikch, comme la premiere efpece. BIVALVES. 227 8 LE FÉLAN. PL 16. La coquille du Félan eft extrêmement mince & tranfpa- rente, d’une rondeur aflez exacte, du diametre d’un pouce &c demi, & une fois moins profonde. Sa furface extérieure ne porte aucunes canelures, mais feulement quelques rides très- fines & aflez égales, par-deflus lefquelles on voit par inter- valles un périofte fort mince. Son fommet fe trouve précifément au milieu de fa lar- eur. Il eft aflez pointu, mais peu éminent. Il n’y a ji deux petites dents triangulaires à chaque bat- tant pour former la charniere. Celles qui font recouvertes de leur périofte paroiïffent fauves-clair ; les autres font d’une grande blancheur. On les rencontre aflez rarement autour du cap Manuel. 9. LE P OR O N. PL. Je n’ai jamais trouvé cette efpece plus grande qu’on la voit figurée à la planche 17; & elle ne difiere de la précédente u’en ce qu’elle n’a que deux lignes au plus de diametre. Elle eft blanchître & quelquefois violette, au moins vers Ja charmiere. : On la voit abondamment dans les finuofités des rochers remplies de fable. 202 0: Et P'T RENE PI ET, Celle-ci eft affez rare dans les fables de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft fort mince & fragile, mais fans tranfpa- rence , large d’un pouce au plus, fur une longueur un peu moindre, & double de fa profondeur. Elle eft ornée exté- CoQuiLLe. Périofte. Sommet. Charniere, Couleur, CoQuiLze. Couleur. COQUILLE, rieurement de près de cent canelures longitudinales extrême- ment fines, qui font traverfées par quelques rides avec lef- quelles elles femblent faire un réfeau très-délicat. Le fommet eft fort obtus, & placé beaucoup au-deflous du milieu de fa largeur. , Sa couleur eft blanc-fale. 1 LE L'U"N'O"T. PE 17 Mufculus ftriatus , ftriis tranfverfis, & longitudinalibus cancellatus, quæ- num nonnullæ latere elongato crailiores funt, rufus. Gualr. Ind. pag. © tab. 90. lire. B. FER Sommet, Couleur. COQUILLE. Sommet. Ligament. Charniere. Couleur. ANIMAL. Trachées. Manteau. ANIMAL: Trachées, COQUILLE. Ligament, Sommit, 228 COQUILLAGES La coquille du Lunot eft fort mince, de figure ovoide, obtufe aux extrémités, large d’un pouce & demi au plus, fur une longueur moindre de moitié & prefque double de fa profondeur. Sa furface extérieure eft couverte d’un réfeau extrêmement fin, formé par cent canelures longitudinales & autant de tranfverfales d’une délicatefe infinie. Le fommet eft fort petit, & placé vers fon extrêmité infé- rieure à la quatriéme partie de fa longueur. Le ligament eft à peine une fois plus court que Ia Targeur de la coquille; & la charniere confifte, dans chaque battant, en trois petites dents égales & fort rapprochées. Le fond de la couleur de cette coquille eft blanc ou couleur de chair , agréablement marbré de brun, fur-tout vers les extrémités. L'animal qu’elle renferme a les tuyaux des trachées auffi longs que la moitié de la largeur de la coquille, écartés l’un de l’autre vers l’extrêmité, & couronnés chacun de vingt filets, Le manteau porte fur chaque lobe une double membrane, comme la feptiéme efpece ; mais elle n’eft m1 crénelée ni bor- dée de filets. Les nègres pêchent une grande quantité de ce petit coquil- lage dans les fables de Ben: c’eft le plus délicat de tous ceux qui fe mangent fur la côte ; ils le paflent légerement au feu ou fur les cendres chaudes. 12 LÉ PE GO N 7. L'animal du Pégon refflemble aflez au précédent ; mais fes tuyaux font quatre ou cinq fois plus courts que la largeur de la coquille. Sa coquille eft médiocrement épaifle, d’une grande dureté, un peu plus applatie que la précédente, longue de près de deux pouces, fur une largeur de moitié moindre, & double de fa profondeur. Elle eft marquée fur tout fa furface ex- térieure de quarante à cinquante canelures tranfverfales, ap- platies, d’un beau poli & très-luifantes. Les bords des battans font épais & arrondis. Le ligament eff prefque trois fois plus court que fa largeur, & lé fommet eft placé un peu au-deffous de fon milieu. BIVALVES. 229 Sa charniere confifte en trois petites dents fort rappro- chées dans le battant droit, & en deux feulement dans le battant gauche. Sa couleur eft violette en dedans, rougeître au dehors, & parfémée de quelques taches brunes, diftribuées fur quatre où cinq lignes qui s'étendent comme autant de rayons du fommet vers les bords. J'ai trouvé ce coquillâge avec le précédent, mais beau- coup plus rarement, | 28:08 UN BL: FE. Tellina latior, fafciati & undatà quâdam piéturâ confpicua; Indiæ oriert- talis. Lift. hifl. Conchyl. tab. 378. fig. 221. k Tellina lata, lævis radiata, Indiæ orientalis. Ejufd. tab. 339. fig. 122. Tellina fafciata anguftior , intüs lutefcens, extrà radiata. Eju/d. tab. 404. fig. 248. Cricomphalos litterata, quæ Tellina fafciata anguftior , intüs lutefcens; Lifteri. Klein. rent. pag. 147. fpec. 23. Tellina circinata tyfjages five litrerata , crafla, oblonga undulis fufcis; Lifteri. Ejufd. pag. 157. fpec. 2. n. 3. Tellina circinata #yloa@es five licterata , Xulanenfis, plana; fuper circulis acutè undofa; Lifteri. Æjufd. ibid. n. 4. tab. 13. fig. 59. La coquille du Sunet eft auffi épaifle , mais plus petite, plus applatie, & moins allongée à proportion que celle qui précede. Elle n’a pas un pouce un quart de largeur. Sa lon- ueur eft moindre d’un tiers feulement. Sa furface, au lieu £ canelures, eft marquée de vingt-cinq à trente fllons tranf- verfaux & très-profonds. Les bords de chaque battant font marqués intérieurement de cent petites dents fort ferrées. Les dents de la charniere font au nombre de trois, aflez écartées. Sa couleur eft violette au dedans, blanchâtre au dehors, & marbrée très-agréablement de bandelettes rougetres croi- fees en zigzags. On la voit peu fréquemment dans les fables du cap Ber- nard. 14. LESE' 5 OS R'UPLEN Tellina Latini hirtoris, & Luzitanici maris apud Maderam , in ambirw ferrata, propter figuram à cæteris diverfa, minutiflimis ftrigis ru- gofa, & laéteo colore, Bonan. recr. pag. 104. claf]. 2. n. 45.2 Charniere, Couleur, COQUILLEs Battans. Charniere, Couleur, CoOQUILLE; Sommet: Couleur, CoQçuILLE. Sommet. Couleur. 230 COQUILLAGES Tellina parva ex rufo maculata, paululum cava, ftriis fafciatis valdè exaf- perata. Liff, hifls Conchyl. tab. 396. fig. 243. Cricomphalos quæ Tellina parva, ex rufo maculata, paululum cava; ftrüis fafciatis valdè afpera; Lifteri. Klein. cent. pag. 147. fpec. y. Chamelæa, circinata, fivè concentricè fulcata, Luzitanica, ferè rotunda, in ambitu ferrata, coloris laétei ; Bonanni. Ejufd.p. 1 52. fpec, 1. n. 9.2 Le Tofar fe trouve aufi rarement aux ifles de la Magde- laine. Sa coquille reflemble aux deux précédentes par fa du- reté, fon poli & fon épaifleur. Elle en differe, parce qu’elle eft prefque ronde ou triangulaire, large d’un pouce, & fort peu moins longue. Sa furface exterieure eft relevée de trente pe- utes canelures tranfverfales. Ses bords font ronds, lifles & fans dents. Le fommet eft fort éminent, & placé en bas au tiers de fa largeur. Elle eft ordinairement blanche, & quelquefois couleur de chair , ou gris-de-lin fans aucun mélange : quelquefois elle eft rougeûtre , avec quelques taches blanches, difpofées fur dix ou douze rayons, qui partant du fommet comme centre, vont fe terminer à la circonférence. 15. LE MONET RE TL PErRS: Pectunculus maculatus, Jamaicenfis. Lift. hifi. Conchyl. tab. 270. n. 106. Chama inæquilatera, lævis , albida , maculis quadratis obfcurè fulvidis teflellatim fignata, punétara, & radiata. Gualr. Ind. pag. & tab. 86. LECURE Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus, laétus læviffimis, maculata; Jamaicenfis, maculis inftar nubecularum difperfis; Lifteri. Klein. tent. pag. 155. Jpec. 3. n. 16. Cette efpece ne difiere des trois qui précèdent, que parce que fa coquille eft plus épaiffe, fans dents & fans canelures, mais d’un beau poli. Elle à deux pouces & demi de largeur & un tiers moins de longueur. Son fommert eft fort applati, & placé en bas vers la qua une lésere impreffion en forme de cœur , au milieu de la! quelle les bords des battans font légerement ondés: Au dedans cette coquille eft fort blanche, & fauve oi, eris-de-lin au dehors, avec des marbrures ou des taches quar” triéme partie de fa largeur. On apperçoit au-deflous comm. tt éésher. SE 2 on BIVALVES. 231 rées brunes, quelquefois difpofées en deux rayons qui partent du fommet comme centre. On la rencontre aflez rarement dans les fables du cap de Dakar & de Rufisk. I SULTS Q'ÉRRRE. Celle-ci fe trouve encore dans les mêmes endroits, mais fur-tout dans l’anfe de Ben. Elle eft de celles qu’on appelle Lavignons, qui fe diftinguent des autres Cames, parce que les deux tuyaux du manteau font prefqu’auffi longs que leur coquille, & que leurs battans ne ferment jamais exactement. Sa coquille eft ovoide, obtrufe aux deux extrémités, mé- diocrement renflée, large de deux pouces fur une longueur de moitié moindre, qui furpañle de moitié fa profondeur. Elle eft extrêmement mince, très-fragile, luifante & unie. Ses deux battans font égaux, mais ils ne s’appliquent jamais exactement par en haut, & laiflent une ouverture par laquelle les trachées doivent pañler : leurs bords font minces & tran- chans au-delà de l’expreffion. Les fommets font obtus, un peu écartés l’un de l’autre, & fort peu au-deffous du milieu de la longueur de la coquille. Iln’y a point de cavité en forme de cœur. Les dents de la charniere font au nombre de trois dans chaque battant, toutes en lames fort minces, dont les deux laterales font fort éloignées, & laiflent entr’elles une cavité remplie par le ligament, qui eft prefque rond & ne paroît que fort peu au dehors entre les fommets. La couleur de cette coquille eft violette au dedans & grife ou agathe au dehors, avec cinq ou dix raies tantôt blanches & tantôt fauves, qui comme autant de rayons, partent du fommet pour fe rendre à la circonférence, 17 LE FATAN. PL 17. Voici la plus grande de toutes les Cames que j'ai obfervées au Sénégal. Sa coquille fe trouve abondamment dans les mois de mars, avril & mai, fur le rivage fabloneux qui s'étend de- puis le village de Ben jufqu’à celui de Rufisk. Elle a près de fix pouces de largeur fur une longueur un quart moindre, & double de fa profondeur. Elle eft tranfparente, prefqu’auifi ANIMA La Trachées, CoqQuiLer, Battans;, Sommets, Charniere, Couleur, CoquiLte, Somtmets, Charniere, Ligament. Couleur, CoOQUuILLE. 232 COQUILLAGES mince que la précédente, & marquée vers le fommet d’une vingtaine de canelures tranfverfales, rondes & fort écartées, qui dégénerent vers les bords en des rides fort irrégulieres. Les fommets fe touchent. Entre les dents de la charniere on voit une grande cavité, à peu près égale dans chacun des battans, qui ne ferment pas exactement. C’eft dans cette cavité que ie trouve logé le ligament, qui eft prefque rond, comme dans l’efpece pré- cédente. Elle eft d’un blanc-de-neige au dedans & au dehors. BIEL A CALGINEIMLE (PL Piperata Chama Latinis, Venetis Beveraza, vel Biveronus , vel Peveraza; Chalene vel Chalcene, Chalcinella vel Chalcera Anconitanis & Ra- vennatibus. Belon. aquat. pag. 404. Piperara Chama, è genere lævium; Bellonii. Gefn. aquat. pag. 323. Chama Piperata; Bellonii. Æ/drov. exang. pag. 473. Tellina vilior, complanata, fubrotunda, teftâ ex albo violaceä, fafciatä & fragili; ex Cefenatico portu. Planc. Conch. pag. 32. La coquille de la Calcinelle a environ un pouce & demi . de largeur, & moitié moins de longueur. Elle eft fort mince Sommet, Charniere, Couleur. & beaucoup plus applatie que toutes celles qui précèdent; car fa longueur furpañle plus de deux fois fa profondeur. Son fommet eft peu fenfble. La charniere & le ligament reflemblent à ceux des deux efpeces qui précèdent. Pendant que l’animal eft vivant, fa coquille eft bleuñâtre ou d’un blanc-violet, qui devient blanc-de-neige lorfqu’elle a refté, après fa mort, ou dans le limon, ou expofée fur le rivage. Ce coquillage fe plaît dans les fables vafeux du Niger, LANCE AN AIG PA NENPPI 17 Tellina è Madagafcar. Liff. if. Conchyl. tab. 386. fig. 233. Tellina maxima latiffima , fubrubra radiata , ad alterum latus finuofa, Ejufd. tab. 387. fig. 234, Tellina fubalbida præcedenti perfimilis. Æju/d. tab. 388. fig. 135. Tellina lævis, albida, rotunda. S/oan. Jam. vol. 2. pag. 164. Chama inæquilatera, tranfverfim ftriata , feu lineata, altero latere finuofo, ex candido & rofeo pallidè fafciata. Guals. Ind. pag. € tab, 86. _ D. Tellina re — : BIVALVES, 233 Tellina circinata, éyesges, rudis; fine infcriptione ; quæ Tellina maxima, Jacifima , fubrubra circinata ( non radiata }) ad alterum latus finuofas Lifteri. Klein. tent. pag. 157: Pr 1. 7. 