i \ # L_iLu_î ,~ifc^,_.> Ll BRARY TUFTS COLLEGE MEDICAL and DENTAL SCHOOLS S i i 1 r /, r r /r////'ts, s r;/r/'. iu-^i HISTOIRE NATURELLE VÉGÉTAUX PARASITES. L'auteur et l'éditeur de cet ouvrage se réservent le droit de le traduire ou de le faire traduire en toutes langues. Ils poursuivront, eu vertu des lois, dé- crets cl traités internationaux, toutes contrefaçons ou toutes traductions faites au mépris de leurs droits. Le dépôt légal de cet ouvrage a été fait à Paris le 25 mai 1853, et toutes les formalités prescrites par les traités sont remplies dans les divers Étals avec les- quels la France a conclu des conventions littéraires. On trouve chez les enêmes Libraires : TRAITÉ DE CHIMIE ANATOMIQCE ET PHYSIOLOGIQUE NORMALE ET PATHOLOGIQUE, ou des Principes immédiats normaux et morbides qui constituent le corps de l'homme et des mammifères, par Ch. Robin, docteur en médecine et docteur es sciences, professeur agrégé à la Faculté de méde- cine de Paris, et F. Verdeil, docteur en médecine, chef des travaux chimiques à l'Inslitut impérial agricole, professeur de chimie. Paris, 1853, 3 forts vol. in-8, accompagnés d'un atlas de 43 planches dessinées d'après nature, gra- vées, en partie coloriées. 36 fr. DU MICROSCOPE et DES 1K3 ACTIONS dans leurs applications à l'anatomie et à la pathologie, suivi d'une Classification des sciences fondamentales, de celle de la biologie et de l'anatomie en particulier, par le docteur Ch. Robin. Paris, 1849, 1 vol. in-8 de 450 pages, avec 23 figures intercalées dans le texte et 4 planches gravées. 7 fr. tableaux d'anatomie, comprenant l'exposé de toutes les parties à étu- dier dans l'organisme de l'homme et dans celui des animaux, par le docteur Ch. Robin. Paris, 1851, in-4, 10 tableaux. 3 fr. 50 c. RECHERCHES SUR un appareil qui se trouve sur les poissons du genre des Raies, et qui présente les caractères anatomiques des organes élec- triques, par le docteur Ch. Robin. Paris, 1847, in-8 avec 2 planches. DES fermentations, thèse de concours pour l'agrégation en histoire natu- relle médicale, présentée et soutenue à la Faculté de médecine de Paris par le docteur Ch. Robin. Paris, 1847, in-4 de 41 pages. NOTE SUR QUELQUES HYPERTROPHIES GLANDULAIRES , par le doc teur Ch. Robin. Paris, 1852, in-8. Sous presse, pour paraître prochainement : TRAITÉ d'anatomie générale, normale et pathologique, chez l'homme et les principaux mammifères (Histoire des éléments anatomiques des tissus, et Histologie), par le docteur Ch. Robin. 2 vol. iu-8, accompagnés d'un atlas de 40 planches gravées. Paris.— imprimerie de L. Martinet, 2, rue Mignon. HISTOIRE NATURELLE DES VEGETAUX PARASITES QUI CROISSENT SUR L'HOMME ET SUR LES ANIMAUX VIVANTS, Charles ROBIN, Dm leur eu médecine et docteur es sciences naturelles, Professeur agrégé d'histoire naturelle médicale à la Faculté de médecine de Paris, Professeur d'anatomie générale, Ancien interne des hopitau.t de Paris, Elève lauréat à l'école pratique de médecine, Membre des sociétés de Biologie, Philomalique, Eutomologique et Anatomique de Paris, ■ Correspondant de l'Académie médico-chirurgicale de Stockholm, Avec un Atlas de 1 5 planches gravées, en partie coloriées. A PARIS, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, RUE HAUfÊVElft-LE , 19} A LONDRES, CHEZ H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET ; A NEW-ÏORK, CHEZ H. BAILLIÈRE, 290, BROADWAY; A MADRID, CHEZ C. BAILLY-BAILLIÈRt-!, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 1853. 1 y LA 0 D ^J PRÉFACE. § I. Le sujet dont traite cet ouvrage a donné lieu à un très grand nombre de publications; mais aucune n'a embrassé toutes les questions qui s'y rattachent. Dans ma thèse pour le doctorat es sciences naturelles (1), j'ai ajouté un résumé de plusieurs de ces travaux à quelques recherches qui me sont propres. Je n'ai pas cessé depuis de poursuivre ces études , intéressantes à plus d'un titre pour les médecins et les natu- ralistes ; les résultats auxquels je suis arrivé m'ont fait recon- naître que mon premier travail n'était qu'une esquisse très incomplète: c'est ce qui m'a conduit à écrire celui que je publie aujourd'hui. Ce livre embrasse l'histoire de tous les végétaux parasites de l'homme et des animaux. Pour atteindre ce but, j'ai eu soin d'exposer, en même temps que mes propres recherches, celles de tous les auteurs qui ont écrit sur ce sujet. L'ordre métho- dique que j'ai suivi m'a amené à être plus complet sur plusieurs points que la plupart d'entre eux. L'histoire naturelle de chaque espèce contient : 1° Sa diagnose, ou description taxonomique; 2° Son anatomie, ou étude de sa structure; 3° L'étude du milieu dans lequel le végétal vit, celle des conditions extérieures qui en permettent l'accroissement, etc. ; h," L'étude des phénomènes de nutrition, de développement (1) Des végétaux qui croissent sur les animaux vivants, thèse de Botanique pour le doctorat es sciences naturelles, soutenue le 19 juillet 1847. Paris, in-4. — Publiée à part sous le titre suivant : Des végétaux qui croissent sur Vhomme et les animaux vivants, avec addition de trois planches gravées. Paris, 1847, 1 vol. gr. in-8, 120 pages. vi PRÉFACE. et de reproduction qu'elle présente dans ces conditions, ou physiologie de L'espèce; 5° L'examen de l'action que, par suite de cette structure, de ce développement, etc., le parasite exerce sur l'animal môme qui le porte, et lui sert de milieu ambiant; 6° Celui des travaux publiés sur le même sujet, ou historique. J'ai suivi une marche identique dans la description de chaque espèce. Je devais naturellement adopter un ordre qui fût le môme pour toutes les plantes que j'avais à examiner. L'étude de l'anatomie générale, de l'anatomie comparée et de l'histoire naturelle, m'a conduit à reconnaître qu'il reste à exécuter, pour cette dernière science, ce qui depuis longtemps a été fait pour la chimie : c'est d'établir un plan régulier dans les descrip- tions, un ordre méthodique applicable à toutes les espèces. Chaque savant qui décrit un corps organisé ou ses parties suit un ordre différent et arbitraire. Les auteurs qui s'occupent d'Anatomie , de Zoologie et de Botanique descriptives font exception ; mais l'ordre qu'ils adoptent ne leur permet pas d'embrasser tout ce qu'il y a d'utile à connaître dans chaque es- pèce d'organe ou chaque organisme. Aussi, lorsqu'il arrive à un observateur de rencontrer quelque cas intéressant ou rare, habituellement des faits importants sont omis. J'ai eu souvent occasion de le constater, en rassemblant les documents histo- riques nécessaires à ce traité. Il sera facile au lecteur de véri- fier le fait en lisant quelques descriptions que j'ai rapportées sans avoir vu les plantes qu'elles font connaître. Ici c'est une description anatomique étendue, sans descrip- tion taxonomique et, par suite, sans classement du végétal; ailleurs c'est une description taxonomique seule, sans données analomiques, physiologiques, etc., etc. Les traités récents de Botanique et de Zoologie, quel que soit le groupe d'êtres dont il s'agisse, sont tous dans ce dernier cas. L'étude de l'histoire naturelle appliquée à la médecine m'a fait sentir par expérience combien ce vice de méthode avait d'inconvénients. PUÉFACE. vij J'aurais dû peut être donner, suivant l'usage, un tableau rapid educontenu de cet ouvrage; mais la classification bota- nique des végétaux parasites qui se trouve à la page 253 comble cette lacune pour l'ensemble des espèces étudiées, et ce que je viens de dire montre quelles sont les questions qui ont été examinées dans l'histoire de chaque espèce prise à part. § II. La première partie de l'étude générale des végétaux parasites embrasse leur classification ; mais , dans un traité d'histoire naturelle de tous les êtres organisés, il serait indis- pensable de commencer ces généralités par leur anatomie. Les données suivantes sont suffisantes pour le prouver : La Biotaxie ou Taxonomie est une science qui a pour sujet les êtres organisés considérés a l'état statique (en tant qu'aptes à agir), et pour objet ou but la coordination hiérarchique de tous les organismes connus en une série générale, destinée en- suite à servir de base indispensable à l'ensemble des spécula- tions biologiques. La biotaxie s'appuie et repose sur l'anatomie ; elle la sup- pose connue au moins quant aux faits les plus généraux. La biotaxie exige plus particulièrement la connaissance des parties extérieures du corps, anatomie extérieure ou morpholo- gique. La physiologie s'appuie, au contraire, spécialement sur l'anatomie intérieure ou proprement dite. L'anatomie démontre l'existence d'une corrélation constante entre la disposition des parties extérieures du corps qui ser- vent à classer les êtres organisés et la structure des parties internes. C'est ce fait anatomique, c'est cette corrélation entre ces deux ordres de parties qui rend la biotaxie possible, qui en est la base. Cette corrélation est telle, que la disposition anatomique des parties internes se traduit au dehors par la disposition des parties externes, et réciproquement, quant aux faits anato- miques vraiment fondamentaux. On peut donc, à l'aide des VI lj PREFACE. particularités de l'une, saisir et juger les particularités de l'autre. En un mot, L'ensemble do l'organisation interne se traduit nu dehors par des modifications correspondantes des organes extérieurs. Par conséquent, étant donné un èlre vivant connu anatomiqiietncnt, on peut conclure de son organisation profonde à celle d'un animal non disséqué qui lui ressemble extérieurement : d'où naturellement on est porté à placer celui-ci à côté du premier ; d'où la formation des groupes naturels. La connaissance de ceux-ci coordonne et résume de la manière la plus synthétique et la plus naturelle qu'on puisse concevoir l'ensemble des notions anatomiques , tant celles re- latives aux parties extérieures que celles qui se rapportent aux parties profondes. La deuxième partie, consacrée à l'analomie, fait suite à celle qui traite de la distribution des végétaux parasites dans les groupes naturels auxquels ils appartiennent. Là, j'exa- mine tous les ordres d'organes dont sont formés les Crypto- games inférieurs. Elle peut, par conséquent, servir de guide pour la description des espèces de parasites qui n'ont pas en- core été observées. Dans la troisième partie de cette étude générale sont exa- minées les conditions dans lesquelles on trouve ces végétaux, celles qui en favorisent le développement, celles qui lui sont nuisibles. Les recherches de M. Bazin sur ce dernier point ayant paru lorsque s'imprimait cette section, j'ai pu me les procurer assez à temps pour les utiliser. On a proposé un certain nombre d'expressions pour désigner les Cryptogames parasites d'après le milieu dans lequel on les trouve. Je ne m'en suis pas servi par les raisons suivantes. Lorsque ne prenant pas les mots pour des faits, on se place en face de la réalité, on observe que les dénominations auxquelles je fais allusion s'appliquent à un petit nombre de plantes. Aussi, pour indiquer par un terme spécial et d'une significa- tion exacte chacun des cas différents offerts par les diverses PKEFACE. IX espèces de végétaux parasites, il eût fallu créer environ dix à quinze noms nouveaux, sans compter ceux existant déjà, qui sont au nombre de cinq ou six. Or, dans une question si peu étendue, au milieu de toute l'histoire naturelle, c'eût été jeter plus de trouble que de clarté que de vouloir créer un mot pour chaque phénomène. On arriverait ainsi bien vite à cet état dont nous offrent des exemples plusieurs subdivisions de l'his- toire naturelle, qui se trouvent plus riches de mots que de faits réellement différents, pour avoir été considérées comme sciences fondamentales et étudiées à l'exclusion des autres* Je vais énumérer et discuter les termes dont quelques au- teurs se sont déjà servis , et chacun pourra facilement les appliquer en lisant ensuite le tableau dans lequel les Crypto- games sont classés d'après le milieu dans lequel ils croissent. (Voy. p. 266.) Le mot épiphyte (tm, sur ; yu-rov, plante), créé par Link pour désigner les plantes parasites d'autres plantes, est quelquefois appliqué à l'ensemble des végétaux parasites des animaux. 11 a aussi été employé par quelques auteurs pour indiquer les Cryptogames croissant seulement à la surface du corps, par opposition à ceux qui croissent dans l'intérieur. Il a, en effet, ces deux significations, et c'est en cela qu'il pèche ; sans comp- ter les cas dans lesquels on a voulu séparer les végétaux crois- sant sur les muqueuses ou la séreuse des sacs aériens des oiseaux de ceux qui se développent dans le tissu cellulaire, etc., comme on l'a fait depuis longtemps pour les Helminthes. L'expression phyto-parasite ( yu-rov , plante; -rcapasufoç, para- site) n'a rien, en brièveté ni en précision, qui puisse la faire préférer à celle de végétaux ou plantes parasites (vegetabilia parasitica), anciennement employée; bien que créée pour désigner les Cryptogames parasites des animaux, elle s'applique également à toutes les plantes parasites des plantes. On se servira sans doute souvent du mot entophyte (svtoïj dedans; yurov, plante) pour désigner les plantes croissant dans X PRÉFACE. l'intérieur du corps, de l'intestin en particulier. Les Algues du genre Enterobr,yus, par exemple, sont de véritables entophyles, au même litre que les Tœnias sont des entozoaires; c'est-à-dire qu'elles ne peuvent vivre que dans l'intestin. Mais ce ne sera jamais qu'une épithète applicable à un petit nombre de plantes, et jamais un nom d'ordre ou de tribu; car il y a plusieurs Cryptogames parasites qui sont aussi bien ectophytes qu'mfo- phytes : tels sont le Champignon du muguet, l'Algue du fer- ment, le Lcptothrix buccalis, Cb. R., etc. Ce qui précède s'applique également au mot ectophyte, dont je me suis servi jusqu'à ces derniers temps dans mes cours , et que M. Cruveilhier a adopté (1), d'après quelques notes que je lui ai remises en 18/|9 sur les ectozoaires et les entozoaires , ainsi que sur les Cryptogames parasites de l'homme. Il y a, en effet, de véritables ectophytes: tels sont les Champiynons de la teigne, de Y herpès tonsurant, du pityriasis, etc.; mais le Cryptogame du muguet, celui de la muscardine et autres, sont ento et ectophytes tout à la fois. De plus, tous les végétaux parasites des plantes sont ectophytes. La description des espèces montrera facilement qu'il serait inutile maintenant de discuter la valeur des expressions sui- vantes, proposées pour désigner de prétendus groupes déplantes et bonnes seulement à employer dans le discours comme épi- thètes ou synonymes : ce sont les mots dermophytes (%Jia, peau; yu-rov, plante), mycodermes (fwxvjç, champignon; Seppa, derme), aphthaphytes (ayOat, aphthes ; yuTov, plante), en to- mophytes (h-topoç, articulé; yurov, plante), entomomycètes (evTOfxoç, articulé; p-wn;, champignon). Je ne connais d'abus équivalent à celui-ci que le suivant : il est relatif à l'étude des vestiges fossiles laissés par les corps vivants sur les sé- diments non consolidés, tels que pas d'animaux, traces laissées par les animaux marcheurs ou nageurs , qu'un auteur an- (1) Cruveilhier, Analomie pathologique générale. Paris, 1852, in-8, t. II, p. 24. PRÉFACE. Xi glais a désignées du nom CCichnites (tyyo^, traces), et de l'étude desquelles il a fait une science nouvelle, Yichnologie. Celle-ci se divise en sauroïdichndtes (traces laissées par les Sauriens), ornilhichnites (traces des pieds d'Oiseaux), et ces divisions se subdivisent en sections d'après le nombre de parties composant ces traces : polypodichnites ( traces à plu- sieurs pieds) , tetrapodichnites, dipodichnites , et apodichnites /traces sans pieds); puis ichthyopatolithes (traces fossiles de poissons laissées sur la vase par les organes de natation de ces vertébrés). Mais revenons à notre sujet pour continuer l'examen des différents points que j'ai passés en revue dans l'étude générale des végétaux parasites. Dans la quatrième partie sont passés en revue les phénomènes de nutrition, de développement et de reproduction manifestés par ces Cryptogames. Ils ont habituellement été négligés par la plupart des observateurs. La cinquième partie traite de la réaction de l'être organisé sur le milieu dans lequel il vit; ici c'est l'action que le parasite exerce sur l'animal même qui le porte et lui sert de milieu am- biant. C'est l'étude non plus du milieu lui-même envisagé iso- lément, mais des actions réciproques du végétal sur l'être qui le porte, et vice versa. On est ainsi conduit à examiner les altérations morbides et les symptômes dont le parasite est la cause. A la suite de cette étude vient l'exposé des moyens à employer pour faire disparaître cette cause , pour détruire ou enlever le végétal, et empêcher qu'il ne se développe de nou- veau. Ces moyens sont basés sur la connaissance anatomique de la plante, de son siège, du milieu, en un mot, où il se trouve, des phénomènes de développement qui lui sont propres, et même de l'action qu'il exerce sur l'animal qui le porte. Cette partie renferme une discussion des phénomènes de transport et de pénétration des sporules. Ici se trouve établie une distinc- tion entre le fait de la pénétration de corps solides et le fait de l'absorption. xij PRÉFACE. Iles deux C9LS, très différents, pour avoir été confondus , ont laissé beaucoup de vague sur plusieurs questions d'histoire naturelle. On observe que toutes les fois qu'un corps solide, visible ou invisible à l'œil nu, plus dur que la substance organisée , se trouve placé à la surface d'une muqueuse ou sous l'épiderme cutané, il pénètre dans cette substance du côté où il exerce une pression par son propre poids, ou à l'aide d'une compres- sion exercée par le jeu d'un organe. La matière vivante se ré- sorbe, disparaît, molécule à molécule, devant le corps solide du côté où est la plus forte pression, pendant qu'en sens opposé il se reforme, molécule à molécule, de la matière organisée, laquelle prend successivement la place auparavant occu- pée par le corps étranger. C'est là le mécanisme de la péné- tration des spores de divers végétaux cryptogames dans la cavité de certains organes ou dans la profondeur des tissus. C'est aussi celui de la pénétration et du transport des œufs d'Helminthes qui, pour la plupart, ont une enveloppe dure et coriace. Ainsi, dans la pénétration, c'est le corps traversé qui dispa- raît, molécule cà molécule, devant celui qui pénètre, tandis que celui-ci ne change que de place et non d'état. Dans le cas de ['absorption, confondu quelquefois avec la pénétration des so- lides, c'est le corps entrant du dehors au dedans qui traverse, molécule à molécule , une matière , laquelle ne change pas ou presque pas, et qui, déplus, s'unit souvent en partie, molécule à molécule, à la matière traversée ou aux liquides de la cavité des organes qu'elle forme. § III. Dans les Prolégomènes j'examine un sujet qui ne se rapporte plus directement à l'histoire naturelle des végétaux parasites, mais à celle de tous les êtres organisés. J'avais en- trepris ces recherches pour suppléer, dans mes études, aux lacunes qui me semblaient exister lorsque je me trouvais en face des faits. C'est un guide général pour la description de PRÉFACE. XÎij chaque espèce considérée isolément, et destiné à prouver que cette description embrasse tout ce que peut offrir à étudier un organisme quelconque. Ce sujet est naturellement très abs- trait, car il n'y est question d'aucune espèce prise à part, mais de toutes ensemble sans application particulière à l'une d'elles. Divisé en trois parties, il a pour but : 1° De montrer qu'il y a, pour les corps organisés du moins, une distinction nette entre les questions générales communes à tous les êtres, abstraites par conséquent, et celles qui ne s'appliquent qu'à un certain nombre ou à un seul, qui sont concrètes en un mot. Nées de l'observation, par généralisation et coordination des résultats que celle-ci nous fait connaître, ces notions géné- rales constituent les questions de doctrine. Dès lors, les faits bien observés d'après la méthode que nous inspire cette doctrine la modifient elle-même plus ou moins dans les détails, selon leur nature; de cette manière, ils la rendent de plus en plus apte à évoquer et à reproduire exactement en nous les impres- sions causées par la réalité , lorsque nous manquent les faits naturels ou artificiellement obtenus qui sont le point de départ de toute doctrine positive. J'ai indiqué ailleurs (1) comment, dans les sciences d'appli- cation, les notions abstraites ou de doctrine guident l'œil et la main dans l'emploi des procédés matériels, dans l'exécution des analyses; de sorte que ceux-ci sont des moyens matériels, et les premières des moyens intellectuels d'investigation à l'aide desquels nous acquérons de nouveaux faits. J'ai montré égale- ment comment procédés intellectuels, procédés matériels et faits, sont les trois choses dont se compose toute science d'ap- plication qui progresse ; aussi n'ai-je pas à revenir sur ce point. 2° D'examiner rapidement les cinq ordres de questions abs- traites elles-mêmes qui doivent servir de guide intellectuel dans l'étude de chaque être ou groupe d'êtres étudiés dans un (1) Ch. Robin et Verdeil, Chimie analomique. Paris, 1853. Atlas, prélimi- naires, p. 1 , 9 et suivantes. xiv PRÉFACE. but d'application; guide qui empêche de rien omettre de ce qui, dans cet examen, peut être utile à nos besoins. Ardues et peu faciles à saisir rapidement, à cause du nombre des laits qu'elles embrassent, ces questions sont généralement négligées, considérées même comme inutiles. Les fâcheux ré- sultats de cette sorte de mépris se font sentir dans tous les traités de pathologie et même de physiologie, parla confusion fréquente entre des actes les plus divers, tels que ceux de nu- trition et de sécrétion , ou encore d'absorption et d'assimila- tion, de génération et de développement. Cette confusion con- duit habituellement aux interprétations les plus erronées dans un grand nombre de cas pathologiques , et fait accuser à tort la physiologie d'impuissance à nous rendre compte des phéno- mènes utiles à connaître pour la thérapeutique. De là vient que j'ai donné une certaine extension à l'étude des actes élémen- taires de la vie organique végétative. 3° Enlin il a pour but de faire connaître un sujet d'une application beaucoup plus immédiate : il traite de l'anatomie et de la physiologie des éléments organiques végétaux. On comprendra que, dans un ouvrage où il est question de Cryp- togames représentés souvent par une seule cellule, il impor- tait d'être lixé sur les caractères de celle-ci en général. Cette description a été faite également dans un autre but. La connaissance des éléments anatomiques des plantes est indis- pensable pour faire l'étude de ceux des animaux; il faut pou- voiries comparer au point de vue anatomique et à celui de leurs propriétés; leurs analogies et leurs différences doivent être connues dans les moindres détails , depuis la substance même qui en forme les parties, jusqu'à la structure ou l'arrangement de ces parties (telles que noyaux, granulations, etc.). Occupé à la rédaction d'un traité d'Anatomie générale, j'ai souvent senti la nécessité de ces comparaisons et l'utilité de cette connais- sance. J'ai fait en conséquence cette description de manière qu'elle répondît aux besoins de l'anatomie générale des ani- PRÉFACE. XV maux. Il y avait utilité, car je n'ai trouvé aucun traité qui pût satisfaire à ces exigences. A l'exception du Traité de la cellule végétale de Schacht, aucun livre ne contient une des- cription complète de la structure des cellules végétales, de leur mode de génération et de leur développement. Je me propose de publier dans un autre travail les résultats des recherches que j'ai faites sur la prétendue génération spon- tanée des Cryptogames et des animaux les plus simples. Ces ré- sultats sont contraires en tous points à l'idée de la formation spontanée d'espèces, nouvelles ou non, d'êtres organisés. On ne devra donc pas s'étonner de voir que j'ai négligé de repro- duire ou de discuter les opinions plus ou moins vagues, et tou- jours sans conclusions sérieuses, émises souvent par plusieurs auteurs à propos des végétaux croissant sur des animaux vi- vants. Cette manière de voir tient surtout à des notions insuf- fisantes sur la constitution delà substance organisée, que peut seule faire connaître l'étude anatomique des Principes immé- diats animaux et végétaux. Je traiterai ailleurs avec plus de détails la question de la distinction entre les animaux et les plantes; ce que j'en ai dit en parlant de la substance organisée végétale suffira pour faire connaître les résultats auxquels je suis arrivé à cet égard. La conclusion de ces recherches est que cette distinction est tou- jours possible, non seulement au point de vue rationnel, mais encore expérimentalement. L'atlas qui accompagne cet ouvrage se compose de quinze planches, dont douze sont nouvelles. Celles-ci, comme les trois autres qui accompagnaient mon premier travail, sont dessinées d'après nature en grande partie par moi, et en partie par M. P. Lackerbauer, dont j'ai mis à contribution l'habileté et l'intelligence. Il faut en excepter toutefois celles des plantes que je n'ai pu observer, et dont les figures m'ont été remises par les observateurs eux-mêmes ou que j'ai copiées dans leurs publications. Je dois également à M. Montagne, de Xvi PRÉFACE. L'Institut^ et à M. Guérin-Méneville, les dessins du Cham- pignon de la muscardine que j'ai reproduit de préférence aux miens qui étaient moins complets. La gravure et le coloris des dessins ont été faits avec le plus grand soin ; l'éditeur M. J.-B. Baillière n'a négligé aucun sacrifice pour qu'ils fussent exécutés avec toute l'exactitude désirable. C'était là un but in- dispensable à atteindre, lorsqu'il s'agit d'êtres tellement simples que les dispositions anatomiques les plus délicates doivent être minutieusement reproduites par le dessinateur et par le gra- veur pour que les figures aient de la valeur, et ne conduisent pas à confondre ensemble des espèces différentes ou à créer plusieurs dénominations pour une môme espèce. Je ne rappel- lerai pas ici les noms des savants auxquels je dois des remer- ciements pour m'avoir fourni des matériaux rares qui étaient indispensables à l'exécution de cet ouvrage. Je les ai cités en décrivant les espèces végétales qu'ils m'ont procurées. Je ne puis cependant terminer cette préface sans exprimer ma reconnaissance à M. le docteur C. Montagne, qui m'a généreu- sement accordé de nombreux matériaux et m'a souvent aidé de sa vaste expérience. Paris, 20 mai 1853. HISTOIRE NATURELLE DES VÉGÉTAUX QUI CROISSENT SUR L'HOMME ET SUR LES ANIMAUX VIVANTS. PROLÉGOMÈNES. ARTICLE PREMIER. 1. — Toute question d'histoire naturelle, si minime qu'elle soit, exige, pour être bien traitée, la solution des questions fondamentales de la biologie. Par bien traitée, il faut entendre exposée avec une extension convenable pour le but qu'on se pro- pose, tout en ne laissant de côté aucun fait important, c'est- à-dire utile, et en négligeant ceux qui ne le sont pas. Qu'est-ce, en effet, que l'histoire naturelle des corps orga- nisés ? C'est l'étude, faite sur chaque être ou sur un groupe d'espèces, des questions qui les concernent tous sans excep- tion, en rattachant à ces problèmes les cas particuliers cor- respondants qui n'appartiennent qu'à l'espèce étudiée , ou à quelques autres encore , mais qui ne sont pas absolument généraux. Or comment faire cet examen sur chaque individu en par- ticulier ou (histoire naturelle) d'une manière complète et satis- faisante, si les questions générales ou communes à tous ne sont pas résolues elles-mêmes? Comment apprécier la valeur, l'im- 1 2 VÉGÉTAUX PARASITES DE l'hOMMIÎ ET DES ANIMAUX. portance ej l'étendue dee modifications spéciales, anatomiques ou autres, que présentent les espèces étudiées? Ne trouvant nul traité classique d'histoire naturelle auquel on puisse renvoyer pour apprendre à connaître en quoi consis- tent ces notions générales, il faut les énumérer ici. C'est là ce qui m'obligea présenter dans ces prolégomènes plusieurs ques- tions qui, pour n'avoir pas été résolues, ont jeté beaucoup de vague dans l'histoire particulière des plantes et des animaux parasites. Cette énumération conduit à faire reconnaître la nécessité d'être fixé sur ce que l'on entend : 1° par notions abstraites, c'est-à-dire communes à tous, générales ou théoriques ; 2° par notions concrètes, c'est-à-dire propres à quelques êtres, spé- ciales, particulières ou d'application à nos besoins. Il faut de plus reconnaître qu'il est indispensable, pour résoudre la plus petite question d'histoire naturelle relative à un animal ou à un végétal, d'être fixé sur les différences qui exis- tent entre la notion d'activité et celle de vie. Il faut connaître quels sont les ordres de parties qu'il y a à étudier dans chaque organisme, et quels sont les actes corres- pondant à celles-ci. Comment, en effet, étudier complète- ment un être, si l'on ne sait déjà quels sont les ordres de parties que présentent tous les êtres connus, et quels sont les actes qu'elles exécutent ? Comme tout corps organisé ou groupe d'êtres pris à part est ou végétal ou animal, un des premiers points à éclaircir après qu'on a traité de ce qui est commun à tous les êtres sans distinction, c'est d'établir quels sont les caractères qui distin- guent les végétaux des animaux. Il faut de toute nécessité que cette question soit résolue avant d'aborder un sujet quel- conque d'histoire naturelle. Il le faut surtout ici, puisqu'il s'agit d'étudier certains êtres des plus simples, qui par cette simplicité même se rapprochent de certains animaux qui ne sont guère plus compliqués. BUT ET SUJET DE L HISTOIRE NATURELLE. à SECTION PREMIÈRE. Détermination de ce qu'il fant entendre par biologie abstraite et par biologie concrète. 2. ■ — -On donne le nom de biologie abstraite à la partie de cette science qui a pour sujet l'examen des notions que nous suggèrentles faits communs à tous les êtres organisés; l'examen de ce qui, en un mot, est entièrement général dans leur étude. Toute notion générale est née de l'observation; chaque fait commun à tous les êtres a été plus ou moins longtemps admis comme propre à un certain nombre d'entre eux, et ce n'est que peu à peu qu'il a été reconnu comme général, c'est- à-dire s'observant sur tous les êtres étudiés jusqu'alors. Dès ce moment il a été considéré comme appartenant non seulement aux espèces sur lesquelles il a été constaté, mais encore à toutes celles non encore découvertes. Dès lors, ce fait est devenu ce qu'on appelle un principe, une loi. C'est de chacun de ces faits généraux qu'on dit qu'il sert de guide dans l'étude des espèces nouvelles, qu'il en régit l'organisation, que celle-ci est soumise à telle ou telle loi. La biologie abstraite a pour sujet l'étude faite à part de ces lois, principes généraux, faits communs , etc. , sans s'occu- per des modifications spéciales qu'ils présentent sur chaque individu envisagé à part; elle a pour objet ou pour but de servir de guide dans l'étude des faits particuliers plus directement applicables à nos besoins, de manière à ne pas se perdre dans le dédale de leur nombre infini, et à donner à chacun son im- portance. La biologie concrète, ou histoire naturelle, est cette partie de la biologie qui a pour sujet l'étude de chaque espèce ou d'un groupe d'espèces prises à part , de manière à examiner les faits particuliers que chacune présente, comme s'ils consti- tuaient autant de modifications des notions générales ou abs- traites gravées dans notre esprit ; elle a pour but ou objet d'in- t\ VÉGÉTAUX PARASITES DE L' HOMME ET DF.fi ANIMAUX. diquer les applications de ces faits à chacun de nos besoins, applications que Yart exécute. 3. — La biologie abstraite, comme on voit, est née de l'ob- servation; elle ne présente par conséquent presque rien d'en- tièrement absolu; car tel fait considéré comme général pendant un temps, peut être reconnu ensuite applicable seulement à un certain nombre d'êtres. C'est ainsi, par exemple, qu'on a dit longtemps avec Harvcy : Omne vivum ex ovo, et que main- tenant on a reconnu qu'il y a des êtres végétaux et animaux qui naissent sans passer par l'état d'œuf, mais seulement par segmentation, gemmation, etc., de l'individu parfait. D'où l'on dit actuellement : Omne vivum ex vivo. Ce caractère relatif que présente la biologie abstraite lui permet en conséquence, sans lui rien faire perdre de son ca- chet de généralité, d'embrasser l'étude de faits qui, sans être absolument communs à tous les êtres, ne présentent que fort peu d'exceptions, ou ne présentent que des modifications peu importantes du fait. En un mot, les principes généraux, faits communs, ou lois dont la biologie abstraite trace un exposé distinct de celui des faits particuliers d'où ces lois sont sorties, ne sont donc pas des entités, des créations imaginaires ayant une existence distincte de celle de la matière organisée placée au-dessus d'elle, et pourtant agissant en elle. Seulement, étant nées de l'observation, elles sont exposées différemment par chaque auteur, selon la nature de son intelligence, s'il ne fait que ré- péter ce qui a été dit sans avoir observé par lui-même, ou selon que ses observations auront porté sur un plus ou moins grand nombre d'êtres, s'il a observé. De là de grandes différences entre les écrits de ceux qui abordent ce sujet; de là consécutive- ment des différences variées dans la description et l'interpré- tation des mêmes faits ; car quiconque aborde l'examen des faits particuliers sans avoir les notions générales dont il est ici question, exécute beaucoup de travail inutile. BUT ET SUJET DE L'HISTOIRE NATURELLE- 5 Le côté abstrait ou général de la biologie en est cette partie commune qui, née de l'observation, en est séparée intellec- tuellement pour servir de procédé intellectuel, comme la partie matérielle des études en constitue le côté objectif. Ce côté abstrait ou général est étudié ainsi à part pour servir de guide à l'intelligence des autres ou de soi-même dans l'étude des cas particuliers, trop nombreux pour ne pas être con- fondus si l'on ne sait comment les relier ensemble; trop variés, pour ne pas entraîner l'esprit à faire de chacun d'eux un petit monde, un centre auquel on se laisse aller cà tout rapporter. C'est ce côté abstrait ou général qui guide l'œil et la main de l'opérateur dans l'emploi des moyens mécaniques, physiques et chimiques qui servent à nos études. fi. — Il n'est pas inutile de donner ici quelques éclaircisse- ments sur ce que j'ai dit à cet égard dans mes Tableaux d'anatomie (1). Les anatomistes qui ont pris en considération le tableau synoptique delà biologie tant abstraite que concrète ont pensé que le terme biologie abstraite n'était qu'un mot destiné à désigner à la fois l'anatomie, la biotaxie, l'étude de l'organisation des milieux, la physiologie et l'étude des rela- tions entre l'être et le milieu. En d'autres termes, ilsontpensé, d'après ce tableau synoptique, que toutes les fois qu'on fait de l'anatomie, de la biotaxie, etc., de la physiologie, etc., on fait delà biologie abstraite ; puis, qu'on fait de la biologie concrète toutes les fois qu'on décrit chaque être envisagé seul sous le point de vue de ses caractères biotaxiques, de son anatomie, de l'organisation des milieux qu'il habite, sous le point de vue de ses actes physiologiques et de ses relations avec les milieux ambiants ; puis que cette biologie concrète est de l'histoire naturelle ou de la pathologie, selon que l'être est considéré à l'état normal ou anormal. (1) Cu. Robin, Tableaux d'anatomie. Paris, 1850, in-4, Avertissement, p. 5,§v. f> VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. Mais pourtant il n'en est pas ainsi. Ce tableau synoptique signifie seulement (jue tout traité de biologie abstraite doit comprendre cinq parties. 1° L'exposé des faits absolument généraux, lois ou principes relatifs à la constitution de tous les organismes, ou lois ana- tomiques. 2" Les faits généraux relatifs au classement hiérarchique de tous les êtres organisés, lois ou principes biotaxiques. 3° Les faits généraux ou communs à la constitution de tous les milieux. Voilà pour ce qui concerne les êtres envisagés au point de vue statique, et qui constitue la biologie statique abstraite. h" L'exposé des faits absolument généraux concernant les actes accomplis par tous les êtres vivants, lois physiologiques ou de la vitalité. 5° L'exposé des actes réciproques qui se passent entre l'être vivant, et le milieu où il vit. Voilà ce qui concerne les êtres considérés sous le point de vue dynamique, et qui constitue la biologie dynamique abstraite. Maintenant, lorsqu'au lieu d'envisager ainsi les caractères eux-mêmes et les actes communs à tous les êtres et aux mi- lieux, envisagés sous tous les points de vue indiqués ci-dessus, on vient à examiner chaque groupe d'espèces , chaque être même, ou seulement quelques parties d'un être, on fait de la biologie concrète; c'est-à-dire qu'on la fait dans un but spécial d'applications toujours plus ou moins directes et d'autant meil- leures que les applications du travail sont plus directement indiquées. Cette biologie concrète est histoire naturelle ou bien pathologie, selon que c'est l'être pris à l'état normal ou à l'état anormal qu'on examine. Voici alors quelle est l'utilité immédiate de la biologie, abstraite par rapport aux études concrètes ou d'application, sans parler de l'utilité philosophique relative au développement et à l'élévation de l'intelligence humaine. BUT ET SUJET DE L'HISTOIRE NATURELLE. 7 Par la biologie abstraite nous trouvons établie une échelle des divers ordres des parties qu'on observe sur chaque être, et de plus, une échelle des divers ordres de caractères à examiner sur chacune de ces parties. De la sorte nous pouvons à vo- lonté étudier toutes celles-ci, ou en choisir un seul ordre ou même une seule d'entre elles. Grâce à cette double échelle, nous pouvons nous diriger dans les questions les plus variées sans rien omettre, et apprécier les détails à leur juste valeur, sans nous perdre dans les questions oiseuses qui se multi- plient avec le nombre des objets. Cette double échelle (1) nous permet de monter ou de descendre avec une égale facilité, et sans jamais nous égarer, des plus minutieux détails aux questions les plus générales et les plus élevées, ou vice versa, des notions d'ensemble les plus vastes aux plus intimes particularités de la description. La première, celle qui embrasse tous les divers ordres des parties du corps, nous permet de parcourir rapide- ment la surface du sujet pour rattacher les notions d'ensemble qui portent sur la liaison les unes aux autres des diverses par- ties de l'organisme ; lesquelles sont indépendantes, mais con- courent à un même but, chacune pour son compte. La seconde, celle qui lie les divers ordres de caractères , nous permet de quittera volonté la surface pour descendre aux plus minutieux détails de chaque partie, puis de revenir au point de départ sans embarras ni déviation. Par la biologie abstraite nous trouvons établie une série biotaxique des êtres, qui nous permet de voir dans quel ordre nous devons étudier chacun d'eux ou chaque groupe selon la complication des organismes ; ou bien elle nous permet de voir quelle place doit occuper dans la série l'espèce étudiée, si elle était inconnue jusqu'alors. En même temps, la situation de l'être ou du groupe dans la série donne aussitôt une idée générale, quoique nullement superficielle, de son organisation (1) Ch. Robin, Tableaux d'anatomie. Paris, 1830, in-4, tableau I". S VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. en raison des relations du dedans avec le dehors; elle montre aussitôt avec quelles espèces on doit le comparer (1) ; et ainsi des autres ordres d'études dont les êtres organisés, pris chacun à part, peuvent être le sujet. En un mot, comme sur chaque espèce prise séparément, c'est-à-dire au point de vue concret ou d'application, les faits à étudier sont nombreux , il faut nécessairement les diviser et les subdiviser. Or la division et les subdivisions, faites une fois pour tous les êtres considérés comme s'ils n'en formaient qu'un seul (biologie abstraite), sont applicables à tout individu pris à part (biologie concrète). Pour chacun de ceux-ci, en effet, on remarquera que les particularités qu'il présente se rappor- tent : 1° à son anatomie, soit générale soit spéciale; 2° à la biotaxie de cet être, à la place qu'il occupe parmi les autres ; 3° à la constitution des milieux où il vit; A° aux actes qu'il accomplit; 5° aux actions réciproques qui ont lieu entre le milieu et lui. De toutes ces particularités vues sur un être , aucune n'est absolument la même que chez l'être le plus voisin. Il en est qui existent chez l'un et manquent chez l'autre, ou qui, existant de part et d'autre, n'ont pas une égale évidence: c'est ce que montrent l'observation, l'histoire naturelle et la pathologie. Cependant il y a un fond d'analogie, un fond commun dans les actes de même ordre. C'est ce fond commun dont la biologie abstraite fait une étude à part. Faites l'anatomie descriptive de l'homme, c'est une portion de son histoire naturelle que vous traitez; faites l'anatomie générale de l'homme et des mammifères, c'est encore unepor- tion de leur histoire naturelle. Traitez-vous ces questions, plus la biotaxie, etc., dans ce qu'elles ont de commun à tous les (1) Voy. sur ce sujet, Robin et Verdeil, Traité de chimie anatomique et physiologique, normale et pathologique, ou des [Principe", immédiats normaux et morbides qui constituent le corps de l'homme et des mammifères. Paris, 1853, iu-8, t. I", p. 7 à 11. RELATIONS DE l'hiST. N.VT. AVEC d'àUTRBS SCIENCES. 9 êtres organisés sans exception, c'est la biologie abstraite que vous écrivez. 5. — Ainsi, par sa partie abstraite, la science mathéma- tique spécule subjectivement sur les nombres et établit des lois applicables, en se modifiant convenablement à toutes les ques- tions dans lesquelles intervient plus d'un objet. Par sa partie statique, elle établit les notions de situation, d'étendue, et celles de forme applicables à tout ce qui a ou peut avoir forme et étendue (géométrie et statique). Par sa partie dynamique, elle établit les lois générales du mouvement, applicables à tout ce qui a ou peut avoir mou- vement (mécanique); mais il est toujours sous-entendu que ces lois sont applicables quand on les conçoit se modifiant d'une manière appropriée à la complication des phénomènes : seulement ces applications ne sont qu'indiquées , et ne sont faites que dans les sciences subséquentes. Par sa partie statique , l'astronomie étudie les conditions d'équilibre et d'accomplissement des mouvements applicables au monde entier (géométrie céleste); par sa partie dynamique, elle étudie ces mouvements eux-mêmes (mécanique céleste). De tout ce qui est d'observation ou concret, elle sépare intellec- tuellement une partie abstraite ou générale destinée à servir de guide pour l'esprit ; une partie de ces notions se déduit du reste des connaissances mathématiques. La physique étudie les questions de consistance, de poids, de densité, de température, etc., de couleur, d'électricité, etc., prises en elles-mêmes, et poursuivies expérimentalement à l'aide des sens, par conséquent (à l'aide aussi des notions mathéma- tiques et astronomiques quand il est possible) sur tout ce qui a consistance, poids, densité, couleur, sans distinction d'es- pèces de corps. C'est, comme on voit, une science terrestre et en rapport avec la constitution des organes (ceux des sens surtout) de l'être qui l'étudié. Elle considère d'une manière semblable tous les corps sous les points de vue de la consis- 10 VEGETAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. tance, do la couleur, etc., avec de simples différences de dé- filés; ses diverses branches doivent donc correspondre aux divers sens qui nous permettent d'expérimenter sur les objets extérieurs. De Ions les résultais d'expérience, elle sépare également une partie abstraite ou générale relative à toutes ces questions, tpii sert à guider l'esprit dans ces études. Tous ces principes de physique ont été longtemps concrets, limités à un petit nombre de cas avant d'être reconnus comme applicables à tous, en se modifiant, ou mieux en étant masqués peu à peu et plus ou moins par d'autres faits, selon la complication des circon- stances dans lesquelles on les observe. La chimie n'étudie plus des caractères pris, dans de certaines limites, indépendamment des espèces qui les présentent, comme la science mathématique le fait du nombre, de X étendue, de la forme, etc., l'astronomie de l'équilibre et du mouvement du monde, la physique de l'électricité, de la température, couleur, densité, etc. La chimie étudie expérimentalement la constitu- tion et les actions moléculaires réciproques des corps terres- tres. De l'étude expérimentale faite sur un grand nombre de corps, elle sépare intellectuellement par induction une partie abstraite ou générale, applicable à tous les corps déjà connus et à ceux qui ne le sont pas encore, ce qui sert à étudier ceux-ci, et guide l'esprit de ceux qui ne connaissent encore ni les uns ni les autres. Première des trois sciences qui ne se bor- nent pas à l'étude de la surface des corps, mais pénètre jus- qu'à l'étude de leur constitution la plus intime, la chimie pré- sente, dans sa partie abstraite, quelque analogie avec la science mathématique, qui est la première des trois autres sciences dont nous avons parlé. On est conduit à établir par induction une première partie de la chimie abstraite qui n'est ni statique, ni dynamique, ou mieux est autant l'une que l'autre; c'est de toutes la plus abstraite : cette partie traite de la notion d'ES- pèce. Le premier résultat général des études chimiques est de RELATIONS DE L'mST. NAT. AVEC D'AUTRES SCIENCES. H faire reconnaître que les corps, et surtout considérés dans leur constitution intime, forment des individus distincts. On donne le nom d'espèces à l'ensemble de ceux qui sont semblables, réunis intellectuellement en un groupe. Ces individus ne peuvent pas être transformés ; on ne peut les changer en individus présen- tant des caractères différents sans dislocation moléculaire, sans que leur constitution intime soit modifiée d'une manière cor- rélative ; en un mot, on ne change pas leurs caractères sans les faire passer d'un état spécifique à un autre, sans détruire l'es- pèce pour en former une, deux ou trois, etc., nouvelles. Il est bien entendu qu'il n'est ici question que des caractères princi- paux, car il en est de secondaires qui, dans quelques espèces, peu- ventètre modifiés sans que la composition élémentaire soit chan- gée: d'où la notion de variété qui intervient aussi en chimie pour la première fois. C'est M. Chevreul qui a montré le premier que les notions d' espèce , variété , genre , etc., étrangèresà la phy- sique, interviennent en chimie. Le reste de la chimie abstraite comprend une partie statique et une partie dynamique. La première traite de ce qu'offrent de commun toutes les espèces dans leur constitution moléculaire, ou lois de la composition des corps , ainsi que des conditions d'action réciproque qu'elles offrent d'après cette constitution ; elle établit , de plus , une relation constante entre cette composition élémentaire et un ensemble de caractères de forme, consistance, densité, cou- leur, etc., que présentent les espèces, et elle étudie ce qu'il y a de général dans ces caractères. La partie dynamique traite des actions chimiques dans ce qu'elles ont de général, ou lois de la formation et de la décomposition des espèces chi- miques, etc. On comprend maintenant très facilement comment ces no- tions de chimie abstraite guident et donnent de la clarté dans l'étude de la chimie concrète, laquelle examine séparément chaque espèce ou chaque groupe d'espèces successivement (sulfates, chlorures, etc.). 12 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. La notion d'espèces établie, on étudie sur chacune d'elles ses caractères particuliers , de forme ou caractères géométriques qui sont les plus simples, puis ceux d'ordre physique, puis vient l'étude de la composition, soit immédiate, soit élémentaire; puis celle des actes chimiques déterminés par les agents physiques et par les autres corps. C'est ainsi que, née de l'observation, la chimie abstraite guide dans les études spé- ciales. De même que les notions mathématiques, astronomiques, physiques, s'appliquent en se modifiant , les premières aux deuxièmes, celles-ci aux troisièmes, et que ces dernières, de plus en plus masquées par des faits accessoires, se retrou- vent dans l'étude des espèces chimiques ; de môme les notions générales de ces sciences et de la chimie s'appliquent aux corps organisés. Elles se modifient toutefois plus encore qu'on ne le voit en passant d'une des sciences précédentes à l'autre. D'abord, en hiologie, se retrouve la notion d'espèce, mais mo- difiée, et les caractères de différents ordres des individus, étant susceptibles de varier plus encore qu'en chimie, ont fait croire à la possibilité de transformer les espèces en d'autres; mais cette transformation n'a pas pu être vérifiée par l'expé- rience. Ici encore elle n'est pas possible sans changement de constitution intime, sans dislocation moléculaire ; seulement il en résulte l'intervention de la notion de race, de type , etc. , qui s'interpose entre celles d'espèce et de variété. L'individu chimique ne se subdivise pas en plusieurs ordres de parties ; mais l'individu biologique, se subdivisant en plusieurs ordres de parties dont la réunion avec concours et solidarité, mais sans homogénéité, caractérise ce qu'on appelle organisme , la notion d'espèce s'applique également à ces parties. A chacune d'elles aussi s'applique la notion de variété. Les variétés de l'individu total, ou organisme, résultent naturellement de variétés de un ou de plusieurs de ces ordres de parties , fait important pour le sujet qui nous occupe. On comprend ACTIVITÉ DES CORPS BttlTS ET NUTRITION. 13 facilement que les variations possibles et réelles d'un orga- nisme seront d'autant plus nombreuses, qu'il y a un plus grand nombre d'ordres de parties entrant dans sa composition, que sa constitution est plus complexe. Elles seront peu nom- breuses et limitées entre des bornes étroites , si l'organisme est réduit à n'être plus représenté que par un élément anato- mique ou par des éléments réunis en un seul tissu, au lieu de plusieurs tissus formant des organes, appareils, etc. SECTION II. Distinction entre la notion d'activité et celle de vie ou de vitalité. 6. — La distinction qui fait le sujet de ce chapitre est plus nécessaire à connaître ici que dans toute autre question d'histoire naturelle. L'étude des végétaux qui croissent sur les animaux vivants embrasse l'examen d'êtres les plus simples qu'on puisse connaître; chez lesquels, par conséquent, les propriétés vitales sont réduites à ce qu'il y a de plus simple, se rapprochent plus que clans tout autre groupe d'êtres vivants des propriétés d'ordre physique et d'ordre chimique que pré- sentent les corps bruts. Pourtant un abîme sépare les unes des autres, et si les actes vitaux sont sous la dépendance des actes chimico-physiques , les plus complexes de ceux-ci ne sauraient être identifiés avec ceux-là. Aucun des actes de nutri- tion que manifestent les corps organisés, quelque simples qu'ils soient, ne saurait être considéré comme une conséquence des actes chimiques. Bien que, pour qu'ils aient lieu, il soit nécessaire que se rencontrent les conditions d'accomplissement d'actes chi- miques, il faut néanmoins que les actes nutritifs (les plus simples des actes spéciaux offerts par les corps organisés) soient étu- diés à part expérimentalement. L'expérience a en effet mon- tré que nul ne pouvait être déduit de la connaissance des pro- priétés chimiques que possèdent les principes qui entrent et l/l VÉGÉTAUX PARA8ITES DK L* HOMME ET 1>KS ANIMAUX. (|ui sortent de L'organisme. Reprenons actuellement la ques- tion de pi us liant. 7. — A partir des mathématiques en allant à La physique et à la chimie, l'enseignement devient de plus en plus difficile, en se compliquant davantage et en perdant toujours de sa cer- titude à mesure que s'accroît le nombre des phénomènes à prendre en considération. Si nous passons maintenant à l'en- seignement de l'histoire des corps vivants, de nouvelles diffi- cultés vont surgir par suite de nouvelles complications, et elles iront en augmentant de l'enseignement de l'histoire des plantes à celui de l'histoire des animaux ; ces êtres devant être envisagés dans la généralité de leurs phénomènes. « L'histoire des corps vivants est en effet bien plus complexe que l'étude des corps bruts, parce que la matière, en entrant dans la constitution des premiers, ne perd aucune des relations et des propriétés qui sont du ressort des mathématiques , de la physique et de la chimie, et qu'elle se trouve soumise dans l'arrangement des atomes et dans celui des molécules que ces atomes constituent à des conditions absolument spéciales au fait de l'organisation. Ainsi, dans les corps vivants, la matière est pesante, douée de l'affinité, apte à recevoir l'influence de la chaleur, de la lumière, de l'électricité et du magnétisme; mais les circonstances où agissent les forces que la chimie et la physique attribuent à la matière brute sont , dans les êtres organisés, si particulières, que pour expliquer les phénomènes de la vie on a eu recours à des forces spéciales appelées vitales, et la preuve de la difficulté et de la complication du sujet se trouve dans la diversité même des hypothèses imaginées à l'occasion de l'intervention de ces forces (1). » Existence suppose activité, au moins moléculaire : voilà le fait le plus général connu expérimentalement. Tous les corps existants sont actifs, au moins moléculairement ; chacun a son mode spécial d'activité et de mouvement. L'expérience a (1) Chevreul, Journal des savants. Paris, in-4, 1847, p. 747. ÉTAT DE REPOS, ÉTAT ACTIF DE LA MATIÈRE ORGANISÉE. 15 montré que nul corps n'est utile s'il ne manifeste son activité spéciale, et que c'est particulièrement la connaissance de cette activité dont on tire parti directement, qui est directement utile. L'expérience montre encore que l'état d'activité, aussi appelé état dynamique des corps, ne peut être bien connu si déjà on ne connaît ce corps , pris à l'état de repos, ou état statique (au moins supposé). Je dis au moins supposé, car un corps n'est jamais à l'état de repos d'une manière absolue. Le corps d'un animal mort est actif moléculairement, chimi- quement, parce qu'il se décompose. Le composé chimique dont nous étudions l'état de combinaison est actif physiquement, car il réfracte ou réfléchit la lumière. Ce corps dans lequel nous étudions la propriété de transmettre la lumière est entraîné dans le mouvement de la terre autour du soleil. Et puis enfin la terre tourne incessamment. Mais il est à remarquer qu'il s'agit ici d'étudier de chaque corps son mode spécial d'activité. Or, à l'exception des astres et du corps social, nous pourrons toujours obtenir chacun des corps terrestres ne manifestant pas son activité spéciale; ce qui en facilite beaucoup l'étude statique. Ainsi nous pouvons toujours avoir des corps qui ne soient pas vivants, des com- posés chimiques qui soient à l'état de combinaison fixe, ce qui "permet d'en étudier la composition, etc. Mais il est important d'avoir toujours présent à l'esprit , que le mode d'activité gé- nérale d'un corps peut influer sur son état de repos, sur son état statique ; que l'état, la structure d'un organe peut être modifiée par sa décomposition chimique, etc. Etat statique, état dynamique des corps , tel est l'ordre à suivre dans leur étude, sinon toujours absolument dans la pratique, au moins méthodiquement; tels sont au moins les deux ordres distincts de notions qu'il faut pouvoir établir à volonté, pour chacun d'eux, afin dans les applications de pou- voir les unir l'un à l'autre selon le besoin. '1(5 VÉGÉTAUX PARASITAS DE L' HOMME ET DES ANIMAUX. 8. — Etat de repos ou statique; état de mouvement ou dyna- mique. ■ — Si l'on ne s'est pas fait une notion exacte de chacun de ces deux côtés de l'étude des corps, on ne peut jamais avoir d'idée nette et précise d'un point quelconque de la physiologie. L'étude delà biologie suppose la connaissance des faits fon- damentaux de la chimie, de la physique, de l'astronomie et de la science mathématique ; car on ohserve dans les corps orga- nisés des phénomènes chimiques , physiques, etc. Les termes corps organiques ou organisés sont ceux qu'au point de vue statique on emploie pour désigner les êtres qui font le sujet de la biologie. Lorsqu'on a égard aux phénomènes ou actes qu'ils accomplissent, en un mot au point de vue dyna- mique, on se sert pour les désigner des termes corps vivants ou animés. Onnomme corps minéraux ou inorganiques, au point de vue statique, ceux que la cosmologie ou ses subdivisions étu- dient. En ayant égard seulement aux actes qu'ils accomplissent, on les appelle corps bruts ou inanimés. On appelle substance organisée toute substance solide, demi- solide, ou liquide , provenant d'un corps qui a eu ou a une existence séparée, formée par dissolution et union réciproque et complexe de principes immédiats, toujours d'ordres divers pour la nature élémentaire, la complication et la fixité de leur composition. On donne le nom d'organisation à cet état de dissolution et d'union réciproque et complexe que présentent les matières demi-solides, quelquefois liquides ou solides, formées de prin- cipes immédiats d'ordres divers, et provenant d'un être qui a eu ou a une existence séparée. Il suffit de cet état de dissolution et d'union réciproque et complexe que présentent les principes immédiats, pour qu'on puisse dire qu'il y a organisation. C'est là le degré d'organisa- tion le plus simple, le plus élémentaire: un tube nerveux, une cellule d'épithélium pris dans leur ensemble, puis les tissus, etc., présentent un plus haut degré d'organisation, une Organisation ORIGINE DE LA MATIÈRE ORGANISÉE. 17 plus compliquée, il est vrai; mais l'état précédent est suffisant pour qu'il y ait organisation. Réciproquement, les matières gazeuses ou cristallines qui sortent normalement ou pathologi- quement de l'organisme ne sont pas organisées, parce que les principes dont elles sont formées appartiennent à une ou à deux seulement des trois classes de principes immédiats qui constituent toute substance organisée. Nous ne pouvons pas faire de substance organisée, de sub- stance susceptible de vivre : c'est toujours d'un être qui vit ou a vécu que celle-ci tire son origine ; et cet être, en remontant la série des temps, on ne sait pas d'où il vient, quels sont le mode et les conditions de sa création première. Par conséquent, ici il faut aller du connu à l'inconnu, et non du simple au composé, de l'objectif au subjectif. Dans l'histoire biotaxique de l'orga- nisme pris comme un tout, il importe de tenir compte des parents dont il provient, parents dont l'origine primitive, initiale, dont la cause première seule nous échappe et sur laquelle une hypothèse quelconque ne pourra jamais être démon- trée. De même aussi il importe, dans l'histoire anatomique de chacune des parties de l'organisme, de connaître sa parenté, c'est-à-dire de quel être elle vient, et sa situation dans cet organisme. Ici toujours l'origine est importante à connaître, et ce n'est qu'en chimie qu'il importe peu de savoir celle de l'espèce décrite ; ici les composés peuvent être décrits sans qu'il soit besoin de remonter à la source dont ils proviennent, ce qui n'est pas le cas en biologie, où l'on doit au contraire procéder du subjectif à l'objectif. Lorsque par suite d'une longue série d'expériences faites sur des corps ayant eu ou ayant une existence séparée bien démontrée, nous trouvons une matière (organisée) constituée comme nous l'avons dit, et conservant des vestiges de cette organisation, mais dont la parenté nous est inconnue (fossiles), nous en concluons que cette substance a fait partie d'un être ayant eu existence ou vie séparée ; d'un organisme, en un mot. 2 18 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. Un organisme est tout corps formé de substance organisée ayant eu ou pouvant avoir une existence séparée. C'est pur métaphore et parce qu'ils peuvent exister isolément pendant quelques moments, qu'on étend quelquefois l'expres- sion organisme à la désignation des cellules d'épitliélium, des spermatozoïdes, et de quelques autres éléments anatomiques, qui sont des parties de l'organisme, ayant une existence dis- tincte, isolée; parties qui ne peuvent vivre longtemps sans lui, et surtout ne peuvent ni se développer ni se reproduire hors de lui. 9. — Toutes les fois qu'un certain nombre de faits sur un même sujet sont connus, l'esprit de généralisation intervient, et, réunissant tout ce que ceux-ci renferment de commun, il établit ce qu'on appelle les lois des phénomènes. Ces lois sont donc des créations de notre esprit, des notions théoriques, des créations subjectives que les faits doivent modifier peu à peu. Ce sont les questions de doctrine basées sur les questions de fait. Ce sont des moyens logiques, des instruments intellectuels, que nous instituons pour qu'ils nous servent à interpréter et à relier les observations les unes aux autres ; liaison sans laquelle celles-ci seraient inutiles. Mais nous devons abandonner ou modifier ces notions théoriques, dès que des faits nou- veaux montrent qu'elles ne sont plus aptes à coordonner convenablement ceux-ci. Il importe donc de savoir que toute la partie générale d'un ouvrage, c'est-à-dire la partie concernant ce qu'il y a de com- mun au plus grand nombre des observations, ne doit être consi- dérée que comme un instrument intellectuel pour lier ensemble les faits déjà connus, et comme un guide dans la recherche de ceux qu'il reste à connaître. Ces faits, une fois bien observés d'après ces lois dont la coordination, d'après leur généralité décroissante, constitue la doctrine ou l'esprit du livre, la mo- difient elle-même plus ou moins dans les détails selon leur na- ture. C'est ainsi que les faits nouveaux tendent à rendre la PR0PR. DES CORPS BRUTS ET DES CORPS ORGANISÉS. 19 doctrine de plus en plus apte à se mouler sur tous les phéno- mènes naturels, ou artificiellement produits. C'est l'étude de l'évolution historique de nos connaissances qui nous le montre. Aussi, nulle étude des questions de doc- trine, comme nulle étude des questions de faits, n'est complète si l'on n'examine comment elle est née. Les études historiques nous montrent, en effet, que toute notion générale a été plus ou moins de temps une question spéciale, limitée à un fait, puis à deux, etc., jusqu'à ce qu'un esprit observateur et généralisateur soit venu montrer qu'elle peut être séparée des cas particuliers, examinée à part, déve- loppée, et qu'elle devient un instrument applicable à tous les cas analogues à ceux avec lesquels elle était primitivement confondue. C'est ainsi que de notion dite concrète, elle devient notion abstraite. On conclut de là que les notions théoriques ou abstraites , c'est-à-dire générales, n'ont rien d'absolu, sont de création humaine , sont modifiables , et que c'est ainsi qu'elles sont applicables à nos besoins. On en conclut que si les notions communes à tous les cas particuliers peuvent être étudiées , développées à part de ceux-ci, elles naissent de l'observation, reposent sur elle, et doivent pouvoir rentrer au sein de la mère dont elles sont sorties; qu'elles ne peuvent nullement être considérées comme conçues en dehors de la réalité, pour être appliquées et moulées sur celle-ci ; que ce ne sont pas des conceptions purement imaginaires, surnaturelles, sur lesquelles on doive appliquer la réalité et la plier de force pour qu'elle s'y applique mieux. Les conceptions générales, nées de la réalité, la représentent en un tableau qui permet de tout embras- ser d'un coup d'œil, et dont les grands traits servent de guide lorsqu'on descend à l'examen de chaque particu- larité. ' Les corps bruts ou minéraux sont doués de propriétés par- ticulières, souvent appelées forces ; lesquelles, une fois connues, 20 VÉGÉTAUX PARASITES DE L* HOMME ET DES ANIMAUX. nous rendent compte des actions réciproques de ces corps lorsqu'ils sont mis en présence. De ces actions, les unes sont mécaniques, les autres phy- siques, et d'autres sont chimiques ou moléculaires. On pouvait reconnaître, d'autre part, que des espèces par- ticulières de composés, différentes de celles qui existent dans les corps bruts , combinées et mélangées ensemble et avec d'autres d'origine minérale, forment une substance particu- lière, la matière ou la substance organisée; laquelle, outre qu'elle possède des propriétés de môme ordre que les corps bruts, est douée encore de propriétés qui lui sont spéciales, qui n'appartiennent qu'à elle. Une fois connues , elles nous rendent compte des actions réciproques des différentes parties des corps formées de cette substance organisée et des actions de ce corps organisé considéré comme un tout unique. Cette distinction ne fut pourtant établie que peu à peu et ne l'est pas encore dans tous les esprits. Il est possible de s'en rendre raison comme de tout autre phénomène ; il est nécessaire de le faire, non par des motifs de curiosité et sans but, mais pour sortir plus tôt de cet état d'incertitude et de confusion où l'on se trouve lorsqu'on n'est pas arrivé à reconnaître la diffé- rence qui existe entre l'activité de la matière brute et la vie, ou activité spéciale de la matière organisée, laquelle à son tour est: 1° végétative, c'est-à-dire seulement relative à la nutri- tion, au développement et à la reproduction ; 2° animale, ou relative à la sensibilité et à la contractilité : la première existant seule chez les végétaux, la seconde existant chez les animaux en même temps que l'autre, et reposant sur elle, l'ayant pour condition d'existence. Nos connaissances à l'égard de cette distinction et de cet enchaînement des propriétés de la matière organisée, tant végétale qu'animale, sans laquelle il n'y a pas de physiologie possible, ont marché de front avec nos connaissances anatomi- ques. En un mot, avec les progrès des notions statiques sur OPINIONS DIVERSES SUK l'aCTIV. DE LA MAT. ORGANISÉE. 21 l'économie a marché parallèlement notre savoir sur ses actes, sur les faits dynamiques dont elle est le siège. Ce fait se retrouve dans toute l'histoire de l'anatomie. Ainsi il est des auteurs qui disent que nous ne connaissons pas et que nous ne connaîtrons probablement jamais les éléments anatomiques des tissus et des humeurs, ou bien que nous ne connaissons et ne connaîtrons jamais la nature de la matière animale, savoir, ses éléments et leurs proportions ; or, toujours on peut reconnaître qu'ils pensent aussi qu'il n'est pas prouvé que tous les phénomènes que présente un être vivant dé- pendent uniquement des propriétés de la matière ani- male. Ils admettent bien que certains de ces phénomènes sont des manifestations de propriétés de la matière animale, mais pas tous; les autres sont dus à des entités, à des êtres imaginaires, que chacun envisage à sa manière, sous les noms d'âme, à'archée, de force vitale, d'agent vital, etc. Les uns formulent nettement la surnaturalité de cet être imaginaire qu'ils croient réel; d'autres, sans s'exprimer aussi nettement, raisonnent à peu près de même. Comme nul ne sait bien exactement où finit le domaine des connaissances réelles, où commence la domination de cette entité, de cet être surnaturel, mal défini et surtout impossible à bien définir, il en résulte une obscurité extrême, même dans les écrits des esprits les plus nets; ce qui tient à la nature imaginaire de l'être mis à la place de la réalité qu'on ne connaît pas. Il en résulte une impossibilité de concilier et de lier les unes aux autres les diverses manières de voir, si ce n'est en se plaçant au point de vue élevé de la succession historique des écrits. Il en résulte aussi que des phénomènes analogues sont considérés : ici comme le résultat de propriétés de la matière animale , là comme dus à l'intervention de ces forces, qui, existant hors de la matière, la font pourtant agir; c'est-à-dire qu'il en résulte des contradictions embarrassantes pour le lecteur qui ne se place pas au point de vue que nous venons de signaler et qui 22 VÉGÉTAUX PARASITES I>K t.' HOMME ET DES ANIMAUX. veut entrer dans des détails qui sont inabordables pour tout autre que celui qui les a écrits. En un mot, là comme partout, nous voyons que, lorsqu'il nous manque un certain nombre de notions objectives, expérimen- tales, sur la nature et sur les propriétés d'un corps, nous met- tons à la place de ces notions une création de notre esprit. Dès qu'il s'agit d'un être imaginaire, la plus rationnelle de ces créations est celle des fétichistes qui regardent tous les corps minéraux et organisés comme vivants, pour lesquels les notions d'activité générale de la matière et de la vie ne font qu'un. Puis vient celle des polythéistes, pour lesquels la ma- tière minérale et les corps organisés sont régis par des êtres animés , mais qui sont distincts de la matière , qui ne lui sont plus inhérents; qui, par conséquent, peuvent être et sontréelle- ment considérés comme n'étant pas les mêmes pour les corps bruts et pour les corps vivants. Puis peu à peu, sur la fin du régime théologique , le nombre de ces êtres va diminuant; ils finissent par être réduits à un petit nombre, variable et rece- vant des noms divers suivant tel ou tel écrivain. Ce sont, pour la matière brute, des forces attractives , répulsives , des fluides, etc.; pour les corps organisés, Y âme, les archées, les forces vitales, ces dernières étant quelquefois considérées comme Yâme de chaque organe. Ce sont là ce qu'on appelle d'une manière générale des entités, lorsqu'au lieu de les con- sidérer (tels sont actuellement les mots vie, nutrition, contrac- tilité, par exemple, dans les corps vivants) comme des dési- gnations nominales de propriétés de la matière organisée, on les regarde, ainsi que le faisaient les créateurs de ces mots, comme désignant des êtres immatériels inhérents à la matière, quoique distincts d'elle. On sait maintenant que les corps organisés sont autre chose que des machines soumises aux seules lois mathéma- tiques de la mécanique. Il en résulte, pour tous ceux qui ne connaissent pas le nombre, la nature moléculaire, simple ou MODES D'ACTIVITÉ DE LA MATIERE ORGANISÉE. 23 complexe, le mode d'union les uns avec les autres des divers principes immédiats pour former la substance des éléments anatomiques et des humeurs; il en résulte pour ceux-là, dis-je, que le mot vie exprime encore l'idée d'un être réel, mais immatériel , distinct de la matière organisée et pouvant s'en échapper, quoiqu'il ne puisse manifester sa présence sans elle. C'est une entité, et il ne faut pas croire que pour ceux qui disent force vitale au lieu de vie, la nature imaginaire de cette création soit changée; il est facile de reconnaître qu'ils ne font qu'employer un mot pour un autre. 10. — Par la réunion d'un grand nombre de principes appartenant à trois groupes de composés très distincts est for- mée la substance organisée; et il n'yenapas qui soit formée par des principes appartenant à un seul, ni à deux groupes , mais il y en a toujours des trois classes même dans l'urine. Maintenant cette substance, outre qu'elle jouit de l'activité générale propre à tous les corps, jouit d'une activité parti- culière qui prend le nom de vie, ou mieux de vitalité. On donne le nom de vitalité à l'activité spéciale que présente tout corps organisé placé dans un milieu convenable. De même que l'activité générale des corps bruts peut présenter un mode mécanique, un mode physique et un mode chimique , l'activité spéciale des corps organisés, ou vitalité, peut présenter plusieurs modes d'activité qui portent le nom plus spécial de vie: ce sont la vie végétative ou végétalité, la vie animale ou animalité, la vie sociale ou socialité. Chacun de ces modes est caractérisé par un acte au moins, et souvent par plusieurs qui sont appelés propriétés vitales . Le mode delà vie appelé végétalité embrasse trois propriétés qui sont les seules propriétés vitales dont jouissent les végétaux (d'où le nom de ce mode): ce sont la nutrition, le développement, la reproduction. Sans vie nutri- tive ou nutrition, pas de développement; sans développement pas de reproduction : la nutrition est donc la propriété sur laquelle reposent toutes les autres. C'est la seule que la sub- 24 VÉGÉTAUX PARASITES DE Lt'hOMME ET DES ANIMAUX. stance organisée puisse posséder, à. l'exclusion de toute autre, et nulle autre ne peut exister sans elle ; comme, par conséquent, c'est de toutes les propriétés vitales la plus générale, on doit donner avec de Blain ville la définition delà nutrition comme synonyme de celle de la vie. On donne, en effet, le nom de vie : au double mouvement de combinaison et de décombinaison que présente, d'une manière continue et sans se détruire, toute sub- stance organisée placée dans des conditions ou milieux conve- nables. Aussi la notion de vie se trouve représentée par ce qu'il y a de plus général dans la matière organisée en action, par le phénomène que manifeste toujours et sans interruption tout être organisé agissant. C'est là tout ce que nous pouvons savoir de plus général à cet égard; toute idée métaphysique sur la recherche de la nature intime, sur les causes premières, sur l'essence du phénomène, toute idée d'entité se trouve et doit être tout à fait éloignée. Sans végétalité, pas d'animalité. L'étude de celle-ci embrasse deux propriétés, la contractilité et la sensibilité ; la substance qui possède ces propriétés les perd en même temps qu'elle disparaît elle-même par atrophie, si elle n'est soumise à des alternatives d'exercice et de repos ; l'exercice amène Yhabitude, et celle-ci, convenablement diri- gée, conduit au perfectionnement animal. Sans animalité pas de socialité. Ainsi, par ce qui précède, on peut voir que, quoique vitalité et vie soient synonymes d'une manière générale, le premier de ces termes s'emploie surtout pour indiquer Y existence de tous les modes d'activité de la matière organisée, sans désignation spéciale: n'y eût-il que nutrition, comme on le voit dans les cellules d'épithélium tout cà fait développées , il y a vie; mais on ne dira pas qu'il y a vitalité. Ce dernier terme ne s'emploie que lorsqu'il y a, en même temps que nutrition, au moins développement; encore alors vaut-il mieux àirevégétaUté : car vitalité, je le répète, s'emploie DÉFINITION DE L'ANATOMIE. 25 surtout pour désigner qu'il y a à la fois végétalité, animalité et socialité. Voilà autant de notions sur lesquelles il faut être fixé, parce que les anatomistes et les physiologistes n'ayant jamais traité séparément des faits statiques et des faits dynamiques relatifs aux êtres organisés, on est forcé souvent déjuger ce qu'ils pen- sent de l'un par ce qu'ils disent de l'autre. ARTICLE II. NOTIONS SUR LES DIVERSES BRANCHES DE LA BIOLOGIE ABSTRAITE QUI SONT NÉCESSAIRES A L'ÉTUDE DES QUESTIONS D'HISTOIRE NATURELLE. 11. ■ — Nous avons vu que l'étude d'un point quelconque d'histoire naturelle suppose des notions générales en cosmo- logie , et surtout la connaissance des diverses sections de la biologie abstraite nommées précédemment. Quoique dans la suite de cet ouvrage je supposerai connus les Tableaux d'ana- tomie mentionnés tout à l'heure, surtout en ce qui concerne l'anatomie, il est nécessaire d'exposer ici plusieurs faits géné- raux qui ne pouvaient être placés dans cet ouvrage. SECTION PREMIÈRE. Notions relatives a l'anatomie en général , et en particnlier à celle des végétaux. 12. — L'anatomie est une science qui a pour sujet les corps organisés considérés en tant qu'aptes à agir, à l'état de repos, et pour objet ou but la connaissance de leur organisation ou constitution. Cette connaissance pouvant se réduire à la notion d'un certain nombre de faits généraux ou lois, on dit quelque- fois qu'elle a pour but la connaissance des lois de l'organisa- tion. La première chose à faire en anatomie est donc d'envi- sager le corps à étudier, considéré dans son ensemble comme un tout, d'en poursuivre tous les caractères successivement. 26 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. 0r, en temps que corps, l'homme, comme tous les autres êtres, végétaux et animaux, a en premier lieu tous les caractères que présentent tous les corps quelconques : ainsi il a des caractères A' ordre mathématique, savoir une situation, des dimensions, une l'orme, une durée, Il a de plus des caractères d'ordre physique; tels sont : consistance, élasticité, poids, densité, hygromélrioité, tem- pérature, couleur, propriétés électriques, odeur et saveur. Il a de plus des caractères d'ordre chimique, qui compren- nent : 1° L'étude de l'action chimique des agents physiques sur lui , action toujours décomposante. 2° Les actions chimiques des corps simples ou composés qui sont des actions de combi- naison. 3° L'étude des actions précédentes conduit à recon- naître le corps comme un composé de principes immédiats, qui sont, les uns des composés chimiques définis cristallisa- hles, les autres des substances organiques non cristallisables. h° Enfin, de la connaissance de ces principes immédiats, on peut déduire la composition chimique médiate ou élémentaire du corps. Enfin, il a des caractères qui n'appartiennent à aucun des corps du règne minéral, sans analogues avec eux, carac- tères qui sont essentiellement propres aux êtres que nous étu- dions, et qui, en raison de cela, ont mérité un nom parti- culier, différent des précédents. La dénomination adoptée est celle de caractères d'ordre organique. Pour le corps pris dans son ensemble, ces carac- tères consistent en ce qu'il se divise en parties extérieures ou superficielles, et parties intérieures, profondes ou internes, dif- férentes les unes des autres par leur nature, etc. Les parties extérieures sont la tête, supportée par le cou, qui repose sur le tronc, auquel sont attachés les membres, et qui est terminé par la queue. Les parties intérieures sont les appareils qui se subdivisent en organes, lesquels se groupent en systèmes, divisibles en tissus CARACT. ET PARTIES DU CORPS ÉTUDIÉS EN ÀNATOMIE. 27 et humeurs , lesquels sont susceptibles d'être ramenés à un certain nombre d'éléments anatomiques ou organiques , et de- principes immédiats. C'est à ce tout, formé par la réunion de toutes ces parties, qu'on donne le nom d'organisme, Chacune des parties extérieures du corps, comme chacune de celles qui rentrent dans les cinq groupes départies internes, doit être étudiée successivement sous les mômes points de vue que le corps entier. En effet, les parties reproduisent les caractères du tout, sinon la totalité de ces caractères, au moins bon nombre d'entre eux , mais toujours avec quelques particula- rités; et ces caractères présentent des modifications suivant les sexes, les phases du développement auxquelles se trouve l'être qu'on examine, suivant les âges, les races, les espèces et les états anormaux, soit naturels ou tératologiques , soit patholo- giques ou accidentels. Ainsi , la description du corps des animaux ou des plantes ne peut pas être donnée en un seul chapitre, ne peut pas être comprise dans un seul ordre de considérations. Le corps se divise en effet en parties multiples, toutes d'ordres divers pour la complication décroissante ou la simplicité croissante. En effet, partis de l'organisme total, nous sommes arrivés aux éléments anatomiques et principes immédiats; puis, nous avons placé les appareils avant les organes , et ceux-ci sont évidem- ment moins compliqués que les premiers; puis nous avons parlé des systèmes après avoir traité des organes : or chaque système (musculaire ou osseux, par exemple) étant unique en son genre, son étude est plus simple que l'étude de tous les os, de tous les muscles , etc. C'est aussi l'ordre de leur géné- ralité décroissante , car les considérations relatives à la tête, aux membres, à un appareil, à un organe, sont évidemment moins générales que celles qui se rapportent à un système, à un tissu, etc. C'est enfin l'ordre de leur indépendance dé- croissante; car les appareils, les organes, etc., sont bien moins indépendants les uns des autres que les tissus, et surtout 2S VÉGÉTAUX PÀHAS1TES DE L HOMME KT DES ANIMAUX. que les éléments ou les principes immédiate. Nous voyons, en effet, quelques uns de ceux-ci s'atrophier ou augmenter de quantité sans que l'organisme en soit très modifié, mais il n'en serait pas de môme pour les organes, surtout pour les appareils, et encore bien moins pour les parties extérieures du corps. Nous avons, dans cet énoncé, procédé du connu à l'inconnu, du dehors au dedans, du composé au simple, c'est-à-dire que nous avons suivi la méthode subjective; mais on peut parfaite- ment grouper les parties du corps en sens inverse, c'est-à-dire en suivant la méthode objective qui procède du simple au com- posé, du général au particulier, et, dans le cas présent, de l'in- térieur à l'extérieur. Pour l'anatomie qui amasse des maté- riaux, mais n'est pas susceptible de recevoir une coordination aussi parfaite, aussi homogène que la physiologie, cette méthode est préférable; mais nous verrons que, pour la phy- siologie, la méthode subjective doit être choisie. Le mieux est de les suivre l'une et l'autre alternativement pour compléter les notions qu'on en doit avoir, et de les posséder complète- ment, car elles se complètent et s'appuient mutuellement. 13. — Nous venons de voir par quoi est constitué l'orga- nisme, ou, si l'on veut, en quelles parties il se subdivise. Une fois le corps ainsi étudié , il 'faut envisager, sous les mêmes points de vue, chacune de ses parties : d'abord celles qui sont extérieures, puis les parties profondes. Les parties extérieures, la tète, le cou, le tronc, les mem- bres, la queue, sont assez connus pour qu'il soit inutile de les définir. L'étude anatomique du corps animal ou végétal pris dans son entier, c'est-à-dire étudié sous les différents points dont nous avons parlé, et celle de ses parties extérieures dont on étudie les mêmes caractères, constituent ce que de Blain- ville appelle l'anatomie externe, ou la morphologie. La biotaxie s'appuie plus particulièrement sur elle, en établissant les rela- tions que les parties extérieures ont avec celles du dedans; tan- DÉFINIT. DES PARTIES DU CORPS ANIMAL OU VÉGÉTAL. 29 dis que la physiologie s'appuie surtout sur l'anatomie intérieure, tout en tenant compte, plus qu'on ne le pense généralement, de l'anatomie des parties externes. Nous devons maintenant définir les autres parties de l'orga- nisme, les parties profondes. La définition des unes et des au- tres diffère un peu selon qu'on procède de l'extérieur à l'inté- rieur, du composé au simple, ou que, suivant la marche inverse, on part des éléments anatomiques pour arriver à la notion de corps ou organisme. 1° On donne le nom d'appareils à des subdivisions très com- plexes du corps, formées de parties solidaires disposées de manière à constituer un tout coordonné, et se subdivisant à leur tour en parties plus simples de diverses natures appelées organes. Ou, vice versa, un appareil est un assemblage de plu- sieurs organes de diverses natures , qui , par leur disposition réciproque et leur agencement, forment un tout coordonné dont l'action a un résultat unique (Bichat). Ce sont, de toutes les parties intérieures, celles qui, par leur réunion, consti- tuent le plus immédiatement l'organisme. 2° On donne le nom d'organes à des subdivisions complexes des appareils dont chacun a sa conformation spéciale et qui sont divisibles immédiatement en parties diverses qu'on appelle organes premiers ou primaires. L'ensemble des organes pre- miers qui sont similaires forme les systèmes. Ou vice versa, un organe est une réunion intime de parties primaires pro- venant de systèmes différents et constituant un tout unique de conformation spéciale (Bichat). Les organes d'espèces diverses, en se réunissant, forment immédiatement les appa- reils. 3° On appelle système chacune des parties du corps que représente l'ensemble des organes premiers ou primaires de même espèce, c'est-à-dire similaires, ou de même texture, considérés comme formant un but. Ou vice versa, on donne le nom de système au tout continu ou subdivisé en parties simi- 30 VÉGÉTAUX PARASITES DE l' HOMME F.T DES ANIMAUX. laires ou organes premiers se réunissant pour former les orga- nes proprement dits que représente chaque tissu considéré dans son ensemble. L'étude des systèmes, devant être placée entre l'histologie et l'anatomie descriptive, plus que les autres attire l'attention, parce qu'elle résume le mieux la connaissance de tout l'orga- nisme. Elle est en effet des branches de l'anatomie générale la plus voisine de l'anatomie spéciale ou descriptive; elle permet d'autre part de se faire une idée de l'ensemble de l'organisme, puisque chaque partie est générale. Elle permet aussi, en raison de cela, de grouper sur ces parties les faits particuliers descrip- tifs, ce qui établit alors une confusion des plus nuisibles entre les questions d'anatomie générale et d'anatomie spéciale ou descrip- tive; car par une trompeuse simplicité, cette confusion empêche de faire une analyse rationnelle des différents ordres de parties de l'organisme. Les inconvénients de cette confusion due à la simplicité spécieuse, mais seulement apparente, qu'offre le groupement de tous les faits anatomiques, quelle que soit leur complication, sur un seul des ordres de parties du corps, se font surtout remarquer dans les ouvrages dits d'ana- tomie comparée et de physiologie végétale. Il est en effet facile de voir que le vague qu'on y rencontre souvent tient à ce qu'on a concentré soit sur les appareils, soit sur les sys- tèmes, et quelquefois alternativement sur les uns et sur les autres, les faits anatomiques se rapportant aux appareils, organes, systèmes, tissus et éléments anatomiques. C'estsurtout l'étude des systèmes au point de vue delà forme et de la struc- ture qu'ont faite les anatomistes qui se sont occupés de l'unité de composition; ce sont de tous les anatomistes ceux qui ont le mieux circonscrit le champ de leurs recherches et l'ont, moins que les autres, mêlé de considérations étrangères au sujet. 4° On donne le nom de tissu ou d'humeur, suivant leur état solide ou liquide, à des parties du corps d'égale complication, par lesquelles sont formés les systèmes, et qui se subdivisent DÉFINIT. DES PARTIES DD CORPS ANIMAL OU VÉGÉTAL. 3 en parties constituantes : éléments et principes organiques irréductibles anatomiquement ; ou vice versa, à des solides ou liquides résultant de l'enchevêtrement ou de la dissolution réciproque de parties constituantes, tant principes immédiats qu'éléments anatomiques, et dont l'ensemble forme autant de systèmes. A. — Les tissus sont les parties solides des systèmes qui se subdivisent par simple dissociation en éléments anatomiques; ou vice versa, ce sont des parties solides formées par la réunion avec enchevêtrement ou simple juxtaposition des éléments anatomiques. B. — Les humeurs sont les parties liquides ou demi-liquides des systèmes qui se subdivisent par simple dissociation sans dé- composition chimique en éléments anatomiques, d'une part, et principes immédiats, d'autre part; ou vice versa, ce sont des parties liquides ou demi-liquides formées par mélange et disso- lution réciproque des principes immédiats, et tenant ordinai- rement des éléments anatomiques en suspension. 5° On donne, d'une manière générale, le nom d'éléments organiques ou parties constituantes du corps aux dernières parties auxquelles on puisse par l'analyse anatomique, c'est-à- dire sans décomposition chimique , mais par simple dédouble- ment successif, ramener les tissus et les humeurs; ou vice versa, aux corps irréductibles anatomiquement, qui, parleur réunion, constituent les tissus et les humeurs, et consécutivement toutes les autres parties du corps par suite de dispositions nouvelles et de plus en plus compliquées de ceux-ci. A. — Les éléments anatomiques sont les derniers corps aux- quels on puisse, par l'analyse anatomique, ramener les tissus; ils diffèrent par l'ensemble de leurs caractères de tous les corps bruts et sont décomposables en principes immédiats. B. — Les principes immédiats sont les derniers corps solides, liquides ou gazeux, auxquels on puisse, par la saine analyse anatomique, c'est-à-dire sans décomposition chimique, maispar .V2 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. coagulation et cristallisations successives, ramener les diverses humeurs, et secondairement les éléments anatomiques; ou vice versa, les corps définis ounon, généralement très complexes, gazeux, liquides ou solides, constituant par dissolution réci- proque les humeurs, et secondairement, par un mode spé- cial d'union, les éléments anatomiques (1). lh. — Les principes immédiats ont pour caractère d'ordre or- ganique de CONSTITUER LA SUBSTANCE DU CORPS, OU MATIÈRE organisée proprement dite, en raison de leur réunion en nombre considérable, de l'état liquide ou demi-solide quils présentent par union spéciale et dissolution réciproque et complexe les uns à l'aide des autres. C'est là le fait d'organisation le plus simple, le plus élémen- taire. Mais c'est aussi le plus important, parce que c'est sur lui que reposent tous les autres; tous en dérivent. Lorsqu'on vient à tenir compte de l'organisation d'un être pour en faire appli- cation à nos besoins, ou pour ramener à l'état normal un dérangement de l'organisme, cet état le plus simple peut bien paraître accessoire : il l'est réellement à côté de l'arrangement de l'organe ou de l'appareil lésé ; mais c'est pourtant là un état tout à fait indispensable à connaître, pour arriver à bien savoir quelle est la disposition du système, de l'organe, de l'appareil. Les autres caractères d'organisation qui se rattachent à chacune des autres parties de l'économie sont en effet de sim- ples modifications de disposition, physique au fond, de la sub- stance organisée qui résulte de l'union intime des principes immédiats. Ainsi que je l'ai dit plus haut, il a fallu à ce caractère nou- veau que présentent les principes immédiats et autres parties du corps, un nom d'ordre , un nom générique nouveau comme lui. Ce caractère étant aussi distinct des caractères chimiques (1) Ch. Robin, Tableaux d'anatomie, contenant l'exposé de toutes les parties à étudier dans l'organisme de l'homme et dans celui des animaux. Paris, 1850, in-4, tabl. IXetX. CONDITIONS D'ACCOMPLISSEMENT DE LA NUTRITION. 33 proprement dits que ceux-ci le sont des caractères physiques, il a fallu le dénommer au même titre que ceux-ci et d'une manière aussi déterminée. On l'a appelé caractère organique OU d'ORDRE ORGANIQUE. La propriété physiologique ou dynamique correspondante que nous venons de signaler a naturellement reçu aussi un nom nouveau : on l'aappelée propriété vitale ou d'ORDRE vital. On l'a encore appelée propriété organique; mais les termes or- ganisation et organique entraînant plutôt l'idée d'arrangement que celle de mouvement, une idée statique plutôt que dyna- mique, de là vient qu'on emploie deux ordres de termes en bio- logie : les uns s'appliquent aux faits statiques, anatomiques, organiques ou d'oRGANiSATiON ; les autres aux faits dynamiques, physiologiques, vitaux, de vie ou de vitalité. 15. — Les principes immédiats ne présentent qu'un seul caractère organique ou d'ordre organique. Ce caractère est unique, mais il est fondamental ; sur lui reposent tous les ca- ractères des autres parties de l'économie, ceux d'ordre orga- nique en particulier ; sans se confondre avec lui, ni pouvoir rentrer les uns dans les autres. Ce caractère est celui de constituer la substance dé l'orga- nisme par union et dissolution réciproque d'espèces toujours très nombreuses et d'ordres divers, les unes à l'aide des autres. Naturellement ce caractère domine les autres caractères organiques, ceux que présentent les éléments, les humeurs, les tissus, etc., puisqu'ils sont formés par cette substance. Il est la condition d'existence immédiate , nécessaire et essen- tielle des propriétés d'ordre vital ou de la vie, et en premier lieu du double mouvement continu de composition et de décom- position sans destruction du corps où il se passe qui caractérise la nutrition ; propriété élémentaire que présentent tous es corps organisés sans exception, la seule qui soit absolument com- mune à tous. 3 34 VÉGÉTAUX PARASITES DK L' HOMME ET DES ANIMAUX. Ce caractère d'ordre cii^iiiiitiis*1- est au point de vue annto- mique le pendant du théorème physiologique. Lorsqu'il cesse d'exister, l'être organisé cesse d'exister, comme, lorsque le double mouvement dont il vient d'être question s'arrête, on dit que la vie cesse, ou que la mort a lieu. Pris en lui-même, ce caractère d'ordre organique prend le nom d'onoANisATiON. Tout corps qui le présente a une orga- nisation, est organisé. Il n'y a vie que là où il y a organisation (1), mais il n'y a pas nécessairement vie partout où il y a organisation ; il faut pour cela un ensemble de conditions extérieures à l'être orga- nisé. Alors tout être qui présente une organisation quelque simple qu'elle soit, est doué d'une au moins des propriétés vi- tales; la plus simple d'abord, celle que nous venons de signaler, la nutrition, ou bien il en a été doué. Par conséquent, la membrane des cellules végétales, celle des cellules animales qui en ont une, ou la masse totale des cellules dont la paroi n'est pas distincte de la cavité, sont orga- nisées. Le noyau, le nucléole, les granulations moléculaires aussi sont organisés. Ils présentent le degré d'organisation le plus simple. Ils ont une organisation, car ils sont formés de substance organisée, c'est-à-dire constituée d'espèces nom- breuses de principes d'ordres divers unis par dissolution réci- proque. Il en est encore de même de la matière homogène unissante, de la matière amorphe des tissus d'aspect colloïde, de la capsule amorphe du cristallin, etc. 16. ■ — Nous retrouverons maintenant ce caractère d'orga- nisation le plus général de tous dans toutes les parties du corps ; comme partout aussi nous y retrouverons la propriété de nu- trition, qui est la plus simple et la plus générale de toutes, celle sur laquelle reposent toutes les autres. Mais en outre plus on (1) Ch. Robin, Du microscope et des injections, etc. Paris, 1849, in-8, 2e partie. ORGANISATION ET STRUCTURE. 35 avance, plus ces caractères vont se développant et prennent de netteté; car non seulement on y trouve la substance orga- nisée, mais on y remarque en outre une modification particu- lière de celle-ci dans chaque élément, chaque humeur, etc. Enfin chacune de ces parties a déplus un autre caractère d'ordre organique qui lui est propre ; comme en même temps elle offre un attribut dynamique, physiologique ou vital correspondant qui lui est spécial également. Ainsi il y a dans chaque orga- nisme autant de caractères d'ordre organique qu'il y a d'ordres de parties distinctes qui le constituent. Chacun des caractères propres à l'un des ordres de parties plus simples se retrouve dans celles qui appartiennent à un ordre plus élevé en com- plication, mais il s'en trouve en outre un de plus au moins. Chacune de ces parties est également douée de la propriété de nutrition, en outre d'une ou de plusieurs autres propriétés ou attributs d'ordre vital qui reposent sur celle-ci, sans pour- tant pouvoir être confondus avec elle. 17. — Par conséquent, donc, la cellule végétale ou animale, ou tout autre élément ayant forme défibre, de tube, etc., sont aussi organisés. Ils ont d'abord ce caractère d'être formés de substance organisée, caractère qui ne se retrouve dans aucun des corps du règne minéral. Il y a même des éléments qui n'ont que ce caractère-là, telle est la substance homogène du carti- lage, celle de la capsule du cristallin, etc. Mais en général chaque élément anatomique a de plus un autre caractère d'ordre organique, caractère qu'on ne retrouve nulle part ailleurs que dans les corps vivants : c'est d'avoir une structure, c'est-à-dire d'être construit de parties diverses de cette substance organisée; de parties qui ne sont pas semblables, qui ont des caractères variés de forme, de volume, de consistance, de couleur, de so- lubilité, parties différentes en outre par leur composition chi- mique. Dans une cellule, la masse de la cellule, le noyau, le nucléole, les granulations diverses, en sont des exemples. Ainsi prise en elle-même, la matière organisée n'a pas de 36 VÉGÉTAUX PARASITES DE L' HOMME ET DES ANIMAUX. structure; clic a une composition immédiate particulière com- plexe, mais elle est amorphe, sans structure. Les éléments anatomiques au contraire ont en général une structure (struc- ture, de s truc lus , construit, bâti, constitué) particulière, qui est peu compliquée ordinairement, mais réelle. Ce caractère-là nous le retrouverons partout; à partir des éléments anatomi- ques nous verrons tous les autres ordres de parties du corps avoir leur structure propre, plus quelque autre caractère plus spécial, comme celui de texture pour les tissus, etc. Avec cette structure, avec ce caractère organique nouveau, nous voyons apparaître dans chaque espèce d'éléments anato- miques : l°ou bien seulement une modification de la propriété de nutrition ; 2° ou bien une autre propriété, celle de se repro- duire ou de reproduction ; ou môme une ou deux propriétés d'un autre ordre, la sensibilité et la contractilité , appelées propriétés animales, parce qu'on ne les trouve que chez les animaux. Les tissus ont, par exemple, comme nous venons de le dire, d'abord le caractère d'ordre organique dont il a été question plus haut, celui d'être formés de matière organisée ; ils ont de plus une structure, comme les éléments en ont une, c'est- à-dire qu'ils sont construits de telle ou telle espèce d'élément; mais en outre ils ont un caractère qui leur est propre, c'est une texture spéciale, c'est-à-dire un arrangement particulier des éléments anatomiques. A ce caractère se rattachent comme attribut physiologique, outre les propriétés vitales, plu- sieurs propriétés appelées propriétés de tissu. Les systèmes ont tous les caractères des tissus, plus une conformation générale propre à chacun d'eux qui manquait aux tissus. Il faut y rapporter comme attribut physiologique toutes les propriétés ci-dessus, plus l'idée & usage général, variant avec chaque système. Les organes ont naturellement tous ces caractères , et en outre ils sont composés d'organes premiers et ont une confor- TEXTURE, GONFOllSr.VJTON, AllKANGEMliKT. 37 malion spéciale; à ce caractère se rapporte I'usage propre à chacun d'eux. Les appareils nous montrent d'abord des caractères de struc- ture, de conformation générale, de conformation spéciale, plus l'arrangement corrélatif avec continuité ou contiguïté des organes qui les constituent. Ils jouissent de toutes les pro- priétés physiologiques possédées par toutes les autres parties du corps , et il faut y rattacher en outre l'idée de fonction. Chaque organisme entier, ou corps organisé en général , a pour caractère de réunir simultanément tous les précédents, et d'avoir une conformation extérieure qui lui est propre ; il manifeste l'ensemble des actes physiologiques énumérés ci-des- sus, et deux ou trois autres appelés résultats, ensemble qui reçoit le nom de vie ou vitalité. 18. — Plusieurs desparties extérieures du corps peuvent man- quer ou n'être que rudimentaires, comme la queue chez l'Homme et le Chimpanzé, les membres chez les Ophidiens, le cou chez les Crustacés et les Arachnides, la tête chez les Mollusques acé- phales, les Rayonnes. Enfin, chez les Spongiaires et beaucoup d'Infusoires, le corps n'est plus subdivisible en parties exté- rieures. Ce qui précède est applicable aux végétaux comme aux animaux ; leur analyse anatomique extérieure y démontre des parties externes , tiges, branches , et autres appendices, cor- respondant à ceux des animaux, mais recevant des noms diffé- rents qui sont en rapport avec leurs usages , etc. Plusieurs des parties intérieures du corps peuvent aussi man- quer ou n'être querudimentaires.il y a des animaux et des végé- taux représentés par un seul élément anatomique, n'ayant par conséquentni tissus ni systèmes, etc. (Cryptococcus, pi. III, fig. 5; Sphœrella nivalis , Ehr. ; Astasia sanguinea, Ehr.; Monas.; Amibes, etc.). D'autres sont formés, au moins pendant un certain temps de leur vie, par plusieurs éléments réunis en tissus, sans organes ni appareils (Spathidies, Tremelles, etc.). Il y a même des plantes formées de deux ou trois cellules seu- 38 VÉGÉTAUX PARASITES DE l'hOiMME ET DES ANIMAUX. Icment, superposées les unes aux autres (pi. 12, fig. 1). Il est des piaules dans lesquelles deux sortes d'éléments se trouvent enchevêtrées : ce sont, comme dans YAchorion Schœnlenii , des tubes ramifiés non cloisonnés ou cellules allongées, cellules ou tubes dti mycélium (pi. 3, fig. 7 et 8). A ceux-ci, ou à la surface de la couche ou tissu rudimentaire qu'ils forment, sont adhérents des tubes enchevêtrés, constitués par des cellules superposées : ce sont les tubes sporifères ou sporigènes, organes à l'état rudimentaire, beaucoup d'Infusoires (Enehelys, etc.), de larves de Rayonnes (larves d'Astéries, etc.) ou des organes (leurs cils vibratiles, etc.). Avantd'avoir un appareil proprement dit, même digestif, ils empruntent par leur surface leurs maté- riaux nutritifs à la manière des éléments anatomiques, par endosmose et exosmose. On peut voir, d'après ce qui a été dit des systèmes, que, dès qu'il y a tissu, il y a système à l'état rudimentaire; et, dès que ces tissus ne forment plus qu'une couche ou une masse de même disposition partout, dès qu'un individu végétal ou animal, quoique constitué par un seul tissu, présente des parties primaires ou organes premiers formés de ce tissu, il y a système nettement caractérisé (tissu et système du mycé- lium, tissu et système des tubes sporifères). Enfin , les autres animaux ont un ou plusieurs appareils, l'appareil digestif d'abord ( Vorticelles , Vaginicoles, Hy- dres, etc.), puis les appareils reproducteur, locomoteur, etc. Pour les plantes, c'est l'appareil nutritif représenté par les mycéliums de dispositions variées (Champignons, etc.). 19. — On voit, d'après ce qui précède, qu'on appelle en anato- mie corps organisés tous ceux qui offrent l'état d'organisation. Les corps organisés seuls peuvent être vivants, mais ils peu- vent se présenter sans cet état de vie; on dit alors qu'ils sont morts (1). (l) Ch. Robin, Tableaux d'anatomie. Paris, 1850, in-4, Avertissement et tableaux I à X. ORGANISATION ET VIE DKS HUMEURS. 39 On désigne par l'épithète organique, d'origine organique, tout corps formé de principes immédiats d'une seule ou seule- ment de deux des classes indiquées plus haut, qui, ne venant pas des milieux ambiants, est retiré artificiellement ou s'é- chappe naturellement d'un être organisé. 20. — Les éléments anatomiques sont des corps organisés d'une espèce particulière, les humeurs (sang, lymphe, etc.) des corps organisés d'une autre espèce, et ainsi de suite pour les parties du corps de plus en plus compliquées. Le sang, considéré comme sang, c'est-à-dire comme formé de son liquide salin et albumino-fibrineux, de ses globules tous réunis par dis- solution, mélange et suspension, estun corps organisé et vivant quand il est placé dans des conditions convenables, c'est-à- dire dans l'organisme. Il a, en effet, pour attribut statique, l'état de liquide par union et dissolution complexe de principes immédiats d'ordres divers, état caractéristique de ce qu'on nomme organisation. Il a, pour attribut dynamique, le double mouvement continu de composition et de décomposition , sans destruction ni changement de l'état d'organisation, double phé- nomène qui reçoit le nom de vie. Mais le sang, privé de sa fibrine ou de ses globules, n'est plus un corps organisé, ni par conséquent vivant. Ce ne sont plus, d'une part, que des glo- bules, éléments anatomiques ayant leur organisation propre; de la fibrine, substance organique formant un des principes immédiats des plus complexes sous le rapport de la composi- tion chimique, et enfin du sérum, matière organique formée par le mélange de plusieurs principes. Ajoutez l'absence des gaz qui s'échappent pendant la coagulation. Un faisceau musculaire strié, une fibre lisse de l'intestin, une fibre de tissu cellulaire, sont des corps organisés ; ils pré- sentent les mômes attributs anatomiques et physiologiques. Mais que d'une masse de ces fibres on enlève l'albumine ou la museuline, ouïes sels des liquides qui les imbibent, ce ne seront plus des corps organisés. Ce sont des substances organiques qui, 40 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. réunies, constituent un élément anatomique, un corps orga- nisé doue de la vie, mais qui , séparées, ne forment plus que des principes immédiats, doués seulement de propriétés chimiques ; celles-ci, quoique plus complexes que celles des corps miné- raux de composition élémentaire plus simple, n'en sont pas moins de môme nature. Ainsi, les termes organisation et corps organisé, applicables à l'être vivant, s'appliquent naturellement avec un sens plus spécial à toutes les parties plus simples qui, par leur réunion, composent les autres, ou vice versa; comme aussi aux tissus, aux systèmes, aux organes, etc. 21.- — ■ On donne le nom d'oRGANiSME à tout corps orga- nisé, ayant eu ou pouvant avoir une existence séparée. On ap- pelle vitalité ou vie l'ensemble des propriétés d'ordre vital ou propriétés vitales que manifeste ce corps. L'homme , le chêne, le cheval, les Protococcus (Chlamydococcus), les To- rula, un œuf, un bulbe, un bulbille, une graine, sont des organismes simples ou composés, dont l'existence distincte a des lois plus ou moins complexes; mais une fibre musculaire, un tube nerveux, une cellule épithéliale, ne sont pas des orga- nismes, quoique ce soient des corps organisés. C'est par méta- phore, mais non anatomiquement , qu'on leur applique cette dénomination. Ce dernier terme est donc plus général que celui d'organisme. Ainsi on voit que tous les corps, tant inorganiques que d'origine organique, offrent des caractères de même ordre. Pourtant les principaux immédiats présentent tous dans l'économie quelques particularités de ces caractères que n'offrent pas les composés minéraux, ni ces mêmes principes eux-mêmes isolés, retirés de l'organisme vivant. Ces particula- rités sont dues toujours au fait de la réunion de ces principes en nombre considérable, d'où par suite, il y a intervention des propriétés de l'un de ces derniers, qui modifient la mani- festation des propriétés de l'autre, et réciproquement. Mais, DE CE QU'UN ENTEND PAR ORGANISME. !\ 1 de plus, eu biologie, nous voyons pour la première fois appa- raître un ordre nouveau de caractères , un ordre de plus que dans les corps purement chimiques, physiques et géomé- triques. Cet ordre de caractères se montre dès le commencement de l'anatomie, qui elle-même est la première des branches de la biologie; c'est-à-dire dès l'histoire des principes immédiats. Cet ordre de caractères prend le nom de caractères d'ordre organique, et se place naturellement à la suite des caractères d'ordre chimique, car il est plus compliqué que ceux-ci; il en dépend et repose sur eux sans pouvoir rentrer en eux, et il est bien plus spécial; il s'applique à un bien plus petit nombre de corps. En effet, les caractères d'ordre organique apparaissent à l'état d'ébauche dans l'étude des principes immédiats d'abord, mais ils prennent une extension bien plus grande, et sont bien plus nettement caractérisés à mesure qu'on passe aux éléments anatomiques, puis aux humeurs, tissus, systèmes, organes et appareils. Ils prennent enfin leur plein développement dans l'étude de Forganisme lui-même, du corps entier. Et pour- tant les éléments , tissus, systèmes , etc. , présentent éga- lement des caractères d'ordre mathématique, volume, forme, etc. ; d'ordre physique , consistance, élasticité, etc. ; d'ordre chimique, solubilité, etc. Mais plus on s'élève des élé- ments, tissus, systèmes, etc., vers le corps entier, plus on aborde des parties de l'organisme compliquées, plus on s'approche ainsi de l'étude des appareils, puis du corps en général, plus aussi on voit décroître la fixité de ces différents ordres de caractères; au contraire, celle des caractères d'ordre organique se prononce davantage et perd progressivement le cachet chimique qu'elle conserve encore un peu dans l'étude des principes. A2 VÉGÉTAUX PARASITES 1>E L'HOMME ET DES ANIMAUX. SECTION II. Notions générales relatives a la blotaxle. 22. — Ayant exposé ce qui devait former cette section des notions dans les prolégomènes du Traité des principes immé- diats que j'ai publié avec M. Verdeil (t. I, page 7 à 11 de ce traité, qui a paru sous le titre de Chimie anatomique et physio- logique, etc., Paris, 1853, 3 vol. in-8 et atlas), je crois inutile de les reproduire ici, et je renvoie à cet ouvrage. SECTION III. Notions générales relatives à la science , ou théorie des milieux. 23.. — On donne le nom de science ou théorie des milieux aune science qui a pour sujet, d'une part, le tout complexe que repré- sentent les objets qui entourent les corps organisés, puis, d'autre part, ces corps eux-mêmes, et qui a pour but ou objet la connais- sance des conditions de relations réciproques offertes par le premier aux seconds; car ces conditions de relations sont autant de conditions d'existence pour l'être organisé. Les différents objets qu'étudie la cosmologie, comme les as- tres, les corps terrestres et les agents physiques, les composés chimiques, les êtres organisés qui nous entourent ayant été examinés chacun séparément, en eux-mêmes dans les diverses branches de la cosmologie, en anatomie etbiotaxie, il faut les envisager comme formant un tout dans lequel existent les corps organisés. Ce tout est ce qu'on appelle le milieu. L'ex- périence et l'observation pure ont montré que l'être organisé ne peut être séparé du milieu sans cesser de vivre ; il ne peut en être séparéque par la pensée, mais non en réalité. Organisme et milieu sont deux choses inséparables. Le milieu est, comme on le voit, un tout très complexe, composé de gaz, de vapeur d'eau, de chaleur, d'électricité, de corps solides bruts et organi- sés. Il n'y a pas de milieu purement gazeux, purement liquide, ni purement solide ; mais il y en a qui sont principalement ga- MILIEUX DANS LESQUELS VIVENT LES CORPS ORGANISÉS. 43 zeux, l'atmosphère ; principalement liquides, les eaux douces et salées; principalement solides, les terres, les sables, la vase. Il n'y a pas de milieu qui ne soit électrique, lumineux jus- qu'à un certain point, et doué d'une certaine température ; mais il n'y a pas de milieu uniquement constitué par ces agents. Ce sont toutes ces parties diverses réunies qui forment le mi- lieu, et leur ensemble est nécessaire. Il y a bien des milieux, comme les grottes profondes, qui sont privés de lumière et sont habités. Mais elles ne le sont que par quelques uns des êtres les plus modifiables, c'est-à-dire d'organisation déjà complexe, et l'on voit les organes qui dans l'organisme sont en rapport avec cette portion du mi- lieu disparaître ; l'œil est atrophié en tout ou en partie, assez pour que l'animal soit aveugle (Protée, Poissons, Écrevisses des grottes du Kentucky , etc.). C'est qu'en effet l'observation montre qu'il existe une corrélation nécessaire entre l'être orga- nisé et le milieu ambiant, comme il en existe une dans l'orga- nisme entre ses parties intérieures et ses parties extérieures. Aussi vient-on à faire disparaître trop de parties du milieu, vient-on à le rendre trop simple ou trop complexe, alors trop de parties de l'être tendent à disparaître, ou trop deviendraient nécessaires; les conditions d'existence cessent dans l'un et dans l'autre cas. Ainsi, l'existence d'un être organisé suppose, pour qu'il puisse vivre, un milieu auquel il emprunte, dans lequel il re- jette ; milieu nécessairement en rapport avec les parties tant internes qu'externes de l'être, mais surtout avec les parties externes. Il faut donc connaître la constitution des milieux et les lois de leurs relations avec les différents organismes avant d'étudier les actes de ceux-ci; étude à laquelle conduit la bio- taxie, ainsi que le montre l'histoire de la science (Lamarck), mais qui en est pourtant différente. En un mot, avant d'étu- dier les actes des êtres organisés, il faut connaître non seule- ment l'organisation de ces derniers, mais encore les conditions ,'ih VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. d'existence ou d'accomplissement des actes extérieurs et inté- rieurs. Il faut connaître non seulement l'agent, celui qui agit, mais encore le milieu dans lequel il agit, sur lequel il doit ou peut agir. Autrement il est impossible d'acquérir une notion complète des actes vitaux, puisqu'une corrélation à la fois iné- vitable et indispensable existe entre l'agent et le milieu. 1k. — La première section de la science des milieux nous fait connaître les parties qui entrent dans la constitution des milieux et leur utilité, la nécessité de leur réunion, de leur ensemble, par des exemples tirés des cas particuliers qu'ils offrent, des changements brusques qu'ils présentent, mis en rapport avec les particularités et modifications que manifestent ou ont ma- nifestées les êtres qui se trouvent ou se sont trouvés dans ces milieux. Une fois connu ce qui entre dans la constitution des milieux, il faut procéder à l'étude de ebacune des parties constituantes, comme nous l'avons fait pour celles de l'organisme. Ce qui fait que cette étude appartient à la biologie statique, c'est qu'elle est poursuivie en mettant toujours chacune des parties du milieu en rapport avec l'être organisé, considéré dans son ensemble ou dans une de ses subdivisions. Ainsi le sujet de l'étude, le milieu, est le même que celui envisagé par la cos- mologie (sauf toutefois quand il s'agit des autres corps vivants considérés par rapport à un ou plusieurs autres), mais l'objet ou le but qu'on se propose est tout différent de celui de la cos- mologie. Or, pour déterminer la nature de toute science, il faut l'examiner à la fois aux points de vue subjectif et objectif, il faut tenir compte à la fois de son sujet et de son objet. On peut, en effet, d'un seul sujet d'étude tirer différents ordres de considérations parfaitement rationnelles, positives étudies, sui- vant l'objet ou but qu'on s'est proposé. C'est, pour n'avoir pas vu qu'il faut toujours, dans chaque travail, tenir compte du sujet et de l'objet, que l'étude scientifique des milieux est restée con- fondue avec les sciences inorganiques, jusqu'à M. de Blain- MILIEUX DANS LESQUELS VIVENT LES CORPS ORGANISÉS. Z|5 ville. Pourtant l'art de l'hygiène qui s'appuie sur elle en a ébauché quelques points, et la lenteur avec laquelle s'est dé- veloppé cet art aurait dû faire sentir la nécessité de l'étude scientifique approfondie de la partie correspondante de la science des corps organisés. La deuxième section de la science, ou théorie des milieux, devra donc faire connaître quelles sont les conditions d'exis- tence et d'activité que la pesanteur offre aux êtres vivants. Cette section vient immédiatement après la première, parce qu'il s'agit de l'agent le plus général, le plus invariable, le plus indépendant, et parce que son action s'étend sur tout l'organisme, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il faut en poursuivre l'étude partout où se trouvent des êtres organisés, dans l'atmosphère, au niveau de la mer et au-dessus, dans les eaux, dans la terre. Il faut connaître les particularités de son influence, utile ou nuisible comme condition d'activité, suivant les sexes, les âges, les races et les tempéraments, les espèces animales, les états anormaux de l'organisme, soit tératologi- ques ou naturels, pathologiques ou accidentels. La troisième section comprend l'étude des conditions d'ac- tivité offertes par une autre partie des milieux, la température. Son action est moins générale que celle de la pesanteur, car elle influe sur l'extérieur des corps organisés principalement, et consécutivement sur la totalité de l'être ; elle varie bien plus aussi que la précédente. Il faut connaître ses variations et les particularités de son influence dans les mêmes cas que nous avons indiqués plus haut pour la pesanteur. La quatrième section fait connaître les conditions d'existence relatives à l'état électrique des milieux. Son action est plus limitée, plus variable, moins tranchée que celle de la tempé- rature. Elle ne vient, en conséquence, qu'après elle, quoique son influence se fasse sentir davantage sur la totalité de l'é- conomie. Il faut aussi en poursuivre les variations partout où elles se présentent. A6 VÉGÉTAUX PARASITF.S DE l'hOMMK ET DES ANIMAUX. Li cinquième section traite des conditions d'activité offertes par la résistance et l'élasticité des milieux. On ne saurait en efiet supposer un être vivant dans un milieu dépourvu d'élas- ticité et de résistance. Cette condition d'existence est moins générale que les précédentes; quoique en rapport consécutivement, avec tout l'organisme, ellel'estprimitivement et principalement avec les appareils locomoteur et tactile. Nous commençons par conséquent ici à voir les parties des milieux et leurs propriétés générales en rapport avec tel appa- reil spécialement, et non plus avec l'organisme entier. Deux appareils de la vie animale ou extérieure chez les animaux, les organes d'absorption et de fixation chez les plantes, sont en rapport avec les milieux sous le point de vue de leur résistance. Chez les animaux deux appareils sont simultanément et con- stamment en relation avec cette propriété physique générale, car on sait que l'appareil tactile étant détruit par section des nerfs sensitifs, l'appareil locomoteur devient inutile; il ne peut plus tirer parti de la résistance du milieu pour s'acquitter de sa fonction, et réciproquement. La condition d'activité dont nous parlons, quoique paraissant plus importante à étudier que celles dérivant de l'état électrique, de la température du milieu, est pourtant moins générale qu'elles, car elle leur est soumise; elle en est dépendante, puisqu'elle varie dans l'atmosphère selon l'influence de l'attraction terrestre, et partout suivant la température du milieu. De plus, elle est plus complexe que les autres; celles-ci en sont indépendantes; enfin elle est en rap- port spécialement avec un ordre de parties de l'organisme, chez la plupart des êtres et non avec toute l'économie. Cette dernière raison est importante, car il nes'agitpasici de physique ou de chimie, mais bien des conditions de relation d'un tout, le milieu, avec un autre tout, l'organisme. Or il faut tenir compte, dans le classement des objets à étudier, de l'un et de l'autre, et se guider non pas sur la généralité et l'indépendance de l'agent physique ou chimique, mais sur celle des con- MILIEUX DANS LESQUELS VIVENT LES CORPS ORGANISÉS. 47 ditionsde relations existant entre lui et l'être organisé. C'est pour cela que l'étude des conditions de relations dérivant de la résistance du milieu se trouve intercalée entre celles qui dérivent de l'état électrique et de la lumière, sans inconvénient, sans choquer le bon sens scientifique, et au contraire avec avantage. Il faut poursuivre partout où elles se présentent les variations et particularités de la résistance des milieux, comme pour la température, pesanteur, etc. La sixième section étudie les conditions d'activité offertes par l'état lumineux du milieu ambiant. Les rapports de la lumière avec l'organisme sont plus limités encore que ceux delà résistance, de l'électricité, de la température, etc. La rotation de la terre les interrompt nécessairement à des intervalles très rap- prochés, ce qui n'a pas lieu, au moins d'une manière aussi tran- chée, pour les autres conditions d'activité offertes à l'organisme par les milieux. On conçoit des êtres vivants sans organes qui les mettent en rapport avec la lumière, ce dont les Protées et les Poissons aveugles des lacs souterrains nous offrent des exemples ; mais on n'en conçoit pas qui puissent vivre dans un milieu dépourvu de résistance, etc. Les rapports entre l'état lumineux du milieu et l'organisme ne sont établis qu'avec la surface des corps organisés, et alors ils ont une action peu pro- noncée, ou bien ils ont une action très tranchée, et alors ils sont en relation avec un seul appareil, l'œil des animaux, les feuilles et autres parties vertes des plantes . Nous continuons à considérer les parties des milieux en rapport avec tel ou tel appareil spécia- lement, etnon plus avec l'organisme entier. Il est toutnaturel de voir ces relations réciproques en tre le milieu et l'organisme avoir lieu d'abord par le moyen des appareils de la vie animale, qui sont essentiellement extérieurs, puisqu'ils ontpour fonction démettre chaque être en rapport avec les objets qui l'entourent, selon sa volonté. Et ces relations volontaires sont soumises à des con- ditions physiques ou inorganiques, fatalement involontaires ; conditions d'activité qu'étudie cette partie de la science des AS VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES AMM.UX. milieux, et sans lesquelles l'appareil visuel des animaux ne pourrait s'acquitter de ses fondions; conditions sans la con- naissance desquelles ces fonctions ne pourraient être étudiées» C'est ce que montrent les longues considérations sur la phy- sique auxquelles se livrent les physiologistes avant d'aborder l'étude d'une fonction animale quelconque. Il faut connaître les variations etles particularités de cette condition d'existence dans les mêmes cas que nous avons indiqués en parlant de la pesanteur. La même section traite des conditions d'activité qui dérivent de la transmissihilité plus ou moins grande du milieu pour les vibrations sonores. Sous ce point de vue, le milieu a des rap~ •ports avec l'organisme encore plus limités que sous le point de vue précédent. Il n'est plus en relation, du moins chez les ani- mauxles plus élevés, qu'avec l'appareil auditif. Chez les êtres les plus simples, il est probable que les vibrations du milieu sont ressenties, non pas comme son par un appareil spécial, mais comme ébranlement de toute l'économie et de sa surface tégu- men taire. Les remarques faites précédemment à propos de la lumière doivent être appliquées aux conditions dont nous parlons. La septième section envisage les conditions de sonorité du milieu, autres conditions d'existence et d'activité d'un des appareils de la vie animale, l'appareil de production du son ; ces conditions se trouvent encore plus limitées que les précé- dentes et ne viennent en conséquence qu'après elles. On doit leur appliquer les observations déjà mentionnées en parlant de la lumière, etc. Il faut ici abandonner les conditions d'ordre physique et aborder l'étude de celles d'ordre chimique. La huitième section embrasse les conditions d'activité d'ordre chimique les plus générales, les plus indépendantes, les plus simples, les plus nécessairement continues, les plus totalement involontaires, fournies par les milieux ambiants. Ce ÉTUDE DES MILIEUX. hO sont celles qui sont offertes à l'appareil respiratoire principale- ment et spécialement, puis, en général, accessoirement à toute la surface de l'être vivant. Elles sont offertes, d'une part, à beaucoup d'animaux élevés et de plantes par des gaz et de l'eau à l'état aériforme, dans l'atmosphère gazeuze; d'autre part, à beaucoup d'animaux plus simples que les précédents et de plantes, aussi par de l'eau et des gaz à l'état liquide dans l'atmosphère aqueuse ou liquide. L'eau est aussi indispensable à l'atmosphère aériforme que les gaz dissous dans l'eau le sont à l'atmosphère liquide. Ici l'étude se complique et elle ira se compliquant de plus en plus. Il faut en effet étudier: 1° les conditions des actes élémentaires, purement physiques, d'en- dosmose et d' exosmose (actes préliminaires, mais indispensa- bles), offertes par ces milieux et les êtres qui s'y trouvent, tant relativement à l'appareil respirateur que par rapport aux tégu- ments ; tant pour les gaz aériformes ou dissous que pour l'eau à l'état de vapeur ou liquide ; tantpour chacun des gaz ou de l'eau purs que pour leur mélange. 2« Les conditions d'actions chimiques présentées d'un côté par chacune des parties précédentes qui constituent l'atmos- phère, et de l'autre par la matière organisée. Notez bien que ce n'est pas présentées par l'appareil qu'il faut dire, mais par la matière organisée qui le traverse ou celle qui le compose. Je ne dis pas présentées par tel ou tel principe immédiat du corps pouvant se b?-ûler, etc.; mais par la substance tout entière de telle humeur ou de tel solide. Or ces actes, tant physiques que chimiques, sont dépendants de tous ceux que nous avons étudiés plus haut ; ils leur sont soumis, ils varient, en effet, selon l'état lumineux du milieu, comme on le voit chez les plantes, selon son élasticité, sa con- sistance, son état électrique, sa température, sa densité, sa pesanteur. Evidemment, beaucoup de ces variations sont peu importantes, quelquefois même inutiles à connaître; mais il faut savoir qu'elles peuvent avoir lieu, pour être prêt à toute h 50 VÉGÉTAUX PARASITES DF. L HOMME ET DF.S ANIMAUX. éventualité, et pour n'omettre aucune de celles qui sont utiles. Enfin viennent leurs modifications suivant les sexes, âges, races, espèces, etc. La neuvième section envisage des conditions d'activité bien plus purement chimiques, mais moins générales que les pré- cédentes, plus compliquées, plus discontinues, fournies par les milieux ambiants. Elle étudie les rapports existant entre le milieu et l'appareil digestif spécialement, et très accessoi- rement avec la surface du corps, qui peut absorber l'eau et les substances dissoules. On donne le nom d'aliments aux ma- tières assimilables solides et liquides que fournissent les milieux, à l'être organisé. Les dernières reçoivent spécialement le nom de boissons, par rapport aux animaux supérieurs du moins. Il faut ici étudier : 1° Les conditions des actes élémentaires deleur introduction. Quand elles sont solides, il faut : a. qu'elles soient susceptibles d'être brisées, triturées, mâchées; b. qu'elles soient susceptibles d'être dissoutes: étude qui doit toujours être faite dans les rapports avec l'organisme, en se plaçant autant que possible au point de vue des conditions qu'il offre lui- même, en employant par conséquent les humeurs qu'il fournit. 