ln Memory of emington Hel #, FAR LS Mommalogist- alevntoloqists DT DR RE TS Let, À NET D pee AP A A AN HISTOIRE NATURELLE DH LACÉPEDE TOME II F I, NT WTA HITS R La cepee, M.Üe & l HISTOIRE NATURELLE yYn DE ACEPED LES CÉTACÉS, LES QUADRUPÈDES OVIPARES, LES SERPENTS ET LES POISSONS Nouvellé Édition PRÉCÉDÉE DE L’ÉLOGE DE LACÉPÈDE PAR CUVIER Avec des Notes et la nouvelle classification DE M. A.-G, DESMAREST GORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE A L'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE D'ALFORT, ETC. TOME DEUXIÈME PARIS FURNE, JOUVET ET C", ÉDITEURS RUE SAINT=ANDRÉ=-DES=ARTS, 45 M DCCC LXXVI REMINGTON K£I LIBR ARS \A MARID E ManvEM SMITHSON T INSTI "UTION qu Are ee ml FE 2. aa ss À = eorenda ; à w ar so Am re à ec mdanrinenu, ssh F CO20090020000200000900000000592200002205995509 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. 1798. — 1895. POISSONS OSSEUX. Lorsque nous avons, par la pensée, réuni autour de nous les diverses espèces de poissons qui peuplent les mers ou les eaux douces du globe, lorsque nous lesavons contraintes, pour ainsi dire, à se distribuer en différents groupes, suivant l’ordre des rapports qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en deux im- menses tribus. D'un côté ont paru les poissons cartilagineux ; de l’autre, les osseux. Nous nous sommes occupés des premiers ; examinons avec soin les seconds. Nous avons assez indiqué les différences qui les séparent; exposons donc, au moins rapidement, les ressemblances qui les rapprochent. Elles sont grandes , en effet, ces ressemblances qui les lient. Les formes exté- rieures, les organes intérieurs, les armes pour attaquer, les boucliers pour se défendre, la puissance pour nager, l'appareil pour le vol, et jusqu’à cette faculté invisible et terrible de faire éprouver à de grandes distances des com- motions violentes et soudaines, tous ces attri- buts que nous avons remarqués dans les carti- lagineux, nous allons les retrouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, opposer aux pétromyzons et aux gastrobranches, les cécilies, les murènes, les ophis ; aux raies, les pleuronectes ; aux squales, les ésoces ; aux aci- penseres, les loricaires; aux syngnathes, les fistulaires ; aux pégases, les trigles et les exo- cets; aux torpilles et au tétrodon électrique, le gymnote et le silure, également électriques ou engourdissants. A la vérité, les diverses conformations des cartilagineux ne se remon- trent dans les osseux qu’altérées, accrues, di- miouées, ou du moins différemment combi: Il. nées; mais elles reparaissent avec un assez grand nombre de leurs premiers traits, pour qu’on les reconnaisse sans peine. Elles annon- cent toujours l'identité de leur origine; elles attestent l’unité du modèle d’après lequel la nature à faconné toutes les espèces de poissons qu’elle a répandues au milieu des eaux. Et que ce type de la vitalité et de l’animalité de ces innombrables animaux est digne de l'attention des philosophes! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à la grande classe dont nous cherchons à dévoiler les propriétés : son in- fluence irrésistible embrasse tous les êtres qui ont recu la sensibilité. Bien plus, son image est empreinte sur tous les produits de la matiere organisée. La nature n’a, pour ainsi dire, créé sur notre globe qu’un seul être vivant, dont elle a ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. Sur la planète que nous habitons, avec la matière brute que nous foulons aux pieds, au milieu de l'atmosphère qui nous en- vironne, à la distance où nous sommes placés des différents corps célestes qui cireulent dans l’espace, et sous l'empire de cette loi qui com- mande à tous les corps et les fait sans cesse graviter les uns vers les autres, il n’y avait peut-être qu’un moyen unique de départir aux agrégations de la matière la force organique, c'est-à-dire le mouvement de la vie et la chaleur dusentiment.Mais comme cette cause première présente une quantité infinie de degrés de force et de développement, et que par conséquentelle a évané naissance à un nombre incalculable de résultats produits par les différentes combinai- sons de cette série immense de degrés , la nx- 4 2 HISTOIRE NATURELLE ture a pu être aussi admirable par la variété des détails qu’elle a créés, que par la sublime simplicité du plan unique auquel elle s’est as- servie. C’est ainsi qu'en parcourant le vaste ensemble des êtres qui s'élèvent au-dessus de la matière brute, nous voyons une diversité, pour ainsi dire, sans bornes, de grandeurs, de formes et d'organes, devenir, par une suite de toutes les combinaisons qui ont pu être réali- sées, le principe et le résultat d’une intussus- ception de substances très-divisées, de l’élabo- ration de ces substances dans des vaisseaux particuliers, de leur réunion dans des canaux plus ou moins étendus, de leur mélange pour former un liquide nutritif. C’est ainsi qu’elle est la cause et l’effet de l’action de ce liquide, qui, présenté dans un état de division plus ou moins grand aux divers fluides que renferment Vair de l’atmosphère, ou l’eau des rivières et des mers, se combine avec celui de ces fluides vers lequel son essence lui donne la tendance la plus forte, en recoit des qualités nouvelles, parcourt toutes les parties susceptibles d’ac- croissement ou de conservation, maintient dans es fibres lirritabilité à laquelle il doit son nouvement, devient souvent, en terminant sa ’ourse plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une nouvelle substance plus active encore, donne par cette métamorphose à l'être organisé le pouvoir de sentir, ajoute à la faculté d’être mu celle de se mouvoir, convertit une sujétion passive en une volonté efficace, et com- plète ainsi la vie et l’animalité. Nous venons de voir que les mêmes formes extérieures et intérieures se présentent dans les poissons cartilagineux et dans les poissons os- | seux : les résultats de la conformation prise dans toute son étendue doivent done être à peu près les mêmes dans ces deux sous-classes re- marquables. Et voilà pourquoi les osseux nous offriront des habitudes analogues à celles que pous avons déjà considérées en traitant des car- tilagineux, non-seulement dans la manière de venir à la lumière, mais dans celle de com- battre, de fuir, de se cacher, de se mettre en embuscade, de se nourrir, de rechercher les eaux les plus salutaires, la température la plus convenable, les abris les plus sûrs. Voilà pour- quoi encore nous verrons dans les osseux, comme dans les cartilagineux, l'instinct se dé- grader à mesure que des formes très-déliées et un corps très-allongé seront remplacés par des proportions moins propres à une grande variété de mouvements, et surtout par un aplatisse- ment très-marqué. Nous verrons même ce dé- croissement de l'intelligence conservatrice, dont nous avons déjà parlé !, se montrer avec bien plus de régularité dans les poissons osseux que dans les cartilagineux, parce qu’il n’y est pas contre-balancé, comme dans plusieurs de ces derniers, par des organes particuliers pro- pres à rendre à l'instinct plus de vivacité que ne peuvent lui en ôter les autres portions de l'or- ganisation. En continuant de considérer dans tout leur ensemble les osseux et les cartilagineux, nous remarquerons que les premiers comprennent un bien plus grand nombre d’espèces rapprochées de nos demeures par leurs habitations, de nos besoins par leur utilité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C’est principalement leur histoire qui, entraînant facilement la pensée hors des limites et des lieux et des temps, rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire, à notre cœur attendri, et les ruisseaux, et les lacs, et les fleuves, et les jeux innocents de l’enfance , et les joyeux amusements d’une jeunesse aimante sur les bords verdoyants de ces eaux romanti- ques. On ébranle vivement l'imagination en peignant l’immense Océan qui soulève majes- tueusement ses ondes , et les flots tumultueux mugissant sous la violence des tempêtes, et les énormes habitants des mers resplendissants au milieu de l’éclatante lumière de la zone torride, ou luttant avec force contre les énormes mon- tagnes de glace des contrées polaires : mais on émeut profondément l'âme en lui retraçant la surface tranquille d’un lac qui réfléchit la clarté mélancolique de la lune, ou le murmure léger d’une rivière paisible qui serpente au milieu de bocages sombres , ou les mouvements agiles, les courses rapides, et, pour ainsi dire, les évo- lutions variées de poissons argentés , qui, en se jouant au milieu d’un ruisseau limpide, trou- blent seuls le silence et la paix d’une rive om- bragée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour le génie; les seconds appartiennent à la touchante sensibilité. 4 Discours sur la nature des poissons, DES POISSONS. TA BLEAU DES GENRES DES POISSONS OSSEUX. — 0 0 0 —— CLASSE DES POISSONS. Le sang rouge; des vertèbres; des branchies au lieu de poumons. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parhes solides de l'intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION. DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, ou CINQUIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule branchial, et une membrane branchiale. DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, où PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre Le museau et l'anus. GENRES. CARACTÈRES. 22. { Point de nageoires, l'ouverture des bran- CÉCILIE. chies sous le cou. 25. Point AuRte Hastoee que celle des : ueue; les ouvertures des narines pla- MONOPTÈRE. se entre les yeux. 5 24. Point de nageoires pectorales ni cauda- LEPTOCÉPHALE. les; l'ouverture ues branthies, située en partie au dessous de la tête. Des nageoires pectorales et de l'anus; point de nageoires du dos ni de la queue. Point de nageoire caudale ; le corps et la | | Con | | 26. queue très-Ilongés, trés-comprimés , et TRICHIURE. en forme de lame; les opercules des branchies placés très-pres des yeux. 27 Des nagecires pectorales, de l'anus et du NOTOPTÈRE dos; point de nageoire caudale; le corps tres-court. ! Point de nageoire caudale; le corps et la queue cylindriques et très-allongés re- 28. lativement à leur diamètre ; la tête pe- OPHISURE, tite; les narines tubulées; la nageoire { dorsale et celle de l'anus très-longues et Lrès-basses. La nageoire de la queue très-courte ; celle du dos et celle de l'anus étendues jus- 22° qu'au-dessus et au-dessous de la queue; TRIURE. le museau avancé en forme de tube; une seule dent a chaque mâchoire, GENRES. CARACTÈBES. Une nageoire de la queue; point de na- poire du dos; les mâchoires non exten- sibles. Des nageoires pectorales, dn dos, et de la .50. APTÉRONOTE. 51 ques point de nageoire de l'anus, ni RÉGALEC e série d'aiguillons à la place de cette À deruière nageoire ; le corps et la queue très-allongés. Une lame longue, large, recourbée, den- 52 RD placée de chaque ES de la mäâ- : choire superieure, et entrainée par tous ODOxTOGNATEE. | jee mouvements dei mächoire de des- sous. Des nageoires pectorales, dorsale, caudale, 55. et de l'anus; les narines tubulées; les MURÈNE, yeux voilés par une membrane; le corps serpentiforme et visqueux, ; Une nageoire de l'anus; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de 31. celle du dos ; la tête comprimée et plus AMMODYTE. étroite que le corps; la lèvre supérieure double ; la mâchoire inférieure étroite | et pointue; le corps très-allongé. La tête couverte de grandes pièces écail leu-es ; le corps et la queue comprimés 55. en forme de lame, et garnis de petites OPHIDIE. écailles ; la membrane des branchies très-large : les nageuires du dos, de la queue et de l'anus, réunies. La mâchoire supérieure très-avancée et 36 en Pme tonnEs le cor ps aus quene L comprimés comme une lame; les na- MACROGNATBE. cotes du dos et de l'anus distinctes de \ celie de la queue. La mâchoire supérieure prolongée en 57. forme de lame ou d'épée, et d'une lon- X1PurAS. gueur au moins égale au tiers de la lon- gueur totale de l'animal. La mâchoire supérieure prolongée en forme de lame d'épée, et d'une longueur 58 égale au cinquième ou tout au plus au MAKAIRA quart de la longueur totale de l'animal ; Ê deux boucliers osseux et lancéolés de chaque côté de l’extrémité de la queue; deux nagroires dorsales. k { Le museau arrondi; plus de cinq dents 39. > 4 à : ANABHIQUE. coniques ; des dents uiolaires en haut et ù | en bis; une longue nageoire dorsale. Le corps allongé et comprimé; la tête et l'ouverture de la bouche très-grandes; 40. le museau large et déprimé; les dents COMÉPHORE. très-petlites; deux nageoires dorsales, plusieurs rayons de la seconde, garnis \ de longs filaments. et { Le corps très-comprimé et ovale. Le corps très-comprimé et assez court; 2 | chaque côté de l'animal représentant REOMBE une sorte de rhombe; des aiguillons ou RES | rayons non articulés aux nageoires du dos ou de l'anus. DIX-HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou DEUXIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS JUGULATRES. Des nageoires situées sous la gorge. Un seul rayon à Chacune des nageoires Ju- ulaires; trois rayons à la membrane He branchies; le corps allongé, come primé, et en forme de lame. 45. MURENOÏDE. 4 GENRES. CARACTÈRES. La tête plus grosse que le corps; les on- aa vertures branchiales sur la nuque; les e nageoires jugulaires très-éloignées l'une CALLIONVNE. de l'autre; le corps et la queue garuis d'écailles à peine visibles. La tête plus grosse que le corps: les ou- vertures branchiales placées sur les cô- 45. tés de l'animal ; les nageoires Jugulaires CALLIOMORE. très-eloignées l'une de l'autre ; le corps et la queue garuis d'écailles a peine visi- bles. ; La tête déprimée, et plus grosse que le corps; les venx sur la partie supérieure de la tête, et très-rapprochés ; la mä- choireinférieure beaucoup plus avancée que la supérieure; l'ensemble formé par le corps et la queue, presque coni- que, et revélu d'écailles trés-faciles à distinguer; chaque opercule branchial composé d'une seule pièce, et garni d'une membrane ciliée. ! La tête comprimée, et garnie de tubercu- les où d'uiguillons; une ou plusieurs pièces de chaque opercule, dentélées; le corps el la queue allongés, comprimés, et couverts de petites écailles ; l'anus [ situé très-près des nageoires pectorales. ! La tête comprimée : les yeux peu rappro- chés l'un de l'autre, et placés sur les cô tés de la tête; le corps allongé, peu comyrimé, et revêtu de petites écailles; les opercules composés ue plusieurs pieces, et bordés d'une membrane non ciliée. ï | La tête très-déprimée et très-large ; l'ou- 45. URANOSCOPE. | 47. TRACHINE. 48. GADE. 49. verture de la bouche très-grande; un BATRACHOÏDE. ou plusieurs barbillons attachés autour ou au-dessous de la mächoire imféricure. Le corps et la quene allongés et compri- més; deux rayons au moins, et quatre rayous au plus à chacune des nageoires 1 jugulaires. Une seule nageoire dorsale; cette na- geoire du dos commenc u-dessus de la tête, et s'étendant jusqu'a la nageoire caudale, ou à peu pres ; u:: seubrayon à chaque nageoire jogulaire. 50. BLENNIE. Bi: OLIGOPODE. 82 Le. cocps très-comprimé et caréné par ee dessus ainsi que par-dessous; ie Corps KURTE. élevé. Le corps et la queue très-hants. très-com- 554 primés, el aplalis latéraiement de ma- CBRYSOSTROME. uière à représenter un ovaie; une seule nageoire dorsale. DIX-NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS THORACINS,. Des nageoires inférieures placecs sous la poitrine et au-dessous des pectorales. { Le corps très-allongé et comprimé en Be forme de lame ; un seul rayon aux na- BEPIDOPE* geoires thoracines et à celle de l'anus. 53. {noi rase : RULES | l'oint de nageoire de l'anus. Une nageoire de l'anus; plus d’un rayon à chaque nageoire thoracine; le corps et 36. Ja queue très-allongés et comprim CÉPOLE. forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tète; les écailles très- petites. HISTOIRE NATURELLE GENRES. 57. TÆNIOÏDE. 59 GOBIOÏDE. 60. GOBIOMOKE 61. GOBIOMOROÏDE. 62. GOBIESOCE. 65. SCOMBRE. 64. SCONBEROÏDE. 65. CARaNx. 66. THACHINOTE. 67. CARANXOMORE, 68. CÆSi0. 69. CÆSIOMORE. CARACTÈRES. Une nageoire de l'anus; les nageoires pec- torales en forme de disque, et compo- sées d'un grand nombre de rayons : le corps et la queue très-allongés et com- primés en forme de lame; le ventre à peu Dés de la longueur de la tète; les écailles très-petites ; les yeux à peine visibles; point de nageoire caudale. Les deux nageoires thoracines réunies l'uue à l'autre; deux nageoires dorsales. ’ Les deux nageoires thoracines réunies | l'une à l'autre; une seule nageoire dor- sale ; la tête petite; les opercules atta- | chés dans une grande partie de leur con- tour. { Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l'autre; deux nageoires dorsales;: la tête petite; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur coutour. | Les deux nageoires thoracnes non réunies | l'une à l'autre: une seule nigeoire dor- sale; la tête petite; es yeux rappror hés; | les opercules attachés dans uné grande | partie de leur contour. | Les deux nageoires (horacines non réunies | l'uue à l’autre; uue seule nageoire dor- sale; cette nageoire courtect placée au- dessus de l'extrémité de la queue, très | près de la nageoire caudale; la tête \ _tres-grosse et plus large que ie Corps. | Deux nageoires dorsales; une où plusieurs pelites nageuires au-dessus et au-des- sous de la queue ; les côtés de la queue carénés, ou une petite nageoire Compo- sée de deux aiguillons réunis par une membrace au-devant de la nageoire de l'anus. | De petites nageoires au-dessus el au-dese sous de la queue; une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguilions au-devant de la nageoire du dos. Deux nageoires dorsales ; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalemient en carence, ou une petite nageoire composée de deux ai- guislons et d'une membrane au-devant de la nageoire de l'anus. ! Deux nageoires dorsales ; point de petites | nageoires au-dessus niau dessous de la 4 A queue; les côtés de la queue relevés lon- gitudinalement en carene, où une pe- tte nageoire composée de deux aiguil- iouser d’une membrane au-devant de la nageoire de l'anus; des aiguillons ca- ches sous la peau au-devant des na- geoires dorsales. \ / Une seule nageoire dorsale ; point de pe- | | \ tiles nagecires au-dessus ni au-dessous de la queue ; les côtés de la queue rele- vés longitudinalement en Carèue, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'uue membrane au-devant de la nageoire de l’anus, ou la nageoire dorsale trés-prolongée vers celle de la queue ; la lèvre supérieure tres-peu ex- tensible où non extensible, point d'ai- guillous isolés au-devant de la nageoire un dos. Une seule nageoire dorsale; point de pe- tites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue: les côtés de la queue rele- vés longitudinalement en carène, ou une petile nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-de- vant de la nageoire de l'auus , où la na- gcoire dorsaie très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très extensible; point d'aignilons isolés au: devant de la uageoire du dos. Une seule nageoire dorsale; point de pe- tites nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue: point de carène latérate à la queue, ni de petite nageoïre au-de- vant de celle de l'anus; des aiguillons isulés au-devant de la nageoire du dos. GENRES, 70. Cons. 71. GOMPHOSE. 72. NasON. 73. KIPHOSE. 74. OsPUHRONÈME, T5. TBICHOPODE. “6. | MONODACTYLE. | / 77. | PLECTORHINQUE. | el POGONIiAS. 79. BOSTRYCHE. Sol BOSTRYCHOÏDE, | ASE ECHENEIS. 82. | MACROURE. 83. CORYPHÈNE. { AT HEMIPTERONOTE. \ DES POISSONS. CARACTÈRES. La tête grosse et plus élevée que le corps; le corps comprimé et très-allongé ; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une où deux fois plus allongé que les autres; point d'écailles semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la cou- verture lamelieuse et d’une scule pièce représente une sorte de casque. Le museau allongé en forme de clou ou de masse; la tête et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du dos. Une protubérance en forme de corne, ou de grosse loupe, sur le nez; deux pla- ques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue; le corps et la queue recouverts d'une peau rude et comme chagrinée. Le dos très-élevé au-dessus d'une ligne ti- rée depuis Le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire caudale; une bosse sur la nuque; des écailles semblables à celles du -dos sur la totalité ou une grande partie des opercules, qui ne sont pas dentelés. Cinq ou six rayons à chaque nageoire tho- racine ; le premier de ces rayons aiguil- lunné, et le second terminé par un fila- ment tres-long. Un seul rayon beaucoup plus long que ie corps à chacune des nageoires thoraci- nes; une seule nageoire dorsale. Un seul rayon très-court et à peine visible à chaque nageoire thoracine ; une stuie nageoire dorsale, Une seule nageoire dorsale; point d'ai- guillons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale ni de petite nagevire au-devant de celle de l'anus; les lèvres plissées et contournées; une ou plusieurs lames de l'opercule brau= chial, dentelées. Une seule nageoire dorsale; point d'aiguil- lons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale ni de petite ma- geoire au-devant de celle de l'anus; un très-grand nombre de petits barbillons à la mâchoire inférieure. Le corps allongé et serpentiforme ; deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons a la mâchoire supérieure; les yeux a-sez grands et sans voile. Le corps allongé et serpentiforme; une seule nageoire dorsale; celle de la quene séparée de celle du dos; deux barbil- lons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. Une plaque très-grande, ovale, composée de lames transversales , et placée sur la tête, qui est déprimée. Deux nageoires sur le dos; la queue deux fois plus longue que Le corps. Le sommet de la tête très-comprimé, et comme tranchant par le haut, où tres- élevé et finissant sur le devant par un plan presque verticul, ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, ou garni d'écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps et la queue, Le sommet de la tête très-comprimé, et come tranchant par le haut, ou très- élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical. ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, où garui d'écailles semblables a celles du do; ; une seule nageoire «dorsale, et la longueur de cette nagroire du dos ne sui passant pas Ou surpassant à peine la moitié de la longueur du corps et de la queue pris ensemble. GENRES. 3. CORYPHENOÏDE. 86. ASPIDOPHORE. 87. ASPIDOPHOROÏDE, 88. COTTE. 89. SCORPÈNE. 90. SCOMBEROMORE. 91. GASTEROSTÉE. 92. CENTROPODE. 95. CENTROGASTÈRE, 94. CENTRONOTE. 95. LEPISACANTHE. 96. CEPHALACANTIIE. 97. | DACTYLOPTÈRE. 98. PRIONOTE. 9. TRIGLE. 100. PSRISTEDION. © CARACTÈRES. Le sommet de lx tête très-comprimé, et comine tranchant par le haut, ou très- élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, où terminé anté- rieurement par un quart de cercle, où garni d'écailles semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale; l'ou- verture des branchies ne consistant que dans une fente transversale. Le corps et l1 queue couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse; deux nageoires sur le dos; moins de quatre rayons aux uageoires thuracines. { Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse ecailleuse ; une sene na- geoire sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. La tête plus large que le corps; la forme générale un peu conique; deux nageoi- res sur le dos; des aiguillons ou des tg- bercules sur la tête ou sur les opercules des branchies; plus de trois rayons aux nageoires (horacines. La tête garnie d'aiguillons, ou de protubé- rances, où de barbillons, et dépourvue de petites écailles ; une seule nageoire dorsale. { Une seule nageoire dorsale ; de petites na- geoires au-dessus et au dessous de la queue; point d'aiguillons isolés au-de- vant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale; des aiguillons isolés, ou presque isolés, au-devant de la nageoire du dos; une carène longitn- dinale de chaque côté de la queue; un ou deux rayons au plus à Chaque na- geoire thoracine; ces rayons aiguil- lonnés. Deux nageoires dorsales; un aiguillon et ciaq où six rayons articulés très-pelits à chaque nageoire thoracine; point de piquants isolés au-devant des nageoires du dos, mais les rayons de la première dorsale à peine réunis par une mem- brane; point de carène latérale à la queue. Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire thoraciue. Une seule nageoire dorsale; quatrerayons au moins à chaque thoracine; des pi- quants isolés au-devant de la nageoire du dos; une saillie longitudinale sur | chaque côté de la queue, on deux aguil- lons au-devant ue la nageoire de l'auus, Les écailles du dos grandes , ciliées et ter minées par un aiguillon; les opercules dentelés uaus leur partie postérieure, et dénués de petites écailles ; des aiguil- luns isoles au-devant de la uageoire dor- sale. Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux piquants dentelés et très- longs ; point d'aiguillons isolés au de- vant de la nageoire du dos. Une petite rageoire composée de rayons | soutenus var uue membrane, auprès de | la base de chaque nageoire pectorale. | Des aiguillons dentelés entre tenx na- geoires dorsales; des rayous articulés es et non réunis par une membrane auprès de chacune des nageoires pectorales. Point d'aiguillons dentelés entre les denx nageoires dorsales; des rayons articulés et non réunis par une membrane, au- près de chacune des nageoires pecto- rales. Des rayons articulés et non réunis par une membrane auprès des nageoires peetorales ; une seule nageoire dorsale ; point d'aiguillons dentelés sur le dos une où plusieurs plaques osseuses au- dessous du corps. 6 HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. Point de rayons articulés et libres au- près des nageoires pectorales, ni de 101 plaques osseuses au-(lessous du corps; e la première nageoire du dos arrondie, GENBES. I8TIOPHORR® très - longue, et d'une hauteur supé- rieure à celle du corps; deux rayons à chaque thoracine. Point de nageoire de l'anus; une seule 102: nageoire dorsale; les rayons des nageoi- GYMAÈTRE. res thoracines très-allongés. Le corps couvert de grandes écailles qui 105. se détachent aisément ; deux nageoires MULLE. dursales; plus d'un barbillon à la mâ- choire ivferieure. Les écailles grandes et faciles à détacher; le sommet de la tête élevé; deux nageoï- res dorsales; point de barbillons au- dessous de la mâchoire inférieure. 104. APOGON. La nageoire de la queue lancéolée ; cette nageoire et les pectorales aussi longues, au moins, que le quart de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale longue et profondément échancrée ; deux barbilions à la mächoire infé- rieure, 105. LONCHURE. Les thoracines au moins de la longueur du corps proprement dit ; la nageoire cau- dale tres-fourchue, et à peu près aussi longne que le tiers de la longueur totale de l'animal; la tête proprement dite et les opercules revêtus d'écailles sembla- bles à celles du dos; l'ouverture de la bouche très-petite. La lèvre supérieure extensible; point de denis incisives ou molaires ; les oper- cules des branchies dénués de piquants 107. et de dentelure; une seule nageoire dor- LABRE. | sale; cette nageoire du dos très-séparée 106. MACROPODE. de ceile de la queue, ou très éloignée de la nuque, ou compo-ée de rayons terminés par un filament. La lèvre supérieure extensible ; les oper- cules des brauchies dénués de piquants et de dentelure; une seule nageoire dorsale ; cette nageoïre du dos très-se- parée de celle de la queue, ou très-eloi- gnée de la nuque, ou composée de ravous terminés par un filament; de grandes écailles ou des appendices pla- cés sur la base de la nageoire caudale, ou sur les côtés de la queue. La lèvre supérieure extensible; point de dents incisives ni molaires; les opercu- les des branchies dénnés de piquants et de dentelure; deux nageoires dor- sales. 108, CBEILINE. 109. CBSILODIPTÈRE. quanis et de dentelure: une seule na- geoire dorsale; la tête aplatie, arrondie par-devant, semblable à celle d'un ser- pent, et couverte d'écailles polygones, plus grandes que celles du dos, et dis- posées à pen pres comme celles que l'on voit sur la tête de la plupart des couleu- vres; tous les rayons des nageoires ar- ticulés, Toute la surface de l'animal dénuée d'é cailles favilement visibles ; la queue re- présentant deux cônes tronqués , appli- nés lesommet de l'un coutrele sommet de l'autre, et inégaux en longueur; la caudale très-courte ; chaque thoracine comyosée d'un ou plusienrsrayons mous et réunis ou enveloppés de manière à imiter un barbillon charnu. 110. OCPHICEPHALE. LR Point de dents incisives ni molaires; les | opercules des branchies dénués de pi- HOLOGYMNOSE. | 112. SRE tenant lieu de véritables dents; une seule nageoire dorsale. Les mächoires osseuses très avancées, et tenant lieu de véritables dents ; deux nageoires dorsales. { Les mâchoires osseuses très-avancées, et 415. OSTORHINQUE. CARACTÈRES. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou nou extensibles ; ou des dents incisives, GENRES. ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; point Ge piquants nl de dentelure aux opercules; une seule nageoire dorsale; cette nageoire éloi- gnée de celle de la queue, ou la plus grande hauteur du corps proprement dit, supérienre, ou égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. 114. SPARE. Les lèvres supérieures pen extensibles, ou non extensibles; ou des dents incisi- ves, on des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; point de piquante ni de denteiure aux opercules; denx na- geoires dorsales; la seconde nageoire du dos éloigné- de celle de la queue, ou la plus grande hauteur du corps propre- ment (it, supérieure, ou égale, ou pres- que égale à la longueur de ce même corps. 115. DIPTÉBODON. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de chaque opercule ; point de piquants à ces pièces; une seule nageorre dor- sale; un seul barbillon ou point de nb irbillons aux mächoires. 116. LUTJAN. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de chaque opercule; point d'aiguillons à ces pièces; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; deux na- geoires dorsales. 117. CENTROPOME. 118. dentelure aux opercules ; un seul bar- BODIAN. billon ou point de barbillons aux mâ- choires ; une seule nageoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons, et point de dentelure aux opercules ; un seul bar- bil'on ou point de barbillons aux mâ- choires: une nageoire dorsale étendue depuis l'entre-deux des yeux jusqu'à la nageoire de la queue, ou très-lonzue et composée de plus de quarante rayons- 119. TÆNIANOTE. É ou plusieurs aiguillons et point de Un ou plusieurs aiguillons, et point de 120. dentelure aux opereules ; un seul bar- SCIÈNE. billon ou point de barbillons aux m& choires; deux nageoires dorsales. dentelure aux opercules; un barbillon ou point de barbillons aux mächoires ; deux nageoires dorsales ; la seconde très-basse. très-courte, et comprenant au plus cinq rayons. 121. Un ou plusieurs aiguillons et point de MICROPTÈRE. 122. HOLOCENTRE. lure aux opercules; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; une Un où plusieurs aiguillons et une dente- seule nageoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons et une dente- lure aux opercules; un barbillon ou point de barbillous aux mâchoires; deux nageoires dorsales. Plusieurs dents très-longues, fortes et recourbées au sommet et auprès de 123. ( | l'articulation de chaque mâchoire; des PERSÈQUE. dents petites, comprimées et triangu- laires, de chaque côté de la mächoire supérieure, entre les graniles dents voi- sines de l'articulation et celles du som- met; un barbillon comprimé et triangu- { aire de chaque côté et auprès de la | commissure des lèvres ; les thoracines, 124. HARPÉ. la dorsale et l'auale, très-grandes, et en forme de faux; la caudale convexe dans son milieu, et eteudue en forme de faux très-allongée dans le haut et dans le bas; l'anale attachée autour d'une pro- longation charnue, écailleuse, très- grande, comprimée et triangulaire. La totalité ou une grande partie de la dor- sale, de l'anale et de la nageoïre de la queue, alipeuse. ou presque adipeuse ; les nageoires inférieures situées plus loin de la gorge que les pectorales. 125. PiMÉLEPTÈRE. GENRES, 126, Cuerciox. 127. POMATOME. Ms: LEIOSTOME. 129: CENTROLOPHE, 150. CHEVALIER. 451. LÉIOGNATHE. 152. CueTODON-. 155. ACANTHINION. . 434 CHÉTODIPTÈRE, | | DES POISSONS. CARACTÈRE. Le corps et la queue très-allongés ; le bout du museau aplati; la tête et les opercules dénués de petites écailles ; les opercules sans deutelure et sans ai- guillous, muis ciselés; les levres, et surtout celle de la mâchoire inférieure, trés-pendautes; les dents tres-petites ; la dorsale basse et très-longue; les rayons aiguillonnés ou non articulés de chaque nageoire, aussi mous ou presque aussi mous que les articulés; une seule dorsale ; les thoracines très-petites. L'opercule entaillé dans le haut de son bord postérieur, et couvert d'écailles semblables à celles du dos: le corps et la queue allongés : deux nageoires dor- sales ; la nageoire de l'anus très-adi- peuse. Les mâchoires dénuées de dents , et entiè- rement cachées sous les lèvres ; ces mé- mes lèvres extensibles ; la bouche pla- cée au-dessous du museau; point de deutelure ni de piquant aux opercules; deux nageoires dorsales. Une crête longitudinale, et un rang longi- tudinal de piquan -séparés les uns des autres , et cach partie sous la peau au-dessus de la nuque; une seule nageoire du dos; cetie dorsale très-basse et très-longue ; les mâchoires garuies de dents très-petites, très-fines, égales et un peu écartées les unes des autres ; moins de cinq rayons à la membrane brauchiale. Plusieurs rangs de dents à chaque mä- choire; deux nageoires dorsales; la pre- mière presque aussi haute que le corps, triangulaire, et garnie de très-long fila- ments à l'extrémité de chacun de ses rayons; la seconde basse et très-longue; l'anale très-courte, et moins granite que chacune des thoracines, cette anale, les deux nageoires du dos,et celle de la queue. couvertes presque en entier de petites écailles; l'opercule sans piquants ni dentelure; les écailles grandes et dentelées. É Les mâchoires dénuées de dents propre- ment dites ; une seule nageoire du dos; un aiguillon recourbé et très-fort, des deux côtés de chacun des r:yons articu- lés de la dorsile; un appendice écail- leux, long et aplatt auprès de chaque thoracine ; lopéreule dénué de petites écailles, et un peu ciselé; la hauteur du corps é:ale ou presque égale à la moitié de la longueur totale du poisson. corps et la quere tres-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale où sur d'autres nageoires, où la hauteur du corps supérieure où du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau pius où moins avancé; f dents petites, fl-xibles et mobiles; le Les dents petites. flexibles et mobiles; le corps et la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale où sur une seule nageoire dorsale; point de dentelure ni de prquants aux opercules. d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moius égale à sa longueur; l'ouverture de li bouche petite; le museau plus où moins avancé; une seule :ageoire dorsale; plus de deux aiguillons dénués ou presque dé- nués de membrane au-devant de la na- geoire du dos. Les dents petites, flexibles et mobiles ; le corps el la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bonche petite, le museau , lus ou moins avance; point de dentelure ni de piquunts aux opeicules; deux Lageoires doisales. GENRES. POMACENTRE. 156. POMADASYS. 437. POMACANTHE. 158. HOLACANTHE. , 459. ENOPLOSE. 140. GLYPHISODON. aat. ACANTHURE. 142. ASPISURE. 145. ACGANTHOPODE. 2 ( | | | 7 CARACTÈRES. Les dents petites, flexibles et mobiles ; le corps et la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, où la hauteur du corps supérieure où du moins egale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche pe- tite; le museau plus ou moins avancé: une dentelure, et porut de longs pi- quants aux opercules; une seule na- geoire dorsale. Les dents petites, flexibles et mobiles ; [e corps et la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale où sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche pe- tite ; le museau plus ou moins avancé ; une dentelure, et point de longs pi- uants aux opercules ; deux nageoires orsales. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale où sur d'autres nageoires, où La hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bou he pe- tite; le museau plus ou moins avancé; un où plusieurs longs piquants et joint de dentelure aux opercules ; une seule nageoire dorsale. Les dents petites , flexibles et mobiles ; [e corps et la queue tres-comprimés; de petites écailes sur la dor-ate ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche pe- tite; le museau plus où moins avancé ; une dentelure et un ou plusieurs longs piquanis à chaque opercule ; une seule nageoire dorsale. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps el la queue très-comprimés; de très petites écailles sur la dorsile ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa longueur; Lonverture de la bouche pe- tite; le museau plus ou moins avancé; une dentelure et un ou plusieurs pi- quants à chaque opercule; deux nageoi- res dorsales. Les dents crénelées ou découpées; le curps et la queue très-comprimés ; de e-netites écailles sur la dorsale ou sur d'aiwes nageoires, ou la hauteur du curps supérieure où du muins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus où moins avancé; une nageoire dorsale. Le corps et la quene très-comprimés ; de trés-petiles écailles sur La dorsale ou sur d'autres nagecires, où la banteur du cur,s supérieure ou du moins égale à sa lonsueur ; l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou Hnoins avancé: une nageoire dorsale; un on plusieurs piquants de chaque côté de la queue, Le corps et la queur trés-comprimés ; de très-petites éc dites sur la dorsale on sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins egale à sa longueur; l'ouverture de la bouche pe- tite; le museau plus où moins avancé; uue wageorre dorsale: une plaque dure en forme de petit bouclier, de chaque côté de la queue. Le corps et la queue très-comprimés ; de tres-petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres nageoires, où li hauteur du corps supérieure où du moins égale à sa longueur; l'onverture de la bouche pe- tite; le museau plus ou moins avancé ; uue nageoire dorsale: un on (leux pi- quants à la place de chaque thoracine. CARACTÈRES. L'ensemble dun poisson très-comprimé, et présentant de chaque côté la forme d'un pentazone où d’un tétragone; la ligne du front presque verticae; la dis- tance du plus haut de la nuque au-des- 14. sus du musean, égale au moins à celle SÉLÈNE, de la gorge à la nageoire de l'anus; deux nageoires dorsales ; un on plu- sieurs piquants entre les deux dorsales ; les premiers rayons de la secoude na- geoire du dos s'étendant au moins au- delà de l'extrémité de la queue. ! Le corps et la queue très-comprimés; une seule nageoire dorsale; plusieurs rayons de cette nageüire terminés par des fila- ments très-1ongs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire | du dos; une membrane verticale placée GENRES. 145. ARGYREIOSE. transversalement au-dessous de la le- vre supérieure ; les écailles très-petites; les thoracines très-allongées; des aiguil- lons au-devant de la nageoire du dos et de celle de l'anus, [Le corps et la queue très-comprimés ; des dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale ; pusieurs rayons de cette na- geoire terminés par des filaments très- longs, «u plusieurs piquants le long de 150. { PLEURONECTE. | 151. 146. chaque côté de la nageoire du dos; une ACHIRE. | LEE. membrane verticale ‘placée transversa- lement E -dessaus de la lèvre supé- Ricures les écailles très-petites ; point d'aiguillons au-devant de la nagevire du dos, ni de celle de l'anus. Le corps et la queue très-comprimés; des dents aux mâchoires; deux nageoires ces nageoires terminés par des filaments très longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté des nageoires du dos; une membrane verticale placée trans- versalement au-dessous de la lèvre su- périeure; les évaiiles très-petites ; d'aiguilions au-devant de la première ni de la seconde dorsale , ni de la na- g'oire de l'anus. Le corps et la queue très comprimés ; la plus grande hauteur de l'animal égale ou presque égale à la longueur du corps et de la queue pris eusemble; point de dents aux mächoires ; une L'ANARHIQUE KARBAK. | 5. L ANABHIQUE PAN- TUERIN. L'ANARHIQUE LOUP ‘. Auarhichas Lupus, Linn., Bl., Cuv., Lacep. Ce poisson peut figurer avec avantage à côté du xiphias, et par sa force, et par sa gran- deur. Il parvient quelquefois, au moins dans les mers tres-profondes, jusqu’à la longueur de cinq mètres; et s’il n’est point armé d’un glaive comme l’espadon et l'épée, s’il ne paraît pas se mouvoir au milieu des ondes avec autant d’agi- lité que ces derniers animaux, il a reçu des dents redoutables et par leur nombre, et par leur forme, et par leur dureté; il présente même des moyens plus puissants de destruction que le xiphias, et il nage avec assez de vitesse pour atteindre facilement sa proie. Son organi- sation intérieure lui donne d’ailleurs une très- grande voracité. Féroce comme les squales, terrible pour la plupart des habitants des mers, vrai loup de l'Océan, il porte le ravage parmi le plus grand nombre de poissons, comme la bête sauvage dont il a reçu le nom, parmi les * Anarhichas lupus.—Sea-wolf, en Angleterre.—Zoup- marin crapaudine, Daubenton, Enc. méth.—1d. Bonnater- re, pl. de l'Enc. méth.—Zupus marinus nostras, Schonev., p- 45. — Lupus marinus Schoneveldii, Jonston, tab. 47. fig. 2.— Lupus marinus nostras et Schoneveldii, Wil- lughby, p. 150, tab. H,5, fig. 1.— Lupus marinus, Rai, Pisc. 40. — Anarhichas scansor, Gesner (Germ.), fol. 65, a. — Anarhichas, Artedi, gen. 25, syn. 58. — Gronov., mus.1, p.16, n.44; Zoopa., p. 151, n. 400. — 4narhichas lupus non maculatus, Müller, prodrom. Zool. dan., p. 40, n. 552. Ot. Fabric. Faun, Groeuland., p.158, n, 7. — Zalargus, Klein, Miss. pisc. 4, p. 16.— Ravenous, Brit. Zool. 5, p. 157, tab. 24. — Sea-wolf, Olear., mus. 53, tab. 27, fig. 2. — Loup Marin, lapus marinus piscis, Nalmont de Bomure, Dict. d'hist nat. IT, troupeaux sans défense ; et bien loin d’offrir ces marques d’une affection douce, cette durée dans l'attachement, ces traits d’une sorte de socia- bilité que nous avons vus dans le xiphias, il montre, par l’usage constant qu’il fait de ses armes, tous les signes de la cruauté, et justifie le nom de Ravisseur qui lui a été donné dans presque toutes les contrées et par divers obser- vateurs. Son corps et sa queue sont allongés et comprimés: aussi nage-t-il en serpentant comme les trichiures , ou plutôt comme les murènes et le plus grand nombre de poissons de l'ordre que nous examinons; et c’est vraisemblablement parce que les diverses ondulations de son corps et de sa queue lui permettent quelquefois, et pendant quelques moments, de ramper comme l'anguille, et de s’avancer le long des rivages, qu’il a été appelé Grimpeur par quelques na- turalistes. Sa peau est forte, épaisse, gluante, ainsi que celle de l’anguille; ce qui lui donne la facilité de s'échapper comme cette murène, lorsqu'on veut le saisir; et les petites écailles dont ce tégument est revêtu, sont attachées à cette peau visqueuse, ou cachées sous l’épi- derme, de manière qu’on ne peut pas aisément les distinguer. La tête de l’anarhique que nous décrivons, est grosse , le museau arrondi, le front un peu élevé, l’ouverture de la bouche très-grande; les lèvres sont membraneuses, mais fortes, et les mâchoires d'autant plus puissantes, que cha- cune de ces deux parties de la tête est compo- sée, de chaque côté, de deux os bien distincts, grands, durs, solides, réunis par des cartilages, et s’arc-boutant mutuellement. C’est au-devant de ces doubles mâchoires qu’on voit, tant en haut qu’en bas, au moins six dents coniques propres à couper ou plutôt à déchirer, diver- gentes, et cependant ressemblant un peu, par leur forme , leur volume et leur position, à celles du loup et de plusieurs autres quadru- pèdes carnassiers. On voit d’ailleurs cinq rangs de dents molaires supérieures, plus ou moins irrégulières , plus ou moins convexes, et trois rangs de molaires inférieures semblables. La langue est courte, lisse, et un peu arrondie à son extrémité. Les yeux sont ovales. Il résulte done de l'ensemble de toutes ces formes que présente la tête de l’anarhique Loup, que lorsque la gueule est ouverte, cette même tête a beaucoup de rapports avec celle de quelques quadrupèdes , et TsPEuSrement 58 de plusieurs phoques; et voilà donc cet anar- hique rapproché des mammifères carnassiers , non-seulement par ses habitudes , mais encore par la nature de ses armes et par ses organes extérieurs les plus remarquables. Au reste, comment le loup ne serait-il pas compris parmi les dévastateurs de l'Océan ? Il montre ces dents terribles avec lesquelles une proie est si facilement saisie, retenue, déchirée ou écrasée: et de plus, ses intestins étant très- courts , ne doit-il pas avoir des sues digestifs d’une grande activité, et qui, par l’action qu’ils exercent sur ce canal intestinal, ainsi que sur son estomac, dans les moments où ils ne con- tiennent pas une nourriture copieuse , lui font éprouver vivement le tourment de la faim, et le forcent à poursuivre avec ardeur, et souvent à immoler avec une sorte de rage, de nombreuses viatimes? Quelques dents de moins, ou plutôt quelques décimètres de plus dans la longeur du canal intestinal, auraient rendu ses habitudes assez douces. Mais les animaux n’ont pas comme l’homme, cette raison céleste, cette intelligence supérieure qui rappelle, embrasse ou prévoit tous les in- stants et tous les lieux, qui combat avec succès la puissance de la nature par la force du génie, et, compensant le moral par le physique , et le physique par le moral, accroit ou diminue à son gré l'influence de l'habitude , et donne à la volonté l’indépendance et l'empire. L'anarhique loup, condamné done, par sa conformation et par la qualité de ses habitudes, à rechercher presque sans cesse un nouvel ali- ment, est non-seulement féroce, mais très-vo- race : il se jette goulument sur ce qui peut apai- ser sesappétits violents. Il dévorenon-seulement des poissons, mais des crabes et des coquiilages ; ii les avale même avec tant de précipitation, que souvent de gros fragments de dépouilles d'animaux testacées, et des coquilles entières , parviennent jusque dans son estomac, quoiqu'il eût pu les concasser et les broyer avec ses nombreuses molaires. Ces coquilles entières et ces fragments ne sont cependant pas digérés où dissous par ses sucs digestifs, quelque acti- ves que soient ces humeurs, pendant le peu de séjour qu’ils font dans un canal intestinal très- court, et dont le loup est pressé de les chasser, pour les remplacer par des substances nou- elles propres à apaiser sa faim sans cesse re- HISTOIRE NATURELLE n’a pas la force nécessaire pour les réduire , par la trituration, en très-petites parties : mais ce poisson s’en débarrasse presque toujours avee beaucoup de facilité, parce que l'ouverture de son anus est très-considérable et susceptible d’une assez grande extension. C’est dans l'Océan septentrional que se trouve le loup. On ne le voit ordinairement en Europe qu’à des latitudes un peu élevées ; on l'a re- connu à Botany-bay sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande! ; mais il se tient communé- ment pendant une grande partie de l’année à des distances considérables de toute terre et dans les profondeurs des mers ; il ne se montre pas pendant l’hiver près des rivages septentrio- naux de l’Europe et de l'Amérique; et c’est à la fin du printemps que sa femelle dépose or- dinairement ses œufs sur les plantes marines qui croissent auprès des côtes. Il s’élance avec impétuosité; et malgré cette rapidité au moins momentanée, plusieurs na- turalistes.ont écrit que sa natation paraît lente quand on la compare à celle des xiphias : sa force est néanmoins très-grande , et ses dimen- sions sont favorables à ses mouvements rapides. Ne pourrait-on pas dire que les muscles de sa tête, qui serre, déchire ou écrase avec tant de facilité, sont beaucoup plus énergiques que ceux de sa queue, tandis que, dans les xiphias, les muscles de la queue sont plus puissants que ceux de la tête, armée sans doute d’un glaive redoutable, mais dénuée de dents, et qui ne concasse ni ne brise? Nous devons d’autant plus le présumer, que la natation, dont les vrais prin- cipes accélérateurs sont dans la queue , n’es* ordinairement soumise à aucune cause retarda- trice très-marquée, qui ne réside dans une par- tie antérieure de l’animal trop pesante ou trop étendue en avant. N’avons-nous pas vu que la prolongation de la tête des xiphias égale en lon- gueur le tiers de l’ensemble du poisson? et de quel pouvoir ne doivent pas être doués les mus- cles caudaux de ces animaux , pour leur impri- mer, malgré la résistance de leur partie anté- rieure, la vitesse dont on les voit jouir ? Ne pourrait-on pas d'ailleurs ajouter que quand bien même la nature, la forme, le vo- lume et la position des muscles caudaux leur donneraient à proportion la même force dans le loup et dans les xiphias, cet anarhique devrait { Voyage de Tench, capitaine de la Charlotte, à la baie Bo- naissante. D'ailleurs l'estomac de cet anarhique | tanique, en 4787. DES POISSONS. 59 s’avancer, tout égal d’ailleurs, avec moins de rapidité que ces derniers, parce que sa tête as- sez grosse, arrondie et relevée , doit fendre Veau de la mer avec moins de facilité que le glaive mince et étroit des xiphias ? Quoi qu’il en soit de la force de la queue du loup, celle de sa tête est si considérable, et ses dents sont si puissantes, qu’on ne le pêche dans beaucoup d’endroits qu'avec des précautions particulières Dansla mer d’Ochotsk, auprès du Kamtschatka, vers le cinquante-troisième de- gré de latitude, on cherche à prendre le loup avec des seines ou filets faits de lanières de cuir, et par conséquent plus propres à résister à ses efforts. Dans ce même Kamtschatka , le célèbre voyageur Steller a vu un individu de cette espèce que l'on venait de pêcher, irrité de ses blessures et de sa captivité, saisir avec fu- reur, et briser comme un verre, une sorte de coutelas avec lequel on voulait achever de le tuer, et mordreavec rage des bâtons et des mor- ceaux de bois dont on se servait pour le frapper. Au reste , on va avec d'autant plus de con- stance à la poursuite du loup, qu'il peut four- nir une grande quantité d’aliment, et que sa chair, suivant Ascagne, est, dans certaines cir- constances, aussi bonne que celle de l'anguille. Les habitants du Groenland le pêchent aussi pour sa peau, qui leur sert à faire des bourses et quelques autres ustensiles. Le loup a été nommé Crapaudine, parce qu'on a regardé comme provenant de cet ani- mal, de petits corps fossiles, connus depuis longtemps sous le nom de Bufoniles ou de Cra- paudines. Ces bufonites ont recu la dénomina- tion qu’on leur a donnée dès les premiers mo- ments où l’on s’en est occupé , à cause de l'origine qu’on leur a dès lors attribuée. On a supposé que ces petits corps étaient des pierres sorties de la tête d’un crapaud, en latin Bufo. Ils sont d’une forme plus ou moins convexe d’un côté, plane ou concave de l'autre, d’une figure quelquefois régulière et quelquefois irré- gulière, et communément gris ou bruns, ou roux, Ou d’un rouge-noirâtre. Par une suite de la fausse opinion qu’on avait adoptée sur leur na- ture, on les a considérés pendant quelque temps comme des pierres fines du second ordre : mais lorsque l’histoire naturelle a eu fait de plus grands progrès, on s’est bientôt aperçu que ces prétendues pierres fines n'étaient que des dents de poissons pétrifiées, et presque toujours des molaires. Les uns les ont regardés comme des dents d’anarhique, d’autres comme des dents du spare dorade, d’autres comme des dents de poissons osseux, différents de la dorade et de l’anarhique. Ils ont tous eu raison, en ce qu’on doit rapporter ces fossiles à plusieurs espèces de poissons très-peu semblables l’un à l’autre; et telle a été l'opinion de Wallérius. La plus grande partie de ces dents nous ont paru néan- moins avoir appartenu à des dorades ou à des avarhiques. Au reste, il est très-aisé de séparer parmi ces fossiles les dents molaires du loup d’a- vec celles du spare dorade : les dernières ont une régularité etune convexité que l’on ne voit pas dans les premières. Mais pour être de quel- que utilité aux géologues, et leur donner des bases certaines d’après lesquelles ils puissent lire sur les corps pétrifiés et fossiles quelques points de l'histoire des anciennes révolutions du globe, nous tächerons de montrer, dans notre discours sur les parties solides des poissons, les véritables caractères des dents d'un assez grand nombre d’espèces de ces animaux. Le loup est d’un noir cendré par-dessus, et d’un blanc plus ou moins pur par-dessous ; ce qui lui donne un nouveau rapport extérieur avec plusieurs cétacées. Mais peut-être ne doit-on regarder que comme une variétéde cette espèce, l’anarhique que l'on a désigné par le nom de Strié !, qui présente en effet des stries irrégu- lieres, presque transversales, et brunes, et qui a été péché auprès des rivages de la Grande- Bretagne 2, L'ANARHIQUE KARRAK #, Auarhichas Karrak, Lacep.; A. minor, Cius., Cuv. ET L'ANARHIQUE PANTHÉRIN #. Anarbichas pantherinus, Lacep. r. Ces deux espèces habitent dans l'Océan sep- * Anarhichas strigosus, Linnée, éd. de Gmelin. — Brit. Zool. 5, n. 65, p. 119. 3 À la membrane des branchies du loup 6 rayons, à la na« geoire dorsale 74, à chacune des nageoires pectorales 20, à celle de l'anus 46, à celle de la queue 16; on a compté, à chacune des pectorales de l'anarhique strié 18, et à celle de la queue du même animal 15. 5 Loup marin karrak, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Ot. Fabric. Faun. Groenland , p. 159, n. 956. — 4narhichas minor, Müller, Prodrom. Zool. dan.—Olafs. Island., p.892, t. 42. + Kusatschka, en Russie. — Zoview, Act. Petrop.1781, 1, p.271, tab. 6. 5 M. Cuvier ne mentionne pas cette dernière espèce. D, 60 tentrional , la première dans la mer du Groen- land, et la seconde dans la mer Glaciale. Elles ont d’ailleurs beaucoup de rapports l’une avec l’autre. Le karrak a les yeux très-gros et rapprochés du sommet de la tête, quia, dit-on, quelque ressemblance vague avec celle d’un chien. L'ou- verture de sa bouche est grande; les deux mä- choires présentent de chaque côté trois dents aiguës et inégales; et dans l'intervalle qui sé- pare par-devant ces deux triolets, on compte deux autres dents plus petites. La nageoire dorsale s'étend depuis le cou jus- qu'à une très-petite distance de la nageoire de la queue". Le karrak est ordinairement d'un gris noi- râtre, et ne parvient pas à des dimensions aussi considérables que le loup. Peut-être le panthérin est-il communément encore moins grand que le karrak; peut-être a- t-on eu raison d'écrire que sa longueur ordinaire n’est que d’environ un mètre. On lui a donné le nom que j'ai cru devoir lui conserver, parce que sur un fond plus ou moins jaunâtre, et par conséquent d’une teinte assez semblable à la couleur de la panthère, il présente, sur presque toute sa surface, des taches rondes et brunes. Sa tête est un peu sphérique; ses lèvres sont doubles. Au travers de la large ouverture de sa gueule, on aperçoit aisément, de chaque côté de la mâchoire supérieure , deux rangs de dents coniques et plus ou moins recourbées, et deux rangées de dents molaires. Entre les quatre rangs de dents coniques, on voit quatre autres dents placées longitudinalement; et entre les quatre rangées de dents molaires, paraît sur le palais une série longitudinale de sept dents très-fortes, et dont les deux premières sont or- dinairement séparées des autres. La mâchoire inférieure est armée, de chaque côté, de deux rangs de dents molaires, et de deux ou trois rangées de dents coniques. Les yeux sont grands et assez éloignés l’un de l’autre. La nageoire du dos, qui ne com- mence qu’à une certaine distance de la nuque, touche celle de la queue; et ces deux derniers caractères sufliraient pour séparer le panthérin du karrak, dont la nageoire caudale est un peu éloignée de celle du dos, et dont les yeux sont rapprochés sur le sommet de la tête. Deux la- 4 A la nageoire dorsale du karrak 70 rayons, à chacune des pectorales 20, à celle de l'anus 44, à celle de la queue 21. HISTOIRE NATURELLE mes composent chaque opercule branchial ; on ne voit pas de ligne latérale. Les nageoires pec- torales sont arrondies comme celle du loup; la nageoire de la queue est un peu lancéolée . Au reste, suivant l’auteur russe Zoview, qui a fait connaître le panthérin , on ne mange guère en Russie de cet anarhique, quoiqu’on y vante la bonté de sa chair. QUARANTIÈME GENRE. LES COMÉPHORES ?. Le corps allongé et comprimé ; la tête et l'ouverture de la bouche très-grandes ; le museau large et déprime; les dents très-pctites ; deux nageoires dorsales ; plu- sieurs rayons de la seconde garnis de longs filaments. CARACTÈRE. Les nageoires pectorales, de la lon- gueur de la moitié du corps. ESPÈCE. LE COMÉPHORE BAÏKAL. { LE COMÉPHORE BAIKAL ?. Comephorus baïkalensis, Lacep.; Callionymus baïkalen- sis, Pallas. Ce poisson a déja été décrit sous le nom de Calilonyme ; mais il manque de nageoires in- férieures placées au-devant de l’anus. Dès lors il ne peut être inscrit ni dans le genre ni même dans l’ordre des vrais callionymes, qui sont des jugulaires; il doit être compris parmi les apo- des; et les caractères remarquables qui le dis- tinguent, exigent qu’on le place, parmi ces derniers , dans un genre particulier. Le célèbre professeur Pallas l’a fait connai- tre. Il l’a découvert dans le Baïkal, ce lac fa- meux de l’Asie russe, et si voisin du territoire chinois. Le coméphore que nous décrivons, se tient pendant l’hiver dans les endroits de ce lac où les eaux sont le plus profondes; et ce n’est que pendant l'été qu’il s'approche des rivages en troupes nombreuses. Comme plusieurs au- tres apodes de la division des osseux, il a le corps allongé, comprimé, et enduit d’une ma- tière huileuse très-abondante. La tête est grande, aplatie par-dessus et par les côtés, gar- nie de deux tubercules auprès des tempes ; le museau large; la bouche très-ouverte; la mâ- choire inférieureplus avancée que la supérieure, 4 A la membrane brauchiale du panthérin 7 rayons, à la na geoire dorsale 67, à chacune des pectorales 20, à celle de l'a- nus 44, à celle de la queue 20. 2 Les coméphores, selon M. Cuvier, ferment un sous-genre dans le genre CALLIONYME. D. 5 Callionyme baikal, Bonpaterre, pl. de l'Enc. méth. DES POISSONS. et hérissée comme cette dernière, excepté à son sommet, de dents très-petites , crochues et aiguës ; la membrane branchiale tres-lâche , et soutenue par des rayons très-éloignés l'un de l’autre; et la ligne latérale assez rapprochée du dos. La première nageoire dorsale est peu éten- due : mais quinze rayons au moins de la se- conde sont terminés par de longs filaments semblables à des cheveux ; et cette conforma- tion nous a suggéré le nom générique de Porte- cheveux ( coméphore }, que nous avons donné au baïkal. Les nageoires pectorales sont si pro- longées , qu’elles égalent en longueur la moitié de l'animal; pour peu qu’elles eussent plus de surface, qu’elles fussent plus facilement exten- sibles , et que le baïkal püt les agiter avec plus de vitesse, ce poisson pourrait non-seulement nager avec rapidité, mais s'élever et parcourir un arc de cerele considérable au-dessus de la surface des eaux, comme quelques pégases, les trigles, les exocets, ete. !. La nageoire de la queue est fourchue ?. QUARANTE-UNIÈME GENRE. LES STROMATÉES. Le corps très-comprimé et ovale. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1 Des dents au palais; deux lignes : latérales de chaque côté ; “Dlu- LESTROMATER FIÂTOLE: sieurs bandes transversales. Roue de dents au palais; une seule ligne latérale de chaque côté ; point de bandes transversales. ARE -cinq rayons à lanageoire du dos; une seule ligne latérale; point de bandes transversales ; le lobe inférieur de la caudale beau- coup plus long que le supé- rieur. Trente-huit rayons à la dorsale; une seule ligne latérale; point de bandes transv ersales ; les écailles petites, argentées et faiblement attachées à la peau ; le museau avancé en forme de nez, au des- | sous de la mächoire supérieure, { Quarante-six rayons à la nageoire du dos ; une seule ligne latérale ; point de bandes transversales ; point de saillie du museau; la couleur noirätre. Le FETE PARU, Le tire GRIS. Le rs ARGENTE. 5. LE STROMATÉE NO:R. 4 Discours sur la nature des poissons. 3 A la membrane des branchies 6 rayons, à la première na- geoire du dos 8, à la seconde 48, à chacune des nageoires . pectorales 13, à celle de l'anus 32, à celle de la queue 15. a “ Gi _ LE STROMATÉE FIATOLE ‘. Stromateus Fiatola, Linn., Bl., Lacep., Cuv. ? Tous les apodes de la première division des osseux que nous avons déjà examinés, ont le corps plus ou moins allongé, eylindrique et serpentiforme. Dans les stromatées, les propor- tions générales sont bien différentes : l’animal est tres-comprimé par les côtés, et les deux surfaces latérales que produit cette compres- sion sont assez hautes, relativement à leur longueur, pour représenter un ovaie plus ou moins régulier. Cette conformation , unique parmi les apodes que nous décrivons , suffit pour empêcher de confondre les stromatées avec les autres genres de son ordre. Parmi ces stromatées, l'espèce la plus an- ciennement connue est celle que l'on nomme Fiatole, et que l’on trouve dans la mer Médi- terranée, ainsi que dans la mer Rouge. Ses couleurs sont agréables et brillantes; et leur éclat frappe d’autant plus les yeux, qu’elles sont répandues sur les larges surfaces latérales dont nous venons de parler. Ordinairement ce beau poisson est bleu dans sa partie supérieure, et blanc dans sa partie inférieure, avec du rouge autour des lèvres; et ces trois couleurs , que jeurs nuances et leurs reflets marient et fondent les unes dans les autres , plaisent d'autant plus sur la fiatole, qu’elles sont relevées par des raies transversales étroites, mais nombreuses, et communément dorées, qui s'étendent en zigzag sur chacun des côtés de l'animal. La bouche est petite; les mâchoires et le pa- lais sont garnis de dents; la langue est large et lisse; chaque côté du corps présente deux li: gnes latérales, l'une courbe , et l’autre presque droite; la nageoire de la queue est très-four- 4 Stromateus fiatola. — Lisette , sur quelques rivages de la mer Adriatique. — Lampuga , dans quelques contrées de l'Italie. — Stromate fiatole, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bennaterre , pl. de l'Enc. méth. — Stromateus , Artedi, gen. 19, syn. 55. — Fiatole, et Stromatée, Rondelet, part. 1, 1.8, c. 20. — Trouchou, Rondelet, part. 1,1. 8, c. 19. (Nous verrons dans la suite de cet ouvrage, que le Stromatée décrit dans Rondelet, part. 1,1. 5, c. 24, et le Stromateus d'Athé- née, 1. 7, p. 322, rapporté par Artedi à l'espèce que nous exa- minous, non-seulement n'appartiennent pas à cette espèce ni au genre que nous décrivons, mais même ne doivent pas être compris dans l'ordre des apodes de la première division des osseux.) — Fiatola Rome dicta, Jonston, L. 4, tit. 3,c.4, a, 13, tab.19,n.8.— Fiatula Romæ dicta, Gesner, p.925, et (Germ.) fol. 51. — Willughby, Ichth., p. 156. — Rai, p. 30. — Fiatole, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 M. Cuvier admet cette espèce comme type du genre Stro- matée. D. 62 chue ‘ ; et si on cherche, par le moyen dela dissection , à connaître les formes intérieures de la fiatole, on trouve un estomac rendu en quelque sorte double par un étranglement , et un très-grand nombre d’appendices ou de petits tubes intestinaux ouverts seulement par un bout et placés auprès du pylore. LE STROMATÉE PARU 2. Stromateus Paru, Sloane, Lacep. *. Cette espèce n’est pas peinte de couleurs aussi variées que la fiatole, mais elle resplendit de l'éclat de l’or et de l’argent; l'or brille sur sa partie supérieure, et le dessous de ce poisson réfléchit une teinte argentée très-vive. Elle ha- bite dans l'Amérique méridionale et dans les grandes Indes, particulièrement auprès de Tranquebar ; et sa chair est blanche, tendre et exquise. Sa langue est large, lisse, et assez libre dans ses mouvements ; ses mâchoires sont hérissées de dents petites et aiguës : mais on n’en voit pas sur le palais, comme dans la fiatole, et quelques osselets arrondis paraissent aux envi- rons du gosier. L'ouverture des branchies est très-grande ; l’opercule composé d’une seule lame bordée d’une membrane, Une seule ligne latérale assez large et argentée règne de chaque côté de l’ani- mal. Les écailles du paru sont petites, minces et tombent facilement. Cet osseux ne présente jamais que de petites dimensions , non plus que la fiatole : aussi ne se nourrit-il que de vers marins , et de poissons très-jeunes et très- faibles 4. On trouve dans les eaux du Chili un stro- matée décrit par Molina 5, dont le dos, au lieu * A la nageoire dorsale 46 rayons, à chacune des nageoires pect orales 25, à celle de l'anus 54. 3 Stromateus unicolor, Linnée, éd. 12. — Stromateus striis carens, Bloch, pl. 160. —Stromate paru, Daubenton, Enc. méth.—I1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Pampus, Sloan. Jarmaic. 2, p. 281, tab. 250, fig. 4, — Pampus, Rai, pise. 51. * M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Peprilus du genre STROMATÉE, mais il ne lui rapporte pas la pl. 160 de Bloch qui, selon lui. représente le Stromatée ou Pample noire, Stromateus niger. D. 4 A la membrane des branchies 2 rayons, à la nageoire du dos 50, à chacune des pectorales 24, à celle de l'anus 42, à celle de la queue, qui est très-fourchue, 18. “Molin., Hist. nat. Chil., p. 199, n. 8. — Stromateus cu- marca, Linnée, éd. de Gmelin. — Stromate cumarca, Bon- paterre, pl. de l'Enc. méth. HISTOIRE NATURELLE d’être doré, est d’un bleu céleste, et qui ne parvient guère qu’à la longueur de deux ou trois décimètres. Nous pensons, avec le professeur Gmelin, que ce stromatée, qui ne paraît diffé- rer du paru que par la couleur du dos, n’est peut-être qu’une variété de cette dernière es- pèce. LE STROMATÉE GRIS !, Stromateus cinereus, Lacep.; S. griseus, Cuy. LE STROMATÉE ARGENTÉ ?, Stromateus argenteus, Lacep., Cuv. ET LE STROMATÉE NOIR 3. Stromateus niger, Lacep., Cuv. {. Ces trois poissons que Bloch a fait connaître, vivent dans les Indes orientales; leur dorsale et leur nageoire de l’anus sont en forme de faux. Le gris a le museau un peu avancé : l’ouver- ture de la bouche petite ; les deux mâchoires aussi longues l’une que l’autre , et garnies tou- tes les deux d’une rangée de dents fines et très. serrées ; le palais uni; deux orifices à chaque narine ; les rayons articulés , et cependant très- cassants ; la couleur générale grise; les pecto- rales rougeâtres ; une longueur de trois ou qua- tre décimètres ; et une épaisseur de cinq ou six centimètres. Il n'entre jamais dans les rivières; on le prend avec de grands filets, à une certaine di- stance des côtes de la mer. On croit qu’il n’a pas de temps fixe pour frayer; aussi le pêche- t-on dans toutes les saisons : mais il est plus gras et sa chair est plus suceulente vers le com- mencement du printemps ; il est aussi d’un goût plus agréable quand il est un peu âgé; et lorsque ces deux circonstances se réunissent, il doit être d'autant plus recherché , qu’il a très- peu d'arêtes. Sa tête est surtout un morceau très-délicat. On le conserve pendant quelques jours en le faisant frire et en le mettant dans du vinaigre avec du poivre et de l'ail; et on peut le garder pendant plusieurs mois lorsqu'on l’a coupé en tronçons, qu’on l’a salé, pressé, « Bloch, pl. 420. ? Wallei-wawal, par les habitants de la côte de Coroman- del. — Bloch, pl. 421. *Karu-wawal, en langue malabare. — Bloch, pl. 423. * Ces trois poissons sont des pamples ou vrais stromatées pour M. Cuvier, qui rapporte au dernier la planche 160 de Bloch, que M. de Lacépède plaçait dans la synonymie du Siro- matée noir. D. DES POISSONS. at séché ou mariné avec du vinaigre, du Cacao et du tamarin. Quand il est ainsi préparé; on le nomme ÆXarawade. L'on doit remarquer dans le stromatée ar- genté l’ouverture des parines, qui est souvent en forme de croissant, et l'organisation ainsi que la couleur des nageoires , qui nerenferment que des rayons articulés , et qui sont blanchä- tres à leur base et bleues à leur extrémité. Observez, dans le noir, les dents qui sont un peu plus fortes que celles du gris et de l’argenté, la double ouverture de chaque narine, et les écailles, qui sont mieux attachées à la peau que celles du stromatée gris. QUARANTE-DEUXIÈME GENRE. LES RHOMBES. Le corps très-comprimé et assez court; chaque côté de l'animal représentant une sorte de rhombe; des aiguil- lons ou rayons non articulés aux nageoires du dos et de l'anus. CARACTÈRES. { Le corps dénué d'écailles facile- ment visibles ; les nageoires du dos et de l'anus, en forme de faux. ESPÈCE» LE RHOMBE ALEPIDOTE. LE RHOMBE ALÉPIDOTE*. Rhombus alepidotus, Lacep. ‘. Ce poisson, que le docteur Garden avait en- voyé de la Caroline à Linnée, et que l’illustre naturaliste de Suède a fait connaitre aux amis des sciences , a été inscrit jusqu’à présent dans le genre des chétodons : mais indépendamment de plusieurs autres traits qui le séparent de ces derniers osseux , l’absence de nageoires inférieures placées au devant de l'anus, non- ser lement l’écarte du genre des chétodons, mais oblige à ne pas le placer dans le même ordre que ces thoracins, et à le comprendre dans ce- lui des apodes dont nous nous occupons. Nous l'y avons mis à la suite des stromatées, avec les- 4 7rayons à la membrane branchiale du stromatée gris, 20 à chaque pectorale, 29 à la nageoire de l'anus, 20 à la na- geoire de la queue, 7 à la membrane branchiale du stromatée argenté, 24 à chaque pectorale, 58 à l'anale , 19 à la nageoire de la queue, 7 à la membrane branchiale du stromatée noir, \ pe chaque pectorale, 56 à la nageoire de l'anus, 20 à la cau- ale. 3 Chétodon nud, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 5 Le genre Rnombus de M. de Lacépède est réuni au sous- genre PEPRILUS du genre Stromatée, par M. Cuvier. D. 63 quels la très-grande compression, la hauteur et la brièveté de l’ensemble formé par son corps et par sa queue, lui donnent beaucoup de rap- ports. Il en diffère cependant par plusieurs Ca- ractères , et notamment par la figure rhomboï- dale des faces latérales, qui sont ovales dans les stromatées , et par la nature de plusieurs rayons de la nageoire du dos ou de celle de l'anus, dans lesquelles on ne remarque aucune articulation, et qui sont de véritables aiguillons. La peau de l’aiépidote ne présente d'ailleurs aucune écaille facilement visible ; et cette sorte, de nudité qui lui a fait attribuer le nom de Nud , ainsi que celui que j'ai cru devoir lui con- server , empécherait seule de le confondre avec les stromatées, et lui donne une nouvelle res- semblance avec les cécilies, les gymnotes, les murènes et plusieurs autres apodes de la pre- mière division des osseux. Ses mâchoires ne présentent qu’un seul rang de dents; on voit de chaque côté de l'animal deux lignes latérales , dont la supérieure suit le contour du dos, et dont l'inférieure est droite, et paraît indiquer les intervalles des muscles. Les nageoires du dos et de l’anus sont placées au-dessus l’une de l’autre, et offrent la forme d’une faux ; celle de la queue est fourchue”. Le rhombe alépidote est bleuâtre dans sa partie supérieure. Nous ignorons si on le trouve dans quelque autre contrée que la Caroline. cecrce SUPPLÉMENT AU TABLEAU DU GENRE DES CYCLOPTÈRES. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoires du dos, de la queue et de l'anus, séparées l'une de l'autre. CARACTÈRES. Cinq rayons à la membrane des branchies ; trente-cinq rayons à la dorsale ; les deux mächoires presque également avancées , et garuies l'uue et l'autre de dents très - fines et très - rapprochces ; l'ouverture de 1 anus assez gran de, et plus voisine de la téte que de la caudale ; la peau dénuée d'écailles facilement visibles; la couleur d'un gris roux et clair verg la tête, et d'un gris brun vers l'extrémité de la queue. ESPÈCE. 10. LE CYCLOPTÈRE SOURIS. 4 6 rayons à la membrane branchiale, 5 aiguillons et 48 rayons articulés à la nageoire dorsale, 24 rayons à chaque nageoire pectorale , 3 aiguillons et 44 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 25 rayons à la nageoïire de la queue. } V4 LE CYCLOPTÈRE SOURIS‘. Cyclopterus Musculus, Lacep. M. Noël nous a envoyé une note très-dé- taillée sur ce cyclaptère. Cet habile observa- teur a pêché plusieurs individus de cette espèce dans les parcs de la digue de l'Eure, aupres du Havre. La souris, que l’on prend ordinaire- ment pendant l’automne, a un décimètre de longueur sur vingt-cinq millimètres de largeur. La tête est plus large que haute. La langue oc- eupe une grande partie de la gueule. Le palais est lisse; mais on voit auprès du gosier deux os garnis de petites dents. Les yeux sont petits et ronds. L'ouverture de chaque narine est ovale. Une peau molle recouvre chaque opercule, qui se prolonge vers laqueueen appendice émoussé. Le corps et la queue sont revêtus d’une peau très-souple. Une petite gouttière, légèrement creusée, est située sur la nuque. Au milieu des thoracines , qui sont réunies en disque, comme sous tous les cycloptères , et frangées à l’exté- rieur, on trouve des mamelons plus ou moins nombreux. La caudale est d’un gris cendré; les autres nageoires sont brunâtres. Le cycloptère souris, qui tire son nom de sa petitesse, de sa couleur ou de la rapidité de ses mouvements, se nourrit de petits poissons et de chevrettes, où d'autres crustacées très- jeunes ?. 2030 DIX-HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ov SECOND ORDRE D£ LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons jugulaires, ou qui ont des nageoires situées sous la gorge. QUARANTE-TROISIÈME GENRE. LES MURÉNOÏDES. Un seal rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à La membrane des branchies; le corps allon- gé, comprimé et en forme de lame. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le MUBENOÏDE SUJEr. | Les mächoires également avancées. * Cyclopterus musculus.— Souris de mer, par les pé- cheurs des environs du Havre. 2 35 rayous à chaque pectorale du cycloptère souris, 49 à l'anale, 5 à la nageoire de la queue. HISTOIRE NATURELLE LE MURENOIDE SU5EF!. Blennius murenoiïdes, Sujef; Murænoïides Sujef, Lag.2, Ce poisson a été inscrit parmi les blennies, mais il nous a paru en être séparé par de gran- des différences. De plus, ses caractères ne per< mettent de le placer dans aucun autre genre des jugulaires. Nous nous sommes donc vus obligés de le comprendre dans un genre particulier ; et comme les deux nageoires qu’il a sous la gorge sont tres-petites, composées d’un seul rayon, et quelquefois difficiles à apercevoir, nous l’a- vons mis à la tête des jugulaires , qu'il lie avec les apodes par cette forme de nageoires inférieu- res. Il a d’ailleurs des rapports très-nombreux avec les murènes et les trichiures. Son corps est allongé, aplati latéralement, et fait en formede lame d’épée, ainsi que celui des trichiures ; et les écailles qui le revêtent sont aussi difficiles à distinguer que celles des murènes et partieu- lièrement de l’anguille. Un double rang de dents garnit les deux mâchoires. La tête pré- sente quelquefois de petits tubercules ; le dessus de cette partie est triangulaire et un peu con- vexe. Trois rayons soutiennent seuls la mem- brane des branchies. L'ouverture de l'anus est située à peu près vers le milieu de la longueur du corps. La couleur de l'animal est d’un gris cendré qui s’éclaircit et se change en blanchâtre sur la tête et sur le ventre. Ce murénoïde est ordinairement long de deux décimètres; etnous lui avons donné le nom de Sujef, afin de consa- crer la reconnaissance que l’on doit au savant quil'a fait connaître. QUARANTE-QUATRIÈME GENRE. LES CALLIONYMES,. La tête plus grosse que le corps : les ouvertures bran- chiales sur la nuque; les nageoires jugulaires très- éloignées l'une de l'auire: le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles. PREMIER SOUS-GENRE, Les yeux très-rapprochés l'un de l'autre. CARACTÈRES. Le premier rayon de la première nageoire dorsale, de la longueur du corps et de la queue ; l'ouver- ture de la bouche très-grande ; la \ _uageoire de la queue arrondie. ESPÈCES. Le CALLIONYME LYRE. 4 Sujef, Act, acad. Petropol. 1779, 2, p. 195, tab. 6, fig. 1. 3 M, Cuvier place ce poisson dans le genre Blennie et Je] sous-geure Gonelle, qui correspond aux Centronotus de Schn. D. DES POISSONS. : CARACTÈRES. Les La de la première nageoire du dos beaucoup plus courts que le corps et la queue; l'ouverture de la bouche très grande; la na- geoire de la queue arrondie. Trois rayons à la membrane des LA branchie;; l'ouverture de la bou- LE CALLIONYME FLÈCHE. che petile; la nageoire de la queue arrondie. Le premier rayon de la première nageoire dorsale terminé par deux filaments ; la nageoire de la queue fourchue. SECOND SOUS—-GENRE. Les yeux lrès-peu rapprochés l'un de l'autre. ESPÈCES. 2. La CALLIONYME DRA- GONNEAU. À. LE CALLIONYME JAPO- NAIS. L'ouverture de la bouche très-pe- tite; la nageoire de la queue ar- 5. LE CALLIONYME POIN- { { roudie. TILLE. LE CALLIONYME LYRE ‘. Callionymus Lyra, Linn., Lacep., Cuv. ?. Callionyme *, lyre; quelles images agréables, quels souvenirs touchants rappellent ces deux noms ! Beauté céleste, art enchanteur de la mu- sique, toi qui charmes les yeux, et toi qui émeus si profondément les cœurs sensibles, ces deux noms ingénieusement assortis renouvel- lent, pour ainsi dire, en la retraçant à la mé- moire , votre douce mais irrésistible puissance. Vous que la plus aimable des mythologies fit paitre du sein des flots azurés ou sur des rives fortunées, qui près des poétiques rivages de la Grèce héroïque formâtes une alliance si heu- reuse, confondites vos myrtes avec vos lauriers, et échangeâtes vos couronnes, que vos images riantes embellissent à jamais les tableaux des peintres de la nature : béni soit celui qui, par deux noms adroitement rapprochés, associa vos ! Lavandiére, sur quelques côtes franc. de l'Océan.—Cal- lionyme lacert, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. — Fann. suc. 304. — Strom. sondm. — : Urauoscopiis, ossiculo primo, etc. » Gronov., Mus 1, n.64. — « Cottus, ossiculis pinnæ dorsalis longitudine corporis. » Gronov.. Act Ups., 4740, p. 421, tab. 8. — Bloch, pl. 161.— : Corystion ossiculo pinnæ dorsalis primo lougissimo. » Klein, Miss. pisc. 8, p. 95, n. 14. — « Lyra harvicensis. » Petiv., Gazoph. 4, p. 1, n. 4, tab. 22, fig. 2. — « Exocæti «tertium geuus. » Séba, Mus. 5, tab 50, fig. 7, — I. Bélon, Aquat., p. 225. — Fe/low jurnard, Tyson , Act. angl. 24, 0.295, 1749, fig. 1.—Dracunculus, Gesn., Aquat., p. 80; Icon. anhn., p. 84. — « Cottus, pinnà secundà dorsi albä. » Artedi, Gen. 49, syn. 77. — Id, Aldrov., Pisc., p. 262. — Id. Jonst., Pise. p. 91, tab. 24, fig. 4. — Id. Willughby, Ichth., tab. H, 6, ñg. 5. — Lacert, Rondelet, part. 4, 1.10, 41. — Gemmeous dragoned, Pennant, Brit. Zool, 5, p. 164, n. 69, tao. 27. — Douret, et Souris de mer, Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 5, c.5, art, 2. 3 Du genre Callionyme.Cuv. D. # Callionyme vient du grec. etsignifie beau nom, al. 65 emblènres comme vos deux pouvoirs magiques avaient été réunis, et qui ne voulut pas qu’un des plus beaux habitants d’une mer témoin de votre double origine püût exposer aux regards du naturaliste attentif ses couleurs brillantes, ni l’espèce de lyre qui parait s'élever sur son dos , sans ramener l'imagination séduite et vers le dieu des arts, et vers la divinité qui les ani- me et dont le berceau fut placé sur les ondes! Non, nous ne voudrons pas séparer deux noms dont l’union est d’ailleurs consacrée par le gé- nie; nous ne ferons pas de vains efforts pour empêcher les amis de la science de l'être aussi des grâces; nous ne croirons pas qu’une Sévé- rité inutile doive repousser avec austérité des sentiments consolateurs; et si nous devons chercher à dissiper les nuages que l’ignorance et l’erreur ont rassemblés devant la nature, à déchirer ces voiles ridicules et surchargés dor- nements étrangers dont la main maladroite d’un mauvais goût froidement imitateur a entouré le sanctuaire de cette nature si admirable et si fé- conde, nous n’oublierons pas que nous ne pou- vons la connaître telle qu'elle est, qu’en ne blessant aucun de ses attraits. Nous dirons done toujours Callionyme Lyre. Mais voyons ce qui a mérité au poisson que nous allons examiner, l'espèce de consécration qu’on en a faite, lorsqu'on lui a donné la dénomi- nation remarquable que nous lui conservons. Nous avons sous les yeux l’un des premiers poissons jugulaires que nous avons cru devoir placer sur notre tableau ; et déjà nous pouvons voir des traits très-prouoncés de ces formes qui attireront souvent notre attention, lorsque nous décrirons les osseux thoracins et les osseux ab- dominaux. Mais à des proportions particulières dans la tête, à des nageoires élevées ou prolon- gées , à des piquants plus ou moins nombreux, les callionymes, et surtout la lyre, réunissent un corps et une queue encore un peu serpenti- formes, et une peau dénuée d’écailles facile- ment visibles. Ils montrent un grand nombre de titres de parenté avec les apodes que nous venons d’étudier. Et si de ce coup d'œil général nous passons à des considérations plus précises, nous trouve- rons que la tête est plus large quele corps, très- peu convexe par-dessus, et plus aplatie encore par-dessous. Les yeux sont très-rapprochés Pun de l’autre. On a écrit qu’ils étaient garnis d’une membrane clignotante: mais nous nous sommes 9 66 asaurés que ce qu’on a pris nour une telle mem- brane, n’est qu’une saillie du tégument le plus extérieur de la tête, laquelle se prolonge un peu au-dessus de chaque œil, ainsi qu'on a pu l’ob- server sur le plus grand nombre de raies et de squales. L'ouverture de la bouche est tres-grande; les lèvres sont épaisses, les mâchoires hérissées de plusieurs petites dents, etles mouvements de la langue assez libres. On voit à l'extrémité des os maxillaires un aiguillon divisé en branches dont le nombre paraît varicr. L'opercule bran- chial n’est composé que d’une seule lame: mais il estattaché, ainsi que la membrane branchiale, à la tête ou au corps de l'animal, dans une si grande partie de sa circonférence, qu il ne reste d’autre ouverture pour la sortie ou pour l'intro- duction de l’eau, qu’une très-petite fente placée de chaque côté au-dessus de la nuque, et qui, par ses dimensions, sa position et sa figure, res- semble beaucoup à un évent. L'ouverture de l’anus est beaucoup plus près de la tête que de la nageoire de la queue. La li- gne latérale est droite. Sur le dos s'élèvent deux nageoires: la plus voisine de la tête est composée @e quatre ou de cinq et même quelquefois de sept rayons. Le premier est si allongé et dépasse la mem- brane en s'étendant à une si grande hauteur, que sa longueur égale l'intervalle qui sépare la nuque du bout de la queue. Les trois ou quatre qui viennentensuite sont beaucoup moinslongs, et décroissent dans une telle proportion, que le plus souvent ils paraissent être entre eux et avec le premier dans les mêmes rapports que des cordes d’un instrument destinées à donner, par les seules différences de leur longueur, les tons | ut, ut octave, sol, ut double octave, et #1, c’est- à-dire l'accord le plus parfait de tous ceux que la musique admet. Au delà, deux autres rayons plus courts encore se montrent quelquefois et paraissent représenter des cordes destinées à faire entendre des sons plus élevés que le à; et voilà donc une sorte de lyre à cordes harmo- niquement proportionnées, qu’on à cru, pour ainsi dire, trouver sur le dos du callionyme dont nous parlons ; et comment dès lors se se- rait-on refusé à l'appeler Lyre ou Porte-Lyre"? 1 À la membrane des branchies 6 rayons, à la première nageoire dorsale, de 4 à 7, à la seconde nageoire du «los 10, à chacune des pectorales 48, à chacune des nageoires jugulai- res 6, à celle de l'anus 10, à celle de la queue, qui est ar- roudie, 9, HISTOIRE NATURELLE Les autres nageoires, et particulièrement celle de l'anus et la seconde du dos, qui se pro- longent vers l'extrémité de la queue en bande- lette membraneuse, ont une assez grande éten- due, et forment de larges surfaces sur lesquelles les belles nuances de la lyre peuvent, en se déployant, justifier son nom de Callionyme. Les tons de couleur qui dominent au milieu de ces nuances , sont le jaune, le bleu, le blanc, et le brun, qui les encadre, pour ainsi dire. Le jaune règne sur les côtés du dos, sur la partie supérieure des deux nageoires dorsales , et sur toutes les autres nageoires, excepté celle de l’anus. Le bleu paraît avec des teintes plus ou moins foncées sur cette nageoire de l’anus, sur les deux nageoires dorsales où il forme des raies souvent ondées, sur les côtés où il est dis- tribué en taches irrégulières. Le blanc occupe la partie inférieure de l'animal. Ces nuances, dont l'éclat, la variété et l’har- mouie distinguent le callionyme lyre , sont une nouvelle preuve des rapports que nous avons indiqués dans notre Discours sur la nature des poissons, entre les couleurs de ces animaux et la nature de leurs aliments : nous avons vu que très-fréquemment les poissons les plus riche- ment colorés étaient ceux qui se nourrissaient de mollusques ou de vers. La lyre a reçu une parure magnifique, et communément elle re- cherche des oursins et des astéries. Au reste, ce callionyme ne parvient guère qu'à la longueur de quatre eu cinq décimètres : on le trouve non-seulement dans la Méditerra- née, mais encore dans d’autres mers australes ou septentrionales ; et on dit que, dans pres- que tous les climats qu'il habite, sa chair est blanche et agréable au goût. LE CALLIONYME DRAGONNEAU ‘. Callionymus Dracunculus, Linn., Lacep. 2. Ce callionyme habite les mêmes mers que la lyre, avec laquelle il a de très-grands rapports ; il n’en diffère même d’une manière très-sensi- + Callionyme dragonneau , Daubenton, Enc. méth. — Id. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth.— Müller, Zoolog. dan., tab. 20. — « Uranoscopus ossiculo primo pinnæ dorsalis « primæ unciali. » Gronov., Mus. 1, 0.65. — Bloch , pl. 162, fig. 2. — Sordid dragoned, Pennant, Brit. Zool. 5, p. 167, tab. 27. : 2 M.Guvier dit que ce poisson ne diffère du cailionyme 1yre que parce que sa première dorsale est courte el sans filet. Il ajoute qu'on le croit sa femelle. D. DES POISSONS. ble que par la brièveté et les proportions des rayons qui soutiennent la première nageoire dorsale, par le nombre des rayons des autres nageoires ‘, par la forme de la ligne latérale qu'on a souvent de la peine à distinguer, etpar les nuances et la disposition de ses couleurs. Beaucoup moins brillantes que celles de la lyre, ces teintes sont brunes sur la tête et le dos, ar- gentées avec des taches sur la partie inférieure de l'animal ; et ces tons simples et très-peu écla- tants ne sont relevés communément que par un peu de verdâtre que l’on voit sur les nageoi- res de la poitrine et de l'anus, du verdâtre mêlé à du jaune qui distingue les nageoires jugulai- res, et du jaune qui s’étend par raies sur la se- conde nageoire dorsale, ainsi que sur celle de la queue. D'ailleurs la chair du dragonneau est, comme celle de la lyre, blanche et d’un goût agréable. Il n’est done pas surprenant que quelques naturalistes, et particulièrement le professeur Gmelin, aient soupçonné que ces deux callionymes pourraient bien être de la même espèce, mais d’un sexe différent. Nous n'avons pas pu nous procurer assez de rensei- gnements précis pour nous assurer de l'opinion que l’on doit avoir relativement à la conjecture de ces savants; et dans le doute, nous nous sommes conformés à l’usage du plus grand nombre des auteurs qui ont écrit sur l’ichthyo- logie, en séparant de la lyre le callionyme dra- gonneau, qu'il sera, au reste, aisé de retran- cher de notre tableau méthodique. LE CALLIONYME FLÈCHE 2, Callionymus Sagitta, Pall., Lacep., Cuv. ET LE CALLIONYME JAPONAIS 5. Callionymus japonicus, Lacep. Ces deux espèces appartiennent, comme la lyre et le dragonneau, au premier sous-genre des callionymes; c’est-à-dire elles ont les yeux très-rapprochés l’un de l’autre. L’illustre Pallas 4 A la première nageoire dorsale 4 rayons. à la seconde na- geoire du dos 10, à chacune des pectorales 19, à chacune des jugulaires 6, à celle de l'anus 9, à celle de la queue 10, 3 Callionyme flèche, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bon- raterre, pl. de l'Enc. méth. 3 Houtluyn, Act. Haarlem. 20, 2, p. 313, n. 1.— Callio+ nyme du Japo',nonnaterre, pl. de l'Enc. méth 67 a fait connaître la première, et le savant Hout- tuyn la seconde. La flèche décrite par le naturaliste de Saint- Pétersbourg avait à peine un décimètre de lon- gueur. L’espèce à laquelle appartenait cet indi- vidu, vit dans la mer qui entoure l'ile d’Ame boine ; elle est, dans sa partie supérieure, d’ur brun mêlé de taches irrégulières et nuageuses d’un gris blanchâtre, qui règne en s’éclaircis- sant sur la partie inférieure. Des taches ou des points bruns paraissent sur le haut de la na- geoire caudale et sur les nageoires jugulaires; une bande très-noire se montre sur la partie postérieure de la première nageoire dorsale; et la seconde du dos, ainsi que les pectorales, sont très-transparentes, et variées de brun et de blanc ‘. Voici, d’ailleurs, les principaux carac- tères par lesquels la flèche est séparée de la lyre. L'ouverture de la bouche est tres-petite; les lè- vres sont minces et étroites; les opercules des branchies sont mous, et composés, au moins, de deux lames, dont la première se termine par une longue pointe, et présente, dans son bord postérieur, une dentelure très-sensible; on ne voit que trois rayons à la membrane &iaschiale, la première nageoire du dos et celle ae l'anus sont très-basses, ou, ce qui est la même chose, forment une bande très-étroite. Le nom de Callionyme japonais indique qu’il vit dans des mers assez voisines de celles dans lesquelles on trouve la flèche. Il parvient à la longueur de trois décimètres, ou environ. Il présente différentes nuances. Sa première nageoire dorsale montre une tache noire, ronde, et entourée de manière à représenter l'iris d’un œil; les rayons de cette même nageoire sont noirs , et le premier de ces rayons se termine par deux filaments assez longs, ce qui forme un caractère extrêmement rare dans les divers genres de poissons. La seconde nageoire du dos est blanchâtre; les nageoires pectorales sont arrondies, les jugulaires très-grandes; et celle de la queue est très-allongée et fourchue*. 4 À la membrane des branchies 5 rayons, à la première dorsale 4, à la seconde 9, à chacune des pectorales 41, à cha- cune des jugulaires 5, à la nageoire de l'anus 8, à celle de la queue 10. 2 Ala prem'ère nageoire dorsale 4 rayons, à la seconde 40, à chacune des pectorales 17, à chacune des jugulaires 5, à celle de l'anus 8, à celle de la queue, 9, 68 LE CALLIONYME POINTILLE !. Caïllionymus ocellatus. Pall., Cuv.; Caillionymus punc- tulatus, Lacep. Ce poisson, qui appartient au second sous- genre des callionymes, et qui, par conséquent, a les yeux assez éloignés l’un de l’autre, ne présente que de tres-petites dimensions. L’indi- vidu mesuré par le naturaliste Pallas, qui a fait connaitre cette espèce, n’était que de la gran- deur du petit doigt de la main. Ce callionyme est d’ailleurs varié de brun et de gris, et par- semé, sur toutes les places grises, de points blanes et brillants ; le blanchâtre règne sur la partie inférieure de l’animal; la seconde na- geoire du dos est brune avec des raies blanches et parallèles ; les pectorales sont transparentes, et de plus pointillées de blanc à leur base, de même que celle de la queue; les rayons de ces trois nageoires présentent d’ailleurs une ou deux places brunes; les jugulaires sont noires dans leur centre, et blanches dans leur circon- férence ; et la nageoire de l’anus est blanche à sa base et noire dans le reste de son étendue. Telles sont les couleurs des deux sexes ; mais voici les différences qu'ils offrent dans leurs nuances : la premiere nageoire du dos du mâle est toute noire ; celle de la femelle montre une grande variété de tons qui se déploient d'autant plus facilement que cette nageoire est plus haute que celle du mâle. Sur la partie inférieure de cet instrument de natation, s'étendent des raies brunes relevées par une bordure blanche et par une bordure plus extérieure et noire ; et sur la partie supérieure, on voit quatre ou cinq taches rondes , noires dans leur centre , entou- rées d’un cercle blane bordé de noir, et imitant un iris avec sa prunelle. Ces dimensions plus considérables et ces cou- leurs plus vives et plus variées d’un organe sont ordinairement dans les poissons, comme dans presque tous les autres animaux , un apa- nage du mâle, plutôt que de la femelle; et l’on doit remarquer de plus dans la femelle du cal- lionyme pointillé un appendice conique situé au dela de l'anus , qui, étant très-petit, peut être couché et caché aisément dans une sorte de fossette, et qui vraisemblablement sert à émission des œufs ?, 4 Pallas, Spicil. zoolog. 8, p.25, tab. 4, fig. 15. — Callio- nyme œillé, Daubenton, Euc. méth. — Callionyme petit argus, Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 À la membrane des branchies 5 ou 6 rayons, à la premiére HISTOIRE NATURELLE Dans les deux sexes, l'ouverture dela bouche est très-petite ; les lèvres sont épaisses ; la su- périeure est double, l’opereule branchial garni d’un piquant, et la ligne latérale assez droite. QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. LES CALLIOMORES, La léle plus grosse que Le corps; Les ouvertures bran chiales placées sur les côtés de l'animal ; les nageoi- res jugulaires très-éloignées l’unede l'autre ; le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles. CARACTÈRES. Sept rayons à la membrane des branchies; deux aiguillons à la prenne pièce, et un aiguillon à a seconde de chaque opercule, ESPÈCE. LE CALLIOMORE INDIEN. LE CALLIOMORE INDIEN! Calliomorus indicus, Lacep.; Callionymus indieus, Lion. ; Platycephalus Spatula, Bloch. Cuv. ?. Ce mot Calliomore , formé par contraction de deux mots grecs, dont l’un est z2)uozvuos et l’autre veut dire limitrophe, voisin , ete., dé- signent les grands rapports qui rapprochent le poisson que nous allons décrire des vrais callio- nymes; il a même été inscrit jusqu’à présent dans le même genre que ces derniers animaux : mais il nous a paru en différer par trop de ca- ractères essentiels, pour que les principes qui nous dirigent dans nos distributions méthodi- ques nous aient permis de ne pas l’en séparer. Le calliomore indien a des teintes bien diffe- rentes , par leur peu d'éclat et leur uniformité, des couleurs variées et brillantes qui parent les callionymes, et surtout la lyre : il est d’un gris plus ou moins livide. L'ensemble de son corps et de sa queue est d’ailleurs très-déprimé, c’est- a-dire aplati de haut en bas; ce qui le lie avec les uranoscopes dont nous allons parler, et ne contribue pas peu à déterminer la place qu'il doit occuper dans un tableau genéral des pois: sons. Les ouvertures de ses branchies sont pla- cées sur les côtés de la tête, au lieu de l'être sur la nuque , comme celles des branchies des callionymes ; ces orifices ont de plus beaucoup de largeur ; la membrane qui sert à les fermer naseoire dorsale 4," à la seconde 8, à chacune des pecto- rales 20, à chacune des jugulaires 5, à celle de l'anus 7, à celle de la queue 10. 1 Callionyme indien, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ? Selon M. Cuvier, le calliomore indien n'est autre que le Plalycephalus spatulu de Bloch, pl. 424. D, DES POISSONS. est soutenue par sept rayons; et l'opercule, : composé de deux lames, présente deux piquants sur la première de ces deux pieces, et un pi- quant sur la seconde. La mâchoire inférieure est un peu plus avan- cée que celle de dessus ; l’on voit sur la tête des rugosités disposées longitudinalement ; et le pre- mier rayon de la premiere nageoire dorsale est très-court et séparé des autres! C’est en Asie que l’on trouve le calliomore indien. QUARANTE-SIXIÈME GENRE. LES URANOSCOPES. La têle déprimée et plus grosse que le corps; les yeux sur La partie supérieure de La tête, et trés-rapprochés, la mächoire inférieure beaucoup plus avancée que La supérieure; l'ensemble formé par Le corps et La queue, presque conique, et revêlu d'écailles très-faciles à dis- linguer ; chaque opercuie branchial composé d’une seule pièce, et garni d'une membrane ciliée. | CARACTÈRES. | Le dos dénué d'écailles épineuses. ESPÈCES. 1. L'URANOSCOPE BAT. 2, L'URANOSCOPE HOUT- TUYN. | Le dos garni d'écailles épineuses. L'URANOSCOPE RAT :. | UÜranoscopus scaber, Linn., Bloch ; Uranoscopus Mus, Lacep. Les noms de Callionyme et de Trachine, donnés à cet animal, annoncent Les ressemblan- 4 A la première nageoire dorsale 7 rayons, à ia seconde 15, à chacune des pectorales 20, à chacune des jugulaires 6, à la nageoire de l'anus 25, a celle de la queue 11. ? Tapecon, sur les côtes de plus. départ. mérid. — Raspe- | con ,1bid.— Mesoro, dans quelques contrées de l'Italie. — Pesce prete, ibid. — Rascassa bianca , ibid. — Bocca in £apo, ibid. —Nvuxreots.—Uranoscope rat. Daubenton, Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. —KæAtwyvuos, Aristot., 1. 2, c. 15; et 1. 8, c. 15. — Id. Ælian, L. 15, C. 4, p.755. veavcoxomos, Athen., 1.7, f. 142, 5.— AYvos, Idem, L. 8,f. 477,55. — Hpepoxettne, Oppian., l. 2, p. 57. —Callionymus, seu Uranoscopus, Plin., 1.52, c.7 et c.11.— | Galen., class. {, fol. 125, A.— Uranosropus, Cub.,l. 5, c. 101, fol. 95, b.—Raspecon, où Tapecon, Rondelet, part. 1, 1. 10, €. 12. — Salvian., fol. 496. b, ad icon. et 197, b, et 198. — AI- drov., 1. 2, ©. 51, p. 265. — Jonston, 1.1, tit. 5,c.5.a.f; puuct. 4, tab. 21, fig. 7. — Uranoscopus , seu cœli specula- tor, Charlet., p. 447. — Wotton, 1. 8, c. 171, fol. 154, b. — Puicher piscis, Gaz. — « Trachinus cirris mullis in maxillà sinferiore. » Artedi, gen. 42, syn,71.— Coryslion, Klein, Miss. pisc. 4. p. 46. n. 1. — Ruysch, Theatr., p. 62, tab. 21, fig. 7. — Belon, Aquat., p. 219. — Gesner, Aquat., p. 153, lcou. anim., p. 138. — Callionymus, seu Uranoscopus, Willughby, Ichth., p. 287, tab. S, 9. — Rai, Pisc., p.97, n. 22. — Raspecon, où T'apecon, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Aascasse blanche, D'ihamel, Trailé des | vêches, part. 2, sect. 5, C. {, art. 4. 69 ces qu’il présente avec les vrais callionymes ét avec le genre dont nous nous occuperons après avoir décrit celui des uranoscopes. Nous n’avons pas besoin d'indiquer ces similitudes ; on les remarquera aisément. D'un autre côté, cette dénomination d'Uranoscope (qui regarde le ciel) désigne le caractère frappant que montre le dessus de la tête du rat et des autres pois- sons du même genre. Les yeux sont, en effet, non-seulement très-rapprochés l’un de l'autre, et placés sur la partie supérieure de la tête, mais tournés de maniere que lorsque l'animal est en repos, ses prunelles sont dirigées vers la surface des eaux , ou le sommet des cieux. La tête, tres-aplatie et beaucoup plus grosse que le corps , est d'ailleurs revêtue d’une sub- stance osseuse et dure, qui forme comme une sorte de casque garni d’un très-grand nombre de petits tubercules, s'étend jusqu'aux opercules qui sont aussi très-durs et verruqueux, pré- sente, à peu près au-dessus de la nuque, deux ou plus de deux piquants renfermés quelquefois dans une peau membraneuse, et se termine sous la gorge par trois ou cinq autres piquants. | Chaque opercule est aussi armé de pointes tour- nées vers la queue et engagées en partie dans une sorte de gaine tres-molle. L'ouverture de la bouche est située à l’extré- mité de la partie supérieure de la tête, et l’ani- mal ne peut la fermer qu'en portant vers le haut le bout de sa mâchoire inférieure, qui est | beaucoup plus longue que la mâchoire supé- rieure. La langue est épaisse, forte, courte, large , et hérissée de trèes-petites dents. De Pin- térieur de la bouche et pres du bout antérieur de la mâchoire inférieure, part une membrane laquelle se rétrécit, s’arrondit, et sort de la bouche en filament mobile et assez long. Le tronc et la queue représentent ensemble une espèce de cône recouvert de petites écailles et sur chaque côté duquel s'étend une ligne la- térale qui commence aux environs de la nuque s’approche des nageoires pectorales", va direc- tement ensuite jusqu’à la nageoire de la queue, et indique une série de pores destinés à laisser échapper cette humeur onctueuse si nécessaire aux poissons , et dont nous avons déjà eu tant d'occasions de parler. 1 A la membrane des branchies 5 rayons, à la première nageoire dorsale 4, à la seconde 14, à chacune des pecto- rales 17, à chacune des jugulaires 6, à la nageoie de l'anus 13, à celle de la queue qui est rectiligne, 12. 70 J1 y a deux nageoires sur le dos : celles de Ja poitrine sont très-grandes, ainsi que la cau- dale. Des teintes jaunâtres distinguent ces nageoires pectorales ; celle de l’anus est d’un noir éclatant : l’animal est d’ailleurs brun par- dessus, gris sur les côtés, et blanc par-des- sous. Le canal intestinal de l’uranoscope rat n’est pas très-long, puisqu'il n'est replié qu’une fois; mais la membrane qui forme les parois de son estomac, est assez forte, et l’on compte auprès dupylore , depuis huit jusqu’à douze appendices ou petits cœcum propres à prolonger le séjour des aliments dans l'intérieur du poisson , et par conséquent à faciliter la digestion. Le rat habite particulièrement dans la Médi- terranée, Il y vit le plus souvent auprès des rivages vaseux ; il s’y cache sous les algues ; il s’y enfonce dans la fange; et par une habitude semblable à celles que nous avons déjà obser- vées dans plusieurs raies, dans la lophie bau- droie et dans quelques autres poissons, il se tient en embuscade dans le limon, ne laissant paraitre qu'une petite partie de sa tête, mais étendant le filament mobile qui est attaché au bout de sa mâchoire inférieure , et attirant par la ressemblance de cette sorte de barbillon avec un ver, de petits poissons qu'il dévore. C’est Rondelet qui a fait connaître le premier cette manière dont l’uranoscope rat parvient à se sai- sir facilement de sa proie. Ce poisson ne peut se servir de ce moyen de pêcher qu’en demeurant pendant très-longtemps immobile, et parais- sant plongé dans un sommeil profond. Voilà pourquoi, apparemment , on a écrit qu'il dor- mait plutôt pendant le jour que pendant la nuit, quoique dans son organisation rien n'indique une sensibilité auxrayons lumineux plus vive que celle des autres poissons , desquels on n’a | pas dit que le temps de leur sommeil fût le plus souvent celui pendant lequel le soleil éclaire l'horizon”. J parvient jusqu'à la longueur de trois déci- mètres : sa chair est blanche, mais quelquefois dure, ei de mauvaise odeur; elle indique, par ces deux mauvaises qualités, les petits mollus- ques et les vers marins dont le rat aime à 5e nourrir, et les fonds vaseux qu'il préfère. Dès le temp; des anciens naturalistes grecs et la- 1 Voyez, dans le Discours sur la nature des poissons, ce qui concerne le sommeil de ces animaux. HISTOIRE NATURELLE tins, on savait que la vésicule du fiel de cet uranoscope est très-grande, et l’on croyait que la liqueur qu’elle contient était très-propre à guérir des plaies et quelques maladies des yeux !. L'URANOSCOPE HOUTTUYN®?. Uranoscopus japonicus, Linn., Gmel.; Uranoscopus Houttuyn, Lacep. 5. Le nom que nous donnons à cet uranoscope est un témoignage de la reconnaissance que les paturalistes doivent au savant Houttuyn, qui en a publié le premier la description. On trouve ce poisson dans la mer qui baigne les îles du Japon. Il est, par ses couleurs, plus agréable à voir que l’uranoscope rat ; en effet, : il est jaune dans sa partie supérieure, et blanc dans l'inférieure. Les nageoires jugulaires sont assez courtes * ; des écailles épineuses sont rangées longitudinalement sur le dos de l’hout- tuyn. QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. LES TRACHINES. La tête comprimée et garnie de tubercules ou d'aigui!- lons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule, dentelées ; le corps et La queue allongés et couverts de petites écailles ; l'anus situé trés-prés des nageoires | peclorales. ESPÈCES. CARACTÈRES. La mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure. 2. {Les deux mächoires également LA TRACHINE OSBECK. | avancées. 1. LA TRACHINE YIVE. { LA TRACHINE VIVE. Trachinus Draco, Lion.; Trachinus Vividus, Lacep.°. Cet animal a été nommé Dragon marin dès ‘ Pline, 1. 32, c.7. 3 Houttuyo, Act. Haarlem. 20,2, p.514. — Uranoscopc astrologue, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. Cuvier n'admet pas cette espèce qu'il soupçonne af- partenir au genre Platycéphale. D. ‘ A la première nageoire dorsale 4 rayons, à la seconde 15, à chacune des pectorales 42, à chacune des jugulaires 8, à celle de la queue 8. 5 Viver, sur plus. côtes franc. de l'Océan — Ar'aigne, snr les rivages de plus. départ. mérid. — Sacrarailla blanc, au- près de Bayonne. — Tragina, en Sicile. — Pisce ragno, dans plus. contrées de l'Italie. — Fiæsing, en Danemarck. — Fjarsing, par les Danois et les Suédois. — Schwert fisch,. dav- vlus. pays du nord de l'Eurone. — Pieterman, ibid. —- uv auany ad og : ANHOM MAVO AI ATA MNTMOVEI VI HVIIAOAO JINNISEN AI DES POISSONS. le temps d’Aristote. Et comment n’aurait-il pas, en effet, réveillé l’idée du dragon ? Ses couieurs sont souvent brillantes et agréables à la vue; il les anime par la vivacité de ses mouvements ; il a de plus reçu le pouvoir terrible de causer des blessures cruelles, par des armes pour ainsi dire inévitables. Une beauté peu commune et une puissance dangereuse n’ont-elles pas toujours été les attributs distinetifs des enchan- teresses créées par l’antique mythologie, ainsi que des fées auxquelles une poésie plus mo- derne a voulu donner le jour? Ne doivent-elles pas, lorsqu'elles se trouvent réunies , rappeler le sinistre pouvoir de ces êtres extraordinaires, retracer l’image de leurs ministres , présenter surtout à l’imagination amie du merveilleux ce composé fantastique, mais imposant, de for- mes, de couleurs, d'armes, de qualités ef- frayantes et douées cependant d’un attrait in- vincible, qui servant, sous le nom de Dragon, les complots ténébreux des magiciennes de tous les âges, au char desquelles on l'a attaché, ne répand l'épouvante qu'avec l'admiration, séduit avant de donner la mort, éblouit avant de con- sumer, enchante avant de détruire ? Et afin que cette même imagination fût plus facilement entraînée au delà de l'intervalle qui Weever, par les Anglais. — AP2X4tva, par les Grecs mo- dernes. — Aranéole, Boisdereau , et Bois de roc, pendant la jeunesse de l'animal, et sur quelques côtes mérid. de France. — Trachine vive, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 61. — « Trschi- « nus maxillà inferiore longiore , cirris destitutä. » Artedi, ee 42, syn. 70. — Apaxu, Arist., 1/8, c. 13. — Apzx0V ahartuv, Ælian., t.11,c. M; et 1. 44, c. 12. — Oppian., L14,p. 7; et 1.2, p. 46. — Draco marinus, Plin., 1.9, c. 27. — Aruneus, 1d., 1.9, c. 48. —Wotton, L. 8, c. 178, fol. 158, b. — Draco, sive Araneus piscis, Salvian, fol. 71, b. — Arai- gnée de mer, ou Vive, Rondelet, part. 4, 1. 10. c. 10.—Draco marinus, Aldrov., |. 2, €. 50, p. 256. — Jonston, L. 1, tit. 5, c. 5, a, 1, punct. 2, tab. 21, fig. 2, 5, 3. — Charleton , p. 146. — Draco, sive Araneus Plinii, Gesner, p.77.—Willugbhby, p. 288, tab.S, 10, fig. 4. — Raï, p. 91. — Aranea, Cuba, 1.5, ©. 5, fol. 74, b.— Araneus, vel Draco marinus, Schonev., p.16. — Bélon. Aquat., p. 215. — It. scan. 525. — Fauna suecic. 305. — Müll. prodrom. Zool. danic , n. 309. — Tra- chinus, Gronov., Act. ups. #42, p.93.— Id., Id. Mus. 1, 42, an. 97; Zuoph.. p. 80, n. 274. — Trachinus draco, Brünn., Pisc. massil., p. 19, n. 30. — Corystion simplici galeä , etc., Klein, Miss. pisc. 4, p. 46, n.9. — #ever, Pennant, Brit. Zoo. 5, p.169, n. 71, tab. 28. — La Vive, Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 6 ,c. 1, art. 5. — Dragon de mer, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat.— Trachinus draco, Ascague, pl. 7. ‘M. Cuvier a éclairei la synonymie des Vives. Il résuite de son travail que nos rivages en possèdent quatre espèces , et que la vive comraune n'a été décrite exactement! que par les anciens ichthyologistes depuis Rondelet jusqu'à Artedi et Ascanius. Bloch et Lacépède , parmi les modernes, ont con- fonau l'histoire des quatre espèces et ont rapporté à ia vive 2ummune les caracteres des autres. D. 74 sépare le dragon de la fable, de la Vive de la na- ture, n'a-t-0n pas attribué à ce poisson un venin redoutable? ne s'est-on pas piu à faire remar- quer ies brillantes couleurs de ses yeux, dans lesquels on a voulu voir respiendir, comme dans ceux du dragon poétique, tous les feux des pierres les plus précieuses ? Il en est cependant du dragon marin comme du dragon terrestre‘. Son nom fameux se lie à d'immortels souvenirs : mais à peine l’a-t-on aperçu, que toute idée de grandeur s’évanouit ; il ne lui reste plus que quelques rapports va- gues avec la brillante chimère dont on lui a appliqué la fastueuse dénomination , et du vo- lume gigantesque qu’on était porté à lui attri- buer, il se trouve tout d'un coup réduit à de très-petites dimensions. Ce dragon des mers, ou, pour mieux dire et pour éviter toute cause d'erreur, la trachine vive, ne parvient, en effet, très-souvent, qu’à la longueur de trois ou qua- tre décimètres. Sa tête est comprimée et garnie dans plu- sieurs endroits de petites aspérités. Les yeux, rapprochés l'un de l’autre, ont la couleur et la vivacité de l'émeraude avec l'iris jaune tacheté de noir. L'ouverture de la bouche est assez grande , la langue pointue; et la mâchoire infé- rieure , qui est plus avancée que la supérieure, est armée, ainsi que cette dernière, de dents très-aiguës. Chaque opercule recouvre une large ouverture branchiale, et se termine par une longue pointe tournée vers la queue. Le dos présente deux nageoires : les rayons de la pre- mière ne sont qu’au nombre de cinq; mais ils sont non articulés, très-pointus et tres-forts. La peau qui revêt l'animal ést couverte d’écailles arrondies, petites et faiblement attachées : mais elle est si dure, qu’on peut écorcher une tra- chine vive presque aussi facilement qu’une mu- rène anguille. Il en est de même de l’uranoscope rat; et c’est une nouvelle ressemblance entre la vive et cet uranoscope. Le dos du poisson est d'un jaune brun; ses côtés et sa partie inférieure sont argentés et va- riés dans leurs nuances par des raies transver- sales ou obliques, brunätres, et fréquemment dorées ; la première nageoire dorsale est pres- que toujours noire ?. 4 Voyez j'art. du Dragon dans l'Hist. nat. des Quadru mn ovip. 3 À la première nageoire dorsale 5 rayons, à la seconde 34, à chacune des nageoires pectorales 16, à chacune des jugw 72 On trouve dans son intérieur et auprès du pyiore, au moins huit appendices ou petits cœ- cum. La vive habite non-seulement dans la Médi- terranée, mais encore dans l'Océan. Elle se tient presque toujours dans le sable, ne laissant paraître qu'une partie de sa tête ; et elle a tant de facilité à creuser son petit asile dans le li- mon, que lorsqu'on la prend et qu’on la laisse échapper, elle disparaît en un clin d'œil, et s’en- fonce dans la vase. Lorsque la vive est ainsi re- tirée dans le sable humide, elle n’en conserve pas moins la faculté de frapper autour d’elle avec force et promptitude par le moyen de ses aiouillons et particulièrement de ceux qui com- posent sa première nageoire dorsale. Aussi doit-on se garder de marcher nu-pieds sur le sable ou le limon au-dessous duquel on peut supposer des vives : leurs piquants font des blessures très-douloureuses. Mais malgré le danger de beaucoup souffrir, auquel on s’ex- pose lorsqu'on veut prendre ces trachines, leur chair est d’un goût si délicat, que l'on va très- fréquemment à la pêche de ces poissons, et qu’on emploie plusieurs moyens pour s’en pro- eurer un grand nombre. Pendant la fin du printemps et le commen- cement de l’été, temps où les vives s’approchent des rivages pour déposer leurs œufs, ou pour féconder ceux dont les femelles se sont débar- rassées, on en trouve quelquefois dans les ma- nets ou filets à nappes simples, dont on se sert pour la pêche des maquereaux. On emploie aussi pour les prendre, lorsque la nature du fond le permet, des dréges ou espèces de filets qui reposent légèrement sur ce même fond, et peuvent dériver avec la marée. On s'efforce d'autant plus de pêcher une grande quantité de vives, que ces animaux non- seulement donnent des signes très-marqués d'irritabilité après qu’ils ont été vidés ou qu’on | leur a coupé la tête, mais encore peuvent vivre assez longtemps hors de l’eau, et par consé- quent être transportés encore en vie à d'assez grandes distances. D'ailleurs, par un rapport remarquable entre l’irritabilité des muscles et leur résistance à la putridité, la chair des tra- chines vives ne se corrompt pas aisément, et peut être conservée pendant plusieurs jours, laires 6, à la nageoïre de l'anus 25, à celie de la queue, qui est ca peu fourchue, 15. HISTOIRE NATURELLE sans cesser d’être très-bonne à manger ; et c’est à cause de ces trois propriétés qu’elles ont recu le nom spécifique que j’ai cru devoir leur laisser. Cependant, si plusieurs marins vont sans cesse à la recherche de ces trachines , la crainte fondée d'être cruellement blessés par les pi- quants de ces animaux, et surtout par les ai- guillons de la première nageoire dorsale, leur fait prendre de grandes précautions; et les ac- cidents occasionnés par ces dards ont été regar- dés comme assez graves pour que, dans le temps, l’autorité publique ait eru, en France, devoir donner à ce sujet des ordres très-séveres. Les pêcheurs s’attachent surtout à briser ou arracher les aiguillons des vives qu’ils tirent de l’eau. Lorsque, malseré toute leur attention, ils ne peuvent pas parvenir à éviter la blessure qu'ils redoutent, ceux de leurs membres qui sont piqués, présentent une tumeur accompa- gnée de douleurs très-cuisantes et quelquefois de fièvre. La violence de ces symptômes dure ordinairement pendant douze heures ; et comme cet intervalle de temps est celui qui sépare une haute marée de celle qui la suit, les pêcheurs de l'Océan n’ont pas manqué de dire que la durée des accidents occasionnés par les piquants des vives avait un rapport très-marqué avec les phénomènes du flux et reflux, auxquels ils sont forcés de faire une attention continuelle, à cause de l'influence des mouvements de la mer sur toutes leurs opérations. Au reste, les moyens dont les marins de l'Océan ou de la Méditerra- née se servent pour calmer leurs souffrances, lorsqu'ils ont été piqués par des trachines vives, ne sont pas peu nombreux; et plusieurs de ces remèdes sont très-anciennement connus. Les uns se contentent d'appliquer sur la partie ma- lade le foie ou le cerveau encore frais du pois- son; les autres, après avoir lavé la plaie avec beaucoup de soin, emploient une décoction de lentisque, ou les feuilles de ce végétal, ou des fèves de marais. Sur quelques côtes septentrio- nales, on a recours quelquefois à de l’urine chaude; le plus souvent on y substitue du sable mouillé dont on enveloppe la tumeur, en tâchant d'empêcher tout contact de l’air avec les membres blessés par la trachine. L’enflure considérable etles douleurs longues et aiguës qui suivent la piqüre de la vive, ont fait penser que cette trachine était véritable- ment venimeuse ; et voilà pourquoi, sans doute, DES POISSONS. on lui a donné le nom de l’araignée, dans la- quelle on croyait devoir supposer un poison assez actif. Mais la vive ne lance dans la plaie qu’elle fait avec ses piquants, aucune liqueur particulière : elle n’a aucun instrument propre à déposer une humeur vénéneuse dans un corps étranger, aucun réservoir pour la contenir dans l'intérieur de son corps, ni aucun organe pour la filtrer ou la produire. Tous les effets doulou- reux de ses aiguillons doivent être attribués à la force avec laquelle elle se débat lorsqu'on la saisit, à la rapidité de ses mouvements, à l'adresse avec laquelle elle se sert de ses ar- mes, à la promptitude avec laquelle elle re- dresse et enfonce ses petits dards dans la main, par exemple, qui s'efforce de la retenir, à la profondeur à laquelle elle les fait parvenir, et à la dureté ainsi qu’à la forme très-pointue de ces piquants. La vive n’emploie pas seulement contre les marins qui la pêchent et les grands poissons qui l’attaquent, l'énergie, l’agilité et les armes dan- gereuses que nous venons de décrire : elle s’en sert aussi pour se procurer plus facilement sa nourriture, lorsque , ne se contentant pas d’ani- maux à coquille, de mollusques, ou de crabes, elle cherche à dévorer des poissons d'une taille presque égale à la sienne. Tels sont les faits certains dont on peut com- poser la véritable histoire de la trachine vive. Elle a eu aussi son histoire fabuleuse, comme toutes les espèces d'animaux qui ont présenté quelque phénomène remarquable. Nous ne la rapporterons pas, cette histoire fabuleuse. Nous ne parlerons pas des opinions contraires aux lois de la physique maintenant les plus connues, ni des contes ridicules que l’on trouve, au sujet de la vive, dans plusieurs auteurs anciens, par- ticulièrement dans Élien, ainsi que dans quel- ques écrivains modernes, et qui doivent princi- palement leur origine au nom de Dragon que porte cette trachine, et à toutes les fictions vers lesquelles ce nom ramène l'imagination; nous ne dirons rien du pouvoir merveilleux de la main droite ou de la main gauche lorsqu'on touche une vive, ni d’autres observations pres- que du même genre : en tâchant de découvrir les propriétés des ouvrages de la nature, et les divers effets de sa puissance, nous n'avons qu'un trop grand nombre d'occasions d’aiouter à lenumération des erreurs de l'esprit hu- 1Z 75 Il parait que , selon les mers qu'elle habite, la vive présente dans ses dimensions, ou dans la disposition et les nuances de ses couleurs, des variétés plus ou moins constantes. Voici les deux plus dignes d'attention. La première est d'un gris cendré avec des raies transversales, d’un brun tirant sur le bleu. Elle a trois décimètres, ou à peu près, de longueur. La seconde est blanche, parsemée, sur sa partie supérieure, de points brunâtres, et dis- tinguée d’ailleurs par des taches de la même teinte, mais grandes et ovales, que l’on voit également sur sa partie supérieure. Elle par- vient à une longueur de plus de trois déci- mètres. C’est vraisemblablement de cette variété qu'il faut rapprocher les trachines vives de quelques côtes de l'Océan, que l’on nomme Saccarailles blanes ‘, et qui sont longues de cinq ou six décimètres. LA TRACHINE OSBECK 2. Trachinus Osbeck, Lacep. 3. C’est dans l'Océan Atlantique, et auprès de l'ile de l'Ascension, qu’habite cette trachine, dont la description a été publiée par le savant voyageur Osbeck. Les deux mâchoires de ce poisson sont également avancées , et garnies de plusieurs rangs de dents longues et pointues, dont trois en haut et trois en bas sont plus grandes que les autres ; des dents aiguës sont aussi placées auprès du gosier. Chaque opercule se termine par deux aiguillons inégaux en lon- gueur. La nagecire de la queue est rectiligne *, Tout l’animal est blane avec des taches noires. Telles sont les principales différences qui écar- tent cette espèce de la trachine vive. 4 Duhamel, à l'endroit déjà cité. 20Osbeck, Voy. to China, p.96. — Trachine poncluée, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 M. Guvier remarque que ce poisson n'ayant qu'une seule dorsale et onze rayons épineux à cette nageoire, ne peut être une vive. Ge serait plutôt un serran. D. 4 À la membrane des branchies 6 rayons, à chacune des nageoires pectorales 18, à chacune des jugulaives 5, à la na- geoire de l'anus 41, à celle de la queue 16, QUARANTE-HUITIÈME GENRE. LES GADES. JA tête comprimée; les yeux peu rapprochés l'un de l'autre, et placés sur les côtés de la tête; le corps allongé, peu comprimé, et revêtu de petites écailles; les opercules composés de plusieurs pièces et bordés d'une membrane non ciliée. PREMIER SOUS-GENRE. Trois nageoires sur le dos ; un ou plusieurs barbillons au bout du museau. ESPÈCES. CARACTÈBES. La nageoire de la queue fourchue; la mâchoire supérieure plus 1. avaucée que l'inférieure ; le pre- LE GADE MORUS. mier rayon de la première na- | geoire de l'anus non articulé et épineux. La nageoire de la quene fourchue; la mâchoire supérieure plus Le ee avancée que l'inférieure ; la cou- ” leur blanchâtre; la ligne laté- rale noire. La nageoire de la queue fourchue ; la mächoire supériecre un peu plus avancée que l'inférieure ; le premier rayon de chaque na- geoire jugulaire terminé par un long filament. La uageoire de la queue fourchue ; la raächoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; le secor.d rayon de chaque na- geoire jugulaire terminé par un long filament. La nageoire de la queue fourchue ; le premier rayou de chaque na- geoire jugulaire plus long que les autres, el divisé en deux. La nageoire de la queue en crois- sant: la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; la ligne latérale large et tachetée. | nageoire de la queue en crois- \ { S. LE GADE BIB. 4 | | | | | 5. Lx GADE BLENNIOÏDE 6. LE GADE CALLARIAS. sant ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; la auteur du corps égale à peu près au tiers de la longueur totale de l'animal. Le nageoire de la queue rectiligne 7: LE GADE TACAUD. et sans échancrure ; nn enfonce- ment aupres du bout du museau; le second rayon de chaque jusu- laire plus long que les autres, et terminé par un filament ; !e pre- mier rayon de la première na- geoire de l'anus non épineux. La nageoire de la queue arron- die ; la mâchoire supérieure plus 9 see ere SU 2 tre très - caréné; l'anus plac LB GADE CAPELAN- pen prés à une ézale distance de a tête et de l'extrémité de la queue. SECOND SOUS-GENRE. 8. Le GADE ROUGE- | Trois nageoires sur le dos; point de barbillons au bout du museau. La nageoire de la queue fourchue ; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure; la ligne latérale presque droite ; la bou- che noire. La nageoire de la queue fourchue ; 41. la mâchoire inférieure plus avan- LE GADE POLLACE. cée que la supérieure ; la ligne latérale très-courbe. 10. Lg GAUE COLIN. HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈEESe La nagcoire de la queue fourchue; 12. les deux mächoires également LE GADE SEY. avancées ; la couleur du dos ver dâtre. La nageoire de la queue en crois 15. sant; la mâchoire supérieure LE GADE MEBLAN-. plus avancée que l'inférieure ; la couleur blanche. TROISIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales ; un où plusieurs barbillons au bout du museau. La nageoire de la queue fourchue; la dorsale adipeuse ; Cinquanlc» deux rayons à la nageoire de l'a- nus; toute la surface du poisson d'un noir plus ou moins foncé. fr nageoire de la queue, arron- 14. LE GADE NÈGRE. 15. LE GADE MOLVE. die; la mâchoire supérieure plus avaucée que l'inférieure. La mâchoire inférieure plus avan- 16 cée que ; PUÉÉRAE la de * geoire de l'anus très ougue , € ERICIDEENDIES composéede soixante-dix rayons, ou environ. La nageoire de la queue arron® die: les deux mâchoires égale- ment avarcées. La nageoire de la queue arrondie; la première nageire du dos très- 18. basse, excepté le premier ou le £ Le GADE MUSTELLE. seconii rayon; la ligne latérale trés-courbe auprès des nageoires pectorales, et ensuite droite. La nageoire de la queue arrondie ; deux barbillons auprès des nari- nes; un barbillon à la lèvre su- 19. périeure, et un à l'inférieure ; le LE GADE CIMBRE. premier rayon de la première dorsale terminé par deux fila- ments disposés horizontalement comue les branches d'un T. QUATRIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales ; point de barbillons auprès du bout du museau. 17. LE GADE LOTE. 20 | La nageoire de re rectiligne: < la mächoire inférieure plus avan- RE {CAPE IMENNE cée que la supérieure. CINQUIÈME SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale ; des barbillons au bout du muscau. 21. anS Vers: LE GADE BROSME. des bandes transversales sur les côtés. La nageoire de la queue, arrondie; soixante-quinze rayons à l'anale; point de bandes on taches trans versales sur le corps ni sur la queue. | Lanageoire de la queue, lancéolée; 22. LE GADE LUBB, LE GADE MORUE ". Gadus Morrhua, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. Parmi tous les animaux qui peuplent l'air, la terre ou les eaux, il n’est qu'un très-petit à Morhuel, dans plus. pays septent. de l'Europe. — Mo lüe, dans plus. contrées de France. — Cabiliau, ibid. — Ca- billau, ibid. — Cabillaud, ibid., et particulièrement dans les départ. les plus septent, — Kablag, en Danermarck,— DES POISSONS. nombre d'espèces utiles dont l’histoire puisse paraître aussi digne d'intérêt que celle de la morue, à la philosophie attentive et bienfaisante qui médite sur la prospérité des peuples. L'homme a élevé le cheval pour la guerre, le bœuf pour le travail, la brebis pour l'industrie, l'éléphant pour la pompe, le chameau pour l'aider à traverser les déserts, le dogue pour sa garde, le chien courant pour la chasse, le barbet pour le sentiment, la poule pour sa table, le cormoran pour la pêche, l'aigrette pour sa pa- rure, le serin pour ses plaisirs , l'abeille pour remplacer le jour ; il a donné la morue au com- merce maritime; et en répandant par ce seul bienfait, une nouvelle vie sur un des grands ob- jets de la pensée, du courage et d’une noble am- bition, il a doublé les liens fraternels qui unis- saient les différentes parties du globe. Dans toutes les contrées de l’Europe, et dans presque toutes celles de l'Amérique, il est bien peu de personnes qui ne connaissent le nom de la morue, la bonté de son goût, la nature de ses muscles, et les qualités qui distinguent sa chair suivant les diverses opérations que ce | gade a subies : mais combien d'hommes n’ont aucune idée précise de la forme extérieure, des organes intérieurs, des habitudes de cet animal fécond , ni des diverses précautions que l’on a imaginées pour le pêcher avec facilité! et parmi ceux qui s'occupent avec le plus d’assiduité d'étudier ou de régler les rapports politiques des nations, d'augmenter leurs moyens de sub- sistance, d'accroitre leur population , de multi- plier leurs objets d'échange, de créer ou de ra- pimer leur marine; parmi ceux même qui ont | consacré leur existence aux voyages de long Ciblia . en Suède. — Gade morue, Daubenton, Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Gadus squamis majoribus, Bloch, pl. 64. — Gadus, dorso tripterygio, ore cirrato, etc., Artedi, gen. 6, syn. 55. — Morrhua vulgaris, mazxima asellorum species, Bélon, Aquat., p. 128. — Mor- rhua.sive Molva altera, Aldrov., 1.3, c. 6, p. 289.—Molra, morrhua, Jonston , L. 4, tit. 4, c. 1, art. 2, tab. 2, fig. 1. — Molva , vel Morrhua allera, minor, Gesuer, p.68, 102; Icon. an m., p.71. — Molüe, ou Morhue, Rondelet , part, 1, 1.9, c. 15. — Asellus major, Schonev., p.18. — Charleton, p- 121. — « Asellus major vulgaris, Belgis cabiliau. » Wil- lughby, p.163. — « Asellus major vulgaris, » Rai, p.55, n.1, — Fiun. suec. 508.— Müller, Prodrom. Zonl. danic., p. 42, 0.549. — Gadus kabbelja, It. Wgoth. 176. — Cabliau, Strom. sondm. 317. — « Callarias sordidè olivaceus , maculis « flavicantibus variis, etc. » Klein, Miss. pise. 5, p. B, n 1.— Morue, Camper, Mém. des sav. étr., 6, p. 79. — Pennant, Brit. Zool. 5, p.172, n. 73. — Morue franche, Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect, 4, c. 1. — Morue, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Gadus morhua, Ascagne, cah. 5, p. 5, pl. 27. 15 cours, ou aux vastes spéculations commer- ciales, n’est-il pas plusieurs esprits élevés et très-instruits, aux yeux desquels cependant une histoire bien faite du gade morue dévoilerait des faits importants pour le sujet de leurs esti- mables méditations ? Aristote, Pline, ni aucun des anciens hist riens de la nature, n’ont connu le gade morue. mais les naturalistes récents, les voyageurs, les pêcheurs, les préparateurs, les marins, les commerçants, presque tous les habitants des rivages, et même de l'intérieur des terres de l’Europe ainsi que de l'Amérique, particulière- ment de l'Amérique et de l’Europe septentrio- nales , se sont occupés si fréquemment et sous tant de rapports de ce poisson ; ils l’ont vu, si je puis employer cette expression, sous tant de faces et sous tant de formes, qu'ils ont dû né- cessairement donner à cet animal un tres-grand nombre de dénominations différentes. Néan- moins sous ces divers noms, aussi bien que sous les déguisements que l'art a pu produire, et même sous les dissemblances plus ou moins variables et plus ou moins considérables que la nature a créées dans les différents climats, il sera toujours aisé de distinguer la morue non- seulement des autres jugulaires de la première division des osseux, mais encore de tous les autres gades, pour peu qu'on veuille rappeler les caractères que nous allons indiquer. Comme tous les poissons de son genre, la morue a la tête comprimée; les yeux, placés sur les côtés, sont très-rapprochés l'un de l’au- tre, très-gros , voilés par une membrane trans- parente ; et cette dernière conformation donne à l'animal la faculté de nager à la surface des mers septentrionales , au milieu des montagnes de glace, auprès des rivages couverts de neige congelée et resplendissante, sans être ébloui par la grande quantité de lumière réfléchie sur ces plages boréales : mais hors de ces régions voisines du cercle polaire, la morue doit voir avec plus de difficulté que la plupart des pois- sons, dont les yeux ne sont pas ainsi recouverts par une pellicule diaphane; et de là est venue l’expression d’yeux de morue dont on s’est servi pour désigner des yeux grands, à fleur de tête et cependant mauvais. Les mâchoires sont inégales en longueur : la‘ supérieure est plus avancée que l’inférieure, au bout de laquelle on voit pendre un assez grand | barbillon. Elles sont armées toutes les deux de 76 plusieurs rangées de dents fortes et aiguës. La première rangée en présente de beaucoup plus longues que les autres ; et toutes ne sont pas ar- ticulées avec l’un des os maxillaires, de ma- nière à ne se prêter à aucun mouvement. Plu- sieurs de ces dents sont au contraire très-mobi- les, c'est-à-dire peuvent être, comme celles des squales, couchées et relevées sous différents angles , à la volonté de l'animal , et lui donner ainsi des armes plus appropriées à la nature, au volume et à la résistance de la proie qu’il cher- che à dévorer. La langue est large, arrondie par devant, molle et lisse : mais on voit des dents petites et serrées au palais et auprès du gosier. Les opercules des branchies sont composés chacun de trois pièces, et bordés d’une bande souple et non ciliée. Sept rayons soutiennent chaque membrane branchiale. Le corps est allongé, légèrement comprimé, et revêtu d’écailles plus grandes que celles qui recouvrent presque tous les autres gades. La ligne latérale suit à peu près la courbure du dos jusque vers les deux tiers de la longueur totale du poisson. On voit sur la morue trois grandes nageoires dorsales. Cenombre de trois, dans les nageoires du dos, distingue les gades du premier et du second sous-genre, ainsi que l'indique le tableau qui est a la tête de cet article; et il est d'autant plus remarquable , qu’excepté les espèces ren- fermées dans ces deux sous-genres , les eaux douces , aussi bien que les eaux salées, doivent comprendre un très-petit nombre de poissons osseux ou cartilagineux dont les nageoires dor- sales soient plus que doubles, et qu’on n’en trouve particulièrement aucun à trois nageoires dorsales parmi les habitants des mers ou des rivières que nous avons dejà décrits dans cet ouvrage. Les poissons qui ont trois nageoires du dos, ont deux nageoires de l’anus placées comme les dorsales, à la suite l’une de l’autre. La morue a donc deux nageoires anales comme tous les gades du premier et du second sous-genre; et on a pu voir sur le tableau de sa famille que le premier aiguillon de la première de ces deux nageoires est épineux et non articulé. Les nageoires jugulaires sont étroites et ter- minees en pointe, comme celles de presque tous les gades ; Ja caudale est un peu fourchue ‘. 1 À la première nageoire du dos 15 rayons, à 1* seconde 19, HISTOIRE NATURELLE Les morues parviennent trés-souvent à uns grandeur assez considérable pour peser un my- riagramme : mais ce n’est pas ce poids qui in- dique la dernière limite de leurs dimensions. Suivant le savant Pennant, on en a vu, auprès des côtes d'Angleterre , une qui pesait près de quatre myriagrammes, et qui avait plus de dix- huit décimètres de longueur, sur seize décime- tres de circonférence à l'endroit le plus gros du Corps. L'espèce que nous décrivons est d’ailleurs d’un gris cendré, tacheté de jaunâtre sur le dos. La partie inférieure du corps est blanche, et quelquefois rougeâtre, avec des taches couleur d’or dans les jeunes individus. Les nageoires pectorales sont jaunâtres ; une teinte grise dis- tingue les jugulaires , ainsi que la seconde de l'anus. Toutes les autres nageoires présentent des taches jaunes. C’est principalement en examinant avec soin les organes intérieurs de la morue, que Cam- per, Monro et d’autres habiles anatomistes, sont parvenus à jeter un grand jour sur la struc- ture interne des poissons, et particulièrement sur celle de leurs sens. On peut voir, par exem- ple, dans Monro, une très-belle description de l’ouie de la morue : mais nous nous sommes déjà assez occupés de l'organe auditif des pois- sons, pour devoir nous contenter d’ajouter à tout ce que nous avons dit, et relativement au gade morue, que le grand os auditif contenu dans un sac placé à côté des canaux appelés demi-cireulaires , et le petit os renfermé dans la cavité qui réunit le canal supérieur au ca- nal moyen, présentent un volume assez consi- dérable, proportionnellement à celui de l'animal ; que c’est à ces deux os qu'il faut rapporter les petits corps que l’on trouve dans les cabinets d'histoire naturelle, sous le nom de pierres de morue ; qu’un troisième os que l’on a dé- couvert aussi dans l’anguille et dans d’autres osseux dont nous traiterons avant de terminer cet ouvrage, est situé dans le creux qui sert de communication aux trois canaux demi-cireu- laires ; et que la grande cavité qui comprend ces mêmes canaux est remplie d’une matière visqueuse, au milieu de laquelle sont dispersés de petits corps sphériques auxquels aboutis- sent des ramifications nerveuses. à la troisième 21, à chacune des nageoires pectorales 46, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 17, à la se- conde 16, à la nageoire de la queue 50. DES POISSONS. T7 De petits corps semblables sont attachés à la cervelle et aux principaux rameaux des nerfs. Si de la considération de l’ouie de la morue nous passons à celle de ses organes digestifs , nous trouverons qu’elle peut avaler dans un très-court espace de temps une assez grande quantité d’aliments : elle a en effet un estomac très-volumineux ; et l’on voit auprès du pylore six appendices ou petits canaux branchus. Elle est tres-vorace ; elle se nourrit de poissons, de mollusques et de crabes. Elle a des sues diges- tifs si puissants et d’une action si prompte, qu’en moins de six heures un petit poisson peut être digéré en entier dans son canal intestinal. De gros crabes y sont aussi bientôt réduits en chyle; et avant qu'ils ne soient amenés à l’état de bouillie épaisse, leur têt s’altère, rougit comme celui des écrevisses que l’on met dans de l’eau bouillante, et devient tres-mou !. La morue est même si goulue, qu'elle avale souvent des morceaux de bois ou d’autres sub stances qui ne peuvent pas servir à sa nouri- ture : mais elle jouit de la faculté qu’ont reçue les squales, d’autres poissons destructeurs , et les oiseaux de proie; elle peut rejeter facile- ment les corps qui l’incommodent. L'eau douce ne parait pas lui convenir ; on ne la voit jamais dans les fleuves ou les rivières : elle ne s’approche même des rivages, au moins ordinairement, que dans le temps du frai ; pen- dant le reste de l’année elle se tient dans les profondeurs des mers , et par conséquent elle doit être placée parmi les véritables poissons pélagiens. Elle habite particulièrement dans la portion de l'Océan septentrional comprise entre le quarantième degré de latitude et le soixante- sixième : plus au nord ou plus au sud, elle perd de ses qualités ; et voila pourquoi appa- remment elle ne doit pas être comptée parmi les poissons de la Méditerranée, ou des autres mers intérieures , dont l'entrée, plus rappro- chée de l'équateur que le quarantième degré, est située hors des plages qu’elle fréquente. On la pêche dans la Manche, et on la prend auprès des côtes du Kamtschatka, vers le soixantième degré ? : mais dans la vaste éten- due de l'Océan boréal qu’occupe cette espèce , on peut distinguer deux grands espaces qu’elle semble préférer. Le premier de ces espaces remarquables peut être coneu comme limité 1 Voyez l'Histoire d'Islande, par Anderson, 2 Voyage de Lesseps, du Kamtschatka en France. d'un côté par le Groeniand et par l’islande de l’autre ; par la Norvége, les côtes du Da- nemarck , de l’Allemagne, de la Hollande, de l'est et du nord de la Grande-Bretagne, ainsi que des iles Oreades ; il comprend les endroits désignés par les noms de Dogger-bank, Vell- bank et Cromer ; et on peut y rapporter les pe- tits lacs d’eau salée des îles de l’ouest de l’E- cosse, où des troupes considérables de grandes morues attirent, principalement vers Gareloch, les pêcheurs des Crcades, de Peterhead, de Portsoy, de Firth et de Murray. Le secondespace, moinsanciennementconnu, mais plus célèbre parmi les marins, renferme les plages voisines de la Nouvelle-Angleterre , du cap Breton, de la Nouvelle-Ecosse, et sur- tout de l'ile de Terre-Neuve, auprès de laquelle est ce fameux banc de sable désigné par le nom de Grand Banc, qui a près de cinquante my- riamètres de longueur sur trente ou environ de largeur, au-dessus duquel on trouve depuis vingt jusqu’à cent mètres d’eau, et près duquel les morues forment des légions très-nombreu- ses, parce qu’elles y rencontrent en très-grande abondance les harengs et les autres animaux marins dont elles aiment à se nourrir. Lorsque, dans ces deux immenses portions de mer, le besoin de se débarrasser de la laite ou des œufs , ou la nécessité de pourvoir à leur subsistance, chassent les morues vers les côtes, c’est principalement près des rives et des bancs couverts de crabes ou de moules qu’elles se rassemblent ; et elles déposent souvent leurs œufs sur des fonds rudes au milieu des rochers. Ce temps du frai qui entraine les morues vers les rivages, est très-variable, suivant les contrées qu'elles habitent, et l’époque à la- quelle le printemps ou l’été commence à régner dans ces mêmes contrées. Communément c’est vers Je mois de février que ce frai a lieu auprès de la Norvége, du Danemarck, de l'Angleterre, de l'Écosse, etc. : mais comme l'ile de Terre- Neuve appartient à l'Amérique septentrionale, et par conséquent à un continent beaucoup plus froid que l’ancien, l’époque de la ponte et de la fécondation des œufs y est reculée jusqu’en avril. Il est évident, d’après tout ce que nous ves nons de dire, que cette époque du frai est celle que l’on a dù choisir pour celle de la pêche. I} y a donc eu diversité de temps pour cettegrande opération de la recherche des morues , selon le 78 lieu où on a désiré deles prendre, et de plus, ii y a eu différence dans les moyens de parve- nir à les saisir, suivant les nations qui se sont occupées de leur poursuite : mais depuis plu- sieurs siècles les peuples industrieux et marins de l’Europe ont senti l'importance de la pêche des morues, et s’y sont livrés avec ardeur. Des le quatorzième siècle, les Anglais et les habi- tants d'Amsterdam ont entrepris cette pêche , pour laquelle les Islandais, les Norvégiens , les Français et les Espagnols ont rivalisé avec eux plus ou moins heureusement; et vers le commencement du seizieme , les Français ont envoyé sur le grand banc de Terre-Neuve les premiers vaisseaux destinés à en rapporter des morues. Puisse cet exemple mémorable n'être pas perdu pour les descendants de ces Français! et lorsque la grande nation verra luire le jour fortuné où l'olivier de la paix balancera sa tête sacrée, au milieu @es lauriers de la victoire et des palmes éclatantes du génie, au-dessus des innombrables monuments élevés à sa gloire , qu’elle n'oublie pas que son zèle éclairé pour les entreprises relatives aux pêches importantes sera toujours suivi de l'accroissement le plus rapide de ses subsistances , de son commerce , de son industrie, de sa population , de sa ma- rine, de sa puissance , de son bonheur | Dans la première des deux grandes surfaces où l'on rencontre des troupes très-nombreuses de morues, et par conséquent dans celle où l’on s’est livré plus anciennement à leur recherche, on n’a pas toujours employé les moyens les plus propres à atteindre le but que l'or aurait dû se proposer. Il a été un temps, par exemple, où sur les côtes de Norvége on s'était servi de filets composés de manière à détruire une si grande quantité de jeunes morues, et à dépeupler si vite les plages qu’elles avaient affectionnées, que, par une suite de ce sacrifice mal entendu de l'avenir au présent, un bateau monté de quatre hommes ne rapportait plus que six ou sept cents de ces poissons, de tel endroit où il en aurait pris, quelques années auparavant, près de six mille, Mais rien n’a été négligé pour les pêches fai- tes dans les dix-septièeme et dix-huitième sie- cles , aux environs de l’île de Terre-Neuve. Premièrement, on a recherché avec le plus grand soin les temps les plus favorables; c’est d’après les résultats des observations faites à ce sujet, que, vers ces parages, il est très-rare HISTOIRE NATURELLE qu'on continue la poursuite des morues après le mois de juin, époque à laquelle les gades dont nous écrivons l’histoire s’éloignent à de gran- des distances de ces plages, pour chercher une nourriture plus abondante , ou éviter la dent meurtrière des squales et d’autres habitants des mers redoutables par leur férocité. Les mo- rues reparaissent auprès des côtes dans le mois de septembre, ou aux environs de ce mois : mais dans cette saison, qui touche d’un côté à l’équinoxe de l’automne, et de l’autre aux fri- mas de l'hiver, et d’ailleurs auprès de l’Amé- rique septentrionale, où les froids sont plus ri- goureux et se font sentir plus tôt que sous le même degré de la partie boréale de l'ancien continent, les tempêtes et mème les glaces peu- vent rendre très-souvent la pêche trop incer- taine et trop dangereuse, pour qu'on se déter- mine à s’y livrer de nouveau , sans attendre le printemps suivant, En second lieu, les préparatifs de cette im- portante et lointaine recherche des morues qui se montrent auprès de Terre-Neuve, ont été faits , depuis un très-grand nombre d'années, avec une prévoyance très-attentive. C’est dans ces opérations préliminaires qu’on a suivi avec une exactitude remarquable le principe de di- viser le travail pour le rendre pius prompt et plus voisin de la perfection que l’on désire; et ce sont les Anglais qui ont donné à ect égard l'exemple à l’Europe commercante. La force des cordes ou lignes, ia nature des hamecons , les dimensions des bâtiments, tous ces objets ont été déterminés avec précision. Les lignes ont eu depuis un jusqu’à deux cen- timètres, ou à peu près, de circonference, et quelquefois cent quarante-cinq mètres de lon- gueur : elles ont été faites d’un très-bon chan- vre , etcomposées de fils très-fins, et cependant très-forts, afin que les morues ne fussent pas trop effravées, et que les pêcheurs pussent sentir aisément l'agitation du poisson pris, re- lever avec facilité les cordes et les retirer sans les rompre. Le bout de ces lignes a été garni d’un plomb qui a eu la forme d'une poire ou d’un cylindre: a pesé deux ou trois kilogrammes selon la gros- seur de ces cordes, et a soutenu une empile longue de quatre à cinq mètres‘. Communé- 4 Nous avons vu, dans l'article de la Rate bouciée, que l'empile est un fil de chanvre , de crin, ou de métal, auquel le haim ou hamegon est attaché. DES FOISSONS. ment les vaisseaux employés pour la pêche des morues ont été de cent cinquante tonneaux au ptus, et de trente hommes d'équipage. On a emporté des vivres pour deux , trois et jusqu’à huit mois, selon la longueur du temps que l’on a cru devoir consacrer au voyage. On n’a pas manqué de se pourvoir de bois pour aider le desséchement des morues , de sel pour les con- server, de tonnes et de petits barils pour y ren- fermer les différentes parties de ces animaux déjà préparées. Des bateaux particuliers ont été destinés à aller pêcher, même au loin, les mollusques et les poissons propres à faire des appâts, tels que des sépies , des harengs , des éperlans , des tri- gles, des maquereaux , des capelans , ete. On se sert de ces poissons quelquefois lors- qu'ils sont salés, d’autres fois lorsqu'ils n’ont pas été imprégnés de sel. On en emploie sou- vent avec avantage de digérés à demi. On rem- place avec succès ces poissons corrompus par des fragments d’écrevisse ou d’autres crabes, du lard et de la viande gâtée. Les morues sont même si imprudemment goulues, qu'on les trompe aussi en ne leur présentant que du plomb ou de l’étain façonné en poisson, et des morceaux de drap rouge semblables par la cou- Jeur à de la chair ensanglantée ; et si on a be- soin d’avoir recours aux appâts les plus puis- sants, on attache aux hamecçons le cœur de queique oiseau d’eau , ou même une jeune mo- rue encore saignante ; car la voracité des gades que nous décrivons est telle, que, dans les moments où la faim les aiguillonne, ils ne sont retenus que par une force supérieure à la leur, et n'épargnent pas leur propre espèce. Lorsque les précautions convenables n’ont pas été oubliées, que l’on n'est contrarié ni par de gros temps ni par des circonstances extraor- dinaires, et qu’on a bien choisi le rivage ou le bane, quatre hommes suffisent pour prendre par jour cinq ou six cents morues. L'usage le plus généralement suivi sur le grand banc, est que chaque pècheur établi dans un baril dont les bords sont garnis d’un bour- reiet de paille, laisse plus ou moins filer sa ligne, en raison de la profondeur de l’eau, de la force du courant, de la vitesse de la dérive, ei fasse suivre à cette corde les mouvements du vaisseau, en la traînant sur le fond contre lequel elle est retenue par le poids de plomb dont eile est lestée. Néanmoins d’autres marins 79 halent ouretirent de temps en temps leur ligne de quelques mètres, et la laissent ensuite »e- tomber tout à coup, pour empêcher les morues de flairer les appâts et de les éviter, et pour leur faire plus d’illusion par les divers tour- noiements de ces mêmes appâts, qui dès lors ont plus de rapports avec leur proie ordi- naire. Les morues devant étre consommées à des distances immenses du lieu où on les pêche, on a été obligé d'employer divers moyens propres à garantir de toute altération leur chair et plu- sieurs autres de leurs parties. Ces moyens se réduisent à les faire saler ou sécher. Ces opé- rations sont souvent exécutées par les pé- cheurs, sur les vaisseaux qui les ont amenés ; et on imagine bien, surtout d’après ce que nous avons déjà dit, qu’afin de ne rien perdre de la durée ni des objets du voyage, on a établi sur ces bâtiments le plus grand ordre dans la dis- position du local, dans la succession des procé- dés , et dans la distribution des travaux entre plusieurs personnes dont chacune n’est jamais chargée que des mêmes détails. Les mêmes arrangements ont lieu sur la côte, mais avec de bien plus grands avantages, lorsque les marins occupés de la pêche des mo- rues ont à terre, comme les Anglais, des éta- blissements plus ou moins commodes, et dans lesquels on est garanti des effets nuisibles que peuvent produire les vicissitudes de l’atmo- sphère. Mais soit à terre, soit sur les vaisseaux, on commence ordinairement toutes les prépara- tions de la morue par détacher la langue et couper la tête de l’animal. Lorsque ensuite on veut saler ce gade, on l’ouvre dans sa partie in, férieure ; on met à part le foie ; et si c’est une femelle qu'on a prise, on ôte les œufs de l’inté- rieur du poisson : on kabille ensuite la morue, c’est-à-dire, en termes de pêcheur, on achève de l'ouvrir depuis la gorge jusqu’à l'anus, que les marins nomment nombril, et on sépare des muscles, dans cette étendue , la colonne verté- brale, ce qu’on nomme désosser la morue. Pour mettre les gades dont nous nous oceu- pons dans leur premier sel, on remplit, le plus qu'on peut, l’intérieur de leur corps de sel ma- rin, ou muriate de soude; on en frotte leur peau; on les range par lits dans un endroit par- ticulier de l’établissement construit à terre, ou de l’entrepont ou encore de la cale du bâtiment, 80 fi eiles sont préparées sur un vaisseau, et on place une couche de sel au-dessus de chaque lit. Les morues restent ainsi en piles pendant un, deux ou plusieurs jours, et quelquefois aussi entassées sur une sorte de gril, jusqu’à ce qu'elles aient jeté leur sang et leur eau ; puis on les change de place, et on les sale à de- meure, en les arrangeant une seconde fois par \its, entre lesquels on étend de nouvelles cou- ches de sel. Lorsqu’en habillant les morues, on se con- tente de les ouvrir depuis la gorge jusqu’à lanus, ainsi que nous venons de le dire, elles conservent une forme arrondie du côté de la queue, et on les nomme Morues rondes ; mais le plus grand nombre des marins occupés de Ja pêche de Terre-Neuve remplacent cette opéra- tion par la suivante, surtout lorsqu'ils salent de grands individus. Ils ouvrent la morue dans toute sa longueur, enlèvent la colonne verté- brale tout entière, habillent le poison à plat; et la morue ainsi habillée se nomme Horue plate. Si, au lieu de saler les gades morues, on veut les faire sécher, on emploie tous les procédés que nous avons exposés, jusqu'à celui par le- quel elles reçoivent leur premier sel. On les lave alors, et on les étend une à une sur la grève ou sur des rochers ‘, la chair en haut, de ma- nière qu’elles ne se touchent pas; quelques heures après on les retourne. On recommence ces opérations pendant plusieurs jours, avec cette différence, qu’au lieu d’arranger les mo- rues une a une, on les met par piles, dont on accroit successivement la hauteur, de telle sorte que, le sixième jour, ces paquets sont de cent cinquante, ou deux cents, et même quel- quefois de cinq cents myriagrammes. On em- pile de nouveau les morues à plusieurs reprises, mais à des intervalles de temps beaucoup plus grands , et qui croissent successivement; et le nombre ainsi que la durée de ces reprises sont proportionnés à la nature du vent, à la séche- resse de l’air, à la chaleur de l’atmosphère, à la force du soleil. : Le plus souvent, avant chacune de ces re- prises , on étend les morues une à une, et pen- dant quelques heures. On désigne les divers empilements, en disant que les morues sont Le nom allemand de Klipfisch (poisson de rocher), que l'on donne aux morues sèches, vient de Ja nature du terrain sur lequel elles sont souvent desséchées, HISTOIRE NATURELLE à leur premier, à leur second, à leur troisième soleil, suivant qu'on les met en tas pour la pre- mière, la seconde ou la troisième fois; et com- munément les morues reçoivent dix soleils, avant d’être entièrement séchées. Lorsque l’on craint la pluie, on les porte sur des tas de pierres placés dans des cabanes, ou, pour mieux dire, sous des hangars qui n’arré- tent point l’action des courants d’air. Quelques peuples du nord de l’Europe em- ploient , pour préparer ces poissons, quelques procédés, dont un des plus connus consiste à dessécher ces gades sans sel, eu les suspendant au-dessus d'un fourneau, ou en les exposant aux vents qui règnent dans leurs contrées pen- dant le printemps. Les morues acquièrent par cette opération une dureté égale à celle du bois, d'où leur est venu le nom de S/ock-fish { poisson en bâton ); dénomination qui, selon quelques auteurs, dérive aussi de l’usage où l’on est, avant d’apprèter du s{ock-fish pour le manger, de le rendre plus tendre en le battant sur un billot. Les commercants appellent dans plusieurs pays, Morue blanche, celle qui a été salée, mais séchée promptement, et sur laquelle le sel a laissé une sorte de croûte blanchâtre. La Morue noire, pinnée ou brumée, est celle qui, par un desséchement plus lent, a éprouvé un commencement de décomposition, de telle sorte qu’une partie desa graisse, se portant à la surface, et s'y combinant avec le sel, y a pro- duit une espèce de poussière grise ou brune, répandue par taches. On donne aussi le nom de Morue verte à la morue silée, de Merluche à la morue sèche, et de Cabillaud à la morue préparée et arrangée dans des barils du poids de dix à quinze myria- grammes, et dont une douzaine s’appelle un Lelh, dans plusieurs ports septentrionaux d’Eu- rope. Mais d’ailleurs un grand nombre de places de commerce ont eu, ou ont encore, différentes manières de désigner les morues distribuées en assortiments, d’après les divers degrés de leurs dimensions ou de leur bonté. À Nantes, par exemple, on appelait grandes Morues, les morues salées qui étaient assez longues pour que cent de ces poissons pesassent quarante- ciaq myriagrammes ; Morues moyennes, celles dont le cent ne pesait que trente myriagram- | mes ; Riguels, ou petites Morues, ce n’est que DES POISSONS. l'assortiment suivant; et Rebuts, Linques, ou très-petites Morues, celles d’un assortiment plus inférieur encore. Sur quelques côtes de la Manche, le nom de Morue gaffe indiquait les très-grandes mo- rues ; cinq autres assortiments inférieurs étaient indiqués par les dénominations de Morue mar- chande, de Morue trie, de Raguet ou Lingue, de Morue valide ou Patelet,et de Morueviciée, appellation qui appartenait en effet à la plus mauvaise qualité. Dans ce même port de Nantes dont nous ve- nons de parler, les morues sèches étaient divi- sées en sept assortiments, dont les noms étaient, suivant l’ordre de la supériorité des uns sur les autres, Morue pivée, Morue grise, Grand marchand, Moyen marchand, * ou Fourillon, grand Rebut et petit Rebut. A Bordeaux, à Bayonne, et dans plusieurs ports de l'Espagne occidentale, on ne distin- guait que trois assortiments de morue, le Har- chand, le Moyen et le Rebut. Au reste, les muscles des morues ne sont pas les seules portions de ces poissons dont on fasse un grand usage; il n’est presque aucune de leurs parties qui ne puisse servir à la nour- riture de l’homme, ou des animaux. Leur langue fraiche et même salée est un morceau délicat ; et voilà pourquoi on la coupe avec soin, dès le commencement de la prépa- ration de ces poissons. Les branchies de la morue peuvent être em- ployées avec avantage comme appât dans la pêche que l’on fait de ce gade. Son foie peut être mangé avec plaisir: mais d’ailleurs il est très-grand relativement au vo- Jume de l’animal, comme celui de presque tous les poissons ; et on en retire une huile plus utile dans beaucoup de circonstances que celle des baleines, laquelle cependant est très-recherchée dans le commerce. Elle conserve bien plus long- temps que ce dernier fluide, la souplesse des cuirs qui en ont été pénétrés; et lorsqu'elle a été clarifiée, elle répand , en brülant, une bien moindre quantité de vapeurs. On obtient avec la vessie natatoire de la mo- rue une colle qui ne le cède guère à celle de l'a- sipensere huso, que l’on fait venir de Russie dans un si grand nombre de contrées d'Europe‘. Pour la réduire ainsi en colle, on la prépare à 4 Voyez, dans cette Histoire, l'art. del'Acipensére huso. * Petit marchand. il, 81 peu près de la même manière que celle du huso; on la détache avec attention de la co- lonne vertébrale, on en sépare toutes les par- ties étrangères, on en ôte la première peau, on la met dans l’eau de chaux pour achever de la dégraisser, on la lave, on la ramollit, on la pé- trit, on la faconne, on la fait sécher avec soin ; on suit enfin tous les procédés que nous avons indiqués dans l’histoire du huso : et si des cir- constances de temps et de lieu ne permettent pas aux pêcheurs, comme, par exemple, à ceux de Terre-Neuve, de s'occuper de tous ces dé- tails immédiatement après la prise de la morue, on mange la vessie natatoire, dont le goût n’est pas désagréable, ou bien on la sale; on latrans- porte ainsi imprégnée de muriate de soude à des distances plus ou moins grandes; on la conserve plus ou moins longtemps; et lors- qu’on veut en faire usage, il sufiit presque tou- jours de la faire dessaler et ramollir, pour la rendre susceptible de se prêter aux mêmes opé- rations que lorsqu'elle est fraiche. La tête des morues nourrit les pêcheurs de ces gades et leurs familles. En Norvége, on la donne aux vaches ; et on y a éprouvé que mé- lée avec des plantes marines, elle augmente la quantité du lait de ces animaux, et doit être préférée, pour leur aliment, à la paille et au foin. Les vertèbres, les côtes et les autres os ou arêtes des gades morues, ne sont pas non plus inutiles : ils servent à nourrir le bétail des Islan- dais. On en donne à ces chiens de Kamtschatka que l’on attelle aux traineaux destinés à glisser sur la glace, dans cette partie septentrionale de l’Asie; et dans d'autres contrées boréales, ils sont assez imprégnés de substance huileuse pour être employés à faire du feu, surtout lors- qu'ils ont été séchés au point convenable. On ne néglige même pas les intestins de la morue, que l’on a nommés dans plusieurs en- droits, noues, ou nos ; et enfin on prépareavec soin, et on conserve pour la table, les œufs de ce gade, auxquels on a donné la dénomination de rogues, ou de raves. Tels sont les procédés et les fruits de ces pé- ches importantes et fameuses, qui ont employé dans la même année jusqu’à vingt mille mate- lots d’une seule nation *. On aura remarqué sans doute que nous n’e&- { La nation anglaise. 11 82 vons parlé que des pêcheries établies dans l’hé- misphère boréal, soit auprès des côtes de l’an- cien continent, soit aupres de celles du nouveau. À mesure que l’on connaitra mieux la nature des rivages des iles ou des continents particu- liers del’hémisphèreaustral, et particulièrement de ceux de l'Amérique méridionale, tant du côté de lorient que du côté de l’occident, il est à présumer que l’on découvrira des plages où la température de la mer, la profondeur des eaux, la nature du fond, l'abondance des pe- tits poissons, l’absence d’animaux dangereux, et la rareté de tempêtes très-violentes et de très-crands bouleversements de l'Océan, ont ap- pelé, nourrissent et multiplient l'espèce de la morue, que certains peuples pourraient aller y pêcher avec moins de peine et plus de succès que sur les rives boréales de l'hémisphère arce- tique. De nouveaux pays profiteraient ainsi d'un des plus grands bienfaits de la nature; et l’es- pèce de la morue, qui alimente une si grande quantité d'hommes et d'animaux en Islande, en Norvége, en Suède, en Russie, et dans d’au- tres régions asiatiques ou européennes, pour- rait d'autant plus suffire aussi aux besoins des habitants des rives antarctiques, qu’elle est très-remarquable par sa fécondité. L’on est étonné du nombre prodigieux d'œufs que portent les poissons femelles; aucune de ces femelles n'a cependant été favorisée à cet égard comme celle de la morue, Ascagne parle d’un individu de cette dernière espèce, qui avait treize déci- mètres de longueur, et pesait vingt-cinq kilo- grammes; l'ovaire de ce gade en pesait sept, et renfermait neuf millions d'œufs. On en a com- pté neuf millions trois cent quarante-quatre mille dans une autre morue. Quelle immense quantité de moyens de reproduction ! Si le plus grand nombre de ces œufs n'étaient ni privés de la laite fécondante du mâle, ni détruits par divers accidents, ni dévorés par différents ani- maux, on voit aisément combien peu d'années il faudrait pour que l’espèce de la morue eût, pour ainsi dire, comblé le vaste bassin des mers. Quelque agréables au goût que l’on puisse rendre les diverses préparations de la morue séchée, ou de la morue salée, on a toujours pré- féré avec raison de la manger fraîche. Pour jouir de ce dernier avantage sur plusieurs côtes de l’Europe. et particulièrement sur celles d’An- HISTOIRE NATURELLE gleterre et de France, on ne s’est pas contenté d’y pêcher les morues que l’on voit de temps en temps; mais afin d’être plus sûr d’en avoir de plus grandes à sa disposition, on est parvenu à y apporter en vie un assez grand nombre de celles que l’on avait prises sur les bancs de Terre-Neuve : on les a placées, pour cet objet, dans de grands vases fermés, mais attachés aux vaisseaux, plongés dans la mer, et percés de manière que l’eau salée pût aisément parve- nir dans leur intérieur. Des pêcheurs anglais ont ajouté à cette précaution un procédé dont nous avons déjà parlé dans notre premier Dis- cours : ils ont adroitement fait parvenir une aiguille jusqu’à la vessie natatoire de la morue, et l’ont percée, afin que l’animal, ne pouvant plus se servir de ce moyen d’ascension, demeu- rât plus longtemps au fond du vase, et fût moins exposé aux divers accidents funestes à la vie des poissons. Aureste, il est convenable d'observer ici que dans quelques gades, Monro n’a pas pu trouver la communication de la vessie natatoire avec l’estomac où quelque autre partie du canal in- testinal, mais qu’il a vu autour de cette vessie un organe rougeâtre composé d’un très-grand nombre de membranes pliées et extensibles, et qu'il le croit propre à la sécrétion de l’air ou des gaz de la vessie; sécrétion qui aurait beau- coup de rapports, selon ce célèbre naturaliste anglais, avec celle qui a lieu pour les vésicules à gaz ou aériennes des œufs d'oiseau, et des plantes aquatiques. Cet organe rougeâtre ne pourrait-il pas être au contraire destiné à rece- voir et transmettre, par les diverses ramifica- tions du système artériel et veineux quesa cou- leur seule indiquerait, une portion des gaz de la vessie natatoire, dans les différentes parties du corps de l’animal? ce qui, réuni aux résul- tats d'observations très-voisines de celles de Monro, faites sur d’autres poissons que des ga- des, et que nous rapporterons dans la suite, confirmerait l’opinion de M. Fischer, bibliothé- caire de Mayence, sur les usages de la vessie natatoire, qu’il considère comme étant, dans plusieurs circonstances, un supplément des bran- chies, et un organe auxiliaire de respiration ‘. ‘On trouve dans les environs de l’ile de Man, entre l'Angleterre et l'Irlande, un gade que l'on y nomme red cod ou rock-cod (morue rouge et 4 Nous ayons déjà parlé de cette opinion de M. Fischer. morue de roche). Nous pensons avec M. Noël de Rouen, qui nous a écrit au sujet de ce pois- son, que ce gade n’est qu’une variété de la mo- rue grise ou ordinaire que nous venons de dé- crire; mais nous croyons devoir insérer dans l’article que nous allons terminer, l’extrait sui- vant de la lettre de M. Noël. « J’ai lu, dit cet observateur, dans un ou- « vrage sur l'ile de Man, que la couleur de la « peau du Red cod est d’un rouge de vermillon. « Quelques habitants de l’ile de Man pensent « que cette morue acquiert cette couleur bril- « lante parce qu’elle se nourrit de jeunes écre- « visses de mer : mais les écrevisses de mer « sont, dans l’eau, d’une couleur noirâtre ; « elles ne deviennent rouges qu'après avoir été « cuites. La morue rouge n’est qu’une variété « de l’espèce commune : je suis disposéà croire « que la couleur rouge qui la distingue, lui est « communiquée par les algues et les mousses « marines qui couvrent les rochers sur lesquels « on la pêche, puisque ces mousses sont de « couleur rouge; je le crois d’autant plus vo- « lontiers , que les baies de l’ile de Man ont « aussi une variété de #ules et de gourneaux « dont la couleur est rouge... Cette morue « rouge est très-estimée pour l'usage de la « table. » LE GADE ÆGLEFIN'. Gadus Æglefinus, Linn., Gmel., Bloch., Lacep., Cuv. Ce gade a beaucoup de rapports avec la mo- rue ; sa chair s’enlève facilement par feuillets, ainsi que celle de ce dernier animal, et de pres- 4 Kallior, Kallie, Kaljor, Kollia, en Suède. — Koll , en Danemarck. — Haddock, en Angleterre. — Églefins, Égre- fin, par quelques-auteurs français. — Gade ânon, Dauben- ton, Enc. méth.—Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. —« Ga- « dus dorso tripterygio, ore cirrato, corpore albicante , etc. » Artedi, gen. 20, syn. 56, spec. 64. — Æylefinus, Ægrefinus, Bélon, Aquil., p. 127. — « Tertia asellorum species, æglef- « nus. » Gesner, Aquat., p. 86, 100, et (Germ.) fol. 40, a. — « Tertia asellorum species Rondeletii, asellus major. » Al- drov., 1. 5,0, 4, p. 282.— A4sellus minor, Schonev., p. 18. — Willughby, p.170, tab. L, membr. {, n. 2.— Rai, p.55, n.7. — Fauna suec., p. 506. — Müller, Prodrom. Zool. danic., p. 42, n. 548. — Gadus kolja, It. scan. 323. — It. Wgoth. 178.— « Gadus dorso tripterygio, maxillâ inferiore breviore.… « line laterali atrà, etc. » Gronov., Mus. 1, p. 21, n. 39; Zooph., p.99, n.321. — « Callarias barbatus ex terreo albi- « cans, etc. » Klein, Miss. pisc. 5, p.6, n. 2. — « Callarias « asellus minor.» Jonston , de Piscib., p. 4, tab. 4, fig. 1.— Schell fisch, Anders. Island., p.79. — Hadock, Pennant, Brit. Z0ol. 5, p. 179. — Égrefin, Rondelet, part. 4, liv. 9, c. 10, éd. de Lvon, 1358. -- Eglefin, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 85 que tous les autres poissons du même genre. On le trouve, comme la morue, dans l'Océan septentrional; mais il ne parvient communé- ment qu’à la longueur de quatre ou cinq déeci- mètres. Il voyage par grandes troupes qui cou- vrent quelquefois un espace de plusieurs my- riares carrés. Et, ce qu’il ne faut pas négliger de faire observer, on assure qu'il ne va jamais dans la Baltique, et que par conséquent il ne passe point le Sund. On ne peut pas dire cepen- dant qu’il redoute le voisinage des terres; car, chaque année , il s'approche, vers les mois de février et mars , des rivages septentrionaux de l’Europe, pour la ponte et la fécondation de ses œufs. S’il survient de grandes tempêtes pen- dant son séjour auprès des côtes , il s’eloigne de la surface des eaux , et cherche dans le sable du fond de la mer, ou au milieu des plantes ma- rines qui tapissent ce sable, un asile contre les violentes agitations des flots. Lorsque les ondes sont calmées, il sort de sa retraite sous- marine, et reparaît encore tout couvert ou d’al- gues ou de limon. Un assez grand nombre d'æglefins restent même auprès des terres pendant l'hiver, ou s’avancent, pendant cette saison, vers les riva- ges auprès desquels ils trouvent, plus aisément que dans les grandes eaux, la nourriture qui leur convient. M. Noël m'’écrit que, depuis 1766, les pêcheurs anglais des côtes d’York ont été frappés de l’exactitude avec laquelle ces gades se sont montrés dans les eaux côtiè- res, vers le 10 décembre. L’étendue du banc qu'ils forment alors est d’environ trois milles en largeur, à compter de la côte, et de quatre- vingts milles en longueur, depuis Flamboroug- head jusqu’à l'embouchure de la Fine, au- dessous de Newcastle. L'espace marin occupé par ces poissons est si bien connu des pêcheurs, qu’ils ne jettent leurs lignes que dans ce même espace , hors de la circonférence duquel ils ne trouveraient plus d’æglefin, et ne pécheraient le plus souvent, à la place, que des squales attirés par cet immense bane de gades, dont ces cartilagineux sont très-avides. Lorsque la surface de la mer est gelée auprès des rivages, les pêcheurs profitent des fentes ou crevasses que la glace peut présenter dans un nombre d’endroits plus ou moins considérable de la croûte solide de l'Océan, pour prendre fa- cilement une plus grande quantité de ces pois- sons. Ces gades ont, en effet, l'habitude de se 84 rassembler dans les intervalles qui séparent les différentes portions de glaces, non pas, comme on l’a cru, pour y respirer l'air très-froid de l'atmosphère, mais pour se trouver dans la cou- che d’eau la plus élevée, par conséquent dans la plus tempérée et dans celle où doivent se réunir plusieurs des petits animaux dont ils ai- ment à se nourrir. Si les pêcheurs de ces côtes voisines du cercle polaire ne rencontrent pas à leur portée des fentes naturelles et suffisantes dans la surface de l'Océan durcie par le froid , ils cassent la glace et produisent , dans l’enveloppe qu’elle forme , les anfractuosités qui leur conviennent. C’est aussi autour de ces vides naturels où artificiels qu’on voit des phoques chercher à dévorer des æglefins pendant la saison rigou- reuse. Mais ces gades peuvent être la proie de beau- coup d’autres ennemis. Les grandes morues les poursuivent; et, suivant Anderson, que nous avons déjà cité, la pèche des æglefins, que l’on fait auprès de l'embouchure de l’Elbe , a donné le moyen d’observer d'une manière très-parti- culière combien la morue est vorace, et avec quelle promptitude elle digère ses aliments. Dans ces parages, les pêcheurs d’æglefins lais- sent leurs hamecons sous l’eau pendant une marée , c’est-à-dire pendant six heures. Si un æglefin est pris dès le commencement de ces six heures, et qu’une morue se jette ensuite sur ce poisson, on trouve en retirant la ligne, au changement de la marée, que l’æglefin est déjà digéré : la morue est à la place de ce gade, arrêtée par l’hamecon; et ce fait mérite d’autant plus quelque attention, qu’il paraît prouver que c’est particulièrement dans l’estomac et dans les sucs gastriques qui arrosent ce viscère, que réside cette grande faculté si souvent remar- quée dans les morues , de décomposer avec ra- pidité les substances alimentaires. Si, au con- traire , la morue n'a cherché à dévorer l’æglefia que peu de temps avant l’expiration des six heures, elle s'opiniâtre tellement à ne pas s’en séparer, qu’elle se laisse enlever en l’air avec sa proie. L’æglefin, quoique petit, est aussi goulu et aussi destructeur que la morue, au moins à proportion de ses forces. Il se nourrit non-seu- lement de serpules , de mollusques, de crabes, mais encore ae poissons plus faibles que lui, et particulièrement de harengs. Les pêcheurs HISTOIRE NATURELLE anglais nomment Haddock-Meat, c’est-à-dir' Mets de Faddock ou Æglejin, les vers qui pendant l'hiver lui servent d’aliment, surtout lorsqu'il ne rencontre ni harengs , ni œufs de poisson. Il a cependant l'ouverture de la bouche un peu plus petite que celle des animaux de son genre; un barbillon pend à l'extrémité de sa mâchoire inférieure, qui est plus courte que celle de dessus. Ses yeux sont grands; ses écailles petites, arrondies, plus fortement atta- chées que celles de la morue. La premiere na- geoire du dos est triangulaire: elle est d’ailleurs bleuâtre, ainsi que les autres nageoires ; la ligne latérale voisine du dos est noire , ou tachetée de noir; l'iris a l’éclat de l'argent; et cette même couleur blanchâtre ou argentée règne sur le corps et sur la queue, excepté leur partie supérieure , qui est plus ou moins brunâtre*. La qualité de la chair des æglefins varie sui- vant les parages où on les trouve, leur âge, leur sexe, et les époques de l’année où on les pêche : mais on en a vu assez fréquemment dont la chair était blanche, ferme , très-agréa- ble au goût et très-facile à faire cuire. En maï et dans les mois suivants, celle des æglefin de moyenne grandeur est quelquefois d'autant plus délicate, que le frai de ces gades a lieu en hiver, et que par conséquent ils ont eu le temps de réparer leurs forces, de recouvrer leur santé, et de reprendre leur graisse. LE GADE BIB3. Gadus luseus, Penn., Linn., Gmel , Cuvy. De même que l’æglefin, le gade bib habite dans l'Océan d'Europe. Sa longueur ordinaire est de trois ou quatre décimètres. L'ouvere ture de sa bouche est petite, sa mâchoire inférieure garnie d’un barbillon, son anus plus rapproché de la tête que de l’extré- mité de la queue, sa seconde nageoire dor- 4 A la première nageoire dorsale 16 rayons, à la seconde 20, à la troisième 49, à chacune des peclorales 19, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 22, à la seconde 24, à celle de la queue, qui est fourchue, 27. 