12. Tellina circinata , éyexges | rudis ; fine infcriprione , fubalbida ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 13. Tellina circinata äyexges | rudis; fine infcriptione ;quæ Tellina à Mada- gafcar ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 14. Le Vagil fe trouve en grande quantité fur le rivage fablo- neux de Mbao. Sa coquille , qui ne diffère de la précédente que parce qu’elle eft un peu plus épaiñle, encore plus applatie & très- dure, a jufqu’à trois pouces de largeur. Sa longueur eft moin- dre de moitié, & quelquefois de plus des deux tiers, fur-tout dans les jeunes ; de forte qu’elle a des proportions diflérentes dans les petites & dans les grandes : celles-ci paroiflent arron- dies. Sa furface extérieure eft life, mais marquée fur les bords de quelques grofles rides tran{verfales. Les battans forment à l’extrêmité fupérieure une efpece de pli un peu courbé fur le côté, & qui ne joint pas exactement. Le fommet eft petit & comme recourbé en haut du côté du ligament, au contraire des autres Cames qui l’ont tourné en bas. Dans les vieilles coquilles il occupe à peu près le milieu de leur largeur ; dans les jeunes qui font plus ailon- gées, il eft un peu au-deflus. La charniere a deux petites dents dans le battant droit, & trois dans le battant gauche. Le ligament eft trois fois plus court que la largeur des bat- tans. Il eft convexe, placé au-deflus du fommet, & apparent autant au dehors qu'au dedans de la coquille. Sa couleur eft un blanc qui ure fur l’agathe, & rraverfé de quelques bandes qui font jaunâtres dans les jeunes, & gris-violet dans les vieilles. 2n LL EUGIATRA:N NPC: Chama lutefcens, ex rabro radiata. Lifl. hiff. Conch;l. tab 417. fig. 261.2 La coquille du Gatan a un pouce & demi ce largeur & moitié moins de longueur. Elle eft rele:-ée extérieurement de vinot à vingt-cinq canelures tranfverfaies , médiocres & ar- ondes. Ge CoQuiLcr: Battans, Sommet, Charniere. Ligament, Couleurs CoqQuiLce, Battans. Couleur. CoeQuiLLE. Sommet. Li gament. Charniere. Couleur. 234 C OIL ZA CHERS Ses battans ne forment point de plis comme dans l’efpece qui précède ; mais fon fommet , fon ligament & fa charniere n’en different aucunement. Elle eft intérieurement & extérieurement d’une belle cou- leur de chair, qui fe change en violet autour du fommet. Je ne l’ai trouvée qu’une fois autour de l’ifle du Sénégal. gi LIENMOUOP ENT AT PEAR La coquille du Mutel appartient plutôt aux Moules d’étang qu'aux Cames. Elle m’a été appportée de l’intérieur des terres du Sénégal , où l’on m’a afluré qu’elle avoit été pêchée dans les lacs d’eau douce. Sa forme ne me laifle aucun lieu de douter que ce ne foit une efpece de Moule analogue à celle de nos rivieres d’eau douce. Elle a près de cinq pouces de largeur fur deux de longueur , & un de profondeur. Elle eft life, traverfée feulement par quelques rides, obtufe aux deux extrêmités, mais plus large à celle d’en haut H qu’à celle d’en bas B, qui, comme l’on voit, a été figurée dans une fitua- tion renverfée. Son fommet eft peu apparent, & placé vers l'extrémité inférieure à la quatriéme partie de fa largeur. Le ligament eft convexe, & s'étend depuis le fommet jufqu’à la quatriéme partie de la largeur des battans, vers leur extrêmité fupérieure. La charniere n’a aucunes dents, mais feulement quelques afpérités peu fenfibles. La couleur de cette coquille eft fauve au dehors : au dedans elle montre une belle nacre, qui prend, fuivant les diverfes inclinaifons, différentes nuances de verd, de brun, de jaune & de violer. GENRE NV. EA TELLINE Zellina. IL y à fi peu de diflérence entre les Tellines & les Cames, que l’on ne s’écarteroit pas beaucoup de la vérité en réu- nifant les unes avec les autres ; mais ce feroit une erreur très-groffiere que de les confondre avec les Moules, comme BIVALVES. 235 ont fait quelques Auteurs anciens (1), & après eux plu- fieurs Modernes (2). On appelle les Tellines de ce nom, parce que, dit Ariftote (3), elles parviennent en peu de tems au dérnier période de leur grandeur. Les deux pieces de leur coquille font parfaitement égales. LE, P AM E. T-/08L 18. Tellina craffa, admodum leviter ftriata , intûs violacea; Africana. Lift. hift. Conchyl. tab. 375. fig. 216. Tellina ftriata, cuneiformis, crafla, densè ftriata ; ambitu ferrato ; intüs violacea ; Lifteri. Klein. tent. pag. 160. fpec. 10. tab. 11. fig. 61. La coquille du Pamet approche de la figure d’un triangle Coquirer, dont les côtés font fort inégaux. Elle eft folide, épaile, comme coupée obliquement, & comme applatie à fon ex- trèmité inférieure, & arrondie à l’extrêmité oppoñée. Sa lar- geur eft de quatorze Pr fur une longueur moindre de moitié, & double de {a profondeur. Sa furface extérieure ef luifante , d’un très-beau poli, & ornée fur chaque battant de quatre-vingt fillons longitudinaux & fort légers, qui, partant du fommet, vont fe rendre fur tous les points de leur circonférence. Ces fillons font d’autant plus fenfbles qu'ils approchent de l’extrêmité inférieure de la coquille : là ils femblent coupés & traverfés par une vingtaine de cane- lures qui les font paroître chagrinés. Les battans font exactement égaux, obtus & arrondis fur Battans. leurs bords, qui font finement découpés de quatre-vingt dents triangulaires, à peu près égales , & femblables à celles d’une (1) De Tellinis diverfas invenio opiniones. Etenim Athenæus eamdem cùm Lati- norum Mytulo (fic enim pro wsrre legit Hermolaus ) efle opinatur , Mytulumque & Tellinam , de quibus nos capitibus feparatis loquimur, invicem confundit. 4/drov. exang. pag. S17- ( Les trois termes de Mufculus feu Murilus, Mytulus , & Tellina fe confondent aïfément & fignifient tous trois le même genre de Coquillages qui eft appellé Moules. On peut cependant dire que chacun de ces mots défigne une efpece très-diftinéte par fa figure & par fon caraétere ; mais c’eft toujours la même famille, & c’eft mal-à-propos pas 4 fépare la Telline d'avec la Moule, c’eft le même genre dont la Telline ef one efpece différente. Hi/£. de La Conchyl. pag. 318. [6)) étiinæ à crefcendi celeutate nomen habere videntur 57e régis ivorres regie, quia ocyflimè perficiantur, quod Ariftoteles ( Lib. 3. hifl. Anim.) prætereà Pe&tunculis ac Purpuris etiam commune efle ait, anno enim magnitudinem totam implent, AJdroy, exang. pag. $17: Gg i Sommets, Ligament, Charniere. Mufcles. Périofte. Couleur. ANIMAL, Manteau. Trachées, 236 COQUILLAGES {cie. Ces dents font plus marquées au dedans qu’au dehors, où elles difparoiflent quelquetois. | Les fommetsS font fort petits, triangulaires, pointus, peut éminens, peu fenfiblement tournés en fpirale, fort proches l’un de l’autre, & placés à la troifième partie de la largeur de la coquille vers fon extrèmité inférieure. Le ligament que nous avons vû jufqu’ici placé au-deflus du fommet dans les coquilles à pieces égales, fe trouve dans les Tellines inégalement diftribué au-deflus & au-deflous de lui. Au-deflus du fommet il eft extrêmement étroit & aflez court /:au-deflous il eft épais, prefque rond, & remplit, fans fortir au dehors, une petite cavité L, formée par une échan- crure faite dans chaque battant. Cette échancrure, fi l’on veut fe donner la peine de l’examiner, paroîtra répondre parfai- tement à l’enfoncement en cœur que j'ai fait obferver dans les premieres efpeces de Cames. La charniere confifte, dans chaque battant, en trois petites dents triangulaires , fort rapprochées, & placées au dedans des fommets. Les attaches des mufcles font au nombre de deux dans cha- que battant, aflez petites, & placées vers leurs extrêmités. Celui d'en haut E eft elliptique, & un peu plus grand que l’inférieur e, qui eft prefque rond ou orbiculaire. La ligne R qui repréfente aflez bien la lettre À, marque l'endroit où cha- que lobe du manteau étoit attache à la coquille. On rapperçoit aucune apparence de périofte fur la far- face de ceïte coquille, qui eft par-tout d’un poli très-beau & très-luifant. Elle eft blanche, ou jaunâtre, ou gris-de-lin, ta- chée quelquefois de violet ou de rouge au dedans, & marquée ordinairement au dehors de deux larges bandes triangulaires d’un brun violet, dont l’une couvre toute fon extrémité in- férieure dans l'endroit qui eft applati : l’autre bande qui eft plus large, s'étend fur l’extrêmité oppoñée. L'animal que recouvre cette coquille ne l’ouvre que très- peu ,comme les Cames. Son manteau eft divifé pareillement dans toute fa longueur en deux lobes, dont chacun tapifle intérieurement chaque battant, & s'étend un peu au dehors fous la forme d’une membrane fimple & très-mince M. Les trachées fortent de l’extrêmité fupérieure du manteau BIVALVES, 237 fous la forme de deux tuyaux auffi fimples & fort courts, rap- prochés l’un de l’autre vers leur origine. Celui qui ef le plus proche de la charniere, ou le poftérieur À, eft pour l'ordinaire plus petit quel’antérieur T. Le pied P eft placé à peu près au milieu de la longueur de la coquille. Il a la forme d’un foc de charrue, ou d’une lame de couteau recourbée en haut à fon extrêmité. Son ufage eft le même que dans les Cames, à cela près que la Telline faute quelquefois par fon moyen, c’eft-à-dire, que le mouvement ue le pied imprime à fa coquille eft fort prompt, & fait l’ef- fer d'un reflort qui fe débande fubitement, & la lance aflez loin. La couleur de fa chair eft blanche. Rien de plus commun que ce coquillage fur la côte fa- bloneufe du Sénégal , fur-tout vers l'embouchure du Niger, où les nègres vont le chercher fur les bords du rivage après que la mer s’eft retirée. Ils le trouvent facilement en levant une couche de fable d’un pouce d’épaifleur. C’eft alors qu’on voit les Tellines fauter de tous côtés & faire des efforts pour regagner l’eau qui les a abandonné. On les fait cuire pour les manger. On croit qu’elles ont la propriété de rendre le ventre libre. 2e LB'HIGAUF, ETAPE. 18, Tellina frequentiflima in littore Antii, Aavo diluto tinéta fimul & furvo, vel cianeo, terreoque : nonnullæ melino, vel citreo colore circum- teétæ , innumeræ mivis albedinem puriflimum referunt ; aliquæ ex Oceano occidentali delatæ valdè pellucidæ. Bonan. recr. Pag. 104, . claff. 2. n. 47. É mms Muf. Kirk. pag. 443. n. 46. Tellina inæquilatera, lævis, ex fufco, & fubalbido radiata, intüs purpu- rafcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 88. lire. O. Tellina inæquilatera , lævis margine interno minutiffimè dentato, ex al- bido , & violaceo fafciata, & ex fulvido maculara, & radiata. Ejufd, ibid, litr. Q. Cette feconde efpece de Telline n’eft pas fort commune: elle fe trouve auffi vers l'embouchure du Niger. Sa coquille ne differe de celle qui précède qu’en ce qu’elle n’eft point fillonnée au dehors, qu’elle ne forme point une large furface à fon extrémité inférieure, & qu’elle eft plus applatie, ayant Pied, Couleut, CoqQuicce, CoquiLee. Battans. Sommet. 238 COQUILLAGES près de deux fois plus de longueur que de profondeur : fa longueur n’eft que de fix lignes & fa largeur de dix ; du refte elle lui reflembie parfaitement. >. L'ÉLNUUS AR: ? PLUS Tellina maris Italici, intrinfecus colore fulvo cum terreo porraceoque. mixto , intrimfecüs ver , ut plurimum cianeo, interdüm cüm laéteo confufo. Bonan. recr. pag. 104. claff: 2. n. 37. =— Muf. Kirk. pag. 443. n. 36. Tellina umbone omnium acutiflima; teftà coloribus diverfis qua teffel- lato opere decorata, admodum tenui. Bonan, recr. pag. 104. claff. 2. num. 384 — Muf. Kirk. pag. 443. n. 37. Tellina purpurafcens, margine finuofa ; Jamaicenfis, Lifl, hift. Conchyl, tab. 316, fig. 218 & 219. Tellina inæquilatera ftriata. Lang. meth. pag. 72. Tellina inæquilatera , altero latere truncato, & ftriato, margine interne dentato, candida intüs purpurafcens. Gualr, Ind, pag. & tab. 89, lt. D. Tellinä ftriata, teftà pulchrâ, foris albâ, planà, fubtiliffimä, ftriatä ; Bo- nanni. Klein, rent. pag. 1ç0. fpec. 3. Tellina ftriata, umbone omnium acutifimo, tefta, quæ coloribus diver« fis, quafi opere teffellato decoratur, admodum tenui ; Bonanni. Ejufd, ibid. fpec. s. Tellina ftriata, purpurafcens, margine finuofa, Jamaicenfis ; Lifteri, Ejufd. pag. 160. fpec. 11. La coquille du Nufar eft beaucoup moins longue que les deux précédentes, & par-là elle approche plus de la forme triangulaire. Elle n’a que neuf lignes de largeur & fept de lon: gueur, fur une profondeur une fois moindre. Son extrêmité inférieure forme une furface très-large, & plus applatie que celle de la premiere efpece. Extérieurement elle eft marquée de foixante fillons longitudinaux, qui different de ceux de la premiere efpece en ce qu’ils font plus profonds, & piqués d’un nombre infini de petits points allongés & tran{verfaux. Ces points qui font prefqu’infenfibles à la vüe, fe découvrent facilement par le moyen du verre lenticulaire de trois à quatre lignes de foyer. Le bord de chaque battant n’a que foixante petites dents. Le fommet eft placé fort peu au-deflous du milieu de leur largeur, OUT ON CNE pcs = BIV ALVES. 