2° Quand elles sont liquides, il faut connaître les conditions des actes élémentaires d'endosmose, tant par rapport à l'appareil digestif que relativement aux téguments. Pour les plantes et pour les animaux dont les aliments sont toujours liquides, l'étude se borne à cet ordre d'observations. 3° Il faut enfin connaître les conditions d'actions chimiques d'une part offertes par les aliments, et de l'autre par la matière organisée. Ici s'applique également la remarque faite en parlant de la section précédente. Ces conditions, tant physiques que surtout chimiques, doiven t être examinées successivement pour les aliments cristallisables d'origine inorganique et d'origine organique, dont plusieurs portent les noms spéciaux de condiments ou de véhicules des ETUDE DÈS MILIEUX. 51 suivants, selon leurs usages. Ils peuvent être les uns d'origine minérale (eau, sels, etc.), ou d'origine végétale (vins, al- cools, etc.). Il faut ensuite aborder l'étude des aliments pro- prement dits, constitués par des substances complexes, non cristallisables , azotées ou non , d'origine végétale ou ani- male. La température, la densité, etc., les sexes, les âges, les races, les espèces, etc., doivent être pris en considération dans l'étude de ces rapports spéciaux entre le milieu ou les substances qu'on en tire pour l'organisme et ce dernier. La dixième section étudie les rapports existant entre les conditions d'existence ou d'activité offertes par le milieu aux appareils et organes émonctoires et ces appareils et organes eux- mêmes. Ce sont l'appareil urinaire et l'appareil de. défécation principalement et accessoirement la peau, rejetant la sueur. Il faut y joindre les glandes cutanées qui sécrètent divers produits , généralement excrémentiliels : par exemple , les glandes préputiales, inguinales, etc.; secondairement il faut y ranger les sécrétions végétales excrémentitielles. Il y a dans les milieux des conditions d'existence qui sont en rapport avec les actes qu'accomplissent ces divers groupes d'organes; ce sont les conditions de putréfaction et autres conditions de destruction des divers excréments. Moins frap- pantes , moins étudiées que les conditions d'existence des corps organisés , elles n'ont pas moins leur valeur. On peut s'assurer de l'importance de leur étude, qui est moindre tou- tefois que celle des autres conditions de destruction des ma- tières excrétées, en se représentant pour un instant ces condi- tions supprimées ; il est facile alors de voir disparaître peu à peu la possibilité de la vie. Ces conditions de destruction des divers excréments des êtres supérieurs deviennent en effet conditions d'existence des êtres plus simples. Ceux-ci font à leur tour partie des mi- lieux où vivent les précédents ; car ce sont eux qui leur four- 62 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. nisscnl une partie des aliments dont nous venons de parler dans la dixième section. En un mot, elles sont en rapport avec la rénovation incessante des principes de l'économie ; elles sont une des conditions de ce passage incessant des principes rejetés par divers organismes dans les végétaux, principale- ment; de même que dans la section précédente, les conditions de pénétration des principes de ces corps et autres ont été reconnues être conditions de la vie. Tandis que dans les autres sections le rapport entre les conditions d'activité offertes par le milieu et l'organisme devait être étudié en partant du milieu pour arriver à l'appa- reil, il faut ici procéder en sens inverse. Il faut étudier : 1° les conditions des actes physiques élémentaires de leur endosmose, et cela en expérimentant comme précédemment, c'est-à-dire en se plaçant autant (pie possible dans les conditions qu'offre l'organisme, en employant les mêmes tissus, les humeurs d'où doivent partir les principes excrémentitiels , et d'autre part celles qui les renferment déjà ; 2° les conditions de leur putré- faction , fermentation, de leur destruction proprement dite; 3° enfin les conditions de combinaison des produits de cette destruction avec les composés chimiques du milieu et les conditions physiques d'évaporation, de mélange d'une par- tie d'entre eux avec les liquides et les gaz de ce même milieu. Ici nous voilà revenus au point de départ , c'est-à-dire aux sciences inorganiques, aux actes généraux élémentaires qu'é- tudient la chimie et la physique. Là cesse cette partie de la théorie des milieux, le cercle est complet; il faut s'arrêter sous peine de rentrer dans le domaine de la cosmologie. Mais ici, pourtant, commence une dernière partie de la science des milieux ; c'est la plus élevée de toutes, la plus com- plexe, la plus éminente. Il ne s'agit plus de conditions d'exis- tence d'ordre physique ni chimique ; elle se rapporte aux phé- nomènes sociaux. Cette partie étudie les conditions d'existence ÉTUDE DES MILIEUX. 53 et d'activité individuelle offertes par la société aux divers orga- nismes. Le corps social fait en effet partie du milieu où existe chaque être , et ce milieu est différent suivant l'état de la société en ce point du globe. La onzième section étudie les rapports existant entre les conditions d'activité et de développement offertes par la société en général cà l'appareil cérébral considéré dans son en- semble. Vient ensuite une série de sections qui envisagent cha- cune les rapports existant entre les conditions d'activité et de développement offertes par la société aux divers appareils de la vie animale d'abord, puis à ceux de la vie organique. Ces conditions d'activité offertes par la société reçoivent le nom de professions ; généralement elles sont nuisibles à un appareil de la vie organique, et quelquefois même à ceux de la vie animale. Il est inutile de faire remarquer que , dans chacune de ces sections, les conditions d'activité sont soumises à celles des autres parties du milieu envisagées dans les sections précé- dentés; elles varient conséquemment comme elles, suivant les sexes, les âges, les races, etc. D'autres sections , encore placées dans le même cas que la onzième, etc., envisagent les rapports existant entre les con^ ditions d'activité et de développement auxquelles sont soumis, par le corps social, les autres êtres. Ces conditions d'activité et de développement peuvent porter soit sur l'être tout entier, comme on le voit pour beaucoup de végétaux utiles et d'ani- maux domestiques, soit sur un ou deux de leurs systèmes, comme on l'a obtenu pour les bœufs destinés à la boucherie, les moutons mérinos, etc., soit sur un ou deux appareils seule- ment, comme pour les chevaux de course, etc. Il serait trop long d'énumérer ici les sections se rap- portant à cette partie de la science des milieux : remarquez seulement que je ne dis pas conditions d'existence et d'activité 6/| VÉGÉTAUX l'AUASlTES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. offertes, etc. , mais conditions d'activité et de développement. Les premières, en effet, ont été étudiées parmi les conditions d'ordre physique et chimique, dont c'est là essentiellement le but. La société vient ensuite en tirer parti pour augmenter à son proiit l'activité des organismes ou seulement des appareils dont les conditions d'existence sont connues. Toute science, comme on sait, dérive, dans l'origine, d'un art qu'elle finit par dominer, régir, coordonner, auquel elle tend à rendre plus qu'elle n'a reçu ; ainsi sont nées de l'art médical l'anatomie, la biotaxie même, etc. Il est facile de re- connaître, par l'exposé précédent, que la science des milieux dérive de l'hygiène. A peine ébauchée, cette science n'a pas pu rendre encore en notions générales, à l'art hygiénique, ce qu'elle lui emprunte en données spéciales et fort incomplètes. Mais nulle science ne s'acquittera plus rapidement de sa délie, une fois qu'elle aura été étudiée rationnellement. SECTION IV. Notions générales relatives à la physiologie. On appelle physiologie cette partie de la biologie qui a pour sujet les corps organisés à l'état dynamique, c'est-à-dire en action, manifestant leur activité, et pour objet ou but la con- naissance des actes ou phénomènes qu'ils présentent. On donne le nom de vie au mode d'activité propre aux êtres organisés; comme on a appelé mouvement en masse ou méca- nique, et mouvement moléculaire ou chimique, les deux modes principaux d'activité des corps bruts. La place occupée par la biologie à la suite des autres sciences toutes classées d'après leur généralité décroissante, leur dépendance des précédentes et leur complication crois- sante, fait assez sentir que les corps organisés manifestent d'abord les modes d'activité, tant mécaniques que chimiques, présentés par les corps bruts, et, de plus, une activité spéciale DÉFINITION l)ti LA PHYSIOLOGIE. 05 qui n'appartient qu'à, eux. qui n'existe pas dans les substances inorganiques. Le nom de vie ou de vitalité donné au mode d'activité spé- cial aux corps organisés fait dire d'eux qu'ils sont vivants quand ils manifestent cette activité; c'est ce qui les fait appeler corps organisés vivants, ou simplement corps vivants. On donne l'épitliète de vital à tout ce qui se rattache à l'étude de la vie ; on appelle phénomènes vitaux chacun de ceux que présentent les corps vivants. Nous avons vu que l'organisme est constitué de parties très diverses par leur complication. Or, chacune a sa vitalité ou vie qui lui est propre ; car à toute disposition statique se rattache une notion dynamique correspondante. Chacun de ces modes d'activité est lié à la vie commune ou nutrition, mais en diffère par moins de généralité, d'indépendance , et plus de complication . Comme tous les êtres ne possèdent pas néces- sairement toutes les parties du corps tant extérieures que pro- fondes, dont nous avons donné l'énumération, et que l'anatomie étudie, tous ne possèdent pas non plus la totalité des modes de vitalité que nous allons énumérer. Chez quelques végétaux et animaux infusoires, par exemple, les Torula, les Amibes, etc., qui sont formés par un seul élément anatomique isolé, ne constituant par conséquent pas de tissus avec d'autres, on n'observe qu'un seul mode de vitalité. Chez les êtres qui possè- dent plusieurs des modes secondaires de vitalité, nul d'entre eux ne peut être observé indépendamment des autres, ce qui revient à dire que ni les éléments, ni les tissus, systèmes, organes, appareils, etc., qui constituent un animal, ne peuvent vivre plus de quelques instants, une fois qu'ils sont séparés les uns des autres. Malgré cela, on a donné un nom propre au mode de vitalité de chacune de ces parties du corps, à la vie propre de chacune d'elles. Ce nom a été donné dans le but de les mieux distinguer les unes des autres, afin de les connaître plus com- plètement, et, par suite, de posséder une notion plus appro- 56 VÉGÉTAUX PARASITES DU L'HOMME ET DE6 ANIMAUX. [bndie de la vie ou vitalité totale, prise dans son ensemble, ri non pas seulement une notion superficielle et. générale. Mais l'étude des modes spéciaux de vitalité de chaque élément, tissu, système, etc., n'exempte pas de cette étude de la vie générale qui est trop négligée par les médecins on abandonnée à des hommes qui n'ont pas de notions suffisantes de l'organisation et des phénomènes vitaux. Nous verrons qu'il est nombre de phénomènes physiologiques qui, parce qu'ils sont élevés et exi- gent plus de réflexion que l'étude d'un simple mouvement arti- culaire, sont abandonnés par les physiologistes aux méta- physiciens, qui sont bien plus incapables qu'eux d'en l'aire une étude sérieuse, parles raisons indiquées dans la phrase précé- dente. Il faut pourtant que le physiologiste les aborde. En un mot, dans l'univers tout se passe simultanément. Pour mieux étudier, nous divisons successivement la cosmo- logie en astronomie, physique et chimie; de même dans l'or- ganisme tout est lié intimement et solidaire sans homogénéité pourtant; mais pour mieux le connaître, nous le divisons en ap- pareils, organes, systèmes, tissus et humeurs, éléments anato- mkjues et principes immédiats qui doivent être examinés suc- cessivement, si l'on veut comprendre le tout. Dans l'organisme aussi tout se passe et agit simultanément ; mais pour mieux étudier, nous envisageons successivement les actes accomplis par les appareils, ceux des organes, des systèmes, des tissus, et puis des éléments anatomiques et principes immédiats. Ainsi donc, de même que la description du corps des êtres ne peut pas être donnée en un seul chapitre, ni embrassée par un seul ordre de considérations ; de même aussi nous allons trouver que les corps organisés ne présentent pas qu'un seul mode d'activité, mais qu'ils en présentent plusieurs différents par leur complication. Le nom de vu ou vitalité est réservé pour désigner le mode d'activité propre à l'organisme considéré, dans son ensemble, comme un tout unique. Chacune des parties extérieures mani- DES DIVERS ORDRES D' ACTES ÉTUDIÉS EW PHYSIOLOGIE. 57 feste quelques modifications de la vie ou vitalité, modifications qui sont toutes en rapport avec la disposition anatomique de ces parties externes. On donne le nom de fonction au mode d'action des appareils, à leur vie propre, à l'acte spécial que chacun d'eux exécute. Chaque appareil ne remplit qu'une fonction : l'intestin ne fait que digérer; l'appareil respiratoire ne fait que respirer. On appelle usage chacun des actes exécutés par chaque or- gane. Un même organe peut avoir plusieurs usages : un même muscle peut servir à la flexion et à la rotation d'un membre; la mâchoire sert à la mastication et a la phonation, etc. Les systèmes ont des usages généraux. Chaque système a un usage général ou plusieurs usages généraux : le système osseux a pour usage de soutenir et protéger toutes les autres parties du corps en général; il sert de plus à donner insertion aux mus- cles, etc. Le système musculaire a aussi des usages généraux multiples. On donne le nom de propriété de tissu au mode d'activité qui est spécial à chaque tissu, à la vie ou vitalité qui lui est propre; généralement chacun d'eux est doué de plusieurs pro- priétés, les unes communes à plusieurs, les autres spéciales à quelques uns. On appelle propriété vitale élémentaire, ou simplement pro- priété vitale, le mode spécial d'activité des éléments anatomiques ou organiques. Beaucoup d'éléments anatomiques ont plus d'une propriété vitale. Ils en ont tous au moins une, car sans cela ils ne seraient pas vivants, ils n'auraient pas de vie. Celle qu'ils ont tous, sans exception, est celle qui a reçu le nom de nutrition. C'est la seule propriété vitale qui soit absolument commune à tous les éléments anatomiques. Nous savons quels sont les noms des différents modes d'ac- tivité ou de la vie propre, des parties d'ordres divers pour la complication qui composent le corps des êtres organisés. L'ana- tomie nous apprend que l'économie est constituée entièrement 58 VÉGÉTAUX l'AKASlii.s DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. par des principes immédiats et des éléments anatomiques, el que, une fois ces parties-là connues, il ne reste plus à faire, pour connaître l'organisme, que de poursuivre leurs arrange- ments, les dispositions diverses et de plus en plus compliquées qu'ils prennent, jusqu'à ce qu'on arrive au corps pris dans son ensemble. Il n'y a en effet de parties des corps réellement et absolu- ment distinctes les unes des autres que les éléments anato- miques et les principes immédiats. Toutes les autres parties plus compliquées ne sont pas des parties du corps essentielle- ment nouvelles, ce sont seulement des arrangements nouveaux des premiers; ce sont des dispositions diverses et de plus en plus complexes de ces parties plus simples. Ainsi les divers éléments et principes immédiats se réunissent, plusieurs espèces ensemble, pour former des tissus et des hu- meurs, qui sont eux-mêmes de genres différents, selon la pro- portion de chaque élément ou principe qui les constituent.il n'y a là rien autre de nouveau que l'arrangement des éléments (texture) et des principes en proportions diverses, mais pas de parties essentiellement nouvelles; ce sont toujours les mêmes éléments. Et avec cet arrangement nouveau apparaissent des réactions chimiques, des caractères physiques, une forme et un volume nouveau et plus complexe. Les tissus et les humeurs se réunissent pour former les systèmes: c'est ainsi que les tissus des artères et le sang rouge, les tissus des veines et le sang noir, sont réunis pour former le système vasculaire ou sanguin ; c'est encore ainsi que le liquide contenu dans les canaux glandulaires, réuni au tissu des glandes, constitue le système glandulaire, etc. Il n'y a encore là rien d'absolument nouveau, ce sont toujours les élé- ments et principes immédiats, les tissus et humeurs dont il vient d'être question ; mais ce qui est nouveau, ce qui n'existait pas plus haut, c'est la réunion de l'un àl'autre des tissus et des humeurs, en prenant une conformation générale propre à chacun d'eux ENCHAINEMENT DES PARTIES &l ! EXÉCUTENT CES ACTES. 59 (structure), et c'est là ce qui leur permet de remplir un usage général en rapport avec cette conformation. Avec cette struc- ture nouvelle apparaissent aussi des caractères de forme, de dimensions et autres qui sont nouveaux. Des parties de plusieurs systèmes se réunissent pour former des organes ; des portions de système musculaire, de système tendineux, etc., se réunissent pour former un muscle; des por- tions de système osseux, fibreux et médullaire, se réunissent pour former un os, etc. Ce sont encore les mêmes éléments et principes, tissus et humeurs, les mêmes systèmes que plus haut ; mais ce qui est nouveau, c'est cette réunion complexe de parties diverses (structure) et cette conformation spéciale, aplatie, triangulaire, cylindrique, etc., en rapport avec un usage spécial. Car avec cette structure nouvelle, la forme, le vo- lume, la consistance, l'élasticité, etc., ont quelque chose de nouveau. Des os, des muscles, des glandes, des vaisseaux, des nerfs, des muqueuses, etc., se réunissent et forment F appareil diges- tif, ou le respiratoire ; ou bien des muscles, des os, des nerfs forment l'appareil locomoteur, etc. : ce sont encore toujours les mêmes principes et éléments, tissus et humeurs, etc. ; il n'y a encore rien d'essentiellement nouveau. Mais ce qui n'existait pas ailleurs et ce qui fait des appareils un groupe de parties nouvelles, c'est la disposition spéciale (structure), complexe et coordonnée, départies déjà complexes elles-mêmes, disposition qui permet au tout qu'elles représentent d'accomplir une fonc- tion en rapport avec cette disposition, et avec cette structure nouvelle se montrent des caractères d'ordres mathématique, physique, etc., différents de ceux des organes, systèmes, tissus, etc. Mais nul appareil n'existe isolément. Des appareils entiers, comme le visuel, l'auditif, l'olfactif, le cérébral interne, ou des portions d'appareils, comme le commencement du digestif, du respiratoire, etc., seréunissent, forment la tète, qui est une des 60 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. parties extérieures de tout le corps; d'autres portions d'appa- reils forment le cou, d'autres le tronc, d'autres les mem- bres, etc. Rien encore de nouveau : ce sont toujours les éléments analomiques et principes, les tissus et humeurs, etc.; mais ils ont successivement pris des dispositions diverses de plus en plus compliquées ; ils sont autrement arrangés, et cela d'une manière particulière, qui leur permet d'accomplir des actes spé- ciaux en rapport, d'une part, avec les parties qui les constituent, et de l'autre, avec la vie ou vitalité totale. De là pour le tout, pour l'organisme, des caractères des mêmes ordres mathéma- tique, physique, etc., mais différents de ceux que possèdent les appareils, organes, etc. Aucune de ces parties extérieures à son tour n'existe et ne peut exister indépendamment des autres; et toutes réunies elles constituent le corps ou organisme, qui forme un tout et peut vivre isolément. Il se trouve ainsi constitué encore par les mêmes principes immédiats et éléments anatomiques, tissus et humeurs, etc., etc., dont nous avons parlé, réunis les uns aux autres ; de telle sorte que de la réunion totale de toutes ces par- ties diverses, par leur complication et l'arrangement de leurs éléments, résulte la possibilité d'accomplir les actes généraux de la vie ou vitalité. Ces actes sont la réunion de tous les actes spéciaux accomplis par chacune des parties que nous venons de passer en revue, comme le corps entier est la réunion de ces parties. Et ces actes généraux, expression de tous les actes particuliers réunis, sont naturellement en rapport avec les actes vitaux des éléments anatomiques, puisque tous les autres actes en dérivent, comme toutes les parties du corps correspon- dantes sont des dispositions particulières des éléments. Nous avons vu que les actes vitaux nepeuventpas être coin- pris dans un seul ordre de considérations, ni décrits eu un même chapitre ; ils ne sont pas tous de même ordre. Les uns sont plus simples et par suite plus généraux, les autres plus compliqués et plus spéciaux. Ainsi les actes vitaux PROPRIÉTÉS DES ÉLÉMENTS ANATOMIQUES. 61 d'ordres divers pour la complication, dont nous avons donne les noms en partant des plus complexes jusqu'aux plus simples, peuvent maintenant être repris en sens inverse, dans l'ordred'aprèslequelnous venons d'énumérer les parties du corps auxquelles chacun d'eux se rattache. Nous verrons alors com- bien il y a d'espèces de chacun de ces actes et comment ils se lient les uns aux autres dans chaque ordre. Quant aux ordres eux-mêmes, il n'y a pas de confusion possible entre les phéno- mènes de l'un et ceux que manifeste l'autre , pas plus qu'il n'y a de confusion possibleentre son tissu et un élément anatomique. Il n'y a pas de transition insensible de l'un à l'autre. Il y a tou- jours une séparation nette et tranchée entre l'ordre des pro- priétés vitales et l'ordre des propriétés de tissu , entre ce dernier et l'ordre des usages généraux des systèmes, entre celui-ci et l'ordre des usages spéciaux des organes, etc. ; la différence est la même en les suivant du simple au composé , comme du composé au simple. Chacun de ces ordres de phéno- mènes a un cachet qui lui est propre. Quand on procède du simple au composé, ce cachet tient à ce qu'il est plus com- pliqué, moins général et moins indépendant des autres que ceux qu'on a étudiés avant lui ; et réciproquement, si l'on suit la méthode subjective qui procède du composé, au simple. 2>u mode d'activité des éléments anatomiques, ou classification de leurs propriétés ou attributs dynamiques. 25. — Ces éléments anatomiques, en tant que corps, jouissent de toutes les propriétés physiques dont jouissent les corps, quels qu'ils soient; mais ces propriétés sont en rapport avec leur petit volume, c'est-à-dire que les effets sur chaque élément pris à part sont fort peu prononcés. Ainsi : 1° les éléments anatomiques sont susceptibles de se rétracter; 2° sous l'influence d'une traction, ils s'étendent, ils sont extensibles; 3° le même élément, une fois étendu, peutre- (i"2 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. venir sur Lùi-mème, les éléments sont donc élastiques ; /r enfin, cl ce fait est très important, ils sont hygrométriques, c'est-à- dire susceptibles de se laisser pénétrer de corps fluides par endosmose, et d'en abandonner par exosmose; 5° ils sont de plus susceptibles de se raccourcir par dessiccation, par le l'eu ou sous L'influence de divers agents chimiques: ce qui est un effet physico-chimique de l'enlèvement d'un ou de plusieurs de leurs principes immédiats. Ils ont aussi des propriétés chimiques. Ainsi, comme tous les corps : 1° ils sont susceptibles de se combiner aux corps dont ils ont été pénétrés par endosmose, c'est là un acte de com- binaison ou de composition: on n'a qu'à mettre du bicblorure de mercure au contact de ces corps, d'un globule de sang, d'une cellule d'épitbélium pour voir le phénomène s'accomplir ; 2° ils peuvent se décomposer totalement ou partiellement, et dans ce dernier cas ils laissent sortir en conséquence de leur propriété exosmotique les parties qui se sont décombinées : c'est là un acte de décombinaison ou de décomposition. On n'a qu'à mettre de l'éther en contact avec une cellule contenant des gra- nulations graisseuses, et la matière grasse, après avoir été dis- soute par le liquide qui a pénétré, après avoir été enlevée à la substance avec laquelle elle était combinée dans la cellule, sor- tira avec l'éther, dans lequel on la retrouve. Mais ce sont là des propriétés que tous les corps bruts possè- dent aussi, quand on les met au contact d'un réactif con- venable. Les éléments anatomiques ont d'autres propriétés que celles- là, propriétés qui leur sont exclusivement propres. Ce sont celles-ci qu'on a appelées propriétés d'ordre organique ou vitales, pour les distinguer des propriétés chimiques, phvsi- ques, etc., dont elles sont différentes, à l'aide desquelles on ne peut nullement s'en rendre compte. Car elles ne peuvent être expliquées ni par les lois des réactions chimiques des corps bruts les uns sur les autres, ni par les lois physicpies, DÉFINITION DE LA NUTRITION. 63 ni par des influences surnaturelles ou idéales. Par conséquent^ elles doivent être étudiées en elles-mêmes et doivent recevoir un nom propre pour ne pas être confondues avec d'autres. C'est le nom de propriétés vitales, Pactes vitaux qu'on a choisi, c'est l'adjectif vital qu'on a adopté, pour les distinguer de celles pour lesquelles on avait adopté les termes de phénomènes physiques ou chimiques : comme on dit corps ou substance organisée, pour désigner la substance qui seule présente ces propriétés. I.— NUTRITION. 26. — La plus générale, la plus indépendante de toutes ces propriétés, la plus simple, a reçu le nom de nutrition, d'où existence ou vie. Elle est caractérisée par le double mou- vement continu de combinaison et de décombinaison que présentent sans se détruire les éléments anatomiques des corps organisés; et par suite tout l'organisme. C'est la plus générale, car tous les éléments anatomiques en jouissent, et il y a des éléments qui n'ont pas d'autre propriété : telles sont les cellules d'épithélium, celles de l'épiderme des plantes, etc. Lorsque les éléments cessent de présenter cette propriété, on caractérise leur état par le nom de mort: on dit qu'ils sont morts. Alors ils ne présentent plus que les pro- priétés des corps d'origine inorganique ; ils se décomposent, à moins qu'on n'en fasse des composés plus stables en les combinant avec le sublimé, l'alcool, etc. Aussi, lorsqu'on suit la méthode objective qui procède du simple au com- posé, et qui définit les choses par l'énoncé de ce qu'elles pré- sentent de plus général, dans ce cas, dis-je , la définition de la vie est la même que celle de la nutrition, phénomène ou propriété la plus générale des corps organisés. Toutes les autres propriétés supposent la nutrition, tandis qu'elle ne suppose aucune propriété vitale ; elle est une condition d'exis- 6/| VÉGÉTAUX PARASITES 1>F. L HOMME ET DES ANIMAUX. tence pour toutes les autres, et caractérise en conséquence la vie ou vitalité plus que toute autre propriété vitale. Au contraire, lorsqu'on suit la méthode subjective ou inverse de la précédente, on définit la vie en indiquant qu'elle est le mode d'activité propre aux corps organisés; car alors, en se plaçant à ce point de vue, la vie est le résultat, l'expression en un seul fait général de tous les divers modes d'activité que pré- sentent les parties de chaque être envisagées isolément. Je fais et je ferai toujours abstraction de toutes recherches oiseuses sur la nature intime des phénomènes, sur l'essence de la vie; car il n'y a pas plus de mystère dans ce double mouvement continu de combinaison et de décombinaison que présentent les éléments anatomiques, que dans le fait simple de la combinaison de l'acide sulfurique avec la soude, et réciproquement. L'acte simple de dé- composition de l'eau, etc., sous l'influence de deux faibles cou- rants électriques, est tout aussi mystérieux que le double acte offert par les corps organisés. Il a plus étonné parce qu'on n'avait pas tenu compte de l'état moléculaire statique de la substance dans laquelle se passe ce double mouvement, état qui a toujours été ignoré jusqu'à présent. Ce qui précède s'applique aussi bien aux autres propriétés vitales qu'à la nutrition. La nutrition est la propriété vitale la plus indépendante, car le corps organisé, l'élément anatomique étant donné, elle ne dépend que de sa propriété physique d'endosmose et cl' exos- mose, et des propriétés chimiques de combinaison et de dé- combinaison que possèdent les principes qui constituent la substance des éléments. Elle ne dépend que des propriétés d'ordre inorganique de ces derniers, tandis que nous verrons toutes les autres propriétés vitales sous la dépendance de la nutrition. La nutrition est la propriété vitale naturellement la plus simple, puisqu'elle consiste uniquement dans le fait continu de combinaison et de décombinaison des principes immédiats constituant la substance organisée. l'IiOl'iilÉTÉ DE NUTK1T10N. 65 Chacun de ces deux actes , pris isolement , reçoit un nom particulier, quand il en est question dans les corps organisés, parce que là ils diffèrent de ce qu'ils sont dans les corps bruts par leur accomplissement simultané et continu dans une même substance , la substance organisée ; dans un môme élément anatomique. Le premier prend le nom d'assimilation, parce que, par cet acte, des substances différentes de celle des corps vivants deviennent semblables à elle, en font partie. Le second s'appelle désassimilalion, parce que les principes qui faisaient partie de la substance des éléments cessent de lui être sem- blables, et s'en séparent en prenant un état qui, sans être absolument celui des corps d'origine minérale, s'en rapproche par la faculté de cristalliser, etc. Néanmoins on tenterait vainement d'expliquer cette inflexi- ble connexité qui fait toujours dépendre les plus nobles attri- buts des plus grossières fonctions. Car aucune contradiction nécessaire ne nous empêche de rêver la pensée et la socialité chez des êtres dont la substance resterait inaltérable. Toutes les utopies théologiques sur la vie future commencent, en effet, par affranchir l'homme d'une telle obligation, en transportant à des corps incorruptibles nos privilèges intellectuels et moraux. En remontant davantage notre passé, on trouve même que le fétichisme initial étendait ces éminentes aptitudes aux sub- stances les plus fixes et les plus inertes. Mais l'observation ne confirma jamais une seule de ces suppositions ; partout où la substance matérielle demeure invariable, il n'existe aucune trace de pensée ou d'affection, ni seulement le moindre rudi- ment de sensibilité ou de contractilité. A la vérité, la rénovation continue a lieu chez beaucoup de substances qui ne manifestent pas davantage ces phénomènes supérieurs. Cela prouve assez que les plus hautes propriétés vitales ne résultent pas nécessairement des moindres. Pourtant elles en dépendent certainement, puisqu'elles ne surgissent ja- mais qu'avec une telle base. Toute altération suffisante de cette 5 66 VÉGÉTAUX PARASITES DE l' HOMME ET DES ANIMAUX. base les fait cesser aussitôt; en un mol, ou voit souvent des corps sans âme, mais on ne voit aucune âme sans corps. Ainsi la vie n'est pas seulement particulière à certaines sub- stances organisées sous certains modes. De plus, elle ne se montre jamais que temporaire chez les molécules qui la com- portent, en sorte que tout organisme devient inerte et bientôt se dissout si ses matériaux ne sont pointasse/ renouvelés. Nous ne pouvons pas plus expliquer cette instabilité (jue cette spécia- lité. Il Tant concevoir l'une et l'autre comme de simples faits dontla réalité est incontestable, mais qui resteront irréductibles à d'autres. Nous ne saurons jamais pourquoi l'oxygène, l'hy- drogène, l'azote et le carbone sont susceptibles de vivre, tandis que le chlore, le soufre, l'iode ne vivent aucunement. De même nous ne pouvons savoir pourquoi la vitalité ne persiste pas indéfiniment chez les matériaux susceptibles de l'acquérir. Mais ces deux mystères sont heureusement aussi oiseux qu'im- pénétrables. La nutrition a pour conditions d'accomplissement les pro- priétés physiques et chimiques des éléments anatomiquesdont nous avons parlé, mais elle n'est pas une conséquence de celles- ci; car il pourrait se faire qu'il y eût simplement endosmose et exosmose, sans combinaison ni décombinaison , ou encore que la combinaison restât fixe. C'est ce qui a lieu dans les corps d'origine inorganique ; de là vient qu'on leur applique l'épi thè te de corps bruts ou non vivants. Quand ce fait seul a lieu de la sorte dans les corps organisés, on dit qu'ils sont morts , c'est- à-dire qu'ils ne jouissent plus que des propriétés d'ordre inor- ganique. Au point de vue morbide, il pourrait se faire que les élé- ments anatomiques fussent placés dans des conditions telles que la nutrition devînt plus rapide ou plus lente, sans autre modification du reste; ce cas ne peut qu'être supposé. On ne connaît encore aucune maladie dans laquelle l'un ou l'autre de ces faits ait été démontré comme existant seul ; ce seraient ABSORPTION ET SÉCRÉTION. 67 les seules maladies sans altérations de la substance des élé- ments qu'on pourrait supposer , et encore faudrait-il étudier les changements survenus dans les conditions nécessaires à l'accomplissement de la nutrition. C'est sur la nutrition que reposent toutes les autres proprié- tés vitales ; c'est elle qui fait dire des corps organisés qu'ils sont vivants, existants; sans elle ils ne pourraient accomplir aucun autre acte que ceux offerts parles corps bruts. 27. — La vitalité fondamentale seule, commune à tous les êtres organisés, consiste dans leur continuelle rénovation ma- térielle, unique attribut qui les sépare universellement des corps inertes, où la composition est toujours fixe. Toutes les autres propriétés vitales reposent d'abord sur cette existence nutritive, résultant d'un suffisant conflit entre l'absorption et l'exhalation que chaque masse vivante exerce sans cesse sur le milieu cor- respondant. 28. : — Assimilation et désassimilation. — (Voyez Chimie ana- mique, t. Pr, p. 218 à 221 et 224 cà 226) 29. — A la propriété de se nourrir que possèdent tous les élé- ments, c'est-à-dire à la propriété de se combiner incessamment avec les substances qui pénètrent en eux par endosmose, et d'a- bandonner en même temps, par décombinaison, des principesqui sortent par exosmose, sans que pour cela ils cessent d'exister, se rattachent deux autres propriétés qui sont secondaires. Ce sont la propriété d'absorption et celle de sécrétion. Ces deux propriétés sont des cas particuliers de la nutrition et chacune d'elles se rapporte plus essentiellement à l'un de ses actes chimiques élémentaires. L'absorption se rattache au fait de combinaison qui a pour condition physique d'accomplisse- ment l'endosmose, et la sécrétion au fait de décombinaison ou de décomposition qui a pour condition physique d'existence l'exosmose. C'est pour cela que Yabsorplion et la sécrétion reçoivent depuis longtemps le nom d'actes de la vie de nutrition, quand on (58 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. mit les désigner dans leur ensemble, sans distinction spéciale. Mais il ne Faudrait pas les considérer, ainsi qu'on le l'ait quel- quefois, comme des propriétés d'une égale importance, d'une égale généralité. L'existence de ces deux propriétés, comme on vient de le voir, suppose celle de la nutrition, mais elles ne sont pas une suite, une conséquence nécessaire de celle-ci, ce sont des faits contin- gents à cette propriété fondamentale. Toutefois ce ne sont pas deux propriétés aussi fondamen taies que celles de développement et de reproduction, qui reposent également sur la nutrition; car il n'y a pas d'élément qui ne se nourrisse; il n'y en a pas non plus qui ne se développe, une fois formé, et qui ne se reproduise ou ne puisse se reproduire d'une manière ou d'une autre avant de mourir. Il y a au contraire des éléments qui ne sécrètent pas, comme la substance des os, celle des cartilages, celle des ongles ; il y en a aussi qui n'absorbent pas ou presque pas, tels sont ces mêmes éléments. Je dis qui n'absorbent pas, car il ne faut pas confondre l'imbibition ou endosmose, fait physique pur et simple, avec l'absorption proprement dite. Celle-ci est un fait biologique différent des actes physiques et chimiques, en ce que, chemin faisant, la substance qui pénètre est modifiée parles corps qu'elle pénètre, lesquels lui enlèvent ou lui fournis- sent quelques principes. Ceci s'applique aussi, quoique en sens inverse, à la sécrétion. De plus, il n'y a pas d'espèce d'élément qui, si ce n'est dans des cas morbides, se développe ou se reproduise plus ou moins qu'un autre, tandis que normalement il y a des éléments qui ont la propriété d'absorber ou de sécréter beaucoup et d'autres celle de sécréter ou d'absorber peu. 1° Absorption. — C'est une propriété caractérisée par ce fait, que la plupart des éléments se laissent pénétrer et traverser par des substances liquides , qu'ils modifient, chemin faisant, en leur enlevant ou leur ajoutant quelques uns de leurs principes, par le double mouvement nutritif de combinaison et de décom- ABSORPTION ET SÉCRÉTION. <59 binaison. Les exemples de ce fait élémentaire ^'accomplissant indépendamment des autres, sur un seul élément anatomique, sont difficiles à rencontrer. Mais on peut déduire son existence de ce qui se passe dans un liquide pénétrant des tissus formés d'une ou de deux espèces d'éléments (comme les séreuses). D'au- tres exemples nous sont offerts par les liquides intestinaux, dont une partie pénètre dans les chylifères, et pourtant sont très différents du chyme, par les capillaires des muscles qui era- pruntent à ce tissu la créatine, la créatinine, et ne lui enlè- vent pas de chlorure de potassium, ou du moins ne lui en enlèvent que fort peu, etc. 2° Sécrétion. — Cette propriété est caractérisée par ce fait, que la plupart des éléments laissent exsuder et échapper des sub- stances liquides ou demi-liquides, qu'ils modifient, chemin fai- sant, en leur ajoutant ou en leur enlevant quelques uns de leurs principes, par le double mouvement nutritif de combinaison et de décombinaison. Il est facile de voir ce fait s'opérer sur des éléments considérés isolément, abstraction faite de l'idée de tissu. Dans les végétaux, par exemple, on voit une cellule isolée, à l'extrémité d'un poil, sécréter des substances hui- leuses ; dans les animaux, on voit des cellules épithéliales du foie former chacune, de la même manière que la précédente, des matières graisseuses de la bile. Enfin, on voit la substance des parois des capillaires, mis à nu, sécréter, exsuder, comme on dit, un liquide différent du sérum qu'ils renferment, ce qui est une véritable sécrétion; c'est-à-dire la séparation d'un cer- tain nombre de substances de celles dont est constitué un autre liquide (secernere, séparer, rejeter). 30. — Ce fait, que la nutrition, l'absorption et la sécrétion appartiennent en propre aux éléments, et à tous ou à la plupart d'entre eux, que ce sont des propriétés vitales élémentaires fondamentales, suffit pour montrer que ce ne sont pas là des fonctions comparables à la digestion ou à la respiration. C'est pour avoir confondu ensemble des notions d'ordres divers, et. 70 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET 1JES ANIMAUX. primitivement pour avoir méconnu la différence qu'il y a entre les appareils, organes, systèmes, tissus et éléments, faille de les bien connaître tous, qu'on a été conduit à une confusion aussi vicieuse. On a reconnu successivement déjà que la muscu- lation, l'ossification et autres propriétés élémentaires n'étaien pas des fonctions; il faut en faire autant pour la nutrition, l'absorption et la sécrétion, qui sont des propriétés vitales et non des fonctions. Le fait est assez évident par lui-même, et je l'ai suffisamment démontré ailleurs (1) pour ne pas être obligé d'insister davantage sur ce point. II. — DÉVELOPPEMENT La deuxième propriété vitale est celle de développement, d'où accroissement. Elle est caractérisée par ce fait, que tout élément analomique qui vit, c'est-à-dire qui se nourrit, grandit en tout sens (dans les trois dimensions, ce qu'exprime le mot se déve- lopper), a une fin, mort ou terminaison. Le développement suppose la nutrition; il est fondé sur elle, mais il en est distinct; ce n'en est pas une conséquence, une suite, c'est un fait contingent: car on pourrait concevoir un corps qui existât indéfiniment sans se développer, qui, par exemple, se nourrirait par simple oscillation de ses matériaux, c'est-à-dire par un échange égal entre les parties qui sortent et celles qui pénètrent. La mort est également un fait contingent à la nutrition, et n'en est pas une conséquence nécessaire ; car on pourrait, sans qu'il y eût làrien de choquant, concevoir un corps qui vécût indéfiniment par un échange égal entre les matériaux qui entrent et ceux qui sortent. Mais la mort est une consé- quence de la propriété qu'ont les éléments de se développer ; car on ne saurait concevoir un corps qui se développe indéfi- niment sans enlever à la longue toute condition d'existence à lui-même et aux autres. Ainsi donc, quoique la mort soit essentiellement caractérisée par la cessation de la nutrition, ce (1, Ch. Robin, Tableaux d'anatomie, in-i. Paris, 1830, Préface et tableauVII. PROPRIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENT. 71 n'est pas de cette propriété que la mort naturelle est une suite nécessaire, mais de propriétés plus complexes, et en premier lieu de celle de développement. Voici donc une propriété vitale moins indépendante et moins simple que la nutrition, puisqu'elle la suppose. Elle est du reste commune à tous les éléments anatomiques sans exception ; mais elle est pourtant moins générale que celle-ci, car le déve- loppement peut cesser, s'arrêter, et s'arrête en effet sans qu'il y ait mort immédiate; alors la nutrition se fait pour un temps par échange égal entre les matériaux qui entrent et ceux qui sortent. 31. — En d'autres termes, on voit que la « rénovation ma- térielle détermine les deux autres attributs connexes de la vie: d'une part, le développement qui aboutità la mort individuelle ; d'autre part, la reproduction qui perpétue l'espèce. Tout corps vivant s'accroît tant que le mouvement d'absorption y prévaut sur celui d'exhalation; il décroît ensuite dès que leur relation devient inverse ; enfin il meurt quand leur harmonie fondamentale se trouve assez rompue. » La constante nécessité de ces trois pbases successives sem- ble résulter de l'antagonisme naturel entre les solides et les fluides, dont le concours peut seul permettre une recomposition continue, tandis que leur équilibre ne paraît point susceptible de persister toujours. Mais il faut dans les sciences supérieures (par la complication de leur sujet) se défier beaucoup de ces déductions vagues et d'ailleurs oiseuses, qui n'ont presque jamais de validité réelle qu'en vertu d'inductions inaperçues, que l'abstraction ne saurait écarter entièrement. Ces vaines ten- dances ont ensuite été maintenues, et même développées, sous la prééminence scientifique longtemps échue à la science ma- thématique, toujours disposée à faire prévaloir la déduction sur l'induction. Ainsi le véritable esprit positif ne tente point d'expliquer la mort comme une conséquence nécessaire de la vie. Leur /'S VÉGÉTAUX PAKAS1TES DE L HOMME Eï DES ANIMAUX. vraie çonnexilé est tellement contingente, que pendant noire Longue enfance, individuelle ou collective, nous supposons volontiers l'éternité d'existence. La mort doit donc être fina- lement regardée comme une seconde loi biologique, aussi universelle que la première, qu'elle suppose sans en ré- sulter. Leur liaison constante Fournit même un des caractères généraux de l'existence organique. Mais la difficulté que nous éprouvons souvent à bien distinguer ces deux existences con- lirme assez notre peu d'inclination à supposer toujours néces- saire pour l'une la loi qui ne convient presque jamais à l'autre. De la rénovation continue qui caractérise la vie universelle, il ne résulte réellement que l'obligation de croître d'abord, et de décroître ensuite, à moins d'un parfait équilibre entre l'ab- sorption et l'exhalation. Aucune contradiction théorique ne nous empêcherait de concevoir cette alternative comme indé- finiment répétée chez le même être, sans y interrompre jamais la continuité vitale. La théorie générale de la mort, quoique nécessairement fondée sur celle de la vie, en est donc au fond entièrement distincte. Elle se trouve jusqu'ici moins avancée, n'ayant presque jamais inspiré de recherches systématiques. 32. — A la propriété de se développer que possèdent les élé- ments analomiques, se rattachent plusieurs propriétés secon- daires qui la supposent toutes sans en être une suite nécessaire, mais qui ne sont pas aussi distinctes du développement que cette propriété l'est de la nutrition. Toutes n'ont pu se déduire ni de la nutrition ni du développement, mais elles ont été décou- vertes expérimentalement. Toutes sont des cas particuliers du développement et ne se manifestent que dans certaines condi- tions spéciales, dans des cas plus ou moins restreints. Les unes sont plus générales et plus simples que les autres; ce sont Yarrêt de développement, la déformation, Y hypertrophie et Yatrophie. Toutes les espèces d'éléments, sans distinction, sont susceptibles de les présenter, mais elles ne se manifestent jamais sur tous les éléments d'une même espèce : quel que ARRÊT DE DÉVELOPPEMENT. DÉFORMATION;. 73 soit le corps organisé qu'on observe, lia plupart offrent ordi- nairement le développement normal. Les autres propriétés sont la métamorphose et la liquéfaction. On ne les observe que sur certaines espèces d'éléments, sur ceux seulement qui ont la conformation dite état de cellule. Toutes les cellules ne jouissent pas de la propriété de se métamorpboser, et celles qui se métamorpbosent n'ont pas la propriété de se liquéfier. Au contraire, tous les éléments, sans exception , jouissent des propriétés de se nourrir, de se développer et celle de naître. 1° Le développement d'un on de plusieurs éléments peut ne pas atteindre les limites ordinaires; arrivé à un certain degré, il cesse, Y assimilation ne l'emporte plus sur la desassimilation : il y a égalité entre ces deux actes élémentaires, égalité qui peut durer plus ou moins longtemps. Dans ce cas, on dit qu'il y a arrêt de développement. C'est là un fait anormal, dit spontané ou tératologique ; beaucoup de cellules végétales et animales, des épitbéliums ou autres, des ovules ainsi que des fibres, en offrent des exemples. 2° L'accroissement peut atteindre son degré habituel ou non, et l'élément prendre une conformation particulière, non ordinaire. Au lieu de se faire uniformément, le développement peut avoir lieu d'une manière plus prononcée dans une de ses parties que dans l'autre, ou vice versa : on dit alors qu'il y a déformation. Si clone les éléments ont la propriété de se déve- lopper, on peut en outre, dans certains cas particuliers, voir apparaître en eux celle de se déformer, comme ils ont celle de s'arrêter avant d'avoir atteint leur développement complet, dans des cas également accidentels. Voici encore un phéno- mène qui rentre dans les faits anormaux et constitue les cas tératologiques proprement dits ou déformations. On en trouve des exemples nombreux dans tous les éléments qui ont la forme de cellule, dans des fibres et des vaisseaux des plantes, dans des fibres animales, etc. 7/l VÉGÉTÀTJX PARASITES DE L'HOMME Kl DUS ANIMAUX. 3» Le développement dos éléments achevé, ou avant, qu'il le soit, il peut se faire que plusieurs, un seul ou tous, décroissent sensiblement, qu'ils diminuent, que l'acte dé désassimilatfon l'emporte sur celui d'assimilation; il peut se faire, en un mot, qu'ils présentent le phénomène inverse du développement. Cette propriété des éléments anatomiques a reçu le nom d'atro- phie, qui peut aller jusqu'à la résorption, c'est-à-dire, dispari- tion complète. La propriété de s'atrophier ou de se résor- ber rentre aussi, suivant les conditions dans lesquelles on l'observe, dans les cas anormaux ou tératoloijiques et dans les cas morbides ou pathologiques. Les exemples d'atrophie ne sont peut-être pas plus fréquents que ceux d'hypertrophie ; cette propriété n'est peut-être pas plus répandue, ne se manifeste pas plus souvent que celles dont nous venons de parler, mais elle frappe beaucoup plus, aussi elle est beaucoup plus étudiée que celles-ci. On en trouve des exemples normaux dans la résorp- tion des éléments des organes transitoires de l'appareil de Wolff , dans la résorption des vésicules adipeuses au fur et à mesure des progrès de l'âge, etc. On l'observe tératologique- ment dans les cas où des ovules des plantes en voie de déve- loppement sont comprimés par d'autres qui les font avorter, et non seulement se dessécher, mais se résorber en partie. On a un passage normal aux cas précédents, lorsqu'on voit, comme dans les Acanthacées, les Bignoniacées, les Gesnéracées, etc., apparaître cinq mamelons pour les étamines, dont un s'atrophie constamment. A l'état morbide, l'amaigrissement par résorp- tion des vésicules adipeuses est un exemple d'atrophie des éléments. Par l'atrophie arrive la fin ou mort des éléments ; elle en est une suite, une conséquence nécessaire, puisque le corps organisé disparaît. Si la nutrition s'arrête, il y a mort, toutes les autres pro- priétés vitales cessent. Si elle devient plus active qu'à l'ordi- naire, l'élément s'hypertrophie. On ne sait pas encore, pour l'atrophie et l'hypertrophie, si c'est dans la nutrition l'acte de AÏUOPHIE ET HYPERTROPHIE. 75 combinaison qui cesse, tandis que celui de décombinaison con- tinuerait, ouvice versa. Les deux cas sont possibles, mais nous n'avons aucun moyen d'arriver à la solution du problème. L'une et l'autre de ces propriétés doivent être étudiées en elles-mêmes, dans leurs conditions, leurs effets, etc. Ainsi les propriétés secondaires des'atropbier, de s'hypertro- phier, se rattachent immédiatement à la propriété de dévelop- pement ; mais ce n'est que par l'intermédiaire de celle-ci qu'elles sont liées à la nutrition ; celle-ci en est simplement une condition d'existence, comme elle en est une de la pro- priété de se développer et de toutes les autres propriétés. h° Aussitôt ou longtemps après que le développement est achevé, il peut dépasser les limites ordinaires. On dit alors qu'il y a hypertrophie. La propriété de sliypertrophier qu'ont les élé- ments anatomiques , est une propriété anormale , c'est-à-dire qui ne se manifeste que dans quelques conditions non habi- tuelles, accidentelles. Elle prend en raison de ce fait le nom d: anomale ou tératologique, et celui de morbide ou pathologique quand de l'hypertrophie résulte une gêne douloureuse ou non dans l'accomplissement des fonctions. Ce sont surtout les cellules, tant végétales qu'animales, et aussi les libres mus- culaires et autres, qui manifestent cette propriété. C'est parce qu'on ne connaissait pas les éléments anatomi- ques et leurs propriétés à l'époque de Laënnec, que ce patho- logiste éminent admit des altérations de nutrition comme formant un groupe de lésions en anatomie pathologique, com- prenant l'atrophie et l'hypertrophie. D'abord c'est commettre une erreur que de prendre, pour base générale d'étude d' anato- mie pathologique , des notions de physiologie. La méthode montre que partout c'est la marche inverse qu'il faut suivre, et qu'à part quelques cas particuliers, les notions statiques doivent être connues avant les notions dynamiques, afin d'em- pêcher la dissémination de celles-ci en les rattachant toujours à leur point de départ. /b VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. De plus, la nutrition peut bien être modifiée en plus et en moins, niais pour cela ellen'est pas lésée, elle n'est pas altérée. Elle est caractérisée par un double phénomène continu de combinaison et de décombinaison ; or jamais une combinaison prise en elle-même, et non comme fait général, ne peut être altérée, sans quoi elle n'existe plus. Elle ne peut être opérée ni à demi ni aux trois quarts ; elle est ou elle n'est pas. Elle a lieu vite ou lentement, suivant les conditions; mais elle ne s'accomplit pas de deux manières. Enfin il n'est pas de maladies dans lesquelles la nutrition des éléments ne soit, ou activée, ou ralentie , suivant la nature des principes immédiats qui leur arrivent et suivant diverses autres conditions. Ce phénomène est tellement simple et tel- lement uniforme, que partout il ne présente que des différences de rapidité, selon la nature des matériaux mis en présence ; par conséquent, ce n'est pas sur lui que peuvent être basées des divisions relatives aux différentes espèces d'altérations. Si donc clans un élément anatomique auquel des principes immédiats plus abondants ou d'une autre nature sont fournis, la nutrition devient plus rapide, si le mouvement de composi- tion l'emporte sur celui de décomposition, et qu'il y ait hyper- trophie, la propriété de nutrition n'est ni lésée ni altérée en rien. La propriété qui est changée est une de celles qui ont pour condition d'existence la nutrition, sans en découler néces- sairement; dans le cas dont il s'agit, c'est le développement qui est modifié. Ce changement se manifeste par la mise en évidence de la propriété qu'ont les éléments de s'hypertro- phier. On peut parfaitement concevoir des éléments anatomi- ques qui ne s'hypertrophieraient pas et n'auraient d'autres propriétés que celle de se développer sans dépasser l'état nor- mal; mais la propriété de s'hypertrophier suppose nécessaire- ment celle de se développer. L'hypertrophie des éléments n'ayant lieu que dans certaines conditions qui ne sont pas habituelles est dite anomale ou (ératologique ; elle prend le LIQUÉFACTION. MÉTAMORPHOSE 77 nom de morbide ou pathologique , quand de l'hypertrophie résulte une gène douloureuse ou non dans l'accomplissement des fonctions. Ce que nous venons de dire de l'hypertrophie s'applique de la môme manière aux propriétés d'arrêt de développement, de déformation et d'atrophie. On pourrait en effet parfaitement concevoir des éléments anatomiques qui n'auraient d'autre propriété que celle de se développer régulièrement, et qui ne changeraient pas, dans quelque condition qu'ils fussent placés. Mais ces trois propriétés supposent, comme l'hypertrophie, celle de développement. 5° Enfin certains éléments ont la propriété de se liquéfier quand leur développement est accompli ; c'est un des modes de mort, fin ou terminaison de ces éléments. Les éléments chez lesquels la liquéfaction se manifeste à l'état normal sont cer- taines des cellules embryonnaires des animaux seulement; elle se montre aussi quelquefois dans certaines conditions acci- dentelles ou morbides sur les éléments anatomiques de l'adulte, dans certains cas d'ulcération. Les remarques faites à propos de la propriété précédente peuvent être appliquées ici. 6° Sur certains éléments, quand le développement a atteint un certain degré, on voit se manifester une propriété secon- daire, connue sous le nom de métamorphose; elle est caracté- risée par ce fait, que l'élément change de conformation, de volume, etc., sans changer de nature. Tous les éléments ana- tomiques des plantes sont primitivement sphériques, et, arrivés à un certain degré de développement, deviennent polyédriques ou allongés, aplatis, etc. Il en est de même aussi pour les élé- ments des épithéliums chez les animaux et pour quelques autres éléments, comme ceux du pigment. Cette propriété suppose le développement , mais n'en est pas une conséquence forcée; car on pourrait concevoir qu'il n'y eût pas métamorphose, une fois le développement arrivé à un certain degré, comme le montrent la plupart des éléments des animaux. En raison de /O VÉGÉTAUX PARASITÉS DE L HOMME ET DES ANIMAUX. ce que celle, propriété n'appartient qu'à un petit nombre d'es- pèces d'éléments, elle ne peut être mise sur le même rang que La nutrition ouïe développement; mais il est facile de voir, par les changements de forme et de volume qui la caractérisent, qu'elle se rattache à cette dernière et non à toute autre. De la fin ou terminaison des déments. Nous avons vu précédemment, d'une manière générale, comment le développement conduit à la mort individuelle. L'élément analomique (ou l'organisme), une fois produit, une fois né, pourrait être supposé présentant un parfait équilibre de durée indéfinie entre l'acte d'assimilation et celui de désas- similation. 11 pourrait encore être supposé cessantbrusquement de présenter les deux actes précédents, ce qui mettrait aussitôt fin à son existence. On peut obtenir cette fin ou terminaison (qui reçoit spécialement le nom de mort, quand il s'agit de l'or- ganisme lui-même) en mettant cet élément (ou l'organisme) dans certaines conditions qui rendent impossible le double acte dont nous parlons, qui le fassent cesser. Rien de tout cela n'existe dans l'état normal, chaque élé- ment (ou organisme) grandit, se développe par prédominance de l'acte d'assimilation sur celui de désassimilation. Or, voici comment le développement conduit à la mort individuelle. Il peut se faire : 1° Que pendant le développement il y ait brusque arrêt de développement, par suite de conditions par- ticulières qui empêchent également l'assimilation et la désas- similation; 2° Qu'une déformation de l'élément (ou de l'organisme) amène la cessation de la nutrition ou de la vie ; 3° Qu'un développement exagéré, ou hypertrophie, amène cette cessation. h" Il arrive souvent dans les éléments, tissus, etc., ainsi que nous l'avons dit, que Yatrophie ou résorption est complète, ce qui est la fin (ou mort) la plus naturelle qu'on puisse concevoir. FIN OU TERMINAISON DES ÉLÉMENTS. 70 Elle ne s'observe que sur les éléments anatomiques ou sur un lissu, et jamais pour l'organisme total, même lorsque ayant déjà toutes ses parties formées, il n'est pas entièrement déve- loppé ; mais l'embryon s'atrophie ou se résorbe quelquefois en entier. La, mort naturelle de l'organisme est presque constam- ment caractérisée par un ensemble d'atrophies ou d'hypertro- phies de certains éléments, de certains tissus, qui amènent des troubles et la cessation des actes mécanico-physiques des sys- tèmes, organes et appareils. La mort accidentelle, ou résulte d'une cessation brusque de fonctions, ou elle a lieu d'une manière plus ou moins analogue à la mort naturelle, par suite d' hypertrophies ou d'atrophies partielles ou générales, quelque- fois par suite de productions nouvelles hétéromorphes ; ou parce qu'on rend impossible, partout à la fois, le double acte assi- milateur et désassimilateur par le changement lent ou brusque d'un de ses ordres de conditions d'accomplissement, c'est-à- dire par le changement de la composition des humeurs. 5° Enfin il peut y avoir fin ou terminaison des éléments par liquéfaction. Il n'y a pas pour l'organisme de genre de mort correspondant à ce mode de fin des éléments anatomiques ; mais celle-ci peut concourir à produire la mort de l'organisme (ulcération). L'histoire statique et dynamique des éléments organiques, tantprincipes immédiats qu'éléments anatomiques, nous montre successivement le rudiment de tous les points qu'ily a à traiter en anatomie et en physiologie, les éléments de toutes les ques- tions dont chacune des autres branches de l' anatomie et de la physiologie n'est qu'un développement complet. Le fait consécutif à la mort, est la destruction de l'organisme. Ce fait, que présentent seuls les êtres organisés, n'a pas encore reçu de nom spécial analogue cà ceux de naissance, développe- ment, etc. Le développement, en effet, étant le résultat d'une assimilation qui l'emporte sur la désassimilation, amène une accumulation de principes immédiats réunis en substance orga- 80 VÉGÉTAUX PARASITES 1>E [/HOMME ET DES ANIMAUX. nisée. Ces principes ne s'en vont jamais comme ils étaient ve- nus; ou ne les observe jamais sortant par désassimilation', ou par l'issue naturelle qui amène la résorption (ce qui pourtant pourrait cire supposé possible); d'où, comme conséquence, vient la mort dite naturelle. Après la mort vient la destruction de l'organisme, dont la substance ne saurait être conservée indéfiniment sans qu'il en résultât bientôt, par suite de la multiplication incessante des êtres, le manque de matériaux pour l'accroissement des derniers venus. De même que Y assimilation, condition d'existence de la naissance et du développement, est un fait chimique au fond (dis- solution, union particulière en proportions indéterminées, et plus souvent catalyses combinantes oiiisomériques)'; De même que la désassimilation, condition d'accomplisse- ment de la résorption totale ou seulement de Y atrophie partielle des éléments anatomiques , est un fait chimique au fond {catalyses isomériques quelquefois, et plus souvent catalyses avec dédoublement) : De même aussi la destruction de l'organisme mort est une con- dition d'existence des autres organismes vivants, végétaux et animaux. C'est un fait tout aussi spécial que les actes d: 'assimila- tion et de désassimilation. Comme eux il est chimique au fond, et aussi différent qu'eux des actes chimiques directs ; toutefois il s'en rapproche un peu plus par l'intensité des phénomènes et la fixité des produits. La destruction de l'organisme mort, condition d'accomplissement du retour aux milieux ambiants, tant cosmologiques qu'organiques, des matériaux empruntés à ces milieux mêmes, est caractérisée aussi par un ordre de faits chimiques indirects ou de contact. Ce sont des fermentations et des putréfactions : fermentations, quand il s'agit des prin- cipes formés par désassimilation et qui devaient être rejetés dé- finitivement après une série de diverses catalyses ; putréfactions, quand il s'agit essentiellement des substances organiques. Les REPRODUCTION, GÉNÉRATION OU NAISSANCE. 81 végétaux et les animaux, comparés les uns aux autres sous ce rapport, présentent un grand nombre de faits intéressants, au point de vue de leur histoire naturelle. Ce sont ces actes élé- mentaires, source de phénomènes souvent nuisibles , qui, inter- rompus à temps ou dirigés convenablement par divers moyens techniques d'invention humaine , sont tournés par l'humanité à son profit (fabrication des vins , des huiles , produits ca- séeux, etc.). C'est ainsi qu'elle met à profit, à la suite d'efforts poursuivis durant des siècles, ce qui lui est communément à dommage. C'est ainsi qu'elle devient sa providence à elle-même et finit par n'en pas reconnaître d'autre, après avoir longtemps souffert pour avoir trop compté sur d'autres providences imagi- naires, et pour avoir considéré comme bons et utiles des phéno- mènes dont l'ordre naturel est facilement conçu meilleur quand une fois il est connu. Ils ne deviennent source de biens qu'après avoir été combattus, corrigés et améliorés par nos propres et pénibles labeurs longuement poursuivis. La destruction de l'organisme mort peut ne pas avoir lieu : ce fait reçoit le nom de conservation. Elle peut être naturelle ou artificielle. La première est la cessation de tout phéno- mène chimique, de toute assimilation et désassimilation des principes immédiats. La deuxième consiste dans le même fait, obtenu par suite d'une combinaison avec les substances orga- niques de l'économie, de corps minéraux naturels (fossilisa- tion) ou artificiels (embaumement, conservation des corps par l'alcool, les sels métalliques, etc.). III. — REPRODUCTION, GÉNÉRATION, OU NAISSANCE. 33. — La troisième propriété vitale élémentaire est celle de reproduction ou naissance, d'où multiplication . Tous les élémen ts anatomiques sans exception naissent dans chaque être vivant; aucun ne vient du dehors, aucun n'est introduit tout formé, aucun ne pénètre tout construit dans l'intérieur du corps, 6 82 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. dans L'épaisseur des tissus : c'est là un fait d'observation. On dit plus particulièrement : reproduction, quand on parle de l'être qui engendre; naissance, quand il s'agit de l'être nouveau qui apparaît; le mot génération s'emploie dans l'un et dans l'autre sens. La propriété de naître repose sur celle de se développer ; celle-ci est une condition d'existence de la première, comme la nutrition en est une du développement, etc. Il est de fait qu'en se bornant, comme on doit le faire, au domaine des choses que nous pouvons observer, on ne saurait concevoir des êtres quinaîtraient sans se développer. (Voyez ceque j'ai ditplus haut, page 17, de la recherche de la première formation des êtres existants, question oiseuse sur laquelle on ne peut faire que des suppositions de toute nature, aussi impossibles à prouver les unes que les autres.) Le développement est tellement lié à la génération, que sou- vent les mots naissance et développement sont considérés comme synonymes. On confond alors les deux ordres de faits, pour- tant bien différents, qu'expriment ces mots. Cette confusion étaitmême presque inévitable. En effet, comme l'histoire montre que nous avons découvert et étudié les phénomènes les plus compliqués avant les plus simples, l'isolement de ceux-ci, qui par leur réunion constituent les premiers, n'a pas toujours pu être fait avec netteté. Le développement, par exemple, a toujours été observé avant la génération, pour quelque corps organisé que ce soit et pour leurs parties également; il en est résulté que souvent on a pris le premier pour le second, et l'on n'a pas poussé plus loin l'analyse. C'est ainsi que dans l'exposé du développement des éléments anatomiques , connu sous le nom de théorie cellulaire, il n'est pas un livre encore dans lequel soit décrite la génération des cellules embryonnaires con- sidérées en tant qu'éléments anatomiques, ni la naissance des éléments anatomiques qui apparaissent sur l'individu adulte , comme les cellules d'épi thélium remplaçant celles qui tombent DIFFÉRENCES ENTRE LA REPRODUCT. ET LE DÉVELOPPEMENT. 83 par desquamation. On les prend toujours toutes faites et l'on en suit l'évolution. Ainsi les éléments anatomiques ont, outre la propriété de se développer, celle de naître. C'est là un fait reconnu par expé- rience. Pour que les phénomènes de la génération aient lieu, il faut, auparavant, que le développement se soit accompli dans des limites qui varient avec chaque espèce animale. C'est là ce qui oblige de traiter de la propriété de naissance après celle de développement ou évolution. Mais il importe de remarquer que la naissance n'est pas une suite, une conséquence nécessaire du développement; elle ne- peut pas s'en déduire ; elle est distincte de la propriété de dé- veloppement; car il pourrait se faire qu'un être se développe et reste ensuite indéfiniment ce qu'il est devenu, sans donner naissance à un être semblable à lui. Du moment que nous voyons des éléments se liquéfier, d'autres s'atrophier , cette fin ou terminaison fait supposer qu'il en apparaît d'autres pour les remplacer ; de même que la continuité dans le temps des espèces vivantes, malgré la mort des individus, fait supposer la naissance d'autres êtres qui les remplacent. Néanmoins cette naissance ne peut se déduire du développement j ni d'une autre propriété; elle doit être étudiée en elle-même : c'est un fait contingent, mais non une consé- quence de la nutrition ni du développement. L'étude de la loi de génération pourrait paraître devoir pré- céder celles de nutrition et de développement. Celles-ci semble- raient découler de l'autre, car s'il n'y avait pas génération, il n'y aurait pas nutrition, etc. Mais il faut observer qu'on ne doit s'occuper dans les sciences que de l'étude des conditions d'exis- tence des phénomènes, des lois de leur accomplissement et de leurs effets. Il ne s'agit nullement de rechercher la cause pre- mière , qui est inabordable pour ces phénomènes encore bien plus que pour ceux d'ordre plus simple, comme les actes phy- siques, chimiques, etc., dont pourtant nous ignorons tout à 84 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. fait l'essence pour le moindre d'entre eux. Or en nous plaçant au point de vue de la réalité, nous trouvons tout formés les êtres que nous étudions, nous les voyons se nourrir, se déve- lopper, puis engendrer, etc. La nutrition et le développement sont des conditions d'existence de la naissance , car elle n'a pas lieu si l'un de ces deux phénomènes vient à manquer. Le développement et la nutrition sont donc des conditions d'ac- complissement de la naissance, mais ni l'une ni l'autre ne sau- raient être confondues avec cette dernière. Enfin il y a des éléments anatomiques qui vivent et se dé- veloppent, mais ne se reproduisent pas : tels sont les sperma- tozoïdes. La propriété de reproduction est donc moins générale que les précédentes. Elle en est dépendante sans que les autres soient sous sa dépendance, puisque les autres peuvent exister sans que celle-ci se manifeste, tandis qu'elle ne peut avoir lieu tant qu'il n'y a pas nutrition et développement. Rien ne fait plus nettement sentir la distinction entre la gé- nération et le développement que cet exemple un peu grossier, mais exact. Le diaphragme est un muscle des parois abdomi- nales, ainsi que l'a démontré M. Rouget ; il apparaît d'abord sous les aisselles et reçoit ses nerfs du plexus brachial y attenant, ainsi que des cordons du grand sympathique de cette région, quiYont aux piliers (cordons qui vont aussi à des organes sous- jacents, estomac, etc., et veine cave). Le cœur, qui se forme au cou, reçoit les nerfs cardiaques du sympathique du cou. Or, une fois le diaphragme formé, naissent au-dessus de lui les poumons de chaque côté du cœur , c'est-à-dire au cou ; ils se développent ensuite, c'est-à-dire s'agrandissent, descendent, et le cœur avec eux, et en même temps s'allongent les nerfs du cœur, du diaphragme et des organes sous-jacents. Que l'on se représente maintenant les deux extrêmes: 1° l'organe et les nerfs naissant simultanément dans la même région, 2° puis plus tard l'organe déplacé avec les nerfs agrandis; ou 1° le lieu de naissance d'une part chez l'embryon, et 2° la situation dé- DIFFÉRENCES ENTRE LA NAISSANCE ET L'ÉVOLUTION. 85 terminée fixe des organes chez l'adulte, lï agrandissement des nerfs, Y abaissement des organes sous-jacents au diaphragme , voilà les faits de développement qui auraient pu ne pas exister; voilà les faits consécutifs à la naissance. Cela est très net pour le cœur et le diaphragme, moins évident pour les autres or- ganes, moins peut-être pour les appareils, les systèmes, les tissus et les éléments, mais est pourtant tout aussi réel. 34. — La reproduction n'est en aucune manière une suite, une conséquence, un résultat du développement. « Cette fa- culté de se reproduire semble, il est vrai, résulter de l'obliga- tion de mourir plutôt que celle-ci n'est une conséquence de l'instabilité de la composition matérielle. En effet, sans une telle compensation chaque espèce vitale disparaîtrait bientôt. De nombreux exemples de stérilité, surtout chez les animaux su- périeurs, autorisent même à penser que certaines races se sont peut-être éteintes ainsi, par suite d'impuissance généra* trice de tous leurs membres. Interdites par l'optimisme théo- logique, de pareilles conjectures doivent désormais trouver place dans la science des corps organisés. Aucune espèce ne semble donc pouvoir persister qu'autant que la reproduction y compense la mort. Mais cette nécessité est loin d'expliquer l'admirable privilège qui permet à tout être vivant d'en faire naître un autre essen- tiellement semblable à lui. Car aucune contradiction n'empê- cherait de concevoir autrement la conservation des espèces, si les corps organisés émanaient directement des matériaux inor- ganiques. Pendant la longue enfance de l'humanité, de telles suppo- sitions ne coûtaient rien à la naïve imagination des populations fétichistes, et même polythéistes. Quoique l'oppressive rigueur de la discipline monothéiquelesait ensuite proscrites, de hardis penseurs ont systématiquement perpétué ces hypothèses spon- tanées. Mais, sans qu'elles soient radicalement contraires à aucune 86 VÉGÉTAUX PAUAS1TES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. loi objective, l'observation scientifique ne les a jamais confir- mées, malgré de fréquentes espérances bientôt détruites par un examen approfondi. Ecartant toute vaine discussion sur les origines absolues, il faut donc, reconnaître comme une notion essentielle de philosophie relative que chaque être vivant émané toujours d'un autre semblable à lui. Ce fait général ne résulte d'aucune déduction et ne repose que sur une immense induction désormais inattaquable. Il constitue une troisième loi biologique, aussi distincte de la seconde que celle-ci l'est de la première. Seulement cbacune de ces lois suppose la précédente, quoiqu'elle n'en dérive point. Car si des êtres étaient immortels, leur reproduction serait inutile, elle deviendrait même contradictoire à cause des diffi- cultés résultant d'une multiplication indéfinie. Voilà tout ce qu'il y a de nécessaire dans la connexité réelle entre la géné- ration et la mort. « Ainsi le grand aphorisme d'Harvey, omne vivum ex ovo, n'est imparfait qu'en ce qu'il spécifie un mode d'émanation souvent étranger aux organismes inférieurs. Sous une meil- leure rédaction, omne vivum ex vivo, il constituera toujours l'une des principales bases de la biologie systématique. Cette dernière loi fondamentale de la vie universelle achève de sé- parer radicalement la moindre existence organique de toute existence inorganique. Malgré de vains rapprochements scien- tifiques entre la cristallisation et la naissance , le véritable esprit philosophique ne permet point de regarder un cristal comme naissant d'un autre. Le vrai sens biologique du terme naissance ne peut convenir à des corps susceptibles de durer toujours et de croître sans cesse; car ils proviennent le plus souvent d'une combinaison directe entre leurs éléments chimiques, indifféremment émanés de composés quelconques. En un mot, la propriété de naître est aussi particulière aux êtres vivants que celle de mourir. » Pleinement appréciée, cette troisième loi biologique ter- DIFFÉRENCES ENTRE LA FORMATION ET LA NAISSANCE. 87 mine la célèbre controverse, encore essentiellement pendante, sur la perpétuité des espèces. Elle consiste, au fond, à mainte- nir l'intégrité du type, quel que soit le nombre des transmis- sions. Aussi tous ceux qui ont supposé la variabilité indéfinie des espèces se sont trouvés bientôt conduits à concevoir les corps vivants comme pouvant se former de toutes pièces par de simples actions chimiques au moins chez les êtres inférieurs. De tels paradoxes doivent peu surprendre dans un ordre de spéculations aussi complexes où les idées positives n'ont pu jusqu'ici surgir que des sciences plus simples, telles que la chi- mie, par exemple. 35. — Le mot formation n'est pas synonyme du terme naissance; le premier est réservé pour désigner un fait chi mique, combinaison soit directe, soit indirecte ou catalytique. La formation n'est pas, comme la naissance, ce fait vital carac- térisé par la production par un être vivant, à l'aide de principes immédiats variés, d'un élément anatomique ordinaire ou spécial, d'un ovule ou d'une gemme ; ovule et gemme qui, dès leur pre- mière apparition, ont un volume déterminé, qui naissent de prime abord avec certaines dimensions, et qui peuvent ensuite se développer ou rester tels plus ou moins longtemps, à moins qu'ils ne s'atrophient et ne soient résorbés. Maison ne les voit nullement, comme les composés chimiques qui se forment, partir de l'état de molécule physique, invisible, ou mieux de l'état de cristaux à peine perceptibles aux plus forts pouvoirs amplifiants, qui s'accroissent rapidement ou lentement, ou cessent brusque- ment de grossir, selon l'état du liquide où a lieu leur formation. L'ovule donc, dès sa naissance, a comme tout élément anato- mique un volume déterminé; sa substance est vivante elle- même et douée pendant la durée de sa vie, comme ovule, d'une certaine indépendance à l'égard des autres parties. 36.' — La propriété de naissance, génération ou reproduc- tion, est caractérisée par ce fait que les éléments anatomiques existants, quand ils sont placés dans certaines conditions de 88 VÉGÉTAUX l'AKASlTES DR L* HOMME ET 1)KS ANIMAUX. nutrition et do développement, déterminent dans leur voisi- nage la naissance ou génération d'autres éléments , ou en reproduisent de semblables à eux. Je dis « les éléments existants, » car il n'y a pas d'exemple d'éléments anatomiques qui aient été formés de toutes pièces séparément , loiu d'éléments déjà préexistants ; il n'y a pas d'exemple de génération spontanée ou de production artificielle d'un élément anatomique quelconque, cellule, fibre, etc. J'ajoute « quand ils sont placés dans certaines conditions de nutrition et de développement, » car l'observation montre qu'un élément anatomique isolé des autres, quoiqu'il continue à vivre pendant quelque temps, ne donne pas naissance cà d'autres éléments, semblables ou non à lui. Ainsi, par exemple, les fibres musculaires des Annélides et autres animaux, les cel- lules d'épithélium à cils vibratiles, les spermatozoïdes, etc., séparés les uns des autres, continuent à se nourrir, à se con- tracter quelques instants , mais ne reproduisent rien. L'obser- vation montre encore qu'il faut que les éléments soient arrivés à un certain degré de développement, pour qu'ils puissent déterminer la production d'autres éléments; ce degré est géné- ralement celui qu'ils conserveront toujours. En un mot, il ne suffît pas de les prendre à un état quelconque pour les voir en produire d'autres. Enfin, il faut qu'ils soient placés dans cer- taines conditions de nutrition; car il ne suffit pas que les élé- ments aient atteint leur développement normal , mais il faut que les liquides qui les entourent, et qui vont fournir les maté- riaux de nouveaux corps, soient arrivés à tel ou tel état de composition et d'élaboration. Ces conditions complexes nécessaires à la naissance des éléments anatomiques , chez les êtres les plus compliqués comme chez ceux de l'organisation la plus simple, font préjuger qu'il est impossible d'en réunir d'analogues, d'en obtenir de suffisamment complexes, pour qu'il puisse se former, par géné- ration spontanée, des éléments anatomiques quelconques. C'est 1" MODE DE NAISSANCE REPRODUCTION, D'OU MULTIPLICATION. 89 du reste ce que montrent expérimentalement les essais infruc- tueux tentés dans ce but. A plus forte raison, ne pourra-t-on voir naître spontanément des organismes vivant isolément, fût-ce même les plus simples infusoires, qui ne sont pourtant généra- lement pas plus compliqués qu'une cellule d'épithélium, et qui même le sont moins, comme les Monas, Trichomonas, Amibes, etc. Ce n'est du reste qu'en procédant par élimination, mais non d'après l'observation directe, que les générations spontanées ont été admises. Je veux dire par là que c'est faute de pouvoir se rendre compte de l'arrivée des germes de végé- taux microscopiques dans un vase ou dans une cavité close, comme par exemple dans la cavité d'un œuf de poule, qu'on a admis dans ces cas, et d'autres encore, que ces végétaux s'étaient formés par génération spontanée. On voit que par propriété de naissance, etc., il faut entendre propriété de donner naissance, de reproduire ; mais non pas propriété que possèdent les éléments de naître, d'appa- raître, lorsque quelques instants plus tôt ils n'existaient pas encore: car il est en effet évident que tout ce qui existe, les corps que nous pouvons fabriquer, comme les corps orga- nisés dont nous pouvons étudier seulement les conditions de formation, ont un commencement. Ce sont les conditions dans lesquelles a lieu ce commencement, les différentes manières dont il a lieu, qu'il faut connaître, et non son essence, qui est inabordable; puisque nous n'avons même pas pu obtenir la moindre notion sur la nature intime de phénomènes infiniment plus simples. 37. — La propriété qu'ont les éléments anatomiques exis- tants de déterminer autour d'eux la naissance d'autres élé- ments se manifeste de deux manières principales; elle présente deux modes généraux. 38. — Le premier reçoit particulièrement le nom de repro- duction, d'où multiplication. Il est caractérisé par ce fait, que des éléments déjà existants donnent directement naissances 00 VÉGÉTAUX l'ARASl'HCS DH 1,'lIOMME ET DES ANIMAUX. d'autres éléments qui leur sont identiques ou à peu près, aux dépens de leur propre substanee. Ce sont, comme on voit, des éléments existant déjà qui en produisent d'autres, d'où le terme de reproduction. On observe la reproduction sur les cellules dans l'ovule de tous les êtres, de la plupart des plantes pendant toute leur vie, et durant la période embryonnaire du dévelop- pement animal. Elle a lieu de trois manières: 1° par sillon- nement, segmentation, fractionnement et fissiparité, scission ou cloisonnement mérismatique ; 2" par propagules ou bourgeonne- ment; 3° par gemmation ou surculation. 39. — 1° Segmentation, fractionnement, etc. — Le vitellus de l'ovule animal, mâle et femelle, la cellule préembryonnaire chez les phanérogames, etle contenu du sac embryonnaire de quelques végétaux, le contenu des ovules mâles des plantes ou anthé- ridies et des vésicules mères polliniques, présentent la segmen- tation. Elle a lieu spontanément dans ces derniers dès qu'ils sont arrivés à un certain degré de développement, et dans les premiers lorsque étant mûrs, ils ont été fécondés. Ce phénomène consiste en ce que le contenu granuleux des ovules, etc., se par- tage en deux, quatre, huit, etc., masses grumeleuses, d'abord sans parois, ayant ordinairement un noyau central; bientôt il se forme une enveloppe autour d'elles ; l'élément anatomique est alors formé : c'est ce qu'on appelle une cellule. Les cellules sont dites primitives ou embryonnaires, parce que ce sont les premiers éléments de l'être vivant, et que, dès qu'elles sont formées, Y embryon, ou être nouveau, aune existence distincte de celle de ses parents ; il existe comme organisme nouveau et non plus comme ovule. De ces éléments anatomiques de l'embryon, qui sont des cellules (ce qui a fait dire souvent des cellules en général qu'elles sont des éléments embryonnaires), dérivent tous les autres éléments de l'être organisé. C'est à ce fait-là, qui est général, qu'on a donné le nom de théorie cellulaire, parce que, quel que soit le mode de génération, il y a un temps où tout REPRODUCTION PAU SEGMENTATION, S1LLONNEMENT, ETC. 91 l'embryon est formé de cellules, dites cellules embryonnaires, ou éléments anatomiques embryonnaires. Or, comme nul élé- ment anatomique ne pénètre tout formé dans l'épaisseur de l'ovule, tous les autres éléments ont au fond commencé par être des cellules ou bien ont été précédés par des cellules. Fissiparité, cloisonnement. — Les cellules embryonnaires, une fois formées aux dépens du vilellus, continuent à se seg- menter; un sillon apparaît vers le milieu de chacune d'elles, ou de plusieurs ; puis elles se partagent en deux cellules semblables : c'est ce qui a lieu surtout chez les animaux et dans le sac em- bryonnaire ou ovule réel des plantes. Mais chez les végétaux adultes, une cloison se forme dans le sillon ; et sans se sépa- rer, c'est-à-dire tout en restant accolées, les deux cellules sont pourtant distinctes. Dans les cellules anciennes, la nouvelle cloison reste souvent pendant longtemps très mince, à côté de l'ancienne paroi; elle finit quelquefois à la longue par se dé- doubler en deux parois adossées, séparables après l'action des réactifs tels que les alcalis caustiques ou l'acide nitrique. Dans l'embryon animal, cette segmentation ou scission des cellules cesse dès que celui-ci est séparé du blastoderme, ou même elle n'a guère lieu que dans cette dernière partie, chez les Mammi- fères du moins. Dans les plantes, la scission par cloisonnement dure pendant tout l'accroissement et s'observe en outre chaque année dans les poils, dans les couches d'accroissement, etc. Chez les Mammifères adultes, on trouve de fréquents exemples de scission des cellules dans les cartilages articulaires dont les cavités s'agrandissent; pendant cet agrandissement, toutes les cellules qu'elles renferment grandissent aussi, et, arrivées à un certain degré d'accroissement, elles présentent un sillon ; celui-ci est l'origine d'une séparation de la cellule agrandie en deux plus petites, séparation qui ne tarde pas à avoir lieu. En même temps qu'apparaît le sillon, un noyau se forme de toutes pièces dans celle des moitiés de la grande cellule qui ne conserve pas l'ancien ; quelquefois ce noyau apparaît avant le 92 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. sillon, qui se montre alors entre les deux noyaux. Quelquefois toute la cellule devient granuleuse, son noyau disparaît pen- dant qu'elle grandit, et deux noyaux se forment, un de chaque côté du sillon, quand celui-ci se montre. Souvent dans les tumeurs fibro-plastiques (surtout de la variété formée principalement de noyaux), et quelquefois dans le cancer, on voit des noyaux présenter le phénomène de la segmentation, de telle sorte que d'un noyau en dérivent deux, quelquefois trois ou quatre; en même temps que se montre le sillon de fractionnement, apparaît un nucléole dans chaque nouveau noyau. Ce phénomène s'observe quelquefois dans le noyau des fibres musculaires fusifo raies de l'utérus, et encore dans des cellules fibro-plastiques et dans des cellules cancéreuses, mais rarement. On réserve plus spécialement le nom de fissiparité, scissipa- rité, scission on cloisonnement, au fait dont nous venons dépar- ier, et celui de segmentation, sillonnement et fractionnement, au cas duvitellus; mais au fond ce ne sont que des cas particuliers d'un même phénomène. Les spermatozoïdes et les grains de pollen se forment par la segmentation progressive ou simulta- née du vitellus de l'ovule mâle, comme les cellules embryon- naires; mais ces cellules restent isolées, ne se réunissent pas en blastoderme, et une fois formées ne continuent pas à se multiplier à leur tour par cloisonnement. La segmentation en particulier est, comme nous venons de le dire, caractérisée par l'apparition d'un sillon transversal au milieu du vitellus qui le divise en deux hémisphères ; ces hémisphères se séparent l'un de l'autre sous forme de deux cor- puscules sphéroïdaux ou ovoïdes qui portent le nom de sphères de fractionnement. Chacune d'elles se divise en deux à son tour, et ainsi de suite pour les sphères plus petites, jusqu'à ce qu'elles aient atteint un volume déterminé, variable suivant les espèces (0mm ,02 environ). Chacun de ces petits globules est une sphère de fractionnement, masse grumeleuse sans paroi, qui bientôt REPRODUCTION PAR FISSIPAR1TÉ, CLOISONNEMENT, ETC. 93 deviendra une cellule embryonnaire par formation d'une enve- loppe. Tel est dans la plus grande simplicité le mécanisme de la segmentation, tel qu'il a été vu chez beaucoup des animaux dont on a fait l'embryogénie. Il faut signaler qu'au centre du vitellus, au moment où commence la segmentation, apparaît un globule transparent qui se divise en deux, en même temps que la masse granuleuse, et forme le noyau de chaque sphère. Il se divise ensuite de nouveau dans chacune d'elles au fur et à mesure de leur subdivision . D'autres fois, c'est au moment de l'apparition du sillon de segmentation ou après, qu'on voit naître non pas un seul noyau, mais deux noyaux, un dans chaque hémisphère. Ce noyau des sphères de fractionnement formera celui des cellules embryonnaires. Les mémoires ont pour but la démonstration d'un ou de plusieurs points de la science, et pour cela ils doivent réunir tous les matériaux nécessaires à cette démonstration. Les livres ont pour but de rattacher les uns aux autres les faits que démontrent les mémoires. Il résulte de là que sans parler de la nature de ce livre qui m'empêche de m'é tendre plus longuement sur l'anatomie végétale qu'il n'est strictement nécessaire pour l'intelligence de celle des animaux, il serait impossible d'accumuler ici tous les matériaux qui prouvent que le phéno- mène de la segmentation est le même au fond chez les plantes et les animaux ; que chez les uns et les autres il se passe delà même manière et donne naissance aux cellules embryon- naires. La fîssiparité , scissiparité ou sillonnement , est, chez les végétaux, particulièrement appelée scission, reproduction ou multiplication mérismatique (1). Elle est caractérisée par ce fait, que beaucoup de cellules, comme le centre du sac embryonnaire ou ovule végétal, comme la vésicule préembryonnaire de cet ovule, etc., présentent (i) Unger, Grundzuge der Anatomie und Physiologie der Pflanzen, Wien, i in-8, 1846, p. 43. i)li VÉGÉTAUX PARASITES DE LH0MME ET DES ANIMAUX. d'abord dos sillons plus clairs que le reste de la niasse, mar- qués bientôt d'une ligne nette, foncée, qui est le signe de la formation d'une cloison, qu'on peut démontrer par les réactifs ou mécaniquement. Souvent dans l'ovule végétal, durant la naissance des cellules qui constitueront le périsperme ouendo- sperme persistant, ou destiné à se résorber, on voit se produire des cloisons transverses et d'autres longitudinales. Ces cellules adhèrent, dès l'origine, tant les unes aux autres qu'à la membrane de l'ovule ou sac embryonnaire qui, pour quelques unes, forme leur paroi extérieure. En môme temps que le sillon mentionné, plus haut, et quelquefois avant ou après, apparaît un noyau dans la masse qui doit être circonscrite par les cloi- sons qui naissent dans le sillon. hO. — 2° Reproduction par gemmation ousurculation. — Ce phénomène est caractérisé par la formation d'une hernie oucul- de-sac sur un point d'une cellule, cul-de-sac qui communique avec la cellule mère, puis arrivé à une certaine grandeur, il se cloisonne du côté de la cellule dont il part. Ce phénomène s'observe sur les Algues, principalement les plus simples, for- mées de cellules superposées bout à bout, comme les Conferva glomerata, etc. Ce mode diffère de la segmenta- tion par fissiparité ou cloisonnement, par la production de cette hernie ou expansion en cul-de-sac de la paroi de la cel- lule mère qui ne s'en sépare, à l'aide d'une cloison, qu'après avoir atteint une longueur assez considérable. Le prolongement continue ensuite à grandir et se partage en cellules superpo- sées par cloisonnement transversal. Voici maintenant quelles sont les phases du phénomène qui, s'accomplissant partout de la même manière, n'auront plus besoin d'être décrites de nouveau lorsque nous examinerons en particulier les êtres qui en offrent des exemples. Dans les plantes dont les cellules sont larges et ont un con- tenu granuleux, surtout dans celles chez lesquelles la face interne des cellules est tapissée de grains de chlorophylle, on REPRODUCT. PAU GEMMATION ET PAU BOURGEONNEMENT. 95 voit ce contenu présenter un sillon plus clair qui précède la formation de la cloison. Ce sillon se montre dans le point où le prolongement ou le cul-de-sac va être séparé de la cellule dont il dérive. Peu à peu à ce niveau apparaît une saillie circulaire à la face interne de la cellule, laquelle s'avance dans le sillon. Dans les Conferves, par exemple, quand la couche de chloro- phylle n'a pas été résorbée à ce niveau, elle est repoussée en dedans, entraînée par cette saillie qui s'avance comme un anneau qui se resserrerait de plus en plus. Cette saillie circu- laire est formée d'abord uniquement par l'utricule interne, utricule primordiale ou azotée delà face interne de la cellule, qui forme ainsi par duplicature une cloison commençante qui s'étrangle de plus en plus. Mais peu à peu, entre les deux feuil- lets de cette duplicature, s'avance une véritable cloison partant de la paroi des cellules et formée par cette substance. Celle-ci se resserre de plus en plus jusqu'à oblitération complète de l'orifice circulaire qu'elle limite, et ses deux faces se trouvent tapissées chacune par un des feuillets de la duplicature qui est ainsi complètement séparée en deux. La nouvelle cellule est alors tout à fait distincte et isolée de la cellule mère par une cloison de cellulose qui paraît simple pendant un certain temps et qui se divise ensuite en deux. Dans le cas où une longue cellule de Conferve vient à être partagée en deux cellules superposées, le phénomène se passe de la même manière; lorsque deux cellules se touchent, la cloison nouvellement formée apparaît comme une simple mem- brane de séparation dans la cellule mère. Elle reste simple dans certaines Algues; dans diverses Conferves, elle finit par se séparer en deux feuillets contigus avec ou sans étranglement à ce niveau. M. — 3° Reproduction par bourgeonnement ou propagules. — Ce phénomène s'observe principalement sur les cellules sphéroï- dales ou polyédriques du chapeau des Champignons, sur la plu- part des Champignons microscopiques (Cryptococcus, etc.); 96 VÉGÉTAUX PARASITES DR L,'lI0MME ET DES ANIMAUX. quelquefois sur des végétaux phanérogames, comme à la face interne des gros vaisseaux rayés et ponctués des boutures de Paulownia imperialis qui se remplissent ainsi de tissu cellu- laire. Il est caractérisé par la production de petites vésicules à la face externe des cellules et à la face interne des tubes, lesquelles grandissent, puis se séparent quand elles ont atteint le volume de la cellule mère. Peut-être chez les animaux rapprochera-t-on de ce mode de naissance la génération des cellules claires qui se forment sur les sphères de fractionnement de l'ovule des Actéons dont M. Vogt a suivi le développement, et que j'ai observé sur celles de l'ovule de la Nephelis octoculata. La cavité des cellules qui naissent par bourgeonnement ne com- munique jamais avec celle des cellules mères. Nous avons dit déjà qu'on observe à l'état d'ébauche dans les éléments anatomiques ce qu'on retrouve avec un plein déve- loppement dans l'organisme lui-même. Nous signalerons bien- tôt, soit chez les animaux peu complexes, comme certains Annelés et Mollusques inférieurs en complication, beaucoup de Radiaires,et surtout chez les plantes, nombre d'exemples de re- production de ces êtres par fractionnement ou fissiparité, par gemmation ousurculation, et par bourgeonnement ou propagules. 42. — Le second mode de naissance reçoit particulièrement les noms de production, naissance ou génération. Il est caracté- risé parcefait, que des éléments anatomiques, sans dériver di- rectement d'aucun des éléments qui les entourent, se produisent de toutes pièces, par génération nouvelle, à l'aide et aux dépens du blastème fourni par ces derniers. Ce sont, comme on voit, des éléments qui n'existaient pas et qui se produisent, c'est une génération nouvelle qui ne dérive d'aucune autre directe- ment; pour naître, ces éléments nouveaux n'ont besoin de ceux qui les précèdent ou les entourent, au moment de leur apparition, que comme condition de génération et d'existence : d'où les termes de naissance, production, génération. On SECOND MODE DE NAISSANCE. GÉNÉRATION OU PRODUCTION. 97 observe ce deuxième mode sur l'embryon, le fœtus et l'adulte, tant chez les animaux que chez les plantes. Dans le premier mode de naissance, il n'y a en quelque sorte à tenir compte que de l'élément qui se reproduit, puisqu'il donne directement naissance à un autre élément à l'aide de sa propre substance. Dans le second mode dont nous parlons, il n'en est plus de même ; celui-ci est plus complexe, moins in- dépendant, plus spécial, limité à des êtres d'organisation plus compliquée. Nous verrons en effet qu'il faut ici tenir compte : 1° D'une influence spécifique des éléments qui préexistent et entourent celui qui se forme; elle est caractérisée par ce fait que l'élément anatomique nouveau est généralement sem- blable ou analogue à ceux dans la contiguïté desquels il naît. A ce fait élémentaire se rattache chez l'adulte , dans la génération d'un organisme nouveau, la loi de ressemblance aux parents ; elle est encore bien plus grande pour les cas de re- production par segmentation, gemmation, etc., précédemment traités, dans lesquels c'est un élément qui se partage en deux semblables ou qui pousse un bourgeon très analogue à lui- même, mais déjà quelquefois un peu différent. 2° Il faut tenir compte, pour cette génération des éléments anatomiques, de l'influence du blastème qui fournit les maté- riaux et tend à donner un certain degré d'indépendance, d'innéité à cette formation; influence telle que des condi- tions anormales peu tranchées dans la production du blastème entraînent la génération d'éléments anatomiques dissembla- bles à ceux au milieu desquels ils naissent. A ce fait élémen- taire se rattache, dans la génération de l'organisme total, la loi d'innéité, c'est-à-dire d'un certain degré d'indépendance du nouvel être par rapporta ses parents. Secondairement s'y rat- tache aussi l'influence des milieux extérieurs sur le produit de la génération, influence qui peut faire différer plus ou moins celui-ci de ses parents ; les milieux extérieurs modifient en effet d'abord les fluides de l'organisme (qui en sont les milieux inté- 7 08 VÉGÉTAUX PARASITES T)F. I. HOMME F.T r>r,s AN1MMT. ricui's ', el pur suite naturellement ce qui naît ;'i l'aide de ces fluides. Aussi c'est, surtout chez les animaux et les végétaux d'une organisation élevée en complication et adultes ou à peu prés, que s'observe le mode de naissance dont nous parlons , tandis que le premier ne s'observe que chez les embryons des orga- nismes supérieurs ou chez les êtres qui conservent même à l'état adulte une organisation très simple. A3. — Ce mode se subdivise immédiatement en production ou génération homœomorphe , et génération hétéromorphe, suivant que les éléments qui naissentsontsemblablesà ceux qui se trou- vent dans l'organisme normal, ou selon qu'ils sont différents de ceux-ci, et constituent alors un état anormal ou pathologique qu'ils caractérisent. Ainsi, en vertu de la propriété qu'ont les éléments anatomiques de déterminer la génération d'éléments qui ne dérivent pas directement de leur substance, il peut se faire que dans certaines conditions spéciales, dites anormales ou morbides, les éléments qni se forment soient différents de ceux qui existent naturellement dans chaque être. La génération homœomorphe des éléments anatomiques a lieu de trois manières, ou mieux dans trois conditions diffé- rentes d'accomplissement. Elle a lieu : 1° par substitution, 2° par interposition ou accrémentition , 3° par apposition ou sécrémentition. hh. ■ — ■ 1° Génération par substitution. Ce phénomène est caractérisé par la naissance d'éléments anatomiques à la place des éléments qui préexistaient, mais qui sont liquéfiés préala- blement; ils les remplacent et leur succèdent, en sorte que réellement les uns se substituent aux autres. On l'observe sur l'embryon animal, où ils succèdent à une partie des cellules embryonnaires qui se liquéfient en vertu de la propriété de liquéfaction dont nous avons parlé. C'est là le mode de formation de tous les éléments constituants définitifs ou proprement dits, de tous ceux qui, outre les propriétés végé- GÉNÉRÂT . HOMOEOMORPHE. 1° SUBSTITUTION, 2° INTERPOSITION. 99 tatives ou de nutrition, peuvent être doués de propriétés ani- males. Le liquide résultant de la liquéfaction spontanée des cellules embryonnaires est précisément le blastème à l'aide et aux dépens duquel se forment les nouveaux éléments anatomiques. On l'observe encore dans certaines conditions morbides chez l'adulte, comme par exemple clans les muscles paralysés , où l'on voit les faisceaux musculaires se liquéfier et à leur place se substituer des vésicules adipeu- ses, qui naissent de toutes pièces. C'est là ce qu'on à appelé transformation graisseuse des muscles. II y a nombre d'autres cas analogues dont pas un n'est davantage une transformation ou métamorphose, c'est-à-dire le passage direct d'un élément à l'état d'un autre élément. Mais dans tous ces cas patholo- giques il y a cette différence avec le fait de la substitution chez l'embryon, que chez celui-ci le blastème finement granu- leux, résultant de la liquéfaction des cellules est réel, visible, tandis que chez l'adulte le blastème n'existe qu'à l'état virtuel ; c'est-à-dire que les éléments se substituent à la place des premiers au fur et à mesure de leur liquéfaction. A5. — 2° Génération par interposition ou accrémentition. Ce mode de formation est caractérisé par la naissance d'éléments anatomiques entre ceux existant déjà et semblables à eux, à l'aide et aux dépens d'un blastème qu'ils ont fourni ou fournis- sent peu à peu : d'où accroissement des tissus. Je dis à l'aide et aux dépens du blastème qu'ils fournissent, parce que bien que ce soient les capillaires qui fournissent principalement ce blastème, les éléments entre lesquels ils rampent contribuent à en modifier la nature de la manière qui sera indiquée plus tard. La génération accrémentitielle s'observe pendant toute la durée du développement de chaque être végétal ou animal dans tous les tissus. Ils augmentent ainsi de volume à la fois par multiplication du nombre de leurs éléments et par augmenta- tion de volume de ceux primitivement nés par substitution. Sur les végétaux on l'observe lors de la formation de chaque 100 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. couche nouvelle entre l'aubier et le liber, c'est-à-dire dans le mésoderme , lors de l'apparition de chaque bourgeon advenlif ou autre, à l'extrémité des radicules, etc. Ce sont, comme on voit, les éléments des tissus constituants qui nais- sent ainsi, et non ceux des produits. Toutefois c'est à ce mode de génération que se rattache la naissance de l'ovule dans le nucelle des phanérogames, des sporanges de certains cryptogames, et de l'ovule mâle dans les anthères etanthéridies. A l'état morbide chez les animaux, le mode de génération est le même dans un très grand nombre de circonstances; mais avec cette particularité que le plus ordinairement les éléments qui naissent dans un tissu complexe sont toujours sembla- bles aux plus simples de ceux qui concourent à former ce tissu. Ainsi le blastème étant épanché pathologiquement dans le tissu musculaire, ce n'est pas la fibre musculaire, le plus complexe de tous les éléments de ce tissu qui se formera, mais seulement les fibres du tissu cellulaire ou les éléments fibro-plastiques. Pourtant dans le tissu nerveux il naît des tubes nerveux, mais moins nombreux et moins réguliers qu'à l'état normal. Ainsi la propriété qu'ont les éléments anatomiques de déterminer autour d'eux la naissance d'éléments semblables à eux ne se manifeste que dans certaines conditions déterminées, les conditions nor- males, et dans les conditions anormales elle ne persiste habi- tuellement que pour les éléments les plus simples. Aussi (sauf le cas des nerfs cité plus haut) on ne voit que dans les tissus les plus simples comme les os, le tissu fibreux, etc., renaître, après leur lésion, des éléments semblables à ceux de l'espèce qui, dans ces tissus, est caractéristique. A ce mode de généra- tion se rattache la naissance des éléments des fausses mem- branes, des végétations morbides, des tumeurs blanches, etc..., celle des éléments des tumeurs homeeomorphes ; car dans toutes ces productions les éléments commencent par apparaître dans l'interstice de ceux qui existaient d'abord, ou du moins c'est là que commence à être versé le blastème. D'où encore les GÉNÉRATION MOMOliOMOHPHE AGCRÉMEM'iTIELLK i 01 termes génération interstitielle employés pour le désigner. Dans ce mode de génération se manifestent deux influences particulières qui le rendent plus complexe que les précédents. L'une vient des éléments préexistants, l'autre tient à la nature du blastéme. On observe, en effet, que chaque élément entrahie la formation, dans son voisinage, d'éléments semblables à lui. Cela est très manifeste surtout dans les plantes, où l'on voit que les cellules qui se forment dans un faisceau de vaisseaux rayés, sont rayées du côté des vaisseaux et non rayées là où elles tou- chent le tissu cellulaire ordinaire. Chez les animaux le blastéme épanché dans le tissu cellulaire donne naissance à des fibres de ce tissu et à des éléments fibro-plastiques qui s'y trouvent aussi. Entre les bouts d'un nerf coupé, d'un os rompu, c'est un phénomène analogue qu'on observe. Cette influence, spéci- fique du reste, est limitée ; elle ne va pas au delà d'une étendue déterminée : car pour les nerfs, les os, etc., si les deux bouts 6ont trop écartés, il se produit bien un peu d'os ou de nerf, mais dans le reste de l'intervalle c'est du tissu cellulaire. 3fais il faut observer que plus le tissu dans lequel naissent les éléments nouveaux est complexe, moins la production nou- velle ressemble aux éléments normaux. Ainsi le tissu cellulaire, la substance osseuse simple, se régénèrent très facilement. Mais les nerfs se régénèrent dans une étendue beaucoup moindre et plus lentement; les faisceaux striés des muscles ne se régé- nèrent pas; il en est de même des parenchymes, comme le poumon, les glandes, qui sont composés de vaisseaux, de la substance des parois propres, d'épithélium, etc., et ont par ■conséquent une organisation très complexe. Lorsque le tissu est altéré, on voit naturellement aussi son influence varier d'une manière proportionnelle, et donner lieu à la génération de produits très variés. La liste de ces produits est susceptible de s'étendre et s'étend chaque jour indéfini- ment, parce que le nombre des altérations de parties aussi complexes que les tissus des oorps organisés peut être en 102 VÉGÉTAUX l'AltASlTiïS DE l' HOMME Kl ULi> ANIMAUX. quelque sorte indéfini. Les produits des kystes de l'ovaire, des reins et autres organes sujets à de fréquentes congestions, ou de certains organes atteints d'inflammation chronique, en four- nissent des exemples très probants. Mais il ne faut pas tenir compte seulement de l'influence des solides entre lesquels le blaslème est épanché, et l'on ne saurait s'empêcher de reconnaître que le liquide lui-même dans lequel a lieu de toutes pièces la naissance des éléments n'influe sur la nature de ceux-ci. En présence des faits que nous allons exposer, on ne peut méconnaître que la composition du blas- lème ne combine son influence à celle des tissus ambiants pour la génération de tel ou tel élément; et il se peut que ces deux influences agissent dans le même sens ou bien qu'elles se combattent. De là probablement une nouvelle cause de varia- tion dans la forme, le volume des mêmes espèces d'éléments, ou même une cause nouvelle donnant heu à la naissance de produits nouveaux, cause qu'il faut ajouter à celles énumérées à la fin du paragraphe précédent. Z|6. — 3° Génération par apposition ou sécrémentition. — Ce mode est caractérisé par la naissance à la surface de tissus déjà existants (à l'aide et aux dépens du blastènie qu'ils four- nissent), d'éléments anatomiques qui diffèrent de ceux qui les constituent. Ainsi on voit que ce n'est pas entre les éléments qui four- nissent les matériaux d'accroissement que naissent ceux-ci, mais à la surface du tissu qu'ils constituent.il y a ainsi appo- sition les uns aux autres des nouveaux formés et contre ceux apparus avant eux, et non pas interposition à ces derniers, comme dans le cas de la génération accrémentitielle proprement dite. Dans le cas dont je parle, les plus anciennement formés tombant ou étant chassés par les suivants, le nom de généra- tion sécrémentitielle se trouve exactement appliqué, exactement choisi. Les conditions sont donc toutes différentes de celles des modes précédents de génération ; aussi les éléments nouveaux 3° GÉNÉRATION HOMOEOâlORPHE l'AR SÉCRÉMËN'mTON. 103 diffèrent de ceux qui ont fourni les matériaux à l'aide desquels a eu lieu leur production. Ce mode de production des éléments s'observe à la sur- face de la peau, des séreuses, de toutes les surfaces glandulaires et des muqueuses ; les éléments qui naissent sont des cellules d'épithélium, des éléments pigmentaires dans la choroïde, etc., et des ovules mâles et femelles dans les vésicules et tubes ova- riens et tesliculaires. Ce sont, en un mot, les éléments des pro- duits qui s'engendrent delà sorte et non ceux des constituants. Chez les plantes ce mode de naissance s'observe à peu près à la surface de tout l'organisme , sauf les cas où manque l' épi- derme sur certains organes, comme les feuilles aquatiques, etc. A peu d'exceptions près, tous les éléments qui naissent ainsi sont des cellules, ou presque tous commencent du moins par être des cellules pendant un certain temps, et ils subissent plus tard des changements ou métamorphoses plus ou moins considérables pendant leur développement. Les ovules mâle et femelle sont dans ce cas ; ce mode de génération s'observe donc dans les vésicules de Graaff, dans les tubes ovariens, dans les tubes ou les capsules testiculaires. Nous voici arrivés au point d'où nous étions partis, c'est-à- dire à la génération ou naissance de l'ovule , corps dont nous avons vu naître, par reproduction , les éléments primitifs du corps, ou cellules embryonnaires. Nous avons vu tout ce qui naît entre ces deux extrêmes; nous n'avons, par conséquent, plus rien à voir se reproduire à l'état normal. Nous avons également passé en revue toutes les propriétés dont l'accomplissement peut suffire à l'existence d'un être. Se nourrir, se développer, se reproduire, tels sont les trois termes sans lesquels il n'y a pas d'existence complète. Se nourrir, se développer et mourir après s'être reproduit, tels sont les trois actes fondamentaux qui suffisent pour qu'on puisse dire qu'une existence a été remplie, et l'absence d'un seul de ces actes rend incomplète toute existence : d'où le nom d 'actes de la vie 10/5 VÉGÉTAUX PARASITES DK L* HOMME ET DES ANIMAUX. organique; ol comme la nutrition eti est la propriété fondamen- tale , comme elle est caractéristique de la vie, on les appelle quelquefois actes de la vie de nutrition. Il y a des êtres qui ne manifestent absolument que les trois propriétés fondamentales que nous venons d'énumérer. Toutes les plantes sont dansée cas : d'où encore le nom de propriétés végétatives qui leur a été donné ; d'où l'expression de végéta- nte pour désigner leur ensemble , le résultat total de leur accomplissement. Nous verrons bientôt que divers éléments ont quelques pro- priétés de plus que celles-là. hl . — Parmi les termes employés pour désigner quelques uns des modes de formation des éléments anatomiques, tels que ceux de génération accrémentilielle, interstitielle, etc., plusieurs se trouvent déjà employés par Burdacli (1). Mais il confond en un seul ordre de considérations les phénomènes généraux et spé- ciaux ; il désigne par ce terme à la fois ce qui se rapporte aux éléments seuls et aux êtres pris dans leur ensemble. Ce fait ne doit pas étonner, puisque l'histoire des éléments anatomiques proprement dits n'était pas exécutée à cette époque. Il résulte de là que si l'on voulait appliquer aux éléments ce qu'il décrit sous les titres précédents, il y aurait confusion inextricable de choses différentes. Déplus, la confusion qu'il fait entre les éléments, tissus, etc., le conduit à confondre aussi la propriété de nutrition et celle de développement avec celle de génération, parce que la génération interstitielle ou accrémentitielle a pour résultat l'accroissement, non de l'élément, mais du tissu, et parce que la génération sécrémentitielle a pour résultat le maintien des couches épithéliales à leur degré normal d'épaisseur. Ainsi les termes ne sont pas faux, mais ce qu'il veut exprimer par eux est vague, parce qu'il y a deux ou trois phénomènes confondus (1) Burdach, Traité de physiologie, trad. par A.-J.-L. Jourdan. Paris, 1837, t. I, p. 47. GÉNÉRATION HÉTÉROMORPHE. 105 en une même description, phénomènes dont un seul se trouve Lien désigné sans qu'on puisse le distinguer au milieu des autres. Z18. — La génération hétéromorphe ne doit être examinée qu'après la génération normale ou homœomorphe. Disons d'abord que la naissance des éléments hétéromorphes n'a ja- mais été observée comme ayant lieu par métamorphose des éléments déjà existants, c'est-à-dire comme étant une simple conséquence de la propriété de développement, se manifestant toutefois seulement dans des conditions accidentelles anor- males. Elle a toujours été reconnue comme une production nouvelle, non pas par reproduction, c'est-à-dire par généra- tion directe aux dépens de la substance propre d'éléments déjà existants, mais par génération, naissance ou production nou- velle aux dépens d'un blastème versé dans des conditions anormales. Et ces conditions peuvent tenir soit à l'état du sang qui fournit le blastème, soit à l'état des solides, au milieu des- quels il est versé et entre lesquels naissent les nouveaux élé- ments. C'est donc à la propriété qu'ont les éléments anatomiques de déterminer la naissance ou génération d'éléments qui ne déri- vent pas directement de leur substance que se rattache le fait de la production dans un organisme d'éléments qui diffèrent de tous ceux qu'on rencontre à l'état normal ; éléments qui con- stituent certainement des espèces distinctes, quoiqu'ils soient analogues aux éléments normaux, quant à la constitution ou structure générale. De plus , ces éléments sont tous très simples, et enfin avec les différences anatomiques fondamen- tales qui les séparent des éléments normaux, coïncident des différences dans les propriétés de nutrition et de développement de chaque espèce. Les générations d'éléments hétéromorphes se font d'après les trois modes secondaires de naissance que nous venons de passer en revue, savoir: 1° par substitution, 2° par inlerpo- 10(3 VÉGÉTAUX I'.UUSlTliS DE L'HOMME Eï DES ANIMAUX. si lion ou génération aoeitéinentitielle, et 3° par apposition ou génération sécrémentifeiéjile. Il y a même des éléments hétéromorphes qui offrent à eux seuls les trois modes secondaires. Par substitution naissent les éléments du cancer et du tubercule; du moins la quantité de blastème qui les entoure sur les plus petites productions de ce genre, et la non-interposi- tion au milieu d'eux des éléments caractéristiques du tissu dans lesquels ils apparaissent, font penser que tout ce blastème ne vient peut-être pas des vaisseaux ambiants , et qu'il est pos- sible qu'une partie résulte de la liquéfaction des éléments nor- maux du tissu où apparaît le produit morbide. Ce n'est là, du reste, qu'une hypothèse probable, mais que l'impossibilité où l'on est de savoir au juste quand commence la production nouvelle rend fort difficile à vérifier, fût-ce même chez les mammifères domestiques qu'il est facile de tuer quand on veut. Il est certain qu'une fois la génération commencée, les élé- ments qui naissent ensuite déterminent la disparition par liquéfaction des éléments voisins, soit musculaires, soit glan- dulaires, etc., et se substituent à eux. Reste à savoir si le blastème résultant de la dissolution sert à la génération des éléments hétéromorphes, ou si c'est seulement celui venu des vaisseaux; fait impossible à vérifier, et au fond peu impor- tant. Par interposition se développent certainement le tuber- cule et le cancer infiltrés, les éléments du pus qui se trouve dans les mêmes conditions. Généralement ces divers produits finissent par amener la dissolution des éléments préexistants et normaux entre lesquels ils se sont formés. Au lieu d'appa- raître après liquéfaction de quelques éléments normaux, ceux du tubercule et du cancer commencent peut-être toujours par interposition ou génération interstitielle. Par sécrémentition ou formation sécrémentitielle naissent les éléments du pus à la surface de la peau, des muqueuses et des séreuses. GÉNÉKAT10N HÉTÉ110M0KPHE. 107 L'influence des éléments anatomiques déjà existants sur ceux qui naissent, influence telle qu'elle entraîne habituelle- ment une analogie de constitution de ceux-ci, se manifeste, non seulement sur les éléments constituants, normaux ou pa- thologiques homœomorphes, comme les tubes nerveux, etc., mais encore sur les produits. C'est ainsi que des cellules can- céreuses se développant dans le foie prennent quelque chose de l'aspect général des cellules épithéliales hépatiques, même tout à fait au centre des masses cancéreuses. C'est ainsi que certaines cellules des squirrhesdu sein ont un peu l'aspect des épithéliums qui se développent à la face interne des culs-de- sac dans l'hypertrophie glandulaire; c'est encore ainsi que certains cancers cutanés ont des cellules ayant un peu l'aspect des épithéliums de la région ; mais le noyau et l'ensemble des autres caractères rendent facile la distinction. L'existence des masses cancéreuses au centre des muscles, du derme, et hors des organes qui ont un épithélium à cellules complètes, tels que les glandes vasculaires, vient diriger dans l'examen différen- tiel. Cette ressemblance plus ou moins marquée des cel- lules de cancer avec les épithéliums de l'organe affecté , bien que non constante, est, quand elle existe, une difficulté pour le diagnostic. Mais une fois prévenu du fait et connaissant les limites entre lesquelles les éléments sont susceptibles de varier sans perdre leurs caractères distinctifs, on peut vaincre la diffi- culté, et elle fournit môme de nouvelles preuves confirmant l'existence de ces limites. Cette nécessité d'avoir étudié ces éléments nouveaux dans leurs limites de variation pour dia- gnostiquer les produits pathologiques rendra toujours néces- saire la pratique de ces recherches. Bien que nous retrouvions pour les générations hétéromor- phes les trois modes de naissance indiqués tout à l'heure, ce qui permettrait de rattacher les phénomènes de leur généra- tion à ceux des éléments normaux, il faut néanmoins en faire un chapitre distinct. Les conditions dans lesquelles ils nais- 103 VÉGÉTAUX PARASITES DU l'UOMMB ET DES ANIMAUX. sent sont réellement trop différentes , se présentent dans des cas trop spéciaux, pour qu'on puisse les considérer comme une suite des conditions normales de génération. Elles sont plus complexes , plus spéciales; elles demandent réelle- ment une étude à part, qui suppose bien faite celle des condi- tions normales, mais elles ne peuvent être déduites de la con- naissance de celles-ci. On voit d'après tout ce qui précède, tant pour l'état nor- mal que pour les cas pathologiques, que c'est pour avoir con- fondu ensemble la sécrétion et la propriété de naissance, qu'on parle quelquefois de la sécrétion de pus , d'épiderme , etc. ; de la sécrétion des ovules , de la sécrétion du sperme , dont les spermatozoïdes sont reconnus maintenant comme naissant par segmentation d'un ovule mâle et étant les cellules embryon- naires d'un ovule mâle. On a déjà dû pressentir, d'après ce qui précède, qu'il n'y a jamais sécrétion d'un élément anatomique tout formé, d'un corps solide quelconque; c'est là un fait phy- siquement impossible dans les êtres vivants tels qu'ils sont organisés. Il n'y a de sécrété que des liquides; mais tantôt, dans ces liquides, il y a des solides, des éléments anatomiques qui s'y trouvent en suspension , parce qu'ils ont été entraînés et détachés des surfaces au moment delà sécrétion. Tel est le cas des mucus, de l'urine, de la bile et autres humeurs excré- mentitielles dans lesquels rien ne naît, rien ne se forme. D'au- tres fois, dans certaines espèces des liquides sécrétés, il naît des éléments anatomiques divers, d'après les modes indiqués ci-dessus: tel est le cas de l'ovule, du pus, etc.; quelquefois le liquide surabondant n'a pas été entièrement consommé par la production des éléments, alors ceux-ci naissent en suspen- sion dans un sérum plus ou moins abondant: c'est le cas du pus, etc. h9. — En ramenant au dualisme suivant la règle de toute combinaison , l'ensemble de ces trois lois fondamentales de la rie universelle (nutrition, développement, reproduction), on SUCCESSION DES PHÉNOMÈNES ÉTUDIÉS. 109 voit qu'elles caractérisent d'une part l'existence actuelle (nu- trition) , de l'autre le développement successif (développement et reproduction). Celui-ci aboutit à deux résultats généraux , dont le second suppose le premier, sans en émaner : d'un côté la mort, de l'autre la reproduction. La succession normale de ces différents états forme le système des trois grandes lois bio- logiques, sur la rénovation matérielle, la destruction indivi- duelle, et la conservation spécifique. Quoique chacune soit subordonnée à la précédente , elle n'en est pas plus une con- séquence que les trois lois astronomiques de Kepler ne déri- vent l'une de l'autre « Cette vie universelle , quoique bornée à la seule matéria- lité, constitue le premier fondement des plus hautes fonctions, môme humaines. Par elle aussi l'organisme commence ses relations nécessaires , à la fois actives et passives , avec le mi- lieu correspondant qui fournit les matériaux absorbés , et reçoit les produits exhalés. On ne peut l'apprécier convenable- ment qu'en l'étudiant d'abord chez les êtres qui ne vivent pas autrement. Partout ailleurs l'influence des fonctions supérieu- res empêche de concevoir nettement cette vie fondamentale , quoique leur réaction nutritive mérite ensuite un soigneux examen. C'est ainsi que la théorie de la végétation devient la base objective de la biologie systématique. Les êtres correspon- dants (plantes) ne sont pas moins précieux pour nos spécula- tions positives que pour notre existence matérielle. Ils déve- loppent les fonctions nutritives non seulement isolées de toutes les autres , mais aussi dans leur principale énergie. En effet , les végétaux sont les seuls êtres organisés qui vivent directe- ment aux dépens du milieu inerte. Tous les autres restent im- puissants à vivifier la matière inorganique qu'ils ne peuvent jamais s'approprier qu'après son élaboration végétale. La sépa- ration abstraite, admirablement établie par Bichal , entre les fonctions inférieures et les fonctions supérieures, se trouve donc complétée par l'appréciation concrète d'une immense classe 110 VÉGÉTAUX PARASITES T>E L'HOMME ET Ï>ES ANIMAUX. d'êtres <|ui offrent seulement Yexisience nutritive , avec ses doux suites générales , la mort (faisant suite au développe- ment i et la reproduction. » 50. — Appliquons maintenant les données précédentes com- munes à tous les êtres, à des organismes en particulier, ou, pour être exact, à l'examen des actes offerts par les éléments anatomiques de quelques espèces ou groupes d'espèces consi- dérées en particulier. Si, au lieu d'étudier les actes d'une ma- nière générale, c'est-à-dire en eux-mêmes, indépendamment des conditions qui les modifient dans les organismes oùils s'ac- complissent, nous les observons tels qu'ils ont eu lieu, c'est-à- dire au point de vue concret, nous verrons que l'ordre d'expo- sition se trouve naturellement un peu modifié. Ils ont été esquissés précédemment d'une manière abstraite, c'est-à-dire que dans les actes élémentaires végétatifs que présentent les corps organisés, nous avons intellectuellement choisi d'abord les plus généraux, les plus simples et les plus indépendants de tous, et nous les avons placés en premier lieu : ce sont ceux de nutrition. Nous avons étudié ensuite ceux de développement, qui sont moins généraux , puisqu'ils peuvent être suspen- dus pendant un certain temps sans que l'existence cesse, tandis qu'il n'en est pas de même de la nutrition ; ils sont plus complexes que celle-ci; déplus, ils supposent nécessairement que cette dernière a lieu, ce qui les met sous sa dépendance. Puis vient la génération, phénomène moins général que le développement, puisque souvent elle ne s'accomplit pas là où le développement s'est effectué ; c'est un phénomène plus com- plexe qui de plus nécessite, pour avoir lieu, que le développe- ment soit accompli, sinon complètement, au moins à peu près. Mais cet ordre logique , rationnel, c'est-à-dire de création humaine et le plus simple , le plus parfait qu'on puisse concevoir, n'est pas celui qu'on observe dans l'ordre des choses naturelles et réelles. Souvent rien n'est moins logique que ce qui est naturel, que ce qui se passe dans les . . SUCCESSION DES PHÉNOMÈNES ÉTUDIÉS. 111 êtres organisés ou dans les sociétés, organismes plus compli- qués encore : c'est ce qui fait dire quelquefois d'un exposé, qu'il est trop clair et trop logique pour être vrai. Il y a longtemps déjà, on a parlé des caprices de la Nature pour exprimer que des phénomènes, toujours parmi les plus complexes, se ma- nifestent souvent dans un ordre qui n'est pas aussi bon, aussi utile et aussi rationnel qu'on le voit ordinairement et qu'on peut le concevoir : tel est le cas de la naissance d'enfants monstrueux ou imparfaitement développés. Ce qu'on observe sur les êtres vivants, c'est d'abord la nutrition, qui a lieu chez eux en tout temps et en tout lieu , d'une manière continue; puis le développement, puis la génération, quand elle a lieu ; puis la mort, qui a toujours lieu, mort qui est une suite du développement. Il est d'abord évident que la con- stance des phénomènes de nutrition doit conduire à les exami- ner en premier lieu ; mais il semble peut-être logique de faire suivre, à propos de chaque être ou groupe d'êtres en particu- lier, l'exposé des actes nutritifs par ceux de développement. Or il n'en doit pas être ainsi, parce que dans tout exposé, descriptif de ce qu'on a sous les yeux, dans tout exposé concret et non abstrait, il faut, pour ne pas faire soi-même de confusion, traiter d'abord les questions extrêmes avant les notions intermédiaires ; sans cela on se trouve involontaire- ment conduit à considérer celles-ci comme de simples consé- quences ou accessoires des extrêmes dont les caractères sont naturellement plus tranchés : c'est ainsi, par exemple, que la propriété de se développer est généralement confondue, soit avec la nutrition, soit avec la reproduction, et que l'on trouve employé le terme développement comme synonyme de l'un ou de l'autre des précédents. En un mot, dans toute question complexe, les intermédiaires ne peuvent être bien appréciés qu'autant qu'on connaît déjà les extrêmes. Nous devons donc décrire d'abord la nutrition, qui s'accom- plit toujours et partout sur tout être vivant ; en second lieu, 112 VÉGÉTAUX PARASITES DK L'ilOMME ET DES ANIMAUX. les actes susceptibles d'interruption, à savoir, la génération ou naissance; puis, en dernier lieu, le développement, suivi de la fin (ou mort, quand il s'agit de l'organisme lui-môme, et non d'une de ses parties). ARTICLE III. EXAMEN PARTICULIER DES NOTIONS DONT TRAITE L'ARTICLE QUI PRÉCÈDE DANS LEURS APPLICATIONS AUX VÉGÉTAUX EN GÉNÉRAL ET AUX PARASITES EN PARTICULIER. SECTION PREMIÈRE. Examen anatomfqiic des éléments organiques des végétaux. 51. — Je crois nécessaire de faire précéder l'étude de cette section d'un tableau énumératif de toutes les parties d'ordres divers qui composent les plantes ; tableau analogue, bien que plus succinct, à ceux que j'ai publiés pour l'étude del'anatomie des animaux. Tableau synoptique des parties qui constituent V organisme végétal. I. — PARTIES EXTÉRIEURES DES PLANTES. 