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PARIS- LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET RUE HAUTEFEUILLE , N°. 10 BIS. 1834. v y INTRODUCTION.Kus- ~\ « L'Entomologie, ou l'histoire des animaux articu- lés, est sans contredit une des sciences dont les na- turalistes se sont le plus occupés ; mais toutes les branches dont elle se compose n'ont pas été culti- vées avec le même soin. Les Insectes ont été le sujet des travaux les plus nombreux et les plus minu- tieux; les Crustacés, au contraire, n'ont fixé l'at- tention que d'un petit nombre d'observateurs, et c'est de nos jours seulement que datent la plupart des recherches suivies qui ont été faites sur cette classe d'animaux. Divers Crustacés, reconnaissables par leur forme, ont été représentés par les anciens sur leurs mé- dailles , sur leurs pierres gravées ; ces. animaux jouent aussi un rôle dans les Mythes des Grecs. Mais, bien que plusieurs espèces communes dans la Méditerranée fournissent un aliment agréable , et que d'autres présentent des particularités de struc- ture et d'habitudes également curieuses, on ne trouve dans les écrits des anciens que peu de lu- mière sur leur histoire. Hippocrate , qui vivait cinq cents ans avant Jésus-Christ , fait mention de cer- tains Crustacés qu'il regardait comme pouvant être employés avec succès dans le traitement de ai- CRUSTACÉS, TOME I. CL 2 lj INTRODUCTION. verses maladies; mais c'est tout au plus si on peut se former une opinion arrêtée sur les espèces dont il voulait parler (1). Aristote , au contraire , nous a laissé sur ces animaux plusieurs pages remplies de faits importans , et pour la plupart très-exacts ; un des chapitres du quatrième livre de son Histoire des animaux leur est consacré , et on y trouve des dé- tails sur leur anatomie, aussi bien que sur leurs formes et sur leurs mœurs. Ce grand zoologiste distingue les Langoustes, les Homards et quelques autres espèces de Déca- podes Macroures, ainsi que les Décapodes à courte queue; mais il ne donne pas, des diverses espèces qu'il mentionne , une description assez précise pour qu'il ait été toujours possible, même à un des naturalistes et des critiques les plus habiles, M. Guvier , de les reconnaître avec quelque certitude (2). Dans un autre chapitre du même (1) Dans son traité de Morbis mulierum , livre Ier. , par exemple, il recommande 1 usage des Cancres Jluviati les ( qui sont probablement des Telpheuses), comme facilitant l'accouchement dans le cas où le fœtus serait déjà mort. (Tex. 128 , p. 519 , vol. 2 de l'édition de Vali- der Linder. ) (2) Aristote divise ses Muiacostracés ou Crustacés { pkâiàkoirfàtàî') en quatre genres principaux, savoir : les Carabos (y.a,p*.Ca>v), les As- tacos (itç-cLucèv), les Karides (x.u.p'Jiœ\), et les Carcinons (x-xçhivcov) Les Carabos, qui dans la traduction de Gaza prennent le nom de Lo- casta, sont évidemment des Langoustes, et ses Astacos (ou Gam- marus de Gaza) des Homards. Quant aux Karides, il les divise à leur tour en trois groupes : les Bossues, les Granges et les Karides de la petite espèce; leur synonymie est plus difficile à établir ; mais, d'après les recherches critiques de M. Cuvier, il paraît très-pro- bable que les premiers sont des Palémons ou des Pénées , et les INTRODUCTION. iij livre, Aristote décrit sous le nom de Karcinion, ou petit Crabe, le Bernard l'Ermite, qu'il regarde comme appartenant en même temps aux Crustacés et auxTestacés , à cause de la coquille dans laquelle ce singulier Crustacé établit sa résidence, mais qui ne lui appartient réellement pas. Enfin, il parle ailleurs d'une espèce de Crabe de la Phénieie, qui marche si vite qu'on l'appelle Nippœ, ce qui paraît indiquer qu'il est question del'Ocypode. Pline ne nous apprend rien de plus sur l'histoire de ces animaux , ce qu'il en dit étant copié des écrits d'Aristote. Un passage de la vaste compilation d'iEuEN montre que l'espèce de Scyllare , que dans le Languedoc on nomme Cigale de mer, était connue des anciens et appelée de même qu'aujour- d'hui Cicada. Il est probable que c'est aussi à cer- taines Se yllares que doit être appliqué ce qu'Athénée seconds des Squilles mantes , tandis que les petites Karides sont peut-être d'autres Salicoques communes dans ces mers, mais trop petites pour occuper beaucoup les anciens zoologistes. Enfin, les Cnrcinons sont les Crabes ou Décapodes à courte queue. Aristote observe que les espèces qui se rapportent à cette division sont très- nombreuses, et en signale trois qu'il appelé Maïa, Pagures et Héracléotiques ; mais il ne les décrit pas avec assez de détail pour qu'on puisse les reconnaître avec quelque certitude. Les Crabes Héracléotiques me paraissent être des Telpheuses , qu'on reconnaît souvent sur les médailles grecques ; on s'accorde généralement à penser que les Maïa sont les Crustacés qui aujourd'hui encore por- tent ce nom, et les Pagures sont probablement les Tourteaux de nos côtes. (Voyez, pour plus de détails", la Dissertation critique sur les espèces d'JScrevisses connues des anciens, et sur /es noms qu'ils leur ont donne, par M. G. Cuvier, publié dans son recueil de Mémoires ponr servir à l'Histoire des M ollusques, et le Tableau de l histoire de Cento. mologie, placé en tête du Cotu s d'en lomolo^'ie , par !\3 . Latreîlle. ) iy INTRODUCTION. dit des grandes Karides. Enfin, il est aussi question du Pinnotère dans les ouvrages, non seulement des naturalistes, mais aussi dans ceux des littérateurs anciens , car Cicéron en parle aussi bien que Pline et Apien ; mais c'est en général pour prêter à ce petit Crabe , qui vit entre les valves des Pinnes et des Moules, des ruses et des usages qu'il est loin d'avoir. En résumé, nous voyons que la branche de la zoologie, qui a pour objet les Crustacés, était très- peu avancée, chez les anciens, et que ce n'est guères que dans les ouvrages d'Aristote qu'on trouve une ébauche de l'histoire de ces animaux. Pendant les siècles d'ignorance et de barbarie qui précédèrent immédiatement et qui suivirent la destruction de l'empire romain, l'histoire des Crus- tacés, comme toutes les branches de la zoologie, resta stationnai re, car Albert le Grand , et les autres écrivains (en très-petit nombre) qui, à cette épo- que , consacrèrent leur plume aux sciences natu- relles, ne firent que copier et commenter les an- ciens. Mais, vers le milieu du seizième siècle, on commença de nouveau à observer et à acquérir par conséquent des connaissances positives ; trois na- turalistes célèbres , Belon , Boudelet et Salviani , publièrent alors sur l'ichtyologie des ouvrages juste- ment estimés , et les deux premiers s'occupèrent en même temps des Crustacés. Belon, né en 1 5 1 7, dans un village près du Mans, employa une partie de sa vie à voyager en Italie , en INTRODUCTION. V Grèce , dans l'Asie , etc. , et sut profiter de cette cir- constance heureuse pour recueillir de grandes ri- chesses scientifiques , qu'il publia ensuite, soit dans ses ouvrages sur les animaux aquatiques ou sur les oi- seaux , soit dans la relation de ses voyages. Son livre de Aquatilibus , imprimé en i553, et traduit en français deux ans après , renferme des figures gros- sières, mais cependant reconnaissables , de douze espèces de Crustacés, à la plupart desquels sont rap- portés, avec plus ou moins de bonheur, les noms don* nés par les anciens, plus spécialement par Aristote, à celles dont il avait fait mention. Aces planches, gra- vées sur bois, Belon a ajouté aussi les noms vul- gaires employés tant en France qu'en Italie, et quelques détails sur les formes , les mœurs ou les usages de ces animaux, mais sans les décrire et sans indiquer les caractères à l'aide desquels on peut les distinguer. Les espèces qu'il a le mieux repré- sentées sont la Squille mante , qu'il nomme Cigale de mer, la Langouste, le Homard, l'Ecrevisse et le Scyllare ; on reconnaît aussi les figures d'un Palé- mon, de la Telpheuse ou Cancre de rivière, du Maïa squinade , etc. Rondelet, professeur d'anatomie à Montpellier, et contemporain de Belon, consacra aussi a l'his- toire des Crustacés une partie de son livre sur les Poissons, publié en i554 et 55. Les figures qui ornent cet ouvrage sont gravées en bois comme celles de Belon, mais elles sont beaucoup plus exactes, et donnent en général une idée assez pré- VJ INTRODUCTION. cise des espèces qu'elles sont destinées à faire con- naître ; plusieurs des Crustacés, représentés par Rondelet, l'avaient déjà été, quoique beaucoup moins bien, par Belon; de ce nombre sont la Langouste , le Homard, le Scyllare large, la Squille mante, leMaïa squinade, etc.; mais d'autres, tels qne le Scyllare ours, la Galathée rugueuse , le Penée caramote , le Bernard l'Ermite, le Homole front épi- neux , le Platyonique dépurateur , l'Inachus, etc., étaient complètement nouveaux pour la science ; le nombre total des espèces qu'il figure est de 26; les noms anciens qu'il y rapporte sont quelquefois mal appliqués , et les descriptions aussi incomplètes que celles de Belon ; mais néanmoins on est encore obligé de consulter son ouvrage, et on y trouve, ainsi que dans celui de son contemporain , des dé- tails qui ont été souvent négligés par les auteurs les plus modernes. Peu de temps après l'époque où parurent les ouvrages dont nous venons de parler , Conrad Gesner publia une espèce d'encyclopédie, dans laquelle il rassembla tout ce qu'on savait de son temps sur l'histoire naturelle des animaux , et consigna plusieurs observations nouvelles (1). On y trouve un assez grand nombre de figures de Crustacés, mais la plupart d'entre elles sont co- piées d'après celles dont Belon et Rondelet venaient (l) Gesneki , Hisloria animalium , liber IV, de Aquaiilibus , in-fol. INTRODUCTION. Vlj d'enrichir la science. L'ouvrage de même nature , que l'on doità Aldrovande (i), est en général moins estimé sous le rapport de l'érudition et de la mé- thode. Le volume qui renferme l'histoire des Crus- tacés ne parut qu'en 1606, après la mort de son auteur. La plupart des figures sont grossières et bien plus inexactes que celles de Rondelet; mais deux d'entre elles étaient très-intéressantes, car elles faisaient connaître une espèce géante de Crabe qui habite la Méditerranée , et que M. Risso a dé- crite dernièrement comme nouvelle sous le nom de Homole de Cuvier. Pendant le cours du dix - septième siècle, des voyageurs et quelques anatomistes contribuèrent aussi à étendre nos connaissances relatives aux animaux dont nous faisons ici l'histoire. Parmi les premiers on doit d'abord citer Marggraf, natura- liste plein de zèle pour la science , qui accompagna Pison au Brésil, et qui y mourut avant que d'a- voir publié le résultat de ses observations; il nous a laissé la description succincte et les figures d'un assez grand nombre de Crustacés du nouveau con- tinent, et entre autres des Crabes terrestres ou Tourlouroux, qui vivent loin de la mer, et font chaque année un long voyage pour venir y dé- poser leurs œufs (2). L'ouvrage sur les Antilles, (i) Ulyssis Aldrovandi, de JieUquis anîmalibus exsanguibus , libri quatuor, Bononia , 1606, in-fol. (a) Les observations que Marggraf a laissées sur l'histoire naturelle ont été publiées par J . de Laet , dans le même volume que celles de Viij INTRODUCTION. publié vers la même époque, par Rochefort, fit aussi connaître quelques particularités nouvelles des mœurs de ces Crustacés curieux (i). Deux ouvrages de pure compilation, dans les- quels on traite de l'histoire naturelle des Crus- tacés, parurent encore pendant le dix-septième siè- cle ; l'un est spécialement consacré à ces animaux, sous le triple rapport de la zoologie , de la phy- siologie et de la pharmacologie (2). L'autre (3) em- brasse tout le règne animal , et a eu pour modèle les recueils de Gesner et d'Aldrovande; mais, ainsi que le premier, il n'ajoute rien aux connaissances déjà acquises à ce sujet. Les premières recherches suivies que les anato- mistes modernes aient faites sur l'organisation des Crustacés, sont dues au savant et laborieux Swam- merdam ; cet habile observateur disséqua avec soin le Pagure ou Bernard l'Ermite, qui vit en para- site dans les coquilles de diverses mollusques; il reconnut l'existence d'un cœur et de vaisseaux san- Pison, SOUS ce titre : G. Pisonis de Medicina Brasiliensis, iibri quatuor; G. Maggravii , Hist. rerum naturalium Brasilia?, Iibri octo , in-fol. Amsterd. 1648. Pison fondit ensuite l'ouvrage de Marggraf avec le sien. (Voyez de Indice utriusque , etc. in-fol. i658. ) (1) Rochefort, Histoire naturelle des Antilles, etc. in-4- Rotter- dam, i665, liv. l«r. chap. 22. (2) Sachs a Lewenheimb , Gammarologia sive gammarorum vulgo cancrorum consideratio physico-philologico-historico-medico-chimica. Un vol. petit in-8. Franckf. i665. (Les planches qui l'accompagnent sont très-mauvaises , et copiées pour la plupart d'après Marggraf et Belon.) (3) Jonston, Historia naturalis de exsanguibus aquaticis , Iibri qua- tuor^ in-fol. Amsterd. ix65, fig. en bois. INTRODUCTION. ix guins chez les animaux que l'on rangeait parmi les Exsangues, parce qu'ils n'ont pas de sang rouge semblable à celui de l'homme ; il fit aussi plu- sieurs autres remarques importantes ; mais la science n'en profita pas de suite , car lors de sa mort , en 1 680 , ses principaux écrits étaient encore ma- nuscrits, et peut-être auraient-ils été perdus si le célèbre médecin hollandais Boerhave n'eût géné- reusement consacré une partie de ses richesses à la publication des ouvrages qu'il jugeait devoir être les plus utiles; le vaste recueil d'observations de Swam- merdam, sur l'anatomie des Insectes , etc. , fut de ce nombre, et vit le jour en 1737 et 38 (1). Un médecin anglais , Willis , fit vers la même époque des recherches semblables sur l'Ecrevisse commune, et, comme elles parurent long-temps avant celles de Swammerdam, il a également le mérite de la découverte pour plusieurs points qu'il a signalés , aussi bien que son devancier, à l'atten- tion des anatomistes (2). Enfin, un autre médecin , Porzio ou Portius, de Naples, étudia avec plus de soin qu'on ne l'avait fait encore l'appareil de la génération chez le Homard (3). Pendant la première moitié du dix -huitième (1) Biblia naturœ. i vol. in-fol. latin et hollandais, 1737 et 1788 ; traduit en français daus la Collection académique , partie étran- gère , t. V. (2) De 4nima hrutorum. Oxford, 1672. (3) Observations sur les parties de la génération des Ecrevisses d'eau douce. — Collection académique , t. IV» X INTRODICTIOiN. siècle , on ajouta beaucoup à nos connaissances sur les Crustacés des pays lointains ; mais les zoologistes ne suivirent pas , clans l'étude de ces animaux , une marche meilleure que celle adoptée par leurs devan- ciers; ils publièrent des espèces nouvelles et en don- nèrent des figures plus ou moins exactes; mais ils continuèrent à les décrire d'une manière trop super- ficielle pour les faire reconnaître , et ils n'indiquè- rent jamais les particularités d'organisation ou carac- tères zoologiques propres à les distinguer des autres espèces. Il en résulta que ces travaux ne contri- buèrent pas autant aux progrès de la science qu'on aurait pu s'y attendre, et qu'aujourd'hui la plupart d'entre eux ne sont de presque aucune utilité pour l'entomologiste. Nous ne pouvons cependant les passer sous silence. Rumph, qui habita Java pendant une longue suite d'années , et qui y perdit la vue en se livrant sans ménagement à l'étude de l'histoire naturelle , publia en 1705 un ouvrage assez étendu sur la zoo- logie et la minéralogie de cette partie des grandes Indes. Il y figura une trentaine de Crustacés que l'on peut en général très-bien reconnaître , et qui, pour la plupart, étaient tout-à-fait nouveaux pour les naturalistes ; de ce nombre était le Birgus latro des zoologistes modernes et plusieurs autres espèces curieuses (1). (1) D'Amboinsche Rariteitkamer , etc. (Cabinet de curiosités d'Am- boine), parG.-E. Rumphius, i vol. in-fol. Amster. 1705. INTRODUCTION. xj Petiver reproduisit bientôt après les figures pu- bliées par Rumph, et fit connaître aussi plusieurs Crustacés des Antilles (i). Sloane , dans son voyage à Madère , a donné la figure de quelques autres es- pèces du même pays , et notamment de la petite Grapse qu'on voit si fréquemment en mer flottant sur des fucus, et dont la rencontre a été pour Colomb un indice utile du voisinage des terres lorsque son équipage était sur le point de le for- cer de retourner en Espagne et de renoncer à la découverte du nouveau monde (2). On voit aussi des figures assez bonnes de plu- sieurs animaux de cette classe dans le grand ou- vrage de Catesby sur l'histoire naturelle de la Ca- roline du sud (3). Un recueil de figures d'animaux divers, bien plus riche que ceux dont il vient d'être question, fut publié, vers le milieu du dix-septième siècle, par Seba , pharmacien hollandais , qui employa de grandes richesses à former des collections immenses et à en donner la description. Cet ouvrage forme quatre gros volumes in-folio et renferme un très- Après la mort de l'auteur, on publia les mêmes planches avec un texte plus abrégé , en latin , sous le titre de Thésaurus imaginurn, etc. 1 vol. in-fol. Leyde, 171 1, et La Haye, 1739. (1) Gazophylacii naturœ et artis. — Musei Petiveriani ; de animali- bus Crustaceis , etc- (2) A voyage to Madera Barbadoes Jamaica , etc. by Hans Sloane , 2 vol. in-fol. Londres 1707-1727. (3) The natural histoiy o/Carolina^ Florida and the Bahama Islands, a vol. in-fol. Londres, 1731-1743. xij INTRODUCTION. grand nombre de belles planches , mais le texte qui les accompagne ne peut être consulté avec fruit, car non-seulement il est écrit sans jugement et sans critique, mais aussi il donne quelquefois sur la patrie des espèces figurées les renseignemens les plus erronés. Dans le troisième volume on trouve un assez grand nombre de Crustacés, dont quelques- uns n'ont encore été représentés que là ; aussi ne peut- on se dispenser d'y avoir quelquefois re- cours. Tel était l'état de nos connaissances relativement aux animaux dont nous faisons l'histoire, lorsque le célèbre Linné (i) imprima une nouvelle impulsion aux études zoologiques, et changea, sous certains rapports, la marche qu'on avait suivie jusqu'alors. Comprenant toute l'utilité des classifications , il fixa l'attention sur les caractères propres à faire distin- guer les différens groupes formés par les animaux, et à faire reconnaître chacune des espèces qui s'y rapportent. Le service qu'il rendit ainsi à la science fut immense, car, lorsqu'on ne possède pas de moyens pour arriver facilement à la détermination des êtres que l'on veut étudier, l'histoire naturelle devient presque inabordable, et une foule d'observa- tions curieuses se trouvent perdues, parce qu'il (l) Seba Locupletissimi rerum naturalium Thesauri accurata des- criptio, 4 vol. grand in-fol. Amsterd. 1734- 1765. C'est le troisième volume qui renferme les Crustacés. Une nouvelle édition de cet ouvrage se publie actuellement à Paris par les soins de M. Guérin. INTRODUCTION. X11J est souvent impossible de connaître avec certitude quelle est l'espèce qui y a donné lieu. La classifica- tion de Linné était artificielle , c' est-a-dire fondée seulement sur certains caractères choisis arbitrai- rement, et n'ayant point pour base l'ensemble de l'organisation et les affinités naturelles des ani- maux, aussi a-t-elle subi de grandes et d'heu- reuses modifications; mais il n'en est pas moins vrai qu'on doit y attribuer en majeure partie les progrès immenses que la zoologie a faits depuis un demi-siècle. jf C'est principalement sous ce rapport que Linné contribua à l'avancement de la Carcinologie; dans son catalogue systématique des animaux , il indiqua les traits distmctifs les plus remarquables de la plu- part des espèces de Crustacés alors connus , et cet exemple fut suivi par presque tous les naturalistes qui, depuis la publication du Sjstema nalurœ (i), ont écrit sur ce sujet. Quant à la manière dont il classa ces animaux , elle était très-défectueuse; mais, comme nous aurons l'occasion d'en parler dans la suite de cet ouvrage, nous ne nous y arrêterons pas ici. Les travaux de Linné sur les Crustacés ne furent (i) La première édition du Systema riaturœ de Linné parut a Leyde en 17 35. Pendant la vie de l'auteur, cet ouvrage eut douze éditions, dont la dernière fut imprimée à Holme en 1766. Après la mort de Linné , Gmelin en publia une treizième édition (.Leipsic, 1788). XÎT INTRODUCTION. pas bornés à la classification de ces animaux ; on lui doit aussi la description détaillée d'un assez grand nombre d'espèces, soit nouvelles, soit peu con- nues (i). Un autre naturaliste, dont les travaux généraux sur l'histoire naturelle des Crustacés contribuèrent aussi d'une manière puissante aux progrès de cette brandie de la zoologie, fut Jean-Chrétien Fabri- cius, élève et émule de Linné. Ses travaux sur l'organisation de la bouche des Crustacés et des Insectes enrichirent la science d'une foule de faits importons,- et fournirent un des élémens dont on s'est servi plus tard pour la classification naturelle de ces animaux. Enfin, c'est à lui que l'on doit l'établissement de la plupart des divisions encore admises aujourd'hui parmi les Crustacés, soit comme genres, soit comme tribus ou familles. Divers de ses ouvrages traitent de la classification de ces animaux, et renferment l'indication des ca- ractères d'un grand nombre d'espèces nouvelles, mais elles ne sont désignées que par une phrase linnéenne dont l'application est souvent très-incer^ taine, comme nous aurons plus d'une fois l'occa- sion de le montrer (2). (1) Muséum Ludovicœ XJlricœ reginœ ( in-8°. 1^6^)1 Museum Adolphi Frederici régis ( in- fol. 1^54 ) ; etc. (2) "Voici la liste de ces ouvrages : Systema eutomologiœ , un vol. in-8- i^'jS. Specics insectoi uni , un vol. in-8. 1781. INTRODUCTION. îy Pendant que Linné et Fabricius s'occupaient ainsi de l'ensemble de la science, d'autres natu- ralistes avançaient également nos connaissances sur divers points plus ou moins spéciaux de l'his- toire naturelle des Crustacés. Pallas, qui s'est occupé avec succès de toutes les branches de la zoologie , étudia en détail quelques espèces nouvelles de cette classe propres à l'Asie ou à la Baltique (i). Le célèbre entomologiste Degeer consacra aussi quelques chapitres de son grand ouvrage sur les Insectes à l'histoire de l'Ecrevisse et de quelques autres Crustacés (2). Forskal , ayant voyagé en Egypte et en Syrie , fit connaître avec assez de détail la plupart de ceux propres à ces pays (3). Pennant , zoologiste laborieux , donna d'assez bonnes figures d'un certain nombre des Crustacés des côtes de l'Angleterre (4). Othon Fabricius , excellent naturaliste , qui ré- Mentissa insectorum , 2 vol. in-8. Copenhague, 1787. Entomologia systematica, 4 vol. in-8- Copenhague, 1798, et un vo- lume de supplément publié en 1798, d'après les travaux de Daldorff. (1) Spicilegia zoologica , un vol. in-/).. Berlin. Le 9*". fascicule de cet ouvrage renfermant les Crustacés , etc. parut en 1772. (2) Mémoire pour servir à t histoire des Insecles. 7 vol. in-4 ; Stockholm , 1778. (C'est dans le 7e. volume que se trouve l'histoire de TEcrevisse , etc.) (3) Descriptiones animalium qnœ in itinere orientali observavit P. ForskKl ; post morlem auctoris edulit C. Niebuil. Havniœ , 1775 , un vol in-4- (4) British zoology, 4 vol. in-4. Londres, 1777. C'est dans le dernier volume que se trouvent les Crustacés. X\j INTRODUCTION. sida pendant long - temps dans le Groenland , comme pasteur, publia en 1780 une Faune de ces régions glaciales, et décrivit avec soin les Crus- tacés qu'on y rencontre (1). Olivi entreprit, sur les bords de la mer Adria- tique , une tâche analogue , et accompagna ses des- criptions de quelques bonnes figures , chose dont on regrette l'absence dans l'ouvrage d'Othon Fa- bricius (2). Muller fit connaître quelques espèces de Décapo- des et d'Amphipodes des mers de la Norwège (3) ; mais son principal titre à la reconnaissance des entomologistes est son ouvrage sur les Entomos- tracés (4) , animaux de la même classe , qui sont d'une petitesse microscopique, et qui néanmoins ont été étudiés par ce savant, non-seulement sous le rapport de leur forme et de leur caractère zoo- logique , mais aussi sous celui de leurs mœurs et de leurs habitudes. La seconde moitié du dix-huitième siècle vit aussi paraître plusieurs autres ouvrages d'une moindre importance pour la branche de la zoo- logie dont l'histoire nous occupe ici. Les opuscules de Baster (5) , le voyage de Phipps (6) , l'ouvrage (1) Fauna Grœnlandica. Hafniae et Lipsiœ, 1780, un vol. in-8. (2) Zoologia Adriatica. Bassano , 1792 , un vol. in-4» (3) Zoologia Dauica. 4 vol. in- fol. (4) Entomostraca , seu Insectatestacea quœ in aquis Daniceet Norwe- gice reperit. Un vol in-4. (5) Opuscula Subcesiva. 2 vol. in-4 ? Harlem, 1762-1765. (6) Phipps , Voyage au pôle boréal fait en 1773 Un vol. in-4- INTRODUCTION. Xvij imprimé à la Havane par Parra (i), sont de ce nombre ; mais le travail purement descriptif le plus utile pour la science, qu'on ait publié pendant ce laps de temps, est sans contredit celui de Herbst (2); cet auteur n'aborde aucune des ques- tions élevées de la zoologie , il ne s'occupe pas de la classification des Crustacés, comme le fai- saient Linné et Fabricius, mais il donne des fi- gures assez exactes de plus de deux cent cinquante espèces , et son recueil est indispensable pour l'in- telligence de la plupart des ouvrages méthodiques; plusieurs des planches de Herbst sont copiées d'a- près celles de ses prédécesseurs; mais il possédait lui-même une belle collection de Crustacés, et a fait connaître un grand nombre d'espèces nou- velles. Les naturalistes, qui ont étudié les Crustacés sous le rapport de l'anatomie ou de la physiologie , sont bien moins nombreux que ceux dont l'attention s'est portée presque exclusivement sur les formes extérieures de ces animaux. Pendant le dix-sep- tième siècle nous avons vu Swammerdam , Willis et quelques autres anatomistes se livrer à des re- cherches de cette nature ; le siècle suivant ne pro- duisit également qu'un petit nombre de travaux (i) Parra, Description de différentes piezas de historia natural , etc. Havana, 1787. (2) Herbst. Versuch einer naturgeschichte der Krabben und Krebse. 3 vol. in-4 , avec un atlas in- fol. de 62 planches; Berlin, 1790- 1804. CRUSTACÉS, TOME I. l> ,*-*> XYïîj INTRODUCTION. entrepris clans la vu e de mieux faire connaître la struc- ture intérieure des Crustacés, le jeu de leurs orga- nes, ou les particularités de leur manière de vivre; et encore est-il arrivé que quelques-unes des décou- vertes qui en ont résulté sont restées ignorées de la plupart des naturalistes, et n'ont pas profité à la science. Vers le commencement de l'époque dont nous faisons ici l'histoire, l'habile et infatigable obser- vateur Réaumur publia une série d'expériences curieuses sur la mue des Ecrevisses et sur la repro- duction des membres de divers Crustacés (i). Rœsel étudia avec beaucoup plus de détails qu'on ne l'avait fait encore les parties internes de l'Ecre- visse;son travail renferme, quant à la détermi- nation des organes, quelques erreurs graves; mais ses descriptions et ses figures sont très-exactes (2). Schceffers publia vers la même époque des détails intéressans sur l'anatomie des Apus (3). Enfin un naturaliste très-habile de Naples , Cavolini , donna un traité sur la génération des Crustacés, dans le- (1) Sur les diverses reproductions qui se font dans les Ecrevisses, les Homards , les Crabes, etc., et entre autres sur celles de leurs jambes et de leurs écailles , Mémoires de l'Académie des sciences de Paris , 17 12. Addition aux observations sur la mue des Ecrevisses ; mémoires de l'Académie des sciences de Paris , 1718. (2) Die Insecten Belustigung , in-4- Ses observations sur les Crustacés se trouvent dans le troisième volume de ce recueil, publié à Nuremberg en 1755. (3) Schceffers , Abhandlungen von Insecten, in- 4- Kegensburg, 176 \ , 2e. volume. INTHODLCTIO S. XIX quel ou trouve une foule d'observations de la plus haute importance sur l'organisation de ces animaux en général , mais qui n'a point fixé l'attention des auteurs plus récens (i). A la fin du dix-huitième et au commencement du dix-neuvième siècle , il s'opéra dans toutes les branches de la zoologie une réforme importante dont les effets contribuent puissamment aux pro- grès de la science. Au lieu de n'employer pour la classification des animaux que des divisions pure- ment artificielles et basées sur tel ou tel caractère , choisi arbitrairement , on chercha à établir des méthodes sur l'ensemble de l'organisation, et à mettre, autant que possible, ces mêmes divisions en harmonie avec les divers types autour desquels les êtres divers semblent se grouper dans la nature. C'est à M. Cuvier que l'on doit en majeure partie cette innovation heureuse; mais, pour ce qui con- cerne les Insectes et les Crustacés, il a été devancé par M. Latreille. Dès l'année 1796 , ce dernier savant avait publié les premiers essais d'une classification naturelle de ces animaux, dont il a depuis lors poursuivi sans re- lâche l'étude (2). Quelques années après, M. Cuvier fit apprécier les différences qui éloignent les Crus- (i) Cavolini , Memoria sulla generazione die pesci e dei grattchi. Un vol. in-4. Naples , 1787. (2) Précis des caractères génériques des Insectes par M. Lafreille, un vol. in-8. Brives , 1796. ù. XX INTRODUCTION. tacés des Insectes, parmi lesquels Linné les avait placés , et en forma deux classes distinctes , dont les caractères sont puisés dans une organisation diffé- rente des organes les plus importans de l'éco- nomie. Par la suite nous aurons l'occasion de reve- nir sur ce sujet; mais il nous faut ajouter ici que les observations de M. Cuvier, sur la structure intérieure des Crustacés, dévoilèrent une foule de particulari- tés curieuses qui n'étaient pas encore entrées dans la science (i). Depuis l'époque dont nous venons de parler, la carcinologie a été enrichie d'un assez grand nombre d'ouvrages plus ou moins généraux , et de plusieurs écrits sur des points spéciaux de zoologie , d'anato- mie et de physiologie. Parmi les premiers viennent se ranger le petit traité de Y Histoire naturelle des Crustacés , par Bosc , ouvrage que l'on regarde avec raison comme étant au-dessous de la réputation de son auteur (2) , et le Système des animaux sans ver- tèbres de Lamarck (3) , dans lequel ce savant pro- posa quelques modifications dans la classification des (1) Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux, par M. Cuvier, un vol. in-8. Paris, 1798. Leçons d'anatomie comparée de M. Cuvier, rédigées par MM. Du- méril et Duvernoy, 5 vol. in-8. Paris, 1799-1805. (2) Histoire naturelle des Crustacés, par Bosc, 2 vol. in-i8; faisant suite à l'édition de Bufton de Castel. Paris, an X. (3) Système des animaux sans vertèbres, par de Lamarck, un vol. in-8. Paris, 1801. INTRODUCTION. XXJ Crustacés. Peu de temps après la publication de ces deux traités , M. Latreille fit paraître , sur l'histoire naturelle des Crustacés et des Insectes , un ouvrage très-étendu et justement estimé, où Ton trouve exposé avec méthode l'ensemble des connaissances déjà acquises sur ces deux classes d'animaux( i ). D'au- tres écrits généraux du même auteur succédèrent à celui-ci ; mais nous aurons trop souvent occasion d'en parler dans la suite de cet ouvrage , pour qu'il soit nécessaire de nous y arrêter dans ce moment , et nous nous bornerons à les indiquer nominative- ment. Le premier fut publié en 1807, et est devenu extrêmement rare; il est en latin, et a pour titre : Gênera Crustaceorum et Insectorum (2). En 1 8 1 o, M. Latreille publia un volume de Considérations générales sur V ordre naturel des animaux com- posant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes (3) ; et en 1 8 1 7 il donna , dans le règne animal de M. Cuvier (4), un tableau des grou- pes naturels formés par ces différens êtres, avec l'in- dication des principales espèces qui se rapportent (1) Histoire naturelle générale et particulière des Crustacés et Insectes, ouvrage faisant suite aux œuvres de Buffon, et partie du cours complet d'histoire naturelle rédigé par Sonnini, par M. La- treille, i4vol. in-8. Paris, i8o2-5, avec fig. (L'histoire des Crustacés se trouve dans les troisième , quatrième , cinquième et sixième volumes. ) (2) 4 vol. in-8. Paris, 1806-1807, avec fig. (3) Un vol. in-8. Paris, 1810. (4) Le règne animal distribué d'après son organisation , par M. Cuvier, 4 vol. in-8. Paris, 1817. Le troisième volume, renfer- mant l'histoire des Crustacés, Insectes, etc. , est de M. Latreille. Xxij T NTRO DICTION. à chacune de ces divisions; à une époque plus ré- cente, il a enrichi la science d'un ouvrage général sur la zoologie, dans lequel il propose plusieurs modifications heureuses dans la classification natu- relle des Crustacés (i); en 1829 il fit paraître, con- jointement avec M. Cuvier, une nouvelle édition du Règne animal (2); enfin, en i83i, il revint encore sur le même sujet (3), et, outre ces écrits nom- breux, il a donné dans divers recueils une foule d'articles détachés sur l'histoire naturelle des ani- maux qui nous occupent ici (4). La classification des Crustacés a été également traitée, dans ces dernières années, par MM. Du- méril, Leach, Risso, de Blainvilie, Lamarck et Desmarest. Le premier de ces zoologistes ne s'en est occupé que dans des ouvrages généraux d'his- toire naturelle (5); mais M. Leach en a fait l'ob- jet d'une étude spéciale. Sa méthode de classifi- cation , comme nous le verrons par la suite , est loin (i) Familles naturelles du règne animal, par M. Latreille, un vol. in-8. Paris , i825. (2) Le règne animal, par M. Cuvier, 2e. édition, 5 vol. in-8. Paris, 1829, avec fig. La partie entomologique , par M. Latreille, occupe le quatrième et le cinquième volumes. (3) Cours d'Entomologie. (4) Voyez la seconde édition du Dictionnaire d'histoire naturelle , publiée par Déterville , et l'Histoire naturelle des Crustacés , Arachnides et Insectes de l'Encyclopédie méthodique; les premiers volumes de cet ouvrage (jusqu'à la lettre P) sont d'Olivier, et la rédaction d'une partie des articles carcinologiques du dernier vo- lume a été contiée à M. Guérin. (5) Zoologie analytique , 1 vol. in-8°. Paris, 1800. INTRODUCTION. Xxiij d'être à l'abri de la critique ; néanmoins il a intro- duit dans l'arrangement systématique des Crus- tacés une foule de modifications réellement utiles, et dont les naturalistes lui sauront toujours gré. Ses premiers écrits à ce sujet parurent dans l'En- cyclopédie d'Edinbourg (i), et plus tard il donna, dans un recueil scientifique publié à Londres, un mémoire très-étendu sur les mêmes questions (2). M. Leach a été chargé de la rédaction des articles carcinologiques insérés dans les premiers volu- mes du Dictionnaire des Sciences naturelles , et on trouve dans ses Mélanges zoo logiques la des- cription et la figure de quelques espèces curieu- ses (3); mais l'ouvrage le plus important qu'il ait publié sur l'histoire naturelle des Crustacés est sans contredit sa description des Malacostracés podophthalmes de la Grande-Bretagne, qui est accompagné d'un grand nombre de belles plan- ches; malheureusement la publication en a été interrompue à cause de la mauvaise santé de l'auteur (4). Cl) Article Crustaceology, dans Brewsler's , Edinburgh encyclope- dia, y vol. in 8. Edenhurgh , l8l3-l4- (2) A gênerai arrangement of the classis Crustacea, Myriapoda and Arachnides, with descriptions of some new gênera and species , by W. E. Leach; Transactions of the Linnean Society, vol. XI, Londres, i8i4- ( Voyez aussi le Bulletin de la société philomatique de Paris , 1816 ) (3) Zoological misceUany, by W. E. Leach, 3 vol. in 8. Londres 1817. (Cet ouvrage fait suite au recueil de Shaw, intitulé The na- turalisas miscellany.) (4) Malacostraca podophthalma Britanniœ , or Description of the XXiv INTRODUCTION. Dans un Prodrome d'une nouvelle distribution systématique du Règne animal , M. de Blain- ville a proposé quelques modifications dans la classification générale des Crustacés , mais il ne s'y occupe que des grandes divisions (i). M. Risso aborda en 1816 le même sujet; mais le but de son ouvrage était seulement de faire connaître les Crus- tacés qui habitent le voisinage de Nice (2) ; il a ap- pelé l'attention des zoologistes sur plusieurs espèces très-curieuses ; mais on regrette en général de ne pas trouver dans ses descriptions plus de détails, plus de précision ; c'est aussi un défaut que l'on reproche à Y Histoire naturelle de V Europe mé- ridionale qu'il vient de publier , et dans laquelle il a fait, pour ce qui concerne les Crustacés, quel- ques additions à ce qu'il avait déjà dit dans son premier ouvrage (3). Peu de temps après la publication du Règne ani- mal de M. Cuvier, Lamarck fit paraître le cin- quième volume de son Histoire des animaux sans vertèbres , dans lequel il traite des Crustacés. On bretishspecies qfCrabs, etc. by W- E. Leach,in-4. Londres, 1815-1817. (Il n'a paru que 17 livraisons renfermant 4" planches coloriées. ) (1) Essai sur une nouvelle classification des animaux, par M. de Blainville ; Bulletin de la société philomatique , 1816, et Principes d'anatomie comparée, t. I. Paris, i8a3. (2) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice, par M. Risso, un vol. in-8. Paris 1816 (3 planches). (3) Histoire naturelle des principales productions de l'Europe méridionale, par M. Risso, 5 vol. in-8. Paris 1826. C'est dans le cinquième volume qu'il est question des Crustacés auxquels l'auteur consacre cinq planches. INTRODUCTION. XXV y retrouve, à quelques changemens près, la clas- sification de M. Latreille , et à la description de chaque genre est jointe l'indication des caractères distinctifs d'un certain nombre d'espèces (i). Enfin, M. Desmarest a eu l'heureuse idée de rassembler en un corps d'ouvrage les divers ar- ticles de carcinologie qu'il avait insérés dans le Dictionnaire des Sciences naturelles , et d'en former une espèce de manuel (2). Dans ce traité il adopte les mêmes bases de classification que M. Leach, dont la méthode , comme nous l'a- vons déjà dit, est complètement artificielle , et il ne donne pas un catalogue complet des es- pèces connues; mais ses descriptions sont claires et précises , les figures qui les accompagnent sont co- piées d'après de bonnes gravures de M. Leach , etc., ou faites d'après nature par des artistes habiles , et l'ouvrage est , somme toute , un des meilleurs qu'on ait publiés sur ce sujet. Les travaux qui ont été faits sur des points spé- ciaux de carcinologie sont bien plus nombreux. Les voyages lointains ont grossi considérablement le ca- (1) Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, par DeMonet de Lamarck, 7 vol. in-8. Paris , i8i5-i8'22. (2) Considérations générales sur la classe des Crustacés, et des- cription des espèces de ces animaux qui vivent dans la mer, sur les côtes , et dans les eaux douces de la France , par M. Desmarest, un vol. in-8. Paris, i8j5. (Accompagné de 56 planches, qui font égale- ment partie de l'atlas du Dictionnaire des sciences naturelles, im- primé par Levrault. ) XXVj' INTRODUCTION. taloguedes espèces, et des recherches sur l'anatomie et la physiologie ont jeté de nouvelles lumières sur la structure et l'histoire des Crustacés. Lors de l'expédition de l'armée française en Egypte, M. Sa- vigny recueillit dans ce pays un grand nombre de ces animaux dont il a étudié l'organisation exté- rieure avec le plus grand soin; les planches du grand ouvrage sur l'Egypte, où il les a fait représen- ter, sont admirables, mais malheureusement la santé de ce savant ne lui a pas permis d'en publier la description (i). Du reste, cette perte a été réparée en partie par un autre naturaliste , M. Ruppell , qui a visité les mêmes parages, et qui vient de publier un fascicule sur les Crustacés de la mer Rouge (2). Les Crustacés de l'Amérique du nord ont été étu- diés par M. Say(3); Montagu a fait connaître un assez grand nombre de ceux qui habitent les côtes d'An- gleterre (4) , et M. Roux , dont les travaux ont été interrompus par sa mort prématurée, a décrit et Ci) Voyez le deuxième volume de l'histoire naturelle du grand ouvrage sur l'Egypte, grand in-fol. ; on doit une explication som- maire de ces planches à M. Audouin. (2) Beschreibiuig iciul abbildung von l\ arien Kurzschwânzigen Krabben als beitrag zur naturgeschichte der rolhen meeres , von E. Rup- pell , in-4, Franck. i83o , avec 6 pi. (3) An account of the Crustacca of the united statcs , by T. Say ; Journal of the academy of natural Sciences of Philadelphia , vol. I, 1817. (4) Description of several marine animales, etc., by G. Montagu. Linn. Trans. vol. IX and vol XI ( i8o8-i8i3 ). '. I N T R O D D C T 1 O iN . XXVÏJ figuré une partie de ceux de la Méditerranée (i). Les voyages de MM.Freyeinet(2), Marion de Procé(3). Granck (4) , Parry (5) Reynaud (6), etc., ont égale- ment contribué à étendre nos connaissances sur cette classe d'animaux , et lorsque les belles collec- tion rapportées par MM. Lesson et Garnot , Quoy et Gaymard , Mertens , Dorbigny , auront été pu- bliées , il est probable qu'elles procureront à cette branche de la zoologie de nouvelles richesses. Les petits Crustacés qui habitent les eaux douces, et que l'on connaît sous le nom d'Entomostracés , ont aussi été le sujet des recherches les plus curieu- ses; Ramd'hor (7), Herman (8), les deux Jurine (9), (1) Crustacés de la Méditerranée , in 4 avec figures II nen a paru que les cinq premières livraisons. (2) Description des animaux recueillis dans l'expédition autour du monde, commandée par M. de Freycinet, par MM. Quoy et Gaimard, in-fol. Paris, 1825. (3) Note sur plusieurs espèces nouvelles de Poissons et de Crus- tacés observés dans un voyage à Manille, par M. Marion de Procé. Bulletin de la société philomatique , 1822. (4) appendice n°. X ; a gênerai notice of the animais taken, by M. G. Crank, during the expédition to explore the sources of the Zaire , by W- Leach. br. in-4- Londres. (5) An account of the animais seen by the late northern expédition, etc. by C Sabine, br. in-4- Londres, 1821. (6) l'oyez Annales des sciences naturelles, t. XIX, etc. (7) Matériaux pour servir à lhistoire de quelques Monocles de l'Allemagne ; in-4- Halle, i8o5. 8; Mémoires aptérologiques , par Hermann , un vol. in-fol. Strasbourg, 1804 1 avec ligures coloriées. (9) Histoire des Monocles qui se trouvent aux environs de Ge- nève, par Louis Jurine, un vol. in-4. Genève, 1820, avec ligures coloriées. XXviij INTRODUCTION. Benedict Prévost (i), M. Straus (2), et M. Ad. Brongniart (3), ont publié sur les Cyclops, les Daphnis, les Cypris , les Branchippes , etc., des mémoires pleins d'intérêt , et ont porté cette partie de l'histoire naturelle des Crustacés à un degré de perfection tel qu'on n'aurait pu d'abord l'espérer. Enfin M. Nordmann vient d'enrichir la science d'une foule de découvertes importantes relatives aux Lernées (4). M. Savigny a étudié avec autant de précision que de philosophie le système buccal des Crus- tacés des ordres supérieurs, et a fait voir com- ment certains membres se modifient pour servir tantôt comme instrumens de mastication, tantôt comme organes de locomotion (5). Quelques lu- mières nouvelles ont été jetées sur l'organisation r Note sur le Monoculus castor, etc. , par le même ; Bulletin de la Société philomatique, t- I et II. Mémoire sur lArgule foliacée, par Jurine fils, Annales du mu- séum d'histoire naturelle de Paris, t. VII, p. 43*- (1) Mémoire sur le Chirocéphale , par M. Prévost; Journal de Physique , t. S\. (2) Mémoire sur les Daphnies, par M. Straus; Mémoires du muséum, t. V. Mémoire sur le genre Cypris,par le même, même recueil, t. VII. (3) Mémoire sur le Limnadia, nouveau genre de Crustacé, par M. Ad. Brongniart; même recueil, t. VI. (4) Mikographische heitrage zur naturgeschichte der Wirbellosen thiere. In-4, second volume. Berlin, i832. (5) Mémoire sur le système de la bouche ; Mémoires sur les ani- maux sans vertèbres, par M. Savigny, ire- partie, lrp. fascicule, in-8. Paris, 1816. INTRODUCTION. XXIX intérieure de ces animaux , par les recherches que nous avons faites, soit en particulier, soit en commun, avec M. Audouin, sur divers points de leur anatomie et de leur physiologie (i). Un naturaliste allemand, M. Rathkie , vient de publier, sur le développement de l'œuf des Ecrevisses, etc., plusieurs ouvrages di- gnes des plus grands éloges (2). Enfin, les débris que les Crustacés ont laissés dans diverses couches del'é- corce du globe , et qui s'y conservent à l'état fossile, ont été étudiés d'une manière spéciale par MM. Al. Brongniart et Desmarest (3). Tels sont les principaux ouvrages dont se com- pose la bibliothèque carcinologique . La science a été enrichie depuis peu d'un grand nombre de tra- vaux spéciaux dont il n'a pas été fait mention ici , et dont nous aurons occasion de parler par la suite ; mais les limites de ce traité élémentaire ne nous per- mettent pas de nous arrêter davantage sur ce sujet; et ce que nous en avons dit suffira, à ce que nous croyons , pour atteindre le but que nous nous étions proposé , c'est-à-dire pour donner une idée exacte de la marche de cette branche de l'histoire (1) Voyez les Annales des sciences naturelles, etc. (2) JJiiLersuchuiigen uber die bilduug und entwickeluiig dev Fluss- Krcbses. In-fol. Leipzig, 1829. Ahliaudlunzcii zur Bildungs mit ciitwicklun^-peschichte der menscfieu und der thiere. In-4, deux fascicules. Leipzig, i832 et i833. (3) Histoire naturelle, Crustacés fossiles , savoir : les Trilooites, par M. AL Brongniart , et les Crustacés proprement dits , par M. Desmarest. Un vol. in-4. Paris, 1822. XXX UTROD V G T TON, naturelle, depuis son origine jusqu'à l'époque ac- tuelle. D'après cette esquisse, on a pu voir que l'étude des Crustacés a fait, depuis quelque temps, des progrès rapides. Il y a peu d'années encore , cette branche de la zoologie était dans sa première en- fance ; on ne connaissait qu'un très-petit nombre de ces animaux ; leur classification manquait de ce cachet de précision si nécessaire pour la détermi- nation des espèces , et on ne possédait sur leur ana- tomie et leur physiologie que des notions vagues et incomplètes. Aujourd'hui il en est tout autre- ment ; mais les travaux auxquels on doit ce résul- tat heureux sont épars , et l'état actuel de la science ne se trouve exposé , avec les développemens né- cessaires , dans aucun ouvrage général. Là , où la partie méthodologique a été traitée avec plus de soin et de talent, on ne trouve guères qu'un catalo- gue de genres; celui des espèces n'est qu'ébauché, et l'examen de l'organisation a été presque entière- ment négligé: ailleurs on a consacré quelques pages de plus à l'anatomie et à la physiologie , mais ces esquisses sont loin d'être au niveau de l'état actuel de nos connaissances et dans la partie méthodo- logique , on y cherche en vain ce qui fait le prin- cipal mérite des ouvrages de pure compilation, savoir, un tableau complet de toutes les richesses de la science. Occupé depuis long-temps d'une manière spéciale 1 INTRODUCTION. XXXJ de l'étude des Crustacés , j'ai senti , plus peut-être que tout autre , le besoin d'un traité complet sur cette branche de la zoologie, et, encouragé par les conseils d'un de nos plus habiles entomologistes , M. Latreille , je me suis décidé à chercher à com- bler la lacune que je viens de signaler. Dans cette vue , je me suis appliqué à rassembler des maté- riaux pour servir à une histoire générale et parti- culière des Crustacés ; j'ai étudié , soit isolément , soit en commun avec mon ami M. Audouin , tous les points les plus importans de l'organisation de ces animaux; et afin de compléter, autant qu'il m'é- tait possible, le catalogue des espèces indigènes, j'ai exploré avec soin diverses parties de nos côtes : plu- sieurs des résultats obtenus par cette investigation de la nature sont déjà connus des zoologistes , mais ces travaux préliminaires étaient loin de suffire; pour atteindre le but que je me proposais , il me fallait aussi connaître les Crustacés qui peuplent les mers éloignées, et, pour cela , je ne pouvais mieux m'a- dresser qu'à la riche collection du Muséum du Jardin du Roi, fruit d'une multitude de voyages lointains, et l'un des plus beaux monumens de la munificence nationale. Elle m'a été ouverte de la manière la plus généreuse par M. Audouin , profes- seur d'entomologie dans cet établissement; et, ce secours , je ne le dois pas seulement à l'amitié qui nous unit, car il se plait à fournir, à tous ceux qui cherchent à approfondir une partie de la science XXXij INTRODUCTION. que lui-même cultive d'une manière si distinguée , tous les matériaux de travail dont sa position lui permet de disposer. Profitant de cette circonstance heureuse , je me suis livré à une révision générale de la classification des Crustacés : j'ai examiné tou- tes les espèces accumulées , sans examen , depuis bien des années dans les magasins du Muséum , et je les ai distribuées dans les galeries de cet établis- sement d'après la méthode qui m'a paru la plus naturelle. Enfin , pendant que je me livrais à ce travail , qui n'est pas encore complètement terminé , la série déjà si belle des Crustacés du Muséum a été successivement augmentée par les nombreuses col- lections deM.Reynaud, aujourd'hui professeur d'a- natomie à Toulon , de MM. Quoy , Gaymard et de quelques autres voyageurs, et ces naturalistes ont bien voulu mettre à ma disposition ces nouvelles richesses , service dont je les prie de recevoir le té- moignage public de ma sincère reconnaissance. Grâce à ce concours de cir constances , j'espère pouvoir compléter un traité général sur l'histoire de ces animaux, dont je me propose de figurer en totalité ou en partie presque toutes les espèces. Mais un ouvrage de ce genre est un long et pénible travail , et je vois encore trop de points qui néces- sitent des recherches approfondies pour que je puisse songer à en commencer déjà la publication. Mes projets ne pourront, par conséquent, recevoir leur exécution qu'à une époque plus ou moins éloi- INTRODUCTION. XXXllj gnée, etj'ai pensé qu'en attendant il ne serait pas inu- tile de donner au public, sous la forme d'un manuel, un résumé de mon travail : cela aura pour moi l'a- vantage d'appeler , en temps utile , la critique des naturalistes sur les innovations que je propose , et peut-être aussi de fixer l'attention des observateurs sur quelques points obscurs de la science , et de provoquer des recherches dont plus tard je profite- rai a mon tour. Pour donner à ce Prodrome le genre d'utilité que je viens de signaler, il m'a fallu, tout en me restreignant dans des limites très-étroites , le ren- dre aussi complet que possible, et en faire , non pas un gênera seulement , mais un species. Dans la première partie , je traite de l'anatomie et de la physiologie des Crustacés ; on y trouvera l'exposé succinct de toutes les recherches les plus récentes sur l'organisation de ces animaux , ainsi que les résultats de plusieurs travaux encore inédits sur le même sujet. Dans le second livre, je m'occupe de la partie méthodologique de l'histoire des Crustacés; je dé- cris les genres et les espèces , en me restreignant toutefois aux caractères les plus saillans de celle-ci; dans cette énumération, j'ai cherché à n'omettre aucune espèce déjà publiée avec assez de détails pour être reconnaissable ; et, afin de faciliter les déterminations , j'ai cherché aussi à combiner les avantages des classifications artificielles à celles que CRUSTACÉS. TOME I. C XXXIV IAÏRODICÏION. présentent les méthodes naturelles. Dans cette vue, j'ai présenté, sous la forme de tableaux synopti- ques , les caractères comparatifs à l'aide desquels on peut, dans l'état actuel de la science , recon- naître tous les genres dont se compose cette classe d'animaux articulés: j'ai établi , dans les groupes gé- nériques un peu nombreux en espèces , des divisions et des subdivisions; enfin, dans la description des es- pèces, j'ai indiqué en lettres italiques les caractères comparatifs qui suffisent pour la distinction de toutes celles actuellement connues. Je n'attache à ces tableaux d'autre importance que celle d'une utilité pratique; et, à mesure que l'on découvrira de nouvelles espèces , il faudra nécessairement les modifier ; mais l'expérience m'a appris qu'elles fa- cilitent considérablement le travail des détermi- nations. Afin de rendre plus facile la comparaison des phrases caractéristiques des espèces , j'ai rejeté en notes les synonymies , innovation qui ne me sem- ble avoir aucun inconvénient. Enfin, j'ai eu soin d'indiquer par les lettres ( G. M. ) toutes les espèces qui existent au Muséum d'histoire naturelle, où l'on pourra les trouver rangées dans le même ordre que dans ce traité. Dans les planches qui accompagnent cet ouvrage, j'ai représenté quelques types qui pourront servir de points de comparaison ; et , afin de les rendre aussi utiles que possible , je me suis attaché a ne fi- INTRODUCTION. XXXV curer surtout que des espèces qui jusqu'alors ne l'avaient pas été , et à multiplier les détails de par- ties caractéristiques. Je regrette que la nature de la collection, dont ce résumé fait partie, ne ni ait point permis d'en augmenter le nombre. HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. PREMIÈRE PARTIE. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. CHAPITRE PREMIER. CONSIDÉRATIONS GENERALES. TEGUMENS. SQUELETTE TÉGUMENTAIRE. § Ier. Considérations générales. Les animaux que les naturalistes désignent sous le nom de Crustacés sont tous ceux qui présentent les mêmes caractères généraux d'organisation que les Crabes ouïes Ecrevisses, et qui forment un groupe naturel dont ceux-ci constituent le type. L'absence d'un système nerveux cérébro-spinal, et d'un sque- lette intérieur, les place à une distance considérable des Mammifères , des Oiseaux, et des autres animaux vertébrés; sous ce rapport, les Crustacés ne diffèrent pas des Mollusques, desinsectes des Zoopbytes, etc., CRUSTACÉS , TOME I. I 2 HISTOIRE NATURELLE mais il suffit d'un examen superficiel pour ne pas les confondre avec eux. Leur corps, entouré par une sorte de squelette extérieur , se compose d'un certain nombre de segmens ou d'anneaux placés bout à bout, et présente toujours une double série de membres articulés; une disposition semblable ne se rencontre que chez les Insectes , les Arachnides ou les Myria- podes , et caractérise , dès le premier abord, la grande division du règne animal qui renferme ces divers animaux, que l'on appelle Gondylopes (i). Enfin les Insectes , les Myriapodes et les Arachnides , s'éloi- gnent à leur tour des Crustacés par la nature de leur appareil respiratoire; ils sont constitués pour vivre dans l'air, et les organes destinés à agir sur ce fluide ont la forme de canaux rameux qui se distribuent dans toutes les parties du corps, et qui portent Foxigène jusque dans le tissu des viscères les plus éloignés de la surface du corps, ou bien celle de petites poches pul- monaires. Les Crustacés, au contraire, sont presque tous essentiellement aquatiques, et ils ne présentent jamais ni trachées, ni poumons; leurs organes respi- ratoires, au lieu d'avoir la forme de cavités internes, sont toujours en relief; et à moins qu'il n'y ait pas d'appareil spécial destiné à agir sur Foxigène , et que la surface générale du corps n'en remplisse les fonc- tions, ces organes consistent en branchies plus ou moins nombreuses. Ces animaux ne présentent aussi aucun instrument de locomotion aérienne , ils sont toujours dépourvus d'ailes, et leurs pâtes ambula- toires sont presque toujours au nombre de cinq ou de (i) Pieds à jointures ; Latveille, Familles naturelles , page 2/|8. DES CRUSTACÉS. 3 sept paires; leur tète est , à un petit nombre d'excep- tions près , munie d'appendices nommés antennes ; leur sang circule dans des vaisseaux plus ou moins com- plets , et est mis en mouvement par un cœur artériel ; les sexes sont séparés, et les organes de la généra- tion sont doubles ; enfin, la reproduction s'effectue au moyen d'oeufs qui éclosent après la ponte , et les jeunes qui en sortent ont, en général, la forme qu'ils doivent, à quelques modifications près , con- server pendant toute la durée de leur existence; mais quelquefois ils subissent des changemens des plus remarquables. Les Crustacés, comme on a pu le voir d'après le peu de mots que nous venons d'en dire , ressemblent aux Poissons par leur manière de vivre et par la na- ture de leur appareil respiratoire ; mais, sous tous les autres rapports, ils se rapprochent bien davantage des Insectes ; aussi , dans les classifications naturelles où la place assignée à chaque être est destinée à faire connaître les caractères les plus importans de son or- ganisation, et à indiquer les divers degrés d'affinité qui l'unissent à tous les autres animaux; dans ces clas- sifications, dis -je, ce n'est pas à côté des Poissons que l'on range les Crustacés , mais bien auprès des Insectes 5 des Arachnides et des Myriapodes, dans le groupe des Animaux articulés. Les divers actes dont se compose la vie des Crustacés et de tous les autres animaux peuvent être rapportés à trois grandes divisions ; les uns ont pour but la conservation de l'espèce, ou la génération; d'autres constituent les fonctions dénutrition à l'aide desquelles l'individu assimile à sa substance les corps étrangers nécessaires à l'entretien de sa vie, et ta I 1 :*V i%'f^ A HISTOIRE NATURELLE rejette au dehors les particules que ceux-ci viennent remplacer; enfin, ilcst aussi d'autres fonctions qui ne se lient d'une manière directe nia la reproduction, nia la nutrition , et qui servent seulement à établir des rap- ports entre l'animal et tout ce qui l'entoure. Ce dernier ordre de phénomènes, qui appartient exclusivement au règne animal , constitue ce que les physiologistes appellent la vie sensitive ou les fonctions de relation -, les premiers, que l'on retrouve aussi dans le règne végétal, ont été désignés sous le nom collectif de vie végétative. Il n'existe pas toujours une ligne de dé- marcation bien tranchée entre ces diverses fonctions et tel acte ou telle faculté : ainsi l'organe qui en est le siège peut tour à tour servir à chacune d'elles ; mais cette classification des phénomènes vi- taux permet d'introduire dans les études physiolo- giques et anatomiques une méthode qui, lorsqu'on n'v attache pas trop d'importance , est réellement utile ; aussi l'adopterons-nous dans la description que nous allons donner de la structure des Crustacés et du jeu de leurs organes. Seulement, nous croyons utile de présenter d'abord quelques considérations sur la forme extérieure de ces animaux et sur leur squelette tégumentaire, appareil dont les usages se rattachent plus ou moins intimement à presque toutes les fonc- tions. § II. Des têgumens. Chez les êtres dont la structure est la plus simple, la texture delà surface extérieure du corps ne paraît pas différer de celle des autres parties qui le constituent ; leurcomposition est partout homogène, et, l'identitéde l'organisation entraînant un mode d'action semblable, DES CRUSTACÉS. 5 l'économie intérieure de ces animaux peut être com- parée à un atelier où chaque ouvrier serait employé à l'exécution de travaux semblables, et où , par consé- quent, leur nombre influerait sur ia somme , mais non sur la nature des produits ; chacune des parties de leur corps concourant à l'entretien de Ja vie., à la manière de toutes les autres , la perte de l'une d'elles n'entraîne la cessation d'aucun des résultats produits par l'ensemble de toutes ; la vie générale de l'individu ne se compose que d'un nombre plus ou moins grand de séries semblables de phénomènes plus ou moins variés; aussi l'expérience a-t-elle démontré qu'en di- visant un de ces êtres on ne change point sa manière d'agir, et que chaque fragment de son corps continue de vivre comme auparavant. Les polypes d'eau douce , devenus célèbres par les expériences de Trembley et de quelques autres phy- siologistes , nous offrent des exemples de ce mode de structure homogène ; mais à mesure que Ton s'élève dans l'échelle des êtres, on voit l'organisation se compliquer davantage : le corps de chaque être se compose de parties de plus en plus dissemblables entre elles , tant par leurs formes et leur structure que par les fonctions dont elles sont le siège , et la vie de l'in- dividu résulte de l'ensemble d'élémens hétérogènes tous plus ou moins dépendans les uns des autres. C'est d'abord le même organe qui sent , qui se meut, qui respire, qui absorbe du dehors les substances nu- tritives , et qui assure la conservation de l'espèce ; mais peu à peu les diverses fonctions ont chacune des in- strumens qui leur sont propres , et les divers actes dont elles se composent s'exécutent dans des parties distinctes. En un mot , le principe suivi par la nature () HISTOIRE NATURELLE dans le perfectionnement des êtres est le même que celui si bien développé par les économistes modernes, et, dans ses œuvres aussi bien que dans les produits de l'art, on voit les avantages immenses qui résultent de la division du travail (i). La surface extérieure du corps , de même que les parties situées plus profondément, présentent une série de modifications dont la clef nous est fournie par le principe dont nous venons de parler. Ainsi que nous l'avons déjà dit , elle est d'abord semblable au reste du parenchyme, mais bientôt elle acquiert des propriétés différentes et constitue une membrane dis- tincte dont la face interne donne attache à tous les organes actifs de la locomotion, et dont la superficie estle siège des sens, de la respiration et de plusieurs autres fonctions. Dans les classes plus élevées , la faculté de perce- voir la lumière se localise davantage et devient en même temps plus parfaite , la respiration devient aussi l'apanage dune partie spéciale de l'appareil tégumen- taire ; il en est de même pour les sens de l'ouïe et de l'odorat ; mai,s l'enveloppe générale sert encore comme organe du mouvement et du ta,ct, en même temps qu'elle détermine la forme du corps et protège les organes internes de l'influence nuisible des açens ex- teneurs. Enfin , vers le sommet de la série des ani- maux, cette division du. travail est portée encore plus loin; un système particulier, destiné spéciale- ment àla défense des parties molles aussi bien qu'aux (i) Voyez les articles organisation , nerfs, etc., du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, et nos Elémens de Zoologie, ou nous avons développé ce principe. DES CRUSTACÉS. 1 fondions locomotrices, se montre dans l'économie, et îa membrane tégumentaire , au lieu de servir à des usages si divers, n'est plus appelée qu'à agir comme organe du tact, à s'opposer àl'évaporation des liquides renfermés dans le corps et à remplir un petit nombre d'autres fonctions. Les Crustacés occupent pour ainsi dire le milieu de cette chaîne. Chez les uns, l'enveloppe générale du corps sert à en déterminer la forme, à en protéger les parties intérieures, et à fournir aux muscles de loco- motion des leviers et des points d'appuis, en même temps qu'elle remplit les fonctions d'organe de respi- ration et du tact; chez d'autres, des organes spéciaux sont chargés de l'absorption de l'oxigène et de l'exha- lation de l'acide carbonique , ou, en d'autres mots , des actes respiratoires, et on trouve dans l'intérieur du corps certaines parties solides auxquelles viennent se fixer les muscles de la locomotion ; mais ces organes ne sont que des dépendances de l'appareil tégumentaire , et c'est lui qui remplit encore toutes les fonctions dont le squelette intérieur devient le siège chez les animaux vertébrés. La nature de l'enveloppe extérieure des Crustacés est, comme on le pense bien, en rapport avec les usages qu'elle est appelée à remplir ; devant détermi- ner la forme du corps , protéger les organes intérieurs et fournir des points d'attache , ainsi que des leviers, aux muscles de la locomotion , sa consistance est né- cessairement toujours assez grande. Mais, d'un autre côté , lorsque la respiration n'est pas encore localisée , et s'exécute par tous les points de la superficie du corps , trop d'épaisseur et de dureté dans les tégumens s'opposeraient à l'exercice de cette fonction; aussi, 8 HISTOIRE NATURELLE dans les Crustacés qui ne sont pas pourvus d'organes respiratoires spéciaux, tels que les Phyilosomcs elles Mysis , la peau est-elle seulement semi-cornée , tandis que dans les espèces dont l'appareil branchial est très- déveioppé, comme les Crabes et les Écrevisses, elle s'cncroùte de matière calcaire et constitue un test d'une solidité remarquable qu'on peut comparer aux os des animaux supérieurs. Pour se former une idée exacte de la composition anatomique de ces tégumens, il faut les étudier d'a- bord à l'époque de la mue sur des individus qui sont sur le point de se dépouiller de leur enveloppe extérieure. On voit alors que la peau de ces animaux se compose de trois couches membraneuses principales. La plus pro- fonde ressemble aux tuniques séreuses des animaux supérieurs; dans certaines parties du corps, dans les membres par exemple, elle est à peine visible ; mais autour des grandes cavités du tronc, elle constitue une membrane bien distincte et se continue sur tous les viscères de manière à former autour de chacun d'eux une gaine particulière, en même temps qu'elle leur fournit une enveloppe commune. La face interne de cette tunique mince et transparente est libre et lisse, mais sa face externe est au contraire unie à la couche tégumentaire moyenne. Cette dernière membrane est molle , plus ou moins spongieuse , en général assez épaisse et très-vasculaire ; sa surface est ordinaire- ment colorée et on pourrait la comparer au Chorion ou Derme. Enfin, la couche la plus externe est for- mée par une membrane mince , mais dense et con- sistante , qui ne présente pas de ramifications vascu- laires; elle enveloppe le corps de toute part et forme dans divers endroits des replis qui pénétrent DES CRUSTACÉS. 9 plus ou moins profondément entre les organes in- térieurs. Cette tunique superficielle se trouve , entre le cho- ri on et la carapace , prête à tomber, et elle est évidem- ment sécrétée par la première de ces enveloppes , car à toute autre époque qu'à celle de la mue on n'en voit aucune trace ; et en effet c'est elle qui doit former le nouveau test. Bientôt après la cnute de l'ancienne carapace , on la voit acquérir une consistance plus grande : dans certaines espèces elle reste toujours dans un état semi -corné ; mais dans d'autres elle s'épaissit davantage et s'encroûte de particules calcaires, de fa- çon à devenir très-solide et très-dure. Lorsqu'on l'exa- mine là où elle a déjà pris cette consistance osseuse, on voit que son épaisseur est assez grande , et que sa surface interne est revêtue d'une couche mince de tissu cellulaire membraneux ; dans une partie de son épais- seur , et à sa face externe , elle est en général plus ou moins colorée ; enfin , on y remarque souvent des pro- longemens piliformes , qu'au premier abord on pren- drait pour des poils semblables à ceux des Mammi- fères, mais qui en diffèrent entièrement par leur structure , et qui rie sont autre chose que des appen- dices de cette tunique épidermoïde. La nature chimique de ce squelette tégumentaire varie suivant qu'il présente une consistance semi-cor- née ou osseuse. Dans le premier cas, cette tunique est composée presque en entier d'albumine et d'une sub- stance particulière, nommée chitine , qui forme égale- ment la base des parties dures des Insectes ; dans le second, on y trouve aussi beaucoup de carbonate et de phosphate de chaux, etc., sels qui entrent aussi U) HISTOIRE NATURELLE dans Ja composition des os formant le squelette inté- rieur des animaux vertébrés (i). (i) Pendant long- temps on croyait que l'enveloppe tégumentaire des Insectes était fournie par une substance analogue à la corne ; et en effet , d'après l'analyse qui en avait été faite par Hachette, elle paraissait être composée principalement d'albumine modifiée ; mais M A. Odier a fait voir, il y a quelques années , qu'il existait dans ces tuniques une substance particulière qui paraît en former la base, et qui possède des propriétés toutes différentes de celles de la corne. Il la nommée chitine , et en a constaté la présence dans le test des Crustacés. ( Mèm. de la Soc. d'hist.nat. de Paris , t. i.) Ayant également soumis le test des Crustacés à un examen chi- mique, je me suis assuré qu'effectivement il y existe une matière particulière que les alcalis ne dissolvent pas, et qui jouit delà plupart des propriétés indiquées par M. Odier, comme étant caractéristiques de la chitine. Elle constitue en quelque sorte la charpente de la mem- brane tégumentaire externe; car celle-ci conserve sa forme lorsqu'elle a été dépouillée de toute autre substance ; mais cependant sa propor- tion est souvent assez faible. Dans la carapace du Carcinmenade, par exemple, j'ai trouvé environ n pour 100 de chitine, 18 d'eau, 63 de sels mêlés à un peu de matière animale soluble à froid dans l'acide hydrochlorique faible, et environ 8 d'albumine. Dans les segmens dorsaux des anneaux abdominaux du même animal , j'ai trouvé 20 pour 100 de chitine et 54 de matières salines. Dans la carapace du Homard, M. Chevreuil a trouvé : eau et matière organique , 44 > 7^ > sels, 55 , i\ pour 100 ; et dans celle du tourteau, seulement 28 , Go de matière animale et d'eau pour 77, 40 de sels. D'après le même chimiste , ces sels sont principalement du car- bonate de chaux ; voici les résultats de son analyse faite sur 100 parties de test. Carapace de Homard. Carapace de Tourteau. Carbonate de chaux 47>26 62>8° Phosphate de chaux 5,22 6,00 Phosphate de magnésie et de fer. 1,20 1,00 Chlorure de sodium et sels de soude i,5o 1,60 Parmi les sels de soude , il a parfaitement bien reconnu une petite quantité dhydriodate , tandis que l'Écrevisse de rivière n'en a pré- senté aucune trace; différence remarquable en ce qu'elle tend à montrer l'influence que la nature du lieu habité par ces animaux exerce sur la composition chimique de leur enveloppe tégumentaire. (Voyez Troisième mémoire sur une colonne vertébrale et ses côtes dans les Insectes apiropodes , par M. Geoffroy-Saint-Hilaire. Journal complé- mentaire du Dictionnaire des sciences médicales, avril 1820.) DES CRUSTACÉS. I I Les couleurs qu'offrent ces parties sont souvent très-remarquables et dépendent de l'existence d'un pigment de nature particulière qui paraît avoir beau- coup d'analogie avec la matière colorante des pâtes des Pigeons et du bec des Oies; elle est soluble dans l'alcool et dans l'éther ; quelquefois elle est rouge, mais le plus ordinairement elle est brune ou verdâtre , et alors elle passe au rouge à une température d'envi- ron 700, ainsi que par faction des acides ou même de l'alcool (1). Du reste, sa nature paraît varier suivant les espèces , car il est des Crustacés dont la couleur ne change point par la cuisson. Cette matière colorante est sécrétée par le derme , et s'y montre souvent avec une teinte différente de celle qu'elle présente dans le test, dans la coucbe superficielle de laquelle on la trouve en plus grande abondance que partout ailleurs. En général la face dorsale du corps des Crustacés est la seule colorée; en dessous, leur test est ordinai- rement blanchâtre ; mais quelquefois cependant on ne remarque à cet égard aucune différence, La lumière et le climat paraissent exercer une in- fluence sur la vivacité des couleurs que présente l'en- veloppe tégumentaire de ces animaux , et même sur la nature de leurs teintes. Ce sont les espèces propres aux pays chauds qui offrent les nuances les plus variées et les plus brillantes, et nous avons cru remarquer qu'il y a des différences analogues entre les individus d'une même espèce, suivant la latitude ou les localités qu'ils habitent (2). (1) Voyez à ce cujet les recherches de M. Lasseigne , Journal de Pharmacie, t- G , p. 17-j. (2) Ce quia d'abord appelé notre attention sur ce sujet, est la 12 HISTOIRE NATURELLE Enfin lorsqu'on fait bouillir dans une dissolution alcaline une carapace de Crabe préalablement dépouil- lée des sels dont sa substance était encroûtée , on voit qu'elle se compose de trois couches bien distinctes, dont la moyenne est de beaucoup la plus épaisse, et dont l'externe paraît contenir la majeure partie de la matière colorante. Le système tégumentaire des Crustacés constitue la charpente du corps de ces animaux et peut, ainsi que nous l'avons déjà dit , être regardé comme une espèce de squelette extérieur ; mais il n'est pas égale- ment dur et épais dans tous ses points et présente toujours une série de parties alternativement solides et flexibles. Il en est de même pour les Insectes, les Arachnides , etc. , et l'on comprend facilement la né- cessité de cette disposition au défaut de laquelle tout mouvement aurait été impossible. La différence entre ces parties molles et dures de la peau est en général très-grande, et les dernières forment toujours des pièces assez bien circonscrites qui sont unies entre elles soit par soudure, soit par 1 intermédiaire d'une portion de peau qui a conservé sa souplesse primi- tive. Leur étude semble au premier abord extrême- ment difficile à cause de leur nombre et de leur diver- sité ; mais en la rendant comparative et en y appliquant les principes suivis par M. Audouin, dans l'examen différence de couleurs que nous avons remarquée dans les Ériphies front épineux que nous avions observées sur les côtes delà Bretagne, et celles que nous avions recueillies dans la baie de Naples ; les pre- mières étaient toutes d'une teinte olivâtre, tandis que les dernières étaient d'une couleur tirant sur le rouge. En général, il y a aussi beaucoup de différence pour la vivacité des couleurs entre les Clo- portes qui vivent sur les toits et ceux qui habitent les caves. DES CRUSTACÉS. l3 du thorax des Insectes et des autres animaux articu- lés], nous espérons en aplanir considérablement les lifficultés. C! § III. De la composition anatomique du squelette tégumentaire des Crustacés . Le corps des Crustacés , de même que celui de tous les autres animaux articulés , se compose d'une série de segmens homologues qui sont tous la répétition plus ou moins exacte les uns des autres, mais qui peuvent être plus ou moins modifiés dans leur Struc- ture , suivant que la division du travail physiologi- que a été portée plus loin, et que les diverses fonctions se sont localisées davantage. Chez les Annélicles et les larves de beaucoup d'Insectes , un mode de confor- mation analogue se reconnaît dans la plupart des ap- pareils de l'économie ; mais chez les Crustacés il n'est bien évident que pour les divers systèmes appartenant à la vie animale, tels que les systèmes nerveux, musculaire , appendiculaire , etc. Chaque segment du corps de ces animaux ne se compose quelquefois que d'une portion centrale ou tronc, qui est renfermée dans un anneau solide, mais en général il présente aussi des parties appendicu- laires ou membres. Un certain nombre de ces an- neaux sont toujours mobiles les uns sur les autres et parfaitement distincts entre eux , mais il n'en est pas de même pour tous, et, si l'on se contentait d'une étude superficielle du squelette tégumentaire , on pourrait croire que rien n'est plus variable que le nombre de ces anneaux, et le nombre des membres appartenant à chacun d'eux. En effet , si l'on examinait ainsi un Crabe ordinaire 1^ HISTOIRE NATURELLE ou une Langouste (i), on reconnaîtrait bien que la portion postérieure de leur corps se compose de cinq ou six anneaux portant chacun une paire de membres , mais oncroiraitcertainement que toute la partie antérieure, qui est recouverte par une carapace épaisse , n'est formée que d'un seul segment dont les membres seraient en nombre extrêmement considérable. Observée d'une manière également superficielle , une Crevette (2) ne paraîtra composée que de quatoze segmens, dont l'antérieur aurait encore un grand nombre de mem- bres f tandis que dans la Squille (3) on en distin- guerait aisément quinze, dont les deux premiers n'ont chacun qu'une seule paire de membres ou ap- pendices , tandis que le troisième en porte neuf paires. Il en est cependant tout autrement: car ces diffé- rences apparentes ne dépendent que de la réunion d'un nombre plus ou moins considérable de segmens en un seul tronçon, et il nous paraît facile de démon- trer que, chez les Crustacés, le même segment ne porte jamais plus d'une paire de membres. Sous ce rapport , ils s'éloignent extrêmement des insectes qui, pour la plupart , ont un ou deux segmens de leur corps pourvus chacun de deux paires de membres , les ailes et les pâtes. On peut poser en principe que le nombre normal de segmens , dont le corps des Crustacés se compose , est de vingt et un ; on connaît , il est vrai , deux ou trois de ces animaux où il en existe un plus grand nombre, et souvent il n'a pas, à beaucoup près, (1) Voyez PI. 3 , fig. 1 et 5 ; PI. 22, fig. I. (2) PI. I, fig. 2. .(3) PI. i, iis. ,. DES CRUSTACÉS. l5 autant d'anneaux distincts ; mais dans l'immense ma- jorité des cas, à moins qu'une portion du corps ne soit réduit à l'état rudimentaire , comme cela a lieu chez les Lœmipodes, on retrouve toujours des signes de nature à révéler l'existence de vingt et un segmens. L'étude que nous allons faire du squelette tégumen- taire, dans les difFérens groupes de Crustacés, nous en fournira la preuve. Du reste , la soudure des anneaux entre eux est souvent facile à constater de la manière la plus irrécusable ; lorsque cette union n'est pas très-intime, elle est indiquée par des lignes , et lorsqu'on traite le squelette tégumentaire par de l'a- cide hydrochlorique faible pour en retirer les sels cal- caires , on désunit de ces diverses pièces long-temps avant que de les avoir rendues à leur état membraneux primitif. La Squille est, de tous les Crustacés, celui où les vingt et un segmens du corps sont les plus distincts (i). Le premier anneau , que nous appellerons Y ophtalmi- que, parce qu'il porte les pédoncules oculaires, est parfaitement séparé du second, et celui-ci est sim- plement articulé avec le troisième. Le troisième et le quatrième segmens sont confondus, et les anneaux sui- vans sont très-incomplets ; mais on peut néanmoins les séparer par la dissection. Les onze derniers sont au contraire complets et parfaitement séparés les uns des autres. Enfin tous ces anneaux , à l'exception du dernier qui est toujours privé d'appendices , portent une paire de membres dont les formes varient suivant les usages auxquels ils sont destinés. (i) PI. i, %, i , et PI. 2, %. 1-8. j5 HISTOIRE NATURELLE Dans les autres Crustacés , la soudure des premiers anneaux du corps augmente de plus en plus, et quel- quefois on voit une fusion analogue s'effectuer égale- ment vers l'extrémité opposée du corps. Ainsi, dans la plupart des amphipodes, les sept premiers segmens sont confondus en un seul tronçon , et chez quelques- uns de ces pelits Crustacés le huitième anneau ne se distingue plus des suivans. Chez quelques Isopodes , plusieurs des anneaux de l'abdomen sont également unis entre eux (i) ; et enfin , dans la plupart des Déca- podes, les quatorze premiers segmens ne forment plus qu'un seul tronçon, et, dans quelques Bracbyures, trois des anneaux delà portion postérieure du corps, présentent une union non moins intime. Chacun des anneaux de ce squelette paraît se com- poser de deux moitiés latérales , semblables entre elles ; on peut aussi y distinguer deux arceaux , l'un supérieur et l'autre inférieur (2). Le premier résulte de l'assemblage plus ou moins intime de quatre pièces , disposées par paires de chaque côté de la ligne mé- diane ; les pièces mitoyennes portent le nom de ter- gum , et les latérales celui de flancs ou d'épimères. L'arceau inférieur se compose du même nombre de pièces ; les deux médianes se réunissent pour former le sternum, et les latérales peuvent porter le nom à'Épistèrnmn, à raison de leur analogie avec celles que M. Audouin a désignées sous le même nom chez les Tn- (i) pi. 1, fig. 4; (2) Voyez la figure théorique de la composition de l'anneau tégumentaire des Crustacés, PI. 1. fig- 3: — t, t, pièces tergales; — em, em, pièces épimériennes; — es, w,pièces épisternales; — s, s, pièces sternales. DES CRUSTACÉS. 1J sectes (i) ; elles s'unissent toujours au sternum , mais il existe en général, entre l'arceau inférieur et l'épi- mère placé au-dessus , un espace vide destiné à l'arti- culation du membre correspondant. Nous ne connaissons pas d'exemple d'un anneau où l'on puisse distinguer à la fois toutes les pièces que nous venons d'énumérer ; tantôt les unes manquent complètement , et il existe un vide à la place qu'elles de- vraient occuper (2) ; tantôt elles sont soudées entre elles d'une manière si intime , qu'on ne voit aucune trace de leur séparation ; mais, en étudiant chacune d'elles là où elle est le plus distincte , on peut s'en former une idée précise et la reconnaître ensuite malgré son union avec les pièces voisines. Du reste , quoique cette (1) Dans un travail approfondi et comparatif sur la structure du thorax des Insectes, présenté à l'Académie des sciences le i5mai 1820 et imprimé en partie dans les Annales des sciences naturelles, t. I, M. Audouin, après avoir déterminé quelles sont les parties consti- tuantes d'un anneau quelconque du corps de ces animaux, et quelles sont les lois qui président à l'arrangement de ces mêmes élémens organiques , a fait d'une manière générale l'application de sa théorie au squelette tégumentaire des crustacés. Cette partie de ses re- cherches n'a pas encore été publiée ; mais , d'après le rapport de M. Cuvier, on voit qu'il pose en principe que les pièces consti- tuantes du squelette des Crustacés se retrouvent toutes dans les Insectes, mais que ces derniers ont de plus des pièces que les pre- miers ne présentent pas; il est même arrivé à cette conclusion gé- nérale, que ce n'est que de l'acroi s sèment semblable ou dissemblable des segmens , de la réunion ou de la division des pièces qui les composent , du maximum de développement des uns , de l'état rudimentaire des autres^ que dépendent toutes les différences qui se remarquent dans la série des animaux articulés. ( Annales des sciences naturelles , t. I , p. 1 16.) Il n'est pas de notre sujet de démontrer ici l'analogie de structure qui existe entre le squelette extérieur des Crustacés et celui des Insectes ; mais l'étude comparative que nous allons faire de cet ap- pareil dans les premiers fournit un grand nombre de faits à l'appui de ce corollaire. (s) PI. 3, fig. 3, et PI. 23, fig. 3. CRUSTACÉS, TOME I. 2 l8 HISTOIRE NATURELLE analyse de l'anneau ne soit pas toujours praticable, il n'en est pas moins vrai qu'elle facilite beaucoup l'é- tude du squelette extérieur des animaux articulés, et qu'elle nous permettra souvent de constater des analogies frappantes dans ce qui semblait au pre- mier abord n'offrir que des dissemblances. Pour terminer l'énumération des parties consti- tuantes des anneaux tégumentaires des Crustacés, il nous reste encore à parler des lames que l'on voit sou- vent s'élever de leur face interne et former dans leur intérieur des cellules et des canaux. Ces cloisons nais- sent toujours des points de soudure de deux anneaux , ou de deux pièces voisines d'un même segment, et cette disposition leur a valu le nom à'apodèmes ( Audouin ). Elles résultent d'un repli de la membrane tégumeu- taire qui plonge plus ou moins profondément entre les organes et qui s'encroûle de matière calcaire comme le reste du test ; aussi sont-elles toujours formées de deux lames adossées et soudées entre elles (i). § IV. De la portion centrale ou annulaire du squelette tégument aire. Voyons maintenant quelles sont les principales mo- difications que subit l'anneau tégumentaire du Crus- tacé , soit dans les espèces différentes, soit clans les diverses parties du corps d'un même individu. On distingue en général chez ces animaux une tête, un thorax , et un abdomen (2) ; mais les limites de ces (1) Voyez la figure théorique des apodêmes , PI. 1 , fig. 6; et leur disposition chez le Maïa squinado, PI. 2, fig. 9- 11; et chez la Langouste , PI. 23, fig. 3. (2) Quelquefois on désigne cette dernière partie du corps sous le DES CRUSTACÉS. iq régions ne sont pas toujours bien fixées parla nature, et il ne convient pas d'attacher à ces distinctions une trop grande importance, car elles ne correspondent pas, comme chez les Mammifères, lesOiseaux, etc., à autant de cavités distinctes, destinées à loger des organes dif- férens ; l'intérieur du corps des Crustacés n'est occupé que par une seule grande cavité viscérale , et les organes qui s'y trouvent s'étendent ordinairement dans toute sa longueur. Quoi qu'il en soit , la tête est la partie du corps qui porte les yeux , les antennes et la bouche (i) ; le thorax est celle qui donne naissance aux pâtes ambu- latoires et qui renferme la plus grande portion des vis- cères (2) : il est souvent confondu avec la tête (3) et ne se distingue quelquefois de l'abdomen que par la posi- tion des organes générateurs qui chez le mâle en occu- pent ordinairement le dernier segment. Knfin , l'abdo- men fait suite au thorax pour se terminer par l'anneau qui porte l'anus (4) ; cette partie du corps est aussi , dans la plupart des cas , pourvue de membres comme le thorax , mais leur forme est presque toujours très- différente. nom de queue , mais c'est à tort ; car on rie doit appeler ainsi que les prolongemens qui naissent en arrière de l'anus. Guidés par la si- tuation des principaux viscères, quelques auteurs ont donné le nom d'abdomen au thorax, et de post-abdomen à ce que nous appelons abdomen; mais, d'après ces principes, il faudrait considérer aussi la tête comme un pré-abdomen ; car elle loge les mêmes viscères que le thorax et l'abdomen. Du reste, peu importe les dénominations employées , pourvu que l'on ne perde jamais de vue que les limites de ces diverses parties ne sont pas constantes, et que des anneaux qui appartiennent au thorax de telle espèce peuvent entrer dans la composition de la tête de telle autre , et vice versa. (1) PI. 1, fig. 2, a. (2) PI. 2, fig. 2, b — h. (3) PI. 3, fig. 1 et 2. (4) PI. i, fig. i,/,*; fig. 2, /', 0; PI. 3, fig. 2, k, et fig. 5 et 6. 2. K I 20 HISTOIRE NATURELLE D'après ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre, relativement à la marche suivie par la nature dans le perfectionnement des êtres, on pour- rait s'attendre à trouver, à l'extrémité inférieure de la série formée parles animaux dont nous nous occupons ici des espèces dont tous les anneaux constituans du corps seraient semblables entre eux, tant par leur forme et leur structure que par leurs fonctions ; puis à les voir devenir de plus en plus disparates , et servir chacun à des usages particuliers. C'est, en effet, la tendance que l'on remarque lorsqu'on compare entre eux les divers Crustacés ; mais ces animaux ne nous offrent d'exemple, ni de cette extrême uniformité, ni de ce maximum de complication. Les Edriophthalmes sont du nombre de ceux dont les divers anneaux du corps, en même temps que leur volume et leur texture nous permettent de les étu- dier facilement , présentent le plus de similitude et de simplicité. Si Ton examine certaines espèces de Crevettes (i) , on voit à l'extrémité antérieure du corps une tête que l'analogie nous porte à regarder comme étant formée de plusieurs anneaux soudés et confon- dus en un seul tronçon, puis une série de quatorze seg- mens, articulés bout à bout de manière a pouvoir exé- cuter certains mouvemens, assez semblables entre eux, et portant tous , à l'exception du dernier, qui est rudi- mentaire, une paire de membres. Les sept anneaux qui suivent la tête constituent ici le thorax , et les sept derniers l'abdomen ; tous sont étroits d'avant en arrière, un peu comprimés latéralement, et formés (i) PI. i, fig. 2. DES CRUSTACÉS. 