239 On compte à la charniere de chaque battant cinq dents, dont trois plus petites font rapprochées vers le fommer, les deux autres en {ont aflez écartées. L'intérieur de cette coquille eft d’un violet foncé appro- chant du noir. Dix à douze bandes violettes qui partent du fommet , s'étendent au dehors comme autant de faifceaux jufques à fa circonférence. On la trouve en petite quantité dans les fables du cap Manuel. ds LE LE VER, PCR Pectunculus triquetrus, albus , intüs ex violà parpurafcens ; Africanus. Liff. hift. Conchyl. tab. 152. fig. 86. Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus , taétu lævifimis : Africana ; triquetra ; alba ; intüs ex viol purpurafcens ; Lifteri. K/ein. ren. Pag. 154. fpec. 3. n. 13. Le Tivel fe voit très-fréquemment vers l'embouchure du Niger. a coquille repréfente un triangle à côtés prefqu’égaux: ceux qui regardent les fommets font applatis, & non pas tran- chans comme celui de devant. Elle a quatorze lignes de lar- eur, prefqu’autant de longueur & une fois moins de pro- ondeur. Sa furface eft life & fans fillons. Les bords de fes battans font aigus, minces & tranchans. Les fommets font aflez éminens, un peu écartés l’un de l’autre, & placés exactement au milieu de la largeur de la coquille. La charniere reflemble à celle de l’efpece précédente, Intérieurement cette coquille eft violette ou blanche : ex- térieurement elle eft grife, marquée pour l’ordinaire de trois taches violettes vers fa partie inférieure, s",.L E: MAT. A D O,A;:. PL 18. Chama circinata; Malaicenfibus Bia matta doa. Rumph. muf. pag. 139. art. $. & pag. 140. art. 13. tab. 43. fig. À. & O. Chama inæquilatera, tranfverfim ftriata. Lang. meth. pag. 70. Chamelæa circinata, fivè concentrice fulcata Bia matta doa ; ferè elliptica, plana, micis fubviridibus, vel fuliginofis, fivè nigricantibus confu- fis albo mixtis, circà cardines per duas aperturas, velut oculus: aquam projiciens in apprehenfuros ; Rumphii. K/ein. tent. pag. 152. fpec. x. num, G. Charniere. Couleur, CoQuiee, Battans, Sommet, Charniere, Couleur, CoOQuILLE, Sommet. Couleur. 240 COQUILLAGES Cette efpece ef fort rare : on l’obferve encore vers l’em- bouchure du Niger. Sa coquille eft triangulaire, femblable à la précédente, mais moins large & moins applatie fur les côtes qui regardent le fommet. Eile à un pouce & demi de longueur. Ce qui la diftingue de toutes les autres Tellines, ce font quarante à quarante-cinq petites caneluies tranfver- fales qui font répandues fur toute fa furface parallèlement à fa largeur. Son fommet n’eft pas placé exactement au milieu de fa largeur, mais un peu au-deflous. Sa couleur eft blanche, & quelquefois jaune, tant au de- dans qu’au dehors, fur-tout vers le fommet. CORPOUNORU EE V'I LE PÉTONCLE. Pectunculus. CE qu’on appelle aujourd’hui Pétoncle ou Sourdon étoit connu par Rondelet fous le nom de Coquille ftriée ou épi- neufe(r),& cet Auteur embarrafé par les différens noms de Peigne & de Pétoncle (2) des Traducteurs d’Ariftote, donnoit ce dernier à une petite efpece de Peigne {3). Mais Lifler & les autres modernes, pour éviter la dificulté, ont fuivis Belon contemporain de Rondelet, & ont donné le nom de Pétoncle (r) Concha ftriata quæ communi nomine à noftris Coguille vocatur , ab Italis Capa tonda , à rotunditate , peétinum modo in ambitu ferrata. Rondel. teflac. lib. 1. p. 214 Cap. 19. Concha echinata ab afperitate difta, pe@inis fimilis, teftis admodum concavis ; ftriatis , in ambitu incifis. Éjufd. ibid. pag. 22. cap. 20. (2) Quod Græcis Kre/s vocatur, à Gaza modo Petten, modo Peëtunculus cons vertitur, ut ubi Ariftoteles ait: #/ dSpay rù peiy te évémluyæ, dre où xlevts. Gaza fic, Bivalvis generis pars cluflis eft ut Peftunculi. Et pauld poft: ri rè peer ewmrixe durer ësiv oioy o xleis. Item alia fe movent ut PeGines. Sed hxc varietas ambiguitatem parit: fant enim Pe@ines & ab his diverfi Pe&tunculi à Latinis di@i. Plenius manifeftè Pe&un- culos à Petinibus dlisjungens videtur Peftunculos prù Tellinis ufurpafle , ut Hermo- laus annôtavit, De alüs Pe@unculis infrà dicemus. Ejufd. ibid. pag. 15. + FR U D (3) Came & fapore à Peftunculis non differunt (Pe@tines) , fed figurà ; Peétunculi ‘enim rotundines funt , & alterà tanthm parte auriti. Æju/d. ibid. pag. 18. cap. 15. In finu Aquitanico frequenter capiuntur exigui Pe@ines qui vulgd Peroncles vo- cantur. Capiuntur etiam in Normannià, yocanturque Æannons. Romx Gongole, quaft 41 à un coquillage fort différent du Peigne (4), tant par l'animal que par la charniere, & la forme rentice de fa coquille. 1. 1 L,B,,,M,O-FS ARR SRE ,18, Peétunculus orbicularis, ex altero latere prælongis , latifque dentibus confpicuus. Lifl. kiff. Conchyl. tab. 330. fig. 167. Pectunculus Borneocus , ftriis altè incifis. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. 0. tab. 54. fig. 5? focardia {triata, quæ Peétunculus orbicularis, quafi duplicatus, ex alrero larere prælongis, larifque dentibus confpicuus; Lifteri. K/ein. cent, pag. 140. fpec. 1. n. 4. K. Quelque commun que foit le Mofat dans les fables voifins de l'embouchure du Niger, je n’ai pas connoiïflance qu’on en fañle aucun ufage. Sa coquille eft aflez exactement ronde , médiocrement Coquuzr. épaifle, d’un pouce & demi de diametre, & de moitié moins profonde. Elle eft relevée de vingt-fix groffes canelures lifles & arrondies, qui s’étendent de longueur fur toute fa furface extérieure. Les bords des battans font marqués intérieurement d’un pareil nombre de grofles dents, dont les fept premieres 4, a, a,a,a,a,a,del’extrêmité fupérieure, font divifées comme les dents d’une fcie par de profondes échancrures ; elles ne joignent pas parfaitement enfemble lorfque la coquille eft ermée : les autres font peu apparentes au dehors, fort écartées les unes des autres, & féparées au dedans par un petit canal qui va fe perdre dans les fommets. Ceux-ci font ronds S , aflez grands, tournés légerement & horizontalement en fpirale, & placés au milieu de la largeur de chaque battant, fort proches l’un de l’autre. Le ligament ef coriace, brun, étroit, aflez court, convexe, (4) Kkrûs Græcis, Pe&tunculus Latinis , Peroncles Gallis quibufdam, Hannons Ro- thomagenfbus & Parifiènfbus , aliis San@ti Jacobi Conchylia. Peftunculos Parifienfes & Rothomagenfes Peroncles vel Hannons appellare mé Eu à A Pe&inibus hoc diffident , quod parvi fint, & utrinque Concham, Chamæ modo, tumidam ac conca- sam habeant ; flriis reétis afperam. Sed à Chamis tracheis hoc etiam difcrepant, quod Chamzæ tranfverfas lineas, Peétines autem labra in gyrum crenata oftendant… Cibis plurimum expetuntur. Quamobrem eos inter alimenta recenfuerunt Medici. Subal- bida carne conftant , guftui pergratä , quam Græcum vulgus crudam etiam edit, Belon, pquat. pag. 410 & 411, Hh Battans, Sornmetse Ligament Charniere, Muicles, Périofte. Couleur. Remarque, ANIMAL Manteau, Trachées, 242 COQUILLAIGES luifant, & fort entierement hors de la coquille, au-deflus du fommet où il eft placé en L. La charniere eff trés-longue, & forme une ligne droite qui furpañle un peu la largeur de la coquille. Elle eft compofée dans chaque battant de cinq dents, dont quatre font raflem- blées par paires & fort écartées les unes des autres. Il yen a une paire vers leur milieu C, fous les fommets $ : elle eft longue & pointue. L'autre paire eft placée en haut 4, dans le battant droit D, & en bas b dans le battant gauche G: elle ef fort large & obtufe, aufli-bien que la cinquiéme dent qui fe trouve au contraire en bas À dans le battant droit, & en haut # dans le battant gauche. Toutes s’engraïnent parfaite- ment, & font un peu plus grandes dans le battant gauche que dans le battant droit. Chaque battant porte intérieurement, près des extrêmités de la charniere, deux taches qui défignent le lieu où étoient fixés les mufcles. Celle d’en haut e eft elliptique & plus pe- tite que celle d’en bas E qui eft prefque ronde. La lettre R marque le lieu de l’attache du manteau. Cette coquille ne paroît pas couverte d’un périofte fenfble. Le blanc eft fa couleur ordinaire; on voit cependant quel- quefois un peu de rouge à fes fommets & à fon extrêmité fupérieure. Le Pétoncle de la côte de Bretagne & de Normandie, dont a parlé Belon que j'ai cité ci-deflus, fous le nom de Pétoncie ou de Hannons, reflemble beaucoup au Mofat du Sénégal ; mais il en differe en ce que fa coquille eft moins épaifle, que fes canelures font traverfées par nombre de petits filets qui lui donnent beaucoup d’âpreté, & en ce que fes bords ne font pas fi fenfiblement dentés à fon extrêmité fupérieure. La fituation naturelle à l’animal plongé dans les fables, eft à peu près celle qu’on lui voit dans la figure. Alors il écarte médiocrement les deux battans de fa coquille, & montre les bords de fon manteau, qui font fimples M & légerement on- dés. Ce manteau eft ouvert dans l’efpace compris entre les trachées & la partie poftérieure du pied ; du refe 1l eft tour d’une piece aux extrêmités. Deux trachées en forme de tuyaux T. A. fortent de l’ex- trèmité fupérieure, à une diftance à peu près égale du fommet BIVALVES. 243 & du point qui lui eft oppofé. Ils font fort courts, d'une ligne & demie au plus de longueur. Celui T qui et le plus éloigné du fommet, eit le plus grand, & accompagné fur fon côté antérieur d’une efpece de frange F de dix à douze filets. Tous deux font couronnés de trente filets diftribués fur deux rangs. Les filets du rang extérieur font coniques & plus grands que les autres. Le pied P eft d’une grandeur médiocre. Il fort du milieu de la coquille, dont il égale quelquefois la longueur, en pre- nant la Létase d’une lame de couteau recourbée en deflus. Tout le corps de cet animal eft blanchâtre, taché de quel- ues points jaunes fur la couronne des trachées, & quelqué- ois {ur les filets mêmes. dl EEK AMAN, Pl, 48: Concha exotica, margine in mucronem emifla quæ megeisope8d dry appel- lari poteft. Col. purp. pag. 26 & 27. —— Lift; hifl. Conchyl. tab. 317. fig. 164. Concha venerea duplex. Rumyh. muf: pag. 160. art. 16. tab. 48. fig. 6. Concha Peétiniformis æquilatera, à cardine ad oram magis contract, ftciis ftriatis & extima orà laciniarâ. Lang. meth. pag, 63. Concha exotica margine in mucronem AT: , incüs fiftulofà , tota can- dida & tenuis; F. Columnæ. Hifl. Conchyl. pag. 333. pl. 26. fig. À. Cœur-de-bœuf , appellé chez les Auteurs Concha exorica ; il eftroutblanc, avec dix canaux triangulaires creux & faillans fur fa robe , lefquels ne communiquent point en dedans. Cette coquille eft extrèmement mince & iranfparente. Eju/d. ibid. pag. 334 & 335. Concha cordiformis æquilatera , umbone cardinum unito. Gualt. Ind. pag. & tab. 72. litr. D. Ifocardia ftriata : quæ Concha venerea duplex ; rard integra & utraque valva congruens. Tefta eburnea éoléaiété fuper fuperficie rugofa pie concavo convexas in inurices acutos protendir. Conjunétio t per Ginglymum torius lateris ; Rumphii. Klein. tenc. pag. 138, Jpec. 1. n. 2. Il'eftaufi rare de trouver cette feconde efpece de Pétoncle avec l’animal vivant, qu'il eft commun de voir fa coquille femée çà & là fur le rivage fabloneux de la côte du Sénégal; parce que reftant à une grande profondeur, les eaux ce la mer ne peuvent entraîner dans leur plus grande agitation que les coquilles vuides & légeres, dont l'animal a péri, foit par vieil lefle, foit parce que quelque poiffon en a fut : pâture, foit h ij Pieds Couleurs Battans. 244 GO QU EI AIG'ES par quelqu’autre caufe étrangere. Les deux battans de la co- quille font par la même raifon ordinairement dépareillés & difficiles à recouvrer : de-la vient que fort peu de cabinets poflédent cette belle coquille en entier. Dans un nombre pref- qu’infini que j'ai eflayé moi-même fur le rivage, ou que j'ai fait recueillir de celles que la mer avoit récemment rejetées, il m'a été prefqu'impoñfble d’aflortir parfaitement les deux pieces qui appartenoient à la même coquille. Cette coquille eft extrêmement mince, & par-là tranfpæ- rente & fragile, fur-tout dans les jeunes ; mais elle s’épaifit dans les vieilles & acquiert de l’opacité & de la folidité. J’en ai une qui porte quatre pouces & demi de largeur, fur près de quatre pouces de longueur & autant de profondeur. Elle feroit exactement ronde ou fphérique, fi fa largeur ne fur- pafloit d’une cinquième partie fes deux autres dimenfons qui font égales. Chacun des battans a par conféquent la forme d’une demi- fphère creufée au dedans. Ce qui fait leur beauté & leur or- nement au dehors, ce font dix-huit canelures fort larges, ar- rondies, qui partant du fommet, vont fe rendre fur tous les points de leur circonférence. Onze de ces canelures, celles qui font les plus bañles , font relevées chacune d’une côte triangulaire , fort tranchante, de trois lignes de hauteur, &c creufée au dedans comme un canal. Les fept autres de l’ex- trèmité fupérieure, font relevées d’une petite crête, & fe terminent fur les bords en autant de petites dents qui laïflent entr’elles un jour aflez grand après que la coquille eft fermée. Toutes font fort écartées & laiflent entr’elles autant d’efpa- ces en forme de fillons applatis : mais ce qui ne fçauroit trop fe remarquer, c’eft que les cinq premiers fillons qui féparent ces canelures à côtes de l’extrêmite fupérieure, font fauves au lieu d’être blancs comme les côtes & le refte de la coquille. Dans le battant droit on obferve un fillon de plus, c’eft-à- dire, fix fillons de cette même couleur. On voit au dedans de chaque battant vingt-deux fillons fort larges, qui s’étendent depuis leurs bords jufqu’au fond de leurs fommets. Onze de ces fillons font alternativement moins profonds que les autres, & répondent à ceux qui fé- parent au dehors les çanelures : ils s’y rapportent même avec BIVALVES. 