1° Tronc ou tiges; support. 2° Branches. 3° Racines. H. — parties intérieures (comparativement aux animaux, elles sont extérieures, mais sont en relation avec l'intérieur). 1° Appareils. 2° Organes. 3° Systèmes. 4° Tissus et humeurs. &° Éléments anatomiques et principes immédiats. I. — Des appareils. (Notion de fonction.) f\. Appareil respiratoire. A x -Kf ) 2" — d'absorption (digestion). I 3. Il n'y a chez les plantes ni appareil circulatoire ni appareil \ urinaire. B. Rcproduc- | Faciles à voir. — Phanérogames. teurs. I Très petits. — Cryptogames. TABLEAU DES PARTIES QUI CONSTITUENT LES PLANTES. 113 ! Pollen et boyau pol- Unique, fovilla. Spermatozoïdes des cryptogames. /Enveloppes. \ Ovule proprement dit ou I aire. } 1 2. Femelle. Ovaire, ovule. < sac embryonnaire. /Phanérogames. I Vitellus, membrane vitel- \ \ line. / Conceptacles-sporanges ; spores ou sporules, ovules des Cryptogames. Plantes hermaphrodites. — monoïques. — polygames, etc. — dioïques. . — Des organes. (Notion d'usages spéciaux, simples ou multiples.) 1. Squelettologie, ou organes de sustentation. Tiges, souche, etc., examinés isolément. Branches, rameaux (ceux qui sont verts servent en outre à la respiration). 2. Organes d'absorption et de fixation, etc. Racines. Radicules. Radicelles. Mycélium. Griffes des fucus, etc. 3. Organes delà respiration, évaporation, etc. Feuilles. Stipules. Bractées (elles servent surtout à la protection). 4. Organes de la reproduction. Phanérogames : Supports, phoranthe, clinanthe, pédoncule. Torus, gynophore, anthophore. Cryptogames : Réceptacle, capitule, conceptacle, chapeau, lames, tubes, 1° Organes mâles (androcée). A. Phanérogames. /Filet. Étamine. ] Anthère. \ Ovule mâle, puis cavité; grains de pollen. B. Cryptogames. a. Anthéridies ou ovules mâles, spermatozoïdes. b. Paraphyses. 2° Organes femelles (gynécée). A. Phanérogames. ! Cavité, cloisons. /Primine. n , \ Secondine. '■'. i-i'iu. ' j Tercine ou ( Sac embryonnaire, ou \ nucelle. \ ovule femelle. 2. Stigmate (poils, cellules visqueuses); style (tissu conduc- teur. 11Û VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. i Cavité, cloisons, , „, . J /'Testa. /«.Périme, /Endospermc. 6. Fruit. 1 v Graine. Tegmen. ,.rigelIe> ] \ Amande. / (Gemmule. ^2. Restes du style. j \ llailicule. \ Embryon. < 1 ou 2 cotylé- dons. Mono ou dico- tylédones. c. Organes ac cessoires ou fleur /l'érinnthe. \ Enveloppes florales, 1 ou 2, mono ou âipérianthées. I Périanthe externe, ou calice; sépales, ou folioles calicinales. I — interne, corolle, pétales. YGlandes et nectaires. B. Cryptogames. Périthèque, conceptacles, Imsides, clinodes. Thèques ou sporanges, spores ou sporules (ovules). Acotylédonés . Organes accessoires : filets paraphysaires, cystides. III. — DES systèmes. (Notion de distribution et usages généraux.) 1° Système épidermique 2» — pileux. 3° — cellulaire. 4° — filamenteux. 5» — subéreux. G° — berbacé. 7° — libérien. 8<> — ligneux. 9° — médullaire. IV. — Des tissus. (Notion de propriétés de tissu, élasticité, mollesse, dureté, per- méabilité, etc.) 1° Tissu cellulaire (parenchyme, collenchyme, mérenchyme). 2° — fibreux ou fibro-vasculaire (prosenchyme). 3° — libérien. 4° — filamenteux. V. — DES ÉLÉMENTS organiques des végétaux. Â. Éléments anatomiques. (Notion de propriété vitale élémentaire, nutrition plus ou moins rapide suivant la perméabilité, etc.) ! Plantes cellulaires. 2° Filaments. 3° Fibres. 4° Tubes ou vaisseaux. > Plantes vasculaires. B. Principes immédiats. (Notion d'union réciproque et complexe.) Voy. plus bas, p. 116. I.— PRINCIPES IMMEDIATS DES PLANTES. 52. — Chez les plantes, comme chez les animaux, les élé- ments organiques, c'est-à-dire les parties les plus élémentaires en lesquelles se subdivise sans décomposition chimique PRINCIPES IMMÉDIATS DES PLANTES. 115 l'organisme, se divisent en principes immédiats et en éléments anatomiques. Les principes immédiats constituent directement les sérums des humeurs, et secondairement la substance orga- nisée solide des éléments anatomiques; les éléments anatomi- ques constituent directement les tissus. Dans le premier cas, celui de la substance organisée des sérums, etc., l'union est moléculaire; dans le deuxième, celui des tissus, elle est méca- nique. Le premier fait est en rapport avec cet autre que les principes immédiats sont de composition chimique telle que, mis en présence les uns des autres, ils se dissolvent réciproque- ment, quelle que soit la forme qu'ils présentent, cristalline ou arbitraire, selon qu'ils sontcristallisables ou non. Le deuxième fait est en rapport avec cet autre, que les éléments anatomiques ne sont passolubles les uns dans les autres, ni dans les sérums ; ils ont, au contraire, une forme spéciale, déterminée, soumise à des lois propres, différentes des lois de la cristallisation, et quand ils n'ont pas de forme spéciale (ce qui a lieu pour quel- ques espèces, matières amorphes, substance du corps vitré chez les animaux), elles entrent toujours comme accessoires dans un tissu. Les éléments anatomiques sont bien aussi constitués par des principes immédiats unis molécule à molécule , mais ils ne le sont que secondairement. On veut dire par là que ces prin- cipes immédiats, avant de faire partie des éléments anatomi- ques, ont d'abord fait partie des sérums , et les substances organiques, qui en sont la partie fondamentale, sont d'espèces différentes dans les éléments anatomiques de ce qu'elles sont dans les sérums; en passant des sérums dans les éléments, elles ont changé d'état spécifique. Des éléments anatomiques, les substances organiques ne repassent pas dans les humeurs, il n'y a que les principes cristallisables provenant de leur dé- doublement qui s'y rendent. Dans les animaux et les végétaux représentés par un seul élément anatomique, les principes nutritifs passent bien directement du milieu extérieur dans 116 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. L'élément sans avoir l'ait partie préalablement d'une humeur; mais il est à remarquer que ces êtres ne naissent jamais par formation de toutes pièces à l'aide de matériaux fournis par les humeurs (blastèmes), comme on le voit dans les êtres plus complexes. Ils naissent directement d'un être semblable par segmentation ou gemmation. On ne voit jamais les corps cristal- lisables et les substances organiques en dissolution dans l'eau se réunir en substance organisée ayant la structure de ces êtres, végétaux ou animaux, les plus simples qu'on connaisse, comme on voit ces divers principes constituant un blastème prendre forme d'élément anatomique, fibre ou cellule, au milieu d'éléments semblables ou analogues constituant l'être vivant. 53. — Les principes immédiats des plantes se classent ainsi qu'il suit : PREMIÈRE CLASSE (1). Principes cristallisables ou volatils sans décomposition i d'origine minérale. première tribu. — Principes gazeux ou liquides. 1. Oxygène, à l'état de dissolution. 2. Azote, ici. (Champignons, Orobran- ches, 3. Acide carbonique, id. 4. Eau. deuxième tribu. — Principes salins. 5. Silice (Graminées, Équisétacées , Tabac, etc.). 6. Carbonates de potasse. 7. — de soude. 8. — de chaux. 9. — de magnésie. 10. Chlorure de sodium. 11. Chlorure de potassium. 12. Sulfates de soude. 13. — de potasse. 14. — de chaux ( Tabac, Vicia Phaseolus, etc.). 15. Phosphates de potasse (Fruits). 1C. — de soude (id.). 17. — de chaux. ls. — de magnésie. 19. — ammoniaco-magnésien ? 20. — de fer. 21. Silicate d'alumine. 22. Iodure de potassium. 23. — de magnésium. 24. Bromure de magnésium. 25. — de potassium. DEUXIEME CLASSE. Principes d'origine organique, cristallisables ou volatils sans décomposition. première tribu. — Principes acides ! 27. Acide tartrique. C8H4O10.2HO. et salins. 28. — malique. C8H408.2HO. 29. Tannin ou acide tannique. C18H509. 26. Acide citrique. C8H»011.3H0+2H0. | 3HO. (1) Voy., pour les caractères des classes, Cit. Robin, Tableaux d'anatomie. Paris, I8.N0, in-4, tableau X». TABLEAU DES PRINCIPES IMMEDIATS DES PLANTES. 117 et autres acides analogues formant des résines par leur union avec des essences ou corps analogues volatils. Acide fungique {Peziza nigra) — silvique, \ — spiroïleux ousalicileux, Acide {unique, — pimarique, — eugénique, — cinnami- que, Acide copahivi- que, Oxalate de chaux. Bioxalate et quadroxalate de potasse Kinales de chaux et alcalins, V — de quinine, \ — de cinchonine, Angélicates. Baldrianates. Valérianates, Fungate de potasse, Strychnates ou Igasurates de f « strychnine, — de cinchonine, — de brucine, — de curarine, Strychnate de cinchovatine, Équisétate ou maléate de ma- gnésie, Lichénate de chaux, Roccellates. Paramaléates ou fumarates cal- caires et alcalins, Tartrates calcaires et alcalins, Citrates, id., Malates, id., Myronate de potasse. Vératrates. 61. Berbérusates. 6 2. Méconates de codéine. 63. — de morphine. 64. — de narcéine. 65. — de narcotine. 66. Chélidonate de chaux. 6 7. Chélidonates de chélidoninc. 68. — de chélerythrinc. 69. — de glaucine. 70. Malates et tannâtes de nicotine. 71. — deconicine. 72. — d'aconitine. 73. — d'atropine. 74. — de daturine. 75. — d'hyoscyamine. 76. ' — de solanine. 77. — de delphinine. 78. — de berbérine. 79. — de colchicine. 80. Gallate de sabadilline. 81. — de vératrine. Etc., etc. DEUXIÈME TRIBU. — Principes alcaloïdes végétaux. 82. Émétine. 83. Cafféine ou théine. C8H8Az,0'. 84. Théobromine. 85. Buxine. 86. Cicutine. 87. Chaerophylline. 88. Eupatorine. 89. Euphorbiine. 90. Fumarine. 91. Violine. 92. Digitaline. Etc., etc. Je range ces corps dans cette tribu, sans savoir s'ils sont réellement dans l'organisme à l'état libre, ou s'ils ne sont pas plutôt comme les bases des sels de la première tribu, partie constituante de principes immédiats salins; en un mot, je n'ai pu trouver nulle part de notions sur la question de savoir si les alcaloïdes d'origine végétale se trouvent dans les plantes à l'état libre, comme l'urée, la créatine, la cystine, etc., chez les animaux, ou bien si on ne les obtient que par décomposition des sels dont ils sont la base. Peut-être ne trouve-t-on comme véritables principes immédiats correspondants aux prin- cipes dits alcaloïdes des animaux que les principes immédiats suivants (à moins que, fait peu probable, on ne doive en former une tribu distincte propre aux végétaux) . Principes neutres végétaux. 93. Caryophylline. 94. Eugénine. 9 5. Absinthine. 96. Jïsculine. 97. Antiarine. 98. Athamantine. 99. Cocculine. loo. Columbine. loi. Hespéridine. 102. Limonine. 103. Pipérineou pipérin. CnH18Az06 104. Picrotoxine (ménispermine). C12H705. 105. Phloridzine. C^H1^. 118 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. loo. Méconine. 107. Peucédaninei 108. Quassiine. 109. Sanlonine. 110. Saponine. 111. Sénégine. 112. Smilai'iiie. 113. Amygdaline. 114. Asparagine. c8H7Az2OaHO 115. Olivilc. 116. Suliciue. Etc., elc. troisième tribu. — Principes gras ou graisseux ou huileux et résineux (1). 117. Oléine. , Margarine. . Stéarine. . Laurosléarine. . Cocine. . Alyristicine. , Palinitine. . Oline. 125. Palmine. 126. Cérine, 127. Myricine, 128. Céroléine, 12 9. Cérosine, Essence de térébenthine. — de cinnamomine. Métacinnaméine. Cinnamène. 134. Péruvine. 135. Tolène. Coumarine. Styracine. Huile de spiraea. Camphre. 140. Camphre de Bornéo {Dryobalanops camphora). 118, 119 120 121 122 123 124 130. 131. 132. 133. 136. 137. 138. 139. et autres principes analogues de diverses cires. 14 1. 142. 143. 144. 145. 146. 147. 148. 14 9. 150. 151. 152. 153. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161. 162. 163. 164. 165. 166. 167. 163. Essence d'amandes arriéres. — d'absinthe. — de citron. — de bergamote. — de copahu. — d'élémi. — d'oliban. — de cubèbe. — de lavande. — de benjoin, etc. Camphre d'anis. — d'estragon. Cymène. Cuminol. Essence d'anis. — de muscade. — d'ail. Irinc. Ilelénine. Caryophylline. Asarine. Anémonine. Nicotianine. Résine cristalline du copahu, Bétuline, Résine cristalline d'é- Résine-animé c talline, Résine cristalline d'euphorbe, appartient peut-êlre au groupe précédent. quatrième tribu. — Principes sucrés. 169. Sucre de canne. C1!H"otl. 170. — deraisinou glucose. C12H14,014. 171. — des fruits acides. C12H12012. (72. — de champignon. 173. Manitte ousucre de manne. C6H706. TROISIEME CLASSE. Principes non cristallisables et coagulables, ou substances organiques. première tribo. — Substances organi- ques solides. 174. Cellulose. C12H29019. (Fungine, médulline; c'est le gélin, le fucin, le gélacin, et peut-être aussi Va- mylure de Kùtzing). 175. Xylogène (Schacht) (2;. Formule en réalité inconnue. D'après Schacht, la substance incrustante de BIûl- der (C*6H*6018) n'est qu'une altération de ce principe ou du suivant ; il en est de même de la lignine, dulignin, delà lignose, de la ligniréose et de la lignone de M. Payen. (1) Peut être les huiles volatiles ou les cires formenl-elles uue tribu ou uue subdivision distincte de cette tribu, ayant (les cires) la chelostériue, l'ambréine, la cire animale, pour unalngirés chez les animaux. (2) H Schacht, Die Pflanzenzelle, der innere Ban und dus Leben der Gewaechse. Boilin, 185:2, gi . in-8, p. 9. TABLEAU DES PRINCIPES IMMEDIATS DES PLANTES. 119 176. Subérine (subst. çuticulaire de quel- ques auteurs). C65,7^8,3^221-," AzV°. 177. Substance intercellulaire (Schacbt). C'est elle qui forme la vraie cuticule. 178. Amidon ou fécule. C12H10O10. 179. Inuline. Id. (80. Lichénine. Id. 181. Lichénine. Id. deuxième tribu. — Substances organi- ques liquides ou demi-liquides. A. — Non azotées. 182. Dextrine (léiocome). C12H10O10. 183. Gommes, C12H10O10 (arabine, pru- nine, cérasine, tragacantbine, bas- sorine, etc.). 18 4. Mucilage (lin, guimauve, etc.). C12H10O10. 185. Pectose formule inconnue). 186. Pectine (gelée végétais, etc.). C64H490648IIO ou C8H807. 187. Pectase. 188. Glycyrrhizine. C36H O'^HO. B. — Azotées. 189. Légumine (caséine ou caséum végé- tal). C9°HnAz18027, plus du soufre. 190. Emulsine(synaptase). loi. Pollénine. 192. Triticine (gluten, fibrine végétale, gliadine, colle végétale). 193. Albumine végétale. troisième tribu. — Substances organi- ques colorantes ou colorées. 194. Chlorophylle (xantophylle, chro- mule.) 195. Phycocyane, Kiitzing (mat. col. bleue des Algues, Lemania, Batra- ckosperme, etc. Phycoxanthine, phycochrome. 196. Phyco-érythrine, Kiitzing (mat. col. rouge desFloridées, devient verte par les alcalis). Erythrophylle. 197. Phyco-hématine, Kiitzing (mat. col. rouge du liytiphlœa tinctoria ; n'a pas cette réaction). 19S. Diatomine (Naegeli, 1849, de cou- leur jaune brun). 199. Matière colorante jaune de la ga- rance fraîche. 200. Hématine du bois de Campêche. 201. Carthamine (mat. col. rouge du carthame). 202. Brésiline (mat. col. du bois de Brésil). 203. Lutéoline (mat. col. jaune du Reseda lutea, t.). 204. Santaline (mat. col. du santal). 205. Carotine (mat. col. rouge des ca- rottes, Beta vulgaris , L.). Principes de place mal déterminée. 206. Caoutchouc. 207. Gutta-percha. 208. Matières amorphes de diverses ré- sines et gommes-résines. L'analyse anatomique seule montrera quels sont ceux de ces principes qu; rentreront dans la deuxième classe ou dans la troisième, soit dans la deuxième ou la troisième tribu, soit peut-être dans la tribu spéciale formée de principes sans analogues à ceux des animaux. Il manque à ces tableaux beaucoup de principes mal déterminés ; ils ren- ferment peut-être les noms de corps qui ne sont pas de véritables principes immédiats, mais des produits obtenus par décomposition des principes immé- diats. L'étude, faite au point de vue anatomique ou organique, des principes immédiats permettra seule de corriger ces imperfections diverses, et d'ajou- ter des espèces de principes dont l'existence n'a pas encore été déterminée. J'ai probablement omis quelques espèces de corps qui sont des principes immé- diats réels, mais je crois avoir énuméré tous les plus importants. 54. — De tous ces principes, j'en écrirai seulement quatre, ceux qui forment la partie solide des cellules végétales : ce sont la cellulose, le xylogène, la subérine et la substance in- tercellulaire. J'en emprunte la description à Schacbt, qui, de J 20 VÉGÉTAUX l'AH.VSlTKS DE L' HOMME ET HES ANIMAUX. tous les corps voisins de la cellulose décrits par divers auteurs souslcs noms indiqués plus haut (p. 418,119, n08 174 à 177), n'admet que ceux-là et avec raison. II est le seul auteur qui ait étudié ces principes anatomiquement, et non en se plaçant au point de vue chimique. Il a montré (1), après Mûlder (2), que les corps décrits sous les noms de lignin, lignose, etc., ne sont que des produits d'altération de la substance, qui est un prin- cipe immédiat réel. Les alcalis caustiques ou les acides employés pour extraire ces matières des tissus végétaux font en effet éprouver des altérations à la cellulose et aux autres substances qui compo- sent les parois des cellules végétales. Ces altérations sont analogues à celles qu'on faisait éprouver à la fibrine lorsqu'en la traitant par l'eau chaude ou les acides faibles, on croyait avoir montré qu'elle n'est pas un principe immédiat, mais un mélange de deux ou trois espèces de principes. 55. — Cellulose. Principe caractérisé par sa solubilité dans l'acide sulfurique concentré et son insolubilité dans la potasse caustique. Dans plusieurs cas, elle est colorée en bleu par la dissolu- tion d'iode dans le chlorure de zinc ; l'iode et l'acide sulfurique développent cette couleur encore plus facilement. Ces carac- tères-là sont de ceux qui peuvent varier , pendant que ceux qui sont fondamentaux ne changent pas sans que l'espèce perde ses caractères réellement spécifiques. Il y a en effet des variétés de cellulose que ni l'iodo-chlorure de zinc, ni l'iode et l'acide sulfurique ne colorent en bleu (cellulose des cellules des moisissures). La potasse gonfle un peu la cellulose. La cellulose peut passer et passe dans les plantes par cata- lyse, dans certaines conditions de végétation, d'une part à l'état de fécule ou des corps isomères, ou d'autre part à l'état de xylogène et de subérine. (1) Schacht, loc. cit. , 1852, p. 46. (2) Mulder, Physiologhchenchemie. Braunschweig, 1844-1851, in-8,p, 486. CELLULOSE. XYLOGÈrSE. SUBÉRÏHE. 121 La cellulose forme la partie fondamentale de la paroi pri- maire des cellules végétales et de leurs couches d'accroisse- ment. La paroi de toutes les jeunes cellules est formée de cellulose seulement. La cellulose présente pourtant dans ces cellules quelques modifications peu considérables , qu'on reconnaît notamment par les nuances que présente sa colora- tion au contact de l'iodo-chlorure de zinc et par l'iode et l'acide sulfurique. 56. — Xylogène (ou substance lignifiante). Caractérisé par sa solubilité facile et complète dans la potasse caustique, et au contraire son insolubilité ou très difficile dissolution par l'acide sulfurique. Il se dissout, d'après Scbultze, par coction dans le chlorure de potassium et l'acide nitrique. L'iodo-chlorure de zinc et le mélange iodo-sulfurique n'y déterminent aucune coloration bleue. La solution d'iode, ainsi que le sucre et l'acide sulfurique, ne le colore pas. Le xylogène se trouve dans la paroi primaire des cellules des plantes et dans les couches d'épaississement de toutes les cel- lules lignifiées. Il détermine la rigidité de celles-ci et empêche l'action du mélange iodo-sulfurique sur la cellulose ( c'est la matière incrustante des auteurs; le lignin, le lignose, etc., de M. Payen, sont des matières obtenues par action, à divers de- grés, des alcalis, etc., sur lui et le principe suivant). 57. — Subérine (substance cuticulaire de quelques auteurs). Principe soluble dans la potasse caustique, comme le xylo- gène, insoluble comme lui dans l'acide sulfurique, ce qui le distingue de la cellulose ; mais il ne se dissout pas par coction dans le mélange de chlorure potassique et d'acide azotique. 11 se change plutôt en une matière tenace, d'apparence rési- neuse, qui est soluble dans l'éther et l'alcool, qui brûle sur le couteau de platine avec une flamme claire, en produisant de la suie et répandant une odeur légèrement aromatique, et laisse un charbon poreux. La subérine se trouve dans la paroi des 122 VÉGÉTAUX PARASITES DE L' HOMME ET DES ANIMAUX. vieilles cellules de la couche subéreuse, qui souvent en sont entièrement formées, et aussi dans les couches cuticulaires des cellules epidfirmiqu.es. Elle empêche, comme le xylogène, la réaction de l'iode et de l'acide sulfurique sur la cellulose qui l'accompagne; elle semble aussi être un corps provenant de quelque changement d'état de la cellulose, car, ta mesure que s'accroît la couche cuticulaire, la cellulose diminue, jusqu'à ce qu'elle disparaisse tout à fait. 58. — Substance intercellulaire ou unissante. Cette substance n'est peut-être que le xylogène placé dans les inter- stices des cellules, au lieu d'être mêlé à la cellulose dans leurs parois; elle a en effet toutes les réactions du xylogène ; elle est facilement et rapidement dissoute par la potasse caustique, et insoluble ou difficilement dissoute par l'acide sulfurique. Le mélange iodo-sulfurique ne la colore jamais en bleu. Comme la cellulose, elle paraît passer par plusieurs degrés de modifications légères, dont on juge d'après son degré d'in- solubilité dans l'acide sulfurique. La vraie cuticule est identique avec cette substance, qui se- rait, à ce qu'il paraît, seulement un peu modifiée dans sa cou- leur et ses réactions par l'action de l'air ; elle se dissout aussi dans la potasse caustique sans être attaquée par l'acide sulfu- rique. La cuticule des Champignons à chapeau est déjà soluble par coction dans l'eau. La substance intercellulaire entre les cellules et formant la cuticule ne renferme jamais de cellulose; elle est , sous ces deux états , une sécrétion des parois cellu- laires ; elle est plus voisine du xylogène que de la subérine. La cuticule et la substance intercellulaire se dissolvent, comme le xylogène, par coction ou macération dans le mélange de chlorure de potassium et d'acide nitrique. 59. — 'De simples connaissances chimiques suffisent pour déduire du tableau précédent la composition élémentaire des plantes. 11 est inutile donc d'en parler ici. ÉLÉMENTS ANATOMIQUES DES PLANTES. 123 IX. — ÉIiÉMEBÏïS ABJ ATOMIQUES. À. — DE LA SUBSTANCE ORGANISÉE VÉGÉTALE. 60. — On donne le nom de substance organisée à toute matière vivante ou ayant vécu, formée par union moléculaire ou disso- lution réciproque et complexe de principes immédiats nombreux qui se rangent en trois ordres ou classes différentes. Tout ce qui est formé de matière organisée a une organisation. Nous avons vu plus haut (pag. 17) qu'il est indispensable de faire intervenir ici la notion de l'origine de la matière comme provenant d'un être qui vit ou a vécu. Il est indispensable de faire intervenir dans cette définition la notion de principes immédiats nombreux dissous les uns à l'aide des autres, car des principes immédiats ayant vécu peu- vent se déposer à l'état solide et cristallin dans l'organisme sans constituer de la substance organisée ; car ils sont isolés ou unis seulement à un ou deux des principes d'un seul des deux autres ordres : telle est la cholestérine , se déposant en concrétions cristallines, ou le phosphate ammoniaco- magné- sien, la cystine, etc. Toute matière qui est reconnue expérimentalement comme constituée par union de principes immédiats appartenant à ces trois classes se rencontre seulement sur des êtres vivants ou ayant vécu ; de là nous concluons qu'une matière provient d'un être qui a vécu, qu'elle est organisée en un mot, lorsque, par l'analyse, nous y découvrons des principes nombreux, unis molécule à molécule, appartenant à ces trois classes. On trouve bien à la surface du globe, des sols, des limons contenant des principes de ces trois classes, mais l'union n'est pas intime et homogène comme elle l'est dans la substance organisée. Les principes analogues de la deuxième classe , bien que n'étant pas d'origine organique, qui peuvent s'y trouver, manquent ou sont, en petite proportion, simplement dissous dans l'eau ; les substances organiques surtout , au lieu de former la plus 124 VÉGÉTAUX PAKASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. grande partie de la substance quant à la masse, comme cela se voit dans toute substance organisée, même liquide, telle que le sang, ne constituent qu'une petite proportion de la masse; et enfin plusieurs des composés minéraux se présentent à l'état de grains ou agrégats irréguliers, qui ne sont pas unis molécule à molécule aux espèces de corps des autres classes, ou sont tout au plus unis à une faible proportion de substances organiques. Ainsi, quant à l'homogénéité de l'union moléculaire des principes immédiats dans toute la masse , la substance organisée se dis- tingue déjà de tout agrégat de matière brute. Un produit de fabrication humaine, comme le vin, pourra bien renfermer des principes des trois classes, plus d'une manière homogène, mais il manquera de tel ou de tel des autres caractères sui- vants qui sont propres à la substance organisée. 61. — La matière organisée peut être liquide, demi-solide ou solide. Si elle est liquide , elle se distingue de toute substance brute par la prédominance des substances organiques (non dessé- chées) quant à la masse. Je dis non desséchées, car l'eau qu'on chasse par évaporation de la matière organisée est pour la plus grande partie de l'eau de constitution des substances orga- niques elles-mêmes (1); elle se distingue encore accessoire- ment, bien que presque toujours , par la présence de parties solides en suspension ayant une forme spéciale, les éléments anatomiques. Lorsqu'elle est solide, elle peut être amorphe, mais elle a le plus souvent une forme et une structure spéciales ; si elle est amorphe, elle se distingue encore par la prédominance des substances organiques sur les espèces d'origine minérale. Mais la matière organisée n'est pas toujours liquide ou amorphe solide; elle prend , lorsqu'elle est solide, le plus souvent des formes et une structure spéciales, qui la distinguent des corps (1) Voy. Cn. Robin et Verdeil, Chimie anatomique. Paris, 1853, t, III. SUBSTANCE ORGANISÉE VÉGÉTALE ET ANIMALE. 425 bruts, lors même que, dans sa composition immédiate , les principes d'origine minérale l'emportent quant à la masse, comme on le voit dans les os, les coquilles, etc. 62. — Ainsi on voit qu'il n'y a pas toujours de caractère absolu qui distingue la matière brute de la substance orga- nisée, toutes deux pouvant être liquides et solides, contenir des substances organiques ; et même quelquefois la première renferme des composés cristallisables analogues, sans être iden- tiques , à ceux d'origine organique des êtres vivants, car les corps d'origine minérale ne manquent jamais ni dans l'une ni dans l'autre. Lorsqu'une matière ne contient pas de substances organiques , la distinction est absolue ; ce n'est pas de la ma- tière organisée, c'est un corps brut. Lorsqu'étant amorphe ou liquide, la masse des principes d'origine minérale l'emporte sur les substances organiques , c'est encore un corps brut ; si , au contraire , ce sont ces dernières qui l'emportent , c'est de la matière organisée. C'est pour avoir cru à l'existence de caractères distinctifs absolus que l'on a cherché si longtemps à distinguer chimique- ment la substance organisée de celle des corps bruts , au lieu de chercher d'abord à connaître quelle est la constitution de la première. C'est pour avoir cru à l'existence de caractères distinctifs absolus entre la substance organisée des végétaux et celle des animaux, que l'on a été conduit à deux erreurs aussi graves l'une que l'autre. La première consistait à considérer l'ammoniaque comme pouvant être seule fournie par la matière organisée ani- male ; sa production par l'action du feu sur une matière déno- tait alors que l'on avait affaire à une substance animale. La seconde consistait à nier qu'on pût , au point de vue de la composition immédiate ( au point de vue chimique , comme on disait alors), distinguer la substance des animaux de celle des végétaux, parce que dans quelques animaux l'un des prin- cipes immédiats est de la cellulose. Or cette substance orga- 120 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. nique n'existe que dans l'enveloppe protectrice d'un très petit nombre de Mollusques , dans la partie correspondant à la co- quille des Malacozoaires plus élevés en complication. Cette opinion revient à celle qui consisterait à dire que l'on ne peut pas distinguer les animaux de la matière brute, parce que la coquille des Mollusques renferme plus de sels d'origine miné- rale que d'autres principes. D'abord il importe de noter que la substance organisée des parties constituantes essentielles de l'animal (et non des produits simplement protecteurs, comme les épitbéliums, coquilles, etc.) diffère d'une manière absolue de la substance organisée végétale par l'absence de cellulose ou des principes voisins, avec prédominance des substances organiques azotées comme principes constituants fondamentaux. Si maintenant on envisage d'une manière générale la matière organisée, sans distinction, d'une part, de celle qui forme les parties consti- tuantes essentielles, et, d'autre part, de celle qui forme les produits protecteurs ou de perfectionnement, on observe que : La substance organisée des végétaux se distingue de celle des animaux par la prédominance des substances organiques non azotées sur celles qui sont azotées, et par l'existence (ou la prédominance) de certaines espèces de principes cristallisables d'origine organique (deuxième classe). Des faits analogues s'observent à l'égard des principes d'origine minérale, mais ils sont bien moins tranchés ; c'est-à-dire qu'à cet égard la sub- stance organisée des plantes et celle des animaux diffèrent peu. Les deux substances ne diffèrent pas quant au mode d'union molécule à molécule des principes , ni quant aux caractères fondamentaux de ceux-ci qui font qu'on les range en trois classes. Il ne faut, par conséquent, pas être étonné de voir des actes moléculaires qui se passent dans les deux espèces de sub- stances être de même ordre; les phénomènes de nutrition, en un mot, être analogues. C'est par la présence de principes SUBSTANCE ORGANISÉE VÉGÉTALE ET ANIMALE. 127 d'origine minérale dans toute substance organisée, c'est aussi par la présence d'une très faible proportion de substances or- ganiques dans les couches solides et liquides du globe , que les êtres organisés se rattachent au globe terrestre au point de vue même de leur composition intime ou immédiate ; c'est par là que se manifeste d'une manière énergique .leur soumis- sion fatale au monde extérieur. Mais la matière organisée n'est pas toute liquide ou amor- phe, elle se présente presque partout où elle est solide à l'état de petits corps ayant une forme et une structure spéciales, qu'on appelle des éléments anatomiques (fibres, cellules, tubes, etc.). C'est lorsqu'on arrive à leur étude que l'être vi- vant se distingue des corps bruts, et l'animal du végétal, par cette structure seule qui frappe au premier coup d'œil, dès que l'on s'est placé dans les conditions physico-chimiques qui permettent de l'apercevoir. Dès lors la substance organisée cesse de se rattacher au monde extérieur par des faits de con- stitution intime ou moléculaire. Dès lors les espèces de corps organisés ont encore des caractères d'ordre mathématique (forme, volume, etc.), des caractères d'ordre physique (consis- tance, couleur) , et des réactions chimiques qui continuent à montrer leur dépendance et leur soumission aux lois qui ré- gissent les corps bruts ; mais ils ont de plus des caractères d'ordre nouveau , ceux de structure ou d'ordre organique que ne présentent pas les précédents. Ce fait établit à l'égard de ceux-ci une certaine indépendance qui leur est propre. Cette indépendance, plus manifeste encore au point de vue dyna- mique , chez l'être en action qu'au point de vue anatomique, a par cette raison été souvent exagérée, et même regardée comme entière et absolue. Dès qu'on envisage les éléments anatomiques, les différences entre les corps bruts et les corps organisés, entre les animaux et les végétaux, ne sont plus caractérisées par de simples degrés dans la proportion des principes qui composent leur 128 VÉGÉTAUX PARASITES DE L' HOMME ET DBS ANIMAUX. substance. On n'est plus obligé de recourir à l'analyse anatomi- queou immédiate, comme on est forcé dele faire lorsqu'il s'agit de la substance organisée liquide ou solide amorphe. En effet, considérés en eux-mêmes, et non plus d'une manière abstraite, comme substances organisées, les éléments anatomiques ne se rattachent plus aux corps bruts que par ce fait, qu'ils ont en- core comme eux des caractères de volume, de forme, de con- sistance, elc; qu'ils sont susceptibles de se combiner avec divers agents chimiques, ou d'être détruits par eux ; mais ils s'en éloignent parce fait qu'ils ont acquis des caractères d'un ordre nouveau dits organiques, que ne présentent pas les corps bruts. Si déjà la substance organisée se distingue facilement de la matière brute, si les animaux peuvent être distingués nette- ment des plantes lorsqu'on examine cette substance à l'état d'éléments anatomiques, on comprend que la distinction de- vient encore plus facile dès qu'en remontant l'échelle des parties dont se compose l'organisme, on arrive aux tissus, aux humeurs tenant des éléments anatomiques en suspension, aux systèmes, aux organes, etc. Aussi la distinction entre les corps orga- nisés et les corps bruts, puis entre les plantes et les animaux, ne présente- t-elle de difficulté, au point de vue pratique, que lorsqu'on examine la substance organisée liquide ou solide amorphe, et quelquefois des éléments anatomiques libres, iso- lés, non réunis en tissus , ou des infusoires constitués par un seul élément anatomique. Mais encore est-il que ces difficultés sont assez faciles à surmonter lorsqu'on s'est préparéàles vaincre par l'examen comparatif des éléments anatomiques des ani- maux et des végétaux adultes et embryonnaires. Au point de vue scientifique ou théorique, cette distinction n'en présente aucune dès que l'on sait que toute substance organisée est con- stituée de principes immédiats nombreux de trois classes diffé- rentes, unis réciproquement molécule à molécule d'une ma- nière homogène, et lorsqu'on connaît les caractères des espèces de chacune de ces classes. SUBSTANCE INTERCELLULÂIRE. 129 La substance organisée, existant quelquefois à l'état amor- phe dans l'économie , doit donc être étudiée d'abord d'une manière générale, indépendamment des formes et couleurs, etc., qu'elle peut présenter. Lors même qu'elle n'existerait jamais à l'état amorphe, les caractères communs qu'elle offre, et qui sont ceux indiqués plus haut, devraient, du reste, être exposés d'abord. Elle se montre très souvent à l'état amorphe dans les animaux. La matière qui accompagne, quelquefois les spores (pi. X, fig. 2 e, r), et plus souvent les mycéliums ou les individus agrégés des Diatomacées, la substance intercellulaire des Pha- nérogames, sont des exemples de substance organisée végétale amorphe. Espèces de substances amorphes dans les plantes. 63. — Première espèce. — -Substance intercellulaire unis- sante intermédiaire. « Dans la plupart des bois, peut-être dans tous, les étroits méats intercellulaires qui s'étendent entre les cellules ligneuses sont remplis par une substance particu- lière dite substance intercellulaire. Elle jaunit lorsqu'on la traite par l'iode et l'acide sulfurique ; elle n'est pas attaquée par ce der- nier, et l'on pourrait dès lors être conduit à la regarder comme formant une masse commune avec la couche externe des cellules, puisque celle-ci jaunit également dans les mêmes circonstances ; d'autant plus enfin que dans les méats intercellulaires la limite entre la substance intermédiaire et la couche cellulaire externe peut facilement échapper à l'observateur. Mais l'inexactitude d'une telle manière de voir est mise en évidence par l'examen des préparations bouillies dans l'acide ni trique ; ici , en effe t , après l'action de l'iode, la substance intercellulaire conserve sa cou- leur jaune, tandis que la couche cellulaire externe ou primaire se colore en bleu (1). » Il est impossible de s'assurer si la substance intercellulaire du bois des Dicotylédones est entièrement dépourvue de cellulose, (1) H. Mohl, loc. cit., 1847, p. 262. 9 130 VÉGÉTAUX PARASITES DE L* HOMME ET DES ANIMAUX. ou si elle la renferme à un état de combinaison avec la lignine tellement forte , qu'elle ne réagisse plus sur l'iode; car ni la potasse ni l'acide azotique ne peuvent faire apparaître la teinte bleue. Comme exemple des bois dans lesquels une substance intercellulaire douée des propriétés indiquées plus haut rem- plit les méats qui régnent entre les cellules ligneuses, on peut citer les Larix europœa, Taxus baccata, Torrega laxifolia, Vi- burnum lanlana , Buxus sempcrvirens , Clematis vitaïba. Lorsque l'acide nitrique a dissous la substance intercellulaire, les cellules de ces bois commencent à se séparer les unes des autres (1). La matière in ter cellulaire est très visible dans les cellules de beaucoup d'Algues (Himantalia larea, etc.), dans lesquelles chaque cellule se trouve éloignée, séparée des cel- lules voisines par une couche plus ou moins abondante de cette substance. Là où. elle n'est pas visible, comme dans les Zygne- ma, la séparation de chaque cloison intercelliriaire , soit spon- tanément, soit par des procédés mécaniques, montre sans peine qu'elle est composée par la soudure de deux cellules, qui, dans les autres plantes, sont séparées l'une de l'autre par la sub- stance intercellulaire. Quoi qu'il en soit, c'est toujours par le contact immédiat, ou par l'entremise de la substance intercellulaire , que sont en connexion les éléments anatomiques des plantes, et jamais par des fibres qui les relien tles uns aux autres. Tantôt ils sont lâche- ment unis comme dans les parenchymes en général ; tantôt ils sont fortement adhérents entre eux , comme dans les prosen- chymes. Dans les premiers, les cellules sont disposées sans ordre appréciable, quand elles sont irrégulières. Si elles sont d'égales dimensions, elles sont ordinairement en séries recti- lignes, soit dans le sens horizontal, soit dans le sens vertical. Les cellules des séries voisines sont toutes à la même hauteur ou (1) H. Mom., Examen de la question: La cellulose forme-t-elle la base de toutes les membranes végétales (Annales des sciences naturelles, Paris, 1847, t. VIII, p. 2Ô2). CUTICULE VRAIE. 131 alternes. Les prosenchymes ont leurs cellules disposées en séries rectilignes ; il n'y a que quelques Algues et Champignons où les cellules flexueuses allongées soient diversement entrelacées. La substance in ter cellulaire des Algues élevées se comporte comme celle des Phanérogames. Celle des Champignons en diffère beaucoup, car l'action de l'eau suffit pour la dissoudre. Les espaces intercellulaires , lacunes ou cavités aériennes laissées par les cellules , et qui ne sont pas remplies par la substance intercellulaire, ne renferment que des gaz, des liquides homogènes, de la gomme ou des résines sécrétées par les cellules voisines. Mais elles ne contiennent jamais d'ami- don, de cristaux, ni du liquide granuleux que renferment les cellules (protoplasma). Les espaces pleins de résine des Coni- fères se rencontrent seulement dans les parties de l'écorce ou du bois formées de parenchyme, et non dans le prosenchyme, tissu fibreux, ou bois; ce sont des cellules qui se sont résorbées, comme le fait a lieu souvent dans la moelle, etc., ou des cel- lules qui ont un arrangement particulier, comme les cellules desHydrochoris et Hippuris qui forment ces espaces. La gomme existe, soit dans des cellules, soit dans des espaces intercelîu- laires où elle a été sécrétée par ces cellules. 6/1. — 'Deuxième espèce. — Cuticule. Il faut distinguer deux choses dans ce que les auteurs classiques appellent la cuticule ; ce sont : 1° la vraie cuticule, produit sécrété par les cellules de l'épiderme : 2" les couches cuiiculaires , qui sont les cou- ches d'épaississement de celle des faces des cellules épidermi- ques qui est en contact avec l'air. 65. — Cuticule vraie. La combinaison de l'iode avec les cel- lules traitées par l'acide azotique est très énergique ; elle ré- siste à l'action de l'air, à celle de l'alcool bouillant, etc. La des- siccation suffit pour faire disparaître l'iode qui a bleui les parois des cellules qui n'ont pas subi l'action des acides (1). La cuticule se place au premier rang parmi les parties des (1) H. Mohl, loc. cit., 1847. 132 VÉGÉTAUX I'AIUSITES LE L HOMME ET DES ANIMAUX. plantes chez lesquelles il est impossible de manifester la moindre trace de cellulose à l'aide de l'iode et de l'acide sul- furique; elle résiste complètement à l'action de l'acide sulfu- rique, ou bien lorsque cet acide a produit en elle un certain ramollissement , il n'en résulte pas pour cela que l'iode la bleuisse. Au contraire, on la voit toujours prendre une teinte jaune ou brune sous l'action de ce réactif. Si l'on agit sur des organes dans lesquels la paroi externe des cellules épidermi- ques n'a guère plus d'épaisseur que leurs parois latérales, et chez lesquels l'iode et l'acide sulfurique ou nitrique ne mon- trent qu'une cuticule très mince (épidémie des feuilles d'Iris fimbriata, de la tige d' Epiphyllum truncatum, du pétiole des Musa, etc.), l'action même de la potasse reste nulle. Il reste une lamelle mince et colorée en jaune sur le côté externe des cellules qui ont bleui elles-mêmes. Et pourtant nous verrons plus loin que la potasse agit sur la cellulose imprégnée de ma- tières incrustantes là même où l'acide azotique reste impuis- sant. Cette membranule, qui existe dans toutes les circon- stances sur 1'épiderme, est composée d'une substance essentiel- lement différente de celle qui constitue les membranes cellulaires, comme le montre la manière dont elle se comporte avec la potasse et l'iode. C'est elle, sans doute, que M. À. Bron- gniart a réussi à détacher des feuilles par la macération, et qu'il a nommée cuticule (1). Elle se trouve sur toutes les cel- lules exposées à l'air , sans exception. D'après les réactions précédentes, elle ne semble pas être une transformation d'une partie de la paroi externe des cellules d'épiderme. 66. — Couches cutimlaires. Hugo Mohl a donné ce nom (loc. cit., 18A7, page 2ZI6) aux parties des cellules épidermiques, de celles du liber, etc., qui se colorent en jaune sous l'action des acides sulfurique ou nitrique et de l'iode, mais bleuissent à l'aide de ce métalloïde et du traitement préalable par la po- tasse concentrée. Elles renferment donc de la cellulose, tandis (1) H. Mohl, loc. cit., 1847. COUCHES CUTICULAIRES. 135 que l'absence absolue de ce principe caractérise la vraie cuti- cule. Beaucoup d'auteurs et lui-même, faute de connaître l'action de la potasse sur les matières qui incrustent ces cou- ches, se guidant par l'action des acides seulement , les avaient confondues avec la cuticule. On trouve les couches cuticulaires dans les feuilles considé- rées comme ayant une cuticule épaisse (Aloe obliqua). On doit laisser la préparation de vingt-quatre à quarante-huit heures dans une solution de potasse très concentrée, à la température ordinaire. La couche cuticulaire se gonfle, et comme la membrane des cellules épaisses traitée par l'acide sulfurique, on voit qu'elle est composée de nombreuses lamelles superpo- sées. Ces lamelles ne s'étendent pas sans interruption d'une cellule à l'autre, et ne forment pas une membrane uniformé- ment étendue à la surface de l'épiderme, ni qu'on puisse dis- tinguer, séparer d'avec lui ; au contraire, elles finissent sur la limite de deux cellules épidermiques et adjacentes et consti- tuent une portion de leurs parois. Le plus souvent, dans cette expérience, les cellules d'épiderme se sont élargies et les por- tions de couches cuticulaires qui correspondent à ces cellules se sont séparées l'une de l'autre d'une manière plus ou moins complète. Si l'on met sur la préparation quelques gouttes de teinture d'iode saturée , et qu'après avoir laissé sécher on ajoute de l'eau, la cuticule se colore en bleu d'une manière aussi nette que les parois des cellules de l'épiderme et du pa- renchyme sous-jacent (Aloe obliqua et A. margaritifera , Hoya carnosa , Hackea pachyphylla et H. gibbosa , etc.). Il ressort indubitablement de ce qui précède que ces couches cuticulaires ne sont pas formées par une couche homogène de matière différente de la cellulose, qui ait été déposée à la sur- face de l'épiderme, mais qu'elles se sont constituées par des portions distinctes correspondantes aux cellules épidermiques. Pendant que se produit l'action de la potasse sur les couches cuticulaires des cellules épidermiques, onvoitunemembranule 13Û VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. très déliée se détacher de leur l'ace externe. Cette membrane déliée est la vraie cuticule , qui se colore par l'iode , non pas en bleu, mais en jaune (1). Pour les cellules de la couche subéreuse des Sambucus nigra, Acer campestre , Ulmus campestris , Evonymus europeeus , l'acide azotique suffit pour déceler la présence de la cellulose dans la couche externe comme dans celle des cellules ligneuses. Mais l'ébullition a besoin d'être prolongée longtemps, et sou- vent après ce traitement elle ne bleuit qu'imparfaitement; la potasse, au contraire, amène plus vite, et d'une manière plus nette, la coloration bleue. Cependant les cellules des épines du Bombax qui appartiennent au système subéreux , et du suber de la souche du Tamnus elephanlipes, deviennent parfaitement bleues par l'emploi préalable de l'acide nitrique, et verdàtres si on le remplace par la potasse caustique. Certaines Algues filamenteuses ont une membrane d'enveloppe commune à toutes les cellules placées bout à bout qui les forment et em- boîtent toutes celles-ci; elle est constituée par de la cellulose, et la cuticule manque. La vraie cuticule existe dans toutes les Algues élevées. 67. — Troisième espèce. — Substance gélatineuse des Algues et des Champignons. On trouve sur beaucoup d'espèces de plantes une sub- stance mucilagineuse ou gélatineuse amorphe , présentant à peine quelques stries très délicates, jaunissant au contact de l'iode et se réduisant à peu de chose par dessiccation. Elle forme une masse plus ou moins considérable comparativement aux cellules dans beaucoup de Nostochinées et dans les Diato- mées, surtout à l'époque de la conjugaison, etc. 'Cette sub- stance mérite certainement d'être prise en considération au point de vue anatomique, et, par suite, en physiologie, plus qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. On trouve également une sub- stance analogue à la surface du capitule de quelques Champi- (1) H. Mohl, loc. cit., 18*7, p. 242-243. SUBSTANCE GÉLATINEUSE ET SUBSTANCE GRANULEUSE. 135 gnons, tels que les Stilbum, etc., ou à la base du stroma ou stipe. Telle est la matière amorphe et tenace d'un brun rouge qui fait adhérer les Laboulbenia aux téguments des Insectes (pi. IX et pi. X, f, f, f). 68. — Quatrième espèce. — Entre les faisceaux de thèques de quelques Sphéries, on trouve une substance amorphe et très granuleuse, friable, ce qui la distingue des précédentes, et qui doit être prise en considération. Dans le Sph^eria Robertsii, Hooker, les thèques lui adhèrent par leur extrémité la plus amincie. (Voy. Spileria entomorrhiza, Dikson, et Sph. Ro- bertsii, Hooker, pi. XIII, fig. 8, a.) B. — éléments anatomiques végétaux. 69. — On donne le nom d'éléments anatomiques, en géné- ral, à de très petits corps formés de matière organisée, libres ou contigus, présentant un ensemble de caractères géométriques, physiques et chimiques spéciaux, ainsi qu'une structure sans analogue avec celle des corps bruts ; caractères qui sont varia- bles de l'un à l'autre entre certaines limites, mais leur restent tout à fait propres. Sous un autre point de vue, ce sont des corps libres ou les plus petites parties auxquelles on puisse ramener les tissus par l'analyse anatomique, qui sont doués de caractères géométriques, physiques et chimiques plus variables que dans les autres êtres, mais avec des particularités qui n appartiennent qu'à eux et une structure [ou caractères d'ordre organique) que ne présentent pas les corps bruts. Les éléments anatomiques végétaux sont des corps extrême- ment petits et variables dans leur forme, immédiatement juxta- posés les uns aux autres ou libres, généralement creux et clos de toutes parts, représentant ainsi des utricules ou cellules dont le contenu est variable et la paroi formée de cellulose ou 'd'une ou de plusieurs substances organiques analogues. Les éléments 466 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. anatomiques animaux se distinguent de ceux des végétaux en ce qu'ils sont formés principalement de substances organiques azotées, et le plus souvent (bien que pas toujours) sans cavité, lors môme qu'ils ont la forme dite de cellule. Lorsqu'ils ont une cavité distincte et une paroi de cellulose, comme on le voit exceptionnellement dans la tunique protec- trice des Mollusques tuniciers, les utricules ne sont pas immé- diatement juxtaposées; car dans l'épaisseur de la substance qui sépare les cavités prises pour des cellules et en représentant les parois, se trouvent inclus des noyaux ou corpuscules spéciaux, qu'on retrouve souvent au nombre des éléments anatomiques animaux. En un mot, cette tunique est bien plutôt une substance ho- mogène fondamentale de cellulose, creusée de cavités ana- logues à ce qu'on voit dans le cartilage, que formée de cel- lules proprement dites, rapprochées et juxtaposées comme celles des plantes ; seulement ces cavités ne renferment ni amas de granulations, ni cellules, comme on le voit dans les cavités de la substance cartilagineuse. C'est ce qui les distingue des cavités du cartilage. Ce qui du reste différencie ces cavités chez les Tuniciers de celles de tous les éléments anatomiques vé- gétaux, c'est que, bien que très grandes, elles sont arrondies et ovoïdes. De plus, une épaisseur considérable de substance sé- pare chaque cavité, et en représente la paroi. On ne peut les séparer les unes des autres, ni leur démontrer une paroi propre avec interposition de substance intercellulaire dans les méats laissés naturellement par des cellules ovoïdes qui se touche- raient. Au contraire, les cellules végétales qui ont une forme arron- die ou ovoïde sont généralement plus petites que les cavités de l'enveloppe des Tuniciers, mais toujours à paroi mince. Elles sont surtout facilement séparables; souvent elles laissent entre elles des méats intercellulaires pleins de gaz ou dans les- quels on démontre facilement de la substance intercellulaire; ÉLÉMENTS ANATOMIQUES DES VÉGÉTAUX. 137 elles sont du reste dépourvues de Yutricule azotée ou primitive que possèdent toutes les cellules végétales à cavité arrondie. Les cellules végétales égales aux cavités de l'enveloppe des Tuniciers sont généralement polyédriques ; elles le sont tou- jours quand elles ont une paroi aussi épaisse que les portions de cellulose qui séparent les cavités de cette enveloppe. 70. — Nombre. Les éléments anatomiques des végétaux peuvent être isolés, c'est-à-dire qu'il y a des plantes qui sont représentées par un seul élément (Cryptococcus, pi. VI, fîg. 1). Habituellement ils sont réunis en quantité innom- brable, mais ils peuvent n'être qu'au nombre de deux, quatre, seize, etc., dans des espèces dont les individus sont aussi très petits et très simples (Cryptococcus guttulatus, Ch. R., pi. VI, fig. 2, et Merismopœdia ventriculi, pi. XII, fig. 1). 71. — Situation. La situation des éléments anatomiques de même espèce est symétrique dans beaucoup de plantes (pi. XII, fig. 1) ; elle est soumise à certaines lois qu'on a en- core peu étudiées ou qu'on n'a pas encore formulées. 72. — Etendue. Leurs dimensions varient de 0m,005 en tous sens (pi. III, fig. 10) à 0«,100, et de 0m,002 à 0m,0/|0 en lar- geur, jusqu'à environ 0m,700 pour la longueur (pi. IV, fig. 9), laquelle n'a pas, du reste, toujours pu être nettement mesurée. 73. — Consistance , élasticité. Les éléments anatomiques varient trop sous ces deux rapports pour qu'on puisse en rien dire en général. Les uns sont mous et flexibles, comme la plu- part des filaments de mycélium, etc. ; les autres plus ou moins résistants et élastiques, comme certaines fibres ligneuses ; ou fragiles et élastiques, ou rigides et cassants, comme certaines fibres ligneuses aussi. lh. — Hygrométricité. Tous les éléments anatomiques sont hygrométriques, c'est-à-dire susceptibles de s'imbiber d'eau, s'ils sont desséchés , et de présenter des phénomènes d'échange endosmotique et exosmotique avec les liquides ou les gaz am- biants, s'ils sont eux-mêmes pleins de ces fluides. Ce caractère 138 VÉGÉTAUX PARASITES DE l/HOMME ET DES ANIMAUX. d'ordre physique est la condition d'existence des actes d'assi- milation et de désassimilation de la substance organisée, actes qui ne s'opèrent qu'autant que pénètrent et sortent les prin- cipes qui servent à. l'assimilation ou résultent de la désassimi- lation. C'est l'existence de ce caractère qui rend possibles les variations de volume , de consistance et d'élasticité que pré- sentent les éléments anatomiques végétaux, suivant qu'ils sont secs ou mouillés; variations qui ne sont très manifestes que lorsqu'ils sont réunis en grand nombre etconstituent des tissus. 75.— Couleur. Les éléments anatomiques sont générale- ment blancs ou grisâtres à la lumière réfléchie, et presque inco- lores à la lumière transmise. Leur cavité renferme souvent des matières vertes, bleues, jaunes, rouges, etc., tandis que la paroi reste incolore (celle des feuilles et des pétales, etc.); d'au- tres fois (comme on le voit dans beaucoup de Cryptogames en particulier) la substance propre des utricules est brune ou fauve, rougeàtre, etc., et la cavité pleine d'un liquide incolore. 76. — Odeur et saveur. C'est aux principes contenus dans les utricules que représentent les éléments anatomiques végé- taux qu'il faut rapporter l'odeur et la saveur que possèdent beaucoup d'entre eux. Quelquefois pourtant, c'est à divers prin- cipes immédiats mélangés et répandus à l'état liquide ou demi- liquide dans les interstices des éléments anatomiques consti- tuant les tissus qu'il faut rapporter ces caractères présentés par divers végétaux (par le bois des Conifères en particulier). 77. — Action chimique des agents physiques. L'action de la chaleur détruit les éléments anatomiques des plantes suivant les degrés de la température, et suivant les espèces d'éléments dont il s'agit; elle en fait passer les principes immédiats , soit à l'état de corps isomères , soit à l'état d'huiles empyreumati- ques, de composés ammoniacaux, qui, avec des particules soli- des qu'ils entraînent, constituent la fumée, etil reste du charbon ou carbone accompagné de traces de sels , d'hydrogènes car- bonés ou d'acide carbonique, oxyde de carbone, etc. Par CARACTÈRES DES ÉLÉMENTS ANATOMIQUES VÉGÉTAUX. 139 combinaison avec l'oxygène de l'air, les principes cristallisa- bles d'origine organique, qui sont des sels calcaires ou alca- lins, passent à l'état de carbonates. Ceux qui sont d'origine minérale restent habituellement indécomposés, et forment avec les précédents ce qu'on appelle des cendres. L'électricité n'agit qu'en raison de l'élévation de température qu'elle produit, mais, en outre, elle opère la décomposition , ou le passage d'un état à un autre, de divers principes cristallisables en particulier (on ne sait au juste quelles espèces), et ainsi favorise ou re- tarde la nutrition des plantes, ou même peut la faire cesser, suivant les conditions dans lesquelles on se place. Elle peut ainsi agir indirectement sur les substances organiques colorantes ou azotées. C'est particulièrement sur les premières de ces substances que la lumière a une action chimique pro- noncée ; sa nature n'est, du reste, pas très nettement déter- minée , mais on sait qu'elle a pour résultat la décomposition de l'acide carbonique, la fixation du carbone et la mise en liberté de l'oxygène. 78. — Action chimique des agents chimiques. Le chlore etl'iode sont les deux corps simples dont l'action chimique sur les élé- ments végétaux est le mieux étudiée. L'iode les colore en jaune foncé , en brun rougeâtre ou noirâtre , ou en bleu , sui- vant qu'il agit sur la subérine, sur la cellulose incrustée de xylogène , sur les substances organiques azotées ou sur la cellulose pure et l'amidon. Cette action, qui est diverse suivant la nature des principes immédiats dont est formé l'élément anatomique , est très utile comme moyen technique pour arri- ver à connaître la disposition des parties qui constituent les éléments anatomiques végétaux : leur structure, en un mot. L'étude de cette action n'a donc qu'une utilité indirecte, mais elle est capitale ; car la connaissance de la structure , outre sa valeur intrinsèque, en tant que caractère d'ordre organique, concentre et résume la connaissance de tous les caractères des autres ordres. 1/iO VÉGÉTAUX PARASITES DE l/HOMME ET DES ANIMAUX. L'action du clilore est décomposante ; il décolore les parties colorées de l'élément anatomique, et, à la longue, rend friables les parties dures. L'alcool coagule et durcit les substances organiques azotées et gommeuses; cette action est quelquefois utilisée comme celle de l'iode, surtout sur les éléments ana- tomiques dans la composition desquels entrent les principes gras et résineux. L'action des acides sulfurique et nitrique , seuls ou unis à d'autres agents , a été suffisammment indiquée plus haut (p. 120, 121) pour qu'il soit superllu d'y revenir. Ils coagulent et font rétracter les substances organiques azotées. Cette action est employée dans le même but que celle de l'iode. C'est par suite de cette utilité à l'égard de la structure des éléments , très grande , bien qu'indirecte , que l'étude des caractères d'ordre chimique prend une extension bien plus grande que celle des autres ordres, qui ne présente qu'une utilité bien plus restreinte et plus indirecte encore. Ce qu'il est essentiel de connaître , en fait de corps organisés , ce sont naturellement leurs caractères d'ordre organique, leur structure; cette con- naissance est bien plus utile que celle de leur forme , de leur volume , de leur consistance , de leurs réactions chimiques mêmes , dont la notion est indispensable , mais bien moins en- core que celle de la constitution. Si l'on trempe des éléments anatomiques végétaux, une coupe mince , par exemple , dans du sirop de sucre , et qu'on enlève ensuite l'excédant du sirop avec un pinceau pour ajouter une goutte d'acide sulfurique ( trois parties d'acide concentré pour une d'eau), la paroi de cellulose est colorée en rose rouge au bout de dix minutes. L'acide chlorhydrique est employé, comme les acides précédents , pour dissocier les éléments ana- tomiques réunis, et surtout pour enlever les sels qui incrustent ou remplissent certains éléments anatomiques. 79. — Composition immédiate. Chaque élément anatomique renferme un certain nombre de principes immédiats des trois STRUCTURE DES ÉLÉMENTS ANATOMIQUES VÉGÉTAUX. 1/jl classes, mais non tous; ce sont surtout ceux de la deuxième classe dont le nombre et la nature varient avec chaque espèce d'élément anatomique , puis ceux des deux dernières tribus de la troisième classe. 80. — Ce que j'ai dit plus haut (page 122) de la composition élémentaire des végétaux doit être appliqué ici. 81. — Caractères (Tordre organique des éléments anatomiques végétaux, ou de leur structure. Tout élément anatomique végétal se compose d'une paroi limitant une cavité remplie d'un contenu très varié. C'est là seulement ce que présentent de commun dans leur structure les éléments anatomiques des plantes. C'est l'existence constante d'une cavité circonscrite par une paroi généralement close de toutes parts qui fait employer sou- vent l'expression cellule végétale comme synonyme d'élément anatomique végétal, bien que quelques éléments (comme cer- tains vaisseaux) à leur état de complet- développement soient for- més de plusieurs cellules superposées avec résorption complète ou incomplète des parois formant cloison au point de contact. Il faut donc savoir que ces expressions ne sont synonymes que d'une manière relative. Car, suivant leurs formes, dimensions et structure, les éléments anatomiques végétaux, qui, dans le sens absolu du mot, sont en réalité des cellules, se divisent en plusieurs types plutôt que des espèces. Il faut dire des types et non des espèces, caries cellules fibreuses et vasculairesont tous les caractères fondamentaux des cellules dans les premiers temps de leur existence, mais passent à un autre état, par simple changement de forme (transformation ou métamor- phose) . La paroi ou enveloppe est toujours bien distincte du contenu. D'abord souvent on voit deux lignes parallèles qui limitent l'épaisseur de la paroi ; en outre on peut rompre celle-ci , alors le contenu s'échappe et la cavité se vide. A la paroi adhère sou- vent, quoique non constamment, un corps particulier, le noyau, 1/|2 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. qui en fait partie au moins pendant quelque temps ; car, dans beaucoup de cellules, son existence n'est que temporaire. Ainsi, paroi et cavité, ou contenant et contenu, voilà autant de choses distinctes qu'on peut observer dans les éléments ana- tomiques végétaux, et sur lesquels nous aurons à revenir. Il n'y a pas de fait relatif à la paroi des éléments anatomi- ques végétaux qui soit absolument commun à tous. Ainsi elle est formée de cellulose unie à quelques sels , ou à de la subé- rine, ou à du xylogène, ou bien à de la subérine presque pure avec des sels et un peu de cellulose. Cette paroi porte le nom de paroi de cellulose, parce que ce principe s'y trouve à peu près constamment. Le plus souvent (mais encore y a-t-il quelques exceptions) elle est tapissée d'une seconde membrane ou couche formée de substances organiques azotées demi-solides. C'est Vutricule azotée , primordiale ou primitive. A celle-ci se trouvent annexés directement ou indirectement quelquefois un ou deux (rarement plus) petits corps sphériques ou ovoïdes de même nature qu'elle : c'est ce qu'on appelle le noyau , nucleus ou cytoblaste; celui-ci renferme ou non un ou deux très petits corpuscules, appelés nucléoles (nucleolus). Ainsi, dans tout élément anatomiquevégétalilfaut, à l'égard de l'enveloppe, étudier la paroi de cellulose et Vutricule azotée, laquelle, à son tour, possède ou non un noyau. Le contenu (appelé quelquefois endochrome) est solide , liquide ou gazeux. Le contenu solide est formé de grains de fécule pressés les uns contre les autres dans les interstices des- quels se trouvent, ou des gouttes d'huile (Cyperus esculen- tus, L.), ou un liquide avec ou sans granulations moléculaires (Solanum tuberosum, L., Helianthus tuberosus, L.). Le contenu liquide est quelquefois huileux et homogène (huiles essentielles des Aurantiacées) ou aqueux, avec ou (assez rarement) sans granulations moléculaires azotées , grains de fécule , de chlorophylle ou gouttes huileuses ou résineuses en CLASSIFICATION DES ÉLÉMENTS ANATOMIQUES ET VÉGÉTAUX. 143 suspension. Le contenu aqueux, ou mieux le liquide qui tient les granules, etc., en suspension, porte le nom de proto- plasma. Il est coagulable par les agents qui précipitent l'albu- mine et se colore en jaune ou jaune brun par la teinture d'iode, comme le font les substances organiques azotées. Le contenu gazeux est homogène, variable dans sa composi- tion, suivant les espèces végétales et les régions du corps de la plante, et s'observe quand le précédent contenu liquide dispa- raît par une cause ou par l'autre ; et vice versa, car jamais un élément anatomique ne commence par avoir un contenu gazeux. Classification des éléments anatomiques et végétaux. Les caractères des éléments anatomiques végétaux étant examinés , leur comparaison conduit à les généraliser en les rapportant à des groupes d'individus ; d'où séparation des es- pèces, types, variétés, etc., et formation d'autres groupes dont la coordination constitue le classement proprement dit. Le classement, devant être exprimé, conduit à la nomenclature. Tous les éléments anatomiques végétaux sont des cellules dans le sens propre de ce mot. Cependant , lorsqu'on veut en étudier tous les caractères, on reconnaît bientôt qu'ils se sépa- rent en groupes très différents. Ce sont des types d'une même espèce plutôt qne des espèces distinctes; ces types présentent eux-mêmes des variétés. Les individus de ces types ne se trans- forment pas indifféremment en individus d'un autre type : c'est ainsi que d'une cellule quelconque on ne verra pas provenir un laticifère, ni surtout un filament de mycélium ou une cellule ramifiée des Algues, etc. Pourtant, quel que soit le type des éléments anatomiques végétaux qu'on examine, tous ont pendant un certain temps, vers les premiers moments de leur naissance, les caractères généraux de cellules, de forme, de volume et de structure générale, tels qu'ils sont énoncés plus haut; tous passent par l'état de cellules, même \kk VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. ceux qui, plus tard, prendront la forme de libres, etc. Générale- ment il est, dès l'abord, possible de distinguer un clément nou- vellement formé appartenant à un type de ceux de tout autre type; quelque petite, quelque jeune que soit une cellule, il est, dès l'abord, possible de reconnaître à quel type elle appartient. Bien que souvent on voie une cellule quelconque du tissu cel- lulaire devenir cellule fibreuse par cloisonnement longitudinal, ce n'est pas toujours indifféremment telle ou telle cellule du tissu cellulaire d'une plante, d'un embryon, qui se transfor- mera en trachée, etc., c'est souvent une cellule qui, dès son origine , a déjà quelque chose de spécial. En un mot , les plantes ne sont pas formées par un seul type d'éléments anato- miques, mais par plusieurs types qui ont cela de commun qu'ils sont tous creux. Seulement, dans les premiers temps de leur développement , ces éléments se ressemblent beaucoup , bien qu'ils diffèrent ordinairement en quelques points ; puis par un simple changement de forme et de volume (métamorphose ou transformation), sans perdre leur cavité, qui est le fait de structure essentiel, ces différences deviennent considérables. Je sais bien que si l'on envisage une cellule végétale en se plaçant en quelque sorte hors de la réalité , c'est-à-dire en l'envisageant isolément sans tenir compte de celles qui l'avoisinent dans une plante, un même individu pourra être appelé cellule proprement dite par celui-ci , et fibre par celui- là. Mais j'ai montré plus haut que les parties des corps organisés sont solidaires les unes des autres ; que, bien qu'il soit nécessaire de les étudier successivement et séparément pour les bien connaître , elles ne sont quelque chose que les unes par rapport aux autres. Leur situation dans telle ou telle partie du corps, près de telle ou telle autre partie, n'est par conséquent pas une chose indifférente, pas plus que le volume, la forme (qui souvent dépend de cette situation) , ou la consistance et la com- position, etc. Ce n'est jamais isolément, du reste, qu'existent les cellules dans les plantes où cette distinction doit être établie; CLASSIFICATION DES ÉLÉMENTS DES VÉGÉTAUX. 145 on ne doit donc pas les envisager d'une manière absolue et isolée, car on ne peut voir les unes sans voir les éléments voi- sins. Leur situation, en un mot, est un caractère aussi impor- tant que les précédents, et indépendamment duquel l'élément ne saurait être étudié sans que bientôt il en résultât quelque er- reur. Aussi, dans la majorité des cas dont je parle, un élément, quels que soient son volume, sa longueur dans celle des phases de son développement où l'on vient à l'examiner, sera toujours, dans la pratique, distingué comme fibre, ou comme cellule, ou comme vaisseau ; mais une fibre ne sera pas confondue avec une cellule, si l'on tient compte des éléments qui touchent ou avoi- sinent celui qu'on étudie, et vice versa. C'est, du reste, en outre, toujours l'examen comparatif de la structure, combiné avec celui de la forme, de la situation, et du volume, qui sert à établir la distinction des types, et non point l'emploi d'un seul caractère. On reconnaît , du reste , que d'une famille ou d'une classe de plantes à l'autre, les caractères des éléments, surtout de ceux ayant forme de cellules, varient beaucoup, et entre des limites très étendues. Ils varient même beaucoup dans une même plante suivant la région de celle qu'on examine ; mais ces variations sont des aberrations de forme, des dévia- tions qui l'éloignent de la forme ordinaire plutôt que des transformations d'un élément en un autre. Ce fait coïncide avec cet autre, que les espèces de plantes présentent aussi de nombreuses déviations du type , de nombreuses variétés ( tels sont les arbres fruitiers, etc.), sans que jamais on puisse les transformer d'une espèce en l'autre, sans que d'un Poirier on puisse faire un Pommier, ou vice versa. De même aussi, dans ce qu'on appelle métamorphose des or- ganes des plantes, il n'y a pas simplement changement de forme des organes , il y a plutôt transformation , formation au delà ; c'est-à-dire que dans des organes ayant un fond d'analogie quant à la nature et à la disposition relative et réciproque des 10 140 VÉGÉTAUX PARASITER DE L* HOMME ET DES ANIMAUX. fibres, vaisseaux et cellules qui les constituent, il \ a formation, non pas d'une petite quantité de cellules du tissu cellulaire et d'autres éléments, mais bien d'une grande quantité. Cela fait qu'un organe qui aurait eu la forme et le volume restreints, d'étamines, par exemple, acquiert la conformation d'un pé- tale, etc. De même pour l'axe ou le support du pistil passant à l'état de rameau, ou vice versa dans les cas d'atropbie. C'est ainsi que toujours dans les éléments anatomiques on trouve à l'état d'ébaucbe les faits qui ne manifestent leur plein développement que dans l'organisme entier. On ne com- prend du reste pas comment il en serait autrement, comment il y aurait opposition entre les faits relatifs à l'organisation in- time , et ceux qui se rapportent à l'organisme pris dans son ensemble. Réciproquement l'existence de lois particulières aux parties élémentaires d'un être en entraînent de correspon- dantes, mais plus complexes dans la constitution de l'orga- nisme total, lesquelles reposent sur les précédentes. 82. — Les principaux types de cellules sont les suivants : Premier type.— Cellules proprement dites : éléments sphériques, ovoïdes, cy- lindriques, polyédriques, aplatis ou étoiles, à peu près d'égales dimensions en tous sens, quelle que soit l'épaisseur des parois, ou ayant une longueur égale à trois ou quatre fois la largeur, mais avec coïncidence de parois minces, et à peu près é;;a!e adhérence aux éléments voisins dans tous les sens. C'est à ce type que se rattachent les individus des espèces végétales qui ne sont représentés que par un seul élément anatomique libre et isolé, ayant une existence indépendante (Diatomées, Palmellées). Il offre plusieurs variétés, telles que les cellules epidermiques, cellules ponctuées, cellules rayées, etc., cel- lules du suber ou liège, de Yendoderme (cambium de quelques auteurs). Deuxième type.- — Cellules filamenteuses, éléments cylindriques, rarement pris- matiques par compression réciproque, dans lesquelles un diamètre étroit coïn- cide avec une longueur généralement au moins huit à dix fois et jusqu'à cinquante fois plus grande et des parois minces, assez souvent des ramifica- tions et une adhérence plus grande par leurs extrémités contiguës que par la périphérie, lorsque toutefois elles ne sont pas libres. Ce type est représenté par les cellules des filaments de mycélium de tous les Cryptogames, souvent par une partie des tissus de leur stipe, etc., ou la totalité de celui-ci dans les espèces simplement filamenteuses (Oïdiés, etc., pi. I, fig. 5, g, i). C'est à ce type plutôt qn'aux cellules pileus?s et fibreuses que se rattachent les filaments qui accompagnent la graine de certaines Asclépiadées, etc. Les plantes dites cellulaires ne renferment que des éléments appartenant à ces deux types. Troisième type.— Cellules fibreuses ou fibres végétales; éléments superposés CARACTÈRES DES QUATRE TYPES D'ÉLÉMENTS VÉGÉTAUX. \1\7 bout à bout, cylindriques, à diamètre généralement étroit et longueur considé- rable avec des parois épaisses (ou assez minces quand elles sont jeunes, et d'une longueur seulement cinq ou six fois plus grande que la largeur, mais pour- tant relativement plus épaisses et plus longues que les cellules du tissu cellu- laire ambiant), adhérant généralement bien plus ensemble parleurs extrémités que par leur circonférence. Ce type est représenté par les cellules qui, superposées bout à bout, forment les fibres ligneuses du bois et celles du liber. Elles offrent plusieurs variétés: cellules libériennes, très larges, à parois épaisses et homogènes; cellules ponc- tuées, cellules rayées, etc. Je crois que c'est à tort que Schacht considère les vaisseaux laticifères comme ne devant pas être distingués des cellules du liber. Quatrième tipe. — Cellules vasculaires, éléments superposés ou articulés bt)ut à bout, à parois minces, soit absolument, soit par rapport au diamètre ; plus souvent cylindriques que poylédriques ; étroits et à extrémités conoïdes, empié- tant l'un sur l'autre; ou bien larges et à extrémités aplaties, exactement super- posés, généralement (mais non absolument) beaucoup plus longs que larges. Les éléments de ce type sont représentés par les cellules qui, superposées ou articulées bout à bout, forment les vaisseaux des plantes dites vasculaires. Ils offrent plusieurs variétés : cellules vasculaires à filament spiral, ou des trachées; cellules vasculaires ponctuées, ou des vaisseaux ponctués; cellules vasculaires laticifères, ou des vaisseaux laticifères, parois généralement minces, homogènes, translucides, s'affaissant sur elles-mêmes. Aux cellules trachéales se rattachent celles des vaisseaux réticulés, et à la variété des cellules vasculaires ponctuées se rattachent celles des vaisseaux rayés et scalariformes. 83. — Plusieurs organes des plantes énumérés plus haut (p. 113), ayant une forme, un volume ou une structure par- ticulière, et un ou plusieurs usages spéciaux en rapport avec cette structure, sont rangés par quelques auteurs parmi les cellules, et pourtant n'en sont pas. Ce sont : 1° Les sporanges, ou thèques, avec ou sans opercules, avec ou sans pore disséminateur (périthèque, périspores) ; les cel- lules mères, ou vésicule du germe des archégones des Crypto- games vasculaires; 2° Les anthéridies, ou ovule mâle des Cryptogames; 3° L'ovule femelle ou sac embryonnaire , ou corps repro- ducteur femelle essentiel des Phanérogames ; 4° Les ovules mâles des Phanérogames, ou utricuîes mères polliniques ; 5° Les spores et zoospores ou ovules femelles , ou corps re- producteur essentiel des Cryptogames ; 6° Les grains de pollen , ou corpuscules fécondateurs des Phanérogames ; 148 VÉGÉTAUX PARASITES DE l'hOMMK ET DliS ANIMAUX. 7° Los spermatozoïdes, ou corpuscules fécondateurs dos Cryptogames. Tous ces organes ont, lors de leur naissance et dans les pre- miers temps de leur développement, possédé tous les carac- tères des cellules proprement dites; mais peu à peu ils en perdent les caractères, en acquièrent qui les éloignent de celles-ci et des autres éléments anatomiques, et se transfor- ment ainsi en véritables organes spéciaux différents des éléments anatomiques proprement dits. Us constituent des organes dérivant d'un seul élément anatomique , ce que dé- montrent encore leurs usages spéciaux en rapport avec leur structure particulière; plusieurs pourtant conservent toujours une analogie plus ou moins grande avec les cellules dont ils dérivent. C'est ainsi que la plupart conservent pendant toute leur existence une paroi close de toutes parts et une cavité dis- tincte : c'est cette analogie qui a fait ranger par quelques auteurs ces corps parmi les cellules ; ils en diffèrent pourtant anatomiquement et physiologiquement. 1° Les sporanges d'abord sont bien plus grands générale- ment que toute cellule quelconque ; ceux qui sont percés d'un pore ou qui ont un opercule, et ceux qui renferment des cellules filamenteuses (pi. IX,fig. 3, v), etc., ne sauraient être considérés comme des cellules. Leur forme et la nature de leur contenu les différencient de toutes les autres cellules du végétal avant même que les spores naissent dans leur intérieur; elles ont perdules caractères de cellules avant que les spores naissent aux dépens de leur contenu dans leur cavité. Aussi on ne sau- rait considérer la naissance des spores comme un cas de géné- ration endogène. ^- 2° Ces remarques s'appliquent également aux anthé- ridies. 3° Elles sont applicables avec au moins autant de force à l'ovule femelle ou sac embryonnaire des Phanérogames et à la cellule mère des arcbégones ; surtout en ce qui concerne la 0UG. EN FORME 1)E VÉSICULE OUI NE SONT PAS DES CELLULES. 1A9 disposition de la paroi et la nature du contenu comparé à celui des autres cellules du végétal étudié, surtout encore en ce qui concerne la forme et le volume quelquefois si bizarre de cet organe (Crucifères, Antirrhinées, etc., etc.). 4° Ces observations s'appliquent également aux ovules mâles des Phanérogames, ou utricules polliniques. 5° Elles sont aussi applicables aux spores elles-mêmes, qui diffèrent complètement des cellules de l'individu qui les porte, et même entre elles d'une espèce à l'autre, quant à la structure, plus que les cellules d'un type quelconque ; cela est très évident pour celles qui ont deux enveloppes de cellulose (pi. VII, fig. 1, a, a). 6° Même remarque pour les grains de pollen. 7° Même remarque aussi pour les spermatozoïdes des Algues, car une fois formés et mobiles, ils n'ont ordinairement plus de paroi distincte du contenu (Anthérozoïdes, etc.). 8/|. — Ainsi, d'une part, rien de plus stable, rien de plus général dans les éléments anatomiques des plantes pris dans la série des végétaux jusqu'aux plus élevés en complication, que la présence d'une paroi distincte de la cavité et des autres particularités énoncées précédemment (page 141). Cette con- stance dans la structure est, d'autre part, la même lorsqu'on examine les éléments de toutes les parties d'une plante. Cette particularité fait que les éléments végétaux ne peuvent pas être séparés en plusieurs espèces différentes. Il n'en est pas de même chez les animaux. Les éléments anatomiques d'un même individu sont très différents quant à la structure : ce fait conduit à les séparer en espèces très dis- tinctes. Les éléments de chaque espèce, bien que susceptibles de varier de forme et de volume suivant les individus et suivant les conditions dans lesquelles ils se trouvent sur un même indi- vidu, le font toujours entre certaines limites, ou ne tendent jamais à prendre à la fois la forme, le volume et la structure d'un autre élément anatomique. Ils présentent des variétés, 150 VÉGÉTAUX PARASITES DE l'hOMMK KT DES ANIMAUX. mais on ne les voit jamais se métamorphoser on quelque nuire espèce. Ces éléments peuvent oUVir des aberrations de l'orme, de volume, etc.; mais plus celles-ci sont grandes, plus elles les éloignent des autres espèces, sans jamais que ces déviations les rapprochent de quelque autre espèce, même ayant un fond de structure analogue, comme les éléments du cancer et ceux des épitliéliums. II n'en est pas de même dans les éléments anato- miques végétaux des différents types examinés sur différentes espèces et suivant les conditions dans lesquelles ils se trouvent sur un même individu. Rien de plus variable dans leurs formes et leurs dimensions, et même dans quelques points de leur structure, que les éléments anatomiques végétaux qui rentrent dans chaque type considéré en lui-même : ils varient entre des limites tellement grandes, que ce n'est souvent que par com- paraison avec les éléments voisins ou contigus qu'un élément peut être classé dans tel ou tel type. Une cellule peut avoir une longueur et une largeur telles, que chez l'embryon ou dans un jeune bourgeon, on la reconnaît déjà comme une jeune fibre comparativement aux cellules voisines, et chez l'adulte, avec les mêmes dimensions, elle serait rangée avec raison dans le type des cellules proprement dites. Il est surtout fréquent de trouver des éléments plus courts que certaines des cellules proprement dites, rangées dans le type des cellules fibreuses, parce que leur largeur est beaucoup moindre que celle des premières. Ainsi cette division des cellules en types est des plus naturelles, mais relative. Telle cellule encore qui , d'après ses dimensions et sa situation, sera rangée parmi les cellules du tissu cellulaire ou du tissu fibreux (cellules ponc- tuées, etc.) a quelquefois la même structure que des fibres vasculaires. Ces éléments de structure analogue ne seront pas rangés dans un même type, parce que la situation relative, la forme et le volume ne sont pas les mêmes; parce que les ponctuations ou autres particularités de structure diffèrent beaucoup de disposition , sont plus variables encore et ont CAUAC'ïÈRES DES QUÂTBE TYPES b'ÉLÈMENTS VÉGÉTAUX. 151 quelque chose de moins caractéristique que la forme , le vo- lume et la situation relative ; parce que certaines cellules sont, par exemple, ponctuées sur une ou deux faces et ne le sont pas sur les autres. Aussi dit-on cellule ponctuée, fibre ponctuée, vais- seau ponctué, suivant celui de ces types dans lequel l'élément a été rangé par suite de sa forme, plutôt qu'on ne part de la structure pour classer ces éléments. Ainsi, comme on voit, ce fait tient à ce que, en dehors de la présence d'une paroi et d'une cavité, les autres particularités de structure sont moins nettes et plus variables d'un être à l'autre, et dans diverses conditions, que la forme et le volume relatifs. Il faut observer que ces particularités d'uniformité dans la structure fonda- mentale d'éléments anatomiques d'un même type chez les vé- gétaux (d'où l'impossibilité d'en faire présentement plusieurs espèces, tandis que chez les animaux il n'en est pas de même) coïncident avec le fait d'une grande uniformité dans les pro- priétés physiologiques de ces éléments anatomiques des plantes (nutrition); on observe seulement de simples différences de degrés d'un individu à l'autre, d'un âge et d'une région du corps à l'autre. Chez les animaux, au contraire, la diversité de structure des éléments, avec de moindres variations de forme et de volume dans chaque individu, conduisant à les grouper en espèces, coïncide avec l'existence de propriétés nouvelles (dites animales) très diverses, soit quant à la nature (contractai té, sensibilité), soit quant à la rapidité avec laquelle elles se manifestent ( contractilité des libres musculaires de la vie animale comparée à celle des fibres musculaires de la vie orga- nique). Cbez les végétaux, enfin, la plus grande stabilité des carac- tères de situation relative, de forme, de volume correspondants ci celle-ci, et les variations de la structure, coïncident avec les propriétés principalement mécaniques de résistance, etc., qu'elles présentent. 85. — Dans la description particulière des types qui suit, 152 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. je ne mentionnerai que les laits qui ne sont pas compris dans la description générale précédente. Description des types. Premier tvpe. — Cellules proprement dites. 86. ■ — Situation et nombre. Ce sont les éléments de ce type qui peuvent représenter à eux seuls un individu végétal; c'est à ceux de ce type, en un mot, que se rattachent les végé- taux uni-cellulaires. Réunis en nombre considérable, ces élé- ments forment à eux seuls certaines Ulvacées, et constituent la plus grande partie de la masse des plantes cryptogames. Les cellules composent, dans le principe, tout l'embryon des Phanérogames. Plus tard, bien que leur nombre absolu augmente, leur quantité relative au point de vue de la masse qu'ils forment dans le végétal comparativement aux cellules fibreuses et vasculaires va diminuant. On les trouve alors, sur- tout dans la moelle, dans le bois où elles constituent les rayons médullaires des Dicotylédones, ou entourent les faisceaux fibreux vasculaires des Monocotylés; on les observe enfin entre l'écorce et le bois, dans diverses couches de l'écorce, dans les feuilles, les enveloppes florales, etc. 87. — La forme des cellules végétales est très variable ; elles sont sphériques ou ovoïdes quand elles sont peu serrées les unes contre les autres, comme on le voit dans la substance du cha- peau de beaucoup de Champignons, dans le tissu des Trémelles (Tremella) , dans la moelle de quelques Phanérogames, etc. C'est au tissu formé de cellules arrondies, et faiblement serrées , qu'on a donné le nom de me'renchyme. Le plus sou- vent elles sont, plus ou moins régulièrement, polyédriques par suite de leur pression réciproque. Le tissu que forment ces cellules-là est le parenchyme proprement dit. Les angles de ces polyèdres sont aigus ou émoussés suivant les organes et les circonstances où se trouvent les cellules. Les lignes qui limitent ces polyèdres ne sont pas tout à fait droites, mais souvent DKS CELLULES PROPREMENT DITES. 153 courbes, onduleuses ou irrégulières; il résulte de là que les cellules peuvent être courbes sur une partie de leur surface et planes sur l'autre. Les cellules peuvent être à peu près d'égales dimensions en tous sens, ou un peu allongées, de manière à représenter un tron- çon de colonne cylindrique ou à plusieurs faces. Elles peuvent même être rameuses , c'est-à-dire allongées sur divers points de leur surface et en différentes directions. C'est par le bout de ces prolongements que se touchent alors ces cellules , en laissant entre elles des lacunes pleines de gaz ou de liquides. On peut en voir des exemples dans les feuilles du Vicia taba, du Nymphœa, etc. Dans les tissus lâches ou formés de cellules à surfaces courbes, celles-ci, ne se touchant encore que par une petite partie de leur surface, laissent entre elles des espaces vides plus petits que les lacunes, et qui reçoivent le nom de méats intercellulaires. Dans les tissus serrés, quand les cellules sont exactement emboîtées les unes dans les autres et se touchent partout, ces lacunes et méats intercellulaires manquent. 88. — Le volume des cellules végétales varie beaucoup ; il y en a qui ont plus de 0mm,100 en tout sens, ou au moins en longueur, et sont, par conséquent, visibles à l'œil nu ; elles ont en général 0mm,050, mais il y en a de cinq ou six fois plus petites, et celles des Torula, des Protococcus, etc., n'ont sou- vent que 0mm,005. 89. — Ce qui a été dit des caractères d'ordre physique et chi- mique des éléments végétaux en général peut être appliqué aux éléments de ce type. (Voy. p. 137etsuiv.) 90. — Caractères d'ordre organique ou structure des cellules végétales proprement dites. — Paroi des cellules végétales. Elle se compose, au moins pendant une partie de l'existence de chaque cellule, de deux membranes. L'une est externe et for- mée de cellulose ; l'autre est appliquée à la face interne de celle-ci, elle est formée d'une substance azotée. I .Vj VÉGÉTAUX PARASITES DE L 'HOMME liï DES ANIMAUX. 91. — Membrane de cellulose. Coite membrane est en général mince, tout à fait homogène, et généralement incolore. Elle est cependant colorée en jaune brun ou en noir, etc., dans les cellules ( mais plus souvent dans les clostres ou les fibres ) de certaines plantes, comme les Cytises [Cytisus laburnum, L.), l'Kbène, les Fougères, etc. Souvent deux lignes parallèles et rapprochées indiquent l'épaisseur de cette membrane, qui a, dans ce cas, ordinairement de O""11, 001 à 0,,,m,002 ou environ. Quelquefois elle est si mince, que ces deux lignes ne se voient pas; alors l'épaisseur est inappréciable. Lorsque les cellules , au lieu d'être tout à fait isolées , sont réunies à d'autres cellules, la cloison commune à deux cavités qui résulte de l'accolement des parois présente quelquefois une ligne au milieu de son épaisseur. Cette ligne indique la trace de la jonction, et permet d'apprécier l'épaisseur de la paroi propre à chaque cellule. Quelquefois la soudure est telle- ment intime que cette ligne ne se voit pas, et la cloison paraît ou est réellement formée d'une seule membrane. Cette paroi est composée de cellulose, et présente les réactions propres à ce principe immédiat. Elle n'est que faiblement co- lorée en jaune pâle par la teinture d'iode , qui, à l'état ordi- naire , est sans action chimique bien marquée sur elle. Mais quand les cellules sont encore petites et jeunes, ou quand on modifie la cellulose par l'acide sulfurique , elle prend la teinte bleue caractéristique des substances amylacées. La paroi des cellules ne présente pas toujours l'épaisseur et l'apparence que nous venons de décrire. Dans tous les Pha- nérogames et les Cryptogames vasculaires on trouve dans cer- tains organes des cellules cà parois plus épaisses ou d'aspects divers. Ces modifications sont dues au dépôt, par couches con- centriques à la face interne de la paroi, de substances organi- ques dont la principale est le xylogène. 1° Un dépôt par couches concentriques régulières et uni- formes se moule quelquefois à la face interne de la paroi , en STRUCTURE DÈS CKLl.ULKS PROPREMENT DITES. 155 général mince et très transparente, que je viens de décrire. Des cercles concentriques se voient sur la coupe transversale de ces cellules épaissies , et indiquent le nombre des couches. Plus celles-ci sont nombreuses , plus la cavité centrale est étroite. Ces cellules à parois épaisses se voient dans l'écorce du Podocarpus dacrydioides, etc. C'est à la variété de paren- chyme formée par réunion de cellules irrégulièrement ou régu- lièrement épaissies qu'on a donné le nom de collenchyme. 2° Quelquefois la couche qui se dépose ainsi n'est pas con- tinue , mais laisse à nu de petits vides d'aspects variés. Ces vides sont souvent sous forme de points, qui paraissent au microscope plus clairs , plus transparents à leur centre que les autres parties de la paroi. On a alors les cellules ponctuées. Ces ponctuations ont longtemps été prises pour des pores , et servaient à rendre compte du passage rapide des liquides d'une cellule dans l'autre à l'époque où l'on ignorait les pro- priétés endosmotiques des membranes. On trouve bien des cel- lules réellement perforées dans le tissu cellulaire des feuilles, et d'autres organes de certaines mousses, comme les Sphaynum, Dicranum et Octoblepharum , mais c'est par résorption de quelques parties de la paroi des cellules. Les cellules ponctuées de quelques Phanérogames sont quelquefois réellement perfo- rées , mais rarement et par résorption de la paroi de cellulose primitive à la face interne de laquelle était fait le dépôt des couches secondaires avec des vides punctiformes. Les cellules ponctuées sont assez fréquentes , on en trouve dans la moelle de Sureau (Sambucus niyra, L., etc.). Quelque- fois il se dépose plusieurs couches concentriques dont les petits vides punctiformes se correspondent tous exactement. Alors la coupe transversale de ces cellules ponctuées montre de petits canaux qui partent de l'étroite cavité centrale et s'arrêtent sur la membrane extérieure ou primitive. C'est ce qu'on voit aussi sur les cellules de l'écorce du Podocarpus dacrydioides déjà signalé. 156 VÉGÉTAUX PARASITES DE l'hOMMK EX DES ANIMAUX. 3" Au lieu «le petits points, les vides laissés pur chaque couche concentrique secondaire ou tertiaire qui se forme pré- sentent souvent l'aspect de petites lignes transversales ou obliques. On a alors les cellules rayées. Elles se trouvent à peu près partout où existent les cellules ponctuées. h" Il y a des cellules qui, au lieu de petites fentes , en pré- sentent de très larges qui laissent entre elles une couche de dépôt plus étroite qu'elles-mêmes, ce qui donne l'aspect d'un (il dessinant une sorte de réseau. Ce sont les cellules réticulées. 5° Au lieu d'une couche continue, ce sont quelquefois de petits anneaux filiformes régulièrement espacés que présente à la face interne la paroi des cellules. On donne à celles-ci le nom de cellules annulaires. 6° Dans certaines cellules, à la face interne de leur paroi, on observe un fd, appelé spiricule, qui se déroule comme un élas- tique de bretelle quand la paroi externe homogène est rompue. Il y a quelquefois deux, trois, quatre, etc., iils appliqués l'un à côté de l'autre comme un petit ruban, et enroulés en spirale à la manière du filament unique. Ces diverses espèces de cel- lules se trouvent dans le Gui (Viscum album, L.), et dans plu- sieurs autres végétaux. Tantôt les tours de spire se touchent, tantôt ils sont écartés ]es uns des autres. Il y a même des cellules dans lesquelles se voient deux fils enroulés en sens contraire, et circonscrivant ainsi des mailles carrées ou losangiques. On en trouve surtout dans la couche interne des anthères , dans la moelle du Rubus odo- ralus, L., dans le tégument des graines du Maurandia Bar- kleyana , etc. Dans les anthères, ces cellules dont le fil décrit des tours de spire séparés sont assez allongées , renflées au milieu , et à extrémités coniques. On a donné le nom de tissu fibroso-iitriculaire à la couche qu'elles forment. Quelque- fois la paroi primitive de cellulose à la face interne de laquelle s'est formé le fil se résorbe, et alors on n'a plus qu'un organe qui a la forme de cellule , mais constitue un réseau à jour. PAROI DE CELLULOSE. 157 La membrane des cellules végétales que nous venons de décrire a pour base la cellulose (1). La cellulose qui forme la paroi des cellules végétales nouvellement développées prend, au contact de la teinture d'iode, la couleur bleue qui caracté- rise l'iodure d'amidon. Plus tard, lorsque les cellules sont plus vieilles, modifiées par la nutrition, leur membrane cesse de présenter cette réaction ; mais l'acide sulfurique, en la modifiant d'une manière encore indéterminée ou en enlevant les substances incrustantes, leur rend la propriété de bleuir par la teinture d'iode. Ces faits peuvent être constatés sur les cellules des embryons de la plupart des plantes , étudiés successivement dans l'ovule avant maturation et dans la graine ou dans les jeunes plantes. Mais dans les cellules des végétaux adultes ou à peu près, le phénomène chimique devient bien plus compliqué. On re- connaît sur chaque cloison interposée aux cavités de deux cel- lules voisines, et résultant de l'accolementde deux membranes cellulaires distinctes, que la cellulose prend au contact de l'iode et de l'acide sulfurique au moins deux et souvent trois colorations distinctes. Deux de ces colorations appartiennent en propre à la paroi de cellule et sont étendues sans interrup- tion autour de la cavité cellulaire. La troisième, qui n'est pas constante, appartient à la couche décrite plus haut (page 129), quelquefois interrompue, qui est une substance intercellulaire, à la fois commune et intermédiaire aux deux cellules. Quand elle est continue, elle isole chaque cellule de celles qui l'avoisinenl; quand elle n'est pas continue, les cellules se touchent et même se fondent par leurs faces contiguës. La substance intermé- diaire se voit alors dans les méats intercellulaires laissés par les angles mousses des cellules contiguës; elle remplit ces méats et s'étend un peu à leurs angles. (1) Dumas, Rapport sur un mémoire de M. Payen relatif à la composition de la matière ligneuse {Comptes rendus des se'ances de V Académie des sciences de Paris, 1839, in-4, t. VIII, p. 52). 158 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. Des trois colorations dont nous parlons, la plus interne est bleue ou au moins verdâtre, et appartient à une substance qui se gonlle beaucoup par l'action des acides. La plus externe est formée par une couche de la paroi de cellulose, qui se gonfla fort peu et devient d'un jaune brunâtre plus ou inoins fonce. La coloration de la substance intermédiaire aux cellules voi- sines est également le jaune-brun ; elle pourrait, par consé- quent, être confondue avec la couche externe ; mais, tandis que l'acide azotique ou la potasse et l'iode rendent bleue cette couche externe jaunâtre , la substance intercellulaire reste constamment avec sa teinte jaune. Dans les vaisseaux spiraux et annulaires, c'est la couche interne qui devient jaunâtre et la couche externe qui devient bleue sous l'influence de l'acide sulfurique et de l'iode. Les vaisseaux ponctués se comportent, au contraire, comme les cellules parenchymateuses et prosen- chymateuses prises pour exemple dans l'énoncé qui précède. On a donné un nom à chacune des couches dont il vient d'être question : 1° la plus externe des deux couches propres à chaque cellule est la couche primitive, primaire ou externe de Hugo Mohl (1) (membrane ligneuse externe de Mûlder (2), cuticule des cellules ligneuses de Harting (3) , eusthate de Hartig (4) : c'est à tort que M. Decaisne (5) a déterminé Y eusthate comme étant Yutricule primordiale de H. Mohl ; nous verrons plus loin que Yutricule primordiale est une couche ou mem- brane de substance azotée appliquée à la face interne des cou- ches de la paroi de cellulose). (1) H. Mohl, Observations sur la structure de la membrane cellulaire (An- nales des sciences naturelles, 18-41). (2) Mulder, Versuch einer physiologische Chemie, trad. par Moleschott. Heidelberg, 1844, 1851. (3) Hartig, Mikrochemische Ondersœkingen over den aard en de ontivikke- ling van den plantaardigen Celwand, 1846, et Annales des sciences naturelles, juin 1846, t. V, p. 326. (4) Hartig, Lehrbuch der Pflanzenkunde. Berlin, 1811-46. — Beitraege ziir Entwickelungeschichte der Pflanzen. Berlin, 1843. (5) Décaisse, Histogenèse végétale, dans Anatomie microscop.,par L. Mandl. Histogenèse, liv. I et II. Paris, 1847, in-fol., p. 15. COUCHE EXTÉRIEURE DE LA PAROI DE CELLULOSE. 159 2° La plus interne a reçu le nom de couche secondaire, ou membrane cellulaire secondaire de Hugo Mohl (loc. cit.), as- thate de Hartig (loc. cit.). C'est en dehors de la couche primitive ou primaire la plus externe, par conséquent entre les cellules qui sont pressées les unes contre les autres, que dans les tissus végétaux de cer- taines plantes, mais non clans tous, se trouve la substance in- tercellulaire, ou unissante, ou intermédiaire. Lorsqu'elle existe, elle n'enveloppe pas toujours toute la cellule et ne se voit alors que dans les méats intercellulaires. (Voy. p. 129). Ces noms établis, nous devons maintenant passer à la des- cription détaillée des parties qu'ils désignent. 1° Couche extérieure, primaire on primitive. « Dans un grand nombre de plantes, elle se présente comme une couche com- mune aux deux cellules adjacentes, et sans qu'on remarque entre elles une ligne de séparation ; d'où il résulte que les figures phytotomiques qui reproduisent cette ligne de sépara- tion ne sont pas conformes à la nature (1). » « Je n'ai jamais réussi à séparer sur les plantes phanérogames la membrane ou couche primaire en deux feuillets, ni par l'emploi d'acides, ni même par son ébullition dans l'acide nitrique. Elle se gonfle un peu dans les cellules gélatineuses ou cornées; elle s'étend ordi- nairement en longueur dans la même proportion que les cou- ches secondaires ; dans les cellules lignifiées , au contraire, son extension en largeur est ordinairement peu considérable, ce qui fait qu'en général elle se trouve déchirée par les couches secondaires, qui se gonflent fortement (2).» Quand elle est ra- mollie par l'acide nitrique, les couches secondaires plus résis- tantes se séparent de la couche primaire en conservant leur forme de cellule. Dans cette séparation des cellules, la couche externe ne paraît pas se séparer en deux lames rattachées à (1) Hartig, loc. cit., 1844, et H. Mohl, Observations sur la structure de la cellule végétale (Annales des sciences naturelles, 1845, t. III, p. 71 , trad. du Hall. Botan. Zeitung, 1844). (2) H. Mohl, loc. cit., 1844. 100 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME KT DF.S ANIMAUX. L'une et à l'autre des cellules adjacentes. On voit, au contraire, que la membrane qui reste entre les deux cellules est indivise et se détache à la fois des couches secondaires des deux cel- lules, ou bien demeure lixée ù l'une des deux. Lorsqu'on ren- contre le moment convenable de la macération du bois dans l'acide azotique, en déchirant un morceau de ce bois avec des aiguilles, on peut souvent isoler de grands morceaux de la couche externe, qui forment un réseau dont les cellules, re- présentées par les couches secondaires, sortent comme elles le feraient d'une gaîne (1). La couche externe ou primaire des cellules ne forme pour- tant pas dans tous les tissus une lame unique , comme aux deux cellules adjacentes. Ainsi, dans le sarcocarpe des fruits charnus de la famille des Rosacées, etc.; dans le parenchyme des feuilles d'Iris, de Gladiolus , à'Orniihûgalus et de beau- coup d'autres plantes, on peut, sans aucun traitement préa- lable par les agents chimiques, séparer, isoler complètement les cellules les unes des autres sans les rompre. Déplus, il est possible de voir dans les tissus qu'elles forment la ligne de contact de leurs couches externes, telle qu'elle, est figurée par beaucoup de phytotomistes. Il est facile aussi de constater leur séparation dans les méats intercellulaires que laissent leurs angles arrondis; méats qui sont pleins d'air, de liquide ou de substance intercellulaire. Par conséquent on peut , dans ces parenchymes, constater l'existence d'une couche externe dis- tincte, propre à chaque cellule , et il ne faut pas considérer comme général le fait énoncé par H. Mohl. Lui-même indique une ligne déliée qui, dans les cellules extérieures de la moelle du Clematis vitalba, marque les limites des deux cellules ad- jacentes. Plus loin, nous verrons si, dans les cas où la couche externe forme une lame commune à deux cellules, elle a été (1) H. Mohl, Examen de cette question : La cellulose forme-t-elle la base de toutes les membranes végétales {Annales des sciences naturelles, 1847, Botaa., t. VIII , p. 26r>, traduit du Bolan. Zeitung, 1847). COUCHE PRIMAIRE DE LA PAROI DE CELLULOSE. 161 primitivement simple, ou bien double , puis s'est soudée à la coucbe correspondante de la cellule en contact avec elle. Enfin, dans la plupart des bois (Larix, Viburnum, Buxus, Chmatis, etc.), la substance intercellulaire indique une sépa- ration entre les couches externes des cellules contiguës (1). De plus , la séparation mécanique ou spontanée des cellules des Zygneuma , la formation des méats intercellulaires des Phanérogames, démontrent sans peine que les couches externes des cellules contiguës ne constituent pas une couche homogène et commune entre les cellules adjacentes (2). La couche externe des cellules de tous les jeunes organes bleuit facilement sous l'influence successive ou simultanée de l'acide sulfurique et de l'iode. Mais celle des cellules li- gneuses arrivées à leur entier développement résiste avec force à l'action de ces réactifs , et ne bleuit pas. Les cellules parenchymateuses des organes pleins de suc et jeunes ne demandent même aucune préparation pour bleuir fortement par l'iode (3). Ce fait coïncide précisément avec l'existence dans ces tissus d'une faible quantité de substances colorables en jaune, ou en brun par l'acide sulfurique ou par l'iode. Il en est autrement pour les cellules parenchymateuses des par- ties plus âgées, dont on retire beaucoup de substances incrus- tantes qui jaunissent par l'acide sulfurique et l'iode : telles sont les cellules de la moelle, des rayons médullaires, etc.; souvent elles ne bleuissent qu'à peine, ou même pas du tout, par l'ac- tion de l'iode et de l'acide sulfurique. Dans beaucoup de cas la coloration bleue qu'elles prennent, loin d'être pure, est telle- ment sale qu'elle laisse douter si la cellulose existe dans la couche externe. De là vient que Mûlder (loc. cit., 18M), pour n'avoir pas tenu compte de la présence du xylogène dans les parois de cellule , a été amené à penser que les cellules de (1) H. Mohl, loc. cit., 1847. (2) ld., ibid., 1844. (3) H. Mohl, Vermischt? Schriftçn, 1845, p. 344. 11 162 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. la moelle du Sambucus nigra, par exemple, sont formées de cellulose chez les jeunes plantes , et d'une substance particu- lière à l'état adulte. Mais si l'on traite par l'acide nitrique bouillant cette moelle ou les autres tissus qui , avec l'acide sulfurique et l'iode , don- nent la même réaction, alors on voit la couche externe se colo- rer au contact de l'iode en très beau bleu indigo (Hugo Mohl, loc. cit., 1847). Les cellules brunes qui entourent les faisceaux vasculaires des Fougères, lorsqu'elles ont bouilli dans l'acide acétique jusqu'au moment où elles deviennent jaunes, se co- lorent en beau bleu par l'action de l'iode. Pourtant l'acide sul- furique est impuissant à produire cette action, quoique la tex- ture de chaque cellule n'ait pas changé le moins du monde ni dans un cas ni dans l'autre (Aspidium filix mas, Adiantum pedalum , Polypodium percussum; beaucoup de Palmiers, Cocos botryophora ; cellules à parois épaisses, ponctuées, de la moelle et de l'écorce de VHoya carnosa ; cellules pierreuses des Poires d'hiver). C'est encore ce qui a fait dire à Mùlder que les cellules de la moelle de VHoya ne renferment pas de cellulose. Dans les cellules qui bleuissent par l'acide sulfurique, l'acide nitrique réussit encore mieux, car son action n'a pas besoin d'être aussi prolongée , et il n'altère en rien la texture des cellules. On voit ainsi que la couche primitive qui obture en dehors les ponctuations est d'un bleu pur , et par conséquent formée de cellulose (cellules à grandes ponctuations du pétiole du Cycas revoluta, bois du Taxus baccata , Abies pectinata). L'épaisseur de la couche externe ou primaire n'est jamais très grande (0m,0018 dans les cellules de la portion extérieure delà moelle de la Clematis vitalba). 2° Couches secondaires , ou internes ou intérieures (1). (1) Hugo Mohl, loc. cit., 1844; euslhate de Hartig, loc. cit., 1843. — La plychode de cet auteur est la membrane la plus interne de ces couches, et encore elle n'existe que dans quelques cellules ligneuses exceptionnelles du Taxus baccata, etc. COUCHES SECOND. OU INTERNES DE LA PAROI DE CELLULOSE. 163 L'action des acides détermine sur la couche intérieure des cellules un gonflement, en général , assez considérable ; plus considérable que sur la couche externe. Dans les cellules du pa- renchyme la couche se dilate en tout sens, tandis que dans les vaisseaux et dans les cellules prosenchymateuses, cette dilata- tion se fait surtout remarquer dans le sens de l'épaisseur et de la largeur, mais peu dans celui de la longueur. Parmi les cel- lules du bois, celles qui sont délicates et situées à l'intérieur de la couche annuelle se tuméfient plus fortement que les cel- lules plus compactes placées à l'extérieur. La couche secondaire de la paroi de cellulose se compose de plusieurs lamelles concentriques, visibles sur la coupe trans- versale : telles sont les cellules ligneuses du Clematis vitalba, celles du faisceau vasculaire du Jonc d'Espagne. Dans un certain nombre de plantes, la membrane cellulaire, quoique d'une épais- seur considérable, paraît tout àfait homogène. Cette disposition se rencontre sur les cellules incolores et cornées de plusieurs sortes de grains , par exemple , sur celles du périsperme du Phytelephas , de beaucoup de Palmiers , Liliacées , Rubia- cées, etc. On l'observe, en outre, sous l'épiderme du tronc des plus jeunes plantes , telles que les Labiées , le Spinacia , le Sambucus , etc. Cependant l'emploi des acides démontre que dans ces cas aussi la couche tout entière se compose de plu- sieurs lamelles superposées, de composition différente. Toutes les couches qui se gonflent facilement par l'acide sul- furique étendu bleuissent facilement par l'iode. C'est le cas des couches secondaires , et lorsque la paroi d'une cellule bleuit entièrement sous l'influence de l'acide sulfurique et de l'iode, la couche qui se tuméfie la première, bleuit la première. Ainsi, dans le Calamus, dans le Polypodium incanum, la couche in- terne qui se gonfle la première se teint plus tôt que l'exté- rieure, qui, pendant quelque temps encore, reste jaune jusqu'à ce que , par l'action continue de l'acide , elle bleuisse égale- ment. 164 VÉGÉTAUX PARASITES DE I. HOMME ET DES ANIMAUX. Dans la plupart dos cas on no peut reconnaître de différence entre les lamelles de la couche secondaire traitée par les réac- tifs que dans le degré de transparence. Pourtant, dans les cel- lules du liber du Rhus lyphinum, dans celles du bois du Ficus carica, la lamelle la plus intérieure de la couche secondaire est la plus molle et se teint en violet ; celle qui est plus en de- hors, plus dure , se colore en brun jaune par l'iode. Dans les plantes dont les cellules du testa ou de l'akène se gonflent par l'eau, et laissent échapper une fibre spirale {Collomia, Senecio vulgaris, Ruellia strepens, etc.), la couche secondaire se com- pose de deux parties de structure différente, savoir une couche mucilagineuse et la spiricule. Dans le Pinus sylvcslris et le Taxodium dysticum, dans les cellules du bois, la couche secon- daire se montre aussi formée de deux lamelles qui sont décelées lors du gonflement par l'acide sulfurique. On y trouve une lame extérieure, mince, uniforme, à ponctuations arrondies, et une lamelle intérieure subdivisée en un grand nombre de lamelles perpendiculaires à la membranule précédente, et rangées en spirales. Les ponctuations sont déterminées ici par l'écarte- ment de deux de ces lamelles, et ont la forme de fentes étroites et obliques. Avant le gonflement cette lame paraît tout à fait homogène (1). Ainsi le gonflement considérable des couches secondaires, sous l'influence de l'acide sulfurique, et la teinte bleue ou au moins verte qu'elles prennent par l'action subséquente de l'iode, même sur les cellules adultes, les font distinguer facile- ment de la couche primaire qui, le plus souvent, ne bleuit qu'à l'aide de l'acide azotique ou' de la potasse. L'existence de la cellulose, dans les couches secondaires, ne peut donc pas être mise en doute un instant , même dans les cellules prosenchymateuses du bois des Dicotylédons , ou ces couches se colorent seulement en vert après l'action de l'acide sulfurique et de l'iode. Cette coloration indique seulement que (1) H. Mohl, loc. cit.. 1844. MEMBUANE OU UTRICULE AZOTÉE DES CELLULES VÉGÉTALES. 165 la réaction caractéristique de la cellulose est plus ou moins dé- guisée, par suite de la présence du xylogène. Si la résistance à l'action de l'acide sulfurique est très grande , comme dans l'If, il faut l'employer très concentré. S'il restait le moindre doute sur la présence de la cellulose , l'acide azotique les lèverait aussitôt, car il permet de bleuir les couches secon- daires dans toute leur épaisseur , plus rapidement qu'il ne le fait pour la couche primitive. Cet acide laisse l'iode bleuir avec la même facilité la lamelle la plus interne des cellules des Taxus et Torreija (ptychode de Hartig), qui résiste fortement à l'acide sulfurique. On constate ainsi qu'elle est formée de cellulose, comme les autres parties de la paroi propre des cellules végétales (1). 92. — Membrane azotée des cellules végétales, ou utricule azo- tée, utricule primordiale de Hugo Mohl (2). Utricule ancienne de M. Mirbel (3), cellules d'amylide de Kutzing (4), utri- cules internes deMulder (5) et Harlig (6), couche muqueuse de Naegeli (7). Sur tout végétal qui n'a pas atteint son accroissement com- plet, la paroi de cellulose des cellules et des vaisseaux est tapis- sée à sa face interne par une ampoule parfaitement close , à parois très minces. Sur les plantes fraîches elle s'applique exactement à la face interne de la cellule, et échappe à l'ob- servation. Mais sur les pièces conservées dans l'alcool ou sur les préparations fraîches qu'on traite par l'acide nitrique, chlor- hydrique, ou par la teinture alcoolique d'iode, elle se contracte plus ou moins, et se détache de la paroi cellulaire. Cette utri- cule est constituée par une substance azotée , ainsi que le montrent ses réactions au contact des agents chimiques. Ainsi (1) H. Mohl, loc, cit., 1847. (2) H. Mohl, loc. cit., 1844. (3) Miheel, Note sur quelques modes de formation du tissu cellulaire et des vaisseaux dans les plantes {Ann. franc, et élrang. d'analomie et de physio- logie, Paris, 1837, in-8, t. 1er, p. 269). (4) Kutzing, Phycologia generalis. (5) Mulder, loc. cit., 1844. (6) Hartig, loc. cit., 1846. (7) Naegeli, Entwickelmg des Pollens. Zurich, 1842. * 166 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. l'alcool la rend jaunâtre, l'iode la colore en brun ou en jaune. Si après l'iode on ajoute de l'acide sulfurique, elle devient d'un brun jaune plus foncé , tandis que la membrane de cellulose devient bleue. L'utricule primordiale n'est pas parfaitement homogène et lisse, mais légèrement granuleuse. On la trouve dans toutes les parties de récente formation, ou encore vertes ou pleines de liquides, des plantes cellulaires et vasculaires sans exception. Souvent les coupes transversales fort minces la détachent et la font sortir des cellules. Dans le parenchyme des fruits, on la voit quelquefois détachée çà et là avant l'action de l'iode, qui vient confirmer son existence. Dans les entre-nœuds très jeunes, longs de quelques millimètres, à l'époque où le cylindre ligneux commence à se former, et où dans toutes ses parties il n'est encore composé que d'éléments anatomiques à parois minces, on rencontre les utri- cules primordiales dans toutes les cellules et vaisseaux. Plus tard, lorsque le cylindre ligneux a atteint un plus grand déve- loppement, on reconnaît que l'utricule a subi dans les vieilles cellules de profonds changements. Ces changements s'opèrent sur diverses parties du tronc, soit simultanément, soit à des époques très rapprochées, d'abord dans les couches les plus intérieures du bois, ensuite dans les cellules de la zone moyenne de l'écorce ainsi que dans la moelle; avec l'âge les changements s'étendent aux autres parties du végétal. En général, à mesure que les cellu- les avancent en âge, et que les parois s'épaississent par le dépôt de couches secondaires , l'utricule primordiale tend à s'amincir et à disparaître (1). Dans toutes les cellules qui renferment un contenu liquide avec des granulations de quelque nature qu'elles soient , c'est dans la cavité de l'utricule qu'est logé ce contenu. Celle-ci, en se contractant sous l'influence des réactifs, les rassemble en une masse centrale. Si , au milieu de ces cellules à contenu (1) H. Mohl, loc. cit., 1844. NOYAU OU CYTOBLASTE DES CELLULES VÉGÉTALES. 167 granuleux, il s'en trouve qui renferment des raphides ou d'au- tres cristaux, on peut remarquer habituellement l'absence com- plète d'utricule primordiale, ainsi que je l'ai souvent constaté. Du noyau, cytoblaste ou nucléus des cellules végétales (1). Dans toute cellule végétale , à l'utricule primordiale se rat- tache la description d'une partie dont il n'a pas encore été question, parce que son existence n'est ordinairement que tem- poraire : c'est le noyau ou cytoblaste ( xutoç, cavité ; (3X«aT0î, germe). Le noyau est un corpuscule spécial, partie impor- tante de la cellule, bien distinct de son contenu , lequel est ordinairement très variable. Il appartient en quelque sorte à l'utricule primordiale ; il est formé de la même matière azotée jaunissant par l'iode. Comme elle il est sans autre moyen d'u- nion que le contact avec la paroi de cellulose ; comme elle il est lié à la période de développement et à celle de grande ac- tivité nutritive de la cellule. Aussi , quoique son rôle soit or- dinairement passager comme celui de l'utricule, il persiste sou- vent avec elle dans les organes où persiste cette activité de nutrition ; il n'existe que dans les cellules où l'utricule existe, il manque où elle est absente ; il y a assez souvent desutricules azotées sans noyau, il n'y a jamais de noyau sans utricule. Le noyau est un petit corps ordinairement sphérique, ovoïde ou lenticulaire, à bords nets et bien déterminés. Dans les plantes, il est en général adhérent, bien que non constamment, appliqué contre l'utricule primordiale ou inclus dans son épais- seur. On distingue dans le noyau la masse du noyau et le nucléole. Ce dernier est un petit corps contenu dans la masse du noyau ; il est quelquefois double ou triple, d'autres fois il n'y en a pas. La masse du noyau est formée par une substance gélatini- forme, transparente, parsemée de granulations moléculaires, plus petites que le nucléole et plus ou moins abondantes; (1) Vésicule nucléenne (Kerublaeschen). Naegeli, dans Schleiden undNaegeli. Zeitschrift fur wissenschaftlichen Botanick, 1844. 168 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME CI DES ANIMAI \. elles sont grisâtres ou teintées en vert ou en jaune. Quoi qu'en aient tlit beaucoup d'auteurs, entre autres Naegeli (loc. cit., lSlih), c'est un corps solide; il est impossible do démontrer qu'il possède une paroi ou contenantdistinct du contenu. Son volume varie entre 0m,010 et 0m,020 ; sa consistance varie aussi sui- vant l'âge et les espèces de cellules; souvent la transparence est telle, soit naturellement , soit parce qu'il commence à se résorber, qu'on ne le voit pas d'abord ; mais l'alcool le rend visible en coagulant et rendant plus foncée la substance qui le compose. La teinture d'iode le jaunit comme elle le fait pour toutes les substances azotées ; son épaisseur étant plus consi- dérable que celle de l'utricule primordiale, il devient, sous l'influence de cet agent, beaucoup plus foncé que cette mem- brane. Ce réactif le fait , par conséquent, très nettement res- sortir, même dans le cas où il n'est pas d'abord visible. On peut s'assurer ainsi que l'existence du noyau, comme celle de l'utricule primordiale, n'est que transitoire et qu'il disparaît comme elle, mais avant elle ; car le noyau manque dans beau- coup de cellules où existe encore l'utricule primordiale, et dans lesquelles cependant il existait à une époque plus rappro- chée de leur formation. Enfin dans les Algues et le parenchyme des fruits, etc., beaucoup de cellules ont l'utricule primordiale sans avoir jamais présenté de noyau à aucune époque de leur évolution. La teinture iodée rend en outre facile à constater un certain nombre de faits qui ne sont pas toujours très évi- dents avant qu'elle ait agi. On voit alors que souvent le noyau est inclus dans l'épaisseur de l'utricule azotée, et qu'une lame de celle-ci passe au-devant de lui du côté de la cavité cellulaire ; quelquefois un autre dédoublement tapisse celle de ces faces qui regarde la paroi de cellulose, et s'interpose entre le noyau et cette paroi. Il est alors convexe du côté delà cavité cellulaire, tandisque sa face, qui est tournée et appliquée contre la paroi de cellulose, est tout à fait plane. Dans cette circon- CARACTÈRES DU NOYAU ET DU NUCLÉOLE. 169 stance, en se contractant sous l'influence des réactifs, l'utricule primordiale entraîne le noyau avec elle. Dans d'autres cellules souvent très voisines des précédentes, le noyau n'est pas con- tenu dans l'épaisseur de l'utricule; il est, au contraire, main- tenu appliqué contre la face interne de l'utricule par un amas de matière mucilagïneuse et granuleuse. Ou bien même on voit qu'il est placé au centre de la cellule ; alors il est lié aux parois de l'utricule par des fils mucilagineux ressemblant à une toile d'araignée, au centre de laquelle serait le nucléus. Les cellules qui ont ainsi un noyau central ont ordinairement la cavité de l'utricule remplie d'un liquide incolore ou de pe- tites granulations à peine colorées. D'autres fois le contenu est formé de petits corps ou gouttelettes vésiculif ormes , dont les parois sont, ainsi que les fils, formées par cette même sub- stance mucilagineuse granulée, qui se colore en jaune par l'iode (1). Ainsi le noyau des cellules végétales n'appartient pas à la paroi de cellulose, mais à l'utricule primordiale azotée qui ta- pisse la face interne de l'autre membrane. Ses relations avec elle, sa composition chimique, montrent que ce corps est une partie fondamentale , quoique transitoire , de la cellule ; il ne doit, par conséquent, pas être mis au même niveau et dans le même groupe que les contenus très variables des cellules, tels que les fécules, chlorophylle, etc. Le contenu cellulaire est dans la cavité de l'utricule azotée dont fait partie le noyau, la mem- brane de cellulose forme une enveloppe protectrice du tout. Quant aux fils mucilagineux granulés qui lient le noyau à l'utri- cule, lorsque, par exception, ils occupent le centre de la cel- lule, ils sont dus à la coagulation du contenu mucilagineux par l'alcool. On en voit qui s'étendent d'un côté à l'autre de l'utricule dans des points très éloignés du noyau, ou du noyau à la paroi opposée, quand celui-là est inclus dans l'épaisseur de l'utricule. Le nucléole ouïes nucléoles, quand il y en a deux, sont des (1) H. Mohl, loc.cit., 1844. 170 VÉGÉTAUX PARASITER DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. corpuscules très petits (0m,001 à 0*°,002) , mais pourtant plus gros et plus brillants au centre que les granulations molécu- laires du noyau. Ils sont sphériques, à bords nets et foncés; leur masse est homogène, non granuleuse, comme celle du noyau. Cependant quelquefois, mais rarement, ils renferment une granulation moléculaire à leur centre, qui reçoit le nom de nucléolule. Il y a ordinairement un nucléole, quelquefois, mais rarement, il y en a deux. Il n'est pas très rare de ne trouver aucune trace de nucléole dans des noyaux parfaitement constitués et très distincts, sous tous les autres rapports. Dans la plupart des cellules, l'utricule primordiale forme une couche ou membrane cellulaire bien distincte du contenu. Le fait est surtout évident quand l'action de l'iode montre le noyau enclavé dans un dédoublement de cette membrane azo- tée. Dans les Conferves on la trouve parfaitement nette et isolée sans noyau , et dans les cellules des feuilles ou de la couche herbacée des écorces de Phanérogames, elle s'observe sous forme d'une utricule complète et close à l'époque où le noyau a complètement disparu. Mais il n'est pas toujours possible de trouver dans toutes les cellules des limites très nettes entre l'utricule primordiale et son contenu, surtout dans les très jeunes cellules qui renferment un contenu mucilagineux très dense. Ici on voit, après coagulation par la teinture iodée, qu'il y a une transition insensible entre la surface externe de l'utri- cule et les nombreux tractus mucilagineux granulés qui en partent. Avant l'action de l'iode ce fait peut être reconnu déjà par l'absence de mouvement brownien des granulations molé- culaires de ces cellules; car ce mouvement n'a lieu qu'autant que les granules sont dans un liquide suffisamment fluide. Pourtant, dans les mêmes organes, par suite des progrès du développement et des changements continuels apportés parles actes nutritifs qui s'opèrent dans chaque cellule, il s'établit une IMPORTANCE DE l'uTRICULE AZOTÉE. 171 distinction plus nette entre l'utricule azotée et son contenu. L'existence, d'une part, de l'utricule primordiale azotée dans les cellules de tous les organes où se passent d'actifs phéno- mènes de nutrition, comme le prouvent les liquides et granu- lations qu'elles renferment , ainsi que les changements inces- sants subis par ces substances ; son absence, d'autre part, dans les cellules qui restent inactives et ont cessé de subir les méta- morphoses que présentent les précédentes, sont des faits impor- tants. Ils doivent faire attribuer une part considérable à l'utri- cule primordiale, et au noyau quand il existe, dans tous les phénomènes de nutrition des plantes. Un fait non moins significatif, c'est de voir la substance de l'utricule primordiale complètement différente de celle de la paroi cellulaire persistante. La première est un principe azoté, la seconde est complètement dépourvue d'azote, ainsi que le montrent les acides sulfurique et nitrique et la teinture d'iode, etc. Par là se trouve expliqué ce fait connu depuis long- temps, savoir: Que les jeunes organes renferment une grande quantité de principes immédiats azotés, et que les organes arri- vés à leur complet développement en sont presque ou tout à fait dépourvus. Ce sont les utricules primordiales et les noyaux, parties transitoires, qui fournissent les combinaisons azotées ; ce sont les cloisons persistantes qui sont la source de la cellu- lose et des combinaisons analogues. Nous verrons plus loin que l'origine et l'accroissement de la paroi de cellulose dépen- dent de la présence des substances azotées , de l'utricule pri- mordiale en un mot. Mais la durée passagère de celle-ci et du noyau prouve que la paroi de cellulose n'est pas complètement dépendante de ces parties. Seulement la présence de l'utricule coïncide avec une période d'activité de nutrition très grande, et son absence avec un ralentissement considérable de ces phé- nomènes. En sorte que la paroi de cellulose , à cet égard, ne se comporte plus, pour ainsi dire, que comme un produit, tant sont lents les changements qu'elle éprouve comparativement 1.72 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET l)KS ANIMAUX. aux métamorphoses que présentait chaque cellule pendant toute la durée tic l'utriculc azotée. 93. — Contenu des cellules végétales. Le contenu des cellules étant beaucoup mieux connu que les parois même de ces élé- ments anatomiques, il nous arrêtera ici beaucoup moins long- temps. Les faits anatomiques qui précèdent ont, avec l'histoire des éléments anatomiques des animaux, de fréquents points de contact qui seront signalés chemin faisant. Comme ils ne sont pas exposés dans nos traités classiques, et que cependant il est nécessaire de les connaître en anatomie générale, je les ai dé- crits d'après les travaux des auteurs que j'ai cités, et surtout d'après ceux de M. H. Mohl, en raison de la remarquable exac- titude de toutes les descriptions de cet éminent botaniste que j'ai été à portée de vérifier. Quant au sujet de ce paragraphe, les documents qui s'y rapportent étant entre toutes les mains, le tableau synoptique suivant suffira pour la lecture de ce livre. Tableau synoptique des matières contenues dans les cellules végétales. ( 1° Air pur. /a' yazmx' ( 2° Mélange d'oxygène, d'acide carbonique, d'hydrogène et d'azote. /•Sans granulations. 1 Avec granules azolés ou amylacés (cel- ,,„,.., 1 Iules des bulbes et de beaucoup de na- zi0 Liquides aqueux ou ; . , ' r / '.. . ' \ renebymes). raucilagineux. 