3 Bib, Blinds, sur les côtes d'Angleterre. — Mus. ad. fr.2, p. 60. — « Gadus... ossiculo pinoarum ventralium, primo, «in setam longam producto. » Artedi, gen. 21, syn. 35. — Asellus fuscus, Raï, Pisc., p. 54.—Willuzhby, Ichth., p.165. — Gade bibe, Daubenton, Enc. méth. — li. Bonnaterre, pl de l'Enc. méth. — Bi, Brit. Zoo. 5, p. 149, tab. 60. DES POISSONS. sale très-longue, et le premier rayon de cha- cune des nageoires jugulaires, terminé par un filament!. Ses écailles sont très-adhérentes à la peau, et plus grandes à proportion de son vo- lume que celles même de la morue. Sa partie su- périeure est jaunâtre ou couleur d’olive, et sa partie inférieure argentée. Sa chair est exquise. Ses yeux sont voilés par une membrane, comme ceux des autres gades ; on a même cru que le bib pouvait à volonté enfler cette pelli- cule diaphane , et former ainsi une sorte de po- che au-dessus de chacun ou d’un seul de ses organes de la vue. N’aurait-on pas pris les suites de quelque accident pour l’effet régulier d'une faculté particulière attribuée à l'animal ? Quoi qu’il en soit, c’est de cette propriété vraie ou fausse que viennent le nom de Borgne et celui d’'Aveugle, donnés au gade dont nous parlons. LE GADE SAIDA ?, Gadus Saida, Lepech., Linn., Gmel., Cuv. ET LE GADE BLENNIOÏDE *. Gadus blennioides, Penn., Linn., Gmel., Lac., Cuv. Ces deux gades ont la nageoire de la queue fourchue. Le premier a été découvert par le savant Lepéchin, et le second par le célèbre Pallas. Le saida a les deux mâchoires armées de dents aiguës et crochues ; deux rangées de dents garnissent le palais, et l’on voit auprès du gosier deux os lenticulaires hérissés de petites dents. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, tandis que, dans la morue, l'æglefin et le bib, celle de dessus est plus lon- gue que celle de dessous. Chaque opercule branchial présente trois lames, l’une triangu- laire et garnie de deux aiguillons, l’autre ellipti- que, et la dernière figurée en croissant. La ligne latérale est droite et voisine du dos. Les na- 4 A la première nageoiredorsale 15 rayons, à la seconde 25, à la troisième 10, à chacune des pectorales 41, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 51, à la seconde 18, à celle de la queue, qui est fourchue, 17. 3 Lepéchin, Nov. Comment. petropol. 18, p. 512. — Gade saida, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Pallas, Spicileg. zool. 8, p. 47, tab. 5, fig. 2,— Gade blen- noie, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 85 geoires dorsales et celles de l’anus sont triæi- gulaires !. Le quatrième rayon de la troisième dorsale , le cinquième de la première de l'anus, et le second des jugulaires, sont terminés par un long filament. Une couleur obscure règne sur la partie su- périeure de l’animal, qui d’ailleurs est parsemée de points noirâtres distribués irrégulièrement, Des points de la même nuance relèvent l’éclat argentin des opercules; les côtés du poissor: sont bleuâtres. Sa partie inférieure est blanche ; et le sommet de sa tête, très-noir. Le saida ne dépasse guère en longueur deux ou trois décimètres. Sa chair est peu succue lente, mais cependant très-fréquemment man- geable Il habite la mer Blanche au nord de l'Europe. Dans une autre mer également intérieure, mais bien éloignée des contrées hyperboréen- nes, se trouve le blennioïde. Ce dernier gade vit en effet dans la Méditerranée : mais comme il n’a presque jamais plus de trois décimètres de longueur, et qu’il n’est pas d’un goût très- exquis, il n’est pas surprenant qu'il ait été dans tous les temps très-peu recherché des pêcheurs, et qu'il ait échappé aux observateurs de l’an- cienne Grèce, à ceux de l’ancienne Rome, et même aux naturalistes modernes, jusqu'à Pal- las, qui en a le premier publié la description, ainsi que nous venons de le dire ?. Il a beaucoup de rapports avec le merlan, et peut avoir été souvent confondu avec ce dernier poisson. Ses écailles sont petites : la couleur de la partie supérieure de son corps et de sa queue est argentée; toutes les autres portions de Ja surface de l’animal sont d’un blanc d'argent, excepté les nageoires, sur lesquelles on voit des teintes jaunäâtres ou dorées. Les lèvres sont doubles et charnues; les dents très-petites et inégales ; la ligne latérale est courbée vers la tête. Le premier rayon de chacune des nageoires jugulaires est divisé en deux ; et comme il est plus long que les autres rayons, il parait, au premier coup d'œil, com- {A la première nageoire du dos du saida, de 10 à {4 rayons, à la seconde, de 16 à 17, à la troisième 20, à chacune des pec- torales 16, à chacune des jugulaires 6, à la premiere nageoire de l'anus 18, à la seconde 20, à celle de la queue, de 24 à 26. 3 À la membrane branchiale du blennioïde 6 rayons, à la première uageoire dorsale 10 à 41, à la seconde 17, à la troi- sième 16, à chacune des pectorales 19, à chacune des jugulai- res 3, à la première de l'anus 27, à la seconde 19, à celle de la queue 27. 66 poser toute la nageoire : dès lors on croit ne devoir compter que deux rayons dans chacune des jugulaires du gade que nous décrivons, et de là vient la dénomination de Blennioide, qui lui a été donnée, parce que la plupart des blen- aies n’ont que deux rayons à chacune des na- geoires que l’on voit sous leur gorge. LE GADE CALLARIAS !, Gadus Callarias, Linn., Gmel., BI. Lacep., Cuv. LE GADE TACAUD?, Gadus barbatus, Linn., Gmel., Cuv.; Gadus Tacaud, Lacep. ET LE GADE CAPELAN *. Gadus mioutus, Bl., Linn., Gmel.; Gadus Capellanus, Lacep. Le callarias habite non-seulement dans la 4 Suna Lorsk, en Suèäe. — Græs torsk , en Danemarck. — Dorsch, par les Allemands. — Cod, Cod fish, en Angleterre. — Gade narvaga, Daubenton, Enc. méth.— Id. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth.— Faun suec. 507. — « Gadus, dorso « tripterygio, ore cirroso, colore vario, etc. » Artedi, gen. 20, spec. 65, syn. 55.— Asellus varius, vel striatus, Schonev., p. 49. — Willughby, p. 172, tab. L, memb. {. fig. 1. — Rai, p. 54, n. 5. — Asellus varius, Jonston, tab. 46, fig. 7. — Ro- berg., Dissert. de pisc. Upsal., p. 14. — Gadus callurias, torsk, Ascagne, pl. 4.—Gronov., Mus. 4, p. 21, n.58; Zooph., p- 9, n. 519. — Gadus balthicus, torsk, It. Oel. 87. — Ga- dus callarias halthicus, It. scan. 220. — Callarias barba- us, etc., Klein, Miss. pisC. 5,p.6, n. 5;etp.7, n. 7. — « Pis- «cis. Russis nawaga dictus. » Koelreuter, Nov. Comment, petrop. 44, 1, p. 484. — Muschehout, et Léopard, Rondelet. part.1,1.9, c. 12. — Muschebout, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 Pouting, Pout, Whiting pout, en Angleterre. — Fico, à Rome, — Faun. suecic. 311. — « Gadus lineä excavatä ponè « caput. » It. Wgoth. 178.—Strom. sondm.316, n. B. — « Ga- « dus. lougitudine ad latitudinem triplä. » Artedi, gen. 21, syn. 37, spec. 65. — Asellus mollis latus, Lister, apud Wil- lughby, p. 22. — Raï, p. 55, n.9.— Asellus barbatus, Char- Yton, p. 121. — Bloch, pl. 165. —Gade tacaud, Daubenton Enc. méth.— Id. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth.—Gronov., Mus. 4. p.21, n. 160; Zooph., p. 99, n. 520.— « Callarias bar- « batus, dilutè olivacei coloris, etc. » Klein, Miss. pisc. 8, p. 6, n.5.— 77 hiling pout, Brit. Zool. 5, p. 548. — Gadus tilling, Ascagne, pl. 5. — Tacaud, Duhamel, Traité des pé- thes, part. 2, sect. 1, c. 5, art. {,n.156, pl. 25 , fig. 2. — Mo- rue molle, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 5 Mollo, à Venise. — Poor, Power, dans le comté de Cor- “ouailles.—Gade capelan, Daubenton, Enc. méth.—Id. Bon- naterre, pl. de l'Enc. méth.—+ Gadus.. corpore sesquiunciali, eanoin medio corporis. » Artedi, gen. 21, syn.56.—Capelan, Rondelet, part. 1, 1.6, ©. 42.—4 Anthiæ secunda species, » Ges- ner, p.56; Icon. anim., p. 241 Germ.), ful.13.—<«Asellus mollis «minor, seu Ase:lus omnium minimus. » Willughby, p. 174, tab. L. — Rai, p. 56, n. 10. — Capelan, Valmont de Bo- mare, Dict. d'hist. nat. — « Callarias barbatus corpore con- « tracto, et Callarias…... omnium minimus, etc. » Klein, Miss. pisc. — Poor, Brit. Zool, 5, p. 185, n. 77, t.50. HISTOIRE NATURELLE partie de l'Océan qui baigne les côtes de l’Eu- rope boréale, mais encore dans la Baltique. Il se tient fréquemment à l'embouchure des grands fleuves, dans le lit desquels il remonte même quelquefois avec l’eau salée. Il est rare qu’il ait plus de trois décimètres de longueur, et qu’il pèse plus d'un kilogramme. Il se nourrit de vers marins, de crabes, de petits mollusques, de jeunes poissons : sa chair est tendre et d’un goût très-agréable; quelquefois elle est très- blanche, d’autres fois elle est verte, et Ascagne rapporte qu'on attribue cette dernière nuance au séjour que le callarias fait souvent près des rivages au-dessus de ces sortes de prairies ma-- rines formées par des algues qui se pressent sur un fond sablonneux. Nous avons vu les tortues franches devoir la couleur verte de leur chair à des plantes marines plus ou moins ver- dâtres ; mais ces tortues en font leur nourriture, et l’on n’a point observé que dans aucune cir- constance le callarias préférât, pour son ali- ment, des végétaux aux substances animales. Le nombre, la forme et la distribution ainsi que la disposition de ses dents, empêchent de le présumer. Sa mâchoire supérieure est, en effet, garnie de plusieurs rangs de dents ai- guës : on n’en voit quelquefois qu'un rang à la mâchoire de dessous, mais il y en a au palais; et de plus, l'ouverture de la bouche est très- grande. Les écailles qui recouvrent le callarias, sont petites, minces et molles : la ligne latérale est large, et voisine du dos; elle est d’ailleurs ta- chetée, et voici la nuance des couleurs des au- tres parties de l'animal. La tête est grise avec des taches brunes; l’iris jaunâtre; la partie su- périeure de l’animal, grise et tachetée de brun comme la tête; la partie inférieure est blanche, et l’on remarque un ton plus ou moins brunâtre sur toutes les nageoires ‘. Mais ce qu'il faut observer, et ce qui a fait donner au gade dont nous parlons, le nom de Variable, c’est qu'il est de ces teintes du callarias qui varient avec l’âge, ou avec les saisons. Les nageoires, et même le dessous de l’animal, sont quelquefois rougeâtres ; le ventre n’est pas toujours sans petites taches; celles du corps et de la queue des callarias encore jeunes sont souvent dorées, au lieu d’être brunes; et pendant l’hiver on voit les taches brunâtres de la tête acquérir, sur presque tous les individus de l'espèce que 4 Or s comoté, dans un Calarias 655 vertèbres et 48 côtes. DES POISSONS. nous décrivons , une couleur d’un beau noir !. Le tacaud est remarquable par la hauteur de son corps qui égale à peu près le tiers de sa lon- gueur totale ; les lèvres renferment des portions cartilagineuses; la mâchoire inférieure présente neuf ou dix points de chaque côté; les yeux sont grands et saillants, les ouvertures bran- chiales étendues , les écailles petites et forte- ment attachées ; l'anus est voisin de la gorge, et la ligne latérale se fléchit vers le bas au-des- sous de la seconde nageoire dorsale ?. L'iris est argenté ou couleur de citron ; le dos d'un verdätre foncé; les côtés sont d’un blanc rougeâtre ; la nageoire de la queue est égale- ment d’un rouge pâle; toutes les autres sont olivâtres et bordées de noir; une tache noire parait souvent à la base des pectorales, et une teinte très-foncée fait aisément distinguer la li- gne latérale, Le tacaud parvient à une longueur de cinq ou six décimètres : il s'approche des rivages au moins pendant la saison de la ponte; il s’y tient dans le sable, ou au milieu de très-hauts fucus, à des profondeurs quelquefois très-considéra- bles au-dessous de la surface de la mer. Il vit de crabes, de saumons, de blennies. Sa chair est blanche et bonne à manger; mais souvent un peu molle et sèche. On le trouve dans l’o- céan de l’Europe septentrionale. Le capelan vit dans les mêmes mers que je tacaud et le callarias ; mais il habite aussi dans Ja Méditerranée. Il en parcourt les eaux en trou- pes extrèmement nombreuses ; il en occupe pendant l'hiver les profondeurs, et vers le prin- temps il s’y rapproche des rivages, pour dépo- ser ou féconder ses œufs au milieu des graviers, des galets, ou des fucus. Il est très-petit, et sur- passe à peine deux décimètres en longueur. On voit au bout de sa mâchoire inférieure, comme à l'extrémité de celle du callarias et du tacaud, un assez long filament. La ligne latérale est droite; le ventre très-caréné, c'est-à-dire terminé longitudinalement en en-bas par une arête pres- queaigué ; l’anus placé à peu près à une égale dis- tance de la tête et del’extrémité de la queue.Son 4 A la première nageoire dorsale du callarias 45 rayons, à la seconde 16, à la troisième 18, à chacune d s pectorales 17, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 48, à la se- conde 17, à celle de la queue 26. « 2 A la première nageoiïre dorsale du tacaud 15 rayons, à la seconde 19, à la troisième 48, a chacune des pectorales 18, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 23, à la se- conde 17, à celle de la queue 50, dos est d'un jaune brunâtre, et tout lereste d’une couleur d'argent plus ou moins parseméede points noirâtres ; l’intérieur de son abdomen est noir, Il se nourrit de crabes, d'animaux à coquille, et d’autres petits habitants de la mer. Les pé cheurs le recherchent peu pour la bonté de sa chair : mais il est la proie des grands poissons; il est même fréquemment dévoré par plusieurs espèces de gades, et c’est parce qu’on a vu sou. vent des morues, des æglelins et des callarias, suivre avec constance des bandes de capelans qui pouvaient leur fournir une nourriture co- pieuse et facile à saisir, qu’on a donné à ces derniers gades le nom de conducteurs des Cal- larias, des Æglefins et des Morues*. LE GADE ROUGE :, Gadus ruber, Lacep. LE GADE NÈGRE, ET LE GADE LUBB Gadus niger, Lacep. et Gadus Lubb, Lacep ". Nous avons dit, à la fin de l’article du gade morue, que nous adoptions l’opinion de M. Noël au sujet du gade rouge, et que nous regardions avec lui ce dernier poisson comme une variété de la morue proprement dite : mais depuis la publication de cet article, M. Noël a fait un voyage dans la Grande-Bretagne ; il a observé en Ecosse un très-grand nombre de gades rou- ges; il m’a envoyé les résultats de ses recher- ches. Nous avons examiné ce travail avec beau- coup d'attention ; et nous pensons maintenant, ainsi que cet habile naturaliste, que les gades rouges forment une espèce distincte de celle des gades morues. Les gades rouges sont très-communs dans la mer qui baigne les iles du nord-ouest de l'É- cosse. La fermeté de leur chair leur fait don- ner le nom de Gades rochers. Ils parviennent souvent à une longueur de plus d’un metre. Ils ont le ventre large; la tête longue; des dents petites et aiguës aux mâchoires, à l’entrée du 4 A la première nageoire dorsafe du capelan 12 rayons, à seconde 19, à la troisième 17, à chacune des jugulaires6, à la première de l'anus 27, à la seconde 17, à cellede la queue 18, 2 Red cod. — Tanny cod. — Rock cod. “M. Cuvier ne fait pas mention des deux premières de ces espèces. Le Lubb est pour lui du sous-genre Brosme dans le genre Gade. D. 58 palais, dans le voisinage de l’œsophage; un bar- billon; une sorte de rainure auprès de la nuque; une caudale élevée; la ligne latérale courbée et blanche. M. Noël m’écrit qu’on prend de ces poissons à Fécamp, à Dieppe et à Boulogne; qu'on les y nomme Merluches et peliles Mer- luches; mais qu’ils n’y présentent pas ordinai- rement les teintes rouges qui ont fait donner à leur espèce le nom qu’elle porte. Le gade nègre a été vu par M. Noël, dansles eaux de l’ile de Bute en Écosse, dans le frith de Solway, à Liverpool, dans la rivière de Mersey. Il est long de deux ou trois décimètres ; sa mâ- choire inférieure est garnie d’un barbillon ; deux filaments assez longs distinguent chaque jugulaire; la premiere dorsale ne renferme qu’un rayon qui est articulé. Il ne faut pas confondre le gade nègre avec des morues nommées Voires qui ne sont qu'une variété de la morue ordinaire, et dont la peau est en effet noire ou noirâtre ‘. Ces morues noires habitent dans le lac de Strome, en Mainiand, une des iles de Shetland , à un mille ou environ du détroit qui fait communiquer ce lac avec la mer. On les y pêche dans des endroits dont l'eau est entièrement douce, Leur chair est de très-bon goût ; ce qui prouve la facilité avec la- quelle on pourrait acclimater, dans des eaux non salées, des morues et d’autres gades , ainsi que plusieurs autres poissons que l’on ne ren- contre encore que dans la mer -. Le Lubb aime les eaux du Kategat, et les lacs salés de la côte de Bobus en Suède *. Il est en- core inconnu des naturalistes, ainsi que le gade nègre. Son corps est presque conique; sa queue aplatie; sa longueur de plus d’un mètre *. Les deux mächoires sont presque également avan- cées : on voit à la mâchoire inférieure un barbil- lon court et délié. L’œil est grand, l'iris jaune. Les mâchoires, le palais et les environs de l’œso- phage, sont garnis de dents; la langue est lisse, blanche et charnue; la ligne latérale, d’abord 4 Notes manuscrites communiquées par M. Noël de Rouen. 2 Voyez le Discours intitulé: Des effets de l'artde l'homme eur la nature des poissons. 3 Notes manuscrites de M. Noël. 47 rayons à la membrane branchiale du gade rouge, 13 a la première dorsale , 19 à la seconde , 18 à la troisième, 48 à chaque pectorale , 6 à chaque jugulaire, 19 a la première na- geoire de l'anus, 17 à la seconde, 54 à la nageoire de la queue. — 4 rayous à la membrane des branchies du gade nègre, 60 à la seconde nageoire du dos, 20 à chaque pectorale, 4 à chaque jugulaire, 26 à la caudale. — 7 rayons a la membrane bran- chiaie du gade lubb, 105 à la dorsale, 21 à chaque pectorale, b à chaque jugulaire, 56 à la nageoire de la queue, HISTOIRE NATURELLE courbe , et ensuite droite; la couleur générale plus ou moins brune ou verdâtre. Une bande noirâtre s'étend le long de la nageoire du dos, et borde souvent celle de l’anus; une bandelette blanche et une bandelette noire relèvent les nuances de la caudale. LE GADE COLIN !, Gadus carbonarius, Linn., Gmel., B1., Cu. ; Gadus Colinus, Lacep. LE GADE POLLACK ?, Gadus Pollachius, Linn., Gmel., Cuv., Lacep. ET LE GADE SEY 3. Gadus virens, Ascan., Lacep., Cuv. Ces trois poissons appartiennent au second sous-genre des gades : ils ont trois nageoires dorsales , et leurs mâchoires sont dénuées de barbilions ; plusieurs ressemblances frappantes rapprochent d’ailleurs ces trois espèces. Voyons ce qui ies sépare; et commencons par décrire le colin. Il ne faut pas confondre ce poisson avec des indiviüus de l’espèce de la morue que des pé- 4 Colefish, dans plus. parties septent. de l'Angleterre. — Raw poliack, dans plus. parties mérid. de l'Angleterre. — Gade colin, Daubenton, Enc. méth.— 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Gadus dorso trip‘erygio, imberbis, « maxillà iuferiore longiore, lineà laterali rectä. » Artedi, gen. 20, syn. 54. — « Callarias imberbis, capite et dorso , car- « bonis instar, nigricantibus. » Klein, Miss. pisc. 5, p. 8, n.2. — Piscis colfish Anglorum, Bélon, Aquat., p. 155. — Col- fish Anglorum, Gesner, Aquat., p.89 (Germ.), fol. 44, a, Icon. anim., p.79. — Asellus niger carbonarius, Schonev., p.19. — Asellus niger, seu Carbonarius, Charlet.. p. 421. Asellus niger, Aldrov., lib. 5, cap. 7, p.28 — Asellus ni- ger, Sive Mollis nigricans, Willughby, p. 168. tab. L, m. 4, .5.— Rai, p.34, 0.5. — Coal/fish, Brit. Zool. 5, p. 452, n.7. 3 Awhiling pollack, en Angleterre. — Lyr, dans plus. contrées du Nord.— Zyr blek, Lerblening, dans plus. parties de la Suède, — Gade lieu, Daubenlon, Enc. meth. — Id, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Faun. suecic., p. 312. — Müller, Prodrom. Zool. dan.. p. 42, n. 555.—Gadus lyrblek, It. Wgoth., p. 177.—« Gadus dorso tripteryg10, imberbis, « maxillà luferiore longiore, lineà laterali curvä. » Artedi, gen. 20, syn. 53.— 4selus whiting pollachius, Willugbby, p. 467, — Rai, p. 55, n. 2. — Gadus pollachius, Ascagne, cab. 5, pl. 20, — Gronov., Nus. 4, n. 37. — Bioch, p.68. — Gelbes kohlmaul, W albaum, Scbr. der Berl. naturf, 4, p. 447. Pollack, Brit. Zuol.5, p. 154, n. 8. 3 A l'âge d’un an, Mort, a l'âge de deux ans, Palle, à l'âge de trois ans, Treærin, a l'âge de quatre aus, Seyou Graasey, dans la vieillesse, Ufs , sur plus. côtes boréales de l'Europe. Gade sey, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonnäaterre , pl. da l'Enc. méth., — Faun. suecic., p. 509. — Müller, Prodrom. Zool. dan., p. 43, 0. 554. — Gronov., Act. Upsal. 4742, p. 6 — Gadus virens, et Sey. Ascagne, cab. 5, pl. 41. DES POISSONS. cheurs partis de plusieurs ports occidentaux de France ont souvent appelés Colins, parce qu’ils les avaient pris dans une saison trop avancée pour qu'on püt les faire sécher. Le vrai colin a ordinairement près d’un mètre de longueur ; sa tête est étroite, l'ouver- ture de sa bouche petite, son museau pointu ; ses écailles sont ovales, et ses nageoires jugu- laires très-peu étendues *. On l’a nommé Poisson charbon où Charbon- nier, à cause de ses couleurs. En effet, la teinte olivâtre qu’il présente dans sa jeunesse, se change en noir lorsqu'il est adulte; les nageoires sont entièrement noires, excepté celle de la queue , qui n’est que brune, et les deux pre- mières dorsales , ainsi que les pectorales , dont la base est un peu olivâtre; une tache noire très-marquée est placée au-dessous de chaque nageoire pectorale ; la bouche est même noire dans son intérieur; et ces nuances si voisines de celles du charbon paraissent d'autant plus foncées, que la ligne latérale est blanche, que.les opercules brillent de l'éclat de l’ar- gent, et que la langue a aussi la blancheur de ce métal. On trouve le colin non-seulement dans l'Océan d'Europe , mais encore dans la mer Pa- cifique. Dès les mois de février et de mars, il s'approche des côtes d'Angleterre pour y dé- poser ou féconder des œufs qui ont la covleur et la petitesse des grains de millet, et desquels sortent, au bout de quelques mois, de petits poissons que l’on dit assez bons dans leur jeu- nesse, On le pêche non-seulement avec des haims, mais encore avec différentes sortes de filets, tels que des verveux ?, des guideaux #, des de- mi-folles *, des trémaux *, etc. {A la première nageoire dorsale du colin 44 rayons, à la seconde 19, à la troisième 20, à chacune des pectorales 21, à chacune des jugulaires 6, à la première de l'anus 25, à la se- conde 20, à celle de la queue 26. ? Le verveux, ou vermier, est un filet en forme de man- che, et à l'entrée duquel on ajoute un second filet intérieur, nommé goulet, terminé en pointe, ouvert dans son extrémité de manière à laisser pénétrer le poisson dans le premier filet, mais propre d'ailleurs à l'empêcher d'en sortir. 5-4 Le guideau est aussi un filet en forme de manche : il va en diminuant depuis son embouchure jusqu'a son extré- mité. On peut le tendre surun châssis qui en maintient l'em- bouchure ouverte. Le plus souvent cependant on se con- tente d'enfoncer dans le sable, à la basse mer, des piquets sur lesquels on attache deux traverses, l'une en haut et l'autre en bas ; ce qui produit à peu près le même effet qu'un châssis. Pour que le poisson soit entrainé dans la manche, on 1ppose au courant l'embouchure du guideau ; mais la force de l'eau, | II. 89 Lorsque la morue est abondante près des côtes du Nord on y recherche très-peu les co- lins; mais lorsqu'on y pêche un petit nombre de morues, on y sale les colins , qu'il est assez difficile de distinguer de ces dernières apres cette préparation. Le pollack à, comme le colin, la nageoire de la queue fourchue, et la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; mais la ligne latérale est droite dans le colin, et courbe dans le pollaek ‘. Ce dernier poisson habite, comme le colin, dans les mers septentrionales de l’Eu- rope : il se plait dans les parages où la tempête soulève violemment les flots. Il voyage par troupes extrêmement nombreuses, cherche moins les asiles profonds, paraît plus fréquem- ment à la surface de l'Océan que la plupart des autres gades , et sait cependant aller chercher dans le sable des rivages l’ammodyte appât, dont il aime à se nourrir. Sa longueur ordinaire est de cinq décimètres. Sa couleur, qui est d’un brun noirâtre sur ie dos, s’éclaircit sur les cô- tés, y devient argentée, et se Change, sur la partie inférieure de l'animal, en blanc pointiilé de brun ; l'iris, d’ailleurs, est jaune, avec des points noirs; chaque écaille est petite, mince, ovale, et lisérée de jaune ; les nageoires pec- torales sont jaunâtres, les jugulaires couleur d’or, et celles de l’anus olivâtres et pointillées de noir. On prend, toute l'année, des pollacks sur plu- sieurs des rivages occidentaux de France; on y en trouve souvent de pris dans les divers filets préparés pour la pêche d’autres espèces de poissons : mais, de plus, il y a sur ces côtes des endroits où vers le printemps il est très-recher- ché. On s’est servi pendant longtemps pour le qui en parcourt toute la longueur, comprime tellement les poissons qui s'y renferment, que les gros y sont tués, et les petits réduits en une espèce de bouillie, Les piquets sur les- quels on tend le guideau, portent le nom d'étaliers. Quel- quefois ils sont longs de près de trois mètres; d'autres fois ils ne s'élèvent que de dix ou douze décimètres, et alors 1e guideau est beaucoup plus petit. De là sont venues les expres- sions de guideau à hauts étaliers, et de guideau à bas éta- liers. — Nous avons placé une courte description de la demi-folle, dans l'article Raie bouclée.— Le trémail est un filet composé de trois nappes, dont deux, qui sont de fil fort et à grandes mailles, se nomment hamaux, et dont la troi- sième, qui flotte entre les deux autres , est d'un fil fin, à pe- tites mailles, et s'appelle toile ou flue. {A la membrane des branchies du pollack 7 rayons, à Ia première uageoire dorsale 15, à la seconde 148, à la troi- sième 19, à chacune des pectorales 19, à chacune des jugu- laires6, à la première de l'anus 28, à la seconde 19, à celle de la queue 42, 12 90 prendre, de petis bateaux portant une ou deux voiles carrées, et montés de six ou huit hommes. On jetait à la mer des lignes dont chacune était garnie d’un haim amorcé avec une sardine, ou avec un morceau de peau d’anguille. Comme le bateau qui était sous voile voguait rapidement, et que les pêcheurs secouaient continuellement ieurs haims, les pollacks, qui sont voraces, prenaient l’appât pour un petit poisson qui fuyait, se jetaient sur cette fausse proie et res- taient accrochés à l’hamecon. Le sey ressemble beaucoup au pollack ; il a même été confondu pendant longtemps avec ce dernier gade : mais il en diffère par plusieurs caractères, ct principalement par les dimensions de ses mâchoires, qui sont toutes les deux éga- lement avancées, trait de conformation qui le sépare aussi de l’espèce du colin; sa ligne laté- rale est droite, et la couleur de sa partie supé- rieure est verdâtre !. Les seys sont très-nombreux pendant toute ‘année sur les côtes de Norvéce. Ils y sont l’objet d’un commerce assez étendu ; et voilà pourquoi ils ÿ ont été observés assez fréquem- ment et avec assez de soin pour qu’on leur ait donné, selon leur âge, les cinq noms différents que nous avons rapportés dans la troisième note de cet article, et pour que l'on ait su que communément ils avaient cent trente-cinq mil- limètres au bout d’un an, quatre cent trente- trois millimètres à la fin de la troisième année ; et six cent quarante-neuf millimètres après la quatrième. Pendant l'été, ils y recherchent beaucoup une variété de hareng nommée Brisling; et on les y a souvent pêchés avec un filet fait en forme de nappe carrée, interrompu dans son milieu par une sorte de sac ou d'enfoncement, et attaché par les coins à quatre cordes qui aboutissent à autant de bateaux. Ce filet n’est point garni de ftotles, ni de est : le poids du fil dont il est formé, et des cordes qui le bordent, suffit pour le maintenir. Quand les pêcheurs croient avoir pris une quantité suffisante de seys, ils se rapprochent du filet, et en retirent, avec un manet?, les poissons qui sont au fond du sac placé au milieu de la nappe. 1 A la première nageoire du dos du sey 13 rayons, à la se- conde 20, à la troisième 19, à chacune des pectorales 17, à | chacune des jagulaires 6, à la première de l'anus 24, à la se- conde 20, à celle de la queue qui est fourchue, 40. ? Voyez, pour la description du wanet, l'article dela Tra- chine vive. HISTOIRE NATURELLE LE GADE MERLAN !. Gadus Merlangus, Linn., Gmel., Bl., Lacep., Cuv. De toutes les espèces de gades, le merlan es: celle dont le nom et la forme extérieure sont le mieux connus dans une grande partie de l’Eu- rope, et particulièrement dans la plupart des départements septentrionaux de France. La morue même n’y est pas un objet aussi familier, à tous égards, que le poisson dont il est ques- tion dans cetarticle; on l’y nomme souvent, on la sert sur toutes les tables, et cependant sa vé- ritable figure y est ignorée dans les endroits éloignés des rivages de la mer, parce qu’elle n’y parvient presque jamais que préparée, sa- lée, ou séchée, altérée, déformée, et souvent tronquée. Le merlan, au contraire, est trans- porté entier dans ces mêmes endroits; et la grande consommation qu’on en a faite l’a mis si souvent sous les yeux, et l’a fait examiner si fréquemment, qu'il a frappé l'imagination des personnes même les moins instruites, et que ses attributs, principalement sa couleur, sont de- venus des sujets de proverbes vulgaires. Les nuances qu’il présente sont en effet très-bril- lantes : presque tout son corps resplendit de la blancheur de l'argent ; et l'éclat de cette cou- leur est relevé, au lieu d'être affaibli, par l’oli- vâtre qui règne quelquefois sur le dos, par la teinte noirâtre qui distingue les nageoires pec- torales ainsi que celle de la queue, et par une tache noire que l’on voit sur quelques individus, à l’origine de ces mêmes pectorales. Tout le monde sait d’ailleurs que le corps du merlan est allongé, et revêtu d’écailles petites, minces et arrondies ; que ses nageoires dor- sales sont au nombre de trois; qu’il n’a pas de | barbillons ; que sa mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure. Il nous suffira d'ajou- 4Hwilling,en Suède et en Danemarck.-- W'hiting,en Angle- terre.—Gade merlan, Daubenton, Enc. méth.—Id. Bonnater- re, pl. de l'Enc.méth.— Faun, suecic. 310. —Gadus hoîtiing, It scan. 526, tab. 2 fig. 2.—1d.,1t. Wgotb., p. 176.—4 Gadus adorsotripterygio, oreimberbi,.…. maxilläsuperiore longiore.» Artedi, gen. 19,syn.54, spec.62.—« Secunda asellorum species, « merlangus. » Gesner, Aquat., p. 65, et Germ., fol, 40, 2. — Asellus candidus primus, Schonev., p. 17.—4sellus minor aller, Aldrov.. lib. 5, cap. 5, p.287. — Asellus minor et mollis, Charleton, p. 124. — Asellus mollis, Jonston, Pise., tab. 2, fig. 5.— Asellus mollis major, seu albus, Wil- | lughby, p.170, tab. L, m. 1, fig. 5. — Rai, p. 55, n. 8. — M0- lenaer, Gronov. Mus. 1, p. 20, n. 35; Zooph., p. 98, n. 546. —« Callarias imberbis, argentei splendoris, etc. » Klein, Miss. pisc. 5, p, 8, n. 5. tab. 5, fig. 2. — Merlan, Rondelet, part. 4, 119, c.9.— Whiting, Brit. Zool. 5, p.155, n.9, — Merlan, Valmont de Bomare, Dict, d'hist, nat. DES POISSONS ter, relativement à ses formes extérieures, que cette même mâchoire d’en-haut est armée de plusieurs rangs de dents, dont les antérieures sont les plus longues; qu’on n’en voit qu’une rengée à la mâchoire d’en-bas, qui d’ailleurs montre de chaque côté neuf ou dix points ou très-petits enfoncements ; que l’on aperçoit sur le palais deux os triangulaires, et auprès du go- (ier quatre os arrondis ou allongés, lesquels { ont tous les six hérissés de petites dents ou as- | érités ; et enfin que la ligne latérale est presque ( roite". Si nous jetons maintenant un coup d'œil sur l'intérieur du merlan, nous verrons que ce pois- son a cinquante-quatre vertèbres. Nous en avons compté cent seize dans l’anguille; mais aussi, quelque allongé que soit le merlan , il présente une forme bien éloignée de celle que montre le corps très-délié des murènes. Le cœur a la figure d’un quadrilatère, avec des angles très-obtus. L’oreillette est grande, ainsi que l'aorte. L'estomac est allongé, assez large, un peu re- courbé vers le pylore, autour duquel est un très-grand nombre d’appendices intestinaux, ou depetits cæcum , formantune sorte de couronne. Le canal intestinal proprement dit est presque de la longueur de l’animal ; il se réfléchit vers le diaphragme, va de nouveau vers la queue, se recourbe du côté de l’œsophage, et tend ensuite directement vers l’anus, où il parvient très- élargi. Le foie, dont la couleur est blanchâtre, se di- vise en deux lobes principaux : le droit est court et étroit; le second très-long et répandu dans une tres-grande partie de l’abdomen. La vésicule du fiel communique par un canal avec le foie, et par un canal plus grand, avec le tube intestinal auprès des appendices. Un viscère triangulaire et analogue à la rate est situé au-dessous de l'estomac. Les reins, d’une couleur sanguinolente , et étendus le long de l’épine du dos, se déchargent dans une vessie urinaire double, voisine de l’anus, et que l’on à souvent trouvée remplie d’une eau claire. La vessie natatoire est visqueuse, longue, simple, attachée à l’épine du dos. Le canal * A la membrane des branchies 7 rayons, à la première dorsale 16, a la seconde 18, à la troisième 19, à chacune des pectorales 20, à chacune des jugulaires 6, à la premiére de \'anus 70, à la seconde 20, à celle de la queue 31. pneumatique, par lequel elle communique à l'extérieur, part de la partie la plus antérieure de cette vessie, et aboutit à l’œsophage. Enfin on voit dans les femelles deux ovaires très-longs , et remplis, lors de la saison conve- nable, d’un tres-grand nombre de petits œufs ordinairement jaunâtres. Le merlan habite dans l’Océan qui baigne les côtes européennes. Il se nourrit de vers, de mol- lusques, de crabes, de jeunes poissons. Il s’ap- proche souvent des rivages, et voilà pourquoi on le prend pendant presque toute l’année : mais il abandonne particulièrement la haute mer, non-seulement lorsqu'il va se débarrasser du poids de ses œufs ou les féconder, mais en- core lorsqu'il est attiré vers la terre par une nourriture plus agréable et plus abondante, et lorsqu'il y cherche un asile contre les gros ani- maux marins qui en font leur proie ; et comme ces diverses circonstances dépendent des sai- sons , il n’est pas surprenant que, suivant les pays, le temps de le pêcher avec succes soit plus ou moins avancé. On a préféré pour cet objet, sur certaines côtes de France, les mois de janvier et de février; et sur plusieurs de celles d'Angleterre ou de Hollande, on a choisi les mois de l’été. On le trouve très-gras lorsque les harengs ont déposé leurs œufs , et qu’il a pu en dévorer une grande quantité ‘. Mais, excepté dans le temps où il fraie lui-même, sa chair écailleuse est agréable au goût : elle n’a pas de qualité malfaisante; et comme elle est molle, tendre et lécère, on la digère ävec facilité, et elle est un des aliments que l’on peut donner avec le moins d’inconvénient à ceux qui éprouvent un grand besoin de manger, sans avoir cependant des sucs digestifs très-puissants. Dans quelques endroits de l'Angleterre et des environs d'Ostende, de Bruges et de Gand, on a fait sécher etsaler des merlans après les avoir vidés; et on les a rendus, par cette préparation, au moins suivant le témoignage de plusieurs observateurs, un mets très-délicat. On a écrit qu’il y avait des merlans herma- phrodites. On en a vu, en effet, dont l'intérieur présentait en même temps un ovaire rempli d'œufs, et un corps assez semblable, au premier coup d'œil, à la laile des poissons mâles : mais 1 Lettre de M. Noël, de Rouen, à M. de Lacépède, du 12 novembre 1796. 92 HISTOIRE NATURELLE cet aspect n’est qu’une fausse apparence; l'on | presque tous de roche, tandis que ceux des s'est assuré que cette prétendue laite n’était que le foie, qui est très-cros dans tous les mer- fans, et particulièrement dans ceux qui sont très-gras. On prend quelquefois des merlans avec des filets, et notamment avec celui que l’on a nommé Drége, et dont nous avons fait con- naître la forme dans l’article de la Trachine vive. Le plus souvent néanmoins on pêche le gade dont nous parlons, avec une vingtaine de lignes, dont chacune, garnie de deux cents ha- mecons, est longue de plus de cent mètres , et qu’on laisse au fond de l’eau environ pendant trois heures. Au reste, non-seulement la qualité de la chair du merlan varie suivant les saisons et les parages qu’il fréquente , mais encore ses carac- tères extérieurs sont assez différents, selon les eaux qu'il habite, peur qu’on ait compté dans cette espèce plusieurs variétés remarquabies et constantes. Nous pouvons en donner un exem- ple, en rapportant une observation très-intéres- sante qui nous à été transmise au sujet des merlans que Pon trouve sur les côtes du dépar- tement de la Seine-Inférieure, par un natura- liste habile et très-zélé, M. Noël, de Rouen, que j'ai déjà eu cecasion de citer dans cet ouvrage. Cet ichthyologiste m’a écrit ! qu'on aperce- vait une assez grande différence entre les mer- lans que l’on prend sur les fonds voisins d’Yport et des Dalles, près de Fécamp, et ceux que l’on pêche depuis la pointe de l’Aïlly jusqu'au Tré- port et au delà. Les merlans d’Yport et des Dalles sont plus courts; leur ventre est plus large, leur tête plus grosse, leur museau moins aigu ; la ligne que décrit leur dos, légèrement courbée en dedans, au lieu d’être droite; la couleur des parties voisines du museau et de la nageoire de la queue, plus brunâtre; la chair plus ferme, plus agréable et plus recherchée. M. Noël pense, avec raison, qu’on doit attri- buer cette diversité dans les qualités dela chair, ainsi que dans les nuances et les formes exté- rieures , à la nature des fonds au-dessus des- quels les merlans habitent, et par conséquent à celle des aliments qu’ils trouvent à leur portée. Auprès d'Yport et de Fécamp, les fonds sont * Lettre de M, Noël à M. de Lacépède , du 42 noyembre 1799. | —_—_————— ————————————————————————…— —Ù— — eaux de l’Aïlly, de Dieppe et de Tréport, sont presque tous de vase où de gravier. En général, M. Noël pense que le merlan est plus petit et plus délicat sur les bas-fonds très-voisins des rivages, que sur les bancs que l’on trouve à de grandes distances des côtes. LE GADE MOLVE !, Gadus Molva, Linn., Gmel., Cuv., Lacep, ET LE GADE DANOIS *. Gadus danicus, Lacep. ?. De tous les gades, la molve est celui qui par- vient à la longueur la plus considérable, surtout relativement à ses autres dimensions, et parti- culiérement à sa largeur : elle surpasse souvent celle de vingt-quatre décimètres; et voilà pour- quoi elle a été nommée, dans un grand nombre de contrées et par plusieurs auteurs, le Gade long. Klle habite à peu près dans les mêmes mers que la morue. Elle se trouve abondam- ment, comme ce gade, autour de la Grande- Bretagne , auprès des eûtes de l’Irlande, entre les Hébrides, vers le comté d’York. On la pêche de la même manière, on lui donne les mêmes préparations ; et comme cette espèce présente un grand volume, et d’ailleurs est douée d’une grande fécondité, elle est, après la morue et le hareng, un des poissons les plus précieux pour le commerce et les plus utiles à l'industrie. Dans les mers qui baignent la Grande-Breta- gne, elle jouit principalement de toutes ses qua- lités, depuis le milieu de février jusque vers la fin de mai, c’est-à-dire dans la saison qui pré- cède son frai, lequel a lieu dans ces mêmes 1 Langn, en Suède, — Lenge, en Allemagne. — Ling, en Angleterre. — Gade lingue, Daubenton, Enc. méth. — Id, Bonuaterre, pl. de l'Enc. mélh.— « Gadus dorso dipterygio, «ore cirralo, maxillà superiore longiore. » Artedi , gen. 22, syn. 56. — Molra mrjor, Charleton, p. 121.— Asellus lon- gus, Schon., p.18. — 4sellus longus, Wiliughby, p. 175, tab. L, m. 2, n. 2. — Rai, p. #6 — Faun.suecic. 512. — Mül- ler, Prodrom. Zool. dan., p. 44, n. 545. — Gadus longa, It, Wgoth. 177. — Bloch, pl. 69. — Enchelyopus, Klein, Miss, pisc. 4, p. 58, n. 16. — Bélon, Aquat., p. 155. — Gesner, Aquat., p.95; Icon. anim., p. 78. — Ling. Brit. Zool., p. 460, n. 15. 2 Du sous-genre des Lottes dans le genre Gade. Cuv. D. 5 Müller, Zool. danic, prodrom., p. #3. — Gade danois Bonnaterre. pl. de l'Enc. méth. 4 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. DES POISSONS. mers aux approches du solstice. Elle aime à déposer ses œufs le long des marais que l'on y voit à l'embouchure des rivières. Elle se nourrit de crabes, de jeunes ou petits poissons, notamment de pleuranectes plies. Sa chair contient une huile douce, facile à obtenir par le moyen d’un feu modéré, et plus abondante que celle que peuvent donner la mo- rue ou les autres gades. Sa couleur est brune par-dessus, blanchâtre par-dessous, verdâtre sur les côtés. La nageoire de l’anus est d’un gris de cendre; les autres sont noires et bordées de blane : on voit de plus une tache noire au sommet de chacune des dor- sales !. z Les écailles sont allongées, petites, forte- ment attachées ; la tête est grande, le musean un peu arrondi, la langue étroite et pointue. Le gade danois n’est pas dénué de barbillons, non plus que la molve : comme la molve, il n’a que deux nageoires sur le dos, et appartient par ee double caractère au troisième sous-genre gades. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, ce qui le sépare de la molve ; et sa nagcoire de l'anus renferme jusqu’à soixante-dix rayons, ce qui le distingue de tou- tes les espèces comprises dans le sous-genre où nous l’avons inscrit, et même de tous les gades connus jusqu’à présent. On en doit la première description au savant Müller, auteur du P7o- drome de la Zoologie danoise. LE GADE LOTE 2. Gadus Lota, Lian., Gmel., Cuv., Lacep. s. La lote mérite une attention particulière des naturalistes. Elle présente tous les caractères A la membrane des branchies de la molve 7 rayons, à la première nageoire dorsale 15, à la seconde 65, à chacune des pectorales 19, à chacune desjngulaires 6, à celle de l'anus 59, a celle de la queue, qui est arrondie, 58. ? Motelle, Barbotte, dans quelques départ. de France, — Barbot, et Burbot, Eel pout, en Angleterre. — Putael, dans la Belgique ou France septentrionale, — 4lra upe, Ob'äppe, Trüsch, Treischen, Rutten, en Allemagne, — Aalquabbe, Franske giedder, en Danemarck. — Zak, en Suède et en Norvége. — Nalim, en Russie. — Gade lotte ; Daubenton, Enc. méth.—Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Gudus iota, Ascagne, cah. 5, 5, pl. 28. — Zole, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Fauna suecica, 515. — Mül- ler, Prodrom. Zool. danic., p. 41, n. 545. — Kælreuter, nov. Comment. petropol. 19, p. 424, — Meidinger. Icon. piscinm austral., t. 8..— Bloch, pl. 70. — « Gadus dorso dipterygio, «ore cirrato, maxillis æqualibus. » Artedi, gen. 22, syn. 58. # Ce poissun est le type du sous-genre Lote dans Je genre Gade de M. Cuvier. D 93 génériques qui appartiennent aux gades ; elle doit être inscrite dans le même genre que ces poissons; elle y a toujours été comprise : elle fait véritablement partie de leur famille; et ce- pendant, par un de ces exemples qui prouvent combien les êtres animés sont liés par &’innom- brables chaines de rapports, elle s’écarte des gades par des différences très-frappantes dans les formes , dans les facultés, dans les habitu- des, dans les goûts, et ne s’éloigne ainsi de ses congénères que pour se rapprocher non-seule- ment des blennies, qui par leur nature tou- chent aux gades de très-près, mais encore de plusieurs apodes osseux, particulièrement des murènes, et notamment des anguilles. Comme ces derniers apodes, la lote a le corps très-allongé et serpentiforme. On voit sur son dos deux nageoires dorsales , mais très-basseg et très-longues, ainsi que celle de l’anus; elles ressemblent à celles qui garnissent le dos et la queue des murènes. Les écailles qui la recouvrent Sont plus facilement visibles que celles de ces mêmes murènes; mais elles sont très-minces, molles, très-petites, quelquefois séparées les unes des autres; et la peau à la- quelle elles sont attachées est enduite d'une humeur visqueuse très-abondante , comme celle de l’anguille : aussi échappe-t-elle facilement, de même que ce dernier poisson , à la main de ceux qui la serrent avec trop de force et veulent la retenir avec trop peu d'adresse; elle glisse entre leurs doigts, parce qu’elle est perpétuel- lement arrosée d’une liqueur gluante; et elle se dérobe encore à ses ennemis , parce que son corps , très-allongé et très-mobile, se contourne avec promptitude en différents sens, et imite si parfaitement toutes les positions et tous les mouvements d’un reptile, qu’elle a recu plu- sieurs noms donnés depuis longtemps aux ani- maux qui rampent. La lote est, de plus, d’une couleur assez — « Silurus cirro unico in mento.» Artedi, spec. 107.— Zote, Rondelet, part. 2 des poissons des lacs , c. 18 -- Burbote, Id. ibid., chap. 19.—Aldrov., lib. 5, cap. 46, fol. 648.—LZnta, et Mustella fluviatilis, Willughby, p. 125. — Rai, p. 67, — Lota Gallis dicta, Gesner, p. 599.— Lota Gallorum, Jons ton, lib. 3, tit, 5, cap. {1, p. 468. tab. 29, fig. 10.— Sirinsia, sive Botalrissa, Bélon, Aquat., p. 302.—Claria fluviatilis, Id. ibid., p. 504.—Barbotha, Cub., lib. 5, cap. 12, fig. 72 B. — Borbocha , Magni (Olai), lib. 20, cap 20. — Botiatria,et Trisvus, Saivian., fol. 215, a, ad iconem , et B. — Alropa, Hildegzard., lib. 1, part. 4, cap. 25.— Gronov.. Mus. 1, p.21, n, 61; Zooph., p. 97, n. 513. — Enchelyopus subcine- reus, elc., Klein, Miss. pisC. 4, p.57, n. 15, tab. 43, fig. 2. — Barbot, Brit. Zoelog. 3, p. 163. n. 14. : 9% semblable à celle de plusieurs murènes , ou de quelques murénophis. Elle est variée, dans sa partie supérieure‘, de jaune et de brun; et le blanc règne sur sa partie inférieure. Au lieu d’habiter dans les profondeurs de l'Océan ou près des rivages de la mer, cumme la plupart des osseux apodes ou jugusaires, et particulièrement comme tous les autres gades connus jusqu’à présent, elle passe sa vie dans les lacs, dans les rivières, au milieu de l’eau douce , à de grandes distances de l'Océan; et ce nouveau rapport avec l’anguille n’est pas peu remarquable. On la trouve dans un très-crand nombre de contrées , non-seulement en Europe et dans les pays les plus septentrionaux de cette partie du monde , mais encore dans l'Asie boréale et dans les Indes. Elle préfere, le plus souvent, les eaux les plus chaudes ; et afin qu'indépendamment de sa légereté, les animaux dont elle fait sa proie | puissent plus difficilement se soustraire à sa poursuite, elle s’y cache dans des creux ou sous des pierres ; elle cherche à attirer ses pe- tites victimes par f'agitation du barbillon ou des barbillons qui garnissent le bout de sa mâ- choire inférieure , et qui ressemblent à de petits vers : elle y demeure patiemment en embus- cade, ouvrant presque toujours sa bouche, qui est assez grande, et dont les mâchoires , héris- sées de sept dents aiguës, peuvent aisément retenir les insectes aquatiques et les jeunes poissons dont elle se nourrit ?. On a écrit que, dans quelques circonstances, la lote était Vipère, c’est-à-dire que les œufs de cette espèce de gade éclosaient quelquefois dans le ventre même de la mère, et par consé- quent avant d’avoir été pondus. Cette manière de venir à la lumière n’a été observée dans les poissons osseux que lorsque ces animaux ont réuni un corps allongé , délié et serpentiforme, à une grande abondance d'humeur visqueuse, comme la lote. Au reste, elle supposerait dans ce gade un véritable accouplement du mâle et de la femelle, et lui donnerait une nouvelle conformité avec l’anguille, les blennies et les silures. 4 Sa ligne est droite. On compte à sa première nageoire dorsale 14 rayons, à la seconde 68, à chacune des pectora- les 20, à chacune des jugulaires 6, à celle de l'anus 67, à celle de la queue, qui est arrondie, 56. 2 HN y a aupres du pylore , 39 ou 40 appendices intestinaux. HISTOIRE NATURELLE La lote croit beaucoup plus vite que plusieurs autres osseux ; elle parvient jusqu’à la longueur d’un mètre, et M. Valmont-de-Bomare en a vu une qu'on avait apportée du Danube à Chan- tilly, et qui était longue de plus de douze déci- mètres. Sa chair est blanche, agréable au goût, facile à cuire; son foie, qui est très-volumineux, est regardé comme un mets délicat. Sa vessie natatoire est très-orande, souvent égale en lon- gueur au tiers de la longueur totale de l’animal, un peu rétrécie dans son milieu, terminée par deux prolongations dans sa partie antérieure , formée d’une membrane qui n’est qu'une con- tinuation du péritoine , attachée par conséquent à l’épine du dos, de manière à ne pouvoir pas en être séparée entière, et employée dans quel- ques pays à faire de la colle, comme la vessie à gaz de l’acipensère huso. Ses œufs sont presque toujours , cemme ceux du brochet et du barbeau, difficiles à digérer, plus ou moins malfaisants; et, par un dernier rapport avec l’anguille et la plupart des autres poissons serpentiformes , elle ne perd que diffi cilement la vie. LE GADE MUSTELLE", Gadus Mustela, Linn., Gmel., Lacep., Cuv.; Gadus tricirratus, Bloch 2. ET LE GADE CIMBRE* Gadus cimbricus, Schn., Lacep., Cuv. #. La mustelle a beaucoup de ressemblance avec la lote par l’allongement de son corps, la ‘ Galea , Pesce moro, Donzellina, Sorge marina, sur plus. côtes d'Italie. — Gouderopsaro, sur plus. rivages de la Grèce. — Whistle fish, en Angleterre. — Krullquappen, auprès de Hambourg, et dans quelques autres contrées sep- tentrionales. — « Gadus mustella, Gadus tricirratus B, ef Gadus russicus y. » Linnée, éd. de Gmelin.—Gade mustelle Daubenton, Enc. méth. — Id. Gade la brune, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mustelle, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Müller, Prodrom. Zool. danic., p. 42, n. 545. — « Gadus dorso dipteryzio , cirris maxillæ superioris qua- « tuor ; inferioris uno. » Mus. ad. fr. 4.— « Gadus dorso dip- « terygio, sulco ad pinnam dorsi primam , ore cirrato. » Ar- tedi, gen. 22, syn. 37. — « Galea Venetorum, seu Asellcrur: « altera species. » Bélon. — « Id. Mustella vulgaris , et Mus- « tella marina tertia. » Gesner, p. 89, 90 et 105, (Germ.) fol. 41, B, et 42, A. — Mustelle vulgaire, Rondelet, part. 4, L 9, 2 Type du sous-genre Motelle dans le genre Gade, selon M.Cuvier. D. 5 Gade cimbre, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Le gade peintre est encore du scus-genre Motelle de M. Cuvier. D. DES POISSONS. 95 petitesse de ses écailles, et l'humeur visqueuse dont elle est imprégnée : mais elle n’habite pas, comme ce poisson, au milieu de l’eau douce; elle vit dans l'Océan atlantique et dans la Mé- diterranée. Elle y parvient jusqu’à la longueur de six décimètres. Elle s’y nourrit de cancres et d'animaux à coquille; et pendant qu’elle est jeune, petite et faible , elle devient souvent la proie de grands poissons, particulièrement de gades et de plusieurs scombres. Le temps de la ponte et de la fécondation des œufs de cette espèce est quelquefois retardé jusque dans l'automne , ou se renouvelle dans cette saison. La mustelie est blanche par-dessous , d’un brun jaunâtre par-dessus , avec des taches noires et d’un argenté violet sur la tête. Les nageoires pectorales et jugulaires sont rougeàtres; les autres sont brunes avec des taches allongées, excepté la nageoire de la queue, dont les taches sont rondes. L'on trouve cependant plusieurs individus sur lesquels la nuance et la figure de ces diverses taches est constamment différente, et même d’autres individus qui n’en présentent aucune. Il est aussi des mustelles qui ont quatre barbillons à la mâchoire supérieure , d’autres qui n’y en montrent que deux , d’au- tres encore qui n’y en ont aucun ; et ces diver- sités dans la forme plus ou moinstransmissibles par la génération , ayant été comparées, par plusieurs naturalistes, avec les variétés de cou- leurs que l’on peut remarquer dans l'espèce que nous examinons, ils ont cru devoir diviser les mustelles en trois espèces, la première dis- tinguée par quatre barbillons placés à une di- stance plus ou moins petite des narines, la seconde par deux barbillons situés à peu près de même, et la troisième par l’absence de tout barbillon à la mâchoire supérieure. Mais après avoir cherché à peser les témoignages et à com- parer les raisons de cette multiplication d’es- pèces, nous avons préféré l'opinion du savant professeur Gmelin ; et nous ne considérons l’ab- gnce ou le nombre des barbillons de la mâ- choire d’en haut, ainsi que les dissemblances c. 44. — Id. Aldrov., lib. 5, cap. 8, fol. 290. — Willughby, p.121. — Rai, p.67, n.1.— Mustela, Jonston, lib. 1, tit. 1, Cap. 1, À, 2, tab. 1, fig. 4. — Mustela altera, Schonev.. p. 49. — Mustela marina tertia. — Gronov. Zooph., n.514, Mus. {, p.21, n. 2; Act. ups. 1742, p.95, tab. 5. — Spotted whistle fish, et Brow whistle fish, Brit. Zool. 5, p. 164; 2. 13 e sn n. — « Enchelyopus cirris tribus, altero è « mento, etc. » Klein, Miss. pisC. 4, p.37, n. 14, — W Sohrif. der Berl. naturf. ges. 5. RSI 1e dans les teintes, que comme des signes de va- riétés plus ou moins permanentes dans l'espèce de la mustelle. Au reste, ce gade a toujours un barbillon attaché vers l’extrémité de la mâchoire infé- rieure , soit que la mâchoire supérieure en soit dénuée, ou en montre deux, ou en présente quatre. De plus, la langue est étroite et assez libre dans ses mouvements. La ligne latérale se courbe vers les nageoires pectorales , et s’étend ensuite directement jusqu’à la queue. Mais ce qu'il ne faut pas passer sous silence , c'est que la première nageoire dorsale est composée de rayons si petits et si courts , qu’il est très-diffi- cile de les compter exactement, et qu’ils dispa- raissent presque en entier dans une sorte de sillon ou de rainure longitudinale. Un seul de ces rayons , le premier ou le second, est très- allongé , s'élève par conséquent beaucoup au- dessus des autres ; et c'est cette longueur ainsi que l’excessive brièveté des autres, qui ont fait dire à plusieurs naturalistes que la pre- mière dorsale de la mustelle ne comprenait qu’un rayon*. La première nageoire du dos est conformée de la même manière que dans le gade cimbre, qui ressemble beaucoup à la mustelle : néan- moins on trouve dans cette même partie un des caractères distinctifs de l’espèce du cimbre. En effet, le rayon qui seul est très-allongé, se ter- mine dans ce gade par deux filaments placés l’un à droite et l’autre à gauche, et disposés horizontalement comme les branches de la iettre T°. De plus, on compte sur les mâchoires de la mustelle einq, ou trois, ou un seul barbillon. Il y en a quatre sur celles du cimbre : deux de ces derniers lilaments partent des environs des narines; le troisième pend de la lèvre supé- rieure ; et le quatrième, de la lèvre inferieure. Le cimbre habite dans l'Océan atlantique, et particulièrement dans une partie de la mer qui baigne les rivages de la Suède. Il a été décou- vert et très-bien décrit par M. Strussenfeld”®. 45 rayons à la membrane branchiale de la mustelle, 4 rayon très-allongé et plusieurs rayons très-courts à la pre- mière nageoire dorsale, 56 rayons à la seconde, 18 à chacune des pectorales, 6 à chacune des jugulaires, 46 à celle de l'a- nus, 20 à celle de la queue. 24 rayon très-allongé et plusieurs rayons très-couris à la première nageoire dorsale du gade cimbre, 48 rayons à la se- conde , 16 à chacune des pectorales, 7 à chacune des jugulai- res, 42 à celle de l'anus, 25 à celle de la queue. # Mém, de l'Acad. de Stockholm, t. XXXIIE, p. 46. 96 LE GADE MERLUS! Gadus Merluccius, Linn., Bl., Cuv. Lacep. ?. Ce poisson vit dans la Méditerranée ainsi que dans l'Océan septentrional ; et voilà pour- quoi il a pu être connu d'Aristote, de Pline, et des autres naturalistes de la Grèce ou de Rome, qui, en effet, ont traité de ce gade dans leurs ouvrages. 11 y parvient jusqu à la gran- deur de huit ou dix décimètres. Il est très- vorace : il poursuit, par exemple, avec achar- nement, les scombres et les clupées; cepen- dant, comme il trouve assez facilement de quoi se nourrir, il n’est pas, au moins fréquemment, oblicé de se jeter sur des animaux de sa fa- mille. Il ne redoute pas l’approche de son sem- blable. Il va par troupes très-nombreuses ; et par conséquent il est l’objet d’une pêche très- abondante et peu pénible. Sa chair est blanche et lamelleuse; etdans les endroits où l’on prend une grande quantité d'individus de cette espèce, on les sale ou on les sèche , comme on prépare les morues, les seys et d’autres gades, pour pouvoir les envoyer au loin. Les merlus sont ainsi recherchés dans un grand nombre de pa- rages : mais dans d’autres portions de la mer où ils ne peuvent pas se procurer les mêmes aliments , il arrive que leurs muscles devien- nent gluants et de mauvais goût; ce fait était connu dès le temps de Galien. Au reste, le foie du merlus est presque toujours un morceau très-délicat. Ce poisson est allongé, revêtu de petites 4 Merluzo, Asello, Asino, Nasello, en Italie. — Hake, en Angleterre.— Gade grand merlus, Daubenton, Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Le grand Merlus, Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 4, c. 4, pl. 24. — Merlu , et Merluche, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Mus. ad. fr. 2, p.60. — Faun. suecic. 514. — Forsk. Faun. Arabic., p.19. — Gronov. Zooph., p. 597. n. 515. — Müll. Prodrom. Zool. danic., p. 41, n.542. — Ot. Fabric. Faun. groeul., p. 148. — « Gadus dorso dipterygio, maxillà infe- « rire longiore. » Artedi, gen.22. syn. 56.—Lysing, Strom. sondm. 295., — Asellus primus, sive Merlucius, Raï, p. 56. — Asellus prinus Rondrletii, sive Merlucius, Willughby, p. 174, tab. L, m. 2, n.4.— Oves, Arist., 1.8, c. 15; L. 9, c.57. == Üvcs, qades, Athen., 1. 7, p.515. —@xnérrus, Ælian, 1. 5. c. 20, p. 276; 1.9, c. 58.--Oppian., Hal.,l. 1, p.5; 1.2, p-59.—Asellus, Plin., Hist. mundi, 1. 9, c. 16, 17.—Aselius, - Ovid., v. 151.— Varro, L 4, De lingua latina.— Jov., cap.20, p. 87.— Merlus, Rondelet, part. 4, 1. 9, c. 8. — Salv., fol. 75. — « Merluccius, asellus, et primüm de merlucio. » Gesner, p. 84,97; Icon. anim., p.76; et (Germ.) fol. 59, B. — Mer- luccius, Bélon, Aquat., p. 125.—4sellus alter, etc., Aldrov., L 5,c. 2, p. 256.— 4sellus fuscus, Charlet., p. 122.— Hake, Brit, Z00!, 5, p. 156, n. 10. — Jonston, De piscibus, p.7, tab. 4, fig. 5. 2 Type du sous-genre Merluche dans le genre Gade de M, Cuvier. D, HISTOIRE NATURELLE écailles, blanc par-dessous , d’un gris plus ou moins blanchâtre par-dessus ; et c’est à cause de ces couleurs comparées souvent à celles de l’âne, qu'il a été nommé Anon par Aristote, Oppien, Athénée, Élien, Pline, et d’autres au- teurs anciens et modernes. Le nom d’Anon est même devenu , pour plusieurs naturalistes , un mot générique qu'ils ont appliqué à plusieurs espèces de gades. La tête du merlus est comprimée et dépri- mée ; l’ouverture de sa bouche, grande ; sa Ji- gne latérale plus voisine du dos que du bas- ventre, et garnie auprès de la tête de petites verrues dont le nombre varie depuis einq jus- qu’à neuf ou dix : des dents inéoales , aigués, et dont plusieurs sont crochues , garnissent les mäâchoires , le palais et le osier ‘. J’ai trouvé dans les papiers de Commerson une courte description d’un gade à deux na- geoires, sans barbillons, et dont tous les autres caractères conviennent au merlus. Commerson l’a vu dans les mers australes ; ce qui confirme mes conjectures sur la possibilité d'établir dans plusieurs parages de l’hémisphère méridional, des pêches abondantes de morues et d’autres gades. Le merlus est si abondant dans la baie de Galloway , sur la côte occidentale de l’Irlande, que cette baie est nommée, dans quelques an- ciennes cartes, la baie des Jakes, nom donné par les Anglais aux merlus. LE GADE BROSME ?*. Gadus Brosme, Linn., Gmel., Penn., Cuv., Lacep.®. Nous avons maintenant sous les yeux le cin- quième sous-genre des gades. Les caractères qui le distinguent, sont un ou plusieurs barbil- lons, avec une seule nageoire dorsale. On ne peut encore rapporter qu'une espèce à ce sous- genre, et cette espèce est le brosme. Ce gade préfère les mers qui arrosent le Groenland, ou l’Europe septentrionale. 4 A la membrane des branchies 7 rayons, à la première na- geoire du des 40, à la seconde 59, à chacune des pecto- rales 42, à chacune des jugulaires 7, à celle de l'anus 37, à celle de la queue 20. i 2 Gadus brosme, Ascagne, Icon. rerum natural., tab, 17.— Mull., Prodrom. Zoo!. danic., p. 41, n. 541. — Brosme, Pontoppid. Norveg. 2, p. 178. — Strom. sonm. 1, p. 272, tab. 1, fig.19.— Aaila, Olafs. Island., p. 558, lab. 27.—Gade broswe, Bonnatcrre, pl. de l'Euc. méih. “Type du sous-genre Brosine, Brosmius, de M, Cuyier. D. DES POISSONS. Il a la nageoire de la queue en forme de fer de lance, et quelquefois une longueur de près d’un mètre. La couleur de son dos est d’un brun foncé ; ses nageoires et sa partie inférieure sont d’une teinte plus elaire; on voit sur ses côtés des taches transversales *. QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. LES. BATRACHOÏDES. La lête trés-déprimée et très-large; l'ouverture de lu bouche très-grande ; un ou plusieurs barbillons atta- chés autour ou æu-dessous de La mächoire inférieure, ESPÈCES, CARACTÈRES. Un grand nombre de filaments à la mächoire inférieure; trois aiguil- lons à la premiérenageoire dor- sale et à chaque opercule, | Un ou plusieurs barbillons au-des- 1. LE BATRACHOÏDE TAU. | 2. sous de la mâchoire d'eu-bas; les LE BATRACHOÏDE BLEN- deux premiers rayons de chaque NIOÏDE. | nageoire jugsulaire, terminés par un long filament, LE BATRACHOÏDE TAU?2. Batrachoides Tau, Lacep.; Batrachus Tau, Sch., Cuy.; Lophius Bufo, Mitchill *. Nous avons séparé le tau des gades, et le blennioïde des blennies, non-seulement parce que ces poissons n’ont pas tous les traits carac- téristiques des genres dans lesquels on les avait inscrits en plaçant le dernier parmi les blennies et le premier parmi les gades, mais encore parce que des formes très-frappantes les dis- tinguent de toutes les espèces que peuvent em- brasser ces mêmes genres, au moins lorsqu'on a le soin nécessaire de n’établir ces cadres que d’après les principes réguliers auxquels nous tâchons toujours de nous conformer. Nous avons de plus rapproché lun de l’autre le tau et le blennioide, parce qu’ils ont ensemble beaucoup de rapports; nous les avons compris dans un genre particulier, et nous avons donné à ce genre le nom de Batrachoïde, qui désigne la ressemblance vague qu'ont ces animaux avec une grenouille, en grec Bxrpzyos, et qui rap- + A la nageoire du dos du brosme 100 rayons, à chacune des pectorales 20, à chacune des jugulaires 5, à celle de l'anus 60, à celle de la queue 50. 2 Expausancon. — Bloch, pl. 6, fig. 2 et 5. — Gade lau, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Gadus tau. Lin. Gmel. 3 Le genre Batrachoïde de Lacépède, ou Butrachus de Schneider èst adnus par M. Guvier. Quant à la figure de ce poisson, donnée par M. de Lacépède, il la rapporte au Ba- trachus surinamensis de Bloch et de Schneider. D. Il. 97 pelle d’ailleurs les dénominations de Grenouii- ler et de Raninus, appliquées par Linnée, Dau- benton, et plusieurs autres célèbres naturaiis- tes, au blennioïde. Le tau habite dans l’Océan atlantique , comme presque tous les gades, dans le genre desquels on avait cru devoir le faire entrer ; mais on l’y a pêché à des latitudes beaucoup plus rapprochées de l'équateur que celles où l'on a rencontré la plupart de ces poissons. On ja vu vers les côtes de la Caroline, où il a été ob- servé par le docteur Garden, et d'où il a été envoyé en Europe. Ses formes et ses couleurs , qui sont très-re- marquables, ont été fort bien décrites par le célèbre ichthyologiste et mon savant confrère le docteur Bloch. Il est revêtu d'écailles molles, petites, min- ces, rondes, brunes, bordées de blane, et ar- rosées par une mucosité tres-abondante, comme celles de la lote et de la mustelle. Le dos et les nageoires sont tachetés de blanc où d’autres nuances. La tête est grande et large, le museau très- arrondi. Les yeux, placés vers le sommet de cette partie et très-rapprochés l’un de l’autre, sont gros, saillants, brillants par l'éclat de l’or que présente l'iris, et entourés d’un double rang de petites verrues. Entre ces organes de ja vue et la nuque, s'étend transversalement une fossette et une bande plus ou moins irrégulière, de couleur jaune, sur les deux bouts de la- quelle on peut observer quelquefois une tache ronde et très-foncée. Les dents sont aiguës. Il n’y en a que deux rangées de chaque côté de la mächoire infé- rieure; mais la mâchoire d'en haut, qui est beaucoup plus courte,en montre un plus grand nombre de rangs. Une double série de ces mé- mes dents hérisse chaque côté du palais. Plusieurs barbillons sont placés sur les côtés de la mâchoire supérieure; un grand nombre d’autres filaments sont attachés à la mâchoire d’en-bas, et disposés à peu près en portion de cercle. Chaque opercule, composé de deux lames, est de plus armé de trois aiguillons. Le tau a deuxnageoires dorsales; la première est soutenue par trois rayons très-forts et non articulés. Celle de la queue est arrondie. Le Tau a éténommé ainsi, à cause de la res- | semblance de la bande jaune et transversale 13 98 qu'il a auprès de la nuque, avee latraverse d'un x grec, ou fau !. Le dessin qui représente ce poisson, et que nous avons fait graver, en donne une idée très- exacte. LE BATRACHOÏDE BLENNIOÏDE?. Bastrachoides blennioides, Lacep.; Gadus Ranious, Mull.; Blennius Raninus, Gmel.; Phycis Ranina, BI.5. Ce batrachoïde a un ou plusieurs barbillons au-dessous de la mâchoire inférieure. Les deux premiers rayons de chacune de ses nageoires jugulaires sont beaucoup plus longs que les au- tres: ce qui, au premier coup d'œil, pourrait faire croire qu’il n’en a que deux dans chacune de ces nageoires, comme la plupart des blen- nies dans le genre desquels on l’a souvent placé, et ce qui m’a engagé à lui donner le nom spécifique de Blennioïde. On le trouve dans les lacs de la Suède, où il paraît qu'il est re- douté de tous les poissons moins forts que lui, qui s’écartent le plus qu’ils peuvent, des en- droits qu’il fréquente. Quoiqu'il tienne, pour ainsi dire, le milieu entre les gades et les blen- nies, il n’est pas bon à manger *. C’est avec toute raison, ce me semble, que le professeur Gmelin regarde comme une sim- ple variété de cette espèce qu’il rapporte au genre des blennies, un poisson de l'Océan sep- tentrional, dont voici une très-courte deserip- tion ÿ. Il est d’un brun très-foncé. Ses nageoires sont noires et charnues ; son iris est jaune ; une mucosité abondante, semblable à celle dont le tau est imprégné, humecte ses écailles, qui sont petites. Sa tête très-aplatie, est plus large que son corps; l'ouverture de sabouche très-grande ; chaque mâchoire armée d’un double rang de dents acérées et rougeûtres, suivant plusieurs 4“ A la membrane branchiale du tau, 6 rayons, à la première dorsale 5, à la seconde 23, à chacune des pectorales 20, à chacune des jugulaires 6, à celle de l'anus 15, à celle de la queue 12. 3 Faun. suecic. 516. — Blenne grenouiller, Daubenton, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Müll., Prodrom. Zool. danic., n. 539. — Strom. sondm. 1, p. 559. 5 M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Raniceps, du genre des Gades. D 4 À la membrane branchiale 7 rayons, à la nageoire dor- sale 66, à chacune des nageoires pectorales 22, à chacune des jugulaires 6, à celle de l'anus 60, à celle de la queue 30. 5 Gmelin, éd. de Linnée , art. du Blennius raninus. — MOll., Zool. dan., p. 13, tab. 45. — Dansk. Vidensk. Selsk. Skrift. 12, p. 291. HISTOIRE NATURELLE observateurs ; la langue épaisse, musculeuse, arrondie par devant ; le premier rayon dechaque nageoire jugulaire terminé par une sorte de fil délié; et le second rayon des mêmes nageoires prolongé par un appendice analogue, mais ordinairement une fois plus long que ce fila- ment. CINQUANTIÈME GENRE LES BLENNIES. Le corps et la queue allongés et comprimés ; deux rayons au moins et quatre rayons au plus à chacune des na- geoires jugulaires. PREMIER SOUS-GENRE. Deux nageoires sur le dos ; des filaments ow appendices sur la tête. CABACTÈRES. Un appendice non palmé au-dessus de chaque œil; une grande tache æillée sur la première nageoir®e du dos. Un appendice auprès de chaque na- rine; un barbillon à la lèvre in- férieure. ESPÈCES. 1. Le BLENNIE LIÈVRE. 2. | LE BLENNIE PHYCIS. | SECOND SOUS—GENRE. Une seule nageoïre dorsale ; des filaments ou appendict sur la tête. Deux barbillons à la mâchoire su LA Le BLENNIE séorrrans | périeure, et un à l'inférieure. NEEN. Un appendice palmé auprès de chæ que œil, et deux appendices sem blables auprès de la nuque. Un appendice palmé au-dessus de chaque œil; la ligne latérale LE BLENNIE GATTORU- GINE. LE BLENNIE SOURCIL- | LEUX. courbe. 6. Un appendite non palmé au-dessus LE BLENNIE COBNU. de chaque œil. 4 | Un SERA non palmé au-dessus £ de chaque œil ; une tache œillée LE BLENNIE TENTACULE. | sur Ja nageoire du dos. Un très-petit appendice non palmé 8. , au-dessus de chaque œil; la ligne LE BLENNIE SUJÉFIEN. latérale courbe; la nageoire du dos réunie à celle de la queue. 9 Deux appendices non palmés entre : s YeUX; qu in LE BLENNIE FASCÉ. LR A Le ou'cinq'bandes 10. LE BLENNIE COQUIL- | Un appendice cutané ettransversal. LALE | | Un appendice cartilagineux et lon: gitudinal: les nageoires pecto- LE rales presque aussi longues que LE BLENNIE SAUTEUR. le corps proprement dit; deux rayous seulement à chacune des nageoires jugulaires. Un appendice filamenteux et longi- tudinal ; trois rayons à chacune des nageoires jugulaires. o J D TROISIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales ; point de barbillons ni d'ap- pendices sur la téle. Un filament au-dessous de l'extré- mité antérieure de la mâchoire d'en-bas; deux rayons seulement à chacune des nageoires jugu- laires. 12. LE BLENNIE PINARU. 15. LE BLENNIE GADOÏDE. DES POISSONS. CARACTÈRES. : Point de filament à la mâchoire inférieure; trois rayons à la pre- mière nageoire du dos; deux rayons seulement à chacune des nageoires jugulaires. Un filament au-dessous de l'extré- mité antérieure de la mâchoire inférieure; trois rayons à cha- eune des nageoires jugulaires. QUATRIÈME SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale ; point de barbillons ni d'appendices sur la téle. ESPÈCES, 14, Le BLENNIE BELETTE. 15. La BLENNIETRIDACTYLE. 16. Æ BLENNIE PHOLIS. N ouvertures des narines tuber- culeuses et frangées ; la ligne la- térale courbe, se mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure; l'ouver- ture de l'anus à une distance à peu près égale de la gorge et de la nageoire caudile ; la nageoire de- l'anus réunie à celle de la queue . et: composée environ de dix-huit rayons. Les ouvertures des narines tuber- culeuses, mais non frangées ; la LE TES BOSQUIEN. 18. ligne latérale droite ; la nageoire Le DT OURE de l'anus réunie à celle de la : queue, et composée de plus de soixante rayons, res du dos, de la queue et de l'a- aus, distinctes l'une de l'autre: 19. celle du dos très-longue et très- basse ; neuf ou dix taches ron- des, placées chacune à demi sur la base de la nageoire dor- sale, et à demi sur °le dos du blennie. ! Les nageoires jugulaires presque aussi longues que les pectorales: une grande quantité de points autour des yeux, sur la nuque, et sur les opercules, { Quelques dents placées vers le bout du museau, plus crochues et plus longues que les autres. Des taches transversales ; trois rayons à Chaque nageoire jugu- laire, Un barbillon à la mâchoire infé- 23. rieure; les nageoires jugulaires La BLENNIE TORSE. charnues et divisées chacune en quatre lobes. LE BLENNIE GUNNEL. | |: corps très-allongé ; les nageoi- 20. Lx BLENNIE POINTILLÉ. | LE BLENNIE GARAMIT. 22. LE BLENNIE LUMPÈNE. LE BLENNIE LIÈVRE !. Blennius ocellaris, Bl., Cuv., Linn., Gmel.; Blennius Lepus, Lacep. ?. L'homme d’état ne considérera pas avec au- tant d’intérêt les blennies que les gades ; il ne 4 Lebre demare, dans plus. départ. mérid.—Mesoro, dans quelques contrées d'Italie. — Butterfly fish, en Angleterre. — Blenne lièvre, Daubenton, Enc: méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — Lièvre marin vulgaire, Val- mont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Mus. ad. fr. 2, p. 62. — Cetti, Pise. sard., p. 412.—Brunn., Pisc. massil., p. 15, n. 53. —« Blennius.….. maculà magnâ in pinna dorsi. » Artedi, gen. 26, syn. 44. — Bjevvos, Oppian., 1. 1, fol. 108, 53, ed. Lippiüi. — Blennius, Plin., 1.52, c. 9. — Blennus, Salvian., fol. 218. — Bélon, Aquat., p. 210. — Gesner (Germ.), fol. 3, a; et Aquat., p. 126, 447; Icon. anirn., p. 9. — Blennus Bel- 3 Du sousgenre des Blennies proprement dites, dans le genre Blennie de M. Cuvier. D. 99 les verra pas aussi nombreux, aussi grands, aussi bons à manger, aussi salubres, aussi re- cherchés que ces derniers, faire naître, comme ces mêmes gades, des légions de pêcheurs, les attirer aux extrémités de l'Océan, les contrain- dre à braver lestempèêtes, les glaces, les brumes, etles changer bientôt en navigateurs intrépides, en ouvriers industrieux, en marins habiles et expérimentés : mais le physicien étudiera avec curiosité tous les détails des habitudes des blen- nies; il voudra les suivre dans les différents climats qu'ils habitent ; il désirera de connaître toutes les manières dont ils viennent à la lu- mière, se développent, croissent, attaquent leur proie ou l’attendent en embuscade, se dérobent à leurs ennemis par la ruse, ou leur échappent par leur agilité. Nous ne décrirons cependant d’une manière étendue que les formes et les mœurs des espèces remarquables par ces mê- mes mœurs ou par ces mêmes formes; nous n’engagerons à jeter qu’un coup d’œil sur les autres. Où il n’y a que peu de différences à no- ter, et, ce qui est la même chose, peu de rap- ports à saisir ; avec des objets déjà bien observés, il ne faut qu’un petit nombre de considérations pour parvenir à voir clairement le sujet de son examen. Le blennie lièvre est une de ces espèces sur lesquelles nous appellerons pendant peu de temps l’attention des naturalistes. Il se trouve dans la Méditerranée ; sa longueur ordinaire est de deux décimètres. Ses écailles sont très-pe- tites, enduites d’une humeur visqueuse ; et c’est de cette liqueur gluante dont sa surface est are rosée, que vient le nom de Blennius en latin, et de Blennie ou de Blenne en français, qui lui a été donné ainsi qu'aux autres poissons de son genre tous plus ou moins imprégnés d’une sub- stance oléagineuse, le mot 6k:v0; en grec, si- gnifiant mucosite. Sa couleur générale est verdâtre, avec des bandes transversales et irrégulières d'unenuance de vert plus voisine de celle de l'olive; ce ver- dâtre est, sur plusieurs individus, remplacé par du bleu, particulièrement sur le dos. La pre- mièrenageoire dorsale est ou bleue commeledos, ou olivâtre avec de petites taches bleues et des points blanes ; et indépendamment de ces points lonüi, meliüs depictus, Aldrov., lib. 2, cap. 28, p. 205. — Willughby, p. 131, tab. H, 5, fig. 2. — Raï. p.72,n. 13. — Blennus pinniceps, Klein, Miss. pis. 5, 51, n. 1. — Scor- piofdes, Liévre marin du vulgaire, Rondelet, part. 1,1,6, 6. 20. — Jonston, Pisc., p. 75, tab. 19 fig.5. 100 et de ces petites gouttes bleues, elle est ornée d’une tache grande, ronde, noire, ou d’un bleu très-foncé, entourée d’un liséré blane, imitant une prunelle entourée de son iris, représentant vaguement un œil; et voilà pourquoi le blen- nie lièvre a été appelé OLillé; et voilà pour- quoi aussi il a été nommé poisson papillon (But- terfly fish en anglais)... Sa tête est grosse, ses yeux sont saillants ; son iris brille de l’éclat de l’or. L'ouverture de sa bouche est srande; ses mâchoires, toutes les deux également avancées, sont armées d'un seul rang de dents étroites et très-rapprochées. Un appendice s’élève au-dessus de chaque œil ; la formede cesappendices, qui ressemblent un peu à deux petites oreilles redressées , réunie avec la conformation générale du museau, ayant fait trouver par des marins peu difficiles plusieurs rapports entre la tête du lièvre et celle du blen- nie que nous décrivons, ils ont proclamé ce dernier Lièvre marin , et d’habiles naturalistes ont cru ne devoir pas rejeter cette expression. La langue est large et courte. 11 n’y a qu'une pièce à chaque opercule branchial ; Panus est plus près de la tête que de la nageoire caudale, et la ligne latérale pius voisine du dos que du ventre, On compte sur ce blennie deux nageoires dor- sales ; mais ordinairement elles sont si rappro- chées l’une de l’autre, que souvent on a cru n'en voir qu'une seule !. Pourajouter au parallèle entre le poisson dont nous traitons et le vrai lièvre de nos champs, on a dit que sa chair était bonne à manger. Elle n’est pas, en effet, désagréable au goût; mais on y attache peu de prix. Au reste, c’est à cet animal qu’il faut appliquer ce que Pline rap- porte de la vertu que l’on attribuait de son temps aux cendres des blennies, pour la guérison ou le soulagement des maux causés par la présence d’un calcul dans la vessie 2, 4 À la première nagcoire du dos 44 rayons, à la seconde45, à chacune des pectorales 12, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 16, à celle de la queue, qui est arrondie, 44. 2 Chap. déjà cité dans cet article, HISTOIRE NATURELLE LE BLENNIE PHYCIS !. Phycis Tinca, Schn ; Phycis mediterraneus, Laroche, Cuv.; Blennius Phycis, Liun., Gmel. ?, Ce poisson est un des plus grands blennies : il parvient quelquefois jusqu’à la longueur de cinq ou six décimètres. Un petit appendice s’é- lève au-dessus de l’ouverture de chaque narine, et sa mâchoire inférieure est garnie d’un bar- billon. Ce dernier filament , ses deux nageoires dorsaleset son volume, le fontressembler beau- coup à un gade; mais la forme de ses nageoires jugulaires, qui ne présentent que deux rayons, le place et le retient parmi les vrais blennies. Les couleurs du phycis sont sujettes à varier, suivant les saisons. Dans le printemps, il a la tête d’un rouge plus ou moins foncé, presque toujours son dos est d’un brun plus ou moins noirâtre; ses nageoires pectorales sont rouges, et un cercle noir entoure son anus ÿ. On trouve ce blennie dans la Méditerranée #. LE BLENNIE MÉDITERRANÉEN 5. Blennius mediterraneus, Lacep. *. Cette espèce a été jusqu'à présent comprise parmi les gades sous le nom de Méditerranéen ou de Monoptère; mais elle n’a quedeux rayons à chacune de ses nageoires jugulaires, et dès- lors nous avons dû l’inserire parmi les blennies. Nous l’yavonsplacée dans le second sous-genre, parce qu’elle a des barbillons sur la tête, et que son dos n’est garni que d’une seule nageoire. Elle tire son nom de la mer qu’elle habite. Elle vit dans les mêmes eaux salées que le gade capelan, le gade mustelle et le gade merlus, avec lesquels elle a beaucoup de rapports. In- 4 Mole, dans quelques départ. mérid. — Molere, en Espa- gne. — Phico, en Italie. — Blenne mole, Daubenton , Ene, méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Phycis, Ar- tedi, gen, 84, syn. 411. — La Moule, Rondelet, part. 4, 1 6, ©. 10. — Gesner, Aquat., p. 748. — Willughby, Ichthyol., p. 205. — Tinca marina, Raï, Pisc., p.75, et p. 164, £, 8. — Lesser hake, Brit. Zool.5, p. 158, .11. — Zest hake, Ibid., p. 460, n. 12. 2 M. Cuvier retire les phycis du genre Blennie, pour les reporter dans celui des Gades où ils forment un sous-genre parüculier entre les Brotules et les Raniceps. D. 5 Quinze appendices intestinaux sont disposés autour du pylore, 4 A la membrane branchiale 7 rayons, à la première dor- sale 10, à la seconde 61, à chacune des peclorales 45, à cha- cune des jugulaires 2, à celle de l'anus 57, à celle de la queue, qui est arrondie, 20. 5 Mus. ad, fr. 2, p. 60.— Gade monoptére, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. # M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D, DES POISSONS. 101 dépendamment des deux filaments situés , sur | des contrées équatoriales, il a des couleurs sa mâchoire d’en-haut, il y en a un attaché à la mâchoire inférieure ‘ LE BLENNIE GATTORUGINE *. Blennius palnicornis, Penn., Cuv.; Blennius Gattoru- gine, Lacep. *. Le gattorugine habite dans l'Océan atlanti- queet dans la Méditerranée. Il n’a guère plus de deux décimètres de longueur : aussi ne se nourrit-il que de petits vers marins, de petits crustacées et de très-jeunes poissons. Sa chair est assez agréable au goût. Ses couleurs ne dé- plaisent pas. On voit sur sa partie supérieure des raies brunes, avec destaches, dont les unessont d’une nuance claire, et les autres d’une teinte foncée. Les nageoires sont jaunâtres. Il n'y en a qu'une sur le dos dont les premiers rayons sont aisuillonnés *, et les derniers très-longs. La tête est petite; les yeux sont saillants et très- rapprochés du sommet de la tête ; l'iris est rou- geâtre. Deux appendices palmés paraissent auprès de l'organe de la vue, et deux autres semblables sur la nuque. Les mâchoires égale- ment avancées l’une et l’autre, sont garnies d’un rang de dents aiguës, déliées , blanches et flexibles. La langue est courte ; le palais lisse; l’opercule branchial composé d'une seule lame ; l'anus assez voisin de la gorge, et la ligne la- térale droite ainsi que rapprochée du dos. LE BLENNIE SOURCILLEUX *. Blennius saperciliosus , Bl., Cuy., Lacep. ‘. Les mers de l’Inde sont le séjour habituel de ce blennie. Comme presque tous les poissons 4 A la nageoire du dos 54 rayons, à chacune des pectora- es 15, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 44. 2 Blenne gatiorugine, Daubenton, Enc. méth.— Id. Bon- naterre, pl. de l'Enc, méth.— Mus. ad. fr. {, p. 68; et 2, p. 64. « Blennius pinnulis duabus ad oculos, pinnà ani ossiculo- « rum 25. » Artedi, gen. 26, syn. 44. — « Blennius pionis su- « percilioruin palmatis, etc. » Brunn., Pisc. massil., p. 27, n. 57,— « Blenuius capite cristato ex radio inermi, etc. » Gronov., Zooph., p. 76, n. 264. — Willughby, Ichth., p.152, tab. H, 2, fig. 2. — Rai, Pisc. 72, n. 14. — Gatlorugine, Brit. Zool. 5, p.168, n. 2. 3 Du sous-genre des Blennies proprement dites, dans le genre Blennie, Cuv. D. 446 rayons non articulés et 14 articulés à la nageoire dor- sale, 14 rayons à chacune des pectorales, 3 à chacune des ju- gulaires, 25 à celle de l'anus, 15 à celle de la queue. 5 Blenne sourcilleux, Daubenton, Enc. méth. — Id, Bon- paterre, pl. de l'Enc. méth.—« Blennius pinnulis ocularibus # Du sous-genre Clinus dans le genre Blennie, Cuv. D, agréables et vives ! ; un jaune plus ou moins foncé, plus ou moins voisin du brillant de l'or, ou de l’éclat de l'argent . et relevé par de belles taches rouges, règne sur tout son corps.Il se nourrit de jeunes crabes et de petits animaux à coquille ; et dès lors nous ne devons pas être surpris, d’après ce que nous avons déjà indiqué plusieurs fois, que ce sourcilleux présente des nuances riches et bien contrastées. Plusieurs causes se réunissent pour produire sur ses tégu- ments ces teintes distinguées : la chaleur du cli- mat qu’il habite, l'abondance de la lumière qui inonde la surface des mers dans lesquelles il vit, et la nature de l’aliment qu'il préfère, et qui nous a paru être un des principes de la bril- lante coloration des poissons. Mais quoique ce blennie, exposé aux rayons du soleil, puisse paraitre quelquefois parsemé, pour ainsi dire ,de rubis , de diamants et de topazes , il est encore moins remarquable par sa parure que par ses habitudes. Ses petits sortent de l'œuf dans le ventre de la mère, et viennent au jour tout for- més. Il n’est pas le seul de son genre dont les œufs éclosent ainsi dans l’intérieur de la femelle, Ce phénomene a été particulièrement observé dans le blennie que les naturalistes ont nommé pendant longtemps le Vivipare. Nous revien- drons sur ce fait, en traitant, dans un moment, de ce dernier poisson. Considérons néanmoins déjà que le sourcilleux, que sa manière de ve- nir à la lumière lie, par une habitude peu commune parmi les poissons, avec l’anguille, avec les silures, et peut-être avec le gade lote, a, comme tous ces osseux, le corps très-allon- gé, recouvert d’écailles très-menues, et enduit d’une mucosité très-abondante. Au reste , sa tête est étroite ; ses yeux sont saillants, ronds, placés sur les côtés, etsurmon- tés chacun d’un appendice palmé et divisé en trois, qui lui a fait donner le nom qu'il porte. L'ouverture de la bouche est grande; la lan- gue courte; le palais lisse; la mâchoire d’en- haut aussi avancée que l’inférieure, et hérissée d’un rang extérieur de grosses dents, et de plu- « brevissimis palmatis, etc. » Amœænit. acad, 1, p. 547. — Gronov., Mus. 2, n.172, tab. 5, fig. 5; Zooph., p.75, n.258, — Bloch, pl. 168. — Blennius varius, etc., Séb., mus. 5, tab. 50, fig. 5. — Indinnischer gottorugina, Seeligm., Voegel. 8, tab. 72, 4 A la nageoire du dos 44 rayons, à chacune des pectora- les 14, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 28, à celle de la queue 12, 402 sieurs rangées de dents intérieures plus petites et très-pointues ; l’opercule branchial composé d’une seule lame , ainsi que dans presque tous les blennies ; la ligne latérale courbe ; l’anus large comme celui d’un grand nombre de pois- sons qui se nourrissent d'animaux à têt ou à coquille, et d'ailleurs plus voisin de la gorge que de la nageoire caudale. Tous les rayons de la nageoire du dos sont des aiguillons, excepté les cinq ou six derniers. LE BLENNIE CORNU #, Blennius cornutus, Linn., Lacep. LE BLENNIE TENTACULÉ ?, Blennius tentacularis. Linn., Cuv.; BI. tentaculatus, Lacep. LE BLENNIE SUJÉFIEN #, Blennius sujefianus. Lacep.; Bl. simus, Linn. ET LE BLENNIE FASCE #, Blennius fasciatus, Linn., BI.5. Le cornu présente un appendice long, effilé, non palmé, placé au-dessus de chaque œil ; une multitude de tubereules à peine visibles, et dis- séminés sur le devant ainsi que sur les côtés de la tête; une dent plus longue que les autres de chaque côté de la mâchoire inférieure; une peau visqueuse, parsemée de points ou de petites ta- ches roussâtres : il vit dans les mers de l'Inde, et a été décrit, pour la première fois , par l’im- mortel Linnée ©. Le tentaculé que l'on pêche dans la Méditer- ranée , ressemble beaucoup au cornu; il est al- longé, visqueux, orné d’un appendice non palmé au-dessus de chaque œil, coloré par points ou par petites taches très-nombreuses. Mais indé- pendamment que ces points sont d’une teinte 4 Blenne cornu, Daubenton, Enc. méth.—Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.—Mus. ad. fr. 2, p.61.—Amænit. acad. 1, p- 516. 2 Blennius radio supra oculos simplici, pinnä dorsali in- « tegrâ, anticè inoculatâ. » Brunn., Pisc. massil., p.26, n. 56. — Blenne nébuleuse, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. # Sujet, Act. petropolit. 1779,2, p. 198, tab. 6, fig. 2, 4. — 4 Blenne perce-pierre, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Les deux premiers et le quatrième de ces poissons sont du sous-genre des Biennies proprement dites, dans le genre Blennie de M. Cuvier. Le troisième est de son sous-genre Salarias. D # À la nageoïre dorsale du blennie cornu 54 rayons, à cha- cune des pectorales 15, à chacune desjugulaires 2, à celle de l'anus 26, à celle de la queue 12. HISTOIRE NATURELLE très-brune, on voit sur la nageoïre fnrsale une grande tache ronde qui imite un œil, ou , pour mieux dire, une prunelle entourée de son iris. De plus, le dessous de la tête montre trois 8a quatre bandes transversales et blanches ; l'iris est argenté avec des points rouges; des bandes blanches et brunes s'étendent sur la nageoire de l'anus ; les dents sont très-peu inégales; et en- fin, en passant sous silence d’autres -dissem- blances moins faciles à saisir avec précision, le tentaculé paraît différer du cornu par sa taille, ne parvenant guère qu’à une longueur moindre d’un décimètre. Au reste, peut-être, malgré ce que nous venons d'exposer, et l’autorité de plu- sieurs grands naturalistes, ne faudrait-il regar- der le tentaculé que comme une variété du cornu , produite par la différence des eaux de la Méditerranée à celles des mers de l'Inde. Quoi qu’il en soit, c’est Brunnich, qui a fait connaître le tentaculé, en décrivant les poissons des environs de Marseille *. Le sujéfien a un appendice non palmé au-des- sus de chaque œil, comme le cornu et le tenta- culé; mais cet appendice est très-petit. Nous lui avons donné le nom de Sujéfien , parce que le naturaliste Sujef en a publié la description. Il parvient à la longueur de plus d'un décimètre. Son corps est menu; l’ouverture de sa bouche, placée au-dessous du museau, chacune de ses mâchoires garnie d’une rangée de dents très- courtes, égales et très-serrées ; son opercule branchial composé de deux pièces ; sa nageoire dorsale précédée d’une petite élévation ou loupe graisseuse, et réunie à celle de la queue, qui est arrondie ?. Les mers de l’Inde, qui sont l’habitation or- dinaire du cornu, nourrissent aussi le fascé. Ce dernier blennie est enduit d’une mucosité très- gluante. Sa partie supérieure est d’un bleu ti- rant sur le brun, sa partie inférieure jaunâtre: quatre ou cinq bandes brunes et transversale relèvent ce fond; les intervalles qui séparent ces fascies, sont rayés de brünatre; d’autres bandes ou des taches brunes paraissent sur plu- sieurs nageoires ; celle de la queue, qui d’ail. leurs est arrondie, montre une couleur grise ?. 4 A la nageoire du dos du tentaculé 54 rayons, à chacune des pectorales 44, à chacune des jngulaires 2, à celle de l’a- nus 25, à celle de la queue 11. 2 À la nageoire dorsale du blennie sujéfien 27 rayons , à chacune des pectorales 13, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 17, à celle de la queue 45. # A la nageoire du dos du fascé 29 rayons, à chacune des. DES POISSONS. Deux appendices non palmés s'élèvent entre les yeux ; la tête, brune par-dessus et jaunâtre par-dessous, est assez petite; l’ouverture bran- chiale très-grande; celle de l’anus un peu rap- prochée de la gorge, et la ligne latérale peu éloi- gnée du dos. LE BLENNIE COQUILLADE ". Blennius Galerita ; Blennius Coquillad, Lacep. 3, On pêche ce poisson dans l’Océan d'Europe, ainsi que dans la Méditerranée. Il n’a pas or- dinairement deux décimètres de longueur. Sur sa tête paraît un appendice cutané, transversal, un peu mobile, et auquel on a donné le nom de Crête. 11 habite parmi les rochers des rivages. Il échappe facilement àla main de ceux qui veu- lent le retenir , parce que son corps est délié et très-muqueux. Sa partie supérieure est brune et mouchetée. Sa partie inférieure d'un vert- foncé et noirâtre. On a comparé à une émeraude la couleur et l'éclat de sa vésicule du fiel. Sa chair est molle®. Il vit assez longtemps hors de l'eau, parce que, dit Rondelet, l'ouverture de ses branchies est fort petite; ce qui s'accorde avec les idées que nous avons exposées dans no- tre premier Discours, sur les causes de la mor- talité des poissons au milieu de l'air de l’atmo- sphère. D’ailleurs on peut se souvenir que nous avons placé parmi ceux de ces animaux qui vi- vent avec plus de facilité hors de l’eau, ies os- seux etles cartilagineux qui sont pénétrés d’une plus grande quantité de matières huileuses pro- pres à donner aux membranes la souplesse con- yenable. pectorales 15, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 19, À celle de la queue, qui est arrondie , 41, 4 Blenne coquillade, Daubenton, Enc. méth, — Id. Bonna- terre, pl. de l'Euc. méth.— « Blennius cristä capitis trans- « versä, cutaceà. » Artedi, gen. 27, syn. 44, — Coquillade, Alauda cristata, Galerila, Rondelet, part. 4, 1. 6, c. 21. — Aldrovand., 1. 1, c. 23, p. 114. — Jonston, tab. 17, fig. 5. — Charlet., p. 157. — Galeria, Raï, p. 75. — Alauda cristata, sive Galerita, Gesner, p. 17. 20, (Germ.) fol. 4, a. — Wil- lughby, Ichth., p. 154. — Adonis, Bélon, Aquat. 219. — £rested blenny. Brit. Zool. 5 , p. 467. — Strom. sondm. 522. —Blennus galerita, Brosme toupée, Ascagne, pl. 19. 2 Du sous-geure des Blennies proprement dites, dans le genre Blenuie, Cuv. D. # À la nageoire du dos 60 rayons, à chacune des pectora- les 10, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 56, a celle de la queue 16. 103 LE BLENNIE SAUTEUR . Blennius saliens, Lacep., Cuv. ?. Nous avons trouvé une description très-dé- taillée et très-bien faite de ce blennie dans les manuscrits de Commerson, que Buffon nous a confiés dans le temps , en nous invitant à conti- nuer son immortel ouvrage. On n’a encore rien publié relativement à ce poisson, que le savant Commerson avait cru devoir inscrire dans un genre particulier, et nommer l’A//ique sauteur. Mais il nous a paru impossible de ne pas le comprendre parmi les blennies, dont ilatousles caractères généraux, et avec lesquels l'habile voyageur qui l’a observé le premier, a trouvé lui- même qu'il offrait les plus grands rapports. Nous osons même penser que si Commerson avait été à portée de comparer autant d'espèces de blennies que nous, les caractères génériques qu'il aurait adoptés pour ces osseux auraient été tels, qu’il aurait renfermé son sauteur dans leur groupe. Nous avons done remplacé la dé- nomination d’Allique sauteur par celle de Blen- nie sauteur, et réuni dans le cadre. que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs , ce que présentent de plus remarquable les formes et les habitudes de ce poisson. Ce blennie a été découvert auprès des riva- ges et particulièrement des récifs de la Nouvelle- Bretagne, dans la mer du Sud. Il y a été ob- servé en juillet 1768, lors du célèbre voyage de notre confrère Bougainville. Commerson l’y a vu se montrer par centaines. Il est très-petit , puisque sa longueur totale n’est ordinairement que de soixante-six millimètres, sa plus grande largeur de cinq, et sa plus grande hauteur de huit. Il s’élance avec agilité, glisse avec vitesse, ou, pour mieux dire, et pour me servir de l’ex- pression de Commerson, vole sur la surface des eaux salées; il préfère les rochers les plus expo- sés à être battus par les vagues agitées , et là, bondissant, sautant, ressautant, allant, reve- nant avec rapidité, il se dérobe en un clin d'œil à l’ennemi qui se croyait près de le saisir, et qui ne peut le prendre que très-diflicilement. Il a reçu un instrument très-propre à lui 4 « Alticus saltatorius, pinnä spurià in capitis vertice ; seu « pinnulà longitudinali ponè oculos cartilagineä ; seu alticus « desuitor, occipite cristato, ore circulari deorsum palulo. » Commerson, Manuscrits déjà cités. 3 Du sous-geure Salarias , dans le genre Blennie de M. Cu vier, D. 404 donner cette grande mobilité. Ses nageoires pec- torales ont une surface très-étendue, relative- ment à son volume; elles représentent une sorte de disque lorsqu'elles sont déployées; et leur longueur, de douze millimètres, fait que, lors- qu’elles sont couchées le long du corps , elles atteignent à très-peu près jusqu'à l'anus. Ce rapport de forme avec des pégases, des scorpè- nes, des trigles, des exocets, et d’autres pois- sons volants, devait lui en donner aussi un d'habitude avec ces mêmesanimaux, et le douer de la faculté de s’élancer avec plus ou moins de force. La couleur du blennie sauteur est d’un brun rayé de noir, qui se change souvent en bleu- clair rayé ou non rayé, après la mort du pois- son. On a pu juger aisément, d’après les dimen- sions que nous avons rapportées, de la forme très-allongée du sauteur; mais de plus, il est assez comprimé par les côtés pour ressembler un peu à une lame. La mâchoire supérieure étant plus longue que l’inférieure, l'ouverture de la bouche se trouve placée au-dessous du museau. Les yeux sont situés très-près du sommet de la tête; gros, ronds, saillants, brillants par leur iris, qui a la couleur et l’éclat de l'or; et auprès de ces organes, on voit sur l’occiput une crête ou un appendice ferme, cartilagineux, non composé de rayons, parsemé de points, long de quatre millimètres ou environ, arrondi dans son contour, et élevé non pas transversa- lement, comme celui de la coquillade, mais lon- gitudinalement. ' Deux lames composent chaque opercule branchial. La peau du sauteur est enduite d’une muco- sité très-onctueuse. Commerson dit qu’on n’apercoit pas d'autre ligne latérale que celle qui indique l'intervalle longitudinal qui règne de chaque côté entre les muscles dorsaux et les muscles latéraux ‘. ‘5 rayons, au moins, à la membrane des branchies, 53 ar- ticulés à la nageoire du dos, 15 à chacune des pectorales, 2 mous et filiformes à chacune des jugulaires, 26 à celle de l'anus, 10 à celle de la queue, qui est lancéolée. HISTOIRE NATURELLE LE BLENNIE PINARU !. Blennius Pinaru, Lacep. ; Blennius pilicornis, Cuw. ?, Le pinaru ressemble beaucoup au blennie sauteur. Il habite, comme ce dernier poisson, dans les mers voisines de la ligne. Un appen- dice longitudinal s’élève entre ses yeux, de même qu'entre ceux du sauteur; mais cette sorte de crête est composée de petits filaments de couleur noire. De plus, le sauteur, ainsi que le plus grand nombre de blennies, n’a que deux rayons à chacune de ses nageoires jugulaires ; et le pinaru a ses nageoires jugulaires soute- nues par trois rayons Ÿ. La ligne latérale de ce dernier osseux est d’ail- leurs courbe vers la tête, et droite dans le reste de sa longueur. On le trouve dans les deux Indes. LE BLENNIE GADOÏDE 1, Blennius gadoides, Lacep. LE BLENNIE BELETTE , Bleunius mustelaris, Linn.; Blennius mustela, Lac, +. ET LE BLENNIE TRIDACTYLE Blennius trydactylus, Lacep.‘. Ces trois poissons appartiennent au troisième sous-genre des blennies : ils ont deux nageoires sur le dos; et on ne voit pas de barbillons ni d’appendices sur la partie supérieure de leur tête. Le gadoïde a été découvert par Brunnich. Ce naturaliste l’a considéré comme tenant le milieu entre les gades et les blennies; et c’est 4 Blenne pinaru , Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth.— Gronov. Mus. 1, n.75.—Pinaru, Rai, Pisc., p. 75. 2 Du sous-genre des Blennies proprement dites dans le genre Blennie, Cuv. D. 5 A la membrane branchiale 5 rayons, à la nageoire du dos 26, à chacune des pectorales 44, à chacune des jugulai- res 5, à celle de l'anus 46, à celle de la queue, qui est arron- die, 11. 4 Brunn.., Pise. Massil., p. 24, n. 54.—Gade à deux doigts, Bonnaterre, pi. de l'Enc. méth. 8 « Blennius pinnä dorsal antericretriradiatä. » Mus. Ad. Frid. 4, p. 69.— « Blennius pinnà dorsi anteriore triradiatà, « posteriore 40. » Ibid. — Blenne beletle, Daubenton, Enc. méth. ‘ Du sous-genre Clinus dans le genre Blennie, Cuv. D. T1 Trifurcated, Pennant, Zool. Bril., t. HI, p. 196.—Gade trident, Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. “M, Cuvier ne mentionne, ni cette espèce, ni celle du Bleunie gadoïde. D. DES POISSONS. aour désigner cette position dans l’ensemble des êtres vivants, que je lui ai donné le nom de Gadoïde. Il a été compris parmi les gades par plusieurs célebres naturalistes : mais la néces- sité de former les différents genres d'animaux conformément au plus grand nombrede rapports qu’il nous est possible d’entrevoir, et de les in- diquer par des traits précis et faciles à distin- guer, nous a forcés d’exiger pour les deux fa- milles des blennies et des gades, des caractères d'après lesquels nous avons dû placer le ga- doïde parmi les blennies. Ce poisson habite dans la Méditerranée. Il est mou, étroit, légèrement comprimé. Sa lon- gueur analogue à celle de la plupart des blen- uies, ne s'étend guère au-delà de deux décimè- tres. Sa mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure, marquée de chaque côté de sept ou huit points ou petits enfoncements, et gar- nie, au-dessous de son bout antérieur , d’un fi- lament souvent très-long. On voit deux aiguillons sur la nuque; la li- gne latérale est droite. L'animal est blanchâtre, avec la tête rou- geâtre. Des teintes noires règnent sur le haut de la première nageoire dorsale, sur les bords et plusieurs autres portions de la seconde na- geoire du dos, sur une partie de celle de l’anus, et sur celle de la queue !. Il est aisé de séparer de cette espèce de blen- nie celle à laquelle nous conservons le nom de Belette. En effet, ce dernier poisson n’a point de filament au-dessous du museau, et on ne compte que trois rayons à sa première nageoire dorsale ?. Il a été découvert dans l'Inde. Le tridactyle a été considéré jusqu’à présent comme un Gade ; il a surtout beaucoup de res- semblance avec le gade mustelle et le cimbre. Ila, de même que ces derniers animaux, la première nageoire dorsale cachée presque en entier dans une sorte de sillon longitudinal, et composée de rayons qui tous, excepté un, sont extrémement courts et difficiles à distinguer les uns des autres. Mais chacune de ses nageoires jugulaires n’est soutenue que par trois rayons; 4 A la membrane branchiale du blennie gadoïde 7 rayons, à la première nageoire dorsale 10, à la seconde 56, à cha- cune des pectorales 41, à chacnne des jugulaires 2, à celle de l'anus 55, à celle de la queue 46. 3 A la première nageoire dorsale du blennie belelte 5 rayons, à la seconde 45, à chacuue des pectorales 17, à cha- cune des jugulaires 2° à celle de l'anus 29, à celle de la aveuc 15. 105 et cela seul aurait dû nous engager à le rappor- ter aux blennies plutôt qu'aux gades. Les na- geoires jugulaires, ou tloracines, ayant été comparées, aussi bien que les abdominales, aux pieds de derrière des quadrupèdes, les rayons de ces organes äe mouvement ont été assimilés à des doigts; et c’est ce qui a déter- miné à donner au blennie que nous examinons, le nom spécifique de Tridactyle, où à trois doigls. D'ailleurs, dans cet osseux, les trois rayons de chaque nageoire jugulaire ne sont pas réunis par une membrane à leur extrémité, et cette séparation vers un de leurs bouts les fait paraître encore plus analogues aux doigts des quadrupèdes. La tête du tridactyle est un peu aplatie. Ses mâchoires sont garnies de dents recourbées : celle d’en-bas présente un long barbillon au dessous de son extrémité antérieure. On voit au-dessus de chaque nageoire pec- torale une rangée longitudinale de tubercules, qui sont, en quelque sorte, le commencement de la ligne latérale. Cette dernière ligne se flé- chit très-près de son origine, forme un angle obtus, descend obliquement et se coude de nouveau pour tendre directement vers la na- geoire de la queue ‘. La couleur de la partie supérieure de l’ani- mal est d’un brun foncé; les plis des lèvres, et des bords de la membrane branchiale, sont d’un blanc très-éclatant. Ce blennie habite dans les mers qui entourent la Grande-Bretagne; le savant auteur de la Zoologie britannique l’a fait connaître aux na- turalistes. LE BLENNIE PHOLIS 2. Blennius Phoiis, Linn., Gmel., Lacep., Cp, ‘. Les blennies &ont il nous reste à traiter, for- ment le quatrième sous-genre de la famille que 4 5 rayons à la membrane des branchies du blennie tridac- tyle, 4 rayon très-allongé et plusieurs autres rayons très- courts à la première nageoire dursale, 45 rayons à la se- conde, 14 à chacune des pectorales, 5 à chacune des jugulaires, 20 à celle de l'anus, 16 à celle de la queue. 1 Buveuse, sur plus. côtes mérid. de France. — Galeetto, auprès de Livourne. — Mulgranoo, Bulcard, auprès des rivages de Cornouailles en Angleterre. — Blenne baveuse, Daubeuton, Enc. méth, — Id. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Erid. 2, p. 62.— « Blennius maxillà supe- « riore lougiore, capite summo acuminato. » Arteui; gen.27, “ Du sous-genre des Bleunies proprement dites dans le genre Blennie, Cuv. D. LE 106 nous considérons ; ils n’ont ni barbillons ni ap- pendices sur la tête, et leur dos ne présente qu'une seule nageoire. Le premier de ces poissons dont nous allons parler, est le pholis. Cet osseex a l'ouverture de la bouche grande, les lèvres épaisses, la mâchoire supérieure plus avancée que l’infé- rieure, et garnie, ainsi que cette derniere, de dents aiguës, fortes et serrées. Les ouvertures des narines sont placées au bout d’un petit tube frangé. La langue estlisse, le palais rude, l’œil grand, l'iris rougeâtre, la ligne latérale courbe, et l'anus plus proche de la gorge que de la na- geoire caudale ". La couleur du pholis est olivâtre avec de pe- tites taches dont les unes sont blanches, et les autres d’une teinte foncée. Ce blennie vit dans l'Océan et dans la Médi- terranée. Il s’y tient auprès des rivages, sou- vent vers les embouchures des fleuves ; il s’y plait au milieu des algues ; il y nage avec agi- lité ; il dérobe aisément à ses ennemis son Corps enduit d’une humeur ou bave très-abondante et tres-visqueuse, qui lui a fait donner un de ses noms ; et quoiqu'il n’ait que deux décime- tres de longueur, il se débat avec courage con- tre ceux qui l’attaquent, les mord avec obsti- nation, et défend de toutes ses forces une vie qu'il ne perd d’ailleurs que difficilement. Il n'aime pas seulement à se cacher au-des- sous des plantes marines, mais encore dans la vase; il s’y enfonce comme dans un asile, ou s’y place comme dans une embuscade. Il se re- tire aussi très-souvent dans des trous de ro- cher, y pénètre fort avant, etde là vient le nom de Perce pierre qu’on a donné à presque tous les blennies, mais qu’on lui a particulièrement appliqué. II se nourrit de très-jeunes poissons, de très-petits crabes, ou d œufs de leurs espèces; il recherche aussi les animaux à coquille et principalement les bivalves, sur lesquels la faim et sa grande hardiesse le portent quelque- fois à se jeter sans précaution à l'instant où il syn. 45 et 416. — PHAS. Arist., 1. 9, c. 57. — Aldrov., L. 4, €. 25, p. 114 et 116. — Gesner. p. 18 et 714; et (germ.) fol, 4, a, et 5, a. — Jonston, lib. 1, tit. 2, cap 2, à, 1, tab. 17,0. 4; ettab. 18, fig. 2 — Charlet., Onom, 457.—Willughby, Ichth,, p.155 et155, tab. H, 6, fig.2 et 4. — Raï, p. 75, n. 17 et74, — Perce-pierre, Empetrum, Alauda non cristata, Ba- veuse, Pholis, Rondelet, part, 1,1, 6, c. 22, 25 — Gronov., Mus. 2,n. 175; Zooph.76, n. 279. — Bloch, pl. 71, fig. 2. — Smooth blenny, Brit. Zool. 3, p.169. n.5. * A la membrane des branchies 7 rayons, à la nageoire du dos 28, a chacune des pectorales 14, à chacune des jugulai- res 2. à celle de l'anus 19 ,à celle de la queue 10. HISTOIRE NATURELLE peut devenir la victime de sa témérité, être saisi entre les deux battants refermés avec force sur lui ; et c’est ainsi que fut pris comme dans un piége, un petit poisson que nous croyons devoir rapporter à l'espèce du blennie pholis, qui fut trouvé dans une huître au moment où l’on en écarta les deux valves, qui devait y être renfermé depuis longtemps, puisque l’huître avait été apportée à un très-grand nombre de myriamètres dela mer, et que découvrit ainsi, il y a plus de vingt ans, dans une sorte d’ha- bitation très-extraordinaire, mon compatriote et mon ancien ami M. Saint-Amans, professeur d'histoire naturelle dans l’école centrale du dé- partement de Lot-et-Garonne, connu depuis longtemps du public par plusieurs ouvrages très-intéressants, ainsi que par d’utiles et cou- rageux voyages dans les hautes Pyrénées . LE BLENNIE BOSQUIEN ?. Blennius boscianus, Lacep. M. Bose, l'un de nos plus savants et plus zélés naturalistes, qui vient de passer plusieurs an- nées dans les États-Unis d'Amérique, où il a exercé les fonctions de consul de la république française, a découvert dans la Caroline ce blen- ie, auquel j'ai cru devoir donner une dénomi- nation spécifique qui rappelât le nom de cet ha- bile naturaliste. M. Bosc a bien voulu me com- muniquer la description et le dessin qu'il avait faits de ce blennie : l’une m’a servi à faire un article; j'ai fait graver l’autre avec soin ; et je m'empresse d'autant plus de témoigner ici ma reconnaissance à mon ancien confrère pour cette bienveillante communication, que, peu de temps avant son retour en Europe, il m'a fait remet- tre tous les dessins et toutes les descriptions dont il s'était occupé dans l'Amérique septen- trionale, relativement aux quadrupèdes ovipa- res, aux serpents et aux poissons, en m’invi- tant à les publier dans l’Histoire naturelle dont cet article fait partie. J'aurai une grande satis- faction à placer dans mon ouvrage les résultats des observations d’un naturaliste aussi éclairé et aussi exact que M. Bosc. Le blennie qu’il a décrit ressemble beaucoup 4 Voyez le Journal de physique, oct, 1778. 2 Blennius morsitans, Bosc, manuscrits. — « Blenniug « morsitans, capite cristà nullà, corpore alepidoto, viridi « fusco , alboque variegato, pinnâ anali radiis apice recurvis, « Habitat in Caroling. » Note communiquée par L. Bosc. DES POISSONS. au pholis dont nous venons de parler ; mais ilen diffère par plusieurs traits de sa conformation, et notamment par la proportion de ses mâchoi- res, dont l’inférieure est la plus longue, pendant que la supérieure du pholis est la plus avancée. D'ailleurs l’anus du pholis est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, et celui du bosquien est à une distance à peu près égale de ces deux portions du corps de l'animal ‘. La tête du bosquien est, en quelque sorte, triangulaire ; le front blanchâtre est un peu aplati ; l'œil petit ; l'iris jaune; chaque mâchoire garnie de dents menues, très-nombreuses et très-recourbées ; la membrane branchiale éten- due et peu cachée par l’opercule ; le corps com- primé, dénué en apparence d’écailles, gluant, d’une couleur verte foncée, variée de blane, et relevée par des bandes brunes cependant peu marquées. Les nageoires sont d’une teinte obscure, et tachetées de brun. Les onze premiers rayons de celle du dos sont plus courts et plus émous- sés que les autres. Ceux qui soutiennent la na- geoire de l’anus, se recourbent en arrière à leur extrémité : cette nageoire de l’anus et la dor- sale touchent celle de la queue, qui est arrondie. Le bosquien a près d’un décimetre de lon- gueur totale; sa hauteur est de vingt-sept mil- limètres, et sa largeur de neuf. Cette espèce, suivant M. Bose, est très-com- mune dans la baie de Charleston. Lorsqu'on veut la saisir, elle se défend en mordant son ennemi, comme la murène anguille, avec la- quelle elle a beaucoup de ressemblance; et c’est cette manière de chercher à sauver sa vie, que M. Bosc a indiquée par le nom distinctif de morsilans qu’il lui a donné dans sa description latine, et que j'ai dû, malgré sa modestie, chan- ger en une dénomination dictée par l’estime pour l'observateur de ce blennie. LE BLENNIE OVOVIVIPARE ?. Blennius viviparus, Linn., Gmel. ; Blennius ovovivipa- rus, Lacep. *. De tous les poissons dont les petits éclosent 4 A la nageoire du dos 50 rayons , à chacune des pectora- les 42, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 18, a celle de la queue 12. 3 Blenne vivipare, Naubenton, Enc. méth.— Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. mêth. — Faun. suecic. 517. — Müli. Prodrom., Zool. danic., p. 45, n. 558; et Zool. daüic., t.57.— # Du sous-genre Zoarcès dans le genre Blennius selon M.Cuvier. D. 401 dans le ventre de la femelle, viennent tout for- més à la lumière, et ont fait donner à leur mère le nom de Vivipure, le blennie que nous allons décrire, est l'espèce dans laquelle ce phéno- mène remarquable a pu être observé avec plus de soin et connu avec plus d’exactitude. Voilà pourquoi on lui a donné le nom distinctif de Vivipare, que nous n’avons pas cru cependant devoir lui conserver sans modification, de peur d’induire plusieurs de nos lecteurs en erreur, etque nous avons remplacé par celui d’Ovovivi- pare, afin d'indiquer que s’il n’éclôt pas hors du ventre de la mère, s’il en sort tout formé, et déjà doué de presque tous ses attributs, il vient néanmoins d’un œuf, comme tous les poissons, et n’est pas véritablement vivipare dans le sens où l’on emploie ce mot lorsqu'on parle de l’homme, des quadrupedes à mamelles, et des cétacées !. Voilà pourquoi nous allons entrer dans quelques détails relativement à la manière de venir au jour, du blennie dont nous écrivons l'histoire, non-seulement pour bien exposer tout ce qui peut concerner cet animal curieux, mais encore pour jeter un nouveau jour sur les différents modes de reproduction de la classe entière des poissons. Mais auparavant montrons les traits distinc- tifs et les formes principales de ce blennie ?. L'ouverture de sa bouche est petite, ainsi que sa tête: les mâchoires, dont la supérieure est plus avancée que l’inferieure , sont garnies de petites dents et recouvertes par des lèvres épais- ses; la langue est courte et lisse comme le pa- lais ; deux os petits et rudes sont placés auprès du gosier ; les orifices des narines paraissent chacun au bout d’un petit tube non frangé; le ventre est court ; l'ouverture de l’anus très- grande; la ligne latérale droite ; la nageoire de Mus. Ad., Frid. 4, p.69.—Taxglake, Act.Stockh. 1748, p.52, tab. 2. — Gronov. Mus. 1, p. 65, n. 145; Zooph., p. 77, n. 265. — Act. Upsal. 1742, p. 87. — Bloch, pl. 72. — « Blennius ca- « pite dorsoque fusco flavescente lituris nigris. pinnâ ani « flavâ. » Artedi, syn. 45. — « Terlia mustelarum species vi- « vipara et marina. » Schonev., p. 49, 50 — « Mustela marina « vivipara. » [d., tab. 4, fig. 2.—Jonston, Pisc., p. 4, tab. 46, fig. 8.—« Mustela vivipara Schoneveldii. » Willughby, Ichth., p. 122. — Raï, p. 69. — « Viviparous blenny. » Brit. Zool. 5, p.472. 0.5, tab. 10. 1 On peut consulter à ce sujet ce que nous avons écrit dans le Discours sur la nature des serpents, et dans le Discours sur la nature des poissons. 37 rayons à la membrane des branchies, 20 à chacune des nageoires pectoraies, 2 à chacune des jngulaires, 148 à celles du dos , de la queue et de l'anus, considérées comme ne for- mant qu'une seule nageoire. 108 l'anus composée de plus de soixante rayons, et réunie à celle de la queue; et souvent cette dernière se confond aussi avec celle du dos. Les écailles qui revêtent l’ovovivipare, sont très-petites, ovales, blanches ou jaunâtres et bordées de noir; du jaune règne sur la gorge, et sur la nageoire de l’anus ; la nageoire du dos est jaunâtre, avec dix ou douze taches noires. La chair de ce blennie est peu agréable au goût ; aussi est-il tres-peu recherché par les pé- cheurs, quoiqu'il parvienne jusqu’à la longueur de cinq décimètres. Il est en effet extrêmement imprégné de matières visqueuses ; son corps est glissanteomme celui des murènes ; et ces sub- stances oléagineuses dont il est pénétré à l’inté- rieur ainsi qu'à l’extérieur, sont si abondantes, qu'il montre beaucoup plus qu'un grand nom- bre d’autres osseux, cette qualité phosphorique que l’on a remarquée dans les différentes por- tions des poissons morts et déjà altérés !. Ses arêtes luisent dans l’obseurité, tant qu’elles ne sont pas entierement desséchées ; et par une suite de cette même liqueur huileuse et phos- phorescente, lorsqu'on fait cuire son sque- lette, il devient verdâtre. L'ovovivipare se nourrit particulièrement de jeunes crabes. Il habite dans l'Océan atlantique septentrional, et principalement auprès des cô- tes européennes. Vers l’équinoxe du printemps , les œufs com- mencent à se développer dans les ovaires de la femelle, On peut les voir alors ramassés en pelotons , mais encore extrêmement petits, et d’une couleur blanchâtre. A la fin de mai, au commencement de juin, ils ont acquis un ac- croissement sensible, et présentent une couleur rouge. Lorsqu'ils sont parvenus à la grosseur d’un grain de moutarde, ils s’amollissent, s’é- tendent, s’allongent, et déjà l’on peut remar- quer à leur bout supérieur deux points noirâ- tres qui indiquent la tête du fœtus, et sont les rudiments de ses yeux. Cette partie de l’em- bryon se dégage la première de la membrane ramollie qui compose l'œuf; bientôt le ventre sort aussi de l'enveloppe, revêtu d’une autre membrane blanche et assez transparente pour qu’on puisse apercevoir les intestins au travers de ce tégument; enfin la queue, semblable à un fil délié et tortueux , n’est plus contenue dans l'œuf, dont le petit poisson se trouve dès lors entièrement débarrassé, * Discours sur la nature des poissons. HISTOIRE NATURELLE Cependant l'ovaire s'étend pour se prêter au développement des fœtus ; il est, à l'époque que nous retraçons , rempli d’une liqueur épaisse , blanchätre , un peu sanguinolente, insipide , et dont la substance présente des fibres nombreu- ses disposées autour des fœtus comme un léger duvet , et propres à Jes empêcher de se froisser mutuellement. On a prétendu qu’inàépendamment de ces fi- bres, on pouvait reconnaitre dans l'ovaire, des filaments particuliers qui, semblables à des cor- dons ombilicaux , partaient des tuniques de cet organe, s’étendaient jusqu'aux fœtus, et en- traient dans leurs corps pour y porter vraisem- blablement, a-t-on dit, la nourriture nécessaire. On n’entend pas comment desembryons qui ont vécu pendant un ou deux mois entièrement ren- fermés dans un œuf, et sans aucune communi- cation immédiate avec le corps de leur mère, sont soumis tout d’un coup, lors de la seconde période de leur accroissement, à une manière passive d’être nourris, et à un mode de circula- tion du sang, qui n’ont encore été observés que dans les animaux à mamelles. Mais d’ailleurs les observations sur lesquelles on a voulu éta- blir l’existence de ces conduits comparés à des cordons ombilicaux, n'ont pas été convenable- ment confirmées. Au reste , il suffirait que les fœtus dont nous parlons , eussent été pendant les premiers mois de leur vie, contenus dans un véritable œuf, et libres de toute attache imme- diate au corps de la femelle, pour que la grande différence que nous avons indiquée entre les vé- ritables vivipares et ceux qui ne le sont pas !, subsistât toujours entre ces mêmes vivipares ou animaux à mamelles et ceux des poissons qui paraissent le moins ovipares, et pour que la dé- nomination d’Ovovivipare ne cessät pas de convenir au blennie que nous décrivons. Et cependant ce qui achève de prouver que ces filaments prétendus nourriciers ont use des- tination bien différente de celle qu’on leur a at- tribuée, c’est qu’à mesure que les fœtus gros- sissent, la liqueur qui lesenvironnes’épuise peu à peu, et d’épaisse etde presque coagulée qu’elle était, devient limpide et du moins très-peu vis queuse, ses parties les plus grossières ayant été employées à alimenter les embryons. Lorsque le temps de la sortie de ces petits animaux approche, leur queue, qui d’abord avait paru sinueuse , se redresse, et leur sert à * Discours sur la nature des poissons. DES POISSONS. se mouvoir en différents sens, comme pour cher- cher une issue hors de l’ovaire. Si dans cet état ils sont retirés de cet organe, ils ne périssent pas à l'instant, quoique venus trop tôt à la lu- mière ; mais ils ne vivent que quelques heures: ils se tordent commede petites murènes, sautil- lent, et remuent plusieurs fois leurs mâächoires et tout leur appareil branchial avant d’expirer. On a vu quelquefois dans la même femelle jusqu’à trois cents embryons, dont la plupart avaient plus de vingt-cinq millimètres de lon- gueur *. Il s'écoule souvent un temps très-long entre le moment où les œufs commentent à pouvoir être distingués dans le corps de la mere, et ce- Jui où les petits sortent de l'ovaire pour venir au jour. Après la naissance de ces derniers, cet organe devient flasque, se retire comme une vessie vide d'air ; et les mâles ne différent alors des femelles que par leur taille, qui est moins grande, et par leur couleur, qui est plus vive ou plus foncée. Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer que pendant que la plupart des pois- sons pélagiens s’approchent des rivages de la mer dans la saison où ils ont besoin de déposer leurs œufs, les blennies dont nous nous occu- pons, et qui n’ont point d'œufs à pondre, quit- tent ces mêmes rivages lorsque leurs fœtus sont déjà un peu développés, etse retirent dans iO- céan à de grandes distances des terres, pour y trouver apparemment un asile plus sûr contre les pêcheurs et les grands animaux marins qui à cette époque fréquentent les côtes de l'Océan, et à la poursuite desquels les femelles chargées du poids de leur progéniture pourraient plus difficilement se soustraire ?, Je n’ai pas besoin d’ajouter que les œufs de ces blennies éclosant dans le ventre de la mere, et par conséquent devant être fécondés dans son intérieur, il y à un accouplement plus ou moins prolongé et plus ou moins intime entre le mâle et la femelle de cette espèce, comme entre ceux des squales, des syngnathes, etc. * Consultez particulièrement l'ouvrage de Schoneveld , cité si souvent dans cette Histoire. 2 Voyez le mème ouvrage de Schoneveld. 109 LE BLENNIE GUNNEL !. Blennius Gunnellus, Linn., Gmel., Lacep. *. Le gunnel est remarquable par sa forme com- primée ainsi que très-allongée, et par la dispo- sition de ses couleurs. 11 est d'un gris jaunâtre, et souvent d’un olivâtre foncé dans sa partie supérieure ; sa partie inférieure est blanche ainsi que son iris ; la nageoire dorsale et celie de la queue sont jaunes ; les pectorales présen- tent une belle couleur orangée, qui parait aussi sur la nageoire de l'anus, et qui y est relevée vers la base par des taches très-brunes. Mais ce qui frappe surtout dans la distribution des nuan- ces du gunnel, c’est que, le long de la nageoire dorsale, on voit de chaque côté neuf ou dix et quelquefois douze taches rondes ou ovales, placées à demi sur la base de la nageoire, et à demi sur le dos proprement dit, d’un beau noir, ou d’uneautre teinte très-foncée, et entourées, sur plusieurs individus, d'un cercle blanc ou blanchâtre, qui les fait ressembler à une pru- nelle environnée d’un iris. La tête est petite, ainsi que les nageoires ju- gulaires *. Des dents aiguës garnissent les mâ- choires, dont l’inférieure est la plus avancée. La ligne latérale est droite ; l’anus plus éloigné de la nageoïire caudale que de la gorge. Par sa forme générale , la petitesse de ses écailles, la viscosité de l’humeur qui arrose sa surface, la figure de ses nageoires pectorales, le peu de hauteur ainsi que la longueur de celle de son dos, et enfin la vitesse de sa natation, le gunnel a beaucoup de rapports avec la murène anguille : mais il n’a pas une chair aussi agréa- ble au goût que celle de ce dernier animal. Il vit dans l’Océan d'Europe; il s’y nourrit d’œufs de poisson, et de vers ou d'insectes ma- 4 Gunnel, d'où vient gunnellus , signifie en anglais, plat bord, et désigne la forme très-allongée et très-comprimée du blennie dont il est question dans cet article, — Bulter fish, sur quelques côtes d'Angleterre. — Liparis, dans quelques contrées de l'Europe. — Blenne gunnel, Daubenton, Enc. méth. — !d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 4, p.69. — Faun. Suecic. 518. — Bloch, pl. 65, fig. 1. — « Blennius maculis circiter decem nigris, etc. » Artedi, gen. 27, syn. 45. — Gronov., Mus. 4, n. 77; Zooph., p. 78, n. 267. — Willughby, Ichth., p. 115, tab. G, 8, £g. 5. — Rai, pisc.. p. 444, n. 11.— Gunellus, Séba, mus. 5, p. 91, tab. 50, fig. 6. — Brit. Zool. 5, p.171, n.4.tab. 10. 2 Du sous-genre GONNELLE, Cuv. (Murænoïdes, [Lacep.) dans le genre Blennie; ou du genre Centronotus de Schnei- der. D. 5 À la nageoïre dorsale 88 rayons , à chacune des pectoraæ les £0, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 45, à celle de La queue, qui est un peu arrondie 18. 119 rins ; et il est souvent dévoré par les cartilagi- neux et les osseux un peu grands, ainsi que par les oiseaux d’eau. Nous croyons, avec le professeur Gmelin, de- voir regarder comme une variété de l’espèce du gunnel , un blennie qui a été décrit par Othon Fabricius dans la Faune du Groenland *, et qui ne paraît différer d’une manière très-mar- quée et très-constante de l'objet de cet artiele que par sa longueur, qui n’est que de deux dé- cimètres, pendant que celle du gunnel ordinaire est de trois ou quatre, par le nombre des rayons de ses nageoires ?, et par la couleur des taches œillées et rondes ou ovales de la rageoire du dos , dont communément cinq sont noires , et cinq sont blanchâtres ou d’un blane éclatant. LE BLENNIE POINTILLE. Blennius punctulatus 5. La description de ce blennien'a encore été pu- bliée par aucun auteur. Nous avons vu dans ia collection du Muséum d'histoire naturelle, un individu de cette espèce; nous en avons fait graver une figure que l’on trouvera dans cette Histoire. La tête est assez grande, et toute parsemée, par-dessus et par les côtés, de petites impres- sions, de pores ou de points qui s'étendent jus- que sur les opercules , et nous ont suggéré le nom spécifique de ce blennie. L'ouverture de la bouche est étroite;les lèvres sont épaisses ; les dents aiguës et serrées ; les yeux ronds et très-gros ; les écailles très-facilement visibles ; les nageoires pectorales ovales et très-grandes, lesjugulaires composées chacune de deux rayons mous, ou filaments, presque aussi longs que les pectorales. La ligne latérale se courbe au-dessus de ces mêmes pectorales, descend comme pour les environner, et tend ensuite directement vers la queue. La nageoire du dos, qui commence à la nuque, et va toucherla nageoire caudale, est basse ; les rayons en sont garnis de petits fila- ments, et tous à peu près de la même longueur, 4 Ot. Fabr. Faun. Groenl., p. 155, n. 110. 27 rayons à la membrane des branchies du gunnel décrit par Othon Fabricius, 50 à la nageoire dorsale, 17 à chacune des peciorales, 4 à chacune des jugulaires, 58 à celle de l'a- nus, 18 à celle de la queue. # M. Cuvier considère ce poisson comme un individu mal conservé du Blennius swperciliosus de Bloch, qui, pour lui, appartient au sous-genre Clinus , dans le genre Blennie. D. HISTOIRE NATURELLE excepté les huit derniers, dont six sont vlus longs et deux plus courts que ies autres. La nageoire de l’anus est séparée de la caudaïe, qui est arrondie ‘. Un grand nombre de petites taches irrégulières et nuageuses sont répandues sur le pointillé. LE BLENNIE GARAMIT ?, Blennius Garamit, Lacep.; Gadus Salarias, Forsk. '; LE BLENNIE LUMPÈNE #, Bleonius Lumpenus , Walb., Lacep.5 ET LE BLENNIE TORSK ®. Blennius Torsk, Lacep. 7. Le garamit a été placé parmi les gades : mais il a été regardé par Forskaël, qui l’a découvert, comme devant tenir le milieu entre les gades et les blennies ; et les caractères qu’il présente nous ont forcés à le comprendre parmi ces derniers poissons. Ses dents sont inégales ; on en voit de placées vers le bout du museau, qui sont beau- coup plus longues que les autres, et qui, par leur forme, ont quelque ressemblance avec les crochets des quadrupèdes carnassiers. Il pré- sente diverses teintes disposées en taches nua- geuses ; la nageoire dorsale règne depuis la nuque jusqu’à la nageoire caudale. La ligne la- térale est à peine visible, et assez voisine du dos. Ce blennie est long de trois ou quatre dé- cimètres. IL se trouve dans les eaux de la mer Rouge #. 4 A la nageoire du dos 47 rayons, à chacune des pectora- les 17, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 29, à celle de la queue 15. 2 Gadus garamit, Forsk., Faun. Arab. — Gade garamit Bonniterre, pl. de l'Enc. métb. 5 Ce poisson n'est pas cilé par M. Cuvier qui donne le nom de Salarias à un sous-genre des Blennies, dont le Blenmius Gattorugine de Forskaël est le type. D, 4 Variété du blenne vivipare, Daubenton, Enc. méth. — Blenne lumpêne, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, — Müll. Prodrom., Zool. danic., p. ix. — « Bleunius cirris sub gula « pinniformibus quasi bifidis, etc. » Artedi, syn. 45. — Tangbrosme, Strom. Sondm.1, p.515, n.4. — Ot, Fabric, Faun. Groenl., p.151, n. 109. 5 Du sous-genre Clious dans le genre Blennie, Cuv. D. 8 Strom. Sondm. 4, p. 272. — Pennant, Zool. Brit, 5, p. 205, n. 89. — Gade torsk, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 1 Espèce douteuse. Le nom de Dorsch où de Torsk se donue sur les côtes de la Baltique à une petite espèce de mo- rue, C'est-a-dire à un gade pourvu de trois nageoires dor- sales et de deux anales. D, # A la membrane branchiale du garamit 6 rayons, à la na geoire dorsale 56, à chacune des pectorales 14, à chacune des jugulaires 2, à celle de l'anus 26 à celle de la queue 43. DES POISSONS. C’est dans celles de l'Océan d'Europe qu'ha- bite le lumpène. Il y préfère les fonds d’argile ou de sable, s’y cache parmi les fucus des riva- ges, et y dépose ses œufs vers le commencement de l’été. Ses écailles sont petites , rondes, for- tement attachées. Sa couleur est jaunâtre sur la tête, blanchâtre avec des taches brunes sur le dos et les côtés , jaune et souvent tachetée sur la queue, blanche sur le ventre. Ses nageoires jugulaires, par leur forme et par leur position, ressemblent à des barbillons ; elles comprennent chacune trois rayons ou filaments , dont le der- nier est le plus allongé ‘. Le torsk préfère les mers qui arrosent le Groenland, ou celles qui bordent l'Europe sep- tentrionale. Il présente un barbillon, et ce fila- ment estau-dessous de l'extrémité antérieure de la mâchoire d’en bas. Ses nageoires jugulaires sont charnues et divisées en quatre appendices. Le ventre est gros et blanc ; la tête brune: les côtés de l'animal sont jaunâtres ; les nageoires du dos, de la queue et de l’anus, lisérées de blanc. Ce blennie parvient à la longueur de six ou sept décimètres , et à la largeur d’environ un décimètre et demi ?, CINQUANTE-UNIÈME GENRE. LES OLIGOPODES, Une seule nageoire dorsale; celle nageoire du dos commençant au-dessus de la lète, el s'étendant jus- qu'à la nageoire caudale, ou à peu près; un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. CARACTÈRES. La nageoire du dos très élevée; celle de la queue, fourchue. ESPÈCE. L'OLIGOPOLE VELIFÈRE. L'OLIGOPODE VÉLIFÈRE *, Pteraclis velifera, Gronov., Cuv.; Oligopodus veliferus, Lac. ; Coryphæna velifera, Pall. 4. La position des nageoires inférieures ne per- met.pas de séparer les oligopodes des jugulaires, ‘A la nageoire dorsale du lumpène 65 rayons, à chacune des pectorales 15, à chacune des jugulaires 5, à celle de l'a- aus 41, à celle de la queue 18. 3A la membrane branchiale du torsk 5 rayons, à la na- geoire du dos 54, à chacune des pectorales 8, à celle de l'a- nus 21. * Pallas, Spicil. zool. 8, p. 49, tab, 5, fig. 1. — Coryphéne éventail , Daubenton, Enc. méth. — Id, Bonnaterre , pl. de l'Euc. méth. 4 M. Cuvier place ce genre à la fin de la famille des Scom- beroïdes dans l'ordre des Acanthoptérygiens, D. 111 avec lesquels ils ont d’ailleurs un grand nom- bre de rapports. Nous avons donc été obligés de les éloigner des coryphènes, qui sont de vrais poissons thoracins , dans le genre desquels on les a placés jusqu’àprésent, et auxquels ils res- semblent en effet beaucoup,mais dont ils diffè- rent cependant par plusieurs traits remarqua- bles. On peut les considérer comme formant une des nuances les plus faciles à distinguer, parmi toutes celles qui lient les jugulaires aux thora- cins, et particulièrement les blennies aux cory- phènes ; mais on n’en est pas moins forcé de les inscrire à la suite des blennies, sur les tables méthodiques par le moyen desquelles on cher- che à présenter quelques linéaments de l’ordre naturel des êtres animés. Parmi ces Oligopodes, que nous avons ainsi nommés pour désigner la petitesse de leurs na- geoires thoracines, et qui, par ce caractère seul, se rapprocheraient beaucoup des blennies, on ne connait encore que l’espèce à laquelle nous croyons devoir conserver le nom spécifique de Vélifère . C’est au grand naturaliste Pallas que l’on en doit la première description. On lui avait ap- porté de la mer des Indes l'individu sur lequel cette première description a été faite. La forme générale du vélifère est singulière et frappante. Son corps, très-allongé, très-bas et comprimé, est, en quelque sorte, distingué difficileraent au milieu de deux immenses nageoires placées , l'une sur son dos, et l’autre au-dessous de sa partie inférieure, et qui, déployant une très- grande surface, méritent d'autant plus le nom d'Éventail ou de Voile, qu’elles s'étendent, la première depuis le front, et la seconde depuis les ouvertures branchiales jusqu'à la nageoire de la queue, et que d’ailleurs elles s'élévent ou s’abaissent de manièrequela ligne que l’on peut tirer du point le plus haut de la nageoire dor- sale au point le plus bas de la nageoire de l’a- nus , surpasse la longueur totale du poisson. Chacune de ces deux surfaces latérales ressem- ble ainsi à une sorte de losange irrégulier, et curviligne dans la plus grande partie de son contour. Et c’est à cause de ces deux voiles su- périeure et inférieure, que l’on a mal à propos comparées à des rames ou à des ailes, que plu- sieurs naturalistes ont voulu attribuer à l’oligo- ® À la membrane des branchies 7 rayons, à celle du dos 55, à chacune des pectorales 44, à chacune des jugu- laires 4, à celle de l'anus 51, à celle de la queue 22, {12 pode vélifère la faculté de s’élancer et de se soutenir pendant quelques moments hors de l'eau comme plusieurs pégases, scorpènes , trigles et exocets, auxquels on a donné le nom de Poissons volants. Mais si l’on rappelle les principes que nous avons exposés concernant la natation et le vol des poissons, on verra que les nageoires du dos et de l’anus sont placées de manière à ne pouvoir ajouter très-sensiblement à la vitesse du poisson qui nage, ou à la force de celui qui vole, qu’autant que l'animal nage- | q ) £ rait sur un de ses côtés comme les pleuronectes, ou volerait renversé sur sa droite ou sur sa gauche ; supposition que l'on ne peut pas ad- mettre dans un osseux conformé comme le vé- lifère. Les grandes nageoires dorsale et anale de cet oligopode lui servent done principale- ment, au moins le plus souvent, à tourner avec plus de facilité, à fendre l’eau avec moins d’ob- stacles, particulierement , en montant ainsi qu’en descendant, à se balancer avec plus d’ai- sance, et à se servir de quelques courants laté- raux avec plus d'avantages ; et,de plus, il peut, en étendant vers le bas sa nageoire de l'anus, et en pliant celle du dos, faire descendre son centre de gravité au-dessous de son centre &e figure , se lester, pour ainsi dire, par cette ma- nœuvre , et accroître sa stabilité. Au reste , le grand déploiement de ces deux nageoires de l’a- nus et du dos ajoute à la parure que le vélifère peut présenter ; il place en effet, au-dessus et au-dessous de ses côtés, qui sont d’un gris argenté, une surface très-étendue, toute par- semée de taches blanches ou blanchâtres, que la couleur brune du fond fait très-bien res- sortir. La tête est couverte de petites écailles ; la mâchoire inférieure relevée et garnie de deux rangées de dents; on n’en compte qu’un rang à la mâchoire supérieure. Les deux premiers rayons de la nageoire du dos sont très-courts, à trois faces, et osseux. Le premier de la na- geoire de l’anus est aussi très-court et osseux ; le second est également osseux, mais il est assez long. On voit de chaque côté du corps et de la queue plusieurs rangées longitudinales d’écail- les grandes , minces, légèrement striées, échan- crées à leur sommet, et relevées à leur base par une sorte de petite pointe qui se loge dans l'é- chancrure de l'écaille supérieure. Le corps pro- prement dit est très-court; l’anus est très-près de la gorge ; et voilà pourquoi la naveoire anale HISTOIRE NATURELLE peut montrer la très-grande longueur que nous venons de remarquer. CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. LES KURTES Le corps très-comprimé et carèné par-dessus ainsi que par-dessous ; le dos éleve. CARACTÈRE. { Deux rayons à la membrane de: {: branchies. ESPÈCE , LE KURTE BLOCHIEN. LE KURTE BLOCHIEN t. Kuürtus indicus, Bloch, Gmel., Cu. ; Kurtus Blochia- nus, Lacep. ?. Ce poisson lie les jugulaires avec les thora- cins par la grande compression latérale de son corps, qui ressemble beaucoup à celui des zées et des chétodons. Cette conformation lui donne aussi une grande analogie avec les stromatées ; et c’est pour ces différentes raisons que nous avons placé à la finde la colonnedesjugulaires, comme nous avons mis les stromatées à la queue de celle des apodes. Le savant ichthyolo- giste Bloch nous a fait connaître cet animal, qu’il a inserit dans un genre particulier, et au- quel nous avons cru devoir donner le nom de ce célèbre naturaliste. Le blochiena le corps très-étroit et très-haut; et, de plus, une élévation considérable qui pa- rait sur le dos, et qui ressemble à une bosse, lui a fait attribuer, par le zoologiste de Berlin, la dénomination générique de Æurtus , qui si- guifie bossu. Sa tête est grande; son museau obtus ; la mâ- choire inférieure un peu recourbée vers le haut, plus avancée que la supérieure, et garnie, ainsi que cette dernière, de plusieurs rangées de très- petites dents; la langue courte et cartilagineuse; le palais lisse; l'œil gros; l'ouverture branchiale étendue; l’opercule membraneux ; l'anus assez proche de la gorge; la ligne latérale droite, et la nageoire de la queue fourchue . | Il vit dans la mer des Indes; il s’y nourrit 4 Bloch , pl. 469. — Ze bossu, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 De la famille des Scombéroïdes dans l'ordre des Acan- thoptérygiens de M. Cuvier, D. 5 2 rayons à la membrane des bramchies, 4 rayon non ar- ticulé et 46 rayons articulés à la négeoire du dos, 13 à cha- cune des pectorales, 4 rayon non articulé et 5 rayons arti- culés à chacune des jugulaires, 2 rayons non articulés et 59 articulés à celle de l'anus. 18 à celle de la queue, DES POISSONS. de crabes, ainsi que d’animaux à coquille; et, dès lors , il est peu surprenant qu’il brille de couleurs très-éclatantes. Sa parure est magnifique. Ses écailles ressem- blent à des lames d'argent ; l'iris est en partie Flane eten partie bleu ; des taches dorées ornent le dos; quatre taches noires sont placées auprès de la nageoire dorsale; les pectorales et les ju- gulaires réfléchissent la couleur de l'or, et sont bordées de rouge ; les autres nageoires offrent une teinte d’un bleu céleste que relève un li- séré d'un jaune blanchâtre. CINQUANTE-TROISIÈME GENRE. LES CHRYSOSTROMES !. Le corps et la queue très-hauts, très-comprimés, et apla- tis latéralement de manière à représenter un ovale; une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE CHRYSOSTROME FlA- { La dorsale et l'anale en forme de TOLOÏDE. faux; la caudale fourchue. LE CHRYSOSTROME FIATOLOÏDE ?. Chrysostromus fiatoloides, Lacep. Rondelet a donné la figure de cette espèce, qui a de très-grands rapports avec le stromatée fiatole, mais qui doit être placée non-seulement dans un genre différent, mais même dans un autre ordre que celui des stromatées , puisque ces derniers sont apodes, pendant que les chry- sostromes ont des nageoires situées au-dessous de la gorge. Nous avons cependant indiqué cette analogie , etpar le nom spécifique de Fiatoloïde, et par la dénomination générique de Chrysos- trome, qui vient du mot grec zpucos (or), et d’un autre mot grec orpouax (lapis, riche tapis), d’où les anciens ont tiré le nom de S{romatée. Notre chrysostrome , dont la ressemblance avec la fiatole a si fort frappé les habitants de plusieurs rivages de la Méditerranée, qu’ils lui ont appliqué le nom de ce dernier, se trouve particulièrement aux environs de Rome. Sa pa- rure est magnifique. Des raies longitudinales interrompues, etdes taches de différentes gran- deurs , toutes brillantes de l’éclat de l'or, sont ‘ Selon M. Cuvier, ce genre doit être supprimé, car il n'est établi que sur une figure de Rondelet qui représente le Stromatée Fiatole. Dans cette figure la pectorale gauche, reployée vers le bas, a paru à M. de Lacépède être ue ven- trale. D. 3 Fialola, Rondelet, part. 4,1. 3, c. 24, éd, de Lyon, 1358. II. 113 répandues sur ses larges côtés, et y représen- tent une sorte de tapis resplendissant. La mâchoire inférieure est un peu plus avan- cée que la supérieure; et les lèvres sont grosses. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parlies solides de l'intérieur du corps, osseuses. 2020 PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une membrane des branchies. DIX-NEU VIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUXe Poissons thoracins, ou qui ont des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au-dessous des pectorales. CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. LES LÉPIDOPES. Le corps très-allongé et comprimé en forme de lame ; un seul rayon aux nageoires thoracines et à celle de l'anus. CARACTÈRE, a mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure. ESPÈCE. Le LÉPIDOPE GOUANIEN. L LE LÉPIDOPE GOUANIEN !. Lepidopus argyreus, Cuv.; Lepidopus gouarianus, Lacep. ?. Cette espèce a été décrite, pour la première fois, par mon savant confrère le professeur Gouan, de Montpellier, qui l’a séparée, avec beaucoup de raison, de tous les genres de pois- sons adoptés jusqu’à présent. Le nom distinctif que j'ai cru devoir lui donner, témoigne le ser- 4 Gouan, Histoire des poissons, p. 185. — Zépidope jar- reliére, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 Ce poisson forme un geure dans la famille des Tænioïdes de l'ordre des Acanthoptérygiens de M. Cuvier. Il a été dé- crit sous les noms de Trichiurus caudatus, par Euphrasen; de Trichiurus Gladius, par Holten ; de Trichiwr'us ensi- for mis, par Vandelli; de Vandellius lusitanicus, par Shaw; de Ziphotheca tetradens, par Montagu ; de Scarcina ar- gyrea, par Rafnesque; et de Lépidope de Péron, ue M. Risso. D. 15 114 vice que M. Gouan a rendu aux naturalistes en | faisant connaitre ce curieux animal. Cet osseux vit dans la Méditerranée. Il a de tres-grands rapports avec plusieurs apodes, par- | ticulièrement avec les leptures et les trichiures. Mais c’est le seul poisson dans lequel on n’ait observé qu'un seul rayon àla nageoire de l’anus, ni à chacune des nageoires inférieures que nous nommons {horacines pour toutes les espèces de l’ordre que nous examinons, parce qu'elles sont situées sur le thorax.Ces nageoires anale et tho- racines du gouanien ont d’ailleurs une forme re- marquable : elles ressemblent à uneécaille allon- gée, arrondie dans un bout, et pointue dans autre; ct c'est de là que vient le nom généri- que de lépidope, lepidopus, pieds ou nageoires inférieures en forme d'écailles où écailleux. La tête du gouanien est plus grosse que le corps, et comprimée latéralement ; le museau pointu ; la nuque terminée par une arête; cha- que mâchoire garnie de plusieurs rangs de dents nombreuses et inégales ; l’œil voilé par une membrane, comme dans plusieurs apodes et jugulaires; l’opercule d’une seule pièce; l'ou- verture branchiale grande et en croissant * ; l’a- ous situé vers le milieu de la longueur totale ; la ligne latérale peu apparente ; la nageoire du dos très-basse et très-longue , mais séparée de | celle de la queue, qui est lancéolée ; chaque écaille presque imperceptible ; la couleur géné- rale d’un blanc argenté. CINQUANTE-CINQUIÈME GENRE. LES HIATULES. Point de nageoire de l'anus. ESPÈCE. CABACTÈRES. LA HIATULE GARDE- { Des dents crochues aux mâchoires. NIENNE. et des dents arrondies au palais. LA HIATULE GARDÉNIENNE 2. Hiatula gardenia, Lacep. ; Labrus Hiatula, Lino., Gmel.®. On a compris jusqu'à présent dans le genre { A la membrane des branchies 7 rayons, à la nageoire du dos 55, à chacune des nageoires inférieures ou thoracines 1, à celle de l'anus 1. 3 Labre hiatule, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méih. 3 M. Cuvier remarque que les hiatules sont des labres sans nageoire anale, et il ne concoit pas d'après quelle idée Bloch (édit, de Schneid.) a pu le mettre avec les Tra- chyptères. D, HISTOIRE NATURELLE des labres, le poisson décrit dans cet article : maisles principes réguliers declassification aux- quels nous eroyons devoirnous conformer, s'op- posent à ce que nous laissions parmi des osseux qui ont une nageoire de l’anus plus ou moins étendue, une espèce qui en est entièrement dé- nuée, Nous avons donc placé la gardénienne dans un genre particulier ; et comme, dans cha- que ordre, nous commencons toujours par trai- ter des poissons qui ont le plus petit nombre de nageoires, nous avons cru devoir écrire le nom des hiatules presque en tête de la colonne des thoracins : elles auraient même formé le premier genre de cette colonne, si les lépidopes n'avaient pas une nageoire de l’anus extrêmement petite, réduite à un seul rayon, pour ne pas dire à une seule écaille, si de plus ils ne présentaient pas des nageoires thoracines également d’un seul rayon, et si d’ailleurs ils ne se rapprochaient pas detrès-près par le corpstrès-allongé, etpar leurs formes très-déliées , de la plupart des osseux apodes ou jugulaires. Le nom distinctif de Gardénienne indique que c’est au docteur Garden qu'est due la dé- couverte de cette espèce, qu'il a vue dans la Ca- roline. On soupconnera aisément qu’elle doit offrir beaucoup de traits communs avec les la- bres, parmi lesquels Linnée et d’autres célèbres naturalistes l’ont comptée. Elle a, en effet, comme plusieurs de ces labres, les lèvres ex- tensibles, et les rayons simples de la nageoire : dorsale garnis , du côté de la queue, d'un fila- | ment allongé. Les dents qui hérissent les mâchoires sont crochues ; celles qui revêtent le palais sont ar- rondies de manière à représenter une portion de sphère. La nageoire du dos est noire dans sa partie postérieure ; l’opercule pointillé sur ses bords; la couleur générale de l’animal variée par six ou sept bandes transversales et noires ; la ligne latérale droite; la nageoire de la queue rectiligne ‘. 45 rayons à la membrane des branchies, 17 rayons simples ou aiguillons et 41 rayons articulés à la nageoire du dos, 16 rayons à chacune des nageoires pectorales, 1 rayon simple et 5 rayons artienlés à chacune des thoracines, 21 rayons à la nageoïire de la queue. DES POISSONS. CINQUANTE-SIXIÈME GENRE. LES CÉPOLES. Une nageoire de l'anus ; plus d'un rayon à chaque na- geoire thoracine ; le corps et La queue très-allongés et comprimés en forme de lume ; le ventre à peu prés de la longueur de La tête ; les écailles très-peliles. PREMIER SOUS-GENRE. Point de rayons simples ou d'aiguillons aux nageoires. ESPÈCES. 1. LE CÉPOLE TÆNIA. 2. LE CÉPOLE SERPENTI- FORME. SECOND SOUS-GENRE. Des rayons sunples ou aiguillons aux nageoires. CARACTÈRES. Le museau très-arrondi; la na- geoire de la queue, pointue, Le museau pointu. 5 Les ia rudes ; la ligne laté- ne 2 rale formée par une série d'é- HE CR RRSRACE | cailles plus grandes que les au- 3 tres. LE CÉPOLE TÆNIA !. Cepola Tænia, Linn, Gmel., Lacep, ; Cepola rubes- cens, Linn., Cuv.?. Presque tous les noms donnés à ce poisson désignent la forme remarquable qu’il présente : ces mots ruban , bandelelte, flamme, lame , épée, montrent en quelque sorte à l’instant son corps très-allongé, très-aplati par les côtés, très-souple, tres-mobile, se roulant avec faci- lité autour d’un cylindre, frappant l’eau avec vivacité , s’agitant avec vitesse, s’échappant comme l'éclair, faisant briller avec la rapidité 4 Spase ou épée, dans plus. départ. mérid. — Flamme. — Cavagiro. — Freggia. — Vitta.— Cépole ténia, Dauben- ton, Enc. méth.— Bloch, pl. 170. — Tauvre, Arist. 1. 2, C. 15. Oppian., 1. 4, p. 5. — Athen., 1. 7, p. 525. — Flambo, Se- conde espéce de tœænia, Rondelet, part. 1, 14490. 46,17: — Tœnia, Gesner, p. 958, et (germ.) fol. 56, a; Icon. ani, p. 404. — “œnia Rondelet, el (ænia altera Rondelrt, Al- drov., 1. 5, €. 50, p. 569, 570. — Jonst., p. 25, tab. 6, fig. 4, 2, — Charlet. Ouom., p. 126. — « Tænia prima Rondeletii, » Rai, p. 59. — « Tænia, ichthyopolis Romanis cepole dicta, » Willughby, ichthyol., p. 416. — Tænia altera Rondeletii, » «d. ibid., p. 118, — Ruban de mer, Flambeau, Valmouat de Bomare, Dict. d'hist. nat. — « Euchelyopus totus pallidé ru- «bens, in imo ventre albesceus. etc. » Klein, Miss., pisc. 44, p. 57, n. 10. — Nota. Nous croyons devoir prévenir nos lec- teurs que lorsque nous citons, dans Les différents articles de cette Histoire, les ouvrages dans lesquels les auteurs qui nous ont précédés ont traité des mêmes poissons qne nous, et les dessins qu'ils out donnés de ces animaux, nous n'entendons garantir en rien l'exactitude de leurs descriptions, ni celle des figures qu'ils ont publiées ; notre but est seulement d'in- diquer que leurs planches ou leurs observations se rappore tent à telle ou telle des espèces dont nous nous sommes oc- cupés. ? M. Cuvier place les cépoles dans la famille des Tænioïdes et dans l'ordre des Acanthoptérygiens. D. 445 | de la flamme les teintes rouges qu’anime l’éclat | argentin d’un grand nombrede ses écailles, dis- | paraissant et reparaissant au milieu des eaux comme un feu léger, ou cédant à tous les mou- vements des flots, de la même manière que les flammes ou banderoles qui voltigent sur les sommets des mâts les plus élevés obéissent à tous les courants de l’atmosphère. Les ondu- lations par lesquelles ce cépole exécute et ma- nifeste ses divers mouvements, sont d'autant plus sensibles, qu’il parvient à une longueur très-considérable relativement à sa hauteur, et surtout à sa largeur : il n’est large que d’un urès-petit nombre de millimètres , et il a sou- vent plus d'un mètre de longueur. Le rouge, dont il resplendit , colore toutes ses nageoires. Cette teinte se marie d’ailleurs à l’argent dont il est, pour ainsi dire, revêtu, tantôt par des nuances insensiblement fondues les unes dans les autres, tantôt par des taches très-vives; et remarquons que la nourriture ordinaire de ce poisson si richement décoré consiste en era- bes et en animaux à coquille. Sa tête est un peu large; son museau ar- rondi; sa mâchoire supérieure garnie d’une rangée, et sa mâchoire inférieure de deux rân- gées de dents aiguës et peu serrées les unes contre les autres; la langue petite, large et rude; l’espace qui sépare les yeux, très-étroit; l'ouverture branchiale assez grande; l’opercule composé d’une seule lame, et la place qui est entre cet opereule et le museau , percée de plu- sieurs pores; la ligne latérale droite; la na- geoire dorsale très-longue, de même que celle de l’anus ; et la caudale pointue ‘. Le corps du tænia est si comprimé, et par conséquent si étroit, ses téguments sont si minces, et toutes ses parties si pénétrées d’une substance oléagineuse et visqueuse, que lors- qu'on le regarde contre le jour, il parait très- transparent, et qu’on aperçoit très-facilement une grande portion de son intérieur. Cette con- formation et cette abondance d’une matiere huileuse n’annoncent pas une saveur très- agréable dans les muscles de ce cépole; et en effet on le recherche peu. Il habite dans la Mé- diterranée, et y préfère, dit-on, le voisinage des côtes vaseuses. 1 A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du dos 66, à chacune des pectorales 15, a chacune des thoraci- nes 6, à celle de l'anus 60, à celle de la queue 10. 116 LE CÉPOLE SERPENTIFORME !. Cepola rubescens et Cepola Tænia, Linn., Gmel.; Cepola serpentiformis, Lacep. ?. Le tænia a le museau arrondi; le serpenti- forme l’a pointu. La nageoire caudale du tænia est pointue; il paraît que celle du serpenti- forme est fourchue. On a donc eu raison de ne pas les rapporter à la même espèce. On a com- paré le second.de ces cépoles à un serpent; on l'a appelé Serpent de mer, Serpent rouge, Serpent rougeûtre ; et voilà pourquoi nous lui avons donné le nom distinctif äe Serpenti- forme. Sa couleur est d’un rouge plus ou moins pâle, avec des bandes transversales, nombreu- ses, étroites, irrégulières, etun peu tortueuses. L'iris est comme argenté; les dents sont ai- guës, la nageoire du dos et celle de l’anus très- longues, et assez basses 5. : Le serpentiforme vit dans la Méditerranée, de même que le tænia. LE CÉPOLE TRACHYPTÈRE. Cepola trachyptera, Linn., Gmel., Lacep. +. C’est dans le golfe Adriatique, et par consé- quent dans le grand bassin &e la Méditerranée, que l’on a vu le trachyptère. Il préfère donc les mêmes eaux que les deux autres cépoles dont nous venons de parler. Ses nageoires présentent des aiguillons ou rayons simples, et sont rudes au toucher. Sa ligne latérale est droite, et tracée, pour ainsi dire, par une rangée d’é- cailles que l’on peut distinguer faciiement des autres. ‘ Cépole serpent de mer, Daubenton, Ene. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, — Mus. Ad. Frid, 2, p. 65. — Ophidium macropththalmum, Syst. nat. X, 1, p. 239. — Brunn, Pisc. Massil., p. 28, n. 59. — Tœnia serpens rubes- cens dicta, Artedi, syn. 115.—Serpens marinus rubescens, Gesner (Germ.) fol. 47, b. — Autre serpent rouge, Ronde- let, part. 1,1. 14, 0. 8. — Murus aller, sive serpens rubes- sens Rondeletii, Aldrov., 1.5, ©. 28, p. 567.— Tœniæ potits species censenda, Willughby, ichth., p.148, 3 M. Cuvier (Reg. anim., prem. édit.) pense que ce poisson ne diffère pas spécifiquement du précédent. D. 5 A la nageoïire dorsale 69 rayons, à chacune des pectora- les 15, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 62, à celle de la queue 12. ‘M. Cuvier ne mentionne pas cette espèce, qui peut-être ne diffère pas des précédentes. D, HISTOIRE NATURELLE CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. LES TÆNIOÏDES. Une nageoire de l'anus ; les nageoires pectorales en forme de disque, et composées d'un grand nombre de rayons ; le corps et la queue très-allongés et compri- més en forme de lame; le ventre à peu prés de la longueur de la têle; les écailles très-petites; les yeux à peine visibles ; point de nageoire caudale. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE TÆNIOÏDE HERMAN- { Trois ou quatre barbillons auprès NIEN. de l'ouverture de la bouche, LE TÆNIOÏDE HERMANNIEN!. Tænoicides Hermanni, Lacep. ; Cepola cæcula, BI. Schn.; Gobioides rubicunda, Buch. Ce poisson, que nous avons dû inscrire dans un genre particulier, n’a encore été décrit dans aucun ouvrage d'histoire naturelle. Nous lui donnons un nom générique qui désigne sa forme très-allongée, semblable à celle d’un ru- ban ou d’une banderole, et très-voisine de celle des cépoles qui ont été appelés Tœnia. Nous le distinguons par l’épithète d’Hermannien, pour donner au savant Hermann de Strasbourg une nouvelle preuve de l'estime des naturalistes, et de leur reconnaissance envers un professeur habile qui concourt chaque jour au progrès des sciences et particulièrement de l’ichthyo- logie. Ce tænioide, dont les habitudes doivent res- sembler beaucoup à celles des cépoles, puis- qu'il se rapproche de ces osseux par le plus grand nombre de points de sa conformation, et qui doit surtout partager leur agilité, leur vitesse, leurs ondulations, leurs évolutions ra- pides, en diffère cependant par plusieurs traits remarquables. Premièrement, ses yeux sont si petits, qu'on ne peut les distinguer qu'avec beaucoup de peine, et qu'après les avoir cherchés sou- vent pendant longtemps, on ne les aperçoit que cemme deux petits points noirs ; Ce qui lui donne un rapport assez important avec les cé- cilies. Secondement, il n’a point de nageoire cau- dale ; et sa queue se termine, comme celle des trichiures, par une pointe très-déliée, près de l'extrémité de laquelle on voit encore s’étendre ‘Ce genre Tænioïfde n'est pour M. Cuvier qu'un sous- genre dans le genre Gobous, parmi les Acanthoptérygiens de la famille des Gobioïdes. D, DES POISSONS. la longue et très-basse nageoire dorsale, qui part très-près de la tête, et tire son origine de la partie du dos correspondante à l’anus. Troisièmement, la nageoïire anale est très- courte. Nous devons ajouter que la tête de l’her- mannien est comme taillée à facettes, dont la figure que nous avons fait graver, montre la forme, les dimensions et la place. La peau de l’animal , dénuée d'’écailles facilement visibles, laisse reconnaitre la position des principaux muscles latéraux; on voit des points noirs sur les pectorales, ainsi que sur la nageoire de l'anus, et des raies blanchâtres sur la tête ; les barbillons, situés auprès de l’ouverture de la bouche, sont très-courts, et un peu inégaux en longueur. CINQUANTE-HUITIÈME GENRE. LES GOBIES,. Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l'autre ; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoîres pectorales attachées immédiatement au corps de l'animal. CABACTÈRES. Vingt-six rayons à la seconde na- geoire du dos ; douze aux thora- gies presque tontes les dents de ESPECES,. Le CGUE PECTINI- BOSTRE. la mâchoire inférieure placées horizontalement, Vingt-cinq rayons à la seconde na- geoire du dos; trente-quatre aux 2. thoracines; les rayons de la pre- mierée nageoire du dos, filamen- teux; le troisième de cette na- geoire dorsale tres-long. Le GOBIE BODDAERT. | Dix-huit rayons à la seconde na- geoire du dos ; onze aux thoraci- nes; la queue très-longue et ter- minée par une nageoire dont la forme ressemble à celle d'un fer de lance. Dix-sept rayons à la seconde na- geoire du dos; douze aux thora- cines; les yeux très-rapproches l'un de l'autre; des bandes bru- nes sur les nageoires du dos et de l'anus. 1 Dix-sept rayons à la seconde na- geoire du dos; douze aux thora- êines; la premiére dorsale bordée de jauue ; la seconde et l'anale pourprées à leur base, | Seize rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines ; les rayons des nageoires du dos plus élevés que la | membrane ; la bouche, la gorge, les opercules et les nageoires, tachelés de rouge. Seize rayons à la seconde nageoire 7: dorsale ; douze aux thoracines; LE GOBIE ROIR-BRUN. le corps et la queue bruns, les \ nageoires noires. LE PAT LANCÉOLÉ 4. LE GOBIE APHYE, B. LE GOBIE PAGANEL, 6. Le GOBIE ENSANGLANTE. ESPÈCES. CARACTÈRES, Quatorze rayons à la seconde na- 8. geoire dorsale; dix à chacune des LE GOBIE BOULEROT. thoracines ; un #rand nombre de taches brunes et blanches. Quatorze rayons à la seconde na- geoire du dos; huit à chacune des thoracines ; les quatre pre- 9 RES rayons de Ja pente dus 7 sale termines par un Hlament (.] LE GOBIE BOSC. corps ei la queue gris et pointil- lés de brun; sept “bandes tratige versales d'une couleur blanchä- tre. ous re rayons à la seconde na- geoire du dos; douze aux 1hora- cines; les cinq derniers rayons dela première dorsale deux fois pius élevés que la membrane, et terminés par un filament rouge. LE ue ABABIQUE. Quatorze rayons à la seconde na geoire du dos; douze aux thorae cines ; les rayons de la première dorsale plus élevés que la mem- brane , et terminés par un fila- ment ; les thoracines bleues. LE Gone 1040. | Douze rayons à la seconde na- geoire du dos et aux thoracines; le dernier rayon de la seconde nageoire du dos deux fois plus long que les autres; le corps bleu; la nageoire de la queue rouge et bordée de noir fe 12. LE GOBIE BLEU. Douze rayons à la seconde na- geoire du dos ; six à chacune des thoracines ; la mâchoire supé- rieure plus avancée que l'infé= rieure; point de tache œillée sur la première dorsale, Douze rayons à la seconde na- geoire du dos; les deux mächoi- res également avancées; les écail- les petites ; les deux nageoires dorsales de la même hauteur ; vingt-buit rayons à la nageoire de la quene, 15. LE GOBIE PLUNIER. 14. LE GOBIE THUNBERG. Onze rayons à laseconde nageoire du dos; douze aux thoracines ; dix à celle de l'anus; les deux nageoires dorsales de la même hauteur ; la couleur blanchäâtre, Onze rayons à la seconde nageoira du dos ; douze aux thoracines ; le 16. second rayon de la première na- LE GOBIE NÉBULEUX. geoire du dos terminé par un filament noir deux fois plus élevé que la membrane. 15. LE GOBIE ÉLÉOTRE. | dorsale ; six à chacune des thoro- cines; la mâchoire supérieure plus avancée; une tache œillée nageoire du dos. LE EXT AWAOU. sur la première Ouze rayons à la seconde nageoire du dos; dix aux thoracines; six rayons à la première dorsale ; le dernier de ces rayons éloigné des autres; la couleur noire, 18. | Onze rayons à la seconde nageoire LE GOBIE NOIR. | | Onze rayons à la seconde nageo‘re 19 du dos; quatre à chacune des _ 7 thoracines; la mâchoire supé- LE GOBIE LAGOCÉPHALE. rieure trés-arrondie par devant; les lèvres épaisses. Onze rayons à la seconde nageoire du dos; la couleur blanchätre ; des taches brunes; les rayons des nageoires du dos et de l'anus, rayés de brun. Dix rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines}z une crête triangulaire et noirâtre placée longitudinalement sur la nuque, 20. LE GOBIE MENU, 21. Le GOBIE CYPRINOÏDE. 113 SECOND SOUS-GENRE. Chacune des nageoires pectorales alttachee à une prolon- gation charnue. ESPÈCE. CARACTÈRES. Treize rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines ; les yeux trè--saillants, et placés sur le sommet de la tête. 22. Lx GOBIE SCHLOSSER. LE GOBIE PECTINIROSTRE !. Gobius pectinirostris, Lacep. 2. Les gobies n'attirent pas l’attention de l'ob- servateur par la grandeur de leurs dimensions, le nombre de leurs armes, la singularité de leurs habitudes; mais le juste appréciateur des êtres n'accorde-t-il son intérêt qu'aux signes du pouvoir, aux attributs de la force, aux ré- sultats en quelque sorte bizarres d’une organi- sation moins conforme aux lois générales éta- blies par la nature? Ah! qu’au moins, dans la recherche de ces lois, nous échappions aux fu- nestes effets des passions aveugles ! Ne pesons pas les familles des animaux dans la balance inexacte que les préjugés nous présentent sans cesse pour les individus de l’espèce humaine. Lorsque nous pouvons nous soustraire avec fa- cilité à l'influence trompeuse de ces préjugés si nombreux, déguisés avec tant d'art, si habiles a profiter de notre faiblesse, ne négligeons pas une victoire qui peut nous conduire à des succès plus utiles, à une émancipation moins impar- faite; et ne consultons dans la distribution des rangs parmi les sujets de notre étude, que les véritables droits de ces objets à notre examen ainsi qu’à notre méditation. Si les sobies n’ont pas recu , pour attaquer, les formes et les facultés qui font naître la ter- reur, ils peuvent employer les manéges multi- pliés de la ruse et toutes les ressources d'un instinct assez étendu; s’ils n’ont pas, pour se défendre, des armes dangereuses, ils savent disparaitre devant leurs ennemis, et se caclier dans des asiles sûrs; si leurs formes ne sont pas très-extraordinaires, elles offrent un rap- port tres-marqué avec celles des cycloptères, et indiquent par conséquent un nouveau point de contact entre les poissons osseux et les car- tilagineux ; si leurs couleurs ne sont pas tres- 4 Gobie peigne, Daubenton, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth — Lagerstr. Chin. 29, fol. 5. — Apocryp- tes chinensis, Osbeck, 1t, 150. ; ? M. Cuvier ne fait pas mention de ce poisson. B: HISTOIRE NATURELLE , riches, leurs nuances sont agréables , souvent très-variées, quelquefois même brillantes ; s’il ne présentent pas des phénomènes remarqua+ bles, ils fournissent des membranes qui ré- duites en pâte, ou pour mieux dire, en colle, peuvent servir dans plusieurs arts utiles; si leur chair n’a pas une saveur exquise , elle est une nourriture saine; et, peu recherchée par le riche, elle peut fréquemment devenir l'aliment du pauvre; et enfin si les individus de cette famille ont un petit volume, ils sont en très- grand nombre, et l’imagination qui les rassem- ble les voit former un vaste ensemble. Mais ce ne sont pas seulement les individus qui sont nombreux dans cette tribu; on compte déjà dans ce genre beaucoup de variétés et même d'espèces. Et comme nous allons faire connaitre plusieurs gobies dont aucun natura- liste n’a encore entretenu le publie, nous avons eu plus d’un motif pour ordonner avec soin l'exposition des formes et des mœurs de cette famille. Nous avons commencé par en séparer tous les poissons qu’on avait placés parmi les vrais gobies, mais qui n’ont pas les caractères distinctifs propres à ces derniers animaux; et nous n'avons conservé dans le genre que nous allons décrire que les osseux dont les nageoires thoracines, réunies à peu près comme celles des cycloptères, forment une sorte de disque, ou d’éventail déployé, ou d'entonnoir évasé, et qui en même temps ont leur dés garni de deux nageoires plus ou moins étéadues. Une consi- dération attentive des détails de la forme de ces nageoires dorsales et thoracines nous a aussi servi, au moins le plus souvent, à faire reconnaitre les espèces : pour rendre la recher- che de ces espèces plus facile, nous les avons rangées, autant que nous l'avons pu, d’après le nombre des rayons de la seconde nageoire dor- sale, dans laquelle nous avons remarqué des différences spécifiques plus notables que dans la première; et lorsque le nombre des rayons de cette seconde nageoire dorsale a été égal dans deux ou trois espèces, nous les avons inscrites sur notre tableau d’après la quantité des rayons qui composent leurs nageoires thoracines. Mais avant de nous occuper de cette détermination de la place des diverses espèces de gobies, nous les avons fait entrer dans l’un ou dans l’autre de deux sous-genres, suivant que leurs na- geoires pectorales sont attachées immédiate- ment au corps, ou que ces instruments de na- DES POISSONS. lation tiennent à des prolongations charnues. Le pectinirostre est, dans le premier sous- genre, l'espèce dont la seconde nageoire dor- sale est soutenue par le plus grand nombre de rayons : on y en compte vingt-six ‘. Mais ce qui suffirait pour faire distinguer avec facilité ce gobie, et lui a fait donner le nom qu'il porte, c’est que presque toutes les dents qui garnis- sent sa mâchoire inférieure , sont couchées de manière à être presque horizontales, et à don- ner au museau de l'animal un peu de ressem- blance avec un peigne demi-cireulaire. Ce pois- son vit dans les eaux de la Chine. LE GOBIE BODDAERT ?. Gobius Boddaerli, Linn., Gmel., Cuv.; Gobius Bod- daert, Lacep. ‘, On a dédié au naturaliste Boddaert cette es- pèce de gobie, comme un monument de recon- naissance, vivant et bien plus durable que tous ceux que la main de l’homme peut élever. Ce poisson 6sseux a été pêché dans les mers de l'Inde. Il parvient à peine à la longueur de deux décimètres. Il est d’un brun bleuâtre par-des- sus , et d’un blanc rougeâtre par-dessous. Des taches brunes et blanches sont répandues sur la tête; la membrane branchiale et la nageoire de la queue présentent une teinte blanche mé- lée de bleu; sept taches brunes placées au- dessus de sept autres taches également brunes, mais pointillées de blanc, paraissent de chaque côté du dos; un cercle noir entoure l'ouverture de l’anus; quelques taches couleur de neige marquent la ligne latérale, le long de laquelle on peut d’ailleurs apercevoir de très-petites pa- | pilles ; la première nageoire du dos * est parse- mée de points blanes ; et cinq ou six lignes blan- ches s'étendent en travers entre les rayons de la seconde. Indépendamment des couleurs dont nous ve- nons d'indiquer la distribution, le boddaert est remarquable par la longueur des filaments qui terminent les rayons de sa première nageoire dorsale, et particulièrement de celui que l’on * A la membrane des branchies 5 rayons, à la première na- gcoire du dos 5, à la seconde 26, à chacune des pectorales49, aux thoracines 12, à celle de l'anus 26, à celle de la queue 45, ? Pallas, Spicileg. zoolog. 8, p.11, tab. 2 fig. 43. — Gobie boddaert, Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. 5 Du sous-geure des Gobous proprement dits dans le genre Gobous. D. + A la première nageoire du dos 8 rayons, à la seconde 25, 419 voit à l’extrémité du troisième rayon. De plus, sa chair est grasse, son museau très-obtus , ses lèvres sont épaisses ; ses yeux un peu ovales et peu saillants; et au delà de l’anus, on distingue un petit appendice charnu et conique, que l’on a mal à propos appelé petit-pied, peduncutus, péduncule, et sur l’usage duquel nous aurons plusieurs occasions de revenir. LE GOBIE LANCÉOLÉ !. Gobius lanceolatus, Linn., Gmel., Lacep. ?. Ce poisson est très-allongé : la nageoire pla- cée à l'extrémité de sa queue, est aussi très- longue ; elle est de plus très-haute, et façonnée de manière à imiter un fer de lance, ce qui a fait donner à l’animal le nom que nous lui avons conservé. Le docteur Bloch en a publié une fi- gure d’après un dessin exécuté dans le temps sous les yeux de Plumier; et la collection de peintures sur véiin que renferme le Muséum d'histoire naturelle présente aussi une image de ce même gobie peinte également par les soins du même voyageur, et que nous avons cru de- voir faire graver. On trouve le lancéolé dans les fleuves et les petites rivières de la Martinique. Sa chair est agréable, et il est couvert de petites écailles arrondies. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l’inférieure. Deux lames com- posent l’opercule. L’anus est beaucoup plus près dela gorge que de la nageoire caudale. Les rayons de la première nageoire du dos s’élèvent plus haut que la membrane qui les réunit. Les pectorales et celle de la queue sont d’un jaune plus ou moins mélé de vert, et bordées de bleu ou de violet ; on voit, de chaque côté de la tête, une place bleuâtre et dont les bords | sont rouges; une tache brune est placée à à chacune des pectorales 21, aux thoracines 54, à celle de | l'anus 25, à celle de la queue 18. droite et à gauche près de l’endroit où les deux ë P nageoires dorsales se touchent; et la couleur générale de l'animal est d’un jaune pâle par- dessus, et d’un gris blanc par-dessous. ; 5 P 4 Bloch, p. 38, fig. 1 et6. — Gronov.Zooph..p. 82, n. 277, tab. 4, fig. 4. — Gobius oreanicus, Pallas, Spic. zool. 8, p.4. — Gobie lancette, Bonnaterre, pl. de l'Enc, méth. 3 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, D. # A la membrane des branchies 5 rayons, à la première na- geoire du dos 6, à la seconde 18, à chacune des nageoires pectorales 16, aux thoracines 11, à celle de l'anus 16, à celle de la queue 20. LE GOBIE APHYE"'. Gobius Aphia, Linn., Gmel., Lacep., Riss. ?. Les eaux douces du Nil, et les eaux salées de la Méditerranée, dans laquelle se jette ce grand fleuve, nourrissent le gobie aphye, dont presque tous les naturalistes anciens et modernes ont parlé, et dont Aristote a fait mention. Il n’a cependant frappé les yeux ni par ses dimensions, ni par ses couleurs : les premières ne sont pas très-grandes , puisqu'il parvient à peine à la longueur d'un décimètre ; et les secondes ne sont ni brillantes ni très-va- riées. Des bandes brunes s’étendent sur ses na- geoires dorsales et de l’anus ; sa teinte générale est d’ailleurs blanchâtre , avec quelques petites taches noires. Ses yeux sont très-rapprochés l’un de l’autre. Il a été nommé Loche de mer, parce qu’il a de grands rapports avec le cobite appelé Loche de rivière, et dont nous nous entretiendrons dans la suite de cet ouvrage . LE GOBIE PAGANEL #, Gobius Paganellus, Lacep. LE GOBIE ENSANGLANTÉ , Gobius cruentatus, Linn., Gmel., Lacep., Guv. ‘. ET LE GOBIE NOIR-BRUN *. Gobius bicolor, Linn., Gmel.; Gobius nigrofuscus, Lacep. Le gobie paganel a été aussi nommé Goujon ou Gobie de mer, parce qu’il vit au milieu des 4 Marsio. — Pignoletti, Marsione, sur plus. côtes de la mer Adriatique. — Loche de mer, daus plus. départ. mérid. — Gobie loche de iner, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth.— Gobius aphya et marsio dictus, artedi, gen, 29, syn. 47. — Ko@rrns. Arist., L. 6, c. 15. — Aœuaæ xow@rres. — Athen., 1.7, p.284, 285. — Aphia cobitis, Morsio Venetorum, Aldrov., 1. 2, c. 29,88 ,p. 214 215. — Aphye de qouion, Rondelet, part. 4,1,7, c.2. — Aphua co- bites, Willughby, p. 207. — 4pua cobites , Bélon. — Apua cobitis, Gesner, p. 67, et (germ.) fol. 4, a. — Morsio, id. (germ.) fol. 4, b. — Jonston, 1.1.tit.5, c.1,a, 17. — Apua gobites , gobionaria, Charlet., p. 145. — Gobionaria, Gaz. Aristot. — Raï, p. 76. — Aphie, Loche de mer, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. ? Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous. D. 5 A la première nageoire du dos G rayons, à la seconde 17, à chacune des pectorales 48, aux thoracines 12, à celle de l'a- nus 14, à celle de la queue 15. 4 Kobous. — Kuwbouvas. — Kavhiwa. — Paganello, dans plus. contrées de l'Italie. — Gobius line& lute& tr'axs- vers&, etc. Artedi, gen. 29, syn 46. — Boulerot ou goujon de mer, Rondelet. part. 1,1. 