245 üne telle exactitude, que l’on remarque que les cinq ou fix qui répondent aux cinq ou fix fillons fauves du dehors, font plus profonds & plus lutfans que les autres , & même coupés & terminés brufquement à leur extrêmité avant que d'arriver au fommet. Par la comparaifon que j'ai faite des côtes des jeunes coquilles avec celles des vieilles, 11 m’a paru que la cavité des premieres étoit plus grande proportionnellement, & que celle des dernieres commençoit à fe boucher à leur extrêmité vers les bords intérieurs de la coquille. Les fommets, le ligament & les taches des mufcles font aflez femblables à ceux de la premiere efpece. La charniere furpañle de beaucoup la largeur de la moitié de la coquille : une des dents de la paire du milieu eft extrè- mement longue & pointue dans le battant gauche. La couleur de cette coquille eft d’un beau blanc au dedans & au dehors, excepté dans l'intervalle qui fépare les cinq ou fix premieres canelures à côtes placées vers l’extrêmité fu- périeure de chaque battant: dans ces endroits elle eft fauve. 2 LÉÉUIRA G'OLNS PL SE, Peétunculus parvus albidus. Liff. hifl. Conchyl. tab. 311. fig: 147. Aétinobolus qui Peétunculus parvus, albidus; Lifteri. K/ein. tent. p. 148. Jpec. 5. La coquille du Jason reffemble davantage à une Came qu’à un Pétoncle, par fa forme exactement ronde & applatie. Élle eft médiocrement épaiffe, du diametre de neuf lignes , une fois moins profonde, & relevée extérieurement de vingt-fix à trente petites canelures longitudinales, arrondies, fouvent traverfées par un nombre de petits filets. Ses bords font lifles au dedans, joignans aflez exactement ; & fa charniere ne dif- fere de la précédente qu’en ce qu’elle eft courbée en portion de cercle , & que fes dents font fort courtes. Ses fommets font renflés & pointus. Elle eft par-tout d’un blanc parfait. On la trouve communément autour de l'ifle de Gorée & du cap Manuel, S 2 Sommets, Charniere, Couleur; CoqQuiezr, Charniere, Sommets, Couleur, COQUILEE, Battans. Sommet, Charniere,. Couleur. CoquiLre, 246 C GPL L/AIGE'S 4 LE MOVIN. PL:18. Le Movin fe voit aufli dans les mêmes endroits. Sa coquille fe diftingue facilement des autres Pétoncles, parce que fa longueur qui eft de feize lignes ou environ, fur- pañle un peu fa largeur. Sa profondeur eft de moitié moindre que cette derniere dimenfon. Les quarante fillons longitu- dinaux qui s'étendent fur fa furface extérieure, font fi fins & fi peu marqués qu’elle paroît life & d’un beau poli. Les battans font marqués intérieurement fur leurs bords d’un pareil nombre de fillons aflez longs & profonds: ils ne joignent pas parfaitement vers l’extrêmité fupérieure. Le fommet eft rond & peu renflé. ; La charniere eft courbée comme la précédente, & au moins une fois plus courte que la largeur des battans. Sa couleur eft au dehors d’un fauve-clair, qui au dedans tire un peu fur la couleur de chair. SLI FA IG AUNL PLIS. Peétunculus gravis, rard & minüs profundè fulcatus, ex fufco viridefcens ; articulationibus laminatis; Jamaicenfis. Lif£. hift. Conchyl. tab. 238. He 2 Bucardium albidum & canaliculatum. Hiff. Conchyl. pag. 332. pl. 26. K Petit CALE , dont les deux becs fe contournent d’une façon fin- guliere, & font fort féparés l’un de l’autrerour fon corps eft canelé & fa couleur eft d’un blanc-fale. Jbid. pag: 335. Concha Rhomboidalis, ftriis latilimis complanatis & raris divifa, ctafla, ponderofa, candidiffima. Gualr. Ind. pag. & tab. 87. lite. D. Anomalocardia effufa, quæ Peétanculus gravis, rard vel minüs profundè füulcatus, ex fufco viridefcens, articulationibus laminauis ; Lifker1. Klein: rent. pag. 143. fpec. 1. n. 16. Ce coquillage & ceux qui fuivent appartiennent à un genre bien diftingué du Pétoncle, mais dont 1l ne m’a pas été per- mis de décrire l’animal: tels font:les Cœurs & les Arches- de-noé. Le caractere de leur coquille confiffe à avoir les fom- mets fort éminens, le ligament très-large, placé au dehors de la coquille, & enfin la charniere fort longue & compofée d’un grand nombre de petites dents toutes à peu près égales. La coquille du Fagan a la forme d’un cœur, dont elle a BIVALVES. 247 pris fon nom: c'eft une des plus épaifles que je connoiffe. Elle a le poids, la dureté, & intérieurement la blancheur & le poli du marbre. Sa profondeur eft d’un quart moindre que fa longueur , qui dans les vieilles eft égale à fa largeur, & un peu plus petite dans les jeunes. La plus grande que j'aie ob- fervé porte trois pouces & demi de longueur & de largeur, un peu moins de profondeur & plus de fix lignes d’épaifeur. Sa furface extérieure eft relevée de douze canelures longitu- dinales, liffes & arrondies, dont il y en a fept fort par: & plus fenfbles. Chaque battant eft marqué intérieurement d’onzecanelures fort larges, qui regnent tout autour de fes bords dans une bande d'environ huit lignes de largeur. Le bord qui forme la charniere s’avance confidérablement au dedans de chaque battant, où il fait une efpece de talon au-deflous duquel refte une grande cavité. Aux deux côtés paroiflent les impreffions des mufcles; elles font fort grandes & à peu près quarrées : celle d’en-haut furpañle un peu l’inférieure. Les fommets font à peu près coniques, très-allongés , & roulés en un feul tour de fpirale qui incline un peu en bas. Ils font placés un peu au-deflous du milieu de la largeur des battans, & féparés l’un de l’autre par un petit efpace oblique- ment applati. La ‘tcharniere eft droite ou rectiligne , égale à la moitié de la largeur de la coquille. Elle confifte en une rangée de qua- rante dents femblables à autant de lames à peu près égales & pofées parallèlement fur les bords de chaque battant. Ces dents s’engraînent fort exactement les unes dans les autres, & rendent la fermeture de cette coquille extrêmement füre & folide. Le ligament n’eft pas proportionné à la force de la char- mere. C’eft une membrane noire, coriace, aflez mince, qui s'étend fur toute la portion de la coquille qui eft applatie entre les deux fommets. Elle y eft fortement attachée par le moyen des fillons qui y font profondément gravés, & qui par leurs contours repréfentent plufeurs figures rhomboï- dales. Il ne paroît pas qu’elle foit d’une grande force, car elle s’écaille auffi-tôt que l’eau l’a abandonnée. Il femble que fon principal ufage eft de fervir de couverture à la charniere Battans, Mufcles. Sommets. Charniere, Ligament, Variétés. Périofte. Couleur, CoQUuILLE. Battans. Sommets. Charniere. Couleur. 248 COQUILLAGES &c de la garantir de l’approche des corps étrangers tels que les fables & autres chofes femblables qui pourroient en ems baïrafler le jeu. Je n’ai obfervé dans cette coquille d’autres variétés que dans fa forme plus ou moins allongée, Lorfqu’elle eft couverte de fon périofte elle eft brune & quelquefois mêlée de verd ; mais le périofte enlevé, on voit que la blancheur de fa furface exterieure imite, comme l’in- térieure , celle du marbre blanc le mieux poli. Les nègres qui aiment beaucoup ce coquillage, en pêchent une grande quantité dans les fables vafeux de l'embouchure du Niger, où 1l eft fort abondant, Guls EN RS OMRAE AC "PI; 18: On trouve dans le même endroit une autre efpece de Cœur qui approche beaucoup de ceux qu’on appelle vulgairement Arche-de-noé, parce que la figure de chaque battant imite celle d’une nacelle. | Sa coquille repréfente un ovoide arrondi aux extrêmités, qui a dix lignes de largeur, huit de longueur , & prefqu’au- tant de profondeur : elle eft peu épaifle , marquée au dehors de vingt-fix petites canelures longitudinales , arrondies, or- dinairement lifes & unies, mais quelquefois ridées en travers, Chaque battant eft bordé au dedans d’un pareil nombre de canelures fort courtes, qui ne pañlenit pas une bande d’une ligne de largeur, & marquée de cinquanre-deux fillons très, légers qui s'étendent des bords jufqu’aux fommets. Ceux-ci font fort courts, & placés au tiers de leur largeur vers l’ex trèmité inférieure, La charniere égale les deux tiers de la largeur de la co- quille : on n’y compte que trente-cinq dents qu1 reflemblent plutôt à des dents de fcie qu’à de petites lames, parce qu’elles font fort étroites & pointues. Cette coquille eft blanche & tire quelquefois fur le rouge. NL HANNAND AR NSEPAU RS Concha rvasreyiyyauuos. Col. purp. pag. 20 & 21. cap. 11. Concha fréquentiflimè vifa in littore Centum cellarum , & aliis adjacen- übus Etruriæ ; parte convexà ftrjis excavara ; ex albo fulphurea in une BIVALVES. 249 üno latere, & ex eodem aliquantulum nigricans; ubi teftæ conjun- guntur denticulis frequentibus in linea reétä difpofitis ornata. Bonan. recr. pag. 108. claf]. 2. n. 73, œ—— Muf. Kirk. pag. 445. n. 73: Concha Indica non diflimilis à fuperiori , nifi folo labro in alterä parte magis extenfo , ut plurimum alba, interdüm ex albo Mésétiene Bonan. recr. pag. 108. claff. 2. n. 74. — Muf. Kirk. pag. 445$. n. 74. Pectunculus albus, craflus, profundè fulcatus, edulis concha Jamaicenfis. Lift. hifl. Conchyl. tab. 136. fig. 70. Peéten Virgineus, Malaicenfibus Bia Anadara, Rumph. muf. pag. 142. art. 8. tab. 44. fig. J. Concha rhomboïidalis ftriata , parüm vel mediocriter tantüm elongata, infigniter ventricofa, in extimà internà ora notabiliter crenata, um- bone cardinis tantillüm tantüm diduéto. Lang. meth. pag. 71. Pectunculus major, Polyginglymus hirfutus. S/oan. Jam. vol. 1. tab. 141, .… fige 14. 15. & 16. Concha rhomboïidalis, ftriata ftriis craflis rotundis, candida. Gualr. Ind, pag. & tab. 87. lire. B. Concha rhomboïdalis, ftriis latis notata , candida, & veluti cuticulà qui- dam rufà veftita. Ejufd. ibid. lire. C. Anomalocardia effufa , quæ Peéten virgineus , à menftruo quod, virgi- num inftar ftillat; Bia Anadara; teftà crafla, dentata, latere altero effufo ; fine ginglymo ; mediante membrana juncta; (triis planis & lagis, falcis anguftis, coloris pallidè albi ; falflagine obduéta ; Rum+ phü. K/ein. tent. pag. 141. FA É Anomalocardia effufa, quæ Concha ewxxleyiyyaoges ; Fabii Columnæ, Ejufd. pag. 142. n. $. a. Anomalocardia effufa, quæ Concha rowxwroyiyyaoms alia ferè femicireu< laris, alba, crafla , profundè fulcata , edulis, margine irregulariter undofo ; Lifteri, Fjufü. ibid. n. $. c. Maëtra Bonanni , alba ; interdüm nigrefcens. Ejufd. pag. 171. fpec. 2; tab, 13. fig. 73. La coquille de l’Anadara diffère de la précédente en ce qu’elle a près de deux pouces de largeur & moitié moins de longueur. Ses extrêmités font quelquefois arrondies, quel- quefois coupées ou tronquées obliquement avec une petite crénelure. Elle a environ trente-cinq canelures longitudinales qui paroiflent quelquefois divifées en deux par la moitié, & traverfées par un grand nombre de petits filets extrêmement fins. Ces canelures font tantôt rondes, tantôt applaties. Les battans font ornés intérieurement fur les bords d’un pareil nombre de fillons & de çanelures, Pad del nie i CoQuicse; Battans. Charniere, Périofte, Couleur, CoQuiczr. Périoïte, Battans. LS Sommets. Charniere, Couleur, D 250 COQUILLAGES on voit comme les veftiges d’un grand nombre de fillons très- fins qui s'étendent jufqu’au fommer. La charniere eft compofée de cinquante-fix à foixante dents: dans chaque battant. Le périofte qui recouvre cette coquille eft brun , aflez épais, & très-velu. La blancheur eft fa couleur tant au dedans qu’au dehors. Elle fe voit aflez rarement dans les fables de l’embou- chure du Niger. 6. L'ENTJ ATBTE TNA RER J'ai obfervé aflez fouvent la coquille du Jabet entre les rochers de lifle de Gorée. Elle eft infiniment petite n’ayant jamais plus de quatre à cinq lignes de longueur, fur trois de largeur & autant de profondeur. Ses extrêmités font tron- quées obliquement. Sa furface extérieure eft recouverte d’un périofte très-fin & blanchâtre , qui ne devient fenfible que fur les bords de chaque battant par l’épaifleur & la noirceur qu’il y prend. Deflous ce périofte elle paroît ornée de qua- rante à cinquante canelures longitudinales très-fines, avec lefquelles vingt autres canelures tranfverfales égalementfines, forment un réfeau ou un treillis d’une grande délicateñle. Les batrans ne font ni canelés fur leurs bords ni fillonnés intérieurement , & ils joignent exaétement par-rout. Les fommets fe touchent prefque, & ne laiffent entr'eux qu’un fort petit efpace applati. Sa charniere porte vingt à vingt-cinq dents dans chaque battant. Sa couleur eft un blanc-fale accompagné quelquefois de roux vers les fommers. 