1 Ayec de"g gouttelettes U'huiles colorées [ aromatiques (cellules du parenchyme 8 v- des pommes, des melons, etc.). la0 Liquides uniformément colorés par des substances dissoutes jb. liquides. / (cenules des pétales, des fruits et des feuilles colorées, etc.). j 3° Liquides huileux homogènes (Aurantiacées, Myrtinées, Hyperi- S cum, etc.). [ 4° Liquides huileux ou résineux , en gouttelettes émulsionnées \ dans un liquide mucilagineux (liquides laiteux des laticifères, \ des cellules de l'amande, du noyer, etc.). (lo Chlorophylle (en masse, ou en grains suspendus et flottants dins un liquide mucilagineux, ou adhérents aux parois sans ordre, ou régulièrement disposés en spirale, etc., comme dans beaucoup de Conferves). 2° Grains d'amidon et de fécule (très petits, mêlés à des granules \c. soucies. . azotés, comme dans les liquides 1°, ou plus ou moins gros, rem- S plissant les cellules en tout ou en partie). } 3° Cristaux de sels divers (oxalates, tartrates, etc. , en aiguilles ou raphides, ou de forme déterminée; uniques ou agglomérés, réunis par une masse azotée mucilagineuse). contenu des cellules. variétés. 173 94. — Première et deuxième variété des cellules propre- ment dites. — Ce sont : 1° les cellules ponctuées (comprenant aussi les cellules rayées et scalariformes), et 2° les cellules à spirales (comprenant aussi les cellules annulaires et réticu- lées). Elles sont suffisamment caractérisées par leur nom et par ce qui a été dit plus haut (p. 156.) 95. — Troisième variété. — Cellules de l'endoderme. Ce sont des cellules formant une couche entre le liber et le bois, se confondantpeu à peu avec ses couches les plus extérieures, et entrant chaque année comme partie des couches ligneuses nou- velles qui se forment. Les plus extérieures sont grandes, polyé- driques, et l'on trouve des formes de plus en plus allongées à mesure qu'on les prend plus proches des faisceaux fibro-vas- culaires du bois; leur paroi est mince, non lignifiée; elles sont remplies de sucs , et donnent passage abondamment à la sève. On n'y trouve jamais de fécule, d'inuline, etc. Le con- tenu est clair ou granuleux, riche en substances azotées. Schacht (1) appelle ces cellules, cellules du cambium, de l'anneau de la couche d'épaississement, de Y anneau cambial (annulus cam- bialis). Il importe de savoir que, pour beaucoup d'auteurs, M. de Mirbel, entre autres , le cambium n'est que le contenu liquide et granuleux renfermé dans ces cellules ; cambium est ici synonyme de protoplasma. C'est à tort que quelques au- teurs admettent avec M. de Mirbel que les granulations (cambium granuleux) s'accumulent en mamelons [cambium globulo-cel- luleux) qui finissent par donner naissance directement aux cellules (cambium celluleux). C'est par suite de cette expression qu'on enestvenuàappliquerlemot cambium aux cellules qui le contiennent. Pour Grew et Malpighi le cambium est un liquide. Duhamel dit que ce liquide mucilagineux est organisé, ne sachant au juste ce qui caractérise anatomiquement la substance orga- nisée (voyez plus haut, p. 34 et 35) ; beaucoup d'auteurs se sont élevés à tort contre cette expression organisé, appliquée (1) Schacht, Die P flan semelle. Berlin, 18ï2,p. 246, gr. in-8. 174 VÉGÉTAUX PARASITES DE LHOMME ET UES ANIMAUX. à un liquide. Enfin M. de Mirbel considère le carnbium comme une matière mucilagineuse comparable à une solution de gomme arabique : « Je ne saurais dire si elle est ou n'est pas organisée ; mais ce que je crois fermement, dit-il (1), c'est que d'elle pro- vient toute organisation.» Ce fait est vrai, maisseulementM.de Mirbel a cru à tort que cette provenance a lieu directement à l'aide du contenu globuleux, tandis que le liquide appelé carn- bium ne sert à la nutrition et au développement des cellules que molécule à molécule. 96. — Quatrième variété. — Cellules des rayons médullaires. Elles ont les caractères anatoiniques des précédentes, mais sont plus aplaties, et plus tabulaires que polyédriques. Elles sont grandes, dirigées transversalement ou verticalement. 97. — Cinquième variété. — Cellules du suber, ou liège. Elles se rencontrent aussi bien dans les racines que dans le tronc ; ces parties en possèdent dans la plupart des arbres, il y en a plus rarement dans les feuilles et les fruits ; dans ces derniers, autant que le montrent les observations de Schacht, elles ne s'obser- vent que lorsque l'épidémie est lésé , comme si elles étaient destinées à le remplacer. Elles manquent dans les jeunes plantes; elles sont placées immédiatement, ou presque immédiatement, sous l'épiderme. Les lenticelles en sont formées : ce sont des cel- lules petites et polyédriques, plus ou moins aplaties, tabu- laires, à parois peu épaisses; elles sont, dans l'origine, constituées par la cellulose, et possèdent toutes un noyau. Elles tombent à un âge peu avancé de la plante par desquamation, et à cette époque sont entièrement formées de subérine, non soluble dans l'acide sulfurique concentré, passant à l'état de matière résineuse par l'action de l'acide nitrique et du chlorure de potassium. Pendant que les cellules les plus âgées et les plus extérieures tombent, il en naît de nouvelles au-dessous. (1) Mirbel, Nouvelles noies sur le carnbium, lues à l'Académie des sciences de Paris le 29 avril 1839 (Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, 1842, t. XVIII, in-4, p. 1 ; Notes sur le carnbium et Comptes rendus des séances de V Académie des sciences de Paris, 1839, t. VIII, p. 645). VARIÉTÉS DES CELLULES PROPREMENT DITES. 175 Les cellules d'épiderme tombent quand se développent celles du liège , et celles-ci remplacent les premières. Il peut se for- mer de ces cellules entre les diverses couches de l'écorce, d'où résulte la décortication de celles-ci. Il s'en produit aussi sur les parties blessées des plantes. Lorsqu'elles ne sont pas des- séchées et mortes, elles renferment un liquide incolore, granu- leux. 98. — Sixième variété. — Cellules épidermiques. Cellules généralement aplaties, de formes variables, constituant une seule, et rarement plusieurs rangées à la surface extérieure des plantes. On ne les observe d'une manière bien évidente qu'à par- tir des Hépatiques et des Mousses. C'est à elles qu'appartiennent les cellules des stomates. Il y a dans les Champignons pourvus de stipes et dans les Lichens une couche corticale, mais les cel- lules qui la forment conservent le type filamenteux des élé- ments de ces plantes (stipes des Spileria entomorrhiza , Dickson, Spiler. Robertsii, Hooker, pi. X, fîg. h) ; bien que souvent elles soient colorées ou épaissies (Tuber -, Bovista). Pourtant il n'est pas rare de trouver le stipe ( Stilrum Buque- tii, Mg. et Ch. R., pi. XI, fig. 2 et 3) tapissé de cellules plus courtes et autrement colorées que celles du stipe (pi. XI, fîg. 3 et II, o, o), bien qu'elles n'aient pas particulièrement le type des cellules d'épiderme. D'autres fois, c'est le conceptacle qui est tapissé de cellules très petites qui se rapprochent davantage des cellules épidermiques (les deux espèces de Sphœria ci-dessus énoncées (pi. XII et XIII, fig. 3). 1° Schleiden donne le nom d'épithélium aux cellules d'épiderme à parois minces, qui ne sont jamais ou qui sont rarement ligni- fiées ou incrustées de subérine. L'épithélium recouvre tous les jeunes organes , la surface de beaucoup de pétales , et toutes les surfaces sécrétant beaucoup. Ce sont ces cellules qui, sur le stigmate, par exemple, sont arrondies ou prolongées vers l'extérieur en forme de papilles plus ou moins longues, ou même d'espaces plus ou moins longs, comme on le voit à la surface 17G VÉGÉTAUX PARASITES \)E L'HOMME ET DES ANIIIU'X. des cicatrices de plusieurs plantes (Orchidées, Hippuris, Grami- nées, etc.). Les cellules sont pleines d'un contenu liquidé fjui ne contient pas d'amidon. Elles se colorent en bleu par l'iode et l'acide sulfurique. 2° L'épibléma est de l'épidémie formé de cellules à parois assez épaisses , ordinairement aplaties, rarement papilleuses, mais souventprolongées de manière à former la racine des poils. Elles ne se colorent pas toujours en bleu pur par l'iode et l'acide sulfurique; elles semblent, par conséquent, être incrustées de xylogène et de subérine. Elles recouvrent principalement toutes les parties pourvues de poils radiculaires. Sur les vieilles raci- nes des plantes élevées il est remplacé par la formation de cou- ches subéreuses. L'épibléma est toujours tapissé d'une vraie cuticule (Schacht). 3° L'épiderme est formé de cellules qui offrent un plus haut degré de développement ; celles de l'épibléma tiennent le milieu entre celles-ci et les premières. Ce sont des cellules apla- ties, tabulaires, de forme régulière ou non, très variable suivant les espèces déplantes. La paroi de ces cellules qui est au con- tact de l'air s'épaissit beaucoup plus que l'autre, et les couches d'épaississement les plus extérieures sont souvent incrustées de subérine. Elles se dissolvent alors dans l'acide sulfurique con- centré, avec la vraie cuticule, qui ne manque jamais. Les cel- lules tapissent la surface des jeunes troncs et des jeunes rameaux, des feuilles ; elles tombent de la tige des plantes vivaces, et se trouvent remplacées par celles du suber. Les M ar- chantia et la capsule des Mousses en sont tapissées ; c'est dans les parties tapissées de cet épiderme que s'observent les sto- mates , et c'est de ses cellules que partent celles des poils et des organes analogues. Ce sont les cellules de l'épiderme qui, dans YEquisetum hiemale , contiennent de la silice dans leur paroi ; elles sont ponctuées. Les cellules de Ylsoetes hystrix et de Ylsoetes Durieui, ainsi que des Calamus, renfer- ment aussi de la silice. DES CELLULES FILAMENTEUSES. 177 Les poils , les soies , les aiguillons des rosiers , les écailles ou lépides, etc., sont des organes formés par un ou plusieurs des éléments anatomiques qui se rattachent aux cellules de l' épidémie en général. Toutes sont des cellules en connexion avec celles de l' épidémie, et qui n'en diffèrent que par la forme, qui est très variée, ainsi que par les dimensions et l'arrange- ment. Plusieurs sont un prolongement direct d'une cellule épidermique. Elles en présentent toutes les réactions, au con- tact des agents chimiques; elles sont couvertes par la cuticule. Les cellules sont quelquefois ponctuées ou à fil spiral : telles sont celles des poils des racines aériennes des Orchidées tro- picales, Deuxième type. — Cellules filamenteuses. 99. — Nombre et situation. Ces cellules forment â elles seules les filaments de mycélium de tous les Cryptogames (pi. III, fig. 8; pi. IV, fig. 9, et pi. V, fig. 2 a, b). Chez les Fougères, on ne les trouve que durant la période embryon- naire du développement. Réunies les unes au bout des autres en une seule série, elles forment souvent aussi à elles seules les filaments [fila, flocci, trichoma, phycoma, phylloma, etc.) qui portent directement ou indirectement les organes reproduc- teurs des Algues et des Champignons les plus simples. On les trouve enfin dans lestipedes Algues et des Champignons plus .élevés (pi. XI, fig. 2 et 3 o, o). 100. — Forme. Elles sont généralement cylindriques ou un peu aplaties, rarement un peu polyédriques par pression réci- proque ; droites, courbes, irrégulièrement flexueuses. Beau- coup sont ramifiées une ou plusieurs fois, et elles peuvent ainsi prendre des formes bizarres (pi. XI, fig. 8, et pi. IV, fig. 9). Dimension. Elles se distinguent de la plupart des autres cellules par une longueur considérable par rapport au dia- mètre transverse. Les plus courtes ont 0,n,050 à 0m,080 sur 0"\002 à 0m,005. Les filaments de certaines Algues (Saprole- 12 178 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. gnia) et Champignons (Âspergillus nigricans , Ch. R., pi. V, fig. 2 p, q), longs de plusieurs millimètres et quelquefois assez larges pour être visibles à l'œil nu, sont souvent formés d'une seule de ces cellules. D'autres fois, ce sont plusieurs cellules longues de. plusieurs dixièmes de millimètre , larges de quel- ques centièmes à un dixième, qui sont superposées bout a bout. Les plus minces, qui ne sont pas toujours les plus courtes , se trouvent particulièrement dans le stipe des Champignons. 101. — Consistance, élasticité, couleur. Elles sont ordinaire- ment molles, flexibles, peu élastiques, le plus souvent incolores, très transparentes, au moins leurs parois ; mais leur contenu peut présenter des colorations variées ; il en est cependant dont les parois sont colorées en brun, surtout chez les Cham- pignons ; elles sont généralement très hygrométriques. 102. — Réactions chimiques. La cellulose des parois cellu- laires des Champignons ne se colore jamais en bleu par l'iode et l'acide sulfurique ; elle résiste plus longtemps à l'action dis- solvante de cet acide que la cellulose des autres plantes, surtout danslescellulesdontlaparoiestcoloree.il n'en estpasde même pour les cellules filamenteuses des Lichens. La cellulose des cel- lules des Algues ne se colore en bleu par la solution de chlorure de zinc et d'iode qu'après coction dans la potasse ; l'iode et l'acide sulfurique la colorent en bleu. Quelques Algues ont, comme partie constituante de leurs parois, une substance so- luble dans l'eau bouillante. 103. . — Structure. La paroi de cellulose des cellules filamen- teuses est généralement mince. Ce n'est que dans les Algues supérieures que quelques unes possèdent des couches d'épais- sissement et des ponctuations. Toutes possèdent une utricule azotée ; mais ce n'est que dans les Algues et dans le mycélium de l'embryon des Fougères, etc., que quelques cellules filamen- teuses ont un noyau ; elles n'en possèdent jamais dans le stipe ni dans le mycélium des Champignons, etc. La description donnée plus haut de ces diverses parties est applicable aux cel- DES CELLULES FIBREUSES. 179 Iules de ce type, qui est un des plus nettement tranchés. Le contenu est, en général , un liquide très riche en substances azotées, surtout chez les Champignons (principalement dans leurs cellules appartenant au premier type). Il n'y a jamais d'amidon dans les cellules de ces derniers. Il est incolore, homogène, ou finement granuleux dans le stipe et les filaments du mycélium. Dans les cellules de celui-ci et dans les fila- ments de certaines Algues ( Enterobryus Iuli terrestris, pi. IV, fig. 5 et 6), outre les granulations moléculaires gri- sâtres, on trouve souvent des gouttes d'huile, ou des gouttes d'un liquide incolore tout à fait homogène (mycélium développé dans les œufs de Serpent, pi. IV, fig. 9) et dans YAspergillus nigricans, Ch. R., pi. V, fig. 2). Dans beaucoup d'Algues, le contenu est formé en partie de grains de chlorophylle, d'érythrophylle, etc. 10/1. — Ces cellules présentent plusieurs variétés établies d'après les différences de leur volume, de leur forme et de leur structure, mais il est inutile d'en parler ici. Troisième type. — Cellules fibreuses (fibres végétales). 105. — Nombre , situation. Elles n'existent que dans les plantes qui possèdent aussi des vaisseaux et qu'on nomme, pour cela, plantes vasculaires. Elles manquent dans l'embryon, sont moins abondantes dans le jeune âge que plus tard, moins abondantes dans les plantes herbacées que dans les plantes ligneuses. On en trouve dans le bois, dans l'écorce et dans les nervures des feuilles et des enveloppes de la fleur et du fruit. Elles sont généralement situées les unes au bout des autres, exactement superposées, et constituent ainsi les fibres végétales. Ainsi, dans les plantes, les fibres ne sont que des cellules très allongées, superposées. Ces fibres sont donc toujours creuses, mais à cavité interrompue d'espace en espace ; tandis que, chez les animaux, toutes les fibres sont pleines, et les éléments tubu- leux ont une cavité continue, sans interruptions. On donne le 180 VÉGÉTAUX PARASITES DE L HOMME ET DES ANIMAUX. nom île prosenchyme ou tissu fibreux aux tissus formés par la réunion des fibres ligneuses les unes à côté des autres; elles adhèrent davantage par leurs extrémités que par leurs faces latérales. 106. — Dimensions. Leur largeur peut varier de 0m,008 à On,,0/iO et leur longueur de 0m,0^0 environ à un ou plusieurs dixièmes de millimètre et même de 8 à 12 millimètres dans le liber. C'est par ces dimensions relatives comparées à celles des cellules parenchymaleuses ambiantes qu'on les distingue comme fibres. 107. — Forme. Elle est toujours allongée, c'est-à-dire qu'il y a toujours une opposition très tranchée entre le petit et le grand diamètre. Les extrémités adhérentes l'une à l'autre sont coupées carrément ou obliquement ; sur certaines cellules fibreuses courtes, elles sont coniques ; elles forment alors la va- riété des cellules appelées clostres (xkwcr-np, fuseau, Dutrochet). Dans les plantes textiles, les cellules libériennes sont coupées carrément à leurs extrémités. Elles sont généralement prisma- tiques, quelquefois cylindriques ou à coupe ovoïde plus ou moins aplatie dans le liber. 108. — Consistance, élasticité, couleur. Elles sont les plus résistantes et les plus élastiques de toutes les cellules, surtout dans le bois. Là elles sont quelquefois cassantes , tandis que, dans le liber, elles sont flexibles, d'où la possibilité de les filer et de les tisser. Habituellement incolores, elles sont teintées en jaune ou en brun dans le bois coloré du Cytise (Cytisus labur- num, L.), des Fougères, de certains Palmiers, etc.). 109. — Caractères chimiques. Voyez ce qui a été dit plus haut (p. 141) des cellules proprement dites. 110. — Structure. Les parois des cellules fibreuses ou fibres végétales présentent en diverses circonstances les différents as- pects qu'on observe sur les cellules proprement dites, et qui sont dus à des couches secondaires déposées à la face interne de la paroi primitive de cellulose. Ainsi : 1° ïl y 'a des fibres qui STRUCTURE ET VARIÉTÉS DES CELLULES FIBREUSES. 181 sont très épaisses , sur la coupe desquelles on remarque des lignes concentriques qui indiquent la trace de la formation d'autant de couches secondaires. Leur cavité ou canal central est devenu par là extrêmement étroit. Dans la plupart même des fibres formant \eprosenchyme, ou tissu fibreux des plantes, on trouve que la proportion des parties solides l'emporte dans chaque fibre ou cellule allongée sur celle des vides tabu- laires. Ce fait est l'exception et même rare dans les cellules du parenchyme. En même temps les méats intercellulaires dispa- raissent, et par suite de leur juxtaposition , les fibres devien- nent prismatiques à l'extérieur, tandis que le canal reste plus ou moins régulièrement cylindrique. 2° Il y a des fibres qui sont ponctuées, comme les autres espèces de cellules : on en voit de cette espèce dans les mem- branes ailées des graines de Bignonia. Dans les Conifères il y en a beaucoup ; mais les ponctuations sont de forme lenticu- laire, parce qu'au niveau de chaque vide punctiforme, les membranes primitives des deux cellules accolées ensemble s'écartent l'une de l'autre en laissant entre elles un espace creux lenticulaire , analogue à celui que limiteraient deux verres de montre appliqués l'un contre l'autre par leurs bords. Le vide punctiforme semblable à celui des cellules ponctuées des autres familles de plantes correspond au centre, partie la plus élevée du soulèvement hémisphérique de chaque paroi des deux cellules. 3° Il y a des cellules fibreuses rayées dans le Drymis chilensis, etc. k" 11 y en a d'annulaires, 5° de réticulées, et 6° d'autres sont pourvues de spiricules disposées en hélice et déroulables, comme dans l'If (Taxus baccata, L.), etc.; mais ces cellules sont moins fréquentes que celles qui sont ponctuées. En parlant de l'utricule primitive, j'ai indiqué les particula- rités qu'elle offre dans les cellules fibreuses où elle disparaît d'assez bonne heure, ainsi que le noyau, quand il existe; car il manque habituellement. Mêmes remarques pour le contenu; il est habituellement 182 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. incolore, homogène, quand il n'est pas gazeux. Ces cellules ne renferment jamais d'amidon ni de chlorophylle. 111. — Variétés. Les cellules fihreuses peuvent présenter les variétés suivantes: première, cellules fibreuses ponctuées, à la- quelle se rattachent celles qui sont raijées ; deuxième, cellules à spiricule, à laquelle se rattachent celles qui sont annulaires et réticulées; troisième, clostres, toutes suffisamment caracté- risées par ce qui a été dit plus haut, page 180; quatrième, cel- lules fibreuses libériennes, ou cellules du liber, à parois tou- jours plus ou moins épaissies, disposées longitudinalement, à extrémité pointue ou coupée carrément, généralement minces et très longues, quelquefois pourvues de canaux poreux, sans avoir jamais de véritables ponctuations. Qcatrièsie type. — Cellules vasculaires ^vaisseaux). 112. — Situation, nombre. Ce sont, de tous les éléments anatoiTiiqu.es végétaux, les moins nombreux. A part les lati- cifères qu'on rencontre dans la moelle et dans le liber , ils n'existent que dans le bois des Phanérogames et des Fougères. Leur exacte superposition (en longues séries) , leur adhérence les unes aux autres par leurs extrémités plus grande que par le reste de leur périphérie, distingue ces cellules de celles des autres types. 113. — Dimensions. Elles peuvent, en effet, être très étroites, comme les trachées du péricarpe (Om,010 environ), ou très larges , comme certains vaisseaux ponctués ayant jusqu'à Om,100. Il y en a de très courtes, disposées comme les grains d'un chapelet, les unes au bout des autres, dans tous les jeunes organes. Quelquefois , quoique très larges , elles sont assez courtes, et peuvent avoir une longueur égale à une ou deux fois la largeur. llli. — Forme. Les cellules des vaisseaux sont tantôt cylin- driques ou à coupe ovale, tantôt à plusieurs faces, et forment alors des prismes allongés à cinq ou six pans. Quelquefois, DES CELLULES VASCULAIRES. 183 quand elles sont courtes , elles sont ovales ou fusiformes, ce qui se voit surtout dans les jeunes bourgeons et les jeunes branches; alors leurs extrémités empiètent l'une sur l'autre. Chaque vaisseau considéré dans sa longueur est donc formé par une série de cellules superposées , et sa cavité n'est pas continue, mais fermée d'espace en espace par une double cloi- son résultant de l'accolementde l'extrémité des cellules super- posées. En général, le vaisseau ainsi considéré dans son ensemble présente un étranglement au niveau de chaque cloison . Dans certains vaisseaux ces cloisons disparaissent , se ré- sorbent, il en résulte que c'est alors un tube à cavité continue ; mais la présence des rétrécissements à des intervalles réguliers ou irréguliers, rapprochés ou éloignés, fait reconnaître chaque cellule constituante. Il y a des vaisseaux qui, au lieu d'être for- més par des cellules très longues superposées , présentent des étranglements très rapprochés, ce qui fait reconnaître qu'ils sont formés de cellules très courtes. Mais les diaphragmes qu'on devrait trouver vers ces points de jonction ont complè- tement disparu, ousont imparfaitement résorbés, ils sont repré- sentés par un petit repli qui suit le contour de l'étranglement ou par un réseau à jour. C'est surtout parmi les vaisseaux ponctués qu'on en trouve dont les diaphragmes sont résorbés (Juglans régi a). 115. — Consistance , élasticité, couleur. Les cellules des vais- seaux sont peu résistantes, flexibles, peu élastiques, généra- lement incolores et transparentes. 116. — Caractères chimiques. Les couches externe et in- terne de la paroi des vaisseaux, pourvues de fibres spirales ou annulaires, se comportent au contact des réactifs en sens inverse de celles des cellules. En effet, chez celles-ci, lorsqu'elles sont lignifiées , ce sont les couches externes qui sont pénétrées le plus fortement par des substances incrustantes, et qui, dès lors, résistent le plus énergiquement à l'action de l'acide sulfu- 18/| VÉGÉTAUX PARASITES ME L'HOMME ET DliS ANIMAUX. rique , tandis que les couches internes se colorent facilement en beau bleu par l'iode et l'acide sulfurique, comme les mem- branes des jeunes cellules dans toute leur épaisseur. Dans les vaisseaux annulaires ou spiraux, ce sont précisément les formations secondaires ( fibres spirales ou annulaires ) qui résistent le plus à l'acide sulfurique, et qui se teignent sous l'action de l'iode en jaune, ou tout au plus en vert, pendant que le tube à la surface interne duquel elles sont appliquées prend, avec les mêmes réactifs, une belle couleur bleue. Si l'on traite ces vaisseaux par l'acide azotique, les fibres prennent la couleur bleue comme la membrane externe ; seu- lement, pour les vaisseaux spiraux du Sambucùs nigra, L., pour les sealariformes des Fougères , Fébullition dans l'acide azotique doit être prolongée assez longtemps pour qu'on voie disparaître la couleur verte du dépôt interne spiral, etc. Quant aux vaisseaux ponctués des dieotylédons, ils se com- portent comme les cellules prosenchymateuses du bois. C'est partout la couche externe qui est pénétrée de xylogène, et qui résiste à l'iode. Mais l'acide azotique fait apparaître la couleur bleue à la place de la teinte jaune dans cette couche délicate qui ferme extérieurement les canalicules donnant apparence de ponctuations. Les couches secondaires bleuissent, ou au moins verdissent, après l'action de l'acide sulfurique et de l'iode (H. Mohl, 1847). Les parois des laticifères sont formées, comme celles des vaisseaux précédents , par la cellulose , et bleuissent par l'acide sulfurique et l'iode (Mûlder, 1844 ; Har- ting, 1846). 117. — Structure. Les cellules vasculaires se composent, comme tous les autres éléments végétaux, d'une membrane pri- maire et de couches secondaires qui manquent généralement dans les laticifères. J'ai parlé plus haut de leur utricule primitive (p. 166); elles n'ont jamais de noyau. Elles contiennent des sucs spéciaux, tels sont les laticifères, ou des liquides (toutes les autres cellules vasculaires , au moins pendant les premiers VARIÉTÉS DES CELLULES VASCULAiRES. 185 temps de leur existence ou au commencement de chaque prin- temps). On n'y trouve pas de fécule (si ce n'est dans certains lalicifères, Euphorie, etc.) ni de chlorophylle. Certains vais- seaux du hois des arbres finissent par être remplis par des cel- lules proprement dites qui se développent dans leur cavité. 118. — Les variétés de vaisseaux sont les suivantes : Première variété. — Les vaisseaux laticifères sont des tubes à parois minces , transparentes et homogènes , d'apparence en quelque sorte charnue (de Mirbel), sans raies ni ponctuations, qui existent dans la moelle et les couches internes du liber des Âscle'piadées , des Euphorbiacées , et de beaucoup d'autres plantes. Leur diamètre est quelquefois assez considérable (0m,0Zi0), et ils ne sont pas cloisonnés, ni ramifiés ni anasto- mosés, mais réunis plusieurs ensemble et disposés en faisceaux ; il y en a pourtant quelquefois d'isolés. Les laticifères décrits comme ramifiés et anastomosés sont toujours cloisonnés ; mais anatomiquement ce ne sont pas , à proprement parler, des vaisseaux comparables aux précédents, quoique pourtant ils renferment comme eux des sucs lactes- cents. Ce sont de longues cellules ramifiées dont les extrémités se soudent bout k bout , sans qu'il y ait résorption de la cloi- son : c'est ce qu'on voit dans les stipules du Ficus eîastica. Les vaisseaux que M. de Mirbel a décrits sous le nom de vaisseaux propres fasciculaires (1) sont les laticifères propre- ment dits , non ramifiés , les plus fréquents et les plus abon- dants de tous. Mais ce ne sont pas les cellules du liber qu'il a décrites pour des vaisseaux propres, ainsi que le disent quel- ques auteurs ; ses descriptions sont très exactes. Quant aux vaisseaux propres solitaires de M. de Mirbel, ce ne sont pas des vaisseaux , mais de simples lacunes servant de réservoir à des liquides excrémentitiels, et il faut, avec les (1) C.-F. Brisseau-Mirbel, Exposition et défense de ma théorie de l'organi- sation végétale. La Haye, 180S, in- 8. — Exposition de la théorie de l'organisa- tion végétale servant de réponse aux questions proposées en 1804, 2' édition, Paris, 1809, p. 82 et 110. 186 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. auteurs modernes, rejeter le nom de vaisseciux qui leur a été donné. La description suivante, qu'en donne M. dcMirbel, con- duit naturellement à ce résultat : « Les vaisseaux propres soli- taires, qui sont toujours isolés, ainsi que l'indique leur nom, et qui peut-être ne devraient être considérés que comme de simples réservoirs de sucs propres, offrent trois variétés : 1° les vaisseaux dont les parois sont d'un tissu cellulaire très fin, comme sont, par exemple, les lacunes courtes et tortueuses del'écorce du Pin du Nord; 2° ceux de forme cylindrique et qui ne sont que de longues cellules, comme on les observe communément dans la moelle ; 3" ceux qui sont produits dans Técorce par les déchirements irréguliers du tissu cellulaire, comme sont les lacunes de la plupart des Euphorbes (1). » Les vaisseaux cylindriques formés par de longues cellules, dont parle en deuxième lieu M. Mirbel , ne sont ni des vais- seaux, ni des lacunes, comme les deux autres espèces de réser- voirs. Il faut les considérer comme des cellules allongées, ainsi que les longues cellules pleines d'un suc mucilagineux qui, dans les faisceaux isolés des Monocotylés, se trouvent entre les trachées et les fibres, et que Schultz appelle latici- fères, tandis que M. H. Mohl les nomme vaisseaux propres. Il n'y a pas de vaisseaux proprement dits qui aient, comme certaines fibres et cellules, des parois homogènes, mais épais- sies par plusieurs couches concentriques. En fait de vaisseaux à parois tout à fait homogènes, il n'y a que les laticifères. Tous ceux dont il reste à parler ont des parois ponctuées, rayées, etc. 119. — Deuxième variété. — Il y a des vaisseaux quisontponc- tués et qui, comme les cellules ponctuées, doivent ces carac- tères à la formation d'une couche, à la face interne de la paroi primitive, présentant des vides punctiformes. Dans les Conifères, il y a, comme dans les cellules fibreuses de la même (I) C.-F.-B. Mirbel, foc. cit., et Éléments de physiologie végétale el de bota- nique, ire partie. Pari?, 1815. in-8. p. 35. VARIÉTÉS DES CELLULES VASCULAIRES. 187 famille, un soulèvement lenticulaire au niveau des ponctua- tions. Ces tubes sont, en général, cylindriques, très larges, évidemment formés de cellules superposées, dont les cloisons ne sont pas toujours résorbées. Souvent chaque cellule est un peu rétrécie au niveau de sa jonction avec celle qui lui est superposée; elles forment alors les vaisseaux, ou tubes vari- queux ou en chapelet (Mirbel) , ou moniliformes de quelques auteurs ; mais ce n'est pas une espèce à part. On les trouve dans les racines et les souches des plantes. 3° Les vaisseaux rayés sont cylindriques ou anguleux, très larges, caractérisés, comme les cellules et fibres rayées, par des lignes transversales, en général horizontales et parallèles, quelquefois un peu obli- ques, tantôt étroites, tantôt plus larges que les intervalles qui les séparent. Ils sont, comme les précédents, très nombreux dans le tissu ligneux des Dicotylés. Comme eux aussi et ceux qu'il nous reste à décrire, ils sont formés de cellules superpo- sées, et par conséquent ils sont cloisonnés. Les diaphragmes man- quent quelquefois par suite de résorption. Les raies prises pour des fentes les avaient fait appeler vaisseaux fendus (Mirbel). On a donné le nom de scalari formes à des vaisseaux rayés, larges, prismatiques, dont chaque face porte sur toute sa lar- geur des lignes horizontales, régulières, rapprochées, ce qui donne à chaque face l'aspect d'une échelle. On les trouve dans les Fougères et les racines des Monocotylés. Les vaisseaux réticulés sont, comme les cellules de ce nom, caractérisés par des fentes larges, obliques, de grandeur iné- gale, ce qui donne à la substance qui les sépare l'aspect d'un filament ramifié et anastomosé, quelquefois interrompu. Ils sont cylindriques ou prismatiques ; on les trouve dans la racine des Papavéracées, la tige des Balsamines, etc. On les a aussi appelés fausses trachées. 120. — Troisième variété. — On donne le nom de trachées aux vaisseaux dont les cellules allongées qui les constituent possè- dent à leur face interne un filament aplati ou spiricule roulée en 188 VÉGÉTAUX PARASITES DE l/HOMME ET DÉS ANIMAUX. spîraleet dér'oulable par-rupture et tiraillement. Laspiriculeest tantôt à tours contigus et très serres, tantôt à tours écartés ; ils sont, en général, dirigés de droite à gauche, l'observateur étant en face du vaisseau. Cette spiricule se bifurque quelquefois, mais rarement ; chaque branche contourne alors le tube dans la môme direction, de manière à circonscrire des espaces quadri- latères. Dans certaines trachées, il y a réellement deux fds distincts qui s'enroulent de la manière que nous venons de décrire, ou tous deux en sens opposé. D'autres fois, il y a 2, 3, h, 5, et môme un plus grand nombre de spiricules, qui sont placées l'une à côté de l'autre et forment un ruban qui s'en- roule comme un seul filament. Les trachées sont plus étroites que les autres espèces de vaisseaux et cylindriques ; elles sont en général solitaires ; elles se trouvent dans la paroi du canal médullaire des Dicotylédones et dans chaque faisceau des Mono- cotylés ; les racines des premières, qui sont dépourvues de canal médullaire , manquent de trachées ; beaucoup des secondes possèdent des trachées dans leurs racines. Il y en a dans les pétioles, dans les nervures des feuilles et de tous les organes analogues. Les Acotylédones manquent de trachées. Comme tous les vaisseaux, les trachées se terminent en cône plus ou moins aigu, c'est-à-dire par une extrémité close; elles viennent finir dans le voisinage de l'épidémie, tandis que les autres vaisseaux se terminent loin de cette couche superfi- cielle , dans l'épaisseur du tissu cellulaire ; elles marchent presque toujours en ligne droite et sans déviation ; les autres tubes, au contraire, se courbent assez souvent de côté et d'autre. Les vaisseaux annulaires sont formés par la superposi- tion de cellules en général plus allongées que celles des vais- seaux précédents, et qui présentent, appliqués contre leur face interne, des cercles étroits formés par un fil rond ou aplati. Ces cercles sont obliques ou horizontaux; quelquefois deux cercles sont soudés par un point de leur circonférence et pré- SUPERPOSITION DES DIVERSES VARIÉTÉS DE CELLULES. 189 sentent ordinairement un élargissement en cet endroit. En quelques circonstances, dans une même cellule, on trouve un fil qui fait deux ou trois tours de spire, puis s'interrompt, et tant au-dessus qu'au-dessous de lui se voient des an- neaux ; on donne le nom de spiro-annulaire à cette variété. Ces vaisseaux se trouvent tant chez les Monocotylés que les Dicotylés. 121. — Considéré dans son ensemble, dans toute sa longueur, depuis son extrémité inférieure jusqu'à sa terminaison supé- rieure, un même tube revêt quelquefois successivement deux ou même plusieurs des formes décrites précédemment. Ainsi, une trachée des fdets staminaux ou des feuilles est continuée par des cellules allongées vasculaires ponctuées dans les branches, par des cellules vasculaires rayées ou réticulées dans les nœuds de la branche, puis par des cellules à forme de trachée dans la tige, pour se terminer dans la racine par un vaisseau monili- forme composé de cellules ponctuées. Quelquefois ce sont des cellules vasculaires pourvues de fils annulaires, qui se trouvent interposées à des cellules rayées ou réticulées et à d'autres à spiricule, ou, en un mot, qui interrompent pour un instant l'aspect de trachée. Plus souvent encore, l'aspect de vaisseau ponctué est interrompu par des cellules rayées ou réticulées, et réciproquement. Il y a plus , quelquefois , mais rarement, une même cellule peut, en différents points de sa longueur, présenter deux aspects : c'est ce qui caractérise les cellules spiro-annulaires ; d'autres fois, ce sont des cellules spiro-réti- culées ou réticulées et à spiricule, ou rayées et ponctuées. C'est là une première cause qui fait qu'un vaisseau peut offrir, dans les différents points, des caractères divers, et constitue alors ce que M. de Mirbel appelle vaisseaux mixtes (loc. cit., page 33). Une seconde cause, c'est l'influence que les cellules des tissus en contact avec les vaisseaux exercent sur leurs phénomènes de nutrition. Ainsi les vaisseaux du Tilleul sont ponctués du 190 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. côté des cellules ponctuées, et rayés du côté des cellules qui présentent ces caractères. Dans les Conifères, les parties des vaisseaux tournées du côté des rayons médullaires offrent des ponctuations aréolées, et les parties opposées des mêmes vais- seaux ne montrent plus (pie des ponctuations sans aréoles (1). En un mot, toutes les fois qu'un de ces vaisseaux est uni à des vaisseaux de même nature, il offre des ponctuations aréo- lées ; mais si les cellules qui les touchent sont d'une autre na- ture, ils pourront dans ces points offrir, soit des ponctuations simples, soit des lignes horizontales ouohliques (2). 122. — Il va des conduits ou vaisseaux des plantes qui, au lieu d'être formés par des cellules superposées hout à bout, sont constitués par des cellules ordinaires disposées les unes à côté des autres et les unes au-dessus des autres, comme les briques prismatiques d'une cheminée cylindrique de machine à vapeur. Ces tubes ont donc des parois composées. Ils ont souvent plus d'un millimètre de diamètre, et peuvent oc- cuper toute la longueur des tiges , des rameaux ou des pétioles. On les observe dans les Nymphœa, où ils sont pleins d'air, et dans les Caladium, où ils sont pleins d'un suc irri- tant. Dans ce genre ils présentent des cloisons transversales qui sont également formées par une ou plusieurs rangées de cellules du parenchyme. SECTION II. Examen des propriétés physiologiques des éléments organiques des végétaux. I. — NUTRITIOUJ. 123. — Cette propriété vitale, bien que très importante à étudier chez les plantes pour faire d'une manière satisfaisante l'examen de la même propriété chez les animaux, m'entraîne- ( I ) Moldenhaver, Disserlalio analomica de vasis plantarum speciatim radicem herbamque adeuntibus. Trujecti ad Viadrum, 1779, in-4. (2) A. Richard, Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale. Paris, 1846, 7e édition, in-8, p. 55. DU LIEU OU NAISSENT LES CELLULES VÉGÉTALES. 191 rait trop loin. Ce que j'ai dit plus haut, p. 63 etsuiv., suffit pour comprendre les questions qui font le sujet principal de cet ou- vrage. Il n'en est pas de même de la reproduction et du déve- loppement. II. — NAISSANCE. PRÉLIMINAIRES. 124. — Dès qu'on vient à suivre expérimentalement un phé- nomène, au lieu de le comparer, d'une manière abstraite, aux autres, ainsi que nous l'avons fait plus haut, il faut tenir compte du lieu où il se passe. Comme conséquence des études ana- tomiques nécessaires aux recherches de physiologie, cette notion statique de situation entraîne , en effet, avec elle, la connaissance des conditions physiques, chimiques et de struc- ture qui permettent l'accomplissement de l'acte. On observe la naissance des éléments anatomiques : 1° Dans 1' ovule fécondé, devenu par là un individu nou- veau : c'est cet ovule qui en fournit les matériaux , c'est aux dépens du vitellus qu'ils se produisent. 2° Dans le corps de Vêtre déjà formé , soit encore à l'état fœtal, soit adulte. C'est aux dépens des éléments anatomiques nés du vitellus qu'ils sont engendrés, ou encore c'est l'être lui-même qui en fournit les matériaux immédiats , les prin- cipes encore fluides et amorphes. C'est par la naissance des éléments anatomiques dans l'ovule qu'a lieu la génération de l'organisme; c'est par la naissance des éléments anatomi- ques dans l'être dérivant de l'ovule (combinée au développe- ment de tous ces éléments) qu'a lieu le développement de l'or-*- ganisme total. Il importe de bien circonscrire le sujet dont il s'agit, car il est complexe et n'est nulle part clairement exposé. Que l'on se figure, au moment de la fécondation, un ovule composé de son vitellus , que protège la membrane vitelline ; représentez-vous, d'autre part, le jeune être au moment de sa naissance, ou la graine au moment de sa maturité. Cet être est 192 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. formé d'éléments anatomiques bien constitués, et pourtant iîen de visible n'est entré dans cel organisme, nul élément analo- mique n'y a pénétré du dehors tout formé ; ce n'est que molé- cule à molécule, que lui sont arrivés, au travers des membranes d'enveloppe, des matériaux venus de la mère, ou du dehors, si l'être est ovipare. Puisque dans cet être nul élément n'est entré formé de toutes pièces, et que pourtant l'organisme a grandi beaucoup, ne fai- sant que dilater ses enveloppes sans en sortir, tout est donc né : 1° soit directement, aux dépens du vitellus, 2° soit à l'aide des éléments agrandis peu à peu, auxquels le vitellus vient de donner naissance, 3° soit par génération d'éléments de toutes pièces, à l'aide de matériaux venus molécule à molécule du dehors. Ce sont là les seuls cas de génération spontanée qui soient connus, c'est-à-dire que ce sont des générations de toutes pièces des parties élémentaires d'un être au sein de cet être déjà formé ; car, lorsqu'il n'est pas encore engendré, ses élé- ments dérivent directement du vitellus. Or le vitellus est la portion fondamentale du produit d'un autre être, l'ovule ; et cet ovule s'est produit de toutes pièces dans un organisme, à la manière des autres éléments anatomiques dont nous parlons. L'organisme étant composé d'éléments anatomiques, on voit que sa naissance est une génération d'éléments anatomiques. C'est ainsi que la naissance de ceux-ci et la production de l'être nouveau se confondent en un point. C'est ainsi que dans l'étude des actes élémentaires nous trouvons à l'état d'ébauche les actes les plus complexes qu'il faut examiner à l'autre extrémité de la physiologie. C'est ainsi, enfin , que dans l'étude de la naissance des éléments anatomiques , il faut répéter un certain nombre des faits qui concernent l'origine de l'embryon; ou, en sens inverse, en traitant de ce dernier phénomène, il faut rappeler quelques uns des faits décrits à propos de la génération des éléments. Mais ce n'est pas là une CONDITIONS SUCCESSIVES DE L.V NAISSANCE DES ÉLÉMENTS. 193 répétition, c'est un rappel de faits déjà connus, sur lesquels on s'appuie. La question à résoudre se réduit donc à examiner comment naissent les éléments dans ces diverses conditions. On comprend tout de suite que les modes de cette naissance doivent être va- riés, car, lorsque l'être quitte ses parents ou sort de ses enve- loppes, il est bien plus grand que l'ovule dont il dérive, et dans lequel rien n'a pénétré que molécule à molécule, par endosmose. Pour tous les éléments qui n'ont pu provenir du vitellus même, (ou de la cicatricule chez les ovipares), une fois la substance du vitellus épuisée, il a dû naître des éléments à l'aide d'autres matériaux; donc au mode de génération des éléments anato- miques directement à l'aide du vitellus , ont dû succéder d'autres modes de naissance. En effet, lorsqu'aux éléments provenant directement du vitellus s'en ajoutent d'autres des diverses espèces qu'on trouve sur l'être au moment où il quitte sa mère (l'oeuf, ou l'ovaire chez les plantes), on observe na- turellement d'autres modes de naissance qui ne sont pas les mêmes que le premier ; ils sont en rapport avec les différences existant entre ces divers éléments. Ces divers modes ne se suc- cèdent pas brusquement, mais souvent on remarque sur l'être encore jeune plusieurs des modes s'opérant simultanément; seulement l'un est à son déclin quand l'autre commence, et tou- jours l'un s'opère sur une espèce d'éléments, et l'autre sur une espèce différente; jamais les individus d'une même espèce d'éléments ne se forment par deux modes divers. Les divers phénomènes de naissance et de développement, quoique contingents, ainsi que nous l'avons vu, se succèdent ordinairement sans transition brusque; mais le passage de l'un à l'autre est indiqué anatomiquement par des dispositions sta- tiques que présentent alors l'ovule ou les éléments. Leur dis- tinction rationnelle, au point de vue des conditions anatomi~ ques qui leur correspondent, repose sur des particularités de structure très délicates. Ces dispositions anatomiques sont très 13 194 VÉGÉTAUX PARASITES DE L' HOMME ET DES ANIMAUX. délicates non seulement par Leur facile destraction mécanique et chimique, mais encore par le peu de durée de leur exis- tence ; elles sont bientôt remplacées par d'autres, auxquelles en succèdent de nouvelles. L'ovule est un produit de l'être vivant adulte, ou à peu près, dont le développement total a pour résultat la reproduc- tion de cet être. Comme tous les produits, à peu d'exceptions près, il commence par l'état de cellule, c'est-à-dire d'élé- ment anatomique des plus simples ; mais cette cellule formée se développe peu à peu et cesse de représenter une cellule proprement dite en tant qu'élément anatomique. Au point de vue morphologique, c'est hien encore une cellule, puisqu'il y a paroi ( memhrane vitelline ) et une cavité pleine d'un con- tenu (vitellus) ; mais, au point de vue organique, c'est un pro- duit spécial, un organe faisant partie de l'appareil générateur. Cet organe est des plus simples parmi les organes connus, puis- qu'il n'est souvent guère plus complexe qu'un élément anato- mique, mais il ne remplit pas moins un usage particulier des plus importants. Ce produit, comme la plupart des produits, est expulsé ou s'atrophie dès qu'il est arrivé à un certain degré de développement, qu'on appelle maturité. Il se perd, se dé- truit donc, à moins que , par suite du contact avec les sper- matozoïdes ou les boyaux polliniques , ce développement de l'ovule ne se continue par génération (aux dépens du vitellus ou du contenu analogue dans les plantes) d'éléments anatomi- ques nouveaux qui viennent former des tissus, systèmes, or- ganes, etc., prenant la place des parties qui constituaient cet ovule. Lemot ovule désigne, enanatomie et en physiologie animale, un organe spécial, duquel dérive directement l'embryon. Im- porté de la science des animaux dans celle des végétaux , le mot ovule doit conserver dans celle-ci le sens qu'il a dans la science pour laquelle il a été créé et ne désigner que les parties qui ont la même structure, sous peine de confusion. Or, dans SIGNIFICATION BU MOT OVULE. 195 l'appareil complexe que représente ce qu'on appelle l'ovule des végétaux, il n'y a que le sac embryonnaire ou embryosac (T\i\asne) qui ait les caractères indiqués comme propres à l'ovule ; il n'y a que lui qui ait ces caractères, et il les a tous (1). La paroi représente la membrane vitelline, et son contenu ou matière plastique est analogue au vitellus chez les animaux (2). 125. — Dans beaucoup de plantes, on voit, dès avant la fécon- dation, se former dans l'ovule les vésicules germinatives qui don- neront directement naissance aux cellules qui vont constituer l'embryon, tandis que le reste du contenu de l'ovule sert à la génération des cellules du périsperme ou endosperme qu'on trouve avec l'embryon dans la graine mûre chez beaucoup de plantes. C'est ce qu'a vu M. Hoffmeister, et nous allons ici, commepréliminaire indispensable, décrire ce phénomène d'après ses recherches. Ses observations ont été faites sur : Plusieurs Orchidées. Canna Sellowii. Asphndelus luteus. Funkia cœrulea. Hyacinthus orientalis. Hemerocallis flava et fulva. Fritillaria impcrialis. Gagea sylvestris et arvensis. Narcissus poeticus. Iris pumilis, sibirica, biflora. Crocus vernus. Zea mays ; Sorglms bicolor. Monotropa hypopitys. Bartonia aurea. Polygonum orientale. Helianthus annuus. Ecballium agreste. Daphne Iaureola. Prunus cerasus. Godctia rubicunda. Agrostcmma githago. Erodium gruinum. Tropœolum majus. Sutherlandia frutescens. Linurn perenne. Dans YOrchis morio, Monotropa hypopitys, Bégonia cucul- lata, Elatine alsinastrum, Ch. Mueller décrit la formation de la vésicule préembryonnaire (3) de la même manière que Hoff- meister, si ce n'est qu'il n'en décrit qu'une seule au lieu de (1) Ch. Robin, Mémoire sur l'existence d'un œuf ou ovule chez les mâles comme chez les femelles des végétaux et des animaux, etc. (Revue zoologique, octobre et novembre 1848, p. 287 et 319). (2) Meyen, Addition au Traité de physiologie de Burdach, traduction fran- çaise. Paris, 1837, t. Ier, p. 99. (3) Ch. Mueller, Recherches sur le développement de l'ovule végétal (Ann. des sciences naturelles, Botanique, 1848, t. IX, p. 46, 47). 196 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. trois, ce qui, d'après celui-ci, est le cas le plus fréquent. Il faut employer le nom de vésicule pr'éembryonnaire, créé par M. Tu- lasne, de préférence à celui ùq vésicule germinalive, parce que ce terme désigne dans l'ovule animal une cellule qui disparaît, se dissout lors de la segmentation du vitellus, et ne concourt pas directement à la formation de l'embryon. Dans les plantes, au contraire, la cellule allongée appelée vésicule ou cellule ger- minative, ou mieux, préembryonnaire. se segmente en gran- dissant; ce sont les cellules résultant de sa segmentation qui donnent directement naissance à l'embryon, d'une part, et de l'autre à son fdet suspenseur, organe accessoire temporaire dont nous parlerons s'il y a lieu. Avant la fécondation, le noyau, quand il existe, que ren- ferme quelquefois le sac embryonnaire ou ovule végétal, dispa- raît. Avant la fécondation aussi, soit avant, pendant ou après la disparition de ce noyau, il se forme des noyaux libres , qui sont rarement moins de trois. Ces noyaux se placent principa- lement à l'extrémité supérieure ou micropylaire du sac ou ovule ; il s'en place aussi ordinairement à l'extrémité opposée ou chalazique (1). Autour de ces noyaux s'accumulent des granulations, dont chaque amas périnucléaire est séparé de l'amas voisin par un espace ou sillon plus clair , plus transpa- rent que le reste, parce que cet espace est plus dépourvu de granules moléculaires. La substance liquide qui maintient réunies les granulations les unes aux autres et autour du noyau devient un peu plus dense à la périphérie qu'au centre, et constitue de véritables cellules qui sont sphériques et libres. Parmi ces cellules , les trois qui , en général , se placent à l'extrémité micropylaire du sac embryonnaire ou ovule, sont appelées vésicules embryonnaires , parce que l'une d'elles de- vient le point de départ de la génération des cellules qui for- meront l'embryon. Avant, pendant ou après la fécondation, (1) Wilhelm Hoffmeister, Die Enstehung des Embryo ; eine Heihe mikroslco- pischer Untersutiningen, Leipzik, 1849, in-4. PHÉNOMÈNES OUI PRÉCÈDENT LA GÉNÉRATION DES ÉLÉMENTS. 197 c'est-à-dire l'arrivée du boyau pollinique au contact du sac embryonnaire ou ovule , deux d'entre elles disparaissent, et celle qui reste forme la vésicule préembryonnaire (1) proprement dite, qui sera l'origine directe de l'embryon. Quant aux cel- lules qui se produisent vers l'extrémité chalazique du sac ou ovule, et que distingue souvent leur grosseur considérable, elles paraissent n'être destinées qu'à élaborer les matières nu- tritives pour l'embryon naissant; elles se dissolvent, s'atro- phient et ne concourent nullement à la formation directe de l'embryon, ni même de l'endosperme (2). Voici, par conséquent, une série de phénomènes prélimi- naires à la fécondation, qui ont pour point de départ le sac embryonnaire, véritable ovule végétal d'après sa structure d'abord, puisqu'il est formé d'une membrane homogène, hya- line, transparente et d'un contenu granuleux , et ensuite d'après ses usages, qui sont, comme dans les autres êtres, de fournir directement les matériaux du développement de l'em- bryon . La génération dans l'ovule delà vésicule préembryonnaire, dont la naissance précède celle des éléments du nouvel être produit directement à ses dépens, cette génération, dis-je, se ferait autrement d'après M. Tulasne. Le mode de naissance qu'il a observé diffère de ce qu'ont vu Hoffmeister, Ch. Mueller, Amici, Unger, H. Mohl , Dickie, Brongniart, de Mirbel, mais ces auteurs n'ont pas examiné les mêmes plantes. Du reste, il faut savoir que cette différence dans le mode primitif de génération de cette vésicule préembryonnaire est la seule dissidence existant entre ces observateurs. Tous sont conduits à reconnaître que, quelles que soient les variétés de forme de (1) Vésicule germe, V. germinative des auteurs français; Vesichetta embryo- nale, Amici; Keimblœschen, Meyer, Sclileiden ; Keimzelle, Keimschlauch , Meyer; Vésicule embryonnaire, A. de Jussieu ; Embryoblœschen, Treviranus; Eigenttiche Keimzelle, Vesicula seu cellula germinaliva, Meyer ; Vésicule pré- embryonnaire, Tulasue. (2) Hoffmeister, loc. cit., 1849. 198 VÉGÉTAUX PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. cette vésicule, laquelle diffère dans chaque espèce, genre et famille, partout le mode de naissance des éléments du nouvel individu qui en dérive a lieu de la même manière. Les plantes observées par M. Tulasne ne sont pas les mômes que celles étudiées par les autres botanistes: ce sont les Cru- cifères, les Scrophularinées , les Campanules, YHippuris vul- garis. On trouve tant de variétés lorsqu'on observe séparément des phénomènes qui ont un résultat commun, qu'il est à croire que les différences existant dans les descriptions de ces auteurs sont réelles et ne tiennent pas à un défaut d'exactitude chez les uns plutôt que chez l'autre. M. Tulasne n'a bien vu cette vésicule dès les premiers instants de son origine que dans le Cheiranthus cheiri; mais dans toutes les autres plantes, il l'a vue fort peu de temps après son appari- tion; son adhérence et ses autres caractères correspondaient alors trop à ce qui est décrit plus loin, pour ne pas consi- dérer ces faits comme pouvant s'appliquer aux espèces observées, autres que le Cheiranthus. C'est quand la corolle commence à se flétrir que l'on découvre dans le sac embryon- naire (ovule) les premiers rudiments de la vésicule préem- bryonnaire; elle semble provenir d'une sorte de dédupli- cation de la membrane du sac , et son apparition correspond tantôt avec une légère dépression , tantôt avec une faible proéminence extérieure de cette membrane. Cette dépres- sion ou cette proéminence, si elles sont réellement con- stantes, disparaissent très vite, car on voit la vésicule embryon- naire s'appliquer sur une surface plane lorsqu'elle ne fait encore à l'intérieur du sac (ovule) qu'une saillie de 0m,005. En cet état, elle représente tout à fait la forma d'un verre de montre. Cette vésicule prend habituellement naissance au- dessus du sommet du sac embryonnaire, sur un point plus ou moins intérieur de sa paroi latérale; rarement elle est au sommet. Elle est ordinairement placée au-dessous du point de contact du boyau pollinique, lequel détermine quelquefois une GÉNÉRATION DE LA VÉSICULE PRÉEMBRYONNAIRE. 199 dépression plus ou moins profonde de la paroi du sac (ovule), mais sans la percer (Digitalis purpurea). La base d'implanta- tion de la vésicule préembryonnaire est largement circulaire ou ellipsoïde, et son diamètre varie entre 0m,008 et 0m,012 ; elle figure un petit tympan qui, par son pourtour, tient forte- ment au sac dont il est partie intégrante. Quand, par suite de tractions exercées à dessein ou involontairement , la vésicule développée vient à se séparer de la membrane du sac, elle en- traîne constamment avec elle le tympan qui forme son entrée (Tuîasne, pages 86, 87). Pourtant, l'auteur regarde l'origine de la vésicule par dédoublement de la paroi du sac embryon- naire (ovule) comme n'étant qu'apparente, du moins cela lui semble extrêmement probable (page 110). Immédiate- ment au-dessous de son adhérence tympaniforme, la vésicule embryonnaire est un peu resserrée en col , puis elle se renfle en petite ampoule ou en bosselure, ou en appendice sacci- forme (Euphrasia). Au-dessous de celle-ci elle présente un long tube cylindrique, en général régulier; son accroissement se fait très vite, et il descend au centre du sac embryonnaire (ovule). Le fond de la vésicule préembryonnaire est presque constamment renflé en sphère, cette partie renflée sera essen- tiellement le siège de la formation de l'embryon ; le tube allongé de la vésicule , partie interposée entre le fond et le point d'adhérence, forme le filet suspenseur (ou le suspenseur). Dans V Euphrasia officinalis, souvent ce tube adhère sur plu- sieurs points de son trajet (deux à quatre) avec les parois du sac ou ovule ; ces adhérences sont aussi en forme de tympan. M. Tulasne n'a jamais vu qu'une seule vésicule préembryon- naire ; il croit, en conséquence, que celles vues par M. Hoff- meister (autres que l'unique qui se développe) ne sont que des apparences cellulaires ou vacuoles qui se rencontrent fréquem- ment dans le sein de la matière plastique ou organisable. En opposition avec H. Mohl, Amici, Unger, Brongniart, de Mirbel, Hoffmeister, M. Tulasne croit, avec Mever etCh. Mue!- 200 VÉGÉTAUX PARASITES DE L.' HOMME ET DES ANIMAUX. 1er, que la vésicule préembryonnaire ne se développe qu'au moment du contact du boyau pollinique. Il considère son opi- nion comme la plus probable, quoiqu'il ne soit pas pleinement assuré d'avoir réuni un ensemble de faits suffisamment dé- monstratifs ; il appuie cependant son opinion sur ce que jamais il n'a vu la vésicule préembryonnaire avant émission du pollen, il ne l'a pas vue non plus sur les fleurs automnales tardives, cbez lesquelles l'émission de pollen n'amène pas de fécondation (1). Cette cellule particulière qui vient compliquer la structure de Y œuf des plantes, soit au moment de la fécondation, soit avant elle, fournit essentiellement et directement (comme le vitellus des animaux) les matériaux qui servent à la généra- tion des éléments anatomiques du nouvel être ; quant au reste du contenu de l'œuf, il ne sert (comme le jaune de l'œuf dos ovipares) qu'à la production des cellules de l'endosperme pas- sager ou permanent destiné à nourrir l'embryon. Nous avons éliminé ainsi tous les phénomènes qui se passent avant la naissance des éléments anatomiques embryonnaires. La description de ces générations diverses, qui ont lieu cbez beaucoup d'animaux et de plantes, fait partie de l'étude de la naissance des éléments dans les tissus de l'être déjà formé. J'aurais pu éviter d'en parler, si la constitution comparée des ovules, animaux et végétaux, était faite quelque part; mais, exposés ici, on pourra saisir plus facilement les faits se rappor- tant essentiellement au sujet dont il s'agit. On verra aussi qu'en réduisant chaque ordre de phénomènes, en apparence les plus compliqués, à leurs faits essentiels, en exposant à leur place ceux qui sont accessoires ou préliminaires, les uns comme les autres atteignent un grand degré de simplicité ; ils peuvent être coordonnés ensuite delà manière la plus nette. (1) Tulasne, Études d'embryogénie végétale (Annales des sciences naturelles. Botanique, Paris, 1849, t. XII, p. 21 à 130). NAISSANCE DES ÉLÉMENTS DANS L'OVULE. 201 Tableau synoptique des phénomènes de la naissance et du développement des éléments anatomiques végétaux et animaux. I.— Naissance. fA. Dans l'œuf, généra- tion des éléments des tissus transitoires ou| CELLULES EMBRYON- NAIRES, naissant par< SEGMENTATION du vi- tellus , d'où résulte J la formation de l'em- bryon : IL — DÉVELOPPEMENT ET TERMINAISON. Cliez les végétaux : Chez les animaux : Chez les végétaux : . Vans les tissus de\ l'être déjà forme' , 1 génération des élé- ments des tissus qui persistent pendant < toute la vie de l'être, d'où résulte l'accrois- sement de celui-ci. Ils naissent : Chez les ani- maux dans des condi- tions diver- ses qui sont de deux or- dres : 'a. Elles se terminent toutes par mé- tamorphose en éléments des tissus définitifs, et persistent ainsi pendant toute la durée de l'être organisé. h. Celles de la couche superficielle du feuillet séreux du blastoderme se ■métamorphosent en éléments des produits (cellules des épithéliums, de l'amnios, etc.), comme les cellules végétales. Toutes les autres se terminent par liquéfaction. ■a. Sous forme de cellules produites de toutes pièces ou par gemmation, ou par cloisonnement, d'où multipli- cation, et se métamorphosent, en- suite comme chez l'embryon. Ils se terminent à la mort de l'être ou par résorption. , Ceux des produits sont des cellules engendrées de toutes pièces qui ne font que se métamorphoser, comme les cellules correspondantes chez l'embryon, et comme toutes les cel- lules végétales. Elles se terminent par dessiccation et tombent, ou par ré- sorption, d'autres disparaissent à la mort seuleînent par putréfaction. 1 c. Ceux des tissus fondamentaux ou proprement dits naissent de toutes pièces, sans prendre l'état de cellule, ni se métamorphoser. Us naissent dans le blastème résultant de la liquéfaction des cellules, ou dans celui que laissent exsuder les vais- seaux. Ils se terminent à la mort ou par résorption (atrophie). Ce mode de génération directe, sans métamor- phose, est propre au règne animal. A. — Naissance dans l'ovule. 126. — Génération par segmentation. Après l'arrivée du boyau pollinique , la vésicule embryonnaire s'allonge plus ou moins, en général beaucoup, et se partage en deux cellules superposées verticalement quand il est court. Pour cela il y 202 VÉGÉTAUX PARASITES DE l/llUMMIi ET DES ANIMAUX. ,*i d'abord formation du noyau qui apparaît comme une masse circonscrite à bords pâles, mais nets, avec ou sans nucléole au centre; en môme temps qu'il se forme, il y a accumula- tion du contenu autour de lui, et entre ces deux amas se voit un sillon qui, bientôt, est remplace par une mince cloison de cellu- lose ; celle-ci partage la vésicule embryonnaire en deux cel- lules dans lesquelles l'utricule primordiale est représentée par la surface du contenu, qui est plus dense que le centre gra- nuleux. Ces deux cellules portent le nom de préembryon (Hoffmeis- ter) (1). Ordinairement la cellule terminale de celui-ci s'allonge et se divise en cellules de la même manière que nous venons de le décrire à l'instant pour la vésicule embryonnaire elle-même, et alors la dernière cellule de cette série (du côté du hile du nu- celle) devient la première de l'embryon de la manière que nous indiquerons plus loin, tandis que celles qui sont du côté micropylaire forment le suspenseur. D'autres fois la cellule terminale du préembryon encore formé de deux cellules devient immédiatement un corps celluleux par cloisonnement en différents sens, et forme l'embryon (Funkia, Frilillaria, Hyacinthus, Zea, Sorghum, Tropœo- lum, Daphne, Erodium, Sutherlandia) . Le préembryon dérivant de la vésicule embryonnaire, qui elle-même s'est formée au sommet micropylaire du sac ou ovule, continue à correspondre au micropyle. Quant à la por- tion ebalazique de ce sac embryonnaire ou ovule, elle se rem- plit de grandes cellules, puis ses parois se résorbent. Ce tissu cellulaire se forme par scission ou cloisonnement mérismatique. Dans la cavité centrale du sac (ou ovule) plein de matière orga- nisable apparaissent, en général, d'abord un ou plusieurs (I) Filament suspenseur, Mirbel et Araici ; Embryolrœger , Keimtrœger, Keim-itrang, Chordaembryonalis, Schleiden, etc.; JsTeimscMaucft, Meyer; Vor- keim, Hoffmeister. NAISSANCE DES ÉLÉMENTS PAU SEGMENTATION. 203 noyaux, puis, entre eux, des cloisons transversales, et bientôt des cloisons longitudinales , qui partagent le tout en grandes cellules diaphanes. Ces cellules adhèrent, dans l'origine , les unes aux autres , et aux parois de l'ovule; elles vont sans cesse se multipliant par divisions successives , se remplissent de granulations obscures, et forment ainsi Yendo- sperme (1), organe accessoire de la graine, chargé de fournir les premiers matériaux nutritifs à l'embryon germant; comme le jaune, organe surajouté à l'ovule des Oiseaux, Plagio- stomes et Céphalopodes, est chargé de fournir les matériaux nutritifs à l'embryon qui se développe hors du corps ma- ternel. Dans les Crucifères et autres plantes vues par M. Tulasne, les matières plastiques accumulées peu à peu dans le long tube de la vésicule préembryonnaire présentent des forma- tions de noyau, et, peu après se divisent, à un instant donné, en fractions plus ou moins étendues, entre lesquelles s'interpo- sent des cloisons transversales. Dans quelques espèces ce phé- nomène a lieu avant l'apparition du noyau. Les cellules ainsi formées constituent le filet suspenseur. Elles se partagent elles- mêmes de la façon indiquée ci-dessus ; il en résulte une série linéaire et simple d'utricules cylindriques dont les inférieures sont les plus longues. La formation de l'embryon directement aux dépens d'une des cellules du préembryon se fait de la manière suivante : Avant que la génération des cellules du suspenseur dont nous venons déparier ait pris fin, l'utricule terminale, devenue sphé- roïdale, représente ce que beaucoup d'auteurs ont appelé la vésicule embryonnaire ou germinative. Ce sont, en effet, les cellules engendrées dans cette utricule terminale (de l'extrémité chalazique de la vésicule préembryonnaire ) qui commencent (1) Hoffmeister, loc. cit., 18-49. — Tulasne, Études d' embryogénie végétale (Annales des sciences naturelles, Botanique, Paris, 1849, t. XII, p. 21 et suiv., pi. III et IV). 204 VÉGÉTAUX PARASITES DE l/flOMME ET I>KS ANIMAUX. ['embryon. Leur apparition est généralement signalée par uno cloison Longitudinale, ou qui a la même direction que le tube suspenseur Lui-même ,005 (1/5000 de pouce) de largeur. Spores, 0<»>»,003 (1/7111 de pouce) de long, ou 0-»,002 (1/12500) de largeur. Il croît en grande quantité avec Y Enterobryus elegans dans la muqueuse de l'extrémité du rectum du I-ulus marginatus. Une espèce d'Àrthromitus se trouve aussi dans l'intestin du Polydesmus virginiensis. Les sporules des Arthromitus se forment par condensation de la substance amorphe qui remplit les articles. Us sont tou- jours isolés, ordinairement placés obliquement. Quand ils commencent à se former , ils sont plus grands que lorsqu'ils ont acquis tout leur développement, un peu recourbés et très peu distincts ; mais en mûrissant ils deviennent plus réguliers, ovales, très nets, et réfractant bien la lumière. Quelquefois on ne les trouve qu'à l'extrémité des filaments , mais souvent il en existe dans toute leur longueur. Famille des LEPTOMITÉÈS. LEPTOMITE.E, Kulzing. « Algœ cespitosœ, lubricœ, vel adnatse vel libéra?, ex tricho- matibus articulatis subtilibus achromaticis compositse. » Genre LEPTOiMITUS, Agardh. « Tr'ichoma articulatum in apicem attenuatum, ramosum ; articuli cavi, vaginati. Spermatia (sporidia) lateralia, raro in- terstitialia, epispermio pellucido cincta. » LEPTOMITUS UROPHJLUS. 361 Espèce 20. —LEPTOMITUS UROPIIILUS, Montagne (1). « I. Filis cespitosis, hyalinis, ramosissimis, ramisque paten- libus alterne subternis articulatis ; articulisdiametroœqualibus vel sesquiduplo longïoribus. » Hab. In urina morbosa cum pilis emissa banc speciem dédit celeb. Rayer. » II. Descr. « Cespes hemisphericus, gélatino-sus, altitudine duo vel tria millimetra metiens. Fila primaria e puncto cen- trali quaquaversus irradiantia ; byalina, a basi ramosissima, vix 0mm,0075 crassa. Rami iterum afcque iterum ramosi, ramis patentibus. Ramuli tertii ordinis terni quaternive, secundi, obtusi, 0mm,0030 circiter œquantes, sensim minores evadunt prout apicem versus, ubi ex singulo articulo quandoque con- stant, observantur. Arliculi variae longitudinis, alteri diamelro sequales , alteri sesquiduplo, gonidiis nullis farcti at spatium orbiculare pellucidum (an guttulam oleosam) in centro exhi- bentes. » III. Observations. — J'ai cru devoir et même décrire avec quelques détails cette production , moins en raison de sa na- ture, qui est encore ambiguë, qu'à cause du singulier habitat qu'elle s'est cboisi. Rien n'est, en effet, plus problématique que l'origine de ces êtres connus et enregistrés clans la science sous les noms de Leptomitus et à'Hygrocrocis, lesquels enva- hissent toujours des liquides où existent en dissolution des matières animales, végétales, et même minérales. Toutes celles que j'ai pu voir m'ont paru plutôt devoir être rapportées à des végétations fongiques que le milieu où elles ont pris naissance a rendues le plus souvent méconnaissables , et qui n'ont pu fructifier parce qu'elles étaient soustraites à l'influence de l'air (2). (1) Comptes rendus et Mémoires de la Société de biologie, 18-49, t. Ier, p. 29. (2) Montagne, Sixième centurie de plantes nouvelles, tant indigènes qu'exo- tiques, Algœ, n° 71 (Ann, des sciences nat., 1849, Botanique, t. XII, p. 285- 286). 362 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. Espèce 21. —LEPTOMITUS? lUNNOFEmi, Ch. n. I. Synonymie. — Lcptomilus de Hannover, Ch. R. (1). Filaments droits et déliés, les uns transparents, les autres ayant un contenu nuageux ou grenu. Ils sont très ramiliés, tantôt d'un côté, tantôt de deux côtés, sans que les branches soient plus minces que le tronc ; leurs extrémités sont quel- quefois, mais rarement, un peu renflées (pi. II, fig. 11 et 12, a, b). Hab. Hannover les a trouvés dans une masse en bouillie qui tapissait l'œsophage, lequel présentait des excoriations n'ayant causé aucun symptôme. Il a retrouvé aussi dans des cas de typhus ce végétal, qu'il pense appartenir au genre Lepto- mitus, Agardh (2) . Observations. — Il montre dans un tableau que, sur quatre- vingt-dix cas , dans lesquels il observa la muqueuse après la mort , il retrouva quatorze fois des Entophytes , soit dans le mucus adhérent à la muqueuse intestinale, soit sur les ulcéra- tions de la muqueuse. Ce n'est point après la mort qu'ils se sont formés, car on les observe pendant la vie sur la langue, le pharynx. Les cas observés étaient des fièvres typhoïdes , pneumonie, pleurésie, phthisie, delirium tremens , apoplexie, diabète, gastrite chronique. D'après lui, on rencontre deux formes de Champignons dans l'organisme animal , celui de la fermentation, et un autre filamenteux. Tous deux se rencon- trent ensemble à côté l'un de l'autre dans la bouche, l'œso- phage et les voies urinaires. A cause de leur ressemblance, il croit que le Champignon du porrigo lupinosa, ceux de l'urine diabétique et des membranes muqueuses sont une même for- (1) Ch. Robin, loc. cit., 1847, p. 42. (2) Ad. Hannover, Ueber Entophyten auf den Schleimhauten des todten und, lebenden menschlichen Kœrpers (Arch. fuer Anat. und Physiol., von J. Mueller 1842, p. 280, vl. XV, et Repertorium fuer Anat. und Physiol., von Valentin. in-8, 1843, p. 84). LEPTOMITUS HAMOVEHII. 363 mation. Mayer (1842) croit que le Champignon des deux pre- mières maladies appartient a la même espèce. Cette opinion est basée sur ce qu'il pense avoir trouvé une transition ou même une similitude entre les formes des cellules du Champignon du ferment et les spores du Champignon delà teigne. Cette idée, évidemment erronée, comme le prouvent les propres figures données par Harmover, est une application à l'étude des plan tes d'une notion superficielle qui a jeté longtemps du trouble dans l'étude des éléments anatomiques des ani- maux. Cette notion est caractérisée par la tendance à ne tenir compte essentiellement que des caractères de forme (ou tout au plus aussi de volume) dans la distinction des espèces de corps qui composent les êtres organisés simples ou complexes. Rien de plus superficiel qu'une tendance à faire jouer à la forme le rôle fondamental dans l'étude et la comparaison des corps, en négligeant les caractères les plus fondamentaux, ou ne leur don- nant qu'une importance secondaire, comme ceux de réfraction de la lumière et de couleur, de composition immédiate et sur- tout de structure. Aussi voit-on les fauteurs de cette idée trou- ver partout des transitions de forme. Dans le cas particulier du Leptomilus de Hannover, il considère comme constituant une même espèce l'Algue du ferment et les spores de YAchorion Schœnleinii, Rem. Ce fait le conduit à confondre de plus avec les deux espèces de corps ci-dessus les spores du Lep- tomitus, qu'il décrit. Conséquent avec l'idée qu'il poursuit, il regarde les filaments de cette Algue comme constituant une même forme végétale avec les filaments de mycélium de YAchorion. Il en résulte qu'il représente et décrit les filaments de Leplomitus, entremêlés de leurs propres spores, comme étant un mélange de la forme végétale filamenteuse et de la ceïhdeuse; d'où enfin il est conduit à ne pas reconnaître de spores au végétal qu'il décrit et à penser qu'il se multiplie par division. Les conditions de développement de cette plante ne sont 3G/| VÉGÉTAUX PARASITES. ALGUES. pas autres que celles qui permettent l'accroissement du Leplo- thrix buccalis, c'est- à-dire que, comme beaucoup d'Ini'usoires et d'Algues (si tant est que ce végétal en soit une et non un Champignon ), celle-ci se développe sur les substances animales en voie d'altération , qu'on trouve toujours à la surface des ulcérations ou des muqueuses exposées à l'air ; elle joue sim- plement le rôle d'un corps étranger sans action nuisible sur l'organisme. EsrÈCE 22.— LEPTOMITUS? DE LÉPIDERME. Je me bornerai à désigner sous ce nom, en attendant de plus amples renseignements, le végétal représenté planche VI, fig. 1, d'après un dessin que m'a communiqué M. Montagne. Cette Algue a été trouvée par M. Gubler, qui a bien voulu me transmettre la description suivante, que je reproduis textuel- lement. « Un homme jeune encore et d'une forte constitution reçoit, dans la main droite , une balle qui la traverse d'un côté à l'autre. On soumet le membre à l'irrigation continue. Comme cela se passe ordinairement, on vit d'abord l'épidémie macéré devenir blanc et opaque, s'épaissir et se rider comme s'il était trop large pour la surface cutanée qu'il avait à recouvrir. Les choses restèrent dans cet état jusque vers le cinquième jour, époque où il se manifesta sur la face dorsale de la main et des doigts quelques petits boutons blancs, analogues aux vésicules d'eczéma déterminées par des cataplasmes. Les jours suivants ces boutons augmentèrent de volume et de nombre en s'ac- compagnant d'une douleur prurigineuse qui , pour n'être pas très vive, n'en était pas moins insupportable par sa conti- nuité. Le blessé, très impatient d'ailleurs, voulait s'en débar- rasser en les ouvrant, et, malgré mes représentations, il dé- tacha avec l'ongle deux ou trois des principales élevures. Chose remarquable, elle ne recelait pas la moindre quantité d'une matière liquide, ce qui me donna immédiatement l'idée qu'elles LEPTOMITUS DE LEPIDERME. 365 pouvaient bien être constituées par des productions de nature végétale. » Je les emportai pour les examiner au microscope, et ce ne fut pas sans une certaine émotion que j'y découvris des fila- ments byssoïdes analogues à ceux du muguet. Ces fdaments très longs, plusieurs fois divisés, m'ont paru moins diaphanes que ceux du muguet lui-même et moins distinctement arti- culés. Toutefois les cloisons existent ; elles sont même beau- coup plus rapprochées dans les branches secondaires (pi. VI, fig. 1, a, b) et vers les extrémités terminales des fdaments primitifs. Les rameaux naissent souvent d'un seul côté et se détachent à angles plus ou moins aigus, en s'incurvant du côté de l'axe qui leur donne naissance. J'ai vu l'un d'eux ter- miné par un renflement cellulaire (d), qui n'est probablement autre chose qu'une fructification naissante. Mais je n'ai pas rencontré de spores arrivées à leur entier développement qui fussent encore fixées sur les filaments byssoïdes. Toutes les sporidies nageaient librement dans l'eau que j'avais ajoutée pour l'examen (c, c, c). Ces sporidies, ellipsoïdes , droites ou légèrement courbes, sont coupées transversalement par une cloison qui les partage ainsi en deux cellules ou cavités (c, c,c).» Ces observations s'accordent avec celles de M. le docteur Mon- tagne, qui a déclaré n'avoir pu, sur ces premiers échantillons, dénommer l'espèce probablement nouvelle que le hasard m'a fait découvrir. Elle se rapproche du genre Leptomitus, si elle ne lui appartient pas réellement. J'ai remarqué aussi, dit M. Gu- ider (1), des vésicules arrondies dont quelques unes étaient munies d'un noyau, et qui ne pouvaient être confondues avec déjeunes cellules épithéliales. Enfin il existait, entre les élé- ments épidermiques, une matière amorphe finement granu- leuse, qui paraissait servir d'humus au Champignon que je viens de signaler. (1) Procès-verbaux des séances de la Société de biologie, samedi, 24 jan- vier 1852. 306 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. ESPÈCE 23. — LEPTOMITUS? DE L'UTÉRUS. Je décrirai sous ce nom, faute d'autres détails, une Algue représentée planche V, fig. 1, a, b, c, d, e, f, g, h, dont le dessin m'a été remis par M. Lebert, qui l'a rencontré dans le mucus de l'utérus. Elle se compose : 1° de tubes [mycélium) pâles, plus ou moins longs, ramifiés, non cloisonnés (a, a), sans granulations à l'in- térieur ; 2° de tubes un peu plus larges, articulés [réceptacle], cloisonnés [h, h, h), dont les cellules sont de longueur va- riable, et quelcpiefois sont ramifiées elles-mêmes : ils se termi- nent par des spores à divers degrés de développement [b, d, f, g) et plus ou moins granuleuses ; 3° ces spores sont représen- tées, soit par une cellule ovoïde, encore allongée, granuleuse, contenant quelquefois une ou deux goutte^ claires (/), soit par une cellule ovoïde ou sphérique terminée par un prolongement. Celui-ci est plus étroit [g) que la spore; sa cavité communique d'abord avec celle de cette dernière ( g) ; il en est souvent sé- paré par une cloison, quelquefois même il est formé de plu- sieurs petites cellules placées bout à bout, constituant un tube mince cloisonné (b, b). La dernière cellule du tube ou réceptacle portant la spore est ordinairement plus renflée que les autres , et un peu gra- nuleuse; elle est probablement destinée à former une spore nouvelle après la chute de la première. Les spores libres sont ovoïdes et terminées par le petit pro- longement dont nous venons de parler , mais séparées d'elles par une cloison. Ce végétal a été trouvé par 31. Lebert, auquel je dois la note suivante dans laquelle sont indiquées les circonstances où fut faite cette observation. « En 1850 j'allais fréquemment à l'hôpital de Lourcine où M. Guéneau de Mussy , alors médecin d'une des divisions, LEPTOMITUS DU MUCUS UTÉRIN. 867 enleva sur le col utérin, en ma présence, les altérations dont je désirais examiner la nature intime. » Un jour il enleva quelques granulations du col, et quel ne fut pas mon étonnement, lorsque, en faisant l'examen micros- copique, j'y trouvai une Algue accolée à la surface de la mu- queuse. Je l'avais mise dans un tube propre qui ne pouvait en contenir. Il est très possible que les spores aient été introduites avec une injection vaginale, en tout cas le végétal était ac- colé à la surface du col utérin. » ESPÈCE 24. — LEPTOMITUS? DU MUCUS UTÉRIN. Dans un écoulement morbide d'aspect purulent , mais tout à fait dépourvu de globules de pus provenant de l'utérus d'une femme âgée de soixante-dix-sept ans, l'examen microscopique a fait reconnaître l'existence d'une très grande quantité de filaments bien évidemment de nature végétale, et en outre des corpuscules ovoïdes etsphériques, avec ou sans noyaux. L'auteur (1) distingue les filaments en primaires et secondai- res. Le diamètre de ces derniers variait de 1/4000 à 1/8000 de pouce , leurs bords étaient pâles , leur longueur variable. Ces filaments étaient tous un peu recourbés , jamais enroulés ni onduleux; l'action de l'acide acétique rendait leur structure plus évidente, et montrait qu'ils étaient formés de cellules allongées placées à la suite les unes des autres , comme dans certaines Algues d'eau douce. Dans beaucoup de ces filaments toute trace de structure cellulaire avait disparu , par suite des progrès du développement , d'où leur apparence de fibres simples. Ces filaments secondaires paraissent, pour la plupart, pro- venir des filaments secondaires par rupture ; cependant, dans quelques uns d'entre eux , l'apparition , vers leurs extrémités , (1) Wilkinson, Some remarks upon the development of epiphytes, with the description of a new vegetable formation found in connexion with the human utérus [Description d'un nouveau végétal trouvé dans V utérus] (London, The Lancel, 1849, p. 448etsuiv.). 368 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. de nouvelles cellules en voie de développement fait supposer à l'auteur qu'ils pourraient bien avoir une existence distincte des suivants. Les filaments primaires ont un diamètre qui est de deux à six fois celui des filaments secondaires. Les plus larges étaient très courts, tronqués vers une de leurs extrémités, ter- minés à l'autre par un faisceau de six ou sept longs filaments se- condaires. Les plus étroits offraient une plus grande longueur, et de deux à quatre filaments dans leur faisceau terminal. Vers l'ex- trémité tronquée des filaments primaires , quelquefois sur un point de leur longueur, on pouvait remarquer des renflements que l'auteur regarde comme destinés à renfermer les spores. Les corpuscules étaient généralement ovoïdes, quelques uns sphériques; ceux-ci paraissaient plus petits. L'action de l'acide acétique y faisait souvent apparaître un noyau. L'auteur propose, pour ce nouvel épiphyte, le nom de Lorum uteri : lorum signifiant une lanière, pour indiquer l'as- pect que présentent les filaments primaires terminés par un faisceau de filaments plus petits. Voyez planche IV, fig. 3. — Filaments primaires a, se divi- sant en filaments secondaires b, b. c, corpuscules ovales et arrondis, mélangés de fragments de filaments secondaires. c, d, corpuscules et filaments, après l'action de l'acide acé- tique ; c, corpuscules avec ou sans noyaux. e, corpuscules ovoïdes , donnant naissance à un corpuscule plus petit. (Les corpuscules e et c ne sont peut-être que des cellules de l'Algue du ferment.) L'auteur prend à tort la segmentation des tubes terminaux b, b en spores pour des cloisons qui persistent dans les fila- ments, et qui seraient la trace des cellules dont ils étaient pri- mitivement formés. Dans les filaments primaires a, on ne voit jamais de lignes tr an s verses. LEPTOMIÏL'S DE l'0E1L. ^69 Ces figures ont été faites avec le microscope d'Oberhaiïser , à un grossissement de 500 diamètres. Ce qui précède est la traduction du travail de Wilkinson ; je la dois à un de mes élèves et ami, M. J.-J. Moulinié. L'auteur établit qu'il y a sur les animaux des végétaux para- sites, comme il y a des Entozoaires. Il admet que les germes peuvent arriver facilement sur les membranes où on les trouve, seulement les conditions favorables à leur développement se rencontreraient rarement. Les maladies ne seraient pas dues au végétal, mais seraient caractérisées par les conditions morbides spéciales qui en perme tten t le développement et offrent à la plante des conditions d'existence ; seulement la présence de celle-ci vient aggraver le mal primitif et le masque ; elle finit par pa- raître la cause première de la maladie, dont elle n'est, au fond, qu'une complication. ESPÈCE 25. — LEPTOMITUS? DE L'OEÏL. Un prédicateur de quarante-deux ans , dit Helmbrecht (1) , avait eu, plusieurs années auparavant, une inflammation rhumatismale des deux yeux, avec épiphora, etc., lorsque subi- tement il observa dans son œil gauche un trouble en forme de fleur, avec des stries rayonnées. Des douches chaudes et des bains de pieds firent disparaître ces symptômes, mais l'épi- phora et les scintillations dans l'œil revinrent. Débarrassé de cela en se ménageant les yeux , il se regardait comme guéri , lorsque tout à coup il aperçut, sans cause apparente, des figures de formes constantes dans l'œil gauche et devant l'œil droit des mouches volantes irrégulières. Ces dernières se perdaient peu à peu pendant que dans l'œil gauche , à gauche du champ visuel, il restait une image constante qui (1) Helmbrecht, F ail einer Confervenarligen Afterproduklion in der Augen- Icammer des linlcen Auges, welche nach der Paracentesis glucklich befesligt tuurde (Wochenenschrift fuer gesammte Heilliunde, von Casper, 1842, in-8, n 37, p. 593-600). 370 VÉGÉTAUX PARASITES.— ALGUES. se mouvait en diverses directions , de telle sorte que le malade pouvait indiquer, d'une manière déterminée, le changement de direction de l'image, suivant la direc- tion donnée à l'axe visuel. Helmbrecht pensa , avec Klencke, auquel il demanda conseil, que la forme vue par le patient se trouvait au-devant du cristallin, dans la chambre postérieure, comme un produit morbide baigné par l'humeur aqueuse. Plus tard le malade lit une chute de voiture, après laquelle il remar- qua que l'image faisait dans l'œil des mouvements plus libres, et, suivant son expression, nageait déchirée en deux parties, et cela sans être attachée, car auparavant la figure flottante pa- raissait fixée par un point d'attache au côté interne du champ de la vision. Helmbrecht et Klencke pensèrent que ce produit morbide pouvait avoir été arraché par la secousse pendant la chute. D'après cela Helmbrecht imagina de faire la paracentèse et de vider l'humeur aqueuse, pour entraîner ainsi le parasite devenu libre. L'opération futpratiquée par ponction au bord inférieur de la cornée ; l'humeur aqueuse fut reçue dans un verre conve- nable, et examinée au microscope. On reconnut, à 250 dia- mètres, une forme végétale ramifiée et déchirée en quatre parties dont les portions consistaient en cylindres confervoïdes , et en séries de spores disposées en chapelet. Après l'opération, le malade se trouva bien , et continua ses occupations sans gêne. Neuber (1) fait, au sujet de cette opération, les remarques suivantes. Cette observation confirme ce qu'il a écrit en trai- tant de la cause des taches ou mouches volantes dans son mémoire sur ce sujet de pathologie oculaire. Il dit qu'elles reconnaissent pour cause une végétation parasite qui doit avoir quelque ressemblance avec les Conferves ou les Algues microscopiques. Il indique en même temps, comme moyen (1) Neuber, Confervenarlige AfterproduMe in Auge {W ochenschrift , von Casper, 1842, n» 53). MOULINIEA CHRYSOMELiE, CETONL4E, GYRINI. 371 de les enlever, la paracentèse de la chambre antérieure de l'œil. Genre MOULINIEA, Ch. Robin. «Fila continua, simplicia aut bifida, glaucescenlia , vel lutescentia ; sporidia terminalia. » N'ayant pu trouver aucun genre auquel rapporter les trois espèces décrites plus bas, j'en réunis la description en un même et nouveau genre, auquel je donne le nom de mon ami et élève, M. J.-J. Moulinié de Genève, qui a découvert ces plantes. ESPÈCE 26.— MOULINIEA CHRYSOMELJE, Ch. R. « Filis continuis, bifidis (pi. VI, fig. 9, h), lat. 0mm,00l7, vix lutescentibus, hyalinis et guttulas elongatas includentibus (fig. 9, g), in strato granuloso adhserentibus (m), sporidio cras- siori unico ovato terminatis (h). » Hab. In intestino tenui Chrysomel^e tenebricosœ. » Invenit J. J. Moulinié in Parisiis, 1851. » ESPÈCE 27. — MOULINIEZ CETONIJE, Ch. R. «Filis continuis, simplicibus, aut vix ramosis (pi. VI, fig. 11, j?, ï), lat. 0m ,0015, guttulas elongatas vel brevissimas ovatas (sporidia?) includentibus (o, q), cellulis epithelialibus adhserentibus [n), sporidio minutissimo [ovato terminatis (i). Sporidia suntne libéra an inclusa (o, o)? »H.4.B.In intestino tenui etventriculo Cetoni^e marmoratœ. » Invenit J.-J. Moulinié in Parisiis, 1851. » Espèce 28.— MOULINIEA GYRINI , Ch. R. « Filis simplicibus vel bifidis (pi. VI, fig. 10, d, a-c-e), lat. 0™>,0010 , hyalinis glaucescentibus, guttulas sphœricas {sporidia) includentibus (e, e, c), in cellulis epithelialibus adhae- 372 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. rentibus (d, a) ; sporidiis minutissimis, sphœricis suntne libéra (a-e) an primitus inclusa [c, c) ? » Hab. In inteslino tenui Gyrinit » Invenit J. J. Moulinié in Parisiis, 1851. » Famille des SAPROLEGNIÉES. SAPROLEGNIEM , Kutzing. « Phycoma saccatum yel tubulosum continuum , nec cellu- losum. » Genre SAPROLEGN1A, Nées ab Esenbeck, KUtzing. «Tubuli continui (cœlomata), membranacei, plerumque ra- mosi, apice intumescentes et spermatia mobilia demum erum- pentia foventes. » Saprolegnia viinor, Kutzing (1). « S.cœlomatibus in cespitemdensumaggregatis, dichotomis, fastigiatis ; diam. 0n,m,005 à 0,007; ramis erectis parallelis, basi attenuatis, sursum clavatis, apice subacuminatis. » Hab. Ad Tipulas demortuas in ripis madidis piscinarum, sestate invenit cl. Kutzing. » Espèce 1V.—SÀPROLEGNIA FERAX, Kutzing (2). I. Synonymie. — Conferva ferax, Gruilhuisen (Nova cicta, Leop. Car., 1821, page 450, labl. 38). Conferva piscium, Schrank (Franc, von Paula, Baiersche Flora, 1789, t. II, page 553). Ihjssus aquatica, O.-F. Mueller (Flora danica, fig. 806). Vauclieria aquatica, Lyngbie (Hydr. dan., tabl. 22). Hydronema, Cavus (Nova acta physico-medica curiosorum naturœ, Leop. Car., 1823, l. II, page 491-504, tabl. 58). Saprolegnia molluscorum, Nées ab Esenbeck. Achlya proliféra, N. ab Esenb. Lcplumilus clavatus, prolifer et ferax, Agardh (Systema algârum, Lipsiae, 1823, in-18, page 49). Leptomitus pisidicola, Berkeley (Glean, page 30, tabl. 2, fig. 1 ; Meyen, Arckiv fur Naturgeschichte, von Wiegmann, 1835, t. VI, page 354;. « S. parasitica immersa in cespites nubiformes aggregata ; (1) Phycologia generalis, p. 157. (2) Loc. cil.,]}. 157, lab. I. 6APR0LEGNIA FERAS. 373 cœlomatibus demum ramosis, teneris, intricalis apicibus cla- viformibus, spermatiis longitudinaliter biseriatis farctis. » » Hab. In stagnis ad Pisces, Amphibia, Muscas, Molluscasque demortuas. In vasis ad Tritones Ilanasque viventes. » IL Description anatomique. — Cette Algue croît sous forme d'un duvet grisâtre, délicat, composé de fils minces demi-trans- parents ; celui-ci couvre la partie de l'animal qui en est atta- qué, et forme une sorte de gazon chevelu plus ou moins serré ou disposé par touffes, comme celles d'une moisissure. Filaments. — A cette période le microscope montre un (my- célium) ensemble de tubes minces , ramifiés , non cloisonnés, s'entrecroisant sous figure de réseau ou d'un feutre pâle , par suite du peu de granulations qu'ils renferment. Il part du mycé- lium des tubes granuleux à l'intérieur (réceptacle), avec un ren- flement conique ou en massue à leurs extrémités [sporanges). Ces renflements, simples le plus souvent, sont quelquefois bi- furques. Ils renferment des granulations grisâtres abondantes, et ordinairement déjà des globules ronds, transparents ou gra- nuleux (spores). En huit ou dix jours le végétal atteint une lon- gueur de 1 à 3 centimètres au plus , qu'il ne dépasse pas. On voit alors distinctement ses tiges ou réceptacles droits, flexi- bles , quelquefois bifurques ou trifurqués à l'extrémité. Elles sont d'un gris demi-transparent et moins serrées , moins rap- prochées que dans le principe. Ces tiges ou réceptacles sont des tubes non cloisonnés de 0mm,02,0mm,05 àOmm,08 au plus de large, et se terminant quel- quefois en s'effilant un peu, ou par un réceptacle ayant la forme d'un renflementallongé, qui se termine lui-même en cône. Quand elles sont bifurquées, tantôt elles le sont en fourche, tantôt la branche se sépare à angle droit de la tige ; quelquefois elles sonttrifurquées. Chaque cellule, bifurquée ou non, se compose d'une paroi de cellulose , mince et très molle , délicate , hya- line, homogène. Elle est tapissée d'une mince utricule azotée 37k VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. qui se fond insensiblement du côté delà cavité avec le contenu de celle-ci. Ce contenu est un liquide mucilagineux, tenant en suspension des granulations , variant en volume depuis le degré où elles sont à peine visibles au microscope jusqu'à 0m"',001. Elles se teintent en jaune par l'iode, mais non en bleu. On trouve quelquefois de grandes gouttes claires qui renferment un corps plus petit, granuleux et accolé à l'un des bords de la goutte ci-dessus. Enfin les granules sont quel- quefois accumulés dans certains points , de manière à former des masses ovoïdes , sphériques ou allongées et étranglées çà et là; quelquefois les granules accumulés limitent des espaces moins granuleux, transparents, nettement limités, et plus ou moins allongés. Dans certains cas les granules sont plus accu- mulés contre les parois qu'au centre de la cavité , qui parait alors claire et transparente. Sporanges ou conceptacles. — Ils sont représentés par une grande cellule granuleuse, grisâtre, opaque, généralement plus grosse que le tube ou cellule formant le réceptacle , et séparé de lui par une cloison mince et nette. Ils sont de lon- gueur très variable, généralement en forme de massue, ou ovoïdes, piriformes, à petite extrémité ; quelquefois le spo- range est divisé en deux ou trois loges par des cloisons , et souvent il y a deux ou trois sporanges superposés. Quand les bifurcations des filaments sont séparées de ceux-ci par une cloison, elles forment des sporanges qui renferment les spores , et en même temps sont granuleux à l'ir teneur , comme la tige , ou vides par suite d'issue des spo- res ; alors ils sont tout à fait clairs, transparents, avec quel- ues granules moléculaires à mouvement brownien. Quelquefois la tige continue à grandir par le bout qui portait le sporange, lorsque celui-ci est rompu et vide, et ce prolongement tra- verse le sporange brisé. La cavité de la tige renferme sou- vent beaucoup de granules moléculaires accumulés qui lui r'fentsa transparence ; ils sont moins abondants vers la cloison SAPROLEGNIA FERAX. 375 qu'ailleurs, et ici la translucidité est plus grande; quelquefois une cellule claire est placée contre la cloison ou tout près d'elle. Spores. — Elles se présentent sous forme de cellules que leur transparence dessine dans le champ obscur des granules du sporange ; elles sont en nombre variable , tantôt très petites, sphériques, tantôt remplissant le diamètre de la tige, et également sphériques ou allongées. D'autres spores de même forme et de même grandeur, à divers degrés de développe- ment, au lieu d'être transparentes, sont remplies de granules qui les rendent obscures. On en trouve de semblables qui flot- tent hors des tubes, et ont souvent le diamètre de la cavité de ceux-ci (0mm,03 à 0mm,0/i en moyenne) ; elles sont ordinaire- ment allongées; elles s'échappent de l'extrémité terminale de la tige ou de ces branches par la rupture de celles-ci. III. Etude des milieux où croît le Saprolegnia ferax. — La nature du milieu où croit ce végétal est la même que dans tous les cas étudiés jusqu'à présent. Il est représenté par des substances azotées en voie de putréfaction placées dans l'eau. Que ces matières soient celles d'un animal mort ou placées sur un animal vivant , à la surface duquel elles s'altèrent , les conditions sont les mêmes dès l'instant où ce sont toujours des substances azotées en voie de putréfaction. Tantôt ce sont des parties des tissus constituants ou des épi- théliums qui , ne se renouvelant plus par les actes molécu- laires de nutrition, commencent à entrer en putréfaction : c'est ce qu'on observe sur les Batraciens encore vivants dont la circulation, et par suite la nutrition sont troublées pendant di- verses expériences de longue durée. Alors la surface des plaies en particulier, diverses portions de la superficie du corps, de- viennent le milieu qui présente au Saprolegnia les conditions nécessaires à son développement. Tantôt ce sont des mucus qui s'altèrent faute d'être enlevés mécaniquement, ou par une nouvelle quantité de ces humeurs venant chasser les premières. C'est ce qu'on observe à la surface du corps des Batraciens, 376 VÉGÉTAUX PARASITES* ALGUES. sur les branchies : la peau des Poissons placés dans des vases trop étroits, ou dont l'eau n'étant pas renouvelée, per- met aux mucus de s'altérer ; la respiration cutanée ou bran- chiale ne s'accomplissant plus dans une eau suffisamment aérée, le sang, et par suite les mucus sécrétés, doivent être modifiés, et prennent, comme dans ces cas-là, une tendance à s'altérer facilement. Des liquides ou humeurs demi-liquides exsudés à la surface des plaies peuvent présenter des conditions favorables au déve- loppement de ce végétal , par suite des mêmes causes. C'est ce qu'on observe quelquefois sur des Poissons placés dans des vases étroits, et se blessant en faisant de brusques mouvements. Les œufs de Poissons ou de Mollusques, immobiles dans une eau qui n'est pas suffisamment renouvelée présentent bientôt une altération de leur surface , et deviennent un sol favorable au développement des Saprolegnia. Une fois développé, le végétal peut être transplanté d'un ani. mal sur un autre bien portant , et s'y développer. Ce qui rend compte de ce fait , c'est que l'on emporte avec lui une petite portion des substances azotées déjà en voie de putréfaction ; il est probable qu'elles lui servent d'aliment jusqu'à ce que la pré- sence du végétal détermine une altération des mucus normaux. Cette transplantation a été à tort appelée du nom ^inocu- lation, et quelques auteurs ont cru pouvoir, à l'aide des faits mentionnés ici , résoudre quelques uns des problèmes de la contagion ; mais, comme dans beaucoup d'autres cas, on a con- fondu un phénomène grossier et physique de transport de vé- gétal d'un sol sur un autre plus ou moins favorable avec la question de contagion. Celle-ci est, au contraire, caractérisée par une modification moléculaire lente des substances orga- niques se propageant de proche en proche, sous l'influence du contact d'autres substances organiques présentant déjà elles- mêmes une modification analogue. S'il y a quelque chose de contagieux dans cette transplantation, c'est la putréfaction des SAPROLEGNIA FEFWVX. 377 substances azotées qu'on transporte, et elles déterminent dans les mucus sains une altération analogue à celle qu'elles ont éprouvée. Mais il n'y a rien là qui appartienne en propre au végétal et doive lui être attribué. L'étude du milieu rend compte des phénomènes de trans- plantation ; et cette étude est presque entièrement physique et chimique. Celle de la contagion, au contraire, est purement organique, c'est-à-dire qu'elle repose en entier d'abord sur la connaissance des espèces de principes immédiats constituant les animaux et les végétaux. Elle repose surtout sur celle des substances organiques en particulier ; les propriétés de celles-ci, bien qu'analogues à celles de quelques composés définis , trou- ventlàleur plein développement, tandis qu'elles manquent des caractères offerts par ces composés, tels que celui de double décomposition, etc. L'étude de la contagion repose ensuite sur la connaissance du mode d'union réciproque des espèces de principes pour former la substance organisée tant des éléments anatomiques que des sérums. Dans l'étude des milieux, il faut distinguer : a, celle à\isol ou milieu solide; elle est entièrement chimique, ou à peu près. Elle ofïre cela de spécial que le sol est formé par des corps or- ganisés , ce qui fait que bien qu'au fond elle n'exige guère que la connaissance des lois chimiques delà putréfaction, elle emprunte pourtant à l'anatomie la connaissance des principes immédiats qui pourrissent. b. Il faut distinguer aussi l'examen du milieu liquide ou ga- zeux, qui est chimique aussi. Il est très important d'insister sur son étude dans le cas particulier des S aprolegnia; car faute de renouvellement , ce milieu se charge de substances azotées liquides en putréfaction et d'acide carbonique, et devient dou- blement convenable au végétal : 1° en lui fournissant directe- ment des principes alimentaires ; 2° en déterminant une alté- ration des humeurs de l'animal, lesquelles deviennent ainsi favorables à la nutrition de la plante. 378 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. c. Il faut distinguer enfin les conditions physiques des milieux liquides ou solides, telles quela température, l'état électrique, la eonsislance, etc. Cet examen ne vient qu'en dernier lieu, car, sauf les cas extrêmes (d'élévation ou d'abaissement de la tem- pérature, par exemple), ces conditions n'apportent que des différences de degré favorables ou défavorables. La température de l'été est convenable au développement AesSaprolegnia, soit directement, soit en bâtant l'altération des substances azotées. IV. Partie physiologique. — J'ai observé, comme Unger, que le contenu des cellules d'Achlya offre un mouvement continuel, qui est surtout visible dans les régions où les granulations sont le moins accumulées. Il y a deux eboses à distinguer dans ce mouvement : 1° celui de la masse mucilagineuse tout entière, ce qui est le fait essentiel ; 2° le mouvement brownien ou d'os- cillation sur place des granulations moléculaires. La nutrition, le développement et la reproduction de cette plante, quand elle croît sur des animaux vivants, ne présentent rien qui diffère des mêmes phénomènes étudiés sur la plante croissant sur les animaux morts. Ces phénomènes ont été étu- diés avec soin par les botanistes , surtout par Schleiden et Unger. La nutrition a lieu avec intensité et énergie ; le déve- loppement est rapide. La reproduction présente plusieurs phases intéressantes. Reproduction. — Lorsque les cellules filamenteuses ou récep- tacles ont atteint une longueur de 3 à 5 millimètres, leur con- tenu s'accumule à l'extrémité terminale, et celle-ci se dilate peu à peu et prend la forme d'une masse allongée. En même temps, oumieuxun peu après, se formeune cloison qui sépare la cavité de la cellule de celle du renflement terminal , et alors celui-ci est devenu un sporange. J'ai pu suivre les principales phases de la formation de cette cloison, et ce que j'ai vu coïncide presque en tous points avec ce qu'a décrit Unger (1). La cloison appa- (1) Unger, Recherches sur î'Achlya proliféra, Nées d'Esenb. (Annales des sciences naturelles, 1844, Botanique, t. II, p. 9). SAPROLEGNIA FERAS. 370 raît au-dessous de la partie renflée de la massue au point où le contenu granuleux et mucilagineux le plus fortement accumulé se continue avec la partie de ce contenu qui, dans le reste de la cellule, offre l'aspect ordinaire. Là se montre une ligne transversale courbe en haut ou en bas, qui apparaît rapide- ment. La compression , l'écrasement et l'emploi des réactifs montrent que c'est une cloison. Unger remarque avec raison qu'il ne s'est formé de noyau ni d'un côté ni de l'autre de celle- ci. Elle est continue avec la paroi de cellulose du filament cel- lulaire végétal, et le divise en deux cellules , dont l'une est le sporange et l'autre le filament qui lui sert de support ou de ré- ceptacle. C'est là un exemple de la multiplication cellulaire mérismatique de Unger, ou par cloisonnement. Segmentation dans le sporange. — Le contenu du récep- tacle et celui du sporange se condensent de part et d'autre, deviennent convexe du côté de la cloison, de manière à Repré- senter deux convexités séparées par celle-ci. Le contenu du sporange devient de plus en plus opaque, et celui-ci se renfle. Peu à peu pourtant dans le centre du contenu apparaît une partie plus claire dans le sens de la longueur, tandis que la périphérie est plutôt foncée. Bientôt après cette partie plus claire du contenu présente le phénomène de la seg- mentation , c'est-à-dire qu'elle se partage en petites masses généralement hexagones séparées par des lignes grisâtres fon- cées. Le phénomène marche du sommet vers la base du spo- range. A mesure qu'il avance, la distinction entre la partie claire du centre et la partie obscure du pourtour cesse d'exister. Le sommet du réceptacle se prolonge ensuite en une petite saillie conique. Tous ces phénomènes, comme l'indique Unger, se passent en une ou deux heures au plus, même sur les frag- ments placés sous le microscope. Génération des spores. — Les petites masses hexagones dé- crites plus haut, devenues distinctes par segmentation du con- tenu, sont granuleuses ; elles deviennent sphériques et cessent 380 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. d'être eontigues immédiatement, canin liquide homogène, mu- cilagineux, les sépare. Le pouvoir réfringent de celui-ci diffère de celui des masses précédentes, qui sont déjeunes spores quand celles-ci sont vues transparentes sous le microscope; le mucilage interposé est foncé noirâtre. Il diminue de quantité à mesure que grandissent les spores , et disparaît même tout à fait. En môme temps se forme la membrane d'enveloppe de la spore, distincte de son contenu. Le corps reproducteur grossit alors peu à peu, devient plus granuleux et plus opaque. Une fois contiguës par suite de la résorption du mucilage qui leur est interposé, les spores prennent une forme polyédrique et rem- plissent tout le sporange. Mais alors, celui-ci grandissant, les aussi spores cessentd'ètre pressées et cessent d'être anguleuses ; elles prennent une forme ovoïdale généralement peu régu- lière. En même temps, deux ou trois gouttes claires se sépa- rent de leur contenu et ont dans son épaisseur un aspect vé- siculiforme. Les granulations de ce contenu s'accumulent vers l'extrémité la plus grosse des spores , qui est tournée en ar- rière , et l'extrémité étroite , dirigée en avant, dégarnie de granulations, est transparente. Les spores, moins pressées les unes contre les autres, commencent à se mouvoir, en se portant vers l'extrémité du sporange, rétrécie et saillante sous forme de mamelon. Celui-ci se rompt et la spore la plus extrême sort, puis une deuxième, une troisième, et ainsi de suite l'une après l'autre. Les trois ou quatre dernières ne sortent qu'après avoir présenté des mouvements de balancement pendant deux ou trois minutes dans le sporange. Ce n'est que par accident que l'extrémité rétrécie et claire de la spore ne sort pas la première. Lorsque la spore a été trop gênée, trop comprimée et déformée pendant sa sortie par l'ouverture du sporange, elle meurt tout de suite ou peu après (Unger). Toujours elles sont obligées de s'allonger un peu pour sortir du sporange, et elles reprennent leur forme; cependant celles qui ont été un peuplus comprimées que les autres restent SAPROLEGNIA FERAX. 381 toujours légèrement allongées. Je leur ai trouvé de 0mm,013 à 0mm,0l6. Elles ont, comme le premier l'a reconnu M. G. Thu- ret, deux longs cils insérés sur le rostre, qui servent à les faire mouvoir (1). Lorsque les spores trouvent un lieu convenable à leur développement, elles germent assez promptement ens'al- longeant parleur partie inférieure. Pendant leur locomotion, elles peuvent recourber leur partie postérieure ou se plisser en long. Après l'évacuation des spores, la cellule qui les supporte s'al- longe par développement de la cloison de séparation, qui, de convexe , devient bientôt un prolongement plus ou moins grand, ou bien la cellule pousse sous forme de bourgeon latéral au-dessous de la cloison, et l'extrémité de ces nouveaux ra- meaux constitue bientôt elle-même un sporange où se passent les phénomènes indiqués tout à l'heure. V. Action du végétal sur les animaux. — En se multipliant, le végétal empêche la respiration cutanée chez les Tritons, et peut ainsi en déterminer la mort, car si l'on enlève le végétal sur quelques individus ils vivent plus longtemps que ceux qu'on laisse recouverts. L'état d'altération des parties sur lesquelles il pousse montre bien qu'il n'y a pas là d'action toxique de la plante sur l'animal. Chez les Poissons qui meurent quand leur peau se recouvre de Saprolegnia, la mort est due certainement à ce que les branchies sont envahies ou à ce que l'eau est al- térée et cesse de pouvoir servir à la respiration, plutôt qu'à une action de la plante sur l'animal. La peau des Poissons est, en effet , moins délicate et plus garantie que celle des Tri- tons. Unger a vu qu'en prenant une petite portion de Saprolegnia sur le corps d'un Poisson et la portant sur une blessure faite à une petite Perche, tous les individus inoculés furent si abon- damment recouverts de l'Algue après quarante-huit heures, (1) G. Thuret, Note sur les spores de quelques Algues {Annales des sciences naturelles, Paris, 1845, Botanique, t. III, p. 274). 382 VÉGÉTAUX PARASITES. ALGUES. qu'ils en moururent. Des Perches inoculées et d'autres offrant quelques écorchures furent mises dans un môme vase avec quelques fragments de Saprolegnia; les premières seules mou- rurent, et les autres restèrent intactes. VI. — Analyse historique des faits observés, relatifs à ce végétal. A. Chez les Batraciens. — Carus (1) a décrit longuement ce végétal aux diverses périodes de son développement et de reproduction. Il l'a vu naître sur des larves de Salamandres terrestres mortes dans un vase d'eau. En outre, il a placé dans l'eau une moitié de larve de Salamandre et à l'air l'autre moitié. Celle-ci se couvrit de Mucor caninus, Nées, et l'autre (V Achlya proliféra. D'après lui, sur le mucus primitif en lequel se résout la surface du corps de l'animal, se forme le mycélium d'où partent les tiges. Les granules que contiennent celles-ci s'accumulent contre son extrémité et s'organisent en spores. Alors cette extrémité se sépare, par une cloison, du reste de la cavité, qui n'est pas cloisonnée. Le sommet de cette chambre s'ouvre peu après, alors que les spores sortent et se rassemblent en masse spliérique. Dès lors la chambre sporifère (sporange) adhère à la lige comme une partie privée de fonction. Pour les tiges bifurquées, les spores de la tige s'accumulent derrière la cloison qui la sépare de la sporange vide, et servent pour la saillie latérale d'une nouvelle branche qui se remplit de sporules, s'isole par une cloison, se vide, etc. Cette production se continue ainsi tant que le végétal trouve des aliments. Carus ne veut pas se prononcer sur la détermination du végétal comme Algue ou moisissure; mais Nées d'Esenbeck (2) pense que c'est un Achlya et probablement le Vaucheria aquatica de Lyngbie, qui n'est que le jeune état de VAch. proliféra. Hannover (3) a vu ce végétal se développer sur les doigts d'un Triton punctatus vivant, fixé avec des aiguilles pour être disséqué. Il se développa chez d'autres Tritons sur la plaie résultant de la section de la queue. En (1) Carus, Beitrag sur Geschichte der unter Wasscr an verwesenden Thier- korpern sich erzeugenden Schimmel oder Algen Galtungen (Nova acta physico- medica curiosorum naturœ, 1823, vol. II, p. 491-504). (2) Nées ab Esenbeck (Nova acta physico-medica curiosorum naturœ, vol. XV, 2' partie, 1831, p. 375) a vu, comme Goethe, l' Achlya proliféra se développer sur des Mouches dans l'eau et hors de l'eau. — Meyen (Id., 2e partie, 1 S 3 i , p. 375) a vu les mêmes faits que Nées; il figure et décrit longuement à divers états l' Achlya proliféra et sa reproduction. (3) Hannover, Ueber eine contagiœse Confervenbildung auf dem Wassersa- lamander (Arch. fuer Anat. und Physiol,, von J. Mueller, 1839, p. 338; et Repertorium fuer Anat. und Physiol., von Valentin, 1840, p. 44). SAPROLEGNIA FERAX. 388 enlevant répiderme, on détachait la moisissure ; mais elle se reformait au bout de seize heures, plus touffue qu'avant; elle avait envahi la queue jusqu'à l'anus lorsque l'animal mourut. Une piqûre d'aiguille suffisait pour en déterminer le développement. Mais en outre elle se montrait aux pattes, sans lésion préalable, et au bout de quelque temps les phalanges ou la patte entière se détachaient en entraînant le végétal. Si l'on enlevait l'épiderme qui le portait, il se reproduisait, et croissait ensuite plus vile qu'aupara- vant. L'inoculation sur d'autres Salamandres bien portantes ou très maigres a réussi plusieurs fois. En seize heures il avait atteint la hauteur d'une ligne. Ayant transplanté la plante d'une Mouche morte à une Salamandre vivante, ou de Salamandre à Salamandre (Tritons), chez les individus maigres le végétal envahit le dos, elc, et l'animal mourut en vingt-quatre heures ou plus. 11 regarde à tori, ainsi qu'ila été dit plus haut, ce végétal comme étant un contagium (virus) susceptible d'être transporté mécaniquement, [lannover pense que ce végétal croît bien plus vite après l'inoculation de filaments non encore mûrs qu'après celle des fibres adultes (comme la Muscardine). Meyen (1) a vu pousser cette plante sur des Insectes morts. 11 pense que ce développement rapide du végétal transplanté tient à ce qu'il y a allongement direct des fibres inoculées, ce qui est propre aux Achlya parmi les Champi- gnons, aux Vaucheria parmi les Conferves. (Depuis lors on a reconnu que V Achlya est une Conferve et non un Champignon, car elle fructifie sous l'eau sans avoir nécessairement besoin de venir à l'air libre.) Slilling (2) décrit longuement le développement de VA. proliféra sur les pattes de grenouilles dont la moitié postérieure de la moelle épinière avait été enlevée. I! a pu aussi l'inoculer sur des Salamandres {Triton punctatus et cristatus), des Grenouilles faibles et amaigries seulement, et des Mouches mortes. Il considère la fibrine exsudée des capillaires paralysés comme la matière nutritive principale qui favorise le développement de ces êtres infé- rieurs. Il les a vus se multiplier sur les Grenouilles en voie de putréfaction, (1) Meyen, Jahresbericht uber die Resultate der Arbeiten im Felde der physio- logischen Botanik von den Jahre 1839, Berlin , 1839, in-8 traduit dans les Annales des sciences naturelles, 1840, t. XIV, p. 165). (2) Stilling, Ueber conlagiœse Confervenbildung auf lebenden Frœschen, und ueber den Einflus der Nerven, auf die Bewegung in den Capillergefaessen (Archiv fner Anal, und Phys., von J. Mueller, 1841, p. 279-328, pi. XI; et Reperlorium fuerAnat. undPhys., von Valentin, 1842, p. 59, reproduit dans Monlhly journal ofmed. science, oct. 1841). Trop long mémoire sur l'influence de l'extirpation delà moelle chez les Grenouilles, sur leur nutrition, etc. Figures et descriptions du développement de l' Achlya proliféra, qu'il ne regarde pas comme une plante, etc., mais comme étant de nature animale. Peu intéressant à consulter. 38/l VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. et comme iljne trouve pas de différence entre les granulations moléculaires de la substance en voie de putréfaction et celles contenues dans les tubes, il est porté à regarder ceux-ci comme de nature animale plutôt que végé- tale, et ces granulations comme des œufs de Vibrions ! M. Rayer m'a dit avoir constaté à plusieurs reprises l'exactitude des observations de cet auteur en ce qui concerne le développement des Achlya après l'ablation de la moelle épinière. Hannover (18Z|2) étudie sur les Grenouilles et les Tritons les mômes faits que Slilling; il regarde le mouvement des molécules contenues dans les tubes, déjà vu par le précédent, mais qui, à tort, les prend pour des œufs d'Infusoires, comme une conséquence de celui du suc cellulaire. Les spores, après leur issue des sporanges, présentent une enveloppe et une ou deux vésicules dans leur intérieur; elles exécutent d'abord des mouvements ra- pides, puis deviennent plus tranquilles, circulaires et aplaties, et tombent au fond de l'eau. A ce moment, la spore présente une capsule transparente, ronde, dont elle se débarrasse ; puis elle reprend son mouvement, mais il est moins vif qu'auparavant. Elle offre bientôt un espace clair à son milieu, reste tranquille plusieurs heures ou oscille, puis s'allonge d'un ou de deux côtés, et devient un fil de Conferve, dont les granules manifestent déjà le mouvement inlra-cellulaire, quelquefois avant que la forme de la spore ait disparu. Hannover (1) s'étonne à juste titre que les tubes de cette Algue aient pu être considérés (voyez plus haut Slilling) comme formant une masse albumineuse ou fibrineuse servant de réceptacle pour une quantité considé- rable d'œufs de Vibrions. 11 donne avec raison comme douteuse l'opinion de Meyen (2), qui croit avoir vu que Ylsaria qui naît sur les Mouches mortes à l'air se transforme en Achlya proliféra quand on les place dans l'eau. Il pense aussi que c'est à tort que le même auteur (3) considère Y Achlya comme n'étant pas nuisible aux Tritons. Nous avons vu plus haut que ce vé- gétal n'est nuisible qu'en empêchant la respiration cutanée, mais n'a pas par lui-même d'influence toxique. Valenlin (A) a observé Y Achlya proliféra se développant sur les œufs du Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans). Je l'ai vu aussi se développer sur les pattes d'abord, puis sur le corps de Tritons ponctués (T. punctalus) (1) Hannover, Fernere Erlaeulerung der conlagiœsen Confervenbildung auf • Frœschen ur.d Wassersalarnandren (Àrch. fuerAnat. und Physiol., von J. Muel- ler, 1842, p. 73, pi. VII). (2) Meten, Archiv fuer Naturgeschichte, etc., von Wiegmann, 1835, p. 354. (3) Meyen, ibid., 1840, p. 62, etloc. cit., 1849. (4) Valenlin (Repertorium fur Analomieund Phys., 1841, t. VI, p. 58) a vu V Achlya proliféra, Nées, se développer sur des œufs de Poisson, AAlytes obstetricans, de Lymneus stagnalis, et sur des plaies du Cyprinus nasus. SAPROLEGNIA FERAX. 385 qui élaieni dans un vase dont les parois étaient couvertes de végétations vertes. VAchlya tombait avec l'épidémie des Tritons, qui mouraient au bout de deux ou trois jours quand on ne détachait pas la moisissure. Celle- ci se reproduisait très vite sur l'épidémie nouvellement développé, qui bien- tôt se détachait sous forme de lambeaux couverts de Saprolegnia. Les Tri- tons à crêtes, mêlés aux précédents, n'étaient point atteints de moisissure. B. Chez les Poissons. — Unger (1) a le premier observé que des Poissons d'un bassin du jardin botanique de Graetz, ayant l'air maladif, devaient cet état à la présence de VAchlya proliféra. Dans celte année, les Poissonsdes environs de Graetz se trouvaient fréquemment attaqués par cette Algue. Dans les viviers le Tliymale et la Truite en étaient souvent affectés. En se frottant contre le sable grossier, les Poissons parviendraient, dit-on, à se débarrasser de cette plante. Sur les Poissons qu'il observa, la mort survint en quarante-huit heures, et un petit nombre de ceux qui avaient été affectés guérirent. On apercevait d'abord des places plus ou moins nettement circonscrites d'une teinte plus claire que le corps. Les Poissons, perdant alors leur vivacité, recherchaient la surface de l'eau. Peu à peu ces places claires prenaient l'aspect velouté par accroissement du végétal. Les points attaqués devinrent confluents, s'étendirent jusqu'à l'anus, la bouche et les branchies. Les écailles des points attaqués se relâchèrent et tombèrent. Les parties malades étaient enflées, plus rouges qu'a l'ordinaire, sanguinolentes et même ulcé- rées. M. Davaine a présenté en 1851 à la Société de biologie (2) une Carpe {Cyprinus carpio, L.) dont l'extrémité caudale et le pourtour de l'ouver- ture des branchies étaient couverts d'un duvet grisâtre. M. Davaine reconnut que ce duvet était formé par une Conferve, VAchlya proliféra, Nées. Elle consistait en filaments tubuleux simples, non cloisonnés, longs de 1 à 2 cen- timètres; ils avaient 1 à 2 centièmes de millimètre de largeur, et renfer- maient des granulations moléculaires en quantité variable , d'où le plus ou moins de transparence des tubes , selon les points de la longueur. Ces filaments étaient terminés par un renflement allongé en forme de doigt de gant ou de massue, dont la cavité, séparée de celle de la tige par une cloison très mince, contenait des granules moléculaires et des spores arrondies plus ou moins apparentes, suivant leur degré de développement. Après deux ou trois jours de conservation dans l'eau fraîche, il s'était pro- duit de n©uveaux filaments terminés comme les précédents par un spo- range plus ou moins semblable, quant à la forme, à une massue, en même (1) Unger, loc. cit. [Annales des se. nat., Paris, 1844, Botan., t. II, p. i). (2) Davaine, Conferve parasite sur le Cyprinus carpio, L. (Gazette médicale, 1851, et Comptes rendus de la Société de biologie, 1831, t. IIF, p. 82). 386 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. temps qu'un grand nombre d'autres s'étaient allongés ou avaient donné naissance à des filaments plus minces, transparents, ou entrecroisés en tous sens. La Carpe sur laquelle on observa cette Confervc était conservée dans un réservoir avec d'autres Poissons, dont quelques uns se couvrirent d'un duvet semblable et moururent. M. Davaine a eu occasion d'observer une épizoolie qui, à en juger par l'apparence du corps des Poissons, élait due au développement d'une con- ferve du même genre, mais l'examen microscopique n'en fut pas fait. Cette épizoolie régna sur les Poissons d'un étang dont un grand nombre étaient languissants et venaient à la surface de l'eau. Us étaient plus ou moins recouverts d'un duvet blanc grisâtre. Ceux dont ce duvet avait envahi une grande partie du corps ne tardaient pas ù mourir. Ceux, au contraire, qui n'en présentaient que sur un ou plusieurs points assez circonscrits guéris- saient. Ce duvet tombait et la partie qui en avait été le siège restait plus blanche ou rosée. Ce végétal décrit parSchranck (1) sous le nom de Confervapiscium, n'est que le Saprolegnia ferax dont nous parlons ici. Cooper dit avoir souvent retiré des branchies du Cyprin doré (C. auratus) une grande quantité de Conferves dont le rapide développement sur toute la surface du corps et les branchies avait souvent causé la mort (2). Ces Poissons étaient gardés dans une citerne d'un jardin. Il n'indique pas le genre du végétal, c'est probablement le Saprolegnia. C. Sur les œufs de Poisson. — Une seule, espèce a été trouvée jusqu'à présent sur les œufs de Poisson conservés pour en suivre le développement : c'est VAchlya proliféra, Nées. Cette espèce se développe toutes les fois que les œufs sont placés dans une eau qui n'est pas suffisamment renouvelée. 1° OEufs d'Épinoche. — Le courant d'eau que le mâle de la grande Epi- noche (Gasterosteus aculeatus) établit presque constamment sur les œufs auxquels il prépare un nid a probablement en partie pour résultat d'em- pêcher le développement de ce végétal. Aussi M. Coste a-t-il vu celte plante se développer et tuer les jeunes contenus dans les œufs du Poisson précédent toutes les fois qu'il a été obligé de les conserver dans un vase pour en étu- dier le développement. J'ai pu suivre aussi l'évolution de cette plante sur des œufs du même Poisson qui m'avaient été remis par ce professeur. Je ren- voie, pour sa description, à ce qui a été dit dans l'article précédent. M. Coste a vu aussi cette plante croître sur de jeunes Épinoches conservées dans un i jvase, peu après leur éclosion, et les tuer en quelques jours. (1) ScHrtANCK, Baiersche Flora, 1789, t. II, p. 553. (2) J.-T. Coopkb, Microscopical journal, 1843, t. I", p. 149. SAPROLEGNÎA. FEÏUJC. 587 Le second jour, après la mort des embryons d'Epinoclies que m'avait remis M. Coste, j'ai vu apparaître à la surface des œufs des végétations verdâtres qui se mêlèrent aux touffes d'Achlya et en firent disparaître une partie. M. Montagne, auquel je portai les œufs dans cet état, voulut bien déterminer ces plantes, et, outre YAchlya proliféra, qui seule s'était déve- loppée sur l'œuf pendant que l'embryon vivait encore, il trouva les plantes suivantes : Fragillaria capucina, Desmaz. Synedra ulna ? — tenuis ? Gomphonema. Encyonema ? Hygrocrocis. Conferva floccosa, Ag., ou fugacissima, Dill., Lyngb. Valentin (1841) a également vu YAchlya proliféra se développer rapide- ment sur des œufs de Poisson et sur toutes les parties écorchées des Cypri- nus nasus, à la queue et à la tète, quand ces animaux étaient conservés dans des réservoirs étroits et mal nettoyés. 2° Sur les œufs de la Palée. — M. Vogt a vu aussi des végétations se développer sur des œufs et des jeunes de la Palée {Coregonus palea, Cuv.) encore vivants. Il n'en détermine pas l'espèce, mais la description suivante qu'il en a donnée porte à soupçonner que c'est VAchlya proliféra, ou une Algue qui s'en rapproche (1). Une maladie particulière et terrible des œufs ainsi que des embryons nou- vellement éclos est caractérisée par une espèce particulière de moisissure qui se développe à leur surface. Lorsque les œufs commencent à être attaqués, on s'aperçoit, même à l*œil nu, que leur transparence diminue. Toute la surface offre une teinte sale, comme si une matière visqueuse s'y était déposée. Sous le microscope, l'œuf paraît couvert de petits grains très serrés, qui, lorsque la lumière est intense, prennent une teinte blanchâtre. On voit en outre çà et là quelques petits fils à la surface ; cependant on parvient encore à enlever cette matière et à sauver l'embryon, en nettoyant convenablement l'œuf avec un pinceau très fourni ; mais si l'on néglige de prendre cette précaution, on est tout étonné de voir les progrès que la maladie fait du jour au lendemain. De longs fils transparents, réunis souvent en bouquet ou placés autour de l'œuf comme des rayons, l'entourent de toute part. Sa pesanteur spécifique a diminué, et ce n'est que lentement qu'il arrive (1) C. Vogt, Embryologie des Salmones. Neuchâtel, I8i2, gr. in-8, p. 20. 388 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. au fond du vase. La membrane coquillière, devenue beaucoup plus faible, crève à la moindre pression. Celle moisissure se compose de longs fils transparents et articulés, souvent renflés à leur extrémité extérieure; les divers articles sont remplis d'une quantité innombrable de ces mêmes petits granules que nous venons de signaler plus haut et qui sont les sporulcs au moyen desquelles celle plante se propage. L'embryon esl alors ordinairement mort ou très malade, les pulsations du cœur sont moins fréquentes, les divers organes sont atrophiés ou irrégu- lièrement développés?-'Le mode d'accroissement de ces moisissures paraît à Vogt tout à fait analogue à celui que Hannover a étudié sur les Tritons (Arch. de Mueller, 1839). La même moisissure se rencontre aussi sur les jeunes Poissons, et peut- être est-ce la même plante qui affecte souvent les vieux poissons et les fait mourir. Des embryons éclos depuis huit jours sont quelquefois atteints subitement. Un jeune vécut ainsi huit jours, étendu au fond du vase, et faisant de violents mouvements quand on lui touchait la queue. Celle-ci était déjà à moitié détruite, lorsqu'il se forma une tache de moisissure sur le péricarde et une autre au-dessus des yeux; l'animal ne faisait aucun mouvement, mais au microscope on voyait battre le cœur: il mourut dix jours après l'apparition de la plante. Pennant (1) rapporte que sur le Rouach, conservé vivant dans des vases, la nageoire caudale se mortifiait de proche en proche, même après qu'on eut enlevé tout ce qui était attaqué. Une substance fibrilleuse nageait sur le Poisson. Ces fibrilles, examinées au microscope, étaient formées d'un tube fin rempli d'une liqueur brunâtre qu'on faisait sortir de ces tubes par la pression. D. Sur les Mollusques. — Valentin a vu VAchlya proliféra sur les œufs du Limneus stctgnalis. M. Laurent également (2); il a publié les détails suivants: On trouve dans les œufs du Limax agrestis des végétaux qui entravent le développement des embryons: ce sont des Mucédinées. 