6, c. 16. — Gobius albus, Bé- lon. — Id., Gesner, p. 595. — Gobius marinus maximus flavescens, id. (germ.) fol. 6, b.— Paganellus, id est gobius major et subflavus, id., p.557. — Gobius marinus Ronde- HISTOIRE NATURELLE rochers de la Méditerranée. Il parvient quelque- fois à la longueur de vingt-cinq centimètres. Son corps est peu comprimé. Sa couleur géné- rale est d’un blanc plus ou moins mêlé de jaune, ce qui l’a fait appeler Goujon blanc, et au mi- lieu des nuances duquel on distingue aussi quel- quefois des teintes vertes, et voilà pourquoi le nom grec de yhwpoc, vert, d’un vert jaune, lui a été donné par plusieurs auteurs anciens. Il a de plus de petites taches noires : sa pre- mière nagcoire dorsale est d’ailleurs bordée d'un jaune vif; la seconde et celle de l'anus sont pourprées à leur base. La nageoire de sa queue est presque rectiligne. Il a de petites dents, la bouche grande , l’estomac assez volumineux, le pylore garni d’appendices ; et selon Aristote, il se nourrit d'algues, ou de débris de ces plan- tes marines. Sa chair est maigre, et un peu friable. C’est près des rivages qu’il va déposer ses œufs, comme dans l'endroit où il trouve l’eau la plus tiède suivant l'expression de Ron- delet, l’aliment le plus abondant, et l’abri le plus sûr contre les grands poissons. Ces œufs sont plats, et faciles à écraser‘, L’ensanglanté est pêché dans la Méditerra- née, comme le paganel auquel il ressemble beaucoup : mais les rayons de ses deux na- geoires dorsales sont plus élevés que les mem- branes. D'ailleurs sa bouche, ses opereules, sa gorge , et plusieurs de ses nageoires , présen- tent des taches d’un rouge couleur de sang, qui le font paraître pustuleux. Sa couleur générale est d’un blanc päle, avec des bandes transver- sales brunes ; on trouve quelques bandelettes noires sur la nageoire de la quexs , qui est ar- rondie ; les thoracines sont blemtres. Ce pois- son a été très-bien décrit par le naturaliste Brunnich ?. letii, Paganellus, seu gobius major ex Gesnero, Aldrov., 1.1, c. 20, p. 95, 96. — Gobius secundus, payanellus Vene- torum, Wilughby, p. 207. —- 1d. Raï, p. 75.— Gobius paga- nellus, Hasselquist., It. 526. — Gohie goujon de mer, Dau- benton, Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Paganello, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 5 Brunn., Pise. Massil., p. 30, n. 42. — Gobie pustuleux, Bounaterre, pl. de l'Enc. métb. # Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous,Cuv. D. Brunn., Pisc. Massil., p.50, n. 41. — Gobie, goujon pelit deuil, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 A la première nageoire du dos 6 rayons, à la seconde 17. à chacune des pectorales 47, aux thoracines 42, à celle de l'a- nus 16, à celle de la queue 20. 3 À la membrane branchiale 5 rayons, à la première na- geoire du dos 6, à la seconde 16, à chacune des pectorales 19, aux thoracines 12, à cellede l'anus 15, à celle de la queae 1% DES POISSONS. Le nom du noïr-brun indique ses couleurs distinctives. Il n’offre que deux teintes princi- pales ; il est brun et toutes ses nageoires sont noires. Ses formes ressemblent beaucoup à celles de l’ensanglanté, et par conséquent à celles du paganel. 11 babite les mêmes mers que ces deux gobies; et c’est au savant cité dans la phrase précédente que l’on en doit la connais- sance. Il n’a guère qu'un décimètre de lon- gueur !. LE GOBIE BOULEROT :. Gobius niger, Linn., Gmel., Lacep., Cuv.#. Le boulerot a été nommé Gobie ou Goujon noir, parce que sur son dos de couleur cendrée ou blanchâtre s'étendent des bandes transver- sales très-brunes, et que d’ailleurs il est par- semé de taches dont quelques-unes sont blan- ches ou jaunes , mais dont le plus grand nom- bre est ordinairement d’un noir plus ou moins foncé. On voit des teintes jaunâtres sur la par- tie inférieure et sur ses opercules. Sa longueur est communément de deux décimètres. Ses deux mâchoires, aussi avancées l’une que l’autre, sont armées chacune de deux rangs de petites dents ; sa langue est un peu mobile ; ses écailles sont dures. Ses nageoires thoracines #, colorées et réunies de manière à présenter à certains yeux une ressemblance vague avec une sorte 4 A la première nageoire du dos 6 rayons, à la seconde 6, à chacune des pectorales 19, aux thoracines 12, à celle de l'a- aus 15, à celle de la queue 17. 2 Boulereau.—Go,Goget,Zolero,dans plus. contr. de l'Italie. —Sea-gudgeon, Rock-fish, en Angleterre.—Touyos.— Gobie boulereau, Daubenton, Enc. méth. — Id, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.-— Mus. Ad. Frid. 4, p.74;et2, p. 64. — Müll, Prodrom, Zoul. danic., p. 44, n. 564.— « Gobius è nigricante « varius, etc. » Artedi, gen. 28, syn. 46. — Kw@roc. Aristot., L2, c. 17:1.6,c.15; 1. 8, c. 2,15, 19: et 1. 9, c. 2,37. — Id, Ælian., L, 2, c. 30. — Athen.,l. 7, c. 59. — Oppian., I. 1,p. 7; et 1.2, p. 46.—Gobio, Plin.. 1. 9, c.57.—Columell., 1.8, c. 17, Juvenal., Sat. 41, 4. — Gobio marinus, Salvian., fol. 214, b. — Gobio marinus niger, Bélon, Aquat., p. 2553. — Gesner, p. 595, 595, 469, et (germ.) fol. 6. b. — Boulerot noir, Ron- delet, part. 1, 1. 6, c. 17. — Aldrov., L. 4,c. 20, p. 97. — Wil- lughby, p. 206. — « Gobius marinus niger. » Rai. p.76. — « Gubius, vel gobio niger. » Schonev.. p. 36.— « Gobius, g0- « bio, et cobio marinus.» Charlet., 155.— « Apocryptes can- « toneusis. » Osbeck, It. 151. — Bloch, pl. 58. fig. 1,2,5. — « Eleotris capite plagioplateo, maxillis æqualibus, ete. » Gro- nov. Mus. 2, p. 47, n.170; Zooph., p. 82, n. 280. — « Gobio « brauchiarum operculis et ventre flavicantibus. » Klein, Miss. pisc. 5, p.27, n. {. — Gobius, Séba, Mus. 5, tab. 29. 8 Du sous genre des Gobous proprement dits dans le genre Gohous, Linn, D. A la première nageoire du dos 6 rayons, à la seconde 14, À chacune des pectorales 48, à chacune des thoracines 40, à celle de l'anus 12, à celle de la queue 14, IT. 121 de barbe noire, lui ont fait donner le nom de Bouc, en grec Tpzyoc. Derrière l'anus, paraît un petit appendice analogue à celui que nous avons remarqué ou que nous remarquerons dans un grand nombre d’espèces de gobies. Sa nageoire caudale est arrondie, et quelquefois cet instrument de natation et toutes les autres nageoires sont bleues. Le boulerot se trouve non-seulement dans l'Océan Atlantique boréal, mais encore dans plusieurs mers de l’Asie. Vers le temps du frai, il se rapproche des rivages et des embouchures des fleuves. IL vit aussi dans les étangs vaseux qui reçoivent l’eau salée de la mer ; et lorsqu'on y pêche, il n’est pas rare de le trouver dans le filet, couvert d’une boue noire qui n’a pas peu contribué à lui faire appliquer le nom de Goujon noir. Sa chair n’est pas désagréable au goùt : cependant Juvénal et Martial nous ap- prennent que sous les premiers empereurs de iome, et dans le temps du plus grand luxe de cette capitale du monde, il ne paraissait guère sur la table du riche et de l'homme somptueux. LE GOBIE BOSC !. Gobius Bosc, Lacep., Curv. ?; Gobius viridipallidu Mittch, Mon confrère M. Bose a bien voulu me com- muniquer la description de ce poisson , qu’il a vu dans la baie de Charleston de l'Amérique septentrionale. Ce gobie a la tête plus large que le corps; les deux mâchoires également avancées; les dents très-petites ; les yeux proéminents; les orifi- ces des narines saillants; l’opercule branchial terminé en angle ; etles quatre premiers rayons de la première nageoire dorsale, prolongés cha- eun par un filament délié. Il parait sans écailles. Sa couleur générale est grise et pointillée de brun. Sept bandes wansversales, irrégulières, et d’une nuance plus pâle que le gris dont nous venons de par- ler, règnent sur les côtés, et s'étendent sur les nageoires du dos, qui d’ailleurs sont brunes, comme les autres nageoires ?. % « Gobius alepidoptus, corpore nudo, griseo, fasciis sep- a tem pallidis. » Bose, manuscrit déjà cité. 2 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, Guv. D. 3 A la première nageoire dorsale 7 rayons, à la seconde 14, à chacune des pectorales 18, aux thoracines 8, à celle de l'a= nus 10, à celle de la queue, qui est lancéolée, 18, 16 122 On ne distingue pas de ligne latérale. Le gobie bosc ne paraît parvenir qu’à de très- petites dimensions : l'individu décrit par mon savant confrère avait cinquante-quatre milli- mètres de long, et treize millimètres de large. On ne mange point de ce gobie. LE GOBIE ARABIQUE !, Gobius arabicus, Linn., Gmel., Lacep. ET LE GOBIE J0Z0*?. Gobius Jozo, Linn., Gmel., Lac., Cuv. 5. Forskael a découvert l’arabique dans la con- trée de l’Asie indiquée par cette épithète. Les cinq premiers rayons de la première nageoire du dos de ce gobie sont deux fois plus longs que la membrane de cette nageoire n’est haute. J1 n’est que de la longueur du petit doigt de la main ; mais sa parure est très-agréable. L'ex- trémité des rayons dont nous venons de parler est rouge : la couleur de l'animal est d'un brun- verdâtre, relevé et diversifié par un grand nom- bre de points bleus et de taches violettes, dont plusieurs se réunissent les unes aux autres, et qui paraissent principalement sur toutes les nageoires. On devine aisément l'effet doux et gracieux que produit ce mélange de rouge, de vert , de bleu et de violet, d'autant mieux fon- dus les uns dans les autres , que plusieurs re- flets en multiplient les nuances *, La peau de l’arabiqne est molle, et recouverte de petites { Forsk. Faun. Arab., p. 25, n 5. — Gobie, goujon arabe, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 Gobius albescens.— Gobius flavescens.— Gobie gou- jon blanc, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonniterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 65. — Müll. Prodrom Zoolog. danic., p. 44, n.563.—« Gobius... ossiculis pinnæ « dorsalis supra membranam assurgentibus, » Artedi, gen. 29; syn. 47. — KowGros Xeuxos. Aristot., 1. 9, ©. 57. — Ko@ice Xeuxoteoos. Athen., 1.7, p. 509. — Boulerot blanc, Goujon blanc, Rondelet, part. 1,1.6, c. 18. (La figure est extrême- ment défectueuse.) — Gobius albus, Gesner, Aquat.,p 596; et (germ.) fol. 6, b. — Gobius albus Rondeletii, Aldrov., 1. 7, C. 20, p.97. — « Gobius tertins , jozo Romæ, Salviani, a fortè gobius albus Rondeletii. » Willughby, Ichth., p. 207, N. 12. n. 4. — Raï, p.76, n. 2. — Joz0, Salvian., fol. 215, a. ad iconem. — Gobius albescens, Gronov. Mus. 2, p-25, n. 176; Zooph., p. S{, n. 275. — Bloch, pl. 107, fig. 5 « Gobio radiis in anteriore dorsi pinna, supra membranas « connectentes altius assurgentibus. » Klein, Miss. pis. 5, p- 27, n. 3. 5 Dusous-genre des Gobous proprement dils dans le genre Gobous. D. 4 A la première nageoire dorsale 6 rayons, à la seconde 14. % chacune des pectorales 16, aux thoracines 12, à celle de l'anus 13, à celle de la queue 17. or mm rene) mr HISTOIRE NATURELLE écailles fortement attachées. La nageoire de sa queue est pointue. Nous placons dans cet article ce que nous avons à dire du jozo , parce qu'il a beaucoup de rapports avec le gobie dont nous venons de par- ler. Presque tous les rayons de sa première nageoire dorsale sont plus élevés que la mem- brane. Sa tête est comprimée; ses deux mâ- choires sont également avancées ; sa ligne laté- rale s'étend, sans s'élever ni s’abaisser, à une distance à peu près égale de son dos et de son ventre, Cette ligne est d’ailleurs noirâtre. L’a- nimal est, en général, blanc ou blanchâtre, avec du brun dans sa partie supérieure; ses nageoires thoracines sont bleues. On je trouve non-seulement dans la Méditerranée, mais dans l'Océan Atlantique boréal : il y vit auprès des rivages de l’Europe, y dépose ses œufs dans les endroits dont le fond est sablonneux; et quoi- que sa longueur ordinaire ne soit que de deux décimètres, il se nourrit, dit-on, de crabes et de poissons, à la vérité très-jeunes et tres-pe- tits. Sa chair, peu agréable au goût , ne l’expose pas à être très-recherché par les pêcheurs; mais il est fréquemment la proie de grands poissons, et notamment de plusieurs gades . nn LE GOBIE BLEU ?. Gobius cæruleus, Lacep. 5. Cette espèce est encore inconnue des natura- listes : elle a été décrite par Commerson. Sa couleur est remarquable : elle est d’un bleu très- beau, un peu plus clair sur la partie inférieure de l'animal que sur la supérieure; cet azur rè- gne sur toutes les parties du poisson, excepté sur la nageoire de la queue, qui est rouge, avec une bordure noire ; et comme ce gobie a tout au plus un décimètre ou à peu près de longueur, on croirait, lorsqu'il nage au milieu d’une eau calme, limpide, et très-éclairée par les rayons du soleil, voir flotter un canon de saphir ter- miné par une escarboucle. IL habite dans la mer qui baigne l’Afrique orientale , à l'embouchure des fleuves de l'île Bourbon, où la petitesse de ses dimensions, 1Ala première nageoire dorsale 6 rayons, à la seconde 14, à chacune des pectorales 46, aux thoracines 12, à celle de l'æ nus 14, à celle de la queue 16. 34 Gobio cæruleus, caudà rubrà, nigro circumscripté, 8 Commerson, manuscrits déjà cités. 5 Cette espèce n'est pas mentionnée par M.Cuvier. D. DES POISSONS. que nous venons d'indiquer, fait que les Nègres même dédaignent de s’en nourrir, et ne s’en servent que comme d’appât pour prendre de plus grands poissons. Le bleu a le museau obtus, la mâchoire in- férieure garnie de dents aiguës et moins menues que celles de la supérieure; les yeux ronds, saillants, et plus éloignés l’un de l’autre que sur beaucoup d’autres gobies; la première na- geoire du dos, triangulaire, et composée de rayons qui se prolongent par des filaments au- dessus de la membrane; la seconde nageoire dorsale terminée par un rayon deux fois plus long que les autres; l’anus à une distance pres- que égale de la gorge et de la nageoire caudale, qui est arrondie '; et les étailles petites et rudes. LE GOBIE PLUMIER ?. Gobius Plumieri, Bloch., Lac., Cuv, ‘. Le docteur Bloch a décrit ce gobie d'après des peintures sur vélin dues aux soins du voya- geur Plumier. Le Muséum d'histoire naturelle possède des peintures analogues, dues égale- ment au zèle éclairé de ce dernier naturaliste. Nous avons trouvé parmi ces peintures du Mu- séum l’image du poisson nommé avec raison Gobie Plumier, et nous avons cru devoir la faire graver. Cet animal, qui habite dans les Antilles, est allongé, mais charnu, très-fécond , d’une sa- veur agréable,'etsusceptible de recevoir promp- tement la cuisson convenable. Les écailles dont il est revêtu sont petites, et peintes de très-ri- ches couleurs. Sa partie supérieure brille d’un jaune fonce ou de l'éclat de l'or; ses côtés sont d’unjaune clair; sa partieinférieure est blanche; et toutes les nageoires * sont d’un beau jaune, relevé tres-souvent par une bordure noire sur celles de la queue et de la poitrine. Quelques autres nuances font quelquefvis ressortir sur diverses parties du corps les teintes que nous venons d indiquer. ‘ A la membrane des branchies 4 rayons, à la première nageoire du dos 6, à la seconde 12, à chacune des pectora- les 20, aux thoracines 12, à celle de l'anus 12, a celle de la queue 14. ? Gobie cephale, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 5 Du sous-genre des Gobous proprement dits et-du genre Gobous, Cuv. D. 4 A la première nageoire du dos 6 rayons, à la seconde 12, à chacune des pectorales 12, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 10, à celle de la queue 14, 123 La tête est grande; le bord des lèvres char: au ; l'ouverture branchiale étendue; l'opercule composé d'une seule lame; la mâchoire supé rieure beaucoup plus avancée que l’inférieure ; la ligne latérale droite; la nageoire caudale ar- rondie ; et l'anus situé vers le milieu de la lon- gueur du corps. LE GOBIE THUNBERG Gobius Patella, Thunberg, Lacep. * Ce poisson, vu par Thunberg dans la mer qui baigne les Indes orientales, a beaucoup de rapports avec l’éléotre de la Chine. Sa longueur est de plus d'un décimètre. Plusieurs rangées de dents garnissent les mâchoires. Le museau est obtus. Les thoracines sont une fois moins Jongues que les pectorales; la caudale est ar- rondie. On ne voit sur l’animal, ni bandes, ni taches ; la couleur générale est blanchâtre #, LE GOBIE ÉLEOTRE #, Gobius Eleotris, Lacep. 5. ET LE GOBIE NÉBULEUX 5 Gobius nebulosus, Lacep. Les eaux de la Chine nourrissent l’éléotre, dont la couleur générale est blanchâtre, la se- conde nageoire du dos aussi élevée que la pre- miere, et- celle de la queue arrondie. Le corps est couvert d’écailles larges, arrondies et lisses; et l’on voit une tache violette sur le dos, auprès des opercules 7, Le nébuleux a été découvert en Arabie par ‘ Gobius patella, Thunberg, Voyage au Japon. ? M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D. 5 5 rayons à la première nageoire du dos du gobie thun- berg, 15 à chaque pectorale, 9 à la nageoire de l'anus. 4 Gobie éléotre, Daubenton, Euc, meéth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — Lagerstr., Chin. 28. — Gobius chinensis, Osbeck , It. 260. — « Trachinus…. piunis ventra- « libus coadunatis. » Amœuit. academ. 4, p. 514, — « Gobius « albesceus, piunis utrisque dorsalibus äaltitudinue æquali- « bus, » Gron. Zooph. 276, Ce poisson appirteut vraisemblablement au sous-genre Éléotris de M. Cuvier, dans le genre Gobous. D. # Forskael, Faun. Arub., p.24, n. 6. — Gobie nébuleux Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. 7 A la membrane des branchies de l'éléotre 5 rayons, à la première nageoire du dos 6, à la seconde 11, à chacune des pecturales 20, aux thoracines 12, à celle de l'anus 10, à celle de la queue 15. 124 le Danois Forskael. A peine sa longueur égale- t-elle un décimètre. Ses écailles sont grandes, rudes , et en losange. La nageoire de la queue est arrondie; et voici la distribution des cou- leurs dont ce gobie est peint !. Sa partie inférieure est d’un blane sans tache; la supérieure est blanchâtre , avec des taches brunes, irrégulières et comme nuageuses , que l’on voit aussi sur la base des nageoires pecto- rales, lesquelles sont d’ailleurs d’un vert de mer, et sur les dorsales, ainsi que sur la na- geoire de la queue. Cette dernière , les dorsales et l’anale, sont transparentes ; l’anale est, de plus, bordée de noir ; les thoracines présentent une teintebrunâtre, et un filament noir et très- long termine le second rayon de la première nageoire du dos. — LE GOBIE AWAOU ?. Gobius ocellaris, Linn., Gmel., Cuy. ; Gobius Awaou, Lacep. :. C'est dans les ruisseaux d’eau douce qui ar- rosent la fameuse île de Taïti, au milieu du grand Océan équinoxial #, que l’on a découvert | Broussonnet l’a vu dans la collection du célèbre Banks, et en a publié une belle figure et une très-bonne description. Cet awaou a le corps comprimé et allongé; des écailles ciliées ou frangées ; la tête petite et un peu creusée en gouttière par-dessus ; la mâchoire d’en haut plus avancée que l’inférieure, et hérissée de dents inégales ; la mâchoire d'en bas garnie de dents plus petites ; plusieurs autres dents me- nues, aiguës et pressées dans le fond de Ja gueule au-dessus et au-dessous du gosier; la ligne latérale droite; et l'anus situé vers le mi- lieu de la longueur de lanimal, et suivi d’un appendice conique. Nous n’avons plus qu’à faire connaître les couleurs de ce gubie. Son ventre est d’un vert de mer ; des teintes obscures et nuageuses, noires et olivâtres, sont 4 A la membrane branchiale du nébuleux 7 rayons, à la pre- mière nageoire du dos 6, à la seconde 11, à chacune des pec- torales 18, aux thoracines 12, à celle de l'anus {1, à celle de la queue 14. 3? Broussonnet, Ichih. dec. 1, n. 2, tab. 2.— Gobie awaow, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. “M. Cuvier place ce Gobie dans le sous-genre des Gobous proprement dits. D. 4 Nous employons avec empressement les dénominations de l'excellente et nouvelle nomenclature hydrographique, présentée , le 44 mai 1799, à l'Institut , par mon savant et respecl!able confrère M. Fleurieu. HISTOIRE NATURELLE répandues sur son dos; une nuance verdâtre distingue les nageoires de la queue et de l’anus; des bandes de la même couleur et d’autres ban- des brunes se montrent quelquefois sur leurs rayons et sur ceux de la seconde nageoire du dos ‘; les pectorales et les thoracines sont noi- râtres; et, au milieu de toutes ces teintes som- bres, on remarque aisément une tache noire, assez grande, œillée, et placée près du bord postérieur de la première dorsale. LE GOBIE NOIR ?. Gobius Commersonii, Nob.; Gobius niger, Lecep.®. Ce gobie, dont nous avons vu la description dans les manuscrits de Commerson,que Buffon nous a remis il y a plus de douze ans, est à peu près de la taille d’un grand nombre de poissons de son genre. Sa longueur n’égale pas deux dé- cimètres, et sa largeur est de trois ou quatre centimètres. Il présente sur toutes les parties de son corps une couleur noire, que quelques reflets bleuâtres ou verdâtres ne font paraitre que plus foncée, et qui ne s’éclaircit un peu et ce gobie. Mon confrère l’habile ichthyologiste | ne tend vers une teinte blanchâtre, ou plutôt livide, que sur une portion de son ventre. Les écailles qui le revêtent sont très-petites, mais relevées par une arête longitudinale; sa tête paraît comme gonflée des deux côtés. Sa mâ- choire supérieure, susceptible de mouvements d’extension et de contraction , dépasse et em- brasse l’inférieure : on les croirait toutes les &eux garnies de petits grains plutôt que de vé- ritables dents. La langue est courte, et attachée dans presque tout son contour. L’intervalle qui sépare les yeux l’un de l’autre est à peine égal au diamètre de l’un de ces organes. Commerson a remarqué avec attention deux tubercules pla- cés à la base de la membrane branchiale, et qu’on ne pouvait voir qu’en soulevant l’oper- cule. Il a vu aussi au delà de l’ouverture de | l'anus, laquelle est à une distance presque égale 4 A la membrane des branchies 5 rayons, à la première nageoire du dos 6, à la seconde du dos 11, à chacune des pectoraies 16, à chacune des thoracines 6 , à celle de l'a- nus 11, à celle de la queue, qui est très-arrondie 22. 24 Gobio totus niger, radis pinnæ dorsi prioris sex, pos- «terore remotissimo, villo notabili ad anum. » Manuscrits de Commerson, déjà cités. “Nous proposous ce nom de Gobius Commersonii pour cette espèce, parce que celui de Gobèus niger donné par M. de Lacépède est déjà employé pour désigner une autre es- pèce de notre pays. M, Cuvier ne mentionne pas ce pois= son. D. DES POISSONS. de la gorge et de la nageoire de la queue, un appendice semblable à celui que nous avons in- diqué en décrivant plusieurs autres gobies, et qu'il a comparé à un barbillon ou petit fila- ment !. Le gobie noir habite dans la portion du grand Océan, nommée, par notre confrère Fleurieu, srand golfe des Indes ?. Il s’y tient à l’embou- chure des petites rivières qui se déchargent dans la mer : il préfère celles dont le fond est vaseux. Sa chair est d’une saveur très-agréable, et d'ailleurs d’une qualité si saine, qu'on ne balance pas à la donner pour nourriture aux convalescents et aux malades que l’on ne réduit pas à une diète rigoureuse. LE GOBIE LAGOCÉPHALE ?, Gobius Lagocephalus, Pall., Linn., Gmel., Lac. 4. LE GOBIE MENU, Gobius minutus, Pall,, Lac.5. LE GOBIE CYPRINOÏDES. Gobius cyprinoides, Pall., Lac. 7. Le lagocéphale ou Téle-de-lièvre, tire son nom de la forme de sa tête et de ses lèvres. Cette partie de son corps est courte, épaisse et dénuée de petites écailles. On voit à la mâchoire inférieure quelques dents crochues plus grandes que les autres. La mâchoire supérieure est demi-circulaire, épaisse, et recouverte par une lèvre double très-avancée, très-charnue, et fen- due en deux comme celle du lièvre: la lèvre d’en-bas présente une échancrure semblable. Le palais est hérissé de dents menues et très- serrées ; les yeux, très-rapprochés l’un de l’au- tre, sont recouverts par une continuation de l’épiderme. On voit un appendice allongé et ar- rondi, au delà de l’anus, qui est aussi loin de la gorge que de la nageoire de la queue; cette derniere est arrondie: l'on ne distingue pas de ligne latérale; et la couleur générale de ce go- 4 A la membrane des branchies 4 rayons, à la première na- geoire du dos 6, à la seconde 14, à chacune des pectorales 15, aux thoracines 10, a celle de l'anus 41,a celle de la queue, qui est un peu arrondie , 15. 3 Nouvelle Nomenclature hydrographique, déjà citée. 5 Kælreuter, Nov. Comm. Petropolit. 9, p, 428, fig. 5 et 4. — Gobie léte de liévre, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Du sous-genre des Gobous proprement dits dans le genre Gobous, Cuv. D. 5 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. 6 Gobie cyprinoïde, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. TM. Cuvier ne mentionne pas ce poisson. D, 125 bie, lequel est ordinairement de la longueur d’un doigt, est composée de gris, de brun et de noir !. Le menu, qui ressemble beaucoup à l’aphye, a la tête un peu déprimée; sa langue est grande; ses deux nageoires dorsales sont un peu éloi- gnées l’une de l’autre; sa nageoire caudale est rectiligne; et ses teintes, aussi peu brillantes que celles du lagocéphale, consistent dans une couleur générale blanchätre, dans des taches couleur de fer disséminées sur sa partie supé- rieure, et dans de petites raies de la même nuance ou à peu près, répandues sur les na- goires de la queue et du dos ?. On trouve dans les eaux de l’ile d’'Amboine le cyprinoïde, que l’on a ainsi nommé à cause du rapport extérieur que ses écailles grandes et un peu frangées lui donnent avec les cyprins, quoiqu'il ressemble peut-être beaucoup plus aux spares. Le professeur Pallas en a publié le premier une très-bonne description. La partie supérieure de ce cyprinoïde est grise, et l’infé- rieure blanchâtre. Ses dimensions sont à peu près semblables à celles du menu. Il a la tête un peu plus large que le corps, et recouverte d’une peau traversée par plusieurs lignes très- déliées qui forment une sorte de réseau ; on voit entre les deux yeux une crête noirâtre, triangu- laire et longitudinale, que l’on prendrait pour une première nageoire dorsale très-basse; au delà de l’anus , on apercoit aisément un appen- dice allongé, arrondi par le bout, et que l’ani- mal peut coucher, à volonté, dans une fos- sette ?. LE GOBIE SCHLOSSER #. Periophthalmus Schblosseri, Schn., Cuv.; Gobius Schlosseri, Linu., Gmel., Lac. . C’est au célèbre Pallas que l’on doit la des- cription de cette espèce , dont un individu lui 4 A la membrane des branchies du lagocéphale 5 rayons, à la première nageoire du dos 6. à la seconde 41, à chacune des pectorales 15, à chacune des thoracines 4, à celle de l'a- nus 40, à celle de la queue 12. 2 À la première nigeoire du dos du menu 6 rayons, à la seconde 11, à celle de l'anus 11. 8 Grayons à la première nageoire du dos, 10 à la secorde, 48 à chacune des pectorales, 12 aux thoracines, 1 rayon sim- ple et 9 articulés à celle de l'anus, 15 rayons à celle de la queue, qui est arrondie. 4 Cabos. — Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 5, tab. 1, fig. 4,2, 5.4. — Gobius barbarus, Linnée. — Gobie schlosser, Dau- benton, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 5 Du sous-genre Périophthalme dans le genre Gobous, Cuv. D. 126 avait été envoyé par ie savant Schlosser, avec des notes relatives aux habitudes de ce poisson ; etle nom de cegobie rappelle les services rendus aux sciences naturelles par l'ami de l’illustre Pallas. Ce poisson est ordinairement long de deux ou trois décimètres. Sa tête est couverte d’un grand nombre d’écailles, allongée, et cependant plus large que le corps. Les lèvres sont épaisses, charnues, et hérissées, à l’intérieur, de petites aspérités : la supérieure est double. Les dents sont grandes, inégales, recourbées, aiguës, et distribuées irrégulièrement. Les yeux présentent une position remarqua- ble : ils sont très-rapprochés l’un de l’autre, situés au-dessus du sommet de la tête, et con- tenus dans des orbites très-relevées , mais dis- posées de telle sorte que les cornées sont tour- nées l’une vers la droiteet l’autre vers la gauche. Les écailles qui revêtent le corps et la queue sont assez grandes, rondes et un peu molles. On ne distingue pas facilement les lignes latérales. La couleur générale de l'animal est d’un brun noirâtre sur le dos, et d’une teinte plus claire sur le ventre *. Les nageoires pectorales du schlosser sont, comme l'indiquent les caractères du second sous-genre , attachées à des prolongations char- nues, que l’on a comparées à des bras, et qui servent à l’animal, non-seulement à remuer ces nageoires par le moyen d’un levier plus long, à les agiter dès lors avec plus de force et de vi- tesse, à nager avec plus de rapidité au milieu | des eaux fangeuses qu’il habite, mais encore à | se trainer un peu sur la vase des rivages, con- tre laquelle il appuie successivement ses deux extrémités antérieures, en présentant très en petit, et cependant avec quelque ressemblance, les mouvements auxquels les phoques et les la- mantins ont recours pour parcourir très-lente- ment les côtes maritimes. C’est par le moyen de ces sortes de bras que le &chlosser , pouvant, ou se glisser sur des ri- vag&æ fangeux, ou s'enfoncer dans l’eau bour- beuse, échappe avec plus de facilité à ses en- pemis, € poursuit avec plus d'avantage les faibles habitants des eaux, et particulièrement }es cancres, dont il aime à faire sa proie. Cette espèce doit être féconde et agréable au “A la membrane des branchies 3 rayons, à la première na- geaire du dos 8, à la seconde 13, à chscune des pectorales 16, aux thoracines 12, a celle de l'anus 12, à celle de la queus 19 HISTOIRE NATURELLE goût, auprès des côtes de la Chine, où on la pêche, ainsi que dans d’autres contrées orien- tales, puisqu'elle sert à la nourriture des Chi- nois qui habitent à une distance plus ou moins grande des rivages; et voila pourquoi elle a été nommée par les Hollandais des grandes Indes, Poisson chinois (Chineesche vissch). CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE. LES GOBIOÏDES. Les deux nageoires thoracines réunies l'une à l'autre ; une seule nageoire dorsale; la têle petite: les oper- cules attachés dans une grande partie de leur con- tour. ESPÈCES. CARACTÈRES. “is Cinquante - deux rayons à la na- LE GOBIOÏDE ANGUILLI- geoire du dos; toutes les nageoi- FORME. res rouges, Quarante-trois rayons à la nageoire du dos; le bord des mächoires composé d'une iame osseuse et dénuée de dents. Ving!-trois rayons à la nageoire du dos; le corps et la queue très- allongés etcomprimés; des dents aux mâchoires ; les nageoires du dos et de l'anus très-rappro- chées de la caudale, qui est poin- tue. 2. LE GOBIOÏDE SMYRNÉEN. 3: LE GOBIOÏDE BROUS- SONNET. 4. LE GOBIOÎDE QUEUE NOIRE. La queue noire. LE GOBIOÏDE ANGUILLIFORME !. Gobius anguillaris, Linn., Gmel.; Gobioides anguilli- formis, Lacep. 2. C’est dans les contrées orientales, et notam- ment dans l'archipel de l'Inde, à la Chine, ou dans les îles du grand Océan équatorial, que l’on trouve le plus grand nombre de gobies. Les mêmes parties du globe sont aussi celles dans lesquelles on a observé le plus grand nombre de gobioïdes. L'anguilliforme a été vu particuliè- rement dans les eaux de la Chine. Comme tous les autres gobioïdes, il ressemble beaucoup aux poissons auxquels nous donnons exclusivement le nom de Gobie ; et voilà pour- quoi nous avons cru devoir distinguer par la dénomination de Gobioide, qui signifie en forme de gobie , le genre dont il fait partie, et qui a été confondu pendant longtemps dans celui des gobies proprement dits. Il diffère néanmoins de ces derniers, de même que tous “ Goujon anguillard, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bon- paterre, pl. de l'Enc. méth. ? Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. DES POISSONS. les osseux de son geure, en ce qu’il n’a qu’une seule nageoire dorsale, pendant que les gobies en présentent deux. Il a d’ailleurs, ainsi que son nom l'indique, de grands rapports avec la murène anguille, par la longueur de la nageoïre du dos et de celle de l'anus, qui s'étendent presque jusqu à celle de la queue; par la peti- tesse des nageoires pectorales, qui, de plus, sont arrondies, et surtout par la viscosité de sa peau, qui, étant imprégnée d’une matière huileuse très-abondante , est à demi transpa- rente. La mâchoire inférieure de l’anguilliforme est garnie de petites dents, comme la supérieure; et toutes ses nageoires sont d’une couleur rouge gssez vive !. LE GOBIOÏDE SMYRNÉEN 2. Gobioides smyrnensis, Lacep *. Ce poisson a la tête grosse et parsemée de pores très-sensibies; dès lors sa peau doit être arrosée d’une humeur visqueuse assez abondante. Une lame osseuse, placée le long de chaque mâchoire, tient lieu de véritables dents : on n’a du moins observé aucune dent proprement dite dans la bouche de ce gobioïde. Les nageoires pectorales sont très-larges, et les portions de celle du dos sont d'autant plus élevées qu’elles sont plus voisines de celle de la queue *. LE GOBIOÏDE BROUSSONNET. Gobioïdes Broussonnetii, Lacep., Cuv. ; Gobius oblon- gatus, Schn. 5. Nous dédions cette espèce de gobioïde à notre savant confrère M. Broussonnet; et nous cher- chons ainsi à lui exprimer notre reconnaissance pour les services qu’il a rendus à l’histoire na- turelle, et pour ceux qu’il rend chaque jour à cette belle science dans l’Afrique septentrio- nale, et particulièrement dans les états de 4 A la nageoïre dorsale 52 rayons , à chacune des pectora- les 12, aux thoracines 10, à celle de l'anus 45, à celle de la queue 42. 3 Nov. Comment, Petropolit. 9, tab. 9, fig. 5. — Goujon smyrnéen, Bonnaterre. pl. de l'Enc. méth. “Non cité par M. Cuvier. D, 4 A la membrane des branchies 7 rayons, à la nageoire du dos 43, à chacune des pectorales 55, à celle de l'anus 29, à celle de la queue 12. 5 Type du sous-genre Gobioïde admis par M. Cuvier dans le genre Gobous. D, 497 Maroc, qu'il parcourt avec un zèle bien digne d’éloges. Ce gobioïde qui n’est pas encore connu des naturalistes, a les mâchoires garnies de très- petites dents. Ses nageoires thoracines sont assez longues, et réunies de manière à former une sorte d’entonnoir profond ; les pectorales sont petites et arrondies; la dorsale et celle de l'anus s'étendent jusqu’à celle de la queue, qui a la forme d’un fer de lance : elles sont assez hautes, et cependant l’extrémité des rayons qui les composent, dépasse la membrane qu’ils soutiennent !. Le corps est extrêmement allongé, très- bas, très-comprimé; et la peau qui le recouvre est assez transparente pour laisser distinguer le nombre et la position des principaux muscles. é Un individu de cette belle espèce faisait partie de la collection que la Hollande a donnée à la nation française ; et c'est ce même indi- vidu dont nous avons cru devoir faire graver la figure. LE GOBIOÏDE QUEUE NOIRE ?. Gobioïides melanurus, Lacep.; Gobius melanurus, Linn., Gmel,”', C'est à M. Broussonnet que nous devons la connaissance de ce gobioïde, qu'il a décrit sous le nom de Gobie à queue noire, dont la queue est en effet d’une couleur noire plus ou moins foncée, mais que nous séparons des gobies pro- prement dits, parce qu’il n’a qu’une nageoire sur le dos. SOIXANTIÈME GENRE. LES GOBIOMORES Les deux nageoires thoracines non réunies l’une à l'autre; deux nageoires dorsales ; la tête petite ; les yeux rapprochés; les opercules aitachés dans une grande partie de leur contour. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoires pectorales allachées immédiatement au corps de l'animal, CARACTÈRES, Trente rayons à la seconde na- geoire du dos ; dix aux thoraci- nes ; celle de la queue, fourchue, ESPÈCES. 1. LE GOBIOMORE GBONO- VIEN. 4 A la nageoiïre Ju dos 25 rayons, à chacune de nageoires thoracines 7, à chacune des pectorales 17, à celle de l'e- nus 17, à celle de la queue 16. 2 Broussonnet, Ichth. dec. 1. 5 M, Cuvier ne cite pas cette espèce. D, 128 ESPÈCES CABACTÈRES. Vingt rayons à la seconde nageoire 2 du dos; douze aux thoracines ; LE GOBIOMORE TAIBOA. six à la première dorsale; celle de la queue, arrondie. Onze rayons à la seconde nageoire du dos ; huit à chacune des pec- torales, ainsi qu'à celle de l'anus; la nageoire de la queue, très-ar- roudie. SECOND SOUS-—-GENRE. Chacune des nageoires pectorales attachée à une pro- longation charnue. 5. LE GOBIOMORE DOR- MEUR. geoire du dos; douze aux thora- cines. 4. LE GOBIOMORE KOEL- Treize rayons à la seconde na- BEUTER. LE GOBIOMORE GRONOVIEN #. Gobiomorus Gronovii, Lacep. ; Nomeus Mauritii, Cur. ?. Les gobiomores ont été confondus jusqu’à présent avec les gobies, et par conséquent avec les gobioïdes. Je les en ai séparés pour répandre plus de clarté dans la répartition des espèces thoracines, pour me conformer davantage aux véritables principes que l’on doit suivre dans toute distribution méthodique des animaux, et afin de rapprocher davantage l’ordre dans lequel nous présentons les poissons que nous avons examinés, de celui que la nature leur a imposé. Les gobiomores sont en effet séparés des go- bies et des gobioides par la position de leurs nageoires inférieures ou thoracines, qui ne sont pas réunies, mais très-distinctes et plus ou moins éloignées l’une de l’autre. Ils s’écartent d’ailleurs des gobioides par le nombre de leurs nageoires dorsales : ils en présentent deux; et les gobioïdes n'en ont qu’une. Ils sont cependant très-voisins des gobies, avec lesquels ils ont de grandes ressemblances ; et c’est cette sorte d’aflinité ou de parenté que j'ai désignée par le nom générique de Gobio- more, voisin ou allié des gobies, que je leur ai donné. J'ai cru devoir établir deux sous-genres dans le genre des gobiomores, d’après les mêmes raisons et les mêmes caractères que dans le genre des gobies. J’ai placé dans le premier de 4 Gronov.Zooph., p. 82, n.278.—Cesteus argenteus, etc., Klein, Miss. pise. 5, p.24, n. 5. — Mugil americanus, Raï, Pise., p. 85, u. 9. — Harder, Marcgrav. Brasil., lib. 4, cap. 6, p.155. 3 M. Cuvier forme avec ce poisson le genre qu'il nomme Pasteur, Nomeus , et qu'il place dans la famille des Scom- bres. D. HISTOIRE NATURELLE ces deux sous-genres les gobiomores dont les nageoires pectorales tiennent immédiatement au corps proprement dit de l'animal, et j'ai inscrit dans le second ceux dont les nageoires pectorales sont attachées à des prolongations charnues. Dans le premier sous-cenre se présente d’abord le gobiomore gronovien ‘. Ce poisson, dont on doit la connaissance à Gronou, habite au milieu de la zone torride, dans les mers qui baignent le nouveau conti- nent. Il a quelques rapports avec un scombre. Ses écailles sont très-petites; mais, excepté celles du dos, qui sont noires, elles présentent une couleur d'argent assez éclatante. Des taches noires sont répandues sur les côtés de l’animal. La tête, au lieu d’être garnie d’écailles seme blables à celles du dos, est recouverte de grandes lames écailleuses. Les yeux sont grands et moins rapprochés que sur la plupart des gobies ou des gobioïdes. L'ouverture de la bouche est petite. Des dents égales garnissent le palais et les deux mâchoires. La langue est lisse, menue et arrondie. La ligne latérale suit la courbure du dos. L’anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson. Les nageoires thoracines sont très-grandes, et celle de la queue est fourchue. LE GOBIOMORE TAIBOA :. Gobiomorus Taiboa. Lacep., Eleotris strigatus, Cuv.". C’est auprès du rivage hospitalier de la plus célèbre des îles fortunées, qui élèvent leurs collines ombragées et fertiles au milieu des flots agités de l’immense Océan équatorial, c’est au- près des bords enchanteurs de la belle île d’Ota- biti, que l’on a découvert le taiboa, l'un des poissons les plus sveltes dans leurs proportions, les plus agiles dans leurs mouvements, les plus agréables par la douceur de leurs teintes, les plus richement parés par la variété de leurs nuances, parmi tous ceux qui composent la famille des gobiomores, et les genres qui l’avoi- sinent. 4 A la membrane des branchies 5 rayons, à la première na- geoire du dos 40, à la seconde 50, à chacune des nageoires pectorales 24, aux thoracines 10. 3 Broussonnet , Ichth. dec. 4, n. 4, tab. 1. — Goujon tai boa, Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. : Du sous-genre Éléotris dans le genre Gobcus de M. Cu- | vier. D. DES POISSONS. Nous en devons la première description à M. Broussonnet, qui en a vu des individus dans la collection du célèbre président de la société de Londres. Le corps du taiboa est comprimé et très-al- longé; les écailles qui le recouvrent sont pres- que carrées et un peu crénelées. La tête est comprimée, et cependant plus large que le eorps. La mâchoire inférieure n’est pas tout à fait aussi avancée que la supérieure ; les dents qui garnissent l’une et l’autre sont inégales. La langue est lisse, ainsi que le palais ; le gosier hérissé de dents aiguës, menues et recourbées en arrière ; la première nageoire du dos, com- posée de rayons très-longs ainsi que très-éle- vés; et la nageoire de la queue, large et ar- rondie ‘. Jetons les yeux maintenant sur les couleurs vives ou gracieuses que présente le taiboa. Son dos est d’un vert tirant sur le bleu, et sa partie inférieure blanchâtre ; sa tête montre une belle couleur jaune, plus ou moins mêlée de vert; et ces nuances sont relevées par des raies et des points que l’on voit sur la tête, par d’autres raies d’un brun plus ou moins foncé, qui règnent auprès des nageoires pecto- rales, et par des taches rougeâtres situées de chaque côté du corps ou de la queue. De plus, les nageoires du dos, de l’anus et de la queue offrent un vert mêlé de quelques teintes de rouge ou de jaune, et qui fait tres- bien ressortir des raies rouges droites ou cour- bées qui les parcourent, ainsi que plusieurs rayons qui les soutiennent et dont la couleur est également d’un rouge vif et agréable. LE GOBIOMORE DORMEUR ?. Gobiomorus dormitor, Lac.; Platycephalus dormita- tor, Bloch, Schn.; Eleotris dormitatrix, Cuv.s. Les naturalistes n’ont encore publié aucune description de ce gobiomore, qui vit dans les eaux douces et particulièrement dans les ma- rais de l'Amérique méridionale : nous en de- vons la connaissance à Plumier; et nous en avons trouvé une figure dans les dessins de ce * À la membrane des branchies 6 rayons, à la prenmmere nageoire dorsale 6, à la seconde nageoire du dos 20 à cha cune des pectorales 20, aux thoracines 12 a celle de l'anus 19 à celle de la quene 22. 3 Cephatus vaiustris, Asellus palustris, dessins etimanuserits de Plumuier, déposés à la Bibliothèque du roi. 3 Du sous-genre Éléotris, dans le genre Gobous, Cuv. D. IT, 128 savant voyageur. La mâchoire inférieure de ce poisson est plus avancée que la supérieure ; la nageoire de la queue est très-arrondie : le nom- bre des rayons de ses nageoires empêche d’aït- leurs de le confondre avec les autres gobio- mores. On l’a nommé /e Dormeur, sans doute à cause du peu de vivacité ou du peu de fré- quence de ses mouvements. — C7 LE GOBIOMORE KOELREUTER #. Gobiomorus Koelreuteri, Lacep.; Gobius Koelreuteri, Pallas; Periophthalmus Koclreuteri, Schn., Cuv. 2. Le nom de cette espèce est un témoignage de gratitude envers un savant très-distingué, le naturaliste Koelreuter, qui vit maintenant dans ce pays de Bade, auquel les vertus touchantes de ceux qui le gouvernent, et leur zèle très- éclairé pour le progrès des connaissances, ainsi que pour l'accroissement du bonheur de leurs semblables, ont donné un éclat bien doux aux yeux des amis de l'humanité. Ce gobiomore, dont les téguments sont mous et recouvrent une graisse assez épaisse, est d’un gris blanchâtre. Ses yeux sont très-rapprochés, et placés sur le sommet de la tête; ce qui lui donne un grand rapport avec le gobie schlosser, auquel il ressemble encore par la position da ses nageoires pectorales, qui sont attachées au bout d'une prolongation charnue très-large au- près du corps proprement dit, et c’est à cause de ce dernier trait que nous l’avons inscrit dans un sous-genre particulier, de même que le go- bie schlosser. Les lèvres sont doubles et charnues; les dents inégales et coniques : la mâchoire supé- rieure en présente de chaque côté une beau- coup plus grande que les autres. La ligne laté- rale parait comme comprimée; l’anus est situé vers le milieu de la longueur totale du pois- son ; et la nageoire de la queue est un peu lan- céolée. La première nageoire dorsale est brune et bordée de noir : on distingue une raie longitu- dinale et noirâtre sur la seconde, qui est jau- uâtre et fort transparente *. 1 Kælreuter, Nov. Comm. Petropolit. 8, p. 491. — Goujon kælreuter, Wonuaterre, pl. de l’Enc. méth. 2 Du sous-genre Périophthalme dass le genre Gobous, se- lon M. Guvier. D 3 À la meubrane des branchies 2 rayons, À la première nageoire dursale 12, à la seconde 13, à chacune des pec- 17 130 On voit au delà et tres-pres de l’anus du go- biomore koelreuter, ainsi que sur plusieurs go- bies, et même sur des poissons de genres très- différents, un petit appendice conique, que l’on a nommé pédoncule génital, qui sert en effet à la reproduction de l'animal, et sur l’usage duquel nous présenterons quelques détails dans la suite de cette histoire, avec plus d’avan- age que dans l'article particulier que nous écrivons. SOIXANTE-UNIÈME GENRE. LES GOBIOMOROIDES. Les deux nageoires thoracines non réunies l’une a l'au- tre ; une seule nageoire dorsale; La tête petite; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. CARACTÈRES. Quarante-cinq rayons à la nageoire du dos ; six à chacune des thora- cines ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. ESPÈCE. LE GOBIOMOROÏDE PI- SON. LE GOBIOMOROIDE PISON !. Gobiomoroïides Piso, Lacep.; Gobius Pisonis, Linn., Gmel.; Eleotris Pisonis, Cuv.?, Les gobies ont deux nageoires dorsales ; les gobioïdes n’en ont qu’une, et voilà pourquoi nous avons séparé ces derniers poissons des go- bies , en indiquant cependant , par le nom gé- nérique que nous leur avons donné, les grands rapports qui les lient aux gobies. Nous écar- tons également des gobiomores, dont le dos est garni de deux nageoires , les gobiomoroïdes , qui n’offrent sur le dos qu'un seul instrument de natation ; et néanmoins nous marquons, par le nom générique de ces gobiomoroïdes, les ressemblances très-frappantes qui déterminent leur place à la suite des gobiomores. Le pison a la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure; sa tête est d’ailleurs aplatie : on le trouve dans l'Amérique méridio- nale. En examinant dans une collection de pois- sons desséchés, donnée par la Hollande à la France, un gobiomoroïde pison, nous nous som- torales 13, aux thoracines 12, à celle de l'anus 11, à celle de la queue 13. 1 Pison, Ind., lib. 3, p. 72. — Amore piruma, Raï, Pisc., p. 80, n. 1. — Eleotris capile plagioplateo, etc., Gronov. Mus. 2. p.16, n. 168, Zooph., p. 83, n. 210. 2 Du sous-genre Éléotris dans le genre Gobous, Guy. D HISTOIRE NATURELLE mes assurés que les deux mâchoires sont gar- nies de plusieurs rangées de dents fortes et aiguës. L’inférieure a de plus un rang de dents plus fortes, plus grandes, plus recourbées, et plus éloignées les unes des autres , que celles de la mâchoire supérieure. La tête est comprimée aussi bien que dépri- mée, et garnie d’écailles presque semblables par leur grandeur à celles qui revêtent le dos. La nageoire de la queue est arrondie !. Le nom de cette espèce rappelle l'ouvrage publié par Pison sur l'Amérique australe, et dans lequel ce médecin a parlé de ce gobio- moroïde. SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. LES GOBIÉSOCES. Les deux nageoires thoracines non réunies l’une à l'au- tre ; une seule nageoire dorsale; cette nageoire irès- courte et placée au-dessus de l'extrémité de la queue, très-près de la nageoire caudale; La téle très-grosse et plus large que le corps. CARACTÈRES. Les lèvres doubles et très-extensi- bles; la nageoire de la queue arrondie. ESPÈCE. LE GOBIÉSOCE TESTAR. LE GOBIÉSOCE TESTAR 2. Guobiesox cephalus, Lacep.; Lepadogaster deutex, Schn.; Cyclopterus nudus, Linn. 5. C’està Plumier que l’on devra la figure de ce poisson encore inconnu des naturalistes, et que nous avons regardé comme devant appartenir à un genre nouveau. Celle que nous avons fait graver, et que nous publions dans cet ouvrage, a été copiée d’après un dessin de ce célèbre voyageur. Le Testar habite l’eau douce : on l’a observé dans les fleuves de l'Amérique méri- dionale. Le nom vulgaire de Testar, qui lui a été donné, suivant Plumier, par ceux qui l’ont vu dans Îles rivières du Nouveau-Monde, indi- que les dimensions de sa tête, qui est très- grosse, et plus large que le corps; elleest d’ail- leurs arrondie par devant , et un peu déprimée 4 A la nageoire du dos 45 rayons, à chacune des pectora- les 17, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 25, à celle de la queue 12. 3 Cephulus fluviatilis major, vulgd testar, dessins et manuscrits de Plumier, déposés à la Bibliothèque du ror. 3 M. Cuvier place ce poisson très-loin des gobous, dans l'ordre des Malacoptérygiens subbrachiens et dans le genre Porte-écuelle (Lepadogaster) où il forme un petit sous- genre. D. DES POISSONS. dans sa partie supérieure. Les yeux sont très- rapprochés l’un de l’autre; les lèvres doubles et extensibles. On aperçoit une légère concavité sur la nuque, et l’on remarque sur le dos un enfoncement semblable ; le ventre est très-sail- lant, très-gros , distingué, par sa proéminence, du dessous de la queue. Il n’y a qu’une na- geoire dorsale; et cette nageoire, qui est très- courte, est placée au-dessus de l’extrémité de la queue, fort près de la caudale. Nous verrons une conformation très-analogue dans les ésoces ; et comme d’ailleurs le testar a beaucoup de rapports avec les gobies, nous avons cru de- voir former sa dénomination générique de la réunion du nom de Gobie avec celui d’EÉsoce, et nous l'avons appelé Gobiésoce testar. La nageoire de l’anus, plus voisine encore que la dorsale de celle de la queue, est cepen- dant située en très-grande partie au-dessous de cette même dorsale : la caudale est donc très- près de la dorsale et de la nageoire de l’anus; elle est, de plus, très-étendue et fort arron- die . La couleur générale de l’animal est d’un roux plus foncé sur le dos que sur la partie inférieure du poisson, et sur lequel on ne distingue ni raies, ni bandes, ni taches proprement dites. Au milieu de ce fond presque doré, au moins sur certains individus, les yeux, dont l'iris est d’un beau bleu, paraissent comme deux sa- phirs. SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. LES SCOMBRES, Deux nageoires dorsales ; une ou plusieurs petites na- geoires au-dessus et au-dessous de la queue ; les côtés de La queue carénés, ou une petite nageoïire compo- sée de dec aiguillons réunis par une meribrane, au-devant de La nageoire de l'anus. CARACTÈRES. Le corps très-allongé ; dix petites nageoires très- séparées l'une de l'autre , au-dessus et au-dessous 1. de la queue; la première nageoire LE SCOMBRE COMMER- du dos longue et très-basse; la ON. seconde courte , échancrée , et presque semblable à celle de l'a nus ; la ligne latérale dénuée de petites plaques. Dix petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; la ligne latérale garnie de petites plaques. ESPÈCES, 2. Le SCOMBRE GUARE. ‘A Ja nageoïre du dos 8 rayons, à chacune des pectora- les 11. à chacune des thoracines 5, à celle de l'anus 4 ou 5, à la Caudale 14. 131 CARACTÈRES. | Huit ou neuf petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue; | les nageoires pectorales n'attei- gnant pas jusqu'à l'anus, et se terminant au-dessous de la pre- mière dorsale. Huit ou neuf petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue; les nageoires pectorales assez lou- gues pour dépasser l'anus, Huit ou neuf petites nageoires au- dessus, el sept au-dessous de la queue ; les pectorales à peine de la longueur des thoracines; les côtés et la partie inférieure de l'animal sans taches. : Huit petites nageoires au-dessus, et À sept au-dessous de la queue ; les 4 ] pectorales atteignant à peine à la LE Se ALATUNGA. ESPÈCES. 5 LE SCOMBRE THON 4. LE SCOMBRE GEBMON. À 8. ] LE SCOMBRE THAZARD. } moitié de l'espace compris entre leur base et l'ouverture de l'a- nus ; quatre raies longitudinales et noires sur le ventre. ; Sept petites nageoires au-dessus, et six au-dessous de la queue; les pectorales courtes; la première dorsale ondulée dans son bord supérieur ; deux orifices à chaque narine; trois pièces à chaque opercule; des écailles assez gran- des sur la puque, les environs de chaque pectorale et de la dor- sale, ét la hase de la seconde na- geoire du dos, de l'anale et de la Caudale; quinze ou seize bandes transversales, courtes , courbées et noires, de chaque côté du poisson. ISERE petites nageoires au-dessus et au-dessons de la queue ; les pec- torales très-longues. Sept petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; les pec- orales courtes ; la ligne latérale saillante, descendant au delà des nageoires pectorales, et sinueuse dans tout sou cours; point de raies longitudinales. ! Six ou sept petites nageoires dor= sales au-dessus et au-dessous de la queue ; la mâchoire inférieure lus longue ue la supérieure; a ligne latérale parallèle au dos, jusque vers le commencement de la queue, et s'élevant ensuite; le dos noir; le ventre brunâtre ; point de taches ni de raies. Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; douze rayons à Chaque nageoire du dos® Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; huit EU à chaque nageoire dor- sale. Cinq petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; la partie supérieure de l'animal couleur d'or. Deux arêtes couvertes d'une peau brillante au-dessus 4e chaque opercule. 6. LE SCOMBBE BONITE. Le Some SARDE. LE MORE CHINOIS. | LE Res ATUN. LE doit Side. LE Se JAPONAIS. Le pre DORÉ. LE D aR ALBACORE. | | Æ (FE LE SCOMBRE COMMERSON. Scomber Commerson, Lac.; Cybium Commersonil, Guy. ‘. Le genre des scombres est un de ceux qui 4 Du sous-genre Tassard, cybium de M. Cuvier, dans le grand genre des Scombres. D 132 doivent le plus intéresser la curiosité des natu- ralistes , par leurs courses rapides, leurs longs voyages, leurs chasses, leurs combats , et piu- sieurs autres habitudes. Nous tâcherons de faire connaitre ces phénomènes remarquables, en traitant en particulier du thon, de la bonite et du maquereau, dont les mœurs ont été fré- quemment observées : mais nous allons com- mencer par nous occuper du scombre commer- son et du guare , afin de mettre dans l’exposi- +ion des formes et des actes principaux des pois- sons que nous allons considérer, cet ordre sans lequel on ne peut ni distinguer convenablement les objets, ni les comparer avec fruit, ni les graver dans sa mémoire, ni les retrouver faci- lement pour de nouveaux examens. C’est aussi pour établir d’une manière plus générale cet ordre, sans lequel, d’ailleurs, le style n'aurait ni clarté, ni force, ni chaleur, et de plus pour nous conformer sans cesse aux principes de distribution méthodique qui nous ont paru devoir diriger les études des naturalistes, que nous avons circonscrit avec précision le genre des scombres. Nous en avons sé- paré plusieurs poissons qu’on y avait compris, et dont nous avons cru devoir même former plusieurs genres différents, et nous n'avons présenté comme véritables Scombres, comme semblables par les caractères génériques aux maquereaux, aux bonites, aux thons, et par conséquent aux poissons reconnus depuis long- temps pour des scombres proprement dits, que les thoracins qui ont, ainsi que les thons, les maquereaux et les bonites, deux nageoires dorsales, et en outre une série de nageoires très-petites, mais distinctes, placée entre la seconde nageoire du dos et la nageoire de la queue, et une seconde rangée d’autres nageoi- res analogues, située entre cette même nageoire de la queue et celle de l’anus. On a donné à ces nageoires si peu étendues et si nombreuses le nom de /ausses nageoires; mais cette expres- sion est impropre, puisqu'elles ont les caracte- res d’un véritable instrument de natation, qu’elles sont composées de rayons soutenus par une membrane, et qu’elles ne diffèrent que par ieur figure et par leurs dimensions, des pecto- rales , des thoracines, etc. Le nombre de ces petites nageoires variant suivant les espèces, c'est d’après ce nombre que nous avons déterminé le rang des divers poissons inscrits sur le tableau du genre. Nous HISTOIRE NATURELLE avons présenté les premiers ceux qui ont le plus de ces nageoires additionnelles ; et voilà pour- quoi nous commençons par décrire une espèce de cette famille, que les naturalistes ne connais- sent pas encore, dont nous avons trouvé la fi- gure dans les manuscrits de Commerson , et à laquelle nous avons cru devoir donner le nom de cet illustre voyageur, qui a enrichi la science de tant d'observations précieuses. Ce scombre offre dix nageoires supplémen- taires , non-seulement très-distinctes , mais très-séparées l’une de l’autre, dans l’intervalle qui sépare la caudale de la seconde nageoire du dos ; et dix autres nageoires conformées et dis- posées de même règnent au-dessous de la queue. Ces nageoires sont composées chacunede quatre ou cinq petits rayons réunis par une membrane légère, rapprochés à leur base, et divergents à ieur sommet. Le corps et la queue de l'animal sont d’ail- leurs extrémement allongés , ainsi que les mâ- choires qui sont aussi avancées l’une que l'au- tre, et garnies toutes les deux d’un rang de dents fortes, aiguës et très-distinctes. Le mu- | seau est pointu; l’œil gros; chaque opercule composé de deux lames arrondies dans leur con- tour postérieur; la première dorsale longue, et tres-basse, surtout à mesure qu'elle s’avance vers la queue ; la seconde dorsale échancrée par derrière, très-courte, et semblable à celle de l'anus: la caudale très-échancrée en forme de croissant; la ligne latérale ondulée d’une ma- nière peu commune , et fléchie par des sinuosi- tés d'autant plus sensibles qu’elles sont plus près de l'extrémité de la queue ; et la couleur générale du scombre , argentée , foncée sur le dos, et variée sur les côtés par des taches nom- breuses et irrégulières. Nous n’avons besoin, pour terminer le por- trait du Commerson, que d'ajouter que les tho: racines sont triangulaires comme les pectorales, mais beaucoup plus petites que ces dernières ‘. “ 48 rayons à la première nageoire du dos, 5 ou 6 à Chæ cune des thoracines, ONARIAINOMIN HI NOT IUT DES POISSONS. LE SCOMBRE GUARE"', Scomber guara, Lacep.; Scomber cordyla, Linn. Gmel. ?. C’est dans l'Amérique méridionale que l'on a observé le guare. Il a, comme le commerson, dix petites nageoires au-dessus ainsi qu'au- dessous de la queue. Mais indépendamment d’autres différences , sa ligne latérale est garnie de petites plaques plus ou moins dures, et pres- que osseuses; et l’on voit au-devant de sa na- geoire de l’anus une petite nageoire composée d’une membrane et de deux rayons ; ou, pour mieux dire, le guare présente deux nageoires anales, tandis que le scombre commerson n’en montre qu’une *. LE SCOMBRE THON :. Scomber Thynnus, Linn., Gmel., Bloch, Lacep., Cuv.*. L'imagination s'élève à une bien grande hau- teur, et les jouissances de l’esprit deviennent 4 Scombre guare, Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — « Scomber lineà laterali curvà, « tabellis osseis loricatä. » Gronov. Act. Upsal. 1750, p. 56. « — Scomber compressus, latus, etc. » Gronov. Zooph. 507. — « Guara tereba. » Marcgrav. Brasil. 472. — « Trachurus « brasiliensis. » Rai, Pisc. 95, pl. 546. — Scombre de Rotiler, Bloch. 2 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce dans son Règne animal. D. 5 À la première nageoire du dos 7 rayons, à la seconde 9, à chacune des pectorales 45, à chacune des thoraciues 6, à la première de l'anus 2, à la seconde 14, à celle de la queue 20. 4 Scomber thynnus. — Ton, sur quelques rivages de France. — Athon, dans quelques départ. mérid. — Toun, auprès de Marseille. — Tonno, sur les côtes de la Ligurie.— Tunny fish, Spanish mackrell, en Angleterre. — Orcynus. — Ailbacore , dans quelques contrées d'Europe. — Talling talling, aux Maldives. — Scombre thon, Daubenton, Ene. méth.—1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.—Maüll. Prodrom., p- 47, n. 596. — « Scomber pinnulis suprà infràque octo. » Brunn. Pisc. Massil., p.70, n. 86.— « Scomber albicans, seu « albecor. » O:b. 1t. 60. (IL est inutile d'observer que ces noms d'#lbicor, ou d'Albecor, Albacor, Albaccre, ont été donnés, par plusieurs voyageurs et par quelques naturalistes, à différentes espèces de scombres, ainsi que nous aurons de nouvelles occasions de le faire reisarquer.) — « Scomber « pinuulis octo seu novem in extremo dorso, sulco ad pinuas a ventrales. » Artedi, gen. 54, syn. 49. — Ô Güvyos. Aristot., 1. 2, c. 15,1. 4, c. 10; 1. 5, c. 9, 40 et 41: 1. 6, c. 17; 1.8, c.2, 12, 15, 13, 19 et30;etl.9, c, 2.— Id, Ælian., 1.9, c. 42, pe 549; 1. 15, c. 15, 16, 27; et. 15, c. 5, 5 et 6.— Id. Athen., 1. 7, p. 501, 502, 505, 519. — Id. Oppian. Hal., L. 2, p. 48. — d'hunnus,Ovid. Hal., v. 98.— Id. Gaz. Arist. — Id. Aldrov., 1.5, c. 18, p. 515.— Id. Jonston, I, 4, tit. 4, c. 2, a, 4, tab. 5, fig. 2. — Thunnus, sive thynnus, Bélon. — Id. Gesner, p. 957, 967, 1148, et (germ.) fol. 58, b.— Rai, p. 57.— Thun- Type du sous-genre Thon dans le genre Scombre. Cuv. 153 bien vives , toutes les fois que l'étude des pro- ductions de la nature conduit à une contem- plation plus attentive de la vaste étendue des mers. L’antique Océan nous commande l’ad- miration et une sorte de recueillement religieux, lorsque ses eaux paisibles n’offrent à nos yeux qu’une immense plaine liquide. Le spectacle de ses ondes bouleversées par la tempête, et deses abimes entr’ouverts au pied des montagnes écumantes formées par ses flots amoncelés, nous pénètre de ce sentiment profond qu’ine spire une grande et terrible catastrophe, Et quel ravissement n’éprouve-t-on pas, lorsque ce même Océan, ne présentant plus ni l’unifors mité du calme, ni les horreurs des orages con- jurés, mollement agité par des vents doux et légers, et resplendissant de tous les feux de l’astre du jour, nous montre toutes les scènes variées des courses, des jeux , des combats et des amours des êtres vivants qu’il renferme dans son sein! Ce sont principalement les pois= sons auxquels on a donné Je nom de Pélagi- ques, qui animent ainsi par leurs mouvements rapides et multipliés la mer qui les nourrit, On les distingue par cette dénomination, parce qu'ils se tiennent pendant une grande partie de l’année à une grande distance des rivages. Et parmi ces habitants des parties de l'Océan les plus éloignées des côtes, on doit surtout re- marquer les thons dont nous écrivons l’histoire. Les divers attributs qu’ils ont reçus de la na- ture leur donnent une grande prééminence sur le plus grand nombre des autres poissons. C'est presque toujours à la surface des eaux qu’ils se livrent au repos , ou qu’ils s'abandonnent à l’ac- tion des diverses causes qui peuvent les déter- miner à se mouvoir. On les voit, réunis en troupes très-nombreuses , bondir avec agilité, s’élancer avec force , cingler avec la vélocité nus, vel orcynus, Schonev., p.75. — Thynnus, Plin., 1.9, c. 15; et L. 52, ©. 11.— Solin. Polyhist., c. 18, 11.— Cuba, 1.5, c. 96, fol. 92, b. — P. Jov., c. 6, p. 52.—Wotton, 1. 8, c. 186, fol. 165, b.— « Scomber. dentibus planis lanceolatis, maxillà « superiore acutà. » Lœfl. Epist. — « Scomber, pinnulis eutrinque novem, dorso dipterygio, etc. » Gronov. Zooph. 505. — « Thynnus pinoulis superioribus novem , inferioribus « octo. » Browne, Jamaic. 431. — « Coretta alba Pisonis, » Willughby, Ichthyol., tab. M,5, fig. 4. — « Thynnus, seæ « thunnus Belonii. » Id., p. (76.— « Guara pucu. » Marcgray. Brusil., p. 178.— Piso, Indic., p. 59. —« Thon, orkynos, « grand thon. » Rondelet, part. f, 1. 8, c. 12. — « Pelamis « pinnä dorsali secundä rubro aut flavo colore infectä, etc. s Klein, Miss. pisc. 5, p. 42, n. 5. — « Gros thon, vrai thon. » Duhamel, Traité des pêches, part. 2, 1. 5, sect. 7, c. 2, art. 1, p. 190, pl. 5. 134 d'une flèche. La vivacité avec laquelle ils échap- pent, peur ainsi dire, à l’œil de l’observateur, est principalement produite par une queue très- longue, et qui, frappant l'onde salée par une face très-étendue, ainsi que par une nageoire très-large , est animée par des muscles vigou- reux, et soutenue de chaque côté par un carti- lage qui accroît l'énergie de Ces Museles puis- sants !. Lorsque , dans certaines saisons, et particu- lièrement dans celle de la ponte et de la fécon- dation des œufs, une nécessité impérieuse les amène vers quelque plage, ils serrent leurs rangs nombreux , et se pressent les uns contre les autres; et les plus forts ou les plus auda- cieux précédant leurs compagnons à des dis- tances déterminées par les degrés de leur vi- gueur et de leur courage, pendant que des nuances différentes composent une sorte d’ar- rière-garde, plus ou moins prolongée, des in- dividus les plus faibles et les plus timides, on ne doit pas être surpris que la légion forme une sorte degrand parallélogramme animé, que l'on aperçoit naviguant sur la mer, ou qui, nageant au milieu des flots qui le couvrent encore et le dérobent à la vue , s’annonce cependant de loin par le bruit des ondes rapidement refoulées de- vant ces rapides voyageurs. Des échos ont quelquefois répété cette espèce de bruissement ou de murmure lointain, qui, se propageant alors de rocher en rocher, et multiplié de rivage en rivage, a ressemblé à ce retentissement sourd, mais imposant, qui, au milieu du calme sinistre des journées brûlantes de l’été, annonce l'approche des nuées orageuses. Malgré leur multitude, leur grandeur, leur force el leur vitesse, ces éléments des succès dans l'attaque ou dans la défense, un bruit sou- dain a souvent suspendu une tribu voyageuse de thons au milieu de sa course : on les a vus troublés, arrêtés et dispersés par une vive dé- charge d'artillerie , ou par un coup de tonnerre subit. Le sens de l’ouie n’est même pas, dans ces animaux , le seul que des impressions inat- tendues ou extraordinaires plongent dans une sorte de terreur : un objet d’une forme ou d’une couleur singulière suffit pour ébranler l'organe de leur vue, de manière à les effrayer et à in- terrompre leurs habitudes les plus constantes. * Voyez, dans le Discours sur la nature des poissons. ce que L'ous avons dit de la natation de ces animaux. HISTOIRE NATURELLE Ces derniers effets ont été remarqués par plu- sieurs voyageurs modernes, et n’avaient pas échappé aux navigateurs anciens. Pline rap- porte, par exemple, que, dans le printemps, les thons passaient en troupes composées d’un grand nombre d'individus, de la Médi- terranée dans le Pont-Euxin ou mer Noire; que, dans le Bosphore de Thrace, qui réu- nit la Propontide à l'Euxin, et dans le dé- troit même qui sépare l’Europe de l'Asie, un rocher d’une blancheur éblouissante et d’une grande hauteur s'élevait auprès de Chalcédoine sur le rivage asiatique; que l'éclat de cette roche, frappant subitement les légions dethons, les effrayait au point de les contraindre à se précipiter vers le cap de Byzance , opposé à la rive de Chalcédoïine ; que cette direction forcée dans k voyage de ces scombres en rendait la pêche très-abondante auprès de ce cap de By- zance , et presque nulle dans les environs des plages opposées ; et que c’est à cause de ce con- cours de thons auprès de ce promontoire, qwon lui avait donné le nom de ypusozépzs ou de Corne d’or, ou de Corne d’abondancet. Ces scombres sont cependant très-courageux dans la plupart des circonstances de leur vie. Un seul phénomène le prouverait, c’est l'étendue et la durée des courses qu’ils entreprennent. Pour en connaître nettement la nature, il faut rappeler la distinction que nous avons faite en traitant des poissons en général, entre leurs voyages périodiques et réguliers, et ceux qui ne présentent aucune régularité, ni dans les circonstances de temps, ni dans celles de lieu. Les migrations régulières et périodiques des thons sont celles auxquelles ils s’abandonnent, lorsqu'à l’approche de chaque printemps, ou dans une saison plus chaude , suivant le climat qu'ils habitent , ils s'avancent vers la tempéra- ture , l'aliment, l’eau, l'abri, la plage, qui con- viennent le mieux au besoin qui les presse, pour y déposer leurs œufs ou pour les arroser de leur liqueur vivifiante, ou lorsqu’après s'être débarrassés d’un fluide trop stimulant ou d’un poids trop incommode, et avoir repris des forces nouvelles dans le repos et l’abondance, ils quittent les côtes de l’Océan avec les beaux jours, regagnent la haute mer, et rentrent dans les profonds asiles qu’elle leur offre. Leurs. 1 C'est pour rappeler ce même concours, que les médailles de Byzance présentent l'image du thon. DES POISSONS. voyages irréguliers sont ceux qu'ils entrepren- nent à des époques dénuées de tout caractère de périodicité, qui sont déterminés par la néces- sité d'échapper à un danger apparent ou réel , de fuir un ennemi, de poursuivre une proie, d’apaiser une faim cruelle, et qui, ne se res- semblant ni par l’espace parcouru, ni par la yitesse employée à le franchir, ni par la direc- tion des mouvements, sont aussi variables et aussi variés que les causes qui les font naiître. Dans leurs voyages réguliers , ils ne vont pas communément chercher bien loin, ni par de grands détours , la rive qui leur est nécessaire, ou la retraite pélagienne qui remplace cette rive pendant le règne des hivers. Mais, dans leurs migrations irrégulières, ils parviennent souvent à de très-grandes distances, ils traver- sent avec facilité, dans ces circonstances, non- seulement des golfes et des mers intérieures , mails même l'antique Océan. Un intervalle de plusieurs centaines de lieues ne les arrête pas; et, malgré leur mobilité naturelle, fidèles à la cause qui a déterminé leur départ, ils conti- nuent avec constance leur course lointaine. Nouslisons, dans l’intéressante relation rédigée et publiée par le général Milet-Mureau, du voyage de notre célèbre et infortuné navigateur La Pérouse !, que des scombres, à la vérité de l'espèce appelée Bonite, mais bien moins favo- risés que les thons , relativement à la faculté de nager avec vitesse et avec constance, suivi- rent les bâtiments commandés par cet illustre voyageur, depuis les environs de l’île de Pâques jusqu’à l’ile Mowée, l’une des iles Sandwich. La troupe de ces scombres, ou le banc de ces poissons , pour employer l'expression de nos marins, fit quinze cents lieues à la suite de nos frégates : plusieurs de ces animaux, blessés par les foènes ou tridents des matelots fran- çais , portaient sur le dos une sorte de signale- ment qu’il était impossible de ne pasdistinguer ; et l’on reconnaissait chaque jour les mêmes poissons qu’on avait vus la veille?, Quelque longue que puisse être la durée de cette puissance qui les maitrise, plusieurs ma- rins allant d'Europe en Amérique , ou revenant d'Amérique en Europe, ont vu des thons ac- compaguer pendant plus de quarante jours les 4 Voyage de La Pérouse, in-4o, t. II, p. 129. À Voyez ce que nous avons écrit sur la vitesse des pois- sons, dans notre Discours préliminaire sur la nature de ces animaux, 455 vaisseaux auprès desquels ils trouvaient avec facilité une partie de l'aliment qu’ils aiment; et cette avidité, pour les diverses substances nutritives que l’on peut jeter d’un navire dans la mer, n’est pas le seul lien qui les retienne pendant un très-grand nombre de jours auprès des bâtiments. L’attentif Commerson a observé une autre cause de leur assiduité auprès de cer- tains vaisseaux, au milieu des mers chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, qu'il a parcourues. Il a écrit, dans ses manuscrits, que dans ces mers dont la surface est inondée des rayons d'un soleil brûlant, les thons, ainsi que plusieurs autres poissons, ne peuvent se livrer, auprès de cette même surface des eaux , aux différents mouvements qui leur sont néces- saires , sans être éblouis par une lumière trop vive, ou fatigués par une chaleur trop ardente: ils cherchent alors le voisinage des rivages es- carpés , des rochers avancés, des promontoi- res élevés , de tout ce qui peut les dérober, pen- dant leurs jeux et leurs évolutions, aux feux de l’astre du jour. Une escadre est pour eux comme une forêt flottante qui leur prête son ombre protectrice : les vaisseaux, les mâts , les voiles , les antennes, sont un abri d'autant plus heureux pour les scombres , que , perpétuelle- ment mobile , il les suit, pour ainsi dire, sur le vaste Océan, s’avance avec une vitesse assez égale à celle de ces poissons agiles, favorise toutes leurs manœuvres, ne retarde en quelque sorte aucun de leurs mouvements; et voilà pourquoi, suivant Commerson, dans la zone torride, et vers le temps des plus grandes cha- leurs, les thons qui accompagnent les bâti- ments se rangent, avec une attention facile à remarquer, du côté des vaisseaux qui n’est pas exposé aux rayons du soleil!. Au reste, cette habitude de chercher l’ombre des navires peut avoir quelque rapport avec celle de suspendre leurs courses pendant les brumes , qui leur est attribuée par quelques voyageurs. [ls interrompent leurs voyages pour plusieurs mois, aux approches du froid ; et, dès le temps de Pline, on disait qu’ils hiver- naient dans l’endroit où la mauvaise saison les surprenait. On prétend que , pendant cette sai- son rigoureuse , ils préfèrent pour leur habita- tion les fonds limoneux. Ils s'y nourrissent de 4 Nous parlerons encore de cette observation de Commer- son, dans l'article du Scombre germon. 196 poissons ou d'autres animaux de la mer plus faibles qu'eux ; ils se jettent particulièrement sur les exocets et sur les clupées; les petits scombres deviennent aussi leur proie ; ils n’é- pargnent pas même les jeunes animaux de leur espèce ; et comme ils sont très-goulus, et d’ail- leurs tourmentés, dans certaines circonstances, par une faim qui ne leur permet pas d’atten- dre les aliments les plus analogues à leur orga- nisation, ils avalent souvent avec avidité, dans ces retraites vaseuses et d'hiver, aussi bien que dans les autres portions de la mer qu'ils fré- quentent, des fragments de diverses espèces d'algues. Ils ont besoin d’une assez grande quantité de nourriture , parce qu’ils présentent commu- nément des dimensions considérables. Pline et les autres auteurs anciens qui ont écrit sur les thons , les ont rangés parmi les poissons les plus remarquables par leur volume, Le natura- liste romain dit qu’on en avait vu du poids de quinze talents', et dont la nageoïire de la queue avait de largeur, ou, pour mieux dire, de hau- teur, deux coudées et un palme. Les observa- teurs modernes ont mesuré et pesé des thons de trois cent vingt-cinq centimètres de lon- gueur, et du poids de einquante-cinq ou soixante kilogrammes; et cependant ces poissons, ainsi que tous ceux qui n’éclosent pas dans le ventre de leur mère, proviennent d'œufs très-petits : on a comparé la grosseur de ceux du thon à celle des graines de pavot. Le corps de ce scombre est très-allongé, et semblable à une sorte de fuseau très-étendu. La tête est petite; l'œil gros ; l’ouverture de la bouche tres-large ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de dents aiguës ; la langue courte et lisse ; l’orifice branchial très-grand ; l’opercule composé de deux pièces; le tronc épais , et couvert, ainsi que la queue, d’écailles petites, minces et faiblement attachées. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont communément au nombre de huit?. 4 Ce poids de quinze talents attribué à un thon nous paraît bien supérieur à celui qu'ont dû présenter les gros poissons de l'espèce que nous décrivons En effet, le talent des Ro- mains, leur centum-pondium, était égal, selon Paucton (Mé- trologie, p.761) à68 <® livres de France , poids de mare, et le petit talent d'Égypte, d'Arabie, etc., égalail 43 2 où 2 livres de France. Un thon aurait douc pesé au moins 675 livres; ce qui ne nous semble pas admissible. 3 A la première nageoire dorsale {5rayons, à la seconde 12, HISTOIRE NATURELLE Quelques observateurs en ont compté neuf dans la partie supérieure et dans la partie infé- rieure de cette portion de l’animal ; et, d’après ce dernier nombre, on pourrait être tenté de croire que l’on peut quelquefois confondre l’es- pèce du thon avec celle du germon, dont la queue offre aussi par-dessus et par-dessous huit petites nageoires : mais la proportion des di- mensions des pectorales avec la longueur totale du scombre, suffira pour séparer avec facilité les germons des poissons que nous tâchons de bien faire connaître. Dans les germons, ces pec- torales s’étendent jusqu’au delà de l’orifice de lanus ; et, dans les thons , elles ne sont jamais assez grandes pour y parvenir ; elles se termi- nent à peu près au-dessous de l’endroit du dos où finit la première dorsale. La nageoire de la queue est figurée en croissant : nous avons fait remarquer son étendue dès le commencement de cet article. Nous avons eu oceasion , dans une autre por- ion de cet ouvrage*, de parler de ces petits os auxquels on a particulièrement donné le nom d’aréles, qui, placés entre les muscles, ajou- tent à leur force, que l’on n’apercoit pas dans toutes les espèces de poissons, mais que l’on n’a observés jusqu’à présent que dans ces ha- bitants des eaux. Ces arêtes sont simples ou fourchues. Nous avons dit de plus que, dans certaines espèces de poissons, elles aboutis- saient à l’épine du dos, quoiqu’elles ne fissent pas véritablement partie de la charpente osseuse proprement dite. Nous avons ajouté que, dans d’autres espèces, non-seulement ces arêtes n’é- taient pas liées avec la grande charpente os- seuse, mais qu’elles en étaient séparées par différents intervalles. Les scombres, et par conséquent les thons, doivent être comptés parmi ces dernières espèces. Telles sont les particularités de la confor- mation extérieure et intérieure du thon , que nous avons cru convenable d'indiquer. Les couleurs qui le distinguent ne sont pas trèes- variées, mais agréables et brillantes : les côtés et le dessous de l’animal présentent l’éclat de l'argent ; le dessus a la nuance de l’acier poli; l'iris est argenté, et sa circonférence dorée, toutes les nageoires sont jaunes ou jaunâtres, excepté la première du dos, les thoracines et à chacune des pectorales 22, x chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 15, à celle de la queue 25. 4 Discours sur la nature des poisson, DES POISSONS. la caudale, dont le ton est d’un gris plus ou, moins foncé. | Les anciens donnaient différents noms aux scombres qui sont l’objet de cet article , sui- vant l’âge, et par conséquent le degré de déve- loppement de ces animaux. Pline rapporte qu'on nommait Cordyles les thons très-jeunes qui, venant d’éciore dans la mer Noire, repas- saient, pendant l’automne, dans l'Hellespont et dans la Méditerranée, à la suite des légions nombreuses des auteurs de leurs jours. Arrivés dans la Méditerranée, ils y portaient le nom de Pélamides pendant les premiers mois de leur croissance ; et ce n'était qu'après un an. que la dénomination de Thon leur était appli- quée. 5 Nous avons cru d’autant plus utile de faire mention ici de cet antique usage des Grecs ou Romains, que ces expressions de Cordyle et de Pélamide ont été successivement employées par plusieurs auteurs anciens et modernes dans des sens très-divers ; qu'elles servent mainte- nant à désigner deux espèces de scombres , le Guare et la Bonile, très-différentes du véritable thon ; et qu’on ne saurait prendre trop de soin pour éviter la confusion, qui n’a régné que trop lonstemps dans l’étude de l’histoire natu- relle. Des animaux marins très-grands et très- puissants, tels que des squales et des xiphias, sont pour les thons des ennemis dangereux, contre les armes desquels leur nombre et leur | réunion ne peuvent pas toujours les défendre. Mais indépendamment de ces adversaires re- marquables par leur force ou par leurs dimen- sions , le thon expire quelquefois victime d’un être bien petit et bien faible en apparence , mais | qui, par les piqûres qu’il lui fait et les tour- ments qu’il lui cause, l’agite, l’irrite, le rend furieux , à peu près de la même manière que le terrible insecte ailé qui règne dans les déserts brülants de l'Afrique, est le fléau le plus fu- peste des pantheres , des tigres et des lions. Pline savait qu’un animal dont il compare le volume à celui d’une araignée, et la figure à celle du scorpion, s'attachait au thon, se pla- çait auprès ou au-dessous de l’une de ses na- geoires pectorales, s’y cramponnait avec force, le piquait de son aïiguillon, et lui causait une douleur si vive, que le scombre , livré à une sorte de délire , et ne pouvant, malgré tous ses 157 ser sa souffrance cruelle, bondissait avec vio- lence au-dessus de la surface des eaux, la par- courait avec rapidité, s’agitait en tout sens , et ne résistant plus à son état affreux , ne con- naissant plus d'autre danger que la durée de son angoisse, excédé, égaré, transporté par une sorte de rage, s’élancait sur le rivage ou sur le pont d’un vaisseau, où bientôt il trouvait dans la mort la fin de son tourment!. C’est parce qu’on a bien observé dans les thons cette nécessité funeste de succomber sous les ennemis que nous venons d'indiquer, l’ha- bitude du succès contre d’autres animaux moins puissants , le besoin d’une grande quantité de nourriture , la voracité qui les précipite sur des aliments de différente nature, leur courage ha- bituel, l’audace qu’ils montrent dans certains | . Ë | dangers, la frayeur que leur inspirent cepen- dant quelques objets, la périodicité d’une partie de leurs courses, l’irrégularité de plusieurs de leurs voyages et pour les temps et pour les lieux, la durée de leurs migrations et la facilité de traverser d'immenses portions de la mer, qu’on a très-bien choisi les époques , les endroits et les moyens les plus propres à procurer une pêche abondante des scombres qui nous occu- pent dans ce moment. En effet, on peut dire en général qu'on trouve le thon dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées de l'Europe, de l'Asie , de l'Afri- que et de l'Amérique; mais on ne rencontre pas un égal nombre d’individus de cette espèce dans toutes les saisons ni dans toutes les por- tions des mers qu’ils fréquentent. Depuis les siècles les plus reculés de ceux dont l’histoire nous a transmis le souvenir, on a choisi certai- nes plages et certaines époques de l'année pour la recherche des thons. Pline dit qu'on ne pêchait ces scombres dans l’Hellespont, la Pro- pontide et le Pont-Euxin, que depuis le com- mencement du printemps jusque vers la fin de l'automne. Du temps de Rondelet, c’est-à-dire vers le milieu du seizième siècle, c’était au printemps , en automne, et quelquefois pen- dant l'été, qu'on prenait une grande quantité de thons près des côtes d'Espagne, et particu« lièrement vers le détroit de Gibraltar ?. On s’oc- 1 Rondelet a fait représenter sur la figure du thon qu'il a publiée, le pelit animal dont Pline a parlé. 2 On a quelquefois pris un assez grand nombre de thons auprès de Conil, village voisin de Cadix, pour qu'on ait écrit efforts, ni immoler ni fuir son ennemi, ni apai- | que la pêche de ces animaux donuait an duc de Medina IT, 18 138 eupe de la pêche de ces animaux sur plusieurs rivages de France et d'Espagne voisins del’extré- mité occidentale de la chaîne des Pyrénées, de- puis les premiers jours de juin jusqu’en novem- bre ; et on regarde comme assez assuré sur les autres parties du territoire français qui sont baignées par l'Océan, que l’arrivée des maque- reaux annonce celle des thons qui les poursui- vent pour les dévorer. Ces derniers scombres montrent en effet une si grande avidité pour les maquereaux, qu’il suffit, pour les attirer dans un piége, de leur présenter un leurre qui en imite grossièrement la forme. Ils se jettent avec la même voracité sur plusieurs autres poissons , et particulière- ment sur les sardines; et voilà pourquoi une image même très-imparfaite d’un de ces derniers animaux est, entre les mains des marins, un appât qui entraine les thons avec facilité, On s’est servi de ce moyen avec beaucoup d’avan- tage dans plusieurs parages , et principale- ment auprès de Bayonne, où un bateau allant à la voile trainait des lignes dont les haims étaient recouverts d'un morceau de linge, ou d’un petit sac de toile en forme de sardine, et ramenait ordinairement plus de cent cin- quante thons. Mais ce n'est pas toujours une vaine appa- rence que l’on présente à ces scombres pour les prendre à la ligne : de petits poissons réels, ou des portions de poissons assez grands, sont souvent employés pour garnir les haims. On proportionne d’ailleurs la grandeur de ces haims, ainsi que la grosseur des cordes ou des lignes, aux dimensions et à la force des thons que l'on gettend à rencontrer; et de plus, en se servant de ces haims et de ces lignes, on cherehe à prendre ces animaux de diverses manières, suivant les différentes circonstances dans lesquelles on se trouve : on les prend au doigt', à la canne*, au libouret*, au grand couple“. Mais parlons rapidement de procédés plus compliqués dont se composent les pêches des Sidonia un revenu de 80,000 ducats. Voyez les Lettres sur la Grèce de feu mon confrère M. Guys, t. 1, p. 398, 5° éd. * On nomme péche au doigt celle quise fait avec une ligne simple non suspendue à une perche. ? On dit que l'on pêche à la canne, ou à la cannette, lorsqu'on se sert d'une canne ou perche déliée, au bout de la- quelle où a empilé un haim, c'est-à-dire attaché la li- pne, elc. 5 Le libouret est un instrument composé d'une corde ou ligne gincipale, à l'extrémité de laquelle est suspendu un HISTOIRE NATURELLE scombres thons faites de concert par un grand nombre de marins. Exposons d’abord celle qui a lieu avec des {honnaïres ; nous nous occupe- rons , ensuite , de celle pour laquelle on con- struit des madraques. On donne le nom de fhonnaire ou tonnaire à une enceinte de filets que l’on forme promp- tement dans la mer pour arréter les TAons au moment de leur passage. On a eu pendant long- temps recours à ce genre d'industrie auprès de Collioure, où on le pratiquait, et où peut-être on le pratique encore, chaque année, depuis le mois de juin jusqu’à la fin de septembre. Pour favori- ser la prise des thons, les habitants de Collioure entretenaient , pendant la belle saison , deux hommes expérimentés qui, du haut de deux promontoires , observaient l’arrivée de ces scombres vers la côte. Dès qu’ils apercevaient de loin ces poissons quis’avançaient par bandes de deux ou trois mille , ils en avertissaient les pêcheurs en déployant un pavillon, par le moyen duquel ils indiquaient de plus l’endroit où ces animaux allaient aborder. A la vue de ce pavillon , de grands cris de joie se faisaient entendre, et anno..çaient l'approche d’une pé- che dont les résultats importants étaient tou- jours attendus avec une grande impatience. Les habitants couraient alors vers le port , où les patrons des bâtiments pêcheurs s’empressaient de prendre les filets nécessaires, et de faire en- trer dans leurs bateaux autant de personnes que ces embarcations pouvaient en contenir, afin de ne pas manquer d’aides dans les grandes manœuvres qu'ilsallaient entreprendre. Quand tous les ‘bateaux étaient arrivés à l’endroit où les thons étaient réunis , on jetait à l’eau des poids de plomb. La corde passe au travers d’un morceau de bois d'une certaine longueur, nommé avalette. Ce morceau de bois est percé dans un de ses bouts, de manière à pou- voir tourner librement autour de la corde. Cette avalette est d'ailleurs maintenue, à une petite distance du plomb, par denx nœuds que l'on fait à la corde, l'un au-dessous et l’autre au-dessus de ce morceau de bois. Au bout del'avalette op- posé à celui que la corde traverse, on attache une ligne gar- nie de plusieurs empiles ou petites lignes * qui portent des haims, et qui sont de différentes longueurs, pour ne point s'embarrasser les unes dans les autres. Cet instrument sert communément pour les pêches sédentaires, le poids de plomb portant toujours sur le fond de la mer ou des ri- vières. 4 Un couple est un fil de fer un peu courbé, dont chaque bout porte une pileou empile, ou petite ligne garnie de haims, et qui est suspendu par le milieu à une ligne princi- pale assez longue, et tenue par des pêcheurs dont la bar- que va à la voile. * Voyez, dans l'article dela Raie bouclée, la défimtion d'une em= pile. NON NA HIDE AO ANIVECMIN VI DES POISSONS. pièces de filets lestées et flotiées, et on en formait une enceinte demi-circulaire, dont la concavité était tournée vers le rivage, et dont l’intérieur était appelé jardin. Les thons renfermés dans ce jardin s’agitaient entre la rive et les filets, et étaient si effrayés par la vue seule des barrières qui les avaient su- bitement environnés, qu'ils osaient à peine s’en approcher à la distance de six ou sept mè- tres. Cependant, à mesure que ces scombres s’a- vancaient vers la plage, on resserrait l’enceinte, ou plutôt on en formait une nouvelle intérieure et concentrique à la première , avec des filets qu’on avait tenus en réserve. On laissait une ouverture àcettesecondeenceinte jusqu’à ce que tous les thonseussent passé dans l’espace qu’elle embrassait ; et en continuant de diminuer ainsi, par des elôtures successives , et toujours d’un plus petit diamètre, l’étendue dans laquelle les poissons étaient renfermés , on parvenait à les retenir sur un fond recouvert uniquement par quatre brasses d’eau : alors on jetait dans ce pare maritime un grand boulier ‘, espèce de seine, dont le milieu est garni d’une manche. Les thons, après avoir tourné autour de ce filet, dont les ailes sont courbes, s’enfonçcaient dans la poche ou manche : on amenait, à force de bras, le boulier sur le rivage; on prenait les pe- tits poissons avec la main, les gros avec des crochets ; on les chargeait sur les bateaux pê- cheurs , et on les transportait au port de Col- lioure. Une seule pêche produisait quelquefois plus de quinzemille myriagrammes de thons; et pendant un printemps dont on a conservé avec soin le souvenir, on prit dans une seule jour- 4 On appelle boulier, sur la côte voisine de Narbonne et sur plusieurs autres côtes de la Méditerranée, un filet sem- blable à l'aissaugue *, et formé de deux bras qui aboutissent àune manche. Son ensemble est composé de plusieurs pièces dont les mailles sont de différentes grandeurs. Pour faire les bras, on assemble, {° douze pièces, dites atlas, dont les mailles sont decinq centimètres en carré;2° quatorze pieces, dites de deux doigts, dont les mailles ont trente-sept milli- mètres en carré; et 5° dix pièces de pousal, pousaux, pou- ceaux, dont les mailles ont près de deux centimètres d'ou- verture. Tout cet assemblage a depuis ceut vingt jusqu'à cent quatre-vingts brasses de longueur. Quant au corps de la manche, qu'on nomme aussi bourse Où coup, il est composé de six pièces, dites de quatre-vingts , dont chaque maille a douze millimètres d'ouverture, et secondement, de huit pièces appelées de àrassade, dont les mailles sont à peu près de huit millimètres. * AISSAUGUE OU ESSAUGUE, sorte de seine ou de filet en nappe, en usage dans la Méditerranée, et qui a, au milieu de sa largeur, une espèce de sac ou de poche. 139 née seize mille thons, dont chacun pesait de dix à quinze kilogrammes. Il est des parages dans la Méditerranée où l'on se sert, pour prendre des thons , d’un fi- let auquel on a donné le nom de scombrière, de combrière, de courantille, qu'on abandonne aux courants, et qui va pour ainsi dire au-de- vant de ces scombres, lesquels s’engagent et s’embarrassent dans ses mailles. Maïs hâtons- nous de parler du moyen le plus puissant de s'emparer d’une grande quantité de ces animaux si recherchés; occupons-nous d’une des pêches les plus importantes de celles qui ont lieu dans la mer; jetons les yeux sur la pêche pour laquelle on emploie la madrague.Nous en avons déjà dit un mot en traitant de la raie mobular; tachons de la mieux décrire. On a donné le nom de #adraque * à un grand pare qui reste construit dans la mer, au lieu d’être établi pour chaque pêche, comme les thonnaires. Ce parc forme une vaste enceinte distribuée'en plusieurs chambres, dont les noms varient suivant les pays : les cloisons qui for- ment ces chambres sont soutenues par des flot- tes de liége, étendues par un lest de pierres, et maintenues par des cordes dont une extrémité est attachée à la tête du filet, et l’autre amar- rée à une ancre. Comme les madragues sont destinées à arrê- ter les grandes troupes de thons, au moment où elles abandonnent les rivages pour voguer en pleine mer, on étabbtentre la rive et la grande enceinte une de ces longues allées que l’on ap- pelle chasses : les thons suivent cette allée, ar- rivent à la madrague, passent de chambre en chambre, parcourent quelquefois, de comparti- ment en compartiment, une longueur de plus de mille brasses, et parviennent enfin à la der- nière chambre , que l’on nomme chambre de la mort, ou corpon , ou corpou. Pour forcer ces scombres à se rassembler dans ce corpou qui doit leur être si funeste, on les pousse et les presse , pour ainsi dire , par un filet long de plus de vingt brasses ?, que l’on tient tendu derrière ces poissons par le moyen de deux bateaux , dont chacun soutient un des angles supérieurs du filet, et que l'on fait avancer vers ! Le mot de madrague ou de mandrague, doit avoir été employé par des Marseillais descendus des Phocéens, à causa du mot grec pavdpa. mandra, qui signifie parc, enclos,en- ceintee 2 On nomme de filet engarre. 140 Ja chambre de la mort. Lorsque les poissons sont ramassés dans ce corpou, plusieurs bar- ques chargées de pêcheurs s’en approchent; on soulève les filets qui composent cette enceinte particulière, on fait monter les scombres tres- pres de la surface de l’eau, on les saisit avec la main, ou on les enlève avec des crocs. La curiosité attire souvent un grand nombre de spectateurs autour de la madrague; on y ac- court comme à une fête; on rassemble autour de soi tout ce qui peutaugmenter la vivacité du plaisir; on s’entoure d'instruments de musique : et quelles sensations fortes et variées ne font pas en effet éprouver l’immensité de la mer, la pureté de l’air, la douceur de la température , l'éclat d’un soleil vivifiant que les flots molle- ment agités réfléchissent et multiplient, la frai- cheur des zéphyrs , le concours des bâtiments légers, l’agilité des marins, l’adresse des pé- cheurs, le courage de ceux qui combattent con- tre d'énormes animaux rendus plus dangereux par leur rage désespérée, les élans rapides de l’impatience, les cris de la joie, les acclamations de la surprise , le son harmonieux des cors, le retentissement des rivages , le triomphe des vainqueurs, les applaudissements de la multi- tude ravie ! Mais nous, qui écrivons dans le calme d’une retraite silencieuse l'histoire de la Nature, n'abandonnons point notre raison au charme d’un spectacle enchanteur ;osons, au milieu des transports de la joie, faire entendre la voix sé- vère de la philosophie; et si les lois conserva- trices de l’espèce humaine nous commandent ces sacrifices sans cesse renouvelés de milliers de victimes, n'oublions jamais que ces victi- mes sont des êtres sensibles ; ne cédons à la dure nécessité que ce qu’il nous est impossible de lui ravir; n’augmentons pas par des séduc- tions que des jouissances plus douces peuvent si facilement remplacer , le penchant encore trop dangereux qui nous entraine vers une des pas- sions les plus hideuses, vers une cruelle insen- sibilité; effaçons, s’il est possible, du cœur de l’homme cette empreinte encore trop profonde de la féroce barbarie dont il a eu tant de peine à secouer le joug ; enchainons cet instinct sau- vage qui le porte encore à ne voir la conserva- tion de son existence que dans la destruction ; que es lumières de la civilisation l’éclairent sur sa véritable félicité ; que ses regards avides ne cherchent jamais les horreurs de Ja guerre HISTOIRE NATURELLE au milieu de la paix des plaisirs, les agitations de la souffrance à côté du calme du bonheur, la rage de la douleur auprès du délire de la joie ; qu’il cesse d’avoir besoin de ces contrastes hor- ribles ; et que la tendre pitié ne soit jamais con trainte de s’éloigner, en gémissant, de la pompe de ses fêtes. Au reste, il n’est pas surprenant que, depuis un grand nombre de siècles, on ait cherché et employé un grand nombre de procédés pour Ja pèche des thons : ces scombres, en procurant un aliment très-abondant, donnent une nourri- ture très-agréable. On a comparé le goût de la chair de ces poissons à celui des acipensères es- turgeons , et par conséquent à celui du veau. Ils engraissent avec facilité; et l’on a écrit' qu'il se ramassait quelquefois une si grande quan- tité de substance adipeuse dans la partie infé- rieure de leur corps, que les téguments de leur ventre en étaient tendus au point d’être aisé- ment déchirés par de légers frottements. Ces poissons avaient une grande valeur chez les Grecs et chez les autres anciens habitants des rives de la Méditerranée, de la Propontide, de la mer Noire ; et voilà pourquoi , dès une époque bien reculée , ils avaient été observés avec assez de soin pour que leurs habitudes fus- sent bien connues. Les Romains ont attaché particulièrement un grand prix à ces scombres, surtout lorsque asservis sous leurs empereurs, ils ont voulu remplacer par les jouissances du luxe les plaisirs de la gloire et de la liberté ; et comme nous ne croyons pas inutile aux pro- gres de la morale et de l’économie publique, d’indiquer à ceux qui cultivent ces sciences si importantes, toutes les particularités de ce goût si marqué que nous avons observé dans les anciens pour les aliments tirés des poissons, nous ne passerons pas sous silence les petits dé- tails que Pline nous à transmis sur la préfé- rence que les Romains de soutemps donnaientà telle ou telle portion des scombres auxquels cet article est consacré. Ils estimaient beaucoup La tête et le dessous du ventre; ils recherchaïent aussi le dessous dela poitrine, qu'ilsregardaient cependant comme difficile à digérer , surtout quand il n’était pas très-frais ; ils ne faisaient presque aucun cas des morceaux voisins della nageoire caudale, parce qu'ils ne les trouvaient + Voyez Pline, 1. 9, c. 15. Plusieurs auteurs modernes , et particulièrement Rondelet, ont rapporté le même fait. DES POISSONS. pas assez gras; et ce qu’ils préféraient à plu- sieurs autres aliments, était la portion la plus proche du gosier ou de l’œsophage. Ces mêmes Romains savaient fort bien conserver les thons, en les coupant par morceaux, et en les renfer- mant dans des vases remplis de sel ; et ils don- naient à cette préparation le nom de Mélandrye (melandrya), à cause de sa ressemblance avec des copeaux un peu noircis de chêne, ou d’au- tres arbres. Les modernes ont employé le même procédé. Rondelet dit que ses contemporains goupaient les thons qu'ils voulaient garder par tranches ou darnes ,et qu’on donnait à ces dar- nes imbibées de sel le nom de Thonnine ou de Tarentella , parce qu’on en apportait beaucoup de Tarente. Tres-souvent, au lieu de se conten- ter de saler les thons par des moyens à peu près semblables à ceux que nous avons exposés en traitant du gade morue, on les marine après les avoir coupés par tronçons , et en Îles préparant avec de l’huile et du sel. On renferme les thons marinés dans des barils ; et on distingue avec beaucoup de soin ceux qui contiennent la chair du ventre, préférée aujourd’hui par les Euro- péens comme autrefois par les Romains, et nommés panse de thon, de ceux dans lesquels on a mis la chair du dos , que l’on appelle dos | de thon, ou simplement fhonnine *. Comme les thons sont ordinairement très- gras, il se détache de ces poissons, lorsqu'on les lave et qu'on les presse pour les saler, une huile communément assez abondante, qui sur- nage promptement, que l’on ramasse avec faci- lité, et qui est employée par les tanneurs. Il est des mers dans lesquelles ces scombres se nourrissent de mollusques assez malfaisants | pour faire éprouver des accidents graves à ceux qui mangent de ces poissons sans avoir pris la | précaution de les faire vider avec soin, et même pour contracter dans des portions de leur corps réparées pendant longtemps par des substances | vénéneuses, des qualités très-funestes ? : tant | ilsemble que surtoutes ses productions, comme dans tous ses phénomènes, la nature préserva- trice ait voulu placer un emblème de la pru- dence tutélaire, en nous montrant sans cesse * Les anciens faisaient saler les intestins du thon, ainsi que les œufs de ce scombre, qui servent encore de nos jours, sur plusieurs côtes, et particulièrement sur celles de la Grèce, à faire une sorte de poutargue. Consultez principale- ment, à ce sujet, Aulu-Gelle, L. 10, c. 20. 2 Consultez, au sujet des poissous vénéneux, le Discours sur la nature de ces animaux. 14 l’aspic sous les fleurs, et l’épine sur la tige de la rose. LE SCOMBRE GERMON !. Scomber Germo, Lacep.; Scomber Alatunga, Lion., Gmel. 2. Cette espèce de scombre a étéjusqu’à présent confondue par les naturalistes, ainsi que par les marins, avec les autres espèces de son genre. Elle mérite cependant à beaucoup d’égards une attention particulière, et nous allons tâcher de la faire connaître sous ses véritables traits, en présentant avec soin les observations manus- crites que Commerson nous a laissées au sujet de cet animal. Le germon, dont la grandeur approche de celle des thons, a communément plus d'un mètre de longueur ; et son poids presque tou- jours au-dessus d’un myriagramme, s’étend quelquefois jusqu’à trois. Sa couleur est d’un bleu noirâtre sur le dos , d’un bleu tres-pur et très-beau sur le haut des côtés, d’un bleu ar- | genté sur le bas de ces mêmes côtés, et d'ane teinte argentée sans mélange sur sa partie in- | férieure. On voit, sur le ventre de quelques in- dividus , des bandes transversales; mais elles sont si fugitives , qu’elles disparaissent avec rapidité lorsque le scombre expire, et même | lorsqu'il est hors de l’eau depuis quelques in- stants. L'animal est allongé et un peu conique à ses deux extrémités ; la tête revêtue de lames écailleuses , grandes et brillantes ; le corps re- couvert, ainsi que la queue, d'écailles petites , | pentagones, ou plutôt presque arrondies. Un seul rang de dents garnit chacune des deux mâchoires, dont l'inférieure est d’ailleurs plus avancée que la supérieure. L'intérieur de la bouche est noirâtre dans son contour; la langue courte, un peu large, arron- die par devant, cartilagineuse et rude ; le palais raboteux comme la langue; l’ouverture de cha- que narine réduite à une sorte de fente; cha- 4 Scomber germo. — « Scomber (germo) pinnis pectorall. « bus ultra anum productis, piunulis dorsalibus novem, ven « traïibusque totidem. » Manuscrits de Commerson , déjà cités. — Germon, par plus. navigateurs français. — Longue oreille, par d'autres navigateurs. 2 M. Cuvier forme avec ce poisson et quelques autres un sous-genre de Scombres, sous le nom de Germon Orcynws. | 11 Lui attribue la synouymie suivante : Alatunga des Ita- liens. — Duhamel , sect. 7, pl.6, fig. 4, sous le faux nom de Thon. — Willughby, Append., pl. 9, fig. 1. D. 142 que commissure marquée par une prolongation triangulaire de la mâchoire supérieure; l’œil grand et un peu convexe; l’opereule branchial composé de deux pièces dénuées d’écailles sem- blables à celles du,dos, resplendissantes de l’é- clat de l'argent, et dont la seconde s'étend en croissant autour de la première et en borde le contour postérieur. On peut voir au-dessous de cet opercule une membrane branchiale blanchâtre dans sa cir- eonférence, et noirâtre dans le reste de sa sur- face; un double rang de franges compose cha- eune des quatre branchies : l'os demi-cireulaire du premier de ces organes respiratoires présente des dents longues et fortes, arrangées comme celles d’un peigne: los du second n’en offre que de moins grandes; et l’are du troisième ainsi que celui du quatrième ne sont que rabo- TELLE Les nageoires pectorales ont une largeur égale au douzième, ou à peu près, de la lar- geur totale du scombre ; leur longueur est telle, qu’elles dépassent l'ouverture de l'anus, et par- viennent jusqu'aux premières petites nageoires du dessous de la queue. Elles sont de plus en forme de faux, fortes, roïdes, et, ce qu’il faut surtout ne pas négliger d'observer, placées cha- cune au-dessus d’une fossette, ou d’une petite cavité imprimée sur le côté du poisson, de la même grandeur et de la même figure que cet instrument de natation, et dans laquelle cette nageoire est recue en partie lorsqu'elle est en repos. Un appendice charnu occupe d’ailleurs, si je puis employer ce mot, l’aisselle supérieure de chaque pectorale, Une fossette analogue est pour ainsi dire gra- vée au-dessous du corps, pour loger les nageoi- res thoracines, qui sont situées au-dessous des pectorales, et qui, presque brunes à l’intérieur, réfléchissent à l’extérieur une belle couleur d’ar- gent. La première nageoire dorsale s'élève au-dessus d'un sillon longitudinal dans lequel l'animal peut Ja coucher; etelle s’avance comme une faux vers la queue. La seconde, presque entièrement semblable à celle de l’anus , au-dessus de laquelle on la voit, parsa rigidité, ses dimensions, sa figure et 4 A la membrane des branchies 7 rayons, À la première mageoire du dos 14, à la seconde 42, à chacune des pectora- les 35, à chacune des thoracines 7, à celle de l'anus 12, à celle de la queue 50. HISTOIRE NATURELLE sa couleur, est petite et souvent rougeâtre ou dorée. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont triangulaires, et au nombre de huit ou de neuf dans le haut, ainsi que dans le bas. Ce nombre paraît être très-constant dans les individus de l’espèce que je décris, puisqut Commerson assure l’avoir toujours trouvé, e cependant avoir examiné plus de vingt ge mons. La nageoire de la queue , découpée comn } un croissant, est assez grande pour que la dig tance, en ligne droite, d’une extrémité du crois- sant à l’autre, soit quelquefois égale au tiers de la longueur totale de l'animal. Le thon a éga- lement et de même que presque tous les scom- bres, une nageoire caudale très-étendue; et nous avons vu, dans l’article précédent , les effets très-curieux qui résultent de ce développement peu ordinaire du principal instrument de nata- tion. La ligne latérale, fléchie en divers sens jus- qu’au-dessous de la seconde nageoire du dos, tend ensuite directement vers le milieu de la nageoire caudale. On voit enfin, de chaque côté de la queue, la peau s'élever en forme de carène longitudinale; et cette forme est donnée à ce tégument, par un cartilage qu’il recouvre, et qui ne contribue pas peu à la rapidité avec laquelle le germox s’élance au milieu ou à la surface des eaux. Jetons maintenant un coup d’œil sur la con: formation intérieure de ce scombre. Le cœur est triangulaire, rougeâtre, assez grand, à un seul mais très-petit ventricule ; l’o- reillette grande et très-rouge; lecommencement de l’aorte blanchâtre, et en forme de bulbe ; le foie d’un rouge pâle, trapézoïde , convexe sur une de ses surfaces, hérissé de pointes vers une extrémité, garni de lobules à l'extrémité oppo- sée, creusé à l'extérieur par plusieurs ciselures, et composéà l’intérieur de tubes vermiculaires, droits , parallèles les uns aux autres, etexha- lantune humeur jaunâtre par des conduits com- muos ; la rate allongée comme une languette, noirâtre, et suspendue sous Je côté droit du foie; la vésicule du fiel conformée presque comme un lombrie, plus grosse par un bout que par l'au- tre , écale en longueur au tiers de la longueur totale du poisson, appliquée contre la rate, et remplie d'unsuctrès-vert;l'estomacsillonné par des rides longitudinales; lecanal intestinal deux DES POISSONS. fois replié; le péritoine brunâtre; et la vessie natatoire longue, large, attachée au dos et argentée. Commerson a observé le germon dans le grand Océan austral, improprement appelémer Paci- Jique , vers le vingt-septième degré de latitude méridionale, et le cent troisième de longitude. Il vit pour la première fois cette espèce de seombre dans le voyage qu'il fit sur cet Océan, avec notre célèbre navigateur et mon savant confrère Bougainville. Une troupe très-nom- breuse d'individus de cette espèce de scombre entoura le vaisseau que montait Commerson, “et leur vue ne fut pas peu agréable à des mate- lots et à des passagers fatigués par l'ennui et les privations inséparables d’une longue navi- gation, On tendit tout de suite des cordes gar- nies d’hamecons ; et on prit très-promptement un grand nombre de ces poissons, dont le plus petit pesait plus d’un myriagramme, et le plus gros plus de trois. A peine ces thoracins étaient- ils hors de l'eau, qu’ils mouraient au milieu des tremblements et des soubresauts. Les ma- rins, rassasiés de l’aliment que cesanimaux leur fournirent, cessèrent d’en prendre : mais les troupes de germons, accompagnant toujours le vaisseau, furent , pendant les jours suivants, l’objet de nouvelles pêches, jusqu’à ce que, les matelots se dégoûtant de cette sorte de nourri- ture, les pêcheurs manquèrentaux poissons, dit le voyageur naturaliste, mais non pas les pois- sons aux pêcheurs. Le goût de la chair des ger- mons était très-agréable, et comparable à celui des thons et des bonites; et quoique les mate- lots en mangeassent jusqu’à satiété, aucun d’eux n’en éprouva l’incommodité la plus lé- gère. Commerson ajoute à ce qu'il dit des germons uneobservation générale que nous croyons utile de rapporter ici. Il pense que tous les navires ne sont pas également suivis par des colonnes de scombres ou d’autres poissons analogues à ces légions de germons dont nous venons de parler ; il assure même qu’on a vu, lorsque deux ou plusieurs vaisseaux voguaient de con- serve, les poissons ne s'attacher qu'à un seul de ces bâtiments, ne le jamais quitter pour aller vers les autres, et donner ainsi à ce bâtiment favorisé une sorte de privilége exclusif pour la pêche. Il croit que cette préférence des troupes de poissons pour un navire dépend du plus ou moins de subsistance qu'ils trouvent à la suite 145 de ce vaisseau, et surtout de la saleté ou de l’état extérieur du bâtiment au-dessous de sa li- gne de flottaison. 11 lui a semblé que les navires préférés étaient ceux dont la carène avait été réparée le plus anciennement , ou qui venaient de servir à de plus longues navigations : dans les voyages de long cours ; il s’attache sous les vaisseaux, des fucus, des goëmons , des coral lines , des pinceaux de mer, et d'autres plantes ouanimaux marins qui peuvent servir à nourrir les poissons et doivent les attirer avec force. Au reste, Commerson remarque, ainsi que nous l’a- vons observé à l’article du thon, que parmi les causes qui entraînent les poissons auprès d’un vaisseau, il faut compter l’ombre que le corps du bâtiment et sa voilurerépandent surla mer ; et dans les climats très-chauds, on voit, dit-il, pendant la plus grande chaleur du jour, ces animaux se ranger dans la place plus ou moins étendue que le navire couvre de son ombre. LE SCOMBRE THAZARD :. Scomber Thazard, Lacep. ?. Ce nom de Thazard a été donné à des ésoces, à des clupées, et à d’autres scombres que celui dont nous allons parler : mais nous avons cru devoir, avec Commerson, ôter cette dénomina- tion à toute espèce de scombre, excepté à celle que nous allons faire connaître. La description de ce poisson n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Nous avons trouvé dans les papiers du célèbre compagnon de Bougainville, une figure de ce thazard, que nous avons fait gra- ver, et une notice des formes et des habitudes de ce thoracin, de laquelle nous nous sommes servis pour composer l’article que nous écri- vons. La grandeur du thazard tient le milieu entre celle de la bonite et celle du maquereau ; mais son corps, quoique très-musculeux, est plus comprimé que celui du maquereau, ou celui de la bonite. Sa couleur est d’un beau bleu sur la tête, le dos, et la portion supérieure des parties laté- 4 Tazo.— Tazard. — « Scomber immaculatus, pinnalis « dorsalibus octo, ventralibus septem , pianis pectoralibus « ventrales vix excedentibus. » Commerson, manuscrits déjà cités. 2 M. Cuvier rapporte ce poisson au sOus-genre Auxjde, Auxis dans le grand genre Scombre. Son sous-genre Tassxrd Cybium, comprend d'autres espèces. D. 444 rales; elle se change en nuances argentées et dorées, mêlées de tons fugitifs d'acier poli, sur les bas côtés et le dessous de l'animal. Au-dessous de chaque œil, on voit une tache ovale, petite, mais remarquable, et d’un noir bleuâtre. Les nageoires pectorales et les thoracines sont noirâtres dans leur partie supérieure, et argentées dans l’inférieure ; la première na- geoire du dos est d’un bleu brunâtre, et la se- conde est presque brune ‘, Au reste, on ne voit sur les côtés du tha- zard, ni bandes transversales, ni raies longi- tudinales. La tête, un peu conique, se termine insensi- blement en un museau presque aigu. La mâchoire supérieure, solide et non exten- sible, est plus courte que l’inférieure, et parait surtout moins allongée lorsque la bouche est ouverte. Les dents qui garnissent l’une et l’au- tre de ces deux mâchoires sont si petites, que le tact seul peut en quelque sorte les distinguer. L'ouverture de la bouche est communément assez étroite pour ne pouvoir pas admettre de proie plus volumineuse que de petits poissons volants, ou jeunes exocets. Les commissures sont noirâtres; l’intérieur de la gueule est d’un brun argenté; la langue, assez large , presque cartilagineuse, très-lisse, et arrondie par devant, présente, dans la partie de sa circonférence qui est libre, deux bords dont l'un est relevé, et dont l’autre s'étend ho- rizontalement ; deux faces qui se réunissent en formant un angle aigu, composent la voûte du palais, qui, d’ailleurs, est sans aucune aspé- rité. Chaque narine a deux orifices : l’antérieur est petit et arrondi, le postérieur plus visible et allongé. Les yeux sont très-grands et sans voile, L’opercule, composé de deux lames, re- couvre quatre branchies, dont chacune com- prend deux rangs de franges, et est soutenue par un os circulaire dont la partie concave offre des dents semblables à celles d’un peigne, très- longues dans le premier de ces organes, moins longues dans le second et le troisième, très- courtes dans le quatrième. 4 6 rayons à la membrane des branchies , 9 à la première dorsale, 12 à la seconde dorsale, { ou 2 aiguillons et 22 ou 23 rayons articulés a chacune des pectorales, 4 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 12 rayons à la na- geoire de l'anus, 50 à la nageoire de la queue. HISTOIRE NATURELLE La tête ni les opercules ne sont revetus d’au- cune écaille proprement dite : on ne voit de ces écailles que sur la partie antérieure du dos et autour des nageoires pectorales ; et celles qui sont placées sur ces portions du scombre, sont petites et recouvertes par l’épiderme. La partie postérieure du dos, les côtes, et la partie infé rieure de l'animal, sont donc dénués d’écailles, au moins de celles que l’on peut apercevoir fa: cilement pendant la vie du poisson. Les pectorales, dont la longueur excède à peine celle des thoracines, sont recues chacune, à la volonté du thazard, dans une sorte de ca- vité imprimée sur le côté du scombre. + Nous devons faire remarquer avec soin qu'entre les nageoires thoracines se montre un cartilage riphoide, ou en forme de lame, aussi long que ces nageoires, et sous lequel l'animal peut les plier et les cacher en partie. La première dorsale peut être couchée et comme renfermée dans une fossette longitudi- nale ; la caudale, ferme et roide, présente la forme d’un croissant très-allongé. Huit ou neuf petites nageoires triangulaires et peu flexibles sont placées entre cette caudale et la seconde dorsale ; on en compte sept entre cette même caudale et la nageoïire de l’anus. De chaque côté de la queue, la peau s'élève en carène demi-transparente, renfermée par derrière entre deux lignes presque parallèles ; et la vigueur des muscles de cette portion du thazard, réunie avec la rigidité de la nageoire caudale, indique bien clairement la force de la natation et la rapidité de la course de ce scombre. On ne commence à distinguer la ligne laté- rale qu’à l’endroit où les côtés cessent d'être garnis d’écailles proprement dites : composée vers son origine de petites écailles qui devien- nent de plus en plus clair-semées, à mesure que son cours se prolonge, elle tend par de faibles ondulations, et toujours plus voisine du dos que de la partie inférieure du poisson , jusqu’à l'appendice cutané de la queue. L’individu de l'espèce du thazard observe par Commerson avait été pris, le 30 juin 1768, vers le septième degré de latitude australe, auprès des rivages de la Nouvelle-Guinée, pen- dant que plusieurs autres scombres de la même espèce s’élançaient, à plusieurs reprises, à la surface des eaux, et derrière le navire, pour DES POISSONS. y saisir les petits poissons qui suivaient ce bâ- timent. Le goût de cet individu parut à Commerson aussi agréable que celui de la bonite; mais la chair de la bonite est très-blanche, et celle de ce thazard était jaunâtre. Nous allons voir, dans l’article suivant, les grandes diffé- rences qui séparent ces deux espèces l’une de Vautre. LE SCOMBRE BONITE . Scomber Pelamys, Linn., Gmel., Cux.; Scomber Pe- lamides, Lacep.?. La bonite a été aussi appelée Pélamide ; mais nous avons dù préférer la première déno- mination. Plusieurs siècles avant Pline, les jeunes thons qui n’avaient pas encore atteint l’âge d’un an étaient déjà nommés Pé/amides ; et il faut éviter tout ce qui peut faire confondre une espèce avec une autre. D'ailleurs, ce mot Pélamide, employé par plusieurs des auteurs qui ont écrit sur l'histoire naturelle, est à peine connu des marins, tandis qu’il n’est presque aucun récit de navigation lointaine dans lequel | le nom de Bonite ne se retrouve fréquemment, Avec combien de sensations agréables ou fortes cette expression n'est-elle donc pas liée! Com- bien de fois n’a-t-elle pas frappé l’imagination du jeune homme avide de travaux, de décou- vertes et de gloire, assis sur un promontoire escarpé, dominant sur la vaste étendue des 145 rappelle à son âme satisfaite le charme des es- paces franchis, des fatigues supportées, des obstacles écartés, des périls surmontés, des plages découvertes, des vents enchaïnés, des tempêtes domptées ! Combien de fois n’a-t-elle pas ému, dans le silence d’une retraite cham- pêtre, le lecteur paisible, mais sensible , que le besoin heureux de s’instruire, ou l'envie de ré- pandre les plaisirs variés de l’occupation de l'esprit sur la monotonie de la solitude, sur le calme du repos , sur l’ennui du désœuvrement, attachent, pour ainsi dire et par une sorte d’en- chantement irrésistible, sur les pas des hardis voyageurs |! Que de douces et de vives jouis- sances! Et pourquoi laisser échapper un seul des moyens de les reproduire, de les multi- plier, de les étendre, d’en embellir l’étude de la science que nous cultivons ? Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant encore assez mal connue elle- même : heureusement Commerson, qui l’a observée en habile naturaliste dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé dans ses manuscrits de quoi compléter l’image de ce scombre. L'ensemble formé par le corps et la queue de l’animal, musculeux, épais et pesant , finit | par derrière en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires supérieures, sont d'un bleu noirâtre ; les côtés sont bleus ; la partie infé- rieure est d’un blanc argentin : quatre raies | longitudinales un peu larges, et d’un brun pensée , et suivant autour du globe, par ses dé- | sirs enflammés, nos immortels navigateurs ! | merson a vu cependant brunâtre dans quel- ques individus ; les nageoires thoracines sont Combien de fois la mémoire fidèle ne l’a-t-elle pas retracée au marin intrépide et fortuné, qui, | forcé par l’âge de ne plus chercher la renommée sur les eaux, rentré dans le port paré de ses l’empire des orages qu'il a si souvent affrontés, * Bonnet. — Pélamide. — Scombre pélamide , Dauben- ton, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pi. de l'Enc. méth., — « Scomber… lineis utrinque quatuor nigris. » Læfl. It. 102.— | Bonite, Valmont de Bomare, Dict, d'his!t. nat. — « Scomber « pelamis, pinnulis superioribus octo, inferioribus septem, «tæniis ventralibus longitudinalibus quatuor nigris. » Com- merson, manuscrits déjà cités. — Scomber, 2, var. B, Ar- tedi, gen. 51, syn. 49. — Scomber pulcher, seu bonite, Os- beck, It. 67. — Pelamis Plinii, Bélon. — Pelamis Belonii, | Willughby, p. 180. — Raï, 9, p.58. n. 2.—Pelamis cœrulea, Aldrov., L. 5, c. 18,p 515. — Jonston, tab. 5, fig. 5. ü # Du sous-genre des Thons dans le grand genre Scombre, UE D: LUN Fe ÉRRTE SEE | noirâtre , s'étendent de chaque côté au-dessous mers, parcourant l’immensité de l’Océan par sa ! de la ligne latérale, et sur ce fond que nous ve- nons d'indiquer comme argenté, et que Com- brunes; celle de l’anus est argentée; l’intérieur de la gueule est noirâtre; et ce qui est assez re- FRE AL ee G cible | marquable, c’est que l'iris, le dessous de la PR AN AU un rivage paisible | {éte, et même la langue, paraissent, suivant Commerson, revêtus de l'éclat de l’or. Par'ons maintenant des formes de la bonite. La tête, ayant un peu celle d’un cône, est d’ailleurs lisse, et dénuée d’écailles proprement dites. Un simple rang de dents très-petites gar- nit la mâchoire supérieure, qui n’est point ex- tensible, et l’inférieure, qui est plus avancée que celle d’en haut. L'ouverture de la bouche a la grandeur nécessaire pour que la bonite puisse | avaler facilement un exocet. La langue est petite, étroite, courte, maigre, 19 146 demii-cartilagineuse, relevée dans ses bords; la voûte du palais très-lisse; l’orifice de chaque parine voisin de l'œil, unique , et fait en forme de ligne longue très-étroite et verticale; l’œil très-grand, ovale, peu convexe, sans voile ; l'opereule branchial composé de deux lames arrondies par derrière, dénuées de petites écailles, et dont la postérieure embrasse celle de devant, Des dents arrangées comme celles d’un peigne garnissent l’intérieur des arcs osseux qui soutiennent les branchies ; elles sont très- longues dans les arcs antérieurs. Les écailles qui recouvrent le corps et la | queue, sont petites, presque pentagones, et fortement attachées les unes au-dessus des autres. Chacune des nageoires pectorales, dont la longueur est à peine égale à la moitié de l’es- pace compris entre leur base et l’ouverture de l'anus, peut être recue dans une cavité gravée, pour ainsi dire, sur la poitrine de l’animal, et dont la forme ainsi que la grandeur sont sem- blables à celles de la nageoire. On voit une fossette analogue propre à rece- voir chacune des thoracines , au-dessous des- | quelles on peut reconnaître l'existence d’un | cartilage caché par la peau ‘. La nageoire de l'anus est la plus petite de toutes. La première du dos, faite en forme de faux, et composée uniquement de rayons non articulés , peut être couchée à la volonté de la bonite, et, pour ainsi dire, entièrement cachée dans un sillon Jongitudinal ; la seconde dorsale, placée pres- | que au-dessus de celle de l’anus, est à peine plus avancée et plus grande que cette dernière. | La nageoire de la queue paraît très-forte, et re- | | présente un croissant dont les deux cornes sont égales et très-écartées. Entre cette nageoire et la seconde du dos, on voit huit petites nageoires; on n’en trouve que sept au-dessous de la queue : maïs il faut observer que, dans quelques individus, le der- nier lobe de la seconde dorsale, et celui de la naweoire de l'anus, ont pu être conformés de maïière à ressembler beauconp à une petite | nageoire; et voilà pourquoi on a cru devoir | ®7 rayons à la membrane branchiale, 45 non articulés à la première nageoire du dos, 12 à la seconde dorsale, 1 ou 2 ai- guillons et 26 ou 27 rayons articulés à chacune des pecto- rales, 4 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thora- cnes, 12 rayons à celie de l'anus, 59 à celle de la queue. À HISTOIRE NATURELLE compter neuf petites nageoires au-dessus et huit au-dessous de la queue de la bonite. Les deux côtés de cette même queue présen- tent un appendice cartilagineux, un peu dia- phane, élevé en carène, et suivi de deux stries longitudinales qui tendent à se rapprocher vers la nageoire caudale. La ligne latérale, à peine sensible dans son origine, fléchie ensuite plus d’une fois, de- vient droite, et s’avance vers l'extrémité de la queue. La bonite a presque toujours plus de six dé- cimètres de longueur : elle se nourrit quelque- fois de plantes marines et d'animaux à coquille, dont Commerson a trouvé des fragments dans l'intérieur de plusieurs individus de cette es- pèce qu’il a disséqués ; le plus souvent néan- moins elle préfere des exocets ou des triures. On la rencontre dans le grand Océan, aussi bien que dans l'Océan Atlantique ; mais on ne la voit communément que dans les environs de la zone torride : elle y est la victime de plusieurs grands animaux marins ; elle y périt aussi très- fréquemment dans les rets des navigateurs, qui trouvent le goût de sa chair d'autant plus agréable, que lorsqu'ils prennent ce scombre, ils ont été communément privés depuis plu- | sieurs jours de nourriture fraiche; et, poisson misérable, pour employer l'expression de Com- merson, elle porte dans ses entrailles des en- nemis très-nombreux; ses intestins sont rem- plis de petits /ænia et d'ascarides : jusque sous sa plèvre et sous son péritoine, sont logés des vers cucurbitains très-blancs, très-petits, et très-mous ; et son estomac renferme d’autres animaux sans vertèbres, que Commerson a cru devoir comprendre dans le genre des sang- sues. Avant de terminer cet article, nous croyons utile de bien faire connaître quelques-unes des principales différences qui séparent la bonite du thazard , avec lequel on pourrait la confon- | dre Premièrement, la bonite a sur le ventre des raies noirâtres et longitudinales qui man- | quent sur le thazard. Deuxièmement, son corps est plus épais et moins arrondi. Troisièmement, elle n’a pas, comme le thazard, une tache bleue sous chaque œil. Quatrièmement, elle est cou- verte, sur tout le corps et la queue, d’écailles placées les unes au-dessus des autres : le tha- zard n’en montre d’analogues que sur le dos et quelques autres parties de sa surface. Cinquiè- DES POISSONS. mement, sa membrane branchiale est soutenue par sept rayons; celle du thazard n’en com- prend que six. Sixièmement, le nombre des rayons est différent dans les pectorales ainsi que dans la première dorsale de la bonite, et dans les pectorales ainsi que dans la première dorsale du thazard. Septièmement, le cartilage situé au-dessous des thoracines est caché par la peau dans le thazard ; il est à découvert dans la bonite. Huitièmement, la queue est plus pro- fondément échancrée dans la bonite que dans lethazard. Neuvièmement, la ligne latérale dif- fère dans ces deux scombres, et par le lieu de son origine, et par ses sinuosités. Dixième- ment, enfin, la couleur de la chair du thazard est jaunâtre. Que l’on considère avec Commerson qu’au- cun de ces caractères ne dépend de l’âge ni du sexe, et l’on sera convaincu avec ce naturaliste que la bonite est une espèce de scombre très- différente de celle du thazard décrite pour la première fois par ce savant voyageur. LE SCOMBRE SARDE !. Scomber Sarda, Bloch, Lacep., Cuv. 2. Le scombre sarde habite non-seulement dans la Méditerranée, mais encore dans l’Océan. On le pêche à la hauteur de France et à celle d’Es- pagne, mais très-souvent à la distance de plu- sieurs myriamètres des côtes. On le prend non- seulement au filet mais encore à lhamecon. Il est d’une voracité excessive. Son poids s'élève jusqu’à cinq ou six kilogrammes. Sa chair est blanche et grasse. Il a la langue lisse ; mais on peut voir, de chaque côté du palais, un os long, étroit, et garni de dents petites et pointues. Son anus est deux fois plus près de la caudale que de la tête. La couleur générale du poisson varie entre le bleu et l’argenté. La première nageoire du dos est noirâtre; les autres na- geoires sont d’un gris mêlé quelquefois avec des teintes jaunes Ÿ. + Bonite, Germon, sur plus. côtes de France, — Boniton, dans plus. ports mérid. de France. — Bize, en Espagne. — Scale breast, en Angleterre. — Brust schuppe , en Alle- magne. — Bise, Rondelet, part. 1, 1.8, ©. 11. — Scomber sarda, Bloch, pl. 554. 3 M. Cuvier fait une petite division de cette espèce sous le nom de SARDE, Sarda, dans le grand genre Scombre. D. 56 rayons à lamembrane branchiale du scombre sarde, 16 à chaque pectorale , 24 aiguillonnés à la première nageoire du dos, 43 à la seconde, 4 aiguillonné et 5 articulés à chaque thoracine, 14 rayons à la nageoire de l'anus, 20 à la caudale. 147 LE SCOMBRE ALATUNGA !. Scomber Alatunga, Linn., Gmel. ?. Ce scombre, dont les naturalistes doivent la première description au savant Cetti, auteur de l'Histoire des Poissons et des Amphibies de la Sardaigne, vit dans la Méditerranée comme le thon. On l'y voit, de même que ce dernier poisson, paraître régulièrement à certaines époques ; et cette espèce se montre également en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est blanche et agréable au goût. L’alatunga a d’ailleurs beaucoup de rapports dans sa confor- mation avec le thon; mais il ne parvient ordi- nairement qu'au poids de sept ou huit kilo- grammes. Îl na que sept petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; et ses nageoires pectorales sont si allongées qu’elles atteignent jusqu’à la seconde nageoire dorsale. Au reste, il est aisé de voir que presque tous ses traits, et particulièrement le dernier, le sé- parent de la bonite et du thazard, aussi bien que du thon; et la longueur de ses pectorales ne peut le faire confondre dans aucune circon- stance avec le germon, puisque le germon a huit ou neuf petites nageoires au-dessus ainsi qu’au-dessous de la queue, pendant que l’ala- tunga n'en a que sept au-dessous et au-dessus de cette même partie. Il est figuré dans les peintures sur vélin que l’on possède au Muséum d'histoire naturelle, et qui ont été faites d’après les dessins de Plumier, sous le nom de Ton de l'Océan (thynnus oceanicus), vulgairement Germon. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et sa ligne latérale tortueuse. LE SCOMBRE CHINOIS, Scomber sinensis, Lacep. *. Ce scombre n’a encore été décrit par aucun naturaliste européen. Nous en avons trouvé une image très-bien peinte dans le recueil chinois dont nous avons déjà parlé plusieurs fois : il est d’un violet argenté dans sa partie supérieure, et rougeâtre dans sa partie inférieure. Sept pe- tites nageoires sont placées entre la caudale et 4 cetti, Pesc. e anf. di Sard., p. 198. — Scomber alatunga, Bounaterre, pl. de l'Enc méth, 2 Selon M. Cuvier, cette espèce ne diffère pas du Germon décrit plus haut, page 14. D, * M. Cuvier ne mentionne pas cette espèce. D. 148 la seconde du dos : on en voit sept autres au- dessous de la queue. Les pectorales sont cour- ïes; la caudale est très-échancrée. La ligne satérale est saillante, sinueuse dans tout son cours; et indépendamment de son ondulation générale, elle descend assez bas après avoir dé- passé les pectorales, et se relève un peu en- suite, On n’aperçoit pas de raies longitudinales sur les côtés de l’animal. LE SCOMBRE ATUN. Scomber Atun, Lacep. ‘. Le voyageur Euphrasen, en allant de Suède à Canton, et de Canton en Suède, en 1782 et 1783, a vu près du cap de Bonne-Espérance, et dans les eaux de l’ile de Java, le Scombre atun, dont la longueur est quelquefois de plus d’un mètre ; la tête comprimée; le museau al- longé et pointu; la mâchoire supérieure garnie non-seulement d’un rang de dents, mais encore de quatre dents aiguës et plus fortes, placées à son extrémité; l'œil ovale; l'iris cendré; la cau- dale fourchue ?. LE SCOMBRE MAQUEREAU :. Scomber Scombrus, Linn., Gmel., Lacep., Cuv.*. Lorsque nous avons voulu parcourir, pour ainsi dire, toutes les mers habitées par les lé- M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D. 2 7rayons à la membrane branchiale du scombre atun, 20 aiguillonnés à la première dorsale , 40 articulés à la seconde, 45 à chaque pectorale, 6 à chaque thoracine, 40 ou 45 à l'a- näle, 22 à la nageoire de la queue. 5 Auriol, Verrat, sur plus. côtes mérid. de France. — Makrill, en Suède. — Id., en Danemarck. — Mukrel, en Allemagne. — Macarel, en Angleterre. — Macarello. à Rome. -— Scombro, à.Venise., — Lacerto, à Naples. — Ca- vallo, en Espagne. — Horreau, dans quelques contrées eu- ropéennes. — Scombre maquereau, Daubenton, Enc. méth. = Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Maquereaw, Duha- mel, Traité des pêches, part. 2, sect. 7, c. 4, pl. 1, fig. 1. — Bloch, pl. 54.— « Scomber prunulis quinque. » Faun. Suecic. 359. — Müll. Prodrom. Zovlog. danic., p- 47, n. 595. — M. Cuvier ne cite pas ce poisson. D. DES POISSONS. les embouchures des fleuves qui arrosent la côte de Malabar *. LE CARANXOMORE SACRESTIN 2. Caranxomorus Sacrestinus, Lac. *. Commerson a laissé dans ses manuscrits une description de ce poisson, qu’il a observé pen- dant son voyage avec notre collègue Bougain- ville, et que les naturalistes ne connaissent pas encore. Les dimensions de ce caranxomore sont assez semblables à celles du scombre maque- reau. Du jaupâtre distingue la dorsale et la na- seoire de l’anus ; du rouge, les pectorales ; du jaune entouré de bleuâtre, les thoracines ; du noirâtre , la nageoire de la queue, qui est très- fourchue. Le museau est avancé; chaque mâchoire ar- mée de dents très-courtes, très-fines et très-ser- rées ; la langue cartilagineuse et lisse ; le pa- lais relevé par deux tubérosités; le dessus du gosier garni, ainsi que le dessous, d’une éléva- tion dure et hérissée de très-petites dents; l'œil grand ; chaque opercule composé de trois la- mes , dont la première est revêtue de petites écailles, la seconde ciselée, la troisième pro- longée par un appendice jusqu’à la base des pectorales ; chaque côté de l’occiput strié ou ci- selé; le dernier rayon de la dorsale très-allongé, de même que la seconde de chaque pectorale ; et le dernier de la nageoire de l’anus. La chair du sacrestin est agréable au goût ?. SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. LES CÆSI0. Une seule nageoire dorsale; point de pelites nageoires au-dessus ni au-dessous de La queue ; les côlés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au-devant de la nageoire de l'anus, ou la nagceoire dorsale très-prolongée vers celle de La queue: 47 rayons à la membrane branchiale du caranxomore pi- litschei, 46 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 ar- ticulés à chaque thoracine, 24 rayons à la caudaie. 14 Sciænus é fusco cærulescens, pinuis flavescentibus, « dorsali et anali retrorsum subulatis, caudà nigrà, in sinus « margiaibus, subflavescente. » Commerson, manuscrits déjà cités. — Sacrestin. Id. Ibid. 5 Non mentionné par M. Cuvier. 47 rayons à la membrane brauchiale du caranxomore sa- { La couleur générale méléede rouge, LE GomPxose YARIÉ. { de jaune et de bleu. 59 LE GOMPHOSE BLEU ?. Gomphosus cæruleus, Lacep., Cuy. Commerson a laissé dans ses manuscrits la description de ce poisson qu’il a observé dans ses voyages, que nous avons cru, ainsi que lui, devoir inscrire dans un genre particulier , mais auquel nous avons donné le nom générique de Gomphos, plutôt que celui d’Ælops, qui lui a été assigné par ce naturaliste. Le mot gomphos désigne, aussi bien que celui d’élops, la forme du museau de ce poisson, qui représente une sorte de elou ; et en employant la dénomination que nous avons préférée, on évite toute confu- sion du genre que nous décrivons, ayec une pe- tite famille d’abdominaux connue depuis long- temps sous le nom d’élops. Le gomphose bleu est, suivant Commerson, de la grandeur du cyprin tanche. Toute sa sur- face présente une couleur bleue sans tache, un peu foncée et noirâtre sur les nageoires pecto- rales, et très-claire sur les autres nageoires. L'œil seul montre des nuances différentes du bleu; la prunelle est bordée d’un cercle blane, autour duquel l'iris présente une belle couleur d’émeraude ou d’aigue-marine, Le corps est un peu arqué sur le dos, et beaucoup plus au-dessous du ventre. La tête, d’une grosseur médiocre, se termine en devant par une prolongation du museau, que Commer- son à comparée à un clou, dont la longueur est égale au septième de la longueur totale de l’ani- mal, et qui a quelques rapports avec le boutoir du sanglier. La mâchoire supérieure est un peu extensible, et quelquefois un peu plus avancée que l’inférieure; ce qui n'empêche pas que ’avant-bouche, dont l'ouverture est étroite, ne ‘ M. Guvier admet le groupe des Gomphoses, mais seule. ment comme un sous-genre dans le genre Labre. D. ? « Elops, totus intensè cæruleus; rostro subulato, capite «“ et operculis branchi ostegis alenidotis. » Commerson, ma- nuscrits déjà cités. | IT, 169 forme une sorte de tuyau. Chaque mâchoire est composée d’un os garni d’un seul rang de dents tres-petites et très-serrées l’une contre l’autre; et les deux dents les plus avancées de la mà choire d’en haut sont aussi plus grandes que celles qui les suivent. Tout l’intérieur de la bouche est d’ailleurs lisse, et d’une couleur bleuâtre. Les yeux sont petits et très-proches des ori- fices des narines, qui sont doubles de chaque côté. On ne voit aucune écaille proprement dite, ou semblable à celles du dos, sur la tête ni sur les opercules du gomphose bleu. Ces opercules ne sont hérissés d'aucun piquant. Deux lames les composent: la seconde de ces pièces s’avance vers la queue, en forme de pointe ; et une partie de sa circonférence est bordée d’une mem- brane. On voit quelques dentelures sur la partie ‘ concave des ares osseux qui soutiennent les branchies. La portion de la nageoire dorsale qui com- prend des rayons aiguillonnés, est plus basse que la partie de cette nageoire dans laquelle on observe des rayons articulés. La nageoire cau- dale forme un croissant dont les deux pointes sont très-allongées. La ligne latérale, qui suit la courbure du dos jusqu’à la fin de la nageoire dorsale, où elle se fléchit vers le bas pour tendre ensuite directe- ment vers la nageoire caudale, a son cours mar- qué par une suite de petites raies disposées de manière à imiter des caractères chinois. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue du gomphose bleu sont assez larges; et les petites lignes qu'elles montrent, les font pa- raitre comme ciselées !. LE GOMPHOSE VARIÉ 2. Gomphosus varius, Lacep., Cuv. Sur les bords charmants de la fameuse île de Taïti, Commerson a observé une seconde espèce de gomphose, bien digne, par sa beauté { Grayons à la membrane des branchies, 8 rayons aiguil- lonnés et 44 rayons articulés à la nageoire du dos, 14 rayons à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines (le second se prolonge en un filament), 2 rayons aiguillonnés et 12 rayons articulés a la nageoire de l'anus, 14 rayons à celle de la queue. 2« Elops rubro, cæruleo et flavo varicgatus, » Commer- son. manuscrits déja cités. 99 170 ainsi que par l’éclat de ses couleurs, d'habiter ces rivages embellis avec tant de soin par la nature. Elle est principalement distinguée de la première par ces riches nuances qui la déco- rent; elle montre un brillant et agréable mé- lange de rouge, de jaune et de bleu. Le jaune domine dans cette réunion de tons resplendis- sants; mais l’azur y est assez marqué pour être un nouvel indice de la parenté du varié avec le gomphose bleu. SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES NASONS !, Une protubérance en forme de corne ou grosse loupe sur le nez ; deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue ; Le corps et la queue recou- verts d’une peau rude et comme chagrinée. ESPÈCES. CARACTÈRES. Une protubérance cylindrique, ho- 1 rizontale, et en forme de corne au - devant des yeux ; une ligne latérale très-sensible. Une proéminence en forme de grosse loupe, au-dessus de la mâchoire supérieure; point de ligue latérale visible. Le NASON LICORNET. | 2. LE NASON LOUPE. LE NASON LICORNET :?. Chætodon fronticornis, Linn., Gmel.; Nasoa fronticor- nis, Lacep.; Naseus fronticornis, Cuv. Sans les observations de l’infatigable Com- merson, nous ne Connaitrions pas tous les traits de l’espèce du licornet, et nous ignore- rions l'existence du poisson loupe, que nous avons cru, avec cet habile voyageur, devoir renfermer, ainsi que le licornet, dans un genre particulier, distingué par le nom de Nason. La première de ces deux espèces frappe ai- sément les regards par la singularité de la forme de sa tête; elle attire l'attention de ceux même qui s'occupent le moins des sciences na- turelles. Aussi avait-elle été très-remarquée par les matelots de l’expédition dont Commer- son faisait partie : ils l'avaient examinée assez * Ce genre est admis par M. Cuvier, et placé par lui dans a famille de Theutyes, de l'ordre des Acanthoptérygiens, avec les Sidjans, les Acanthures, les Prionures, les Axinures, etles Priodons,. D, 3 Naseus fronticornis fuseus, Licornet des matelots, commerson , manuscrits déjà cités. — Forskael, Faun. Ara- bic., p.65, n. 88. — Chétodon unicorne. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. HISTOIRE NATURELLE souvent pour lui donner un nom; et comme ils avaient facilement saisi un rapport très-mar- qué que présente son museau avec le front des animaux fabuleux auxquels l'amour du mer- veilleux a depuis longtemps attaché la dénomi nation de Licorne, ils l'avaient appelée la Petite Licorne, ou le Licornel, appellation que j'ai cru devoir conserver. En effet, de l’entre-deux des yeux de ce poisson part une protubérance presque cylin- drique , renflée à son extrémité, dirigée hori- zontalement vers le bout du museau, et atta- chée à la tête proprement dite par une base assez large. C’est sur cette même base que l’on voit de chaque côté deux orifices de narines, dont l’an- térieur est le plus grand. Les yeux sont assez gros. Le museau proprement dit est un peu pointu; l'ouverture de la bouche étroite ; la lèvre supé- rieure faiblement extensible; la mâchoire d’en haut un peu plus courte que celle d’en bas, et garnie, comme cette dernière, de dents très- petites, aiguës, et peu serrées les unes contre les autres. Des lames osseuses composent les opercules ; au-dessous desquels des arcs dentelés dans leur partie concave soutiennent de chaque côté les quatre branchies #, Le corps et la queue sont très-comprimés, carénés en haut, ainsi qu’en bas, etrecouverts d’une peau rude, que l’on peut comparer à celle de plusieurs cartilagineux, et notamment de la plupart des squales. La couleur que présente la surface presque entière de l'animal est d’un gris brun; mais la nageoire du dos, ainsi que celle de l'anus, sontagréablement variées par des raies courbes, jaunes ou dorées. Cette même nageoire dorsale s'étend depuis la nuque jusqu'à une assez petite distance de la nageoire caudale. La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit la courbure; l’anus est situé très-près de la base des thoracines, ct par conséquent plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. * 3 rayons à la membrane des bronchies, 6 aiguillons et 30 rayons articulés à la nagsoire du dos, 47 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 aignillon et 3 rayons articulés à chacune des thoracines, 2 aiguillons et 30 rayons articulés à la na- | geoire de l'anus, 20 rayons à la nageoire de la queue. NID, NASONIICOINR IE \ EMOR IR {US LSCENES HIPPUI CORYPHENTE DES POISSONS. La nageoire de l’anus est un peu plus basse el presque aussi longue que celle du dos. La caudale est échancrée en forme de crois- sant, et les deux cornes qui la terminent sont composées de rayons si allongés, que lorsqu'ils se rapprochent, ils représentent presque un cercle parfait, au lieu de ne montrer qu’un demi- cercle. De plus, on voit auprès de la base de cette nageoire, et de chaque côté de la queue, deux plaques osseuses, que Commer- sou nomme de petits boucliers, dont chacune est grande, dit ce voyageur, comme l’ongle du petit doigt de l’homme, et composée d’une lame un peu relevée en carène et échancrée par devant. l On doit apercevoir d'autant plus aisément ces deux pièces qui forment un caractère remar- quable, que ia longueur tctale de l'animal n’ex- cède pas quelquefois trente-cinq centimètres. Alors le plus grand diamètre vertical du corps proprement dit, celui que l’on peut mesurer au-dessus de l’anus, est de dix ou onze centi- mètres ; la plus grande épaisseur du poisson est de quatre centimètres ; et la partie de la corne ! frontale et horizontale , qui est entièrement dé- gagée du front, a un centimètre de longueur. Commerson a vu le licornet auprès des riva- ges de l'ile de France; et si les dimensions que nous venons d'indiquer d’après le manuscrit de ce naturaliste, sont celles que ce nason pré- sente le plus souvent dans les parages que ce voyageur à fréquentés , il faut que cette espèce soit bien plus favorisée pour son développement dans la mer Rouge ou mer d'Arabie. En effet, Forskael, qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer parmi celles de la famille des chétodons, au milieu desquels elle a été laissée par le sa- vant Gmelin et par M. Bonnaterre, dit qu’elle parvient à la longueur de cent &ix-huit centi- mètres ( une aune ou environ.) Les licornets vont par troupes nombreuses dans cette même mer d'Arabie; on en voit depuis deux cents jusqu’à quatre cents ensemble ; et l’on doit en être d'autant moins surpris, que l’on assure qu'ils ne se nourrissent que des plantes qu’ils peuvent rencontrer sous les eaux. Quoiqu'ils n’aient le besoin ni l’habitude d'attaquer une proie, ils usent avec courage des avantages que leur donnent leur grandeur et la conformation de leur tête; ils se défendent avec succès contre des ennemis dangereux ; des pêcheurs arabes 171 ont même dit avoir vu une troupe de ces thora- cins entourer avec audace un aigle qui s’était précipité sur ces poissons comme sur des ani- maux faciles à vaincre, opposer le nombre à la force, assaillir l’oiseau carnassier avec une sorte de concert, et le combattre avec assez de cons- tance pour lui donner la mort. LE NASON LOUPE! Acanthurus Nasus, Shaw ; Naso tuberosus, Commers. Lacep.; Naseus tuberosus, Cuv. Cette espèce de nason , observée, décrite et dessinée, comme la première, par Commerson, qui la vue dans les mêmes contrées, ressemble au licornet par la compression de son corps et de sa queue, et par la nature de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle des squales. Sa cou- leur générale est d’un gris plus ou moins mêlé de brun, et par conséquent très-voisine de celle du licornet; mais on distingue sur la partie su- périeure de l’animal , sur sa nageoire dorsale et sur la nageoire de la queue, un grand nombre de taches petites, lenticulaires et noires. Celles de ces taches que l’on remarque auprès des na- geoires pectorales, sont un peu plus larges que les autres ; et entre ces mêmes nageoires et les orifices des branchies, on voit une place noir4- tre et très-rude au toucher. La tête est plus grosse, à proportion du reste du corps, que celle du licornet. La protubé- rance nasale ne se détache pas du museau au- tant que la corne de ce dernier nason : elle s’é- tend vers le haut ainsi que vers les côtés ; elle représente une loupe ou véritable bosse. Un sillon particulier, dont la couleur est très-obs- cure, qui part de l’angle antérieur de l’œil , et qui rèene jusqu’à l'extrémité du museau , cir- conscrit cette grosse tubérosité ; et c’est au- dessus de l’origine de ce sillon, et par consé- quent très-près de l’œil, que sont situés, de chaque côté, deux orifices de narines, dont l'antérieur est le plus sensible. Les yeux sont grands et assez rapprochés du sommet de la tète ; les lèvres sont coriaces; la mâchoire supérieure est plus avancée que l’in- férieure , la déborde, l’embrasse, n'est point du tout extensible, et montre, comme la mä- choire d’en bas, un contour arrondi, et un seul rang de dents incisives. 1 Licorne à loupe. « Naseus, naso ad rostrum connato, tuberiformi. » Commers*n, manuscrits déjà cités. 172 Le palais et le osier présentent des plaques hérissées de petites dents. Chaque opercule est composé de deux lames. Les arcs des branchies sont tuberculeux et dentelés dans leur concavité. Les aïguillons de la nageoire du dos et des thoracines sont très-rudes! ; le premier aiguillon de la nageoire dorsale est d’ailleurs très-large à sa base; la nageoire caudale est en forme de croissant, mais peu échancrée. On n'apercoit pas de ligne latérale ; mais on trouve, de chaque côté de la queue, deux plaques ou boucliers analogues à ceux du licornet. Le nason loupe devient plus grand que le li- cornet ; il parvient jusqu’à la longueur de cin- quante centimètres. SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES KYPHOSES ?. Le dos très-elevé au-dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire cau- dale ; une bosse Sur La nuque ; des écailles semblables à celles du dos, sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. CARACTÈRES. Une bosse suz la nuque; une bosse entre les yeux ; la nageoïre de la queue fourchue. LSPÈCE. Le KYPHOSE DOUBLE- BOSSE. LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE 3. Kyphosus bigibbus, Lacep. Commerson nous a transmis la figure de cet animal. La bosse que ce poisson a sur la nuque, est grosse, arrondie, et placée sur une partie du corps tellement élevée , que si on tire une ligne droite du museau au milieu de la nageoire cau- dale, la hauteur du sommet de la bosse au- dessus de cette ligne horizontale est au moins égale au quart de la longueur totale de € tho- racin. La seconde bosse, qui nous a suggéré son ‘4 rayons à la membrane des branchies, 5 rayons aiguil- lonnés et 50 rayons articulés à la nageoire du dos, 47 rayons à chacune des pectorales , 2 aiguillons et 28 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 16 rayons à la nageoire de la queue. 2 M. Cuvier regarde ce genre comme étant le même que celui qui a été nommé Dorsuaire par M. de Lacépède, et il croit aussi qu'il ne diffère pas des deux autres genres appelés Pimeleptére et Xistère par le même naturaliste. Selon son opinion, il faudrait réduire ces quatre genres en un seul. D. 5 Nota. Le nom générique kyphose , KYPHOSUS , que nous avons donné à ce poisson, vient du motkyphos, qui en grec signifie bosse , aussi bien que kyrtos ,expression dont Bloch afait dériver le nom d'un genre de jugulaires, ainsi que nous l'avons vu. HISTOIRE NATURELLE nom spécifique, est conformee, ä peu près, comme la première, mais moins grande, et si- tuée entre les yeux. La ligne latérale suit la courbure du dos , dont elle est très-voisine. Les nageoires pectorales sont allongées et terminées en pointe. La longueur de la nageoïire de l'anus n’égale que la moitié, ou environ, de celle de la nageoire dorsale, La nageoire de la queue est très-fourchue. Des écailles semblables à celles du dos recouvrent au moins une grande partie des opercules !, SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES OSPHRONÈMES ?. Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine: le premier de ces rayons aiguillonné et Le second ter- miné par un filament trés-long. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1 { La partie postérieure du dos très- élevce; la ligne latérale droite; L'OSPHRONÈME GORAMY. SORAMY- | Ja nageoire dela queue arrondie. La lèvre inférieure plissée de cha- 2. que côté; les nageoires du dos et L'OSPHRONÈME GAL. de l'anus très-basses; celle de la queue fourchue, L'OSPHRONÈME GORAMY :. Osphronemus Olfax, Comm., Cuv.; Osphronemus Go- ramy, Lacep. Nous conservons à ce poisson le nom généri- que qui lui a été donné par Commerson , dans les manuscrits duquel nous avons trouvé la des- cription et la figure de ce thoracin. Cet osphronème est remarquable par sa forme, par sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut parvenir jusqu’à la longueur de deux mètres ; et comme sa hauteur est très- grande à proportion de ses autres dimensions, il fournit un aliment aussi copieux qu’agréable. Commerson l’a observé dans l'ile de France, en février 1770, par les soins de Seré , comman- dant des troupes royales. Ce poisson y avait été apporté de la Chine, où il est indigène, et de Batavia , où on le trouve aussi, selon l’estima- 445 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire dorsale, 15 ou 14 rayons à chacune des pectorales, 5 ou 6 à chacune des thoracines, 14 ou 15 à celle de l'anus. ? M. Cuvier adopte ce genre, mais 11 n'y admet que la pre mière espèce ; la seconde, suivant lui, n'est qu'une girelle. D. 5 Poisson gouramie, ou gouramy. (Il faut observer que ce nom de poisson gouramie, Ou gouramy, OU goramy, a été aussi donné, dans le grand Océan, au trichopode meu- tounier.) : DES POISSONS. ble M. Cossigny *. Onl’avait d’abord élevé dans des viviers; et il s'était ensuite répandu dans les rivières, où il s'était multiplié avec une grande facilité, et où il avait assez conservé toutes ses qualités pour être, dit Commerson, le plus recherché des poissons d’eau douce. II serait bien à désirer que quelque ami des scien- ces naturelles , jaloux de favoriser l’accroisse- ment des objets véritablement utiles, se donnât le peu de soins nécessaires pour le faire arriver en vie en France, l’y acclimater dans nos ri- vières, et procurer ainsi à notre patrie une nour- riture peu chère, exquise, salubre, et très- abondante. Voyons quelle est la conformation de cet os- | ; | d’être recherché, et nous nous en occuperons phronème goramy. Le corps est très-comprimé et très-haut. Le dessous du ventre et de la queue et la partie postérieure du dos présentent une carène aiguë. Gette même extrémité postérieure du dos mon- tre une sorte d’échancrure, qui diminue beau- coup la hauteur de l’animal, à une petite dis- | tance de la nageoire caudale; et lorsqu'on n’a sous les yeux qu’un des côtés de cet osphro- nème, on voit facilement que sa partie inférieure est plus arrondie, et s'étend au-dessous du dia- mètre longitudinal qui va du bout du museau à la fin de la queue , beaucoup plus que sa partie supérieure ne s'élève au-dessus de ce même diamètre 2. De larges écailles couvrentle corps, la queue, les opercules et la tête; et d’autres écailles plus petites revêtent une portion assez considérable des nageoires du dos et de l’anus. Le dessus de la tête, incliné vers le museau, offre d'ailleurs deux légers enfoncements. La mächoire supé- rieure est extensible; l’inférieure plus avancée que celle d’en haut : toutes les deux sont gar- nies d'une double rangée de dents ; lerang ex- térieur est composé de dents courtes et un peu recourbées en dedans; l’intérieur n’est formé que de dents plus petites et plus serrées. 44 Devectus e Sina, educatus primüm in piscinis, etc, » Manuscrits de Commerson. — « Le poisson n'est pas extrê- « mement commun dans le Bengale. Il y a beaucoup d'étangs « dans le pays. On pourrait en former des viviers. Il serait à < propos d'y transplanter le Goramy, cet excellent poisson “ que nous avons transporté de Batavia à l'Ile de France, et « qui s'y est naturalisé. » Voyage au Bengale, etc., par M. Charpentier-Cossiguy, t. I, p. 181. 3 6 rayons à la membrane des branchies, 15 aiguillons et 42 rayons articulés à la nageoire du dos, 14 rayons à chacune des pectorales, 4 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 10 aiguillons et 20 rayons articulés à la na- gaoire de l'auus, 16 rayons à celle de la queue. 175 On aperçoit une callosité au palais; la langue est blanchâtre, retirée , pour ainsi dire, dans le fond de la gueule, auquel elle est attachée ; les orifices des narines sont doubles; chaque oper- cule est formé de deux lames, dont la première est excavée vers le bas par deux ou trois petites fossettes, et dont la seconde s'avance en pointe vers les nageoires pectorales, et de plus est bordée d’une membrane. On apercoit dans l’intérieur de la bouche, et au-dessus des branchies, une sorte d’os eth- moïde, labyrinthiforme , pour employer l’ex- pression de Commerson, et placé dans une | cavité particulière. L'usage de cet os a paru au voyageur que nous venons de citer, très-digne de nouveau dans notre Discours sur les par- lies solides des poissons. La nageoire du dos commence loin de la nu- que, et s'élève ensuite à mesure qu’elle s’ap- proche de la caudale, auprès de laquelle elle est très-arrondie. Chaque nageoire thoracine renferme six rayons. Le premier est un aiguillon très-fort ; le second se termine par un filament qui s’étend jusqu’à l'extrémité de la nageoire de la queue, ce qui donne à l’osphronème un rapport très- marqué avec les trichopodes : mais dans ces derniers ce filament est la continuation d’un rayon unique, au lieu que, dans l’osphronème, chaquethoracine présente au moins cinqrayons. L'anus est deux fois plus près dela gorge que de l’extrémité de la queue : la nageoire qui le suit a une forme très-analogue à celle de la dor- sale; mais, ce qui est particulièrement à re- marquer, elle est beaucoup plus étendue. On ne compte au-dessus ni au-dessous de la caudale, qui est arrondie , aucun de ces rayons articulés, très-courts et inégaux , qu’on a nom- més Faux rayons où Rayons bâtards , et qui accompagnent la nageoire de la queue d’un si grand nombre de poissons. Enfin la ligne latérale, plus voisine du dos que du ventre, n’offre pas de courbure très- sensible. Au reste, le soramy est brun avec des teintes rougeâtres plus claires sur les nageoires que sur le dos ; et les écailles de ses côtés et de sa partie inférieure, qui sont argentées et bordées de brun, font paraître ces mêmes portions comme couvertes de mailles. L'OSPHRONÈME GAL !. Labrus Gallus, Linn., Gmel. ; Osphronemus Gallus, Lacep.?, Forskael a vu sur les côtes d'Arabie cet os- | phronème, qu’il a inscrit parmi les scares, et HISTOIRE NATURELLE térale se courbe vers le bas, auprès de la fin de la nageoire dorsale; et que les écailles sont | striées, faiblement attachées à l'animal, et | membraneuses dans une grande partie de leur contour !. — que le professeur Gmelin a ensuite transporté | parmi les labres, mais dont la véritable place nous paraît être à côté du goramy. Ce poisson est regardé comme très-venimeux par les habi- tants des rivages qu'il fréquente ; et dès lors on peut présumer qu’il se nourrit de mollusques, de vers, et d’autres animaux marins impré- gnés de sucs malfaisants ou même délétères pour l’homme. Mais s’il est dangereux de man- ger de la chair du gal, il doit être très-agréable de voir cet osphronème : il offre des nuances gracieuses, variées et brillantes; et ces hu- meurs funestes, dérobées aux regards par des écailles qui resplendissent des couleurs qui émaillent nos parterres, offrent une nouvelle image du poison que la nature a si souvent placé sous des fleurs. Le gal est d’un vert foncé ; et chacune de ses écailles étant marquée d’une petite ligne trans- versale violette ou pourpre, l’osphronème parait rayé de pourpre ou de violet sur presque toute | sa surface. Deux bandes bleues règnent de plus sur son abdomen. Les nageoires du dos et de l'anus sont violettes à leur base, etbleues dans leur bord extérieur ; les pectorales bleues et vio- lettes dans leur centre; les thoracines bleues ; la caudale est jaune et aurore dans le milieu , violette sur les côtés, bleue dans sa circonfé- rence ; et l'iris est rouge autour de la prunelle, et vert dans le reste de son disque. Le rouge, l’orangé, le jaune, le vert, le bleu, le pourpre et le violet, c’est-à-dire les sept cou- leurs que donne le prisme solaire , et que nous voyons briller dans l’arc-en-ciel, sont donc dis- tribuées sur le gal, qui les montre d’ailleurs disposées avec goût, et fondues les unes dans les autres par des nuances très-douces. Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet osphronème, que sa lèvre inférieure est plissée de chaque côté; que ses dents ne for- ment qu’une rangée ; que celles de devant sont plus grandes que celles qui les suivent, et un peu écartées l’une de l’autre; que la ligne la- ‘ Scarus Gallus, Forskael, Faun. Arab., p. 26, n. 11. ? M. Guvier ne voit dans ce poisson qu'une espèce du sous-genre Girelle, dans le grand genre des Labres. D. | SOIXANTE-QUINZIEME GENRE. LES TRICHOPODES ?. Un seul rayon beaucoup plus long que le corps, à cha: cune des nageoires thoracines ; une seule nageoire dorsale. CARACTÈRES, La bouche dans la partie supérieure de la tête; la mâchoire inférieure avancée de manière à représen- ESPÈCES, 1. LE TRICHOPODE MEN- TON ë | FINE ter une sorte de menton. 2 EA tête couverte de petitesécailles; 2 S es rayons des nageoires pectora- L - E RRROEODE 1 les prolongés en très-longs fila- CRE ments LE TRICHOPODE MENTONNIER*, Trichopodus Mentum, Lacep. 4. C'est encore le savant Commerson qui a ob- servé ce poisson, dont nous avons trouvé un | dessin fait avec beaucoup de soin et d’exacti- tude dans ses précieux manuscrits. La tête de cet animal est extrêmement re- marquable ; elle est le produit bien plutôt sin- gulier que bizarre d’une de ces combinaisons de formes plus rares qu’extraordinaires , que l’on est surpris de rencontrer, mais que l’on devrait être bien plus étonné de ne pas avoir fréquemment sous les yeux, et qui n’étant que de nouvelles preuves de ce grand principe que nous ne cessons de chercher à établir, fout ce qui peut être, existe, méritent néanmoins notre examen le plus attentif et nos réflexions les plus profondes. Elle présente d’une manière frappante les principaux caractères de la plus noble des espèces, les traits les plus reconnais- sables de la face auguste du Suprême domina- 45 rayons à la membrane des branchies, 8 aiguillons et {4 rayons articulés à la nageoïire du dos, 14 rayons à chacune des pectorales, 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 aiguillons et 12 rayons articulés à celle d : l'anus, 13 rayons à celle dela quene. 2 M. Cuvier, en adoptant ce genre, n'y comprend que li seconde espèce seulement. La première ne repose que sur une mauvaise figure de l'Osphronème goramy. D. 5 Gouramy, où gouramie. 4 Nous répétons ici, d'après M. Cuvier, que cette espèce est factice . et établie seulement sur un dessin inexact de l'O:- phronème goramy. D. DES POISSONS. teur des êtres ; elle rappelle le chef-d'œuvre de la création ; elle montre en quelque sorte un exemplaire de la figure humaine. La conforma- tion de la mâchoire inférieure, qui s’avance, s'arrondit , se relève et se recourbe , pour re- présenter une sorte de menton; le léger enfon- rement qui suit cette saillie; la position de la souche, et ses dimensions; la forme des le- vres ; la place des yeux , et leur diamètre ; des opercules à deux lames, que l’on est tenté de comparer à des joues ; la convexité du front; l'absence de toute écaille proprement dite de dessus l’ensemble de la face, qui, revêtue uniquement de grandes lames, parait comme couverte d’une peau; toutes les parties de la tête du mentonnier se réunissent pour produire cette image du visage de l’homme, aux yeux surtout qui regardent ce trichopode de profil. Mais cette image n’est pas complète. Les prin- cipaux linéaments sont tracés : mais leur en- semble n’a pas recu de la justesse des propor- tions une véritable ressemblance ; ils ne produi- sent qu’une copie grotesque, qu’un portrait chargé de détails exagérés. Ce n’est donc pas une tête humaine que l'imagination place au bout du corps du poisson mentonnier; elle y suppose plutôt une tête de singe ou de pares- seux ; et ce n’est même qu’un instant qu’elle peut être séduite par un commencement d’illu- sion. Le défaut de jeu dans cette tête qui la frappe , l'absence de toute physionomie, la privation de toute expression sensible d’un mouvement intérieur, font bientôt disparaitre toute idée d’être privilégié , et ne laissent voir qu’un animal dont quelques portions de la face ont dans leurs dimensions les rapports peu com- uns que nous venons d'indiquer. C’est le plus saillant de ces rapports que j'ai eru devoir dési- guer par le nom spécifique de Mentonnier, de même que j'ai fait allusion par le mot Tricho- pode ( pieds en forme de filaments) au carac- tère de la famille particulière dans laquelle j’ai pensé qu’il fallait l’inscrire. Chacune desnageoiresthoracines des poissons le cette famille, et par conséquent du menton- nier, n’est composée en effet que d’un rayon ou &iament très-délié. Mais cette prolongation très- molle, au lieu d’être très-courte et à peine vi- sible, comme dans les monodactyles, est si étendue, qu’elle surpasse ou du moins égale en longueur le corps et la queue réunis. Le mentonnier a d’ailleurs ce corps et cette 175 queue très-comprimés , assez hauts vers le mi- lieu de la longueur totale de l'animal ; ja na- geoire dorsale et celle de l’anus, basses, et pres- que égales l’une à l'autre; la caudale rectiligne ; et les pectorales courtes, larges et arrondies 1, LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE =. Labrus trichopterus, Pall., Linn., Gmel.; Trichopterus Pallasii, Shaw; Trichogaster trichopterus , Bloch ; Trichopodus trichopterus, Lacep., Cuv. Ce trichopode est distingué du précédent par plusieurs traits que l’on saisira avec facilité en lisant la description suivante. Il en differe sur- tout par la forme de sa tête, qui ne présente pas cette sorte de masque que nous avons vu sur le mentonnier. Cette partie de l'animal est petite et couverte d’écailles semblables à celles du dos. L'ouverture de la bouche est étroite, et située vers la portion supérieure du museau proprement dit. Les lèvres sont extensibles. La nageoire du dos est courte, pointue, ne commence qu’à l’en- droit où le corps a le plus de hauteur , et se ter- mine à une grande distance de la nageoire de la queue. Il est à remarquer que celle de l’anus est, au contraire, très longue ; qu’elle renferme, à très-peu près, quatre fois plus de rayons que la dorsale, qu’elle touche presque la caudale; qu'elle s'étend beaucoup vers la tête, et que, par une suite de cette disposition, l’orifice de l'anus, qui la précède, est très-près de La base des thoracines. Ces dernières nageoires ne consistent cha- cune que dans un rayon ou filament plus long que le corps et la queue considérés ensemble * ; etde plus, chaque pectorale, qui est très-étroite, se termine par un autre filament très-allongé, ce qui a fait donner au poisson dont nous parlons le nom de Trichoptère, ou d'Aile à filament. Nous lui avons conservé ce nom spécifique; mais au lieu de le laisser dans le genre des la- bres ou des spares, nous avons cru, d’après les principes qui nous dirigent dans nos distribu- tions méthodiques , devoir le comprendre dans. 4 À la nageoire du dos 18 rayons, à chacune des thoraci- nes {, à la nageoire de l'anus 48. 3 Sparus, etc. Koelreuter, Nov. Comm. Petrop. IX,p. 452, n.7, tab. 10. — Labre crin. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. #4 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire du dos, 9 rayons à chacune des pectorales , { rayon à chacune des tho- racines, 4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de l'a- aus, 16 rayons à celle de la queue, qui est fourchne. 176 une petite famille particulière, et le placer dans le mème genre que le mentonnier. Le trichoptère est ondé de diverses nuances de brun. On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, une tache ronde, noire et bordée d'une couleur plus claire. Des taches brunes sont répandues sur la tête, dont la teinteest, pour ainsi dire, livide; et la nageoire de la queue, ainsi que celle de l’anus, sont pointil- lées de blanc. Ce trichopode ne parvient guère qu’à un dé- cimètre de longueur. On le trouve dans la mer qui baigne les grandes Indes. SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES MONODACTYLES !. Un seul rayon très-court et à peine visible à chaque na- geoire thoracine ; une seule nageoire dorsule. CABACTÈRES. | Là nageoire du dos, et celle de l'a- nus, en forme de faux; celle de la queue en croissant. ESPÈCE. LE MONODACTYLE FAL- CIFORME. LE MONODACTYLE FALCIFORME *. Monodactylus falciformis, Lacep.; Psettus Commerso- nii, Cuv. 5. Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont nous avons trouvé la description et la fi- gure, dans les manuscrits de Commerson. Nous l'avons placé dans un genre particulier que nous avons appelé Monodactyle, e’est-à-dire, à un seul doigt, parce que chacune de ses mageoi- res thoracines, qui représentent en quelque sorte ses pieds , n’a qu’un rayon très-court et aiguillonné, ou pour parler le langage de plu- sieurs naturalistes, n’a qu'un doigt tres-petit, Le nom spécifique par lequel nous avons cru de- voir d’ailleurs distinguer cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses nageoires du dos et de l'anus, dont la figure ressemble un peu à celle d’une faux. Ces deux nageoiressontde plus assez égales en étendue, et touchent presque la aageoire de la queue, qui esten croissant. L’a- 35 Ce genre se rapporte à celui que M. Cuvier nomme Pseltus, etdans lequel il place leScomber rhombeus, Fork., eu Centropome rhomboïdal de Lacépède. Quant au mono- dactyle falciforme, il pense que ce poisson pourrait bien ne pas différer du Chœælodon argenteus, Linn., ou Acantho- pede argenté de Lacépède. D. 24 Psettus spinis pinnarum ventralium loco duabus. » Gommerson, manuscrits déjà cités. HISTOIRE NATURELLE aus est presque au-dessous des nageoires pec torales, qui sont pointues. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est peu éloignée. L’opercule des branchies estcomposéde deux la- mes, dont la postérieure paraît irrégulierement festonnée. Les yeux sont gros. L'ouverture de la bouche est petite : la mâchoire supérieure pré. sente une forme demi-circulaire, et des dents courtes, aiguës et serrées ; elle est d’ailleurs ex- | tensible et embrasse l’inférieure. La langue est large , arrondie à son extrémité, amincie dans ses bords, rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque côté du museau, deux ori- fices de narines, dont l’antérieur est le plus pe- tit et quelquefois le plus élevé. La concavité des ares osseux qui soutiennent les branchies, présente des protubérances sem blables à des dents, et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le corps et la queue sont très- comprimés, couverts d’écailles petites , arron- dies et lisses, que l’on retrouve avec des dimen- | sions plus petites encore sur une partie des nageoires du dos et de l’anus, et resplendissants d’une couleur d'argent, mêlée sur le dos avec des teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures se montrent aussi sur la portion antérieure de la nageoire de l'anus et de ceile du dos, ainsi que sur les pectorales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incarnate. Le monodactyle falciforme ne parvient ordinairement qu'à une longueur de vingt-six centimètres !. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES PLECTORHINQUES ?. Une seule nageoire dorsale ; point d’aiguillons isolés au-devant de la nageoïre du dos, de carène latérale, ni de petile nageoire au-devant de celle de l'anus ; les lèvres plissees et contournées ; une ou plusieurs lames de l'opercule branchial denlelées. CARACTÈRES. Treize aiguillons à la nageoire du dos ; de grandes taches irréguliès res, chargées de taches beaucoup plus foncées, inégales , et pres- que rondes, ESPÈCR. LE PLECTORHINQUE CHE- TODONOÏDE. { 7 rayons à la membrane des branchies, 55 à la nageoire du dos, 47 à chacune des pectorales, { rayon aiguillonné à chacune des thoracines, 5 aiguillons et 50 rayons à celle de l'anus. 2 M. Cuvier rapporte les plectorhinques de M. de Lacépèñe a son genre Diagramme, dans la famille des Acanthoptéry- giens scienoides. D. DES POISSONS. LE PLECTORHINQUE CHÉTODONOIDE. Plectorhynchus chetodonoïdes, Lacep.; Diagramma chetodonoïides, Cur. Le mot pleclorhinque désigne les plis extra- ordinaires que présente le museau de ce pois- son , et qui forment , avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux caractères gé- nériques. Nous avons employé de plus, pour cet osseux , le nom spécifique de Chétodonoïde, parce que l’ensemble de sa conformation lui donne de très-crands rapports avec les Chélo- dons, dont l’histoire ne sera pas trés-éloignée de la description du plectorhinque. Ce dernier animal leur ressemble d’ailleurs par la beauté de sa parure. Sur un fond d’une couleur très- foncée, paraissent, en effet, de chaque côté, sept ou huit taches très-étendues, inégales, ir- régulières, mais d’une nuance claire et très- éclatante, variées par leur cuntour, agréables par leur disposition, relevées par des taches plus petites, foncées, et presque toutes arron- dies, qu’elles renferment en nombre plus où moins grand. On peut voir aisément, par le moyen du dessin que nous avons fait graver, le bel effet qui résulte de leur figure, de leur ton, de leur distribution, d’autant plus qu’on apercoit des taches qui ont beaucoup d’analogie avec ces premières, à l'extrémité de toutes les nageoires, et surtout de la partie postérieure de la nageoire du dos. Cette nageoire dorsale montre une sorte d’é- chancrure arrondie qui la divise en deux por- tions tres-contiguëês , mais faciles à distinguer, dont l’une est soutenue par treize rayons ai- guillonnés, et l’autre par vingt rayons articu- lés ‘. Les thoracines et la nageoire de l'anus présentent à peu pres la même surface l’une que l’autre : les deux premiers rayons qu’elles com- prennent, sont aiguillonnés , et le second de ces deux piquants est très-long et trés-fort. La nageoïre caudale est rectiligne ou arron- die. Il n’y a pas de ligne latérale sensible. La tête est grosse, comprimée comme le corps et la queue, et revètue, ainsi que ces dernieres parties, d’écailles petites et placées les unes au-dessus des autres. Des écailles semblables recouvrent des appendices charnus auxquels . 