9 LA MUSSOLE PL 18. Bras Græcis; Glans Latinis, Calognone vulgo Greco , Mouffole Venetie. Belon. aquat. pag. 396. Concha rhomboides. Ronäel. teflac. lib. x. pag. 27. cap. 28. Coquille nommée Muflole. Ejufd. édit. franç. pag. 20. ch. 24. Concha rhomboides, Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 20. —— Geéfn. aquat. pag. 317. =—— Aldroy. exang. pag. 459. Balanus, Bellonii. Æju/d. pag. 460. BIVALVES. 251 Mufculi , Matthioli. Ejufd. pag. $13. Concha naviculam exprimens, Rhomboïides à nonnullis diéta, Mufculus ftriatus à Matthiolo , ab aliis Mitulus. Bon. recr. pag. 103. claf]: 2. num, 32. — Muf. Kirk. pag. 442. n. 31. Balanus Bellonii cenuiter ftriatus, Jamaicenfis. Lift. hifl. ConchyL. tab. 367. fig. 207. Mufculus Matthioli feu Mufculus ftriatus fafciis undatis fubfufcis de- piétus, Barbadenfis. Ejufd. tab. 368. fig. 208. Pecten faxatilis, Malaicenfbus Bia batu. Rumph, muf. pag. 143.art. 10. & 144. tab. 44. fig. L. & P. Concha rhomboïidalis ftriata, parüm vel mediocriter tantüm elongata, infigniter ventricofa , rugofa , umbone cardinis notabiliter diduéto. Lang. meth. pag. 71. Concha Peétiniformis inæquilatera, triangularis ex uno latere notabiliter elongata. Ejufd. pag. 72. ( Malè fociata cüm figurâ 105: Mufeï Kirkeriani. ) | | Bucardium cordiforme, Arca Noëmi. Hifl. Conchyl. pag. 333. pli 26. NES ARE D Nos, ui préfente une efpece de cœur oblong dans la partie de fa Ses dde eft à dents fines comme une lime, & les ftries qu’on voit fur fa robe, forment un ouvrage chagriné de cou- leur brune fur un fond blanc; plus elles s’approchent de fa carène, lus elles font creufes. Ejufd. pag. 335. Ce rhomboidalis fubrotunda, dorfo fauis lato , & expanfo , umbonis cardine depreflo , & infigniter diduéto ; oris rimä notabiliter hiante, ftriata ftriis aliquando tranfverfis, aliquandd circularibus ; vel un- datis , ex AGE fubalbida. Gualr. Ind. pag. & tab. 87. ler. F. Concha rhomboïidalis parva, ftriaca ftriis granulatis, & in marginis extre- mitate aliquantulum emiflis, & fubtilifimo byffo donatis, fufca. Ejufd. ibid. lirt. G. Concha rhomboidalis elongata, naviculam exprimens diverfimodè, den- fSflimè ftriata, & cancellara, ex albido Élvid ; maculis fufcis cir- cumdata, punétata & notata. Ejufd. ibid. litc. H. Ê Concha rhomboidalis eadem cum fuperiori, fed ftriata ftriis infigniter craffis, raris, & fubrotundis. Æjufd. ibid. lire. J. PURE, : Maufculus Polyleptoginglymus , Arca Nox, quæ Concha rhomboïdalis ; naviculam exprimens; Bonanni. Klein. tent. pag. 167. Jpec. x. Mufculus Polyleptoginglymus , qui Balanus Bellonii tenuiter:ftriatus; Lifteri. Æjufd. pag. 168, pec. 2. tab. 13. fig. 69 & 70. r Mactra Rumphjana; coloris obfcurt , longior. Ejufd. pag. 171. fpec. x. Les l’énitiens l’appellent Mouflolo ou Muflolo. Belon. Rond. Les Grecs en langage vulgaire , Calognone ox Calagnonc. Bélon. Rond, 23040. B° : li i CoQUILLE: Périofte, Battans, Sommets. €Charniere, Variétés, Couleur. ANIMAL. Nerf, 252 COQUILLAGES Voici la coquille qu’on appelle communément l’ Arche: de-IVoé à caufe de fa figure. Elle a à peu près la forme de la précédente, près de quatre pouces de largeur, & une fois moins de longueur & de profondeur. Sa furface extérieure eft couverte d’un périofte fort mince, qui en tombant laifle autour des bords de chaque battant un amas de poils très- épais & fort difficiles à arracher. Lorfque ce périofte eft en- levé, on la voit ornée de cinquante ou foixante petites ca- nelures longitudinales , fouvent divifées en deux, & ridées tranfverfalement. Ces canelures deviennent infenfbles en approchant du fommet. Les bords des battans font intérieurement unis & fans ca- nelures, comme dans l’efpece qui précède; mais ils ne fer- ment jamais exactement, & laiflent en devant, vers le milieu de leur longueur, une ouverture fouvent très-srande , dont Pentrée eft cachée par cet amas de poils du périofte dont j'ai parlé. Les fommets font pointus , aflez grands ,, & fort écartés l’un de l’autre. L’efpace qu'ils laiffent entr'eux eft auf fort large , & plat fans inclinaifon. La charniere eft prefqu’égale à la largeur des batrans, & compofée de quatre-vingt à cent-dix dents infiniment petites. On obferve plufeurs variétés dans la forme de certe co- quille. IT y en a qui n’ont qu’un pouce de largeur , fur une longueur moindre de moitié , fouvent égale à leur profon- deur , & quelquefois un peu plus grande. D’autres font plus ou moins grandes, & une fois plus larges que longues; mais elles ont toutes au moïns quatre-vingt dents à la charniere: Leur couleur eft blanche au dehors, avec des bandes tranf- verfales rougeñtres qui ferpentent différemment en zigzags: intérieurement elles font blanches, quelquefois tachées de brun tirant fur le rouge. On les trouve en grande quantité entre les rochers de l’ifle de Gorée. En cueillant ce coquillage je me fuis apperçu que l'animal tenoit aux rochers par une efpece de nerf qui pafloit au tra- vers de l’ouverture que j’ai dit que les battans de la coquille laifloient entr’eux. Ce nerf paroïfloit partir du pied de l’ani- mal , comme celui des Jambonneçaux ; maisil ne s’épanouifloit BIVALVES. 254 pas en un grand nombre de fils comme le leur. Il étoit fort applati, & d’une dureté femblable à celle de la corne, dans l’endroit où il étoit attaché aux rochers; il s’amollifloit en- fuite peu à peu en approchant du corps. Bonanni a fait la même remarque (1) à l'égard de la Mufole qu’il a obfervée dans la Méditerranée. Ce nerf fort à peine de la longueur de deux lignes hors de la coquille. : to WI 'E VO V..ASN: ,PIRTS Chama nigra quæ fortè antiquorum Glycimeris. Belon. aquat. pag. 408, Concha nigra. Rondel. reflac. lib. 1. cap. 32. pag. 31: Coquille noire. Ejufd. édir. franç. ch. 17. pag. 12 6 13. Concha nigra, Rondeletii. Boffuer. aquat. pars alt. pag. 24. Chama (feu potius Concha , ur Rondeletio placer) nigra, Bellonii. Gefr. aquat. pag. 3144 Chama nigra, fivè Glycimeris, Bellonii. Æ/drov. exang. pag. 471. Concha nigra, Rondeleui. Ejufd. pag. 461. Concha denticulata, marmoreà fubftantià , intüs candida , foris maculis fulvis ferpentibus mirificè exornata ; Ulyfliponenfis. Bonan. recr. pag. 107. claff. 2. n. 60. Ead. Muf. Kirk. pag. 444. n. 59. Concha pariter dentara, colore candido , quem lineæ fubflavæ undas maris referentes bellè diftinguunt ; UlyMponenfs. Eju/d. ibid. num. 61. & Muf. Kirk. pag. 44$. num. 60. Concha Ulyfiponenfis littoris , nunquâm aliundè adme allata, aurei co- loris præftantiflimi , cifca cardinem candidis notis ità difpoñtis fignata, ut fi binæ valvæ conjungantur , formetur quaf ftella Eee ra- dios habens. ÆEjufd. ibid. n. 62. & Muf: Kirk. n. 61. Peétunculus magnus veluti litterulis quibufdam ruñis eleganter exaratus, Lift. hifl. Conchyl. tab. 246. fig. 80. Chama Glycimeris Bellonii , quæ Peétunculus ingens variegatus ex rufo; ex infulà Garnfey. Eju/d. tab. 247. fig. 82. Chama litterata rotunda. Rumph. mufi pag. 139. art. 3. tab. 43. fig. C.2 Concha crafla lævis. Lang. meth. pag. 61. Concha craffa, lævis , fubalbida, luteis maculis radiata, fignata, fafciata, & virgulata, intüs maculä fufcà obfcurata. Gualr. Ind. pag. & tab. 72. diet. G. 1) In profundo mari fub cœno ftabulatur , in parte inferiori navis carinæ fimili aditus atet , quo animal veluti planta faxis adhæret.... . Caro enim in teftà inclufa paulatim in callofam fubftantiam degenerat , eo duriorem , qud magis faxo propinquam. Luto tartaroque cireumteétus terreo eft colore, aut ubi explicatur fubalbus apparet, cafta- neis notis maculatus. Habet fatera fulcis ftriata, & minùs profundis , qud magis ad punétum concurfüs five centrum accedunt. Plana eft pars fuperior , ubi binæ valvæ mi- nutatim denticulatæ uniuntur, lineifque fignatur ità difpofitis , ut lancearum acuminata alterum alteri fuper impofitum eflingant, Ronan, recr. pags 103. claf]. 24 n, 324 CoQuiree. Battans. Sommets, 254 COQUILLAGES Concha craffa, ponderofa, hirfuta, & ferico villofo indumento fuliginofi coloris veftita. Ejufd. pag. & tab. 73. licr. À. Concha valvis æqualibus inæquilatera, notabilirer umbonata, & reétà in- curvata , fubrotunda, vulgaris, gradatim ftriata, & albido & fufco fafciatim colorata. Ejufd. pag. & tab. 82. lite. C. Concha valvis æqualibus inæquilatera, notabiliter umbonata , & reétà in- _ curvata, fubrotunda, vulgaris, ftriis minutiffimis fignata, ex albido, & cæruleo fafciata. Ejufd. ibid. lire. D. Concha valvis æqualibus inæquilatera , notabiliter umbonata, & rectà in- curvata, fubrotunda, vulgaris, craffa, fubalbida, ftriis, & apice nioris notata. Ejufd. ibid. litt. E. Hocardia ftriata : quæ ftella ; intùs per limbum denticulata, foris circi- nata; in limbo ftriata, circa cardinem conferti vertices colore alba ftellam magnam oftendunt; Bonanni. Klein. tent. pag. 139. fpec. x, num. 3. L. Tfocardia lævis : Bucardia ; quæ Concha marmorata, fulvis ferpentibus, craffa, candida, intùs denticulata; Bonanni. Ejufd. pag. 140. fpec. 2. num. 1. f. Chamelæa circinata, fivè concentricè fulcata ; quæ Cham litterata, ro- tunda umbone cardinum protenfo ; æqualiter expanfa ; plana ; te- nuis, fuper circinis nigris undis infcripta; Rumphü. Æjufd. p. 151, pet" à." n.7: Chamelæa circinata , fivè concentricè fulcata, quæ Chama Glycimeris Bellonii, ingens variegata ex rufo ; Lifteri. Ejufd, pag. 152./pec. 1e num. 13. Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus, tadtu læviffimis : flammes ; intüs dentata, candida, lineis undofis, fubflavis bellè infcripta ; Bo- nanni. Ejufd. pag. 153. fpec. 3. n, 9. Si cette efpecé ne fe range pas naturellement avec les cinq qui la précèdent, du moins on ne peut nier qu’elle en ap- proche beaucoup. Sa coquille eft exactement ronde , très- épaifle, du diametre de deux à trois pouces, & une fois moins profonde. Extérieurement elle eft luifante & polie, quoique canelée longitudinalement & tranfverfalement en un treillis fort régulier, mais qui n’eft fenfible qu’en faifant ufage de la loupe de trois lignes de foyer. Intérieurement les bords de fes battans font marqués cha- cun de quarante à quarante-cinq petites dents fort courtes & arrondies, qui fe prolongent par derriere en deux petites canelures auffi fort courtes. Ils joignent parfaitement par-tout. Les deux becs des fommets {e touchent lun l’autre, & font placés au milieu de leur largeur. Ils font arrondis, peu BIVALVÉS. 254 éminens, courbés légerement en bas, & ne laiffent entr'eux qu’un petit efpace applati & comme creufé, fur lequel eft appliqué extérieurement un ligament arrondi, aflez épais, & trois fois plus court que la coquille. Sa charniere n’eft pas tout-i-fait rectiligne , comme dans les cinq efpeces qui précèdent, mais courbée légerement en arc, & ornée dans chaque battant de dix-huit à vingt petites dents arrondies, un peu élevées, à peu près égales, & difpofées fur une même ligne. Le fond de fa couleur varie beaucoup extérieurement : tantÔt 1l eft blanc, tantôt couleur de chair ou fauve, J'en ai de celles-ci dont le fommeteft blanc en forme d’étoile, comme la variété dont parle Bonanni que j'ai cité, pendant que le refte de leur furface eft traverfé par trois ou quatre larges bandes circulaires d’un fauve très-foncé. Les fonds blancs ou incarnats font traverfés par un grand nombre de petites lignes rougeîtres, pliées en zigzags d’une maniere bizarre, mais fort agréable. Sa furface intérieure eft blanche, quelquefois tachée de fauve vers le milieu, & autour des attaches des mufcles. J’ai trouvé fréquemment ce coquillage dans les fables de l'ile de Gorée & du cap Verd. GENE: Ra... VI LE SOLE N. Solen. SOlen eft un mot grec qui exprime uñ Canal , un tuyau. Ce nom & ceux de Donax, Aulos, Onyx, Dactylus qui figni- fient une canne de rofeau , une flûte, un ongle, un doigt, ont été donnés par les Anciens, comme celui de Courelier par quelques François, au coquillage dont je parle , à caufe de la figure de fa coquille. Elle eft fort allongée, toujours ouverte & arrondie aux deux extrêmités, & formée de deux pieces égales qui repréfentent afflez bien un tuyau un peu applati. COLÉ TNGAT PL SE Tellina alia in mari Braflienfi frequens digitalem crafitiem & longite- dinem æquans ubique candida, Bonan, recr. p. 163. claf]. 3. n. 353, Ligament, Charnieres Couleur, COQUILLE, Périofte. Mufcles. Battans, Sommets. Ligament. Charniere. Couleur. ANIMAL Manteau. Trachées. 