21 d'un arceau supérieur et d'un arceau inférieur sé- parés par l'insertion des membres. L'arceau ventral est peu développé , et ne montre aucune trace de division ; mais le dorsal est plus grand, et on y dis- tingue, en général, trois pièces , l'une médiane formée parla réunion des deux pièces tergales, et deux latérales qui constituent des espèces de lames clypéiformes, et ne sont autre chose que les épimères(i). Enfin , à l'in- térieur, ces anneaux ont une structure aussi simple qu'à l'extérieur, et ne présentent aucune trace d'apo- dèmes. Quant à la tête, elle ne constitue qu'un seul tronçon et ne laisse apercevoir aucune trace de divi- sion; mais néanmoins on doit, ainsi que nous espé- rons le démontrer plus tard, la considérer comme com- posée de sept anneaux confondus entre eux, de manière à n'être reconnaissantes que par les membres qui en naissent. Dans tous les autres Édriophthalnies la structure de l'enveloppe tégumentaire du corps est essentiellement la même que chez les Crevettes ; les divers anneaux qui la composent présentent la même uniformité et autant de simplicité ; mais leur nombre apparent et leur forme varient un peu. Ainsi , chez la plupart d'entre eux le septième segment de l'abdomen disparaît et semble manquer plutôt que d'être confondu avec l'anneau précédent. Chez un grand nombre d'Isopodes ce sixième anneau abdominal prend un grand déve- loppement , et ceux qui sont situés au devant se sou- dent entre eux , de façon à ne paraître constituer que trois, deux ou même un seul segment (2) ; chez les Lae- (1) PI. 1, fig. a, b , tergum , et V flanc. (2) PI. 1 , fig. 4. 22 HISTOIRE NATURELLE mipodes tous les anneaux de l'abdomen deviennent ru- dimentaires et ne forment plus qu'une espèce de tuber- cule , tandis que les six derniers segmens thoraciques sont crands , semblables entre eux et bien distincts ; mais l'anneau qui chez la plupart des Amphipodes et deslsopodes s'articulait avec la tête , se soude ici com- plètement avec elle et ne peut plus en être distingué. Chez quelques Isopodes et Amphipodes on ne trouve aussi que six anneaux thoraciques distincts ; et la tête, qu'on peut regarder alors comme étant formée parles huit premiers anneaux, porte tous les membres qui leur correspondent. Enfin il est des Cyclopes et quel- ques autres Crustacés où cette fusion est portée en- core plus loin, et où le thorax ne semble être formé que de cinq , quatre ou même trois tronçons , tous les anneaux qui les précèdent étant confondus dans la tête ou unis entre eux. Quant à la forme et la structure des anneaux , ces divers Crustacés ne présentent- rien de très-remarqua- ble; chez les Lsemipo des, toutes les pièces qui les com- posent sont confondues au point de ne pouvoir être distinguées , et chaque segment a la forme d'un cylin- dre ; chez les isopodes et les Amphipodes le corps est tantôt déprimé, tantôt aplati latéralement, et les an- neaux qui en forment la partie abdominale laissent apercevoir seulement des traces de l'union des deux arceaux dont ils sont composés, tandis que dans les anneaux thoraciques on distingue aussi le tergum des épimères. Enfin nous ajouterons que dans certaines espèces d Amphipodes les deux moitiés latérales du septième anneau abdominal ne se réunissent pas sur la ligne médiane comme dans les autres segmens du corps, et DES CRUSTACÉS. 23 qu'il prend alors la forme de deux petites lames cor- nées ou de deux appendices styliformes , disposition très-curieuse en ce qu'elle offre un exemple frappant de la division d'un anneau en deux moitiés symétri- ques et latérales (i). Telles sont les principales modifications de l'enve- loppe tégumentaire du corps dans les Crustacés où elle présente en même temps le plus de simplicité et d'uniformité. Si nous allons maintenant à l'extrémité opposée de la série formée par ces animaux , nous rencontrerons une disposition toute différente, et au premier abord on pourra croire que le squelette tégu- mentairedes espèces les plus élevées est composé d'élé- mens tout autres que ceux que nous venons de signa- ler ; mais une étude plus approfondie de ces parties conduit à l'opinion contraire , et montre que les prin- cipales différences dépendent du développement ex- cessif de quelques-unes de ces pièces, tandis que d'au- tres sont devenues rudimentaires. Dans les Crabes , par exemple , le corps, au lieu d'être formé par une longue série d'anneaux assez semblables entre eux, mais bien distincts et articulés bout à bout , ne paraît composé, presqu'en entier, que d'une seule masse cépbalo-thoracique , recouverte d'une grande voûte qui descend jusqu'à la base des pâtes, et qui constitue une espèce de carapace (2) jlab- domen est encore divisé en segmens , comme cbez les Édriopbthalmes(3), tandis qu'au premier abord le reste (1) Cela se voit dans la Crevette d'Othon E, la Crevette lo- custe L, etc. ; mais , dans la plupart des Amphipodes , ces rudimens des septièmes segmens abdominaux manquent complètement. (Foy.V\. 1, fig.5) (2) PI. 3, fig. 1. (3) PI. 3 , fig. 5. Îî4 HISTOIRE NATURELLE du corps ne semble former qu'un seul tronçon ; mais, si on l'examine avec plus cle soin, on s'aperçoit que ces différences sont moins grandes qu'on ne l'avait pensé , car au-dessous de cette enveloppe clypéiforme on distingue une série d'anneaux thoraciques , à la vérité soudés entre eux, mais néanmoins bien distincts et visibles à la face inférieure des corps (i). Ces anneaux sont en grande partie recouverts par la carapace, et leur paroi supérieure est complétée par elle au lieu d'être fermée par le tergum qui viendrait se souder aux bords supérieurs des épimères , comme cela a lieu dans l'abdomen de ces animaux et dans toutes les parties du corps chez les Edriophtbalmes (2). Lorsqu'on étudie d'une manière comparative le squelette extérieur des Crustacés , on doit donc se demander si ce grand bouclier dorsal , dont on n'a- perçoit aucune trace chez les Amphipodes, les Iso- podes, etc. , est un organe particulier aux Décapodes et à quelques autres Crustacés , et une création toute nouvelle, ou bien si les pièces dont il est formé exis- tent , mais moins développée chez tous les animaux de cette classe ; et , dans ce dernier cas , on devra chercher si la carapace est le résultat de la soudure et de l'extension latérale des pièces dorsales de tous les anneaux qu'elle recouvre , ou si elle n'est composée que de l'arceau supérieur des anneaux céphaliqucs , qui aurait acquis un développement extraordinaire , et se serait prolongé jusqu'à l'origine de l'abdomen. D'après l'étude des Crabes et des autres Décapodes, il serait peut-être impossible d'arriver avec quelque (1) Pi. 3,fis. 2/. (2) PI. 3,%. 3. DES CRUSTACÉS. 20 certitude à la solution de cette question ; mais l'exa- men comparatif de quelques autres Crustacés nous paraît y conduire. En effet , chez les Nébalies et les Apus, par exem- ple , on voit aussi un grand bouclier dorsal qui recou- vre toute la partie antérieure et moyenne du corps , de manière à confondre la tête avec le thorax ; mais ici , bien que la carapace s'étende sur les anneaux tho- raciques , ceux-ci n'en sont pas moins parfaitement distincts d'elle et clos en dessus comme chez les Edrio- phthalmes, etc. L'existence de cette grande lame cly- péiforme est entièrement indépendante de celle des segmens qui composent le thorax, et elle n'est évidem- ment qu'un prolongement de la partie dorsale de la tête. Dans les Alimes et lesErichthes, la carapace recou- vre aussi la presque totalité du thorax; mais elle se soude avec les anneaux thoraciques antérieurs , de manière «à compléter supérieurement leurs parois, et les trois derniers segmens seulement conservent leur intégrité et leur indépendance. Dans le genre Mysis, cette union du bouclier céphalique avec le thorax est portée encore plus loin , et il n'existe plus dans cette dernière partie du corps que deux anneaux qui en soient distincts. En- fin, chez les Décapodes, le développement delà cara- pace est tel que la voûte qu'elle forme recouvre tout le thorax , descend en dehors des flancs de manièreà l'em- boîter complètement , et tient lieu de parois supé- rieures à tous les anneaux dont cette partie du corps se compose. D'après cet examen comparatif de la carapace chez les Apus , les Nébalies , les Stomapodes et les Déca- podes , on peut donc conclure que ce grand bouclier 26 HISTOIRE NATURELLE dorsal est un prolongement de l'arceau supérieur d'un ou de plusieurs anneaux céphaliques qui aura chevau- ché sur le thorax , et que la grande différence que l'on remarque d'abord entre la structure d'un Crabe , par exemple , et d'un Edriophthalme, dépend en majeure partie de ce que cette dernière partie du corps, au lieu d'être libre et indépendante des anneaux qui le précè- dent a été pour ainsi dire entraînée dans l'intérieur de la tète, où tous ses élémens constituans se sont soudés ensemble. Si l'on pousse cette investigation plus loin , et si l'on cherche , soit à connaître la composition ana- tomique de cette carapace , soit à déterminer si elle appartient à l'ensemble de la tête ou bien à une partie spéciale de cette portion du corps , c'est encore à l'é- tude comparative d'un certain nombre de Crustacés différens qu'il faudra avoir recours. Dans les Crabes , les Ecrevisses et les autres Déca- podes , presque tous les anneaux céphaliques sont sou- dés entre eux de manière à ne pouvoir être distingués, et à ne former avec la carapace qu'un seul tronçon. Mais chez certains Stomapodes, tels que les Squilles, la tête est divisée en plusieurs segmens distincts (i) ; les deux premiers, anneaux X ophtalmique et \an- tennulaire , sont mobiles et peu développés ; le troi- sième et le quatrième anneaux sont au contraire très-grands, et confondus entre eux en un seul seg- ment que nous appellerons antenno-maxillaire. Or, la carapace occupe la portion dorsale du tronçon formé par cette soudure, et se prolonge au-dessus des six anneaux suivans • mais ces derniers segmens (1) PI. i, fig. i: et PL 2, fig. i-8. DES CRUSTACÉS. 2^ sont presque rudimentaires , et bien qu'ils se soudent au bouclier cépbalique, ils en paraissent encore assez distincts. Enfin , les quatorze anneaux suivans n'ont plus rien de commun avec la carapace ou avec la tête, et appartiennent au tborax et à l'abdomen. Il en ré- sulte que chez ces animaux , cette espèce de bouclier dorsal est évidemment une dépendance du troisième ou quatrième anneau cépbalique ; et, par analogie, on peut conclure qu'il en est de même pour les autres Crustacés. En effet, chez les Alimes , où la carapace s'étend sur la portion antérieure de la tête en forme de rostre, on voit néanmoins que les deux premiers anneaux céphaliques en sont parfaitement distincts, et chez certains Décapodes le premier anneau ne s'est pas encore complètement confondu avec elle. Quant à la question de savoir si la carapace est un pro- longement de l'arceau supérieur du troisième ou du quatrième anneau , nous ne connaissons aucun fait qui en fournisse la solution ; mais , d'après sa com- position , on est porté à croire que c'est à l'un de ces anneaux seulement, et non aux deux qu'elle ap- partient. En eiïet, dans l'œuf de l'Ecrevisse , comme l'a fait M. Rathke , elle est d'abord formée de trois parties distinctes , qui viennent se réunir entre elles pour con- stituer une seule lame continue ; une de ces pièces occupe la ligne médiane, et représente évidemment les deux tergums réunis qui occupent la même place dans l'arceau supérieur des anneaux thoraciques des Edriophthalmes ; les autres sont latérales et doivent être regardées comme les analogues des épimères. Dans l'E- crevisse adulte , ces pièces sont complètement soudées entre elles ; mais on peut encore les distinguer par les 28 HISTOIRE NATURELLE sillons qui occupent leur point de jonction (i). Les deux pièces latérales sont très-développées , et se réu- nissent sur la ligne médiane dans la moitié posté- rieure de la carapace , tandis qu'antérieurement elles sont séparées par le tergum. Enfiu , à sa partie anté- rieure et inférieure, la carapace est complétée par les arceaux inférieurs des divers anneaux qui constituent la portion céphalique du corps ; mais en général ces pièces sont rudimentaires et entièrement confondues entre elles. Chez d'autres Décapodes de la famille des Bra- chyures, la disposition qui est transitoire dans l'Écrevisse, devient permanente, et la carapace reste toujours formée de trois pièces distinctes ; mais, chez tous ces Crustacés, les épimères sont très-peu dé- veloppées, tandis que le tergum prend une exten- sion énorme (2) ; il s'étend jusqu'à l'abdomen , re- couvre les épimères dans toute leur longueur, et con- stitue la presque totalité de la carapace. On peut même dire que les principales différences qu'on ren- contre dans la forme et la disposition de ce grand bouclier dorsal chez les Brachyures et les Macroures, dépendent des variations dans la grandeur relative de ces trois pièces constituantes. En étudiant ainsi la carapace , dans son ensemble , aussi bien que dans ses élémens , on parvient à rap- porter aux règles de l'organisation normale des Crus- tacés , non -seulement les dernières modifications (1) Pî. 1 , fig. 8, carapace d'Écrevisse . a, pièce tergale; — b, épimère. (2) PI. 1, fig. 9, carapace d'un Atélécycle : a, pièce tergale; — b, b, pièces épimériennes ; — c, arceau inférieur des premiers an- neaux céphaliqucs unis en avant et sur les côtés avec la carapace DES CRUSTACÉS. 29 plus ou moins remarquables dont nous venons de parler, mais aussi la structure en apparence si bi- zarre de certains Entomostracés dont tout le corps est renfermé dans une espèce de coquille bivalve. Chez les Daphnies , par exemple, la portion occipi- tale de la tête, distincte de la frontale, est confondue avec le reste du corps , et la carapace qui en naît pa- raît être réduite aux épimères, dont le développement serait excessif, car ces pièces se joignent au-dessous comme au-dessus du corps, et constituent deux valves, entre lesquelles celui-ci est renfermé. Enfin , chez les Cypris, cette disposition est portée encore plus loin, car les lames épimeriennes de la carapace , réunies entre elles par une espèce de charnière , cachent aussi la tête. Dans les Crustacés où le corps présente le moins d'uniformité, tels que le Crabe commun, le thorax (i), avons -nous dit, n'est visible à l'extérieur qu'in- férieurement , et se trouve comme englobé dans le grand bouclier dorsal, résultant du développement excessif de l'arceau supérieur du segment céphalique (i) Dans le travail que j'ai publié en commun avec M. Audouin, sur la circulation dans les Crustacés , nous avons donné une des- cription sommaire de la structure du thorax chez les Décapodes, Bra- chy ures et Macroures. (Voyez Ann. des Se. Nat., t. n, p. 354-) On trouvera quelques détails de plus sur ce sujet dans une note de M. Audouin, insérée dans la traduction française de l'Anatomie comparée de M. Meckel (t. 2 , p. i36) , et dans le Résumé de l'his- toire naturelle des Crustacés, faisant partie de l'Encyclopédie por tative (p, 102). M. Meckel avait déjà donn« une description assez longue de cette partie ; mais ce savant considère le thorax comme formant un seul tout , et ne distingue pas , sous des noms parti- culiers , les divers élémens qui le constituent : aussi, les détails qu'il énumère sont-ils très-difficiles à bien comprendre. (Voyez son Traité d'anatomie comparée, t. 2, p. i36.) CD. \$ 3o HISTOIRE NATURELLE antenno-maxillaire ; mais, si on le dépouille de cette en- veloppe, on voit qu'il est formé par une série d'anneaux comme chez les Édriophthalmes, seulement ces segmens thoraciques sont incomplets et tous soudés entre eux : ils sont dépourvus de pièces teriales, et il existe un espace vide entre les bords supérieurs des épimères. Enfin , chez les Crustacés des ordres inférieurs , la face intérieure de ces anneaux ne donne naissance à aucune apodème, tandis qu'ici il s'en élève un nombre con- sidérable de lames cornées , qui se réunissent entre elles de diverses manières , et en compliquent singu- lièrement la structure; aussi, pour les décrire avec exactitude , serons-nous obligés d'entrer dans quel- ques détails qui pourront paraître minutieux. Les anneaux thoraciques des Crabes présentent un développement considérable ; ils sont au nombre de cinq (i), et leurs arceaux inférieurs constituent, par leur réunion , une espèce de bouclier ventral qui pro- tège la partie inférieure du corps, comme la carapace en protège la face supérieure (2). Ce plastron sternal est à peu près horizontal et presque circulaire; de chaque côté de ses bords on voit une série d'ouvertures qui donnent insertion aux membres, et qui le séparent des flancs ainsi que du bord inférieur de la carapace ; en avant il se termine presqu'en pointe, à peu de distance de la bouche , et en arrière on y remarque une orande échancrure où s'insère l'abdomen. Les (i)La portion du corps appelée thorax est , comme nous l'avons déjà dit, celle qui porte les pâtes ambulatoires. Or, le nombre de ces membres étant chez les Crabes de cinq paires , on ne doit compter que cinq anneaux thoraciques ; mais cette division entre le thorax et la tête est tout-à-fait arbitraire. (2) PI. 3, fig. 2, 3 et 4 : a, c, e, #, pièces sternales des quatre derniers anneaux ; b, d, f, A, pièces épisternales. DES CRUSTACÉS. 3l cinq anneaux du thorax forment à eux seuls la presque totalité du plastron, et un petit sillon li- néaire dirigé transversalement indique le point de leur soudure ; sur un , deux , ou même trois des plus postérieurs, on aperçoit aussi une ligne longitudi- nale qui les divise en deux parties égales, et qui résulte de la soudure des deux pièces sternales du même anneau; mais sur les autres segmens on ne distingue aucune trace de leur division médiane. Ces pièces ster- nales occupent toute la largeur du plastron; cependant elles ne le constituent pas en entier, car vers l'angle externe et antérieur de chacun d'eux, on voit de l'un et l'autre côté une petite pièce triangulaire, qui est l'épisternum. L'arceau inférieur des trois anneaux qui précèdent les cinq anneaux thoraciques, contri- buent aussi à la formation du bouclier sternal; mais ils sont peu développés, et leur union est si intime qu'on a de la peine aies distinguer. Enfin, entre le premier des huit anneaux dont il vient d'être ques- tion, et le bord postérieur de l'ouverture buccale, on trouve encore les vestiges de deux anneaux qui sont soudés aux précédens, mais ne concourent pas à la formation du plastron. Les dix anneaux qui suivent la bouche sont, comme on le voit, complètement soudés entre eux, et si les cinq derniers ne donnaient pas insertion à des membres ayant des formes et des usages différens de ceux des cinq premiers , il n'y aurait aucune raison pour les distinguer, et pour regarder les premiers comme ap- partenant à la tête , et les suivans au thorax. L'arceau dorsal des anneaux post- buccaux, cé- phaliques et thoraciques , est interrompu sur la ligne médiane et n'est formé que par les deux épimères ; 32 HI S TOI HE NATURELLE mais ces pièces sont, pour la plupart, très-déve- loppées , et se soudent entre elles de manière à con- stituer de chaque côté une voûte oblique dont le bord supérieur est fixé à la carapace au moyen de fibres charnues, et dont le bord inférieur est semi- circulaire, et séparé du plastron sternal par les mem- bres correspondans (i). Dans l'état naturel la face supérieure et externe de la voûte des flancs est recouverte par les branchies , et cachée sous les par- ties latérales de la carapace; on y distingue des lignes transversales dans les points où les huit segmens qui la constituent se sont soudés entre eux; et à la partie antérieure et inférieure de l'épimère de l'an té-pénul- tième anneau et du segment précédent, il existe un grand trou circulaire qui sert à l'implantation des branchies correspondantes (2). A la face inférieure et interne des flancs , entre cette voûte et le plastron sternal , on trouve un grand nom- bre de lames verticales qui se réunissent entre elles de manière à former deux rangées de cellules transver- sales placées l'une au-dessus de l'autre ; l'ouverture interne de ces loges est située sur les côtés de la grande cavité viscérale qui occupe le milieu du thorax, et l'ex- terne placé, entre les flancs et le sternum, donne inser- tion aux membres (3). Si l'on examine ces lames verti- cales avec plus d'attention , on verra que leur forme peut varier, mais que leur position est constante ; elles naissent toutes des lignes de soudure des diverses pièces constituantes du thorax , et sont ce qu'on appelle des (i)Pl. 2, fig. 11, c; et PI. 3, fig. 3. (2) PI. 2, fig. g, h; PI. 3, fig. 3, hh. (3) PI. 2, fig. u, e. DES CRUSTACÉS. 33 apodèmes. Les unes ont leur origine sur le point de réunion des épimères entre elles , et peuvent être dé- signées . sous le nom &' apodèmes èpimeriens ; les autres appartiennent à l'arceau inférieur et s'élèvent des soudures des sternums ; nous les appellerons par conséquent des apodèmes sternaux. C'est entre le dernier et l'avant-dernier ou quatrième anneau du thorax que la disposition de ces cloisons est la plus simple. L'apodème sternal se porte directe- ment en haut, pour se réunir à l'apodème épimérien correspondant (i) ; son extrémité supérieure et externe [h) se joint à l'angle externe de l'épimère située au-des- sus [c] , de manière à compléter dans ce point les cadres articulaires où s'insèrent les deux dernières pâtes (2) ; enfin son bord supérieur est libre vers l'angle externe (i), mais dans le reste de son étendue il est soudé au bord inférieur de l'apodème épimérien placé au-dessus (e). Cette dernière lame osseuse présente à peu près la même disposition ; seulement elle ne concourt pas à la formation du cadre articulaire , et ne descend pas au- dessous du niveau du bord inférieur de la voûte des (1) PI. 2, fig. g. — a , cloison qui sépare le dernier anneau tlio- racique de l'avant-dernier dans le Maïa squinado ; de ce côté , la paroi postérieure de la cellule de la dernière pâte a été enlevée pour montrer la disposition de cette cloison. — b , sternum ; — c\, flanc ; — d, selle turcique postérieure ; — e , apodème épimé- rienne allant se souder à la selle turcique et à l'apodème sternale correspondante; — f, apodème sternale; — g, trou intercloi- sonnaire. (2) PI. 2 , fîg. 11. Vue latérale du thorax du Maïa. — a" -a$, pièces sternales dont la réunion constitue le plastron; — b-b, pièces épisternales ; — c , épimères dont la réunion forme la voûte des flancs , — d5 , apodème sternale s'élevant entre le dernier et l'avant- dernier anneau thoracique; — e, cadre articulaire destiné à l'in- sertion des pâtes. CRUSTACÉS , TOME I. 3 3z( HISTOIRE NATURELLE flancs ; son extrémité externe vient se joindre à l'apo- dème sternal dans le point où celle-ci s'unit à l'épi- mère ; sa partie moyenne est également soudée à cette apodème; mais, entre cette partie de son bord et son angle externe, il reste libre de toute adhérence, et donne ainsi naissance à un trou (g) qu'on a nommé in- lercloisonnaire (i); enfin l'extrémité interne de cette apodème s'unit à la selle turcique postérieure {cl). Les cloisons qui séparent entre eux les autres an- neaux thoraciques ne présentent pas exactement la même disposition. L'apodème sternal qui naît du bord postérieur du dernier segment du thorax (3) s'élève comme celle dont nous venons de parler, et va se confondre avec 1 épimère correspondant ; mais, au lieu de se porter transversale- ment endedans etde s'arrêter à une certaine distance de la ligne médiane, elle se dirige obliquement en dedans et en avant, se réunit à celle du côté opposé, devient en- suitehorizontale, et constitue une petite voûte transver- sale qui a reçu le nom de selle lurcique postérieure (2) ; la portion externe du bord supérieur de cette lame est toujours en partie libre , et forme , en se réunissant avec l'épimère, un trou triangulaire (fig. 9, k) ; son ex- trémité antérieure et externe se soude au bord interne des cloisons des anneaux précédens , et à sa face infé- rieure est unie, sur la ligne médiane, à une apodème impair qui naît de la ligne de soudure des deux moi- Ci) Voyez les Becherchcs sur la circulation dans les Crustacés, déjà citées. (2) Audouin et Edwards, op. cit. ( Voyez PI. 2 , fig, 9, d; PI. 3, fig. 3, c. ) (3) PI. 2, fig. 9/. DES CRUSTACÉS. 35 liés du sternum du dernier segment thoracique (i). Il n'existe point sur cet anneau d'apodèmes épimériens distincts , et , comme nous l'avons déjà dit, l'apodème sternal se réunit immédiatement à l'épimère elle- même. Enfin l'espace compris , d'une part , entre les deux cloisons dont nous venons de parler, et , de l'au- tre , entre le sternum et les flancs du dernier segment du thorax , ne constitue de chaque côté du corps qu'une seule cellule (m). Dans les autres anneaux thoraciques , il existe au contraire de chaque côté deux cellules superposées et hien distinctes ; voici d'où dépend cette dispo- sition. Les apodèmes épimériens (2), au lieu d'aller se souder aux apodèmes sternaux correspondans , se portent un peu obliquement en arrière et vont s'u- nir à la partie moyenne de la cloison suivante , tandis que l'apodème sternal se soude à Fapodème épimé- rien de l'anneau précédent (o) : enfin, de chacun de ces points de soudure , naît un petit prolongement ho- rizontal qui unit entre elles ces diverses cloisons. Il en résulte que, dans chacun des espaces compris entre ces lames verticales., il y a deux cellules qui sont séparées en- tre elles du côté interne par le prolongement lamelleux dont nous venons de parler, tandis qu'en dehors elles communiquent ensemble par le trou intercloisonnaire. Cescellules, comme nous l'avons déjà dit, sont superpo- (1) PL 2, %. 9, /, et PI. 3,%. 3. (2) PL 2, fig. 10 : — n. apodème épimérien naissant entre le pénultième et l'antépénultième anneau du thorax, et allant se sou- der à la partie moyenne du bord supérieur de l'apodème sternal suivant (/) , dont la partie externe a été ici enlevée , mais se voit dans la fig. g. — o, ligne de soudure de cette apodème sternal avec l'apodème épimérien correspondant. 3. 36 HISTOIRE NATURELLE sées , mais elles ne sont pas situées exactement l'une au-dessus de l'autre "(i) ; et en dehors les supérieures manquent de plancher, et les inférieures de voûte, de façon que dans ce point chacune d'elles communique avec deux de celles de l'autre rangée. Cette disposition , qui est commune aux apodè- mes qui séparent entre eux les quatre premiers anneaux thoraciques ( c'est-à-dire les quatre seg- mens qui précèdent le dernier, et portent les huit premières pâtes ambulatoires ) , se retrouve aussi en partie dans les trois derniers anneaux céphaliques; mais ici les cloisons deviennent de plus en plus petites et ne présentent plus de prolongement horizontal qui les unisse entre elles ; l'apodème épimérien se com- porte exactement comme dans les anneaux thoraci- ques; l'apodème sternal, au contraire, ne se soude pas au plastron dans toute la longueur de son bord inférieur ; il ne s'y fixe que par son angle externe et inférieur, tandis que son angle externe et supérieur se soude comme d'ordinaire à l'épimère placée au- dessus ; après cette jonction , il se porte directe- ment en haut, reçoit l'insertion de l'apodème épi- mérien , et va se fixer par son angle supérieur et externe à la voûte des flancs ; enfin son angle in- terne et inférieur, ainsi que les deux côtes qui vien- nent y aboutir, sont libres. Quant au second anneau post-buccal, il est rudi- mentaire, refoulé sur les côtes et ne consiste, pour ainsi dire , que dans les deux cadres articulaires , où viennent s'insérer les mâchoires externes ; la portion sternale en est linéaire et confondue avec l'anneau sui- (i) Pl.a,fig. h. DES CRUSTACÉS. $J vant ; et celle qui répond à 1 epimère est horizontale , et se prolonge en manière d'ailerons (i). Enfin , à l'ex- trémité antérieure du plastron , on voit une espèce de fourche osseuse qui constitue le bord postérieur de la bouche et qu'on a nommée la selle turcique anté- rieure (2) ; elle est souciée au premier anneau thoraci- que et nous paraît être le premier segment post-buccal réduit à l'état de vestige. Tels sont les principaux caractères de l'organisa- tion compliquée du thorax du Crabe commun. On re- trouve la même disposition , à quelques légères diffé- rences près, dans la plupart des autres Décapodes brachyures ; mais chez les Macroures cette partie du corps présente d'autres modifications qu'il importe également de signaler. Dans la Langouste , par exemple , on retrouve en- core un plastron sternal , mais il a perdu beaucoup de sa largeur , et les flancs , au lieu d'être fortement in- clinés et de former des espèces de voûtes au-dessus de ce bouclier, deviennent à peu près horizontaux (3). Il en résulte que les deux rangées de cellules qu'on y voit de chaque côté, au lieu d'être superposées, sont placées l'une à côté de l'autre sur le même plan. La disposition des apodèmes est aussi un peu différente de ce que nous avons vu chez les Crabes. Les apodèmes sternaux se fixent au bord inférieur des flancs par leur angle supérieur et externe qui est très-allongé , puis reçoi- vent l'insertion de l'apodème épimérien de l'anneau précédent et donnent souvent naissance dans ce point (1) PI. 3, fig. 3. d. (2) PI. 3, % 3, c. (3) PI. 23 , fig. 2 b et 3 ; et PI. 1 , fig. 7. 38 HISTOIRE NATURELLE à une petite lame qui se recourbe en haut et en arrière pour se souder à la cloison suivante ; enfin , leur angle supérieur et interne se recourbe en avant et s'allonge au point d'aller rejoindre la cloison précédente , et on voit vers la ligne médiane un petit prolongement qui se soude à celui du côté opposé de manière à former la voûte d'une espèce de canal longitudinal. Ce conduit osseux s'étend dans presque toute la longueur du thorax entre les lames montantes des deux rangées d'apodèmes sternaux , et a pour paroi inférieure le plastron : aussi i'a-t-on nommé le canal sternal (i) ; entre le pénultième et l'antépénultième segment il est interrompu par un petit apodème qui s'élève de la ligne médiane du sternum , et au delà de ce point on n'en voit plus de trace. Une autre particularité remar- quable dans le thorax de la Langouste , est l'absence d'une selle turcique postérieure ; les cellules des derniers anneaux sont éloignées de la ligne médiane et séparées par un espace vide au lieu d'une cloison verticale. Enfin la disposition des derniers anneaux céphaliques est exactement la même que celle des animaux tlioraciques. La structure du thorax est essentiellement la même chez la plupart des autres Macroures-, mais quelque- fois , comme dans l'Écrevisse, les sternums ne forment point de plastron et sont réduits à une espèce de carène linéaire. Cette disposition se rencontre aussi chez les Palémons et plusieurs autres Salicoques ; mais chez ces derniers Crustacés on ne trouve pas d'apodèmes solides à l'intérieur du thorax , tandis que chez tous ( i) PI. i , fig. 7 , es , et P\, a3 , fie. 3 , ç , d. DES CRUSTACÉS. 3o, les. autres Décapodes l'existence de ces lames cloison- naires est constante. Il est aussi à noter que chez un certain nombre de Macroures, et chez beaucoup de Décapodes anomoures , le dernier anneau thoracique ne se soude pas au précédent, et conserve un peu de mobilité. Chez ces derniers Crustacés, il existe aussi assez fréquemment un canal sternal. Chez certains Crustacés des autres ordres, le thorax présente aussi quelques modifications remarquables. Dans les parasites du genre Pandarus , par exemple, l'avant-dernier anneau de cette partie du corps pré- sente deux lames dorsales qui sont dirigées en arrière, recouvrent une grande partie du segment suivant, et ressemblent beaucoup aux élytres des Insectes co- léoptères. Ces lames cornées paraissent au premier abord ne pouvoir être rapportées à aucune des parties du squelette tégumentaire chez les autres Crustacés ; mais, comme elles occupent la place des épimères , on peut les regarder comme résultant d'un développe- ment excessif et anomal de ces pièces qui se prolon- geraient au-dessus des anneaux suivans, de même que nous avons déjà vu tout l'arceau supérieur du tronçon antenno-maxiliaire des Décapodes et des Stomapodes se prolonger au-dessus du thorax pour former la cara- pace. Cette disposition anomale peut donc encore s'ap- pliquer d'après les lois de l'analogie. Il en est de même pour celle qu'on rencontre dans un Crustacé des plus singuliers qu'on a désigné sous le nom d'Anthostome ; la partie antérieure de son corps est recouverte d'une carapace , et en arrière de ce bou- clier dorsal on voit une espèce de cornet ou d'enton- noir du milieu duquel sort l'extrémité postérieure du corps. Cette modification des formes du squelette té- A0 HISTOIRE NATURELLE çumentaire dépend aussi du développement excessif de deux ou trois des anneaux thoraciques qui ont chevauché sur les segmens suivans à la manière de la carapace des Décapodes ; mais seulement ici ce dé- veloppement a eu lieu dans l'arceau inférieur aussi bien que dans l'arceau supérieur, et il en est résulté une espèce de gaine au lieu d'un simple bouclier. Quant à l'abdomen des Crustacés dont le thorax présente une structure très-compliquée , comme chez les Décapodes , il est en général peu développé , on n'y voit jamais d'apodèmes ; et tantôt ilest composé de sept anneaux semblables à ceux des Amphipodes , tandis que d'autrefois plusieurs de ces pièces se sou- dent entre elles et ne forment plus qu'une espèce de queue aplatie. § V. De la portion appendiculaire du squelette extérieur , ou membres» Ayant passé en revue les principales modifications de la portion du squelette tégumentaire des Crustacés qui enveloppe le corps de ces animaux, nous devons maintenant nous occuper des membres ou des appen- dices qui y sont fixés. La forme et les usages de ces organes varient suivant la partie du corps à laquelle ils appartiennent , suivant les espèces et même suivant l'âge de ces animaux ; mais ils ont toujours certains caractères communs : ils sont unis au corps à l'aide d'une articulation, et, à quelques exceptions près, ils sont mobiles et formés eux-mêmes de plusieurs pièces (i). (i) M. Audouin emploie le mot à' appendice pour désigner tous les organes qui sont , pour ainsi dire , ajoutés aux divers anneaux DES CRUSTACÉS. 41 Les membres des animaux articulés peuvent appar- tenir, ainsi que l'a démontré M. Audouin , soit à l'arceau supérieur, soit à l'arceau inférieur de chacun des anneaux du corps ; les premiers constituent les ailes des Insectes , les seconds les pâtes de ces animaux , ainsi que celles des Arachnides et des Crustacés. Les uns et les autres sont disposés par paires sur les côtés de la ligne médiane , et chacune de ces paires correspond à l'un des arceaux dont nous venons de parler ; de sorte qu'un seul anneau ne porte jamais plus de quatre de ces organes. Au premier abord , on pourrait croire que, dans quelque cas, le même arceau donne attache à deux paires de membres , ou même un plus grand nombre de ces organes ; mais il est en général facile de prouver que cette anomalie apparente tient à l'union de deux ou de plusieurs an- neaux entre eux. Les membres de l'arceau inférieur sont les plus im- portans , sinon les seuls qui existent chez les Crusta- cés. Si on les examine au moment de leur première ap- parition dans l'embryon d'une Ecrevisse, par exemple, on voit qu'ils ont tous la même forme ; mais bientôt après ils deviennent dissemblables entre eux, et ces différences augmentent de plus en plus , jusqu'à ce du corps des animaux articulés, et il range, sous cette dénomination, non-seulement les pâtes, les ailes, les mâchoires, en un mot , tout ce que j'appelle les membres, mais aussi les branchies. (Voyez l'ar- ticle Appendice du Dictionnaire classique d'histoire naturelle.) Ces deux modes d'appendice paraissent être régis par des lois tout-à-fait différentes , et il nous semble nécessaire de les distinguer complè- tement : les branchies proprement dites sont des prolongemens der- moïdes, semblables par leur nature à ceux qui constituent les poils des Crustacés, etc., et leur position n'offre rien de constant; tandis que les membres conservent toujours les mêmes rapports relative- mentaux divers élémens constituans des anneaux dont ils dépendent. ^2 HISTOIRE NATURELLE que l'animal ait atteint Fétat parfait. En jetant les yeux sur la série des Crustacés , depuis les Bran- chipes et les Limnadies jusqu'aux Crabes, on aper- çoit dans les membres des divers anneaux du corps des modifications semblables ; dans les espèces où ces organes présentent entre eux le plus de simili- tude , tous , à l'exception de trois ou quatre paires si- tuées à l'extrémité antérieure du corps et de celle que supporte le dernier anneau , ont essentiellement la même forme et la même compos tion. Dans d'autres Crustacés , les membres thoracic aes commencent à différer de ceux de l'abdomen , puis un nombre de plus en plus grand des premiers éprouve des modifications particulières ; il en est de même pour ceux de l'abdo- men , et , en changeant ainsi de forme , ces organes changent aussi de fonctions. Le nombre de ces membres est quelquefois très- considérable ; il est des Crustacés où l'on en compte plus de soixante paires, tandis que dans d'autres espè- ces il n'en existe que quatre ou cinq ; mais, dans l'im- mense majorité des cas, on en trouve une série de vingt paires. Les membres de la première paire n'existent que chez les Crustacés des ordres élevés , tels que les Crabes et les Ecrevisses, et ont la forme de tiges mo- biles et articulées qui s'insèrent à la partie antérieure de la tête, et portent à leur extrémité libre les yeux. Lorsqu'ils commencent à se former, ils ne diffèrent en rien des membres suivans , mais leur développe- ment s'arrête plus tôt , et leur structure est toujours très-simple (i). (1) PI. a, fig. |, i • Pi. i^, iig. 5, etc. DES CRUSTACÉS. Zp Les membres de la seconde et de la troisième paire ont reçu le nom d'ajitetuies (i), et paraissent faire en- core partie de l'appareil spécial des sens. En les étu- diant seulement chez les Crustacés ou les Insectes adultes, où la tête, qui les porte, ne présente point de divisions , on pouvait être porté à croire que ces organes, ainsi que les tiges oculaires, étaient des ap- pendices de l'arceau supérieur des trois premiers an- neaux céplialiques , et que les membres suivans re- présentaient les appendices de l'arceau inférieur des mêmes seamens. C'est en eiiét l'opinion adoptée par M. Audouin(2) ; mais l'examen de la tête des Squilles, ainsi que les observations récentes de M. Rathke, sur le développement de l'œuf des Ecrevisses , prouvent le contraire. En effet, chez les Squilles, chaque paire de ces organes s'insère à un anneau distinct à la manière des autres membres , et chez les Ecrevisses , lorsqu ils commencent à se former , ils se présentent exacte- ment de la même manière que les membres suivans i c'est-à-dire les mandibules , les mâchoires, les pâ- tes , etc.), et occupent comme eux la face inférieure de l'embryon. Enfin , nous ajouterons encore que les nerfs qu'ils reçoivent naissent de ganglions qui leur sont propres ; tandis que , s'ils appartenaient aux mêmes anneaux que les trois paires d'appendices suivans, leurs nerfs auraient une origine commune. Chez les Crustacés , les plus inférieurs dans 1 échelle de ces êtres , et notamment dans la plupart de ceux qui vivent en parasites, il arrive souvent que les antennes (i) PI. i, fig. 2, p , antennes de la première paire ; q , antennes de la seconde paire. ; (2) Article Aktenne du Diction, classique d'histoire naturelle. 44 HISTOIRE NATURELLE de la première paire , et même les suivantes , man- quent complètement ou n'existent qu'à l'état de ves- tiges. Quant à leur forme et leur structure, nous au- rons l'occasion d'en parler parla suite. Les membres de la quatrième paire sont toujours placés sur les côtés de l'ouverture buccale et constituent ordinairement les organes de mastication appelés man- dibules (i). Les membres des deux paires suivantes, qu'on a nommés mâchoires , sont également presque toujours affectés à l'appareil delà mastication (2) . Les huit paires qui y succèdent sont moins constantes d;:ns leurs usages et dans leurs formes. Chez les Nébalies, par exemple, elles sont fixées chacune à un serment distinct du tho- rax , et constituent autant de pâtes natatoires. Chez presque tous les Edriopthalmes , la première paire de ces appendices entre, comme les trois précédentes , dans la composition de l'appareil buccal , et l'anneau qui la supporte fait partie constituante de la tête ; aussi , dans cet ordre, la portion thoracique du corps n'est-elle formée que de sept anneaux , et le nombre des pâtes ambulatoires est de quatorze. Enfin, chez trois ou quatre Crustacés de Tordre des Décapodes, on rencontre une disposition assez semblable ; mais, chez presque tous ces animaux , les trois premières paires de membres qui suivent les mâchoires appartiennent toutes à l'appareil masticateur , et le nombre des mem- bres thoraciques qui servent à la locomotion est réduit à dix. Les membres delà quinzième paire, et des paires (1) PI. 3, fig. i3, mandibules du Maïa sqninoda. (2) PI. 3, fig. 11 et 12, mâchoires du même animal. DES CRUSTACÉS. fô suivantes, appartiennent presque toujours h l'abdomen et sont ordinairement au nombre de douze. On les dé- signe communément sous le nom de fausses pâtes , car, en général , ils servent à la locomotion et sont bien moins développés que les pâtes thoraciques ; mais quelquefois , comme chez l'Apus et la Limnadie , tous ces organes ont îa même forme et à peu près les mêmes dimensions. Ce serait nous éloigner de notre sujet , que de par- ler des diverses modifications que les membres des Crustacés subissent suivant qu'ils sont destinés à rem- plir telle ou telle fonction; ces détails trouveront leur place ailleurs ; mais nous devons dire ici quelques mots de leur composition. Lorsqu'un de ces organes a atteint son maximum de développement , il présente trois parties qu'il im- porte de distinguer (i). La première, que nous désigne- rons sous le nom de tige , constitue la partie essentielle du membre , supporte les deux autres et se compose presque toujours de plusieurs articles placés bout à bout (2). La seconde partie constituante du membre, ou le palpe {h), est un appendice de la tige sur le côté ex- terne de laquelle il naît presque toujours ; dans la plu- part des cas , cette espèce de branche a son origine à l'article basilaire de la tige ; mais quelquefois il ne s'en sépare qu'à l'extrémité du second ou du troisième ar- ticle. Enfin , la troisième, qu'on désigne au commence- ment sous le nom de fouet {j) , a également son origine sur la tige , et s'en sépare toujours au-dessus et du côté externe du palpe. (1) Voyez PI . 3, Hg. 9, etc. (2) PI. 3, fig.g, «_-.gr. z{6 HISTOIRE NATURELLE Ces diverses parties constituantes clés membres ne se rencontrent pas toujours; tantôt le fouet n'existe pas, tantôt c'est ie palpe qui manque, et d'autres fois la tige est réduite à un état rudimentaire ; leur forme et leur grandeur varient aussi beaucoup ; et , de toutes ces différences , résultent les modifications nombreuses que l'on observe dans les membres des divers Crusta- cés. Pour en donner une preuve , il suffira de passer en revue ces organes dans quelques-unes des espèces où ils paraissent être le plus dissemblables. Dans le groupe des Décapodes brachyures , les membres qui constituent les trois paires de pates- mâchoires sont les seuls qui présentent en même temps une tige, un palpe et un fouet (i). Ce dernier appendice a la forme d'une lame cornée, longue et étroite, qui remonte dans la cavité branchiale; le palpe est allongé et composé de plusieurs pièces ar- ticulées bouta bout; enfin la tige, qui constitue la partie principale du membre, est simple et formée de six articles placés à la suite les uns des autres , ou bien présente du côté externe un prolongement qui la fait paraître comme divisée en deux bran- ches (2). Les mâchoires proprement dites de la se- conde paire (3) ne présentent plus de fouet, et leur palpe prend la forme dune grande lame ovalaire, tandis que leur tige se racourcit et présente diverses modifications qu'il serait trop long d'énumérer ici. (i)Pl. 3 , fig. 8 , 9 et 10: — a-g , tige; — h, palpe; — j, fouet. (2) C'est ce qui a lieu pour la pâte mâchoire de la première paire, (PI. 3, fig. 10), tandis que celles des deux paires suivantes ont la tige simple ( fig. 8 et 9 ). (3) PI. 3, fig. 11. DES CRUSTACÉS. 47 Les mâchoires de la première paire (i) n'ont plus ni fouet, ni palpe, et les mandibules peuvent être con- sidérées comme formées seulement d'une tige dont l'ar- ticle basilaire serait très-développé , et dont les autres pièces seraient plus ou moins rudimentaires , et con- stitueraient un prolongement palpiforme (2). Les dix pâtes ambulatoires de ces Crustacés se composent chacune seulement d'une tige simple divisée en six articles, comme aux pâtes -mâchoires. Enfin, les membres abdominaux varient dans leur composition et présentent, tantôt une tige rudimentaire, tantôt une tige et un palpe (3). Quant aux antennes, elles sont aussi presque toujours réduites à une tige, et lors- qu'elles présentent un palpe , cet appendice ne se présente qu'à l'état de vestige (4)- Dans le groupe des Décapodes macroures, nous trouvons, au contraire, des exemples de l'existence simultanée des trois parties constituantes des mem- bres, non-seulement aux pates-mâchoires, mais aussi à tous les pieds ambulatoires. Les Pénées sont dans ce cas (5) , mais , en général , les pieds proprement dits manquent de palpe , et souvent ils sont également dépourvus de fouet, Ce dernier appendice devient de plus en plusmembi aneux, et chez les Crangons, ainsi que chez plusieurs mtres Salicoques, il ne forme plus (1) PL 3, fig. 12. (2) PI. 3, fig. i3, c. La plupart des naturalistes appellent cet ap- pendice palpe de la mandibule ; mais il ne nous paraît ressembler au palpe des autres membres que par sa forme ; on pourrait tout aussi bien donner le nom de palpe à la partie terminale de la tige des pates-macbiores externes des Décapodes brachyures (fig. 8, efg). (3) PI. 3, fig. i^, i5 et 16. (4) PI. 3, fig. 7. (5) PI. 25, fig. 1, 4> 5 et 6. 48 HISTOIRE NATURELLE à la pate-mâchoire de la première paire une longue lame cornée, comme chez les Crabes, mais constitue une grande vésicule molle et aplatie, tandis que le palpe ou la tige elle-même se transforme en une grande lame semi-cornée (i). Quant aux fausses pâtes abdomi- nales, elles se composent d'une pièce basilaire portant deux appeudices que l'on peut considérer comme étant de simples modifications de la tige et du palpe des mem- bres en général . Si l'on compare les Mysis aux Crustacés dont nous venons de parler, on verra la plus grande similitude dans la structure de leurs membres thoraciques , bien qu'au premier abord elle paraisse très-différente, car, au lieu d'être simples, ces organes sont bifides (2) ; mais cette disposition ne dépend que d'un développement plus grand du palpe. Chez les Alimes et les Squilles on trouve à la base de plusieurs des pâtes une espèce de disque membra- neux supporté par un pédoncule (3) . D'après un examen superficiel des membres des autres Crustacés _, on serait porté à croire que ces poches déprimées sont des or- ganes particuliers aux Stomapodes, mais il n'en est pas ainsi , et en les comparant aux fouets membraneux des pates-mâchoires antérieures des Crangons , des Mysis, etc. , on voit qu'ils ne sont autre chose que ces mêmes appendices légèrement modifiés. Dans le groupe naturel des Amphibodes. les mem- bres thoraciques présentent presque toujours chez la femelle le maximum de composition que nous venons (î) PI. 2,%. 12 et i3a. (2) PI. a.fig. 14. (3) PI. 29, fig.3. DES CRUSTACÉS. 49 de signaler; la tige sert à la locomotion ; le fouet de- vient membraneux et sert à la respiration; enfin , le palpe prend la forme du fouet des pates-mâchoires des Crabes , et a pour usage de retenir les œufs dans le thorax de la mère (i). Chez les Isopodes , ces derniers appendices prennent souvent un développement ex- trême, et constituent par leur réunion l'espèce de poche ovifère dans laquelle les œufs éclosent. Les membres abdominaux des Amphipodes ressemblent beaucoup à ceux des Décapodes macroures ; mais chez les Isopodes les deux appendices qui les terminent , au lieu d'être cornés , deviennent membraneux et ser- vent à la respiration. Au premier abord , les pâtes branchiales des Apus et de plusieurs autres Entomostracés paraissent aussi n'avoir presque rien de commun avec les pâtes am- bulatoires ou avec les membres buccaux des Déca- podes ; mais néanmoins on y retrouve encore les mêmes parties. En effet , dans ces grandes lames foliacées dont la structure paraît aussi compliquée qu'anomale , on retrouve facilement les analogues du fouet, du palpe et de la tige (2). Le premier de ces appendices constitue la vésicule aplatie qui occupe la partie basilaire et externe de la pâte ; sa forme est la même que chez les Stomapodes dont nous venons de parler, et sa structure confirme encore ce rapprochement. Le palpe est réduit ici à une seule pièce ; mais celle-ci est grande , lamelleuse et assez semblable par sa forme au palpe vésiculaire des mâchoires externes chez plusieurs Décapodes bra- (1) PI. 2, fig. i5, «, tige ; h, palpe flabelliforme ; c, fouet vésiculaire. (2) PI . 2, fig. 16 et 1 7 ; a, tige; b7 palpe vésiculaire; c, fouet vésiculaire. CRUSTACÉS , TOME I. 4 .\>\* HO/ 7 m' (4) P!- 4» fig- 1 : C, portion cordiaque; P, portion pylorique ; fig. 6, mêmes lettres. DES CRUSTACÉS. 6? placée. Une partie de l'appareil cartilagineux dont il vient d'être fait mention , occupe la portion cardiaque de l'estomac et paraît servir à soutenir ses parois, et à les empêcher de retomber dans l'œsophage ; le reste de cet appareil entoure la portion pylorique et soutient un certain nombre de pièces qui font saillie dans son intérieure, et font l'office de dents ou de râpes. Sa structure, qui a déjà été décrite par M. Cuvier (i) , est très-compliquée; et, pour la faire bien comprendre, il sera nécessaire d'entrer dans quelques détails , et de 1 étudier d'abord clans une espèce déterminée, le Crabe commun, par exemple. On remarque d'abord à la face supérieure de la por- tion cardiaque de l'estomac une arête transversale qui est située immédiatement au-dessus de l'ouver- ture œsophagienne ; en examinant avec plus d'at- tention cette bande osseuse, on voit quelle est com- posée de trois pièces, une médiane et deux latérales ; la première, que nous appellerons cardiaque (2), est petite et a peu près quadrilatère, tandis que les deux autres , que nous désignerons sous le nom de ptérocar- diaques (3), sont longues, étroites et terminées en pointe. Du bord postérieur du cartilage cardiaque part une pièce impaire ( cartilage urocardiaque ) qui est assez large et qui se dirige en arrière versle pylore (4) ; sa face supérieure ne présente rien de remarquable, mais à son extrémité postérieure elle porte en dessous une grosse tubérosité osseuse qui fait saillie dans la cavité (1) Leçons d'anatornie comparée , t. IV, p. 126. (2) PL 4, fig. îy a, etfig. 7, a. (3) PL 4, fig. 1, b, et fig. 7, b. (4) PL 4, %. 1, d, etfig. 7. d. 5. 68 HISTOIRE NATURELLE de l'estomac, et constitue une des dents dont cet or- çane est armé. Au-dessus de cette dent s'articule une petite pièce osseuse que nous appellerons la pylorique antérieure ( i ) ; elle se trouve en haut , et présente à son extrémité supérieure deux branches latérales, de ma- nière à représenter assez exactement la lettre T. Chacune de ces branches s'articule à son tour avec une pièce cardiaque latérale supérieure^) qui se dirige en avant en décrivant une ligne courbe, et va s'unir à l'extrémité latérale delà pièce ptérocardiaque cor- respondante (6) ; sa portion antérieure est grêle et li- néaire, mais vers son extrémité postérieure elle s'élargit beaucoup , et porte à sa face intérieure un gros tuber- cule qui se prolonge dans l'intérieur de l'estomac, et constitue de chaque côté du pylore une dent placée immédiatement au-dessous de celle appartenant à la pièce urocardiaque , et semblable à elle. Il résulte de cette disposition des pièces qui garnissent la face supérieure de l'estomac, que , lorsqu'on les regarde en dessus , elles ressemblent assez à une petite arbalète tendue, dont l'arc serait formé par les pièces ptéro- cardiaques, [b) le manche par le cartilage urocardia- que (d) et toute la portion pylorique de l'estomac (P), et la corde par les cartilages cardiaques latéraux supérieurs [f)\ A la face postérieure de la portion car- diaque de l'estomac, on voit sur la ligne médiane une plaque cartilagineuse (3) qui se porte obliquement du pylore vers l'œsophage {pièce cardiaque postérieure) , et s'articule de chaque côté avec une arête qui suit la Ci) PI. 4, fig. i, e. (2) PI. 4, fig. !,/, et fig. 7,/. (3) PI. 4, fig. 7, o. DES CRUSTACÉS. 69 même direction ; par leur extrémité supérieure 3 ces pièces cardiaques latérales inférieures (i) s articu- lent aussi avec un petit osselet {pièce cardiaque latèro- postérieure) qui l'unit au bord inférieur et postérieur de la pièce cardiaque latéro-superieure (p) ; au devant de cette articulation se trouve un petit tubercule den- tiforme (pièce cardiaque latérale ) qui occupe le côté de l'ouverture pylorique, et se voit immédiatement au- dessous des dents appartenant aux pièces cardiaques latéro-supérieures (2). De chaque côté de l'estomac il existe encore une grande plaque cartilagineuse^) qui se soude au bord inférieur des pièces cardiaques laté- rales, et porte à sa face interne un grand nombre de poils courts et raides qui font saillie dans la cavité de ce viscère , et constituent deux espèces de brosses ou de râpes situées au devant et au-dessous du pylore. Enfin, une arête osseuse (pièce cardiaque latérale accessoire) , recourbée sur elle-même, se porte de la partie antérieure de ces petites dents vers le point de réunion des tiges cardiaques latéro-supérieures avec les ptérygo-cardiaques (g). Les parois de la portion pylorique de l'estomac sont également garnies d'un nombre assez considérable de pièces cartilagineuses ou calcaires : on y distingue d'abord deux petites plaques qui font suite à la pièce pylorique antérieure, et s'articulent aussi avec le bord postérieur des pièces cardiaques latéro-supérieures; nous les appellerons pièces pyloriques (3). En arrière (1) PI. 4>fis- 7»*- (2) PL 4,%- 7, r. (3) PL 4» % 1, h. JQ HISTOIRE NATURELLE d'elles, la cavité stomacale se rétrécit assez brusquement, et présente à sa face supérieure quatre ou cinq petits osselets méso-pyloriques (i),puis une arête transversale qui semble donner attache à l'intestin, et que l'on peut nommer uro-pylorique (2). De chaque côté des osselets méso-pyloriques , on remarque l'insertion des conduits biliaires (3) , et , au-dessous de cette ouverture , une petite arête {pièce pylorique Latérale ) qui va se joindre à une plaque cartilagineuse qui occupe la portion an- térieure et inférieure du pylore ; le bord supérieur et antérieur de cette pièce pylorique inférieure s'élève dans l'intérieur de la portion correspondante de la ca- vité stomacale, et y constitue une espèce de cloison garnie de poils, au-dessus de laquelle se voient deux prolongemens membraneux qui paraissent remplir l'of- fice de valvules , et qui naissent de la face interne des pièces pyloriques latérales. Enfin , en arrière de la plaque pylorique inférieure, il existe encore deux am- poules cartilagineuses assez grosses qui occupent la partie inférieure et postérieure du pylore (4). Divers faisceaux musculaires se fixent à cet appareil compliquent en font mouvoir les pièces les unes sur les autres de manière à broyer entre les dents qui garnissent Tentrée du pylore les alimens qui s'y présentent. Uncer- tain nombre de muscles s'étendent d'une pièce à l'au- tre entre les deux tuniques membraneuses de l'estomac, et concourent ainsi à fortifier les parois de ce viscère; mais d'autres ne s'y fixent que par une de leurs extré- mités, et prennent leur point d'appui sur la partie (DPI. 4,%. 1, *. C2?Pl:4,%- i,y. (3) PL 4,%.!,/. (4) PI 4, fig. 8, c. DES CRUSTACÉS. Jl voisine de la carapace. Ces derniers muscles sont les plus puissans , et servent à mouvoir la totalité de l'estomac aussi bien qu'à le fixer au squelette tégumen- taire. Deux d'entre eux , qu'on peut appeler les mus- cles antérieurs de l'estomac, s'insèrent d'une part à la partie antérieure des pièces ptérocardiaques ou à la pièce cardiaque elle-même , et de l'autre à la partie an- térieure de la carapace immédiatement au-dessus des yeux (i). Deux autres muscles , qui sont les antagonistes des premiers, s'étendent delà partie supérieure de la carapace à la portion postérieure des pièces cardiaques îatéro-supérieures et aux parties voisines de l'esto- mac (2). Enfin, une troisième paire de muscles très- grêles se porte de la pièce pylorique inférieure au Lord postérieur de la bouche, ens'appuyant sur la face extérieure de la pièce cardiaque postérieure. La disposition de l'appareil osseux de l'estomac est essentiellement la même chez tous les autres Crustacés décapodes que nous avons examinés ; mais souvent son aspect change beaucoup à cause des différences que les pièces présentent dans leur grandeur relative. Ainsi , chezl'Ëcrevisse (3), l'arête transversale, formée par les pièces cardiaques etptérocardiaques, qui occupe la face supérieure de l'estomac, au lieu d'être située à une dis- tance assez considérable de la pièce pylorique anté- rieure, n'en est éloignée que de quelques lignes, par conséquent la pièce urocardiaque , au lieu d'être très- longue comme chez le Crabe, est réduite presque à rien; il en est de même des pièces ptérocardiaques, (1) PI. 4> fig. 2, a; PL 5, fig. 1 , «; et PL n, fig. 3,/'. (2) PL 4, fig. 3, b ; et PL II, fig. 3,/". (3) PL 4, fig. 2, et fig. 6. ni HISTOIRE NATURELLE tandis que les pièces cardiaques et pyloriques pren- nent un accroissement considérable. Ces différences sont quelquefois assez grandes pour faire méconnaî- tre au premier abord l'identité de certaines parties de cet appareil chez les Brachyures et les Macroures; mais , par une étude attentive de ces pièces , nous som- mes toujours parvenus à reconnaître leurs analogies. La forme des dents qui entourent l'ouverture pylorique varie aussi ; tantôt elles sont arrondies, tantôt bosselées ou striées ; d'autres fois garnies de côtes saillantes (i). Dans l'ordre des Edrioplithalmes , on rencontre en- core dans l'estomac des parties analogues à celles que nous venons de décrire , mais elles sont peu dévelop- pées, et au lieu d'être osseuses elles n'ont qu'une consistance cartilagineuse ; leur structure ne nous a paru offrir rien de remarquable, si ce n'est que la face intérieure de plusieurs de ces lames mobiles est re- couverte de poils. Chez l'Orchestie, par exemple, il existe à la partie antérieure de l'estomac, près de son ouverture œsophagienne, deux petites dents ciliées, et chez la Lygie océanique on trouve à la partie pos- térieure de ce viscère des pièces analogues, mais beau- coup plus minces et moins saillantes. Enfin, dans les Squilles on voit aussi, à la partie postérieure de la portion cardiaque de l'estomac , deux petites pièces semi-cornées très-minces, dont la face interne est armée d'une série verticale de petits ma- melons coniques. Il n'existe point ici de grosses dents stomacales capables de broyer les alimens; mais le même résultat est obtenu au moyen d'une branche de CD PL 4, fig. 9. DES CRUSTACÉS. J$ la mandibule qui pénètre dans l'intérieur de cette ca- vité, et s'y voit à peu de distance du pylore; car, chez ces Crustacés, l'œsophage, au lieu d'occuper le milieu de la portion cardiaque de l'estomac , est placé près de son extrémité postérieure, et immédiatement au-dessous de l'entrée du pylore. L'intestin qui fait suite à l'estomac, et qui s'étend en ligne droite jusqu'à l'anus , est grêle et très-allongé (i). Ses parois sont très-minces et composées comme dans les autres parties du tube digestif de deux tuniques ; de chaque côté il est en rapport avec le foie (2) et les organes de la génération ; sa face supérieure est re- couverte, en majeure partie, par le cœur et l'artère abdominal supérieur , et sa face inférieure repose sur une portion du foie et sur les muscles fléchisseurs pro- fonds des anneaux correspondans (3). Chez les Crusta- cés des ordres inférieurs, il présente dans toute son étendue la même largeur, et son aspect ne change pas ; mais chez la plupart des Décapodes on peut y distin- guer deux parties. La longueur relative de ces deux portions du tube intestinal varie beaucoup suivant les espèces ; la première, que Ion pourrait appeler le duodénum, est très-court chez le Maja (4), tandis que chez le Homard elle constitue les sept huitièmes de l'intestin ; elle est, en général, beaucoup moins mus- culaire que la seconde, que nous distinguerons sous le nom de rectum (5) , et sa limite postérieure nous a toujours paru facile à reconnaître , d'après la position (1) PL 4, fig. i, I. (2) PI. 4, %. 2, F. (3) PI. 7, fig, 1, h. (4) PI. 4, fig. i, D. (5) PI. 4» fig* 1 et 2, R ^4 HISTOIRE NATURELLE d'un appendice secrétaire dont nous parlerons par la suite. Chez le Homard, la face interne du duodénum est lisse, tandis que celle du rectum est froncée ; en- fin, une espèce de valvule circulaire sépare la pre- mière cavité de la seconde, et correspond à un petit bourrelet qui se voit au dehors. Dans TEcrevisse, la première portion du duodénum présente à l'intérieur un grand nombre de petites villosités, et il n'y a pas de limite tranchée entre le duodénum et le rectum. L'anus est situé, comme nous l'avons déjà dit, au dernier anneau de l'abdomen ; c'est une fente longitu- dinale qui en occupe la face inférieure, et dont les bords sont garnis de deux replis ayant la forme de lèvres. Immédiatement au-dessous des tégumens, on trouve de chaque côté de cette ouverture un faisceau de fibres musculaires longitudinales qui appartient au fléchisseur du dernier anneau, et qui paraissent remplir ,aussi les fonctions de sphincter. Telle est la disposition du canal alimentaire chez presque tous les Crustacés, mais quelquefois sa forme est très-difïerente. Dans un petit animal de cette classe qui vit en parasite sur les branchies du Homard , au lieu de présenter un seul renflement stomacal, il offre de chaque côté une énorme poche qui communique avec sa cavité (i). Ce mode d'organisation rappelle celui de l'appareil digestif de la plupart des sangsues ^ et il est à noter que les Crustacés dont nous venons de parler se nourrissent delà même manière que ces Annélides. Divers organes de sécrétion viennent se grouper au- (l) Voyez Mémoire sur le Nicothoé du Homard, par M. Audouilî et moi , Annales des sciences naturelles , t. Q j p. 3^5, PI. 49- DES CRUSTACÉS. ^5 tour du canal digestif, et y versent les humeurs né- cessaires à l'exercice de ses fonctions. L'appareil bi- liaire est le plus important et le plus volumineux de ces parties accessoires du tube alimentaire. Dans les Lygies et quelques autres Crustacés Edrio- pbthalmes , sa structure est essentiellement la même que chez les insectes ; car il est composé de trois paires de vaisseaux biliaires qui s'ouvrent dans l'estomac, et côtoyentl'intestin dans toute la longueur du corps (i) ; mais, en général, îa disposition de cet appareil de sécrétion est tout-à-fait différente. Chez tous les Dé- capodes , par exemple , il est formé de deux grandes masses glandulaires qui occupent la majeure partie de la cavité viscérale (?.), et sont souvent réunies entr'elles. La couleur jaune de ces organes se distingue à tra- vers la membrane mince et transparente qui les recou- vre et qui s'enfonce entre les lobes qui les composent; Au premier abord on pourrait croire que chez ces animaux le tissu du foie est spongieux ; mais, lorsqu'on la dépouillé de sa tunique externe, on trouve qu'il est fermé par l'agglomération d'un tfombre immense de petites vésicules plus ou moins allongées et semblables à des vaisseaux bornes. En poursuivant (dans de l'eau) cette dissection délicate , on voit aussi que ces espèces de cœcums vont aboutir à des canaux membraneux sur les côtés desquels ils s'implantent, et que ces conduits excréteurs se réunissent à leur tour entre eux de ma- nière à former un gros tronc qui va s'ouvrir sur la partie latérale de la portion pylorique de l'estomac (3) , et y verser la bile qui est d'une couleur jaune verdâ- (i) PI. 4, %. 3, F. (■2) PI. 5, %. i, d; PI. 4, %• 2, F, et % 5. (3) PI. 4, fig. i, l. LA ^ j6 HISTOIRE NATURELLE tre. La forme et le volume du foie varient beaucoup, ainsi que le nombre de ses lobes et la longueur des vésicules cœcales qui le composent ; mais ces détais ne sont pas assez importans pour nous arrêter ici. Nous ajouterons seulement que , chez les Squilles , ce viscère a une structure granuleuse et présente, comme l'a observé M. Guvier, deux rangées de lobes qui s'étendent dans toute la longueur de l'intestin (i). Il est aussi à remarquer que chez les Crustacés suceurs le foie paraît être remplacé par un tissu spongieux et réticulé qui forme autour du tube digestif une sorte de lacis (2). Chez les Décapodes brachyures , la portion pylo- rique de l'estomac présente d'autres annexes qui pa- raissent être aussi des organes cle sécrétion (3); ce sont deux longs tubes membraneux très-étroits , terminés en cul-de-sac et entortillés sur eux - mêmes , qui se voient au-dessus du foie ; ces vaisseaux renferment un liquide blanchâtre , et viennent s'ouvrir à la partie su- périeure de la cavité pylorique , immédiatement en ar- rière des espèces de valvules que nous avons signalées dans son intérieur. Ces appendices se rencontrent aussi chez quelques Macroures. Swammerdam en a signalé l'existence chez le Bernard - l'Hermite ; mais dans le Homard, etc., on ne les voit pas, et ils paraissent être remplacés par deux ampoules qui ressemblent à des cornes (4). Chez presque tous les Crustacés décapodes que nous (1) Leçons d'anatomie comparée , t. IV, p. l5a. (2) pi. 4, %. 4. (3) PI. 4, fig. 1, m. (4) pi. 4, %. 10. DES CRUSTACÉS. 77 «avons disséqués , il existe aussi un point de réunion du duodénum avec le rectum , un autre vaisseau-borne , dont la structure est exactement semblable à celles des deux tubes dont nous venons de parler, et qui est pro- bablement encore un organe de sécrétion (i). Sa posi- tion varie suivant que la portion duodénale de l'in- testin s'avance plus ou moins vers l'anus ; ainsi , chez le Tourteau, on le trouve immédiatement en avant du cœur, et cbez le Homard à l'extrémité de l'abdomen; mais il s'ouvre toujours immédiatement au devant des valvules qui séparent le duodénum du rectum; dans l'Ecrevisse il manque. Enfin , on voit dé chaque côté, et un peu en arrière de l'œsophage des grands Crustacés, une petite masse spongieuse de couleur verdâtre, qui pourrait bien être un appareil salivaire ; son aspect est semblable à celui de l'organe sécréteur qui recouvre l'appareil auditif. § II. De la respiration» Une fonction dont l'exercice est , chez tous les ani- maux , non moins importante que la digestion , mais qui ne devient pas aussitôt l'apanage d'un appareil particulier , c'est la respiration. On donne ce nom à l'absorption de certaines parties constituantes de l'at- mosphère , et à l'exhalation de produits également gazeux , dont la formation paraît dépendre de Faction des principes aériformes dont nous venons de parler sur les molécules organiques doués de vie. Dans le règne végétal , le gaz , ainsi absorbé , est de l'acide PI. 4> fig. ii ». 78 HISTOIRE NATURELLE carbonique , et le produit de la respiration est de l'oxi- gène ; mais chez les animaux , comme chacun le sait, c'esl l'inverse qui a lieu , et lorsqu'on prive ces êtres de l'influence vivifiante del'oxigène ils ne tardent pas à pé- rir. Cette absorption et cette exhalation ont d'abord leur siège dans toutes les parties du corps qui se trouvent en contact rvec le fluide dans lequel l'animal vit ; mais, lorsqu'on s'élève dans la série zoologique, on voit que la peau ne tarde pas à être plus ou moins com- plètement privée de ces fonctions , et que la respira- tion se concentre dans un appareil particulier dont la structure varie. Ce que nous venons de dire , en thèse générale , est entièrement applicable aux Crustacés en particulier. Le fluide qu'habitent ordinairement ces animaux pourrait faire croire, au premier abord, qu'ils étaient soustraient à l'influence de l'air, et que s'ils absorbent de l'oxigène, c'est en décomposant l'eau ambiant qu'ils se le procurent ; c'est effectivement l'opinion que plu- sieurs savans se sont formés de la respiration des poissons et des autres animaux aquatiques; mais des expériences précises ont prouvé que ces êtres ne sont pas soustraits à la loi générale, et que c'est en «'emparant de l'oxigène de l'air, tenu en dissolution dans l'eau, qu'ils pourvoient aux besoins delà res- piration (r). Chez un certain nombre de Crustacés , tels que les Phyllosomes , les Cyclopes , etc. , on ne voit au- cune partie du corps qui soit spécialement destinée (i) Voyez les recherches de MM. de Humboldt et Provençal, sur la respiration des poissons , dans les Mémoires de la société d'Ar- cueil, t. II. DES CRUSTACÉS. 79 à la respiration , et c'est par la surface tégunien- taire générale que cette fonction paraît s'exécu- ter; mais chez la plupart d'entre eux elle devient l'apanage d'un appareil particulier plus ou moins compliqué , et formé essentiellement d'organes appe- lés branchies. Ce sont d'abord un certain nombre des membres qui se modifient pour servir plus spécialement à la respi- ration , en même temps qu'ils agissent encore comme instrumens de locomotion. Dans les Apus et les Bran- cbipes , par exemple , tous les membres qui suivent l'appareil buccal ont une forme foliacée , et les parties qui paraissent représenter le fouet et le pulpe de ces organes sont complètement membraneuses , ou plus ou moins vésiculaires (i) ; aucune expérience directe ne prouve que ces parties remplissent réellement les fonctions de branchies , mais tout porte à le croire , et pendant la vie de l'anima! on les voit dans un mou- vement continuel, lors même qu'il ne change pas de place : aussi les naturalistes ont-ils donné aux mem- bres ainsi modifiés le nom de pâtes branchiales . Dans le groupe naturel des Isopodes , ce sont encore des membres qui paraissent être plus particulièrement le siège de la respiration; mais ceux qui sont affectés à cet usage n'agissent plus comme organes de locomo- tion ; en sorte qu'on peut considérer cet état de choses comme un degré de plus dans la division du travail. Les membres modifiés ainsi , pour agir sur l'oxigène tenu en dissolution dans l'eau, appartiennent aux cinq premiers anneaux de l'abdomen, et se composent (1) PI. 2, fig, x6et 17, c. So HISTOIRE NATURELLE chacun d'un petit article basilaire auquel sont suspen- dues deux lames membraneuses molles, et plus ou moins vésiculai res (i); souvent on leur voit aussi du côté intérieur un petit appendice qu'on peut regarder comme l'analogue de la tige des autres membres, tandis que les deux lames , dont il vient d'être fait mention , représenteront le fouet et le pulpe ; enfin , il est des Crustacés chez lesquels ces membres, qu'on peut ap- peler des fausses pâtes branchiales , au lieu d'être complètement externes, comme cela a lieu en général, sont renfermés dans une cavité formée par le dernier segment de l'abdomen (2). Dans un autre groupe, voisin des Crustacés dont nous venons de parler, celui des Amphipodes (3) et des Lamipodes , ce sont les fouets des membres thora- ciques qui paraissent spécialement affectés à l'exercice des fonctions respiratoires; ces organes, au nombre de huit à douze, prennent la forme de grandes vésicules membraneuses , suspendues au-dessous du thorax en- tre les pâtes ambulatoires et un courant d'eau mis en mouvement par les pâtes natatoires de l'abdomen, vient les baigner continuellement. Chez plusieurs Stomapo- des , et chez quelques Décapodes, le fouet d'un certain nombre des membres thoraciques présente une modi- fication analogue et constitue un vésicule ou une es- pèce de galette membraneuse ; mais, chez ces animaux, il existe aussi des branchies proprement dites, et ces organes ne sont plus de simples modifications de par- ties déjà existantes dans l'économie, comme cela a lieu (1) PI. 10, %. G. (2) PI. 10, %. 7. (3) PI. 2, fig. i5, c. DES CRUSTACÉS. 8l pour les pâtes branchiales , mais paraissent être une création nouvelle, commandée par la division toujours croissante dans le travail dont le corps de ces animaux est le siège (i). Chez certains Stomapodes,donton a formé le genre Cynthia, ces branchies sont fixées à l'extrémité de l'article basilaire des membres abdominaux des cinq premières paires , et consistent en une espèce de cy- lindre membraneux fixé par son milieu à un petit pé- doncule (2). Dans les Squilies , la position des branchies est la même que chez les Cynthia ; elles sont toujours fixées à l'article basilaire des membres abdominaux des cinq premières paires , et flottent librement dans l'eau ambiante ; mais leur structure , qui a été décrite avec soin par M. Cuvier (3) , est beaucoup plus compli- quée; car chacun de ces organes est formé d'un long tube conique sur un des côtés duquel naît une série de petits tubes disposés parallèlement entre eux comme un jeu d'orgue ; et, à leur tour, ces tubes por- tent chacun une rangée de longs filamens cylindriques très-nombreux (4). Dans un autre genre du même ordre, celui des Thysa- nopodes , les branchies ont la même structure que chez les Squilies , et ressemblent à des panaches rameux ; ils sont aussi placés à l'extérieur et flottent libre- ment dans l'eau ambiant ; mais , au lieu d'occuper (1) PI. 10, fig.3et4, b. (2) PI. 10. fig. 5, b. (3) Leçons d'anatomie comparée } t. IV, (4) pi. 10, fig. 4, b. CRUSTACÉS , TOME I. 6 S? HISTOIRE NATURELLE l'abdomen, ils sont fixés aux pâtes thoraciques (i). Enfin , dans l'ordre des Crustacés Décapodes, l'ap- pareil respiratoire est encore plus compliqué, car les branchies sont renfermées dans des cavités bien formées, et il existe un mécanisme particulier destiné à opérer le renouvellement de l'eau qui les baigne. Ces cavités branchiales , au nombre de deux, occupent les côtés de la portion thoracique du corps et sont si- tuées au-dessous de la partie latérale de la carapace (2). Leur paroi interne est formée par la voûte des flancs qui s'étend depuis la base des pâtes jusqu'à la face dorsale du thorax , et l'externe par repli tégumen- taire qui se porte en décrivant une ligne courbe du bord supérieur des flancs à leur bord inférieur , où il se continue avec le bord latéral de la carapace (3). On y distingue une espèce d'épiderme qui est le prolonge- ment de la couche dermoïde qui constitue le test lui- même , et une membrane épaisse et tomenteuse qui fait partie de l'enveloppe générale que nous avons comparée au chorion ; en arrière, l'espèce de voûte for- mée par ce prolongement tégumentaire est accolée à la portion correspondante de la carapace; mais antérieu- rement elle en est séparée par une partie des viscères. Entre son bord inférieur et la base des pâtes , il existe un espace plus ou moins grand au moyen duquel la caviLé branchiale communique librement avec le dehors ; enfin , à son extrémité antérieure , est (1) Voyez leMémoire sur une disposition particulière de l'appareil branchial chez quelques Crustacés, que j'ai publié dans le 19e. vol. des Annales des sciences naturel/es. Ces branchies sont représentées aussi PI. 10, fig. 3. (2) PL 10, fig. 1 et 2. (3) PL 10, fig. 10. DES CRUSTACÉS. 83 une sorte de gouttière qui vient s'ouvrir sur les côtés de la bouché et sert également au passage de l'eau em- ployée pour la respiration (i). Les branchies , qui sont logées dans ces cavités , re- posent sur la voûte des flancs, et ne tiennent au corps que par un pédoncule qui en occupe ordinairement l'extrémité inférieure. Chacun de ces organes a la forme d'une pyramide allongée et quadrilatère dont le sommet est dirigé en haut. Une cloison verticale s'étend d'une extrémité de la branchie à l'autre, et la divise en deux moitiés latérales qui sont formées par l'assemblage d'une multitude de lamelles ou de filamens placés paral- lèlement les uns aux autres, et forment un angle droit avec 1 axe de la pyramide. Deux gros vaisseaux régnent dans toute la longueur de cette cloison médiane; l'un d'eux occupe toujours la face interne de la branchie, et sert , comme nous le verrons par la suite , à recevoir le sang après qu'il a subi l'influence de l'air dissout dans l'eau ; l'autre , qui est au contraire le vaisseau af- férent , est quelquefois accolé au côté externe du pre- mier; mais en général il en est assez éloigné, et se voit à la face externe des branchies (2). Une infinité de vaisseaux capillaires partent des deux côtés de l'un et l'autre de ces canaux, et se distribuent dans les parties latérales de la branchie. Chez tous les BracLyures, chez les Anomoures et chez un grand nombre de Macroures (tels que les Pagures, les Galathées et tous les Salico- ques ) , ces parties latérales des pyramides branchiales sont formées par un grand nombre de petites lamelles (i)Pl- 10, fi£. 1 et 2. (a) PI. G, %. 4- 6i et qu'elle l'a laissée à l'extérieur, tandis que chez les êtres qui habitent l'atmosphère elle la re- ployée en dedans du corps, et en a tapissé des ca- vités où, l'air ne se renouvelant qu'autant que cela est nécessaire pour la respiration , l'évaporation est ré- duite à son minimum. La différence essentielle qui distingue les poumons des branchies réside dans cette modification ; dans les premiers, la respiration se fait par les parois de cavités intérieures, tandis que dans les seconds c'est à la surface d'organes saillans que se distribuent les vaisseaux dans lesquels le sang est soumis à l'action de l'oxiaène. g2 HISTOIRE NATURELLE Or , dans le Birgus , la partie de l'appareil respira- toire, que M. Geoffroy regarde comme l'analogue du poumon , n'est autre chose qu'une portion des tégu- mens communs sur laquelle on ne distingue pas de tunique épidermique, mais dont la surface est hérissée d'un nomhre immense de végétations saillantes. En admettant que cette portion de la peau qui tapisse la paroi supérieure de la cavité respiratoire et recouvre les branchies , puisse servir à la respiration , ce serait donc plutôt comme une branchie supplémentaire que comme un poumon qu'il faudrait la considérer , et son existence ne lèverait aucune des difficultés qu'on rencontre dans l'explication des phénomènes dont nous avons parlé plus haut. Pour jeter de nouvelles lumières sur ce sujet , j'ai fait, conjointement avec M. Audouin , une série d'ex- périences sur la respiration aérienne des Crustacés (i), et nous avons constaté d'abordque chez tous ces animaux les branchies peuvent servir à la respiration aérienne, comme elles servent à la respiration aquatique , mais qu'en général le dessèchement qu'ils éprouvent à l'air agit comme une cause puissante de mort : aussi , en plaçant dans de l'air chargé d'humidité des Homards et d'autres espèces qui, en général, meurent peu d'heures après qu'on les a retirés de la mer , sommes- nous parvenus à en conserver en vie pendant très- long-temps. Il nous a donc paru probable que l'un des moyens employés par la nature , pour faire vivre dans (i) Mémoire sur la' respiration aérienne des Crustacés , et sur les modifications que l'appareil branchial éprouve dans les Crabes ter- restres, lu à l'Académie des sciences le 21 juillet iS'i8, (Voyez les Jnnalcsdes sciences naturelles, t- 5, p. 85. ) DES CRUSTACÉS. g3 l'atmosphère les Crustacés, pourvus seulement de branchies, était d'empêcher, par des moyens quel- conques, la dessiccation de ces organes. Les habitudes des Crabes terrestres venaient à l'appui de cette opinion , car ils se creusent des ter- riers profonds et recherchent toujours des lieux hu- mides ; et nous avons constaté que chez plusieurs d'entre eux, au moins, il existait une disposition particulière de l'appareil respiratoire qui semble être destinée à maintenir de l'humidité autour des branchies ; tantôt la membrane tégumentaire, qui ta- pisse la cavité où sont placés ces organes , présente à sa partie inférieure un large repli qui en recouvre la base et forme une espèce d'auge propre à contenir une certaine quantité d'eau; tantôt elle offre une texture spongieuse, analogue à celle qne M. Geoffroy a décou- verte chez le Birgus. Une autre circonstance qui peut contribuer, aussi bien que la dessiccation, à faire périr la plupart des Crustacés qu'on retire de l'eau , c'est l'affaissement des lamelles branchiales les unes sur les autres , et la di- minution qui en résulte dans l'étendue de la surface en contact avec l'oxigène. M. Flourensa fait voir que, lorsqu'un poisson est plongé dans l'eau, les lîlamens qui garnissent ses branchies ne se touchent pas et flottent dans le liquide qui les baigne, tandis qu'à l'air leur pesanteur spécifique les fait retomber et les réunit en masse. Dans ce dernier cas, l'étendue de la respiration de ces animaux se trouve donc diminuée de beaucoup ; et bien que cette fonction puisse conti- nuer à s'exercer dans la portion des branchies en con- tact avec l'air, elle ne suffit plus à l'entretien de la vie , et l'asphyxie ne tarde pas à commencer. 11 en est <^^v X q4 histoire naturelle de même chez les Crustacés, et probablement c'est également une cause de mort pour beaucoup de ces animaux. § III. Circulation. Chez les animaux dont la structure est la plus sim- ple, les sucs nutritifs, fournis par les alimens, et Foxi- gène absorbé par îe travail respiratoire, ne parviennent aux différentes parties intérieures du corps que par une espèce d'imbibition ou d'endosmose; mais, lors- qu'on s'élève dans la série des êtres, on voit bientôt un appareil particulier être destiné à effectuer ce transport, et chacun des actes qui y concourent de- venir successivement l'apanage d'un instrument spé- cial. Lorsque la division du travail ne commence qu'à peine , cet appareil est une simple dépendance de la cavité digestive, disposition dont les Méduses nous offrent des exemples ; mais il ne tarde pas à en devenir distinct. Bientôt la route que les liquides parcourent pour se distribuer aux différens organes, et celle par laquelle ils en reviennent, cesse aussi d'être la même , et ils décrivent dans leur marche un cercle complet. Les canaux dans lesquels cette cir- culation s'effectue consistent d'abord en une série de cavités ou de lames que les parties solides de l'écono- mie laissent entre elles; mais ensuite elles acquièrent des parois qui leur appartiennent en propre, et un organe musculaire particulier leur est adjoint pour déterminer un courant dans le liquide qu'ils renfer- ment. Enfin, dans les animaux supérieurs, la division du travail est portée à un plus haut degré, et on voit l'appartil circulatoire se compliquer de plus en plus. DES CRUSTACÉS. p5 Chez les Crustacés , la distribution du liquide nourricier dans les différentes parties du corps , et son retour vers un point central , s'effectue au moyen d'un système particulier de vaisseaux ; il existe aussi un réservoir musculaire , nommé cœur , qui est destiné à déterminer le mouvement du sang; et, dans un point déterminé du cercle circulatoire, ce liquide passe à travers les branchies , où il reçoit l'in- fluence de Fair. Il y a donc , dans cette classe d'ani- maux , une circulation complète , mais elle est plus simple que chez la plupart des animaux vertébrés , et il paraît que c'est encore par imbibition que les sucs nutritifs, produits parla digestion , parviennent de la cavité alimentaire dans les vaisseaux san- guins ; car il n'y a point de système chylifère parti- culier comme chez les animaux supérieurs , et on n'aperçoit aucun autre moyen de communication entre ces deux appareils. Le sang des Crustacés, de même que celui de tous les autres animaux articulés et celui des Mollus- ques , ne présente point la couleur rouge qui est propre à ce liquide chez les Annelides et chez tous les animaux vertébrés ; aussi pendant long-temps a-t-on cru que ces animaux en étaient dépourvus. C'est un liquide albumineux qui , dans l'état natu- rel , est limpide et presque incolore ; mais , lors- qu'on le retire des vaisseaux qui le renferment , il ne tarde pas à devenir opaque , et à prendre une couleur blanche bleuâtre ou légèrement rosée ; exposé à l'air, il se coagule promptement et se transforme en une ge- îée assez consistante. Enfin, examiné au microscope, il paraît formé d'une espèce de sérum tenant en suspen- sion une grande quantité de globules albumineux. û6 HISTOIRE NATURELLE 11 a régné pendant long-temps une grande dissi- dence d'opinions relativement à la marche suivie par le sang dans le cercle circulatoire qu'il parcourt chez les Crustacés ; mais les expériences nombreuses que nous avons faites, conjointement avec M. Audouin , paraissent avoir décidé complètement la ques- tion. D'après les écrits de Willis (i) , on croirait que le sang veineux arrivant de toutes les parties du corps , et le sang artériel venant des branchies, se mêlent dans la cavité du cœur, et que cet organe , en se con- tractant, enverrait une portion du mélange aux divers organes, et chasserait le reste dans l'appareil res- piratoire , où il subirait une seconde fois Faction de l'air. Dans les Leçons d'anatomie comparée , M. Cu- vier dit que le sang se porte des branchies au cœur , puis de cet organe à toutes les parties du corps, d'où il retourne directement aux branchies (2). Mais , dans un ouvrage plus récent , ce savant fait suivre à celiquide une marche absolument inverse , caril décrit son trajet comme ayant lieu du cœur aux branchies , de celles-ci à un vaisseau central qui le distribue à toutes les parties du corps , et de là il le fait revenir au cœur (3). Cette dernière opinion était assez générale- ment adoptée (4) ; cependant, d'après la théorie la plus récente, il n'y aurait pas de circulation complète (1) Willis. De anima brutorum, t. III , p. 16. (2) M. Cuvier. Leçons d'anatomie comparée, t. IV, p. 407. (i8o5.) (3) M. Cuvier. Le Bègue animal distribué d 'après son organisation. ire. édition, 1817, t. Il, p. 5i2. (4) M. Latreille. Même ouvrage , t. III , p. 5. M. Desmarest. Considérations sur les Crustacés , p- 5^, (i825). DÈS CRUSTACÉS. 