445 rayons à chacune des nageoires pectorales, 2 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à celle de l'anus, 18 rayons à celle de la queue. Iz, 177 sont attachées les nageoires thoracines, les pec- torales, et celle de l’anus. L’œil est grand; l'ouverture de la bouche pe- tite; le museau un peu avancé, et comme caché dans les plis et les contours charnus ou mem- braneux des deux mâchoires. Nous avons décrit cette espèce encore incon- nue des naturalistes, d’après un individu de la collection hollandaise donnée à la France. SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES POGONIAS !. Une seule nageoire dorsale ; point d’aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène lalérale, ni de petite nageoïre au-devant de celle de l'anus ; un irès-grand nombre de pelits barbillons à la mâchoire inférieure. CARACTÈRES. { Les opercules recouverts d'écailles us Poconns mac | Ha renenalesret (UE \ couleur trés-foncée ou très-vive. ESPÈCE. LE POGONIAS FASCÉ. Pogonias fasciatus, Lacep., Cuv. Nous donnons ce nom de Pogonias à un genre dont aucun individu n’a encore été connu des naturalistes.Cettedénomination signifie Barbu, et désigne le grand nombre de barbillons qui garnissent la mâchoire inférieure, et pour ainsi dire, le menton de l’animal. Nous avons décrit et fait figurer l'espèce que nous distinguons par l’épithete de Fasceé, d'après un poissontrès-bien conservé, qui faisait partie de la collection du stathouder à La Haye, et qui se trouve main- tenant dans celle du Muséum d'histoire natu- relle. Ce pogonias a la tête grosse; les yeux grands; la bouche large; leslevres doubles ; les dents des deux mâchoires aiguës, égales, et peu serrées ; la mâchoire supérieure pius avancée que l’infé- rieure; l'opercule composé de deux lames et re- couvertd'écailles arrondies comme celles du dos, auxquelles elles ressemblent d’ailleurs en tout; la seconde lame de cet opercule branchial ter- minée en pointe; la nageoiredu dos étendue de- puis l’endroit le plus haut du corps jusqu’à une distance assez petite de l'extrémité de la quene, 4 Les Pogonias forment pour M. Cuvier le sous -2enre Tambour (Pogonias) dans le genre Sciène, de la lamille des Acanthoptérygiens sciénofdes. D. 23 178 et presque partagée en deux portions inégales par une sorte d’échancrure cependant peu pro- fonde; un aiguillon presque détaché au-devant ie cette nageoire dorsale et de celle de l'anus; cette dernière nageoire très-petite et inférieure même en surface aux thoracines, quinéanmoins sont moins grandes que les pectorales ; la cau- dale rectiligne ou arrondie ; les côtés dénués de ligne latérale ; la mâchoire inférieure garnie de plus de vingt filaments déliés, assez courts, rapprochés deux à deux , ou trois à trois, etre- présentant assez bien une barbe naissante !. Quatre bandes foncées ou vives, étroites, mais très-distinctes, règnent de haut en bas de chaque côté du pogonias fascé; de petits points sont disséminés sur une grande partie de la surface de l'animal. SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES BOSTRYCHES ?. Le corps allongé et serpentiforme : deux nageoires dor- sales : la seconde séparée de celle de la queue ; deux barbillons à La mâchoire supérieure ; Les yeux assez grands et sans voile. CARACTÈRES. { La couleur brune. ESPÈCES. 1 LE BOSTRYCHE CHINOIS. 2. . {De très-petites taches vertes sur Le BOSTRYCHE TACHETÉ. | tout le corps. LE BOSTRYCHE CHINOIS. Bostrychus sinensis, Lacep. *. C’est dans les dessins chinois dont nous avons déjà parlé, que nous avons trouvé la figure de ce bostryche, ainsi que celle du bostryche ta- cheté. Les barbillons que ces poissons ont à la mâchoire supérieure, et qui nous ont indiqué leur nom générique *, les distingueraient seuls des gobies, des gobioïdes, des gobiomores et des gobiomoroïdes, avec lesquels ils ont cepen- dant beaucoup de rapports par leur conforma- tion générale. Nous ne doutons pas que ces os- seux n’aient des nageoires au-dessous du corps, 1 À la nageoïre dorsale 55 rayons, à chacune des pectora- :es 15, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 8, à celle Le la queue 19. 3 M. Cuvier cite les Bostryches de M. de Lacépède comme se rapportant au genre Ophicéphale dela famille des Pharyn- giens labyrinthiformes dans l'ordre des Acanthoptérygiens. line cite d'ailleurs que la seconde espèce. D. ° Non mentionné par M. Cuvier. D. 4 Bostrychos en grec veut dire lament. barbillon. etc. HISTOIRE NATURELLE et ne doivent être compris parmi les thoracins, quoique la position dans laquelle ils sont repré- sentés ne permette pas de distinguer ces na- geoires. Au reste, si de nouvelles observations. apprenaient que les bostryches n’ont pas de na- geoires inférieures, ils n’en devraient pas moins former un genre séparé des autres genres déjà connus ; il suffirait de les retrancher de la co- lonne des thoracins, et de les porter sur celle des apodes. On les y rapprocherait des mu- rènes, dont il serait néanmoins facile de les distinguer par la forme de leurs yeux et les di- mensions ainsi que la position de leurs na- geoires. Ajoutons que cette remarque relative à l'absence de nageoires inférieures et au dé- placement qui en serait e seul résultat, s’ap- plique au genre des bostrychoïdes dont nous allons parler. Le bostryche chinois est d’une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoïire qui termine cette partie, une belle tache bleue, entourée d’un cercle jaune vers le corps et rouge vers la nageoire. L'animal ne paraît revêtu d’aucune écaille facile à voir. Sa tête est grosse; l’ouverture de sa bouche arrondie; l’opercule branchial d’une seule pièce; la première nageoire dorsale tres- courte relativement à la seconde; celle de l'anus, semblable et presque égale à la première dorsale, se montre au-dessous de la seconde nageoire du dos; celle de la queue est lancéolée. Les mouvements et les habitudes du bostryche chinois doivent ressembler beaucoup à ceux des murènes. LE BOSTRYCHE TACHETÉ. Bostrychus maculatus, Lacep.; Ophicephalus macula- tus, Cuv.*. Ce bostryche diffère du chinois par quelques- unes de ses proportions, par plusieurs de ces traits vagues de conformation que l’œil saisit et que la parole rend difficilement, et par les nuances ainsi que la disposition de ses couleurs. Il est, en effet, parsemé de très-petites taches vertes. 1 M. Cuvier fait remarquer la ressemblance de ce poisson avecl'espècedel'Ophicephalus Barca de Buchanam, XAXV, 20. D. DES POISSONS. QUATRE-VINGTIÈME GENRE. LES BOSTRYCHOÏDES !. Le corps allongé et serpentiforme ; une seule nageoire dorsale ; celle de la queue séparée de celle du dos ; deux barbillons à la mächoire supérieure ; Les yeux assez grands et sans voile. CARACTÈRES. La nageoire de l'anus basse et lon- gue; celle du dos basse et très- longue; une,tache verte entou- rée d'un cercle rouge de chaque côté de l'extrémité de la queue. ESPÈCE. LE BOSTRYCHOÏDE OEILLÉ. LE BOSTRYCHOIDE OEILLÉ. Bostrychoides oculatus, Lacep. ? Ce poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Muséum d'histoire naturelle de France. Sa tête, son corps et sa queue sont couverts de petites écailles; sa tête est moins grosse que la partie antérieure du corps. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies ; celle de la queue est lancéolée. La couleur de l’animal est brune, avec des bandes transversales plus foncées, et un très-grand nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à une prunelle entourée de son iris, paraît de chaque côté de l'extrémité de la queue. La conformation générale de ce poisson doit faire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a beaucoup de rapports avec les habitudes des murènes. QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE. LES ÉCHÉNÉIS ?. Une plaque très-grande, ovale, composée de lames transversales, et placée sur La tête qui est dépr'imée. CARACTÈRES. 1 Moins LA vingt d plus de seize a ee paires de lames, à la plaque de la L'ECHÈNEIS RÉMORA. tête. " LAVE { Plus de vingt-deux paires delames L'ECHÈNEIS NAUCRATE. | à la plaque de la tête, 5 ln de douze paires de lames à la plaque de la tête. ESPÈCES. , ss L'ECHENEIS RAYÉ. ‘ Ce genre de M. de Lacépède est, comme le précédent, rapporté par M. Cuvier au genre Ophicéphale de Bloch qu'il adopte. D. 3 M. Cuvier cite ce poisson et le considère comme étant le même que l'Ophicephalus Maralius de Buchanam. D, 5 Ce genre très-anciennement établi , et dont les caractè- res sont fort tranchés, n'a point été modifié par les ichthyo- logistes modernes. D. 179 L'ÉCHÉNÈIS REMORA #. Echeneis Remora, BI., Lacep., Cuv. L'histoire de ce poisson présente un phéno- mène relatif à l'espèce humaine, et que la phi- losophie ne dédaignera pas. Depuis le temps d’Aristote jusqu’à nos jours, cet animal a été l’obiet d’une attention con- stante; on l’a examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes , considéré dans ses.effets : on ne s’est pas contenté de lui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés absurdes, des forces ridicules ; on l’a regardé comme un exemple frappant des qualités occultes dépar- ties par la nature à ses diverses productions ; il a paru une preuve convaincante de l'existence de ces qualités secrètes dans leur origine et ine connues dans leur -ssence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux des poètes, dans les comparaisons des orateurs, dans les récits des voyageurs , dans les descriptions des natura- listes ; et cependant à peine, dans le moment où nous écrivons , l'image de ses traits, de ses mœurs, de ses effets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélité. Écoutons, par exemple, au sujet de ce rémora , l’un des plus beaux génies de l'antiquité. « L’échénéis, dit Pline, est un « petit poisson accoutumé à vivre au milieu des « rochers : on croit que lorsqu'il s'attache à la « carène des vaisseaux, il en retarde la mar- « che; et de là vient le nom qu’il porte, et qui 4 Rémore. — Sucet.— Arréle-bæuf. — Pilote. — Reme- ligo.— Sucking fish, en Angleterre. — Sugger, dans plus. endroits de la Belgique et de la Hollande. — Piexe poga dor, Piexe pioltho, en Portugal. — Échène rémore. Dau benton, Enc. méth. — Zd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Echeneis remora. Gommerson, manuscrits déjà cités. —14, Forskael, Faun. Arabic., p. 49. — Artedi , gen. 15, syn. 28, — Sucet ou rémore. Dubamel , Traité des pêches, part, 2, sect. 4, c. 4, art, 6, p. 56, pl. 4, fig. 5.— Rémore ou rémora. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat.— Éyevnts. Arist., 1.2, c. 44. — Id. Ælian., 1. 2, c.47,p. 95. — /d. Oppian. Hal., 1.4, p.9.— Echeneis. Plin., 1.9, c. 25, et 1,32, c. 4. — /d. ! Wotton, 1. 8, c. 166, fol. 149, a. — Echeneis. Cuba, 1. 5, c.24. — Achandes. Id., 1. 5, c. 1, fol. 71, a. — Echeneis. Gesner, Aquat., p.440. — Remora. Aldrovand., 1.5, c. 22, p. 556.— Id. Rai, p. 71. — Id. Rondelet, Hist. des poissons, part. 4, 1.15, c. 17. — Echeneis remora. Appendix du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale , par Jean Whit, etc., p. 296, pl. 64, fig. 5. — Willughby, Ichthyolog. append., p.ë, tab. 9 fig. 2. — Echeneis. Amœænit. acad. 1, p. 605, — Gronov, Mus. 1, p. 12, n.55; et Zooph., p.75, n. 256.— Echeneis cæ- rulescens, ore retuso. Klein, Miss. pisc. #4, p.5t, n.4. — Re: mora corpore tereli. Petiver, Gazoph,, 1. 44, tab. 13. — Adam Olearii, Gottorfische kunstkammer, p. 42, tab. 23.— Bélon, Aquat., p. 440. —Sloan. Jamaïc. 4, p. 8. — Catesby. Carolin. 2, tab. 26. — Du Tertre, Antill. 2, p. 209, 223. — 1 Remora, Edwards, tab. 210, fig. infer, 4180 « est formé de deux mots grecs, dont l’un si- « gnifie je retiens, et l’autre navire. Il sert à e composer des poisons capables d’amortir et « d’éteindre les feux de l'amour. Doué d’une « puissance bien plus étonnante, agissant par « une faculté morale, il arrête l’action de la « justice et la marche des tribunaux : compen- « sant cependant ces qualités funestes par des « propriétés uüles, il délivre les femmes en- « ceintes des accidents qui pourraient trop « hâter la naissance de leurs enfants; et lors- « qu’on le conserve dans du sel, son appro- « che seule suffit pour retirer du fond des « puits les plus profonds l’or qui peut y être « tombé !. » Mais le naturaliste romain ajoute, avant la fin de la célèbre histoire qu’il a écrite, une peinture bien plus étonnante des attributs du rémora; et voyons comment il s'exprime au commencement de son trente-deuxième livre. « Nous voici parvenus au plus haut des « forces de la nature, au sommet de tous les « exemples de son pouvoir. Une immense « manifestation de sa puissance occulte se « présente d’elle-même; ne cherchons rien « au delà, n’en espérons pas d’égale ni de « semblable : ici la nature se surmonte elle- « même, et le déclare par des effets nombreux. « Qu’'y a-t-il de plus violent que la mer, les « vents, les tourbillons et les tempêtes? Quels « plus grands auxiliaires le génie de l’homme « s'est-il donnés que les voiles et les rames? « Ajoutez la force inexprimable des flux alter- « natifs qui font un fleuve de tout l'Océan. « Toutes ces puissances et toutes celles qui « pourraient se réunir à leurs efforts, sont en- « chainées par un seul et très-petit poisson « qu'on nomme Æchénéis. Que les vents se « précipitent, que les tempêtes bouleversent « les flots, il commande à leurs fureurs, il « brise leurs efforts, il contraint de rester im- « mobiles des vaisseaux que n'aurait pu retenir « aucune chaine, aucune ancre précipitée dans « la mer, et assez pesante pour ne pouvoir pas « en être retirée. Il donne ainsi un frein à la « violence, il dompte la rage des éléments, sans « travail, sans peine, sans chercher à retenir, «et seulement en adhérant : il lui suffit, pour « surmonter tant d’impétuosité, de défendre « aux navires d'avancer. Cependant les flottes 4 Fline, L. 9, c. 25 HISTOIRE NATURELLE « armées pour la guerre se chargent de tours et « de remparts qui s'élèvent pour que l’on com- « batte au milieu des mers comme du haut des « murs. O vanité humaine! un poisson très- « petit contient leurs éperons armés de fer et « de bronze, et les tient enchainées ! On rap- « porte que, lors de la bataille d’Actium, ce fut « un échénéis qui, arrêtant le navire d'Antoine « au moment où il allait parcourir les rangs de « ses vaisseaux et exhorter les siens, donna à « Ja flotte de César la supériorité de la vitesse «et l'avantage d’une attaque impétueuse. Plus « récemment, le bâtiment monté par Caïus, « lors de son retour d’Andura à Antium, s’ar- « rêta sous l’effort d’un échénéis : et alors le « rémora fut un augure ; Car à peine cet empe- « reur fut-il rentré dans Rome, qu’il périt sous «les traits de ses propres soldats. Au reste, « son étonnement ne fut pas long, lorsqu'il vit « que, de toute sa flotte, son quinquérème seul « n’avançait pas : ceux qui s’élancèrent du « vaisseau pour en rechercher la cause, trou- « vèrent l’échénéis adhérent au gouvernail, et «le montrerent au prince indigné qu’un tel « animal eût pu l'emporter sur quatre cents ra- « meurs, et très-surpris que Ce poisson, qui « dans la mer avait pu retenir son navire, n’eût « plus de puissance jeté dans le vaisseau. Nous « avons déjà rapporté plusieurs opinions, con- « tinue Pline, au sujet du pouvoir de cet éché- « néis que quelques Latins ont nommé Re- « M0r7a. Quant à nous, nous ne doutons pas « que tous les genres des habitants de la mer « n'aient une faculté semblable. L'exemple cé- « lèbre et consacré dans le temple de Gnide ne « permet pas de refuser la même puissance à « des conques marines ‘. Et de quelque ma- « nière que tous ces effets aient lieu, ajoute « plus bas l'éloquent naturaliste que nous ci- « tons, quel est celui qui, après cet exemple « de la faculté de retenir des navires, pourra « douter du pouvoir qu’exerce la nature par « tant d’effets spontanés et de phénomènes ex- traordinaires? » Combien de fables et d’erreurs accumulées dans ces passages, qui d’ailleurs sont des chefs- d'œuvre de style! Accréditées par un des Ro- mains dont on a le plus admiré la supériorité de l’esprit, la variété des connaissances et ia 4 Voyez, au sujet de ces coquilles, le chapitre 25 du livre9 de Pline. DES POISSONS. beauté du talent , elles ont été presque univer- sellement accueillies pendant un grand nombre de siècles. Mais l'on n’attend pas de nous une mythologie; e’est l’histoire de la nature que nous devons tâcher d'écrire. Cherchons done uniquement à faire connaître les véritables formes et les habitudes du rémora. Nous allons réunir, pour y parvenir, les observations que nous avons faites sur un grand nombre d’indi- vidus conservés dans des collections, avee celles dont des individus vivants avaient été l’objet, et que Commerson a consignées dans les ma- nuserits qui nous ont été confiés dans le temps par Buffon. La longueur totale de l’animal égale très-ra- rement trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache; et ce qu’il faut remarquer avec soin , la teinte en est la même sur la partie in- férieure et sur la partie supérieure de l’animal. Ce fait est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit au sujet des couleurs des poissons, dans notre Discours sur la nature de ces ani- maux : en effet, nous allons voir, vers la fin de cet article, que, par une suite des habitudes du rémora, et de la manière dont cet échénéis s'attache aux rochers, aux vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit être aussi souvent exposé que son dos aux rayons de la lumière. Les nageoires présentent quelques nuances de bleuâtre. L’iris est brun, et montre d'ail- leurs un cerele doré. Une variété que l’on rencontre assez fré- quemment, suivant Commerson, et que l’on voit souvent attachée au même poisson, et, par exemple, au même squale que les indivi- dus bruns, est distinguée par sa couleur blan- châtre. Le corps et la queue sont couverts d’une peau molle et visqueuse, sur laquelle on ne peut apercevoir aucune parcelle écailleuse qu'après la mort de l’animal , et lorsque les té- guments sont desséchés ; et l'ensemble formé par la queue et le corps proprement dit, est d’ailleurs très-allongé et presque conique. La tête est tres-volumineuse, très-aplatie, et chargée dans sa partie supérieure d’une sorte de bouclier ou de grande plaque. Cette plaque est allongée, ovale, amincie et membraneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt armé de petites lames placées 481 d’une arête ou saillie longitudinale qui partage le disque en deux. Ces lames transversales et arrangées ainsi par paires sont ordinairement au nombre de trente-six , ou de dix-huit paires: leur longueur diminue d'autant plus qu’elles sont situées plus près de l’une ou de l’autre des deux extrémités du bouclier ovale. De plus, ces lames sont solides , osseuses, presque pa- rallèles les unes aux autres, très-aplaties , couchées obliquement, susceptibles d'être un peu relevées , hérissées, comme une scie, de très-petites dents, et retenues par une sorte de clou articulé. Le museau est très-arrondi, et la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que celle d’en haut, qui d’ailleurs est simple, et ne peut pas s’allonger à la volonté de l'animal : l’une et l’autre ressemblent à une lime, à cause d’un grand nombre de rangs de dents très-pe- tites qui y sont attachées. D’autres dents également très-petites sont placées autour du gosier, sur une éminence os- seuse faite en forme de fer-à-cheval et attachée au palais, et sur la langue, qui est courte, larce, arrondie par devant, dure, à demi car- tilagineuse, et retenue en dessous par un frein assez court. Au reste, l’intérieur de la bouche est d’un incarnat communément très-vif, et l’ouverture de cet organe a beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur proportionnelle, avec l’ouverture de la bouche de la lophie bau- droie. L'orifice des narines est double de chaque côté. Les yeux, placés sur les côtés de la tête , et séparés par toute la largeur du bouclier, ne sont ni voilés ni très-saillants. Deux lames composent chaque opercule des branchies, et une peau légère le recouvre. La membrane branchiale est soutenue par neuf rayons !. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave de leurs arcs est denticulée. Les nageoires thoracines offrent la même lon- gueur , mais non pas la même largeur, que les pectorales : elles comprennent chacune six rayons; le plus extérieur cependant touche de * A la nageoïre du dos 22 rayons , à chacune des pectora- les 25, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 22, à celle transversalement et attachées des deux côtés | de 1a queue 47. Vertébres dorsales (2, vertèbres caudales 45 nn 182 si près le rayon voisin, qu’il est très-diflicile de l’apercevoir. La nageoire du dos et celle de l'anus présen- tent à peu près la même figure , la même éten- due et le même décroissement en hauteur, à mesure qu’elles sont plus près de celle de la queue, qui est fourchue. L'orifice de l’anus consiste dans une fente dont les bords sont blanchâtres. La ligne latérale est composée d’une série de points saillants; elle part de la base des nageoi- res pectorales , s’élève vers le dos, descend au- près du milieu du corps, et tend ensuite direc- tement vers la nageoire de la queue. Telle est la figure du rémora, tracée d’après le vivant par Commerson, et dont j'ai pu véri- fierles traits principaux, en examinant un grand nombre d’individus de cette espèce conservés avec soin dans diverses collections. Ce poisson présente les mêmes formes dans les diverses parties, non-seulement de la Médi- terranée, mais encore de l'Océan, soit qu’on l’observe à des latitudes élevées , ou dans les portions de cet Océan comprises entre les deux tropiques. Il s'attache souvent aux cétacées et aux pois- sons d’une très-grande taille, tels que les squa- les, et particulièrement le squale requin. Il y adhère très-fortement par le moyen des lames de son bouclier , dont les petites dents lui ser- vent comme autant de crochets, à se tenir cram- ponné. Ces dents, qui hérissent le bord de tou- tes les lames, sont si nombreuses, et multiplient à un tel degré les points de contact et d’adhé- sion du rémora, que toute la force d’un homme très-vigoureux ne peut pas suffire pour arracher ce petit poisson du côté du squale sur lequel il s’estaccroché, tant qu’on veut l’en séparer dans un sens opposé à la direction des lames. Ce n’est que lorsqu'on cherche à suivre cette direction et à s’aider de l’inclinaison de ces mêmes la- mes, qu’on parvient aisément à détacher l’éché- néis du squale, ou plutôt à le faire glisser sur là surface du requin, et à l’en écarter ensuite. Commerson rapporte ! qu'ayant voulu ap- procher son pouce du bouclier d’un rémora vi- vant qu’il observait, il éprouva une force de cohésion si grande, qu’une stupeur remarqua- ble et même une sorte de paralysie saisit son doigt, et ne se dissipa que longtemps après qu’il eut cessé de toucher l'échénéis. ! Manuscrits déjà cités. HISTOIRE NATURELLE Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, dans cette adhésion du rémora au squale, le premier de ces deux poissons n’opère aucune succion, comme on l'avait pensé; et la cohé- rence de l’échénéis ne lui sert pas immédiate- ment à se nourrir, puisqu'il n’y a aucune com- munication proprement dite entre les lames de la plaque ovale et l’intérieur de la bouche etdu canal alimentaire, ainsi que je m’en suis as. suré, après Commerson, par la dissection atten- tive de plusieurs individus. Le rémora ne s’at- tache, par le moyen des nombreux erochets qui hérissent son bouclier, que pour naviguer sans peine, profiter, dans ses déplacements, de mou- vements étrangers ,et se nourrir des restes de la proie du requin, comme presquetous les marins le disent, et comme Commerson lui-même l’a cru vraisemblable. Au reste, il demeure collé avec tant de constance à son conducteur, que lorsque le requin est pris, et que ce squale, avant d’être jeté sur le pont, éprouve des frot- tements violents contre les bords du vaisseau, il arrive très-souvent que le rémora ne cherche pas à s'échapper, mais qu’il demeure eram- ponné au corps de son terrible compagnon jus- qu’à la mort de ce dernier et redoutable animal. Commerson dit aussi que lorsqu'on met un rémora dans un récipient rempli d'eau de mer, plusieurs fois renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver en vie pendant quelques heures, et que l’on voit presque toujours cet échénéis , privé de soutien et de corps étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur le dos, et ne nager que dans cette position très- extraordinaire. On doit conclure de ce fait très- curieux, et qui a été observé par un naturaliste des plus habiles et des plus dignes de foi, que lorsque le rémora change de place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses propres forces, qu’il se meut sans appui, qu’il n’est pas trans- porté par un squale, par un cétacée ou par tout autre moteur analogue, et qu’il nage véritable- ment, il s’'avance le plus souvent couché sur som dos , et par conséquent dans une position con- traire à celle que presque tous les poissons pré- sentent dans leurs mouvements. L’inspection de la figure générale des rémora, et particuliè- ment la considération de la grandeur, de la for- me, de la nature et de la situation de leur bou- clier, doivent faire présumer que leur centre de gravité est placé de telle sorte qu’il les déter- mine à voguer sur le dos plutôt quesur le ven- DES POISSONS. tre; et c’estainsi que leur partie inférieure étant Lrès-fréquemment exposée , pendant leur nata- tion, à une quantité de lumière plus considéra- ble que leur partie supérieure, et d’ailleurs re- cevant également un très-grand nombre de rayons lumineux, lorsque l’animal estattaché par son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n’est pas surprenant que le dessous du corps de ces échénéis présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces poissons. Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se collercontre quelque grand habitant deseaux, ils s’accrochent à la carène des vaisseaux; et c’est de cette habitude que sont nés tous les con- tes que l’antiquité a imaginés sur ces animaux et qui ont été transmis avec beaucoup de soin, ainsi que tant d’autres absurdités, au travers des siècles d’ignorance. Dumilieu de ces suppositions ridicules, il jail- lit cependant une vérité : c’est que dans les in- stants où la carène d'un vaisseau est hérissée , pour ainsi dire, d’un très-grand nombre d’é- chénéis, elle éprouve en cinglant au milieu des eaux , une résistance semblable à celle que feraient naître des animaux à coquille très-nom- breux et attachés également à sasurface, qu’elle glisse avec moins de facilité au travers d’un fluide que choquent des aspérités, et qu’elle ne présente plus la même vitesse. Et il ne faut pas croire que les circonstances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés contre la charpente extérieure d’un navire, soient extrêmement ra- res dans tous les parages : il est des mers où l’on a vu ces poissons nager en grand nombre autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes pour saisir les matières animales que l'on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des substances corrompues dont on se débar- rasse, et même pour recueillir jusqu'aux excré- ments. C’est ce qu'ona observéparticulièrement dans le golfe de Guinée ; et voilà pourquoi, sui- vant Barbot !, les Hollandais, qui fréquentent la côte occidentale d'Afrique, ont nommé les ré- mora Poissons d’ordures. Des rassemblements semblables de ces échénéis ont été aperçus quel- quefois autour des grands squales , et surtout des requins, qu'ils paraissent suivre,environner etprécédersanscrainteet dont on dit qu’ils sont alors les pilotes ; soit que ces poissons redouta- bles aient, ainsi qu’on l'a écrit, une sorte d’an- * Hist. gén. des voyages, liv. 3, p. 242. 183 tipathie contre le goût ou l’odeur de leur chair, et dès lors ne cherchent pas à les dévorer ; soit que les rémora aient assez d’agilité, d'adresse ou de ruse, pour échapper aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par exemple, un asile sur la surface même de ces grands animaux , à laquelle ils peuvent se coller dans les instants de leur plus grand danger, aussi bien que dans les moments de leur plus grande fatigue. Ce sont encore des réunions analogues et par consé- quent nombreuses de ces échénéis , que l’on a remarquées sur des rochers auxquels ils adhé- raient comme sur la carène d’un vaisseau , ou le corps d’un requin, surtout lorsque l’orage avait bouleversé la mer, qu'ils craignaient de se livrer à la fureur des ondes, et que d’ailleurs la tempête avait déjà brisé leurs forces. L'ÉCHÉNÉIS NAUCRATE !. Echeneis Naucrates, Linn., Bloch, Lecep., Cuy. On trouve dans presque toutes les mers, et particulièrement dans celles qui sont comprises entre les deux tropiques , cette espèce d’éché- néis, qui ressemble beaucoup au rémora, et qui en diffère cependant non-seulement par sa gran- deur, mais encore par le nombre de paires de lames que son bouclier comprend, et par quel- ques autres traits de sa conformation. On lui a donné le nom de Naucrate , où de Naucrates, qui en grec signifie pilote , ou conducteur de vaisseau. Les individus qui la composent, par- viennent quelquefois jusqu’à la longueur de vingt-trois déeimètres, suivant des mémoires manuscrits cités par le professeur Bloch, et ré- digés par le prince Maurice de Nassau, qui avait fait quelque séjour dans plusieurs contrées ma- ritimes de l'Amérique méridionale. Le bouclier placé au-dessus de leur tête présente toujours plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six pai- res de lames transversales et dentelées. D’ail- 4 Échène succet. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Echeneis caudà integrä, striis capitis « viginti- quatuor. » Hasselquist. It. Palest. 524, n. 68. — Gronov. Zooph., p. 75, n. 252; et Mus. 1,p. 15, n. 54. — « Echeneis fuscus, pinnis poslerioribus albo marginatis. » Browne, Jamaïc., p. 445. — « Echeneis, capite striis viginti- « quinque, etc. » Commerson, manuscrits déjà cités. — « Echeneis in extremo subrotunda. » Séba, Mus. 5 , tab. 35, fig. 2.— Echeneis vel remora. Aldrovand. de Piscib., p.558. — Jonston. de Piscibus, p. 46, lab. 4, fig. 5. — Iperuquiba, et piraquiba. Marcgr. Brasil., p. 180. — Willughby, Icath.. p.119, tab. G, 8, fig. 2.—Remora imperati. Rai, Pisc., D.7, n. 12. — Remora. Petiv. Gazoph.. tab. 44, fig. 12. 184 leurs la nageoire de la queue du naucrate, au lieu d’être fourchue comme celle du rémora, est arrondie ou rectiligne. De plus, les nageoires du dos et de l'anus, plus longues à propor- tion que sur le rémora, montrent un peu la forme d’une faux *. La figure de l’une de ces deux nageoires est semblable à celle de l’autre. L'ouverture de l’a- nus est allongée, et située à peu près vers le mi- lieu de la longueur totale de l’échénéis ; et la ligne latérale, composée de points très-peu sen- sibles, s'approche d’abord du dos, change en- suite de direction, et tend vers la queue à l’ex- trémité de laquelle elie parvient. Le nauerate offre des habitudes très-analo- gues à celles du rémora ; on le rencontre de même en assez grand nombre autour des re- quins. Ses mouvements ne sont pas toujours fa- ciles: mais comme il est plus grand et plus fort que le rémora, il se nourrit quelquefois d’ani- maux à coquille et de crabes; et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou inanimé, il faut des efforts bien plus grands pour l’en détacher que pour séparer un rémora de son appui. Commerson , qui l’a observé sur les rivages de l'Ile de France, a écrit que ce poisson fré- quentait tres-souvent la côte de Mozambique, et qu’aupres de cette côte on employait pour la pêche des tortues marines, et d’une manière bien remarquable, la facilité de se cramponner dont jouit cet échénéis. Nous croyons devoir rapporter ici ce que Commerson a recueilli au sujet de ce fait très-curieux , le seul du même genre que l’on ait encore observé. On attache à la queue d'un naucrate vivant, un anneau d’un diamètre assez large pour ne pas incommoder Île poisson, et assez étroit pour être retenu par la nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet anneau. Lorsque l’éché- néis est ainsi préparé , on le renferme dans un vase plein d’eau salée, qu'en renouvelle très- souvent; et les pêcheurs mettent le vase dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les para- ges fréquentés par les tortues marines. Ces tor- tues ont l’habitude de dormir souvent à la sur- face de l’eau sur laquelle elles flottent ; et leur sommeil est alors si léger , que l’approche la moins bruyante d’un bateau pêcheur suffirait pour les réveiller et les faire fuir à de grandes * A la membrane des branchies 9 rayons, à la nageoire du dos 40, à chacune des pectorales 20, à chacune des thoraci- æes 4 ou 5, à celle de l'anus 40, à celle de la queue 16. HISTOIRE NATURELLE distances, ou plonger à de grandes profondeurs. Mais voici le piége que l’on tend de loin à la première tortue que l’on apercoit endormie. On remet dans la mer le naucrate garni de sa lon- gue corde : l'animal, délivré en partie de sa captivité, cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On lui lâche une longueur de corde égale à la distance qui sépare la tortue marine de la barque des pêcheurs. Le naucrate, retenu par ce lien, fait d’abord de nouveaux ef- forts pour se soustraire à la main qui le maîtrise; sentant bientôt cependant qu’il s’agite en vain et qu’il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle dont la corde est en quelque sorte le rayon , pour rencontrer un point d'adhésion, et par conséquent un peu de repos. il trouve cette sorte d’asyle sous le plastron de la tortue flot- tante, s’y attache fortement par le moyen de son bouclier, et donne ainsi aux pêcheurs, aux- quels il sert de crampon , le moyen de tirer à eux la tortue en retirant la corde. On voit tout de suite la différence remarqua- ble qui sépare cet emploi du naucrate , de l'u- sage analogue auquel on fait servir plusieurs oiseaux d’eau ou de rivage, et particulièrement des cormorans, des hérons et des butors. Dans la pêche des tortues faite par le moyen d’un échénéis, on n’a sousles yeux qu'un poisson con- traint dans ses mouvements, mais conservant la tendance, faisant les mêmes efforts, répétant les mêmes actes que lorsqu'il nage en liberté, et n'étant qu'un prisonnier qui cherche à bri- ser ses chaînes, tandis que les oiseaux élevés pour la pêche sont altérés dans leurs habitudes, et modifiés par l’art de l’homme, au point de servir en esclaves volontaires ses caprices etses besoins. On a pu entrevoir dans deux de nos Discours généraux ‘, la cause de cette diffé- rence, qui mérite toute l'attention des physi- ciens. L'ÉCHÉNEIS RAYÉ 2. Echeneislineata, Schn., Lacep., Cuv. Le naturaliste anglais Archibald Menzies €. donné, dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, la descrip- tion de ce poisson, qui diffère des deux éché- Discours sur la nature des poissons, et Discours sur la du- rée des espèces. 3 Archibald Menzies, Ærans. de la Soc. linn. de Londres, Li DES POISSONS. 185 néis dont nous venons de parler, par le nombre | réennes. Long d’un mètre, ou environ, il four- des lames qui composent sa plaque ovale. En effet, cet osseux n’a que dix paires de stries transversales, dans l’espèce de bouclier dont sa tête est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale, au lieu d’être fourchue comme celle du rémora, ourectiligne ou arrondiecomme celle du nauecra- te, se termine en pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. Les dents des deux mâchoires sont petites, ainsi que les égailles qui revêtent l’animal. La couleur géné- rale est d’un brun foncé , et relevée de chaque côté par deux raies blanches qui s'étendent de- puis les yeux jusque vers le bout de la queue. L’échénéis rayé se trouve dans le grand Océan, connu sous le nom de #er Pacifique : on l’x a vu adhérer à des tortues. L’individu décrit par l’auteur anglais avait treize centimètres de jong ‘. QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES MACROURES ?. Deux nageoires sur Le dos; La queue deux fois plus longue que le corps. CARACTÈRES. Le premier rayon de la première nageoire dorsale dentelé par devant; les écailles aiguillonnées, et relevées en carëne, ESPÈCE. La MACROURE BERGLAX. LE MACROURE BERGLAX *. Macrourus rupestris, Bl., Cuv.; Macrourus Berglax, Lacep.; Lepidoleprus cælorhynchus, Risso. Auprès des rivages du Groenland et de l’Is- lande, habite ce macroure que Bloch et Gunner ont cru, avec raison, devoir placer dans un genre particulier. La longueur de sa queue sé- pare sa forme de celle des autres poissons tho- racins , et donne un caractère particulier à ses habitudes, en accroissant l’étendue de son principal instrument de natation, et en douant cet osseux d’une force particulière pour se mou- voir avec vitesse au milieu des mers hyperbo- 4 À la membrane branchiale 40 rayons, à la nageoire dor- sale 55, à chacune des pectorales 18, à chacune des thoraci- nes 5, à celle de l'anus 55, à celle de la queue 14. » Ce genre, créé par Bloch , est adopté par M. Cuvier. Il répond à celui que M. Risso a nommé Lepidoleprus. D, 5 Coryphænoides rupestris, Guaner, Act. Nidros. 5, p. 45, tab. 5, fig. {. — Müller, Prodr. Zool. Danic., p. 45, n. 565. — Id., Ingmingoak, Ot. Fabric. Faun. Groenland., p. 154, D. 414. — Fiskligen brosme. — Ingminniset, Cranz, Groen- land, p. 440, — Berg ax, Strom. Sondm. 4, p. 267 IT. nit un aliment utile et quelquefois même abondant aux peuplades de ces côtes groenlan- daises et islandaises, si peu favorisées par la nature, et condamnées pendant une si grande partie de l’année à tous les effets funestes d’un froid excessif. Son nom de Berglax vient des rapports qu’il a paru présenter avec le saumon que l’on nomme Lachs ou Lax dans plusieurs langues du Nord , et des rochers au milieu des- quels il séjourne fréquemment, Sa tête est grande et large ; ses yeux sont ronds et sail- lants ; les ouvertures des narines doubles de chaque côté; et les deux mächoires propre- ment dites, à peu près égales. Cependant le museau est très-avancé au-dessus de la mâ- choire supérieure, qui est armée ordinairement de cinq rangées de dents; et la mâchoire infé- rieure, qui n'en montre que trois rangées, est garnie d’un filament ou barbillon semblable, par sa forme, sa nature et sa longueur, à celui de plusieurs gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, blanche, et lisse comme le palais. Un opercule d'une seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. L’anus est plus près de la tête que de l’extrémité de la queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, dans une grande partie de sa direc- tion. Deux nageoires s'élèvent sur le dos; la se conde est réunie avec celle de la queue, qui touche aussi celle de l’anus !; et les écailles qui recouvrent ce Macroure, ou, ce qui est la même chose, ce poisson à longue queue, sont relevées par une arête qui se termine en pointe ou en aiguillon. Présentant d’ailleurs un éclat argentin, ces écailles donnent une teinte très-brillante au berglax, dont la partie supérieure montre néanmoins une couleur plus foncée ou plus bleuâtre que l’inférieure ; et les nageoires ajou- tent quelquefois à la parure de l’animal, en of- frant une nuance d’un assez beau jaune, et une bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. Le berglax fraye assez tard. On le pêche avec des lignes de fond ? : lorsqu'il est pris, il se débat violemment, agite avec force sa lon- A la membrane des branchies 6 rayons, à la première na- geoire du dos 11, à la seconde 124, à chacune des pectora- les 19, à chacune des thoracines 7, a celle de l'anus 148, 3 Voyez ce que nous avons dit des lignes de fond, dans l'histoire de la Murène congre. 92% 186 d’une manière assez analogue à celle que nous avons observée en parlant des tétrodons. QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. LES CORYPHÈNES!. Le sommet de la tête très-comprimé et comme tranchant par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps et la queue. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de La queue fourchue. CARACTÈRES, Soixante rayons, ou environ, à la nageoire du dos; plus de six 1. ras e mernbene je pranc : chies ; plus d'un rang de dents Le cor HSE à eGRE mächoire; une seule ÿ lame à chaque opercule ; des ta- ches sur la plus grande partie du corps et de la queue; Cinquante rayons, ou environ, à la nageoire du dos; six rayons à la membrane branchiale; des taches sur la partie supérieure du corps et de la queue. Cinquante-huit rayons à la nageoire du dos; six rayons à la membrane des branchies ; la langue osseuse dans le milieu , et cartilagineuse dans les bords ; un seul rang de dents à chaque mâchoire; deux lames à chaque opercule ; des ta- ches sur la plus grande partie du corps et de la queue. ji rayons, Ou envi- ESPÈCES. 2. LE CORYPHÈNE DORA- DON. 5. LE CORYPHÈNE CHRY- SURUS, ron, à la rageoire du dos; cette pageoire dorsale très-festonnée au-dessus de la queue ; la langue bisanguleuse par devant, osseuse dans son milieu, et cartilagi- neuse dans ses bords; point de dents sur ie devant du palais; point de taches sur le corps ni sur la queue. Cinquante-quatre rayons, ou envi- ron, à la nageoïre du dos; la li- gne latérale droite; des bandes transversales placées sur la na- geoire dorsale, et s'étendant sur le doset les côtés, où elles ondu- lent et se réunissent les unes aux autres. { Trente cinq rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; la mâchoire 6. inférieure plus avancée que la Le COaYPHëNE POMPILE.\ supérieure ; la ligue latérde courbe ; des bandes transversales et étroites. 4. LR-CORYPHÈNE SCOMBE- ROÏDE. 3. LE CORYPHÈNE ONDÉ, ‘ M. Cuvier adopte ce genre d'Artedi et de Linnée; mais il relire la plupart des espèces que M. de Lacépède y admet, pour les reporter dans d'autres genres. D. HISTOIRE NATURELLE gue queue, anime ses gros yeux, et se gonfle SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Dix-neuf rayons, ou environ, à la th nageoire du dos; les écailles LE CONYPHÈNE BLEU. grandes; toute la surface du pois \ son d’une couleur bleue. Quatre-vingts rayons, ou environ, à la nageoire du dos; un grand nombre de raies étroites, courbes: etbleues, situées sur le dos. TROISIÈME SOUS-GENRE. La nayeoire de la queue rectiligne. 8. LE CORYPHÈNE PLUMIER. La partie supérieure terminée par une arête aigué ; des raies bleuä- tres, et croisées sur la tête et sur les nageoires. La nageoire dorsale commençant à l'occiput, composée de trente 9. LE CORYPHÈNE RASOIR. 10. rayons, ou environ, et très-basse, LE CORYPHÈNE PERRO- ainsi que celle de l'anus; la ligne QUET. latérale interrompue ; des raies longitudinales et vivement colo- rées sur les nageoires. Trente-deux rayons à la nageoire du dos; la lèvre inférieure plus avancée que la supérieure. 11. LE CORYPHÈNE CAMUS. QUATRIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de lu queue arrondie. L'extrémité antérieure de chaque mâchoire garnie de deux dents aiguës , trés-longues, et écartées l'une de l'autre; les écailles gran- des; la tête dénuée d'écailles semblables à celles du dos, et présentant plusieurs bandes tran- \ sversales, La nageoire du dos très-longue ; celle de l'anus assez courte ; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure, et relevée; de grandes écailles sur le corps et sur les opercules ; la couleur générale d'un vert argentin. 12. LE CORYPHÈNE RAYÉ. 15. LE CORYPHÈNE CHINOIS. CINQUIÈME SOUS-GENRE. La nagcoire de la queue lancéolée. 14. LE CORYPHÈNE POINTU. Quarante-cinq rayons à la nageoïre du dos; la lignelatérale courbe. Espèces dont la forme de la nageoire de la queue n'est pas encore connue. La nageoire du dos, celle de l'anus, et les thoracines garnies chacune d’un long filament. Trente-deux rayons à la nageoire du dos ; une lame osseuse sur le sommet de la tête. 15. LE CORYPHÈNE VERT. { 16. ; LE CORYPHÈNE CASQUE. [l LE CORYPHÈNE HIPPURUS !. Coryphæna Hippurus, Linn., Bl., Lacep., Cuv.:. De tous les poissons qui habitent la haute 4 Dorade. — Rondanino, sur la côte de Gênes. — Zam- 2 Du sous genre des Coryphènes proprement dits, dans le | grand g*üxre Coryphène de M. Cuvier. D. DES POISSONS. mer, aucun ne parait avoir reçu de parure plus magnifique que les coryphènes. Revêtus d’écailles grandes et polies, réfléchissant avec vivacité les rayons du soleil, brillant des cou- ‘eurs les plus variées, couverts d’or, pour ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du diamant et des pierres orientales les plus vrécieuses , ils ajoutent d'autant plus, ces co- 2yphènes privilégiés, à la beauté du spectacle Île l'Océan, lorsque, sous un ciel sans nuages, 1e légers zéphyrs commandent seuls aux ondes, qu’ils nagent fréquemment à la surface des eaux, qu'on les voit, en quelque sorte, sur le sommet des vagues, que leurs mouvements très-agiles et très-répétés multiplient sans cesse les aspects sous lesquels on les considère , ainsi que les reflets éclatants qui les décorent, et que, voraces et audacieux, ils entourent en grandes troupes les vaisseaux qu’ils rencon- trent, et s’en approchent d’assez près pour ne rien dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la richesse des nuances qu’ils étalent. C’est pour indiquer cette prééminence des co- ryphènes dans l'éclat et dans la diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélocité de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et pour faire allusion d’ailleurs à la hauteur à laquelle ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs écrivains, ils ont recu le nom géné- rique qu'ils portent, et qui vient de deux mots grecs, dont l’un, zopuyr, veut dire sommet, et l’autre, vé, signifie je nage. On a également prétendu que la dénomination de coryphène, employée dès le temps des anciens naturalistes, désignait une des formes les plus remarquables des poissons dont nous parlons, c’est-à-dire la position de leur nageoire dorsale, qui com- mence très-près du haut de la tête. Quelque opinion que l’on adopte à cet égard, on ne peut pas douter que le nom particulier d’Hippurus, pugo, en Espagne, — Dolphin, en Angleterre. — Dorado, dans plus. autres endroits de l'Europe. — Coryphéne dofin, Naubenton, Enc. méth. — Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. aéth.— NOsbeck, It. 507,—1e Coryphæna caudà bifurcä, etc. » Artedi,gen. 13, syn. 28, — Ÿrroupoc , Arist., L 8, c. 15. — Id. Oppian., 1.1, p. 8. — Zd. Athen., 1. 7, p. 504. — Hippu- rus, Ovid., v. 95. — Zd. Plin., 1.9, c. 46; et 1. 52, c. 11. — Lampugo, Hippurus, Rondelet, part. 4, 1.8, c. 48. — Jd. Gesner, p. 504 et 425, — (Germ.) fol. 44, a. — Icon. animal., p.75, — Aldrov.,L. 5, c. 17, p. 506. — Jonston , 1. 4, tit. 4, c.4,a,6, tab. 1. — Charlet., p.424. — Willughby, Ichth., p. 215, tab. O, 1, fig. 5. — Rai, p.100, n. 4. — ÆEquisele, Equiselis, Gaz. Arist., 1. 4, ©. 10; et1. 8, ©. 45. —« Hippu- « rus pinnis branchialibus deauratis, etc. » Klein, Miss. pisc. 5, p.55, n. 1,2 187 ou de Queue de chevat, donné à l’une des plus belles espèces de coryphène, ne vienne de la conformation de cette même nageoire dorsale, dont les rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les crins du cheval. Cet hippurus, qui est l’objet de cet article, parvient quelque- fois jusqu’à la longueur d’un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi bien que sa tête ; l'ouverture de sa bouche très-grande ; sa langue courte; ses lèvres sont épaisses ; ses mâchoires garnies de quatre dents aiguës et recourbées en arrière. Un opercule composé d’une seule pièce couvre une large ouverture branchiale ‘; la ligne latérale est fléchie vers la poitrine, et droite ensuite jusqu’à la nageoire caudale, qui est fourchue; les écailles sont minces, mais fortement attachées. À l'indication des formes ajoutons l’exposi- tion des nuances , pour achever de donner une idée de ce superbe coryphène. Lorsqu'il est vi- vant, dans l’eau, et en mouvement, il brille sur le dos d’une couleur d’or très-éclatante, mêlée à une belle teinte de bleu ou de vert de mer, que relèvent des taches dorées et le jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps est argenté. Les nageoires pectorales et thora- cines présentent un jaune très-vif, à la splen- deur duquel ajoute la teinte brune de leur base ; la nageoire caudale , qui offre la même nuance de jaune, est d’ailleurs bordée de vert; celle de l'anus est dorée; et une dorure des plus ri- ches fait remarquer les nombreux rayons de la nageoire dorsale, au milieu de la membrane d’un bleu céleste qui les réunit. C’est ce magnifique assortiment de couleurs d’or et d’azur qui trahit de loin le coryphène hippurus, lorsque, cédant à sa voracité natu- relle , il poursuit sans relâche les trigles et les exocets, dont il aime à se nourrir, contraint ces poissons volants à s’élancer hors de l’eau, les suit d’un regard assuré, pendant que ces animaux effrayés parcourent dans l'air leur demi-cercle, et les recoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l'instant où, fatigués d’agiter leurs nageoires pectorales, et ne pouvant plus sou- tenir dans l’atmosphère leur corps trop pesant, ils retombent au milieu de leur fluide natal sans pouvoir y trouver un asile. Non-seulement les bippurus cherchent ainsi { A la membrane des branchies 40 rayons, à la nageoire du dos 60, à chacune des pectorales 20, à chacune des -thoraci- nes f à celle de l'anus 26, à celle de la queue 20. 485 à satisfaire le besoin impérieux de la faim qui | les presse, au milieu des bandes nombreuses | de poissons moins grands et plus faibles qu'eux; | mais encore, peu difliciles dans le choix de! leurs aliments , ils voguent en grandes troupes auteur des vaisseaux, les accompagnent avec | constance , et saisissent avec tant d’avidité tout ce que les passagers jettent dans la mer, qu’on a trouvé dans l’estomac d’un de ces poissons jusqu’à quatre clous de fer, dont un avait plus de quinze centimètres de longueur. On profite d'autant plus de leur gloutonnerie | pour les prendre, que leur ehair est ferme et très-agréable au goût. Pendant le temps de leur | frai, c’est-à-dire dans le printemps et dans l’au- tomne, on les pèche avec des filets aupres des rivages , vers lesquels ils vont déposer ou fé- conder leurs œufs; et dans les autres saisons, où ils préférent la haute mer, on se sert de li- gnes de fond ‘, que la voracité de ces cory- phènes rend très-dangereuses pour ces ani-| maux. Ce qui fait d’ailleurs que leur recherche | est facile et avantageuse, c'est qu’ils sont en | très-grand nombre dans les parties de la mer qui leur conviennent, parce qu'indépendam- ment de leur fécondité, ils croissent si vite, qu'on les voit grandir d’une manière très- prompte dans les nasses où on les renferme ! après les avoir pris en vie. Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes et même tempérées. On les trouve non-seulement dans le grand Océan équato- rial , improprement appelé er Pacifique, mais encore dans une grande portion de l'Océan At- lantique , et jusque dans la Méditerranée. LE CORYPHÈNE DORADON ?. Coryphæna equiselis, Linn., Gmel.; Coryphæna au- rata, Lacep:; Coryphæna bippurus, Cuy.°. Nous conservons ce nom de Doradon à un coryphène qui a plusieurs traits communs avec Yhippurus, mais qui en diffère par plusieurs 4 Voyez, sur les lignes de fond, l'article de la Raie hou- clée, et celui de la Muréne congre. 2 Coryphène doradon, Daubenton, Enc. méth.— Jd. | Bounaterre , pl. de l'Enc. méth. — Dorado, Osbeck, It. 508 — Guaracapema, Marcgrav., Brasil, p-. 160. — Zd. Piso, End., p. 160. — Willughby, Ichth., p. 214. — Rai, Pisc., p- 109, n. 2. * Selon M. Cuvier, il n'est pas bien constant que ce poisson diffère spécifiquement du précédent. D. HISTOIRE NATURELLE autres. Il en est séparé par le nombre des rayons de la nageoire dorsale, qui n’en res- ferme que cinquante ou environ , par celui des rayons de la membrane des branchies , qui n’en comprend que six, pendant que la membrane branchiale de lhippurus en présente sept et quelquefois dix, et de plus par la disposition des taches couleur d’or qui ne sont disséminées que sur la partie supérieure du corps et de la queue. D'ailleurs, en jetant les yeux sur une peinture exéeutée d’apres les dessins coloriés et originaux du célebre Plumier, laquelle fait partie de la belle collection de peintures sur vélin déposées dans le Muséum d'histoire na- turelle, et qui représente avec autant d’exacti- tude que de vivacité les brillantes nuances du doradon , on ne peut pas douter que ce dernier coryphène n’ait chacun des opercules de ses branchies composé de deux lames, pendant que l’opercule de l’hippurus est formé d’une seule pièce. On pourra s’en assurer, en exami- nant la copie de cette peinture, que nous avons cru devoir faire graver ‘. Au reste, l’agilité, la voracité et les autres qualites du doradon, ainsi que les diverses habitudes de ce poisson, sont à peu près les mêmes que celles de l’hip- purus ; et on le trouve également dans un grand nombre de mers chaudes ou tempérées. LE CORYPHÈNE CHRYSURUS :. Coryphæna chrysurus, Lacep. ‘. C’est dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le grand Océan équatorial , que ce superbe co- ryphène a été vu par Commerson, qui accom- pagnait alors notre célèbre navigateur Bougain- ville. Il l’a observé sur la fin d’avril de 1768, vers le 16° degré de latitude australe, et le 170° de longitude. Au premier coup-d'œil, on croirait devoir le rapporter à la même espèce que l’hippurus; mais en le décrivant d'apres Commerson, nous allons montrer aisément qu'il en diffère par un grand nombre de carac- tères. 4 A la membrane des branchies 6 rayons, à la nagecére dor. sale 35, à chacune des pectorales 19, à chacune des thoraci- nes 6, à celle de l'anus 25, à celle de la queue 20. 2 « Coryphus chrysurus. » — « Undique deauratus ; dorso, € pinnis, guttulisque lateralibus, cæruleis, caudâ ex auro fla- « vescente. » Commerson, manuscrits déja cités. — Dnrat de la mer du Sud. Id. ibid. # Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. tds DES POISSONS. Toute la surface de ce corvphène, et particu- lièrement sa queue, brillent d’une couleur d'or tres-éclatante. Quelques nuances d’argent sont seulement répandues sur la gorge et la poi- trine; et quelques teintes d’un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au milieu des reflets dorés du sommet du dos. Une belle couleur d'azur parait aussi sur les nageoires, principa- lement sur celle du dos et sur les pectorales : elle est relevée sur les thoracines par le jaune d’une partie des rayons, et sur celle de l’anus, par les teintes dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne se montre sur la nageoire de la queue que pour y former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque sorte, l’or res- plendissant qui la recouvre, et qui a indiqué le nom du coryphène ". Ajoutons, pour achever de peindre la magni- fique parure du chrysurus, que des taches . bleues et lenticulaires sont répandues sans ordre sur le dos, les côtés et la partie inférieure du poisson, et scintillent au milieu de l'or, comme autant de saphirs enchâssés dans le plus riche des métaux. L’admirable vêtement que la nature a donné au chrysurus, est done assez différent de celui de lhippurus, pour qu’on ne se presse pas de les confondre dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par des caractères encore plus constants et plus remarquables. Le corps du chrysurus , très-allongé et très- | comprimé , est terminé dans le haut par une } x . a a AE : A sorte de carène aiguë qui s'étend depuis la tête | jusqu’à la nageoire de la queue ; et une sem- blable carène règne en dessous, depuis cette même nageoire caudale jusqu’a l’anus. La partie antérieure et supérieure de la tête représente assez exactement un quart de cerele, et se termine dans le haut par une sorte d’arete aiguë. La mâchoire inférieure, qui se relève vers la supérieure , est un peu plus longue que cette | dernière. Toutes les deux sont composées d’un os que hérissent des dents très-petites, tres- courtes, tres-aigués, assez écartées l’une de l'autre, placées comme celles d’un peigne, et très-différentes , par leur forme , leur nombre et leur disposition , de celles de l'hippurus. On voit d’ailleurs deux tubercules garnis de dents très-menues et très-serrées auprès de 4 Chrysurus signifie queue d'or. 183 langle intérieur de la mâchoire supérieure, trois autres tubercules presque semblables vers le milieu du palais, et un sixième tubereule tres-analogue presque au-dessus du gosier. La langue est large, courte, arrondie par de vant, osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords. L'ouverture de la bouche est peu étendue : on compte de chaque côté deux orifices des narines ; une sorte d’anneau mem- braneux entoure l’antérieur. Les opercules des branchies sont, comme la tête, dénués de pe- tites écailles; ils sont de plus assez grands, et composés chacun de deux pièces , dont celle de devant est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière se prolonge également vers la queue, en appendice quelquefois un peu re- courbé. Six rayons aplatis soutiennent de chaque côté une membrane branchiale, au-dessous de laquelle sont placées quatre branchies très- rouges, formées chacune de deux rangées de filaments allongés : la partie concave de Pare de cercle osseux de la première et de la seconde est garnie de longues dents arrangées comme celles d’un peigne ; la concavité de l’are de la troisieme et de la quatrième ne présente que des aspérités. La nageoire du dos , qui commence au-dessus des yeux, et s'étend presque jusqu'à celle de la queue, comprend cinquante-huit rayons ! : les huit premiers sont d'autant plus longs qu'ils sont situés plus loin de la tête, et la longueur des autres est au contraire d'autant moindre, quoique avec des différences peu sensibles, qu’ils sont plus près de la nageoire caudale. L'anus est placé vers le milieu de la longueur totale de l’animal ; et l'on voit, entre cet orifice et la base des nageoires thoracines, un petit sillon longitudinal. La nageoire de la queue est fourchue, comme celle de tous les coryphènes du premier sous-genre ; la ligne latérale serpente depuis le haut de l'ouverture branchiale, où elle prend son origine, jusqu auprès de l’extrémité des na- geoires pectorales, et atteint ensuite la nageoïre de la queue en ne se fléchissant que par de légères ondulations; et enfin les écailles qui re- couvrent le poisson, sont allongées, arrondies 4 À la membrane des branchies 6 rayons, à la nageotre du dos 58, à chacune des pectorales 20, à chacune des thoraci- nes 3, à la nageoire de l'anus 28, à celle de la queue 13. 190 à leur sommet, lisses, et fortement attachées. On a donc pu remarquer sept traits princi- paux par lesquels le chrysurus diffère de l’hip- purus : premièrement, le nombre des rayons | n’est pas le même dans la plupart des nageoires de ces deux coryphènes; secondement, la membrane branchiale du chrysurus ne ren- ferme que six rayons, il y en a toujours depuis sept jusqu’à dix à celle de l’hippurus; troisiè- mement, le dos du premier est caréné, celui du second est convexe; quatrièmement, l’ouver- ture de la bouche est peu étendue dans le chry- surus, elle est tres-crande dans l’hippurus ; | ? Le) PP 1 cinquièmement, les dents du chrysurus sont conformées et placées bien différemment que celles de l’hippurus; sixièmement, l’opercule branchial du chrysurus comprend deux lames, on ne voit qu’une pièce dans celui de l’hippu- rus ; et septièmement, nous avons déjà montré une distribution de couleurs bien peu semblable sur l’un et sur l’autre de ces deux coryphènes. Ils doivent donc constituer deux espèces diffé- rentes, dont une, c’est-à-dire celle que nous dé- crivons, est encore inconnue des naturalistes ; car elle est aussi très-distincte du coryphène doradon, ainsi qu’on peut facilement s’en con- vaincre en comparant les formes du doradon et celles du chrysurus. Au reste, les habitudes du coryphène qui fait le sujet de cet article, doivent se rapprocher beaucoup de celles de l’hippurus. En effet, Commerson ayant ouvert un chrysurus qui avait plus de sept décimètres de longueur, il trouva son estomac qui était allongé et mem- braneux , rempli de petits poissons volants, et d’autres poissons tres-peu volumineux. Il vitaussi s’agiter au milieu de cet estomac, et dans une sorte de pâte ou de chyme, plu- sieurs vers filiformes , et de la longueur de deux ou trois centimètres. Ce voyageur rapporte d’ailleurs dans les ma- nuscrits qui m'ont été confiés dans le temps par Buffon, que lorsque les matelots exercés à la pêche ont pris un chrysurus, ils l’attachent à une corde, et le suspendent à la proue du vaisseau, de manière que l’animal paraît être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils attirent et réunissent, par ce procédé, un assez grand nombre d’autres chrysurus, qu'ils peuvent alors percer facilement avec une fouine !, * La fouine est un peigne de fer attaché à un long manche. | HISTOIRE NATURELLE Commerson ajoute que les chrysurus l’em- portent sur presque tous les poissons de mer par le bon goût de leur chair, que l’on prépare de plusieurs manières, et particulièrement avec du beurre et des câpres. LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIDE !. Coryphæna scomberoides, Lacep.2. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson la description de cette espèce de coryphène , que ce savant voyageur avait vue, au mois de mars 1768, dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le grand Océan équa- torial, vers le 18° degré de latitude australe, et le 134° degré de longitude, et par consé- quent à une distance de la ligne très-peu diffé- rente de celle où il observa, un ou deux mois après, le coryphène chrysurus. Le scombéroïde est d’une longueur intermé- diaire entre celle du scombre maquereau et celle du hareng. Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle n’est pure que sur les côtés et sur le ventre. Une teinte brune mêlée de bleu céleste est répandue sur le dos; cette teinte s’étend aussi sur le sommet de la tête, où elle est plus foncée, plus noirâtre, et mêlée avec des reflets dorés que l’on voit également autour des yeux et sur les lames des operceules. Toutes les nageoires sont entièrement bru- nes, excepté les thoracines, dont la partie ex- térieure est blanche, et les pectorales, qui sont un peu dorées. La mâchoire supérieure est plus courte que l'inférieure. Les os qui composent l’une et l’au- tre, sont hérissés d’un si grand nombre de pe- On donne aussi ce nom, ainsi que celui de foéne et de fauanne , à uue broche terminée par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois ou un plus grand nombre de lames, pour former une fouanne, ou foëén£, ou fouine. D'autres fois on emploie ces noms pour désigner une simpie fourche. On attache l'instrument au bout d'une perche,et l'on s'en sert pour percer les poissons que l'on aperçoit au fond de l'eau, ou qui sont cachés dans la vase, les enfiler et les retirer. 4 « Coryphus argenteus. » —« Coryphus pinnà dorsali « longissimä radiorum quinquaginta-quinque, 05se quadra= « tulo in media lingua. » — « Et coryphus argenteus, immae « culatus, pinnis fuseis, dorsali radiorum quinquaginta-quin- «que, auali viginti-quinque, caudà bifurcà fuscescente. » Commerson, manuscrits déjà cités. — Osteoglossus, ostéo- glosse , ou languosseux de La mer du Sud, Petile dorade, Id., ibid 2 M, Cuvier ne cite pas ce poisson dans son Mémoire sur les Coruphènes, etc. Mém. du Mus.. t, I, p. S34et suiv. D. DES POISSONS. tes &ents tournées en arrière, qu'ils montrent la surface d’une lime, et qu’ils tiennent l’ani- mal facilement suspendu à un doigt, par exem- ple, que l'on introduit dans la cavité de la bouche. La langue a une figure remarquable; elle ressemble en quelque sorte à un ongle humain : elle est large, un peu arrondie par devant, et néanmoins terminée par un angle à chaque bout de son arc antérieur ; de plus, elle présente dans son milieu un os presque carré, et couvert de petites aspérités dirigées vers le gosier ; sa cir- conférence est formée par un cartilage qui s’a- mincit vers le bord; et un frein large et épais la retient par-dessous. La voûte du palais est entièrement lisse, excepté l'endroit le plus voisin du gosier, où l’on voit de petites élévations osseuses et den- ticulées. Deux lames arrondies par derrière, grandes et lisses, composent chaque opercule; six rayons soutiennent la membrane branchiale ; et les branchies sont assez semblables, par leur nombre et par leur conformation, à celles du chrysurus. La ligne latérale offre plusieurs sinuosités qui décroissent à mesure qu’elles sont plus vai- sines de la nageoire caudale. Les nageoires thoracines sont réunies à leur base par une membrane qui tient aussi à un sillon longitudinal placé sous le ventre, et dans lequel le poisson peut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles renferment chacune cinq ou six rayons. Le dessous de la queue est terminé par une carène très-aigué. La nageoire dorsale règne depuis l’occiput jusque vers l'extrémité de la queue; elle est festonnée dans sa partie postérieure, de ma- nière à imiter les très-petites nageoires que l’on voit sur la queue des scombres : la nageoire de l'anus offre une conformation analogue ; et ces traits particuliers au poisson que nous décri- vons , ne servant pas peu à le rapprocher des seombres, avec lesquels d’ailleurs on peut voir, dans cette histoire, que les coryphènes ont beaucoup de rapports, j'ai cru devoir nom- mer Scombéroïde , l'espèce que nous cher- chons, dans cet article, à faire connaître des naturalistes *. ‘A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du 194 Commerson vit des milliers de ces secombé- roïdes suivre les vaisseaux français avec assi- duité, et pendant plusieurs jours. Ils vivaient de très-jeunes ou très-petits poissons volants : qui, pendant ce temps, voltigeaient autour des navires comme des nuées de papillons, qu'ils ne surpassaient guère en grosseur, et c’est à cause de la petitesse de leurs dimensions, qu’ils pouvaient servir de proie aux scombéroïdes, dont la bouche étroite n’aurait pas pu admettre des animaux plus gros. En effet, l’un des plus grands de ces coryphènes observés par Com- merson n'avait qu'environ trois décimètres de longueur. Cet individu était cependant adulte et femelle, Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avaient une forme allongée , occupaient la plus grande partie de l’intérieur du ventre, comme dans les eyprins, et contenaient une quantité innombrable d'œufs ; ce qui prouve ce que nous avons déjà dit au sujet de la grande fécondité des coryphènes. LE CORYPHÈNE ONDE !. Coryphæna fasciolata, Pallas, Linn., Gmel.; Coryphæna undulata, Lacep. *. Pallas a décrit le premier cette espèce de co- ryphène. L’individu qu’il a observé et qui avait été pêché dans les eaux de l’île d’Amboine, n’était long que de cinq centimètres ou environ. Les formes et les couleurs de cet animal étaient élégantes : très-allongé et un peu comprimé, il montrait sur la plus grande partie de sa surface une teinte agréable qui réunissait la blancheur du lait à l'éclat de l’argent; une nuance grise variait son dos; la nageoire dorsale et celle de l'anus étaient distinguées par de petites bandes transversales brunes; les bandelettes de la pre mière de ces deux nageoires s’étendaient sur la partie supérieure de l’animal, y ondulaient, pour ainsi dire, s’y réunissaient les unes aux autres, disparaissaient vers la partie infé- rieure du poisson; et la nageoire de la queue, qui était fourchue, présentait un croissant très- brun. dos 53, à chacune des pectorales 18, à chacune des thoraci- nes 6, à celle de l'anus 25, à celle de la queue, qui est four- chue, 15. 1 Coryphène ondoyant. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méta. 3 M. Cuvier rapporte ce poisson au pompile décrit ci-après, lequel est pour lui un centrolophe. D. 192 D'ailleurs ce coryphène avait des yeux assez grands; louverture de sa bouche, étant très- large , laissait voir facilement une langue lisse, et arrondie par devant; un opercule composé de deux lames non découpées couvrait de cha- que côté un grand orifice branchial ; la ligne la- térale était droite et peu proéminente *. LE CORYPHÈNE POMPILE :. Coryphæna Pompilus, Linn., Gmel., Lacep.; Centrolo- phus Pompilus, Cuv.*. De tous les coryphènes du premier sous- venre , le pompile est celui dont la nageoire cau- dale est la moins fourchue; et voilà pourquoi quelques naturalistes, et particulièrement Ar- tedi, le comparant sans doute à l’hippurus , ont écrit que cette nageoire de la queue n'était pas | échancrée. Cependant, lorsqu'on a sous les yeux un individu de cette espèce, non altéré, on s'aperçoit aisément que sa nageoire caudale présente à son extrémité un angle rentrant. Les | anciens ont nommé Pompile le coryphène dont nous traitons dans cet article, parce que, se rapprochant beaucoup par ses habitudes de l'hippurus et du doradon, on dirait qu'il se | plait à accompagner les vaisseaux, et que pompe signifie en grec pornpe où corlége. Au reste, il ne faut pas étre étonné qu'ils aient assez | bien connu la manière de vivre de ce poisson osseux , puisqu il habite dans la Méditerranée, aussi bien que, dans plusieurs portions chaudes ou tempérées de l'Océan Atlantique etdu grand Océan. L'ouverture de la bouche du pombpile est très-grande; sa mâchoire inférieure plus avan- ée que la supérieure, et un peu relevée; les côtés de la tète présentent des dentelures et des 4 A la membrane des branchies G rayons, à la nageoire du los 54, à chacune ées pectorales 49, à chacune des thoraci- nes 5, à celle de l'anus 27, à celle de la queue 17. 2 Coryphene lampuge. Daubeuton, Enc. méth. — 74. Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. — « Coryphæna... lineä late- « rali curvä. » Artedi, gen. 16, syn. 29. — Tourihoc. Ælian., 12,c.15;et 1. 15, c. 25.— /d. Athen., 1.7, p. 282, 285 et 284. — Id. Oppian., Hal. 1.1, p. 8. — Pompilus. Ovid. — Pompilus. Pliu., Hist. mundi, L 52, c. 11. — Pompile. Ron- delet, part. 1, 1. 8 0. 15. — XpÜcowpus par plus. anciens sateurs. — Gesner, p. 881, 753: et (Germ.) fol, 60, a, b. — Bidrov.. 1. 5, c. 19, p.525. — Souston, 1, 1, Lit. 4, c. 2, a, 2, tab. 5, fig. 8.— Charlet., p. 124. — Willughby, p.215. — Rai, p- 1. 5 M. Cuvier place cette espèce dans le sous-genre Centro- lophe du grand genre Coryphène. D. HISTOIRE NATURELLE enfoncements ; la ligne latérale est courbe; ies nageoires pectorales sont pointues ‘; des bandes transversales, étroites, et communément jau- nes, régnent sur les côtés. La dorure qui dis- tingue un si grand nombre de coryphènes, se manifeste sur le pompile au-dessus de chaque œil; et voilà pourquoi on l’a nommé Sourcil d’or, en grec youcoppus. LE CORYPHÈNE BLEU ?. Coryphæna cærulea, Linn., Gmel., Lacep. *. L'or, l’argent et l’azur brillent sur les eory- phènes que nous venons d’examiner ; la parure de celui que nous décrivons est plus simpie, mais élégante. Il ne présente ni argent ni or; mais toute sa surface est d’un bleu nuancé par des teintes agréablement diversifiées, et fon- dues par de douces dégradations de clarté. On le trouve dans les mers tempérées ou chaudes qui baignent les rivages orientaux de l’Ameé- rique. Ses écailles sont grandes ; celles qui re- vêtent le dessus et les côtés de sa tête, sont assez semblables aux écailles du dos. Une seule lame compose l’opercule des branchies, dont l'ouverture est tres-large ; la ligne latérale est plus proche du dos que de la partie inférieure de l’animal ; les yeux sont ronds et grands; et une rangée de dents fortes et pointues garnit chaque mâchoire *. LE CORYPHÈNE PLUMIER :. Coryphæna Plumieri, Blocb, Lacep.‘. Ce coryphène, que le docteur Bloch a fait connaitre, et qu’il a décrit d’après un manuscrit de Plumier, habite à peu près dans les mêmes mers que le bleu : on le trouve particulière- ment, ainsi que le bleu , dans le bassin des An- 4 A la nageoire dorsale 55 rayons, à chacune des pectora- les 44, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 24, à celle de la queue 16. 2 Bloch, pl. 176.— Novacula cœærulea. Catesby, Carol, tab. 18. — Coryohène rasoir bleu. 5: M. Cuvier rapporte ce poisson au genre des Scares. D. 4 À la membraue des branchies 4 rayons, à la nageoire du dos 49, à chacune des pectorales 44, à chacune des thoraci- nes 5, à celle de l'anus 44, à celle de la queue 19. Coryphène paon de mer. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. # M. Cuvier considère ce poisson comme étant un véritable Labre D. DES ;'OISSONS. tilles. Mais combien il diffère de ce dernier -poisson par la magnificence et la variété des couleurs dont il est revêtu! C’est un des plus beaux habitants de l'Océan. Tâchons de pein- dre son portrait avec fidélité. Son dos est brun; et sur ce fond que la na- ture semble avoir préparé pour faire mieux res- sortir les nuances qu'elle y a distribuées, on voit un grand nombre de petites raies bleues serpenter, s'éloigner les unes des autres, et se | réunir dans quelques points. Cette espece de dessin est comme encadré dans l’or qui res- plendit sur ies côtés du poisson, et qui se change en argent éclatant sur la partie infé- rieure du coryphène. La tête est brune; mais chaque œil est situé au-dessous d’une sorte de tache jaune, au-dessus d’une plaque argentée, et au centre de pelits rayons d'azur. Une bor- dure grise fait ressortir le jaune des nageoires pectorales et thoracines; la nageoire de la queue, qui est jaune comme celle de l’anus, présente de plus des teintes rouges et un liséré bleu; et enfin une longue nageoïire violette rè- gne sur la partie supérieure du corps et de la queue ‘. Le coryphène plumier est d'ailleurs couvert de petites écailles ; il n’a qu’une lame à chacun de ses opercules; il parvient ordinai- rement à la longueur d’un demi-mètre; et sa nageoire eaudale est en croissant, comme celle du bleu. LE CORYPHÈNE RASOIR ?. Coryphæna novacula, Lion., Gmel., Lacep.; Xiri- chihys novacula, Cuv.s:. Ce poisson a sa partie supérieure terminée par une arête assez aiguë, pour qu on n’ait pas balancé à lui donner le nom que nous avons 4 A la membrane des branchies 4 rayons , à la nageoire du dos 77, à chacune d's pectorales 44, à chacune des thoraci- ues 6, à celle de l'anus 55, à celle de la queue 16. 3 Pesce peiline, sur les côtes de la Ligurie. — Rason, sur plus côtes d'Espagne. — Coryphéne rason. Daubenton, Enc. méth. — /d.Bonnaterre, pl de l'Enc. méth.— « Cory- ephæua palmaris pulchrè varia, dorso acuto. » Artedi, gen. 15,syu. 29. —Noracu a piscis. Plin., Hist, mundi, 1. 32, €. 2. — Rason. Rondelet, part. 4,1 5,0. 17. — Novucula. Gesner, p.628, 629 et 721; et (Gerin. fol 52, a. — Pesce pet- tine, Salviau., fol, 217. — « Pecten Romæ, novacula Ron- » deletii. » Aldrov., L. 2, c. 27, p. 205. — Pecten Komano- ru». Jouston, 1. 4, tit. 5, cap. 1. a. 15. — « Pesce pettine « Salviani novacula kRonäelet. » Gesner. Paralipum., p. 24. — Willugkby, Ichth., p. 214. — Rai, p. 404. 5 M. Cuvier considere ce poisson comme formant le type d'un nouveau geure de la famille des Labroïdes, qu'il omme Kasou, ,Xirichthys. D: 1. 193 | cru devoir lui conserver. J1 habite dans la Mé- diterranée ; et voilà pourquoi il a été connu des anciens, et particulièrement de Pline. Il est très-beau ; on voit sur sa tête et sur plusieurs de ses nageoires , des raies qui se croisent en différents sens, et qui montrent cette couleur bleue que nous avons déjà observée sur les co- ryphènes : mais il est le premier poisson de son genre qui nous présente des nuances rouges éclatantes , et relevées par des teintes dorées. Ce rouge resplendissant est répandu sur la plus grande partie de la surface de l’animal ; et il y est réfléchi par des écailles très-grandes. La chair du rasoir est tendre, délicate, et assez recherchée sur plusieurs rivages de la Méditer- ranée, Sa ligne latérale suit à peu près la cour- bure du dos , dont elle est tres-voisine ; chacun de ses opercules est composé de deux lames; et sa nageoire caudale étant rectiligne, nous V’avons placé dans le second sous-genre des coryphènes. Au reste, l’histoire de ce poisson nous fournit un exemple remarquable de l'in- fluence des mots. On l’a nommé Rasoir long- temps avant le siècle de Pline : à cette époque, où les sciences physiques étaient extrêmement peu avancées, cette dénomination a suffi pour faire attribuer à cet animal plusieurs des pro- priétés d’un véritable rasoir, et même pour faire croire , ainsi que le rapporte le naturaliste ro- main, que ce coryphène donnait un goût mé- tallique , et particulièrement un goût de fer, à tout ce qu’il touchait. LE CORYPHÈNE PERROQUET". Coryphæna Psittacus, Lino.,Gmel., Lacep.; Xirich{hys Psittacus, Cuy.?. La forme rectiligne que présente la nageoire caudale de ce poisson, détermine sa place dans le troisième sous-genre des coryphènes. Sa li- gne latérale est interrompue ; et sa nageoire dor- sale, assez basse et composée de trente rayons ou environ, commence à l'occiput *. Il a été observé par le docteur Garden dans les eaux de la Caroline La beauté des couleurs 41 Coryphéne perroquet. Daubenton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 M. Cuvier place ce poisson, ainsi que le précédent, dans son genre Rason Xir$ hthys de la famille des Labroïdes. D. 5 À La nageoire du dos 50 rayons, à chacune des peciora- les 41, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus {8,à | celle de la queue 14. 25 4194 HISTOIRE NATURELLE dont il brille lorsqu'il est animé par la chaleur | présente pas de semblables ; elle n’est couverte de la vie, ainsi que par les feux du soleil, a | que de grandes lames. L’extrémité antérieure mérité qu’on le comparât aux oiseaux les plus | de chaque mâchoire est garnie de deux dents distingués par la variété de leurs teintes, la vi- | aiguës , très-longues, et écartées l’une de l’au- vacité de leurs nuances, la magnificence de leur | tre: et la forme de la nageoïire caudale, qui est parure, et particulièrement aux perroquets. Les | arrondie, place le rayé dans le quatrième sous- lames qui recouvrent la tête montrent la diver- | genre des coryphènes. sité de reflets des métaux polis et des pierres précieuses ; son iris, couleur de feu, est bordé d'azur; des raies longitudinales relèvent le fond LE CORYPHÈNE CHINOIS. des nageoires ; et l’on aperçoit vers le dos, au milieu du tronc, une tache remarquable par ses couleurs aussi bien que par sa forme, faite en losange, et présentant, en quelque sorte, toutes les teintes de l’arc-en-ciel , puisqu'elle offre du rouge, du jaune, du vert, du bleu et du pourpre. Coryplhæna sinensis, Lacep.; Latilus argenteus, Cuy.'. Ce coryphène n’a pas encore été décrit. Nous en avons trouvé une figure coloriée et faite avec beaucoup de soin, dans ce recueil de peintures chinoises qui fait partie des collections du Mu séum d'histoire naturelle, et que nous avons LE CORYPHÈNE CAMUS ". déjà cité plusieurs fois. Nous lui avons donné le nom de Coryphène chinois, pour désigner jes rivages auprès desquels on le trouve, et l'ou- Le nombre des rayons de la nageoire dorsale, | vrage précieux auquel nous en devons la con- et la prolongation de la mâchoire inférieure plus | naissance. Sa parure est riche, et en mêmetemps avancée que la supérieure, servent à distinguer simple, élégante et gracieuse, Sa couleur est ce coryphène, qui habite dans les mers de l'A- | d'un vert plus ou moins clair, suivant les par- sie, et qui, par la forme rectiligne de sa nageoire | ties du corps sur lesquelles il parait ; mais ces caudale, appartient au troisieme sous-genre des | nuances agréables et douces sont mélées avec poissons que nous considérons *. des reflets éclatants et argentins. Au reste, il n’est pas inutile de remarquer qu'en rapprochant par la pensée les diverses peintures chinoises que l’on peut connaitre en Europe, de ce qu’on a appris au sujet des soins que les Chinois se donnent pour l'éducation des Le docteur Garden a fait connaître ce poisson, | animaux , on se convaincra aisément que ce LI Coryphæna sima, Linn., Gmelin, Lacep. *. LE CORYPHÈNE RAYÉ #. Coryphæna lineata, Linn., Gmel., Lacep.; Xirichthys lineatus, Cuv. ‘. qui habite dans les eaux de la Caroline. Ce cory- | peuple n’a accordé une certaine attention , soit phène à la tête rayée transversalement de cou- | dans ses occupations économiques , soit dans leurs assez vives ; d'autres raies très-petites pa- | les productions de ses beaux -arts, qu'aux raissent sur la nageoire du dos, ainsi que sur | animaux utiles à la nourriture de l'homme, ou celle de l'anus ©. Les écailles qui revêtent le | propres à charmer ses yeux par la beauté de corps etla queue sonttrés srandes. La tête n’en | leurs couleurs. Ce trait de caractère si digne de l'observation du philosophe ne devait-il pas être indiqué, même aux naturalistes ? Ce beau coryphène chinois montre une très- longue nageoire dorsale; mais celle de l’anus est assez courte. La nageoire caudale est arrondie. De grandes écailles couvrent le corps, la queue etles opercules. La mâchoire inférieure est re- levée et plus avancée que la supérieure; ce qui ajoute aux rapports du chinois avec le cory- phène camus. + Coryphène rechignée. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ? Ce poisson n'est admis par M. Cuvier ni dans le genre Co- ryphène, ni dans le genre Rason. C'est un de ceux qu'il n'o- serait introduire dans le système ichthyologique, dans la crainte d'y porter le désordre, en les y plaçant par conjec- ture sur des descriptions incomplètes. D. 5 À la nageoire dorsale 52 rayons, à chacune des pectora- les 46, à chacune des (horacines 6, à celle de l'anus 9, à celle de la queue (6. + Coryphéne rayée. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Le poisson de cet article est rapporté par M. Cuvier a son genre Rason, Xirichthys, âe la famille des Labroïdes. LA 3 À la nageoire du dos 21 rayons, à chacune des pectora- : tes 41, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 45, à «“ Du genre Latilus formé par M. Cuvier, dans la famille celle de la queue 12. des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. DES POISSONS LE CORYPHÈNE POINTU !. Coryphæna acuta, Linn., Gm., Lac. ?. Le nom de Pointu, que Linnée a donné à ce coryphène, vient de la forme lancéolée de la nageoire caudale de ce poisson; et c’est à cause de cette même forme que nous avons placé cet osseux dans un cinquième sous-genre. Cet ani- mal qui habite dans les mers de l’Asie, a qua- rante-cinq rayons à la nageoire du dos, et sa li-. gne latérale est courbe 5. LE CORYPHÈNE VERT #, Coryphæna virens, Linn., Gmel.; Coryphæna viridis Lacep. ET LE CORYPHÈNE CASQUÉ >». Coryphæna clypeata, Linn., Gmel.; Coryphæna ga- leata, Lacep.e, Nous avons divisé le genre que nous exa- minons, en cinq sous-genres ; et nous avons placé les coryphènes dans l’un ou l’autre de ces groupes, suivant le degré d’étendue relative, et | par conséquent de force proportionnelle , don- née à leur nageoire caudale, ou , ce qui est la même chose, à un de leurs principaux instru- ments de natation, par la forme de cette même nageoire, ou fourchue, ou en croissant, ou rec- tiligne , ou arrondie, ou pointue. Nous n'avons vu aucun individu de l’espèce du coryphène vert, ni de celle du coryphène casqué; aucun naturaliste n’a décrit ou figuré la forme de la nageoire caudale de l’un ni de l’autre de ces deux poissons : nous avons donc été obligés de les présenter séparés des cinq sous-genres que nous avons établis ; et de nouvelles observations pourront seulesles faire rapporter à cellede ces petites sections àlaquelleils doivent appartenir. Tous les deux vivent dans les mers de l'Asie; et tous les deux sont faciles à distinguer des au- tres coryphènes : le premier , par un long fila- 1 Coryphène pointue. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ? Espèce trop vaguement décrite, pour qu'on puisse l'ad- mettre soit dans le genre Coryphène, soit dans le genre Ra- son, selon M, Cuvier. D. 5 A la nageoire du dos 45 rayons, à chacuue des pectora- les 16, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 16, à celle de la queue 14. 4 Coryphène verte. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. # Coryphéne à bouclier. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ‘M. Cuvier se refuse à admettre ces deux espèces soit parmi les Coryphènes, soit parmi les Rasons, à cause de J= brievelé de leur description, qui ne permet pas des'en for- , mer une juste idée. D. 195 , ment que présente chacune des nageoires du dos et de l’anus, ainsi que des thoracines ! ; et le second, par une lame osseuse située au-des- sus des yeux, et que l’on a comparée à une sorte de bouclier ou plutôt de casque. On ignore la couleur du casqué; celle du vert est indi- quée par le nom de ce coryphène ?. QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES HÉMIPTÉRONOTES 5. Le sommet de la têle très-comprimé, et comme tran- chant par le haut, ou très-élevé et finissant sur Le de- vant par un plan presque vertical, ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle, ou garni d'écail- les semblables à celles du dos ; une seule nageoire dor- sale ; et la longueur de celte nageoïre du dos ne sur. passant pas, ou surpassant à peine la moitié de La longueur du corps et de la queue pris ensemble. | CARACTÈRES. Vingt rayons , ou environ, à la na- geoire du dos; l'opercule bran- chial composé de deux lames; cinq taches de chaque côté. Quatorze rayons à la nageoire du dos; huit rayons à chacune des thoracines. ESPÈCES. 1. L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ- TACHES. 2. L'HÉMIPTÉRONOTE GME- LIN. L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES :. Coryphæna pentadactyla, Linn., Gmel.; Hemipterono- tus quinque maculatus, Lacep.°. La brièveté de la nageoire dorsale et sa posi- tion à une assez grande distance de l’occiput, distinguent le cinq-taches, et les autres poissons 4 À la nageoïire du dos 26 rayons, à chacune des pectora- les 15, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 15, à celle de la queue 16. 2 A la nageoire du dos 52 rayons, à chacune des pectora- les 14, à chacune des thoracines 5, à celle de l'anus 12. 5 M, Cuvier n'admet pas ce genre. D. 4 Coryphène cing-taches. Daubenton, Enc. méth.— 14 Bonnaterre, pl. de l'Ene. méth.—« Coryphæna caudà æquali, « pinnä dorsi, radiis uno et vigiuli. » Bloch, pl. 175. — « Blennius, maculis quinque utrinque versüs Caput uigris. » Act. Stockh. 4740, p. 460, tab. 5, fi3. 2.— « Ikan bandan jang- «swangi. » — « Bandasche cacatoeha. » — « Rievier dolfyn. » Valeut. Amboin. 5, p. 508, 588, 455, fig. 67, 125, 292. — « Oranje visch met vier vlakken. » Renard , Pise. 1, p. 25. — Banda.d. 1, tab. 14, fig. 84. — Ican banda. Id. 2, tab. 2, fig. 6. — Ican polou banda. 1d., tab. 25, fig. 4112. — Jcan banda, Ruysch, Theatr, animal., p. 40, n. 8, tab. 20, fig. 8. — Viif venger visch, id est, piscis pentadactylos. Willu- ghby. Append., p. 7, lab. 8, fig. 2. — Rai, Pisc. 150, n.25. 5 Le Corypnæna pentadactyla de BI. 175, est un Rason ou Xirichthys, pour M. Cuvier. Ce savant naturaliste re- marque que Linnée l'a confondu avec le poisson à cinq doigts, de Nieuhof et de Willughby, App., pl. 8, fig. 2, qui n'est qu'un Pilote; ce qui a engagé M. de Lacépède à en faire on genre Hémiptéronote, dont les caractères ne convien- nent nullement à ceRason Regn. anim., 2*éd., t. IL, p.262 note D. 196 qui appartiennent au genre que nous décrivons, des coryphènes proprement dits. Le nom gené- rique d’Hémipléronote ! désigne ce peu de lon- gueur de la nageoire dorsale , et son rapport avec la nageoire du dos des coryphènes, qui est presque toujours une fois plus étendue. Les os- seux que nous examinons maintenant, ressem- blent d’ailleurs , par beaucoup de formes et d’habitudes, à ces mêmes coryphenes avec les- quels on les a confondus jusqu'à présent. Le cinq-taches , le poisson le plus connu des hé- miptéronotes , habite dans les fleuves de la Chine, des Moluques et de quelques autres iles de l'archipel indien. Il y parvient communément à la longueur de six décimètres; sa tête est grande ; ses yeux sont rapprochés l’un de l’au- tre, et par conséquent placés sur lesommet de la tête; l'ouverture de la bouche est médiocre ; les deux mâchoires sont garnies d’une rangée de dents aiguës, et présentent deux dents cro- chues plus longues que les autres; l’orifice bran- chial , qui est tres-grand, est couvert par un opercule composé de deux lames ; la ligne laté- rale s’éloigne moins du dos que du ventre; i’a- nus est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, qui est fourchue ?; des écailles tres- petites couvrent les joues, et d'autres écailles assez grandes revêtent presque tout le reste de la surface du cinq-taches. Voici maintenant les couleurs dont la nature a peint ces diverses formes. La partie supérieure de l’animal est brune ; les côtés sont blancs, ainsi que la partie infè- rieure ; une raie bleue règne sur la tête ; l'iris est jaune : des cinq taches qui paraissent de cha- que côté du corps, la première est noire, bordée de jaune, et ronde; la seconde est noire, bordée de jaune, et ovale; les trois autres sont bleues et plus petites. Une belle couleur d’azur distingue la nageoire caudale et celle du dos, qui d’ail- leurs montre un liséré orangé; et deux taches blanches sont situées à la base des nageoires tho- racines , lesquelles sont comme les pectorales et comme celle de l'anus , orangées, et bordées e violet ou de pourpre. Du brun, du blanc , du bleu, du jaune, du noir , de l’orangé, et du pourpre et du violet, 4 Hémipléronote vient de trois mots grecs qui signifient moilié, nageoire, et dos. 3 A la membrane des branchies 4 rayons, à la nageoire du dos 21, à chacune des pectorales 15, à chacune des thoraci- nes 6, à celle de l'anus 15, à celle de la queue 12 HISTOIRE NATURELLE composent done l’assortiment denuances qui ca- ractérise le cinq-taches, et qui est d’autant plus brillant qu’il est animé par le poli et le luisant argentin des écailles. Mais cette espèce est aussi féconde que belle : aussi va-t-elle par très-gran- des troupes ; et comme d'ailleurs sa chair est agréable au goût , on la pêche avec soin; on en prend même un si grand nombre d'individus, quon ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils habitent. On prépare de diver- ses manières ces individus surabondants;on les fait sécher ou saler ; on les emporte au loin ; et ils forment, dans plusieurs contrées orientales, une branche de commerce assez analogue à celle que fournit le gade morue dans les régions septentrionales de l’Europe et de l'Amérique. L'HEMIPTÉRONOTE GMELIN !. Coryphæna hemiptera , Linn., Gmel.; Hemipteronotus Gmelini, Lacep. 3. Cet hémiptéronote à la nageoire dorsale en- core plus courte quele cinq-taches; ses mâchoi- res sont d’ailleurs à peu près également avan- cées. On le pêche dans les mers d’Asie, et nous avons cru devoir lui donner un nom qui rappe- lât la reconnaissance des naturalistes envers le savant Gmelin, auquel ils ont oblivation de la treizième édition du Système de la nature par Linnée. QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE 3%. LES CORYPHÉNOÏDES. Le sommet de la tèle très-comprime, et comme tran- chant per le haut, ou tres-elevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, cu termine an- terieurement par un quart de cercle, ou garm d'é- cailles semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale ; l'ouverture des branches ne consistant que dans une fente transversale. ESP RCE. CARACTÈRES. LE CORYPHENOÏDE HOUT- | Vingt-quatre rayons à la nageoire TUYNIEN. du dos. { Coryphene à demi-nageoire. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 M. Cuvier range ce poisson au nombre de ceux qui ont été trop incomplétement décrits pour être admis dans le sys- tème ichthyologique. D. 5 Genre non adopté par M. Cuvier. D, DES POISSONS. LE CORYPHÉNOIDE HOUTTUYNIEN !. Coryphæna branchiostega et Coryphæna japonica, Lion., Gmel.; Coryphænoïides Houttuynii, Lac. 2. On trouve dans la mer du Japon, et dans d’autres mers de l’Asie, ce poisson que l’on a inscrit parmi les coryphènes, mais qu’il faut en séparer, à cause de plusieurs différences essen- tielles, et particulièrement à cause de la forme de ses ouvertures branchiales , qui ne consistent chacune que dans une fente transversale. Nous le nommons Coryphénoïde pour désigner les rapports de conformation qui cependant le lient avec les coryphènes proprement dits; et nous lui donnons le nom spécifique d’Houttuynien , parce que le naturaliste Houttuyn n’a pas peu contribué à le faire connaître. Il n’a communé- ment que deux décimètres de longueur; les écailles qui le revêtent sont minces; sa couleur tire sur le jaune ÿ. QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. LES ASPIDOPHORES *. Le corps et la queue couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOUS-GENRE, Un ou plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure, CARACTÈRES. ! Plusieurs barbillons à la mächoire inférieure; la cuirasse à huit pans; deux verrues échancrées sur le museau, SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons à La machoire inférieure. ESPÈCES. 1. L'ASPIDOPHORE ARME. La cuirasse à huit ou plusieurs pans, c, L'ASPIDOPHOBE LISIZA. { et garnie d'aiguillons. — L'ASPIDOPHORE ARMÉE 5. Cottus cataphractus , Linn., Gmel.; Aspidophorus ar- matus, Lacep. ; Aspidophorus europœus, Cuv. *, Nous avons séparé des cottes, les poissons *Houttuyn, Act. Haarl., 20, 2, p. 515.— Coryphéne bran- chiostége. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 M. Cuyier ne regarde pas l'existence de ce poisson comme certaine. 11 voudrait qu'elle reposât sur une autorité meil- leure que celle d'Houttuyn, D. 5 À la uageoire du dos 24 rayons, à chacune des pectora- les 14, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 10, à celle de la queue 16. 4 Ce genre est adopté , mais comme sous-genre, dans celui des Chabots, Cottus, par M. Cuvier. D. # À pogge, dans le nord de l'Angleterre. — Cotte armé. Daubeaton, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 197 osseux et thoracins dont le corps et la queue sont couverts de plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à former un grand nombre d’anneaux solides , et dont l'ensemble compose une sorte de cuirasse, ou de fourreau à plu- sieurs faces longitudinales. Nous leur avons donné le nom générique d’Aspidophore, qui veut dire porte-bouclier, et qui désigne leu conformation extérieure. Ils ont beaucoup de rapports , par les traits extérieurs qui les dis tinguent, avec les syngnathes et les pégases Nous ne connaissons encore que deux espèces dans le genre qu'ils forment ; et la plus ancien- nement , ainsi que la plus généralement connue des deux, est celle à laquelle nous conservons le nom spécifique d’Armé, et qui se trouve dans l’Océan Atlantique. Elle y habite au milieu des rochers voisins des sables du rivage ; elle y dé- pose ou féconde ses œufs vers le printemps; et c'est le plus souvent d'insectes marins, de mol- lusques ou de vers , et particulièrement de cra- bes, qu’elle cherche à faire sa nourriture. La couleur générale de l’armé est brune par-dessus et blanche par-dessous. On voit plusieurs taches noirâtres sur le dos ou sur les côtés; d'autres taches noires et presque carrées sont répandues sur les deux nageoires du dos, dont le fond est gris ; les nageoires pectorales sont blanchâtres et tachetées de noir ; et cette même teinte noire occupe la base de la nageoire de l’anus. Une sorte de bouclier ou de casque très-solide, écailleux , et même presque osseux, creusé en petites cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des tubercules, garantit le dessus de la tête. Les deux mâchoires et le palais sont hé- rissés de plusieurs rangs de dents petites et ai- guës; un grand nombre de barbillons garnissent le contour arrondi de la mâchoire inférieure, qui est plus courte que la supérieure ; l’opercule branchial n'est composé que d’une seule lame ; —Bloch, pl. 38, fig. 5 et 4.—« Cottus cirris plurimis, corpcre « octogono. » Artedi, gen. 49, spec. 87, syn. 77.— Cotlus ca- taphractus, Schonev., p.30. — Jonston, L 2, tit. 4, c.9, tab. 46, 6g. 5 et 6. — Charlet., Onom., p. 152. — Willughby, Ichth., p.211. — Raï, p. 77. — Faun. Suecic., 524. — Brünn., Pisc. Massil., p.31, n. 43. — Müll., Prodrom. Zooïi. Danic, p.44, n. 45. — O. Fabric., Faun. Groenland., p. 155. n, 112 — Mus. Adol. Fr. 1, p. 70, — Gronov. Mus. 1, p.46, 1. 103; et Zooph., p. 79, n. 271.— Act. Helv. 4, p. 262, n. 440. — « Cottus cataphractus, rostro resimo, etc. » Klein, Miss pisc. 4, p. 42, n. 1. — Cottus cataphractus. Séba, Mus. 3, p. 81, tab. 28, fig. 6. — Pogge, Penn., Brit. Zool. 5, p. 178, n. 2, tab. 11. # Aspidophorus Europæus, Cuv., Hist. des Poissons, t. IV, p.201. D. 198 un piquant recourbé termine chaque pièce des anneaux solides dont se forme la cuirasse géné- rale de l’animal; cette même cuirasse présente huit pans longitudinaux, qui se réduisent à six autour de la partie postérieure de la queue; la ligne latérale est droite; l’anus situé à peu près au-dessous de la première nageoire du dos; la nageoire caudale arrondie; les pectorales sont grandes , et les thoracines longues et étroites !, L'aspidophore armé parvient communément à une longueur de deux ou trois décimètres. Nous pensons que l’on doit rapporter à cette espèce le poisson auquel Olafsen et Müller ont donné le nom de Cotte Brodame ?, et qui ne parait différer par aucun trait important, du thoracin qui fait le sujet de cet article. L'ASPIDOPHORE LISIZA 3. Coitus japonieus et Phalangistes japonicus, Pallas ; Agonus japonicus, Bl., Schn.; Aspidophorus Lisiza, Lacep. ; Aspidophorus superciliosus, Cury. 4. Pallas a fait connaître ce poisson, qui vit au- près du Japon et des îles Kuriles, et qui a beau- coup de rapports avec l’armé. La tête de cet aspidophore est allongée, com- primée, et aplatie dans sa partie supérieure, qui présente d’ailleurs une sorte de gouttière longi- tudinale. De chaque côté du museau, qui est obtus, et partagé en deux lobes, on voit une lame à deux ou trois échancrures, et garnie sur le devant d’un petit barbillon. Les bords des mâchoires sont hérissés d’un grand nombre de dents ; les yeux situés assez près de l’extrémité du museau, etsurmontés chacun par une sorte de petite corne ou de protubérance osseuse; et les opercules dentelés ou découpés. Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces dont se composent les anneaux et par conséquent l’ensemble de la cuirasse, dans les- quels le corps et la queue sont renfermés. Ces pièces offrent d’ailleurs des stries disposées | comme des rayons autour d'un centre ; et les *5rayons non articulés à la première nageoire du dos, 7 rayons articulés à la seconde, 15 rayons à chacune des pecto- rales, 5 à chacune des thoracines, 6 à celle de l'anus, 10 à celle de la queue. 2 Coltus brodamus. Olafsen, Isl., t. 1, p. 589. — Zd. Müll., Zool. Danic. Prodrom.— Cotte brodame. Bonnaterre, pL de Enc. metb, 5 Cotte lisiza. Daubenton, Enc. méth. — Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 4 Aspidophore hauts-sourcils, Asp. superc iosw Uuy., Hist. nat. des Poissons, t. IV, p.213. D. HISTOIRE NATURELLE anneaux sont conformés de manière à donner à la cuirasse ou à l’étui général une très-grande ressemblance avec une pyramide à huit faces , ou à un plus grand nombre de côtés, qui se réduisent à cinq, six ou sept, vers le sommet de la pyramide. La premièrenageoire du dos correspond à peu près aux pectorales et aux thoracines, et la se- conde à celle de l’anus. Chacune des thoracines ne comprend que deux rayons ; ceux de toutes les nageoires sont, en général , forts et non ar- ticulés; et l’orifice de l’anus est un peu plus près de la gorge que de la nageoire caudale. Le fond de la couleur de l’aspidophore que nous décrivons est d’un blanc jaunâtre; mais le dos, plusieurs petites raies placées sur les nageoires! , une grande tache rayonnante située auprès de la nuque, et des bandes distribuées transversalement ou dans d’autres directions sur le corps ou sur la queue , offrent une teinte brunâtre. La longueur ordinaire du lisiza est de trois ou quatre décimètres. QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES ASFIDOPHOROIDES 22 Le corps et La queur couverts d'une sorte de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire sur le dos ; moins de- quatre rayons aux nageoires thoracines. CARACTÈRES. Quatre rayons à chacune des na- geoires pectorales, et deux à cha cune des thoracines. ESPÈCE. L'ASPIDOPHOROÏDE TRANQUEBAR. L'ASPIDOPHOROIDE TRANQUEBAR *. Agonus monopterygius; Bl., Schn.; Aspidophoroïdes Tranquebar , Lacep.; Aspidophorus monopterygius, Cuy. *. Les aspidophoroïdes sont séparés des aspido- phores par plusieurs caractères , et particuliè- rement par l'unité de la nageoire dorsale. Ils ont cependant beaucoup de rapports avec ces derniers ; et ce sont ces ressemblances que leur 4 Ala membrane des branchies 6 rayons, à la première na- geoire du dos 6, à la seconde nageoire dorsale 7, à chacune des nageoires pectorales 12, à chacune des thoracines 2, à celle de l'anus 8, à celle de la queue 12. 2 Ge genre est réuni, par M. Cuvier, à celui des Aspidopho- res, qui constitue un sous-genre parmi les Cottes. D 5 Coite, chabot de l'Inde. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth 4 Aspidophore à une seule dorsale, 4spid. monopiery , gius, Cuv., Hist, nat, des Poissons, t. IV, p.224 D. DES POISSONS. nor générique indique. Le tranquebar est d’ail- teurs remarquable par le très-petit nombre de rayons que renferment ses diverses nageoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson est si sensible , que tous les rayons de la nageoire du dos, de celle de l’anus, de celle de la queue, des deux pectorales et des deux thoracines ne montent ensemble qu'à trente-deux. Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de Tran- quebar, ainsi que l’annonce son nom spécifique. Sa nourriture ordinaire est composée de jeunes cancres et de petits mollusques ou vers aquati- ques. Il est brun par-dessus, gris sur les côtés ; et l’on voit sur ces mêmes côtés des bandes transversales et des points bruns, ainsi que des taches blanches sur la partie inférieure de l’ani- mal, et des taches brunes sur la nageoire de la queue et sur les pectorales !. Sa cuirasse est à huit pans longitudinaux, qui se réunissent de manière à n’en former que six vers la nageoire caudale: les yeux sont rappro- chés du sommet de la tête; la mâchoire supé- rieure , plus longue que l’inférieure, présente deux piquants recourbés en arrière; une seule lame compose l'opercule des branchies, dont l’ouverture est très-grande; on apercoit sur le dos une sorte de petite excavation longitudi- nale; la nageoire dorsale est au-dessus de celle de l’anus , et celle de la queue est arrondie. QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE. LES COTTES 2. La tête plus large que le corps ; La forme générale un peu conique; deux nageoires sur le dos ; des aiguil- Lons ou des tubercules sur la têle ou sur les opercules des branchies ; plus de trois rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOUS-GENRE. Des barbillons à lamächoire inférieure. CARACTÈRES, Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure; cette mâchoire plus avancée que la supérieure. ESPÈCES, 4; LE COTTE GROGNANT: 4 A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du dos 5, à chacune des pectorales 14, à chacune des thoraci- ues 2, à celle de l'anus 5, à celle de la queue6. 3 Ce genre est adopté par M. Cuvier, qui le partage en deux sous-geures, 4° celui des Cottes proprement dits, et 2° celui des Aspidophores. Quelques espèces se rapportent, suivant lui, a d'autres genres, téls que ceux des Batrachoïdes et des Platycéphales. D 199 SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons à la mâchoire inférieure. ESPÈCES. CARACTÈRES, Plusieurs aiguillons sur la tête ; le 2. LE COTTE SCORPION. corps parsemé de petites verrues épineuses. 3. a Quatre protubérances osseuses sur Le CRT DEEE le sommet de la tête. 4. | “ions ligne latérale garnie d'aiguil. LE COTTE RABOTEUX. { Des FA TEX sur la tête; des ban- des “transversales et des raies longitudinales. Deux aiguillons de chaque côté de ia tête: des stries sur cette même partie de l'animal. { | Deux aiguillons recourbés de cha- 5. Le COTTE AUSTBAL. 6. L& COTTE INSIDIATEUR. que côté de la tête; un sillon lon- gitudinal, large et profond, entre les yeux; des écailles assez grau- des sur le corps et sur la queue. Un aiguillon de chaque côté de la tête; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; le corps couvert d'écailles rudes ; la couleur générale noire ou noi- râtre. Deux aiguillons recourbés sur cha- que opercule; le corps couvert d'écailles à peine visibles. 7. LE COTTE MADÉGASSE. 8. LE COTTE NOR. LE one CHABOT. LE COTTE GROGNANT !. Cottus grunniens, Linn., Lacep.; Batrachus grunniens, Guy. 2. Presque tous les cottes ne présentent que des couleurs ternes, des nuances obscures, des teintes monotones. Enduits d'une liqueur onc- tueuse qui retient sur leur surface le sable et le limon, couverts le plus souvent de vase et de boue, défigurés par cette couche sale et irrégu- lière, aussi peu agréables par leurs proportions apparentes que par leurs téguments, qu'ils dif- férent , dans leurs attributs extérieurs , de ces magnifiques coryphenes sur lesquels les feux des diamants, de l’or, des rubis et des saphirs scintillent de toutes parts, et auprès desquels on dirait que la nature les a placés, pour qu'ils fissent mieux ressortir l'éclatante parure de ces poissons privilégiés ! On pourrait être tenté de * Bloch, pl. 179. — Colte grognard. Daubenton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Adolph, Frid. 2, p.68. — Gronov. Mus. 4, p. 46, n.106; et Zooph., p.79, n. 269. — Séba , Mus. 5, p. ‘80, n. 4, tab. 25, fig. 4. — « Corystion capite crasso, ore ranæ amplo, etc. » Klein; Miss. pisc. 4, p. 46 n. 8. — Marcgrav., Brasil., p.78. — Wil- lughby, Ichth., p. 289, tab. S, 41, fig. 4; Append., p. 5, tab. 4, fig. 1.— Migui, Rai, Pisc., p. 92, n.7; et p. 150, n. 7. ? M. Cuvier fait remarquer que plusieurs poissons qui avaient été placés avec les Cottes (et entre autres celui de cet article) ont dû en être séparés et reportés dans le genre Batrachoïde, Batrachus, parce qu'ils ont la tête aplatie et non cuirassée ; les ventrales placées en avaut des pectoræ les,etc D, 200 croire que , s’ils ont été si peu favorisés lorsque leur vêtement leur a été départi, ils en sont, pour ainsi die, dédommagés par une faculté remarquable et qui n’a été accordée qu’à un pe- tit nombre d'habitants des eaux, par celle de proférer des sons. Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes, des zées , des trigles et des cobites, font entendre, au milieu de cer- tains de leurs mouvements, une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin cependant d’un sim- ple bruissement assez faible, très-monotone, très-court et fréquemment involontaire, Bon seulement à ces sons articulés dont les nuances variées et légères ne peuvent être produites que par un organe vocal très-composé , ni saisies que par une oreille très-délicate, mais encore à ces accents expressifs et si diversifiés qui appar- tiennent à un si grand nombre d'oiseaux et même à quelques mammifères ! Ce n'est qu’un frôlement que les cottes , les cobites, les trigles, les zées , les balistes, font naître. Ce n’est que lorsque , saisis de crainte ou agités par quelque autre affection vive, ils se contractent avec force, resserrent subitement leurs cavités inté- rieures, chassent avec violence les différents gaz renfermés dans ces cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse, ets’échappant principale- ment par les ouvertures branchiales, en frois- sent les opercules élastiques, et, par ce frotte- ment toujours peu soutenu, font naître des sons, dont ledesréd'élévation estinappréciable, etqui par conséquent, n’étant pas une voix, et ne formant qu’un véritable bruit, sont même au- dessous du sifflement des reptiles *. Parmi les cottes , l'un de ceux qui jouissent le plus de cette faculté de frôler et de bruire, a été nommé Grognant, parce que l’envie de rap- procher des êtres sans discernement et d’après | les rapports les plus vagues, qui l’a si souvent emporté sur l'utilité de comparer leurs proprié- | tés avec convenance, a fait dire qu’il y avait quelque analogie entre le grognement du cochon et le bruissement un peu grave du cotte. Ce poisson est celui que nous allons décrire dans cet article. On le trouve dans les eaux de l'Amérique mé- ridionale, ainsi que dans celles des Indes orien- tales. Il est brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les côtés. Des taches brunes sont répandues sur ses nageoires, qui sont grises, ex- 4 Voyes le Discours sur la nature des poissons. HISTOIRE NATURELLE cepté les pectorales et les thoracines, sur es quelles on aperçoit une teinte rougeâtre !. La surface du grognant est parsemée de pores d’où découle cette humeur visqueuse et abon- dante dont il est enduit, comme presque tous les autres cottes. Malgré la quantité de cette matière gluante dont il est imprégné, sa chair est agréable au goût; on ne la dédaigne pas ; on ne redoute que le foie, qui est regardé comme très - malfaisant , que l'on considère même comme une espèce de poison; et n'est-il pas à remarquer que, dans tous les poissons, ce vis- cère est la portion de l'animal dans laquelle les substances huileuses abondent le plus ? La tête est grande, et les yeux sont petits. L'ouverture de la bouche est très-large; la lan- gue lisse, ainsi que le palais ; la mâchoire infé- rieure, plus avancée que la supérieure et héris- sée d’un grand nombre de barbillons, de même que les côtés de la tête; les lèvres sont fortes ; les dents aiguës, recourbées, éloignées l’une de l’autre , et disposées sur plusieurs rangs. Les opercules, composés d’une seule lame , et gar- nis chacun de quatre aiguillons, recouvrent des orifices très-étendus. L'anus est à une distance presque égale de la gorge et de la nageoire cau- dale, qui est arrondie. LE COTTE SCORPION *. Cottus Scorpius, Linn., Gmel., Lacep., Cux.s. C’est dans l’Océan Atlantique, et à des dis- tances plus ou moins grandes du cercle polaire, 4 A la première nageoire du dos 3 rayons, à la seconde 20, à chacune des nageoires pectorales 22, à chacune des tho- racines 4, à celle de l'anus 16. 2 Caramassou, à l'embouchure de la Seine. — Scorpion de mer, dans pius. départ.—Rotsimpa, Skrabba, Skjalryta, Skialryta, Skiolrista, Pinulka , en Suède. — Fisksymp, Vid-kivft, Soë scorpion, en Norvege. — Kaniok kanininak, dans le Groenland.— Kurhahn, daus la Poméranie.— Don- ner krote, dans la Livonie. — Kamtscha, dans la Sibérie. — Ulk, Ulka, en Danemarck, — #ulk, dans qurlques contrées | du nord de l'Europe. — Donderpad, en Hollande, — Pos- thoest, Posthoofdt , dans la Belgique. — Father-lasher, sur plus. côtes d'Angleterre.— Scolping, à Terre-Neuve. — Cotte scorpion de mer. Daubenton, Enc. méth.— 1d., Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Autre espèce de scor/ion marin. Val- mont de Bomare. Dict. d'hist. nat. — Faun. Suecic., 525. — Ulka, It. Scau., 323. —4« Cottus alepidotus, capite polya- « cautho, etc. » Mus. Adoiph. Frid. 1, p 70. — « Cuttus ale- « pidotus, capite polyacantho, etc. » Artedi, gen. 49 spec. 86, syn. 77. — « Scorpio marinus, vel scorpius nosiras. » Scho- 5“ Ce poisson est un vrai Chabot ou chaboisseau de mer, Cottus, pour M. Cuvier, qui fait remarquer qe, sous son nom, On ‘a confoudu deux espèces. La moins counue, celie dont il expose pour la première fois les caractères avec SON» est le Cottus Bubalis d'Euphrasen, D. DES POISSONS. que lon trouve ce cotte remarquable par ses armes, par sa force, par son agi lité. Il poursuit avecunegrande rapidité, et par conséquent avec un grand avantage, la proie qui fuit devant lui à la surface de la mer. Doué d’une vigueur très-digne d'attention dansses muselescaudaux, ‘ pourvu par cetattributd’unexcellentinstrument de natation, s’élancant comme un trait, très- vorace, hardi, audacieux même, il attaque avec promptitude des blennies , des gades, des ciu- pées, des saumons ; il les combat avec achar- nement, les frappe vivement avec les piquants de sa tête, les aiguillons de ses nageoires, les tuübercules aigus répandus sur son corps , et en triomphe le plus souvent avec d’autant plus de facilité, qu’il joint une assez grande taille à l’impétuosité de ses mouvements, au nombre de ses dards et à la supériorité de sa hardiesse, En effet, nous devons croire, en comparant tous lestémoignages, et malgré l'opinion de plusieurs habiles naturalistes , que dans les mers où il est le plusà l’abri de ses ennemis, le cotte scorpion peut parvenir à une longueu de pius de deux mètres : ce n’est qu'auprès des côtes fréquen- tées par des animaux marins dangereux pour ce poisson, qu'il ne montre presque jamais des dimensions très-considérables. L'homme ne nuit guère à son entier développement, en le faisant périr avant le terme naturel de sa vie. La chair de ce cotte, peu agréable au goût et à l’odorat, p'est pas recherchée par les pêcheurs ; ce ne sont que les habitants peu délicats du Groen- land , ainsi que de quelques autres froides et sauvages contrées du Nord, qui en font quel- quefois leur nourriture ; et tout au plus tire-t-on parti de son foie pour en faire de l’huile , dans les endroits où, comme en Norvège , par exem- ple, il est très-répandu. Si d’ailleurs ce poisson est jeté par quelque accident sur la grève, et que le retour des va- gues , le reflux de la marée ou ses propres ef- forts, ne le ramènent pas promptement au mi- lieu du fluide nécessaire à son existence, il peut nev., p.67. — Scorpius marinus. Jonsion, tab. 47, fig. 4et 5. — « Cottus scorpænæ Beloni similis. » Willu hby, p. 15%; et Append., p. 25, tab. X, 15. — /d., el Scorpius rirginius. Rai, p.145, n. 12; et 142, n.5.— Aldrovand., | b. 2, cap. 27 (pro 25), p. 202.— Gronov. Mus. 4, p. 46, n. 404; Act. H°1- vetic. 4, p.262, n. 159; et Zooph., p.78, n.268. — Bloch, 1. 59. — « Corystion capite maximo, et acul is v ide hor- a tido. »s Klein, Miss, pise. 4, p.47, n. 14, tab. 15, fig. 2e15. — Fisk sympen. ACt. Nidros. 2, p.545, tab. 13 14. — Sra- Re — ———_—__—— scorpion. Edw., Glean., tab. 284. — Séba, Mus. 5, p. 84, ! tab. 28, fig. 5. — Father-lasher. Brit. Zool, 3, p.179, n 3 II. 201 résister pendant assez longtemps au défaut d'eau, la nature et la conformation deses oper- cules et de ses membrancs branchiales lui don- nant la faculté de clore presque entièrement les orifices de ses organes respiratoires, d’en inter- dire le contact à l’air de l’atmosphère, et de garantir ainsi ces organes essentiels et délicats de l'influence trop active, trop desséchante, et par conséquent trop dangereuse, de ce même fluide atmosphérique. C'est pendant l’été que la plupart des cottes scorpions commencent à s'approcher des riva- ges de la mer; mais communément l’hiver esf déjà avancé, lorsqu'ils déposent leurs œufs, dont la couleur est rougeâtre. Tout leur corps est parsemé de petites ver- rues en quelque sorte épineuses, et beaucoup moins sensibles dans les femelles que dans les mâles. La couleur de leur partie supérieure varie; elle est ordinairement brune avec des raies ef. des points blancs : leur partie inférieure est aussi très-fréquemment mêlée de blanc et de brun. Les nageoires sont rouges avec des ta- ches blanches; on distingue quelquefois les fe- melles par les nuances de ces mêmes nageoi- res qui sont alors blanches et rayées de noir, et par le blanc assez pur du dessous de leur corps 1. La tête du scorpion est garnie de tubereules et d’aiguillons; les yeux sont grands, allongés, rapprochés l’an de l’autre, et placés sur le som- met de la tête; les mâchoires sont extensibleset hérissées comme le palais, de dents aigues; la langue est épaisse, courte et dure; louverture branchiale très-large; l’opercule composé de deux lames; la ligne latérale droite, formée communément d’une suite de petits corps écail- leux faciles à distinguer malgré la peau qui les recouvre, et placée le plus souvent au-dessous d’une seconde ligne produite par les pointes de petites arêtes : la nageoire caudale est arron- die, et chacune des thoracines assez longue. 1 Ala première nag oire du dos {0 rayons, à lasecon e 16, à chacune des pectorales 17, à chatune des thoracines 4, à celle de l'anus 12, celle de la queue 18. vertèbres dorsales 8, vertèbres lombaires 2, vertèbres caudales, 45. 26 202 LE COTTE QUATRE-CORNES !. Cottus quadricornis, Linn., Gmel., Lacep. , Cuv. ?. Quatre tubercules osseux,rudes, poreux, s’é- èvent et forment un carré sur le sommet de la tête de ce cotte; ils y représentent, en quelque sorte , quatre cornes, dont les deux situées le plus près du museau sont plus hautes et plus arrondies que les deux postérieures. Plus de vingt apophyses osseuses et piquan- tes, mais recouvertes par une légère pellicule, se font aussi remarquer sur différentes portions de la tête ou du corps : on en distingue surtout deux au-dessus de la membrane des branchies, trois de chaque côté du carré formé par les cor- nes, deux auprès des narines , deux sur la nu- que, et une au-dessus de chaque nageoire pec- torale. Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs par un très-grand nombre de traits au cotte scorpion : il présente presque toutes les habitudes de ce dernier ; il habite de même dans l'Océan At- lantiqueseptentrional, et particulièrement dans la Baltique et auprès du Groenland ; également armé, fort, vorace, audacieux , imprudent, il uage avec d'autant plus de rapidité, qu’il a de très-grandes nageoires pectorales ?, et qu'il les remue très-vivement : il se tient quelquefois en embuscade au milieu des fueus et des autres plantes marines, où il dépose ses œufs d’une couleur assez pâle; et dans certaines saisons il remonte les fleuves pour y trouver avec plus de facilité les vers, les insectes aquatiques et les jeunes poissons dont il aime à se nourrir. On dit, au reste, que sa chair est plus agréa- ble à manger que celle du scorpion; il ne par- vient pas à une grandeur aussi considérable que ce dernier cotte ; et les couleurs brunes et nua- geuses que présente le dos du quatre-cornes, sont plus foncées, surtout lorsque l’animal est femelle, que les nuances distribuées sur la par- tie supérieure du scorpion. Le dessous du corps * Cottus quadricornis. — Horn simpa, en Suède. — « Cottus scaber tuberculis quatuor corniformibns, etc. » Ar- tedi, gen. 48, spec. 84. — Colte quatrc-cornes. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bonuaterre, pl. de l Enc. méth. — Fun. Suecic., 524. — Mus. Adolph. Frid. 1, pe 70, tab. 52, fig. 4.— Cottus scorpiotdes. Ot. Fabric. Faun. Groenland., p.157, n. 114. 2? Chaboïsseau à quatre tubercules, des mers septentriona- les ; Cottus quadricornis, Cuv., Hist. nat. des Foiss., t. 4, p.168 D. 5 A la première nageoire dorsale 9 rayons, à la seconde 14, à chacune des pectorales 47, à chacune des thoracines 4, à celle de l'anus 44, & celle de la queue, qui est arrondie, 42. HISTOIRE NATURELLE du cotte que nous décrivons, est d’un brun jau- nâtre. Lorsqu’on ouvreun individu de cette espèce, on voit sept appendices ou cœcum auprès du py- lore; quarante vertèbres à l’épine dorsale; un foie grand, jaunâtre, non divisé en lobes, situé du côté gauche plus que du côte droit, et ad- hérent à la vésicule du fiel qu’il recouvre ; un canal intestinal recourbé deux fois; un péri- toine noirâtre ; et les poches membraneuses des œufs sont de la même couleur. LE COTTE RABOTEUX #. Cottus scaber, Linn., Gmel., Lacep.; Platycephalus scaber, Cuv., BI. 2? Ce poisson habite dans le grand Océan, et particulièrement auprès des rivages des Indes orientales, où il vit de mollusques et de crabes. C'est un des cottes dont les couleurs sont le moiàs obscures et le moins monotones : du bieuâtre règne sur son dos; ses côtés sont ar- gentés ; six ou sept bandes rougeâtres forment comme autant de ceintures autour de son corps; ses nageoires sont bleues; on voittrois bandes jaunes sur les thoracines ; et les pectorales pré- sentent à leur base la même nuance jaune. Les écailles sont petites, mais fortement at- tachées, dures et dentelées; la lignelatérale offre une rangée longitudinale d’aiguillons recourbés en arrière; quatre piquants également recour- bés paraissent sur la tête, et indépendamment des rayons aiguillonnés ou non articulés qui soutiennent la première nageoire dorsale, voilà de quoi justifier l’épithète de Raboteux, don- née au cotte qui fait le sujet de cet article. D'ailleurs la tête est allongée, la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure, la lan- gue mince, l’ouverture dela bouchetrès-grande, et l’orifice branchial très-large. 4 Cottus scaber. — Cotte raboteux. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth.— Bloch, pl. 180. 2 Cette espèce est placée dans le genre Platycéphale par M. Cuvier. D. 5 À la membrane des branchies 6 rayons *, à la première ageoire du dos 8, à La seconde 42, à chacune des pectora les 48, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 12, à celle de la queue 16. * Le nombre des rayons de la membrane des branchies est de comme dans les autres Platycéphales de M, Curier. D. — DES POISSONS. LE COTTE AUSTRAL ". tusaustralis, J. White, Lacep.; Apistes australis, Cu. ?. Nous plaçons ici la notice d’un cotte observé dans le grand Océan équinoxial, et auquel nous conservons le nom spécifique d’Austral, qui lui a été donné dans l’Appendix du Voyage de l’An- glais Jean White à la Nouvelle-Galies méridio- nale. Ce poissonest blanchâtre ; il présente des bandes transversales d’une couleur livide, et des raies longitudinales jaunâtres; sa tête est armée d’aiguillons. L’individu de cette espèce dont on a donné la figure dans le Voyage que nous ve- nons de citer, n'avait guère qu’un décimètre de longueur. : LE COTTE INSIDIATEUR *. Cottus insidiator, Forsk., Linn., Lacep.; Cottus Spa- tula, Bl.; Batrachus indieus, ibid.; Platycephalus indicus , ibid.; Platycephalus insidiator, Cuvy. {. Ce cotte se couche dans le sable; il s’y tient en embuscade pour saisir avec plus de facilité les poissons dont il veut faire sa proie; et de là vient le nom qu’il porte. On le trouve en Ara- bie; il y a été observé par Forskael , et il y par- vient quelquefois jusqu'à la longueur de six ou sept décimètres. Sa tête présente des stries re- levées, et deux aiguillons de chaque côté. Il est gris par-dessus et blanc par-dessous ; la queue est blanche * : l’on voit d'ailleurs sur cette même portion de l'animal une tache jaune et échancrée, ainsi que deux raies inégales, obli- ques et noires; et de plus le dos est parsemé de taches et de points bruns. 4 Cottus australis. Appendix du Voyage à la Nouvelle- Galles méridionale, par Jean White, premier chirurgien de l'expédition commandée par le capitaine Philipp, p. 265, pl. 52, fig. 4. 3 M. Cuvier retire ce poisson du genre des Chabots, Cottwsr pour le reporter dans son genre Apistes, qui est voisin de ce- Jui des Scorpènes. D. 5 Forskael, Faun. Arab., p. 25, n. 8. — Cote raked. Bon- naterre, pl. de l'Enc. méth. 4 M. Cuvier, qui range ce poisson dans le genre Platycé- phale, fait remarquer qu'il a été décrit trois fois par M. de | Le précédent , au moins si voisin, qu'il serait téméraire de Lacépède, sous les divers noms de 1° Cotte insidiatenr, 2° Cal- Tiomore indien (voyez p.68), et 5° Cotte madégasse (voyez | ci-après)? D. 5 A ia membrane des branchies 8 rayons, à la première na- oire dorsale 8, à la seconde 15, à chacune des pectorales 19, à Chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 44, à celle de la queue, 45: 203 LE COTTE MADÉGASSE !. Cottus madagascariensis, Lacep. ; Platycephalns insi- diator, Cuv. ?. La description de ce cotte n’a point encore été publiée ; nous en avons trouvé une courte notice dans les manuscrits de Commerson, qui l’a observé auprès du fort Daupnin de l'ile de Madagascar , et qui nous en a laissé deux des- sins très-exacts , l’un représentant l’animal vu par-dessus , et l’autre le montrant vu par-des- sous. Ce poisson, qui parvient à quatre décimètres ou environ de longueur, a la têtearmée, de cha- que côté, de deux aiguillons recourbés. De plus, cette tête, qui est aplalie de haut en bas, pré- sente dans sa partie supérieure un sillon pro- fond et très-large, qui s'étend longitudinalement entre les yeux, et continue de s’avancer entre les deux opercules, en s’y rétrécissant cependant. Ce trait seul suffirait pour séparer le madégasse des autres cottes. D'ailleurs son corps est couvert d’écailles as- sez grandes ; son museau arrondi, et la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Les yeux, très-rapprochés l’un de l’autre, sontsitués dans la partie supérieure de la tête ; les opercu- les sont pointillés; la premiere nageoire du dos est triangulaire #; l’anus plus proche de la gorge que de la nageoire caudale; et cette dernière nageoire parait, dans les deux figures du ma- dégasse réunies aux manuscrits de Commerson, et que nous avons fait graver, parait , dis-je, doublement échancrée, c’est-à-dire divisée en trois lobes arrondis; ce qui donnerait une con- formation extrêémement rare parmi celles des poissons non élevés en domesticité. LE COTTE NOIR *. Cottus niger, Lacep. *. Voici le précis de ce que nous avons trouvé 4 « Cottusspinis quatuor lateralibus retroversis, caudä va- « riegatà; vel capite retrorsum tetracantho , sulco inter ocu- « los longitudinali lato et profundo. » Commerson, manuS crits déjà cités. 2 M.Cuvier place le Cotte madégasse dans le genre Platy_ céphale, et il prouve que ce poisson est, sinon le même que leur: assigner des différences spécifiques. D. 58 rayous aiguillonnés à la première nageoire du dos, 43 rayons arliculés à la seconde, 12 rayons art culés à chacune des pectorales, 3 ou 6 rayons articulés à chacune des thora- cines, la nageoire de l'anus est très-étroite. 4 Le petit cabot noir. —a Cotlus nigricans, #quamosus, « scaber, aculeo obscuro in capite utrinque, » Commerson, manuscrits déjà cités. ‘M. Cuvier regarde ce p poisson comme appartenant au 204 dans les manuscrits de Commerson au sujet de ce cotte, qu’il a observé, et qu’il ne faut con- fondre avec aucune des espèces déjà connues des naturalistes. La grandeur et le port de ce poisson sont as- sez semblables à ceux du gobie noir ; sa lon- gueur ne va pas à deux décimètres. La couleur générale est noire, cu d'un brun noirâtre; la se- conde nageoire du dos, celle de l’anus et celle de la queue sont bordées d’un liséré plus foncé, ou pointillées de noir ;la première nageoire dor- sale présente plusieurs nuances de jaune, et deux bandes longitudinales noirâtres; et le noir ou le noirâtre se retrouve encore sur l'iris. La tête épaisse, plus large par derrière que la partie antérieure du corps, et armée d'un pe- HISTOIRE NATURELLE septentrionale, dont le fond est pierreux ou sa- blonneux. Il y parvient jusqu'à la longueur de deux décimètres !. Il s’y tient souvent caché parmi les pierres, ou dans une espèce de petit terrier ; et lorsqu’il sort de cet asile ou de cette embuscade, c’est avec une très-grande rapidité qu’il nage, soit pour atteindre la petite proie qu'il préfère, soit pour échapper à ses nombreux | ennemis. Il aime à se nourrir de très-jeunes poissons, ainsi que de vers et d’insectes aqua- tiques ; et lorsque cet aliment lui manque, il se jette sur les œufs des diverses espèces d’ani- maux qui habitent dans les eaux qu'il fréquente. | Il est très-vorace : mais la vivacité de ses ap- tit aiguillon de chaque côté, paraît comme gon- | flée à cause des dimensions et de la figure des muscles situés sur les joues, c’est-à-dire au-des- sus de la région des branchies. Le museau est arrondi ; l'ouverture de la bouche très-grande ; la mâchoire inférieure plus avancée que la su- périeure ; celle ci facilement extensible; cha- cune de ces deux mâchoires garnie de dents courtes, serrées, et semblables à celles que l’on | voit sur deux éminences osseuses placées au- | près du gosier; le palais très-lisse, et tout le corps revêlu, de même que la queue, d’écailles très-rudes au toucher. LE COTTE CHABOT!, Cottus Gobio, Linn., Gmel., Lacep.. Bloch, Cuy. ?. On trouve ce cotte dans presque tous les fleu- | ves et tous les ruisseaux de l’Europe et de l’Asie genre Eleotris, ou au sous-genre Périophthalme, dans le genre Gobie. D. 4 Sten simpa, Sten lake, en Suède.— Bull-head, Millers thumb, en Angleterre. — Messore, Capo grosso, dans plus. contrées de l'Italie.—Téte d'âne, Ane. dans plus. dép. mér.— Cotte chabot. Daubenton , Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl.58, fig. 4 et 2. — Müil., Prodr. Zool. Danic., p.44, n. 568. — Ot. Fabric., Faun. Groenland. p- 159, n. 415. — « Cottus alepidotus, glaber, capite diacan- « tho. » Artedi, gen. 48, spec. 82, syn. 76. - Bouros, Et xotroe, Arist., 1. 4,Cc. 8. — Coltus, Gaza, Arist. — Chabot, Ronde- let, des poissons de rivière, ©. 22. — « Cottus, seu gobio fu- « viatilis capitatus. » Gesn., p. 400, 401, et 4:7; et (germ.) fol. 462, a. — Capitatus auctor um. Cuba, L. 5, c. 58, fol. 79, b. — Cilus. Salvian., Aquat., fol. 216. — Wiliughby, p. 437, tab. 4,5, fig. 3. — « Gobius fluviatilis, sive capitatus. » Al- drov., L. 5, c. 28, p. 613. — « Gobius fuviatilis Gesneri. » Rai, p. 76, d. 4. — Gobius capitatus. Jonston , 1 5, tit. 14, | <. 40, a. 2, tab. 29, fig. 11. — Gobio capitatus. Charl., p. 457. 3Cest le chabot de rivière de M. Cuvier, type du sous- genre des Chabots ou Chaboisseaux proprement dits, dans ie are du même nom. D. pétits est trop éloignée de pouvoir compenser les effets de la petitesse de sa taille, de ses mauvaises armes et de son peu de force; et il succombe fréquemment sous la dent des per- ches, des saumons, et surtout des brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, qui devient rouge par la cuisson comme celle du saumon et de plusieurs autres poissons délicats et agréa- bles au goût, lui donnent aussi l’homme pour ennemi. Dès le temps d’Aristote,on savait que, pour le prendre avec plus de facilité, il fallait frapper sur les pierres qui lui servaient d’abri, qu’à l'instant il sortait de sa retraite, et que souvent il venait, tout étourdi par le coup, se livrer lui-même à la mainou au filet du pécheur. Le plus souvent ce dernier emploie la nasse ?, pour être plus sûr d'empêcher le chabot de s’é- chapper. Il faut saisir ce cotte avec précaution lorsqu'on veut le retenir avec la main : sa peau très-visqueuse lui donne en effet la faculté de glisser rapidement entre les doigts. Cependant, malgre tous les piéges qu’on lui tend, etle grand nombre d'ennemis qui le poursuivent, on le trouve fréquemment dans plusieurs rivières. Cette espece est très-féconde. La femelle , plus grosse que le mâle , ainsi que celles de tant Chabot. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — « Cotlus « alepidotus, capite plagioplateo, lato, obtuso, etc. » Gronov. Mus. 2, p. 14, 1.166. — « Percis capite lævi, et brevis, etc. » Klein, Miss. pise,, p. 45, n. 17. — « Gobius fluviatilis alter. » Bélon , Aquat., p. 521. — « Gobio fluviatilis capitatus. # Marsigli, Danub. 4, p.75, tab. 24, fig. 2. — Bull-head, Brit. Zool. 5, p. 477, t. 11.— Rotz kolbe, Meyer, Thierb.2, p.4, tab. 12, 4 A la membrane des branchies 4 rayons, à la première na- geoire dorsale 7, à la seconde 17, à chacune des pectorales 14, a chacune des thoracines 4, à celle de l'anus 12, à celle de la queue 15. 3 Voyez la description de la nasse dans l'article du Pétro- myzon lamproie. SI ‘ou; Jed orqny UT ‘NOLNON9 11 OVH HI TLO) TI : HHIDONIdAH ,1 MDN AVI —> UTC er \ = i " Ta ï 1,3 , nn Ve ï ‘ - ; +. ci \ RE ' 4 6 = © F2 Ÿ = 2 . $ 2 : à ; ? : = A £ ; Ê - ï s . x J , h r | +. e 1 ï : . : 1 M : 1 à : ï = 1 à DES POISSONS. d'autres espèces de poissons, parait comme gon- flée dans le temps où ses œufs sont près d’être pondus. Les protubérances formées par les deux ovaires, qui se tuméfent, pour ainsi dire, à cette époque, en se remplissant d’un très-grand nombre d'œufs sont assez élevées et assez ar- rondies pour qu’on les ait comparées à des ma- melles ; et comme une comparaison peu exacte conduit souvent à une idée exagérée, et une idée exagérée à une erreur, de célèbres natura- listes ont écrit que la femelle du chabot avait non-seulement un rapport de forme à mais en- core un rapport d'habitude, avec les animaux à mamelles, qu’elle couvait ses œufs, et qu’elle perdait plutôt la vie que de les abandonner. Pour peu qu’on veuille rappeler ce que nous avons écrit ' sur la manière dont les poissons se reproduisent, on verra aisément combien on s’est mépris sur le but de quelques actes acci- dentels d’un petit nombre d'individus soumis à l'influence de circonstances passagères et très- particulières. On a pu observer des chabots fe- melles et même des chabots mâles se retirer, se presser, se cacher dans le même endroit où des œufs de leur espèce avaient été pondus, les cou- vrir dans cette attitude, et conserver leur posi- tion malgré un grand nombre d'efforts pour la leur faire quitter. Mais ces manœuvres n’ont point été des soins attentifs pour les embryons qu'ils avaient pu produire; elles se réduisent à des signes de crainte, à des précautions pour leur sûreté; et peut-être même ces individus auxquels on a cru devoir attribuer une ten- dresse constante et courageuse, n’ont-ils été surpris que prêts à dévorer ces mêmes œufs qu'ils paraissaient vouloir réchauffer, garantir et défendre. Au reste, les écailles dont ia peau muqueuse du chabot est revêtue , ne sont un peu sensibles que par le moyen de quelques procédés ou dans certaines circonstances : mais si la matière écail- leuse ne s'étend pas sur son corps en lames bril- lantes et facilement visibles, elle s’y réunit en petits tubercules ou verrues arrondies. Le des- sous de son corps est blanc : le mâle est, dans sa partie supérieure, gris avec des taches bru- nes; et la femelle brune avec des taches noires. Les nageoires sont le plus souvent bleuâtres et tachetées de noir ; les thoraeines de ja femelle sont communément variées de jaune et de brun. * Voyez le Discours sur la nature des poissons. 205 Les yeux sont très-rapprochés l’un de l’autre. Des dents aiguës hérissent les mâchoires , le palais et le gosier; mais la langue est lisse. Chaque opercule ne présente qu’une seule pièce et deux aiguillons recourbés. La nageoire cau dale est arrondie. On voit de chaque côté les deux branchies intermédiairesgarnies, dansleur partieconcave, de deux rangs de tubercules. Le foie est grand, non divisé, jaunâtre, et situé en grande partie du côté gauche de l’animal ; l'estomac est vaste. Auprès du pylore sont attachés quatre cœcum ou appendices intestinaux ; le canal intestinal n’est plié que deux fois ; les deux laites des mâ- les et les deux ovaires des femelles se réunis- sent vers l’anus, et sont contenus dans une membrane dont la couleur est très-noire, ainsi que celle du péritoine ; les reins et la vessie urinaire sont très-étendus et situés dans le fond de l’abdomen. On compte dans la charpente osseuse du cha- bot trente-une vertèbres; et il y a environ dix côtes de chaque côté. QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES SCORPÈNES ‘. La tète garnie d'aiguillons, ou de protubérances, ou de barbillons, et depourvue de petites écailles ; une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GENRE. Point de barbillons. ESPECES. CARACTÈRES. 1. { Le corps garni de tubercules gro: LA SCORPÈNE HORRIBLK, | el Calleux. Quatre aiguillons aupres de chaque æ1l; la nageoire de la queue pres- aue rectiligne. Des aiguillons le long de la ligne latérale. Quatre aiguillons recourbés ettrès- forts au-dessous des yeux: les deux lames de chaque opercule garnies de piquants. Plusieurs aiguillons sur là tête; an sillon ou enfoncemeat- entre les yeux. | La mâchoire inférieure repliée sur 2. LA SCORPÈNE AFRICAINE. 5. LA SCORPÈNE insees 4. LA SCORPÈNE AIGUIL- LONNÉE. J LA SCORPÈNE MARSEIL- LAISE. la mâchoire supérieure; un fila- ment double et très-long à l'ori- gine de la nageoire dorsale. 6. La SCORPENE DOUBLE- FILAMENT. 4 M. Cuvier admet le genre Scorpæna de Linnée (dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées}; mais ilen distrait certaines espèces, pour composer ses genres/Pterois, Blepsias, Apistes, Agriope, Pelot etiSynancée. Iipartage. d'ailleurs le genre Scorpène en trois divisions au sous-geit- res, 4° les Scorpènes proprementdites;.2 les Tænianotes,.@ 3° les Sébastes. D. | ! 206 CABACTÈRES. La mâchoire inférieure repliée sur la supérieure; point de filament; les nageoires pectorales basses, mais très-larges, attachées à une grande prolongation charnue, et composées de vingt-deux rayons. SECOND SOUS-GENRE. Des barbillons. ESPÈCES. LÈ LA SCORPÈNE BRACHION. Deux barbiilons à la mâchoire in- férieure; desélévations et des en- foncements sur la tête. (nes barbillons auprès des narines et des yeux; la langue lisse. Cinqou six barbillons à la mächoire supérieure ; deux barbillons à chaque opercule. Des barbillons à la mâchoire infé- rieure, et le long de chaque ligne latérale ; la langue hérissée de pe- tites dents. | Quatre barbillons frangés à la mä- choire supérieure ; quatre autres entre les yeux; d'autres encorele long de chaque ligne latérale ; des piquants triangulaires sur la tête et les opercules. \ | Deux barbillons à la mâchoire su- 8. LA SCORPÈNE BARBUE. 9. LA SCORPÈNE RASCASSE. 10. ; LA SCORPÈNE MAHE. 41° LA SCORPÈNE TRUIE. 12. LA SCORPÈNE PLUMIER. périeure ; cinq ou six à l'infé- rieure ; là partie postérieure de LA Scourine AMËRI la nageoire du dos, la nageoire ?: de l'anus, celle de la queue et les pectorales, très-arrondies. 14. Deux rayonsséparés l'un de l'autre, LA OT DIDAG- ape de chique nageoire pec- torale. Des appendices articulés, placés auprès des yeux; les rayons des nageoires pectorales, de la lon- gueur du corps et de la queue. Les nageoires pectorales plus lon- gues que le corps. LA SCOBPÈ ne € ANTENNÉE, 16. LA SCONPÈNE VOLANTE. LA SCORPÈNE HORRIBLE"!. Scorpæna horrida, Linn., Gmel., Lacep., Bloch; Synanceia horrida , Cuv. ?. On dirait que c’est dans les formes très-com- posées, singulières, bizarres en apparence, monstrueuses, horribles , et, pour ainsi dire, menaçantes, de la plupart des scorpènes, que .es poêtes, les romanciers , les mythologues et les peintres ont cherché les modeles des êtres fantastiques , des larves, des ombres évoquées et des démons, dont ils ont environné leurs sages enchanteurs , leurs magiciens redoutables et leurs sorciers ridicules; ce n’est même qu’a- vec une sorte de peine que l'imagination parait [ei 4 Bloch } pl. 485. — Scorpène crapaud. Daubenton, Enc. méth. — Yd. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth,— « Perca ale- a pidota, dorso monopterygio, Capite ca\ernato tubercu- « lato,étc, »°Gron. Zooph., p. 88, n. 292, tab. 11,12,45, Gg. 1. + Ikan-swangi bezar, de groote tovervisch. » Va- lent., IMd.5; p.599 :fig. 170. — « Ikan swangi touwa. » Re- nard, Püiss. 4, pl. 59;:fre, 409. 3 Ce poisson ést:le type du genre Synancée, Synanceia, créé par Schnéider, pour placer diverses espèces de scorpè- nes. D, HISIOIRE NATURELLE être parvenue à surpasser ces modèles , à placer ses productions mensongères au-dessus de ces réalités, et à s'étonner encore plus des résul- tats de ses jeux que des combinaisons par les- quelles la nature a donné naissance au genre que nous examinons. Mais si en faconnant les scorpènes la nature a donné un exemple remar- quable de l’infinie variété que ses ouvrages peuvent présenter, elle a montré d’une manière bien plus frappante combien sa manière de pro- céder est toujours supérieure à celle de l’art; elle a imprimé d’une manière éclatante sur ces scorpènes, comme sur tant d’autres produits de sa puissance créatrice, le sceau de sa préé- minence sur l'intelligence humaine : et cette considération n'est-elle pas d’une haute impor- tance pour le philosophe? le génie de l'homme rapproche ou sépare, réunit ou divise , anéan- tit, pour ainsi dire, ou reproduit tout ce qu'il conçoit : mais de quelque manière qu’il place à côté les uns des autres ces êtres qu’il trans- porte à son gré, il ne peut pas les lier complé- tement par cette série infinie de nuances insen- sibles, analogues et intermédiaires, qui ne dé- pendent que de la nature; le grand art des tran- sitions appartient par excellence à cette nature féconde et merveilleuse. Lors même qu’elle as- socie les formes que la première vue considère comme lies plus disparates, soit qu’elle en re- vête ces monstruosités passagères auxquelles elle refuse le droit de se reproduire, soit qu’elle les applique à des sujets constants qui se mul- tiplient et se perpétuent sans manifester de changement sensible, elle les coordonne, les groupe et les modifie d’une telle manière, qu'elles montrent facilement à une attention un peu soutenue une sorte d’air général de famille, et que d’habiles dégradations ne laissent que des rapports qui s'attirent, à la place de nom- breuses disconvenances qui se repousseraient. La scorpène horrible offre une preuve de cette manière d'opérer, qui est un des grands secrets de la nature. On s’en convaincera aisément, en examinant la description et la figure de cet ani- mal remarquable. Sa tête est tres-grande et très-inégale dans sa surface : creusée par de profonds sinus, relevée en d’autres endroits par des protubérances très- saillantes , hérissée d’aiguillons , elle est d’aii- leurs parsemée, sur les côtés, de tubercules ou de callosités un peu arrondies et cependant ir- régulières et très-inégales en grosseur. Deux N \ | JA CHIRURGIEN HORRIB TRICOLOR Publié par l'urne, DES POISSONS. des plus grands enfoncements qu'elle présente sont séparés, par une cloison très-inclinée, en deux creux inégaux etirréguliers , et sont pla- cés au-dessous des yeux, qui d’ailleurs sont très-petits , et situés chacun dans une proémi- nence très-relevée et un peu arrondie par le haut; sur la nuque s'élèvent deux autres pro- tubérances comprimées dans leur partie supé- rieure, anguleuses, et qui montrent sur leur côté extérieur une cavité assez profonde; et ces deux éminences réunies avec celles des yeux forment, sur la grande tête de l'horrible, quatre sortes de cornes très-irrégulières, très- frappantes , et, pour ainsi dire, hideuses. Les deux mâchoires sont articulées de ma- nière que lorsque la bouche est fermée, elles s'élèvent presque verticalement, au lieu de s’e- tendre horizontalement : la mâchoire inférieure ne peut clore la bouche qu'en se relevant comme un battant ou comme une sorte de pont-levis , et en dépassant même quelquefois en arrière la ligne verticale, afin de s'appliquer plus exac- tement contre la mâchoire supérieure ; et quand elle est dans cette position , et qu’on la regarde par devant, elle ressemble assez à un fer à cheval : ces deux mâchoires sont garnies d’un grand nombre de très-petites dents, ainsi que le gosier. Le palais et la langue sont lisses ; cette dernière est, de plus, large, arrondie, et assez libre. On la découvre aisément, pour peu que la scorpène rabatte sa mâchoire infe- rieure et ouvre sa grande gueule; l'orifice bran- chial est aussi très-large. Les trois ou quatre premiers rayons de la nageoire du dos, très-gros, très-difformes, très- séparés l’un del'autre, très-inégaux, très-irrégu- liers, très-dénués d’une véritable membrane, res- semblent moins àdes piquants de nageoire qu’à des tubérosités branchues, dont le sommet néan- moins laisse dépasser la pointe de l’aiguillon ‘; la ligne latérale suit la courbure du dos. Le corps et la queue sont garnis de tubercules calleux semblables à ceux qui sont répandus sur la tête; et l’on en voit d’analogues , mais plus petits, non-seulement sur les nageoires pectorales qui sont très-longues , mais encore sur la membrane qui réunit les rayons de la na- geoire dorsale, 43 rayons à la membrane des branchies, 15 rayons non articulés et sept rayons articulés à la nageoire du dos, 16 rayons à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines, 3rayons non articulés et 6 articulés ‘elle de l'anus, 12 rayons à celle de la queue, 207 La nageoire dela queue estarrondie et rayée : la couleur générale de l’animal est variée de brun et de blane; et c’est dans les Indes orien- tales que l’on rencontre cette espèce, qui se nourrit de crabes et de mollusques, surlaquefle, au milieu de rapprochements bizarres en ap- parence et cependant merveilleusement concer- tés, des formes très-disparates au premier cou]: d'œil se liant par des dégradations intermeé- diaires et bien ménagées, montrant des parties semblables où l’on n'avait d’abord soupconné que des portions tres-différentes, paraissent avoir été bien plutôt préparées les unes pour les autres que placées de manière à se heurter, pour ainsi dire, avec violence, mais dont l'en- semble, malgré ces sortes de précautions, re- pousse tellement le premier regard, qu’on n'a pas cru la dégrader en la nommant horrible, en l'appelant de plus Crapaud de mer, et en lui donnant ainsi le nom d’un des animaux les plus hideux. LA SCORPÈNE AFRICAINE‘. Scorpæna capensis, Linn., Ginel.; Scorpæna africana, Lacep.; Sebastes capensis, Cuv. ?. On rencontre auprès du cap de Bonne-Espé- rance et de quelques autres contrées de l’Afri- que, cette scorpène dont la longueur ordinaire est de quatre décimètres; elle est revètue d’e- cailles petites, rudes, et placées les unes au- dessus des autres comme les ardoises des toits *. Les yeux sont situés sur les côtés de la tête qui est grande et convexe : une prolongation de l'épiderme les couvre comme un voile transpa- rent ; l'ouverture de la bouche est très-large ; les deux mâchoires sont également avancées ; deux lames composent chaque opercule ; quatre pointes garnissent la supérieure; l’inferieure se termine en pointe du côté de la queue; et le dos est arqué ainsi que caréné. 1 Gronov.Zooph., p.88, n. 295. 3 M. Cuvier place ce poisson dans le sous-genre Sébaste, l'un de ceux qui partagent son genre Scorpène. D. 3 6 rayons à la membrane des branchies, 14 rayons non ar- ticulés et 12 rayons articulés à la nageoire du dos, 18 rayons à chacune des pectorales, 4 rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de l'anus, 42 rayons à celle de la queue. 208 LA SCORPÈNE ÉPINEUSE !. Scorpæus spinosa, Linn., Gmel., Lacep. ; Apistes lon- gispinis, Cuv. ?. Le corps de ce poisson est comprimé ; des ai- guillons paraissent sur sa tête ; sa ligne latérale st d’ailleurs hérissée de pointes ; et sa nageoire dorsale, plus étendue encore que celle de la plu- part des scorpènes, règne depuis l’entre-deux des yeux jusqu'à la nageoire caudale. LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE. Scorpæna aculeata, Lacep. ; Premnas unicolor, Cux.”. La description de cette espèce n’a encore été publiée par aucun auteur; nous en avons vu des individus dans la collection de poissons secs que renferme le Muséum d'histoire naturelle. Quatre aiguillons recourbés vers le bas et en ar- rière paraissent au-dessous des yeux ; ces poin- tessontd’ailleurstrès-fortes, surtout la première et la troisième; des piquants garnissent les deux lames de chaque opercule; la partie des nageoires du dos et de l'anus #, que des rayons articulés soutiennent , est plus élevée que l’au- tre portion ; elle est de plus arrondie comme les pectorales, et comme la nageoire de la queue. LA SCORPÈNE MARSEILLAISE. Cottus massiliensis, Forsk., Linn., Gmel.; Scorpæna massiliensis , Lacep. 5. Ce poisson a beaucoup de rapports avec les cottes, parmi lesquels il a même été inscrit, quoiqu'il n'offre pas tous les caractères essen- tiels de ces derniers, et qu’il présente tous ceux qui servent à distinguer les scorpènes. Il res- 4 Ind, Mus. Linck. 4. p. 41. ? M. Cuvier regarde ce poisson comme appartenant à son genre Apiste. Hist nat. des poissons, t. IV,p.408. D. 5 M. Cuvier retire ce poisson du genre Scorpène, pour le reporter dans celui qu'il a nommé Premnade, qui appartient à la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. 4 10 rayons non articulés et 48 rayons articulés à la na- geoire dorsale, 17 rayons à chacune des pe:torales, 1 rayon nou articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 2 rayous non articulés et 14 rayons articulés à celle de l'a- nus, 16 rayons à celle de la queue. 5 M. Cuvier retranche cette espèce du système ichthyolo- gique. I] la reconnait bien pour une scorpène, mais il ne sau- rait décider, d'après ses caractères , s'il faut la rapporter au S. Scrofa, ou au S. Porcus, bien qu'il y ait cependant quel- que probabilité en faveur de cette dernière supposition, ce poisson se trouvant à Marseille, et y portant le nom de Ras- casse. D. HISTOIRE NATURELLE semble particulièrement au cotte scorpion, dont il diffère néanmoins par plusieurs traits, et notamment par l’unité de la nageoire dor- sale, qui est double au contraire sur le scor- pion !. La tête du marseillais est armée de plusieurs piquants ; un sillon est creusé entre ses deux yeux, et son nom indique la contrée arrosée par la mer dans laquelle on le trouve. LA SCORPÈNE DOUBLE-FILAMENT. Scorpæna bicirrata, Lacep.; Synanceia bicapilla Cur.:. Nous devons la connaissance de ce poisson au voyageur Commerson, qui nous en a laissé une figure très-exacte que nous avons cru de- voir faire graver. Cet animal est couvert d’é- cailles si petites, que l’on ne peut les voir que très-difficilement. La tête est grosse, un peu aplatie par-dessus , garnie de protubérances; et la mâchoire inférieure est tellement relevée, repliée et appliquée contre la supérieure, qu’elle dépasse beaucoup la ligne verticale, et s’avance du côté de la queue au delà de cette ligne , lors- que la bouche est fermée. Au reste, ces deux mâchoires sont arrondies dans leur contour. Les yeux sont extrèmement petits et très-rap- prochés; les nageoires pectorales très-larges, et assez longues pour atteindre jusque vers le milieu de la longueur totale de la scorpène. La nageoire de la queue est arrondie; celle de l'anus l’est aussi, et d’ailleurs elle est à peu près semblable à la portion de la nageoire du dos au-dessous de laquelle elle est située, et qui est composée de rayons articulés. Les au- tres rayons de la nageoire dorsale sont au nom- bre de treize, et comme très-séparés les uns des autres, parce que la membrane qui les réunit est profondément échancrée entre cha- cun de ces aïguillons, qui, par une suite de cette conformation , paraissent lobés ou lancéo- lés. Au-dessus de la nuque on voit s'élever et partir du même point deux filaments très-dé- liés, d’une si grande longueur, qu'ils dé- 442 rayons non articulés et 40 rayons articulés à la na- geoire dorsale, 47 rayons à chacune des nageoires pectorales, {rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des na- geoires thoracines, 5 rayons non articulés et 6 rayons articu- lés à celle de l'anus, 12rayon: à la pageoire de la queue. 2 Du genre des Synancées, démembré des Scorpènes par Schneider, D DES POISSONS. passent la nageoire caudale; et c’est de ce trait particulier que j'ai cru devoir tirer le nom spécifique de la scorpène que je viens de décrire *. LA SCORPÈNE BRACHION. Scorpæna Brachio, Lacep.; Synanceia Brachio, Cuv.?- Nous allons décrire cette scorpène d’après un dessin très-exact trouvé dans les papiers de Commerson, et que nous avons fait graver; elle ressemble beaucoup à la scorpène double- filament par la forme générale de la tête, la pe- titesse et la position des yeux, la conformation des mâchoires, la place de l’ouverture de la bouche, la situation de la mâchoire inférieure qui se relève et s’applique contre la supérieure de manière à dépasser du côté de la queue la ligne verticale, la nature des téguments qui ne présentent pas d’écailles facilement visibles, et l’arrondissement de la nageoire caudale. Mais elle en diffère par plusieurs caractères, et no- tamment par les traits suivants : première- ment, elle n’a sur la nuque aucune sorte de fi- lament; secondement, l'échancrure que montre la membrane de la nageoire du dos, à côté de chacun des rayons aiguillonnés qui composent cette nageoire, est très-peu sensible relative- ment aux échancrures analogues que l’on voit sur la scorpène à laquelle nous comparons le brachion; troisièmement, chacune des na- geoires pectorales forme comme une bande qui s'étend depuis le dessous de la partie anté- rieure de l’opereule branchial jusqu auprès de l'anus, et qui, de plus, est attachée à une pro- longation charnue et longitudinale, assez sem- blable à la prolongation qui soutient les na- geoires pectorales de plusieurs gobies ; et c’est de cette sorte de bras que nous avons tiré le nom spécifique du poisson qui fait le sujet de cet article $. 415 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos , 17 rayons à chacune des pectorales, 7 à celie de l'a- aus, 14 à ceil- de la queue. 2 Ce poisson, qui est une Synancée, a recu de Shaw le nom de Srorpæna brachiata ; de Bloch et de Schueïler, celui de Synanceia verrucosa ; et d'Ehrenberg, la dénomiuation de Synanceia sanguinolenta. D. 42 rayons aiguillonnes et 7 rayons articulés à la nageoire du dos, 22 rayons à chaque nageoire pectorale, 9 rayons à la ageoire de l'anus. 11. 209 LA SCORPÈNE BARBUE !. Scorpæna barbata, Lacep.; Scorpæna Scrofa, Cuv. 2 La tête de ce poisson est relevée par des pro- tubérances , et creusée dans d’autres endroits, demanière à présenter des cavités assezgrandes. Deux barbillons garnissent la mâchoire infé- rieure; les nageoires thoracines sont réunies l’une à l’autre par une petite membrane; la na- geoire caudale est presque rectiligne °. LA SCORPÈNE RASCASSE #. Scorpæna Porcus, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. 5. La rascasse habite dans la Méditerranée et dans plusieurs autres mers. On l’y trouve au- près des rivages, où elle se met en embuscade sous les fueus et les autres plantes marines pour saisir avec plus de facilite les poissons plus faibles où moins armés qu’elle; et lorsque sa ruse est inutile , que son attente est trom- pée, etque les poissons se dérobent à ses coups, elle se jette sur les cancres, qui ont bien moins de force, d’agilité et de vitesse, pour échapper à sa poursuite. Si dans ses attaques elle trouve | { Scorpène barbue. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Scorpæna capite cavernoso, Cirris geminis in maxilla infe- «rivre. » Gronov. Mus. ichthyolog. 4, p. 46. 2 Cette espèce a été fondée sur uue description de Grono- vius, qui avait pour sujet un individu mutilé de la Scorpène truie de M. de Lacépèile (voyez ci-après), ou de la grande Scorpène rouge, Scorpæna Scrofa.Cuv. D. 312 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la nageoire du dos, 15 rayons à chacune des pectorales, 6 rayons à celle de l'anus, 15 rayons à cel.e de la queue. 4 Scrofanello. dans plus. contrées de l'Italie. — Scorpéne -ascasse. Daubenton, Enc. méth. — /d, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Bloch, pl. 481. — « Zeus cirris supra oculos «et uares,» Mus. Adolph Frid. {, p 68. — « Scorpæna pin- « nulis ad oculos et nares. » Artedi, gen. 47, syn. 75. — Ô oxoprtos. Aristot., 1 2, c. 17: e1 1 5, 6.9, 10; etl. 8, c.15. — 1d. Athen.. 1. 7, p. 320.—Scorpeno. Rondelet, part. 1,1.6, ©. 49. — Scorpius Rondeleti, Aldrov.. 1. 2. ©. 24, p. 196. — Scorpius minor. Jouston, De piscibus. p. 74, tab. 19, fig. 10. — Scorpius minor, Scurpæna. Willughby. ichth., p. 551. tab. X.15, fig. 1. — Rai, p. 142, n. 1. — Scorpæna. P.Jov., p- 25. p. 91. — Salvian., fol. 201 ad icouem, et fol. 202. — Sc rpœæuna. Plin., 1. 52, c. {t. — Scurpiu. Cuba, 1.5, c. 85, fol. 90, a. — Wotton, IL. 8, c. 178, fol. 158, b. — Scurpio, vel scorpis, vel scorpæna. id est; srorpius minor, Gesner p 847, 1018. et (germ.) fol. 45. — Srorpides, seu scorpæœna, Charlet., p. 142, — Scorpene. on srorpirom de mer, ou ras* rasse. Va mont de Bomare. Diet. d'hist. nat. — Hasselquist It., 330. — « Scorpæna., cirris ad oculos naresque. » Brünn. Pise. Massil.. p. 42, n. 44. — « Corystion sordidè flaves- « cens, etc. » Klein, miss. pise. #, p. 47, n, 13, — Srorpæna. | Bélon, Aquat., p. 148. x ‘ Ce poisson est nommé en francais, par M. Cuvier, petite | Scorpène brune, ou plus spécialement Rascasse. D. 21 210 de la résistance, si elle est obligée de se dé- fendre contre un ennemi supérieur, si elle veut empêcher la main du pêcheur de la retenir, elle se contracte, déploie et étend vivement ses na- geoires, que de nombreux aiguillons rendent des armes un peu dangereuses, ajoute par ses efforts à l’énergie de ses muscles, présente ses dards, s'en hérisse, pour ainsi dire, et frappant avec rapidité, fait pénétrer ses piquants assez avant pour produire quelquefois des blessures fâcheuses, et du moins faire éprouver une dou- leur aiguë. Sa chair est agréable au goût, mais ordinairement un peu dure. Sa longueur ne dé- passe guère quatre décimètres. Les écailles qui la recouvrent sont rudes et petites. La couleur de sa partie supérieure est brune, avec quelques taches noires ; du blane mêlé de rougeâtre est répandu sur sa partie inférieure. Les nageoires sont d’un rouge ou d’un jaune faible et tacheté de brun, excepté les thora- cines, qui ne présentent pas de taches, et les pectorales , qui sont grises. La tête est grosse; les yeux sont grands et très-rapprochés ; l’iris est doré et rouge; l’ou- verture de la bouche très-large; chaque mä- choire hérissée , ainsi que le palais, de plusieurs rangs de dents petites et aiguës; la langue courte et lisse ; l’opercule branchial garni d’ai- guillons et de filaments ; et la partie antérieure de la nageoire dorsale, soutenue par douze pi- quants très-forts et courbés en arrière !. Huit appendices intestinaux sont placés au- près du pylore; l'estomac est vaste; le foie blanc ; la vésicule du fiel verte; le tube intes- tinal large. Du temps de Rondelet, on croyait encore, avec plusieurs auteurs anciens, à la grande vertu médicinale du vin dans lequel on avait fait mourir une rascasse; et l'on ne paraissait pas douter que ce vin ne produisit des effets -rès-salutaires contre les douleurs du foie et la pierre de ja vessie. “12 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire du dos, 16 rayons à chacune des pectorales, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines , 5 rayons aiguil- lonnés et 5 rayons articulés à celle de l'anus , 18 rayons à la nageoire de la queue, HISTOIRE NATURELLE LA SCORPÈNE MAHÉ *. Scorpæna Mahe, Lacep.; Scorpæna volitans, Gmel. ; Plerois volitans, Cuv. 2. Commerson a laissé dans ses manuscrits une description de ce poisson. Toutes les nageoires de cette scorpène sont variées de plusieurs nuances; et le corps ainsi que la queue présen- tent des bandes transversales, qui ont paru à Commerson jaunes et brunes sur l'individu que ce voyageur a observé. Mais cet individu était mort depuis trop longtemps pour que Commerson ait cru pouvoir déterminer avec précision les couleurs de ces bandes transver- sales. Le mahé est revêtu d’écailles petites, fine- ment dentelées du côté de la nageoire caudale, serrées et placées les unes au-dessus des autres, comme les ardoises qui recouvrent les toits. La tête est grande et garnie d’un grand nombre d’aiguillons. Les orbites relevées et dentelées forment comme deux crêtes au milieu des- quelles s'étend un sillon longitudinal assez profond. Les deux mâchoires ne sont pas parfaite- ment égales ; l’inférieure est plus avancée que la supérieure , qui est extensible à la volonté de l'animal, et de chaque côté de laquelle on voit pendre trois ou quatre barbillons ou filaments mollasses. Des dents très-petites et très-rapprochées les unes des autres donnent d’ailleurs aux deux mâchoires la forme d’une lime. Un fila- ment marque, pour ainsi dire, la place de chaque narine. L’opercule branchial est composé de deux lames : la première de ces deux pièces montre vers sa partie inférieure deux barbillons, et dans son bord postérieur, deux ou trois pi- quants ; la seconde lame est triangulaire, et son angle postérieur est très-prolongé. Le dos est arqué et caréné; la ligne latérale se courbe vers le bas. La nageoire dorsale présente des largeurs très-inégales dans les diverses parties de sa 4 « Scorpæna cirris pluribus ori circumpositis, Corpors « transversim fasciato, pinnis omnibus variegatis. » Commer- son, manuscrits déjà cités, 3 M. Cuvier s'est assuré par une lecture attentive de l'ar= ticle de Commerson, sur lequel M. de Lacépède a établi cette espèce, qu'elle a rapport à la Scorpèue volante de Linnée ou son Pterois voltigeant , en sorte, dit-il, qu'on doit rayer la scorpène de Mahé dutableau du genre. D. DES POISSONS. longueur. Les pecturales sont assez longues pour atteindre jusqu’à l’extrémité de cette na- geoire dorsale. Celle de la queue est ar- rondie !, Commerson a vu cette scorpène dans les en- virons des îles Mahé, dont nous avons cru de- voir donner le nom à ce poisson; et c'est vers la fin de 1768 qu'il l’a observée. LA SCORPÈNE TRUIE ?, Scorpæna scrofa, Linn., Gmel., Bloch., Lacep., Cuv.”. Cette scorpène est beaucoup plus grande que la rascasse; elle parvient quelquefois jusqu’à une longueur de plus de quatre mètres : aussi attaque-t-elle avec avantage non-seulement des poissons assez forts, mais des oiseaux d’eau faibles et jeunes, qu'elle saisit avec facilité par leurs pieds palmés, dans les moments où ils nagent au-dessus de la surface des eaux qu’elle habite. On la trouve dans l’Océan Atlantique et dans d’autres mers, particulièrement dans la Méditerranée , sur les bords de laquelle elle est assez recherchée. Les écailles qui la cou- vrent sont assez grandes; elles présentent une couleur d’un rouge blanchâtre, plus foncée et même presque brune sur le dos, et relevée d'ailleurs par des bandes brunes et transver- sales. La membrane des nageoires est bleue, et soutenue par des rayons jaunes et bruns. La tête est grande; les yeux sont gros; l’ou- verture de la bouche est très-large ; des dents 4 7 rayons à la membrane des branchies, 15 rayons aiguil- lonnés et 44 rayons articulés à la nageoire du dos, 17 rayons à chacune des pectorales, 4 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 aiguillons et 9 rayons articulés à celle de l'anus, 12 rayons à celle de la queue. 2 Crabe de Biaritz. — Bezugo, Pesce cappone, dans la Ligurie. — Scrofano, dans d'autres contrées de l'Italie, — Scorpéne truie. Daubenton, Enc: méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Scorpæna tota rubens, cirris plurimis « ad os. » Artedi, gen. 47, syn. 76. — Scorpio, et scorpio marinus. Salvian., fol. 4197, a. ad iconem, et fol. 199, 200. —Scorpius major. Gesner (germ.) fol. 44b.—/d. Willughby, p.551. — Zd. Rai, p. 442, n. 2. — Scorpio. Charlet., p. 142. — Autre scorpion de mer, etc. Valmont de Bomare, Dict, d'hist, nat. — « Perca dorso monopterygio, capite subca- « vernoso, aculeato, alepidoto, etc. « Gronov. Zooph., p. 87, n. 297. — « Scorpæna corpore rubro, etc. » Brünn, Pisc. Massil., p. 52, n. 45,— « Trigla subfusca nebulata, etc.» Browne, Jamaïc., p. 454, n.5. — « Cottus squamosus, va- « rius, etc. » Séba, Mus. 5, p. 79, n. 2, tab. 28, fig. 2. — Scor- plus major. Jonston, De piscibus, p. 74, tab. 19, fig. 9. # M. Cuvier donne à cette espèce le nom de grande scor- pène rouge, par opposition à la rascasse, qu'il appelle petite #corpène brune. D. 211 petites, aiguës et recourbées hérissent la lan- gue, le palais, le gosier, et les deux mâchoires, qui sont également avancées; des barbillons garnissent les environs des yeux, les joues, la mâchoire inférieure, et la ligne latérale, qui suit la courbure du dos ; deux grands aiguillons et plusieurs petits piquants arment, pour ainsi dire, chaque opercule; et l’anus est plus près de la nageoire caudale que de la gorge !. LA SCORPÈNE PLUMIER ?. Scorpæna Plumierii, Lac.; Scorpæna grandicornis, Cuv.". Les manuscrits de Plumier, que l’on con- serve dans la Bibliothèque royale de France, renferment un dessin fait avec soin de cette scorpène, à laquelle j'ai cru devoir donner un nom spécifique qui rappelât celui du savant voyageur auquel on en devra la connaissance. Le dessus et les côtés de la tête sont garnis, ainsi que les opercules, de piquants triangu- laires, plats et aigus. Quatre barbillons ou ap- pendices franges s'élèvent entre les yeux; quatre autres barbilons d’une forme sem- blable, mais un peu plus petits, paraissent au- dessus de la lèvre supérieure : un grand nombre d’appendices également frangés sont placés le long de la ligne latérale ; les écailles ne présen- tent qu’une grandeur médiocre. La première partie de la nageoire dorsale est soutenue par des rayons non articulés, et un peu arrondie dans son contour supérieur ; celle de la queue est aussi arrondie; on voit quelques taches pe- tites et rondes sur les thoracines. La couleur générale est d’un brun presque noir, et dont la nuance est à peu près la même sur tout l'animal #, # 6 rayons à la membrane des branchies, 12 aiguillons et 10 rayons articulés à la nageoire du dos, 19 rayons à chacune des pectorales, { aïiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 12 rayons à celle de la queue. 2 « Scorpius niger cornutus. » Manuscrits de Plumier, dé- posés à la Bibliothèque royale. 5 Du sous-genre des Scorpènes proprement dites dans le grand genre Scorpène, Cuv. D. 4 12 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos, 9 rayous à chacune des pectorales, 5 ou 6 rayons à chacune des thoracines, 2 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 10 rayons à celle de la queue. 242 LA SCORPÈNE AMÉRICAINE !. Scorpæna americana, Linn., Gmel., Lacep. ?. La tête de ce poisson présente des protubé- rances et des piquants ; d’ailleurs on voit deux barbillons à la mâchoire supérieure, et cinq ou six à la mâchoire inférieure. Les quinze der- niers rayons de la nageoire dorsale forment une portion plus élevée que la partie antérieure de cette même nageoire; cette portion est, de plus, très-arrondie, semblable par la figure ainsi qu’égale par l’étendue à la nageoire de l’anus, et située précisément au-dessus de ce dernier instrument de natation. Les nageoires pectorales et la caudale sont aussi très-arron- dies *. Lorsque la femelle est pleine, son ventre paraît très-gros ; et c’est une suite du grand nombre d'œufs que l’on compte dans cette es- pèce, qui est très-féconde, ainsi que presque toutes les autres scorpènes. LA SCORPÈNE DIDACTYLE ‘. Scorpæna didactyla, Pallas, Linn., Gmel.; Pelor ob- scurum, Cu. ÿ. La tête de cet animal , que Pallas a tres-bien décrit, présente les formes les plus singulières que l’on ait encore observées dans les poissons ; elle ressemble bien plus à celle de ces animaux fantastiques dont l’image fait partie des déco- rations bizarres auxquelles on a donné le nom d'arabesques, qu'à un ouvrage régulier de la sage nature. Les yeux gros, ovales et saillants, sont placés au sommet de deux protubérances très-rapprochées; on voit deux fossettes creu- sées entre ces éminences et le bout du museau ; des rugosités anguleuses paraissent auprès de ce museau et de la base des opercules. Des barbillons charnus, découpés, aplatis et assez larges, sont dispersés sur plusieurs points de la surface de cette tête, que l’on est tenté de 4 Diable de mer. Duhamel, Traité des pêches, t. 3, part. 2, p.99, n. 7, pl. 2, fig. 5. 2 C'est avec beaucoup de doute que M. Cuvier cite cette espèce, comme pouvant se rapporter au poisson qu'il a appelé Hemitripterus americanus, et qui est le même que le Cottus ucadianus de Pennant, le Cotlus triplerygius de BI. Schneïd., et le Scorpæna flava de Mitchill D. 5 A la nageoire dorsale 55 rayons, à chacune des pectora- les 15, à celle de l'anus 16, à celle de la queue 15. 4 Pallas, Spicileg. zuol. 7, p. 26, tab. 4, fg. 1, 5.— Scorpène à deux doigts. Bunnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. Cuvier cite, comme synonyme de cette espèce de son genre Pelor, le Trigla rubicunda d'Horstedt, ou Synanceia rubicunda de Bloch. D. HISTOIRE NATURELLE | considérer comme un produit de l’art; deux de ces filaments, beaucoup plus grands que les au- tres, pendent, l’un à droite, et l’autre à gauche de la mâchoire inférieure : cette mâchoire est plus avancée que celle d'en haut; l’une etl'autre sont garnies de dents, ainsi que le devant du palais et le fond du gosier; la langue montre des raies noires et de petits grains jaunes : on aperçoit de plus, auprès de chaque nageoire pec- torale, c’est-à-dire de chacune de ces nageoires que l’on a comparées à des bras, deux rayons articulés, tres-longs, dénués de membranes, dans lesquels on a trouvé quelque analogie avec des doigts; et voilà pourquoi la scorpène dont nous parlons a été nommée à deux doigts, ou didactyle. La nageoire de la queue est arrondie ; toutes les autres sont grandes; celle du dos règne le long d’une ligne très-étendue ; plusieurs de ses rayons dépassent la membrane propre- ment dite, et sont garnis de lambeaux membra- neux et déchirés ou découpés. La peau de ce poisson, dénuée d’écailles fa- cilement visibles, est enduite d’une humew visqueuse. Cette scorpène parvient d’ailleurs à une longueur de trois ou quatre décimètres. Elle est brune avec des raies jaunes sur le dos, et des taches de la même couleur sur les côtés, ainsi que sur sa partie inférieure. Des banûes noires. sont distribuées sur la nageoire de la queue, ainsi que sur les pectorales. Cet ani- mal remarquable habite dans la mer des Indes !. LA SCORPÈNE ANTENNÉE ?. Scorpæna antennata, Bloch, Lacep.; Pteroïis antennata, Cuv.s. On pêche dans les eaux douces de l'île d’Am- boine une scorpène dont Bloch a publié la description, et dont voici les principaux carac- teres. La tête est hérissée de filaments et de pi- quants de diverses grandeurs; au-dessus des yeux, qui sont grands et rapprochés, s'élèvent {46 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire du dos, 10 rayons à chacune des p'ctorales, 6 à chacune des thoracines. 12 à celle de l'anus, 12 à celle de la queue. 3 Bloch, pl. 485. — Scorpéne à antennes. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth 5 Du genre Pterois, fondé par M.Cuvier, pour placer les scorpènes qui ont les rayons des nageoires dorsale et pec- torale très-allongés, et qui manquent de dents aux 05 pala- tüins. D. DES POISSONS. Ceux barbillons cylindriques, renflés dans quatre portions de leur longueur par une sorte de bourrelet tres-sensible, et qui, paraissant ar- ticulés et ayant beaucoup de rapports avec les antennes de plusieurs insectes, ont fait donner à l’animal dont nous parlons le nom de Scor- pène antennée. Au-dessous de chacun des or- ganes de la vue, on compte communément deux rangées de petits aiguillons. Chaque narine a deux ouvertures situées très-près des yeux. Les mâchoires, avancées l’une autant que l’autre, sont garnies de dents petites et aiguës. Des écailles semblables à celles du dos revêtent les opercules, Les onze ou douze premiers rayons de la nageoire du dos sont aiguillonnés, très- longs, et réunis uniquement près de leur base, par une membrane très-basse, qui s'étend obli- quement de l’un à l’autre, s'élève un peu contre la partie postérieure de ces grands aiguillons, et s'abaisse auprès de leur partie antérieure. La membrane des nageoires pectorales ne s’étend pas jusqu’au bord antérieur de la nageoire de l'anus; mais les rayons qui la soutiennent la dépassent, et se prolongent la plupart jusqu'à l'extrémité de la nageoire caudale, qui est ar- rondie. Une raie très-foncée traverse obliquement le globe de l’œil. On voit d’ailleurs des taches assez grandes et irrégulières sur la tête, de petites taches sur les rayons des nageoires, et des bandes transversales sur le corps, ainsi que sur la queue. La scorpène antennée vit communément de poissons jeunes ou faibles. Le goût de sa chair est exquis ‘. LA SCORPÈNE VOLANTE :. Scorpæna volitans, Linn., Gmel., Lacep.; Pterois volitans, Cuv. ‘, Cette scorpène est presque le seul poisson d’eau douce qui ait des nageoires pectorales “6 rayons à la membrane des branchies, 12 aiguillons et 12rayons articulés à la nageoire du dos, 17 rayons à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines, 3 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 12 rayons à la na- geoire de la queue. 