256 COQUILLAGES Chama anguftior , ex alter parte finuofa ; Barbadenfis. Lift. hifl. Conchyl. tab. 421. fig. 265. È Concha longa uniforis , anguftior , ex alterâ parte finuofa ; Liftert. K/ein tent. pag. 167. fpec. 9. tab. 11. fig. 68. a, b, La coquille du Tagal eft médiocrement épaife, large de près de trois pouces, fur une longueur deux fois moindre & prefque double de fa profondeur. Extérieurement elle eft re- couverte d’un périofte groffier de couleur cendrée, qui étant enlevé, laiffe voir quelques rides tranfverfales. Intérieurement elle eft life & marquée dans chaque battant de deux taches, dont la fupérieure e eft prefque ronde, & plus petite que l'inférieure E qui eft allongée & fort étroite: ces taches dé- fignent à l'ordinaire le lieu où étoient attachés les mufcles. Les bords des battans font fort tranchans. Ils joignent par- faitement par-tout, excepté aux deux extrèmités de la co- quille qui reftent toujours ouvertes. _ Les fommets font infiniment petits S, & placés un peu au-deflus du milieu de la largeur des battans. Immédiatement au-deflus des fommets la coquille fe replie légerement au dehors H. C’eft fur ce repli qu’eft attaché le ligament. L. Il reffemble à un cuir noirâtre , convexe , affez long , d’une grande dureté, & qui fort entierement hors de la coquille. Au dedans du fommet de chaque battant, on voit deux dents affez longues, étroites, fort rapprochées, & à peu près égales €. C. qui forment la charniere. La couleur de cette coquille eft blanche au dedans & au dehors. Le manteau de l'animal au lieu d’être divifé en deux lobes, comme dans les fix genres qui précèdent, forme une efpece de tuyau ou de fac membraneux, fort mince & ouvert à fes deux extrêmités. On le voit en M. M. lorfque les battans viennent à s'ouvrir. Il eft prefque cylindrique, égal à la lar- geur de la coquille, & couvre totalement les autres parties de fon corps. Dé l’extrêmité fupérieure de ce manteau fortent deux tra- chées T. À. fous la forme de deux tuyaux aflez longs, mais fi bien adofés l’un à l’autre qu’ils femblent n’en faire qu’un. Is font cylindriques, cependant un peu plus gros à leur ori+ gine qu’à leur extrémité, dont le contour eft crênelé je JUIF BIVALVES. 25? huit à vingt dents. Le tuyau poñérieur A eft un peu plus petit que l’antérieur T. L’extrêmité inférieure du manteau N s’étend un peu hors de la coquille. C’eft par ce bout que fort le pied P de l’ani- mal. Il eft cylindrique & ordinairement renflé vers fon ex- trêmité : il facilite à l'animal le moyen de monter ou de def- cendre dans fon trou. La couleur de fon corps eft blanche. Ce coquillage eft fort commun dans le limon noir & fa- bloneux du Niger, fur-tout auprès des mangliers de l’extré- mité feptentrionale de l’ifle du Sénégal. Il y eft enfoncé à trois ou quatre pouces de profondeur , dans une fituation ver- ticale femblable à celle que je lui a1 donnée dans la figure r. & confervant toujours une communication avec l’eau par un trou qui laifle pañler continuellement fes trachées. Quoi- qu'il paroifle devoir fe fixer pour toujours dans le lieu où 1} a une fois creufé fon trou , 1l arrive cependant qu’il change quelquefois de place, fur-tout lorfqu’il eft inquiété. On peut voir dans les Mémoires de l’Académie des Sciences (1) la defcription que M. de Reaumur a donnée de celui des côtes du Poitou, & les remarques curieufes qu’il a faites fur le mouvement progreflif de cet animal. Les nègres du Sénégal ne font aucun ufage de ce coquil- lage, parce qu’ils ne manquent pas d’autres poiflons qui font infiniment meilleurs, 22 LÉ ETC OPA RTE: Chama nigra. Rondel. teflac. lib. 1. pag. 14. cap. 13. Coquille nommée Chama nigra. Ejufd. édit. franç. pag. 8. chap. 10, Chama nigra, Rondeleui. Boffuer. aqua. pars alt. pag. 9. — Geéfn. aquat. pag. 323. — Aldrov. exang. pag. 471. — Jonfi. exang. tab. 13. pag. 44. Concha à Rondelerio longa diéta; valdè pulchra vifu, colore albo circà cardinem diftinéto fafciis rofeis, quibus binæ notæ candidæ radio- rum inftar ab eodem cardine extenfæ fuperimponuntur ; rugas, pr in gyrum crifpatur, aliæ minutiores ità tranfversè difcin- unt, ut dupliciter corticofa videatur. Bonan. recr. pag. 108 & 109. claff. 2. n. 77. (1) Année 1712. pag. 116 & fuiv, KK Pied, Couleur. Remarque. CoQuiLze. Couleur, COQUILLE, Sommets. Couleur. I. Huitre. 258 COQUILLAGES Chama niora Rondeletii , quæ Chama anguita, fubrubra, oblique ftriata, duobus radiis medio dorfo infignita, è mari Mediterraneo. Lift. hifl. Conchyl. tab. 416. fig. 260. Tellina violacea. Rumph. muf. pag. 147. art. 4. tab. 45. fig. E.? Concha foleniformis, rugofa, lineis hinc inde decuffauis fignata , fubro- fea , duobus candidis radiis in medio diftinéta. Gualr. Ind. pag. & tab, 9x1. lit. C. Concha longa biforis , quæ Tellina violacea Rumphii ; tefta tenuiffima, quinque pollices longa, unum lata, vaginæ initar ; in utroque ex- tremo patula , violacea virgis albis; ia arenâ perpendiculariter hæ- rens. K/ein. tent. pag. 164. fpec. 1. Concha longa uniforis, quæ Chama nigra Rondeletii , ex mari Mediter- raneo , feu Chama angufta fubrubra, obliquè ftriata, duobus radis medio dorfo infignita ; Lifteri. Ejufd. pag. 167. fpec. 7. J’ai obfervé cette efpece dans les fables de l'embouchure du Niger. Sa coquille n’a que deux pouces un quart de lar- geur , & une fois & demie moins de longueur. Élle eft mar- quée intérieurement de quinze fillons longitudinaux tirés obliquement. Sa couleur eft par-tout d’un beau rouge, fur lequel on voit quelquefois deux ou quatre petites bandes blanchâtres qui, partant du fommet, en parcourent obliquement la lon- gueur. zx LE MOLAN. PL 19. La coquille du Molan fe voit aufli dans les fables de l’em- bouchure du Niger. Elle eft des plus minces & des plus fra- ciles, large d’un pouce & demi, deux fois moins longue, fort applatie, extrêmement luifante & tranfparente. Ses fommets font placés au tiers de la largeur de chaque battant , vers fon extrêmité fupérieure. Elle eft d’un blanc qui tire fur la couleur de Ia corne. REMARQUES Sur £ESs Conques BiIvALves. Par les defcriptions que je viens de faire des Conques de cette premiere {eétion, on voit 1°. que l’Huître s’éloigne un peu des autres Conques par fes trachées qui ne paroiflent BIV'ALVES. 259 pas au dehors & qui ne font pas faites en tuyau, & parce qu’elle n’a pas de pied, ou qu’il n’eft pas vifible. 20. Le Jararon & le Jambonneau fe rapprochent afflez de II. l’Huître par la figure de leurs trachées ; mais ils ont un pied jm apparent au dehors ; & le dernier a de plus des fils pour s’at- tacher & fe fixer aux corps étrangers. 3°. Les autres Conques qui les fuivent, telles que les Ca- IIL mes, les Tellines, les Pétoncles & les Solens, fe reflemblent Er ea en ce qu’elles ont toutes un pied apparent, avec des trachées Pétoncle, en tuyaux ; & il s’en trouve entr’elles qui ontune très-grande Solen. affinité : les Cames , par exemple , femblent fe joindre aux Tellines par la Calcinelle, qui a le ligament de la coquille en dedans & un peu apparent au dehors par un trou ouvert entre les deux fommets, & par la derniere Telline Matadoa, dont le ligament eft placé de même, mais un peu au-deflous des fontmets. Il y a quelques-uns de ces coquillages qui vivent attachés aux rochers, aux plantes ou à d’autres corps folides du fond de la mer, tels queles Huîtres, le Jataron & le Jambonneau: d’autres vivent enfoncés dans le limon dont ils ne fortent ja- mais d'eux-mêmes, comme le Solen : d’autres enfin vivent fur les fables ou enfoncés légerement dans les fables, fur lef- quels & dans lefquels ils marchent, changeant continuelle- ri de place ; telles font les Cames , les Tellines & les Pé- toncles, Kk ij CoQuice. + 260 COQUILLAGES OT ES SECTION FE DES CONQUES MULTIVALVES: Es Coquillages Multivalves forment deux petites fa- milles qui renferment : La premiere , ceux dont aucune des pieces de la coquille ne prend la La Paorane. Genre 1. forme d’un tuyau: tels que La feconde, ceux dont une des pie- ces de la coquille prend la forme d’un Do I Le LE TARET, - - 2. tuyau quienveloppeentierementtou- ses les autres pieces : comme GENRE: E LA PHOLADE: Pholas. TE n'ai obfervé que deux efpeces de Pholades fur la côte du Sénégal : toutes deux vivent dans le limon un peu durci de l’embouchure du Niger. 19 BEN PONT TNNNPAA Ta Concha longa quarta. Aldrov. exang. pag. 455. Balanus Pholas Græcis ditus ex littore Anconitano & Narbonenfi. Bonan, recr. pars 1. pag. 30.2? & Muf. Kirk. pag. 412. fig. À. Pholas parvus afper ; Anglicus. Lif£. Aiff. Conchyl. rab. 435. fig. 278.2 Pholas latus; Anglicus. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. 75. tab. 79. fig. 11. Pholas teftà tenuiflima , ftriis minoribus cancellatis fignata , candida. Gualt. Ind. pag. 6 tab. 105. litt. E. Pholas faxorum ; Narbonenfis, medium palmum longa, fefqui digitum lata ; vertice quaf bifido; intus alba, foris cinerea, reticulata, cor- rugata, eâ parte quà faxüm penetrat afperior ; Bonanni. K/ein. tent. pag. 165..fpec. 1. n. 4. Pholas faxorum : quæ Pholas parvus afper ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 10. La coquille du Julan eft compofée de cinq pieces fort iné- MULTIVALVES. 26: pales & affez minces, dont les deux principales r. 2. font les battans, comme dans les Bivalves, & forment un corps de coquille à peu près cylindrique, dont la largeur qui eft d’un pouce au plus, furpañle de moitié fa longueur & fa profon- deur. Ses deux extrèmités ne ferment jamais exactement ; la fupérieure eft arrondie, mais l’inférieure eft échancrée fur le devant de maniere qu’elle paroïît fe terminer en pointe en deflous vers le dos. Chaque battant & la coquille même vüûe de côté, repré- fente un rhombe ou un parallelogramme dont les quatre cô- tés J. M. R. N. font inégaux. Leur furface extérieure paroît coupée par un profond filon ou canal S.J. qui part du fom- met & les partage en deux parties à peu près égales. De ces deux moitiés celle qui eft en bas J.M. R. $. eft relevée d’une vingtaine de petites canelures dentées , qui en fe croifant, imi- tent fort les dents d’une lime : la moitié fupérieure J. N.S, eft marquée feulement de quelques canelures légeres & lifes, paralleles à fa largeur. Intérieurement chaque battant eft life, on y voit en relief le canal qui eft en creux au dehors. Une légere éminence ronde S, placée au tiers de la largeur de chaque battant vers fon extrêmité inférieure, tient lieu de Æommet. Il fe recourbe au dedans dela coquille, & eft recou- vert au dehors par un pli demi-orbiculaire R que fait chaque battant à cet endroit. Les deux autres pieces dé la coquille défignées par les chiffres 3 & 4, & que j'appelle les palettes , font à peu près égales, mais prefque trois fois plus courtes que les battans, & infiniment plus minces & d’une grande fragilité. Elles font prefque triangulaires, faites à peu près comme les bat- tans de certaines Cames , un peu concaves d’un côté & con- vexes de l’autre, & s’anpliquent chacune fur le fommet & fur le repli extérieur R de chaque battant. La cinquiéme piece que je nomme la lame, que l’on voit au n°, 5. eft prefqu’une fois plus longue que les palettes, mais beaucoup plus étroite. Elle reflemble à une petite lame platte , extrêmement mince, arrondie à fon extrêmité fupé- rieure, & pointue par l’inférieure qui s'applique bout à bout des palettes le long du dos des deux battans, par ie moyen d’une membrane très-fine. Battans, Sommet, Palettes, Lame; Ligament. Charniere. Mufcles. Couleur, Périofte. ANIMAI. Manteau. Trachées, Pied. 262 COQUILLAGES Le ligament eft une matiere charnue à peine mufculeufe, qui s'étend fur le fommet des deux battans au dehors & entre les palettes & la lame qui le recouvrent. Il lie fi foiblement toutes les cinq pieces de cette coquille , qu’elles fe féparent dès que l’animal vient à mourir. La charniere confifte en une longue dent un peu cour- be C. C. qui part de la cavité que forme le fommet au dedans de chaque battant. Il n’y a dans l’intérieur de chaque battant qu’une feule tache E, qui défigne le lieu où étoit attaché le mufcle. Cette tache eft elliptique, de médiocre grandeur, & placée un peu au-deffus du milieu de leur largeur. Le blanc ef la feule couleur qu'on obferve dans cette co- quille, lorfqw'on la dépouillée d’un périofte jaunâtre aflez mince, qui {emble l’envelopper entierement comme un fac ouvert feulement à fes extrêmités. L'animal qui habite cette coquille à un manteau membra- neux aflez épais M, femblable à un tuyau ouvert feulement aux deux extrêmités, comme celui du Solen. Il fort de l'extrémité fupérieure de ce manteau, une tra- chée femblable à un tuyau cylindrique fort long, qui vû de côté paroîc fort fimple : mais lorfqu’on le regarde en deflus, on voit qu'il eft divifé en deux tuyaux dont l’antérieur T eft plus grand que celui qui eft derriere À. Ils font légerement dentelés fur leurs bords. Leur longueur n’eft pas conftante ; quelquefois elle eft plus grande, quelquefois elle eft plus courte que la coquille, felon que l’animal eft plus ou moins enfoncé dans fon trou. Le pied P fort de l'ouverture inférieure M du manteau, IH eft extrêmement court, long de trois lignes au plus, & paroît fous la forme d’un cône renverfé, fouvent un peu ap- plati ou comprimé fur les côtés. Son ufage n’eft pas de donner à l’animal le moyen de fortir de fon trou ; car dès qu’il a une fois creufé fa demeure, il y refte, fans avoir d'autre com munication avec l’eau que par une petite ouverture qui laïfle fortir les trachées:il ne lui fert pas non plus à creufer le li= mon pour agrandir fon logement à mefure que fon corps prend de l’accroiflement. Les deux battans font pour cereflet l'office d’une lime ou d’une rape qui le mine peu à peu par MULTIVALVES. 