1° Elles naissent le plus souvent de la paroi de la tunique interne de l'œuf, d'où elles s'étendent en se ramifiant dans l'albumen et en formant un réseau, lequel est refoulé et comprimé par un embryon, mais le gêne dans ses mouve- ments et finit par le tuer. 2° On voit d'autres fois naître des filaments végé- taux du corps d'un embryon mort ou d'un vitellus non développé. 3° Après (1) Pmwant, Brilishzoology, 1766, t. III, p. 236. (2) Laurent, Miicédinéc des œufs de Mollusques (journal l'Institut, Paris, 1839, in-4, t. VII, p. 229. SAPR0LEGN1A FERAX. 389 avoir rempli l'albumen de leurs ramifications, ces végétaux poussent de nouveaux filaments qui percent la tunique interne et la coque, et se pro- longent en dehors de l'œuf placé dans l'eau, sous la forme de libelles simples ou ramifiées, qui s'étendent jusqu'à la surface, et un peu au-dessus de l'eau. Ces ligelles sont terminées en massues. Depuis lors M. Montagne (1) a déterminé que ce végétal était le Sapro- legnia ferax; mais il n'a pu le faire naturellement qu'après la rupture de la coque, parce que ses filaments ne peuvent être déterminés qu'après avoir vu la fructification, et celle-ci n'a lieu que lorsqu'ils ont amené à l'air libre leur extrémité terminale. Le Saprolegnia ferax a été observé sur le corps des Mollusques, mais seulement après leur mort. C'est à Gruithuisen (2) qu'on doit cette observa- tion. Voici le résumé de son mémoire. Sur le cadavre d'un Valvata branchiata, mollusque d'eau douce qu'il décrit et figure avec détail, il a vu croître une Conferve sous forme de masse brune jaunâtre. Elle se trouvait dans la chambre antérieure de la coquille avec plusieurs espèces d'Infusoires. Il en décrit longuement le déve- loppement et la caractérise ainsi : Genre Conferva. Spores de forme inégale ; plante formée de fibres fili- formes. Espèce C. ferax, Gruith. Fibres longues de 2 à h lignes, tout à fait simples, cylindriques, non articulées, cloisonnées, et dont les chambres ou cellules sont remplies de spores mobiles. Habite sur les restes de Gastéro- podes branchies en voie de putréfaction. .Nées d'Esenbeck pense, d'après les figures et les descriptions de Grui- thuisen, que ce végétal pourrait bien appartenir à son genre Saprolegnia, ce qui a été confirmé depuis. Gœthe (3) a fait remarquer une végétation sous forme de poussière blanche qui couvre les Mouches mortes pendant l'automne. Nées d'Esenbeck (Zi) a observé les mêmes faits que Gœthe, tant sur des mouches placées dans l'eau que hors de l'eau. Il a reconnu que c'était VAchhja proliféra. Meyen (5) a vu également celte plante, dont il décrit le (1) Montagne, Sur l'Algue des œufs de Limace (Comptes rendus et mémoires de la Société de biologie, Paris, 1851, p. 67). (2) Gruithuisen, Noua acta naturœ curiosorum, Leop. Car., 1821, p. 450. (3) Goethe, lie f 'ten sur Morphologie, t. [, p. 292, et Œuvres d'histoire na- turelle de Gœthe, traduites par Ch. Martins, 1837, p. 320, et une note de M. Martins, p. 452. (4) Nei;s ab Esenbeck, Nova acta physico-medica curiosorum naturœ, 1831, t. XV, p. 375. (5) Meyen (Nova acta physico-medica curiosorum naturœ, 1831, vol. XV, 300 végétavx parasites. — algues. développement, croître sur les matières animales et végétales visqueuses en putréfaction, telles que Mouches, Araignées, Vers de terre et Viscum album. Des faits analogues avaient déjà été vus par Ledermuller (1), Wris- berg42), Spallanzani (3), O.-F. Millier (/») et Lyngbie (5). Ti-icholrauma, E. Germain de Saint-Pierre (6). Filaments microscopiques flexueux, plus ou moins rameux, à rameaux irrégulièrement disposés et inégalement espacés, à sommets brusquement obtus. Trichotrauma dermalc, E. Germain de Saint-Pierre. Caractères du genre. Hab. Sur les plaies de l'Anguille commune (Murœna an- guilla, L.), dans les bassins où on les conserve. « L'ensemble présente au microscope l'aspect du mycélium des Champignons; ses filaments ramifiés ne sont pas réguliè- rement cylindriques; leur calibre est irrégulier et présente çà et là des renllements ou nodosités. Dans toute l'étendue dans laquelle j'ai pu les suivre , les filaments ne sont point anasto- mosés entre eux; ils ne présentent aucun diaphragme trans- versal, même au niveau des points où ils se ramifient; ils m'ont paru tubuleux et remplis d'un liquide incolore ; je n'ai vu rien de semblable à des spores ou à des propagules. Les 2e partie, p. 381) a vu les mêmes faits que Nées; il figure et décrit lon- guement à divers états YAchhja proliférant sa reproduction. (1) Lemerduller (Mikroskopische Ergolzungen, 1760, avec planches) signale le développement de plantes sur les Insectes morts placés dans l'eau. (2) Wrisberg (Observationum de Ânimalculis infusoriis satura, Gœttingen, 1765, grand in-8, p. 31, fig. 2 et 9) indique que sur les Insectes morts placés dans l'eau il croit de petites plantes. (3) Spallanzani (Opuscules de physique animale et végétale, 1787, t. I", p. 157) a vu croître des plantes sur les Mouches et Vers placés dans l'eau. Pas de description. (4) O.-F. Mulleu, iVeiie Sammlung der Schriften der Kœnigl. Danischen Gesellschaft der Wissenschaften. Copenhague, 1788, t. III, p. 13. Faits ana- logues à ceux de Spallanzani. (5) Lyngbie (Hydrophytologia danica,\>. 79, pi. XXII) a vu YAchlya proli- féra sur des Mouches mortes d'après Nées d'Esenbeck. — Gai., Technological repository, vol. IV, p. 331. (6) E. Germain de Saint-Pikrre, Sur un parasite nouveau (Comptes rendus et Mémoires delà Société de biologie, Paris, 1850, in-8, p. 15(i). SAPROLEGNU FETUX. 391 tubes paraissent quelquefois remplis d'une matière granuleuse, mais il est facile de s'assurer que cette matière est une sub- stance étrangère déposée càleur surface, car on voit souvent les granulations se détacher de la paroi externe du tube. » (E. Ger- main.) Ce végétal a été observé dans les conditions suivantes. Une Anguille vivante blessée par les filets où on l'avait prise fut placée dans un bassin d'eau de pluie. La peau était déchirée et contuse sur plusieurs points du dos et des flancs. Elle était pourtant aussi vive que les autres anguilles du même bassin. Le jour suivant la surface des points où la peau était écorchée et saignante prit une couleur d'un gris blanchâtre, et deux ou trois jours après ces surfaces blanches prirent de l'épaisseur, et pré- sentèrent un aspect gélatineux et floconneux. Des flocons de la matière blanchâtre gélatiniforme s'étant détachés parle frotte- ment de l'animal contre les parois du bassin , laissèrent voir que les points qu'ils occupaient étaient d'un rouge vif , et ten- daient à s'ulcérer profondément au lieu de se cicatriser. Les points malades, d'abord peu nombreux, se multiplièrent rapi- dement , et la plus grande partie de la surface de l'animal , y compris les membranes des nageoires , fut successivement en- vahie. Le huitième jour l'animal était fort languissant, se tor- dait de temps en temps ; il mourut le neuvième jour. Une Anguille non blessée qui a séjourné dans le même bas- sin n'a pas été atteinte. Une jeune Perche (Perça fluviatilis,L.) placée dans ce bassin, après que l'Anguille morte en eut été retirée, mais dans la même eau, a péri au bout de quatre jours, la peau envahie par le Trichotrauma. Il fut impossible de savoir si le végétal se développa ici spontanément comme chez l'Anguille, ou s'il fut le résultat de la contagion, rendue plus facile chez la Perche , qui était déjà malade , que chez l'autre Anguille qui était bien portante. Cette dernière suppo- sition est la plus probable. Remarque. — Les dessins de ce végétal que m'a remis le sa- 392 VÉGÉTAUX rAIUSITES. — ALGUES. vant botaniste auteur du travail que je viens de reproduire 'presque .en entier se rapprochent beaucoup de l'aspect qu'of- frent les'jelines {ïïamcnls de Saprolegnia. Seulement les bifur- cations sont plus fréquentes dans le Tricholrauma qu'elles ne le sont habituellement dans le Saprolegnia. Ces variétés ne sont pas tellement rares dans les mycéliums d'une même espèce , qu'il ne doive rester probable que le Tricholrauma n'est qu'une des périodes du développement du Saprolegnia ferax décrit plus haut, mais qui n'a pu fructifier. On sait que la formation des sporanges et des spores n'a lieu, en effet, qu'autant que les spores, ayant germé sous l'eau (condition indispensable à leur germination), quelques uns des filaments de mycélium arri- vent à l'air libre, au-dessus du niveau de l'eau (condition indispensable à la fructification de cette espèce). Conferve du Poisson doré (Cyprinus auratus). Cette plante, dit Bennett, s'était développée sur la peau de la queue et de la nageoire dorsale. Elle est composée d'une partie cellulaire et d'une partie non cellulaire. La partie cellulaire (pi. H, fig. 1, a, c) se compose de cellules allongées ayant de 0mm,01 à 0mm,02 de longueur; elle a l'apparence de tubes articulés , fréquemment ramifiés dichotomiquement. Ces cellules sont tantôt transparentes et vides, tantôt pleines de granules ayant de 0mm,001 à 0mm,002. Dans un grand nombre de ces cellules se trouve un noyau qui a 0,01 de millimètre (c, c) ; quelquefois il y a deux noyaux. Le noyau est situé en général près de l'extrémité de la cellule ; il est ordinairement transparent, vésiculaire. De cette extrémité de la cellule parlent ordinairement deux autres cellules, et quelquefois trois. Ces tubes articulés , souvent groupés et en- trecroisés, constituent une sorte de réseau feutré (partie non cellulaire). La substance (slroma) d'où proviennent ces tiges articulées paraît composée de petites granulations (b, b) et de filaments non formés de cellules , interrompus en apparence SAPROLÈGNIA FERAX. 393 ça et là. Ces filaments sont quelquefois mêlés aux tubes ci des- sus (d, d). L'auteur figure tout ce qu'il décrit, mais n'indique pas dans quel genre il faut ranger cette plante (1), à laquelle s'applique la remarque faite ci-contre, page 392. Algue de l'Épinoche. Manicus (2). Filaments minces, incolores, non ramifiés, creux, paraissant contenir quelques corpuscules sphériques. Hab. Sur le Gasterosteus aculeatus, L., dans les ruisseaux du Schleswig. Sur cette plante observée et décrite par Manicus on ne put voir de sporanges ni de spores. Elle formait à la surface du corps de ces Poissons un exan- thème ayant l'aspect d'un feutrage délicat et blanc. On pouvait prendre le végétal sur un animal, et l'inoculer à d'autres. Dans le mucus entourant les filaments on observait des groupes de petites sphères ou granulations et des Infusoires de diverses formes. Souvent toute la masse était remplie de ces petits Infu- soires de même volume [Vibrions] dont Stilling et Hannover font mention. Manicus ne pense pas que ce soit YAchlya proliféra. Il a observé souvent pendant l'été une mortalité considérable du Gasterosteus aculeatus, L. ( I j Bennett, On the parasitic vegelable structures, found growing in living animais (Transactions of the royal Society of Edinburgh, 1842, vol. XV, 2e partie, p. 277-294). Il parle de végétaux qu'il a observés sur les teigneux, les phthisiques, la souris et la Carpe dorée [On the structure of a Cryptogamus plant, found growing on the skin of gold fish : Cypriaus auratus (Id., 1842, vol. XV, 2e partie, p. 284-285)]. Il a observé aussi des filaments de Champi- gnons dans les croûtes noires qui recouvrent les dents et les gencives des typhoïques et des malades atteints de typhus. Ce mémoire est accompagné de belles figures, de recherches bibliographiques sur la plupart des travaux sur le même sujet qui Tout précédé, et les descriptions sont aussi complètes que le permettent des recherches de ce genre. Ces notices avaient été publiées dans Annals of nalural hislonj or Magasine for zoology, botany and geology, by W. Jardine, F.-J. Selby, Johnslou , W. Stooker, and R. Taylor. London, 1842, vol. VIII, p. 66-67. (2) Manicus, Dibliolelc for Laeger (Bibliothèque des médecins). Copenhague, 1843, t. XXXVIII, p. 209. 30ZI VÉGÉTAUX PARASITAS. ALGUES. La maladie commence par des lâches décolorées apparaissant sur la peau, et couvertes d'une fine poussière blanche. De celle-ci se forme ou naît spontanément un lanugo qui, en trois ou quatre jours, atteint une hauteur, de trois quarts de pouce, s'étend sur la peau, et est circonscrit par une dégénérescence foncée de la peau. Dès que la végétation atteint les ouvertures natu- relles, la mort survient probablement parce qu'elle se multiplie comme Entophyte. De temps en temps apparaît une tumeur et un prolapsus du rectum, sur lequel, quelquefois, adhèrent les iilaments du végétal. La plante est transmissible par contagion. Inoculée, elle se multiplie rapidement, et l'animal meurt. Des animaux meurent dans l'eau où des Poissons malades ont déjà séjourné. Quelques animaux résistent à l'inoculation. Celle-ci réussit mieux avec les plantes fraîches qu'avec celles qui ont déjà pris une teinte brune jaunâtre. Elle ne réussit pas sur les êtres vivant à l'air ou dans l'eau de mer, ni sur les Grenouilles. Manicus a aussi observé une végétation à côté d'un ulcère sur un Ver de terre placé dans de la terre humide, et il a pu le transplanter sur d'autres. Même remarque qu'à la page 392. Algue trouvée dans l'organe correspondant à la vésicule au long col du Limaçon, sur la Limace grise {Limax ijriseuk). Communiqué par M. le docteur Lebert. En disséquant (septembre 18/15) les organes de la génération de la Limace grise, je trouvai dans la vessie mentionnée plus haut (qui a ici le col très court) un liquide presque incolore. Ce fluide contenait des granules moléculaires et des cellules d'épithélium ; mais, en outre, une masse considérable de fila- ments d'Algues, simples ou ramifiés, ayant entre 0mm,002 et 0mm,005 de diamètre en largeur. Ils étaient anastomosés et montraient dans quelques endroits , à leurs extrémités , un renflement en massue ou cunéiforme. Ils contenaient çà et là dans leur cavité de petits corpuscules irrégulièrement distribués dans le sens de l'axe, et qu'on peut considérer comme des spo- ENTEROBRYUS ELEGAN5. S95 rules en voie de développement. Ce végétal tapissait toute la surface interne de cette vessie, et avait tous les caractères des Algues inférieures ; mais l'espèce ni le genre n'ont pu en être déterminés. Genre ENTEROBRYUS, Leidy (1). Étymologie. — Evrspov, intestin ; j3pyov, mousse. Filaments simples, isolés, constitués par une longue cellule cylindrique (contenant un protoplasma, des granulations et de gros globules transparents), coriace, et portant à leur extré- mité libre une ou deux, rarement trois courtes cellules cylin- driques granuleuses, semblables du reste à celle qui les porte. Leidy donne la présence d'un pédicule d'insertion comme caractère générique, mais il manque dans VEnterohryus luli terrestris, Ch. R. ESPÈCE 30. — ENTEROBRYUS ElEGANS, Leidy. Filaments brunâtres, jaunâtres, ou incolores, formant un tour de spire vers leur base, droits ou décroissants, unis, légèrement courbés jusqu'à leur extrémité libre; pédicule d'insertion très adhérent, coriace, brun, plus étroit que la cellule tige, élargi à son point d'union avec celle-ci ainsi qu'à la base, sillonné de lignes longitudinales, souvent de plis annu- laires transverses, sans structure interne bien définie. Longueur de 1/375» à 1/Zi00e de pouce anglais (0mm,07 à 0mm, 06), largeur de 1/3200* à 1 /1666e de pouce (0mm, 007 à 0m,005). Cellule tige très allongée, atteignant souvent une longueur de 2 à 3 lignes anglaises (7jmm,26 à 6mcu,69), uniformément cylindrique, avec son extrémité libre ordinairement un peu élargie ; diamètre, dans les individus bien développés, del/935e de pouce anglais (0™\020). (i) Leidy, Des entophytes sur les animaux vivants (l'roceedings of natural sciences of Philadelphia, oct. 1849, p. 225). J'ai rôduit en millimètres et en fractions de millimètre les fractions de pouce anglais et les lignes anglaises qui sont les mesures employées par l'auteur. 396 VÉGÉTAUX PARASITES. ALGUES. Le contenu se compose d'un protoplasma incolore, renfer- mant plus ou moins de fines granulations jaunes ou inco- lores, ayant environ 1/15001' de pouce anglais |0»"">,01), et beaucoup de globules incolores, transparents, remplis de liquide, dont le diamètre est d'environ 1/2870° de pouce an- glais (0,11,",008). Les cellules terminales n'existent que dans les individus adultes, au nombre de deux, rarement de trois. La première, cylindrique, aenviron 1/86° depouce anglais (0mm, 29) de long, 1/1000° de pouce anglais (0mm,025) de l'axe , et ren- ferme plus de granulations et moins de globules que la cellule tige. La cellule terminale renflée a l/135e de pouce anglais (0mm,18) de long , sur l/750e de pouce anglais (0mm,30) de l'axe, et l/638e de pouce anglais (0tnm,026) dans sa partie renflée, contient des granulations et quelques globules. Les écbantillons bien développés offrent une longueur qui varie de 2 cà k lignes anglaises (4mm,26 à 8uim,52). Ce végétal croît sur la membrane muqueuse de l'intestin grêle du lulus marginatus (Say), quelquefois à l'origine du gros intestin, et peut de même se trouver indifféremment sur tontes les parties du corps des Helminthes qui habitent ces portions du canal intestinal des Myriapodes, tels que V Asca- ris infecta, etc. Les plus petits individus d'Enterobryus que j'aie jamais trouvés avaient l/380e(0^m,068) de long sur l/1060e'(0™<»,020) de large. Dans les jeunes individus , les gros globules prédominent quelquefois au point d'exclure tout autre contenu. La plante est alors droite et un peu renflée ; plus tard , elle se recourbe un peu; plus fard encore, sa moitié ou son tiers inférieur se dilate uniformément, en faisant un angle obtus avec l'autre portion ; puis, en continuant cà croître, elle décrit un tour de spire, et atteint bientôt un développement complet. Le protoplasma, ou liquide des cellules, est incolore ou un peu jaunâtre ; il se coagule par l'alcool, se colore en brun par ENTEUOBRYUS SPIRALIS , ATTENUATES. 397 l'iode, et offre tous les caractères que possède le liquide albu- mineux qui remplit les jeunes cellules végétales, auquel H. Mohl a donné le nom de protoplasma. Les granulations sont petites, jaunâtres et semblables à des gouttelettes d'huile; l'iode les colore en brun foncé. Les globules transparents paraissent être constitués par une fine membrane vésiculaire remplie d'un liquide incolore. Le contenu des cellules du végétal que nous venons d'exa- miner n'offre aucun mouvement circulatoire ou autre. Les cel- lules terminales des individus adultes sont ordinairement au nombre de deux, quelquefois au nombre de trois ; quelquefois aussi, mais beaucoup plus rarement, il n'y en a qu'une. Elles sont probablement destinées à renfermer les spores ; leur con- tenu consiste en une masse très dense de granulations fines, avec quelques globules. Cette plante, dit Leidy (dont je reproduis textuellement le travail d'après la traduction de M. Moulinié), me paraît appar- tenir à la famille des Confervacées, en considérant la diaariose qu'en donne Endlicher dans son Gênera plantarum; mais l'ab- sence de coloration, et, par-dessus tout, la constitution de ces plantes par un filament simple, ni cloisonné, ni articulé, montre que ce genre et le suivant se rapprochent plus des Saprolegnia que des Confervées ou Confervacées. ESPÈCE 31. — ENTEROBRYUS SPIRÀLIS, Leidy. Longueur, l/69e de pouce anglais (0mni,37). Intestingrèle du Iulus pusillus. Espèce 32. — ENTEROBRYUS JTTENUJTUS, Leidy. Longueur, l/24e de pouce anglais (lmm,06). Abondant dans le ventricule du Passalus cornutus (Insecte coléoptère). Le docteur Leidy signale une quatrième espèce d'Entero- bryus qui se trouve dans le Polydesmus virginianus , sans la décrire ; il ne décrit pas non plus un autre végétal voisin des 398 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. Enterobrijus croissant dans le Polydcsmus granuïatlis (My- riapode). ESPÈCE 33. — ENTEROBIiVUS IVLl TERRESTRIS, Ch. R. (pi. IV, fig. 5 et C). I. « Trichoma aelvromalicum, in spiram imam, vel unam dimidiamqne convolutum. Long. 0mm,55 , 0m'",60 ad 0""",70; lat. 0mm,008; extremitate cellulse trichomaticœ in epithelio intestini tenuis insertum. » Hab. In intestino tenui Iuli terrestris. » Filaments incolores formant un tour (fig. 5, A), un tour et demi (fig. 6, G), ou un tour et quart de spire (fig. 6, D). Lon- gueur du végétal entier, 0mm,55, 0mm,60 à (T^TO ; lar- geur, 0""m,008; s insérant directement sur l'épithélium de l'intestin par l'extrémité de la cellule qui représente la tige ou filament (fig. 5, a, a; fig. 6, C, D). Hab. L'intestin grêle du Iule terrestre (Iulus terrestris, L.). Il diffère des espèces précédentes que Leidy a décrites, par ses dimensions bien plus petites , sauf I'Enterobryus spiralis, Leidy, qui est encore plus petit ; il diffère encore des espèces précédentes par l'absence de pédicule ; cette partie manque, en effet, dans cette espèce. La cellule tige s'insère directement sur l'épithélium coriace de la muqueuse par son extrémité, qui est arrondie et à peine plus étroite que le reste de la cellule (a, a, C, D). Elle se détache assez difficilement, et quelquefois elle entraîne avec elle un petit fragment d'épi thé- lium de forme irrégulière et variable (fig. 5, b, et fig. 6, d) sui- vant les conditions dans lesquelles s'est faite la rupture. Ce n'est même pas une cellule entière qui est détachée, mais un fragment de celle-ci. II. On trouve habituellement de quatre à dix, et même plus de ces plan tes sur chaque animal; sans être réunies en faisceaux, elles sont ordinairement implantées près l'une de l'autre au nombre de trois ou quatre. ENTEROBRYUS IULI TERRESTRIS. Chaque individu de ce végétal se compose d'une seule cellule. C'est probablement par suite de sa situation dans l'in- testin qu'elle présente toujours à partir de son point d'adhé- rence à l'épithélium une courbe formant de un tour à un tour et demi dont le diamètre est de 0mm,l76 en moyenne. Le reste de la plante est légèrement onduleux (fig. 5, A) ou continue la direction de la courbe, mais avec un rayon plus grand. Cette cellule a une longueur qui varie entre 0nim,5 et 0mm,7, sur une largeur de 0"!m,008. Cette dimension est la même dans toute la longueur de la plante , si ce n'est quelques individus chez lesquels l'extrémité libre se renfle un peu (fig. 6, t). L'épaisseur de la paroi de la cellule est à peine de un demi-millième de millimètre. Chaque cellule est régulièrement cylindrique dans toute sa longueur. L'extrémité adhérente est aplatie et appli- quée sur l'épithélium de la muqueuse, et présente l'aspect d'un petit cercle ou disque clair et circulaire (fig. 5, a, a, et fig. 6, C, D) un peu plus étroit que le diamètre de la cellule. L'extré- mité libre est terminée nettement, sauf les cas où elle est ren- flée ; elle est alors piriforme (fig. 6, i). Les parois de la cellule sont coriaces, élastiques, assez fra- giles, et brisant avec netteté (fig. 6, g; fig. 5, h) ; elles sont tout à fait incolores, et l'ensemble a une légère teinte grisâtre ou un peu jaunâtre due aux granulations que renferme la cellule . Cette dernière résiste à l'action des acides acétique, nitrique, chlorhydrique et sulfurique étendus, ainsi qu'à celle des alcalis et autres agents qui attaquent les substances azotées. L'alcool est sans action sur la paroi externe , mais coagule le contenu albumineux. D'après ces caractères il n'est pas douteux que la paroi de cellule est formée de cellulose , bien que je n'aie pu essayer l'action de la teinture d'iode. La structure anatomique du végétal est la suivante. Il se compose : D'une seule cellule allongée, constituée : Z|00 VÉGÉTAUX PARASITES. — ALGUES. 1° D'une paroi extérieure à laquelle, par conséquent, s'ap- plique particulièrement la description précédente. 2" D'une utricule primitive ou azotée, tapissant la face interne de la cellule précédente. Elle revient sur elle-même se resserrer de manière à se détacher de la paroi de cellu- lose lorsque celle-ci est rompue (fîg. 5, h; fig. 6, f). Elle représente alors un tube plissé, irrégulièrement variqueux, transparent , légèrement grisâtre , qui est comme llottant dans la cavité de la cellule. Lorsqu'on parvient à faire sortir l' utricule azotée du tube de cellulose , elle se brise avec la plus gronde facilité. Tantôt on la voit occuper toute la longueur du tube brisé (fig. 5, A) ; tantôt elle a été retirée dans une certaine longueur (fig. 6, e), et toujours elle est rompue au niveau de la rupture de la paroi de cellulose (fig. 6, g). 3° D'un liquide incolore qui remplit la cavité de l'utricule (protoplasma) . 4° De granulations de 1 millième de millimètre de diamètre au plus. 5° De gouttelettes variant de volume entre 0mm,002 et 0mm,004, formées d'un liquide incolore, réfractant pourtant assez fortement la lumière en lui donnant une très légère teinte jaunâtre (fig. 5, A, B). Il y a des individus qui ne renferment que ces deux ordres de granulations. 6° Il en est d'autres qui renferment des gouttes plus volumi- neuses du même liquide (fig. 6, k), et ayant une forme allongée irrégulière très variable. Ces dernières gouttes peuvent se ren- contrer dans toute l'étendue de la plante (fig. 6, k), ou n'exis- ter que dans une partie de sa longueur (fig. 6, C, C). Il est assez ordinaire de voir l'ensemble de ces granulations et gouttelettes plus abondantes vers les extrémités de la plante que dans sa partie moyenne. Lorsque le tube a été rompu , les granulations et gouttes s'échappent en totalité de la cavité de l'utricule azotée (fig. 5, h) ou seulement en partie (fig. 6, f et g). EÏNTEROBRYUS IULl TERRESTRIS. Û01 7° On trouve à l'extrémité de chaque cellule, sur les indi- vidus bien développés, deux petits amas cylindriques contigus bout à bout, formés de granulations grises ou noirâtres fon- cées (pi. IV, ng. 5, l, m; fig. 6, i, n, o). L'un de ces corps est placé à l'extrémité du tube, et touche celle-ci ; l'autre touche le premier, il en est séparé seule- ment par un sillon noirâtre (m). Ils ont de 6 à 7 millièmes de millimètre de largeur ; habituellement ils ne remplissent pas très exactement la cavité du tube (fig. 5, l; fig. 6, i, n, o) ; ils restent cylindriques lors même que l'extrémité de la cellule est renflée (fig. 6, n). Leur longueur égale deux ou trois fois leur largeur (0mra,012 à 0,am,0l7). Ils ont une coloration d'un gris noirâtre ; ils sont uniquement formés de granulations ayant 0mm,091 de diamètre , toutes d'égal volume , très cohérentes. Ils n'ont pas de paroi propre, et l'on peut très bien voir que le second est simplement en contact avec le liquide qui sépare le reste du tube (fig. 5, l; fig. 6, n, o) sans cloison de sépara- tion ; il n'en existe pas non plus entre les deux amas cylin- driques. Ces corps ne sont autres que des spores en voie de généra- tion, et qui, probablement, deviennent libres par segmentation du tube, après formation d'une cloison de séparation (en m, fig. 5, et en n, fig. 6). Ce sont ces corps cylindriques, spores envoie de développement, que Leidy appelle courtes cellules cylindriques terminales. Mais sur un très grand nombre d'individus étudiés je n'ai jamais vu de paroi autour de ces corps cylindriques , et ce ne sont des cellules que lorsqu'ils se sont séparés de la tige pour former des spores complètes. Il est probable qu'on pourra observer le fait en examinant ces animaux en divers temps de l'année. Je n'ai pu en trouver à l'époque où j'ai fait mes ob- servations (septembre 1851), et je n'ai vu autre chose que ce qui est figuré (pi. IV, fig. 5 et 6). Ces spores manquent sur les individus (fig. 5, p) encore peu développés, et n'ayant pas encore pris la courbure , laquelle 2C Û02 VÉGÉTAUX PARASITES . — ALGUES. est due probablement à l'obligation où est le végétal de s'en- rouler à la face interne de l'intestin. III. Le milieu dans lequel vit cet animal est représenté d'une part par l'épitbélium de son intestin grêle, et de l'autre par les matières qui le parcourent. C'est sur répitbélium qu'est directement fixée l'extrémité inférieure de la cellule qui constitue le végétal (fîg. 5, a, a; fig. 6, C, D). Cet épilbélium est coriace, s'enlève en plaques membraneuses souvent déchirées irrégulièrement, et formées de petites lamelles quadrilatères à bords onduleux, à angles ar- rondis (fig. 5, q; fig. 6, r), intimement soudées parleurs bords. Par suite de ce fait les fragments d' épilbélium ont l'air de lames simplement sillonnées à la surface. Les plaques qui les composent sont granuleuses; elles ont probablement eu , dans l'origine , un noyau et tous les caractères des cellules d'épithé- lium, mais elles ne les ont plus chez l'animal adulte. Leur lon- gueur est de 0mm,012 à 0mm,0l8, leur largeur de 0""",006 à O-^OOS. Les matières contenues dans le reste de l'intestin repré- sentent un liquide bleuâtre formé d'un liquide qui tient en suspension des détritus végétaux et des amas de matières amor- phes granuleuses sur lesquelles on trouve souvent des Lepto- Ihrix insectorum, Ch. R. IV. Je n'ai pu suivre son développement, et n'ai rien à ajou- ter sur le mode de génération des spores à ce que j'ai dit plus haut (p. 400-401). V. Ce végétal semble n'avoir aucune action nuisible sur l'ani- mal qui le porte. C'est un véritable Entophyte de même qu'il y a desEntozoaires; car chaque individu de l'espèce lulus terres- tris,L., porte quelques Enterobrxjus . Sur plus de trente de ces Myriapodes que j'ai examinés, aucun ne manquait de ce végétal parasite. De même qu'on voit dans quelques groupes d'animaux chaque espèce avoir une espèce d'Helminthe qui lui est spéciale (surtout ECCRINA L0NGA, ECCRINA MON'ILIFOUMIS. A03 pour les Verscestoïdes), de même aussi chaque espèce de Iule et quelques autres articulés semblent avoir leur Entophyte spécial. VI. — Les premières espèces du genre Enterobrijus ont été découvertes par Leidy (loc. cit.). J'ai trouvé l'espèce que je viens de décrire en sep- tembre 1851, et j'en ai donné la description à la Société de biologie (procès- verbal de la séance du 20 septembre de la même année). Genre ECCRINA, Leidy (1). Élytnologie. — Exxp:vw, rejeter par voie de sécrétion. Mêmes caractères que les Enterobryus , avec la différence que les extrémités libres des filaments présentent de nombreuses divisions. Espèce 34. —ECCRINA LONG A, Leidy. Filaments longs, hyalins ou brunâtres , décrivant d'abord soit une simple courbe, soit un tour de spire, puis droits jus- qu'à l'extrémité libre; pédicule très court; cellule formant la tige ordinairement remplie de globules avec quelques granules. A son extrémité libre, ce sont , au contraire, les granules qui dominent dans les cellules terminales , au nombre de trente, elliptiques, à contenu granuleux avec quelques globules ; elles finissent par se séparer de la cellule tige. La longueur du vé- gétal varie de 3 à 7 lignes anglaises (6mm,36 à lZimm,91), sa lar- geur de 1/20000" à 1/517* de pouce anglais (0mn», 012 à 0mni, 048); la cellule terminale a de 1/517° à 1/357*. de pouce anglais (0™»,0/i8 à 0mra,070) de long. Hab. Très abondant sur la muqueuse de l'intestin du Poly- desmus virginiensis ( Myriapode ) . Espèce 35. — ECCRINA MONILIFORMIS , Leidy. Filaments jaunâtres , formant une double ou triple spire ; pédicule court ; cellule tige remplie de globules et de granules à son extrémité libre. Le contenu granuleux se partage en masses distinctes plus courtes que larges, contenant chacune (1) Leidt, loc. cit., 1849, p. 245. /| t. X,p. 314, n° 218). Pas de description, simple indication du fait. AOS VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. II. — CHAMPIGNONS. FUNGI. « Plantœ terrestres, acotyledoneœ ; pulvérulent», floccu- losœ , filamentosse , parenchymatosœ, carnosaî vel coriaceœ; achromaticœ, alise, nigrescentes, fulvos, olivacese, rubigïnosa) velrubrœ; cellulares; ex cellulis minutissimis, isolalis, cate- natis, vel tubulosis continuo-ramulosis (mycélium), velfilamen- toso-articulatis, vel prosenehymaticis vel parenchymaticis formata?. Sporidia ex singulis cellulis constituta, aut ad extre- mitatem receptaculi concatenata vel in superficie inspersa , aut sporangiis inclusa fo ventes. » Division I. — ARTMROSPORKS, LÉ VEILLÉ. A M6 TJfR aSPORMSr. Réceptacles filamenteux, simples ou rameux, cloisonnés ou presque nuls ou nuls. Spores disposées en chapelet; termi- nales persistantes ou caduques. Tribu des TORULACÉS, Léveillé (1). TORULACEL Réceptacle nul ou presque nul ou floconneux. Spores conti- nues. « Receptaculum nullum aut fere nullum , vel floccosum. Sporidia continua. » Genre TRICHOPHYTON, Malmsten (2). Etymologie. — 0pe?, cheveu; ipurov, plante. Végétal formé uniquement de spores. Spores rondes ou ovales, transparentes, incolores, à surface lisse ; intérieur ho- (1) Léveillé, article Mycologie, Dictionnaire universel d'histoire naturelle, Paris, 1846, gr. in-8, t. VIII, p. 495. (2) P. -H. Malmsten, Trichophylon tonsurans der haarscheerende Schimmel. Ein Beilrag zur Auseinandersetzung der Krankheiten, welche das Abfallcn der Haara bewirken. Aus Schwedischen uebersetzt, von F.-C.-H. Creplin lArch. fuer Ânat. und Physiol., von J. Mueller, 1848, p. î, pi. I, fig. 1-3). TRICHOPHYTON TONSURANS. Z|09 raogène; diamètre variant entre 0mm,003 càOmm,006etOm«1,008, en moyenne 0mm,005. Ces spores apparaissent clans l'intérieur de la racine des cheveux sous forme d'un amas arrondi. Elles donnent naissance à des filaments articulés constitués par des spores enchaînées en filaments moniliformes qui, en se dévelop- pant, rampent dans l'épaisseur de la substance du cheveu dans la direction de la longueur (1). Espèce 39. — TRICHOPHYTON TONSURANS , Malmsten. I. Synonymie. — Trichomyces tonsurans , Malmsten (loc, cit., Archives de Mucller, 1848, page 12). Epiphyte, Mycoderme ou Trichomaphyte de la Plique ■polonaise, Guensburg. Découverte d'un Mycoderme qui paraît constituer la maladie connue sous le nom de Plique polonaise. (Comptes rendus de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1843, t. XVII, p. 250, et Ch. Robin, Des végétaux qui croissent sur les animaux vivants, Paris, 1847, page 26). Champignon des cheveux dans Y Herpès tonsurans de Cazenave (Teigne tondante, Mahon ; Porrigo] scutulata de quelques auteurs ; Rhiio-phyto-alopécie, Gruby). Ch. Robin : Des végétaux qui croissent sur les animaux vivants. Paris, 1847, grand in-8, page 24. Champignon voisin de celui de la teigne (Lebert, Physiologie pathologique, Paris, 1845, in-8, t. II, page 481). Champignon du Porrigo scutulata ou Herpès tonsurans ; Achorion Lebertii, Ch. Robin (Ibid., page 19), et A. Richard (Eléments d'hist. nat. médicale, Paris, 1847, 4eéclit., Botanique, t. I, page 17). Cryptogame de la Teigne tondante ou de la Rhizo-phyto-alopécie, Gruby (loc. cit., Comptes rendus, etc., 1844, t. XVIII, page 585). Champignon de la Teigne tondante, Razin (Recherches sur la nature, le traite- ment des teignes, Paris, 1853, in-8, page 67, pi. II, fig. 2 et 4. ) Caractères du genre (pi. II, fig. 7, 8 et 9). Har. Seulement l'intérieur de la racine des cheveux des hommes, et non leur surface, mais accessoirement, quand ceux-ci sont rompus, les croûtes épidermiques et sébacées du cuir chevelu. II. Description anatomique. — Les filaments en chapelets auxquels donnent naissance les spores ont des bords qui ten- dent à former une ligne ondulée, mais dans l'intérieur des- quels on voit que les spores sont un peu écartées l'une de (1) Gruby, Recherches sur les Cryptogames qui constituent la maladie conta- gieuse du cuir chevelu, décrite sous le nom de teigne tondante (Mahon), herpès tonsurant (Cazenave) (Comptes rendus des séances de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1844, t. XVIII, p. 583). lllO VÉGÉTAUX PARASITE?. — CHAMPIGNONS. l'autre. On observe rarement des spores assez allongées pour imiter des filaments cryplogamiques. Les spores sont rondes ou allongées, variant entre 0""",003 cl 0""",005 de long sur G""a,003 et 0""",O0A de large. Il y en a même qui ont jusqu'à 0",m, 007 et Ou,m,OÎO de long. Quelques unes offrent même, soit une tache distincte dans leur intérieur, soit un noyau mal circonscrit. D'autres sont allongées avec un étranglement au milieu. On voit par places des lignes de spores étroitement juxtaposées. III. Le milieu dans lequel se rencontre ce végétal est repré- senté par la substance même de la racine des poils. On ne sait pas encore si les conditions nécessaires à la reproduction des spores ou cellules qui le forment sont un état d'altération locale ou générale des humeurs, ou si le végétal peut se déve- lopper sur un individu bien portant dès que les spores sont arrivées dans le follicule pileux jusqu'à la racine du poil. Tou- jours est-il que ce n'est que dans cette partie du corps qu'il croît ; il s'étend plus ou moins haut dans l'épaisseur de la sub- stance du poil, et il gonfle celui-ci. Il détermine alors les acci- dents dont l'ensemble caractérise la maladie connue sous le nom de teigne tondante ou tonsurante, herpès tonsurant, etc. Il ne parait pas que les croûtes du cuir chevelu soient un milieu qui en favorise l'accroissement, car il ne s'y multiplie pas. Les seuls moyens dont l'emploi paraisse constituer un mi- lieu défavorable au développement de ce Champignon sont ceux qu'a indiqués M. Bazin [loc. cit., p. 95, 97), et qui se ré- duisent à ce qui suit : Les frères Mali on ont appliqué a la teigne tonsurante les moyens employés dans le traitement dufavus; ils la guérissent généralement dans l'espace de huit ou dix mois. M. Cazenave ne croit pas qu'il soit possible de fixer la durée du traitement de l'herpès tonsurant. Les moyens qu'il indique sont les lotions boratées , la pommade avec l'onguent citrin et le goudron, avec le tannin, le sulfure de chaux, etc.; il TRICHOPHYTON TONSURANS. A'H l'a vu guérir au bout de six ou huit mois, quelquefois au bout d'un an et plus. Les cheveux repoussent toujours ; on n'a pas à redouter, comme dans le favus, une alopécie perma- nente. Les topiques trop actifs ne conviennent pas (1). Il est certain qu'on peut obtenir la guérison de la teigne ton- dante sans épilation , et par les moyens qu'indique M. Caze- nave J'ai moi-même, continue M. Bazin, traité par ces moyens, en ville, cinq enfants atteints de cette affection. Tous les cinq sont guéris, et les cheveux sont repoussés sains sur les places qui avaient été le siège du mal; mais la guérison a été lente à obtenir et le traitement s'est " prolongé pendant près d'une année. La méthode épilatoire, suivie de l'imbibition parasiticide, réussirait à merveille dans la teigne tondante , mais la pre- mière condition du succès , l' épilation , ne peut être que très difficilement obtenue. Les cheveux s'enlèvent avec facilité et sans douleur sur les plaques , mais on n'en arrache qu'un très petit nombre ; ils viennent presque tous sans racine. Le Cham- pignon qui les imprègne les rend fragiles, et ils se rompent au plus léger effort de traction que l'on fait pour les extraire (Bazin) . On doit attaquer cette affection dès sa naissance , et alors il est facile d'en arrêter les progrès ; il faut épiler toutes les petites places sur lesquelles apparaissent des vésicules herpétiques , et lolionner les points dégarnis avec une éponge ou une petite brosse douce imbibée d'une solution de su- blimé (2 grammes de sublimé dissous dans l'alcool pour 500 grammes d'eau distillée). La solution d'acétate de cuivre ne convient pas ici , elle est trop active, et, comme l'a très justement remarqué M. Cazenave , les topiques trop irri- tants accroissent le mal. Sous leur influence, le Champignon se multiplie d'une manière souvent effrayante (Bazin). Si la teigne tondante est prise au début, la guérison est (1) Cazenave, Traité des maladies du cuir chevelu. Paris, 1850, in-8, page 205, /j'12 VÉGÉTAUX PARASITES. — 'CHAMPIGNONS. prompte. On arrête immédiatement les progrès de cette affec- tion. Lorsqu'il existe déjà des plaques circulaires, squammeuses, couvertes de cheveux brisés avec leurs gaines blanches , que la peau est ardoisée , les follicules hérissés , il faut encore recourir au même traitement ; mais la guérison n'est plus aussi rapide parce que l'épilation ne peut être que partielle et très imparfaite. Il est bon, cependant, de débarrasser la plaque de ses squames, des cheveux cassés, puis d'arracher, sur le pourtour de la plaque , tous les cheveux dont la couleur est altérée, et de faire, aussitôt après cette opération, une lotion avec le solutum de sublimé. En agissant ainsi , on arrête le développement excentrique de la plaque (Bazin). Il faut continuer les lotions pendant plusieurs jours, et l'on enduit ensuite les plaques et les cheveux d'une pommade com- posée de 30 à 50 centigr. d'iodure de soufre pour 30 gram. d'axonge. Dès que les cheveux repoussent sur les parties ma- lades, il faut les enlever de nouveau. On lave les plaques avec la solution de sublimé, et l'on continue cette opération jusqu'à ce que le cuir chevelu ne soit plus gonflé , ait perdu sa teinte ardoisée, et jusqu'à ce que, en arrachant les cheveux, la racine soit extraite avec le poil, et ne reste pas dans son follicule. Le traitement dure ainsi trois ou quatre mois, mais rarement plus. IV. Partie physiologique. — Ce Cryptogame prend naissance dans l'intérieur des cheveux sous forme d'un petit amas de spores arrondies. C'est de ce groupe que partent des filaments constitués par des spores disposées en chapelets, très bien figurés par Malmsten (voyez notre atlas, pi. II, fig. 7, a, b) qui, en se développant, rampent dans l'intérieur de la substance des cheveux parallèlement à leur axe longitudinal, en montant en ligne droite. A mesure que le cheveu pousse, les Cryptogames qu'il renferme poussent également jusqu'à ce que la partie envahie soit hors du follicule, et une fois qu'elle est expulsée jusqu'à 2 ou 3 millimètres au-dessus du niveau de l'épiderme, le cheveu se brise. Le développement se fait rapi- ÏRICHOPHYTON TONSURANS. kï'à dément, la quantité des spores augmente très vite, et elles remplissent complètement le cylindre qu'il représente, de sorte que sa substance propre n'est bientôt plus reconnaissable. V. Action du végétal sur l'animal. — Les effets de la pré- sence et du développement de ce végétal sur les cheveux sont les suivants (je ne parlerai pas ici des effets consécutifs sur le derme qui, comprimé par les poils distendus, se congestionne, d'où exsudation de liquide, production exagérée d' épidémie, et formation de croûtes). Lorsqu'on examine les cheveux qui ne sont pas encore tota- lement envahis par les Cryptogames , on voit que l'intérieur seul de la racine du poil est d'abord le siège du végétal. Cette partie, remplie de sporules, est devenue opaque, tandis que le reste des cheveux est encore entier et complètement normal. A mesure que le Cryptogame se développe dans la partie intra-dermique du cheveu, celui-ci devient plus gros, gris, opaque, perd son élasticité, sa cohésion ; il se ramollit et se brise. La cassure est inégale, filamenteuse, et se fait à 2 ou 3 millimètres de la surface épidermique de la peau. Les frag- ments de cheveux sont pleins de Cryptogames, et restent pour- tant encore couverts de leurs écailles. Quelquefois le cheveu se casse avant de sortir de la peau ; alors l'épiderme et la matière sébacée remplissent l'extrémité du conduit pilifère, ils se dur- cissent, sont repoussés parle cheveu qui les soulève. La matière sébacée forme ainsi une saillie opaline demi-transparente, qui a été prise pour du pus desséché ou pour une petite pustule, mais qui est composée de matière sébacée et de cellules épithéliales desséchées, et renferme de un à trois poils pleins de sporules. Les élévations, jointes au gonflement des cheveux par les spo- rules, donnent au cuir chevelu l'aspect de chair de poule signalé dans cette affection. A mesure aussi que le Cryptogame cesse de se développer dans l'intérieur de la substance des cheveux, ceux-ci reprennent leur transparence, deviennent moins grisâ- tres, plus fermes, et le diamètre devient de plus en plus mince, llih VÉGÉTAUX. PARASITES. — CHAMPIGNONS. jusqu'à ce que l'état normal soit complètement rétabli. M. Gruby pense qu'on doit donner le nom de Rhizo-phyto- alopécie à l'herpès tonsurant, pour indiquer par un seul mot ses caractères essentiels, et sa cause due à un végétal siégeant dans la racine du poil. C'est la présence de ce végétal qui, ainsi qu'on le voit, est cause à la fois , et de la rupture des poils (d'où calvitie plus ou moins étendue), et de la formation des élevures et des croûtes qui recouvrent les parties tonsurées. Aussi ne faut-il pas s'étonner de la ténacité avec laquelle les altérations qu'il détermine résistent à l'action des médicaments les plus variés, employés seuls sans épilation préalable. Pour être efficaces il faudrait qu'ils missent obstacle au développement du Triehophyton, ce qui ne paraît pas avoir été obtenu encore; en effet, lorsqu'on lit les résultats auxquels on est arrivé par tel ou tel médicament, on constate bientôt que, dans les cas de guérison, le mal a cessé pendant l'emploi du remède par une cause inconnue, par un retour des parties du corps à un état défavorable au développement de la plante, mais non en raison de telle ou telle application locale. Ce fait n'étonnera pas ceux qui savent avec quelle obstination, avec quelle facilité et quelle rapidité se développent les plantes cellulaires dès qu'elles se trouvent dans un milieu favorable à leur nutrition. Il n'étonnera pas non plus ceux qui savent combien doivent être énergiques les actions physico-chimiques exercées direc- tement sur ces cellules pour arrêter leur développement, ou, du moins, pour qu'après l'avoir suspendu, on puisse l'empêcher de recommencer dès que se rencontrent les conditions qui le favorisent. Transmission ou transport du végétal (contagion), — La maladie que détermine la présence de ce végétal sur l'homme est contagieuse. Le fait n'est pas étonnant; lapetitesse des spores en rend le transport facile, elle en rend probable la pénétration dans le follicule pileux d'après le mécanisme décritplushaut(p. 278 T1UCH0PHYT0N TONSURANS. Al 5 et suivantes). Reste inconnue la question de savoir si l'état des humeurs de tous les individus est également favorable au dé- veloppement du végétal, ou si, peut-être, un certain degré d'al- tération préalable des humeurs, analogue à cequeprésententlés enfants scrofuleux, n'est pas nécessaire. M. Bazin s'exprime ainsi à l'égard des questions précé- dentes : « La teigne tonsurante est une affection contagieuse du système pileux caractérisée par la décoloration des poils, l'al- tération de leurs qualités physiques, qui les rend fragiles et sus- ceptibles de se casser à quelques lignes de leur insertion sur la peau ; par l'état chagriné , bleuâtre , hérissé des follicules pileux, et aussi par des squames blancbes , minces, pulvéru- lentes, formant de petites gaines à la base des poils. » (Bazin.) La teigne tonsurante est primitive ou consécutive à l'herpès circiné. Elle attaque un point ou plusieurs points à la fois du cuir chevelu ; assez ordinairement elle débute par la région occipitale, mais elle peut indistinctement commencer par toutes les régions de la tète. Quand la teigne tonsurante est consécutive à l'herpès cir- ciné , c'est le centre des anneaux herpétiques qu'elle envahit tout d'abord , à l'instar du favus. On la reconnaît souvent à son origine par l'altération de couleur que présente un petit bouquet , une petite touffe de cheveux qui deviennent plus pâles, rougeàtres, moins foncés en couleur que les cheveux circonvoisins. En examinant la peau sur laquelle cette touffe de cheveux est implantée, on la trouve légèrement soulevée, couverte de squames ou d'écaillés épidermiques. Le mal fait des progrès rapides ; l'altération gagne les cheveux envi- ronnants, et bientôt sur une surface de 1 à 2 centimètres de diamètre, on voit le tégument bleuâtre, ardoisé, tuméfié, soulevé d'une demi-ligne au-dessus du niveau delà peau saine ; les follicules pileux sont comme hypertrophiés, hérissés, ce qui donne à la surface de la plaque un aspect chagriné. La plu- part des cheveux qui naissent de cette plaque sont brisés irré- /lit) VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. gulièrement à quelques lignes du cuir chevelu. Çà et là, cependant , on en voit sur la plaque quelques uns entiers. La partie malade est en outre recouverte d'écaillés et de squames blanches, comparables à des parcelles de fécule, à de l'amiante ou mieux encore au duvet blanchâtre qui enveloppe la coque de l'amande avant sa maturité. Ces petits flocons blancs,. d'un aspect velouté , se trouvent entre les cheveux cassés , et leur forment des gaines. L'altération se propage rapidement ; les plaques s'élargissent de jour en jour , finissent par se rencon- trer. Elles représentent alors de larges surfaces plus ou moins dégarnies de cheveux, irrégulières, terminées quelquefois par la réunion d'arcs de cercle qui rappellent la forme annulaire du début. Si l'on veut arracher avec les pinces les cheveux rom- pus qui recouvrent la plaque, on les brise de nouveau un peu plus près de leur insertion , mais avec une facilité telle , que l'on croirait, au premier abord, avoir seulement pris un che- veu dont la capsule aurait été antérieurement détachée. Cette teigne est beaucoup moins souvent que le favus suivie d'une alopécie permanente. (Bazin.) « Nous avons dernièrement observé, dit M. Bazin, un fait qui prouve que la teigne tondante n'attaque pas exclusivement l'es- pèce humaine, qu'elle peut aussi se déclarer sur les animaux. Un gendarme s'est présenté à la consultation de l'hôpital Saint- Louis, avec des plaques herpétiques sur la face palmaire de l'avant- bras droit; sur l'une de ces plaques, les poils étaient tombés. Ce gendarme nous apprit que cinq ou six de ses cama- rades étaient comme lui atteints de la même affection, ce qu'il attribuait à cette circonstance que, dans une écurie de leur ca- serne, il y avait des Chevaux dartreux, et que, par suite des soins qu'ils étaient obligés de leur donner, la main et l' avant- bras se trouvaient en contact immédiat avec les parties malades, d'où la transmission de la maladie du Cheval à l'homme. Curieux de connaître cette éruption contagieuse, nous nous rendîmes à la caserne, et nous y vîmes trois Chevaux malades qui portaient TRIÇHOPHYTON TONSURANS. !l\7 sur le garrot, les épaules, le clos elle ventre, des plaques ar- rondies absolument semblables à celles de l'herpès tonsurant. Les poils au centre de la plaque étaient cassés à 6 ou 8 mil- limètres de la peau ; il y avait, en outre, comme dans l'herpès tonsurant, une production blanchâtre squammeuse, et même croûteuse, traversée par les poils. C'est un Cheval venu de la Normandie qui avait répandu la contagion dans l'écurie et communiqué le mal à huit autres Chevaux. MM. Deffis et Ba- zin, ayant examiné au microscope des parcelles blanchâ- tres extraites de cette croûte, ont reconnu les traces non équivoques d'une végétation cryptogamique, mais bien diffé- rente de celle qui caractérise la Teigne tondante clans l'espèce humaine. Les spores et les tubes étaient infiniment plus petits. VI. —Historique. Ce végélal a été découvert et décrit par M. Gruby(l). Cependant, l'année précédente, Guensburg (2) avait observé dans les cbe- veuxdes individus atteints de plique polonaise un végélal qui, ainsi que le montrent les figures précédentes et la description qui suit, est certainement la même espèce. Son développement constitue, dans ce cas seulement, un épipliénomène. Plus tard, Guensburg a décrit et figuré les détails qui se rapportent à ce végétal (3). Je donne ici la reproduction presque textuelle de son travail. Ce Mycoderme, ou Trichomaphyte, découvert par Guensburg, est consi- (1) Gruby, loc. cit. (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de Paris, 1844, t. XVIII, p. 583). (2) Guensburg, Découverte d'un Mycoderme qui parait constituer la maladie connue sous le nom de Plique polonaise [Comptes rendus des séances de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1843, t. XVII, p. 250). Description de la composi- tion de la matière visqueuse et du végétal. (3) Guensburg, Ueber Epiphyten auf Weichselzœpfen . Erwiderung auf den in diesem Archiv, 1844, S. 411-419, gedruckten von Walther'schen Aufsatz gleicher Aufsehrift (Archiv filr Anat. und Physiol., von J. Mueller, 1845, p. 34, pi. VII). Reproduction plus détaillée de la note déjà insérée par lui dans les Comptes rendus des séances de F Académie des sciences, 1843. Je l'ai traduite pour ma description. 11 répond en outre au mémoire de Walther, cité plus •loin, et pense que si cet auteur ne veut pas faire rentrer parmi les Mycodermes l'épipbyte qu'il décrit, il faut alors créer pour lui une nouvelle grande classe. Il range les différentes formations de Mycodermes en deux séries : 1° L'une renferme les végétaux qui se développent dans les produits de sécrétion et d'excrétion, avant que la putréfaction commence; elles sont très rapprochées du genre Torula; néanmoins elles ne sont pas toujours cause ou produit de la fermentation, mais elles sont un procédé particulier de destruction. Elles se 27 /|1S VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. clOré par Yogel (1) comme très voisin du précédent ou même identique avec lui. Il le décrit ainsi : Il a son siège dans la racine des cheveux, 1° entre les noyaux cellulaires du cylindre radiculairc du cheveu et la surface de ce cylindre ; 2" entre la gaine de la racine et ces noyaux de cellule ; 3° au centre du cylindre suivant son axe ; /|° entre les cellules épilhéliales qui forment la gaîne qui tapisse le cheveu (pi. If, fig. 7, 8, 9). Description. — Les fibres articulées sont très rares, étroites, et n'ont dans leur intérieur aucune trace d'espaces intercellulaires (fig. 7, b). Les spores sont très nombreuses, rondes ou allongées (a, b), à surface lisse, cl quel- quefois articulées par des points qui paraissent ombiliqués (fig. 7, b). Le plus souvent ces cellules sont isolées ou accumulées en gros groupes; quelquefois elles sont suspendues à un hypolhallus très finement fibreux. Ces cellules n'éprouvent aucun changement par l'action de l'acide acétique, potasse caustique, etc. La teinture d'iode les dissout complètement. Les spores isolées ontde 0""",002 à 0'um,005. Elles contiennent des granules moléculaires puncliformes, et rarement des noyaux développés (fig. 7, 6). Altération des checeux. — Les changements que ce Trichomaphyte fait éprouver aux cheveux en peu de temps sont : 1° épaississemenl de la gaîne de la racine des poils ; 2° réplétion et dilatation fusiforme de l'axe du cy- lindre (pi. II, fig. 8, a) ; 3° écartement et séparation l'une de l'autre des fibres irrégulières, en lesquelles peut se partager le cheveu ; /i" simple fente du cheveu qui laisse les spores végéter au dehors, à sa surface (fig. 7, a) ; 5° séparation des fibres du reste du cheveu, qui le hérissent comme les arêtes d'un épi (fig. 9, a, b, b); 6° division des extrémités du cheveu eu forme de pinceau ; 7" épaississement de l'enveloppe épithéliale du cheveu (fig. 9, c); 8° étiolement de plusieurs cylindres du cheveu; 9" adhérence l'une contre l'autre de touffes de cheveux et des nouvelles productions. L'auteur figure avec soin tous ces états, ainsi que le végétal (pi. li. fig. 7, 8, 9). Matière agglutinative des cheveux. — Quant à la masse agglutinative des cheveux, elle est composée : 1° d'un grand nombre de cellules épithé- liales, grandes et à noyau volumineux, et de petits globules granuleux rencontrent fréquemment dans ces produits liquides qui, par la conservation de leur réaction acide et un développement déterminé de leurs parties consti- tuantes, prouvent qu'ils ne sont pas encore entrés à l'état de fermentation. 2° La deuxième renferme une plus petite, mais plus importante série de for- mations de moisissures {Epiphytes vrais), séparées des autres par des caractères tranchés et d'autres lois de développement. Là se rangent les Champignons de la teigne, etc. (1) Vogel, Anatomie pathologique générale, trad. de l'allemand par Jour- dan. Paris, 1847, in-8, p. 383. TRICHOI'HYTOS TQNSURANS. fii^ comme ceux de l'inflammation ; 2" de cheveux plus minces qu'à l'état normal, et dont la gaîne est soulevée en quelques points par des spores ; 3° de quelques cellules de l'épithélium de la matière sébacée; h" des Myco- dermes qui, naissant dans la racine des poils, restent collés à leur partie la plus voisine du bulbe, et le plus souvent sortent de la gaîne vers la base du cheveu. Une fois hors de la gaîne, ils se réunissent ordinairement en groupes. Cette matière est brunâtre, visqueuse, molle, et colle les cheveux les uns aux autres en masses ou faisceaux plus ou moins gros et plus ou moins longs ; elle se dessèche çà et là en plaques de forme et de grandeur variables. Mueller pense que pour admettre la présence constante de ce végétal dans la plique polonaise, il faut encore d'autres recherches, car celles faites à Berlin par le docteur Munter n'ont pas montré d'Épiphytes dans les cheveux (1), non plus que celles de Baum (2). Le développement de ce végétal dans cette affection pourrait donc n'être qu'un épiphénomène se montrant ou manquant, selon que des spores viennent ou non à être trans- portées sur le cuir chevelu des malades. Iîemarqoë sur une autre description. — Après examen du végétal et comparaison des descriptions, je ne doute pas que le végélal décrit par M. Lebert dans des cas d'Herpès tonsurant, et que dans la première édition de cet ouvrage j'ai donné comme différent du Trichophyton tonsu- rans, M.; ne soit de même espèce, je reproduis ici cette description. Préliminaires. — Le Porrigo scutulata est une maladie du cuir chevelu considérée comme une variété de la Teigne par les auteurs fiançais. C'est le Ring-Worm des Anglais, la Teigne tondante de Mahon. M. Cazenave (3) l'a décrite, sous le nom d'Herpès tonsnrans, comme une maladie distincte de la Teigne par ses symptômes et ses caractères extérieurs. Depuis lors, cette distinction a été adoptée et restera dans la science. M. Cazenave en résume ainsi la description : C'est une maladie pour ainsi dire spéciale du cuir chevelu, caractérisée par des plaques arrondies, dans lesquelles la peau, inégale, parsemée d'aspérités sensibles à la vue et au tou- cher, est recouverte de cheveux rompus très également à 2 ou 3 millimètres au-dessus du niveau de l'épiderme, de manière à former une véritable (1) J. Mueller, Arch. fuer Anal, und Physiol., 1845, p. 42, en note. (2) Baum, dans Hoenerkopf, De aphtharum vegetabili natura ac diagnosi, 1847, p. 7, en note. (3) Cazenave, Annales des maladies de la peau et de la syphilis. Paris, 1843, in-8. /i 20 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. lonsuie. C'est une affection conlugicuse, niais qui guérit toujours et sans alopécie. M. Lebert a décrit le premier un champignon voisin de celui delà Teigne, qui croît sous les plaques qui caractérisent celle maladie (Physiologie pa- thologique, I8/i5, Paris, t. II, p. 481). Description. — LaPorrigo scululata (Herpès tonsurant), dit M. Lebert, a son siège plus particulièrement borné an cuir chevelu. Les croûtes, éten- dues, épaisses, entremêlées de cheveux secs et collés ensemble, paraissent, au premier aspect, former le principal élément matériel delà maladie. Elles sont composées en grande partie de cellules épidermiques et de quelques globules de pus. Lorsqu'on enlève ces croûtes, on peut cependant se con- vaincre qu'il existe en même temps qu'elles des Champignons. Caractères extérieurs. — Les amas qu'ils forment se rapprochent de ceux de la Teigne, mais en diffèrent en ce que les croûtes se trouvent plutôt réunies par groupes de forme irrégulière qu'isolés. Us sont plus petits et situés plus profondément sous l'épiderme que ceux de la Teigne. Ils ont à peine un demi à un millimètre de diamètre, et manquent toujours de la dépression centrale en forme de godet. Quelquefois, avec un seul feuillet d'épiderme desséché, on enlève deux ou trois de ces petits corps, aplatis ou arrondis, ou irrégulièrement allongés, ou bosselés à leur surface adhérente. Leur position profonde, leur petit diamètre, et l'absence de godet au centre les dislinguent de ceux de la Teigne en tant que Champignons isolés de l'individu sur lequel ils croissent. Les éléments essentiels du Champignon, c'est-à-dire les filaments arti- culés et les spores, se retrouvent, soit dans l'intérieur, soit à la surface des croûtes trempées dans l'eau, soit sur les cheveux pris dans les endroits ma- lades. Il est probable que ces derniers proviennent des favus qui se vident de leur contenu. Remarques. — Plus récemment, Malmslen (1) a vérifié les recherches de M. Gruby et publié une observation assez détaillée de Teigne tondante, avec description et figures du végétal. Cette description reproduisant en tous points celle de M. Gruby et celle donnée dans ce chapitre, il est inutile de la répéter. Il propose les noms de Trichophyton ou Trichomyces ton- surans pour celte espèce, qu'il croit former un genre voisin du G. Torula et des T. olivacea et T. abbreviata en particulier. Il donne de bonnes figures delà disposition des spores, établies en séries dans l'épaisseur même (1) Mauisten, loc. cit. [Archiv fuer Anat. und Physiol., von J. Mueller, 1848, p. 1, pi. I, fig. 1, 2 et 3). TRICHOPHYTON TONSURANS. 4*21 de la substance du cheveu, et non pas seulement dans le canal médullaire comme on le voit représenté d'après Gùerisburg (pi. II de cet atlas, fig. 7, 8, 9). Il figure isolément des spores disposées en séries, en filaments, en chapelets, mais à un grossissement trop faible. M. Malherbe (1) a récemment écrit qu'il ne voulait point chercher à com- battre l'opinion de M. Gruby sur la nature végétale des corps qui détermi- nent les accidents morbides décrits sous le nom d'herpès tonsurant. Comme tous ceux qui portent un jugement sur ce sujet sans avoir suffisamment expérimenté, il en est encore à dire qu'il faut se garder d'erreurs auxquelles peut conduire le microscope. C'est ainsi qu'il recommande de se rappeler qu'il est très facile de prendre pour des végétaux les globules qui existent en si grande abondance dans les éléments solides ou liquides des corps orga- nisés. Celte phrase suffira pour montrer à ceux qui connaissent la structur des éléments anatomiques animaux d'une part, et les caractères des Cham- pignons, d'autre part, que M. Malherbe n'a bien vu ni les uns ni les autres. Cela, ainsi que je l'ai déjà dit, peut tenir à trois causes que j'ai déjà sou- vent rappelées : 1° à ce que ces granulations et les spores ont été examinées à un trop faible pouvoir amplifiant, ce que font presque constamment ceux qui n'ont pas encore beaucoup employé le microscope ; 2° à un fait non moins fréquent, qui est le manque d'habitude dans l'exécution des pré- parations, bien qu'elle soit très simple ; 3° surtout à ce que les personnes qui examinent, commençant habituellement par observer un produit morbide sans connaître les éléments anatomiques normaux des plantes et des animaux, ne sauraient distinguer ce qui est normal de ce qui est patho- logique, ce qui est végétal de ce qui est animal. D'où la confusion de choses différentes en une seule , ou une interprétation fautive des ohjels examinés. C'est très probablement l'une de ces causes ou les trois réunies qui ont empêché M. Malherbe de voir dans les cheveux qu'il a re- gardés au microscope rien qui ressemble au Cryptogame décrit et figuré par Malmsten. M. Malherbe a constaté la nature éminemment contagieuse de VHerpès tonsurant et l'a vu « se communiquer d'un individu à l'autre sur différentes régions du corps. » M. Letenneur (2) dit que Biett professait qu'il se com- munique par contact ; il l'a vu aussi à l'hôpital Saint-Louis se communiquer d'un individu à plusieurs autres, et lui-même en fut atteint en suivant la marche de l'éruption. M. Letenneur, sans admettre la présence du Champi- gnon, qu'il n'a du reste pas cherché à voir, ne le considère pas comme (1) Malherbe, Études cliniques sur /'Herpès tonsurant, Nantes, 1852, broch. in-8, p. 10, suivies des notes de M. Letenneur. (2) Letenneur, Réflexions sur /'Herpès tonsurant. Nantes, 1852, in-8, p. 17. 422 VÉGÉTAUX PAIUSITES. — CHAMPIGNONS. cause du mal, mais connue conséquence, opinion erronée; ainsi qu'il résulte de ce qui précède, il continue ainsi sur lu contagiosité de l'affection causée par ce Champignon : « Lorsque je vins exercer la médecine dans la Vendée, je vis que non seu- lement riicrpès circiné se communique de l'homme à l'homme, mais en- core des animaux à l'homme. J'en ai eu cent fois la preuve, et je m'étonne que ce fait n'ait pas attiré l'attention des dermatologues. » L'herpès circiné est très commun dans l'espèce hovine , surtout chez les jeunes sujets. On l'observe particulièrement au printemps, lorsque les animaux ont passé l'hiver dans des élables mal aérées, et qu'ils ont eu une nourriture insuffisante ou de mauvaise qualité. » Le siège le plus fréquent de l'éruption est le cou ; on y remarque des plaques isolées ou confluentes, présentant , dans ce dernier cas, des bords festonnés ; à la surface de ces plaques la peau paraît glabre, et est couverte de squames blanchâtres, au milieu desquelles on distingue les poils en partie détruits. C'est exactement ce qui a eu lieu dans l'herpès lonsurant. » Lorsque cette maladie apparaît dans une élable, on regarde comme utile de séquestrer les animaux qui en sont atteints, afin de préserver les autres. » Les personnes chargées du soin des bestiaux, et qui sont exposés à tou- cher fréquemment les parties malades , contractent facilement des herpès circinés. J'ai observé le plus souvent cette maladie au poignet, à la face, palmaire de l'avant-bras, et quelquefois au menton et autour de la bouche , chez des enfants qui avaient l'habitude d'embrasser les jeunes veaux confiés à leur garde. » Le siège le moins fréquent de la maladie est peut-être le cuir chevelu. » La transmission de cette maladie des animaux à l'homme est un fait parfaitement connu des paysans. Si les auteurs classiques n'en parlent pas, c'est qu'ils n'ont étudié les maladies de la peau que dans les hôpitaux et dans les grands centres de population , et que souvent, dominés par des idées préconçues, ils n'ont pas vu la vérité quand elle s'est montrée à eux. » C'est ainsi que, dans une leçon faite par un bon observateur, par M.Ca- zenave, sur l'herpès circiné (Annales des maladies de lajieau, l/i mai 1851), le savant professeur montra à ses élèves un malade offrant sur le visage un exemple de celte maladie. Cet homme attribuait son mal à ce qu'il avait porté sur ses épaules un veau dartreux, et celte circonstance ne semble pas avoir frappé M. Cazenave, puisqu'il parla seulement du diagnostic et du traitement. -> Je regarde donc comme un fait positif et qui doit être acquis à la science, que l'herpès circiné et l'herpès tonsurant sont également conta- gieux, soit de l'homme à l'homme, soit des animaux ù l'homme. » TR1CH0PHYT0N TONSURANS. 423 Dernièrement, M. Bazin a étudié le végétal dont je viens de donner la description. M indique avec raison que je me suis trompé (1) en considé- rant le Champignon décrit par M. Lebert dans l'Herpès tonsurant comme différent de celui décrit par M. Gruby. L'examen du Champignon m'a fait reconnaître depuis longtemps cette erreur, relevée dans la synonymie pré- cédente (p. Z|09). Il décrit avec soin l'alléralion causée aux cheveux par le Champignon. Il décrit aussi et figure la poussière blanche qui revêt les che- veux brisés de l'herpès (ou teigne) tonsurant, et la distingue bien des écailles épidermiques qu'on trouve à la base des poils. Celles-ci sont for- mées de cellules d'épithélium ; les précédentes sont constituées de mycé- lium et de spores. Il figure le végétal (2), mais les planches, quoique bien gravées, représentent assez mal les objets dessinés, parce qu'ils l'ont été sans connaissance des objets. Il en résulte que, dans le dessin, les spores ont certainement été quelquefois confondues avec les granulations moléculaires diverses, souvent graisseuses, qui les accompagnent ordinaire- ment. De plus, beaucoup de spores sont représentées carrées ou aplaties, aspect qu'elles offrent en effet quelquefois en raison de leur mode de réfrac- ter la lumière ; tandis qu'elles eussent été reconnues comme rondes, si on les eût fait rouler dans le champ du microscope, afin de bien se rendre compte de la forme et de la nature de l'objet examiné. De plus, ces corps qui, pour être bien vus et distingués spécifiquement les uns des autres et des granulations qui les accompagnent, exigent l'emploi d'un grossissement de 550 à 600 diamètres, ne sont certainement représentés qu'à 300 au plus. D'après l'indication du pouvoir grossissant qu'il a employé pour examiner le Champignon de la Teigne (7 à 800 diamètres), M. Bazin semble s'en être rapporté aux chiffres donnés par les opticiens, qui sont généralement 2 à 3 fois trop forts, ainsi que je l'ai montré dans mon Traité du microscope ; en sorte que les grossissements évalués par eux à 7 ou 800 doivent être réduits à 280 ou 350 diamètres réels. M. Bazin donne le nom de Teignes à toutes les altérations causées aux poils par des Champignons ; il admet les suivantes : 1° Teigne faveuse (Teigne proprement dite). Il en décrit et figure le Champignon. 2° Teigne tonsurante (T. tondante de Mahon , Herpès tonsurant de Cazenave, etc.). Il en figure et décrit le Champignon. 3° Teigne mentagre ou sycosique (Mentagre des auteurs). Il en a vu le Champignon , mais ne le décrit pas. (1) Ch. Robin, loc. cit., Paris, 1347, grand in-8, p. 24. (2) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des teignes. Paris, 1853, in-8, p. 68, pi. II, fig. 2 et fig. 4. Z|2/| VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. [f T. achromateuse. Il appelle ainsi le Porrigo âecalvans dos auteurs, ou Vitiligo du cuir chevelu de Câzeriave. 5° Teigne décalvante. 11 appelle ainsi Valopécie idiopathique. L'épi - thète décalvante, employée ici lorsque déjà elle était employée à propos du Porrigo de calmns, ou Vitiligo du cuir chevelu, amène une lâcheuse con- fusion. Elle est d'autant plus fâcheuse que dans le Porrigo decalvàfis, ou Vitiligo du cuir chevelu, existe un Champignon que M. Bazin admet d'apies M. Gruhy sans le décrire, et que d'autre part il en admet un dans l'alopécie idiopathique sans paraître l'avoir vu, sans le dire ni le décrire du moins. 11 considère comme sans conséquence la question de savoir si le Cham- pignon décrit par M. Gruhy se trouve réellement dans le P. decalvana, ou Vitiligo du cuir chevelu, ou si c'est dans l'alopécie idiopathique qu'on le rencontre (Bazin, p. 16 et 71). Il en résulte que les documents apportés par M. Bazin ne présentent de certitude que pour les trois premières maladies, ce qui ressort du reste de la lecture de son travail. La plupart de ces docu- ments sont excellents, bien que parfois incomplets au point de vue de l'ana- tomie normale et pathologique. Espèce iO. — TRICIIOPHlTON? SPOIWLOIDES, Ch. Kobin. Synonymie. — Mycoderme de la matière agglutinalive dans la Plique. (Ch. Ro- bin, Des végétaux qui croissent sur les animaux vivants. Paris, 1847, grand in-8°, page 26). Walther (1) décrit dans la matière visqueuse de la plique de- petits globules {spores) en quantité innombrable, réfractant fortement la lumière transmise. Ils seraient composés de deux vésicules emboîtées, de grosseur relative constante. Leur forme est ovale aplatie, ou circulaire aplatie. Ils exécutent dans l'eau des mouvements moléculaires. Jamais ces spores ne se pla- cent en séries articulées, et ne produisent des prolongements comme les cellules de l'Algue de la fermentation, qui, du reste, ne réfractent pas la lumière comme ceux-ci. Toute la description de cet auteur laisse beaucoup à dé- sirer. D'après ces caractères, Walther ne met pas en doute la (1) Waltheb, Vêler Epiphylen anf Weichselzoepfén : Sur tes Epiphytes de la plique (Archiu fur Anal.und Physiol., von J. Mueller, J 844, p. 411-419). Description incomplète de spores se développant dans la matière visqueuse de la plique. Composition microscopique de cette matière. Les quatre cin- quièmes de la note traitent de généralités et de discussions sur la plique. TRICH0PHYT0N ULCERUM. 425 nature organique de ces spores ; elles se rangent bien dans la grande catégorie des formations épiphytoïdes, mais on ne peut les regarder comme un Mycoderme, ni leur donner pour siège le follicule pileux. Ce dernier fait est vrai ; mais comme il est incontestable que ce n'est pas là un corps de nature animale ; comme d'autre part il se rapproche par les caractères énoncés plus haut des Torulacés, on ne peut pas, ainsi que le re- marque Guensburg, créer une classe pour lui ; il faut le ranger parmi les végétaux microscopiques, tels queles Torulacés, etc. C'est certainement dans la matière visqueuse de laplique en voie d'altération, que se développe ce végétal delà même manière qu'il en germe d'analogues en grand nombre dans les matières en putréfaction; ainsi ce n'est pas un végétal parasite, mais un infusoire de nature végétale. Il décrit la matière visqueuse agglutinative comme Guens- burg ; il y indique seulement de plus la présence d'insectes qu'il ne détermine pas , et dit n'avoir rien vu de particulier dans les cheveux. ESPÈCE 41. — TRICHOPHYTOy ? ULCERUM, Ch. Robin. Synonymie. — Champignon des ulcères. (Ch. Robin, loc. cit., Paris, 1847, grand in-8, page 31). Ce végétal a été trouvé par M. Lebert dans les croûtes d'un ulcère atonique de la jambe. Ces croûtes présentaient çà et là des taches jaunes sèches , de 1 à 2 millimètres d'étendue , offrant une apparence de moisissure (1). Celle-ci était composée de spores ayant 0mm,005 à 0m,u,0!0, rondes ou légèrement ellipsoïdes, montrant un ou deux noyaux de 0mm,002. Dans quelques uns, on reconnaissait une double membrane d'enveloppe ; il y avait encore d'autres globules de 0mm,010à0mm,015, remplis de petits globules. Les premiers se réunissaient en fils moniliformes, dont quelques uns étaient (1) Lebeiit, Physiologie pathologique. ' Paris , 1845, t. II, p 4S4-483,et Atlas, pi. XXII, fig. 7. 426 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. ramifiés. On pouvait suivre toutes les transitions entre les simples globules et les fils moniliformes et ramifiés. Genre MICROSPORON , Gruby (l). Filaments ondulés, suivant la direction des fibres des che- veux ; transparents, larges de 0mm,002 à On,Q>,003 ; point de granules à leur intérieur ; ils se bifurquent quelquefois sous un angle de 30° à 40°. Les filaments et les branches consti- tuent la couche interne d'une gaîne que forme le végétal au- tour du cheveu ; les sporules forment la couche externe. Ces spores ou sporules couvrent les tiges et quelquefois leurs bran- ches. Elles sont pressées les unes contre les autres. Elles sont ordinairement rondes, et quelquefois ovales ; toutes sont trans- parentes, sans granules à l'intérieur. Dans tout ce genre, les filaments ( trichomata) ont les ca- ractères extérieurs des filaments de mycélium ou système végétatif, c'est-à-dire qu'ils sont ramifiés , sans articulations, peu ou pas granuleux. C'est pourtant d'eux que naissent direc- tement les spores. Les filaments ayant les caractères de récep- tacle n'existent pas encore. On ne commence à les rencontrer que dans des espèces plus élevées en complication. ESPÈCE 42.— MICROSPORON JUDOUINI , Gruby. I. Synonymie. — Champignon de la Teigne achromateuse [Porrigo decalvans de Bateman (vitiligo du cuir chevelu de Cazenave), et de la Teigne décalvante (Alopécie idiopalhique), d'après M. Bazin (2) ]. Microsporum Audouini, Gruby, Recherches sur la nature, le siège et le dévelop- pement du Porrigo decalvans ou Phyto-alopécie {Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences de Paris, 1843, t. XVII, p. 301, et Malmsten ; Archives de Mueller, loc. cit., 1848, page 7). Champignon du Porrigo decalvans, et par erreur d'impression, Microsporium Andouini (Ch. Robin, Des végétaux qui croissent sur les animaux vivants. Paris, 1847, grand in-8,page 28). Trichophyton decalvans et Trichomyces decalvans, Malmsten (loc. cit., 1848, page 14). Caractères du genre : Spores rondes, 0mm,001 à 0mm,005 ; (1) Grdby, loc. cit., Comptes rendus, 184 i, p. 585. (2) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des teignes. Paris, in-8, 1850, p. 16 et 71. MICROSPORON AUDOUINI. 427 spores ovales, 0mm,002 à 0mra,008 , se gonflant dans l'eau ; fila- ments et leurs branches courts. Il diffère du Trichophyton tonsurans par des branches nom- breuses, courbées, ondulées, par des spores généralement plus petites (O^OOl à 0mm,005 ) et toujours dépourvues de gra- nulations à l'intérieur, par l'adhérence de celles-ci aux tubes ou filaments, et à leurs branches. Hab. La surface des cheveux de l'homme en dehors du fol- licule, depuis le niveau de la peau jusqu'à une hauteur de 1 à 3 millimètres au-dessus de sa surface. Il forme une couche autour du cheveu épaisse de 0mm,015. Ces Cryptogames sont rangés et feutrés de manière à constituer un tuyau autour de chaque cheveu. La Trichophyton tonsurans, au contraire, naît et se développe dans la racine des cheveux. II. Description anatomiqae. — Ce végétal se compose de fila- ments (trichomata) ou tiges ramifiées et de spores. Les fila- ments sont ondulés et disposés dans le sens de la longueur des cheveux, parallèles à leurs stries ; leur diamètre est de 0mm,002 à 0mm,003. Elles ne renferment pas de granulations dans la cavité de la cellule allongée qui les constitue. Elles se bifurquent quelquefois sous un angle de 30° à 50°. Les branches ont le même diamètre que les filaments ou tiges. Les filaments et leurs branches forment une gaîne feutrée autour du poil, épaisse de 0ram,015. Les branches se distinguent des filaments ou tiges par les spores qui les accompagnent. Elles se ter- minent à la surface externe de la gaîne en se couvrant com- plètement de sporules. Les spores garnissent la surface externe de la gaîne, et sont pressées les unes contre les autres sur un même plan; cependant on en rencontre quelques unes à la sur- face des cheveux adhérentes aux filaments. Les spores sontordi- nairement rondes, leur diamètre est de 0mm,001 à 0mm,005; il y en a quelquefois d'ovales, elles ont de 0mm,002 à 0mm,005 de large sur 0mm,00Zi à 0mm,008 de long. Elles sont transparentes, sans granulationsà l'intérieur, et se gonflent dans l'eau (Gruby). /|28 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. III. Le milieu dans lequel se développe le végétal est repré- senté par la partie du poil la plus voisine du cheveu. On ne sait encore s'il est nécessaire, pour que germe le Microsporon, qu'il y ait déjà exsudation de quelque humeur , ou hien si ces spores, arrivées à la hase des cheveux, peuvent se développer sur quelque individu que ce soit, sous la seule influence de la présence des épithéliums, des squames et de la température du corps. IV. Ce champignon se développe et se multiplie avec une très grande rapidité. Il suffit qu'un point de la peau soit atteint pour qu'en peu de jours une plaque de 3 à h centimètres soit cou- verte du parasite. La reproduction a lieu par segmentation des extrémités des tuhes ou filaments. V. Le Microsporon Audouini, Gr., commence son développe- ment à la surface des cheveux, à 1 ou 2 millimètres del'épiderme. On voit alors qu'il exerce l'action suivante sur les cheveux : La substance de ceux-ci devient moins transparente dans une épaisseur de 0ni'n,030 à 0mm,0/i0, et très finement granuleuse. Le Microsporon, en s'étalant sur le poil, et de Là, par con- tact immédiat, sur plusieurs autres, les altère peu à peu, jusqu'à ce qu'ils se brisent. Devenus grisâtres à l'endroit où ils sortent de la peau, les cheveux se rompent au niveau du point où adhère la gaîne cryptogamique huit jours environ après son apparition, et c'est ainsi que se produit l'alopécie. La portion de cheveu couverte par le Champignon devient opaque et ru- gueuse , friable et cassante, et les parties du cuir chevelu dont les poils se sont rompus restent d'un gris blanchâtre, à cause du Cryptogame qui couvre ces surfaces. L'épithélium qui ta- pisse les poils perd son adhérence et tombe peu à peu. Les cheveux les plus épais résistent le plus longtemps , et à mesure qu'ils sortent de leurs follicules, ils sont attaqués par ces plantes parasites. Autour d'eux s'accumulent des masses du Cryptogame qui forment des amas de un quart à un demi- millimètre de diamètre. Ce sont ces élévations qu'on a consi- 31ICR0SP0U0N ALD011M. 429 dérées connue pustules, vésicules ou sécrétion tles glandes sé- bacées (Gruby). Il n'y a ni inflammation du derme, ni hypertrophie de l'épi- derme, ni vésicules, ni pustules (Gruby). Ainsi la cause de l'affection connue sous le nom de Porrigo dccalvans est le développement d'un végétal particulier autour des cheveux, près de l'épiderme. C'est la présence de ce végétal qui, soit en empruntant à la substance des poils les matériaux nécessaires à son développement, soit en gênant leur nutrition, détermine la friabilité, puis la rupture des che- veux. C'est lui qui , ensuite , mélangé à une certaine quantité de cellules épithéliales, constitue les plaques ou croûtes d'un gris blanchâtre qui recouvrent les parties du cuir chevelu dont les poils se sont brisés. Ce n'est donc pas sans raison que M. Gruby a nommé Maladies parasitiques végétales ou phyto-parasitiques, cette affection , ainsi que celle déterminée par le végétal pré- cédent, et qu'il appelle Phyto-alopécie , le Porrigo decalvans, en particulier, qui apour cause la présence et le développement du Microsporon Audouini. Il n'est pas étonnant que cette affection soit transmissible d'un individu à un autre, puisqu'il suffit pour cela qu'il y ait transport du végétal (ce dont 'rend facilement compte le petit volume des spores), et que celles-ci arrivent dans le milieu con- venable à leur germination. Le prétendu principe éminemment contagieux de l'herpès tonsurantdontles dermatologues spécia- listes se plaisent à reconnaître la nature vitale n'est autre chose ({Lie le Microsporon que je viens de décrire. VI. Historique. — Ce végétal n'a été étudié que par M. Gruby, qui l'a d'abord appelé Microsporum Audouini (loc. cit., I8Z10), puis Microsporon Audouini (loc. cit., 1846). J'ai pu vérifier sur un cas offert par un en- fant l'exactitude d'une partie des faits publiés par cet auteur et reproduits dans ce travail. L'existence du Microsporon Audouini a été niée gratuite- ment par AI. Cazenave ; pour juger de la valeur des assertions de ce derma- /|3(> VÉGÉTAUX l'AllASIlIvS. — ■ CHAMPIGNONS. lologuOj avancées sans aucune observa lion de sa pari, il suffira de dire qu'il esl encore de ceux qui attribuent les faits décrits précédemment aux illusions du microscope. Une faut par conséquent pas être étonné de voir qu'il pense que, « ce qui est hors dé doute, bien qu'inexpliqué, c'est le principe conta- gieux de l'herpès tonsurant (1). » Rien ne sera jamais expliqué pour ceux qui nient, sans observation, les faits élémentaires qui sont la condition d'existence des phénomènes qui frappent le plus immédiatement nos yeux. On doit à M. Bazin (2) les documents suivants sur l'influence de ce végétal. La teigne décalvanle, dit-il, est caractérisée par une altération spéciale des poils avec alopécie rapide, sans squames, sans croûtes, sans décoloration des parties malades. Ce dernier fait la distingue de la variété précédente, dans laquelle il y a destruction du pigment cutané. La teigne décalvanle débute, en général, par le cuir chevelu ; elle peut ensuite gagner les sourcils, les cils, les favoris , les moustaches et successi- vement les poils des diverses parties du corps (Bazin). Les poils au moment de leur chute ont le plus souvent déjà perdu de leur coloration. L'alopécie commence par un point ou par plusieurs points à la fois. Les surfaces dégarnies de cheveux, petites d'abord, s'agrandissent rapide- niciildejourenjour; elles sont découpées, anfractueuses, bien plus irrégulières dans cette forme que dans la teigne achromateuse. La peau sur les parties malades n'est point frappée d'une décoloration générale comme dans \&viti- ligo. Cette décoloration est toujours partielle et moins prononcée que dans la teigne précédente, et même, sur certains points des surfaces dégarnies, on trouve la peau saine et sans aucun changement de couleur. Lorsqu'on exa- mine les parties à la loupe, on n'aperçoit sur les orifices béants des folli- cules pilifères aucun vestige de poil. Il n'y a ni tuméfaction, ni rougeur, ni squames. Le malade éprouve parfois d'assez vives démangeaisons (Bazin). La teigne achromateuse est caractérisée par une décoloration des poils, accompagnée de la décoloration des parties sur lesquelles ils sont implantés. La teigne achromateuse est primitive ou consécutive au vitiligo simple. .M. Bazin conseille les lotions au sublimé et au sulfate de cuivre après l'épi- lalion, mais sans avoir du reste encore expérimenté. Espèce 43. — MICROSPORON MENTJGROPHYTES , Cli. R. I. Synonymie. — Cryptogames de la menlagreel Menlagrophy te, Gruby. Sur une espèce de mentagie contagieuse résultant du développement d'un nouveau Crypto- (1) Cazenave, Traité des maladies du cuir chevelu. Paris, 1850, in-8, p. 197. (2) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des teignes. Paris, 1853, in-8, p. 40. ÎUCKOSPOPiON MENTAGKOPHYTES. A31 gamc dans la racine des poils de la barbe de l'homme. {Comptes vendus des séances de ÏAcad. des sciences de Paris, 1842, in-4, t. XV, p. 512.) Champignon de la mentagre (Ch. R., Loc. cit., 18/i7, gr. in-8, p. 29). Spores partout en quantité innombrable ; adhérentes d'une part à la surface interne de la gaine du poil , d'autre part au poil ; elles sont tellement fixées à la gaine qu'on ne peut les en séparer sans la détacher. Rondes et très petites. Filaments ou tiges granulées à l'intérieur, et se bifurquant sous des angles de àO" à 80 \ rameaux striés. Hab. Le follicule pileux de la partie barbue de la face, et en particulier le menton (mentagre), la lèvre supérieure et les joues, Le M icros-poron mentagrophy te diffère duMierosporon d'Au- douin par des spores plus volumineuses, et des filaments et rami- fications plus grands. Il en diffère aussi par le siège. ïl est, eu effet, situé dans la profondeur du follicule pileux jusqu'à la racine du poil , entre lui et la paroi du follicule , et non pas dans l'épaisseur même de la substance de la portion de poil placée dans le follicule, comme le Trichophyton tonsuranl; ni autour de la partie aérienne du cheveu, près du derme, comme l'est constamment le Microspore d'Audouin. II, III, IV. D'après M. Gruby dans la mentagre, toute la partie des poils qui est plongée clans le derme est entourée d'un Cryp- togame qui forme une couche entre la paroi du follicule et le poil, de sorte que celui-ci est enveloppé d'une gaine végétale. Cette gaine ne dépasse jamais la surface de la peau. Les spores naissent dans la matrice du poil , et s'étendent peu à peu en remontant jusqu'à son orifice. Toutes les parties des poils qui sont envahies par le végétal se couvrent d'écaillés blanches, grises et jaunâtres. Ces écailles ont de 2 à 6 millimètres de largeur sur 3 à 8 millimètres de lon- gueur. Elles sont un peu convexes vers le milieu. Leurs bords sont anguleux, un peu déprimés, et traversés de toutes parts par des poils. Elles ne sont que légèrement attachées à la peau &S2 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. sous-jacente, et adhèrent fortement aux poils. Les écailles ne sont composées que d'épidémie. L'examen du poil l'ait à l'aide du microscope démontre que toute sa partie intra-folliculaire est entourée 'par les spores et les filaments du végétal, for- mant une couche entre la paroi du follicule et le poil lui- même; de telle sorte que le poil , sans sa partie adhérente au hulhe , est enfoncé comme un doigtdans un gant au centre d'une gaine composée exclusivement par les éléments du végétal. Le Cryptogame ne remonte jamais plus haut que la surface de l'épidémie cutané. Il commence à croître dans le follicule entre les cellules épithéliales qui le tapissent, et il se déve- loppe en remontant le long du poil pour entourer la partie du poil engagée dans la peau. Les cellules épithéliales, don- nant une gaine au poil, conservent leur transparence et leurs formes normales ; elles sont seulement moins adhérentes entre elles, plus facilement séparables que dans l'état physio- logique. On ne trouve aucun produit morbide d'origine animale autre que les cellules d'épi thélium des croûtes. Pas de globules de pus. V. Action du végétal sur les poils. — Ce végétal a été décou- vert par M. Gruby, qui l'a décrit (loc, cit. 1842) ; il l'a appelé Cryptogame de la mentagre, et Mentagrophyte. Il a, depuis, donné le nom de Mentagrophyte à la maladie connue sous le nom de Mentagre (1). D'après M. Bazin (2) la teigne mentagre est une affection du système pileux , ayant ordinai- rement pour siège les lèvres , le menton , les régions sus et sous-maxillaires, les parties latérales de la face, mais pouvant aussi attaquer le cuir chevelu, caractérisée par un état inflam- matoire des bulhes pileux dû à la présence d'un Cryptogame parasite (Bazin). La teigne mentagre est primitive ou consécutive à la men- ti) Gbuby, loc. cil. {Comptes rendus des séances de VAcad. des sciences de Paris, 1844, t. XVI11, p. 585). (2) Bazin, loc. cit., Paris, 1853, in-8, p. 41-43). MïCROSPORON MENTAGROPHYTES. 433 tagre simple, à l'eczéma ou à l'impétigo des lèvres et des ouver- tures nasales. Nul doute que dans la mentagre dermo-phytique, il n'y ait, au début, altération primitive dans les qualités physiques des poils. Si cette altération n'a frappé les observateurs qu'aune époque avancée de la mentagre, c'est que leur attention n'était point appelée sur ces phénomènes particuliers de l'origine de la maladie. (Bazin.) Quoi qu'il en soit, l'éruption mentagreuse à son début est discrète ou confluente. Le plus souvent quelques pustules iso- lées se manifestent çà et là dans les moustaches ou la barbe ; elles crèvent, le pus s'en échappe, et pour quelque temps le mal paraît guéri ; il n'en est rien. L'éruption pustuleuse se rapproche et finit par se montrer en groupe, quoique attaquant isolément chaque poil. La poussée éruptive de la mentagre est précédée de cuis- son, et même de douleur et de tension dans la partie affectée. La peau rougit et se tuméfie , puis les pustules apparaissent à l'insertion des poils ; elles sont petites , acuminées , blanchâ- tres ou légèrement jaunâtres. Au bout de quelques jours plu- sieurs pustules crèvent ; quelques unes peuvent être déchi- rées par les ongles. Sur d'autres , le pus ne s'échappe pas à l'extérieur ; il se concrète et se dessèche dans l'intérieur de la pustule elle-même. De petites croûtes jaunâtres , le plus sou- vent isolées , couvrent alors les saillies folliculaires. D'autres fois il se forme une croûte unique, très adhérente qui, avec le temps, devient brunâtre ou noirâtre. (Bazin.) Parfois il arrive que l'état inflammatoire du follicule ne s'élève pas jusqu'à la suppuration. La mentagre est alors ca- ractérisée par de petites saillies indurées , rougeâtres ou bru- nâtres à la base des poils , plutôt papuleuses que pustuleuses , et recouvertes de légères squames épidermiques. L'inflammation se propage aux diverses couches de la peau, et gagne les aréoles adipeuses du derme. C'est alors qu'on voit 28 A3A VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. survenir la tuméfaction des parties atteintes et les saillies ar- rondies, variables, du volume d'un gros pois à celui d'une cerise, désignées sous le nom de tubercules. Ces lésions s'observent surtout sur les lèvres et au menton. Bornée d'abord à un point de la lèvre supérieure, la menta- gre peut se propager rapidement à toute l'étendue de cotte lèvre. D'autres fois elle reste bornée et circonscrite à la gout- tière sous-nasale. (Bazin.) Sous l'influence des émollients et des résolutifs, l'irritation mentagreuse diminue, tombe, l'éruption disparaît pour un temps, mais bientôt elle revient et plus vive et plus étendue. Quand la mentagre dure depuis longtemps , quand elle est passée à l'état chronique , il s'y joint un état fongueux des follicules qui saignent à la moindre pression, une suppuration sanieuse, une altération profonde des poils qui deviennent jaunes, cendrés, blanchâtres, sont atrophiés et tombent d'eux- mêmes. Les parties malades exhalent une odeur fétide. Cet état peut se prolonger pendant des mois et des années avec des alternatives d'amélioration et d'aggravation. La mentagre , comme toutes les teignes , peut être suivie d'une alopécie permanente. (Bazin.) Dans toutes les mentagres, et notamment dans les menta- gres pustuleuses qui datent déjà d'un certain temps, l'épilation est nécessaire : on doit la pratiquer immédiatement sans pré- paration aucune. Cette épilation se fait à l'aide de pinces. Si la mentagre est partielle , si elle n'occupe qu'une partie des moustaches ou de la barbe , on peut épiler tous les poils ma- lades en une seule séance. Dans le cas-contraire, lorsque le mal attaque tous les poils de la figure , les moustaches , la barbe, les favoris, et même quelques points du cuir chevelu, on con- sacre plusieurs séances à cette petite opération, que le malade peut d'ailleurs parfaitement bien pratiquer lui-même. (Bazin.) L'épilation des moustaches et de la barbe se fait , en géné- ral très facilement , et sans que les malades témoignent en MICR0SP0R0N MENTAGROPHYTES. 435 ressentir beaucoup de douleur. Cela, toutefois, dépend du degré de sensibilité propre à chaque individu. Si la mentagre est an- cienne, les bulbes des poils sont, en général, ébranlés; la cap- sule est, en quelque sorte, détachée de la papille et séparée de l'étui folliculaire; le poil vient de lui-même. Dans les menla- gres récentes l'opération est un peu plus douloureuse , ce qui se conçoit sans peine, quand on songe au nombre de fdamenls nerveux qui se distribuent dans les téguments de la face. L'avulsion des poils est quelquefois accompagnée de suinte- ment sanguin. Cette circonstance ne rend pas l'opération plus douloureuse ; elle tient uniquement à l'état fongueux des par- ties atteintes du sycosis. (Bazin.) Dès que les surfaces malades sont épilées, nous les imbibons, à l'aide d'un pinceau, d'une éponge ou d'une brosse fine, d'un solutum de sublimé. La solution employée pour la mentagre est, en général, celle dont on se sert pour le favus : elle ren- ferme 5 grammes de sublimé pour 500 grammes d'eau distil- lée. A cette dose le sublimé détermine assez souvent, aussi bien sur les lèvres que sur la tète , une éruption plus ou moins nombreuse de petites pustules que l'on ouvre le lendemain avec une épingle, et qui n'offrent, d'ailleurs, aucun inconvénient. Pour prévenir le ptyalisme, on peut se servir d'un solu- tum ne contenant que 1 ou 2 grammes de sublimé pour 500 grammes d'eau distillée , ou bien d'une dissolution de 1 gramme d'acétate de cuivre dans 500 grammes d'eau. L'épilation dans la mentagre est immédiatement suivie d'une amélioration vraiment surprenante. Les démangeaisons , la douleur cessent, la tension de la lèvre disparaît, la souplesse remplace l'induration , l'éruption pustuleuse n'a plus lieu. La durée du traitement se réduit au temps de l'épilation. Une seule application du liquide parasilicide suffit, et le malade n'a besoin ni de traitement interne, ni de bain , ni de pom- made , de sorte qu'il est à peu près inutile de l'admettre à l'hôpital pour un traitement aussi simple. Si la mentagre est /|3(5 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. fort étendue, si elle occupe tous les poils de la figure, si elle a gagne le cuir chevelu, le malade pourra être admis à l'hôpital : il n'y fera pas un long séjour; en huit ou dix jours il sera complètement débarrassé, et sortira parfaitement guéri. L'épilation seule peut amener la guérison de certaines men- tagres dans lesquelles il existe peu ou il n'existe point de Cryptogames ; il est toujours plus sûr de recourir, après l'épila- tion , à la lotion parasiticide. A la suite de ce traitement , les poils repoussent parfaitement bien , et souvent plus beaux qu'avant l'épilation. Il peut y avoir récidive ; mais elle est tou- jours partielle, elle malade sait comment il faut faire pour se débarrasser promptement de sa maladie. L'isolement des poils, la nature du Champignon de la mentagre, expliquent pour- quoi on guérit plus vite, et par une seule lotion, le sycosis phyto-dermique , tandis que le traitement du fayus est plus compliqué. (Bazin.) Espèce 44.— MICROSPORON FURFUR, Ch. n. I. Synonymie. — Fungus seu Epiphyluspityriasis (iri-upov, furfur) versicoloris. (Th. Sluytei', De vegetabilibus organismi animalis parasitis, ne de novo Epipkylo in pilyriasi versicolore obvio. Dissertatio inauguralis, Berolini, 27 novembre 1847, page 25, lig. II et III.) « Trichomata (fila) in squamis epithelialibus sita, nunquam etiam earum marginem excedentia, multipliciter torta et inter se nexa, ut raro finis fili cujusdam certo cognosci queat ; sim- plicibus, parallelis lineis terminata, nunquam aut articula ta aut in margine vincta, nec contenti quid in eo apparet; passim in ramulos divisa. Sporidia rotunda binis adumbranlur lineis con- centricis,quarum interior spatiumlucidumcircumdat; inacer- vulis agminata. » Hab. In eu te hominis segroti. » Ab aliis speciebus generis differt a longitudine trichoma- torum ac ramulorum et forma sporidiorum semper rotunda. » II. Le végétal est formé partie de cellules allongées etrami-- MICROSPORON l'URFLU. A37 fiées {fila, filamenla, trichomata), partie de spores réunies en groupes ou amas ayant seulement quelques centièmes de mil- limètre de diamètre. Les spores réfractent fortement la lumière, et, comme les corps qui sont dans ce cas, elles paraissent limi- tées par deux lignes concentriques, séparées par un mince espace clair, plus foncé pourtant que le centre brillant de la spore. L'aspect de ce pourtour bilinéaire varie du reste sui- vant que les spores sont placées au foyer de l'objectif ou non. Lorsque dans les croûtes ou écailles de la peau malade on ne peut apercevoir tout de suite les spores et filaments, on peut ajouter de l'ammoniaque caustique qui attaque les cellules d'épitbélium sans modifier le végétal. III. Milieu. — Le siège de ce végétal est particulièrement la peau de la poitrine et du ventre. Il peut cependant se développer sur celle des extrémités. On ne le trouve jamais sur les parties laissées à nu par les vêtements, telles que la face et les mains. D'après Sluyter, les lotions locales avec une dissolution de foie de soufre ou de sublimé corrosif sont les moyens qui en empê- chent le mieux l'accroissement. IV. Le développement du végétal est assez rapide; le mode de naissance des spores n'a pas été noté. V. Action du végétal sur l'homme. — Son apparition sur la peau de l'homme y détermine la formation de taches plus ou moins jaunâtres, ou jaune brunâtre, de grandeurs très diverses ; leur surface est pulvérulente; elles sont constituées par le végétal et les cellules d'épithélium dont il amène la disjonc- tion; le tout caractérise l'affection dite pityriasis versicolor. A l'origine, ces traces sont petites, de la largeur d'un pois en- viron. Peu à peu elles augmentent de grandeur, plusieurs se réunissent les unes aux autres et deviennent confluentes. Elles peuvent alors prendre la largeur des deux mains et s'étendre sans interruption du thorax à l'abdomen. Les parties affectées se desquament incessamment. Les taches sont le siège d'un prurit plus ou moins vif, qui augmente par les travaux qui 438 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. activent la circulation et après l'usage des spiritueux. 11 n'y a pas d'éminence au niveau des taches. Sluyter a observé avec Eichstedt le cas d'un homme atteint de pityriasis, après avoir couché dans le même lit qu'un homme qui en était affecté et qui transmit le mal à son frère de la môme manière. Comme dans ce cas et beaucoup d'autres, ils ont trouvé toujours le végétal décrit plus haut formant les squames qui tombent des taches, ils ne doutent pas que le ■pityriasis versicolor ne soit causé par le développement de ce Cryptogame, qui s'accroît entre les cellules de l'épiderme, colore la peau de sa propre couleur, plus ou moins fauve, et détermine à la fois le prurit de la peau et la desquamation de son épidémie. Bien que nulle expérience directe, autre que les faits cités plus haut, n'ait montré à Sluyter et à Eichstedt que ce Champignon puisse être transporté d'un individu à un autre, sa présence constante dans le pityriasis versicolor porte avec raison ces auteurs à penser que c'est un véritable parasite végétal du corps humain. L'affection, d'après eux, est toute locale; seulement ils ne l'ont jamais vue apparaître avant la puberté, et c'est entre quatorze et seize ans qu'on la voit se manifester pour la première fois. VI. Ce végétal a été découvert, en I8/16, par Eichstedt (1). Rokilanskia noté cette découverte dans son Anatom ie pathologique (2). Iladepuisété décrit et figuré par Sluyter (loc, cit., novembre 1847), dont ce qui précède est extrait. Je n'ai pu vérifier moi-même ces faits; les dessins et la description montrent que ce végétal est voisin des autres espèces de Microsporon, bien qu'il en diffère par les particularités indiquées plus haut. Eichstedt (3), a constamment observé dans le pityriasis versicolor un Cbampignon formé de groupes de spores et de filaments placés entre des feuillets d'épilhélium qui alternaient avec eux, et quelques filaments avec (Il Eichstedt, Neue Nolizen der Naturkunde, von Froriep, 1846, jn-i, n" 853. (2) Rokitansei, Palhologisclie Anatomie, 1847, in-8, t. I, p. 470. (3) Eichstedt, Jahresbericht liber die Fortschritle in der Heilkunde, in Jahre 1846, von Constatt und Eisenmann, 1847, vol. III, p. 200. SP0REÏSD0NEMA MUSC.E. £39 des spores qui s'élevaient librement ù la surface. Ils sont plus minces que ceux du porrigo lupinosa et des aphthes. Les ramifications sont courtes, rares, à angles non articulés. Sluyter décrit le même végétal dans cette môme maladie (1), ainsi que Simon (2). Genre SPORENDONEMA, Desmazières. « Flocci cespitosi , pellucidi, continu! , intus sporidiis se- riatis annulati. Sporidia grumosa magna, globosa, demum libéra, late effusa. » Espèce M. — SPORENDONEMÀ MUSC A' , Fries (3). « Floccis simplicibus in cespitulos sublobatos albos conglu- tinatis. » Hab. In Muscis (Musca canina,L.) einortuis (Dahlbom), et viventibus (Follin et Laboulbène). » Habitas à Sp. sebi, Fries, admodum diversus ; nudo oculo sinit tubercula subgelatinosa, inœqualia, sœpelobata, alba, mi- nuta. Sub mieroscopio vero, Sp. sebi, Fries, structuram aperte monstrat. Flocci fertiles erecti, simplices, obtusi, pellucidi, intus sporidiis seriatis globosis referti; adsunt simul alii flocci stériles, longiores, flexuosi, multo graciliores. » M. Duméril a fait observer (h) que souvent, après les pluies d'automne, on trouve attachées contre les murs un grand nombre de mouches mortes, gonflées dans la région de l'abdo- men, dont le corps est couvert d'une poussière blanche très fine; en examinant à la loupe cette poussière et la matière qui remplit le ventre, il est facile de reconnaître que c'est une véritable moisissure , développée constamment de la même (1) Sluyter, De vegetabilibus organismi animalis parasitis. Berolini, 1847, p. 23. (2) Simon, Hautkranlteiten. Berlin, 1848, in-8, p. 311. (3) Fries, Systema mycologicum. Gryphiswaldœ, 1829, in-12, t. III, p. 43">. (4) Duméhil, Remarques sur un Cryptogame qui se développe quelquefois sur l'abdomen des Mouches, et paraît avoir des rapports avec celui qui produit la maladie des Vers à soie connue sous le nom (te Musca rdinc [Comptes rendus des séances de V Acad. des se. de Paris, 1836, t. II, p. 436). /|/|0 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. manière, et qui, peut-être, a été la cause de la mort de l'ani- mal, comme le Botrylis pour les Vers à soie, comme les Try- siphées font périr les plantes qu'elles attaquent. Suivant Berkeley il), il n'y a pas do doute que cette pro- duction, décrite par M. Duméril, qui se développe dans le corps des mouches, ne soit le Sporendonema Muscœ, Fries. « Nous avons observé, disent MM. Follin etLaboulbène (2), sur des Mouches encore vivantes, la formation d'une matière blanche qui se montre sur l'abdomen et amène la mort de l'Insecte. Goethe a cru à tort que cette production se développe seulement après la mort des Moucbes qui ont succombé en automne ; ce végétal, au contraire, est la cause de la mort de ces Insectes. » Goethe (3) décrit les faits cités plus haut par M. Duméril, et il note que c'est un jour après la mort de l'Insecte que la poussière blanche a été vue hors de l'animal, et quelquefois elle s'échappe avec assez de force sur les côtés ou la partie postérieure du corps pour être lancée à un demi-pouce autour de l'animal. Tribu des OIDIÉS, Léveillé. OlDIEI. Réceptacles simples ou rameux, floconneux. Spores termi- nales faisant suite aux rameaux, ou verticillées. « Receptacula simplicia, ramosa, floccosa. Sporidia termi- nalia, ramulis adheerentia vel verticillata. » Genre ACHORION, Link et Remak. « Orbiculare, flavum, coriaceum, cuti humanœ prœsertim. capitis insidens. (1) Berkeley, Transactions of the entomological Society of London, 1841, in-S, t. III (Journal ofproceedings, p. V). (2) Alex. Laboulbène et Follin, Note sur la matière pulvérulente qui re- couvre la surface du corps des Lixus et de quelques autres insectes {Annales de la Société entomologique, séance du 23 août 1848, 2B série, in-8, t. VI, p. 301). (3) Goethe, Œuvres d'hist. naturelle, trad. par Ch. Martins. Paris, 1837, in-8, p. 320. ÀCHORIOiN SCHOENLElISll. I\l\ï » Mycélium molle, pellucidum, floccosum, lloccis tenuis- simis, non articulatis, ramosissimis, in stromate granuloso plerumque affixis. Receptaculum floccis erassioribus e cellulis elongatis forma tum, subramosis, distincte articulatis, articulis insequalibus, irregularibus, in sporidio abeuntibus. Sporidia rotunda, ovalia vel irregularia, în uno vel pluribus lateribus germinantia. Oidioaffinis. » Remarques. — D'après la description qui précède, on voit que ce genre s'éloigne des Oïdium qui sont formés de fila- ments tubuleux libres à l'air et non enveloppés de toutes parts par une couche extérieure dense et lisse ; aussi le professeur Link a-t-il pensé qu'on devait en faire un genre distinct, dont la description donnée par Remak est reproduite ici, mais modifiée en plusieurs points. La diagnose de Remak est fausse quand il dit que le mycélium est articulé. D'autre part, il donne le nom de mycélium aux tubes formés de spores ; enfin, ce ne sont pas les tubes de mycélium (Rhizopodion de Remak) qui s'anastomosent, mais les chaînes ou filaments articulés en cha- pelets que constituent les spores disposées bout à bout. Espèce iS. — JCHORION SCHOENLEINII , Remak. I. Synonymie. — Oiclii spec, Mueller (Archives, 1842, page 201). Oïdium Sckœnleinii, Lebert (Physiol. pathoL, t. II, page 477, pi. 22, Paris, 1845). Ackorion Schœnleinii, Remak (Diagnost, und pathologiscke Untersuchungen. Berlin, 1845, in-8, page 193, fig. 5 el 6). Mycoderme de la teigne, Gruby (Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences de Paris, 1841, page 72). Porrigophyte et Cryptogame de la teigne faveuse, Gruby, loc. cit. (Comptes rendus des séances de L'Acad. des sciences de Paris, 1842, t. XV, page 513). Champignon de la leigne scrofuleuse, Vogel (Anatomie pathologique générale, Irad. par A.-J. L. Jourdan, Paris, 1847, page 391. Champignon de la (eigne faveuse (porrigo favosa el scutulata), Bazin (Recher- ches sur la nature et le traitement des leigiies, Paris, 1853, in-8, pages 16 et 49). Caractères du genre, pi. III, fig. 6, 7, 8, 9, 10 et 11. Hab. Surtout la peau de la tête de l'homme, et accidentelle- ment celle de toute autre partie du corps. Quant aux points /j/l2 VÉGÉTAUX PARASITES. ■ — CHAMPIGNONS. précis où se trouve le Champignon, ils sont au nombre de deux. Ce sont : 1° Le follicule pileux. Dans la profondeur du follicule pileux contre le poil, mais habituellement en dehors delà couche unique de cellules d'épiderme qui lui donnent l'aspeci réticulé en travers, se trouve adhérent le végétal, fait qui n'a pas encore été noté (1). Ce sont des spores seulement qu'on y rencontre ou des filaments qu'elles composent en s'articulant bout à bout (pi. XIII, fig. 1). Ces spores sont fortement adhérentes au poil et consti- tuent des plaques plus ou moins étendues à sa surface ou même qui l'entourent circulairement, de manière à lui former une gaîne complète. Tantôt les spores sont toutes contiguës, tantôt elles sont disposées en séries simples, doubles ou triples, qui communiquent l'une avec l'autre par des séries plus courtes et forment ainsi une plaque ou gaîne réticulée. Celle-ci est assez adhérente au poil pour qu'en l'arrachant elle y reste toujours fixée. Ce dernier est souvent décoloré au niveau des parties où les spores sont le plus abondantes. On trouve des spores jusqu'à la racine du poil, racine qui est souvent alors déformée, desséchée et fendillée ; dans les interstices des fibrilles existent des amas ou des séries de spores. On peut rencontrer des plaques de ces spores adhérentes à la partie libre extra-folliculaire du poil. Lorsque celui-ci, devenu cassant, s'est fendillé par suite d'inflexions, etc.. on observe des spores dans les interstices des parties fendues. La présence des spores dans le follicule est importante à noter, car elle rend compte de la ténacité avec laquelle le végétal se reproduit après qu'on a enlevé les amas qu'il forme et qu'on appelle favus ou favi. Non seulement ces sporules déterminent une altération du poil, mais le follicule pileux et son bulbe sont altérés, lors même que (1) C'est pendant l'impression de cette feuille et de la précédente qu'a paru le travail de M. Baziu dont j'ai extrait divers passages, et dans lequel le môme fait est décrit. AOHORiON SCHOENLEINII. M3 la couche de spores n'est pas continue et n'a en somme pour épaisseur que le diamètre des spores, c'est-à-dire 0mm,005. Quelquefois par places cette couche est formée de deux rangées, ainsi que j'en ai un exemple en ce moment sous les yeux. L'altération dont je parle consiste en un amincissement de la paroi du follicule et une atrophie de son hulbe. 2° On trouve le végétal dans des dépressions de la surface de la peau , réuni en amas, et formant ce qu'on appelle le godet ou favus. C'est seulement dans les favi ou dans leurs débris qu'on rencontre toutes les parties constituant anatomiquement le végétal, mycélium, réceptacles ou filaments sporophores et spores. Quant au favus constitué par une accumulation de ces parties de la plante, il est lui-même d'abord sous-épidermique, quand il s'est formé par suite de la germination et de la mul- tiplication des spores intra-folliculaires. Les amas de celles-ci qui distendent la partie supérieure du follicule déterminent l'amincissement du derme, et se réunissent avec ceux des poils voisins pendant que l'épiderme continue aies recouvrir. Plus tard , quand le favus est devenu volumineux, l'épiderme des- séché se desquame, et le favus lui-même est exposé à l'air libre. Siège des favi. Il se produit, d'autre part, des favi par germi- nation et développement du végétal ailleurs que dans les folli- cules pileux, comme le montrent les expériences de Remak citées plus bas, et les cas de favus observés sur la peau de l'épaule ou du gland, etc. Ceux-ci sont probablement toujours dépourvus d'épiderme du côté extérieur, à moins que, pendant qu'ils sont encore petits, les cellules épithéliales n'envahissent sa surface et ne le recouvrent. Ainsi le favus est un corps particulier, solide, en forme de godet ou de croûte, composé d'une accumulation des diverses parties du Champignon (mycélium, tubes sporophores et spores). Il n'existe pas encore en tant que favus, lorsque les spores du végétal sont encore seules, adhérentes à la surface intra-folli- culaire du poil sous forme de couches réticulées invisibles à l'œil /j/|/| VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. nu (pi, XIII, fig. 1), ou aux petites croûtes épidermiques , connue on en peut voir à la surface du cuir chevelu et de la peau avoisinante (pi. XIII, fig. 2). Il n'existe qu'à partir du moment que les spores, ayant germé, ont constitué des filaments de mycélium, puis, lorsqu'il est né des sporophores, et que les spores se sont multipliées au point que le tout forme une masse perceptible à l'œil nu. Lorsque les favi se produisent par développement des spores adhérentes à la partie intra-folliculaire du poil , c'est dans cette partie du canal pileux représentée par l'épiderme que traverse le cheveu, au niveau de la jonction des surfaces pa- pillaires du derme et de la portion de l'épiderme dite réseau de Malpighi que se rencontrent d'abord les plus petits amas du végétal ou favi. Ainsi, c'est vers le niveau de l'orifice dermique du follicule pileux que dans l'origine se trouve placé l'amas devenu visible à l'œil nu et appelé favus; c'est alors qu'il est recouvert par une couche épidermique très évidente. Mais ce n'est pas dans la cavité du follicule lui-même , qui serait ainsi très distendu, qu'est situé le favus; c'est immédiatement au-dessus de cet orifice qu'il est d'abord placé. Seulement de très bonne heure ce corps étranger solide déprime le derme autour du poil, l'amincit par compression ainsi que par résorption. Il déforme aussi Yorifice dermique du follicule. Lorsque plusieurs petits amas voisins se sont réunis en grossissant de manière à constituer un gros favus, plusieurs che- veux sont circonscrits , et l'amincissement du derme est plus marqué ; parmi les poils ainsi entourés, on en trouve plusieurs qui n'ont point de spores qui leur adhèrent à côté d'autres qui en ont plus ou moins. Mais au-dessous des favi se retrouvent les follicules sains lorsqu'ils ne renferment pas de spores, et un peu distendus et amincis lorsque le poil en est couvert (1). J'ai (1) Au point de vue de l'auatomie descriptive, en dehors de toute interpré- tation sur la nature de la teigne et le siège réel des favi, c'est avec raison que M. Letenneur, pour placer le siège du favus dans les glandes sébacées, avait invoqué cet argument négatif, que les follicules des poils au-dessous des godets ACH0RI0N SCHOENLEINII. M 5 observé que lorsque le derme est très déprimé par de gros/W/, les glandes pileuses sont devenues plus étroites, plus petites ; au lieu d'être pleines de gouttes d'huile brillantes , elles n'en renferment que fort peu, et le reste du contenu est granuleux, Le canal excréteur est filiforme, et probablement oblitéré, car on ne voit plus , dans son intérieur (comme si souvent on l'observe à l'état normal), une série de gouttes d'huile qui rend la cavité évidente. II. Description anatomique des favi.- — Un nombre considé- rable d'individus de ce Champignon microscopique se réunissent en petites masses ou corps particuliers, dont la forme est à peu près celle d'un petit hémisphère irrégulier, variant entre 1 et 15 millimètres de diamètre transversal, sur une épaisseur de 1 à h ou 5 millimètres, plane ou concave du côté libre, con- vexe du côté adhérent (pi. III, fig. 6, et pi. XIII,- fig. 3, c-d, a-b). Sa couleur est le jaune soufré pâle, quelquefois bruni un peu par des corps étrangers. Toute sa partie convexe est implantée dans la peau qu'elle déprime ; elle est lisse, quelquefois légèrement bosselée, ou se prolonge un peu sous la forme d'un petit pédicule ou ma- melon très court et mousse (Lebert). La face libre est la partie la plus large du favus ; elle se trouve de niveau avec la surface de la peau ou la dépasse un peu ; souvent elle est recouverte par des couches épidermiques et purulentes. Ce sont ces corps jaunes auxquels on a donné le nom de croûtes desséchées, mais ils ne ressemblent en rien à des croûtes. Tant que le favus est encore petit, il montre une dépression en forme de godet au centre ; celle-ci se comble quand il gros- faviques étaient parfaitement sains. Si le cheveu tombe, c'est plus tard par suite de quelques lésions du bulbe, résultat de celte compression. De plus, quand le follicule est oblitéré extérieurement, cette oblitération n'entraine pas fatalement la destruction des éléments nécessaires à la reproduction du cheveu, puisque l'on voit quelquefois le cheveu, sur des parties cicatricielles, ramper sous des lamelles épidermiques et ne pouvoir se faire jour au dehors, arrêté par cette membrane qui lui fait obstacle. /( 46 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. sit. Lorsque ces masses ou favi ont acquis un plus grand volume, on voit des lignes alternativement saillantes et dépri- mées, en nombre variable, irrégulièrement concentriques au- tour du centre du favus qui est ordinairement traversé par un ou plusieurs poils (pi. XIIT, fig. 3, a, c). La circonférence de la face libre adhère à l'épiderme cutané , et souvent est re- couverte par une matière desséchée qui forme de petites croûtes transparentes ou brunes ou grisâtres, étrangères au Cham- pignon, et dont il faut se débarrasser pour enlever le favus. Dans les parties pourvues de cheveux on en voit presque tou- jours un ou plusieurs qui traversent plus ou moins obliquement le favus. En détachant celui-ci on voit que le cheveu pénètre dans la peau, et que son bulbe est placé bien plus profondément (pi. XIII, fig. 3). Aussi est-ce bien à tort qu'on a dit que ces corps siégeaient dans la partie dermique du follicule même des poils ou dans les glandes sébacées. Lorsque le favus est enlevé , il reste à sa place une dépression lisse, rouge par suite de l'ir- ritation qu'a causée ce corps étranger. Mais la rougeur disparaît assez vite, et quelquefois en moins d'une heure la dépression est comblée, parce que le derme comprimé reprend son épaisseur normale (1). Structure des favi. — Le favus est dur, sec, cassant. Sa cassure est assez nette ; son intérieur est d'un blanc jaunâtre, plus pâle que la surface libre ; il est comme spongieux quand on l'examine à la loupe, quelquefois même il y a un petit creux au centre (Lebert). Vu avec une forte loupe, ce contenu paraît d'autant plus serré qu'on est plus près de la surface ; là même se voit une couche mince , dense , espèce d'enveloppe qui se confond insensiblement avec le contenu, et à laquelle est dû l'aspect lisse de toute la surface du favus. Couche extérieure. Stroma ou gangue amorphe. — Elle a environ l/6e de millimètre d'épaisseur; elle est formée d'une (1) Lebert, Physiologie pathologique. Paris, 1845, in-8, t. II, p. 477. ACH0R10N SCH0ENLEINII. khJ substance amorphe finement granuleuse (pi. III, fig. 7, a). Des cellules d'épidémie entraînées pendant l'avulsion du favus sont portées sous le microscope avec cette matière. Cette couche, qu'on ne peut pas appeler précisément une membrane, car on ne peut pas la détacher delà substance centrale sous forme d'enve- loppe, appartient en propre au favus; elle en est une partie con- stituante. Sa couleur, sa structure intime, sa densité, etc.; tout, en un mot, montre à quiconque a examiné avec soin les carac- tères des produits morbides de toute sorte, qu'elle n'est pas le résultat du dessèchement d'une exsudation albumineuse amor- phe, ni celui d'une formation exagérée d'épiderme, ni du des- sèchement de pus , ni du mélange de l'un et de l'autre. Cette couche n'a rien de la structure de ces produits, qui ont tous chacun leurs caractères propres. En effet, on ne rencontre là ni les cellules épidermiques qui composent les croûtes épithé- liales d'un gris demi-transparent, accompagnant un grand nombre de maladies cutanées, teigne (pi. XIII, fig. 2), herpès, pityriasis, etc., ni les corpuscules de pus et de sang plus ou moins déformés et mêlés aux cellules qu'on trouve dans les croûtes précédentes. Tous les Champignons (à fort peu d'exceptions près, voyez plus haut, p. 259) renferment essentiellement les trois parties suivantes : 1° mycélium, véritable système végétatif de la plante, accompagné ou non (surtout chez les Algues) d'une gangue amorphe granuleuse ; 2° réceptacle ou support des or- ganes de reproduction ; 3° ces organes eux-mêmes ou spores. Cette couche extérieure lisse des favi, et qui doit être tra- versée par les matériaux qui arrivent au mycélium afin de servir au développement de la plante, est lestroma ou gangue amorphe qui accompagne souvent le mycélium des Algues et des Champignons. Dans la première édition de ce travail , je n'avais fait que soupçonner la nature de cette matière que j'ai depuis reconnue. Elle est, comme tous ces stroma, formée de substance organisée, amorphe, homogène, finement granuleuse. Z|Z|8 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Du contenu des favus. — La face interne de cette couche se confond insensiblement avec la partie centrale , d'apparence spongieuse et friable. Celle-ci peut être réduite facilement en poussière d'un blanc jaunâtre. Portée sous le microscope, elle montre un mélange : 1° de tubes flexueux , ramifiés, non cloisonnés, vides ou contenant quelques rares granules molé- culaires (mycélium t pi. III, fig. 7, b, et fig. 8); 2° de tubes droits ou courbes sans être flexueux , quelquefois , mais rare- ment ramifiés , contenant des granules ou de petites cellules rondes , ou des cellules allongées placées bout à bout, de ma- nière à représenter des tubes cloisonnés, avec ou sans traces d'articulations étranglées (réceptacles ou tubes sporophores à divers états de développement, fig. 9, a, b) ; 3° enfin des spores de formes diverses, libres ou réunies en chapelet (fig. 10, a, M- Le mycélium est très abondant contre la face interne de la couche extérieure ; il est entraîné avec elle quand on l'étudié. La masse spongieuse, friable, du centre de chaque favus, est formée en grande partie par les spores et les tubes différents du mycélium déjà mentionnés (réceptacles ou tubes sporophores, fig. 9). On trouve cependant avec eux des tubes de mycé- lium , mais en petit nombre. Il y a un passage insensible entre tous ces éléments: tubes vides (mycélium) ; tubes avec petits corpuscules ronds ; tubes avec des corpuscules gros comme les plus petites spores; spores placées bout à bout, de manière à représenter un cylindre creux cloisonné, mais tendant à se sé- parer en autant de parties qu'il y a d'articles (tubes sporo- phores) , et spores libres. Bennett a donné une bonne figure de cette disposition. 1° Mycélium. Il est formé de tubes cylindriques, flexueux, Courbés, simples, ramifiés en fourche deux ou plusieurs fois, non cloisonnés ni articulés, ayant au plus 0,003 de diamètre, lequel est uniforme dans toute la longueur de ces tubes. Tantôt, et c'est le plus souvent, la cavité de ces tubes communique avec ACHORION SCHOENLEINIJ. hllQ celle des ramifications ; tantôt celles-ci paraissent simplement appliquées contre ce tube et séparées de la cavité par une cloi- son. Les bords des tubes sont simples, nets, foncés en couleur, et leur cavité transparente sans granulation à l'intérieur. Dans des préparations convenables, on voit souvent une extrémité du tube libre et flottante, et l'autre, adhérente, se confond avec la gangue granuleuse dont il a été question plus haut (pi. XII, fig. 7, c, et fig. 8). 2° Réceptacles ou Sporophores (tubes à spores des auteurs qui ont décrit ce végétal) . Des tubes analogues à ceux du mycélium, mais ordinaire- ment moins flexueux, sont vides dans une partie de leur étendue et dans le reste contiennent de petits granules ayant 0mm,001 à O™\002 (pi. III, fig. 9, 6). D'autres tubes non flexueux, non ramifiés, droits ou plus ou moins courbés en arc, contiennent des granulations semblables aux précédentes, mais plus rapprochées, sans se toucher tou- tefois. Elles sont plus serrées près des extrémités des tubes qu'au centre, et plus volumineuses; elles ont de0mm,00Zi àOmm,005 (fig. 9, 6). D'autres tubes, encore un peu plus larges que les derniers, sont pleins de spores plus grosses que les granules ci-dessus mentionnés (0nim,005), allongées et se touchant toutes de ma- nière à représenter un cylindre non ramifié, cloisonné d'espace en espace. Le tube enveloppant n'est pas toujours visible, mais il l'est quelquefois. Tous ces tubes varient de longueur entre 0mn,,05 et 0mm,20. Enfin on trouve des spores plus larges que les précédentes (0mm,005 à 0mm,007), et plus longues (0mm,007 à 0mm,011), articulées bout à bout avec resserrement au niveau des articulations, sans apparence de membrane enveloppante commune. On peut quelquefois partager cette chaîne en deux ou trois plus petites, par séparation des sporules ; ce fait montre sa tendance à se séparer en spores isolées, et porte à la faire considérer comme constituée par 29 A50 VÉGÉTAUX. l'AHASITKS. — CHAM1MGN0NS. des sporidies arrivées au dernier degré de leur développe- ment- 3° Spores. Elles oui en général une forme ronde ou ova!e; leurs bords sont nets, 1res marqués. Les plus petites ont 0mœ, 003 à0™», 004, les plus larges 0»'"', 005 à 0mra, 006; leur lon- gueur peut, pour les plus grosses, aller deOmm,007 à 0mm,010. Il en est de sphériques qui ont jusqu'à 0mm, 007. L'eau et l'acide acétique ne font éprouver aucun changement à ces corps. Leur intérieur est homogène, réfracte assez fortement la lumière. En examinant attentivement le centre des spores , on y aper- çoit comme une très fine poussière de granules moléculaires, doués d'un mouvement brownien très vif, qui n'a lieu qu'autant qu'on a ajouté de l'eau entre les verres du microscope. M. Lc- bert est le premier qui ait remarqué et décrit ce fait. Dans quelques unes des plus grosses spores rondes, on voit une petite granulation de 0mm,00l à 0mm,002, et dans quelques unes des plus allongées on en trouve une près de chaque extrémité (pi. III, fig. 9, a, b). Outre les formes précédentes de spores, M. Lebert en a in- diqué plusieurs autres moins fréquentes, dont j'ai également constaté l'existence. Il y en a d'ovoïdes, ou presque quadrila- tères et triangulaires à angles arrondis (fig. 10, c). D'autres sont renflées aux deux bouts et resserrées au centre. Quelques unes, allongées, présentent un renflement sur l'un des côtés. On trouve assez souvent des spores, sphériques et allongées, groupées ensemble bout à bout, formant un chapelet simple ou rarement bifurqué, composé de quatre à douze spores. Tantôt ce sont des spores de toute grandeur qui sont réunies ensemble, tantôt il n'y en a que d'une seule forme. Quelquefois les chaî- nes ramifiées sont anastomosées ensemble. Tout ce qui concerne l'aspect extérieur dufavus se voitfaci- lement à l'œil nu, et mieux avec une faible loupe. On peut ainsi déjà reconnaître que ces corps sont d'une nature toute spéciale. L'analyse du contenu nécessite l'emploi du microscope ACHORION SCHOEjNLEINII. A51 grossissant 5 à 600 fois. Ces faits sont si faciles à con- stater, quand ce sont réellement des favi qu'on a entre les mains, qu'il est inutile de chercher à réfuter longuement ceux qui s'appuient, pour les nier, sur les illusions causées parle mi- croscope. C'est en effet le seul argument qu'ils apportent, mais sans aucune description de cette illusion ou de ce qui la cause; en sorte que l'illusion paraît être tout entière de leur côté. Elle est due à ce que plusieurs ont observé les croûtes de la teigne et non les favi, ou peut-être n'ont pas mis à ces recherches le soin qu'elles exigent. MM. Rayer et Montagne m'ont fait voir des dessins, corres- pondants pour les moindres détails à ceux de MM. Lebertj Remak, Hannover, et aux miens. III. Siège des favi. — On les trouve plus particulière- ment sur le cuir chevelu, mais il peut s'en développer sur toutes les parties du corps, la face, les épaules, le conduit au- ditif, etc. J'en ai vu à la face antérieure de la jambe et même sur le pénis et le gland (Lebert). Ainsi, ce n'est donc pas nécessairement dans une région pileuse de la peau que se dé- veloppe ce Champignon, comme le croit M. Letenneur, etc. Dès leur origine, les favi sont enfoncés dans le derme qu'ils dépri- ment et amincissent ; leur surface adhère fortement, par contact immédiat, à celle de la dépression qu'ils déterminent. Ils sont plus fortement enchâssés dans le derme de la figure qu'à la tête (Rayer). Ces corps peuvent s'élargir au point de prendre un pouce de diamètre transversal (Cazen ave), et alors confluent ensemble de manière à former de larges plaques, etc.. Je possède une por- tion de cuir chevelu d'un enfant teigneux mort phthisique, sur lequel des favi ont au moins le diamètre précédent ; sur quelques uns d'entre eux la couche externe lisse est rompue vers le mi- lieu dufavus, et le contenu pulvérulent se détache facilement. Il est probable que ce fait a lieu tôt ou tard pour chaque fa vus, et que c'est ainsi que se disséminent les spores. 