2 Scorpéne volante. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.—Gas- terost'us volitans. Linn. Syst.nat., XII, p. 491, n.9.—Bloch, pl. 484. — Gronov. Mus. 2, p. 55, n.191; et Zooph. 1, p. 89. n.294.—Pseudopterus, elc. Klein, Miss. pisc. 5, p.76, n. 1.— s« Cottus squamosus rostro bifido. » Se-ba, Mus. 5, p. 79, tab. 28. fig. 1.— Zkan svangi. Ruysch, Theatr. anatomic. 1, p.4, n. 1, tab. 5, fig. 1. — Louw. Renard, Poissons, 1, pl. 6, 213 étendues ou conformées de maniere à lui don- ner la faculté de s’élever à quelques mètre dans l’atmosphère, à s’y soutenir pendant quel- ques instants, et à ne retomber dans son fluide natal qu'en parcourant une courbe très-longue. Ces nageoires pectorales sont assez grandes dans la scorpène volante pour dépasser la lon- gueur du corps ; et d’ailleurs la membrane qui en réunit les rayons est assez large et assez souple entre chacun de ces longs cylindres, pour qu'ils puissent être écartés et rapprochés l'un de l’autre très-sensiblement ; que l’ensem- ble de la nageoire qu’ils composent, s’étende. ou se rétrécisse à la volonté de l'animal; que le poisson puisse agir sur l’air par une surface tres-ample ou très-resserrée; qu'indépendam- ment de l'inégalité des efforts de ses muscles, la scorpène emploie une sorte d’aile plus déve: loppée, lorsqu'elle frappe en arrière contre les couches atmosphériques, que lorsque, rame- nant en avant sa nageoire pour donner un nou- veau coup d’aile ou de rame, elle comprime également en avant une partie des couches qu’elle traverse; qu’il y ait une supériorité très-marquée du point d'appui qu’elle trouve dans la première de ces deux manœuvres, à la résistance qu elle éprouve dans la seconde; et qu’aipsi elle jouisse d’une des conditions les plus nécessaires au vol des animaux. Mais si la facilité de voltiger dont est douée la scorpène que nous décrivons, lui fait éviter quelquefois la dent meurtriere des gros poissons qui la poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l'abri des pêcheurs qui la recherchent, et qui s’effor- cent d'autant plus de la saisir, que sa chair est délicieuse ; elle la livre même quelquefois entre leurs mains, en la faisant donner dans ieurs pieges, ou tomber dans leurs filets, lorsque at- taquée avec trop d'avantage, ou menacée de trop grands dangers au milieu de l’eau, elle s’élance du sein de ce fluide dans celui de l’at- mosphère. C’est dans les rivières du Japon et dans celles d’Amboine que l’on a particulierement observé ses précautions heureuses ou funestes, fig. M, p, 12; pl. 45, n. 215.—Kalkoeven visch. Valent. Ind.3, p. 415, fig. 215. — Amboynsche visch. Nieuh. Ind. 2, p.268, fig. 4. — Willughby. Ichth. append., p. 4. tab. 2, fig. 5. — Perca ambhoïinvnsis. Rai, Pisc., p. 98,,n. 26. 3 Ce poisson est le type du genre nominé Pterois par M. Cu- vier, et dont nous avons indiqué les caractères principaux dans la note que nous avons ajoutée à l'espèce précédente, p.242. D. 214 et ses autres habitudes. Il paraît qu’elle ne se nourrit communément que de poissons très- jeunes, ou peu redoutables pour elle. Sa peau est revêtue de petites écailles placées avec ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente, d’ailleurs, des bandes transversales alternativement orangées et blanches, et dont les unes sont larges et les autres étroites. Les zayons aiguillonnés de la nageoire dorsale sont variés de jaune et de brun; les autres rayons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune ‘ ; et les pectorales et les thoracines, violettes et tachetées de blanc. Des points blancs marquent le cours de la ligne latérale. L'iris présente des rayons bleus et des rayons noirs. Et quant aux formes de la scorpène volante, il suffira de re- marquer que la tête, très-large par devant, est garnie de barbillons et d’aiguillons ; que les deux màchoires, également avancées, sont ar- mées de dents petites et aiguës ; que les lèvres sont extensibles ; que la langue est petite, poin- tue, et un peu libre dans ses mouvements ; que de petites écailles sont placées sur les opercules ; et que la membrane qui réunit les rayons ai- guillonnés de la nageoire du dos est très-basse, comme la membrane analogue de la scorpène antennée. QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES SCOMBÉROMORES?, Une seule nageoire dorsale ; de petites nageoires au-des- sus et au-dessous de La queue; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. : { Huit petites nageoires au-dessus et LE SCOMBÉROMORE PLU- | ;u-dessous de la queue; les deux to mächvires également avancées. LE SCOMBÉROMORE PLUMIER *. Scomberomorus Plumierii. Lacep.; Scomber regalis, Bloch, pl. 555 ; Cybium regale, Cu. Les peintures sur vélin qui font partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle ren- 16 rayons à la membrane des branchies, 12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire dorsale, 44 rayons à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines, 5 rayons aiguil- lonnés et7 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 42 rayons à la nageoire de la queue, qui est arrondie. 2M. Cuvier n'admet pas ce genre qui est fondé sur un poisson du genre des Scombres et du sous-genre Tassard, Cy- bium, du même naturaliste. D. 5 Il nous paraît que l'on doit regarder comme une variété denotre Scombéromore pluæier, le poisson que Bloch a dé- crit sous le nom de Scomber regalis ou Tassard, et dontil a donné la figure, pl. 535. D. HISTOIRE NATURELLE ferment la figure d’un poisson représenté d’après un dessin de Plumier, et qui paraît avoir beau- coup de rapports avec la bonite. Le savant voya- geur que nous venons de citer, l'avait même appelé Bonile ou Pélamis, petite et tachetée, vulgairement Lézard. Mais les caractères gé- nériques que montrent les vrais scombres, et particulièrement la bonite, ne se retrouvant pas sur le poisson plumier, nous avons dû le séparer de cette famille. Les principes de dis- tribation méthodique que nous suivons nous ont même engagés à l’inscrire dans un genre particulier que nous avons nommé Scombéro- more, pour désigner les ressemblances qui le lient avec celui des scombres, et dont nous au- rions placé la notice à la suite de l’histoire de ces derniers, si quelques circonstances ne s'y étaient opposées. Le scombéromore plumier vit dans les eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale présente deux portions si distinctes par leurs figures, que l’on croirait avoir sous les yeux deux nageoires dorsales très-rapprochées. La premiere de ces portions est triangulaire , et composée de vingt rayons aiguillonnés ; la seconde est placée au- dessus de celle de l’anus, à laquelle elle res- semble par son étendue, ainsi que par sa forme comparable à celle d’une faux. Huit petites na- geoires paraissent au-dessus et au-dessous de la queue. Les couleurs de l'animal sont d’ail- leurs magnifiques : l’azur de son dos et l’ar- genté de sa partie inférieure sont relevés par les teintes brillantes de ses nageoires, et par l'éclat d’une bande dorée qui s'étend le long de la ligne latérale, et règne entre deux rangées longitudinales de taches irrégulières et d’un jaune doré. —— QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. LES GASTÉROSTÉES. Une seule nageoire dorsale; des aiguillons isolés, ou presque isolés, au-devant de La nageoire du dos ; une carène longitudinale de chaque côte de La queue ; un ou deux rayons au plus à chaque nageoire thoracine ; ces rayons aiguillonnes. ESPÈCES. CARACTÈRES. Trois aiguillons au-devant de la 1. LE GASTEROSTEE EPI- nageoire du dos. NOCHE. 2 AL Dix aiguillons au-devant de la na- LE GASTEROSTÉE EPI- geoire du dos. NOCHETTE:+ 3 . Quinze aiguillons au devant de la LE GASTEROSTEE SPI- nageoire du dos, NACHIE. DES POISSONS. LE GASTEROSTÉE ÉPINOCHE!, Gasterosteus aculeatus, Linn., Gmel., Bl.; Gasterosteus teraculeatus, Lac.; Gasterosteus leiurns et G. trachu- rus, Cuv. ?. LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHETTE ÿ, Gasterosteus Pungitius, Linn., Gmel., Lacep., Cuv. +. ET LE GASTEROSTÉE SPINACHIE 5, Gasterosteus Spinachia, Linn., Gmel., Cuv. #. C’est dans les eaux douces de l'Europe que vit l’épinoche. Ce gastérostée est un des plus 1 Skiltspigg, Sktttbar œen srorre, en Suède. — Steckie back, Banslickle, Sharpling, en Angleterre. — Épinarde, dans quelques dép. mérid. — Gastré trois-épines. Dauben- ton, Enc. méth.—/d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.—Bloch, pl. 55, fig. 5. — Faun. Suecic. 356. — « Gasterosteus in dorso «tribus. » Artedi, gen. 82, spec. 26, syn. 80. — Müller, Pro- drom. Zool. Dauic., p. 47, n.3. — Gronov. Mus. 1, p. 49, n. 111; Zooph., p.154, n. 405. — « Centriscus duobus in dorso « armato aculeis, totidem in ventre. » Klein, Miss. pisc. 4, p.48, n.2, tab. 14, tig, 4et 5. — Spinarella. Bélon, Aquat., p.327. — Brit. Zool. 5, p. 217, n. 4. — Willughby, Ichth., 341. — Rai, Pisc., 143, — Épinoche. Rondelet, des Poissons de rivière, c. 27. — Stichling et Stachelfisch. Walff, Ichth. — Épinoche. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 M, Cuvier a fait connaître qu'en France il existe, dans les eaux douces, deux espèces d'Épinoches qu'on a confondues sous le nom commun de Gaslerosleus aculeatus ou à trois aiguillons. L'une de ces espèces (Gast.trachurus, Cuv.), a les côtés du corps, dans toute leur longueur, revêlus de ban- des écailleuses : l’autre (Gast. leiurus, Cuv.) n'en a que dans la région pectorale, D, 5 Skilispigg den mindre, en Suède. — The lesser stickle- back, The Lesser sharpling, en Angleterre. — Gastré épi- noche. Daubenton, Enc. méth.— Bloch, pl. 55, fig. 4,—Faun. Suecic., 557. — « Gasterosteus aculeis in dorso tribus. » Ar- tedi, gen. 52, spec. 97, syn. 80. — Gronov. Mus. 4, p. 50, n. 112; Zooph., p. 154, n. 406. — « Centriscus spinis decem « vel undecim, etc. » Klein, Miss. pisC. 4, p. 48, n. 4, — Spi- narella pusillus. Bélon, Aquat., p. 227.— Gesner, Aquat., p.8; Icon. anim., p. 428; Thierb., p. 160, a. — « Pungitius, « alterum genus. » Aldrov. Pisc., p.628.— Raï, Pisc.. p. 145, n.4.— Lesser stickleback. Willughby, Ichth., p. 542. — The spined stickleback. Brit. Zool. 5, p. 219, n. 2. 4 M. Cuyier nomme ce petit poisson Epinochette, ou petite Épinochette d'Europe à neuf épines. D. 5 Steinbicker, dans plus. contrées de l'Allemagne. — Erskraper, dans plus. pays du Nord. — Gastré quinze-épi- nes. Daubenton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Faun. Suecic., 538. — Gronov. Mus. 4, p. 50, n. 115; Zooph., p.154, n. 407.— Bloch, pl. 55, fig. 1.— Gastérosteus pentagonus. Mus. Ad. Frid., p.54, — « Centriscus aculeis « quindecim in dorso. » Klein, Miss. pisC. 4, p. 48, n. {,— a Aculeatus vel pungitius marinus longus. » Willughby, Ichth., p. 540, tab. X, 15, fig. 2; Append., p. 25. — Rai, Pisc., p.145, n.15.— Fifleen spined stickleback. Brit, Zool. 5, p. 220, n. 3, * M. Cuvier désigne cette espèce par les noms de Gastré ou Épinoche de mer, à museau allongé. D, 2415 petits poissons que l’on connaisse; à peine par- vient-il à la longueur d’un décimètre : aussi a-t-on voulu qu'il occupât dans l'échelle de la durée une place aussi éloignée des poissons les plus favorisés, que sur celle des grandeurs, On a écrit qu’il ne vivait tout au plus que trois ans. Quelque sûres qu’aient pu paraître les obser- vations sur lesquelles on a fondé cette asser- tion, nous croyons qu’elles ont porté sur des accidents individuels plutôt que sur des faits généraux ; et nous regardons comme bien peu vraisemblable une aussi grande brièveté dans la vie d’un animal qui, dans ses formes, dans ses qualités, dans son séjour, dans ses mouve. ments, dans ses autres actes, dans sa nourri- ture, ne présente aucune différence très-mar- quée avec des poissons qui vivent pendant un très-grand nombre d'années. Et d'ailleurs ne reconnait-on pas dans l’épinoche la présence ou l'influence de toutes les causes que nous avons assignées à la longueur très-remarquable de la vie des habitants des eaux, et particulièrement des poissons considérés en général ? C’est dans le printemps que ce petit osseux dépose ses œufs sur les plantes aquatiques, qui les maintiennent à une assez grande proximité de la surface des lacs ou des rivières, pour que la chaleur du soleil favorise leur développe- ment. Il se nourrit de vers, de chrysalides, d'insectes que les bords des eaux peuvent lui présenter, d'œufs de poissons; et, malgré sa faiblesse, il attrape quelquefois des poissons, à la vérité extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d’éclore. Les aiguillons dont son dos est armé, et le bouclier ainsi que les lames dont son corps est revêtu, le défendent mieux qu'on ne le croirait au premier coup d’œil, de l’attaque de plusieurs des animaux qui vivent dans les mêmes eaux que lui ; mais ils ne le garantis- sent pas de vers intestinaux dont il est fréquem- ment la victime ; ils ne le préservent pas non plus de la recherche des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, au moins le plus souvent, pour la nourriture de l’homme, parce que son goût est rarement très-agréable : mais comme cette espèce est grasse et féconde en individus, il est plusieurs contrées où l’on répand les épi- noches par milliers dans les champs, sur les- quels elles forment en se corrompant un excel lent fumier; ou bien on les emploie à engraisser dans les basses-cours voisines des lacs qui leur ont servi d'habitation, des canards, des co- 216 chons, et d’autres animaux utiles dans l'éco- nomie domestique. On peut aussi exprimer de milliers d’épino- ches une assez grande quantité d'huile bonne à brüler; et nous ne devons pas oublier de faire remarquer qu’il est un grand nombre d'espèces de poissons, dédaignées à cause du goût peu agréable de leur chair, dont on pourrait tirer, comme de l’épinoche, un aliment convenable à plusieurs animaux, un engrais très-propre à fertiliser nos campagnes, ou une huile très- utile à plusieurs arts. Les yeux de l’épinoche sont saillants, et ses mâchoires presque aussi avancées l’une que l'autre : chaque ligne latérale est marquée ou recouverte par des plaques osseuses placées transversalement, plus petites vers la tête ainsi que vers la queue, et qui, au nombre de vingt- cinq, de vingt-six ou de vingt-sept, forment une sorte de cuirasse assez solide ‘. Deux os allongés, durs, et affermis antérieurement par un troisième, couvrent le ventre comme un bou- clier ; et de là vient le nom générique de Gusté- roslée que porte l’épinoche. Chaque thoracine est composée de deux rayons : le premier, grand, pointu, et presque toujours dentelé, frappe aisément la vue ; le second, blanc, tres- court, très-mou, est diificilement apercu. Trois aiguillons allongés , et séparés l’un de l'autre, s’élevent au-devant de la nageoire du dos : les deux premiers sont dentelés des deux côtés; le troisième l’est quelquefois, mais il est presque toujours moins haut que les deux pre- miers. On compte trois lobes au foie, qui est très- étendu, et dontle lobe droit est particulièrement très-long. On ne voit pas de cœcum auprès du pylore, et le canal intestinal se recourbe à peine vers la tête, avant de s’avancer en ligne droite vers l’anus, ce qui doit faire présumer que les sucs digestifs de l’épinoche sont tres-actifs. La vesicule natatoire est épaisse, simple, grande, etattachéeà l’épine du dos, dont cepen- dant on peut la séparer avec facilité. Au reste, l'iris, l'opercule branchial et les côtés de l’épinoche brillent de l’éclat de l'ar- gent; ses nageoires, de celui de l'or; et sa * M. Cuvier fait remarquer que M. de Lacépède a suivi Ar- tedi, en indiquant le nombre de 26 ou 27 écailles; mais qu'il est plus considérable, parce qu'il faut y ajouter celles qui garnissent la crète latérale de la queue, qui sont plus serrees que les autres. D, HISTOIRE NATURELLE gorge ainsi que sa poitrine, montrent souvent celui du rubis !. L'épinochette vit en troupes nombreuses dans les lacs et dans les mers de l’Europe; on la voit pendant le printemps auprès des embouchures des fleuves ; et, suivant M. Noël, on la pêche dans la Seine, jusqu’au-dessus de Quillebeuf. La spinachie ne se trouve ordinairement que dans la mer. Elle est plus grande du double, ou environ, que l’épinoche, pendant que l'épino- chette ne parvient communément qu'à la lon- geur d’un demi-décimetre. Cette épinochette est d’ailleurs dénuée de lames osseuses et même d’écailles facilement visibles, sa couleur est Jaune sur son dos, et blanche ou argentée sur sa partie inférieure ?. La spinachie offre à peu près le même ton et la même disposition dans ses nuances que l’épi- nochette ; mais ses côtés sont garnis de lames dures. Elle a de plus le museau avancé en forme de tube, l'ouverture de la bouche petite, et l’opercule ciselé en rayons *. QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE. LES CENTROPODES #, Deux nageoires dorsales ; un aiguillon et cinq ou six rayons articulés très-petits à chaque nagroire thora- cine; point de piquants isoles au-devant des nageoires du dos, mais les rayons de La premiere dorsale à peine réunis par une membrane ; point de carène latérale à la queue. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE CENTROPODE BHOM- MARIE : : BOÏDAL. { Le corps revêtu de petites écailles. + A la membrane des branchies de l'épinoche 5 rayons, à la : nageoire du dos 12, à chacune des pectorales 10, à chacune des ihoracines 2, à celle de l'anus 9, à celle de la queue, qui est recti igne, 12, 2 A la nageoire du dos de l'épinochette {1 rayons, à cha- cune des pectorales 10, à chacune des thoracines, dont la membrane est très blanche, 2, à celle de l'anus 11, à celle de la queue 13. 5 A la nageoire du dos de ia spinathie 6 ou 7 rayons, à chacune des pectorales 10, à chacune des thoracines 2, à celle de l'anus 6 ou 7, à celle de la queue, qui est arrondie, 12. 4M.Cuvier ne conserve pas ce genre. Le réunssant aux Monodactyles et aux Acanthopodes de M. de Larépède, il en compose celui qu'il nomme Psettus, d'après Cormmerson, et quil place dans la famille des Acanthoptérygiens squam- mipenues. D. DES POISSONS. LE CENTROPODE RHOMBOIDAL !. Scomber rhombeus, Forsk.; Centrogaster rhombeus, Liun., Gmel.; Centropodus rhombeus, Lacep.; Psettus rhomheus, Cuy. ?. La conformation de ce poisson nous oblige à le placer dans un genre particulier. Il a été ob- servé par Forskael dans la mer Rouge. Les pe: tites écailles dont il est revêtu brillent comme des lames d'argent. Les nageoires sont blan- ches, excepté celle de la queue, qui est d’un vert bleuâtre ; et la seconde dorsale est noire dans sa partie la plus élevée. Ceite seconde na- geoire du dos est d’ailleurs triangulaire et écail- leuse dans sa partie antérieure, comme celle de l'anus, et basse, ainsi que transparente, dans le reste de son étendue. Les cinq rayons articuiés qui, réunis avec un aiguillon, composent cha- cune des nageoires thoracines , sont à peine vi- sibles *. Une membrane assez peu large sou- tient les quatre ou cinq piquants qui forment la première dorsale. Les dents sont déliées etnom- breuses ; et au-dessus du bout de la langue on voit une callosité ovale et rude. La queue pro- prement dite est très-courte; ce qui donne à cha- que côté de l'animal une figure rhomboïdale. QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE 1. LES CENTROGASTÈRES, Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire thoracine. ESPÈCES. CABACTÈRES. 1 La nageoire dorsale très-longue ; LE CENTROGASTÈRE +) celle de la queue trés-peu four- chue; la couleur du dessus du corps brune. | La nageoire de la queue fourchue ; NATRE. 2. LE CENTROGASTÈRE AR- GENTE. la couleur du dessus du corps ar- gentée. LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE ÿ, Cenirogaster fuscescens, Lin., Gmel., Lacep.; Siganus fuscescens, Cuv.‘. LE CENTROGASTÈRE ARGENTÉ 7. Centrogaster argentatus, Linn., Gmel., Lacep.; Siga- aus argenteus, Guy. *. Les mers qui arrosent le Japon, nourrissent + Forskael, Faun. Arab., p. 58, n.78. — Scombre labak. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 Voyez la note 4 de la page précédente. D. # A la mewbrane des branchies 6 rayons, à la première na- geoire du dos 4 ou 5, à la seconde 52 à chacune des pectora- les 15, à chacuue des thoracines 6, à celle de l'auus 54. à celle de la queue, qui est un peu arrondie, 16. 4-4-4 M. Cuvier n'admet pas ce genre, et en rapporte les es- pèces à son genre Sidjan dela famille des Teuthyes parmi les ant" Lens Ce genre comprend les Sidjans, Siga- = 217 ces deux centrogastères dont on doit la connais- sance au savant Houttuyn , et dont le nom gé- nérique vient des aiguillons que l’on voit au- dessous de leur corps, et qui composent une par- tie de leurs nageoires inférieures. Ces poissons lie parviennent qu’à une longueur très-peu con- sidérable : le brunâtre n'a pas ordinairement deux décimetres de long, et l’argenté n’en a qu’un. La mâchoire supérieure du premier est garnie de dents aiguës ; le second a sur la nu- que un grande tache brune , et communément arrondie. Les notes suivantes ! et ?, et le ta- bleau de leur genre , indiquent leurs autres traits principaux. QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE*. LES CENTRONOTES. Une seule nageoire dorsale ; quatre rayons au moins a chaque thoracine ; des piquants isolés au-devant de la nageoire du dos ; une saullie longitudinale sur chaque côte de la queue, ou deux aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus. CARACTÈRES. Quatre aïiguillons au-devant de la nageoire du dos; sept rayons à la merubrane des branchies; vingt- sepl rayons au moins à la na- geuire dorsale. Quatre aiguillons au-devant de la ESPÈCES. 1. LE CENTRONOTE PILOTE. 2 uageoire du dos; six rayons à la LE Can ET membrane de; branchies; vingt- ' un rayons à la nageuire dorsale. Quatre aiguillons au-devant de la uageoire dorsale ; trois rayons à la tuembrane des brau, hies, Cinq aïiguillons au-devant de la LE CENTRONOTE ACAN- . nageoire du «os; le premier THIAS. tourué vers le museau , et les autres inclinés vers la queue ; la ligue latérale ouduiée par petits traits. Sept aiguillons au-devant de la na- gevire du dos; vuze rayous à LE CexruuNons GLAY- LE RES AR- GENTE. celle nageoire, Sept aignillons au-devant de la na- 6. geoire du dos, vingt rayous à LE CENTRONOTE OVALE. cetle nageoire ; six rayous à ja membraue des brauchies. Sept aiguillons au-devaut de la na- Ce geoire du des: vingt-uu rayons LE CENTRONOTE LYZAN. à celte nagroire; buit rayons à la membraue des branchies. nus, de Forskael, les Bwros de Commerson, les Centrogas- ter d'Houttuyn, les Aphacanthus de Bloch. D. 5.7 Houttuyu , AC!. Haarl. XX. 2. p. 555,331, n. 21, 22. 413 aiguillous et 44 rayons articules à la nageoire du dos du brunätre, 16 rayons à chacune des pectorales, 7 aiguillons et9 rayons arlicuiés à la nageoire de l'anus, 20 rayons à la nageoire de la queue. 2 8 aiguillons à la partie antérieure de la nageoire dorsale de l'argenté, 2 aiguillons et 12 rayons à la nageoire de l'anus. 5 M. Cuvier, en adoptant le genre Centronote de M. de [.a- cépede, le partage en plusieurs sous-senres, sous les noms de Pélotes, Élacates, Liches et Trachiuotes. Les liches com- prennent les Scumbéroïies de M. de Lacépede, et les Tra- chinotes reuferment ses Acanthinions et ses Cæsiomores, 1, Il 218 CARACTÈRES. Huit aiguillons au-devant de la nà4- geoire du dos ; vingt-six rayons à cette nageoire dorsale; la ligne latérale droite. Huit aiguillons au-devant de la na- geoire du dos; trente-trois rayons à cette nageoire dorsale; point d'aiguillons au-devant de celle ESPÈCES. 8. T.& CENTRONOTE CARO- LININ. | 9. LE CENTRONOTE GARDÉ- SIESE de l'anus: deux rayons seule- ment à chacune des pectorales. 10 Huit aiguillons au-devant de la na- £ L, geoire du dos; plus de deux M SRNTRONOTE ve rayons à chacune des pectorales; S la ligue latérale tortueuse. Huit aiguillons au-devant de la na- geoire du dos; trente-troisrayons 41 à cette nageoire; douze rayons s : à chaque pectorale ; six rayons à BE)CHATRONOTESNÉCRE" VERTE thoracine; la ligne laté- rale droite; la couleur générale noire. LE CENTRONOTE PILOTE f#, Gasterosteus Ductor, Linn., Gmel.; Scomber Duetor, BI.; Centronotus Conductor, Lacep.; Centronotus Duactor, Cuvy. ?, Presque toutes les espèces du genre des Cen- tronotes, ainsi que celui des Gastérostées et ce- lui des Centropodes, ne renferment que d’assez petits individus. Le centronote dont nous trai- tons dans cet article parvient très-rarement à la longueur de deux décimètres. Malgré les dards dont quelques parties de son corps sont hérissées, il ne pourrait donc se défendre avec succès que contre des ennemis bien peu redou- tables, ni attaquer avec avantage qu’une proie presque invisible. Son espèce n’existerait done plus depuis longtemps , s’il n'avait recu l’agilité en partage : il se soustrait par des mouvements rapides aux dangers qui peuvent le menacer. D'ailleurs sa petitesse fait sa sûreté, et com- pense sa faiblesse. Il n’est recherché ni par les pêcheurs, ni par les grands habitants des mers; vexiguité de ses membres le dérobe souvent à leur vue; le peu de nourriture qu'il peut fournir, empêche qu’il ne soit l’objet des dé- sirs des marins , ou des appétits des squales. Il en est résulté pour cette espèce, cette sorte "Gastré pilote. Daubenton, Enc. méth. — 74. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 88, *. — Pi- bt fish. Willughby, Ichth., tab. append, 8, fig. 2. — « Glau. « cus aculeatus, fasciatus, etc. » Klein, Miss. pise. 5, p.51, n. 5. — Le pilole. Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 4.0. 4, art. 5, p. 55, pl. 4, fig. 4, et pl. 9, fig. 5. — Scomber duclor. Hasselquist, It. 556. — Osbeck , It, 75: tab. 12, fig. 2 ; et Act. Stockh. 1735, p.71.—: Scomber fasciis «quatuor cæruleo-argenteis, aculeis quatuor ante pinnam «dorsa em. » Lœf. It. — « Scomber dorso monopiterygio, «pinnulis nullis, etc, » Gronov. Zooph., 509.— Pilote piscis. Raï, Pise. 156. — Lootsmannekens. Brünn. It. 525, tab. 100. — S$combre Pilole; Scomber ductor. BL., pl. 538. ? Du sous-genre Pilote, Naucrates, dans le grand genre Centronote de M. Cuvier, D. HISTOIRE NATURELLE de sécurité qui dédommage le faible de tant de privations. Pressée par la faim, ne trouvanë pas facilement à certaines distances des rivages les œufs, les vers, les insectes, les mollusques qu’elle pourrait saisir , elle ne fuit ni le voisi- nage des vaisseaux, ni même la présence des squales, ou des autres tyrans des mers; elle s’en approche sans défiance et sans crainte ; elle joue | au-devant des bâtiments, ou au milieu des ter- ribles poissons qui la dédaignent ; elle trouve dans les aliments corrompus que l’on rejette des navires ou dans les restes des victimes im- molées par le féroce requin, des fragments ap- propriés par leur ténuité à la petitesse de ses organes ; elle précède ou suit avec constance la proue qui fend les ondes, ou des troupes car- nassières de grands squales ; et frappant vi- vement l'imagination par la tranquillité avec laquelle elle habite son singulier asile, elle a été bientôt douée, par les amis du merveilleux, d’une intelligence particulière ; on lui a attribué un instinct éclairé, une prévoyance remarqua- ble, un attachement courageux ; on l’a revêtue de fonctions très-extraordinaires , et on ne s’est arrêté qu'après avoir voulu qu’elle partageât avec les échénéis, le titre de conducteur du re- quin, de pilote des vaisseaux. Nous avons été bien aises de rappeler cette opinion bizarre par le nom spécifique que nous avons conservé à ce centronote avec le plus grand nombre des auteurs modernes. Celui qui écrit l'histoire de la nature doit marquer les écueils dela raison, comme l’hydrographe trace sur ses cartes ceux où ont péri les navigateurs. On voit sur le dos de ce petitanimal, dont on a voulu faire le directeur de la route des énor- mes requins, ces aiguillons qui appartiennent à tous les poissons compris dans le quatre-vingt- onzième genre, et dont la présence et la position sont indiquées par le nom de Centronole !, que nous avons cru devoir leur donner : maison n’en compte que quatre au-devant de la nageoire dorsale du Pilote. Les côtés de la queue de ce poisson sont relevés longitudinalement en ca- rène. La ligne latérale est droite. Plusieurs ban= des transversales et noires font ressortir la cou- leur de sa partie supérieure, qui présente des teintes brunes et des reflets dorés. Il paraît que le nombre de ces bandes varie depuis quatre UKévroov, en grec, signifie aiguillon ; et y&ro signifie dos. LLONONMLNHD- HT AGQHAVUIL HAL AIO'TALO V A MTSAOUT NOGOMHHO! AI HAT TOTAL VI ALOMA : 11 À " d V E DES POISSONS. jusqu'à sept. Les mâchoires, la langue, et la partieantérieure du palais, sont garnies de très- petites dents !. — LE CENTRONOTE ACANTHIAS?, Gasterosteus acanthias, Linn., Gmel., Lacep. ‘. LE CENTRONOTE GLAYCOS *. Centronotus glaycos, Lacep., Risso; Lichia glauca, Cuy.'. Les mers qui arrosent le Danemarck nour- rissent, selon Pontoppidan, l’acanthias; et la Méditerranée est la patrie du glaycos. Nous avons conservé ce nom grec glaycos, qui veut dire glauque (d’un bleu de mer), à un centronote décrit et figuré par Rondelet, et au- quel, suivant ce naturaliste, les anciens avaient donné cette dénomination. Cette espèce a le corps allongé, les dents très-pointues, la ligne latérale ondée à petits traits; la partie supé- rieure du corps d’un bleu obscur, l’inférieure très-blanche; la chair grasse, ferme et de bon goût. LE CENTRONOTE ARGENTE 6, Gasterosteus occidentalis, Linn., Gmel.; Centronotus argeuteus, Lacep.; Lichia occidentalis, Cuv. *. LE CENTRONOTE OVALE #®, ‘Gasterosteus ovatus, Linn., Gmel.; Centronotus ovalis, Lacep.; Trachinotus ovatus, Cuv. ?. ET LE CENTRONOTE LYZAN t!°, Scomber Lyzan, Forsk.; Gasterosteus Lyzan, Linn., Gmel.; Centronotus Lyzan, Lacep.; Lichia Lyzan, Cur.‘. On pêche auprès des côtes de l'Amérique 4 À la nageoire du dos 28 rayons, à chacune des pectora- les 20, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 47, 3 Pontoppid. Naturg. Danaem., p. 188, n. 3. 5 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D, 4 Troisième espéce de Glaucus. Rondelet, des Poissons, L 8, c. 17. 5 Du sous-genre Liche, sous le nom de Derbio, dans le genre Centronote, selon M. Cuvier. D. #Gastré saure. Daubenton, Enc. méth.—/d. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — « Saurus argenteus caudâ lon- a gitudinaliter striatä. » Browne, Jam. 452, tab. 46, fig. 2. * M. Cuvier place ce poisson, qui se rapproche des Scom- béraaes de M. de Lacépède, dans son sous-genre des Liches du genre Centronote. D. # Gastré ovale. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Du sous-genre Trachinote dans le genre Centronote. @uv. D. 40 Scombre lyzan. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Forskael, Faun. Arab., p. 54. n. 69. ‘* Du sous-genre des Liches dans le genre Centronote de 219 équinoxiale, l’argenté, dont la couleur est dési- gnée par le nom spécifique que nous avons cru devoir lui donner ‘, pendant que c’est dans les mers de l’Asie que vit l’ovale ?, dont l’ai- guillon dorsal le plus antérieur est couché vers la tête, dont les mâchoires sont hérissées de petites dents, et dont le corps très-comprimé, comme celui des chétodons , a indiqué par sa figure la dénomination spécifique de ce centro- note. Forskael a vu le lyzan sur les côtes de l’Ara- bie. Ce poisson est couvert d’écailles petites, lancéolées, et resplendissantes comme des lames d'argent; ses lignes latérales sont ondées vers l’opercule et droites auprès de la queue; sob dos est d’un brun mêlé de bleu *. LE CENTRONOTE CAROLININ #*, Gasterosteus carolinus, Linn., Gmel.; Centronotus ca- roliaus, Lacep. 5. LE CENTRONOTE GARDÉNIEN 5, Gasterosteus canadus, Linn., Grel.; Centronotus Gardenii, Laeep.; Elacates americana, Cuv. 7. ET LE CENTRONOTE VADIGO #. Scomber Amia, Linn., Gmel.; Centronotus Vadigo, Lacep.; Lichia Vadigo, Guv. °. Le carolinin et le gardénien habitent la Caro= M. Guvier. Ce poisson a les caractères des Scombéroïdes de M. de Lacépède. D. 47 rayons à chacune des nageoires pectorales de l'argenté, 6 rayons à chacune des thoracines, 2 aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus, 1 aïguillon et 6 rayons articulés à la pageoire anale, 16 rayons à la nageoire de la queue. 2 46 rayons à chacune des nageoires pectorales.de l'ovale, 6 rayons à chacune des thoracines, 2 aiguillons au-devant de la nageoire anale, { aiguillon et 16 rayons à la nageoire de l'anus, 20 rayons à la nageoire caudale. #47 rayons à chacune des pectorales du lyzan , 4 aiguillon et 5rayons à chacune des thoracines , 2 aiguillons au-devant de la nageoïire de l'anus, 4 aiguillon et 18 rayons à cette même nageoire de l'anus. 4 Gastré crevalle. Daubenton, Enc. méth. — 7d. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. Cuvier ne cite pas cetteespèce. D. « Gastré canade. Daubenton, Enc. méth. — Id. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 1 Du sous-genre Élacate dans le genre Centronote de M. Cuvier. C'est probablement ie Centronotus spinosus , Mitchill. D. “ Liche, Pélamide, dans plus. départ. mérid. — Liche, ou seconde espèce de glaucus. Rondelet, des Poissone, part. 1,1. 8,c. 16. — Scombre liche, Scomber aculeatus, BL., pl. 556, fig. 1. , Ce poisson est du sous-genre Liche dans le genre Centro. note de M. Cuvier. Il est décrit par Rondelet, p. 284, et par Salviani, p.121. D. 220 line: le nom du premier indique leur pays; ce- lui du second, l’observateur qui les a fait con- naître. C’est en effet le docteur Garden qui en envoya, dans le temps, la description à Lin- née. Ces deux poissons, et le vadigo, qui se trouve dans la Méditerranée, se ressemblent par la forme de leurs nageoires du dos et de P’a- nus, qui présentent la figure d’une faux, et par selle de la nageoire de la queue, qui est four- chue: mais, indépendamment des dissemplances que nous n'avons pas besoin d’énumérer, le ca- rolinin n’a que vingt-six rayons à la nageoire du dos ‘ , et le gardénien y en a trente-trois ?; celui-ci n’a que deux rayons à chacune des pec- torales, et le vadigo y en présente un nombre bien plus grand, pendant que ses lignes latéra- les sont tortueuses et courbées vers le bas, au lieu d’être droites comme celles du carolinin. Au reste, l’aiguillon dorsal le plus antérieur du vadigo est incliné vers le museau LE CENTRONOTE ÉPERON®, Scomber Calcar, Bl.; Centronotus Calcar, Lac.; Lichia Calcar, Cuv. 4. LE CENTRONOTE NÈGRE ÿ. Scomber niger, Bl.; Centronotus niger, Lacep.; Nau- crates niger, Cuv. #. Le corps et la queue de l’éperon paraissent dénués d'écailles. La mâchoire inférieure dé- passe celle de dessus. La langue estmobile, lisse etlarge. Chaque narine ne montre qu’un orifice. La ligne latérale est presque droite. Les thora- cines peuvent être couchées dans une sorte de sillon. La couleur générale est argentée : des teintes noires règnent sur le dos ; les nageoires sont bleuâtres. On trouve une grande quantité de centronotes éperons sur la côte de Guinée. Ils y présentent la grandeur du scombre maque- ‘48 rayons à chacune des pectorales du carolinin, 5 rayons à chacune des thoracines, 5 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 27 rayons à celle de la queue. 37 rayons à la membrane des branchies du gardénien, 2 à chacune des nageoires pectorales, 7 à chacune des thora- cines, 26 à la nageoire de l'anus, 20 à celle de la queue. 5 Scombre ép-ron, Scomber calcar. BI., pl. 556, fig. 2. 4 Du sous-genre Liche dans le genre Centronote, Cuv. D. 5 Sefser, sur les côtes d'Afrique. — Ceirupira, au Brésil. — Stachlicher blauling, par les Allemands.— Negro mack- red, var les Anglais. — Scombre nègre. Bloch, pl. 557. ° Du sous-genre des Pilotes dans le genre Centronote. Cuv, D. HISTOIRE NATURELLE reau ; et leur chair n’est pas désagréable au goût. Le centronote nègre habite dans la partie de l'Océan Atlantique qui sépare l'Afrique de l’A- mérique méridionale. Barbot l’a trouvé auprès de la côte d'Or; et Marcgrave, Pison et le prince Maurice de Nassau l'ont vu dansles eaux du Bré- sil. Il parvient àune longueur remarquable. Sui vant Barbot, il a près de deux mètres de long; et Marcgrave lui attribue une longueur de plus de trois mètres. Sa chairest d’ailleurs grasse, blan- che et ferme : aussi est-il très-recherché, et pré- paré pour être envoyé au loin. Lorsqu'il est frais, on compare son goût à celui de l’anguille, et lorsqu'il est séché, à celui du saumon fumé. il séjourne ordinairement dans la haute mer : mais de temps en temps on voit des troupes nom- breuses d’individus de cette espèce s'approcher des terres, préférer les fonds pierreux, et y cher- cher les crustacées et les animaux à coquille, qui doivent servir à leur nourriture. Les nègres les prennent sur ces bas-fonds, et les pêchent à la lueur de brandons allumés *. Le centronote nègre a la peau lisse, aplatie et dénuée de petites écailles ; le museau arrondi; l'ouverture de la bouche assez grande; les dents petites ; la langue large et mobile ; deux orifices à chaque narine : les écailles qui revêtent son corps et sa queue sont petites, lisses et minces. Sa couleurnoireest relevée par le gris de la base et du milieu de ses thoracines , ainsi que par les nuances blanches et argentées qui resplendis- sent sur ses côtés. QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE ?. LES LÉPISACANTHES. Les écailles du dos grandes, ciliées, et lerminées par un aiguillon : Les opercules denteles dans leur parlie pos- térieure, et démués de petites ecailles: des aiguillons isoles au-devant de la nageoïre dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE LÉPISACANTHE JAPO- ( Quatre aiguillous au-devant de le nageoire du Gos. 4 14 rayons à chaque pectorale du centronote éperon, { rayon aiguillonué et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 1 rayou aiguillonué et 26 rayons articulés à l'anale, au devant de laquelle on voit deux aiguillons réunis par une membrane. 45 rayons à la nageoire de la queue, 21 rayons à la n'geoire de l'anus du centronote nègre, 17 rayons à la caudale. ? Le genre Lépisacanthe, Lacép., ou Monocentis, BI., Schn., est adopté par M. Cuvier, qui le place entre les Scor- pènes et les Épinoches, dans sa famille des Acanthoptèry- giens à joues cuirassées. Ce geare ne renferme qu'une seule espèce. D. DES POISSONS. 924 LE LÉPISACANTHE JAPONAIS !. Gaaterosteus japonicus, Houtt., Linn., Gmel.; Mono- centris japonieus, Bl.. Schn., Cuv.; Lepisacanthus Japonicus, Lac. ?. Le nom génerique de cet animal désigne la forme particulière de ses écailles? ; et sa déno- mination spécifique , les mers dans lesquelles on l’a vu. Houttuyn l’a fait connaitre, et nous avons cru devoir le séparer des centronotes, et des autres poissonsavec lesquels on l'avait placé dans le genre des centrogastères , afin d’être fi- dèles aux principes de distribution méthodique que nous avons préférés. Le museau de cet os- seux est arrondi; ses mâchoires sont hérissées de petites aspérités, plutôt que garnies de dents proprement dites. Une fossette longitudinale re- coitet cache, à la volonté de l'animal, les pi- quants épais, forts, inégaux et isolés, que l'on voit au-devant de la nageoire du dos. Les rayons de chacune des thoracines sont réunis et allon- gés de manière a former un aigullion peu mo- bile , rude, et égal en longueur aux trois dixiè- mes, ou à peu près, de la longeur totale du poisson. Le japonais ne parvient d'ailieurs qu’à de très-petites dimensions, il n’a pas un double décimètre de long ; et sa couleur est jaune *. QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE 5. LES CÉPHALACANTHES. Le derrière de la tête garni, de chaque côté, de deux piquants dentelés et très-longs ; point d'aiguillons isoles au-devant de La nageoïre du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE CEPHALACANTHE Quatre rayons à chacune des tho- SPINABELLE, racines. LE CÉPHALACANTHE SPINARELLE £. Gasterosteus spinarella, Linn., Gmel.; Cephalacanthus spinarella, Cuv. Ce cephalacanthe ne présente qu'une petite lon- gueur. Sa tête, plus large quele corps, est striée “Gastré du Japon. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. -— Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2. p. 329. 2 Voy:z la note de la page précédente, D, 5 Aeris siguilie écaille, et &kavbo:, aiguillon. 4 À la membrane des branchies 5 rayons, à la nageoire du dos 40. à chacune des pectorales 12, à celle de l'anus 9, à celle de la queue 22, $ Ce grnre, dout on ne connaît encore qu'une petite es- pèce de la Guyane, a été adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées. D sur toute sa surface, et garnie par derrière de quatre grands aiguillons. Les deux supérieurs sont plus dentelés, plus larges et plus courts que les deux inférieurs. La spinarelle,qui vit dans l’Inde!, a été placée dans le même genre que les gastérostées et les centronotes : mais elle en dif- fère par trop de traits pour que nous n’ayons pas dû l’en séparer. L'absence d’aiguillons isolés au- devant de la nageoire dorsale aurait suffi pour l'éloigner de ces osseux. Nous l’avons done in- scrite dans un genre particulier qui précède im- médiatement celui des dactyloptères, parmi lesquels on compte la pirapède dont la tête res- semble beaucoup à celle de la spinarelle ?. QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE * LES DACTYLOPTÈRES. Une ptite nageoïre cémposée de rayons soutenus par une membrane, auprès de la base de chaque nageoire sectorale. ESPÈCES. CARACTÈRES. 4 22 Six rayons réunis par une mem- LE DACTYLOPTÈRE PI- brane auprès de chaque nageoire RAPÈDE. pectorale. 2e. { Onze rayons réunis par une mem- LE DACTYLOPTÈRE JA-/ brane auprès de chaque nageoire PONAIS. peclorale. LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÈDE !. Trigla volitans, Linn., Gmel.; Dactylopterus Pirapeda, Lacep.; Dactylopterus communis, Cuv. 5. Parmi les traits remarquables qui distinguent ou piquant. — Pungilius pusillus. Mus. Adolph. Frid. {, p.74, tab. 52, fig. 5. — Gastré spinarelle. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bouuaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Ge poisson est de la Guyane, et non pas des Indes, comme on l'a toujours dit. Cuv. D, 2 À la membrane des branchies 3 rayons, à la nageoire du dos 16, à chacune des pectorales 20, à chacune des thoraci- nes 4, à celle de l'anus 8. à 3 il. Cuvier admet ce genre, créé par M. de Lacépède. Il le place, comme sous-genre, à la suite des Trigles , dans sa famille des Acanthoptérygiens à joues cuirassées. D. 4 Folodor, eu Espagne.— Rondire, aux environs de Rome. _- Rondola, où rondela, sur les bords de l'Adriatique. — Falcone. à Malte et en Sicile. — Flygande fisk, en Suède. — Swallow fish. Kite fish, en Angleterre, — Arondelle, Ron- dole, Chauve-souris, Ratepenade, dansplus départ. mérid. — Trigle pirapéde". Daubenton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 5l.— « Trigla « capite parüm aculealo, pinuulà singulari ad pinnas ven- « trales. » Artedi, gen. 44, syn. 75.— Gronov. Mus. {, n. 102. — « Trigla capite quatuor spondylis armato. » Browne, Jam. 435. — Séba, Mus. 5, tab. 28, fig. 7. — Miivipira, et pira- 5M. Cuvier donne à ce poisson le nom de Dactyloptère commun ou hirondel!e de mer de la Méditerranée. D. * Ce mot Pirapède n'est autre que le nom brésilien de Pirabébé qu'on * Nota. Kipaloç veut dire téte, et axavôcs, aiguillon | a défiguré. 222 ce grand poisson volant et les autres osseux qui doivent appartenir au même genre, il fautcomp- ter particulièrement les dimensions de ses na- geoires pectorales. Elles sont assez étendues pour qu’on ait dû les désigner par le nom d’ai- les; et ces instruments de natation, et principa- lement de vol, étant composés d’une large mem- brane soutenue par de longs rayons articulés que l’on a comparés à des doigts comme les rayons des pectorales de tous les poissons, les ailes de la pirapède ont beaucoup de rapports dans leur conformation avec celles des chauve-souris, dont on leur a donné le nom dans plusieurs contrées ; et nous avons cru devoir leur appliquer la dé- nomination générique de Dactyloptère, qui a été souvent employée pour ces chauves-souris, aussi bien que celle de Cheïroptère, et qui si- gnifie aile attachée aux doigts, ou formée par les doigts *. La pectorale des pirapèdes est d’ailleurs dou- ble, et présente par conséquent un caractère que nous n'avons encore vu que dans le lépa- dogastère gouan. À la base de cette aile on voit en effet un assemblage de six rayons articulés réunis par une membrane, et composant par conséquent une véritable nageoire qu'il est im- possible de ne pas considérer comme pectorale. De plus, l’aile des poissons que nous exami- nons offre une grande surface; elle montre, lorsqu'elle est déployée une figure assez sem- blable à celle d’un disque, et elle atteint le plus souvent au delà de la nageoire de l'anus et très- près de celle de la queue. Les rayons qu’elle renferme étant assez écartés l’un de l’autre lors- qu’elle est étendue, et n’étant liés ensemble que par une membrane souple qui permet facile- ment leur rapprochement, il n'est pas surpre- nant que l’animal puisse donner aisément et rapidement à la surface de ses ailes, cette al- ternative d’épanouissement et de contraction, bebé. Marcgr., Hist. Brasil., L. 4, c. 41, p. 162. — Hirundo. Plin., Hist. mundi, 1. 9, c. 45, édit. de Deux-Ponts.— Milvus cirratus. Sloan., Jamaïc., t.2, p.288. — Mugil alatus Ron- deletii. Jacob. Mus. reg., p. 1, fig. 5, De piscib., p. 59, tab. 2, n.59, — Uligende visc. Valent. Amboin., pisc., t. 5, tab. 32. E.— Omopteros. Klein, Miss. pisc. 4, p. 44, n. 11, — Hi- rundo aquatica. Bont. Ind. orient., p.78. — Hirundo Pli- nii. Mus. Worm. 4, p. 266. — Gesner, p. 454, 514, (germ.) fol. 47, b.— Bélon, Aquat. 192. — Salvian., fol. 187. — Al- drov., 1. 2, c. 5, p. 441. — Jonston, L.1,tit. 5, c. f, a.5, tab. 47, fig. 42. — Willughby, p. 285, tab. S, fig. 6. — Ra, P- 89. — Xelid'ov. Arist., L 4, c. 9. — 4rondelle de mer, Rondelet, part. 1,1. 10, c. 1.— Hirondelle de mer, ou ron- dole. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat, ‘Aaxrukos veut dire doigt, et TTEpÈv, aile. HISTOIRE NATURELLE ces inégalités successives, qui, produisant des efforts alternativement inégaux contre l’air de l'atmosphère, et le frappant dans un sens plus violemment que dans un autre, font changer de place à l’animal lancé et suspendu , pour ainsi dire, dans ce fluide, et le douent véritablement de la faculté de voler ‘. Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever au- dessus de la mer, à une assez grande hauteur, pour que la courbe qu'elle décrit dans l’air ne la ramène dans les flots que lorsqu'elle a fran- chi unintervalle égal, suivant quelques obser- vateurs , au moins à une trentaine de mètres ; et voilà pourquoi encore depuis Aristote jusqu’à nous elle a porté le nom de Faucon de la mer, et surtout d’AHirondelle marine. Elle traverserait au milieu de l'atmosphère des espaces bien plus grands encore, si la mem- brane de ses ailes pouvait conserver sa sou- plesse au milieu de l’air chaud et quelquefois même brülantdes contrées où on la trouve : mais le fluide qu’elle frappe avec ses grandes nageoi- res, les a bientôt desséchées, au point de ren- dre très-difficile le rapprochement et l’écarte- ment alternatifs des rayons; et alors le poisson que nous décrivons, perdant rapidement sa fa- culté distinctive, retombe vers les ondes au- dessus desquelles il s’était soutenu, et ne peut plus s’élancer de nouveau dans l’atmosphère que lorsqu'il a plongé ses ailes dans une eau ré- paratrice , et que, retrouvant ses attributs par son immersion dans son fluide natal, il offre une sorte de petite image de cet Antée que la my- thologie grecque nous représente comme per- dant ses forces dans l’air, et ne les retrouvant qu’en touchant de nouveau la terre qui l’avait nourri. Les pirapèdes usent d'autant plus souvent du pouvoir de voler qui leur a été départi, qu’elles sont poursuivies dans le sein des eaux par un grand nombre d’ennemis. Plusieurs gros pois- sons, et particulièrement les dorades et les scom- bres, cherchent à les dévorer, ettelleestla mal- heureuse destinée de ces animaux qui, poissons et oiseaux, sembleraient avoir un doubleasile, qu'ils ne trouvent de süreté nulle part, qu'ils n’échappent aux périls de la mer que pour être exposés à ceux de l’atmosphere, et qu’ils n’évi- tent la dent des habitants des eaux que pour être saisis par le redoutable bec des frégates, { Voyez le Discours sur la nature des poissons. DES PCISSONS. des phaétons, des mauves , et de plusieurs au- tres oiseaux marins. Lorsque des circonstances favorables éloi- gnent de la partie de l'atmosphère, qu’elles tra- versent des ennemis dangereux, on les voit of- frir au-dessus de la mer un spectacleassez agréa- ble. Ayant quelquefois un demi-mètre de lon- gueur, agitant vivement dans l’air de larges et longues nageoires, elles attirent d'ailleurs l’at- tention par leur nombre, quisouventest de plus de mille, Mues par la même crainte, cédant au même besoin de se soustraire à une mort iné- vitable dans l'Océan, elles s’envolent en grandes troupes ; et lorsqu'elles se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu d’une nuit obscure, on les a vues briller d’une lumière phosphorique, sem- blable à celle dont resplendissent plusieurs au- tres poissons, et à l'éclat que jettent , pendant les belles nuits des pays méridionaux, les in- sectes auxquels le vulgaire a donné le nom de Vers luisants. Si la mer est alors calme et si- lencieuse on entend le petit bruit que font nai- tre le mouvement rapide de leurs ailes et le choc de ces instruments contre les couches de l'air; eton distingue aussi quelquefois un bruissement d'uneautre nature, produit au travers des ouver- tures branchiales par la sortie accélérée du gaz que l'animal exprime, pour ainsi dire, dediver- ses cavités intérieures de son corps, en rappro- chant vivement leurs parois. Ce bruissement a lieu d'autant plus facilement, que ces ouvertu- res branchiales étant très-étroites , donnent lieu à un frôlement plus considérable; et c’est parce que ces orifices sont très-petits, que les pirapè- des, moins exposées à un desséchement subit de leurs organes respiratoires, peuvent vivre assez longtemps hors de l’eau ". On rencontre ces poissons dans la Méditerra- née et dans presque toutes les mers des climats tempérés ; mais c’est principalement auprès des tropiques qu’ils habitent. C'est surtout auprès de ces tropiques qu’on a pu contempler leurs manœuvres et observer leurs évolutions. Aussi leur nom et leur histoire ne sont-ils jamais en- tendus avec indifférence par ces voyageurs cou- rageux qui, loin de l'Europe , ont affronté les tempêtes de l'Océan, et ses calmes souvent plus funestes encore. Ils retracent à leur souvenir leurs peines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succès. Ils nous ramènent, nous qui tâchons de dessiner leurs traits, vers ces compagnons de * Discours sur la nature des poissons, 923 nos travaux , qui, dévoués à la gloire de leur pays, animés par un ardent amour dela science, dirigés par un chef habile, conduits par le brave navigateur Baudin, et réunis par les liens d'une amitié touchante ainsi que d’une estime mu- tuelle, quittent, dans le moment même où mon cœur s’épanche vers eux, les rivages de leur patrie, se séparent de tout ce qu’ils ont de plus cher, et vont braver sur des mers loiniaines la rigueur des climats et la fureur des ondes, pour ajouter à la prospérité publique par l’accroisse- ment des connaissances humaines. Noble dé- vouement, généreux sacrifices! la reconnais- sance des hommes éclairés, les applaudissements de l'Europe, les lauriers de la gloire, les em- brassements de l’amitié, seront leur douce et brillante récompense. Cependant quelles sont les formes de ces pois- sons ailés dont l’image rappelle des objets si chers , des entreprises si utiles, des efforts si dignes d’éloges ? La tête de la pirapède ressemble un peu à celle du céphalacanthe spinarelle. Elle est ar- rondie par devant, et comme renfermée dans une sorte de casque ou d’enveloppe osseuse à quatre faces, terminée par quatre aiguillons iarges et allongés, et chargée de petits points arrondis et disposés en rayons. La mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure. Plusieurs rangs de dents très-petites garnissent l’une et l’autre de ces deux mâchoires ; et l’ou- verture de la bouche est très-large, ce qui donne à la pirapède un rapport de plus avec une hi- rondelle. La langue est courte, épaisse, et lisse comme le palais. Le dessous du corps présente une surface presque plate. Les écailles qui cou- vrent le dos et les côtés , sont relevées par une arête longitudinale. Le rougeâtre domine sur la partie supérieure de l'animal, le violet sur la tête, le bleu céleste sur la première nageoire du dos et sur celle de la queue, le vert sur la seconde nageoire dorsale ; et pour ajouter à cet élégant assortiment de bleu très-clair, de violet, de vert et de rouge, les grandes ailes ou nageoires pectorales de la pira- pède sont couleur d'olive, et parsemées de ta- ches rondes et bleues, qui brillent, pour ainsi dire , comme autant de saphirs, lorsque les rayons du soleil des tropiques sont vivement réfléchis par ces larges ailes étendues avec force et agitées avec vitesse !. : 4 À la membrane branchiale 7 rayons, à la première Da- 224 On compte plusieurs appendices ou cœcums auprès du pylore; et les œufs que renferment les doubles ovaires des femelles, sont ordinaire- ment tres-rouges. La chair des pirapèdes est maïgre; elle est aussi un peu dure, à moins qu’on ne puisse la conserver pendant quelques jours. LE DACTYLOPTÈRE JAPONAIS !. Trigla alata, Linn., Gmel.; Dactylopterus japonicus, Lac. *. On trouve dans les mers du Japon ce dacty- loptère, qui, de même que la pirapède, a été inscrit jusqu’à présent dans legenre des trigles. Il a été décrit par Houttuyn. Il ne parvient guère qu’à la longueur d’un décimètre et demi. On voit deux aiguillons longs et aigus à sa mâ- choire inférieure et au bord postérieur de ses opercules. On compte onze rayons à chacune de ses petites nageoires pectorales . QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE *. LES PRIONOTES. Des aïguillons dentelés entre les deux nageoires dorsales: des rayons articulés et non réunis par une membrane, œuprès de chacune des nageoires pectorales. CABACTÈRES. Trois rayons articulés et non réu- uis par une membraue auprès de chacune des nageoires pecto- rales. ESPÈCE. &E PRIONOIE VOLANT. LE PRIONOTE VOLANT ;. Trigla evolans? Linn., Gmel.;Prionotus evolans,Lac.s. En comparant les caractères génériques des dactyloptères et des prionotes, on voit qu'ils geoire du dos 6, à la seconde 8, à chacune des grandes na- geoires pectorales 20, à chacune des petites 6, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 41, à celle de la queue 12. 4 Houtluyn, Act. Haarli. XX, 2, p. 556, n. 23. ? M. Cuvier démontre, en traduisant exactement le passage d'Houttuyn, où ce pois;on se trouve décrit, que c'est un Tri- gle proprement dit, et non un Hactyloptère; mais il n'en indique pas l'espèce. D. # A la première nageoire du dos 7 rayons , à chacune des petites nageoires pectorales 11, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 14, à celle de la queue 14. 4 Ce genre, formé par M. de Lacépède, a été adopté comme sous-genre, dans le genre Trigle, par M. Cuvier, qui nie l'existence des rayons articulés non réunis entre les deux dorsales, ces rayons étant compris dans la membrane de la première de ces nageoires. D. 5 Trigla volitans minor. Browne, Jamaïc. 453, tab, 47, 3. 5. — Trigle volant. Daubenton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * M, Cavier fait remarquer que le genre Prionote se com- HISTOIRE NATURELLE diffèrent assez les uns des autres pour que nous ayons dü les séparer ; et cependant ils 5e res- semblent assez pour qu’on ait placé les priono- tes, ainsi que les dactyloptères, parmi les tri- gles dont nous allons nous occuper. Ils sont liés particulièrement par la forme de leur tête et par une habitude remarquable. Le prionote quenous décrivons, a la surface de sa tête ciselée de ma- nière à représenter des rayons ; et de plus il a la faculté de s’élever dans l'atmosphère , et de s’y soutenir pendant quelque temps, comme les dactylopteres. C’est cette dernière faculté qui lui a fait donner le nom spécifique de Volant; et nous avons cru d’autant plus devoir le désigner par le nom générique de Priono- te, qu'indépendamment de trois aiguillons dentelés qui s’élèvent entre les deux nageoires de son dos, le premier rayon de la seconde dor- sale et les deux premiers de la première sont un peu dentelés par-devant. Les pectorales sont assez longues pour atteindre à la moitié de la longueur du corps; et étant d’ailleurs très-lar- ges, elles forment des ailes un peu étendues, que leur couleur noire fait souvent distinguer à une grande distance. La nageoire de la queue est fourchue ?. QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES TRIGLES. Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dor- sales; des rayons articulés etnon réunis par unemem- brane, auprès de chacune des nageoires pectorales. PREMIER SOUS-GENRE. Plus de trois rayons articulés auprès de chaque na- geoire pectorale. CARACIÈRES, Quatre rayons articulés anprès de chaque nageoire pectorale. ESPÈCE. 1. LA TRIGLE ASIATIQUE. pose de quatre espèces, et que la citation ci-dessus donnée de Browne se rapporte à son Prionotus punclatus, qui ne dif- fère pss des i rigles punctata et carolina de Bloch, décrits ci-après, p. 227. Quant au Trigla evolans de Linnée, M. Cu- vier croit le retrouver dans son Prionotus slrigatus, qui est le Trigla lineata de Mitchill. D. !Ilpiwy signifie scie, et Y&TOS veut dire dos. 3 À la membrane des branchies 8 rayons, à la première nageoire du dos 8, à la seconde 41, à chacune des pectora- les 45, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 44, à celle de la queue 15. 5 Ce groupe de poissons, l'un des plus naturels, est adopté tel qu'il est ici, par M. Cuvier. Il en retire seulement quel- ques espèces qui y ont été placées à tort, ou qui sont factices. D. DES POISSONS. SECOND SOUS-GENRE. Trois rayons articulés auprès de chaque nagcoîre pectoraie. CARACTÈRES. Les nageoires pectorales longues; la mâchoire supérieure prolon- gée en deux lobes dentelés ; les orifices des narines tubuleux; la nageoire de la queue un peu en croissant, ! Les nageoires pectorales longues ; | onze rayons à celle de l'anus; ESPÈCES, 2. LA TRIGLE LYRE. | \ celle de la queue arrondie ; six rayons à la membrane des bran- chies. Les nageoires pectorales longues ; celle de la queue arrondie; la tête allongée; le corps parsemé de petites taches rouges. | Les nageoires pectorales longues ; 5 LA TBIGLE CAROLINE. 4. LA TRIGLE PONCTUÉE. les écailles qui garnissent le corps disposées en rangées transversa- les ; la ligne latérale garnie d'ai- guillons à deux pointes, | Les nageoires pectorales larges ; 5. La TRIGLE LASTOVIZA, quatorze rayons à la nagcoire de l'anus; celle de la queue fourchue ou en croissant ; la ligne latérale garnie d'aiguillons. Des lames ou feuilles minces et étroites attachées le long de la ligue latérale; la nageoire de la queue en croissant. (de nageoires pectorales courtes ; 6. Là TRIGLE HIRONDELLE. 7. LA TRIGLE PIN. celle de la queue fourchue ; la li- gne latérale large, et garnie d'ai- guillons; des taches noires et des taches rouges sur le dos. H nageoires pectorales courtes; 1 8. LA TRIGLE GURNAU. celle de la queue fourchue; la ligne latérale dénuée de larges écailles, Les nageoires pectorales courtes ; celle de la queue fourchue ; la ligne latérale divisée en deux vers la nageoire caudale. La nageoire de la queue arrondie; deux arêtes ou saillies longitudi- nales sur le dos ; les nageoires pectorales et thoracines très- Pointues; huit rayons à chacune de ces nageoires pectorales ; vingt-quatre à la seconde na- geoire du dos. TROISIÈME SOUS-GENRE. Moins de trois rayons articulés auprès de chaque nageoire pectorale. 9. LA TRIGLE GRONDIN. 0. 10. La TRIGLE MILAN. 11. LA TRIGLE MENUE. 12. LA TRIGLE CAVILLONE. | La nageoire de la queue lancéolée. LA TRIGLE ASIATIQUE. Trigla asiatica, Linn., Gmel., Lacep. ‘. Les tableaux génériques montrent les diffé- rences qui séparent les trigles des prionotes et des dactyloptères. Mais si leurs formes extérieu- res ressemblent assez peu à celles de ces deux derniers genres, pour que nous ayons dû les en séparer , elles s’en rapprochent beaucoup par * M. Cuvier remarque que ce poisson est bien sûrement un Polynème, et même qu'il ne paraît pis différer spécifique- ent du Polynemus tetradactylus. D. U. 223 leurs habitudes ; et presque toutes ont, comme la pirapède, le pouvoir de voler dans l'atmo- sphère, lorsque la mer ne leur offre pas un asile assez sûr. Elles sont d’ailleurs, comme les dac tyloptères et les prionotes, extrêmement fécon- des ; elles pondent souvent jusqu’àtrois foisdans la même année; et c’est cette reproduction re- marquable queplusieurs anciens Grecs ont voulu désigner par leriom de roryhn, Fptyha, Tpuÿhie, tot 7hos, corrompu de à grandes épines operculaires et claviculaires. D. IHISTOIRE NATURELLE ou argentées ; la sorte de dorure qui distingue les rayons par lesquels la membrane des xageoi- res est soutenue, ajoute à l'éclat de ce rouge que font ressortir d'ailleurs quelques nuances de vert ou de noir répandues sur ces mêmes na- geoires ; et ainsi les couleurs les plus brillantes, celles dont la poésie a orné le char radieux du dieu des arts et de la lumière , resplendissent sur le poisson que l’ingénieuse Grèce appela du nom de l’instrument.qui fut cher à ce dieu. Au bout du museau de la trigle quenous exa:+ minons, s’avancent deux lames osseuses, trian- gulaires et dentelées, ou plutôt découpées de manière à montrer une image vague de cordes tendues sur une lyre antique. La tête proprement dite est d’ailleurs arron- die ét comme emboîtée dans une enveloppe la- melleuse, qui se termine par derrière par qua- tre ou six aiguillons longs, pointus et très-forts, qui présente d'autres piquants au-dessus des yeux, ainsi qu’à la pièce antérieure de chaque opercule, et dont presque toute la surface est ciselée etagréablement rayonnée. De petites dents hérissent le devant du pa- lais, et les deux mâchoires, dont l'inférieure est la plus courte. Le corps et la queue sont cou- verts de petites écailles ; et des aiguillons courts et courbés vers l'arrière garnissent les deux cô- tés de la fossette longitudinale dans laquelle l’a- nimal peut coucher ses nageoires dorsales ". La trigle lyre habite dans l'Océan Atlantique, aussi bien que dans la Méditerranée. Elle y par- vient quelquefois à la longueur de six ou sept décimètres. Sa chair est trop dure et trop mai- gre pour qu’elle soit très-recherchée. On la pê- che cependant de temps en temps; et lors- qu’elle est prise, elle fait entendre, par un mé- canisme semblable à celui que nous avons ex- posé en traitant de plusieurs poissons, une sorte de bruissement que l’on a comparé à un siffle- ment proprement dit, et qui l'a fait nommer dans plusieurs pays, et particulièrement sur quelques côtes d'Angleterre, Poisson siffleur (the piper, the fish piper) ?. 4A la membrane des branchies 7 rayons, à la première dorsale 9, à la seconde 16, à chacune des pectorales 12, à cha. cune des thoracines 6, à celle de l'anus 16, à celle de {a queue 19. : 2 La vessie natatoire est longue et simple. DES POISSONS. LA TRIGLE CAROLINE !, rigla carolina, Linn:, Gmel., Lacep.?. LA TRIGLE PONCTUÉE #, Trigla punetata, Bloch, Lacep. +. ET LA TRIGLE LASTOVIZA >, Trigla adriatica, Linn., Gmel.; Trigla Lastoviza, Lacep.; Trigla lineata, Liun., Gmel., Cuv. 6, Ces trois trigles ont les nageoires pectorales très-longues et assez grandes pour s’élever au- dessus de la surface des eaux. Nous devons donc les inscrire parmi les véritables poissons volants. Voyons rapidement leurs traits princi- paux. Dans ces trois espèces, la tête est comme ci- selée, et parsemée de figures étoilées ou rayon- nantes qui ont un peu de relief. L’enveloppe la- melleuse qui la recouvre, montre, dans la earo- line, deux petits piquants dentelés au-dessus de chaque œil, deux plus grands à la nuque, trois ou quatre à chaque opercule, et un à chaque os claviculaire., Les écailles qui revêtent le dos, sont petites et dentelées. La ligne latérale est droite et lisse; et le sillon longitudinal dans le- quel l’animal peut coucher ses nageoires dorsa- les, est bordé, de chaque côté, d’aiguillons recourbés. Une tache noirâtre qui occupe la moitié supé- rieure de l’œil, donne à cet organe une appa- rence singulière. Une autre tache noirâtre pa raît vers le haut dela première nageoire dorsale. Le corps et la queue sont jaunâtres avec de pe- tites taches violettes, et les nageoires pectorales sont violettes avec quatre bandes transversales brunes et arquées 7. On trouve cette trigle, dont la chair est dure 4 The smaller flying fish, dans quelques contrées an- glaises. — Trigle caroline. Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. — Trigle carolin, ou caroline. Bloch, pl. 532. 3-4 Ces deux espèces ne différent pas entre elles et ne sont pas des trigles pour M. Cüvier. Il les rapporte toutes deux à sonprionote ponctué, Prionolus punctatus. Voyez ci-avant, p:224? D. ? Rubio volador, en espagnol. — Zyra alota. Plumier, peintures sur vélin du Muséum d'hist, nat. 5 Brünn, Pisc. Massil., p. 99. — Trigle lastoviza. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — Brit. Zool. 5, p. 256, n.5.— Rai, PisC., p. 165, f. M.-— Jmbriago. Bloch, pl. 554. — 4u- tre espèce de surmulet-imbriaco. Rondelet, part. 1,1. 10, ch ® M. Cuvier admet cette espèce dans le genre Trigle, sous le nom de Rouget camard, Trigla lineata. D. T A la membrane branchiale de la caroline 6 rayons, à la première nageoire du dos 9, à la seconde 12, à chacune des pectorales 15, à chacune des thoracines 6, à celle del'anus11, à celle de la queue 18, 227 et maigre, et la longueur d’un ou deux décimè- tres, aux environs de la Caroline etdes Antilles, C’est dans les mêmes mers qu’habite la ponc- tuée, dont les couleurs sont plus vives, plus vas riées et plus gaies. Nous décrivons ces nuances d’après une peinture qui fait partie de celles du Muséum d'histoire naturelle, et dont on a dù à Plumier le dessin original. La partie supérieure de l'animal est d’un rouge clair, et la partie inférieure d’un beau jaune. Les côtés et le dos sont parsemés de taches rondes, petites, et d’un rouge foncé. Ces mêmes taches rouges se montrent sur les nageoires du dos et de l’anus, qui sont lilas; sur celle de la queue, qui est bleue à sa base et jaune à son extrémité; et sur les ailes, qui sont également jaunes à leur ex- trémité et bleues à leur base. La tête dela ponctuée est plus allongée que celle de la caroline ‘. Quant à la trigle lastoviza, elle est rouge par- dessus et blanchätre par-dessous , avec des ta- ches et des bandes couleur de sang, ou noirä- tres, placées sur le dos. Les ailes offrent sou- vent par-dessus quelques taches brunes, et par- dessous une bordure et des points bleus sur un fond noir. Les thoracines et l’anale sont blanches, et quelquefois noires à leur sommet. Au reste, la ligne latérale de ce poisson est hé- rissée de piquants à deux pointes ; la mâchoire supérieure presque aussi avancée que l'infé- rieure ; le dessus des yeux garni de petites poine tes, la nuque hérissée de deux aiguillons den- telés; chaque opercule armé de deux aiguillons semblables ; los claviculaire étendu, pour ainsi dire, en épine également dentelée, et, de plus, longue, aiguë à son sommet et large à sa base; et la fosseite dorsale bordée, de chaque côté, de piquants à trois ou quatre pointes. Ce beau poisson parvient quelquefois à la lon- gueur d’un demi-mètre, et habite dans la Médi- terranée et dans l'Océan Atlantique ?. 4 À chacune des nageoires pectorales de la ponctuée 43 rayons, à chacune des thoracines 6, à celle de la queue 12. 240 rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale de la trigle lastoviza , 47 rayons à la seconde, 10 rayons à che cune des pectorales , 4 aiguillon et 5 rayons articulés à cha- cune de thoracines, 16 rayons à celle de l'anus, 15 rayons à celle de la queue. 228 LA TRIGLE HIRONDELLE !. Trigla Hirundo, Linn,, Gmel., Bloch, Lacep., Cuv. 4 La partie supérieure de ce poisson est d'un violet mêlé de brun, et l’inférieure d’un blanc plus où moins pur et argentin. Il vit dans la Mé- diterranée, et dans les eaux de l’Océan.Il y de- vient assez grand, puisque sa longueur sur- passe quelquefois deux tiers de mètre. Il nage avec une grande rapidité, ses pectorales pou- vant lui servir de rames puissantes. Comme il habite les fonds de la pleine mer pendant une grande partie de l’année, on le prend ordinaire- ment avec des lignes de fond; et quoique sa chair soit dure , il est assez recherché dans plu- sieurs pays du nord, et particulièrement sur les rivages du Danemarck , où on le sale et le se- che à l'air pour l’approvisionnement des vais- seaux °. Le bruissement qu'il fait entendre lorsqu'on le touche, à paru aux anciens naturalistes grecs et romains avoir quelque rapport avec le croassement des corbeaux ; et voila pourquoi ils l'ont nommé Corbeau de mer. LA TRIGLE PIN. Trigla Cuculus, Linn., Gmel.? Trigla Pini, Bl., Lacep. {. Les lames ou feuilles minces, étroites, et sem- blables à des feuilles de pin, qui garnissent les 4 Cabote, Galline, Gallinette, Linelle, Perlon, Grondin, en France.— T'iiega , à Malte. — Corsano, et corsavo, dans la Ligurie. — Capone, à Rome.— Tub fish, Sapphirine gurnard, en Angleterre. — Knurr-hahn ; en Allemagne. — Soe-hane, ou knurr-hane, en Danemarck. — Riot, ouskar- riot, knorrsoehane, soekok, en Norvège. — Ænorrhane, knoding, knot, ou schmed , en Suède. — Trigle hirondelle de mer. Daubenton, Enc. méth.— /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth.— Mus. Ad. Frid. 2, p.95 *. —MüH. Prodr. Zool. Danic., p. 47, n. 400. — Faun. Suecic. 540 *. — It. Wgoth., p 176. —« Trigla capite aculeato, appendicibus ulrinque € tribus, etc. » Artedi, gen. 44, syn. 75. — KioaË Athen., 1.4, fol. 477. — Hirundo prior. Aldrov., 1. 2,05, p. 155.— Hirundo. Willughby, p. 280. — Rai, PisC., p. 88. — Corvus. Plin.,l. 52, ©. 11.— Salvian., fol. 494, 195. — Perlon. Bloch, p. 60. — Corystion ventricosus. Klein, Miss. pisC. 5, p. 45, n. 3. — Coraux. Gesner, Aquat., p. 299; Thierb., p. 21.— Brit. Zool. 5, p. 255, n. 4. — Corbeau de mer. Rondelet, part. 1,1. 10, c. 6. 2 Cette espèce de Trigle est décrite par M. Cuvier, sous le rom &@e Perlon, ou Rouget grondin. D. 5 A la cembrane des branchies 7 rayons, à la première na- geoire du dos 8, à la seconde 15, à chacune des pectorales 12, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 14, à celle de la queue 19. 4Ilest décrit par M. Cuvier, qui l'admet parmi ses Trigles, sous les noms de Grondin rouge ou de Rouget commun de Paris. D. HISTOIRE NATURELLE deux côtés de chaque ligne latérale, ont sug= géré à Bloch le nom spécifique qu’il a donné à cette trigle, lorsqu'il l’a fait connaître. Le mu= seau de ce poisson est un peu échancré et ter- miné par plusieurs aiguillons ordinairement au nombre de six ou de huit. De petites dents hé= rissent les mâchoires. On aperçoit un os trans= versal et rude sur le devant du palais, et quatre os rudes et ovales auprès du gosier. On voit un piquant au-dessus de chaque œil, ou à la pièce antérieure de chaque opercule, deux à la pièce postérieure, et un aiguillon presque triangulaire et dentelé à chaque os claviculaire. La fossette longitudinale du dos est bordée d’épines incli- nées vers la queue ‘. Les écailles sont très-pe- tites ; et toute la surface de l’animal réfléchitun rouge un peu foncé, excepté le dessous du corps et de la queue, qui est jaunâtre, et les nageoi- res du dos, de la poitrine, de la queue et de l’a- aus, qui sont d’un vert tirant sur le bleu. LA TRIGLE GURNAU ?:, Trigla Gurnardus, Linn., Gmel., BI., Cuv.s. ET LA TRIGLE GRONDIN . Trigla cuculus, 81., Cuv.; Trigla grunniens, Lacep.s. La première de ces trigles présente une faculté { A la membrane des branchies 7 rayons, à la première na- geoire dorsale 9, à la seconde 19, à chaque nageoire pecto- rale 10, à chacune des thoraciues 6, à celle de l'anus 16, à celle de la queue 18. 2 Bellicant, Gourneaw, dans plus. contrées de France. — SchmiedknecAt, dans le Holstein. — See-hahn , ou kurre, ou kurre-fish, à Heiligeland. — Anorhaan, en Hollande. — Tigiega, à Malte. — Aürlanidsi-balück, en Turquie.— Tri- gle grondin. Daubenton, Enc. méth. — Trigle grondeur. Bounaterre, pl. de l'Enc. métbh. — « Trigla varia, rostro dia- « cantho, aculeis geminis ad utrumyue oculum. » Artedi, gen. 46, syn. 74. — Gronov. Mus. 1, p. 44, n. 101; Zooph., p. 84, n.285.— Brünn. Pisc. Massil., p.74, n.90.— Gurneau. Bloch, pl. 58. — Charlet. Onom., p. 459. — « Corystion gra « cilis griseus, etc. » Klein, Miss. pisc. 4, p. 40, n. 5, tab. 44, fig. 5. — Coccyx aller. Bélon, Aquät., p. 204. — Grey gur- nard. Brit. Zool. 5, p. 251, n.1.— Willughby, Ichth., p. 279 tab. 5, 2, fig. 1. — Raï, Pisc., p. 86. 3 Cette Trigle est désignée par M. Cuvier, par les noms de Grondin proprement dit. Gornaud ou Gurnard. Grey Gur- nard des Anglais. D. 4 Morrude, Rouget, Rouget grondin, Perlon, Galline, Hondela, dans plus. départ. — Hunchem, daus le nord de la Frauce. — Sehe-hanen, dans plus. contrées du nord de l'Europe. — The red gurnard , Ret chet, en Angleterre. — Cocchouw, aux environs de Naples. — Cabriggia , dans la Li- gurie. — Organt , sur plus. côtes de l'Adriatique. — Trigle perlon. Daubenton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Mus. Adolph. Frid. 2, p.95". — « Trigla tota «rubens, rostro parùm bicorui, operculis branchiarum 5 Ce poisson, qui est quelquefois appelé Rouget, est nommé Grondin rouge, par M.Cuvier. D. DES POISSONS. semblable à celle que nous avons remarquée dans la lyre. Elle peut faire entendre un bruis- sement très-sensible parle frôlement de ses oper- cules, que les gaz de l’intérieur de son corps font, pour ainsi dire, vibrer, en s’échappant avec violence lorsque l’animal comprime ses organesinternes ; et voilà d'où lui vient le nom de Gurnau qu’elle porte. Ce gurnau a d’ailleurs plusieurs rapports de conformation avec la lyre, ct, de plus, il ressemble beaucoup au grondin, qui est doué, comme la lyre, de la faculté de siffler ou de bruire. Mais indépendamment des différences indiquées sur le tableau du genre des trigles , et qui séparent le grondin du gurnau, le grondin a la tête et l'ouverture de la bouche plus petites que celles du gurnau : celui-ci peut parvenir à la longueur d’un mètre ! ; celui-là n'at- teint ordinairement qu'à celie de troisouquatre décimètres?. Les écailles qui revêtent le gurnau, sont blanches ou grises, et bordées de noir; des taches rouges et noires sont souvent répandues sur son dos ; ses nageoires de la poitrine etde la queue offrent une teinte noirâtre ; celles de l’a- aus et du dos sont d’un gris rougeûtre ; la pre- mière dorsale est parsemée de taches blanches ; les lames épaisses et larges quirecouvrentlaligne latérale sont noires et bordées de blanc. Le gron- din a les lames de ses lignes latérales blanches et bordées de noir; la partie supérieure de son corps et de sa queue, rouge et pointillée de blanc ; la partie inférieure argentée ; les nageoi- res caudales et pectorales, rougeûtres ; celle de l'anus, blanche; et les deux dorsales blanches et pointillées d’orangé. Au reste, le gurnau etle grondin ont tous les deux les thoracines blanches. Leur chair est très- agréable au goût : celle du grondin est même quelquefois exquise. Ils habitent dans la Mé- «striatis. » Artedi, gen. 45, syn. 74. — Rouget, et r'ouget grondin. Bloch, pl. 59. — Ô zéxxvË. Arist., L 4, c. 9; et L 8, €. 15. — Ælian., 1. 10, ©. 11. — Oppian., 1. 1, p. 5. — Athen., 1.7, p. 508. — Cuculus. Gaz. Arist.-- Morrude, ou rouget. Rondelet, part. 4, 1. 10, c. 2. — Gesner, p. 505 et 506, et (germ.) fol. 17, b. — Aldrovand., 1. 2, c. 4, p.159. — Jonsion, isc., p. 64, tab. 17, fig. 41. — Willughby, p. 281. — Rai, p. 89. — « Cuculus minor. » Bélon, Aquat., p. 104. — « Cucu- « lus lyræ species. » Schonev., p. 52.—ZLyra. Charlet., p. 259. — « Corystion capite conico, etc. » Klein, Miss. pisc. 4, p. 46, 2. 6, tab. 4, fig. 4. — Red gurnard. Brit. Zool. 5, p. 253, np, 2. - 4 A la première nageoire dorsale du gurnau 7 rayons, à la econde 19, à chacune des pectorales 40, à chacune des thora- cines 6, à celle de l'anus 17, à celle de la queue 9. 2 À la première nageoire dorsale du grondin 10 rayons, à la econde 18, à chacune des pectorales 10, à chacune des thora- 6, à celle de l'anus 12, à celle de la queue 15. 229 diterranée ; on les trouve aussi dans l'Océan At- lantique , particulièrement auprès de l’Angle- terre ; et c’est vers le commencement ou la fin du printemps que l’un et l’autre s’avancent et se pressent, pour ainsi dire, près des rivages pour y déposer leurs œufs , ou les arroser de la liqueur fécondante que la laite renferme *, LA TRIGLE MILAN ?. Trigla Milvus, Lacep. ‘. Plusieurs trigles ont reçu des noms d'oiseaux; onlesa appelées Hirondelle, Coucou, Milan,ete. Il était en effet assez naturel de donner à des poissons ailés qui s'élèvent dans l’atmo- sphère, des dénominations qui rappelassent les rapports de conformation, de facultés et d’ha- bitudes, qui les lientavec les habitants de l'air. Aussi ces noms spécifiques ont-ils été imposés par des observateurs et adoptés assez générale- ment, même dès le temps des anciens natura- listes ; et voilà pourquoi nous avons cru devoir en conserver deux. La trigle milan a été aussi appelée, et même par plusieurs célèbres natu- ralistes, Lanterne ou Fanal, parce qu’elle offre d’une manière assez remarquable la propriété de luire dans les ténèbres, qui appartient non- seulement aux poissons morts dont les chairs commencent à s’altérer et à se décomposer, mais encore à un nombre assez grand d’osseux et de cartilagineux vivants ‘. C’est principale- ment la tête du milan, et particulièrement l’in- térieur de sa bouche , et surtout son palais , qui brillent, dans l'obscurité, de l’éclat doux ettran- quille querépandent, pendantles belles nuitsde l'été des contrées méridionales, tant de substan- 41 On voit deux aiguillons auprès de chaque œil du grondin. 2 Belugo, c'est-à-dire étincelle, Galline, dans plus. départ, mérid. — Organo, dans la Ligurie. — Cocco, dans les Deux. Siciles. — Trigla lucerna. Linnée, éd. de Gmelin, — Trigle milan. Daubenton, Enc. méth.— « /d. Bonnaterre. pl, de lEnc. méth. — « Trigla rostro parüm bifido, lineä laterali, « ad caudam bifurcä. » Artedi, gen. 45, syn.75. — Milan marin. Rondelet, part. 4, L. 10, c.7.— Aildrov.; 1.2, c. 38, p. 276. — Lucerna, milvuus, et milvago. Gesner, p. 497; et (germ.) fol. 47, a. — Zucerna Venetorum. Willughby, p. 281. — Rai, p.88. — Cuculus. Salvian., fol. 490, 191. — Gronov. Mus. {, n- 100; Zooph., p. 84, n. 284. 3 M. de Lacépède rapporte à ce poisson, dont la synonymie est fort incertaine, le Trigla Lucerna de Linnée; mais M. Cuvier démontre que ce dernier est une espèce factice. Le vrai T. Lucerna de Brunnich ; morrude, orgue ou organo, de M. Cuvier, Trigla Milvus et T. Lucerna , RissO, est ca- ractérisé par sa ligne latérale garnie d'écailles plus hautes que larges, et par la deuxième épine dorsale qui est prolon- gée en filet. D. 4 Voyez le Discours sur la nature des poissons. 230 ces phosphoriques vivantes ou inanimées. Lors- que dans un temps calme:, et après le coucher du soleil, plusieurs centaines de trigles milans, exposées au même danger, saisies du même ef- | froi, emportées hors de leur fluide par la même nécessité d'échapper à un ennemi redoutable , s’élancent dans les couches les plus basses de l'air et s’y maintiennent pendant quelques in- stants, en agitant leurs aies membraneuses, courtes à la vérité, mais mues par des muscles puissants, c’est un spectacle assez curieux que celui de ces lumières paisibles qui montant avec vitesse au-dessus des ondes , s’avançant, retombant dans les flots, dessinant dans l’at- mosphère des routes de feu qui se croisent , se séparent et se réunissent, ajoutent une illumi- nation aérienne, mobile, et perpétuellement variée, à celle qui repose, pour ainsi dire, sur la surface phosphorique de la mer. Au reste, les milans volant ou nageant en troupes, offrent pen- dant le jour un coup d’œil moins singulier, mais cependant agréable par la vivacité, la disposi- tion, et l'harmonie de leurs couleurs. Le rouge domine fréquemment sur leur partie supé- rieure; et l'on voit souvent de belles taches noi- res, bleuesou jaunes, surleursgrandesnageoires pectorales. Leur lignelatéraleest garnie d’aiguil- lons, et divisée en deux vers la queue. On les trouve dans l’Océan Atlantique aussi bien que dans la Méditerranée. Leur chair est presque toujours dure et sèche ‘ ;.et il se pourrait que ces milans ne fussent qu’une variété desitrigles hirondelles. LA TRIGLE MENUE 2. Trigla minuta, Linn., Gmel., Lacep. 5, Le nom de cette trigle désigne sa petitesse : sa longueur n’égale ordinairement que celle du doigt. Les deux saillies longitudinales qui for- ment la fossette propre à recevoir les nageoires du dos lorsque l'animal les incline et les plie, sent composées de petites lames un peu redres- # A la première nageoire du dos 10 rayons, à la seconde47, à chacune des pectorales 10, à chacune des thoracines 6, à zelle de l'anus 15. ? La petile Trigle. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. “La Trigla minuta de Linnée, annoncée comme asiatique, paraît être une vraie trigle; mais ce que dit Linnée de ses caractères, convient à tant d'espèces , et les rayons des na- geoires sont comptés d'une facon si contraire à ce que l'on voit dans les autres, que M. Cuvier, qui fait cette remarque, ue peut la croire bien déterminée, et ne l'admet pas dans son énumération. D. HISTOIRE NATURELLE sées et piquantes. Le museau est échancré et dentelé. On compte deux aiguillons au-dessus des yeux ; deux autres aiguillons !, et deux piquants plus forts que ces quatre premiers, au- pres de l’occiput; et une épine assez grande, à proportion des dimensions de l'animal, garnit la partie postérieure de chaque opercule. On trouve la trigle menue dans les mers de l'Inde. LA TRIGLE CAVILLONE 2. Trigla Cavillone, Lacep. ; Trigla aspera, Viviani, Cuy. 5. Rondelet a décrit cette trigle, dontil a aussi publié une figure gravée. N'ayant que: deux rayons articulés et isolés à chaque nageoirepec- torale , non-seulement elle est séparée des: es- pèces que nous venons de décrire, mais elleap- partient même à un sous-genre particulier. On l'a appelée Cavillone dans plusieurs départe- ments français voisins de la Méditerranée, à cause de sa ressemblance avec une cheville, que l’on y nomme caville. L'animal est en effet beaucoup plus gros vers la tête que vers: la na- geoire de la queue. Il est couvert d’écailles pe- tites, mais dentelées, âpres et dures. La ligne latérale est très-droite et très-voisine du dos. On voit un piquant au-dessus de chaque œil, et six aiguillons très-grands et un peu aplatis à la partie postérieure de cette sorte de casque ou d’enveloppe lamelleuse et ciselée, qui défend.la tête. La cavillone est d’un très-beau rouge, lequel fait ressortir la couleur de ses ailes, qui sont blanches par-dessus, et d’un vert noirâtre par- dessous *. Ses dimensions sont ordinairement aussi petites que celles de la menue. Son foie est tres-long ; mais son estomac est peu étendu, et son pylore garni d’un petit nombre d’appen- - dices ou cœcums. La chair de cette trigle est dure, et peu agréable au goût. 45 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, 25 rayons à la seconde, 8 à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines, 14 à celle de l'anus, 10 à celle de la queue. 2 Autre espèce de surmulet, dite cavillone, Muliusias- perus. Rondeïet, part. 1, 1.10, c. 5. * Du sous-genre des Trigles proprement dites, selon M. Cu- vier. D. 47 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, qui. est triangulaire. IDES POISSONS. CENTIÈME GENRE !. LES PÉRISTÉDIONS. Des rayons articulés et non réunis par une membrane , auprés des nageoires pectorales ; une seule nageoire dorsale, point d'aiguillon dentelé sur le dos ; une ou plusieurs plaques osseuses au-dessous du corps. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. LE PÉRISTÉDION MA- Tout Le corps cuirassé. LARMAT. 2. LE PÉRISTÉDION CHA- BRONTÈRE. Deux plaques osseuses garnissant le dessous du corps. LE PÉRISTÉDION MALARMAT ?. Drigla cataphracta , Linn., Gmel. ; Peristedion Malar- mat, Lacep., Cuv. Les plaques osseuses qui garnissent le des- sous du corps des péristédions, et y forment une sorte de plastron, séparent ces poissons des trigles proprement dites, et nous ont suggéré le nom générique que nous leur donnons #. Cette cuirasse est très-étendue sur la partie inférieure du malarmat; elle la couvre en entier ; elle se réunitavec celle qui défend la partie supérieure ; ou, pour mieux dire , la totalité du corps et de la queue de cet osseux est renfermée dans une sorte de gaine composée de huit rangs de lames qui la font paraitre octogone.Chacune de ces la- mes est plus large que longue, irrégulièrement hexagone, et xlevée dans son milieu par un piquant recourbé vers l'arrière. Ces plaques ou lames dures sont d'autant moins grandes qu’elles sont placées plus près de la queue, et l’on compte quelquefois plus de quarante piè- ces à chacune des rangées longitudinales de ces lames aiguillonnées. La tête est renfermée, comme celle de pres- HA. Cuvier considère les Malarmats ou Péristédionscomme formant un sous-genre dans son grand genre Trigle, D. 2 Pesce capone, Pesce furea, Forchato, Pesce forcha, en Italie. — Scala feno, dans la Ligurie.— Gabel fisch, Panzer- halm, en Allemagne. — Roode duyrel visch, en Hollande. —Rochet, en Angleterre. — Jkan seylan mera, et ikan paring, dans les Indes orientales. — ÔXdorec, en grec. — Bloch, pl. 549. — Trigle malarmat.— Daubenton, Enc. méth. — Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Mus. Adolph. Fr. 2,p.92*.—« Trisla..…. corpore octogono. » Artedi, gen. 46,syn. 75.— « Lyra altera Rondeletii. » Aldrov., L. 2, 6. 7, p. 147. — Id, Willugbby, p. 285. — Id. Rai, p. 89. — Lyra.Salvian., fol. 192, b, adiconem, et 195. — Malarmat. Rondelet, part. 1,1. 16, ©. 9.- Gesner, p. 517, 610; et (germ.) fol. 20, b. — Gronov. Mus. 1, n.98.— Malarmat. Duhamel, Traité des pêches, part. 2, sect. 8, c. 5, p. 4115, pl. 9, fig. 1 gt2.—1d, Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. ' Iegcornôey ,°n grec, signifie pectoral, plastron. 251 que ‘toutes les ‘trigles, dans une enveloppe à quatre faces, dure, un peu osseuse, relevée par des/arêtes longitudinales, et parsemée de piquants dans sa partie supérieure. Le museau se termine’en deux os longs et plats, dont l’en- semble ressemble assez à celui d’une fourche. Les mâchoires sont dépourvues de dents pro- prement dites ; le palais et la langue sont lisses. On voit à la mâchoire inférieure plusieurs bar- billons très-courts, et deux autres barbillons longs et ramifiés. Chaque opercule est composé d’une seule lame, et terminé en pointe. L’anus est plus près du museau que de la nageoire caudale, qui est en croissant; et on ne compte auprès de cha- que nageoire pectorale que deux rayons articu- lés et libres ; ce qui donne au malarmat un rap- port de plus avec la trigle cavillone *. Presque tout l'animal est d'un rouge pâle, comme plusieurs trigles ; les thoracines sont grises, et les pectorales noirûtres. Le malarmat habite non-seulement dans la mer Méditerranée, mais encore dans celle qui baigne les Moluques. Il ne parvient guère qu’à la longueur de six ou sept décimètres. Et l’on doit croire que si le poisson nommé Cornuta par Pline est le malarmat, il faut lire dans cet auteur, et avec Rondelet, que les cornes ou ap- pendices du museau de cet osseux ont un demi- pied (cornua semipedalia), et non pas un pied et demi (sesquipedalia). Nous devons même ajouter qu'il y aurait encore de l’exagération dans cette évaluation des appendices du malar- mat , et que des cornes de deux décimètres de longueur supposeraient, dans les dimensions générales de ce poisson, une grandeur bien au- dessus de la réalité. Le péristédion que nous décrivons se nour= rit de mollusques, de vers marins et de plantes marines. Il se tient souvent au fond de la mer; et quoique sa:chair soit dureet maigre, on le pêche dans beaucoup d’endroits pendant toute l’année, particulièrement pendant le printemps. On le prend communément avec des filets. Il nage avec beaucoup de rapidité ; et comme il est très-vif dans ses mouvements, il brise fré= {7 rayons à la membrane branchiale, 7 rayons à la pre- mière partie de la nageoire du dos, dont la membrane est plus basse que ces mêmes rayons, 26 rayons à la seconde partie de cette même nageoire, 42 à chaque pectorale, 20 2 celle de l'anus, 15 à celle de la queue. 252 quemment ses appendices contre les rochers ou d'autres corps durs. La vessie natatoire est grande, ce qui ajoute à la facilité avec laquelle le malarmat peut se soutenir dans l’eau , malgré la pesanteur de sa euirasse. Le pylore est entouré de six petits | cœcums. — LE PÉRISTÉDION CHABRONTÈRE !. Peristedion Chabrontera. Lac. ; Trigla hamata , BI., Schn. ?. La chabrontère n’a, comme le malarmat, que deux rayons libres et articulés, auprès de cha- que nageoire pectorale ; son museauest fourchu, comme celui du malarmat ; mais elle n’est pas renfermée dans une gaîne octogone. Deux pla- ques osseuses défendent cependant la partie infe- rieure de son corps : elles s’étendent depuis la poitrine jusqu'à l'anus. On compte plusieurs aiguillons droits ou recourbés au-dessus du museau; et on en voit trois au-dessus et trois autres au-dessous de la queue *. Toutes les na- geoires, excepté la caudale, sont très-longues , et d’un rouge éclatant, On trouve la chabrontère dans la Méditer- ranée. CENT UNIÈME GENRE . LES ISTIOPHORES, Point de rayons arliculés et libres auprés des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps; La premiére nageoire du dos arrondie, très-longue et d'une hauteur supérieure à celle du corps: deux rayons à chaque thoracine. CARACTÈRES. La mâchoire supérieure prolongée eu forme de lame d'épée; deux nageoires de l'auus. ESPÈCE, L'ISTIOPHORE PORTE- GLAIVE. 1Osbeck, Fragm. ichthyol. Hispan. — Trigle chabron- tére. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 M.Cuvier, en expliquant de nouveau le texte d'Osbeck, qui le premier à fait connaître ce poisson, démontre quil ne diffère pas spécifiquement du Péristédion malarmat. D. 5 A la membrane des branchies 7 rayons, à la nageoire du dos 26, à chacune des thoracines 6, à celle de l'anus 20. 4 Les Istiophores forment, pour M. Cuvier, un sous-senre, celui des Voiliers, dans le grand genre Espadon, X1phias, du sa famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. Her- nzun avait créé, pour ces poissons, lafdénomination géné- rique de Notistium. D. HISTOIRE NATURELLE L'ISTIOPHORE PORTE-GLAIVE t. Scomber Gladius, Brousson.; Xiphias velifer., BI., Schn.; Xiphias platysterus , Shaw. ; Istiophorus gla- difer, Lacep. *. Maregrave, Pison, Willughby, Raï, Jonston, Ruysch, mon savant confère Broussonnet, et feu le célèbre Bloch, ont parlé de ce poisson très-remarquable par sa forme, sa grandeur et ses habitudes. En effet, sa tête ressemble beau- coup à celle des xiphias; il parvient, comme ces derniers, à une longueur de plus de trois me- tres : comme ces derniers encore, il jouit d'une grande force, d’une grande agilité, d’une grande audace ; il attaque avec courage, et souvent avec avantage, des ennemis très-dangereux.Ce- pendant les xiphias appartiennent a r’ordre des apodes de la cinquième division ; et le porte- glaive doit être inscrit dans la même division, à la vérité, mais dans l’ordre des thoracins. La mâchoire supérieure de l’istiophore que nous décrivons , est trois fois plus avancée que l’inférieure : très-étroite, très-longue, convexe par-dessus, et pointue, elle ressemble à une épée , et a indiqué le nom spécifique de l’ani- mal. Elle est garnie, ainsi que le palais et la mächoire inférieure , de dents très-petites dont on ne trouve aucun vestige sur la langue. La tête est menue ; chaque opercule composé de deux lames ; le corps allongé, épais, et garni, ainsi que la queue, d’écailles difficiles à voir au-dessous de la membrane qui les couvre ; la ligne latérale courbe , et terminée par une sail- lie longue et dure; le dos noir; chaque côté bleu; le dessous du corps et de la queue, ar- gentin ; la couleur des pectorales et de l’anale, noire ; et celle de la première nageoire dorsale, d’un bleu céleste parsemé de taches petites et d’un rouge brun *. Les pectorales sont pointues; la caudale est fourchue ; chaque nageoire thoracine ne pré- sente que deux rayons longs, larges et un peu courbés ; on compte deux nageoires de l'anus; elles sont toutes les deuxtriangulaires , et à peu 4 Voilier, Brochet volant, Bécasse de mer, par plus. au- teurs ou voyageurs français.—Schwerdt-makrebe, par les Allemands. — Ola ,et sword-fish, par les Anglais. — Zeyl- visch, Layer, Zee-snipp, par les Hollandais des Indes orientales. — Zkan isjabelang jang terbang, aux Indes orientales. — Voilier, scomber gladius. Bloch, pl. 545. 2 Voyez la note 4 de la colonne précédente. D. SA la membrane branchiale 7 rayons, à la première na- geoire dorsale 45, à la seconde 7, à chaque pectorale 15, à chaque thoracine 2, à la première de l'anus 9, à la seconde de l'anus 5, à celle de la queue 20. DES POISSONS. près de la même surface que la seconde dor- sale, au-dessous de laquelle la seconde nageoire de l'anus se trouve placée. Quant à la première dorsale, sa forme et ses dimensions sont très-dignes d’attention. Elle s'étend depuis la nuque jusqu’à une petite di- stance de l'extrémité de la queue; elle est donc très-longue. Elle est aussi très-haute, sa hau- teur surpassant la moitié de sa longueur. Son contour est arrondi; et elle s’élève comme un demi-disque, ou plutôt comme une voile, qui a fait nommer l'animal Voilier, et d’après laquelle nous lui avons donnéle nom générique de porte- voile (éstiophorus, istiophore ‘). Le porte-glaive nage souvent à la surface de l’eau, au-dessus de laquelle sa nageoire dorsale parait d’assez loin, et présente une surface de quinze ou seize décimètres de long, sur huit ou neuf de haut. Il habite les mers chaudes des Indes orientales aussi bien que des occidenta- les. Le célèbre chevalier Banks l’a vu à Mada- gascar et à l'Ile-de-France. Il a pris à Surate un individu de cette espèce, qui avait plus de trois mètres de longueur, dont le plus grand diamè- tre du corps était d’un quart de mètre , et qui pesait dix myriagrammes. Dans sa natation rapide, l’istiophore porte- glaive s’avance sans crainte, se jette sur de très- gros poissons, ne recule pas devant l’homme, et se précipite contre les vaisseaux, dans le bor- dage desquels il laisse quelquefois des tron- çons de son arme brisée par la violence du choc. 11 lutte avec facilité contre les ondes agitées, ne se cache pas à l’approche des orages, parait même rechercher les tempêtes, pour saisir plus promptement une proie troublée, fatiguée, et, pour ainsi dire, à demi vaineue par le boulever- sement des flots; et voilà pourquoi son appari- tion sur l'Océan a été regardée par des naviga- teurs comme le présage d’un ouragan. Jlavale tout entiers des poissons longs de trois ou quatre décimètres. Lorsque encore jeune il ne présente qu’une longueur d’un mètre ou en- viron, sa chair n’est pas assezimbibée de graisse pour être indigeste; et de plus elle est très- agréable au goût. 1 lor:cv, en grec, signifie voile de navire. aus 233 CENT DEUXIÈME GENRE !. LES GYMNÈTRES. Point de nageoire de l'anus ; une seule nageoire dorsale; les rayons des nageoires thoracines très-allongés. CARACTÈRE Deux rayons à chaque nageoire thoracine. ESPÈCE. LE GYMNÈTRE HAWKEN. LE GYMNÈTRE HAWKEN 2. Gymnetrus Hawkenii, Bl., Lacep. *. Les poissons renfermés dans ce genre n’ayant pas de nageoire de l'anus, nous aurions inserit les gymnètres à la tête des thoracins de la cin- quième division, si l'espérance de recueillir de nouveaux renseignements au sujet de ces ani- maux ne m'avait fait différer jusqu'à ce mo- ment l'impression de cet article. Les gymnètres ont beaucoup de rapports avec les régalecs ; mais indépendamment de plusieurs différences qu'il estaisé d’apercevoir, et sans considérer, par exemple, que les réga- lecs ont deux nageoires dorsales, et que les gymnètres n’en ont qu’une, ces derniers ap- partiennent à l’ordre des thoracins, et les régae lecs à celui des apodes Le hawken a été ainsi nommé par recon- naissance pour l’ami des sciences naturelles (M. Hawken), qui a envoyé dans le tempsun individu de cette espèce à Bloch de Berlin. Chaque nageoire thoracine de ce poisson est composée de deux rayons séparés l’un de l’au- tre, et prolongés en forme de filament jusque vers le milieu de la longueur totale de l’animal. A son extrémité, chacun de ces rayons s’épa- nouit, s’élargit, se divise en six ou sept petits rayons réunis par une membrane, et forme comme une petite palette arrondie. L'ensemble du hawken est d’ailleurs ser- pentiforme, mais un peu comprimé; la mâ- 1 Le genre Gymnètre de Bloch, adopté par M. Cuvier, est placé par lui dans sa famille des Acanthoptérygiens Tæ- nioïdes; et il y réunit les Régalecs. Ces poissons, d'une structure très-grêle, sont rarement trouves entiers, ce qui a donné lieu à la création de plusieurs genres, selon les diver- sités de mulilation des individus décrits. Ce sont les Tra- chyptères de Gouan et de Bonelli, les Bogmarus de Bloch et Schneider, les Epidesmus de Ranzani , les Argyctius de Ra- finesque, etc. Il en existe plusieurs especes daus la Méditer- ranée, deux dans les mers du Nord, et une dans la mer des Indes : celle-ci est Le sujet de l’article suivant. D. 3 Bloch, pl. 425. 5 Voyez la note précédente, n° 1. M. Cuvier semble douter ée l'exactitude de la figure de Bloch que nous venons de cie ter. D. 30 254 choire inférieure dépasse la supérieure ; l'ouver- ture branchiale est grande; on voit un petit enfoncement au-devant des yeux; la nageoire dorsale commence au-dessus de ces derniers organes, et s'étend jusqu’à la caudale , comme une bande à peu près également élevée dans tous ses points; la caudale est en croissant; toutes les nageoires sont couleur de sang; le corps et la queue sont d’un gris bleu avec des taches et de petites bandes brunes disposées assez régulièrement. L’individu décrit par Bloch , avait été pris auprès de Goa. Il avait plus de huit décimètres de long, at pesait près de cinq kilogrammes. CENT TROISIÈME GENRE !. LES MULLES. Le corps couvert de grandes écailles qui se détachent aisément ; deux nageoires dorsales; plus d'un bar- billon à la mâchoire inférieure. CARACTÈRES. Le corps et la queue ronges, même lorsqu'ils sont dénués d'écailles ; point de raies longitudinales ; les deux mächoires également ESPÈCES. 1° LE MULLE ROUGET. avancées, Le corps et la queue rouges; des 2 raies longitudinales jaunes ; la Le MULLE SURMULET. mächoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure. 5. Le corps et la queue jaunes; point L£ MULLE JAPONAIS. detraies longitudinales. Le dos comme bronzé; une raie longitudinale large et rousse de chaque côté de l'animal ; une ta- 4. che noire vers l'extrémité de la Leg MULLE AUBIFLAMME. ligce latérale; la nageoire de la queue jaune et sans tache; les barbillons blancs ; des dents pe- tites et nombreuses. | Blanchâtre; cinq raies longitudi- nales de chaque côté, deux bru- nes et trois Jaunes; :a nageoire de |à queue rayée obliquement de brun ; les barbillons de la lon- gueur des opercules ; les écailles légèrement dentées. La tête, le corps, la queue et les na- | geoires rouges; trois taches gran- des, presque rondes et noires, de \ chaquecôtédu corps; huitrayons à la première nagevire du dos ; dix à celle de l'anus. ‘ Une bande itrès-foncée, transver- sale, et terminée en pointe, à l'o- rigiue de la première nageoire du dos ; une bande presque sembla- 7 ble vers pre de la queue; la = _ nageoire caudale divisée (en deux Le MULLE DEUX-BANDES, lee très-distincts; la tête cou- verte d’écaiiles semblables à cel- les du dos; les barbillons épais à leur base et déliés à leur extré- milé. 5. Le MULLE RAYÉ. 6. Le MULLE TACHETÉ. “M. Cuvier place les mulles à la fin de sa famille des Acan- thoptérygiens percoïdes, et il partage leur genre en deux sous-geures , 4° celui des mulles proprement dits, qui ont la mâchoire supérieure sans dents, et 2 celui des upéneus, qui ont cette mâchoire dentée. D, HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES, ‘Point de raies, de bandes ni de taches : l'extrémité des barbil: lons atteignant à l'origine des thoravin:s; l'ouverture de la bou- che représentantunetres-grande portion dé cercle; la ligne laté- rale parallele au dos; huit rayons à la première dorsale, / Trois bandes transversales, larges, tres-foncées elfinissant en pointes la tête couverte d'écailles sem- blables à crlles du dos; l'extré- mité des barbillons atteignant à l'extrémité des nageoires thora- cines, Une raie longitudinale de chaque côté du corps; une tache noire vers l'extrémité de la ligne laté- rale; sept rayons à la première dorsale ; l'extrémité des barbil- lons atteignant à l'extrémité des nageoires thoracines. Une raie longitudinale de chaque / côté du corps; une tache noire vers l'extrémité de La ligne laté- { 8. LE MULLE CYCLOSTOME. 9. LEMULLE TROIS-BANDES. 10. LE MULLE MACRONEME. rale; huit rayons à la première dorsale; l'extrémité des barbil- lons n’atteignant que jusqu'à la seconde pièce des operçules ; cette seconde pièce garnie d'un piquant recourbé. ! Le corps et la queue rougeûtres; une tache noire vers l'extrémité de la ligne latérale; la seconde dorsale parsemée, ainsi que la nageoire de l'anus et celle de la queur, de taches brunes et faites eu forme de lentilles Le corps et la queue rouges; une grande tache dorée entre les na- geoires dorsales et celle de la queue ; des rayons dorés aboutis- sant à l'œil comme à un centre; les opercules dénués depiquants, et non d'écailles semblables à celles du dos; les barbillons at- teignant jusqu'à la base des tho- racines, else recourbant-ensuite; quatre rayons à la membrane des | branchies. Le dos bleuâtre ; une raie latérale et iongitudinale dorée ; la na- geoire de la quene-et le sommet de celles du dos jaunâtres ; trois pièces à chaque opercule ; unipe- tit piquant à la seconde pièce operculaire; les opercules dé- nués d'écaillessemblables à celles du dos; quatre rayous à la mem- brane des branchies ; les barbil- lons recourbés, et n'atteignant pas tout à fait jusqu'à la base des nageoires thoracines. 11. LE MULLE PARBERIN. 12. L£ MULLE ROUGEATRE. 5. s LE MULLE ROUGEOR. 14. ILE MULLE CORDON- JAUNE LE MULLE ROUGET !. Mullus barbatus, Linn., Gmel., Bl., Cuv. ?. Avec quelle magnificence la nature n’a-t-elle 4 Barbet, Pelit surmulet, dans plus. contrées de France. — Red surmulet, Smaller red-beard, en Angleterre. — Der kleine roth-bart, Die rothe see barbe, en Allemagne.— Nagarey, par les Tamules. — Tekyr, par les Turcs. — Trie glia, en Italie. — Friglia verace, sur les rivages de la Ligu- rie. — Barboni, à Venise. — Barbarin,en Portugal. — Mus. Adolph. Frid. 2, p. 91 *.— Mulet rougel. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — 2 M. Cuvier désigne cette espèce, qui est le type üe s0® sous-genre des Mulles proprement dits, par la dénominatio» de vrai Rouget, ou Rouget-Barbet, D. DES. POISSONS: pas décoré ce poisson! Quels souvenirs ne ré- veille pas ce mulle dont le nom: se trouve dans les écrits de tant d’auteurs célèbres de la Grèce et de Rome! De quelles réflexions, de quels mouvements, de quelles images son histoire n’a-t-elle pas enrichi la morale, l’éloquence et la poésie! C’est à sa brillante parure qu’il a dû sa célébrité. Et en effet, non-seulement un rouge éclatant le colore en se mêlant à des tein- tes argentines sur ses côtés et sur son ventre, nen-seulement ses nageoires resplendissent des divers reflets de l’or, mais encore le rouge dont il est peint, appartenant au corps proprement dit du poisson, et paraissant au travers des écailles très-transparentes qui revêtent l’ani- mal , recoit par sa transmission et le passage que lui livre une substance diaphane, polie et luisante, toute la vivacité que l’art peut don- ner aux nuances qu’il emploie, par le moyen d'un vernis habilement préparé. Voilà pourquoi le rouget montre encore la teinte qui le distin- gue lorsqu'il est dépouillé de ses écailles ; et voilà pourquoi encore les Romains, du temps de Varron, gardaient les rougets dans leurs viviers, comme un ornement qui devint bien- tôt si recherché, que Cicéron reproche à ses compatriotes l’orgueil insensé auquel ils se li- vraient, lorsqu'ils pouvaient montrer de beaux mulles dans les eaux de leurs habitations fa- vorites. La beauté a donc été l’origine de la eaptivi- té de ces mulles; elle a donc été pour eux, comme pour tant d’autres êtres dignes d’un intérêt bien plus vif, une cause de contrainte, de gène et de malheur. Mais elle leur a été bien plus funeste encore par un effet bien éloigné de ceux qu'elle fait naître le plus souvent; elle les a condamnés à toutes les angoisses d’une mort lente et douloureuse ; elle a produit dans l’âme de leurs possesseurs une cruauté d’autant plus a Trigla capite glabro, cirris geminis in maxilla inferiore. » Artedi, gen. 45, syn. 75. — +o{ya. Aristot., I. 2) c: 1731, 4, 0.415155, c:9% 1. 6, cc AF;l.,8),, c:2, 16; etil::9y, c.:2; 37. — Ton. Ælian., L 2, c. 41, p. 1185 1.9, c. 51, 65, p. 537; et 1:40, c.2. — Athen., 1.7, p. 524, 525. — Oppian., 1. 4, p. 5, 6.— Plin., 1: 9, c. 17,18, 51; et 1.52, c. 10, 14. — Wotton, 1.8, © 169, fol. 151, D. — P.Jov., c 18, p. 85. — Mullus minor. Salvian, — Schonev., p. 47: — Willughby, p. 285. — Mullus. Rai, p. 90. — Mulus, vel mullus. Cuba, L. 5, c. 60, fol. 84, b. — Muilus barbatws. Varron, Rustic.. 1.5, c: 47. — Rondelet, part. 4, 1. 10, c. 53. — Mullus harbatus. Ges- ner, Aquat., p. 565. — « Mullus Gesneri, qui minor Salviani « dicitur. » Aldrovand., 1. 2, ©. 4, p. 151. — Bélon, Pise., p. 170. — Red surmulel. Brit. Zool. 5, p, 227, n,1,— Sur- mulet. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 235 révoltante, qu’elle était froide et vaine. Sénè- que et Pline rapportent queles Romains fameux par leurs richesses, et abrutis par leurs débau- ches, mélaient à leurs dégoütantes orgies le barbare plaisir de faire expirerentre leursmains un des mulles rousets, afin de jouir de la va- riété des nuances pourpres, violettes ou bleues, qui se succédaient depuis le rouge du cinabre jusqu’au blanc le plus pâle, à mesure que l’a- nimal passant par tous les degrés de la diminu- tion de la vie, et perdant peu a peu les forces nécessaires pour faire cireuler dans les ramidi- cations les plus extérieures de ses vaisseaux le fluide auquel il avait dû ses couleurs enmême temps que son existence !, parvenait enfin au terme de ses souffrances longuement prolon- gées. Des mouvements convulsifs marquaient seuls, avec les dégradations. des teintes, l’ap- proche de la fin des tourments du rouget. Au- cun son, aueun cri plaintif, aucune sorte d’ac- cent touchant, n’annonçaient ni la vivacité des douleurs, ni la mort qui allait les faire cesser. Les mulles sont muets comme les.autres pois- sons; et nous aimons à croire, pour l’honneur de l’espèce humaine, que ces Romains, malgré leur avidité pour de nouvelles jouissances qui échappaient sans cesse à leurs sens émoussés par l’exces des plaisirs, n’auraient pu résister à la plainte la plus faible de leur malheureuse victime : mais ses tourments n’en étaient pas moins réels; ils n’en étaient pas moins les pré- curseurs de la mort. Et cependant le goût de ce spectacle cruel ajouta une telle fureur pour la possession des mulles , au désir raisonnable, s’il eût été modéré, de voir ces animaux ani- mer par leurs mouvements et embellir par leur éclat les étangs'et les viviers , que leur prix de- vint bientôt excessif : on donnait quelquefois de ces osseux ieur poids en argent *. Le Callio- dore, objet d’une des satires de Juvénal, dé- pensa 400 sesterces pour quatre de ces mulles. L'empereur Tibère vendit 4000 sesterces un rouget du poids de deux kilogrammes , dont on lui avait fait présent. Un ancien consul, nom- mé Célère, en paya un 8000 sesterces; et, se- lon Suétone, trois mulles furent vendus 30,000 sesterces. Les Apicius épuisèrent les ressources de leur art pour parvenir à trouver la meilleu- re manière d’assaisonner les mulles rougets; 4 Voyez le Discours sur la nature des poissüns: 2 Des rougets. ont. pesé deux.kil. Le kil, d'argent saut a peuprè 200 fr. 236 et c'est au sujet de ces animaux que Pline s’é- crie : « On s’est plaint de voir des cuisiniers « évalués à des sommes excessives. Maintenant a c'est au prix des triomphes qu’on achète et «a les cuisiniers et les poissons qu’ils doivent « préparer. » Et que ce luxe absurde, ces plaisirs féroces, cette prodigalité folle, ces abus sans reproduetion , cette ostentation sans goût, ces jouissances sans délicatesse, cette vile débauche, cette plate recherche, ces appé- tits de brute, quise sont engendrés mutuelle- ment, qui n'existent presque jamais l’un sans l’autre, et que nous rappellent les traits que nous venons de citer, ne nous étonnent point. De Rome républicaine il ne restait que le nom ; toute idée libérale avait disparu; la servitude avait brisé tous les réssorts de l’âme ; les senti- ments généreux s'étaient éteints; la vertu, qui n’est que la force de l'âme, n’existait plus; le goût, qui ne consiste que dans la perception dé- licate de convenances que la tyrannie abhorre, chaque jour se dépravait; les arts, qui ne pros- pèrent que par l'élévation de la pensée, la pu- reté du goùût, la chaleur du sentiment, étei- gnaient leurs flambeaux ; la science ne conve- nait plus à des esclaves dont elle ne pouvait éclairer que les fers; des joies fausses, mais bruyantes et qui étourdissent, des plaisirs grossiers qui enivrent, des jouissances sensuel- les quiamènent tout oubli du passé, toute con- sidération du présent, toute crainte de l'avenir, des représentations vaines de ces trésors trom- peurs entassés à la place des vrais biens que l'on avait perdus, plusieurs recherches barba- res, tristes symptômes de la férocité, dernier terme d’un courage abâtardi, devaient done convenir à des Romains, avilis , à des citoyens dégradés, à des hommes abrutis. Queiques phi- losophes dignes des respects de la postérité s’é- levaient encore au milieu de cette tourbe as- servie : mais plusieurs furent immolés par le despotisme; et dans leur lutte trop inégale contre une corruption trop générale, ils éter- nisèrent par leurs écrits la honte de leurs con- temporains, sans pouvoir corriger leurs vices funestes et contagieux. Les poissons dont le nom se trouve lié avec l’histoire de ces Romains dégénérés, ont fixé l’attention de plusieurs écrivains. Mais comme la plupart des ces auteurs étaient peu versés dans les sciences naturelles , comme d’ailleurs le surmulet a été, ainsi que le rouget, l’objet HISTOIRE NATURELLE de la recherche prodigue et de la curiosité cruelle que nous venons de retracer, et comme ces deux osseux ont les mêmes habitudes, et assez de formes et de qualités communes pour qu'on ait souvent appliqué les mêmes dénominations à l’un et à l’autre, on est tombé dans une telle confusion d’idées au sujet de ces deux mulles, que d’illustres naturalistes très-récents les ont rapportés à la même espèce, sans supposer même qu'ils formassent deux variétés distinctes. En comparant néanmoins cet article avec celui qui suit, il sera aisé de voir que le rouget et le mulet sont différents l’un de l'autre. Le devant de la tête du rouget parait comme tronqué, ou, pour mieux dire, le sommet de la tête de cet osseux est très-élevé Les deux mâ- choires, également avancées, sont, de plus, garnies d’une grande quantité de petites dents. De très-petites aspérités hérissent le devant du palais et quatre os placés auprès du gosier. Deux barbillons assez longs pour atteindre à l'extrémité des opercules, pendent au-dessous du museau. Chaque narine n'a qu’une ouver- ture. Deux pièces composent chaque opercule, au-dessous duquel la membrane branchiale peut être cachée presque en entier ‘. La ligne latéra- le est voisine du dos; l'anus plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue, qui est fourchue; et tous les rayons de la première dorsale, ainsi que le premier des pectorales, de l’anale et des thoracines, sont aiguillonnés. Les écailles qui recouvrent la tête, le corps et la queue, se détachent facilement *?. Le rouget vit souvent de crustacées. 11 n’en- tre que rarement dans les rivieres ; et il est des contrées où on le prend dans toutes les saisons. On le pêche non-seulement à la ligne, mais en- core au filet. On ne devine pas pourquoi un des plus célèbres interprètes d’Aristote, Alexandre d’Apbhrodisée, a écrit que ceux qui tenaient ce muile dans la main, étaient à l’abri de la se- cousse violente que la raie torpille peut faire éprouver Ÿ. On trouve le rouget dans plusieurs mers, 4 A la membrane branchiale 5 rayons, à la première na- geoire du dos 7, à la seconde 9, à chacune des pectorales 45, à chacune des thoraciues 6, à celle de l'anus 7, à celle de la queue 17. 2 L'estomac est composé d'une membrane mince; vipgi- six cœcums sont placés auprès du pylore; le foie est divisé en deux lobes; et la vésicule du fiel petite. # Voyez l'Histoire naturelle et ltéraire des poissons , par le savant professeur Schneïder, p. 144. DES POISSONS. dans le canal de la Manche, dans la Baltique près du Danemarck, dans la mer d'Allemagne vers la Hollande, dans l'Océan Atlantique au- près des côtes du Portugal, de l'Espagne, de la France, et particulièrement à une petite dis- tance de l'embouchure de la Gironde, dans la Méditerranée, aux environs de la Sardaigne, de Malte, du Tibre et de l’Hellespont, et dans les eaux qui baignent les rivages des iles Mo- luques. Quoique nous ayons vu que l’empereur Ti- bère vendit un rouget du poids de deux kilo- grammes, ce mulle ne parvient ordinairement qu'à la longueur de trois décimètres. Il a la chair blanche , ferme, et de très-bon goût, par- ticulièrement lorsqu'il vit dans la partie de l'O- céan qui reçoit les eaux réunies de la Garonne et de la Dordogne. — LE MULLE SURMULET . Mallus surmuletus, Linn., Gmel., Lacep., Bl., Cuv. ?, Des raies dorées et longitudinales servent à distinguer ce poisson du rouget. Elles s’éten-: dent non-seulement sur le corps etsur la queue, mais encore sur la tête, où elles se marient, d’une manière très-agréable à l'œil, avee le rouge argentin qui fait le fond de la couleur de cette partie. Il paraît que ces nuances disposées en raies appartiennent aux écailles, et par con- séquent s’évanouissent par la chute de ces la- mes, tandis que le rouge sur lequel elles sont dessinées, provenant de la distribution des vaisseaux sanguins près de la surface de l’ani- mal, subsiste dans tout son éclat, lors même que le poisson est entièrement dépouillé de son tégument écailleux. Le brillant de l'or resplen- 4 Barbarin , Rouget barbé, Mulet barbé, dans plus. con- trées de France. — Tekyr, en Turquie. — Rothbart, en Allemagne. — Peter mœnnchen, Goldecken , dans le Hols- tein. — Schmerbutten, et baguntken, près d'Eckernfærde. Konig van de haaring, en Hollande. — Byenaneque , et baart-mannetje, dans les Moluques hollandaises, — /Zkan tamar, à la Chine. — Mulet surmulel. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Trigla capite glabro, lineis utrinque qua- « tuor luteis, etc. » Artedi, gen. 45, syn. 72. — Mullus ma- jor. Salvian. — « Mullus major ex Hispania missus, » Aldrov., 1 2,c.1, p.125, — « Mullus major noster ét Salviani. » Wil- lughby, p.285, tab. S,7, fig. 1. — Raï, p. 91, n. 2. — Brünn. Pisc. Massil., p. 71, n. 88. — Surmulet. Bélon, Aquat., p. 176.— Striped surmulet. Brit. Zool, 3, pag. 229, n, 2, tab. 15. 2 Du sous-genre des mulles proprement dits, dans le genre Mulle, selon M. Cuvier, qui le désigne par les dénominations le Surmulet, ou grand mulle rayé de jaune, D. 237 dit d’ailleurs sur les nageoires; et c’est ainsi que les teintes les plus riches se réunissent sur le surmulet, comme sur le rouget, mais com- binées dans d’autres proportions, et disposées d’après un dessin différent. L'ouverture de la bouche est petite; la m4- choire supérieure un peu plus avancée que l’ins férieure; et la ligne latérale parallèle au dos, excepté vers la nageoire caudale. Les deux bar billons sont un peu plus longs à proportion que ceux du rouget!. Le surmulet vit non-seulement dans la Mé- diterranée et dans l'Océan Atlantique boréal, mais encore dans la Baltique, auprès des rivages des Antilles , et dans les eaux de la Chine. Il y varie dans sa longueur depuis deux jusqu’à cinq décimètres ; et quoique Juvénal ait écrit qu’un mulle qui parait devoir être rapporté à la même espèce que notre surmulet, a pesé trois kilo- grammes, on ne peut pas attribuer à un sur- mulet, ni à aucun autre mulle, le poids de qua- rante kilogrammes, assigné par Pline à un pois- son de la mer Rouge, que ce grand écrivain regarde comme un mulle, mais qu’il faut plu- tôt inscrire parmi ces silures si communs dans les eaux de l’Ésypte, dont plusieurs deviennent trés-grands, et qui, de même que les mulies, ont leur museau garni de très-longs barbillons. Le mulle surmulet a la chair blanche, un peu feuilletée, ferme, très-agréable au goût, et malgré l'autorité de Galien, facile à digérer, quand elle n'est pas très-grasse. Nous avons vu dans l’article précédent, qu'il était, comme le rouget, pour les Romains qui vivaient sous les premiers empereurs, un objet de recherche et de jouissance insensées. Aussi ce poisson avait- il donné lieu au proverbe: Ne le mange pas qui le prend. Les morceaux que l’on en esti- mait le plus , étaient la tête et le foie. Il se nourrit ordinairement de poissons très. jeunes, de cancres, et d'animaux à coquille, Galien a écrit que l’odeur de ce poisson était désagréable, quand il avait mangé des cancres; et, suivant Pline, il répand cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux à co- quille. Au reste, comme le surmulet est vo- race , il se jette souvent sur des cadavres, soit d'hommes, soit d'animaux. Les Grecs croyaient {5rayons à la membrane des branchies, 7 rayons aiguil- lonnés à la première nageoire dorsale, 9 rayons à la seconde, 15 à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines,7 a celle de l'anus, 22 à celle de la queue 255 même qu’il poursuivait et parvenait à tuer des poissons dangereux; et le regardant comme une sorte de chasseur utile, ils l'avaient con- sacré à Diane. Les surmulets vont par troupes, sortent vers le commencement du printemps, des pro- fondeurs de la mer, font alors leur première ponte auprès des embouchures des rivières, et, selon Aristote, pondent trois fois dans la même année, comme d’autres mulles, et de même que plusieurs trigles. On les pêche avec des filets, des louves !, des nasses, et surtout à lhamecon; et dans plusieurs contrées, lorsqu'on veut pouvoir les envoyer au loin sans qu’ils se gâtent, on les fait bouillir dans de l’eau de mer aussitêt après qu'ils ont été pris, on les saupoudre de farine, et on les entoure d’une pâte qui les garantit de tout contact de l'air. Nous ne rapporteronspas le conte adopté par Athénée, au sujet de la prétendue stérilité des surmulets femelles, causée par de petits vers qui s’engendrent dans leur corps lorsqu’elles ont produit trois fois. Nous ne réfuterons pas Lopinion de quelques auteurs anciens qui ont écrit que du vin dans lequel on avait fait mou- rir des surmulels, rendait incapable d’engen- drer , et que ces animaux attachés crus sur une partie du corps , guérissaient de la jaunisse; et nous terminerons cet article en disant que ces poissons ont le canal intestinal assez court, et vingt-six cœcums auprès du pylore. LE MULLE JAPONAIS ?. Mullus japonicus, Houtt., Linn., Gmel., Lacep. ; Upeneus japonicus, Cuv. 5. Ce poisson qu'Houttuyn a fait connaître, res- semble beaucoup au rouget et au surmulet : maisil en diffère par la petitesse des dents dont ses mâchoires sont garnies, si même elles n’en sont pas entièrement dénuées : et d'ailleurs il ne présente pas de raies longitudinales; et sa couleur est jaune, au lieu d'être rouge. Il ha- bite dans les eaux du Japon , ainsi que l’indi- que son nom spécifique #. ‘ Voyez, relativement à la Jouve, l'art. du Pétromyzon Lemproie. ? Houttuyn, Act. Haarl. XX, 9, p. 334, n. 23. > Du sous-genre Upéneus dans le genre mulle. Cuy. D. * A la première nageoire du dos 7 rayons, à la seconde 9, HISTOIRE NATURELLE LE MULLE AURIFLAMME *. Mullus Auriflamma, Forsk., Linn., Gmel., Lacep. ; Upeneus Auriflamma, Cuv. Mullus Auriflamma, Commers., Lacep, ; Mullusmacro- nemus, Lacep. ; Upeneus lateristriga, Guy. ?. Forskael a vu ce poisson dans la mer d’A- rabie. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans le tableau de son genre, que les côtés de sa tête sont tachés de jaune ; que deux raies jaunes ou couleur d'or sont placées au-dessous de sa queue; que la même nuance distingue ses dorsales ; que ses pectorales ?, son anale et ses thoracines sont blanchâtres ; et enfin que les écailles dont il est revêtu , sont membraneuses dans une partie de leur circonférence. Un des dessins de Commerson, que nous avons fait graver, présente une variété de l’au- riflamme. LE MULLE RAYÉ 2. Mullus. vittatus, Forsk., Linn., Gmel., Lacep. ; Upeneus vittatus, Cuv. © Les petites dents qui garnissent les mâchoi- res de ce mulle, sont serrées les unes contre les autres. Ses nageoires pectorales, thoraci- nes, et anale, sont blanchâtres; les dorsales présentent des raies noires sur un fond blanc. On peut voir les autres traits du rayé, dans le tableau de son genre. Ce poisson habite la mer d'Arabie °. “Forskael, Faun. Arab., p. 50, n. 19. — Mulet ambir: Bonnaterre, pl. de l'Enc, méth. ? M. Cuyier établit que le Mulle auriflamme de Forskael, ici décrit, est une espèce différente de celle qui est figurée par Commerson, sous:lamême dénomination, et il conserve à la première son nom spécifique , en l'appelant Upeneus Auriflamma. Quant au Mulle auriflamme du dessin de: Commerson, il ne le trouve pas différent du Mulle macro nème décrit ci-après, et il leur donne le nom commun d'U- péneus à trait latéral, Upeneus lateristriga. D. #5 rayons à la membrane des branchies, 7 rayons aïgbil- lonnés à la première nageoire du dos, { rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à la geconde dorsale, 17 rayons à chaques pectorale, 6 à chaque thoracine:, 2 rayons aiguillonnés et 7: rayons articulés à celle de l'anus, 15 rayons à celle de la queue. 4 Forskael, Faun. Arabic. p. 51, n, 20, — Mulet rayé: Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Du sous-genre Upéneus dans le genre Mulle., Cuv. D: 3 rayons à la membrane des branchies, 7 rayons aiguille lonnés à la première nageoire du dos, 1 rayon aiguil|onné et 9 rayons articulés à la seconde, DES POISSONS. LE MULLE TACHETÉ !. Mullus maculatus , Bi., Lacep.; Mullus Surmuletus , var.$, Linn., Gmel.; Upeneus maculatus, Cuv.?. Marcgrave, Pison, Ruysch, Klein, et le prince Maurice de Nassau , cité par Bloch, ont parlé de ce mulle, que le professeur Gmelin ne regarde que comme une variété du surmulet. Qn trouve le tacheté dans la mer des Antilles ; et on le pêche aussi dans les lacs que le Brésil renferme. Ce poisson a dans certaines eaux, et particulièrement dans celles qui sont peu agi- tées, la chair'tendre, grasse et succulente. Les deux mâchoires sont également avancées ; l’ou- verture de l’anus est placée vers le milieu de la longueur totale ; une belle couleur rouge répan- due sur presque tout l’animal est relevée par la teinte dorée ou jaune des barbillons, ainsi que du bord de la nageoire caudale, et par trois taches noires, presque rondes et assez grandes, que l’on voit de chaque côté sur la ligne la- térale 3. LE MULLE DEUX-BANDES, Mullus bifasciatus, Lacep. ; Upeneus bifasciatus, Cuv. LE MULLE CYCLOSTOME, Maullus cyclostomus et Sciæna heptacantha, Lacep, ; Upeneus cyclostomus, Cuv. LE MULLE TROIS-BANDES, Mullus trifasciatus, Lacep. ; Upeneus trifasciatus, Cu. ET LE MULLE MACRONÈME. Mullus macronemus, Lacep.; et Mullus Auriflamma, Comm., Lacep, ; Upeneus lateristriga Guv. ‘. C’est d’après les observations manuscrites de Commerson, qui m'ont été remises dans le temps par Bufion, que j'ai inscrit parmi les mulles ces quatre espèces encore inconnuesdes paturalistes , et dont j’ai fait graver les dessins exécutés sous les yeux de:ce célèbre voyageur. Le tableau des mulles présente les traits principaux de ces quatre poissons : disons uni- * Salmoneta, en Espagne et en Portugal. — Pàrametara, au Brésil. — Marcgr. Brasil. 481, — Pison. {nd., p.60. 3Du sous-genre Upéneus, sous le nom de Upeneus Me- taru, dans Le genre Mulle. Cuv. D. 5 A la première nageoire du dos 8 rayons, à la seconde 40, à chaque pectorale 15, à chaque thoracine 6, à celle del'a- aus 10, à celle de la queue 19. 4 Ces quatre espèces sont du sous-genre Upéneus de M. Cu- vier, dans le genre Mulle. A la dernière il faut rapporter le dessin de Commerson, cité ci-avant page 258, comme repré- sentant une variété du mulle aurillamme de Forskael, lequel constitue une espèce distincte. Lemulle cyclostome de M. de Lacépède a été décrit une seconde fois par ce naturaliste, sous lenom de Sciènc heptacanthe, Sciwna heptacantha. D. 2359 quement dans cet article, que le deux-bandesa les écailles de sa partie supérieure tachées vers leur base, et ses mâchoires garnies de petites dents ! ; que le cyclostome ? a sa nascoire cau- dale non-seulement fourchue comme celle de presque tous les mulles, mais encore très- grande, et de petites dents à ses deux mâchci: res *; que les opercules du trois-bandes sont composés chacun de deux pièces; et ses deux nageoires dorsales très-rapprochées “; que le macronème” a les thoracines beaucoup plus pe- tites que les pectorales , et une bande longitu- dinale et très-foncée sur la base de la seconde dorsale 6; et'enfin que de petites dents arment les mâchoires du macronème et du trois-ban- des, qui l’un et l'autre ont, comme le cyclo- stome, la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. LE MULLE BARBERIN?, Mullus Barberinus, Lac.; Upeneus Barberinus , Cuv. LE MULLE ROUGEATRE", Mullus rubescens , Lacep. LE MULLE ROUGEOR ?, Mullus chryserydros et Sciæna ciliata , Lac. ; Mullus radiatus, Shaw. ; Upeneus chryserydros, Cuv. ET LE MULLE CORDON-JAUNE ‘°. Mullus flavo-lineatus, Lacep. ; Mulius aureo-vittatus , Shaw.; Upeneus flavo-lineatus, Cuv. “. Voici quatre autres espèces de mulles, en- 47 rayons aiguillonnés à la première dorsale du mulle deux-bandes, 4 rayon aiguillonné et 9 rayons arliculés à la seconde, 6 ou 7 rayons à celle de l'anus. 2 La dénomination de cyclostome désigne la forme de la bouche: x0xX0s signifie cercle; et otoz , bouche. 58 rayons aiguillonnés à la première dorsale du cyclos- tome, 1 rayon aiguillonné et 8 rayons articulés à la seconde, 7 ou8 rayons à celle de l'anus. 47 rayons aiguillonnés à la première dorsale du trois- bandes, 9 rayons à la seconde, 6 ou 7 rayons à celle de l'anus. Mods veut dire long; et vie. fil filament, barbillon, #7 rayons aiguillounés à la première dorsale du macro- nème, 8 ou 9 rayons à la seconde, 7 ou 8 rayons à celle de l'anus. Te Mullus binis in mento cirris, tænià longitudinali nigrâ, « ocelloque caudæ utrinque nigricante , etc. » Commerson, manuscrits Géja cités. 8 Surmulet. Commerson, id. — « Mull1s rubescens , mas «eulä supra caudæ basin nigrà, pinnä dorsi secundä, anal, «et caudà fuscà, lenticulatis. » Id. ibid. * « Mullus rubens, dorso inter pinnam cognominem et « caudæ basin flavescente, lineis aureis circa oculos radia e tis. » Id. ibid. 40 « Mullus lineà laterali flavo deauratä, caudà apicibusque « pinnaruz superiorum sublutescentibus. » Id. ibid. 4 Le premier, le troisième et le quatrième de ces poissons 240 core inconnues des naturalistes, et dont nous devons la description à Commerson. Le barberin parvient jusqu’à la longueur de quatre ou cinq décimètres. Sa partie supérieure est d’un vert foncé, mêlé de quelques teintes jaunes; du rougeâtre et du brun règnent sur la portion la plus élevée de la tête et du dos; une raie longitudinale et noire s'étend de chaque côté de l'animal, dont la partie inférieure est blanchâtre; une tache noire, presque ronde, et assez grande, paraît vers l'extrémité de cha- que ligne latérale; et une couleur incarnate dis- tingue les nageoires #. La mâchoire supérieure extensible, et un peu plus avancée que l’inférieure, est garnie, comme celle-ci, de dents aiguës, très-courtes et clairsemées; la langue est cartilagineuse et dure; quelques écailles semblables à celles du dos sont répandues sur les opercules , au-des- sous de chacun desquels Commerson a vu le rudiment d’une cinquième branchie; Ja ligne latérale , qui suit la courbure du dos, dont elle est voisine, est composée, comme celle de plu- sieurs mulles , d’une série de petits traits rami- fiés du côté du dos, et semblables aux raies d’une demi-étoile; et enfin, les écailles qui re- vêtent le corps et la queue, sont striées en rayons vers leur base, et finement dentelées à leur extrémité, de manière à donner la même sensation qu’une substance assez rude, à ceux qui frottent le poisson avec la main, en la con- duisant de la queue vers la tête. Le barberin habite la mer voisine des Molu- ques, dont les habitants apportaient dans leurs barques un grand nombre d'individus de cette espèce au vaisseau sur lequel Commerson na- viguait en septembre 1768. Le rougeâtre , dont les principaux caractères sont exposés dans le tableau générique des mulles, parvient communément, selon Com- merson , à la longueur de trois décimètres ou mviron. Il parait que le rougeor ne présente pas or- dinairement des dimensions aussi étendues que sont décrits, par M. Cuvier, comme appartenant au sous- genre Upéneus dans le genre Mulle: quant au second, il n'en fait aucune mention. Le même naturaliste remarque que le mulle rougeor est encore décrit par M. de Lacépède, parmi les sciènes, sous le nom de Sciène ciliée. D. 1 5 rayons à la membrane des branchies, 7 à la première uagcoire du dos, 9 à la seconde (le dernier est beaucoup plus long que les autres), 17 à chacune des pectorales, 6 à #hacune des thoracines, 7 à celle de l'anus, 45 à celle de la queue, qui est très-fourchue. HISTOIRE NATURELLE celles du rougeäâtre, et que sa longueur ne dé:. passe guère deux décimètres.On le trouve pen- dant presque toutes les saisons, mais cepen- dant assez rarement, auprès des rivages de l'Ile-de-France, où Commerson l’a observé en février 1770. Ses couleurs brillantes sont in diquées par son nom. Il resplendit de l’éclar de l’or , et de celui du rubis et de l’améthyste. Un rouge foncé et assez semblable à celui dela lie du vin paraît sur presque toute sa surface. Une tache très-grande, très-remarquable, très- dorée, s'étend entre les nageoires dorsales et celle de la queue, descend des deux côtés du mulle , et représente une sorte de selle magni- fique placée sur la queue de l'animal. Les yeux sont d’ailleurs entourés de rayons dorés et assez longs; et des raies jaunes ou dorées sont si- tuées obliquement sur la seconde dorsale et sur la nageoire de l’anus ‘. La mâchoire supérieure est extensible, et un peu plus longue que l'inférieure; les deux mâ- choires sont garnies de dents courtes, mousses, disposées sur un seul rang, et séparées l’une de l’autre; la langue est attachée à la bouche dans tout son contour ; des dents semblables à celles d’un peigne garnissent le côté concave de l’are osseux de la première branchie ; à la place de ces dents, on voit des stries dans la concavité des arcs osseux des autres trois organes respi- ratoires. Sa chair est d’un goût agréable; mais celle du cordon-jaune est surtout très-recherchée. Ce dernier mulle paraît dans différentes sai- sons de l’année. Sa grandeur est à peu près égale à celle du rougeor. Sa partie supérieure est d’un bleu mêlé de brun, sa partie inférieure d’un blanc argentin; et ces nuances sont ani- mées par un cordon ou raie longitudinale d’un jaune doré, qui règne de chaque côté de l’a- nimal. Ajoutons que le sommet des deux nageoires dorsales présente des teintes jaunâtres; qu’on voit quelquefois au-devant des yeux une ou deux raies obliques jaunes ou dorées ; et que lorsque les écailles ont été détachées du pois- son par quelque accident, les museles montrent un rouge plus où moins vif. Les formes du cordon-jaune ont beaucoup 44 rayons à la membrane des branchies du rongeor (le quatrième est très-éloigné des autres), 7 à la première na- geoire dorsale, 10 à La seconde, 16 à chacune des pectorales, 6 à chacune des thoracines, 8 à celle de l'anus, 18 à celle de la queue, qui est très-fourchue. DES POISSONS. de rapports avec celles du rougeor; mais ses dents sont beaucoup plus petites, et même à peine visibles !. CENT QUATRIÈME GENRE :. LES APOGONS. Les écailles grandes et faciles à détacher ; le sommet de la tête élevé; deux nageoires dorsales; point de bar- billons au-dessous de la mâchoire inférieure. CARACTÈRES. fs rayons aiguillonnés à la pre- miere nageoire dorsale. ESPÈCE. L'APOGON ROUGE. L'APOGON ROUGE *. Mullus imberbis, Linn.. Gmel. ; Apogon ruber. Lacep. ; Apogon Rex Mullorum , Cuv. ; Centropomus rubens, Spinola. Ce poisson vit dans les eaux qui baignent les rochers de Malte. Il est remarquable par sa belle couleur rouge. L'ouverture de sa bouche est grande; son palais et ses deux mâchoires sont hérissés d’aspérités 4. On ignore pourquoi on l’anommé Roi des mulles, des trigles, ou des rougets °. CENT CINQUIÈME GENRE ?, LES LONCHURES. La nageoire de la queue lancéolée ; cette nageoire et les pectorales aussi longues, au moins, que le quart de la longueur totale de l'animal; la nageoire dorsale lon- gue et profondément échancrée ; deux barbillons à la mächoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le premier rayon de chaque thora- cine terminé par un long fila- ment. LE LONCHURE puxèur | 4 À ja membrane des branchies du cordon-jaune 4 rayons, à la première nageoire dorsale 7, à la seconde 8, à chaque pectorale 16, à chaque thoracine 6, à celle de l'anus 8, à celle de la queue, qui est fourchue, 15. 3 Ce genre appartient à la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. Il renferme, selon M. Cuvier, des poissons placés dans d'autres genres de M. de Lacépède , tels que l'Osto- rhynque Fleurieu , le Dipterodon hexacanthe et le Centro- pome doré, tous décrits plus loin dans cet ouvrage. D. 5 Re di triglia, à Malte. — Mulet , roi des rougets. Dau- benton, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — « Trigla capite glabro, tota rubens, cirris carens. » Artedi, gen. 45, syn. 72. — « Mullus imberbis, sive rex mullorum. » Willughby, p. 286. — Raï, p. 91. 46 rayons à la premiere dorsale, 2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la seconde , 42 rayons à chaque pecto- rale, 6 à chaque thoracine, 2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 20 rayons à celle de la queue, qui est échancrée. : Âroyov signifie imberbe, sans barbe, sans barbillons. # M. Cuvier réunit les Lonchures de Bloch au sous-genre u. 241 LE LONCHURE DIANÈME. Lonchurus barbatus, BI. ; Lonchurus dianema, Lac. C’est Bloch qui a fait connaitre ce genre de poisson , auquel nous n’avons eu besoin que d’assigner des caractères précis, véritablement distinctifs, et analogues à nos principes de dis- tribution méthodique. La seule espèce que l’on ait encore inscrite parmi ces lonchures, ou pois- sons à longue queue, est remarquable par la longueur du filament qui termine le premier rayon de chaque thoracine ‘; et voilà pourquoi nous l’avons nommée Dianème , qui veut dire deux fils ou deux filaments. L’individu que Bloch a vu, lui avait été envoyé de Surinam. Le museau était avancé au-dessus de la mâ- choire d’en haut; la tête comprimée et cou- verte en entier d’écailles semblables à celles du dos; la mâchoire supérieure égale à l’inférieure, et garnie, comme cette dernière, de dents pe- tites et pointues ; l’os de chaque côté des lèvres, assez large; la pièce antérieure des opercules, comme dentelée; la ligne latérale, voisine du dos; et presque toute la surface de l'animal, d’une couleur brune mêlée de rougeâtre, CENT SIXIÈME GENRE 2. LES MACROPODES,. Les thoracines au moins de La longueur du corps propre- ment dit ; lumageoire caudale très-fourchue et à peu près aussi longue que le ters de la longueur totale de l'animal; la tête proprement dite et les opercules revêtus d’écailles semblables à celles du dos ; l'ouverture de la bouche très-petite. CARACTÈRES. Les écailles variées d'or et de vert; toutes les nageoires rouges; une petite tache noire sur chaque opercule. ESPÈCE. LE MACROPODE VERT- DORE. LE MACROPODE VERT-DORE. Macropodus viridiauratus, Lacep., Cuv. Le vert-doré ne parvient qu’à de petites di mensions ; il n’a ordinairement qu’un ou deux décimètres de long : mais il est très-agréable à des Ombrines, l'un de ceux qu'il établit dans le grand genre des Sciènes. D. 4 A la membrane branchiale 5 rayons, à la nageoire dor- sale 46, à chacune des pectorales 15, à chacune des thoras cines 6, à celle de l'anus 9, à celle de la queue 18. 3 M. Cuvier place ce gexre dans la famille des Acanthopté« giens pharyngiens-labyrinthiformes. D. 31 242 voir; ses couleurs sont magnifiques , ses mou- vements légers, ses évolutions variées ; il anime et pare d’une manière charmante l’eau limpide | des lacs ; et il n’est pas surprenant que les Chi- vais, qui cultivent les beaux poissons comme les belles fleurs, et qui aiment, pour ainsi dire, à faire de leurs pièces d’eau, éclairées par un soleil brillant, autant dé parterres vivants, mobiles, et émaillés de toutes les nuances de l'iris, se plaisent à le nourrir, à le multiplier, et à multiplier aussi son image par une peinture fidèle. Les petits tableaux ou peintures sur papier, exécutés à la Chine avec beaucoup de soin, qui représentent la nature avec vérité, qui ont été cédés à la France par la Hollande, et que l’on conserve dans le Muséum d'histoire naturelle, renferment l’image du vert-doré vu dans quatre positions, ou plutôt dans quatre mouvements différents. Le nom spécifique de ce poisson in- dique l'or et le vert fondus sur sa surface et re- levés par le rouge des nageoires. Ce rouge ajoute d’autant plus à la parure de l’animal, que ses instruments de natation présentent de grandes dimersions, particulièrement la na- geoire caudale et les thoracines ; et la longueur de ces thoracines, qui sont comme les pieds du poisson, est le trait qui nous a suggéré le nom générique de Macropode, lequel signifie long pied. Au reste, le vert-doré n’a pas de dents, ou n’a que des dents très-petites. Chaque oper- cule n’est composé que d'une pièce; et sur la surface de cette pièce on voit une tache petite, ronde, trèes-foncée, faisant de loin l'effet d'un vide ou d’un trou, et imitant l’orifice de l’or- gane de l’ouie d’un grand nombre de quadru- pèdes ovipares. NOMENCLATURE Des Labres, Cheilines, Cheïlodiptères, Ophicéphales, Hologymnoses, Scares, Ostorhinques, Spares , Dip- térodons, Lutjans, Centropomes, Bodians, Tænia- notes, Sciènes, Microptères, Holocentres , et Per- sèques. Les poissons renfermés dans les dix-sept genres que nous venons de nommer, forment bien plus de deux cents espèces, et composent par leur réunion une tribu, à l’examen, à la description, à l’histoire de laquelle nous avons dù apporter une attention toute particulière. En HISTOIRE NATURELLE effet, les caractères généraux par lesquels on pourrait chercher à la distinguer, se rapprochent beaucoup de ceux des tribus ou des genres voi- sins. De plus, les espèces qu'elle comprend ne sont séparées l’une de l’autre que par des traits peu prononcés, de manière que depuis le genre qui précéderait cette grande et nombreuse tribu en la touchant immédiatement dans l’ordre! le plus naturel, jusqu’à celui qui la suivrait dans ce même ordre en lui étant aussi immédiate- ment contigu, on peut aller d'espèce en espèce en ne parcourant que des nuances très-rappro- chées. Et comment ne s’avancerait-on pas ainsi, en ne rencontrant que des différences très-peu sensibles, puisque les deux extrêmes de cette série. se ressemblent beaucoup, sont placés, par conséquent, à une petite élévation l’un au- dessus de l’autre , et cependant communiquent ensemble, si je puis employer cette:expression, par plus de deux cents degrés ? Les divisions que l’on peut former dans cette longue série ne peuvent done être déterminées qu'après beaucoup de soins, de recherches et de comparaisons; et voilà pourquoi presque tous les naturalistes, même les plus habiles, n'ayant pas eu à leur disposition assez de temps, ou des collections assez nombreuses, ont établi pour cettetribu , des genres caracté- risés d’une manière si faible, si vague, si peu constante, ou si erronée, que, malgré des efforts pénibles et une patience soutenue, il était quel- quefois impossible , en adoptant leur méthode distributive, d'inscrire un individu de cette tribu, que l’on avait sous les yeux, dans un genre plutôt que dans un autre, de le rapporter à sa véritable espèce, ou, ce qui est la même chose, d’en reconnaitre la nature. Bloch avait senti une partie des difficultés que je viens d’exposer; il a proposé, en consé- quence, pour les espèces de cettegrande famille, plusieurs nouveaux genres, dont j’ai adopté quelques-uns : mais son travail à l’égard de ces animaux m'a paru d'autant plus insuffisant, qu’il n’a pas traité de toutes les espèces de cette tribu connues de son temps; qu'il n’avait pas à classer les espèces dont je vais publier, le premier, la description ; que les caractères gé- nériques qu'il a choisis ne sont pas tous aussi importants qu'ils doivent l’être pour produire de bonnes associations génériques; etenfin, qu'ayant composé plusieurs genres pourla tribu qui nous oceupe, longtemps après avoir formé IDES POISSONS. pour cettemême famille un assez grand nombre d’autres genres, sans prévoir, en quelque sorte, le besoin d’un supplément de groupes, il avait \déjà placé, dans ses anciens genres, des espèces qu'il devait rapporter aux nouveaux genres qu'il voulait fonder. Profitant donc des travaux de mes prédéces- seurs, de l'avantage de pouvoir examiner d’im- menses collections , des observations nom- br euses que plusieurs naturalistes ont bien voulu me communiquer, et de l'expérience que j'ai acquise par plusieurs années d'étude et par les différents cours que j’ai donnés, j'ai consi- déré dans leur ensemble toutes les espèces de Ja tribu que nous avons dans ce moment sous les yeux; je l’ai distribuée en nouveaux grou- pes; et recevant certains genres de Linnée et de Bloch, modifiant les autres ou les rejetant, yajoutant de nouveaux genres, dont quelques- uus avaient été indiqués par moi dans mes cours et adoptés par mon savant ami et con- frère M. Cuvier dans ses Éléments d'histoire naturelle, donnant enfin à toutes ces sections des caractères précis, constants et distincts, j'ai terminé l'arrangement méthodique dont on va voir le résultat. J'ai employé et circonscrit d’une manière nouvelle et rigoureuse les genres des Labres, des Scares, des Spares, des Lutjans, des Bo- dians , des Holocentres , et des Persèques. J’ai introduit parmi ces associations particulières le genre des Ophicéphales, proposé récemment par Bloch. Séparant dans chaque réunion les poissons à deux nageoires dorsales , de ceux qui n’en offrent qu’une, j’ai fait naître le genre des Cheiïlodiptères dans le voisinage des La- bres, celui des Diptérodons auprès des Spares, celui des Centropomes à la suite des Lutjans, celui des véritables Sciènes, que l’on a eu jusqu'ici tant de peine à reconnaitre, à une petite distance des Bodians. J’ai placé entre ces Sciènes et les Bodians , le nouveau genre des Tœniamotes , qui forme un passage naturel des unes aux autres ; j’ai inserit le nouveau groupe des Cheilines entre les Labres et les Cheilodip- tères , celui des Æologymnoses entre les Ophi- céphales et les Scares , celui des Ostorhinques entre les Scares et les Spares, celui des Mi- cropteres entre les Sciènes et les Holocentres ; et j'ai distribué parmi les Labres, parmi les Lutjans, ou parmi les Holocentres, les espèces appliquées par Bloch à ses genres des Jolnius, | 245 des Anthias, des Épinéphèles, et des Gymno- céphales, qui m'ont paru caractérisés par des traits spécifiques plutôt que par des caractères génériques, et que, par conséquent, je n'ai pas cru devoir admettre sur mon tableau général des poissons. Toutes ces opérations ont produit les dix- septgenres des Labres, des Cheilines, des Chei- lodiptères, des Ophicéphales , des’ Hologyin- noses, des Scares, des Ostorhinques, des Spares , des Diptérodons, des Luljans, des Centropomes , des Bodians , des Tæœnianotes, des Seiènes, des Microptères, des Holocentres, et des Persèques, dont nous allons tâcher de présenter les formes et les habitudes. CENT SEPTIÈME GENRE. LES LABRES,. La lèvre supérieure extensible ; point de dents incisives ni molaires ; Les opercules des branchies dénues de pi- quants et de dentelure; une seule nageoïire dorsale, cette nageoire du'dos très-separée de celle de La queue, ou très-eéloignée dela muque, ow composée.de rayoxs terminés par un filament. PREMIER SOUS-GENRE. Lanageoirede la queuefourchue ou en croissant. CARACTÈRES. | Dix aiguillons et onze rayons arti- culés à la nageoire du dos; la mächoire inférieure plus avan- cée que la supérieure ; une tache noire vers le milieu de la lon- gueur de la nageoire dorsale; des bandes transversales noires. ! Treize aiguillons et sept rayons articulés à la nageoire du dos; une tache sur chaque opercule, et neuf ou dix bandes transver- sales brunes. Chaque opercule prolongé par une memlrane allongée, arrondie à son extrémité etinoirâtre. Sept aiguillons à la nageoire dor- sale ; îles premiers rayons articn- lés de cette nageoire. et de celle de l'anus, prolongés de manière à leur donner la forme d'une faux. Neuf aigillons et dix rayons arti- culés à la nageoire du dos; les deux lobes de la nageoire çau- ru lancéolés; les deux ma- uhoires égales; la couleur ar- gentée. La nageoiïire du dos éloignée de la huque; les thoracines réunies l'une à l'autre par une mem- brane:; la mâchoire inférieure plus avancee que la supérieure } cinq bandes transversales, ESPÈCES. LE LABRE HÉPATE. 2. LE LABBE OPEBCULE. LE Te AURITE. 4. LE LABRE FAUCHEUR. | [ LE pue OYÈNE. | 6. LE LABRE SAGITTAIRE. ZA4 CARACTÈRES. Onze aiguillons et douze rayons ar- ticulés à la nageoire du dos; un double rang d'écailles sur les cô- tés de la tête. Dix aiguillons et neuf rayons arti- culés à la nageoïre du dos; une pièce ou feuille écailleuse, de chaque côté du sillon longitudi- nal, dans lequel cette nageoire peut être couchée. Onze aiguillons et dix rayons ar- ticulés à la nageoire du dos ; une tache brune sur chaque côté de l'animal. Dix aiguillons et quinze rayons ar- ticulés à la nageoire dorsale; les thoracines réunies l’une à l'autre par une membraue ; deux dents de la mâchoire supérieure assez longues pour dépasser l'infé- rieure; la couleur rougeätre avec des raies et des taches irrégu- lières blanchâtres. Le dos élevé en bosse; les écailles rouges à leur base, et blanches à leur sommet ; deux dents de la mâchoire supérieure une fois plus longues que les autres. Dix rayons aiguillonnés et point de rayons articulés à la nageoire du dos; les pectorales falciformes, et plus longues que les thoraci- nes; la pièce antérieure de chaque opercule profondément échan- | | | É | ESPÈCES. to LE LABRE CAPPA. 8. Le LABRE LÉPISME. e 9. LE LABRE UNIMACULE. 10. LE LABRE BOHAB. 11. Le LABRE BOSSU. 12. LE LABRE NOIR, rayons articulés à la nageoire dorsale ; la lèvre inférieure plus longue que la supérieure; la pièce postérieure de chaque opercule anguleuse du côté de la queue. Dix rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire dorsale; trois rayons aiguillon- nés et sept rayons articulés à celle de l'anus; les rayons des nageoires terminés par des fila- ments. Onze rayons aiguillonnés et donze rayons articulés à la nageoire du dos; cette nageoire et celle de l'anus, prolongées et anguleuses vers la caudale ; une seule ran- gée de dents très-menues. Un aiguillon couché horizontale- ment vers la tête, au-devant de la nageoire du dos; la ligne latérale droite ; la couleur argentée. Onze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; huit séries de taches très-petites, ron- des et égales, sur chaque côté de l'animal; deux bandes transver- sales sur la tête ou la nuque; le dos élevé. 15. LE LABRE ARGENTÉ. 14. Le LADRE NÉBULEUX, 13. LE LABRE GRISATRE. 16: à LE LABRE ARMÉ. 17. LE LABRE CHAPELET. | Dix rayons aiguillonnés et quatorze Neuf rayons aiguillonnés et dix rayous articulés à la nageoire dorsale ; le museau très-avancé ; chaque opercule composé de deux pièces dénnées d'écailles semblables à celles du dos. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale ; tous ces rayons plus hauts que la membrane; la mà- choire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; la courbure du dos, et celle de la partie inférieure de l'animal, diminuant à la fin &e la nageoïre dorsale et de celle de l'anus, 18. UE LABRE LONG-MUSEAU. 19. Le LABRE TUUNBERG. el HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES, Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du 20. dos; celle de la queue en crois- LE LABRE GRISON. sant tres-peu échancré; deux grandes deuts a chaque mâchoire la couleur grisâtre. Huit rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire du dos; celle de la queue en crois- sant; une teinte violente sur plu- i sieurs parties de l'animal. 21. LE LABRE CROISSANT. dos; douze à celle de l'anus; celle de la queue en croissant; tout le poisson d'une couleur fauve ou jaune. [ais dou rayons à la nageoire du 22. LE LABRE FAUNE. | Neuf rayons aiguillonnés et treize rayous articulés à la nageoire dorsale; celle de la queue en croissant; la couleur géuérale de l'animal verte par-dessus, et d'un pourpre blanchâtre par-dessous , des raies pourpres sur chaque opercule. 25. LE LABRE CEYLAN. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayous articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; deux bandes brunes et transversales sur le corps proprement dit. 24. LA LABRE DEUX-BANDES. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; les thoraciues allongées ; la pièce antérieure de l'opercule seule garnie d'écailles semblables à celles du dos. 25. LE LARRE MEÉLAGASTRE. Vingt rayons articulés et point de rayons aiguillounés à la nageoire dorsale; douze rayons articulés à celle de l'anus ; la tête dénuée ne semblables à celles du os. 26. LE LABRE MALAPTÈRE. Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; le sixième rayon articulé de la dorsale, beaucoup plus long que les autres ; la base de ja partie postérieure de la dorsale, garnie d'écailles ; quatre dents plus grandes que les autres à la mâchoire supérieure; la partie antérieure de l'animal, rouge, et la postérieure jaune. 27. LE LABRE À DEMI ROUGE. un rayons articulés à la nageoïire dorsale; lalèvre supérieure large, épaisse et plissée; dix-huit rayons articulés celle de l'anus; ces derniers rayons, et les rayons articulés de la dorsale, terminés par des filameuts ; trois rangées longitudinales de points noirs sur la dorsale; une rangée de points semblables sur la partie postérieure de la nageoire de l'a- nus ; la caudale en croissant. 28. LE LABRE TETRACANTHE. Viogt-un rayons à la nageoire dor- sale ; cette nageoire festonnée, ainsi que celle de l'anus; la tête et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du dos; la seconde pièce de chaque oper- cule anguleuse ; #ix-neuf bandes transversales de chaque côté de l'animal ; une tache d'une nuance très-claire, et en forme de demi- disque, à l'extrémité de la na- geoire caudale, qui est en crois- sant. 29. Le LABRE DEMI-DISQUE. ! É rayons aiguillonnés et vingt- ESPECES- 50. ‘ Le Lipre CERCLE, 31. Ls LABRE HÉBISSÉ. 32. Le LABSE POURCEE. 35. LE LABBE SIX-BANDES. 34. LE LABRE MACROGAS- TÈRE, 35. LE LADRS FILAMENTEUX. 36. LE LABRE ANGULEUX. 37. LE LAgñz BUIT-RAIES. 38. Le LagBe MOUCHETÉ. | DES POISSONS. CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayous articulés à la nageoire du dos ; la tête et les opercules dé- nués d'écailles semblables à celles du dos; la seconde pièce de cha- ue opercule, anguleuse ; la cau- dale en croissant; vingt-trois bandes transversales de Chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; la caudale en croissant; six grandes dents à la mâchoire supérieure ; la ligne latérale hérissée de petits piquants; douze raies longitudi- uales de chaque côté du poisson; quatre autres raies longitudinales sur la nuque; le dos parsemé de points. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articules à la nageoire du dos; le dernier rayon de la dor- sale et le dernier rayon de l'a- nale, très-longs ; les deux lobes de la caudale pointus et tres- prolongés; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; de très-petites dents à chaque mâchoire. Treize rayons aïiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; le museau avancé; l'ouverture de la bouche très-petite; la mâchoire jaferieure plus longue que la su- périeure; six bandes transversa- les; la caudale fourchue. Treizerayonsaiguillonnés et quinze rayous articulés à la dorsale ; le veutre très-gros; des écailles semblables à celles du dos, sur la tête et les opercules; la caudale en croissant; six bandes trans- versales. Î Quinze rayons aiguillonnés et gar- nis chacun d'un filament, et neuf rayons articulés , à la dorsale; l'ouverture de la bouche, en forme de demi-cercle vertical ; quatre ou cinq bandes transver- sales sur le dos. Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; les rayons articulés de cette dorsale beaucoup plus longs que les ai- guillonnés de celle même na- geoire ; les lèvres larges et épais- ses; des lignes et des points re- présentant un réseau sur la première pièce de l'opercule ; la seconde pièce échancrée et an- guleuse; cinq ou six rangées lon- gitudinales de petits points de Chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aisuillonnés et sept rayons arliculés à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant; les dents de la mâchoire supé- rieure beaucoup pluslongues que celles de l'inférieure ; la pièce postérieure de l'opercule, angu- leuse; la tête et les opercules dé- nués d'écaillessemblables àcelles du dos ; quatre raies un peu obli- ques, de chaque côté du poisson, Treize rayons aiguillonnés à la dorsale, qui est très-longue; celte dorsale, l'anale et les thoraci- nes, pointues; la caudale en crois- sant; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; i'ou- verture de la bouche, très- rande ; cinq ou six grandes ents à la mâchoire d'en bas, et deux dents également grandes à celle d'en baut ; toute la surface du poisson parsemée de petites taches rondes. ESPÈCES. 59. LE LABRE COMMERSON- NIEN. 0. Le LABRE LISSE. 4 EE LE LABRE MACROPTÈRE. 42. Le LABRE QUINZE- ÉPINES. 45. Lg LABRE MACROCÉ- PHALE. LLA Le LABRE PLUMIÉRIEN. 43. LE LABRE GOUAN. 46. Le LABRE ENNEACANTBE. | | | 245 CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la nageoire du dos; les dents des deux mächoi- res presque égales ; un rayon ai- guillonné et dix-sept rayons arti- culés a la nageoire de l'anus ; le dos et une grande partie des cô- tés du poisson, parsemés @e ta- ches égales, rondes et petites. Quinze rayonsaiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; les rayons articulés de cette na- geoire, plus longs que les aiguil- lonnés;la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- rieure ; les dents grandes, re- courbées et égales; la ligne laté- rale presque droite; la caudale un peu en croissant ; les écailles très-difficilement visibles ; cinq grandes taches ou bandes trans- versales. Vingt-huit rayons à la dorsale; vingt-un à l'anale; presque tous les rayons de ces deux nageoi- res. longs, et garnis de filaments; la caudale en croissant ; une ta- che noire sur l'angle postérieur des opercules, qui sont couverts, ainsi que la tête, d'évailles sem- blables à celles du dos. Quinze rayons aiguillonnés et neuf rayomæs arliculés à la nageoire dursale ; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons articulés à celle de l'anus ; la mâchoire su- périeure plus avancée que l'infé- rieure ; les dents petites et éga- les; l'opercule anguleux ; six bandes ‘ransversales sur le dos et la nuque. Onze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale; trois rayousaiguillonnésetneufrayons articulés à l'anale ; la tête grosse; la nuque et l'entre-deux des yeux, trés- élevés; la mächoire inférieure plus avancée que la supérieure ; les dents crochues, égales, et très-séparées l'une de l'autre; la nageoire de la queue divisée en deux lobes un peu ar- rondis; les pectorales ayant la forme d'un trapèze., Dix rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; un rayon aiguillonné et neuf rayons articulés à la nageoire de l'a- nus; des raies bleues sur la tête : le corps argenté et parsemé de taches bleues et de taches cou- leur d'or; les nageoires dorées; une bande transversale et cour- bée sur la caudile, Huit rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayonsaiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; chaque opercule compose de trois pièces dénuées d'écailles semblables à celles du dos, et terminé par une prolongation large et arrondie; la ligne laté- rale insensible ; un appendice pointu entre les thoracines; la Caudale en croissant. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; la ligne latérale interrompue; six bandes transversales ; deux au- tres bandes transversales sur la caudale, qui est en croissant ; deux ou quatre dents grandes. fortes et crochues , à l'extrémité de chaque mâchoire; les écailles grandes. 246 ESPÈCES +47. LE LABRE ROUGES-RAIES. 48. Lu LABRE KASMIRA. 49. LE LABRE SAUMOÎDE. 50. LE LABRE IRIS. ! Neuf rayons aiguillonnés et treize | | HISTOIRE NATURELLE CABACTÈRES. Douze rayons aignillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du des; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anus; les dents du bord de cha- que mâchoire , allongées, sépa- rées l'une ue ment au nombre de quatre; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'iuférieure; onze ou douze raies rouges et longitudi- nales de chaque côté du poisson ; une tache œillée à l'origine de la dorsale; une autre tache très- grande à la base de la caudale qui est un peu en croissant. Dix rayons aieuillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aisuillonnés et neuf rayons articulés à l'anale ; la lè- vre inférieure plus courte que la supérieure; ies dents coniques; la pièce antérieure des opercu- les, échancrée; la caudale en eroissant; sept raies petites et blenes sur chaque côté de la tête; | quatre raies plus graudes et bleues le long de chaque côté du corps. rayons articulés à la nageoire du dos ; treize rayons à la nageoire de l'anus ; l'opercule composé de | quatre lames, et terminé par une | prolongation anguleuse ; deux orifices à chaque narine; la cou- leur générale d'un brun noirâtre. Onze rayons aiguillonnés et qua- torze rayons articulés à la dor- sale ; sept rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à l'anale; l'opercule composé de quatre la- mes, et terminé par une prolon- galion anguleuse ; la caudale un peu en croissant ; une tache | ovale, grande , noire, et bordée de blanchätre à l'extrémité de la nageoire du dos; une petite ta- che noire à l'angle postérieur de l'opercule, SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la;queue recliligne, ou arrondie, ow lancéolee. 5!. LE LaBRe PAON. 52. LE Lasue BORDé. 55. LE LABRE ROUILLÉ. 84. Le LAB8s CSILLÉ. Quinze rayons aiguillonnés et dix- sept rayons articulés à la dorsale; le corps et la queue d'un vert mélé de jaune ; ét parsemé, ainsi que les opercules et la nageoire caudale , de taches rouges et de taches bleues ; une grande tache brune auprès de chaque pecto- rale, et une tache presque sem- blable de ‘ naque côté de la queue. Deux rayons aiguillonnés et vingt- deux rayons articulés à la na- geoire du dos; la couleur géné- rale brune ; la dorsale et l'anale bordees de roux. Deux rayons aiguillonnés et vingt- six rayons articulés à la nageoire du dos; trois aiguillons et qua- tre rayons articulés à celle de l'anvs ; le corps et la queue cou- leur de rouille et sans tache. [Quatorze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'arale ; les dents égales; les rayons de la nageoire du dos, terminés par un filament; une tache bordée auprès de la nagevire caudale. autre, et seule- |! ESPÈCES. 55. LE LABRE MÉLOPS. 56. LE LABRE NIL. 57. L& LABRE LOUCHE. 58. LE LABRE TRIPLE-TACHE. 59. : LE LABRE CENDRE. 60. LE LABRE COBNUBIEN. 61. LE LABRE MÊLE. 62. LE LABBE JAUNATRE. 65. LE LABRE MEBLE. 163. La LABRE BÔNE. CARACTÈRES, Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos; les opereules ciliés; l'anale panachée dedifférentes couleurs; un croissant brun. derrière les yeux ; des filaments aux rayons de la uageoire du dos. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dor- sale; les dents très-pelites et échancrées; la couleur générale blanchätre ; la dorsale, l'anale et la caudale, nuageuses. Dix-huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dor- sale ; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale; le dessus de l'œil, noir; toutes les nageoires jaunes ou dorées. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la na- geoire du dos; trois aiguillons et neuf rayons articulés à celle de l'anus; le corps et la queue rouges et couverts de grandes écailles ; trois grandes taches. Quatorze rayons aïiguillonnés et onze rayous articulés à la dor- sale ; trois rayons aiguillonnés et dixrayons articulés à la nageoire de l'anus; l'ouverture de la bou- che étroite; les dents petites; celles de devant plus longues ; des raies bleues sur les côtés de la tête; une tache noire auprès de lacaudale. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos , trois rayons aiguillonnés et huit rayoss articulés à celle de l'anus; le museau en forme de boutoir ; les premiers rayons de la dorsale tachetés de noir; une tache noire sur la queue, dont la nageoire est rectiligne. La partie inférieure de l'animal, jaune; la supérieure bleue, avec des nuances brunes Où Jaunes; les dents antérieures plus gran- des que les autres. L'ouverture de la bonche, large; trois ou quatre grosses dents à l'extrémité.de la mâchoire supé- rieure; de petites dents au pa- lais ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure , et garnie d'une double rangée de petites dents; un fort aiguillon à la caudale ; les écailles minces; la couleur fauve ou orangée. Dix rayons aiguillonnés et garnis d'un filament, et quinze rayons articulés à la dorsale; la caudale rectiligne ; l'ouverture de la bou- che médiocre; les dents grandes et recourbées : les mächoires également avancées ; les écailles grandes; la couleur générale d'un bleu tirant sur le noir. Seize rayons aieuillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à celle de l'anus; la caudale rectiligne; la nageoire du dos s'étendant de- puis la nuque jusqu'à une petite distance de la caudale; lesrayons de cette nageoire garnis d'un ou deux filaments; la partie supé- rieure du poisson, d'un rouge foncé, avec destaches et desraies vertes ; la partie inférieure d'un rouge mélé de jaune. ESPÈCES. 63. Le LASRE FULIGINEUX Î \ 66. £a LABRE BRUN. 67. L5 LAsue ÉCRIQUIER. 68: Li-LiEAE MARBRÉ. 69: LE LABRE LARGE-QUEUE 70. LE LABRE GIRELLE. 71. Le LABRE PAROTIQUE. | DES POISSONS. CARACTÈRES: Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés. à l'anale; la mâchoire supérieure un peu plus courteique l'inférieure ; les deux premières dents de chaque mä- choire plus allongées que les au- tres: la tête variée de vert, de rougeet de jaune ; quatre Ou cinq bandes transversales. Septrayons aiguillonnés et filamen- teux , et treize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à * l'anale; les deux dents de devant de chaquemächoire, plus longues que les autres ; des rugosités dis- posées en rayons, auprès des yeux; deux raies vertes, larges et longitudinales, de chaque côté du corps; des écailles sur une partie de la caudale , qui est rec- tiligne; des traits colorés et sem- blables à des lettres chinoises , le long de la ligne latérale. Neuf rayons aiguillonnés et fila- menteux, et treize rayons articu- lés à la dorsale; deux rayons ai- guillonnés et douze rayons arti- culés à la nageoire de l'anus; les quatre dents antérieures de la mächoire supérieure et les deux de devant de la mâchoire infé- rieure, plus allongées que les au- tres; la tête variée de rouge; toute la surface du corps et de la queue, peinte en petits espaces alternativement blarehätres et d'un noir pourpré. Dix rayons aiguillonnés, et treize rayons articulés plus longs que les aiguilionnés, à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et six rayons articulés à l'anale ; les dents égales et écartées l'une de l'autre ; la nageoire caudale rec- tiligne ; la tête et les opercule» dénués d'écailles semblables à celles duidos; presque toute la surface de l'animal.parsemée de petites taches foncées , et de ta- ches moins petiteset blanchâtres, de manière à paraître marbrée. Vingt-six rayons à la nageoire du dos; dix-neuf à celle de l'anus; le museau petit et avancé, les dents grandes, fortes et triangu- laires ; dix rayons divisés chacun en quatre ou cinq ramifications , à la caudale, quieest rectiligneret très-large, ainsi que très-longue, relativement aux autres nageoi- res; un grand nombre de petites raies longitudinales sur le dos ; une tache sur la dorsale, à son origine; presque toute la queue, l'auale et l'extrémité de la na- eoire du dos, d'une couleur oncée. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; les deux dents de devant de la mä- choire supérieure, plus grandes longitudinale, dentelée, et d'un blanc jaunâtre , de chaque côté du corps; le plus souvent, une raie bleue, étroite et longitudi- nale, au-dessous de la raie den- telée; la caudale arrondie. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; les dents de devant plus grandesque les autres; les nageoires rousses ; une tache d'un beau bleu sur chäque opercule. que les autres; une large raie | ESPÈCESS. 72: LE LABRE BERGSNYLTRE. 2e LE ZABRE GUAZE. 74. LE LABRE TANCOÏDE: 75. LE LABRE DOUBLE- TAGHE. 76. è LE LABBE PONCTUS. 77. Le LABRE!'OSSIFAGE. 78. LE LABRE ONITE. 79. LE LABRE PERHOQUET. 80: LE LiRRE TOURD: | | | A7 CARACTÈRES: Neuf rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la na: woire du dos; trois rayons aiguilionnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; les rayons dela dorsale garnis. de-filaments ; uué tache noiresur la quene, Onze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale ; la caudale arrondie, et composée de rayons plus longs que :a mem- brane qui les réunit; la.cuuleur brune. Quinze rayons aizuillonnés e[ onze rayons articulés à la äorsale; trois rayons aiguiilonnés et dix rayons articulés à l'anale : ;e mu- seau recourbé vers le Baut; la caudale arrondie ; la couieur gé- nérale d'un rouge nuageux, ou des raies nombreuses, rouges, bleues et jaunes. Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; quatre rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale; des filaments aux rayons de la na- geoire du dos, et aux deux pre- miers rayons de chaque thora- cines l'anale lancéolée; l'extré- mité de la dorsale en forme de faux; une grande tache sur cha- que côté du corps et sur chaque côté de la queue de l'animal. l'aous ; toutes les nageoires poin- tues , excepté la caudale , qui est arrondie; la pièce postérieure de chaque opercule couverte d'é- caillesseniblables par leur forme, et égales, par leur grandeur, à celles du dos; la ligne latérale interrompue; de petites écailles sur ane partie de la dorsale et de l'anale ; plusieurs rayons articu- lés de la dorsals beaucoup plus allongés queles iguillons de cette nageoire ; un grand nombre de points, neuf raies longitudinales, et trois taches rondes sur chaque côté du poisson. Dix-sept rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dor- sale; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire del'anus. Dix-sept rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie et jaune ; la couleur générale brune; la partie infé- rieure de l'animal tachetée de gris et de brun ; des filaments aux rayons de la nageoire dorsale. Dix-huit rayons aiguillonnés et douze rayous articulés à la dor- sales trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; la couleur générale verte; le dessous du corps jaune; une raie longitudinale bleue, de chaque côté du corps; quelquefois des taches bleues sur le ventre, Dix - huit rayous aiguillonnés et quinze rayons articulés à la na- geoire du dos; trois rayons ai- guillonnés et douze rayons arti- culés à l'anale; le corps et la queue allongés; la partie supé- rieure de l'animal jaune, avec des taches blanches ou vertes, et qnelquefois avec des taches blanches et bordées d’or au-des- sous du museau, Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; quatre rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à celle de 248 ESPÈCES. si. Le LADBE CINQ-ÉPINES. | 82. Le LABBE CHINOIS. 83. Le LABUE JAPONAIS. 81. LE LABRE LINÉAIRE. Cr Mont D LE LABBE LUNULE, 86 Lu LAB3E VARIE, CAT LE LABBE MAILLE, 88. Le LASRE TACHETÉ. 89. Lx LAbne COCK. | | Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aisuillonnés et L HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. Dix-neuf rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la dorsale ; cing rayous aiguillonnés et huit rayons articulés à l'anale; des filiments aux rayons de la na- geoire du dos; le corps et la queue bleus , ou rayés de bleu. Dix - neuf rayons aiguillonnés et cing rayons articulés à ladorsale; cinq rayous aiguillonnés et sept rayons articulés à l'anale; des filaments aux rayous de la na- geoire du dos; le sommet de la tête très-obtus; la couleur livide. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la nageoire de l'anus ; des filaments aux rayons de la nageoire du dos ; Les oper- cules couverts d'écailles sembla- bles à celles du corps; des dents petites et aiguës aux mâchoires;- la couleur jaune. Vingt rayous aiguillonrés et un rayon articulé à la nageoire du dos ; quinze rayons à celle de l'a- pus; la dorsale très-longue ; le corps allongé; la tête comprimée; la couleur blanche ou blanchâtre. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnésetneufrayons articulés à la nageoire de l'aaus ; les écailles larges et striées en creux; les pectorales etla caudale arrondies; la ligne latérale in- terrompue ; la couleur géné- rale d'an brun verdâtre, avec des bandes transversales plus foncées; le plus souvent un croissant jaune et bordé de nnir, sur le bord postérieur de chaque opercule; deux taches jaunes sur la membrane branchiale, qui est verte. Dix - sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dor- sale; trois rayons aiguilionnés et douze rayons articulés à l'a- nale; les lèvres larges et dou- bles; la caudale un peu arrondie; le corps et la queue allongés; la couieur générale rouge; quatre raies iougitudinales olivâtres, et quatre autres bleues, de chaque côté du poisson; la dorsale bleue à son origine, ensuite blanche, ensuite rouge; la caudale bleue en haut, et jaune en bas. neuf rayons articulés à celle de l'anus; l'ensemble du poisson comprimé et ovale; la couleur verte avec un réseau rouge; une tache noire sur chaque opercule et sur la dorsale; des bandes et des filaments rouges à la nageoire du dos, Quinze rayousaiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale ; la cou- leur générale rougeâtre; un grand nombre de points blancs disposés avec ordre; des taches noires; une tache au milieu de la base de la caudale. La caudale arrondie; la partie su- périeure nuancée de pourpre et de bleu foncé; l'inférieure d’un beau jaune. ESPÈCES. 90. LE LABRE CANUDE. 91. Le LABRE BLANCHES- RAIES 92. LE LABBE BLEU. PS Le LABRE BAYÉ, 94. LE LABRE BALLAN. 