263 fon mouvement continuel, & en détache des parcelles extré- mement fines. Ce coquillage fe trouve enfoncé de deux à trois pouces dans le limon du marigot de la Chaux, à peu près comme celui des côtes de Poitou dont M. de Reaumur a donné l’hif- toire. L’excellente differtation que cet 1lluftre Académicien a inférée dans les Mémoires de l’Académie (1), apprendra ce qui regarde la maniere de vivre de cet animal, qui ne differe pas eflentiellement de celui que j'ai obfervé au Sénégal. 2 EN ÉRU GO NBA, La coquille du Tugon eft prefque ronde, obtufe aux deux extrêmités, peu épaifle, mais d’une aflez grande folidité. Sa largeur eft d’un pouce un quart: elle furpañle à peine d’un tiers fa longueur & fa profondeur. La furface extérieure de chaque battant eft couverte de quarante canelures longitudinales, croifées par autant de ca- nelures ou de rides tranfverfales extrêmement fines, qui y forment un réfeau très-délicar. Les fommets font peu fenfiblement recourbés en dedans. La dent de la charniere eft grofle, ronde, aflez courte, & creufée en cuilleron. Sa couleur eft blanche, comme dans la premiere efpece. On la trouve abondamment auprès de l’embouchure du Niger. CPNAR SERRE LE TARET. TZ'eredo. SI nous ne confidérions le Taret que par la figure trom- peufe de fa coquille, ce ne feroit point ici fa place, & il ref teroit encore dans la clafle des coquillages que la plûpart des méthodes & des fyftêmes regardent comme douteux & im- poffibles à ranger ; du moins feroit-il encore confondu avec tout ce qu’on appelle Vers à tuyaux (2). Mais comme nous nous fommes fait une loi de regarder l’animal ou la partie (x) Année 1712. pag. 126. 6 fuiv. (2) Mafluet, Recherches intéreflantes fur,la formation, &c. de diverfes efpeces de Vers à tuyau. Rouflet , Obfervations fur l'origine, &c. des Vers de mer, Linnei [yft. Nat. Dentalium ; animal nereis. CoqQuiLer. Battans, Sommets, Charniere, Couleur, COQUILLE, Tuyau, 264 COQUILLAGES vivante, comme la partie eflentielle du coquillage, c’eft par cet endroit que nous croyons devoir Le ranger parmi les Con- ques. Ce fera fans doute la premiere fois qu’il fe fera trouvé fi proche d’elles, même dans les arrangemens méthodiques. DÉLE AR EN I oc Cette premiere efpece eft fort commune dans les racines des mangliers qui bordent le fleuve Niger & celui de Gambie, Elle les perce vert calement , quelquefois à deux ou trois pieds, mais pour l’oidinaire à fix pouces au-deflus de terre, rarement au-deflous. Sa coquille eft compofée de cinq pieces fort inégales, dont la principale & la plus grande a un tuyau à peu près cylin- drique V.F. $. qui enveloppe & cache toutes les autres. Ce tuyau eft percé aux deux extrêmirés V & F,de maniere que l’ouvertureinférieure F qui eftronde ou orbiculaire, a deuxou _ trois fois plus de grandeur que la fupérieure V: celle-ci eft el- Battans, liprique & retrécie au milieu par deux côtes qui faillent au de- dans. La largeur du tuyau varie depuis trois jufqu’à fix lignes, &c eft ordinairement un peu moindre en haut qu’en bas: fa longueur eft environ vingt fois plus grande. Il a peu d’épaif- feur , fur-tout vers la partie d’en bas, maisil eft d’une grande dureté. Sa furface extérieure eft ordinairement lifle, parce qu’elle eft féparée du bois par une efpece de tuyau femblable extrèmement mince & fort luifant, que l'animal a d’abord collé contre le bois. Quelquefois ce premier tuyau n’eft point détaché n1 diftingué de celui qui enveloppe immédiatement le corps de l’animal ; alors fa furface extérieure porte les im- preflions des fibres du bois fur lequel il a été appliqué. La fituation que j'ai obfervée à ce tuyau eft verticale dans les pieces de bois qui font verticales, & prefque horizontale dans ceiles qui font couchées horizontalement: mais il y eft inféré de maniere que, quoique fouvent un peu tortueux, fon ex- trêmité fupérieure V fort toujours un peu au dehors & com- munique avec l’eau, pendant que l’extrêmité inférieure F refte cachée dans le cœur du bois. Celle-ci fe bouche entie- rement par une fubftance pierreufe, & femblable à celle de la coquille, dans les Tarets qui ont acquis leur jufte grandeur, Les quatre autres pieces de coquille font placées aux extré- mutés L4 MULTIVALVES. 26 mités de ce tuyau. Lorfqu’on l’ouvre ou qu’on le cafe avec précaution, on voit à fon extrêmité inférieure deux petites pieces de coquille P. J. N.S.R. extrêmement minces, allez égales, & qui reflemblent parfaitement aux deux battans de la Pholade & des Conques Bivalves. Ces battans ont chacun la forme d’une portion de fphère creufe au dedans & pointue vers l’extrêmité. Ils ne joignent jamais bien enfemble , & laiffent une ouverture aflez grande fur chacun de leurs côtés. Leur furface extérieure eft convexe, & hériflée dans fa lon- gueur de vingt-cinq rangs de petites dents taillées en lozange ou aflez femblables à celles d’une lime. C’eft par leur moyen que l’animal doit percer, dans le bois, la cavité hémifphé- rique Z. B.F. Au dedans ils font lifles & relevés feulement d’une apo- phyfe ftyloide r. 2. aflez mince, qui fervoit à les attacher au corps de l’animal. Vers l’extrêmité inférieure de chaque battant on remarque Sommets: une légere éminence S qui tient lieu de fommer. Elle eft échancrée en deflous, & porte au dedans deux petites dents D coniques, pointues , aflez dures, qui fe croïfent, la droite qui eft la plus grande paffant fur la gauche. Ces deux dents pourroient être regardées comme la charniere des battans ; Charniere. mais on en découvre encore deux autres au deffous, qui font aflez longues C. C. recourbées en demi-cercle, & femblables à celles de La Pholade, dans laquelle elles font la fonétion de charniere, quoiqu’elles ne fe touchent jamais. On trouve à l’extrêmité fupérieure du tuyau les deux der- Palettes: nieres pieces de coquille 3. 4. qui refflemblent à deux petites palettes aflez épaifles , applaties, quelquefois un peu creufes au dedans, léverement échancrées ou arrondies à leur extrè- mité , & portées fur un pédicule cylindrique égal à leur 1on- gueur. Ces palettes font attachées au mufcle fupérieur du manteau , dont je parlerai ci-après. Elles s’écartent lorfque l’animal fort fes deux trachées, mais lorfqu’il les rentre dans fa coquille, elles fe rapprochent, & les couvrent en fe joi- gnant aflez exaétement pour leur ôter toute communication avec l’eau du dehors. a La feule partie que l’animal fait fortir de fa coquille, font An rmat deux trachées en forme de tuyaux T, A, ja re à CEUX Trachées, Manteau. Mufcles. Corps. Eftomac. Fied. - CUrs E, © 266 CO QUILLAGES des Conques Bivalves. Ces tuyaux font cylindriques, fort courts, réunis l’un à l’autre à leur origine, & fortent à peine d’une ligne, c’eft-à-dire , de toute leur longueur, hors de la coquille. Celui qui eft en bas ou fur le devantT , eft un peu plus grand que l'autre, & bordé de trois rangs de filets, qui tous font au nombre de quarante. Le premier rang, celui qui eft placé en dedans, eft compofé de neuf filets une fois plus longs que les autres. Le tuyau fupérieur À eft fimple & fans bordure : il fert à rendre les excrémens de l’animal, & l’eau que le tuyau frangé T reçoit à tems à peu près égaux. Lorfque l’on cañle la coquille du Taret, on voit que les deux tuyaux T. A. viennent fe rendre, à une diftance deux ou trois fois aufi grande que leur longueur, au manteau L. M. O. avec lequel ils font corps. Ce manteau eft une efpece de tuyau membraneux fort mince, qui enveloppe, comme l’on a vü dans le Solen, les parties extérieures du corps de l’animal. fl n’eft attaché que vers les deux extrêmités de la coquille par deux membranes mufculeufes , dont la fupérieure L. eft cir- culaire, un peu plus épaifle & plus étroite que l’inférieureN, qui reflemble à une petite plaque orbiculaire & qui tient lieu du ligament des Conques Bivalves. Ces mufcles empêchent qu’il ne puifle fe mouvoir de haut en bas ou de bas en haut dans la coquille, où 1l eft fixé à demeure. Dans toute la longueur comprife entre ces deux mufcles le manteau eft détaché & comme flottant dans le tube de la coquille. Cette étendue peut être regardée comme le corps de l’animal, dont la moitié fupérieure L. M. eft plus mince, flafque, grifâtre ou cendrée dans certains endroits : l’autre moitié M. O. eft renflée, blanchâtre & arrondie. La tranfparence du manteau laifle diftinguer quelques par- ties intérieures du corps, telles que l’eftomac o. E. & le tube inteftinal E. a. Celui-c1 eft ouvert en a, & fe décharge dans la trachée poftérieure A. On voit encore fortir par l’ouverture inférieure du man- teau & des battans , une petite partie charnue, arrondie P, qui eft analogue au pied de la Pholade & des autres Conques. Ce pied eft vifqueux, fort mol, & de couleur cendrée. La couleur de la coquille & de l’animal eft ordinairement blanche. MULTIVALVES. 267 Le coquillage dont je viens de parler eft une efpece de ceux qui rongent les bois des vaifleaux, & qui font tant de ra- vages dans les ports de mer & dans les digues. Il ne perce point le bois pour fe nourrir, comme l’ont prétendu tous les Auteurs qui en ont fait l’hiftoire, mais feulement pour fe loger, comme je l'ai prouvé dans une diflertation lûe l’année derniere dans les Affemblées de l’Académie. La maniere même dont cet animal perce les bois paroît moins un eflet de fon entendement, que d’une méchanique dépendante d’un mouvement naturel occafionné par l'entrée & la fortie de l’eau qui doit fournir à fa nourriture. On peut voir le Mé- moire (1) où j'ai expliqué cette méchanique , & difcuté les divers fentimens des Auteurs fur les mœurs, la généra- tion, la maniere de vivre & de travailler du Taret de l’Eu- rope, en le comparant à celui que j'ai obfervé au Sénégal. AURE R'ONF'A N°: PFL'r9. Pholas lignorum. Rumph. muf: pag. 152. art. 7. tab. 46. fig. H.? use! minor , atro rubens ftriatus, S/oan. Jam. vol. 1. rab. 141. fig. 22 23.2? Pholas lignorum : Rumphiana; longa ; acutè elliptica ; fragilis ; verticali foramine rotundo; coloris cinerei; in palis putridis vivens. Klein. rent. pag. 165. fpec.2.n.1. Remarque. La coquille du Ropan que j'ai rapporté au Taret, aPPar- CoQuicur. tient à un genre différent. Elle a beaucoup plus de rapport avec ce qu’on appelle Dail ou Datte. Elle eft compofée de trois pieces, dont l’une eft un tuyau conique, fort mince, qui refte attaché aux corps pierreux dans lefquels elle eft enchafée. Ce tuyau eft percé, comme celui du Taret, de deux trous, dont le fupérieur eft beaucoup plus petit que l’inférieur. Il enveloppe entierement les deux autres pieces de coquille qui font les battans. Ces battans repréfentent un ovoide long d’un pouce ou environ, deux fois moins large, & beaucoup plus gros à fon extrêmité inférieure qu’à la fupérieure. Ils font égaux, fort minces, fans charniere ni fommets apparens, & terminés de (1) Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l'Académie par divers Sçavans , tome troifiéme, LI ij Tuyau. Battans, Charniere, Sommets. 268 (COQUILLAGES maniere qu’étant fermés, ce qu’ils font très-exaétement, les deux dents fe croifent & s’embraflent. Couleur: Leur furface eft life, quelquefois fauve ou brune, mais ordinairement blanchître. Remarque, Ce coquillage ne fe trouve que dans les amas de Balanus, autrement appellés Glands-de-mer, doncil perce la coquille pour fe loger. Il ne s’y enfonce jamais plus qu’il n’a de lon- gueur, laiant toujours fortir les deux pointes de fes battans pour communiquer ayec l’eau. Il enduit Le trou qu’il a creu- fé, d’une coquille aflez mince en forme de tuyau, femblable à celui du Taret, mais qui tient à ceux des Balanus de maniere qu’on ne peut l’en détacher. Il eft fort commun autour de l'ile de Gorée & du cap Verd. REMARQUES Sur Les ConqQques MuLTivALvEs. LES deux genres de cette fection, la Pholade & le Taret, fe rapprochent beaucoup l’un de l’autre par le nombre & l’ufage des pieces de leur coquille, & quoique diftingués par-là des Bivalves, ils tiennent cependant à eux, fur-tout au Solen, r°. par la figure des battans de la coquille qui font béans ou qui laiflent une ouverture à leurs extrêmités ; 2°. par le manteau de l’animal qui eft tout d’une piece & femblable à un fac ouvert aux deux bouts; 30. enfin parce qu’ils vivent toujours enfoncés dans quelques corps folides où ils paflent ordinairement toute leur vie fans fortir. REMARQUES: Sur LES COQUILLAGES EN GÉNÉRAE. A Près avoir indiqué les rapports de chaque genre de Co- quillage dans chaque famille, je dois en finiflant cette der- aiere partie, faire remarquer la liaifon qui fe trouve entre ces familles. Voici quel ef le point de vûe général fous lequel j'ai fait d’abord confidérer les Coquillages, Quant à leur coquille : MULTIVALVES. 