452 VÉGÉTAUX PARASITES. CHAMPIGNONS. Les faits énoncés plus haut montrent facilement que ces corps n'ont pas pour siège nécessaire V extrémité du conduit pilifère, mais qu'à mesure qu'ils gagnent en largeur, les dé- pressions du derme dans lesquelles ils sont enchâssés s'élar- gissent aussi, et qu'ils entourent peu à peu les cheveux voisins. Aussi on trouve souvent quatre ou cinq cheveux traversant un petit favus de 2 à 3 millimètres de diamètre. Il est inutile de discuter l'opinion de ceux qui les décrivent comme siégeant dans le tissu adipeux, ou les regardent comme les follicules sébacés hypertrophiés. Je ne répéterai pas ici, à propos des favi, ce que j'ai dit plus haut sur leur siège précis en parlant de l'habitat du vé- gétal lui-même. Les faits suivants, que je trouve dans le tra- vail récent de M. Bazin, répondent assez exactement à la description que j'ai donnée. Nous avons dit que le point où l'on trouvait le plus constam- ment de la matière faveuse était la partie inférieure du conduit épidermique du poil, au-dessous de l'orifice dermique du folli- cule que M. Bazin appelle terminaison de la membrane capsu- laire. interne. C'est très probablement en ce point que le Cham- pignon prend naissance, et c'est de là sans doute qu'il envoie ses irradiations dans l'intérieur du cheveu, et que, d'autre part, il se développe extérieurement sous l'épiderme. Le conduit épidermique adhère fortement au poil et met obstacle à la libre sortie du Champignon. C'est lui qui forme le point central, l'ombilic du godet. Le Champignon, s'accroissant sans cesse, se porte du côté de la peau, entre l'épiderme et le point de réunion de la membrane capsulaire moyenne avec le corps muqueux, c'est-à-dire entre les deux couches de l'enveloppe épidermique. (Bazin.) Dans le porrigo scutiforme ou le favus en groupes, le Cham- pignon se manifeste simultanément sur plusieurs capsules du même follicule. Les cupules faveuses commençantes se pres- sent mutuellement, se déforment, et de là la rupture de l'épi- ACHORION SCHOENLEINII. 453 derme qui les recouvre. Ce qui prouve que les choses se passent ainsi, c'est que le porrigo scutiforme devient porri go disséminé quand une première épilation, suivie de lotions parasiticides, n'a plus laissé, sur le cuir chevelu, que des poils follets isolés qui, au bout d'un mois, six semaines, se sont accrus en même temps que s'est développé le Champignon dont ils portaient le germe à la racine. (Bazin.) L'indépendance des poils et le peu de profondeur des bulbes expliquent pourquoi , sur les régions du corps autres que le cuir chevelu, on n'observe que du favus disséminé. (Bazin.) IV. Germination, développement et reproduction de l'Acho- rion. — Bemak a placé les spores sur du pus, des muscles, de la substance cérébrale, des solutions de sucre, du sérum, etc., sans rien obtenir. Sur une pomme elles ont germé ; au bout de vingt-quatre heures elles ont donné des prolongements ou tubercules transparents de deux, trois ou quatre côtés (pi. III, fig. 13) ; mais au sixième jour la surface de la pomme deve- nait brune et se couvrait de Penicillum glaucum. Enfin, ayant placé sur son bras un favus maintenu avec du taffetas d'Angleterre, après quelques jours le tout se détacha et tomba sans laisser de traces. Mais quatorze jours plus tard, il survint une démangeaison, puis un favus qui fut enlevé et se reproduisit plusieurs fois pendant quelques semaines (fig. 12, a, b). Cette formation successive de favus se termina par un de ces corps volumineux qui fut détaché par le pus produit au- tour de lui. Développement du favus. — Il a été observé par MM. Lebert et Bemak. Dans le voisinage des anciennes croûtes apparaît une petite élévation arrondie de l'épiderme, dans le milieu de laquelle on aperçoit, par transparence, un favus sous la forme d'un petit corps jaune. Si l'on enlève le feuillet épidermique qui recouvre ce corps (1), il sort quelquefois une gouttelette de pus, et au- (l) M. Bazin ne tient pas compte de ce fait signalé déjà dans la première édi- /|5/l VÉGÉTAUX. PARASITES. — CHAMPIGNONS. dessous existe un petit i'avus qui, dès son origine, présente une surface lisse, et se trouve enchâssé dans l'épaisseur de la peau. Souvent la gouttelette de pus manque et le Champignon existe seul sous la forme d'un point jaunâtre adhérent et solide. La mince couche épithéliale ou exsudative qui recouvrait le petit favus disparaît ou s'exfolie, alors le Champignon est libre à l'air, croît et envahit les surfaces voisines en entourant les cheveux qui sont placés près de lui, sans production de pus. Si, accidentellement, ce liquide se forme autour, il n'adhère pas au derme. S'il ne s'en développe pas, ce qui est la règle, il adhère fortement à la peau, et sa surface est sèche, nette- ment limitée et un peu recouverte par l'épiderme qu'il faut enlever pour le détacher. A mesure qu'on enlève les favi, on en voit d'autres se développer à côté ou à la place des pre- miers. Ce mode de développement fait facilement comprendre ce qu'il y ad'inexactdansl'interprétation suivante des faits énoncés plus haut, donnée par quelques pathologistes. « Le porrigo dé- bute par des pustules excessivement petites que l'on peut à peine apercevoir le premier jour; elles sont au niveau de la peau, dans l'épaisseur de laquelle elles sont évidemment enchâssées ; cependant on les distingue parfaitement avec un peu d'atten- lion. Elles présentent une couleur jaune remarquable comme safranée; elles sont toujours traversées par un cheveu, et cette circonstance est très importante, puisqu'elle peut jeter un grand jour sur la nature du siège de la maladie. Dès le début, ces pustules sont liquides, mats cet état dure peu; la matière qu'elle renferme se concrète bientôt, et de prime abord les croûtes offrent un caractère particulier qui doit devenir comme tion de cet ouvrage (p. 12); il parait avoir omis ce que j'ai dit quelques lignes plus haut sur leur siège à l'extrémité du conduit pilifère, car il pense être le pre- mier qui aurait constaté (p. 60) que le favus est d'abord sous-épidermique. Ce fait est décrit aussi par M. Lebert, et c'est à tort que M. Bazin lui reproche de n'en avoir pas parlé, se fondant sans doule sur une phrase d'un résumé qui prête en effet à celte interprétation (Lebert, Physiologie patholog., 1845, t. II, p. 486, au bas de la page). ACHOKION SCH0ENLEINI1. 455 pathognomonique de la maladie (il est certain qu'on ne con- naît rien d'analogue en fait de croûtes ou d'écaillés épider- raiques). Ce caractère est une dépression centrale, toujours appréciable à la loupe, souvent même à l'oeil nu. Cette dépres- sion augmente à mesure que la croûte se développe, et de- vient aussi de plus en plus prononcée en forme de godet. » (Cazenave.) Etats successifs des favi. — J'emprunte à M. Bazin l'excel- lente description qu'il donne de l'évolution des favi, et à laquelle il n'y a, je crois , rien à ajouter. Le favus présente dans son développement et sa marche trois formes que les auteurs ont décrites sous les noms de favus urcéolaire, scuti forme et squarreux . (Bazin.) L'évolution favique, en général, peut être partagée en trois périodes. — Dans la première, le cheveu seul est altéré; la peau sur laquelle le poil est implanté n'a subi aucune modifi- cation ; la démangeaison n'existe pas encore, ou elle est à peine sensible. — Dans la seconde période, l'altération du poi! est plus avancée; le Champignon favique apparaît extérieurement sous forme de concrétions jaunâtres , précédé ou non de con- gestion tégumentaire et d'une hypersécrétion d'épiderme ; il subit toutes les phases de son développement plus ou moins régulier. — Dans la troisième période, l'altération des cheveux est parvenue à son plus haut degré : les poils tombent d'eux- mêmes, des cicatrices succèdent à leur chute. Les parties moins malades sont couvertes de débris de croûtes qu'on ajustement comparées à certains lichens, à des fragments pulvérulents de plâtre ou de terre argileuse desséchée (Bazin). Cet ensemble des trois périodes du favus peut se présenter et se présente fort souvent sur la même tête. 1° Favus urcéolaire, disséminé, isolé, indépendant, porrigo favosa, tinea lupinosa, teigne alvéolaire, etc. — 11 peut se dé- velopper sur toutes les parties du corps couvertes de poils ; c'est le plus souvent au cuir chevelu qu'on l'observe. Il occupe /|fi(i VÉGÉTAUX PARASITES.— CHAMPIGNONS. quelquefois toute la surface du corps (favus général), primitif ou consécutif à d'autres aifections de la peau, et notamment à l'herpès circulé qui favorise son développement. Le favus urcéolaire a , comme les autres variétés , trois pé- riodes. Dans la première , qui dure un temps variable , la déman- geaison existe souvent, mais non toujours. Le cheveu est le plus ordinairement modifié dans ses caractères physiques : sa couleur change , son brillant disparaît , il prend un aspect terne qui contraste avec celui du cheveu resté sain ; enfin il se décolore. Si on l'arrache, on voit qu'il n'offre plus le même degré de résistance, et si on l'examine au microscope, il est facile de se convaincre qu'il a déjà subi , dans sa texture intime, des modifications profondes. Ainsi on trouve déjà les deux substances qui composent la tige confondues en partie, ou même en totalité. La couleur est sale, grisâtre ou brunâtre, semblable à celle de la rouille ou de la nielle. Des traces évidentes du Champignon se remarquent sur le bou- ton et le prolongement radiculaire du poil. (Bazin.) Dans la seconde période, les démangeaisons sont plus vives. Le Champignon apparaît à l'extérieur, mais son début n'a pas toujours lieu de la même manière. Quand on examine à l'œil nu le Champignon naissant, on l'aperçoit le plus souvent sous forme d'un point jaunâtre à peine perceptible, et cependant offrant déjà une dépression centrale traversée par un poil. Si l'on se sert de la loupe, on peut surprendre, en quelque sorte, vingt-quatre heures plus tôt le développement du Champignon. L'oeil, avec le secours de cet instrument , ne laisse rien échap- per des premiers signes extérieurs de l'évolution favique. Eh bien, voici ce que l'on constate : tantôt un petit soulèvement épidermique à l'endroit où le poil pénètre dans la peau ; tantôt un petit point jaune sous-épidermique et latéral, ou bien deux ou trois petites concrétions jaunâtres, isolées, séparées à la base du poil, et qui, le lendemain, n'en forment déjà plus qu'une ACH0R10N SCHOENLEIISII. A57 seule, creusée d'un enfoncement conique , et traversée à son centre par le poil. (Bazin). La croûte jaune s'accroît rapidement , son diamètre vertical augmente d'une demi-ligne à une ligne dans les vingt-quatre heures ; la dépression centrale devient chaque jour plus carac- térisée. Ce godet remarquable, que la plupart des auteurs com- parent aux alvéoles des gâteaux d'abeilles, à la dépression qu'offrent les semences des lupins, à de petits lichens jaunâtres qu'on voit pousser parfois sur des branches d'arbre , n'est pas toujours également régulier. Tantôt , en effet , la face interne de cette dépression est parfaitement lisse et unie comme celle de la cupule du gland de chêne , et d'autres fois elle est iné- gale, offre une série de reliefs circulaires concentriques dont le nombre indique en quelque sorte l'âge de la cupule favique, et qui, pour la disposition, ressemblent assez aux saillies circu- laires que présentent à l'extérieur les nids d'hirondelle. Ces dif- férentes couches, successivement superposées, et déplus en plus larges, du godet favique, ont, en général, une'couleur d'autant plus jaune safrané qu'elles sont plus récentes, et d'autant plus blanches qu'elles sont plus anciennes. La dernière de ces cou- ches, celle qui constitue le rebord de la cupule, soulève quelque- fois fortement l'épiderme , et dépasse de plusieurs millimètres le niveau de la peau environnante. Le godet favique peut ainsi acquérir sans se déformer une largeur de plus de 2 centi- mètres ; mais le plus souvent, avant qu'il ait atteint ces dimensions, le Champignon fait irruption au dehors en brisant l'enveloppe épidermique, presque toujours à quelques millimè- tres au-dessus du point où la croûte est traversée par le poil ; il fait hernie à travers cette ouverture , et n'offre plus de forme régulière dans son accroissement. (Bazin.) Complications. — Quand les godets faviques sont isolés, les choses se passent comme nous venons de l'indiquer ; mais s'ils sont rapprochés, ils se rencontrent bientôt par suite de leur développement excentrique , et la rencontre a généralement A58 VÉGÉTAUX PAltASITKS. CHAMPIGNONS. pour effet d'ouvrir un passage libre au Champignon dans un endroit autre que le lieu d'éleetion. Il arrive encore très souvent que le malade porte les ongles sur les godets et déchire l'enveloppe épidermique , tantôt sur un point, tantôt sur un autre. Cette action de gratter a pour eflfët, la plupart du temps, de donner lieu à un suintement de quelques gouttelettes de sang qui se dessèchent sur la croûte laveuse. Elle augmente l'irritation du cuir chevelu, occasionnée déjà par la présence du corps étranger : c'est alors que de véritables pustules et des croûtes impétigineuses peuvent venir compliquer l'éruption favique. (Bazin.) Quand les alvéoles crustacés du favus ont été détachés , soit par les ongles du malade, soit par les cataplasmes ou parle médecin lui même, qui peut facilement les énucléer en rompant Tépiderme sur le rebord marginal , et soulevant la croûte au moyen d'une spatule, on trouve les surfaces sous-jacentes dé- primées, rouges, suintantes, couvertes d'une membrane épi- théliale fort mince, au travers de laquelle on aperçoit souvent les vaisseaux et les fibres du derme. Sur cet enfoncement du cuir chevelu produit par la pression du corps étranger, entre les deux couches de Tépiderme , on ne voit sourdre qu'une lymphe transparente, et jamais de sang lorsqu'on a détaché la croûte avec précaution, sans léser les parties sous-ja- centes. Etat du cuir chevelu. — Après l'enlèvement du Champignon, la partie déprimée se sèche ou se recouvre d'une mince écaille grisâtre , et au bout de quelques jours elle est tout à fait re- venue de niveau avec la peau environnante. L'éruption favique envahit de jour en jour le cuir chevelu. Ses progrès sont quel- quefois rapides et d'autres fois très lents; ce qui dépend, sans doute, du plus ou moins de soins que reçoit le teigneux et de certaines conditions particulières du cuir chevelu qui favorisent la contagion. Après un temps qui varie de quelques mois à plusieurs années, temps pendant lequel l'éruption favique exté- ACH0R10N SCHOENLEINH. 459 rieure a été plusieurs fois balayée, et s'est plusieurs fois re- produite, le teigneux atteint la troisième période dans laquelle se montre l'alopécie. (Bazin.) Malgré l'application des émollients , malgré l'emploi des bains, la tête du teigneux, débarrassée de toutes ses croûtes, conserve toujours une rougeur congestive qui augmente par la pression sur le cuir chevelu, par les efforts que fait le malade, par le renversement de la tète , etc. Cette rougeur, accompa- gnée de la persistance des démangeaisons . et souvent d'un sentiment de tension douloureuse , annonce la persistance de la maladie et la présence, au sein des follicules pileux, d'un corps étranger qui entretient l'irritation : elle ne disparaît que sur les parties chauves et sur les cicatrices qui succèdent à la chute des cheveux. (Bazin.) Cependant le poil s'altère chaque jour davantage. Les che- veux se décolorent de plus en plus , s'atrophient , deviennent inégaux en diamètre dans les divers points de leur étendue ; ils sont gris-souris ou cendrés, quelquefois lanugineux avec un aspect terne et mort; bientôt ils tombent d'eux-mêmes. Le peigne les enlève avec leurs bulbes, ou ils se séparent de leur racine en se cassant au niveau de la peau. Les parties chauves que présente la tète du teigneux sont de véritables cicatrices. Ce sont des places blanches où les bulbes pileux et tout le pigmentum ont été absorbés par le Champignon favique. On y voit quelquefois , ainsi que l'a fait remarquer M . Cazenave, des débris de cheveux qui rampent et semblent emprisonnés sous l'épiderme. L'alopécie débute dans la teigne, comme dans la plupart des affections du cuir chevelu, par la partie antérieure et les parties latérales de la tête. La région occipitale est celle qui résiste le plus longtemps à la contagion. Dans cette période le Champignon est vivace. Les croûtes se multiplient et se succèdent avec rapidité. Çà et là, sur la tête, On retrouve quelques godets caractéristiques : mais presque /|60 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. partout ce sont de larges croûtes saillantes, inégales, formées d'une matière qui ne peut être mieux comparée qu'à de la fiente desséchée d'oiseaux ou de chiens nourris avec des œufs. Cette matière a une odeur fade, repoussante, qui rappelle assez celle des matières animales en macération. (Bazin.) C'est ordinairement à cette époque que le favus gagne les autres régions du corps, soit que l'herpès circiné y favorise son développement, soit que le malade, en se grattant, s'inocule lui- même la maladie. Toutefois le favus alvéolaire peut se montrer de prime ahord sur toutes les régions, et notamment aux bras , aux coudes , aux parties sexuelles. Il offre partout les mêmes caractères. 2° Favus scuti forme, nummulaire, porrigo scululata, favus en cercles, en groupes, en anneaux, etc. — Primitif ou con- sécutif à l'eczéma, à l'impétigo ou au lichen chronique, ce favus n'existe qu'au cuir chevelu et n'attaque en général que des chevelures épaisses. L'indépendance des poils dans les autres régions explique facilement pourquoi nous ne l'y avons jamais rencontré. (Bazin.) L'altération primitive des poils est aussi facile à constater dans cette forme que dans la précédente : toutefois elle y est moins profonde. La seconde période, celle de l'évolution favique extérieure, diffère notablement de la période correspondante du porrigo favosa. La teigne scutiforme apparaît au début sous l'aspect d'une ou de plusieurs petites plaques arrondies, de dimension va- riable depuis l'étendue d'une pièce de 50 centimes jusqu'à celle d'une pièce de 5 francs. Sur ces plaques, le tégument crânien semble soulevé, tuméfié ; il est pi us ou moins rouge et sensible à la pression. La peau environnante paraît déprimée. Bientôt les poils qui recouvrent la plaque sont entourés à leur base d'une petite écaille épidermique, blanchâtre ou d'un blanc jaunâtre, qui, en se développant, forme une gain e à l'extrémité ACHORION SCH0ENLEIN1I. Ûôl adhérente des cheveux. Cette poussée épidermique dure quel- quefois assez longtemps, et le favus scutiforme, à cette période, pourrait être confondu avec le pityriasis du cuir chevelu, si la forme de l'affection morbide, si l'adhérence des squames, si l'aspect comme gommé des gaines épidermiques des poils, si la couleur de son des écailles, ordinairement plus prononcée que dans le pityriasis, ne servaient à l'en distinguer. Mais il est d'autres caractères qui, dans les cas douteux, ne doivent pas être négligés. Je veux parler des signes fournis par l'inspection microscopique. 11 semblerait, en quelque sorte, que de jour en jour cette production d'épiderme, par laquelle se manifeste tout d'abord, à l'extérieur, le porrigo scutulata, se transforme in- sensiblement en éléments du parasite végétal. Les cellules épi- dermiques deviennent de plus en plus étroites et losangiques, puis enfin ce sont des tubes de mycélium et des sporules que l'on aperçoit très longtemps avant que, sur la tête, on puisse distinguer à l'œil nu la couleur jaunâtre caractéristique de la matière faveuse. De l'accumulation de ces éléments cryptoga- miques résulte la couleur jaune propre au favus. Nous avons pu longtemps à l'avance, dans quelques cas douteux, diagnosti- quer le porrigo scutiforme à l'aide de ces caractères microsco- piques. (Bazin.) Nous avons vu durer six semaines cette hypersécrétion épidermique avant la manifestation des concrétions jaunes qui caractérisent si bien le favus. (Bazin.) L'altération des poils fait chaque jour de notables progrès, comme dans le porrigo favosa, mais leur chute arrive bien plus tardivement et seulement au bout de quelques années. Il est rare de n'avoir à observer qu'une seule plaque dans le porrigo scutulata; il y en a ordinairement plusieurs. Quelque- fois, mais rarement encore, on voit deux, trois ou quatre pla- ques isolées sur différentes régions de la tête. Le plus souvent les plaques surviennent ou simultanément, ou successivement, dans la même région ; elles se réunissent et ne forment plus 4(52 VÉGÉTAUX l'AUASITUS. — CHAMPIGNONS. qu'une largo surface qui occupa le tiers ou les deux tiers, ou même la totalité du cuir chevelu. Le plus souvent, il reste une petite couronne de cheveux intacts sur le front. La partie infé- rieure de la région occipitale et la nuque se trouvent aussi assez souvent préservées. Sur la circonférence des parties ma- lades on retrouve des arcs de cercle qui rappellent l'évolution primitive par plaques circulaires. (Bazin.) Des croûtes faveuses, plus ou moins irrégulières, fragmen- tées, bosselées, souvent relevées sur les bords, traversées de cheveux, imprégnées de sang desséché, exhalant une odeur fade, quelquefois infecte, sous lesquelles on trouve parfois des poux, couvrent toutes les parties atteintes. C'est dans Yimpetigo granulata, et non dans \efavus, qu'on rencontre généralement les fourmilières de poux. (Bazin.) Quand la teigne scutulée, arrivée à cette période, se montre sur les régions du corps autres que le cuir chevelu, elle y revêt toujours l'aspect du porrigo favosa. On peut aussi trouver réunies sur le cuir chevelu les deux formes que nous venons de décrire. La dépression qui succède à la guérison des plaques du por- rigo scutiforme est quelquefois remarquable. C'est surtout pendant la cure de cette variété de favus que l'on voit pousser des cheveux dont il semblait, au début du traitement, qu'il n'y eût aucune trace. Les follicules pileux, bouchés par la matière faveuse, livrent de nouveau passage aux poils, quand ils ont été débarrassés de cette matière. (Bazin.) 3° Favus squarreux, porrigo squarrosa. — La plupart des auteurs n'admettent pas cette forme; ils la confondent avec la précédente dont elle se distingue cependant par plusieurs caractères : l'évolution extérieure du Champignon ne se fait pas aussi régulièrement ; elle a lieu sur des surfaces plus ou moins allongées, inégales, irrégulières, sans délimitation nette- ment circonscrite. La matière favique fuse sur les cheveux, ACH01U0N SCHOENLEINH. /|63 leur l'orme des gaines qui se réunissent, adhèrent assez forte- ment les unes aux autres. Cette agglomération de. cheveux et de champignons faviques intermédiaires produit des saillies remarquables à la surface du cuir chevelu, sortes de monticules plus ou moins hérissés et de croûtes fragmentées, pulvérulentes, séparés par des sillons profonds. (Bazin.) V. Indication des phénomènes morbides déterminés par la pré- sence du favus. — Le développemen t des favi peut être compliqué de la présence de poux , d'une odeur sui generis, comparée à celle de l'urine de chat, d'excoriations douloureuses, et, par suite, d'engorgement des ganglions lymphatiques voisins. Quand les Champignons ont atteint un grand développement, ils laissent après eux des cicatrices; la peau a perdu sa souplesse et son épaisseur, et les cheveux n'y croissent plus , probable- ment parce que les bulbes ont été atrophiés par une compres- sion longtemps continuée. Il faut noter encore un prurit souvent incommode, quelque- fois intense , et tous les inconvénients de la malpropreté des individus chez lesquels survient cette affection. Les favi per- sistent très longtemps avant de disparaître; ils se reproduisent avec ténacité, et à la longue causent l'alopécie départies plus ou moins étendues ; ils rendent souffreteux et chétifs les en- fants qui en sont atteints de bonne heure: ce qui, joint à l'état de cachexie pendant lequel se développe habituellement le végétal, finit par jeter les malades dans un état d'hébétude particulier. C'est donc une affection qui ne laisse pas que d'être grave. Quand les favi existent depuis longtemps, ils se compli- quent de pityriasis, d'eczéma squameux, et il survient des pus- tules d'impétigo. Je renvoie pour l'étude de ces symptômes aux traités des maladies de la peau de MM. Rayer, Cazenave, etc. Structure des productions qui accompagnent constamment ou accidentellement les favi. — La poussière furfuracée du /j(5/| VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. pityriasis est composée de cellules épithéliales réunies eu la- melles ou couches desséchées. Quant aux squames d'eczéma et aux croûtes incolores , jaunes ou brunes, qui se développent autour des favi et en recouvrent quelquefois un certain nombre, de manière à empê- cher de les voir, il est facile de les distinguer au premier aspect des favi eux-mêmes. Quelquefois déjà, en enlevant les croû- tes, les favi les moins adhérents restent fixés à celles-ci sous forme d'un petit tubercule d'un jaune safrané , ou se voient à la surface de la peau dénudée. Celles qui sont transparentes, minces, sont entièrement com- posées de cellules épithéliales imbriquées, réunies parla dessic- cation des liquides exsudés , consécutivement à l'irritation ou excoriation de la peau. Celles qui sont jaunâtres doivent cette couleur aux éléments du pus, et quelquefois aux globules san- guins qui s'y trouvent mélangés et desséchés , mais ils sont faciles à reconnaître par l'action de l'eau et de l'acide acéti- tique ; les croûtes brunes ou d'un gris terreux doivent cette coloration aux globules de sang plus ou moins altérés, mêlés en plus grande quantité aux éléments précédents. Ce sang provient des excoriations que se font les malades en se grat- tant. Les pustules d'impétigo sont des lésions accidentelles qui, mal appréciées , ont pu être confondues avec les favi pro- prement dits. Il est facile de les distinguer. Elles sont sail- lantes et bombées, à centre jaune; tout autour la peau est rouge, enflammée. Elles ne peuvent pas être extraites en entier du derme ; mais la pression en fait sortir le pus qui , vu par transparence de la paroi extérieure de la pustule , lui donnait sa couleur jaunâtre ; on reconnaît les globules de pus dans ce liquide jaune. (Lebert.) Les anciens auteurs ont confondu aussi les favi avec les achores, c'est-à-dire de petites pustules jaunes et de petits ul- cères qu'on voit après avoir coupé les cheveux ; ils en en- ACHORION SCHOENLEINI1 . /|65 tourent la hase et paraissent déprimés au centre. Mais ils ne se laissent pas énucléer, et se dessèchent bientôt en formant des croûtes composées d'épiderme et de pus. (Lebert.) Altération des cheveux en particulier. — Les cheveux ne disparaissent qu'après une longue durée des favi et sur les parties où ils ont atteint un volume considérable, et se sont reproduits à plusieurs reprises. Mais ceux qui croissent parmi les favus sont presque toujours altérés, pâles, moins colorés, plus minces ; un certain nombre d'entre eux se divisent sui- vant la longueur, en fibrilles, comme les poils d'un pinceau. Ces fibrilles sont tantôt agglutinées ensemble, tantôt écartées. Souvent, en outre, des granules moléculaires, des cellules épi- théliales, et beaucoup de spores adhèrent aux cheveux. Sur les cheveux, dit M. Bazin, nous avons constaté des altérations diverses : tantôt la tige seule était malade ; tantôt, sur la tige, on trouvait çà et là des fragments de matière faveuse. Le poil avait un aspect terne; il avait perdu son brillant. Les deux substances corticale et médullaire étaient généralement confondues. Les fibres longitudinales paraissaient plus larges, plus grosses que dans l'état normal. Sur d'autres cheveux l'altération intra-folliculaire était des plus évidentes. Non seulement on retrouvait des sporules et des tubes de mycélium sur les membranes, maison voyait quelque- fois de la matière faveuse en masse, déposée entre le prolonge- ment radiculaire du poil et la tunique folliculaire interne. Cette matière faveuse constituait une espèce de cône dont la pointe se perdait entre la souche du poil et la face interne de la cap- sule, dont la base déchirée répondait à l'extrémité supérieure de la tunique folliculaire interne, et avait devant elle le canal épider mique du cheveu. En même temps la tige du poil offrait la même altération, mais plus prononcée encore que dans le cas précédent. Une troisième série de cheveux a présenté d'autres lésions : le follicule était absent , ou bien on en retrouvait à peine 30 Z|66 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. quelques lambeaux. Le bulbe du poil, la souche, Le prolon- gement radiculaire étaient parsemés de spores et de filaments tubuleux. Quelquefois on voyait encore des globules pigmen- taires à l'origine des fibres longitudinales, et d'autres fois ces éléments anatomiques avaient eomplétementdisparu. Les spores et les tubes se retrouvaient aussi au milieu de la tige elle-même (Bazin). Je n'ai jamais pu retrouver cette disposition de parasite. Enfin une quatrième série de cheveux a montré l'altération portée à son maximum d'intensité. Le poil alors semblait atro- phié, décoloré. Le follicule et une partie de la souche man- quaient. Sur les bords latéraux on apercevait des filaments tu- buleux qui semblaient sortir de l'épaisseur du cheveu. Dans ecl état les cheveux provenant de parties atteintes de favus avaient la plus grande ressemblance avec ceux de l'herpès tonsurant. (Bazin.) Résumé sur V altération des cheveux. — Il nous paraît résulter de ces recherches, dit M. Bazin, que : 1° L'altération des poils n'est pas le fait de la compression exercée sur la tige par l'incrustation faveuse au-dessus du bulbe, puisque les parties constituantes du bulbe lui-même sont altérées, et que, d'ailleurs, la lésion des cheveux n'est pas une simple atrophie, mais une perversion, une altération profonde de leur texture intime ; 2° Que les follicules pileux ne sont pas étrangers à la mala- die, puisque l'on rencontre dans leur intérieur et dans l'épais- seur des organes que renferment les cavités folliculaires le même produit morbide que l'on voit à l'extérieur ; S0 Que la partie du cheveu où l'on trouve le plus constam- ment de la matière faveuse est sa portion in fra-épi dermique , entre l'extrémité supérieure de la tunique folliculaire et la gaîne épidermique du poil. l[° Qu'à une époque avancée de l'évolution favique le bulbe du cheveu disparaît. Causes du développement du Champignon de la teigne. — Il ACH0R10N SCHOENLEINII. 467 a été observé à tout âge, mais surtout chez les enfants ; tous les auteurs modernes admettent actuellement que la constitu- tion scrofuleuse n'a aucune influence sur son apparition. Tous, au contraire, reconnaissent que la malpropreté, la misère, les privations, l'habitation des lieux malsains, favorisent son dé- veloppement. La description donnée plus haut montre suffisamment que la teigne se transmet d'un individu à l'autre par diverses causes, comme le contact direct ou autres causes inconnues. Les spores germant sur la peau y donnent lieu à la reproduction des favi. Il est hors de doute que sur le grand nombre de personnes en contact journalier avec des teigneux, il n'y en a que fort peu qui soient atteintes de cette affection. Ces faits portent à croire que la germination n'a lieu que chez les individus qui se trouvent dans les condi- tions énoncées plus haut (absence de soins hygiéniques, priva- tions, etc.). Quant à l'hérédité de la teigne, elle est admise par quelques uns, rejetée par d'autres, et révoquée en doute par la plupart des auteurs. Jusqu'à présent aucun d'eux n'a rapporté de fait concluant et exempt de reproches sur ce srjet. Il fau- drait, pour la faire admettre, qu'il fût d'abord bien constaté que les enfants nés de parents teigneux n'ont pas été en contact avec d'autres teigneux : or, les auteurs qui ont cru à l'hérédité n'ont pas tenu compte de ces faits. Moijens employés pour empêcher le développement du végétal, ou traitement de la teigne. — Une fois le végétal développé, il est très difficile de le faire disparaître; aussi a-t-on proposé une foule de procédés de destruction, la plupart inefficaces. Si l'on se contente d'enlever les favi, ils se reproduisent aussitôt à la même place ou sur les côtés. Je ne ferai qu'indiquer les moyens que les pathologistes modernes ont le plus générale- ment adoptés. En premier lieu, ce sont les soins de propreté les plus minutieux et des soins hygiéniques divers appropriés à l'état cachectique du malade. Il faut ensuite couper les cheveux, faire tomber les croûtes épidermiques au moyen de cataplasmes Z|(58 VÉGÉTAUX PARASITE». CHAMPIGNONS. et lotions; puis enlever un à un les favi qui portent des mil- liers de spores toujours prèles à se répandre .tu dehors et à germer. Il faut ensuite empêcher la reproduction des sporules, par des lotions et onctions au moyen de solutions et pommades renfermant des sels métalliques, tels que les acétates et sulfates de cuivre et de fer, acétate et oxyde de plomb, calomel, bi- chlorure de mercure, iodure de soufre, etc., et maintenir la tète couverte de toile cirée. En outre, il faudrait pouvoir isoler les malades nécessairement prédisposés' à des rechutes, et ne pas les laisser en contact avec des individus atteints de la même maladie, car ces derniers portent avec eux de véritables germes du mal et sont autant de foyers de contagion. Les soins de ce genre sont habituellement négligés ; c'est une des causes des fréquentes rechutes de la maladie avant sa guérison, qui n'a lieu qu'après un traitement très long et persévérant. J'emprunte encore à M. Bazin l'exposé du nouveau mode de traitement dont la médecine lui est redevable. On a déployé , dit-il , contre la teigne , en topiques et en moyens internes, toutes les ressources de la thérapeutique. Les spécifiques ont été d'autant plus multipliés qu'ils échouaient davantage. Le charbon, le vert-de-gris, l'oxyde de manganèse, l'iodure de soufre, le sulfure de chaux, etc., tour à tour mis en usage et employés comme topiques, n'ont pas eu plus de succès. On a bien cité quelques cas rares de guérison, mais cette guérison a-t-elle été bien constatée ? a-t-on attendu le temps nécessaire pour être certain qu'il n'y avait plus de récidive à craindre? (Bazin.) Les moyens internes, purgatifs et spécifiques, sont aujour- d'hui généralement abandonnés. On se borne à prescrire le régime plus ou moins fortifiant que commande la constitution du malade. De l'épilation. — Les méthodes épilatoires seules, dit M. Ba- zin, comptent des succès réels dans le traitement de la teigne. ACHOKION SCHOENLEINII. 4(59 C'est là un fait avoué aujourd'hui par la plupart des médecins, et un fait qui ne doit pas surprendre, si l'on se reporte à ce que nous avons dit de la nature de celte affection. Le traitement par la calotte est la méthode épilatoire la plus ancienne : il consistait à arracher les cheveux au moyen d'em- plâtres agglutinatifs. C'était là un traitement barbare et qui a justement mérité le discrédit dans lequel il est tombé ; il ne guérissait d'ailleurs qu'un très petit nombre de teigneux. (Bazin.) L'épilation par les pinces, préconisée par Samuel Plumbe, n'a pas obtenu plus de faveur. La méthode des frères Mahon consistait à pratiquer l'épila- tion au moyen du peigne et des doigts. Le cuir chevelu a été, au préalable, et pendant un temps plus ou moins long, fric- tionné avec certaines pommades dont les auteurs ou les héri- tiers de leur secret connaissent seuls la composition. On sème sur les cheveux la poudre n° 1 ou n° 2, puis on presse cette poudre sur le cuir chevelu, on la fait pénétrer dans les folli- cules en frottant avec la pulpe du pouce ; on arrache ensuite les cheveux avec les doigts , comme s'il s'agissait de plumer un volatile. Dans le travail de l'épilation, il nous semble qu'on n'a pas fait assez la part de la maladie et celle des agents épilatoires. Le meilleur épilatoire, sans contredit, c'est la maladie. Nous avons bien souvent, dit M. Bazin, épilé des parties atteintes de favus, sur lesquelles nous avions recommandé de n'appliquer au- cune espèce de pommade, et d'autres régions malades au même degré que, pendant quelques jours, et même pendant un temps fort long, nous avions frictionnées avec des pommades et des poudres épilatoires, et même avec celle des frères Mahon, sans trouver de différence appréciable dans l'arrachement des cheveux. Les épilatoires agissent bien plus par l'irritation qu'ils pro- voquent dans les bulbes pileux que par leurs propriétés dis- 470 VÉGÉTAUX PARASITES.— CHAMPIGNONS. solvanles, et les poudres épilatoires n'agissent en général que mécaniquement sur les bulbes des poils, et non chimiquement. Aussi est-il nécessaire que ces poudres aient un certain degré de rudesse, comme celles des frères Mabon, ce que l'on peut facilement obtenir en mêlant à ces poudres une certaine quantité de charbon pulvérisé, de craie ou d'ardoise pilée. Lesulfhydrate de chaux, continue M. Bazin, est l'agent dissol- vant le plus puissant. Pour connaître jusqu'où s'étendait son ac- tion, j'ai enlevé sur un cadavre une partie de cuir chevelu que j'ai recouverte de sulfhydrate de chaux, lequel est resté douze heures en contact avec la surface tégumentaire. Toute la por- tion libre des cheveux était dissoute ; l'épiderme était partout ramolli et tombait en déliquium ; mais la partie intra-cutanée du cheveu était restée intacte. Nous avons employé concurremment, sur le même sujet, et sur deux parties également malades de la tête, la poudre des frères Mahon et une poudre que nous avions fait préparer avec 2 parties de cendres de sarment et 1 partie de charbon. Nous ne saurions vraiment dire à laquelle de ces deux poudres nous donnerions la préférence ; elles nous ont paru agir de la même manière. Répétons-le donc une fois pour toutes : la maladie est le meilleur agent épilatoire; toutefois, si la teigne est récente, si le cheveu offre quelque résistance à l'avulsion par les pinces, on doit, pendant quelques jours, frictionner les parties que l'on veut épiler avec l'huile de cadeou une pommade alcaline, l'huile de noix d'acajou incorporée à l'axonge, etc. L'huile de cade est le meilleur agent épilatoire ; elle éteint la sensibilité du cuir chevelu et porte spécialement son action sur les bulbes pileux; les pommades alcalines augmentent toujours l'irritation cutanée. C'est l'huile de cade , employée comme agent épila- toire, qui nous permet d'épiler tout le cuir chevelu quand cela nous paraît nécessaire, et d'arracher sans douleur des cheveux qui paraissent tout à fait sains. (Bazin.) ACI30RI0N SÇHGENLEINH. 471 La pommade alcaline dont se sert M. Bazin est ainsi com- posée : Chaux vive ) Soude du commerce... I «« 2 gramme*. Axooge 60 grammes. Il la remplace quelquefois par une autre, où il fait entrer l'orpiment en petite quantité. Quant à l'huile de noix d'acajou, il l'emploie à la dose de 50 centigrammes à 1 gramme par 30 grammes d'axonge. L'épilation , quel que soit le mode d'arrachement mis en usage, débarrasse le cuir chevelu du cheveu et de sa capsule. C'est déjà la majeure partie de la racine du Champignon extraite ; mais tout n'est pas détruit : il en reste encore des vestiges dans le follicule, et d'ailleurs, là où il n'existe plus de cheveux, les follicules sont souvent remplis de spores. L'épi- lation seule ne suffît donc pas; elle n'amènerait que des ré- sultats incertains. Il faut atteindre la partie profonde du Cryptogame avec le liquide parasiticide. (Bazin.) En résumé, tous les traitements internes ou externes, diri- gés contre la teigne faveuse du cuir chevelu, sans épilation préalable, échouent dans l'immense majorité, sinon dans la totalité des cas. Parmi les méthodes épilatoires,la calotte a procuré quelques succès, mais c'est un traitement barbare et auquel on a depuis longtemps renoncé. Les méthodes épilatoires simples peuvent réussir, mais rarement et au bout d'un temps fort long. Le traitement des frères Mahon guérit, sinon toutes les teignes, du moins un grand nombre ; il a, il faut le reconnaître, un immense avantage sur la calotte et les autres méthodes épila- toires simples proposées jusque-là; mais, par cette méthode, on prolonge indéfiniment la durée du traitement. La plupart des favus ne sont guéris, ainsi que nous l'avons dit déjà, qu'après six mois, un an, dix-huit mois' de traitement. (Bazin.) On a reproché aux frères Mahon de comprendre, parmi les teignes, beaucoup d'eczémas, de psoriasis, de lichens du cuir /|72 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. chevelu ; de confondre, à dessein, le porrigo scutulata avec le porrigo favosa, le premier passant dans l'opinion générale pour être le plus facile à guérir ; je leur adresserais, quanta moi, bien plutôt un reproche contraire. C'est généralement, en effet, dans le porrigo scutulata que nous avons vu échouer la mé- thode des Mahon, et quant aux autres affections du cuir che- velu, tels qu'eczéma, psoriasis, lichen, jepense que les héritiers du secret des Mahon aiment autant avoir à traiter de petites teignes faveuses, bien circonscrites, qu'un eczéma ou un pso- riasis général du cuir chevelu. Il semble vraiment que les dermatologistes, hommes de science et médecins, aient été honteux d'avouer 'qu'un traitement efficace du favus avait été trouvé en dehors d'eux, et par une personne étrangère aux sciences médicales. Il n'est que trop vrai, cependant, que pour la teigne, de même que pour la gale, l'empirisme a devancé la science. (Bazin.) Tirant parti de la connaissance du fait signalé plus haut, savoir que les spores restent encore dans le follicule pileux lorsque les favi sont enlevés, M. Bazin a utilisé avec beaucoup de sagacité l'épilation dans le traitement de la teigne; épilation dont le succès est dû en grande partie à cette particularité, que les spores intra-folliculaires adhèrent tellement au poil, qu'en arrachant celui-ci elles viennent avec lui et ne restent pas dans le follicule. La première indication à remplir dans le traitement de la teigne, c'est de nettoyer la tète, de la débarrasser de ses croûtes, des poux quand il y en a. Les cheveux doivent être coupés à 2 ou 3 centimètres du cuir chevelu, les poux détruits par l'onguent napolitain ou le bain sulfureux, les croûtes détachées par les lotions d'eau tiède, les bains dans lesquels on fait plonger la tète à diverses reprises, les cata- plasmes émollients. M. Lebert (1) donne le conseil défaire énu- (1) Lebert, Traité pratique des maladies scrofuleuses et tuberculeuses. Pariï, 1850, in-8, p. 255. ACHORION SCHOENLEINII. A 7 3 cléer les croûtes, avec une spatule, par un infirmier, De cette manière, dit-il, les sporules se dispersent moins sur le cuir chevelu que quand on opère le ramollissement et la fonte des croûtes au moyen de lotions et de cataplasmes. Ce conseil peut être bon, mais seulement dans les cas de favus circonscrit, et aussi quand il s'agit de pratiquer les épilations secondaires, lors de la repullulalion des godets faviques. Si la teigne est très étendue, si les croûtes occupent presque la totalité du cuir chevelu , il n'y a aucun avantage à suivre cette méthode, qui d'ailleurs est plus douloureuse que l'autre. Un jour suffit ordinairement à cette opération prélimi- naire, à la suite de laquelle on fait sur toutes les parties ma- lades une première lotion parasiticide avec le solutum de su- blimé ou la solution d'acétate de cuivre , dans le but de détruire tout ce qui reste de libre des produits faviques à la surface du cuir chevelu, et sur les dépressions cutanées qui succèdent à l'enlèvement des croûtes. (Bazin.) Lai seconde indication , c'est d'épiler. Quelles sont les parties que l'on doit épiler? quelles sont celles qu'il faut res- pecter? J'avoue, dit M. Bazin, que, dans le principe, la crainte de dégarnir pour toujours une étendue plus ou moins grande de cuir chevelu m'avait rendu excessivement timide, et que je n'o- sais arracher les cheveux que sur les parties rouges, tuméfiées et antécédemment couvertes de croûtes : je n'allais pas au delà. L'expérience est venue bientôt m'apprendre que non seulement ma crainte était mal fondée et que les cheveux repoussaient constamment sur les parties épilées , malades ou non , mais encore que, par suite de l'application des moyens curatifs, il poussait des cheveux là où nous pensions au début du traite- ment qu'il y aurait calvitie pour toujours. Aujourd'hui je n'hé- site pas à donner le conseil d'épiler non seulement les surfaces malades, mais même les parties environnantes, celles sur les- quelles les cheveux paraissent altérés. Si l'on a affaire à un klk VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. pprrigo dispersé par places sur toutes les régions de la tète, il faut épiler tout le cuir chevelu, et pour peu que la teigne soit étendue, pour peu que les cheveux paraissent altérés et n'of- frent qu'une faible résistance à l'arrachement, lepilation pri- mitive doit s'étendre à toute la tète. Il est important de ne pas laisser une couronne de cheveux au-dessus du front ou de la nuque. (Bazin.) Après la première épilation on se horne , pendant trois ou quatre jours, à faire, matin et soir, une lotion sur la tête avec la solution de sublimé, puis, les jours suivants, une onction avec I'axonge , ou mieux encore avec la pommade ci-dessous ■ Axonge . 500 grammes. Acétate de cuivre ... 1 gramme. S'il survient une éruption pustuleuse, on se borne à vider les pustules en les perçant avec une épingle. Si le traitement a été bien appliqué, la guérison radicale de la teigne est obtenue au bout de six semaines, deux mois. Le favus, continue M. Bazin, s'est montré à nous, et nous l'avons décrit sous trois formes : urcéolaire, scutiforme et squarreux. Ces trois formes sont identiques, quant au fond. Chacune d'elles n'exige aucune indication particulière. Nous dirons seulement que le favus urcéolaire ou favus isolé, regardé généralement comme le plus difficile à guérir, le plus rebelle aux agents thérapeutiques, est, au contraire, celui dont on obtient le plus aisément et le plus promptement la guérison; et cela se conçoit, puisque dans cette forme les bulbes sont attaqués isolément, individuellement, tandis que dans les autres formes la maladie est confluente , et que le premier effet du traitement est de la rendre discrète, de la faire passer à l'état de favus urcéolaire. Une sécrétion épidermique, comme pityriasique, se montre assez souvent , et pendant un temps plus ou moins long, sur les parties qui ont été le siège de la teigne. Cette sécrétion n'a ACH0R10N SCHQENLEINH. 475 rien qui doive inquiéter : elle disparait parles ablutions d'eau simple et l'application d'un corps gras (1). Résumé. — 1. Le Champignon de la teigne est un végétal microscopique dont les individus agglomérés forment de petites masses jaunes de soufre appelées favî; mais dont les spores isolées adhérent souvent à la surface de la portion intra- pileuse du cheveu (pi. XIII, fig. 1), ou des croûtes épider- miques (fig. 2). 2. Les favi sont convexes dans leur partie adhérente à la dépression de la peau qui les loge, concaves par leur face libre. Leur circonférence est circulaire, régulière, quand ils. sont petits ; irrégulière, de forme variable, lorsqu'ils sont très grands. Ils sont ordinairement traversés par un ou plusieurs cheveux. 3. Ils sont logés dans une dépression de la peau partant de l'orifice des follicules pileux, et non dans les glandes sébacées, qu'ils n'atteignent jamais. h. Les favi sont durs, cassants, composés d'une couche extérieure (gangue ou stroma) très mince, finement granu- leuse, qui maintient réunis les végétaux microscopiques ; elle est une partie accessoire du mycélium , et se forme à mesure qu'il se développe. 5. Les végétaux agglomérés constituent une masse dure se réduisant facilement en poussière , composée : 1° de tubes flexueux, ramifiés, non cloisonnés, vides ou contenant quelques rares granules moléculaires (c'est le mycélium) ; 2° de tubes droits ou courbés sans être flexueux , quelquefois , mais rare- ment , ramifiés , contenant des granules ou de petites cellules rondes, ou des cellules allongées, placées bout à bout, de ma- nière à représenter des tubes cloisonnés avec ou sans traces d'articulations étranglées (réceptacles ou sporanges à divers degrés de développement) ; 3° enfin de spores de formes va- (i) Bazin, loc. cit. Paris, 1853, p. 83-94, A76 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. riées, la plupart sphériques, libres ou réunies en chapelet. Ces divers éléments sont mélangés ensemble ; cependant c'est presque exclusivement du mycélium qu'on trouve contre la face interne de la couche extérieure. 6. Ce végétal paraît devoir former le type d'un genre nou- veau d'après Link (genre Achorion, Rem.). 7. Remak a pu s'inoculer les spores de ce Champignon ; il les a vues germer sur une pomme , mais elles ne s'y dévelop- pèrent pas. Il a essayé vainement de les faire germer sur d'au- tres substances. 8. Les favi apparaissent d'abord comme un petit point jaune au centre d'une élévation de l'épiderme. Tantôt ce point aune est entouré de pus, tantôt ce liquide manque. Peu à peu le favus grossit, la couche qui le couvrait tombe, alors une de ses faces se trouve à l'air libre. 9. Toutes les fois qu'on enlève un favus ancien, il s'en re- produit un ou plusieurs petits à la même place ou autour. 10. C'est ordinairement sur le cuir chevelu qu'apparaissent les favi, mais on en a vu sur toutes les parties du corps, jusque sur le gland. (Lebert.) 11. Une fois les favi développés, il est très difficile de les faire disparaître ; ils se reproduisent avec ténacité, et causent divers accidents (excoriations, alopécie par compression et atrophie des bulbes pileux, etc.). 12. Les squames et les croûtes qui accompagnent les favi et ont quelquefois été confondues avec eux, sont composées d'un mélange de cellules épithéliales, de globules de pus des- séchés, de globules de sang altérés, quelquefois de spores du Champignon et de granules moléculaires (pi. XIII, fig. 2). 13. La cause de l'apparition des favi est le transport des spores du Champignon. Mais sur un grand nombre d'individus en contact avec les teigneux, il n'y en a que fort peu qui soient atteints de la maladie : ce sont surtout les jeunes enfants et ceux qui sont dans de mauvaises conditions ACHORION SCHOENLE1N1I. 477 hygiéniques. Quelques auteurs ont admis que la teigne était héréditaire, mais n'ont pas apporté de faits probants à l'appui de cette opinion; les faits contraires sont nombreux. VI. Recherches historiques et critiques sur le Champignon de la Teigne. — Schœnlein est le premier qui ait fait connaître la nature végétale des favi du Porrigo lupinosa de Willan, appelés jusqu'alors des pustules; il figure seulement les filaments de mycélium et les stroma granuleux (1). Kemak observe que dans le fait, déjà en 1837, il avait vu que les favi de la Teigne faveuse [Tinea favosa) étaient formés par l'agrégation de fibres de moisissure (Dissei^t. inaug. de morbo scrofuloso, von Xaverus Hube, Berolini, 1837, pag. 19), et démontré par là qu'ils se distinguaient des autres croûtes teigneuses ; mais il ne détermina pas leur nature végétale, car il réfute l'idée qu'on pourrait se faire de la formation de ces croûtes par un végétal. Il fait prévaloir aussi contre Henle l'opinion d'après laquelle le Champignon de la Teigne serait plus qu'une simple formation acci- dentelle croissant dans une sécrétion purulente (2). Fuchs et Langenbeck ont fuit connaître la présence de moisissures sur les croûtes de la Teigne {Porrigo lupinosa) (3). Fuchs croit que les Crypto- games sont propres surtout aux pustules (alphus, etc.) des exanthèmes scro- fuleux, mais ils n'ont pas été retrouvés dans tous ces cas, sauf celui de la Teigne (4). B. Langenbeck (5) a observé aussi le développement de Champignons (1) Scboenlein , Zur Pathogenie der impetigines (Archiv fuer Anat. und Physiol, von J. Mueller, 4839, p. 82, pi. III, fig. 5). (2) Reman (Zur Kennlnis von pflanzlichen Nalur der Porrigo lupinosa, dans Medicinische Zeitung , herausgegebenvon dem Vereine fur Heilkunde in Preussen, Berlin, 1840, n° 16, p. 73-74) combat l'opinion de Henle, qui pense que la moisissure de la Teigne est une formation accidentelle. (Analysé dans Reperto- rium fur Anatomie und Physiologie de Valentin, 1841, t. VI, p. 58; et Me- dicinischen Vereinzeitung , 1842; et Beitrœge ziir Gesammte Natur und Heilkunde, Prague, 1842, p. 893.) Il annonce qu'il a pu s'inoculer un favus sur le bras. (3) Fcchs et Langenbeck, Comptes rendus de la polyclinique de Gœttingen, dans Annales hanovriennes de Holscher, 1840. (4) Fucus, Die Krankhaften Verœnderungen der Haut, Gœttingen, 1842, t. II, p. 509-512. Moisissures sur les croûtes du Porrigo lupinosa. Même remarque qu'à propos de Fuchs sur ce que dit Klenke deChampiguons trouvés dans une croûte lactée et dans le lupus {Neue physiologische Abhandlun- gen, Leipzig, 1842, p. 60). (5) B. Langenbeck (Sammllicher Bericht iiber die 18le Versammlung der Ge- sellschaft deulscher Nalurforscher und Aerzte zu Erlangen, in September 1840, von Leopoldt und L. Stromeyer, Erlangen, 1841, p. 166-167) rapporte ce qui a déjà été fait sur les parasites végétaux du corps humain, et remarque qu'il a aussi observé le développement de Champignons dans diverses éruptions 478 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. dans diverses éruptions cutanées, croûtes serpigineuses. Jahn cite des cas analogues (1). Otuby donne la première bonne description des filaments et des spores du Champignon de la Teigne; il pense aussi que ce qu'on appelle les pustules desséchées de la Teigne n'est formé que par un amas de ces Champignons. Il note déjà que quelquefois les filaments se prolongent vers le bulbe des poils. Il a réussi à inoculer le végétal sur d'autres pariies du corps et des animaux sains ; il aurait pu, en outre, le faire croître sur du bois, expé- riences qui demandent confirmation. M. Gruby {Comptes rendus, 1864, loc. cit., t. XVI Ll, p. 585) propose de donner le nom de Porrigophyte à la Teigne (2). Textor réclame la priorité de la découverte des Champignons delà Teigne pour Fuchs et Langenbeck , et a vu avec eux, dans le Porrigo favosa, V Impétigo scrofulosa, etc., que ce végétal est formé de corpuscules filamen- leux d'un vert faible, transparents ou presque incolores, ramifiés et portant de très nombreuses sporules tout à fait semblables à celles du Champignon de la Muscardine (3). Hannover a figuré le premier diverses formes des spores et des filaments du Champignon du Porrigo lupinosa , soit réunis en groupes filamenteux, articulés, soit isolés. 11 regarde à tort les spores comme semblables aux cel- lules du Cryptococcus cerevisiœ, qui ont la plupart un noyau et sont sphéri- ques, régulières , et non de formes variées, ovoïdes, onduleuses, etc. (pi. IH, fig. 10), et les filaments ramifiés non articulés du mycélium comme semblables aux tubes du Leptomitus, avec lesquels ils n'ont pour- tant aucune analogie réelle (h). Bennelt rapporte qu'il a également constaté la présence du végétal décrit cutanées, favus, alphus, croûtes serpigineuses, ainsi que sur une tumeur céré- brale développée chez un garçon de deux ans, après disparition de croûtes de lait. (t) Jahn, Nalurgeschkhte der Schœnlein'schen Binnen Auschlœge oder Exan- thème, 1840, p. 155. (Cité par Hannover, Archives de Mueller, 1842, p. 294.) (2) Grubv, Mémoire sur une végétation qui constitue la vraie Teigne (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, 1841, t. XIII, p. 72), et Sur les Mycodermes qui constituent la Teigne faneuse (ibid., p. 309); et Ueber Tinea favosa [Millier' s Archiv fiir Anat. und Physiol., 1842, p. 22). Reproduction de la note qu'il a publiée précédemment sur la Teigne. (3) Textor, Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, 1841, t. XIII, p. 220. — Meynier {Ibid., 1841, t. XIII, p. 309) a publié une note insignifiante de quelques lignes dans laquelle il annonce qu'il pense que beau- coup de maladies cutanées sont dues à des végétaux parasites. — Gruby (Ibid., 1841, t. XIII, p. 3S8) annonce la découverte d'un autre Mycoderme, mais il ne le décrit pas et n'indique pas dans quelle maladie. (4) Hannover, loc. cit. (Archiv fiir Anat. und Physiol,, von J. Mueller, 1842, p. 281-295, pi. XV, fig. 7, 8 et 9). ACHORION SCHOENLEIN1I. 479 plus haut dans les favus. Il a répété les expériences de Gruby sur l'inocula- tion, mais sans succès. Il regarde comme cause du développement des Champignons un état morbide antérieur, et surtout une dyscrasie scrofu- leuse (1). Mueller et Retzius pensent (2) qu'évidemment le Champignon de la Teigne appartient au genre Oïdium, Link ; qu'il a, par exemple, la plus grande res- semblance avec YOidium aureum du bois; il s'en distingue par la couleur et la forme de toute la masse. Mais si l'on veut, avec Corda, ranger dans le seul genre Torula toutes les moisissures qui fruclifient par une simple sépa- ration de leurs articles, alors le Champignon du ferment et celui de la Teigne appartiennent au même genre Torula. Les descriptions données plus haut montrent que ces déterminations ne peuvent plus être admises. Cazenave (3) combat la description du Champignon donnée par M. Gruby, qui cependant est exacte ; mais les arguments de ce pathologiste restent sans valeur à côté des faits mentionnés plus haut. Biett aurait vu la Teigne se développer à la suite d'émotions morales, d'où M. Cazenave nie l'exis- tence du Champignon ; il paraît plus rationnel, dans l'état actuel des choses, de retourner cet argument. Le travail de M. Lebert est celui qui renferme la description la plus com- plète du Champignon ; il est le premier qui ait fait connaître l'organisation du favus proprement dit, et observé qu'on décrivait les filaments du Crypto- game sans parler des caractères du corps qu'ils forment par leur réunion en masse ; il est le seul aussi qui établisse les caractères qui le distinguent des croûtes et des pustules. Il examine tous les points de vue sous lesquels on peut le considérer, caractères, causes, accidents qu'il développe, traite- Il) Bennett, On the vegetable nature of Tinea favosa (Porrigo lupinosa of Bateman), Us symptoms, causes, pathology and treatment. Coloured plate (the Monthly journal of médical sciences, 1842, et Transact. of the royal Society of Edinburgh, 1842, vol. XV, 2e partie, p. 277-294). (2) Mueller et Retzius , Ueber parasitischen Bildungen : Sur les formations parasitiques (Archiv fur Anatomie und Physiologie , von J. Mueller, 1842, p. 192, pi. VIII et IX). I. Ueber eine eigenthiimliche krankheit der Schwimblase beim Dorsch (Gadus callarias). Ce chapitre contient la description de formations singulières ayant quelque analogie éloignée avec les Psorospermies qui s'étaient développées dans la vessie natatoire du Gadus callarias. IL Ueber pilzartigen Parasilen in den Lungen und Luftholen der Vogel : Sur les parasites ayant la forme de Champignons dans les poumons et cavités aériennes des oiseaux. Dans cette partie du mémoire, il rapproche le Champignon de la Teigne du genre Oidium. Il repousse l'opinion de Rudol phi [Physiologie, 1821, 1. 1, p. 292), qui pense qu'il ne peut se développer de parasites végétaux sur les animaux. (3) Cazenave, Dictionnaire demédecine, 1844, 2e édition, vol. XXIX, article Teigne, p. 338. — Traité des maladies du cuir chevelu. Paris, 1850, p. 210 et suivantes. /i80 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. nient, elc. Il donne ù ce Champignon le nom d'Oïdium Schœnlcinii, el le ligure avec plus de détails que les autres auteurs. Sur les cheveux des teigneux, M. Lebert a trouvé plusieurs l'ois des corps brunâtres granuleux à l'intérieur, peu transparents, offrant jusqu'à 1/6* de millimètre de diamètre, ronds , piriformes ou irrégulièrement allongés, paraissant parfois comme implantés dans l'axe du cheveu. Ils sont pleins de granules de 0,002; il pense que ces corps sont de nature végétale (1). Le travail de Remak parut à Berlin en même temps que celui de M. Le- bert à Paris. Il décrit aussi avec soin le favus, le Champignon qu'il ren- ferme ; et, d'après les indications du professeur Link, montre qu'il diffère assez des Oïdium pour en faire un genre distinct (Achorion) . Ce travail (2), moins complet que le précédent sous les points de vue de la distinction entre les croûtes et les favi, les causes, etc., renferme de plus quelques expériences sur la germination des spores, sur leur inoculation, qu'il a pu obtenir. Il pense qu'il croît sur des individus prédisposés atteints de diffé- rentes cachexies, et non pas nécessairement sur des scrofuleux. Pour lui aussi les formations de pus et de croûtes sont accessoires. Il aurait trouvé des spores en germination dans des favus. Vogel donne une description très incomplète des favi et du Champi- gnon qui les constitue (3). Il pense qu'il se développe sur une exsudation (scrofuleuse) qui le précède nécessairement. Il n'a pas pu l'inoculer. Léveillé dit n'avoir pu trouver le Champignon de la Teigne, mais il paraît n'avoir observé que les croûtes accidentelles. Il dit qu'on observe dans la sérosité qui s'écoule de toute surface cutanée mise à nu des globules sem- blables à ceux de la Teigne (4) ; mais on ne rencontre dans cette sérosité que des globules de sang ou du pus, qui sont cependant faciles à distinguer des spores de l' Achorion par leur forme, leur volume, el surtout par l'em- ploi des réactifs. (1) Lebert, Physiologie pathologique , t. II, Mémoire sur la Teigne, Paris, 1845, p. 477. (2) Remak, Diagnostiche und palhogenische Unler suchungen . Berlin, 1845, — VII. Muscardine und Faviis (Porrigo lupinosa), p. 193-215. — IX. Pilze der Mundhole und des Darmkanals : Champignons de la cavité buccale el du canal intestinal, p. 221-227. Bonne description du Champignon de la Teigne; expériences sur sa germination et quelques mots sur la Muscardine. (3) Vogel (Anatomie pathologique générale, p. 383, formant le tome IX de V Encyclopédie anatomique, Paris, 1847) décrit incomplètement le Champignon de la Teigne d'après les travaux antérieurs; il indique aussi celui de l'Herpès tonsurant et le croit de même espèce que celui de la Plique polonaise ; il en rapproche à tort ceux qui croissent sur la peau malade. (4) Léveillé (article Mycologie du Dict. univ. d'hist. naturelle, Paris, 1847, t. VIII, p. 461) a confondu les éléments des croûtes de la Teigne avec ceux des Favus, ce qui lui a fait nier l'existence du Champignon. ACH0U10N SC110ENLEINII. 481 Ganstatt parle des travaux faits sur ce sujet avant la publication de son livre (1). Depuis la publication de son ouvrage (2), M. Rayer m'a dit avoir reconnu avec M. Montagne que les favi renferment réellement le Champignon décrit plus haut. Les faits précédents ont été vérifiés par tous ceux qui ont voulu les observer. Il faut toutefois en excepter M. Cazenave, qui considère la Teigne comme une bizarre et mystérieuse maladie, et discute encore la question de savoir si le godet j 'aveux est une pustule. Il conclut à la néga- tive pour arriver à dire que le favus est une accumulation de matière grasse ou sébacée à l'extrémité de l'orifice d'un follicule pileux (3). C'est là une pure assertion ; elle n'est appuyée sur rien, même par ceux qui l'avan- cent. Il eût été bon, en effet, de chercher au moins à étayer cette hypothèse entièrement gratuite par la description de ce qu'on trouve tdans les favi, car la matière sébacée a des caractères très nets, qui peuvent être facilement constatés. Ces caractères ne permettent pas de la confondre avec quoi que ce soit, pour quiconque connaît la composition analomique de l'épidémie, du derme, des humeurs que sécrètent les glandes qui lui sont annexées, et enfin la structure des éléments anaiomiques de ces diverses parties du corps, tant solides que demi-liquides. Cette matière est en effet formée : 1° des cel- lules d'épithélium pavimenteux propre aux glandes sébacées; 2° de gouttes huileuses; 3° de granulations moléculaires. Ce sont là les cléments anatomi- quesqui la composent. Or, comme en anatomie la nature d'un tissu ou d'une humeur liquide ou demi-liquide se détermine par la détermination même des éléments qui la constituent, avant de dire que les favi sont de la matière sébacée, il eût été bon de constater s'ils en renferment les éléments; or ce fait n'est pas, comme le montre leur examen. D'autre part, il faut savoir que la matière sébacée, susceptible de prendre une consistance plus ou moins grande dans certains kystes formés par distension des glandes qui la sécrè- tent, n'est pas fournie par les glandes annexées aux follicules pileux, mais par des glandes en grappes simples bien plus grosses, et situées dans d'au- tres régions du corps. Les glandes pileuses ne sécrètent, au contraire,, qu'une matière purement huileuse, toujours liquide, qui se présente sous forme de gouttes sphériques quand elle est encore dans la glande ou dans son conduit excréteur, et qui s'étale sur le cheveu dès qu'elle arrive à sa surface. (1) Canstatt, Handbuch der medicinischen Klinik. Zurich, 1845, 4e volume, p. 1091. (2) Rayer, Traité des maladies de la peau. Paris, 1835, t. I, p. 697. (3) Qazenave, Traité des maladies du cuir chevelu. Paris, 1850, in-8, p. 220 et suivantes. 21 482 VÉGÉTAUX PA1USSTES. — THAMl'ir.NONS. En admettant, même pour un instant, que cette matière soit une substance particulière, épaisse, liquide au début (plus loin, page 230, M. Cazenave dit que le favus est un corps liquide, gras, qui, en vingt-quatre heures, se con- crète), il eût été bon d'en faire connaître les caractères élémentaires, seuls décisifs, les éléments anatomiques. Or, M. Cazenave n'en fait rien, et pour cause, car cette matière, très particulière en effet, a les caractères d'un vé- gétal, d'un être parasite de l'animal, et de plus elle n'est pas seulement épaisse, mais friable. Quant à l'état liquide, elle ne le présente jamais, car il ne faut pas confondre avec elle le fluide exsudé quelquefois autour des petits favi; celui-ci est formé d'un sérum dans lequel se trouvent des cellules d'épitbélium, quelquefois des globules sanguins et même des globules puru- lents en petit nombre ; mais le tout est facile à distinguer du végétal. Si donc on veut, avec M. Cazenave, admettre que ceux qui ont regardé les favi comme étant formés par de la matière grasse, ont fait progresser la science, il faut se décider à considérer les choses au rebours de la réalité. Cette manière de voir, loin de faire partie de toutes les idées acquises à l'observation, n'est, au contraire, appuyée sur aucune étude des carac- tères élémentaires ou intimes du produit. Elle est précisément en opposition directe avec ce que chacun peut voir, et avec ce qu'ont vu tous ceux qui, se laissant guider par l'expérience, répétée sous tous les points de vue capables de ne laisser aucun doute, ne craignent pas de céder à l'évidence. C'est donc par des raisons bien fondées que M. Cazenave n'ose parler de ses essais d'analyse microscopique du favus; car après avoir vu avec le micro- scope même d'Audouin plusieurs fois, surtout avec M. Brongniart, ce qu'on appelle des spores, il les a cherchées vainement un plus grand nombre de fois. C'est qu'en effet l'instrument n'est pas tout en matière de recherches; l'expérience, à laquelle aucune supériorité intellectuelle ne peut suppléer, entre pour quelque chose dans cet examen. C'est pousser du reste le mé- pris de la vérité un peu loin que de dire que dans les descriptions et les figures publiées par J. Mueller, Schœnlein, Guensburg, Remak, Lebert, eic, »7 n'y a rien autre chose que des données écloses dans le champ du micro- scope, lorsque tant de personnes en ont vérifié l'exactitude ; lorsque cinq ou six fois par an j'en donne la démonstration aux élèves de mes cours, dont ceux qui m'apportent les favi les prennent habituellement sur les sujets mêmes qui, pendant l'été, servent d'exemples aux leçons cliniques de M. Cazenave. Notez que ceux qui avancent cette idée sont ceux-là même qui, sans appuyer leurs assertions sur l'examen d'aucun caractère décisif, admettent gratuitement que le favus est formé de matière grasse, dont pourtant il n'a aucun caractère. Après avoir lu de pareilles assenions, il ne faut pas être étonné de voir M. Cazenave ne tenir aucun compte des recher* A.CHORION SCH0ENLE1N11. 483 ches de Remak citées plus haut, relatives à l'inoculation du favus, et dire que les tentatives d'inoculation sont restées stériles. Peu au fait de la valeur des termes employés en anatomie, M. Cazenave attribue la signification du mol extérieur à l'épilhète d'externe donnée par moi à la couche formée autour du favus par le stroma ou gangue granu- leuse décrit plus haut (page M7), et que , dans la première édilion de ce livre, je n'avais fait que soupçonner comme représentant cette partie acces- soire du mycélium. C'est comme si l'on confondait la surface extérieure ou conjonctivo-cornéale de l'œil, avec la surface externe du globe oculaire, dont une partie est cachée dans l'orbite. Cela le conduit à confondre ce que je dis de cette couche de stroma tapissant la face externe du favus plongée dans le derme, avec ce que dit M. Lebert de l'épithélium, qui quel- quefois recouvre la surface extérieure ou libre des favi. 11 conclut de là ce qui suit : « Au lieu de celte accumulation d'hypothèses, n'élait-il pas plus facile de reconnaître que celte enveloppe élait tout simplement de l'épi- démie ?» (Pag. 227.) C'est-à-dire que, pour combatire les faits que montre le microscope, et qu'il qualifie d'hypolhèses, il émet l'hypothèse purement gratuite, et infirmée par l'observation, que la gangue ou stroma, finement granuleuse, entourant le favus, est de 1'épiderme. C'est à tort que M. Bazin dit aussi (page 61) que le favus n'a pas l'enveloppe extérieure granuleuse que j'ai décrite. Tous les arguments opposés par M. Cazenave aux micrographes qui, dit-il, « n'ont en réalité, pour étayer leur syslème, que les résultats de l'observa- tion microscopique (page 229) » sont de cette valeur. Aucun n'est plus sérieux, depuis l'hypothèse de la matière liquide, grasse (page 230), se concrétant pour former le favus, jusqu'à la précédente. Peut-être eût-il été inutile de relever les assertions négatives de cet auteur, car elles ne sont appuyées sur aucun fait; mais il est toujours regrettable de voir des hommes que leur position dans les hôpitaux ou dans un corps savant peut faire croire sur parole, par ceux qui ne sont pas à portée de vérifier les fails décrits plus haut, se considérer comme autorisés d'après cela à contredire ce que montre à tous l'examen le plus élémentaire ; le tout, en définitive, pour ne pas être obligés d'abandonner quelque étroit système accepté jusqu'alors tou- chant la nature d'un produit morbide que des moyens plus parfaits qu'au- trefois montrent ne pas être ce que l'on avait cru, et que, faute de mieux, on avait admis par hypothèse. On a vu, par le travail de Al. Bazin (l), dont j'ai intercalé plusieurs pas- sages dans ce chapitre durant son impression, sur quel genre de données est (1) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des, teignes. Paris, 1853, in-8, avec 3 planches gravées. 484 VÉGÉTAUX PARASITES k — CHAMPIGNONS. fondée l'argumentation de M. Cazcnavc. Comme la structure du favus in- dique tout de suite quelle est la nature de ce produit, j'ai cru inutile de discu- ter dans la partie essentielle de ce chapitre les caractères qui le distinguent des pustules, matières grasses, etc. Je terminerai en ajoutant les faits suivants, empruntés à M. Bazin, pour satisfaire au désir de ceux auxquels l'examen de la structure pourrait ne pas paraître suffisant pour juger celte question. Action des réactifs sur les favi et les croules épidermiques. — Les substances grasses, sébacées, céru mineuses, paraissent formées de gra- nules vésiculeux, de cristaux losangiques, de cellules épithéliales ; les matières séro -purulentes et purulentes, de globules granuleux etde globules de pus ; mais tous ces éléments ne sauraient être confondus avec ceux des produits de la Teigne, surtout lorsqu'on les prend en niasse. (Bazin) Si la matière faveuse est un produit de sécrétion, il faut convenir, comme on l'a dit, que c'est un produit étrange, sans analogue dans l'organisme. Le microscope seul nous portait à penser que les produits de la Teigne n'étaient que des Mucédinées, niais nous avons voulu savoir aussi ce que nous apprendraient les réactifs chimiques, et nous avons soumis comparati- vement à l'action de quelques principaux réactifs la matière faveuse, les poils et l'épiderme, les matières grasses sébacée, cérumineuse et le pus des- séché, puis les Champignons qui poussent à la surface des matières animales et végétales en décomposition. L'eau distillée à la température ordinaire ou bouillante, l'alcool rectifié, l'éther, le chloroforme ne dissolvent point la matière faveuse pure. Nous avons laissé pendant quarante-huit heures de la matière faveuse dans du chloroforme, puis nous avons examiné cette matière au microscope : les spo- rules et les tubes n'avaient subi aucune altération. (Bazin.) L'alcool, l'éther et le chloroforme surtout dissolvent les matières grasses. La matière sébacée se dissout presque entièrement dans le chloroforme; au bout de quelque temps, on ne trouve plus que des lamelles épilhéliales minces en suspension dans le liquide: toute la substance grasse a été dissoute. L'ammoniaque, mise en contact avec le pus et les croûtes impéligineuses, les dissout et prend un aspect blanchâtre, laiteux, gélatiniforme. Elle ne dis- sout pas le favus qu'elle blanchit seulement un peu, et reste incolore au contact de celte dernière substance. (Bazin.) La potasse à l'alcool attaque et dissout les croûtes impéligineuses, le pus, l'épiderme, les poils, les matières grasses et sébacées. Elle n'attaque pas le favus, qu'elle débarrasse seulement des substances étrangères qui peuvent se trouver mélangées avec lui, telles que le pus, les matières grasses, l'épi- derme et les poils. Ce phénomène est beaucoup plus sensible quand on soumet la potasse à l'action de la chaleur. (Bazin.) ÀCH0K10N SCHOEWLEIMI. A85 La potasse tenant en dissolution les croules purulentes est blanchâtre, gélatineuse ; celle qui est mise en contact avec la matière favique pure ne change pas de couleur. Nous avons retrouvé les sporules et les tubes sur de la malière favique qui avait été chauffée dans la solution alcoolique de potasse et qui était restée vingt-quatre heures dans celte solution. (Bazin.) L'acide nitrique, versé sur des croûtes impéligineuses, prend au moment de l'expérience une couleur jaune fauve, qui devient, au bout de quelques heures, jaune curcuma; sur de la matière favique, une couleur jaune-serin qui devient jaune- piaille. Le lendemain , on retrouve ces colorations plus tranchées, plus dislinctes encore que quelques heures après l'expérience. L'acide sulfurique attaque le favus et les croûtes d'impétigo. 11 rougit au contact de ces deux substances, mais les croûtes faveuses deviennent po- reuses, presque semblables à de la pierre ponce, les croûtes d'impétigo rou- gissent en conservant l'aspect gélatineux. Le chlore liquide décolore le favus, les croûtes impétigineuses, les poils, etc. Les moisissures se comportent avec l'éther et le chloroforme, la potasse, l'ammoniaque et l'acide nitrique, comme la malière faveuse. (Bazin.) Ainsi les réactifs chimiques suffiraient seuls à établir une différence de nature entre les croules purulentes, les produits de la sécrétion folliculaire et le favus. C'est surtout avec la polasse et l'ammoniaque, le chloroforme et l'acide nitrique, qu'on arrive à démontrer clairement, et d'une manière péremptoire, celte différence de composilion. (Bazin.) Mais ce n'est pas tout encore ; des considérations d'anatomie patholo- gique viennent corroborer la théorie du Cryptogame parasite. Si le favus était le résultat d'une sécrélion morbide folliculaire, comme le pense M. Cazenave, ne devrait-on pas trouver hypertrophiés les follicules annexes des poils? N'en est- il pas ainsi dans Yacne sebacea, dans l'acné va- rioliforme, dans les loupes, etc.? Tout organe qui devient le siège d'une hypersécrétion est bientôt hypertrophié. C'est là une loi physiologique et une loi pathologique; et d'ailleurs celle hypertrophie ne devrait-elle pas d'autant mieux arriver, dans ce cas, que les extrémités des canaux follicu- laires devraient êlre oblitérées par la malière faveuse. Or , il est tout aussi difficile de retrouver, sur le cuir chevelu du teigneux, les glandes auxiliaires des poils qu'il est difficile, sinon impossible , de constater leur existence dans l'état normal. (Bazin.) La même objection s'adresse à l'opinion de Manon sur la nature du favus. En effet, Manon admet que le poil traverse, à sa sortie de la peau, un folli- cule sébacé, ce qui est anatomiquement faux. Sur cette première hypo- thèse, il en bâtit une seconde : c'est que le godet favique, à son début, n'est que l'hypertrophie du follicule distendu par son produit de sécrétion. L'en- 486 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. In?c du godet ne serait, d'après cette manière de voir, que l'orifice élargi du follicule. Non seulement ceci est en opposition avec ce qui se passe commu- nément dans les affections des follicules, où l'orifice des cryptes sébacés n'est susceptible que. d'un certain degré d'élargissement, mais comment expliquer, dans cette liypolhèse, la ténacité si différente du favus selon qu'il a son siège au cuir cbevclu ou sur d'autres régions du corps? Mabon ne dit- il pas qu'un bain suffit pour guérir le favus du corps, et cependant les fol- licules sébacés existent tout aussi bien au corps que sur le cuir chevelu. Ne devraient-ils pas reproduire la maladie après l'enlèvement des croûtes aussi bien dans le premier cas que dans le second? (Bazin.) Si les favi dépendaient d'un état inflammatoire simple ou spécifique, on y retrouverait les éléments constitutifs de l'inflammation. Or, non seule- ment ces éléments n'existent pas, mais les caractères anatomiques des favi sont bien différents de ceux des pustules. Celte distinction a déjà été très clairement établie par M. Lebert (1). Les pustules ont une couleur blanchâtre ou légèrement jaunâtre, une surface plane ou légèrement convexe avec une dépression presque imper- ceptible à la base du poil. Par une légère pression ou piqûre, on en fait sortir du pus. (Bazin.) Les favi ont une couleur jaune de soufre avec dépression alvéolaire très prononcée. En les piquant avec une aiguille, on n'en retire jamais la moindre gouttelette de liquide. Lorsqu'on divise l'épiderme qui les recouvre à la circonférence et qu'on les soulève avec un stylet, on peut facilement les énucléer, les séparer de la peau sous-jacente. (Bazin.) La couche épidermique qui recouvre les pustules est extrêmement mince, le pus s'insinuant dans les aréoles du corps muqueux. Le fond de la pustule est constitué, par le corps papillaire du derme. Dans les favi, l'en- veloppe épidermique résiste davantage, et au-dessous d'eux on trouve en- core un feuillet mince, translucide, d'épiderme, de telle sorte que le Cham- pignon est véritablement situé entre deux lames épidermiques. (Bazin.) Les pustules sont donc bien différentes des favi et n'ont jamais avec ces derniers que des rapports de contiguïté et non de continuité. Ce qui a pu induire en erreur, c'est qu'on voit quelquefois un cercle purulent autour du bouton favique. Ce cercle, il est vrai, n'est pas toujours entier; mais enfin nous l'avons vu, dans beaucoup de cas , entourer complètement le petit godet favique. Au centre d'un anneau purulent, de couleur blanchâtre, s'aperçoit une piHite croûte alvéolaire d'un jaune foncé. Souvent il existe un sillon circulaire entre l'anneau purulent et le godet. Eh bien , dans ces cas, (1) Lebert, Physiologie pathologique. Paris, 1845, t. II, p. 478. ACHORION SCHOEN'LEINIÎ. Û87 il est évident que. les observateurs ont pris le Champignon ceniralpour une gouttelette de pus concrète; ce qui leur paraissait d'autant plus manifeste, qu'à la circonférence il existait du pus à l'état liquide. 11 n'en est rien cependant, jamais le Champignon ne communique avec la pustule. Il est facile de vérifier tout cela, quand on étudie avec soin l'éruption simultanée de 2^stules et de favi, qui survient secondairement pendant le cours du traitement du Porrigo scutulata. (Bazin.) La marche des pustules est essentiellement différente de celle des favi : celles-là se concrèteni, se transforment en croûtes et ne s'accroissent plus; ceux-ci, au contraire, s'accroissent indéfiniment. Ajoutons que les produits . morbides de nature animale offrent dans leur mode de formation moins d'ac- tivité, moins de régularité progressive que n'en présente l'évolution du favus. En définitive, le microscope, les réactifs chimiques et l'anatomie patho- logique nous paraissent démontrer, d'une manière rigoureuse, la nature vé- gétale des teignes. (Bazin.) On regrette, en lisant les documents excellents publiés par Al. Bazin, de voir que les planches qui les accompagnent ne présentent pas un degré de précision cl d'exactitude en rapport avec l'étal actuel de la science et de l'art du dessin analomique. Les spores de Y Àchorion Schœnleinii ne sont pas représentées avec leur forme. 11 serait impossible ou très difficile de reconnaître celles qui sont figurées planche II, fig. 1 et 2, si l'explication ne veuait indiquer quels sont les objets qu'on a voulu reproduire. J'en dirai autant des filaments figurés dans la planche 111, fig. 1, F, qui ne sont probablement pas des filaments du Champignon favique. Ces inexacti- tudes tiennent à l'emploi de grossissements trop faibles qui, ne se trouvant pas en rapport avec la petitesse des objets à examiner, n'ont pas permis d'en constater avec précision tous les caractères ; elles tiennent aussi à une interprétation imparfaite des objets examinés. C'est ainsi que jamais les spores n'ont une forme aussi anguleuse que celle représentée planche II, figure 1, G. Remarques. On regrette également, au point de vue de l'exactitude des détails analomo-pathologiques, de voir méconnus dans cet ouvrage des faits d'anatomie normale des plus nets, qui dominent naturellement les précé- dents. C'est ainsi que M. Bazin confond les follicules sébacés avec les glandes pileuses (page 2U), qu'il nie l'abouchement d'aucune glande dans le follicule pileux, et qu'il pense que les organes figurés par Gurtl et autres comme glandes s'ouvrant dans ces follicules pileux , ne sont peut-être que des glandes sudoripares. Or chacun sait qu'il y a, non pas dans la peau, mais au-dessous du derme ou à sa face interne, trois espèces de glandes très distinctes par leur structure, leur forme, leur volume, etc. Ce sont : /iSS VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. 1° Les glandes dites sudoripares , ou follicules â tube enroulé englomé- riîie, qui s'ouvrent à la surface de la peau. 2" Les glandes sébacées, sécrétant la matière grasse dite sébacée, glandes qui ne sont pas des follicules, c'est-à-dire des tubes non ramifiés, terminés en cul-de-sac, mais des glandes en grappes simples, qui, par conséquent, sont à tort appelées follicules sébacés. Il n'y a pas de follicules sébacés, mais des glandes en grappes sécrétant la matière sébacée, espèce de glandes qu'il ne faut pas confondre avec l'espèce dite follicule. Ces glandes sébacées s'ouvrent à la surface de la peau, et souvent (surtout au visage) un poil du duvet dont le follicule se trouve près d'elles sort de la peau par l'orifice de ces glandes ; le follicule pileux et la glande, en un mot, dans ce cas, s'abou- chent au dehors par un orifice commun. C'est à tort que M. Bazin nie le fait et pense qu'on a pris pour un poil l'épilhélium de ces glandes, qui, s'accumulant dans leur cavité, peut être expulsé sous forme de filament vermiculairc. Ces deux cas existent, mais sont très différents. 3° Il y a enfin les glandes pileuses, petites glandes formées souvent de deux, trois ou plusieurs culs-de-sac (plus rarement un seul), dépourvus d'épitliélium, pleins de gouttes d'huile, s'ouvrant par un ou deux conduits dans le follicule pileux, dans sa portion qui traverse le derme. Ce sont des glandes spécialement annexées au follicule pileux, et bien différentes des glandes sébacées en grappes et des follicules enroulés sudoripares. Ce ne sont donc pas les glandes sébacées qui s'ouvrent dans le follicule pileux, mais il y a des glandes qui s'y jettent, et ce sont les glandes pileuses, glandes spéciales au nombre de deux, quelquefois une seule, plus rarement trois chez l'homme, et souvent beaucoup plus chez les animaux. Genre OÏDIUM, Link. « Fila simplicia vel ramosa, minutissima, pellucida, in floc- cis aggregata, leviter intertexta, articulata. Sporidia ex arti- culis secedentibus orta, simplicia, pellucida. » Espèce il.— OÏDIUM JLBICÀNS , ch. R. I. Synonymie. — Species Sporotrichi affinis, Gruby, Recherches anatomiques sur une plante cryptogame qui constitue le vrai Muguet des e?ifants {Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de Paris, 1842, in-4, t. XIV, p. 634-635). Cryptogames du Muguet, ouAphtapkyle, Gruby, loc. cit. (Comptes rendus, 1842, I. XV, p. 613). Champignon du Muguet, Cb. R., loc. cit., dre édit. , 1847, p. 32. « Fila in cespitibus Iaxis, primo villosis humidis albis, dein oïdium albicans. champignon du muguet. 489 sordide fulvis, vol fuscis, vel fùsco-flavis intertexta; intus leviter granulosa; lat. 0m,",00Zi, long. 0ni"',050 ad 0""",600. Sporidia plerumque rolunda autvix ovalia, ex articulis sece- dentibus; haud raro ovalia orta (pi. I, fig. 3, 5 et 6). » Hab. In membrana mucosa oris, faucium et œsophagi puerorum lactentium, nec non adultorum cachecticorum in extremis vitse. » II. Description anatomique. — Le végétal, dont les individus agglomérés et entrecroisés forment les couches ou plaques d'as- pect pseudo-membraneux du muguet, est composé : 1° de fila- ments tubuleux sporifères: on ne trouve pas de tubes non sporifères distincts des précédents, analogues au mycélium de beaucoup de Champignons, tels que YAchorion Schœnleinii, Rem. (pi. III, fig. 8), etc.; 2° de spores globuleuses, ou ovoïdes dans l'origine. 1. Les filaments tubuleux (racines, tiges, Gruby ; fibrilles, Berg) sont cylindriques, allongés, droits ou incurvés en divers sens. Ils sont larges de 0min,003 à Omm,00Zi (rarement moins, et quelquefois de 0mm,005), sur 0mm,05, 0»,n\50 à 0mm,60 de long, et même plus, suivant la période de développement à laquelle ils sont arrivés. Les bords sont foncés, nettement limités, ordinairement parallèles. L'intérieur du tube est trans- parent, de couleur légèrement ambrée (fig. 3, b). Ces filaments tubuleux sont formés de cellules allongées articulées bout à bout, et longues en général de 0,020 (fig. 5, c, a) ; elles ont cependant quelquefois plus du double près de l'extrémité adhérente. En général, elles diminuent de longueur en approchant de l'extrémité sporifère ou libre, de manière à n'avoir plus que 0,010 ou environ (fig. 5, b, b). Ils sont tous ramifiés (à l'état adulte) une ou plusieurs fois; ces ramifications sont aussi composées de cellules, comme les filaments d'où elles partent. Tantôt elles sont aussi ou plus longues que ceux-ci mêmes ; tantôt elles ne sont formées que /lOO VÉGÉTAUX l'AIi.vsiTKS. — CflAMPIGNO»g. d'une cellule courte et arrondie, ou seulement de deux uu trois cellules allongées (fig. 5, d, e). Ces filaments et leurs branches sont cloisonnés d'espace en espace, et ordinairement un peu étranglés au niveau des cloi- sons; celles-ci sont constituées par l'accolemcnt des extrémités arrondies des deux cellules. C'est contre l'étranglement articu- laire, ou un peu au-dessous contre la paroi du filament, que sont insérées les ramifications. Elles ne communiquent jamais avec la cavité des cellules (fig. 5, a, d, e). Les chambres, limitées par les cloisons (cavité de chaque cellule), renferment ordinairement quelques granules molécu- laires ayant 0mm,001 à 0mra,002, de teinte foncée, et souvent doués du mouvement brownien (fig. 3, d). Sur certains fila- ments, ebaque chambre renferme, au lieu de granules, deux, trois ou quatre cellules ovales qui remplissent la cavité (fig. 7, a). Les parois de ces cellules sont pales, jaunâtres, et se distinguent de celles du filament par leur teinte plus bril- lante, beaucoup moins foncée. Elles se touchent aussi par leurs extrémités, ou sont un peu écartées ; leur contenu est homogène, transparent. L'extrémité d'origine ou adhérente des filaments est ordi- nairement cachée au centre d'amas de spores isolées, ou mêlées avec des cellules épithéliales (pi. I, fig. 3, c). Cependant on peut l'isoler ; alors on voit que la première cellule est un pro- longement d'une spore et qu'il y a libre communication entre leurs cavités (fig. à, c). Quele filament soitformépar beaucoup de cellules et porte déjà des branches, ou soit représenté par une ou deux chambres seulement, la spore est toujours recon- naissable. Cette spore renferme habituellement deux ou trois granules sphériques de 0mm,001, foncés en couleur, à bords nets (fig. 5, g, h). Ils exécutent des mouvements rapides de sautillement, et changent de place dans sa cavité. Aux spores germées adhèrent souvent quelques autres spores assez diffi- ciles à en détacher (fig. 5, g). OÏDIUM ALBICàNS. champignon du muguet. A9l L'extrémité libre ou sporifère des filaments ou de leurs ra- mifications est, ou arrondie, sans renflements (fig. 3, c), ou formée par une cellule sphérique ou pvoïde, plus grosse que les précédentes et séparée d'elles par un étranglement très prononcé (fig. 3, i; fig. 5, i). Quelquefois celle-ci est prolongée par une ou deux cellules très petites. Cette cellule terminale renflée a de 0mm,005 à 0mm,007. Souvent les cellules qui précèdent le renflement terminal sont ovoïdes, courtes, et donnent au filament un aspect variqueux ou torruleux (fig. 3, g). Les cellules renflées terminales sont probablement des spores près de se détacher; et les cellules pales contenues dans les chambres, dont il a été parlé plus haut, des spores qui com- mencent à se développer. 2. Des spores. — Elles sont sphériques ou un peu allongées, à bords nets et foncés, cavité transparente d'une teinte am- brée et réfractant assez fortement la lumière. Elles con- tiennent au centre une fine poussière douée du mouvement brownien (pi. I, fig. 3, 6), et souvent un ou deux granules de 0,0006 à 1,001, doués du môme mouvement ; elles se mettent rarement en chapelet au nombre de deux à quatre à la suite l'une de l'autre (fig. 3). Un certain nombre de ces spores flottent librement, mais la plupart adhèrent fortement aux cellules épithéliales de la mu- queuse buccale, constituent un amas serré à leur surface et les recouvrent complètement (fig. h, b); de sorte que, lorsque les cellules sont isolées, on ne les reconnaît qu'à leur forme. Si elles sont imbriquées en larges plaques, on peut quelquefois reconnaître leurs bords, parce que les spores sont en moins grand nombre dans le voisinage de ceux-ci. Souvent sur les i larges cellules on aperçoit un ou deux groupes circulaires de spores qui s'en détachent quelquefois et flottent avec les spores i isolées (fig. h, c, c). Les spores et les filaments tubuleux ne sont attaqués que 1 par l'acide sulfurique et l'acide nitrique concentrés. 492 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. La description précédente a été laite sur des individus complètement développés, c'est-à-dire sur des plaques de muguet détachées depuis trois jours de la muqueuse où elles siégeaient, et conservées contre les parois d'un flacon vide, sauf quelques gouttes d'eau placées au fond du vase pour em- pêcher la dessiccation. Ces plaques existaient sur le malade depuis deux jours quand elles furent enlevées. Elles ont été recueillies dans le service de M. Trousseau par M. Le Bret. Le jour où elles furent détachées, les filaments différaient un peu de ceux qui viennent d'être décrits. Ils étaient plus courts, non ramifiés, les cloisons moins rapprochées les unes des autres, etl'onne voyait d'étranglement articulaire que vers un petit nomhre d'entre elles; de sorte que les filaments étaient bien plus régulièrement cylindriques (pi. I, fig. 3 et h). Les extrémités et le contenu des filaments ne différaient pas des précédents, si ce n'est que les chambres ne contenaient pas de cellules pâles comme on en trouve souvent dans les fila- ments adultes (fig. 7, a, et fig. 5, g, i). Quant aux spores, elles ne présentaient rien de particulier; les groupes qu'elles formaient à la surface des cellules épilhé- liales étaient plus adhérents ; on trouvait aussi plus de cellules d'épithélium, soit isolées, soit imbriquées, couvertes de spores. Sur certaines d'entre elles, il n'y avait que quelques sporules éparses, isolées ou accolées ensemble au nombre de deux à cinq au plus. D'un assez grand nombre de groupes on voyait partir un filament tubuleux représenté par une seule cellule verticale allongée : c'était un prolongement de spore germée communi- quant avec la cavité de celle-ci (fig. h, c, c). III. Siège précis du muguet. — Les auteurs qui ont étudié le muguet ne sont pas d'accord sur le siège des plaques pul- tacéesqui le caractérisent : les uns les placent sur l'épithélium, les autres dessous; d'autres les considèrent comme situées sous l'épithélium dans certaines parties , sur sa face libre dans d'autres régions. Il est de fait que par l'examen à l'œil nu on OÏDIUM ALBICANS. champignon du mugurt- /i98 ne peut, à cet égard, arriver qu'à des assertions, sans démons- tration expérimentale. On peut reconnaître, d'après les descriptions précédentes, que le végétal se développe à la surface de l'épithéHum, dans cette couche de mucus visqueux qui adhère à ce dernier, et dans laquelle nagent des cellules épithéliales isolées ou réunies qui se détachent continuellement. Les spores germent dans ce sol, s'y multiplient rapidement, adhèrent à l'épithélium, dont elles couvrent les cellules les plus sujierficiellementplacées ; etbientôt, mélangées aux cellules du liquide visqueux, elles for- ment avec les filaments tubuleux une couche blanchâtre épaisse, qui occupe ce liquide. Cette membrane enlevée , ce n'est pas le derme de la muqueuse qu'on a sous les yeux, mais une couche d'épi thélium de formation récente (ce que beaucoup d'auteurs et Berg avaient déjà constaté) : cette dernière est bientôt enduite de liquide visqueux. Ce qui a fait penser à plu- sieurs physiologistes que le muguet se développe sous l'épithé- lium, qu'il déchire peu à peu pour tomber, c'est que l'adhé- rence des groupes de spores et des filaments qui en partent en nombre infini est bien plus grande dans les premiers jours du développement du végétal que plus tard. Cela tient encore à ce que les couches d'épithélium les plus superficiellement situées, contre lesquelles a lieu cette adhérence, sont re- poussées et détachées par celles qui se développent incessam- ment au-dessous d'elles, dont la formation est à peine ralentie. (Berg.) Conditions favorables au développement de TOidium albi- cans, Ch. R. — On ne peut sans erreur considérer ces couches pultacées comme le résultat d'une inflammation de la surface de la muqueuse digestive, ni d'une phlegmasie avec al- tération de sécrétion, ni comme de véritables fausses mem- branes analogues à celles des séreuses enflammées, par exemple. La phlegmasie des muqueuses amène seulement une altération du produit qu elles sécrètent habituellement , qui rend celle-ci fl&h VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. propre à servir de sol an végétal qui se développe et à lui fournir des matériaux nutritifs. Du reste, les nombreuses observations du muguet développé chez des enfants bien portants, mais ordinairement mal nourris , sur des adultes à la dernière période de maladies de longue durée, etc., qui souvent ne montraient pas plus que les enfants de trace de pblogose de la muqueuse, font voir que l'inflamma- tion n'est pas la seule cause de cette altération du mucus qui favorise l'accroissement du Champignon du muguet, bien qu'elle en soit une. C'est d'après ces faits que, dans les Préliminaires de la pre- mière édition de ce travail, j'ai rangé le Champignon du mu- guet, etc., parmi ceux qui se développent dans les substances animales en voie d'altération à la surface du corps vivant. C'est d'après ces conditions particulières de développement que je l'ai séparé des Epiphytes essentiellement parasitiques, comme le Champignon de la teigne, etc., qui se développent même sur l'homme sain. Ce développement a lieu, soit \)&r inoculation ou autre mode de transport des sporules, ou peut-être, dans les cas ordinaires, il est favorisé par quelque légère altération des hu- meurs, dont la nature reste encore à déterminer du reste: telle est celle qu'à la longue peuvent produire à la surface du corps la malpropreté, ou dans toute l'économie l'usage d'une mauvaise nourriture, l'habitation de lieux humides, etc. Les conditions de développement dont il vient d'être question sont plus nettement étudiées dans les recherches sur la diph- thérite, par M. Empis; il a vu l'apparition du muguet pré- cédée d'une inflammation générale de la muqueuse buccale, phlogose caractérisée par de la rougeur et une douleur vive qui met obstacle à la succion (1). Elles sont également étudiées dans le travail de M. Gubler, dont je reproduis ici presque tex- tuellement une partie. (1) Empis, Elude de la diphthérite [Arch. gén. de méd., 1850, t. XXII, p. 281). oïdium albicans. champignon du muguet. 495 Une opinion accréditée, dit M. Gubler (1), c'est que les végé- taux inférieurs appartenant aux familles des Mucédinées ou des Algues "attaquent les autres plantes plus élevées dans l'échelle et déterminent dans celles-ci des altérations profondes qui finissent par les faire périr. Mais cette manière de voir ne nous paraît pas suffisamment justifiée. Les détails dans lesquels nous allons entrer relativement au muguet montreront que, comme pour les végétaux, une altération des tissus vivants précède le développement de la plante. Les expériences de Dutrochet ont établi que les végétaux inférieurs naissent de préférence dans les liquides acides. Tous ceux qui ont fait des expériences dans les laboratoires de chimie ont vu des faits confirmatifs de ces observations. Je me suis assuré que les enfants affectés de muguet ont toujours une extrême acidité de la bouche. Le mucus qui tapisse la langue, les joues ou toute autre partie de la cavité bucco-pharyngienne rougit énergique- ment le papier de tournesol, même au moment où l'enfant vient de teter. Cette réaction se montre avant qu'on aperçoive aucune trace de muguet. Mais alors il existe déjà une rougeur framboisée très intense des membranes muqueuses qui tapis- sent cette première portion des voies digeslives ; en sorte que l'on peut prévoir l'invasion du Cryptogame quand on voit réunies ces deux particularités. De ces observations, et de diverses autopsies, je crois, con- tinue M. Gubler, pouvoir formuler les propositions suivantes : L'affection connue sous le nom de Muguet débute par une certaine phlogose des voies digestives. Cette phlogose paraît déterminer la suppression de la sécré- tion salivaire qui est alcaline, et peut-être l'exagération de l'acidité propre au mucus buccal. En présence de cette acidité constante de la bouche, secondée par une température assez élevée, des végétations cryptoga- (1) Gubler, Noie sur le Muguet {Gaz. méd, de Paris, 1852, in-4, p. 412). ài)(5 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. iniques ne lardent pas à se développer sur la face dorsale de la langue, le palais, le voile du palais, le pharynx, la portion de la face interne des joues comprise entre les arcades den- taires, lorsque les mâchoires sont écartées, etsur les parties des lèvres qui débordent les gencives et les dents. Il ressort de ce qui précède que les fllucédinées du muguet n'attaquent pas les tissus vivants, mais qu'elles se développent simplement au milieu de détritus organiques dans des condi- tions déterminées, et que leur apparition n'est qu'un épiphé- nomène (1). Régions du corps où peut se développer TOidium albicans, Ch. R. — Outre les diverses parties de la bouche et le pharynx, le muguet peut occuper l'œsophage jusqu'au cardia, et quel- quefois l'estomac et l'intestin grêle, où j'en ai rencontré une fois dans le service de M. Trousseau, ainsi qu'au pourtour de l'anus. Les conditions d'acidité et de légère altération des humeurs nécessaires au développement de ce végétal ne sont pas rares dans ces diverses parties du corps. Le végétal dont il s'agit ici ne se développe jamais dans le larynx et la trachée, le muguet ne s'étend jamais dans ces cavités, fait qui coïncide avec l'état constamment neutre oulégèrement alcalin et jamais acide des mucus de ces conduits. C'est surtout chez les enfants affaiblis par des diarrhées et des vomissements, suite d'in- digestions ou d'inflammations intestinales, ou chez ceux qui prennent une mauvaise nourriture, que se rencontrent les conditions mentionnées ci-dessus. Il suffit du reste que l'aci- dité soit très légère. J'ai vu du muguet abondamment déve- loppé dans des cas où la muqueuse était à peine acide. Les mêmes conditions d'acidité se rencontrent probablement quel- quefois aussi à la surface et au pourtour du mamelon, par suite d'aigrissement du lait qui l'humecte souvent ou de dépôt de mucus acide par les enfants qui tettent, car MM.Bouchut et Rayer (1) Gubler, loc. cit., 1852. oïdium albicans. champignon du muguet. 497 m'ont cité des cas de transmission du muguet de l'enfant à la nourrice, et M. Empis a constaté également le même fait (1). On sait enfin que ces conditions peuvent s'observer dans les derniers jours de la vie, particulièrement chez les phthisiques, à la fin des fièvres typhoïdes, des phlébites et lymphangites mortelles, etc. Son apparition, dans ces cas, est un signe indi- quant l'approche de la mort, non pas que le végétal ait une action toxique par lui-même, mais parce qu'il ne se développe chez les adultes que lorsque l'altération des liquides de l'éco- nomie est générale et profonde; parce qu'alors seulement se montrent chez l'adulte les conditions d'acidité du mucus buc- cal, etc., qui en permettent le développement. J'ai pu constater que c'est bien YOidium albicans qui croît quelquefois à la surface des aphthes. Tantôt il y forme une plaque blanchâtre ou jaunâtre; d'autrefois il s'y trouve en très petite quantité et ne constitue pas une couche assez épaisse pour être vue à l'œil nu, et l'on en rencontre seulement les éléments (tubes et spores) quand on examine avec le microscope le liquide mu- queux et purulent qui recouvre l'ulcération. Nous verrons plus loin que c'est cette espèce de Cryptogame qui a déjà été décrite et figurée par Vogel, etc., dans des cas d' aphthes de la bouche et de l'œsophage. Vogel avance que sur de véritables pseudo-membranes diphthéri tiques exsudées àla surface des muqueuses buccale ou pharyngienne, on trouve quelquefois le Champignon du mu- guet, lors même qu'elles ne forment encore que de petits points ou petites plaques blanches. Le fait n'est pas impossible ; le mucus qui imbibe étant quelquefois acide. Pourtant je ne l'ai jamais constaté, bien que j'aie examiné un assez grand nombre de ces fausses membranes. « Evidemment, dit M. Em- pis (2), Vogel a confondu, sous la dénomination de diphthé- rite, toutes les exsudations pseudo-membraneuses, sans s'oc- (1) Empis, loc. cit. (Arch. gén. de méd., 1850, t. XXII, p. 289). (2) Ehpis, loc. cit. (Ibid.) 32 Û98 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. cuper de leurs caractères et de leur nature, car ce végétal ne se rencontre que dans les exsudations du muguet et nullement dans les exsudations franchement diphlhéri tiques ou fibri- neuses, » MM. Rayer et Charco ont observé le muguet dans un cas de phlébite des membres supérieurs et inférieurs, survenue sans causes connues chez une femme de vingt-sept ans. M. Depaul et M. Verneuil ont signalé un cas analogue chez une femme jeune et de bonne constitution, atteinte de phlébite suite de couches. M. Depaul a fait remarquer qu'il avait vu plusieurs fois le muguet se développer dans les phlébites graves suite de couches (1). IV. Nutrition, développement et reproduction. — Si l'on juge par sa rapidité du développement de ce végétal, la nutrition s'y accomplit avec une grande intensité. La germination des spores se fait par simple allongement de celles-ci. Il en résulte une cellule tubuleuse (pi. I, fig. à, c, e). Celle-ci se partage ensuite en deux par une cloison transver- sale, et constitue alors un filament articulé formé de deux, puis de plusieurs cellules placées bout à bout (fig. 5, h, l) , parce que la cellule terminale se segmente à mesure qu'elle grandit. La première cellule prend, du reste, quelquefois une longueur assez considérable avant de se segmenter (fig. 3, c.e, k, l); quelquefois même le tube commence à produire des spores sans s'être partagé en plusieurs cellules (b) : il prend alors une longueur aussi grande que celle des tubes cloison- nés (comparez fig. 3, 6, k, l, m, à fig. 5). Dans le mucus buc- cal, à la surface de la muqueuse, à la température du corps, le filament qui naît d'une spore a presque immédiatement le volume qu'il conservera toujours (fig. A, c, e, et fig. 3, e). Dans le mucus buccal acide placé dans un vase, à la température de 15° à 18°, les tubes sont d'abord grêles, et ne prennent ensuite que peu à peu le volume qu'ils offrent quandilsont atteint leur (1) Procès-verbaux de la Société de biologie, 1851. oïdium albicans. champignon du MUGUET. Â99 développement complet; et alors même ils restent toujours un peu plus grêles que les autres (comparez fig. 5, h, l à b, c, d, et b, c, d àfîg. 3). La reproduction ou naissance des spores a lieu par segmen- tation du bout de la cellule terminale. Cette extrémité se renfle d'abord (fig. 3, k); le renflement est ovoïde ou sphérique. Quel- quefois la cellule présente plusieurs renflements et resserrements placés à la suite les uns des autres (fig. 3, g), ce qui lui donne un aspect toruleux. Peu à peu se forme une cloison complète au niveau du resserrement (k, i, h), là où les spores restent encore assez longtemps adhérentes au bout du tube avant de se détacher, et ordinairement ne tombent qu'après être deve- nues sphériques (fig. 5, {, i). Le muguet se présente d'abord sous l'aspect d'un certain nombre de petits points blancs, séparés les uns des autres [muguet discret). C'est par multiplication et accumulation des éléments de la plante à la surface et dans les intervalles des cellules d'épithélium que se forment ces points blancs. Dans le principe ils sont composés d'une masse d'épithélium plus considérable que celle des végétaux qui adhèrent àcelle-ci, etleur sont mélangés (pi. I, fig. 3 et 4). Il importe d'être prévenu de ce fait, car on pourrait croire d'abord à des fausses membranes ordinaires, lorsqu'on trouve que le végétal ne forme que la plus petite masse de ces points blancs ; mais la couleur blanche est due principalement au végétal. A mesure que les points blancs deviennent plus nombreux , ils se touchent et se confondent de manière à constituer une couche continue, blanchâtre, qui revêt toute la muqueuse et là cache (muguet confluent) .On trouve alors partout, soit des tubes entrelacés et mélangés à des cellules d'épithélium couvertes ou non de spores qui leur adhèrent, et à du mucus plus ou moins dense et contenant beaucoup de granulations moléculaires. Les tubes sont plus ou moins grands, etsouventon en trouve qu'on a brisés (pi. I, fig. 6; pi. IV, fig. 7). 500 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. V. Action du végétal sur l'homme. — La phlogose de la mu- queuse buccale, etc. , est chez les enfants l'affection clans la- quelle se développe le muguet. L'un des phénomènes suite de cette phlogose, c'est le passage à l'état acide du mucus de la bouche, etc., et aussi la formation d'épilhélium plus abon- dante qu'à l'état normal; du moins sa quantité augmente dans le mucus. Cet état devient condition dénutrition et de déve- loppement de YOidium albicans , Ch. R. L'acidité peut se montrer, ainsi que je l'ai déjà dit, dans d'autres circonstances où il n'y a pas de phlegmasie de la muqueuse, telles que à l'approche de la mort, à la suite des lièvres graves, de la phthisie, etc. Le développement du végétal est ici un épiphé- nomène. Il n'a d'autre action sur l'être qui le porte que de troubler la dégustation et de gêner les mouvements de succion et de déglutition. Il survient précisément lorsque les sécré- tions des muqueuses buccale ou même intestinale, quand il se prolonge au delà du pharynx, etc., sont supprimées ou ralenties, ce qui permet l'altération des humeurs qui humectent la mu- queuse en faisant cesser leur renouvellement. On ne peut pas dire, par conséquent , qu'il détermine des modifications bien tranchées des sécrétions de ces muqueuses. Il disparaît facilement lorsque, par l'emploi de différentes espèces de gargarismes ou de collutoires légèrement alcalins, particulièrement ceux formés avec parties égales de miel et de borax, on vient à déterminer une sécrétion plus ou moins abon- dante de salive. Il est facile de comprendre que ce ne sont là que des adjuvants des moyens à employer contre l'affection générale qui a déterminé des troubles dans les sécrétions. Toutes les fois que le végétal est transporté expérimenta- lement ou naturellement sur une muqueuse ou autre mem- brane présentant les conditions déjà signalées , convenables au développement du végétal , il s'y multiplie rapidement. C'est ainsi que le végétal peut être semé, transmis de la bouche de l'enfant à l'auréole et au mamelon de la mère , ainsi que oïdium albicans. champignon du muguet. 501 j'en ai rappelé précédemment des cas. Berg a vu que du muguet transporté sur la langue d'individus sains peut y pulluler avec rapidité. De la nature des plaques d'aspect pseudo-membraneux du muguet. — Les plaques des couches d'aspect pseudo-membra- neux du muguet ne présentent pas trace des éléments des fausses membranes, et pas de globules de pus. Je n'y ai trouvé que des éléments indiqués précédemment; et déjà MM. Berg et Gruby n'en avaient pas vu d'autres : ce sont les filaments tubuleux, les spores et les cellules épithéliales. Ces corps sont disposés de la manière suivante pour constituer les plaques de muguet. On voit sur un fragment de celles-ci que les cellules épithé- liales forment une couche serrée du côté de la partie adhé- rente à la muqueuse. Sur l'autre face, au contraire, de larges portions des cellules imbriquées sont couvertes de spores qui y adhèrent fortement , les couvrent , et n'en laissent voir qu'imparfaitement les bords qui empiètent les uns sur les autres. D'autres cellules libres , couvertes ou non de spores , sont mêlées avec des spores isolées on réunies en petits amas, et avec les tubes filamenteux du végétal qui s'entrecroisent en tous sens. Ceux-ci rampent à la surface des plaques du mu- guet, au milieu des spores et des cellules épithéliales libres (c'est-à-dire réunies entre elles seulement par le liquide vis- queux du mucus), et forment un réseau plus ou moins épais de filaments entrecroisés. Ces plaques sont molles , faciles à déchirer , et c'est sur le bord des fragments ou sur quelques filaments détachés dans toute leur longueur qu'on voit les tubes libres. MM. Berg et Gruby ne décrivent pas le végétal d'après des plaques prises dans l'œsophage, l'estomac, ou même l'intestin. Je n'ai pu aussi étudier que celui de la langue et des joues ; mais rien n'autorise à penser que la différence de siège en- traîne une différence de nature , puisque les caractères exté- 502 végétaux parasites.— champignons. rieurs ne changent pas ; et, du reste, les cas de végétaux ana- logues dans l'intestin ne sont pas rares. Je n'ai pas pu constater à quel genre d'altération des cou- ches de muguet est due la teinte hrunc ou noirâtre qu'elles prennent quelquefois. D'après ce qui précède , on voit que les analyses chimiques qui ont été faites des plaques de muguet nous fonteonnaitre seulement la composition d'un mélange de cellules d'épithélium, du végétal qui est mélangé avec elles, et du liquide visqueux qui les imhihe. La fausse membrane du muguet est molle, souvent pultacée. Lorsqu'on cherche à la détacher avec une pince, on constate qu'il est difficile d'en obtenir des lambeaux; c'est en ra- clant qu'on peut l'enlever. On peut facilement l'entraîner en essuyant légèrement la muqueuse qu'elle tapisse avec une compresse. Au-dessous on voit la muqueuse rouge, enflammée, nullement à vif, tapissée encore par son épithélium, ainsi que je l'ai dit plus haut. M. Empis remarque avec raison qu'on ne fait pas couler la moindre goutte de sang , parce que l'adhérence à la muqueuse est peu considérable , et n'est jamais intime comme celle de la fausse membrane diphthéri- tique. Résumé de la description du muguet. — 1. Les plaques ou couches d'aspect pseudo-membraneux qui caractérisent anato- miquement le muguet ne sont pas des fausses membranes ; elles sont formées, en majeure partie, parles spores et les fila- ments tubuleux d'un végétal mélangés aux cellules épithéliales isolées ou imbriquées du mucus buccal. Ces divers éléments sont maintenus réunis par le liquide visqueux du mucus à la surface de L'épidémie buccal. 2. Le végétal est constitué par des filaments tubuleux, cloi- sonnés d'espace en espace , souvent étranglés au niveau des cloisons, et ramifiés plusieurs fois. Les bords des filaments sont nets ; la cavité des cellules qui les forment {chambres) renferme quelques granules moléculaires, ou quelquefois deux ou quatre oïdium albicans. champignon du muguet. 503 cellules très pâles , ovoïdes. Ces filaments ou tubes articulés naissent d'une spore qui pousse un prolongement tubuleux; cette spore conserve sa forme , quelle que soit la période de développement du végétal. L'extrémité libre est ordinaire- ment constituée par une cellule courte et renflée qui devient un^ spore; elle est souvent précédée de plusieurs cellules ovoïdes articulées en chapelet, qui sont autant de spores en voie de for- motion. Les spores sont sphériques ou un peu allongées, à bords nets foncés, à centre brillant ; elles renferment une fine pous- sière , et souvent un ou deux granules moléculaires mobiles. Dans les spores germées ces granules se déplacent continuelle- ment. 3. Les filaments tubuleux sont entrecroisés en tous sens; les spores , réunies en groupes , adhèrent fortement aux cel- lules épithéliales isolées ou imbriquées, et les recouvrent com- plètement, ou bien constituent seulement des groupes arrondis sur une portion de leur surface. De ces groupes on voit quel- quefois partir un prolongement tubuleux nouvellement germé, tantôt non cloisonné, tantôt cloisonné un petit nombre de fois seulement, et non ramifié. h. Ce végétal et les plaques qu'il forme ne constituent ni un symptôme constant de maladie ni une maladie ; il se développe toutes les fois que le mucus a éprouvé une altération qui per- met son accroissement , et l'observation montre que si cette altération est ordinairement consécutive à une phlegmasie des muqueuses ou à une autre maladie, elle peut se montrer sous d'autres influences (mauvaise nourriture , etc.) ou sans cause connue. Ce résumé est conservé textuellement ce qu'il était dans la première édition. VI. Historique et remarques sur les variations que présentent les fila- ments du Champignon du muguet, suivant les conditions dans lesquelles ils se développent. — Les différences que présentent les tubes ou filaments 50A VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. du Champignon du muguet, suivant le degré de leur développement, doi- vent être étudiées avec soin avant de donner une détermination spécifique, car elles sont généralement assez grandes (comparez fig. ci et 5, pi. I). C'est là un fait qui est bien connu de tous les cryptogamislcs et qui a été constaté expérimentalement par eux sur nombre d'espèces. Ce fait établi, ils ont été conduits avec raison à ne déterminer une espèce comme nouvelle qu'autant que tous les étalssuccessifs par lesquels passe celle-ci on t été observés à partir du moment de la germination des spores jusqu'à l'état adulte carac- térisé par le développement des organes de reproduction, des spores en par- ticulier. Ces différents degrés peuvent souvent être observés sur une seule préparation contenant toujours un grand nombre de ces êtres microscopiques. Ce n'est du reste ordinairement qu'après avoir examiné la même espèce dans diverses circonstances de son évolution, que l'on voit qu'une seule pré- paration peut présenter les différents degrés de l'accroissement du végétal. A. Variations suivant les âges ou états successifs d'évolution. — Ainsi ce n'est que par l'examen expérimental des divers états que présente successivement un végétal (états auxquels on peut l'arrêter par dessic- cation) qu'il est possible de se faire une idée des variations de forme et de volume qu'il peut offrir. Cette idée, acquise par des expériences faites sur plusieurs espèces nécessairement, sert ensuite de guide dans l'étude et la détermination des espèces qui n'ont pas encore été décrites ou qu'on ob- serve soi-même pour la première fois. Mais si par l'examen de quelques espèces différentes, prises aux différentes phases de leur développement, on ne s'est pas fait une idée de ce qu'est un végétal , des diversités d'aspect qu'il peut présenter selon les degrés de son évolution, on est exposé à tomber fréquemment en erreur lorsqu'on voudra porter un jugement. L'étude historique de la science montre que ces erreurs varient suivant la direction de l'esprit de chaque observateur. Elles consistent : 1° A prendre le végétal à des étals divers de développement et à le considérer comme formant autant d'espèces différentes qu'on a vu en lui d'états successifs ; d'où multiplication outre mesure du nombre de celles-ci. 2° A prendre les individus appartenant à des espèces diverses, bien que plus ou moins voisines, pour des êtres de même espèce, parce que, arrivés à des degrés de développement correspondants, ils ont quelque analogie entre eux ; d'où tendance à confondre des espèces différentes en une seule, ou plus souvent à croire qu'une espèce peut se transformer en d'autres es- pèces. Je ne parle de ces deux cireurs que par la raison que je les ai vu commettre toutes deux, à propos du muguet d'abord, et plusieurs fois pour d'autres espèces de végétaux et d'animaux d'organisation très simple, pa- rasites ou non. OÏDIUM ALBICANS. CHAMPIGNON DU MUGUET. 505 La première est commise habituellement par les médecins, lorsqu'ils exa- minent les parasites dont il est question dans ce livre. Cela lient ( dans les cas que j'ai vus, du moins) à leur esprit analytique, qui les conduit à voir des différences partout. Cela tient à leurs études spéciales bornées à l'homme ou aux êtres les plus voisins ; ce qui leur empêche de constater la liaison des faits, de reconnaître quels sont ceux d'ordre simple, mais généraux et indépendants, qui sont condition d'existence des plus complexes , sans que ceux-ci résultent des premiers. Celte même cause les empêche encore de voir quels sont les faits qui ne se distinguent que par des différences dans le degré, et non par leur nature (physique, ou moléculaire, c'est-à-dire chi- mique, inorganique, ou organique). Enfin elle les empêche de comprendre qu'un même être peut passer par des élats successifs souvent très diffé- rents , sans que pour cela il soit essentiellement distinct d'autres individus plus ou moins développés, provenant de parents qui ont passé par les mêmes phases. C'est ce dernier fait que montreraient l'élude d'un plus grand nombre d'êtres et la connaissance de chacune des parties isolables, mais d'ordres divers pour la complication, qui composent un être organisé, et dont cha- cune peut varier un peu en particulier; d'où l'impossibilité de bien appré- cier les variations de l'organisme, si l'on ne connaît déjà entre quelles li- mites peuvent varier ses parties. La deuxième erreur est commise par les naturalistes ; c'est-à-dire par les savants dont les études portent sur une grande quantité d'êtres, sans appro- fondir l'examen d'un seul qui puisse servir de type. Envisageant en quelque sorte l'organisme comme un Tout homogène, au lieu d'y voir un Tout com- posé de parties diverses, mais solidaires les unes des autres, ils voient partout des ressemblances. Les faits complexes qui ont pour condition d'existence ces faits généraux et indépendants leur paraissent se confondre avec ceux-ci, ou n'être qu'une de leurs conséquences ; les différences dans les degrés d'un caractère n'existent plus pour eux, elles ne sont que des iden- tités. Cette erreur serait prévenue par la connaissance plus parfaite et plus minutieuse de l'un d'entre tous les êtres qu'on a examinés, car cet examen montrerait que les parties ne variant qu'entre certaines limites, sans prendre les caractères d'une des autres, le tout ne peut non plus varier au point de prendre les caractères d'un autre organisme ; il montrerait qu'il ne peut se transformer d'individu d'une espèce en individu d'une autre espèce. B. Variations suivant la nature des milieux ou habitat. — On sent par ce qui précède qu'il ne suffit pas de connaître les divers états par lesquels passe un organisme considéré comme un tout pendant la durée de son développement, pour éviter l'erreur qui consiste à dire que des Cham- 500 VÉGÉTAUX l'.Ul.vMTKS. — CIIVMl'KJNOHS. pignons d'espèces très diverses se rencontrent dnnsles plaques pultacées du muguet; ou celle qui consiste ù dire qu'un Champignon, etc., peut se trans- former en espèces très diverses, suivant les régions du corps où les milieux dans lesquels {I se développe. Il faut, en effet, savoir encore que chaque être organisé est susceptible de varier entre certaines limites, suivant les conditions dans lesquelles il se développe: c'est ainsi que souvent, chez les adultes, les tubes des filaments de ce Champignon sont moins granuleux, ou renferment dans leur intérieur des gouttes pâles et allongées au lieu de granulations, et sont plus nette- ment articulés que chez les enfants (pi. IV, (ig. 7). Il faut savoir de plus, lorsqu'il s'agit de Cryptogames dont on place les spores dans des conditions déterminées, qu'il arrive souvent que le lieu où elles sont étant défavorable, elles ne germent pas, et que ce sont les spores d'une autre espèce qui (mêlées aux premières par le mécanisme peu connu de la distribution très variée des germes de Champignons) se développent au lieu de celles-ci. Le Champignon du muguet , comme beaucoup d'autres Cryptogames, est formé d'éléments analomiques simplement placés à la suite les uns des autres. Or, nous avons vu tout à l'heure que pour bien apprécier les varia- tions du tout, il faut connaître entre quelles limites ont lieu celles de ses par- ties, qui sont diverses, et jouissentd'une certaine indépendance, bien qu'elles soient solidaires. On comprend donc de quelle importance, dans des êtres si simples, il est de savoir que les éléments analomiques (tubes, fibres, cellules) de quelque être que ce soit, végétal ou animal, sont susceptibles de varier eux-mêmes entre certaines limites, suivant les conditions où ils se trouvent, et cela sans tendre à se transformer, c'est-à-dire à perdre leurs caractères essentiels (tels que ceux de structure), pour prendre ceux des individus d'une autre espèce. C. Conséquences des faits précédents. — Mais, dira-t-ou, voilà des faits qui rendent l'étude de la science des corps organisés impossible, car alors ils ne pourraient être reconnus que par des spécialistes. Erreur ! Il a bien fallu faire une étude spéciale des éléments et des tissus, pour constater ces faits ; mais maintenant l'esprit étant averti de leur existence et dirigé vers eux , leur exactitude sera facilement vérifiée, sans autant de dépense de temps et d'expériences. Du reste, il ne faut pas se faire illusion à cet égard, et il faut reconnaître tout de suite que l'élude des corps organisés est plus compliquée que celle des corps bruts. Notons, du reste, que cette prétendue nécessité de n'étudier spécialement que les éléments anatomiquesà l'aide du microscope pour comprendre quel- que chose à leur histoire n'est pas fondée. Car si l'étude des éléments est in- OÏDIUM 4JLfijfi4BjS. CJfPJPJfiWfiN W MUGUET. 