93. LE LABRE BERGYLTE. 96. LE LABRE HASSES. 97. Le LABRE ARISTE. 98. 4 Lg LABRE BIRAYE. | | CABACTÈRES. L Des rayons aiguillonnés à la dor- sale, qui s'étend depuis la nuque jusqu'à la caudale ; la gueule pe- tite; les dents crénelées, ou lo- bées ; la couleur générale iaure; le dos d'un rouge pourpre. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois: rayons aiguillonués et dix rayons articulés à l’anale ; une seule ran- gée de dents petites et aiguës à chaque mâchoire; les lèvres très- épaisses; le corps allongé; la cou- leur générale jaunâtre; deux raies longitudinales blanches et tres -lungues, et une troisième raié supérieure semblable aux deux premières, mais plus courte, de chaque côté de l'animal; la caudale arrondie. Dix - sept rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la na- geoire du dos; deux rayons ai- guillonnés et douze rayons arti- culés à la nageoire de l'anus; la couleur générale bleue , avec des taches jaunes et des raies bleuà- tres; une grande tache bleue sur le devant de la dorsale ; les tho- racines, l'anale et la caudale, bordées de la même couleur ; les dents de devant plus longues que les autres. Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dor- sale ; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l’anale; les dents de devant plus longues que les autres; le museau long ; la nuque un peu relevée et con- vexe; le corps allongé; la cau- dale arrondie ; le dos rougeûtre; les côtés bleus ; la poitrine jaune; le ventre d'un bleu pâle; quatre raies vertes et longitudinales de chaque côté du poisson. Vingtrayons aiguillonnés et cn76 rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à l'auale ; la cau- dale arrondie; un sillon sur la tête; une petite cavité rayonnée sur chaque opercule ; la couleur jaune, avec des taches couleur d'orange. Vingt rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à l'anale ; la caudale are rondie; la tête allongée; les écail- les grandes ; les deruiers rayons de la dorsale et de l’anale, beau- coup plus longs que les autres; des taches sur les nageoires ; des raies brunes et bleues , disposées alternativemeut sur la poitrine. Point de rayons aiguillonnés aux nageoires ; le corps très-allongé ; la ligne latérale droite ou pres- que droite ; une raie longitudi- nale et monchetée de noir, de chaque côté de l'animal. Trente-deux rayons à la dorsale ; vingt - cinq à l'anale ; le corps comprimé et ovale: les écailles courtes, et relevées chacune par deux arêtes ; les dents éloignées l'une de l'autre; les deux de de= vant de la mâchoire inférieure, plus avancées que les autres. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la_dorsale ; trois rayons aiguillonnés et onza rayons articulés à l'anale ; toutes les nageoires pointues, excepté celle de la queue, qui est arron- ESPÂCES. 98. LE LABRE BIRAYE. 99. Le LABRE GRANDES- ÉCAILLES: 100. Le LABRE TÈTE-BLEUE. 104. LE Lee À GOUTTES. 102. LE LAnBE BOISÉ. 105. Le LABRE CINQ-TACHES 104. L£ LABRE MICROLEPI- DOTE. 105. L£ LABRE VIEILLE. li É rayons aiguillounés et treize | | | | caudale arrondie. DES POISSONS. CARACTÈRES. die; le dos rouge ; les côtés jau- nes; deux raies longitudinales et brunes de chaque côte du pois- son; la supérieure placée sur l'œil; des taches jaunes sur la caudale, qui est violette; le ven- tre rougetre. rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguilionnés et treize rayons articulés à celle de l'anus ; les écailles grandes et lisses ; les mâchoires aussi avan- cées l’une que l'autre; la tête courte et comprimée; deux demi- cercles de pores muqueux äau- dessous des yeux; la caudale ar- rondie; la couleur générale jaune. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anûs ; la caudale arrondie; la ligne latérale interrompue ; les écuilles grandes, rondes et miu- ces; les opercules terminés en pointe du côté de la queue; le dos bleu;les côtés argentés; la tète bleue. point de rayons aiguillonnés ; dix- neuf rayons à la dorsale, neuf à l'anale; la caudale arrondie ; les écailles dures et couvertes d'une membrane; le dus brun ; les cô- tés bleus ; le dessous blanchâtre ; la tête bleue; des taches argen- tées sur la tête, les côtés et l'a: pale ; des taches jaunes sur la na- geoire du dos. ix-sept rayons aiguillonnés et onze rayous articulés à la dor- sale; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la na- geoire de l'anus; la tête et les opercules presque entièrement dénués d'écailles semblables à celles du dos, excepté dans une petite place auprès des yeux; les deux mâchoires également avau- cées; plusieurs pores muqueux au-dessous des narires ; quatre rayons à la membraue branchia- le, qui est étroite; les écailles petites et molles; le corps al- longé ; la caudale arrondie; le dos violet; les côtés argentés; des taches imitant des comparti- ments de boiserie, Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articules à l'anale ; la tête garnie d'écailles semblables à celles du dos; un demi-cercle de pores muqueux au-dessous de chaque narine ; la couleur géné- rale d'un jaune mélé de violet; une tache sur le nez; une tache sur l'opercule; deux taches sur la dorsale, et une cinquième sur la nageoire de l'anus. Dix - sept rayons aiguiilonnés et treize rayons articulés à la na- geoire du dos; trois rayons ai- guillounés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; les oper- cules garnis d'écailles semblables à celles du dos; les écailles très- petites ; la parte supérieure de l'animal d'un jaune brun et sans tache: l'inférieure argentée; la Seize rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'anale; six rayons à la membrane bran- ESPÈCES. 103. LE LABRE VIEILLE. 106. LE LABRE KARUT. 107. LE LABRE ANËI, 108. Le LABRE CEINTURE. 109. Le LABFE DIAGRAMME. 410. * LE LABRE HOLOLEPI- DOTE. 114. LE LABRE TÆNIOURE. 112. Le LABBE PARTERRE. À [l 249 CARACTÈRES, chiale ; le museau dénué d'écail- les semblables à celles du dos; de petites écailles sur la caudale, qui est arrondie ; la tête rougeà- tre; le dos couleur de plomb; les côtés jaunes et tachés ; les thora- cines, l'anale et la caudale bleuâ- tres et bordées de noir; des ta- ches arrondies et petites sur l'a- pale, la caudale et la dorsale. Onze rayons aiguillonnts et vingt- neuf rayons articulés à la dor- sale, qui présente deux parties très-distinctes ; toute la têle cou- verte d'écailles semblables à celles du dos; la caudale arrondie; la partie supérieure du museau plus avancée que l'inférieure. Neuf rayons aiguillonnés et vingt- quatre rayous articulés à la dor- sale, qui présente deux parties tres-distinctes ; toute la tête cou- verte d'écailles semblables à celles du dos; la caudale arrondie; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure. Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; seize rayons à celle de l'a- nus ; les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus grandes que les autres; le museau pointu: la partie antérieure de l'animal livide , la postérieure brune; ces deux portious séparées par une bande ou ceinture blanchâtre ; des taches petites , lenticulaires, et d'un noir pourpré, sur la tête, la dorsale, l'anale, et la caudale, qui est arrondie. Onze rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nageoire du dos: un rayon aiguillonné et dix rayons articulés à celle de l'anus; la mächoire inférieure un peu lus avancée que la supérieure; es deux dents de devant plus grandes que les autres; deux li- gnes latérales ; la supérieure se terminant un peu au delà de la dorsale, et s'y réunissant à la la- térale opposée ; l'inférieure Com- mençant à peu près au-dessous du milieu de la dorsale, etallant jusqu'à la caudale, qui est ar- rondie. Onze rayons aiguillonnés et vingt- sepi rayons articulés à la dorsale, deux rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à l'anale; les dents de la mächoire inférieure à peu près égales; la tête et les opercules garnis d'écailles sem- blables à celles du dos; chaque opercule terminé en pointe; la caudale très-arrondie. Vingt rayons à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire de l'anus; les dents des deux mâ- choires grandes et séparées; la tête et les opercules dénués d'é- cailles semblables à celles du dos; les écailles grandes et bordées d'une couleur foncée; point de ligne latérale facilement visible ; une bande transversale à la base de la caudale, qui est arrondie. Cinq rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsale, qui est basse ; deux rayons aiguillon- nés et onze rayons articulés à l'a- pale; le museau avancé; les dents de la mâchoire supérieure pres- que horizontales ; deux ligues la- térales se réunissant en une vers le milieu de la nageoire du dos; la caudale Rai des taches 2 250 ESPÈCES. 112. LE LABBE PARTERRE, 115. Lu:FABRe SPAROÏDE. 414. Le LABRE LÉOPARD, 115. Lu: LABRE MALAPTÉRO- NOTZ.. 116. LR LABRE DIANE: 117, LE LAURE MACSODOUTE. | | HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. sur la tête et les opercules, qui sont dénués d'écailles semblables à celles du dos; une ou deux ta- ches à côté de chaque rayon de la dorsale et de l'auale; la sur- face du corps et de la queue, di- visée par des raies obliques, en losanges, dont le milieu présente une tache. Dix rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; dix rayons aiguillonnes et seize rayons arliculés à l'anale, qui est très-grande; la hauteur du corps égale, ou a peu près, à la lon- gueur du corps et de la queue pris ensemble ; une concuvité au- dessus des yeux; la mâchoire in- férieure plus avancée que la su- périeure ; la tête et les opercules Sarnis d’écailles semblables à celles du dos; la candale arron- die; de; taches irrégulières, ou en croissant, ou en larmes, ré- pandues sans ordre, sur chaque côté de l'animal. Neuf rayons aiguillonnés et qua- torze rayons articulés à la na- geoire du dos; deux rayons ai- guillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; l'ouver- ture de la bouche assez grande ; les deux dents de devant de cha- que mâchoire, plus grandes eve les autres ; deux pièces a chaque opercule ; la caudaie et les pec- lorales arrondies ; les rayons ai- guillonnés de la dorsale plus hüuts que la membrane; point d'écailles facilement visibles; une raienvire s'étendant depuis l'œil jusqu'à la pointe postérieure de l'opercule ; une bande tres-fon- cée placée sur la caudale; des ta- ches. composées de taches plus petites, et répandues sur la tête, le corps , la queue, la dorsale et l'anale, de manière à imiter les couleurs duléopard. Vingt-un rayons articulés à la na- geoire du dos; treize rayons à celle de l'anus ; la mächoire in- férieure un peu plus avaucée que la supérieure; les dents de de- vant de la mâchoire inférieure inclinées en avant ; la tête et les opercules dénués d'écailles sem- blabies à celles du dos; une tache foncée sur la pointe postérieure de l'opercule; la ligne latérale fléchie en en-bas, et formant en- suite un angle, paur se diriger vers la caudale, qui est arrondie; trois bandes blanchätres de cha- que côté du poisson. Douze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale : deux rayons aiguillonnéset treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; la nageoire dorsale pré- sentant trois portions distinctes ; la caudale arrondie; la tête et les opercules dénués d'écailles sem blables à cell:s du dos; quatre grandes dents au bout dela mä- choire supérieure ; deux grandes deuts au bout de la mâchoire in- férieure; une dent grande et lournée en avant, à chaque coin de l'ouverture de la bouche ; un petit croissant d'une couleur foncée sur chaque écaille. Treize rayons aiguillonnés et huit rayons arliculés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale ar- roudie ; les derniers rayons de la dorsale et de l'anale, plus logs ESPÈCES. 117. LE LABRE MACHODONTR. 118: LE LABBE NEUSTRIEN, 119. LB LABRE CALOPS. 329. L LE LABRE ENSANGLANTÉ: 421. Le LABRE PERRUCHE. 122. LE LABBE KESLWK. 123. LE LABRE COMBRE, \ CARACTÈRES, que les premiers; les écaille assez grandes; la partie posté- rieure de la tête relevée; quatre dents fortes el crochues à l'ex- mité de chique mâchoire ; une dent forte, crochue, et tournée en avant, auprès de Chaque coin de l'ouverture de la bouche. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aigu:ilonnés et sept rayons articulés à celle de l'anus; sept rayons à la mem- brane branchiale ; la caudale ar- rondie; les dents égales, fortes et séparées l'une de l'antre; le dos marbré d'aurore, de brun et de verdätre ; les côtés marbrés d'aurore, de brun et de blanc. Douze rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la dorsale; treize rayons à l'anale; le pre- mier et le dernier des rayons de la nageoire de l'anus articulés; l'œil très-grandiet-très-brillant; la ligne latérale droite ; les écail- les fortes:et larges; la tête dénuée d'écailles semblables a celles du dos; une tache grande et brune au delà, mais auprès de chaque nageoire pectorale. / Neufrayons aiguillonnés et quinze | | | rayons articulés à la nageoire du dos ; les dents courtes, égales et séparées l'une de:l'autre; la mäâ- choire inférieure plus avancée que: la supérieure; l'œil très- grand; la ligne latérale très-voi- sine du dos; la bauteur de l'exe trémité. de la queue, très -in- férieure a celle de sa partie antérieure ; la Gaudale arrondie; lä couleur générale argentée, avec des taches très-grandes, ir- régulieres, et couleur de sang. Dix-huit rayons à la dorsale, qui est très-basse, et à peu près de la même hauteur dans toute sa lon- gueur ; l'ouverture de la bouche très-petite ; les deux mächoires presque égales ; le corps allongé; la caudaie arrondie; la couleur générale verte ; trois raies longi- tudinales’ et rouges de chaque côté de l'animal ; une raie rouge et longitudinale sur la dorsale, qui est jaune; une bande noire sur chaque œil; une bande rouge et borde de bleu , de l'œil à l'o- rigine de la dorsale, et sur le bord postérieur de chacune des deux pièces de l'opercule. Huit rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayonsaiguillonnés et douze rayons articulés à la na- geoire ded'anu; la caudale recti- ligne; l'opercule terminé par une prolongation arrondie à son ex- trémité ; la ligne longitudinale qui termine le dos, droite, ou presque droite ; des raies longi- tudinales jaunâtres, et souvent festonnées ; une tache bleue au- près de la base de chaque pecto- rale. Vingt rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et qua- tre rayons articulés à l'anale; la caudale lancéolée; l'opercule ter- miné par une prolongation ar- rondie à son extrémité; le dos rouge ; une raie longitudinale et argentée de chaque côté del'&æ nimal. DES POISSONS. TROISIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de la queue divisée en trois lobes. ESPÈCES. 124 LE LABRE BRASILIEN. 125. LE LABRE VERT. 126. LE LaBae TRILOBÉ. 127. LE LARBE DEUX - CROIS- SENTS, 128. LE LABBE HÉBRAÎQUE, 129. Le L282B LARGB-RAIE. | CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et :qua- torze rayons articulés à la na- geoire du dos; trois rayons ai- guillonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire de l'anus ; le premier et.le dernier rayon de la caudale, prolongés en arriére, deux dents recourbées et plus longues que les autres, à la mä- choire supérieure ; quatre dents semblables à la mächoire infé- rieure; deux ou trois lignes lon- gindinles à la dorsale et a l'a- nale, Huit rayous aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; treize rayons à l'anale, le pre- mier et le dernier rayon de la caudale très - prolonges en ar- rière ; les deux dents de devant de chaque mâchoire plus longues que les autres; les écailles vertes et bordées de jaune; presque toutes les nageoires jaunes , et le plus souvent bordées ou rayées de vert. Viagt-neuf rayons à la nageoire du dos; dix-sept à celle de l'anus ; la dorsale longue et basse ; les deats grandes, fortes, et presque égales les unes aux autres; la tête et les opercules dénués d'écailles semblables à celles du dos; la li- gne latérale ramifiée, droite, flé- chie ensuite vers le bas , et enfin droite jusqu'à la caudale; des taches nuageuses. Treize rayousaiguilonnés et treize rayons articulés à la dorsale, qui présente deux portions distiuc- tes; la tête dénuée d'écailles sem- blables à celles du dos ; quatre grandes deuts à chaque mâchoire; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; une petite tache sur un grand nombre d'écalles: une grande tache de chaque côté de l'animal. auprès de l'extrémité de la dor- sale. Viogt-un rayons articulés à la na- geoire du des; treize rayons à la nageoire de l'anus; des raiesimi- tant des caractères hébraïques ou orientaux, sur la tête et les oper- cules, qui sont dénués d'écailles sembiables à celles du dos ; une petite tache à la basa d'ux très- gran& nombre d'écailles; les pec- torales d'une couleur très-claire ou trèés-vive, ainsi qu'une bande transversalesituée auprès de cha- que opercule. Quarante-deux rayons presque tous articulés à la dorsale : qua- rante-un rayons articulés à l'a- nale; la dorsale et l'anale trés- longues ; le corps allongé; la tête très-allongée, et dénuée, ainsi que les opercules, d'écailles sem- blables à celles du dos; un grand nombre de dents très-petites et égales; une raie longitudinale sur la base de la nageoire du dos; une raie longitudinale large et droite, depuis la base de chaque pectorale jusqu'à la caudale, 251 ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt-un rayons à la nageoire da dos; quinze rayons À celle de l'a- nus ; les dents petites et égales : l'opercule terminé un peu en pointe ; les écailles très difficiles àwoir ; dix-neuf bandes transver- sales, étroites , régulières, sem blables, et placées de chaque côté du poisson, de maniere à se réu- nir avec les bandes analogues du côté opposé. a60 PS8 LL LE LABRE ANNELÉ. LE LABRE HÉPATE !. Lakvus Hepatus, Linn., Gmel., Lacep.; Lutjanus adriaticus, Lacep. ; Labrus adriatieus, Linn., Gmel. ; Holocentrus triacanthus , Lacep.; Holocentrus stria- tus, Bl.; Holocentrus siagonotus , Delarothe ; Serra- nus Hépatus , Cuv.?. La nature n’a accordé aux labres ni la gran- deur, ni la force, ni la puissance. Ils ne règnent pas au milieu des ondes en tyrans redoutables. Des formes singulières , des habitudes extraor- dinaires, des facultés terribles, ou, pour ainsi dire, merveilleuses , un goût exquis , une qua- lité particulière dans leur chair , n’ont point lié leur histoire avec celle des navigations lointai- nes, des expéditions hardies, des pêches fameu- ses, du commerce des peuples, des usages et des mœurs des différents siècles. Ils n’ont point eu de fastueuse célébrité. Mais ils ont recu des proportions agréables, des mouvements agiles, des rames rapides. Mais toutes les couleurs de l'arc céleste leur ont été données pour leur pa- rure. Les nuances les plus variées, les tons les plus vifs leur ont été prodigués. Le feu du dia- mant, du rubis, de la topaze, de l’'émeraude, du saphir, de l’améthyste, du grenat, scintille sur leurs écailles polies ; il brillesur leur surface en gouttes, en croissants, en raies, en bandes, en anneaux , en ceintures, en Zones , en ondes ; il se mêle à l'éclat de l’or et de l’argent qui y res- plendit sur de grandes places, ou il relève les reflets plus doux, les teintes obscures, les aires pâles, et, pour ainsi dire, décolorées. Quel spectacle enchanteur ne présenteraient-ils pas, si appelés de toutes les mers qu’ils habitent , et réunis dans une de ces vastes plages équatoria- les, où un Océan de lumière tombede l'atmos- 4 Labre-hépate. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— « Labrus maxillà inferiore. « longiore, caudä bifurcä, etc. » Artedi, gen. 55, syn. 55. 2 Ce poisson n'est pas un Labre. M: Cuwier le place-dans son genre Serran , de la famille des Acanthoptérygiens per- coïdes, sous le nom de Petit Serran à tache noire sur la dorsale, ou Sacchetto des Vénitiens. M. de Lacépèie l'a décrit trois fois-sous les noms, 4° de Labre hépate, 2 de Luljan adrialique, et 5° d'Holocentretriacanthe. D. 202 phère qu'il inonde, sur les flots qu’il pénètre, il- lumine, dore et rougit, ils pressaient, mélaient confondaient leurs groupes nombreux, émaillés et éclatants, faisaient jaillir au travers du cris- tal des eaux et de dessus les facettes si mul- tipliées de leur surface luisante, les rayons abondants d’un soleil sans nuages, et présen- taient dans toute la vivacité de leurs couleurs, avec toute la magie d’une variété presque infi- nie, et par le pouvoir le plus étendu des con- trastes, la richesse de leurs vêtements, la ma- gnificence de leurs décorations, et le charme de leur parure! C’esten les voyant:ainsi rassemblés, que l’ami de la nature, que le chantre des êtres créés, rappelant dans son âme émue toutes les jouis- sances que peut faire naître la contemplation des superbes habitants des eaux, et environné, par les prestiges d’une imagination animée , de toutes les images riantes que la mythologie ré- pandit sur les bords fortunés de l'antique Grèce, voudrait entonner de nouveau un hymne à la beauté. Une philosophie plus calme et plus tou- chante suspendrait cependant son essor poéti- que. Un présent bien plus précieux, dirait-elle à son cœur, a été fait par la bienfaisante nature à ces animaux dont la splendeur et l’élégance plaisent à vos yeux. Ils ont plus que de l'éclat, ils ont le repos ; l’homme du moins ne leur dé- clarepresquejamaislaguerre; et si leur asile, où ils ont si peu souvent à craindre les filets ou les lignes des pêcheurs, est quelquefois troublé par la tempête , ils peuvent facilement échapper à l'agitation des vagues, et aller chercher dans d’autres plages, des eaux plus tranquilles et un séjour plus paisible. Tous les climats peuvent en effet leur convenir. Il n’est aucune partie du globe où on ne trouve une ou plusieurs espèces de labres; ils vivent dans les eaux douces des rivières du Nord, et dans les fleuves voisins de l'équateur et des tropiques. On les rencontre auprès des glaces amoncelées de la Norvège ou du Groenland, et auprès des rivages brülants de Surinam ou des Indes orientales; dans la haute mer, et à une petite distance des em- | bouchures desrivières ; non loin de la Caroline, et dans les eaux qui baignent la Chine et le Ja- pon; dans le grand Océan, et dans les mers in- térieures, la Méditerranée, le golfe de Syrie, l’Adriatique, la Propontide, le Pont-Euxin, l’Arabique ; dans la mer si souvent courroucée d'Écosse, et dans celle que les ouragans soulè- | HISTOIRE NATURELLE vent contreles promontoires austraux de l'Asie et de l’Afrique. De cette dissémination de ces animaux sur le globe, de cette diversité de leurs séjours, de cette analogie de tant de climats différents avec leur bien-être, il résulte une vérité très-impor- tante pour le naturaliste, et que nous avons déjà plusieurs fois indiquée : c’est que les oppo- sitions d’un climat à un autre sont presque nulles pour les habitants des eaux; que l’in- fluence de l'atmosphère s’arrête , pour ainsi dire, à la surface des mers; qu’à une très-petite distance de cette même surface et des rivages qui contiennent les ondes, l’intérieur de l'Océan présente à peu près dans toutes les saisons et sous tous les degrés d’élévation du pôle, une température presque uniforme , dans laquelle les poissons plongent à volonté etvont chercher, toutes les fois qu’ils le désirent, ce qu’on pour- rait appeler leur printemps éternel ; qu’ils peu- vent, dans cet abri plus ou moias écarté et sé- paré de l’inconstante atmosphère, braver et les ardeurs du soleil des tropiques, et le froià ri- goureux qui règne autour des montagnes con- gelées etentassées sur les Océans polaires ; qu’il est possible que les animaux marins aient des retraites tempérées au-dessous même de ces amas énormes de monts de glace flottants ou immobiles; et que les grandes diversités que les mers et les fleuves présentent relativement aux besoins des poissons, consistent principale- ment dans le défaut ou l’abondance d’une nour- riture nécessaire, dans la convenance du fond, et dansles qualités de l’eau salée ou douce, trou- ble ou limpide, pesante ou légère, privée de mouvement ou courante, presque toujours pai- sible ou fréquemment bouleversée par d’horri- bles tempêtes. Il ne faut pas conclure néanmoins de ce que nous venons de dire, que toutes les espèces de labres aient absolument la même organisation: les unes ont le dos élevé, et une hauteur re- marquable relativement à leur longueur , pen- dant que d’autres, dontie corps et la queue sont tres-allongés, présentent dans cettemême queue unerame plus longue, plus étendue en surface, plus susceptible de mouvements alternatifs et | précipités. La longueur , la largeur et la figure des nageoires offrent aussi de grandes différen- ces, lorsqu'on les considère dans diverses espè- ces de labres. D'ailleurs plusieurs de ces pois- sons ont les yeux beaucoup plus gros que ceux DES POISSONS. de leurs congénères, et conformés àe manière à leur donner une vue plus fine, ou plus forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée par la vive lumière des régions polaires; ou par les rayons plus éblouissants encore que le soleil répand dans les contrées voisines des tropiques. De plus, la forme, les dimensions, le nombre et la disposition desdents varient beaucoup dans les labres, suivant leurs différentes espèces. Ceux-ci ont des dents très-grandes , et ceux-là des dents très-petites ; dans quelques espèces ces armes sont égales entre elles, et dans d’au- tres très-inégales ; et enfin, lorsqu'on examine successivement tous les labres déjà connus, on voit ces mêmes dents tantôt presque droites et tantôttrès-crochues, souventimplantées perpen- diculairement dans les os des mâchoires, etsou- ventinclinées dans un sens très-oblique. Il n’est donc pas surprenant qu’il y ait aussi de la di- versité dans les aliments desdifférentes espèces que nous allons décrire rapidement; et voilà pourquoi, tandis que la plupart des labres se nourrissent d'œufs, de vers, de mollusques, d’in- sectes marins, de poissons très-jeunes ou très- petits, quelques-uns de ces osseux, et particu- lièrement le tancoïde , qui vit dans la mer Britannique, préfèrent des crustacées ou des animaux à coquille, dont ils peuvent briser la croûte , ou concasser l’écaille. Au reste, si les naturalistes qui nous ont pré- cédés ont bien observé les couleurs et les for- mes d’un assez grand nombre de véritables la- bres, ils se sont peu attachés à connaître leurs habitudes générales , qui ne présentant rien de différent de la manière de vivre de plusieurs genres de thoracins osseux n'ont piqué leur curiosité par aucun phénomène particulier etre- marquable. Nous n'avons donc pu tirer de la diversité des mœurs de ces poissons, qu’un petit nombre d'indications pour parvenir à dis- tinguer les espèces auxquelles ils appartien- nent. Mais en combinant les traits de la con- formation extérieure avec les tons et les distri- butions des couleurs, nous avons obtenu des caractères spécifiques d'autant plus propres à faire éviter toute équivoque , que la nuance et surtout les dispositions de ces mêmes couleurs m'ont paru constantes dans les diverses espèces de labres, malgré les différences d’âge, de sexe et de pays natal, que les individus m'ont pré- sentées dans les nombreux examens que j'ai été à portée d’en faire ; et c'estainsi que nous avons 255 pu composer un tablœæa sur lequel on distin guera sans peine les signes caractéristiques des cent vingt-huit espèces de véritables labres que l’on devra compter d’après les recherches que j'ai eu le bonheur de faire. La première de ces cent vingt-huit espèces qui se présente sur le tableau méthodique de leur genre, est l'hépate. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans ce tableau ‘, que l’on trouve ce poisson dans la Méditerranée , et dans quel- ques rivières qui portent leurs eaux au fond de l'Adriatique; que son museau est pointu; que son palais montre un espace triangulaire hé- rissé d’aspérités, et que ses mâchoires sont gar- nies de petites dents. LE LABRE OPERCULÉ 2. Labrus operculatus, Linn., Gmel., Lacep. ‘. Le Labre Aurile 4, L. auritus, Linn., Gm.; Pomotis vulga- ris, Cuv.5.— Z. Faucheur $, L,. falcatus, Linn., Gm., Lac.'.— Z. Oyênes, L. Oyena, Forsk.; Gerres Oyena, Cuv.?. — L. Sagiltaire ,L. jaculatrix et Scarus Schlos seri, Lac.; Toxotes jaculator, Cuv.‘#.— Z. Cappa #?, Sciæna Cappa, Linn., Gm.;L. Cappa, Lac. ‘%.— L, Lépisme 4, Sciæna Lepisma, Linn,, Gmel.; L. Lepisma, Lac. 45,— Z. Unimaculé 14, Sciæna unimaculata, Linn., Gmel.; L. uni- maculatus , Lac. 47,— L. Bohar #, Sciæna Bohar, Forsk., L. Bohar, Lac.; Diacope Bohar, Cuv.{?.— Z. Bossu 2%, Sciæna gibba, Forsk.; L. gibbus. Lac. #4. L'operculé et le sagittaire habitent les mers qui baïignent l'Asie, et particulièrement le grand 445 rayons à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 3 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguil- lonnés et 6 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 2 Amœænit. academ. 4, p.248. — Labre mouche. Dauben ton et Haüy, Enc. méth. — Zd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. 4 Labre aurile. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /4. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Du genre POMGTIs , famille des Acanthoptérygiens per- coïdes, Cuv., Hist. des Poissons, t. I{I, p.91. D. $ Labre faucheur. Daubenton et Haüy. Enc. méth. — Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 7 Non mentionné par M. Cuvier. D. 8 Forskael, Faun. Arab., p. 56, n. 29. — Labre oyéne, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Ce poisson a été décrit trois fois par M. de Lacépède, sous des noms différents , savoir : 4° Labre oyène , 2° Spare bre- ton, et 5° Labre long museau. M. Cuvier le place dans son genre Gerres, de la famille des Menides, dans l'ordre des Acanthoptérygiens. D. 10 Sciène sagitlaire. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Trans. phil., t. 56, p. 187. 4 Le Labre sagittaire a été décrit par M. de Lacépède une seconde fois sous le nom de Scare de Schlosser.{l appartient au genre Toxotes, que M. Cuvier ranse dans sa famille des squamipennes de l'ordre des Acanthoptérygiens. D. ‘3 Mus Ad. Frid. 2, p. 81,".—Sciène daine. Bonnäterre, 254 golfe de l’Inde; la mer d’Arabie nourrit l’oyène, le bohar et le bossu ; la Méditerranée est le sé- jour du cappa et de l’unimaculé; et c’est dans | les eaux douces ou dans les eaux salées de l’A- mérique septentrionale que vivent l'aurite et le faucheur. Les dents du faucheur sont aiguës ; celles de l’oyène nombreuses et très-courtes ; Punimaculé a queire dents à la mâchoire d’en baut, et six dents un peu grandes, ainsi que quelques autres plus petites, à la mâchoire d’en bas. D'ailleurs l'opereulé ! présente de pl. de l'Enc. méth. — 7d: Daubenton et{Haüy, Enc. méth. 4 Non mentionné parM.Cuvier. D. 1* Sciène lépisme. Bonnaterre, pl. del'Enc. méth. — /d. | Daubenton et Haüy, Enc. méth. 45 Non mentionné par M. Cuvier. D. 46 Sciène mouche. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— /d. Daubenton et Hiüy, Enc méth. ‘7 M. Cuvier remarque que la description du Labre unima- | culé est celle d'un Picarel (Smaris), et que la figure de M. de Lacépède se rapporte à son Mesoprion à stigmate, Mesoprion monostigma, Hist. nat. des Poissons, t. II, p.446. D. +# Forskael, Faun. Arab., p. 46, n. 48. — Sciène bohar. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ‘ Du genre Diacope, Cuv., dans la famille des Acanthopté- rygiens percoïles. D. 20 Forskael, Faun. Arab., p. 46, n. 48. — Sciène nagil. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 Non meutionné par M. Cuvier. D. 446 rayons à chaque nagevire pectorale de l'operculé, 1 rayon aiguillonué et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 15 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à la nageoire | de l'anus, 16 rayons à celle de la queue. — 10 rayons aiguil- lonnés et {1 rayons articulés à la nageoire dorsale de Laurite, 15 rayons à chacune des pectorales, 6 à chacune des thora- eines, à rayons aiguillonnés;et 10 rayons articulés à Fanale, 17 rayons à la caudale. — 20 rayons articulés à la nageoire | dorsale du faucheur, 17 rayons à chacune des pectorales, 5 à | chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonnés et 47 rayons articulés à l'anale, 20 rayous à lacaudale.— 15 rayons à cha- eune des pectorales de l'oyène , 4 rayon .aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguil- lonnés et 7 rayons articulés à l'anale, 16 rayons à la caudale. — 4 rayons aigsuillonnés et 11 rayous articulés à la nageoire dorsale du sagittaire, 12 rayons à chacune des pectorales, {1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des tho- racines, 3 rayons aiguillonnés et 45 rayons articulés à l'a- nale, 17 rayons à la caudale. — 46 rayons à chacune des pectorales du cappa, { rayon aïguillonné et5 riyons articu- lés a chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonrés et 40 rayons articulés à l'anale, 17 rayons à la caudale.—411 rayons à chaque nageoire pectorale du lépisme, 4 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines ,5 rayons ai- guillonnés et 8 rayons articulés à l'anale , 15 rayons à la cau- dale. — 15 rayons à chacune ‘des nageoires pectorales de l'unimaculé, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cha- cuue des thoracines , 5 rayons aiguillonnéset 9 rayons arti- culés à l'anale, 17 rayons à la caudale. — 7 rayons à la membrane branchiale du bohar, 46 rayons à chacune des pec- torales, { rayou aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonnés-et!9 rayons articulés à l'anale, 47 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale du bossu , 40 rayons aiguillonnés et 5 rayons arti- culés à la nageoire du dos , 46 rayous à chacune des pecto- rales, { rayon aiguillonnéet3 rayons articulés a chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonnés et9 rayons articulés à l'a- üale, {17 rayous à la caudale. HISTOIRE NATURELLE petites taches noires sur le derrière de Ja tête ; le faucheur, une couleur argentée ; l’oyène, des nageoires d’un vert de mer, et quelquefois des raies rouges ; et le sagittaire, des nuances d’un | jaune doré. LE LABRE NOIR !. Sciæna nigra, Forsk.; Labrus niger, Linn., Gmel,, Lacep. ; Diacope nigra , Cuv. ?, Labre Argenté, Sciæna argentata, Forsk.; Linn., Gmel.; L. argentatus , Lacep.; Diacope argentimaculata, Cuv.4. — L. Nébuleux 5, Sciæena nebulosa, Linn., Gmel.; L. ne- bulosus , Lac. . —'Z. Grisatre T, Sciæna cinerascens, Linn., Gmel.; L. cinerascens, Lac. $.— Z, 1rmé *, Sciæna armata, Forsk.; L. armatus, Lacep. 4°. Z. Chapelet, L. Catenula, Lac.; Chrysophris bifasciatus, Cuv.; Chœtodon bifasciatus , Forsk. 41,—Z. Long-museau, L. longirostris, Lac. 12,— Z. Thunberg 4, L. Thunberg, Lac. 4,—L,Gri- son 45, L. griseus, Linn., Gmel., Lac. 16.—L. Croissant", L. lunaris, Linn., Gmel., Lac.; Julis lunaris, Cuv. 48, On peut remarquer aisément que l'extrémité de chaque mâchoire du labre noir est dépour- vue de dents , et que son gosier est garni d’un très-grand nombre de dents petites et effilées ; dans l’argenté, les dents sont d’autant plus grandes qu’elles sont plus éloignées du bout + Forskacl, Faun. Arab., p. 47, n. 49. — Sciène gatie. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ? Du genre Diacope dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 5 Forskael, Faun. Arab., p.47, n. 50, — Sciéène schaafen. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Du genre Diacope dansla famille des Acanthoptérygiens percoïdes de M. Cuvier. Selon ce naturaliste, la figure du Labre argenté de M. de Lacépède est celle d'une girelle. ‘D. 5“ Forskael, Faun. Arab, p. 51, n.61.— Sciéne bonkose. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Non mentionné par M. Cuvier, D. TForskael, Faun. Arab., p. 35, n: 66. — Sciéne talmel. Bonvuaterre, pl. de l'Enc. méth. # Non cité par M. Cuvier. D. * Forskael, Faun. Arab., p.55, n. 68. — Sciéne galenfish. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. «0 M. CGuvier ne fait pas mention de cepoisson. D. #4 Ce poisson est décrit trois fois par M, de Lacépède, sous les noms : 4° de Labre chapelet , 2 de Spare mylio et 3° d'Holocentre rabagi. M. Cuvier le place dans son genre Daurade de la famille des Acanthoptérygiens sparoïdes. D. 43 Non mentionné par M.Cuvier. D. 45 Sciæna fusca. Thunberg, Voyage au Japon. 44 Non mentionné par M. Cuvier. D. 45 Catesb. Carolin. 2, p. 9, tab. 9 — Zabre grison. Dau- benton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 4# Non cité par M. Cuvier. D. 17 Gronov. Mus.2, n. 180, tab. 6. fig. 2.—Zabre croissant. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre, pliide l'Enc. méth. 48 Le Labrus lunaris de Bloch est différent de celui de Gronovius. Selon M, Cuvier, qui fait cette remarque, c'est une Girelle mal conservée, peut-être de l'espèce de la Girelle turque, Julis turcica, Risso. D. DES POISSONS. du museau; six grandes dents arment la mâ- choire supérieure du chapelet; et les deux mâ- choires du thunberg en présentent chacune quatre plus grandes que les autres. La ligne la- térale du croissant n'est courbe que jusqu’à la fin de la nageoïire du dos. L’armé montre un | aiguillon presque horizontal, tourné en avant, et situé entre la tête et la dorsale; ce qui lui donne un rapport assez grand avec lès cæsio- mores, dont il diffère néanmoins par plusieurs | traits, et avec lesquels il serait impossible de le confondre, par cela seul que les cæsiomores ont au moins deux piquants entre la dorsale et le derrière de la tête ! Au reste, complétons ce que nous avons à faire connaître relativement aux couleurs des dix labres nommés dans cet article, en disant que le noir tire son nom d’un noir ordinaire- ment foncé qui règne sur sa partie supérieure, et dont on voit des teintes au milieu des nuan- ces blanchâtres et brunes de son ventre; que les écailles de l’argenté sont brunâtres et bor- dées d’argent, et qu’une bandelette bleue parait au-dessous de chaque œil de ce poisson ; quele nébuleux offre des taches nuageuses bleues: et jaunâtres , et quelquefois des raies longitudina- les inégales en largeur, et de diverses nuances de rouge ou de violet; que le grisâtre est d’un gris tirant sur le vert, avec des raies longitu- dinales jaunes, et un liséré blanc autour des pectorales; que la dorsale et l’anale de l’armé sont blanches et bordées de noir , pendant que sa caudale est brune et lisérée de blanc; que l'on peut compter, sur chaque côté du long- 47 rayons à la membrane branchiale du labre noir, {6 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et Brayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguil- lonnés et 9 rayons articulés à l'anale, 47 rayons à la caudale. — 7 rayons à la membrane branchiale de l'argenté, 17 rayons à chaque nageoire pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale, 18 rayons à la caudale. — 45 rayons à chaque nageoire pectorale du nébuleux, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 47 rayons à la caudale. — 7 rayons à la membrane branchiale du grisätre, 18 rayons à chaque nageoire pectorale, { rayon aigaillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, Srayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à l'anale, 15 rayons à la caudale. — 5 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus du long-museau: — 6 rayons à la mem- brane branchiale du thunberg, 45 rayons à chaque nageoire pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines , 5 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés a l'anale, 49 rayons à la caudale.— 17 rayons à chaque nageoire pectorale du croissant, 6 à chacune des thoracines, 5 rayons aiguilionnés et 14 rayons articulés à l'anale, 46 rayons à la caudale, 25% museau, quatre ou cinq petites raies longitudi- nales, et trois ou quatre séries de taches 4rès- petites et éloignées l’une de l’autre; et enfin, qu’une couleur brune, ainsi qu’une bordure blanche, distinguent les écailles du thunberg. De ces dix labres, il en est deux , le Chape- letet le Long-museau, qui ne sont pas encore connus des naturalistes, et dont nous avons fait graver la figure d’apres des dessins de Commer-: son. On les trouve dans le grand golfe de l’Inde et’ dans les mers voisines: de ce golfe. C’est aussi dans: ces mêmes mers, et particulière ment dans celle: d'Arabie, qu’habitent le noir, l’argenté, le nébuleux, le: grisâtre et l’armé:; les eaux salées qui mugissentsi souvent autour des rivages orageux du Japon, nourrissent le Tlyunberg, auquel nous: avons-cru devoir, par reconnaissance, donner le nom de l’habile voya- geur qui l’a observé et décrit; le Grison:vit dans l'Amérique septentrionale; et le Crois- sant préfère les eaux. de l'Amérique méridio- pale; ainsi que celles des grandes Indes. LE LABRE FAUVE , Labras rufus, Linn., Gmel., Lacep. 2. Le Labre de Ceylan ‘, L. zeylanicus, Linn., Gmel., Lac. #. — L. Deux-bandes®, L. bifasciatus, Bloch, Lac.; Julis bi- fasciata, Cuv. °.— Z. Mélagastr'e 7, L, melagasier, Bloch, Lac.; Cheilinus, melagaster, Cuv. #. -—- Z. Malaptére®, L. malapterus, Bloch, Lac.; Julis malaptera, Cuv.40. — Z. à demi-rouge 4, L, semiruber, Lac. ‘7, — L. Tétracanthe, L. tetracanthus, Lac.; Percis cancellata, Cuv.45.—Z. Demi- disque, L. semidiscus, Lac.; Julis semidiseus, Cuv, 11.— L. Cercle, L. doliatus, Lac.; Julis doliata, Guv:45,—ZL. He- rissé, L, hirsutus, Lac., Cuv. tt, Le fauve, qui parvient communément à la longueur de trois ou quatre décimètres, est, sur 4 Catesby, Carol. 2, p. 44, tab. 11. — Zabre fauve. Dau- bentonet Haüy, Enc. méth.-- /d. Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. 2 Ce poisson n'a pas été cité par M. Cuvier. D. 5 Dschirau-malw, par les Chingulais.— Papegaay-visch, à Batavia, — J. R. Forster, Ind. zool., tab. 15, fig. 5. 4 Non mentionné par M.Cuvier. D. Labre à deux bandes. Bloch. pl. 285. $ Du sous-genre Girelle (Julis) dans le grand genre Labre de la famille des Acanthoptérygiens labroïdes. D. 1 Labremélagastre. Bloch, pl. 296, fig. 1. # Du sous-genre Cheiïline, dans le grand genre Labre de la famille des Acauthoptérygiens labroïdes. D. % Labre à nageoires molles. Bloch, pl. 296, fig. 2. 46 Du sous-geure Girelle, dans le grand genre des Labres, selon M. Cuvier, qui remarque que ce poisson paraît être le mème que le Coris angulé de M. de Lacépède ; les Coris de ce dernier naturaliste n'étant que des Girelles à queue tronsaée, dont on n'a que des figures fautives en ce que le préopercule n'y est pas séparé de l'opercule. D, 296 toute sa surface, d'un roux plus ou moins mêlé de jaune ou d’orangé. Le ceylan , dont les di- mensions sont ordinairement plus grandes que celles du fauve, a la tête bleue, la dorsale et l’anale violettes et bordées de vert, et la cau- dale jaune, rayée de rouge, et bleue à la base. La partie supérieure du labre deux-bandes est grise; sa tête violette; sa poitrine blanche; sa dorsale rougeâtre et bordée de bleu , ainsi que son anale; chacune de ses pectorales jaune, de même que les thoracines; et la caudale brune avec une grande tache bleue. Les écailles qui recouvrent le mélagastre sont variées de brun et de noir, excepté celles qui revêtent le ventre, et qui sont noires comme les nageoires. La cou- leur générale du malaptère est d’un blanc bleuä- tre , avec cinq taches noirâtres de chaque côté, et les nageoires nuancées de jaune et de bleu. Quatre rangées de taches presque rondes, à peu près égales et très-rapprochées l’une de l'autre, paraissent sur chaque côté du tétra- canthe, qui d’ailleurs a des points noirs répan- dus sur sa caudale. Le hérissé montre sur sa queue une large bande transversale. Voilà ce que nous devions ajouter au tableau générique, pour bien faire reconnaître les cou- leurs des dix labres que nous considérons main- tenant. Les trois derniers de ces labres, c’est-à-dire le hérissé, le cerclé et le demi-disque, dont nous avons fait graver la figure d’après les des- sins de Commerson, et dont la description m'avait pas encore été publiée, habitent dans le grand golfe de l’Inde ou dans les mers qui communiquent avec ce golfe. Nous ignorons la patrie du tétracanthe, que nous avons fait des- siner d'après un individu conservé dans de l'al- cool , et qui faisait partie de la collection cédée par la Hollande à la France. Le demi-rouge, dont nous avons trouvé une description éten- due dans les manuscrits de Commerson, fut vu par ce voyageur, en juin 1767, dans le 4 Labrus semiruber, semiflavus. Labrus hemichrysus. Commerson, manuscrits déjà cités. 41 Non cité par M. Cuvier. D. 45 M, Cuvier place ce poisson dans son genre Percis, de la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. Il remarque que M. de Lacépède l'a décrit une seconde fois sous le nom de Bidian tétracanthe. D. 44 Du sous-geure Girelle, dans le grand genre des Labres, Cuy. D. 45 Du sous-genre Girelle, dans le grand genre des Labres, de la famille des Acanthoptérygiens labroïdes, Cuv. D. 4 Le Labre hérissé est un labre proprement dit pour M, Cu- ver. D. HISTOIRE NATURELLE marché aux poissons de la capitale du Brésil. Surinam est la patrie du mélagastre; la Caro- line, et en général l'Amérique septentrionale , celle du fauve; Ceylan, celle du labre qui porte le nom de cette grande île, et que l’on dit bon à manger ; les eaux des grandes Indes nour- rissent le labre deux-bandes, et celles du Japon, le malaptère ‘. Finissons cet article en parlant de quelques traits de la conformation de ces animaux, que nous n’avons pas encore indiqués. La mâchoire inférieure du fauve est plus longue que la supérieure; les dents antérieu- res de la mâchoire d’en haut sont plus longues que les autres, dans ce même poisson, dans le deux-bandes , dans le malaptère ; les dents des deux mâchoires sont presque égales les unes aux autres en longueur et en grosseur , dans le mélagastre , dans le demi-disque , dans le cer- clé. La ligne latérale du mélagastre est inter- rompue; celle du tétracanthe est peu sensible, celle du cerclé très-droite pendant la plus gran- de partie de sa longueur ; et la base de la na- geoire de l’anus du labre à demi rouge est re- vêlue d’écailles, comme une partie de la base de la nageoire du dos de ce même poisson ?. 417 rayons à chaque nageoire pectorale du labre fauve, 6 rayons à chaque thoracine, 16 à la caudale. — 5 rayons à la membrane branchiale du labre deux-bandes, 42 à chaque na- geoire pectorale , 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 45 rayons à la caudale. — 5 rayons à la membrane branchiale du mélagastre , 12 à chaque nageoire pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 5 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l'a- nale, 19 rayons à la caudale. — 12 rayons à chaque nageoire pectorale du malaptère , 6 à chaque thoracine, 16 à la cau- dale. — 5 rayons à la membrane branchiale du labre à demi rouge, 146 à chaque nageoire pectorale, { rayon aiguil- lonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 5 rayons ai- guillonnés et 13 rayons articulés à l'anale, 14 rayons à la caudale. — 18 rayons articulés à la nageoire de l'anus du té- tracanthe, 14 rayous à la nageoire de l'anus du demi-disque, 15 à la caudale. — {4 rayons à la nageoire de l'anus du cer- clé, {1 à la caudale. — 4 rayons aiguillonnés et 9 rayons ar- ticulés à la nageoire de l'anus du hérissé, 15 rayons à la cau- dale. 2 Commerson, dans la description manuscrite et latine que nous avons sous les yeux, dit que l'opercule du demi-rouge est composé de deux pièces, et que le bord de la pièce anté- rieure est très-légèrement dentelé. Les différentes comparai- sons que nous avons été à même de faire des expressions employées par ce voyageur daus son manuscrit latin, avec les dessins exécutés sous sa direction, ou avec des individus des espèces qu'il avait décrites, nous ont portés à croire que ce naturaliste n'avait pas voulu indiquer autour de la lame antérieure de l'opercule du demi-rouge, une dentelure pro- prement dite et telle que celle qui caractérise le genre de nos | lutjans. Si cependant des observations ultérieures faisaiemt | reconnaître dans ce poisson mi-parti de rouge et de jaune l une veritable dentelure operculaire , il serait facile de le re= DES POISSONS. LE LABRE FOURCHE, Labrus Furca, Lacep. t. Labre six-bandes, Labrus sexfasciatus, Lac.; Glyphiso- don cælestinus, Solander, Cuv.; Chætodon saxatilis , BI. 2. — L. Macrogastère, L. macrogaster, Lac.; Chætodon bengalensis, Bl.; Glyphisodon bengalensis, Cuv.5. —Z. Fi- lamenteux , L. filamentosus, Lac.; Chromis filamentosus, Cuv.t.- L. Anguleux, L. angulosus, Lac.; Sciæna Sam- mara, Forsk.; Holocentrum Sammara, Cuv.®.— L. Huit- raies, L. octovittatus et L. Kasmira, Lac.; Holocentrus bengaleusis et H.3-lineatus, Bl.; Sciæna Kasmira, Forsk.; Diacope 8 lineata, Cuv. *. — Z. Moucheté, L. punctulatus, Lac.; Serranus punciulatus, Cuv. 7. — L. Commersonien, L. Commersonii et Lutjanus microstomus . Lac.; Sciæna Nageb, Forsk.; Pristipoma Commersonii., Cuv.®.— L. Lisse, L. lævis, Lac.; Bodiauus cyciostomus et Bod. melanoleu- eus, Lac.; Plectropoma melanoleucum , Cuv. *. — ZL. Ma- croplére, L. macropterus, Lac.; Centrarchus irideus, Cuy. 10, Aucun de ces dix labres n'est encore connu des naturalistes; nous en avons fait graver la figure d’après les dessins trouvés parmi les ma- nuscrits de Commerson, que Buffon nous re- mit iorsqu'il nous engagea à continuer l'Histoire vaturelle ; et voilà pourquoi nous avons donné à l’un de ces poissons le nom de Labre Com- mersonien. La patrie de ces dix espèces est le grand golfe de l'Inde; et on peut aussi les trouver dans la partie du grand Océan qui est comprise entre la Nouvelle-Hollande et le con- tinent de l’Amérique, ainsi que dans cette mer si souvent bouleversée par les tempêtes, et qui bat la côte sud-est de l'Afrique et les rives de Madagascar. Leur forme et leurs caractères trancher du genre de nos labres, et de le transporter dans ce- lui des lutjans dont nous nous occuperons bientôt, 4 Non cité par M. Cuvier, D 3? Du genre Glyphisodon, dans la famille des Acanthoptéry- giens sciénoïdes, Cuy. D. # Du genre Glyphisodon, selon M. Cuvier. D. + Du genre Chromis, dans la famille des Acanthoptérygiens labroïdes, Cuv. D. 5 M. Cuvier décrit ce poisson sous le nom d'Holocentre Sammer, et le place dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. “ Le Labre huit-raies ne diffère pas spécifiquement du Labre kasmira décrit ci-après. M. Cuvier le range dans son genre Diacope de la famille des Acanthoptérygiens percoï- des. D. * Le Labre moucheté est un Serran pour M. Cuvier. Con- séquemment il appartient à la famille des Acanthoptérygiens percoïides. D. * Le Labre commersonien est décrit une seconde fois par M. de Lacépède, sous le nom de Lutjan microstome. M. Cu- vier le rauge dans son genre Pristipome de la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D, * Le Labre lisse est décrit deux autres fois par M. de Lacé- pède, sous les noms de Bodian melanoleuque et de Bodian cycloslome. C'est un Plectropome pour M. Cuvier, qui le piace dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. * Du genre Centrarchus dans la famille des Acanthoptéry- gieus percoïdes, Cuv. D. 257 distinctifs sont trop bien représentés dans les planches que nous joignons à cette Histoire, pour que nous ayons besoin d'ajouter beaucoup de détails à ceux que renferme le tableau géné- rique. On peut voir aisément que le macroptè- re, qui tire son nom de la grandeur de ses na- geoires du dos et de l'anus !, a la mâchoire in- férieure un peu plus avancée que la supérieure, et vraisemblablement garnie, ainsi que cette dernière, de dents très-petites; que l’anguleux et le six-bandes doivent avoir des dents très-fi- nes ; que celles du filamenteux et du macrogas- tère sont très-courtes et presque égales les unes aux autres ; que la ligne latérale de ce même macrogastère ? est interrompue; qu’une tache irrégulière et foncée, et cinq ou six petits points blancs, sont placés sur chaque côté de la na- geoire* dorsale de l’anguleux ; et que la dorsale du huit-raies est bordée de noir ou de brun. LE LABRE QUINZE-ÉPINES, Labrus quinquedecim-aculeatus, Lacep. ; Chromis 15-spinosus, Cuy. 1. Le Labre Macrocéphale, Labrus macrocephalus, Lac.; Den- tex macrocephalus, Cuv.5.— L. Plumiérient, L. Plu- mierii, Lac.; Perca formosa, Linn.; Hæmulon formosum, Cuv.7. — L. Gouan#, L. Gouanii, Lac, ?, — Z. Ennea- canthe, L. enneacanthus, Lac.; Sparus fasciatus, Bloch ; Cheilinus fasciatus, Cuv.4°.—Z. Rouges-raies 4, L, rubro- lineatus, Lac. ‘?. Ces six labres sont encore inconnus des na- 4 Maxpdç veut dire long ou grand; et TTEpOV, aile ou na- geoire. 2 Taorhp signifie ventre. On peut voir sur le tableau géné- rique, que le macrogastère a en effet le ventre très-gros. #2 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à la ageoire de l'anus du labre fourche.—12 rayons à chaque pectorale du six-bandes , 10 à l'anale. — 10 rayons à chaque nageoire pec- torale du macrogastère, 44 à l'anale, 41 à la caudale, — 13 rayons à la nageoire caudale du filamenteux. —6 ou 7 rayons un peu éloignés l'un de l'autre à chaque nageoire pecturale de l'anguleux, 5 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés à l'anale, 44 rayons à la caudale. — 16 rayous à la nageoire caudale du huit-raies. — 12 ou 15 rayons à la nageoire caudal du moucheté. — 12 rayons à chaque nageoire pectorale du lisse, 14 à l'anale, 16 ou 17 rayons à la caudale. + Du genre Chromis, dans la famille des Acanthoptérygiens labroïdes, Cuv. D. Du genre Denté, Dentex, daus la famille des Acanthop- térygiens sparoïdes, Cuv, D. * Turdus aureo-cæruleus. Plumier, peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle. 1 Du genre Gorette, Hæmulon, dans la famille des Acan- thoptérygiens sciénoïdes, Cuv. D. “Un individu de cette espèce, conservé dans de l'alcool, faisait partie de la collection hollandaise donnée à la Frauce. * Non mentionné par M. Guvier. D. 4° Du sous-genre Cheiline, dans le grand genre Labre, de la famille des Acanthoptérygiens labroïdes. Cuv, D. 33 258 turalistes; le premier sous-genre de la famille des véritables labres en renferme donc, sur quarante-huit espèces, vingt-trois dont la des- cription n’a pas encore été publiée. C’est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans l'article intitulé: De la nomenclature des La- bres, des Cheilines, des Cheilodiptères, ete. Le rouges-raies que Commerson a décrit avec beaucoup de soin dans son reeueil latin et ma- nuscrit, habite au milieu des syrtes et des ro- chers de corail qui environnent les iles de Ma- dagascar et de Bourbon. Nous ignorons la patrie de l’ennéacanthe ‘ et du gouan, que nous faisons connaitre d’après des individus de la collection hollandaise cédée à la France. Le plu- miérien vit en Amérique; et le macrocéphale ?, ainsi que le quinze-épines, représentés dans nos planches d’après les dessins deCommerson, . se trouvent vraisemblablement dans le grand golfe de l'Inde , et auprès des îles dites de la mer du Sud. Les dents du labre gouan sont erochues, et d'autant moins longues que leur place est plus éloignée du bout du museau. La ligne latérale est interrompue dans le quinze-épines *, dorée dans le plumiérien, et garnie, vers la tête, de petites ramifications dans le rouges-raies. Ce dernier labre a le fond de ses couleurs d’un brun plus ou moins foncé, et ses nageoires pectorales d’un rouge incarnat; et la caudale du macrocéphale est bordée, à son extrémité, d’un liséré d'une nuance vive ou très-claire. 4 « Labruslineis lateralibus plurimis rabris variegatus, « ocello pinnæ dorsalis, latissimoque ad basim caudæ, cin- « gulo, nigris. » Commerson, manuscrits déjà cités. 41 Non cité par M. Cuvier. D. 4 Emnéacanthe désigne les neuf aiguillons de la dorsale. Évréa veut dire neuf. ? Maxpèç signifie long ou grand, et eoxx veut dire téle- 12 rayons à la nageoire caudale du labre quinze-épines. — 8 rayons à chaque nageoire pectorale du macrocéphale.— 6 ou 7 rayons à la membrane branchiale du plumiérien. — 8 rayons à la membrane branchiale du gouan , 12 à chaque uageoire pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 14 rayons à la caudale, — 45 rayons à chaque nageoire pectorale du labre ennéacanthe, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des tho- ragines .5 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale, 15 rayons à La caudale. — 6 rayons à chacune des thoracines Uu rouges-raies. HISTOIRE NATURELLE LE LABRE KASMIRA !. Labrus Kasmira et Labrus octovittatus, Lacep. ; Sciæna Kasmira , Forsk., Linn. ; Holocentrus bengalensis et Holoc. 5-lineatus, BI. ; Diacope octolineata . Cuv. 2. : Ce beau poisson a le sommet de la têteblane, et la couleur générale jaune. Quelquefois sa queue montre de chaque côté une tache grande et brune. Il vit dans ia mer Rouge, aupres des rivages de l’Arabie #. LE LABRE PAON #. Labrus Pavo, Linn., Gmel., Lacep. 5. Ce labre habite dans la Méditerranée, et par- ticulierement auprès des côtes de Syrie. A l’époque où on commença à l’examiner, à le distinguer, à le désigner par un nom particu- lier, l’histoire naturelle avait fait peu de pro- grès ; le nombre des animaux déjà connus n’était pas encore très-grand; on n'avait pas découvert la plupart de ces poissons richement colorés qui vivent dans les mers de l'Asie ou de l'Amérique méridionale : le labre paon dut par conséquent frapper les observateurs par la ma- gnificence de sa parure; et il m'est pas surpre- nant qu’on lui ait donné le nom de l’oiseau que l’on regardait comme émaillé des nuances les plus vives et les plus variées. Ce labre présente en effet presque toutes les couleurs de l’arc-en- ciel, que l’on se plait à retrouver étalées avec tant de pompe sur la belle queue de l'oiseau paon ; et d’ailleurs k poli de ses écailles, le contraste éclatant de plusieurs des tons dont il brille, et les dégradations multipliées par les- { Forskael, Faun. Arab., p. 46, n. 46. — Sciène tirki. Bon- uaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 Ce poisson est déjà décrit par M. de Lacépède , sous le nom de Labre huit-raies (voy. page 237); c'est un Diacope, de la famille des Acanthoptérygiens percoïdes de M. Cuvier. D. 57 rayons à la membrane branchiale, 16 à chaque nageoire pectorale , 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cha- cune des thoracines, 17 rayons à la caudale. { Pagagallo, dans plus. contr. de l'Italie. — Zabre paon. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— « Labrus pulchre varius, etc.» Artedi, gen. 54, syn. 55. — Pavo. Säivian., fol. 225, a. ad iconem, et fol. 94 et 254. — Ja. Aldrov., L. 1, c. 4, p. 29. — Jd. Jonston, 1. 4, üt2,c.{,a.5,t.15, n. 12.— Charlet., p, 152. — Seconde espéce de tourd, nommé paon. Rondelet, part. 4, 1. 6, & 6 — « Turdus secundus pavo, etc. » Gesner, p, 1016. — « Tur- «dus perbella dictus, etc. » Willughby, Ichth., p. 522. — Raï, p.157. — Labrus pavo. Hasselquist, Et. 544, n. 77. 5 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. C'est un labre, dont l'espèce n'est vraisemblablement pas différente de cell du Labre tacheté de ce naturaliste. D. DES POISSONS. quelles ses autres nuances s’éteignent les unes dans les autres, ou s'animent pour se séparer et resplendir plus vivement, imitent les reflets rapides qui ge jouent, pour ainsi dire, sur les plumes chatoyantes du paon, et les feux que l'on croirait en voir jaillir. Lorsque le soleil éclaire et dore la surface de la Méditerranée, que les vents se taisent, que les ondes sont paisibles, et que le labre paon nage sans s’agiter au-dessous d’une couche d’eau mince et lim- pide, qui le revêt, pour ainsi dire, d’un vernis transparent, on admire le vert mêlé de jaune que montre sa surface supérieure, et au milieu duque! des taches rouges et des taches bleues seintillent, en quelque sorte, comme les rubis et les saphirs de l'oiseau de Junon. Des taches plus petites, mais également bleues ou rouges, sont répandues sur les opercules, sur la na- geoire de la queue, et sur celle de l’anus, qui est violette ou indigo ; et un bleu mêlé de pourpre distingue le devant de la nageoire dor- sale, pendant que deux belles taches brunes sont placées sur chaque côté du poisson, que les thoracines offrent un rouge très-vif, et que des teintes d’or, d'argent, rouges, orangées et jaunes, ébiouissantes ou gracieuses , constantes ou fugitives, étendues sur de grandes places, ou disséminées en traits légers, complètent un des assortiments de couleurs les plus splen- dides et les plus agréables. Au reste, ces beaux reflets se déplaient sur un corps et sur une queue allongés et compri- més ; il n’y a qu’un seul rang de dents aux mâ- choires ; les nageoires pectorales sont arrondies ; les rayons de la dorsale et de la nageoire de l'anus ont une longueur plus considérable, à mesure qu’ils sont placés plus loin de la tête; et communément le labre paon a trois ou quatre décimètres de longueur totale !. LE LABRE BORDÉ ?, Labrus marginalis, Linn., Gmel., Lacep. . Le Labre rouillé 4, Labrus ferrugineus, Linn., Gm., Lac. ÿ. — L. OEillé®, L. ocellaris, Linn., Gm.. Lac. 7. — L. Me- 45 rayons à ia membrane branchiale du labre paon, 44 à chaqgne nageoire pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 5 rayons aiguillonnés et 41 rayons articulés à l'anale, 45 rayons à la caudale. 2Labre bordé. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Ja. Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. — Lœfl. It., 105. 5 Non cité par M. Cuvier. D. 4 Labre rouille. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — Z4. Bonnaterre, pl. de l'Enc. métb. 259 lops *, L. Melops, Linn., Gmel., Lac.; Crenilabrus Melops, Cuv.°.— L. Nil 4, L. niloticns, Hasselq., Linn., Gm., Lac.; Chromis niloticus, Cuv.t{.—Z. Louche{3, L, luscus, Lion., Gmel., Lac.; J- Turdus, var. Cuv. #,—Z. Triple-tache ‘4, L. trimaculatus, Lion., Gmel., Lac., Bl.; L. carneus, BL, Cuv.#5.—L. Cendré14, L, cinereus, Lac.; L. griseus, Gm.17, —L,. Cornubien !*, L. cornubius, Linn., Gmel., Lac. 1°, — L. Mélé%, L. mixtus, Linn., Gm., Lac.%.--L.Jaunâtren, L, folvus, Linn., Gmel., Lac, #, La couleur générale du louche est jaunâtre; la dorsale , l'anale et la caudale du triple-tache sont quelquefois lisérées de bleu. La nourriture ordinaire de ce dernier labre, dont les écailles réfléchissent différentes nuances d’un beau rouge, consiste dans des animaux à coquille, dont il brise l'enveloppe calcaire par le moyen de ses dents antérieures, plus longues et plus fortes que les autres; nouvel exemple de ces rapports de la qualité des aliments avec la vi- vacité des couleurs, que nous avons fait re- marquer dans notre Discours sur la nature des poissons, qu'il ne faut jamais négliger d’obser- 5 Non cité par M. Cuvier. D. # Mus, Ad. Frid. 2, p. 78°. — Labre œillé. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ? M. Cuvier ne fait pas mention de ce poisson. D. # Mus. Ad. Frid. 2, p.78 *. — Labre mélope. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl de l'Enc. méth. * Du sous-genre Crénilabre, dans le grand genre Labre de M. Cuvier, de la famille des Acauthoptérygieus labroïdes. D. 4 Mus. Ad. Frid.2,p. 79°. — Labrus niloticus. Hassel- quist, It. p.546, n.78.—Labre nébuleux. Daubenton et Haüy. Enc. méth. — Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Du genre Chromis, de la famille des Acanthoptérygiens labroïdes, Cuy. D. 43 Mus. Ad. Frid. 2, p. 80 *. — Labre louche. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre . pl. de l'Enc. métk. ‘5 M. Cuvier considère ce vrai labre, comme une variété de l'espèce qu'il appelle Vieille noire, Labrus merula. D. 44 Sudernaal, en Norvège. — Red wrasse, en Angleterre. — Id. Linnée, éd. de Gmelin. — Zabre triple-tache. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth.— Paon rouge, labrus carneus. Bloch, pl. 289.—Zabrus ruber, vel carneus. Ascagne, 2 cab. p. 6, pl. 15. — Trimaculated wrasse. Pennant, Brit. Zocl. 5, p.206, n. 5. 45 Ge vrai labre, selon M. Cuvier, 5e rapporte à l'espèce qu'il nomme Vieille couleur de chair, Labrus carneus. D. 46 Le nom spécifique de griseus a été employé par Gmelin pour son cinquième et pour son soixante-quatriéme labre. — Brünn. Pisc. Massil., p. 38, u. 75. — Labre cendré. Bonna- terre, pl. de l'Euc. méth. 47 Non cité par M. Cuvier. D. ‘ Zabre goldsinny. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Golasinny Cornubiensium. Pennant , Brit. Zool. 5, p. 20% n.6. — Rai, Pisc., p. 165, fig. 5. ‘# Non cité par M. Cuvier. D. 38 « Labrus ex flavo et cæruleo varius, dentibus anteriori : bus majoribus. » Artedi , gen. 34, syn. 57. — « Turdus ma- «jor varlus præcedenti similis. » Willughby, p. 522. — Ra p. 157. — Labre mélangé. Bénnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3: M, Cuvier ne cite pas ce poisson. D. 32 Catesby, Carol, 2, p. 40, tab. 10, fig. 2.—Labre jaunâlie Daubenton et Haüy, Enc. méth. — {d. Bonnaterre, pl. àe | l'Eac. méth. | 25 Non men’‘onné par M. Cuvier. D. 260 ver, et qui ont été très-bien saisis par le natu- raliste Ascagne. Le cendré a sa partie supé- rieure grise et pointillée d'un gris plus foncé, et les nageoires rougeâtres avec des taches d’un jaune obscur. La tête du mélé et la partie su- périeure de sa caudale sont d’un beau bleu. Ce labre mêlé habite dans la Méditerranée, ainsi que le cendré ; le jaunâtre vit dans l’Amérique septentrionale; le rouillé, dans les Indes; le mélops, dans l’Europe australe; le nil, en Égypte; le triple-tache, en Norvège; le cornu- bien, dans la mer Britannique ! : on ignore la véritable patrie du bordé, de l’œillé et du louche. Que devrions-nous ajouter maintenant à ce que nous disons dans jies notes ou dans le ta- bleau générique , au sujet des onze labres ren- fermés dans cet article? LE LABRE MERLE ?, d'Holocentre gymmose, et5° d'Holocentre jaune etbleu. D. 5 « Aspro dorso cærulescente, lateribus argenteis, caudâ « lituris albis et nigris alternis. » Commerson, manuscrits déjà cités. 5 Du genre DouLEs, Dules, dans la famille des Acanthopté- rygiens percoïdes, D, 1 « Aspro totus atratus, oculorum iridibus cæruleis. » Com- merson, manuscrits déjà cités. # Du genre POMACENTRE, dans la famille des Acanthopté- giens sciénoïdes, Cuv. D. * Du geure PLECTROPOME, Plectropoma, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D, 4° Du genre SCOLOPSIDE, dans la famille des Acanthoptéry- giens sciénoïdes, Cuv. D, #4 Sciæna loricata, argentea, immaculata etc. » Thun- berg, Voyage au Japon, etc. 43 Ge poisson est bien certainement du genre MYRIPRISTIS de M.Cuvier, dans la famille dés Acanthoptérygieus percoïdes; 1Bais Ce naturaliste ne le rapporte précisément à aucune es- pèce , tout en remarquant qu'il se rapproche surtout du My. riÿrislis hexagonus. D. HISTOIRE NATURELLE première pièce de chaque opercule montre uns échancrure propre à recevoir l'aiguillon de fa seconde pièce, laquelle se termine en pointe. Les Indiens des Moluques apportèrent nan individus de cette espèce au vaisseau sur lequel Commerson parcourait le grand Océan, avec notre Bougainville, en 1768; et ce voyageur dit dans ses manuscrits, que ces individus étaient mèêlés avec plusieurs autres poissons sé- chés, très-bien préparés, et étendus entre deux bâtons qui les fixaient. Le jaune et bieu habite dans les eaux qui baignent l’Isle de France. Il est ordinairement plus grand que le boutton. Quelquefois l’extré- mité de ses pectorales est noire; le bord de la mâchoire supérieure jaunâtre ; l’entre-deux des yeux peint de la même couleur, et une tache ovale de la même teinte placée sur le derrière de l’occiput : mais il n'offre d’ailleurs que les deux nuances indiquées par le nom spécifique que je lui ai donné. Les deux mâchoires sont hérissées de dents très-menues , très-courtes, très-serrées , au-de- vant desquelles la mâchoire d’en haut en pré- sente quatre plus épaisses et un peu plus lon- gues. Des éminences osseuses situées sur le palais , et la circonférence du gosier , sont éga- lement garnies de dents très-petites ettrès-fines;, mais on n’en voit pas sur la langue, qui est courte, large à son extrémité , un peu cartilagi- neuse , assez libre dans ses mouvements , et blanchâtre. Les premiers rayons de Ja dorsale sont garnis chacun d’un filament. Le péritoine estblance; le canal intestinal trois fois recourbé; la vessie natatoire adhérente au dos. L'animal vit de petits crabes et de jeunes poissons qu'il avale toutentiers. Sa chair est agréable et saine. L'holocentre queue-rayée est communémen$ moins grand que le boutton. Les raies longitu dinales blanches et noires qu’il a sur la queue, varient pour lenombre depuis trois jusqu'à dix. La mâchoire supérieure est extensible et un peu plus courte que celle d’en bas : l’une et l’autre présentent, ainsi que le devant du palais , un orand nombre de petites dents semblables & celles d’une scie. La langue est lisse. L'Islesde France est sa patrie. Le négrillon a la tête petite; le dos très-élevé, les dents menues, blanchâtres , rapprochées et arrangées comme celles d’un peigne ; la langue et le palais sans aspérités ; et la ligne latérale s DES POISSONS. courte , qu’elle se termine à l'extrémité de la na- geoire du dos ‘. Aucun naturaliste n'a encore rien publié au gniet du léopard et du cilié. Le premier de ces ieux holocentres a la lèvre supérieure double; la mâchoire d’en haut, qui est un peu moins avancée que celle d'en bas, montre, ainsi que cette dernière, six dents fortes, grandes et cro- ehues, et plusieurs rangs de dents plus petites. Le corps et la queue du cilié sont allongés. Le thunberg, auquel nous avons donné le nom du savant voyageur qui l'a fait connaître, n’a qu'une nageoire dorsale, quoiqu'il paraisse en avoir deux. Sa lèvre supérieure est double ; on voit au moins trois dents mousses de cha- que côté de la mâchoire d’en bas; le dos est élevé. Cet holocentre vit dans la mer du Japon. L'HOLOCENTRE BLANC-ROUGE, Holocentrum orientale, Cuv. ; Holacentrus albo-ruber, Dae::2° L'Holocentre bande-blanche, Sebastes albofasciatus, Cuv., Holocentrus albofasciitus, Lac. °.— Holocentre diacanthe, Pomacentrus Pavo, Lac., Cuv.; Chœætodon Payo, BL; Holo- centrus diacauthus, Lac. 4. — Holocentre tripetale, Holo- centrus tripetalns, Lac. 5.—/Holocentre tétracanthe, Holo- centrum......, Cuv.; Holocentrus tetracanthus, Lac. 6. — Holocentre Acanthops, Holocentrus Acanthops, Lac. 7. — Holocentre Radjaban, Diagramma punctatum, Ehrenb. , Cuv.; Holocentrus Radjaban, Lac.#.—#folocentre Diadème, Holocentre Diadema, Cuv.; Sciæna vittata, Parkins.; Perca pulchella, Bennet ; Holocentrus Diadema, Lac. *. — Æclo- centre Gymnose, Serranus flavo-cæruleus. Cuv.; Holocen- trus flavo-cæruleus, Holocentrus gymnosus, et Bodianus macrocephalus, Lac. 4°. Ces neuf espèces sont encore incennues des naturalistes. Nous avons:trouvé une figure de 4 7 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre bout- ton, 46 à chaque pectorale , 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 47 rayons à la nageoïire de la queue. —7 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre jaune et bleu, 48 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 45 rayons à la caudale.— 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre queue- rayée, 16 à chaque pectorale, 15 à la nageoire de la queue. — 5 ou 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre né- grillon, 20 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 43 rayons à la caudale. — 14 rayons à chaque pectorale de l'holocentre léoparä, 48 à la nageoire de la queue, — 17 rayons à chaque pectorale de l'holocentre cilié, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 19 rayous à la caudale. — 7 rayons à la membraue branchiale de l'holoceatre thunberg,, 45 à chaque pectorale, 18 à la nageoire de là queue. 2 M. Cuvier rapporte cette espèce à son HOLOCENTRE: DES INDES ORIENTALES (famille des Acanthoptérygiens percoïdes), 911 la première à la page 25 d’un cahier de mauu- scrits chinois , déposé dans la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle, et que nous avons déjà cité à l'article du Spare chinoïs et à celui . du Spare cardinal. La page 112 de ce même manuscrit présente l’image de la seconde de ces neuf espèces. Nous avons vu des individus des cinq espèces suivantes dans la collection d’ob- jets d'histoire naturelle donnée à la France par la Hollande; et les manuscrits de Commerson renfermaient deux dessins qui représentaient les deux dernières. Le blane-rouge et l’holocentre bande-blanche vivent done dans les eaux de la Chine. L’holocentre diacanthe, que nous avons ainsi nommé à cause des deux rayons aiguillonnés de sa nageoire de l’anus, a deux pièces à chacun de ses opercules. Le tripétale, dont le nom spécifique désigne les trois pièces de son opercule, montre plu- sieurs rangs de petites dents, et de plus une dent assez grosse auprès de chacune des deux extrémités de la mâchoire inférieure , opposées au museau. Le tétracanthe, dont le nom indique les qua- tre rayons aiguillonnés de sa nageoire de l'a- nus, à la mâchoire d’en bas plus avancée que celle d’en haut ; ses dents sont petites ; des la- mes écailleuses et dont la surface offre desstries disposées en rayons, couvrent le dessus des yeux ; une grande partie de la portion de la dor- sale, que soutiennent des rayons aïguillonnés, est très-distincte du reste de cette nageoire. auquel il rattache encore la Persèque Praslin de M. de La- cépède. D, # Du genre SEBASTE, Sebastes, Cuv:, dans la famille des Acanthoptérygiens joues-cuirassées. D, 4 Du genre POMACENTRE de M. de Lacépède, adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille des Acanihoptéry- giens sciénoïdes. M. de Lacépède le décrit deux fois, 1° sous lenom de Pomacentre paon, et2° d'Holocentre diacanthe. D. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. 5 M: Cuvier reconnaît dans ce poisson les caractères de son genre HOLOCENTRE, Aolocentrum (famille des Acanthoptéry- giens percoïdes ); mais il ne le rapporte à aucune des espèce qu'iladmet. D. 7 Non mentionné par M. Cuvier. D. # Le Radjaban, qui porte ce nom aux Indes orientales, est placé par M. Cuvier, dans son genre DiaGhamme, de la famiile des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. * Du genre HOLOCENTRE, Holocentrum, Cuy. (famille dei Acauthoptérygiens percoïdes). D. 10 Ce poisson, du geureMEROU, Serranus, Cuv. (famille des Acanthoptérygieus percoïdes), a été décrit trois fois par M. de: Lacépède, sous les noms 1° de Zodian grosse-téte, 2° d'Aolocentre gymnose, et 5° d'AHolosentre jaune et biss. D- 872 L’œil de l’acantnops est gros ; sa ligne la- téraie et très-marquée !. Les deux mâchoires du radjaban sont garnies de plusieurs rangs de dents serrées et presque égales les unes aux autres ; la grosseur des yeux est remarquable ; on voit une lame écailleuse et dentelée au-dessus de la dernière pièce de chaque opercule ; et la ligne latérale est presque droite. Six ou sept raies étroites et longitudmales pa- rent chaque côté de l’holocentre diadème. Les bandes noires et blanches qui décorent la partie antérieure de sa nageoire dorsale, représentent le bandeau auquel les anciens donnaient le nom de diadème ; et les rayons aiguillonnés qui s’é- lèvent dans cette même partie au-dessus de la membrane, rappellent les pointes dont ce ban- deau était quelquefois orné ?, Les dents du gymnose sont petites et aiguës; l'extrémité antérieure de la mâchoire d’en haut en présente de plus grandes que les autres. L'HOLOCENTRE RABAJI ÿ, Chrysophrys bifasciata, Cuv.; Chætodon bifasciatus, | Forsk. ; Labrus Catenula, Sparus Mylio, et Holocen- trus Rabaji, Lac. 4. La couleur générale de cet holocenire est : brillante et argentée. La dorsale et l’anaïe sont jaunes; les thoracines noires ; les pectorales jau- nes sur une partie de leur surface, et blanches | sur l’autre. On aperçoit des rugosités sur le sommet de la tête. Chaque mâchoire est garnie | 4 La dénomination d'Acanthops désigne les aiguillons que l'on voit auprès des yeux de l'holocentre anquel elle ap- œil. 2 5rayons à la membrane branchiale de l'holocentre diacan- the,16 à chaque pectorale,6 à chaque thoracine, 16 à la nageoire | de la queue. — 16 rayons à chaque pectorale de l'holocentre tripétale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine . 18 rayons à la caudale, — 12 rayons à chaque pec- torale de l'holocentre tétracanthe, 47 à la nageoire de la queue. — 14 rayons à chaque pectorale de l'holocentre acanthops, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 19 rayons à la caudale. — 16 rayons à chaque pectorale de l'holucentre radjaban, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons arti- culés à chaque thoracine, 16 rayons à la nageoire de la queue. — 13 rayons à chaque pectorale de l'holocentre gymnose , 6 à chaque thoracine , 18 à la caudale. 5 Forskael, Faun. Arab., p. 64, n. 91. — Chélodon rabaji. Eonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Du genre DAURADE, Chrysophrys, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens sparoïdes. Il a été décrit trois fois par M. de Lacépède, sous les dénominations 1° de ZLabre chapelet, 2° de Spare mylio, et 5° d'Holocentre rabaji. D. partient. Ax2y0x, en grec, signifie aiguillon ; et &4 signifie fois ce poisson sous les noms : HISTOIRE NATURELLE de dents molaires hémisphéniques, fortes et ser rées, et de cinq incisives dures et coniques *. L'HOLOCENTRE MARIN ?, Serranus Scriba, Cuv.; Perca Scriba, Linn.; Perca marina, Brunn.; Holocentrus marinus, Lac, nb n roche; Holocentrus Argus, Spin.; Holocentrus fas- ciatus, et Hol. maroccanus, BI. ; Lutjanus Scriptura, Lac. . L'Holocentre Télard +, Perca Cottoides, Linn., Gmel.; Ho- locentrus Gyrinus, Lac. °.— Holocentre philadelphien 6, Perca philadelphica, Linn., Gmel.; Holocentrus philadel- phicus, Lacep. 7. — Æolocentre Mérou $, Serranus Gigas, Cuv.; Perca Gigas, Brunn., Linn., Gmel.; Holocentrus Merou , Lac. °.— Holocentre Forskael 10, Serranus ocea- nicus, Cuv.; Perca fasciata, Forsk., Linn., Gmel.; Holo- centrus oceanicus, et Holocentrus Forskael , Lac. 41, — Holocentre triwcanthe{?, Serranus hepatus, Cuv.; Labrus hepatus, Linn., Gmel., Lac.; Lutjanus adriaticus, et Holo- centrus triancanthus, Lacep. #5. — Holocentre argenté11, Serranus argentinus, Cuv.; Holocentrus argentinus, BL, Lac. 45, On pêche l’holocentre marin dans la Méditer- ranée , et peut-être dans la partie de l'Océan ‘5 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre rabaji 16 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons arti- culés à chaque thoracine, 17 rayons à la nageoire de la queue. ? Percia, dans les environs de Rome. — Persèque perche de mer. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Perca lineis utrinqne septem trans- « versis nigris, ductibus miniactis cæruleisque in capite et « antica ventris. » Arledi, gen. 50, syn. 68. — Mus. Ad, Frid. 8, p. 85 *. — Faun. Suecic. 255. — Ilépxn. Arist., lib.2, c- 15,17; et 1. 8, c. 15. — Zd. Athen.. I. 7, fol. 159, 29 (ed, Valderi).— Zd. Oppian., 1. 1, p. 6.— Perca. Plin., 1, 9, c. 46 — Perca pelagia. Jov., ©. 24, p. 92. — Perche. Rondelet, part. 4, 1.6, c. 8. — Salvian., fol. 224, b. ad iconem.— Perca marina. Gesner, p. 696, 819 ; et (germ.) fol. 16. — Aldrov., 1.1, c. 9, p. 47, 48, 49 et 50. — Jonston, 1. 1, tit.2, c. 4, a.7. t.14, fig. 8. — Charleton, p. 154. — Willughby, p. 527. — Rai, p. 140. 5 Du genre MEROU, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. M. de 1.acépède a décrit trois 1° d'Aolocentre marin, 29 d'Holocentre à bandes, et 5° de Luljan écriture. D. 4 Mus. Ad. Frid.2, p.84. — Perséque télard. Daubenton et Haüy, Euc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. # Chub, daus quelques contrées de l'Amérique septentrio- nale. — Perséque meunier de mer. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 7 Nou mentionné par M.Cuvier. D. 8 Brünn., Pise, Massil, p.65, n. 81. — Persègue mérou. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. ° Ge poisson est le M£rOU proprement dit, ou Gmanp SERRAN BRUN de M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptéry- giens percoïdes. D. 40 Forskael, Faun. Arab., p. 40, n. 59.—Perscquerubaw née. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 44 Du genre MEROU , Serranus , Cuv., dans la famille dee Acanthoptérygiens percoïdes. Ce poisson est décrit deux foi dans cet ouvrage, sous les noms: 10 d'Holocentre Forssaci et 20 d'Holocentre océanique. D. 43 Holocentre rayé. Bloch, pl. #5, 6. 2. DES POISSONS. gui faigne la Norvège, ainsi que dans plusieurs autres portions de cet Océan Atlantique. Son museau est allongé et pointu ; sa dorsale, son anale et sa caudale sont souvent jaunes et mou- chetées d’un jaune plus foncé; l’on voit quelque- fois des raies rouges sur ses pectorales. Sa lon- gueurordinaire estde trois ouquatredécimètres. Le tétard habite dans l’Inde; sa tête, son corps et sa queue sont parsemés de taches bru- nes et presque rondes. Le philadelphien vit dans l'Amérique septen- trionale. On a pêché le mérou dans la Méditerranée. Cet holocentre est long d’un mètre : aussi lui a-t-on donné le nom de Géant. Le dessous de sa tête est rouge; l'ouverture de sa bouche, grande; sa langue lisse; son palais hérissé depe- tites dents, ainsi que son gosier; chacune deses mâchoires garnies de plusieurs rangées de dents aiguës ; le devant de sa mâchoire supérieure, armé de quatre dents coniques et plus longues que les autres; sa dorsale bordée de filaments. Le forskael est encore plus grand que le mé- rou : sa longueur surpasse douze décimètres. Les deux mâchoires sont également avancées, et présentent chacune deux dents coniques ; on voit de plus à la mâchoire supérieure plusieurs rangs de dents flexibles et très-fines; la mä- choire d’en bas montre un rang de ces dents très-déliées. Ce poisson a été observé dans la mer d'Arabie. Le triacanthe a la langue lisse ; le palais et les mâchoires hérissés de dents petites et com- munément très-serrées ; les thoracines d’une cou- leur foncée; les autres nageoires d’une nuance plus claire. L'or et l'argent brillent sur les écailles de l’ar- genté ; d’ailleurs le dessus de la tête est violet; la dorsale, l’anale et la caudale sont d'un bleu clair ; les pectorales, ainsi que les thoracines, jaunes ! ; des dents petites et aiguës distribuées 15 Du genre MEROU, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. — Ce poisson est décrit deux fois par M. de Lacépède, sous les noms 1° de Zutjan adria- tique, et 2° d'Holocentre triacanthe. D. 41 Holocentre argenté. Bloch, pl. 255, fig. 2. 45 Du genre MEROU, Serranus, Cuy. (famille des Acan- thoptérygiens percoïdes). D. 47 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre marin, 19 à chaque pectorale , 4 rayon aiguillonné et 5 rayons arti- culés à chaque thoracine, {4 rayons à la nageoire de la queue. — 8 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre té- tard, 44 à chaque pectorale 1 rayon aiguillonné et 4 ou 5 ragons articulés à chaque thoracine, 12 rayons à la caudale. — 1 rayons à la membrane branchiale de l'holocenire phila- 373 le long de chaquemächoire; la langue est lisse, et le palais rude. L'HOLOCENTRE TAU VIN #, Serranus Merra, Cu. ; Epinephelus Merra, BI.; Perca Tauvina, Forsk., Holocentrus Merra, et Holocentrus Tauvious, Lacep. 2. L'Holocentre Ongo”, Serranus dichropterus, Cuv.; Holo- centrus Ongus, Lac. 4. — Holocentre doré 5, Serranus au- ratus, Cuv.; Holocentrus auratus, Bl., Lac. ©. — Holocen- tre quatre-raies *, Therapon quadrilineatus, Cuv.; Holo- centrus quadrilineatus, Bloch , Lacep. #, — Holocentre à bandes ®, Serranus Scriba, Cuv.; Holocentrus marinus, Art., Lacep.; Holocentrus fasciatus, Bl., Lacep.; Lutjanus Scriptura, Lac. 4°. — Holocentre Pira-pixanga 1, Ser- ranus Pixanga, Cuv.; Holocentrus punctatus, Bl.; Holo- centrus Pira-pixanga, Lac. 12, — Holocentre lancéolé 45, Serranus lanceolatus, Cuv.; Holocentrus lanceolatus, Lac. 11, Les rivages couverts de coraux et de ma- drépores , de la mer d'Arabie , nourrissent le delphien , 46 à chaque pectorale , 4 rayon aïiguillonné et5 rayons articulés à chaque thoracine, 11 rayons à la nageoire de la queue. —7 rayons à la membrane branchiale de l'holo- centre mérou, 16 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 15 rayons a la cau- dale. — 7 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre forskael , 17 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 47 rayons à la nageoire de la queue, — 4 rayons à la membrane branchiale de l'holo- centre triacanthe, 13 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 15 rayons à la cau- date. — 5 ragons à la membrane branohigle de l'holocentre argenté, 14 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 15 rayons à la nageoïire de la queue. 4 Perca tauvina. Linnée, éd. de Gmelin. — Forskael, Faun. Arab., p. 59, n.58, — Perségue tauvine. Bonnaterre, pl. del'Enc. méth. 3 Du genre MEROU, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. M. de Lacépède a décrit ce poisson sous deux noms différents : 1° d'Holocenire Taw- vin, et 2° d'Holocentre Merra. D. # Jkan ongo, au Japon. — Holocentre ongo. Bloch, pl. 254. : 4 Du genre MÉROU, Serranus, Guy. (famille des Acanthop- térygiens percoïdes). D. 5 Holocentre doré. Bloch, pl. 256. “Du genre MÉROU, Cuv. (famille des Acanthoptérygiens percoïdes). M. Cuvier remarque les rapports qui existent entre la figure de ce poisson dans Bloch (pl. 256) et son Plectropome Léopard. D. 1 Holocentrus quadrilineatus. Bloch, pl. 258, fig. 2. 8 Du genre THERAPON, dans la famille des Acanthoptéry- giens percoïdes de M. Cuvier. D. « ° Holocentrus fasciatus. Bloch, pl. 240. 10 Du genre MEROU, Serranus (famille des Acanthoptéry= giens percoïdes), Cuv. M. de Lacépède donne trois fois la description de ce poisson, sous les noms 4° d'Aolocentre marin, 2 d'Hotocentre à bandes, et 5° de Lutjan écritures D. 41 Gatt-visch, par les Hollandais. — Pesche gatto , par les Portugais. — Holocentre pointé. Bloch, pl. 211 374 tauvin , dont {a chair est peu agréable au goût, et dont toutes les écailles sont petites et dente- lées. La base de la langue et le gosier sont gar- nis de dents menues et flexibles. La lèvre supé- rieure est extensible. On voit trois aiguillons sur la partie postérieure de chaque opercule. La couleur: brune de l'animal est relevée par des caches arrondies et noirâtres ; et ces taches sont bordées de blanc, dans une partie de leur cir- conférence, au-dessus de presque toutes les na- geoires. Les six autres espèces d’holocentres dont nous parlons dans cet article, ont été décrites pour la première fois par Bloch. L’Ongo vit dansles-eaux du Japon. Chacune de ses mâchoires présente un rang de dents courtes et pointues; le palais est lisse; chaque narine a deux orifices ; l'iris, les pectorales et les thoracines brillent de la couleur del’or !. Le doré des Indes orientales a les: écailles très-petites, mais plus éclatantes encore que les thoracines et les pectorales de l’ongo. Les dents des deux mâchoires sont petites, pointues et presque toutes d'une longueur égale; le pa- lais est garni de dents, comme les mâchoires ; une belle couleur d’écarlate bordeles nageoires du dos, de l’anus et de la queue; les pectorales sont d’un violet pâle, et les thoracines d’un rouge foncé. Le quatre-raies habite dans les Indes orien- tales, comme le doré ; mais sa parure n’estipas aussi magnifique. Sa dorsale peut être couchée “1 Du genre MÉROU, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 45 Holocentre lancette. Bloch, pl. 242, fig. 1. 441 Du genre MEROU, Serranus, Cuy., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. D. 47 rayous à la membrane branchiale de l'holocentre tau- vin , 148 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés a chaque: thoraeine , 17 rayons à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre ong0, 12 à chaque pectorale, 4 rayonaiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 18 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holoceutre doré, 16 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonnéet 5 rayons articulés à chaque thoraciue, 20 rayons à la nageoire de la queue. — $ rayons à la.membrane branchiale: de l'holocentre quatre raies, 15 à chaque pectorale, 1 rayonaiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoraciue, 46 rayons à la caudale. — 6 rayous à la membrane branchiale de l'holocentre à bandes, 15 à chaque-pectorale, { rayon aignillonné.et 5 rayons arti- culés à chaque thoracine, 16 rayons à la nageoire de la queue; — 12 rayons à chaque pectorale de l'holocentre pira- pixanga; { rayon aiguillonné-et à rayons articulés à chaque thoracine, 47 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentrelancéolé, 16 à chaque pectorale, { rayon aiguillonnéet 5 rayonsarticulés à chaque thoracine, 45 rayons à la nageoïire de la queue. HISTOIRE NATURELLi dans une sorte de sillon longitudinel; et sa li. gne latérale est tortueuse. L’holocentre à bandes ale museau avancé, le palais garni de petites dents, et la langue lisse, Le pira-pixanga est un poisson du Brésil : il vit dans la mer et au milieu des écueils ; et voilà pourquoi les Hollandais et les Portugais l'ont nommé Poisson de roche. I ne parvient pas à de très-grandes dimensions; maïs sa chair est blanche, ferme, de bon goût, et très-saine : aussi le pêche-t-on dans toutes les saisons; on le prend avec des filets. Pison dit que cet ani- mal perd difficilement la vie; qu'il a trouvé un pira-pixanga qui n'avait pas cessé de vivre trois heures après avoir été tiré de l’eau; qu’ill’a ou- vert au bout de deux heures, et que le cœur de ce poisson palpitait encore. Marcgrave en a donné une figure qui a été copiée par Pison, Willughby, Jonston et Ruyseh. Klein et Gro- nou en ont parlé ; et le prince Maurice de Nas- sau en a laissé, dans ses manuscrits, un dessin qui a été publié par Bloch. Ses écailles sont dures et dentelées; son dos est élevé et arrondi; la tête, le corps et la queue sont allongés. Les Indes orientales sont’ la patrie du lan- céolé. Plusieurs rangées de dents petites: et pointues garnissent les mâchoires; le palais'est rude; la langue est lisse et un peu libre dans ses mouvements, L’HOLOCENTRE POINTS-BLEUS !, Serranus cæruleo-punctatus, Cuv.; Holocentrus cæ- ruleo-punctatus, BIl., Lac. ?, L'Holocentre blanc et brun, Holocentrus also-fuscus, Lace. *. — Holocentre Surinam 5, Lobotes surinamensis, Cuv.; Holocentrus surinamensis, Bl.; Holocentrus Suri- nam, Lacep.®: — Holocentre éperonT, Lates caloarifer, Cuv.; Holocentrus calcarifer, BL, Lacep, . — Holocentre africain *, Serranus alexandrinus, Cuv.? Epinephelus Afer, Bi.; Holocentrus Afer, Lacep. «0. — Holocentre-bordét, Serranus- marginalis, Cuv:; Holocentrus- marginatus, et Holocentrus Posmarus, Lacep. ‘?. — Holocentre brun, Epinephelus fuscus, Bl.; Holocentrus fuseus, Lacep. {4 — Holocentre Merra*, Serranus Merra, Cuv.; Epinephelus Meérra, Bl.; Perca Tauvina. Forskael; Holocentrus Tau- vious, et Holocentrus: Merra, Lacep. 48. — Holocentr rouge 47, Serranus....…, Cuv.; Epinephelus ruber, Bloch Holocentrus ruber, Lac. {5. Bloch a fait connaitre les neuf holocentres dont cet article renferme la notice. Celui &e.ces 4 Bloch, pl. 242, fig. 2. . 3 Du genre MEROU, Sérranus, Cuv:; dansila famille de Acanthoptérygiens percoïdes. D. # Holocentre tacheté. Bloch, pl. 242, fig. 5. DES POISSONS. poissons auquel il a donné le nom de Points- bleus, a des dents très-fines aux mâchoires, la langue lisse, le palais rude, les écailles ex- -trêmæment petites, et lesnageoires très-brunes. Le blanc et brun se trouve dans les Indes orientales. Les dents qui garnissent les mä- choïres sont égales et pointues ; la langue est lisse ; le palais paraît rude au toucher; les cou- leurs sont remarquables par leur distribution, et par les contrastes que forment leurs nuances. Le surinam parvient à la grandeur de la per- che d'Europe; sa chair est grasse et très-agréa- ble au goût: son nom annonce le pays qu’il ha- bite. Les deux mâchoires sont garnies de dents courtes , grosses et recourbées ; ei de plus la mâchoire supérieure est hérissée de dents très- fines , placées derrière les premières; le palais et la langue sont lisses. On voit de petites écail- les sur la base des nageoires du dos, de l’anus et de la queue ; ces nagcoires sont, ainsi que les autres, variées de jaune, de brun et de violet; une bande brune transversale et figurée en por- tion de cercle, est placée sur la caudale. Le Japon est la patrie de l’éperon. Indé- pendamment des aiguillons dont la position et la forme lui ont fait donner le nom qu'il porte, et sont exposées dans le tableau générique, il présente une tête un peu aplatie et comprimée; des dents très-fines , même à-peine visibles, et 4 Non mentionné par M. Cuvier, D, 5 Bloch, pl. 245. # Du genre LOBOTES, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. 1 Bloch, pl. 244. # Du genre VARIOLE, Lates, dans la famille ües Acanthop- térygiens percoïdes. D. * Épinéphèle africain. Bloch, pl. 527. 40 M. Cuvier croit pouvoir, sans trop de doute, rapporter l'Holocentre africain, Lacep., à l'esrèce de poisson qu'il nomme MÉROU D'ALEXANDRIE, Serranus alexandrinus (dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes). D. 4 Épinéphèle borde. Bloch, pl. 328, fig. 1. 42 Du genre MEROU, Serranus, Cuv., dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. M. de Lacépède a décrit deux fois ce poisson, sous les noms 1° d'Aolocentre bordé , et 2 d'Holocentre Rosmare. D. 45 Épinéphéle brun. Bloch, pl. 528, fig. 2. #41 Non mentionné par M. Cuvier. D. 1 Épinéphéle merra. Bloch, pl. 529. 16 Du genre MÉROU, Serranus, Cuv., famille des Acanthop- térygiens percoïdes. M. de Lacépède a fait un double emploi en décrivant deux fois ce poisson sous les noms 1° d'Æolo- centre Tauvin, et 2 d'Holocentre Merra. D. 47 Épinéphèle rouge. Bloch, pl. 551. 48 Du genre MEROU, Serranus, dans la famille des Acan- thoptérygiens percoïdes. M. Cuvier dit qu'il ne diffère de on Serranus aurantius que parce que Bloch lui compte deux rayons épineux de plus à la dorsale, et un rayon mou emoins, D. 375 très-nombreuses , distribuées sur le palaiset, le long des deux mâchoires ; une strie longitu- dinale sur chaqueécaille ; un mélange de violet et de jaune sur les nageoires ; deux raies feel tudinales ou deux bandes transversales brune sur ces mêmes nageoires, excepté la caudale, sur laquelle règnent trois de ces bandes trans- versales. L’holocentre africain parvient à une grandeur considérable. Bloch l'a compris avec le bordé, le brun, le merra et le rouge, dans le genre particulier qu'il a proposé de nommer Epiné- phèle, ou Taie, mais que nous n’avons pas cru devoir adopter. L’africain vit près des rivages occidentaux d’Afrique voisins de la zone tor- ride ; il se plaît dans les bas-fonds ; on l’a pêché particulièrement à Acara, sur la côte de Gui- née. Il senourrit de mollusques et d’écrevisses; et sa chair est blanche, délicate et saine. On doit observer, indépendamment des traits indi- qués dans le tableau générique, les dents de chaque mâchoire, qui sont très-petites ; celles qui forment un arc sur le palais; la langue, | qui est lisse ; la partie antérieure de la queue, j qui est très-haute; les petites écailles placées sur les nageoires du dos, de la poitrine, de l’a- uus et de la queue; la couleur des thoracines, qui est orangée ; et celle des pectorales, qui est d’un jaune de soufre. Le bordé a quatre grandes dents à la partie antérieure de chaque mâchoire. Les eaux de la Norvèce nourrissent le brun. Cet holocentre montre des dents petites et éga- les, et cinq ou six raies bleues disposées sur chaque opercule, de manière à tendre vers l’œil, comme vers un centre ‘. 412 rayons à chaque pectorale de l'holocentre points- bleus, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque tho- racine , 15 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre blanc et brun, 15 à chaque pecto- rale , { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à Chaque tho- racine, 45 rayons à la nageoire de la queue. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre surinam , 14 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 6 rayons articulés à chaque thoracine, 17 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre éperon, 45 à chaque pectorale { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 17 rayons à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la mem- brane branchiale de l'holocentre africain , 49 à chaque pec- torale, 4 rayon aiguillonné et 3 rayons articulés à chaque thoracine, 29 rayons à la caudale.— 5 rayons à la membrane branchiele de l'holocentre bordé, 17 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 18 rayons à la nageoire de la queue. — 5 rayous à la mem- brane branchiale de l'holocentre brun , 14 à chaque peute- rale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chague t50- 76 La langue du merra est lisse; son palais ué- rissé de petites dents; et chacune de ses mâ- choires garnie de dents courtes et pointues. Séba et Klein ont donné chacun une figure de cet holocentre, que l’on a vu dans les eaux du Japon. C’est dans ces mêmes eaux que se trouve le rouge, Ce poisson n’a que de petites dents à chaque. mâchoire ; la base de sa dorsale, de sa caudale, et de sa nageoire de l’anus, est cou- verte de petites écailles ; et l'iris est jaune du côté de la prunelle, et bleu dans sa circonfé- rence. L'HOLOCENTRE ROUGE-BRUN !, Holocentrus rubro-fuscus, Lac ?. £'Holocentre Soldado 5, Corvina Miles, Cuv.; Holocentrus Soldado, Lac. 4. — Holorentre bossu, Pristipoma surinäa- mense, Cuv.; Lutjanus surinamensis, Bl.: Holocentrus gib- bosus, Lac. 5. — Holocentre Sonnerat 5, Premnas trifas- ciatus, Cuv.; Lutjanus trifasciatus , BL., Schn.; Chætodon biaculeatus , Bl.; Holacanthus biaculeatus, et Holocentrus Sonnerat, Lac.7.— Holocentre hepladactyle, Lates nobi- lis, Cuv.; Perca maxima, Sonu.; Holocentrus heptadactylus, Lac. *. — Holocentre pantherin, Serranus pantherious, Cuv.; Holocentrus pantherinus, Lac.°.— Holocentre Ros- mare, Serranus marginalis, Cuv.; Holocentrus marginatus, et Holocentrus Rosmarus , Lac. 40, — Jolocentre océani- que, Serranus oceanicus , Cuv.; Perca fasciata, Forsk.; Holocentrus Forskael, et Holocentrus oceanicus, Lac. 41.— Holocentre Salmoide, Serranus salmoides, Cuv.; Holocen- trus salmoides, Lac, 4?, — JJolocentre norvégien 15, Sebas- tes norvegicus, Cuv.; Perca marina, Linn.; Perca norvegica, Mull.; Holocentrus sanguineus, Faber; Holocentrus norve- gicus, Lac. 14, La description des neuf premiers holocentres racine, 48 rayons à la caudale. — 5 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre merra, 45 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 16 rayons à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la mem- brane branchiale de l'holocentre rouge, 42 à chaque pecto- rale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque (ho- racine, 20 rayons à la caudale. 4 « Aspro subrubens, maculà ponè pinnam dorsalem nig:â, « tæniis duabus in cauda, marginalibus, atro-rubentibus. » Commerson, manuscrits déja cités. 2 Non mentionné par M. Cuvier. D. 5 Soldadoe. 4 Du geure Cons, Corvina, Cuv., dans la famille des Acan- thoptérygiens sciénoïdes. D. 5 Du genre PKISTIPOME, Pristipoma, dans la famille des Acanthoptérygiens sciénoïdes. D. $ T'anda-tanda.— Kakatoea ilam. 1 Du genre PREMNADE, Premnas, dans la famille des Acan- hoptérygiens sciénoïdes. M. de Lacépède a décrit deux fois ce poisson, sous les noms 1° d'Æolocentre Sonnerat, et 3 d'Holacanthe deux-piquants. D. * Du genre VARIOLE, Lates, Cuv., dans la famille des Acan- thoptérygiens percoïdes. D. * Du genre MérOù, Serranus, Cuv., dans la famille des canthoptérygiens percuides. D. HISTOIRE NATURELLE dont nous allons parler , n’a encore été publié par aucun auteur. J'ai décrit le roue-brun d’a- près les manuscrits du célèbre Commerson, qui l’a observé, en octobre 1769, dans les mers voisines de l'Ile-de-France. Ce poisson y est quelquefois assez rare. Sa chair est de bon goût et facile à digérer. Sa plus grande longueur n'excède guère deux décimètres. On voit, au- près de chaque œil de cet animal, une tache noirâtre et un peu vague. Sa dorsale et son anale sont rayées, tachées et bordées de rouge ; ses thoracines présentent une couleur de mi- nium ; et ses pectorales sont jaunâtres, avec de petites taches rouges à leur base. Des dents dé- liées , recourbées et très-serrées, garnissent ses mâchoires. D'autres dents plus petites héris- sent une sorte de tubérosité placée au milieu du palais, et les environs du gosier. La langue est blanchâtre et lisse, ou à peu près. La ligne la- térale paraît composée de petites lignes qui ne se touchent pas; et les écailles sont petites et rudes. Des deux soldados que nous avons examinés, un avait fait partie des poissons secs de la col- lection donnée par la Hollande à la France, et l’autre nous avait été envoyé de Cayenne par M. Leblond. La mâchoire inférieure de ces ho- locentres était plus avancée que la supérieure ; on comptait sur ces mâchoires un grand nom- bre de dents inégales , fortes , pointues , assez grandes surtout vers le bout du museau, et dis- tribuées en plusieurs rangs à la mâchoire d’en haut, où les intérieures étaient très-pressées ; des écailles très-argentées rendaient très-bril- lants les opercules, la mâchoire d’en bas, la ligne latérale, et la partie de la membrane branchiale que l’opercule ne recouvrait pas Le bossu a les dents petites, serrées et éga les. Nous avons vu des individus de cette es- pèce et des deux suivantes , parmi les poissons de la belle collection hollandaise. 40 Du genre MÉBOU, Serranus, Cuv. (famille des Acantho ptérygiens percoïdes). M. de Lacépède a décrit deux fois ce poisson, sous les noms 1° d'Æolocentre borde , et 2° d'Holo- centre Rosmare. D. 41 Du genre MÉROU, Serranus, dans la famille des Acan- thoptérygiens percoïdes, selon M. Cuvier. M. de Lacépède fait un double emploi de cette espèce, sous les noms 4° d'Ao- locentre Forskael, et 2 d'Holocentre océanique. D. 42 Du genre MEROU, Serranus, Cuv. (famille des Acan- thoptérygiens percoïdes). D. 43 Perséque norvégienne. Bonnaterre, pl. de l'Enc. réth. — Otho Fabrice. Faun. Groenland., p. 467.— Ascan., tab. #3. 4 Du genre SEBASTE, Sebastes , Cuv., dans la famiiie 499 âcanthoptérygiens joues-cuirassées. D, DES POISSONS. Le sonnerat, auquel nous avons donné le nom d'un voyageur dont les observations, les ouvra- ges et les envois ont enrichi la science et le Mu- séum d'histoire naturelle, a le corps long et comprimé, la couleur générale jaunâtre, et ses bandes transversales d’un blanc ou d’un ar- genté très-éclatant. Il nous a été envoyé de l'Ile-de-France. L'heptadactyle !, dont le nom indique que les rayons de ses thoracines, ces rayons analo- gues aux doigts des pieds, sont au nombre de sept, a au palais, ainsi qu'aux deux mächoires, plusieurs rangs de dents petites et égales. Sa dorsale est divisée en deux parties presque as- sez distinctes pour représenter deux nageoires contigués. Et comme nous avons été à même d'examiner plusieurs de ces heptadactyles, nous avons pu nous assurer d'un fait curieux , et qui pourrait être de quelque utilité pour l’auteur d’une méthode ichthyologique : c’est que dans les deux lames dentelées que l’on voit auprès de chaque opercule, le nombre des dents ou pointes augmente avec l’âge. Nous n’en avons, par exemple, compté que six dans la lame la plus voisine de la pectorale; sur un jeune hep- tadactyle dont la longueur n’égalait pas encore deux décimètres, et nous n’en avons trouvé que trois dans la seconde lame, pendant que sur un individu plus âgé et long de plus de qua- tre décimètres , la lame située auprès de la pec- torale nous en a présenté dix, et l’autre lame nous en a offert cinq. Commerson nous a laissé une figure du pan- thérin, d'après laquelle on doit croire que les écailles de ce poisson sont très-difficiles à voir. La disposition des taches de cet osseux nous a suggéré le nom que nous lui avons donné, de même que nous avons cru devoir employer ce- lui de Rosmare pour l’espèce suivante, afin d'indiquer le rapport que donnent à ce dernier holocentre la figure et la disposition de ses deux dents supérieures , avec le Morse rosmarus ou Vache marine, dont les laniaires supérieures sont longues, tournées vers le bas, et au nom- bre de deux ?. * Hepta signifie sept , et dactylos signifie doigt. © 7 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre rouge- brun , 16 à chaque nageoire pectorale, 18 à la caudale, — 3 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre soldado, 46 à caaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés & chaque thoracine, 17 rayons à [a nageoire de la queue, — 46 rayons à chaque pectorale de l'holocentre bossu, 4 rayon aiguillonné et3 rayons articulés à chaque thoracine, {7 rayons I, 517 La première partie de la dorsale de cet holo= centre rosmare est plus basse que la seconde, et vraisemblablement bordée de brun ou de noir. C'est encore Commerson qui nous a transmis un dessin de ce rosmare , de l’océanique , et du salmoïde. L’océanique a, comme le rosmare, la pre- mière partie de la nageoire du dos moins haute que la seconde, et bordée d’une couleur fon- cée. IL vit dans le grand Océan, aupres de Ja ligne ou des tropiques ; et c’est aussi dans ce grand Océan , que l'on a rencontré le salmoïde, dont nous avons tiré le nom spécifique de la ressemblance de sa tête avec celle du saumon. Une mer bien plus rapprochée du pôle est la patrie du norvégien : il habite dans celle qui sépare le Groenland de la Norvège. Son oper- cule se termine par une longue épine. Les ou- vertures de ses narines sont doubles ; et on a même écrit qu’elles étaient triples, ce qui nous paraîtrait extraordinaire. L'erreur de ceux qui auront cru Voir trois orifices pour chaque na- rine, sera venue de l’altération de l'individu qu'ils auront examiné. Les écailles sont arron- dies, grandes, et fortement attachées ; les pec- torales allongées ; et la dorsale s’étend depuis le sommet de la tête jusqu'à la queue. CENT VINGT-TROISIÈME GENRE. LES PERSÈQUES !. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux oper- cules ; un barbillon, ou point de barbillons aux md- choires ; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. { Quinze rayons à la première na- geoire du dos; quatorze rayons à la seconde; deux rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; les deux mâchoires également avancées ; les thoracines rouges. ESPÈCES. 4° LA PERSÈQUE PERCHE. à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de l'holo- centre sonnerat , 47 à chaque pectorale , 1 rayon aïiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 20 rayons à la na- geoire de la queue. — 14 rayons à chaque pectorale de l'holo centre heptadactyle, 47 à la caudale. — 44 rayons à chaque péctorale de l'holocentre panthérin. — 10 rayons à chaque pectorale de l'holocentre rosmare. — 14 rayons à chaque pr&- torale de 1 holocentre océanique, 16 à la nageoire de la quexe, — 7 rayons à la membrane branchiale de l'holocentre uorvés gien, 19 à chaque pectorale , 1 rayon aiguillonné et 3 rayo articulés à chaque thoracine, 16 rayons à la caudale. 4 Le genre PERCRE, Perca, Linn., est conservé par M,Gu- 48 GARACTÈRES. Neuf rayons à la première dorsale; treize à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- culés à la nageoire de l'anus; le corps allongé; point de bandes transversales, ni de raies longitu- dinules. Neuf rayons à la première dorsale ; vingt- trois à la seconde; trois rayons aiguillonnés et vingt-un rayons articulés à la nageoire de l'anus ; lamâchoire inferieure un peu plus avancée que la supé- rieure ; le rayon aiguillonné de chaque thoracine, dentelé sur son bord antérieur. | Dix rayons à la première nageoire | LA PeseRQUE AMERI- \GAINE. D L3 PRASÈQUE BRUNNIQN du dos; vingt-six à la seconde ; deux rayons. aiguillonnés ‘et sept rayonsarticulés à celle de l'anus; un barbillon au ‘bout de la mä- choire inférieure. Neuf rayons à la première dorsale ; treize à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à l'anale; deux orifices à chaque narine; deux aiguillons à chaque opercule; un grand nom- brede raies longitudinales, étroi- tes et dorées. fNenf rayons à la première nageoire du dos ; douze à la seconde; trois rayons aignillonnéset neufrayons articulés À la nagroire de l'anus ; un seul orifice à chaque narine ; deux ou trois aiguiilons à chaque opercule; un grand nombre de points noirs sur la partie supé- rieure de l'animal. Dix rayons à la première dorsale ; | quinze à la seconde; quatrerayons 4. Li PEBSÈQUE UMBRE. 5: LAPBRSÈQUE DIACANTHE. 6. LA PERSÈQUE POIN- TILLEE. aiguillonnés et huit rayons articu- lés à l'anale ; le sommet de la tête déprimé , et marqué par quatre raies saillantes et longitudinales ; la lèvre supérieure extensible, et moius avancée que l'inférieure ; un aiguillon à chaque opercule; les nageoires rouges. | rayons à la première nageoire d. LA PERSÈQUE MURDJAN. du dos ; quinze à la seconde; qua- tre rayons aiguillonnés et huit rayons articulés à la nagcoire de l'anus; une fossette allongée et profonde, et deux petits faisceaux de stries saillantes sur le sommet de la tête; un aiguillon blanc, fort et très-long à la première pièce de chaque opercule ; ia nu- que relevée en bosse. / Onze rayons à la première dorsale; quinze à la seconde, trois rayons aiguillonués et huit rayons articu- lés à l’anale ; la couleur générale d'un bleu argenté; trois ou qua- tre ou cinq raies longitudinales et brunes de chaque côté du corps et de la queue. Huit rayons à la première nageoire du dos ; onze à la seconde; trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire de l'anus ; les deux mâchoires arrondies pair devant, et échancrées ; l'infé- rieure beaucoup plus avancée que la supérieure; deux aiguillons à la première pièce de chaqne oper- cule ; les écailles rhomboïdales et ciliées ; la ligne latérale s'éten- dant sur la caudale , jusqu'à l'an- gle rentrant de cetie nageoire. 8. LA PERSÈQUE PORTE- ÉPINE. 9. LA PEKSÈQUE KOREOR. | 4 LA PERSÈQUE LOUBINE. al | +ier. et ce naturaliste en fait le type de sa famille des Acan- thoptérygiens percoïdes. Les espèces que M. de Lacépède y comprenait appartiennent aux genres PEBSÈQUE, Bar, MYRI- PRISTIS, HOLOCENTRR CENTROPOME €lG HISTOIRE NATURELLE CARACTÈASS. Dix rayons à la première dorsale ; treize à la seconde; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- culés à l'amale ; un rayon aiguil- lonné et sept rayons articulés à chaque thoracine ; deux aiguillons à la seconde pièce de chaque oper- eule ; quatorze raies longitudina- | les, alternativement brunes et ESPÈCES. 11. LA PENSÈQUE PRASLIN. blanchätres, de chaque côté de l'animal. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue rectiligne, ou arrondie, et non échancrée. Six rayons à la première nageoire du dos; quatorze à la seconde, neuf rayons à la nageoire de l'anus; trois aiguillons à chaque pièce de chaque opercule; la mâ- Choire inférieure plus avancéeque la supérieure : les écailles-petites et relevées par une arête; la cau- dale arrondie; huit raieslongitu- dinales et blanches. Cinq rayons à la première dorsale ; quatorze à la seconde ; dix rayons ( à l'anale; deux ou trois aiguil- \ 12. LA PERSÈQUE ‘TRIAGAN- THE. lons à la dernière: pièce de cha- que opercule ; la mächoire in- térieure beaucoup plus avancée que la supérieure ; les écailles très- petites : la candale arrondie ; la ligne latérale courbée vers le bas, ensuite vers le haut, et de nou- veau vers le bas ; quatre raies lon- gitudinales et blanches de chaque côté de l'animal. | Dix rayons à la première nageoire 15. LA PERSÊQUE PENTA- CANTHE. du dos ; vingt huit à la seconde ; deux rayons aiguillonnés et six rayons articulés à la nageoire de l'anus ; un aiguillon à la seconde pièce de chaque opercule; les écailles arrondies et dentelées ; la caudale en forme de fer de lance; de prtites écailles sur la base de cette nageoire, ainsi que sur celle des pectorales, et de la nageoire du dos. 14. LA PERSÈQUE FOURCROI. LA PERSÈQUE PERCHE !, Perca fluviatilis, Linn., Gmel., Cuv., BI1., Lac. ?. La Nature nous a environnés de merveilles. Est-il autour de nous un de ses ouvrages dont 4 Persega, en Italie. — Pesceparsico, dans quelquesiles de la Méditerranée. — Herveling, à l'âge d'un an, Egle, ou eylen, à l'âge de deux ans, Stichling, à l'âge de trois ans, Keeling, ou bersich, à l'âge de quatre ans, en Suisse. — Rin- gel-persing, Bunt baarsck , en Allemagne. — Bürstel en Bavière.— Berstliny, Perschling, Warschieger, en Actri- che. — #retensa, en Hongrie. — Zarïsch, Perscke, en Prusse, —Bars, Baarsch, Stockbaarsch, en Poméranie, — Assure, ou assaris, chez les Lettes. — 4hwen, en Estonie. — Ovium, en Pologne. — Okum, en Russie, — A/borre, en Suède, — Tryde, Skybbo, en Norvège. — Fersk - vands aborre, Aborn, en Danemarck.— Baars, en Holtande.— Perch, en Angleterre. — Persègue perehs. Daubenton et 2 Du genre PERCHE, Perca , type de la famille des Acan- deM Guvier. D. | ihoptérygiens percoïdes, selon M. Cuvier. D. DES POISSONS. l'observation attentive ne puisse nous dévoiler un phénomène curieux et nous donner un plai- sir et bien vif et bien doux ? et cependant com- bien peu d'objets nous connaissons encore, parmi ces productions si intéressantes qui se présentent sans cesse à nos regards ! quel grand nombre de preuves ne pourrions-nous pas of- frir de cette vérité, qui, n’accusant que notre indifférence , la changera par cela seul en zèle courageux, et nous promet pour l'avenir des jouissances si variées et des connaissances si utiles! Contentons-nous de faire remarquer celle que nous fournit le sujet de cet article. _a perche habite parmi nous; elle peuple nos lacset nos rivières ;elleestservie sur toutes nos tables : qu’il est néanmoins bien peu d'hommes, même parmi les naturalistes instruits, qui en aient étudié l’intéressante histoire! Tächons d’en présenter les faits les plus di- gnes de l'attention des physiciens ; mais jetons auparavant les yeux sur quelques-uns des or- ganes principaux de cet animal remarquable. La perche attire les regards par:la nature et par la disposition de ses couleurs, surtout lors- qu'elle vit au milieu d’une onde pure. Elle brille d'une couleur d’or mêlée de jaune etde vert, que rendent plus agréable à voir, et le rouge répandu sur toutes les nageoires, excepté sur celle du dos, et des bandes transversales lar- ges et noirâtres. Ces bandes sont inégales: en longueur, ordinairement au nombre de six; et ressemblant le plus souvent à des reflets qui ne paraissent que sous certains aspects, plutôt qu’à des couleurs fortement prononcées , elles Haüy; Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, — Faun. Suecic. 552. — Müll. Prodrom. Zoolog. Danic., p. 46, n. 588.— Perche de rivière. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. — Meiding, Icon. pise, Austr., t, 5.— « Perca:lineis sex « transversis nigris, pinnis ventralibus rubris. » Artedi, gen. 89, syn. 66, spec. 74. — À meoxn. Aristot., 1.6, c.14.—Plin., 1.9, c. 46; et 1.52, c. 9 et 10. — Perca. Auson. eleg. Mosell. v. 145.—Cub. 1. 5; c.66, (286, a.—Perche fluviatile. Rondelet, part. 2, c. 19.— Perca fluvialilis. Wotton, I. 8, f. 137. — Id. Salvian , f. 224, b. et 226. — /d. Gesner, p. 698, Icon. animal. p. 502; et(gerin.) Ê 168, b. — Zd: Wiughby, p: 291: — Rai, p.97. — Perca fluviatilis major. Aldrov., L 5, c. 55, p. 622. —Perca major, Schoney., p. 55.—1d. Jonston, 1. 5,t.5, c. 1, p. 146, tab. 28, fig. in infimaiparte, et tab: 29, fig. 8: — Char- léton, p. 161:— Perca. Petri ArlediSynenymiapiseium, etc., auctore J. G, Schneider, p. 405. — « Perca dorso dipterygio, « lincis utrinque sex, etc.» Gronov. Mus. 4, p. 42. n. 96; Zooph., p. 91, n. 501. —Bloch, pl. 52.— « Perca pinnis dua- « bus;.etlc. » Klein, Miss. Pisc. 5, p. 36, n. 1, tab. 7, fig. 2. — Perca. Bélon, Aquat., p.295. — Perca fluviatilis. Wulff, Ichthyol: Boruss: , p.27; D. 55. — Brit. Zool. 3, p. 211, — Borstlingi et hev»chlina. Marsig. Danub,,4,,p. 65, lab. 28, fig. 2. 315 se fondent d’une manière très-doucedansle vert doré du dos et des côtés de l'animal. Iiris est bleu à l'extérieur et jaune àl'intérieur. Les deux dorsales sont violettes; et la première de ces deux nageoires montre une tache noire à son extrémité postérieure. Les dents qui garnissent les deux mâchoires sont petites, mais pointues; d’autres dents sont répandues sur lé palais et autour-du gosier ; la langue seule est lisse. On compte deux orifices à chaque narine; l'on voit, de chaque-côté, au- près de ces orifices, entre l’œil et le bout du museau, trois ou quatre pores assez grands, destinés à filtrerunehumeur visqueuse. La pre mière piece de chaque opercule est dentelée, et de plus garnie, versle bas, de six ou sept ai- guillons; la seconde ou troisième pièce se ter- mine en une sorte de pointe ou d’apophyse ai- guës et tout l’opereule est couvert de petites écailles. La partie osseuse de chaque branchie présente, dans sa concavité, un double rang de tubercules presque égaux et semblables les uns aux autres, excepté ceux de la première, dont les extérieurs sont aigus et trois ou quatre fois plus longs que les autres. Des écailles dures, dentelées , et fortement attachées à la peau, re- couvrentle corps et la:queue. L'estomac est assez grand ; le canal intestinal qui le suit est deux fois recourbé; trois appen- dices ou cæœcums sont placés un peu au delà du pylore; la vessie est cylindrique et composée d'une membrane très-mince; le foie se partage en deux lobes, dont le gauche est le plus grand, et entre lesquels on distingue une vésieule du fiel, transparente et jaunâtre. La laite des mâles est double; mais l’ovaire des femelles n’est composé que d’un sac membraneux. L’é- pine dorsale comprend quarante ou quarante etune vertèbres, et soutient dix-neuf côtes de chaque côté. La perche ne parvient guère dans les contrees tempérées, et particulièrement dans celles que nous habitons, qu'à la longueur de six ou sept décimètres , et elle pèse alors deux Kilogram- mes, ou à peu près: mais, dans les pays plus rapprochés du nord, elle présente dés’ dimen- sions bien plus considérables. On ena pêché en Angleterre, dû poids de quatre ou cinq kilo- grammes. On en trouve en Sibérie et dans la Laponie, d’une grandeur-telle, que: plusieurs écrivain ‘les ont nommées inonstrueuses. Sui- vant P och, on conserve. dans une église de 380 HISTOIRE NATURELLE Lapünie, une tête de perche de plus de trois déci- | l’incommode , doit être rapportée. Elle se frotte mètres de longueur ; et l’on peut d'autant plus, d'après ces faits, croire que les eaux des cli- was les plus froids sont celles qui, tout égal d’ailleurs, conviennent le mieux à l'espèce dont nous parlons, qu’on ne peut pas dire que la grandeur des perches du nord de l’Europe dé- pende des soins que les Lapons ou les habitants de la Sibérie se sont donnés pour améliorer les poissons de leur patrie. Les perches se plaisent beaucoup dans les lacs. Elles les quittent néanmoins pour remon- ter dans les rivières et dans les ruisseaux, lors- qu’elles doivent frayer. On ne les voit guere que dans les eaux douces. Cependant nous lisons dans l'édition de Linnée donnée par le professeur Gmelin, qu’on les rencontre aussi dans la mer Caspienne. Peut-être les individus qu'on y a péchés n'étaient-ils que par accident dans cette mer, où ils avaient pu être entrainés, par exemple, lors de quelque grande inonda- tion, par .e courant rapide des fleuves qui s’y jettent. Au reste, la perche habite dans presque toute l'Europe ; et si elle est assez rare vers l’embou- chure des rivières, et notamment vers celle de la Seine !, ou d’autres fleuves de France, elle est commune auprès de leurs sources, dans les lacs dont elles tirent leur origine, particulière- ment dans celui de Zurich ?. Il n'est donc pas surprenant qu’elle ait été bien connue des anciens Grecs et des anciens Romains. Elle nage avec beaucoup de rapidité, et se tient habituellement assez près de la surface. La vessie natatoire qui l’aide dans ses mouve- ments et dans sa suspension au milieu des eaux, est grande, mais conformée d’une manière par- ticulière; elle est composée d’une membrane qui, dans toute la longueur de l'abdomen , est placée contre le dos, et attachée par ses deux bords. La perche ne fraie qu’à l’âge de trois ans. C’est au printemps qu'elle cherche à déposer ou à féconder ses œufs; mais ce temps est tou- jours retardé lorsqu'elle vit dans des eaux pro- fondes qui nereçoivent que lentement l'influence de la chaleur de l’atmosphère. La maniere dont le femelle se débarrasse des œufs dont le poids 1 Note communiquée par M. Noël. * Topographie de la Suisse, par Herliberger. contre des roseaux, ou d’autres Corps aigus ; &r dit même qu’elle fait pénétrer la pointe de ee, corps jusqu’au sac qui forme son ovaire, € que c’est en accrochant à cette pointe cette en. ‘veloppe membraneuse, en s’écartant un peu ensuite, et en se contournant en différents sens, que, dans plusieurs circonstances, elle se dé- livre de son faix. Mais quoi qu'il en soit à ce égard, cette peau très-souple qui renferme les œufs a quelquefois une longueur de deux ou trois mètres ; et dès le temps d’Aristote, on sa- vait que les œufs de la perche, retenus les uns contre les autres , soit par une membrane com- mune, soit par une grande viscosité, formaient dans l’eau une sorte de chaîne semblable à celle des œufs des grenouilles, et pouvaient être fa- cilement rapprochés, réunis, et retirés de l’eau par le moyen d’un bâton, ou d’une branche d'arbre. Ces œufs sont souvent de la grosseur des graines de pavot; mais lorsqu'ils sont encore renfermés dans le corps de la femelle, ils n’ont que le très-petit volume de la poudre fine à tirer. Le nombre de ces œufs varie suivant les individus, et même selon quelques circon- stances particulières et passagères. Harmer, Bloch et Gmelin ont écrit que l’on devait à peine supposer trois cent mille œufs dans une perche de vingt-cinq décagrammes (ou une demi- livre) de poids. Mais voici une observation d’après laquelle nous devons croire qu’en géné- ral les perches femelles pondent un plus grand nombre d'œufs qu’on ne l’a pensé. Monsieur Picot de Genève, le digne ami de feu l’illustre Saussure, m'écrivait en floréal de l’an 6, qu'il venait d'ouvrir une perche du lac sur les bords duquel il habite ; que ce poisson pesait six cent cinquante grammes ou environ; qu'il avait trouvé dans l'intérieur de cette persèque une bourse qui contenait tous les œufs; que ces œufs pesaient le quart du poids total de Pani- mal, et que leur nombre était de neuf cent quatre-vingt douze mille. Communément les œufs de perche éclosent quoique la chaleur du printemps soit encore très-faible ; et n’est-ce pas une nouvelle preuve de la convenance de l’espèce avec les climats très-froids? Le poisson que nous décrivons vit de proie. Il ne peut attaquer avec avantage que de petits animaux; mais il se jette avec avidité non- DES POISSONS. seulement sur des poissons très-jeunes ou très- faibles, mais encore sur des campagnols aqua- tiques, des salamandres, des grenouilles, des couleuvres encore peu développées. Il se nour- rit aussi quelquefois d’insectes ; et lorsqu'il fait très-chaud, on le voit s'élever à la surface des lacs ou des rivières, et s’élancer avec agilité pour saisir les cousins qui se pressent par milliers au-dessus de ces rivières ou de ces lacs. La perche est même si vorace, qu’elle se précipite fréquemment et sans précaution sur des ennemis dangereux pour elle par leurs armes, s'ils ne le sont pas par leur force. Elle veut souvent dévorer des épinoches; mais ces derniers poissons s’agitant avec vitesse, font pénétrer leurs piquants dans le palais de la perche, qui dès lors ne pouvant ni les avaler, ni les rejeter, ni fermer sa bouche, est con- trainte de mourir de faim. Lorsqu'elle peut se procurer facilement la nourriture qui lui est nécessaire, et qu’elle vit dans les eaux qui lui sont le plus favorables, elle est d’un goût exquis. Sa chair est d’ailleurs blanche, ferme, et très-salubre. Les Romains la recherchaient dans le temps où le luxe de leur table était porté au plus haut degré; et le con- sul Ausone, dans son poëme sur la Moselle, Ja compare au mulle rouget, et la nomme De- kices des festins. Les perches du Rhin sont particulièrement très-estimées !. Un ancien proverbe très-répan- du en Suisse prouve la bonne idée qu’on a tou- jours eue de leurs qualités agréables et salutai- res, et on a fait pendant longtemps à Genève un mets très-délicat de très-petites perches du lae Léman, que l’on appelait Mille-canton lorsqu'on les avait ainsi préparées. Les Lapons, dont le pays nourrit un très- grand nombre de grandes perches, ainsi que nous venons de le dire, se servent de la peau de ces animaux pour faire une colle qui leur est très-utile. Ils commencent par faire sécher cette peau; ilslaramollissentensuitedansde l’eau froi- de, jusqu'au point nécessaire pour en détacher les écailles ; ils la renferment dans une vessie de renne, ou l’enveloppent dans un morceau d’é- corce de bouleau; ils la placent dans un vase rempli d’eau bouillante, au fond de laquelle ils la maintiennent par le moyen d'une pierre ou 1 Cysat, description de la Suisse. 381 d’un autre corps pesant; et lorsqu'une ébulli- tion d’une heure l’a pénétrée et ramollie de nouveau, elle est devenue assez visqueuse pour être employée à la place de la colle ordinaire d’acipensère huso. C'est par le moyen de cette substance que les Lapons donnent particulière- ment beaucoup de durée à leurs arcs, qu'ils font de bouleau ou d’épine. Bloch, qui rapporte les manipulations dont nous venons de parler, ajoute, avec raison, qu'on devrait, à l’imitation des habitants de la Laponie, faire une colle utile de la peau des perches, dans toutes les circonstances où, à cause de la chaleur, d'autres accidents de l’atmosphère, ou de la distance du lieu de la pêche à des endroits peuplés, on ne peut pas vendre d'une manière avantageuse ceux de ces animaux que l’on a pris. Il croit aussi, avec toute raison, qu’en variant les pro- cédés, on ferait avec cette peau une colle aussi bonne que celle que donne la vessie natatoire des acipenseres; et voilà une nouvelle preuve de ce que nous avons dit au commencement de cet ouvrage ‘, sur la facilité avec laquelle on peut convertir en excellente colle non-seule- ment la vessie natatoire mais toutes les mem- branes de tous les poissons tant de mer que d’eau douce. On prend les perches de plusieurs manières. On les pêche pendant l'hiver, au colerel?; et pendant l'été, avec un autre filet qui ressemble beaucoup au {ramail®, et que l’on nomme Fi- let à perches. Ona remarqué dans beaucoup de pays que, lorsque ces poissons entrent dans le filet, ils nagent quelquefois si rapidement, qu’ils se donnent des coups violents contre les maiiles, s’étourdissent, se renversent sur le dos , et flettent comme morts. Mais l’hamecon est l'intrument le plus favorable à la pêche de ces animaux : on le garnit ordinairement d’un très-petit poisson, ou d’un lombrie, ou d’une patte d’écrevisse. Les pêcheurs cependant ne sont pas les seuls ennemis que la perche doive redouter ; elle est la proie, non-seulement des grands poissons , et 1 Article de l'Acipensére huso. D après l'indication qu'il avail bien voulu me demander, mon confrère M. Rochon, de l'Institut, a employé avec succès la colle faite avec des mem- branes de plusieurs espèces de poissons, pour garnir les toiles de cuivre qu'il a substituées au verre dans les fanaur des vaisseaux. 3 Voyez la description du Coleret, p. 542. s Ou trouvera une description du Tramail ou Trémail, dans l'article d» £ade colin. ‘ 382 particulièrement des grosses anguilles, mais en-. core des canards, et d'autres oiseaux d’eau. De petits animaux, et notamment des cloportes, g’attachent quelquefois à ses branchies, et, déchirant, malgré tous ses efforts, son organe respiratoire, lui donnent bientôt la mort. Parmi les différentes maladies auxquelles elle est aussi exposée, de même que presque toutes les autres espèces de poissons, il en est une qui produit un effet singulier. Elle gagne cette ma- ladie lorsqu'elle séjourne pendant long-temps dans une eau dont la surface estigelée, et dont, par conséquent, les miasmes retenus par la glace ne peuvent pas se dissiper dans latmos- phère ‘. Elle devient alors enflée à un tel degré, que la peau de l’intérieur de sa bouche se gonfle, et sort en forme de sac. Un gonflement sembla- ble a aussi lieu quelquefois à l'extrémité de son rectum ; et c’est l’espèce de poche que produit à l'extérieur la tension et la sortie de la mem- brane intestinale qui à été prise par des pê- cheurs pour la vessie natatoire de l'animal, que la maladie aurait détachée et poussée en dehors. De plus, quelques accidents particuliers peuvent agir sur les parties osseuses, ou plutôt sur les muscles de la perche, de maniere à fléchir et courber son épine du dos. Elle est alors non pas bossue, ainsi qu'on l’a écrit, mais contrefaile. Elle peut néanmoins résister avec plus de facilité que plusieurs autres poissons, à beau- coup de maladies et d'ennemis. Elle a la vie dure; et lorsque, dans un temps frais, on l’a mise dans de l’herbe, on peut la transporter vivante à plusieurs: kilomètres. On a eu tort de regarder comme différentes les unes desautres, les perches des lacs et celles des rivières, puisque les mêmes individus ha- bitent, suivant les.saisons , dans les rivières et dans les lacs ; mais on peut distinguer plusieurs variétés de perches.plus ou moins passagères, d’après la couleur, le nombre ou l'absence des bandes transversales. On a vu ces bandes, au lieu de montrer la couleur noirâtre qu’elles présentent le plus souvent, offrir une nuance blanche, ou d'un vert foncé, ou d'un bleu mêlé de noir. De plus, Blasius et Jonston ont trouvé des perches avec douze bandes transversales; ‘Voyez ce que nous avons écrit sur lesmaladies des poissons, dans le Discours intitulé: Des effets de l’art de l’homme sur la nature des poissons HISTOIRE NATURELLE Aldrovande, Willughby, Klem et! Gronou, avec neuf; Schæffer', avec huit; j'en ai compté sept sur un individu de l'espèce que nous-décri- vons; Pennant à vu des perches qui n’en avaient que quatre; et Richter, Marsigli et Bloch en ont observé qui n’offraient aucune! bande !. LA PERSÈQUE AMÉRICAINE ?, Labrax ... . ., Cuv.;Perca americana, Schæpf, Linn., Gmel., Lac.5. xr DA PERSÈQUE BRUNNICH"#, Capros Aper, Linn., Lac.; Perca Brunnich, Lac. #. Le nom de l’américaine indique sa patrie Elle vit dans les eaux à demi salées du nouveau continent, c’est-à-dire dans la partie des fleuves la plus voisine de leur embouchure et où par- viennent les hautes marées, ou dans les lacs qui reçoivent des rivières, et qui cependant communiquent avec la mer. Elle a beaucoup de rapports avec la perche : mais indépendam- ment de plusieurs de ses proportions qui sont différentes, et particulièrement du peu d’élé- vation de son dos, indépendamment encore de l'absence de toute bande transversale, elle ne montre aucune tache à l’extrémité de là pre- mière nageoire du dos, et elle a la lèvre infé- rieure, le dessous de la gorge, la membrane branchiale et l’opercule, d’une belle couleur rouge. On ne compte qu’un rayon aiguillonné à la seconde dorsale ©. ‘7 rayons à lamembranebranchialede la persèque perche, 44 à chaque pectorale, 5 ou 6 à chaque thoracine, 25 à la na- geoire de la queue. 2 « Perca rubra, pinnarum dorsalium secundà, radüs45: » Schæpf. Naturf. XX, p. 17. 5 M. Cuvier, après avoir décrit le petit BAR d'AMÉRIQUE. Labrax mucronata (famille des Acanthoptérygiens percoï- des), ajoute que ce poisson ressemhlerait assez à daidéserip- tion que Schæpf donne de son Perce americana, si ce n'est que, dans ce dernier, les écailles sont représentées comme cihées, tandis que, dans le petit Bar d'Amérique; il y a préci= sément moins d'apparence de dentelures, que dans les autres espèces du même genre. D. 4 Mart. Brunnich. Ichth. Massil., p. 62, n. 79: — Pelite persèque.Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 La Persèque Brunmnich, selon M. Cuvier, ne diffère pas da Capros sanglier de M. de Lacépède. Ainsi son espèce été décrite deux fois par ce naturaliste, sous deux noms dif- férents. D. 615 rayons à chaque pectorale de la persèque américaine, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracitié, 18 rayons à la caudale. —6 rayons à la membrane brauchiale de la persèque brunnich, 14 à chaque pectorale, { rayon ai- guillonné et 3 rayons articulés à chaque thoracine, i4rayons à la nageoire de la queue. — Mota. Tous les rayons de la pre- DES POISSONS. La persèque brunnich, qui a été décrite pour la première fois par le naturaliste dont jelui ai donné le nom, habite dans la Méditerranée. Elle brille de l'éclat de l'argent.et de celui du rubis, toute sa surface réfléchissant diverses nuances variées de rouge et de blane argentin. Son corps et sa queue sont très-comprimés; le dos est élevé; les écailles sont très-petites, mais très-pointues, et par conséquent très-rudes au toucher; le museau est pointu; l'iris blanc; et la longueur totale de l'animal n’exeède pas communément einq centimètres. LA PERSÈQUE UMBRE!, Umbrina vulgaris, Cuv.; Sciæna cirrhosa, Linn.; Gmel.; Johoius cirrhosus, Bl., Schn.; Perca umbra, Lac. 2. Nous avons déjà dit, à l’article de la Sciène umbre, combien cette sciène et la persèque dont nous allons parler, ont été fréquemment con- fondues, et quel soin nous avons cru devoir nous donner, non-seulement pour reconnaitre et indiquer leurs véritables caractères distine- tifs, mais encore pour rapporter à chacune de ces deux espèces les passages dans lesquels les naturalistes tant anciens que modernes les ont mière dorsale sont aiguillonnés et tous ceuxide la seconde articulés. 4 Ombre, dans plus. contrées de France. — Daine, dans plus. départ. mérid. — Umbrino, sur plus. côtes septent. de la Méditerranée. — Corvo, Corvetto, à Rome.— Nota. Ces noms de Corvo'et de Corvello ont été aussi donnés à notre sciene umbre). — Millocono, en Grèce. — Schifsch par les Arabes. — Bartumber, Meerasche, en :Memagne. — Bear- ded umber, Crow fish, en Angleterre, — « Sciæna maxillà « superiore longiore, cirrosa in inferiore. » Artedi, gen. 58, syn. 63. — À oxiauve. Arist., L 8, ©. 19. — Sxiatye. Alhen., 17, p. 522. — Chromis, Umbra marina, Glaucus , Bélon. — Sciæna et umbra auctorum. — Umbra. Varron.— /d. Columell. — /d. Ennius poeta, — Id. Wotton, 1.8, c. 175, f.156.— Unibre Rondelet, part. 4, 1.3, c. 9. — Umbra. Gesner, (germ.) «1. 28, a , 29 a. — 1029 et 1050. {2e édit. de Francfort, 1604). — Zd. Willughby, p. 299 et 500. — /d. Rai, p.95 et 96. — Unbra, vel umbra marina, vel coracinus Salviani, vel glaucus Belonii. Aldrov. (Bolon. 1658), L. 1, c. 15, p. 72; et c. 18,p. 84. — Umbr'a, vel coracinus, vel co- racinus niger. Salvlan., fol. 115 a, 116 0,117 a,417b,118a, et 118 b, — Umbra, seu sciæna, seu glaucus.Jonston, 1. 4, tit. 2, Cap. 1, @. 15, tab. 15,88. 10. (Amsterd. 1657). —Sciæna. Plin., 1.9, c. 46. — Umbra. Pelri Artedi Synon. pisc.,etc., auctore J. G. Schneider, p. 101. — Sciène barbue. Bloch, pl. 500.— Sciéne corp. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — (Nota. Nous ayons déjà vu que ce nom de Corpayait été donné dans plus. dé- part. méridiouaux, et appliqué par Rondelet à notre sciene umbre). — £ciæna umbra. Hasselquist., It. 552, n. 80. 3 Du genre OMBRINE, wmbrina, dans la famille des Acan- thoptérygiens sciénoïdes, Cuv. C'est l'Ombrine commune de ce naturaliste, D. 387 eues en vue. La ressemblance des noms donnés à cette persèque et à cette sciène a introduit la confusion que nous avons voulu dissiper. Il résulte de nos recherches, ainsi qu’on a déjà pu le voir, que notre sciène umbre estle Corbeau marin, où le Poisson corbeau de la plupart des auteurs, et que la persèque décrite dans cet article est la véritable Umbre de ces mêmes auteurs, et même leur vraie Sciène, au moins si on ne prend ce dernier mot que pour une dé- nomination spécifique. Mais cette Sciène ou Unbre des auteurs ne peut pas être inscrite dans un genre différent de celui des vraies Persèques, auxquelles elle ressemble par tous les traits génériques que tout bon méthodiste admettrait comme tels. Nous n’avons done pas pu la comprendre dans le groupe de thoracins auquel nous avons réservé le nom générique de Sciène ; et c'est à la suite de la perche, de la persèque américaine, et de la persèque brunnich, que nous avons dû placer sa notice. Notre persèque umbre, l’umbre des auteurs, vit dans la Méditerranée, où elle a été observée dès le temps d’Aristote : mais on la trouve aussi dans la mer des Antilles, où Plumier en a fait un dessin que Bloch a copié. Elle parvient quelquefois, suivant Hasselquist, qui l’a vue en Égypte, jusqu’à la longueur de six ou sept décimètres. Sa tête est comprimée et toute couverte de petites écailles. Les deux mâchoires, dont l’inférieure est la plus courte, sont garnies de dents très-petites et semblablesà celles d’une lime. Chaque narine a deux orifices. Le bar- billon qui pend au-dessous du museau est gros, mais très-court. Un aiguillon arme la derniere pièce de chaque opercule. Le dos et le ventre sont arrondis. La hauteur de l’animal est assez grande. Le corps et la queue sont comprimés; les écailles larges, rhomboïdales et un peu den- telées ; les rayons de la première nageoire du dos aiguillonnés ; ceux de la seconde articulés, excepté le premier. La couleur générale de l'a- nimal est jaune. Des raies bleues vers le haut, et argentées vers le bas, s'étendent oblique- ment sur chaque côté du poisson. Une tache noire parait à l'extrémité de chaque opercule. Les pectorales, les thoracines et la caudale sont noirâtres; l’anale est rougeâtre; les dorsales sont brunes; et deux raies longitudinales ei blanches règnent sur la secondenageoire du dos. L’umbre a d’ailleurs le péritoine fort et ar- 384 genté ; l'estomac allongé ; six appendices auprès du pylore; le canal intestinal proprement dit recourbé trois fois ; le foie divisé en deux lobes, au plus long desquels la vésicule du fiel est at- tachée ; l'ovaire ou la laite double; et la vessie natatoire large, simple, et formée par une membrane épaisse. Cette persèque se plaît dansles endroits pier- reux, et se retire pendant l'hiver dans les pro- fondeurs voisines des rivages. Il arrive souvent qu’elle ne fraie qu’en automne. Elle aime à dé- poser ses œufs sur les éponges qui croissent près des côtes. Elle se nourrit d'algues et de vers. Vraisemblablement elle mange aussi de petits poissons. Sa chair est ferme, mais facile à digérer ; et il paraît que sa tête était très-re- cherchée par les anciens Romains ‘. LA PERSÈQUE DIACANTHE ?, Labrax Lupus, Cuv.; Sciæna diacantha, BI., Lac. ; Centropoma Lupus, Lacep. ‘. La Persèque pointillée #, Labrax Lupus, Cuv.; Sciæna punctulata, et Sciæna diacantha, Bloch, Lac.; Centropoma Lupus, Lacep. ?. — Perséque Murdjan 5, Myripristis.…., Cuy.; Sciæna Murdjan, Forsk., Linn., Gm.; Perca Murdjan, Lac.*.— Persèque porte-épine ®, Holocentrum spinife- rum, Cuv.; Sciæna spinifera, Forsk., Linn., Gmel.; Perca spiuifera, Lacep. °.— Persèque Korkor {°, Sciæna Korkor, Forsk.; Perca Korkor, Lac. 11, — Persèque Loubine, Cen- tropomus undecimalis, Cuv., Lacep.; Sciæna undecimalis Bloch ; Sphyrena auroviridis, et Perca Lowbina, Lac. (1, — Persèque Praslin ®, Holocentrum orientale, Cuv.; Perca Praslin, Holocentrus albo-ruber, Lac. 44, La diacanthe a les deux mâchoires aussi avan- gées l’une que l’autre ; les dents qui les garnis- sent sont petites; les écailles dures, dentelées, 4 3 rayons à la membrane branchiale de la persèque umbre, 47 à chague pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons arti- grlés à chaque thoracine, 19 rayons à la caudale. 2 Sciène diacanthe. Bloch, pl. 502. 8_F Ces deux poissons, désignés comme des espèces diffé- rentes desciènes par Bloch et Lacépède, doivent être réunis et tous deux considérés comme se rapportaut au BAR COMMUN D'Eurors, Labrax lupus de M. Cuvier (famille des Acan- thoptérygiens percoïles). Conséquemment l'histoire de cette espècese trouve traitée trois fois dans l'ouvrage de M. de La- cépède, aux articles 1° du Certropome loup, 2 de la Persé- que diacanthe; et 5° de la Persèque pointillée. D. 4 Sciène pointée. Bloch, pl. 505. f « Forskael, Faun. Arab., p. 48, n. 52.— Sciène murdjan. Bonnaterre, pl de l'Enc. méth. : 7 Ce poisson est pour M. Cuvier une espèce indéterminée de son genre MykIPRiSTIs, dans la famille des Acanthoptéry- giens percoides. D. * Forskael, Faun. Arab. p. 49, n.84.—Sciène porte-épine. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. $ Du genre HOLOCENTRE, Holocentrum de M. Cuvier, dans M famille des Acanthoptérygiens percoides. D. HISTOIRE NATURELLE et étendues jusque sur la base de la caudaie, et sur celle dela seconde nageoire du dos; le corpset la queue comprimés et allongés. On ne voit que des rayons aiguillonnés à la première dorsale ; on n’en compte qu’un à la seconde. Ces na- geoires sont bleuâtres ; les pectorales , les tho- racines, l’anale et la caudale offrent la même teinte ; mais leur base est rougeâtre. La couleur générale de l’animal est d’un argentin plus ou moins mêlé de bleu. La diacanthe habite la Méditerranée, comme la pointillée. Cette dernière montre du bleuâtre sur le dos, de l’argenté sur les côtés, du rou- geâtre sur les pectorales et sur les thoracines, ainsi que sur l’anale et la caudale, dont l’ex trémité est bleuâtre, et un mélange de jaune et de bleu sur les deux dorsales. Tous les rayons de la première de ces deux nageoires du dos, et le premier de la seconde, sont aiguillonnés; les dents petites et nombreuses; et les deux mâchoires égales en longueur. ; Les trois persèques suivantes ont été obser- vées par Forskael dans la mer d'Arabie, dont elles fréquentent les rivages, au moins pendant une grande partie de l’année. La murdjan est revêtue d’écailles larges, brillantes et dentelées ; ses thoracines sont bor- dées de blanc; les raies saillantes et longitudi- nales du sommet de sa tête se ramifient par der. rière; on voit autour de chaque œil une sorte d’anneau osseux, festonné et même dentelé par le bas ; les dents sent petites, nombreuses et serrées ; la langue est rouge et très-rude; le corps est élevé et comprimé ; il n’y a que des rayons aiguillonnés à la première dorsale , et la seconde n’en renferme qu’un. On peut remarquer la même nature de rayons dans les dorsales de la persèque porte-épine. Ce thoracin présente une couleur générale d'un 40 Sciæna stridens. — Forskael, Faun. Arab., p. 50, — Sciène horkor.Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 41 Non mentionné par M. Cuvier. D. 12 Du genre CENTROPOME, Lac., Cuv., dangs la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. Ce poisson a été décrit trois fois par M.de Lacépède, sous les noms 4° de Centroporne undécimal, 2 de Persèque loubine, et 5° de Sphyreze orvert. D. 45 Perche d'Utopie et de la Nouvelle-Bretagne. — « Aspre « rubens, lineis septem fuscis, totidemque subalbidis, alter- « naulibus, longitudinaliter per latus utrumque ductis. Commerson, manuscrits déjà cités. 44 Du genre HOLOGENTRE, Aolocentrum, Cuv., dans la fa- mille des Acanthoptérygiens percoïdes, Cuv. M.de Lacépède parait avoir décrit une secoude fois sa Persèque praslin, * sanslenom d'Holocentretéuacanthe. D. DES POISSONS. rouge plus ou mous vif; des écailles grandes et dentelées ; un cercle osseux et garni de petits piquants autour de chaque œil ; une queue très- allonuée. La korkor a beaucoup de rapports avec la persèque porte-épine, ainsi qu'avec la murdjan; de méme que ces deux poissons, elle ne mon- tre que des rayons aiguillonnés dans sa pre- mière dorsale , et n’en a qu'un dans la seconde. Elle se nourrit de plantes marines; et lorsqu'on la tire de l’eau, elle fait entendre un petit bruis- sement semblable à celui dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, en traitant, par exem- ple, des balistes, des trigles, et d’autres pois- sons osseux ou cartilagineux. Nous n'avons pas vu d individu de l’espèce de la korkor ; et nous n'avons pas besoin de dire que si, contre notre opinion , cette persèque n’avait pas la caudale échancrée, il faudrait la placer dans le second sous-genre, tout comme il faudrait la retran- cher du genre des persèques , et la transpor- ter dans celui des cheilodiptères, ou des cen- tropomes, ou des sciènes, si ses opercules ne présentaient pas la dentelure et les aiguillons que nous avons dû supposer dans les lames qui jes composent !. M. Leblond nous a envoyé de Cayenne des individus mâles de l’espèce que l’on y nomme Loubine , et dont la description n’a encore été publiée par aucun naturaliste. La premiere dor- sale ne comprend que des rayons aiguillonnés ; laseconde n’en contientqu'un. La troisième pièce de chaque opercule est terminée par un appen- dice membraneux et allongé. Les mâchoires ne sont point armées de dents, dans l'endroit où elles sont échancrées ; mais sur leurs autres 4 3rayons à la membrane branchiale de la persèque dia- canthe, 46 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 20 rayons à la nageorre de la queue. — 5 rayons à la membrane branchiale de la persèque pointillée, 12 rayons à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayous articulés à chaque thoracine, 18 rayons à la caudale. — 7 rayous à la membrane branchiale de la persè- que murdjan , 45 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 19 rayons à la na- gevire «le la queue. — 8 rayons à la membrane branchiale de la perseque porte-épine, 14 à chaque pectorale, { rayon ai- guillonoé et7 rayons articulés à chaque thoracine, 20 rayons la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale de la persèque korkor, 16 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons arliCules à chaqne thoracine, 16 rayons à la na- geoire de la queue. — 6 rayons à la membrane brauchiale de la perseque loubine, 46 à chaque pectorale, { rayon aiguil- tenné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 24 rayons à la caudale. —7 rayons à la membrane branchiale de la per- sèque praslin , 14 à chaque pectorale, 20 à la nageoire de la queuc. | iL 359 parties elles sont hérissées de dents égales, tres- petites, très-nombreuses, etsemblables à d’au- tres dents qui garnissent une éminence de la partie antérieure du palais. La tête, le corps et la queue sont allongés et comprimés. La persèque que nous nommons Prasliæ a été observée pour la première fois, et dans le port de ce nom, par Commerson, en juillet4768, lors de la célèbre expédition de notre Bougain- ville. Nous en avons trouvé la description dans les manuscrits du voyageur naturaliste qui ac- compagnait notre collègue. Ce thoracin parvient à la longueur de trois décimètres; il se plait au milieu des coraux et des madrépores qui bordent les rivages de la Nouvelle-Bretagne. Le goût de sa chair est très- agréable. Toutes ses nageoires sont d’un jaune mêlé de rouge. Des sillons et des stries relevées font paraître sa tête comme ciselée. La levre supérieure est extensible. Des dents petites, serrées et semblables à celles d’une lime , gar- nissent les deux mâchoires. Une lame osseuse, dentelée et demi-circulaire, est placée au-des- sous de chaque œil. Tous les rayons de la pre- miere dorsale, et le premier de la seconde, sont aiguillonnés. La première de ces deux nageoires du dos est bordée vers le haut de pourpre, et vers le bas, de rouge. La couleur générale de l’animal est rougeâtre; une tache pourpre distingue la nageoire de l'anus. LA PERSÉQUE TRIACANTHE, Grammistes orienfalis, Cuv.; Sciæua vittata, Centro- pomus sex-lineatus, Bodianus sex-lineatus, Perca iriacantha, et Perca pentacantha, Lac. *. La Persèque pentacanthe, Grammistes orientalis, Cuv; Perca triacautha, Perca pentacantha, etc., Lacep. ?, — Persèque Fourcroy, Corvina Fourcroy, Cuv.; Perca Furcræa, Lac. 5. Aucune de ces trois persèques n’est encore connue des naturalistes : nous en avons trouvé des individus très-bien conservés dans la col- lection cédée à la France par la Hollande; et 4.2 Ces deux poissons appartiennent à une même espèce, | Grammiste oriental de M. Cuvier, dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes. On trouve cette espèce décrite ciuy fois par M. de Lacépède, sous les noms 4° de Scène rayée, 2 de Centropome six-raies, 5° de Bodian six- raies, 4° de Perséque Wiacantne, et 5° de Persèque penta- santhe. D. 5 Du genre COBB, Corvina, Cuy., dans la famille des Acan- thoptérygiens sciénoïdes. D. 49 386 nous avons dédié la plus belle de ces trois es- pèces à notre célèbre confrère Foureroi, qui ne s’est pas contenté de faire faire de très-grands progrès à la chimie, et d’eélever un beau monu- ment en l'honneur de cette science, mais qui a rendu de nombreux services à l’histoire natu- relle, et auquel nous sommes bien aises de donner un témoignage public de notre haute es- time et de notre ancienne amitié. La persèque triacanthe a la lévre supérieure double; les dents petites, aiguës, et distribuées en plusieurs rangs , le long des mâchoires, sur la langue, au palais, auprès du gosier; et la couleur générale plus ou moins foncée. La pentacanthe présente une lèvre supérieure extensible, des dents très-petites, et une raie longitudinale et blanche sur le dos. La persèque fourcroi a le museau avancé; la lèvre supérieure double et extensible ; un sillon longitudinal sur la tête; les yeux gros; les dents très-menues ; les écailles dentelées !. CENT VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES HARPÉS ?, Plusieurs dents très-longues, fortes et recourbées, au sommet et aupres de l'arliculation de chaque mü- choire ; des dents petites, comprimees et triang lai- res de chaque côte de la mâchoire supérieure, entre des grandes dents voisines de l'articulation et celles du sommet: un barbillon comprimé et triangulaire de chaque côté el auprès de La commissure des lè- vres ; les thoracines, la dorsale et l'anale, très-gran- des, et en forme de faux ; la caudale convexe dans son milieu, et étendue en forme de faux tres-allongée dans le haut et dans le bas ; l'anale attachée autour d'une prolongation charnue, ecailleuse, très-grande, com- primee et triangulaire. CARACTÈRES. Huit rayons à la membrane des branchies; la partie -upérieure du corps d'un beau bleu ; l'iufé- rieure dorée. ESPÈCE. LE HARPÉ BLEU-DORE. 46 rayons à la membrane branchiale de la persèque tria- canthe, 46 à chique pectorale, { rayon aiguitlonné et 3 rayons articulés à chaque thoracine, 19 à la caudale, — 7 rayons à la membrane brat hiale de la persèqne pentacanthe , 14 à cha- que pertorale , 45 à la nageoire de la queue. — 6 rayonsà la membrane branchiale de la persèque fourcroi , 47 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et 5rayons articulés à chaque thoraciue, 47 rayons à la caudale, 2M Cuvier ne cons-rve pas ce genre; il réunit sa senle es- pèce au sous-genre CHEÏLINE daus le grand genre LaBRK, fa- mille des Acanthoptérygiens labroïdes. D. HISTOIRE NATURELLE LE HARPÉ BLEU-DORÉ !, Cheilinus . . .., Cuv.; Harpe cœæruleo-aureus, Lac,?, Nous cessons de nous occuper des dix-sept genres sur la composition et ta nomenclature desquels nous avons fait quelques réflexions particulières dans l’article qui précède le ta- bleau méthodique du genre des labres. Ces dix-sept genres comprennent quatre cent soixante-onze espèces, parmi lesquelles il en est cent quarante-trois dont nous aurons les pre- miers publié la description. Le harpé bleu-doré devra aussi être compté parmi les espèces de poissons que nous aurons fait connaitre aux naturalistes. Ge superbe thoracin est tres-bien représenté dans les peintures sur vélin qui sont déposées au Muséum d'histoire naturelle, et qui ont été exécutées avec beaucoup de soin d’après les dessins du celebre Plumier. Ce magnifique harpé ne montre que deux cou- leurs ; mais ces couleurs sont celles de l’or et du saphir le plus pur. Elles sont d’ailleurs d'autant plus éclatantes, que les écailles qui les réfléchissent offrent une surface large et polie. La première de ces deux belles nuancesresplen dit sur les lèvres, sur l'iris, sur les côtés, sur la partie inférieure du corps et de la queue, sur le haut de la dorsale, et à l'extrémité de la pro- iongation en forme de faux qui termine cette même dorsale, les thoracines, l’anale et les deux bouts de la nagcoire de la queue. Le reste de la surface de l’animal est peint d’un azur que des rellets dorés animent et varient $. Il n’y a qu’un orifice pour chaquenarine. La tête et les deux premieres pièces de chaque opercule sont dénuées de petites écailles ; mais on en voit plusieurs rangs sur la base de la na- geoire du dos. Le diamètre vertical de la queue va en augmentant depuis le second tiers de la longueur de cette partie, jusqu’à la base de la caudale. 4« Turdus totus cæruleus et aureus. » Plumier, peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle, 2 Voyez la note 2 de la colonne précéiente. D. #40 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la dorsale du harpé bleu-doré, 10 a chaque pectorale, 6 à chaque thora- cine, 2 ou 5 rayons aiguillonnés et 43 rayons articulés à l'a- näle, 15 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. CENT VINGT - CINQUIÈME GENRE. LES PIMÉLEPTÈRES !. La totalité ou une grande partie de La dorsale, de l'anale et de La nageoïre de La queue, udipeuse, ou presque adipeuse ; les nageoires inférieures situées plus loin de la gorge que les pectorales. CABACTÈRES. | Onze rayons aiguillonnés et treize rayous articulés à la nageoire du dus; trois rayons aiguillonunés et douze rayons articules à la na- gevire de l'anus; la caudale four- chue ; un trés-grand nombre de raies longitudinales brunes. ESPÈCE. LE PIMÉLEPTÈRE BOS- QUIER. LE PIMÉLEPTÈRE ? BOSQUIEN #, Pimelepterus Boscii, Lac., Cuv. ‘. La position des nageoires inférieures de cet osseux est remarquable. Elles sont en effet plus éloignées de la gorge que dans jes autres tho- racins. Mon savant confrère, M. Bose, auquel nous devons la connaissance de ce poisson , lui a donné le nom générique de Gastérostée ; mais il a remarqué, avec son habileté o"dinaire, et indiqué dans son manuscrit les caractères qui éloignent cet osseux des véritables gastérostées, et marquent la place de cette espèce dans un genre particulier. Il l'a vu et dessiné dans l'Amérique septen- trionale. I] nous a appris que les habitud®s de ce piméleptère avaient beaucoup d’analogie avec celles du Cent onote pilote, que les naturalistes nommaient, avant moi, Gastéroslée condur- teur. Le piméleptère bosquien suit en effet les vaisseaux qui traversent l'Océan Atlantique bo- réal. Il setient particulièrement auprès du gou- vernail, où il saisit avec avidité les fragments de substances nutritives que l’on jette dans la mer. Il est difficile de le prendre à l’hamecon, parce qu’il a l’adresse d'emporter lPappât, sans être retenu par le crochet. Les Anglais, suivant 1 M. Cuvier remarque que ce genre de M. de Lacépède, fait d'après Bosc, est le même que celui des XISTÈRES , Lac., fait d'après Commerson; et que tout fait croire qne le genre DORSUAIRE , au-si de Lacésède, qui est identique avec le Ki1PHOSE, pourrait bien être aussi le même que le XISTÈRE. D. 2 Le nom générique que nous donnons à ce poisson vient de piméle, qui, en grec, signifie graisse, et de pleron, qui signifie nageoire. 5 « Gasterusteus ath-rinus, pinnis dorsalibus indivisis..…. .« caudà furcatä, corpore argeuteo, vittis numerosis fuscis. » Bose, notes manuscrites qu'il a bien voulu me communiquer. 4 Voyez la note 1 ci-dessus. Le genre PIMÉLEPTÈBE appar- tient à la famille des Acauthovtérvgiens sauamipeunes. D 387 mon confrère, n'aiment pas à s’en nourrir, mais les Français le recherchent. La tête du bosquien est petite; il peut allon- ger ses lèvres; ses dents sont petites et obtuses ; sa langue est ovale; l'iris présente une couleur brune mêlée de blanc; on voit une petite raie argentée au-dessous; les écailles qui recouvrent le corps et la queue sont arrondies, larges, ar- gentines, brunes sur les côtés; et re sont les sé- ries de ces places brunes qui forment les raies longitudinales indiquées sur le tableau généri- que. La partie postérieure de la nageoire du des, presque toute l’anale, et la caudale, sont adipeuses. La longueur ordinaire de l’animal est de près &e vingt centimètres, sa hauteur de six ou sept, et sa largeur de deux ou trois‘. CENT VINGT-SIXIÈME GENRE. LES CHEILIONS ?, Le corps et la queue très-allongés ; Le bout du museau aplali ; ia téle et les opercules dénués de petites érail- les ; Les opercules sans dentelure et sans aïguillons, mans ci-elés : les lèvres, et surtout celle de La mâchoire inferieure, très-pendantes; les dents très petites: la dérsaie basse et très-longue; les rayons aïiquillonnés ou non articules de chaque nageoire aussi mous où presque aussi mous que les arliculés ; une seule dor- sale ; es thoracines très-peliles. ESPÈCES, CARACTÈRES. 1 Toute la surface de l'animal d'un jaune doré; quel ,ues points noirs LE CHEILION DORE. répandus sur la ligne laterale, La couleur générale d'un brun li- 2. vide; les thoracines blanches, LE CHEILION BRUN. des taches blaiches sur la dor- sale et sur la nageoire de l'anus. LE CHEILION DORÉ?, Labrus .. .., Cuv.; Labrus inermis, Forsk.; Labrus, Hassel; et Cheilio auratus, Lac. *. gr LE CHEILION BRUN, Cbeilio fuscus , Lac. 5. C’est dans les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé la description de ces deux 4 4 rayons à la membrane branchiale du piméleptère bos- quien. 45 à chaque pecturale, 5 à chaque thoracine , 16 à la nageoire de la queue. L k 2 Le genre CuEILION n'est pas conservé par M. Cuvier. Il range dans le genre des Lagres la seule espèce qu il men- tionne. D. 5 Le jaunet.— Chelinus chelio. — Totus flavus, vel chry- vei holochrysus. Commerson, manuscrits déjà cités, M le Cheilion doré de Lacépède n'est 4 M. Cuvier pense que 388 espèces de thoracins, dont les naturalistes ignorent encore l'existence , et pour lesquelles nous avons dù établir un genre particulier. Commerson en a vu des individus dans le marché au poisson ou dans les barques des pêcheurs de l’île Maurice. La chair du cheilion ‘ doré est bianche et agréable au goût, mais peu recherchée, parce que ce poisson est très-commun. La longueur ordinaire de l'animal est de quatre décimètres, ou environ. La mâchoire supérieure est plus avancée que l’inférieure; et la lèvre d’en-haut extensible. On ne voit qu'une rangée de dents à chaque mâchoire; il n’y en a pas au palais. La langue est à demi cartilagineuse, et un peu libre dans ses mouvements; mais la pointe eu est cachée au-dessous d'une petite membrane tendue à l’angle formé vers ie bout du museau par les deux côtés de la mâchoire d’en-bas. Les yeux sont rapprochés l’un de l’autre; les écail: Sr 7 iss | : =: Q 4 les qui recouvrent le corps et la queue lisses, et | tion de cette espèce, dont il a observé les | formes et les habitudes, avec son habilete ordi- arrondies dans leur contour; les opereules com- posés de deux pièces et terminés par ua appen- dice membraneux; les rayons de la dorsale dénués de filameuts. La caudale est arrondie, etla membrane, qui forme la vessie natatoire, est attachée au-dessous de l’épine dorsale. Le cheilion brun est moins grand que le doré : sa longueur ordinaire n’est que de trois décime- tres. La partie de son museau qui est aplatie est assez courte. Ses pectorales sont transpa- rentes; et son iris brille d'un rouge de feu. il a d’ailleurs les plus grands rapports avec le doré ?. qu'un labre très-grêle , dont les épines dorsales sont fiexibles. M. de Lacépède a décrit deux fois ce poisson, sous les uoms 1° de Labre hassek, 2 de Cheilion doré. D. 5 Chelio fuscus. —« Cheilio fuscu-plambeus immacula- « tus. » Commerson, manuscrits déjà cités. # Non mentiouné par M. Cuvier. D. 4 Le nom générique cheilion, on cheilio, désigne les lèvres pendaute. des poissons décrits dans cet article. Cheilus, en grec, signitie lèvre, 36 rayous à la membrane branchiale du cneilion doré et du cheilion brun, 25 à la nageoire du dos, {{ à chaque perto- rale, 6 à chaque thoracine, 15 à l'anale, 12 à la nageoïire de la queue. HISTOIRE NATURELLE CENT VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES POMATOMES !. L'opercule entaillé dans le haut de son bord postérient et couvert d'écailles semblables à celles du dos, corps et la queue allongés : deux nageoires dorsales ; la nageoire de l'anus très-adipeuse. CARACTÈRES. Sept rayons aiguillonnés à la pre- inière dorsale; trois entailles à chaque opercule ; la mächoire inférieure plus avancée que la su= périeure; la caudale très-four- chue. ESPÈCE. LE POMATOME SEiB. LE POMATOME SKIB?, Temnodon saltator, Cuv.; Perca saltatrix, Linn. ; Chei- lodipterus heptacanthus, Sparus sallator, et Poma- tomus Skib, Lac. *. Nous devons la connaissance de ce poisson à notre savant confrère M. Bose, qui a bien voulu nous communiquer un dessin et une descrip- paire, pendant le séjour qu'il a fait dans les États-Unis. Ce pomatome “ habite dans les baies et vers les embouchures des rivières de la Caroline. On ne l’y trouve cependant qu’assez rarement. JI saute et s’élance fréquemment à une distance plus ou moins grande; et cette faculté ne doit pas surprendre dans un poisson dont la queue est conformée de manière à pouvoir être agitée avec rapidité. La chair du skib est très-agréable au goût Les mâchoires sont garnies chacune d’une rangée. de dents aplaties, presque égales , etun peu séparées les unes des autres. La seconde dorsale est plus longue que la première, et d’une étendue à peu près égale à celle de la nageoire de l'anus. Celle-ci est si adipeuse, qu’on peut à peine distinguer les rayons qui la composent. L'animal est verdâtre dans sa partie supé- 1 Le genre POMATOME de M. de Lacépède n'est pas con- servé par M. Cuvier. Il le rapporte à sou genre TEMNODON de la f'mille des Acanthoptérygieus scombéruïdes. D. 2 Ski jack. dans la Caroline. — « Perca skibea , pinnis « dorsalibus distinctis, secundä viginti-quatuor radiis, COr- « pore argeuteo, cauvà bifurcä. » 5 Du geure TEMNODON, Cuv. ( Voyez la note ! ci-dessus.) Ce poison a été décrit trois fois par M. de Lacépède, sous les noms 1° de Cheilodiptére heptacanihe, 2° de Spare sauteur. et 5° de Pomalome skib. D. : 4 Ce nom générique désigne la forme de l'opercule : poma, * grec, signifie opercule, et tome, incision. DES POISSONS. 389 rieure, et argenté dans sa partie inférieure. | nâtres ; elles sont d’ailleurs pointillées de noir L’iris est jaune; et l’on voit une tache noire sur la base des pectorales , qui sont jaunâtres ‘. CENT VINGT-HUITIÈME GENRE. LES LEIOSTOMES ?. Les mächoires dénuées de dents, et entièrement cachées sous les lèvres ; ces mêmes lèvres extensibles ; La bou- che placee au-dessous du museau; point de dentelure ni de piquants aux opercules; deux nageoires dor- sales. CABACTÈBES. { Dix rayons à la première nageoire | du dos, qui est triangulaire; Le LEIOSTOME QUEUE-) treute-deux à la seconde; qua- JAUNE. | torze à celle de l'auus; la cau- ESPÈCE. dile échanc ée en croissant ; les écailles arrondies. LE LEIOSTOME QUEUE-JAUNE *, Leiostomus xanthurus, Lac., Cur. 4. C'est encore à mon confrère M. Bose que nous devons la connaissance de ce thoracin. Cet habile naturaliste lui a donné, dans ses notes manuscrites , le nom de Perche où Per- sèque ; mais il y a témoigné le désir de le voir placé dans un genre particulier, à cause des traits remarquables qui séparent ce poisson des persèques ou perches, et que personne ne pou- vait mieux saisir que ce savant. Le défaut de dents aux mâchoires et de dentelure aux oper- cules , est celui de ces traits distinctifs qu'il a principalement indiqué, comme devant séparer le poisson décrit dans cet article, des véritables perches ou perseques ; et c’est aussi à cause de ce défaut de dents que nous avons donne à cet osseux le nom generique de Leiostome *. Nous lui avons conserve le nom spécifique de Queue- jaune qu'il porte a la Caroline, où M. Bosc l’a observé. Il a en effet la nageoire de la queue, ainsi que les autres nageoires, jaunes ou jau- 47 rayons à la membrane branchiale du pomatome skib, 24 à la seconde norsale, 13 à chaque pectorale, 6 à chaque thoracme. 26 à la uageaire de l'anus, 18 à celle de la quene. 24 Le genre LEIOSTOME de M. de Lacépède à été adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille des Acanthop- térygiens sciéenoides. D. # Yellow tail, dans la Caroline. — Perca edentula. — « Perca pinnarum dersalium secundà, radiis irigin!'a duo- « bus, uaso obtuso, deutibus nullis. » Bosc, manuscrits déjà cités. 5 Le nom générique de leiostome désigne le défaut de dents : {eios, en grec, siguifie lisse, sans aspérilés, sans dents; et stoma signifie bouche. Une couleur brune argentine règne sur Ja partie supérieure de l'animal , et un blanc argenté su l’inférieure. L’iris est jaune. Les yeux sont gros. Chaque narine a un orifice double. Le bout du museau est mousse. La tête, le corps et Ja queue sont comprimés. Le leiostome queue-jaune n’a souvent qu’un décimètre, ou environ, de longueur; et alors sa plus grande bauteur est cependant de près de quatre centimètres. Ce poisson, dont la chair est agréable au goût, vit dans les eaux douces de la Caroline ‘. CENT VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES CENTROLOPHES ?. Une crête longitudinale, et un rang longitudinal de pi- quants très-separes les uns des autres et cachés en partie sous la peau au-dessus de la nuque ; une seule nageoire du dos; cetle dorsale très-basse el très-lon- gue ; L:s mdchoires garnies de dents très-petit-s, très- fines, égales, et un peu écartses les unes des autres : moins de cinq rayons à la membrane branchiale. CABACTÈRES. Trente-neuf rayous à la dorsale ; la caudale fourchue ; la couleur noire. ESPÈCE. LE CENTROLOPBE NÈGRE. | LE CENTROLOPHE NÈGRE, Centrolopbus Pompilus, Cuv.; Coryphæna Pompilus et Perca nigra, Lino., Gmel., Borlase; Centrolophus uiger, et Holocentrus niger, Lacep.:. M. Noël de Rouen ma envoyé un individu très-bien conservé de cette espece que les natu- ralistes ne connaissent pas encore, et que sa conformation singulière m'a fait inserire dansun genre particulier. Ce poisson venait d’être pêché à Fécamp, où personne ne s’est souvenu d’en avoir vu de semblable. Les pêcheurs l'ont nommé le Nègre, à cause de sa couleur noire; et nous avons cru devoir adopter cette dénomina- tion spécifique. 417 rayons à la membrane branchiale du leiostome queue- jauue, 48 à chague pectorale, 6 à chaque thoracine ; 16 à La nageoire de la queue. 2 M. Cuvie: (Regne animal) conserve Coinme sOus-genre les CENTROLOPBES de M. de Lacépede, dans le geure Cox- Paëxe de la famil.e es Acanthoptérygitns scombéroïdes. D. = Du sous-genre CENTBOLOPBE , dans le genr- COBYPHÈNE, Cuv. (Voyez la note précédente). M. de Lacépèle a décrit truis fois ce poisson, {* comme Coryphène pompile, 2° comme Holocentre noir, et 5° comme Centrolophenègre. D. 590 Ce centrolophe ! parvient au moins à la lon- gueur de trois décimètres. Son museau est ar- rondi ; sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; l’orifice de chaque narine double; le palais lisse, ainsi que la langue, qui est libre dans ses mouvements , blanche et légère- ment pointillee de noir. Les yeux sont tres- gros; les piquants placés entre la petite crête et la nageoire dorsale, sont au nombre de trois, et situés verticalement, ou dirigés en avant. Des écailles très-petites, rhomboïdales et for- tement attachées , couvrent la tête, les oper- cules, le corps et la queue; mais celles qui revêtent la tête ont des dimensions encore moins considérables que les autres, et une figure peu déterminée. L’anale est très- basse, comme la dorsale. La ligne latérale est fléchie vers l’anus, au lieu de suivre la courbure du dos ?. CENT TRENTIÈME GENRE. LES CHEVALIERS °. Plusieurs rangs de dents a chaque mâchoire; deux na- geoires dorsales; la premiére presque aussi haute que le corps, triungulære. et garnie de très-Longs filaments à l'extremilé de chacun de ses rayons; la stconde basse el très longue; l'anale très-courte, et moins grande que chacune des thoracines ; celle anale, les deux nageoires du dos et celle de La queue couvertes presque en entier de petites écailles ; l’opercule sans piquants ni dentelure ; Les écuilles grandes el dentelees, CARACTÈRES. La têle et les opercules garnis de petites écailles; là cauuale lan- céolée ; trois bandes noires et bordées de blanc de chaque côté de l'animal. ESPÈCE. LE CHEVALIER AMÉRI- CAIN. LE CHEVALIER AMÉRICAIN #, Eques balteatus, Cuv. ; Eques americanus, BI., Lac. ; Chætodon lanceolatus, Linn. 5, De même que le plus grand charme de l’art vient de la perfection avec laquelle il imite la 4Le mot centrolophe désigne les piquants et la crête de la nuque; centron, en grec, signifie aiguillon, et loghos, crête. 2 4 rayons à la membrane branchiale du centrolophe nègre, 17 à chaque pectorale, 6 à chaque thoracine, 21 à l'anale, 25 à la nageoire de la queue. 3.5 Le genre CHkvaLiER, Eques, de Bloch et de M. de Lacé- pède , est adopté pur M. Cuvier qui le place dans la familie des Acanthoptérygtens sciénoïdes. D. 4 Poisson rayé. — Poisson à rubans, de la Caroline. — Serrana, par les Espagnols de la Barbade. — Eques ameri- HISTOIRE NATURELLE nature, de même nous recevons souvent un plaisir particulier des ouvrages de la nature qui nous offrent ces sortes de singularité re- marquable, de contraste frappant , de régularité recherchée, de symétrie rigoureuse, que nous présentent un si grand nombre de productions de l'art. Cette métamorphose, si je puis parler ainsi, ce déguisement, ou cet échange de qua- lités, nous donnent une satisfaction assez vive; et l’on dirait que notre amour-propre se com- plait, en les considérant, lans cette illusion qui lui montrerait d’un côte l’art s’élevant jus- qu’à la nature, et de l’autre la nature descen- dant jusqu'à l’art. Parmi les êtres organisés qui ne tiennent leurs ornements que des mains de cette nature aussi admirable par la variété que par la ma- gnificence de ses œuvres, le poisson que nous décrivons doit principalementattirer les regards, comme ayant reçu pour sa parure des nuances et une distribution de couleurs, qu’on ne croirait pouvoir rapporter qu’au caprice, ou, si on l’aime mieux , au goût recherché de l’art. En effet, au-dessus de la couleur d'or diver- sifiée dans ses tons , dont brille presque toute sa surface, on voit de chaque côté trois bandes d’un beau noir, lisérées de blane, et qui, par cette bordure tranchante, se détachent davan- tage du riche fond qui les entoure. La première et la moins large de ces bandes est transver- sale, un peu courbe, et passe au-dessus du globe de l’œil; la seconde s’étend, en serpen- tant un peu, depuis le sommet de la tête jus- qu'aupres de la base desthoracines; latroisième, qui est la plus large, commence à l'extrémité supérieure de la première nageoire dorsale, descend obliquement vers la tête, se recourbe vers la queue lorsqu'elle est parvenue au dos de l’animal, s'avance ensuite longitudinalement jusqu’à la caudale, au bout de laquelle elle parvient sans s’affaiblir. Six autres bandes brunes et inégales relèvent le jaune doré de la nageoire du dos, et se répandent de chaque côté sur le dos du poisson. L'iris est orangé. Cet assortiment de couleurs, et surtout les trois longues bandes noires et bordées de blane, font paraître l’américain comme décoré de ru- bans, ou de cordons de chevalerie ; et c’est ap- canus. Bloch, pl. 547. — Guaperva. Edw. Av. tab. 20. — Chétodon guaperve Daubenton et Haüy, Enc. méth. —/d. Bonnaterre, pl. de l'Euc. méth. DES POISSONS. paremment cette disposition de nuances qui a suggéré à Bloch le nom générique de ce thoracin. La tête est petite et comprimée; le museau arrondi; l’oritice de chaque narine double; le corps élevé, la queue beaucoup moins haute; la ligne latérale droite. Ce beau poisson vit dans les eaux de la Caro- line, de la Havane, de la Guadeloupe, et d'au- tres pays du nouveau continent ‘. CENT TRENTE ET UNIEME GENRE. LES LÉIOGNATHES ?. Les mächoires dénuées de dents proprement dites ; une seule nageoïire du dos ; un aiguillon recourbé et très- fort des deux côtés de chacun des rayons articulés de la dorsale ; un appendice écail'eux, long et aplati auprès de chique thoracine : l'opercule dénué de pe- tites écailles, et un peu ciselé ; La hauteur du corps égale on presque égule à La moitié de La longueur to- tale du poisson. CARACTÈRES. Cinq rayons aiguillonnés et dix- sept rayons articulés à la dorsale, qui est en forme de faux, ainsi que la nageoire de l'anus; la cau- dale fourchue. ESPÈCE. LE LEIOGNATHE AB- GENTÉ. LE LEIOGNATHE ARGENTÉ?, Équula ensifera, Cuv. ; Scomber edentulus, BI. ; Leio- gaathus argenteus, Lac, 1. Bloch a décrit le premier ce poisson, qu’il a inscrit parmi les scombres. Ce thoracin, en effet, a beaucoup de rapports avec ces poissons; et c’est ce qui nous aurait déterminés à lui don- ner le nom spécifique de Scombéroïde, si nous n'avions pas employé déjà cette dénomina- tion pour désigner un genre voisin de celui des scombres : mais il differe de ces animaux par trop de traits remarquables, pour que nous n’ayons pas dû , d’après nos principes de distri- bution méthodique, le placer dans un genre 45 rayons à la membrane branchiale du chevalier améri- cain ,41 à la première dorsale . 