97 chez ces animaux , et le sang ne traverserait pas les organes respiratoires (i). Le petit nombre des observations directes rappor- tées par les autres dont nous venons de parler , la con- tradiction apparente des faits , et les divergences en- core plus grandes dans les opinions , appelaient de nouvelles recherches sur ce sujet. Nous nous en som- mes occupés, M. Audouin et moi , et les expériences nombreuses que nous avons faites sur des Crustacés vivans , nous paraissent avoir décidé complètement la question (2). Elles prouvent , d'une manière indubita- ble , que ce liquide se rend (ainsi que M. Cuvier lavait d'abord enseigné ) du cœur dans toutes les par- ties du corps, au moyen d'un système de vaisseaux artériels très-développés ; qu'après avoir servi à la nutrition des organes , il se dirige vers des réservoirs veineux, desquels il passe dans les branchies; et qu'enfin, après avoir traversé ces organes, il revient directement au cœur, pour parcourir de nouveau le cercle que nous venons d'indiquer. Dans tous les Crustacés Décapodes, le cœur (3) est situé à la partie médiane et supérieure du thorax, entre les flancs et immédiatement au-dessous de la carapace; il est recouvert par les tégumens communs, et il repose sur l'intestin, le foie et les organes de la génération. Une espèce de péricarde, formé par des prolongemens (1) M. Luncl. Doutes sur l'existence du système circulatoire dans les Crustacés. Isis , 1825. (2) Voyez nos Piecherches anatomiques et physiologiques sur la circulation dans les Crustacés. {Annales des sciences naturelles, t. xi, 1827.) Les principales figures accompagnant ce travail sont repro- duites dans notre atlas , PI. 5 à 9. (3) PI. 5, fig. i ; i , le cœur ouvert ; et PI. 7, fig. 1, d. CRUSTACÉS , TOME I. H q8 HISTOIRE NATURELLE de la tunique séreuse qui tapisse toute la cavité vis- cérale , lui sert d'enveloppe, et des faisceaux muscu- laires, ainsi que les vaisseaux qui en partent , servent à le fixer aux parties voisines ; sa couleur est blanchâ- tre, et sa forme est très - remarquable , car elle est rayonnée et semble résulter de la superposition de plusieurs étoiles dont les branches ou rayons ne se correspondraient pas. Chez les Brachyures , sa lar- geur est au moins égale à son diamètre antéro-posté- rieur ; mais , chez les Macroures , il devient un peu plus étroit et prend la forme d'un carré long ( i). Enfin , dans les Stomapodes (2) et les Edriophthalmes , il con- stitue un long vaisseau cylindrique ; et, au lieu de n'oc- cuper qu'une petite portion du thorax, il s'étend dans toute la longueur de l'abdomen. Le système artériel des Crustacés Décapodes se com- pose de six troncs vasculaires dont les ramifications nombreuses s'étendent dans toutes les parties du corps. Trois de ces vaisseaux naissent de l'extrémité anté- rieure du cœur , deux de la partie antérieure de sa face inférieure et un de sa partie inférieure et posté- rieure. Enfin, au-devant de l'ouverture de chacun d'eux , on voit un petit appareil valvulaire composé d'un ou de deux replis membraneux et servant à empêcher le sang de refluer, de leur intérieur, dans la cavité du cœur. Les trois vaisseaux qui ont leur origine à la partie antérieure du cœur ont reçu les noms d! artère ophthal- mique et à! artères antennaires . (1) Pi. 7, fig. 1,/. (2) PI. 9, fig, a, c. DES CRUSTACÉS. gq La première de ces artères (i) occupe la ligne mé- diane, se dirige directement en avant, passe au- dessus de l'estomac, et gagne 1 extrémité antérieure de la carapace où elle se divise en deux branches qui pé- nètrent dans les pédoncules oculaires et se distribuent aux yeux. Les artères antennaires (2) se portent également en avant, mais en suivant une ligne oblique et en s'écartant de plus en plus de Fartère ophthalmique ; elles sont d'abord logées, de même que cette der- nière , dans l'épaisseur des membranes tégumen- taires , et reposent sur la face supérieure du foie ; mais sur les côtés de l'estomac elles deviennent plus profondes et passent entre ce viscère et une portion des organes de la génération. Les brandies qu'elles fournissent pendant ce trajet sont très-nombreuses et se distribuent aux tégumens qui tapissent toute la ca- rapace, à l'estomac, à ses muscles, aux organes de la génération, etc. Enfin, elles fournissent un rameau aux antennes internes et pénètrent dans la tige des anten- nes externes pour s'y terminer. Les deux vaisseaux qui naissent de la partie in- férieure et antérieure du cœur, sont les artères hépatiques (3). Ils se divisent en une infinité de ra- meaux , et se distribuent au foie. Dans les espèces où les deux moitiés de ce viscère restent séparées et for- ment de chaque côté du corps une masse distincte comme chez le Homard, etc. , les artères hépatiques (1) PI. 5, fig. 1, k; et PI. 7, fig. i, e. (2) PI. 5, fig. 1,7; et PL 7, fig. i,/. (3) PJ. 6, fig. 1, aa ; dans la PI. 5, fig. 1, on voit au fond du cœur les ouvertures de ces deux artères. 7- IOO HISTOIRE NATURELLE ne se réunissent pas ; mais lorsque les deux foies ne forment qu'un seul organe, comme chez le Maïa , on voit ces vaisseaux s'anastomoser et présenter une dis- position très-remarquable. Enfin, le sixième et dernier tronc artériel qui est fourni par le cœur, et qui se sépare de la partie jjostérieure et inférieure de ce viscère, a reçu le nom & artère stemale (i) ; c'est le plus volumineux de tous , et c'est lui qui porte le sang dans l'abdo- men , dans toutes les pâtes , aux appendices de la bouche, etc. Sa direction est d'abord verticale, et il passe à côté de l'intestin, puis entre les deux foies pour gagner la face inférieure du thorax ; il se recourbe ensuite en avant et ne se termine que lorsqu'il rencontre l'œsophage. Dans les Décapodes à longue queue, l'artère sternale présente souvent , aussitôt après son origine, un renflement pyriforme très-considérable ou bulbe que Willis a considéré comme l'oreillette du cœur (2), et il donne ensuite naissance à une grosse branche qui se porte directement en arrière. Ce dernier vaisseau, que nous avons appelé artère abdominale supérieure (3) , suit la face supérieure de l'intestin jusqu'à l'extrémité de l'abdomen , et fournit au niveau de chaque anneau deux branches principales destinées aux muscles puis- sans de cette partie du corps. Parvenu à la face infé- rieure du thorax, l'artère sternale donne naissance à une autre branche postérieure ( artère abdominale inférieure ) , qui fournit les artères des dernières pâtes thoraciques , avant que de pénétrer dans l'ab- (1) PI. 5, %. 1, l, etfig. 2, â\ PL 7, fig. 1, l, etfig. ?., a. (a) PI. 7, iig. i, /. (3) PI. 7, fig. i,g-. DES CRUSTACÉS. 101 domen dont elle occupe la face inférieure (i). L'artère sternale se recourbe ensuite en avant , s'ença^e dans le canal sternal , et donne à chaque paire de pieds tho- raciques, ainsi qu'aux pâtes - mâchoires et aux mâ- choires proprement dites , un rameau dont le calibre varie suivant le degré de développement de ces divers membres (2). Enfin, parvenu à la selle turcique anté- rieure , elle se bifurque pour passer de chaque côté de l'œsophage ; elle donne ensuite des branches aux mandibules , et se termine à la partie antérieure et inférieure de la tête. Dans les Crabes et tous les Décapodes brachyures , la disposition de l'artère ster- nale est un peu différente, car elle n'est pas logée dans un canal osseux , et elle n'envoie à l'abdomen que des rameaux très-déliés (3). Dans les Squilles (4) , on distingue aussi une artère ophthalmique et deux artères antennaires qui naissent de la partie antérieure du cœur ; mais , du reste, la dis- position du système artériel est très-différente de ce que nous venons de voir , car on ne retrouve les ana- logues , ni des artères hépatiques , ni de l'artère ster- nale , et il naît immédiatement du cœur un grand nombre de branches qui sont destinées à porter le sang aux viscères, aux membres , etc. ; chaque anneau du corps présente une paire de ces vaisseaux. Les canaux par lesquels le sang revient des di- verses parties du corps vers les branchies , sont plu- tôt des lacunes situées entre les divers organes , (1) PL 7, fig. 2, c. (2) PI. 7, %. a, b, b. (3) PI. 5, fig. 2, h. (4) PL 9, fig. 1. 102 HILTOIRE NATURELLE que des canaux à parois bien formées. Quoi qu'il en soit, ces veines informes aboutissent toutes à des es- pèces de réservoirs sanguins que nous avons nommés sinus veineux. Chez le Maïa (i) et les autres Brachyures, ces si- nus occupent les côtés du thorax et sont renfermés dans les cellules des flancs , immédiatement au- dessous de l'espèce d'arcade qui surmonte l'articu- lation de chaque pâte. Le nombre de ces golfes vei- neux est ésral à celui des cellules de la rangée supé- rieure ; ils sont renflés, recourbés sur eux-mêmes, et en communication les uns avec les autres , leurs pa- rois, d'une ténuité extrême, ne sont formées que par une lame de tissu cellulaire qui est intimement unie aux parties voisines ; aussi leur forme et leur gran- deur sont -elles déterminées par la disposition de ces parties , et doit-on regarder ces réservoirs comme étant de grandes lacunes plutôt que des poches à parois propres. Chacun d'eux reçoit plusieurs veines qui y versent le sang venant de toutes les parties du corps, et à leur partie externe et supérieure naît un cros vaisseau qui se dirige en dehors et en haut, pénètre dans la branchie correspondante, et suit le bord externe de sa cloison médiane (2) ; c'est le vaisseau ajfèrent de la branchie , qui fournit des ra- meaux à chacune des lamelles dont ces organes sont garnis , et y verse le sang qui doit y subir l'influence de l'air. Dans les Homards et les autres Décapodes ma- croures que nous avons examinés, la disposition du (1) PI. 6, fig. 2, dd, etfig. 4, c. (2) PI. 6, fig. 2 , c, et%. 4> d- DES CRUSTACÉS. I o3 système veineux n'est pas exactement la même que chez les Brachyures. Indépendamment des golfes vei- neux situés de chaque côté du thorax , et en com- munication avec les branchies (i), il existe sur la ligne médiane un sinus longitudinal qui occupe le canal sternal , et reçoit le sang venant de l'abdomen et de la plupart des viscères (a). La structure des cellules thoraciques ne permet pas aux sinus latéraux de com- muniquer directement entre eux comme chez les Crabes, mais ils s'ouvrent tous dans le sinus médian , et une communication facile s'établit ainsi, non-seu- lement entre les réservoirs veineux placés à la base de chaque pâte, d'un même côté du corps, mais aussi entre ceux des côtés opposés. Enfin, chez les Squilles, c'est presqu'exclusivement le sinus médian qui sert de réservoir au sang veineux. Le vaisseau effèrent des branchies, c'est-à-dire le ca- nal qui reçoit le sang après qu'il a traversé le réseau capillaire respiratoire, et que, de veineux, il est de- venu artériel; ce vaisseau, disons-nous, occupe la face interne de la branchie, et augmente de volume à me- sure qu'il s'approche de la base de cet organe (3) ; parve- nu au point d'insertion des pyramides branchiales sur la voûte des flancs, il pénètre dans la cellule située immé- diatement au-dessous , puis se recourbe en haut et en dedans et se dirige vers le cœur (4) ■ Le nombre et la dis- position de ces canaux branchio-cardiaques varie un peu suivant les espèces, mais ils sont toujours accolés (1) PI. 8, Kg. 2, e. (2) PI. 8, %. i, b. (3) PI. 6, %. 3, d, et fig 4, e; PI. 8, fig. 2 et 3, e. (4) Pi. 6, ligr. 3, c, et fig. 4,/; PL 8, fig. 3,/: et PI. 9, fig. 1, d. 104 HISTOIRE NATURELLE à la voûte des flancs, et débouchent en une espèce de eolfe sanguin qui occupe l'espace compris entre le bord interne des flancs et les côtés du cœur; les parois de ce sinus commun se continuent avec la membrane qui enveloppe le cœur et, immédiatement au devant du point où les canaux branchio-cardiaques y aboutis- sent, il existe dans les parois de ce viscère une grande ouverture ovaîaire garnie de valvules et servant à li- vrer passage au sang ( i ) . Telle est la disposition du système circulatoire chez la plupart des Crustacés ; mais, chez quelques- uns de ces animaux, il est bien moins développé, et les artères , aussi bien que les veines , ne paraissent être que des lacunes formées par les interstices que les divers organes laissent entre eux; c'est en effet ce que Jurine a observé chez les Argules, où le sang paraît répandu dans le parenchyme même des organes ; néanmoins, il existe toujours un cœur, et les courans qu'il détermine ont toujours une direction constante. Enfin , chez quelques animaux les plus simples de cette classe , tels que les Nicothoés et d'au- tres parasytes , ce dernier vestige d'un système spé- cial de circulation nous paraît aussi avoir disparu. (i) Suivant M. Strauss, cène serait pas à travers ces ouvertures branchio-cardiaques ( dont il ne fait aucune mention) que le sang parviendrait dans le cœur; ce liquide s'épancherait d'abord entre les parois externes de ce viscère et la membrane péricardiale ( nommée par M. Strauss oreillette du cœur), et ne pénétrerait dans son inté- rieur qu'à travers les fentes que ses fibres musculaires laissscnt entre elles à sa face supérieure, fentes que cet auteur appelle ouver- tures auriculo-ventriculaires. (Voyez Anatomie comparée des animaux articulés. ) Mais M. Strauss ne rapporte aucune expérience à l'ap- pui de cette opinion; et, d'après celles que nous avons faites, M. Audouin et moi, nous nous sommes convaincus que le sang suit une route plus directe. DES CRUSTACÉS. 1 o5 En résumé , nous voyons donc que dans la classe des Crustacés le mode de circulation est analogue à celui quon observe chez les Mollusques, et diffère prin- cipalement de ce qui existe chez les Poissons, par la position du cœur qui est aortique au lieu d'ctre branchial . § IV . Des sécrétions. Nous avons déjà eu l'occasion de parler des princi- paux organes sécréteurs des Crustacés, et nous devons renvoyer à l'histoire de l'appareil reproducteur la description de quelques autres glandes ; aussi ne nous reste-t-il que peu de chose à en dire ici. Ces organes , comme on a pu le voir , ont en gé- néral une structure peu compliquée ; et, sous ce rap- port , ils ressemblent beaucoup à ceux des Insectes. En général, ce sont des tubes capillaires très-longs et entortillés; d'autres fois de petits appendices bor- gnes qui entourent un canal excréteur, et s'y ouvrent. Chez les Crustacés Décapodes, il existe à la partie postérieure de la cavité branchiale un organe dont les fonctions ne nous sont pas connues, mais dont la structure nous paraît glandulaire ; c'est une masse spongieuse et blanchâtre qui est enveloppée dans un repli de la membrane tégumentaire , et qui repose sur la voûte des flancs immédiatement en arrière des branchies (i) ; elle se prolonge en arrière jusqu'à l'ori- gine de l'abdomen , et nous a paru s'ouvrir au dehors à l'aide d'un canal excréteur, entre le plastron sternal et le premier anneau abdominal. Serait-ce le siège de (I) PI. I0, fig. 2, S. lOÔ HISTOIRE NATURELLE quelque excrétion analogue à la sécrétion urinaire ? C'est ce que nous ne pouvons décider dans l'état actuel de la science. CHAPITRE III. DES PHÉNOMÈNES 1)E LA VIE DE RELATION. On désigne généralement sous le nom de sensation l'acte par lequel un animal acquiert la conscience d'une impression éprouvée par une partie quelconque de son corps. Tantôt ces perceptions sont la suite de l'action de ses organes et avertissent l'animal de ce qui se passe dans l'intérieur de l'économie ; tantôt, au contraire, elles sont produites par des causes extérieures , telles que le contact d'im corps étranger ; et , d'après cette différence dans leur origine , on les distingue en sensations internes et externes. Les pre- mières se rattachent principalement à ce que l'on peut appeler la vie organique, c'est-à-dire l'ensemble des fonctions qui ont pour but la nutrition et la généra- tion ; les secondes constituent en partie la vie de re- lation ou les actes par lesquels l'être se met en rapport avec les objets qui l'environnent. Chez les végétaux , rien ne décèle la faculté de per- cevoir les impressions produites par les corps étran- gers. Il en est de même pour un petit nombre d'êtres qu'on range dans le règne animal, les épon- ges, par exemple; et chez tous les autres il existe des parties qui ne jouissent pas de la faculté d'ex- citer des sensations , mais la plupart des organes DES CRUSTACES. 10^ sont doués d'une sensibilité plus ou moins exquise , c'est-à-dire réagissent avec plus ou moins d'énergie sur les parties destinées à la perception de ces sensa- tions, de manière à donner à l'animal la conscience des impressions qu'ils reçoivent eux-mêmes. Chez les animaux dont îa structure est la plus sim- ple et la plus uniforme , la similitude des fonctions est, dans toutes les parties du corps, non moins grande que la similitude d'organisation ; chacune d'elles agit à la manière de toutes les autres, et paraît être le siège de la perception du petit nombre d'impressions qu'elle reçoit : mais bientôt la nature tend à perfec- tionner ces fonctions , et , fidèle au principe de la di- vision du travail , elle les sépare et les confie à des parties différentes de l'économie animale. La faculté d'exciter les sensations à la suite d'impressions reçues , ou, en d'autre mots , la sensibilité reste commune à la plupart des organes ; mais celle de percevoir ces mêmes impressions ou d'en acquérir la conscience devient l'a- panage exclusif d'un appareil spécial appelé le système nerveux. Les Crustacés sont dans ce cas ; aussi, pour étudier les actes par lesquels ces animaux se mettent , pour ainsi dire, dune manière passive en rapport avec les objets qui les environnent , aurons - nous successive- ment à nous occuper des parties sensibles et de celles destinées à la perception des impressions. § I. Des sens. D'après la division du travail que nous venons de signaler, il est évident que la principale condition de l'existence de la sensibilité dans une partie quelconque I08 HISTOIRE NATURELLE du corps , est sa connexion avec le système nerveux ; aussi peut-on poser en principe que , toutes choses égales d'ailleurs , un organe sera en général d'autant plus sensible qu'il recevra plus de nerfs. La plupart des organes intérieurs des Crustacés paraissent doués de sensibilité ; mais c'est à la surface du corps que l'étude de cette fonction présente le plus d'intérêt , car c'est là que sont produites toutes les impressions détermi- nées par les objets environnans. Le premier effet de toute sensation externe est de don- ner à l'animal qui l'éprouve la conscience de l'existence du corps qui l'occasione ; mais, en général, les résul- tats de l'impression produite par ce dernier ne se bor- nent pas là ; l'animal qui la perçoi t acquiert aussi la con- naissance d'un certain nombre des propriétés de l'objet qui agit sur ses organes, et la faculté déjuger ainsi des qualités des corps constitue ce que l'on nomme les sens. Ces propriétés ou qualités sont de difïérens ordres ; aussi, à mesure que la vie de relation se perfectionne, voyons - nous un nombre de plus en plus grand d'instrumens spéciaux affectés à leur investigation ; la faculté de percevoir la lumière et déjuger, par l'in- termédiaire de cet agent, des propriétés des corps situés à distance , ou , en d'autres mots , le sens de la vue, devient l'apanage d'une portion déterminée de la surface du corps, dont la structure est modifiée d'une manière particulière ; celle de distinguer les mouve- mens vibratoires d'où naissent les sons , se concentre également dans un appareil particulier ; il en est de même de l'odorat et du goût ; enfin , la sensibilité gé- nérale de la surface des corps devient aussi plus ex- quise dans certaines parties, et permet à l'animal de reconnaître, par le contact, la forme des objets exté- DES CRUSTACÉS. IO9 rieurs ainsi que plusieurs autres qualités qu'on pour- rait appeler des propriétés mécaniques. Ce dernier sens , qu'on appelle le toucher, est le plus universellement répandu dans le règne animal , et ré- side ordinairement dans toutes les parties de l'enveloppe tégum en taire; mais souvent, Lien qu'il existe encore dans toute Té tendue de la surface du corps , il se déve- loppe plus particulièrement dans certains points de l'organisation , et acquiert des iûstrumens spéciaux qu'on nomme les organes du tact. Chez les Crustacés , la plus grande partie de la surface du corps est ordinairement encroûtée de matière calcaire , et présente un degré de dureté in- compatible avec l'exercice de cette fonction : aussi le sens du toucher est-il en général très-obtus chez tous ces animaux. La nature de leur enveloppe té- çumentaire exclut également l'existence d'organes du tact proprement dits, car la rigidité et l'épais- seur de leur peau ne lui permet pas de s'appliquer en même temps sur les diverses surfaces d'un objet. Le toucher ne peut donc guères servir qu'à avertir ces animaux de l'existence des corps avec lesquels ils sont en contact, à leur faire juger de leur température, de leur dureté, et quelquefois de leur volume, mais ne peut en révéler la forme. Néanmoins, tout im- parfait qu'il est, ce sens montre déjà un*ktendance à se localiser , et réside principalement dans certains appendices de l'extrémité céphalique. De ce nombre sont les antennes ; il existe souvent à leur base des organes destinés à d'autres usages; mais une de leurs principales fonctions paraît être le tou- cher. Leur sensibilité est ordinairement très-vive, et au moindre attouchement elles donnent en général des si- IIO HISTOIRE NATURELLE gnes indiquant la perception d'une sensation , tandis que dans îa majeure partie de la surface de son corps l'animal ne manifeste aucune sensibilité. Dans la plu- part desCrustacés des ordres inférieurs, tels que les Caliges, lesCécrops,etc, on ne voit pas de trace de ces organes, ou bien on ne les trouve qu'à l'état de vesti- ges : dans d'autres espèces on n'en compte qu'une seule paire ; mais le nombre normal des antennes est de qua- tre. Elles sont toujours situées immédiatement après les yeux lorsque ces organes sont portés sur des tiges mobiles et au devant de l'appareil buccal (i) : celles de la première paire sont presque toujours situées près de la ligne médiane , tandis que les deux autres en sont souvent très-écartées ; et il en résulte que tantôt ces dernières sont placées derrière les premières, et que d'autres lois, en sJa\ançant un peu, elles se placent sur la même ligne qu'elles, et à leur côté externe (2). Ces différences importent peu à l'anatomiste ; mais elles fournissent au zoologiste des caractères pré- cieux pour la distinction facile des espèces. Il en est de même de la position des antennes, relative- ment à l'arceau supérieur de la portion antérieure de la tête ou à la carapace ; tantôt cette partie du squelette tégumentaire se prolonge antérieurement en forme de rostre ou de cbaperon , recouvre les antennes eUne leur permet pas de quitter la face inférieure clu corps ; tantôt le segment inférieur se développe aux dépens du supérieur, et entraîne ces appendices avec lui , de manière que leur insertion a lieu à la face antérieure de la tête ; enfin, d'autres fois, (1) PI. 1, %. 2. (2) PI. 7, fig. 2) etc. DES CRUSTACÉS. III cette modification étant portée encore plus loin , les antennes en occupent la face supérieure. La forme et la composition des antennes varient beaucoup ; dans l'état de simplicité la plus grande , ces organes ne sont formés chacun que d'une seule tige ar- ticulée, mais d'autres fois on voit s'y ajouter un ou deux appendices qui paraissent être les analogues du palpe et du fouet des autres membres. En général la tiffe dont nous venons de parler est composée d'une partie plus grosse qu'on appelle le pédoncule, et d'une partie ter- minale plus ou moins allongée (i) : le pédoncule est formé à son tour d'un, de deux ou de trois articles, et le prolongement terminal d'un nombre de segmens beaucoup plus grand ; enfin , chacune de ces pièces est plus ou moins mobile et renferme dans son intérieur des muscles destinés à mouvoir l'article suivant. L'ap- pendice que l'on peut regarder comme une espèce de palpe se présente en général sous la forme d'un second filet terminal muiti-articulé , fixé à l'extrémité du pé- doncule ; mais d'autres fois il constitue une grande lame cornée qui s'insère à la base de l'antenne. Enfin , la seconde partie accessoire de l'antenne , lorsqu'elle existe, constitue aussi un filet terminal, de façon qu'alors le pédoncule porte trois de ces prolongemens sétacés (2). Les organes dont nous venons de parler peuvent servir à avertir l'animal de la présence des corps qu'il touche ; mais ils ne peuvent donner que des idées très-incomplètes de leur dureté , et surtout de leur volume. Chez la plupart des Crustacés , il existe d'au- (1) PI. 1, fig. 3, pédoncule, b. tige terminale. (a) PL 1,%. ùjXl. 112 HISTOIRE NATURELLE 1res parties qui peuvent également remplir ces fonc- tions, et qui sont en même temps des instrumens de pré- hension ; ce sont en général des membres de la portion thoracique du corps , dont l'extrémité prend la forme d'une espèce de pince. Tantôt cette disposition dé- pend seulement de ce que le dernier article constitue une sorte de griffe qui peut s'appliquer sur l'article précédent (i) ; tantôt de ce que le pénultième ou l'anté- pénultième pièce se prolonge sur le côté de l'article suivant , et forme une espèce de doigt immobile sur lequel ce dernier s'applique fa). A l'aide de ces modi- fications, les pâtes peuvent agir jusqu'à un certain point à la manière d'organes du toucher : mais leur principal usage est alors de saisir la proie dont l'animal se nour- rit, ou de le défendre contre ses ennemis. Enfin, les diverses parties de l'appareil buccal peuvent aussi ser- vir d'une manière accessoire au toucher , mais ce n'est pas leur principal usage. Le sens qui , après celui du toucher, paraît être le plus généralement répandu parmi les animaux , est celui du goût ; ce sont les sensations perçues par lui qui déterminent le choix de la nourriture, et nous voyons presque tous les animaux rechercher certaines substances alimentaires et en refuser d'autres ; on peut donc conclure qu'ils possèdent presque tous ce sens. D'après quelques expériences que nous avons faites à ce sujet, M. Audouinet moi , il paraîtrait que chez les Crustacés la faculté de distinguer les différentes saveurs est même assez développée, et qu'elle réside à l'entrée de l'œsophage , ou plutôt dans la cavité buc- (i) Voyez les mains subchélifovmes des Cvevettines, PI. i, fig. 2, (2) Pinces ou mains chélifères, PI. 3, fig. 1, etc. DES CRUSTACES. Il3 cale proprement dite ; on ne voit aucun organe qui y paraisse destiné d'une manière spéciale. La faculté d'apercevoir les corps placés à distance, par l'intermédiaire des particules odorantes qui s'en dégagent, existe aussi chez les Crustacés. Un des procédés de pêche le plus employé pour prendre les Homards en donne la preuve ; car c'est en plaçant des fragmens de Crabes ou de Poissons dans des espèces de pièges nommés casiers , qu'on les y attire ; et non- seulement il est bien difficile de voir ce qui est dans l'intérieur de ces paniers, mais encore les Homards y viennent souvent pendant les nuits les plus obscures. Un fait analogue prouve l'existence du sens de l'odo- rat chez d'autres Crustacés , connus sous le nom de Talitres ou de Puces de mer. Si dans un lieu fréquen té par ces animaux , l'on enterre dans le sable du rivage, ou que l'on cache sous un monceau de pierres un Ho- mard mort ou le corps de tout autre animal , on est sûr de le trouver au bout de quelques jours plus ou moins complètement dévoré par les Talitres qui se sont rassemblés en foule autour, et qui ne peuvent y avoir été attirés que par son odeur. Quant au siège de ce sens, on ne sait rien de positif. Guidé par la position des antennes et par quelques autres considérations, M. de Blainville a été conduit à penser que chez lesCrustacés, les Insectes, etc., le sens de l'odorat résidait dans la portion de l'enveloppe tégu- mentaire qui revêt l'extrémité libre des antennes (i) ; mais cette partie ne nous paraît offrir aucune des condi- tions qui semblent les plus nécessaires pour la percep- tion des odeurs, et leur ablation ne paraît porter aucun (i) Principes d'anatomie comparée, t. I, p. 338 et 339. CRUSTACÉS, TOME I. 8 ij^j histoire Naturelle trouble sensible clans l'exercice de cette fonction ( i ). Des recherches qui nie sont communes avec M. Audouin, nous ont porté à croire que le siège de cette fonction pouvait bien se trouver dans deux poches membraneu- ses qu'on rencontre au devant de la bouche et au-des- sus des organes auditifs. Dans quelques Crustacés , tel que la Langouste, leur ouverture est assez grande et occupe le milieu du tubercule auditif; mais chez d'autres elle devient difficile à distinguer. Enfin , un anatomiste allemand , Rosenthals , regarde comme l'organe de l'odorat une cavité particulière qu'il a dé- couverte à la base des antenn'esde la première paire, et dont l'ouverture extérieure se voit à la face supérieure de ces organes. Chez les Homards , cette cavité est formée par une espèce d'ampoule semi-cornée dans les parois de laquelle aucun nerf ne paraît se ramifier (2) ; et chez les Edriophthalmes on ne voit rien qui puisse y être rapporté. Ainsi, l'opinion de Rosenthals , qui dernièrement a été reproduite comme une découverte nouvelle par M. Robineau, ne nous paraît pas encore étayée de faits assez décisifs pour être généralement adoptée (3). Le sens de la vue manque chez un petit nombre de Crustacés qui vivent en parasites ; mais en général il existe, et a son siège dans des organes d'une structure assez compliquée , qui occupent tantôt la face supé- rieure ou antérieure, tantôt les côtés de la tête. On (1) Voyez l'article Odorat , Dictionnaire classique d'histoire natu- relle. (2) PL 12, fig. 1. (3) archivas pour la physiologie de Riel et Autenrcilh , et Mé- langes d anatomie ^ par Treviranus, 2e. vol., 2e. partie, 2e- mé- moire, 18 18. DES CRUSTACÉS. I I 5 admet généralement que chez ces animaux, de même que chez les Insectes, les yeux sont de deux sortes, savoir : des stemmales cl des yeux à facettes; il est cependant facile de démontrer que ces organes présen- tent une série de modifications bien plus nombreuses. La structure des stemmates, qu'on appelle encore des yeux lisses ou yeux simples, se rapproche un peu de celle des yeux des Poissons, et diffère nota- blement de celle des yeux à facettes. Ainsi que vient de le démontrer un observateur très-habile , M- Mul- ler (i) , on y distingue d'abord une cornée transparente plus ou moins bombée, et parfaitement lisse , qui se continue sans interruption avec la couche tégumeu- taire externe dont elle fait partie. Immédiatement derrière cette cornée , et en contact avec sa face in- terne , se trouve un cristallin en général sphérique , dont la face postérieure est logée dans une masse gé- latineuse que l'on a comparée au corps vitré. La base de cette masse vitrée est à son tour en contact avec le nerf optique ; enfin, une couche de pigment fort épais l'entoure et se prolonge en avant jusqu'à la périphérie du cristallin et au bord, de la cornée. En général , les stemmates des Insectes , des Arachnides et des autres animaux articulés , sont en petit nombre et bien dis- tincts entre eux ; il en est de même chez quelques Crustacés , tels que les Apus , les Limules et les Cyames , où Ton observe deux ou trois de ces organes. Mais, dureste, ces yeux simples ne se rencontrent que chez un très-petit nombre d'animaux de cette classe. {l\) Zur vevgleichenden Physiologie des Gesichissinncs , un vol. in-8°. Leipzig, i8ii6. L'analyse de ce travail remarquable a été insérée dans les Annales des sciences naturelles , t. XVII p. 2^5 , etc- 8. IlG HISTOIRE NATURELLE Chez d'autres Crustacés il existe des yeux d'une structure plus compliquée , que nous appellerons des yeux composés lisses , et qu'on peut considérer comme une agglomération de stemmates sous une cornée commune. En effet , ils sont formés par un nombre plus ou moins considérable de petits cristallins placés derrière une cornée commune , encbâssés et dans un corps vitré qui est enduit de pigment et qui se conti- nue avec le nerf optique. Ces yeux composés lisses se rencontrent chez les Nébalies , les Apus (où il en existe un placé à quelque distance en arrière des deux stemmates ), les Daphnies, les Branchipes, etc., et établissent en quelque sorte le passage entre les stem- mates et les yeux composés à facettes (i). Une nouvelle modification de l'appareil oculaire nous a été offerte par l'Amphitoé de Prévost et un petit nombre d'autres Edriophthalmes. Chez ces ani- maux on trouve d'abord pour chaque œil composé une cornée lisse sans division; mais immédiatement der- rière cette lame tégumentaire il existe une seconde tunique, de même nature et également transparente , qui y adhère intimement, et qui est divisée en une multitude de facettes hexagonales ; derrière chacune de ces facettes ou cornéules est situé , comme d'ordi- (i) Voyez à ce sujet un travail que j'ai présenté à la Société d'histoire naturelle de Paris , le 7 juin i83o, et qui paraîtra dans un des prochains cahiers des Annales des sciences naturelles ; ainsi que l'ouvrage déjà cité de M. Muller ; les observations de Cavolini , sur les yeux des Lygies, Memoria sulla generazioni dei Pesciedei Granchi , in-8°. Napoli , 1787; celles de M. Strauss, sur les yeux des Daphnies, etc., dans les mémoires du Muséum d'histoire naturelle , t. V, p. 3o,5 ; et la description des yeux de la Nebalie , dans un de mes mémoires sur des Crustacés nouveaux, inséré dans les Annales des sciences naturelles, t. xiu, etc. DES CRUSTACÉS. I I y naire, un cristallin dont la face antérieure est convexe et dont la face postérieure , qui se prolonge en un cône à sommet obtus, est contiguë à un petit cylin- dre gélatineux , avec lequel le filet correspondant du nerf optique se confond. De cette disposition au mode de conformation des yeux composés à facettes simples il n'y a qu'un pas ; car la principale différence consiste dans la soudure intime des deux cornées superposées dont nous ve- nons de parler et l'existence d'une espèce de cloison formée par du pigment entre chacun des élémens ocu- laires Dans ces organes, de même que dans les stemmates, la tunique externe est dure et translucide; elle se continue avec les tégumens et constitue une cornée transparente; mais, au lieu d'être lisse et sans divi- sion, elle présente une multitude de petites facettes distinctes, qu'on peut regarder comme autant de cor- nées , car chacune d'elles correspond à une loge ocu- laire qui lui est propre. Chez les Insectes ces facettes , ou corneilles, sont toujours de forme hexagonale, mais chez les Crustacés elles sont souvent carrées ; dans les Ecrevisses , les Pénées , les Galathées , les Scyllares, par exemple , elles présentent cette dis- position, tandis que chez les Pagures, les Phyl- losomes , les Squilles, les Gebbies, les Callianases, les Crabes, etc., elles sont hexagonales (i). Der- rière chacune de ces petites cornées on trouve un corps transparent et de forme conique (2) , qui est (1) Pi. 12, fig. 1 et 3. (2) L'existence de ces corps coniques, de consistance gélatineuse , avait été signalée depuis long-temps dans les yeux à facettes des Li- jl8 HISTOIRE NATURELLE entouré par une sorte de gaine composée de matière colorante, et se continue intérieurement avec un fila- ment gélatineux dont la base adhère au bulbe du nerf optique (i) ; le pigment se prolonge aussi en- tre les espèces de colonnes formées par ces fila- mens, de manière à les isoler entre elles, et se re- ploie entre leur base et le bulbe du nerf optique. Enfin , derrière la masse formée par ces diverses parties , on trouve une tunique membraneuse qui est percée dans son milieu pour livrer passage au nerf , et qui n'est qu'un prolongement de la membrane tégumentaire moyenne, de sorte que c'est entre les deux couches externes de la peau cru est creusée la chambre oculaire (2). Les cônes transparens dont nous venons de parler, et dont l'existence a été signalée par M. Muller , dans tous les yeux à fa- cettes des Insectes aussi bien que des Crustacés, paraissent remplacer les cristallins des yeux simples, ou plutôt n'en être qu'une modification (3). Quant aux filamens vitrés gélatineux qui se trouvent derrière ces cônes, ils occupent la majeure partie de chacune des longues cellules oculaires , et on les regarde générale- mules par André. (Voyez À microscopiral description of the eyes of the Monocultis Polyphemus. Philos. Trans., 1782, vol. 72, p. 44°> taD- 16). Swammerdam paraît aussi les avoiraperçus dansle Pagure (Voy.ses observations sur le Bernard-l'Hermite. Collection académique , partie étrangère, t. V, p. i3o) ; et Cavolini, dans l'Écrevisse (Memoria sulia generazione dei Pesci e dei Granchi ). Mais c'est à M. Muller qu'on en doit une connaissance plus approfondie ( Op, cit. , et Ann. des se. nat. , t. XVII) (i) PI. 12, fig. 7, a, et fig. 8. (2) PI. 12, fig. 8, b. (3) M. Strauss pense, au contraire, que dans les yeux à facettes ce sont les cristallins qui, en se réunissant, forment la cornée; mais il ne paraît pas avoir aperçu les corps coniques. ( Op. cit, , p. 4* * h DES CRUSTACÉS. I 19 ment comme étant des branches terminales du nerf opti- que; mais un examen attentif de l'œil du Homard m'a fait concevoir quelques doute sur cette détermination ; le bulbe du nerf optique ne m'a paru présenter réelle- ment aucune division ; il m'a semblé se terminer par une surface offrant une multitude de petites facettes tapissées de matière colorante et en rapport avec la substance titrée qui remplit toute la portion infé- rieure des cellules oculaires. C'est aussi l'opinion que M. de Blainville paraît s'être formée d'après la dissec- tion des yeux de la Langouste (i) ; mais , pour résou- dre complètement ce point délicat de Fanatomie des Crustacés , il faudrait peut-être des observations plus décisives. Chez d'autres Crustacés, tels que les Idotées, le mode d'organisation des yeux paraît dépendre d'une modification différente des yeux composés à cornée lisse ; la disposition de la masse oculaire est essentiel- lement la même que dans les yeux à facettes, seule- ment la cornée commune présente au devant de cha- que cristallin ( ou cône transparent ) un renflement circulaire qui ressemble un peu à une lentille qui se- rait enchâssée dans cette tunique. Ces renflemens sont bien distincts, et dans l'espace qui les sépare on n'a- perçoit aucune ligne qui correspondrait aux cellules tubiformes placées au-dessous (2). Au premier abord on pourrait croire que ces renfle- mens lenticulaires sont les analogues des cornéules des yeux à facettes , qui , dans ces derniers organes , se seraient élargis de façon à se toucher et à prendre (1) Principes d'anatomie comparée, t. III , p. 4^4 )• (•2) PI. 12, fig. 4. 120 HISTOIRE NATURELLE une forme hexagonale ; mais il n'en est pas ainsi , car si l'on poursuit cette étude de l'appareil optique chez d'autres Crustacés , on ne tarde pas à rencontrer des exemples de l'existence simultanée de cornéules et de renflemens lenticulaires bien distincts. Les yeux des Callianasses nous ont présenté cette structure delà ma- nière la plus facile à constater , car les renflemens len- ticulaires et les cornéules sont tous parfaitement visi- bles, et les premiers, qui sont assez petits, n occupent que le centre du cadre formé par les bords des se- conds (i). On les retrouve chez un grand nombre de Bracbyures , mais en général les renflemens lenticu- laires occupent presque toute l'étendue de la cor- néule, de façon que leur contour se confond un peu avec les bords de celle-ci (a). Dans la plupart des cas ces renflemens lenticulaires paraissent s'être développés dans la substance de la cornéule , mais quelquefois on peut l'en distinguer : dans les yeux d'un Crabe maculé nous avons trouvé au-dessous des facettes de la cornée une couche assez facile à détacher, et formée par une réunion de ces lentilles , qui à leur tour recouvraient les cristallins coniques (3). Nous voyons donc que la structure des yeux des Crustacés se complique de plus en plus à mesure qu'on s'élève dans la série de ces êtres, et que ces modifica- tions dépendent principalement : i°. de l'aggloméra- tion d'un nombre plus ou moins considérable d'yeux simples en une seule masse ; 2°. de la formation d'une (1) PI. 12 , fig. 5. (2) PI. 12, fig. 6. (3) PI. 12, fig. 6, a. DES CRUSTACES. I 2 I cornée particulière pour chaque œil ; 3°. de la forma- tion d'un renflement lenticulaire entre la cornée com- mune et le cristallin ; 4°- de l'existence simultanée d'une cornée propre et d'un renflement lenticulaire. Les yeux simples et les yeux composés existent quelquefois chez le même Crustacé ; dans le Cyame , par exemple , on trouve deux yeux lisses et deux veux composés à facettes , et dans la Limule trois stemmates et deux yeux composés à facettes. Dans l'Apus il existe deux stemmates et un œil composé à cornée lisse ; mais, dans l'immense majorité des cas , il n'y a que des yeux composés , dont la disposi- tion varie. Leur nombre est en général de deux , quel- quefois ils ne forment qu'une seule masse , de façon que l'animal ne paraît avoir qu'un seul œil. Dans les Daphnies , par exemple , les stemmates agglomé- rés forment d'abord deux masses oculaires , ou yeux composés à cornée lisse , mais par les progrès de l'âge ces deux yeux s'unissent et ne forment plus qu'un seul œil. Les stemmates sont immobiles et sessiles, c'est-à-dire implantés immédiatement sur la surface du corps et peu élevés au-dessus au moyen d'un pédoncule ou d'une tige cornée ; il en est en gé- néral de même pour les yeux composés à cornée lisse ; mais quelquefois la masse oculaire formée par chacun de ces organes est mobile, et il arrive même qu'elle est placée à l'extrémité d'une saillie également mobile; les Daphnies sont dans le premier cas ; leur œil ne fait pas saillie au dehors, mais est pourvu de muscles desti- nés à le mouvoir; et chez les Nébaîies , ces organes sont saillans et ne tiennent au reste du corps que par un pédoncule articulé de manière à permettre leurs mouveinens. Il en est de même pour les yeux à facettes, 122 HISTOIRE NATURELLE dont le nombre est toujours de deux ; chez les Edrioph- thalmes ils sont sessiles et immobiles (i) , tandis que chez tous les Décapodes (2) et les Stomapodes (3) ils sont placés sur deux tiges mobiles qu'on peut re- garder comme les membres du premier anneau cé- phalique. Enfin , chez un grand nombre de ces ani- maux , il existe entre le bord de la carapace et la base des antennes externes une cavité orbitaire dans la- quelle l'œil se re ploie de manière à se mettre à l'abri de toute injure. Quant à la forme générale des yeux à facettes, elle est en général légèrement convexe et à peu près circulaire chez les Edriophthalmes , tan- dis que chez les Décapodes elle se rapproche le plus souvent d'un sphéroïde ; leur couleur varie aussi sui- vant les espèces. Le mécanisme de la vision a été peu étudié chez les animaux articulés. Dans les yeux lisses ou stem- mates, la marche de la lumière doit être à peu près la même que dans les yeux des animaux vertébrés, et surtout des Poissons , où le cristallin agit à la manière d'une lentille , et rassemble les rayons lumineux dans un point donné delà surface du nerf situé derrière lui ; il en est probablement à peu près de même dans les yeux composés à cornéules lentifères; mais, dans les yeux à facettes simples ( ceux où il n'y a point de renflement lenticulaire), il paraîtrait que les cônes transparens formés par les cristallins et les cellules tubiformes situées au devant du nerf, n'agissent ni comme un instrument de dioptrique, ni comme un (i)Pl. i,fig. 2. (2) PI. 3, fig. 1. (3)Pl.i,%. 1. DES CllUST A.CÉS. I2J appareil de catoptrique , et ne servent qu'à rendre l'impression de la lumière plus nette, en isolant les rayons perpendiculaires de ceux qui arrivent dans d'autres directions. Les Crustacés, ou du moins ceux des ordres su- périeurs , jouissent aussi du sens de l'ouïe ; les expé- riences de Minasi (ij, ainsi qu'une foule d'observa- tions journalières, en fournissent la preuve, et chez un grand nombre de ces animaux il existe un petit appareil qui paraît être le siège de cette faculté. Cet organe est placé à la face inférieure de \n tête, au devant de la bouche, et en arrière des an- tennes de la seconde paire, ou bien dans le pre- mier article basilaire de ces antennes elles-mêmes. Dans FEcrevisse, comme on le voit d'après les re- cherches de Scarpa , il existe dans ce point , de chaque côté du corps , un petit tubercule osseux dont le sommet présente une ouverture circulaire qui est fermée par une membrane mince, élastique et tendue , qu'on a comparée au tympan , ou à la mem- brane de la fenêtre du vestibule des animaux supé- rieurs (a) ; derrière cette membrane , et dans l'épaisseur du tubercule, on trouve une petite vésicule membra- neuse qui est remplie d'un liquide aqueux , et reçoit du côté interne et supérieur un filet nerveux provenant du nerf antennaire. Enfin, le toutestrecouvert d'une espèce de gâteau tommenteuxdont Scarpa ne fait pas mention, et don t les usages pourraient bien n'avoir aucun rapport avec l'ouïe, quoique des liens étroits l'unissent à l'or- (i) Dissertazione di limpanelti dell'udito scoverti nel Granchio Paguro, etc. , in-8o., Napoli, 1775. (2) Pï. ia, fig. 11. 124 HISTOIRE NATURELLE gane dont nous venons de parler (i ) . Chez la Langouste, le milieu de la membrane qui bouche l'ouverture ex- terne du tubercule auditif, est occupé par une ouver- ture qui communique avec l'organe en forme de galette, dont il vient d'être question, et chez la plupart des Brachyures elle est remplacée en totalité par un petit disque osseux plus ou moins mobile. Dans le Maïa et quelques autres Crustacés à courte queue, la dis- position de cette espèce d'opercule est très-curieuse (2) ; nous avons constaté , M. Audouin et moi , que de son bord «antérieur il naît une lame osseuse assez large, qui s'en sépare à angle droit, se dirige en haut vers l'organe, en forme de galette, et se termine en pointe; près de sa base, ce prolongement lamelleux est percé par une grande ouverture ovalaire , et cette espèce de fenêtre est bouchée par une membrane mince et élas- tique, que nous appellerons la membrane auditive in- terne , et près de laquelle le nerf auditif paraît se terminer; de petits faisceaux musculaires se fixent au sommet de la lame osseuse , qui naît ainsi du disque operculaire du tubercule auditif, et qui , par sa forme, rappelle un peu l'étrier de l'oreille humaine; enfin, sur le bord antérieur de la fenêtre extérieure qui est bouchée par ce disque , il s'élève aussi une petite la- melle osseuse qui est parallèle à la membrane auditive interne; et, lorsque le muscle antérieur de l'osselet se contracte de manière à renverser légèrement tout ce petit appareil en avant , la membrane dont nous venons de parler s'appuie sur ce prolongement et se tend de plus en plus. D'après les recherches faites (1) PI. 12 , fig. 9, a. C'est cet organe dont il a déjà été question à l'occasion de l'odorat. (3) PI. 12', fig. 10. DES CRUSTACÉS. I2& par M. Savart, sur la transmission des sons, on sait que l'existence d'une ouverture bouchée par une mem- brane mince et élastique, est une des circonstances les plus propres à augmenter la finesse de l'ouïe ; ce savant a observé que des lames de carton qui n'étaient pas susceptibles de vibrer par influence, de manière à déterminer la formation de figures régulières dans le sable répandu sur leur surface, devenaient aptes à en produire lorsqu'elles étaient armées d'un disque membraneux. 11 est donc à présumer que l'espèce de tambour que nous venons de décrire, ainsi que la membrane auditive externe de l'Ecrevisse, servent à communiquer au nerf auditif les vibrations qui leur sont transmises, et qui n'affecteraient que peu, ou même point, les parties voisines, si elles n'étaient pas en communication directe avec ces membranes. Le mécanisme au moyen duquel la membrane auditive in- terne peut être alternativement relâchée ou tendue, est analogue à celui qui est produit dans l'oreille humaine par l'action de la chaîne d'osselets qui traverse la caisse du tympan , et ses effets doivent être aussi de même nature ; il doit servir à augmenter ou à diminuer l'étendue des ondulations qu'exécute la membrane vi- brante, et à modérer l'intensité des sons qui viennent frapper l'oreille . L'existence de la longue tige rigide, formée par les antennes de la seconde paire et en communication avec l'organe auditif, paraît être une autre circon- stance de nature à faciliter la perception des sons ; cette opinion avait déjà été émise par M. Strauss (i), (t) Considérations générales sur l anatomie , etc. , p. 4<9* 126 HISTOIRE NATURELLE et nous paraît s'accorder très-bien avec divers résul- tats obtenus par M. SavarL En effet, ce physicien a constaté que, pour faire vibrer par influence des corps qui n'en paraissent pas susceptibles , il suffirait souvent d'y ajouter une tige très-élastique qui agît alors à la manière du disque membraneux dont il a déjà été question. D'après ces détails , on voit que la structure de l'ap- pareil auditif des Crustacés est très-simple. Le nerf destiné à transmettre au cerveau l'impression pro- duite par les sons, se termine près de la surface du corps, dans une petite cavité remplie de liquide , et les on- dulations sonores, venant du dehors , sont transmises à ce liquide par l'intermédiaire d'organes dont les vi- brations sont faciles à exciter. Tantôt la nature emploie à cet usage des instrumens spéciaux, tels que les dis- ques membraneux; mais d'autres fois ellene semble pas avoir divisé ainsi le travail , et paraît confier ces fonc- tions à des parties qui servent en même temps à d'autres usages. § II. Du système nerveux. En étudiant , dans la longue série des animaux , les parties au moyen desquelles ces êtres perçoivent les impressions , on y remarque une suite de modifi- cations analogues à celles que nous avons déjà signalées en traitant de l'appareil tégumentaire et des organes de la vie organique. Le système nerveux se présente d'abord sous la forme d'un cordon qui s'étend dans toute la longueur du corps ; chacune de ces parties agit alors à la manière du tout, et , lorsqu'on divise l'animal en plusieurs tronçons , chacun d'eux continue DES CRUSTACÉS. 120 à sentir et à se mouvoir comme il le faisait lorsque le corps était entier. Un degré de plus dans la divi- sion du travail amène la localisation de la faculté de percevoir la sensation, et de plusieurs autres actes dans des parties déterminées de ce système, dont l'existence devient alors nécessaire à l'intégrité des fonctions auxquelles l'appareil en entier préside. Enfin, chez des animaux plus parfaits, la sensibilité devient plus particulièrement l'apanage de certains fibres mé- dullaires ; la faculté de produire les mouvemens sous l'empire de la volonté se concentre en quelque sorte dans d'autres fibres du même système ; celle d'exciter l'action de ces diverses parties se localise également dans certains points de l'appareil nerveux , et celle de coordonner les mouvemens est exercée par d'autres instrumens. En un mot, toutes les parties de l'appa- reil sensitif finissent par concourir d'une manière dif- férente à la production des phénomènes dont l'ensem- ble résultait d'abord de l'action de chacune d'elles. Plus cette division du travail est portée à un haut degré , plus les divers actes de la vie de relation se perfectionnent, et en même temps plus la structure de l'appareil nerveux devient compliquée ; car la di- versité dans les fonctions de chacune de ses parties coïncide avec une diversité non moins grande dans leur organisation. Aussi, d'après la perfection ou l'imper- fection des fonctions , on peut juger à priori du degré de simplicité ou de complication des organes qui en sont le siège ; et , d'après la structure plus ou moins uniforme des diverses parties de l'appareil nerveux, on peut deviner le degré de perfection ou d'imperfection des actes quil est destiné à exécuter. Les diverses formes sous lesquelles vse montre le iâ8 HISTOIRE NATURELLE système nerveux des Crustacés, sont autant d anneaux de la chaîne de modifications dont nous venons de parler. Sa structure est d'abord semblable dans toute la longueur du corps , et chacun des segmens est pourvu des mêmes parties médullaires ; mais peu à peu les divers centres nerveux se réunissent entre eux , et certains anneaux du corps ne présentent plus que des filamens conducteurs de la sensibilité et de l'influence nerveuse, tandis que les organes, qui perçoivent les sensations et réagissent sur tous les autres organes, se rencontrent dans un point assez circonscrit. Si l'on se bornait à comparer entre eux les deux extrémités de cette série, on pourrait croire que le système ner- veux d'un Maïa , par exemple (i) , et la longue chaîne ganglionnaire de l'Ecrevisse ou du Homard (2), sont formés de parties dissemblables ; mais, en suivant les degrés intermédiaires qui établissent pour ainsi dire le passage entre ces deux modes d'organisation, on voit qu'il n'en est pas ainsi, et que ces différences dépendent presque uniquement de la centralisation plus ou moins grande des divers élémens de certaines parties du système nerveux. De même que chez les Annélides, les Arachnides et les Insectes , le système nerveux des Crustacés se compose d'un certain nombre de nerfs qui viennent , de toutes les parties du corps , aboutir à des ganglions ou masses médullaires qui sont liés entre eux par des cordons de même nature. Ces ganglions occupent la ligne médiane de la face ventrale du corps et forment une chaîne plus ou moins longue. Enfin , on peut éta- (1) Pi. ii, fig. 1. (2) PI. h, % 2. DES CRUSTACÉS. 1 29 blir en principe, que la tendance générale de la na- ture est de donner à chacun des anneaux du corps une paire de ces ganglions ; mais souvent leur nom- bre apparent est moins grand , à cause de la réunion de plusieurs en une seule masse , ou bien du développe- ment excessif de quelques-uns d'entre eux , dévelop- pement qui coïncide toujours avec l'état rudimentaire ou même l'absence d'un certain nombre d'autres gan- glions. Parmi les Crustacés des ordres inférieurs que nous avons examinés (i) , ce sont les Talitres qui nous ont offert le système nerveux le plus simple et le plus uni- forme. Le corps de ces animaux se divise en trois par- ties assez distinctes, la tête, le thorax et l'abdomen ; mais chacune d'elles est formée d'anneaux ou de tron- çons qui ont entre eux la plus grande ressemblance, et dont le nombre total est de treize. Ces divers segmens présentent àleur face inférieure deux ganglions nerveux placés sur les côtés de la ligne médiane, et réunis entre eux par une petite commissure transversale (2) : chacun de ces petits noyaux communique aussi avec celui du segment qui le suit et qui le précède, à Faide d'un cor- don médullaire, et fournit un certain nombre de nerfs qui vont se distribuer aux différentes parties du corps. Le volume de ces ganglions diffère peu dans les divers segmens ; au thorax , cependant, ils sont un peu plus (1) Ces recherches sont communes à M.^Audouin et à moi, et forment le sujet d'un mémoire, lu à l'Académie des sciences, en septembre 1827, et imprimé dans les Annales des sciences naturelles , . XI. (1) Voyez le mémoire déjà cité, Annales des sciences naturelles , t. XI, Pi. ii, iig. 1 ; reproduit dans notre atlas, PI. 11, fig. 1. CRUSTACÉS , TOME I. 9 l3o HISTOIRE NATURELLE gros que dans l'abdomen. Enfin , ils sont tous un peu aplatis et ont à peu près la forme d'un losange. Il existe donc dans le Talitre deux chaînes ganglion- naires parfaitement symétriques , distinctes dans toute leur longueur, réunies entre elles par des commissures transversales, et offrant partout une disposition essen- tiellement la même. La première paire de ganglions , ou la céphalique, est remarquable par sa simplicité, et ne difïère pas essentiellement des ganglions qui sui- vent ; elle est située, comme dans tous les autres ani- maux articulés, au-dessus de l'œsophage, et fournit des nerfs aux yeux et aux antennes : ces ganglions , que l'on a désignés , mais peut-être à tort , sous le nom de cerveau, se continuent postérieurement avec les cor- dons médullaires qui les unissent aux deux ganglions du premier anneau thoracique, en passant sur les côtés de l'œsophage, qu'ils embrassent. Ces derniers gan- glions fournissent en dehors deux nerfs , dont l'un pé- nètre dans la pâte correspondante , et dont l'autre paraît se distribuer principalement aux muscles et aux tégumens des parties latérales du corps. Les gan- glions des autres segmens présentent la même dispo- sition ; seulement la distance qui les sépare nous a paru plus grande dans l'abdomen qu'au thorax. Dans le Cloporte , ainsi que l'a observé M. Cuvier(i), la partie moyenne du système nerveux est également formée de deux cordons ganglionnaires qui sont encore distans l'un de l'autre, mais qui ne présentent pas dans tous les segmens du corps la même uniformité que nous venons de signaler chez le Talitre. En eiïet , "(j) Leco.'t s cï'aiiatomie comparée , t. II, p. 3]/}. DES CRUSTACÉS. l3l outre la paire de ganglions céphaliques , on n'en compte que neuf, dont les deux premières et les deux dernières sont presque confondues 5 et , comme chacun le sait, les tronçons du corps de cet animal sont au nombre de quatorze , dont six appartiennent à l'abdo- men. Il en est à peu près de même dans le Cyame de la baleine. Treviranus (1) a fait voir que chez cet ani- mal singulier la partie moyenne du système nerveux était formée de deux chaînes de ganglions, parallèles et distinctes l'une de l'autre , tandis qu'aux extrémités antérieure et postérieure, les deux noyaux latéraux étaient unis, et que même en arrière ils formaient un ganglion impair situé sur la ligne médiane et pour ainsi dire accolé aux deux ganglions précédens. Le système nerveux , examiné dans deux genres de Crustacés assez voisins (le Talitre et le Cloporte), pré- sente donc déjà deux modifications importantes : il s'est raccourci et s'est rétréci , ou, en d'autres termes, il a éprouvé un premier degré de centralisation. Cette sorte de tendance à diminuer en même temps de lar- geur et surtout de longueur pour se grouper vers la partie centrale du thorax de l'animal , est plus mani- feste dans les Cimothoés (2) et dans les Phyllosomes. Dans les Phyllosomes, on trouve, à la partie an- térieure de la grande lame ovalaire qui porte les yeux , deux petits ganglions nerveux àpeuprès triangulaires, et réunis entre eux par leur angle interne; ces petits noyaux céphaliques fournissent en dehors les nerfs des yeux et des antennes, et se continuent postérieure- (1) f'crmischte schrijlen aitatoir.ischen uncl pkyshlom$eh it i/.Ldls , 2 , B , 1 , hali't. (2) Pi. 1 : , fig. 2. 9 l32 HISTOIRE NATURELLE ment avec deux filamens nerveux très-fins et d'une longueur remarquable ; ces filamens sont éloignés l'un de l'autre d'environ deux lignes; ils se portent directe- ment en arrière, embrassent l'œsophage et vont se réunir à la première paire de ganglions thoraciques ; ceux-ci , de forme ovalaire et réunis entre eux sur la ligne médiane , sont placés assez loin derrière la bou- che , et fournissent deux paires de nerfs qui se dirigent en avant. La seconde paire de ganglions est tout-à-fait rudimen taire et accolée auxprécédens ; ceux de la troi- sième paire, au contraire , assez gros , fournissent des nerfs qui vont aux appendices de la bouche ; ils sont encore accolés l'une à l'autre- A ceux-ci succèdent six paires de noyaux médullaires , semblables aux précé- dens par leur forme et leur disposition ; mais, au lieu de se confondre sur la liane médiane, ils sont distans entre eux , et ceux d'un côté du corps ne paraissent communiquer avec ceux du côté opposé qu'à l'aide de la commissure transversale , comme cela a lieu dans le Talitre. Les cordons inter-ganglionnaires sont assez gros et extrêmement courts , en sorte que les masses nerveuses qu'ils unissent se touchent presque ; enfin chacun de ces ganglions fournit deux nerfs qui vont se rendre à la pâte correspondante. Aux ganglions tho- raciques succède une série de six paires de noyaux nerveux unies par des filamens inter-ganglionnaires très- grêles , et d'autant plus courts qu'ils sont plus postérieurs : ces ganglions sont arrondis , très-petits, accolés l'un à l'autre sur la ligne médiane, et ils en- voient chacun deux nerfs aux appendices de l'ab- domen. Le Pbyllosome nous présente donc un système ner- veux dont les élémens sont en partie rapprochés les DES CRUSTACÉS. 1 33 uns des autres ; c'est une sorte de centralisation plus grande que dans les animaux dont nous avons déjà par- lé ; car les ganglions de droite et de gauche ne restent distans que dans une portion du thorax , tandis qu'à la tête et dans toute l'étendue de l'abdomen ils sont réunis sur la ligne médiane. En examinant le système nerveux du Cimothoé, on trouve que les deux chaînes de ganglions ne sont plus distinctes comme dans les Crustacés précédemment étudiés (i). Les deux ganglions céphaliques sont unis entre eux par leur angle interne , de manière à consti- tuer une seule masse ; mais la forme qu'elle présente indique évidemment son origine. Aux autres anneaux du corps les deux noyaux médullaires sont au contraire entièrement confondus, et constituent autant de pe- tites masses circulaires situées sur la 1 i en e médiane du corps ; mais les cordons de communication qui servent à les unir entre eux pour former une chaîne continue , restent isolés ; en sorte qu'entre chaque noyau médul- laire il existe deux troncs de communication parallèles et accolés l'un à l'autre. Du reste, le système nerveux de ce Grustacé ne présente rien de remarquable , si ce n'est le rapprochement et la petitesse comparative des cinq derniers ganglions ; état qui correspond au peu de développement des segmens correspondans de l'abdo- men. L'Idotée présente une disposition semblable. Le système nerveux du Cymothoé et de l'f dotée offre donc déjà de grandes différences lorsqu'on le com- pare à celui des Talitres ; mais nous allons voir qu'à mesure que nous examinerons des espèces d'une orga- (i) PI. il, fig. 2. l34 HISTOIRE NATURELLE nisation plus compliquée, ces différences deviendront encore plus grandes , et que la tendance des ganglions à se grouper et à se confondre sera de plus en plus sen- sible. Le système nerveux du Homard semble établir le passage entre les Crustacés des ordres inférieurs et ceux dont la structure est plus compliquée. Ici (i) , de même que dans les Amphipodes et les Isopodes précé- demment décrits, le système nerveux consiste en une chaîne de ganglions qui occupe toute la longueur du corps ; les masses ganglionnaires sont au nombre de treize , et chacune d'elles laisse apercevoir sur la ligne médiane des traces de divisions plus ou moins distinctes ; les cordons qui les unissent sont doubles dans toute l'étendue du thorax ; mais dans l'abdomen ils sont unis de manière à ne former qu'un seul tronc qui occupe la ligne médiane. Le ganglion céphalique , dont la forme est presque quadrilatère , est situé immédiatement en arrière et au-dessous des yeux (2). Presque toute l'étendue du bord antérieur de cet te masse médullaire est occupée par l'insertion des nerfs optiques ; leur volume est assez considérable, et ils se portent obliquement en dehors et en avant pour pénétrer dans les pé ioncules ocu- laires. Là , ils se renflent bientôt, de manière à former une espèce de ganglion ovoïde , assez gros , dont l'ex- trémité antérieure passe à travers le trou situé au centre d'un diaphragme membraneux que l'on pour- rait comparer à la sclérotique (3). Ci) PI. 11, fig. 3 et 4. (•-0 PI. 11, fig. 3 : — a, ganglion céphalique ; — l> , nerf optique ; - c , nerf antennaire ; — d, nerfs antennulaires. (3) PI. 12, %. 8. DES CRUSTACÉS. l35 immédiatement derrière l'origine des nerfs opti- ques , on voit naître du ganglion céphalique deux au- tres filets nerveux très-gréles qui sont accolés aux premiers , pénètrent avec eux dans les pédoncules des yeux , et vont se distribuer principalement aux mus- cles de ces organes. En arrière et au-dessous de cette seconde paire de nerfs , qu'on pourrait par analogie appeler moteurs oculaires , naissent ceux qui vont aux antennes in- ternes ; ils se portent d'abord en dehors, puis se re- courbent en avant, pénètrent dans le pédoncule de ces antennes , et fournissent un rameau assez considérable qui marche en dehors pour se rendre aux muscles moteurs de ces appendices. Ces troncs nerveux, qu'on pourrait appeler antennulaires , pénètrent ensuite clans le second article de l'antenne , puis dans le troi- sième, et, après avoir envoyé des branches auxmuscles renfermés dans chacun d'eux, se divisent en deux ra- meaux qui s'introduisent dans les filets terminaux de ces appendices. La quatrième paire de nerfs céphaliques naît au- dessus des précédens , sur les parties latérales du gan- glion; le volume de ces troncs nerveux est assez con- sidérabîe ; ils se portent en dehors et en haut , se divisent en plusieurs branches et paraissent se distri- buer uniquement aux membranes tégumentaires de l'extrémité antérieure de l'animal. Enfin une cinquième paire de nerfs , plus gros que ces derniers , naît en arrière , et un peu au-dessous d'eux. Ces nerfs antennaires se dirigent d'abord en bas , en dehors et en arrière , fournissent une branche externe qui se rend à l'appareil de l'ouïe après avoir donné un rameau à un organe particulier en forme 2 36 HISTOIRE NATURELLE de gâteau qui recouvre l'oreille. Bientôt après la naissance de cette brandie auditive , le tronc ner- veux lui-même se contourne en avant , pénètre dans l'antenne externe , envoie des rameaux aux divers muscles qui y sont logés, et ne se termine que dans le prolongement corné qui constitue le dernier article de ces appendices. Les deux cordons de communication qui unissent le ganglion céphalique au premier ganglion thoracique, naissent du bord postérieur du premier, s'écartent un peu l'un de l'autre , passent sur les côtés de l'œso- phage, en l'embrassant, pénètrent dans le canal ster- nal , et, après un trajet assez long, arrivent au pre- mier ganglion thoracique. Sur les parties latérales de l'œsophage , chacun de ces cordons médullaires pré- sente un petit renflement d'où naît un nerf qui, ainsi que M. Guvier l'avait observé dans l'Ecrevisse, se porte directement en dehors , et se rend aux muscles des mandibules ; mais une chose qui , jusqu'ici , paraît avoir échappé aux anatomistes, c'est l'existence des nerfs gastriques qui sont également fournis par ces cordons de communication dans le même point que les précédens. Aussitôt après leur origine, ces nerfs gastriques se courbent en bas et en dedans , passent sous le cordon in ter-ganglionnaire , remontent sur les parties latérales de l'œsophage, fournissent un grand nombre de rameaux qui s'anastomosent entre eux , et forment un lacis sur les parois de l'estomac; enfin ils se recourbent en avant et vont s'unir entre eux sur la ligne médiane; le tronc unique qui en résulte passe entre les deux muscles antérieurs de l'estomac, se dirige en arrière et se ramifie sur ce viscère , sur ses muscles et sur les parois du canal intestinal. DES CRUSTACÉS. 1 37 Immédiatement en arrière de l'œsophage , les deux cordons inter-ganglionnaires sont unis entre eux par une sorte de bride fort curieuse , et dont l'existence n'a été mentionnée dans aucun Crustacé. A l'origine des nerfs gastriques, on aperçoit dans ces cordons un petit renflement que l'on peut considérer comme le vestige d'une paire de noyaux médullaires apparte- nant au segment mandibulaire du corps, et, si cela était , le barage dont nous venons de parler serait la commissure de ces ganglions. Le premier ganglion thoraciqueest évidemment for- mé de plusieurs noyaux médullaires (i) ; il fournit, par son extrémité antérieure, i °. un cordon assez gros qui se divise en deux branches ; l'une, interne , pénètre dans la mandibule ; l'autre se rend aux muscles de cet ap- pendice, situés sur les côtés de l'estomac; i°. un ra- meau assez grêle qui se rend à l'organe que nous avons mentionné comme recouvrant l'appareil auditif, et aux téguments voisins ; 3°. un rameau qui pénètre dans la première mâchoire ; 4°- nn nerf qui , après s'être divisé en deux branches, se rend à la deuxième mâchoire ; et 5°. un nerf assez gros qui se porte en haut , passe dans les cellules des flancs , puis se divise en deux, branches qui longent le bord supérieur de la voûte des mêmes parties, et se distribuent aux muscles et aux tégumens voisins. De la face inférieure de ce ganglion naissent deux paires de nerfs appartenant aux deux premières paires de pates-mâchoires ; enfin sa portion postérieure et latérale fournit une.paire de nerfs très- grêles qui se distribuent aux muscles logés dans le (i)Pl. n,fig.3,ff. ,38 HISTOIRE NATURELLE thorax , et deux paires de nerfs qui se divisent en un crand nombre de branches, et appartiennent aux troi- sièmes pates-mâchoires. Vers le milieu des cordons qui unissent ce premier ^anolion thoracigue au suivant, naissent deux fila- mens nerveux qui se portent directement en haut , sortent du canal sternal , et vont se perdre dans les muscles du thorax (i). Le second ganglion thoracique (2) correspond à la première paire de pâtes ambulatoires, et fournit de chaque côté deux cordons nerveux. Il en est de même des quatre ganglions suivans, en sorte que chaque pâte est pourvue de deux branches nerveuses ; mais il est à remarquer que, vers l'extrémité de l'article basi- laire de ces appendices , ces deux nerfs se réunissent en un seul tronc. De ces deux nerfs , le postérieur est le plus£XOS , et fournit des rameaux aux tégumens et aux muscles de l'article basilaire des pâtes ; l'anté- rieur paraît envoyer principalement des filets aux muscles situés dans les cellules des flancs. Après s'être réunis en un seul tronc , ils pénètrent jusqu'à l'extrémité des pâtes , en fournissant un grand nom- bre de rameaux aux muscles de chaque article. Les ganglions abdominaux (3) sont beaucoup moins gros que ceux du thorax ; chacun d'eux , à l'exception du dernier , fournit deux paires de nerfs : l'une se porte directement en dehors , et pénètre dans les ap- pendices correspondans ; l'autre se distribue aux mus- cles de l'abdomen. Les cordons qui unissent les gan- (1) PI. i3, fig. 3, 1. (2) PI. 11, fig. I , h. (3) PI. 11, fig. 4. DES CRUSTACÉS. 1 39 glions abdominaux sont simples, ainsi que nous l'a- vons déjà dit; et,, de même qu'au thorax, chacun d'eux fournit deux petits filets nerveux qui se portent en dehors et en haut, pour se ramifier dans les mus- cles de la partie médiane et supérieure de l'abdomen. Enfin le dernier ganglion, situé au niveau des ap- pendices de la queue , donne naissance à quatre paires de nerfs qui se rendent au dernier article de l'abdo- men et aux diverses parties de la queue. D'après les détails que nous venons de rapporter, on voit que le système nerveux des Talitres, des Cloportes, des Phyllosomes et des Cimotiioés , ainsi que celui du Homard, est formé de parties essentiel- lement les mêmes, mais qu'il présente cette différence remarquable que les deux moitiés latérales de la chaîne ganglionnaire sont d'abord distantes l'une de l'autre ; qu'elles se réunissent ensuite sur la ligne médiane , de telle sorte que les ganglions forment des masses impaires , tandis que les cordons inter-ganglionnaires ou de communication restent encore distincts, qu'en- fin ces cordons eux-mêmes s'accolent l'un à l'autre, puis se confondent pour ne former qu'un faisceau unique ; et que dans certaines espèces ces deux états des cordons inter-ganglionnaires s'observent chez le même individu , suivant qu'on étudie son thorax ou son abdomen. 11 nous reste à prouver maintenant que cette sorte de centralisation du système nerveux n'a pas lieu seulement dans le sens transversal ; mais qu'elle se fait aussi suivant la longueur de l'animal , de telle sorte que la ligne , souvent très-longue , que forme le cor- don nerveux, se raccourcit successivement, et qu'un plus ou moins grand nombre de noyaux gangJionnai- IZJO HISTOIRE NATURELLE res se réunissent pour constituer en dernier lieu une seule masse médullaire. Nous avons vu que, dans le Talitre, tous les gan- glions étaient situés à des distances égales, et for- maient une chaîne étendue d'une extrémité du corps à l'autre. Il en est encore à peu près de même dans le Homard ; mais si l'on examine le Palémon , on y trouve sous ce rapport des différences qu'il importe de noter. La disposition du ganglion céplialique et des gan- glions abdominaux , est essentiellement la même chez le Palémon (i) que dans le Homard ; mais au thorax, les trois dernières paires de ganglions sont rappro- chées au point de se confondre et de former une seule masse médullaire allongée, et divisée sur la ligne mé- diane par une petite fente. Il en résulte que les nerfs des trois dernières pâtes, au lieu de se porter direc- tement en dehors, se dirigent très-obliquement en arrière , et représentent une sorte d'éventail. Le gan- glion qui correspond à la seconde paire de pâtes, est distinct et lié à la masse dont nous venons de parler, ainsi qu'au ganglion qui le précède, par un cordon de communication assez gros et impair. En- fin, les ganglions qui correspondent à la première paire de pâtes ambulatoires et aux pates-mâchoîres , sont confondus en une seule masse nerveuse. Ces dé- tails seraient difficiles à apercevoir sur les petits Pa- lémons de nos côtés , mais nous les avons observés sur une espèce de grande taille de l'Océan indien. Le rapprochement des ganglions nerveux est porté (i) annales des sciences naturelles , t. XI, PL 4> ^5- 3. DES CRUSTACÉS. l4* encore plus loin dans la Langouste ; car tous les noyaux médullaires du thorax sont comme soudés ensemble : la masse qui en résulte est allongée et perforée posté- rieurement sur la ligne médiane pour le passage de l'artère sternale ; on peut encore y distinguer la trace des divers iranglions qui la constituent. Enfin , les nerfs qui naissent soit de la partie antérieure , soit de l'ex- trémité postérieure de ce centre nerveux, se dirigent obliquement en dehors pour gagner les appendices correspondans. Du reste, la disposition du ganglion céphalique , des ganglions «abdominaux et de tous les nerfs est essentiellement la même que dansle Homard. Dans les Homoles , et quelques autres Anomourcs, la centralisation du système nerveux est portée encore plus loin que dans les Langoustes , et s'accompagne de l'état presque rudimen taire de toute la portion abdominale de la chaîne ganglionnaire; dans le tho- rax, on voit une masse nerveuse ovalaireet allongée, de la partie postérieure de laquelle part un tronc médian qui ne présente pas de ganglions (i). Le mode d'organisation que nous venons de décrire établit évidemment le passage entre le système ner- veux du Homard et du Carcin ( Cancer mœnas L. ). Dans ce dernier , comme l'a observé M. Cuvier (2) , les cordons nerveux venant du ganglion céphalique se continuent jusqu'au milieu du thorax, où ils rencon- trent une masse médullaire, ovale, évidée au centre, et ayant la forme d'un anneau, du pourtour duquel partent tous les nerfs des appendices du thorax , ainsi (1) Recherches sur l'organisation et la classification des Crustacés Décapodes. Ann. des se. nat. , t. XV. (2) Leçons d'anatomic comparée, t. II , p. 3 1 4- HO. îï< ►*•* y ï^2 HISTOIRE NATURELLE qu'un cordon unique qui occupe la ligne médiane de l'abdomen. En comparant cette disposition à celle que nous avons signalée dans les Homoles , on voit que les différences dépendent seulement d'un degré de rap- prochement de plus entre les divers noyaux médul- laires du thorax : ces ganglions ont acquis ici un déve- loppement plus considérable et se sont unis plus inti- mement entre eux; quelquefois, cependant , on peut encore distinguer des traces légères de leur jonction. Enfin, le tronc nerveux impair de l'abdomen ne pré- sente point de renilemens ganglionnaires comme dans les Décapodes macroures, et cette disposition est en l'apport avec l'état presque rudimentaire de cette partie du corps. Dans le Maïa (i) , la centralisation du système ner- veux est portée à son plus haut degré: car il n'existe plus que deux masses nerveuses : le ganglion céphali- que elle ganglion thoracique, dont tous les élémens sont entièrement confondus. Le ganglion céphalique ne diffère guères de celui du Homard ; il est ova- laire, et fournit cinq paires de nerfs : les deux pre- mières paires pénètrent dans les pédoncules oculaires; le nerf optique est beaucoup plus long que dans le Homard ; ie moteur oculaire ne présente rien de re- marquable. Il en est de même des nerfs qui se ren- dent aux antennes internes et qui naissent de la face inférieure du ganglion céphalique , près de son bord externe : la quatrième paire, plus grosse que les au- tres , se ramifie dans les membranes tégumentaires. Enfin la cinquième, qui appartient aux antennes (î) PI. ii, fig. 5: — «, ganglion céphalique ; — h , ganglion thoracique ; — c , cordon nerveux de l'abdomen. DES C R USTACÉS. 1^3 externes, est assez grêle. Les deux cordons nerveux qui naissent du bord postérieur du ganglion céphali- que et qui l'unissent à la masse médullaire du thorax , fournissent des nerfs qui se distribuent aux muscles des mandibules et aux parois de l'estomac. L'un de ceux-ci est remarquable; car, en se réunissant avec celui du côté opposé , au devant de l'estomac , il pré- sente un petit renflement ganglionnaire d'où part un long nerf récurrent , impair , qui se porte sur la face supérieure du tube digestif(i). Cette disposition rap- pelle celle du système nerveux de certains Insectes, où il existe , au-dessus de l'estomac , une petite chaîne de ganglions formée par la réunion de deux nerfs ré- currens. Après avoir embrassé l'œsophage, les deux cordons inter-ganglionnaires sont réunis de même que dans le Homard , la Langouste, etc. , par une com- missure transversale; enfin vers le milieu du thorax ils rencontrent la seconde masse médullaire et s'y in- sèrent. Celle-ci ne représente plus un anneau ; mais elle constitue un noyau solide, circulaire et un peu aplati, d'où partent en rayonnant tous les nerfs du thorax et de l'abdomen : ces faisceaux médullaires sont au nombre de neuf de chaque côté, et de plus il en existe un placé sur la ligne médiane. La première paire , assez grêle et accolée aux cordons de commu- nication qui forment une sorte de collier autour de i'œsophage, se divise en plusieurs rameaux , et se dis- tribue aux mandibules et aux mâchoires proprement dites. La seconde paire de nerfs thoraciques se rend aux deux premières pates-mâchoires , et la suivante à la troisième. La quatrième paire, assez grosse, se (r) PI. ii , fi- 5, d. i44 HISTOIRE NATURELLE porte obliquement en dehors et en avant , passe dans Féchancrure située à la base de l'aileron des flancs , et va se ramifier sur les membranes tégumentaires qui tapissent la voûte de la cavité respiratoire : les cinq paires suivantes se distribuent aux pâtes ambulatoires correspondantes. Presque aussitôt après leur origine, ces nerfs pénètrent dans les cellules inférieures des flancs, et s'y divisent en deux branches ; l'une conti- nue de se porter en dehors et peut être suivie jusqu'à l'extrémité de la pâte ; l'autre traverse le trou inter- cloisonnaire, pénètre dans la cellule des flancs située au-dessus, se recourbe en dedans , et va se distribuer aux muscles de cette partie. Quant au nerf impair ou abdominal, il ne présente rien de remarquable. 11 nous serait facile maintenant de multiplier les faits relatifs au système nerveux des Crustacés, en citant le très-grand nombre d'espèces que nous avons eu oc- casion d'observer (i) ; mais ces travaux de détails n'a- ( i) On trouvera aussi dans les écrits de divers anatomistes une des- cription plus ou moins complète du système nerveux dans quelques autres Crustacés. Willis a dit quelques mots de ce système chez 1E- Crevisse ( De anima bfutornm , cap. III ) , et Swammerdam l'a étudié avec soin chez le Pagure ( Description du coquillage nommé Ber* nard-1'Hermite , dans la Collection académique , partie étrangère , t. V, et dans luBiblia naturce ). On voitaussi, dansune des planches de Roesel , la portion abdominale du cordon ganglionnaire de l'Ecre- visse ; mais cet auteur l'a considéré comme un vaisseau sanguin. (Der Insecten belustigung. 3 th., p. 3a4 )• Plus tard , le célèbre Scarpa a examiné le mode de distribution des nerfs de l'Ecrevisse, à l'oc- casion des recherches importantes qu'il a faites sur l'organe auditif de ces animaux ; et , il y a quelques années , M. Cuvier a décrit, avec bien plus de précision et de détails qu'on ne l'avait fait avant lui, la disposition du système nerveux des Crustacés, tel qu'on le voit dans l'Écrevisse, la Squille, l'Apus , et quelques autres espèces dont il a déjà été question (Lee. d'anat. comp. , tom. II, p. 3 14 )- Enfin Treviranus , comme nous l'avons déjà dit, s'est occupé der- DES CRUSTACÉS. ifô jouteraient que peu de chose à la connaissance générale que nous avons acquise. En effet , nous croyons avoir donné des exemples bien choisis qui montrent les changemens principaux qu'éprouve le système nerveux dans cette grande classe d'animaux , et les résultats qui en découlent sont fa- ciles à saisir. Nous voyons que le système nerveux , dont la dis- position est si différente aux extrémités delà série de ces Crustacés , présente réellement dans tous ces ani- maux la plus grande analogie. Partout il est formé , pour ainsi dire, des mêmes élémens qui, isolés et uniformément distribués dans toute la longueur du corps chez les uns , présentent chez les autres divers degrés de centralisation , d abord de dehors en dedans, ensuite dans la direction longitudinale. Enfin ce rap- prochement dans tous les sens est porté à son extrême lorsqu'il n'existe plus qu'un noyau unique au thorax. En dernier résultat , le système nerveux des Crus- tacés nous présente partout une uniformité de com- position remarquable , et toutes les différences impor- tantes que nous avons rencontrées en parcourant la série de ces animaux, ne sont évidemment que des modifications dépendantes d'un degré plus ou moins grand de rapprochement et de centralisation de parties similaires , ou de la disparition d'un certain nombre des noyaux médullaires primitifs , lorsque d'autres prennent un grand développement. Ces résultats s'accordaient parfaitement avec les principes que M. Serres avait déduits de ses recher- nièrement du même appareil dans le cyame de la Baleine. Tels sont les principaux travaux que nous croyons davoir rappeler. CUUSTACÉ5, TOME I. IO 1^6 HISTOIRE NATURELLE clies sur le système nerveux d'autres animaux , et sur l'embryogénie en générale. Ce savant avait élé conduit à conclure que cette tendance à la centralisa- tion était une des lois de l'organisation , et que le système nerveux , en se développant, devait présenter des modifications analogues à celles qu'on rencontre en l'observant dans la série des animaux (i). Ce quenous avions constaté chez les divers Crustacés se présente en partie chez le même insecte, lorsqu'on l'étudié, comme l'a fait M. Serres, aux diverses époques de la vie-, il était donc probable que des observations sur le développement des œufs des Crustacés nous mon- treraient le svstème nerveux de ces animaux passant par un certain nombre des états que nous avons si- gnalés plus haut , et c'est effectivement ce qui a lieu. D'après les belles recherches que M. Rathke vient de publier en Allemagne , sur la génération des Ecre- visses, on voit que chez ces animaux le système nerveux se présente d'abord sous la forme de deux séries de ganglions parfaitement distinctes entre elles, et que le nombre de ces noyaux médullaires est égal à celui des membres (2). Cet état, qui n'est que tran- sitoire chez l'Ecrevisse, rappelle ce que nous avons trouvé d'une manière permanente chez le Tilitre ; à une époque plus avancée de l'incubation , ces gan- glions nerveux se rapprochent de la ligne médiane et (j) Anatomie comparée du système nerveux , t. II. (1) M Rathke ne paraît pas avoir eu connaissance des recherches de M. Audouin et moi, sur le système nerveux des Crustacés, ni des travaux généraux de M. Serres ; car, s'il en eût été autrement, il est probable qu'il aurait été conduit aux rapprocliemens que nous venons d'exposer, et quenous avons établis dans une note imprimée dans les Annales dos sciences naturelles , t. r>.n. DES CRUSTACÉS. 1 47 s'y réunissent , comme cela se voit chez le Cymothoé adulte. Le système nerveux des fœtus de l'Ecrevisse subit ensuite des modifications analogues k celles que nous avons signalées en comparant entre eux les Cymo- thoés, les Homards, les Palemons , la Langouste , le Garcin et le Maja, c'est-à-dire une centralisation qui s'opère suivant le sens de l'axe du corps ; en effet , les ganglions , qui correspondent aux appendices de la bouche , se rapprochent entre eux et finissent par for- mer une seule masse nerveuse (i). On voit donc que chez les Crustacés le système ner- veux se développe de la circonférence vers le centre, et présente pendant la vie fœtale une suite de modifi- cations analogues à celles que nous avons trouvées en étudiant îa série de ces animaux à l'état adulte. Enfin, en combinant les observations de M. Kathke avec celles qui nous sont propres, à M. Audouin et à moi , on peut conclure que le système nerveux des Crustacés se compose toujours de noyaux médullaires dont le nombre normal est égal à celui des membres $ et que toutes les modifications qu'on y rencontre , soit à di- verses époques de l'incubation , soit dans différentes espèces de la série , dépendent principalement des approchemens plus ou moins complets de ces noyaux, agglomération qui s'opère des côtés vers la ligne mé- diane, en même temps que dans la direction longitudi- nale ; mais peuvent tenir aussi en partie à un arrêt de développement dans un certain nombre de ces noyaux. On ne possède encore aucune connaissance di- recte sur les fonctions du système nerveux des Crustacés ; mais d'après la coïncidence qui existe (i) PI ii, lis:. (5 et 7. 10. I 1^8 HISTOIRE NATURELLE toujours entre la complication plus ou moins grande de l'organisation , et la localisation des divers actes dont se compose la vie, on pourrait avancer, sans crainte de se tromper, que chez ces animaux la fa- culté de percevoir les sensations et de produire les mouvemens, au lieu d'être également répartie dans toutes les parties du corps, comme chez les Hydres, s'est concentrée dans le système nerveux. L expé- rience est venue à l'appui de cette opinion , car si l'on sépare de la masse générale une portion du corps dépourvue de nerfs , elle cesse aussitôt de sentir et de se mouvoir. L'appareil nerveux des Crustacés n'est pas composé en entier d'élémens semblahîes ; nous avons vu qu'on y trouvait , d'une part , des cordons médullaires , et de l'autre des ganglions ou centres nerveux ; il était donc permis de conclure encore que ces parties di- verses ne concouroient pas de la même manière à la production des phénomènes dont l'ensemble du sys- tème était devenu le siège. Des recherches de physio- logie expérimentale, que j'ai commencées sur ce sujet pendant mon séjour sur les bords de la Méditerranée, et que j'ai continuées conjointement avec M. Audouin pendant notre voyage aux îles Chausay, conduisent aussi à ce résultat, et prouvent que dans ces ani- maux , de même que dans ceux des classes plus éle- vées, la faculté de recevoir les impressions venues du dehors et de les transmettre à l'organe destiné à les percevoir, réside spécialement dans les nerfs , tandis que cette dernière propriété est, ainsi que la faculté d'exciter les mouvemens et de les coordonner, de- venue l'apanage exclusif des ganglions. En effet , si l'on interrompt la communication entre une des pâtes, DES CRUSTACÉS. 