269 elle les recouvre en tout ou en partie: elle eft compofée d’une ou de deux pieces qui font de nature & de forme très- différentes, ou à peu près femblables ; ou bien elle confifte en plufeurs pieces. Quant aux animaux renfermés dans ces coquilles , les uns ont une tête, une bouche, des mâchoires, des dents, des cornes, des yeux, un col, un manteau , un pied, des trachées, des ouïes, un anus, & un corps: d’autres ont toutes ces par- ties excepté les yeux, les cornes & le manteau : d’autres en- fin n’ont que le manteau, les trachées, les ouies, la bouche, Vanus & quelquefois le pied. TEL De K les deux divifions générales des Coquillages en Li- maçons & en Conques : de là la fous-divifion des DT en Univalves & en Operculés; & celle des Conques en Bi- valves & en Mulrivalves. J’ai fait voir dans les deux premieres de ces fubdivifons, que les Porcelaines & les Pucelages tenoient aux Pourpres & aux Rouleaux par la figure de l'animal , ce qui fait la réunion des Coquillages Univalves avec les Operculés. Dans la feconde & la troifiéme on a vü que la Nérite tenoit aux Bivalves par la figure & la liaifon des deux pieces de fa co- quille ; d’où 1l eft évident que ces deux familles s’uniflent naturellement , quoique moins intimement que les autres. Enfin , on a vû dans la troifiéme & la quatriéme que la Pho- lade joignoit étroitement les Mulrivalves aux Bivalves, au- tant par la figure du manteau de l’animal , que par les deux ouvertures que fa coquille laiffe aux deux extrêmités. Telle eft la liaifon que j'ai apperçue dans toutes les parties de cet ouvrage, liaifon dont la réalité a été aflez prouvée par les dérails; tel eft aufi l’ordre fuivant lequel j'ai crû de- voir traiter les Coquillages que j'ai obfervés au Sénégal , afin d’en rendre la connoïffance d’autant plus facile que j'ai fenti de difficultés en les comparant les uns aux autres, & en les préfentant fous les différentes faces fous lefquelles ils peu- vent être confidérés par les perfonnes qui cultivent cette partie de l’luftoire Naturelle. : FIN. LE 270 -. TABLE. ALPHABETIQUE TABLE ALPHABETIQUE Des” Matieres contenues dans ce Volume. Les premiers chiffres indiquent la page , & le dernier Les planches. A. Blaition Bizantium, 141. A PL. Bobi, 60. 4. BER , 210: 15. Bolin, 227. 8. Ainobolus ; 245: Bofon, 171. 12 Agaron , 64. 4. Boukch, 218. 221: Aïîlée, 214. Brocard de foie, 98. Ajar , 222. 16. Brunette , 97. Alara, 138. Bucardium , 246. - Alie-Kruyk, 170. j Buccin, 14.82.99. 122. 141. 146.193. 10. Anadara, 248. 18. Buccina, 107. 118. Anomalocardia, 215. 246. 249: Buccinulum , 157. Apan, 212. #5. Buccinum, 118. 143. 146. 10; Arche-de-Noé, 251. 252e Alabaftrite, 118. Arcularia , 117. ampullaceum, 110. 127.138. Armilla, 217. 218. Anglicum, 114. Arfella, 217. Barbadenfe , 135.146. Arvan, 53. 4. bilingue, 138. Aftrolepas, 28, ———— breviroffrum, 50. $4. 103< Atfar-Athaib , 1414 104. 105. 106. 107. 114e Atfar-Atheb, 141. 117: 133e Auris Bahamica, 25. Condor, 114. —— marina , 19. 25« ———— dentatum, 534 54: 1334 13e 137 B. exoticum , 14. B è fluviatile, 7. 15. Ajet, 201. 14. CU RS 2e Baawvos , 250. Madrafpatanum , 104. Balanus , 250. 251. 260; majus, 14. 105$. 108. 118, Barnet, 146. 10. 121. 123. sai Bernard-l'Hermite , 148 ———— minus , 14 £ Beveraza , 232. ———— muficum , 56. Bia Codock, 213. parvum, 112. 114.117.135e Bia culit Bawang, 108. 136. 137. 171. Bia matta doa, 239. Perficum , 44. 48. 60. Bia minjac, 110. radiatum , 14 Bia facatsjo, 29. ——— recurviroffrum, 156. 17e Bigni, 135. 9. Rondeletii, 118. Bigourneau , 1704 ———— rofratum , ÿ2. 118. 1214 Bitou, 73. . 131. 143. Biverone , 218. fublividum , 171. Biveronus, 232: tuberofum, 155 Bivet, 123. 8. villofum, 118 Blatin, 142. g | Bulin,2. 5. 80. a Blarsa Biçantie ; 1419 Bulinus, 5. LE DES MATIERES. Bulls, 4; Burez, 141: Burgaus, 18$. C. Cu none, 251. Calcinelle , 232. 259. Calognone , 250. Calyptra. 32. Came , 196. 216. 223. 259. Caffis, 112. 117. Catinus, 25. Cerite, 82. 152. 15$+ Cerithium, 152. Chadet, 157. Chama, 213. 226. 230. 232.233.239. 256. —— afpera , 216. 217. Chamaætrachea , 200. Chams Cornubienfis y 217. 224: Chamelæa , 223. 230. 239. 254 Chama glycimaris ,'253. —— nigra, 253. 257. 258 — peloris, 217. — Wifs-[chulp, 2174 Chanon, 213. Chotin , 95. Cidaris , 25. Clocher chinois, 152: Cloniffa, 217. Clonifle , 216. 218. Cochlez, 14. 97. 107. 109. 110. 112. 141. 159. 174. 175. 176. canaliculata, 100. 108. 110. ———— caffidiformis, 110. 112. =—— cinerea , 105: æ——— compreffa, 11. — mrtfs , 83- 84. 85. 87. 93. - cylindroidea, 62. 64. 98. cylindroides , 87. 96. depreffa, 25. Jamaicenfis, 171. &— fndie , 48. —— longa, 44. 48. 49. 56. 59. 60. 91. 95: 97. 98. marina , 87. 171. 175. 176. PI, 17. 16. 40. 10. 10. 16. 177. 185.219: 223. 224,225. ————— nivea, 109. 110. oblonga, 14. pennata , 108. Cochlearia , 39. Cochlea rufefcens , 171. — rugofa , 109. Siracufana , 4 271 Concha flriata, 110: PI, ftriéior, 14. fublivida, 168. 175: — trochiformis , +4 178. 181, 1 umbilicata , 174. 175. 176. 185. 186. Codok, 213. 16. Cœur de bœuf, 246. Cofar, 131. 5 LA Concha, 4, 217. 222. 223. 243. 246. 248. 249. 251.253 254 256. 257. 258. aliformis, 213. gryphoides , 205. lævigatoria, 65. longa, 207. 215. 260. maxima, 44. natatilis , 48. vmpiradys s 44: Perfica, 44 rugata , 205. 217. Venerea, 65. 67. 68. — Veneris ,65.68. 69.70.74. 794 Conchula, 217. [TT ———— ridée , 205.217. de faint Jacques, 240, Cor de mer, 118. Coret, 2. 7. 80. LA Coretus , 7. 14 Cornet, 83. 85. 86. 87. 92. 94: de mer, 112. Grand-Amiral, 93. Vice-Amiral , 93. Cotan , 224. 16. Coupet , 94. é. Couvercle du Conchylium, 137, —————— du Cor, 118. Covet, 114. 8. Cricomphalos,218.224.225.229.230. Cucumis, 56. Cylinder , 62. 86. Cylindroides , ï: gi. 9 Cylindrus, 83.85.86. 87. 88, 90.91; 95: 96. ——— Brafilienfis , 64: Indicus , 94. — Madrafpatanus , 64, Moluccenfis, 97. 272 TABLE ALPHABETIQUE Cymbium, 22 E——— auritum ; 45. ——— /namillare, 45. 49. ——— yMbilicatum ; 49, D. D sn: » 64 Daki, 171. Dalat, 186. Dafan, 35. Datin, 165. Degon, 158. Dentalium , 161: Dip, 151. Dofan, 164. Dolium , 108. Dontoftoma, 191: Dés ü Dotel , 211. Drap d'or, 97. Drap orangé , 97« Duchon , 61. Dunar, 188. Pc 3 59: Epidromus, 146. Erythræa, 65. 69. 74 Eflan, 214. Es 3 246. Falier, 78. ÆFanel, 176. Farois , 143° Fafin, 111. Fatan, 231. Faval, 54. Felan, 227. Fonet , 212. Foflar, 173, Fujet, 183. Funon, 150. Fufus, 141. 144, Gain 332 Gafet, 237. Galea, 104. 108, Garin, 200. Garnot, 40, E. F. Ge PL 1. 14. 2. Gafar, 196. ‘"Gatan, 233. Genot, 145. * Géographie, 98. Giro, a di Giton , 124. Gival, 37. Glans, 250. Globus , 205. Gochet, 177. Golar, 257. Gondole, 2. 80. Gongole , 240. Gor , 187. ‘ Gordet, 225. Goflon , 4. ‘ Goumier, 156. Goufol , 134. Guron, 203. H. H Aliotis, 19. 20. Hannons, 240. 241. Hauftellum , 127. Hirondelle , 214 Hovileï, 20. Huitre , 196. 258, L: Lis 250. Jabik, 121. Jagon , 245. Re 83 Jambonneau , 196. 207. 259. Jataron, 196. 205. 159. Jataronus , 205. Jatou , 129, Jelin; 166. Jenac, 41. Jefon , 215. Jol, 149. Jouret, 230. Ifocardia , 241, 243. 254; Julan, 260. K. Kacrin > 187. Kalan, 137. Kalifon, 42. Kaman, 243. Kambeul, 14. 2. DES MATIERES. Küifet, 192: . Kris, 240+ LB, Labarin, 103. Eagar, 191. Lagena , 133. 135. 136. Lentigo, 138. Lépas, 25. 27. 35. 37: 80. ZLepas , 25. Lepas agria, 35. Actus dypias 19. Libot , 27. Ligar, 158. Limaçon, 2. 14. 80. Livon, sn Loman, 96. Lonier , 184: Lofet, 132. Lulat, 207. Lunot. 227. Lupon, 73- M M 4. > 249. 2514 Mafan , 93. Majet , 65. Mamma , 105. Mantelet , 2. 75. 81. Marnat , 168. Mañer, 165. Matadoa , 239. 259. Meer Chreen , 20. Melar, 90. Mefal, 159. Miga, 116. Minjac, 109. Miran, 50. Mofat , 241. Molan, 258. Mother w] Pearl , 20. Moule , 208. 210. 211. 212 Mouret, 34. Mouflole, 250. 251. Movin, 246. Murex, 99. 118. 137. 138. — coflofus, 131. —— lugonis , 121. 1254 —— Iarbrin, 1374 PI, 13. Murex marmoreus ; 137. — flriatus, 138. fromboides, 137. Mufculi, 251. 273 PI- Mufculus , 207. 208. 210, 211. 212: 227. 239% 2$1e Mufica , 94. à Muflole, 250. 251. Muflolo, 251. Mutel , 234. Mutilus , 235. Mytulus , 235$. Naccie #40) Narel, 59. Natica, 172. Natice, 82. 172. 174. 1934 N. Nerita , 178. 188. 190. 191. 192, Nerite, 82. 188. 191. 193. Nifat, 52. Nifot, 150. Nivar , 141. Nubecula , 98. Nufar , 238. Nux marina, 4. 5. O. Ocsctta 5 128. Ogniella, 137. 138. 141. Ofeau L gl : Oliva , 137. Olive, 62. Ongle aromatique, 141. 'Onvé, 141. Operculum Buccini, 118. Conchylii, 137: ————— Purpure, 118. Oreille de mer, 19. 20. 25: — marine, 19. 20. Ormier, 2. 19. 20, 80. Ofcabrion , 43. Ofilin , 178. Ofîrea, 200. Offreum , 196. 200. 20. Otion fivè Auricula , 19. Oxyrinchus , 144. Oxyftrombus , 156. P, Para, 105. Pamet, 235. Mm 18. 17 12. 14. F2 274 TABLE ALPHABETIQUE Patella, 2$. 24 su 32 33e 35° 36. PI, "VE 37: 58: R. altera, 4 ——— Cypria, 35: Ra, 150. Patelle fere, 19. Rafel, 52. Paveraccia, 218. 220. : Retan, 181. Pelen , 240. 249. 251. Pe&unculus, 215.217. 224, 225.250. 239. 240. 241. 245: 2406, 249: 253: Pedipes , 11. Pegon , 228. HyA@pi , 217. L Penicillus , 160. Perdix, 108. Perdrix, 108. Peribolus , 75. Perna , 207. Perfica , 4. Perficula, 60. Pétoncle , 196. 240. 259 Peveraza : 2e Phallus, 160, Philin, 48. Pholade , 260. Pholas, 208. 260. 2674 Pie, 185. 186. Piétin, 2. 11. 80. Piperata, 232. Piperone , 218. Pirel, 227. Pitar, 226. Piverone , 218. Platyfloma . 17$+ 176. 177. 190. 192. Pomatia, 14. Popel, 152. Porcelaine, 2. ÿ5- 56: FE 74- 81. Porcellane + 55: 60. 65. 67. 68. 69. 79:73: a Poron, 227. TT: ITR 137« Potan, 75. Pouchet, 18. Pourpre, 82. 99. 193. Poyerazos , 278. Pfeudo Pre SO. 52e Pucelage, 2. 65. 81. PHPAA 99- 137: 138 —=——— Africana, 127. ——— njOr , 127+ ———_—— JeÉirofira , 127 Q. Qosiran. 2104 17. ae Rhombus , 62. 64.75. 83.8 91. 93. 94: 96. 7. 98. ——— Tulipa, 96. Rüfet, 172. Robet, 248. Rocher, 99. 112. 138. Rojel, 202. Roncera, 128. 137. 138. 141. Ropan, 267. Rouleau, 82. 96. 98. 193. S Saber: 82. 178. 185. 193. Saburon , 112. Saccus , 168. 171e Sadot , 106. Sakem , 100. Sakeum, 103. Salar, 97: Ex PAS 158 Sämier, 122. Sari, 184. Satal, 204. Selot, 191. Semicaflis , 56. 108. Serpentulus , 18. 121 Sigaret , 24. Siger , 135. Silus, 143. Simeri, 79. Sirat, 125. Soler, 255$. 196. 259. Sôni, 151. Sormet , 3. Soron , 32. Sourdon , 196. Spondylus, 200. 203: 205. Staron , 137. Stipon, 79. Strombus, 64. 82. 158. acularis, 53: 5455: angulofus UT cochloides , 159, decimus, 53- ——— fecundus , $4 14e DES MATIERES. Suga , 1 Sulin, 38. Sunet , 229: Tu, 188, Tafon, 133. Tagal, 255. Taret, 260. 263. 264. Telinga maloli, 10. T, Téllina , 223.229. 230. 232.233. 234. 235.237.238.255.258, Telline, 4 234: 259. ie Terebellum , 64. Terebra , 49. Teredo , 263. Tertia Nautili fpecies, 109. Téfan, 107. Tigris, 185. Tin, 91. Tivel , 239. Tonne, 44. 99. 110: Tofar, 229. Totombo , 117. Toupie , 82. 167. 193: Treillis, 37. Trochilus , 183. Trocho-cochlea , 178. 181. 182. 183. 186. Trochus ,87. 88. 167. 178. 181. 182. 185. 187. Tuba phonurgica , 15. Tubuli, 160. 164. 165. « marini , 164. vermiculares | 164. Tubulus , 161. 166. Tugon, 263. Tulipe , 97. Turbo , 100. 114. 118, 156.158. 159. 178. =—— aperius , 52. 93. 4 152. 155, 156. 157. 158. — Brafilienfis , 56. 64. — levis » 95: ——— MATMOTEUS ÿ 155. PL 9. 2 17e 12. 19. 12, Turbo nitidus, ÿ4: =— tuberofus, 143. 155. 156, = VATICQAIUS , 18, Tympanotonos, 152, 156, 157: U. Ut, 182. 183. Umbilicus, 186. parvus , 183. ————— varius, 182, Unguis , 141. Unicornu , 53. Urceus, 108. 121. V al, 232. Var” et Venerea , 60. 67. 69. 70. Veneris Concha, 65. 69. 70. Veneroides , 4. Vermet , 82. 160. 193. Vermetus , 160. Vermifleau , 161. 166. Vertagus , 155. 157. Vetan, 201. Veuve, 186. Vignerone , 14. 175$: Vignot, 170. Vis, 2. 49. 81. Vojet, 118. V. Voluta , 83. 85. 87. 88. 90. 92. 94. 6. 97. 99: 9 —— Archithalafus, 93. Vovan, 253. X. X us Tphuytie , 216, D Va. 2. 43. 44. 81. Fetus , 43° Fin de la Table des Matieres, 217$ 174 124 11. 11. 33. 7 3- : D Ph te spa MOST A EN 10QR EVER: o « had ‘ L Le r FN TRAIT UE Longue mg théentinths mel thanne attme enr a:mer . ol \ A ve : \YAERE \ \ ET je » À 7: 4} 4 és 4 he mL OUI E. Hot ; Lu é . a | - L | “2? N7IE UE De es . 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