507 dispensable pourapprofpndit" le j'este de j'aiiatqmie, elfe exige une dissection préalable minutieuse, une cpnnaissance pré|imji]ajre exacte des limites de chaque organe; autrpmepf pn risque d/aiirjbuer à l'un ce qui appariicnlà l'autre. En un mot, l'étude des éléments anatpmiques force à disséquer. Au contraire, l'analomie descriptive peut être étudiée expérimentalement, sans connaître les éléments ; mais ce n'est jamais que la forme, la situation et la consistance que l'on observe, en sorte que, à chaque instant, on se trompe dans les interprétations sur leurs altérations, faute d'avoir observé les mo- difications survenues dans la texture ou arrangement réciproque des élé- ments. Alors, après avoir constaté les faits discutés plus haut, on reconnaîtra qu'il reste beaucoup plus de vrai qu'on ne le croit dans les recherches des Montagne, Agardh , Kiilzing, Berkeley, etc., sur les êtres les plus simples, Algues ou Champignons. On verra qu'il n'est pas juste de dire, avec Schleiden et les fauteurs de l'hypothèse de la métamorphose, qu'on peut négliger, à peu d'exceptions près, tous les ouvrages qui traitent des Crypto- games inférieurs, et que tout le travail est à recommencer. Oui! il faut re- jeter plusieurs de ces écrits : ce sont ceux qui ont été faits avant que l'on eût pu, par des moyens délicats, reconnaître les limites de variations des éléments anatomiques et des organismes qui en sont formés; ce sont ceux encore qui ont été publiés avant qu'on connût la nécessité de distinquer les états successifs par lesquels passe le végétal pour en déterminer l'espèce. Mais du moment qu'il y a des exceptions (et les ouvrages des auteurs cités plus haut seront facilement reconnus de ce nombre) , du moment qu'il y a des exceptions, tout n'est pas à refaire. Ceux-là seulement qui n'ont pas commencé, par des recherches patientes et pénibles dans l'origine, à étudier ces variations, ceux-là seuls seront conduits à tout remettre en doute. Résolvez les deux questions expérimentales énumérées plus haut (A, B), décrivez avec soin l'ensemble des espèces et leurs parties ; tenez comple de chacun des caractères de celles-ci ; tenez compte des particularités pos- sibles de mélange des germes d'une espèce avec ceux d'autres espèces, comme l'a fait M. Montagne en étudiant le Botrytis de la muscardine , et alors vous verrez qu'au fond de ces travaux il reste beaucoup plus de choses justes qu'on ne le pense généralement. Je sais que le langage n'exprime que la pensée de celui qui parle, et suppose chez celui qui écoute plus d'idées qu'il n'en transmet. Par consé- quent, je ne serais pas étonné de rencontrer de l'opposition de la part de ceux qui n'ont pas étudié ces faits. Je serais encore moins étonné d'en ren- contrer de la part de ceux qui les ont étudiés incomplètement, c'est-à-dire soit sur un trop petit nombre d'individus , soit avec des instruments impar- 508 VÉGÉTAUX PAKAS1TES. CHAMPIGNONS. faits; car il est indispensable que les moyens soient en rapport avec la na- ture des difficultés à vaincre. Mais je serai appuyé de ceux qui se placeront dans ces conditions , ou qui s'y sont placés, et ont étudié les êtres vivants en coordonnant les faits dans l'ordre indiqué plus haut, à mesure de leur acquisition. Les variations principales des tubes du muguet, auxquelles il a été fait allusion dans cette discussion, portent sur la nature du contenu, qui peut être moins granuleux clans certains cas que dans d'autres (pi. IV, fig. 7); sur la fréquence des articulations , c'est-à-dire sur la longueur des cellules placées bout à bout (comparez pi. IV, fig. 7, et pi. I, fig. 5 et 6, à la fig. 3 de la pi. I) ; elle porte aussi sur le diamètre des tubes, évidemment moins larges lorsqu'ils sont encore peu développés (pi. I, fig. 5, h, l) que lorsqu'ils le sont assez pour produire des spores (pi. I, fig. 3). Quant aux sporulcs, les variations de volume ne sont pas plus grandes que celles figurées planche I, fig. 3 et lx : seulement tantôt c'est la forme sphérique qui l'emporte en nombre, tantôt c'est la forme ovoïde ; tantôt ce sont les plus petites qui sont les plus nombreuses, et c'est là le cas ordinaire (fig. 3); d'autres fois, quoique rarement, ce sont les plus grosses (comme on le voit en d, fig. lx). Remarques historiques sur la description dumuguet. — Berg le premier a constaté que les petits points blancs par lesquels commence le développe- ment du muguet, enlevés avec une épingle et portés sous le microscope, montrent un grand nombre des filaments et des spores décrits plus haut. Celles-ci sont souvent groupées deux à deux à la suite l'une de l'autre, et sont faciles à distinguer des globules de lait, d'amidon, de mucus, des cel- lules épithéliales qui y sont souvent mélangés. Déjà leurs caractères propres les distinguent , mais de plus aucun réactif ne les altère, sauf l'acide sul- furique concentré, qui les dissout. D'après Berg, cette végétation, par elle-même, n'est ni une maladie ni un symptôme constant d'une maladie quelconque , parce qu'on la trouve chez les enfants tout à fait sains et dans les meilleures conditions hygiéniques, aussi bien que conjointement avec différentes maladies, et ce n'est certai- nement pas une production de l'inflammation, car elle n'en a aucun carac- tère. Il dit aussi qu'à l'hospice des Enfants de Stockholm, où les enfants sont allaités par des nourrices sédentaires, cette moisissure de la muqueuse buccale est toujours considérée comme une bagatelle qui n'est jamais dan- gereuse par elle-même. On la trouve aussi chez les adultes affectés de ma- ladies graves, à une époque rapprochée de la mort, mais moins souvent que chez les enfants atteints d'affections gastro-intestinales. Berg n'a pas vu de muguet sur la muqueuse stomacale, mais on rencontre dans le contenu oïdium albicans. champignon du muguet. 509 de l'estomac des plaques détachées de la bouche et avalées. Tous les mé- decins savent cependant qu'on en trouve quelquefois dans l'œsophage, même dans le rectum et au pourtour de l'anus (1). M. Gruby regarde le végétal du muguet comme l'analogue des Sporo- trichum. Toutefois c'est à tort, et par des arguments peu probants, qu'il cherche à faire considérer la production de ce végétal comme une maladie de l'épilhélium, laquelle serait grave (2). Il a donné le nom (TAplithaphyte à l'affection connue sous le nom de muguet (3); mais cette expression ne sau- rait être admise, car le muguet ne ressemble en rien aux aphthes, et bien que quelquefois ceux-ci offrent le Champignon du muguet à leur surface, il n'est qu'un épiphénomène qui manque souvent. La description de Vogel (Zi) diffère peu de celle de Berg et de Gruby. M. Rayer en a constaté l'exactitude, et m'a confié des dessins qui se rap- portent à la description précédente. M. Montagne a observé et dessiné éga- lement ce végétal (voyez pi. I, fig. 7). (1) Berg, de Stockholm, a communiqué à la Société médicale suédoise une description du végétal des aphlhes des enfants. (Citation de J. Mueller, Ar- chiv fur Anat. und Physiol., 1842, p, 291.) Celte description est reproduite dans la Clinique des hôpitaux des enfants de Paris, 1842, et dans les Annales de l'anatomie et de la physiologie patholo- giques, par J.-B. Pigné, 1846, sous ce titre : De la structure analomico-palho- logique du muguet, lettre à M. Gruby, p. 284. (2) Gruby, Sur les Cryptogames qui se développient à la surface de la mu- queuse buccale, dans la maladie des enfants connue sous le nom de Muguet [Comptes rendus des séances de l'Académie royale des sciences de Paris, 1842, t. XLV, p. 634 ; et Réponse du docteur Gruby à M. Berg, Clinique des hôpitaux des enfants, 1842, et Annales d'anat. et de physiol. pathol., Paris, 1846, in-8, p. 286). (3) Giujby, loc. cit. {Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de Paris, 1844, t. XVHI, p. 585). (4) Vogel, Allgemeine ïeilung fur Chirurgie, innere Heilkunde, und ihre Hulfsswissenschafien, 1842, reproduit dans Gazette médicale de Paris, 1842, p. 234. Voyez aussi, Traité d'an atomie pathol. générale, traduit par Jourdan, Paris, 1847, p. 383, et ses Icônes hislologiœ pathologicœ, Lipsiœ, 1843, in-4, p. 93, pi. XXI, fig. 1, 2 et 3. 11 décrit et figure des végétaux sur les muqueuse buccales et œsophagienne, jusqu'au cardia, d'un enfant mort d'aphthes, quinze jours après sa naissance. Sa description s'éloigne peu de celle de Gruby et des autres auteurs qui ont traité le même sujet. Il décrit : a, des corps ronds avec ou sans noyaux vers le milieu, libres ou plusieurs réunis ensemble, qu'il compare, mais à tort, au Champi- gnon du ferment: ils sont sphériques, incolores, l'eau et l'ammoniaque ne les changent pas, l'acide acétique les pâlit; b, des fibres de longueur variée, dont souvent les plus grosses sont ramifiées, avec des renflements quelquefois articulés. Même action de l'eau, de l'ammoniaque et de l'acide acétique; celui- ci dissout la matière qui maintient les filaments accumulés. Dans les plus gros amas de ces filaments, ceux-ci ne sont visibles que sur les bords, et le milieu est recouvert d'une masse granuleuse, brunâtre, indéterminée, que désagrège l'acide acétique. Ce sont des Champignons du Muguet, ainsi que le montrent surtout les figures. 510 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. I.c Champignon du muguet a été également observé par Eschricht (1) el par llannover (2), qui confondent le muguet avec les apblbcs. llœnerkopf fait la même confusion : il l'a vu sept fois chez des enfants à la mamelle, quatre fois chez des adultes atteints de maladies graves; il l'a retrouvé sur les aphlhes décrits par Vogel. IJœncrkopf a vu un enfant allailé'par une femme dont un autre nourrisson était affecté de muguet être pris de celte affec- tion (3). Eaum a constaté, à l'aide du microscope, la nature végétale du produit transmis par un enfant atteint de muguet au mamelon de sa nour- rice (lt). Sluyier cite (5) Frank, Wendt, Leulin, Burns et M. Andral comme ayant noté, avant de connaître la nature végétale du produit pseudo-mem- braneux du muguet, qu'il est Iransmissible d'un individu à l'autre. Raynal (6), Weigel (7) el OEsterlen (8) ont cité des cas analogues à ceux d"Esehricht et de Hannover. Je n'ai pas à revenir dans cet historique sur les faits observés par M. Empis et que j'ai mis à profit (p. Z|97). Ce que j'ai dit précédemment de la légèreté avec laquelle quelques auteurs jugent par de simples assenions les faits que tout observateur a constatés doit être appliqué à la description du Champignon du muguet, comme à celle du Cryptogame de la teigne. Ce. n'est pas sans un senliment pénible, à l'égard de ce que les pathologistes étrangers doivent penser à juste litre des écoles françaises, que je me suis décidé, sur les instances de plusieurs d'enlre eux, à signaler la phrase sui- vante comme entièrement contraire à ce que montre l'examen le plus simple. Elle est pourtant empruntée à un Traité de pathologie interne élémentaire et pratique des plus répandus. C'est en 1852, dans une cin- quième édition, qu'a été imprimé ce passage : « Inutile de dire que la con- crétion dont nous parlons {la couche pultacée du muguet) est une pseudo- membrane, résultat d'une sécrétion morbide. Personne ne le centeste, si (1) Eschricht, the Edinburg new phihmphical journal, by Robert Jameson, 1841, vol. XXXI, p. 371, et Neue Nolizen fur Gebiele und Heillutnd, von L. Froriep, 1841, n° 434. (2) Hannover, loc. cit. (Arch. fur Anat. und Palhol., von J. Mueller, 1842, p. 290). (3) Hoenerkopf, De aphlharum vegelab. natura ac diagnosi ( Dissertatio inauguralis, 1S47, in-8, p. 28-39). (4) Baum, dans Hoenerkopf, loc. cit., 1847, p. 38. (5) Sluyter, De vegetabilibus organismi ànimalis parasilis. Berolini, 1847, in-8, p. 18. (6) Raynal [De conlag. animait, Berolini, 1842, p. 9-24) a réuni les princi- paux cas déjà connus de formation de Champignons sur les animaux. (7) Weigel (De aphlharum natura et diagnosi, Marburg, 1342) décrit avec quelques détails les faits de formation de Champignons connus à cette époque. (8)OEsterlen (dansR'SEK und WcNDiiitucH, Medicinischen ViertelJahressclirift, Stuttgardt, 1842, in-8, p. 470) décrit, d'après ses propres observations sur les aphthes de la bouche, les mêmes faits que Gruby dans le muguet. oïdium albicans. champignon du muguet. 511 ce n'est un micrographe (M. Graby), qui a émis l'idée singulière que ce produit était un parasite végétal, un amas de plantes cryptogames.-» Inulile de dire, après la description contenue dans ce chapitre, qu'en face de la réalité dos faits, Vidée singulière est celle d'après laquelle les couches pullacées, végétales surtout, et épidermiques du muguet sont considérées comme une concrétion, sont comparées aux pseudo-membranes propre- ment dites, et sont regardées comme formées par sécrétion; tout le monde leur conteste la nature des concrétions et des pseudo-membranes, ainsi que l'origine par sécrétion, si ce n'est peut-être ceux qui se contentent d'af- firmer avec assurance au lieii d'observer. Le travail déjà cité de M. Gubler renferme les propositions suivantes, qui n'ont pas dû rentrer dans le corps de ce chapitre. Il est à remarquer que les points de la bouche ordinairement préservés sont les seuls qui ne soient pas directement accessibles à l'air atmosphé- rique. L'influence de cet agent est si réelle, que j'ai rencontré quelquefois ces dernières dans l'œsophage et jamais dans l'estomac, où elles ne pour- raient d'ailleurs subsister qu'en l'absence du suc gastrique (Gubler). La présence du végétal dans l'œsophage, signalée par tous les observa- teurs, montre que le contact de l'air n'est pas indispensable au développe- ment du Cryptogame; quant à l'estomac, on ne sait encore pourquoi il ne s'y développe pas aussi, car l'acidité du suc gastrique n'est pas un obstacle au développement, puisque le végétal n'est pas dissous par lui. Ces Mucédinées prennent naissance dans l'intérieur des glandules qui s'ouvrent à la surface de ia langue, des lèvres et des autres parties de la bouche, ainsi que dans l'endroit saburral-qui tapisse le premier de ces or- ganes. Les cellules épilhéliales et les grumeaux de caséum coagulé qui con- stituent cet enduit, de même que le mucus altéré des glandes, représentent une sorte d'humus approprié au développement de ces faux parasites. Leurs filaments, nés dans une cavité glandulaire, en augmentant de lon- gueur et de nombre, remplissent d'abord cette cavité, et s'échappent en- suite à travers le goulot du follicule pour s'étendre au dehors, sous forme d'une petite éminence arrondie, d'un blanc laiteux, de façon que l'ensemble de la reproduction rappelle assez bien la forme d'une grenade. Si l'orifice est trop étroit, les filaments bissoïdes distendeut la glande outre mesure et en amincissent les parois, à ce point qu'ils semblent former des tumeurs sous-épiihéliales. M. Gubler n'a jamais vu nettement des grains de muguet situés entre l'épithélium soulevé et le derme muqueux; toute- fois il ne conteste pas la possibilité de cette variété de forme (1). (1) GuSLEfl, Noie sur le muguet {Gasetle méd. de Paris, 13S2, p. 412; et Comptes rendus et Mém. de la Société de biologie,léo2). 512 VÉGÉTAUX PARASITES. CHAMPIGNONS. Dans dos cas où du muguet commençait ù apparaître sous forme de pe- tits points bleus, j'ai vainement cherché à vérifier le fait indiqué par M. Gu- ider sur l'origine du muguet, qui prendrait naissance dans l'intérieur des glandules salivaires de la muqueuse buccale. C'est toujours à la surface de cette membrane, séparée de son derme ou chorion par une couebe d'épi- thélium mince et transparente, que sont placés les plus petits points blancs de muguet. J'en ai cherché aux orifices glandulaires que l'on voit à la loupe où à l'œil nu, sans jamais en trouver; je n'ai pas vu que les plaques du mu- guet s'enfonçassent dans ces orifices, elles ne font que passer au-devant. Sur la muqueuse de la langue, en avant, où il n'y a pas d'orilices glandu- laires, et sur celle des joues, dont ies glandes sont écartées les unes des autres, on trouve des points blancs formés par le Champignon, très petits, dans les intervalles de ces orifices. M. Bazin (1) croit à tort que le Champignon du muguet a pour siège les follicules mucipares de la bouche. L'observation montre qu'il n'en est rien. Si c'était là leur siège, il est probable que l'affection présenterait la même ténacité, et résisterait aux traitements à l'égal des maladies du cuir chevelu causées par la présence d'un Champignon dans les follicules pileux. De plus, il n'y a pas dans la bouche des glandes formées par un simple cul-de-sac, et dites, d'après cela, follicules ; il n'y a que des glandes en grappes simples ou composées. Mêmes remarques pour les figures du Champignon du muguet que pour celles des Champignons de la teigne, etc. De quelques autres végétaux indiqués comme croissant dans la bouche. — Strahl a trouvé dans le conduit de la glande sublinguale un petit flocon qui, sous le microscope, fut reconnu comme entièrement formé de filaments de Champignons. L'auteur hésite à le regarder comme une formation nou- velle d'épiphytes ou comme des restes d'aliments végétaux (2). Berg indique, sans le décrire, un végétal qu'il a trouvé sur de petites ulcérations de l'intestin grêle. Bennett {loc. cit., 1832) a trouvé entre les dents et les gencives d'un in- dividu atteint de typhus fever une plante analogue à celle qu'il décrit chez les phthisiques, mais moins large (0mm,003 à 0mm,006). Les divisions des extrémités étaient moins nombreuses ; celles-ci étaient terminées par une chaîne de sporules. Des granules de 0mm,001 à 0mm,002 existaient dans les chambres des filaments et dans quelques unes des sporules allon- (1) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des teignes. Paris, 1853, in-8, p. 12, pi. 111, fig. 2. (2) Strahl, Verstopfung des Duclus Bartholinianus (Archiv fur physiolog. Heilkunde, 1847, H. 4, p. 481). CHAMPIGNON DU POUMON. 513 gées. Il a depuis lors trouvé d'autres végétaux indéterminés dans une masse membraneuse jaune verdàtre, rejetée par l'anus et de structure fibreuse. :, Elle était formée de fila- ments confervoïdes enche- vêtrés, consistant en tubes allongés , articulés , et pourvus de sporules. Ils avaient une grande ten- dance à se briser en tra- vers. (Voyez fig. 2, clans le texte 6.) (1). Langenbeck décrit des végétaux qui se rappro- chent des précédents qu'il a trouvés depuis le pharynx jusqu'au cardia sur un homme mort de ty- phus. Les fibres et spores paraissaient aussi exister sur les ulcérations et le contenu de l'intestin (2). „ Remak (1845) indique aussi qu'il a trouvé dans les aphthes plusieurs espèces de Champignons, et aussi des espèces qui ne montraient pas le même aspect, ni chez les mêmes individus sur les différents aphthes, ni sur les diffé- rents individus. Quelquefois même ils manquaient sur certains individus. D'après cela, il considère le ramollissement et l'ulcération de la muqueuse comme le phénomène qui précède toujours la formation de Champignons. Cette opinion doit certainement être admise ; mais il est fâcheux que les observations précédentes ne soient accompagnées d'aucune description. Il a aussi trouvé des fibres de thallus ramifiées dans le mucus qui se dé- tachait du voile du palais d'un enfant mort du croup. Pas de description, et rien sur les fausses membranes du croup lui-même. ESPÈCE 48. — CHAMPIGNON DU POUMON, Benne». Tiges formées de longs tubes cloisonnés et articulés d'espace (1) Bennett, On Ihe présence ofConfervœ in some exsudative masses passed by thebowels (Monthly journal of médical science, 1846; et Leclures on clini- cal médiane, Edinburgh, 1851, in-8, p. 215, fig. 83-84). (2) Langenbeck, Auffindung von Pilzen auf der Schleimhaut der Speiserœhre einer Typhus- leiche [Froriep's Neue Notisen, 1839, no 252, p. 145, 147; et Repertorium fur Anat. und Physiol., vonValentin, 1840, p. 45, t. V). La des- cription des Champignons dont il est question dans ce travail les rapproche du Champignon du muguet, et c'est à tort que Langenbeck les compare à la Mus- car dine. S3 51 h VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. en espace à des intervalles égaux (pi. II, fig. 2). Ces tiges por- tent plusieurs branches composées soit chacune par une cellule qui s'articule à l'extrémité de la dernière cellule de la tige, et se bifurque de la même manière; soit par une cellule qui, simple à son point d'articulation, se divise en deux ou trois prolongements. Ces branches ont de 0n,"',005 à 0mm,010 de diamètre. Spores nombreuses, rondes ou ovales, ayant 0""n,010 à 0mm,01Zi de diamètre (fig. 2, b, b, c). Ces spores sont super- posées les unes aux autres à l'extrémité des branches (fig. 2, a, a). Les spores sont quelquefois isolées ou disposées bout à bout; Bennett a vu celles-ci s'allonger pour former les tubes. Ce végétal a été trouvé par Bennett dans les crachats, les cavernes, et sur leur matière tuberculeuse, chez un individu atteint de pneumo-thorax (1). Remarques. — M. Rayer cite sans les décrire des formations byssoïdes développées sur la plèvre d'un tuberculeux et les intestins d'un homme atteint de pneumo-thorax (2). Remak (1845) dit que dans la plupart des crachats expec- torés par les phthisiques, on trouve des fibres de mycélium ramifiées en fourche , qui paraissent s'être formées dans les bronches, comme Bennett le pense pour le cas cité plus haut. Il ne décrit pas ces fibres, non plus crue les suivantes. Dans les maladies du conduit aérien où l'épi thélium du pharynx se renouvelle souvent, on trouve en général des parties de Crypto- games dans les crachats. ESPÈCE 4 9. — CHAMPIGNON DANS L'ÉCOULEMENT NASAL DE LA MORVE. Description. — Il est constitué par des filaments (thallus), et par des spores brunâtres réunies en chapelet. Les spores sont deux fois aussi grosses que les globules de pus et présen- (1) Bennett, loc. cit. (Transact. of the royal Sociely of Edinburgh, 1842, vol. XV, 2e partie, p. 277-294). (2) Rayer, journal l'Institut, 1842, n° 492. ÀSPERGILLUS. 515 tent un episporium coriace, transparent. Celui-ci, rompu par la pression , laisse échapper des molécules brunâtres qui se meuvent très vivement. Le plus souvent elles étaient réunies en chapelet, sous l'apparence de masses brunâtres qui donnent à la sécrétion sa couleur foncée. Lorsqu'elles germent, une saillie paraît à leur surface et elle se prolonge en un filament composé de cellules allongées. A mesure que ce filament gran- dit, il devient pâle, ainsi que la spore d'où il part. Les filaments décrits plus haut se divisent dichotomique- ment et forment le thallus transparent, quelquefois légèrement verdâtre. Ce végétal a été trouvé par Langenbeck (1841) (1) dans l'écoulement du nez d'un cheval morveux, composé de liquide visqueux, d'épi thélium et de pus. Henle, Vogel, Valentin n'ont pas retrouvé ce végétal, ce qui leur fait croire avec raison qu'il n'est pas constant. Tribu des ASPERGILLÉS, Léveiilé. ASPERGILLEI. Réceptacle floconneux, simple ou rameux. Spores fixées sur une vésicule arrondie ou ovale terminale. « Receptaculum floccosum, simplex vel ramosum. Sporidia vesiculœ sphœricœ vel ovato-terminali inheerentia. » Genre ASPERGILLUS , Micheli (2), Link (Species I, p. 65). « Flocci tubulosi, septati, biformes; fertiles erecti, apice clavato incrassati. Sporidia simplicia, globosa, seriatim conglu- tinata, in capitulum rotundatum circa apices clavatos arcte congés ta. » (1) Langenbeck, Neue Notizen aus dem Gebiete der Nat. und Heilk., von L. Froriep und R. Froriep, Weimar, 1841, n° 422, p. 58-60; et dans Reper- torium fur Anat. undPhys., "von Valentin, 1842, p. 59. (2) Micheli, Nova plantarum gênera, Florenciœ, 1779, in-4, p. 212 Ai- pergillus, a forma aspersorii quo in sacris utimur). ")!(> VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. ESPÈCE 60.— ASPERGILLUS C/INDIflUS , Micheli. Synonymie. — Mucor, Linnjeds, Suce, n. 1291. Monilia candida, Persoon, Synopsis p tant ar uni scu Enckiridium botanicum. Paris, 1805, p. 692. Monilia albicans (1). A Persoon dictus est in (lalu frequenti [Thomadio analo- guo) quo flocci stériles a fertilibus non discreti sunt. « Floccis sterilibus effusis albis, fertilibus simplicibus apice incrassatis, sporidiis compactis candidis. » » Hab. In corporibus exsiccatis, locis humidis; peristomia Hypnorum ssepe eleganter cingens (2). In saccis aereis pbthisi laborantibus Pyrrhulœ vulgaris, L. , celeb. Rayer et Mon- tagne invenerunt. » Sur une portion des sacs aériens d'un Bouvreuil (Pyrrhula vulgaris, L.) qui étaient infiltrés de matière tuberculeuse, dont le poumon était également tuberculeux, MM. Rayer et Mon- tagne trouvèrent une Mucédinée qui s'était développée dans les sacs aériens. Le premier jour on reconnut que c'était un mycélium dont l'espèce et le genre n'étaient pas reconnais- sablés; mais ce Thallus étant placé dans une éprouvette, et laissé dans un endroit chaud pendant six jours , on re- connut que le mycélium avait continué son développement normal, et l'on put déterminer que c'était Y Aspergillus candi- dus impossible à méconnaître (3). Espèce 51. — ASPERGILL US GLAVCVS, Fries (4). I. Synonymie. — Aspergillus n° 1, Micheli, Nova plant, yen. Florence, 1779, in-4, p. 212, pi. XCI, fig. 1. Mucor glaucusa danica, Linn., Spec. , t. II, p. 1656. Flor., lab. 777, fig. 2. Mucor Aspergillus, Bulliard, Herbier de la France, Champ., 1780-1791, p. 106, tab. 30/i, fig. 10. Monilia glauect, Persoon, Synopsis melhodica fungorum. Gœttingœ, 1801, in-8, p. 691. « Floccis sterilibus effusis albis, fertilibus simplicibus apice capitatis, sporidiis Iaxis glaucescentibus. (1) Persoon, Mycologia europœa. Erlangœ, 1823-1825, 1. 1, p. 30. (2) Frifs, Syslema mycolcgicitm sislens fungorum ordines, gênera et species. Gryphiswaldœ, 1824, iu-12, t. 111, p. 385. (3) Rayer et Montagne, journal l'Institut. Paris, 1842, in-4, p. 270, (4) Fuies, Syslema mycologicum, 1829, in-12, t. III, p. 385. ÀSPERGILLUS GLAUCUS. 517 » Hab. In omnibus corporibus semi-putridis. Àbundantis- sime invenit etiam Spring (1) in cavo tumoris sacci aerei ab- dominali Charadrii pluvialis, L. » II. Dans cette plante le mycélium est plus ou moins évi- dent, dans les plus jeunes individus principalement, et quand il est stérile, il est abondant. Dans cet état il se rapproche du mycélium des Ascophora, Penicillum, etc., et même de cer- taines Algues. Les filaments fertiles renflés sont agrégés et terminés par une masse granuleuse de spores. Ce Champignon varie du blanc au verdâtre ou au noirâtre. Dans l'individu observé par M. Spring, les filaments stériles ou de mycélium étaientpeu rameux, couchés sur le sol d'implan- tation et enchevêtrés. Ils formaient ainsi un feutrage qui adhé- rait intimement au tissu lardacé de la tumeur, et se montraient d'autant plus serrés qu'on était plus près de ce dernier. Les filaments fertiles (réceptacles) étaient simples, redressés, d'un calibre un peu plus grand que les premiers (longueur 0mni,050 à 0nnn,100, épaisseur 0mm,008). Ils étaient terminés chacun par un capitule verdâtre, globuleux ou approchant de la forme ovoïde. Les spores composant le capitule étaient globuleuses, simples, transparentes, et se désagrégeant aisément sous une simple pression. Quand toutes étaient ainsi détachées, on voyait l'extrémité du filament obtuse, légèrement renflée, et comme ridée à la surface. Les deux sortes de filaments étaient tubuleuses, claires et transparentes, assez roides, et leurs parois étaient bien dis- tinctes à un grossissement de 450 diamètres. Dans leur cavité on ne voyait ni granulations, ni spores, ni cloison. III. Ce Champignon a été observé dans les conditions sui- vantes. Un jeune Pluvier doré (Charadrius pluvialis, L.) suc- Ci) Spring, Sur une Mucédinée développée dans la poche aérienne abdominale d'un Pluvier doré (Bulletin de l'Âcad. roy. des sciences de Belgique, Bruxelles, 1848, t. XV, lre partie, in-8, p. 486, avec une planche). 518 VÉGÉTAUX l'AKASITKS. — C1IAMIUGINONS. eÔtfiba avec les symptômes de la phthisie. En le disséquant six heures après, M. Spring trouva au devant et au-dessous des reins une tumeur assez grosse, adhérant intimement à la paroi posté- rieure de l'abdomen, et recouverte en avant par le gros intestin. Elle était formée d'un tissu homogène blanchâtre, jaunâtre, lar- dacé, et présentait dans son centre une cavité close à surface inégale. A l'une des parois de cette cavité existait une touffe de moisissure verdàtre. La tumeur était développée aux dépens du sac aérien correspondant, dont la membrane avait cessé d'être distincte. Les poumons étaient hypérémiés , mais per- méables et sans dégénérescence morbide. Les autres organes étaient sains. La nature anatomique du produit ne put être dé- terminée ; le tissu était presque exclusivement composé de substance albuinineuse. M. Spring rapproche, avec raison, ce cas de ceux dans lesquels le développement du Champignon est un épiphénomène précédé de l'altération des sacs aériens, mais non la cause ayant déterminé cette altération. ESPÈCE ty2.—JSPERGILLUS NIGRESCENS , Cil. H. I. « Floccis sterilibus albo-lanuginosis, micantibus, floccosis seu fasciculatis, articulatis, rarnosis, intertextis; fertilihussim- plicïbus, bifi.dîs minus srepe, clavatis, dein rotundatis ; sporidiis compactis in capï'tùlis, opaco-fuscis, uigrisve. » Hab. In saccis aereis phthisi laborantibus Phasiani col- chici, L. (pi. Y, fig. 2). » Obs. Vix cespitosus ; mycélium evidens, micans, effusum ; flocci ipsi abs coloribus ; cespites nigrescentes a sporidiis nigris circa apicein clavatum seriatim arcte congesti, sed confuse in superficie capituli ; speciem ah Àspergillo glauco Fries et A. ferrugineo certè diversam comtituit. » II. Description anatomique. — On distingue nettement dans cette espèce : 1° le mycélium, 2° les réceptacles, 3° les spores. 1° Le mycélium est assez peu abondant proportionnellement ASPEHGILLUS N1GKESCENS. 519 à la quantité des filaments fertiles. Il est répandu et adhérent à la surface des tissus malades , soit sous forme de filaments dressés (pi. V, fig. 2, c) ou inclinés, ayant une extrémité adhé- rente dans les tissus malades , soit sous forme de tubes étalés et entrecroisés à la surface de ces tissus. Il est d'un blanc bril- lant micacé, quand il est en couches ou en faisceaux un peu épais, ce qui est rare, ou du moins il faut pour le voir l'examiner à 8 ou 10 diamètres de grossissement. Ces couches formées par le vé- gétal n'ont cet aspect bien manifeste qu'autant que les récep- tacles se sont déjà développés, et ne sont pas encore couverts de spores. Les filaments de mycélium ont une largeur de 0mm,002 à 0mm,003, une longueur qui varie depuis quelques centièmes de millimètre jusqu'à un dixième et plus. Ils sont cylindriques, souvent fiexueux (6), incolores, trans- parents. L'eau ne les gonfle pas ; l'action des réactifs n'offre rien de spécial qui ne soit signalé dans les généralités de ce livre. Ces filaments sont ordinairement ramifiés (a, b) et formés de cellules superposées, articulées, avec un petit resserrement au niveau de chaque double cloison ou articulation. Ces resserre- ments sont dus, soit à un rétrécissement de l'extrémité des deux cellules juxtaposées bout à bout, soit à un léger renflement de l'une des deux cellules [b, b). Les cellules sont de la largeur des tubes qu'elles forment; leur longueur varie de 0mm,010 à 0mùl,0Zi0. Elles sont quelquefois bifurquées, et deviennent l'ori- gine d'autant de branches, ou bien celles-ci sont constituées pat- articulation latérale d'une cellule avec les autres du fila- ment principal (b, b). Les tubes sont légèrement granuleux. Chaque granulation a 0mm,001 au plus. Elles n'ont pas de noyau. 2° Réceptacles. — Les filaments fertiles ou réceptaculaires sont habituellement plus nombreux que ceux du mycélium , plus longs du double environ et plus, lorsqu'ils sont tout à fait 520 VÉGÉTAUX PARASITES. — CIIAMl'HiNONS. développés, c'est-à-dire quand le réceptacle est chargé de spores (g, h, m,p, q, r, t) (0mm,l à 0mm,2ou 0mm.3). Leur largeur varie suivant le point de la longueur du filament; ayant la largeur des tubes de mycélium à leur extrémité adhérente , ils sont deux à quatre fois plus larges à l'autre extrémité (0mm,008 à 0m'",012),qui se termine par le renflement réceptaculaire ou réceptacle proprement dit; d'où la forme conique allongée de ces tubes se terminant en massue. Ils sont un peu onduleux, incolores, transparents, prenant un éclat micacé et laineux sous la loupe parle jeu de la lumière réfléchie à la surface des fais- ceaux ou des couches qu'ils constituent par entrecroisement (v, v,x), avant d'avoir atteint toute la longueur qu'ils ont lors- qu'ils portent des spores. Chaque tube est composé de plusieurs cellules articulées bout à bout , et un peu amincies aux deux extrémités contiguës. Elles sont d'autant plus larges et plus longues qu'on s'éloigne davantage de l'extrémité adhérente du tube. La longueur de certaines cellules peut atteindre jusqu'à 0mm,070. La dernière cellule du côté adhérent a la même lar- geur que celles des filaments de mycélium, elle est seulement plus longue (o, o). On la voit souvent articulée bout à bout (t, l) ou latéralement (t, h) avec celles de quelque filament de mycélium. Chaque cellule est incolore, dépourvue de noyau, ne contenant qu'un liquide homogène. La cellule qui termine ces filaments du côté libre est la plus longue de toutes, ce qui est surtout manifeste quand le développement est complet, et quand les spores sont apparues (comparez g, h, m, p, q, r à v, v, h,x). Elle va en grossissant lentement depuis l'extrémité articulée avec les autres cellules du tube jusqu'à celle qui est libre. Celle-ci se termine par un renflement piriforme ou en forme de massue (v, v, k, p) tant que les spores n'ont pas multiplié ; mais elle s'arrondit, devient sphérique quand celles-ci ont recouvert ce renflement de la cellule (h, g, m, q). Cette cellule onstitue le réceptacle. A l'état de développement complet, il ASPERGILLUS NIGRESCENS. 521 a de 0œm,018 à Oram,035 ; il est quelquefois bifide dans une longueur peu considérable, de sorte que le filament fertile se termine par deux réceptacles (k, k, k). Il est extrêmement rare de rencontrer deux de ces organes représentés chacun par une cellule distincte, articulée sur ,1e filament fertile ou réceptaculaire (e). Cette cellule terminale a une paroi plus épaisse que les autres, surtout lorsqu'elle est longue; elle contient des gouttes nombreuses, d'un liquide d'aspect albumineux extrêmement pâle. Ces gouttes sont ovoïdes plus ou moins allongées, placées à la suite les unes des autres, en général, de manière à se tou- cher par leurs extrémités (h-j, m-j). Quand le filament fertile est encore petit, on ne trouve habituellement qu'une ou deux de ces gouttes claires, et elles sont placées dans le renflement ter- minal ou réceptacle (e,v,v). Quand le filament fertile est adulte ou à peu près, il se dépose dans le réceptacle un liquide très finement granuleux , foncé (k, p), qui se réunit en une grande goutte ou masse sphérique, très finement grenue, qui remplit quelquefois toute la cavité du renflement et recouvre souvent en partie la première des gouttes claires (h, h). Une disposition tout à fait exceptionnelle, et que je n'ai ren- contrée qu'une fois, est celle d'un tube granuleux comme ceux du mycélium, mais deux à trois fois plus large, se terminant par quatre branches courtes dont chacune portait une cellule sphérique, à peu près du volume et de la forme du réceptacle (/", d), mais granuleuse comme le tube servant de support et ne présentant pas de spores. 3° Spores. Elles sont situées à la surface des réceptacles, régulièrement juxtaposées quand elles sont encore peu abon- dantes (m, q), et bientôt irrégulièrement quand elles sont de- venues nombreuses (»™,006 de gros- seur. Ils renfermaient une substance légèrement jaunâtre, parsemée de granules moléculaires extrêmement fins, et quelques globules (sporules?) de 0mm,002 de diamètre. Dans les interstices, entre les filaments du mycélium, il existait des cris- taux octaédriques, transparents, de grandeur variable, et qui semblaient être constitués par une matière organique (2). Les filaments du mycélium étaient tellement enchevêtrés qu'il était diffi- cile de les isoler sur une longueur suffisante. Il m'était impossible aussi de découvrir des organes de fructification, qui m'eussent permis de procéder à la déterminaiion botanique de l'espèce. Pour y arriver, j'instituai les expériences suivantes : Deuxième expérience. Deux petites touffes du Champignon furent placées dans un tube de verre bouché avec soin et contenant quelques gouttes d'eau dittillée. Après a voir été soumises pendant trois fois vingt-quatre heures, dans la couveuse, à une température de 32 à 38" centig., il s'était développé sur elles de longs filaments blancs, grêles, rame ux, rayonnant dans toutes les directions et chargés d'organes de fructification qui se présentaient à l'œil nu, comme un pointillé noirâtre. C'étaient des capitules sphériques, entière- ment recouverts de sporules nues et libres. Au contact de l'eau, ces spo- rules se détachaient, et les vésicules qui constituaient, à proprement parler, le corps des capitules, devenaient visibles. Je me suis bien assuré qu'il n'existait aucune trace de sporange ou d'enveloppe quelconque à l'extérieur de la couche des sporules. Le Champignon appartient donc à l'ordre des Hyphomijcètes, division des Ectospores ; il répond au genre Periconia de Persoon ; je l'appellerai pro- visoirement Periconia ramosa, en me réservant de discuter ultérieurement sur son rang d'espèce (3). (1) Dans l'œuf de M. Rayer, les taches noires du Champignon occupaient la surface du jaune, et se trouvaient séparées de la membrane coquillière par une couche de blanc d'oeuf. (2) L'étude de ces cristaux est faite; mais j'en parlerai dans une autre oc- casion (Spring). (3) « Dans l'état actuel des ouvrages systématiques relatifs aux Champignons Inférieurs, dit M. Spring, il est impossible de déterminer une espèce au gré de &ACTYLÎUM OOGENUM. §/l? Le tube qui contenait ce Champignon fut gardé pendant plusieurs jours à la température ordinaire de l'appartement, qui pouvait varier entre 6 eL 3Zi° cenlig. ; la croissance du Periconia ramosa s'arrêta complètement, pour reprendre dès que le tube fut replacé dans la couveuse. L'expérience a été répétée plusieurs fois, en donnant toujours les mêmes résultats. Troisième expérience. Une troisième touffe du Champignon primitif fut introduite dans un tube bien bouché, contenant du blanc d'œuf ordinaire et de l'air ; ce tube fut également soumis à la chaleur de l'incubation. Le blanc d'œuf prit peu à peu la consistance de la gélatine, et sa surface se couvrit d'une pellicule épaisse, couleur de mine de plomb. On reconnut, dans la substance même du blanc d'œuf, des filaments de mycélium qui ressemblaient à ceux du Champignon primitif, sauf la couleur et l'agréga- tion. La pellicule grise était formée presque tout entière de sporules désa- grégées ; à peine découvrait-on quelques capitules sphériques et des indices de pédoncules. Je l'appelle, provisoirement aussi, Periconia pulverulenta. Conservée, pendant plusieurs semaines, à la température ordinaire de l'appartement, sa croissance s'arrêta complètement. Dans le même tube, il s'était développé , à la face interne du bouchon, une Mucédinée très différente de celle qui recouvrait la surface du blanc d'œuf. C'était un Aspergillus qui différait de toutes les espèces décrites, par Tépaississement considérable et graduel de ses pédoncules. Je l'appelle As- pergillus incrassatus. Lui aussi ne se développe et ne croît qu'à une tem- pérature de 30" centig. et plus. Quatrième expérience. Une moitié de la coque de l'œuf primitif, conte- nant encore la membrane coquillière avec quelques petites touffes noirâ- tres de mycélium, fut renversée sur une capsule de porcelaine contenant un peu d'eau distillée. Le développement des touffes noirâtres s'arrêta, mais elles persistèrent et devinrent coriaces. Par contre, à partir du troisième jour, il se développa et s'étendit dans toute la cavité de la coque un duvet blanc, extrêmement fin : on aurait dit de la laine soyeuse, à longs poils ramifiés. Le quatrième jour, un pointillé grisâtre annonça la présence de fructifications en capitules, qui dès lors tout le monde. Les faits consignés dans cette notice serviront à expliquer com- ment le vague et l'arbitraire ont pu établir leur règne dans cette partie de la bo- tanique. Schleiden a déjà dit qu'on pourra franchement mettre de côté, à peu d'exceptions près, tous les ouvrages qui traitent des Champignons inférieurs, et que tout le travail est à recommencer (Voy. Grundsuege der wissenschafll. Botanik, II, Leipzig, 1843, p. 35.) — Le genre Periconia est très voisin de Y Aspergillus ; il n'en diffère que par ses sporules libres, qui, chez l' Aspergillus, sont réunies en séries linéaires ou en chapelets (sporulœ concatenatœ) . » On peut reconnaître, d'après ce que j'ai dit page 505, que cette manière de voir est beaucoup trop absolue. 6/jb VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. augmentèrent de jour en jour, et finirent par former un gazon inégal, mais 1res touffu, sur certains points. C'était encore un Aspergillus très voisin, sinon identique avec l'espèce que j'avais rencontrée précédemment dans la poche aérienne abdominale d'un Pluvier doré. Pour le distinguer, je l'appelle Aspergillus glaucoides. A partir du sixième jour, il se présenta, dans la même coque, sur les points où une portion de blanc d'reuf était restée adhérente à la membrane coquillière, un Champignon d'un aspect différent-, assez dense, d'une cou- leur jaune de soufre; il était formé d'un mycélium jaunâtre parsemé de sporules. Ses caractères botaniques semblent lui assigner sa place dans le genre, d'ailleurs mal défini, de Sporotrichum des auteurs. Qu'il soit le Sporotrichum sulphureum. Le développement de Y Aspergillus, ainsi que celui du Sporotrichum, s'arrêta à la température ordinaire de l'appartement. Cinquième expérience. Une portion du Champignon noir primitif fut inoculée à un œuf de Poule frais, non fécondé, que nous désignons par le chiffre de ce paragraphe. L'inoculation se fit de la manière suivante : Après avoir pratiqué une très petite ouverture près du petit bout de la coque, j'y introduisis à l'aide d'une aiguille, aussi profondément que je pus, uneporliondemycélium. L'ouverture fut fermée immédiatement à l'aide d'un mélange de craie et de blanc d'œuf, que je fis sécher ensuite. L'œuf, enveloppé d'étoupe, fut soumis à la chaleur de l'incubation pendant huit jours. Voici ce que j'ai trouvé en cassant l'œuf après ce terme : Les fragments du Champignon noir inoculé flottent librement dans le blanc d'œuf, sans avoir pris aucun développement. Au gros bout de l'œuf, vis-à-vis de la chambre à air, donc à une assez grande distance du point par lequel l'ino- culation avait été pratiquée, la membrane coquillière s'est détachée de la coque sur une assez grande étendue, et avait ainsi formé une seconde chambre à air accidentelle. Celte dernière était occupée, dans toute son étendue, par une Mucédinée à filaments longs, rameux, blancs, et à capi- tules spbériques d'un gris clair. Les pédoncules ou rameaux fertiles qui les supportent sont d'égale longueur et disposés ordinairement par trois, soit autour d'une branche principale du mycélium, soit à l'extrémité des pe- tites branches. La vésicule terminale qui porte les sporules à sa face externe (columelle) est ovale, mince, contractile ; elle est entourée à sa moitié inférieure par une espèce de calice (sporange) cupuliforme, roide, épais. Après la dissémina- tion des sporules, qui a lieu au moindre contact d'un liquide (eau, blanc d'œuf, etc.), la columelle ou vésicule interne se rétracte et rentre plus ou DA.CTYL1UM OGGfcNUM. 549 moins complètement dans la cavité du sporange ou calice. Celte Mucédinée appartient donc à la famille des Mucoroïdées de Corda, à un groupe qui sert de transition des Ectospores aux Endospores; ses caractères sont ceux du genre Hemiscyphe de Corda : je l'appelle Hemiscyphe trigemina. La chambre à air normale est petite et ne contient aucune trace de végé- tation parasilique. La couche de blanc d'œuf qui entoure immédiatement la chambre à air accidentelle est transformée, dans une épaisseur de trois ou quatre lignes, en une substance gélatineuse qui, au microscope, offrait un mycélium à filaments grêles, rameux, incolores, transparents, et de grosses bulles ovales, libres, qui réfractaient fortement la lumière. Je n'ai pu décider si c'étaient des gouttelettes de graisse ou des sporidies. Le reste du blanc, d'œuf était plus liquide qu'à l'ordinaire, transparent, homogène, et exhalait une forte odeur d'osmazôme. Le vitellus, refoulé au petit bout de l'œuf, n'offrait rien d'extraordinaire, si ce n'est qu'il était plus liquide que dans l'œuf frais. Sixième expérience.. Un autre œuf de Poule, coté n° VI, fut traité de la même manière que l'œuf n° V, et ouvert également au bout de huit jours. Le Champignon noir inoculé flottait librement dans le blanc d'œuf, près du petit bout; il n'avait pas pris de développement. La chambre a air nor- male était remplie par YAspergillus glaucoides (IV). Une partie notable du blanc d'œuf s'était transformée en substance gélatineuse contenant un mycélium abondant, mais non pas des bulles ou vésicules. A partir de la chambre à air, celte substance gélatiniforme avait complètement enchatonné le vitellus, qui n'offrait rien de remarquable. Le reste du blanc d'œuf était liquéfié, exhalait une odeur aromatique et contenait des flocons de mycé- lium. Une moitié de la coque avec la membrane coquillière, lavée préala - blement à l'eau distillée, fut renversée sur une capsule de porcelaine, et remise de nouveau dans la couveuse. Au bout de huit jours, toute sa sur- face interne était couverte du Periconia pulverule7ita (III), avec absence presque complète de mycélium.. Septième expérience. Un troisième œuf de Poule, coté n" VII, fut égale- ment inoculé avec le Champignon primitif. Ouvert après dix jours de cou- vaison, il montra une Mucédinée avec fructifications en capitules grisâtres, dans l'étendue d'une pièce d'un demi-franc, autour du point d'inocula- tion, auquel, du reste, le vitellus adhérait. Je n'ai pas réussi dans la déter- mination de l'espèce. Suspendue pendant trois semaines à la température ordinaire de l'appartement sur une capsule contenant de l'eau, cette Mucé- dinée ne se développa pas ultérieurement. Le vitellus était entouré d'une couche épaisse de substance gélatini forme 550 VÉGÉTAUX PARASITES. CHAMPIGNONS. semblable à celle qui avait exislé dans les deux œufs précédents. Le reste du blanc d'œuf était liquéfié, transparent, et répandait une odeur aroma- tique. La membrane coquillière était épaissie et portail un dépôt de carbo- nate calcaire de 1 millimètre d'épaisseur et de 7 millimètres de largeur. Huitième expérience. Un quatrième œuf de poule, coté n* VIII, inoculé avec le Cbampiguon primitif, fut ouvert après quinze jours de couvaison. Le mastic s'était décollé du trou par lequel l'inoculation avait été pratiquée; une portion de blanc d'œuf s'était écoulée par l'ouverture ; l'œuf était pourri et n'offrait nulle part les traces d'un Champignon. Neuvième expérience. Un cinquième œuf de poule, coté n° IX, inoculé à l'aide du Champignon primitif, couvé dans le même appareil et en même temps que les précédents, fut ouvert au bout de quinze jours. La chambre à air était très étendue et remplie entièrement par une espèce de feutre blanc grisâtre débrouillé : on aurait dit de la ouate cardée. C'était une Mu- cédinée nouvelle, à gros filaments septés, rameux, à pédoncules grêles et longs et à capitules sphériques. Ces derniers étaient constitués par une double vésicule, dont l'interne était mince, et, à ce qu'il paraît, contractile et diffluente; l'externe assez solide, roide, transparente, se déchirant au sommet à l'époque de la maturité ou au contact de l'eau. Les sporules occupent l'espace entre la vésicule externe et la vésicule interne. L'espèce appartient donc à la section des Endospores, et les caractères des organes de la fructification semblent nous autoriser à la placer dans le genre Mucor, tel qu'il a été circonscrit par Micheli : soit le Mucor oogenus. La membrane coquillière est considérablement épaissie (1/2 millimètre), et porte, contre l'espace à air, un dépôt volumineux de concrétion calcaire du genre de celui qui a été vu dans l'œuf n" VII. Le vitellus se présente dans un état singulier. Il est pour ainsi dire dessé- ché, momifié, dur, d'un très beau jaune foncé ; il ne diffère en rien d'un jaune d'œuf qu'on aurait desséché à l'air sec. Sa surface est égale ; son vo- lume est très peu réduit. Le blanc d'œuf est converti tout entier en une matière très liquide, assez limpide, couleur d'orange, dans laquelle nagent des flocons de mycélium. L'odeur de ce liquide nous parut remarquable : c'était un mélange d'osma- zôme et de miel. Dixième expérience. Un sixième œuf de poule, coté n° X, inoculé avec le Champignon primitif, et couvé avec les précédents, fut ouvert au bout de quinze jours. Le Champignon noir inoculé se retrouva au voisinage de l'ouverture par laquelle il avait été introduit. 11 était entouré d'une portion de substance gélatiniforme contenant des filaments de mycélium sans fruc- tifications. DACTYLIUM OOGENUM. 551 A une distance à peu près égale entre le point d'inoculation et l'espace à air, la membrane coquillière s'était détachée , et avait formé un espace à air accidentel occupé par de VAspergillus glaucoides (IV). Dans la chambre à air, il se trouvait contre la paroi interne une faible quantité d'une poussière gris de plomb qui, au microscope, fut recon- nue comme étant l'espèce appelée plus haut (III) Periconia pulverulenta. La membrane coquillière, épaissie, fit voir, sur une grande partie de son étendue, des taches brunes et roses : on aurait dit une éruption exanthéma- tique du genre Purpura. Les taches , irrégulières, inégales, étaient consti- tuées chacune par une touffe de mycélium, à filaments courts, simples ou bifurques et disposés comme des rayons autour d'un centre commun. N'ayant pas vu de fructifications, je ne puis rapprocher cette Mucédinée d'aucun des genres connus. Au milieu des taches brunes, se trouvait un dépôt de carbonate calcaire assez volumineux. Le vitellus était assez diffluent et d'un beau jaune soufré ; il adhérait à la chambre à air accidentelle. Sa membrane (le chorion) était épaisse, villeuse, et pour ainsi dire marbrée de blanc. Le blanc d'œuf s'était partagé, comme dans les autres œufs, en une partie séreuse, à odeur aromatique, et une partie gélatiniforme qui, d'un côté , entourait le vitellus, et, d'un autre côté, s'appliquait en couche mince sur relie partie de la membrane coquillière qui était tachetée de brun et de rose. Onzième expérience. Je pris une partie du Sporotrichum sulphu- reum (IV) qui s'était présenté dans la coque de l'œuf primitif, au milieu de VAspergillus glaucoides. Je la divisai, sous le microscope et avec le plus grand soin, en trois portions dont la première était très pure, la deuxième renfermait en même temps quelques sporules de VAspergillus glaucoides, et la troisième contenait presque à parties égales du Sporotrichum et de VAspergillus. Chacune fut introduite dans un tube de verre bien bouché, dans lequel on avait mis préalablement environ 1 gramme de blanc d'œuf frais. Après avoir séjourné dans la couveuse pendant une semaine, le premier tube, coté n° XI, dans lequel on avait mis du Sporotrichum pur, présentait l'étal suivant : Le Sporotrichum sulphureum était arrêté dans son développement, mais non dégradé ou décomposé ; il adhérait à la paroi du tube, et l'on pouvait encore très bien distinguer ses filaments. Le blanc d'œuf s'était couvert d'une pellicule assez épaisse, tapissée d'une poudre gris de plomb : c'était le Periconia pulverulenta (III ). Douzième expérience. Le deuxième tube, coté n° XII, qui contenait du 552 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Sporotrichum légèrement contaminé par des sporules de VAspergillus glaucoides, offrait ce qui suit : Le Sporotrichum élail resté attaché à la paroi; il fut couvert par un Aspergillus à mycélium très gros et à deux sortes de capitules : les uns petits et sphériques, les autres beaucoup plus gros et cylindriques. Pour pouvoir le désigner plus facilement, je l'appelle Aspergillus heterocephalus. A la surface du blanc d'œuf, il y avait une pellicule blanche formée par un mycélium feutré, à capitules sphériques rares. Le bouchon, enfin, était occupé par un autre Aspergillus décrit plus haut ( Fil ) sous le nom (VAspergillus incrassatus. Treizième expérience. Dans le troisième tube, coté n" XIII, qui conte- nait à peu près parties égales du Sporotrichum sulphureum et de VAs- pergillus glaucoides, la première de ces Mucédinées avait continué à se développer. Une belle touffe de Sporotrichum sulphureum recouvrait, au bout de huit jours, le Champignon introduit dans le tube. La surface du blanc d'œufétail recouverte d'un mycélium très blanc, mais parsemé de points grisâtres: c'étaient des capitules de VAspergillus glau- coides. Le bouchon présentait VAspergillus incrassatus. Quatorzième expérience. Le viteilus momifié de l'œuf n° IX fut placé dans un flacon bouché à l'émeri et laissé à la température ordinaire de l'appartement. Au bout d'une semaine, sa surface se recouvrit d'un gazon blanc, tirant sur le bleuâtre. C'étaient de beaux échantillons du Penicillum ylaucum, Link. Placé dans un autre flacon très propre, avec du chlorure calcique, l'ab- sence de l'humidité arrêta le développement ultérieur du Penicillum. Quinzième expérience. Une petite portion de VHemiscijphe trige- mina (V), étendue entre deux lames de verre, fut mise sous cloche avec une capsule contenant de l'eau distillée, et conservée à la température ordinaire de l'appartement. 11 s'y développa le Penicillum glaucum, sur- tout aux bords de la lame supérieure, tandis que la croissance de l'Hémi- scyphe s'était arrêtée. Seizième expérience. Une portion de Penicillum glaucum du viteilus n° XIV fut placée dans un tube contenant du blanc d'œuf frais et pur, et soumis à la chaleur de l'incubation. Au bout de huit jours, le Penicillum était recouvert de touffes de Sporotrichum sulphureum, pendant que la surface du blanc d'œuf était recouverte de Periconia pulverulenta. J'interromps ici, dit M. Spring, nia narration, pour la reprendre quand les recherches que je poursuis m'auront fait entrevoir une règle là où jus- qu'à présent tout semble être caprice. J'avais modestement cherché les caractères d'une espèce; le hasard m'a fait tomber sur un Protée qui DACTYLIUM OOGENL'M. 553 ne semble pas encore avoir épuisé la série de ses métamorphoses (1). Les expériences et les observations dont il est parlé dans celte notice sont d'ailleurs loin d'être les seules que je possède. J'ai encore inoculé deux douzaines d'œufs, j'ai étudié le mode de développement des Champignons à l'aide d'une méthode qui semble devoir donner toutes les garanties d'exac- titude; enfin, j'ai inoculé la Mucédinée de l'œuf à des Pigeons et à des Poules vivantes. Déjà j'entrevois des résultats curieux, et je suis en posses- sion de faits qui pourront avoir une grande influence non seulement sur les principes de classification en histoire naturelle, mais encore sur la physio- logie ,'générale et sur la théorie pathologique du parasitisme. Toutefois la plupart des observations n'étant pas complètes, je préfère ne pas les rendre puhliques dans ce moment; je les ai consignées sous un pli cacheté, dont j'ai prié l'Académie d'accepter le dépôt. Les conclusions, continue M. Spring, qui me semblent déjà être suffisam- ment appuyées par les faits actuellement publiés, et que les observations ultérieures ne viendront que corroborer, sont les suivantes : 1. Il est des Champignons inférieurs qui se développent, eu espace clos, dans l'obscurité, aux dépens des substances albumineuses. 2. La mutabilité de leurs formes est grande. Elle s'étend non seule- ment dans les limites du genre, mais dans celles de la famille, et même de l'ordre. 3. L'oxygène de l'air semble être nécessaire au développement des or- ganes de la fructification. k. Certaines formes ne se produisent qu'à une température de 35* centig., qui est celle du sang et des tissus des animaux supérieurs et de l'homme. 5. La même sporule devient Sporotrichum ou un mycélium sans fructi- fications, quand elle se développe dans l'albumine ; Aspergillus, Periconia, Hemiscyphe ou Mucor, quand elle se développe à l'air sur une base albu- mineuse et à une température de 35° centig. ; elle devient Penicillum quand elle se développe à l'air libre, sur une base albumineuse et à une tempéra- ture de 10 à 15° centig. 6. L'introduction de sporulesou de'un portion de mycélium dans un œuf de Poule ne borne pas ses effets aux substances avec lesquelles elles sont en contact ; il s'opère pour ainsi dire une contamination générale accom- pagnée de modifications chimiques particulières. (1) Le Protée d'Homère ne répondait à ceux qui l'interrogeaient que quand il avait passé par toutes les formes qu'il pouvait prendre, et quand l'interroga- teur l'avait tenu serré dans ses bras jusqu'à ce qu'il fût revenu à sa forme première. 554 VÉGÉTAUX PARASITÉS. — CHAMPIGNONS. 7. Le développement des nouveaux Champignons est dû à une véritable dissémination. Il n'est pas dit à la végétation du Champignon inoculé. Une période d'incubation sépare sa vie de celle de ce dernier. Il se développe aussi sur des points assez éloignés du point d'inoculation sans qu'on puisse découvrir une communication entre l'un de ces points et les autres. 8. Les expériences relatées dans cette notice prouvent jusqu'à l'évi- dence la thèse si importante pour la pathologie, que les végétaux parasites peuvent germer dans des substances et des tissus sains des corps vivants, et qu'ils peuvent ainsi devenir la cause de maladies. 9. Loin de ne se développer que sur de la matière organique préalable- ment altérée ou en voie de fermentation, leur présence semble prémunir cette matière contre la putréfaction ordinaire. Le parasite, en s'emparant de la matière destinée à un organisme supérieur, la conserve en lui impri- mant son propre cachet. 10. Les expériences d'inoculation ne réussissent point sur des œufs pourris (Spring). Je doute que les botanistes puissent trouver dans les descriptions phytologiques précédentes des données assez positives pour accepter ces conclusions. Je renvoie à la remarque que j'ai faite plus haut (page 545), et à ce que j'ai dit ailleurs (page 504). Sur un Champignon d'un œuf de Poule, par le docteur Wittich (1). — C'est encore faute de trouver une description botanique convenable et per- mettant de classer le végétal décrit ci-dessous, que je range à la suite des documents précédents ceux qui suivent , dont je dois la traduction à M. J.-J. Moulinié. Sur un très grand nombre d'œufs de Poule que j'ai ouverts, dit Wittich, dans le courant de deux ans pour d'autres observations, il ne s'est pré- senté à moi qu'un cas de Champignon. L'œuf était assez frais, la chambre d'air avait 26 millimètres dans son plus grand diamètre; le blanc était tout à fait limpide, sans saveur et sans odeur, à réaction alcaline, et ne présentait aucune apparence de décomposition. Seulement je trouvai fixées sur les côtés de la coque trois saillies en forme de boutons, gélatineuses, d'un verdâtre sale, très semblables du reste à un autre bouton gélatineux placé sur les côtés du disque proligère contenu dans le jaune. Toutes étaient à peu près d'égale grosseur et se laissaient complètement séparer de ce qui les entourait. Elles mesuraient 6 millimètres dans le milieu. En examinant plus attentivement avec une loupe la surface interne de la (1) Wittich, Ueber Piïsbildung im Hiihnerei (Zeilschrift fur uiissenschaftliche Zoologie, von Siebold und Koelliker, Leipzig, 1851, t. III, p. 213-219). DÀCTYLIUM OOGENUM. 555 membrane de la coquille, je vis encore une assez grande quantité de pe- tites saillies gélatineuses, globuleuses, incolores, assez adhérentes, pour se laisser seulement enlever par une aiguille à cataracte. Celles-ci, de même que les globules verdâtres cités plus haut, formaient comme autant de ré- ceptacles, desquels partaient des filets distincts se répandant en rayonnant depuis la membrane de la coquille jusque dans l'intérieur, et réunis entre eux par une gelée commune. Ceux de la base consistent en filets étalés, ronds, contenant évidemment des noyaux ou des cellules aplaties les unes contre les autres, qui s'allongent d'autant plus qu'on se rapproche de la pé- riphérie, jusqu'à ce qu'enfin elles s'amincissent tellement vers leur sommet que même aux plus forts grossissements, on peut à peine apercevoir les ar- ticulations parmi les cellules. Ils forment un tissu passablement serré et ramifié, et l'on aperçoit aisément la disposition des rameaux partant à angle droit les uns des autres et se répandant dans différentes directions. Je n'ai pas pu m'assurer avec certitude de la présence d'une conjugaison, quoique j'aie mis une grande attention à celte recherche ; cependant je ne voudrais pas en contester la possibilité, parce qu'on ne peut pas conclure d'après une seule préparation dans laquelle le tissu a été dilacéré en tous sens. L'iode colore en brun les cellules séparées même sans addition d'acide sulfurique, quand on a auparavant enlevé le plus possible la matière gélati- neuse au moyen d'une lessive de potasse; on ajoute l'iode en dernier lieu, et le contenu des cellules coloré en brun se sépare de leur paroi, ainsi que le noyau, mais un peu plus tard. Je n'ose pas affirmer que le Champignon que je viens de décrire soit le même que celui qu'ont observé Schenk et Maerklin, parce que ces formes phytoïdes inférieures offrent peu de caractères distinctifs; d'autre part l'absence de conjugaison paraît empêcher un pareil rapprochement. Les spores décrites dans les cellules étaient ovales, allongées, comme de petits corps d'un brillant métallique terminés un peu brusquement vers une de leurs extrémités pointues, et montraient un mouvement continuel de vacillation ou de rotation qui paraissait plus actif, surtout du côté de la pointe. Néanmoins, même avec un grossissement de cinq cents fois, je n'ai pu apercevoir d'organe vibratile. Ces corps étaient trop gros pour que ce mouvement fût moléculaire, mais aussi il y en avait un autre ; les corps plus petits, tout à fait en repos, entraient en oscillation quand ils venaient dans le voisinage de ceux-là, fait qui montre bien une activité vibratoire. Quand chacun avait cessé son mou- vement, une addition d'iode les colorait d'un brun interne. Les spores sé- parées avaient de 0mm,015 à 0min,026 de longueur, et 0mm,005 de largeur. — Pour ee qui est de leur nature de spores, je ne l'ai admise que provisoire- 55fi VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. ment d'après leur ressemblance avec celles qu'on u observées dans les Champignons ; mais pour m'en convaincre plus sûrement, j'abandonnai dans un liquide contenant du blanc d'oeuf plusieurs des points tachetés. — Après quelques heures, je trouvai des spores isolées dans différentes phases de développement, et il s'était déjà formé çà et là des filets articulés distincts. Voici quelle était la phase suivante : Les spores isolées se gonflaient en forme de poire, poussaient une ou plusieurs petites saillies qui, finalement, se détachaient pour composer de nouvelles cellules. Une fois bien établi que nous avons affaire ici à des spores, reste à démontrer que celles qui se trou- vent à la surface externe ont frayé leur chemin à travers la coquille dure. Transmission des spores. — La coquille est, d'après Martin Saint-Ange et Baudrimont, recouverte extérieurement d'un épiderme excessivement mince qui, sous l'action d'un acide étendu, se laisse enlever par lambeaux sans grand effort. Elle présentait (quoique les deux auteurs ci-dessus cités contestent, il est vrai, qu'on puisse s'en convaincre) à une plus ou moins grande dislance une ouverture correspondante à la dépression de la co- quille, qui s'est faite évidemment et instantanément au moyen de leur bord tranchant. Mais l'expérience déjà citée prouve, en outre, qu'elle existe bien de fait. Le plus petit diamètre de l'ouverture que j'ai examinée ne mesurait encore que 0mm,0û8 à 0mm,05£i, et était donc encore plus grand du double que le plus grand diamètre des spores. La coquille même renferme, comme on peut s'en assurer dans différentes places sur son bord mince, un assez grand nombre de trous. Il est important de remarquer qu'on peut se convaincre directement de l'existence de ces orifices des deux côtés sur un morceau ra- molli par l'acide. C'est celte dernière méthode, le traitement par l'acide chlor- hydrique, qui est la plus propre à démontrer la présence des petites ouver- tures dont l'existence montre la possibilité de la pénétration des spores du dehors au dedans. Tel est le côté analomique, dit Witlich, qui n'est point contraire à mon hypolhèse, que les spores se sont frayé un chemin du dehors à travers la coquille, et que devra plus tard confirmer l'expérience, en montrant que les choses se passent bien ainsi dans le fait. Dans ce but, j'enlevais avec un pinceau hors de la coquille les spores et les taches, et les portais, ainsi qu'un des boutons gélatineux verdâtres, sur la surface extérieure d'un œuf frais, et je maintenais la place où ils étaient exactement mouillée pendant un certain temps. Sur trois expériences ainsj établies, une me réussit complètement. Après avoir laissé l'œuf dans un lieu chaud pendant cinq jours, je l'ouvris, et je trouvai, non tout à fait sous le point indiqué, mais dans le voisinage immédiat, un nombre considé- DÀCTYLIUM OOGENUM. 557 rable de boulons gélatineux, qui auraient produit les filaments décrits plus haut. Les deux plus remarquables, qui se trouvaient clans le voisinage des boutons gélatineux, étaient déjà colorés d'un vert sale et surpassaient les autres, encore clairs et transparents, par leur grosseur, laquelle paraissait être celle d'une tête d'épingle. Tel est l'ensemble de l'histoire de ce Champignon de l'œuf. Le dévelop- pement sur la coquille extérieure que j'ai découvert avec les spores dé- viait sur le deuxième œuf; la situation des réceptacles du Champignon sur la membrane de la coquille qu'ils avaient évidemment traversée ; la jeunesse évidente des réceptacles qui se sont formés dans le voisinage des spores ap- portées à l'extérieur de notre expérience ; enfin la circonstance que, dans la dernière surtout, des Champignons se développèrent dans le voisi- nage de la place infectée, diminuent en quelque sorte l'objection que ces végétations soient entièrement la suite de l'expérience, et indépendantes de l'infection. Puisque les deux autres œufs sont restés libres, il se peut qu'il y ait eu d'autres circonstances qui ont échappé à l'observation directe. Malheureusement, les matériaux me manquaient pour faire de nouvelles recherches, ce qui ne m'empêche pourtant pas, dit Willich, de communi- quer celte observation isolée, qui rend pour moi au moins plus que vrai- semblable, que les Champignons et les spores se sont frayé un chemin de l'extérieur au dedans de l'œuf. Que ceux-ci, dans notre expérience, ne se soient pas retrouvés immédiatement sous le point infecté, cela s'explique tout simplement par la structure de la coquille. On doit se rappeler que le passage n'est pas un canal perpendiculaire et droit; au contraire, qu'il communique avec l'ouverture de l'épidémie par des trous plus grands ou plus petits, qui continuent irrégulièrement jusqu'à la membrane de la co- quille. En outre, les deux couches de celte dernière ne forment pas un pas- sage direct; au contraire, comme il a été mentionné plus haut, les mailles de l'une sont pour la plupart recouvertes par les faisceaux de l'autre, de sorte que les spores et les branches du Champignon ont été forcées de faire de nombreux détours pour se frayer un chemin. Additions aux observations du docteur Wittich sur le développement d'un Champignon dans un œuf de Poule (1). — J'observai, dit Harless, dans les derniers jours de juin de cet été, six œufs de Cane qui montraient, dans leur chambre à air une épaisse couche de Champignons exactement sem- blables à ceux décrits par le docteur Wittich. Il n'y avait point de Champi- .gnon réel sous chacune de ces taches dans l'intérieur de l'œuf, mais immé- (1) E. Harless, Zusaetze zu DT von Wittich' s Beobachlung von Pilzbildung iiim Huhnerei (Zeittchrift fur loissenschaflliche Zoologie, Leipzig, 1851, in-8, it. III, p. 308). 558 VÉGÉTAUX PARASITKS. — CHAMPIGNONS. diatement au-dessous d'elles le contenu abondant de l'œuf était sain et dé- pourvu de toute trace de ces végétations. Les taches colorées de la coquille de l'œuf étaient assez nettement circon- scrites, quelquefois tout à fait libres, offrant un espace de 3 à ti lignes d'un blanc pur entre elles et les taches les plus voisines. Cet espace ne renfermait aucune trace de spores, d'où il résulte immédiatement que les végétations ne sont pas venues de l'extérieur à l'intérieur, car, sans cela, elles auraient dû, pour ainsi dire, indiquer leur chemin par des végé- tations, et l'on aurait trouvé des spores clans l'intérieur de l'œuf et sur la surface interne de la coquille. Ceci montre encore que ces taches contenant des spores se trouvaient dans la coquille, mais que jamais elles ne végètent à sa surface interne, ni dans le blanc ni dans le jaune placés au-dessous, soit que les spores n'aient pas encore achevé leur trajet à travers la coquille, soit que, dans ce trajet, leur développement ultérieur ait été empêché par le manque d'un sol convenable ou par des circonstances défavorables. La né- . cessité de conditions extérieures très favorables pour que ces Champi- gnons puissent se développer explique la rareté des cas dans lesquels on les trouve ainsi, et de plus les fréquents insuccès des essais d'inoculation du docteur Witlich. La mort de l'embryon par telle ou telle cause suivie de la décomposition putride de la formation embryonnaire ou des autres éléments de l'œuf ne peut pas être regardée comme d'une grande im- portance pour le développement ultérieur des spores, car non seulement dans les œufs examinés par Wittich , le blanc était tout à fait clair , sans saveur ni odeur, et ne présentait aucune apparence de décomposition, mais aussi deux de ceux que j'ai examinés étaient encore tout frais et sans aucune trace d'altération. La putréfaction même, comme on peut s'y attendre, n'est nullement nuisible au développement de ces végétations, ainsi que je l'ai remarqué dans un autre œuf arrivé au plus haut degré de pourriture, et exhalant l'odeur d'hydrogène sulfuré, et dans lequel le résidu d'un embryon âgé de dix jours était converti en une masse gélati- neuse. La mort de l'embryon, qui avait lieu toutes les fois que des végéta- tions cryptogamiques se rencontraient, ne peut pas être naturellement regardée comme une cause du développement, mais seulement comme un résultat de celui-ci , ou tout au moins des influences extérieures. Les embryons qui remplissaient en partie les œufs de Cane accompagnés de Champignons étaient âgés de dix à quinze jours. Quoiqu'ils ne fussent nullement en voie de putréfaction, tous leurs tissus étaient si mous, que le plus léger contact avec les pinces détruisait leurs formes, et les déchirait en morceaux par la plus faible traction. Dans d'autres cas la résistance du tissu était plus grande, mais l'épidémie DACTYLIUM OOGENUM. 559 était, pour le moins, tout macéré en partie, déchiré en lambeaux ou un peu dissous. Chez les embryons les mieux conservés on trouvait constammentde épanchements sanguins , surtout dans la vésicule allantoïde, laquelle était toute pleine d'un liquide rouge. De dix-huit à vingt œufs de Cane qui se trouvaient en même temps dans la couveuse, ceux-là seulement ont présenté des végétations cryptogamiques qui étaient placés dans une aimosphère entièrement saturée de vapeur d'eau. Au contraire il n'y en avait dans aucun de ceux qui étaient dans l'autre portion de la couveuse, environnés d'une atmosphère moins humide. C'est un fait connu, que pendant leur développement, les œufs perdent une quantité d'eau considérable, et l'on peut regarder cette excrélion d'eau comme une chose nécessaire à leur évolution ; celle-ci ne peut avoir lieu en effet quand l'œuf est placé dans une atmosphère près d'être saturée de vapeur d'eau. L'épidémie de Champignons, si je peux la nommer ainsi, se manifestait dans ma couveuse à une température de 33 à h0° centig., et d'autant plus que l'atmosphère était saturée d'humidité, et malgré cette dernière condi- tion, elle n'avait jamais lieu à la température normale de 3/i à 35° cen- tigrades. Cette température plus élevée, en même temps qu'elle cause la mort de l'embryon, est aussi la cause de Yextravasation du sang. Je me suis con- vaincu de cela non seulement sur des embryons de 10 à 18 jours, mais aussi sur de tout jeunes (2 à 5 jours). La mort de l'embryon et la production des Champignons vont toujours ensemble; il se pourrait alors que les changements quidoiventêtre apportés par celle-là favorisent ceux-ci, même quand ni l'odorat ni les réactions chimiques ne peuvent faire reconnaître aucune trace de décompo- sition. 11 est certain que par la rupture des vaisseaux allanloïdiens, par la pres- sion du sang, la respiration de l'œuf ne marche plus, d'autant plus qu'elle est entretenue par le mouvement du sang ; mais la production d'acide carbo- nique continue. Elle a lieu dû moins surtout quand les œufs ne se déve- loppent pas etsontexposés à une chaleur d'incubation au contactde l'oxygène de l'air. Ceci nous conduit à une troisième condition du développement des Cham- pignons. Les œufs qui avaient été couvés dans une aimosphère saturée de vapeur d'eau et à une température de Z|0° centig. n'ont présenté des Cryptogames que quand ils n'avaient pas été une fois par jour refroidis et sortis de la 560 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. couveuse. Nous avons dit que cette pratique ('•tait indispensable pour le dé- veloppement normal des œufs. L'air ainsi chargé d'acide carbonique dans l'intérieur de l'œuf peut cer- tainement être favorable au développement d'organismes végétaux. En résumé, je ne puis jusqu'à présent décider si les conditions précé- dentes transforment la masse de l'œuf en un sol propre au développement des Champignons, ou seulement si ce. dernier ne dépend que des conditions extérieures. Les conditions extérieures qui, jusqu'à présent, paraissent amener le dé- veloppement des Champignons précédant l'infection de la coquille par de3 spores sont une atmosphère à une température d'environ ZiO° centig., avec empêchement d'exhalation de l'acide carbonique hors de l'œuf (IJarless). Genre BOTRYTIS, Micheli. Étymologie. — Borpu;, grappe. « Flocci (Fila, etc.) tubulosi, septati, Informes, mucedinei ; fertiles erecti discreti, simplices aut rarnis conformibus in- structi. Sporidia simplicia, subglobosa, circa apices ramosve conglomerata (Sporidia primitus inclusa). » Espèce 59. — BOTRYTIS BASSîANJ (Balsamo), Montagne, in littera. I. « Floccisfertilibus, candidis erectis simplicibus vel dichoto- mis breviter ramulosis , ramulis sparsis , sporis globosis con- coloribus ad apices ramulorum tandem capitato-conglome- ratis. » Hab. In erucis Bombycis mori, L., etc. » La diagnose du Botrytis Bassiana, Balsamo, a été modifiée par M. C. Montagne, d'après des observations qui lui sont pro- pres, et ne reste point exactement telle que Balsamo l'avait donnée, car il n'avait vu qu'une seule spore à l'extrémité des ramules fertiles. Voici la diagnose du B. diffusa, Dittmar, qui, pour Fries, est un Stachylidium (S. diffusum, Fr.). « B. diffusa, floccis fertilibus ramosis candidis, ramulis fer- tilibus sparsis sporas quaternas gerentibus, dein sporidiis apice collée tis. » BOÏRYTtS BASSfÀTU. 561 Maintenant, dit M. Montagne, si vous comparez à ma figure du B. Bàssiana, Balsamo (1), Mont., celles qu'ont données de l'autre espèce Dittmar et Greville, vous pourrez vous con- vaincre, sinon de leur identité, au moins de la proximité très grande des deux Mucédinées. Le locus nalalis et la morphose que je n'ai pas suivie dans la seconde espèce me paraissent jusqu'à présent les seules différences essentielles (2). 11. Description anatomique. — Dans le Bolryîis Bàssiana, Bals., Mont., on distingue les trois ordres de parties que présen- tent tous les Champignons d'une organisation un peu élevée, et non pas des spores seules comme dans quelques Torulacés, ou des spores, plus des filaments à la fois mycéliaux et récepta- culaires, comme dans YOidium albicans, Ch. R., etc. Ces par- ties sont : 1° le mycélium, 2° les filaments sporifères ou récep- tacles, 3° les spores. Toutes ces parties, Lien qu'enchevêtrées et mélangées les unes aux autres, quand la plante est complètement dévelop- pée à la surface du corps , ou dans l'épaisseur des tissus de l'animal qui les porte, sont pourtant anatomiquemenl distinctes, et doivent être décrites séparément. Nous avons déjà vu un fait semblable en décrivant le Champignon delà Teigne, etc. Ce n'est que clans les espèces supérieures de la classe des Cham- pignons que l'on voit communément le mycélium, le récep- tacle et les spores, ainsi que les organes qui les accompagnent ou les enveloppent, avoir une situation bien déterminée dans l'ensemble de l'organisme étudié. 1° Mycélium (thallus de divers auteurs). — Les filaments du mycélium du Botrytis Bàssiana, Bals., Mont., sont cylin- driques, variant de longueur suivant leur degré de dévelop- pement, depuis quelques centièmes (0mm,030 ou 0nim,006, pi. VII, fig. 2, 3, 5, 6, 10, a, a, a, a) jusqu'à plusieurs (1) Balsamo, Recherches sur la Muscardine (Gazette de Milan, juin 1835; et Biblioteca italiana, 1835, vol. LXXIX). (2) C. Montagne, Lettre adressée à M. le docteur Charles Robin, agrégé à la Faculté de médecine, etc., Paris, le 2 décembre 1852. 36 562 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. dixièmes de millimètre (fig. 5, 6, 7, c, c, c, c). Leur largeur est de 0mm,002 à 0mu,,003. Ils sont flexibles, transparents, inco- lores, et brunissent par la teinture d'iode. Chacun d'eux est formé par une seule cellule allongée, non cloisonnée, ramifiée une ou plusieurs fois dès qu'elle a pris une cerlaine longueur (c, c, c,c). Lorsque les tubes sont encore courts (a, a, a) leur contenu est homogène, transparent. Peu à peu il devient granuleux; les granulations ont, au plus, 0"'m,004 , et sont distribuées çà et !à dans la longueur du tube , et plus ou moins nombreuses (fig. 5, 6 et 7, 6, b, b, c, c, c), suivant les conditions dans les- quelles se développe le Champignon, de même aussi que, sui- vant les conditions , elles apparaissent dans des tubes plus ou moins longs (comparez fig. 7, b, b, b, à fig. 5 et 6, b, b, b). 2° Réceptacles. — Ils sont constitués par des filaments qui partent du mycélium , et en représentent une cellule ou une branche de cellule qui a pris un développement spécial. Chaque filament conserve la largeur des tubes de mycélium , ou est à peine plus large (0nim,003 à 0mm,004). Leur longueur est de un tiers à trois quarts de millimètre (pi. VI, fig. Ix, 5 et 7; pi. VII, fig. 9). Ils sont composes de cellules placées bout à bout (pi. VII, fig. 9, d), tantôt assez distinctement articulées (surtout quand le végétal s'est développé dans un lieu chaud), tantôt paraissant comme formées d'un seul tube, mais qui pourtant est constitué de cellules plus ou moins allongées dont les cloisons de séparation sont difficiles à voir (pi. VI, fig. 5 d). Ces filaments sont ramifiés ; les branches ont habituellement 0mm,020 à 0mm,050 au plus. Elles sont représentées par un prolongement d'une cellule du filament, prolongement qui reste en communication avec la cavité de la cellule qui le porte (pi. VI, fig. 4, 5 et 7, et pi. VII, fig. 9, f, f). Quelquefois, cependant, les branches peuvent se cloisonner, elles prennent alors une plus grande longueur , et sont ainsi formées de plusieurs cel- lules placées bout à bout (pi. IX, fig. 9, g, g). BOTRYTiS BASSIANA. 563 3° Spores. — Elles sont spliériques ou subovoïdes, à con- tenu homogène dépourvu de granulations. Leur diamètre est de 0mm,002, rarement 0»"",003. On les trouve, soit libres (pi. VI, Cg. 5, h), soit adhérentes aux filaments qui repré- sentent le réceptacle (*), soit isolées au sommet de leurs branches (pi. III, fig. 5, h), soit groupées au nombre de deux ou trois, puis quatre, cinq ou six au sommet de ces branches (pi. VI, fig. 5, l, l, et pi. VII, fig, 9, 7), soit groupées encore en nombre plus considérable , de manière à former de petits amas spliériques très élégants (pi. III, fig. 6). III. Etude du milieu dans lequel croît le Botrytis. — Le milieu naturel dans lequel se trouve le Botrytis Bassiana, Bals., Mont., est le corps du Bombyx mori, L., et de sa che- nille ou Ver à soie. Il peut siéger dans toutes les régions de l'organisme de cet animal. Use développe naturellement dans ses tissus lorsque l'animal meurt , mais commence à ger- mer avant la mort. Il peut se développer pendant, que la vie est encore énergique, si l'animal sur lequel tombent des spores qui pénètrent dans l'intérieur de son corps , et des conduits sanguins en particulier, est placé dans certaines conditions d'humidité et de non-renouvellement d'air. Il entraîne alors diverses lésions et symptômes caractérisant une affection mor- bide de ces animaux , à laquelle on a donné le nom de Muscar- dine, et qui finit par amener la mort de l'animal. Des quan- tités considérables d'animaux servent alors de sol dans lequel germent les spores, et meurent avant le ternie naturel de leur existence. On peut, par ce qu'on appelle inoculation, et mieux par transplantation et semis des spores , sur différentes espèces d'Insectes , voir le végétal se développer dans les tissus de ces animaux, surtout si on les place dans certaines conditions indi- quées plus loin. Les conditions de développement du végétal chez les Vers à soie ont été étudiées avec le plus grand soin par M. Guérin- 56A VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Méncville, qui m'a permis d'emprunter les faits suivants et la planche VII do cet ouvrage au manuscrit de ses recherches. Ce volumineux manuscrit contient la description, jour par jour, de plusieurs centaines d'expériences laites sur les Vers à soie, avec des dessins plus nombreux encore représentant les différentes phases de ces expériences, et les individus qui en ont été le sujet (1). Il est très à regretter pour la science, et pour l'art séricicole surtout, que ces précieux documents restent inédits. Je coordonnerai ainsi qu'il suit les faits que j'emprunte aux recherches du savant que je viens de citer. Modifications des globules sanguins. — ■ « Un fait curieux auquel je n'avais pas encore fait attention, dit M. Guérin- Méneville (2), c'est que les globules du sang des Vers à soie saignés après leur mort sont constamment ronds (pi. VII, fig. 2, m, n, p)< tandis qu'ils sont elliptiques ou naviculaires pendant quelques secondes quand on saigne un Ver vivant. Il paraîtrait certain , d'après cette observation, que la forme ronde des globules du sang des Insectes est le signe, le carac- tère de leur mort. » Tant que ces globules vivent, après l'extraction du sang d'un Ver vivant, ils sont allongés , puis peu à peu ils s'arron- dissent. » Une fois arrondis , ces globules commencent à présenter les expansions sarcodiques, et les mouvements de ces expansions qui sont propres à tous les globules blancs du sang de quelque classe d'animaux invertébrés que ce soit, ainsi que le fait a été signalé ailleurs (3). Le globule devient quelquefois un peu irré- gulier à sa circonférence, puis ensuite, ou immédiatement, d'un point de celle-ci une expansion plus claire que le reste des (1) Guérin-Méneville, Journal séricicole des campagnes de 1849, 1830 et 1831, manuscrit gr. in-4 avec planches et figures dans le texte. (2) G.-Méneville, loc. cit., 3 juin 1831. (3) Lebert et Ch. Robin, Kwze Notiz iiber allgemeine vergleichende Ana- tomie niederer Thiere {Archiv fur Analomie unâ Physiologie, von J. Mueller, 1846, p. 121-122). , B0TRYT1S BA.SSIAM. 565 globules s'avance lentement, à la manière d'un liquide qui coule (pi. VII, fig. 2, p, p). Tantôt l'expansion est aussi large à sa base qu'à son extrémité, tantôt elle se termine en pointe très effilée ; quelquefois , vers sa base , elle est entourée par une ligne irrégulière très fine , indiquant une rupture de la partie superficielle, plus dense, du globule, pour laisser sortir l'expansion formée par la substance centrale et plus molle du globule. Le plus souvent, bien qu'il n'en soit pas toujours ainsi, il y a expansion directe de la partie superficielle même du globule. Cette expansion rentre et ressort plusieurs fois, toujours très lentement , ou reste plus ou moins longtemps immobile. Avant ou pendant son retrait s'en montrent une ou plusieurs (fig. 2, p, p) dont les sorties et retraits successifs donnent au globule un aspect un peu différent pendant vingt à quarante minutes que dure le phénomène. J'ai observé depuis ce phénomène sur les globules du sang des vertébrés , même de l'homme, dont un globule entier est quelquefois déplacé par une expansion qui , fixée à quelque corps étranger , attire le globule à elle , empêchée qu'elle est de rentrer dans sa masse. Il a été étudié d'une manière remarquable, et avec le plus grand soin, par M. Davaine (1). Expansions sarcodiques. — Ce phénomène est la manifes- tation d'une propriété que possède la substance organisée de presque toute la masse du corps de beaucoup de Vers, d'Aca- lèphes , et surtout d'Infusoires, lors même qu'elle s'est réunie en globules après avoir été séparée du corps de l'animal où elle s'est formée, et dont elle faisait partie. Ces globules, de forme et de volume variés, se creusent des vacuoles, et présentent des mouvements dus à des resserrements et expansions de leur sub- stance, substance que M. Dujardin a appelée sarcode; d'où les expressions de mouvements et expansions sarcodiques employées ci-dessus. Diverses espèces d'éléments anatomiques d'animaux (1) Davaine, Recherches sur les globules blancs du sang (Comptes rendus et Mémoires de la Société de biologie, Paris, 1850, in-8, p. 102-105). 860 VÉGÉTAUX PARASITES. ■ — CHAMPIGNONS. plus élevés en complication partagent celte propriété. Parmi ces derniers il faut ranger, ainsi qu'on le voit , les globules blancs du sang des vertébrés et les globules du sang des inver- tébrés qui sont les analogues de ceux-ci. Les expansions sarcodiques décrites par M. Dujardin finis- sent par se séparer complètement de l'animal sous forme de globules, dont les resserrements et les dilatations continuent encore quelque temps; elles ne se montrent que lorsque l'ani- mal se trouve clans un milieu devenu peu à peu défavorable aux actes de l'animal, actes de respiration ou autres. On peut, sur les Planaires ou les gros Infusoires , en bâter l'apparition par addition d'un peu d'ammoniaque ou autre alcali en faible quan- tité. Elles se montrent lorsque le milieu est évidemment modi- fié; elles sont , dans l'animal , le signe indiquant anatomique- ment des modifications correspondantes dans la substance , par suite de l'échange continu qui a lieu entre toute partie de la substance organisée et le milieu dans lequel elle se trouve. Or, les expansions des globules du sang des Insectes, etc., des globules blancs du sang des vertébrés, ont tant de ressemblance avec les expansions sarcodiques proprement dites , soit quant à la nature du mouvement, soit quant à l'aspect des prolonge- ments de substance organisée, sauf le volume, qu'on ne saurait mettre en doute leur analogie dénature dans l'un et dans l'autre cas. Aussi, comme il est bien évident que le sérum placé sous le microscope dans lequel sont les globules blancs du sang n'est pas dans des conditions normales ; comme les expansions n'apparaissent pas immédiatement après que le sang est tiré, mais quelque temps après, lorsque le sérum a pris une tempé- rature différente de celle qu'il avait, ou lorsqu'il a perdu un peu d'eau, il reste démontré, pour quiconque a étudié le phé- nomène'; que les expansions ne se montrent qu'autant que le milieu est modifié ; soit quant à la température, soit quant à la proportion d'eau, etc. Les expansions sont, je le répète, dans l'élément anatomique, le signe indiquant anatomiquement BOTUYTiS BASSIANA. 567 des modifications dans la substance correspondantes à celles qu'a éprouvées le milieu, par suite de rechange continu qui a lieu entre toute partie de la substance organisée et le mi- lieu dans lequel il se trouve. Les modifications de l'élément anatomique, sans être encore des altérations de sa masse, quoique indirectes en ce qu'elles ne sont qu'une conséquence de celle du milieu , n'en sont pas moins réelles. Bien que j'aie cherché souvent à constater des expansions sur les globules blancs du sang des grenouilles vivantes, en observant leurs organes placés sous le micros- cope , il m'a toujours été impossible de voir autre chose que les changements de forme provenant de leur pression réci- proque ou contre la paroi du capillaire. Dans les expansions sarcodiques des globules blancs du sang de quelque animal que ce soit, se voient souvent quelques unes des granulations moléculaires de l'intérieur du globule. Il en est même quelques unes qui s'échappent de l'expansion en raison de l'état demi-liquide de celle-ci sans destruction du globule ; elles deviennent alors libres, et sont douées d'un mouvement brownien très énergique, avec sautillements qui ne peuvent être comparés qu'à ceux des granulations pigmen- taires de la choroïde , et qui sont même plus énergiques que ceux de ces derniers. Modifications des globules sanguins des Insectes en •particu- lier. — M. Guérin-Méneville a observé qu'après la mort des In- sectes, dans leur corps ou sur du sang retiré depuis quelque temps, les granulations volumineuses que contiennent leurs globules (fig. 2, m), ayant 0mm,002, s'avancent vers la périphérie du globule, qu'il y ait ou non des expansions (fig. 2, n,j)), pro- duisent des soulèvements ou bourgeons saillants à la surface de ce globule, et le percent enfin. Ces granulations ou petits corps (pi. VII, fig. 2. 5 et 7, s, s, s) sont ovoïdes, de 0nir»,001 à 0mm,002 de long; ils sont en tout semblables à ceux qui sont dans les globules encore intacts (Guérin-Méneville). Dans 5(>S VÉGÉTAUX l'.vitAMii.s. — GIlA&tl'ICKONS. leurs mouvements de sautillement , au milieu du sérum du sang où ils se trouvent, ils s'accumulent peu à peu en amas granuleux de quelques centièmes de millimètre, variant un peu de volume comme de forme (fîg. 5 et 6g. 7, r, r). C'est l'absence de notions à la fois suffisamment minutieuses et générales sur les éléments anatomiques et la substance orga- nisée qui a conduit quelques auteurs à prendre les globules du sang des Annélides pour des Infusoires du genre des Amibes, en raison de leurs expansions. C'est ainsi que M. Chaussât décrit et ligure (1) les globules blancs du sang de l'Anodonle (Anodonta cycnea, L.), etc., comme étant des Amibes. Il se fonde sur la présence de ces expansions, bien que les prolon- gements des Amibes soient plus longs, plus réguliers, plus bo- mogènes, à extrémités généralement plus larges, et que les granulations de la masse du corps sphéroïdal de l'animal ne s'y engagent pas. L'issue des granulations du sang des Insectes indique cer- tainement une altération commençante de ces globules, surtout si l'on considère qu'on l'observe avant la mort chez des animaux malades. Cette issue, leurs mouvements de sautillement, plus énergiques que le mouvement brownien ordinaire, leur rassem- blement en amas (r,r), ont fait considérer ces corps (fig. 2, 5 et 7, s, s, s) par M. Guérin-Méneville comme analogues en quelque sorte aux spermatozoïdes des Algues, d'où le nom d'Hé- matozoïdes qu'il leur a donné (2). Mais il importe de savoir que ce sont les mêmes corps que l'on observe dans l'intérieur des globules du sang (fig. 2, m, n,p), qu'ils leur sont sem- blables, ainsi que l'a fait remarquer M. Guérin-Méneville, bien qu'ils aient été figurés un peu différents quant au volume, et même quant à la forme ovoïdale, ce qui tient souvent à ce qu'ils sont vus debout plutôt qu'en long. (1) Chadssat, Des hématozoaires. Paris, 1850, thèse in-4, p. 43, pi. II, fig. 10 et 11. (2) Guérin-Méneville, Études sur les maladies des Vers à soie (Revue et Ma- gasin de zoologie, Paris, 1849, in-8, p. 565, pi. XV). BOï'KYTIS BASSIANA. 5(39 Acidité du sang et germination naturelle des spores de Bo- trytis avant la mort. — Il faut, pour comprendre tout ce qui suit, connaître un fait qui domine toute l'histoire de la Mus- eardine et dont l'observation est due à M. Guérin-Méneville. C'est que, outre les altérations naturelles que présentent les globules sanguins dont les granulations s'échappent et flottent dans le sang, les Papillons, au moment de leur mort natu- relle, contiennent des thallus ou mycélium de la Muscardine mélangés aux globules sanguins et à leurs granulations deve- nues libres. Dans mes études physiologiques des Vers à soie, eu 1849, 1850 et 1851, j'ai toujours vu, dit M. Guérin-Méneville, que les Papillons en bon état, qui avaient fait leur ponte normalement et approchaient du terme de leur vie, montraient dans leur sang de nombreux (hématozoïdes) corpuscules décrits plus haut, signe caractéristique et certain de l'approche de la Muscar- dine. Deux ou trois jours avant la mort des Papillons, il y avait beaucoup de corps tellement allongés qu'ils étaient facilement reconnaissables pour des filaments de thallus. Avec ce caractère de la Muscardine , un autre se montrait constamment, c'est ï'aciuité bien marquée du sang. Or on sait que Nysten (1) a montré que le sang du Ver à soie n'est ni alcalin ni acide. Sur une grosse femelle de Bombyx encore vivante, M. Gué- rit) (2) a observé des corps semblables aux rudiments de thal- lus (pi. VII, fig. 3) muscardiniques que l'on trouve souvent dans les Vers à soie. Ce sang est fluide, jaune, assez peu abondant, rempli d'innombrables corpuscules venus des globules , qu'il appelle hématozoïdes, parmi lesquels il y en a de plus en plus allongés. En desséchant le sang du Papillon, au lieu de cristaux cubiques, comme dans les Vers, ce sont des cristaux allongés que l'on obtient (pi. VII, fig. !\). Le lendemain, la femelle (1) Recherches sur les maladies des Vers à soie. Paris, 1808, in-8, p. 15. (2) Guérin-Méneville, loc. cit., maQuscril, 1850, feuillet 26, 9 juillet. 570 VÉGÉTAUX l'AHASITUS. — CHVWlPlGNONS. est morte, elle est encore molle et l'on peut en tirer quelques gouttes de sang qui sont remplies de corpuscules mobiles (hé- iiialozoïdes) et de filaments de lludlus dont quelques uns sont déjà ramifiés. Il y a aussi des cristaux cubiques (pi. VII, fig. 5). Ce sang offrait tout à fait l'aspect de celui des Muscnrdines qui viennent de mourir. Dans le sang encore vivant, il n'y a pas de cristaux cubiques, c'est par dessiccation de celui qui s'est écoulé qu'ils se forment, ou dans les tissus après la mort de l'a- nimal. Sur une femelle prise au basard parmi beaucoup d'autres, très vivante et pondant, M. Guérin (1) a trouvé, à cinq beures du matin, le sang presque entièrement formé de rudiments de thallus ayant divers degrés de développement. Il n'y a presque pas de corpuscules (hématozoïdes) (pi. VII, fig. 6). La femelle est morte le soir ayant encore pondu cinq œufs après la piqûre faite. Elle est dans l'état des Vers muscardinés. On n'y trouve pas de cristaux cubiques. M. Guérin (2) observa le 22 juin 1850 le sang d'un Ver resté court et sur le point de mûrir sans avoir pu monter sur la bruvère; il trouva dans ce sang une grande quantité de petits globules graisseux très inégaux, plus petits que les globules sanguins qui ont disparu. Il y avait en outre des rudiments de tballus très pâles ressemblant à ceux qu'on voit dans le sang des Vers muscardinés (pi. VII, fig. 10). On les rencontre surtout sur les bords de la goutte. Ils sont cylindriques, oblongs, coniques aux extrémités. Le 25, le Ver s'est raccourci et le végétal a fructifié à l'anus de l'animal. Les tballus rudimentaires de la plaque de verre tenue en lieu bumide ont donné naissance à un mycélium abondant (pi. VII, fig. 11) qu'on ne peut distinguer de celui de la Muscardine; mais, le 28, le végétal a fructifié. Il est tout à (i) Guérin, loc.cit., 1850, feuillet 30, 14 juillet. (2) Gdérin-Méneville, Mission séricicole de 1850, dessius et notes manu- scrites, feuillet II . BOTR.YTIS BASSIANA. 571 fait semblable à celui trouvé à l'anus du Ver. C'est une espèce différente du Botrylis. De prime abord, on le distingue par le volume des spores et filaments articulés, qui sont moitié plus étroits que ceux du Botrytis. Cependant c'est une espèce voi- sine (pi. VII, fig. 12). La poussière ou moisissure de la Muscardin^ est de nature végétale. C'est son développement qui tue l'animal par enva- hissement et destruction lente des tissus et oblitération des conduits sanguins et aériens. Il va de soi que pour qu'appa- raisse le végélal, il faut qu'une ou plusieurs spores arrivent dans les tissus ou les humeurs de l'insecte. Le mécanisme de cette pénétration sera examiné plus loin. L'altération, ou, si l'on veut, les modifications moléculaires qui surviennent naturellement dans les humeurs du Bombyce du mûrier vers les derniers moments de la vie, sont les conditions naturelles permettant la germination des spores. L'air chaud et humide, et surtout l'air insuffisamment renou- velé, ou, ce qui revient au même, trop peu d'air, trop peu d'espace pour un très grand nombre d'animaux, voilà quelles sont les conditions qui déterminent accidentellement dans les humeurs de l'animal, encore à l'état de larve, des modifications de composition intime ou moléculaire, de température, etc., favorables à la germination des spores au milieu d'elles. Conditions défavorables à la germination des spores. — • Eviter ces conditions par des moyens variés suivant l'état de l'atmosphère durant l'année où l'on se trouve, ferait plus que l'emploi de différents sels ou huiles volatiles, si l'on pouvait amener, de gré ou de force, les propriétaires de magnaneries de tout un pays à n'élever que la quantité de Vers à soie pro- portionnée à l'espace qu'ils peuvent leur fournir. Mais l'impos- sibilité d'en venir là au temps actuel rend indispensable la recherche de divers moyens qui, sans amener la mort des Vers, empêchent le développement du Champignon; ou plutôt il faut des moyens qui préviennent les altérations des humeurs de 572 VÉGÉTAUX r.w.AsriKs. — uiami'M.ao.ns. l'animal, en raison de la grande délicatesse des tissus de celui- ci comparée à l'énergique résistance des spores contre des moyens qui tueraient les animaux avant d'empêcher la germi- nation des premières. Ces moyens ou remèdes, soit physiques, soit chimiques, ne seraient-ils qu'accessoires, devront toujours être recherchés, car si, dans telle circonstance atmosphérique ou tel pays, ils sont inutiles, ils devront être employés dans quelques autres. Les spores de Botrytis datant «l'un «n, et emportées de Paris, n'ont pas pu germer sur les êtres chez qui on les avait inocu- lées. Pourtant le Botrytis de 1848, conservé à Sainte-Tulle jusqu'à 18Z19, a pu être inoculé. La vapeur de térébenthine ne fait que relarder la germination. La vapeur d'acide sulfureux a empêché la plupart des spores jetées sur les chenilles de germer, et a retardé la germination des autres. Les Vers frottés avec un autre Ver déjà blanchi par le Botrytis, mais qui n'avait pas encore fructifié, n'ont pas été infectés (1). De la Muscardine sur d'autres Insectes que les Vers à soie. • — Le Botrytis Bassiana peut être inoculé à un grand nombre d Insectes dont il cause la mort comme à un Ver à soie. Turpin a inoculé la Muscardine à plusieurs chenilles de la Noctua verbasci, à celle du Bombyce à livrée (Bombyx Neustriœ), à la Picride de l'aubépine (Picris cratœgi), et de Y Antocharis cardaminis, ainsi qu'à plusieurs autres espèces indéterminées. Toutes moururent en huit à dix jours. Leur corps était plein de Champignons, mais sur celles dont l'enveloppe était trop dure, ils ne sortirent pas au dehors. Audouin a inoculé la Muscardine à la chenille du Grand Paon de?iuit, du Papillon Machaon, du Liparis dispar, et tous les phénomènes qui accompagnent le développement de ce végétal se sont manifestés. Il rapporte aussi, d'après M. Bona- fous, qu'elle peut être communiquée à plusieurs espèces de (1) Guébin, loc. cit., 1849, ch. xi. BO'i'P.YTIS lî.YSSUN.V. 573 chenilles : ainsi des claies infectées de Muscardi nés ayant été secouées sur un arbre couvert de chenilles, celles-ci furent atteintes par la maladie au bout de quatre jours. Audouin a vu aussi, en 1838, que la disparition du Galeruca calmariensis , Fab., si nuisible à l'orme, avait eu pour cause le développement de la Muscardine parmi les chrysalides de cet animal. L'obser- vation a été faite à Sèvres, où il n'existe pas de Vers à soie. Ainsi la Muscardine n'est pas particulière aux Vers à soie ; mais elle peut se communiquer des Vers aux Insectes, et réciproque- ment, sans que le végétal et les accidents qu'il cause éprouvent de changement; de plus, le végétal se développe plus vite par inoculation que par cohabitation d'insectes sains avec des insectes malades. Ces faits sont démontrés par les expériences suivantes d' Audouin. Des larves de Saperda carcharias (espèce de Capricorne) étaient logées dans un morceau de bois ; celui-ci fut mis dans un bocal avec de la mousse humide au mois d'août, fermé avec du papier, et elles recevaient le soleil pendant quatre heures par jour) ; elles moururent au huitième jour, et deux jours après furent couvertes de végétations blanches. Une des larves donna naissance à un insecte parfait, mais qui mourut de Muscar- dine avant de sortir du bois. Trois autres larves, des mêmes insectes, mises dans un bocal sec couvert de gaze, se changè- rent en autant de Saperdes bien portants. Ainsi la Muscardine peut se développer chez des animaux placés dans de mauvaises conditions sans qu'il soit besoin qu'elle ait été inoculée ; on ne sait, dans ces cas, d'où venaient les spores. Le même résultat fut obtenu sur des larves de Buprestes [Buprestis berolinensis) . Contrairement à ce qu'avait vu Bassi, Audouin a communiqué la Muscardine à des Vers à soie avec de la poussière prise sur des Capricornes où elle s'était développée spontanément. Ils moururent en quatre ou six jours. On obtint la même chose avec la Muscardine qui s'était développée sans inoculation préalable sur des Buprestes, et 57/j VÉGÉTAUX PAIIASITKS. — CHAMPIGNONS. vingt-quatre heures après l'inoculation on put reconnaître que la portion introduite s'était déjà développée et formait un lliallus semblable à celui trouvé sur les Vers à soie. Sur ces Vers à soie on prit de la Museardine qui l'ut ino- culée et tua d'autres Vers. Ainsi la Museardine peut se déve- lopper spontanément dans les ateliers. M. Johannys a montré (1839) que l'inoculation n'est pas absolument nécessaire pour faire croître le Botrytis : et ainsi, pour le voir paraître dans les magnaneries, il n'est pas indis- pensable que des spores y soient transportées; car il a pu faire développer ce végétal sur des Vers à soie morts, placés dans des conditions favorables à la fermentation et hors de toute communication avec des lieux infectés de Museardine. La moi- sissure se développe aussi bien sur l'animal mort que sur les animaux inoculés de leur vivant, et le végétal obtenu par inoculation est identique avec celui qui se développe sans cause directement connue. Remak a observé des cocons de Vers à soie devenus mous, dont la soie n'était pas dévidable; les puppes étaient comme celles mortes de Museardine, resserrées jusqu'au tiers ou moi- tié de leur volume normal. Entre les anneaux se montrait une masse blanche filamenteuse, qui souvent couvrait tout le corps. Examinée au microscope, cette matière ne montra pas trace du Botrytis BassianaB., Mont., qu'on trouve ordinairement sur les animaux morts de Museardine, mais elle offrit plusieurs es- pèces de Champignons déterminés ainsi qu'il suit par le doc- teur Klotzch. Tricholhecium roseum, Link, à plusieurs états de développe- ment et le plus fréquent; Sporotrichum conspersum, Fr., sur un seul; Sporotrichum virescens, Link, sur un seul; Eurotium herbarium, Link, sur un seul. Ces Champignons, en se déve- loppant, avaient causé les mêmes symptômes que la Musear- dine. Remak est le seul qui ait cité des faits de ce genre, qui mériteraient certainement d'être étudiés avec soin. BOTRYTIS BASSIANA. 575 La figure 8 représente un bouquet de spores d'un Champi- gnon voisin de celui de la Muscardine, mûri sur un Ver au troi- sième jour après la mort de l'animal tué par ce végétal, ce qui indique environ le huitième ou neuvième jour après la germi- nation (espèce du genre Monilia). Le Ver fut trouvé mort le 3 juin 18A9, placé sous une cloche humide, et le dessin exécuté le 6 juin à 600 diamètres (pi. XXXII de l'atlas de M. Guérin). IV. Développement et reproduction du Botrytis Bassiana, B. — Les expériences de M. Guérin montrent que les Vers qui sont malades présentent, dès les premiers symptômes du mal, des filaments ovoïdes allongés, qui sont des rudiments de thallus ou mycélium de Botrytis. Ils peuvent même se ramifier avant la mort de l'animal (pi. VII, fig. 7, c). Il en est de même des Vers bien portants encore, mais sur lesquels on a jeté des spores de Botrytis quatre à six jours avant, et qui meurent en général muscardinés pendant la durée du cinquième ou du sixième jour. On peut après la mort suivre le développement du mycé- lium, puis des filaments sporifères. Ce développement présente les mêmes phases et les mêmes phénomènes que l'on observe dans les expériences. Il serait donc inutile de les décrire de nouveau. Toutefois il reste ici un fait à élucider. Les faits connus jusqu'à présent ne permettent pas d'adopter l'opinion de AI. Guérin, qui croit à la transformation des corpuscules mo- biles sortis des globules de sang des Vers en ces corps ovoïdes allongés décrits plus haut, qui sont des filaments de mycélium commençant à se développer (pi. VII, fig. 2, 6 et 7). Or ces fila- ments sont, quelle que soit leur longueur, de même volume aux deux extrémités et coniques. Ils ne présentent pas de spores à l'une de leurs extrémités, quelle que soit leur longueur; il semble que chacun est une spore qui, de la forme sphérique, est passée à la forme ovoïde. Or, dans les spores que l'on fait germer à l'humidité, et qui commencent à pousser au bout de 570 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. vingt-quatre à trente heures (pi. Vil, fig. 1, », a, c), d'après les expériences de M. Guérm, on trouve encore la spore for- mant l'une des extrémités du tube de mycélium qui est né d'elle par simple allongement d'une partie de sa circonférence (pi. IX, Hg. 1, a, a, a). Cependant il eii est 8A VÉGÉTAUX l'AU.VSITES. — CHAMP1UIS0NS. peut à l'infection au centre des lieux les plus maltraités, et pourquoi leur tour arrive, cependant, de subir le malheur commun , lorsque quelque négligence , trop de confiance dans des procédés peu rationnels, ou des conditions atmosphériques très rares viennent détruire le prestige (1). » Par conséquent, il faut bien savoir que lorsqu'un auteur parle de Muscardine innée, spontanée ou accidentelle, ce n'est pas la spore du végétal dont la formation est innée, spontanée ou accidentelle. C'est sa transmission ou sa pénétration dans le corps, ou bien les altérations des humeurs, en permettant la germination, qui sont accidentelles. Ce sont ces altérations avec lesquelles l'animal est né, ou qui se sont produites d'elles- mêmes par suite des mauvaises conditions dans lesquelles les œufs ou les Vers ont été placés, c'est là ce qu'on appelle inné ou spontané. Et il importe d'observer qu'on imagine, par ces expressions de création humaine , une force agissant d'elle- même, quand il arrive que nous ne pouvons nous rendre compte d'un phénomène, faute d'avoir tenu compte de toutes les don- nées du problème. Donc les circonstances qui paraissent favorables au dévelop- pement de la Muscardine sont celles qui ont pour premier résul- tat une altération des humeurs ou des organes de l'animal vivant, et c'est à la suite de cette altération que le parasite se développe, une fois qu'il s'est logé dans l'insecte, et devient à son tour cause de lésions qui entraînent la mort. La maladie du Ver , probablement très légère et de peu d'importance, sans la présence des spores, précède la germina- tion de celles-ci. Le développement du Botrytis est donc bien plutôt consécutif aux modifications des humeurs que cause de celles-ci. Tout en évitant les conditions d'arrivée des spores, c'est principalement sur le Ver et la conservation de son état normal que doit d'abord porter notre sollicitude. (1) Robinet, La Muscardine ; des causes de cette maladie, etc. Paris, 1843, p. 17-18, in-8. BOTRYTIS BASSIANÀ. 585 Les faits d'introduction artificielle des spores ne sont pas en contradiction avec ce qui précède, car la piqûre pratiquée pour introduire le mycélium et les spores est suffisante pour déter- miner ces modifications des humeurs , d'abord localement , puis peu à peu dans toute l'économie. Il n'est pas impossible que la pénétration naturelle , dans les trachées ou dans les tissus, d'une certaine quantité de ces germes ne gêne la respi- ration, etc., au point de modifier les humeurs jusqu'au degré permettant la germination de ceux-ci. On voit de plus, d'après tout ce qui précède, que lorsqu'on parle de Muscardine épidémique, il faut entendre que pendant toute une saison, que dans tout un pays, se rencontrent des conditions extérieures qui amènent l'altération des humeurs de la plupart des Vers, sauf celles des plus forts, et par suite favorisent la germination des sporules sur la plupart. Car qui- conque a vu le nombre, la petitesse et le facile transport des sporidies du Botrytis, comprendra aisément qu'il est impos- sible de trouver un lieu suffisamment isolé pour faire une expé- rience dans laquelle on sera assuré d'éviter complètement l'arrivée de ces germes. Du reste, en attendant que les données précédentes soient pleinement confirmées par l'expérience, je crois devoir repro- duire ici les conclusions d'un travail important de MM. Guérin- Méneville et E. Robert (1). « 1° La Muscardine est une maladie contagieuse produite, chez les Vers à soie et chez d'autres insectes, par la végétation d'un Cryptogame du groupe des moisissures, découvert par Bassi et nommé Botrytis Bassiana. » 2° Cette plante ne peut se développer que dans le corps des Vers ou des insectes vivants très sains et très vigoureux ; elle se propage par ses graines ou sporules, qui sont déposées (1) Gcérin-Méneville et Eugène Robert, De la Muscardine (Lettre à M. le chevalier Bouafous, de Turin, Sainte- Tulle (Basses-Alpes), août 1847; et Annales de l'agriculture française, Paris, 1847, in-8, p. 7). 586 VÉGÉTAUX PARASITES i — CHAMPIGNONS. sur d'autres Vers ou d'autres insectes par le contact immédiat ou par l'air. » 3° Quand ces graines tombent sur un Ver à soie, elles pé- nètrent dans son corps. La germination ou incubation de ces graines est d'autant plus rapide que les Vers à soie sont dans un âge plus avancé. Ainsi, par exemple, six à huit jours ont suffi, dans le cinquième âge, pour amener la mort des Vers infectés artificiellement. » h" Dans les cas les plus ordinaires, vingt à vingt-quatre heures après sa mort, le Ver prend une teinte rosée plus ou moins intense et devient de plus en plus dur. Ce n'est que vingt à vingt-quatre heures plus tard encore, suivant la tempé- rature, qu'il commence à blanchir légèrement par la sortie des premiers rameaux du Cryptogame. » 5° A partir de cette époque, les rameaux du Cryptogame croissent rapidement, rendent le Ver de plus en plus blanc; la plante fleurit, si l'on peut s'exprimer ainsi, et vers la centième heure, elle est en pleine fructification. Les graines se détachent au moindre toucher, au moindre souffle ; alors seulement le Ver blanchit les doigts comme le ferait de la craie. » 6° Ces graines ou sporules sont d'une telle petitesse qu'il faut le diamètre de cinq d'entre elles pour occuper un centième de millimètre; elles sont spliériques et d'un blanc de neige, et s'élèvent dans l'air comme une poussière impalpable, ou mieux comme une fumée légère à peine visible. » 7° Les Vers sur lesquels on a soufflé la semence muscaf- dinique ne présentent aucun signe de maladie, mangent avec la môme avidité et meurent subitement sans s'être amaigris ni décolorés ; il en est de même quand on les inocule avec cette semence. » 8° Si l'on inocule à un Ver du quatrième ou du cinquième âge un peu de graine d'un Ver mort muscardiné, mais qui ne présente encore au dehors aucune végétation blanche, ce Ver meurt beaucoup plus rapidement (dans l'une de nos expériences BOTRYTIS BASSIANA. 587 la mort a eu lieu au bout de deux, jours). Il y a, en elîet, dans ce cas, une véritable plantation de boutures. » 9° Des Vers atteints d'autres maladies (arpiants, flats, luzette, jaunes ou gras, etc.) ne meurent pas muscardins quand on a projeté sur eux la substance muscardinique ; ils semblent impropres à la végétation, et, quand ils succombent à leur maladie, ils restent mous et tombent bientôt en putréfaction. » 10' Il semble résulter de l'observation précédente que la Muscardine, comme on l'a cru jusqu'ici, n'est pas due à la mauvaise tenue des ateliers ou à une trop grande accumulation des Vers. Cette maladie n'a, par conséquent, aucune analogie avec les typhus et les autres maladies contagieuses ou épidé- miques dont la cause est si peu connue jusqu'à ce jour. » 11° Quant aux circonstances atmosphériques auxquelles on rattache si com plaisamment toutes les épidémies quelcon- ques, elles ne jouent pas d'autre rôle, dans la production de la Muscardine, que celui qu'elles remplissent ordinairement dans les maladies analogues; on ne saurait donc les donner sérieu- sement comme une explication spéciale. » 12° Des Vers morts de la Muscardine ne communiquent pas la maladie à d'autres Vers quand le végétal qui les couvre et qui les a rendus entièrement blancs n'est encore qu'en herbe (cinquante à cinquante-cinq heures après la mort du Ver). Quand ce végétal commence à porter des graines mûres (soixante-dix à cent quarante heures après la mort), il commu- nique la maladie avec une très grande énergie. » 13° Il arrive souvent que des Vers morts de la Muscardine et couverts d'un végétal encore en herbe sont desséchés brus- quement : alors le Botrylis ne peut mûrir et donner la graine; le Ver reste sec, dur et blanc, mais il ne blanchit pas les doigts ; il ne peut communiquer la maladie. » 14° Il est très probable que la graine de la Muscardine est surtout conservée dans les ateliers infectés, même dans ceux qui sont les mieux tenus, par les Vers qui meurent après 588 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. la montée sur les bruyères. Au décoconage, quand on eidève les cocons, les individus qui ont blanchi, dont la graine a eu le temps d'arriver à maturité , et qui étaient restés accrochés sur les bruyères, répandent des nuages de poussière ou spo- rules qui conservent le principe du mal pour les années sui- vantes. » 15° On peut attribuer à une cause analogue l'infection de villages, de contrées entières. Comme chacun jette ses bruyères par la fenêtre de l'atelier, balaie la chambre infectée de Muscardine et en fait sortir la poussière, il est certain que les nombreuses graines du Cryptogame sont emportées par les vents et transmettent la maladie à de grandes distances. » 16° L'humidité dans les magnaneries augmente les chances d'infection en favorisant la floraison et surtout la fructification du Botrytis. » 17° Quand on porte des Vers élevés dans un lieu sain jus- qu'à leur cinquième âge au milieu d'une magnanerie infectée, ces Vers commencent à présenter des cas de Muscardine au bout de sept à huit jours. » 18° Si l'on extrait des Vers d'une magnanerie infectée pour les transporter dans une magnanerie qui n'a jamais eu de Muscardine, cette maladie ne s'arrête pas, mais la mortalité continue sans toutefois augmenter. » Ainsi on croyait assez^ généralement que les Vers mala- difs, mal venus, rabougris, et qui avaient souffert d'un manque de soins quelconque, étaient ceux que la Muscardine atteignait dans les éducations. On pensait que leurs humeurs , altérées dans leur composition chimique, donnaient lieu à la création spontanée du Cryptogame, qui n'était ainsi que consécutif à une maladie antérieure. Nos observations, au contraire, nous por- tent à croire que le Cryptogame est la cause première de la mort des Vers. » Nous pensons, disent les mêmes observateurs, que la Mus- cardine pourrait bien ne pas être spontanée, qu'elle n'est pas B0TRYT1S BASS1ANA. 589 produite seulement par le défaut de soins dans les éducations, qu'elle n'est pas donnée aux Vers par les moisissures des litières, par l'accumulation des Vers , par le manque d'air dans les magnaneries, etc. ; elle est, au contraire, semée sur les Vers à soie, dans les pays où la culture de cet insecte est faite en grand, comme d'autres maladies qui se montrent dans des contrées où elles n'étaient pas connues, lorsque certains végétaux y sont cultivés dans des proportions contraires à leur nature. Nous ne prétendons pourtant pas dire que le défaut de soins hygié- niques, de propreté et d'aération dans les magnaneries soit une chose indifférente; mais nous pensons que ces mauvaises pratiques, tout en communiquant aux Vers à soie plusieurs autres maladies "très désastreuses, n'ont aucune influence sur l'invasion de la Muscardine, ou que, si elles en ont une quelconque, c'est tout simplement d'augmenter ses ravages en conservant dans l'atelier des individus morts qui ne tar- dent pas à donner des semences nouvelles susceptibles d'in- fecter des Vers qui avaient échappé jusqu'à ce moment aux atteintes de l'épidémie. » Des moyens de détruire la Muscardine.- — -MM. Bonafous, Bérard (de Montpellier), et Johannys, sont les auteurs qui se sont occupés avec le plus grand soin de ce sujet. M. Johannys a fait des observations sur 4000 œufs de Vers à soie, dont 1000 ont été lavés dans de l'eau contenant 1/20° d'alcool, 1000 autres dans un liquide avec! /20e de sulfate de cuivre, 1000 avec l/20e de nitrate de plomb, et le dernier mille avait été laissé intact. Les 3000 œufs lavés n'ont eu que le nombre de morts ordinaire , tandis que la moitié des Vers du dernier mille, placés dans les mêmes conditions, sont morts. Ces résultats ont été obtenus en répétant les ex- périences d'un grand nombre de manières. Déjà M. Bérard (de Montpellier) avait reconnu l'efficacité du sulfate de cuivre pour empêcher la granulation ou détruire la graine de la Muscardine, et M. Bonafous celle du chlorure de 500 VÉGÉTAUX PAHAStTES. — CHAMPIGNONS. chaux. M. Joliannys recommande d'enlever avec soin les Vers morts ; car, quoique môles à des Vers vivants provenant d'oeufs lavés avant l'éclosion avec le sulfate de cuivre, ils se couvrent de moisissure , et répandent la Muscardine parmi les autres Vers. D'après Robinet, l'impureté de l'air, l'insuffisance de l'ali- mentation, sont les causes qui amènent le plus les conditions favorables au développement de la Muscardine. Il pense qu'en général l'alimentation des Vers à soie est insuffisante ; que les repas ne sont pas habituellement proportionnés à la tempéra- ture, ni suffisamment multipliés, surtout pendant la nuit. D'où il conclut à une nourriture abondante jour et nuit, à des repas nombreux et proportionnés à la chaleur et à la sécheresse , à des repas de feuille mouillée, quand l'air est sec et chaud, car la sécheresse augmente outre mesure la transpiration des Vers à soie, ce qui amène les conditions favorables au dé- veloppement du Champignon. Il pense qu'il faut, pour une bonne récolte, s'assurer de 1000 kilos, de feuille réelle par 31 grammes d'œufs de Vers à soie. Vf. Historique et résumé de l'étude du Botrytis Bassiana, B., Mont. — Le Botrytis Bassiana B. , croît sur les Vers à soie vivants, et cause la ma- ladie connue sous le nom de Muscardine. Il croît en outre tant sur les larves de beaucoup d'autres insectes que sur ces insectes eux-mêmes. Celte plante se montre sous la forme d'une végétation ou moisissure pul- vérulente, qui est caractérisée par des filaments blancs, entrecroisés en di- vers.sens et dressés. Ces tiges sont cloisonnées d'espace en espace, et sont ramifiées en fourche ; elles portent des spores simples, subglobuleuses, par- lant du sommet ou des côtés de ces rameaux, et sont rassemblées autour d'eu . Toutefois, suivant M. Montagne, si ce Champignon diffère spécifiquement du Botrytis diffusa de Diltmar, les caractères différentiels sont peu tran- chés. M. Montagne a en outre démontré : Que, contre l'opinion de M. Bassi, la Mucédinée enlomoclithone non seulement germe et se développe sur des corps inorganiques, pourvu que ceux-ci soient placés dans des conditions de chaleur et d'humidité eonvena- BOTUYTIS BASSIANA. 591 bles, mais encore qu'elle y parcourt toutes les phases de sa vie jusqu'à la reproduction des sporidies inclusivement ; Que, depuis le moment de la germination de celles-ci jusqu'à la fruc- tification du Champignon, il ne s'écoule que quatre jours, quelle que soit la matrice ou le support qu'on leur ait donné , mais que l'état parfait ne se montre que le sixième jour ; Que ce dernier état n'a été obtenu ni sur les Vers à soie qui ont fait le sujet de ses observations, faute, sans doute, de circonstances atmosphéri- ques favorables (car des Vers k soie muscat dinés venus d'Italie le présen- taient), ni dans aucune de ses expériences, où les sporules ont été dépo- sées à nu sur des lames de verre ; Que les sporidies se forment à l'intérieur des filaments, et qu'elles en sortent et se groupent symétriquement à l'extrémité des ramules par un mécanisme qu'il a tenté d'expliquer ; Qu'aux différentes époques de leur éphémère existence, les Mucédi- nées, sans en excepter celle dont il est ici question, subissent des métamor- phoses qui les rendent dissemblables à elles-mêmes ; Que les circonstances locales et atmosphériques, dont les effets puissants n'ont pas encore été suffisamment appréciés dans la question du développe- ment de ces plantes, sont de nature à modifier leurs formes extérieures ; Que, pour obtenir la reproduction daBotrytis, il n'est pas indispensable d'employer une certaine quantité de la masse sporulaire, puisqu'il a pu le faire naître d'une sporidie isolée, et voir l'individu qui en était issu arriver au dernier terme de son évolution, c'est-à-dire la production de nouveaux germes ; Que, ainsi que l'avait déjà annoncé M. Bassi , les sporidies peuvent bien conserver pendant une année la propriété de germer dans les Vers à soie ou chez d'autres insectes , mais que cette faculté ne se prolonge pas aussi longtemps quand on veut tenter la même expérience sur un corps inor- ganique; Que, en prolongeant le séjour de la lame de verre dans les mêmes conditions qui ont favorisé l'évolution artificielle de la Mucédinée, les fila- ments de celle-ci finissent par se résoudre presque complètement en spo- rules, comme cela a lieu normalement dans les genres Oïdium et Torula, qui sont de vrais Tomipares; Qu'enfin le Penicillum obtenu par M. Audouin des séminules du Botrytis , pas plus que le Monilia de sa cinquième expérience, ne sau- rait être logiquement allribué à une métamorphose du Champignon de la Muscardine, mais bien plutôt à un mode de dissémination des sporules cryptogamiques dont on ne peut encore que soupçonner la nature. 592 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Les quatre planches représentant le Botrytis Bassima dans tous ses états ont été, en partie, reproduites dans un travail de M. J. Berkeley sur la maladie des pommes de terre, qui a été inséré dans le Journal ofthe horti- cultural Society, vol. I, part. 1. Elles forment les figures 3, Zi, 5, 6, 7 et 8 de la planche VIII de cet ouvrage. Historique. — Boissier de Sauvages est le premier qui en Fiance ail parlé de la Muscardine. 11 pense qu'elle a pris chez nous son origine dans quelque différence apportée à l'éducation des Vers à soie. 11 a entendu dire qu'elle avait été importée du Piémont par un envoi de graine. Elle est peu ancienne. Elle proviendrait (fait probable d'après ce qui a été dit précé- demment) de ce qu'autrefois on avait peu de feuilles : il en résultait que l'on entreprenait de petites éducations dans de grands appartements; tandis que aujourd'hui on fait de grandes éducations dans des locaux qui ne sont pas plus grands. De plus, on allume du feu sans laisser d'issue à l'air échauffé et aux vapeurs qui s'élèvent: « c'est un moyen infaillible d'inventer la Muscardine ou de la produire là où elle n'avait jamais existé (1). » Il ne croyait pas que le mal fût contagieux. Il a observé le premier que les humeurs du Ver deviennent très acides quand la Muscardine se déclare. Il croit à tort que c'est l'acide qui coagule et durcit les tissus, tandis que c'est le végétal qui les a envahis et s'est mêlé ou même substitué à ceux qu'on a sous les yeux sous forme d'une masse plus ou moins friable. Malgré ses préventions contre l'humidité, il a remarqué que l'eau pro- prement dite (et non sa vapeur), aspergée sur les Vers, est à la fois remède et préservatif contre la Mnscardine. Pomier (2) attribue la Muscardine exclusivement à la sécheresse, laquelle produit en eux un grand feu qui a le même effet sur leurs tissus que si on les plonge dans l'esprit-de-vin ; dans l'un et l'autre cas les anneaux des Vers se durcissent, se dessèchent et blanchissent. La grande chaleur, la séche- resse, rendent aussi les Vers muscardins en interrompant la respiration et desséchant les humeurs. Il ne croit pas la maladie contagieuse ; il avait même mêlé des Vers muscardinés à des Vers bien portants, sans préjudice pour ces derniers. Aymard (3) reconnaît pour cause de la Muscardine l'air sec et chaud qui enlève au sang des Vers sa partie la plus liquide. Il ne connaît pas de remède (1) Boissier de Sauvages , Mémoires sur l'éducation des vers à soie. Paris, 1763, p. 77-88. (2) Pomier, Traité sur la culture des mûriers blancs, la manière d'élever les Vers à soie, et l'usage qu'on doit faire des cocons. Paris, 1763, p. 15 et suiv. (3) Notes sur l'éducation des Vers à soie, par )p citoyen Aymard. Valence, sans date. Soupçonné de 1793 par Robinet. BOTRYTIS lîASSIANA. 