1 49 par exemple , et le système ganglionnaire, par la sec- tion du nerf qui les unissait , on détruit aussitôt dans ce membre la sensibilité et la contractilité volontaire. Les anatomistes , guidés par la position de la masse médullaire située dans la tête , au devant et au-dessus de l'œsophage , donnent communément à cette partie le nom de cerveau; mais aucun fait physiologicrue connu ne prouve qu'elle soit le siège exclusif des fonctions qui, chez les animaux des classes supérieu- res, sont propres à cet organe et l'anatomie devait même conduire à l'opinion contraire, car les divers ganglions nerveux des Crustacés ne présentent, dans leur structure, aucune différence appréciable, d'où il était à présumer que leurs propriétés étaient aussi les mêmes. Voulant décider cette question à l'aide de l'expérience, je fis sur une Squille vivante la section des cordons nerveux qui embrassent l'œsophage, pour unir les parties du système ganglionnaire situés au de- vant et en arrière de ce conduit. Cette opération affai- blit beaucoup l'animal, mais n'entraîna pas la paraly- sie complète,, ni de l'extrémité antérieure , ni de la por- tion postérieure de son corps ; il continua à mouvoir les antennes , ainsi que les pâtes natatoires de son abdo- men , et donnait surtout des signes de sensibilité. En répétant avec M. Audouin la même expérience sur le Homard, nous obtînmes un résultat analogue; l'hé- morragie et la lésion du système nerveux produites par l'opération , firent périr l'animal dans un assez court espace de temps, mais il conserva après la sec- tion la faculté de sentir dans toute la longueur du corps, et fit mouvoir comme auparavant, mais avec moins de force, les antennes, les appendices de la bouche, les pâtes et l'abdomen. I 5û HISTOIRE NATURELLE 11 nous paraît donc évident que chez ces animaux les ganglions céphaliques, ou si l'on aime mieux le cerveau, n'est pas encore devenu le siège exclusif de la faculté de percevoir les sensations et d'exciter les mouvemens , mais que les ganglions situés en arrière de l'œsophage et au-dessous de l'intestin remplissent les mêmes fonctions. La division du travail est donc peu avancée dans l'appareil nerveux des Crustacés ; mais cependant , chez ces animaux , chacun des anneaux de la chaîne ganglionnaire n'est pas aussi indépendant des autres que chez le Lomhric , par exemple, où chaque tron- çon du corps continue à se mouvoir et à sentir après avoir été séparé de la masse générale. Nous avons déjà vu que la nature tendait à centraliser le système nerveux dans la portion céphalo-thoracique des corps des Crustacés ; et , à l'aide des expériences physiolo- giques , on ohserve une tendance analogue vers la loca- lisation des deux fonctions principales de ce système dans la même partie. Dans les diverses vivisections que nous avons faites, nousavons constaté que, toutes cho- ses égales d'ailleurs , la portion antérieure de la chaîne ganglionnaire remplissait mieux et pendant plus long- temps ses fonctions que la portion postérieure. Si, chez le Homard, par exemple , on divise le système nerveux dans le point où le thorax se joint à l'abdomen, on paralyse presque complètement tout ce qui est situé en arrière de la section, tandis que les membres tho- raciqucs et les appendices de la tête , conservent pen- dant assez long-temps la faculté de sentir et de se mouvoir. Le résultat de cette expérience est en accord avec l'état presque rudimentaire des ganglions abdo- minaux du Homard, et on pourrait en trouver, jus- DES CRUSTACÉS. 1 5 I qu'à un certain point, l'explication dans l'influence de la masse de la substance médullaire , qui est pe- tite dans l'abdomen et considérable dans la portion cépbalo-tboracique du corps ; mais si on coupe la cbaîne ganglionnaire entre les pâtes de la première et de la seconde paire , on le divise en deux parties à peu près égales ; et , néanmoins , c'est dans la moitié pos- térieure du corps que les effets de cette opération sont les plus marqués, surtout en ce qui concerne la sensibilité. Ainsi , chez les Crustacés où la chaîne ganglion- naire occupe encore toute la longueur du corps , nous voyons déjà une tendance vers une localisation plus précise de certaines de ses fonctions dans une partie déterminée de son ensemble , et vers un degré de plus dans la division du travail dont il est le siège. § III. Des mouvemens en général. Dans les divers actes de la vie animale, dont nous avons déjà parlé, les animaux ne semblent jouer qu'un rôle passif; mais les rapports qu'ils ont avec le monde extérieur, ne se bornent pas là; ils ont aussi la fa- culté de réagir à leur tour sur les objets qui les en- vironnent , et de s'en rapprocher ou de s'en éloi- gner à volonté à l'aide des divers mouvemens qu ils exécutent. C'est le système nerveux qui détermine ces mouve- mens, mais ce sont les muscles et les parties dures de l'enveloppe tégumentaire qui en sont le siège. Les muscles qui constituent ce que l'on nomme vulgaire- ment la chaire des animaux, sont des organes composés de fibres réunis en faisceaux et susceptibles de se rac- l5*2 HISTOIRE NATURELLE courcir et. de s'allonger alternativement sous l'influence de l'excitation nerveuse ; une de leurs extrémités se fixe sur une partie de l'économie qui est plus ou moins immobile et qui leur sert de point d'appui , tandis que l'autre extrémité s'insère à l'organe qu'ils sont appelés à mouvoir ; et qu'en se contractant ils rapprochent en totalité ou en partie de leur point d'appui. Ce sont les puissances motrices ou instru- mens actifs de tout mouvement. Les muscles des Crustacés sont d'une blancheur parfaite, et ne présentent dans leur structure rien de particulier; tantôt ils s'insèrent directement aux tésumens, d'autres fois ils se fixent sur des pro- longemens qui naissent de ceux-ci, et qui remplis- sent les fonctions de tendons. Ces tendons sont semblables au test, et naissent ordinairement du bord de l'article mis en mouvement par le muscle auquel chacun d'eux appartient; il est rare d'en trouver à l'extrémité immobile du muscle, à moins qu'on ne regarde comme des organes analogues les apodèmes. La forme de ces tendons rigides varie; tantôt ils sont presque filiformes , d'autres fois lamel- leux et très-larges. Les parties sur lesquelles les muscles agissent , ou les instrumens passifs du mouvement , sont di- verses pièces du squelette tégumentaire qui repré- sentent ce qu'on appelle en mécanique des leviers, c'est-à-dire des lignes inflexibles qui tournent sur un point fixe. La disposition de ces leviers est très-simple ; ils ne peuvent jamais se mouvoir que dans un même plan , et en décrivant une ligne dont la direction ne change pas ; l'articulation qui les unit à la pièce sur laquelle ils tournent représente une char- DES CRUSTACÉS. 1 53 nière , et constitue ce que les anatomistes nomment ginglymc angulaire : elle a toujours lieu à l'aide de deux jointures situées l'une de chaque côté de l'ex- trémité articulaire , et placées de manière à ce qu'une ligne qui les réunirait coupe à angle droit le plan suivant lequel leurs mouvemens s'exécutent. Enfin , l'espace compris entre ces deux points , et qui corres- pond aux côtés sur lesquels la flexion ou l'extension s'opère , est occupé par une portion de l'enveloppe tégumentaire qui ne s'encroûte pas de matière calcaire et qui remplit les fonctions d'un ligament articulaire. 11 résulte de ce mode d'articulation, que les muscles appartenant à chaque article ne peuvent être que de deux ordres , savoir : des extenseurs et des fléchis- seurs. Ces organes s'insèrent toujours clans le sens contraire de la jointure , et chacun d'eux se fixe ainsi entre le point sur lequel roule l'article qu'il meut et la résistance qu'il est destiné à vaincre; disposition qui, en mécanique, caractérise les leviers du troisième genre , et qui est la plus favorable à l'étendue et à la rapidité des mouvemens, mais qui nécessite l'emploi de forces considérables. D'après ce que nous venons de dire de la nature des articulations du système tégumentaire des Crustacés , on voit que les mouvemens que ces animaux exécutent doivent être très-simples , à moins d'une multiplica- tion extrême de ces espèces de charnières , et d'une grande diversité dans leurs directions. Les mouve- mens des divers semnens du tronc se font tous sui- vant la même direction et dans le plan vertical ; aussi est-ce sur les côtés du corps que ces anneaux mobiles s'articulent entre eux , et à leurs faces dorsale et ven- trale qu'ils donnent insertion à leurs muscles. En 1 54 HISTOIRE NATURELLE général, l'anneau mobile présente sur le bord anté- rieur de l'arceau dorsal deux petites cavités articulai- res qui embrassent chacune une éminence arrondie ou un tubercule du bord postérieur du segment précédent. Les mouvemens d'extension ne consistent que dans le redressement du corps , dont les divers segniens ne peuvent s'élever que peu ou point au-dessus de la ligne horizontale; car, pour parveuir dans cette der- nière position , une portion de leur arceau supérieur glisse presque toujours au-dessous du segment pré- cédent , et le bord de celui-ci oppose un obstacle invincible à toute courbure en dessus. A la face ventrale du corps il existe au contraire , entre chaque segment mobile , un espace assez grand qui n'est oc- cupé que par une membrane articulaire , et qui per- met des mouvemens de flexion plus ou moins éten- dus. Les muscles moteurs des anneaux du corps en occu- pent les faces supérieures et inférieures. Leur dispo- sition est en général très-simple; chaque segment, lorsqu'il est distinct , est pourvu d'un certain nombre de faisceaux charnus qui se portent directement du bord antérieur ou postérieur d'un anneau au bord semblable de l'anneau suivant et qui remplissent les fonctions de fléchisseurs ou d'extenseurs, suivant qu'ils sont placés au-dessous ou au-dessus du niveau de l'ar- ticulation de ces pièces solides entre elles. Dans l'homme et les autres mammifères, on a observé que les muscles extenseurs étaient beaucoup plus forts que les fléchisseurs ; ici c'est le contraire. Dans les Décapodes Braehyures dontle corps est peu mobile et dans les Edriophthaimes , les muscles du tronc présentent tous la disposition que nous venons D£S CRUSTACÉS. 1 5d de signaler ; mais dans les Décapodes Macroures, où l'abdomen devient un organe moteur très-puissant , le système musculaire prend, dans cette partie du corps, un développement extrême et présente des disposi- tions très-remarquables. La structure de ces muscles a été étudiée par plusieurs anatomistes ; mais la des- cription qu'ils en ont donnée ne nous paraît pas être entièrement exacte. Voici ce que nous avons observé, conjointement avec M. Audouin, sur le Homard de nos côtes. Les muscles extenseurs de l'abdomen de ce Grustacé occupent l'arceau dorsal des anneaux, et constituent deux couches, l'une superficielle, l'autre profonde. L'espèce de panicule charnue qui forme la couche supérieure est très-mince, et se compose de fibres lon- gitudinales qui naissent du bord antérieur d'un anneau et se terminent au bord antérieur de l'anneau suivant ; de façon que le bord postérieur du premier reste libre, et peut , lors de leur contraction , glisser sur le segment suivant (i). De chaque côté de la ligne mé- diane on distingue deux faisceaux de ces fibres char- nus ; l'un, interne, est droit ; l'autre , situé plus en dehors , se porte obliquement d'avant en arrière et de dehors en dedans. Les muscles extenseurs de la cou- che profonde sont plus puissans; ils sont recouverts par la couche superficielle dont nous venons de par- ler, et reposent sur l'intestin et les muscles fléchis- seurs (a). De même que, dans la couche supérieure, on distingue ici deux faisceaux principaux ; mais la dis- position des fibres qui les composent est l'inverse de (0 PL i3, fig. i,es. 0) PI. îa, fig. i, cp. l56 HISTOIRE NATURELLE celle signalée plus haut , car ce sont les externes qui sont droites ; tandis que celles de la Lande charnue interne sont obliques, et offrent , comme M. Guvier l'avait déjà observé , l'aspect d'une corde tordue. Les points d'insertion de ces muscles sont les mêmes que ceux des faisceaux superficiels ; ces organes se fixent au bord antérieur de chaque anneau , mais , au lieu de s'y terminer complètement, ils y envoient seulement des expansions aponévrotiques, et la majeure partie de leurs fibres se continuent avec ceux de l'anneau sui- vant. Au sixième anneau de l'abdomen on ne trouve point démuselés extenseurs superficiels, et la couche profonde n'est représentée que par une paire de fais- ceaux obliques qui occupent les parties latérales de l'arceau supérieur. Les autres segmens de l'abdomen ne présentent, sous ce rapport , rien de remarquable. Enfin , les muscles extenseurs du premier de ces an- neaux sont plus puissans que les précédens , et vont prendre leur point d'appui sur le thorax ; ils se fixent à la face interne des flancs , et circonscrivent de cha- que côté l'espace qui loge le cœur, etc. Les derniers anneaux qui composent le thorax sont soudés entre eux de manière à ne pouvoir exécuter des mouve- mens : aussi n'y trouve- t-on point de muscles exten- seurs , mais l'espèce de carapace formée par le prolon- gement de l'arceau supérieur de la tête n'est pas complètement immobile , et on trouve qu'elle est fixée à la voûte des flancs par un grand nombre de fibres charnues verticales , qui paraissent être les analogues de celles dont nous venons de parler : ce sont ces es- pèces de colonnes charnues qui , tapissées par un repli tégumen taire , établissent la séparation entre les ca- vités respiratoires et la cavité viscérale. DES CRUSTACÉS. 167 Les muscles fléchisseurs se distinguent aussi en su- perficiels et en profonds. La couche superficielle est extrêmement mince , et n'est formée crue par quelques fibres longitudinales qui vont d'un anneau de l'abdomen à l'autre. L'extré- mité antérieure de chacun de ces muscles s'insère sur la membrane inter-articulaire près du bord posté- rieur de l'arceau inférieur, et leur extrémité opposée se fixe sur le bord postérieur de l'anneau suivant. Dans les premiers segmens de l'abdomen , ces rubans charnus s'étendent dans toute la largeur de l'anneau; mais dans le cinquième segment on ne retrouve plus que quelques fibres près de la ligne médiane , et dans le sixième on n'en voit plus de traces. Entre le thorax et l'abdomen, ces muscles forment deux petits fais- ceaux; enfin, chose remarquable, on en retrouve encore des vestiges dans toute la longueur du thorax à la partie supérieure du canal sternal. La couche profonde des muscles fléchisseurs de l'ab- domen est extrêment puissante , et remplit à elle seule la majeure partie de l'anneau tégumentaire. La masse commune formée par toutes ces fibres charnues est d'une structure extrêmement compliquée , et ressemble un peu à une grosse tresse serrée. Lorsqu'on l'examine par salace inférieure, on distingue d'abord des faisceaux longitudinaux et des faisceaux obliques qui reposent sur les muscles de la couche superficielle ; et , en les écartant légèrement sur la ligne médiane , on aperçoit un peu plus profondément des bandelettes transversa- les qui paraissent être parfaitement distinctes des pre- miers faisceaux (1). Mais, si on porte l'examen plus (1) PI 13, fig. 3. 1 58 HISTOIRE NATURELLE loin, on ne tarde pas à se convaincre que îa struc- ture de cette masse charnue est bien plus compli- quée ; à moins d'y porter une attention très-grande, elle est même difficile à comprendre. En étudiant le premier segment de l'abdomen', on voit qu'il reçoit du thorax un certain nombre de faisceaux charnus qui prennent leur point d'appui sur le fond de la cavité viscérale de cette partie du corps , et qui forment de chaque côté trois muscles distincts : le premier, que nous appellerons le muscle droit du pre- mier anneau abdominal , est situé près de la ligne médiane (i) ; il repose immédiatement sur la couche des fléchisseurs superficiels, et va s'insérer sur le mi- lieu de l'arceau inférieur de l'anneau auquel il appar- tient. Le second (2), également superficiel, est situé plus en dehors , et se porte en arrière et en dehors : aussi le désignerons-nous sous le nom de muscle oblique. Parvenu près de la partie latérale de l'anneau, ce muscle y envoie quelques fibres , et s'y fixe aussi à l'aide dune intersection aponévrotique ; mais la ma- jeure partie des faisceaux charnus qui le forment se portent au delà, et se contournent en haut et en arrière ; là ils se divisent en deux parties : l'une se fixe sur la masse charnue commune à l'aide d'intersections apo- névrotiques; l'autre se joint au muscle central du second anneau , et se comporte comme nous le dirons plus tard. Enfin, le troisième muscle qui vient du thorax est situé au-dessus des deux précédens, et pa- raît s'enfoncer dans la masse charnue commune : aussi Ci) PL i3, fig. 3, d. (2) PI. i3, fig. 3, o, et fig: 4,0. DES CRUSTACÉS. I 5q le nommons-nous muscle central (i). Quant à sa termi- naison, nous aurons l'occasion d'en parler parla suite. Au - dessus des muscles droits et obliques du pre- mier anneau on aperçoit les muscles analogues du se- cond anneau , et plus profondément encore un muscle transversal (2) dont la disposition est très-curieuse car ce n'est autre chose que l'origine des muscles droits et obliques de l'anneau suivant. En effet, ce ruban charnu, parvenu sur les parties latérales de l'abdo- men , ne s'y termine pas comme on pourrait le croire au premier abord , mais se recourbe en haut , forme une espèce de boucle autour du muscle central dont nous venons de parler, s'accolle à son congénère, plonge vers la face inférieure de l'anneau, redevient lon TOME I. 12 Ij8 HISTOIRE NATURELLE mément colorée en noir, présente maintenant un aspect marbré, dépendant de la présence d'une cou- che blanchâtre qui est répandue sur elle, et qui n'est autre chose qu'une transformation de ce même germe. 3°. La membrane du jaune (i), qui enveloppe le jaune ainsi que le germe , et y adhère de toutes parts. Elle est parfaitement transparente, très-mince , mais pré- sente assez de consistance. 4°« Le chorion (2) , tuni- que qui enveloppe la membrane du jaune, et est transparente comme elle, mais beaucoup plus épaisse. 5°. Le blanc (3) , liquide transparent et aqueux qui remplit l'espace que laissent entre eux la membrane du jaune et le derme. Il est peu abondant , et diminue progressivement , de manière que les deux membra- nes dont nous venons de parler finissent par se tou- cher. 6°. La membrane externe (4) , qui enveloppe le derme, et qui sert à fixer les œufs aux fausses pâtes abdominales de la mère. Elle est peu épaisse, et sa surface est inégale. Afin de rendre plus méthodique la description des phénomènes nombreux et variés que l'œuf de l'Ecre- visse présente pendant son développement , M. Ratbke y distingue cinq périodes. La première est celle com- prise entre la ponte de l'œuf et l'apparition des pre- mières traces d'organes spéciaux. Avant l'apparition de l'embryon, on observe à la surface de l'œuf plusieurs changemens très-remarqua- bles. Le premier de ces phénomènes consiste dans la d)Pl. 14,%. i,j. (2) PI. 14, fig. 1, b. (3) PI. 14,%. ,,c. (4) PI. 14, fig. I, 0. DES CRUS* ACES. I 79 formation d'un 12 ranci nombre de taches de couleur grise blanchâtre et isolées entre elles, qui apparais- sent sur la surface du jaune (1) ; elles sont formées par la substance du germe , qui était d'abord répandue en une couche uniforme ; peu à peu elles deviennent blanches comme la craie, et présentent chacune un point central obscur, ce qui leur donne l'aspect d'au- tant d'anneaux irrégulièrement dentelés sur les bords. Après avoir persisté dans cet étal, pendant quelque temps , les taches dont nous venons de parler de- viennent uniformément blanches , et diminuent en grandeur et en nombre, puis disparaissent complè- tement. En même temps la membrane du germe se répand presque uniformément sur la surface du jaune, et l'enveloppe comme un nuage léger, qui s'épaissit dans un point de la superficie de l'œuf, et finit par s'y rassembler en entier, de manière à v former de nou- veau une tache blanche nendanl (rue le reste de la surface du jaune reprend sa couleur noire uniforme. La tache du germe, ou blastoderme , diminue d'a- bord d'étendue , et se colore uniformément en blanc; mais bientôt elle commence à s'accroître en largeur par l'addition d'une substance plastique formée par le jaune, elle devient en même temps elliptique, et l'on voit apparaître dans son milieu un petit sillon en forme de fer à cheval. Peu à peu, et quelquefois dans l'espace de peu de jours, ce sillon augmente beaucoup de longueur, et les extrémités se réunissent de manière à former une ellipse. Bientôt après le cen- tre de ce sillon annulaire s'enfonce, devient de plus (1) Pi. 14, fig. 2. f'2, l8o HISTOIRE NATURELLE en plus profond , et prend la forme d'un petit sac , dont les parois sont assez épaisses, et dont le fond est beaucoup plus large crue l'ouverture (i). Pendant que ce petit sac se forme , la tache du germe s'accroît beaucoup par l'addition sur ses bords d'une substance plastique , et devient cordiforme. Lorsque l'œuf a subi ces diverses modifications, on commence à y voir paraître les premiers rudimens d'organes; ils prennent naissance du fond du sac ou de la portion du blastoderme qui l'entoure, et plus particulièrement de celles qui constituent la tache grise cordiforme dont nous venons de parler. Pour éviter les circonlocutions, M. Rathke appelle cette partie du blastoderme, portion centrale; il donne le nom de partie corticale à la portion externe du blasto- derme qui en constitue la circonférence , et qui est plus ou moins complètement transparente : enfin , il appelle ligne médiane de l'œuf celle qui correspond au grand diamètre de l'ouverture du sac. Peu à peu l'ouverture du sac s'agrandit beaucoup , et, dans le point où elle présente le moins de largeur , le fond de sa cavité se rapproche de la surface , de manière à se confondre peu à peu avec les parties voi- sines du blastoderme, tandis que le reste du pourtour de cette ouverture persiste , et présente l'aspect d'uu pli semi-lunaire , dont les extrémités s'écartent de plus en plus entre elles. Lorsque le sac a subi ces modifica- tions , et crue le fond de sa cavité s'est avancé vers la superficie de l'œuf, on y voit apparaître une petite éminence en forme de mamelon , dont le sommet pi é- (r PI. 14, Kg. 3 et 6. DES CRUSTACÉS. I 8 I sente une petite dépression. Ce tubercule est en partie recouvert par la portion persistante du rebord du sac, et n'est autre chose que le rudiment de la portion pos- térieure du corps (i). Dans la moitié antérieure de la portion médiane du blastoderme , et dans le point où existait la partie du rebord du sac que nous avons vu disparaître plus haut, il se forme en même temps deux petites lanières qui sont situées de chaque côté de la ligne médiane , et laissent entre elles un intervalle assez considérable; elles se dirigent obliquement en avant et en dehors . et constituent les premiers vestiges des mandibules (2) . Quelque temps avant l'apparition de ces organes, il se forme un peu plus en avant deux autres paires de la- nières semblables, qui représentent les rudimens des antennes. Enfin , en même temps , on voit se dévelop- per un petit point qui représente le labre , et qui oc- cupe le milieu de l'espace qui existe entre les deux antennes antérieures (3). À cette époque , M. Kathke n'a pu découvrir au- cune trace de tissus nerveux ou vasculaire ; mais le blastoderme a pris tant d'accroissement, qu'il entoure le quart de la surface du jaune. Au commencement de la seconde période , qui s'é- tend depuis la première apparition d'organes spéciaux jusqu'à la formation du cœur, la portion moyenne du blastoderme s'épaissit et s'étend au point de recouvrir environ la huitième partie de la surface du jaune ; mais la portion corticale s'accroît encore plus rapide- (1) PI. 14 , fig. 3, 4 et 12, a, (2) PI. 14, fig. ^ et 12, m. (3) PI. 14, fig. 4 et 12, l. l82 HISTOIRE NATURELLE ment. Quelque temps avant la fin de cette période , elle recouvre toute la surface du jaune , et paraît se confondre avec elle dans le point opposé à celui occupé parla portion centrale. 11 en résulte que le blastoderme constitue alors autour du jaune une enveloppe com- plète , mais elle est si ténue et si transparente, que l'on a de la peine à la découvrir. Nous avons déjà vu qu il se forme à la partie externe et antérieure de la portion centrale du blastoderme trois paires de lanières séparées par un espace assez considérable. Celles qui constituent la paire anté- rieure ,> et qui représentent les antennes internes , sont d'abord peu distinctes, très-petites, et confon- dues dans toute leur longueur avec la surface du blas- toderme, dont ils paraissent être un épaississement. À mesure que ces lanières s'accroissent , leur contour devient plus distinct , et elles prennent peu à peu la forme de demi-cylindres ; leur extrémité externe, en se développant , se sépare complètement de la surface du blastoderme, et enfin , vers le commencement de la période suivante , elle se fend et devient bifide (i). Les lanières de la deuxième paire , ou les antennes externes , présentent la même forme que les internes, et se développent d'une manière semblable, mais plus rapidement ; et lorsque ces quatre appendices se sont séparées du blastoderme, au lieu de se diriger trans- versalement , ils se portent obliquement en dehors et en avant. Les lanières de la troisième paire, ouïes mandi- bules, sont d'abord courbées, dirigées un peu en (i) PI. \\y fig, 5 et i5. DES CRUSTACÉS. 1 83 arrière, et plus petites que les antennes; elles se di- visent bientôt comme celles-ci , mais moins profondé- ment , et leurs deux moitiés se développent inégale- ment. Le labre apparaît d'abord sous la forme d'une verrue extrêmement petite , située dans le milieu de l'espace que laissent entre elles les deux antennes antérieures , mais bientôt il se dirige en arrière , et vient se placer entre les antennes postérieures. Dans le principe, on voit autour de sa base un enfoncement annulaire assez profond, dont la moitié intérieure est promptement remplie par une substance albumineuse. Bientôt après , une substance plastique se dépose aussi 4 HISTOIRE NATURELLE A. Insectes pourvus de mâchoires. B. Ayant deux mâchoires. ire. classe. Eleutherata. 2e. classe. Ulonata. 3e. classe. Synistata. 4e. classe. Odonata. 5e. classe. Pietata. Comprenant les Coléoptères , les Orthoptères, les Névroptères, et les Hyménoptères. BB. Ayant plusieurs mâchoires. Ge. classe. Mitosata. Correspondant à la classe des Myriapodes. prenant hnidcs. 7e. classe. Unognata. > , °» Pr 8e. classe. Polygonata. j qe. classe. Kleistasnata.i , À . , u ° l les Lrustaces. ioe. classe. Exochnata* J AA. Insectes dépourvus de mâchoires. ii°. classe. Glossata. 12e. classe. Rhyngota. i3e. classe. Antliata. Comprenant les Le'pidoptères, les Hémiptères , et les Diptères. La classe des Polygonata , ayant pour caractère plusieurs mâchoires placées en dedans de la lèvre, renfermait les genres Ligia , Idotéa, Cymolhoa et Monoculus, La division des Klelstagnatha était carac- térisée de la manière suivante : plusieurs mâchoires situées en dehors de la lèvre et fermant la bouche; DES CRUSTACÉS. 2o5 elle contenait les Crabes à courte queue, les Limu- les, etc. , dont Fabricius formait quatorze genres, sa- voir : les genres Cancer, Calappa, Leucosia , Par- thenope, Inachus , Ocypoda , Dromia , Dorype , Orithyia , Portunus , Matuta , Flippa , Symcthes et Lunulus. Enfin, les Exochnata avaient pour carac- tère l'existence de plusieurs mâchoires en dehors de la lèvre , et recouvertes par des palpes ; on y trouvait les genres Albunea, Scyllarus, Palinurus, Palœmon, Alpheus , Astacus -, P encens , Crangon , Pagurus , Galathca ? Squilla , Posydon et Gammarus. Quelque temps avant la publication du dernier ou- vrage de Fabricius , M. La treille commença une révo- lution importante dans les classifications entomologi- ques. Ce savant eut l'heureuse idée d'appliquer à la zoologie les principes que le célèbre Bernard de Jus- sieu avait employés avec tant de succès pour la distri- bution méthodique des plantes, et de ranger les In- sectes d'après leurs rapports naturels. Les méthodes dont les naturalistes se sont servies pour classer les divers objets qui font le sujet de leurs études ont été fondées tantôt sur les modifications que présente un seul organe, considéré dans toute la série de ces êtres; tantôt, au contraire, sur l'ensemble de tous les caractères tirés de leur mode d'organisation , tant extérieurs qu'intérieurs. Les premières, qu'on nomme méthodes artificielles, sont, en général , d'une application très-facile dans la pratique; mais elles éloignent souvent les animaux qui ont entre eux Ja plus grande analogie de structure .et de mœurs , et elles ne font rien connaître de ces êtres que les modifi- cations des organes d'où l'on tire leurs caractères dis- tinctifs. Les secondes , ou méthodes naturelles , étant 4* 1 9\/\k\ #. 206 HISTOIRE NATURELLE au contraire fondées sur l'ensemble des caractères tirés de l'organisation , il est évident que tous les animaux rassemblés dans une même division doivent se ressem- bler au moins sous les rapports les plus importans, et que , si les classifications de ce genre offrent quelque- fois des difficultés pratiques , ces inconvéniens sont bien contre-balancés par l'avantage immense de nous faire connaître, par la seule place que l'animal oc- cupe, tous les points les plus importans de son his- toire , considérée sous le rapport de Fanatomie , de la physiologie et de la zoologie. En suivant une méthode artificielle , on n'arrive qu'à la connaissance du nom de l'animal que Ton veut classer , tandis que les mé- thodes naturelles nous enseignent en même temps sa nature, si l'on peut s'exprimer ainsi, et nous le font réellement connaître. Aussi , les méthodes artificielles sont-eîles généralement abandonnées de nos jours , et en entomologie , de même que dans toutes les autres branches de l'histoire naturelle , emploi e-t-on unique- ment les classifications naturelles. Les classifications de Linné et de Fabricius sont, comme on a pu le voir, complètement artificielles et les premiers essais d'une classification naturelle en entomologie datent de 1 796, époque à laquelle M. La- treiile publia, à Brives, son premier ouvrage, inti- tulé : Précis des caractères génériques des Insectes. Ce savant y range les Crustacés parmi les Insectes aptères , et ne sépare pas les Aselles , les Cyames et les Cloportes des Myriapodes ; mais il place tous les autres animaux de ce groupe naturel dans deux classes, les Entomostracés et les Crustacés, divisions qui sont encore adoptées par plusieurs zoologistes. En 1798, M. Cuvier s'occupa du même sujet , et il DES CRUSTACÉS. 20J introduisit clans cette partie de la zoologie, comme dans toutes les autres branches de la même science , des modifications importantes. Il laissa encore les Crustacés parmi les Insectes , mais il les réunit en un seul groupe (i). Peu de temps après, M. Cuvier sentit la nécessité de séparer complètement les Crustacés des Insectes ; Brisson (2) et Lefrancqcle Berkley (3) avaient déjà pro- posé de suivre cette marche ; mais leurs classifications, n'étant pas fondées sur des caractères d'organisation as- sez importans, n'entraînèrent pas l'assentiment des na- turalistes, et c'est seulement depuis la publication des travaux anatomiques de M. Cuvier que cette division a été établie sur des bases solides. Dans le premier vo- lume des Leçons d'anatomie comparée de ce savant, rédigées par M. Duméril (3) , la classe des Crustacés est définie de la manière suivante : « Animaux inver- tébrés, ayant des vaisseaux sanguins, une moelle épi- nière noueuse et des membres articulés , » tandis que les Insectes sont dépourvus de vaisseaux sanguins. Les progrès de la science ont fait rentrer dans le groupe naturel des Crustacés ainsi circonscrits , les Aselles, les Cloportes et les Cymothoés que M. Cuvier laissa parmi les Insectes, et ont nécessité l'emploi de quelques autres caractères, pour distinguer ces ani- maux des Araignées qui ont aussi des vaisseaux san- (l) Voyez Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux. (a) Le fiégne animal divisé en IX classes. Un vol. in-4°. Paris , 1^56 (3) Cité par Latreille dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes , t. V, page 1 1. (3) Leçons d'anatomie comparée , t. I, tableau septième : Paris an VIII. 208 HISTOIRE NATURELLE guins ; mais néanmoins on doit considérer les modi- fications proposées par M. Guvier comme un pas immense vers le perfectionnement de cette partie de nos classifications naturelles. Presque tous les naturalistes qui depuis lors se sont occupés de la distribution méthodique des animaux articulés , ont sanctionné la séparation des Insectes et des Crustacés , et ont reconnu en même temps les liens étroits qui unissent entre eux ces divers animaux ; aussi s'accorde-t-on assez généralement à en former une classe distincte. Nous devons dire cependant que M. de Blainville ne partage pas cette manière de voir, car il divise les animaux articulés qu'il nomme Entomo- zoaires , d'après la structure ou le nombre de leurs pieds , en huit classes , dont trois sont formées par les Crustacés (i). En 1 80 1 , Lamarck (2) fit faire quelques progrès nou- veaux à cette branche des classifications zoologiques ; car il caractérisa les Crustacés de manière à les distin- guer des Arachnides aussi bien que des Insectes. D'après lui, ce sont des animaux ayant « le corps et les membres articulés . la peau crustacée qui tombe et se renouvelle à certaines époques; un cerveau et des nerfs ; des branchies pour la respiration ; un cœur musculaire et des vaisseaux pour la circulation. Quant aux limites assignées à ce groupe naturel par ce savant , ainsi que par les auteurs plus récens , nous aurons l'occasion d'en parler bientôt ; mais nous de- vons maintenant voir quelles sont les modifications (1) Voyez les tableaux joints au premier volume des Principes (Vanatomie comparée, par M. de Blainville. (2) Système des animaux s«ns vertèbres , p. itfî. DES CRUSTACÉS. 20Q successives apportées dans la distribution de ces ani- maux entre eux. Lamarck rangea les Crustacés de la manière sui- vante. A. Crustacés pediocles. Deux yeux distincts élevés sur des pédicules mobiles. B. i*«. section. ( Cancri brachyuri.) Corps court, ayant une queue nue , sans feuillets , sans appendices latéraux, et applicpée sur l'abdomen. Genres. Crabe , Calappe , Ocypode , Grapse, Dorippe , Fortune, Podoph- thalme, Matute , Porcellane , Leu- cosie , Maïa, Arctopsis. BB. 2e. section. {Cancri macrouri.) Corps oblong, ayant une queue allongée, garnie d'appendices, de feuillets ou de crochets. Genres. Albunée , Hippe , Ranine , Scyl- lare, Ecrevisse , Pagure, G al athée , Palinure , Crangon , Palèmon, Squille, Branchiopode. AA. Crustacés sessiliocles. Deux yeux distincts ou réunis en un seul , mais constamment fixes et sessiles. D. re. section. Corps couvert de pièces crustacées nombreuses, soit transversales, soit longitudi- nales. Genres. Crevette, Aselle, Chevrolle, Cya- me , Ligie , Cloporte , Forbicine , Cy- dope. DD. 2e. section. Corps couvert par un bouclier crustacé d'une seule pièce ou de deux pièces. Genres. Polypheme , Limule , Daphnie Amymone, Céphalocle. CRUSTACÉS , TOME I. \£ 210 HISTOIRE NATURELLE Vers la même époque , M Latreille fit de nouveaux changemens dans la distribution méthodique des Crustacés (3) ; il continua à laisser parmi les Insectes les espèces dont se compose aujourd'hui l'ordre des Crustacés Isopodes ; mais il fit une chose importante pour la science en établissant parmi ses Malacostra- cés et ses Entomostracés des ordres et des familles dont plusieurs sont très-naturelles. Voici le tableau de cette seconde méthode de M. La- treille . A. i'e. sous-classe. Entomostracés : mandibules nues ou nulles ; bouche formée au plus de deux rangées d'autres pièces ; antennes et pâtes à forme branchiale : tarses sans onglet corné au bout ; test clypéacé univalve ou bi- valve , ou segmens annulaires du corps cornés ou mem- braneux ; yeux sessiles , souvent même réunis en un. B. Test univalve ou bivalve. ( ire. section. Operculés.) C. Test univalve (Clypéacés). Ier. ordre. Xyhosures. ( Genre Limule. ) ae. ordre. Pneumonures. (G. Calige Binocle, Ozole. ) 3e. ordre. Phyllopodes. ( Genre A pus. ) CG. Test bivalve. ( Ostrachodes. ) 4e. ordre. Ostrachode3. (Genres Lyncè, Cypris, Daphnie , Cythérée.) BB. Corps annelé dans toute sa longueur. ( Ie. sect. Nues.) 5e. ordre. Pseudopodes. ( G. Cyclope , Ar- gule. ) 6e. ordre. Céphalotes. ( G. Polypheme, Zoè , Branchiopode. ) (3) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes , t. V, p. i83 Ouvrage faisant suite aux Œuvres de Buff'on, édition de Sonnini; . DES CRUSTACÉS. 211 AA. 2e. sous-classe. Malocostracés : mandibules palpigers , plusieurs rangs de pièces en forme de palpes ou de mâ- choires articulées à la bouche ; 4 antennes , point bran- chiales ; io à i4 pâtes uniquement propres au mouve- ment; tarses ayant un onglet corné au bout; test ou segmens annulaires du corps calcaires ; yeux souvent pédoncules et toujours au nombre de deux. D. Test confondu avec le corselet ; branchies cachées ; dix pâtes. ier. ordre. Décapodes. i e. section. Brachyures. i re famille. Cancérides. X Platymatiens. + Littoraux. (Genres Calappe, Hépate, Dromie, Crabe.) ++ Pelagiens. ( G. Matute , Portune, Podophthalme.) XX Vigilans. (Genres Porcellane, Ocypode, Grapse , Pinno- there. ) 2e. famille. Oxyrynques. ( Genres Orithie , Ranine , Dorippe, Coryste, Leuco- sie , Macropode, Maïa.) section. Macroures. 3e. famille. Paguriens. ( Genres Pagure, Albunèe , Hippe. ) 4e. famille. Langoustines. (Genres Scyllare, Langouste, Gala(hée. ) 5e. famille. Homardiens. ( Genres Ecrevisse, Alphèe , Pcnèe, Palémon, Crangon.) 212 HISTOIRE NATURELLE 2e. ordre. Branchiogastres. ive. famille. Squilliaires. ( Genres Squille, Mysis. ) Ie. famille. Crevé ttines. ( Genres Phronime , Che- vrette, Talitre, Cheçrolle, Cyame. ) En 1806, M. Duméril donna, dans sa Zoologie analytique, une nouvelle distribution systématique de la classe des Crustacés, dont il exclut les Cloportes, etc. En voici le résumé. A. Crustacés nus ou à disque de corne. (itr. ordre Ewtomo- stracés.) B. Un test. C. Test en forme de bouclier. 1 re. fam. Aspidiotes ou Clype'ace's. (Genres Limule, Calige , Bi- nocle % Ozole , Apus.) CC. Test en forme de valves. 2e. fam. Ostracins ou Bitesla- ces. ( Genres : Lyncé, Daphnie, Cypris , Cythcrée. ) BB. Point de test. 3e. fam. Gvmnonectes , ou Dénudés. (Genres Argule , Cyclope, Polypheme, Zoe, Bran- chipe.) AA. Crustacés à croûte calcaire. ( 2e. ordre. Astacoïdes. ) D. Tête unie au corcelet. E. Queue courte. F. Corps plus large que long-. DES CRUSTACÉS. 2l3 4e. fam. Carcinoïdes ou Cancé- riformes. (Genres Calctppe , Hèpate , Dromie , Crabe, Matute , Portunc , Podophthalme , Porcellane, Ocypode, Grapse , Pinnothere. ) FF. Corselet plus long que large. 5e. fam. Oxyrhynques ou Mucrone's. (Genres Maïa, Leucosie , Dorippe, Orythie, Ra~ nine. ) EE . Q ueue longue en propor tion du corps. 6". fam. Macroures ou Longi- caudes. (Genres Pagure , Albunèe, Hippe , Scyllarc , Pâli- nure , Galathée , Ec re- visse, Penée, Palèmon, Crangon.) DD* Tête séparée du corselet. 7e. fam. Arthocéphales ouCapités. (Genres S quille , Mysis , Phronime , Talltre , Cre- vette. ) La classification adoptée par M. Latreille dans son Gênera Crustaceorum etlnsectorum, publié en 1 807, et dans sesConsidéj'atio7i s générales sur les Crustacés, etc. (18 10), ne diffère que peu de celle exposée par ce savant dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insec- tes ; il est par conséquent inutile de nous y arrêter ici. 2l4 HISTOIRE NATURELLE Il en est encore de même de la méthode présentée par M. Leach , dans l'Encyclopédie d'Edimbourg : seule- ment, au lieu de placer les Myriapodes avec les Insectes, il en fait des Crustacés ; il change aussi les noms de quel- ques-unes des divisions de M. Latreille , et établit plusieurs genres nouveaux ; dans la famille des Cancé- rides, par exemple, il en ajoute huit aux genres déjà admis, et les désigne par les noms de Lupa, Carcmus, Portumnus y Xantho, Atelecyclus, Uca, Gonoplax et Gecarcinus ; il augmente la famille des Oxyrhynques des genres Megalopa , Hyas , Eurynoma , Blastus , Pisa et Leptopodia ; et place dans celle des Astaciens les genres H ippoly te , Gebia , Callianassa , Mjsis y Pandalus et Athanas. Les Squilliaires sont pour M. Leach des Macroures, et il divise ses Gasteroures en cinq familles , les Gnathonii , formées par le genre Gnathia, qui est plus généralement connu sous le nom à'Anceus .• les Gammarini , comprenant les genres Phroiiima , Talilrus , Gammarus, Orchestia , Dexa- mine, Leucothoé, Melita, Mœra, Amphithoeet Phe- rusa ; les Corophionii, formées par les genres Coro- phia, PodocerusetJassa: les Caprellini, comprenant les genres Caprella > Cyamus et Proto ; enfin les Apseudii qui correspondent à un nouveau genre éta- bli pour recevoir un Grustacé singulier et mal connu , décrit par Montagu. Dans un appendice (i)à ce tra- vail , M. Leach modifie cette classification ; il sépare les Myriapodes proprement dits des Crustacés , et place les familles des Asellides et des Oniscides dans (i) A Tabular l'iew of the external characters of four classes of animais which Linneus arrangea, under Insecta, etc. ; by W. E. Leach. ( Transactions of the Linnean Society of London , vol. XI ; i8i5.) 1 DES CRUSTACÉS. 21 5 la division des Gasteruri. Enfin, dans une troisième méthode (i), publiée par ce savant en i8i5, il s'éloi- gne encore davantage de la classification de M. La- treille ; car, au lieu de diviser les Décapodes Brachyures en deux familles d'après la forme de leur test , il les range d'après le nombre des segmens mobiles de leur abdomen , en trois groupes , qu'il regarde comme étant très-naturels , mais qui , ainsi que nous le ver- rons par la suite , sont loin d'offrir cet avantage. Vers la même époque, M. Risso apporta quelques cbangemens dans l'arrangement des diverses familles établies parM.Latreille dans la classe des Crustacés (2), et M. de Blainville proposa de ranger ces animaux en trois groupes : les Décapodes, les Hétéropodes et les Tétradécapodes (2) ; la première de ces divisions com- prend les Décapodes des autres auteurs , plus les Li- mules ; les Hétéropodes sont les Squilles, les Entomos- tracés , etc. ; enfin les Tétradécapodes correspondent à peu près aux Gasteruri de M. Leach. Bientôt après la publication des travaux dont nous venons de parler, M. Latreille s'occupa de nouveau de la classification naturelle des Crustacés, et y fit faire encore quelques progrès. Dans le troisième vo- lume du Règne animal de M. Cuvier , ce savant as- signe au groupe des Crustacés les mêmes limites que M. Leach, et, sans attacher à la distinction des Mala- costracés et des Entomostracés une importance que '1) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice , par M. Risso. 1816. (2) Essai sur une nouvelle classification des animaux , par M. de Blainville. ( Bulletin des Sciences , par la Société philoraatique de Paris, 18 16; et Principes d anatomie comparée , t. I; Paris, i823.) 2 1 6 HISTOIRE NATURELLE ces divisions ne méritent pas, il établit clans cette classe cinq ordres qui pour la plupart se subdivisent à leur tour en plusieurs familles et tribus. Voici en peu de mots les principales dispositions de cette mé- thode. CLASSE DES CRUSTACÉS, iev. ordre. Décapodes. Un palpe aux mandibules , yeux mobiles , tête confondue avec le tronc ; branchies pyramidales, feuille te'es ou en plumes, situées à la base extérieure des pieds-mâchoires et des pieds proprement dits , et cachés sous les bords latéraux du test, l18. FAMILLE. BRACHYURES. ire. section. Nageurs. Genres. Portune , Podophthalme , Matute, Orythie. i*. section. Arqués. Genres. Crabes, Hépate. 3e. section. Quadrilatères. Genres. Palgusie, Grapse, Ocypode, Gonoplace, Gecarcin, Potamophile , Eriphie. 4- section. Orbiculaires. Genres. Pinnothère, Atétécycle, Thia, Coryste, Leucosie, Ixa, Mictyre. 5e. section. Triangulaires. Genres. Inachus, Lithode, Macropode, Pactole, Doclée, Mithrax, Parthenope. 6e. section. Cryptopodcs . Genres. Migrane , OEthre. DES CRUSTACES. 21^ 7e. section. Notopodes. Genres. Dromie, Dorippe, Homole, Ranine. 2e* FAMILLE. MACROURES. ire. section. Anomaux. Genres. Albunëe, Hippe, Remipède, Pagure, Porcellane, Galathe'e. 2e. section. Homards. Genres. Scyllare, Langouste, Ecrevisse, Thalassine. 3e. section. Salicoques. Genres. Processe, Penée , Alphée , Crangon , Pandale , Palémon, Pasiphée. 4°. section. Schizopodes. Genres. Mysis , Nebaîie. 2e. ORDRE. StOMAPODES. Un palpe aux mandibules ; des yeux mobiles ; tête distincte du tronc, divisée en deux parties, dont l'antérieure porte les antennes et les yeux ; branchies en forme de panaches suspen- dues sous la queue , etc. Genres. Squille, Erichthe. 3e. ORDRE. A.MPHIPODES. Un palpe aux mandibules ; yeux immobiles ; tête distincte du tronc et d'une seule pièce ; branchies vésiculeuses situées à la face intérieure des pieds, etc. Genres. Phronime , Crevette , Talitre , Corophie. 4e. ORDRE. ÏSOPODES. Mandibules sans palpe ; bouche composée de plusieurs mâchoires, dont les deux inférieures imitent , soit deux petits pieds réunis à leur base , soit une lèvre avec deux palpes ; bran- chies ordinairement situées sous l'abdomen ; tous les pieds simples et locomotiles ou préhensiles. 2l8 HISTOIRE NATURELLE ire. section. Cystibranches. Genres. Leptomère , Proton , Chevrolle, Cyame. 2e. section. Phy tïbr anches . Genres. Typhis , Ancée , Pranize , Apseude , Jone. 3e. section. Pterygibranches. Genres. Cymothoé , Sphérome , Idotée : Aselle , Ligie, Philoscie, Cloporte, Porcellion , Armadille , Bopyre. 5e. ORDRE. BrANCHIOPODES. Point de palpe aux mandibules lorsque ceiles-ci existent ; bouche tantôt en forme de bec , tantôt composée de plusieurs mâchoires , mais dont les deux inférieures n'ont pas l'appa- rence d'une lèvre aux deux palpes ; pieds en forme de na- geoires avec les branchies attachées à une partie d'entre eux; etc. ire. section. Pœcilops. Genres. Limule , Calige , Argule , Cécrops , Dichélestion. 2e. section. Phyllopes. Genres. Apus , Branchipe , Eulimène. 3. section. Lophyropes. Genres. Cythérée , Cypris , Daphnie , Lynée , Cyclope, Polyphème, Zoé. Cette classification, qui repose sur des bases bien plus solides que la plupart des autres méthodes , fut adoptée avec quelques changemens par M. Lamark (i), et a reçu de nouveaux perfectionnemens dans les écrits plus récens de M. Latreille. Dans l'un des articles du Dictionnaire d'Histoire naturelle , ce zoologiste (l) Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, t. V. DES CRUSTACÉS. 219 établit , sous le nom de Lœmipodes , un sixième ordre pourrevoirleslsopodes Cystibranches, et dans son ou- vrage sur les Familles naturelles du règne animal, il modifia encore davantage la classification des Crus- tacés en général, comme on pourra en juger par le ta- bleau suivant : A. Bouche composée d'un labre , d'une languette , de deux mandibules et de quatre mâchoires. ( Maxillosa. ) B. Huit paires de pieds au plus placés entre la tête et l'abdomen, en comprenant les pates-mâchoires.(P#Zi- cipedes.) C. Deux yeux portés sur un pédoncule mobile. (Bi- nocles. ) D. Branchies en forme de languettes pyramidales, situées près la base des pieds et cachées sous les côtés du thoracide, qui se prolonge de l'extrémité antérieure de la tête jusqu'à l'ori- gine de l'abdomen, etc. 1e1'. ordre. Décapodes. DD. Branchies en forme de houppes ou de pana- ches suspendus sous l'abdomen , etc. , etc. 2e. ordre. Stom apodes. CC. Yeux sessiles et immobiles. E. Deux yeux ; corps anneié dans toute sa longueur , tête distincte , etc. F. Tête confondue avec le segment qui porte les secondes pâtes -mâchoires ; point d'appendices abdominaux nota- bles , etc. 3e. ordre. LjEmipodes. 1420 HISTOIRE NATURELLE FF. Tête séparée du segment qui porte les secondes pâtes -mâchoires , etc. ; mandibules palpigères ; des corps vésiculeux à la base des pieds. 4e. ordre. Amphipodes. FFF. Tête séparée du segment qui porte les secondes pâtes -mâchoires , etc. ; mandibules dénuées de palpes ; point de corps vésiculeux à la base des pâtes; appendices inférieures du post-abdo- men lamellaires ou vésiculeux. 5e. ordre. Isopodes. EE. Un seul œil ; tête confondue avec le tho- rax , etc. 6e. ordre. Lopiiyropodes. BB. Onze paires de pieds entre l'appareil buccal et l'o- rigne de l'abdomen , ou le point où sont placés les œufs (Multipedes). Ie. ordre. Phyllopodes. AA. Bouche entourée de pieds ou ayant la forme d'un siphon. ( Edentata. ) G. Point de siphon. 8e. ordre. Xyphosures, GG. Un siphon. 9e. ordre. Siphonostomes. En i8a3, M. Desmarest publia aussi un ouvrage sur les Crustacés, et bien qu'il appréciât à leur juste valeur plusieurs des défauts delà méthode de M. Leach, il crut devoir l'adopter, afin de mettre son traité en DES CRUSTACÉS, 22 1 harmonie avec le dictionnaire dont il l'a extrait. Il fit à cette classification quelques modifications nécessitées par les progrès delà science, mais elles ne sont pas assez importantes pour nous arrêter ici. A l'occasion d'un travail sur les Amphipodes , pré- senté à l'Académie des sciences en mars i83o (i) , nous nous sommes occupés également de la classification des Crustacés, et, tout en adoptant la plupart des di- visions établies par M.Latreille, nous avons cru devoir y porter quelques changemens. Cette méthode nou- velle est fondée sur l'ensemble des modifications que nous offre l'organisation de ces animaux, et diffère de celle de M.Latreille, non-seulement par le nombre des ordres dans lesquels les divers Crustacés sont rangés, mais aussi par les limites assignées à plusieurs de ces divisions. On pourra en juger par le résumé suivant : A. Douche dèpoutvue cV organes spéciaux de mastication. Ordre des Xyphosures. Ëouche entourée de pâtes ambulatoires, dont les bases rem- plissent l'office de mandibules ; corps formé de deux portions distinctes , l'une céphalo-thoracicpie portant la bouche , etc. , l'autre abdominale garnie en dessous d'une série de pâtes la- melleuses et branchiales. Ordre des SipiionostoIvies. Bouche en forme de suçoir , et entourée de membres pré- hensiles qui sont suivis d'un certain nombre de pâtes lamel- leuses. (i) Ce travail a été imprimé en partie dans le tome V des Mé- moires de la Société d'histoire naturelle de Paris, dont la publication a été empêchée par des embarras de librairie. Il en a paru un extrait dans les Annales des sciences naturelles , t. XX ; mars i33o. 222 HISTOIRE NATURELLE B. Bouche armée d'organes spéciaux de mastication, savoir .■ dune paire de mandibules et dune ou plusieurs paires de mâchoires. » Ordre des Ostrapodes. Corps sans divisions annulaires distinctes et renfermé en en- tier sous un grand bouclier dorsal ayant la forme d'une coquille bivalve ; pâtes thoraciques cornées , non branchiales , vergifor- mes et au nombre de quatre paires au plus. Ordre des Cladocères. Corps divisé en un certain nombre d'anneaux bien distincts ; pâtes thoraciques aplaties, lamelleuses, membraneuses en totalité ou en partie, paraissant servir à la respiration, (pâtes branchiales) et au nombre de cinq paires ; point de pâtes abdominales ; tête distincte du reste du corps , qui est divisé en huit segmens et renfermé dans un test bivalve. Ordre des Phyllopodes. Corps articulé ; pâtes thoraciques branchiales au nombre de huit paires, et souvent suivies de plusieurs paires de pâtes abdominales; tête distincte du reste du corps, et donnant en général naissance à une carapace qui recouvre l'animal en tota- lité ou en partie ; thorax et abdomen formés par une série de quatorze anneaux ou plus. Ordre des Copépodes. Pâtes thoraciques vergiformes , cornées et ne paraissant en aucune façon propres à remplir les fonctions de branchies ; point de branchies proprement dites , de vésicules bran- chiales , ou de fausses pâtes abdominales branchiales ; yeux immobiles et non pédoncules ; thorax complètement à décou- vert , divisé en plusieurs segmens et portant cinq paires de pâtes en général natatoires et biramées. Abdomen composé de DES CRUSTACÉS. 2^3 deux segmens au moins et terminé par une nageoire caudale, mais ne portant jamais de fausses pâtes. Ordre des Ljemipodes. Pâtes thoraciques, vergiformes et non branchiales ; point de branchies proprement dites ; palpes des membres thora- ciques transformés en vésicules branchiales ; yeux sessiles ; thorax à découvert et divisé en six segmens ; abdomen rudi- mentaire ayant la forme d'un petit tubercule sans appendices distincts. Ordre des Isopodes. Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales, en gé- néral point de branchies proprement dites ; fausses pâtes ab- dominales ; les cinq premières paires homomorphes et bran- chiales ; yeux sessiles ; thorax à découvert et divisé ordinaire- ment en sept anneaux ; abdomen bien développé. Ordre des Amphipodes. Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales ; point de branchies proprement dites; palpes des membres thoraciques vésiculaires et branchiaux : membres abdominaux des cinq pre- mières paires hétéromorphes, locomoteurs et non branchiales; yeux sessiles; thorax à découvert et ordinairement divisé en sept segmens ; abdomen bien développé. Ordre des Stomapodes. Pâtes thoraciques, vergiformes, et ordinairement au nombre de sept à huit paires ; en général des branchies proprement dites; rameuses et extérieures, ou des palpes thoraciques branchiales, yeux pédoncules et mobiles ; thorax caché en totalité ou en partie sous un grand bouclier céphalique ou carapace. Ordre des Décapodes. Des branchies proprement dites et non rameuses , fixées Îi5s4 HISTOHRE NATURELLE aux flancs thoraciques et renfermées dans des cavités respira- toires spéciales ; pâtes thoraciques , vergiformes et en général au nombre de cinq paires; carapace recouvrant la tête et la to- talité ou la majeure partie du thorax 5 yeux pédoncules et mobiles. Dans la seconde édition du Règne animal de M. Cuvier, publiée peu de temps après la lecture du tra- vail dont il vient d'être question , M. Latreille modifia la classification qu'il avait employée dans la première édition de cet ouvrage, cle manière à la rapprocher davantage de celle proposée dans ses Familles natu- relles. Enfin , peu de temps avant sa mort , ce savant et habile entomologiste s'est encore occupé du même sujet , et a introduit dans sa méthode de classifications plusieurs modifications qui la rapprochent beaucoup de celle déjà proposée par nous (1). En efïet,iï a admis dans la classe des Crustacés douze Ordres, savoir : i°. les Décapodes, i°. les Stomapodes, 3°* les Lœmipodes, 4°« les Amphipodes, 5°. les Isopo* des, 6Q. les Dicîadopes, 70. lesLophyropes, 8°. les Os- trapodes,9°.lesPhyllopo les, io°.lesTrilobites,i i°.les Xyphosures , et 120. les Siphonostomes. Les Dicîa- dopes correspondent à peu près à notre ordre des Copépodes. On remarque aussi , dans la dernière classification de ce grand entomologiste, plusieurs modifications dans les coupes secondaires et dans la manière de dis- tribuer les genres ; mais ces détails, dont nous aurons (1) Voyez Cours iV Entomologie, par M, Latreille; in-8, Paris, 183t. DES CRUSTACÉS. 2^5 l'occasion de parler parla suite , sont inutiles à indi- quer ici. D'après ce coup d œil sur les principales méthodes employées pour la classification des Crustacés, on voit que certaines divisions n'ont subi que peu de chan- gemens , et qu'une fois établies elles ont été adoptées par tous les entomologistes ; ce sont les groupes dont les caractères sont les plus tranchés et la composition la plus naturelle; mais d'autres n'ont pas joui de la même stabilité, et en voyant chaque auteur y porter quelques modifications on doit en conclure qu'elles sont peu naturelles , et ne répondent pas aux besoins de la science. On peut donc s'attendre à voir cette partie des classifications varier encore avant que d'être établie sur des bases solides. La découverte des nouveaux types d'organisation, et l'investigation plus approfondie delà structure de certaines espèces déjà connues, peuvent également amener des modifications dans la distribution méthodique des Crustacés. Ces motifs nous ont effectivement engagés à en propo- ser ; mais dans la révision que nous avons été con- duits à faire de la classification de ces animaux , nous avons toujours cherché à être autant que possi- ble sobre d'innovations, car l'instabilité des systèmes est un obstacle puissant aux progrès de la science. L'anatomie nous a constamment servi de euide dans ce travail , et nous avons cherché autant que possible à prendre 1 organisation intérieure aussi bien qu'exté- rieure des Crustacés comme base de la division de ces animaux , en ordres , en familles et en genres. CRUSTACES , TOME 1. I S 226 HISTOIRE NATURELLE Ç II. Des limites naturelles et de la classe des Crustacés- Dans la classification naturelle du règne animal , on a cherché, avons-nous dit, à représenter par des di- visions et des subdivisions successives les différences plus ou moins nombreuses et plus ou moins importan- tes que nous présente l'organisation des animaux et à distribuer ces êtres de telle sorte, que ceux dont se compose chaque groupe se ressemblent entre eux d'autant plus que ce groupe lui-même est d'un rang moins élevé dans la hiérarchie méthodologique. Sou- vent les cou pesa établir sont clairement indiquées par la nature : cela a lieu , lorsque les modifications de structures qui les motivent se sont opérées brusque- ment; mais quand la transition d'un mode d organi- sation à un autre s'est fait par degrés presque insen- sibles, et a lieu en même temps par plusieurs séries différentes de modifications successives, il en est tout autrement ; les types des divers groupes naturels peuvent être encore faciles à distinguer, mais il peut régner une grande diversité d'opinion sur les limites qu il convient de leur assigner. On peut alors suivre, dans la distribution méthodique des animaux , deux marches très-différentes, qui cha- cune ont leurs avantages et leurs inconvéniens : on peut, en prenant pour guide le principe de la subor- dination des caractères , si bien développé par un de nos plus grands naturalistes, établir les divisions suc- cessives , d'abord sur les modifications que présen- tent les grands appareils de l'organisation , puis sur les différences qui existent entre des parties dont le DES CRUSTACÉS. 22J rôle est ordinairement d'une importance plus minime; ou bien on peut chercher à ranger ces êtres en autant de groupes qu'il y a de séries bien reconnaissables , formées par la dégradation ou la simplification de plus en plus grande de chaque type d'organisation. Les limites à assigner à la classe des Crustacés va- rient suivant que l'on adopte Tune ou l'autre de ces méthodes. En suivantlapremière,queronpourrait ap- peler une méthode naturelle physiologique, il ne faudra grouper autour des Crabes et des Ecrevisses, qui peu- vent être considérés comme le type de ce groupe , que les êtres ayant une structure intérieure essentiei- ement semblable à la leur, et il faudra rejeter dans une classe inférieure , dans la division des zoophytes, par exemple, tous les animaux qui n'ont point, comme les premiers , un cœur, des branchies, un système ganglionnaire longitudinal bien distinct , etc. En adoptant la seconde méthode , qui nous paraît être éminemment zoologique , on ne s'arrêtera pas à ces différences de structure , et on rattachera au groupe des Crustacés tous les animaux dont l'organisation gé- nérale, bien qu'elle soit moins compliquée, se lie à celle des types de la classe, et dont la conformation rappelle les états transitoires par lesquels les êtres les plus parfaits de la série ont passé pendant la durée de leur vie embryonnaire. Au premier abord on pourrait croire cette marche contraire aux principes fondamentaux des métho- des naturelles, et l'on pourrait s'étonner de voir rassemblés dans une même classe des animaux qui respirent par des branchies, et d'autres qui n'ont pour l'exercice de cette fonction importante aucun organe spécial et sont réduits à respirer par la peau ; des êtres i5. .). a S h i s t Q i R r -< a sf i; r. r. l l e (jiii ont un cœur et un syslème vésiculaire très-com- pliqué, et d'autres quJL n'ont point de vaisseaux dis- tincts j etc. ; maisces difficultés disparaissent lorsqu'on voi t conimen l ces organes, si importuns chez les animaux supérieurs, sont modifiés avant que de disparaître com- plètement chez les êtres moins parfaits; avant que d'être éliminés ces parties deviennent peu à peu ru- dimentaires , et dès lors leur perte est peu sentie , et n'entraîne aucun changement essentiel dans l'ensemble de l'organisation. Des branchies , par exemple, devien- nent rudimentaires et disparaissent pour être rem- placées par les tégumens communs chez des Crustacés, presque entièrement semblables, du reste, à d'autres espèces qui sont pouvues de ces organes très-dé vélo p- pés, et cela, sans que les autres grands appareils aient subi aucune modification notable. Les vaisseaux san- guins cessent d'avoir des parois distinctes, et ne consis- tent plusquedans de simples lacunes, chez des Crusta- cés ^ qu'il est impossible d'éloigner des autres animaux de la même classe, ayant un système vasculaire bien complet, et le cceur devient rudimen taire et paraît même disparaître complètement sans que, dans les autres parties du corps , rien ne révèle son absence. 11 en résulte que non-seulement la méthode , que nous avons appelée zooiogique^ ne mérite pus les re- proches qu'on pourrait lui adresser ; mais que , dans la pratique, la méthode physiologique est réellement impraticable et se trouve violée même dans les classi- fications dont elle forme la base. Ces motifs nous ont conduits à placer dans la classe des Crustacés, non-seulement les animaux articulés, à pieds articulés, ayant une circulation complète et des branchies , caractère que ion assigne généralement DES CRUSTACÉS. '2'2Cj à cette division , mais aussi tous ceux qui, étant for- més d'après le même plan général, sont plus ou moins imparfaits , et en quelque sorte dégradés. Le groupe formé par ces êtres sera plus difficile à bien défi- nir ; mais au moins il ne sera pas limité arbitraire- ment. Plusieurs de ces animaux sont d'une structure très- simple ; les uns ont encore des membres articulés plus ou moins rudimentaires^ et le corps divisé en anneaux bien dictincts ; mais il en est dont les mem- bres se déforment tellement, qu'on ne peut que diffici- lement les reconnaître, et dont la peau conserve partout la même texture; il paraîtrait aussi que, dans cette famille, le cœur disparaît également, et que le système nerveux devient rudimentaire ou nul ; aussi, dans une méthode physiologique , telle que celle de M. Gu- vier, prendront-ils place parmi les zoophytes; mais, du reste, ils ne ressemblent en rien à des animaux rayon- nés, et desliens si étroits les unissent aux Crustacés infé- rieurs, qu'on ne peut les en distinguer que par des li- mites purement conventionnelles. Pour nous, les Lernées et les Conclrocanthes seront donc des Crustacés aussi bien que les Argules et les Cypris; et en effet, c'est par des nuances presque insen- sibles que la nature a établi le passage entre ces para- sytes et d'autres animaux , que tous les naturalistes s'accordent à ranger dans cette classe; dans le jeune âge, il est même difficile de distinguer les Lernéens des Cyclopes et de quelques autres Crustacés, car c'est en vieillissant seulement que leurs formes exté- rieures deviennent essentiellement différentes. M. Des- marest avait déjà appelé l'attention des zoologistes sur l'analogie qui existe entre ces êtres; mais jus- 23o HISTOIRE NATURELLE qu'ici les auteurs systématiques ont relégué les Ler- nies parmi les Zoophytes, ou en ont fait une classe distincte. Les Pycnogonides nous paraissent avoir beaucoup plus d'analogie avec les Crustacés qu'avec les Arach- nides , parmi lesquels on les range aujourd'hui ; aussi croyons-nous devoir les ranger dans la classe dont nous faisons ici l'histoire, bien que l'opinion que l'on a généralement sur la nature des organes respiratoi- res de ces animaux devrait peut-être nous faire lais- ser encore la question en litige. Par Ja suite il faudra peut-être réunir aussi aux Crus- tacés les Anatifs et les autres animaux singuliers dont se compose la classe des Cirripèdes; mais, dans l'état actuel de la science , on ne possède pas les données nécessaires pour se prononcer à cet égard. La classe des Crustacés , étendue comme nous ve- nons de le dire , se compose essentiellement des ani- maux sans squelette intérieur semblable à celui des animaux vertébrés , dont le corps est articulé {c'est-à- dire , formé d'une série de tronçons ou d' anneaux plus ou moins distincts) ; dont le système nerveux est gan- glionnaire et longitudinal; dont le système respira- toire est aquatique , et les organes respiratoires con- sistent en branchies ou sont remplacés par la peau ; dont le sang est mis en mouvement par un cœur aor- tique ; dont les sexes sont distincts et les organes générateurs doubles ; enfin , dont les membres sont articulés et constituent une ou deux paires d'antennes, plusieurs mâchoires ou autres organes servant à la prèhensioti des alimens , et jdusieurs paires de pâtes natatoires ou ambulatoires , ( en général cinq ou sept paires ) ; mais nous y rangeons aussi les êtres qui , DES CRUSTACÉS. 2^1 semblables du reste au type dont nous venons de parler, ont l'organisation moins compliquée , de sorte que pour donner à ce groupe naturel une définition applicable à tous les animaux dont il se compose, il faut rendre cette phrase caractéristique moins absolue et la modifier de la manière suivante : Crustacés. Animaux ayant le corps divisé en, an- neaux, en général très-distincts, mobiles' et d une consis- tance assez grande (cornés ou calcaires) , sans squelette intérieur proprement dit , et portant uue double série de membres, presque toujours bien distinctement articu- lés, et constituant des antennes , des mâchoires, etc., et des pâtes dont le nombre est, le plus ordinairement , de cinq ou de sept paires ; le système nerveux, en gé- néral bien distinct^ ganglionnaire et longitudinal; la respiration en général aquatique , et se faisant tou- jours à l'aide de branchies ou de la peau ; la circula- tion , en général bien distincte ; presque toujours un cœur aortique et des vaisseaux sanguins propres ; les sexes séparés. § III. De la division de la classse des Crustacés en légions et en ordres. Les difïérences les plus grandes qui se remarquent lorsqu'on compare entre eux les divers Crustacés, dé- pendent des modifications de leur appareil digestif % de leur appareil respiratoire, de leurs organes locomo- teurs , et du degré plus ou moins avancé de leur dé- veloppement au moment de leur naissance. Dans l'immense majorité des cas , plusieurs des membres delà portion antérieure du corps sont affec- tés d'une manière spéciale à la fonction delà préhen- sion des alimens, et constituent soit des mâchoires ou 2'5'2 HISTOIRE N A T U li ELLE des mandibules , soit des organes de succion , tandis que la locomotion est confiée à d'autres instrumens. Mais il est des Crustacés dans l'organisation desquels la nature n'a pas encore introduit une pareille division de travail, et dont les organes masticateurs sont les mêmes que les organes de la locomotion. Ces derniers, dont on a formé l'ordre des Xyphosu- res, diffèrent aussi des Crustacés ordinaires par plu- sieurs particularités de leur organisation, que nous indiquerons ailleurs, et ils doivent évidemment former un groupe bien distinct. Un anatomiste distingué, M. Strauss, a même proposé de les séparer des Crus- tacés afin de les réunir au x Arachnides ; mais cette opinion ne nous paraît pas devoir être adoptée. La longue série des Crustacés , pourvus d'un appareil spécial pour la préhension des alimens, se divise d'a- bord en deux groupes naturels, les maxillés et les suceurs , suivant que leur bouche est organisée pour la mastication , et que leurs alimens consistent en sub- stances solides , ou bien que cette ouverture se pro- longe en un suçoir disposé de façon à ne donner passage qu'à des liquides. La légion peu nombreuse des Crustacés suceurs, qui se compose presque uniquement d'animaux pa- rasytes . peut être subdivisée en trois ordres : les Aranéiformes, dont les pâtes sont longues, vergi- formes et ambulatoires , les Siphonostomes dont le corps est pourvu de membres articulés bien distincts, mais non de pâtes ambulatoires , et les Lernéens dont les membres sont rudimentaires ou tellement déformés, qu'on ne peut que difficilement les reconnaître. La grande division des Crustacés maxillés, déjà établie par M. Lu treille, se compose d'élémens moins DES CR't STAGES. 2^3 homogènes. On y trouve d'abord plusieurs séries d'a- nimaux qui tiennent aux Si phonos tomes par des liens plus ou moins étroits, et qui conduisent vers les groupes formés par les espèces dont la structure est la plus compliquée. L'une de ces séries se compose des Crustacés maxil- laires'abranches ou Entomostracés, chez lesquels il n'existe point de branchies proprement dites, ni d'organe modifié de façon à paraître en tenir lieu ; chez lesquels les pâtes sont vergiformes , mais essen- tiellement natatoires , et les yeux sessiles à cornée simple et ordinairement réunis en une seule masse oculaire , et chez lesquels la naissance a en général lieu long- temps avant que l'animal ait acquis les formes et les onranes qu'il aura à l'â^e adulte. Elle se compose de deux ordres , peu nombreux en es- pèces : celle des Ostrapodes , dont le corps ne pré- sente pas de divisions annulaires bien distinctes, et se trouve renfermé en entier sous un grand bouclier dorsal ayant la forme d'une coquille bivalve et dont les membres sont en très-petit nombre ; et celui des Copépodes, dont le corps est divisé en un certain nombre d'anneaux bien distincts, et ne présente ni carapace, ni enveloppe valvulaire, et dont les mem- bres sont en nombre assez considérable. Une série à peu près parallèle à celle des Entomos- tracés, ainsi circonscrite, se compose des animaux de la même classe, qui, également privés de branchies proprement dites , ont les pâtes thoraciques lamel- leuses, membraneuses et conformées de façon à pouvoir servir évidemment d'organes respiratoires. Nous y conservons le nom de Branchiopodes, déjà employé par Latreille, pour une division renfermant la plupart 234 HISTOIRE NATURELLE de ces animaux, qui, du reste, doivent constituer deux ordres distincts ; celui des Gladocères, qui cor- respond à peu près à la première division des Ento- mostracés ( les Ostrapodes), et se distingue par le petit nombre des pâtes thoraciques et par l'existence d'une carapace ayant 3a forme d'une coquille bivalve ; et celui des Phyllopodes, qui conduit évidemment vers les Crustacés supérieurs , et se distingue des précé- dens par un nombre plus considérable de pâtes tho- raciques , par l'absence d'un test bivalve et par plu- sieurs autres caractères plus ou moins importans. Une troisième série , qui semble aussi se lier par son extrémité inférieure à la grande division des Crus- tacés suceurs , mais dont le sommet s'élève davantage dans la série des Crustacés , est celui des Edriophthal- mes. De même que dans les légions précédentes, les branchies proprement dites manquent , sinon tou- jours, du moins dans l'immense majorité des cas, et sont remplacées par d'autres appendices modifiés dans leur structure, de telle sorte qu'ils peuvent évidem- ment servir à la respiration ; mais quelles que soient les parties destinées à remplacer ainsi les branchies, la tige des membres thoraciques prend ici la forme d'une pâte ambulatoire ; les yeux sont en même temps ses- siles , et il n'existe jamais de carapace quelconque. Les Edriophthalmes forment trois ordres ; savoir : les Lœmipodes , les Isopodes et les Amphipodes. Dans l'ordre des Lemipodes, l'abdomen n'existe qu'à l'état de vestige, et c'est le palpe des membres thora- ciques qui devient vésiculaire pour servir à la res- piration. Dans l'ordre des Isopodes, 1 abdomen est au contraire bien développé, et ce sont les membres de cette por- DES CRUSTACÉS. ?35 tion du corps qui se modifient de façon à pouvoir remplir les fonctions de branchies. Dans Tordre des Amphipodes , l'abdomen se déve- loppe encore davantage et sert à la locomotion , tandis que la respiration s'effectue à l'aide des palpes thora- ciques devenues vésiculaires. Enfin, la dernière série, celle des Podophthal- MiENS,se compose de tous les Crustacés supérieurs, dont la plupart sont pourvus de branchies propre- ment dites , dont les yeux sont pédoncules et mobiles, dont les pâtes thoraciques sont toujours vergiformes , et en général en partie ambulatoires et eu partie pré- hensiles, et dont le thorax est recouvert par une ca- rapace. Cette division se compose de deux ordres : Les Stomapodes, chez lesquels les branchies, n'ayant pas encore acquis toute l'importance qu'elles auront par la suite, sont encore extérieures et manquent quel- quefois, et chez lesquels l'appareil buccal ne se compose en général que de trois paires de membres ; Les Décapodes, dont les branchies sont fixées sur les côtés du thorax et renfermées dans des cavités respira- toires spéciales, et dont l'appareil buccal se compose de six paires de membres , de façon que le nombre des pâtes thoraciques se trouve réduit à cinq paires. Quant aux Trilobites, ils prennent évidemment place auprès des Edriophthalmes ; mais jusqu'à ce qu'on connaisse le mode de conformation de leurs membres , on ne pourra leur assigner une place défi- nitive dans la classification naturelle des Crustacés. Le tableau synoptique suivant présente l'ensemble de la classification dont nous venons d'indiquer les principales bases. a36 HISTOIRE NATURELLE CLASSE DES CRUSTACÉS. SOUS -CLASSE DES CRUSTACÉS MAXILLÉS, LÉGION DES PODOPHTHALMIENS. Ordre des Décapodes. Ordre des Stomapodes. r-gi«?>-gi- LÉGION DES ÉDRIOPHTHALMES Ordre des Amphipodes. Ordre des Isopodes. Ordre des Laemipodes. Légion des Branchiopodes. Ordre des Ostrapodes. Ordre des Phyllopodes. Légion des Entomostragés. Ordre des Copépodes. Ordre des Cladocères. LÉGION DES TRILOBITES. SOUS-CLASSE DES CRUSTACES SUCEURS. LÉGION DES PARASYTES MARCHEURS. Ordre des Aranéiformes. LEGION DES PARASYTES NAGEURS. Ordre des Siphonostomes. Ordre des Lernéens. SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS XYPH0SUR1ENS, Ordre des Xyphosures. DES CRUSTACÉS. ?&] CHAPITRE IL CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR l' ORGANISATION ET LA CLAS- SIFICATION DF.S PODOPHTHALMIENS , DES DECAPODES ET [DES BP.ACHYLRES. SOUS-CLASSE DES CRUSTACES MAXILLES. PREMIÈRE LÉGION. PODOPHTHAIMIENS. • Les Crustacés dont se compose la grande division des Podophthalmiens ont entre eux des rapports si multipliés , que, dans une méthode naturelle , on ne peut se refuser de les réunir dans un même groupe. Ils sont également faciles à distinguer des autres ani- maux de cette classe, et cependant presque aucun des caractères qui leur sont propres ne peut être assigné d'une manière absolue à toute la lésion , car ils peuvent tour à tour manquer. Cette division correspond à peu près à l'ordre des Crustacés Pèdiocles , proposé par Lamark (i) , et à la légion des Malaeos tracés Podophthalmes , établie plus récemment par M. Leach (2) : mais elle repose sur des (i) Système des animaux sans vertèbres; l8o'>. ';ï Article Crustacés , Eneye. Brit. Snpptcm. 238 HISTOIRE NATURELLE bases différentes et ne peut conserver les limites que ces auteurs y avaient assignées. Le trait le plus remarquable de l'organisation des Podophlhalmiens consiste dans la disposition de leur appareil respiratoire. Dans les autres Crustacés , c'est l'enveloppe générale du corps, ou bien une portion des membres thoraciques ou abdominaux qui servent à la respiration; mais ici cette fonction importante est presque toujours confiée à des organes spéciaux qui ne sont pas de simples modifications de quel- ques-uns des appendices ordinaires des membres. L'existence de branchies proprement dites est un des caractères les plus importans de ce groupe natu- rel ; mais chez quelques-uns des derniers Podophthal- raiens, ces organes deviennent rudimentaires et même disparaissent complètement, et sont remplacés par l'enveloppe tégumentaire générale (i). D'un autre côté, on connaît des Crustacés qui sont pourvus d'organes analogues et qui évidemment n'appartiennent pas à ce groupe (2). Un autre caractère qui ne manque chez aucun Po- dophthalmien , mais qui n'a pas la même importance physiologique , nous est fourni par l'anneau ophthal- mique de la tête , qui est toujours pourvu d'une paire de membres mobiles à l'extrémité desquels se trouvent les yeux (3) . Dureste, ces Crustacés ne sont pas les seuls (1) Exemples : Genres Cynthia, Mysis et Phyllosome. (2) Les femelles des Jones portent , fixés aux membres abdomi- naux des branchies rameuses très-développées ; ce sont les seuls Crustacés actuellement connus qui , sans appartenir au groupe na- turel des Podophthalmiens sont pourvues de branchies proprement dites , et encore ces organes n'existent-ils pas dans les deux sexes ; les mâles en sont privés. (3) PI. 1, tig. 9? et PL 3, %. 1. DES CRUSTACÉS. 23Cj qui aient des yeux pédoncules et mobiles ; les Néba- lies, qui appartiennent indubitablement à un autre groupe, en sont également pourvus. L'appareil buccal des Podophthalmiens est disposé pour la mastication, et se compose toujours d'un labre peu développé, d'une paire de mandibules et au moins d'une paire de mâchoires. Les mâchoires de la seconde paire, à moins d'être rudimentaires, entrent aussi dans la composition de l'appareil masticateur et il en est presque toujours de même pour les membres post-buc- caux de la quatrième paire ; mais ces organes ne sont jamais élargis et réunis de manière à constituer une es- pèce de lèvre inférieure ou d'opercule buccal , ainsi que cela se voit chez les Edriophthalmes ; enfin ,dans la plupart descas, les membres des deux paires suivantes sont également transformés en pâtes - mâchoires, et quelquefois même le nombre de ces organes est encore plus considérable , car dans certaines espèces on peut regarder comme tels tous membres thoraciques, à l'exception de ceux des trois dernières paires. (Ex.: Squilles. ) Les membres thoraciques afïectés à la locomotion sont presque toujours au nombres de cinq ou de six paires; leurtigeest toujours vergiforme, et constitue une pâte grêle, allongée et ordinairement ambulatoire, qui porte quelquefois en même temps un fouet ou bien un palpe , mais ne présente presque jamais en même temps deux espèces d'appendices. Ce mode de confor- mation des organes locomoteurs sépare nettement les Podophthalmiens de tous les Crustacés dont les pâtes thoraciques sont lamelleuses , comme les Nébaiies , dont il a été question ci-dessus, mais se retrouve dans plusieurs autres divisions de la même classe. ^4o histoire naturelle Enfin les animaux de celle légion peuvent , au pre- mier coup d'œil., être dis lingues de presque tous les autres Crustacés par l'existence d'un grand bouclier céphalique qui occupe lu face dorsale du corps, et s'étend plus ou moins loin au-dessus du thorax. Certains Branchiopodes ont aussi une carapace semblable; mais ils diffèrent alors des Podophthaimiens par quelques- uns des cuructères , d'une importunée encore plus grande, déjà signalée. Si l'on prend pour base de la classification des Crus- tacés l'ensemble de leur organisation , ainsi que nous avons cherché à le faire , on devra donc caractériser de la manière suivante la légion des Podophthai- miens. Bouche année de mandibules et de mâchoires pro- pres à la mastication ; en général des Branchies pro- prement dites ; yeux pédoncules et mobiles ; pâtes thoraciques uergiformes ; une carapace. Les Padophthal miens forment , comme nous l'avons déjà dit, deux ordres, savoir : les Décapodes et les Sto- mapodes. Cette division est généralement adoptée ; mais la plupart des auteurs l'établissent sur le nom- bre des membres thoraciques qui constituent l'appa- reil locomoteur, tandis que, suivant nous, c'est dans la disposition de l'appareil respiratoire qu'il faut en chercher les principales bases (i). (I) Voyez Mémoires sur une nouvelle dispos i lion de l'appareil bran- chial chez les Crustacés. ( Ami, des se. nat. , t. XIX. ) DES CRUSTACÉS. 1/il Ier. ORDRE. DÉCAPODES. L'ordre des Décapodes, établi par M. Latreille pour recevoir la plupart des espèces du grand genre Cancer de Linné , renferme tous les Crustacés qui viennent se grouper immédiatement autour des Crabes et des Ecre- visses ; c'est la division la plus nombreuse en espèces , et une de celles dont les limites sont les plus tranchées et la composition la plus homogène. Il comprend tous les Crustacés dont l'organisation est laplus compliquée, et dont les facultés paraissent être les plus parfaites ; aussi est-ce indubitablement en tête de la série qu'il doit prendre place. Les Crustacés de l'ordre des Décapodes se ressemblent tous par la forme générale de leur corps ; les divers an- neaux de la tête et du thorax sont en général complè- tement soudés entre eux , et ils sont toujours cachés sous un énorme carapace que nous avons démontrée ailleurs être formée par le développement extrême de l'arceau dorsal du troisième ou du quatrième anneau céphalique. Il résulte de cette disposition, que la tête des Décapodes n'est pas distincte du thorax , et qu'en dessus , tout le corps , à l'exception de l'abdomen , pa- raît formé d'une seule pièce ; mais lorsqu'on l'examine en dessous , on y reconnaît toujours un certain nombre de divisions annulaires. Quant à l'abdomen , sa forme varie beaucoup. Les yeux des Décapodes sont portés sur des pédoncules mobiles et recouverts d'une cornée réticulée. Les antennes sont toujours au nombre de quatre; elles ont en général la forme de petites tiges CP.USTACïS, TOME I. 16 lf\9, HISTOIHF NATURELLE articulées et s'insèrent entre les yeux et la bouche (i) JJ appareil buccal est extrêmement compliqué, et, à une ou deux exceptions près , se compose d'un labre, d'une languette et de six paires de membres , savoir : une j3aire de mandibules , deux paires demâchoires et trois paires de pates-mâchoires . Le labre se confond en général avec la partie voisine du test, et les mandibules portent presque toujours une tigepalpiforme (2) ; mais ce der- nier caractère n'est pas invariable , comme Fabricius et la plupart des autres entomologistes paraissent le pen- ser(3). Les mâchoires de la première paire se composent de plusieurs petites lames cornées, dont le bord in- terne est épineux ou garni de poils (4). Celles de la se- conde paire présentent touj ours au côté extern e un g rand appendice lamelleux qui se loge dans le canal efîérent de la cavité branchiale , et qui est destiné à expulser l'eau qui a servi à la respiration (5) . Tous les Décapodes présentent cette disposition ; mais on ne l'a encore rencontrée chez aucun autre Crustacés, et cela se com- prend facilement , car elle tient essentiellement à la structure particulière de l'appareil respiratoire des 0 Crabes, des Ecrevisses, etc. Les pates-mâchoires de la première paire (6) sont également presque toujours lamelleuses; mais, au lieu d'avoir en dehors une grande valvule , elles portent un palpe et souvent un appen- dice flabelliforme , ou vésiculeux. Les pates-mâchoires (1) PI. 3, fig. s*, j; PI. a3, fig. 1, 2, etc. (2) PI. 3, %. i3. (3) Je me suis assuré que , chez les Crangons , les mandibules ne portent point de tigepalpiforme. Voyez PI. 25, fig. i5. t'4) PI. 3, %. 12. (5) PI. 3, fig. 11; et PI. 10, fig. 1. (0) PI. 3, fi-, to. DES CRUSTACÉS, ift de la seconde paire ( i ) ne sont , au contraire , presque ja- mais lamelleuses, et se composent ordinairement d'une tige formée de plusieurs articles, d'un palpe et d'un fouet. Enfin, les pates-màcboires de la troisième et dernière paire recouvrent toute la boucîie (a) ; leur por- tion interne, ou tige, présente une série d'articles dont le nombre est ordinairement de six , et dont le second et le troisième sont souvent très - élargis ; le palpe est presque toujours assez développé -, enfin, il existe en général un fouet fixé à la base de ces membres, qui, dans un très-petit nombre de cas, n'appartiennent plus à l'appareil buccal, mais ont la forme des pâtes ambulatoires (3). Les cinq paires de membres qui font suite aux organes masticateurs sont beaucoup plus développés que ceux-ci , et constituent les pâtes pro- prement dites , qu'on désigne aussi sous le nom de pâ- tes tboraciques ou ambulatoires. Dans unpetit nombre de ces Décapodes , ces membres présentent un palpe très-développé , et paraissent par conséquent bira- més ; mais dans l'immense majorité de ces animaux , les pâtes sont complètement dépourvues de cet appen- dice , et ne se composent que dune tige plus ou moins cylindrique formée ordinairement de six articles, que Ton désigne souvent par les noms : i°. de hanche, 2°. de trochanter, 3°. de cuisse ou de bras , 4°« de jambe ou de carpe, 5°. de métatarse et 6°. de tarse ou de doigts (4). En général , les pâtes de la première paire sont terminées par une main composée des deux (i) PI. 3, fig. 9. (2) PI. 3 , fig. 2, A et 8 ; PI. ai, fig. 2 ; PI. 23, fig. 2 et 4, etc. (3) Dans les genres Serçeste et Arête, par exemple. (4; w. 3, fig. i. 16, 2Z|4 HISTOIRE NATURELLE derniers articles disposés en manière de pince; il en est quelquefois de même pour une ou deux des pâtes suivantes ; mais en général les membres thoraciques des quatre dernières paires ne servent qu'à la locomo- tion et se terminent par une espèce d'ongle pointu. La disposition et la forme des membres abdominaux va- rient trop pour que nous en parlions ici , mais nous rappellerons que chez les femelles ces organes servent ordinairement à retenir les œufs. L'organisation intérieure des Décapodes est aussi caractéristique que la structure de leurs parties exté- rieures. Le tube digestif présente toujours à sa partie antérieure un estomac très-déveîoppé* dont les parois sont soutenues par une sorte de charpente cartila- gineuse ou osseuse, et armées de dents (i). Les orga- nes hépatiques forment, de chaque côté de l'in- testin , une masse volumineuse composée d'une infi- nité de petits cœcums qui s'insèrent sur les rameaux du conduit biliaire (2). Le cœur, presque quadrilatère, occupe la partie moyenne du thorax , et donne nais- sance à six artères principales d'où sortent tous les vaisseaux qui portent le sangdans les diverses parties du corps (3). La respiration s'effectue au moyen d'un cer- tain nombre de branchies, dont les lamelles ou les fila- mens sont toujours simples, et ces organes s'insèrent à la paroi interne d'une cavité spéciale située de chaque côté du thorax, et formée parle prolongement de la carapace au-dessus des flancs (4). Les organes de la génération (1) PI. 4, fig. 1,6, etc. (2) PI. 4, fig. 2 et 5. (3) PI. 5, fig. 1, et PI. 7, fig. 1. (4) PI. 10, , fig. 1,2 et 8. DES CRUSTACÉS. "2^5 communiquent toujours au dehors par deux ouver- tures ; chez la femelle, les vulves occupent toujours l'antépénultième anneau thoracique et sont situées tan- tôt sur le sternum , tantôt sur le premier article des pâtes correspondantes (i) , tandis que, chez le mâle, les organes externes delà génération sont situés de la même manière sur le dernier anneau du thorax (2). En- fin , nous ajouterons encore que , chez presque tous les Décapodes , il existe dans l'extérieur du thorax un nombre considérable de lames apodémiennes qui forment de chaque côté une double rangée de cellules, disposition qui est particulière à ces Crustacés (3). Voici, du reste, le résumé des caractères les plus saillans qui distinguent les Décapodes non-seulement des Stomapodes, mais aussi de tous les autres Crus- tacés. C. Ayant des branchies proprement dites , et non ra- r.