50 à 1a seconde, 46 à chaque pectorale, { rayon aiguillouné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 4 rayou aiguillouné et 5 rayons articulés à la na- geoire de l'anus, 48 rayous à celle de la queue. ? M. Cuvier ne conserve pas le genre LEIOGNATUE de Lacé- pède, dont le type est le Scomber Equula de Forskael. I forme de ce poisson, et de plusieurs autres, son sous-gerwre EQuuLa, dans le grand genre Done, Zeus, de la famüle des Acanthoptérygiens scombéroïdes. D. 5 Scomber edentulus.Bloch, pl. 428. 4 Voyez la nute 2ci-dessus. Le CÆSi0 POULAIN est une autre espèce du même genre, que M. Cuvier nomme Equula caballa. D. 391 particulier. Un seul de ces traits, le défaut absolu de dents , aurait suffi pour rendre cette séparation nécessaire; et voila pourquoi nous avons choisi pour l’argenté, dont nous traitons dans cetarticle, le nom générique de Zéiognathe, qui indique des mâchoires lisses ou non armées de dents ". L’argentéa d’ailleurs l'ouverture dela bouche petite ; la tête, le corps et la queue, très-com- primés ; deux orifices à chaque narine ; l’anus à une distance à peu près égale du bout du mu- seau et de l’extrémité supérieure ou inférieure de la caudale; ies écailles minces et argentées; la nageoire de la queue violette, en tout ou en partie; les autres nageoires, les opercules et le dessous de la poitrine, dorés ; le dos vio- let, plusieurs bandes transversales, brunes, et souvent rapprochées deux à deux?. Le léiognathe parvient à la longueur de trois ou quatre décimètres. Il vit aupres de Tran- quebar, iln’entre que rarement dans les ri- vières. On le prend dans toutes les saisons; mais il est surtout très-aisé de le pêcher pen- dant l'hiver. Sa chair est grasse et de bon goût; et comme les individus de cette espèce sont très-nombreux, la pêche de ce thoracin est très-utile aux habitants des rivages dont il s’approche. CENT TRENTE-DEUXIÈME GENRE. LES CHÉTGDONS ?, Les dents petiles, flexibles et mobiles ; le corps et la queue très-comprimeés ; de peliles ecailles sur la dor- sale ou sur d'autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure où du moins egale à sa longueur : l'ouver- ture de la bouche petite; le museau plus où moins avancé; me seule nageoire dorsale : point de dente- Lure ni de piquants aux opercules. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de La queue fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Douze rayons aignillonnés et treize rayons articuics a la nageoire du dos ; seize rayons arlicu és à l'a- pale; huit rayons articulés à cha- que thoracine; toules ces na- geoires boruées d'uue couleur tres- foncée. ESPÈCES. LE CHÉTODON BORDÉ. { Leios. en grec, veut dire lisse, et gnathos, mâchoire. 27 rayons à la membrane brauchiale du léioguathe ar- genté, {5 à chaque pecturale, { rayou aignillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 3 rayons aiguilonués et 143 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 24 rayons à celle de la queue. 5 Le genre CHÉTODON ou Bandoulière est adopté par M. Gu: 392 CARACTÈRES. Treize rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos, deux rayons aiguillounés et ARE rayons articulés à celle e l'auus ; un seul orifice à cha- que narine ; les deux mâchotres également avancées; les lèvres épaisses ; toutes les nageoires jaunes. ! Ouze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire dorsale; trois rayons aiguilounés 2. Le CKÉTODON — et dix rayons articulés à celle de l'anus ; l'extrémité des nageoires du dos et de l'anus arroudie ; la couleur générale bleuâtre ; six bandes transversales étroites , et d'une couleur très- foncée , de chaque côté de l'animal. | Treize rayons aiguillonnés et douze 5. Le CHÉTODON MAURICE. rayous articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonués et dix rayons articulés à l’auale; la dernière pièce de chaque oper- cule terminée en pointe, ainsi que l'extrémité de la nageoire du dos, et de celle de l'anus; la cou- leur générale bleuâtre ; cinq ban- des jannâtres, transversales, et étendues jusqu’au bord inférieur du poisson. Ë rayons aiguillonnés et vingt- 4. Le CHÉTODON BENGALI. deux rayons articulés à la dor- sale ; trois rayons aiguillounes et dix-sept rayons articulés à l'a- uäle ; les pectorales en forme de faux , la couleur générale argen- tée: un grand nombre de taches ou poiuts bruns, le rayons aiguillonnés et ES LE CHÉTODON FAU- CHEUR. trois rayons articulés à la na geoire du dos; trois rayons ai- guillonnés et dix - neuf rayons articulés à celle de l'anus; la couleur générale grisâtre; Ciny bandes transversales, Treize rayons aiguillonnés à la dor- sale ; un rayon aiguillouné à cha- que thoracine ; un enfoncement au-devant des yeux; l'ouverture de la bouche très-petite ; la lévre supérieure grosse; la deruiere pièce de chaque opercule arron- die, ainsi que l'extrémité des nageoires du dos et de l'anns; les peciorales et les thoracines sans bordure; la lête, six bhaudes transversales. et la bordure de la dorsale, de l'anale et de la cau- dale, d'un beau violet. É rayons aiguillonnés et qua- 6. LE CHÉTODON BON- DELLE. 7e LE CHEÉTODON ‘)R- GOÏDE. rante et un rayons articulés à la pageoire du dos; le trolsième rayon de cette nageoire plus long que la tête, le corps et la queue pris ensemble; la candale en croissant; le museau cylindrique. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulé- à la nageoire du dos ; sept rayons aiguillonués et neuf rayous articulés à celle de l'anus; le premier et le second 9 rayon de CRgnE AROTAGINE ai- A e ; guillonné: ; le second, le troi- LE CHÉTODON TACHETÉ. sième et le quatrième articulés ; la caudale eu croissant ; deux ori- fices à chaque narine ; te corps, la queue et la caudale parsemés de taches presque égales, petites, rondes, et d'uu rouge brun, 8. LE CHETODON CORNU vier, das fa famille des Acanthoptérygiens squamipennes. 1] le partage en plusieurs sous-genres sous les noms de Chælto- dons propremeut dits, Ch-lmons, Henivchus, Ephippus, Taurichtes, Holacanthes, Pomacanthes, et Platax, D, HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES, Treize rayons miguillunnés et vingt- deux rayons articulés à la dor- sale ; trois rayons aiguillounés et vingt rayons articulés à la na- geoire de l'auus:; la caudale en croissant ; deux orifices à chaque narine ; une bande L ansversale, large et uoire au-dessus de la nuque, de l'œil et de L'opercule ; une tache noire, grande et ar- rondie sur la ligue latérale. Onze rayons aiguillonnés et vingt- quatre rayons arlicules à la na- geoire du dos; trois rayons ai- guillounés et dix-ueuf rayous ar- ticulés à la nageoire de l'anus; la caudale en crois-ant; le museau cylindrique et très-allongé ; l'ou- verture de la bouche petite; la couleur générale citrine. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; sept rayons arguillonnés à la nageoire de | aus; un s-ul rayon aigmllonné à chaque thoracmne; tous les rayons aguillonués plus ou moins Ca urlés; la couleur générale d'un jaune verdätre ; un grand nombre de taches. k rayons aiguillonnés el trente- { ESPÈCES. 10. LE CHÉTODON TACHE- 2. 11. LE CHETODON SOUFFLET. 42. LE CHÉTODON CANNFLÉ d-ux rayons articulés à la na- g'oire du dos; trois rayons ai- guillonnés et vingt et un rayons articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant ; la mà- choire inférieure plus avancée que la supérieure; la seconde p'èce de chaque opercule termi- née par un appendice triaugu- laire. Treute-sept rayons à la nageoire du dos; vingt-quatre à l'auale ; la caudale en croissant; la nuque très-élevée; le corps et la queue un peu allongés; l’'onverture de la bonchr très-étroite; les écailles très-petites. Neut rayons aigullonnés et qua- torze rayons articulés à la na- geoire du dos; deux rayons ai- guillonnes et quinze rayons arti- culés à la nagroiïre de l'anus; la caudale nn peu en croissant ; trois bandes transversales uvires et étroites de chaque côté de l'a- nimal. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue non échancrée et rectiligne, ou arrondie. 15. LE CHETODON PENTA- CANTHE: 14. Le CHETODON ALLONGE. 15. LE CHÉTODON COUAGGA. Trois rayons aiguillonnés et vingt- cinq rayons articulés à Ja dorsale; 16 trois rayons SEutontes et Sr : = S rayons articules à la nageoire de LE CHÉTODON POINTU. l'auns; le troisième rayon de la dorsale tres-allngé; trois bandes transversales. Neuf rayons aiguillonnés et vingt- deux rayons articulés à la na- geoire du dos; tois rayons aiguillonnes et dix-ueuf rayons arlicules à la nage ire de l'auus ; le premier rayon aiguillonué de la dorsale couché Le long du dos; le corps noir ; la queue blauche. , Onze rayons aiguillonnés et vingt- | trois rayons articulés à 11 dor- 17. LE CHÉTODON QUEUE- BLANCHE. sale ; trois rayons aignillonués et viugt et un rayons articulés à l'anale; Le quatrième rayon de la dorsale terminé par un filamens plus long ou aussi long que le corps el la queue; les écailles g'audes ; deux bandes transver- sales très-larges. 18. LE CHÉTODON GRANDE- ECAILLE. ESPÈCES, 19. LE Cu&ToDON ARGUS. , 20. LE CBÉTODON VAGA- BOND. 21. LS CHÉTODON FORGE- BON. . 22. LE CHETODON CHILI. 23. LE CHÉTODON À BANDES. 24. LE CHETODON COCHER. 25. LE CHÉTODON HADJAN. 26. L5 CBÉTOLON PEINT. II. / DES POISSONS. CARACTÈRES. Onze rayons aiguillonnés et vingt- sept rayon: articulés à la nageoire du dos ; quatre rayons aiguillon- nés et quatorze rayous articulés à la uageoire de l'anus; le corps et une grande partie de la queue très-élevés; deux orifices à «ha- que narise; la couleur générale violette; un grand nombre de ta- ches arrondies, petiles et brunes. Treize rayons aiguillouné; et vingt rayous articulé» à la dorsale; trois rayons aiguillonunés et dixsept rayous articulés à la nagevire de l'auus; la tête et les opercules couverts de petites écailles; deux orifices à chaque narine; le mu- seau cylindrique ; la couleur gé- nérale Jaunätre; une baude trans- versale et uoire au-uessus de cha- que œil. Neuf rayous aïiguillonnés et vingt- deux rayons articulés à la nageoire &u dos; trois rayous aguillonnés el vingt et uu rayons articul s à l'anale ; le troisième rayun de la dorsale beaucoup plus long que les autres; six bandes trausver- sales, inégales en largeur; ces baudes d'un bleu très-foucé, ainsi que la dorsale, la caudale et l'a- nale ; les pectorales et les thora- cines noires. Onze rayons aiguillonnés et vingt- deux rayons articulés à la dor- sale ; trois rayous aiguillornés et seize rayons articulés à l'anale; deux rayons aiguillouués et trois rayons arliculés à chaque thora- cine ; le museau allongé ; la cou- leur générale dorée; cimy bandes transversales, Douze rayons aiguillonnés et vingt- quatre rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix-neuf rayous articulés à la nageoire de l'anus; six rayous à la membrane des branchies; la partie antérieure de la dorsale placée dans une fos- sette longituuinale; les écailes arrondies; la couleur générale jaune ; une baudelette noire sur chaque œil; huit bandes brunes et disposées obliynement de cha- que côté de l'animal. Treize rayons aiguillonnés et vingt- quatre rayons aruCulés à la ua- geotre du dos; trois rayons ai- guillonnés et vingt et un rayons articulés à l'anale ; + cinquième rayon aiguillonné de la dor-ale terminé par un filarent très- long ; les écailies rho 1 boïiales; la couleur géuéraie bleuâtre ; quinze ou seize bandes courbes, brunes, et placées obliquement de chaque côté du poisson. Treize rayous aiguillonnés et vingt- quatre rayons articulés à la uor- sale ; trois rayOus aiguiilonués et dix neuf rayons articulés à La na- groire de l'anus; les éailles rhomboïdales, grandes et ciliées; la partie antérieure de l'animal blanche ; la partie postérieure brune ; douze bandes trausversa- les et noires sur cetle partie pos- térieure. Treize rayons aiguillonnés et vingt- cinq raÿons articulés à la na- geoire du dos: rois rayons ai- guillonnés et vingt et un rayons articulés à la nagenire de l'asus ; les écailles lirges et dentelées , le museau avancé; la couleur générale blanchât: e ; dix sept ou dix-huit raies obliques et violet- tes de chaque côté du poissun. ESPÈCES. 27. LE CHÉTODON MUSEAU- ALLONGÉ. 28. LE CHÉTODON ORBE. ” 2£. . LE CHÉTODON ZÈBRE, 50: | LE CHÉTODON BRIDE 51. LE CHÉTODON VESPER- TILION 32. LE CHÉTODON OEILLÉ. | | \ \ 393 CABACTÈBES Neuf rayons aisuillinnés et trente rayons articulés à l1 dorsale; lois rayons aigui lonnés et vingt rayons articulées à l'inale; la can dale arrondie ; Le museau Ccvlin- drique, et plus long que la cau- dale : cinq bande, transversales noires et bordées 1e blanc, de chaque côté de l'animal: une ta- che noire, ovale, grande et bor- dée de blanc sur la base de la dorsale. Sept rayons aiguillonnés et vingt et uu rayons articulés à la nagroire du dos; trois rayons aiguillonnés el seize rayons a: Licules à i'auale; la caudale arro die; l'ensemble de l'auimal en lortae de disque; un seul orifice à chague narines le second, le troi 1eme et je qua! trième rayon de chaque thora- cine, terwinés par uu 1ong fila- ment ; la 1 gne laterale deux fois fléchie vers le bas; la couieur générale bleuätre Treize rayons aiguillonnés et dix- neuf rayons articulés à la dor-ale; trois rayous aigu lo nés et v'ugt- deux rayous articulés à la na- gevire de l'anus; la cauuale ar- rondie ; la têie et les ope cules couverts d'évailles semblables à celles du des; deux oritices à chaque narine ; l'anus pius prèg de la tête que de a caudae , lg couleur générale jaune ; quatra ou ciny band:s transversales, iar- ges et brunes ; les peclorales noi- râtres. Treize rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et seize rayons a liculés à l'anale ; la tête et les opercules garnis de petites écai les; la caudale ar- rondie: la coul. ur générale d'un jaune doré; la ligne latérale se courbaut vers le bas, se repliant ensuite vers le haut, et suivant une partie de la circonfér-uce d'une tache noire, grande, ronde, bordée «e blanc, et plarée sur chaque côté de la queue; dles raies étroites, parallèles et bru- nes, disposces obiiqguement sur chacun des côtes du poisson ; les raies de la partie supérieure de l'animal drsveu: ant de la dor- sale vers la tête; cille- de la partie inférieure remontant vers la tête , et jartant de l'anale et des thoracines ; une bande trans- versale sur l'œil. Cinq rayons aignilloonés et trente- six rayons articrlés à la dor- sale; trois rayons aiguillonués et trente rayons articulés à la nageoire de l'anus; l'une ei l'au- tre triansula res, et Cornposées de rayons tres-lons: les thoraci- nes très-all. n-ees; la caudale ar- rondie; la tete el les opercules dénués de petites écailles; 1: corps trés-haut ; uue bande noire et transversale sur la base de la na- geoire de la queue. Douzerayons aiguillonnéset vingt- deux rayous artivués à la na- g-oire du dos; trois rayons ai guillonués et iX-n 1)! raYOZs arlcués a celle de l'auus; la caud4le arrondie. le museau un peu avancé; 14 tête couverte de petites écailles; deux orificrs à chaque varine ; deux lignes 1até- rales de chaque côlé; la plus haute alant directement de l'œil au miieu de la hase de la nageoire du dus; l'iuférieure oÙ 398 ESPÈCES. . 32. : LE CHÉTODON OEILLÉ. 35. LE CHETODON HUIT- BANDES. 34. Lx CHETODON COLLIER. PET Le CHÉTODON TEÏRA. 56. LE CHKTODON SURATE. MuiGr: LE CHETODON CHINOIS. . 38. Le C&KTODOY KLEIN. Quinze rayons aiguillonnés et neuf | rayous articulés à la dorsale; dix- AISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. commerçant vers le milieu de la longueur de la queue , et s'étrn- dant directement Jaque la cau- dale;, une tache ronde, grande, brune, et bordée de blanc, sur la dorsale. Onzerayons aignillonnés très-forts, et dix-sept rayons articulés à là dorsale; trois rayons aiguillon- ues très-forts, et LreiZe rayons articulés à la nageorre de l'anus ; la caudale arroudie; le museau un peu avance; uu seul orifice à chaque narine; ue perites éculies sur la tête et les opercuies ; la line latérale tres-courbe. el xar- nie d'écailes assez larges; huit bandes transver-aies brunes, étroites, et rapprochées deux à deux de chaque côté du poisson. Douze rayons aiguillonnés et vingt- huit rayuus articuiés à la ngeuire du dos ; trois rayons aigutllonnés et vingt el un rayon- articulées à l'auale ; la caudale arrondie; le museau un peu avance: Nue membrane satllante au - dessus d'uut pote x aile de l'œil ; uu seul orifice à ch que warine; deux ligues latérales de chaque côté; la supérieure sélesant ou haut de l'opercule jusqu'à la dor- sale, la seconde commençant vers le milieu de la longueur de la queue, et s'éte: dant directement jusqu'a la caudale ; la nuque tres- élevée ; deux bandes transversa- les et blanches sur la léte. Cinq rayons aignilonnés et vingt- neuf rayous articulés à La do:- sale; trois rayons aiguillonnés et viugt-trois rayons ar.icules à l'a- nale; les premiers r Yon: artiCu- lés de ces deux nagevires et des thoracines, extrèniement longs ; la caudale arrondie ; deux orifi- ces à chaque narive ; les écailles très pelites et denteléés ÿ trois bandes transversales, noires et très-longues ; les thuraciues noi- res. Dix-neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articules à la na- geoire du dos; treize rayons ar guillounés et dix rayons articu és à celle de l'anus: les rayons al- guillounés de ces deux nagroires giruis chacun d'un hlament; le museau un peu avancé ; un seul orifice à chaque uariut; la ligne latérale interrompue ; la candale arrondie; six bandes trausver- sales brunes; un grand nombre de puints argentés. buit rayous aiguitlonsés et dix rayons articulés à la nagenrre de l'auns; cette dernière plus tou- gue que la nageoire du dos; la caudale arronde; dix bandes transversales et brunes, dont plusieurs se divisent en drux, de chaque côté du poisson Dix-sept rayonsaiguillonnis et dix- neufrayous articulésa la nagroire du dos ; trois rayons aiguillonnés et vingt rayous articulés à la- nale; la crudile arrondie; un seul orifice à chaque narine; la con- leur générale mêlée d'or ét d’ar- gent; une seule bande transver- sale ; ceite bande brune, et pla- cée sur la tète, de maniere à passer sur l'œil. CARACTÈRES. Douze rayons aiguillonnés et vingt deux rayons articulés à la dor- sale; trois rayous aiguillonnés et quinze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; le museau un peu avancé ; deux orifices à chaque narine ; la tête et les opercules couverts “te petites ecaiiles ; une bande transiersale , courbe, noire e: bordée de blanc, placée sur la tête, de manièr à passer sur l'œil; deux taches noires, grindes, et bordées de blanc, sur l': Xtrémité de la nageoire du dos. ; ou deux rayons aignillonnés et ESPÈCES. 59. LE CHETODON BIMA- CULÉ. trente neuf rayons articulés à la nageoie du dos; vingt-huit rayo: s à la nageoire de l'anus; deux orifices à chaque narine ; la couleur générale comme enfu- mée; d ux bandes transversales elnoirätres. placées dr manière à passer l'une sur l'œil et l'autre sur la base de la pector.le. 40. LE CHETODON GALLINE. Treize rayons a'guillonnés et vingt- quatre rayons articulés à la na- geoire du dos; trois rayons ai- gnillonnés et dix-huit rayons ME articulés à la nageoire de l'anus; LE CHETODON TROIS- la candale un peu arrondie; les BANDFS. écailles ciliées ; svize raies lon- gitudinales et brunes; et trois bandes transversales, noires, et bordées de jauue, de chaque côté de l'animal. / Onze rayons aiguillonnés et seize rayous articués à la dorsale; 22. quatre rayons aignillonnés et LE CHÉTODON TÈTRA- quatorze rayons articulés à l'a- CANTHE. nale; la caudale arrondie ; cinq ou six bandes lransversales, noi- res, larges, et un peu irrégu- lières. LE CHÉTODON BORDÉ!, Glyphisodon saxatilis, Cuv.; Chætodon saxatilis, Linn., Chætodon marginatus, Chætodon Maurilii, Bl., Lac.; Cbhætodon sargoides, Lac. ?. Le Chétedon Curacaos, Glyphisodon Curassao, Cuv.; Chæ- todon Curaçao, BL., Lac. 4, — Chetodon Maurice 5, Gly- phisodon saxatilis, Cuv.; Chætodon saxatilis, Linn.; Chæ- todon Mauritii, Ch. marginatus, et Ch. sargoides, Lacep. 6. — Chétodon Bengati 7, Glyphisodon bengaleusis, Cuv. Chætodon saxatilis, Forsk.; Chætodon bengalensis, Bloch, Lac.; Labrus macrogaster, Lac. ‘. Les chétodons sont parés des couleurs les plus vives et les plus agréables. Ils sont aussi 4 Bandoulière bordée. Bloch, p1.207.— Chétodon bordé. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 Du genre GLYPHISODON, dans la famille des Acanthopté- rygiens sciénoïdes , Guv. M de Lacépède a fait un triple em ploi de ce poisson, sous Les noms 4° de Chélodon bordé, € Chétodon Maurice, et 5° de Chélodon sargoide. D. # Bandouliere de Curagçuo. Bloch, pl. 212, fig. 1. — 1à Bonunaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Du genre GLYPHISODON , dans la famille des Acanthopté- rygiens sciénoïdes, Cuv. 5 Jugua raguare, au Brésil. — Bandoulière du prince Maurice. Bloch , pl. A3, fig. 4.— Jd. Bonnaterre, pl de l'Enc, méth. DES POISSONS. très-remarquables par leurs formes; et, cepen- dant on n’a encore déterminé leurs caractères distinctifs que d’une manière vague. On a laissé dans le genre qu'ils composent, des poissons qui, malgré leurs grands rapports avec ces chétodons, doivent cependant en être écartés dans une distribution véritablement méthodi- que et résulière; et on a même placé," parmi ces animaux, des espèces qui présentent des traits opposés à ceux que l’on indique comme devant servir à caractériser ces thoracins. Il est résulté de cette négligence, non-seule- ment une confusion que l’on ne doit plus lais- ser subsister en histoire naturelle, mais encore de grandes difficultés pour reconnaitre le genre et pour séparer avec netteté les espèces l'une de l’autre. Ces difficultés onvété d’ailleurs d’au- tant plus embarrassantes, que le groupe formé par les vrais chétodons est tres-nombreux. Nous avons done cru devoir chercher avec beaucoup de soin à rectifier la nomenclature et par conséquent la distribution des chétodons, et des poissons que l’on avait mêlés à tort avec ces animaux, Comme nous avons tàché de rec- tifier l’arrangement et les dénominations des labres , des spares, des sciènes, des persèques, et d’autres osseux voisins de ces derniers. Nous avons eu recours, pour la réforme de l’ordre établi parmi les chétodons, aux moyens que nous avons employés pour distribuer con- venablement les persèques, les holocentres, les sciènes, les bodias, les spares, les la- bres, etc., et voici le résultat de notre travail à ce sujet. Le mot chélodon ! désignant des dents plus ou moins déliées et semblables à des soies ou poils flexibles, mobiles et élastiques, j'ai cru ne devoir laisser dans le genre des véritables chétodons, que les poissons qui offraient ce caractère remarquable et facile à saisir, et qui montraient de plus un museau au moins un peu avancé, une ouverture très-étroite à leur bouche , de petites écailles sur une ou plusieurs de leurs nageoires, ou un corps tres-élevé, et #ce poisson ne diffère pas spécifiquement de celui qui est décrit dans ce imémearticle, sous le nom de Chétodon borde. Voyez lanote2. D. 7 Banuoulière de Bengale. Bloch, pl. 245, fig. 2. — Jd. zonuaterre, pl. de l'Enc. méth, * Du même genre (GLYPHISOwON) que les précédents , dans fa famille des Acauthoptérygiens sciénoïdes , Cuv. M. de La- cépède a décrit deux fois ce poisson, sous les noms4o de Labre macrogustére, et 2 de Chétodon bengali. D. UChaïile, en grec, signifie des poils ou soies. 395 enfin le corps et la queue très-aplatis dans le sens de leur largeur. Nous avons retranché de leur genre, et placé dans de petites familles particulières, Premièrement, les po:ssons qui diffèrent de ces véritables chétodons par des aiguillons en- tièrement ou presque entièrement dénués de membrane , et placés isolément au-devant de la nageoire du dos; nous les avons nommés Acan- thinions ; Secondement, ceux qui ont reçu deux nageoi- res dorsales, et que nous appellerons Chétodip- lères ; Troisièmement, ceux dont l’opereule est den- telé, qui n’ont qu’une dorsale, et dont le nom générique sera Pomacentre ; Quatrièmement, ceux que nous appelons Po- madasys, dont le dos est garni de deux na- geoires, et l’opercule dentelé ; Cinquièmement, ceux qui ont leurs opercu- les armés de piquants, et que nous distinguons par la dénomination de Pomacanthes ; Sixièmement, ceux dont les opercules den- telés sont aussi hérissés de pointes ou aiguil- lons, et que le nom d’Holacanthes distinguera ; Et septièmement, ceux qui ont une dente- lure, des aiguillons, deux nageoires du dos, et auxquels le nom d’EÉnoploses appartiendra. Les espèces renfermées dans les sept genres que nous venons de désigner, ont d’ailleurs des dents sétacées comme les espèces pour les- quelles nous avons réservé le nom générique de Chetodon. Mais nous avons séparé de nos ché- todons, par des motifs bien plus grands, les Glyphisodons , qui ont les dents erénelées ; les Acanthures, dont les côtés de la queue sont armés d’un ou de plusieurs aiguillons, dont les dents n’ont pas la flexibilité et la mobilité des poils où des soies ; les Aspisures, dont une sorte de bouclier revêt les côtés de la queue ; et les Acanthopodes , dont les nageoires thora- cines ne sont composées que d’une ou de deux épines. Nous avons done réparti en douze genres les thoracins que l’on n'avait encore inscrits que dans un ou deux genres, et que l'on n'avait nommés que Caélodons où Acanthures. Le genre auquel nous avons conservé exelu- sivement le nom de Chétodon , renferme cepen- dant quarante espèces. Quels sont les traits qui leur appartiennent ? Nous venons d’indiquer la grande compres- 596 sion de leur corps et de leur queue, les tégu- ments écailleux deleurs nageoires, la petitesse de leur bouche, la nature de leurs dents. Ces dents, quelquefois disposées sur une seule rangée, le plus souvent composent plusieurs rangs très- serrés. Les opercules sont tantôteouverts et tan- tôt dénués d'écailles semblables à celles du dos. Ces dernieres, arrondies ou rhomboïdales, gran- des ou petites , sont unies ou ciliées, ou dente- lées dans leur circonférence. Nous verrons, dans un de nos Discours généraux, ce que l’on doit principalement observer dans la conforma- tionintérieure de nos chétodons : mais disons que leurs couleurs sont presque toujours briilantes et contrastées; que l'or, l'argent, le rouge, le bleu, le beau noir, le blancde lait sont répandus avec éclat sur leur surface, en raies longitudina- les, en bandestransversaies peu nombreuses ou très-multipliées, en lignes courbées en différents sens, en rubans déployés particulièrement sur l'œil ou sur l’opercule, en taches larges etirré- gulières, entaches régulièreset moins étendues, en taches rondes, colorées et bordees de ma- nière à imiter une prunelle entourée de soniris. De si beaux assortiments charment d'autant plus les yeux, que les chétodons nagent avec vitesse. Leur queue n’est pas longue, mais elle est très-haute; et d’ailleurs étant terminée par une large nageoire, elle peut frapper l’eau avec force, et communiquer à l'animal des mouve- ments rapides. Cette vivacité dans les évolutions des chéto- dons , n’est cependant pas la seule cause qui ajoute à l’agrément deleur parure. Leurs écailles ont une sarface très-polie; et ils n’habitent que dans des eaux assez voisines de l'équateur, pour qu'ils ne puissent s'approcher des rivages, ou de la surface des mers, qu’en réfléchissant un très-grand nombre de rayons lumineux. On n’a rencontré, en effet, de chétodons vi- vants que sous la zone torride, ou à une dis- tance très-petite des tropiques, soit dans l’an- cien , soit dans le nouveau continent; et voilà pourquoi ces animaux ne sont connus que de- puis la découverte du Nouveau-Monde et l’ar- rivée des Portugais dans les Grandes-Indes ; et néanmoins il n’est presque aucune contrée où l’on n'ait trouvé des poissons fossiles ou des empreintes de poissons , et où l'on n’ait vu des restes ou des images de quelque espèce de vé- ritable chétodon. Ce fait, digne de l'attention des géologues , a été particulièrement vérifié HISTOIRE NATURELLE auprès de Vérone, où l'on a découvert, sous leg couches de lave du mont Bolea , des individus trés-bien conservés du chétodon vespertilion et du chétodon teira, que l’on ne pêche que äans la mer du Japon, dans celle des Grandes-Indes, ou dans celle d'Arabie. Nous avons donc une grande raison de plus, de déterminer avec précision les caractères dis- tinctifs des espèces de chétodons. Parcourons ces caractères, et exposons ceux que nous n’a- vons pas décrits dans le tableau générique qui précède cet article. Le bordé n’a de rayons aiguillonnés qu’à la nageoire dorsale. Toutes les nageoires se termi- nent en pointe très-avancée. Les thoracines sont de plus en forme de faux. La partie de la dor- Sale qui n’est soutenue que par des rayons arti- culés, est presque entièrement semblable à celle de l'anus par sa figure et par ses dimensions ; et elle présente l’image d’une sorte de fer de lance. Les écailles sont grandes. L'anus est très- rapproché de la caudale. Le tour des yeux est ovale, au lieu d’être rond. On ne voit qu'un orifice à chaque narine. La couleur générale est jaunâtre, et relevée par sept ou huit bandes transversales brunes, et placées de chaque côté sur la tête, le corps, la queue, ou la caudale. Ce sont ces bandes transversales et des bandes analogues observées sur plusieurs chétodons, qui ont fait donner à ces poissons le nom de Bandoulière. Le bordé ne parvient ordinairement qu’à la longueur de deux ou trois décimètres. Il se plait dans la mer qui baigne les Antilles. 11 y vit dans les endroits pierreux, et auprès des em- bouchures des rivières. 11 se nourrit de très- petits poissons; et sa chair est agréable au goût. Le chétodon curaçao tire son nom de l'ile de Curaçao, dont il habite les environs. Sa chair est grasse et de bon goût. Il a de petites écailles sur la tête, les opercules, la base de la dorsale, de la caudale, et de la nageoire de l’anus. La li- gne latérale est interrompue; l'iris blane, bordé de jaune ; et la couleur générale, d’un bleu mêlé d’argenté et de violet, Le Brésil est la patrie du Maurice. Ce pois- son porte le nom du prince de Nassau , qui l'a fait connaître. Il a quelquefois sept décimètres de longueur. Sa chair est blanche et agréable au goût. Il a le corps et la queue plus allongés qu’un très-grand nombre d’autres chétodons DES POISSONS. les thoracines jaunes ; les pectorales d'un bleu foncé, et les autres nageoires d’un bleu clair mêlé de rouge à leur base. Le bengali, dont le nom indique l’habitation, montre de petites écailles sur la tête , les oper- cules, la base de l’anale, de la caudale et de la nageoire du dos; une ligne latérale interrom- pue ; un brun mêlé de bleu sur le bord des na- geoires; et un jaune foncé sur la base de ces organes de mouvement ‘. LE CHÉTODON FAUCHEUR ?, Ephippus falcatus, Cuv.; Chætodon punctatus, Linn, Gumel. ; Chætodon falcatus, Lac. *. Le Chétodon Rondelle +, Glyphisodon ...,Cuv.; Chætodon rotundus, Liun., Gmel.; Chætodon rotundatus, Lac. 5. — Chétodon sargotde #, Glyphisodon saxatilis, Cuv.; Chæto- don saxatilis, Liun., Gmel.; Chætodon sargoides, Ch. Mau- ricii, et Ch. marginatus, Lacep. 7. — Chétodon cornu Heniochus cornutus, Cuv.; Chætodon cornutus, Bloch, Lac.; Chætodon canescens, Seb. *.— Chétodon tachelé 19, Siganus guttatus, Cuv.; Teuthis Java, Linn., Gmel.; Chæ- todon guitatus, BL, Lac. 4. — Chétodon tache-noire ‘3, Chætodon uni-maculatus. Bloch, Cuv.; Chætodon nigro- maculalus, Lac. 4. — Chétodun soufflet 4, Chelmou lon- girostris, Cuv.; Chætodon longirostris, Brouss., Liun., Gmel., Lac. 5. — Chétodon cannelé 15, Chætodon canali- culatus, Lac. ‘7, — Chétodon pentacanthe, Platax penta- canthus, Cuv.; Chætodon orbicularis, Forsk.; Chætodon arthritus, Bell; Chætodon pentacanthus, Chætodon Gal- lina, et Acanthinion orbicularis, Lacep. !#, — Chétodon allongé, Chætodon elougatus, Lac. 4. On trouve en Asie le Faucheur, dont les yeux sont grands et rouges ; et dans l’Amérique mé- 4 12 rayons à chaque pectorale du chétodon bordé, 20 à la nageoire de la queue. — 12 rayons à chaque pectorale du chétodon curaçao, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 16 rayons à la caudale. — 14 rayons à chaque pectorale du chétodon maurice, 6 à chaque thora- cine, 48 à la nageoire de la queue. — 4rayons à la mem- brane branchiale du chétodon bengali, 16 à chaque pecto- rale, 6 à chique thoracine, {18 à la caudale. 2 Chétodon faucheur. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 3 Du sous-genre CAVALIEB, Ephippus. dans le grand genre CHETODON. de la famille des Acanthoptérygiens squamipen- nes, selon M. Cuvier. D. 4 « Chætodon rotundatus cinereus, etc. » Mus. Ad. Frid. 4, p. 64. — Chétudun runderle, Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. cuvier croit pouvoir rapporter ce poisson au genre GLYPHISODON, daus la famille des Acanthoptérygiens sciénoï- des. D. 5 « Sargus subrotundus et fasciatus. » Plumier, peintures sur vélin. déjà citées. 7 Du geure GLYPHISODON, Cuv., dans la famille des Acan- thoptérygieus scién: id-s, Cuv. Ce poisson a été décrit trois fois par M. de Lacépède, sous les noins 1° de Chétodon bordé, 29 de Chétodon de Maurice, et 5° de Chétodon sargoëde. D. # Tranchir, par plus. navigiteurs français. — See reiher, par les Allemands. — Beiina, Jung, djantan, dans les Andes orientales. — /araansche vaandrig, par les Hoilan- dais des Indes orientuies. — CAglodon cornu. Daubenton et 397 ridionale, ainsi que dans les Grandes-Indes, le chetodon rondelle, dont le nom indique sa hau= teur, sa compression, etla courbure de sa ligne dorsale *. Aueun naturaliste n’a encore publié la des- cription du sargoïde, dont Plumier a laissé un tres-beau dessin ; la couleur générale de ce pois- son est d’un jaune doré; et on voit une tache bleue au-dessous de chaque œil. Le cornu tire son nom de deux aiguillons qu’il a ordinairement au-dessus des yeux, et qui représentent deux petites cornes. Des écailles très-petites ; deux rangées de dents à chaque mâchoire ; les deux mâchoires également avan- cées ; deux orifices à chaque narine; le dos très-élevé; l’opercule arrondi , et couvert, ainsi Haüy, Enc. méth. — Héron de mer. Bloch, pl. 200, fig. 2. — « Chætodon aculeis duobus brevibus supra oculos, ossiculo «tertio pinnæ dorsalis longissimo. » Artedi, syn. 70. — La- gerstr. Chin., p. 25. — Séba, Mus. 5, p. 63, n.6, tab. 25, fig. 6. — « Tetragonoptrus magis latus quäm longus. » Kleiu, Miss. pisc. 4, p. 59, n. 15, tab. 12, fig 2. — « Tetragonoptrus tribus « lineis latis. » 1d, ib. n. 14, t. b. 12,fig.5.—Geflander tom petler. Valeutyn, Ind, 5, p.598, n. 168, t. p. 402, fig. 168.— Ikan parooli. 1. ib. p. 101, n. 477, t. p. 406, fig. 177; t. p. #0, n. 204, fig. 201. — Alferez djuva. Id. ib. p. 495, n. 436, f. 456.— Jcan swuangi. Ruysch, Theatr. anim, 1, p. 2, n. 49, tab. 1. fig. 19—Bezsauntje klipvisch. Renard, Poiss. 1, p.3,pl.5, fig. 15; et p. 21, pl. 12, fig. 76. — Speervisch, moorsche afyodt.1d. ib. 2, pl. 59, fig. 475. — « Zanchus « transversè fasciatus, radio pinnæ dorsalis..….lougissimé re- « troducto, » Commerson, manuscrits déjà cités. — « Chæto- « don nigro, flavo, exalbido, transversim fasciatus, aculeo « utrinque crasso, brevi, super oculos. » Id. ib. * Dugenre COCHER, Heniochus, Cuv.. dans le grand genre Cugropon, de la famille des Acanthoptérygiens squamipen- nes. D. 10 Bandoulière lachetée. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 496. — « Hepatus caudà fronteque inermibus, » Gronov. Zooph. 552. — Lreervisch. Valent. Ind, 3, p.559, f. M0. — Theulhie Java. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Du genre SipJan, Sigunus où Amphacanthus, dans l'ordre des Acanthoptérygiens theuties. D. 43, Chætodon unimaculatus. Baudoulière à tache. » Bloch, pl. 201, fig. 1.— Chétodun tache-noire. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 45 Du sous-genre CBÉTODON, dans le grand genre des Ché- todons | famille des Acanth.ptérygiens squamipennes), Cuv. D. 44 Broussonnet, Ich'hyol. dec, 1, n. 6, tab. 7. — Chélodon soufflet. Bonuaterre, pl. de l'Euc. méth. 15 Du sous-genre CHELMON, dans le grand genre CHÉTODON, selon M. Cuvier. D. 16 (hæodn canaliculatus, Act. de la soc. Linn. de Lon- dres, L. 5, p. 55. 47 Non mentionné par M.Cuvier, D. 18 Du sous-genre PLATAx, dans le genre grand CHÉTODOR, selon M. Cuvier. Ce poisson a été décrit trois fois par M. de Lacépède, sous les noms 10 de Chétodon pentacanthe, 2? ds Chétodon galline, et 59 d'Acanthinion orbiculaire. D. 4 Non mentionné par M. Cuvier. D. 4 Si, contre mon opinion, le faucheur et la rondelle n'ont la caudale ni fourchue, ni en croissant, il faudra les placsr dans le second scus-genre des Chétodons. 398 que la tête et même le museau, d’écailles sem- blables à celles qui revêtent le corps. la couleur générale argentée; une bande transversale , large, noire, quelquefois divisée en deux, pas- sant au-dessus de l’œil, et s'étendant depuis les premiers rayons aiguillonués de la dorsale jus- qu'aux thoracines ; une seconde bande trans- versale, de la même couleur, et qui regne de- puis l'extrémité du plus long rayon de la nageoire du dos , jusqu’au bout du rayon le plus allongé de l’anale ; une troisième bande noire, terminée par un croissant gris, et située sur la caudale; tels sont les principaux caracteres que montre le cornu, indépendamment de ceux qui sont in- diqués pour ce chétodon, sur le tableau de son genre. On le trouve dans les Grandes-Indes, et, suivant Commerson, sur les rivages garnis de coraux ou de madrépores de la Nouvelle-France ct de quelques îles du grand Océan équi- noxial. Sa chair est de bon goût, Les eaux du Japon nourrissent le tacheté. Son corps et sa queue sont allongés; ses deux mà- choires également avancées ; ses lèvres fortes ; celle de dessus peut-être un peu étendue, à la velonté de l’animal. Chaque opercule n'est com- posé que d’une pièce. La couleur générale est grise. Linnée a établi un genre particulier de pois- sons osseux sous le nom de Z'euthus. I l’a placé parmi ses abdominaux, à la suite des silures ; et il l’a composé de deux espèces. Nous croyons devoir supprimer ce genre, dont la premiere es- pèce est un véritable acanthure , ainsi qu’on le verra dans cette Histoire, et dont la seconde, que l’on a péchée à Java, n’est que le chétodon tacheté. On a observé aussi au Japon et dans les fn- des orientales, le chétodon tache-noire, qui a deux pièces à chaque opercule , les écailles du dos argentées et tachees de jaune, les nageoires jaunâtres, l'extrémité de la dorsale et de l'anale et la base de la caudale, d'un brun marron. Le soufilet, dont on doit la connaissance à notre savant confrère M. Broussonnet, se plait dans les eaux du grand Océan. La forme remar- quable de son museau doit lui donner des habi- tudes analogues à celles du Chétodon museau- allongé, dont nous parlerons dans un des arti- cles suivants. Sa langue, son palais etson gosier sont dénués de dents et d’aspéritès. Le dessus de la tête est brunâtre, et le dessous d une eou- leur de chair argentée; une raie noire e4 une HISTOIRE NATURELLE raie blanche bordent l'extrémité de la dorsaie et de la nageoire de l'anus, sur laquelle on voit d’ailleurs une tache noire et œillée; la caudale et les pectorales sont d’un vert de mer relevé par le jaunâtre de la base de ces nageoi- res, Le cannelé , que le célèbre Mungo Park a décrit dans les Actes de la Société linnéenne de Londres, et que l’on a vu à Sumatra, a beau- coup de rapports avec le tacheté. Chacun de ses opercules est composé de deux pièces ; ses écailles sont très-petites , et sa chair est agréa- ble au goût !. Commerson a laissé dans ses manuscrits des dessins du pentacanthe et de l'allongé, qu'il a observés dans le grand Océan. Le pentacanthe a le dos très-élevé, les écailles petites , serrées - et répandues non-seulement sur une grande partie de la tête , sur le corps et sur la queue, mais encore sur la base de la dorsale , de la caudale, et de la nageoire de l'anus , qui est presque triangulaire. La dorsale de l’allonge commence au-dessus des yeux; et ses deux mâchoires sont à peu près aussi avancées l’une que l’autre. LE CHÉTODON COUAGGA, Chætodor Couagga, Lac. ?. ET-£LE CHÉTODON TÉTRACANTHE. Ephippus tetracanthus, Cuv.; Chætodon tetracanthus, Lac: Nous avons trouvé dans les dessins de Com- merson la figure de ces deux chétodons , dont “4 rayons à la membrane branchiale du chétodon fau- cheur, 17 à chaque pectorale, t rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 47 rayons à la nageoirede la aueue, — 10 rayons à chaque pectorale du chétudon ron- äelle, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 6 à la nageoire de l'anus du chétudon sargoïde. — 4 rayons à la membrane brancinale du chétodon:cornu, 14 à chaque pectorale, { rayon aignillonné eb à rayons ar- ticulés a chaque thoracine, 5 rayons aisuillonnéset 29 rayons articulés à l'anale, 16 rayons à la nageoire de la queue: — 15 rayons à chaque pectorale du chétodon tacheté, 16 à la cau- dale. — 4 rayons à 4 membrane branchiale du chétodon ta- che-noire, 14 à chaque pectorale, 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine , 46 rayons à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la membrane brauchrale du chéto- don soufflet, 13 à chaque pectorale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 25 à la caudale. — 4 rayous à la membrane branchiale du chéodon cannelé, 18à chaque pectorale, { rayon aisuillonué et à rayons articulés à chaque thoracine, 18 rayons à la nageoire de la queue. 2 Non mentionné par M. Cuvier. ë Du sous-genre CAVALIER, Ephippus, Cv, dans le grand DES POISSONS. {a description n’a pas encore été publiée par les naturalistes. Nous avons donné au premier le nom de Couaggu, à cause de quelque analogie que l’on peut remarquer entre la distribution de ses couleurs et la disposition des bandes qui ornent le couagga de l'Afrique méridionale. Indépendamment de trois bandes dont nous ve- nons de parler dansle supplément au tableau de son genre, on voit une tache noire sursa queue, une autre tache de la même nuance, mais plus petite, sur chacun des côtés de cette même par- tie du poisson, et une raie noire et oblique qui s'étend depuis l’œil jusque auprès de l’ouver- ture de la bouche. La partie inférieure de l’a- nimal est d’une teinte beaucoup plus claire que ses côtés et sa partie supérieure. Les écailles qui le revétent sonttres-petites. Le tétracanthe a les deux mâchoires égale- mentavancées ; l’operculedénuéde petites écail- les ; et la partie de la dorsale, que des rayons aiguillonnés fortilient, très-arrondie et très-dis- tincte de l’autre portion. LE CHÉTODON POINTU !, Heniochus macrolepidotus , Cuv. ; Chætodon macrole- pidotus, Lian., BL, Lac.; Chætodon acuminatus, Linn., Lac. 1. Le Chétodon queue-blanche®, Chætodon leucurus, Linn., Gmel., Lac. 4. — Chétodon grande-érailles, Heniochus macrolepidotus. Guv ; Chætodon macrolepidotus , Linn., 8L., Lac.; Chætodon acuminatus, Linn., Lac. 6.—Chétodon Argus T, Ephippu. Argus Cuv:; Chætodon Argus, Linn., Gmel., Lac. #. — Chétodon vagabond Ÿ.Chætolon vaga- bundus, Cuv.. Bloch, Lacep. {0.— Chélodon Forgeron , Chætodon Faber, Linn., Gmel., Cuv., Bloch, Lacep. #3, — Chétoudon Chi, Chætoion chilensis, Molina, Linn., Gmel., Lacep. 4, — Ch'todon à bandes 4, Chætodon fas- ciatus, Forsk., Linn., Gmel., Lac.; Chætodon flavus, Bl., Schn. 1. Le tableau générique présente les principaux traits de ces chétodons : achevonsleurs portraits genre CnéropoN, de la famille des Acanthoptérygiens squa- mipeunes. D. 4 Mns. Ad. Frid. 1, p.65, tab. 55, fig. 5. — Chétodon pointu. Daubeuton et Haüy, Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de Enc. méth. 2 Du sous-genre COCHER, Heniochus, dans le grand genre Cuéropon, de la famille des Acanthoptérygiens squamipen- nes, selon M. Cuvier. M. Cuvier regarile ce poisson commie ure simple varieté de l'espèce qui est comprise dans ce même article, sous le nom de Chétodon grande-écaille. Ainsi M. de Lacépède l'a decrit deux fois, 4° sous le nom de Chétodon pointu, el 20 de Chétodon g'ande-écaille, D. 3 Chétodon pélit-Deul. Daubeanton e tHaüy, Enc. mictl,— Id. Bonnaterre, pl. de l'Ene. meth. 4 Non mentionné par M. Cuvier. D. 399 en disant que le pointu des deux Indes a le mu- seau avancé, la couleur générale blanchâtre, et des bandes transversales brunes ; Le chétodon queue-blanche d'Amérique. des dimensions très-petites, et les thoracines pointues ; Le chétodon grande-écaille, des Indes orien 5 Tafel visch, Groote tafel fisch, Przaante klipfisch Moorse afgott, Speer visch, Pampus visch, Vaandrager par les Hollandais.— can pampus, Trreloc, aux Inde orientales. — Bloch, pl. 100 , fig. 4.— Chétodon grande- écaiile. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre pl. de l'Ene. méth. — « Chætodon macrolepitlotus.… ossiculo « quarto pinnæ dorsalis lougissimo, ele. » Artedi, spec. 94. — Gronov. Mus 2, p 27, n. (94; et Zooph., p.69, n. 254. — Séba, Mus. 5,p 66, u.8,tab. 25, fig & — Klein, Miss. PisC. 4 p.37. n. 12, tab. 44, fig. 2. — Valent. Ind. 3, p. 418 ,n. 524, fig. 524, — Ruysch, Pisc. Amboin., t. 1, £ 1.— Renard, Poiss. 4, p. 5, n.415,t.5,f.13.—2,t.1,f.1;ett. 9,1. 44; et t. 16, £. 75. 5 “ième espèce que la première de cet article, ou le Che- todon nointu. Ainsi ce poisson est dérrit deux fois par M. de Lacépède , sous les noms 1° de Chétodon grande-écaille, et 20 de Chétodon pointu (celui-ci n'étant qu'une simple variété du premier). D. 7 Stercorario, par les Italiens. — Cevlackter klip-visch , Stront-visch, Gesterden ralohea-visch, par les Hollandais. — Jean taki, Ican fay, Cacato-ha babinrang, Ican cato- hea babintang, par les indigèues des Grandes-Indes. — Bioch, pl. 204, fig. 1.— Chétodon argus. Daubenton et Hiüy, Ene méth. — /d Bouuaterre, pl. de l'Enc. méth.— « Rhomboïdes ventre cæruleo , etc. » Klein, Miss. pisc. 5, p. 56,0. 4. — Willughby, App., p-2. tab. 2, fig. 2. — Nieub. lud. 2, p. 269, fig. 6 — Ruysch, Pise. Amboin., p.35, n. 6, tab. 17, fig. 6. — Renard, Poiss. 2, t. 50, f. 241. — Valent. Ind.5, p. 405. fig. 180. # Du sous-genre CAVALIER, Ephippus , dans le grand genre CuéTopoON, de la famille des Acanthoptérygsiens squamipen- nes. D. ® Schwnrmer. par les Allemands. — Douwing prinz, Douw'inghertogin.Princesse-visch, Japansche prius, par les Hollandais. — 1can poetri, Parammpoeva, Ican sajadji, par les indigènes des Grandes-Indes, — Chetodon sourcil. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bunnaterre, pl.de l'Enc. mêth. — Mns. Ad. Frid. 2, p. 71. — Séba, Mus. 8, tab. 25, Hg. 3. — Klein, Miss. pise. 4 p. 36, n. 5, tab. 9, fig. 2, — Valent. Ind 3, p. 351, n. 34, f. 34; p. 359, n. 43, fig. 4 et p. 393, n. 157, fig. 197. — Renard, Poiss. 1. p. 16, n 5, tab. 8, fig. 58; p. 32, n. 116, tab. 21, fig. 116 et p. 34, n. 126, tab. 23, fig. 126. — Princesse. Ruysch, Pise. Amboin., p. 28. tab, 14, fig. 17. — Bloch, pl. 204, fig. 2. 0 Du sous-genre des Cméronons proprement dits, dans le grand genre CGnéropon (famille des Acanthoptérygiens squamipennes). D. 14 Chélodon forgeron. Bloch, pl. 212, fig. 2. — Brousson- net, Ichth. dec. 4, n. 5, tab. 6. — Chétodon enfumé, Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 12 Du sous-genre des Cwéropons proprement dits, dans le grand genre GuÉronon, Guv. D. 13 Holina. Hist. nat, Ghil., p. 200 — Chétodon doré. Bon- naterre, pl. de lEnc. méth. ‘8 Non mentionné par M. Cuvier. D. 35 Forskael, Faun. Arab., p 39, n. 80. — Chétodon bigarré (Chætodon varicgatus). Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 16 Du sous-gente des Caéronons proprement dits, dans le grand genre CHérovon de M. Guvier, famille des Acçantho- ptérygiens squamipennes. D. A00 tales, les deux mâchoires aussi avancées l’une que l’autre, la tête couverte de petites écailles, la couleur générale argentine, deux bandes transversales brunes, deux taches de la même couleur sur la tête, la chair grasse et d’une sa- veur délicate qu’on a comparée à celle de la xole , et une grandeur telle que sa hauteur est très-considérable, et son poids de douze ou treize kilogrammes ; L'argus, de la partie de l’Asie voisine des tropiques, les mâchoires égales, les nageoires courtes et jaunes, l’habitude de suivre les vaisseaux, et de se nourrir des restes de table qui sont jetés dans la mer, ou celle de péné- trer par les rivières dans les marais d’eau douce, afin d'y trouver un grand nombre des insectes qu'il aime ‘; Le vagabond, des mêmes contrées orientales que l’argus, deux pièces àchaque opercule, une bande noire, fléchie en crochet, placée vers l'extrémité de la queue, et étendue depuis la nageoire du dos jusqu’à celle de l’anus, l’extré- mité de ces deux nageoires et de la caudale bor- dée de noir, un croissant noir sur cette même nageoire de la queue, une chair grasse, ferme, et d’un goût agréable ; Le forgeron, qui vit dans l’Amérique méri- dionale, et que mon confrère, M. Brousson- net, a décrit le premier, la tête revêtue de petites écailles, la couleur générale argentine, et la dorsale, la caudaleet l’anale d’un bleu foncé? ; Le chétodon chili, qui porte le nom du pays 4 L'argus appartient aux eaux de la partie méridionale de l'Asie, et néanmoins on a vu des restes d'un individu de cette espèce parmi les poissons fossiles du mont Bolca près de Vérone. Ichthyolithologia Veronensis, etc. Voyez, à ce sujet, notre Discours sur la durée des espèces. 2 4 rayons à la membrane brauchiale du chétodon pointu, 16 à chaque pectorale, { rayon aiguillonué et 5 rayons arti- culés a chaque thoracine, 47 rayons à la nageoire de la queue. — 10 rayons à chaque pectorale du chétodon queue-blan- che , 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque tho- racine, 26 rayons à la Caudale. — 16 rayons à chaque pecto- rale du chétodou grande-écaille, 4 rayon aiguilonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 48 rayons à la nageoire de la queue. — 4 rayons à la membrane branchiale du chéto- don argus. 18 à chaque pectorale, {4 rayon aiguillouné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 14 rayons à la caudale, — 18 rayons à chaque pectorale du chétodon vagabond, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 44 rayons à la nageoire de la queue. — 8 rayons à la mem- braue branchiale du chétodon forgeron, 16 à chaque pecto- rale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque tho- racine , 20 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane pranchiale du chétodon chili, 42 à chaque pectorale, 18 à la nageoire de la queue. — 16 rayons à chaque pectorale du chétodon à bandes, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 16 rayons à la caudale. HISTOIRE NATURELLE, | ou il a été découvert, trois lames a chaque opereule, des écailles tres-petites, sa première bande noire, la seconde et la troisieme grises, la quatrième et la cinquième grises et noires, unetache grande, ovale et noire sur la queue, la dorsale jaune, la nageoire de la queue argen téc et bordée de jaune; Etenfin le chétodon à bandes, que Forskael a vu en Arabie, la lèvre supérieure extensible, la dorsale rayée de roux , de noir, de jaunâtre et de jaune, les pectorales verdâtres, les thora- cines jaunes, la caudale jaunâtre et chargée d’une bande brune. LE CHÉTODON COCHER de Chætodon Auriga, Forsk., Linn., Gmel., Cuv., Lac. 1, Le Chétodon Hadjan 5, Chætodon mesoleucos, Linn., Gm.; Chætodon Hadjan , Forsk., Lacep. 4. — Chétodon peint 5, Chætodon pictus, Forsk., Lac. 4. Les eaux de l'Arabie nourrissent cestrois ché- todons. On doit remarquer les quatre bandes transversales et rousses qui s'étendent sur la tête du premier, la bande noire qui passe sur ses yeux, la bordure noire de l’extrémité de sa dor- sale, les raies blanches , jaunâtres et noires de sa nageoirede l'anus, et les nuances rousses de sa caudale 7; La bande noirâtre qui s'étend sur l’œil de l’hadjan, la couleur verdâtre de ses pectorales, le blanc de ses thoracines, le brun de ses nageoires de l'anus et du dos, ainsi que le noir de sa caudale dont l’extrémité est très-trans- parente # ; 4 Forskael, Faun. Arab., p. 60, n. 81. — Chétodon cocher. Bonpaterre, pl. de l'Enc. méth. (Nota. Le nom de Cocher donné à ce chétodon vient du filament trés-long et sem- blable à un fouet délié, que l’on voit à sa dorsale }. — « Chætodon à tergo flavus, torque nigro, fasciis albis obli- « quatis, ad angulos rectos concidentibus, pinnä dorsali re- « trorsum filo longe appendiculatä. » Commerson, manus crits déjà cités. 2 Du sous-genre des CHÉTODONS proprement dits, dans le grand genre GHETODON de la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. D. 5 Forskael, Faun. Arab., p.61, n. 85.— Chélodon hadjan Bounaierre, pl. de l'Enc. meth. + Non mentionné par M. Cuvier. D. 5 Forskael, Fauu. Arab., p.65, n.92. — Chélodon ruben. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 8 Non mentionné par M. Cuvier. D. T Les individus de cette espèce que Commerson à vus au milieu des rochers de l'île de France, différaient peu de ceux que Forskael a observés en Arabie. # 6rayons à la membrane branchiale du chétodon cocher, 16 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons arti- culés à chaque thoracine, 47 rayons à la nageoire de la queue. — 6 rayons à la membrane branchiale du chétodon hadjan, DES POISSONS. Et enfin les cinq bandes transversales et jaunes du chétodon peint, la bande noire, le croissant doré et la bordure brune de sa na- geoire de la queue, l’autre bande également noire qui passe sur chacun de ses yeux, et le noir de sa nageoire du dos. LE CHÉTODON MUSEAU-ALLONGÉ". Chelmon rostratus, Cuv. ; Chætodon rostratus , Linn., Gmel., BI., Lac. 2. Ce poisson est d’autant plus beau à voir, que | ses bandes et sa grande tache bordée de blanc sont placées sur un fond mêlé d’or et d'argent, dont les nuances se marient avec plus de vingt raies longitudinales très-étroites et brunes, qui rendent leurs reflets encore plus brillants : mais il est encore plus curieux à observer lorsqu'il vit sans contrainte et sans crainte, dans les mers de l'Inde, qu'il paraît préférer. Il se tient le plus souvent auprès de l’embouchure des rivières , ou à une petite distance des rivages, et particulièrement dans les endroits où l’eau n’est pas profonde. Il se nourrit d’insectes, et surtout de ceux que l’on peut trouver sur les plantes marines qui s'élèvent au-dessus de la surface de la mer. Il emploie, pour les saisir, une manœuvre remarquable qui dépend de la forme très-allongée de son museau, et qu’au | reste on retrouve, avec plus ou moins de dif- férences , parmi les habitudes du spare insidia- teur, du chétodon soufflet, et de quelques autres poissons dont le museau est très-long, très-étroit, et presque cylindrique, comme celui de l'animal que nous décrivons. Lorsqu'il aperçoit un insecte dont il désire de faire sa proie,etqu'il le voittrophautau-dessus de la sur- 46à chaque pectorale,frayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracime , 17 rayons à la caudale. — 6 rayons à la membrane branchiale du chétodon peint, 48 à chaque pec- torale, { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 17 rayuns à la nageoire de la queue. 4 Schnalbel fisch, Rassel fisch, Spritz fisch, Schülze, par les Allemands. — Spuyt-visch ; par les Hollandais, — Nos-klippare, par les Suédois. — Bandouliére à bec. Bloch, pl. 202, fig. 1. — « Chætodon rostratus, elc. » Mus. Ad. Frid. 1, p.61, tab. 55, fig. 2. — « Chætodon.... rostro longis- « simo osseo, etc. » Gron. Mus. 4, p. 48, n. 109; et Zooph., p. 69, n. 205. — Jaculator Schlosser, Act. Anglic, 1765, p- 89, tab. 9. — Séba, Mus. 5, p.68, n. 17, tab 25. fig. 47, — Chétodon bec allongé. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — Id. Bunnaterre, pl. de l'Enc. méth. 2 Du sous-genre CHELMON, Cuv., dans le grand genre des CHÉTODONS , famille des Acanthoptérygiens squamipennes. D. 1. 401 face de la mer pour pouvoir se jeter sur lui, il s’en approchele plus possible; il remplit ensuit sa bouche d'eau de mer, ferme ses ouvertures branchiales, comprime avec vitesse sa petite gueule, et contraignant le fluide salé à s'échap per avec rapidité par le tube tres-étroit que forme son museau, le lance quelquefois à deux mètres de distance avec tant de force, que l’in- secte est étourdi, et précipité dans la mer. Cette chasse est un petit spectacle assez amu- sant pour que les gens riches de la plupart des iles des Indes orientales se plaisent à nourrir dans de grands vases , des chétodons à museau allongé. Bloch a cité dans son grand ouvrage ? M. Hommel, inspecteur des hôpitaux de Ba- tavia, qui avait fait mettre quelques-uns de ces poissons dans un vaisseau très-large et rem- plid'eau de mer. Ilavaitfaitattacher unemouche sur le bord du vase, et il avait eu le plaisir de voir cesthoracins s’empresser à l’envi de s’em- parer de la mouche, et ne cesser de lancer avec vitesse contre elle des gouttes d’eau qui attei- gnaient toujours le but. D’après ces faits, il nest pas surprenant que ce soit avec des in- sectes qu’on amorce les hamecons dont on se sert pour prendre les chétodons à museau al- longé, lorsqu’on ne les pêche pas avec des filets. Ajoutons qu'ils seraient très-recherchés , quand même ils ne seraient pas des chasseurs adroits, parce que leur chair est agréable et salubre ?. LE CHÉTODON ORBE ?, Ephippus Orbis, Cuv. ; Chætodon Orbis, Linn., Gmel.. BI., Lacep. i. Le Chélodon Zébre 5, Chætodon striatus, Cuv., Bl., Linn., Gmel.; Chætodon Zebra, Lacep. %, — Chélodon bride 7, Chætodon c2pistratus, Cuv., Bl., Linn,, Gmel., Lac. #, — Chétodon Vespertilion", Platax Vespertilio, Cuv.; Chæ- todon Vespertilio, Bl., Linn., Gmel., Lac, 10,— Chétodon œillé 11, Chæto (on ocellatus, Cuv., Bloch, Linn., Gmel., Lac. 42, — Chétodon huit-bandes 4, Chætodon octofas- ciatus, Cuv., Bl., Linn., Gmel., Lacep, 11, — Chélodon col- lier 5, Chætodon-collaris, Cuv., Bl,,Linn., Gmel., Lac. 16, L’on pourra reconnaître facilement ces chéto- dons, d’après ce que nous avons exposé de leurs formes dans le tableau générique : mais, pour 4 Article de la Bandoulière à& bec. 2 5 rayons à la membrane des branchies, 12 à chaque pec- torale, 1 rayon aignillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 15 rayons à la nageoire de la queue. — Nota.L'o- rifice de chaque narine est simple. 5 Bloch, pl. 202, fig. 2. — Chétodon orbe. Bonnaterre, pl, de l'Enc. méth. 4 Du sous-genre CAVALIEB, Ephippus, dans le grand genre 51 402 en donner une idée presque complète, il faut que nous indiquions encore l’égale longueur des mâchoires, la petitesse de la bouche, les écailles placées au-dessus de la tête et des oper- eules, et la couleur jaune des nageoires de lorbe qui appartient aux Indes orientales ; Les deux pièces de chaque opercule, les écailles distribuées sur la base de la dorsale, CHETODONY, de la famille des Acanthoptérygiens squami- pennes. D. ; * Bandirler klip-fisch, Strim-klippare, par les Alle- mands. — {eer Lykke klipp-visch, par les Hollandais. — kan haloe muelin, dans les Indes orientales. — L’onagre où {e zébre. Bloch, pl. 205, fig. 4. — Chétodon strié. Dau- benton et Hay, Enc, méth, — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 4, p. 62, tab. 55, fig. 7. — « Labrus «rostro reflexo, fasciis lateralibus tribus fuscis, » Amænit. acad, 1, p.515. — « Chætodon macrolepidotus, lineis utrin- «que tribus nigris, Fatis, etc. » Artedi, spec. 93, — Gronov. Mus, 1, p. 49,n. 110; et Zooph., p.70, n. 253.—Séba, Mus, 5, p. 66, 0.9, tab, 25, fig. 9. — « Rhombuides edentulus, ete. » Klein, Miss, pisc. 4, p. 57, n. 10, tab. 10, fig. 4. — Valent. Ind. 5, p.597, lig. 165. * Du sous-genre des CHÉTODONS proprement dits, dans le grand genre CHÉTODON, de la famille des Acanthoptérygiens squamipennes. D, j 7 Soldaten fisch, par les Allemands. — Grimm klippare, par les Suédois. — Striped angel Jish, par les Anglais de la Jamaïque, — La coquette des tles américaines Bloch, pl. 205. fig. 2. — Chétudon bridé. Daubenton et Haüy. Enc. méth. — Zd. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 4, p. 65, tab. 55, fig. 4. — « Labrus rostro reflexo, « ocello purpureoiride albà juxta caudam. »s Amœænit, acad. 1, p.514. — Gronov. Mus. 2, p. 57, n. 195; et Zooph., p. 70, n.207. — Séba. Mus.5, p. 68, n. 16, tab. 25, fig. 46. — « Te- etrasonoptrus lævis, etc. » Klein, Miss. pis. 4, p.57, 58, n.2, tab. 11, fig. 15, 18. “Du sous-genre des CRÉTODONS proprement dits, dans le grand genre CHÉTODON. D. * Bloch, pl. 199, fig. 2.— Chélodon à larges nageoires. Bonnaterre, pl. de l'Exc. méth. ë 4e Du sous-genre PLATAX, Platax, Cuv., dans le granû genre des CHerobons (famille des Acanthoptérygiens squa- mipennes). M. Cuvier (Règne anim., première édition) re- marque que le Chétodon vexpertilion pourrait bien n'être que la femelle du Chétodon teira. Il appuie cette opinion sur l'observation que l'enluminure de Bloch est souvent fau- tive pour les poissons étrangers. D. W L'œil de paon. Bloch, p. 211, fig. 2.— Chétodon œil de paon. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Séba, Mus. 5, p. 67, n.{1, tab. 25 fig. 11. #3 Du sous-genre des CHÉTODONS proprement dits, dans le grand genre des CHÉTODONS de M. Cuvier. D. Bloch, pl. 245, fig. 1. — Chétodon argentine. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth.—Chætodon striatus. Mus. Linck. 4 p. #2.— « Chæto lon ornatus octo-lineatus. » Mus. Schwenck.. p.52, n. 81. — Séba, Mus. 5, p. 67, n. 42, tab. 25, fig, 42, — “ Rhombotides cujus pinnam dorsalem radis conjunctis » ; caudate rectiligne; la partie pos- La PRE ES, térieure du poisson terminée, en haut ete bas, par un angle pres- que droit; la couleur géuérale cendrée. LA SÉLÈNE ARGENTÉE !. Argyreyosus Vomer, Cuv.; Abacatuia, Maregr.; Selene argentea, Lacep. ?. Plumier a laissé un beau dessin de ce poisson dont aucun naturaliste n’a encore publie la des- cription, et dont la figure se trouve dans les peintures sur vélin du Muséum d'histoire na- turelle. On a comparé sa forme générale à celle d’un disque ou de la lune ; et voilà pourquoi on lui a donné, dans l'Amérique méridionale, et dans quelques autres contrées du nouveau con- tinent, le nom de Lune que rappelle la dénomi- nation générique de Selène*, par laquelle nous le désignons. Néanmoins cette forme générale n’est pas celle d’un disque ; elle ne ressemble à celle de la lune que lorsque l'animal est vu de loin : ele est celle d'un véritable pentagone; et cette figuie est d'autant 7lus remarquable, qu'un des côtés de ce pentago, termine la partie antérieure du dos, qui dés lors est rectiligne, au lieu d’étre plus ou moins courbé dans le sens de la tête à la queue, comme le dos de presque tous les poissons. L'ouverture de la bouche n’est pas grande; on ne voit à chaque narine qu'un orilice, lequel est très-allongé ; l’œil est gros, et la prunelle large; la premiere dorsale petite et triangulaire; la seconde tres-étendue deux espèces, dont il rattache l’une au sous-genre ABGY- HEYOSE dans le geure VOMK«R (Acanthop. scumihéruïdes), et l'autre au sous-genre CAVALIER, Ephippus, daus le grand geure CHETODON Acanthop. squamiprnes). D, { Guaperva Marcyraviü, vulsù la lune. Plumier, péintu- res sur vélin , déja citées. — Nota. Où verra facilement com- bien ce nom vulgaire de Guapervi a été appliqué à plusieurs e-peces de chétodous, ou de poissons d'un autre geure *. 2Selun M. Cuvier, la Sélène argentée n'est qu'un 4rgy- reyose vomer, Où Abucatuia de Marcgrave, dont la pre- mière dorsale et Les veutrales étaient usées. Voyez la nute& cravant. D. 5 Sélène, en grec, signifie lune. * Cette description citée du GuarerRva de Marcgrave n'est pos celle de la sélène de cet article ; mais elle se rapporte au POMACANTuUS renva de M. Cuvier, dans le grand genre CHÉTODON. D. 429 HISTOIRE NATURELLE et en forme de faux, ainsi que l’anale, dont les, CENT QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. premiers rayons sont cependant moins longs que ceux de la seconde nageoire du dos. Les pectorales sont grandes et un peu en forme de faux; mais chaque thoracine est très-petite. L'opercule n’est composé que d’une seule lame; la ligne latérale s'élève et se recourbe beaucoup ensuite. Les écailles qui revêtent l'animal ne sant que très-difficilement visibles; et néan- moins toute sa surface brille, au milieu des eaux, d’un éclat argenté et doux, assez sem- blable à celui de la lune dont il porte le nom. L'iris resplendit comme une belle topaze, des reflets verdâtres et violets paraissent sur toutes les nageoires. LA SÉLÈNE QUADRANGULAIRE !. Ephippus Faber, Cuv.; Chætodon Faber, Brouss., BL., Lac.; Chætodon Plumieri, Bl.? Zeus quadratus, Linn., Gmel., Selene quadrangularis, Lac. ?. Sloane a décrit et fait représenter ce poisson dans l'Histoire naturelle de la Jamaïque. Ce thoracin a été inscrit jusqu’à présent dans le genre des Zées; mais il est évident qu’il appar- tient à celui des Sélènes que nous avons cru devoir établir, et qu’il ne présente pas les caractères qui doivent distinguer les véritables zées. La longueur de la sélène quadrangulaire est de cinq pouces anglais, et sa hauteur de quatre ; la figure que chacun de ses côtés présente , est bien indiquée par le nom spécifique qu’elle porte. L'ouverture de sa bouche est très-petite; la mâchoire inférieure plus avancée que la su- périeure, et garnie, comme cette dernière, d’une rangée de dents courtes et menues ; la lan- gue arrondie dans une partie de son contour, et cartilagineuse ; la première dorsale très-etroite, et longue d’un pouce et demi anglais ; la seconde triangulaire; la nageoire de l'anus ésale par son étendue, semblable par sa forme, et ana- logue par sa position, à cette seconde nageoire du dos; la ligne latérale très-courbée; et la couleur générale relevée par trois ou quatre bandes obliques et noires. 4 Pilot-fish. — « Faber marinus ferè quadratus. » Sloane, Jam. 2, p. 290, n. 5, lab. 251, fig. 4.— Doré quadrangulaire. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Raï, Pisc., p. 460. ? M. Cuvier regarde ce poisson comme ne différant pas de son Eyhippus Faber, c'est-à-dire qu'il le place dans le sous-genre CAVALIER, l'un de ceux du grand genre CKETO- DON (famille des Acauthoptérygiens squamipennes). D. LES ARGYRÉIOSES. | Le corps et la queue très-comprimés ; une seule nageoîre corsule; plusieurs rayons de celte nageoïre terminés par des filaments très-longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoïre du dos ; une membrane verticale placée transversalement au-des- sous de la lèvre supérieure; les écailles très-pelites ; les thoracines très-allongées; des aiquillons au-de- vant de la nageoïre du dos et de celle de l’anus. CARACTÈRES. / Orze rayons aiguillonnés et vingt et un rayons articulés à la dor- sile ; un rayon aiguillonné et vingt rayous arlieules à la na- geoire de l'anus ; deux aignillons au devant de l'anale et de la na- geoire du dos; la caudale four- chue. ESPÈCE, L'ARGYBEIOSE VOMER. L'ARGYRÉIOSE VOMER !. Argyreiosus Vomer, Lac., Cuv.; Abacaluia, Marcg.; Zeus Vomer, Linn. ?, Les eaux chaudes du Brésil, et les eaux froi- des qui baignent la Norvége, nourrissent égale- ment cetargyréiose; et c’est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit, lorsque nous avons exposé, dans un Discours particulier, les effets de l’art de l’homme sur la nature des poissons. La grandedifférence qui séparele climat glacial de la Norvége et le climat brûlant du Brésil, n’influe pas même d’une manière très-sensible sur les individus de cette espèce d’argyréiose vomer. Leurs formes sont semblables dans l’hé. misphère nord et dans l’hémisphère austral. Ils sont, et près du pôle arctique, et près du tropi- que du capricorne, également parés d'une belle couleur argentine répandue sur presque toute 4 Argyreios, en grec, signifie argenté. — Pflugschaar, par les Allemands. — Silver skrabha, par les Suédois. — Solopletter, et guldfisk, par les Norvégiens. — Zilverfisch, par les Hollandais. — Larger silver fish, à la Jamaique. — Guaperva abacatuajarana , au Brésil. — Doré le coq. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'£Enc. méth. — Mus. Adolph. Fr. 1, p. 67, tab. 51, fig. 2.— Bloch, pl. 195, fig. 2. — Manuscrits du prince Maurice de Nassau, — « Zeus caudà bifurcà, etc. » Muller. Prodr. Zool. Danic.. p. 44, n.570.— « Tetragonoptrus squamulis pinnisque « splendentis nigri, etc. » Klein, Miss. pisc. 4, p.58, n.7,8, tab. 12, fig. 4. — « Rhomboïda major alepidota. » Browne. Jam., p. 453, n. 2. — Marcg, Brasil., p.145. — Willughby, Ichthyol.. t. O, 1, fig. 4. — Jonst., de Piscib., p. 178, tab. 52, fig. 5.— Ruysch, Theat, anim. {, p. 124, tab. 52, fig. 5. 2 Du sous-genre ARGYRÉIOSE, dans le grand genre VOBEB de M. Cuvier. Famille des Acanthoptérygiens scomhéroïdes, D. DES POISSONS. leur surface, et rendue plus agréable par un beau bleu étendu sur toutes leurs nageoires ; seulement des reflets d'azur ondulent au milieu des teintes d’argent des vomers du Brésil, pen- dant que des tons de pourpre distinguent ceux de la Norvéce. Les uns et les autres se nourrissentde crabes et d'animaux à coquilles; et comme ils trou- vent en très-grande abondance de ces crustacés et de ces mellusques sur les rives de la Nor- vége, aussi bien que sur celles du Brésil, ils vi- vent avec une égale facilité dans les mers de ces deux contrées. Ils y parviennent à la même lon- gueur, qui est celle de quinze ou seize centimè- tres. Leurs muscles sont peu volumineux ; leur chair est de bon goût en Europe et en Améri- que ; et leurs habitudes étant semblables dans l’ancien et dans le nouveau continent, on y emploie les mêmes procédés pour les pêcher : on les prend non-seulement au filet, mais en- core à l'hamecon. Au reste, tous les vomers ont la dorsale deux fois découpée , et l’anale une fois échancrée en forme de faux ; le second rayon de l’anale , et surtout le second et le troisième rayons de la vageoire du dos, assez prolongés pour dépasser les pointes de la caudale; des thoracines dont la longueur égale celle du corps et de la queue pris ensemble ; des écailles très- difficilement visibles; la nuque et le dos très-élevés ; la mâ- choire inférieure plus longue que celle d’en haut, et garnie, comme cette derniere, de dents petites et pointues; un seul orifice à chaque na- rine ; et la ligne latérale tres-courbée, On remarquera aisément les rapports qui lient le vomer avec la sélène argentée, et d’a- près lesquels les habitants du Brésil ont donné le nom vulgaire de Guaperva à ces deux ani- maux ‘. CENT QUARANTE-SIXIÈME GENRE. LES ZÉES. Le corps et la queue très-comprimés ; des dents aux md- choïres ; une seule nageoire dorsale ; plusieurs rayons de cette nageoïre terminés par des filaments très- longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos; une membrane verticale placée transversalement au-dessous de la lèvre supérieure ; 47 rayons à la membrane branchiale de l'argyréiose argenté, 18 à chaque pectorale , 6 à chaque thoracine, 19 à la uageoire de la queue. 421 les écailles très-peliles ; point d’aiguillons au-devant de la nageoïre du dos, ni de celle de l’anus. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Trente rayons à la nageoire du dos; dix-neuf à celle de l'anus; six rayons de la nagroire du dos, et six rayons de l'anale, terminés chacun par un filament capillsire très-délié, et beaucou plus long que la tête, le corps et la queue pris ensemble; les thoracines plus longues que le corps; la couleur générale argentée. Viogt-quatre rayons à la dorsale, vingt rayons à la nagcoire de l'anus; une rangée d'aiguillons de chaque côté de la nageoire du dos; l'ouverture de la bouche très-petite ; le museau prenant une forme cylindrique , à la volonté de l'animal; la couleur générale argentée. ESPÈCES. 1. LE ZÉE LONGS-CHEVEUX. 2. LE ZEE RUSE. SECOND SOUS-—GENRE. La nageoire de la queue, rectiligne, ou arrondie, et sans échancrure. Trente-deux rayons à la dorsale ; vingt-six à l'anale; un long fila- ment à chacun des rayons de la nageoire du dos, depuis le second jusqu'au huitieme inclusivement; une rangée longitudinale d'ai- guillons, de chaque côté de la dorsale; la candale arrondie ; la dorsaleet l'anale tres-échancrées; une tache noire et ronde sur \ chaque côté de l'animal. de LE ZEE FORGERON. LE ZÉE LONGS-CHEVEUX !, Blepharis ciliaris, Cuv.; Zeus ciliaris, Linn., BI. Lac. ?. : L * ET LE ZÉE RUSE à. Equala insidiatrix, Cuv. ; Zeus insidiator, Lion. Bl., Lac. ?. L'éclat que répand le zée longs-cheveux est très-doux à l'œil, parce que les écailles qui re- vêtent ce poisson ne pouvant être vues que dif- ficilement, ses nuances argentées ne sont pas ré- fléchies par des lames dures , larges et polies, qui renvoient avec vivacité et les couleurs et la lumière : mais ses teintes sont belles et riches ; 1 Doré-gal à longs cheveux. Bonnaterre, pl. de l'Enc, méih. — Bloch, pl. 191. 2 Du svus-genre BLEPHARIS, dans le genre VOMER, Cuv. Famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. : D. 3 Doré rusé. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth.— Bloch, pl. 192, fig. 2. 4 Du sous-genre EQUULA , dans le genre VOMER, Cuve Famille des Acauthoptérygiens scombéroïdes. D, 422 chaque opercule présente des reflets dorés ; et cet or ainsi que cet argent sont comme encadrés par une distribution aussi noble que gracieuse, au milieu d’un violet foncé et bien fondu qui règne sur toutes les nageoires. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure ; chaque narine montre deux ori- fices ; deux plaques forment chaque opercule; la ligne latérale est très-courbe pres de la tête, et ensuite très-droite. Mais ce que l'on doit particulièrement remar- quer dans la conformation de ce zée, ce sont l’excessive longueur et la ténuité des filaments qui terminent plusieurs rayons de ses nageoires du dos et de l’anus. Ces filaments si délies ne peuvent servir ni à ses mouvements, ni à sa dé- fense ; mais je ne serais pas surpris quand on apprendrait, par quelque voyageur, qu’ils ont influé sur les habitudes de ce poisson, au point de rendre ses mœurs très-dignes de l’observa- tion du physicien. Il est probable que ce zée. qui ne peut pas employer beaucoup de force pour vaincre sa proie, ni peut-être une grande vitesse pour l’atteindre, à cause de la grande hauteur et de la petite épaisseur de son corps, qui doivent vendre sa natation pénible, a recours à la ruse que ses filaments lui rendent très-facile. On pourrait croire que , par le moyen de ces longs appendices qu’il roule autour des plantes aqua- tiques et des petites saillies des rochers, il se maintient dans un état de repos qui lui permet de dérober aisement sa présence à de petits pois- sons, surtout lorsqu'il est à demi caché par les végétaux ou les différents corps derrière les- quels il se place, et que. posté ainsi en embus- cade, il emploie une partie de ces mêmes fila- ments comme plusieurs osseux ou cartilagineux se servent des leurs, à tromper les poissons trop jeunes et trop imprudents, qui, prenant ces fils agités en différents sens pour des vers marins oufluviatiles, se jettent sur ces prolongations ani- mées, et se précipitent, pour ainsi dire, dans la gueule de leur ennemi. Cette conjecture est en quelque sorte confir- mée par ce que nous savons déjà de la manière de vivre du zée rusé, que l’on trouve à Surate, comme le longs-cheveux. Le rusé mérite en effet, par ses petites ma- nœuvres, le nom spécifique qui lui a été donné. Il offre , dans les eaux douces de le côte de Ma- labar, des habitudes très-analogues à celles du cotte insidiateur, du spare-tompeur, du œhéto= HISTOIRE NATURELLE don soufflet, et du chétodon museau-allongé ; et cette ressemblance provient de la conforma- tion particulière de son museau. laquelle a beau- coup de rapports avec celle de la bouche des quatre poissons chasseurs que nous venons de nommer. La mâchoire inférieure du zée rusé s'élève dans une direction presque droite ; lorsque l’a nimal la baisse pour ouvrir la bouche, elle en- traine en en-bas la mâchoire supérieure , et le museau est changé en une sorte de long cylin- dre, à l'extrémité duquel parait l'ouverture de la bouche, qui est tres-petite, et qui par ce mouvement se trouve descendue au-dessous du point qu'elle occupait. Cette ouverture reprend sa première place, lorsque l'animal, retirant vers le haut sa mâchoire supérieure, relève l'in- férieure , l’applique contre celle d’eu haut, fait disparaitre la forme cylindrique du museau, et ferme entièrement sa bouche. Ce cylindre al- -longé, que l'animal forme toutes les fois et aussi vite qu'il le veut, lui sert de petit instrument pour jeter de petites gouttes d'eau sur les in- sectes qui volent auprès de la surface des lacs ou des rivières, et qui, ne pouvant plus se sou- tenir sur des ailes mouillees, tombent et devien- nent sa proie !. Chacun des opercules du rusé est d’ailleurs composé de deux pièces : sa dorsale peut être pliée et cachée dans une fossette longitudinale, que bordent les deux rangées d’aiguillons indi- quées sur le tableau du seure. Ce zée parait re- vêtu , sur toute sa surface, d une feuille d'ar- gent qui présente des taches noires et irrégulie- res sur le dos , et de petits points noirs sur les côtés; sa chair est grasse ainsi qu agreable au goût ; et lorsqu'on veut le prendre à l’hame- con , on garnit cet instrument d'insectes ailés. Les peintures chinoises que l’on conserve dans la bibliotheque du Muséum national d’his- toire naturelle, offrent la figure d’un zée qui peut-être forme une espèce particulivre, et peut- être n’est qu'une variété du rusé. Il parait en différer par trois caractères : une anale beaucoup plus longue; un rayon de chaque thoracine tres- allongé; et une ligne latérale non interrompue. 1 7 rayons à la membrane branchiale du zée longs-cheveus, 47 à chaque pectorale, 3 à chaque choracine, 21 à la nageoïre de la queue. —7 rayons à la membraue branchiale du zée rusé, 46 à chaque pectorale 4 rayou aiguillonué et 5 rayons articalés à chaque thoracine, {8 rayons à la caudale. DES POISSONS. LE ZÉE FORGERON ‘. £Zeus Faber, Lion. Bl., Lac. Cuv.?. Ce zée se trouve dans l'Océan atlantique et dans la Méditerrance. Des le temps d’Ovide, il avait éte observé dans cette dernière mer : Pline savait que, tres-recherché par les pêcheurs de l'Océan, ce poisson était depuis très-longtemps préféré à presque tous les autres par les ci- toyens de Cadix; et Columelle, qui était de cette ville, et qui a écrit avant Pline, indique 'e nom de Zée comme donne trés-anciennement à ce thoracin. Cet auteur connaissait, ainsi que Pline, le nom de Forgeron , que l’on avait em- ployé pour cet osseux , particulièrement sur le rivage de la mer Atlantique, et que nous lui avons conservé avec Linnée, et plusieurs au- tres naturalistes modernes. Dans des temps bien postérieurs à ceux d’O- vide, de Columelle et de Pline, des idées très- différentes de celles qui occupaient ces illustres Romains , firent imaginer aux habitants de Rome, que le zée, dont nous donnons une notice, était le méme animal qu’un poisson fameux dans l’histoire de Pierre, le premier apôtre de Jésus, et que tous les individus de cette espece n'avaient sur chacun de leurs côtés une tache ronde et noire que parcequeles doigts du prince 4 Dorée, Poule de mer, en France. — Cog, Lau, sur quelques côtes franc. de L Océan, — Troueie, Saint-Pierre, Rode, dans quelque, départ. mérid. — Gal. en Espagne. — 1lpesce fabro, eu Sardaigue. — Laurata. à Maite.— Fabro, en Daimatie. — Christophoron, par des Grecs modernes. — Pesce sau-predro, Citula, Rotula, en Eiie. — Saint-peter fisch, Sonnen fisch, Mvers hmit, en Ali-magne. — He- ringskæn:ig, ou roi des harengs, auprès de Hambourg rt de Heilige and. — Skrabha, en Suède — Sonnenvis, en Hol- lande. — Duin, en Augleterre. — Doré poisson saint- pierre. Da: benton et Iauy Euc. méth.— /d. Bouuaterre, pl. de l'Enc. meth. — Blo h, pl. 41. — Brünn. Pise. Massil., p.55. n° 46. — Mus. Ad. Fri. 4, p..67. tab, 51, fig. 2 — « Zeus veutre aculeato. caudà in extremo circinalä. » Artedi, gen. 50, syu. 78. — Ô J2.#eb5. Athin., 1.7, fol. 165, 50, ed. Vald. — Oppian., E 4, fol. 6, 17. — « Zeus. id. faber. » Plin., lig. 9 ce. 18; et i. 52, cup. 1, — Ovid. Haïieutic. versu 111, — a Citula, sive saucti P:tri piscis » P. Jov., c. 27 ÿ. 98. — Doré, ou poisson snint-pierre. Rondelet, part. 1, 1 11, C. 19. — « Fiber. sive gallus imarinus. » Gesner, p. 569, 459, et(germ. fol 52, 6. — 1d. Willughby. p. 294, tab. $,16. — Id. Raï, p.99.— Fuber, Columel.. L. 8, e. 16.— /d. Wotton, L 8,c. 480, lol. 460, b, — Jd Salvian. fol. 205, 204, 205. - Id. Aldrov., 1, 1. €. 25, p. {12.— /d. Jonston, E 1, t. 2, c. 1. a, 18, tab. 47, lig. 1, 2. /d. Charlet., p.156. — Xaxsbs, id est faber. Schn., Petri arteit Synouymia piscium, elC., pe 4i7, — Grouov. Mus. 1, p. 47, n. 107; Zooph, p. 96, n. 511. — « Teiragouoptrus capite amplo, etc, » Klein, Miss. pisc. 4, p.59, n. 11. — Ruy-ch, Theatr. anim, p. 57, tab. 17, lg, 1.— Bélon, Aquat., p 150. — Brit. Zoul. 3,p. 181, n. 1. 3 Du sous-genre DOUSE, Zeus, dans le grand geare VOMER, de la familie des Acauthoptérygiens scombéroides, Cu, D, 433 des apôtres s'étaient appliques sur un endroit analogue, lorsqu'il avait pris un de ces zées pour obéir aux ordres de son maître ; et comme les opinions les plus extraordinaires sont celles qui se répandent le plus vite et qui durent pendant le plus detemps, on donne encore de nos jours, sur plusieurs côtes de la Méditerranée , le nom de Poisson de saint Pierre au zée forgeron. Les Grecs modernes l’appellent aussi Poisson de saint Christophe, à cause d’une de leurs lé- gendes pieuses, que l'on ne doit pas s’attendre à trouverdans un ouvrage sur les sciences na- turelles. Mais il est résulté de cette sorte de dé- dicace, que le forgeron a été observé avec plus de soin, et beaucoup plus tôt connu que plu- sieurs autres poissons Il parvient communé- ment à la longueur de quatre ou cinq décimè- tres ; et il pèse alors cinq ou six kilogrammes. Il se nourrit des poissons timides qu'il poursuit auprès des rivages, lorsqu'ils viennent y pondre ou y feconder leurs œufs. Il est si vorace . qu’il se jetteavec avidite et sans aucun discernement sur toutes sortes d’appâts ; et l'espèce d’audace qui accompagne cette voracité ne doit pas eton- ner dans un zée qui, indépendamment des di- mensions de sa bouche, et du nombre ainsi que de la force de ses dents, a une rangée longitu- dinale de piquants non-seulement de chaque côté de la dorsale, mais encore à droite et a gau- che de la nageoire de l'anus. D'ailleurs ces ai- guillons sont tres-durs, et les sept ou huit der- niers sont doubles. Les huit ou neuf premiers piquants de la nageoire du dos peuvent être con- sidérés de chaque côte comme des apophyses des rayons aiguillonnés de cette nageoire; et les deux rangs d’aiguillons recourbes et contigus qui accompagnent la partie anterieure del’anale, se prolongent jusqu'a la goree en garnissant le dessous du corps, de deux lames dentelées comme celle d’une scie. A toutes ces armes le forgeron réunit encore deux pointes dures et ai- gues , qui partent de la base de chaque pecto- rale, et se dirigent verticalement, la plus courte vers le dos, et la plus longue vers l'anus. La mâchoire supérieure est plus avancée que la supérieure; celle-ci peut s’etendre à la volonté de l’animal. Les yeux sont gros et rapprochés ; les narines ont de grands oritices , les branchies une large ouverture, et les opercules chacun deux lames; les écailles sont tres-minces. L'ensemble du poisson ressemblant un peu à un disque, au moins si l’on en retranchaii ls A2 museau et la caudale, il n’est pas surprenant qu’on l'ait comparé à une roue, et qu’on ait donné le nom de Rondelle à l'animal. Sa cou- leur générale est mêlée de peu de vert et de beaucoup d’or, et voilà pourquoi il a été ap- pelé Doré ; mais sa parure, quoique très-riche, parait enfumée ; des teintes noires occupent le dos, la partie antérieure de la nageoire de l’a- pus; ainsi que de la dorsale, le museau , quel- ques portions de la tête ; et c'est ce qui a fait nommer ce zée Forgeron. Ses pectorales, ses thoracines, la partie pos- térieure de la nageoire du dos, et celle de l’a- nale, sont grises ; et la caudale est grise avec des raies jaunes ou dorées. L’estomac est petit, le canal intestinal très- sinueux, l'ovaire double, ainsi que la laite. On compte trente et une vertèbres à l’épine du dos. La charpente osseuse, excepté les parties soli- des de la tête, a les plus grands rapports avec celle des pleuronectes, dont nous allons nous occuper; et cette analogie a été particulièrement remarquée par le savant professeur Schneider. De même que quelques balistes, quelques cottes , quelques trigles et d’autres poissons, le Forgeron peut comprimer assez rapidement ses organes intérieurs, pour que des gaz violemment pressés sortent par les ouvertures branchiales, froissent les opercules, et produisent un léger bruissement. Cette sorte de bruit a été compa- rée à un grognement, et a fait donner le nom de Truie au zée dont nous parlons *. CENT QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. LES GALS. ce corps el la queue très-comprimés; des dents aux mâ- choires ; deux nageoires dorsales; plusieurs rayons de l'une de ces nagecires terminés par des filaments très- longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté des nageoires du dos; une membrane verticale placée {ransversalement au-dessous de la lèvre supérieure ; les écailles très-petites ; point d'aiquillons au-devant d2 üa première ni de la seconde dorsale, ni de la na- geoire de l’anus CARACTÈRES. Sept rayons aiguillonnés à la pre- { mière nageoire du dos; cette dorsale très - basse ; dix - sept rayons à la seconde ; quinze rayons à la nagpoire de l'anus ; la caudale fourchue ; la couleur gé- nérale verdâtre. ESPECE, LE GAL VERDATRE. 47 rayons à la membrane branchiale du zée forgeron, 12 à shaque pectorale, 9 à chaque thoracine, 43 à la nageoïre de la queue. HISTOIRE NATURELLE LE GAL VERDATRE ft, Gallus virescens, Lac., Cuv. ; Zeus Gallus, Lino , BI.2. Dans quelles mers ne se trouve pas ce gal verdâtre? On l’a vu au Bresil, à la Jamaïque, aux Antilles, auprès du Groenland, dans les Indes orientales, dans la Méditerranée. Sous tous ces climats si differents, et même si oppo- sés, il présente les mêmes habitudes , les mé- mes formes, les mêmes couleurs, les mêmes dimensions. Il offre ordinairement, dans toutes les eaux salées qui le nourrissent, une longueur de près de deux décimetres. Il recherche les très-petits poissons, et les vers ou les insectes qui habitent au fond ou à la surface de l'Océan. Il fait entendre, suivant Pison, un bruissement semblable à celui du zée forgeron. Sa chair est de bon goût. Ses écailles ne peuvent être vues que très-difficilement, tant elles sont petites. Chaque narine a deux orifices. La nuqueesttrès- relevée et un peu bombée. La ligne latérale s’é- lève, se courbe, descend, se recourbe de nou- veau, et va ensuite très-directement jusqu’à la nageoire de la queue. Les nageoires sont d’un beau vert; et les côtés, d’un argenté bril- lant *. CENT QUARANTE-HUITIEME GENRE LES CHRYSOTOSES. Le corps el la queue très-oomprimés; la plus grande hauteur de l'animal, égale ou presque égale à la lon- gueur du corps et de la queue pris ensemble; point de dents aux mâchoires; une seule nageoire dorsale ; les 4 Cag de mer, Lune, par les Français. — Serduk, à Malte. — Meerhan, en Allemagne. — Soesmed, Kollivsinternak, en Groeuland- — Meerhœhn, Bonte laertje, en Hollande. — Larger silver fish, à la Jamaïque. — Abacatuaja, au Brésil. — Peixe gallu, par les Portugais du Brésil, — /kun kapelle, aux Indes orientales.—Zée coy de mer. Bloch. pl. 192, fig. 4, — Doré gal. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bon- nälerre, pl. de l'Enc, méth. — Gronov., Mus. 1, n. 108; Zooph., p.96, n.512. — « Tetragonoptrus tolus argenteus « lævissimus, etc. » Klein, Miss. pisc. 4, p. 5%, n. 8 et 9. — « Zeus caudà bifurcä. » Artedi, gen. 55, syu. 78. — Seba Mus. 5, p. 72, 0. 54, tab. 26, fig 54.— Marcgr. Brasil., p. 161. — Pison, Ind., p.154.— Willughby, Ichth., p.295, tab. S, 48 fig. 2. — Rai, Pisc., p. 99, n. 2. — Jonston, Pisc..p. 202, tab. 57, fig. 2.— Ruysch, Theatr. anim., p. 441. Lib. 57, fig. 2. Meerhaehn. Nieuh. Ind.1, p.270 —ZLune. bu Tertre, Antill, 2. p.215. — Rameur. Renard, Poiss. 2, tb. 26, fig. 428. 2 Du sous-genre GAL, dans le grand genre VOMER de M. Cu- vier. Famille des Acanthoptérysiens scomberoides D, 5 7 rayons à la membrane brauchiale du gal verdàtre, 46 à chaque pectorale, { rayon aiguillouné ec 5 rayons articulés à chaque thoracine, dont les premiers rayons sont très-allon- =, 24 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. écailles très-petites ; point d’aiguillons au-devant de la nageoire du dos, ni de celle de l’anus; plus de huit rayons à chaque (horacine. CARACTÈRES. Un ou deux rayons aiguillonnés et quarante-six rayons articulés à la dorsale ; un ravon aiguillonné et trente-cing rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue ; la couleur générale dorée. Esrece. LE CHRYSOTOSE LUNE. LE CHRYSOTOSE ! LUNE :. Lampris guttatus, Relzius, Cuv.; Chrysotosus Luna, Lac.; Zeus Luna, Linn., Gmel. ; Zeus regius, Bon- nat. ‘. C’est un grand et magnifique poisson que ce chrysotose, que Duhamel et Pennant ont dé- crit, et que le professeur Gmelin, ainsi que le professeur Bonnaterre, ont inserit dans le genre des zées, mais qui n'appartient pas à ce genre, et qui n’est encore qu'imparraitement connu. Un individu de cette superbe espèce, très-bien conservé dans le Muséum d'histoire naturelle, et qui pourrait bien être celui sur lequel Duha- mel a fait sa description , nous a présenté tous les traits distinctifs de ce beau chrysotose. Ce poisson osseux a beaucoup de rapports avec le cartilagineux auquel nous avons conservé le nom de Diodon Lune ; mais, indépendamment d'autres grandes différences qui l’en séparent, il ne réfléchit pas les mêmes nuances. Lorsqu'il resplendit auprès de la surface de la mer, il ne renvoie pas une lumière argentine comme celle de la lune; il brille de l'éclat de l’or: et c’est au disque solaire plutôt qu’à celui de l’astre des nuits, qu'il aurait fallu comparer la surface ri- chement décorée qu'offre chacun de ses côtés. Plusieurs reflets d'azur, d'un vert clair et d’ar- ent, se jouent sur ce fond doré, au milieu d’un grand nombre de taches couleur de perle ou de saphir; les nageoires sont du rouge le plus vif, et c'est ce qui a fait dire à un observateur, que l'on devrait regarder ce chrysotose comme un seigneur de lu cour de Neptune, en habit de gala *. 4 Le nom générique de Chrysolose vient du mot grec L29o0res, qui siguifie dore. 2 Poisson lune. Duhamel, des Pêches, 5, pl. 15. — Poisson royal. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Pennant, Zool. Brit., vol. 5, n. 401, 5 Du sous-geure LAmpnis, dans le grand genre VOMER, Cuv. Famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. D. 4 Note manuscrite envoyée à Guénaud de Montbelliard, et que Bufou, à qui il l'avait remise, m'a donuce dans le AC DS « IL. 125 Lorsque ce poisson lune parvient à des di- mensions très-étendues, et par exemple lorsqu'il a soixante-six centimètres de hauteur (sans v comprendre les nageoires du dos et &e l'anus sur dix ou onze décimètres de longueur totale , ainsi que l'individu du Muséum d'histoire na- turelle , il pèse près de vingt kilogrammes. On ne distingue pas, sur cet individu du Muséum, de ligne latérale; la lèvre supérieure était ex- tensible; la mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure ; la dorsale est en forme de faux ; l'extrémité de la queue, tres-basse et cy- lindrique, s’avance au milieu de la base de la caudale; les écailles sont unies; on n’en voit pas sur les opereules ; les yeux sont ronds, gros et saillants ‘. On ne rencontre que très-rarement les chry- sotoseslunes. Lorsqu'on en montra un à Dieppe, il y a plusieurs années, les plus anciens pé- cheurs voyaient cette espèce pour la première fois. Les individus que les naturalistes ont ob- servés, avaient été pris sur les côtes francaises ou anglaises de l'Océan Atlantique. Il paraît ce- pendant que le chrysotose que nous décrivons habite aussi dans les mers de la Chine; nous avons cru en effet reconnaître une variété de cette Lune, dans une des peintures chinoises qui font partie de la collection du Muséum d’his- toire naturelle. CENT QUARANTE-NEUVIEME GENRE. LES CAPROS. Le corps el la queue très-comprimés el très-hauls ; point de dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales ; Les écailles très-petites; point d’aiguillons au-devant & la première ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. CARACTÈRES . Neuf rayons à la premiere nageoire du dos ; vingt-trois à la seconde ; trois rayons aiguillonnés et dige septrayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale ses echan- crure. ESPÈCE. LE CAPROS SANGLIER. 1 20 rayons à chaque pectorale du chrysotose lune, { rayon aiguillonné et 8 ou 9 rayons articulés à chaque thoracine, le premier et le dernier rayon de la caadale aiguillonnés d4 426 LE CAPROS SANGLIER Capros Aper, Lac., Cuv. ; Zeus Aper, Linn., Bloch. ?. La mer qui baigne les rivages de la Ligurie et eux de la campagne de Rome, nourrit ee pois- son, que l’on n’y péchait cepentant que tres ra- rement du temps de Rondelet. Ce thoracin a le museau avancé, un peu cylindrique, terminé par une ouverture assez petite et par une levre supérieure facile à étendre, ce qui donne à cette partie de la tête quelque ressemblance avec le groin d’un cochon où d’un sanglier; et cette analogie l’a fait designer par le nom spécifique que nous avons conservé, ainsi que par celui de Capros, qui, en grec, signifie sanglier ou verral, et dont nous avons fait son nom gené- rique. D'ailleurs les écailles dont ce poisson est revêtu, sont fransées sur leurs bords; et l’on n’a pas manqué de trouver un assez grand rap= port entre les brins écailleux de ces franges et les soies du cochon. La ligne latérale de ce capros est très-courbée et même ondulee : sa couleur généraie parait rougeätre; l’extrémité de sa caudale est peinte d’un rouve de minium., Au reste, on le recherche d'autant moins, que sa chair est dure, et répand quelquefois une mauvaise odeur *. CENT CINQUANTIÈME GENRE. LES PLEURONECTES, Les deux yeux du même côté de La tête. PREMIER SOUS-GENRE, Les deux yeux à droite; la caudale fourchue, ow échan- crée en croissante ESPÈCES. CARACTÈRES. Cent sept rayons à la nageoire du 1. dos ; quatre vingt-deux à celle de l'anus; la cauiaie en croissant ; la conteur du côté droit, grise ou nvirätre. LE PLEURONECTE FLETAN. 4 Riondo, à Rome.— Strivale, Lucerna, Pesce pavotto, aux environs de Gênes, — Doré sanglier. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonuaterre. pl. de l'Enc. méth, — « Zeus totus rubeus, candà æquali, rostro sursum reflexo. » Ariedi, gen, 50, syn. 78. — Sanglier. Rondeler, part. 1,1. 5, ©. 27,— Charl., p. 125.— Ge-uer. p. 64, 70; et (germm.) fol. 30, b.— Aidrov., 1. 5, € 12. p. 297. — Jonston, 11 t.1,c.1,a, 4. — Wiilughby, p. 296. — Raï, p. 99. 3 Du sous-geure Capu«os. daus le grand genre VOmER de M. Cuvier Famille des Acanthoptérygiens scombéroïdes. D. #7rayons à la membrane branchiale du capros sanglier, 14 à chaque pecturale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES CARACTÈRES. { Soixante- -six rayons à la dorsale; soixante et us rayons À la na- geoire de l'anus; la cudale un 2, peu évhancrée en croissant; les LE PLEURONECTE-BI> écilles dures et uentelées ; la Minne: ligue latérale partant de l'origine de li dorsale, entourant la pec- orale en denn-re: cle, et allant e suite directement jusqu'à la caudale. SECOND SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite; la caudale rectiligne ou arrom- die, el non échancrée. Quitre-vingt-un rayons à la na- geoire du dos; soixante et un à 5 l'auale; 14 Caudalie arr pis e dorsale étendue jusqu au bout du LE PLEURONECTE SOLE. museau ; la machoire superieure plus avancée qe l'inférieure ; le Corps et l: queue allongés. Soixinte-huit rayons à la nageoire du dos; Cignante-quatre à celle de l'anus;la caniale arrondie ; Cinq où six ennuences sur la partie anterieure de la ligne laté= rale. les écaril s minces et molles: le côte uroil marbré de brun et de gri-, avec destachies orangées. Cin juaute-neutr:vons à la nageoire du dos; qu rante-gnatre à l'a- nale ; là csudale arrondie ; un trè--grand nombre de petits pi- durs sur presque Loute la sur- ace du pois-on, 4. LE PLEURONECTE PLIE. 5. LE PLEURONECTE FLEZ. Quatre-vinat- enf rayons à la dor- sale ; soixante-onze à l'anale ; la candale arrondie ; la iächoire iuférieure plus aviucée que la Supérieure; da ligue latérale droite; les écanils grandes et rudes; le cûté aroit «'uu gris cendi é, avec des laches brunes ou rougrâtres, Cent douze rayons à la nageoire du des; cent eux rayons à la na- gcoire de l'anus ; ia Caudale ar- roue; les écalies ovales, molles et lisses; les dents ubruses; le core droit d'un rouge (br un. | | NE. LE SA FLYN- DE. Te LE PLEURONEGTE PÔLE. Ciutfua Le ciniy à la nagroire d l'anus: la caudale arrondie ; les den s aizuëês ; | auus situé sur le côLé gauche; le- ecai l s rudes; la nageoi e du dos ét udue pres- que jusqu'à l'extrémité uu mu- seau. Ciuqnante-six rayons à la nageoire du dos; trente-neuf à l'auale ; La Caudale arronuie; les deu, côtés 9 du corps et de la er 1e ‘ous a ; toucher; le- rayons du milieu de LE PLEURONECTE GLA- la dors e et ji ARRET © QE l'a, us, hérissé- de Lrés-peuts pi- quants; une pr uéiinence OS- s-u e et rude anpiès des yeux; le côté droit brunätre. Quatre-vinigts rayons à la nageoire ou dos; les dents obluses; les écaibes arrondies et lisses: les 10. lévres grosses; l'ouverture de la LE PLEURONECTE LI- bouche petite, la caudale presque MANDELLE. recuhgne ; le côté droit d'un boun Clair, avec tes taches blan< ch s, et des taches d'un brun foncé. La nageoire du dos ne commen- 11. gant q au-delà je la ue Q ette nage Ire 1res-Dase ( ee Sani cné Cr le milieu de la longueur totale du poisson; viugt-trois ou DES POISSONS. CARACTÈRES, vingt- quatre aiguillons gros et courts placés le long du côté gauche de la partie antérienre de celte nageore; d'antres aizuil- lons semblables situes te long du côté gauche de la partie anté- riure de l'ande; la cadale très - grande, tres- distincte de L'ana e et 1e la dorsale, arrondie, et presque en forme de fr de lance; Le côté droit de l'animal , d'une couleur brune, avec ‘es points noirs arrangés eu quin cunce. É rayons à la na- | ! BSPÈCES. 41. LE PLEURONECTE CHi- NOIS. geoiredu«1os,soinante-troi- à celle de l'auus; la caudaie arro die en forme de fer de lance, ettrès-sépa rée de l'anale et de la dorsale; le corps et la queuetres-a longes; da hgne latérale targe et droite danis tout son cours; les écailles gran- des et dentelées ; le côe uroit d'un brun jauntre, et sans ta- ches, ni bandes, ui raies. Le corps et la quene aliongés : les vectorales rechlignes; la corsate et Lanale plus hantes vers la caudale que vers la tête: LS écailes très-uifficiles à voir, et très-arihérentes à la peau ; de sept à nenl taches grauues, ron- deset noirâtres, sur le côté droit. Soix mtr-six rayons à la drsale; Cragnante- cinq à la nagroire de l'anus; trois rayons à chaque pec- torsle; quatre taches rondes , pures et bordées ue blanc, sur le côte droit; une banuelette noire sur la queue. Cinquante - trois rayons à la fa- geoire du dos: quarante trois à l'anale; quatre rayons à la pectorale droite; celle de gauche très-pet te; les écailles rudes, le côté droit brun , avec des taches noirâtres. 42. LE PLEURONFCTE Li- MANDOÏLE 15. LE PLEURONECTE PÉ- GOUZE. 14. LE PLEURONECTE OFILLÉ. 15. LE PLEURONECTE TRi- ODACTYLE: TROISIÈME SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite ; la caudale pointue, et réunie avec la nageoire du dos et celle de l'anus. Quatre-vingt-un rayons à la dor- sale; quarante-hott à la mageoire de l'anus ; quatre rayons à cha- 16. que pect MES le ce ue : queue treés-allongés: la hgne la LE PLEURONECTE ZËBRE. EE droite ; le côté drort blan- chätre,avec des bandes trausver- sales brunes :reslongues, réu- nies où rapprochées deux à deux. 17. Le corps et ia queue allong-s; les LE PLEURONECTE PLA- écailles un peu rudes; le côté GIEUSE, droit grisätre. Le corps et la qneue allongés; la 18. mâchoire supé.ieure plus avan- LE PLEURONECTE AB- cée que linfericure ; l1 ligne GENTE. laér.le droite; ie côté druit argenté. QUATRIÈME SOUS-GENRE. :.05 deux yeux à gauche; la caudale reotiligne, ou arron- die, el sans échancrure. Soixante sept rayons à la nageoire 19 du dr; quarante-six à la nigeuire 3 de lanus ; la cauilale arrondie ; LE PLEUBONECTE TUB- | je côté gauche parsemé de tuher- moy; cules ossseux, un peu larges à * leur bass et nains. ESPÈCES. CABACTÈBES, Solxante-onze ravons à la dorsale; | cinquante-sepi à ta naxeoire de L'snus; la caudale arrondie; loue verture de l4 bon h+ 48se7 gran- de, et arqué- de chaque : té ; la hauteur totale du corps presque égale à La lougneur totrle de l'a- nimnal; les eCaille-ov: es el unies; la igne latérae d'b ri très- courbée, et eusuite droite, le côté ginche marbré de br net de jaunätre, ou de rongeàire, Quatre vin:t-reufrayo s à la na- g oire du dos; soixante -huit à celle de l'anus ; a caudale #r- ronde ; la hauteur du corps très-gran le; les écailles derte- lées ; le côté gauche parsemé de points rouges, et de Liches noi- res, roues, on irrégul éres. ;Quatre-vingi-six rayous à la dor- sale; soixinte-six à la nageuire de l'anus; la c'udale arroudie; Da : les rayons de cette dernière na LE PLEURONECTE DENTE. | georre garmis d'écail es ; 1e corps Loi 20. LE PLEURONECTE CAB- RELET. 21. LE PLEURONECTE TAR- GEUR. 22 et la queue allongés el lisses ; les | dents aiguës el très-wpparentes. inyuante-n of rayous à la dor- sale; quara te tr is à l'aniale; la | caudale arrondie ; L: corps et la queue un peu aliongés; une série de petits tubercules osseux et pie 25. y LE PLEURONECTE MO1- quants le lg de la nag oire du NEAU. dos, de celle de Fanus, et de cha- que cété de la parue autérieure de «a ligue latérale ; le coté gau- che marbré de gris,el d'un jaune Ÿ brunätre. ,Cinquante-huit rayons à la na- 24. geoire du dos ; quarante-deux À LE V'LEUBONECTE P4PIL- L'auaie ; la hgne later le courbes LEUX. le corps garni de papilles. Soixaute-dix-neuf rayons a la dor- sale; soixaute-neut à l'au de; la caudale arrondie; des y ux imé- giux en graneur, et inégale meut élngnëés du bout du «ue sean ; les peclorales 1ézales en 25. suifae; les e aile. petites et LE PLEURONECTE ARGUS. molle-; le côté gauche d'oujune- clair, avec des vo nts brons de petites tches bleues . eL | autres taches plu- gran ies,jaunes, poine tillées de brun, et entrées de bleu, eu tout où en paitie. Un très-grand wombre de rayons 26 aux nageo res du os et ie l'anus; Le PLEURONFCTE JAPG- Cluy rayo 18 à chaque thoraciue; NAIS, la langue rude. ‘Le côte gauche chagriné, et jaspé 27. de onffére tes onteurs. la imà- LE PLEURONECTE CALI- Re LA PER 3 choire inférieure irès relevée. Suns Soixante-nenf cavous à la dorsale; quaraute-cinu à li nazroire de l'anus ; la caudaie arrte ; les écailles grandes ; la mâchoire m- férieure plus avan ér que la sue périeure; à lanzue lisse, poin- tue, et un peu libre ‘lans seg mouvements; ia ligne Liérale un ba. ; le côté 28. LE PLEURONECTE GRAN- DES-ECAILLES, peu courhé: vers | gauche d'un janue br où blan- clâtre; une tache loucée sur chaque écaille, Quatre-vingt-d x rayons à la na- f geoie du dos: suxanite-oix à (l celle de l'anus; la cawdale arron- die; la pectorae drute plus pe- tite que la gan he; la im-h 1re supérieure plus avan:ée que lin- féri-ure ; la dorsale étendue de- puis Le bont de muse jusqu'à la queue; Lail suséreur plus avance que l'autre; la ligne taté- rale un peu © arbre versie hant et eusmiie vers de li le orps et la queue allonges; les écailles 29 LE PLEURONFCTE COM MEUSONNIEN. 128 CARACTÈRES. très-petites ; le côté gauche blan- châtre avec des taches d'une cou- leur päle, ou rougeûtres et d'une nuance faible. ESPÈCES. 29. | Le PLEURONECTE COM- MERSONNIEN. | LE PLEURONECTE FLÉTAN.! Pleuronectes Hippoglossus, Linn., Lac., BI. Cuv.:. Quels droits le flétan n’a-t-il pas à l'attention du physicien! Il tient, par sa grandeur, une place distinguée auprès des cétacées ; ilrivalise, par le volume, avec plusieurs de ces énormes habitants des mers; il nage l’égal de presque tous les poissons les plus remarquables par leur longueur et par leur masse; sa conformation est extraordinaire; ses habitudes sont particu- lières; ses actes et les organes qui les produi- sent frappent d'autant plus l'observateur, que, par une suite de sa taille démesurée, aucun de ses traits ne se dérobe à l’œil, aucun de ses mouvements ne lui échappe : et comment l'imagination ne serait-elle pas émue par la réunion de dimensions, de formes et de mou- vements très-élevés au-dessus des mouvements, des formes et des dimensions que la nature a le plus multipliés? Le flétan, comme tous les autres pleuro- nectes, a le corps et la queue tres-comprimés. Il forme parmi les osseux, et avec les poissons de son genre, les analogues de ces cartilagineux auxquels nous avons conservé lenom de Raies. L’épaisseur des pleuronectes est même plus petite à proportion de leur longueur , que celle des raies les plus déprimées. Il y a néanmoins 4 Failan, dans quelques départ. de France. — Heilbol, en Hollande. — Heilbut, Hilibut, a Hambours. — Helleflyn- der, en Danemarck. — H/aelgflundra, en Suède.— Queile, Sandskiebbe, Skrobbe flynder, en Norvège. — Baldes, en Laponie. — Flydra, Heilop fish, en Islande. — Queite-barn (lorsqu'il est petit), Styving (lorsqu'il est d'une lonsueur moyenne), Netarnak (lorsqu'il est grand), dans le Groen- land. — Holibut, Turbut etturhot, en Angleterre. — Pleu- ronecte flétan. Bloch, pl. 47.— Pleuronecte flet. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — Zd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Faun. Suecic. 529. — Müller, Zool. Danic. Prodr., p. 44, n,371. — O, Fabr.Faun. Groenl., p. 161, n. 417. — « Pleu- & onectes oculis à dextrà totus glaber. » Artedi, gen. 17, syn. 5. — Flétan. Rondelet, part. 4, 1. 41, c. 13. — Rai, p.35. — Hippoglossus, id est, buglossus maximus. Ges- ner, p. 669,787; et (germ.), fol. 54, b. — « Hippoglossus ab « Aïdrovando observatns. » Aldrov., L. 2, c. 45, p. 258 — Passer britannicus. Charlet., p. 146. — Passerum geuus majus. Schon., p. 62. — Gronov. Mus. 2, n. 158. — « Passer « quatuor eubitos lougus. » Klein, Miss. pisc. 4, p. 35, n.2. — Brit. Zoo!.5, p.184, n. 1. — Flétan. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 Type du sousgenre FLÉTAN, Hippoglossus, Cuv., dans te grand genre des PLEURONECTSS, famille des poissons plats de la division des Malacoptérygiens subbrachiens. D. HISTOIRE NATURELLE cette différence essentielle entre la conformation générale des raies et celle des pleuronectes, que ceux-ci sont aplatis latéralement, c’est-à- dire de droite à gauche, ou de gauche à droite, pendant que les raies le sont de haut en bas. Cette compression exercée sur les côtés des pleuronectes n’est cependant pas la seule altéra- tion qu'ait éprouvée la totalité du poisson. Le corps et la queue ont été soumis uniquement à cette manière d’être que nous avons déjà vue, quoique à un degré inférieur, dans plusieurs poissons, et particulièrement dans les chéto- dons, les acanthures, les sélènes , les zées, les chrysotoses , etc.; mais la tête a subi une se- conde modification. On dirait qu'après avait été aplatie, comme celle des zées et des chétodons, parune force agissant sur ses côtés, elle aété dé- figurée par une puissance qui a joui d’un mouve- ment composé; cette seconde cause, à laquelle il faudrait rapporter une grande partie de la figure qu’elle présente, l'aurait tordue, pourainsi dire. Elle aurait commencé par peser de haut en bas; et avant de pénétrer très-avant dans les portions osseuses et solides, elle aurait tourné en quelque sorte à droite ou à gauche, de manière à entrainer avec elles les organes de la vue , et souvent ceux de l’odorat,. On sent aisément que, d’après cette supposi- tion, les deux yeux et les deux narines auraient dù , à la fin de l’action de la force comprimante, se trouver situés ou à droite ou à gauche, suivant le côté vers lequel la puissance aurait fléchi sa direction, et c'est en effet ce qu’on observe dans les pleuronectes , et ce qui forme le caractère distinctif du genre qu'ils com- posent. Tout le monde sait que les animaux tant ver- tébrés que dénués de vertèbres, animés par un sang rouge ou nourris par un sang blane, ont des yeux plus ou moins gros, plus ou moins rapprochés, plus ou moins élevés, plus ou moins nombreux ; mais aucun animal, excepté les pleuronectes, ne présente dans ses yeux une position telle, que ces organes soient situés uniquement à droite où à gauche de l’axe qui va de la tête à l’extrémité opposée. Nous ne connaissons, du moins dans ce moment, que les pleuronectes qui n’aient pas leurs yeux disposés avec symétrie de chaque côté de cet axe longitudinal; et cet exemple unique aurait dû seul attacher un grand intérêt à l’ob- servation des poissons que nous allons décrire. DES POISSONS. De la conformation que nous venons d’ex- poser, il est résulté nécessairement, que les deux nerfs olfactifs aboutissent non pas à l’ex- trémité supérieure du museau, mais à un des côtés de la tête. C’est aussi à un seul côté de cette même partie de l’animal que se rendent les deux nerfs optiques, quoique croisés l’un par l’autre, ainsi que dans tous les autres pois- sons, et dans tous les animaux vertébrés et à sang rouge. Nous avons déjà vu ‘ que le cerveau, cet or- gane dont les nerfs tirent leurorigine, était plus petit dans les pleuronectes que dans presque tous les poissons cartilagineux, et même que dans tous les osseux. La cavité qui contient cette source du système nerveux n’a-t-elle pas dû, en effet, être plus petite dans une tête qui a subi une double et plus grande compression ? L’os intermaxillaire est moins développé dans le côté qui a porté l'effort de la seconde aussi bien que de la première force comprimante et altératrice. Les côtes qui servent à consolider les pa- rois de l’abdomen, et à donner un peu plus de largeur au corps, sont cependant si courtes, que plusieurs auteurs ont nié leur existence. La cavité du ventre est fermée du côté de la queue, par j’apophyse inférieure de la pre- miere vertèbre caudale ; et cette apophyse est très-longue, assez grosse, arrondie en avant, et terminée en bas par un piquant ordinairement très-fort. L’estomac contenu dans cette cavité parait comme un renflement du canal alimentaire. Le pylore est souvent dénué d’appendices ou de petits cæœcums; quelquefois néanmoins on le voit garni de deux ou trois de ces poches ou tuyaux membraneux; le foie est sans division et peu étendu; l'abdomen se prolonge des deux côtés des apophyses inférieures des vertèbres de la queue; une partie des intestins est placée dans ces extensions abdominales, ainsi que la laite ou les ovaires. Sans ces deux prolongations, la cavité géné- rale de l'abdomen aurait eu des dimensions trop resserrées pour le nombre et la grandeur des organes intérieurs qu’elle doit renfermer. Nous venons de dire que les deux yeux sont situés du même côté de la tête; mais indépen- damment de ce défautremarquable de symétrie, 1 Discours sur la nature des poissous 429 relativement à l’axe longitudinal du poisson, ils en présentent fréquemment un second par une inégalité frappante dans leur volume. Ces deux organes ne sont pas toujours aussi gros l’un que l'autre; et lorsqu'ils offrent cette inégalité si extraordinaire, c’est quelquefois l’œil supé- rieur qui l'emporte surl’æil inférieur, et d’autres fois l’œil inférieur qui surpasse le premier en grandeur. Ces yeux, au reste, peuvent être placés de trois manières différentes : dans plusieurs pleuronectes, ils sont situés sur la même ligne verticale; mais, dans quelques-uns de ces poissons, l'œil d’en-haut est plus rapproché du museau que celui d’en-bas; et, dans quelques autres, l'œil d’en-bas est au contraire plus avancé que celui d’en-haut. Il est aussi des espèces de pleuronectes dans lesquelles la nageoire pectorale, attachée au: côté sur lequel on voit les yeux, est plus éten- due que celle de l’autre côté; et l’on serait tenté de croire que la petitesse de la pectorale oppo- sée provient de ce que cette sorte debras ou de main appartenant à la surface de l’animal, qui repose très-souventsur la vase ou sur le sable, a été arrêtée, dans son développement, par les frottements qu’elle a dû éprouver contre le fond des mers, et par la compression que lui a fait subir le poids du corps, qu’elle a dû sup- porter en très-grande partie. La position des pleuronectes qui se reposent ou qui nagent, est en effet bien différente de celle des autres poissons osseux ou cartilagi- veux, cylindriques ou aplatis, qui parcourent, dans le sein des eaux, un espace plus ou moins étendu, ou appuient sur les rochers ou sur le limon leur corps plus ou moins fatigué. Dans l’inaction, de même que dans le mouvement, les pleuronectes sont toujours renversés sur le côté; et nous n’avons pas besoin de faire remar- quer que le côté tourné vers le fond de la mer est, dans tous les moments de leur existence, celui qui est dénué d’yeux : lorsque leurs yeux sont à droite, le côté gauche est l’inférieur ; et ils voguent ou s'arrêtent, le côté gauche tourné vers la surface de l’eau, lorsque leurs yeux sont à gauche. C’est de cette manière très-particulière de nager que leur est venu le nom de Pleuro- nectes ! : elle est une dépendance du déplace. 4 Pleuronecle vient de plewron, qui, en gree, veut dire côté, &t de nuycles, qui signifie nageur. 450 ment de leurs yeux, soit que l'on veuille croire que cette réunion des deux yeux sur une seule face de la tête les ait forcés à ne se mouvoir qu'en tournant vers le bas le côté opposé à cette face, alin de tenir les organes de la vue dans la position la plus favorable à la vision; soit quel on préfère de penser qu’un tres-grand aplatissement latéral ne leur a pas permis de tenir leur corps et leur queue dans un sens ver- tical, comme les autres poissons ; que les efforts ile leurs péctorales, ttrés-petites et très-faibles, n’ont pas pu maintenir en équilibre une lame tres-ctroite, très-haute, et tres-exposée, par conséquent, à l'agitation tumultueuse des flots ; que renversés bientôt sur un de leurs côtés, forcés de conserver cette position, et obligés de nager dans cette posture, ils ont commencé une suite de tentatives perpétuellement renou- velées, pour ne pas perdre tout à fait l'usage de l’œil attaché au côté inférieur; qu'après un très-long temps, et mème apres une très-grande série de générations, des altérations succes- sives dans l'organisation extérieure et intérieure de la tête auront amené l'œil inférieur, de procheen proche, jusque sur le côté supérieur, et par ce transport auront produit, sans doute, une position des organes de la vue bien extra- ordinaire, mais néanmoins auront fait naitre, dans la structure de la tête, des changements bien moins crands et bien moins profonds que les modilications apportées par le temps et par une contrainte permanente dans les parties molles ou solides de plusieurs autres animaux. En considérant la manière de nager qui appar- tient aux pleuronectes, il est facile de voir que leurs pectorales très-peu étendues , et situées l’une au dessus et l’autre au-dessous du corps, ne peuvent pas servir d’une manière sensible à diriger ou accroître les mouvements de ces pois- sons. Leurs thoracines étant aussi extrémement petites, sont de même inutiles à leur natation. Mais l’anale et la dorsale peuvent servir beaucoup à accélérer la vitesse de ces animaux, et à leur imprimer les véritables directions qui leur sont nécessaires; elles sont très-longues et assez hautes; elles s'étendent le plus souvent depuis la tète jusqu’à la queue; elles présentent donc une grande surface : d’ailleurs dans la po- sition habituelle des pleuronectes, elles sont situées horizontalement, puisque l’animal est, pour ainsi dire, couché sur un côté. Des lors on peut les considérer comme eux vectorales HISTOIRE NATURELLE très-étendues , et par conséquent comme deux ramesqui seraienttres-puissantes, sielles étaient mueslibrementetpardes musclestres-vigoureux. Et c’est précisément parce qu’elles influent beaucoup sur la natation des pleuronectes, que la différence ou l'égalité de grandeur entre cette dorsale et cette anale se font sentir dans la si- tuation de ces osseux; ils ne présentent un plan véritablement horizontal que lorsque ces deux rames ont une force évale; et on les voit un peu inelinés vers la nageoire de l'anus, lorsque cette derniere est moins puissante que la nageoire du dos. Cependant l'instrument le plus énergique de la natation des pleuronectes est leur nageoire caudale, et par-là ils se rapprochent de tous les habitants des eaux ; mais ils se distinguent des autres poissons par la manière dont ils emploient cet organe. Les pleuronectes étant renversés sur un côté, leur caudale n’est point verticale, mais hori- zontale : elle frappe donc l’eau de la mer de baut en baset de bas en haut ; ee qui donne aux pleuronectes des rapports de plus avec les céta- cées. Il est facile néanmoins de comprendre que le mouvement rapide et alternatif duquel dépend la progression en avant de l'animal, peut offrir le même degré de force et de fré- quence dans une rame horizontale que dans | une rame verticale. Les pleuronectes peuvent donc, tout égal d’ailleurs, s'avancer aussi vite que les autres poissons. Ils ne tournent pas à droite ou à gauche avec la même facilité, parce que, n'ayant dans leur situation ordi- naire aucune grande surface verticale dont ils puissent se servir pour frapper l’eau à gauche ou à droite, ils sont contraints d'augmenter le nombre des opérations motrices, et d’incliner leur corps avant de le dévier d'un côté ou de l’autre; mais ils compensent cet avantage par celui de monter ou de descendre avec plus de promptitude. Et cette faculté de s’élever on de s’abaisser | facilement et rapidement dans le sein de l'Océan leur est d'autant plus utile. qu'ils passent use grande par!ie de leur vie dans les profondeurs des mers les plus hautes. Cet éloignement de la surface des eaux, et par conséquent de l’atmosphere, les met à l'abri des rigueurs d’un froid excessif; et c'est parce qu’ils trouvent facilement un asile contre Ules effets des climats les pius âpres , en se pré DES POISSONS. 431 cipitant dans les abimes de Océan, qu’ils ba- ! poissons, celui, par conséquent, qui, tourné bitent aupres du pôle, de meme que dans la Méditerranée, et dans les environs de l’équa- teur et des tropiques. IIS séjournent d’autant plus long-temps dans ces retraites écartées, que, dénués de vessie natatoire, et privés par conséquent d’un grand moyen de s'élever, ils sonttentes moins frequemment de serapprocher de l'air atmosphérique. Ils se trainent sur la vase plus souvent qu'ils ne nagent véritable- ment; ils v tracent, pour ainsi dire, des sillons, et s’y cachent presque en entier sous le sable, pour dérober plus facilement leur présence ou à la proie qu'ils recherchent, ou à l'ennemi qu'ils redoutent. Aristote, qui connaissait bien presque tous ceux que l’on pêche dans la Méditerranée, dit que lorsqu'ils se sontmis en embuscade ou ren- fermés sous le limon à une petite distance du rivage, on les découvre par lemoven de l’éléva- tion que leur corps donne au sable ou à la vase, et qu’alors on les harponne et les enlève ‘. Du temps de ce grand philosophe, on pensait que les pleuronectes, que l'on nommait Bothes, Peiynes, Rhombes, Lyres, Soles, etc., en- graissaient beaucoup plus dans le mème lieu et pendant la mème saison, lorsque le vent du midi soufflait quoique les poissons allongés ou cylindriques acquissent, au contraire, plus de graisse lorsquele vent du nord régnaitsur la mer. Columelle? nous apprend que les étangs ma- rins , que l’on formait aux environs de Rome pour y élever des poissons, convenaient très- bien aux pleuronectes, lorsqu'ils étaient limo- neux et vaseux ; qu'il sufisait de creuser , pour ces animaux tres plats, des piscines de soixante ou soixante-dix centimetres de profondeur (dix- huit pouces à deux pieds), pourvu que, situées tres-pres de la côte, erles fussent toujours rem- plies d’une certaine quantité d’eau, que l’on de- vait leur donner une nourriture plus molle qu’à ne pouvaient mächer que tres-peu, et qu’un aliment sale et odorant leur convenait mieux que tout autre, parce que, couchés sur un côté, etayant leurs deux yeux tournés vers le haut, ils cherchaïent plus souvent leur nourriture parle moyen de leur odorat qu'avec le secours de leur vue. 11 faut observer que le côté supérieur de ces ‘ Hist. anim. IV, 8, — ? VIII, 47, vers lPatmosphere, recoit, pendant les mouve: ments ainsi que pendant le repos de l'animal, l'influence de toute la lumière qui peut péné- trer jusqu’a ces osseux, presente souvent des couleurs vives, des taches brillantes et régu- lieres, des raies ou des bandes variées dans leurs nuances, pendant que le côté inférieur, auquel il ne parvient que des rayons reflechis, w’offre qu’une teinte pâle et unilorme. Cette diversité est méme moins superficielle qu'on ne le croirait au premier coup d'œil ; et les écailles d'un côté sont quelquefois tres-difierentes de celles de l’autre, non-seulement par leur gran- deur, mais encore par leur forme et par la na- ture de la matiere qui les compose. Ces faits ne sont-ils pas des preuves remarquables des principes que nous avons cherché à établir, en traitant de la coloration des poissons, dans uotre premier Discours sur ces animaux ? Pour mieux ordonner nos idées au sujet des pleuronectes, et pour les distribuer dans l’ordre qui nous à paru le plus convenable, nous en avons d’abord separé les espèces qui sontentie- remeut dénuées de nageoires pectorales, et par consequent privées des organes que l’on a com- parés à des bras. Nous avons formé de ces especes un genre particulier, et nous leur avons conservé le nom coilectif d’Achire, qui signifie sans muin. Nous avons ensuite placé dans deux groupes différents les pleuronectes qui ont leurs deux yeux à droite, et ceux qui les ont à gauche; et nous avons suivi, en adoptant cette division, non-seulement les idées des naturalistes mo- dernes, maisencore celles des anciens, et particu- lièrement de Pline ‘, qui ont très-bien distingué les pleuronectes dont les yeux sont à gauche, d'avee ceux dont les yeux sont à droite. Passant ensuite à la considération particulière de chacun de ces groupes, nous ayons réparti plusieurs autres habitants des eaux parce qu'ils ! en différentes sections les espèces à caudale fourehue ou échancrée en croissant, celles dont la nageoire de la queue est rectiligne ou arrondie sans échancrure, et enfin celles dont la cau- dale, plus ou moins pointue, touche à la dor- sale et à la nageoire de l'anus. Nous aurions pu, par conséquent, former six sous-genres ou sections dans le genre que nous décrivons; mais, parmi les pleuronectes 4 Plin. Hist. mundi I. 9, c. 49, 452 HISTOIRE NATURELLE qui ont les yeux à gauche, nous n’avons vu ni | aient cessé de se débattre; ils les élèvent alor caudale pointue et confondue avec celles de l’a- pus et du dos, ni caudale fourchue ou découpée en croissant. Nous ne proposons donc, quant à présent, que quatre sous-genres , dont on a pu voir les caractères distinctifs sur le tableau du genre qui nous occupe. A la tête du premier de ces quatre sous-genres est le Flélan où Hippoglosse, que ses grandes dimensions rendent encore plus comparable aux 2étacées que tous les autres pleuronectes. On a pêché en Angleterre des individus de cette espèce qui pesaient trois cents livres; on er a pris en Islande qui pesaient quarante livres; Olafsen en a vu de près de dix-huit pieds de longueur, et l'on en trouve en Norvége qui sont assez grands pour couvrir toute une nacelle. On trouve les flétans dans tout l'Océan Atlan- tique septentrional. Les peuples du Noïd les re- cherchent beaucoup. Les Anglais en tirent une assez grande quantité des environs de New found- land ; et les Français en ont pêché auprès de Terre-Neuve. On se sert communément, pour les pren- dre, d’un grand instrument que les pêcheurs nomment Gangvaden, ou Gangwad.Cetinstru- ment est composé d’une grosse corde de quinze ou dix-huit cents pieds de longueur, à laquelle on attache trente cordes moins grosses, et gar- nies chacune à son extrémité d'un crochet très- fort. On emploie pour appât des cottes où des gades. Des planches qui flottent à la surface de la mer, mais qui tiennent à la grosse corde par des liens très-longs, indiquent la place de cet instrument lorsqu'on l’a jeté dans l’eau. En le construisant, les Groenlandais remplacent ordinairement les cordes de chanvre par des la- nieres ou portions de fanon de baleine, et par des bandes étroites de peau de squale. On retire les cordes au bout de vingt-quatre heures; et il n'est pas rare de trouvér quatre ou cinq flétans pris aux crochets. On tue aussi les hippoglosses à coups de ja- velot, lorsqu'on les surprend couchés, pendant la chaleur, sur des bancs de sable, ou sur des fonds de la mer, très-rapprochés de la surface : mais lorsque les pêcheurs les ont ainsi percés de leurs dards, ils se gardent bien de les tirer à eux, pendant que ces pleuronectes jouiraient encore d'assez de force pour renverser leur bar- que; ils attendent que ces poissons très-affaiblis , et les assomment à coups de massue. Vers les rivages de la Norvege, onnepoursuit les flétans que lorsque le printemps est déjà assez avancé pour que les nuits soient claires , et que l’on puisse les découvrir facilement sur les bas-fonds. Pendant l'été on interrompt la péche de ces animaux, parce que, extrémement gra: lorsque cette saison règne, ils ne pourraient pas être séchés convenablement, et que les prépa- rations que l'on donnerait à leur chair ne l'empêcheraient pas de se corrompre même très- promptement. On donne le nom de raff aux nageoires du flétan, et à la peau grasse à laquelle elles sont attachées; on appelle rœckel, des morceaux de la chair grasse de ce pleuronecte, coupée en long; et on distingue par la dénomination de skare flog, où de square queile, des lanières de la chair maigre de ce thoracin. Ces différents morceaux sont salés, exposés à l'air sur des bâtons, séchés et emballés pour être envoyés au loin. On les sale aussi par un procédé semblable à celui que nous décrirons en parlant des Clupées harengs. On a écrit que le meilleur raff et le meilleur rœckel venaient de Samosé, près de Berghen en Norvège. Mais ces sortes d'aliments ne conviennent guère, dit-on, qu'aux gens de mer et aux habitants des cam- pagnes, qui ont un estomac fort et un tempéra- ment robuste. Auprès de Hambourg et en Hol- lande, la tête fraiche du fiétan a été regardée comme un mets un peu délicat. Les Groenlan- dais nese contentent pas de manger la chair de ee poisson, soit fraiche, soit séchée ; ils mettent aussi au nombre de leurs comestibles le foie et même la peau de ce pleuronecte. Ils préparent la membrane de son estomac, de manière qu'elle est assez transparente pour remplacer le verre des fenêtres. Quelque grand que soit le flétan, il a dans les dauphins des ennemis dangereux, qui l’atta- quent avec d'autant plus de hardiesse, qu’il ne peut leur opposer, avec beaucoup d'avantage, que son volume, sa masse et ses mouvements , et qui employant contre lui leurs dents grosses, solides et crochues, le déchirent, emportent des morceaux de sa chair, lorsqu'ils sont contraints de renoncer à une victoire complète , et le lais- sent, ainsi mutilé, traîner en quelque sorte une misérable existence. Quand il est trèes-jeune, il est aussi la proie des squales, des raies, et des DES POISSONS. autres habitants de la mer, remarquables par ieurs armes ou par leur force. Les oiseaux de proie qui vivent sur les riva- ges de la mer et se nourrissent de poissons le poursuivent avec acharnement, lorsqu'ils le dé- couvrent auprès de la surface de l'Océan. Mais lorsque le flétan est groset fort, l'oiseau de proie périt souvent victime de son audace : le poisson plonge avec rapidité à l'instant où ilsent la serre cruelle qui le saisit; et l'oiseau, dont les ongles crochus sont embarrassés sous la peau et les écailles du pleuronecte, fait en vain des efforts violents pour se dégager; le flétan l’entraîne; ses cris sont bientôt étouffés par l'onde, et il est précipité jusque dans les abimes de l'Océan, asile ordinaire de l’hippoglosse. Il paraît que, dans les différentes circon- stances où le flétan se montre couvert d'insectes ou de vers marins attacnés à sa peau, il éprouve une maladie qui infiue sur le goût de sa chair, ainsi que sur la quantité de sa graisse. Il fraie au printemps; et c'est ordinaire- ment entre les pierres qu'il dépose, pres du ri- vase, des œufs dont la couleur est d’un rouge pâle. Tous les individus de cette espèce sont très- voraces ; ils dévorent non-seulement les crabes, et même des gades, mais encore des raies. Ils varaissent tres-friands des cycloptères lor: es qu'ils trouvent attachés aux rochers. {:s se Uien- nent plusieurs ensemble dans le fond des mers qu'ils fréquentent, ils y forment quelquefois plusieurs rangées; ils y attendent, la gueule ouverte, les poissons qui ne peuvent leur résis- ter, et qu'ils engloutissent avec vitesse; et lors- qu'ils sont très-affamés , ils s'attaquent les uns les autres, et se mangent les nageoires ou la queue. Leur canal intestinal présente deux sinuosi- tés; un long appendice est situé auprès de leur estomac; leur ovaire est double; et soixante- cinq vertèbres composent leur épine du dos. Les écailles qui les recouvrent sont arrondies àleurextrémité, molles, fortement attachées, en- duites d’une liqueur visqueuse, et très-difficiles à voir avant que le poisson ne soit mort et même desséché. Le corps et la queue sont allongés. La tête n’est pas grande à proportion de l'énorme éten- due des autres portions de ces pleuronecies : mais l'ouverture de la bouche est large; et les deux mâchoires sont garnies de plusieurs dents 11. 55 longues, pointues, courbees, et un peu séparées les unes des autres. La lèvre supérieure peut être étendue en avant. Les yeux sont gros, et aussi rapprochés du museau l’un que l’autre, Trois lames composent l’opercule, qui cepen- dant ne cache pas en entier la membrane bran- chiale. Un piquant tourné vers la gorge est placé au-devant de l’anale. L’anus est aussi éloigné de la tête que de la pectorale. La ligne latérale se courbe d’abord vers le haut, et s’é- tend ensuite directement jusqu'à la nageoire de la queue. Le côté gauche du fiétan, celui sur lequel il nage ou se repose, est blanc ou blanchâtre : le côté droit paraît d'autant plus foncé, que l’ani- mal est plus maigre. L'iris est blanc; la dorsale et l’anale sont jaunâtres; chaque pectorale est jaunâtre ou jaune, ave: une bordure foncée; les thoracines et la caudale sont brunes !. LE PLEURONECTE LIMANDE 2, Pleuronuectes Limanda, Linn., L&, * : : Pleuronectes (Platessa) Limanda , Craÿ. :, Ce poisson, très-commun sur nos tables, se trouve non-seulement dans l'Océan Atlantique, mais encore dans la Baltique et dans la Méditer. ranée. Le temps de l’année où il est le plu agréable au goût, au moins dans les contrées du nord de l'Europe, est la fin de l'hiver ou le com- mencement du printemps. Il fraie ensuite; « alors sa chair est moins savoureuse et plug molle. Elle est cependant, dans les autres sai- sons, plus ferme que celle de plusieurs pleu ronectes; mais comme elle est aussi moins suc: 1 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flétar, 14 à chaque pectorale, 7 à chaque thoracine, 8 à la nageoirg de la queue. 2 Lima, en Sardaigne. — Glahrke, en Poméranie. — Kieische, Kliesche, à Hambourg. — Skrubbe, en Dane- marck.— Grelte, en Hollande.— Dab, Brut, en Angleterre Pieuronecte limande. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — Id. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth.—Pleuronecte limande Bloch, pl. 46.— Mus. Ad. Frid. 2, p. 68.—Müll. Prodr. Zool Danic., p. 45, n. 575. — Artedi, gen. 17, syn. 55, spec. 58. — Limande. Rondelet, part. 4, c. S. — Schonev., p.61. — Aldrov., l. 2, ©. 46, p. 212. — Willughby, Ichth., p. 97. — Rai, PisC. p. 52. — Limanda , ete. Gesner, p. 665 et 781, et (germ.), fol. 52, a. — Citharus. Charlet., p. 145. — Bélon, Aquat., p. 145. — Limanda. Jouston, Pisc., p.90. — Brit. Zvol. 5, p- 188, u.5. — Limande. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 5 Du sousgenre PLIE, Platessa, Cuv., dans le gran: genre des PLEURONECTES ; Malacoptérygiens subbrachiens de la famille des Poissons plats. D. 28 454 culente et moins délicate, on la fait sécher sur plusieurs côtes de l'Angleterre et de la Hollande. La limande vit de vers ou d'insectes marins, et très-souvent de petits crabes. Son épine dorsale ne comprend que cinquante et une vertèbres. L'ouverture de sa bouche est étroite. Les deux mâchoires sont d’égale longueur ; mais on compte plus de dents à la supérieure qu’à l'in- férieure. L’œil supérieur est placé au sommet le la tête. On aperçoit au-devant de la nageoire de l'anus un piquant tourné vers la gorge. Le côté droit est jaune; le gauche est blane; l'iris couleur d’or, et la caudale brune . Le rhomboïde de Rondelet me paraît être une variété de la limande *. LE PLEURONECTE SOLE . Pleuronectes Solea, Linn., Gmel., Bi., Lac., Cu. 1. Ce poisson est recherché, même pour les tables les plus somptueuses. Sa chair est si ten- dre, si délicate etsi agréable au goût, qu'on la 4 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte li- mande, 41 à chaque pectorale, 6 à chaque thoracine, 45 à la nageoire de la queue. 2 Rondelet, part. 1,1. 44, c. 5. 5 Boyglotton, boglosson, boglossa, boglotta, boglossos, et Loglottos, par les anciens auteurs grecs. — Perdrix de mer, dans plus, départ. de France. — Linguato, en Espa- gne. — Sagliola en Sardaigne. — Linguata, en Italie. — Sfoia , dans les environs de Venise. — Dil baluck , en Tur- quic. — Samamkusi, en Arabie. — Zange, See rephuhn, en Allemagne. — Tunge, Hunde tunge, Tunge pledder, Hav ager, Hone, en Danemarck. — Tunga sola, en Suède, — Tonge, en Norvège et en Hollande, — Sol, Soul, en Angle- terre. — Zeetong, Bot, par les Hollandais de Surinam. — Pleuronectes Solea. Faun. Suec. 526. — Müll. Prodr. Zool. Dauic., p. 45, n. 576.— Pleuronectes tunga.{t. Wgoth 178. — « Pleuronectes maxillà superiore lougiore, corpore « oblongo, squamis utrinque asperis. » Artedi, gen. 18, syn. 52, spec. 60. — Pleuronecte sole. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 45, — Boglossos. Athen., 1.7, p.288. — Solea, Ovid. Ha- lieut., v. 124. — Id. Plin., 1. 9, c. 16, 20. — /d. Cuba, 1.5, c. 84, fol. 90, a. — Jd. Jov., c. 26, p. 98.— Jd. et buglossus. Gesner, p. 666, 667, 671, 785, et (germ.), fol. 53, b. 53. — Jonston, 1. 1,t.5, c. 2, a. 2, punct. 4, p. 82. — Solea. Charl.. p.145. — Buglossus. Wotton, I. 8, ©. 167, fol. 150. — Sole. Rondelet, part. 4, 1, 11, ©. 10. — Buglossus, sive solea. Willughby, p. 100, tab. F,7.— Buglossa, Vel solea. Aldrov., 1.1, ©. 45, p.255, 255. — Solea, vel buglossus. Schonev., p. 65. — Pleuronectes solea. Brünn. Ichth. Mas:il., p. 54, n. 47.— Gronov. Mus. 1, p.14, 0.57; Zooph., p.74, n. 251. — « Solea squamis minutis. » Klein, Miss, pisc, 4, p, 51, n. 1. — Bélon, Aquat., p. 147. — Solea. Ruysch, Theatr, anim., pe 57, tab. 20, fig. 13.— Brit. Zool. 5, p. 190, n. 7, — Sole, Valmont de Bomare, Dict. d'hist, nat, 4 Type du sous-genre SOLE, Solea, dans le grand genre PLEURONECTE, Cuv. D, HISTOIRE NATURELLE surnommé la Perdrix de mer. On le trouve non-seulement dans la Baltique et dans l'Océan Atlantique boréal, mais encore dans les envi- rons de Surinam et dans la mer Méditerranée, où l’on en fait particulièrement une pêche abon- dante auprès d’Orytana et de Saint-Antioche de Sardaigne. Il paraît que sa grandeur varie sui- vant les côtes qu'il fréquente, et vraisemblable- ment suivant la nourriture qu'il peut avoir à sa portée. On en prend quelquefois auprès de l’em- bouchure de la Seine, qui ont un ‘pied et demi ou deux pieds de longueur. Il se nourrit d'œufs ou de très-petits individus de quelques espèces depoissons ; mais lorsqu'ilest encore très-jeune, il est la proie des grands crabes, qui le déchi- rent, le dépècent et le dévorent. On le voit quel- quefois entrer dans les rivières. M. Noël de Rouen nous a écrit qu'on a pêché ce pleuro- necte dans les guideaux de la Seine, auprès de Tancarville; et il ajoute que, pendant l'été, le flot peut l'apporter jusque dans le lae de Tôt; mais peudant l'hiver il se tient dans les profon- deurs de l'Océan. Il quitte le fond de la mer lorsque la belle saison arrive; il va chercher alors les endroits voisins des rivages ou des embouchures des fleuves, où les rayons du soleil peuvent parvenir assez facilement pour faciliter l'accroissement de ses œufs et la sortie des fœtus. On le prend de plusieurs manières. On em- pioie, pour y parvenir, des hamecons dormants auxquels on attache pour appât des fragments de petits poissons. On peut aussi, lorsqu'une lu- mière très-vive est répandue dans l'atmosphère, chercher auprès des côtes etdes bancs de sable des fonds unis sur lesquels rien ne dérobe les. soles à la vue du pêcheur; à peine ce dernier en a-t-il découvert une, qu'il lance contre ce pleuronecte un plomb attaché à l'extrémité d’une petite corde, et garni de plusieurs crochets qui, pénétrant assez avant dans le dos de l'animal , servent à le retenir et à l'enlever, malgré les ef- forts qu'il fait pour échapper à la mort qui le menace. S'il n'y a même que deux ou trois brasses d’eau au-dessus du poisson, on le har- ponne, pour ainsi dire, par le moyen d’une per- che dont le bout est armé de pointes recour- bées. ILest aisé de voir que, pour avoir recours avec avantage à ces deux dernieres sortes de pêche, il ne suffit pas que le soleil brille sans nuages ; il faut encore que la mer ne soit agitée par aucune vague autour du bateau pêcheur, LIMANDE \ SOLE \ (Fr NOM ILE LE Publié par Fur DES POISSONS. L'illustre Franklin nous a fait connaître le pro- cédé employé avee suceès ; pour maintenir pen- dant longtemps un calme presque parfait à une certaine distance autour de la: barque. Une -petite quantité d'huile que l’on répand sur la surface de la mer, et qui surnage autour du bâtiment, rend cette surface unie, presque im- mobile, et très-propre à laisser parvenir les rayons de la lumière jusqu'au pleuronecte que l’on Gésireide distinguer. Onta d'autant plus de motifs de pêcher la sole, qu'une saveur exquise n'est pas la seule qualité précieuse de la chair de ce poisson. Cette même chair présente aussi la propriété de pouvoir être gardée pendant plusieurs jours, non-seulement sans se.corrompre, mais encore sans cesser d'acquérir un goût plus fin. Voilà pourquoi, tout égal d’ailleurs, les soles de l'Océan sont meilleures à Paris qu'auprès du Havre, et celles de la Méditerranée à Lyon, par exemple, qu'à Toulon ou à Montpellier. Les écailles de la sole sont dures , raboteuses, dentelées , et fortement attachées à la peau, sur le côté gauche, comme sur le côté droit. L'ou- verture de la bouche représente un croissant. On voit plusieurs rangs de dents petites et poin- tues à la mâchoire inférieure, et des barbillons | blancs et très-courts au côté gauche des deux mächoires. Deux os arrondis et deux os allon- gés, tous les quatre hérissés de petites dents, sont placés autour du gosier. La ligne latérale est droite. Un piquant assez fort parait auprès de l'anus, qui est très-près de la gorge. De pe- tites écailles garnissent la base des longues na- geoires de l’anus et du dos. Le côté droit est olivâtre; et le gauche, plus ou moins blanc. Le canal intestinal offre plusieurs sinuosités ; il n’y a point de cæcums auprès du pylore; la colonne vertébrale est composée de quarante- huit vertèbres. : D’après une note que M. Noël a bien voulu nous faire parvenir, on doit regarder comme une variété de la sole un pleuronecte que l’on pêche auprès de l'embouchure de l'Orne, etque l’on nomme Cardine. La tête de cette cardine est beaucoup plus grande et plus allongée que celle de la sole; le côté droit de ce thoracin est d’un fauve roux assez clair, et sa chair est moins recherchée que celle du poisson que nous venons de décrire !. j 46 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte sole, 4355 LE PLEURONECTE PLIE#, Pleuronectes Platessa, Linn., Gmel., Bl., Lac., Cuv. 2. La plie est bonne à manger; mais, moins agréable au goût, moins tendre et moins déli- cate que la sole, elle est moins recherchée. Elle habite dans la Baltique, dans l'Océan Atlanti- que boréal, et dans plusieurs autres mers. Le cûté gauche de ce thoracin est d’un blanc bleuä tre pendant la jeunesse du poisson, et rou- geâtre lorsqu'il est plus âgé; l'ouverture de la bouche petite; la mâchoireinférieure plus avan- cée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière , d’une rangée de dents petites et mous- ses; le gosier défendu, pour ainsi dire, par deux os très-rudes; la langue lisse; le palais dénué de dents; la ligne latérale presque droite; la base des nageoires du dos, de l'anus et dela queue, couverte de petites écailles ; l’anale pré- cédée d’un aiguillon assez fort; la hauteur de l’animal plus grande que celle de la sole, à pro- portion de la longueur totale; l'estomac allongé; le canal intestinal très-sinueux; le pylore voisin de deux ou quatre cœeums ou appendi- ces; et l’épine dorsale composée de quarante- trois vertèbres. La plie pese quelquefois quinze ou seize li- vres. Plusieurs de ses habitudes, et les diffé- rentes manières de la pêcher, ressemblent beau- coup à celles que nous avons décrites en parlant 40 à chaque pectorale, 7 à chaque thoracine, 17 à la nageoire de la queue, 1 Platesia, plada, plays, pleis, plaethiz. — Plye, dans quelques départ. de France — Ælotant, à Bordeaux, suivant M. Duthrouil, officier de santé. — Plaise, en Angleterre. — Karkole , en Islande. — Hellebuit , Sondmeer kong, Vaar-guld, Floender slaeter, en Norvège. — Skalla , en Suède. — Rwdspaœtle, Schickpleder, Schuller, en Dane- marck. Schulle, auprès de Hambourg. - Platteis, Pladise, Scholle, en Allemagne. — Scholle, en Hollande. — Come, Jei, au Japon. — Bot, aux Moluques. — Pleuronecte plie. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 42 — « Pleuronectes tuberculis « sex. » Faun. Suecic. 528. — Müll. Prodr. Zool, Dauic., p. 44, n. 575. — It. Wgoth. 179. — Pleuronectes slaetvar. It. Scan. 526. — « Pleuronectes.. tuberculis sex in dextra capi- « lis. » Artedi, gen. 17, syn. 50. — Plie. Rondelet, part. 1, 1.1,c. 6. — Passer, vel platessa. Gesner, p. 664 et 670 ; et (germ.), fol. 52, a. — Id. Schonev., p. 61. — Zd. Willughby, p.96,t.5.— Jd. Rai, p.51, 0.5. — Passer lœvis. Aldrov., 1. 2, c. 47, p. 245. — Id. Jonston, 1. 4, t. 5, c.5,4a.2, punet. 4, tab. 22. fig. 7 et9. — /d. Charl. 149. — Gronoy. Mus. 4, p. 44, 0.56; Zooph., p. 72, n. 246. — Act. Helvet. 4, p- 262, n.142.— Klein, Miss. pisc. 4, p. 55, n. 5: et p. 54, n.6. — Bélon, Aquat., p.141. — Ruysch, Theatr. anim., p. #9, 66, tab. 22. fig. 7 et 9. — Brit, Zool. 5, p. 486, n. 5. — Plie. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 2 Type du sous-genre Pur, Platessa de M, Cuvier, dans le grand genre des PLEULONECTES. D. 456 de la sole. Souvent on la sale ou on la sèche à air. On a eru pendant longtemps, sur quelques côtes de France ou d'Angleterre , que la plie était engendrée par un petit crustacée nommé Chevretle. Le physicien Deslandes chercha, il y a déjà un très-grand nombre d'années, à dé- couvrir origine de cette opinion qui maintenant serait absurde. Il fit plusieurs observations à ce sujet. Il mit des chevrettes dans un vase de trois mètres de circonférence , et rempli d’eau de mer. Au bout de douze ou treize jours, il apereut huit ou neuf petites plies, qui grandi- rent insensiblement ; et cette expérience lui réussit toutes les fois qu’il la tenta. Dans le printemps suivant, il placa dans un vase des plies, et dans un second des plies et des che- vrettes. Il paraît que, parmi les plies des deux vases, il y avait des femelles qui pondirent leurs œufs, et cependant aucun jeune pleuronecte ne parut que dans celui des vaisseaux qui conte- nait des chevrettes. Deslandes examina alors ces crustacées, et il vit de véritables œufs de plies attachés sous le ventre de ces crabes. II les ouvrit, et s’aperçut non-seulement qu’ils avaient été fécondés, mais encore qu'ils renfer- maient des embryons déjà un peu développés. Ilconclut de tout cequ’il avait vu, que les œufs des plies ne pouvaient se développer que cou- vés, pour ainsi dire, sous le ventre des che- vrettes. Au lieu d'admettre cette opinion que rien ne peut soutenir, ce physicien aurait dù penser que les plies écloses dans ces vases pro- venaient d'œufs pondus et fécondés près d’un rivage fréquenté par des chevrettes, qui ai- ment beaucoup à se nourrir du fra des pois- sons, et particulièrement de celui des pleuro- nectes. Ces œufs enduits d'une humeur très- visqueuse , au moment de leur fécondation, comme ceux de presque tous les habitants des eaux douces ou salées , s'étaient collés facile- ment contre le ventre des chevrettes qu’il avait prises pour en faire les sujets de ses expé- riences. Avant de terminer cet article, nous devons faire remarquer que plusieurs auteurs, et no- tamment Bélon , Rondelet, Gesner et Aldro- vande, ont faitreprésenter la plie avec les deux yeux placés au côté gauche. Cette faute est ve- nue vraisemblablement de ce qu’ils n’ont pas eu le soin de diriger leurs artistes, qui auraient dû dessiner le poisson à rebours. Mais, quoi qu’il HISTOIRE NATURELLE en soit, il parait qu’une faute semblable à eu lieu pour plusieurs espèces du genre de la plie ; et nous pensons avec Bloch, que ce défaut d'attention a dû contribuer à faire compter par les naturalistes récents plus d’espèces de pleu- ronectes qu’ils n’auraient dû en admettre dans leurs catalogues . M. Noël, de Rouen, nous a mandé, dans le temps, que l’on connaissait à Caen, sous le nom de franquise, une variété de la plie ou Plie franche, qu’on appelle Carrelet à Dieppe, ainsi qu’à Fécamp, et qu'il ne faut pas confon- dre avec notre pleuronecte carrelet. Les indi- vidus de cette variété remontent jusque dans les guideaux du Tôt, lorsqu'ils sont portés avec violence dans la Seine par les eaux de la barre située à l'embouchure de cette rivière. LE PLEURONECTE FLEZ 2, Pleuronectes Flessus, Linn., Gmel., Bloch: Plalessa Flessus, Cuv.; Pleuronectes Passer, BL. 3. Le Pleuronecte Flyndre+, Pleuronectes platessoides, Linn., Gmel., Lac. 5. — Pleuronecte Pole 6, Platessa Pola, Cuv.; Pleuronectes Cynoglossus, Linn., Gmel., Lac, 7. — Pleu- roneclte Languelle #, Pleuronectes Linguatula, Linn., Gmel., Lacep.®. — Pleuronecle glacial 19, Pleuronectes glacialis, Linn,, Gmel., Lacep. {!, — Pleuronecte Liman- delle ‘?, Pleuronectes Limandula, Lac. 1% — Pleuronerte chinois, Pleuronectes sinensis. Lacep. 4, — Pleurimecte Limandoide *%, Pleuronectes limandoides, Linn., Gmel., Lac.; Hippoglossus limandoides, Cuv.{t. — Pleuronecte Pégouze ‘7, Pleuronectes Pegusa, Lacep.; Solea oculata, Cuv.; Pleuronectes oculatus, Schn.; Pleuronectes Ronde- letii, Shaw. 18, Le flez se rend, au printemps, vers les riva- ges de la mer et les embouchures des fleuves, 4 Grayons à la membrane brancbiale du pleuronecte plie 12 à chaque pectorale, 6 à chaque thoracine, 19 à la nagcoire de la queue. 3 Elinder, Flonder, en Prusse. — Flonder, Butte, dans la Livonie, — Buttes, Lestes, Plehkstes, chez les Leltes — Leæst, Kamlias, en Estonie. — Flundra, Slaettskaeda, en Suède.— Skey, Sandskraa, en Norvége.— Kola, Lura, en Islaude.— Butte, Sandskreble, en Danemarck.—Ælounder, But, Flule, en Angleterre. — Bot, Amsterdamse bot, Fey bot, Het-tey, en Hollande. — Pleuronecte fléton. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Fauv. Suec. 527.— Mus. Ad. Frid. 2, p. 67. — Müll. Prodr. Zool. Dan., p. 45. n. 574. — It. Scan. 526. — Bloch, pl. 41. Gronov. Mus. 2, p.15, n. 40; Zooph., p.75, n. 248. — « Pleu- « ronectes lineà laterali asperä. » Artedi, gen. 47, syn. 51, spec. 59. — « Passer fluviatilis, vulgô fesus. » Bélon, Aquat., p. 144. — Id. Willughby, p. 98. — Flez. Rendelet, part. 4, 1. 11, ©. 9. — « Passeris tertia species. » Gesner, 666. — a Passer niger. » Charlet.. p. 145. — Klcin, Miss. pisc. 4, p.55,n.41et 4, tab 2, fig. 4. — Flounder, Brit. Zool. 8, p.187, n. 4. — Flet, fletelet, et flez. Valmont de Bomnare, Dict. d'hist. nat. 5 Du sousgenre PLIE, Plalessa, dans le grazi genre PLrunonECTE, Cuv. D, DES POISSONS. Il pénètre même dans les rivières : on le voit remonter très-avant dans celles d'Angleterre ; et M. Noël nous a écrit qu’on le péchait souvent dans la Seine, jusqu'auprès de Tournedos, quel- ques myriamètres au-dessus du Pont-de-l’Ar- che, où on le nomme Flondre et Flondre d'eau douce ou de rivière. Les individus de cette es- pèce que l’on prend dans l’eau douce ont la couleur plus claire et la chair plus molle que ceux que l’on trouve dans la mer. On pêche le flez pendant la belle saison, parce qu'alors il est plus charnu et plus gros. La bonté de sa chair varie d’ailleurs suivant la nourriture qui est à sa portée, et par conséquent suivant le pays qu'il habite. On prétend qu'aux environs de Memel , sa saveur ést plus agréable que dans les autres parties de la Baltique. On peut le transporter facilement dans des vases et à une distance assez grande de son séjour ordinaire, sans lui faire perdre la vie ; eton a profité de cette facilité, ainsi que de celle avec laquelle il s’accoutume à toute sorte d’eau , pour l’accli- mater et le multiplier dans plusieurs étangs de la Frise ‘. Il ne pese pas ordinairement plus de six livres. Deux petits cœcums sont placés au- 4 Picot, sur quelques côtes franc. de l'Océan Atlantique.— O. Fabric. Faun. Groenl., p. 164, n. 119. — Pleuronecte flyndre. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Cette espèce de pleuronecte n'est pas citée par M.Cuvier; mais il est probable qu'elle se rapporte au sous-genre des PLIES, Platessa. D. $ Gronov. Mus. 1, p.14, n. 59; Zooph., p.15, n. 217. — O. Fabric. Faun. Groenl., p. 462, n. 118. — Pleuronccte pole. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 1 Du sousgenre PLIE, Plalessa, dans le grand genre PLEURONECTE, Cuv. D. 8 « Pleuronectes. ano adlatussinistrum, dentibus acutis.s Artedi, gen. 17,syn. 51.— Pleuronecte languette. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. ° Ce pleuronecte n'est pas cité par M. Cuvier. S'il se rap- porte au P. linguatata, Rond. 524, il est du sous-genre Mo- NOCHIRE de M. Cuvier. D. 40 Pallas, It. 5, p. 706, n. 48.— Pleuronecte glacial. Bon- paterre, pl. de l'Enc. méth. 1 Ce poisson, du genre Pleuronecte, n'est pas cité par M.Cuvicr. D. 13 Pleuronecle limandelle. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. # Noncité par M. Cuvier. D. 44 Espèce non mentionnée par M. Cuvier. D. 15 Rauhe-scholle, par les Allemands. — Plie rude. Bloch, pl. 186. — Pleuronecte plie rude. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 4 Du sousgenre FLÉTAN, Æippoglossus, Cuv., dans le genre Pleuronecte. D. 17 Pleuronecte pégouse. Rondelet, part. 4,1. 44, ©. 11. | 4 Du sous-genre SOLE, Solea , Cuv., dans le grand genre P :URONECTE, D. 4 Voyez le Discours intitulé Des effets de l'art de l'homme sur la nature des poissons. 457 près de son pylore.Sa colonne dorsale comprend trente-cinq vertèbres. Les piquants dont sa sur- face est hérissée sont très-petits, mais parais- sent crochus , excepté ceux qui garnissent, du côté droit, la ligne latérale ou la base de la na- geoire de l’anus et de celle du dos. Ces derniers sont droits et forment de petits groupes; on en voit de semblables sur la ligne latérale du côté gauche, et sur le bord gauche de la base des na- geoires du dos et de l’anus. Ce côté gauche ou inférieur, et par conséquent presque toujours dérobé à l'influencede la lumière, est blane avec quelques nuages bruns et des taches noirâtres, vagues, très-peu foncées. très-peu nombreuses et petites, tandis que le côté droit est d’un brun foncé, relevé par des taches olivâtres, ou d’un vert jaune et noir. Au reste, indépendamment des piquants dont nous venons de parler, les deux côtés du flez sont couverts d’écailles min- ces, allongées, fortement attachées à la peau, et très-difliciles à voir. La mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut; la langue est courte et étroite; deux os ronds et rudes sont situés auprès du gosier. La ligne latérale se courbe vers le bas après s’être avancée vers lanageoire de la queue, jusqu’au delà de la pectorale. Un aiguillon assez fort paraît au-devant de la na- geoire de l'anus. La Baltique n’est pas la seule mer où se plaise le flez; il est aussi très-répandu dans l'Océan Atlantique boréal, ainsi que le flyndre, qui fré- quente particulièrement les embouchures des ri- vières du Groenland. Ce dernier poisson est un des pleuronectes les moins grands et les moins agréables au goût. Il ne parvient ordinairement qu'à la longueur d’un pied ; et on ne le mange le plus souvent que séché. Il se plaît sur les fonds sablonneux, où il se nourrit de vers marins et de petits poissons, et où il dépose ses œufs vers le commencement de l'été. Sa forme générale est un peu semblable à celle d’une na- vette. Le côté gauche est blane et doux au tou- cher, ainsi que la tête et la langue. Six tu- _bercules garnis de petites dents entourent l4 gosier. Les pectorales sont courtes. Le flyndre est fréquemment tourmenté par des Gordius, ou par d’autres vers intestinaux. Le pole habite dans la partie de l'Océan At- lantique qui baigne la Belgique, et dans celle qui avoisine le Groenland. On le trouve pen- dant l'hiver dans les enfoncements littoraux dont les eaux sont profondes. Sa ligne latérale est 458 droite; sa dorsale s'étend lepuis les yeux jus- qu’à la nageoire de la queue. Son côté gauche est blanc. Il a beaucoup de rapports avec le flé- tan, mais sa chair est plus délicate; et il n’a communément que deux pieds ou deux pieds et demi de longueur *. Les mers de l’Europe sont la patrie du pleu- ronecte languette; et l'Océan Glacial arctique est celle du pleuronecte glacial, dont le nom in- dique le séjour, et qui en fréquente les côtes sa- blonneuses. Les yeux de la limandelle sont ovales et très- rapprochés ; sa ligne latérale est d’abord cour- bée et ensuite droite; son côté gauche est blanc; ses pectorales et ses thoracines sont jaunes. Elle est quelquefois longue d’un pied et demi. Le pleuronecte chinois est encore inconnu des naturalistes. Nous en avons trouvé une image très-bien faite parmi les peintures chi- noises que la Hollande a cédées à la France, avec plusieurs belles collections d'histoire natu- relle; et nous lui avons donné un nom spécifi- que qui indique le pays où il a été observé et peint avec beaucoup de soin. Trois ou quatre pièces composent chaque opercule. La hauteur de l'animal surpasse la moitié de sa longueur totale. Des taches brunes, irrégulières, assez grandes et nuageuses, sont répandues sur le côté droit, et varient le fond qui fait ressortir des points noirs arrangés en quinconce. Le côté gauche est d’un blanc-rose ; et l'iris est un peu doré. On pêche dans l'Océan Atlantique septentrio- nal, et particulièrement aux environs de Heili- geland, le pleuronecte auquel nous conservons le nom de Limandoïde. Ce thoracin habite sur les sables du fond de la mer; il vit de jeunes crabes; il se prend à l’hameçon; sa chair est blanche et d'un bon goût; il a deux laites ou deux ovaires; son foie n’est pas divisé en lobes; deux ou trois ou quatre cœcums sont placés au- près du pylore; plusieurs rangées de dents " ? Grayons à la membrane branchiale du pleuronecte flez, 12à chique pectorale, 6 à chaque thoracine, 16 à la nageoire de la queue. — 8 rayons à la membrane Lranchiale du plen- ronecte flyndre, 12 à chaque pectorale ,6 à chaque thoracine, 16 à la caudale, — 7 rayons à la membrane branchiale du p'euronecte pole, 14 à chaque pectorale, 6 à chaque thora- cine. 17 à la nageoire de la queue. —9 rayons à chaque pec- torale du pleuronecte languette, 7 à chaque thoracine, 19 à la caudale.— 9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte limandelle, 6 à chaque thoracine, 47 à la nageoire de laqueue. — 11 à Chaque pectorale du pleuronecte limandoïde, 6 à chaque thoracine, 13 à la candale, HISTOIRE NATURELLE pointues arment chaque mâchoire; deux os rudes sont voisins du gosier; la langue et le palais sont lisses; les deux ouvertures des nari- nes paraissent dans une sorte de petite fossette; des écailles semblables à celles du dos revêtent la tête et les opercules; le côté gauche est blanc. La pégouze vit dans la Méditerranée, où on lui a donné, suivant Rondelet, le nom qu’elle porte, parce que ses écailles sont adhérentes à la peau comme de Ja poix, et ne peuvent être dé- tachées facilement qu'après avoir été trempées dans l’eau chaude. On l’a prise aussi dans lés environs de Caen, selon M. Noël ‘; mais elle y est très-rare. Les belles taches de son côté droit sont placées sur un fond d’un roux sale, et souvent entourées d’une bordure très-foncée. LE PLEURONECTE CŒILLÉ ?, Pleuronectes ocellatus, Linn., Gmel., Lacep. * ET LE PLEURONECTE TRICHODACTYLE"‘ Pleuronectes trichodacetylus, Linn., Gmel., Luc. 5. Ces deux espèces ont beaucoup de ressem- blance avec les achires. Elles s’en rapprôchent par le petit nombre de rayons que l’on trouve dans leurs pectorales . et par la petitesse de ces nageoires. La première a la dorsale comme plis- sée, et vit à Surinam. La seconde a le côté gau- che blanchâtre; de très-grands rapports avec la sole; la ligne latérale droite ; les dents si me- nues, qu’on à de la peine à les distinguer; la pectorale gauche si réduite dans ses dimensions, qu’elle ne montre ordinairement qu’un rayon; et une longueur totale presque toujours au-des- sous de quatre pouces. On pêche le trichodac- tyle $ dans les eaux d’Amboine 7. 4 Note manuscrite communiquée par M. Noël de Rouen. 2 Mus. Ad. Frid. 2, p. 68. — Pleuronecte argus. Dauben- ton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce de Pleu- ronecte. D. 4 Pleuronecte manchot. Danbenton et Iaüy, Enc. méth. — Id. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. —« Pleuronectes « pinuis lateralibus vix conspicuis. » Artedi, gen. 48, spec. 61, syn. 55. 5 M. Cuvier rapporte ce poisson à son sous-genre MONO- CHIRE, Mmonochir, dans le grand geure des PLEURONECTES. D. 5 Le mot grec et composé hrichodactyle désigne l'exi- guité et la forme des doigts ou des rayons de chaque ES rale, qui sont deliés comme des filaments, 76 rayons à chaque thoracine du pleuronecte œillé, ta à ala nageoire de la queue. — 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte trichodactyle, 5 à chaque thoraciue, 16 à la caudale. DES POISSONS. LE PLEURONECTE ZÈBRE !, Pleuronectes Zebra, Lino., Gmel., Lac. ?; Solea Zebra, Cuv. LE PLEURONECTE PLAGIEUSE *,; éleuronectes Piagiusa, Linn., Gmel., Lac. ; Solea Plagusia, Cuy. *. ET LE PLEURONECTE ARGENTÉ 5. Pleuronectes argenteus, Lac. 5. La forme pointue de la caudale, et la réu- nion de cette nageoïre avec celles du dos et de l'anus, donnent une conformation générale assez remarquable aux trois poissons qui composent letroisième sous-genre des pleuronectes. Le pre- mier de ces trois, celui qui a recu le nom de Zibre, et qui est originaire des Indes orienta- les, présente d’ailleurs une mâchoire inférieure moins avancée que celle d’en haut; des dents menues et pointues, placées le long de chaque mâchoire; des veux très-petits et inégaux; un seul orifice à chaque narine; des écailles dente- lées et très-rudes au toucher ; un anus situé au-dessous des pectorales. Le pleuronecte plagieuse a été observé dans les eaux de la Caroïine, par le docteur Garden. L’argenté a le côté gauche d’une couleur bruné et terne, pendant que son côté droit res- plendit de l'éclat de l'argent. On le trouve dans la mer des Indes 7. LE PLEURONECTE TURBOT *. Pleuronectes maximus, Linn., Gmel., Rhombus maximus, Cuvy. Bl., Lac..: Ce poisson est très-recherché , et doit l'être. Il réunit, en effet, la grandeur à un goût ex- * Die bandirte zunge, par les Allemands.— Zeébre de mer. Bloch, pl. 487. — Pieuronecte zébre de mer. Bonnaterre, pl. de r'Enc. méth. 2 Espèce du sous-genre SOLE, Solea de M. Cuvier, daus le genre des PLEURONECTES. D. 5 Pleuronecte plagieuse. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bounaterre, pl. de l'Enc, méth. 4 Autre espèce du sous-genre SOLE, Solea, selon M. Cu- Vie 5 Pleuronecte argenté. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Petiv. Gazophyl., n. 10, tab. 26. 5 Espèce non mentionnée par M. Cuvier. 1 4 rayons à chaque pectorale du pleuronecte zèbre, 6 à chaque thoracine , 10 à la caudale. 5 Faisan d'euu.— Bertonneau, sur quelques côtes du nord-ouest de la France.— Breet, en Angleterre. Tarboth, en Hollande. — Oigvar, Tonne, Steenbut, en Danemarck. — Vrang flonder, Skrabe flynder, en Norvége. — Butta, 459 quis , ainsi qu’à une chair ferme; et voilà pour- quoi on l’a nommé Faisan d’eau ou Faisan de mer, pendant qu’on a donné à la sole le nom de Perdrix marine. Le turbot habite non-seu- lement dans la mer du Nord et dans la Balti- que, mais encore dans la Méditerranée. Ron- delet dit avoir vu dans cette dernière mer un individu de cette espèce qui avait cinq coudées de long, quatre coudées de large et un pied d’é- paisseur. Des turbots de cette taille sont très- rares : mais On en prend quelquefois sur les cô- tes de France ou d'Angleterre, qui pèsent de vingt à trente livres ; et M. Noël a bien voulu nous écrire que, dans le mois d’avril 1801, on avait vendu dans le marché de Rouen un turbot du poids de plus de vingt-six livres. Le pleuronecte que nous décrivons est très- goulu ; sa voracité le porte souvent à se tenir auprès de l'embouchure des fleuves, ou de l’en- trée des étangs qui communiquent avec la mer, pour trouver un plus grand nombre des jeunes poissons dont il se nourrit, et pour les saisir avec plus de facilité lorsqu'ils pénètrent dans ces étangs et dans ces fleuves, ou lorsqu'ils en sortent pour revenir dans la mer. Quoique très- grand, il ne se contente pas d'employer sa force contre sa proie; il a recours à la ruse. Il se pré cipite au fond de l'Océan ou des Méditerranées applique son large corps contre le sable, se cou vre en partie de limon , trouble l’eau autour d lui, et, se tenant en embuscade au milieu de cette eau agitée, vaseuse et peu transparente, trompe ses victimes , et les dévore. Au reste, les turbots sont très-difficiles dans le choix de leur nourriture ; ils ne touchent guère en Suède. — Bolle, Stein botte, en Prusse, — Stein but, dans plus. contrées d'Allemagne. — Rhombo, en Italie. — tombi aspri, en Sardaigne. — Rhomb, dans plus. départ. mérid. — « Pleuronecles corpore aspero, » Faun. Suec. 298 et 525.— /d. Mus. Ad. Frid. 2, p.69 *. — /d. Artedi. gen. 18; Sy. 52.— « Rhombus maximus asper, non squamosus. » Willughby, p.95, tab. F.8, fig. 5; et p. 94 , tab. F.2. — Rai, p.51, n.1;et p. 52,n. 6.—Pleuronecte turbot. Bloch, pl. 49, — Id. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — /d. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth.— Müller, Proûr. Zool. Danic., p. 45, n.579. — Brüun. Pisc. Massil., p. 55, n. 49, — It. Gotl. 178. — Gronov. Mus.2, p.10, n. 159 ; Zooph., p. 74, n. 254. — Klein, Miss. pisc. 4, p.54, n. 1, c. 55, n. 2, tab. 8, fig. 4,2 et tab, 9, fig. 1.—Turbot piquant. Rondelet, part. 1, L 44, c. 4. Gesner, Aquat., p. 661, 670; Icon. anim., p. 95; Thierb., p. 50, 6. — Aldrov. Pisc., p. 248. — Rhombus aculeatus. Jonston, Pisc., p. 89, tab. 20, fig. 15; p. 99, tab. 22, fig. 12. — Rhornbus. Plin. Hist. mundi, 1. 9, c, 15, 20, 42, — /d. Bélon, Aquat., p.159. — Turbot. Brit, Zool. 5, p.192, n.9. — Tur- bot rhombe. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat.— Rhom- bus. P. Artedi, Syn. piscium, anctore J. G. Schneider, etc., p.51. 410 qu’à des poissons vivants ou très-frais. Aussi, | au lieu de garnir uniquement de morceaux de gade, ou de clupée, et particulièrement de ha- reng, les hamecons avec lesquels on veut pren- dre ces pleuronectes, les Anglais ont-ils imaginé d'employer pour appât de petits poissons encore en vie, et surtout de jeunes pétromyzons pri- cka, qu'ils ont achetés de pêcheurs hollandais. On prétend même que les turbots ne sont point attirés par des amorces auxquelles d’autres pois- sons ont mordu. Quoi qu'il en soit, ils sont très- abondants sur les côtes de Suède, d'Angleterre et de France. On en trouve notamment un très- grand nombre entre Honfleur et l'embouchure de l'Orne, où on pêche ceux que l’on vend dans les marchés du Havre, de Rouen et de Paris. Les pêcheurs d'Angleterre, suivant le natu- raliste Bloch, vont à la recherche des turbots, dans des canots qui portent trois hommes. Cha- eun d'eux a trois cordes ou lignes de trois milles anglais de longueur ; on attache à chaque corde, de six pieds en six pieds, un crochet retenu par une ficelle de erin ; des plombs maintiennent les lignes dans le fond de la mer; des morceaux de liége en indiquent la place, et on se règle sur les marées pour jeter ou relever les cordes. La forme générale du turbot est un losange; et c’est de cette figure qu'est venu le nom de Rhombe, que tant d'auteurs anciens et moder- nes lui ont donné. La mâchoire inférieure, plus avancée que lasupérieureest garnie, comme cette dernière, de plusieurs rangées de petites dents. La ligne latérale descend pour se courber autour de la pectorale, et tend ensuite directement vers la nageoire de la queue, sans présenter aucun tubercule. Les nageoires sont jaunâtres, avec des taches et des points bruns ; le côté gauche est marbré de brun et de jaune; le côté droit, qui est l’inférieur, est blanc avec des taches bru- nes; les tubercules osseux de la femelle sont moins nombreux que ceux du mâle !. 47rayons à la membrane branchiale du pleuronecle tur- bot, 40 à chaque pectoraie, 6 à chaque thoracine, 16 à la na- gcoire de la queue. HISTOIRE NATURELLE LE PLEURONECTE CARRELET !. Pleuronectes Rhombus, Linn., Gmel., BL, Lac., Cuv.:, Le carreletest très-commun. On le trouve dans l'Océan Atlantique boréal, ainsi que dans la Mé- diterranée. Il se plait particulièrement dans cette dernière mer, auprès des côtes de la Sardaigne ; il pénètre quelquefois dans les fleuves; il entre notamment dans l’'Elbe; et M. Noël à appris d’un pêcheur, qu’on avait pris un individu de cette espèce dans la Seine, auprès de Quevilly, à une petite distance de Rouen. On ne doit donc pas être étonné qu'on ait vu des empreintes ou des dépouilles de cet osseux dans la carrière d'OEningen , auprès du Rhin et du lac de Con- stance *. Ce thoracin et le turbot sont les pleuronectes qui présentent le plus de largeur ou plutôt de hauteur. Ils l'emportent même sur le flez par la grandeur relative de cette dimension; mais ils sont bien éloignés d'atteindre à la longueur de ce flez. On ne doit donc donner aucune con- fiance à ce qu'on à écrit d’un carrelet pris sous Domitien, et qui aurait été d’une longueur si dé- mesurée, qu'elle aurait égalé soixante-six ou soixante-neuf pieds. Le pleuronecte dont nous nous occupons a l'æsophage large, la membrane de l'estomac épaisse, et deux cœcums ou appendices auprès du pylore. On doit remarquer d’ailleurs sa mâ- choire inférieure un peu plus avancée que la su- périeure , les différentes rangées de dents peti- 1 Barbue, Rhombot le, dans plus. départ. de France. — Rhombo, en Italie. — Scalto, Soagia, auprès de Venise. — Glattbutt, Winckelbutt, en Allemagne. — Elb butt, à Hambourg. — Slaetwar, en Danemarck. — Pigghuars, en Suëde, — Sand-flynder, en Norvége. — Pearl, à Londres. — Lug-aleaf, dans le comté de Cornouailles, — Griet, en Hollande. — « Pleuronectes corpore glabro. » Mus. Ad. Erid. 2, p.69". — Zd. Artedi, gen. 18, syn. 51. — Plewro- necte carrelet, Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bon- naterrre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 45. — Wil'ughby, p. 96. — Rai, p.52, n.7.— Müller, Prodr. Zool. Danic., p. 45, n.578.— Brunnich, Pise. Massil., p.55, n. 48.—Pleuronectes piggvarf. it. Wgoth.178.— Pleuronectes arenarius. Strom. Soudm.— Gronov. Mus. 4, p.25, n. 45; Zooph.. p.74, n.255. — Turbol sans piquants. Rondeïet, part. 1,1. 11, €. 2. — Gesner, Aquat., p. 865. — Aldiov. Pisc., p. 249. — Jonston, Pise., p. 99, t. 22, fig, 15. — « Rhombus alter gallicus. » Bélon, Aquat., p. 141. — Brit. Zool. 5, p. 196, n.10. — Petri Artedi Syn. piscium, auctore J. G. Schneider, etc., p. 51, n.9, 2 Type du sousgenre Tunmor, Rhombus, dans le grand genre PLEURONECTE, selon M. Cuvier, Ce poisson est celui que l'on connait dans nos ports de la Manche sous le nom de Barbue. D. # Voyez notre Discours sur la durée des espèces, et le Voyage dans les Alpes, d'Horacc-Bénédict de Saussure. DES POISSONS. nT tes , inégales et pointues , qui arment les deux mächoires, la saillie arrondie de la partie posté- rieure de chaque opercule, et la couleur blanche du côté droit de l'animal !. LE PLEURONECTE TARGEUR ?, Pleuronectes punctatus, Linn., Gmel., Bl.; Rhombus punctatus, Cuv. *. Le Pleuronecle denté +, Pleuronectes dentatus, Linn., Gm., Lac. 5. — Pleuronecte Moineau f, Pleuronectes Passer, Linu., Gmel., Artedi, Lac. 7. — Pleuronecte papilleux ?, Pleuronectes papillosus. Linn., Gmel., Lacep.°.— Pleuro- necle Argus 1°, Pleuronectes Argus, Linn., Gmel., Lacep.; Pleuronectes lunatus, Linn., Gmel., Lacep.; Rhombus Argus , Cuv.; et Pleuronectes Mancus, Broussonn., Linn., Gmel, #.— Pleuronecte Japonais 1, Pleuronectes japo- nicus, Linn., Gmel., Lacep. 4, — Pleuronecte Cali- mande #4, Pleuronectes Calimanda , Lacep.; Pleuronectes Cardina, Cuv. 15, — Pleuroncecte grandes-écailles 6, Pleuronectes macrolepidotus, Bloch, Lacep.; Hippoglossus macrolepidotus , Cuv. 47. — Pleuronecte Commnerson- nien ‘#, Pleuronectes Commersonuii, Lac., Cuv. 4°. Lorsqu'on aura jeté les yeux sur le tableau générique des pleuronectes, on complétera faci- 16 rayons à ia membrane branchiale du pleuronecte car- relet, 42 à chaque pectorale , 6 à chaque thoracine, 16 à la caudale. 2 Rothbutt, en Allemagne. — Rætt butt, en Danemarck.— Whiff, en Angleterre. — Pleuronecte targeur. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 189. — « Passer alter, cute « durà et asperà, etc. » Klein , Miss. pisC. 4, p. 54, n. 9. — Brit. Zool. 5, p.186, n. 2. — Rai, Pisc., p. 465, n. 2, tab. 4, fig. 2. Du sous genre TURBOT, Rhcmbus , Cuv., dans le grand genre PLEURONECTE. D. 4 Pleuronecte plaise. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— ; Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. °M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce de pleuro- accte. D. 5 Passere, en Sardaigne. — Struff butt, à Hambourg. — Verkehrther elbutt.—Theerbott, à Dantzig. — Stachelbutt, en Livonie.— Ahte, Grabbe, chez les Lettes, — Pleuronecte moineau. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pi. de l'Enc. méth.— Bloch, pl. 50.— Gronov. Zooph,, p.75, n. 248. — Klein, Miss. pisC. 4, p. 55, n. 5. T Le Pleuronectes passer d'Artedi et de Linuée n'est point différent du Turbot; celui de Bloch, pl. 50, n'est qu'un yieux flet, contourné à gauche, Cuv. D. = Pleuronecte aramaque.Daubeuton et Haüy, Enc- méth. — 1d. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. * Nou cité par M. Cuvier. D. 40 Sichelchwartz, en Allemagne.— Tunge, en Hollande. Linguada, Cubricunha, en Portugal. — Aramaca , au Brésil. — Badé, dans l'ile de Rotterdam, ou Anamoka. — Pathi-maure, dans l'ile d'Utahite, — Pleuronecte lunulé. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— /d., Pleuronecte badé. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Argus. Bloch, pl. 48. — Broussonnet, Ichth. dec. 1, n.5, tab. 5, 4.— Catesby, Carol. 2, p- 27, tab. 27. 