593 au mal, mais pense qu'on n'en a pas besoin dès qu'on penl prémunir les Vers contre ces conditions, en arrosant les feuilles de mûrier avec de l'eau fraîche et pure et en pendant des linges mouillés dans la magnanerie. Nysten (l) a vu des humeurs du Ver muscardiné moins abondantes qu'à l'état normal, et en outre visqueuses, devenant fort acides peu après la mort du Ver ; il croit qu'il se forme de l'acide phosphorique qui durcirait les tissus. La chaleur et la sécheresse de l'air, la chaleur accablante avec calme parfait qui précèdent les orages [Touffe), et l'alimentation insuffisante favo- risent l'apparition de la Muscardiné. Il nie la contagion; si de temps en temps on croit voir le principe contagieux conservé d'une année à l'autre, c'est que les animaux se sont trouvés placés dans des circonstances sem- blables. Il dit que « la Muscardiné ne devient contagieuse que par les exha- laisons d'un certain nombre de Vers malades, et seulement pour les Vers qui occupent les mêmes tables que les malades et sont mêlés avec eux; enfin la contagion ne se déclare qu'après plusieurs jours de communication. » Il nie l'hérédité du mal. Enl810,Parolelti, cité par M. Dutrochet, combattit l'opinion du vulgaire, qui pensait que l'efïlorescence blanche des Vers muscardinés est une moi- sissure, et chercha à montrer que c'est du phosphate de chaux. Dandolo, ou plutôt Brugnatelli,quifitles analyses signalées dans son travail, soupçonne que c'est du phosphate ammoniaco-magnésien à l'état d'efflorescence. Il pense que la Muscardiné est due au froid et à la chaleur sèche. II ne croit pas à la contagion , parce que des Vers muscardinés étant mis au milieu de Vers bien nourris et dans de bonnes conditions, ces derniersn'ont pas été atteints (2). Vincent de Saint-Laurent (2) adopte les opinions de Nysten, et admet que la Muscardiné est épidémique , non contagieuse , dépendante d'une cause commune et générale, mais accidentelle, répandue dans l'air, e! qu'elle cesse avec cette cause. Foscarini (6) montra que la Muscardiné se communique aux Vers à soie par contact et inoculation de l'efflorescence. Confiigliacchi et Brugnatelli annoncèrent ensuite que l'efflorescence muscardinique était véritablement de la nature des moisissures (5). Bonafousdil que la maladie appelée Muscar- (1) Nysten, Recherches sur les maladies des Versa soie et les moyens de les prévenir. Paris, 1808, in-8, p. 10 et suiv. (2) Dandolo, L'art d'élever les Vers àsoie, 1816, p. 273 et suiv. (3) Vincent de Saint-Laurent, Nouveau cours complet d'agriculture, 1818, (4) Foscarini, Gazette de Milan, 1819; et Raccogliatore italiano, etc. Stra- niero, 1820-1821. (5) Confliglîacchi et Bruoiutelli, Giornaledi fiska, chimica, e storia natu- relle, medicina edarli. Pavia, 1820, in-4. 33 594 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. dine est caractérisée par le durcissement du corps de l'animal après sa mort, et par une sorte de moisissure qui le recouvre. Il n'est point reconnu que cette maladie soit contagieuse (1). Pittaro pense que souvent, bien que pas toujours, les Vers atteints de Muscardine sont attaqués par des Lentes (nom donné dans quelques pays, soit à des Acarus, soit à des Pediculus) qui blessent le Vers et déterminent, les éruptions muscardiniques. Des Vers deviennent muscardins sans être affaiblis par des Lentes , seulement il y a alors surabondance d'acide phos- phorique (2). En 1829, M. Bonal'ous reconnut que la Muscardine est contagieuse. Il vit que non seulement des Vers à soie très sains, mais encore les chenilles du Phalœna verbasci , L., mis en contact avec des Vers morts de la Mus- cardine, contractent cette maladie, et cela en deux ou trois jours. En 1835, M. Balsamo décrivit le Champignon de la Muscardine qu'il exa- mina sur la prière de Bassi, qui, ne pouvant obtenir des efflorescences salines sur les Vers, comme il le soupçonnait d'abord, pensa que ce pourraient être des moisissures. Il appela d'abord ce Champignon Botrytis paradoxal), puis Botrytis Bassiana, Balsamo, dont il donne la diagnose suivante : Floccis densis, albis, erectis, ramosis, ramis sporidiferis, sporulis subovatis (h). Il constata le premier que c'est surtout le corps adipeux de l'insecte qui est le siège de la maladie dans la Muscardine. La même année, Bassi (5) admit que la Muscardine est due plutôt à une préexistence des germes de cette maladie dans le corps même de l'insecte qu'à une transmission de germes muscardins contenus dans l'atmosphère, ou des germes de Cryptogames qui prennent la forme du Botrytis Bassiana, Bals., ou qu'à une génération spontanée des germes de cette maladie. Ainsi on voit qu'il ne se rend pas encore nettement compte de la cause du mal, et pour lui le développement du Botrytis n'est encore qu'un épiphénomène. Celte même année, Bassi publia un autre travail dans lequel les mêmes faits sont rapportés , mais plus nettement (6). 11 dit , en effet , chapitre V : « Plus l'air qui environne le Ver est tranquille, plus le germe contagieux qui (1) Bonafous, De l'éducation des Vers à soie, d'après la méthode du comte Dandolo. Lyon, 1821, in-8, p. 76. (2) Pittaro, La science de la sétifère, ou l'art de produire de la soie, 1828, in-8. (3) Balsamo, Gazette de Milan, 1835. (4) Balsamo, Biblioteca italiana, 1835, t. LXXIX. (5) Bassi, Lettre à M. le marquis de Cordoue {propagateur de l'industrie de la soie, 1835, t. IV, p. 193). (6) Bassi, Del mal del segno, calcinaccio o moscardino, 1835. Traduction farnçaise par le comte Barbo, sous le titre : De la muscardine, de ses principes te de sa marche, moyens de la reconnaître, de la prévenir et de la détruire, 1835, in-8. ROTRYTIS RASSIANA. 595 est fixé sur la surface de son corps acquiert de l'activité et s'étend avec promptitude, parce qu'alors il n'est pas déplacé du point qu'il occupe. « Une substance nutritive et peu aqueuse , l'air sec, la force et la santé sont autant d'éléments qui concourent à assurer le progrès des Champignons déposés sur les chenilles, et il doit en être ainsi, puisque les sucs qui arri- vent plus abondants sont absorbés en grande partie par la plante parasite.» En 1835 encore parut un travail deLomeni, dans lequel il chercheà mon- trer qu'avant Balsamo et Bassi on savait que la Muscardine est une moisissure, que son contact et son inoculation communiquent la Muscar- dine , que Bassi n'a point prouvé qu'il y a introduction et germina- tion des semences du végétal dans l'intérieur du Ver (1). Ces réclama- tions rétrospectives sont peu fondées, ainsi que le montre l'examen des opi- nions antérieures à l'époque où Balsamo et Bassi fixèrent d'une manière précise que l'efflorescence est bien un végétal, et quelle en est l'espèce. En 1836, Bassi établit que la maladie causée par le Botrytis a reçu en France le nom de Muscardine, à cause de la ressemblance qui existe entre le Ver qu'elle a fait mourir et une espèce de pastille allongée, très connue en Provence. Quoique plusieurs jours s'écoulent entre l'inva- sion et la terminaison , qui est toujours fatale , la maladie ne se mani- feste par aucun signe extérieur. Le Ver meurt en conservant sa couleur na- turelle, son volume et les autres apparences de la santé. A peine privé de mouvement, le corps, de mou et flasque qu'il était, devient consistant, et peu à peu il acquiert assez de dureté pour être cassant. Souvent, pendant que ce changement s'opère, la couleur naturelle passe au brun pourpré ou au bleu foncé. Ce n'est pas la domesticité qui est cause du mal, cardes larves de Lépidoptères vivant en liberté sont quelquefois trouvées atteintes du même mal. Le mauvais régime seul ne suffit pas pour que la maladie apparaisse ; il n'est parvenu à la faire naître que par voie de communication directe ou indirecte avec un autre individu muscardine. L'efflorescence blanche exté- rieure est formée par un Champignon dont la fructification suit de près son issue à la surface des téguments, laquelle n'a lieu complètement qu'après ramollissement des téguments par un peu de putréfaction. Les spores innom- brables qui se dispersent sur les corps voisins ou dans l'atmosphère vont au loin porter le mal. Les germes adhérents aux corps solides peuvent conserver jusqu'à trois ans la faculté de germer et de conserver la Muscardine ; d'une année à l'autre ils se conservent aisément. A la surface de l'eau ou sous l'eau, (1) Lomeni, L'innocuità et l'efficacià de' lescivi medicinali di potassa, di po- tassa e calce, del cloruro di soda, e del acido nilrico, proposili dal sig. Bassi per la cura del mal del segno o calcino de' bachi da seta, richiamati ed esame per via délie esperienze edei fatii. Milano, 1835. 500 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. la faculté de germer se conserve plusieurs jours. Les éléments morhifiques, dit-il, gisent dans un pigmentum sous-cutané (masses de spores) qui peut augmenter de volume et envahir presque toutes les parties intérieures du Ver et de la nymphe. Ce pigmentum offre un amas de petits grains sem- blables aux spores de la moisissure, lesquels, dans des circonstances favo- rables, s'allongent en filaments qui portent des germes capables de repro- duire le véritable Botrytis Bassiana, Balsamo (1). Expériences de M. Montagne.— Je reproduis ici les principales expé- riences de M. Montagne, résumées précédemment (p. 576), et relatives à l'histoire du développement naturel de la Muscardine inoculée (2). Je ne parlerai pas de celles de Turpin, qui ont été analysées plus haut (3). « Le jeudi 30 juin, trois Vers à soie morts de la Muscardine inoculée me furent adressés par M. le comte Barho. Chez deux de ces Vers, l'insertion sous la peau d'une petite quantité de séminales prises sur un sujet mort, cette année, de la même affection et reçu tout récemment d'Italie, avait été opérée le dimanche 26 juin, à dix heures du matin; ils avaient eu le temps de terminer leurs cocons avant de succomber. Le troisième Ver, inoculé le mardi suivant, était mort avant de finir le sien. Les cocons des deux pre- miers ayant été ouverts le jeudi à dix heures, les Vers furent trouvés assez fortement colorés en rouge d'amarante ou vineux. Ce fut en cet état que je les reçus dans l'après-midi de ce même jour. Il me fut impossible de rien voir encore de l'efflorescence mùsçardinique ; je constatai seulement la coloration remarquable de ces Vers. » Vendredi 1er juillet, je commençai à apercevoir éparse çà et la, mais surtout dans l'intervalle des segments et à l'orifice des stigmates, une sorte de duvet d'un blanc de neige et extrêmement court. Soumis au microscope, je vis ce duvet composé de filaments simples ou à peine inégalement bifur- ques à leur sommet. Leur longueur, mesurée au micromètre, ne dépassait pas alors 3/100os de millimètre; ils formaient, par leur réunion, comme un velours très ras et d'un blanc éclatant (pi. VI, fig. 3) ; aucune trace de sporules ne se remarquait soit à l'intérieur, soit à l'extérieur du tube des filaments; ceux-ci laissaient à peine apercevoir s'ils étaient ou non cloisonnés. La température de mon cabinet, exposé en plein midi, était de (1) Bassi, Recherches sur la Muscardine (Comptes rendus des séances de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1836, t. II, p. 434). (2) Montagne, Expériences et observations sur le Champignon enlomochthone, ou Histoire botanique de la Muscardine [Comptes rendus des séances de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1836, t. III, p. 166). (3) Turpin, Observations sur le Botrytis de la Muscardine [Comptes rendus des séances de l'Acad. royale des sciences de Paris, 1S36, t. III, p. 170). Il re- marque qu'il a vu le Botrytis se développer sur la chenille du Noctua verbasci, sur les liomhyx Neustriœ et le Picris cratœgi, et V Antacharis cardaminis. BOTRYTIS BASSUNA, 5^7 28 degrés centigrades, el celle d'une chambre obscure sur le derrière, où je tenais les Vers hors le temps de mes observations , offrait une différence de 5 degrés en moins. Voulant observer la Muscardinc dans les conditions atmosphériques naturelles, je m'abstins d'exposer les Vers dans un milieu que j'aurais pu artificiellement rendre cbaud et humide et qui m'eût sans doute donné des résultats différents, comme les expériences que j'ai tentées et celles de M. Audouin semblent le démontrer. » Samedi, deuxième jour de l'évolution externe, à onze heures du matin, les filaments ont atteint un demi-millimètre de longueur ; ils sont rameux, à rameaux courts, alternes ou opposés (pi. V[, fig. k), divariqués ou ascen- dants : leur tube, qui n'a pas plus de 1/400" de millimètre en dia- mètre, est transparent, obscurément cloisonné et parcouru par des granules exactement sphériques à peu près d'égal diamètre et disposés en séries inter- rompues par des intervalles pellucides. Ces granules (fig. 7, o, o), qui doi- vent devenir les sporidies ou contribuer à leur évolution, ne se voient dis- tinctement qu'en faisant mouvoir le diaphragme du microscope. Il est à noter que, pendant la durée de ce second jour, aucune séminule ne s'est montrée en dehors, le long des tubes ; toutes étaient renfermées dans leur intérieur. Les filaments dont le Ver commence à être presque entièrement recouvert rayonnent de plusieurs centres, occupant sous forme de points blancs sa surface, mais surtout l'intervalle des segments où ils deviennent plus serrés, plus touffus, l'orifice des stigmates et l'extrémité des pattes en couronne. Ces points s'étendent peu à peu et finissent par se confondre, de manière que, vers la fin de ce jour, l'animal est tout à fait environné d'un épaisduvet. » Le dimanche, troisième jour, aune heure après midi, les filaments ont acquis leur plus grande dimension; ils ont alors 1 millimètre et plus de longueur, leur diamètre restant le même que la veille. Plus serrés encore que les jours précédents, ils s'enlacent et se feutrent de façon à former un tissu inextricable à la base, leur sommité seule restant encore isolée et distincte. Les globules de l'intérieur des tubes sont plus nombreux ; on commence à en observer le long et à l'extérieur des filaments ; ils occupent, au nombre d'un à quatre, l'extrémité des ramules qui se voient, alternes ou opposés, sur les filaments principaux, ou bien ils sont fixés en chapelet le long de ceux-ci, ou enfin disposés çà et là sans aucun ordre par suite de leur multitude innombrable (pi. Vf, fig. 5, i, f, /c). » 11 paraît que, par un séjour prolongé dans des circonstances favorables, notre plante se ressème pour ainsi dire d'elle-même et que d'un nouveau tissu radicellaire né des sporules d'une première génération surgissent de nouvelles tiges capables d'en produire une seconde. » Première expérience. — Le vendredi 29 juillet, à neuf heures et demie 598 VÉGÉTAUX. PARASITES. — CHAMPIGNONS. du matin, j'enlevai, avec la pointe effilée d'un scalpel, une très petite por- tion du Botrytis qui s'était développé .sur l'un des Vers à soie inoculés cette année, et l'ayant déposée sur une lame de verre, je plaçai celle-ci sur du sable humide que je recouvris d'une cloche de verre. Comme objet de comparaison, je plaçai sur une seconde lame de verre, à côté de la pre- mière, une égale portion de la même Mucédinée, mais prise sur un Ver à soie mort l'année dernière de la Muscardine. La température de mon cabi- net était, à midi, de 25 degrés, et, à minuit, de 17 degrés centigrades. » Le samedi matin, à pareille heure, des filaments de 1/3 de milli- mètre de longueur rayonnent dans tous les sens autour du Botrytis de cette année ; ils sont anastomosés en réseau à leur naissance et se soudent même quelquefois entre eux dans une assez grande étendue (1). Ils sont garnis, dans presque toute leur longueur, de rameaux courts, mesurant tout au plus 2/100es de millimètre (fig. Zi); leur diamètre est de l//i00° de mil- limètre. Ces rameaux sont alternes ou opposés ; quelques uns parais- sent verticillés , mais c'est une illusion d'optique. Parfaitement transpa- rents, c'est avec la plus grande difficulté qu'on distingue quelques cloisons dans leur tube ; aucune végétation dans les sporidies de l'année dernière. » Dimanche, deuxième jour de l'évolution , accroissement très considé- rable du mycélium tout autour de la masse sporulaire ; apparition des spo- rules dans l'intérieur des tubes ; toujours point de développement des sémi- nules du Botrytis d'Italie. » Lundi, quatrième jour de l'expérience et troisième de l'évolution du Champignon, les sporidies occupent au nombre d'une à quatre, rarement davantage, l'extrémité des ramules et des filaments eux-mêmes. Quand il n'y en a que deux, l'une d'elles est plus grosse que l'autre et souvent comme pédicellée par le prolongement oblique de l'axe du rameau ; tant qu'elles restent fixées à cette place, elles paraissent obovales ou oblongues, mais, après leur chute, elles sont parfaitement sphériques. Il en est ainsi de celles qui sont comme accolées le long des filaments principaux , où elles forment des espèces de chapelets (pi. VI, fig. 5). » Évolution des spores. — Dans cette expérience, j'ai pu observer l'évo- lution des sporidies ; elles s'échappent de l'extrémité des filaments et des rameaux par un mécanisme particulier, qui semble consister en ceci : chaque séminule arrivée à l'extrémité du tube, avant de s'en séparer, en emprun- (1) Je ferai remarquer, en passant, que cette disposition ou soudure des fila- ments entre eux, normale dans le genre haria, n'est qu'accidentelle dans beaucoup de Mucédiuées, où elle constitue ces singulières variations dont, à cause de leur forme, on a fait le genre Coremium. BOTRYTIS BASSIÀNA. 599 terait une seconde enveloppe qu'elle conserverait. Ce n'est pourtant là qu'une hypothèse, et je ne la donne que pour ce qu'elle vaut; cependant les deux faits suivants lui donnent plus de vraisemblance : 1° dans les genres Moniliael Oïdium les sporidies se forment ainsi normalement, c'est-à-dire que le rameau s'étrangle de distance en distance, et que chacun des articles constituant une sporidie tombe à son tour ; 2° la résolution complète, eu sporidies, de tous les filaments développés sur le verre, dans ma troisième expérience. » Si l'on me demande maintenant comment je conçois que, après leur sortie du tube , les séminules puissent rester fixées le long des filaments, je répondrai que cela ne me semble explicable qu'en les supposant recou- vertes d'un léger enduit visqueux qui favorise leur adhérence. Sans le se- cours de cette supposition, il serait impossible d'imaginer qu'elles fussent susceptibles de se grouper ainsi symétriquement à l'extrémité des rameaux. La plus légère agitation de l'air suffirait pour les disperser au loin à mesure que, poussées au dehors par celles qui les suivent, elles se détacheraient du filament. Ce qui, d'ailleurs, prouve assez bien la présence d'une viscosité particulière due à la tunique fournie par le sommet du tube, c'est la dif- fluence rapide qu'on observe dans les séminules, dès qu'on expose un Botry- tis et, en général, une Mucédinée fructifiée à l'action d'une goutte d'eau : toutes les sporidies abandonnent à l'instant les supports sur lesquels elles sont régulièrement groupées, et à la symétrie la plus élégante succèdent le désordre et la confusion. » Deuxième expérience. — Le dimanche, 31 juillet, je pris un petit Co- léoptère que j'avais, trois mois auparavant , enfermé dans une boîte où il était mort d'inanition, et je déposai sur une de ses élytres une petite por- tion de matière muscardinique envoyée par M. Bassi sous le nom de Rossa e bianca, rouge et blanche, la même dont M. Barbo s'était servi pour ino- culer les Vers à soie qu'il a soumis à mon observation. Placées dans les mêmes conditions que pour l'expérience précédente , les sporidies n'ont commencé à germer que le mercredi suivant, et ce n'est que le jeudi au soir que les filaments fertiles, d'ailleurs identiques avec ceux obtenus sur la lame de verre, ont manifesté leur présence. Le vendredi, à neuf heures du matin, ils formaient une sorte de gerbe du plus beau blanc et du plus merveilleux effet sous le microscope composé. Le samedi, ils étaient en pleine fructifica- tion ; on apercevait même un léger duvet s'élever des autres points de la surface de l'insecte, duvet qui, le dimanche, était parfaitement développé en filaments; enfin, le lundi, et surtout le mardi malin, j'observai ce que j'avais vainement attendu chez les Vers à soie inoculés, ce que j'avais déjà vu sur deux Vers muscardinés venant d'Italie, enfin ce que je regarde (>00 VÉGÉTAUX PARASITES. -^-CflAMPIGNONS. connue Pelai parfait ou normal de la Mucédinée enlomoclillione; j'observai, dis-je, des sporidics nombreuses agglomérées en lête à l'extrémité des ra- milles, de manière à donner au filament la forme d'une grappe chargée de fruits d'un blanc éblouissant (pi. VF, fig. 6, t). » De la dissémination des spores dans l'atmosphère et de leur germination. » Trois morceaux de pain furent placés sous la cloche de verre renversée sur du sable humide, la température extérieure étant de 25° centig. L'un d'eux consistait en une portion de mie que je venais de prendre, au moment de mon déjeuner, à l'intérieur d'un de ces pains qu'on nomme flûtes. Deux jours après, celte mie était couverte de nombreux individus tfAscophora mucedo, Tode; l'un des autres morceaux, composé de mie et de croûte, portait le Mucorflaoidus, Fries ; enfin le troisième me présenta, sur la croûte regardant, touchant même le sable, trois ou quatre plaques de Penicillum crustaceum, Fries. Je ne rapporte celte observation que pour montrer qu'il n'est pas possible d'expliquer l'évolution de ces différents Champignons au- trement que par la dispersion de leurs séminules dans l'atmosphère, les- quelles se développent quand elles trouvent des conditions favorables. En étudiant VAscophora , il m'a été loisible d'observer un mouvement bien prononcé d'ascension dans la masse sporacée qui parcourt ses filaments. Je dois ajouter que, huit jours après, il n'y avait point eu confusion des es- pèces, ebacune restant bornée au morceau qu'elle avait d'abord envahi. » (Montagne.) Suite de l'historique. — J'ai mentionné précédemment les résultats ob- tenus par Audouin (1) cette même année sur le Botrytis ; il est inutile d'y re- venir ici. Ils sont confirmalifs de la plupart des faits observés par Bassi, et étendent les fails d'inoculation à d'autres animaux, en même temps qu'ils renferment des détails très précis sur l'envahissement par le mycélium des corps adipeux qui s'atrophient. Toutefois il admet à tort que les spores (globules reproducteurs) qu'on trouve dans le corps de l'animal auquel on a inoculé la Muscardine, et qui ont été introduites avec du mycélium, se multiplient dans le corps même de l'animal, et sont produites par les fi- laments du thallus. Or on sait que les Champignons ne fructifient que lorsque les filaments sont venus faire saillie au dehors des téguments, et de plus que ce ne sont pas les filaments du mycélium lui-même, non (1) Audouin, Recherches anatomiques et physiologiques sur la maladie conta- gieuse qui attaque les Vers à soie et qu'on désigne sous le nom de Muscardine (Comptes rendus des séances de VAcad. roy. des sciences, 1836, t. III, p. 82; et Annales des sciences nalur., 1837, t. VIII, p. 229). — Nouvelles expériences sur la nature et le mode de propagation de la maladie contagieuse qui attaque les Vers à soie et qu'on désigne sous le nom de Muscardine (Comptes rendus, 1837, t. V, p. 712; et Annales des sciences natur., 1837, t. VIII). B0TKYT1S BASS1ANÀ. 601 cloisonnés, qui donnent naissance aux spores, niais des filaments qui en diffèrent, bien que prenant origine sur eux et adhérents ou même étant continus avec eux par une de leurs extrémités. Audouin dit, ainsi que je l'ai rapporté plus haut, être parvenu à faire apparaître la Muscardine sur des larves de la Saperda carcharias, en les plaçant simplement dans de mauvaises conditions d'humidité et de température élevée. En effet, deux jours après la mort de l'animal, il se couvrit d'efflorescences tout à fait analogues à celles de la Muscardine. Il eût été utile cependant de répéter les expériences assez en grand et assez souvent pour voir si le végétal ne s'est développé qu'après la mort, ou si c'est lui qui a causé les accidents mortels. M. Bérard (de Montpellier) a reconnu que l'on pouvait donner la Mus- cardine aux Vers à soie en parsemant les œufs, avant l'éclosion, avec du Botrytis. Il est inutile de faire remarquer que les spores invisibles à l'œil nu ont dû rester adhérentes aux œufs ou aux boîtes dans lesquelles ils étaient, et de là ont dû arriver sur les animaux sortis de ces œufs. 11 pense que dans les caisses infectées de Champignon muscardihique, on peut empêcher l'in- fection des animaux, le développement des spores, par des lotions de sul- fate de cuivre, et aussi par des fumigations sulfureuses ou des lotions avec le sublimé (1). M. Puvis est porté à penser que la sécheresse de l'atmosphère est une des conditions favorisant le développement de la Muscardine (2), car on prévient son développement par l'arrosage.des ateliers et des Vers eux-mêmes. Johannys ayant exposé pendant deux mois des Papillons morts sur de la terre couverte de crottin de cheval, et arrosés tous les deux jours, a vu (3) ces animaux se couvrir de Champignons qui, jetés sur les œufs, ont commu- niqué la Muscardine comme le fait le Champignon de la Muscardine ordi- naire. Des lotions faites sur les œufs auraient détruit les causes de conta- gion. La même année, Dulrochet (k) fit un rapport sur les travaux de Bassi, Montagne, Bérard et Audouin, rapport très partial contre Bassi ; son tra- (1) Bérard, Bulletin de la Société d'encouragement de V Hérault. Montpellier, 1837, in-8. (2) Puvis, Lettres sur l'industrie de la soie, 1838, in-8, p. 252 et suiv. (3) Johannïs, De la Muscardine, des moyens de la développer artificiellement, de modifier ou de détruire les causes de la contagion (Bulletiyi des travaux de la Société départementale d'agriculture delà Drame, 1838 , et Annales des sciences naturelles, 1839, t. II, p. 65). (i) Dutrochet, Rapport sur divers travaux entrepris au sujet de la maladie des Vers à soie connue vulgairement sous le nom de Muscardine {Comptes rendus des séances de l'Académie royale des sciences de Paris, 1838, t, VI, p. 101 , et Annales des sciences naturelles, 1838). (502 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. vail renferme des raisonnements théoriques de peu de valeur, mais les résultats nouveaux qu'il renferme n'en restent pas moins exacts, quoi qu'en dise le rapporteur. Des expériences analogues à celles signalées plus haut ont été de nouveau faites par Bonafous (1), Turpin (2), et Audouin (3). Unger a fait diverses hypothèses sur le développement de la Muscardine, etc., mais qu'il est inu- tile de signaler (k). Robinet (5) pense, contrairement à Nyslen, que ce n'est pas de l'acide phosphorique, mais de l'acide lactique qui se forme dans le sang des Vers à soie muscardinés et le rend acide, mais il croit à tort que c'est lui qui durcit les tissus, les coagule, et ainsi favorise l'accroissement du Botrytis (p. 99). 11 partage les opinions d'Aymard sur l'eau comme prophylactique de cette affection. Il a vu en 1840, comme Pittaro, de petits insectes rouges (appelés Lentes) courant sur des Vers à soie, et considère comme possible qu'ils jouent un rôle dans la production de la Muscardine. Il est enclin à supposer que celle-ci est contagieuse quand les Lentes existent en même temps qu'elle ; que ces articulés portent les germes d'un Ver à l'autre par les piqûres qu'ils leur font, et qui sont de véritables inoculations, tandis que la maladie serait impuissante par elle-même à pénétrer la peau de l'animal bien portant (p. 116 à 118). Il admet que la Muscardine est contagieuse; qu'elle se développe chez les animaux mis en contact avec des Vers mus- cardinés, parce qu'ils sont tenus, durant ces expériences, dans de mauvaises conditions d'aération, de nourriture; qu'elle est due au développement du Botrytis Bassiana, Bals. ; qu'elle peut apparaître spontanément. Tous les auteurs qui parlent de la Muscardine spontanée (Audouin, Ro- binet, etc.), se servent de cette expression toutes les fois qu'ils ne voient pas transmission directe du Champignon par introduction expérimentale dans le corps de l'animal, ou par semis de la poussière sporulaire du Botry- tis sur des Vers a soie. Mais s'ils avaient tenu compte de la petitesse des spores, de leur peu de densité, de leur facile transport et introduction sous forme de poussière dans tous les interstices et ouvertures des corps bruts et organisés, ils eussent employé une expression plus exacte. Celle-ci est erronée en ce qu'elle donne l'idée de germes ou spores végétaux nais- (1) Bonafous (journal l'Institut, 1839, t. VII, p. 154) a inoculé la Muscar- dine à plusieurs espèces de chenilles. (2) Turpin, journal l'Institut, 1839, t. VII, p. 199. (3) Audouin (journal l'Institut, 1839, t. VII, p 200) a vu les chrysalides du Galeruca canariensis, F., qui attaque les ormes, détruites par la Muscardine. (4) Unger, Beitrœgezur ver gleichende Pathologie. Wien, 1840, p. 36-38. (5) Robinet, La muscardine ; des causes de cette maladie, et des moyens d'en préserver les Vers à soie, Paris, 1843, in-8, p. 1 1 et suiv. SPOROTRICHÉS. 603 saut de toutes pièces à l'aide des principes immédiats animaux ou du règne minéral, et causant la Muscardine en se développant ; tandis qu'il faut y substituer l'idée de spores nées d'un végétal adulte, transportées comme toute particule quelconque invisible de poussière, et germant lorsqu'elles arrivent à séjourner dans un milieu convenable à leur développement. Du reste, ce travail de Robinet et celui de M. Montagne sont de beaucoup les meilleurs de tous ceux analysés jusqu'à présent. Le premier est suivi d'un historique étendu, presque complet, des travaux publiés jusqu'à lui. C'est le travail dans lequel les conditions de transmission du Champignon, germe ou principe de la maladie, sont le mieux étudiées, surtout pour l'époque de la publication. Il importe cependant d'être prévenu qu'il croit à tort que l'altération des humeurs peut être favorable ou bien à l'évolu- tion des germes du végétal, ou bien à son développement spontané (p. Ilx et 26). Ayant parlé précédemment (p. bllx) des recherches de Remak (18/|5), et surtout de celles de MM. Guérin-Méneville et E. Robert (18Zi7), il est inutile de les reproduire de nouveau. C'est en 1851 que M. Guérin-Méne- ville a fait connaître pour la première fois, devant une commission instituée à Sainte-Tulle, par le préfet des Basses-Alpes, que : « la Muscardine spo- radique est une terminaison naturelle de l'existence du Ver à soie, ma- ladie qu'il est impossible de prévenir d'une manière absolue. « Elle n'est, d'ailleurs, une source de préjudice grave pour le cultivateur que, lorsqu'ayant éclaté dans une magnanerie, elle y laisse des germes d'in- feciion qui, à la campagne suivante, moissonnent une partie de l'éducation, d'année en année deviennent plus funestes, et obligent souvent le proprié- taire à renoncer à son industrie (1). •> M. Bazin a figuré le Champignon de la Muscardine (2) sans le décrire; ce que j'ai dit plus haut de l'exécution des figures du Champignon de la teigne s'applique également à ce dessin. Tribu des SPOROTRICHÉS, Léveillé. SPOROTRICHEI. Réceptacles floconneux, rameux, recouverts de spores sur toute leur surface. (1) Guérin-Méneville, Note sur le résultat le plus important des études séri- cicoles faites avec le concours de M. Eugène Robert à la magnanerie expérimen- tale de Sainte-Tulle (Basses-Alpes) (Journal d'observations scientifiques et pra~ tiques de la campagne de 1851, par M. F.-E. Guérin-Méneville, et Revue et Magasin de zoologie, Paris, 1851, p. 528). (2) Bazin, Recherches sur la nature et le traitement des teignes, Paris, 1853, in-8, pi. III, fig. 3. ()0A VÉGÉTAUX l'AKASITES. — CHAMPIGNONS. « Hcceptacula iloccosa, ramosa, sporidiis in totu superficie in toc ta. » Genre SPOROTRICHUM , Liuk. « Flocci erecti aut cespiloso-convergentes, ramosi, septati, uniformes, haud mucedinei. Sporidia libéra, simplicia, primo floccis intertexta, obtecta, dein inspersa (flocci flaccescentes facile decumbentes; sporidia majuscula, pellucida). » Espèce 60. — SPOROTRICHUM (Nematoijonum) SPiUNNEUM, Schenk (i). Filaments allongés, la plupart ramifiés, formés de cellules allongées , superposées et réticulées , dont les parois dans le jeune âge sont incolores , et ensuite brunâtres. Les cel- lules sont allongées, plus ou moins renflées en sphère à un ou aux deux bouts. Les rameaux du Champignon peuvent être observés à plusieurs degrés de développement ; ils sont vi- sibles, en partie, sous forme d'une petite saillie latérale des cellules, et en partie composés d'une série de cellules courtes ou longues, simples ou présentant des ramifications. Les fila- ments sont non seulement plusieurs fois ramifiés , mais encore ils offrent de nombreuses conjugaisons. Les jeunes rameaux se mettent en contact par l'intermédiaire de deux cellules voisines qui s'avancent l'une vers l'autre jusqu'à contiguïté ; les rameaux (cellules) sont alors en contact par une ramification transver- sale dont la lumière est fermée par une cloison de séparation. Celle-ci est placée tantôt au milieu de la ramification trans- versale, tantôt vers quelque autre point. Plus tard la cloison est résorbée ; car, dans la plupart des cas on ne la retrouve plus. Ordinairement on ne voit que deux cellules (filaments) voisines liées l'une avec l'autre, mais il y a aussi des cas dans lesquels les conjugaisons mettent en communication deux , trois, quatre, et jusqu'à sept tubes. On peut aussi trouver la (1) Schenk, Ueber die Pilzbildung ïm Huehnereiern {Verhandlv.ngen der physikalisch-mcdicinischen Screttschaft inWv.erzburg, Iîrlangen, 1850, in-8, t. I,p. 73). SPOROTRICHUM BR.UNNEUM. 605 conjugaison plusieurs fois sur la même cellule. La place de celle-là parait être tout à fait indifférente, car on l'observe aussi bien sur le bout arrondi de la cellule cpie sur tout autre point. Souvent aussi s'accroissent deux cellules siégeant l'une à côté de l'autre sur un espace grand ou court, sans qu'une cloison soit visible. Le contenu des vieilles cellules est groupé en masses irré- gulières aux deux bouts de celles-là. On y trouve aussi quelques gouttes d'huile, ainsi que dans les jeunes cellules. Quelquefois plusieurs petites gouttes se réunissent en une plus grosse. Le contenu des jeunes cellules est finement granuleux, se colore en brun par l'iode, et présente presque toujours les excavations bien décrites récemment par Nœgeli. Si on les observe long- temps sous l'eau, elles se soudent Tune avec l'autre, et dispa- raissent sans doute par pénétration endosmotique d'eau. Sou- vent Schenk a vu un noyau dans les jeunes cellules ; il est homogène et pourvu d'un nucléole. Des corps analogues égale- ment colorables par l'iode se voient dans les vieilles cellules brunes. Les spores sont sphériques, brunes et dispersées sur les fila- ments. Schenk leur décrit un noyau rond, bien évident, sans nucléole. Il n'a pu suivre leur développement. Remarques. — Il est fâcheux pour cette description de ne trouver indiquée aucune dimension des parties décrites. Il est à regretter aussi qu'il n'y ait dans ce cas ni diagnose de l'espèce, ni comparaison aux espèces voisines. Schenk a trouvé ce Champignon dans un œuf dont le blanc était changé en une masse gélatineuse d'un brun noirâtre. Le jaune paraissait intact ; il ne présentait pourtant aucune cellule vitelline, mais des gouttes d'huile et des cristaux de margarine nageant dans un liquide jaunâtre. Schenk croit à la génération spontanée des Champignons; pourtant il n'ap- porte pas ce fait comme une nouvelle preuve, parce que, bien que la co- quille de l'œuf fût intacte, à ce qu'on lui a dit du moins, il n'a pas pu con- stater lui-même ce fait. Il admet de plus la possibilité de la présence des spores dans l'oviducte et leur englobement par l'albumen avant la forma- tion de la coquille. 606 VÉGÉTAUX PARASITES. ■ — CHAMPIGNONS. 11 considère co Champignon comme voisin du genre Nematogonum, Des- mazières, dont il se rapproche par les extrémités renflées des cellules, mais dont il s'éloigne par lu forme des spores, ainsi que par sa couleur. End- liclier a réuni ce genre au genre Sporotrichum; cependant peut-être les Nematogonum pourraient-ils former une sous-division du genre Spo- rotrichum. La description du Sporotrichum albuminis de Maerklin (1) n'ayant pas été publiée, Schenk observe qu'il ne peut savoir si son espèce est la même que celle de cet auteur ; fait qui est peu probable, puisque le Cham- pignon signalé par Maerklin était blanc, et que celui-ci est brun. Tribu des ISARIÉS, Léveillé. ISARIEI. Réceptacle composé, solide, capitulé ou allongé. « Receptaculum compositum, solidum, capitulatumvel elon- gatum. » Genre ISAR1A, Hill, Persoon, Fries. « Receptaculum elongatum, continuum, e floccis dense in- tricatis coalitum. Flocci sporidiiferi investientes , patentes. Sporidia globosa, simplicia, inspersa. » Je décris les espèces suivantes d'après le mémoire de Wallroth, cité plus bas, bien que nul fait n'ait démontré encore qu'elles croissent sur les ani- maux vivants. Pourtant on en trouve plusieurs sur des chenilles, des larves et des chrysalides. Or ce n'est pas à ces phases de leur développement qu'arrive la mort naturelle des insectes ; il est rare de trouver des cadavres d'insectes morts à cette période de leur accroissement, et c'est accidentelle- ment qu'est arrivée la fin de la vie. Il est donc probable que quelquefois, sinon souvent, c'est le développement d'un Champignon qui a tué la larve ou la chrysalide, et l'on ne trouve les cadavres de celles-ci que lorsque le Champignon les a tuées. Il n'est pas impossible qu'il en soit ainsi pour quelques uns des insectes parfaits qu'on trouve morts, mais le fait est plus hypothétique encore que pour les chrysalides et les larves, du moins quant (1) Le fait cité par Maerklin est celui qui est rapporté dansBurdach (Traité de physiologie, Paris, 1837, traduit par Jourdan, t. I, p. 35): c'est un cas dans lequel il trouva le blanc d'un œuf rempli d'un Champignon qu'il nomme Sporotrichum albuminis, sans en donner de description. (Voy. Maerklin, Be- trachtungen ueber die Vrformem niederer Organismen . Heidelberg, 1824, in-8, p. 73.) ISARIA. 607 aux espèces du genre Isaria; car pour les Sph^eria, il est prouvé que le végétal commence à croître sur l'animal vivant. Isariee entomophilœ Europeœ. Espèce 61. — ISARIA ELEUTERATORUM, Nées. Synonymie. — Isaria eleuteratorum, Nées, Syst., 86, l. VII, p. 84; Persoon, Myc, I, 45; Wallr., Crypt., II, 306; Link., Spec, II, 113; Fries, Sysi , III, 274. « Hyphasmate filiforme, subramoso a basi, inde ramuloso, subcompresso, undique in floccos sporopboros soluto, albo, demum fuscescente. » Hab. Particulièrement sur des Carabes (courants) dans la saison de l'automne. ESPÈCE 62. — ISARIA FLOCCOS A, Fries. Synonymie. — h. floccosa,Fr., Sysl., III, 274. « Hyphasmatibus cespitosis, simplicibus, subuliforinibus, albis , undique in floccos sporophoros solutis iisque veluti tomentosis. » Hab. Sur les larves et chrysalides du Bombyx Jacobœa, Siemers. Espèce 6 3. — ISARIA STRIGOSA, Fries. Synonymie. — Is. strigosa, Fr., Syst., III, 274. « Hyphasmatibus cespitosis, subsimplicibus, subuliformibus, albis, adpresso-sporophoris, demum veluti calvescentibus stra- mineis. » Hab. Sur les chrysalides de la Noctua upsilon, Siemers. ESPÈCE 64. — ISARIA ARACUNOPHILA, Dittmar. Synonymie. — Is. arachnophila, Dittm., in Stnrm germ., III, t. 55 ; Liuk, Spec, II, 113; Pers., Myc, I, 45; Wallr., Crypt., II, 306; Fr., Syst., III, 27:;. « Hyphasmatibus gregariis simplicibus, clavatis, albis, undi- ue in iloccos sporophoros solutis iisque pulverulento-pube- rulis. » iiOS VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Hab. Sur de très petites Araignées en automne (Dittpiar) : G e orne Ira betularia, G. dcfoliaria, zonaria, bru/mata et 6A VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. Busk (1) rapporte aussi qu'il a trouvé, sur le corps du Ditiscus margi- nalis, des Confervrs semblables à d'autres qui infestaient des Vallisneria spiralis contenues dans le même vase (2). Corda a vu le Penicillum Fie- beri croître sur le Pentatoma prasina mort {'à). M. Berkeley, qui a publié un mémoire sur les Champignons croissant sur les larves ou les Insectes, les range dans le genre Sphœria, et en décrit huit espèces : 1. Sphœria miiitaris, Ehr. ; 2. S. sphœro-cephala, Kl. ; ; 3. S. entomorhiza, Dickson ; tx. S. sobolifera, Ilill ; 5. S. sinensis, Berkl. ; 6. S. (Cordiceps, Montagne), Robertsiï, Hooker ; 7. S. Taylori, Berk. ; 8. S. gracilis, Berk. Weslwood (Zi) ligure des filaments fongoïdes nombreux, développés sur la partie dorsale de l'abdomen d'une grande espèce du G. Ercantkoce- phalus, a- Laporte, hémiplère héléroptère de la famille des Coréens (Co- reidœ). 11 a montré aussi à la Société entomologique de Londres (5) un individu du G. Euglossa (famille des Apidés), dont la base de l'abdomen portait à sa partie dorsale un petit prolongement haut de 2 millimètres environ, bifurqué et dilaté en forme de rein au sommet, prolongement qu'il considère comme de nature végétale. Evans (6, a montré en même temps une Chenille [Hepialus virescens,D.) portant une Sphœria Robertsii, Hooker. Une note de ce travail indique (7) la figure de la Clavaria entomorhiza, décrite dans une autre partie de ce recueil (8). Westwood a montré aussi une grosse larve d'un Lamellicorne de l'Amérique du Sud, tirée de la collection de M. Hope, portant sur la face antérieure des segments thoraciques une production végétale égalant (1) Busk, Microscopical journal, 1843, vol. 1, p. 149. (2) Sobernheim (Elemetite der allgemeinen Physiologie, Berlin, 1844, p. 88-89) a mentionné en abrogé la plupart des observations sur les parasites végétaux des animaux qui avaient été publiées avaut lui. (3) Corda (Icônes Fungorum hveusque cognitorum, Pragœ, 1837-1840) in- dique le Penicillum Fieberi comme croissant sur le Pentatoma prasina. (4) Wkstwood, Transactions of the enlomological Society of London, 1841, vol. III, in-8, Journal of proceedings, p. v, pi. VI, fig. 7. (5) Fig. 1. (6) Evans, ibid., pl. VI, fig. 4. Assez mauvaise figure. (7) Ibid., fig. 5. (8) Transactions of the entomological Society of London, Journal of procee- dings, n» 11, mars 1841. SPHŒRIA. 665 en longueur celle du corps de l'animal (1). Il est noté dans le même recueil que Watcrliouse possède une larve semblable ou analogue, différant seule- ment en ce que le Champignon est ramifié. Miquel (2), cité par Mulder (3), a décrit un Champignon croissant sur les animaux, VIsaria Cicadœ. Dans le mémoire cité plus haut, Walhoth cherche à montrer que l'on peut établir une division des Champignons qui comprendrait tous ceux qui sont entomophytes. Il désigne cette division par le terme Entomomycetes ; elle se partagerait : 1° en Hijpho entomomycetes, qui crois- sent sur des corps végétaux, et que l'on peut nommer Isariœ entomophilœ (Isariœ epizoœ hyphasrnate ex Insectis émergente, Wall., II, 300), mais qu'il faut toujours distinguer génériquement; 2° en Entomo-pyreno- mycetes, comprenant les Sphœriœ entomogenœ. De quelques espèces nou- velles et de quelques autres détachées du genre Sphœria (voy. plus haut, p. 647, le nom de ces espèces), il forme un genre nouveau, le genre Ken- trosporium. Je décris plus loin les espèces nouvelles établies par Wall- rolli ; il est probable qu'elles devront rentrer dans le G. Sphœria. Il croit à tort que la naissance des Entomophytes ne peut être expliquée que par la génération spontanée, parce qu'il ne sait se rendre compte de ger- mination des spores à la surface des téguments et de la pénétration du mycélium dans l'épaisseur des tissus. «Si l'on résume, dit-il (p. 158), l'histoire générale des Entomomycetes connus jusqu'à ce jour , on se convaincra qu'ils peuvent être , en général , ramenés à deux divisions principales : aux Champignons de la moisissure et à ceux à capitules (Kernpilze), ou en particulier aux Isariacés et aux Sphéiiacés, et qu'ils se trouvent tant en Amérique qu'en Europe. » Les Entomophytes rapportés par les observateurs d'un autre continent se rangent à la suite des végétaux parasites indigènes, et quoique le jésuite espagnol Torrubia donne une description qui touche au fabuleux , il est cependant hors de doute qu'il s'est formé sur une partie morte de l'ab- domen d'un Insecte un Champignon en forme de massue, ou quelquefois ramifié en forme d'arbre ; qu'il appartienne maintenant aux Isaria ou aux Sphœria, c'est ce qui n'a pas encore été bien décidé par la description de Ilill ou de Watson. Je ferai remarquer que la Queue de laine (Cicada lanata, L.) des Indes orientales (comparez YHisloire naturelle des Insectes de Sulzer, p. 90, pi. IV, fig. 10) est assez analogue à une Isaria, et qu'alors (1) Westwood, Transact. oflhe entomol. soviety of London, 1841 (pi. VI, p. 6). (2) Miquel, Bulletin des sciences physiques en Néerlande, 1838, p. 83. (3j Mulder, Allgemeine physiologische Chemie. Braunschweig, 1844-1851, iu-8, p. 90. 666 VÉGÉTAUX PAKAS1TES. — CHAMPIGNONS. Vanus lanatus de Linné ou la masse laineuse de Sulzcr ne serait qu'un produit végétal. Persoon lui-même {Comment, de Fungis clavœformibus, p. 181) reconnaissait dans l'appendice de la Cigale vue dans la collection de Blumenbach, une structure végétale, et Blumenbacli (Handbuch der Natur- geschichte, 356) est assez porté à voir dans les taches d'une blancheur de neige de la partie postérieure du corps de la Cicada lanata, L. (Lystra, Fabr.), des restes de Champignons à massue qui avaient crû avant sur la Larve ou la Chrysalide de l'animal. » 11 donne , en outre , les notions historiques suivantes que je reproduis presque en totalité. La première notice sur un Entomomycète nous fut donnée, autant qu'il m'en souvient, au milieu du siècle passé, par un moine nommé Joseph Tor- rubia, qui n'était pas précisément un célèbre botaniste. Son ouvrage trai- tait de différents sujets, et particulièrement des pétrifications (Aparato para la historia natural espanola, Madrid, 1754). C'est alors que s'est répandue en Europe la nouvelle qu'il y avait en Amérique un Insecte qui, dès le moment de sa mort, se développait en végétal, ou qui, pour ainsi dire, échangeait sa vie d'animal contre celle de végétal. Torrubia rapporte notam- ment dans son livre (vol. I, page lZi), avoir trouvé dans un pâturage aux environs de Avanna les restes d'Abeilles ou de Guêpes {Abispas) qui, ayant encore leurs ailes, portaient à la partie postérieure de leur corps une végé- tation ramifiée en guise d'arbre, et assez haute, nommée par les habitants du lieu Già. La partie supérieure en était garnie de nombreuses petites pointes roides , semblables aux aiguillons des Guêpes. Torrubia chercha à représenter cette métamorphose par une figure qui est mal faite ou manquée. Melvil et Newmann , l'un commandant de la garnison anglaise dans l'île de la Guadeloupe, et l'autre commandant à Saint-Domingue, apportèrent de ces contrées la même production en Angleterre. Des cette époque, cette plante fut connue sous la dénomination the vegetable Fly, Musca vegetabilis, Musca vegetans (Mûller, Rozier, Gmelin). Le ministre d'État lord Bute engagea le professeur Hill, à Londres, à examiner ce Champignon. Celui-ci s'acquitta de cette commission dans un mémoire particulier inséré dans les Philosophical transactions (vol. LUI, 1768, page 271-27/i), sous le titre : One account of the Insect called the vegetable fly, en ces termes : « Producit insula Martinica fungum e génère Clavariarum,specie ab hucus- » que cognilis omnibus diversum. Hic sobolem e laieribus emittit. Clavariae » proinde sobiliferœ nomen ei indictum. E corporibus animalium putrefactis » piogerminat, more fungi nostralis ex pede equino, in ungulis cadaverum » equinorum nascentis. Cicada passi m obvia in Martinica est,quœ in statu » nymphœ, sub foliis arborum deciduis sese defodit, metamorphosim suam SPH^RIA. 667 » subitura, sub qua detentas, si tempestas anni iniquior deprehenderit, mul- » tas necat. Cadaver hujus insecti aptum cubile prœbet semini nuper dictae « Clavariae, quod proinde ibidem germihat. Talem nec aliusmodi veram rei » rationem essetam certum est, quam quod maxime; quamvis vegetabili » virtute muscam pollere imperitum vulgus incolarum credat, et quamvis » detur delineatio quœdam hispanica, qua planta exhibetur in arbusculam » foliis ternis insignem procrescens et quidem ita insecto inheerens, ut hoc » volans eamdem in dorso gestare conspiciatur. » Au même endroit William Watson fait aussi un rapport sur un autre En- tomophyte que Newmann avait trouvé dans l'île Saint-Domingue. Celui-ci, d'après les échantillons de Huxham, se dislingue de ceux des Indes occiden- tales, car le corps sans ailes de l'Insecte ressemble à une Guêpe, et l'animal, qui s'enfouit dans la terre au mois de mai, atteint à peu près, au mois de juillet, son état parfait, en s'élevant comme Champignon coralloïde, aune hauteur de 2 à 3 pouces, qui porte à son sommet des écailles. Aussi Georges Edwards répète cette assertion dans les Gleanings of na- tural history (vol. III, ch. 128, p. 335), et A. Elias Buchner, professeur à Halle et amateur de curiosités, chercha, en l'an 1768, à approprier ce sujet à la curiosité allemande par un mémoire particulier : De falso crédita metamorphosi Insecti cujusdam Americani, dans les Acta nov. physico- medic.,t. III, 38, p. Zi37. Plus tard O.-Fr. Muller répondit dans une Epis- tola ad virum magnificum et exceUentissimum Buchnerum de Musca végé- tante europœa (Nov. act. nat. curios., IV, 215, obs. Zi5). Le même sujet fut repris par Iiozier, dans un mémoire : Musearum quarumdam vegetantium historia (Observations sur la physique, 1772), puis par Fougerouxde Bon- daroy : De Insectis in quorum cadaveribus plantœ nascuntur (Mémoire de l'Académie des sciences, à Paris, 1769, p. Zi67); enfin par Gmelin: Be- trachtung der Pflanzenartigen Fliegen : Observation sur des mouches végétantes (Naturforscher, 1774, IV, fragment, p. 67-79). A ces Entomophytes exotiques, O.-Fr. Muller ajouta d'abord, en l'an 1778, dans la Flora danica et dans VEpistola susdite : De Musca végé- tante, la description de la Clavaria militaris, qni fut découverte cin- quante ans plus tôt par Sébastien Vaillant, recueillie par Buxbaum, Guet- tard et autres. Elle fut aussi adoptée par Linné sous la même dénomination. O.-Fr. Muller fit expressément observer que la Clavaria militaris se trouvait aussi sur des larves d'Insectes indigènes. Le chevalier Tbéod. Holmskjold, en l'an 1762 (avant Muller par consé- quent), fut assez heureux pour trouver ce rare Champignon en divers endroits du Danemark, sur des larves d'Insectes, mais il ne publia ses obser- vations que quelques années plus tard, et s'exprima avec son exactitude 668 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. habituelle sur lu nature générale et particulière de ces Enlomophytes , aussi bien dans l'ouvrage Otiabeata rariis fungis danicis impensa (Havn., 1790), que dans la monographie publiée par Persoon : Coryphœi Clauarias Ramariasque complectentes (Lips. , 1797). Cependant ce Champignon fut observé en plusieurs endroits; il fut bientôt après, par la pénétration d'Er- hart, plus exactement connu, et fut placé sous le nom de Sphœria mili- faris au rang qui lui convient. « Au commencement du mois de juin 1839, saison dans laquelle, après des averses continuelles, il faisait une chaleur de 15 à 1k degrés Réaumuret des nuits aussi chaudes accompagnées de rosée, je trouvai, tout près de Nord- hausen, sur le talus des digues d'un étang nommé Étang de Patiers, au milieu d'une luxuriante végétation d'herbes et en compagnie des Dicranum 2)urpu~ reum, Mnium cœspiticum,Funaria hygrometrica,Marchantiapolymorpha, Peziza purpurascens et d'autres végétaux semblables, un groupe de petits Champignons qui étaient encore jeunes et de couleur jaunâtre. Ils étaient serrés dans un petit espace et semblaient se développer sous la forme d'un Agaricus conticula. Je. les recueillis dans le but de les examiner. Plus j'examinai de près ces Champignons, plus ma première opinion se détruisit, et la loupe me montra bientôt des productions mycéloïdes, qui embarrassaient même un œil exercé déjà depuis plusieurs dizaines d'années. J'étais étonné de voir des filaments d'attache sur une larve d'Insecte, un pédicule bien formé, un stroma régulièrement verruqué, de la grosseur d'une graine de genévrier ou de navet, qui avait la forme d'un bonnet ou d'une calotte qui, quoique approchée du pédicule, paraissait pourtant être libre. Finalement je ne savais pas ce que j'avais de- vant moi! » L'étrange apparence, et plus encore le démembrement du chapeau, rappelaient la Sphœria militaris, et plusieurs caractères essentiels, au premier abord, indiquaient la Sphœria mitrata. Dans de sembla- bles conditions, je cueillis, il y a plusieurs années, mon Kentrosporium microcephalum parmi des Marchantia polymorpha. Peu satisfait des cas naturels que j'avais rencontrés, j'essayai de produire artificiellement ces sortes de Champignons, et j'eus bientôt le plaisir de voir mon entreprise couronnée de succès. J'immergeai notamment quelques Cantharides dans la matière verte, je les exposai dans un verre au soleil du malin, et j'ob- tins d'une masse blanche fibrineuse des globules de Champignons de la grosseur d'un pois, et de ceux-ci, bientôt après, quelques uns des Champi- gnons à chapeau avec pédicule de 5 millimètres de hauteur, que j'ai bien reconnus ponr être des Agaricus (Corvinus) entomophytes, mais que je n'ai pas observés davantage. SPILERIÀ. 669 » Mes recherches dans le but de faire de nouvelles découvertes furent en- fin récompensées , en ce sens que j'obtins plusieurs Isaria qui poussaient avec vigueur sur des Araignées et des Mouches en décomposition. » Wallroth s'exprime un peu plus loin en ces termes : Je nomme Entomophytes les végétaux qui, dans un temps particulière- ment propice et sous le concours de combinaisons favorables à la génération (humidité, chaleur, disposition intérieure du corps mère), se développent immédiatement et sans spores sur un cadavre d'Insecte ; végétaux qui, pour ainsi dire, sont destinés par la nature à cela, et qui, étant indépen- dants, vu leur habitude extérieure, ne peuvent être rangés parmi les autres végétaux se reproduisant d'une manière différente. L'Insecte peut naître ou subsister sans le Champignon, mais celui-ci ne le peut sans l'Insecte. Le corps de l'animal offre certainement au végétal un sol mère. D'après les observations recueillies jusqu'à présent, la nature a des- tiné à cette naissance spontanée deux familles de végétaux cellulaires, savoir : les Algues et les Champignons. Ceux-là se nomment Entomophytes (Vegetabilische Insecten-faden-sprossen : rejetons filiformes insecticoles de nature végétale), et la définition donnée ci-dessus s'applique généralement aux deux groupes. Les parasites végétaux (Vegetabilia parasitica) des plantes sont notam- ment, parmi les végétaux vasculaircs : les Viscum, Loranthus, Monotropa et Orobanche. Parmi les végétaux cellulaires, ce sont d'abord les végé- taux que Théophrasle a nommés Erysibe (tpuoc?/), rouille), Link Epiphytes Wallroth Alphitomorpha. Beaucoup d'autres les ont dénommés d'après le sol qui les nourrit. Le développement de ces formes végétales dépend principalement d'un concours favorable de circonstances ou d'influences qui cependant, suivant les espèces, peuvent amener une différence dans le résultat; ce sont la na- ture de l'endroit où le végétal est placé, les rapports météorologiques plus ou moins favorables, et aussi probablement la disposition individuelle de l'Insecte. La production primitive du Champignon est évidemment dépendante du corps de l'animal mère, mais d'autant plus difficile à expliquer (Wallroth). Le germe primitif ou la disposition à la naissance des Entomomycètes préexiste dans l'Insecte lui-même, et doit se développer avec le commence- ment de la corruption et continuer peu à peu son évolution dans de pa- reilles circonstances (Wallroth). Hill et Hohnskjold, qui s'occupaient principalement de la présence parti- culière de ces Champignons sur des Insectes et de leur génération, recher- 670 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. chaient comment une génération par semence ou spores pourrait avoir lieu, ce qui pourtant, selon mon opinion, est hors de vraisemblance. IJill admet sans difficulté pour sa Clavaria le passage des spores dans le cadavre de l'Insecte : « Cadaver hujus insecti aptum cubile praebet semini Clavariœ » soboliferœ, quod proinde germinal. » Holmskjold ne pouvait pas se conten- ter de cette manière de voir, à cause de la structure impénétrable qui est propre aux parties d'Insectes en question (Coryph., p. G3); il pensait que la semence était mangée par la larve et restait quelque temps dans son iusteslin : « Semen jam antea in visceribus insecti inclusum servari (loc. » cit., p. 6k). Semen nonejectum in ventriculo manet, durante metamor- » pliosi, sub qua insectum moritur, perimentibus illud dapibus e fungo » depastis, sive quod hujus caro in ipsum viquadam veneni agat, sive quod » semen evolutione sua illud enecet. » (Loc. cit.) De cette manière le corps de l'Insecte sert du sol mère. Il faut sans doute un haut degré d'imagination, dit Wallroth, pour adopter ce mode de génération, si l'on lient compte de la présence rare et le plus souvent isolée de ces Entomophytes. L'observaleur impartial doit avoir la conviction que ces formations des Cbampignons sont en relation immédiate avec le sol mère animal, et qu'elles sont en état de se produire d'elles- mêmes ou par une force particulière de la nature, comme tant d'autres végétaux, sans qu'il soit besoin pour cela d'une semence reçue par introduc- tion ou par lout autre mode. On comprend qu'il est inutile, dans l'état actuel de la science, de réfuter l'hypothèse de Wallroth, et quoi qu'il en dise, c'est l'opinion de flill qui seule est acceptable. Aucun manuel de toxicologie ne faii mention d'espèces suspectes ou nui- sibles parmi les Champignons de moisissures ou granuleux (Kernpilze), et l'on peut dire que jusqu'à présent notamment les Isaria et Sphœria sont doués de qualités inoffensives. Mais Holmskjold remarque déjà que hRamaria farinosa (Isaria truncata, Pers.) laisse sur la langue, outre un goût agréable, une certaine âcreté qui manque à toutes les autres espèces, sans cependant occasionner des nausées ou des vomissements (loc. cit., p. 67). Il paraît en être autrement de la Sphœria militaris, et si les expériences de Holmskjold méritent croyance , on ne peut lui retirer l'épithète de sus- pecte. Il compare l'àcreté de ce Champignon à celle de YAgaricus pipe- ratus. Outre celte âcreté particulière, le Champignon mâché augmentait la sa- livation et produisait aussi quelquefois un certain dégoût sans vomisse- ment. Un petit chien à qui on avait donné à peu près une demi-drachme de KENTROSPOUIUM. 671 celte substance avec de la viande em des nausées qui finissaient par des vomissements. Des chiens plus grands et des poules en mangèrent des quantités doubles sans effet nuisible. Je n'ai pu faire aucune expérience, mais je crois devoir affirmer que les qualités vénéneuses de la Sphceria ne tuent pas l'Insecte qui lui sert de sol, comme Uolmskjold est assez porté à l'admettre (Wallroth). Genre KENTROSPORIUM , Wallrotb (1). « Stroma carnosum figuratum, clavatum . s. mitratum , stipite distincto sterili illud pénétrante e basi pytbmenina subeunte suffultum. Pyrenia nucleiformia peripherica pulpa gelatinosa asculis intermixtis fœta , dein in totidem ascula verrucas mammillares superfîciales pertundentia reclusa. Ascidia e basi ramosa elongato-cylindrica obtusa byalina subtilissima aspora penicilliformia, primum pulpa pyreniorum fœta, dein ex asculo tenuissimo acieuke instar protrusa. Sporœ nulbe. » Sphœriœ villiferœ, Tode ; Sph. clavatœ, Schweinitz. « Mycetis entomogeni carnosi colorum varietate insignes, annui, fugaces, quoad stromatis formant externam pyrenio- rumque dispositionem cum Spbajrise generis tribu cordici- pite, Fr., analogi, ascidiorum fabrica tamen ab omnibus aber- rantes. » Capitata, stromate sphœrico. ESPÈCE 86. —KENTROSPORIUM MICROCEPHALUM, Wallroth. Synonymie. — Sphceria microcephala, Wallr., in litt. « K. stromate sphserico carnoso caeruleo purpurascente a vertice convexo inde verrucis conicis acutis minimis puncti- formibus irregulariter dispositis concoloribus expuncto in basim stipitem abeuntem clausam rotundato. Stipite stricto simplicissimo cylindrico tenaci roseo purpurascente undique (1) Fr. Wilh. Wallroth, Zur Naturgeschichte der myketischen Entomophy- ten in (Beitrœge zur Botanik, erster Band, II Heft, Leipzig, in-8, sans date, p. 147 à 167, pi. III de 22 figures). <>72 VÉGÉTAUX PARASITES. — CHAMPIGNONS. œquali apythmenino, pyreniis ovato-subrotundis pallide cœrû- lescentibus. » Hab. Sur un terrain carbonisé qui s'est recouvert de nou- veau de productions végétales, situé au-dessous d'Ebers- bourg, auprès duHermansacker, en compagnie desMarchantia polymorpha et Fumariahygrometrica, au printemps. La larve qui sert de sol mère au Champignon a à peine 3/4 de millimètre de longueur sur ïjh de millimètre de largeur, sans forme et sans membres, effdée seulement vers l'extrémité postérieure et pourvue de marques de pattes, entourée d'une peau tendue et crénelée, et se terminant vers l'ex- trémité antérieure par une pointe semblable ta une tète. L'œil armé d'une loupe n'aperçoit point de filaments d'attache à la base du support, mais celui-ci paraît être immédiatement inséré sur la surface abdominale de la larve. La base du support lixée au corps mère est du même volume que les parties sor- tant de celui-ci, de couleur un peu plus pâle. Le support même est roide et droit, cylindrique, delà hauteur de 2 millimètres, peu souple, sans variation dans l'eau, se séchant facilement à l'air, rose, pourpre, charnu, transparent, tenace, composé de cellules longitudinales fortement serrées les unes contre les autres. Le corps du Champignon (stroma) est sphérique, charnu, à peine de la grosseur d'une graine de Pavot. Sous une loupe simple , il paraît parfaitement sphérique, pourpre, teinté de bleu ou de brunâtre, suivant la différence de lu- mière. Il est parsemé partout de mamelons coniques, à som- mets légèrement pointus , mais qui pourtant ne sont pas trop serrés les uns contre les autres. Ces mamelons, vus sous le microscope, ont tous chacun une très petite ouverture blanchâtre par où passe la matière contenue dans le conceptacle , sous forme de pointes extrê- mement fines. Les conceptacles (pyrenia) sont couchés éga- lement et solidement tout autour du support du Champignon, KENTROSPORIUM MITRATUM. 673 leur forme est ovalaire, arrondie, pointue sur le devant, ou ils sont remplis de mucilage trouble composé d'utricules sim- ples très longues et pointues. Espèce 87. — KENTROSPORIUM MITRATUM, Wallroth. Synonymie. — Sphœria ràitrœta, Wallr., in litt. « K. stipite cylindrico erecto hyaline tenaci e basi bulbosa in pythmenes byssinus diducto ; stromate sphœrico carnoso pallide helvolo a vertice umbonato inde verrucis quaternatim dispositis mamillaribus fuscis exarato basi in appendiculam poli- tam brevissimam annuliformem truncatam stipitem abeun- tem desinente. Intus pyreniis obovatis hyalinis in stratum car- nosum congestis concamerato. » Hab. Sur le talus nord d'un fossé plein d'eau, creusé depuis quelques années dans le voisinage de Nordhausen, en été, La larve qui sert de sol mère au Champignon a 5 millimètres de longueur sur 1 millimètre d'épaisseur; elle est cylindrique, presque sans forme et sans membres , brune , gisant sur la terre entre les mousses (Dicranum purpureum, Hedwig). A l'œil nu, et particulièrement avec la loupe, on remarque que le Champignon est fixé par sa base à d'autres corps en- vironnants au moyen de nombreux filaments blancs, comme la neige, étendus circulairement, et serrés les uns contre les autres, ce qui lui donne de la stabilité. On reconnaît en lui, sous le microscope, des prolongements divisés, qui ont la forme de simples cellules tabulaires non articulées et sans couleur. Cette partie de la base est toujours gonflée, et presque le double aussi grosse que le support qui en part. Ce dernier est tout à fait cylindrique , lisse , clair comme de l'eau , luisant seulement vers le haut, un peu rosé, ensuite pâle-bleuâtre, et enfoncé dans le corps brunâtre du Champignon. Il a 5 à 6 millimètres de lon- gueur sur \jh de millimètre d'épaisseur; dans l'eau il s'in- fléchit en arc, et s'érige ensuite. 43 0'7 VÉGÉTAUX PARASITES, - CHAMPIGNONS. Le corps du Champignon (slroma) osl sphérique , brun- jaunâtre (fauve), de la grosseur d'une graine de Colza d'hiver. La loupe simple montre que son extérieur a un aspect fram- boise ; les petits mamelons de la membrane sont assez nom- breux, brunâtres, obtus (convexes), et disposés sur l'épidémie en ordre quaternaire. Sous le microscope, on voit dans le tissu cellulaire irrégulier de l'épiderme des ouvertures circulaires assez spacieuses, qui sont traversées par les utricules comme par des dards. On reconnaît sous la simple loupe, à l'aide d'une coupe faite per- pendiculairement, outre l'épiderme extrêmement mince, une couche externe de conceptacles nombreux , fortement serrés les uns contre les autres , de forme ovalaire, ou presque de la forme d'une bouteille, remplis d'un mucus blanchâtre qui re- pose sur un tissu cellulaire lâche et blanc. Les conceptacles se laissent facilement exprimer hors de la masse charnue du sup- port, et ils apparaissent ensuite comme des corpuscules blan- châtres, de forme ovalaire renversée. Le contenu de ces corpuscules consiste dans un assemblage nombreux d'utricules très fines et très longues, seulement visi- bles sous le microscope. Elles sont fixées sur le fond du con- ceptacle par une base encore plus amincie, qui paraît être granulée; ils sont aussi longs que le réservoir et placés verticalement, s'enlaçant mutuellement; dans le conceptacle écrasé, ils gisent étalés en forme de pinceau ou de balai. Sous un fort grossissement, on voit que ces sporanges, chacun con- sidéré à part, sont remplis d'un dépôt plus foncé, et qu'ils augmentent successivement de grosseur vers- les extrémités, qui sont arrondies. Après que ces sporanges ont existé un cer- tain temps dans l'intérieur du péricarpe sous forme de noyau blanchâtre-bleuâtre, ils commencent, en approchant delà ma- turité, à sortir par les ouvertures des mamelons périphériques ou conceptacles, offrant l'aspect de dards extrêmement minces, IyEjNTROSPOKIUM M1TRATUM. 675, disposés comme des aiguillons qui entoureraient pendant quelques instants le corps du Champignon. Remarques. — 1. Les Champignons granuleux (les Entomopyrcnomycètes) qui croissent sur les Insectes, dit Wallroth, sont supportés par des fibres semblables à des racines, que je voudrais comparer aux attaches (pythmenes) propres aux Lichens, parce qu'elles sont des prolongements des cellules du support fixé du corps mère. (Comparez Wallrotn, Histoire naturelle des Lichens, 1827, vol. II, 35.) II. Les mêmes Champignons ont d'autres parties qui indiquent in- contestablement un plus haut degré de développement. En dehors desdits filaments d'attache, ils offrent un support, un stroma charnu (pulpeux), et avec celui-ci il naît des organes de fructification qui repoussent au loin les spores , au temps de la malurilé , et se vident d'une manière particulière, avec la rapidité d'un trait; de sorte que dans certains cas le corps est en- touré de la masse des spores expulsées par les ouvertures : « Capite est sco- binœ instar aspero velut spinis obsito. » (Holmskjold.) APPENDICE. DE DIFFERENTES ESPECES DE CORPS OU DE MATIERES PRISES POUR DES VÉGÉTAUX CROISSANT SUR LES ANIMAUX VIVANTS, ET QUI N'EN SONT TAS. ARTICLE PREMIER. Corps particuliers qu'on trouve dans les déjections des malades atteints de choléra. Recherches de Sioayne, Brittan et Budd. — La présence de corps parti- culiers dans les déjections d'apparence d'eau de riz rejelées par les indi- vidus atteints de choléra a été signalée simultanément par MM. Swaync (1), Brittan et Budd (2). Ces deux derniers observateurs prétendent, de plus, avoir trouvé des corps tout à fait identiques avec les précédents dans l'air et les eaux des localités infectées par l'épidémie. MM. Brittan et Swayne, pour ne rien préjuger sur la nature de ces corps, les ont nommés :1e premier, corps annulaires ; le second, cellules du cho- léra. M. Budd, se croyant autorisé par ses recherches à leur reconnaître une nature végétale, leur a donné le nom de choiera fungi. Quoi qu'il en soit, ces corps présentent des variations considérables de forme et de volume, que M. Swayne regarde comme autant de phases différentes de leur développe- ment. Voici la description qu'il en donne (pi. Xlf, fig. k et 5). Les plus petites cellules ou corpuscules sont de la dimension des glo- bules sanguins, très transparentes, aplaties, à parois très épaisses , ce qui leur donne l'aspect d'anneaux, et réfractant fortement la lumière (fig. h, g, g). Ces corpuscules présentent fréquemment de petits bourgeons, qui font saillie sur divers points de leur circonférence. On les rencontre plus ordinai- rement vers l'origine du canal digestif, et surtout dans les matières vomies par les malades. Ils sont identiques avec ceux trouvés dans l'atmosphère par M. Brittan. Les corpuscules moyens (qui se rencontrent avec les suivants, surtout (i) Swayne, Account of certain organic cells peculiar lo the évacuations of choiera [Lancel, Loudon, 1849, p. 368, 398). (2) Brittan et Budd, London médical Gazette, sept. 1849, in-8. CORPS TROUVÉS DANS LES DÉJECTIONS DES CHOLÉRIQUES. 677 dans les évacuations alvines) sont de forme plus h régulière, et sont granu- leux. Leur paroi épaisse semble eue formée de cellules, disposées quel- quefois de façon à la faire paraître striée transversalement. Cette paroi est fréquemment fissurée sur plusieurs points de son contour (fig. h, d, d, d). Ces cellules renferment un contenu granuleux qui s'échappe lorsqu'on les écrase, et quelquefois aussi d'autres cellules bien distinctes. Les plus gros corpuscules (fig 5) ont une structure plus celluleuse et une forme plus irrégulière. Ils sont peu transparents, d'un jaune sale, et présen- tent ordinairement trois ou quatre fissures à leur surface; ils renferment souvent dans leur intérieur d'autres corpuscules analogues (fig. 5, a, a, e). Dans les évacuations des cholériques, les corpuscules qui viennent d'être décrits ne sont presque jamais entiers. Le plus souvent ils sont brisés et aplatis et plus ou moins désorganisés, probablement par suite d'une espèce de digestion subie pendant leur trajet dans l'intestin. Le pelit nombre de corpuscules qui ont pu être observés entiers ont paru être garnis à leur périphérie de nombreuses cellules ou bourgeons saillants, disposés en cercles concentriques, leur donnant un aspect framboise. Les corpuscules que M. Budd a signalés dans les eaux des localités les plus fortement atteintes par l'épidémie appartiennent ordinairement à la troi- sième variété. Recherches de Baly et Sull. — Les observations de MM. Swayne, etc., vu l'importance du sujet, donnèrent lieu à beaucoup de nouvelles recherches, dont la plupart ne sont venues confirmer ni l'existence de corpuscules spé- ciaux aux évacuations des cholériques, comme le prétendaient MM. Swayne et Britlan, ni leur nature cryptogamique admise par M. Budd. Nous nous bornerons à citer ici les conclusions du rapport présenté au comité du choléra du Collège royal de médecine de Londres par MM. Baly et Sull (1), chargés de vérifier les résultats publiés par MM. Swayne et Brittan. Les con- clusions de ce rapport, qui paraît avoir été fait avec beaucoup de soin et résume bien les autres réfutations des recherches de MM. Swayne et Brit- tan, sont : 1" Qu'on ne rencontre pas dans l'atmosphère les corps présentant les ca- ractères des prétendus choiera fungi, non plus que dans les eaux des loca- lités infectées. 2° On a confondu sous les noms de corps annulaires, cellules du choléra ou choiera fungi, des corps très divers et tout à fait distincts. 3" Un grand nombre d'entre eux ont pu être rapportés aux matières prises comme aliments ou comme médicaments. (1) Baly et Sull, The choiera subcommittee ofthe collège of physicians on the choiera fungi [Lancel, nov. 1849, p. 493). 678 APPENDICE. U° Ceux don l l'origine est douteuse ne sont évidemment pas des Cham- pignons. 5° Les plus remarquables d'entre eux se rencontrent clans les déjections intestinales de sujets atteints de maladies essentiellement différentes du choléra. Les conclusions de ce rapport ont été appuyées et confirmées par plusieurs observateurs, entre autres par M. Griffith (1), et MM. Benneltet llobertson (2), d'Edimbourg, avaient déjà été conduits par leurs recherches, antérieurement à la publication du rapport, à infirmer l'exactitude des faits avancés par MM. Swayne, etc. Les conclusions du rapport ci -dessus provoquèrent de la part de M. Swayne (3) une modification dans laquelle, après avoir établi successive- ment les caractères différentiels de ses cellules du choléra et de tous les corps avec lesquels elles avaient été identifiées dans le rapport, il maintient l'exacti- tude des résultats consignés dans ses premiers travaux, ainsi que dans ceux de M. Brittan. Remarques et Conclusions. — Malgré l'insistance de M. Swayne, disent Baly et Sull, tout nous porte à admettre l'opinion des observateurs qui ont réfuté la sienne. Aussi, tout en reconnaissant la nécessité de nouvelles observations pour trancher définitivement la question et lever tous les doutes qui pourraient exister à cet égard, nous nous permettrons quelques remarques générales tirées de l'examen des figures et des descriptions données par M. Swayne lui-même de ses cellules du choléra, à ajouter aux objections qui lui ont été faites par les auteurs anglais. En premier lieu, le fait que ces corps spé- ciaux aux déjections des cholériques sont toujours « brisés, altérés, désa- grégés, par suite de Vaction digeslive de l'intestin, » suffirait à lui seul pour prouver qu'ils sont tout à fait étrangers à l'économie et nullement en rapport avec elle (fig. 3, a, c, dans le texte). En effet, cela revient à dire que ces corps se développent précisément au milieu des circonstances qui opèrent leur destruction, ce qui est contraire au principe des conditions d'existence. L'épaisseur et la dureté des parois de ces corps, leurs accidents de structure, minutieusement signalés par M. Swayne, empêchent complè- tement, ainsi que leur immense variabilité, de les regarder comme étant des éléments anatomiques hétéromorphes. Enfin ils n'offrent aucun carac- tère qui puisse les rapprocher des formes végétales parasites si fréquentes (1) Griffith, Letter to the London médical Gazette, déc. 1849. (2) Bennett et Robemson, Edinburgh monthly journal, nov. 1849. (3) Swayne, Observations on the report of the collège of physicians relative to the organic bodies discovered in the évacuations of choiera patients (th Lancet, nov. 1849, p. 530). Fig. 3. CORPS TROUVÉS DANS LES DÉJECTIONS DES CHOLÉRIQUES. 679 sur les animaux, dont les traits les plus remarquables sont toujours une grande délicatesse, une grande transparence et un très petit volume. Un autre observateur, M. Grove (1), a vu se développer et végéter dans l'urine des cholériques certains corps granuleux et arrondis qu'il a aus- sitôt rapportés aux cellules du choléra décrites par MM. Brittan et Swayne. Mais, comme l'ont montré MM. Herapath (2) et Quain (3), les végétations observées par M. Grove ne sont autre chose que le Torula cerevisiœ, qui se développe fréquemment dans les urines saines, mais surtout dans celles qui renferment des matières albumineuses ou sucrées (fig. 3, a, dans le texte). Il n'y a donc rien là de spécial aux cholériques, d'autant moins que les pré tendues cellules ducho- léra de MM. Swayne et Brittan ne se rencontrent pas dans l'urine, mais seu- lement dans les déjections intestinales des cholé- riques. On trouve dans le Lon- don Journal of médical sciences, sous le litre Cryp- togamic theory of cho- iera (k), sans nom d'au- teur , un énoncé de tous les auteurs qui ont écrit sur les végétaux que l'on trouve sur l'homme vivant, suivi d'une analyse des travaux publiés sur les corps du choléra. Il s'y trouve deux bonnes planches de ces corpuscules (p. 1052) ; ce sont elles que j'ai reproduites (pi. XII, fig. h et 5). Elles sont tirées du travail de Swayne et Brittan. Je dois la traduction de tous ces docu- ments à M. J.-J. Moulinié, dont j'ai déjà cité plusieurs fois les recherches. Ces corps ne sont nullement dénature végétale; les uns sont des carbo- nates : tels sont a, b, c, d de la figure k, pi. XII, analogues à ceux que j'ai figurés ailleurs (5). Quant à ceux de la figure 5, j'en ai rencontré quelque- (1) Grove, Vitality of the choiera fungi demonslrated {Lancet, oct.-nov. 1849, p. 28, 451, S56). (2) Herapath, The apparent development of the choiera cells (Lancet, oct. 1849, p. 453). (3) Quain, Letter lo the edilor of the Lancet, oct. 1849, p. 462. (4) London journal ofmedicine, a monthly record of the médical sciences, 1849, vol. I, p. 1048-1049. (5)Ch. Robin et Verdeil, Traité de chimie anatomique et physiologique. Paris, 1853, Atlas, pi. VI, 680 APPENDICE. fois d'analogues, mais ils étaient formés d'une concrétion calcaire entourée de tissu cellulaire. On trouve souvent des concrétions de celte espèce dans le tissu des séreuses, et principalement de la pie -mère. Je ne saurais dire au juste si les corps représentés par les auteurs anglais (pi. XII, fig. 5) sont des produits de cette nature ; toujours est-il qu'ils ne sont pas de nature végétale. Ils n'ont aucun caractère ni des spores, ni des cellules végétales quelles qu'elles soient. Ceux qui sont figurés fig. 5, e, e, l, f, ressemblent un peu aux œufs de certains Helminthes du foie. On ne saurait rien affirmer sur les autres, qui se rapprochent davantage des concrétions dont je par- lais tout à l'heure. Quant à l'idée de rapporter la production des symptômes du choléra à la présence d'un végétal, je renvoie à ce que j'ai dit précé- demment sur ce sujet (p. 287). ARTICLE II. Corps analogues à des Bézoards, rejetés par l'intestin, pris pour des végétaux, mais qui n'en sont pas. M. P. Denis rapporte dans un mémoire spécial (1) deux observations con- cernant les corps trouvés dans l'intestin, et connus sous le nom de Bézoards. Dans le premier cas, il s'agit d'une fille de trente-six ans affectée d'amé- norrhée et d'hématémèse. Elle rendait par le vomissement des corps étrangers qui avaient la forme de pralines et le volume de petites noisettes. Leur tissu, serré en général, était poreux par places, à peu près comme celui du tissu spongieux des os. Ils offraient à l'une de leurs extrémités une dépression infundibuliforme communiquant à un canal régulier qui régnait intérieurement dans toute leur longueur. La malade urinait très peu, et c'est depuis le ralentissement de la sécréiion des reins que les Bézoards ont paru avec une hématémèse supplémentaire des règles. M. Denis indique qu'il possède quatre de ces Bézoards déjà décrits (2) avant lui par M. Champion (de Bar-le-Duc), qui les a reçus de la même fille, et ils ont été analysés par M. Braconnot, qui leur trouva la composition des Bézoards ligneux. La seconde observation est celle d'un octogénaire constipé depuis quinze jours ; les excréments renfermaient des corps d'un volume d'une noisette. Ils étaient couverts d'une couche jaune, friable qui, au contact de l'alcool, se comportait comme de la cholestérine souillée de bile. L'intérieur de ces (1) Denis, Mémoires sur trois genres différents de cas rares dans l'ordre phy~ siologico-pathologique. Paris, 1828, in-8. Second mémoire consacré à la Descrip- tion de certains corps particuliers formés dans le canal intestinal de l'homme, corps qui ont présenté des caractères de l'organisation végétale, p. 49. (2) Champion, Recueil des travaux de la Société royale de Nancy, de 1819 à 1823. CORPS VENUS DE L'iNTESTIN PRIS POUR DES VÉGÉTAUX. 681 corps avait une structure semblable à celle du liège : même consistance, même légèreté et spongiosité. Des stries poreuses, brunes, et d'autres non poreuses, plus claires, presque incolores, existaient à la surface de la coupe de ces corps, et convergeaient vers un point central qui occupait à peu près le milieu de chacun d'eux, où elles se confondaient confusément. Les acides agirent sur eux de la même manière que sur le liège, mais ils furent plus vivement attaqués que ce dernier par l'acide nitrique, dans lequel ils furent prompiement dissous. M. Denis s'assura près du malade, dont l'intelligence était parfaitement saine, qu'il n'avait avalé aucun frag- ment de liège. M. Denis refuse de reconnaître à ces Bézoards l'origine indiquée par Berthollet pour les Bézoards orientaux (1). Ce dernier considérait avec raison, je crois, les Bézoards orientaux comme formés par du bois réduit en pâte et en filaments sous les dents des animaux, et concrète dans leur estomac, sans doute à la manière des Egagropiles, dont ils seraient peut-être une variété ligneuse au lieu d'une variété pileuse. A l'occasiondu rapport fait à l'Académie de médecine, par M. Guibourt ('2), M. le professeur Laugier (3) a cité l'opinion de son père, A. Laugier (Z|), sur l'origine des concrétions intestinales ligneuses. Ce dernier a émis l'hypo- thèse qu'elles pourraient peut-être provenir des fibres du bois de réglisse que certains individus ont l'habitude de mâcher, et qui, entraînées par la salive dans l'intestin, se feutreraient par suite des mouvements péristaltiques du tube digestif. L'opinion de Berthollet est surtout appuyée par d'autres faits cités par M. Guibourt. Ce sont ceux de l'amer et Syme, de MM. Claret et Lagillardaie et de M. Delafond (5). Ces auteurs ont décrit en effet des egagropiles chez l'homme et chez les chevaux, concrétions analogues dans les uns et les autres de ces cas ; elles sont formées par le péricarpe des ca- riopses d'avoine qui, étant garnis de poils, s'entrelacent entre eux, puis sont feutrés par les mouvements péristaltiques de l'intestin. Ces concrétions ne sont pas rares chez les hommes et les animaux qui usent du gruau d'avoine, ou de l'avoine même, comme aliment. M. Denis regarde les concrétions qu'il a vues comme étant au contraire (1) Berthollet, Mémoire delà Société d'Arceuil. Paris, 1809, t. II, p. 448. (2) Rapport sur une Observation de concrétions fibreuses intestinales, recueillie par MM. Claret et Lagillardaie; commissaires: MM. Jolly, Delafond, Gui- bourt, rapporteur (Bulletin de l'Académie impér. de médecine, Paris, 1853, t. XVIIÏ, p. 333). (3) Laugier, Bullet. deVAcad. impér. demédec , Paris, 1853, in-8, t. XVIII, p. 338. (4) Laugier, Considérations chimiques sur diverses concrétions du corps humain (Mémoires de l'Acad. royale demédec, Paris, 1828, t. I, in-4, p. 415). (5) Delafond, Bulletin de l'Acad. de médecine, 1853, t. XVIII, p. 336. 682 APPENDICE. une espèce de Cryptogames particuliers aux Mammifères, d'origine aussi inconnue que celle des Helminthes. Quant à leurs caractères botaniques, il les considère comme aussi saillants que ceux de la Truffe. Il trouve dans les caractères extérieurs et les réactions chimiques des marques suffisantes d'or- ganisation végétale pour se croire autorisé à former des Bézoards une famille de végétaux intestinaux, composés de plantes du genre Tuber, dont les espèces seraient le ligniforme, le subériforme, et peut-être le fun- gi forme (p. 60). Discussion des faits précédents . — M. Léveillé (1) repousse avec raison une manière de voir si faiblement appuyée. 11 pense que les corps rendus par la jeune fille peuvent être des morceaux de Champignons coriaces qu'elle n'a pu digérer, et la présence de la cholestérine autour des concrétions reje- tées par le vieillard l'empêche de les considérer comme des plantes ayant végété naturellement dans l'intestin. Les faits de Fourcroy et Vauquelin, qui pensent avoir trouvé des concré- tions intestinales formées par des fragments du Boletus igniarius, faits cités dans l'important rapport de M. Guibourt, viennent appuyer l'opinion de M. Léveillé. En définitive, les caractères observés sur ces corps sont insuffisant spour en faire déterminer la nature. Il est certain, comme le dit M. Denis, que la Truffe, traitée de la même manière par les réactifs chimiques, ne donnerait pas des caractères botaniques plus tranchés. Mais ce n'est pas à l'aide de leurs caractères chimiques que l'on distingue et que l'on classe les Truffes. De plus, il importe de faire ressortir un fait qui, à l'époque où écrivait M. Denis, n'était pas aussi évident qu'aujourd'hui, et qui, cependant, n'est pas encore pris suffisamment en considération. Il est en effet certain, ainsi que je l'ai montré plus haut (page 123), que les corps organisés sont formés, en grande partie de substances organiques, espèces de corps qui, bien qu'offrant des caractères analogues à ceux que présentent les espèces tirées du règne minéral, en possèdent d'autres dont manquent ces derniers. Il^est certain aussi que les êtres organisés ont eux- mêmes des caractères de forme et de volume , de couleur , de consistance ; des réactions chimiques comme tous les corps quelconques ; mais qu'ils ont, de plus, d'autres caractères qu'on ne retrouve pas dans les corps d'origine minérale : d'où les uns sont appelés corps bruts et les autres corps organisés. Ces caractères sont ceux dits d'ordre organique ou de structure. 11 résulte de là que les caractères qui suffisent pour déterminer la nature d'un corps brut sont insuffisants pour faire connaître la nature d'un corps (1) Léveillé, article Mycologie, Dictionnaire universel d'histoire naturelle. Pnris, 1846, gr. in-R, t. VIII, p. 462. ANTHÈRES D'ORCHIDÉES SUR DES INSECTES. 683 organisé. Los caractères de forme , de volume , de consistance , d'élasticité et de solubilité dans les réactifs, elc. , sont indispensables à connaître dans ce cas, comme dans tout autre, mais ils sont insuffisants. Cela est tellement vrai, que dans les observations de M. Denis, comme dans beaucoup d'au- tres circonstances analogues, ces caractères étant connus, on est réduit à faire une hypothèse sur la nature des corps étudiés. En effet, ils montrent bien que les concrétions dont il s'agit n'étaient pas de nature minérale, mais ils ne font pas voir si elles avaient une existence distincte , où si c'étaient des fragments de quelque plante. Il manque, pour la solution de celte question, l'examen des caractères essentiels, ceux de structure ou d'ordre organique. Ceux-ci exigent, pour être connus , l'emploi de moyens en rap- port avec ce qu'ils ont de spécial, moyens différents de ceux qu'on met en usage pour l'étude des caractères d'ordre physique ou chimique. L'étude de la structure de ces corps eût montré si les éléments analomiques qui les composaient étaient des cellules appartenant aux Champignons ou à des plantes phanérogames. D'autre part , la connaissance des caractères d'ordre organique nous fait voir que tout Cryptogame ayant une existence distincte, constituant un individu (et non des fragments d'individus) se compose d'un mycélium, d'un stroma (pédicule, réceptacle, etc.) filamenteux ou parenchymateux ; de plus, d'organes de la reproduction (spores libres ou contenues dans des sporanges). Dans les Tubéracées elles-mêmes, lorsque manque le mycélium, rien n'est plus net que la structure du stroma parenchymateux, rien n'est plus caractéristique que la disposition anatomique des sporanges et des spores. C'est donc à la détermination de ces caractères qu'il eût fallu recou- rir, et ce sont eux que, dans toute circonstance analogue, il faut rechercher pour arriver à des résultats susceptibles d'être utiles ; car, étant négligés, quelque précision qu'on donne à l'examen des autres, on sera toujours forcé d'en venir à faire une hypothèse sur ce que devait nous enseigner l'élude des caractères d'ordre organique ou de structure, savoir : la nature animale ou végétale, cryplogamique ou phanérogamique, etc., du corps étudié. ARTICLE III. Des anthères d'Orchidées qui restent fixées sur la tête de diverses espèces d'Insectes hyménoptères et lépidoptères. Recherches de de Siebold. — Ch. de Siebold a observé (1) sur VEuni- (1) C.-Tu. von Siebold, Pilse auf lebenden Insecten [New Notizen ans dem Gebieteder Natur und Heilkunde, Weimar, 1839, n° 201, in- 4, von Froriep. t. X, p. 33). boa APPENDICE. ccra druriella (Kirby et Spcncc) des corps qu'il considéra comme des Cham- pignons qui étaient placés entre les antennes, sur le milieu du front. La tige était un peu courbée en Las, de sorte que le corps du Champignon pendait au-devant de la bouche de l'Insecte. Sur les Leptura rufipes, Fahr., et L. pubescens, Fabr., il a observé de deux à cinq corps en forme de Cham- pignons, situés sur la même partie de la tète que chez YEunicera. Sur la Zigœna lonkerœ il a trouvé un corps semblable sur la moitié an- térieure de l'œil droit. Ces corps, décrits comme des Champignons par de Siebold, dont il avait donné exactement la description, ont ensuite été reconnus par lui et Schlcchtendahl (1) comme étant des pollens solides d'Orchidées qui s'étaient fixés sur ces Insectes par la base muqueuse (Kle- brige) de leur lige. Recherches de M. Debeauvois. — Les antennes des Abeilles ne sont ja- mais malades; la maladie des fleurs en tête, dit M. Debeauvois, est une apposition d'étamines de certaines plantes sur le front des Abeilles, précisé- ment entre les antennes. Ce sont de tout petits filets terminés en massues de couleurs différentes. Si l'on prend cette petite masse avec une pince, le filet qui tient à la tête s'allonge, puis il revient sur lui-même aussitôt qu'on le lâche. Il n'y a souvent sur la tête de l'Abeille qu'un seul de ces petits corps ; mais quelque- fois il y en a plusieurs. C'est en prenant le miel des Orchidées et des Ophrys que les Abeilles se chargent de leurs étamines, qui tiennent fort peu à la plante, et la mucosité les fixe à leur tête. On trouve des Abeilles chargées de ces couronnes dans les printemps humides et dans les ruches voisines des prairies de mauvaise nature. Ce n'est donc point une maladie ; mais cela indique qu'il y a peu de bonnes plantes fleuries et que la ruche pourrait bien souffrir faute de vivres. Aussi dans les années où l'on observe des fleurs en tête, y a-t-il peu d'es- saims. Ces petits corps tombent spontanément, et l'on voit quelquefois les Abeilles se les ôter elles-mêmes ou se les arracher les unes aux autres avec leurs pattes. Aussitôt qu'ils apparaissent, il faut s'assurer si la ruche a une quantité suffisante de nourriture, et, en cas contraire, y remédier en lui donnant du bon miel délayé dans un peu de vin (2). Mode d'adhérence et structure des anthères d'Ophrys, etc. — J'ai fait re- présenter la disposition que prennent les anthères d'Ophrys adhérentes à (1) Schlechtendahl, Neue Notizen aus dem Gebiete der Natur uni Heilkunde, von Froriep, 1839, n° 20S, iu-4, t. X, p. 106. (2) Debeauvois, Maladie des antennes ou des fleurs en tête {Guide de V agri- culteur, 1851, 3e édition, in-12, p. 92-93). ANTHÈRES D'ORCHIDÉES SUR DES INSECTES. 685 des Insectes, car souvent elles ont l'aspect extérieur de certains Champi- gnons (pi. VIII, fig. 7 à 12). Sur un Bombyce pris vivant, qui m'a été remis par M. Guérin-Méneville, existaient trois masses polliniques adhérentes à l'œil droit (fig. 7 et 8) et deux à l'œil gauche (fig. 7 et 9). Chacune de ces masses est constituée par un pédicule (b) à base aplatie, discoïde, circulaire (a), terminée par un ren- flement simple ou quadruple en forme de massue (c, c). La base circulaire, aplatie (a), à bords minces, est remarquable par sa régularité. Elle est de couleur brune, constituée par une matière molle, élas- tique, amorphe, parsemée de gouttes d'huile. Le pédicule (b) est jaune, flexible, simple ou bifurqué et même quadrifide vers le sommet (fig. 8, b). Il est composé d'une matière amorphe élastique, striée en long. Gà et là des cellules de tissu utriculaire végétal lâche adhèrent à sa surface. Quant au renflement terminal (c), il est en forme de massue, simple ou qua- druple, à petite extrémité continue avec le pédicule, à grosse extrémité libre. A l'œil nu, il paraît régulièrement arrondi, de couleur d'un blanc jaunâtre (fig. 7). Examiné au microscope (fig. 8 et 9), on voit que le renflement résulte de la réunion d'une grande quantité de petites masses polyédriques ou ar- rondies, adhérant ensemble par leur extrémité, serrées en dedans, libres par leur partie extérieure, ce qui donne un aspect élégamment granuleux ou lobule au renflement. Chacun de ces grains ou lobules, examiné au mi- croscope, peut être reconnu comme constitué par un amas prismatique solide de grains de pollen appartenant à des plantes du genre Ophrys. Des filaments muqueux, élastiques, striés en long, unissent ensemble ces amas prismatiques et les rattachent au prolongement visqueux du caudicule, qui forme une sorte d'axe à la masse pollinique. C'est par leur extrémité la plus étroite, qui est tournée en dedans, que sont adhérentes ces masses polliniques. Chaque grain de pollen est polyédrique par suite de leur pression réciproque. Entre les amas prismatiques unis ensemble existent des grains de pollen ovoïdes, apparlenant probablement à des Synanlhérées. Le renflement terminal granulé (c) est la masse pollinique qui remplissait la loge de l'anthère. Elle est simple, ou double, ou quadruple, suivant qu'il s'agit d'espèces d'Orchidées, chez lesquelles chaque loge de l'anthère est sub- divisée ou non en deux ou quatre logettes par des cloisons. Le support (b) est la partie de la masse pollinique qu'on appelle caudicule, et la base circulaire (a) en est le petit corps terminal inférieur, qu'on appelle le rétinacle ; celui-ci remplit dans la plante une petite poche, appelée bursicule , placée au-des- sous de l'anthère. Ce rétinacle est visqueux, mou et élastique à l'étal frais, d'où sa facile adhésion aux corps qui le touchent, quand l'animal, plongeant (38(3 APPENDICE. sa tète dans la corolle, fait sortir la masse polliniquc des anthères mûres; d'où vient encore qu'il se moule etse déforme au contact des corps qui le tou- chent. C'est à tort que le rétinacle est considéré par quelques auteurs comme un corpsglandulcux.il est homogène et visqueux, sans structure utriculairc analogue à celle des glandes végétales ; c'est donc plutôt un produit de sécré- tion gommeux des parois de la hursicule qu'un corps glandulaire. M. Guérin-Ménevillem'a remis également deux Hyménoptères portant des masses polliniques analogues attachées chez tous deux au chaperon, un peu au-dessous de l'insertion des antennes. Chez l'un de ces Insectes il y avait trois masses (fig. 10 et fig. 11). L'une était simple, placée à côté du chaperon ; l'autre, douhle, placée tout à fait au milieu, et la troisième, quadruple, insérée à côté et au-dessus de la deuxième. Les masses polliniques étaient plus foncées que dans le cas du Bombyce; le caudicule était plus court et le rétinacle représenté seulement par un petit élargissement de ce dernier sans forme spéciale. Du reste, même structure que celledes masses adhérentes aux yeux du Papiilon nommé plus haut. Sur un autre Hyménoptère existaient aussi trois masses polliniques, l'une double et deux simples. Mêmes carac- tères, du reste, que dans le premier cas ; si ce n'est que le rétinacle était plus mou et visqueux, et semblait avoir été tout à fait demi-fluide au mo- ment de l'adhésion des masses du pollen, car il s'était étalé en couche irrégu- lière d'un brun rouge sur les côtés du chaperon ou épistome et des mandi- bules (fig. 12, a). ARTICLE IV. Des poussières du corps de quelques Insectes prises pour des végétaux croissant sur ces animaux. « Tous les entomologistes, disent MM. Folliu et Laboulbène (1), ont de- puis longtemps été frappés de l'aspect singulier que présentent les élytres et même toute la surface du corps des coléoptères du genre Lixus. Ces In- sectes, en effet, sont entièrement recouverts d'une substance pulvérulente à l'œil nu, blanche, jaune ou rougeâtre, selon les espèces ; mais ce qui donne à cette substance un cachet particulier qui la rattache aux productionsdouées de vitalité, c'est qu'elle jouit de la faculté de se reproduire quand elle a été enlevée. Vient-on à frotter la surface de l'élytre qu'elle recouvre chez un animal vivant, elle ne tarde pas à reparaître de nouveau, d'abord sous forme d'un léger nuage blanchâtre, puis peu à peu la couche augmente et offre l'aspect que nous lui connaissons. Le temps que met l'Insecte à réparer cette substance est ordinairement court. (1) Follin et Laboulbène, loc. cit. {Annales de la Sociélé enlomologique de France, 2e série, t. "VI, 3» trimestre de 1848, p. 301). POUSSIÈRE DU COUPS DES INSECTES. 687 » Nous répondrons lout de suite aux observateurs qui croiraient à l'exi- stence d'une poussière extérieure ou du pollen des plantes, que l'animal placé dans une boîte bien propre et bien close se recouvre également de sa ma- tière pulvérulente, et d'ailleurs cette matière ne ressemble en rien aux cor- puscules si caractéristiques du pollen. » D'autres Insectes que ceux du genre Lixus, des Coléoptères indigènes ou exotiques de la famille des Mélasomes, VAphodius erraticus, etc., pré- sentent aussi un état pulvérulent ou une matière filamenteuse à la surface de leurs corps, mais à un degré plus faible et clans de certaines circonstances. Teut-êlre est-ce pour plusieurs l'état normal? Nous chercherons à le véri- fier plus tard. » M. Doué possède depuis peu dans sa riche collection un Buprestis (Eu- chroma, Serv.) gigantea de Cayenne, entièrement chargé d'une poussière jaune, abondante, surtout à la face supérieure du corps, moins développée à sa face inférieure. Le voyageur qui a rapporté cet Insecte assure que tous les Buprestes de celte espèce, si riche en couleurs et toujours si nette et si brillante dans nos collections, sont à l'état frais pulvérulents et jaunâtres comme celui que M. Doiié a eu l'obligeance de nous communiquer. Ils de- vraient ainsi leur éclat à un procédé purement artificiel , car en frottant même très légèrement l'Insecte, on enlève cette poussière jaunâtre, et les couleurs du corps apparaissent dans toute leur beauté. Enfin, certains cocons de Lépidoptères nocturnes (Bombyx Neustria, castrensis, etc.) sont tou- jours normalement saupoudrés d'une substance pulvérulente fine et jau- nâtre ayant l'aspect de la poussière de lycopode. » Nous avons soumis à l'examen microscopique la matière jaunâtre prise sur les élytres du Lixus angustatus venant de différents points de la France méridionale, ainsi que la poussière jaune qui revêt celles du Bu- prestis gigantea dont il a été question. Il est impossible d'y méconnaître la présence d'un Cryptogame. » Nous y avons constaté : » 1° Des corpuscules de forme généralement ronde, quelques uns allongés^ formant de petits parallélogrammes. Leurs bords sont bien marqués, ont leur centre clair, non granuleux. Ces corpuscules sont tantôt isolés les uns des autres , tantôt réunis seulement par une fine poussière sans structure déterminée ; d'autres enfin, unis bout à bout, composent des fila- ments. » 2° Des filaments qui, dans la plupart des cas, nous ont paru formés de sporules unies entre elles. Ces filaments sont simples ou ramifiés, droits ou courbés légèrement sur eux-mêmes; quelques uns nous ont paru flexueux. Tantôt leurs bords sont droits, tantôt on y distingue manifestement des 688 APPENDICE. dépressions qui indiquent en ces différents endroits des rétrécissements. L'intérieur de ces tubes est d'ordinaire séparé par des cloisons dues au contact réciproque des parois des sporules. Dans certains bâtonnets il est moins facile d'apercevoir distinctement ces divisions en cloisons, on n'en dislingue bien que les traces. » En résumé, nous croyons avoir démontré jusqu'ici deux faits impor- tants : » 1° Qu'il existe à la surface du corps de certains Insectes à l'état normal une matière pulvérulente qui appartient à la classe des Champignons, qui se développe comme eux , mais cesse de se reproduire après la mort de l'animal ; » 2° Que cette substance diffère par l'aspect extérieur, par son influence sur l'Insecte et sa structure microscopique, des Cryptogames parasites qui amènent chez les Insectes la maladie et la mort. » La poussière des cocons du Bombyx Neustria et celle qui recouvre les chrysalides des Noctua nupta et sponsa nous ont paru aussi constituées par des sporules et des filaments. » La production cryptogamique qui forme la poussière jaune des cocons du Bombyx neustria présente : » l°Des corpuscules semblables à ceux des Lixus et du Buprestis gi- gantea; n 2° Des filaments d'une forme rectangulaire , plus larges que ceux des Lixus, à peine aussi longs, non cloisonnés dans leur intérieur. Ces filaments ont une grande tendance à s'accoler les uns aux autres, et leur réunion offre l'aspect d'une pile de bois à brûler. » Les Cryptogames des Noctua nupta et sponsa ont une couleur d'un blanc bleuâtre sur la chrysalide qu'ils revêtent. Ce caractère de coloration les distingue à l'œil nu de la poussière jaune des autres espèces déjà examinées : » 1° Mêmes corpuscules; » 2° Les filaments chez la Noctua nupta sont très allongés, étroits, légè- rement renflés à leur extrémité, généralement un peu courbés. Nous ne les avons pas vus cloisonnés. » Ceux de la Noctua sponsa ne diffèrent des précédents que par une éten- due moindre dans leur longueur. Ils sont couchés comme eux. » Ces nouveaux faits, et d'autres que nous n'avons pas encore assez sou- vent constatés pour les affirmer, par exemple la structure peut-être cryptogamique de la substance lanugineuse de divers Hémiptères, ne prou- vent ils pas que les dernières productions du règne végétal vivent norma- lement en parasites sur des animaux placés assez bas dans la série zoolo- gique ? » POUSSIÈRE DU CORPS DES INSECTES. 689 Depuis lors, M. Ch. Coquercl (i) a montré que les corps décrits par les auteurs que je viens de citer sont des produits spéciaux de sécrétion, dont on doit ainsi la première description exacte à MM. Follin et Laboulbene, travail dont l'interprétation seule doil être changée. Je reproduis ici la note de M. Ch. Goquerel. « MM. A. Laboulbene et Follin, dit M. Coquerel, ont présenté dernière- ment à la Société un travail sur la matière pulvérulente qui couvre le corps des Coléoptères du genre Lixus (2). Us ont soumis celte substance à l'exa- men microscopique, et ont cru reconnaître qu'elle était formée de Cryptogames analogues à ceux que l'on trouve dans les favus de la Teigne. La poussière qui recouvre le corps de YEuchroma gigantea de Cayenne , et certaines chrysalides de Noctuelles, leur a paru être de même nature. » Nous avons repris les expériences de ces observateurs, et nous avons retrouvé celte singulière subslance non seulement dans les différentes espèces de Lixus et de Larinus, mais encore chez plusieurs Buprestides (Steraspis squamosa, Psiloptera attenuata, Chalcophora mariana, Lam- petis bioculata), et chez quelques Céionides (Oxythyreastictica, 0. Petitii, 0. amabilis, Gametis versicolor, etc.). Chez tous ces Insectes cette matière se compose de filaments ou bâtonnets entremêlés, presque droits chez les Buprestides, plus ou moins contournés chez les Cétoines, et réunis par une substance d'aspect résineux. » Nous n'avons rien à ajoutera l'excellente description que MM. A. Laboul- bene et Follin ont faite de cette matière, mais nous ne. pouvons pas partager leur opinion sur sa nature. » La matière pulvérulente qui recouvre le corps des Lixus et de quelques autres Coléoptères n'est pas une réunion de Cryptogames. » 1° Ce serait le seul cas connu d'un Champignon normal existant toujours sur l'Insecte, le recouvrant souvent entièrement, et comme nécessaire à son existence. Les Cryptogames qui se développent sur le corps des Insectes finissent toujours par déterminer leur mort quand ils ont pris une certaine extension (Muscardine). » 2° La disposilion de cette matière chez des Cétoines, sur les élytres des- quelles elle forme des dessins parfaitement réguliers (Oxythijrea stictka, 0. amabilis), éloigne l'idée de la possibilité d'un Champignon. «3° Celte matière se reproduit plusieurs fois chez l'Insecte vivant, lors* (1) Ch. Coquerkl, Note sur la prétendue poussière cryptogamique qui re- couvre le corps de certains insectes [Annales de la Société enlomol, de France, Paris, 1850, in-8, 2e série, t. VIII, p. 13). (2) Annales de la Société entomologique de France, 1848, p.- 301. A4 690 APPENDICE. qu'on l'a enlevée, cl non chez l'Insecte mort, l'organe qui la sécrète ne fonctionnant plus. » h" Les filaments qui la composent, et qui ont une certaine analogie avec quelques mycélium de Cryptogames, ne sont cependant jamais articulés et ne présentent pas de spores. Or, l'existence de ce dernier corps est indis- pensable pour pouvoir décider qu'on a affaire à un Cryptogame. Les cor- puscules que MM. A. Laboulbène et Follin ont pris pour des spores ne sont que des fragments isolés de filaments. » 5U La matière pulvérulente des Lixus n'offre pas les changements si remarquables que l'on observe dans les véritables Cryptogames. Elle ne porte pas de fructifications, et nous venons d'observer tout récemment, sur un Lixus vivant, qu'elle présente le même aspect que sur les Insectes qui sont depuis dix ans dans notre collection. » Ajoutons que nous avons fait voir nous-mêmes celle matière, dans diffé- rents Insectes, à M. le docteur Montagne, dont l'autorité est si grande quand il s'agit de végétaux inférieurs, et que ce savant naturaliste nous a déclaré qu'il croyait pouvoir affirmer que ces corps n'avaient aucun rapport aiec de véritables Champignons: M. le docteur Robin, qui a publié un travail si intéressant sur les végétaux qui croissent habituellement sur l'homme et les animaux, et qui par conséquent pouvait mieux que personne donner son opinion sur la question, a été du môme avis. » Si ce n'est pas an Champignon, quelle est donc la nature de cette sub- stance singulière? Nous pensons que c'est un produit de sécrétion; mais, pour décider la question, il faudrait l'observer chez des Coléoptères au mo- ment de leur transformation de larve en nymphe. Il est probable que c'est à cette époque qu'elle se produit, et la mollesse desélytres des Insectes à ce moment de leur existence permettrait probablement de retrouver les organes qui sécrètent celte matière. De plus, il serait important de la soumettre à l'action des réactifs ; nous avons expéiimenlé, avec le concours de M. Robin, l'action de l'alcool concentré: il la pâlit et finirait peut-être par la dissoudre, tandis que l'alcool n'a aucune action sur les Cryptogames. » Nous appelons l'attention des observateurs sur IVlude curieuse de celle matière, dont l'existence était d'ailleurs complètement inconnue avant le travail intéressant de MM. A. Laboulbène et Follin. » Les observations que j'ai faites m'ont conduit aux mêmes conclusions que M. Coquerel. M. Laboulbène (1) a, peu de temps après, apporté quelques (I) Al. Laboclbène, Réponse à la note de M. Ch. Coquerel sur la prétendue poussière c? y ptogainique qui recouvre le corps de certains Insectes {Annales de la Société entomologique de France, séance du 26 septembre 1842, Paris, 1850, 2e série, t. VIII, p. 17). POUSSIÈRE DU CORPS DES INSECTES. 691 arguments en faveur de la première détermination donnée par lui et par j\l. Follin; mais depuis lors il a reconnu l'exactitude de celle de M. Ch. Co- querel. Quant à celte sécrétion de matières cireuses ou lésinoïdes sous forme de filaments ou de corpuscules ovoïdes et arrondis, comme le sont certaines spores, et présentant souvent des dispositions fort curieuses, on ne pourrait la nier, malgré l'absence de glandes chargées de les verser au de- hors. J'ai en effet montré ailleurs (1) que tous les tissus jouissent de la pro- priété de sécrétion, comme de celle di absorption, et que ce ne sont pas uni- quement les tissus des glandes qui peuvent sécréter: seulement ces derniers fournissent toujours des produits ayant quelques propriétés spéciales, con- tenant quelques principes particuliers que ne renferment pas 1cs liquides que peuvent verser à certaines époques ou dans certaines conditions acci- dentelles les tissus quelconques. ftl. de lîomand a fait présenter à la Société entomologique de France le dessin d'une Chrysantheda mâle, portant entre les yeux un appendice jau- nâtre dépassant le bas de la bouche de l'Insecte, et qu'il croyait être une espèce de Cryptogame (2). Cet Insecte a été recueilli à Caracas par M. Salle. M. de Romand a reconnu depuis (3) que cet appendice est une pièce natu- relle au mâle, s'articulant dans la cavité d'un pédicule corné fixé au milieu du front, un peu au-dessus des antennes. Cette pièce se détache facilement, et c'est sans doute le motif pour lequel les Chrysantheda mâles des collec- tions d'Europe arrivent ordinairement sans cet appendice. On ne retrouve plus alors que son pédicule corné, et au sommet de celui ci la cavité articu- laire qui reçoit l'appendice. Celte cavité et l'appendice manquent sur les fe- melles. Après avoir étudié les végétaux parasites qui croissent sur l'homme et sur les animaux vivants, je viens de terminer cet ouvrage par l'examen de différentes espèces de corps qui ne sont pas de nature végétale, ou qui ne sont que des fragments de plantes, et ont été pris pour des espèces distinctes de Cryptogames se développant sur des animaux. En dehors des faits particuliers que celte étude fait connaître, elle est la source d'un enseignement plus général et plus utile. Elle montre que dans tous les cas que je viens de passer en revue, c'est toujours pour n'avoir tenu compte que des caractères extérieurs ou d'ordre physique, ou encore (1) Ch. Robin, Tableaux cTanalomie, Paris, 1850. in-4, avertissement. (2) De Romand, Annales de la Société entomologique de France, Paiis, 1848, 2e série, t. VI: Bulletin entomologique, p. lxxxvi. (3) De Romaxd, Annales delà Société entomologique de France, Paris, 1818, 2e série, t. Vil: Bulletin entomologique, p. xxxvu, pi. VII, n° 1, fig. A, B, C, i, 2, 3. 692 APPENDICE. d'une manière trop exclusive des caractères d'ordre chimique on décûmpo- sanls, que des interprétations fautives ont été avancées. Mais elles oui éléévi- lées ou corrigées dès qu'à ces caractères on est venu joindre l'examen de ceux de structure ou d'ordre organique, dès qu'on en est venu à la compa- raison en ire eux des éléments anatomiques consiituant ces Êtres. La sub- stance organisée et les corps qu'elle constitue ont en effet des caractères qui ne sont ni mécaniques, ni physiques, ni chimiques, des caractères n'appartenant qu'à eux, caractères d'ordre organique. Il faut les connaître et les avoir constatés pour donner une détermination des espèces animales ou végétales qui soit empreinte de certitude. Cet ordre de faits manque dans les corps bruts; aussi la détermination de leurs espèces est plus facile, parce qu'elle peut être faite avec exactitude, sans qu'on soit obligé de re- courir à l'examen d'un autre ordre de caractères que ceux d'ordres mé- canique, physique et chimique. TABLE DES MATIERES. Préface. Prolésosnèucs. ARTICLE Ier i Section première. Détermination de ce qu'il faut entendre par biologie abstraite et par biologie concrète 3 Section deuxième. Distinction entre la notion d'activité et celle de vie ou vitalité 13 ARTICLE IL Notions sur les diverses branches de biologie abstraite qui sont nécessaires à l'étude des questions d'histoire naturelle 25 Section première. Notions relatives à l'anatomie en général 25 Section deuxième. Notions générales relatives à la biotaxie 42 Section troisième. Notions générales relatives à la science, ou théorie des milieux 42 Section quatrième. Notions générales relatives à la physiologie 54 Du mode d'activité des éléments anatomiques ou classiQcation de leurs propriétés, ou attributs dynamiques 61 I. Nutrition 63 IL Développement 70 De la fin ou terminaison des éléments anatomiques 79 III. Reproduction, génération ou naissance 81 ARTICLE III. Examen particulier des notions dont traite l'article qui pré- cède daus leurs applications aux végétaux 112 Section première. Examen anatomique des éléments organiques des végé- taux 112 I. Principes immédiats 114 II. Éléments anatomiques 123 A . De la substance organisée végétale 123 Espèces de substances amorphes contenues dans les plantes 1 29 li. Éléments anatomiques végétaux 1 35 Class fieation des éléments anatomiques v-gétaux 143 Description des types 152 Premier Ujjie Cellules proprement dites 152 Tableau synoptique des matières contenues dans les cellules végétales 172 Deuxième type. Cellules filamenteuses 17" 694 TABLE DICS MATIÈRES. Troisième type. Cellules fibreuses 179 Quatrième type. Cellules vasculaires 182 Section deuxième. Examen des propriétés physiologiques des éléments anatomiques des végétaux 190 I. Nutrition 190 II. Naissance 191 Tableau synoptique des phénomènes de la naissance et du dévelop- pement des éléments anatomiques végétaux et animaux 20 1 A. Naissance dans l'ovule 201 B. Naissance des éléments anatomiques dans le végétal déjà formé. 212 III. Développement 229 A. Développement des éléments anatomiques de l'embryon végé- tal 229 B. Développement et terminaison ou fin des éléments anatomi- ques dans le. végétal déjà formé 234 Remarques critiques sur la naissance et le développement des éléments anatomiques des végétaux 241 Remarques sur le rôle rempli par le noyau dans la génération des éléments anatomiques 247 Histoire naturelle des végétaux qui croissent sur l'homme et sur les animaux vivants. DESCRIPTION GÉNÉRALE DES ESPÈCES. I. Partie taxonomique 253 II. Partie anatomique 257 Algues 258 Champignons 259 III. Partie de l'étude des milieux 266 IV. Partie physiologique 277 V. Action exercée par le végétal sur l'animal 278 VI. Partie historique 288 DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES ESPÈCES DE VÉGÉTAUX PARASITES. I. ALGUES. AZGM. Classe des Isocarpées. Isocarpeœ, Kûtzing 291 Sous-classe I. Diatomées. Dialomece, K. Mont 291 Tribu ou sous-classe des Psorospermées. Psorospermeœ, Ch. R. . . . 291 Genre Psorospermie. Psorospermia, Ch. R 292 Espèce 1. Psorospermie du Brochet, J. M 292 — 2. Ps. du Synodontis Schal. , J. M 295 — 3. Ps. du Sandre [Lucioperca Sandra), J. M 295 — 4. Ps. de la Rosse (Cyprinus rutilus), J. M 299 TABLE DES MATIÈRES. 695 Espèce 5. Ps. du Labeo riiloHcus, J. M 299 — 6. Ps. du l'imeladus Itlochii, 3 M 299 — 7. Ps. du l'imelodus Sebœ et du Piaiystoma fascialum, J. M 300 — S. Ps. du Caioslomus luberculalus, J. M 30 1 — 9. Ps. du Gadus callaria*, J. M. el IWzius 309 — 10. Ps. de VAcerina vulgaris ou Gremillë, Crcplin 312 — J I . Ps. du Sciœna umbra, Cuvier, Ch. R 314 Sous classe It. Malacophycérs. Malacophyceœ, Kulzing 322 Tribu des Gymnospermées. Gymnospcrmeœ, Kulzing 322 Ordre I. Érémospermées. Eremospermez, Kiitzing 322 Sous-ordre I. Mycophycées. Mycophyceœ, Kutzing 322 Famille des Cryptococcées. Cryplococceœ, Kutzing 322 Genre Cryplococcus, Kutzing 322 Espèce 1 2. Cryptococcus cerevisiœ, Kutzing 322 — i 3. Cr. gultulatus, Ch. R 327 Tribu des Palmellées. Palmelleœ, Decaisne 331 Genre Merismopœdia, Meyen 331 Espèce 14. Merismopœdia venlricuii, Ch. R 331 Famille dos Leptothrieées. Leptolhriceœ, Kutzing 314 Genre Leptothrix, Kutzing 345 Espèce 15. Leplo'hrix buccalis, Ch. R 315 — 16. L inseclorum, Ch. R 355 Leptothrix ? douteux 356 Genre Cladopliylum, Leidy 358 Espèce 17. Cladophytum comatum. Leidy 359 Genre Arthromilm, Leidy 358 Espèce 18. Ârthromitvs crislalus, Leidy. 359 — 19. A. nitidus, Leidy . -. 360 Tribu des Leptomitées. Leptomileœ, Agardh et Kutzing 360 Genre Leptomilus, Agardh 360 Espèce 20. Leptomilus urophïlus, Mont 361 — 21. Leptomilus? de Hannover, Ch. R 362 — 22. Leptomilus ? de l'épidémie 363 — 23. Leptomilus ? de l'utérus 366 — 24. Leptomilus? du mucus utérin 367 — 25. Leptomilus ? de l'œil 369 Genre Mouliniea, Ch. R 37 1 Espèce 26. Mouliniea Chrysomelœ, Ch. R 371 — 27. M. Cetoniœ, Ch. R 371 — 28. M. Gyrini, Ch. R 371 Tribu des Saprolégniées. Saprolegnieœ, Kutz 372 Genre Saprolegnia, Nées ab Esenbeck, Kiitzing 372 Espèce 29. Saprolegnia ferax, Kiitzing 372 Trichotrauma, E, Germain de Saint-Pierre 390 60fi TABLE DES MATIÈRES. T. dcrmalc, E Germain de Saint-Pierre 390 Conferve du Poisson doré, Bcunett 392 Aiguc de rÉpinoche, Maniais 303 Algue de lu Vésicule au long col des Limaces, Lebcrt 30 i Genre Enterobryus, Lcidy 3U5 Espèce 30. Enterobryus elegans, Lcidy 393 — '61. E. spiralis, Lcidy 397 — 32. E. atlenuatus, Leidy 397 — 33. E. Mi terrestris, Ch. Il 398 Genre Eccrina, Leidy 402 Espèce 3i. Eccrina Ion g a, Leidy 402 — 35. E. monitiformia, Leidy 403 Sous-ordre III Tiloblastées. Tiloblasleœ, Kutzing 404 Famille des Oscillariées. Oscillarieœ, Kiltzing 40 i Genre Oscillaria, Bory 404 Espèce 36. Oscillaire? de l'intestin, Farre 404 Famille des Zygnémacées. Zygnemacece, Kutzing 405 Genre Zygnema, Agardh 405 Espèce 37. Zygnema crucîatum, Agardh 405 Ordre II. Cryptospermées. Cryptospermeœ, Kutzing 407 Famille des Chétophorées. Chœlophoreœ, Kutzing 407 Genre ChœlopJiora, Schranck 407 Espèce 38. Chœlophora (Tremella) meteorica, Ehrenberg 407 II. CHAMPIGNONS. FUNGl. Division 1. Aiiturosforés, Léveillé. Arihrosporei 408 Tribu des Torulacés, Léveillé. Torulacei, 408 Genre Trichophylon, Malmslen. 408 Espèce 39. Trichophylon tonsurans, Malmslen 409 — 40. T. spondoides ? Ch. R 424 — 41. T. idcerum? Ch. R." 425 Genre Microsporon, Gruby 426 Espèce 42. Microsporon Audouini, Gruby 426 — 43. M. mentagrophytes, Ch. R 430 — 4*. M. furjur, Ch. R 436 Genre Sporendonema, Desmazière 439 Espèce 43. Sporendonema muscœ, Fries 439 Tribu des Oïdées, Léveillé, Oidiei 440 Genre Achorion, Liuk et Remak 440 Espèce 46. Achorion Schœnleinii, Remak 441 Genre Oidium, Link 488 Espèce 47. Oidium albicans, Ch. R 488 — 48. Champignon du poumon, Bennett SI 3 — 49. Champignon dans l'écoulement nasal de la morve. . r 514 TABLÉ DES MATIÈRES] 097 Tribu des Asptergillés, Léveillé. Aspergillei 515 Genre Aspcrgillus, Micheli 515 Espèce 50. Asperyilliïs candidus, Micheli 516 — 31. A. giaucus, Frics 516 — 52. A . nigrescens, Cli. R 518 — 53. A. du Strix nyclea, J. Millier et Retzius 528 — 54. Moisissure des poumons du Geai, Mayer 530 — 55. Aspergilli species ? 531 — 56. Aspergilli species? Mayer 538 — 57. Aspergilli species ? Pacini 538 Division II. Trichosporés, Léveillé. Trichosporci 543 Tribu des Oxycladés, Léveillé. Oxycladei 543 Genre Daclylium, Nces 543 Espèce 53. Dactylium oogenum, Montagne 543 Genre Botrylis, Micheli 560 Espèce 59. Botrytis Bassiana (Balsamo), Montagne in litlerâ. . . . 560 Tribu des Sporotrichés, Léveillé. Sporolrichei 604 Genre Sporolrichum, Link 604 Espèce 60. Sporolrichum [Nematogonum) brunneum, Schenk. . . 604 Tribu des Isariés. Isariei, Léveillé 606 Genre Isaria, Hill 606 Espèce 6 1 . Isaria eleuleratorum, Nces 607 — 62. /. floccosa, Fries 607 — 03. /. ttrigosa, Fries 607 — 6 4./. arachnopkila, Dittmar 607 — 65. /. leprosa, Fries 608 — 66. /. tarlarica. Wallroth 608 — 67. /. crassa, Persoon 608 — 68. /. sphecophila, Dittmar 609 — 69. /. exoleta, Fries 609 — 70. I. aranearum, Schweiniz 609 — 71./. spiiyngum, Schweiniz 610 — 72. /. giganlea, Montagne 610 Division III. Cystopoués, Léveillé. Cystoporei 610 Tribu des Columellés, Léveillé. Columellati 611 Section des Ascophorés, Léveillé. Ascophorei 611 Genre Mucor, Micheli 611 Espèce 73. Mucor mucedo, L 611 Division IV. Clinosporés, Léveillé. Clinosporei 612 Tribu des Coniopsidés, Léveillé. Cotiiopsidei 612 Section des Phragmidiés, Léveillé. Phragmidiei 613 Genre Puccinia, Micheli, Persoon, Link 613 Espèce 74. Puccinia favï, Ardsten 613 Sous-division des Endoclines, Léveillé. Endoclinei 620 698 TAULE JJES MATIÈRES. Section des Sphéronémés, Lévcillé. Spheronemei 622 Genre Laboulbenia, Ch. R. et Montagne G22 Espèce 75. Laboulbenia liongelii, Ch. et Mont 622 — 76. L. Guerinii, Ch. R 624 Description du Gyreles sericeus, Laboulbène et Ch. R 624 Tribu des Sarcopsidés, Léveillé. Sarcopsidci 637 Genre Slilbum, Tode , 639 Espèce 77. Slilbum Buquetii, Mont, et Ch. R 640 Division V. Thécasporés. Thecasporei 6i4 Tribu des Spnériâcés, Léveillé. Sphœriacei 645 Genre Sphœria, Haller 645 Section Cordyceps, Fries 645 Espèce 78. Sphœria militaris, Ehrenberg 647 — 79. S. sphœrocephala, Kl 647 — 80. S. entomorhiza , Dickson 647 — 81. S. sobolifera, Hili 6'.8 — 82. S. sinensis, Berkeley 6 48 — 83. S. Roberlsii, Hookcr 648 — 84. S. Taylori, Berkeley 649 — 85. S. Gunnii, Berkeley 650 Genre Kentrosporium, Wallroth 671 Espèce 86. Kenlrosporium mievocephalum, Wallr 671 — 87. K. mitratum, Walli 673 APPENDICE. De différentes espèces de corps ou de matières prises pour des végétaux croissant sur des animaux vivants et qui n'en sont pas. . 676 Artici e Ier. Corps particuliers qu'on trouve dans les déjections des ma- lades atteints du choléra 676 Article II. Corps analogues à des Bézoards, rejetés par l'intestin, pris pour des végétaux, mais qui n'en sont pas 680 Article III. Des anihères d'Orchidées qui restent fixées sur la tête de diverses espèces d'Insectes hyménoptères et lépidoptères 683 Article IV. Des poussières du corps de quelques lusectes prises pour des végétaux croissant sur ces animaux 686 TABLE PAR ORDRE DE DISTRIBUTION DES PLANTES sur l'homme et sur les animaux. I. — L'Homme et les Mammifères. A. La peau, pour les : y Trichopltyton tonsurans, Malmsteu (cuir chevelu) 409 T. sporuloides ? Ch. R 424 T. ulcerum ? Ch. R. ( peau ulcérée ) 425 ,- Microsporon Audouini, Gruby ( follicules pileux ) 426 M. mentagrophyles, Ch. R. (racine des poils) 430 M. furfur, Ch. R. ( peau) 436 Mucormucedo, Liuné 611 r Âchorion Schœnleinii , Remak (cuir chevelu et follicules pileux)... 441 Aspergilli species ? Pacini et Mayer ( conduit auditif) 337 ^ Puccinia favi, Ardsten 613 B. Les muqueuses, pour les : Cryptococcus cerevisiœ , Kutzing ( intestin ) 327 Cr. gutlulatus , Ch. R. (Lapin ) 327 Merismopœdia vcntriculi , Ch. R 331 Leptolhrix luccalis , Ch. R. (Sarcina) 345 Oscillaire? de l'intestin , Farre 404 Leptomitus urophilus , Mont. ( vessie) 361 Leptornitus ? de Hannover, Ch. R. ( pharynx et œsophage) 362 Leptomitus ? de l'épidernae 363 Leptomitust de l'utérus 366 Leptomitus ? du mucus utérin 367 Leptornitus ? de l'œil 371 Oidium albicans , Ch. R. ( Muguet) 488 Champignon du poumon , Bennett 513 Champignon dans l'écoulement nasal de la morve 514 700 TAULE DE DISTRIBUTION DUS PLANTES. n. — Lks Oiseaux. A. L'appareil respiratoire, pour les : Aspergillus candidus, Mieheli (sacs aériens et poumons) 516 A. glaucus, Fries. Id 516 .1 . nigrescens , Ch. R. Id 518 A. du Slrix nyctea, J. Millier et Rctzius. Id 528 Moisissure des poumons du Geai , Mayer. Id 530 B. Les œufs, pour les : Dactylium oogenum , Montagne 543 Sporotrichum (Nematogonum) brunneum, Sehenk 604 IU. — Reptiles. A. Les œufs. Mycélium d'espèce indéterminée. PI. IV, fig. 9, et explication des planches, Atlas, p. 10. IV t — Batkaciens. A. La peau. Saprolegnia ferax, Kutzing 382 V. — Les Poissons. A. La peau, pour les : Zygnema cruciatum , Agardh 405 Chœlophora ( Tremella) meteorica, Ehrenberg 407 Saprolegnia ferax , Kutzing 385 Trichotrauma dermale , E. Germain de Saint-Pierre 390 Conferve du Poisson doré , Bennett 392 Algue de l'Épiuoche , Manicus 393 li. Les braucuies et le tissu cellulaire , pour les : Psorospermie du Brochet , J. M 292 Ps. du Synodontis Sehal., J. M 295 Ps. du Sandre ( Lucioperca Sandra), J. M 295 Ps. de la Rosse ( Cyprinus rulilus), J. M 299 Ps. du Labeo nilotieus , J. M 299 Ps. du Pimelodus Blochii, J. M 299 Ps. du Pimelodus Sebœ et du Platysloma fasciatum , J. M 300 Ps. du Catostomus tuberculatus , J. M 301 Ps. du Gadus callarias, J. M 309 Ps. de VAcerina vulgaris ou Gremille , Creplin 312 Ps. du Sciœna umbra, Ch. R 314 C. Les œufs. Saprolegnia ferax , Kutzing 386 TABLE DE DISTRIBUTION DES PLANTES. 701 VI. — Les Insf.ctes. A. Surles élytres ou au niveau désarticulations. Bolrytis Bassiana, Bals. , Mont 572 Laboulbenia Rougetii , Ch. R. et Mont 622 L. Guerinii , Ch. R 621 Stilbum Buquetii , M. et Ch. R 640 B. Sur les chenilles et les chrysalides dans les tissus. Bôtrylis Bassiana , Bals . , Mont 560 Genre Sphœria , Haller 645 Section Cordyceps , Fries 645 Sphœria militaris , Ehrenberg 647 S. sphœrocephala , Kl 647 S. entomorhiza , Dickson 647 S. sobolifera , Hill 648 S. sinensis , Berkeley 648 S. Bobertsii , Hooker 648 S. Taylori , Berkeley 649 S. Gunnii , Berkeley 650 Kentrosporium microcephalum , Wallr 671 K. milratum , Wallr 673 Isaria eleuteratorum , Nées 607 /. floccosa , Fries 607 /. strigosa, Fries 607 /. arachnophila , Dittmar ■ 608 /. leprosa , Fries 608 1. tartarica, Wallroth 608 /. crassa , Persoon , 608 /. sphecophila , Dittmar 609 1. exoleta , Fries 609 /. aranearum , Schweinitz , 609 /. sphyngum , Schweinitz 610 /. gigantea , Montagne 610 C. Dans l'intestiu. Mouliniea chnjsomelœ , Ch. R , , , 371 M. cetoniœ , Ch. R 37 1 M. gyrini, Ch. R 37 1 f.eptolhriœ inseclorum , Ch. R. . » 355 702 TABLE DE DISTRIBUTION DES PLANTES. Genre Eccrina , Lcidy 403 E. lunga, Leidy 403 E. moniliformia 403 Cladophytum comalum , Leidy 358 Arlhromitus cristatus, Leidy 359 A. nitidus, Leidy 360 VII. — Les Myiuapodes. A. Dans l'intestin. Enterobryus e'egans , Leidy 395 E. spiralis , Leidy 397 E. attenuatus , Leidy 397 E. Mi lerrestris, Ch. R 398 VIII. — Les Mollusques. A. Vésicule à long col des Limaces (Algue indéterminée, Lebert). . . . 394 B. Les œufs. Saprolegnia ferax, Kutzing 388 FIN DE LA TABLE. ERRATA. Pag. 113, ligne 3 du tableau, au lieu de : Conceptacles-sporanges, lisez : Concep- tacles, Sporanges. 117, n° 32 du tableau, au lieu de : Acide spiroïleux ou salicileux, lisez : Acide benzoïque. Les mots aride spiroïleux ou salicileux sont synonymes de Huile de Spirea (u° 138). 1 17, Dans le tableau, au lieu de : 44. Baldrianates, et 45. Valérianates, lisez: 44. Baldrianates ou Valérianates. 45. Tannâtes calcaires ou alcalins. 117, n°8G, au lieu de:Cicutine, fee-.'Cynapine [JElhusa cynapium). Lesmots Couicine (n° 71), CicnVine et Connue sont synonymes. 117, ligne 3 de la remarque du tableau, après : sels de la première tribu, ajou' lez : ou la quinine, la morphine, etc. 117. n° 99. au lieu de : Cocculiue, lisez : Cétrarine. Cocculine. est synonyme de Picroloxine (u° 105). 1 la, n° 123, au lieu de : Paliuitine, lisez : Palmitine. 1 18, n° 125, au lieu de : Palmine, lisez : Cédrine. 118, ii° 1 37, au lieu de : Styracine, lisez : Camphre de cèdre oxygéné. Styra~ ciné est synonyme de i>e'r m Bine ou Cinnaméine{n" I 34i, principe diffé- rent du ciiinainèue (u° 133) et de la jMétacinnaméine (n° 132;. 119, n° 181, au lieu de : Lichénine, lisez : Amyloïde? (Vogel et Schleiden) Hymenea coubaril, Schotia lalifolia, Julucunna urens. 1 19, ligne 3 de la remarque du tableau, au lieu de : dans la tribu, lisez : dans une tribu. 119, § 54, ligne 1, au lieu de : j'en écrirai, lisez .-j'en décrirai. l-j.9, 5 03, ligne I, au lieu de : subslance intercellulaire unissante intermé- diaire, Usez : Substance iutercellulaùe, unissante ou intermédiaire. 130, ligne 1, au lieu de : la lignine, lisez : le xylogène. 130, ligne 12, au lieu de: (Himantalia larea), lisez : Ulimnathalia lorea, Lyngbie) . 131, ligne 19, au lieu de : Ilydrochoris, lisez : Hydrocharis. 135, ligne 11, au lieu de : fig. 8, a, lisez : fig. 6, h, i. 1 37, ligne 1 , au lieu de : elles sont, lisez : les ca\ités de l'enveloppe des r«»ii- ciers sont. 142, ligne 17, an lieu de : quelquefois un ou deux, lisez : ordinairement un, quelquefois deux. 153, ligne 12, au lieu de : Vicia tuba, lisez : Vicia faba. 160, ligne 12, au lieu de : comme aux deux, lisez : commune aux deux. 17 5, ligne 25, au lieu de : (pi. Xll et XIII, fig. 3), lisez : (pi. XII, fig. 3, et pi. MU, fig. 8). 185, ligne 13, au lieu de : 0m,040. lisez : 0mM,040. 323 et 325, au lieu de : pi. VIII, lisez : pi. VI. 350, à la citation au bas de la page, ajoutez : 1843. Pag. 364, au lieu de : pi. V, liiez : pi. X. 360, au lieu de : qui l'a rencontré, lisez : il l'a rencontrée. 442, ligue 1 de la noie, au lieu de : de celle feuille, lisez : de la feuille 1R. 516, ligne 27, au lieu de Mucor ylaucusa danica, lisez : ntvcor glaucus. 520, ligne 21, au lieu de : ((, h), lisez : (/-!). 562, dernière ligne, nu lieu de : pi. IX, Usez : pi, VI. 578, ligne t9, au lieu de : pi. VIII, lisez : pi. VI. Lin» V*