\iuses, fixées sur les côtés du thorax et renfermées dans une cavité ; La tête soudée au thorax et re- couverte par une carap ace qui s'étend jusqu'à l'ab- domen ; les yeux pédoncules et mobiles ; les pâtes ambulatoires ou préhensiles et presque toujours au nombre de cinq paires. La plupart des classificateurs divisent les Crustacés Décapodes en deux sections, suivant que l'abdomen, qu'ils nomment communément la queue , est grand ou petit. En effet, il existe parmi ces animaux deux (1) PI. 3, fig. 4, 1, et PI. 21, %. 8 et 18. (3) PI. 18, fig. 6, a, et PI. 23, fig. 2 , c. (3) PI, 1, %. 9, io, u ; PI. 3, fig. 3, et PI. 23, fig. 3. 2^6 HISTOIRE NATURELLE groupes parfaitement naturels qui ont les Crabes et les Écrevisses pour types ; mais il est d'autres Déca- podes qui ne paraissent appartenir ni à l'une, ni à l'autre de ces sections ; ils établissent le passage entre les Brachyures et les Macroures , et ne peuvent être rangés parmi eux sans violer l'esprit de toute mé- thode naturelle ; aussi avons-nous cru nécessaire d'en former un groupe distinct (i), pour lequel nous avons proposé le nom d'Anomoure. Cette innovation ne nous paraît offrir aucun inconvénient, et nous per- met de rendre les deux autres groupes du même ordre parfaitement homogènes. L'organisation inté- rieure des Décapodes fournit les principales bases de ces divisions ; mais les caractères suivans suffiront pour faire reconnaître les espèces qui se rapportent à chacune d'elles. (l) Voyez Considérations sur l'organisation et la classification des Crustacés Décapodes. ( Ann. des se nat. , t. XXV, p. 298. ) u î; S GKUSTAGES. 8 i 7 oi;dre DES B. Abdomen leployél sous le corps et n'ayant jamais de traces d appen- dices à l'avant-dernier segment; plastron sternal assez large entre toutes les pâtes , et jamais li- néaire ; vulves situées / [toujours sur le plastron I sternal. Une selle turci-\ \que postérieure soutenue Ipar un apodème médian qui correspond a une suture longitudinale du (sternum. B. Abdomen tantôt re-^ ployé sous le corps, tan- tôt étendu, et portant presque toujours sur la- vant-dernier segment des appendices assez dé- veloppés ou à l'état de vestiges ; plastron sternal ) en gênerai linéaire entre les trois dernières pâtes, et élargi en avant; vulves occupant ordinairement la base des pâtes ; en gé- néral point de selle tur- cique postérieure , ni d'a- podème médian. / A. Abdomen très-développé', en géné- ral plus long que la portion céphalo tho- racique du corps , étendu en arrière , ser-l vaut à la natation , portant toujours en dessous des fausses pâtes lamelleuses , et à son extrémité une nageoire en forme d'éventail. Abdomen très- peu développé , neservantpres que jamais à la natation , ne portant jamais de fausses pâtes ■ natatoires , et / ne se terminant / presque jamais \ par unenageoi- DECAPODES. \ re en forme d'é- Iventail. MACROURES. SECTION DES DÉCAPODES BRACHYURIS. Les Crabes et tous les autres Décapodes qui rentrent dans la section des Brachyures présentent dans leur organisation extérieure des particularités très-remar- quables. La Carapace qui recouvre la portion ccpLalo- 24^ HISTOIRE tVATUllELLt thoracique de leur corps cache aussi la majeure partie de leur abdomen , et présente en général une forme carrée, ovalaire ou circulaire ; le diamètre transversal de ce bouclier dorsal est presque toujours égal ou su- périeur à son diamètre antéro-postérieur, et il s'étend plus ou moins de chaque côté au-dessus des [pâtes. On y distingue une face supérieure dont les contours sont ordinairement bien marqués et une portion infé- rieure. La partie antérieure du bord de la face supé- rieure de la carapace comprise entre les deux yeux , porte le nom de front ou de rostre, suivant qu'elle est tronquée ouprolongéeen forme de bec (i); le bord pos- térieur est celui qui correspond à l'origine de l'abdo- men et se trouve placé entre les pâtes postérieures; enfin les bords latéraux s'étendent de ce dernier à l'an- gle externe des orbites , et se composent souvent de deux portions qui ont des directions différentes et que nous désignerons sous les noms de bord latéro-anté- rieur, et de bord latéro-postérieur(2). La face supérieure de la carapace est ordinairement divisée par des sil- lons qui correspondent pour la plupart à des insertions musculaires, et qui circonscrivent des régions sur les- quelles M. Desmarest aie premier fixé l'attention des zoologistes (3) , et dont la considération ne peut être négligé sans inconvénient. Quatre de ces régions occu- pent la ligne médiane de la carapace (4) ; la plus anté- (i) PI. i^bis, fig. i, 2, 3, etc. — r, rostre; — /, front. (•2) PI. i4 bis , fig. i, 2, etc. : — a, bord antérieur de la carapace ; — l.a, bord latéro-antérieur ; — / , bord latéral ; — l.p , bord latéro-postéiùeur ; — q , bord postérieur. (3) Voyez Hist. tint, des Crustacés fossiles, p. ^3. (^) PI. i.\ bis, fis;, j, 2, 3, etc : — s, région stomacale ; — g, DES CRUSTACÉS. »4 une grande lame valvulaire , qui est l'analogue du fouet , et qui sert au mécanisme de la respiration ; cette lame est irrégulièrement ovalaire et toujours tronquée à sa partie postérieure. La portion de ces organes , que représente la tige , est réduite à deux ou trois petites lames qui recouvrent une portion de la bouche; et, entre elle et le fouet, on distingue un petit appendice qui peut être considéré comme le re présentant du palpe. Les pâtes -macho ires antérieures , ou de la première paire (2), sont très-petites et en majeure partie cachées parles externes; comme elles, ces organes sontlamel- leux et appliqués sur les mandibules , mais on ne leur voit pas d'appendice valvulaire. Leur bord interne est garni de poils et d'épines, et ils paraissent devoir ser- vir principalement a retenir lesalimens pendant qu'ils sont broyés par les mandibules. L'ouverture buccale elle-même occupe en général le milieu de l'espace entouré par le cadre buccal ; à son bord antérieur on aperçoit le labre, qui a la forme d'un tubercule semi-membraneux; son bord postérieur est garni d'un repli lamelleux et bilobé que Ton ap- pelle languette , et sur ses côtés sont placés les man^ dïbules. (i)Pl. 3, fig. 11. (2) H 3, fig. là. 256 HISTOIRE NATURELLE Ces derniers organes se composent de deux parties distinctes, un corps et une tige pal pi forme (t). Le corps de la mandibule paraît formé par l'union intime des trois premiers articles du membre, et présente des traces a»s- sez visibles de ces soudures transversales; il s'articule avec le tronc par sa face supérieure, et ressemble un peu par sa forme à une pyramide à trois faces, très-irrégu- lière, qui serait placée transversalement avec sons om- met en debors et sa base en dedans ; cette dernière partie de la mandibule est très-grosse et d'une tex- ture extrêmement compacte; elle s'applique contre la mandibule du côté opposé, et sert à la mastication; aussi son bord intérieur est-il en général tranchant. L'appendice palpiforme des mandibules s'insère à la partie antérieure et interne de leur corps ; il a la forme d'une petite tige composée de trois articles mobiles, dont le premier est extrêmement petit ; il se dirige en dedans, puis en arrière, en suivant le contour du corps de la mandibule. En arrière de l'appareil buccal on aperçoit à la face inférieure du corps des Brachyures un grand plastron sternal{2) qui est formé parla soudure de l'arceau in- férieur des divers anneaux thoraciques du tronc. Ce plastron , sur les côtés duquel s'insèrent les pâtes , s'étend jusqu'à l'origine de l'abdomen , et présente en général la forme d'un ovale tronqué et même échancré postérieurement. Sa largeur est toujours assez consi- dérable, et il ne devient nulle part linéaire. On y dis- tingue toujours quatre sutures transversales qui indi- quent le point d'union des cinq derniers anneaux du (i) PI. 3. fig. i3. (2) PI. 3,% a, y, et %. 4. DES CRUSTACÉS. ^5^ thorax , et sur la ligne médiane il règne presque tou- jours aussi une soudure longitudinale qui occupe les deux ou trois derniers anneaux , et correspond à l'origine de l'apodème médian du sternum dont il sera question plus tard. La partie médiane du plastron sternal est plus ou moins concave, et forme souvent une espèce de gouttière longitudinale très-large qui loge l'abdo- men. Entre les pâtes de la troisième paire , on y dis- tingue toujours , chez la femelle , deux petits trous qui sont situés à quelque distance de la ligne médiane et qui sont les ouvertures de l'appareil de la généra- tion. Enfin, chez quelques Brachyures, les ouver- tures qui donnent passage aux organes mâles sont également creusées sur le plastron lui-même , près de la base des pâtes de la cinquième paire, et chez quelques autres où les verges sortent comme d'ordi- naire à travers l'article basilaire de ces pâtes , il existe de chaque côté du plastron un petit canal transversal destiné à losrer ces organes. Les membres qui font suite à l'appareil buccal , et qui constituent les pâtes proprement dites, sont toujours au nombre de cinq paires , et ne présentent jamais ni palpe ni fouet. Ils sont dirigés transversale- ment en dehors ; ceux de la première paire sont tou- jours préhensiles et terminés par une main didactyle bien formée ; en général les pâtes des quatre paires suivantes sont toutes simplement ambulatoires ou na- tatoires ; elles ne sont jamais didactyles ; celles de la dernière paire sont toujours assez développées. L'abdomen est très - peu développé ; sa largeur est tout au plus égale à environ les trois quarts de celle de la carapace (le rostre excepté ) ; son épaisseur n'est égale qu'au cinquième ou même au dixième de CRUSTACÉS, TOME I. 17 258 HISTOIRE NATURELLE celle du thorax, aussi est-il presque lamelleux , et est- il toujours reployé sous le plastron sternal (i). Il se compose essentiellement de sept anneaux , mais sou- vent un certain nombre d'entre eux s'unissent plus ou moins intimement , et alors cette partie du corps ne présente plus que cinq , quatre ou même trois pièces Lien distinctes ; ce nombre varie suivant les sexes et les genres, et, dans plusieurs cas, on voit qu'il diffère, même dans les espèces les plus voisines (2). En géné- ral , l'abdomen est beaucoup plus large chez les femelles que chez les mâles ; chez les premières il est ordinairement de forme ovalaire et chez les der- niers plus ou moins triangulaire. Les membres qui s'y insèrent sont également peu développés; lavant- dernier anneau n'en porte jamais, même à l'état de vestiges, et chez le mâle on n'en voit que sur les deux premiers segmens (3). Ces organes ont toujours la forme de stylets simples et plus ou moins aigus (4) ; ceux de la première paire sont plus grands que ceux de la se- conde , et présentent en général une gouttière desti- née à recevoir ces derniers ; enfin , leur base est en rap- port avec les verges , et ils paraissent servir unique- ment à la copulation. Chez les femelles il existe , au contraire, toujours quatre paires de membres abdo- minaux insérés aux quatre segmens qui suivent le pre- mier anneau (5) ; ces organes se composent chacun d'une tige longue, grêle et articulée, et d'un appendice flabelli- forme à peu près de même longueur qui naît du côté ex- (1) PL 3,%. 2, 5 et 6. (2) Dans le genre Doclée, par exemple. (3) PI. 3, %. f>. (4) PI. 3, 6%. i5 et 16. (5) PL 3, %. 5 et 14. DES CRUSTACÉS. ?.5o, terne de l'article basilaire de la tige ; l'une et l'autre de ces espèces de branches sont garnies de poils, et leur usage est de maintenir les œufs sous l'abdomen ; jamais ces membres n'ont la forme de fausses pâtes natatoires. A l'intérieur, le système tégumentaire des Bra- cli jures présente aussi plusieurs particularités qu'il est essentiel de noter. La voûte des flancs est toujours dirigée très-obliquement en haut et en dedans , de manière à former avec le plastron sternal un angle qui n'excède guères 45 degrés (i). Les cellules situées au- dessous sont dirigées transversalement, les deux ran- gées qu'elles forment sont superposées , et leur ouver- ture, qui donne insertion à la pâte correspondante, est dirigée en dehors. La cavité viscérale, que les flancs et leurs cellules laissent entre eux, est toujours bornée en arrière par une selle turcique sur laquelle s'insère l'abdomen , et cette espèce de voûte est soutenue par un apodème médian. Enfin, il n'existe jamais de canal sternal proprement dit. La centralisation du système nerveux ganglionnaire des Brachyures est porté très-loin ; ce système consiste toujours en deux masses médullaires seulement, l'une céphalique, et l'autre thoracique (2). Ce dernier, qui se compose de tous les ganglions thoraciques , présente tantôt la forme d'un anneau , tantôt celui d'un disque solide , et tient au premier par le collier œsophagien ; enfin, la portion abdominale de cet appa- reil n'est représentée que par un nerf impair qui nait, comme tous ceux du thorax , du centre médullaire (1) PI. 2, fi°\ 9, 10, et PI. 3, %. 3. (2) PI. n, fig 5. 26o HISTOIRE NATURELLE dont nous venons de parler, et qui n'offre aucune trace de renflemens ganglionnaires. L'appareil digestif de ces Décapodes ne présente aucune particularité très-remarquable: nous rappelle- rons seulement que les appendices cœcales qui nais- sent derrière le pylore sont longs et filiformes, que l'appendice situé entre l'intestin grêle et le gros in- testin naît à peu de distance de l'estomac (i), et que les deux foies sont souvent réunis par un lobe médian (2). Le cœur est presque quadrilatère ; et l'artère ab- dominale , qui naît à l'origine de la sternale , est ex- trêmement grêle (3). Le système des sinus veineux , si- tués près de la base des pâtes ; est très-développé ; et, sur la ligne médiane du corps , il n'existe pas de réser- voirs semblables (4). Les branchies ont toujours la forme des pyramides fixées par leur base , et composées d'une double série de lamelles empiléesles unes sur les autres (5). On n'en compte jamais plus de neuf de chaque côté du corps, et quelquefois il n'en existe que sept ; une ou deux des premières , fixées aux pates-mâchoires externes , sont touj ours rudimentaires et cachées sous les autres(6); mais les cinq ou sept dernières sont très-déveioppées, couchées sur la voûte des flancs , et constamment in- sérées sur une même ligne ; les trois, quatre ou cinq premiers naissent de l'articulation des membres cor- (1) PL 4, fig. 1. (2) PI. 4, fig. 5. (3) PL 5, fig. 1. (4) PL 6, fig. a et 4. (5) PL 10, fig. 2 et 8. (6) PL 3, fig. 8 et 9, k. DES CRUSTACÉS. 2Ôl respondans ; savoir : un au-dessus de la pate-mâchoire de la seconde paire, deux au-dessus de la pate-mâ- choire externe , et deux au-dessus de la pâte thoraci- que de la première paire. Les deux dernières branchies naissent au contraire d'une ouverture pratiquée dans la voûte des flancs (i) et correspondent ordinairement aux pâtes de la seconde et de la troisième paire ; quelquefois il n'existe pas de branchie au-dessus de la troisième paire de pâtes ; enfin les deux derniers anneaux du thorax n'en portent jamais. Le fouet, qui naît de la pate-mâchoire externe, et celui de la seconde pate-mâchoire passent entre ces organes et la voîile des flancs, et l'appendice analogue, appartenant à la pate-mâchoire de la première paire, se recourbe sur la face supérieure et externe des branchies ; mais jamais ces derniers organes ne sont séparés entre eux par des fouets. Enfin, la cavité respira- toire n'est ouverte qu'à sa partie antérieure ; et la partie latérale de la carapace vient s'appliquer exac- tement contre le bord inférieur de la voûte des flancs ; aussi l'eau ne parvient-elle aux branchies que par une ouverture spéciale qui se voit en général au devant de la base des pâtes de la première paire , mais qui est quelquefois remplacé par un canal qui s'ouvre dans le cadre buccal à côté du conduit efFérent du même appareil. L'appareil de la génération présente , chez les fe- melles , une disposition particulière qui est très-re- marquable,et qui consiste dans l'existence d'une grande poche copulatrice placée près de l'ouverture de chacun des oviductes. Ces poches reçoivent les verges du mâle (i) PI. 3, %. 3. 26'2 HISTOIRE NATURELLE pendant la copulation, et servent évidemment comme des réservoirs pour la liqueur destinée à féconder les œufs à fur et à mesure de leur passage vers le dehors. Les vulves, comme nous l'avons déjà dit, occupent toujours le plastron sternal ; elles sont situées sur l'anneau qui porte les pâtes de la troisième paire , et sont cachées par l'abdomen. Les organes de la cène- ration du mâle viennent en général aboutir à une ou- verture creusée dans l'article basilaire des pâtes de la cinquième paire; mais dans la famille des Catomètopes, les verges sortent presque toujours par des trous pra- tiqués sur le plastron sternal lui-même. La section des Brachyures comprend un très-grand nombre de Crustacés sur la classification desquels les auteurs ne sont pas d'accord. MM. Leach et Desma- rest les ont rangé d'après le nombre des pièces dis- tinctes dont l'abdomen se compose , soit chez le mâle, soit chez la femelle. Cette méthode est très-simple et d'une application extrêmement facile ; mais elle a le srrand inconvénient d'être tout-à-fait artificielle et d'é- loitjner souvent les Brachyures qui ont entre eux le plus d'analogie ; il est des cas où, d'après ce système, des espèces appartenant à un même genre naturel se- raient dispersées dans des familles différentes; nous ne pouvons par conséquent l'adopter. M. La treille a eu recours à deux méthodes principa- les pour la distribution des Brachyures ; l'une fondée sur la forme générale du corps et la disposition des pâtes, l'autre basée sur ces mêmes considérations, ainsi que sur la forme de la bouche et quelques autres caractères. Dans la première de ces classifications , ce célèbre entomologiste divise les Brachyures en sept familles ; savoir : les Nageurs , les Arqués , les Quaciri- DES CRUSTACÉS. l6S latères, les Orblculaires, les JYiangu /aires, les Crypto- podes et les Natopodes ; et, dans la seconde , il réunit les Nageurs aux Arqués, et modifie un peu la compo- sition de ces groupes , ainsi que de celui des Orbicu laires. Cette dernière classification m'a paru Lien plus naturelle que toutes celles qu'on avait proposées jus- qu'alors ; mais une étude approfondie de la structure des divers Brachy Lires et de la valeur des caractères employés pour leur distribution méthodique , m'a con- duit à en modifier quelques points, et à diviser la sec- tion des Bracbyures seulement en quatre grandes fa- milles qu'on peut distinguer à l'aide des caractères suivans : FAMILLE DES OXYRHINQUES. Orifices génitaux du mâle creusés dans l'article ba- silaire des pâtes postérieures et ne se continuant pas avec un canal transversal du sternum. — Canal affé- rent de la cavité branchiale s'ouvrant en arrière des régions ptérygostomiennes. — Branchies au nom- bre de neuf et remplissant presque entièrement la cavité respiratoire. — Cadre buccal à peu près qua- drilatère , très-large en avant et très- éloigné du front. — Région antennaire occupant un espace pres- que aussi long que le cadre buccal. — Epistome très- grand , presque carré. — Carapace rétrécie anté- rieurement ; régions branchiales très -développées et occupant presque toute la partie latérale du thorax ; régions hépathiques rudimentaires ; front avancé et formant en général un rostre très-saillant ; orbites di- rigées au dehors. — Abdomen du mâle occupant tout 1*64 HISTOIRE NATURELLE l'espace compris entre la base clés pâtes postérieures. — Quatrième article des pâtes - mâchoires externes s'insérant le plus ordinairement à l'angle interne de l'article précédent. FAMILLE DES CYCLOMÈTOPES. Orifices génitaux du mâle, canaux affêrens des cavités respiratoires , et branchies disposées de même que dans ]a famille précédente. — Cadre buccal très- large en avant et fort éloigné du front. — Région antennaire n'occupant pas un espace moitié aussi long que le cadre buccal. — Épistome très-court, beau- coup plus large que long, et n'atteignant pas à beau- coup près le niveau du bord inférieur des orbites. — Carapace très-large et régulièrement arquée anté- rieurement, rétrécie postérieurement ; régions hépa- tiques très-développées et occupant presque toujours au moins la moitié de la portion latérale du test ; front transversal en général peu ou point rabattu ; orbites dirigées obliquement en haut et en avant. — Abdomen. du mâle occupant tout l'espace compris entre la base des pâtes postérieures. — Quatrième article des pâtes- mâchoires externes s'insérant toujours à l'angle interne de l'article précédent. FAMILLE DES CATOMÈTOPES. Orifices génitaux du mâle placés presque toujours sur le plastron sternal lui-même, ou se continuant avec une gouttière transversale creusée dans le plastron et renfermant les verges. — Canaux afférens des cavi- tés branchiales et cadre buccal disposés comme dans la DES CRUSTACÉS. Si65 famille précédente. — Branchies souvent moins nom- breuses que dans les familles précédentes, et n'occupant en général qu'une petite portion de la cavité respira- toire. — Bégion antennaire n'ayant en général guères plus du tiers ou du quart de la longueur du cadre buccal. — Epistome très-court, presque linéaire et at- teignant presque toujours le niveau du bord orbi taire inférieur, avec lequel il semble se continuer. — Cara- pace en général quadrilatère ou ovoïde ; régions hépa- tiques rudimentaires ; régions branchiales très-déve- loppées ; front transversal et ordinairement rabattu ; orbites dirigés en avant ou obliquement en bas. — Ab- domen du mâle souvent beaucoup moins large que l'epace compris entre la base des pâtes postérieures. — Quatrième article des pâtes - mâchoires externes s'insérant presque toujours au milieu ou vers l'angle externe du précédent. FAMILLE DES OXY6TOMES. Orifices génitaux du mâle occupant l'article basi- laire des pâtes postérieures et ne se continuant pas avec une gouttière sternale. — Cadre buccal triangulaire très -étroit en avant et arrivant en général jusqu'au- près du front. — Canaux affcrens de la respira- tion s'ouvrant ordinairement au devant de la bouche à côté des canaux efférens. — Branchies souvent moins nombreuses que dans les deux premières fa- milles , mais disposées de même. — Région anten- naire d'une petitesse extrême. — Epistome pres- que toujours rudimentaire. — Carapace en général orbiculaive ou arquée en avant; front peu ou point saillant. 266 HISTOIRE NATURELLE CHAPITRE III. FAMH.LE DES OXYRHINQUSS. Le nomd'Oxyrhinque a été donné par M. Latreille à une grande division de Brachyures renfermant les Maïa , nos Oxystomes et plusieurs de nos Anomou- res (i); mais comme la classification dans laquelle on l'employait a été abandonnée depuis long-temps, même par son auteur, nous avons pensé qu'il n'y aurait au- cun inconvénient à l'appliquer à la famille dont nous faisons ici l'histoire, et en agissant de la sorte nous avons été dispensés de charger d'un nom nouveau la nomenclature zoologique qui déjà est si vaste. C'est dans ce groupe naturel que le système nerveux présente le degré de centralisation le plus grand que nous ayons rencontré parmi les Crustacés, et c'est principalement pour cette raison que nous le plaçons à la tête de la série formée par ces animaux. En effet, les divers sanglions médullaires du thorax ne constituent plus ici qu'une seule masse solide en forme de disque (2), tandis que chez les autres Décapodes, dont on connaît l'anatomie inférieure, ces mêmes ganglions restent toujours plus ou moins distincts et ne se réunissent que de manière à former un anneau circulaire. Chez plusieurs Oxyrhinques nous avons aussi remarqué que les deux moitiés du/bze, au lieu d'être complètement (1) Hist. nat. des Crustacés et des Insectes , faisant suite à l'édition du Bufï'on de Sonnini. Paris , an IX. (2) PL 9, fig. 5. DES CRUSTACÉS. 267 séparées comme chez les autres Décapodes, sont réu- nies sur la ligne médiane par un lobe impair (i) ; ce viscère est assez développé et s'étend sur une grande partie delà voûte de la cavité branchiale. Lenombre des branchies est toujours de neuf de chaque côté du tho- rax ; sept de ces organes , dont le dernier est inséré au-dessus de la troisième pâte, sont très-développés et couchés sur la voûte des flancs , tandis que les deux autres se trouvent réduits à l'état rudimcntaire et sont cachés à la base des premiers. Enfin , la voûte de la cavité respiratoire est peu élevée, et, dans toute son étendue, presqu'en contact avec la face supérieure des branchies. Du reste, l'organisation intérieure des Oxy- rinques ne nous a offert rien de particulier. Il n'en est pas de même de l'organisation extérieure de ces animaux. La forme générale de leur corps se rapproche en général de celle d'un triangle dont la base serait arrondie et tournée en arrière. L&carapace est presque toujours très-inégale et hérissée d'épines ou de poils, et notablement plus long que large; les ré- gions (2), à l'exception des hépatiques, sont ordinaire- ment assez distinctes; la stomacale est presque tou- jours plus longue que large, bien qu'elle occupe toute la largeur de la partie post-orbitaire de la carapace, et elle n'est jamais divisée en deux , sur la ligne médiane , par un prolongement presque linéairede la région gé- nitale, comme cela se voit chez la plupart des Cyclo- métopes et des Catomètopes. Cette dernière région est en général peu développée, et confondue plus ou moins (1) Pi. 4,%. 5. (2) PI. 3, fig. 1, et PI. i^biSf fig. i et 2. 268 HISTOIRE NATURELLE complètement avec la stomacale, ou bien tronquée en avant. Les régions hépatiques , comme nous l'avons déjà dit, sont rudimentaires et peu distinctes; mais les branchiales sont très -développées et s'étendent au delà du niveau du bord antérieur du plastron sternal; elles sont bombées , et c'est toujours vers leur milieu que la caparace présente le plus de largeur. Quant aux régions cordiale et intestinale, elles n'oiïrent rien de particulier. Le front est toujours assez étroit, et en général il s'avance de façon à constituer un rostre très-saillant. Les orbites sont dirigées plus ou moins obliquement en dehors, et souvent elles sont si petites et si peu en rapport avec la longueur des tiges oculaires, que ces organes ne peuvent s'y replo}rer ; d'autres fois la portion post-foraminaire de ces cavités est assez pro- fonde et s'étend comme d'ordinaire assez loin en dehors pour que les yeux puissent s'y cacher en entier. Les antennes de la première paire n'offrent rien de particu- lier quant à leur forme ; mais leur tige mobile est assez développée ; elles se reploient presque toujourslongitu- dinalement , et sont logées dans des fossettes également longitudinales et complètement séparées des cavités orbitaires(i). Chez presque tous ces Brachyures le pre- mier article des antennes externes est extrêmement développé et complètement soudé au front et aux parties voisines des régions ptérygostomiennes ; il constitue une portion considérable de la paroi in- férieure de l'orbite (2), et présente àsabaseune ou- verture circulaire qui est remplie par un disque cal- caire appartenant à l'appareil auditif; les deux arti- (1) Pi. 3, fig. i, f. (a) PI. 3, fig. 2, d. DES CRUSTACÉS. tôq cl es suivons sont en général parfaitement libres, et supportent une tige terminale qui est assez longue. Uépistome est en général presque carré; la région an- tennaire , comme nous l'avons déjà dit, est très- développée, et le bord du cadre buccal qui la termine postérieurement est presque droit et très- saillant. Les régions ptèrygostomiennes sont au contraire peu étendues , et sont en général assez nettement divisées en deux portions ; l'une correspondante au canal efïe- rent de la cavité respiratoire , et l'autre située au devant et en dehors de la première (i) ; enfin la ligne courbe, qui indique le point de soudure de la pièce dorsale de la carapace avec les pinces latérales , se termine vers la base de la troisième pâte. Les pâtes -mâchoires ex- ternes ne dépassent jamais le bord antérieur du cadre buccal (2) ; leur premier article est grand et sert de val- vule pour clore l'ouverture qui se voit immédiatement au devant des pâtes antérieures et qui conduit dans la cavité branchiale (3) ; il supporte à son extrémité in- terne un palpe et une tige dont I es deux premi ers a rticies sont très-larges et recouvrent le reste de l'appareil buc- cal, et dont les trois dernières pinces le sont beaucoup moins (4) ; quant à la forme générale de ces espèces d'o- percules, elle varie, mais n'est jamais triangulaire. Les pates-mâchoires de la seconde paire ne présentent rien de remarquable ; le premier article du palpe de celles des troisièmes est toujours plus long que la lame cornée (1) PI. 3], fig. 2. (2) PI. i5, fig. 2, 10, 12, 14, 16. (3) PI. 3, fig. 2, 1, et fig. 8, a. (4) PI. 3, fig. 8 ; c, d, deuxième et troisième articles formant l'opercule buccal; — e,/, g\ trois derniers articles formant un appendice palpiforme. 2HQ HISTOIRE NATURELLE qui représente ]a portion externe de la tige (i). Les autres appendices de la bouche n'offrent rien de par- ticulier. En général le plastron sternal (a) est presque circulaire, et l'espace qui sépare les pâtes postérieures est peu considérable. L'apodème médian du thorax n'occupe ordinairement que le dernier anneau , la selle turcique postérieure (3) est peu élevée et les apo- dèmes sternaux , qui séparent les cellules correspon- dans aux pales-mâchoires externes et aux pâtes thora- ciques des trois premières paires, sont loin de s'étendre jusqu'auprès de la ligne médiane du corps. Les pâtes de la première paire sont en général à peu près de même grandeur des deux côtés du corps , mais offrent des dimensions très-différentes , suivant les espèces et les sexes. Les pâtes suivantes sont souvent dune lon- gueur démesurée, et sont presque toujours grêles et cylindriques ; cette disposition est même portée si loin chez quelques Oxyrhinques, qu'elle leur a fait donner le nom à' Araignées de mer. Les pâtes des deux ou trois dernières paires sont quelquefois pres- que subchéliformes ; jamais ces organes ne prennent la forme de rames natatoires, et en général ceux des trois dernières paires diminuent graduellement de longueur. Enfin, c'est toujours dans l'article basi- laire des pâtes postérieures que sont pratiqués les trous qui livrent passage aux verges, lesquelles se trouvent immédiatement en rapport avec les mem- bres abdominaux, et ne sont jamais logés dans un (i) PI. 3, fig. 10. (2) PI. 3, fig. 2 et 4 ;j, suture correspondante à l'apodème mé- dian du sternum. (3) PI. 3, Kg. 3, c. DES CRUSTACÉS. 'A^ t canal transversal du sternum. La dispositiontde Y ab- domen varie beaucoup ; tantôt on y voit , dans les deux sexes , sept pièces distinctes ; tantôt celui des femelles n'en présente que six, cinq ou même quatre, tandis que celui des mâles reste composé de sept anneaux séparés; enfin, d'autres fois encore on ne compte chez ces derniers que six segmens (i). Il est aussi à noter que chez les mâles l'espace compris entre les pâtes posté- rieures est entièrement recouvert par l'abdomen. Quant aux appendices de cette partie du corps, ils ne présentent rien de particulier chez les femelles, et chez le mâle , ceux de la première paire sont en géné- ral grêles, styliformes , tronqués au bout, presque droits et assez longs , tandis que ceux de la seconde paire sont rudimentaires (2). Les Oxyrhinques paraissent être tous des Crustacés essentiellement maritimes; on n'en connaît pas qui vivent dans l'eau douce , ou qui fréquentent les rivac.es de la mer; tous habitent à des profondeurs considé- rables, et on se les procure en général à l'aide des filets traînans , dont les pêcheurs se servent pour pren- dre diverses espèces de gros poissons. Malgré la lon- gueur souvent excessive de leurs pâtes , leurs mou- vemens sont en général lents, et lorsqu'on les retire de l'eau ils ne tardent pas à périr ; on n'en connaît aucun qui soit nageur. Jusqu'ici nous ne connaissons aucun Crustacé fos- sile que l'on puisse regarder , avec quelque certi- tude comme appartenant a la famille des Oxyrhinques. M. Desmarets rapporte, il est vrai , au genre Inachus, (1) PI. i5, fig. 3, 8 et i3. (a) PI. 3, fig. 6, i5 et 16. 2^2 HISTOIRE NATURELLE une espèce de Brachyure dont le gisement n'est pas connu; mais des raisons, que nous exposerons plus loin, nous portent à rejeter cette détermination. La famille des Oxyrhinques renferme un nombre très - considérable de genres , et on peut la diviser en trois tribus caractérisés de la manière suivante. I. TRIBU DES MACROPODIENS. Pâtes grêles et très -longues; celles de la seconde ou troisième paire toujours beaucoup plus longues que les pâtes antérieures , et plus de deux fois aussi longues que la por- tion post-frontale de la carapace. 2. TRIBU DES MAÏENS. Pâtes de grandeur médiocre ; celles de la seconde et de la troi- sième paire n'ayant jamais deux fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace ( ordinairement moins d'une fois et demie cette longueur) ; celles de la première paire souvent plus longues et plus grosses que les suivantes , mais n'ayant jamais plus de deux fois la longueur de la portion post-fron- tale de la carapace. Article basilaire des antennes externes très - développé , constituant la majeure partie de la paroi inférieure de l'orbite, et allant toujours se souder avec le front au devant du canthus interne des yeux. 3. TRIBU DES PARTHÉNOPIENS. Pâtes des quatre dernières paires beaucoup plus courtes que les pâtes antérieures ; celles de la deuxième paire ayant en général moins d'une fois et demie la longueur de la por- tion post-frontale de la carapace ; celles de la première paire au contraire très-grosses, et ayant chez le mâle, sinon dans les deux sexes, deux ou trois fois cette longueur. Article basi- laire des antennes externes presque toujours peu développé, DES CRUSTACÉS. 2^3 point soudé au front , et ne contribuant que peu ou point à constituer la paroi inférieure de l'orbite. PREMIÈRE TRIBU. MACROPODIENS. Les Crustacés de cette tribu (i) qui correspond à peu près au genre Macrope , tel que M. Latreille l'avait d'abord établi {Hist. nat. des Crustacés , etc., t. VI, p. 108), sont remarquables par la longueur démesu- rée de leurs pâtes ; aussi les désigne-t-on souvent par le nom vulgaire & Araignées de mer. La forme de leur carapace varie , mais en général elle est trian- gulaire, et en quelque sorte rejetée en avant; très- souvent elle ne s'étend pas sur le dernier anneau tlio- racique. Les pales antérieures sont courtes et presque toujours très -grêles ; celles des paires suivantes sont toujours plus ou moins filiformes ; la longueur de celles de la seconde paire égale quelquefois neuf ou dix fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace , et excède toujours de beaucoup le double de cette dernière mesure ; en général les pâtes suivantes sont également très-longues. Presque toujours l'article ba- silaire des antennes externes constitue la majeure par- tie de la paroi inférieure de l'orbite , et va se souder au front (2). Enfin, chez la plupart des Macropodiens, le troisième article des pat es-mâchoires externes (3) est ovalaire ou triangulaire , plus long que large, et ne (1) Exemple PL i5, fig- x5, et PI. 14 &*» fig« 3. (2) PI. i5, %. 14 et 16. (3) PI. i5, fig. 14 et 16. CRUSTACÉS, TOME I. l8 2^4 HISTOIRE NATURELLE porte pas l'article suivant à son angle antérieur et in- terne , comme chez les autres Oxyrhinques. Ces Crustacés vivent ordinairement à d'assez gran- des profondeurs dans la mer, et s'y cachent parmi les alcues: on en trouve souvent sur les bancs d'huîtres. Leur démarche et lente est paraît mal assurée. La fai- blesse de leurs pinces doit les rendre peu redoutables aux autres animaux marins, et il nous paraît probable qu'ils vivent principalement d'Annelides, de Planaires et de petits Mollusques. A l'aide des caractères comparatifs présentés dans le tableau suivant , on pourra facilement distinguer entre eux les divers genres qui , dans l'état actuel de la science, composent la tribu des Macropodiens. ÏAPLEAU p. 274. TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES MACROPODIENS. TRIBU des Yeux non rétrac Troisième article Itiles, et ne pouvant des pates-màchoires Jpas, en général, se externes ovalaire ou / reployer en arriére. triangulaire , et por-( tant l'articlçsuivant son sommet ou à son angle externe Pâtes de la se Troisième article l conde paire nota I des pâtes mâchoires Iblement plus lon- I externes à peu prés I gués que toutes les [ovalaire , et plus\autres. (d'une fois et demie laussi longue que llarge. I Tige mobile des antennes externes ] insérée au devant du niveau des yeux , dont le pédoncule est très-court. Tige mobile des antennes externes ] insérée en arrière du niveau des yeux , | qui sont portés sur des pédoncules grêles I et extrêmement longs. ] Genres . STértonnvHQtie. Latreili.ii; 2. / Pâtes de la seconde paire notablement plus courtes que les 1 çAMp0SCIB suivantes. I Rostre extrêmement long , et recou viant l'insertion de la tige mobile des antennes externes , qui a lieu assez loin \ Lettopodie. Troisième article des pates-màchoires lau devant des yeux ; pédoncules oculaires |externes presque triangulaire, forte- | courts. / [ment tronqué en avant, guères plus{ long que large , et portant 1 article sui- vant à son angle externe* Rostre médiocrement long, et laissant] à découvert, de chaque coté, le point I d insertion de la tige mobile des antennes , externes. Tarse des pâtes des deux der- nières paires presque falciforme. ACHÉE 2 '* 1 MXCROPODIKIVS. Yeux parfaitement rétractiles , pouvant se reployer en arrière , et se loger complètement dans leurs 1 cavités orbitaires. Tarses des quatre dernières paires de pieds styliformes et semblables entre eux; avant- | jNACHDS dernier article cylindrique ; pâtes de la seconde paire trois fois aussi longues que la partie post-frontale [ (.de la carapace. ) Troisième article des pates-màchoires externes presque carré , à peu près aussi large que Ion et donnant inser- tion à l'article sui vant par son angle interne. Yeux non rétractiles et peu saillans ; carapace triangulaire. H Yeux parfaitement rétractiles ; carapace presque circulaire. Pâtes des quatre dernières paires cylindriques , nullement subchéliformes et point élargies au-dessous. Pâtes des quatre dernières paires fili-^ formes, cylindriques, et sans élargisse- > Amathie |ment vers le bout. ' Pâtes des quatre dernières paires com- 1 primées, ayant leur dernier article élargi J EoaYPon en dessous, et presque subchéliforme. J Pâtes de la seconde paire ayant plus de | six fois la longueur de la portion post- VEgerie. j frontale de la carapace. J seconde paire, ayant envi-\ la longueur de la portion j De Pâtes de 1 ron trois fois \ post-frontale de la carapace. 2?o '27t f.«usTAcÉs , tome î «ES CRUSTACIIS. oy§ I. genre LEPTOPODIE.— Lepiopodia (i). Ce genre, établi par M. Leach aux dépens des Inachus de Fabricus et des Macropes de M. LatreilJe, est très-remar- quable par la forme générale du corps et par la longueur excessive des pâtes ; il présente d'une manière exagérée tous les caractères distinctifs de la famille et de la tribu aux- quelles il appartient. La carapace est à peu près triangu- laire, et ne recouvre pas le dernier anneau du thorax ; le rostre est styliforme et d'une longueur démesurée (PI. i5, fig. 14, g) ; les yeux sont gros et non rétractiles; les an- tennes internes , en se reployant , suivent exactement la direction longitudinale du corps. Le premier article des antennes externes est très- long, et complètement con- fondu avec les parties voisines du test ; le second s'in- sère assez loin au devant des orbites et au-dessous du rostre. L'èpistome (c) est beaucoup plus long que large. Le troisième article des pates-mâchoires (b) est presque triangulaire, et porte à son angle externe l'article suivant, qui est assez développé. Le plastron s tentai est aussi long que large, mais très -rétréci entre les premières pâtes ; ces organes sont très-grêles et extrêmement longs , mais cepen- dant moins que toutes les pâtes suivantes; la longueur de celles de la seconde paire égale neuf ou dix fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Enfin , V abdo- men se compose dans les deux sexes de six articles , dont le premier , très-développé et aussi long que large , occupe la face dorsale du corps , et dont la dernière est formée par la (I) Inachus. Fabr. Supp. Eut. Syst. , p. 35r>. Cancer. Herbst, t. 3, 3 entier, styliforme et armé de chaque côté d'une série de pointes ; une épine à la face inférieure de l'article basilaire des antennes ex- ternes, près de l'insertion des yeux, et une de chaque côté de la carapace à quelque distance en arrière des orbites ; pâtes armées d'épines , surtout sur le troisième article ; mains finement gra- nulées. Longueur totale du corps (y compris le rostre) deux à trois pouces. Habite le golfe du Mexique et la mer des Antilles. ( Col. du Muséum. ) 1. Leptopodie a éperons. — Leptopodia calcarata (2). Troisième article des huit dernières pâtes armé à so?i extrémité de trois épines, dont la médiane, grosse et obtuse, est moitié aussi longue que V article suivant; pé- doncules oculaires présentant au devant de la cornée une légère éminence spiniforme. Habite la baie de Charlestown. (1) Inachus sagittarius. Fabr. Supp. ent. syst. , p. 35g. Cancer seticomis. H«rb. 3, PI. 55 , fig. 2; Leptopodia sagittaria. Leach. Zool. mis. t. 2, PI. 67; — Latr. Encyc. , PI. 299, fig. 1. ( d'après Leach.). — Desm. , PI. 16, fig. 2. — Guérin. Iconog. Ci\, pi. 11, fig. 4. (2) Say. Journ. de Philad, , t. 1, p. 455. DES CRUSTACÉS, 277 II. genre LATREILLIE.— Latreillia (i). M. Roux , de Marseille , a fait connaître , sous le nom de Latreillie, un Crustacé très-remarquable qui se trouve dans la Méditerranée, et qui ressemble assez, par la forme générale du corps, à une Leptopodie qui serait privée de son rostre, et qui serait munie de pédoncules oculaires d'une longueur extrême. La carapace est triangulaire , tronquée en avant , et ne recouvre pas le dernier anneau du thorax ; Yépistome est beaucoup plus long que large ; le second et le troisième articles des pâtes -mâchoires externes sont très - étroits ; les pâtes sont filiformes et extrêmement longues ; enfin , X abdomen de la femelle ne se compose que de cinq arti- cles, mais on y distingue les sutures des deux autres ; quant à l'abdomen du mâle on ne connaît pas sa structure. i. latreillie élégante. — Latreillia elegajis (2). Caparace glabre, lisse, front armé en dessus de deux grandes cornes divergentes et d'une épine dirigée en avan entre les antennes ; pâtes des quatre dernières ayant le troi- sième article épineux, l'avant -dernier article un peu dilaté en dessous , vers son extrémité , et le tarse très-court ; abdomen armé de six épines , dont deux situées sur la ligne médiane , et quatre près des bords ; longueur environ un pouce ; couleur jaunâtre, une des bandes rouges sur les jambes. Habite les côtes de Sicile. Nous sommes portés à croire que c'est à côté de ce Crustacé qu'il faudrait placer le Maïa seticornis de Bosc; cet animal, (1) Latreillia. Roux, Crust. , 5e. livraison. (2) Roux, Crust., pi. 22. 2^8 HISTOIRE NATURELLE qu'on dit habiter aussi la Méditerranée , n'est connu que par une figure de Slabber (Obs. Micros, tab. 18, fig i) , reproduite par Herbet ( pi. i5, fig. 91)? Par Bosc (t. 1 , pi. 7 , fig. 2 ) , et par M. Latreille (JEncy. pi. 281, fig. 5) ; Herbst le confond avec la Leptopodie sagittaire; et, en effet, il est représenté avec un rostre stvliforme très - allongé ; mais ce prolongement ne paraît être qu'une espèce de soie, et pourrait bien ne pas faire réellement partie de l'animal. III. genre STÉNORYNQUE. — Stenorynchus {\). Ce genre, dont l'établissement est dû à M. Latreille, a changé plusieurs fois de nom , parce que ceux de Macrope et de Macropode, qu'on luiavait d'abord donnés, étaient déjà employés pour désigner d'autres animaux. Les Macropodiens, dont il se compose, ontla carapace (PI. i4 bis, fig. 3) triangu- laire, très-retirée en avant, et ne se prolongeant pas au-dessus du dernier anneau thoracique. Le rostre est avancé, bifide et aigu ; les orbites sont circulaires, et les yeux, assez saillans , ne sont nullement rétractiles. Les antennes internes se reploient longitudinalement, et les fossettes qui les logent ne sont pas complètement séparées entre elles. Le premier article des an- tennes externes , confondu avec les parties voisines, est très- étroit 5 le second s'insère sur les côtés du rostre ; et le troi- sième est beaucoup plus long que le second. L'épistome est plus long que large , et les régions ptérygostomiennes rudi- mentaires ; le cadre buccal est également beaucoup plus long que large ; les pâtes -mâchoires externes sont étroites ; leur troisième article est ovalaire , et ïe quatrième est assez (1) Cancer Lin. ; — Pennant. — Herb. ; Inachus Fabr. ; Maïa'&osc ; Macropus Latr. Hist. nat. des Crust. , t. 6 , pag. 108 ; Mncropodla Leach Edimb. Ençyc , t. 7, p. 3c;5 , etc.; — Desm. , p. i54- — Risso, Hist. nat. de l'Europe mérid. , t. 5, p. 27. Stènorynque , Lamk. Hist. des an. sans vert., t. 5, p. 236; — Latv. Pi. An., 3e. éd., t. 4> P- 64. DES CRUSTACÉS. 279 long. Le plastron stcrnal est étroit entre les pâtes anté- rieures , mais devient ensuite très-large , et présente sur la ligne médiane une suture qui en occupe le dernier segment. Les pâtes de la première paire sont plus courtes , mais beau- coup plus grosses que les suivantes ; la main qui les termine est renflée, et les doigts un peu courbés en dedans. Les pâtes des quatre dernières paires sont filiformes et extrême- ment longues ; la longueur de celles de la seconde paire égale cinq ou six fois la largeur de la carapace ; les autres devien- nent progressivement plus courtes; leur pénultième article est un peu dilaté vers le bout , et le dernier est styliforme et un peu recourbé. Enfin, Y abdomen est composé dans les deux sexes de six articles , dont le dernier est formé par la soudure du sixième et du septième anneau. On n'a encore trouvé de Sténorynques que dans la Mé- diterranée et les autres mers d'Europe. Tous sont de très- petite taille. 1. sténorynque faucheur. — Stenorynchus phalan- gium ( 1 ) . Rostre 71 atteignant pas à beaucoup près l'extrémité du pédoncule des antennes externes ; èpistome armé de chaque côté dune seule petite épine située près de £ or- gane auditif', région stomacale armée de trois pointes , dont les deux antérieures sont très-écartées entre elles ; Une épine sur la région cordiale , deux sur chaque région branchiale , etc. ; troisième article des pâtes - mâchoires externes sans dentelures notables sur le bord externe. Très-commun sur les côtes de la Manche et de l'Océan. ( C. M. ) (1) Cancer phalangium, Penn. , t. \, pi. & fig\ 17; G. rostratus , Lin. Faima Suecica , n°. 2027;— Herb. , pi. 16, fig. 90. Inachus phalangium. Fabr. sup., p. 358: Macropus phalangium. Latr. Hist. nal. des Crust. t. 6, p. 110. Macropodia phalangium. Leaeh , Zool. mis., t. 2, p. 18; etMalac,pl. 23,%. 6;— Latr. Encyc. , pi. 27S, 28o HISTOIRE NATURELLE 2. sténorynque égyptien. — Steiiorynchus égyptius (i). Rostre n' atteignant pas tout-à-fait l'extrémité du pé- doncule des antennes externes ; èpistome armé de chaque côté de deux épines placées Vune au devant de Vautre. La forme générale du corps est beaucoup plus allongée que dans l'espèce précédente ; les deux tubercules antérieurs de la ré- gion stomachale se touchent presque , et le bord externe du troisième article des pâtes - mâchoires externes est armé de deux ou trois épines. Habite les côtes de l'Egypte et de la Sicile. (CM.) 3. sténorynque longirostre. — Steiiorynchus longi- rostris (2). Rostre dépassant de beaucoup le pédoncule des an- tennes externes. Habite la Manche et la Méditerranée. ( C. M. ) Le cancer dodecos de Linné {Syst. nat. XII. 2. p. 1046, n°. 38) appartient probablement à ce genre ; mais il serait difficile de déterminer à quelle espèce il faudrait la rapporter , Fabricus le regarde comme étant son /. lon&irostris. L'araignée de mer de Rondelet (Poissons, t. II, p. 411) est aussi une Sténorynque. fig. 2 (copiée d'après Fermant), et pi. 298 , fig. 6 (d'après Leach); — Desm., pi. 23, fig. 3. — Guérin. Iconogr. Grust. , pi. ai, fig. 2. (1) Steiiorynchus phalangium , Audouin. Explic. des planches du grand ouvrage sur l'Egypte ; Savigny, toc. cit. pi. 6, fig. 6. (2) Inachus longirostris. Fabr. sup. p. 358; Macropus longirostris. Latr. Hist. nat. desCrust., t. 8, p. no; — Macropodia tenuirostris. Leach, Malac, pi. 23, fig. i— 5 ; —Latr. Encyc. pi. 298, fig. 1— 5 (d'après Leach) — Desm., p. i54 ; M. longiroslris. Risso. Hist. nat. de l'Europe mérid., t. 5, p. 27. — BlainyiHe, Faune française, pi. 8, fig. 1. DES CKUSTACÉS. l>8l IV. genre ACHEE. — Achœus (i). M. Leach a désigné sous ce nom de petits Macropodiens qui ressemblent beaucoup aux Sténorynques et aux Ina- chus , mais qui se distinguent de tous les autres genres de cette famille par la forme des pâtes postérieures et par quel- ques autres caractères ; la carapace de ces Crustacés , comme celle de la plupart des Macropodiens , ne s'étend pas sur le dernier segment du thorax ; elle est à peu près triangulaire et renflée sur les régions branchiales. Le rostre est presque nul ; les yeux non rétractiles et portés sur des pédoncules assez longs ; le premier article des antennes externes est soudé au front et s'avance au delà du niveau du canthus interne des yeux ; l'insertion du second article se fait sur les côtes du rostre et reste complètement à découvert en dessus. Uépistome est à peu près carré; le troisième article des pâtes -mâchoires externes est plus long que large et presque triangulaire; il donne attache à l'article suivant près de son angle anté- rieur et externe. Le plastron sternal se rétrécit brusque- ment entre les pâtes antérieures, qui sont grêles et courtes; celles des quatre paires suivantes sont filiformes ; les secondes ont à peu près deux fois et un quart la longueur de la por- tion post-frontale de la carapace , et se terminent par un article styliforme et tout-à-fait droit; les pâtes suivantes sont beaucoup moins longues, et l'article terminal des quatre dernières est grand , comprimé et falciforme. Enfin Y ab- domen est composé de six articles dans les deux sexes. Les Achées n'ont encore été rencontrées que dans la Manche. i. Achée de Crancïi. — Aclix'iis crauchu (2). Rostre formé de deux petites dents triangulaires , et ne dé- (1 ) Leacli, Malac , iGe. liv- — Desm. , p. i53. — Latr. B. anini, 2e. éd. , t. 4> P- 64- (2) Leach, Malac , p. 22 C — ; Desm. , p. i54« ^8'2 HISTOIRE NATURELLE passant pas le second article des antennes externes ; une épine sur la face antérieure des pédoncules oculaires ; régions génitale et cordiale élevées en forme de tubercules ; pâtes garnies de quelques poils très-longs , et crochues. Longueur 6 à 8 lignes. Couleur brune. Habite la baie de Falmoulth en Angleterre , et l'embouchure de la Rance , près Saint-Malo. Vit parmi les Algues et les Huîtres. Y. genre GAMPOSCIE. — Camposcia (i). Dans le genre Gamposcie , que M. Latreiile a adopté d'a- près M. Leach, la carapace (PI. i5, fig. i5 ) est bombée et presque pyriforme , mais tronquée en avant ; le rostre est rudimentaire et dépasse à peine le canthus interne des orbites. hesyeux sont portés sur des pédoncules assez longs , recour- bés en avant et très -gros à leur base ; ils peuvent se replier en arrière, mais ils ne sont pas rétractiles , car il n'existe pas de cavité orbitaire post-foraminaire pour les loger; seulement leur extrémité est alors protégée par une épine de la partie latérale de la carapace. Les antennes internes se reploient un peu obliquement en avant (fig, 16) ; les fos- settes qui les logent présentent cela de particulier qu'elles ne sont pas séparées comme d'ordinaire par une cloison longitu- dinale et ne forment qu'une seule cavité quadrilatère. Le premier article des antennes externes est long et mince ; il se prolonge presque aussi loin que le rostre, et porte, à son extrémité, une tige mobile qui est par conséquent complète- ment à découvert. \Jêpistome est à peu près cari é , et les pâtes - mâchoires externes sont très - allongées et ne closent qu'imparfaitement la bouche. Les pâtes sont grêles et assez longues ; chez la femelle les premières sont les plus courtes et ne sont pas plus fortes que les suivantes ; celles de la troi- (i) Latr. R. anim. 2e. éd., t. f\, p. 6o. DES CRUSTACÉS. ^83 sième , de la quatrième et de la cinquième paire sont un peu plus longues et se terminent aussi par un ongle cylindrique légèrement recourbé en bas. On ne connaît pas leur forme chez le mâle, et on ignore également la disposition de l'ab- domen de ces Crustacés. Ils habitent les mers de l'Asie. i. camposcie rétuse. — Camposcla retusa (i). (PI. i5, fig. i5, 16. ) Corps couvert de poils laineux , qui sont les plus longs et les plus abondans sur les pâtes. Carapace environ une fois et demie aussi longue que large, bombée et présentant des régions assez distinctes; rostre très-large, tronqué et terminé par deux pe- tits tubercules qui dépassent à peine l'extrémité de l'article ba- siliaire des antennes externes. Une dent assez forte sur la partie latérale de la carapace , à quelque distance en arrière des yeux. Pâtes de la première paire cylindriques et terminées par une pince faible , légèrement recourbée en dedans , dentelée sur les bords, et points creusés en gouttière. Pâtes de la troi- sième paire à peu près deux fois aussi longues que le corps. Couleur brune jaunâtre. Patrie inconnue. VI. genre EURYPOUE. — Eurjpodius (2). Ce genre, nouvellement fondé par M. Guérin, établit, sous quelques rapports, un passage entre les Macropodiens dont il a déjà été question et certains Maïens , tels que le Halime Oreillard, etc. ; en effet, il se rapproche un peu de ces der- niers par la forme des pâtes , et ressemble aux précédens par la longueur de ces organes et par la disposition des yeux. La carapace est triangulaire, deux fois aussi longue que large, ar- (1) Çamposcia relus a. Latr. R. Anim. 2e. éd., t. 4, p. 60.— Guerin. Iconog. Cr. pi. 9, fig. 1. (a) Guévin, Mém. du Muséum, t. iG, p. 345;— Latr. R. Anim. 2«. éd. , t. 4. P- 583. 284 HISTOIRE NATURELLE rondie postérieurement , étroite en avant , bombée et inégale en dessus; le rostre est formé de deux cornes longues et horizontales ; les yeux sont portés sur des pédoncules de longueur médiocre et non rétractiles ; la disposition des an- tennes internes et externes est à peu près la même que dans les genres Sténorynques , Inachus , etc. ; ïépistome et plus large que long; le troisième article des pâtes -mâchoires externes est presque carré , aussi large que long , et pro- fondément échancré à son antérieur et interne, pour donner insertion à l'article suivant. Les pâtes antérieures sont delà longueur du corps chez le mâle et beaucoup plus courtes chez la femelle; elles sont peu renflées et les doigts sont légère- ment recourbés en dedans. Les pâtes suivantes sont très- longues ; leur troisième article est cylindrique , mais le cin- quième est comprimé et dilaté inférieurement ; sa plus grande largeur se trouve au delà du milieu; le doigt est grand, re- courbé, très -aigu et susceptible de se reployer contre le bord inférieur de l'article précédent, en manière de pince subchéliforme ; enfin , la longueur des pâtes de la seconde paire égale presque deux fois et demie celle de la portion post-frontale de la carapace , et les suivantes diminuent suc- cessivement de longueur, mais très-peu. \j abdomen se com- pose dans les deux sexes de sept articles. Ce genre appartient à la mer des Indes. i. Eurypode de Latreille. — Erypodius Latreillia (i). Carapace velue , bosselée , tuberculeuse en dessus ; quelques épines sur ses bords latéraux; cornes du rostre légèrement con- vergentes ; second article des antennes externes grêle , cylin- drique et à peu près de même longueur que le troisième; pâtes velues, surtout en dessous. Longueur, trois pouces. Habite les îles Malouines. (CM.) ( i ) Guérin , Mèm. du Muséum, t. 16, PI. 14, et Iconog. Cr , PI. 11, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 285 VII. genre AMATEÏE.—Jmathia{i). Le genre Amathie de M. Roux a quelques rapports avec les Péricères de M. Latreille ; leur aspect est le même ; mais leurs antennes externes ne présentent pas la disposi- tion particulière qu'on remarque chez ces derniers, et l'espace que les orbites laissent entre eux n'est guères plus large que la base du rostre , tandis que chez les Péricères elle a plus du double. La carapace des Amathies a la forme d'un triangle allongé et à base arrondie ; sa face supérieure et ses bords sont hérissés d'énormes épines ; le rostre , qui se termine par deux grandes cornes divergentes, est presque aussi long que la portion post - orbitaire de la carapace. Les yeux sont petits et en partie protégés par une épine qui occupe leur canthus externe , mais , de même que dans les genres précédens , ils ne sont pas rétractiies et restent toujours saillans. Les antennes externes ne présentent rien de remarquable ; l'article basilaire des externes est long, très -étroit et soudé au front; la tige s'insère sous le rostre, à quelque distance au-devant du niveau des yeux, elle est très - grêle , et ses deux premiers articles sont d'égale longueur. L'épistome est grand et à peu près aussi long que large ; le troisième article des pates-mâchoircs externes est dilaté en dehors et tronqué à ses deux angles internes. Les pâtes de la première paire sont plus courtes que les suivantes j elles sont filiformes chez la femelle et un peu renflées chez le mâle. Les pâtes suivantes sont longues et filiformes ; celles de la seconde paire ont plus de trois fois la longueur de la portion post-orbi taire de la carapace (l'épine posté- rieure non comprise) ; les autres sont beaucoup plus courtes ; enfin leur article terminal est long, aigu^et sans épines ni ( i ) Roux, Cntst. de la Méditer. , 5e. liyr. 28(3 HISTOIRE NATURELLE dents à sa face inférieure. lï abdomen se compose de sept articles dans les deux sexes. Amathie de Risso. — Amathia Rissoana (i). Carapace hérissée de treize énornes épines , dont trois s'élè- vent de la région stomacale , une de la cordiale , et les autres occupent le bord de ce bouclier , savoir : une sur la région in- testinale , trois de chaque côté sur la région branchiale et une sur chaque région hépatique ; une petite épine devant les yeux et une plus forte aux angles antérieurs du cadre buccal. Pâ- tes couvertes ( comme la carapace ) d'une sorte de duvet. Lon- gueur environ deux pouces; couleur jaunâtre avec deux taches, rouge sur le front. Habite la rade de Toulon. (CM.) VIII. genre INACHUS.— Inachus {2). Le genre Inachus , tel que Fabricius l'avait établi , com- prenait presque tous les Oxyrhinques , les Parthénopiens ex- ceptés ; mais aujourd'hui il a des limites bien plus restreintes et ne renferme plus qu'un petit nombre de Macropodiens. La carapace de ces animaux est presque triangulaire , pas beaucoup plus longue que large, et fortement bosselée en dessus. Le rostre est très-court ; la disposition des yeux est différente de ce que nous avons vu jusqu'ici , car les pédon- cules de ces organes peuvent se reployer en arrière , et se lo- ger dans une cavité orbitaire peu profonde , il est vrai , mais bien distincte. Les antennes internes ne présentent (i) Roux, Crus t. de la Méditer. , PI. 3. (2) Cancer. Penn. Herb., etc. Inachus. Fabr. Supp. p. 355; — Mala. Lamk. Syst. des an. sans vert. , p. i54; — Macrope. Latr. Hist. des Crust. , t. G, p. 109; Inachus. Leach , Edimb. Encyc. , t. 7 , p. 43 1 , etc. ; — Latr. R. Anim*. , t. -3 , p. 21 et 2e. édit, t. 4, p. 63, etc. ; — Desm. , p. ? -- Roux , Crust. de la Méd.. ; Doclea Risso, Hist. nat. de l'Europe Mérid. t. 5, p. 28. DES CRU STAC KS. 2(S'" rien de remarquable; le premier article des externes va se souder au front au devant du canthus interne des yeux , et le second article s'avance sur les côtés du rostre. h'épistome est un peu plus large que long ; le troisième article des pâtes -mâchoires est au contraire beaucoup plus long que large ; il a à peu près la forme d'un triangle dont la base serait tournée en avant, et donne attache à l'article suivant près de son angle antérieur et externe. Le plastron sternal se rétrécit assez brusquement entre fies pâtes de la première paire, et sa longueur n'égaie pas tout-à- fait sa plus grande largeur. Les pâtes de la première paire sont très-petites chez la femelle ; chez le mâle elles sont assez grosses et ont quelquefois jusqu'à trois fois la lon- gueur du corps ; les pinces sont toujours pointues et re- courbées en dedans. Les pâtes suivantes sont cylindriques , grêles et plus ou moins filiformes ; celles de la seconde paire , toujours plus longues que les antérieures , ont trois ou quatre fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; les autres diminuent successivement de longueur, et toutes se terminent par un article cylindrique très-long , pointu et peu ou point courbé. \J abdomen ne se compose que de six articles distincts. Les Inachus sont des Crustacés de petite taille qui habi-- tent nos côtes et se tiennent ordinairement dans des eaux assez profondes ; on en trouve souvent sur les bancs d'huîtres situés dans des lieux abrités. Ils ont tout le corps couvert de duvet et de poils auxquels s'attachent sou vent des éponges et des corallines ; leur couleur est bru- nâtre. 288 HISTOIRE NATURELLE A. Espèce ayant la région stomacale garnie de cinq épines ou tubercules , dont une médiane et postérieure trés-forte , et quatre petites placées antérieurement sur une ligne transversale. i. Inachus scorpion. — Inachus scorpio (i). Rostre large , très-court et profondément échancré au mi- lieu ; carapace armée de quatre épines aiguës , une sur la ré- gion stomacale, une sur la cordiale et une sur les branchiales; un tubercule situé de chaque côté , un peu au devant de ces der- nières épines : une forte épine entre les fossettes antennaires , et une série de petites pointes sur l'article basilaire des antennes ex- ternes. Point de disques calcaires sur le sternum du mâle ; les pâtes antérieures de ceux - ci sont fort renflées , et deux fois aussi longues que la portion post-frontale du thorax , mais ne dépassent que de peu l'antépénultième article des pâtes de la seconde paire. Abdomen du mâle presque aussi large que long. Habite les côtes de la Manche et de l'Océan. ( G. M. ) AA. Espèce dont la région stomacale est armée seule- ment de trois ou quatre pointes disposées en triangle. B. Pâtes antérieures du mâle ne dépassant pas Vacant- dernier article des pâtes de la seconde paire. i. Inachus dorinque. — Inachus dorynçhus (2). Rostre avancé, hastiforme, divisé par une fissure, mais sans èchancrure au bout et se terminant en pointe; cara- (i) Cancer seorpio , Fabr. Ent. syst. t. 2, p. ^62. Cancer cïor- scttensis. Penn. t. 4> P- 9- A. fig. 18. — Inachus scorpio. Fabr. Supp. p. 358; Macropus scorpio, Latr. Hist. nat. des Crust. t. (5, p. 109. Inachus dorsettensis, Leach , Malac PI. 22, fig. I — 6 ; — Latr. Encyc. méth. , PI. 281, fig. 3 (copiée d'après Pennant ) , et PI. 3oo , fig. 1 — 6 (copiée d'après Leach) ; Inachus scorpio, Desm. , PI. 24, fig- *• (2) Leach, Malac, PI. 22, fig. 7-8 ; — Latr. , Encyc, PI. 3o, p. 7-8. ( copié daprès Leach ) ; Desm. , PI, 24 , fig. 2. DES CRUSTACÉS. 289 pace garnie de tubercules disposés comme les épines de l'Ina- chus scorpion , si ce n'est qiron n'en compte que trois sur la région stomacale, et qu'il en existe deux petites près du bord postérieur de la carapace; pâtes antérieures du mâle courtes, la longueur de la main étant moins grande que la longueur de de la carapace. Femelle inconnue. Habite les côtes de l'Angleterre. 3. Iwachus thoracique. — Incichus thoracicus (1). Rostre court et èchancrè ; région stomacale armée de quatre pointes, savoir : une de chaque côté et deux sur la ligne médiane , dont la postérieure très - grande ; une épine sur la région cordiale, et une de chaque côté sur les régions bran- chiales ; enfin , deux près du bord postérieur de la carapace. Sternum du mâle, garni en avant de deux plaques calcaires ovalaires réunies par une pièce médiane. Pâtes antérieures du mâle grandes, surtout chez l'adulte, mais la longueur de la main ne dépasse pas la largeur de la carapace. Abdomen du mâle aussi large que long. Longueur du corps un pouce. Habite les côtes de la Méditerranée , et se tient au milieu des algues et des fucus. La femelle pond en avrd des œufs rouges qu'elle porte sous l'abdomen jusqu'en juillet. BB. Pâtes antérieures du mâle dépassant F avant- der- nier article des pâtes de la seconde paire. 4. Inachus leptorinque. — Inachus leptorinchus (i). Rostre étroit et échancré ; carapace armée comme celle de llnachus dorynque , si ce n'est qu'il n'y a point de tubercules près de son bord postérieur. Pâtes antérieures du mâle cylin- ( 1 ) R-oux , Grust. de la Méditer. PI. 26 et 27 — Guérin , Iconog. Oust. , PI. 11, fig. 2. (2) Leach, Malac. , PI. 22. B. — Desra., p. i52. CRUSTACÉS, TOME I. 19 2Q0 HISTOIRE NATURELLE driques et très-longues ; la longueur de la main égale presque à une fois et demie la longueur de la carapace ; sternum du maie garni en avant d'une petite plaque calcaire , de forme ovalaire ; abdomen du mâle beaucoup plus long que large. Femelle inconnue. Grandeur environ un pouce. Habite les côtes ouest de l'Angleterre. Le Cancro brachichelo congener, figuré par Aldrovande , p. 204 ? appartient évidemment au genre Inachus , mais ne peut être déterminé spécifiquement. 11 en est de même du Cancre a court bras de Rondelet (liv. 18, chap. 20, p. 4o8) et de la Doclea Fabriciana de M. Risso ( Hist. nat. de VEur. jnèrid. , t. 5, p. 28 ) , que cet auteur avait d'abord décrit sous le nom de Macropus parvirostris ( Crust. de Nice, p. 3g, et Blainville , Faune française , PI. 8, fig. 1), et à laquelle il rapporte les figures précitées d' Aldrovande et de Rondelet. IX. genre ÉGÉRIE. — Egeria (1). Les Macropodiens, dont on a formé les genres Leptope et E^érie, composent un petit groupe facile à distinguer de tous les précédens par la longueur excessive des pâtes et par la forme presque globulaire de la carapace , qui est bosselée en dessus et se prolonge en un rostre court, étroit et di- rigé très - obliquement en baut et en avant. Les pédoncules oculaires sont très-courts et les orbites presque circulaires; les antennes internes sont dirigées longitudinalement, et l'article basilaire des antennes externes , qui est étroit et se termine presque en pointe , s'avance beaucoup au delà du 1 Cancer. Llumpli. Àtnboml — liiachtis. Fàbr. Supp. p. 358. — Macropus. Latr. Hist. nat. des Crust., t. VI. — Egeria. Latr. Encyc. atlas. — Leach , Zool. suis. , t. IL — Leptopus. Lamk. Hist. des An ira. sans vert. , t. V, p. i;35. Egeria et Leptopus. Desm-, p. i56 et i58. Libinia, Latr. R. Anim. 2e. éd. t. IV , p. Gl. DES CRUSTACÉS. Q.q [ canthus interne des yeux. L'épislome est peu développé et le troisième article des pates-mdchoircs externes à peu près carré et légèrement dilaté à son angle antérieur et externe. Le plastron sternal est presque circulaire. Les pâtes sont toutes filiformes chez le mâle aussi bien que chez, la femelle ; celles de la première paire ne présentent rien de remarquable; elles n'ont pas plus d'une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; celle de la seconde paire, qui sont les plus longues de toutes , ont au contraire plus de dix fois et celles de la dernière paire plus de six fois cette même longueur. Enfin, Yabdomenne présente chez les femelles que cinq articles distincts ; les trois anneaux qui précèdent ce dernier étant soudés entre eux. Ces Crustacés habitent les mers d'Asie. A. Espèces dont le troisième article des pates-mdchoires externes est profondément échancré à son angle an- térieur et externe (i). i. Egérie arachnoïde. — Egeria arachnoïdes (2). Rostre extrêmement court ( moins long que large ). Carapace armée en dessws de longues épines , dont cinq sur la région stomacale , une sur la cordiale, une sur l'intestinale , et deux ou trois sur la branchiale ; rostre avancé et terminé par deux petites cornes; bords latéraux de la carapace armés de deux à trois épines. Orbites avec trois fissures en dessus et une en dessous. Pâtes antérieures , filiformes dans les deux sexes; celles des quatre dernières paires également filiformes et armées d'une petite épine à l'extrémité du troisième article. ( 1 Cette division correspond au genre Leptope de Latreille. (2) Cancer arachnoïdes, Rumph. PI. VIII, fig'/f! C. /ongipes .h'm.Mus. Lud. Ulr. p. 44°' î — Iiiachus longipes. Fabr. ^'upp. p. 358 ; — Macro. pus longipes . Latr. liist. mit. des Crust., t. VI, p. 1 : : ; Egeria arach- noïdes. Latr. Encyc. , PI. 281, fig. 1 (copiée d'après Rumph). Leptopus longipes. Lamk. liist. des Anim. sans vert , t- V, p. 235, — Latr. R. Anim., 2e. éd. , t- IV , p. 63; '9- 2Q2 HISTOIRE NATURELLE Corps couvert d'un duvet brunâtre; longueur, environ un pouce. Habite la côte de Coromandel. (C. M. ) F i. Egérie de Herbst.^ — Egeria Herbstii (i). Rostre tres-dèveloppè ( environ trois fois aussi long que arçe). Du reste, semblable à l'espèce précédente avec la- quelle on l'avait jusqu'ici confondue. Habite les mers d'Asie. (G. M. ) AÀ. Espèces dont le troisième article des pâtes -mâchoire s externes n'est pas èchancré à son angle antérieur et interne (2). 6. Egérie indienne. — Egeria indica (3). Cette espèce paraît être si voisine de la précédente, que, si M. Leach n'avait pas dit expressément que le second article de la tige interne des pates-mâchoires externes (c'est-à-dire le troisième article de ces membres) , est droit sur le bord interne et proéminent à son angle externe , nous aurions été porté à la regarder comme ne devant pas en être distnguée. Habite l'Océan indien. F X. genre DOCLEE. — Doclea (4). Les Doclées ont la plus grande analogie avec les Egéries, et établissent le passage entre ces Macropodiens et les Li- binies qui appartiennent à la tribu suivante. Ci) C.longipes Herbst. PI. 16, fig. o,3 — Leptopus lougipes. Latr. Coll. du Mus. — Guérin. Iconog. Cr. PI. 10, fig. 3. (2) Cette division correspond au genre Egeria de M. Leach. (3) Egeria indica. Leach, Zoo!, mis., t. II , PI. r3 ; — Desm., PI. 26, h>. 2. (4) laachus. Fabr. Supp., p 355; Maia. Latr. Ilist. nat. des Crust-, DES CRUSTACÉS. 2C)3 Chez ces Crustacés la carapace est presque globuleuse, velue et plus ou moins hérissée d'épines ; le front est relevé , et les bords latéraux de la carapace, au lieu de venir joindre les orbites, se dirigent vers le bord antérieur du cadre buccal ; le rostre est court et très - étroit ; les orbites sont dirigées obliquement en avant , et ils logent en entier les yeux qui sont très-petits , et ne présentent aucune trace d'épine à l'an- gle antérieur de leur bord supérieur , caractère qui les rend faciles à distinguer des Libinies. L'article basilaire des an- tennes externes avance beaucoup au delà du canthus interne des yeux, et se termine presque en pointe sous le front auquel il est intimement uni ; le second article de ces antennes est court et placé près du bord du rostre ; enfin le troisième et le quatrième sont très-petits. U épis tome est très-peu déve- loppé et beaucoup plus large que long. Le troisième article des pates-mâchoires externes est à peu près carré , légèrement dilaté en dehors , et assez profondément échancré à l'angle in- terne et antérieur ; le plastron sternal est presque circulaire ; les pâtes antérieures sont faibles et très-petites ; elles n'ont guères plus d'une fois et demie la longueur de la carapace , et la main est presque cylindrique. Les pâtes suivantes sont au contraire très-longues , sans égaler toutefois celles des Egé- ries ; elles sont grêles et cylindriques ; l'article qui les ter- mine est long et styliforme ; enfin, celles de la seconde paire ont deux à trois fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace , et les suivantes diminuent progressivement. Quant à Y abdomen , sa disposition varie : tantôt il ne pré- sente chez la femelle que cinq articles distincts , tantôt on y compte sept segmens comme chez le mâle. Les Doclées sont des Crustacés de moyenne taille ; toutes les espèces connues habitent les mers des Indes. t. VI. Doclea. Leach , Zool. Miscel, t. II , p- 4i; — Desm. , p. i56 Libinia.ha.tï. R. Anim., 2*. éd., t.- IV, p. 61. 2^4 HISTOIRE NATURELLE I. DOCLÉE BREBIS. D. OMS (i). Point d'épine médiane sur le bord postérieur de la ca- rapace. Une série de petites pointes sur la ligne médiane de la région stomacale ; rostre creusé en dessus d'un léger sillon longitudinal, et bifurqué au bout. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents spiniformes , médiocrement saillantes, dont la dernière n'est pas plus grosse que les autres, et occupe, ainsi que la pénultième, la région branchiale. Les pâtes de la première paire sont un peu plus grosses que les secondes , et celles-ci ont presque deux fois et demie la longueur de la por- tion post-frontale de la carapace. L'abdomen de la femelle se compose de sept articles parfaitement distincts, dont le second est surmonté d'un gros tubercule médian ; enfin tout le corps , les mains et les doigts exceptés , est recouvert d'un duvet laineux , très-long, très-serré et brunâtre. Longueur, environ deux pouces. Habite les mers de l'Inde. (C. M. ) 2. Doclée hybride. — D. h/y brida (2). Bord postérieur de la carapace armé sur la ligne mé- diane d' une petite épine ; bords latéro-antérieurs de la ca- rapace armés de quatre épines, courtes, dont la postérieure n'est pas plus grande que les autres', pâtes de la seconde paire moins de deux J'ois aussi longues que la carapace. Rostre plus court que dans l'espèce précédente ; quelques pe- tites pointes sur la ligne médiane des régions génitale , cor- diale et intestinale, aussi bien que sur la stomacale. Abdomen de la femelle formé seulement de cinq pièces distinctes (les qua- ri ème , cinquième et sixième segmens étant soudés entre eux ) , (j) Cancer ovis. Herb., t. I, p. 210, PI. l3, fig. 82 ; Inachus ovis. Fabv. Supp., p. 355. Maïa ovis. Bosc , t. I, p. 256; — Latr. Hist. nat. des Crust., t. YI, p. 100. {•1) Inachus hybri dus. Fabr. Supp., p. 355. Maïa hjbrida. Bosc, t. I, p. 256; — Latr. Hist. nat. des Crust., t. VI, p. yy DES CRUSTACÉS. 20,5 et ne portant pas de tubercule notable au milieu du second an- neau. Plastron sternal du maie armé de deux épines entre les pâtes de la deuxième paire. Longueur, deux à trois pouces ; corps couvert de poils courts et très-serrés , à peu près de même couleur que dans l'espèce précédente, mais d'un aspect beau- coup moins laineux ; mains et tarses nus. Habite la côte de Coromandel. ( C. M. ) 3. Doclée de Risso. — D. Rissonii (i). Bord postérieur de la carapace armé d'une petite épine médiane $ bords latéro -antérieurs armés de trois petites dents , dont la postérieure iiest pas plus longue que les autres ; pâtes de la seconde paire trois fois aussi longues que la carapace. Corps pubescent et brunâtre. Patrie inconnue. 4. Doclée hérissée. — D. muricala (2). Bord postérieur de la caparace armé d'une grande épine médiane; bords latèro-antérieurs armés de quatre épines, dont la postérieure est beaucoup plus grande que les autres. Quelques pointes sur la ligne médiane de la carapace et sur les régions branchiales. Du reste, semblable à la Doclée hy- bride, mais beaucoup plus petite. Habite les Indes orientales. (CM.) 2e. Tribu. MAIENS. Cette tribu se compose de Crustacés dont la cara- pace, presque toujours très-épineuse, est, à quelques (1) Cancer araneus . Herb., PI. i3 , fig. 81; Doclea Rissonii. Leach , Zool. mis. t. II, PI. 74- (•2) Cancer muricatus. Herb. , t 1 , p. an, PI. i/f, fig- 83 ; Inachus muricatus. Fabr. Supp. p. 355; Màia muricala- Bosc , t. I, p. 255. 2C)6 HISTOIRE NATURELLE exceptions près, beaucoup pluslongue que large, et plus ou moins triangulaire ( PL i5, fig. i, 6, 9, 11, etc.), Le rostre est en général formé de deux cornes allongées. Le premier article des antennes internes est peu dé- veloppé ; celui des antennes externes , au contraire, est extrêmement grand , et soudé avec les parties voisines de manière à se confondre presque avec elles ; son bord externe constitue toujours une portion considérable de la paroi inférieure de l'orbite , et son extrémité anté- rieure s'unit au front au devant du niveau du canthus interne des yeux ( PI. 3 , fig. 2 , b , et PI. i5 , fig. 2], 7, 12). Quant à la tige mobile de ces antennes elle est toujours assez longue. En général , Yéjpistome est notablement plus large que long, tandis que le cadre buccal est plus long que large. Le troisième article des pates-mâchoires externes est aussi large que long, plus ou moins dilaté du côté externe, et tronqué ou échan- cré à son angle antérieur et interne , par lequel il s'ar- ticule avecle quatrième article qui est très-petit (PI. 3, fig. 8, etc. ). Les pâtes antérieures de la femelle ne sont en général guères plus grosses ni plus longues que les suivantes ; quelquefois elles sont plus courtes : il en est de même ciiez quelques mâles ; mais en gé- néral chez ces derniers elles sont plus longues et beau- coup plus grosses que celles de la seconde paire ; leur longueur égale quelquefois deux fois celle de la cara- pace, et elles se dirigent obliquement en avant et en dehors ; la main n'est jamais triangulaire , et le doigt immobile de la pince n'est pas incliné en bas de manière à former un angle notable avec le bord inférieur de la main. Les pâtes suivantes sont en général de longueur médiocre; celles de la seconde paire ont le plus sou- vent une fois et demie la longueur de la portion post- °c ^ o — £ «* 4^ TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES MAIENS. P- a97 Espèces dont les yeux peuvent se reployer en arrière et se cachet dan une fossette orbi taire post-fbrami- complète. (Maïens crvpoph- thalsies. ) Tigemobiledcs Pinces pointues a. du un m- s'a* iucissant vers le/ ' Rostre échancré à son extrémité seulement Carapace' Rostre fort pe-l bombée et relevêeen avant ; pinces médiocres et fermant' tit. très-étroit , cil complètement. I guères plus long 1 que large ( tige ( Rostre divisé jusqu'à sa base en deux cornes lamelleusesi] mobile des anten- 1 carapace pas notablement relevée en ivanl . pinces nsseil nés externes -i dé-iforles et faissunt entre elles un vide lorsqu'elles i fer i couvert). f niées I Tige mobile des Orbites presque circulaires, profon- antennes externes Ides et sans hiatus u leur partie inl'é- insérée sous le ros-Irieure. ranile _ Orbites très-incomplètes; leur paroi j inférieur.' presque nulle ou interrom-j pue par un large hiatus. Rostre horizon- itennes externes /hout , et pas nota-\ /insérée suus le/ ']' 7 front tOiità-fait\ e ]"\ liors de l'orbite, i Rostre trés-dé- veloppé , assez lar- et formé de cornes beau tre, et en rtie cachée p, u irtu IleHisTti, CnoniBi Tige mobile de Icoup plus longucs\ amennes cxterneslépine ou d'une Bord orbitaire / Cornes du rostre ) supérieur se pro- très-longues et co-J longeant antéricu- Iniques. J 1 rement sous la ( r 1 forme dune forte) Lornes du Cor [tre l.i îelleuses et \ Ique large; 1 s 'insérant |veau du rostre, ncme plus en de-, lliors , de façon à "être à déeouvt i origine. très-grosse dent. I tro"q«eesauh0ut. Bord orbitaire supérieur voù'é en avant, et ne for- mant sur les côtés ni dent. Deuxième arti- cle des antennes externes aplati et dilaté du cûté terne- Deuxième arti du rostre ni épine cle des antennes externes cylindri que. Pi»mii8Bn_ Pinces élargies vers le bout , arrondies , et profondément creusées en cuillère. { Rostre court ; ï front très-large ; tige mobile des antennes externes à découvert. ) ' mMitujuk. Tige mobile des antenne; pointues. externes insérée dans le canthus interne de l'orbite, et à découvert. Pinces] Rostre presque perpendiculaire, reployé en bas, et formant avec l'axe du corps un ançlt presque droit. r * MAIENS. Orbites bien formées, pédoncules} oculaires de longueur ordinaire. ' Micippb. Orbites très-incomplètes en dessous : I pédoncules oculaires très-longs. j Cniocànci: Yeux trés-saillans , dépassant de beaucoup les bords de l'orbite. Rostre presque vertical; pédoncules oculaires de lon-»_ gueur ordinaire- ) Pabahicippe. Rostre horizpntal ; pédoncules oculaires d'une longueur I c démesurée. I Stékoceropi. / Article basilaire des antennes externes extrêmement large en avant (le} I second s'insérant beaucoup plus prés de la fossette antennairc que de l or- ÎPei bite ; rostre très-grand ). ) Espèces dont les yeux sont peu ou point mobiles, et ne pouvant se re- ployer en arriére ; / p.mit de portions post- forain Lia' de l'orbite, (Maïens piu lllil'1ITI!il..HI :. ) / lindrique ; rostre très-étroit. . Avant -dernier l [article des pites I des quatre demie-, s paires tronqué' i dessous , prés ■ son extrémité . Tige mobile des | Pâtes des qua-| ntennes externes /tre dernières Yeux peu saillans , ne dépassant qu'à peine le bord i bitaire. couvert. Article basilaire \ des antennes ex- , \ terne* étroit ea\ lavant. >as de tubercule I vestice d'un doiït insérée en dehors/™8 comprimées et j,milolllie. * / du niveau du bord fig. i), légèrement bosselée en dessus, à régions peu distinctes j ses bords latéraux un peu arrondis et armés de quatre épines (i) C. hèraclèotique. Rondelet, t. 2, p. 4°3 ; — Aldrov , i85. C. pngurus fcm. Jonston Exs. PI. 5, fig. 1.3. Cancer tétraodon. Penn. t. 4, PI. 8, fig. i5. C. prœdo, Herb. PI. 42, fig. 2. Maïate- traodon et M. preedo. Bosc. 1. 1 , p. 254 et 256; Matus tétraodon. Leach. Edimb. Encyc. t. 7 , p. 4^1 ; Pisa tétraodon. Leach, Malac. PL 20. — Desm. PL 22, fig. 1. — Latr. Encyc. t. 10, p. 142 ; Maïa hir- ticome. Blainville , Faune , PL 9. — Risso , Crust. de Nice, p. 4^ CRUSTACÉS 7 TOME I. 20 306 histoire naturelle assez fortes; savoir : une sur la région hépatique et trois, dont la postérieure n'est pas plus grande cpie les autres , sur la région branchiale ; une petite pointe sur la région intestinale et quel- ques petits tubercules sur la stomacale. Rostre un peu incliné et formé par des cornes assez grosses , dont la longueur égale à peu près la largeur du front , et dont l'extrémité est fortement cour- bée en dehors 5 épines de l'angle orbitaire antérieur très- grandes et divergeant obliquement en dehors. Troisième et quatrième articles des pâtes antérieures tuberculeux ; mains renflées et pinces arrondies en dessus ; tarse des pâtes sui- vantes armé en dessous d'une rangée de dents spiniformes assez grosses. Corps presque entièrement couvert d'une espèce de duvet et de quelques poils crochus ; longueur, 2 ou 3 pou- ces ; couleur brunâtre. ( C. M. ) Très-commun sur les côtes de la France et de l'Angleterre. 1. Pise coRALLiN. — P. corallina (1). Carapace presque deux fois aussi longue que large , à peine bosselée en dessus; régions peu distinctes; bords laté- raux armés sur la région branchiale de deux ou trois épines semblables entre elles, et sur la région hépatique d'une petite pointe plus ou moins distincte. Une petite épine sur la région intestinale ; rostre horizontal formé de deux cornes styliformes très grêles, contiguës jusque vers leur extrémité, presque droites, et dont la longueur excède de beaucoup la largeur du front; épines des angles orbitaires antérieures, grandes et dirigées en avant. Pâtes presque entièrement lisses ; pinces arrondies en dessus; tarses armés en dessous de petites dents pointues et de poils raides. Corps parsemé de touffes de poils assez longs et renflés vers le bout; longueur, environ 1 5 lignes; couleur rouge. Habite les côtes de la Provence. (C. M. ) (1) M aï a càrallitia. Risso, Crust. de Nice, p. /p , PI. 1 , fig. 6. Iuachiis coralli/ius. liisso , Hist. nat. de l'Europe mérid. t. 5, p. 26. DES CRUSTACÉS. 3f)'7 aa. Espèces dont la portion postérieure de la carapace est triangulaire , et les régions intestinale et cor- diale extrêmement saillantes. Pise de Gibbs. — P. Gibsii (i). Région intestinale surmontée d'un gros tubercule obtus et arrondi. Carapace une fois et demie aussi longue que larçe ayant à peu près la forme d'un losange dont le triangle an- térieur serait trois fois aussi grand que le postérieur; Régions stomacale , branchiale , cordiale et intestinale très-renflées et séparées par des dépressions profondes ; rostre un peu plus long' que le front n'est large, notablement incliné et formé de deux cornes styliformes presque droites et contiguë's îus- qu'auprès de leur sommet; délits de l'angle orbitaire anté- térieùr médiocres et dirigées en avant ; bords latéro-anté- rieurs de la carapace, peu ou point épineux, et se terminant par une grosse dent spiniforme dirigée en dehors ; bords laté- raux postérieurs s'étendant du sommet de ces épines latérales au sommet de la région intestinale , en décrivant une courbure dont la convexité est tournée en avant. Second article des antennes externes assez gros, environ une fois et demie aussi long que le suivant , et notablement plus court que la fossette antennaire. Plastron sternal brusquement rétréci entre les pâtes de la première paire , qui sont légèrement tuberculeuses sur les troisième et quatrième articles. Mains comprimées, mais assez fortes; doigts mobiles aplatis en dessus et triangulaires. Pâtes de la seconde paire beaucoup plus longues que les suivantes • leur troisième article point noduleux et leurs tarses armés en dessous de quelques pointes. Corps entièrement couvert (i) C. hiaculeatus. Montagu, Lin. Tvans. t. 1 1 , PI. i, fi*. 2; Pisa Gibsii. Leach, Malac. PI. 19; — Desm. p. 14G ; — Latf. Encyc. PI. 3oi , fig . 1 ( copiée d'après Leach ). 20. 3o8 HISTOIRE NATURELLE de poils claviformes ; couleur rouge brunâtre ; longueur, en- viron 2 pouces. Habite les côtes de l'Angleterre , et de la France. (C. M. ) Pise armée. — P. armata (i). Région intestinale se prolongeant en une grosse épine ires- aiguë ; épines latérales également longues et aiguës; cornes du rostre séparées jusqu'à leur base par une fente assez large , plus divergentes et plus longues que dans l'espèce pré- cédente : second article des antennes externes très-erêle , en- viron deux fois aussi long que le suivant , et notablement plus long que la fossette antennaire. Du reste, semblable à la Pise de Gibbs. Habite les côtes de la Provence et de l'Italie. (C. M. ) b. Espèces dont les pâtes des quatre dernières paires sont armées de dents spiniformes sur le bord su- périeur de leur troisième article , et dont ï épine ter- minale de ï article basilaire des antennes externes n'est point dépassé par V angle du bord orbitaire supérieur. 5. Pise styx. — P. styx (2). La forme générale de ce petit Crustacé ne diffère que peu de celle de la Pise tétraodon, seulement la carapace est plus allon- gée , plus fortement bosselée , et ses bords latéro-antérieurs , au (1) Cancer longirostris. Herb. PL 16, lig. 92 ; Inachiis opclio. Fabr. Sup. p. 356 ; Màia rostrata. Bosc. t. I , p. 255. Màia armata. Latr. Hist. nat. des Crust. t. 6, p. 98 ; — Risso, Grust. de Nice, p. 4?; Pisa armata. Latr. Encyc. t. 10 , p. i43 ; — Risso, Hist. nat. de l'Europe mérid. t. 5, p. 24. Inachus musivus. Otto. Mém. del'Acad. de Bonn, t. 14, PL 20, fig. net 12. Màia goutteux. Blainville, Faune. PL 10, fig. 1. (Le genre Arclopsis , deLamarck ( syst. p. i55 ) parait avoir ete fondé d'après un individu de cette espèce qui portait des corps étrangers attachés au rostre. ) (2) Cancer styx. Herb. PL 58, fig. C ; Pisa styx. Latr. Encyc, 1. 10, p. 141. DES CRUSTACÉS. 3c>9 lieu d'être armés de grosses épines , ne présentent que quelques pointes à peine saillantes ; enfin le bord orbitaire supérieur ne présente qu'une fissure très-étroite. Les dents spiniformes, dont sont armées les pâtes de la seconde paire , sont aiguës et as- sez nombreuses ; sur les pâtes suivantes elles deviennent plus courtes et plus rares. Longueur, environ dix ligues j couleur jaune roussatre. Habite l'Ile-de-France. (C. M. ) La Pisa nodipes de M. Leach ( Zool. mis. , t. II, PI. 7S ) paraît être très-voisine de P. armée , et peut-être ne devrait pas en être séparée; d'après M. Leach, elle se distinguerait de la Pise de Gibles , en ce que le rostre est horizontal et le troisième article des pâtes noduleux à son extrémité. Sa patrie est inconnue. Le Cancer hirticornis de Herbst (1) appartient également au genre Pise ; la forme de sa carapace est la même que dans la Pise coralline , mais ses pâtes sont épineuses , comme dans la Pise styx , dont elle se distingue facilement par la longueur de son rostre. Cette espèce, d'après Herbst, habite les Indes orientales, et, d'après M. Risso, la Méditerranée. Le Cancer plijone du même auteur (Herbst, PI. 58, fig. 5) me paraît aussi appartenir à ce genre ; il ressemble à la Pise coralline, seulement sa carapace est plus renflée sur les côtés et plus épineuse en dessus ; les cornes du rostre sont plus divergentes et la région intestinale se prolonge en forme de tubercule au-dessus de l'abdomen. Il habite les Indes orien- tales. Quant à la Pisê de Duméril (2) , elle n'est pas décrite avec (1) Hevb . PI. 5(), fig. 5. Inachus heriicorne. Risso. Hist. nat. de l'Europe mérid. t. V, p. 26. (2) Risso. Hist. mit. de l'Europe mérid. t. V, p. a3. MaU Dumc- rili. Risso. Crust de Nice , p. 43- 3lO HISTOIRE NATURELLE assez de détail pour que nous puissions avoir à son égard une opinion arrêtée. IV. genre LISSA. — Lissa (i). Le genre Lissa de M. Leach a la plus grande ressem- blance avec le genre Pise du même auteur, et n'aurait peut- être pas dû en être séparé. Les caractères distinctifs des Lissas consistent dans la disposition du rostre , qui est formé par deux cornes lamelleuses , tronquées antérieurement, et même plus larges en avant qu'à leur base, et clans l'absence d'épines sous les tarses. Du reste, ces Crustacés diffèrent à peine des Pises. On n'en connaît encore qu'une seule espèce. 10. Lissa goutteuse. — L. chiragra (2). Carapace presque hexagonale , environ un quart plus longue que large, rétrécie en avant, très-fortement bosselée et no- duleuse en dessus ; rostre très-large et armé en avant de deux dents dirigées en dehors: anale antérieur du bord orhi taire su- périeur , se prolongeant en avant sous la forme d'un gros tu- bercule arrondi; deuxième article des antennes externes grêle, cylindrique , et deux fois aussi long que le troisième ; pâtes de la première paire petites et tuberculeuses; celles de la seconde paire moins longues que la carapace et fortement noduleuses comme les suivantes. Tronc inerme. Pâtes garnies de quel- ques poils en massue. Longueur, environ 2 pouces ; couleur rouge intense. Habite la Méditerranée. ( C. M.) (1) Cancer. Herb. luachus. Fabr. Maïa. Bosc , etc. Lissa. Leach. Mise. Zool. — Desm. p. 147. Pisa. Latr. Reg. Anim. 2'. éd. t. IV, p. 58- (2) C. chiragra. Herb. PI. 17 , fig. 96. luachus chiragra. Fabr. Sup. p. 357. tissa chiragra. Leach, Zool. mise t. 2, PI- 83. — Desm. p. 147. — Risso , Hist. nat. de l'Europe mérid. t. V, Pisa chi- ragra. Latr. Encyc. t. 10, p. i43. ~\ 'i i r DES C il US 1 A C F. S. o. I l Le Lissa fissirostre de M. Say (Jour, de V Acad. de. Philadelphie, t. I, p. rjg) paraît avoir beaucoup d'analogie avec la Hyade araignée, mais nous ne pouvons assurer qu'il se rap- porte au même genre , car l'auteur note bien que le second ar- ticle des antennes externes est plus gros que le second, mais ne dit pas s'il est élargi en dehors ou parfaitement cylindrique. Le rostre est déprimé et les pinces ponctuées en dessus et sur leurs trois faces; enfin, il existe sur le corps et les pâtes un grand nombre de poils assez forts et recourbés qui accrochent les plantes marines, etc. Longueur, un pouce trois quarts, lar- geur, un pouce et un cinquième. Habite l'Amérique septentrio- nale. V. genre HYADE —liras (i). Le genre Hyade de M. Leach est extrêmement voisin du genre Pise, et surtout dn genre Herbstie ; mais il est facile de le distinguer par la forme du premier article de la tige mobile des antennes externes , qui , au lieu d'être cylindri- que comme chez presque tous les Oxyrhinques , est aplati et élargi du côté externe. La carapace est assez large, surtout antérieurement, peu bombée, et arrondie en arrière; le rostre , formé de cornes triangulaires , aplaties et convergen- tes, est médiocre, et laisse complètement à découvert l'inser- tion de la tige mobile des antennes externes ; le front est large, et les orbites dirigées un peu en ayant ; leurs bords ne sont pas épineux, et on n'y rencontre en dessus qu'une seule fissure. Le bord externe de l'article basiiaire des antennes ex- ternes est droit et séparé de la portion externe de l'orbite par une échancrure très-large. Le troisième article des pates- mâchoires externes est peu dilaté en dehors. Enfin , les pâtes sont disposées comme dans les Pises , si ce n'est que celles ri) Cancer. Herb. Inachus. ¥.\hx- — Màia. Bosc , etc. Hyas . Leacli, Malac. — Desm. p. i/r;. — Pise. Latr. Reg. Anim. ip éd. t. IV, p. 58. 0'l2 HISTOIRE NATURELLE des quatre dernières paires sont plus longues , et ne présen- tent pas depines à la face inférieure du tarse. i. Hya.de araignée. — H. aranea (i). Carapace ri offrant pas de rétrécissement notable der- rière les orbites , resserrée en avant , arrondie en arrière , à ré- gions peu distinctes et tuberculeuses en dessus ; angles orbitaires externes comprimés et très-gros, mais ne se prolongeant pas au delà du niveau de la portion voisine du bord de la carapace; pâtes de la première paire plus grosses, mais un peu plus courtes que les suivantes , armées de quelques tubercules ; pâ- tes de la seconde paire presque deux fois aussi longues que la portion post-frontale de la carapace, cylindriques comme les suivantes ; corps inerme. Longueur , environ 3 pouces ; cou- leur jaune rougeâtre. Habite les côtes d'Angleterre et de la France. ( C. M. ) 2. Hyade contractée, — H. coarctala (2). Carapacefortement resserrée derrière les angles orbitaires externes , qui sont très-grands, comprimés en forme d'oreille, et beaucoup plus saillans que la partie voisine d u bord latéral de la carapace. Carapace très-large en avant , arrondie postérieure- ment et verruqueuse en dessus : pâtes antérieures médiocres ; les suivantes un peu moins longues que chez la H. araignée. Corps inerme. Longueur , environ 2 pouces ; couleur jaunâtre. Habite les côtes de la Manche. ( C. M.) (1) C. araneus. Linn. Mus. Lud. Ulr. p. .439 ; — Penn. op. cit. t. 4> PI. 9, fig. 16 ; C. huffb , Herb. PI. 17, fig\ 95. Inachus araneus. Fabr. Sup. p. 356. Hyas araneus. Leach, Malac PI. 21, a; — Desm. p 148. — Latr. Encyc. PI. 278, fig. 3 ( copiée daprès Pennant ). (2) Hyas coarctata. Leach, Malac PL 21 , h. — Desm. p. 148. DES CRUSTACÉS. 3l3 VI. genre NAXIE. — Naxia. Cette petite division générique établit le passage entre les Lissas et les Chorines de M. Leach. La forme générale du corps est ici la même que chez les Pises et les Lissa , et la disposition du rostre a beaucoup d'analogie avec celle qui est propre à ces dernières ; mais les Naxies se distinguent des genres précédens par la disposition des antennes et des or- bites. La carapace de ces Crustacés est presque pyriforme , et le rostre, quoiqu'il ne soit pas lamelleux , ressemble beau- coup à celui des Lissa. Les orbites sont très-petites, presque circulaires, profondes, et marquées d'une fissure en dessus et en dessous , mais sans hiatus à leur bord inférieur. L'arti- cle basilaire des antennes externes est grand , mais étroit en avant , très-avancé et complètement caché par le rostre et par l'angle antérieur du bord orbitaire supérieur ; enfin , la tige mobile de ces appendices s'insère sous le rostre , tout près de la fossette antennaire et non au delà du niveau du bord externe de ce prolongement comme chez les Pises ; Yèpistome est très-grand. Du reste , ces Crustacés ne pré- sentent rien de remarquable. ii. Naxie serpulifère. — N. serpulifera (i). Carapace fortement bosselée et tuberculeuse en dessus , ar- rondie postérieurement, et très-rétrécie en avant. Rostre grand et formé de deux cornes cylindriques , tronquées au bout , et terminées chacune par deux grosses dents spiniformes. Angle antérieur du bord orbitaire supérieur occupé par une grosse dent triangulaire ; une dent semblable sur chacune des régions ptérygostomiennes et branchiales ; le deuxième article des an- tennes externes grêle , cylindriques et une fois et demie aussi long que le troisième. Pales delà première, paire du mâle plus grosses et aussi longues que celles de la seconde paire , qui ont (i) Plsa serpulifera Edwards ; Guérin, Cr. Icon. PI. 8 , fiç. 2. 3l4 HISTOIRE NATURELLE elles-mêmes environ une fois et demie la longueur des suivantes ; chez la femelle , au contraire , les pâtes antérieures sont nota- blement plus comtes cpie celles de la seconde paire , et ces der- nières ne sont guères plus longues que celles de la troisième paire. Tarses sans dentelures en dessous. Longueur , environ f\ pouces ; corps couvert d'un duvet brunâtre , et carapace sou- vent incrustée deflnstres, de serpules , d' éponges , etc. Habite la Nouvelle -Hollande. (CM.) VII. Genre CHORUNE. — Chorinus (i). M. Leach a donné ce nom à des Crustacés qui ressemblent extrêmement aux Pises , mais qui sont remarquables par la grande disproportion qui existe ordinairement chez le mâle entre les pâtes de la seconde et de la troisième paires , et par la position de la tige mobile de leurs antennes externes. La carapace des Chorines est plus longue et plus étroite que celie de presque tous les Maïens ; mais sa forme générale dif- fère peu de celle de quelques Pises. Le rostre est formé de deux grosses cornes pointues et horizontales- Les yeux sont rétractiles, et les orbites sont dirigées en dehors et en bas ; mais la paroi inférieure de ces cavités est très - incomplète. L'article basilaire des antennes externes est étroit et sans épines notables à son extrémité ; la tige mobile de ces appen- dices s'insère sous le rostre, et est en grande partie cachée par lui. U épis tome, les pa tes-m dchoires , le plastron sternal et X abdomen sont disposés à peu près comme dans le genre Pise. Les pâtes antérieures sont plus longues , surtout chez les mâles, et la pince qui les termine est assez fortement courbée en dedans , dentelée et pointue , mais un peu creu- sée en gouttière. Les pâtes suivantes sont cylindriques; celles des trois dernières paires sont de longueur médiocre, mais les secondes sont très-longues ; chez le mâle , elles sont en gé- néral une fois et demie ou même près de deux fois aussi lon- gues que celles de la troisième paire. (i) Cancer. Herb, Pisa. Latr. etc. Choriuus Leach. DES CRUSTACÉS. 3l5 A. Espèces ayant le bord orbitaire supérieur à peine marqué, et formé par trois épines dont une anté- rieure très-grande et deux postérieures rudimeu- t aire s. 1. ClIORINE HÉROS. C. herOS (l). Carapace presque deux fois aussi longue que large et convexe en dessus; région stomacale très-grande, renflée et tubercu- leuse dans sa moitié antérieure ; régions branchiales peu dé- veloppées et presque entièrement lisses. Rostre très -allongé; angle antérieur et supérieur de l'orbite surmonté d'une grande épine horizontale ; bords latéro-antérieurs armés en avant de deux dents arrondies. Pâtes antérieures du mâle deux fois aussi longues que la portion post-frontale de la carapace , cylin- driques et avec les doigts fortement recourbés en dedans ; celles de la seconde paire une fois et demie aussi longues que la portion post-frontale de la carapace , et deux fois aussi longues que celles de la troisième paire ; tarses armés en dessous d'une rangée de petites pointes cornées Longueur, 2 à 3 pouces; rostre , côtes de la carapace et pâtes des quatre dernières paires garnies de poils ; couleur jaune rougeâtre. Habite les Antilles. (CM) B. Espèces ayant le bord orbitaire supérieur lamcl- leux et avancé. 1. Chorine bélier. — C. aries (2). Carapace presque pyriforme , lisse et armée de quatre épines courtes et grosses; savoir .- deux sur la région (1) Cancer héros. Herb. PI. r\p. , fig. 1 ; Mata héros. Bosc. t. I , p 2S1. Pisa héros. Latr. Encyc. t. io,p. i3o, ; Chorinus héros. Leach, Latr. loc. cit. (•2) Pisa aries. Latr. Encyc t. X, p. 140- 3l6 HISTOIRE NATURELLE stomacale et une sur chaque région branchiale; cornes du rostre dirigées en avant; bord supérieur de l'orbite obtus à son angle antérieur et présentant une seule fente 5 son bord inférieur peu saillant et marqué d'une fissure. Pâtes de la première paire du mâle grosses, mais moins longues que celles de la seconde paire , qui ont environ une fois et demie la longueur des suivantes ; toutes sont cylindriques , dépour- vues d'épines , et ont les tarses lisses. Corps couvert de poils courts , serrés et crochus ; longueur, environ 3 pouces. Habite la côte de Coromandel. ( C. M. ) 3. Ciiorine hérissée. — C. aculcata. Carapace armée de cinq épines tres-longucs sur la liI 4- Mithrax très-épineux. — M. spinosissimus (1). Bord supérieur de la main armé de tubercules spini- formes ; carapace couverte d'épines plus ou moins allon- gées , mais lisse dans l'espace que ces pointes laissent entre elles, et garnie, ainsi que les pâtes , d'une multitude de poils raides ; par les progrès de l'âge, une partie de ces épines disparaissent presque entièrement. Rostre formé de deux épines très-écartées entre elles, mais dirigées en avant; bord orbitaire supérieur armé de trois ou quatre épines , dont l'an- térieure est très-forte et se dirige en avant ; bords latéro-anté- rieurs de la carapace armés chacun de cinq ou six grosses épi- nes , dont les deux premières sont bifurquées. Article basilaire des antennes externes terminé par deux épines , dont l'interne est très-longue ; troisième article de ces appendices très-court. Pâtes très-épineuses. Atteint 4^5 pouces de long. Habite les Antilles. (G. M.) 5. Mithrax aiguillonné. — M. aculeatus (2). Bord supérieur des mains armé comme dans l'espèce précédente; carapace ayant un aspect framboise , due à une foule de petites granulations circulaires et aplaties placées entre les épines. Très-voisine de la précédente, mais s'en distinguant aussi par des proportions différentes. Taille de 4 à 5 pouces. Habite les Antilles. (C. M.) 6. Mithrax verruqueux. — M. verrucosus (1). Bord supérieur des mains parfaitement lisse; carapace (1) Congrejo denton, Parra. Desc. de differ. piezas de Hist. nat. PI. 5i, fig. 1. — Maia spiuosissima, Larak. Hist. nat. des A. sans vert, t. V, p. 241. — Mithrax spinosissimus. Edw. loc.^cit. PI. 2 et 3. (2) Cancer aculeatus. Herb. PI. 19, fig. iO-j- Mithrax aculeatus. Edw. loc. cit. (3) Crangrejo Santoya? Parra op. cit. tab. 44- — Mithrax verrucosus. Edw. loc. cit. PI, 4- CRUSTACÉS, TOME I. 2 1 322 HISTOIRE NATURELLE couverte de granulations. Rostre dépassant à peine les épines terminales de l'article basilaire des antennes externes; pinces armées de huit à dix petites dents marginales et d'un bouquet de poils noirs inséré au fond de la cuillère formée par l'excava- tion de leur bord préhensile ; à peine quelques traces d'épines à la face inférieure des tarses des autres pâtes. Taille , environ 2 pouces. Habite les Antilles. (C. M.) 7. MlTHRAX HISPIDE. M. hispîduS (i). Bord supérieur des mains lisse; carapace non çerru- queuse, mais armée de quelques épines. Rostre ne dépas- sant pas l'article basilaire des antennes externes , qui n'est armé que de deux épines 5 troisième article de ces antennes notable- ment plus long que le second. Environ vingt dentelures sur le bord des pinces ; point de bouquet de poils dans la cuillère. Une rangée de petites pointes sous le tarse des pâtes des quatre dernières paires. Habite les Antilles. (C. M.) 3e. sous-genre. Mithrax déprimé. Dans cette subdivision , la carapace est encore plus large que dans les groupes précédens. 8. Mithrax sculpté. — M. sculplus (2). Carapace couverte de petites bosselures lisses. Rostre formé de deux petites dents arrondies, et n'occupant qu'environ le (1) C. Hispidus. Herb. PI. 18, fis. 100. — Maia spinicincta. Lamk. Hist. nat. des A. sans vert. t. V,p. -i^i. — Mithrax spinici nctu s. Desm. p. i5o, PL 23, fig. 1 et 3, — Mithrax hispidus. Edw. loc. cit. — Guerin. Icon. Cr. PL 7, fig. 5. ? (2) C. rugosus. Petiver. Petrigr. amer. tab. 20, fig. G. — Seba. t. III, PL ig, iig. 22. — Maia sculpta. Lamk. Hist. des A. sans vert, t. V, p. 2-J2. — Mithrax sculptas. Edw. loc. cit. PL 5. ^ DES C fi '6 S T ACES. 3aO liers de la largeur du iront; bord latéro-anlérieur de la cara- pace comme festonné, garni de quatre à cinq tubercules arron- dis. Carpe et mains parfaitement lisses ; point de dentelures à 1 extrémité des pinces; pâtes des quatre dernières paires très- épineuses en dessus et très-poilues. Tadle , environ 10 lignes. Habite les Antilles. (CM.) Le Cancer spinipes de Herbest (PI. 19, fig. g4) paraît être très-voisine du Mithrax hispide, mais en diffère par l'exis- tence de tubercules assez nombreux sur la face interne des mains . Le Cancer iiirius de Fabricms ( Ent. syst. tome II, page 58 , etc. ) pourrait bien être l'une des espèces de Mithrax transversales décrites ci-dessus. IX. genre PARAMITHRAX. — Paramithrax. Ces Crustacés établissent le passage entre les Mitbrax et les Maïas. La forme générale de leur carapace se rapproche beaucoup de celles des Mithrax triangulaires. Le rostre est formé de deux grosses cornes et notablement moins large que le front , qui à son tour a presque autant d'étendue que le cadre buccal. Les orbites sont ovalaires ; leur bord supé- rieur arqué en avant comme chez les Maïas , présente pos- térieurement trois fortes épines séparées par deux échancrures plus ou moins profondes ; leur bord inférieur est largement échancré ou incomplet. Les Yeux sont rétractils, à pédoncules grêles , assez longues et un peu courbées comme dans les Maïas. La région antennaire et les fossettes antennaires sont semblât blés à celles des Maïas. L'article basilaire des antennes externes est grand et armé d'épines , dont une (l'externe) s'avance en général au delà du bord du front , et sépare l'orbite de l'inser- tion de la tige mobile qui n'est pas recouvert par le front. Pates-machoires externes et stcmunikneu près comme chez 21 . 3^4 HISTOIRE NATURELLE les Maïas. Pâtes antérieures de force médiocre , et terminées par des pinces pointues et arrondies qui ne pressent pas de dentelures comme chez les Pises et ne sont pas creusées en cuillère comme chez les Mithrax. Les pâtes suivantes sont cylindriques, peu ou point épineuses, et de longueur va- riable suivant les espèces ; on n'y trouve pas de petites pointes cornées à la place inférieure du dernier article comme chez la plupart des Mithrax. Ces Crustacés appartiennent à l'Australasie. § A. Espèces ayant les orbites tres-incompletes en des- sous , et dont les yeux n'arrivent pas à beaucoup près jusqu'à V angle externe de ces cavités. i. Paramithrax du Péron. — P. Peronii. Carapace tuberculeuse et épineuse en dessus; régions hépatiques plus renflées que chez la plupart des Maïens ; front de largeur médiocre; épine formant l'angle orbitaire externe très-saillante , et suivie d'une série de cinq à six épines plus ou moins fortes. Article basilaire des antennes externes peu élargi en avant , et portant à son angle externe une épine qui ne dé - passe que de très-peu le bord orbitaire. Pâtes antérieures du mâle longues et garnies en dessus d'une crête tranchante sur l'antépénultième article. Habite l'Océan indien. (C. M.) 2. Paramithrax barbicorne. — P. barbicornis (i). Carapace assez lisse en dessus , ayant seulement quelques petites épines marginales sur les régions branchiales ; régions hépatiques dilatées. Corps couvert de longs poils. Longueur, un pouce. Habite la Nouvelle-Hollande. (i) Pisa barbicornis. Latr. , Encyc. t. X, p. l4l DES CRUSTACÉS. 3^5 § B. Espèces dont les orbites ne présentent en dessous qu'une échancrure , et dont les yeux , en se re- ployant y touchent V angle orbitaire externe. Paramitiirax. de Gaimard. — P. Gaimardii. Carapace renflée sur les parties latérales des régions hépati- ques ; orbites très-profondes ; article basilaire des antennes ex- ternes très -large, et terminé par deux fortes épines, dont l'une occupe le canthus interne de l'orbite , et sépare cette cavité de l'insertion de la tige mobile de ces appendices qui se voit sur les côtés du rostre. Corps couvert de poils très-serrés et cro- chus. Longueur, environ 4 pouces. Trouvée par MM. Quoi et Gaimard à la Nouvelle-Zélande. (CM.) Nous sommes portés à croire que le Cancer ursus de Herbst (PI. i4> %• 86) , et le Cancer pipa du même auteur (Seba, t. III, PI. 18, %. 7, et Herb. Pi. 17; fig. 97), pourraient bien appartenir au genre Paramithrax ; ce sont évidemment des Maïens voisins de ceux dont nous venons de parler, mais ils sont trop imparfaitement connus pour que nous puissions nous prononcer avec quelque certitude à leur égard. X. genre MAIA. — Maïa (i). Le genre Maïa , établi par Lamarck pour recevoir les Inachus et les Parthenopes de Fabrinus , c'est-à-dire tous les Oxirhnyques proprement dits , n'a été conservé qu'en res- treignant singulièrement ses limites, et ne renferme plus aujourd'hui qu'un très-petit nombre d'espèces qui viennent (1) Cancer Lin. Herb- ; Inachus. Fabr. ; Maïa, Lamk. Svst. des A. sans verteb. t. V., p. i5-j ; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. 87, etc., etc. — Leach. Edimb. Encyc. 7, p. 34y, et.;., etc.: — > Desm. p. 143. 3s6 HISTOIRE NATURELLE se grouper autour du Maïa Squinado de nos côtes. La ca- rapace de ces Crustacés ( PI. 3 , fig. i ) , est d'environ un quart plus long que large et assez fortement rétrécie en avant ; sa face supérieure est hérissée d'une infinité de tubercules ou d'épines , et ses régions sont peu distinctes ; le rostre est horizontal et formé de deux cornes divergentes; le bord latéro-antérieur de la carapace est armé de fortes épines et se continue sans changement de direction brusque avec le bord latéro-postérieur ; les orbites sont ovalaires , assez pro- fondes , et leur bord supérieur, élevé et arrondi en avant , est divisé en arrière par deux fissures. Les antennes internes ne présentent rien de remarquable ; mais la portion du front qui sépare leurs fossettes, se prolonge à une forte épine courbe, qui se dirige en bas ( PL 3 , fig. 2). Le premier article des antennes externes ( fig. 1, d.) est très-grand , et constitue plus de la moitié de la paroi inférieure de l'orbite qu'il ne dépasse que peu antérieurement ; son extrémité est armée de deux grosses épines et porte l'article suivant à son bord supérieur et externe , de sorte que la tige mobile de ces appendices naît dans le canthus interne des yeux. L épis tome est plus large que long ; il en est de même pour le cadre buc- cal. Le second article des pates-mdchoires externes se pro- longe assez loin , du côté interne , au devant du niveau de son articulation avec la pièce suivante , et celle-ci , notablement plus large que longue , est dilatée en dehors et fortement tronquée à ses deux angles internes (PI. 3, %. 8). Le plastron sternal est presque circulaire , et sa suture médiane , quoi- que assez longue, n'occupe que le dernier anneau thoracique. ( fig. i4) Les pâtes de la première paire ne sont guères pius grosses que les autres ; elles sont assez grêles , à peu près cy- lindriques, et terminées par une pince dont les doigts, pres- que styliformes, ne sont jamais creusés en cuillère ni dilatés vers le bout , et ne présentent que peu ou point de dente- lures. La longueur des pâtes de la seconde paire ne dépasse guères une fois et demi la largeur de la carapace, et les pâtes suivantes deviennent successivement plus courtes; l'article qui DES CRUSTACÉS. .^7 les termine est styliforme, et ne présente ni épines ni dente- lures à son bord inférieur. Enfin Yabdomen se compose dans les deux sexes de sept articles distincts, (fig. 2, A,fig. 5et lig. 6.) Le genre Maïa paraît être propre aux mers d'Europe , et se compose des Déeapodes les plus grands que nous ayons sur nos côtes. 1. Maïa squinade. — M. squinado (1). Carapace couverte d'épines aiguës, assez bombée, et fortement rétrécie en avant. Angle antérieur du bord orbitaire supérieur très-arrondi ; deux épines sur la moitié postérieure de ce même bord, savoir : une très -grosse et recourbée en haut , et une petite située derrière la précédente; bords latéro-antérieurs de la carapace armés de cinq ou six épines très-grosses et très- aiguës , dont la première constitue l'angle orbitaire externe. Face inférieure du front armée de cinq grosses épines, dont une médiane inter-antennaire, recourbée en avant, et deux placées de chaque côté et appartenant à l'article basilaire des antennes externes ; second article de ces antennes cylindrique et de même longueur que le troisième. Pâtes antérieures du mâle un peu plus fortes que celles de la seconde paire , et armée d'épines sur les troisième et quatrième articles. Corps couvert de poils crochus; longueur, 4 ou 5 pouces; couleur rougeâtre. Habite la Manche, l'Océan et la Méditerranée. (G. M. ) On prend ce Crustacé dans les filets traînans , et les pêcheurs le mangent, mais sa chair est peu estimée. Les anciens le regar- daient comme doué de raison et le représentaient suspendu au cou dé la Diane d'Éphèse , comme un emblème de la sagesse. On le voit aussi figuré sur quelques-unes de leurs médailles. (1) Cancer squinado. Piond. liv. 18, p. 401 • Pagurus venetartutt. Aldrov. p. 182, l83 ; Cancer maïa. Seba , t.JII, PL 18, fig. 2 et 3 ; Cancer squinado. Herb.. PL 56; C Spinosus,Venn. Bvit. Zool. t. IV, PL 8, fig. i4 ;— Inachus cornutus Fabr. suppl. p. 356. Maïa squinado. Latr.Hist.nat. desCrust. t. VI, p-g3 ; Ettcyt. PL 277,%. iet2 (d'à- 328 HISTOIRE NATURELLE 2. maïa verruqueux. — M. verrucosa (i). ( Planche 3 , fig. i — 1/{. ) Carapace à peine bombée , couverte de petits tubercules arrondis et armés de quelques petites épines sur la ligne médiane. Cette espèce, qui a été confondue avec la précédente par presque tous les naturalistes , et qui en est effectivement très-voisine , m'a paru devoir en être distinguée à cause de l'absence d'épines sur la face supérieure de Ja carapace , de la forme plus ovalaire et beaucoup moins bombée de ce bouclier céphalo-thoracique, et de la petitesse des pâtes antérieures qui, chez le mâle , sont plus grêles que celles de la seconde paire. La longueur de ce Maïa est de 2 à 3 pouces , et sous tous les au- tres rapports il ressemble au Squinade, Habite la Méditer ranée. (G. M. ) Il serait possible que le Maïa crépu de M. Risso {Hist. nat. de VEur. mérid , t. V, p. 23 ) ne fût autre que le M. verruqueux , mais les caractères que cet auteur y assigne ne sont pas suffisans pour résoudre la question. Si le Maïa Rosselii ( Audouin, Crust. de l'Egypte , par M. Savigny , PI. 6, fig. 5) appartient réellement à ce genre, il se distinguera facilement des précédens par l'existence de deux grandes cornes sur la partie antérieure de la région sto - macale , mais nous avons quelques doutes à cet égard. La description que Bosc a donnée de Maïa erinacea (t. , près Seba), etc. ; — Leach. Malac. PI. i8;~ Desm. PI. 21 ; — Piisso, Hist. nat. de l'Europe mérid. t. Y, p. 23. (1) C maïa. Belon ; — Cancer squinadu. Herb. t. I, PL l5, iig ; 84 et 85; Maïa squinado. Bosc t. I, PI. 7, fig. 3? — Audouin, Crust. de l'Egypte, par M. Savigny, PI. 6, %, 4. DES CRUSTACÉS. 3-ÏQ p. 253 , PI. 8 , %. i ) est si incomplète , et la ligure qui l'ac- compagne si mauvaise , qu'il est impossible de déterminer si ce Crustacé doit se rapporter à l'une des espèces précédentes ou en être distingué. XI. genre MICIPPE. — Micippe{\). Le genre établi par M. Leach, sous le nom deMicippe, est très-remarquable par la disposition singulière du rostre. La portion post-frontale de la carapace de ces Crustacés est presque quadrilatère , légèrement bombée , arrondie en arrière, et à peine rétrécie antérieurement; son bord fronto- orbitaire est droit et très-large , et ses bords latéraux sont armés d'épines. Le rostre est lamelleux et dirigé verticale- ment en bas de façon à former un angle droit avec l'axe du corps et avec l'épistome. Les orbites sont placés au-dessus et sur les côtés du rostre , et on remarque à leur bord supé- rieur une fente profonde ; les pédoncules oculaires sont ré- tractiles, assez longs, rétrécies au milieuet se prolongent jusqu'à l'extrémité de la cornée. La tige des antennes internes , en se reployant , reste verticale au lieu de devenir horizontale comme chez presque tous les autres Crustacés brachyures. L'article basilaire des antennes externes est très-grand et plus large en avant qu'en arrière ; le second article de ces appendices s'insère contre le bord du rostre à une assez grande distance de l'orbite. Le troisième article des pâtes- mâchoires externes est extrêmement dilaté du côté externe , et très-profondément échancré dans le point où il s'articule avec la pièce suivante. Le plastron sternal est à peu près circulaire. Les pâtes sont cylindriques et de longueur mé- diocre ; celles de la première paire ne sont guères plus gros- ses ni plus longues que les suivantes , même chez le mâle , et (i) Cancer. Lin. Mus. Lud. Ulr. p. 44^ '■> — Fabr. Ent. Syst. t. II, p. 4^o ; — Maïa. Eosc t. I ; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI , p. io3; — Micippa. Leach. Zool. mis. t. III; — Desm. p. \l\6 ; — Latr. Reg. Anim 2e. éd., t. IV, p. 5c;. 33o HISTOIRE NATURELLE les pinces sont effilées vers le bout, tranchant, et pas sensible- ment creusées sur leur face préhensile. Les pâtes de la se- conde paire ont à peu près une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace, et les tarses ne sont pas dentelés en dessous. Enfin X abdomen se compose de sept articles distincts dans les deux sexes. Les Micippes appartiennent à l'Océan indien. i. Micippe a Crète. — M. cristata (i). Carapace hérissée en dessus d'un grand nombre d'épi- nes longues et aiguës , dont deux sont placées sur le front et deux autres occupant le milieu du bord postérieur ; bords laté- raux du rostre armés de 4 ou 5 dents ; angle antérieur du bord orbi taire supérieur armé d'une forte épine ; bords supérieurs de l'orbite et bords latéraux de la carapace garnis de longues épines très-aiguës. Article basilaire des antennes externes beau- coup plus long que large. Pâtes couvertes de petites granula- tions ; longueur, 2 à 3 pouces ; couleur blanchâtre. Habite les côtes de Java. (CM.) 2. Micippe philyre. — M. philyra (2). Carapace couverte de tubercules granuleux , mais non épineuse en dessus. Rostre terminé par 4 dents dont les 2 externes crochues et dirigées en dehors ; angle antérieur du bord orbitaire supérieur arrondi , non spiniforme ; bords laté- raux de la carapace armés de quelques épines courtes et peu acérées. Article basilaire des antennes externes beaucoup plus (1) Cancer spinosus. Rumph, PI. 8, fig. I. Cancer cristatus. Linn. Mus. Lud. Ulr. p. 443. Cancer bilobus. Herb, PI. 18 , fig. 98. Maïa cristata. Latr. Encyc. PI. 28, fig. 1. (d'après Rumph); Micippa cristata. Leach. Zool. mis. t. 111, PL 128; — Desm. p. 149. (2) Cancer philyra. Herb. t. III, PI. 58, fig. 4 ; — Micippa phi- lyra. Leach ; — Desm. PI. 22 , fig. 2 ; — Guérin. Icon. Cr. PI. 8bis, %. 1. DES CRUSTACÉS. 33 1 large que long. Pâtes peu ou point granuleuses ; longueur , environ 2 pouces. Couleur jaunâtre. Habite l'Océan indien et les côtes de l'Ile-de-France. (C. M.) D'après la description que Linnée a donnée de son Cancer cornatus {Mus. Lu d. UL, p. 445) , ce Cruslacé me paraît devoir appartenir au genre Micippe , et avoir beaucoup d'ana- logie avec la M. Cristata ,* car le rostre est recourbé en bas entre les yeux et le front , est armé de chaque côté d'une forte épine. Cette espèce, qu'il ne faut confondre ni avec le C. cor- nutus de Fabricius , ni avec le C cornudo de Herbst, habite l'Océan indien. XII. genre CRIOCARIN. — Criocarcinus (i). M. Guérin a désigné sous ce nom dans la collection du Mu- séum un Crustacé très-singulier qui avait déjà été figuré par Herbst, mais qui était très-imparfaitement connu, et qui a beaucoup d'analogie avec les Micippes, soit par la forme gé- nérale du corps , soit par la disposition du front. Ce qui caractérise principalement ce nouveau genre , est la disposi- tion des orbites et des yeux. Les cavités orbit aires ont pres- que la forme d'un tube dirigé en dehors , long et tronqué à son extrémité ; mais elles n'engainent pas les yeux comme chez les Péricères, car l'anneau ophthalmique s'avance jus- qu'auprès de leur extrémité , et le pédoncule oculaire , qui est long , grêle et semblable à celui des Maïas , s'y in- sère de façon à être complètement à découvert et à pouvoir se reployer en arrière, et à s'appliquer dans toute sa lon- gueur contre le bord extérieur de l'article basilaire des an- tennes externes , position dans laquelle il est caché sous les épines post-orbitaires de la carapace. (i) Guérin. Collection du Muséum. 332 HISTOIRE NATURELLE i. Criocarcin a sourcils. — C. supcrciliosus (i). Carapace bombée, inégale, et à bords latéro - antérieurs presque parallèles. Rostre vertical et armé de deux cornes recourbées en dehors ; bord orbitaire supérieur lamelleux ex- trêmement saillant et armé de trois fortes épines ; trois ou quatre fortes épines sur les bords latéro-antérieurs de la cara- pace , deux sur la région stomacale , et une sur la région intes- tinale ; longueur , dix-huit lignes. Patrie inconnue. (CM.) XIII. genre PARAMICIPPE. — Paramicippa. Par leur aspect général, ces Crustacés ressemblent beau- coup aux Micippes ; comme elles , ils ont la carapace à peu près aussi large que longue , le rostre reployé en bas , et les bords latéro-antérieurs armés de dents. La dis- position des antennes externes est aussi à peu près la même que chez les Micippes , seulement leur second arti- cle, qui est placé sur le même niveau que la face supérieure du front, est aplati, élargi, très-court et triangulaire ou cordiforme ; mais celle des yeux est très-différente , car ces organes ne peuvent se reployer en arrière , et il n'existe pas de cavité orbitaire post-foraminaire ; leur pédoncule dé- passe de beaucoup les bords de l'orbite , et présente la même disposition que chez les Criocarcins, si ce n'est qu'ils sont im- mobiles. La forme des pâtes -mâchoires externes est la même que chez les Pises; mais Yépîstome est extrêmement court. Les pâtes sont courtes ; celles de la seconde paire ne sont guères plus longues que la portion post - fron- tale de la carapace ; et les suivantes se raccourcissent pro- gressivement ; enfin Yabdomen de la femelle se compose de sept articles distincts. Nous n'avons pas eu l'occasion d'observer des individus de l'autre sexe. (1) Seba. t. III , tab. 18, fig. II. — C. superciliosus. Herb. PL 14, fig- 89. Criocarciuus superciliosus. Guérin. Coll. du Mus. DES CRUSTACÉS. 333 i. Paramicippe tuberculeux. — P. tuberculosa. Pâtes des quatre dernières paires cylindriques et épi- neuses en dessus. Carapace légèrement bombée, à régions peu distinctes , et couverte de petits tubercules arrondis ou pointus. Rostre formé de deux cornes aplaties et reployées en bas vers la moitié de leur longueur ; bords latéro-antérieurs de la carapace armés de six ou sept dents à bords granuleux. Pédoncules oculaires élargis à leur base, rétrécis vers le bout, et dépassant l'orbite dans une étendue à peu près égale à la largeur de la base du rostre. Article basilaire des antennes externes peu élargi en avant ; le second article de ces appendices inséré entre le bord du rostre et le cantbus interne de l'œil, tout près de l'orbite; troisième article grêle, cylindrique, et plus long que le second. Troisième article des pates-mâchoires externes très-dilaté vers l'angle antérieur et externe. Quelques poils sur les pâtes, et même sur la carapace. Couleur brunâtre. Patrie inconnue. (C. M.) 2. Paramicippe platipède P. platipes (i). Pâtes des quatre dernières paires déprimées et lisses en dessus. Carapace légèrement tuberculeuse en dessus; rostre fortement infléchi et terminé par deux dents triangulaires; bords latéraux granuleux; troisième article des pates-mâchoires externes peu ou point élargi vers l'angle antérieur et externe. Longueur environ un pouce. Habite la mer Rousre. Le Cancer thalia de Herbst ( PI. 5S , %. 3 ) , parait ap- partenir aussi à ce genre. (i) Micippe platipes. Ruppell. Crust. de la mer Rouge , Pi. i fig. 4. 334 HISTOIRE NATURELLE XIV. genre PÉRICÈRE. — Pericera (i). Les Péricères ressemblent beaucoup par leur forme géné- rale aux Pises, mais s'en distinguent par divers caractères, et surtout par la disposition des orbites. Leur carapace (PI. 14 bis . fig. 5 ) , très^allongée et plus ou moins trian- gulaire , est un peu bombée et inégale en dessus. Le rostre. est horizontal et formé par deux grandes cornes coniques , acérées et ordinairement divergentes. Le front est très-large et occupe à peu près deux fois autant d'espace que la base du rostre. Les orbites sont circulaires , très-petits et extrê- mement profonds; ils sont dirigés directement en dehors, et remplis en entier par les pédoncules oculaires , qui y sont renfermés comme dans une gaine, les dépassent à peine, et ne peuvent se reployer ni en avant ni en arrière ( fig. 4- ) ? leur bord supérieur est très-avancé et présente une fissure. L'article basUaire des antennes externes est extrêmement grand , et présente à peu près les mêmes dispositions que chez les Micippes ; car il est beaucoup plus large en avant qu'en arrière , et se termine par un bord transversal très- étendu , qui se soude au front sur les côtés du rostre ; la po- sition de la tige mobile des antennes externes varie un peu , tantôt elle s'insère sous le rostre , tantôt un peu en dehors du bord latéral de ce prolongement , mais toujours très- près de la fossette antennaire et très-loin de l'orbite. La dis- position des pates-mâchoires externes , ainsi que celle du plastron sternal , des pâtes et de Y abdomen , est à peu près la même que chez les Pises. (i) Cancer. Herb. Main. Bosc , t. I; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI; — Pisa. Latr. Encyc t. X ; — Pericera. Latr. R. Anim. 2«. éd. , t. IV, p. 58. DES CRUSTACES. 335 A. Espèces dont les angles antérieurs du bord orbitaire supérieur se prolongent en une forte épine qui dépasse de beaucoup l'article basilaire des antennes externes. 1. PÉRICÈRE CORNUE. — P. COritllta (l). Cornes du rostre stylif ormes , tres-dwergentes , et égales en longueur à la largeur du front. ( PI. iz^bis , fig. 5.) Carapace inégale et sans épines notables à sa face supérieure, mais armée sur les bords d'une ceinture d'épines grosses , très-longues et aiguës, dont une est placée sur les régions hépatiques , trois sur les branchiales, et une, impaire, sur la région intestinale. Article basilaire des antennes externes armé en avant d'une petite épine qui ne dépasse pas le front ; deuxième article cylindrique grêle, allongé et inséré sous le rostre ; troisième article n'ayant pas la moitié de la longueur du second.. Pâtes antérieures cylindri- ques , de la grandeur ou un peu plus fortes et plus grosses que les suivantes; bras épineux; pinces très- grêles. Pâtes suivantes médiocres , celles de la seconde paire n'ayant pas une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Corps couvert d'un duvet brunâtre. Longueur , 3 à 4 pouces. Habite les mers des Antilles. (C. M. ) 2. Péricère cornigère. — P. cornigera (2). Cornes du rostre styliform.es , parallèles et contigu'ès dans toute leur longueur. Carapace couverte sur les bords , comme en dessus , de tubercules plus ou moins pointus , ren- (1) Homed Crab. Griflith Hughes. Hist. nat. of Barbados , PL 2D, fig. 3. Congrejo comuto. Parra. Description de différentes piezas de Historia natural, PI. 5o, fig. 3. Cancer comudo. Herb. PI. 59, fig. 6; Mdia taurus. Lamk. Hist. des Anim. sans vert. , t. V, p. ?4a. (2) Pisa cornigera. Latr. Encye. , t. X , p. l^i- 336 HISTOIRE NATURELLE fiée et arrondie en arrière. Dents de l'angle antérieur du bord orbitaire supérieur, petites, pointues et recourbées en haut. Ar- ticle basilaire des antennes externes armé d'une épine termi- nale ; deuxième article élargi vers le bout et guères plus long que le troisième. Pâtes garnies de tubercules ou d'épines sur leur troisième article. Celles de la seconde paire, chez le mâle, une fois et demie aussi longues que les suivantes, mais n'ayant cependant qu'une fois et demie la longueur de la portion post- frontale de la carapace. Tarses garnis en dessous de pointes cornées. Longueur , environ i pouces. Habite l'Océan indien. (CM.) E. Espèces dont la dent terminale de l'article basi- laire des antennes externes dépasse de beaucoup l'angle antérieur du bord orbitaire supérieur. 3. Péricère a trois épines. — P. trispinosa (i). Portion postérieure de la carapace triangulaire , et armée de trois fortes épines , dont deux latérales et une médiane dirigée en arrière. La forme générale de ce Crus- tacé diffère peu de celle de la Pise armée , seulement les bos- selures de la carapace sont moins élevées, le front est plus large et le rostre plus court, les angles antérieur et extérieur des or- bites sont très-obtus ; la tige mobile des antennes externes s'insère immédiatement au-dessous du bord latéral du rostre ; enfin les pâtes de la seconde paire sont de la longueur de la portion post-frontale de la carapace seulement , et leur troi- sième article est un peu noduleux vers le bout. Longueur, en- viron i pouce et demi ; corps couvert d'un duvet jaunâtre très- court. Habite les Antilles. (CM.) . (i) Pisa trispinosa. Latr. Eucyc. t. X , p. li\ï, Pericera trispinosa. Eclvv. Guér'm, Icon. Cr. PI. 8, fig. 3. DES CRUSTACÉS. 33^ 4. Péricère bicorne. — P.bicorna (1). Carapace arrondie postérieurement et sans épine mé- diane au-dessus de l'insertion de V abdomen ; cornes du rostre très- divergentes . Carapace couverte de tubercules ar- rondis , armée d'une petite épine transversale sur chaque ré- gion branchiale , mais du reste peu ou point épineuse ; bord supérieur de l'orbite à angles peu saillans et marqué de 2 fissu- res. Tige mobile des antennes externes insérée entre le bord du rostre et la dent terminale de l'article basilaire de ces appen- dices ; son premier article élargi et presque aussi long que le second. Pâtes à peu près comme dans l'espèce précédente. Longueur, environ 1 pouce ; couleur jaunâtre ; légèrement pu- bescent. Habite les Antilles. (CM.) XV. genre STENOCINOPS. — Stènocinops (2). Ces Crustacés sont très-voisins des Péricères ; leur forme générale est à peu près la même , et ils n'en diffèrent guères que par la disposition des yeux. La carapace est étroite , très-inégale et garnie en arrière d'un grand prolongement triangulaire qui recouvre l'insertion de l'abdomen ; le rostre est formé de deux cornes styliformes et divergentes ; le bord supérieur de Y orbite est armé d'une corne analogue à celles du rostre , mais dirigée plus obliquement. Les tiges oculaires sont minces , immobiles et extrêmement saillantes; leur longueur égale la moitié de la plus plus grande lar- geur du corps ; les antennes internes ne présentent rien de remarquable; le premier article des externes est beau- coup plus long que large , le second est grêle et s'insère sous (1) Pisa bicornuta. Latr. Encyc. t. X, p. li^l, (2) Cancer. Hevb., ; Stènocinops. Latr. R. Anim., 2* éd. , t. IV, p. 59. CRUSTACÉS- TOME I. 22 338 HISTOIRE NATURELLE Je rostre un peu au devant du niveau des yeux , et à une dis- tance à peu près égale des orbites et des fossettes antennaires. L'épistome estpresque carré, et le troisième article des pates- mâchoires externes extrêmement dilaté vers l'angle externe et antérieur; en dedans et en avant il présente une échan- crure étroite et profonde. Les pâtes sont grêles et cylindri- ques; chez la femelle , celles de la première paire ne sont guères plus grosses que les autres et sont beaucoup plus cour- tes que les secondes ; la longueur de celle-ci dépasse un peu celle de la carapace ( le rostre compris ) , et les suivantes de- viennent progressivement plus courtes ; l'article qui les ter- mine est acéré et recourbé. Enfin Y abdomen de la femelle n'est composé que de cinq articles, les trois anneaux qui précédent le dernier étant soudés entre eux ; quant à celui du mâle, nous n'en connaissons pas la disposition. i. Stenocenops cervicorne. — S. cervicornis (ij. Carapace bosselée et garnie de tubercules ; cornes du rostre et du bord orbitaire supérieur grêles , très-longues et à peu près égales entre elles ; deux grosses élévations coniques sur les côtés de chaque région hépatique ; antennes externes moins longues que le rostre ; pinces finement dentées et un peu courbées en de- dans; pâtes lisses ; longueur, 2 ou 3 pouces. Habite l'Ile-de-France. (CM.) XVI. genre MEN^ETHIE. — Menœthius(i). Les Crustacés de cette petite division générique ont le port des Pises, et établissent le passage entre ces animaux et les Halimes. Leur carapace , environ une fois et demie aussi longue que large , est extrêmement rétrécie antérieu- (i) Cancer ccn'icoruis. Herb. PI. 58, fig. 2. Stcnociuops cervicor- nis. Latr. Guérin Icon. Cr. PI. 8 bis, fig. 3; (2) Pisa. Latr. Encyc. t. X, p. 139. des crustacés. 33g rement , et a la forme d'un triangle allongé et arrondi à sa base. Le rostre ( PI. i5, fig. 1 1 ) est formé par un grand stylet pointu , qui est placé sur la ligne médiane du corps , et oc cupe environ le tiers de la longueur totale delà carapace. Les angles antérieurs des orbites sont surmontés d'une grande dent pointue et horizontale qui se dirige en avant ; les bords de ces cavités ne présentent pas de fissures et entourent exacte- ment la base du pédoncule oculaire qui est court et peu mobile. La disposition des antennes externes , des pates- mâchoires externes , et des pâtes thoraciques , est la même que dans les Pises , seulement il existe à la face inférieure des tarses deux rangées de pointes cornées. 12 abdomen du mâle se compose de sept articles distincts ; mais chez la femelle on n'en compte que cinq , dont l'avant-dernier est formé par la soudure de trois anneaux. ( PI. 16, fig. i3. ) i. Menoethie licorne. — M. monoceros (i). Face supérieure de la carapace bosselée, mais presque horizon- tale ; 3 petits tubercules disposés en triangle sur la région sto- macale et i sur chaque région branchiale ; bords latéro-antérieurs divisés en trois dents irrégulières, triangulaires et peu saillantes; troisième article de toutes les pâtes armé de quelques épines; celles de la deuxième paire beaucoup plus longues que les sui- vantes. Longueur, environ 10 lignes ; rostres garnis de poils, cou- leur brunâtre. Habite les côtes de l'Ile-de-France , la mer Rouge et l'Océan indien. (CM.) Le Pise espadon de M. Latreille (P. xyphias , Encyc. t. X, p. i4°) paraît être très-voisin de l'espèce précédente. Il en est probablement de même de I'Inachus angustatus de Fabricius ( Suppl. Ent. Sept. p. 35^ ). (i) Pisa monoceros. Latr. Encyc t X, p. l3q. Inachus arnbicus. Ruppell. Grust. de la mer Rouge, PI. 5, fig \. 22. 3jo HISTOIRE NATURELLE XVII. genre HALIME. — Halimus (i) . Les Halimes établissent le passage entre les Eurypodes , les Pises , les Menœthies et les Acanthonyx. Ils ne s'éloignent guères des premiers que par la longueur beaucoup moins grande de leurs pâtes , par la forme du troisième article des pates-mâchoires , etc. ; ils ressemblent aux Pises par la forme générale de leurs corps , et la disposition de leurs yeux les rapproche des Menœthies et des Acanthonyx. Ces Crustacés ont la carapace ( toujours le rostre com- pris ) environ une fois et demie aussi longue que large , et bombée en dessus. Le rostre est avancé et formé de deux grandes cornes divergentes ; le bord orbitaire supérieur est saillant , et les bords latéro-antérieurs de la carapace sont presque toujours droits et portent des épines très-fortes. Les yeux ne sont pas rétractiles , et dépassent notablement les bords de l'orbite, qui se prolonge en arrière avec un sillon qui en représente la portion post-foraminaire. Le pre- mier article des antennes externes et très-long , droit et à peu près de même largeur à son extrémité qu'à sa base ; l'insertion de la tige mobile de ces appendices n'est pas recouverte par le rostre, h'épistome est très-grand et à peu près carré. Le troisième article des pates-mâchoires est fortement dilaté en dehors. Les régions ptèrygostomiennes très-petites. Les pâtes antérieures grêles), et de longueur mé- diocre chez le mâle aussi bien que chez la femelle. Les pâtes suivantes sont longues , grêles et comprimées ; leur avant- dernier article est élargi en dessous et tronqué en manière de pince subcheliforme , à peu près comme chez les Euri- podes ; enfin l'abdomen du mâle se compose de sept seg- (i) Cancer. Herbst. — Maïa. Bosc. — Halimus, Latr. Fam. nat. p. 272, et Reg. Anim. 2e. éd. t. IV, p. 60. DES CRUSTACÉS. 3^1 mens chez le mâle et de cinq seulement chez la femelle adulte. Ces Crustacés habitent l'Océan indien. i. Halime bélier. — H. aries (i). Bord postérieur de la carapace arme sur la ligne mé- diane d'une forte épine dirigée en arrière; une petite épine placée en arrière de l'orbite et suivie d'un prolongement lamel- leux armé de deux grosses épines ; 3 grosses épines dirigées en dehors sur chaque région branchiale ; 5 petites pointes sur la ré- gion stomacale, i sur la génitale et une grosse épine sur l'intes- tinale immédiatement en avant de la postérieure déjà mention- née. Pâtes peu élargies en dessus et portant une multitude de petites pointes sur la portion tronquée du bord inférieur de leur avant- dernier article. Taille, i pouce. Habite l'Océan indien. (CM.) 2. Halime oreillard. — H. auritus (2). Point d'épine notable sur le bord postérieur de la cara- pace, ni sur la région intestinale. On retrouve du reste les mê- mes épines que dans l'espèce précédente, seulement elles sont beaucoup plus petites, et les deux qui occupent le bord de la région hépatique ne se confondent pas à leur base de manière à former un petit prolongement lamelleux. Pâtes des 4 derniè- res paires beaucoup plus comprimées que dans l'espèce précé- dente et garnies de longs poils. Longueur, environ 2 pouces et demi. Habite l'Océan indien. (C. M.) (I) Latr. Coll. du Mus. — Guérin. Iconog. Cr. PL 9, iig 2. (a) Pisa aurita. Latr. Encyc. t. X, p. 140. 3^2 HISTOIRE NATURELLE XVIII. genre ACANTHONYX. — Acanthonyx (i). Les Acanthonyx ont avec les Halimes beaucoup plus de rap. port qu'on ne le croit généralement; car c'est à tort que M. La- treille leur assigne pour caractère des yeux rétractiles ; à cet égard, ils ne diffèrent pas des Halimes, et ils s'en rapprochent aussi par la disposition presque subcheliforme de leurs pâtes. La carapace de ces Crustacés (PI. i5, fig. 6), est aussi allongée que celles des Halimes, mais elle est moins bombée et bien moins épineuse. Le rostre est horizontal et formé de deux cornes aplaties et divergentes ; les orbites sont circulaires et occupées en entier par la base du pédon- cule oculaire qui les dépasse d'une manière très-notable ( fiç. 7 )• La disposition des antennes, de Y épis tome et des pates-mdchoires est à peu près la même que chez les Ha- limes 5 enfin les paies sont courtes , assez grosses ; et celles des quatre dernières paires sont très-comprimées ; leur cin- quième article est élargi en dessous, échancré près du bout , et armé d'une dent pilifère contre laquelle le doigt vient se replier en manière de pince ; celles de la seconde paire présentent cette disposition particulière d'une manière en- core plus marquée que les postérieures. - 3. Acanthonyx lunule. — A. lunulatns (2). (PI. i5, fig. 6-8.) Point d'épines à l'angle orbitaire externe-, bords laté- raux de la carapace armés de trois dents, dont l'anté- rieure est recourbée en avant. Carapace légèrement convexe et presqu'une fois et demie aussi longue que large ; rostre ter- (1) Màia. Risso. — Libinia. Desm. — Acanthonyx. Latr. R. Anim. a*, éd. t. IV, p. 58. (2) Maïa tunata.Kisso, Crust. de Nice, PI. I , fig. 4 5 — Acantho- nyx lunulatus. Latr. Reg. Anira. 2e. éd. , t. IV, p. 58; — Guérin, Icon. Cr. PL 8, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 343 miné par deux cornes séparées par une échancrure semi-circu- laire; angle antérieur des orbites surmonté d'une dent assez Forte el dirigée en avant ; les deux dents postérieures du bord latéral de la carapace petites, arrondies et obtuses. Pâtes anté- rieures du mâle beaucoup plus grosses , mais pas plus longues que les suivantes ; quatrième article de celles-ci arrondi en dessus ; leur cinquième article garni de poils sur la portion tronquée de son bord inférieur, et les tarses armés en dessous de deux rangées de pointes. Abdomen du maie composé de six articles, le quatrième et le cinquième anneaux étant soudés entre eux. Longueur, 8 lignes: corps lisse, avec quelques fais- ceaux de poils sur le front, etc. ; couleur vert foncé, passant au jaune par l'action de l'alcool. Habite les côtçs de la Provence et la baie de JXaples , où il se trouve dans les fentes des rocbers tapissés d'algues. 4- Acanthonyx de petiver. — A. petiverii (1). Point d'épines à l'angle externe des orbites, bords la- téraux de la carapace armés de trois dents , dont C anté- rieure très- grande, aplatie et arrondie, n'est pas recourbée en avant , et dont les deux postérieures sont trés-pelites et obtuses. Cette espèce ressemble du reste à la précédente, seulement la carapace est moins convexe , les dents des angles orbitaires antérieurs sont plus fortes et plus élevées ; les pâtes antérieures sont un peu plus fortes, et leur quatrième article est caréné en dessus. Longueur, 8 lignes. Habite les Antilles. 5. AcANTHONYX DENTÉE. A. dcïltatUS. Une dent spiniforme à l'angle externe des orbites. Bords latéraux de la carapace armés de deux dents très- Ci) Cancer muricatus compressum. Petiver. Petrographia americana, PI. 20, fig. 8. 344 HISTOIRE NATURELLE grandes, aplaties, triangulaires et pointues. Pâtes des quatre dernières paires en carène sur le Lord supérieur. Abdomen du mâle formé de sept articles distincts ; du reste , semblable aux espèces précédentes. Habite le cap de Bonne-Espérance. (CM.) XIX. genre EPIALTE. — Epialtus. Les Crustacés dont nous formons le genre Epialte , éta- blissent à quelques égards le passage entre les Doclées et les Acanthonyx , mais se rapprochent bien plus de ces dernières. Leur carapace ( PI. i5, fig. 1 1) est presque circu- laire ou plutôt bexagonaie , guères plus longue que large , régulièrement bombée et lisse en dessus. Le rostre est étroit, triangulaire, et peu ou point divisé 5 les bords latéro- antérieurs de la carapace sont très -courts, et forment avec les bords latéraux un angle très-ouvert. Les yeux sont extrêmement courts et ne dépassent pas notable- ment Yorbite , qui est circulaire et à bords entiers ; cepen- dant ils paraissent susceptibles de s'y recourber un peu en arrière. La région antennaire est très-petite : la tige mo- bile des antennes externes s'insère sous le rostre , assez loin au devant de l'orbite , et l'article basilaire de ces appendices , qui latéralement ne se distingue pas des parties voisines du teste , est presque triangulaire et très-étroit à son ex- trémité ; il paraît former la totalité de la paroi orbitaire inférieure ; le second article de ces antennes est un peu élargi et presque deux fois aussi long que le troisième. L'é- pistome est petit et carré ; les pates-mâchoires externes sont grandes , et leur troisième article est presque carré ; il n'est pas sensiblement élargi en dehors , et seulement un peu échancré à son angle antérieur et interne , dans le point où il se joint à l'article suivant. Le plastron stemal est à peu près circulaire , et sa suture médiane anticipe sur l'avant-der- nier segment. Les pâtes antérieures sont assez fortes et les pinces légèrement creusées en cuillère. Les pâtes suivantes DES CRUSTACÉS. 3l{5 sont cylindriques , et on remarque au bord inférieur de leur avant-dernier article , un petit tubercule setifère plus ou moins saillant ; mais leur dernier article , qui est garni en dessous de deux rangées de petites épines, est peu flexible, de façon que ces organes ne peuvent agir qu'en manière de pince ; ce tubercule ne devient bien apparent qu'aux pâtes postérieures. Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup plus longues que toutes les autres. Enfin , le nombre des ar- ticles de ['abdomen varie chez le mâle de six à sept. Ces Crustacés habitent les côtes du Chili. 2. Epialte bituberculé. — E. bituberculatus. (PI. 18, %. ii.) Rostre entier, deux angles saillans de chaque côté de la carapace et deux tubercules sur la région stomacale. Dans cette petite espèce , dont la longueur n'est que de trois ou quatre lignes, les pâtes sont courtes, l'abdomen du mâle com- posé seulement de six articles, et la couleur générale d'un brun jaunâtre. Habite les côtes du Chili. ( C. M.) 2. Epialte denté. — E. dentatus. Rostre bifide ; une petite dent au devant de chaque or- bite, et trois dents spiniformes de chaque cote de la cara- pace sur son bord latéro- antérieur ; carapace tres-bombée. Pâtes longues, ayant sur le bord inférieur du métatarse un pe- tit tubercule pilifère et le tarse garni en dessus de deux ran- gées de petites épines. Abdomen du mâle composé de 7 an- neaux distincts. Longueur, 3 à 4 pouces. Habite les côtes du Chili. (C. M.) XX. genre LEUCIPPE. — Leucippa (1). Les Leucippes ont beaucoup d'analogie avec les Acantho- (1) Leucippa. Edw. Ann. de la Soc entomologique, t. III. 3|6 HISTOIRE NATURELLE nyx, et elles établissent sous quelques rapports un passage entre les Maïens et les Parthénopiens. La forme de leur carapace est assez semblable à celle des Eurynomes, seulement, au lieu d'être inégale et hérissée de tubercules comme chez ces Crus- tacés, sa surface est parfaitement lisse (PI. i5, fig. 9) ; sa lon- gueur n'excède que de peu sa largeur , sa portion antérieure est à peu près triangulaire , et ses bords latéro-antérieurs avancés et tranchans. Le rostre est horizontal , avancé, très- large, et formé de deux cornes lamelleuses. Les orbites sont in- complets, et l'œil ne peut pas s'y cacher en entier j le bord supérieur de ces cavités est droit , et va rejoindre la base de la première dent du bord latéro-antérieur de la carapace, de fa- çon à former une échancrure triangulaire ; le bord externe de l'article basilaire des antennes externes constitue la portion interne de leur paroi inférieure ; mais en arrière et en bas elles ne sont limitées par rien , et on pourrait dire avec raison qu'il n'existe pas de portion post-foraminaire de l'orbite (fig. 10). Les yeux sont petits et portés sur un pédoncule très- court; lorsqu'ils se reploient en arrière , ils ne dépassent que de peu la ligne transversale , et ils s'appliquent sur l'angle du bord latéro-antérieur de la carapace. Le premier ar- ticle des antennes externes est étroit dans toute sa lon- gueur ; le second et le troisième sont complètement ca- chés sous le rostre , et ce dernier est presque deux fois aussi long que celui qui le précède. Uépistome n'est pas très-développé , et les pates-mâchoires externes ont leur troisième article très-dilaté en dehors , et légèrement tron- qué à son angle antérieur et interne. Les pâtes sont courtes, comprimées, et surmontées dans presque toute leur lon- gueur d'une crête tranchante. Enfin , X abdomen des femelles est composé de sept articles , et couvre tout le plastron ster- nal ; quant à celui du mâle , on ne le connaît pas. Ce genre appartient à l'Océan Pacifique. DES CRUSTACÉS, 347 l. Leucippe pantagone. — L. pentagona (1). (PI i5, fig. 9-10.) Rostre arrondi en avant et divisé par une fissure étroite ; bords latéro antérieurs de la carapace tranchans et découpés en trois grandes dents , dont l'antérieure constitue l'angle orbitaire externe; article basilaire des antennes externes armé en dehors d'une crête longitudinale très-saillante ; région ptérygostomienne garnie dune série de dentelures : pinces , petites et dentées ; pâtes des quatre dernières paires pubescentes en dessous. Lon- gueur, 4 bgnes ; couleur gris pâle ; mâle inconnu. Habite les côtes du Chili. (G. M.) TRIBU DES PARTHENOPIENS. Ce groupe naturel correspond à peu près au genre Parthenope, tel que Fabricius l'avait créé, et éta- blit le passage entre les Maïens et les Cyclomê- topes. La carapace de ces Crustacés est ordinaire- ment triangulaire, et guères plus longue que large; eu général, ses bords latéro -postérieurs sont presque transversaux , et les latéro-antérieurs suivent la même direction que les bords du rostre ; mais quelquefois les parties latérales de la carapace sont arrondies; sa surface est presque toujours bosselée et tuberculeuse. Le rostre est en général petit et entier, ou seulement échancré au bout; les yeux sont presque toujours parfaitement rétractiles ; l'article basilaire des antennes externes présente quelquefois la même disposition que chez les Maïeus ; mais, dans la grande majorité des (i) Ann. de la Soc. Entom. , t. 3, pi. 3^8 HISTOIRE NATURELLE cas , il en est tout autrement : cet article est petit , et ne se soude pas aux parties voisines du lest ; son bord externe ne concourt pas à former la paroi orbitaire inférieure, et son extrémité n'atteint pas le front; enfin, la tige mobile de ces antennes est courte, et prend naissance dans un hiatus de l'angle orbitaire interne. Uépistome est beaucoup plus large que long , et la forme des pates-mâcboires externes est à peu près la même que chez les Maïens. Les pâtes an- térieures sont très-développées , et s'écartent presqu'à angle droit du corps ; chez le mâle elles sont toujours plus de deux fois aussi longues que la portion post- frontale de la carapace , et quelquefois elles ont quatre fois cette longueur ; la main est presque toujours trian- gulaire, et la pince brusquement recourbée en bas, de façon que son axe forme un angle très-marqué avec celui de la main. Les pâtes suivantes sont au contraire courtes; en général, celles de la seconde paire ont moins d'une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace, et les autres diminuent progressivement. Enfin , Yabdomen présente encore des différences assez grandes dans le nombre des ar- ticles distincts que l'on compte chez le mâle , tandis que chez la femelle leur nombre est toujours de sept. Les Parthenopiens habitent des parages très-variés; on en trouve dans la Manche, dans la Méditerranée , dans l'Océan indien, etc. On ne sait que peu de choses sur leurs mœurs. Cette tribu se compose de cinq genres pouvant être distingués par les caractères indiqués dans le ta- bleau ci-joint. 53 H Ci o S2. 2- 2« P- O o min» tn 3 W> S «• P- » P-O « m a p »-«• P i-d ►— • w u (t m B, en o C>-3 X cû p B ~ S ^S- en « CD o p cd cd p r+ p* «h 3 cd 2.3 »• (J s* p* P 5 M 3-0 p P *" p 3T o p. en >-s • cd 09 *-. C/l VI O 3 p+ O y n •* p - cd, * 3 a P Vi « 55 -ï in n *P Vi >-» - O S 3 ES cd g e- cd P 3 » p* o as O •S Q 3 > H S H- O •o — P3 H S a ■-s p hS p o CD B. B <« V ^ ^ 2. g o » 2-Ô-- ^^ ° p 2; ' 3 en cd hi >"a o P Cû- 2 cd cd J »1 Ul p- en O 3 n O ^3 S'P-2. <^3 S S g. o- cd- S- p ^ P' <" ,3. p rt g P-PJ-P X • n> p c hj « w § re 3 et 3 O - P B* CD 1 3 ■ i en C P O cr p* p p v. P- CD en p^ p* hçj en HrJ r+ B* CD S P ft P 2 S ?♦ 3. M 0S B a c. -« s • s» 3- *%<« 8.5-2 & P-a " »— 5. ST p 2. a 3'*P ^ 2 s s |i e «"S p S 3^2-S » 3 en CD P * fD P es p PJ '-a >rt CD 1 ' CD ■ en '►g p CD X "pr 3 ET. ^ es fj> 2- p- « s rr 2 CD en •pJT 2 N 3. CD P <"•> H- h- w en -• O "S CD'^cTcxq ** 3 o - C 3 S-^ 3 C6 >^ p ^^ CD- i-( P> g 3 o r+ ^»« CD> P C P CD P- CD en P 3 CD 3 3 CD en •3 H ta M, O PI CD W >■ ci O *0 H i— i O C M O M 1—4 O C5 > pu > n W- ps W- I— • o ci w (X» W H w> o p-t w 00 DES CRU-STACÉS. 349 I. genre EUMEDON. — Eumedonus. Les Eumédons établissent en quelque sorte le passage entre lesSténorhynques, lesAchées, d'une part, et les Eury nomes, lesLambres et les Panthenopes de l'autre. En effet, la forme de la carapace (PI. i5,fig. 17 ) est presque pentagonale comme chez ces derniers , mais ce bouclier dorsal est en même temps comme rejeté en avant et ellene dépasse guères leniveau des pâ- tes de la troisième paire , disposition qui rappelle et qui existe chez les premiers. Le corps est déprimé ; le rostre , très-large et très-avancé, n'est divisé que vers son extrémité ; les yeux sont très-courts, et leur pédoncule remplit entièrement les or- bites qui sont circulaires , caractère qui rapproche encore ces Crustacés des Sténorhynques ; les antennes internes se re- ploient très-obliquement en dehors , et les externes sont peu développées ; leur premier article ne concourt pas notablement à la formation de la paroi inférieure de l'orbite ; leui* tige mobile naît dans la fente que laissent entre eux les deux angles internes de cette cavité, à peu près comme cela a lieu chez les Parthénopes , et leur article terminal est très-court. L'épi- stome est moins long quechez la plupart des Oxyrhynques. Les pates-mâchoires externes ne présentent rien de remarquable. Chez le mâle les pâtes thoraciqucs de la première paire sont grosses et beaucoup plus longues que les suivantes ; toutes celles-ci sont un peu comprimées; et leur troisième article est surmonté d'une crête qui ne se voit pas distinctement sur les autres articles ; les pâtes de la seconde paire sont un peu plus courtes que celles de la troisième et celles de la cin- quième paire , qui sont presque aussi longues que les qua- trièmes, au lieu d'être placées sur le même niveau, qu'elles sont insérées au-dessus de manière à les recouvrir en partie. Enfin l'abdomen du mâle se compose de sept articles , dont les deux premiers se voient à la face dorsale du corps en avant de la carapace. Quant à celui de la femelle , nous n'avons pas eu l'occasion de l'examiner. Ce genre appartient aux mers d'Asie. 35o HISTOIRE NATURELLE I. Eumédon nègre. — K. niger. (PL »5, fig. 17) Cette petite espèce d'Eumédon , la seule que nous connais- sions , se fait remarquer par le grand prolongement qu'on lui roit de chaque côté de la carapace ; ces pointes sont dirigées en dehors et leur hase occupe toute là région hépatique. La face supérieure de la carapace présente quelques dépressions et est recouverte, comme tout le reste du corps, de petites granulations milliaires ; le rostre est très-large , plat , largement échancré au bout, et d'environ le tiers de la longueur de celle de la carapace en entier; les pâtes antérieures sont armées d'une forte épine qui occupe le bord inférieur du carpe , et de deux petites pointes placées sur le bord supérieur de la main qui est un peu ren- flée 5 les pinces sont garnies de quelques dents arrondies , et elles ne sont pas sensiblement recourbées en dedans ; les autres pâtes sont légèrement poilues ; enfin la couleur générale de l'animal est d'un noir bronzé. Habite les côtes de la Chine. (C. M. ) IL genre EURYNOME. — Eurynome {1). Le genre Eurynome de M. Leach établit le passage entre les Parthénopes ou les Lambres et les autres Oxyrhinques. En effet, la forme générale du corps et son aspect (PI. i5,fig. 18) rapprochent ces Crustacés des Parthénopes , tandis que la disposition de leurs antennes externes est semblable à ce que l'on voit chez les Maïa , etc. La carapace a presque la forme d'un triangle à base arrondie; elle est fortement bosselée et couverte d'aspérités. Le rostre est horizontal et divisé en deux cornes triangulaires Les yeux sont petits; les orbites sont profondes ; leur bord supérieur est très-saillant , et sé- (1) Cancer. Penn ; Eurynome. Leach. Edimb. Ency. 7, p. /f^1» etc. ; — Desm. p. i.^i ; Parthenope. Latr. Reg. anira. 2e. édit., t. IV, p.57. DES CRUSTACÉS. 35 1 paré de l'angle externe par une fente. Les antennes internes se reploient longitudinalement ; le premier article des ex- ternes se termine à l'angle interne de l'orbite, et porte l'article suivant au bord supérieur de son extrémité , de sorte que la tige mobile de ces antennes , qui se prolonge sous le ?^ostre , paraît naître du canthus interne des yeux. Vépistome est à peu près carré , et le troisième article des pates-mdchoi- res externes fortement dilaté en dehors. Le plastron sternal est à peu près ovalaire , et sa suture médiane occupe les deux derniers anneaux thoraciques. Les pâtes de la première paire ne sont guères plus grosses que les suivantes ; chez le mâle elles sont assez longues , tandis que chez la femelle elles sont très-courtes, mais moins cependant que celles de la se- conde paire ; les pâtes suivantes diminuent progressivement de longueur. Enfin , Y abdomen se compose dans les deux sexes de sept articles. i. Eurynome rugueux. — E. aspera (i). (PI. i5, fig. 18.) Carapace à régions très-distinctes, rugueuse, avec une grosse dent triangulaire à l'angle externe de l'orbite et trois ou quatre plus petites le long du bord latéral sur la région branchiale; tige mobile des antennes externes très-courte , ses deux pre- miers articles très-petits. Pâtes antérieures tuberculeuses et un peu comprimées , presque droites chez la femelle , et avec la pince recourbée en dedans chez le mâle ; pâtes suivantes ru- gueuses et garnies d'une crête qui est le plus marquée sur le troisième article. Longueur, environ un demi-pouce ; couleur rosée avec des teintes bleuâtres. Habite les côtes de Noirmoutier et de la Manche , à d'assez grandes profondeurs. (C. M.) (I) Cancer aspera. Penn. t. IV, PI. 9, fig. 20. Eurynome aspera. Leuch, Malac. PI. 17; — Latr. Ency. métli. PI. 281. fig. 4 .copiée de Pennant), et PI. 3oi, fig. 1, 5 copiée de Lcach). -Desm. PI 20, fig. 2. — Guérin, Icon. Cr. PI. 7, fig. A. 352 HISTOIRE NATURELLE M. Risso a donné dernièrement le nom d'EuRYNOME ecus- sonné (Hist. nat. de l'Eur. mérid. t. V, p. 21) à un Crustacé de la Méditerranée, qui paraît avoir beaucoup de rapport avec l'espèce que nous venons de décrire j mais il ne l'a pas fait con- naître avec assez de détails pour que nous puissions le rapporter avec certitude à ce genre , ou le distinguer de l'Eurynome ru- gueux. III. genre LAMBRE. — Lambrus{\). Les Parthénopiens , dont M. Leach a formé le genre Lam- bre , sont remarquables par la longueur excessive de leurs pâtes antérieures et par la forme de leur carapace ; elle est en général à peu près aussi longue que large , arrondie sur les côtés , et rétrécie en avant ; les régions branchiales sont très-développées , renflées et séparées de la portion moyenne de la carapace par un sillon profond ; la région stomacale au contraire est très-étroite ; enfin la face supérieure et les bords du test sont toujours plus ou moins tubercu- leux ou épineux. Le rostre est petit , mais assez avancé. Les yeux sont parfaitement rétractiles , et les orbites presque circulaires ; les parois de ces cavités présentent une fissure sur leur supérieur et un hiatus large et profond au-dessous du canthus interne de l'œil. Les antennes internes se re- ploient obliquement , et les fossettes qui les logent se con • tinuent en général sans interruption avec les orbites , car l'espace qui sépare du front l'angle interne du bord orbi- taire inférieur est loin d'être remplie par le pédoncule des antennes externes. Le premier article de ces appendices est extrêmement petit et guères plus long que large ; le second est plus allongé /mais il n'atteint presque jamais le front , et s'avance entre l'article basilaire de l'antenne interne et le bord interne de la paroi inférieure de l'orbite ; enfin le (î) Cancer Herb. etc. Parthenope. Fabr. Supp. p. 35a. Maïa.Bosc. etc. Lambrus. Leach. — Desm. p. 58; Parthenope. Latr. Reg. Anim. 2«. éd. t. IV; p. 56. DES CRUSTACÉS. 353 troisième article naît dans l'hiatus qui occupe l'angle in- terne de cette cavité , et le quatrième ou filet terminal est très-court. L'épistome est peu développé, et beaucoup plus large que long ; les régions ptérigostomiennes sont petites et presque triangulaires. Les pates-mâchoires externes ne présentent rien de remarquable ; le plastron sternal est beaucoup plus long que large. Les pâtes de la première paire sont au moins deux fois et demie aussi longues que la portion post-frontale de la carapace , et souvent elles ont plus de deux fois cette longueur ; elles s'étendent à angle droit de chaque côté du corps, ne diffèrent pas sensiblement entre elles et sont toujours plus ou moins triangulaires ; enfin , la pince qui les termine, est petite et brusquement recourbée en bas et en dedans , de manière à former un angle avec le reste de la main. Les pâtes suivantes sont courtes et grêles : leur longueur diminue progressivement , et celles de la seconde paire ne sont jamais plus de moitié aussi longues que les premières. U abdomen de la femelle ne présente rien de re- marquable , mais quelquefois on n'y compte que six articles au lieu de sept ; chez le mâle , les troisième , quatrième et cinquième anneaux sont plus ou moins intimement soudés entre eux , de façon que cette partie du corps ne se compose que de cinq articles distincts ; quelquefois il n'en existe même que quatre. Les Lambres habitent la Méditerranée et l'Océan indien ; us vivent parmi les rochers à d'assez grandes profondeurs -; on ne sait rien de précis sur leurs mœurs. CRUSTACÉS, TOME I. 1$ 15/1 HISTOIRE NATURELLE § A. Espèces dont la carapace est à peu près aussi longue que large. a. Carapace rugueuse, couverte en dessus d'é- pines ou de tubercules, a*. Pâtes des quatre dernières paires , ayant le troisième article armé d'é- pines. i. Lambre longimane. — L. longimanus (i). Rostre extrêmement petit, à peine saillant, horizontal et formé de trois dents. Carapace presque circulaire , garnie en dessus d'épines simples et de tubercules ; bords latéraux ar- més d'épines très-longues et légèrement rameuses ; mains triangulaires , presque lisses sur la face supérieure ; garnies d'é- pines rameuses sur le bord supérieur , et de grosses dents poin- tues, et à bords dentelés sur le bord externe. Quelques épines très-courtes sur les bords supérieurs et inférieurs du troisième article des pâtes des 4 dernières paires. Longueur , environ i pouce. Habite Pondicbéry, Amboine, etc. (CM. ) i. Lambre répugnant. — L. contrarias (2). Rostre grand, tres-avaticé, fortement incliné et dentelé sur les bords. Carapace très-rétrécie antérieurement et cou- verte de petites épines ; bords latéraux armés de dents courtes (1) C. macrochelos. Seba. t. III , pi. 19, fig. 8, 9 et 10. — Rumph. PI- 8, fig. 2; Cancer longïnianus femiua. Lin. Mus. Lud. Ulr. p. [>(\\ ; Herb. PI. 19, fig. io5 (copiée d'après Rumph). Parthenope longlmana. Fabr. Supp. p. 353. Lambrus longimanus. Leach. Linri. Trans. t. II, p. 3 10 ; — Desni. p. 85. (2) C contrarias. Herb. PI. 60, fig, 3. Parthenope spinimana. Lamk. Hist. des an. sans vert. t. Y, p- :i3g. Lambrus spinimanus. Desm. PI. 3, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 355 et comprimées. Pâtes antérieures longues et grosses ; les épi- nes de sa face supérieure et de ses Lords supérieur et externe grosses, courtes et à peine rameuses ; face intérieure de la main garnie de tubercules simples qui se continuent jusque sur l'ex- trémité des doigts. Troisième article des pâtes des 4 dernières paires , armé de quelques épines courtes et disposées irrégu- lièrement. Longueur, environ 2 pouces. Patrie inconnue. (C. M. ) a**. Pâtes des quatre dernières paires sans épines. 3. Lambre front-anguleux. — L. angulifrons (i). Face supérieure des mains tres-épineuse . Carapace cou- verte de tubercules arrondis; front triangulaire, horizontal et creusé en dessus en une gouttière longitudinale ; pâtes anté- rieures dentées sur les bords externes et supérieurs, lisses en dessous et en dedans 5 bords de la carapace et pâtes de la cinquième paire garnis de poils ; deuxième et troisième articles de l'abdomen carénés. Longueur, près d'un pouce. Habite le golfe de Naples et les côtes de la Sicile. (C. M. ) 4. Lambre pélagique. — L. Pelagicus (2). Face supérieure des mains lisse. Carapace couverte de tubercules arrondis; rostre triangulaire et très-large; troisième article des pâtes antérieures verruqueux, ainsi que les bords supérieur et externe des mains. Longueur, environ 10 lignes. Habite la mer Rouge. (1) C. macrochelos alius. Aldrov. de Crusr. p. 2o5 ? ; Parthenope alignerons. Latr. Ency. ïnéth. t. X , p. i5. Lambins nto/ilgrandis. Roux, PI. 23,fig. 1,6. (2) Ruppell. Crust. de la mer Rouge. PI. 4, %• i- 2.3. 356 HISTOIRE NATURELLE a. a. Carapace presque entièrement lisse en dessus. 5. Lambre Massena. — Z. massena (i). Carapace presque lisse , à peine tuberculeuse en dessus , et dentée sur les bords latéraux ; rostre presque horizontal , large, triangulaire, entier sur les bords, et creusé en gouttière supé- rieurement ; pâtes antérieures inégales , de longueur médiocre ; l'une d'elles très-renflée vers le bout; mains quadrangulaires , plus ou moins dentelées sur les bords , et à peu près lisses sur leurs diverses faces ; quelques épines sur le troisième article des pâtes. Abdomen du mâle composé seulement de quatre articles distincts ; femelle inconnue. Longueur, environ un pouce; couleur, rouge-brun. Habite les rochers volcaniques des côtes de la Sicile. § B. Espèces dont la carapace est beaucoup plus large que longue. b. Face supérieure des mains hérissée d'épines plus ou moins rameuses , et leurs bords supé- rieur et interne armés d'épines semblables en- tre-elles et ni comprimées ni réunies en crête. 6. Lambre hérissonné. — Z. echinatus (2). Pâtes des quatre dernières paires hérissées d'épines sur les troisième , quatrième et cinquième articles. Rostre triangu- laire légèrement denté sur les bords ; front déprimé sur la ligne médiane. Carapace divisée en trois portions très -bombées , couverte de tubercules déprimés et étoiles, et armée sur les (0 Roux, Crust. de la Médit PI. 23, fig. 7, 12- (2) Cancer echinatus. Herb. t. 1 PI. 19, fig. 108, 109 ; Parthenope giraffa. Fabr. Supp. p. 352; Màia echinatus et Maïa giraffa. Bosc. t. i, p. 25o ; Lambrus giraffa. Desm. p. 85. Lambrus tomentosus* Lam. Collect. du muséum. DES CRUSTACÉS. 3Ô7 côtes d'épines rameuses. Pâtes de la première paire au moins trois fois et demie aussi longues que la portion post-frontale de la carapace, triangulaires, garnies de tubercules à leur face inférieure, et armées en dessus d'épines rameuses. Corps cou- vert d'un duvet brunâtre. Longueur, 18 lignes. Habite la côte de Pondichéry. (C. M. ) 7. Lambre de la Méditerranée. — L. mediterrancus ( 1). Pâtes des quatre dernières paires garnies d épines sur les bords supérieur et inférieur du troisième article. Carapace rugueuse, comme cariée et garnie de tubercules et d'épines simples; rostre très-petit et denté sur les côtés. Mains trian- gulaires et renflées vers le bout; leur bord supérieur, leur bord externe et leur face supérieure armés d'épines dont plu- sieurs sont légèrement rameuses , et leur face inférieure cou- verte de petits tubercules granulés qui cessent à l'origine des doigts. Couleur rougeâtre. Longueur, près de 2 pouces. Habite les eaux de Toulon et de Nice, parmi les rochers coralligènes. b.b. Face supérieure des mains plus ou moins lisse, et ne portant jamais d'épines rameuses; leurs bords supérieur et externe armés de dents comprimées et disposées de manière à former une crête. 8. Lambre scie. — L. serratus (2). Bords latéro-postérieurs de la carapace armés d'une série de trois petites épines semblables entre elles. Cara- pace déprimée et rugueuse; bords latéro-antérieurs armés de (1) Cancer macrochdos. Herb. t. I, PL 197 fig. 107?; Eury- nome Aldrovandi. Risso, Hist. nat. de l'Eur. méri. t. V, p. 22. Lam- brus Mediterraueus. Roux. Crust. de la Médit. PI. I. (2) C. macrochelos. Seba, t. III, PI. 20, fig. 12. C. longimanus mas. Linn. Mus. Lud. Ulr. p. 44 ! • 358 HISTOIRE NATURELLE huit à neuf dents triangulaires, dont la dernière est dirigée en dehors et extrêmement longue ; rostre triangulaire , déprimé au milieu et à bords entiers. Mains granuleuses sur le bord inférieur et lisses sur leurs trois faces. Longueur, près d'un pouce. Habite l'Océan indien. (CM.) 9. Lambre saisisseur. — L. premor (1). Bords la 1er o- postérieurs de la carapace armés de deux petites épines et d'une troisième épine extrêmement orande , semblable à celle qui termine le bord laléro-anté- rieur. Carapace déprimée et rugueuse , dentée en avant ; mains dentées sur les bords et légèrement épineuses à leur face supé- rieure. Habite les Indes orientales. 8. Lambre caréné. — L. carenatus. Bords latéro- postérieurs de la carapace armés de chaque côté de deux petites dents et d'une dent triangu- laire tres-forte , et semblable à celle qui termine le bord latèro-antèrieur. Face supérieure des mains lisses et bor- dée par des dents qui ne laissent entre elles aucun inter- valle. Carapace très-inégale , élevée en carène sur les régions branchiales et armée de trois dents en forme de crête sur la ligne médiane ; rostre large, triangulaire et non dentelé ; bords latéro-antérieurs finement dentelés. Troisième article des 4 dernières paires de pâtes épineux. Longueur , 8 lignes. Habite la côte de Pondichéry. (C. M. ) Si le Lambbe lar. {Parthenope lar. Fabr. Supp. p. 354) appartient réellement à la tribu des Parthénopiens, il paraît de- (1) Cancer prensor. Herb. t. II, PL 41' % 3 et 23. 3e partie, p. 33. Pavtenope regina. Fabr. Supp. p. 353* DES CRUSTACÉS. 35() voir se ranger parmi les Lambres, et il se distinguerait facile- ment de toutes les autres espèces par ses pinces qui sont tout-a- fait lisses. Il habite la mer des Indes. i. Le Cancer longimanus minor, de Rumph ( Amb. PI. 8 , fig. 3, reproduite par Herbst , pi. 19, %. 106) , est évidem- ment une espèce de Lambre , distincte de toutes les précéden tes. Linné l'a confondu avec le Lambre longimane, dont il dif- fère , entre autres caractères , par la disposition des mains , cm sont garnies de tubercules arrondis au lieu de grosses dents pointues. Le Cancer macrochelus albicans d'Aldrovande (PI. 2o3), est encore un Lambre , mais il est trop mal dessiné pour être reconnaissable IV. genre PARTHENOPE. — Parthenope (1). Le genre Parthenope , tel que les auteurs modernes l'ont limité , ne renferme qu'une seule espèce , et ne diffère que très-peu des Lambres. Ce qui l'en distingue principalement est la disposition des antennes externes , dont l'article basi- laire ne se soude pas aux parties voisines , mais atteint presqu'au front , et dont le second article , plus de moitié plus court que le premier , se loge dans l'hiatus de l'angle orbitaire inférieur ; la petitesse de cet hiatus qui fait com- muniquer l'orbite avec la fossette antennaire ; la forme ré- gulièrement triangulaire de la carapace et l'existence de sept articles distincts dans l'abdomen des deux sexes. ( 1) Cancer. Herb. ; Parthenope. Fabr. Suppl. p. 35'2; Maïa. Bosc, t. I ; — Latr. Hist. nat. des Crust, t. VI, p. 87 ; Parthenope. Latr. Reg. Anim. ire. éd. t. III, p. 23; Encyc. t. X, p. 14, etc .-• Desm. p. 142. 360 HISTOIRE NATURELLE i. Parthénope horrible,» — P. horrida (i). Carapace pentagonale beaucoup plus large que longue , ho- rizontale, fortement bossele'e , et tuberculeuse en dessus; rostre court , triangulaire , et armé en dessous d'une forte dent inter- antennaire; orbites circulaires, avec une fissure sur le bord supérieur ; bords latéro-antérieurs de la carapace très-obliques et armés d'épines ; pâtes antérieures très-grandes , de grosseur inégale, et couvertes de gros tubercules spinifères; pinces moins comprimées et moins infléchies que chez les L ambres. Pâtes des quatre paires suivantes hérissées, jusqu'à l'origine du tarse , d'épines aiguës et très-grandes , formant une rangée en dessus et deux en dessous. Longueur, i ou 3 pouces ; couleur grisâtre ; test ayant l'aspect d'une pierre carriée. Habite l'océan Indien et Atlantique. (C, M. ) genre CRYPTOPODIE. — Cryptopodia (2). Ce genre singulier établit , sous quelques rapports , le pas- sage des Lambres aux OEthres ; en effet , la forme de ses pâtes est la même que chez les premiers , et la carapace présente , comme chez les derniers , des expansions latéra!es qui s'éten- dent au-dessus de ces organes et les cachent. Aussi Fabricius (l) Cancer spinosus vel Rotskrabbe. Rumph, PI. 9 ; Seba , t. III, PL 22, fig. 2 et 3 ; Lazy Crab. GrifFeth Hughes , Nat. Hist. of Bar- bados, PI. 25, fig. 1. Cancer horridus. Linn. Musc. Lud. Ulr. p. 442; — Herb. PL 14, fig. 88. Parthénope horrida. Fabr. Supp. p. 353 ; Maïa horrida. Bosc , t I, p. 25i ; Parthénope horrida. Latr. Encyc. t. X, p. 14 ; PL 279, fig. 3 (d'après Seba), et PL 280, fig. 2 (d'après Rumph); — Leach, Zool. Mis. t. II, PL 98; — Desm. PL 20, fig. 1. — Guérin, Icon. Cr. PL 7, fig. 2. (a) Cancer. Herb. : Parthénope. Fabr. Suppl. p. 352; Calappa. Bosc, t. I, p. i83 ; Maïa. Bosc, t. I , p. a5o ; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. ic-4; OEthra. Latr. Reg. Anim. t. III, p. 20. — Lamk. Hist. des Anim, sans vert., t. V, p. 264? — Desm., p. 110. DES CRUSTACÉS. 36 1 plaçait-il ces Crustacés parmi ses Parthénopes ; Lamarck en a fait des OEthres , et Bosc , par un double emploi , les a rangés en même temps parmi les Calappes et parmi les Maïas. La carapace est légèrement bombée et a la forme d'un triangle très-large , très-court et à base arrondie ; elle est presque deux fois aussi large que longue , mais cette grande largeur ne dépend pas- de celle du corps lui-même ; elle est due à l'existence d'un prolongement lamelleux qui en- toure les trois quarts postérieurs du bouclier dorsal ; en arrière ce prolongement s'étend très-loin au delà de l'in- sertion de l'abdomen ; mais c'est surtout sur les parties la- térales qu'il est considérable , car il y forme de chaque côté une énorme voûte qui cache complètement les pâtes des quatre dernières paires. Le rostre est triangulaire , hori- zontal et assez avancé. Les yeux sont très-petits et complè- tement rétrac tiles. Les antennes internes ont la même forme que chez les OEthres ; leur premier article est qua- drilatère et plan , et leur tige se reploie presque longi- tudinalement. Le premier article des antennes externes est très-petit ; le second est un peu plus long et atteint jus- qu'au front; le troisième est logé presqu'en entier dans la fente qui existe entre le front et l'angle interne du bord orbitaire inférieur ; enfin la tige terminale, qui naît ainsi du canthus interne des yeux , est extrêmement courte. L'épis- tome est un peu plus large que long ; le second article des pates-mâchoires externes se termine antérieurement par un bord presque droit ; et le troisième , qui est carré , pré- sente en avant une échancrure qui occupe plutôt son bord interne que son angle interne et antérieur , et qui donne in- sertion à l'article suivant. Le plastron sternal est beaucoup plus long que large. Les pâtes de la première paire sont très-grandes et à peu près prismatiques } leur direction et leur forme sont presque les mêmes que chez les Lambres. Les pâtes des quatre dernières paires sont très-petites et presque de même longueur ; elles dépassent à peine la voûte 362 HISTOIRE NATURELLE qui les recouvre ; enfin ïabdomen se compose chez la fe- melle de sept articles ; nous ne connaissons pas sa disposi- tion chez le mâle. i. Cryptopodie voûtée. — C. fornicata (i). Carapace lisse en dessus et dentelée sur les bords; rostre entier, aussi long que large ; pâtes antérieures environ une fois et demie aussi longues que la carapace ; leur troisième article très-dilaté postérieurement et armé d'épines sur le bord anté- rieur; mains armées en dessus d'une forte rangée d'épines. Pâtes des quatre dernières paires garnies en dessus et en dessous d'une crête dentelée presque tout le long de leur troisième article. Habite l'Océan indien. ( C. M. ) • «».viO -jUl.— — Les zoologistes ont mentionné plusieurs autres Crustacés qui appartiennent évidemment à la famille des Oxyrhinques , mais qui ne nous sont pas assez bien connus pour que nous puissions leur assigner une place précise. De ce nombre sont : IInachus aîngustatus de Fabricius ( Suppl. Ent. Syst. , p. 357 ) » 4lu » par sa forme générale , se rapproche beaucoup de la Ménœthie licorne, mais qui s'en distingue par ses pâtes épineuses; I'Inachus jvasutus du même auteur ( op. cit. , p. 35n ) qui est un Maïen des mers de la Norwége , et qui pourrait bien n'être qu'un jeune Pise ; et le Cancer chieragowus de Tilésius ( Mém. de l'Acad. de Pétersbourg, t. V, PI. 7, fig. 1 ) , dont on devra probablement former un genre distinct. (i) Cancer foruicalus . Fabr. Ent. Syst. t. II, p. <\53 ; — Herb. PI. i3, fig. 79-80; Parthenope fornicata. Fabr. Suppl. p. 35:2 : Ca- lappa albicans. Bosc , t I, p i85 ; M nia fornicata. Bosc, t. I, p. 25o; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. 104. OEthra for- nicata. Lamk. Hist. des An. sans vert. t. VI, p. a65; — Desm. p. 110. DES CRUSTACÉS. 363 CHAPITRE IV. FAMILIE DES CYCLOMSTOFES. La famille des Cyclométopes correspond à peu près à la section des Arqués telle que M. Latreille l'avait établie dans ses Familles naturelles ; mais les limites de ce groupe ne sontpas tout-à-fait les mêmes ; et, afin de ne pas augmenter la confusion qui règne déjà dans la science , nous n'avons pas cru devoir y conserver le même nom. Les Crustacés qui s'y rapportent nous paraissent occuper un degré moins élevé dans l'échelle des êtres que les Oxirhynques, car la centralisation de leur système nerveux ganglionnaire est porté moins loin, et la disposition de cet appareil se rapproche davan- tage de ce qui existe chez les Macroures et chez l'em- bryon des Crustacés en général. En effet, les divers ganglions tboraciques, au lieu d'être soudés en une seule masse solide, comme chez le Maïa, ne forment plus qu'une sorte d'anneau circulaire dont il est sou- vent facile de distinguer les élémens constituais. Ici les deux moitiés du foie restent distincts et il n'existe pas à ce viscère de lobe médiane; il s'étend beaucoup en longueur, et recouvre une grande partie de la voûte de la cavité branchiale, mais ne se prolonge pas autant vers l'ab iomen que dans la famille précédente. La disposition de l'appareil respiratoire est la même que chez les Oxirhynques; on compte toujours de chaque côté sept branchies thoraciques et deux maxil- 3^4 HISTOIRE NATURELLE laires réduites à l'état rudimen taire. Enfin, le système générateur ne s'éloigne, sous aucun rapport impor- tant, de ce qui existe chez ces derniers Crustacés. La carapace est presque toujours beaucoup plus large que longue ; quelquefois elle est à peu près cir- culaire ( i ) , mais en général elle est beaucoup plus large en avant qu'en arrière, régulièrement arquée dans la moitié antérieure de son contour, et fortement tron- quée de chaque côté dans sa portion postérieure (2). La région stomacale est de grandeur médiocre, et en arrière elle est ordinairement divisée en deux parties latérales par un prolongement presque linéaire de la région géni- tale, qui s'avance très-loin vers le front. Les régions hépatiques sont au contraire très-développées et s'éten- dent au loin de chaque côté de la stomacale; elles occu- pent presque toujours au moins la moitié de la portion latérale de la carapace, etne sont pas dépassées parles régions branchiales, dont la grandeur est médiocre. Le front est transversal et ne s'avance jamais en forme de rostre; en général il est assez large, lamelleux et horizontal. Les bords latéro-antérieurs de la carapace se dirigent très-obliquement en dehors et en arrière, de manière à former avec le front un arc de cercle , et en général ils sont minces et tranchans. Les bords latéro-postérieurs de la carapace forment presque tou- jours un angle bien marqué avec le bord îatéro-anté- rieur et avec le bord postérieur, et il en résulte que la forme générale du bouclier céphalo-thoracique peut, le plus ordinairement, être rapportée à un hexagone dont la moitié antérieure serait arrondie, et dont le (1) PL 14 bis, %. 7, et PI. 17, %• 7- (2) PI. 16, fig. 1, 6, 9, 16, et PI. 17 , Hg. 1 et i3. DES CRUSTACÉS. 36 1) diamètre transversal excéderait en longueur le diamètre antéro-postérieur. Les orbites sont profondes et dirigées en avant et en haut , leur bord supérieur étant presque toujours moins saillant que l'inférieur. Les jeux sont toujours parfaitement mobiles et se reploient en ar- rière dans une portion post-foraminaire de l'orbite qui est assez profonde. Les antennes internes sont toujours logées dans des fossettes creusées sous le front (i); leur article basilaire s'étend presque toujours au moins autant en largeur qu'en longueur ou en hau- teur, et ne se montre pas sur les côtés du front, mais reste toujours bien visible au-dessous de son bord in- férieur ; enfin , leur tige mobile est toute aussi longue que chez les Oxirhynques. La disposition des an- tennes externes varie; leur article basilaire sépare toujours la fossette antennaire de l'orbite, mais quel- quefois reste complètement libre, tandis que d'autres fois il se soude au front. Uépistome, comme nous l'avons déjà dit, est très-étroit ; l'espace qu'il occupe conjointe- ment avec les fossettes antennaires (ou région anten- naire) n'a pas plus de la moitié de la longueur du cadre buccal , et son bord antérieur n'atteint pas, à beaucoup près, leniveaudubordorbitaire inférieur. hecadre b c~ cal est au moins aussi large en avant qu'en arrière , et est complètement fermé par les pates-mâchoires exter- nes, qui ne dépassent pas notablement son bord an- térieur. Les régions ptérjgostomienncs de la carapace sont très-déveîoppées; il n'y a point de division bien distincte entre la portion qui correspond au conduit allèrent de la cavité respiratoire et celle qui est située (i) PI. 16, fig. 10, il, i5, etc. 3(J6 HISTOIRE NATU RE LIE en avant et en dehors d'elle, ainsi que cela se remarque chez la plupart des Oxirhynques , et la ligne courbe , qui résulte de la suture des pièces épémériennes et ter- gales de ce bouclier, se prolonge jusqu'au-dessus de la cinquième pâte au lieu de s'arrêter près de la troisième. Lespates-mdchoires externes (i) présentent en général la même disposition et la même forme que chez les Maïens et les Parthénopiens ; le bord interne de leur portion valvulaire est droit et vient se joindre à celui du côté opposé; enfin, leur troisième article se termine en général par un bord droit, et donne attache à l'article suivant par son angle in terne, qui est tronqué ou échan- cré; mais quelquefois il se prolonge un peu au devant du point d'insertion du quatrième article. Les au très pièces de la bouche ressemblen t aussi à celles des Oxirhynques . Le plastron sternal varie dans sa forme et dans ses dimensions; la suture, qui correspond à son apodème médiane, occupe au moins les deux derniers anneaux du thorax , et s'étend souvent sur trois ou quatre de ces segmens ; la selle turcique postérieure est grande et élevée ; enfin les apodèmes sternales qui séparent les cellules correspondantes aux pates-mâchoires externes et aux pâtes thoraciques s'avancent au point d'arriver presque sur la ligne médiane du corps. Les pâtes de la première paire sont très- développées ; elles sont toujours beaucoup plus grosses que les suivantes, et en général plus longues qu'elles; presque toujours elles ont au moins une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Celles de la se- conde paire ont depuis une fois jusqu'à deux fois et (i) PI. 16, fig. 3,4, 17, et PI. 17, %• 3, 6, 12 et 9. DES CRUSTACÉS. 36j quart de la longueur de la carapace, et les suivantes sont en général plus courtes; l'article basilaire des postérieures est toujours percé chez le mâle pour livrer passage aux verbes. Enfin, Y abdomen se com- pose ordinairement de sept articles distincts chez la femelle, et seulement de cinq chez le mâle, mais quelquefois on y compte aussi sept pièces chez ces derniers. Quant aux appendices de cette partie du corps, ils ne diffèrent guères de ce que nous avons vu dans la famille précédente. Les mœurs des Cyclométopes varient beaucoup. Les uns sont essentiellement nageurs et se rencon- trent en pleine mer; d'autres vivent près des cotes, mais ne sortent jamais de l'eau ; et d'autres encore vivent presque autant à l'air, sur le rivage, que dans l'eau, et se cachent habituellement sous les pierres; enfin , il en est aussi qui se creusent dans le sable une retraite souterraine. On en connaît un assez grand nombre d'espèces fossiles. Cette famille renferme deux tribus naturelles qu'on peut distinguer de la manière suivante . I. TRIBU DES CANCERIENS. Pâtes postérieures semblables aux précédentes , terminées par un article styliforme , et par conséquent non natatoires. TRIBU DES PORTUNENS. Pâtes postérieures plus élargies que les précédentes , ter- minées par un article lamelleux et cilié sur les bords , et par conséquent natatoires. 368 HISTOIRE NATURELLE PREMIÈRE TRIBU. CANCËRIENS. Carapace (PL i4 bis, fig. 10, et PL 16, fig. 1, 6 et 9) en général assez fortement bombée en dessus ( d'avant en arrière , sinon dans tous les sens) , élevée et arrondie sur les bords ; sa face supérieure ne for- mant qu'un angle peu aigu en se réunissant avec sa portion inférieure et latérale. Plastron sternal pres- que toujours au moins aussi long que large; der- nier segment thoracique beaucoup plus petit que les précédens, et séparé d'eux par une suture presque droite et transversale; anneau thoracique correspondant aux pâtes antérieures très-développé ; voûte des flancs très-oblique; selle turcique posté- rieure très -large. Pâtes antérieures ordinairement très-grosses, renflées, et assez longues; les suivantes courtes et ambulatoires; celles de la seconde paire ayant en général moins d'une fois et demie la lon- gueur de la carapace. Enfin, le troisième article des pâtes - mâchoires externes ordinairement presque quadrilatère , et peu ou point tronqué à son angle interne et postérieur. Cette tribu , qui est très-nombreuse , peut se subdi- viser en trois groupes naturels ayant pour type les OEthres , les Crabes et les Eriphies , et caractérisés de la manière suivante : I. CAIVCERIENS CRYPTOPODES. Bord externe des rés;ions branchiales se prolongeant de ma- nière à former de chaque côlé du corps une espèce de bouclier M »$y^j TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES CANCÉRIENS. page 36g. 5 1- CaBCËRIL.ns CBïPtOPODEi. (Bords latéraux et postérieurs de la carapace se prolongeant au-dessi horizontale.) des pâtes des quatre dernières paires, de fanon à les cacher presque entièrement. (Carapace oval.iirc ctl S 2. CanceIUEKS AHQUES Troisième arti- cle des pates-mâ- Bord inférieur de l'orbite ne se Premier article des antennes ex- ternes en général très -grand , tou- ( Point de prolongement delà cara- (dépassant pas no fpace recouvrant les pâtes desquatre/tablernent.s'appli- lïlerniéres paires. Carapace beaucoupSquant exactement Iplus large que longue, arquée en contre le bord an- /avant et tronquée en arrière ; bord teneur du cadre Jfronto-orbitaire étroit- buccal. eboires externes fjoignant pas portant l'article [front, et laissant /en dehors uiv.iut a son an- /sous l'angle inter-/ moins trés-obli- 1c interne, ne le; ne de cette cavité\ quement ; fosset- Tige mobile des antennes internes naissant de l'angle internedel orbite, second, et se joi- ont elle n est se- I Bord antérieur /gnant au front; (la par rien. Mu troisième arti-/tige mobile de ces ( Antennes inter-/c)e des pates-mà-\ appendices - _ nés se reployant/ chaires externesUourte, et , / transversalement V entier. rant dans l'hiatus Carapace", très- élevée vers le mi- lieu , fortement bombée dans tous, les sens, très-large et en général pres- que ovoïde. Pâtes courtes, comprimées, et J 1 garnies en dessus d une crête élevée l Crabe. lou dune série d'épines; tarte très -( Pincespointcreu- sécs eu cuillère. Espace prélabial portion du test comprise entre la jours au moins {bouche et le bord deux ou trois fois /antérieur du cadre aussi long^ que le^ buccal) sans crêtes 1 point élevée ni gouttières nota- (milieu , presque blés. jplanc transversa- Pâtes assez longues et cylindriques 1 pas notablement comprimées, et nef présentant en dessus ni crête in/CAnpnlt épines ; tarse grêle et allongé. I Pinces creusées en cuillère ; pâtes en général courtes. ZOZYI Carapace peu ou / kNCERIENS. un hiatus qui est tes antennaire rempli par la pi tion basilaire de l'antenne externe- moins aussi larges que longues. ) de . de le ^le interne bite.J / Point d hiatus au-dessous de l'an- j gle externe de l'orbite. Bords laléro- l antérieurs de la carapace scprolon- Pmces tranchan- 1 géant presqu'au niveau de la région tes ou arrondies (cordiale- ient , peu bom- ! et jamais creusées I bée d'avant en ar-( en cuillère. J Un hiatus au-dessous de l'angle et fortement! externe de l'orbite- Bords latéro- tronquée de cba-l intérieurs de la carapace très-courts. côté dans sa' moitié ou son tiers Pinces élargies vers le bout, arrondies et profondé- postérieur. (Pâtes 1 ment creusées en cuillère. (Carapace peu élargie, et à médiocres.; \bords Iatéro-antérieurs assez courts.) Espace prélabial divisé longitudinalement par deux crêtes tranchantes et obliques , qui cir-J conscrivent de chaque côté une gouttière assez profonde , laquelle se continue en arriére arec ! Ile canal eflèrent de la respiration, et se termine antérieurement à une échancrure du bord dui icadre buccal. Premier article des antennes exter- I tics petit ou médiocre, et ne se joignant t pas au front ; le second article presque J aussi long que le premier, et occupant presque toute son extrémité anté- Second article des antennes externes logé dans la fossette antennaire) pSEt/nn romme le premier , et atteignant a peine le front. Second article desantennes externes logé dans lecanthus orbitaire interne, 1 et dépassant le front. ' j PiMWflt. ,rM,TPd^ent"!eUr d" btfàime "*de des pates-mâchoires externes interrompu par une eebancrure étroite et profonde. article des antennes externes médiocre ; carapace très-bombée. ) Pinces profondément creusées en cuillère t jamais cr (r« Tige mobile des antennes externe, naissant sous le front, et complètement uors de l'orbite, dont elle est séparée par un prolongement de l'article basilaire d,' ces appendices leouel Pinces obtuses ou pointues cuillère. loneitud,„ale,„ent en'avant. ) ° ""' k """""«» ««»'« " reployant Troisième article des pates-machoires e Orbites et antennes ex' [ presque aussi longue que large. ) aes externe» disposées f™ frlToVme'lt» L'Xk,™ S^VÎn't!'"* tl^^J^ET. 'l™?? .S £2?.'* }<« *'™'"^1 ""tablemen. sn, s se reployant longitudinalement sous le front ; la carapace fortement tionquéi arriére et J Pe'i J 3. C&flcÉB.EH» '.'l'ACini iti m s Poiritdcproloniïementehypéiforme sur les cotés delà carapace; celle-ci 1,1111 ultérieurement par uni m ird fronto-orbitaire très-large et étroit, peu ou point arqué sur les côtés, a fieinc tronqué en arrière et pas très- arge. Bord orbitaire inférieur se joignant au front de manière à séparer complètement les fossette! ntcnnaires des orbites, età exclure de ces dernières cavités la portion basilaire de l'antenne Front rabattu : bord orbitaire inférieur à peu près sur la même ligne que le front. Front horizontal; bord orbitairj inférieur ne dépassant que de peu le niveau de l épistoir Bord orbitaire inférieur ne se joignant pas aiTfront , et laissant à l'angle interne de l'orbite un hiatus uni est ronmh nnr .'•.„,,„ ». ,n B l u" UIJlus uni est rempli par l antenne externe. ( Carapace presque circulaire. : pi-/ CRUSTACES. TOME I. DES CRUSTACKS. 36C) qui recouvre les pâtes et les cache en grande partie ; carapace ovalaire. 2. CANCERIENS ARQUES. Point de prolongement clypéiforme sur les côtés de la cara- pace ; qui est beaucoup plus large que longue , arquée en avant et fortement tronquée de chaque côté dans sa portion posté- rieure. 3. CAIÎCÉRIENS QUADRILATÈRES. Point de prolongement clypéiforme sur les côtés de la cara- pace, celle-ci terminée antérieurement par un bord fronto- orbitaire très-large et droit, peu ou point arquée sur les côtés, et à peine tronquée en arrière. On trouvera dans le tableau ci-joint l'indication des caractères comparatifs les plus propres à faciliter la détermination des genres nombreux dont cette tribu se compose. i. GANGÉRIENS CRYPTOPODES. Celte première division de la tribu des Cancériens ne se compose que d'un seul genre, celui des OEthres, qui à son tour est formé d'une espèce unique. Dans la classification de M. Latreille, ces Crustacés for- ment , avec les Galappes , la famille des Cryptopodes ; mais le seul caractère important qu'ils aient en com- mun avec ces derniers, est l'existence de prolonge- mens lamelleux sur les côtés de la carapace, disposi- tion qui se retrouve aussi chez certains Leuosiens , tandis que tout le reste de leur organisation les rap- proche des Crabes. CRUSTACÉS, TOME I. ^<\ 3«,) HISTOIRE NATURELLE Genre OETHRE. — OEthra(i). Ce petit groupe générique a de grandes affinités avec le eenre Cryptopodie de la famille des Oxirhynques , et établit le passage entre ces Crustacés et les autres Cancériens , en même temps qu'il se rapproche des Calappes , dont la place naturelle est dans la famille des Oxistomes. Toute la surface du corps des OEthres est raboteuse et paraît comme cariée. La carapace est d'un tiers plus large que longue , et a la forme d'un ovale assez régulier ; elle est fortement bosselée en dessus, et ses bords latéraux sont dentelés et recourbés un peu en haut. Le front est entier et un plus saillant au milieu que sur les côtés; on y distingue les traces d'une fissure mé- diane. Les yeux sont très-petits et les orbites presque cir- culaires ; leur bord supérieur présente deux petites fissures , et le bord inférieur est séparé du front par un hiatus très- large, hesjbssettes antennaires sont presque carrées , et l'ar- ticle basilaire des antennes internes les remplit presqu'en entier ; enfin la tige mobile de ces appendices es\ extrêmement petite et se replie longitudinalement en avant. L'article basi- laire des antennes externes est très-grand, et s'avance jusqu'au bord inférieur du front , de façon à remplir l'hiatus qui sans cela ferait communiquer l'orbite avec la fossette an- tennaire ; son extrémité antérieure est étroite, et se trouve sur le niveau du bord orbitaire inférieur ; le second article des antennes externes est très-petit 5 il occupe le canthus interne des yeux et supporte une tigelle rudimentaire et très-difficile à distinguer. Les pâtes - mâchoires externes closent complètement le cadre buccal j le bord interne de leur second et troisième articles est droit ; cette dernière pièce est fortement tronquée à son angle postérieur et interne, et cache presqu'entièrement la tigelle palpiforme qui naît sous son angle antérieur et interne. Leplastrofi sternal est beau- (1 ) Cancer. Linn. Herb. etc. — OEthra. Leach; — Lamk. Hist. des An. sans vert. t. V , p. 624. — Latv. Reg. Anim. 2« éd. t. IVI , p. 24; — Desm. p. no. DES CHUST ACES. $J \ coup plus long que large, et les paies antérieures ont environ une fois et quart la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; leur forme est à peu près la même que chez les Parthénopes , seulement leur face supérieure et interne est légèrement concave, de manière à pouvoir s'appliquer exacte- ment contre la portion inférieure et antérieure du tronc. Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup plus courtes que la portion post-frontale de la carapace, et les suivantes diminuent successivement de longueur ; toutes sont sur- montées d'une crête tranchante et inégale, et leur tarse est court et styliforme. Enfin , Y abdomen se compose de sept articles chez la femelle et de cinq seulement chez le mâle. Les OEthres habitent i'Océan indien et les mers d Afri- que ; nous ne savons rien sur leurs mœurs. i. OEthre rude. — OE. scruposa (i). Région stomacale renflée et creusée en avant d'une gouttière longitudinale qui se prolonge jusqu'au front ; dix à douze den- telures , en forme de plis , de chaque côté de la carapace : bord inférieur des pâtes de la première paire armé de dents spini- formes, plus distinctes que celles qu'on voit aux pâtes sui- vantes. Longueur, 2 à 3 pouces; couleur grisâtre. (C. M.) Habite les eaux de l'Ile-de-France et de l'archipel Indien. 2 CANCÉRIENS ARQUÉS. Dans cette division de la tribu des Maïens , carac- térisée, comme nous l'avons déjà dit, parla forme gé- nérale de la carapace , les pâtes antérieures sont en général de longueur médiocre, mais remarquables par leur grosseur et par la forme renflée de la main ; eniin le second article des pates-mâchoires externes se ter- (l) Cancer scniposus. Lirm. Mus. Lud. Ulr. p. 45o; Cancer poly- nôme. Herb. t. 111 , PI. 53, fig. 4 et â ; OEtlira depressa. Lamk. lîist. des Anim sans vert. t. V, p. s65; — Desm. p. 110, PI. 10, fig. 3 3-72 HISTOIRE NATURELLE mine antérieurement par un Lord droit ou presque droit, et l'article suivant est tronqué ou échancré à son angle antérieur interne, de façon à laisser à dé- couvert ia tigeîle palpiforme qui s'y insère. La couleur de ces Crustacés varie beaucoup, mais presque tou- jours ils ont les pinces noires. Ce groupe est très-nombreux, et peut se subdiviser en genres dont la détermination sera facile à l'aide des caractères indiqués dans le tableau placé ci-dessus ( voyez page 36o, ). I. genre CRABE. — Cancer (i). Le genre Crabe renfermait jadis tous les Décapodes Brachyures , mais on en a successivement resserré les limites , et afin de faciliter l'étude de ces animaux , nous avons été conduits à pousser plus loin cette réforme. Le croupe auquel nous conservons ce nom se compose d'un assez grand nombre d'espèces faciles à reconnaître à leur forme générale et à la disposition de leurs pâtes. La carapace ( PI. 1 6, fig. i) de ces animaux est très-large ( pres- que toujours au moins une fois et demie aussi large que lon- gue) , assez régulièrement ovalaire et très- convexe en dessus; ses bords antérieurs el latéraux forment une ligne courbe très- régulière, qui de chaque côté se recourbe en arrière et en de- dans , de façon à décrire plus que la moitié dune eliipse dont le contour semble se continuer sur la partie posté- rieure des régions branchiales pour aller gagner le niveau de la région intestinale. Le front est large , très incliné et peu saillant ; toujours il est divisé sur la ligne médiane par une fissure ou une petite échancrure , et souvent il paraît quadri- lobé à cause de la saillie que forme sa partie moyenne , ainsi que les angles externes. Les bords latéro-anttrieurs de la cara- ■ — I ■ ■ 'I .11 ' ~ (i) Cancer. Linn. — Fabr. — Latr. — Desm. — Carpilius; Leach. Ruppell. op. cit. DES CRUSTACÉS. 373 pace sont très-longs et en général tranchans ; ils se dirigent presque directement en dehors , puis se recourbent en arrière, et enfin reviennent en dedans vers leur extrémité postérieure; les bords latéro-postérieurs sont très-courts et forment avec le bord postérieur un angle très-ouvert ; en général ils sont un peu concaves. Les diverses régions de la carapace sont ordinairement peu distinctes. Les orbites sont presque circulaires ; on n'y distingue pas d'angle externe , mais la por- tion externe de leur contour paraît comme froncé par l'exis- tence de trois fissures linéaires et presque parallèles , dont deux sont placées en haut et une au-dessous du niveau du bord latéral de la carapace ; enfin au-dessous de leur angle in- terne , les parois de ces cavités sont interrompues par un hiatus que remplit l'antenne externe. La région antennaire est large, mais très-courte; les fossettes antennaires sont transversales, et lepistome presque linéaire (PI. 16, fig. 2). L'article basilaire des antennes externes est presque droit et ne touche au bord inférieur du front que par son angle antérieur et interne ; la tige mobile de ces appendices est extrêmement courte , et s'insère dans l'hiatus du bord or- bitaire , de façon à pouvoir se reployer dans l'orbite. Le troisième article des pates-mdchoires externes ( fig. 3 ) est plus large que long , et presque carré, son angle an- térieur et interne est à peine tronqué , et son bord anté- rieur est entier. Le plastron sîernal est presqu'une fois et demie aussi long que large, et ses bords latéraux sont pres- que droits ; le sillon qui loge l'abdomen du mâle est très- profond , et les sutures qui séparent les derniers anneaux thoraciques sont presque transversales. Les pâtes antérieures sont grosses , courtes et disposées de façon à pouvoir s'ap- pliquer exactement contre les régions ptérygostomiennes ; la main présente en dessus une crête plus ou moins tran- chante , et les pinces sont cannelées en dehors et en dessus , armées dans toute leur longueur de dents comprimées et tran- chantes, et pointues à leur extrémité. Les pâtes suivantes sont très-courtes, très-comprimées, et garnies en dessus d'une crête 3j4 HISTOIRE NATURELLE tranchante ou d'une rangée de fortes épines qui s'étend jusqu'à l'insertion du tarse, lequel est court, renflé et armé d'un petit ongle corné. Enfin X abdomen ne présente rien de parti- culier , si ce n'est que chez le mâlcles appendices de la première paire sont très-longs et filiformes à leur extrémité , et que l'on n'y distingue ordinairement que cinq articles. La plupart des espèces de ce genre habitent l'Océan indien , et il n'est pas rare d'en trouver à l'état fossile. § A. Espèces dont la carapace est lisse, sans bosselures ni sillons distincts. i . Crabe rosé. — Cancer roseus (i). Carapace à bords mousses, ovoïde, une fois et deux tiers aussi large que longue ; très-bombée et piquetée partout ; ni repli ni tubercule à l'extrémité de ses bords latéro-anté- rieurs. Crêtes des pâtes très-élevées , tranchantes et inégales; une crête au bord inférieur de leur pénultième article. Longueur, environ 18 lignes; couleur rougeâtre, avec les pinces noires. Habite la mer Rouge. (C. M. ) 2. Crabe très-entier. — C. integerrimus (2). Carapace entourée en avant et sur les côtés d'un rebord mince et tranchant, ovoïde comme chez le précédent, mais ayant sur les régions branchiales un repli courbe qui se continue avec les bords latéro -antérieurs ; un peu piquetée antérieurement: pâtes comme dans l'espèce précédente; une crête sur le bord inférieur de l av a) it- dernier article des postérieures. Ce Crustacé se distingue de tous les autres Crabes par la disposition des régions ptérygostomiennes , qui, au lieu d'être convexes . sont ici concaves d'arrière en avant , et présentent ainsi une large gouttière transversale dans laquelle vient se replier la main. Longueur, environ 2 pouces. Habite l'océan Indien. (C. M.) (1) Carpilius roseus. Ruppell. op. cit. p. i3, PI. 3, fig. 3 C. orien- lalis ? Herh. PI. 20, fig. 117. (2) Lumk. Hist. des An. sans vert. t. V, p 2^3. DES CRUSTACÉS. 3^5 3. Crabe marginal. — C. marginatus (i). Carapace à limbe latéro-antérieur lamelleux et tran- chant, ovoïde, sans repli ni tubercule à l'extrémité du bord latéro- antérieur; une crête au bord inférieur des pâtes des quatre dernière 's paires. Longueur, environ 10 li- gnes. Carapace marron avec une bordure blanchâtre; pâtes couleur de chair; pinces noires. Habite la mer Rou^e. 4- Crabe ocyroé. — C. ocyroe (2). Carapace à limbe latéro-antérieur lamelleux et tran- chant , ovoïde, mais moins large que dans les espèces pré- cédentes et un peu bosselée; une ou deux fissures au bord latéro-antérieur qui se terminent par une petite dent arrondie ; crête des pâtes élevée ; point de crête au bord inférieur de leur pénultième article. Longueur, environ 1 pouces; couleur blanchâtre, avec une multitude de petites taches jaunes. Habite les mers d'Asie. (C. M.) §. B. Espèces ayant la carapace lisse ou à peine granu- leuse , mais bosselée et creusée de sillons, b. Régions ptêry gostomiennes légèrement convexes. 6. Crabe lobé. — C. lobalus. Bords latéro- antérieurs de la carapace formant une crête horizontale, tranchante, et divisée seulement en quatre lobes séparés par des sillons linéaires. Carapace ovoïde, fortement bosselée en dessus, excepté dans son tiers (1) Carpilius marghiatus. Ruppell. op. cit- p. l5, PL 3. iig. 4- (2) Herhst, t. 111, PI. 54, fig. u, 3^6 HISTOIRE NATURELLE postérieur, qui est très- rétréci. Mains presque lisses, garnies en dessus d'une crête tranchante très -élevée et de quelques lignes saillantes sur la face externe, pinces très-pointues et cannelées en dehors; pâtes suivantes courtes, comprimées, lisses, et garnies en dessus d'une crête tranchante. Longueur, environ 9 lignes. Habite les Antilles. (C. M. ) 7. Crabe mamelonné. — C. Mamillatus. Bords latèro- antérieurs de la carapace découpés en six dents , arrondis et obtus. Carapace ovcïde , entièrement couverte de bosselures élevées, lisses, très - nombreuses ; front et orbites beaucoup plus élevés que la terminaison des bords latéro-antérieurs de la carapace ; paies toutes couvertes de bosselures; bord supérieur des mains presque tranchant. Longueur, 2 pouces. Habite l'Australasie. (C. M.) b. b. Une grande cavité ovalaire sur chaque région ptèrygostomienne. (Disposition dont nous ne connaissons pas d'autre exemple chez les Crustacés. ) 8. Crabe sculpté. — C. sculptus (1). Carapace ovalaire, bombée, fortement bosselée, et garnie en dessus de quelques granulations miliaires. Front formé de quatre lobes arrondis , dont les deux médians sont inclinés et très-avancés. Bords latéro -antérieurs très-courbes , granuleux, ne présentant ni dents ni lobes bien distincts , et se prolon- geant jusqu'au niveau du milieu de la région cordiale ; bords latéro-postérieurs très-concaves ; mains surmontées d'une crête (1) C. esculptus. Herb. t. I,' p. 265, PL ai, fig. 121. Savigny, Egypt. Hist. nat.t. II, Cf. PI. 6, fig. 3. DES CRUSTACÉS. 3^7 triangulaire contournée sur elle-même , et d'un aspect ver- moulu en dehors ; pinces granuleuses sillonnées en dehors et légèrement creusées sur leur bord préhensile, Pâtes des quatre dernières paires comprimées , surmontées d'une petite crête , et garnies en dehors de beaucoup de tubercules arrondis ou pointus. Face inférieure du corps granuleux. Longueur, 2 ou 3 pouces ; couleur blanchâtre ; quelques poils sur les pâtes. Habite la mer Rouge. (C. M.) $. C. Espèces dont la carapace est bosselée et couverte de granulations , mais non épineuse. c. Un bord lamelleux et tranchant autour de la moitié antérieure de la carapace. 9. Crabe bordé . C. limbatus (i). (PI. 16 , %. 4.) Carapace ovoïde, bosselée, et couverte de petites granula tions miliaires ; front peu saillant et à peine sinueux ; bord la- téro-antérieur de la carapace garni d'une crête horizontale , très-saillante , mince , tranchante , divisée par deux ou trois fissures, et se continuant jusqu'au niveau du milieu de la région cordiale; bords latéro-postérieurs courts et concaves. Pâtes an- térieures granuleuses en dehors : doigts courts et pointus ; le supérieur garni de trois crêtes tranchantes. Pâtes des quatre dernières paires lisses et surmontées d'une crête tranchante qui s'étend jusqu'à l'origine du tarse. Longueur, environ un pouce ; couleur jaune. Habite l'océan Indien et la mer Rouge. (C. M.) (1) Xantho granulosus. Ruppell. Crust. PI. 5, fig-. 3. ( Ce nom spé- cifique étant un double e mpîoi , nous avons préféré celui sous le- quel nous avions depuis longtemps désigné ce Crustacé dans la col- lection du Muséum. ) 3^8 HISTOIRE NATURELLE c. c. Point de rebord lamelleux et tranchant autour de la moitié antérieure de la carapace. 10. Crabe de Savigny. — C. Savignii (1). Carapace très - bombée , d'un aspect comme fram- broisé , et bien moins élargie que dans les espèces précé- dentes. Les granulations dont elle est couverte sont entassées les unes sur les autres , et subdivisées en une foule de points arrondis. Ses bords latéro-antérieurs sont granuleux et pas distinctement divisés en lobes ou dents , et ses bords latéro- postérieurs sont très-concaves. Les pâtes sont courtes et toutes couvertes de granulations. Longueur, environ 10 lignes ; cou- leur rougeâtre avec des taches brunes et blanches; pinces brunes. Habite la mer Rouge et l'océan Indien. (C. M. ) ii. Crabe graveleux. — C. calculosus. Carapace peu bombée et garnie de granulations assez grosses 7 peu saillantes , et non réunies en groupe , peu bosselée ; bords latéro-antérieurs obscurément divisés en quatre lobes un peu arrondis. Pâtes courtes ; les antérieures granuleuses et sans crête; les autres comprimées et surmontées d'une crête dentelée. Longueur , 6 lignes. Habite la Nouvelle-Hollande. (C. M.) 12. Crabe spinimane. — C. spinimanus. Carapace peu bombée , médiocrement granuleuse , pres- que circulaire , tronquée en arrière et bosselée ; bords la- téro-antérieurs armés de quatre dents triangulaires, entre (i) Cancer. Savigny, Egypt. Hist. nat. t. II. Crust. PI. 6, fig. 3. C. granulatus. Audouin , Explie, des PI. de Savigny. DES CRUSTACÉS. Sjq lesquelles on remarque des séries de petites espèces. Mains surmontées d'une crête élevée formée par cinq grosses dents ; pâtes suivantes épineuses. Longueur , environ un pouce et demi ; couleur blanchâtre avec les pinces brunes. Patrie inconnue. (C. M.) §. 1). Espèces dont la carapace est couverte d'épines. i3. Crabe acanthe. — C. acanthus. Carapace ovalaire , très-élargie , fortement bosselée et cou- verte d'épines ; front peu incliné et divisé en quatre dents ; bords latéro-antérieurs fortement courbés , se prolongeant jus- qu'au niveau du milieu de la région cordiale et armés de cinq à six dents, hérissés d'épines; bords latéro-postérieurs très-con- caves. Pâtes couvertes d'épines ; celles de la première paire ne présentent pas en dessus de crête élevée. Corps finement granulé en dessous, couvert en dessus de poils raides. Longueur, environ un pouce. Patrie inconnue. ( C. M. ) Le Cancer pitho de Herbst (PI. 5i, %. 1) me paraît de- voir se rapporter à la subdivision A de ce genre ; mais cepen- dant la longueur de ses pâtes le rapproche des Carpilies. Le Cancer spectabilis, du même auteur (PI. 37, fig. 5), y ap- partient probablement aussi. Enfin, c'est dans la division C que devrait prendre place le Cancer melissa de Herbst (PI. 5i, fig. 1), qui ne paraît pas devoir être confondu avec le C. sculpté , comme cet auteur semble le penser. On connaît plusieurs Crustacés fossiles qui paraissent égale- ment appartenir à ce genre. De ce nombre sont le Crabe de Bosc , décrit par M. Desmarest (Crust. foss. p. 94, PI. &> 380 HISTOIRE NATURELLE fi°\ 3 et 4 ) } et trouvé dans un banc de calcaire grossier à Vé- rone ; sa forme générale le rapproche du Crabe ocyrœ , mais il se distingue de toutes les espèces vivantes par la forme de son front, etc.: le Crabe de Leach , du même auteur (p. g5 , PL 8, fig. 5 et 6) , qui se rencontre dans les argiles plastiques de l'île Shepy : le Crabe pointillé, Desm. ( Knorr et Walcli, Monum. du déluge , t. I , PI. 16 À, %. i et 3 ; — Desm. op. cit. PI. y, £g. 3 et 4 ), qui provient des environs de Yicence : le Crabe quadrilobé (Desmarest, PI. 8, fig. i et i ) , très- commun dans les dépôts coquilliers des environs de Dax ; une espèce inédite de la collection de M. Deshayes , remarquable par les bosselures de sa carapace , mais dont ce naturaliste ignore le gisement , etc. Nous sommes portés à considé- rer le Crabe aux grosses pinces , Desm. (Rhumph, PI. 6o , fig. 3 ; — Desm. PI 7, fig i et i ) , comme se rapportant au genre Carpilie plutôt qu'à la division des Crabes proprement dits. II. genre CARPILIE. — Carpilius (i). Le génie Carpilie , établi par M. Leach , a les rapports les plus intimes avec le genre Crabe. La forme générale du corps (PI. 16, fig. g) est absolument la même que chez la plupart de ces Crustacés ; la carapace est ovoïde très-bombée ; ses bords latéro-antérieurs sont obtus et terminés en arrière par une espèce de tubercule arrondi. Les pâtes sont plus longues que chez la plupart des Crabes, et ne sont ni comprimées ni garnies en dessus d'une crête ; leur dernier article est grêle , très- allongé et styliforme ; les mains sont plus renflées et d'iné- gale grosseur, et les doigts, plus gros, plus arrondis, sans cannelures , et obtus au bout , sont armés (au moins d'un côté ) de deux ou trois gros tubercules arrondis seulement. (i) Cancer. Linn. Fabr. Latr. Desm. etc. Carpilius. Leach (Desm, p. io4 )• — Ruppeil. op. cit. DES CRUSTACÉS. 38 1 Il est aussi à noter que l'article basilaire des antennes ex- ternes (PI. iG, fig. 10) est plus long, plus oblique et en contact avec le front dans le tiers de sa longueur , et que le bord antérieur du troisième article des pâtes-mâchoires externe est très-oblique. §. A. Espèces dont la carapace est parfaitement lisse en dessus, ne présentant pas de sillons , et iï étant point divisée en lobes. i. Carpilie coralli*. — C. corallinus (i). Front étroit (sa largeur n'excédant pas la longueur de V espace compris entre le plastron sternal et le bord antérieur des fossettes antennaires) , et divisé en quatre lobes, dontles deux latéraux sont arrondis et séparés des médians par une échancr ure prof onde , et dont les deux médians sont à peine distincts V un de Vautre et très-avan- ces} un petit tubercule saillant à l'angle externe de l'orbite ; bords latéro-antérieurs arrondis , obtus , non carénés , et terminés par un gros tubercule arrondi situé au niveau de l'angle rentrant du bord latéral de la région cordiale. Cloison inter-antennaire très- large ; article basilaire des antennes externes très-oblique ; épistome lisse ; bord antérieur du cadre buccal à peine saillant et sans tubercule à ses extrémités ; bord antérieur du troisième article des pates-mâcboires externes très-oblique, et son bord postérieur presque droit. Pâtes antennes très-grosses, renflées , et n'ayant pas deux fois la longueur de la carapace. Pâtes de la seconde paire un peu plus courtes que celles de la troisième paire, lisses et arrondies; leur troisième article dépassant de beaucoup le bord latéral de la carapace ( tandis que dans les es- (i) C. floridus. Rumph, PI. 8, fiç.5? C.Jloscntosus. Seba , t. III, PI. 19, %. 2 et 5? C. coralliuits. Fabr. Ent. Syst. t. II, p. 445; — Herb. PI. 5, fig. 40; — C. adspersus. Herb. PI. %• 8. 3(}b HISTOIRE NATURE fi LE 3. Xanthe piquant. — X. asper (i). Carapace granuleuse et bosselée partout ( comme dans les espèces précédentes ) , mais beaucoup moins large ; ses bords latéro-antérieurs très-courts et divisés en quatre dents hérissées à leur extrémité dune série d'épines acérées. Pâtes antérieures comprimées et garnies de plusieurs rangées de tubercules granuleux } les suivantes lisses. Lon- gueur, 4^5 lignes. Habite la mer Rouge. 4- Xanthe setiger. — X. setiger. Carapace très granuleuse partout et fortement bosselée en avant , mais sans bosselures ni sillons notables sur la région cordiale et la portion correspondante des régions branchiales ,• moins ovoïde que chez le X. très-poilu. Bords latéro-antérieurs très -courbes et divisés en quatre lobes à peine distincts; bords latéro-postérieurs concaves ; régions ptérygosto- miehnes comme dans le X. très-poilu; pâtes antérieures assez grosses et très-granuleuses ; pinces pointues , tranchantes et cannelées en dehors; corps couvert de poils. Longueur, en- viron 9 lignes. Habite les Antilles. (CM.) 5. Xantiie raboteux. — X. scaber (1). Carapace comme dans l'espèce précédente , mais moins large, et ayant ses bords latéro-postérieurs droits. Mains plus grosses , et pinces sans cannelures distinctes ; du reste ne différant qu'à peine du X. setiger. Longueur, environ 10 lignes. Habite les îles de la Sonde. ( C M. ) (1) Ruppell. op. cit. PI. 5 , fig. 6. (2) Cancer scaber. Fabr. Suppl. p. 336. DES CRUSTACÉS. $Ç)l 6. Xanthe de Lamarck. — X. Lamarckii. Carapace presque Hase dans sa moitié postérieure , et un peu plus large que dans l'espèce précédente. Dents laléro- antérieures plus pointues; mains très -granuleuses et creusées en dehors de deux sillons longitudinaux très-profonds. Longueur, 4 lignes. Habite l'Ile-de-France. (CM. ) a"". Carapace couverte de petits tubercules soudes entre eux- par doubles rangées , et ayant V aspect ver- moulu. 7. Xanthe vermoulu. — X, vermiculatus (1). Carapace à peine bombée , fortement bosselée , et présentant sur chaque bosselure un grand nombre de tubercules réunis entre eux , de manière à former des lignes élevées et découpées de chaque côté , qui s'unissent à leur tour et donnent à la ca- rapace l'aspect d'une substance vermoulue. Bords latéro-anté- rieurs divisés en quatre lobes à dents triangulaires dont les bords sont dentelés ; bords latéro-postérieurs concaves. Le front très-incliné ; une échancrure étroite et profonde vers le milieu du bord antérieur du troisième article des pates-mâchoires ex- ternes. Pâtes comme vermoulues en dessus et en dehors; celles de la première paire médiocres et arrondies en dessus ; pinces sillonnées ; pâtes des quatre dernières paires à bord supérieur tranchant et poilu. Longueur, environ deux pou- fy 1 il va, ces. Louleur blanchâtre. Habite? (C. M. ) (1) Cancer vermiculatus. Lamarck , ïlist. des An. s. vert. t. V, p. 271. 392 HISTOIRE NATURELLE a. a. Pâtes des quatre dernières paires ni épineuses ni dentées. ( Carapace tuberculeuse. ) 7. Xanthe de Reynaud. — X. Reynaudii. Carapace à régions bien distinctes et bosselées , tuber- culeuse dans toute son étendue , peu convexe , fortement tronquée en arrière et couverte de tubercules peu saillans. Front divisé en deux lobes sinueux et tronqués ; bords latéro- antérieurs ne dépassant que de peu le niveau de la région sto- macale , et armés de quatre grosses dents triangulaires et tu- berculeuses; bords laléro-postérieurs un peu concaves et très- longs ; pâtes antérieures renflées et couvertes en dedans comme en dehors de gros tubercules arrondis ; pinces pointues ; pâtes suivantes, grêles, assez longues, et portant sur le bord supérieur de leur troisième article une série de six à sept grosses dents. Face inférieure du corps granuleuse. Longueur , environ 2 pouces et demi ; couleur rouge mêlé de jaune et de blanc. Habite l'océan Indien. (C. M. ) 8. Xanthe de Péron. — X. Peronii. Carapace à régions peu distinctes , et peu ou point tu- berculeuse dans sa moitié postérieure. Forme générale à peu près de même que dans l'espèce précédente. Pâtes anté- rieures grosses et couvertes en dehors de tubercules pointus ,' celles des quatre dernières paires hérissées d'épines. Longueur, environ 4 lignes. Habite la Nouvelle-Hollande. (CM.) DES CRUSTACÉS. 3q3 § B. Espèces dont la carapace n'est couverte ni de granu- lations ni de tubercules. b. Mains et pâtes des quatre dernières paires dé- pourvues de crête tranchante sur leur bord su- périeur. b". Carapace bosselée dans toute son étendue et piquetée (ses bords latèro- antérieurs fortement dentés). 8. Xanthe imprimé. — X. impressus (i). Carapace à peine bombée et couverte de bosselures dont la surface est inégale et piquetée ; front peu incliné et divisé en quatre lobes arrondis, dont les deux médians sont grands et saillans, et les deux latéraux très-petits. Bords latéro- antérieurs prenant naissance beaucoup au-dessous du niveau de l'orbite, ne se prolongeant pas au delà du niveau du milieu de la région génitale , et divisés en quatre gros lobes arrondis. Pâtes anté- rieures courtes , grosses et piquetées ; un gros tubercule bilobé sur le bord interne du carpe ; mains ne présentant ni tubercules ni épines ; pinces pointues et arrondies au bout ; pâtes des quatre dernières paires arrondies en dessus. Longueur, 2 ou 3 pouces; couleur iaune lavé de rou^e. Habite l'Ile-de-France. (CM.) b*¥. Carapace bosselée antérieurement , mais plane dans sa moitié postérieure (ses bords latéro-anté- rieurs fortement dentés ). 9. Xanthe livide. — X. lividus (2). Face supérieure de la carapace notablement bombée ; bord inférieur du hiatus de V angle interne de V orbite s'a- (1) Cancer impressus. Lamk. op. cit. t. V, p. 272. (2) Cancer lividus. Lamk. op. cit. t. V, p. 272. 3C)4 HISTOIRE NATURELLE vançant jusqu'au niveau du quatrième article de V an- tenne eôcternë. Bords latéro-antérieurs de la carapace divisés en quatre dents ; pâtes antérieures médiocres ; main arrondie en dessus ; Lord supérieur des pâtes des quatre dernières paires arrondi , garni d'un grand nombre de petits tubercules, et très- poilu. Longueur, environ 3 pouces; couleur jaune-rougeâtre. Habite les mers de l'Ile-de-France. (C. M. ) 10. Xanthe floride. — X. floridus (1). Face supérieure de la carapace horizontale transver- salement et à peine courbée d avant en arrière j bords la- téro -antérieures armés de quatre gros tubercules denti- f ormes et presque triangulaires ; pinces arrondies et ne présentant aucune trace de cannelures. Carapace large et assez fortement bosselée dans toute sa moitié antérieure ; front légèrement incliné , peu saillant et presque droit ; bords latéro- antérieurs courbes , et atteignant presque le niveau du bord antérieur de la région cordiale. Pâtes antérieures renflées et très-grosses ; les suivantes courtes , arrondies et garnies de poils sur le bord supérieur de leur troisième article. Longueur, environ 2 poUces ; couleur brun rougeâtre , avec les pinces noires. Très-commun sur nos côtes. (C. M.) 1 1. Xanthe rivuleux. — X. rivulosus (2). Cette espèce est extrêmement voisine de la précédente , mais s'en distingue en ce que les pinces sont cannelées en dessus (1) Montagu, Lirm. Trans. t. IX. PI. 2 , fig- 1; Xantho Jlorida. Leach. Malac. Pi. i'i ; — Desm. PI. 8, Fig. 2. Nous ne voyons aucune raison valable pour distinguer de cette espèce le Cancer poressa d Olivi ( Zool. adriat- PI. 2, fig. 3; Xantho poressa. Leach, Desm. p. io5 ). (2) Risso, Crust. de Nice, pr.i4; Savigtiy, Egyp. Gr. PI. 5, fig. 8. C. hydrophilius. PL 21, fig. 124? DES CRUSTACÉS. 3o5 et en dehors ; les bosselures de la carapace sont moins élevées ; le front est plus saillant et plus horizontal ; les bords latéro- antérieurs de la carapace dépassent à peine le niveau de la partie postérieure de la région stomacale , et les pâtes des quatre der- nières paires sont garnies de poils dans toute la longueur de leur bord supérieur. Longueur, i à 2 pouces; couleur jaunâtre maculé de rouge, et avec les pinces brunes. Habite la Méditerranée et nos côtes de l'ouest. (C. M. ) 12. Xanthe parvule. — X. parvulus (i). Espèce très-voisine des deux précédentes , mais dont les bords latéro- antérieurs de la carapace sont minces , tran- chans et divisés en quatre lobes tronqués et dentif ormes * et dont la face supérieure de la carapace est simplement ridée et non bosselée en avant. La main du côté droit est beaucoup plus large que4 l'autre, et on remarque à la base de son doigt mobile une dent tuberculeuse extrêmement forte. Longueur , 4 lignes ; couleur brunâtre. Habite les Antilles et le Brésil. (G. M. ) i3. Xanthe pieds velus. — X. hirtipes (2). Espèce très-variée du Xanthe rivuleux , mais ayant la ca- rapace un peu plus bombée , le front marqué d'un léger sillon transversal , et la face externe des mains garnie de plusieurs rangées de petits tubercules perlés . Longueur, environ 5 lignes. Habite la mer Rouge. (C. M.) (1) Canner parvulus . Fabr. Ent. Syst. t. H, p. 45 j (2) Cancer hirtipes. Latr. Coll. du Mus. — Savigny, Egypte , PI. 6, hg. 1? 396 HISTOIRE NATURELLE ,* ** Carapace sans bosselures notables, même à sa partie antérieure. ■ 6¥**f. Bords latéro - antérieurs minces et profon- dément découpés. ' i4vXanthe crénelé. — X. crenatus. ■ Carapace très-élargie et lisse ; front divisé en deux lobes la- melleux très-larges , tronqués , et à bords presque droits : bords latéro-antérieurs divisés en trois lobes minces et presque carrés, suivies d'une quatrième dent triangulaire ; pâtes antérieures très-inégales et médiocres ; pinces un peu comprimées et cour- bées en dedans et au bas ; pâtes suivantes à peu près comme dans les espèces précédentes, mais plus grêles. Longueur, 10 lignes. Habite les cotes du Pérou. (C. M. ) b***ff. Bords latéro-antérieurs épais et entiers, ou ne présentant que deux ou trois tubercules à peine saillans. i5. Xanthe de Gaudichaud. — X. Gaudichaudii. Front peu avancé , très-étroit, et profondément divisé en quatre lobes arrondis et très- saillans. Forme générale , très-semblable à celle du Xanthe floride. Longueur, environ 1 pouces. Habite le Chili. (CM.) 16. Xanthe ponctué. — X. punctatus. Front peu avancé , large, sinueux , divisé obscurément en quatre lobes arrondis et peu saillans ; carapace ovoïde, peu large , divisée sur la région hépatique par deux sillons qui DES CRUSTACÉS. 5ç)H se continuent avec des échancrures des bords latéro-antérieurs ; mains amples et lisses. Longueur, i pouce. Habite l'Ile-de-France. (C. M.) 17. Xanthe plan. — X. planus. Front três-avancê , droit, horizontal, et divisé en deux lobes par une petite fissure médiane; carapace plane en dessus sans régions distinctes; bords latéro-antérieurs épais, obtus , très-courbes , se prolongeant jusqu'au niveau du milieu de la région génitale , et présentant en arrière deux tubercules arrondis dont l'antérieur à peine distinct. Pâtes à peu près comme dans le X. floride , seulement il y existe une dent à l'extrémité du bord supérieur du troisième article. Longueur, 1 pouce et demi ■ couleur jaunâtre. Habite les côtes du Chili. (CM.) ■ 18. Xanthe front rond. — X. rotundifrons. Front extrêmement avancé , semi-circulaire , sans fis- sure médiane et inclinée ; carapace ovoïde , presque plane ; bords latéro-antérieurs épais , obtus , entiers , très-courbes , et se prolongeant jusqu'au niveau de la région cordiale ; pâtes comme chez le X. floride. Longueur, environ 10 lignes. Habite? (C. M.) bb. Mains et pâtes des quatre dernières paires garnies en dessus d'une crête longitudinale. 19. Xanthe incisé. — X. incisus. Face externe des mains garnie de plusieurs rangées horizontales de petits tubercules; carapace très-large, peu bombée , fortement bosselée , et présentant sur les régions sto- macale et hépatique plusieurs petites crêtes transversales ; front à peine incliné et divisé en quatre lobes arrondis , dont les deux externes très-petits ; bords laléro-antérieurs de la ca- 3g,S HISTOIRE NATURELLE rapace divises en quatre dents , dont les deux premières arron- dies et comprimées , et les deux dernières triangulaires et carénées en dessus. Pâtes antérieures granuleuses. Longueur , environ ï pouce; quelques poils sur la carapace et sur les pâtes. Habite l'Australasie. (G. M.) 20. Xanthe a huit dents. — X. octodentatus (1). Face externe des mains ne présentant pas de petits tu- bercules disposés par rangées horizontales ; bords latéro- antérieurs de la carapace armés de dents très-fortes et séparées entre elles par des échancrures très-profondes ; carapace légèrement bombée , assez fortement bosselée près du bord antérieur et lisse dans sa partie postérieure ; front à peine saillant et divisé en deux lobes ; pâtes antérieures médiocres ; carpe garni en dedans de deux gros tubercules ; pinces légère- ment cannelées ; pâtes suivantes très -comprimées et bordées de poils. Longueur, 2 pouces et demi. Habite (CM.) ai; Xanthe rayonné. — X. radiatus (2). Face externe de la main granuleuse, mais ne présen- tant pas de rangées de tubercules ; bords latèro-antérieurs de la carapace comme festonnés, armés de trois ou quatre petites dents pointues réunies entre elles par une crête mince ; face supérieure de la carapace presque plane, lisse, à régions assez distinctes et légèrement bosselée en avant ; ses bords latéro-postérieurs droits ; front presque droit divisé par (1) C murinus lœvis. Rumph. PI. 5, fig. N. — C. Jfloridus ? Latr. iMlcyc.Pl. 283, ng\ 2. ( Mal copiée d'après Rumph. ) Cancer rumphie, Guérin , Icon. Cr., PL 2, %. 1. (2) C. dodone ? Herbst , t. IH , p. 37, PI. 52, fig. 5. DES CRUSTACÉS $Ç)C) une fissure médiane à peine visible j pâtes antérieures assez grosses ; carpe armé en dedans de deux tubercules pointus ; main bordée en dessous comme en dessus d'une crête tran- chante ; pales suivantes très-comprimées. Longueur, environ 4 lignes. Habite l'ïle-de-France. (CM.) Plusieurs Crustacés, qui ne nous sont connus que d'après les figures que Herbst en a donné, et qui nous paraissent dis- tincts des précédens , devront probablement prendre également place dans le genre Xanthe. De ce nombre sont : Le C. acaste (PI. 54, fig- 4) ' dont *a carapace paraît être lisse et les mains armées en dessus d'une crête tranchante. Le C. clymène ( PI. 02 , fig. 6) , qui ressemble beaucoup au Xanthe rivuleux. Le C. métis ( PL 54? fig- 3 ), dont la carapace, fortement bosselée en avant , est beaucoup plus étroite et le front plus avancé que chez les autres Xanthes. Le Cancer mërcenaria , décrit par M. Say (Jourii. of the Acad. of Philad. , t. I , p. 44$ ) > paraît être aussi un Xante. Le front de ce Cancérien est divisé par une fissure médiocre et légèrement sinueuse ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont divisés par des sinus en quatre dents obtuses, réticulées au bout et à peine saillantes ; enfin, ses pâtes sont très-poilues. On l'emploie comme aliment à Charlestown. VI. Genre CflLORODE. — Chlorodius (i). Les Crustacés dont nous formons ce groupe ont une très-grande analogie avec les Xanthes ; mais ils ont la ca- ( i) Cancer Forskàl , Herbst- etc. Chlorodius. Leach. — Puippell Op. Clt p. 20 4ûO HISTOIRE NATURELLE rapace en général moins large, et ce qui les distingue sur- tout /c'est la disposition de leurs pinces , dont l'extrémité est élargie et profondément creusée en cuillère. § A. Espèces dont la carapace est tres-bosselée. a. Carapace peu ou point granuleuse. i. Chlorode ongulée. — C. ungulatus (i). (PI. 16, %. 6-8.) Carapace à peine bombée, fortement bosselée dans toute son étendue , et peu élargie ; front divisé en quatre lobules , mais cependant presque droit et assez large ; bords latéro-anté- neurs armés de cinq dents triangulaires et très-épaisses ; pâtes antérieures très-longues , leur troisième article dépassant les bords de la carapace dans plus de la moitié de leur étendue ; mains tres-fortes , inégales et couvertes de tubercules arron- dis ; pâtes suivantes épineuses et poilues . Longueur , environ i o lignes ; couleur brun-rouge , avec les pinces noires et bor- dées de blanc. Habite Y Australasie. (CM.) a. a. Carapace granuleuse. i, Chlorode aréole. — C. areol i Carapace fortement bosselée et perlée ; front large et divisé en quatre lobes bien distincts ; bords latéro-antérieurs courts , presque droits et divisés en quatre dents triangulaires ; hiatus de l'angle orbitaire interne , étroit et pouvant à peine loger la tige mobile de l'antenne externe. Pâtes antérieures granuleuses ; les suivantes , ainsi que la face inférieure du corps , presque lisses. Longueur , environ 4 lignes. Habite la Nouvelle-Hollande. (CM.) (i) Dans la planche 16, où ce Crustacé est figuré, le numéro qui s'y rapporte, ainsi que celui du Carpilie convexe, ont été par erreur désignés comme appartenant au genre Crabe. » ! S CRUSTACÉS. {O! § B. Espèces ayant la carapace peu bosselée , si ce nest tout-à-fait en avant\ et les mains dépourvues de tu- bercules. 3. Chlorode longimane. — C. longimanus. Troisième article des pâtes des quatre dernières paires armé d épines sur le bord supérieur; carapace aplatie, un peu bosselée en avant , unie à sa partie postérieure et à régions peu marquées; front très-large, presque horizontal, épais, creusé en avant d'un sillon transversal et divisé en deux lobes tronqués ; bords latéro-antérieurs à peine courbés , ne dépas- sant pas le niveau du milieu de la région génitale , et divisés en cinq dents pointues, dont la première constitue l'angle orbitaire externe. Une échancrure arrondie au milieu du bord antérieur du troisième article des pâtes- mâchoires externes. Pâtes anté- rieures (du mâle) grêles et extrêmement longues 5 leur troi- sième article plus lon^ que la carapace , et armé sur le bord antérieur de quatre épines mousses; une épine sur le car, e; mains très-longues et s' élargissant vers le bout ; pâtes suivantes courtes, arrondies et couvertes de poils dans leur moitié ex- terne. Longueur , environ 6 lignes. Habite les côtes de Portorico. ( G. M. ) 4. Chlorode nain. — C. niger (1). Troisième article des pâtes des quatre dernières paires non épineux; pâtes antérieures très -longues , leur troi- sième article dépassant de beaucoup les bords de la cara- pace ; carapace presque plane en dessus, à régions peu distinctes ; front très-large et presque droit; bords latéro-antérieurs armés de quatre dents , à peine courbés , et se dirigeant presque di- (1) Cancer niger. Forsk. op. cit. p. 89 ; Chiorodius niger. Ruppell , op. cit. p. 20, PL 4. tig- 7- 16 CRUSTACES , TOME I. 4o'2 HISTOIRE NATtMiELLE rectement en arrière , le grand diamètre latéral de la carapace n'étant guères plus long quele bord fronto-orbitaire. Pâtes lisses. Longueur, environ 4 lignes; couleur de la carapace, noirâtre; pinces noires avec une bordure blanche à leur extrémité. Habite la mer Rouge. 5. Chlorode labourée. — C. exaratus. Troisième article des pâtes non épineux ; celles de la première paire courtes , leur troisième article dépassant à peine les bords de la carapace ; carapace à peine bombée et très-inégale dans sa moitié antérieure ; bords latéro- antérieurs armés de quatre dents triangulaires , courbes et obliques ; front étroit et formé de deux lobes minces et tron- qués , le bord fronto-orbitaire n'occupant qu'environ la moitié du diamètre transversal de la carapace. Pâtes courtes ; celles de la première paire grosses , renflées et lisses. Longueur, environ 6 lignes ; couleur jaune rougeâtre , avec les pinces noires. Habite les côtes de l'Inde. (C. M. ) 6. Chlorode sanguine. — C. sanguineus. Mêmes caractères que pour l'espèce précédente , si ce n'est que les bords latèro-antérieurs de la carapace sont armés de six ou sept dents. Longueur, environ 4 lignes; couleur blanchâtre mêlée de rouge. Habite les mers de l'Ile-de-France. (C. M. ) j. Chlo: ode Et bore. — C. eudorus (i). Ne diffère guères de l'espèce précédente que par des bosse- lures plus élevées et plus nombreuses , et par la forme du front , dont les lobes moyens sont étroits et profondément échancrés , de façon à présenter chacun deux petites dents arrondies. Habite la Nouvelle-Zélande. (C. M.) (i) Cancer eudora. Herb. t. III , PI. 5i, fiff. 3. des csl stacks. {°3 VII. Genre PANOPÉ. — Panopèus (i). Dans ce petit groupe , qui semble conduire vers le genre Carcin , la carapace est bien moins ovalaire , même que dans les genres Xanthe et Chlorode; les bords latéro-anté- rieurs sont minces, dentelés, peu courbés, et ne se prolon- gent que peu en arrière ; les bords latéro-postérieurs sont au contraire très-longs et forment avec le bord postérieur un angle presque droit. Ces Cancériens se distinguent aussi de tous les précédens , par l'existence d'un hiatus au bord inférieur de l'orbite , au-dessous de l'angle externe de cette cavité. Du reste , les Panopés ressemblent beaucoup aux Xanthes. Ges Crustacés appartiennent à l'Amérique. § A. Bord latèro-antérieur de la carapace atteignant le niveau du bord antérieur de la région génitale. i. Panopé de Herbst. — P. flerbstii (2). Carapace à peine bombée et légèrement bosselée en avant; front comme dans le Xanthe rivuleux. Une petite dent à l'angle orbitaire externe au-dessus de l'hiatus ; bords latéro-antérieurs armés en outre de quatre dents triangulaires, comprimés et saillans ; un petit tubercule au-dessous delà base delà première. Pâtes antérieures grosses et renflées 5 un petit tubercule pointu au bord interne du carpe; pinces courtes, fortes et arrondies; pâtes suivantes assez minces, lisses, et de longueur médiocre; enfin le second segment de l'abdomen du màlé à peu près de même longueur que les deux segmens qui Favoisihent. Lon- (1) Cancer. Herbst. Say. (2) Cancer panope. Herb. PI. 5^, fig. 5 : — Say. loc. cit. PL 4 > fig. 3. 26. 4*>4 HISTOIRE NATURELLE gueur, environ 2 pouces; couleur jaunâtre mêlée de vert, avec les pinces noires. Habite les côtes de l'Amérique septentrionale. (C. M. ) § B. Bords latéro-antérieurs de la carapace ne dépassant gueres le niveau du milieu de la région stomacale. 2. Panope vaseux. — P. limosus (1). Cette espèce est très-voisine de la précédente, mais sa cara- pace est beaucoup plus large, et ses bords latéro-antérieurs sont dirigés moins obliquement en arrière. Enfin , l'épine placée sur la région ptérygostoimenne est rudimentaire , et chez le mâle le deuxième segment de l'abdomen est beaucoup moins long que les deux segmens qui l'avoisinent , et ses bords latéraux sont droits. Longueur, environ 2 pouces. Habite les côtes de l'Amérique septentrionale. (CM.) Le Cancer trispinosus de Herbst (PI. 57, %. 4) me paraît devoir être rapporté à cette division générique. Le Cancer ochtodes du même auteur (PI. 8, %. 54) pourrait bien y appartenir aussi. VIII. Genre OZIE. — Ozius. Ces Cancériens ont , de même que les précédens , les plus grands rapports avec les Xanthes ; en général , cepen- dant, leur carapace est moins large et les bords latéro-an- teneurs moins courbes , ne se prolongent pas aussi loin en arrière, et n'attaquent que le niveau du milieu de la ré- gion gmitale ; la carapace n'est bosselée qu'à sa partie an- térieure, et ses bords latéro- postérieurs sont ordinairement (l) Cancer limosa. Say. loc. cit. p. 44^- DES CRUSTACÉS. _ ^o5 un peu convexes : mais ce qui cararte'rise surtout les Ozies , est la disposition de l'espace compris entre le bord antérieur du cadre bue* al et la bouche elle-même ; dans tous les Can- cériens dont nous nous sommes occupés jusqu'ici, cette espèce prélabiale est lisse (PI. 16 , fig. ioj, et le canal efférent de la cavité branchiale ne s'y distingue pas , tandis que chez les Ozies il existe de chaque côté de l'espace pré- labiale , une gouttière profonde qui fait suite à ce canal, et dont le bord interne est très-saillant , et vient se réunir au bord antérieur du cadre buccal. ( Voyez PI. 16 , fig. \\ b ) La disposition des antennes . des orbites , des pates-mâ- choires et des pâtes , est à peu près la même que chez les Xanthes. Enfin, dans l'abdomen du mâle ainsi que dans celui de la femelle, les sept anneaux restent parfaitement dis- tincts et ne se soudent pas entre eux, comme cela a lieu pour trois de ces segmens chez la plupart des Cancériens déjà décrits. $ A. Espèces ayant les bords latèro-antérieurs de la cara- pace armés de cinq ou six dents aiguës. i. Ozie tuberculeux. — O. tuberculosus . Carapace peu convexe, bosselée et granuleuse à sa partie antérieure ; front armé de quatre dents arrondies ; orbites diri- gées très-obliquement en haut; bords latéro-antérieurs de la carapace ne dépassant pas le niveau du milieu de la région génitale; bords latéro-postérieurs convexes; article basilairedes antennes externes très-oblique ; leur tige mobile rudimentaire , et l'hiatus qui la renferme très-étroit. Régions ptérygosto- miennes granuleuses; troisième article des pâtes -mâchoires externes échancré a son bord antérieur. Pales antérieures très- fortes , renflées et granuleuses; les suivantes courtes, cylin- driques et légèrement granulées. Longueur, environ 2 pouces ; couleur brunâtre. Paraît habiter l'océan Indien. (G. M. ) 4o6 HISTOIllE NATURELLE $B- Espèces ayant les bords latèro- antérieurs de la cara- pace divisés en quatre ou cinq lobes plus ou moins dentif ormes , mais toujours larges et obtus, b. Front ne présentant pas en avant un sillon trans- versal, b*. Front presque droit , légèrement sinueux '. i. Ozie tronqué. — O. truncatus. Carapace peu élargie, presque plane en dessus, et légère- ment bosselée en avant ; front très-large ; orbites sans fissures distinctes; bords latéro-antérieurs courts. Régions ptérygosto- miennes , antennes externes, et pates-mâchoires externes à peu près comme dans l'espèce précédente ( PI. 1 1 , fîg. 1 1 ) ; pâtes moins fortes. Longueur, un pouce et demi; couleur bru- nâtre. Habite l'Australasie. (C. M. ) b**. Front armé de quatre tubercules arrondis (les angles internes du bord orbitaire supérieur non compris. ) 3. Ozie moucheté. — O. guttatus. Carapace ovalaire , à peine bombée , lisse en dessus ; front presque droit ; orbites avec une fissure en dessus et une petite dent à l'angle externe ; bords latéro-antérieurs à peine décou- pés ; du reste , à peu près comme les espèces précédentes. Lon gueur, i pouces ; couleur jaunâtre piquetée de rouge. Habite la Nouvelle- Hollande. ( C. M. } bb. Front creusé en avant d'un sillon transversal. 54- Ozie frontal. — O. frontalis. Carapace ovalaire, très- élargie , presque entièrement plane en dessus , un peu rugueuse à sa partie antérieure ; front DKS CKUSTACÉS. .40- cannelé et obscurément divisé en quatre dents. Orbites sans dent à l'angle externe ; bords latéro-antérieurs longs , très- courbes , et divisés en quatre lobes fort larges , tronqués et à peine saillans. Article basilaire des antennes externes droit et très-petit; point d'échancrure au bord antérieur du troisième article des pates-màcboires externes. Pâtes antérieures très- inégales, fortes et lisses; les suivantes petites et arrondies. Longueur, environ un pouce ; couleur brun jaunâtre , avec les pinces d'un brun noirâtre. Habite la côte de Tranquebar. ( C. M. ) IX. Genre PSEUDOCARCIN. — Pseudocarcinus (1). La forme générale des Pseudocarcins est la même que celle de plusieurs Xanthes ; la carapace (PI. 14 bis, fîg. 10) est légèrement bombée et un peu bosselée près du front qui est presque horizontal ; les bords latéro-antérieurs sont mé- diocrement courbés et armés de dents plus ou moins saillantes ; enfin la portion postérieure de la carapace est à peu près de même étendue que l'antérieure , et ses bords latéraux sont droits et dirigés très-obliquement en arrière. La principale différence qui distingue ces Crustacés des genres précédens , consiste dans la disposition des antennes externes ( voyez PI. 16 , fîg. \i) , dont l'article basilaire est très-petit, dont le second article atteint à peine le front , et dont le troi- sième , qui est logé dans l'hiatus orbitaire, ne le remplit pas , de sorte que la fossette antennaire n'est pas complète- ment séparée de l'orbite ; enfin la tige terminale de ces ap- pendices , au lieu d'être très-courte , est plus de deux fois aussi longue que son pédoncule. L'espace prélabial n'est pas canaliculé comme chez les Qzies,, et les pâtes -mâ- choires externes ne présentent rien de particulier. Les pâtes de la première paire sont remarquables par leur gros- seur , chez le mâle surtout; elles ont à, peu près la même (1) Cancer. Fabr. — Herbst, — Lamarck, etc. AoS HISTOIRE NATURELLE forme que chez les Carpilies , mais sont encore plus fortes ; les pinces sont également arrondies et obtuses au bout , inégales et armées de gros tubercules arrondis , lesquels , d'un côté (en général le droit ) , ne sont qu'en très-petit nombre et d'un volume remarquable ; les pâtes suivantes sont assez longues et ressemblent beaucoup à celles des Xanthes de la section A , si ce n'est qu'elles sont plus étroites , et que leur dernier article est plus long. L'abdomen du mâle est divisé en sept articles bien distincts. ( Voyez PI. i4> fig. i3.) Ce genre appartient à l'Océan indien. A. Espèces ayant les bords latéraux de la carapace armés de quatre ou cinq dents. a. Face supérieure de la carapace bosselée antérieu- rement. I. PsEUDOCARCIN DE RuMPH. P. RumphU (i). Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents triangulaires prof ondément découpées ( l'angle orbi- taire externe non compris) ; face supérieure de la carapace lé- gèrement bosselée , presque entièrement lisse , à régions peu distinctes , et présentant près du front quatre tubercules ma- milla res. Front profondément divisé en deux dents arrondies et saillantes, en dehors desquelles on remarque de chaque côté deux petits tubercules ; orbites marquées dune fissure au bord supérieur et présentant deux tubercules arrondis à leur angle externe. Pâtes auteneures extrêmement grosses, ren- flées et lisses ; le bras court, le carpe très-développé et pres- que globuleux 5 enfin la main ayant à peu près la longueur du diamètre transversal de la carapace ; les pâtes suivantes de (i) Cancei liumphii. Fabr. Suppl. p. 336; — Herb. t, III, PI. 49, fig.a. DES CRUSTACÉS. 4.0Ç) longueur médiocre , arrondies et poilues vers le bout. Lon- gueur, i à 3 pouces. Habite la mer des Indes. (C. M.) 2. Pseudocarcin de Bellanger. — P. Bellaîigerii. Bords latèro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents à peine découpées et ayant la forme de lobes tron- qués (PI. i4 bis , fig. io ). Les tubercules de l'angle orbi- taire externe sont moins gros et moins saillans que dans l'espèce précédente, et la tige terminale des antennes externes est plus longue; du reste , ses caractères sont les mêmes. Longueur, 2 pouces; couleur de la carapace , brunâtre mêlée de jaune j pâtes jaunâtres et pinces noires. Habite la mer des Indes. (C. M. ) aa. Carapace lisse, sans bosselures notables à sa partie antérieure. 3. PsEUDOCARCIN OCELLÉ. — P. OCellatUS. Cette espèce est très- voisine du P. de Rumpb , mais le front est plus saillant et divisé en deux lobes tronqués assez larges ; la disposition des bords latéro-antérieurs de la cara- pace est la même que dans le P. de Bellanger. Longueur, en- viron 3 pouces; couleur de la carapace, jaunâtre, avec une multitude de tacbes circulaires rouges ; pinces noires ; pâtes des quatre dernières paires ornées de bander rouges et jaunes. Patrie inconnue. ( C. M. ) § B. Esrieces ayant les bords latéro-antérieurs de la ca- rapace armés de neuf ou dix dents spinijbrmes. 4« PsELDOCARCIN GEANT. P. gigCLS (l). Carapace légèrement bombée et renflée sur les cotés ; front (1) Cancer gigas, Lamk. Hist des An. sans vert. t. V, p. 272. 4lO HISTOIRE ?iATUKELLE armé de quatre grosses dents pointues , près de la base des- quelles on distingue sur la région stomacale autant de tuber- cules arrondis ; bords latéro-antérieurs obscurément divisés en quatre lobes , armés chacun de deux ou trois dents spini- formes; orbites divisées par quatre fissures comme chez les Xanthes ; pâtes antérieures très - grosses ; bord postérieur du bras épineux ; carpe armé en dedans de deux dents ; mains comme dans les espèces précédentes ; pâtes des quatre dernières paires arrondies , armées d'épines sur le bord supé- rieur du troisième article , et recouvertes d'un duvet épais sur les "articles suivans. Longueur, envii-on y pouces; couleur jaunâtre marbrée de rouge ; pinces noires. Habite les mers de la Nouvelle- Hollande. ( C. M. ) X. Genre ETISE. — Etisus (i). Ce petit groupe établit le passage entre les Xanthes et lesPlatycarcins. La carapace des Etises est moins ovalaireet moins large que chez la plupart des Cancériens arqués. Le front est large , lamelleux et divisé sur la ligne médiane par une fissure comme chez les Xanthes ; mais les deux lobes , larges et tronqués , qui en forment la partie princi- pale , sont séparés par une échancrure profonde de l'angle antérieur et supérieur de l'orbite , qui est arrondi et sail- lant ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont for- tement dentés. Les antennes internes se reploient presque longitudinalement , et l'article basilaire des antennes ex- ternes qui est très-grand , se réunit au front , et présente du côté externe un prolongement qui remplit l'hiatus de l'angle orbitaire interne ; enfin la tige mobile de ces antennes, qui est très-courte, s'insère complètement hors de ce hiatus, au-des- sous du front et plus près de la fossette antennaire que de l'orbite. Les pâtes- mâchoires externes ne présentent rien de fi) Cancer. Herbst. DES CRUSTACÉS. 4l ' remarquable ; les pâtes de la première paire sont assez grosses , et les pinces , très-clargies au bout et arrondies , sont profondément creusées en cuillère. A. Carapace à peine bosselée en dessus. 3. Etise denté. — E. dentatus (i). Carapace bombée et à régions distinctes ; front avancé et formé de deux grands lobes aplatis et tronqués , en dehors des- quels est un gros tubercule arrondi qui occupe l'angle orbitaire interne. Orbites armées de quatre dénis , savoir : une en dessus, une à l'angle externe et deux en dessous. Bords latéro-antérieurs assez fortement courbés , atteignant le niveau de la région cor- diale, et obscurément divisés en quatre lobes garnis chacun d'une forte dent arrondie et recourbée en avant; les deux lobes moyens présentent en outre deux ou trois dents plus pe- tites , de façon que leur nombre total est au moins de huit de chaque côté. Fossettes antennaires plus larges que longues; article basilaire des antennes externes n'envoyant qu'un prolon- gement très-étroit dans l'hiatus orbitaire ; pâtes antérieures mé- diocres ; mains un peu comprimées ; pâtes des quatre dernières paires hérissées en dessus d'épines. Longueur, 3 ou 4 pouces ; couleur rougeâtre. Habite l'archipel Indien. ( C. M.) B. Carapace couverte de bosselures séparées entre elles par des sillons profonds. 4» Etise bosselé. — E. anaglyptus. Carapace à peine bombée et n'étant pas une fois et demie aussi large que longue ; front et orbites à peu près comme dans l'espèce précédente ; bords latéro-antérieurs peu courbes , à peu (i) Cancer dentatus. Herb. t. I, p. 186 , PI. il, fig. 66. 4l'2 HISTOIRE NATURELLE près de même longueur que les Iatéro-postérieurs , et armés de quatre grosses dents triangulaires et saillantes (l'angle orbitaire externe non compris ). Antennes comme dans l'E. denté ; pâtes antérieures fortes et garnies de tubercules ; celles des quatre dernières paires comme chez l'E. denté , seulement garnies de plus de poils. Longueur, environ un pouce et demi; couleur blanchâtre ? Habite l'Australasie. (CM.) Le Crustacé figuré par M. Savigny {Egypte, PI. 5 , fig. 7 ) , et rapporté avec doute par M. Audouin au C. in.equalis d'Oli- vier {Encyc, t. VI, p. 166), paraît très voisin de l'Etise bosselé, et devra probablement être rangé dans le même genre ; il s'en distingue par l'absence d'épines sur les huit der- nières pâtes. Habite les côtes d'Afrique. M. Savigny a figuré (Pi. 5, fig. 6) un autre Cancérien qui se distingue facilement de l'espèce précédente par l'existence de petits tubercules granuleux sur toute la surface de la carapace, ainsi que sur les pâtes antérieures. Le Cancer ei.ectra , de Herbst ( PI. 5i, fig. 6 ) , me paraît se rapporter aussi à ce genre ; il se distingue facilement des espèces précédentes par la disposition du front. XI. Genre PLATYCARCIN. Platycarcinus (1). Ce genre , de même que les deux précédens , est ex- trêmement voisin des Crabes et des Xanthes, aussi ont-ils été pendant lonq-temps tous réunis en une seule division gé- nérique. En effet , la forme générale des Platycarcins ne diffère que peu de celle des Xanthes ; la carapace est un peu bombée et très- élargie ; \e front est étroit , presque hori- (1) Cancer. Linn. Fabr. Latr. Leach Desm. etc. Tourteau. Latr. Fa ni. nat. p. 270; Platycarcinus . Latr- Collect. du Muséum. DES CRUSTACÉS. ^[3 zontal et divisé en plusieurs dents , dont une occupe la ligne médiane. Les bords latéro-antérieurs de la carapace sont divisés par des fissures en un grand nombre de lobes den- tiformes ; leur extrémité postérieure atteint le niveau du bord antérieur de la région cordiale, et se continue avec une ligne élevée qui surmonte le bord latéro-postérieur. Les antennes internes (voyez VL 16. fig. i5), au lieu de se reployer obliquement en dehors , se dirigent presque direc- tement en avant. Les antennes externes sont disposées à peu près comme dans le genre précédent , leur article ba- silaire est très-développé , et se loge en partie dans l'espace qui existe entre l'angle interne du bord orbitaire inférieur et le front ; mais le second article de ces appendices , au heu de naître près du bord externe du premier dans le canthus orbitaire interne, s'insère à peu de distance de la fossette antennaire , complètement hors de l'orbite ; du reste , il est petit , cylindrique , et ne présente rien de re- marquable. La disposition des pièces de la bouche, des pâtes et de l'abdomen , est à peu près la même que dans les Xanthes. A. Espèces ayant V angle orbitaire externe beaucoup moins avancé que la portion voisine du bord latéro- antérieur de la carapace. I. Platycarcw pagure. — P. pagurus (i). Carapace plus d'une fois et demie aussi large que longue , à régions peu distinctes , légèrement bombée et très-finement granulée en dessus. Front très-étroit , peu saillant, et garni de (i) Cancer marnas. Rond. t. II, p. 400. C pagùrus. Lmn. Syst. nat. ; - Mus. Adolph. Fred. t. I,p 85. - Fabr. Supp. p 334, etc. ; -Penn. t. IV, PI. 3, fig. 7. C. fimbriatus. Olivi , Zoo!, adr. Cpoguvus. Herb. t. I, Pi. 9, fig. 5g. — Leach. Malac. PI. 10: Desm. p. io3, PI. 8, fig. 1 { I j HISTUIKK NATURELLE cinq dents arrondies, dont les externes constituent l'angle orbi- taire supérieur et interne. Orbite présentant deux fissures à son bord supérieur , et ni dent ni tubercule à son angle externe. Bords latéro-anlérieurs se dirigeant d'abord en dehors et en avant, puis se recourbant en arrière, se continuant presque sans interruption avec les bords latéro-postérieurs , minces et divisés en neuf lobes légèrement dentiformes, très-larges , à peine sail- lans et séparés par des plis ; un lobule semblable, mais arrondi, à la partie antérieure du bord latéro-postérieur ; fossettes an- tennaires beaucoup plus longues que larges; un tubercule très- saillant à l'extrémité de l'article basilaire des antennes externes en dehors du point d'insertion de l'article suivant; pâtes anté- rieures fortes , arrondies , et ne présentant ni épines ni dents ; pinces pointues , garnies de dents arrondies ; pâtes suivantes un peu comprimées et irrégulièrement anguleuses ; un sillon profond de chaque côté du tarse. Longueur, 5 h 6 pouces; couleur rouge -brun en dessus, blanchâtre en dessous, et avec les pinces noires ; des faisceaux de poils bruns , raides et courts sur les pâtes des quatre dernières paires. Ce Crustacé, qui est très-commun sur nos côtes , et qui pèse quelquefois plus de cinq livres , est très-estimé comme aliment. On le connaît vulgairement sous les noms de Tourteau , de Poupart, de Houvet , etc. (G. M.) B. Espèces ayant V angle orbitaire externe plus avancé que la portion voisine du bord latéro-antérieur de la carapace. i. Platycarcin arrosé. — P. irroratus (i). Carapace légèrement convexe , finement chagrinée en dessus et presque une fois et demie aussi large que longue ; front plus large et armé de dents moins saillantes que dans l'espèce pré- Ci) Cancer irroratus. Say. op. cit. p 5c,, PL 4, %. 2. Cancer amœ- mus. Herb.t. III, PL 49, %. 3? DES CRLSTAC É S . j [ 5 eédente; bord latéro-antérieur se portant de suite en dehors et en arrière , décrivant une courbure assez forte , et armé de neuf dents plus ou moins distinctes, tronquées, peu saillantes et granulées; une dixième dent plus petite au commencement du bord latéro postérieur. Pâtes antérieures comprimées et de gran- deur médiocre ; carpe armé en dedans d'une forte dent ; mains élevées et garnies en dehors de quatre ou cinq lignes longitu- dinales et élevées ; pâtes suivantes comprimées et dépourvues de dents ou épines. Longueur, environ 3 pouces; couleur rou- geâtre, des poils assez longs sur les bords des pâtes. Habite les côtes de l'Amérique du Nord. (C. M.) XII. Genre PILUMNE. Piliumius (i). Ce genre est extrêmement rapproché des Xanthes et des Pseudocarcins ; le seul caractère bien précis que l'en dis- tingue réside dans la disposition des antennes externes ; mais l'aspect général de ces animaux offre aussi quelque chose de particulier et ne permet pas de les confondre avec ceux dont nous venons de faire l'histoire. La carapace des Pilumnes est toujours assez élevée, lé- gèrement bombée et sans bosselures ou lignes de démarca- tion bien notables entre ses diverses régions ; son diamètre antéro-postérieur égale en longueur les trois quarts de son diamètre transversal ; le contour de sa moitié anté- rieure est assez régulièrement arqué et se joint aux bords latéro-postérieurs vers le niveau du bord postérieur de la ivgion stomacale ; enfin, les régions branchiales sont très- développées , et on remarque entre elles et les régions hé- patiques une petite rainure courbe dont la convexité est dirigée en avant, disposition qui est directement contraire a x qui se voit chez la plupart des Cancériens. Le front , (i)Linn. Penn. Herb etc. Pilumnus. Leach , Trans. Linn Soc t. AI, p. 322_ Latr. Kncyc. t. X , p. v^ , etc. - Dosm. p. ,, ,. 4*6 HISTOIRE NATURELLE est lamelleux , assez avancé et peu incliné. Les orbites sont en général plus ou moins dentelées, et les bords latéro-an- térieurs de la carapace sont courts et armés d'épines aiguës. L'article basilaire des antennes externes n'atteint pas tout- à fait le front , et n'est guères plus large à son extré- mité que le second article, qui est presque aussi long que le premier , dépasse le front, et n'est pa^ encaissé dans l'hia- tus orbitaire , mais complètement mobile ( PI. 16 , fig. i4) 5 le troisième article est également assez long et la tige terminale est très-allongée , elle atteint en général le mi- lieu du bord -antérieur de la carapace. Yl espace préla- bial est presque toujours légèrement canaliculé ; mais les crêtes qu'on y remarque sont bien moins saillantes que chez les Ozies. Les pâtes -mâchoires externes ne pré- sentent rien de remarquable ; les pâtes antérieures sont fortes , renflées, assez longues et un peu inégales ; celles des paires suivantes sont médiocres et arrondies ; les secondes sont en général un peu moins longues que les troi- sièmes, et celles-ci n'ont guères plus d'une fois et demie la longueur de la carapace; quelquefois ce sont les pâtes de la quatrième paire qui sont les plus longues. Enfin Y ab- domen se compose de sept articles distincts dans les deux sexes. Nous ajouterons encore que , dans toutes les espèces connues , les quatre dernières paires de pâtes et la partie antérieure de la carapace , sinon toute sa surface, sont poilues. Ce genre est un des groupes les plus naturels, et cepen- dant il est répandu dans presque toutes les mers. § A. Espèces ayant les bords latéro- antérieurs de la cara- pace sans épines. i. Pilumne frangée. — P . fimbriatus . Carapace peu bombée et à régions plus distinctes que dans les espèces suivantes, à peine poilue en dessus, mais garnie tout autour d'une bordure de poiis long-s et soyeux. Pâtes des crustacés. ijir garnies de longs poils , mais sur leurs bords seulement. Bord orbitaire inférieur faiblement échancré en dehors; troisième article des pates-mâchoires externes à peine tronqué. Lon- gueur, 5 lignes. Cette espèce se rapproche beaucoup des Xanthes. Rapporté de la Nouvelle-Hollande par MM. Quoy et Gai- mard. (C. M.) § B. Espèces ayant les bords latéro-antèrieurs de ta ca- rapace épineux. b. Bord orbitaire supérieur dépourvu d épines. b*. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre épines placées sur la même ligne [V angle orbitaire externe non compris). i. Pilumne hérissé. — P. hirtellus (i). Carapace lisse ; front légèrement dentelé sur le bord , divisé par une fissure médiane très-profonde et assez large ; bords orbitaires marqués d'une petite fissure en dessus, et armés en dessous d'épines j bords latéro-antérieurs armés de quatre épines acérées assez fortes et dirigées en avant (celle de l'anffle orbitaire externe non compris ) ; une petite épine sur la région ptérygostomienne près de l'angle orbitaire externe. Pâtes anté- rieures fortes , renflées et très-inégales ; mains légèrement tu- berculeuses en dessus et en dehors, mais ne présentant point d'épines acérées. Longueur, environ 10 lignes ; un peu de duvet sur les régions hépatiques , et quelques poils assez longs sur les huit dernières pâtes. Couleur brun rougeâtre mêlé de jaune; pinces brunes. Habite les mers d'Europe. (C. M.) (i) Cancer hirtellus . Penn. t. IV, PI. 6, fig. i5 ; — Herb. t. I, PI. 7, fig. 5l ; Pilumuus hirtellus. Leach. Malac PI. 12; — Desm p. ii j, PI. ii, fig. i ; — Latr. Encyc. t. X , p. 125. CRUSTACÉS, TOME I. 2" ,jl8 HISTOIRE NATURELLE &**. Bords latéro-antèrieurs armés seulement de trois épines placées sur la même ligne. ( L'angle orbi- taire non compris. ) b**. Face externe de la main la plus grosse granuleuse ou tuberculeuse , mais ne pré- sentant pas des rangées horizontales d'é- pines. 3 Pilumne chauve-souris. — P. vespertilio (i). Bords latéro-antèrieurs de la carapace armés de trois grosses épines placées sur la même ligne , et présentant au devant d'elles une quatrième épine plus petite qui est située plus bas et appartient à la région plèry gostomienne ; bord inférieur des mains lisse. Troisième article des pates- mâchoires externes profondément échancré à son angle anté- rieur et interne. Corps entièrement couvert de longs poils bruns et d'un aspect laineux ; du reste , très-semblable à l'es- pèce précédente. Habite les Indes orientales. (C. M. ) 4- Pilumne duveté. — P. tomentosus (2). Ne diffère guères de la précédente, si ce n'est par l'existence de granulations sur toute la partie inférieure de la main, et par la nature des poils qui constitue une sorte de duvet très-court ; le corps est d'une couleur brun noirâtre , et les pinces sont noirâtres. Habite la Nouvelle-Hollande. (CM.) 5. Pilumne de Quoi. — P. Quoii. Epines latérales de la carapace et front comme dans l'espèce (1) C. vespertilio. Fabr. Supp p. 338; Pilumnus vespertilio. Leach, Trans. Linn. Soc. t. XL — Desm. , p 112; — Latr. Encyc. t X , p. 125. (2) Latr. Encyc. t X, p. 12Ô. DES CKUSTACrS. A \ (s précédente ; troisième article des pates-machoires externe» sim- plement tronqué à son angle antérieur et interne , et non éehan- cré comme dans les espèces précédentes; pâtes antérieures très-fortes ; carpe et mains armés en dessus d épines assez grosses; toute la face supérieure de l'animal couverte de poils roux, courts, très-raides et espacés. Longueur, environ un pouce. Trouvé à Rio-Janeiro, par MM. Quoi et Gaimard. (CM.) 6. Pilumne de Pjéron. — P. Peroiiii. Point d épine située au-dessous et en avant des trois épines du bord latéro- antérieur de la carapace , qui sont très-petites ; carapace assez bombée et presque lisse; très-peu de duvet. Longueur, 4 lignes. Mers d'Asie. (C. M.)' b* *4—K Face externe de la main la plus grosse armée de plusieurs rangées horizontales d'épines. 6. Pilumne de Forskal. — P. Forskalii (i). Carapace couverte de poils très -longs , gros, durs et insérés loin les uns des autres ; assez bombée et un peu granuleuse en dessus ; du reste , ressemblant beaucoup au P. hérissé. Habite l'Egypte. (CM.) 7. Pilumne laineux. — P. lanatus (2). Carapace et pâtes couvertes dun duvet fin , serré et très- court; carapace peu ou point granuleuse; épines latérales assez fortes. Longueur, 4 lignes. Habite l'Australasie. (C M.) (1) Cancer incanus. Forsk. p. 92.. (2) Latr. Encyc. t. X, p. 125. 2' ^20 HISTOIRE NATURELLE bb. Bord orbitaire supérieur' armé d'épines. 8. Pilumne a piquans. — P. aculeatus (i). Carapace armée en dessus de deux petites épines très- acérées sur chaque région hépatique , près du bord latéro- antérieur ', qui est lui-même armé de trois épines placées sur la même ligne , et d'une quatrième placée plus bas sur la région ptérygostomienne , près de l'angle orbitaire externe. Habite l'Amérique septentrionale. (C. M. ) 9. PlLUMNE SPINIFÈRE. — P. Spillifer (2). Point d épines sur la face supérieure de la carapace ; celles des bords latéro-antérieurs fortes et très-aiguës ; pâtes an- térieures très-épineuses; les suivantes beaucoup plus longues et plus grêles que dans toutes les espèces précédentes; poils longs, fins et rares. Longueur, environ un pouce. Habite la Méditerranée. (CM.) Le Pilumnus vilosus, de M. Risso (Hist. naj. de l'Europe mérid. t. Y, p. 10), paraît avoir les bords latéraux de la cara- pace armés de cinq dents bifides ou trifides , ce qui ne se voit chez aucun autre Pilumne. XIII. genre RUPPELLIE. — Ruppellia (3). Un Crustacé nouvellement décrit par le savant natura- liste-voyageur M. Ruppell , est le type de ce petit groupe (x) ^lancer aculeatus. Say, loc. cit. p. 449* Pitomnus aculeatus. Edw. Guérin, Icon. Cr. PI. 3 , fig. 92. (a) Cancer velu. Rond. t. II, p. 408 ; Savigny, Egyp. PI. 5, fig- 4- (3) Cancer. Ruppell , Crust. de la mer Rouge. DES CRUSTACÉS. 42 1 qui conduit des Ozies aux Eriphies. La forme de ia cara- pace se rapproche beaucoup de celle des Xanthes et d'Ozies ; le bouclier dorsal est un peu courbé et environ une fois et demie aussi large que long. Le front est beaucoup plus large que le cadre buccal ; mais il n'occupe pas avec les orbites la moitié du diamètre transversal de la carapace. Les bords latéro - antérieurs de la carapace sont moins longs que ses bords latéro-postérieurs avec lesquels ils se continuent sans former d'angle notable ; ils se termi- nent vers le niveau du milieu de la région génitale et sont armés de dents larges et peu saillantes. Les orbites sont presque circulaires et sont dirigées en haut et en avant ; leur bord inférieur vient se réunir a l'angle externe du front, de façon à ne laisser dans ce point qu'une simple fissure et non un espace assez considérable comme dans tous les Cancériens dont il a déjà été question. Il ré- sulte de cette disposition que les antennes externes sont complètement exclus des orbites ; leur article basilaire , grand et placé obliquement , arrive cependant à très- peu de distance du canthus interne des yeux ; il se soude au front par son bord supérieur qui est très-large, et qui porte vers son milieu la tige mobile de ces appendices, qui est d'une petitesse extrême. Les antennes internes se reploient directement en dehors comme chez les Xanthes, etc. U espace prélabial est canal iculé comme chez les Ozies , et le troi- sième article des pates-mâchoires laisse , entre son bord an- térieur qui est très-oblique et le bord du cadre buccal , un espace qui correspond à l'extrémité du canal efférent de l'ap- pareil respiratoire. Du reste, ces Cancériens ne différent pas notablement des Xanthes et des Ozies. I. RuPPELLIE OPINIATRE. — R. teiiaX (i). Bord supérieur de V orbite marqué de deux fissures (l) Cancertenax. Ruppell , op. cit. PI. 3, fig. I. ^22 HISTOIRE NATUKELLE séparées par une petite dent; une fissure à son angle externe et deux dents à son bord inférieur. Carapace bosselée et légè- rement granuleuse en avant , lisse et légèrement bombée en arrière. Front armé de six dents arrondies et à peu près équi- distantes , dont les externes sont moins saillantes que les autres et occupent l'angle du bord orbitaire supérieur. Bords latéro- antérieurs de la carapace armés de 4 ou 5 dents aplaties , très- larges et à peine saillantes. Bord antérieur du troisième article des pâtes -mâchoires externes échancré au milieu. Pâtes antérieures grosses, arrondies et très-inégales dans les deux sexes; mains granuleuses; pinces comme chez les Carpilies. Longueur, en- viron i pouces. Habite la mer Rouge. (CM.) 1. RuPPELLlE PATES-ANNELÉES. R. an?iulipes. Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires su- périeur et inférieur. Front trés-inclinè , moins profondé- ment denté que dans V espèce précédente , et creusé d'un petit sillon transversal ; une petite crête horizontale sur les dents des bords latéro-antérieurs de la carapace; pâtes anté- rieures lisses. Longueur, 10 lignes; couleur blanchâtre, avec des bandes rosées sur les pâtes. Patrie inconnue. (C. M. ) 3. Ruppellie vineux. — R. vinosa. Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires supé- rieur et inférieur. Front très-large , horizontal et entier; carapace sans bosselures, plane transversalement et un peu granuleuse ; ses bords latéro-antérieurs découpés en cinq dents , lamelleux , dont le premier, formant l'angle externe de l'orbite , est peu saillant. Patrie inconnue. ( G. M. ) Peut-être faudrait-il rapporter aussi à ce genre le Cancer calypso de Herbst (PI. 52, %. 4)- DES CRUSTACES. 4^ XIV genre PIRIMELE.— Pirimela (i). La forme générale des Pirimèles ne diffère que peu de celle de plusieurs Cancériens ; mais sous les autres rapports elle s'en éloigne beaucoup. La carapace est régulièrement arquée dans sa moitié antérieure et fortement tronquée de chaque côté de sa moitié postérieure ; elle est un peu plus large que longue , bombée et fortement bosselée ; le front est étroit et armé de trois dents pointues ; les bords latéro-antérieurs se dirigent très-obliquement en arrière et en dehors , et sont armés de quatre fortes dents compri- mées et triangulaires. Les orbites présentent deux dents et deux fissures en dessus , une dent aiguë à l'angle ex- terne et une quatrième à l'angle interne et inférieur ; les antennes internes se reploient longitudinalement comme chez les Platycarcins. Les antennes externes sont très-longues ; mais leur premier article , qui est logé dans un hiatus de l'an- gle orbitaire , est très-court et ne se prolonge pas à beaucoup près aussi loin que l'article basilairede l'antenne interne; la tige mobile de ces appendices naît par conséquent dans le can- thus orbitaire interne comme chez les Xantes , etc. Lespates- mdchoires externes , au lieu de s'emboîter dans le cadre buc- cal comme dans tous les genres précédens , s'avancent sur épistome , et au lieu de porter l'article suivant à l'angle an- térieur et intérieur de leur troisième article , elles y donnent insertion vers le tiers antérieur du bord interne de cet article. Le plastron sternal présente la même disposition que chez les Crabes , etc. 5 sa longueur n'excède sa largeur que de moitié , et sa suture médiane occupe ses trois derniers segmens. Les pâtes antérieures sont petites et comprimées; les suivantes ne présentent rien de remarquable. Enfin X ab- domen du mâle ne se compose que de cinq articles. (1) Cancer. Montagu , Trans. Linn. Soc. t. IX; Pi ri mêla. Leach. Malac. — Desm. p. io5. — Latr. Reg. Anim 2e. édit. t. IV, p. 38. ^24 HISTOIRE NATURELLE Ce genre ne renferme encore qu'une seule espèce qui ap- partient aux mers d'Europe. I. PlRIMÈLE DENTICULÉE. P. deilticillcLta (l). Carapace lisse , mais fortement bossele'e sur les régions sto- macale, génitale et branchiale, concave sur les régions hé- patiques ; bords latéro -antérieurs minces , et ne dépassant pas le niveau du milieu de la région génitale. Mains garnies d'une petite crête en dessus, et d'une ou deux lignes carénées sur leur face externe. Longueur , environ 6 lignes. Couleur verdâtre. Habite les côtes de la Manche , de la Vendée , etc. (C. M.) 3. CANCÉRIENS QUADRILATERES. Le petit groupe des Cancériens quadrilatères éta- blit le passage entre les précédens et divers Crustacés de la famille des Gatométopes, aussi les genres dont il se compose ont-ils été placés par M. L .treille , tan- tôt dans la section des Arqués , tantôt dans celles des Quadrilatères, quu dans sa méthode, correspond à peu près à notre famille des Gatométopes. Ainsi que nous l'avons déjà dit (p. 36g), il se distingue des Cancériens arqués par la forme générale du corps ; le bordfronto- orbitaire de la carapace est ici très -large, ses bords latéraux sont peu courbés ou même presque droits, et sa portion postérieure n'est que peu rétrécie ; il en résulte que ce bouclier céphalo-thoracique n'est pas régulièrement arqué en avant, ni fortement tronqué en arrière , comme chez les Crabes , les Xanthes, etc. ; mais se rapproche par sa forme d'un Quadrilatère (1) Cancer denticulatus . Montagu , Trans. Lirm. Soc. vol. IX, PI. 2, fig. 2. ; Pirimela denticulata. Leach , Malac. PL 3; — Desm. p. 106, PI. 9, fig. 1; Latr. Encyc, t. X p. i38. DES CRUSTACÉS. fo5 équilatéral ; quelquefois il est même plus long que large. Du reste, la structure de ces Crustacés ne pré- sente rien de remarquable ; par la disposition des an- tennes les uns se rapprochent des Ruppellies , les au- tres des Pilumnes. Pour les distinguer entre eux il suffit d'avoir égard aux caractères indiqués dans le ta- bleau placé ci-dessus (p. 36g). 1. genre ERIPHIE. — Eriphia (i). ♦ Les Eriphies se rapprochent beaucoup des Ruppellies ; mais ils tendent , par la forme générale de leur corps , à établir le passage vers les Thelphuses. Leur carapace (PI. 16, fig. 1 6 ) est bien moins élargie et plus quadrilatère que chez les autres Cancériens ; sa longueur dépasse de beaucoup les deux tiers de sa largeur , son bord fronto-orbitaire occupe plus de la moitié et quelquefois même plus des trois quarts de sa largeur, et ses bords latéro-antérieurs, dirigés presque directement en arrière, ne décrivent qu'une faible cour- bure et ne se prolongent que peu. Les orbites sont con- formés comme dans le genre Ruppellie ; mais l'espace qui sépare leur bords de l'article basilaire des antennes externes est très-considérable (PI. t6, fig. 17); cet article est peu déve- loppé, et n'occupe pas le quart de l'espace compris entre la fossette antennaire et le canthus interne des yeux ; au con- traire , la tige mobile des antennes externes est beaucoup plus développée que chez les Ruppellies , et s'insère à peu de distance de la fossette antennaire. Du reste , les Eriphies ne diffèrent pas essentiellement de ces derniers Cancériens. (1) Cancer. Fabr. Herb. etc. Eriphia. Latr. Reg. Anim. iTe. édit t. III , p. 18, etc. — Desm. p. 125. 426 HISTOIRE NATURELLE § A. Espèces ayant les mains tuberculeuses . a. Front armé d'épines. 1. Eriphie front épineux. — K. spinifrons (1). Carapace à régions peu distinctes , garnie en avant de quel- ques petites lignes transversales de dentelures. Front divisé en quatre lobes hérissés d'épines; bords orbitaires épineux; bords latéro-antérieurs de la carapace armés d'une série de cinq ou six dents, dont les trois ou quatre antérieures sont grosses et dentelées sur le bord. Mains couvertes en dessus et en dehors de gros tubercules arrondis ; pinces à dentelures tranchantes. Longueur, 1 à 3 pouces ; couleur verdâtre ou d'un rouge vineux très-foncé. Habite toutes nos mers. (C. M.) aa. Front dépourvu d'épines. 2. Eriphie gonagre. — E. gonagra (2). (PI. 16, fig.iôet 17.) Carapace à régions bien distinctes , inégale et armée de tu- bercules pointus en avant ; le bord fronto-orbitaire occupant plus des trois quarts de son diamètre transversal. Front divisé en quatre lobes, dont les deux médians sont avancés et tronqués ; deux fissures sur le bord supérieur de l'orbite, et une dent aiguë à son angle externe ; bords latéro-antérieurs armés de cinq ou six dents spiniformes ; pâtes antérieures garnies de tu- bercules arrondis et déprimés. Longueur, environ 1 pouce; couleur jaunâtre mêlée de rouge et de violet , pinces brunâtres. Habite les côtes de l'Amérique du Sud. (C. M. ) (1) Cancer spinifrons. Herb. PI. n, fig. 65 — Fabr. Suppl. p. 339, — Eriphia spinifrons.— Savigny, Egypte, Cr. PI. 4» %• 7 — Desm. Pi. i4,fig.x. (2) Cancer gonagra. Fabr. Suppl. p. 33^ . DES CRUSTACÉS. 4'27 $ B. Espèces ayant les mains lisses , non tuberculeuses. 3. Eriphie mains lisses. — E. lœvimana (i). Cette espèce ressemble beaucoup à l'Eriphie front épineux ; mais la carapace est moins élargie ; le front est plus incline et armé d'épines moins longues ; les bords latéro-antérieurs se dirigent presque directement en avant, et ne présentent qu'une série de cinq ou six petits tubercules pointus et isolés ; enfin , il n'existe à la face supérieure et externe des pâtes antérieures ni épines ni tubercules. Habite l'Ile-de-France. ( C. M.) -JCM T» — L'Eriphie , figurée par M. Savigny (Egyp. , PI. 5, fîg. i), et rapportée avec doute par M. Audouin à l'Eriphie front épi- neux , me paraît erre une espèce distincte. L'Eriphie prismatique de M. Risso {Hist. natur. de lEur. mérid. , t. V, p. 35) n'a pas été décrite avec assez de détails pour que l'on puisse la rapporter avec certitude à ce genre. D'après M. Risso , cette espèce aurait pour caractères : front armé de huit dents ; bords latéraux armés de quatre épines ; mains prismatiques. Le Cancer eurynome de Herbst (t. III, PI. 5i , fig. 7 ) me paraît être aussi une Eriphie. IL genre TRAPÉZIE. — Trapezia (2). M. Latreille a établi dernièrement le genre Trapézie pour recevoir quelques petits Crustacés , qui ressemblent, sous beaucoup de rapports , aux Eriphies, mais qui conduisent en même temps vers les Grapses. Leur corps est déprimé, (1) Latr. Coll. du Mus. — Guérin. Iconog. Cr. PI. 3, fig I. (2) Latr. Fam. nat. p. 269, Encycl.t. X, p. 6o5 , etc. ^28 HISTOIRE NATURELLE la carapace à peu près aussi longue que large, presque carrée, à peine bombée, et sans régions distinctes; son bord fronto-orbitaire occupe presque toute sa largeur ; ses bords latéro-antérieurs sont courts, presque droits et dirigés directement en arrière ; enfin les latéro-postérieurs sont obliques et très- longs. La disposition des yeux et des antennes est à peu près la même que chez les Eriphies ; mais dans quelques espèces de Trapézies , les pates-mâ- choires ressemblent un peu à celles des Grapses , car le bord interne de leurs second et troisième articles, au lieu de suivre une ligne droite , forme un angle rentrant , de façon que ces organes ne ferment pas complètement la bouche , et laissent entre eux un espace vide ayant la forme d'un losange ; d'autres fois les pates-mâchoires ne présentent rien de particulier , et l'insertion du quatrième article a lieu toujours , comme dans la plupart des genres precedeos , par l'angle du troisième article. Les pâtes antérieures sont très-longues et fortes , le bras dépasse de beaucoup la cara- pace , et son bord antérieur est comprimé et dentelé ; la main est plus longue qu'elle , et les pinces sont pointues ; les pâtes suivantes sont de longueur médiocre et arrondies. Enfin l'abdomen du mâle présente en général ( sinon tou- jours ) seulement cinq articles. Les Trapézies sont tous de petite taille , et habitent les mers des pays chauds. A. Espèces ayant la carapace armée de chaque côté d'une dent située à quelque distance derrière celle qui constitue Vangle orbitaire externe, a. Pates-mâchoires externes fermant complètement la bouche. i. Trapézie front denté. — T. dentifrons (1). Carapace aussi longue que large ; front armé de quatre dents (i) Latr. Encyc. t. X, p. 695. DES CRUSTACÉS. 429 séparées par des fissures; les deux médianes courtes et poin- tues , les externes larges et tronquées ; orbites dirigées très- obliquement en arrière ; pinces garnies de grosses dents et se joignant dans toute leur longueur. Longueur, environ 5 lignes; couleur jaune rougeâtre uni; pinces noirâtres. Habite l'Australasie. (CM.) aa. Pates-mâchoires externes laissant entre elles un espace vide en forme de losange. i. Trapézie ferrugineuse. — T. ferruginea (i). Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; le front est inégalement dentelé ; on y distingue en général six petites dents arrondies ; le bord antérieur des bras est fortement dilaté et dentelé ; les pinces sont faiblement dentées et ne se joignent pas dans toute leur longueur. On remarque quelques poils sur le bord supérieur des pâtes. Enfin, l'abdomen du mâle ne paraît composé que de cinq articles distincts. Longueur, environ 10 lignes; couleur jaune ferrugineux. Habite la mer Rouge § B. Espèces dont la carapace ne présente point dé dent en arrière de V angle orbitaire externe. 3. Trapézie digitaire. — T. digitatis. Front armé au milieu de deux petites dents pointues , et finement dentelé en dehors ; mains comprimées , à bords tran- cbans, pinces courtes, Très-petite; carapace d'un brun noi- râtre , et pâtes d'un brun jaunâtre. Habite la mer Rouge. (CM.) (i) Trapezia cymodoce. Audouin, Savigny, op cit PI. 5, fig. i ; - T. ferruginea. Latr. Encyc. t. X, p. fr)5. 430 HISTOIRE NATURELLE La Trapézie bleue de M. Ruppell (i) a la plus grande ana- logie avec la T. ferrugineuse ; elle ne paraît en différer que par la forme un peu plus orbiculaire de la carapace , et peut-être ne devrait être considérée cpie comme une variété de cette espèce. Le Cancer cymodocé de Herbst (t. III, PL 5i, fig. 5) appar- tient aussi à ce genre, et paraît avoir beaucoup d'analogie avec la Trapézie front denté ; mais si la figure que Herbst en a donnée est exacte , elle s'en distinguerait par sa carapace qui est beaucoup plus large. La Trapézie cymodocé de M. Guérin (\oyez la Coquille, Crust. PI. i, fig. 4) ne peut, par la même raison, être con- fondue avec le Cancer cymodocé de Herbst. Elle ressemble beaucoup à la T. front denté et à la T. ferrugineuse ; cepen- dant son front est seulement sinueux et non garni de dents, ses pâtes -mâchoires externes ne laissent pas entre elles un espace vide en forme de losange; l'abdomen du mâle paraît composé de six articles , etc. Le Cancer rufopunctatus de Herbst (i) est bien certaine- ment une Trapézie , et se reconnaîtra à la grande longueur des pâtes antérieures et aux six dents pointues dont son front est armé. M. Latreille rapporte aussi à ce genre le Cancer glaberimus de Herbst (PL no, fig, n5), mais nous sommes portés à croire que ce petit Crustacé appartient plutôt au genre Grapse ; sa forme générale est à peu près la même que celle du G. mi- n ut us. (i) Trapezia ccerulea. Ruppell, op. cit. PL 5, fig. 7. (a) C. llufo-punctatus. Herb. PL 47, fig. 6; Trapezia Rufo-punc tata. Latr. Encyc. t. X, p. 6o,5. DES CRUSTACÉS. f\i \ III. genre MELIE. — Melia (i). Ce petit groupe générique , établi dernièrement par M. Latreille , est assez voisin des Pilumnes , mais a aussi de l'analogie avec les Grapses. La carapace des Mélies (PL 18, fig. 8. ) est légèrement bombée et presque carrée ; le bord fronto-orbitaire en occupe presque toute la largeur, et les bords latéraux sont peu courbes. Le front est large et légère- ment incliné ; les orbites sont dirigées obliquement en dehors et ne présentent à leur bord supérieur qu'une petite fissure à peine visible. Les antennes internes se reploient presque transversalement , ( fig. 9. ) et l'article basilaire des antennes externes vient se terminer dans l'hiatus qui existe entre le front et le bord orbitaire inférieur ; le deuxième article de ces appendices est complètement libre et dépasse un peu le front. Les pates-mdchoires externes et le plastron sternal ne présentent rien de remarquable. Les pâtes antérieures chez la femelle sont plus grêles et plus courtes que les suivantes , qui à leur tour sont beaucoup moins longues que celles de la troisième paire ; les pâtes de la quatrième paire sont les plus longues de toutes , et ont plus de deux fois la lon- gueur de la carapace ; toutes sont cylindriques. Quant à leur disposition chez le mâle, nous ne la connaissons pas, n'ayant pas eu l'occasion d'observer d'individu de ce sexe. 1. Mélie damier. — M. tresselata (2). (PI. 18, fig. 8 et 9.) Carapace unie et lisse en dessus ; front divisé en deux lobes tronqués 5 une petite dent occupant 1 angle externe de for- Ci) En classant les Crustacés de la colle' lion du Muséum , f avais donné à ce genre le nom de Lybie , et la planche où j'ai représenté le Crustacé qui en forme le type était gravéelorsque j'ai appris de M. Latreille que lui-même avait déjà ion dé cette division sous le nom de Mèlie , que dès lors je me suis empressé d'adopter. (2} Gropsus tresselatus. Latreille , Encyc. Pi. 3o5, fig. 2. Lylnu ^32 HISTOIRE NATURELLE bite et une seconde située sur le bord latéral , vers le niveau du bord postérieur de la région stomacale. Longueur, environ 5 lignes ; couleur blanchâtre avec des lignes rouges ; quelques poils sur les pâtes. Habite Y Ile-de-France. (CM.) IL TRIBU DES PORTUNIENS. Cette tribu correspond à peu près au genre Portune, tel que Fabricius l'avait d'abord établi , et renferme la plupart des Crustacés que M. Latreille a rangés dans sa division des Brachjures nageurs. L'analogie la plus étroite unit ces animaux aux Cancériens, dont ils ne se distinguent guères que par la conformation particulière de leurs pâtes postérieures; caractère qui a beaucoup d'importance, puisqu'il influe sur la ma- nière de vivre, mais qui se retrouve d'une manière plus ou moins marquée dans des espèces appartenant à la plupart des autres groupes naturels de la section des Brachyures. La forme générale des Portuniens est ordinaire- ment peu différente de celle de la plupart des Can- cériens; mais la carapace est toujours très-peu éle- vée, et elle a quelquefois la forme d'un losange (PL 17, û^. 1 ). Les orbites sont dirigées en haut et en avant; les antennes internes se reploient transversalement ou du moins très-obliquement en dehors ( fig. 11), et l'article basilaire des antennes externes est logé en partie dans un hiatus de l'angle orbitaire interne ; le troisième article des pâtes -mâchoires externes esttou- tresselata. Edw. Collection du Muséum et Atlas de cet ouvrage , PI. 18, tig. 8 ( Voyez la uote de la page précédente. Melia tresselala. Latr. Encyl. t X,p. >;o5. TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES PORTUNIENS. page 43* Genr TRIBU PORTUISIENS. I arse des pâtes postérieures trés-étroit , de forme lancéolée. (Carapace presque aussi longue que large , front avancé .cinq dents latéro- anteneures; pédoncules oculaires courts.) I' Tarse des pâtes postérieures très- large et plus ou^ moins ovalaire. Pédoncules ocu- laires très-courts insérés loin l'un de l'autre, sur la mê- me ligne que les antennes internes, et logés dans des orbites oculaires dont la longueur n'excède pas le quart de la largeur de la carapace. Suture médiane du sternum n'oc- cupant que les deux derniers seg- mens du plastron (carapace peu élar- gie et armée de 5 ]dents latéro-anté- rieures, excepté [dans une espèce où il n'en existe que quatre). ' Tige mobile des antennes externes I Pâtes des deuxième, troisième et' composée de trois articles pédonculai- quatrième paires point natatoires, le res (le premier article de ces appen-l tarse qui les termine étant étroit , sur- dices étant mobile et de même formel tout celui des pâtes de la quatrième que les suivans, et inséré au-dessous des J paire yeux et des antennes internes au bord PLATYONIQUE. inférieur d'un grand hiatus, par le- quel l'orbite communique avec la fos- sette antennaire. Carapace presque eir-l •ulaire). Pâtes des deuxième, troisième et\ quatrième paires natatoires , les tarses I qui les termine étant a toutes très- 1 large et lancéolé. Tige mobile des antennes externes composée seulement de deux articles pé- donculaires, et insérée sur la même ligne que les yeux et les antennes in-j ternes; leur article basilaire étant soudé au front et séparant complètement} l'orbite de la fossette antennaire. (Tarse des pâtes des deuxième, troisième etl [ quatrième paires styliforme.) Suture médiane J Tige mobile des antennes externes insérée sur le bord de l'article basilaire, (du sternum occu-l de manière à occuper l'angle interne de l'orbite, et à pouvoir se reployer J pant les trois der- 1 dans cette cavité ( front en général beaucoup moins saillant que le bord infé- ] niers segmens du I rieur ou l'angle externe de l'orbite; carapace très-élargie, neuf dents latéro- antérieures). [plastron (carapace I très-élargie et ar- mée , presque tou- jours, de plus de cinq dents latéro- antérieures). Tige mobile des antennes externes insérée sur la face inférieure de l'article ] basilaire, et non sur le bord de l'orbite dans lequel elle ne peut pas se re-| ployer ( front au moins aussi saillant que le bord inférieur et l'angle externe I de l'orbite; carapace très-large; quatre à sept dents latéro-antérieures). ] Pédoncules oculaires extrêmement longs, insérés très-près de la ligne médiane du corps, au-dessus des antennes \ \ internes, et se reployant dans des rainures orbitaires creusées dans le bord antérieur de la carapace dont elles \occupent toute la longueur. J T1IALAMITE- PODOPHTHALME. Crustacés, tome i. DES CRUSTACÉS. ^33 jours plus large que long, et fortement tronqué ou échancré à son angle antérieur et externe pour l'in- sertion du quatrième article (fig. 6, 12, etc.); le plastron sternal est toujours très-large, et en général le dernier segment thoracique est beaucoup plus dé- veloppé que tous les autres , même que celui portant les pâtes antérieures ; la suture , qui sépare ce segment du précédent , se dirige très-obliquement en avant et en dedans ( fig. 4 et 10); la voûte des flancs est en général presque horizontale , et la selle turcique posté- rieure très-étroite. Les pâtes antérieures sont en o-é- néral très-allongées ; les suivantes sont quelquefois natatoires et les postérieures le sont toujours, leur tarse étant lamelleux; enfin , celles de la seconde paire ont ordinairement plus d'une fois et demie la longueur de la carapace. Cette tribu renferme des Crustacés qui sont pour la plupart essentiellement nageurs , et qui vivent sou- vent en pleine mer. On la divise en sept genres , faciles à distinguer par les caractères indiqués dans le tableau ci-joint. I. genre CARGIN. — Carcinus (1). Ce petit genre établit le passage entre les Cancériens et les Portunes , et se distingue des uns et des autres par la forme du dernier article des pâtes postérieures qui est aplati et lancéolé, mais cependant très-étroit ( PI. 17, fig. 16 ). La carapace se rapproche par sa forme géné- rale de celle des Panopés. Elle est peu bombée , mais assez élevée et notablement plus large que longue. Les bords latéro-antérieurs , qui sont profondément dentés , forment (l) Cancer. Fab. etc. Carcinus. Lea.h, Malac. — Desm. p. 90. CRUSTACÉS, TOME I. 28 vv /|3 4 HISTOIRE NATURELLE avec le bord orbitairc une courbure régulière qui ne dé- passe pas le niveau du milieu de la région génitale ; les bords latéro-postérieurs sont très-longs et médiocrement obliques. Les régions branchiales sont très-développées et arrondies antérieurement. Le front est avancé , horizontal et de largeur médiocre. Les orbites sont ovalaires et diri- gées en avant-, on remarque une fissure à leur bord su- périeur et une à leur bord inférieur ; l'hiatus , qui existe à leur angle interne , loge la base de X antenne externe dont le premier article , étroit et cylindrique , arrive jus- qu'au front; la tige mobile de ces appendices est très- loneue et s'insère dans l'hiatus orbitaire. Les antennes internes se reploient obliquement en dehors dans leurs fos- settes, qui sont presque circulaires. Le cadre buccal est un peu plus large en arrière qu'en avant, et le troisième article des pates-mâchoires est fortement dilaté en dehors et échancré à ses deux angles internes, heplastroti sternal est semblable à celui des Portunes ; il en est de même des pâtes, si ce n'est que le tarse des postérieures est peu élargi et de forme lancéolée , tandis que celui des pâtes pré- cédentes est stylifbrme (PI. 17 , fig. i5 et 16). L'abdomen du mâle ne se compose que de cinq segmens. On ne connaît encore qu'une seule espèce de ce genre. - Carcin menade. — C. mœnas (1). Carapace à régions bien distinctes , légèrement granuleuse en avant. Front terminé par trois lobes arrondis. Dents latéro- antérieures très-larges et aplaties. Une forte épine sur le bord interne du carpe ; mains présentant en dessus un rebord longi- tudinal arrondi ; pinces assez finement dentées. Tarses des trois (1) Cancer mœnas. — Baster op. subs. 2, p. 19, PI. 2. — Pennant, Br. Zool.t. IV, PI. 2, %. 3 (reproduit dans l'Encyc PL 273,%. 1). — Linn. Mus. Lud. Uir. 436*. — Herbst, PL 7, fig. 46. Carcinus nuenas. Leach , Malac PL 5. DES CRUSTACÉS. /{35 paires de pieds suivantes s f.yli formes, gros et très-longs (envi- ron une fois et demie aussi longs que l'article précédent). Lon- gueur, environ 2 pouces. Couleur verdalre. (C. M. ) Ces Crustacés sont très-communs sur nos côtes; à marée Lasse on les trouve entre les pierres ou enfoncés dans le sable , ils courent sur la plage avec rapidité , et peuvent être conservés hors de l'eau pendant très-long-temps sans périr. On les mange , et pendant l'été on en apporte beaucoup à Paris. Sur les côtes de la Normandie on les appelle des Crabes enragés. II genre VLATYOmQUE.—Platyonichus{i). Les Platyoniques ont la carapace plus étroite et plus régulièrement convexe que celle des autres Portuniens ; souvent elle est beaucoup plus longue que large et d'autres fois elle est circulaire. (PI. 17 , fîg. 7. ) Le front est tiès- étroit et denté ; les bords latéro-antéricurs sont peu courbés et se dirigent presque directement en arrière ; de même que chez les Carcins , les Polybies et la plupart des Portunes , ils sont divisés en cinq dents : les orbites sont peu profondes et dirigées en avant. Les antennes internes se reploient obliquement en avant, et leurs fossettes ne sont que très-im- parfaitement séparées des orbites. ( Pi. 17 , fîg. 8, ) En effet , la disposition des antennes externes est différente de celle qui se remarque chez les Carcins , les Portunes , les Thala- mites et les Lupées ; leur premier article qui est très-petit ne se soude pas au front, mais reste mobile commets sui- vantes , et s'insère entre le bord orbitaire inférieur et la fossette antennaire. Les pâtes- mâchoires externes ( ïm. 9 ) ne présentent rien de remarquable , si ce n'est que leur troi- sième article est plus étroit que chez la plupart des Portu- niens , et s'avance obliquement jusqu'au noyau des fossettes (1) Cancer. Linn Fubr. etc. Portuium. Leaçh, Mulac. — I)es;:i. p. 8jj. Plalyonichus. Latr. Eneye. t. X, p. i5 1 ; Keg. Anii'i. *i*. éd. t IV, p. 3G. *8 ^36 HISTOIRE NATURELLE antennaires. Le plastron sternal est ovalaire , étroit et très-rétréci postérieurement ( fig. 10 ); de même que chez les Portunes , sa suture médiane n'occupe que ses deux derniers segmens. 'Les pâtes antérieures sont médiocres et peu inégales ; elles s'appliquent exactement contre la région buccale , et ressemblent en tout à celles des Portunes ; celles de la seconde paire sont assez longues et ont le tarse aplati , un peu élargi , et de forme presque lancéolée ; le tarse des pâtes suivantes est également un peu aplati , mais plutôt sty- liforme que lamelleux. Enfin , les pâtes de la cinquième paire sont complètement natatoires. § A. Espèces ayant les dents frontales en nombre im- pair {Vune délies occupant la ligne médiane) , et une seule fissure au bord orbitaire supérieur, a. Tarse des pâtes postérieures déforme lancéolée. i. Platyonique latipède. — P. latipes (i). Carapace cordiforme , presque aussi longue que large , et for- tement rétrécie postérieurement; dents frontales très-petites; bords latéro-antérieurs dirigés presque directement en arrière et armés de dents très-petites. Pâtes antérieures courtes; le bras dépassant à peine la carapace; une seule épine sur le carpe ; mains sans dents ni carène marçruées. Tarses des pâtes de la deuxième paire un peu élargis ; les survans presque styliformes; abdomen du mâle composé de cinq segmens. Lon- gueur , environ i pouce. Habite nos côtes. ( G. M. ) (i) Cancer latipes. Pennant , op. cit. IV, Pî. i, fig. 4- — Herb. PI. 21, fig. 19.6. Portunus variegatus. Leach, Malac. PI. 4 C repro- duite par M. Desmarest, PI. 4> fig- 7), Platyonichus depurator. Latr. Encyc. t. X, p. i5i. DES CUUSTACÉS. 4^7 aa. Tarses des pâtes postérieures ovalaires et obtus au bout. Platyonique ocellé. — P. ocellatus (i). Carapace presque circulaire , beaucoup plus large que longue ; dents frontales et latéro-antérieures très-grandes. Pâtes anté- rieures grandes , le bras dépassant de beaucoup la carapace ; carpe bidenté. Longueur, environ 2 pouces. $ B. Espèces ayant les dents frontales paires (n'en ayant y par conséquent , point sur la ligne mé- diane ) t et deux fissures au bord orbitaire supé- rieur. Platyonique bifustulê. — P. bipustulatus. (PI. 17, fig. 7-10.) Carapace presque circulaire , bombée et très-finement gra- nulée; front très-reculé et armé de quatre petites dents: dents des bords latéro- antérieurs arquées et très-grandes. Une dent plus ou moins saillante vers le milieu du bord orbitaire supé- rieur. Pâtes antérieures médiocres et à peu près de même forme que cbez le P. latipède. Tarse des pâtes de la seconde paire lamelleux, lancéolé et un peu falciforme chez le mâle. Ceux des deux paires de pâtes suivantes lamelleux, mais de plus en plus étroits. Tarses des pâtes postérieures ovalaires. Ab- domen du mâle composé de sept segmens distincts. Longueur, de 1 à 5 pouces. Habite l'océan Indien. (C. M.) (1) Cancer ocellatus . Herb. PI. 49» %• 4- — Portunus pictus. Say, Acad.de Philad. t. I, PI. I, ng. 4. Ptatyonichus ocellatus. Latr. Encyc. t. XVI, p. i52. ^38 HISTOIRE NATURELLE § C Espèces ayant le front avancé en manière de museau triangulaire et simplement ondulé sur ses bords. Platyonique muselier. — P. nasutus (i). Carapace bombée au milieu et inégale ; une fissure au bord orbitaire supérieur ; serres petites ; tarse des pâtes postérieures presque elliptique et accuminé ; très-petit. Habite les côtes de l'Océan et de la Méditerranée. M. Leach a donné le nom de P. monodon (Lin. Trans. t. XI, p. 3i4) à une espèce qui diffère de toutes les précé- dentes par l'existence d'une seule dent de cbaque côté de la carapace. III. genre POLYBIE. — Polybius(i). Le genre Polybie de M. Leach a les rapports les plus intimes avec celui des Platyoniques , dont il ne diffère guères que par la forme des pâtes , qui toutes sont évidem- ment natatoires ; celles de la deuxième , de la troisième et de la quatrième paires sont très-aplaties et terminées par un article lamelleux très-large et lancéoié , qui a partout la même forme. Les pâtes postérieures ont la même forme que chez le Platyonique bipustulé , si ce n'est que leur troisième ar- ticle est extrêmement court et presque globulaire. Le pla- stron sternal est plus large, surtout postérieurement, que (i) Platyonichus nasutus. Lâtf. Encyc t. X, p. l5i. — Portunus bi- gultaïus. RisôO, Crust. de JNice, PI. t, %. i (2) Polybius. Leach, Maluc— Desni. p. ioo.— Reg. anim. 2e. éd., t IV, p. 3i. Platyonichus. Latr. Encyc. t. X, p. i52. DES CRUSTACÉS. zf^f* dans le genre précédent , mais présente la même disposition quant à sa suture médiane. \J abdomen du mâle se compose comme d'ordinaire de cinq articles. Polybie de Henslow. — P. Henslowii (i). Corps très-comprimé. Carapace orbiculaire , parfaitement lisse et plane en dessus. Front armé de cinq dents triangulaires peu saillantes , surtout les externes , qui occupent les angles or- bitaires internes ; deux fissures au bord orbitaire supérieur ; dents des bords latéro- antérieurs très-larges, mais à peine saillantes. Longueur, environ i pouces; couleur brune. Habite la Manche , et paraît se tenir toujours à une distance considérable de la côte. (CM.) IV. genre PORTUNE. — Portunus (2). Le genre Portune a été établi par le célèbre entomo- logiste Fabricius , mais avec des limites bien plus étendues que celles qu'on y assigne généralement aujourd'hui. Il établit le passage entre les Carcins d'une part , et les Platyoniques et les Lupées de l'autre. La carapace des Portunes est à peu près de la même forme que celle des Carcins ; elle est plus large que longue , mais son dia- mètre longitudinal est au moins égal aux deux tiers de son diamètre transversal ; le contour de sa portion antérieure est ordinairement plus courbe que chez les Carcins ; le bord fronto -orbitaire n'occupe guères plus de la moitié du diamètre transversal de la carapace , et le front , qui est étroit , s'avance toujours beaucoup au delà de l'insertion des antennes externes , et dépasse notablement le niveau du bord inférieur de l'orbite et de l'angle externe de cette (1) Polybius Henslowii. Leach, Malac. PI. 9 B ( reproduite par M Desmarest, PI. 7, fig. l). {^Cancer. Linn. Portunus. Fabr.Suppî. p. 03. — •Lutr. Enoyclop. t. X , etc. — Leach, Malac. — Desm. p. gi. 44o HISTOIRE NATURELLE cavité. Le bord latéro-antérieur de la carapace est mince et armé de quatre ou cinq grosses dents ; les orbites sont ovalaires. hes fossettes antennaires ( PI. 17 , fîg. 1 1 ) sont placées sur le même niveau que les yeux , transversales et séparées entre elles par une cloison dont le bord ne se prolonge jamais en forme d'épine. L'article basilaire des antennes externes est peu développé, mais il sépare complètement la fossette antennaire de l'orbite et va se souder au front ; la tige mobile qui succède à cet article paraît naître de l'angle interne de l'orbite. La structure de la boucherie présente rien de remarquable, seulement il est à noter que le troisième article des pates-mâchoires ex- ternes est au moins aussi large que long , et que son angle antérieur et interne est fortement tronqué. Le pla- stroîi sternal est beaucoup plus long que large et forte- ment rétréci en arrière ; sa suture médiane ne s'étend que sur les deux derniers anneaux. Lespates de la première paire sont de grandeur médiocre , et en général l'une est plus forte que l'autre ; le bras ne dépasse que de très-peu le bord latéral de la carapace et n'est pas toujours armé d'épines comme chez les Lupées ; le carpe présente toujours du côté interne un grand prolongement spiniforme, et la main , dont la longueur n'égale jamais celle du diamètre antéro-postérieur de la carapace, est ordinairement courbée un peu en dedans, de manière à pouvoir s'appliquer exactement contre la por- tion antérieure et inférieure du corps. Les pâtes des trois paires suivantes ont à peu près la même longueur ; mais ce- pendant ce sont toujours celles de la troisième ou de la quatrième paire qui sont les plus longues , et les secondes sont plus courtes que les antérieures ; leur dernier article est styliforme et cannelé. Les pâtes de la cinquième paire sont au contraire très-élargies vers le bout ; leur troisième article est à peu -près de même forme qu'aux pâtes précé- dentes, et leur dernier article est lamelleux , et ovalaire ou lancéolé. Quant à Y abdomen , il ne présente rien de particu- lier j sa disposition est à peu près la même que dans les DES CRUSTACÉS. 441 genres précédens , seulement , chez la femelle , il est moins large, et chez le mâle il est toujours triangulaire. Les Portunes sont des Crustacés essentiellement aqua- tiques , et ils nagent avec beaucoup de facilité , mais on ne les rencontre pas en haute mer comme les Lupées. Ils habitent assez près du rivage , et dans les grandes marées on en trouve souvent caches sous des pierres , dans les pe- tites flaques d'eau que la mer laisse en se retirant D'autres espèces se tiennent à des profondeurs plus considérables , sur les bancs d'huîtres , etc. ; jamais on ne les voit courir sur la plage comme les Carcins, et lorsqu'on les retire de l'eau ils périssent dans l'espace de quelques heures. Ils sont très- carnassiers, et se nourrissent en grande partie aux dépens des cadavres des divers animaux qu'ils trouvent dans la mer. Plusieurs espèces sont comestibles; enfin toutes, à l'ex- ception d'une seule , habitent nos côtes. § A. Espèces ayant le front armé de dents bien dis- tinctes. a. Front armé au moins de dix dents ou épines. I. PoRTUNE ÉTRILLE. P. puber (i). Carapace très- velue. Front très-large , armé de deux dents médianes assez fortes , suivies de chaque côté de deux ou trois petites dents, et d'un lobe saillant, dont le bord est dentelé. Orbites finement dentelées. Dents des bords latéro -antérieurs fortes, sai.lantes, et semblables entre elles. Pâtes antérieures médiocres et couvertes , ainsi que les suivantes , d'un duvet très-serré, interrompu par des lignes élevées longitudinales, (i) Cancer vclutinus. Penn. Brit. Zool. t. IV, PI. 4> ng* 8» — Herb. tab. j, fig. ^o. ( copié d'après Pennant ). Cancer puher. Linii. Syst. nat. t. V, p. 2978. Portunus puher. »Supp. , p. 365. — Leach Malac PL 6. — Dcsm. PI. 6 , fig. 5. — Blainville , Faune française. A 4 2 HISTOIRE NATURELLE qui sont granuleuses sur les mains et lisses sur les pâtes pos- térieures. Longueur, environ a pouces et demi. Très -commun sur nos côtes , où on le connaît sous les noms de Crabe à laine, Crabe espagnol, etc. aa. Front armé seulement de trois ou de cinq dents, aa *. Carapace ridée, inégale, un peu granuleuse et couverte de poils. 2. Fortune plissé. — P. plicatus (i). Front relevé et armé de trois fortes dents triangulaires en dehors desquelles se voit de chaque côté une petite dent placée au-dessus de l'angle orhitaire interne. Orbites dirigées oblique- ment en avant et en haut. Bords îatéro -postérieurs de la ca- rapace un peu concaves , mais dirigés presque directement en arrière; fissure du bord orbitaire inférieur très -large. Lon- gueur, environ 18 lignes; couleur rougeâtre. Habite nos côtes. (G. M.) aa** . Carapace presque unie et dépourvue de poils. 3. Portune marbré. — P. mannoreus (2). Dernier article des pâtes postérieures se terminant en pointe. Carapace légèrement granuleuse et moins rétrécie pos- (1) Cancer depurator var. Pennant, Br. Zool. t IV, PI. 4, fig. G A. Porlunus plicatus. Risso, Crust. de Nice; P. depurator. Leach, Malac. PI- 9. h>. 1. — Latr. Encyc. t. X, p. 193. Le Porlunus //- vidus de M. Leach (Malac- PI. 9, fig. 2), ne paraît qu'une va- riété de l'espèce précédente. (a) Cancer depurator ■? Pennant, op. cit t. IV, PI. 2, fig. 6. Por- lunus m armoreus. Leach , Malac. PÏ. 8 ( reproduite dans l'Encye. p.3o4). DES CRUSTACÉS. 44^ térieurement que dans l'espèce pre'cédente. Front étroit et armé de trois petites dents obtuses. Habite nos côtes. ( C. M. ) 4. PORTUNE HOLSATIEN. P. holsdtUS (l). Dernier article des pâtes postérieures arrondi au bout. Carapace plus rétrécie postérieurement et plus déprimée que dans l'espèce précédente , à laquelle , du reste , celle-ci ressem- ble extrêmement. Habite nos côtes. ( C. M. ) § B. Espèces ayant le front entier ou divisé seulement en lobes arrondis. b. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de cinq dents. b*. Front divisé en trois lobes dont la médiane plus avancée que les latérales. 5. PoRTUNE RIDÉ. P. COÎTUgatUS (2). Carapace bombée et couverte de lignes transversales granuleuses donnant insertion à des poils. Front très- avancé et divisé en trois lobes finement crénelés sur les bords. Dents des bords latéro-antérieurs très -aiguës et à peu près égales. Pâtes antérieures courtes et comme squammeuses. Mains armées d'une épine placée au-dessus de l'insertion du pouce , et se continuant en arrière sur une ligne saillante gra- nulée. Longueur, environ 1 pouces; couleur rougeâtre. Habite nos côtes; très-commun dans la Méditerranée. (CM.) (1) Portunus hohatus. Fabr. Suppl. p. 366v P. lieidus. Leach , Malac. PL 9, %. 3 et \ (2) Cancer corrugalus. Pennant, Brit. Zool. t. IV, PI. , fig. g. — Herl>. Pi. 7, fig. 5p. Poriunus corrugalus. Leach, Malac. PL 7, %. 1 et 2. — P [juber , Blainville , Faune. Gr. PL , fig. 1. 444 HISTOIRE NATURELLE 6. PoRTUNE NAIN. P. pusillis (i). Carapace tres-bombèe et bosselée , mais dépourvue de poils ; front très-avancé ; dernier article des pâtes postérieures lancéolé. Longueur, environ 4 lignes. Habite la Manche. (CM.) b**. Front entier ou divisé seulement en deux lobes symétriques. 7. PûRTUNE DE RONDELET. P. RondeletU (2). Pâtes de la seconde paire jnoins longues que celles de la première paire et presque aussi longues que celles de la troisième paire. Carapace granuleuse et un peu ridée ; front très-régulièrement arrondi ; avant-dernière dent latérale beaucoup plus petite que les autres. 8. PûRTUNE A LONGUES PATES. — P. loilgipes (3). Pâtes de la seconde paire plus longues que celles de la première paire et notablement plus courtes que celles de la troisième paire. Carapace assez bombée ; front large , saillant et entier ou légèrement quadrilobé. Bords latéro- antérieurs courts; leur avant- dernière dent à peu près de même grosseur que les autres. Bords latéro-postérieurs très- Ci) Porta nus pusilus. Leach , Malac. PL 9, fig. 5 à 8. — Latr. Encyc. t. X, p. 192. (a) Porlunus Rondeletii. Risso, Hist nat. des Cr. de Nice , PI. 1 , fig. 3. P. arenatus: Leach, Malac. PI. 7, fig. 5 et 6, et P. margi natus. Ejusd. ibid. lig. 3 et (\. — P> Rondeletii. Latr. Encyc. t. X, p. 192. (3) P. longipes. Risso, op. cit. PI. 1, fig\ 5. — Latr. Encyc. t. X, p. 19?.. P. infractus. Otto, Mém. de l'Acad. de Bonn, t. XIV, PI. 20, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 44^ longs et presque droits. Pâtes très-grêles et très-longues ; tarse des pâtes postérieures lancéolé et très-aigu. Longueur, environ un pouce. Habite la Méditerranée. ( C. M.) bb. Bords latéro- antérieurs de la carapace armés seule- ment de quatre dents. g. Portune front entier. — P. integrifrons (i). Carapace peu élevée, inégale et pubescente. Front très-large et arqué. Dents latéro-antérieures peu saillantes et larges. Pâtes antérieures inégales , assez grandes ; mains armées d'un grand nombre de petites granulations spiniformes disposées en petites lignes transversales. Longueur, environ 2 pouces. Habite l'oce'an Indien. (CM.) V. genre LUPEE. — Lupea Leach (i). La plupart des Lupées sont remarquables par l'aplatisse- ment et la grande étendue transversale de leur carapace (PI. 17, fîg. 1 ). En général le diamètre transversal de ce bouclier dorsal a plus du double de sa longueur. Le front est presque toujours étroit et beaucoup moins saillant que le bord inférieur ou l'angle externe de l'orbite; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont au contraire très- longs et forment en général , avec le bord antérieur , un semnent de cercle très-régulier et très-ouvert ; cbacun deux est armé de neuf dents plus ou moins saillantes et spini- (l) Latreille ,Encyc t. X, p. 192. Cancer navigator"? Herb. t. II , p. i55, PI. 37, fig. 7. (•2) Portunus Fab. — Bosc. Hist. nat. des Crust. t. I, p. 209. — Latr. Hist. nat. des Crust. et des Insectes, t. VI; Eneycl. Méthod. t. X, etc. — Lam. Hist. nat. des Anim sans vert, t. V. Lupea. Leach. Edinb. Encyc. art. Crustaceology, v. 7, p. 390, etc. — Desm. Considérations sur les Crust. p. 97. — Lat. Règne animal , a«. édit. t. IV, p. 33. ^4$ HISTOIRE NATURELLE formes, et dans l'état actuel de la science, ce caractère, d'une importance tout-à-fait secondaire , suffit pour distin- guer les Lupées de tous les autres Portuniens. Enfin , la dernière de ces épines est en général beaucoup plus grandes que toutes les autres et se porte directement en dehors ; mais quelquefois elle ne diffère pas de celle qui la précède. Les 07'bites sont ovalaires et dirigées obliquement en avant et en haut ; leur paroi inférieure n'arrive pas jus- qu'au front , et il existe au canthus interne une large échancrure que remplit l'article basilaire de l'antenne externe (PL 17, fig. 1. ) ; au bord supérieur de ces cavités on re- marque deux fissures. Les fossettes qui logent les antennes internes sont peu profondes et à peine recouvertes par le front ; la lame verticale qui les sépare entre elles est armée d'une pointe spiniforme qui se prolonge souvent au devant du bord antérieur de la carapace 5 en dehors ces cavités sont complètement séparées des orbites , et la tige des an- tennes qui s'y insèrent est assez courte pour s'y reployer en entier. L'article ba>>ijaire des antennes externes se soude au bord inférieur de l'angle supérieur et externe du front ; il a peu de largeur et donne insertion par l'extrémité de son bord interne à la tige mobile formée par des articles suivans, de façon que cette tige, dont la longueur est con- sidérable , paraît naître du canthus interne de l'œil, et que rien ne s'oppose à ce qu'elle se reploie en dehors pour se cacher dans la cavité orbitaire. Vipistome est extrêmement étroit, et le cadre buccal est à peu près carrée , mais en gé- néral plus large en avant qu'en arrière. Le troisième article des pates-mâchoires externes (PI. 17, fig. 3) est assez forte- ment tronqué en avant et en dedans. Le plastron sternal est presque toujours assez bombé longitudinalement, très- large et à peine resserré postérieurement ; sa suture médiane en occupe les trois derniers segmens ( fig. 4 )• Les pâtes de la première paire sont très-grandes ; on y observe toujours un certain nombre d'épines, et les doigts sont allong s et pas notablement courbés en dedans. Les pâtes des trois DES CRUSTACÉS. 41~ paires suivantes sont beaucoup moins longues et ont toutes à peu près la même grandeur ; tantôt l'article qui les ter- mine est grêle, arrondi, styliforme et en général canelé, d'autres fois il est aplati , lamelleux et natatoire ; dans le premier cas, ces pâtes paraissent destinées spéciale- ment à la marche, tandis que dans le second leur dis- position est plus favorable à la natation Les pâtes de la cinquième sont très-fortes et constituent , par l'élargissement de leurs deux derniers articles , des rames puissantes ; le troi- sième article qui entre dans leur composition ( ou la cuisse ) , est en général gros , mais très-court, et ne présente presque jamais d'épines comme chez les Thalamites ; enfin, le dernier article est toujours ovalaire. Chez la femelle , Y abdomen ne présente rien de remarquable, seulement sa longueur est très- considérable ; chez le mâle sa structure est la même que dans les genres précédera; on n'y voit que cinq pinces distinctes, le troisième, le quatrième et le cinquième anneaux étant soudés entre eux , les trois premiers segmens sont toujours très-larges ; mais au niveau du quatrième il y a un rétrécissement brusque , et les trois derniers sont plus ou moins étroits. Les Lupées sont des Crustacés essentiellement Pélagiens et se rencontrent souvent en pleine mer, Plusieurs voyageurs en ont vu au milieu de l'océan, n'ayant pour lieu de repov que des fucus flottans. La facilité avec laquelle ils nagent est extrême ; et , d'après les observations de Bosc , il paraîtrait même qu'ils ont la faculté de se soutenir à la surface de l'eau , dans un état stationnaire et sans exécuter aucun mou- vement apparent. Ce genre peut se diviser en trois petits groupes secon- daires faciles à distinguer par les caraclères suivans : / 448 HISTOIRE NATURELLE AA. Espèces ayant le corps très-épais et bombé en dessus ; les pâtes de la première paire grosses et peu allongées ; la main notablement moins longue que la carapace. LUPEES CONVEXES. $ A. Espèces ayant le corps très- comprimé ; les pâtes de la première paire très-allongées ; les mains presque tou- jours plus longues que la carapace. C. Tarse des pâtes des deuxième, troisième et qua- trième paires aplati , lamelleux , et de forme presque lancéolée. LUPÉES NAGEUSES. B. Tarse des fpates des deuxième , troisième et qua- trième paires étroit et styliforme. LUPÉES MARCHEUSES. «iDOrr» ier. Sous-ffenre. Lupées convexes. c Les Lupées de cette subdivision diffèrent des suivans par la convexité de leur carapace et la brièveté de leurs pâtes anté- rieures , caractère qui les rapprochent des Portunes ; aussi est-ce da^ ce dernier genre qu'on les a rangés jusqu'ici ; mais c'est avec V;s Lupées qu'elles ont réellement le plus d'analogie. Ce sous-genre ne renferme encore qu'une seule espèce. i. Lepêe de tranquebar. — L. tranquebarica (i). La carapace est unie en dessus et assez régulièrement bom- bée ; son diamètre antéro-postérieur égale les deux tiers de son (I) Portunus tranqnebaricus Fab. Suppl. p. 366. — Latr. Hist. liât, des Crust. et Ins- t. VI, p. 16 ; Encyc. Méthod. t. X, p. 191 ; Cancer olivaceus Herb. tab. 38, f. 3. Cancer serratu? Forsk. Anim. Egyp- P- 90. Portunus serrants. Ruppell, op. cit. PI. 2, fig. 1. DES CRUSTACÉS. ^Jq diamètre transversal. Le front est saillant, et armé de six dents triangulaires, larges et comtes; les bords latéro-antérieurs sont beaucoup moins droits que chez les autres Lupées, et se pro- longeant plus loin en arrière. Les neuf dents dont chacun d'eux est garni sont spiniformes , aiguës , dirigées un peu en avant et semblables entre elles. Les pâtes de la première paire ne sont pas très-longues, mais elles sont très -grosses; on compte trois épines sur le bord interne du bras, deux sur son bord externe , trois sur le carpe, et trois sur la main , qui est renflée et un peu courbée en dedans. Les pâtes des trois paires suivantes sont aplaties, mais leur dernier article est épais et plutôt styliforme que lancéolé. La Lupée de Tranquebar est la plus grande espèce de Por- tunien connue , elle atteint 6 à. 8 pouces de long ; sa couleur est d'un vert grisâtre et elle habite les mers de l'Asie. ( C. M. ) 2e. Sous-genre. Lupées nageuses. Dans cette subdivision du genre Lupée , le corps est en gé- néral très-déprimé ; la carapace , plus de deux fois aussi larçe que longue , est régulièrement arquée en avant ; le front est aussi presque toujours moins saillant que le bord inférieur , ou l'angle extérieur des orbites et les mains beaucoup plus longues que la carapace ; enfin , le dernier article des pâtes de 1? se- conde , de la troisième et de la quatrième paire est aptëti , la- melleux et de forme presque lancéolée ; aussi ces membres sn^t- ils disposés d'une manière beaucoup plus favorable à M iinatiou que dans le sous-genre précédent. CRUSTACES, • TOME I. 29 ^5o HISTOIRE NATURELLE § A. Espèces ayant la dernière épine latérale au moins deux fois aussi grosse que les précédentes et le front peu saillant. a. Dents médianes du front moins saillantes que les mitoyennes , et quelquefois à peine visibles. a*. Bord supérieur de l'orbite armé dune épine, i. Lupée pélagienne. — L. pelagica (0* Carapace un peu plus de deux fois aussi large que longue , légèrement convexe , toute couverte de petites granulations , et représentant dans sa portion antérieure un segment de cercle très-régulier. Front armé de six petites dents , et dépassé de beaucoup par l'épine inter-antennaire. Dents des bords latéro- antérieurs triangulaires , courtes et pointues , excepté la der- nière qui est deux fois aussi grande que les précédentes , large à sa base et dirigée directement en dehors. Pâtes antérieures très-grandes ; trois fortes épines sur le bord antérieur du bas . deux sur le carpe , et trois sur la main , qui est presque prisma- tique, garnie de plusieurs crêtes longitudinales, et plus d'une fois et demie aussi longue que la carapace. Pâtes des trois paires suivantes très-longues (en général leur troisième article dépasse de beaucoup l'angle latéral de la carapace), aplaties , ciliées en dessus et un peu sillonnées. Troisième article des pâtes posté - heures presque globuleux. Longueur , 3 à 4 pouces ; couleur verl grisâtre avec des taches jaunes. Hab'tte la mer Rouge et tout l'océan indien (G M.) ,x) Cancer pe!ag^us. Lilîn Mus. Lud. Ulr. p. 434. — Forskâl , liescrip. Anim. etc^. 89. _ Cancer rcticulatm. Herb. PI. 5o, et Lancer ced0 nulli. Her\ pp 3g. porLunus pelagicus. Fabr. Suppl. P' *l ~ Hist' H des Cr> *' VI' P' l6cEncyc t. X, p ib» etc.).— Sivigny, Egvp.Cr pp 3, fig. u Lupa pelagica. Leach, Ldinb. Encvc. an Pi-iista,-* 1 ^ Q ni q a *■• i-.i ustaccoiog-y, — Desm. p. 98, PI. 8 , hg. a. \ X DES Cl; US T A ci: S. \.) I à?% '. 5o/y/ supérieur de l'orbite sans prolongement spini- forme. 3. Lupée sanguinolente. — L. sanguinolenta (i). Point d'épine à V extrémité du bord postérieur du bras. Carapace plus large et moins granuleuse que dans l'espèce pré- cédente ; front très-reculé et armé de six dents , dont les quatre médianes sont spiniformes et les externes obtuses. Dernière dent latérale encore plus grande que dans la L. pélagique , mais de même forme. Pâtes antérieures beaucoup plus courtes; mains n ayant pas une fois et demie la longueur de la carapace , et ne portant que deux épines. Troisième article des pâtes sui- vantes n'atteignant pas l'extrémité de l'angle latéral de la cara- pace ; du reste , très-semblable à l'espèce précédente. Lon- gueur, environ 2 pouces ; carapace portant en arrière trois grandes taches circulaires d'un rouge vif. Habite l'océan Indien. (C. M. ) 4- Lupée dicantiie. — L. diçantha (2). Une épine tres-aigiië à V extrémité du bord postérieur du bras. Carapace plus de deux fois aussi large que longue, et marquée de quelques lignes granuleuses transversales ; front disposé comme dans l'espèce précédente, si ce n'est que les quatre dents mitoyennes sont souvent rudimentaires. Dernière (1) Cancer sa nguinoleiitiis. Herbst. vol. I, p. 161, tab. 8, fi£. 56, 5^. Cancer pelagicus. \>ar. Fab. Mant. Ins. t. I , p. 3i8, etc. — Linn. , Syst. nat. Ed. Gmelin Portunus sanguinolentes. Fabr. Suppl. Ent. Syst. p. 365. — Latr. Encyc. Méthod. t. X, p. J90. (2) Crabe de V Océan. Degeer, Mém. pour servir à l'iiist. des In- sectes, t. VII, tab. 26, fig. 8-1 1. Portunus jyelagicus. Bosc , Hist. nat. des Crust. t- I, p. 220, tab. 5 , fi??. 3. Portunus Hastatus. Fab. Suppl. Entom. Syst. p. 36;. -- Latr. Hist. nat. des Cr. t. VI, p. 18. Portunus dicanthiis. Lat. Encyc. t. X, p. 190. Lupa hastatxv. S'iy. Acad. de Philadelphie, A'ol. I. p. 65. /52 HISTOIRE NATURELLE dent latérale moins grosse que dans les espèces précédentes, et un peu recourbées en avant. Pâtes antérieures grosses , mais ne différant guères de celles de la L. sanguinolente que parle caractère déjà indiqué. Abdomen du mule très-large à sa base, mais devenant tout à coup , à partir du quatrième anneau , presque linéaire , de façon à ressembler un peu à la lettre j^ renversée. Longueur, environ 4 pouces. Habite les côtes de l'Amérique. (CM.) aa. Délits médianes du front petites, mais beaucoup plus saillantes que les deux mitoyennes. 5. Lupée crible. — L. cribraria (i). (PI. 18, fig. 1.) Carapace très-aplatie , parfaitement lisse, et à peu près de même forme que cbez la L. sanguinolente ; front très-reculé ; épine inter - antennaire courte ; fissures orbitaires très-pro- fondes • dents latérales à peu près comme dans l'espèce précé- dente • abdomen ayant la forme ordinaire. Longueur, 3 pouces ; couleur fauve, avec mie multitude de tacbes blanchâtres. Habite les côtes du Brésil. (CM.) K B. Espèces ayant la dernière épine du bord latéro-an- tèrieur de la carapace guères plus grande que les autres. b. Bord externe du bras dépourvu d'épines. 6. Lupée spinimane. — L. spinimana (2). Carapace guères plus d'une fois et demie aussi large que loneue , un peu bombée et très-inégale ; front saillant et armé (1) Portunus cribrarius. Lamarck , op. cit. t. V, p. 269. (2) Portunus pelagicus. Lat. , Gênera, Crust. et Ins. t. ï, Portunus spinimanus. Latr. , Encyc t. X, p. 188. Lupa spinimana. Leach. — Desm. , p. 98. DES CRUSTACÉS. 4^ de huit dents dont les quatre médianes sont les plus saillantes ; dents des bords latéro-antérieurs spiniformes et dirigées un peu en avant ; pâtes antérieures armées à peu près comme dans l'espèce précédente ; un grand nombre de tubercules granuleux et de côtes longitudinales arrondies sur les mains ; pâtes sui- vantes très-comprimées. Longueur, 3 à 4 pouces. Habite les côtes du Brésil. ( C. M. ) bb. Bord extérieur des bras armé d épines. 7. Lupée front lobé. — L .; lobifrons. Carapace aplatie comme dans la Lupée crible , mais plus car- rée ; front avancé , divisé en quatre lobes arrondis et armé d'une petite dent au-dessus de l'angle orbitaire interne ; dents des bords latéro-antérieurs petites 5 pâtes antérieures très-pe- tites ; mains renflées et moins longues que la carapace. Lon- gueur, 1 pouce. Habite les Indes orientales. ( C. M. ) 3e. Sous-genre. Lupées marcheuses. Les Lupées marcheuses ont beaucoup d'analogie avec les Thalamites hexagonales; leur carapace est en général presque hexagonale ; son bord fronto-orbitaire forme un angle assez marqué avec les bords latéro-antérieurs, tandis que dans le groupe précédent la portion antérieure de la carapace représente ordinairement un segment de cercle ; la longueur de ce bou- clier est aussi plus considérable comparativement à la gran- deur totale du corps. 4 5 f H I S t Ù I II E N A I U II E h L E § A. Espèces ayant la dernière dent du bord latéro-an- tèrieur de la carapace semblable aux autres, a. Dents des bords latèro- antérieurs alternativement grosses et petites. 8. Lupée rouge. — L. rubra (i). Carapace une fois et demie aussi large que longue ; front très-avancé , fort large , et divisé en huit dents , dont les quatre moyennes sont très-longues et séparées des autres par une échancrure profonde ; bord inférieur et angle externe des or- bites moins avancés que le front ; bords latéro-antérieurs de la ca- rapace courts et armés de cinq grosses dents spiniformes séparées entre elles par quatre petites; pâtes antérieures de grandeur médiocre ; quatre ou cinq grosses épines sur le bord antérieur du bras et quatre sur la partie supérieure de la main ; troisième article des pâtes postérieures portant une épine à l'extrémité de son bord inférieur. Longueur , environ i pouces ; couleur générale rougeâtre , extrémité des pinces noire. Habite les côtes du Brésil. (C. M. ) aa. Dents des bords latèro- antérieurs de la carapace sem- blables entre elles. 9. Lupée granuleuse. — L. granulata. Carapace inégale et granuleuse; front avancé et divisé en cinq dents , ou plutôt lobes. Des épines sur le bord postérieur du bras aussi bien que sur son bord antérieur: deux épines et plusieurs crêtes longitudinales et granuleuses sur la main. Longueur, environ un pouce. Habite l'île de France. (CM.) (1) Ci ri apoa. Marggraf, Hist. rerura nat. Bras. p. i83 ( copiée par Jonston Exsang. tab. 9, f. 9, et Ruysch , That. Anim. lib. 4- tal>. 9, Ha. 8 ). Porlunus ruber. Lamarck , op. cit. t. V, p. 260. DES CRUSTACÉS. 4^5 § B. Espèces ayant la denucre dent du bord latéro-anté- rieurde la carapace au moins deux fois aussi grande que les précédentes. b. Dents médianes du front beaucoup plus saillantes que les latérales. o. Lupée de Séba. — L. Sebœ (1). Carapace à peine bombée ; front armé de six dents , en gé- néral toutes aiguës et très-grandes. Dents des bords latéro-an- térieurs très-pointues et un peu recourbées en avant ; la der- nière environ deux fois aussi longue que les autres , mais pro- portionnellement plus mince ; pâtes antérieures longues et épi- neuses. Troisième article des pâtes postérieures comme dans la L. rouge ; même taille. Habite les côtes du Brésil. (C. M. ) bb. Dents médianes du front moins saillantes que les autres. bb*. Mains grosses , déforme ordinaire , et moins lon- gues que le diamètre transversal de la carapace- 11. Lupée hastée. — L. hastata (2). Bord supérieur de l orbite sans dent médiane. Carapace inégale et pubescente. Front armé de six dents , dont les deux médianes sont pointues et plus petites que les autres ; point d'épine inter-antennaire au-dessous du front ; buit pre- mières dents latérales petites et triangulaires ; la neuvième (1) Cancer mariais senti f'ormis. Seba , Mus. t. III, PI. 20, fig. 9 (reproduite dans l'Encyc. PI. 272, iig. 6 , .sous le nom de Portunus sanguinolentus, par Latreille) (2) Cancer hastatns. Linn. C. pela!>ïcus? Herb t. I, PI- 8, fig. 55. Purtunus hastaïus . Latr. Encyo t. X, p. 189. — Dict. class. d'fiist. natur. atlas. Lupa Dufourii. Desrn. p. 99. — Latr. Reg. Anim. 2'. éd. t. IV, p. 34. 456 III S T O I R K NATURELLE très -longue, étroite, spini forme , et mi peu recourbée en avant. Pâtes antérieures grandes; quatre petites dents aiguës sur le bord antérieur du bras , une épine terminale sur son bord pos- térieur, deux sur le carpe, et deux sur la main. Longueur, en- viron deux pouces. Habite la Méditerranée. (C. M.) 12. Lu?ÉE GLADIATEUR. L. glcidiator (i). Bord supérieur de V orbite armé d une dent pointue placée entre deux Jîssures ; carapace un peu bosselée et pubescente, mais peu ou point granuleuse. Front très-relevé et armé de six petites dents triangulaires , pointues et toutes dirigées en avant. Orbites presque circulaires et dirigées en haut. Dernière épine latérale très-longue, mais étroite; pâtes antérieures médiocres ; quatre ou cinq épines sur le bord antérieur du bras , deux en dehors , deux sur le carpe , et deux sur la main , laquelle est garnie de plusieurs lignes longitudinales élevées. Couleur rou- geâtrej longueur, environ i pouces. Habite l'océan Indien. (CM. ) bb**. Mains filiformes et dune longueur extrême {ayant presque une fois et demie le diamètre transversal de la carapace). i3. Lupée tenaille. — L.forceps (2). Carapace très-aplatie et très-rétrécie postérieurement ; front très-reculé; orbites dirigées très-obliquement en haut. Dent latérale presque aussi longue que l'espace occupé par les huit premières dents. Pâtes antérieures très -grêles, et environ (1) Portunus glcidiator. Fabr. Suppl. — Latr. Encyc. Méth.t. XVI, p. 189, etc. Cancer menestho. Herb. PI. 55, lig\ 3. (2) Portants forceps. Fabr. Suppl. p. 368. —Herb. PI. 12, %. I. — Latr. Encyc. Méth. t. X , p. 190, etc. Lupa forceps. Leach. Zool. Mis. t. 1, PL 54.— Desm.p. 99.— Latr. Reg. An. i*. édit. t. lV,p.34. DÈS CRUSTACÉS. ffin quatre fois aussi longues que la carapace ; les suivantes longues et grêles. Longueur, environ un pouce. Habite les Antilles. ( G. M. ) Il nous paraît probable que le Portunus ponticus ( i ) et le Portunus hastatus (2) de Fabricius appartiennent à cette subdivision du genre Lupee. Le P. defensor du même auteur (Suppl. p. 36n ), le P. ar- miger (Suppl. p. 368) , et le P. hastoïdes (Suppl. 368) , sont aussi des Lupées , et M. Say a donné le nom de Lupamacu- lata à une espèce nouvelle du même genre ( op. cit. p. 44^ )• Enfin le Crustacé fossil figuré par Davilla ( Catal. t. III , PI. 3 , fig. 6 ) , et désigné par M. Démares t sous le uom de portunus leucodon ( Cr. Foss. p. 86, Pi. 6, fîg. i , 3 ) , a de l'analogie avec la Lupée Tranquebar. VI. genre THALAMITE. — Thalamita (3). Les Thalamites de M. Latreille constituent le type d'un groupe générique parfaitement naturel et facile à distin- guer , qui se lie d'une manière intime aux Portunes et aux Lupées. Chez beaucoup de ces Crustacés , la forme de la carapace est tout-à-fait caractéristique ; mais, chez d'autres, elle se rapproche graduellement de celle propre aux Lupées ; en effet, tantôt ce bouclier dorsal a la forme d'un carré allongé , son diamètre transversal est presque le double de sa longueur, et son bord fronto-orbitaire forme avec les bords latéro-antérieurs un angle presque droit ; d'autres fois elle est presque hexagonale , ses six bords forment entre eux des angles à peu près égaux, et sa largeur n'excède que d'envi- ron moitié sa longueur (PI. 17, fig. i3). I*e front esttoujours (1) Fabr. Suppl. p. 368 ; Herbst , PI. 55, fig. 5. (a) Fabr. Suppl. p. 367; Herbst, PI. 55, fig. 1. (3) Portunus. Fabr. Suppl. — Latr. Encyc. t. X, etc, Thalamita. Latr. Reg. Anim. 2e. éd. t. IV, p. 33. 458 HISTOlKi: NATURELLE très-large , saillant et au moins aussi avancé que le bord infé- rieur et l'angle externe de l'orbite , disposition qui ne se voit presque jamais chez les Lupées. Les bords latéro-antérieurs de la carapace sontplusou moins obliques, mais forment toujours avec le bord fronto-orbitaire un angle très-prononcé ; on y compte de 4 a 7 dents, dont la dernière n'est jamais notablement plus grande que les autres. Les yeux sont gros et courts ; les orbites sont ovalaires et complètement séparées des fos- settes antennaires ; leur bord supérieur présente deux pe- tites fissures , et leur ançle est souvent presque aussi éloigné de la ligne médiane que l'angle qui termine en arrière le bord latéro-antérieur. Les antennes internes se reploient complè- tement dans leurs fossettes, et la cloison inter-antennaire est peu saillante. L'article basilaire des antennes externes est en général très-large (PI. 17, fig. i4) ; il est toujours soudé au front dans toute l'étendue de son bord antérieur, et présente en dehors une saillie plus ou moins considérable qui sépare l'orbite du point d'articulation de la tige mobile de ces appendices; celle-ci est très-longue et s'insère quel- quefois fort loin de la cavité orbilaire. L'épistome est bien dis- tinct et en forme de losange. Le cadre buccal est très-large et les pates-mâchoires externes sont déposées à peu près comme chez les Portunes ; le plastron sternal est très-large et sa suture médiane s'étend sur ses trois derniers anneaux. Les pâtes antérieures sont très-grandes et ne peuvent se cacher sous la portion antérieure du corps, comme cela se voit chez les Portunes et les Platyoniques ; leur troisième article est épineux en avant et dépasse de beaucoup la carapace ; enfin la main est en général hérissée d'un nombre considé- rable de dents , et sa longueur égale au moins celle de la carapace. Les pâtes des trois paires suivantes sont beau- coup moins longues, et se raccourcissent successivement; leur tarse est en général styliforme. Celle de la cinquième paire sont comme d'ordinaire les plus courtes de toutes ; leur troisième article est cependant assez allongé, et on trouve à l'extrémité de son bord inférieur une épine assez DES CRL'STACFS. 4'^) forte (disposition qui n'existe jamais chez les Portunesou les Platyoniques , et qui est extrêmement rare chez les Lupées) ; vers le bout, ces pâtes deviennent très-larges et leur tarse est ovalaire. L'abdomen ne présente rien de remarquable. Les Thalamites sont pour la plupart des Crustacés de moyenne taille ; elles habitent le voisinage des tropiques dans les deux continens. On peut les répartir en deux grou- pes d'après les caractères suivans : § i . Bord fronto-orbitaire n'occupant pas plus des deux tiers de la largeur de la carapace , et formant un angle assez ouvert avec les bords latèro-antérieurs qui sont armés de six ou sept dents. Thalamites hexagonales. §'2. Bordfronto orbitaire occupant presque toute la largeur de la carapace , et formant un angle presque droit avec les bords latèro-antérieurs , qui ne sont armés que de quatre à cinq dents. Thalamites quadrilatèbes. i". Sous-genre. Thalamites quadrilatères. Dans ce groupe , qui correspond au genre Thalamite , tel que M. Latreille l'avait établi , les orbites occupent presque les angles de la carapace , et les deux portions qui constituent le bord latéral de ce bouclier , sont presque confondues. $ A. Espèces ayant le front entier ou divisé en lobes , mais point denté, i. Thalamite admète. — T. admete (i). Carapace presque plane en dessus ; bord fronto-orbitaire (I) Cancer admete. Herb. PL 67, fig. 1. Portunus admete. Latr Nouv. Dict. d'hist. nat. t. XXVIII , p- 44- P- admete et P. poissoni. /}6o HISTOIRE NATURELLE occupant presque toute la largeur de la carapace , presque droit et divisé en quatre lobes. Bord latéro- antérieur de la carapace presque droit et armé de quatre dents très -aiguës , dont la pénultième est beaucoup plus petite que les autres. Bord inférieur, de l'orbite dentelé mais ne pré s entant pas de dent spiniforme. Article basilaire des antennes externes garni d'une petite crête dentelée qui dépasse les lobes moyens du front; trois épines fortes et obtuses sur le bord antérieur du bras ; six épines disposées alternativement , et sur deux rangées, sur la face supérieure de la main, qui est granuleuse en dehors. Pâtes suivantes courtes et grêles ; une série de petites dents spini- fcrmes sur l' avant-dernier article de celles de la cinquième paire, dont le tarse est ovalaire , mais porte à son extrémité un petit on°le conique et pointu. Longueur , environ i pouce. Habite l'océan Indien et la mer Rouge (CM. ) 2. Thalamite de Chaptal. — T. Chaptalii{\). Carapace comme dans V espèce précédente ; front égale- ment large, mais plus avancé et à peine divisé j dents du bord latèro-antérieur larges , obtuses , presque carrées et semblables entre elles. Point de grosses épines sur la main. Longueur, environ i pouce. Habite la mer Rouge. 3. Thalamite camarde. — T. sima. Carapace tres-bombèe ; son bord fronto-orbitaire nota- blement plus court que son diamètre transversal ; front avancé au milieu, mais à peine lobe 5 bords latéro-antérieurs assez obliques et armés de dents très-aiguës , dont la dernière est plus grosse que les autres. Point d'épines sur le bord inférieur de Audouin, Egypte, Crust. de M. Savigny, PJ. 4> %• 3 et 4* Thalamita admcle. Latr. Reg. Anim. Ie. éd. t. IV, p. 33. (1) Poriunus Chaptalii. Aud. Crust. de M. Sayigny, Egypte, pi. 4.%. 1. DES CRUSTACÉS. /\§l Pavant-dernier article des pâtes postérieures. Longueur, envi- ron 8 lignes. Habite la côte de Coromandel. (C. M.) § B. Espèces dont le front est armé de dents prof ondément découpées et aplaties. 4. Thalamite crénelée — T. crcnata (1). Cinq dents spin formes et à peuplées égales au bord la- tèro-antérieur de la carapace , dont la forme générale se rap- proche beaucoup de celle de la Thalamite admète ; les six dents mitoyennes du front à peu près de même grandeur et beaucoup moins grosses que les externes qui occupent l'angle interne de l'orbite. Pâtes de même forme que chez la T. admète; point d'épines sur le bord inférieur de l'avant-dernier article de celles de la cinquième paire. Longueur, i8#lignes à 2 pouces. Habite les mers d'Asie. (G. M.) 5. Thalamite prymne. — T. prymna (2). Dents du bord latéro- antérieur de la carapace très, inégales (la troisième peu saillante, et la quatrième rudimen- taire). Front divisé comme dans la T. crénelée, si ce n'est que les dents externes sont pointues et peu développées, et que les précédentes sont beaucoup plus petites que les mitoyennes. Une petite épine au côté interne du bord orbi taire inférieur. Du reste, très-semblable à l'espèce précédente. Longueur, environ 1 pouce. Habite FAustralasie. ( G. M. ) § 2. Sous-genre des Thalamites hexagonales. Les Thalamites hexagonales ont en général la carapace plus large , et le front beaucoup plus étroit que dans le sous-genre (1) Portunus crenatus Latr. Collect. du Mus. Thalamita admète. Guérin , Icon. Cr. PI. 1 , %. /■. (2) Cancer prymna. Herb. PI. 5, fig. 2. Portunus prymna. Latr. Nouv. Dict. d'hist. nat. t. XXVIïï , p. Yl- 4<;-2 H T S T O I R E NATURELLE précèdent ; aussiles orbites sont-ils loin des angles externes de ce bouclier dorsal , et les bords latéro-antérieurs sont très-obli- ques , disposition qui rapproche ces Crustacés de certaines Lu- pées. Enfin le front est toujours armé de huit dents, et la pièce basilaire des antennes est en général assez étroite. § A. Espèces ayant le bord tatéro- antérieur de la cara- pace arme de six dents. a. La dernière dent latérale à peu près de même gran- deur que les précédentes. a*. Pâtes antérieures armées d épines , mais du reste sans granulations élevées. i. Thalamite crucifère. — T. crucifera (i). Pâtes des deuxième, troisième et quatrième paires très -aplaties et sillonnées sur les trois derniers articles. Carapace lisse ou à peine ridée , et plus de deux fois aussi lon- gue que son bord fronto-orbitaire. Front profondément échan- cré et armé de huit dents grandes et obtuses. Dents latérales de la carapace courtes , larges et comme tronquées ; la première (celle qui constitue l'angle orbitaire externe), échancrée au bout , de façon à paraître bifide. Mains à peu près de la lon- gueur de la carapace, et armées en dessus de quatre grosses épines ; pinces profondément cannelées et armées de grosses dents comprimées. Tarse des trois paires de pâtes suivantes étroit et lancéolé. Point d'élévation sur la ligne médiane des deux derniers articles des pâtes postérieures. Longueur, 3 à 4 pouces ; couleur rougeâtre avec des taches et bandes jaunes , dont les médianes représentent une croix. Habite l'océan Indien, ( CM. ) (i) Po'tutius crucifer. Fabr. Suppl. p. 3f>4 ; — Herb. PI. 38, fig. i Cancer sexdeiitatus ? ibid. PI. j, fig. 5a. Portunus crucifer. Latr. Hist. nat. des Cr. t. VI, p. 3 j: — Encyc ï. X, p. 191, etc. DES CRUSTACÉS. /[()3 2. Thalamite annelée. — T. annulata (i). Pâtes des deuxième , troisième et quatrième paires cy- lindriques , marquées de quelques lignes longitudina- les t et terminées par un article spiniforme. Carapace à peu près comme dans l'espèce précédente, mais plus lisse; les dents late'ralessont spiniformes et toutes de même grandeur, excepté la dernière qui est plus petite que les autres. Pinces armées de dents tuberculeuses. Longueur , environ 2 pouces. Habite l'océan Indien et la mer Rouge (C. M). a**. Pâtes antérieures présentant entre les épines dont elles sont armées , un grand nombre de tubercules ou de granulations élevées. 3. Thalamite nageuse. — T. natator (2). (PL 17, %. i3et 4. ) Face supérieure de la carapace garnie dun assez grand nombre de lignes transversales , saillantes et granu- leuses ; dents des bords latéro-antérieurs très - larges ; les deux premières obtuses, courtes et beaucoup plus étroites que les autres , qui sont tronquées et spiniformes a leur angle antérieur. Habite l'Océan indien. (CM.) 4* Thalamite tronquée. — T. truncata (3). Face supérieure de la carapace lisse , sans lignes sail- lantes et légèrement bombée; son bord fronto-orbi taire éga- (1) Cancer sexdentatus. Forsk. Portunus annulcitus. Fabr. Suppb p 364. — Herb. PI. 49, fig. 5. — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. i5. (2) Cancer natalor. Herb. PI. /|0 , fig- I- — Porlnnus sanguinolentus. Bosc, Crust. t I, p 218. (3) Portunus truncatus- Fabr. Suppl p. 365 — Latr. Hist nat. des Cr. t. VI, p. 16. 464 HISTOIRE NATURELLE lant presque son diamètre transversal. Front armé de huit dents rudimentaires , et constituant les angles de quatre lobes tronqués. Dents du bord latéro-antérieur de 1# carapace larges , tronquées , et si courtes , qu'elles ont plutôt la forme de crénelures que de dents ordinaires. Longueur, environ 2 pouces. Habite l'océan Indien (C. M. ) aa. La dernière dent latérale plus grosse et beaucoup plus saillante que les autres. 5. Thalamite callianasse. — T. callianassa(i). Carapace fortement ridée en dessus et très-large. Front étroit et armé de huit dents petites , aiguës , et également espa- cées. Bords latéro -antérieurs , courts , et armés de dents étroites et pointues. Pâtes antérieures granuleuses et hérissées d'épines courtes. Longueur, environ nn pouce. Habite l'océan Indien. (G. M. ) § B. Espèces ayant le bord latêro- antérieur de la cara- pace armé de sept dents , dont deux rudimentaires. 6. Thalamite a doigts rouges. • — T. erytho-dactyla (2). Carapace à peine ridée en dessus et très-aplatie ; dents frontales longues et aiguës ; bords latéro-antérieurs armés de cinq grosses dents spiniformes et semblables entre elles , et de deux dents rudimentaires cachées dans les échancrures que les premières grosses dents laissent entre elles. Ni granulations ni tubercules entre les dents spiniformes dont la main est ar- mée. Longueur , deux pouces et demi. Habite l'Australasie. (CM.) — =>•«►< La Cancer feriatus de Linné ( Mus. Lud. Uh\, page 43} ). (i) Cancer callianassa. Herb. t. III, PI. Sj, %. 7. (2) Portunus crylho-daclylus. Lamk, op. cit. t. V, p. 209. DES CRUSTACES. *|65 appartenant probablement à cette division du genre Thalanrite et paraît se rapprocher de la T. à doigts rouges. Le Portunus variegatus de Fabricius (Suppl. p. 364) est e'videmment une espèce très-variée de la T. callianasse. Le Portunus holosericeus du même auteur (Suppl. p, 365) est très- voisine de la précédente. Enfin, le Portunus lucifer de Fabricius (Suppl. p. 364), me semble devoir être aussi un Thalamite ; mais les caractères que ce naturaliste y assigne ne suffisent pas pour nous le faire distinguer des espèces précédentes. genre. PODOPHTHALME. — Podophthalmus (i). De tous les Portuniens les Podophthalmes sont ceux dont l'aspect est le plus remarquable et les caractères distinctifs les plus faciles à saisir ; la longueur démesurée de leurs pé- doncules oculaires , qui sont très-courts chez les autres Bra- chyures nageurs , suffit pour les faire reconnaître au premier abord. Aussi ce petit groupe, établi par Lamarck , est-il un des premiers démeinbremens qu'on ait fait du genre Portune de Fabricius , et c'est à cause du grand développement des tiges que portent les yeux qu'il a reçu le nom de Podoph- thalme. La carapace de ces Crustacés a la forme d'un quadrilatère très-allongé, dont les deux côtés latéraux seraient forte- ment tronqués ; son diamètre antéro-postérieur n'égale pas la moitié de son diamètre transversal , et son bord anté- rieur , qui est presque droit , a environ quatre fois la lon- (i) Fortunus. Fabr. , Suppl. Entom. Syst. p. — Podophthalmus. Lam., Hist. des An. sans vert. t. V, p 255. — Latr. Hist. nat. des Oust, et Ins. t. VI, p. 53; Encyclopédie méthod. Insectes, t. X, p. 166. Règne animal, ae. éd. t. IV, p. 33. — Leach, Zoologists miscellany, vol. II. — Desm. Considérations sur les Crustacés, p. 0,9, etc. CRUSTACÉS, TOME I. 3o ^66 HISTOIRE NATURELLE gueur du bord postérieur, he front ou espace compris entre les deux yeux est linéaire (PI. 17 , fig. 5 ), et de chaque côté le bord antérieur de la carapace est creusé dans toute sa longueur d'une gouttière profonde et très -longue , qui constitue les orbites ; enfin , l'angle externe de ces cavités oculaires sépare le bord antérieur de la carapace de son bord latéral , dont la direction , très-oblique , est la même dans toute sa longueur. Les yeux (PI. 17 , fig. i5) , des Podophthalmes , comme nous l'avons déjà dit , sont portés sur des pédoncules minces et d'une longueur extrême ; ces tiges osseuses s'insèrent près de la ligne médiane du front , et portent à leur extrémité la seconde pièce oculaire , tandis que chez les Ocypodes où les yeux sont également très-grands c'est du développement de cette seconde pièce et non de la première, que leur longueur dépend. Le bulbe oculaire n'est pas très-grand et atteint l'extrémité latérale de la carapace. Les antennes internes sont situées au-dessous de l'origine des yeux , disposition qui ne se rencontre chez aucun autre Portunien , et leur tige ne peut pas se reployer dans la cavité qui les loge. Les an- tennes externes se trouvent également au-dessous des yeux ; elles sont placées entre les fossettes antennaires et les or- bites , au côté externe des premières , et leur article basilaire se soude avec les bords de ces deux cavités , de manière à compléter leurs parois et à les séparer entre elles ; la tige mobile qui termine ces antennes est formée de deux petits articles pédonculaires et d'un filet multiarticulé, grêle et assez court. Le cadre buccal est extrêmement large, et n'est sé- paré des fossettes antennaires que par un bord très-mince ; son bord antérieur est environ deux fois aussi long que ses bords latéraux , et ceux-ci se portent obliquement en arrière et en dedans. Les pates-mâchoires externes laissent entre elles un espace assez considérable, et leur troisième arti- cle est à peu près aussi large que long (fig. 6, a)j mais il est tellement tronqué en avant et en dedans , que sa forme a été comparée à celle d'une hache dont l'extrémité du bord tran- DES CRUSTACÉS. 4^7 chant donnerait insertion aux articles suivans qui sont très- grands. Les pâtes de la première paire sont grandes et se ter- minent par une main presque droite ; lorsqu'elles sont reployées elles dépassent encore de beaucoup les bords de la carapace. Les pâtes suivantes sont beaucoup moins grandes que les antérieures , et celles de la troisième paire sont plus longues que les autres ; l'article qui termine les secondes , les troi- sièmes et les quatrièmes , est styliforme et un peu aplati ; enfin, les pâtes de la cinquième paire sont très-élargies et en forme de rames natatoires. \J abdomen ne présente rien de remarquable chez les femelles ; mais chez le mâle il est trian- gulaire et se compose seulement de cinq pièces mobiles. On ne sait rien sur les mœurs de ces Crustacés. La seule espèce vivante que l'on connaisse habite les mers tropicales. I. PoDOPHTHALME VIGIL. P. vigil (l). Ce Crustacé a la carapace presque lisse et armée de chaque côté d'une forte épine qui est dirigée transversalement en dehors , et occupe l'angle externe de l'orbite ; en arrière de cette dent, on en voit une autre beaucoup plus petite, mais dans le reste de son étendue le bord latéral n'est que granulé. Les antennes externes sont beaucoup moins longues que les internes. Les pâtes de la première paire sont hérissées d'un assez grand nombre d'épines ; on en voit trois sur le bord antérieur du bras, et deux du côté externe du même article; deux sur le carpe, et deux sur la main. Les pâtes des trois paires suivantes ont le tarse cannelé. Le cinquième article des (i) Portunus vigil. Fabr. Suppl. Entom. Syst. p. 363, n°. i. — ■ Podophthalmus spinosus. Lam., Syst. des Anim. sans vert. p. i5a ; Hist des An. sans vert. t. V, p. 167. — Latv. , Gen. Crust. et Ins. t. I, tab. 1 et 2 , fig. 1. Hist. nat. des Crust. et Ins. t. VI , p. 54, PI. 46. Reg. Anim. t. IV, p. 33. Encyc. méth. PI. 3o8, fig. 1. — Desmarest , op. cit. PI. CI, lig. 1. — Podophthalmus vigil. Leach , Zoologist miscellany , vol. II, tab. 1 18. — Guérin , Iconographie du règne animal Crust. PS. 1, tig. 3. /|68 HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. pâtes postérieures est grand et très -élargi postérieurement; enfin , le dernier article est ovalaire et cilié sur les bords. Longueur, 2 à 4 pouces. Habite l'océan Indien. (G. M.) Parmi les Crustacés fossiles que M. Desmarest a fait con- naître, il en est un (1) qui appartient évidemment au genre Podophtliaïme, et qui paraît différer principalement du Po- dophthalme vigil par l'absence des épines aiguës qui, chez ce dernier, terminent les angles latéraux de la carapace ; mais , comme on ne connaît que le moule intérieur de cet animal, il est bien possible que ce caractère n'existe pas réellement. On ignore le gisement de ce fossil. (1) Podophthalmus de Francii. Desmarest, Histoire naturelle des Crustacés fossiles, p. 88, PI. 5, fig. 6-8. ■ m &p$ m 1 *^N •*7^\ '3$^ iii ë 3 2$P \ ^ ^ • V « ^ ^2 "%>- 3*v# M s#T rv- «^ ^^^; % ^ > rww ^y< V#h M -o~v rx w % S Le {m yrx. %fe© '. > - ^ të-MT "' t"«' "fe^Cv ' wlv;:, js j*sc ?#* ff V "lw^. r V V & ,-<^aA «S' Mêp '* V- : 1 ^t* 3f ■*>-' '•*&. W*ù. ■<**<