41 Du sous-genre TURBOT, Rhombus, de M. Cuvier, dans le grand genre PLEURONECTE. — Nota. Le pleuronecte Badé ou Manchot de Broussonnet, Pleuronectes mancus, est une espèce distincte de l'Argus, et non pas seulement une ya- riélé, comme le dit M. de Lacépède. D, 42 Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2, p.517. lement l’idée générale des neuf espèces dont nous faisons mention dans cet article, en réunis- sant dans sa pensée les détails suivants. Le targeur montre de petites écailles sur sa tête et sur les rayons de ses nageoires ; un grand nombre de dents recourbées et très-serrées , à chaque mâchoire ; une lèvre supérieure extensi- ble ; une ligne latérale courbe au-dessus de la pectorale, et ensuite droite ; un blanc rougeâtre répandu sur son côté droit; et des nuances gri- ses distribuées sur les nageoires du dos et de l'anus. 11 habite dans la mer qui baigne les côtes d'Angleterre et celles du Danemarck; il parvient à la longueur d’un pied et demi. Les eaux de la Caroline sont la patrie du denté. Le moineau se trouve dans la Baltique, ainsi que dans l'Océan Atlantique septentrional. II pèse quelquefois plus de huit livres. Sa chair est agréable au goût. La mâchoire inférieure dé- passe celle de dessus. La ligne latérale est pres- que droite. Le côté droit est blanc; les nageoires sont jaunâtres avec des taches brunes. On voit un piquant auprès de l’anus. L'Amérique nourrit le papilleux, dont le côté droit est blanc, et le côté gauche grisâtre. L'argus, dont le badé ou le manchot de Brous- sonnetn'est qu'une variété, estsouvent long d’un pied et demi à deux pieds. On l’a pêché dans la mer des Antilles, dans celle de la Caroline, et dans les eaux des îles du grand Océan équi- noxial, improprement appelées {les de la mer du Sud. Pendant l'hiver, il se tient au fond de ia mer, mais lorsque l'été approche, il remonte + Ce pleuronecte n'est pas cité par M.Cuvier. D. 4 Pleuronectes regius, calimande royale. Bonnaterre, pl. de l'Enc, méth. ‘5 Du sous-genre TURBOT, Ahombus, de M. Cuvicr, dans le geure PLEURONECTE. D. 16 Gross schuppigte scholle, par les Allemands. — Tonge, par les Hollandais. — ZLingoada, Cubricunha , par les Portugais.—Aramaca,au Brésil.—Sole à grandes écailles. Bloch, pl. 490. — Zd. Bonnaterre, p'. de l'Enc. méth. — Klein, Miss. pisc. 4, p. 52, n.8. 17 Le pleuronecte grandes - écailies, Bl., pl. 190, Rondelet 514, est un poisson de la Méditerranée , et non du Brésil, comme le disent Bloch et Lacépède, qui confondent à tort avec lui l'4ramaca de Marcgrave. Il doit prendre place dans le sous-genre FLÉTAN, Hippoglossus de M. Cuv. D. 48 Sole de l'tle de France. — « Pleuronectes oculis a sinis- « trà, corpore pellucido, sordidè exalbido , guttis pallidiori- « bus subtestaceisque maculosus. » Commerson, manuscrits déjà cités. 42 Selon M. Cuvier, la figure du pleuronecte £ommerson- nien de Lacépède (t. ILE, pl. XIE, 2, de la grande édition ) se rapporte à une espèce du sous-genre SOLE, Solea, tandis que la description est celle d'une autre espèce du sous-genre TunsoT, Rhombus. D. 442 dans les fleuves, où sa chair devient tendre et d’un goût exquis. Sa parure est très-belle. Les taches dont il est peint ont paru avoir assez de rapports avec une prunelle entourée de son iris, pour que le nom d’Arqus lui ait été donné. La membrane des nageoires est jaunâtre; les rayons qui la soutiennent sont bruns ; et elles sont d’ail- leurs ornées de petites taches bleues. Le côté droit de l'animal est d’un gris cendré. L’œil supérieur est plus grand et plus reculé que l’autre. La ligne latérale fait le tour de la pectorale avant de s’avancer directement vers l'extrémité de la queue. Plusieurs rayons de la pectorale gauche sont très-prolongés au delà de la membrane. Le japonais est Jong de huit pouces, et blan- châtre sur son côté droit. Le pleuronecte calimandren’a que huit à douze pouces de longueur ; les couleurs dont il est jaspé sont ordinairement le rougeâtre, le mar- ron, le gris-de-perle foncé. Plusieurs individus de cette espèce ont sur la queue une tache do- rée entourée d’un cercle très-brun ; les pêcheurs disent que les mâles ont une seconde tache au- dessus de la première, et une troisième auprès de l’opercule. Nous devons à Duhamel la des- cription de ce thoracin, qui se plaît dans l'Océan. Le pleuronecte grandes-écailles a le corps et la queue très-allongés; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; les dents coniques très-longues ; les nageoires brunes; une chair de bon goût ; une longueur de plus de deux pieds; et la mer du Brésil pour patrie '. Le commersonnien est à peine de Ja longueur de la main. Ses thoracines sont placées l’une devant l’autre; c’est la gauche qui est la plus avancée. Il vit dansles eaux salées qui baignent l'Ile-de-France; il est encore plus délicat que la sole. Nous en donnons la description d'apres les manuscrits de Commerson, qui l’a fait dessiner. 4 {1 rayons à chaque pectorale du pleuronecte targeur, 6 à chaque thoracine, 14 à la nageoïire de la queue. — 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte denté, 12 à chaque pectorale , 17 à la caulale, — 6 rayons à la membrane bran- chiale du pleurunecte moineau , 42 à chaque pectorale, 6 à chaque thoraciue . 16 à la nageoïre de la queue. — 12 rayons à chaque pectorale du pleuronecte papilleux, 6 à chaque tho- racine, {6 à la caulale. — 10 à chaque pectorale du pleuro- nvete argus, 8 à chaque thoraciné, 47 à la nageoire de la queue. — 3 rayozs à chaque pectorale du pleuronecte japo- nais, 16 à la caudale. — 14 rayons à chaque pecturale du plearonecte grandes-écailles , 6 à chaque (horacine, 17 à la nageoire de la queue. — 9 à chaque pectorale du pleuro- necte commersonnien, 6 à chaque thoracine, 15 à la caudale. HISTOIRE NATURELLE CENT CINQUANTE-UNIÈME GENRE. LES ACHIRES. La têle, le corps et la queue très-comprimés; les deux yeux du même côlé de la lêle; point de nageoires pec- torales. -PREMIER SOUS-GENRE. Les deux yeux à droile; la nageoire de la queue four- chue, ou échancrée en croissant, ou arrondie suns échancrure. ESPÈCES. CARACTÈBES. ! Des barbillons aux mächoires ; le 1. choire supérieure plus avancée L'ACUIRE BARBU. que l'inférieure ; ue grand nom- bre de taches blanches et circu- laires. Soixante - douze rayons à la na- geoire du dos; cinquante-cinq à celle de l'anus ; la caudale arroc- die ; la ligne latérale très-droite ; la mâchoire supérieure plus avancée que celle de dessous ; le côté droit brun , avec des taches et des raies tortueuses d'un 2. L'ACHIRE MARBRE. | blanc de lait. Cinquante-sept rayons à la nageoire [ du dos; Cinquante à l'anaie; la ciudale arrondie; la mâchoire supérieure plus avancée que l'in- féri ure ; la igné latérale droite; la base des nageoires de l'anus ét du dos garnie de petites écailles: des taches irrégulières, blanchä- tres, et chargées chacuue d'une tache brune. l'are rayons à la na- | corps et la queue allongés; la mà- LI | L'ACHIRE PAVONIEN. | geoire dorsale; quäaraute-cinq à celle de Fauus; ia caudale àr- 4. rondie; des barbillons au côté L ACIIRE FASCE. \ gauche de la mächoire supé- rieure: les écailles ciliées; sept ou huit bandes transversales et noires. SECOND SOUS-GENRE. Les deux yeux à gauche; la caudale pointue et réunie avec les nageoires de l’anus et du dos. Cent soixante-quatorze rayons aux nageoires du dos , dé la queue et de l'anus, considérées comme ne formant qu'une seule nageuire ; le corps et ia queue allongés : deux lignes latérales sar chaque côté du poisson ; le côté gauche d'un b:un-jaunâire; le côté op- posé d'un blauc-rouseàrre. ÿ Quatre-vingt quatre rayons depuis le conunencerment de la dorsale jusqu'a l'extrémité de la nageoire de la queue; quatre-viugt-deux : rayons depuis le commencement : 6. } de l'anale jusqu au bout de, la L'ACUIRE ORNE. caudale ; une seule ligne latérale sur chaque côté; les MR 4 L = Utes, arrondies et dentelées; huit ou neuf bandes transversa- les et foncées. HE L'ACHIRE DÉUX-LIGNES. | DES POISSONS. L’ACHIRE BARBU !, Achirus barbatus, Lac., Cuv. ?. L'ACHIRE MARBRÉ Se Achirus marmoratus, Lac., Guv. 4. ET L’ACHIRE PAVONIEN. Achirus payoninus, Lac. 5. Les achires 6 ne diffèrent des pleuronectes que parce qu'ils sont entièrement privés de bras et de mains, ou, ce qui est la même chose, | de nageoires pectorales. Leurs habitudes sont cependant semblables à celles des pleuronectes, dont les pectorales sont trop petites, et placées trop désavantageusementpour influer d’une ma- nière sensible sur leurs mouvements et leurs évolutions. On ignore dans quelle mer habite le barbu. Le marbré est beau à voir. On le pêche dans la partie de l'Océan qui arrose l'Ile-de-France. | Le goût de sa chair y est excellent, et il y a été observé en 1769 par Commerson. Les natura- listes ne connaissent pas encore ce poisson. Ses nageoires, d’un blanc mêlé de gris et de bleu, sont parsemées de points noirs. On ne voit que difficilement ses écailles. La dorsale s'étend de- puis le bout du museau jusqu’à la nageoire de la queue. Commerson a fait une remarque curieuse sur cet achire. Il a vu le long de la base des nageoires du dos et de l’anus, autant de pores que de rayons ; etlorsqu’on pressaitles environs de ces petits orifices , il en sortait une muco- sité laiteuse. Nous avons trouvé un individu de cette es- pèce dans la collection de Hollande, cédée à la France. Nous avons vu, dans la même collection, un individu d’une autre espèce d’achire encore in- connue des naturalistes, et à laquelle nous avons donné le nom de Pavonien , à cause des taches ‘ Gronov. Zooph., n. 255. — Pleuronecte barbue. Bon- vaterre, pl. de l'Enc. méth. ? L'Achire barbu de M. Geoffroy, Ann. mus., tom. 1, pl. XI, est d'une autre espéce du sous-genre ACHIRE , que M. Cuvier admet dans le grand genre PLEURONECTE. D. 5 « Pieurouectes oculis à dextra ; Corpore brunneo , « gutlis lacteis, aliis circumseriptis, als diffluentibus, va- « riegato; pions omnibus exalbidis nigro punctalis. » Com- mersou, imanuscris déjà cités. # Du méme sous-genre ACHIRE, selon M. Cuvier. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. * Acheires, en grec, signifie manchot, qui manque de Mains. D. 445 un peu semblables à des yeux de paon, dont elle est couverte. La dorsale de cet achire pavonien règne de- puis le dessus du museau jusqu’à la caudale, dont cependant elle est très-distincte, ainsi que la nageoire de l'anus‘. L'ACHIRE FASCÉ ?. Achirus fasciatus, Lac., Cuv.; Pleuronectes fasciatus, Linu., Gmei, 5, Cet achire a été pêché dans les eaux de l’A- mérique septentrionale. Son côté droit est brun; son côté gauche blanchâtre “. L’ACHIRE DEUX-LIGNES », Achirus bilinealus, Las., Cuv. 5, ‘ET L'ACHIRE ORNE. Achirus ornatus, Lae.. Cuv. 7. Le premier de ces “eux achires babite dans les eaux de la Chine et dans celles des Indes orientales. Il se nourrit de petits erabes et d’a- nimaux à coquille. Son foie n'a qu’un seul lobe; la membrane de son estomac est mince ; | le canal intestinal se recourbe plusieurs fois; ! les deux mâchoires sont garnies de dents courtes et obtuses ; chaque narinea deux orifices, dont lun est en forme de tube; une seule plaque | compose chaque opereule; les écailles qui re- couvrent la tête, le corps et la queue, sont pe- tites, presque rondes et dentelées; les deux lignes latérales, que l’on voit sur chaque côté de l'animal, sont droites et presque parallèles ; une ‘5 ou 6 rayons à la membrane branchiale de l'achire mar- bré, 5 à Chaque thoracine, 18 à la nageoire de la queue.—6 à chaque thuracine de l'achire pavonien, 17 à la cinuiale. 2 Pieuronectes achirus. Linnee Syst. naturæ X,1, p. 268, D. 1, 5. — Pleuronecte achire. Daubenton et Hauy, Enc. méth. — Gronov. Mus. 4, n. 42. — « Pleuronectes fuscus.….. « lineis septem uigris, etc. » Browne, Jai. 445. — Sloane, Jam. 5, p. 77, t. 246, fig. 2. — « Passer lineis transversis. » Rai, pise. 157. 5 Du sous genre ACHIRE, admis par M. Cuvier, dans le grand genre PLEURONECTE. D, 4 4 ou 5 rayons à chaque thoracine de l'achire fascé, 46 à la nageoire de la queue. 5 Bloch, pl. 188. —Pleuronecte, sole à deux lignes. Bon- naterre, pl. de l'Enc. méth. 6 Ce poisson doit étre placé parmi les espèces du sous= genre ACHIRE, dont Browne avait fait un genre particulier, sous le nom de PLAGUSIA. D. 1 L'Achire orné est àe la même division du sous-genre AGuRE que le précédent. D. 144 cou'eur brune, mêlée de gris ou de verdâtre, distingue les nageoires. Personne n’a encore publié la description de orné. Nous avons vu un individu de cette der- aiere espèce dans la collection hollandaise don- née à la France. La ligne latérale se relève au delà de l’opercule, pour suivre à peu près la direction du dos ‘. coco ce ee SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l’intérieur du corps osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule el une membrane des branchies. VINGTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 00 QUATRIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons abdominaux, où qui ont des nageoires infé- rieures placées sur l'abdomen, au delà des pectorales, et en deçà de la nageoire de l'anus. CENT CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. LES CIRRHITES ?, Sept rayons à la membrane des branchies; le dernier très-éloigné des autres ; des barbillons réunis par une membrane, et placés auprès de la peclorale, de ma- nière à représenter une nageoire semblable à celle dernière. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnés et onze rayous articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et six rayOus articulés à la nageoire de l'auus ; la caudale arrondie ; la couleur générale brune; un graod nombre de larges taches blanches , et de petites taches noires, ESPÈCE. LE CIRRHITE TACHETE. {4 rayons à la membrane branchiale de l'achire deux- lignes, 4 à chaque thoracine. ? Ce geure est adopté par M. Cuvier. D. HISTOIRE NATURELLE LE CIRRHITE TACHETÉ !. Cirrhites maculatus, Cuv., Lac. 2. Ce poisson, dont on devra la connaissance à Commerson, est véritablement de l’ordre des abdominaux ; mais il doit être placé à la tête de cet ordre, comme se rapprochant beaucoup de celui des thoracins , avec lesquels il a de grands rapports. Il ressemble surtout aux holocentres ou aux persèques. Il a, comme ces osseux, la première lame de son opercule dentelée, et la seconde armée d’un aiguillon. Sa partie supérieure se relève en are de cercle, situé dans le sens de sa longueur totale. On ne voit pas de petites écaïlles sur sa tête; mais son corps, sa queue, et une partie de ses opercules , en sont revêtus. Il peut étendre ou retirer sa mâchoire supérieure . On divise facilement les dents de ses deux mâchoires en extérieures et en intérieures. Les premières sont écartées les unes des autres; les secondes sont très-petites, et serrées comme celles d’une lime. La partie supérieure de l’or- bite est relevée; et les yeux sont placés assez haut. Sept-barbillons très-allongés et réunis par une membrane commune forment cette sorte de fausse nageoire que nous venons de faire remar- quer dans le tableau générique, qui paraît, au premier coup d'œil, une seconde pectorale, et qui, donnant à l’animal un organe singulier, le rapproche des lépadogastères, des dactylo- ptères, des prionotes, des trigles et des poly- nèmes, sans cependant le confondre avec au- cun de ces derniers. La ligne latérale suit la courbure du dos., Les nageoires sont brunes; des taches noires sont répandues sur la dorsale ; une tache plus grande, mais de la même cou- leur, parait sous la mâchoire inférieure ?. 4 Cirronius. — Concirrus. — Cincirous. — « Aspro fus- « cus maculis utroque latere sparsis majoribus albis , minori- « bus nigris plurimis. » Commerson, manuscrits déja cités. 2 M. Cuvier place ce poisson dans son genre CIBRHITE, de la famille des Acanthoptérygiens percoides. M. de Lacépède l'a décrit deux fois sous les noms {° de Zabre marbré, et 20 de Cirrhitetachelé. D. 57rayons a chaque pectorale du cirrhite tacheté, 6 à chaque ventrale, 45 à la nageoire de la queue. 4 M. Cuvier rapproche de ce poisson le Spare panthérin de Lacépède , et le place aussi dans son genre CIRUHITE, SOUS le nom de Cirrhites pantherinus. D DES POISSONS. CENT CINQUANTE-TROISIEME GENRE. LES CHEILODACTYLES !. Le corps et la queue très-comprimés; la lèvre supérieure double et extensible; la partie antérieure et supé- | rieure de la têle terminée par une ligne presque droile, et qui ne s'éloigne de la verticale que de 40 à 50 de- grés ; les derniers rayons de chaque pectorale, très- allongés au delà de la membrane qui les réunit; une seule nageoïre dnrsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Dix-neuf rayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons ai- gutlonnés et douze rayons arli- culés à la nageoire de l'anus; la ‘ caudale fourchue ; le ouzième rayon de chaque pectorale d'une longueur double de la hauteur de la membrane ; des bandes trans- versales et foncées. LE CHEILODACTYLE FASCE. LE CHEILODACTYLE FASCÉ ?. Cheilodactylus fasciatus, Lac., Cuv. *. Nous avons vu, dans la belle collection hol- landaise cédée à la France, un individu très-bien conservé de cette espèce d'abdominal encore in- connue des naturalistes, et que nous avons dû inscrire dans un genre particulier, dont le nom indique et la forme de ses lèvres, et celle de ses doigts, ou des rayons de ses pectorales. La na- geoire dorsale de ce cheilodactyle s'étend de- puis une partie du dos trés-voisine de la nuque, jusqu’à une très-petite distance de la nageoire de la queue. La portion de cette nageoire, que soutiennent des rayons aiguillonnés, est plus basse que l’autre portion. Le quatorzième ou dernier rayon de chaque pectorale, quoique très-allongé au delà de la membrane , est moins long que le treizième, le treizième que le dou- zième, et le douzième que le onzième. L’anale présente un peu la forme d’une faux. On voit des taches foncées sur la nageoire du dos et sur celle de la queue #. 4 Ce genre est adopté par M.Cuvier. D. 2 kan kakatoea ilam , dans les Indes orientales. * M. Cuvier donne à ce poisson le nom de Cheilodactyle à bandes, du Cap, et le place dans la famille des Acanthopté- rygiens sciénoïdes. D. *14rayons à chaque pectorale du cheilodactyle fascé,f rayon aiguillonné et5 rayons articulés àchaque ventrale, {7 rayons à la nageoire de la queue. 445 CENT CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. LES COBITES '. La tête, le corps et la queue cylindriques ; les yeux très- rapprochés du sommet de la tête; point de dents, et des barbillons aux mâchoires; une seule nageoire du dos; la peau gluante, et revêlue d’écailles très-diffi- ciles à voir. CARACTÈRES. { Neufrayons à chaque ventrale; six barbillons à la mächoire supé rieure ; poiut de piquant aupres de l'œil. ; Dix rayons à chaque ventrale; deux 2 barbillons à la mächoire supe- re rieure ; quatre à l'iuférieure; un LE COMME TÆNFE aiguillon fourchu au-dessous de ESPECES. 1. LE COBIIE LOCHE. chaque œil. 5 { Trois barbillons aux mâchoir:s ; la ne partie supérieure de l'animal LE GER BAR | Gun roux brun, et parsemée de à taches arrondies. LE COBITE Cobilis Barbalula, Linn.. LE COBITE Cobitis Tænia; Linn., Gmel., Lac., Cuv.5. ET LE COBITE TROIS-BARBILLONS. Cobitis tricirrhata, Lac °. LOCHE?, Gmel , Lac. Cuv. 5. TÆNIA #, Le cobite loche est très-petit; il ne parvient guère qu'à la longueur de quatre ou cinq pou- 41 M. Cuvier conserve le genre Loche, ou Dorinille(Cobitix, Linn.), et le place dans l'ordre des Matacoptérygiens abdo minaux, et dans la famille des Cyprinoïdes. Ii lui réunit le genre Misgurne de Lacépède. D. 2 Petit barbct, Loche franche ,en France. — Schmerl. dans plus. cantons d'Allemagne. — Schmerling, Schmer- lein, en Prusse. — Grändel, Gründling, Bartgrundel, en Silésie. — Smerle, Smirlin, en Saxe. — Piskosop, en Rus- sie. — Gronling, en Suède. — Smerling,en Danemarck. — Hoogkyner, en Hollande. — Groundlin, en Angleterre. — Cobite franche barbotte. Davbenton et Haüy, Enc. méth.— Id. Bonvaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 51, fig. 5. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 95". — Faun. Suec 541. — Müller, Prodrom. Zool. Dan., p.47, n. 401. — Wulff, Ichtn., p. 51, n.5$. — « Cubitis tota glabra, elc. » Artedi, gen. 2, syn. 2— « Cobitis barbatula. » Gesner, p. 401; et (germ.) fol. 165, 4. — Jd. Aldrov., 1. 5, c. 51, p.618. — /d. Jonston, 1. 5,t 1, c. 12, art. 5, tab. 26, fig. 22. — Jd. Charlet., p. 157.— « Cobi- ctis fluvialiis. » Schon., p. 51. — /d. Willughby, p. 265, tab. Q. 8, fig. 1. — Id. Rai, p.124, n.5. — Fundulus, sin grundulus. Figul., f. 1, b.— Gronov. Mus. 1, p-2,n.6; Zooph., p.56, n. 202. —« Enchelyopus nobilis cinereus, ele. » Klein, Miss. pisc. 4, p. 39, 0.5, tab. 15, fig. 4. — Loche Roudelet, part. 2, c. 28. — Fundulus. Marsil. Danub. 4, p. 74, tab, 25, fig. 1.— Loche. Brit. Zool. 5, p. 257, 0.1. 5 M. Cuvier cite cette espèce de Cobite. D. 4 Loche de riviére, en France. — Steinbeisel, en Autri- che. — Steinpilzger, Sleibenisser, Steingrundel, Steins- chmert, en Allemagne. —Sch meerpätte, Sleinbicker, dans le Schlesswig — Schmerbutle, Steinbiker, en Danemarc£. — Tanglake, en Suède.— Dorngrundel, Akminagrausi:, 46 ces : mais le goûtde sa chair est très-agréable; et, dans plusieurs contrées de l'Europe, on a donné beaucoup d’attention , et des soins très- multipliés à ce poisson. On le trouve le plus souvent dans les ruisseaux et dans les petites rivières qui coulent sur un fond de pierres ou de cailloux, et particulièrement dans ceux qui arrosent les pays montagneux. Il vit de vers et d'insectes aquatiques. Il se plaît dans l’eau cou- rante, et parait éviter celle qui est tranquille : mais des courants trop rapides ne lui convien- nent pas; etc’est ce que nous a appris, dans des notes manuscrites très-bien faites, M. Pénières, membre du Tribunat. Nous avons vu dans ces notes, qu'il a bien voulu rédiger pour nous, que, dans les rivières des départements du Cantal et de la Corrèze, la loche préfère les eaux pro- fondes, et même quelquefois les eaux dormantes, à celles qui sont très-agitées et très-battues. Elle change rarement de place dans ces portions de rivière dont le courant est moins fort; elle s’y tient comme collée contre le sable ou le gravier, et semble s’y nourrir de ce que l’eau y dépose. Elle est la victime d’un très-grand nombre de poissons contre lesquels sa petitesse ne lui per- met pas de se défendre ; et malgré cette même petitesse qui devrait lui faire trouver si facilement des asiles impénétrables, elle est la proie des pêcheurs, qui la prennent avec le carrelet, avec la louve et avec la nasse ‘. On la recherche | surtout vers la fin de l’automne, et pendant le printemps, qui est la saison de sa ponte. À ces en Livonie. — Cobite loche. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Fauu. Suec. 542. — Wuiff, Ichth., p. 51, n. 59, — Loche de rivière. Bloch, pl. 51, fig. 2. — « Cobitis aculeo bifurco, etc. » Artedi, gen. 2, syn. 5, spec. 4. — Cobitis aculeata, seconde e-pèce de lo- che. Roudelet, part. 2, c. 24. — Jd. Aldrov., 1. 5, c. 50, p. 617. — /d. Gesner, p. 404. — « Gobitis barbatula acu- « leata. » Willughby, {chth., p. 265, tab. Q.8, fig. 5 — « Tie- « nia corauta. » /d. p. 266, tab. Q.8, fig. 6. — /d. et« Cobi- # Us barbalula aculeata. » Raï, p. 124. — /d.Jonston, p.142, tab. 46, 6g. 21, 25. — Gronov. Mus. 1, n. 5. — Klein, Miss. pisc. 4, p.59, n. 4.— « Cobitis aculeata. » Marsil. Dan. 4, p. 5, tab. 1, fig. 2. — « Lampetra, et cubitis pungeus. » Frisch, Misc. Berol. 6, p. 120, t. 4, nu. 5. 5 M. Cuvier cite encore cette espèce. D. # Cette espèce n'est pas indiquée par M. Cuvier. D. 4 Voyez, à l'article du Pétromyzon lamproie, ce que nous avons dit de la nasse et de la louve. Quant au carre- let, c'est un filet eu forme de nappe carrée, et attachée par les quatre coins aux extrémités de deux arcs qui se croisent. Ces ares sont fixés au bout d'une perche , à l'eadroit de leur réunion, On tend ce filet sur le fond des rivières; et dès qu'on aperçoit des poissons au-1essus, Ou le relève avec ra- pidité. On donne aussi au currelel les noms de calen, de venturon, d'échiquier, et de hunier. HISTOIRE NATURELLE deux époques, sa chair est si délicate, qu’on la prefère à celle de presque ‘tous les autres habi- tants des eaux, surtout, disent dans certains pays les hommes occupés des recherches les plus minutieuses relatives à la bonne chère, lors- qu'elle a expiré dans du vin ou dans du lait. Elle meurt tr”--vite dès qu’elle est sortie de l'eau, et même dès qu’on l’a placée dans quel- | que vase dont l’eau est dans un repos absolu. On la conserve, au contraire, pendant long- temps en vie, en la renfermant dans une sorte de huche trouée que l’on met au milieu du cou- rant d’une rivière. Lorsqu'on veut la transporter un peu loin, on a le soin d’agiter continuellement l'eau du vais- seau dans lequel on la fait entrer, et l’on choi- sit un temps frais, comme, par exemple, la fin de l'automne. C’est avec cette double précaution que Frédéric I:", roi de Suède, fit venir d’Alle- magne des loches qu'il parvint à naturaliser dans son pays !. Quand on veut faire réussir ces cobites dans une rivière ou dans un ruisseau, on pratique une fosse dans un endroit qui ait un fond de cailloux, ou qui recoive l’eau d’une source. On donne à cette fosse deux pieds ou deux pieds et demi de profondeur, huit pieds de longueur et quatre de largeur. On la revêt de claies ou planches percées, qu’on établit cependant à une petite distance des côtés de la fosse. L’intervalle compris entre ces côtés et les planches ou les claies, est rempli de fumier, et, quand on le peut, de fumier de brebis. On ménage deux ou- vertures , l’une pour l'entrée de l’eau, et l’autre pour la sortie du courant. On garnit ces deux ouvertures d’une plaque de métal percée de plusieurs trous, qui laisse passer l’eau courante, mais fermel’entrée dela fosse àtoutcorpsétranger nuisible et à tout animal destructeur. On place dansle fond dela fosse, des cailloux ou des pierres jusqu’à la hauteur de six ou huit pouces, afin de faciliter la ponte et la fécondation des œufs. Les loches qu'on introduit dans la fosse s’y nour- rissent des sucs du fumier et des vers qui s'y engendrent. On Jeur donne néanmoins du pain de chènevis ou de la graine de pavot. Elles mul- tiplient quelquefois à un si haut degré dans leur demeure artificielle, «qu'on est obligé de cons- truire trois fosses, une pour le frai, une seconde 4 Voyez le Discoursintitulé Des effets de l'art de l’homme sur la nature des poissons. DES POISSONS. pour l’alevin ou les jeunes loches, et une troi- sième pour les loches parvenues à leur dévelop- pement ordinaire. : Au reste, on peut conserver longtemps ces cobites et les envoyer au loin, après leur mort, en les faisant mariner. La loche a la mâcheire supérieure plus avan- cée que l'inférieure; l'ouverture de la bouche, petite; la ligne latérale droite; la nageoire du dos très-courte et placée, à peu près, au-dessus des ventrales; le corps et la queue marbrés de gris et de blanc; les nageoires grises ; la dorsale et la caudale pointillées et rayées ou fascées de brun ; le foie grand, ainsi que la vésicule du fiel ; le canal intestinal assez court; l’épine dor- sale composée de quarante vertèbres, et forti- fiée par quarante côtes. Parmi les poissons d’eau douce ou de mer dont on a reconnu des empreintes dans la car- rière d'OEningen , près du lac de Constance !, on doit compter le cobite loche. On doit com- prendre aussi au nombre de ces poissons le co- bite tænia. Ce dernier cobite se trouve dans les rivières comme la loche; il s’y tient entre les pierres. Il se nourrit de vers, d'insectes aquatiques, d'œufs,et même quelquefois de très-jeunesindi- vidus de quelques petites espèces de poissons. II perd la vie plus difficilement que la loche; et quand on le prend, il fait entendre une espèce de bruissement semblable à celui des balistes, des trigles, des cottes, des zées, ete. Bloch ayant mis deux tænias dans un vase plein d'eau de rivière etdans le fond duquel il avait étendu du sable, les vit s'agiter sans cesse et remuer perpe- tuellement leurs lèvres. La chair des tænias est maigre et coriace; et d’ailleurs, ils sont d'autant moins recherchés , que l’on ne peut guère les saisir sans être piqué par les petits aiguillons situés auprès de Teurs yeux. Mais s'ils ont moins à craindre des pêcheurs que les loches, ils sont la proie des persèques , des brochets, ét des oiseaux d’eau. Leur ligne latérale est à peine sensible; ils atteignent qu'à la longueur de quatre à huit pouces. Leur dos est brun; leurs côtés sont jau- nätres, avec quatre rangées de taches brunes, inégales, et irrégulières; les pectorales et l'a- nale sont grises; une nuance jaune distingue les ventrales; la dorsale est jaune et ornée de 1 Voyage dans les Alpes, par Saussure, s 1855, 447 | cinq rangs de points bruns; la caudale montre sur un fond gris quatre ou cinq rangées trans- versales de points; le foie est long; la vésicule du fiel, petite; le canal intestinal sans sinuosi- tés; l'épine du dos formée de quarante vertè- bres ; etle nombre. total des côtes, de cinquante- Six. Nous devons à M. Noëlla description du cobite trois-barbillons , qui se plait dans les ruisseaux d’eau courante et vive des environs de Rouen, et que l'on trouve, vers l’équinoxe du printemps, gras et plein d'œufs ou de laite. Sa partie supé- rieureest d’un roux brun, et parsemée de taches arrondies ; l’inférieure est d’un fauve clair, ainsi que les nageoires. La dorsale et la nageoïire de la queue sont pointillées de noirâtre le long de leurs rayons !. CENT CINQUANTE-CINQUIÈME GENRE. LES MISGURRES ©. Le corps et la queue cylindriques; la peau gluante, et dénuée d’écailles facilement visibles; les yeuæ très- rapprochés du sommet de La tête ; des dents et des bar- billons aux mâchoires; une seule dorsale; celle na- geoire très-courle. CARACTÈRES. Six barbillons à la mâchoire supé- rieure; quatre barbillons à l'in- férieure; huit raÿous à chaque ventrele. ESPÈCE. LE MiSGURNE FOSSILE. LE MISGURNE FOSSILE à. Cobilis fossilis, Linn., Gmel., Cuv.; Misgurnus fos- silis, Lac. *. Ce poisson habite dans les étangs; on ne le voit du moins dans les lacs et dans les rivières, 45 rayons à la membrane branchiale du cobite loche, {0 à chaque pectorale, 9 à la nageoire du dos, 8 à celle de l'anus, {7 à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la membrane branchiale du cobite tænia, 414 à chaque pectorale, 10 à la nageoire du dos, 9 à celle de l'anus, 47 à la nageoire de la queue. 2,4 Le genre Misgurne de Lacépède n'est pas adopté par M. Cuvier. 11 le réunit aux Cobites, eu plaçant ce genre dans la famille des Cyprinoïdes ; ordre des Malacoptérygiens ab- dominaux. D. 5: Loche d'étang, en France.—Fisqurn, Schlammpitzger, Schlammbeisser, Pritzker, pitzker, ou peissker, Meer- trusche, Pfulfñsch, Schachtfeger, en Allemigne.— Mur- dal, en Bohème. — Prisker, Pihkste, en Livouie. — Grun- del, en Pologne. — Wijun, Piskum, en Russie, — Mis- gurn, en Augleterre.— Dovulouo au Japon. — Cobile mis- guim. Daubenton et Haüy, Exc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. mélh, — Faun. Suec. 545. — Mus. Ad. Erid, 1, p.76. — « Cobitis aculeo bifurco, etc, » Gron, Act, Upsal, 148 HISTORE que lorsque le fond en est vaseux. Il perd diffi- cilement la vie. Il ne périt pas sous la glace, pour peu qu'il reste de l’eau fluide au-dessous de celle qui est gelée. Il ne meurt pas non plus lorsqu'il se trouve dans un marais que l’art ou la nature dessèchent, pourvu qu'il y reste quel- que portion d’eau, quelque bourbeuse qu'elle puisse être : il se cache alors dans les trous qu'il creuse au milieu de la fange. On le rencontre souvent dans les cavités de la terre humide qui faisait le fond d’un marais ou d’un étang donton vient de faire écouler l'eau. C’est ce qui à fait croire à quelques auteurs qu'il s’engendrait dans la terre, et qu'il n'allait dans les rivières ou les lacs, que lorsque les inondations l’attei- gnaient dans son asile et l’entraînaient ensuite. Mais au lieu de cette fable qui a été un peu ac- créditée et qui lui a fait donner le nom de Fos- sile, il aurait fallu dire que, d’après tous ces faits, il paraissait que le misgurne dont nous parlons est beaucoup moins sensible que pres- que tous les autres poissons, aux effets funestes des gaz qui se forment au-dessous de la glace, ou que produisent les marais qui, au lieu d’eau courante ou tranquille, ne présentent qu'une sorte de boue délayée et d'humidité fétide!. Cependant cet abdominal semble ressentir très-vivement les impressions que peuvent faire éprouver aux habitants des eaux les vicissitudes de l'atmosphère, et particulièrement les grandes variations que montre dans certains temps l'électricité de l'air et de la terre. On a remar- qué que lorsque l’orage menace, ce misgurne quitte le fond des étangs pour venir à leur sur- face, et s'y agite, comme tourmenté par une gène fatigante, ou par une sorte de vive inquié- tude. Cette habitude l’a fait garder avec soin dans des vases par plusieurs observateurs. On l'a placé dans un vaisseau rempli d'eau de pluie ou de rivière, et garni, dans le bas, d’une cou- che de terre grasse. On a eu le soin de changer la terre et l’eau tous les trois ou quatre jours 1742, p. 79.t.5.— Bloch. pl. 51, fig. 4. — « Cobitis cæru- « le.cens, etc. » Artedi, gen. 2, syn. 5. — Misgurn , seu fis- gurn, et mustela fossilis. Willughby, p. 118, et p. 124.—/d. Rai, p.69, n. 6; et p. 70, n.9.—Gronov. Zooph., p.56, n.201; Mus.1,p.2,n.7.— Klein, Miss. Pise. 4, p. 59,1. 15, fig. 5. — Mustela fossilis. Aldrov. Pisc., p. 579. — Jonston, Pisc., p. 154, tab. 28, fig. 8.—Marsil. Danub. 4, p.59, tab. 15, fig.1. — Thermometrum vivum. Clauder, Ephem. nat. curios. dec. 2, an. 6, p. 554, obs. 175, f. 71.— Beyszker. Gesn. Thierb., p. 160. — Pæcilia. Schonev., p. 56. + Consultez le Discours que nous avons intilulé Des effets de l'art de l'homme surla nature des poissons, NATURELLE pendant l'été, et tous les sept jours pendant l'hiver. On l’a mis pendant les froids dans une chambre chaude, auprès de la fenêtre. On l'a gardé ainsi pendant plus d’un an. On l'a vu rester tranquille pendant le calme, sur la terre humectée, mais se remuer fortement pendant la tempête, même vingt-quatre heures avant que l'orage n’éclatät, monter, descendre, re- monter, parcourir l’intérieur du vase en dif- férents sens, et en troubler le fluide. C’est d’après cette observation qu'il a été comparé à un baromètre , et qu'il a été nommé baromètre vivant. Il parvient à la longueur d’un pied ou un pied et demi, et quelquefois il a montré celle de trois ou quatre pieds. Ayant beaucoup de rap- ports par sa conformation extérieure avec Ja murène anguille, il n’est pas surprenant qu'il puisse facilement, comme cette dernière, s’in- sinuer dans la terre molle, et y pratiquer des cavités proportionnées à son volume; et c’est ce qui fait qu'il se retire dans la fange ou dans la vase, non-seulement lorsque le dessèchement des étangs ne lui permet pas de demeurer au- dessus de leur fond privé d’eau presque en en- tier, mais encore lorsqu'il veut éviter une action trop vive du froid qui paraît l’incommo- der. Cette précaution qu’il prend dese renfermer sous terre lorsque la température est moins chaude, l’a fait appeler Thermomètre vivant, comme les mouvements qu'il se donne lorsque le temps est orageux, l’ont fait désigner par le nom de Baromètre vivant où animé. Le misgurne fossile sort de son habitation souterraine lorsque le printemps est de retour. 11 va alors déposer ses œufs ou sa laite sur les herbages de son marais. Il se nourrit de vers, d'insectes, de très-petits poissons, et de résidus de substances organisées qu'il touve dans la vase. Il multiplie beaucoup; et néanmoins il a bien des ennemis à craindre. Les grenouilles l’attaquentavec succès, lorsqu'il est encore jeune , les écrevisses le saisissent avec leurs pattes, et le pressent assez fortement pour lui donner la mort; les persèques, les brochets, le dévorent; les pêcheurs le poursuivent. Ils le prennent rarement à l'hamecon, auquel il ne se détermine pas facilement à mordre; mais ils le pêchent avec des nasses garnies d'herbes, avec des filets et particulièrement avec la truble !, 4 La truble ou le truble est un filet en forme de poche, EEE — DES POISSONS. Ë n’est cependant pas tres-recherché, parce que sa chair est molle, imprégnée d’un goût de marécage, et enduite d’un sue visqueux. On lui ôte cette substance gluante, en le plongeant dans un vase dont l’eau contient du sel marin, ou des cendres. L'animal s’y remue, s’y con- tourne, s’y tourmente, s’y purifie, pour ainsi dire; et on le lave ensuite dans de l’eau douce. Cette matière gluante dont le misgurne fossile est couvert, aussi bien que pénétré, influe sur ses couleurs ; elle en détermine plusieurs nuan- ces ; suivant qu’elle est plus ou moins abondante, elle en fait varier quelques tons; et comme les différentes eaux peuvent, suivant leur pu- reté ou leur mélange avec des substances étran- gères, agir diversement sur cette liqueur vis- queuse, en dissoudre ou en emporter plus ou moins, en diminuer plus ou moins la qualité et l'influence, les couleurs du fossile varient sui- vant la nature des eaux qu’il habite. Ce qui le prouve d’ailleurs, c’est que lorsqu'on nettoie avec de l'alcool, ou de toute autre manière, le ventre de ce misgurne, la belle couleur jaune de cette partie disparaît entièrement. Voici cependant quelles sont les couleurs les plus ordinaires de cet abdominal. Son dos est noirâtre; il est orné de raies longitudinales aunes et brunes sur lesquelles on aperçoit quel- ques taches. Son ventre brille d’une teinte orangée que relèvent des points noirs. Les joues et les membranes branchiales sont jaunes et parsemées de taches brunes. La dorsale, les pectorales et la caudale montrent des taches dont les bords sont attachés à la circonférence d'un cercle de bois et de fer, auquel on ajuste un manche. Un pêcheur qui aperçoit des poissons à une petite profondeur dans l'eau, passe le truble par-äessous ces animaux, et le relève à l'ins- tant, de manière qu'ils se trouvent pris dans la poche. Où se sert aussi du {ruble pour s'emparer des poissons pris dans les bourdiques , ou pour enlever ceux qui ont mordu à l'hame- gon, mais qui par leur poids pourraient rompre les lignes. Les bourdiques sont composées de deux cloisons faites avec des pieux ou des fiiets ; ces cloisons convergent vers le cou- rant. On les éleve dans les canaux qui communiquent des étangs dans la mer, pour prendre les poissons qui veulent regagner l'eau salée. Il y a des trubles carrés qui sont plus commodes pour prendre les poissons renfermés dans des ré- særvoirs particuliers. Ceux que l'on nomme daus quelques endroits étiquettes, ou péches, sont de petits filets dont la figure est semblable à celle d'un grand capuchon. L'ouverture de cette sorte de capuchon est attachée à un cerceau, ou à quaire bâtons suspendus au bout d'une perche. On amorce cet instrument avec des vers de terre, qu'on enfile par le milieu du corps , et qu'on attache de maniere qu® lorsque le filet est dans l'eau, ils pendent à un ou deux décimetres du fond. On s'en sert pour pêcher des écrevisses, aussi bien que différentes espèces de poisson. Le trubleau est un petit ou une petite truble, IL 449 noires sur un fond jaune; les venitrales et l’anaie sont jaunes ou jaunâtres. Le museau du misgurne fossile est un peu pointu ; l’orifice de sa bouche allongé; chacune de ses mâchoires garnie de douze petites dents; sa langue menue et pointue; l’orifice de ses na- rines placé auprès d’un piquant; sa nuque large; sa caudale arrondie; sa dorsale courte, et plus pres de la nageoire de la queue que de la tête. Ses écailles minces, légèrement rayées, demi- transparentes, paraissent transmettre unique- ment les nuances de la peau produites où mo- difiées par la substance visqueuse qui l’arrose'. L’estomac est petit; le canal intestinal court et sans sinuosités ; le foie long; la vésicuie du fiel grande; l’ovaire double ainsi que la laite. Les œufs sont brunâtres , et de la grosseur d’une graine de pavot. Bloch a écrit que le fossile ne rejetait pas de bulles d'air ou de gaz par la bouche; qu'il en rendait par l'anus, et que cette différence venait de ce que ce poisson manquait de vessie aérien- ne ou natatoire. 11 a pensé aussi que cet abdo- minal avait auprès de la nuque deux vésicules remplies d'une substancelaiteuse. Maisle profes: seur Schneider ayant disséqué plusieurs indivi- dus de l'espèce de misgurne que nous décrivons, a montré que ce poisson n'avait auprès de la nuque qu'une seule vésicule ; que cette vésicule était osseuse, déprimée dans le milieu et arron- die dans les deux bouts, de maniere à paraître double ; qu'elle était attachée à la troisième et à la quatrième vertebre ; que ses apophyses ou ses appendices latéraux servaient de point d’attache aux muscles des nageoires pectorales ; que cette sorte de boîte osseuse contenait une véritable vessie aérienne ; que cette vessie aérienne ou na- tatoire était peu volumineuse, simple, mem- braneuse, blanche; et qu'elle communiquait avec l’œsophage par un conduit très-petit et très-court ?. Ce savant professeur ajoute, dans son excel- lent ouvrage, qu'il n’a jamais vu le misgurne fossile rendre des bulles d’air par l'anus, mais que cet abdominal en rejette très-souvent par la bouche , en faisant entendre un bruissement très-sensible #. 4 Voyez notre Discours sur la nature des poissons. 34 Peiri Artedi Syn. piscium, etc. » Par J. G. Schn., etc. p. 5. 537. 5 Consultez notre Discours sur la naturc des poissons, 4 4 rayons à la membrane branchiale du msgurne funils, 57 450 CENT CINQUANTE-SIXIÈME GENRE LES ANABLEPS !. Lo corps et la queue presque cylindriques, des barbillons cé des dents aux mâchoires; une seule nageoire du dos ; celte nageoire très-courle; deux prunelles à chaque œil. ESPÈCE. CARACTÈRES, Un barbillon à chacun des deux cons de l'ouverture de la bou- cie; sept rayons à chaque veu- trale. L'ANABLE?S SURINAM. L'ANABLEPS SURINAM *. Ausbleps tetrophthalmus, BI. ; Anableps surinamensis, Lac.; Cobitis Anableps, Gmel.5. L On trouve à Surinam, dans les rivières, et près des rivages de la mer, ce poisson très-digne de l'attention des physiciens par les singularités de sa conformation. On peut voir dans le second volume des Mémoires de la clusse des sciences physiques etmathématiques de l Instilutnatio- nal, une notice que nous avons lue devant nos confrères en juillet 1797, sur ce poisson remar- quableet particulièrement sur lastructure extra- ordinaire de son organe de la vue. Nous allons réunir ici à ce que nous avions découvert dans la conformation de cet animal, lors de cette époque, ce que nous avons appris depuis sur le même sujet. La tête de l’anableps surinam est couverte de petites écailles, plus large que haute, et comme tronquée et même échancrée par devant. La mâ- choire supérieure, plus avancée que l’inférieure, s’allonge et se replie vers le bas. Ces deux mâ- choires, la langue et le palais sont hérissés de petites dents. On ne compte qu'un orifice à cha- que narine. Mais l'œil de cet anableps est l'organe de ce poisson qui mérite le plus l'examen de l'observa- à la dorsale, {{ à chaque pectorale, 8 à la nageoire de l'anus, 44 à celle de la queue, 48 vertébres à l'épine du dos, 50 côtes de chique côté de l'épine dorsale. 4.5 M, Cuvier conserve le genre Anableps de Bloch et de Lacépèle, et le plice dans la famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygicns abdominaux. D. 2Gros-yeux, par plus. Français. — Jüer-auge, par les Allemands, — Four-eye, par les Anglais. — Hoo;kiker, par les Hollaudais de Surinam. — Coutai, par les nègres de la même contrée. — Cobite gros-yeux. Daubenton et Haüy, £nc. méth. — /d. Bonnaterre, pl de l'Euc. méih. — Mus, bd. frid. 2, p.93. — Anableps. Artedi, gen. 25, syn. 45.— 14. Séba, Mus. 5, p. 108. tab. 54, fig. 7.— Anableps tetroph- thalmus. Bloch, pl. 561, fig. 1, 2,5 et 4.—A4nubleps. Gronov. *. La tèêle très-allongée ; sa partie supérieure revélue d’é- cailles conformées el disposées comme celles qui re- couvrent le dessus de La tête des couleuvres; le corps très-allongé ; point de nageoïre dorsale. CARACTÈRES. La caudale fourchue; la couleur générale d'uu argenté bleuâtre et sans taches. ESPÈCE. LA COLUBRINE CHINOISE. LA COLUBRINE CHINOISE. Colubrina chinensis, Lac.”. La collection des belles peintures exécutées à la Chine et cédées à la France par la Hollande, renferme une image très-bien faite de cette es- pèce pour laquelle nous avons dû former un genre particulier. Ses caractères génériques et ses principaux traits spécifiques sont indiqués sur le tableau de son genre. Il montre, ce tableau, combien la colubrine chinoise a de rapports avec les couleuvres. Le défaut de la nageoire du dos, la couverture de la tête, l'allongement de la tête et du corps, lui donnent surtout beau- coup de ressemblance avec les serpents ; et par conséquent ses habitudes doivent se rapprocher beaucoup de celles des cobites, des cépoles, des murènes, des murénophis, et des autres poissons que l’on désigne par l’épithète de Serpentifor- mes. Les nageoires ventrales de la chinoise sont très-près de l'anus; cet orifice est trois fois plus éloigné de la tête que de la caudale; elle a une nageoire au delà de cette ouverture; et les sé- parations de ses petits muscles obliques sont 4 5 rayons à la membrane branchiale du fundule mudfish, 12 à la nageoire du dos, 16 à chaque pectorale , 40 à la na- geoire de l'anus ,25 à la nageoire de la queue. — 12 à la dorsale du fundule japonais. 11 à chaque pectorale, 9 à la nageoire de l'anus, 20 à celle de la queue- 3-5 M. Cuvier ne fait aucune mention de ce genre, unique- ment fondé sur une hgure chinoise, qui ne se rapporte à au” cun des voissons que renferine la collection du Muséum. D 454 très-sensibles sur Ja partie supérieure de son corps et de sa queue. CENT CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE. LES AMIES !. Za lêle dénuée de peliles écailles, rude, recouverte de grandes lames que réunissent des sulures très-mar- quées; des. dents aux mâchoires et au palais; des. barbillons à la mâchoire supérieure; La dorsale lon- gue, basse, el rapprochée de la caudale ; l’anale très- courte; plus de dix rayons à la membrane des bran- chies. CARACTÈRES. 0 { La ligne latérale droite; la caudale L'AMIE CHAUVE. | arrondie. ESPÈCE. L’AMIE CHAUVE ?. Amia calva, Linn., Gmel.,Lac. , Cuv.s. Cette amie vit dans les eaux douces de la Ca- roline. Elle doit y préférer les fonds limoneux, puisqu'en l’y a nommée poisson de vase ( Huud- fish). De petites écailles recouvrent son corps ei sa queue : mais sa tête paraît comme écor- chée, et montrer à découvert les os qui la com- posent. Les opercules sont arrondis dans leur contour, et presque osseux. On peut voir, au- près de la gorge, deux petites plaques osseuses et striées du centre à la circonférence. Les pec- torales et l’anale ne sont guere plus grandes que les ventrales. Ces dernières nageoires sont à une distance presque égale de la tête et de la nageoire de la queue. La mâchoire inférieure est un peu plus avan- cée que la supérieure, au-dessus de laquelle on compte deux barbillons. L'amie chauve parvient à une longueur un peu considérable. Mais il paraît que le goût de sa chair n'est pas assez agréable pour qu'elle soit très-recherchée #. 45 M. Cuvier adopte le genre Amie et le range dans l'ordre des Malicoptérygiens abdominaux et dans la famille des Clupes. D. 2 Mudfish, dans la Caroline, — Amie téle-mue. Dauben- ton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonuaterre, pl. ue 1 Euc. méth. 442rayons à la membrane branchiale de l'amie . 42 à la nageuire du des, 15 à chaque pectoraie, 7 à Chaque ventrale, 40 à la nageuire de l'anus, 20 à celle de la queue. HISTOIRE NATURELLE CENT SOIXANTIÈME GENRE. LES BUTYRINS !. La têle dénuée de petiles écailles, et ayant de longuetr à peu près le quart de la longueur totale de l'animal . une seule nageoire sur le dos. CARACTÈRES. La caudale fourchne ; quatre raies longitu lbiales et ondulées de ch que côte du dus. ESPÈCE. LE BUTYRIN BANANE. LE BUTYRIN BANANÉ 2. Butyrinus Bananus, Comm. Lie. Cuv.; Esox Vulpes, Linn.; Clupea brasiliensis, Albala gonor\nchus et Amia imuaculata, Bl., Sch.; Clupca macrocepbala, Faces Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une description courte, mais pré- cise , de ce poisson, que les naturalistes ne con- naissent pas encore. Nous avons dù inscrire ce butyrin dans un genre particulier que nous avons placé à la suite des amies, parce que ce banané a beaucoup de rapports avec ces abdo- minaux par la nudité de sa tête, pendant que la longueur de cette même partie l'en sépare d’une manière très-distincte. Nous ne pouvons ajouter qu'un trait à ceux que nous avons indiqués sur le tableau générique, c'est que le butyrin ba- nané à une ligne latérale presque droite. CENT SOIXANTE-UNIÈME GENRE. LES TRIPTÉRONOTES *. Trois nageoires dorsales ; une seule nageoïre de l'anus. CARACTÈRES. | La tête dénuée ue peutes écailles, E ‘a mâchoire supérieure beaucoup : TRIPRÉRONOME au | plus avancée que l'intérieure, et EEE tersinee par une prolougation ponitue. ESPÈCE. 4 Genre de Commerson adopté par M. Cuvier, et placé par lui dans la famille des Clupes , ordre des Malacopterygient abiominaux. D. ? Butyrinus, poisson banané. Commerson, manuscrits Jéjà cités. 3 Ce poisson est encore décrit par M. de Lacépède, 4° sous le nom de SYNODE RENARD , et 2° sous celui de CLUREE Ma- CROCEPHALE. D. 4 M. Cuvier fait remarquer que ce genre est fondé surune mauvaise figure de Ron teiet qui se rap,orte au Sa/mo 0xy- rhinchus de Liunée. Ce poisson est du sons genre Lavaret, dans le grand gerr: Sa: mou, de la familie es Sauones, dans l'ordre des Malacopterygiens abdominaux. D. DES POISSONS. LE TRIPTÉRONOTE HAUTIN *. Tripteronus Hautin, Lac. ?. KRondelet a donné un dessin de cette espèce de poisson, dont il avait vu un individu à An- vers. Nous avons mis cet abdominal dans un genre partieulier, et nous avons désigné ce genre par le nom de /riptéronote , pour indiquer le caractère remarquable que lui donne le nombre de ses nageoires du dos. On ne connaît en effet que très-peu de poissons qui aient trois nageoi- res dorsales; le hautin est le seul des abdomi- paux qui en ait montré trois aux naturalistes ; et malgré la présence de ce triple-instrument de natation , il n'a qu'une nageoire de l’anus, pen- dant qu’on compte ordinairement deux anales, lorsqu'il y a trois nageoires du dos. Toutes les dorsales et l’anale da hautin sont triangulaires, et à peu près de la même gran- deur. Sa caudale est grande et fourchue. Les ventrales sont plus rapprochées de cette nageoire de la queue que de la tête. Le corps est recou- vert, ainsi que la queue, d’écailles assez petites. L’opercule est arrondi; l'œil gros; le museau très-long, menu, pointu, noir et mou; l’ouver- ture de la bouche assez étroite. CENT SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. LES OMPOKS ?, Des barbillons et des dents aux mdchoires ; point de na- geoires dorsales ; une longue nageoïre de l’anus. CARACTÈRES. La mâchoire inférieure plus avan- cee que la supérieure ; deux bar- billuns à La mâchoire d'en haui. ESPÈCE. L'OmPOK SILUROÏDE. | L’'OMPOK SILUROIDE. Ompok siluroides , Lac. {. Nous avons trouvé un individu de cette espèce parmi les poissons desséchés de la colletion donnée à la France par la Hollande. Une in- scription attachée à cet individu indiquait que le nom donné à cette espèce dans le pays qu’elle habite, était Opok ; nous en avons fait son nom générique, et nous avons tiré son nom propre de ses rapports avec les silures. Sa description 4 Hautin. Rondelet, seconde partie, chap. 47. 4 Voyez la note 4 de la page 454, 2e col, 34 M. Cuvier n'admet pas ce geure. D'après une inspection de l'indiviuu desséche, qui a servi à d'établir, il a reconnu que c'était un silure dont la dorsale rephée n'a point été vue nar le dessinateur. D. 455 n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Plu- sieurs rangs de dents grandes, acérees, mais iné gales, garnissent ses deux mâchoires *. Les deux barbillons que l'on voit aupres des narines ont une longueur à peu près égale à celle de la tête. L’anale est assez longue pour s'étendre jusqu’à la nageoire de la queue; mais elle ne se confond pas avec cette dernière. NOMENCLATURE Des Silures, des Macropléronotes, des Malaptérures , des Pimélodes, des Doras, des Pogonathes, des Ca- tphractes, des Plotoses, des Agénéioses, des Macro- ramphoses , et des Centranoduns. On a décrit jusqu'à présent, sous le nom de Silures, un très-grand nombre de poissons de l’ancien ou du nouveau continent, très-propres à exciter la curiosité des physicienspar leurs for- mes et par leurs habitudes : mais plusieurs de ces animaux différent trop de ceux avec lesquels on les à réunis, pour que nous ayons dù lais- ser subsister une association qui aurait jeté de l'obscurité dans la partie de l'histoire naturelle dont nous nous occupons, et donné des idées faasses sur les rapports qui lient les objets de notre étude. Bloch avait déjà senti qu'il fallait diviser le genre des silures établi par les natura- listes qui l'avaient précédé, et il avait séparé des vrais silures les abdominaux qu'il a nommés Plalysies, et ceux qu'il a appelés Cataphrac- tes. Cependant , pour peu qu'on lise avec atten- tion l'ouvrage de Bloch, et qu'on réfléchisse aux principes qui nous ont dirigés dans nos distri- butions méthodiques, on verra aisément que nous n'avons pu nous contenter de ces deux sections formées par Bloch, ni même les adop- ter sans quelques modifications. D'un autre côté, nous avions à classer des espèces que l'on n’a- vait pas encore décrites, et qui sont plus ou moins voisines des véritables silures. D'après ces considérations, nous avons cru devoir dis- tribuer ces différents animaux dans onze genres différents. Tous ces poissons ont la tête cou- verte de lames grandes et dures, ou revêtue d'une peau visqueuse. Leur bouche est située à l'extrémité de leur museau. Des barbillons garnissent leurs mâchoires, ou le premier rayon de leurs pectorales et celui de la nageoire de leur dos sont durs, forts, et souvent dentelés, ‘9 rayons à la membrane branchial- de l'ompok siluroïde, 1 ravou aiguillonné et {1 rayous articulés à chaque pectorale, 56 ravous à la nageoire de l'anus, 17 à celle de la queue, 456 ou du moins le premier rayon de l’une de ces nageoires présente cette dureté, cette force, et quelquefois une dentelure. Leur corps est gros ; une mucosité abondante enduit et pénètre . presque tous leurs téguments. Mais nous ne re- gardons comme de véritables silures que ceux dont la dorsale est très-courte et unique, et qui par ce trait de conformation, ainsi que par plu- | sieurs autres caractères, ont de très-grands rap- | ports avec le Glanis, que tant d'auteurs n’ont désigné pendant longtemps que par le nom de | Silure. Nous placons dans un second genre ceux qui, de même que la Charmuth du Nil, ont une dorsale unique, mais très-longue. Nous ré- servons pour un troisième, l'espèce que les na- turalistes appellent encore Silure électrique , qui ne montre qu’une nageoire du dos, mais sur laquelle cette dorsale n’est qu’une sorte d’ex- croissance adipeuse et s'élève très-près de la cau- dale. Un quatrième genre renfermera le Bagre et les autres espèces voisines de ce dernier, qui ont, comme ce poisson, une nageoire du dos sou- tenue par des rayons , et une seconde dorsale | uniquement adipeuse. Nous formons le cin- quième de ceux qui, indépendamment d’une dorsale rayonnée et d’une seconde dorsale sim- | plement adipeuse, ont une portion plus ou moins | considérable de leurs côtés garnie d’une sorte de cuirasse que forment des lames larges, dures et souvent hérissées de petits dards. Nous avons inserit dans le sixième genre les espèces dont on devra la connaissance à Commerson, et qui, présentant deux nageoires dorsales soutenues par des rayons, ont de plus leurs côtés relevés longitudinalement par des lames ou des écail- les particulières. On verra, dans le septième, le callichte et tous ceux des poissons dont nous nous occupons qui ont de grandes lames sur leurs côtés, deux nageoires sur le dos, des rayons à chacune de ces nageoires, et qui n’of- frent qu'un seul rayon dans leur seconde dor- sale. Le huitième renfermera ceux dont la queue | très-longue est bordée d’une seconde dorsale, et d’une anale confondues l’une et l’autre avec la caudale. Ils ont un instrument de natation d'une grande énergie, et une rame puissante leur imprime des mouvements plus rapides que ceux de leurs analogues qui ont recu la même force et le même volume. Dans le neuvième se- rontrangés ceux qui ont deux nageoires dorsales dont la seconde est adipeuse, et qui sont de- nués de barbillons. Au dixième appartiendront | HISTOIRE NATUKELLE les espèces qui ont deux nageoires dorsales forti- fiées l’une et l’autre par des rayons, le premier rayon de la première de ces dorsales, très-long, très-fort et dentelé, le museau très-allongé rela- tivement à leurs dimensions générales , et les mächoires sans barbillons. On trouvera enfin, dans le onzième, les espèces qui n'ayant pas recu de barbillons, élèvent sur leur dos deux nageoires maintenues par des rayons plus ou moins nombreux, n’ont pas de dents à leurs mâ- choires, et closent les cavités de leurs branchies avec des opercules armés d’un ou de plusieurs piquants. Nous conservons ou nous donnons à ces gen- res les noms suivants. Nous nommons le premier, Silure ‘; le se- cond, Macroptéronote * ; le troisième, Malapté- rure Ÿ; le quatrième, Pimélode ‘;le cinquième, Doras *; le sixième, Pogonathe ‘ ; le septième, Cataphracte ; le huitième, Plotose”; le neu- | vième, Agénéiose $ ; le dixième, Macroram- phose *; etle onzième, Centranodon ‘?. Voyons de près ces onze groupes. En suivant les limites que nous venons de tracer autour | d’eux, nous recevrons et nous conserverons sans peine des idées distinctes de leurs attributs; et nous reconnaîtrons clairement , dans les diffé- rentes espèces de ces genres, les formes, les or- ganes, les dimensions, les facultés, les habitu- des qui leur ont été départis par la nature. CENT SOIXANTE- TROISIÈME GENRE. LES SILURES. La tête large, déprimée, el couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse; la bouche à l’extré- milé du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau enduite d’une mucosité abondante; une seule nageoire dorsale; cetle mageoire très- courte. 4 Le mot grec silouros indique la rapidité aveé laquelle les silures peuvent agiter leur queue. 2 Le mot macroptéronote exprime la longueur de la na- geoire du dos. 5 Nous avons tiré le nom de malaplérure de snalacos, mou, pteron, nageoire, et ura, queue. 4 Pimelodes, en grec, signifie adipeux. 5 Doras veut dire cuirasse. Pogonathe vient de pogon, barbe, et de gnaïhos, mi-. choire. 7 Plotos veut dire qui nage avec facilité. 8 Ageneios signifie sans barbe. * Macroramphose vieut de macros, long, et de ramphos, museau. 40 Centron signifie aiguillon, et anodon, qui n'a pas de deats. DES POISSONS. PREMIER SOUS—GENRE. La nageoïre de la queue rectiligne, ou arrondie, et sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈBES . Deux barbillons à la mâchoire su- périeure; quatre barbillons à la 1. mâchoire inférieure; cinq rayons 28 SILURE GLANIS. à la nageoire du dos; quatre- vingt-dix rayons à celle de | anus; la caudale arrondie. Un large barbillon à chaque angle de la bouche; quatre barbillons à l'extrémité de la mâchoire in- férieure; cingrayons à la dorsale; six rayons à l'anal-; plusieurs rangées longitudinales de verrues sur la queue; la caudale arrondie. Deux barbillons à la mächoire su- périeure; deux à l'inférieure; cinq rayons à la nageoire du dos; qua- tre-vingt-deux à celle de l'anus. 4. jte barbillons à chaque mâ- LE SILURE FOSSILE. } choire; la caudale arrondie. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en roissant. 2. Le SILURE VERRUQUEUX. 3. LE SILURE ASOTE. Un barbillon à chaque angle de la bouche ; deux barbillons à l'ex- trémité de la mâchoire infé- rieure ; cinq rayons à la nageoire du dos ; soixante-sept a celle de l'anus ; la caudale en croissant. Huit barbillons aux mâchoires; sept rayons à la nageoire du dos; soixaute-deux à celle de l'anus ; la caudale fourchue. {Huit barbillons aux mâchoires ; ouze rayons à la nageoire du dos; ouze rayons à l'anale; la nageoire de la queue fourchue. Ë barbillons à la mâchoire su- 5. LE SILUBREDEUX-TACHES. 6. LE SILURE SUHILDE. 7. LE SILURE UNDÉCIMAL. périeure ; deux barbillons à cha- que angle de la bouche; quatre barbillons à la mâchoire infé- rieure; cinq rayons à la nageoire dorsale ; cinquante-six rayons à la nageoïre de l'anus ; la caudale fourchue. 8. LE SILURE 4SPRÈDE. 9, LE SILURE COTYLE- PHORE. ! Deux barbillons à la mâchoire su- | périeure; quatre barbillons a l'inférieure ; des rangées longi- tudinales de tubercules, sur la partie supérieure de l'animal ; des cupules, dont plusieurs sont soutenues par une pelile tige flexible, sur la partie inférieure du ventre ; cinq rayons à la na- geoire du dos; cinquante-six rayous à l’anale; la nageoire de la queue fourchue. ! Deux barbillons très-longs à la 10. Roi supéienre nue plus longue que la moitié de la LE SILUBE CHINOIS. longueur totale de l'animal ; la nageoire de la queue fourchue. Deux barbillons à la mâchoire su- périeure; quatre barbillons à la LEP mâchoire inférieure ; des arêtes LE SILURE HEXADAC- tuberculées sur la tête et sur le TYLE, dos; cinq rayons à la nageoire du (l lt | dos; cinquante-cinq à celle de l'aaus ; six à chaque peclorale. LE SILURE GLANIS ‘. Süurus Glanis, Linn., Gmel., Lac., Cuv. ?, Le glanis est un des plus grands habitants 1 Lolte de Hongrie, aux environs de Strasbourg. — Har- | naux, Cuv. D. HI, 457 des fleuves et des lacs. On l’a comparé à d’énor- mes cétacées ; on l’a nommé la baleine des eaux douces. On s’est plu à dire qu’il régnait sur ces lacs et sur ces fleuves, comme la baleine sur l'Océan. Ce privilége de la grandeur aurait seul attiré les regards vers ce silure. Ce qui est grand fait toujours naître l’étonnement, la curiosité , l'admiration, les sentiments élevés, les idées su- blimes. À sa vue, le vulgaire surpris et d’abord accablé comme sous le poids d’une supériorité qui lui est étrangère, se familiarise cependant bientôt avec des sensations fortes, dont il jouit d'autant plus vivement qu'elles lui étaient incon- nues ; l'homme éclairé en recherche, en mesure, en compare les rapports, les causes, les ef- fets; le philosophe, découvrant dans cette sorte d’exemplaire dont toutes les parties ontété, pour ainsi dire, grossies , le nombre, les qualités, la disposition des ressorts ou des éléments qui échap- pent par leur ténuité dans des copies plus cir- conscrites , en contemple l’enchaînement dans une sorte de recueillement religieux; le poëte, dont l'imagination obéit si facilement aux impres- sions inattendues ou extraordinaires, éprouve ces affections vives, ces mouvements soudains, ces transports irrésistibles dont se compose un noble enthousiasme; et le génie, pour qui toute limite est importune , et qui veut commander à l’espace comme au temps, se plait à recon- naître son empreinte dans le sujet de son exa- men, à trouver une masse très-étendue soumise à des lois, et à pouvoir considérer l'objet qui l'occupe, sans cesser de tenir ses idées à sa pro- pre hauteur. Lecaractère de la grandeur est d’inspirer tous | ces sentiments, soit qu'elle appartienne aux ou- vrages de l’art, soit qu'elle distingue les pro- ductions de la nature ; qu’elle ait été départie à la matière brute, ou accordée aux substances or- ganisées, et qu'on la compte parmi les attributs cha, en Italie. — Hardscha, en Hongrie. — Glano, dansles environs de Constantinople. — Schaden, en Autriche. — èls, Wualler, Scheid, Schoiden, en Allemagne.—Szum, ea Pologne. — Sumus, en langue esclavone. — (Ckams- wels, en Livonie. — Som, en Russie, — Dschium, en Tartæ rie. — Zolbarte, chez les Calmouques. — Mäl, en Suède, — Mall et Malle, en Danemarck. — Meerval, en Hollande. — The seat fish, en Angleterre.— Bloch, pl.34.— Silure mal. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Faun. Suec. 544. — Meiding. IC. pisc. Austr. t. 9. — Mal. It. Scan. 61. — Silurus. Act. Stockh. 17%, p- 54,1.5.— «Silurus cirris quatuor in ment.» Artedi, gen. 82, syn. 140. — Gronov. Mus. 1, n. 23, 1. 6, fig. 4. 3 Du sous-genre SILURE, dans le grand genre SILURE fa- mille des siluroïdes, division des malacoptérygiens abdomI- 28 458 des êtres vivants et sensibles. On a dû égale- ment les éprouver et devant les jardins suspen- dus de Babylone, les antiques pagodes de l'Inde, les temples de Thebes, les pyramides de Mem- phis , et devant ces énormes masses de rochers amoncelés qui composent les sommets des An- des, et devant l'immense baleine qui sillonne la surface des mers polaires , l'éléphant, le rhino- céros et l'hippopotame, qui fréquentent les riva- | ges des contrées torrides, les serpents démesurés qui infestent les sables brülants de l'Asie, de l’A- frique et de l'Amérique, les poissons gigantes- ques qui voguent dans l'Océan ou dominent dans les fleuves. Et quoique tous les êtres qui présentent des dimensions supérieures à celles de leurs ana- logues, arrêtent nos regards et nos pensées, no- tre imagination est surtout émue par la vue des objets qui, l'emportant en étendue sur ceux aux- quels ils ressemblent le plus, surpassent de beaucoup la mesure que la nature a donnée à l’homme pour juger du volume de ce qui l'en- toure ; cette mesure dont il ne cesse de se servir, quoiqu'il ignore souvent l'usage qu'il en fait, et qui consiste dans sa propre hauteur. Un ciron de deux ou trois décimètres de longueur serait pien plus extraordinaire qu'un éléphant long de dix metres, un squale de vingt, un serpent de cinquante, et une baleine de plus de cent, et ce- pendant il nous frapperait beaucoup moins; il surprendrait davantage notre raison , mais il agirait moins vivement sur nos sens ; il s'empa- rerait moins de notre imagination ; il imprime- rait bien moins à notre ame ces sensations pro- fondes, et à notre esprit ces conceptions sublimes | @ue font naître les dimensions incomparablement | pus grandes que notre propre stature. Ces dimensions très-rares dans les êtres vi- vants et sensibles sont celles du glanis. Un individu de cette espèce, vu près de Lim- | ritz dans la Poméranie, avait la gueule assez grande pour qu'on püt y faire entrer facilement un enfant de six ou sept ans. On trouve dans le Volga des glanis de douze ou quinze pieds de longueur. On prit, il y a quelques années, dans | les eavirons de Spandaw, un de ces silures, qui était du poids de cent vingt livres ; et un au- tre de ces poissons, pêché à Writzen sur l'Oder, en pesait huit cents. Le glanis a la tête grosse et très-aplatie de haut en bas ; le museau très-arrondi par-devant; la mächoire inférieure un peu plus avancee que | HISTOIRE NATURELLE, celle d’en haut, ces deux mâchoires garnies d’un très-grand nombre de dents petites et recour- bées ; quatre os ovales, hérissés de dents aigues, et situés au fond de la gueule; l'ouverture de la bouche très-large; une fossette de chaque côté de la lèvre inférieure ; les yeux ronds, sail- lants , très-écartés l’un de l'autre, et d’une pe- titesse d'autant plus remarquable que les plus grands des animaux, les baleines, les cachalots, les éléphants, les crocodiles, les serpents déme- surés , ont les yeux très-petits à proportion des énormes dimensions de lewrs autres organes. Le dos du glanis est épais; son ventre très- gros; son anale très-longue ; sa ligne latérale droite ; sa peau enduite d’une humeur gluante à laquelle s'attache une assez grande quantité de la vaselimoneuse sur laquelle il aime a se reposer. Le premier rayon de chaque pectorale est osseux , très-fort et dentelé sus suu bord inté- rieur ‘. Les ventrales sont plus éloignées de la tête que la nageoire du dos. La couleur générale de l'animal est d’un vert mêlé de noir, qui s'éclaircit sur les côtés et en- core plus sur la partie inférieure du poisson, et sur lequel sont distribuées des taches noirâtres irrégulières. Les pectorales sont jaunes, ainsi que la dorsale etles ventrales ; ces dernières ont leur extrémité bleuâtre ; et l'extrémité de même que la base des pectorales présentent la même nuance ge bleu foncé. Le savant professeur de Strasbourg, feu mon confrère M. Hermann, rapporte, dans des notes manuscrites qu'il eut la bonté de me faire parvenir peu de moments | avant sa mort, et auxquelles son digne frère M. Frédéric Hermann, ex-législateur et maire de Strasbourg, a bien voulu ajouter quelques ob- servations, que les silures glanis un peu avancés en âge qu'il avait examinés dans les viviers de M. Hirschel, avaient le bord des pectorales peint d’une nuance rouge que l'on ne voyait pas sur celles des individus plus jeunes. L'anale et la nageoire de la queue du glanis { Plusieurs poissons compris dans le genre siure, établi par Linnée, et qui ont à chaque pectorale un rayon dur et dentelé, peuvent, lorsqu'ils étendent cette ngeoire, donner à ce rayon une fxité que l'on ne peut vaincre qu en le dé- tournant, La base de ce rayon est terminée par d ux apo- | physes. Lorsque la pectorale est étendue, l'apouhyse anté- rieure entre dans un trou de la clavicule; le rayon tourne un peusur soa axe; l'apopliyse, qui est recuurbée. s'accroche an bord du trou; ét le rayon ne peut plus être flécln, à moins qu'il ne fasse sur son axe un mouvement en sens contraire du premier. DES POISSOXS. sont communément d'un gris mêlé de jaune, et bordées d'une bande violette. Le silure que nous venons de décrire habite non-seulement dans les eaux douces de l'Europe, mais encore dans celles de l'Asie et de lPAfri- que. On ne l'a trouvé que très-rarement dans la mer; et il paraît qu'on nel'y a vu qu'auprès des rivages voisins de l'embouchure des grands fleuves, hors desquels des accidents particuliers eu des circonstances extraordinaires peuvent l’a- voir quelquefois entraîné. Le professeur Kolpin, de Stettin, écrivait à Bloch, en 1766, qu'onavait pêché un silure de l'espèce que nous examinons, auprès de l'ile de Rügen dans la Baltique. Comme les baleines, les éléphants, les croco- diles, les serpents de quarante ou soixante pieds, et tous les grands animaux , le glanis ne parvient qu'après une longue suite d'années à son entier développement. On pourrait croire cependant , d’après les notes manuscrites de M. Hermann, que, pendant la première jeunesse de ce silure, ce poisson croît avec vitesse, et que ce n’est qu'a- près avoir atteint à une longueur considérable, qu'il grandit avec beaucoup de lenteur, et que son développement s'opère par des degrés très- peu sensibles. On a écrit qu'il en était des mouvements du glanis comme de son accroissement ; qu'il ne na- geait qu'avec peine, et qu'il ne paraissait remuer sa grande masse qu'avec difficulté. La queue de ce silure , et l'anale qui en augmente la sur- face, sont trop longues et conformées d’une ma- 459 mais il ne poursuit pas ses victimes. [l préfère ja ruse à la violence ; il se place en embuseade, il se retire dans des creux , au-dessous des plan- ches, des poteaux et des autres bois pourris qui peuvent border les rivages des fleuves qu'il fré- quente ; il se couvre de limon ; il épie avec pa- tience les poissons dont il veut se nourrir. La couleur obscure de sa peau empêche qu'on ne le distingue aisément au milieu de la vase dans la- quelle il se couche. Ses longs barbillons, aux- quels il donne des mouvements semblables à ceux des vers, attirent les animaux imprudents qu'il cherche à dévorer, et qu'il engloutit d’au- tant plus aisément qu'il tient presque toujours | sa bouche béante, et que l'ouverture de sa gueule nière trop favorable à une natation rapide, pour | qu'on puisse le croire réduit à une maniere de | s’avancer tres-embarrassée et très-lente. Il fau- drait, pour admettre cette sorte de nonchalance et de paresse forcées , supposer que les muscles de cet animal sont extrêmement faibles. et que | s’il a recu une rame très-étendue, il est privé de la force nécessaire pour la remuer avec vi- tesse, et pour l’agiter dans le sens le plus pro- pre à faciliter ses évolutions. La dissection des muscles du glanis n'indique aucune raison d’ad- mettre cette organisation vicieuse. C’est dans son instinct qu'il faut chercher la cause du peu de mouvement qu'il se donne. S'il ne change pas fréquemment et promptement de place, il n’en a pas moins recu les organes nécessaires pour se transporter avec célérité d’un endroit à un autre; mais il n’a ni le besoin, ni par consé- quent la volonté, de faire usage de sa vigueur et de ses instruments de natation. Il vit de proie ; est tournée vers le haut. Il ne quitte que pendant un mois ou deux le fond des rivières où il a établi sa pêche: c’est ordinairement vers le printemps qu'il se montre de temps en temps à la surface de l'eau ; et c’est dans cette même saison qu'il dépose près des rives, ou ses œufs, ou le suc prolifique qui doit les féconder. On a remarqué qu'il n’allait pondre ou arroser ses œufs que vers le milieu de la nuit, soit que cette habitude dépende du soin | d'éviter les embüches qu’on lui tend, ou de la dé- licatessede ses yeux, que la lumière du soleil ble*- serait, pour peu qu'elle füt tropabondante. Cette seconde cause pourrait être d'autant plus la véri- table, que presque tous les animaux qui passent la plus grande partie de leur vie dans des asiles écartés et dans des cavités obscures, ont l'or- gane de la vue très-sensible à l’action de la lu- mière. Les membres du glanis étant arrosés, imbus et profondément pénétrés d’une humeur gluante, peuvent résister plus facilement que ceux de plusieurs autres habitants des eaux, aux coups qui brisent, aux accidents qui écrasent, aux cau- ses qui dessèchent ; et dès-lors on doit voir pour- quoi il est plus difficile de lui faire perdre la vie qu'à beaucoup d’autres poissons ". On a pense que sa sensibilité était extrême- ment émoussée ; on l’a conclu du peu d'agita- tion qu'il éprouvait lorsqu'il était pris, et de l'espèce d'immobilité qu’il montrait souvent dans toutes ses parties, excepté dans ses barbillons. On aurait dû cependant se souvenir que, malgré le besoin qu'il a dese nourir de substances ani- males , il paraît avoir l'instinct social. On voit 4 Discour sur ia nature des poissons, 400 presque toujours deux glanis ensemble; et c’est ordinairement un mâle et une femelle qui vi- vent ainsi l’un auprès de l’autre. Malgré sa grandeur, le glanis femelle ne con- tient qu'un très-petit nombre d'œufs , suivant plusieurs naturalistes ; et si ce fait est bien con- staté, ii méritera d'autant plus l'attention des physiciens, qu’il sera une exception à la pro- portion que la nature semble avoir établie entre la grosseur des poissons et le nombre de leurs œufs !. Bloch rapporte qu’une femelle, qui pe- sait déjà une livre et demie, n'avait dans ses deux ovaires que dix-sept mille trois cents œufs. Lorsque les tempêtes sont assez violentes pour bouleverser toute la masse des eaux dans les- quelles vit le glanis, il quitte sa retraite limo- neuse, et se montre à la surface des fleuves ; néanmoins, Comme ces oragés sont rares, et que d’ailleurs le temps pendant lequel il est attiré vers les rivages est d’une durée assez courte, il est exposé bien peu souvent à se défendre con- tre des poissons voraces assez forts pour oser l’attaquer. Mais les anguilles, les lotes, et d’au- tres poissons beaucoup plus petits, senourrissent deses œufs; et quand il est encore très-jeune, il est quelquefois la proie des grandes grenouilles. Son œsophage et son estomac présentent, dans leur intérieur, des plis assez profonds; et feu Hartmann ? ainsi que le professeur Schneider 5. ont remarqué que cet estomac jouissait d’une ir- ritabilité assez grande, même après la dissec- tion de l'animal , pour offrir pendant longtemps des contractions et des dilatations alternatives. Le canal intestinal est court et replié une seule fois ; le foie gros, la vésicule du fiel longue et remplie d’une liqueur jaune; la vessie natatoire courte, large, et divisée longitudinalement en deux. Vingt côtes sont placées de chaque côté de l’épine du dos, qui est composée de cent dix vertèbres. La chair du glanis est blanche, grasse, douce, agréable au goût, mais mollasse, visqueuse et difficile à digérer. Dans les environs du Volga, dont les eaux nourrissent un très-grand nom- bre d'individus de cette espèce, on fait avec leur vessie natatoire une colle assez bonne, mais à laquelle on préfère cependant celle que donne la vessie natatoire de l’acipensère huso. Sur les + Discours sur la nature des poissons. 3 Mél. de l’acad. des curieux de la nature, déc. 2,an7, p. 80. Synonymie des poissons d'Artedi, etc., p. 170. HISTOIRE NATURELLE bords du Danube, la peau du glanis, séchée ag soleil, a servi, pendant longtemps, de lard aux habitants peu fortunés ; et du temps de Bélon, cette même peau avait été employée à couvri des instruments de musique. Les notes manuscrites du professeur Hermann et de son frère le maire de Strasbourg, nous ont appris que MM. Durr, l’oncle et le neveu, mar- chands poissonniers de cette ville, avaient tâché de naturaliser le glanis dans l’ancienne Alsace. Ils avaient d’abord fait à grands frais plusieurs voyages en Hongrie, pour y chercher dans le Danube plusieurs silures de cette espèce ; ils avaient appris ensuite que des glanis habitent un lac de deux lieues-de tour, situé dans la Souabe, à quelques milles de Doneschingen, à trente ou trente-cinq lieues de Strasbourg, et par consé- quent beaucoup plus près des bords du Rhin que les rives hongroises du Danube. Ce lac se nomme en allemand, Feder-see ; en latin, La- cus plumarius ; en français, lac aux Plumes. Ils en avaient apporté plusieurs de ces silures, qu'on avaitdéjà multipliés dansles étangs de feu le respectable et malheureux Dietrich, au point qu'on y en comptait plus de cinq cents ; mais il ya une douzaine d’années que, lors d'un événe- mentextraordinaire, ces poissons furent enlevés, et il n’en reste plus dans les étangs du dépar- tement du Bas-Rhin. M. Durr le neveu , et son beau-frère M. Hirschel, font toujours venir du Feder-see des glanis, qu’ils vendent à Stras- bourg, ou qu'ils envoient plus loin , et dont les plus petits pèsent ordinairement douze livres ‘. LE SILURE VERRUQUEUX ?, Aspredo verrucosus , Cuv.; Platystacus verrucosus, BI. ; Silurus verrucosus, Lac. 5. ET LE SILURE ASOTE *. Silurus Asotus, Pallas, Lac., Cuv. 5. La tête du verruqueux présente, dans sa par- tie supérieure , un sillon longitudinal, à la suite 416 rayons à la membrane branchiale du silure glanis, 18 à chaque pectorale, 15 à chaque ventrale, 47 à la nageoïre de la queue. 2 Platyste verrue, platyslacus verrucosus. Bloch, pl. 375, fig. 5. s Du genre ASPRÈDE Ou PLATYSTE, famille des Siluroïdes, daos la division des malacoptérygiens abdominaux. Cuv. D. 4 Silure asote. Daubenton et Haüy, Enc. méth. -— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. “ Du sousgenre SILURE, dans le grand genre du même nom, famille des Siluroïdes , division des Malacoptérygiens abdominaux, Cuv. D. DES POISSONS. duquel on voit sur le dos une saillie également longitudinale. 11 n’y a qu’un orifice à chaque narine. Le premier rayon de chaque pectorale est très-dur, très-fort et dentelé. On trouve dans l'Asie l’asote, qui, de même que le verruqueux, a dans le premier rayon de chaque pectorale une sorte de dard dentelé, et dangereux , par sa dureté et sa grosseur , pour les animaux que ce silure attaque , ou qu'il tà- che de repousser. Les dents de ce poisson sont très-nombreuses , et sa nageoire de l'anus s’é- tend jusqu'à celle de la queue ". LE SILURE FOSSILE 2. Silurus fossilis, Linn., Gmel., Bloch, Lac., Cuv.". Bloch avait reçu de Tranquebar un individu de cette espèce. Le dessus de la tête de ce pois- son montrait une fossette longitudinaie. La cou- verture osseuse , qui revétait cette même partie, était terminée par trois pointes. On voyait de petites dents à la partie antérieure du palais, ainsi qu'aux deux mâchoires , qui étaient aussi avancées l’une que l’autre. La langue était courte, épaisse et lisse. La ligne latérale des- cendait jusque vers les ventrales, et s’étendait ensuite directement jusqu'à la nageoire de la queue, dont l’anus était une fois plus éloigné que de la tête. Le premier rayon de chaque pec- torale paraissait très-fort. On pouvait distinguer les muscles de l’animal au travers de sa peau. Sa couleur générale était celle du chocolat ; les nageoires offraient une teinte d’un brun un peu clair, excepté l’anale qui était grise. 4 5rayons à la membrane branchiale du silure verruqueux, 8 à chaque pectorale, 6 à chique ventrale, 10 à la nageoire de la queue. — 16 rayons à la membrane branchiale du silure asote, 44 à chaque pectorale, 15 à chaque ventrale, 16 à la caudäale. 3 Schlammuwels , en allemand. — Muddy silure , en an- glais. — Silure d'étang. Bloch, pl. 570. fig. 2. 5 Du sous-genre SiLURE, dans le grand genre SILURE, fa- mille des Siluroïdes , de la division des Malacoptérygiens abdominaux. D. 461 LE SILURE DEUX-TACHES }, Silurus bimaculatus, Bloch, Lac., Cuv., LE SILURE SCHILDE *, Schilbe mystus, Cuv.; Silurus mystus, Linn., G:ael., Lac. ET LE SILURE UNDECIMAL ;. Silurus undecimalis , Lac. $. Le violet, le jaune et l’argenté concourent à la parure du silure deux-taches. Sa partie su- périeure est d’un violet clair; ses côtés brillent de l’éclat de l’argent ; sa caudale est jaune, avec les deux extrémités du croissant qu’elle forme d’un violet foncé; les autres nageoires sont com- munément variées de jaune et de violet. Ce beau poisson vit dans les lacs et dans les rivières de la côte de Malabar; il fraie pendant l'été; sa chair est d’un goût agréable. Sa tête a moins de largeur que celle de la plu- part des autres silures. Ses dents sont très-for- tes; on en voit un grand nombre de petites sur le palais : mais la langue est lisse. Il y a deux orifices à chaque narine. Les barbillons supé- rieurs sont longs, les inférieurs très-courts et d’une couleur blanchätre. Le premier rayon de chaque pectorale est dur, gros, et dentelé du côté opposé à la tête. La ligne latérale ne mon- tre que de très-légères courbures. Le schilde se plaît dans les eaux du Nil. Qua- : tre de ses barbillons tiennent à la mâchoire su- périeure; les autres quatre sont attachés à celle de dessous. Le premier rayon de chaque pecto- rale est distingué par sa grosseur , par sa force et par sa dentelure. Le silure undécimal, qui habite dans les riviè- res de Surinam, a onze rayons à sa dorsale, à sa nageoire de l’anus et à chacune de ses pectora- les; et ces trois nombres semblables ont indiqué le nom qu’on lui a donné. Une dentelure garnit 1 Sewalei , chez les Tamules, — Silure à deux taches Bloch, pl. 564. ? Du genre et du sous-genre des SILURES, Cuv. D. 5 Schildé ou schilbé, sur les bords du Nil. — Silure schilde. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 96. — « Silurus « schilde niloticus. » Hasselquist, It. 576. 4 Du sous genre SCHILBE , dans le grand genre SILUBE, de la famille des Siluruïdes, division des Malacoptérygiens ab- deminaux. D. 5 Silure ondécimal. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 3, P- 97. #“ M. Cuvier n fait pas mention de cette espèce. D. 462 HISTOIRE NATURELLE chacun des côtés du premier rayon de l'une et | tres-allongée et tres-mobile, est comprimée par de l'autre de ses pectorales ; ses barbillons exté- rieurs ont une longueur égale à celle de son corps ‘. LE SILURE ASPRÈDE ?, Aspredo lævis, Cuv.; Silurus Aspredo, Linn., Gmel., Lac. ; Platystacus lævis, BL 5. ET LE SILURE COTYLÉPHORE :. Aspredo cotylephorus, Cuv. ; Platystaeus cotylephorus, Bi.; Silurus cotylephorus, Lac. 5. On pêche dans les fleuves de l'Amérique, et peut-être dans ceux des grandes Indes, le silure asprède, dont la tête plate, osseuse et couverte d’une membrane, s’élargit beaucoup auprès des pectorales, et présente, dans sa partie supé- rieure, une cavité longitudinale et triangu- laire, qui se termine par une sorte de tube so- lide, prolongé jusqu’à la dorsale. On aperçoit quelques verrues ou petits tubercules sur la tête et sur la poitrine. La mâchoire supérieure est plusavancée que celle de dessous; la langue et le palais sont lisses ; chaque narine a deux orifi- ces ; l'ouverture branchiale est courte et étroite. Les branchies sont petites ; elles sont d’ailleurs garnies de filaments très-peu allongés et distri- bués par touffes très-séparées les unes des autres. Une dentelure hérisse chacun des côtés du pre- mier rayon de chaque pectorale, qui, de plus, réunit beaucoup de force à une grosseur consi- dérable. Le corps proprement dit étant court et l’anale très-longue, l'anus est beaucoup plus près de la tête que de la caudale. Au delà de cet orifice, on voit une ouverture placée à l’extré- mité d'une sorte de petit cylindre. La queue, 112 rayons à la membrane branchiale du silure deux-ta- ches, 44 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 16 à la ra- geoire de la queue. — 40 a la membrane des branchies du silure schilde, 12 à chaque pectorale, 6 à chaque ventral», 20 i la Cauriale, — 11 rayons à chaque pectorale du silure undé- imal, 6 a chaque ventra e, 17 à la nageoire de la queue. 2 Glattie:b, par les Allemands. — Sèmpla eggen, par les Suédois. — Silure aspréde. Danbenton et Haüy, Erc. méth.— /d. Bonn.terre, pl. de l'Enc. méth.—Plaryste lisse. Bloch. — Aspredo. Amænit. acad. 1, p 511, tab. 14, fig. 5. — Séba , Mus. 5, tab, 29, hg. 10. — Aspredo curris 8. Gron. Zooph. # Du genre ASYhÈDE On PLATYSTE, Cov. Famille des Silu- roïdes, divi-ion les M ilacoptéryriens abdominaux. D. 4 Silurus cotyl-phorus.— Telle* trager, Rauher wels, par les Allemands. — Runwe meirval, par les Hollandais. — Platyste cotylephore. Bloch, pl. 372. 5 Du ruémce geure (ASPRELE, que le précédent, selon M, Cu- vier. D. les côtés, de manière à présenter une sorte de tranchant ou de carène longitudinale dans sa partie supérieure. La couleur générale est d’un brun mêlé de violet. Le cotyléphore diffère de l’asprède parles traits suivants, dont le dernier est tres-remarqua- ble, et consiste dans une conformation que l'on n'a encore observée sur aucune autre espèce. Premièrement , il n’a que six barbillons au lieu de huit. Deuxièmement, ses dents sont moins fortes que celles de l’asprède. Troisièmement, toute sa partie supérieure est garnie de petits tubercules qui forment sur la queue huit rangées longitudinales. Quatrièmement, l'os qui de chaque côté repré- sente une clavicule, est divisé en deux par un intervalle que des muscles remplissent. Cinquièmement , le dessous de la gorge, du ventre et d’une portion des nageoires ventrales, est garni de petits corps d’un diamètre à peu près égal à celui des tubercules du dos , arrondis dans leur contour, convexes du côté par lequel ils tiennent au poisson, concaves de l’autre, et assez semblables à une sorte d'entonnoir ou de petite coupe. Presque tous ces petits corps sont suspendus à une tige déliée, flexible, et d'autant plus courte que l’entonnoir est moins dévelop- pé : les autres sont attachés sans aucun pé- doncule au ventre, ou à la gorge, ou aux ventra les de l'animal ‘. Il est bon d'observer que ces appendices ne sont ainsi conformés que dans les cotyléphores adultes ou presque adultes : dans des individus moins âgés, ils sont appli- qués immédiatement à la peau, de manière à ressembler à des taches, ou tout au plus à de légeres élévations; et dans des silures de la mème espèce plus jeunes encore, on n'en aper- coit aucun rudiment. On pourrait croire ces en- tonnoirs susceptibles de se coller, pour ainsi dire, contre différentes substances, et propres, par conséquent, à donner à l'animal un moyen de s'attacher au fond des fleuves, ou dans diver- ses positions nécessaires à ses besoins. Le silure cotyléphore habite dans les eaux des Indes orientales. 4 4rayons à la membrane branchiale du silure asprède, 8 à chique pectorale, 6 à chaque ventrale , 41 à la nageoire de la queue. — 8 rayons à chique pectorale du silure cotylè- phore, 6 à chaque veutrale, 9 à ia caudale DES POISSONS. LE SILURE CHINOIS, Silurus sinensis, Lac., Cuv. ‘. ET LE SILURE HEXADACTYLE. Aspredo hexadactylus, Cuv. ; Silurus hexadactylus, Lac. Les naturalistes n’ont pas encore publié de description de ces deux silures. Nous avons vu une peinture trés-fidèle et très- 465 Le dessus de la tête et du corps est blanc avec des taches noires ; presque tout le reste de la surface de l’animal est noir avec des taches blan- ches , excepté la partie inférieure de la tête, de la queue et du corps, qui est blanchâtre. CENT SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE LES MACROPTÉRONOTES !, bien faite du premier, dans la collection de pein- | £a tête large, déprimée, et couverte de lames grandes et tures chinoises que nous avons souvent citée dans cet ouvrage. La couleur de sa partie supérieure est d’un verdâtre marbré de vert; les côtés et la partie inférieure sont d'un argenté mêlé de nuances vertes. Chaque opercule est composé de deux ou trois pièces presque ovales. Les deux barbillons ont une longueur à peu près égale à celle de la tête. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure. Aucune nageoire ne présente de rayon fort et dentelé. La collection hollandaise déposée dans le Mu- séum d'histoire naturelle renferme un individu très-bien conservé de l'espèce du silure hexadac- tyle. Nous avons tiré le nom spécifique de ce poisson , du nombre de rayons ou doëigls de ses mains, ou nageoires pectorales, lesquels sont au nombre de six, ainsi que ceux de ses nageoi- res ventrales, ou de ses pieds. Les quatre barbillons de la mâchoire d’en bas sont plus courts que les deux de la mâchoire d’en haut. L'ouverture de chaque narine est dou- ble. Les yeux sont petits et rapprochés l’un de l’autre. Indépendamment de plusieurs arêtes ou saillies tuberculées que l’on voit sur la tête etsur le corps, une saillie semblable part de chaque œil; et ces deux arêtes se réunissent au-dessus de la partie supérieure du dos. La tête et le corps sont très-aplatis ; la longueur de ces deux par- ties n’est que le tiers, ou environ, de celle de la queue, qui réunit à cette dimension une confor- mation analosue à celle d’une pyramide à dix faces. Le premier rayon de chaque pectorale est large, aplati et dentelé sur ses deux bords, de telle sorte que les pointes du bord externe sont tournées vers la queue, et celles du bord intérieur dirigées vers la tête. 4 Du genre et du sous-genre SILURE, dans la famille des Siluroïdes ; division des Mala-optérygiensabdominaux. D, 2Du genre ASPRÈDE ou PLATYSTE, dans la famille des Slluroïdes ; division des Malacoptérygiens abdominaux. D. dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l’extré- milé du museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros; la peau enduile d'une mucosilé abondante; une seule nageoire dorsale; celle mageoire très- longue. CARACTÈRES. Huit barhidons: dix rayons à la memb'auees brauchies, s0ixan- te-douze ayou- à la uageotre du do: ; soixanti-neuf à l'anale ; la caudale arrondie, Huit barbillous ; sept rayons à la meubrane de; brauchies ; mo1nS de soixante dix rayons à la na- geoire du d«; mons de cin- quance à celle de l'anus ; la cau- dale arrondie. = Huit barbilons ; la nageoire dor- 5. d , sale , l’anale et la caudale arron- Le, MACBOPTÉRONOTE dres; la couleur bruue et sans ESPÈCES. 4 LE MACKOPTÉRONOTE CHABMUTH. ss LE MACROPTERONOTE GRENOUILLES. SUR E tache». Six barbillons ; la nageoire du dos 4. triangulaire et tres basse, sur- LE MACROPTFRONOTE tout vers la caudale; l'anale HEXACICINNE. | courte; la caudale arrondie; la œuleur brune et saus taches. LE MACROPTÉRONOTE CHARMUTH ?, Heterobranchus Sharmuth, Geoff., Cuv. ; Macroptero- notus Charmutb, Lac.; Silurus Anguillaris, Has- selq. 5. ET LE MACROPTÉRONOTE GRENOUILLER #. Heterobranchus Batrachus Geoff., Cuv.: Macroptero- notus Batrachus, Lac.; Silurus Batrachus, Linn., Gmel. 5. Dans le genre dont nous nous occupons, la nageoire du dos s’étend jusqu'auprès de la cau- 1 M. Cuvier admet ce groupe, sons le nom d'HETÉRO- BRANCUE, comme subdivision du grand genre SILURE. D. 2 Siturecharmuwth. Daubeutou et Hay, Enc. métb. — Jd4, Bou aterre, pl. de l'Euc. méh. — Mus. Ad. Frid, 2, p. 96 GE _, Silurus charmuth nilotieus. » Hasselquist, IL. 571 —Cla- rias. Gron.Zooph. 522, lab. 8, fig. 5 et 4. — Blackfish. Rus- sel, Al p. 75, tab. 12, fig. 1. — « Lampetra indica erythro= phihalmos. » Rai, Pise. 150. — Karmouth. Dessins faits en Égypte par M: cloqguet, qui a bien voulu me les communi- ouer, — Aluby, par plusieurs anciens auteurs qui out écrit % pe mnrmnsx du Nil. ( Lettre que ton collègue, M. Géof- 54 dale, augmente la surface de la queue, et donne par conséquent plus de force à l'instrument principal de la natation de l'animal : il n’est donc pas surprenant qu'on ait remarqué beaucoup de rapidité dans les mouvements du charmuth. Le dessus de la tête de ce macroptéronote présente une multitude de petits mamelons. De huit bar- billons dont il est pourvu, les deux plus longs ‘sont placés chacun à un des angles de la bou- che, les deux plus courts auprès des narines, et les autres quatre sur les bords de la lèvre infé- rieure. La partie supérieure du poisson est d’un brun obscur , et la partie inférieure d’un blanc mêlé de gris. M. Geoffroy écrivait d'Éeypte, le 46 août 1799, à mon savant confrère M. Cu- vier, qu'il avait disséqué le charmuth ; qu'il avait vu au delà des branchies une cavité qui commu niquait avec celle de ces organes; que l'animal pouvait fermer cette cavité; qu'elle contenait un cartilage plat et divisé en plusieurs branches; que la surface de ce cartilage était couverte de nombreuses ramifications de vaisseaux sanguins visibles pendant la vie du poisson; que cet ap- pareil devait être considéré comme une bran- chie supplémentaire ; que, par une conformation un peu analogue à celle des sépies, le système genéral des vaisseaux sanguins comprenait trois | ventricules séparés les uns des autres , que l'on pouvait regarder ces ventricules comme autant de cœurs , ete. : mais tous ces détails vont être éclaircis par la publication des utiles travaux de M. Geoffroy, rendu, après quatre ans d'absence, à sa patrie, à ses amis, à sa famille et à ses col- lègues. Le charmuth habite dans le Nil ; on trouve le grenouiller dans l'Asie et dans l'Afrique. La calotte osseuse qui revêt le dessus de la tête du grenouiller se termine en pointe par der= rière, et montre deux enfoncements. L’anté- rieur est allongé , et l’autre presque rond. Au- tour de chaque angjle de la bouche sont distribués quatre barbillons longs et inégaux. Le palais est rude, la ligne latérale presque droite ; le premier froy, professeur au Muséum d'histoire naturelle, a eu la bonté de m'écrire du Caire.) 5 Du sous-genre HETEROBRANCUE, Cuv.; dans le grand genre SILURE, famille des Siluroïdes, division des Malacopté- rygiens abdominaux. D. 4 Froschwels, par les Alleniands. — Z'oeli, par les Tamu- les. — Silure grenouiller. Bloch, pl. 570, fig. 1. — /d. Dau- benton e! Haüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Du même sous-genre (HÉTÉRGBRANCHE) que le précédent, selon M. Cuvier, daus le grand genre SILURE. D. HISTOIRE NATURELLE rayon de chaque pectorale fort et dentelé; la couleur générale d'un brun mêlé de jaune ‘. LE MACROPTÉRONOTE BRUN, Heterobranchus Batrachus, Cuv. ; Macropteronolus fuscus, Lacep.?. ET LE MACROPTÉRONOTE HEXACICINNE. Heterobranchus hexacicinnus, Cuv. ; Macropteronotus hexacicinnus , Lac. ‘. Nous publions les premiers la description de ces deux espèces , dont les peintures chinoises déposées dans la bibliothèque du Muséum d’his- toire naturelle présentent une image aussi exacte pour les formes que pour les couleurs. Ces deux macroptéronotes vivent dans les eaux de la Chine. Le dessus de la tête du brun est couvert d’une enveloppe dure qui montre par derrière deux échancrures, et se termine en pointe. Le premier rayon de chaque pectoraie est long, dur, un peu gros, mais Sans dentelure. On distingue une partie des muscles du corps et de la queue ,autravers dela peau. Les ventrales sont petites et arrondies. Un grand barbillon est attaché à chaque angle de la bouche; les autres six sont moins longs , et situés deux auprès des parines, et quatre sur la mâchoire inférieure. L'iris est couleur d’or. Le nom de l’hexacicinne désigne les six bar- billons du second de ces macroptéronotes chi- nois. Ce poisson ne diffère du premier que par les traits indiqués sur le tableau générique, et vraisemblablement par ses dimensions que nous croyons inférieures à celles du brun. 1 40 rayons à chaque pectorale du macroptéronote char- muth, 6 ou 7 à chaque ventrale, 21 à la nageoïire de la queue. — 8 rayons à chaque pectorale du macroptéronote grenouiller, 67 à la nageoire du dos, 6 à chaque ventrale, 43 à la nageoire de l'anus, 16 à la caudale. 2.5 Ces deux poissons appartiennent au sous-genre HETÉRO- BRANCHE de M. Cuvier, dans le grand genre SILUBE. Le pre- mier ne parait être qu'une variété du Macroptéronote gre- nouiller de l'article précédent. D. DES POISSONS. CENT SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. LES MALAPTÉRURES !. La its déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduile d'une muco- silé abondante; une seule nageoire dorsale; celle nageoïire adipeuse, et placée assez près de la caudale. CARACTÈRES. Deux barbillons à la machoire su- périeure ; quatre barbillons iné- gaux à la mâchoire inférieure; douze rayons a la nageoire de l'anus; la Caudale arrondie. ESPÈCE. LE MALAPTERURE ÉLEC- | TRIQUE. LE MALAPTÉRURE ÉLECTRIQUE 2. Malapterurus electricus, Lac., Cuv.; Silurus electricus Lion., Gmel. *. Ce nom d'Électrique rappelle la propriété re- marquable que nous avons déjà reconnue dans les quatre espèces de poissons , dans la raie tor- pille et dans le tétrodon , le gymnote et le tri- chiure, désignés par la même dénomination spé- cifique que le malaptérure de cet article. Cette propriété, observée avec soin dans ces différents animaux , pourra servir beaucoup aux progrès dela théorie des phénomènes galvaniques, aux- quels elle appartient de très-près ; nous ne sau- rions assez inviter les voyageurs instruits à s’oc- cuper de l'examen de cette force départie aux cinq poissons électriques , et qui paraît si diffé- rente de la plupart de celles que possèdent les êtres organisés et vivants ; et nous attendons avec beaucoup d’impatience la publication des recherches faites en Égypte par M. Geoffroy, sur le malaptérure que nous décrivons. Nous savons déjà par ce professeur * que ce malaptérure est recouvert d’une couche épaisse de graisse. Ce fait doit être rapproché de ce que nous avons indiqué au sujet des poissons qui ont la faculté d’engourdir, dans le premier Discours sur cette Histoire, dans l’article de la torpille, et dans celui du gymnote électrique. 4.5 M. Cuvier conserve ce genre et le place dans la famille des Siluroïdes, qui appartient à la division des Malacoptéry- giens abdominaux. D. 2 Typhinos des anciens auteurs, suivant M. Geoffroy. Lettre adressée du Caire à M. Lacépède. — Forskael, Fauu. Arab., p. 15, n. 1. — Broussonnet, Acad. des sc., 1782, p. 692; et Journal de phys., t. 27, p. 145. — Verhandeling over den beefvisch, eene weinig bekende soort van electr, visch. — Algem. Geneesk. jaarboek, t. 4, p. 24. —Silure trembleur. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 Lettre écrite du Caire, le 29 thermidor de l'an 7 (16 sep- tembre 1799), par M. Geoffroy à M. Cuvier. II. 465 Le malaptérure dont nous traitons ne se trouve pas seulement dans le Nil : il vit aussi dans d’autres fleuves d'Afrique. 11 y représente le tétrodon et le trichure engourdissant de l’A- sie, le gymnote torporifique de l'Amérique, et la torpille de l'Europe. Il y parvient à une lon gueur de plus d’un pied et demi. Son corps est aplati comme sa tête. Ses yeux, très-peu gros, sont recouverts par la membrane la plus exté- rieure de son tégument général, laquelle s'étend comme un voile transparent au-dessus de ces organes. Chaque narine a deux orifices. Sa cou- leur grisâtre est relevée par quelques taches noi- res ou foncées que l’on voit sur sa queue '. CENT SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. LES PIMÉLODES ?. La tête déprimée et couverte de iames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau ; des barbillons aux mâchoires ; le corps gras, la peau du corps et la queue enduile d’une mucosite abondante; deux nageoires dorsales; la seconde adi- peuse. PREMIER SOUS- GENRE. La nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croïs- sant. CARACTÈRES. Quatre barbillons aux mâchoires; le premier rayon de chaque pec- torale et celui de la première nageoire du dos, garuis d'un très-long filament ; huit rayons à la première dorsale ; vingt-qua- tre à la nageoire de l'anus. Six barbillons aux mâchoires ; hait rayous à la première nageoire du dos; vingt-trois à celle de l'anus. / Six barbillons aux mâchoires; les — deux barbillons des angles de la / ESPÈCES. LE PIMÉLODE BAGBE. 2. LE PIMÉLODE CHAT bouche d'une longueur égale, ou à pen près, à la longueur totale de l'animal; buit rayous à la pre- uiere dorsale ; onze rayons à la nageoire de l'anus. Six barbillons aux mâchoires; la longueur de la tête egale, ou presque égale, au tiers de la lon- gueur totale du poisson; sept rayons à la première nageoire du dus ; quatorze à l'anale; des ban- des transversales, six barbillons très-longs aux mâ- choires; neuf rayons à la pre- mière nageoire du dos ; dix-buit rayons à l'anale. LE PIMÉLODE SCHEILAN. LE PAS BARRE, LE Sn ASCITE. 46 rayons à la membrane branchiale du malaptérure élec- trique, 9 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 18 à la nageoire de la queue. 3 M. Cuvier admet, sous le nom de MACHOIRANS (Mystus), un grand sous-genre de Silures, qui comprend les Pirmélodes et les Doras de M. de Lacépède, Nous considérons les Pimés lodes comme formant un sous-senre particulier. D) 266 ESPÈCES. 6. Lu PIMÉLODE ARGENTÉ. 7e L& PIMÉLODE NOEUD. LE PIMÉLODE QUATRE- TACHES. 9. LE PIMÉLODE BAREBU. 10. LE PIMÉLODE TACUETE ti. LE PIMÉLODE BLEUATLE 42, LE PIMÉLODE DOIGT- DE NÈGRE. 15. La PIMÉLODE COMMER SONNIEN. 14. LE PIMÉLODE TEUN- BERG. 15. LE PIMÉLODE MATOU. 16. LE PIMÉLODE COUS. 17. LE PIMÉLODE DOCMAC. 18. LE PIMBLODE BAJAD, | \ | | | | | | N { / | | 4 HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la premiere dorsale ; treize rayons à la nagevire de l'anus; la couleur générale ar- geutée. Six barbillons aux mâchoires ; cinq rayons à la première nageoire du dos; vingt rayons à celle de l'a- nus ; Un nœud ou uue tubérosité à la racine du premier rayon de la dorsale. Six bairbillons aux mâchoires; sept rayous à La première nageoire du dos; l'adipeuse très - longue ; neuf rayons à l'anale ; quatre ta- ches grandes, ronde, et rangées longiludinalement de chaque côié du porssou. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la première dorsale ; dix-sept rayons à la nagroire de l'aous ; le lobe supérieur de la caudale plus lonz que l'infé- rieur. Six barbillons aux mächoires ; sept rayous à la premiere dorsale; ouze rayous à |'analr; Le lobe su- Lérieur de la queue p uslong que l'inférieur; la cguleur géné: ale d'uu bleu soré; deux rangées longitudinales de taches noires de chaque côte de l'animal. Six barbilions aux mächoires; cinq ou Six rayons à la première Hiä- geoire du dos; huit rayons à cha- que ventral-; vingt rayons à la nageuire de l'anus; les deux pre- nuiers rayous de cétte uageoire plus longs que les autres, et réu- Bis à Un appeniice membraueux, filiforme. et plus allongé que ces rayous; la couleur géuérale Lbieuä- tre. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la première nagerire du dos; le p'enuer de ces rayons fort et court; le second, loug et dentelé; six rayons à la nazeoire de laous; le preuier rayon de chaque pect-rale dentiié des deux côtés; la Caudule en crois- sant; pr sque loutes les n gevires d'uve coul ur foncee. Six barbillons aux mà haires; sept rayons à la première nageoire du dus ; le preuner de ces rayons dentelé des deux côtés ; poiut de rayon dentelé ax pectorales ; la ligue latérale droite, Six barbillons aux mâchoires; un rayon aiguillonsé et six rayons atticules à la première dorsale; vingl-deux rayons à la nageoire de l'auu-; une tache uoire sur la nageoire adipeu e. Huit barbilions aux tnâchoires; six rayons à la premièe dorsale; vingt à l'anale. Huit barbillins aux mächoires ; cinq rayons à la premiere na- geolre du dos: huit rayous à celle de l'anus; la seconde nageoire du dos ovale. Huit barbillons aux mâchoires; dix rayons à la première doicale; dix rayons à l'auale; deux rayons à là membrane des branchies, Huit barbillous aux mächoires: dix rayous a la première n'geoire du dos ; douze rayons à l'auale ; la uageoire adipeuse. longue; cing rayons à la membrane desbrau- chies. ESPÈCES. CABACTÈRES. Huit barbillons aux mâ-hoires; huit rayons à la première nageoire du 19. dos; neuf rayons à ceite de l'a- LE PIMÉLODE ERY- nus ; la nageoire adipeuse, lon- TULOPTÈLE. gue; tes deux lobes «de la caudale trés-allongés ; les nageoires rou- \ es. Huit barbillons aux mâchoires; cinq 20 | rayons à la première dorsale ; six TE rayons à chaque pectorile. LE PIMÉLODE BAIE six à celle de l'auns: une raie lon- D ARGENT. | gitudina’e et argeutce de chaque côté du poisson. Huit barbillons anx mârhoires ; ueuf rayons à la premiere na- 21. geoire du do-:six rayons àchagne pectorale, huit à l'anale; nue raie longitudinale jauae et bordée de bleu. Huit barbillons aux mâchoires: dix rayons à la premiere dorsale; l'auale tréscourte el arrondie: l'adipeuse longue el arro dir; les LE PIMÉLODE RAYÉ. 22. principaux muscles latéraux vi- LE PIMÉLODE MOU- sibles au Lravers de la peau. point CHÉTE. d'aiguillon deutele à la première nigcoire du dos; de ptites ta- ches noirätres , sernérs irrégn- hèrement sur presque toutes les parties de l'animal, SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue terminée par une ligne droite, ow arrondie el sans échancrure. Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à la prentiere «iorsale; vingt-quatre rayons à la nageoire de l'anus; la caudale arrondie; la tête couverte d'une plaque os- sense, ciselée el découpée. Quatre barbillons aux mächoires ; sept rayons à la prennére na- geoire du dos; onze rayons à cell» de l'anus; la caudale lan- céolée. 25. LE PIMÉLODZ CASQUÉ. 24. LE PIMELODE CHILI. LE PIMÉLODE BAGRE !, Pimelodus Bagre, Lac., Cuv.; Silurus Bagre, BI. ?. LE PIMÉLODE CHAT ÿ, Pimelodus Felis, Lac. ; Silurus Felis, Linn., Gmel. *. LE PIMÉLODE SCHEILAN ÿ, Synodontis Clarias, Cuv.; Pimelodus Clarias, Lac ; Silurus Clarias, Bloch 6. ET LE PIMÉLODE BARRÉ ‘. Pimelodus fasciatus, Cuv.; Silurus fasciatus, Bl., Lac. *. Les grandes rivières du Brésil et celles de 'A- mérique septentrionale nourrissent le bagre, qui 4 Meerwels, par les Allemands. — Salhwater kalfish, par les Auglais de l'Amérique sept. — Coco, à Cayenne. — Gui- raguacu. par les Brasiliens. — Silure bagre. Dauhenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, — Bioch. pl. 363.-— Gronov. Zooph., 5X2.—Willushby, Tehth., tab H.7, fig. b. — Bagra lertia Raï, Pisc., pr. 82, n. 5. à 3 Le bugre forme, pour M. Cuvier, le {ype d'une petite subdivision des Pimélodes, qui entrent eux mêmes dans la DES POISSONS. parvient à une longueur considérable, mais dont la chair est ordinairement peu agréable au goût. On voit sur sa tête une cavité allongée ; chaque narine a deux orifices; la mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut ; le devant du palais est rude, mais la langue est lisse. Les barbillons si- tués au coin de la bouche sont plats et très- longs. La ligne latérale est droite ; une forte den- telure garnit le bord extérieur du premier rayon de la première nageoire du dos, etles deux côtés de chaque pectorale. La partie supérieure de l’a- nimal est bleue ; l’inférieure argentée; et la base des nageoires, rougeâtre. Les couleurs et la patrie du pimélode chat sont presque les mêmes que celles du bagre. On pêche le scheilan dans les eaux douces du Brésil et dans celles de Surinam; mais on le trouve aussi dans le Nil. Il a la mâchoire supé- rieure plus avancée que celle d'en bas; ces deux mâchoires hérissées , ainsi que le palais, de dents petites et pointues ; les yeux grands et ovales; la prunelle allongée dans le sens ver- tical ; deux petits sillons entre les yeux; la nu- que et le devant du dos, couverts de plaques très-dures et osseuses ; la ligne latérale courbée vers le bas ; l'os qui représente la clavicule, sou- tenu par une pièce osseuse et triangulaire; le premier rayon de chaque pectorale , de la pre- mière nageoire du dos, et quelquefois de cha- que ventrale, osseux, très-fort, dentelé d’un ou de deux côtés , et propre à faire des blessures dangereuses à cause des déchirements qu’il peut produire dans les muscles et jusque dans le pé- rioste ; l’anale et la nageoire adipeuse échan- composition du sous-genre MACHOIRAN, de son grand genre SILURE. D. 5 Machoiran blanc, Passani, Petite gueule, à Cayenne. — Silure chat. Danbenton et Haüy, Enc. méth.— /d. Bon- paterre, pl. de l'Enc. méih. 4 Espèce non mentionnée par M, Cuvier, D, 5Langbard, en Allemagne. — Zœngstrimad taudjægy, en Suède. — Silure scheilan. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 4. p. 75;et 2, p.98 *.— It. Scan. 82. — Gronov. Mus. 1, n. 85, p, 54; Zooph., n. 584, p.125, — Hasselquist, It, 569.— Barbarin. Bloch, pl. 55, fig. 1*. # De la subdivision des Pimélodes appelés Schals (Syno- dontis, Cuv ) faisant partie du sous-genre MACHOIRAN, dans le grand genre SILURE. D. T Silure barré. Davbenton et Haüy. Enc. méth.— /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 366. — Séba, Mus.5, p. 84, tab. 19, fig. 6. — Gronov. Zooph. 586. * Le Piméloue barré, Lac., est de la subdivis'on des Pimé- lodes nonmés Bagres par M. Gnvier. 11 appartient consé- quemment au sous-senre MACHOIRAN , dans le grand genre SILURE. D. * Cette figure est citée ici à tort ;elle se rapporte à un autre Pimé- e. D. a 467 crées du côté de la caudale, dont la pointe su- périeure est plus longue que l'inférieure; la couleur générale d’un gris noir ; le ventre d’un gris blanc ‘. Le barré vit à Surinam, comme le scheilan. Le haut dela tête sillonné; lamâchoire supérieure plus allongée que celle d'en bas; la langue lisse et courte; le palais rude; l’orifice unique de chaque narine; les bandes transversales grises, jaunes et brunes; la blancheur du ventre, le rougeâtre des pectorales, le bleuâtre et les taches brunes des autres nageoires; tels sont les traits du pimélode barré, qu'il ne faut pas négliger de connaître *. LE PIMÉLODE ASCITES, Siurus Ascila, Linn., Gmel; Pimelodus Ascita, Lac. t, Le Pimélode argenté 5, Pimelodus argenteus , Lac.; Silurus Hertzhbergii, Bloch ; Pimelodus Hertzbergii ? Cuv. 4. — P. nœud 7, Pimelodus nodosus, Lac ; Silurus nodosus, BI.8, — P. quatre-laches*, Pimelodus quadrimaculatus , Lac., Cuv.; Silurus quadrimaculatus, B1. 40, — P, barbu #4, Pi- melodus Barbus, Lac. 17, — P. tacheté 1%, Pimelodus ma- culatus, Lacep , Cuv. #4. — P. bleuälre, Pimelodus cæru- lescens. Lac. {5, — P. doist-de-nègre, Pimelodus nigrodi- gitatus, Lac., Cuv. {#, — P, Commersonnien , Pimelodus Commersounii, Lac. 7, Nous avons déjà observé très-souvent que plusieurs poissons cartilagineux ou osseux, tels 4 6 rayons à la membrane des branchies du pimélode bagre, 12 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 18 à la nageoire de la queue.—5 rayons à la membrane des branchies du pimé- lode chat, 41 à chaque pectorale, 6 à chaqne veutrale, 31 à la caudale. 3 6 rayons à la membrane des branchies du pimélode scheilan, 7 à chaque pectorale, 7 à chaque ventrale, 18 à la nageoire de la queue. — 142 rayons à la membrane des bran- chies du pimélode barré, 12 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 14 à la caudale. 5 Mus. Adolph. Fr. 4 p.79. tab. 50, fig, 2. — Bloch, pl. 53, fig. 5,7. — Silure ascile. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 M Cuvier remarque que le Pimélode ascite n'est qu'un Pimélote ordinaire. sortant de l'œuf, et dont le jaune n'est pas encore tout à fait rentré dans l'abdomen. D. 5Silurus Hertsbergii. Bloch, pl. 567. 6Mentionné par M.Cuvier, comme appartenant au sous- genre PIMELODE, dans le grand genre SILURE, famille des Malacoptérygiens abdominaux siluroïles, D, T Silurus nodosus. Bloch, pl. 568, fig. 4. 8 Nou mevtionné par M. Cuvier. D. 9 Silurus quadrimaculatus. Bloch, pl. 568, fig. 2. 40 Du sous-genre PIMELODE, dans le grand grnre SILURE, Cuv. D. 41 Barbue, par les matelots français, — « Silnrus:pinnâ « dorsi primä ossiculorum octo, civris labialibus sex, candæ « lobo superiori elongato, etc. » Commerson, manueerits déjà cités. 42 Non mentionné par M. Cuvier. D. 458 que les raies, les squales, les blennies, ete., étaient ovovivipares, c’est-à-dire, provenaient d’un œuf éclos dans le ventre de la mère. Nous avons remarqué aussi que les syngnathes se dé- veloppaient d’une manière intermédiaire entre celle des ovovivipares et celle des ovipares. Leurs œufs, en effet, n’éclosent pas dans le ventre de la femelle; mais lorsque les petits syn- gnathes en sortent, ces œufs sontencore dansune sorte de rainure longitudinale qui se forme au- dessous de la queue de la mère, et où ils sont retenus par une membrane que les fœtus dé- chirent pour venir à la lumière. Une génération différente, à plusieurs égards, de celle des syngnathes, mais quis’en rapproche néanmoins, et qui tient également le milieu entre celle des ovovivipares et celle des ovipares, a été obser- vée dans les ascites. Leurs œufs n'éclosent, pour ainsi dire, ni tout à fait dans le corps, ni tout à fait hors du corps de la femelle; et nous allons voir comment se passe ce phénomène remarquable qui confirme plusieurs des idées exposées dans nos différents Discours sur les poissons. Les œufs de l’ascite deviennent très-gros à proportion de la grandeur de l’animal adulte. A mesure qu'ils se développent, le ventre se gonfle; la peau qui recouvre cet organe s'étend, s’amincit, et enfin se déchire longitudinalement. Les œufs détachés de l'ovaire parviennent jus- qu'à l'ouverture du ventre; le plus avancé de ces œufs se fend à l'endroit qui répond à la tête de l'embryon; la membrane qui en forme l’en- veloppe se retire; et l’on aperçoit le jeune animal recourbé et attaché sur le jaune par une sorte de cordon ombilical, composé de plusieurs vaisseaux. Dans cette position, l'embryon peut mouvoir quelques-unes de ses parties : mais il ne peut se séparer du corps de la mère que lors- que le jaune, dont il tire sa nourriture, est assez diminué pour passer au travers de la déchirure longitudinale du ventre; le jeune poisson s'éloigne alors, entraînant avec lui ce qui reste de jaune, et s’en nourrissant encore pen- dant un temps plus ou moins long. Un nouvel 45 « Silurus corpore maculoso, cirris quatuor in mandibulà « inferiore : duobus in superiore , ultra pinnam dorsi secun- « dam productis, » Commerson, manuscrits déjà cités. 44 Du sous-genre PIMÉLODE, dans le grand genre SILURE, Cuy. D. 45 Non mentionné par M. Cuvier. D, ‘* Du sous-genre PIMÉLODE , dans le grand genre SILURE, Cuv. D. 47 Non cité par M. Cuvier. D. HISTOIRE NATURELLE œuf prend la place de celui qui vient de sortir ; et lorsque tous les œufs se sont ainsi succédé, et que tous les petits sont éclos, le ventre se re- ferme, les deux côtés de la fente se réunissent, et cette sorte de blessure disparaît jusqu’à la ponte suivante. Des six barbillons que présente l’ascite, deux sont placés à la mâchoire supérieure, et quatre à l'inférieure. Le premier rayon de la première nageoire du dos et celui de chaque pectorale sont durs et pointus. Il paraït que l’ascite a été pêché dans les deux Indes. A l'égard de l’Argenté, on l’a recu de Suri- nam. Ce pimélode a l'ouverture de la bouche petite, les mâchoires aussi longues l’une que l'autre, et hérissées de très-petites dents, comme le palais ; la langue lisse et courte; un seul ori- fice à chaque narine; quatre barbillons à l’ex- trémité de la mâchoire inférieure ; un barbillon à chaque coin de la gueule; la ligne latérale pres- que droite, et garnie, sur chacun de ses côtés, de plusieurs petites lignes tortueuses ; le premier rayon de la première dorsale dentelé à son bord extérieur ; le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses deux bords; le dos brunâtre; et les nageoires variées de jaune. Les eaux de Tranquebar nourrissent le pimé- lode Nœud. Nous devons indiquer les petits sil- lons qui divisent en lames I couverture osseuse de sa tête, le double orifice de chacune de ses narines, l’appendice triangulaire qui termine chaque clavicule, la dentelure que montre le bord intérieur du premier rayon de chaque pecto- rale et de la première nageoire du dos, la direc- tion dela ligne latérale qui estondée, le bleu du dos et de la nageoire de l’anus, la couleur brune des autresnageoires, l’argenté des côtés et du ventre. Que l’on remarque dans le pimélode Quatre- Taches, qui vit en Amérique, l’égal avance- ment des deux mâchoires; le nombre et la petitesse des dents qui les hérissent et qui garnissent le palais; la langue lisse; l’orifice unique de chaque narine; la longueur des bar- billons placés au coin de la bouche; la dentelure du premier rayon de chaque pectorale; le brun nuancé de violet qui règne sur le dos; le gris du ventre; le jaunâtre des nageoires ; les taches de la première dorsale, dont la base est jaune, et l'extrémité bleuâtre. Les cinq pimélodes dont nous allons parler i dans cet article, n’ont encore été décrits dans DES POISSONS. aucun ouvrage d'histoire naturelle. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une notice très-étendue sur les deux premiers de ces quatre poissons, et un dessin du cin- quième. La couleur générale du Barbu est d’un bleu plus ou moins foncé ou plus ou moins sembla- ble à la couleur du plomb; la partie inférieure de l’animal est d’un blanc argenté; les côtés réfléchissent quelquefois l'éclat de l'or, quel- ques nageoires présentent des teintes d’incarnat. La couverture osseuse de la tête est comme ci- selée, et relevée par des raies distribuées en rayons; la mâchoire supérieure dépasse et em- brasse l’inférieure; de petites dents hérissent l’une et l’autre, ainsi que deux croissants osseux situés dans la partie antérieure du palais, et deux tu- bercules placés auprès du gosier; la langue est très-large, unie, cartilagineuse, dure, et attachée dans tout son contour ; chaque narine a deux orifices, et l’orifice postérieur, qui est le plus grand, est fermé par une petite valvule que le barbu peut relever à volonté; une carène osseuse et aiguë s’étend depuis l’occiput jusqu’à la première dorsale ; la ligne latérale est à peine visible ; le ventre est gros , et devient très-gonflé et comme pendant, lorsque l’animal a pris une quantité de nourriture un peu considérable. Le premier rayon de chaque pectorale et de la pre- mière nageoire du dos estdentelé de deux côtés, très-fort, et assez piquant pour faire des bles- sures très-douloureuses, graves et si profondes, qu’elles présentent des phénomènes semblables à ceux des plaies empoisonnées. La nageoire adipeuse est plus ferme que son nom ne l'in- dique, et sa nature est à demi cartilagineuse. On aperçoit au delà de l'ouverture de l'anus un se- condorifice destiné vraisemblablement à la sortie de la laite ou des œufs. Le foie est rougeâtre; très-grand, et divisé en plusieurs lobes ; l’esto- mac dénué de cæcums ou d’appendices ; le canal intestinal replié plusieurs fois ; la vessie natatoire attachée au-dessous du dos, entourée de graisse, et séparée en quatre loges. Le goût de la chair du barbu est exquis ; on le prend à la ligne ainsi qu’au filet. Lorsqu'on le tourmente ou l’effraie, il fait entendre une sorte de murmure, ou plutôt de bruissement. Ïl habite dans les eaux de l'Amérique méridio- nale. Le pimélode tacheté a été vu dans les mêmes contrées. Il vit particulièrement dans le grand 469 fleuve de la Plata, et il a été observé à Buénos- Ayres, ainsi qu’à la Encénada. Le tégument os- seux de sa tête est relevé par des points et des ciselures, il montre un petit sillon entre les yeux, ets’étend par un appendice jusqu’à la première nageoire du dos. La mâchoire supérieure est plus longue que celle de dessous. Les deux bar- billons attachés à cette même mâchoire d’en haut sont beaucoup plus longs que les autres. Der- rière chacun des opercules, qui sont rayonnés, deux prolongations osseuses s'étendent vers la queue. Le premier rayon de chaque pectorale de la première nageoire du dos, et la nageoire adipeuse, ressemblent beaucoup à ceux du bar- bu. La ligne latérale suit la courbure du dos. Le bleuâtre, dont M. Leblond nous a envoyé un individu de Cayenne, a beaucoup de rapports avec le pimélode chat. De ses six barbillons, deux appartiennent à la mâchoire d’en haut, et deux à celle d'en bas. Le premier rayon de la première dorsale et celui de chacune des pecto- rales sont dentelés. Le Doigl-de-nègre tire son nom de la couleur des rayons de ses pectorales et de ses ventrales, rayons que l'on a pu comparer à des doigts. Le premier rayon de chaque pectorale a ses deux dentelures dirigées en sens contraire l’une de l’autre. Plusieurs plaques osseuses garantissent le dessus de la tête. Celle qui couvre l’occiput est carénée, pointue par derrière, et se réunit avec la pointe d’une autre plaque triangulaire, composée de plusieurs pièces, et dont la base embrasse l’aiguillon dentelé du dos. Il paraît quele Doigt-de-nègre parvient à une grandeur considérable. La collection du Muséum d'his- toire naturelle en renferme un individu !. Le commersonnien a deux orifices à chaque narine, et les deux dorsales triangulaires. Le dessus de sa tête est dénué de grandes plaques 115 rayons à chaque pectorale du pimélode ascite, 6 à chaque venträale, 18 à la nageoire de la queüe. — 6 à la meim- brane branchiale du pimélode argenté, 10 à chaque pectorale, 8 àchaque ventrale, 16 àla caudale.—5 rayons à la membraue des branchies du pimélode nœud, 7 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 20 à la nageoire de la queue. — 5 rayons à la membrane des branchies du pimélode quatre-taches, 7 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 19 à la caudale. — 5 rayons à :a membrane branchiale du pimélode barbu, 123 chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 45 à la nageoire de la queue. — 6 rayons à la membrane branchiale du pimélode tacheté, 9 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale , 46 à la caudale. — 7 rayons à chaque pectorale du pimélode bleud- tre, 17 à la nageoire de la queue. — 10 rayons à chaque pec- torale du pimélode doigt-de-nègre , 6 à chaque ventrale, 29 à la caudale. 470 osseuses. Ïl ne montre ni taches, ni bandes, ni raies. LE PIMÉLODE THUNBERG !. Pimelodus Thunberg, Lacep. :. La mâchoire supérieure de ce pimélode est plus avancée que l’inférieure ; elle montre deux barbillons, et l’inférieurequatre : l’une et l’autre sont garnies de dents nombreuses, mais plus petites que celles qui hérissent le palais. Chaque opercule présente un aiguillon. Le premier rayon de la première dorsale, et celui de chaque pectorale, sont forts et dentelés. Thunberg a vu ce pimélode dans les mers des Indes orientales 5. LE PIMÉLODE MATOU , Pimelodus Catus, Lac., Cuv.; Silurus Catus, Linn.®. Le Pimelode Cous 5, Pimelodus Cons, Lacep.; Silurus Cous, Linn.7.— P, Docmac *, Pimelodus Doemac , Lac., Cuv.; Silurus Doemac , Lion, *. — P. Bajad {°, Pimelodus Ba- jad., Lac., Cuv ; Silurus Bajad, Lino , Gmel. #4. —P. Éry- throptére{?, Pimelodu: erythropterus, Lac., Cuv.; Silurns ervthropterus, B'och 45, — P, raie d'argent 1, Pimelodus atherinoïdes, Lac.; Siturus atherinoides, BL. 5.—P, rayés, Pim-lodus vittatus, Lac.; Silurus vittatus, Bloch 47, — P, moucheté, Pimtlodus guttatus, Lac. {#. L'Amérique et l’Asie nourrissent le matou, { Silurus maculatus. Thunberg. 3 M. Cuvier ne cite pas cette espèce. D. 5 { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque pec- torale du pimélode thunberg, 6 rayons à chaque ventrale, 24 à la nageoïire de la queue. 4 Siure malou. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Jd. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — « Bagre spec. sec, » Marcg. Brasil, p.173. — Cate-by, Carol. 2, p. 25, tab. 25. 5 Du sous-cenre PIMÉLODE, dans le grand genre SILURE, Cuv. D. 5 Silure cous. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bon- naterre, pl. de l'Enc. méh — Gronov. Zoouh., p. 587, tab. 8, fig. 7. — Mystus. Russel; Alep 76, tab. 15, fig. 2. 7 Non mentionné par M.Cuvier, D. Forskarl, Faun Arab., p. 65, n. 94, — Silure Gogmak. Bonnaterre, pl, de l'Enc. meth. * Du sous-genre PIMELODE, dans le grand geure SILURE, selon M. Cuvier. D, 10 Bayaite, en Égypte, suivant M. Cloquet.—Silure bajad, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Forskæel, Faun. Arab., p. 66, n. 95. 4 Du sous-genre PIMÉLODE, dans le grand genre SILURE, Cr. 1D° 1 Bloch, pl. 569, tig. 2. 3 Du sous-genre PIMELODE, dans le genre SILURE, Cuv. D. #4 Bloch, pl. 574. fig. 1. 4 Nou mentionué par M. Cuvier. D. 4# Bloch, pl. 371, fig. 2. 4T Non cité par M. Cuvier. D. *8 Non mentionné par M.Cuvier. D. HISTOIRE NATURELLE dont le dos est d’une couleur obscure et noirâtre, et qui parvient souvent à la longueur de trois pieds ou trois pieds et demi. La Syrie est la patrie du cous, qui y vit dans l’eau douce, qui a la mâchoire inférieure plus courte que celle d’en haut, des &ents très-petites, un orifice double à chaque narine, et dont le dos est d’un blanc ar- gentin marbré de taches cendrées. On trouve dans le Nil, et particulièrement auprès du Delta, le doemac et le bajad. Le pre- mier est grisâtre par-dessus, blanchâtre par-des- sous, et quelquefois long de plusde quatre pieds. Ses barbillons sont inégaux et très-allongés ; sa ligne latérale est droite; le premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, est osseux et dentelé par derrière. Le bajad est bleuâtre ou d’un vert de mer. Il a une fossette au-devant de chaque œil; la mâ- choire supérieure plus longue que l’inférieure, et armée d’un arc ‘ouble de dents très-serrées ; les barbilions extérieurs de la lèvre d’en haut très-allongés; la ligne latérale courbée vers le bas, auprès de son origine, et ensuite très- droite ; un aiguillon très-fort caché sous la peau, et placé auprès de chaque pectorale, qui pré- sente une nuance rousse, ainsi que toutes les autres nageoires, excepté l’adipeuse. Observez dans l’érythroptère d'Amérique légale prolongation des deux mâchoires; la grande longueur des barbillons des coins de la bouche ; la rudesse du palais; la brièveté de la langue, qui est cartilagineuse et lisse; la direc- tion de la ligne latérale, qui est ordinairement droite ; la dentelure du bord intérieur du premier rayon de chaque pectorale et de la premièra dorsale; le brunâtre du dos ainsi que des côtés, et la couleur grise du ventre; Dans le pimélode raie d'argent, que l’on a dé- couvert dans les eaux douces de Malabar, légale longueur des deux mâchoires; la petitesse de leurs dents; les dimensions de celles du palais; le double orifice de chaque narine; la position de l'anus plus rapproché de la tête que de la caudale; lerayon dentelé dans son côté intérieur, que l’on voit à la première dorsale et à chaque pectorale; la couleur générale qui est d’un brun clair; l'éclat argentin du dessous du corps de l'animal ; Dans le rayé de Tranquebar, le châtain de sa couleur générale, le cendré du ventre, les six pointes qui terminent la couverture osseuse de la tête, la longueur égale des deux mâchoires, DES POISSONS. les dents arquées du palais, la surface unie de la langue, les deux orifices de chaque narine, la dentelure intérieure du premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, la direction très-droite de la ligne la- térale ‘. A l’écard du moucheté, dont on peut voir une figure très-exacte dans la collection de peintures chinoises dont nous avons parlé très-souvent, ajoutons à ce qu'indique de ce pimélode le ta- bleau générique, que sa mâchoire d'en haut est plus avancée que celle d’en bas, et que chaque pectorale a son premier rayon dentelé du côté intérieur. LE PIMÉLODE CASQUÉ ?, Pimelodus galeatus, Lac. ; Silurus galeatus, Linn. 5. ET LE PIMÉLODE CHILI *. Pinelodus chilensis, Lac. ; Silurus chilensis, Linn. 5. De petits dents semblables à celles d’une lime arment les deux mâchoires du casqué, dont la patrie est l'Amérique méridionale. La mâchoire inférieure avance un peu plus que celle d’en haut. Le palais est rude; la langue lisse, l’ori- fice de chaque narine double; le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses deux bords; la ligne latérale ondulée, le dos bleaâtre; le ventre gris; et la couleur des nageoires, d’un brun foncé. Le chili vit, comme le casqué, dans l’Amé- rique méridionale, et particulièrement dans les eaux douces du pays dont il porte le nom. Il y parvient à la longueur d'un pied ou quinze pouces. Sa tête est grande; sa partie supérieure, 45 rayons à Li membrane branchiale du pimélode matou, 41 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 17 à la na-eoire de la queue, — 9 rayons à chaque pectorale du piméiode cous, 6 à chaque ventrale. — 2 rayons à la membrane bran- chiale d'u prnélode docmac, {1 à chaque pectorale, 6 à cha- que veutr.le, {8 a la caudale, —41 rayons à chaque pectorale du p'mélode baj:d, 6 a haque ventrale, 20 a la n genre ‘le la queue. — 5 rayous à la membrane des brauchies du pimé lode érythroptére.9 à chaque pectorale, 6 à chaque veutrale, 419 à la cau lale, —6 rayons à la membrane branchiile du pi- mélode raté d'arg-nt, 6 à chaque veutrile , 20 à la nageuire de la queue. — 3 rayons à la membrane branchiale du pimé- lode rayé. 6 à chaque veutrale, 20 à la caudale, 3 Bloch, pl. 569, fig. 4. — Séba, Mus. 5, p- 85, tab. 19, fig. 7. — Silure casqué. Daubenton el Haüy, Enc. ruéth. — [d. Bonnaterre, pl. del Enc. méth. 3-5 Ces deux porssous ne sont pas cités par M, Cuvier. D. 4 Molina, His nat, Chil., p. 499, n, 9.—Silure ramoneur. Bunnaterre, pl. de l'Enc. méth. 471 brune ou noire; sa partie inférieure, blancne ; et sa chair très-agréable au goût !. CENT SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES DORAS?, La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l’extrémilé du mu- seau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduile d'une mucosilé abondante; deux nagevires dorsales ; la seconde adi- peuse ; des lames larges et dures, rangées longitudi- nalement de chaque côté du poisson. ESPÈCES. CARACTÈRES. Six barbiflons aux mächoires; six rayons à la premiere nageoire du 1. dos ; douze rayons à celle de l'a- LE DORAS CARENÉ. nus;les Lines de la ane latérale garuies de piquants ; la nagcoire de la queue lourchue. {Six barbillons aux iâchoires ; sept rayons à la première nageoire du dos; douze rayons à la nagroire de l'auus; des plaques dures, larges. courtes et garnies d'un crochet de chique côté de la queue et du co ps; de grandes lames au-dessus el au-dessous de | l'extrémité de la queue ; la cau- date fourchue. LE Li às CÔTE. LE DORAS CARÈNÉ 5, Doras carinatus, Lac., Cu. 4. ET LE DORAS COTE. Doras coslatus, Lac., Cuv. « Les deux barbillons situés au coin de la bouche du caréné sont comme élargis par une 42 rayons à la membrane branchiale du pimélode casqué, 7 à chaque pectora'e, 6 à chaque veutrale, 21 à la nageoire de la queue. — 4 rayous à la membrane branchiale du pimé- lode chili, 8 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 15 à la caudale, 3 h. Cuvier adopte le genre Doras, mais le considère comme un simple sous-genre de Silures. D, 5 Silure caréneé. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — /d. Bonnaterre, pl. de | Enc. méth. 4 Du sous-geure Douas, dans le grand genre SiLURE, selon M. Cuvier. Ce naturaliste remarque que le Doras carinalus de Lacepèile lui parait être le poisson décrit par Gronovius, 111, 4 et 5, et qui est cité dans la synonymie du Silurus ca= taphractus.Ce serait au. Plotosus anguillaris, Lac., Cuv. ; Platystacus anguilla- ris, BI. °. Pour peu que l’on jette les yeux sur ce pois- son, on verra que sa queue iungue et déliée, la viscosité de sa peau, la position et la figure de ses nageoires, ainsi que la conformation de pres- que toutes les autres parties de son corps, doi- vent donner à ses habitudes une grande ressem- blance avec celles de la murène anguille. IT vit dans les Grandes-Indes ; et Commerson en avait rencontré une variété dans un des parages qu’il a parcourus lors de son fameux voyage avec no- tre célèbre Bougainville. Il a plusieurs rangs de dents coniques aux deux mâchoires; des dents globuleuses au palais; d’autres dents pointues auprès du gosier ; la lan- gue lisse ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; un seul orifice à chaque na- rine; le premier rayon de la première dorsale, court, gros et dur ; le second long et fort, et de plus osseux, aiguillonné et dénué de dentelure , comme le premier ; le premier rayon de chaque pectorale, également osseux , fort et allongé, et d'ailleurs dentelé des deux côtés ; la ligne laté- rale garnie de petits tubereules ; la couleur gé- ponctué, 6 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 47 à la uageoire de la queue. ‘ M. Cuvier admet ce groupe comme sous-genre daus le grand genre Silire. D. 2/kan sumhllang, daus les grandes Indes.—Flaleel, en ang ais.— Aul furmigen plait leih, en allemaud, — Platys- lucus anguiliaris. Bloch, pl. 575, fig. 4. : Des deux espèces décriles par M. de Lacépède, 4. Cavier ne cite que celle-ci. D. DES POISSONS. nérale d’un violet mêlé de brun ; le dessous du corps, blanchâtre ; et cingraies blanches et lon- gitudinales ‘. J'ai vu, sur un individu de cette espèce, un orifice situé au delà de l'anus; par cet orifice sor- tait comme un organe sexuel, qui se divisait en deux coupes ou entonnoirs membraneux. Au- devant de cet organe était un pédoneule ou ap- pendice conique. L'état de l'individu ne me per- mit pas de savoir s’il était mâle ou femelle. Bloch a fait une observation analogue sur l’indi- vidu qu'il a décrit. LE PLOTOSE THUNBERGIEN *. Plotosus thunbergianus, Lac. *. La couleur générale de ce poisson est d’un blanc jaunâtre. Deux raies longitudinales et blanches paraissent de chaque côté de la tête, du corps et de la queue. Quatre barbillons gar- nissent chaque mâchoire. La ligne latérale est droite. On voit une dentelure au premier rayon des pectorales et de la première nageoire du dos. Ce plotose, dont on doit la connaissance au savant voyageur Thunberg, habite la partie orientale de la mer des grandes Indes *. CENT SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. LES AGÉNÉIOSES 5. La tête déprimée el couverte de lames grundes ct dures ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extremaile du museau ; point de barbillons: Le corps gros; la peau du corps et de La queue enduite d’une murosilé abon- dante ; deux nageoires dorsales ; La seconde adipeuse. CABACTÈRES, | Sept rayons à la première nageoire du dos; la caudale en croissant: HE : une sorte de corne pr. squedr.ite, L'AGÉNÉIOSE ARME. hérissée de pointes, et placée entre les deux orifices de chaque \ narine, { Sept rayons à la première dorsale : | la caudale en croissant; point de corne rntre les deux orifices de chaque narine. ESPÈCES. 2. L'AGÉNEIOSE DESABME. 441 rayons à la membrañe branchiale du plotose anguillé, 40 à chaque pectorale , 42 à chaqne ventrale, 268 dans l'en- semble formé par la réunion de la seconde dorsale , de la na- geoire de l'anus, et de celle de la queue. 3 Silurus lireatus. Thunbersg. 5 Non cité par M. Cnvier. D. #4 rayca aiguillonné et 12 rayons articulés à chaque pec- torale üu plotose thuubergien , {2 rayons à chaque ventrale. Les Agénéioses formeut, pour M. Cuvier, un sous-genre dans le grand genre Silure. D, 475 L'AGÉNÉIOSE ARMÉ !, Ageneiosus militaris, Cuv.; Ageneiosus armatus, Lac. Silurus militaris, Linn., Gmel., BI. 2. ET L’AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ :. Ageneiosus inermis, Lac., Cuv.; Silurus inermis, Linn., Gmel. *. Ces deux poissons vivent dans les eaux de Su- rinam, et peut-être dans celles des Grandes-In- des. Quels traits devons-nous ajouter à ceux que présente le tableau générique, pour terminer le portrait de ces deux agénéioses ? Pour le premier, la largeur et le grand apla- tissement de la tête; les dents petites et nom- breuses des deux mächoires , la brièveté et la surface unie de la langue; l’are hérissé de dents, placé sur le palais ; la distance qui sépare les yeux; le rouge de la prunelle ; la peau qui revêt tout l'animal ; la longueur et la dureté du pre- mier rayon de la première dorsale, lequel est d’ailleurs garni d’un double rang de crochets pointus, vers le milieu et à son extrémité; la grosseur du ventre ; les sinuosités et les ramifi- cations de la ligne latérale; le vert foncé de la couleur générale; les dimensions étendues du poisson ; le mauvais goût de sa chair. Pour le second, tous ceux que nous venons dénoncer, excepté la couleur de la prunelle, qui est noire; la nature de la peau , qui est moine épaisse; la longueur et les crochets du premier rayon de la première dorsale, lequel est dur et aiguillonné, mais sans dentelure ; et peut-être ja grandeur des dimensions , ainsi que le goût peu agréable de la chair. Le désarmé a de plus une prolongation trian- gulaire et très-pointue à l’extrémité postérieure de la couverture osseuse de sa tête ; des taches brunes et irrégulières ; la première dorsale, les pectorales, les ventrales brunes, et les autres nageoires d'un gris quelquefois mêlé de violet ®. 4 Sleifbart , Gehornter wels, en allemand. — Horned si lure, en anglais. — Silure armé. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 562. 3-4 Voyez la note 5 ci-contre. 5 Siture désarmeé. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— {d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 565. #9 rayons à la membrane des branchies de l'agénéiose armé, 16 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 55 à la pageoirr de l'anus, 24 à celle de la queue. — 10 rayons à la membrane branchiale de l'agénéiose désarmé, 14 à chaque pectorale, 7 à chaque ventrale, 40 à la nageoire de l'anus , 26 à Ja cau. dale, 476 CENT SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES MACRORAMPHOSES !. La téle déprimée el couverte de lames grandes et dures ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l’extrémilé du museau; point de barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduile d'une mucosilé abondante ; deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre soutenues par des rayons; le premier rayon de la première nageoïre dorsale fort, très- long et dentelé; le museau très-allongé. CARACTÈRES. Six rayons à lasecoude nageoire du dos ; piut de rayon deutelé aux pectorales. ESPÈCE. LE MACBORAMPHOSE COBNU. LE MACRORAMPHOSE CORNU ?. Macroramphosus cornutus, Lac.; Silurus cornulus, Linn. *. La longueur du museau égale la moitié de la ongueur du corps. Son extrémité estun peu re- courbée. Le premier rayon de la première na- geoire du dos a deux rangs de petites dents sur la moitié de son bord inférieur, et peut s'éten- dre jusqu'au-dessus de la nageoire de la queue. On compte neuf rayons à cette dernière na- geoire. CENT SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES CENTRANODONS . La tèle déprimée el couverte de lames grandes el dures ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémilé du museau; point de barbillons ni de dents aux mà- choires; Le corps gros; la peau du corps el de la queue enduile d'une mucosilé abondante; deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre soulenues par des rayons; un ou plusieurs piquants à chaque opercule. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE CENTRANODON JA- are rayons à la seconde nageoire PONAIS. du dos ; ia Caudale arrondie, 4.3 M. Cuvier a reconnu que ce genre est factice, et qu'il est foudé sur un individu du CENTRISQUE BECASSE , Cenlr'is- cus Scolopax, poisson de la famille des Acauthoptérygiens boucheen-flûte. D. 3 Forskael, Faun. Arab., p. 66, n. 96. — Silure chardon- ræeret. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4 M. Cuvier fait observer que ce poissou ne peut appar- tenir à la famille des Siluroïdes , puisqu'il a des écailles , des aiguillons aux opercules, la première dorsale épineuse, etc. ll le croit voisin des Perches, et remarque que c'est bien gra- Diet que Bloch (Schneider) le range parmi les Sphy- rènes. D, HISTOIRE NATURELLE LE CENTRANODON JAPONAIS . Centranodon japonicus, Lac. ; Silurus imberbis, Linn, Gmel. 2. Ce poisson a les yeux gros et rapprochés l’un de l’autre. On compte deux piquants vers le bord postérieur de chaque opercule. Le corps et la queue sont tres-allongés ; ils sont couverts d'écailles très - faciles à voir. Ce centranodon parvient à la longueur de huit pouces. Sa cou- leur générale est rougeâtre. Ses nageoires sont variées de blanc et de noir. Le Japon est sa patrie 3. CENT SOIXANTE-QUATORZIEME GENRE. LES LORICAIRES . Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de cuirasse à lames; la bouche au-dessous du museau; des lèvres extensibles ; une seule nageoïre dorsale. CARACTÈLES. Un rayon aiguillonnéet septrayons articulés à la nageoire du dos; un rayon aiguillonné et cinq rayons articulés à celle de l'anus ; la Cau- dale fourchue ; le premier rayon du lobe supérieur de la nageoire de la queue très-allongé; une grande quantite de petits barbil- lons autour de l'ouverture de la bouche. ! Point de dents à la mâchoire supé- rieure, ni de petits barbillons au- tour de l'ouverture de la bouche; un grand nombre de taches bru- nes. ESPÈCES. 1. La LORICAIRE SÉTIFÈRE. LA LGRICAIRE TACHETÉE. LA LORICAIRE SÉTIFÈRE 5, Loricaria cataphracta, Linu., Gmel., Loricaria cir- rhosa, Bl., Schn.; Loricaria setigera, Lac. $. ET LA LORICAIRE TACHETÉE 7. Loricaria maculata, Bl., Lac. #. Les loricaires sont, parmi les osseux, les re- présentants des acipensères que nous avons dé- 4 Houttuyn, Act. Haarl. XX, 2, p. 558, n. 27. 3 Voyez la note 4 ci-contre. 5 Grayous à la membrane branchiale du centranodon japo- nais, 20 à chaque pectorale, 6 à chaque veutrale , 40 à la na- geoire de l'anus, 15 à celle de la queue. 4 M. Cuvier, eu adoptant ce genre, lui réunit le suivant (Hypostome) et le place dans l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux, famille des Siuroïdes. fl le divise en deuxsous- genres, Hypostome et Loricaire. D. 5 Plécoste. — Panzerfisch, en Allemagne. — Gewapende harnasman, en Hoïtande. — Benfiaelling, en Suède. — Ca- taphract, par les Anglais. — Mus. Ad. Frid. 1, p. 79, tab. 29, fig. 1.— Grouov. Mus. {, n.69.— Séba, Mus.3, tab. 29, fig. 44. — Loricaire plécosle. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — DES POISSONS. . Crits en traitant des cartilagineux. Elles ont avec ces poissons des rapports très-marqués par leur conformation générale, par la position de la bouche au-dessous du museau , par leurs barbillons , par les plaques dures qui les revé- tent; et si elles n'offrent pas des dimensions aussi grandes, une force aussi remarquable, des moyens d'attaque aussi redoutables pour leurs ennemis , elles ont des armes défensives à pro- portion plus sûres, parce que les pièces de leur cuirasse, placées sans intervalle les unes auprès des autres, ne laissent, pour ainsi dire, aucune de leurs parties sans abri. La sétifère a les mâchoires garnies de dents petites, flexibles, et semblables à des soies; l'ouverture des branchies , très-étroite ; le pre- mier rayon de chaque pectozale, dentelé sur deux bords ; celui des ventrales, dentelé; celui de l’anale et de la nageoire du dos, dur, gros et rude ; le corps couvert de lames fortes, presque toutes losangées, et dont plusieurs sont £ d’un aiguillon ; la queue renfermée dans un étui composé d’anneaux situés les uns au-dessus des autres ; ces anneaux découpés, comprimés , et formant souvent en haut et en bas une arête ou carène dentelée; le premier rayon du lobe su- périeur de la queue , quelquefois plus long que tout Le corps; la couleur générale d’un jaune bru- nâtre ‘. Elle habite dans l’Amérique méridionale, ainsi que la tachetée, que nous regardons comme une espèce différente de la sétifère, mais qui cepen- dant pourrait n’en être qu'une variété distinguée par l'arrondissement de la partie antérieure et inférieure de sa tête; le nombre de ses barbil- lons, qui n’excède pas deux ; le défaut de dents sétacées ; la présence de deux pointes, a la vé- rité très-difficiles à reconnaître, à la mâchoire inférieure ; de grandes lames placées sur le ven- tre , les unes à côté des autres ; la moindre lon- gueur du premier rayon de la caudale ; des ta- ches irrégulières, d’un brun foncé, distribuées sur presque toute la surface du poisson; etune Fes Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Cuirassier plécoste, Bloch, pl. 575, fig. 5. 6 Du sous-genre LORICAIRE, dans le genre du même nom, famille des Malacoptérygiens abdominaux siluroïdes, Cuv. D. 7 Id. Bloch, pl. 575, fig. 1 et 2. # M. Cuvier ue cite pas cette espèce. D. 4 Arayons à la membrane branchiale de la loricaire sétifere et de la loricaire tachetée, 7 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 12 à la caudale. AT tache noire que l’on voit au bout du lobe infé- rieur de la nageoïire de la queue. CENT SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. LES HYPOSTOMES !,. Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de eui- rasse à lames; la bouche au-dessous du museau; les lèvres exlensibles; deux nageoires dorsales. CARACTÈRES. Huit rayons à la première nageoire du dos; un seul à la seconde ; la caudale en croissant. ESPÈCE. L'HYPOSTOME GUACARI. L'HYPOSTOME GUACARI *?. Loricaria (Hypostoma) plecostomus, Cuv.; Loricaria plecostomus, Linn., Bl.; Hypostomus Guacari, Lac. 5. Le nom générique de ce poisson indique la po- sition de sa bouche. Il montre une couverture osseuse et découpée par derrière sur sa tête ; une ouverture étroite et transversale, à sa bouche; des dents très-petites et comme sélacées, à ses mâchoires ; des verrues et deux barbillons à la lèvre inférieure ; une membranelisse, sur la lan- gue et le palais; un seul orifice à chaque narine; quatre rangées longitudinales de lames de cha- que côté de l'étui solide qui renferme son corps et sa queue; une arête terminée par une pointe, à chacune de ces lames ; un premier rayon très- dur, à chaque ventrale ; un premier rayon den- telé et très - fort, aux pectorales ainsi qu'à la première nageoire du dos ; des taches inégales, arrondies, brunes ou noires ; et différentes nuan- ces d’orangé. dans sa couleur générale. Le canal intestinal est six fois plus long que le poisson. La chair est de bon goût. Les riviè- res de l'Amérique méridionale sont le séjour ordinaire du guaeari *. !-5 Ce genre est considéré comme sous-genre par M. Cuvier et réuni au précédent (Loricaire) pour former le genre Lo- LICAIRE qu'il admet dans la famille des Malacoptérygiens ab- dominaux siluroïdes. D. 2 Goré, auprès de Cayenne. — Sleveragtige plooy beck,en Hollande. — {ndianisk-stor, en Suède. — Runzelmaul , en Allemagne. —Loricaire guacari. Daubenton et Haüy, En’. méth.—1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Loricaire plécostome. Bloch, pl. 574.— Mus.Ad. Frid. 4, p. 55, tab. 28, fig. 4. — « Plecostomus dorso dipterygio, etc. » Gronov. Mus. 4, n. 67, tab. 5, fig. 1, 2.— Séba, Mus. 5, tab. 29, fig. 41. _ Guacari. Marcg. Brasil., 166. 4 4 rayons à la membrane branchiale de l'hypostome gua- cari, 7 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, 3 ë la ne geoire de l'anus, 16 à celle de la queue. 418 HISTOIRE CENT SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES CORYDORAS !. De grandes lames de chaque côté du corps et de la queue; la tête couverte de pièces larges et dures; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons; deux nageoïres dorsales ; plus d'un rayon à chaque na- geoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. rayons articulés à la première nageoire du dos; la caudale four- chue. Lx CORYDORAS GEOF- | FROY:- | LE CORYDORAS GEOFFROY. Corydoras Geoffroy, Lac. ?. Nous avons trouvé, dans la collection donnée par la Hollande à la France, un individu de cette espèce encore inconnue des naturalistes. Le nom générique par lequel nous avons cru devoir la distinguer, indique la cuirasse et le casque qu'elle a reçus de la nature *; et nous l'avons dédiée à notre collègue Geoffroy, qui a si bien mérité la reconnaissance de tous ceux qui cultivent l’histoire naturelle, par les obser- vations qu'il a faites en Égypte sur les divers animaux de cette contrée, et particulièrement sur les poissons du Nil. Les lames qui garantissent chaque côté de cet osseux sont disposées sur deux rangs ; elles sont de plus très-larges et hexagones. Une mem- brane assez longue sépare les deux rayons qui | soutiennent la seconde nageoire du dos. Le pre- mier rayon de chaque pectorale est hérissé de très-petites pointes. Le second rayon de la pre- mière nageoire du dos est dentelé d’un seul côté. Le premier de cette même nageoire n'offre pas de dentelure ; il est même très-court : mais on peut remarquer sa force. Chaque narine a deux orifices. On voit une grande lame au-des- sus de chaque pectorale *. 43 M. Cuvier ne fait nullement mention de ce genre. 5 Corys. en grec. signifie casque; et doras, cuirasse. ‘44 rayons à chaque pectorale du corydoras geoffroy, 2 à seconde dorsale , 6 à chaque ventrale, 7 à la nageoire de l'anus, 14 à celle de la queue. D. Deux rayons aiguillonnés et nenf NATURELLE CENT SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES TACHYSURES !. | La bouche à l’extrémilé du museau; des barbillons auæ mächoires; Le corps et la queue très-allongés el revêtus d'une peau visqueuse; le premier rayon de la pre- mière nageoïre du dos et de chaque pectorale très-fort; deux magonires dorsoles, l’une et l’autre soutenues par plus d'un rayon. CARACTÈRES. | { Six hbarbillons aux mâchoires; la Le TACHYSURE CHINOIS. | caudale fourchne. ESPÈCE. LE TACHYSURE CHINOIS. Tachysurus sinensis, Lac. ?. Parmi les peintures chinoises déposées au Mu- séum d'histoire naturelle, on voit une figure de cette belleespèce, dont les formes et par con- séquent les habitudes ont beaucoup de rapports avec celles des silures, des pimélodes, des pogo- pathes, ete. Ce poisson vit dans l’eau douce. Son nom générique exprime l'agilité de sa queue longue et déliée *, et son nom spécifique indique son pays. La mâchoire supérieure est un peu plus avan- cée que l'inférieure; elle présente deux barbil- lons : on en compte quatre à la mâchoire d’en bas. Chaque narine n’a qu’un orifice. Le dessus de la tête est aplati; le museau arrondi; le dos très-relevé et anguleux ; la ligne latérale droite, l’opercule composé de trois pièces; la seconde nageoire du dos un peu ovale, et semblable, pour la forme ainsi que pour les dimensions, à celle de l'anus , au-dessus de laquelle elle est si- tuée; la couleur générale verte, avec des taches d’un vert plus foncé. Des teintes rouges parais- sent sur les ventrales et sur les nageoires de l'anus et de la queue, CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. 4 LES SALMONES La bouche à l’extrémilé du museau ; la tête comprimée; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côlés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, 42 M. Cuvier n'admet et ne cite pasce genre. D. 5 Tachys, en grec, signifie rapide. 4 Ce genre de Lacépède se rapporte en général à la famille des Salmones, daus l'ordre des Malacoptérygiens abdomisaux *?M. Cuvier, D, DES POISSONS. ni de barbillons ; deux nageoires dorsales; lu seconda adipeuse et aéruée de rayons ; la première plus près ou aussi près de La lêle que Les ventrales; plus de quatre rayons à la membrane des branchies; des dents fortes aux mâchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. | Quatorze rayons à la première na- geoire du dus; treize à celle de 1 l'anus ; dix à «bague ven-rale; le Le SALMONE SAUMON. bout un musean plus avancé que | la mächoire inférieure ; la cau- \ dale fourchue. Douze rayons à la premiére dorsale eta la nazeoire dé l'anus ; onze rayons à chaque ventraie; la tête gramie; la mächoire inférieure terminée parune sorte de crochet émoussé; des taches noires. allon- gées Iuégales, et peu faciles à distinguer. Quinze raÿons à la première na- | geoire du dos; treize à celle de 2. [& SALMONE ILLANKEN. 5 = à $ l'anus ; dix à Chaque ventrale ; la Loyer mächoireinferieure plus allongée que la supérieure ; la Cauuale fourchue; des taches noires. Quatorze rayons à la prennère na- geoire du dos: douze à ce le de l'auus ; dix à chaque ventrale ; la £auvale à peine échaucrée; des taches grises. Quatorze rayons à la première na- geuire du dus; onze à ceile de l'anu: ; treize à chique ventrale; 5. la caudale peu échancree ; des La- LE SALMONE TRUITE. ches rondes, rouges, et renfer- méesians un. eric à Et LEIZCS plus claire sur les côtés du pois- son. {Treize vayons à la vremière ua- geoiré du dus: UUIHZE à CCHC AC 6, l'anus, auit à chaque ventrale ; LE SALMONE BERGFO- la caudale à peine échancree ; 4. Le SALMONE ÉRIOX. BELLE. des taches et des poiuts noirs, rouges et argeutins, sans bor- dure. Quatorze rayons à la première na- 7. eoire du dos; onze à celle de ‘anus ; dix à chauue ventraie: la caudale en croissant ; des taches noires sur la tête , le dos et les côtés. LE SALMONE TRUITE- SAUMONÉE. | deux mächoiïres également avan- cées; la caudale fourchu- ; des taches rouges ou rougeâtres. et entourées d'un cercle d'une au- tre nuance ; du rouge sur les na- geoires se la queue, de l'anus et du ventre, el sur la partie infé- rieure de l'anumal. Douze rayons à la première nageoire du dos; onze à la'nageoire de l'a- nus ; «hix à Chaque veutrale; la 9. caudale fourchue ; la tête trés- LE SALMONE GÆDEN. petite ; le cor,s et la queue trés- allongés et tresminves; des ta- ches rouges renfermées daus un & r.le blanc. / Treize rayons à la première dor- sale; douze à la nagevire de l'a- nus: dx à chag e ventrale; la mâchoire superieure un pu plus avancée que Linferieure; nes taches brunes, petites et rondes, sur le corps, la quene, et toutes les nageoires, exc-plé les peclo- Douze rayons à la première dor- sale; onze à la nageoire de l'a- nus ; dix à chaque veutrale; les 8. LE SiLMONE ROUGE. 40. Le SALMONE HUCH. rales. | Quatorze ravons à la sremière dore DRE Pre 44. | sate; douze à l'anale; dix à Chaque hageoire Ventrale ; la caudale en Le SAÈMONE CABPION. | cruissaul ; La inächoire den Las 474 ESPÈCES. CABACTÈGES. un pen plus avancée que celle d'en haut; les côtés argentés et semés de taches petites et bian= ches; du noir et üu rouge sur les | nagevires inférieures. É rayons à la premiere na- 11. LE SALMONE CAuPION. geoire du dos ; douze à l'auale; neuf à chaque ventrale; la cau- dale fourchue; la mächoire supé- rieure un peu plus avancée que l'inférienre; es ventral:s rouges; le premier rayon de ces nageoi- res et de celle de l'anus fortet blanc. Onze rayons à la première nageoire du dos et à celle de l'aous; neuf 42. LE SALMONE SALVELINE. choice iuférieure un peu plus avancée que celle d'en haut ; la conteur genérale bronäâire; un grand nombre de taches rondes et beunes. É rayons à la première na- LE SALMONE TAIMEN. 15. à chaque veutrale; la caurdale Le SALMONE OMBLE CHe-{ fourehue; la tete petite; la mà- VALIER. choire superirure plus avancée que l'nférieure; le corps et la queue sans taches. | Treize rayons à ia première dor- [ sale; dix à k nageoire de l'anus et à chaque ventrile; la caudale fourchue; la tête silonxée; le #4. museau un peu déprimé; 4 mâ- gevire au dos; quatorze à celle de l'anus ; la candale fourchue; La tête tré-allongér; la mächoire inférieure beaucoup plus avan- cée que la supérieure; le museau un peu déprimé ; les écailles grandes ; la couleur générale ar- | gentée, É ravons à la première dorsale; 15. Le SALMONE NELMA. | douze à la nagroire de l'anus: dix à Araque veu'rale; la caudale fourchige ; le corps et ia queue hants et épais; la prunvlle angu- leuse par-devant; un grand nom- bre de points bruns sur la partie supérieure du poisson; ies dor- sales tachetées. 16. Le SALMONE LENOK. Douze rayons à la première dor- sale ; dix à l4 nageoire de l'anus; neuf à chaque ventrale; la cau- dale fuurchue; la nageoire adi- peuse, pelite et dentelee ; la cou- leur générale argentée; des taches roudes et blanches. Ê rayons à la première na- 17. LE SALMONE KUNDSCHA- geoire du dos ; dix à l'anale ; la caudale fourchue; trois rides longt u linales sur la tête ; quatre rangées de poiuts et de pelites rai-s brunes de chaque côté du poisson. { Quatorze rayons à la première dor- sale ; dix à la nageoire de l'anus et à chaque ventrale; la caudale uu peu fourchue ; l'adipéuse eu forme de faux; la mâchoire su- périeure plus longue que l'infé- risure ; la couleur géuérale bru- nätre; point de taches. Le corps et la queue allongés ; les écailles très-petitrs et lisses ; la peau très-enduite d'une humeur visqueuse; la partie -upêr ieure du poisson bruue, l'iuférieure rouge ou rougeâtre : des points noirs. ; Neuf rayons à la première nageoire | du dus: douze à l'ana e; neuf à 18. LE SALMONE ARCTIQUE. 19. LE SALMONE BEIDUB. 20. LE SALMONE ICIME. chaque ventrale; les écsilles très- petites; la mâchoire d'en haut un peu plus avancée que celle d'en bas: Le dos brun: le ventre rouge; ( dés taches noires, pelites, ren- 24: LE SALMONE LEPECHIN. fermées dans un cercle rouge. et placées sur les côlés de l'animal, ESPÈCES. CARACTÈRES. Douze rayons à la première dor- sale; quatorze à la nageoire de 92 l'anus ; treize à chaque ventrale; les écailles grandes et brillantes ; LE)SALHONE!SIL, l'anus très-rapproché de la cau- dale; la couleur générale brune; les nageoires jaunâtres. Quatorze rayons à la première na- geoire du dos ; viogt-huit à celle de l'anus; huit à chaque ventrale; la caudale fourchue; la queue très-haute au dessus de l'avale; les os de la tète minces et trans- arents; le dos d’un noir mêlé e vert; les côtés et le ventre argentins. É rayons à la première nageoire 25. LE SALMONE LODDE. du dos; neuf à celle de l'anus; neuf à chaque ventrale; la mâ- choire supérieure plus allongée que l'inférieure : la caudale four- chue et noire; la ligne latérale droite ; une bande longitudinale argentée de chaque côté du pois- son. rayons à la première dorsale; 24. LE SALMONE BLANC. huit à la nageoire de l'anus et à chaque ventrale; la caudale four- chue ; le corps et la queue trè:- allongés; la tete et les opercules couverts d'écailles semblables à celles du dos ; une raie longitu- dinale rouge, chargée de taches noires, et placée de chaque côté de l'animal, au-dessus d'une sé- rie d'espacesalternativement jau- nes et noirs; les nageoires variées de noir et de rouge. Dix rayons à la première nageoire du dos; neuf à l'anale et à chaque ventrale; la caudale fourchue; les deux mächoires presque aussi avancées l'une qué l'autre; deux orifices à chaque narine; neuf ou dix taches grandes et bleuätres le long de la ligne latérale. Quatorze rayons à la première dor- sale; neuf à la nageoire de l'anus et a chaque ventrale; les mâchoi- res également avancées; des ta- ches petites et rouges, et des taches noires et plus petites sur les côtés ; deux taches noires sur chaque opercule. É rayons à la première nageoire 25. LE SALMONE VABIE, 26. à LE SALMONE RENE. 27. Lu SALMONE RILLE, du dos ; huit à celle de l'anus; neuf à chaque ventrale ; l'ouver- ture de la bouche trés-grande ; la mächoire inférieure plus avaucée que la supérieure; la couleur gé- nérale d'un gris marbré; des ta- 28. LE SALMONE GADOÏDE. des taches rouges sur la nageoire adipeuse. Dix rayons à la première nageoire du dos; huit à 14 nageoire de l'a- nus; neuf à chaque ventrale ; la caudale échancree ; les deux mâ- choires égalementavancées; deux rangées de dents fines et poin- tues à chaque mâchoire; une ran- gée longitudinale de dents aiguës au milieu du palais; des points rouges le long dela ligne latérale. 29. LE SALMONE CUMBER- LAND. ches rouzes et brunes sur le dos; : HISTOIRE NATURELLE LE SALMONE SAUMON . Salmon Salar, Linn., Bl., Lac., Cuv .?, Toutle monde croirait le saumon bien connu, et cepenGant combien peu de personnes, même très-instruites, savent que, parmi les différentes espèces d'animaux , il en est peu qui méritent plus que ce poisson l'observation du naturaliste, l'examen du physicien, les soins de l’'économe! La nature des climats qu'il préfère, la diver- sité des eaux dans lesquelles il se plaît, la vi- tesse de ses mouvements, la rapidité de sa na- tation, la facilité avec laquelle il franchit les obstacles, la longueur immense des espaces qu’il parcourt, la régularité de ses grands voyages, la manière dont il fraie , les précautions qu'il pa: raît prendre pour la sûreté des êtres qui lui de- vrontle jour, les travaux qu’il exécute, les com- bats que le force à livrer une sorte de tendresse maternelle, son instinct pour échapper au dan- ger , les ruses par lesquelles il déconcerte sou- vent les pêcheurs les plus habiles, les dimensions qu’il présente, le bon goût de sa chair , l'usage que l’on peut faire de sa dépouille, tout, dans les habitudes et les propriétés du saumon, doit être l'objet d’une attention particulière. Ce poisson se plait dans presque toutes les 4 Saumoneau, avant deux ans d'âge.— Tacon, avant trois ans d'âge.— Salm, Lachs, Sælmling, lorsqu'il n'a qu'un an; HWeisslach, lorsqu'il est gras ; Graulach, lorsqu'il est mai- gre; Aupferlachs, dans le temps du frai; /fracklachs, après le temps du frai; Rothlachs, Kalbfleischlachs, lorsqu'il a été pris dans la mer, dans quelques contrées d'Allemagne. — Lassis, Rencki, lorsqu'il est gros, en Livonie. — Læhse, Kolla, en Estonie. — Agui balik, en Tatarie. — Jarga, chez les Calmouques. — ZLohs, en Finlande, — Seelax, Haflax, Blanklax, Grænnacke, en Suède. — Haplax, en Dane- mark. — Hakelar, Læking, quand il est encore jeune, en Norvège. — Kapisalirksoak, Reblericksorsoak, dans le Groenland, — Salmon, en Angleterre. — Schmelt, Smont, lorsqu'il a un an ; Mort, à trois ans; Forklail, à quatre aus; Halffisch, à cinq ans ; Kipper, après le temps du frai, en Écosse. -— Faun. Suecic. 545. — Salmone saumon. Daubens ton et Haüy, Enc. méth.— Jd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 20 et 98. — Artedi, gen. 11, syn. 22, spec. 48. — Salmo. Plin., 1. 9, c. 18. — /d. Auson. Mosella, v. 97.— Id. Salvian. fol. 100, a. b. — Id. Gesner, p. 821, 825, et (germ.), 481 b, 482 a. — /d. Jonston, 1.2,t.1,C.1, p.106, tab. 25, £g. 1; Thaumat., p. 427.— /d. Charlet., p. 150.— /d. Willughby, p. 189, etc., tab. 41, fs. 2. — Id. Raï, p. 65. — Salmo nobilis. Schon., p.64. — Salmo vulgaris. Aldrov., 1. 4, c. 1, p. 485. — Müll. Prodr. Zool. Danic., p. 48, n. 403. — Gronov. Mus. 2, p. 12, 0.165; Zooph., n. 569. — Klein, Miss. pisc. 5, p. 17, D. 2; lab. 5, fig. 2.— Brit. Zool.5, p- 259, n.1.— Saumon. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. _— Saumon et tacon. Rondelet, part. 2, Poissons de riviér. Bu , £ 4 Du sous-genre SAUMON , dans le grand genre du même nom. Famille des Malacoptérygiens abdominaux salmones Civ. D. DES POISSONS. mers, dans celles qui se rapprochent le plus du pôle, et dans celles quisont le plus voisines de l’é- quateur. On le trouve sur les côtes occidentales de l’Europe ; dans la Grande-Bretagne ; auprès de tous les rivages de la Baltique, particulière- ment dans le golfe de Riga; au Spitzherg ; au Groenland ; dans le nord de l'Amérique; dans l'Amérique méridionale ; dans la Nouvelle-Hol- lande, au fond de la Manche de Tatarie ; au Kamtschatka, etc. Il préfère partout le voisi- sage des grands fleuves et des rivières, dont les eaux douces et rapides lui servent d’habita- tion pendant une très-grande partie de l’année. Il n’est point étranger aux lacs immenses ou aux mers intérieures qui ne paraissent avoir aucune communication avec l'Océan. On le compte parmi les poissons de la Caspienne; et cepen- dant on assure qu’on ne l’a point vu dans la Mé- diterranée. Aristote ne l’a pas connu. Pline ne parle que des individus de cette espèce que l’on avait pris dans les Gaules ; et le savant profes- seur Pictet conjecture qu’on ne l’a jamais observé dans le lac de Genève, parce qu'il n'entre pas dans la Méditerranée, ou du moins parce qu'il y est très-rare'. Il tient le milieu entre les poissons marins et ceux des rivières. S’il croît dans la mer, il naît dans l’eau douce ; si pendant l'hiver, il se réfu- gie dans l'Océan, il passe la belle saison dans les fleuves. Il en recherche les eaux les plus pures; il ne supporte qu'avec peine ce qui peut en troubler la limpidité ; et c’est presque tou- jours dans ces eaux claires qui coulent sur un fond de gravier, que l’on rencontre les troupes les plusnombreuses des saumonsles plus beaux. Il parcourt avec facilité toute la longueur des plus grands fleuves. Il parvient jusqu’en Bo- hême par l’Elbe, en Suisse parle Rhin, et auprès des hautes Coräilières de l'Amérique méridio- nale par l'immense Maragnon, dont le cours est de mille lieues. On a même écrit qu'il n’était ni effrayé ni rebuté par une grande étendue de trajet souterrain ; et on a prétendu qu'on avait retrouvé, dans la mer Caspienne, des saumons du golfe Persique, qu’on avait reconnus aux anneaux d'or ou d’argent que de riches habi- tants des rives de ce golfe s'étaient plu à leur faire attacher. Dans jes contrées tempérées, les saumons quittent la mer vers le commencement du prin- * Lettre du professeur Pictet, J. de Genéve, mars 1788. ui. 481 temps; et dans les régions moins éloignées du cercle polaire, ilsentrent dans lesfleuves lorsque les glaces commencent à fondre sur les côtes de l'Océan. Ils partent avec le flux , surtout iors- que les flots de la mer sont poussés contre le courant des rivières par un vent assez fort que l’on nomme, dans plusieurs pays, vent du sau- mon. Ils préfèrent se jeter dans celles qu'ils trouvent le plus débarrassées de glaçons, ou dans lesquelles ils sont entraînés par la marée la plushaute etla plusfavorisée par le vent. Si {es chaleurs de l’été deviennnent trop fortes, ils se réfugient dans les endroits les plus profonds, où ils peuvent jouir, à une grande distance de la surface de la rivière de la fraîcheur qu'is re- cherchent; et c’est par une suite de ce besoin de la fraîcheur, qu'ils aiment les eaux douces dont les bords sont ombragés par des arbres touffus. Is redescendentdansla mer vers la fin de l’au- tomne, pour remonter de nouveau dans les fleuves à l’approche du printemps. Plusieurs de ces poissons restent cependant, pendant l'hiver dans lesrivières qu’ils ont parcourues. Plusieurs circonstances peuvent les y déterminer; et ils y sont forcés quelquefois par les glaces qui se forment à l'embouchure, avant qu'ils ne soient arrivés pour la franchir. Ils s'éloignent de la mer en troupes nom- breuses, et présentent souvent, dans l'arrange- ment de celles qu’ils forment, autant de régularité que les époques de leurs grands voyages. Le plus gros de ces poissons, qui est ordinairement une femelle, s'avance le premier; à sa suite viennentles autres femelles deux à deux, etcha- cune à la distance de trois à six pieds de celle quila précède; les mâles les plus grands parais- sent ensuite, observent le même ordre que les femelles , et sont suivis des plus jeunes. On peut croire que cette disposition est réglée par l'iné- galité de la hardiesse de ces différents individus, ou de la force qu'ils peuvent opposer à l'action de l’eau. S'ils donnent contre un filet, ils le déchirent, ou cherchent à s'échapper par-dessous ou par les côtés de cet obstacle; et dès qu’un de ces poissonsatrouvé une issue, les autres le suivent, et leur premier ordre se rétablit. Losqu'ils nagent, il se tennent au milieu du fleuve et près de la surface de l'eau ; et comme ils sont souvent très-nombreux, qu'ils agitent l'eau violemment, et qu'ils font beaucoup de G4 482 bruit, on les entend de loin, comme le murmure sourd d’un orage lointain. Lorsque la tempête menace, que le soleil lance des rayons très-ar- lents, et que l'atmosphère est très-échauffée, ils remontent les fleuves sans s'éloigner du fond de la rivière. Des tonneaux, des bois, et principa- lement des planches luisantes, flottant sur l’eau, les corps rouges, les couleurs très-vives, des bruits inconnus, peuvent les effrayer au point de les détourner de leur direction, de les arrêter même dans leur voyage, et quelquefois de les obliger à retourner vers la mer. Si la température de la rivière, la nature de la lumière du soleil, la vitesse et les qualités de l’eau leur conviennent, ils voyagent lentement ; ils jouent à la surface du fleuve; ils s'écartentde leur route; ils reviennent plusieurs fois sur l’es- pace qu'ils ont déjà parcouru. Mais s’ils veulent se dérober à quelque sensation incommode, éviter un danger, échapper à un piége, ils s’élancent avec tant de rapidité, que l’œil a dela peine à les suivre. On peut d’ailleurs démontrer que ceux de ces poissons qui n’emploient que trois mois à remonter jusque vers les sources d'un fleuve tel que le Maragnon, dont le cours est de mille lieues , et dont le courant est remar- quable par sa vitesse, sont obligés de déployer, pendant près de la moitié de chaque jour, une force de natation telle qu’elle leur ferait par- courir, dans un lac tranquille, dix ou douze lieues par heure, et l’on a éprouvé de plus, que lorsqu'ils ne sont pas contraints à exécuter des mouvements aussi prolongés, ils franchissent par seconde une étendue de vingt-quatre pieds ou environ !. On ne sera pas surpris de cette célérité, si l’on rappelle ce que nous avons dit de la natation des poissons dans notre premier Discours sur ces animaux. Les saumons ont dans leur queue une rame très-puissante. Les muscles de cette partie de leur corps jouissent même d’une si grande énergie, que des cataractes élevées ne sont pas pour ces poissons un obstacle insur- montable. [lss’appuient contrede grosses pierres, rapprochent de leur bouche l'extrémité de leur queue, en serrent le bout avec les dents; en font par là une sorte de ressort fortement tendu , lui donnentavec promptitude sa première position, débandent avec vivacité l'arc qu'elle forme, frappeut avec violence contre l’eau , S'élancent à ‘ Vorez Le Discours sur la nature des poissons. HISTOIRE NATURELLE une hauteur de plus de douze ou quinze pieds, et franchissent la cataracte !. Ils retombent quelquefois sans avoir pu s'élancer au delà des roches, ou l'emporter sur la chute de l’eau : mais ilsrecommencent bientôt leurs manœuvres, ne cessent de redoubler d'efforts qu'après des tentatives très-multipliées ; et c'est surtout lors- que le plus gros de leur troupe, eelui que l’on a nommé leur conducteur, a sauté avec succès, qu'ils s’élancent avec une nouvelle ardeur. Après toutes ces fatigues, ils ont souvent be- soin de se reposer. Ils se placent alors sur quel- que corps solide. Ils cherchent la position laplus favorable au délassement de leur queue, celui de leurs organes qui a le plus agi; et pour être toujours prêts à continuer leur route, ou pour recevoir plus facilement les émanations :odo- rantes qui peuvent les avertir du voisinage des objets qu'ils désirent ou qu'ils craignent, ils tiennent la tête dirigée contre le courant. Indépendamment de leur queue longue , agile et vigoureuse, ils ont, pour attaquer ou pour se défendre, des dents nombreuses et très- pointues qui garnissent les deux mâchoires, et le palais, sur chacun des côtés duquel elles for- ment une ou deux rangées. On trouve aussi, des deux côtés du gosier, un os hérissé de dents aiguës et recourbées. Six ou huit dents semblables à ces dernières sont pla: cées sur la langue; et, parmi celles que mon- trent les mâchoires , il y en a de petites qui sont mobiles. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue sont d'une grandeur moyenne : la tête ni les opercules n’en présentent pas de sembla- bles. Au côté extérieur de chaque ventrale pa- raît un appendice triangulaire, aplati, allongé, pointu, garni de petites écailles, couché le long du corps, et dirigé en arrière. Au reste, cet ap- pendice n’est pas particulier au saumon : nous n'avons guère vu de salmone quin’en eût un semblable ou analogue. La ligne latérale est droite; le foie rouge, gros et huileux ; l'estomac allongé; le canal intesti- pal garni, auprès du pylore, de soixante-dix appendices où cæcums réunis par une mem- brane; la vessie natatoire simple, et située très- près de l’épine du dos ; cette épine composée de trente-six vertèbres, et fortifiée de chaque côté par trente-trois côtes ?. 4 Consultez particuhèrement le Voyage de Twiss en Ir- lande. ; 3 On trouve souvent dans ce canal intestinal, un tænig DES POISSONS. Le front, la nuque, les joues et le dos sont noirs; les côtés bleuâtres ou verdâtres dans leur partie supérieure, et argentés dans l’infé- rieure; la gorge et le ventre d’un rouge jaune; les membranes branchiales jaunâtres ; les pecto- rales jaunes à leur base, et bleuâtres à leur ex- trémité ; les ventrales et l’anale d'un jaune doré. La première nageoire du dos est grise et tache- tée ; l’adipeuse noire ; et la caudale bleue. Quelquefois on voit sur la tête, les côtés et le dos, des taches noires et irrégulières, plus grandes et plus clair-semées sur la femelle. Les mâles, que l’on dit beaucoup moins nom- breux que les femelles, offrent d’ailleurs, dans quelques rivières , et particulièrement dans celle de Spal en Écosse, plus de nuances rouges, moins d'épaisseur dans le corps, et plus de gros- seur dans la tête. Dans toutes les eaux, leur mâchoire supérieure non-seulement est plus avancée que celle d’en bas, mais encore, lorsqu'ils sont parvenus à leur troisième année, elle devient plus longue et se recourbe vers l'inférieure ; son allongement et sa courbure augmentent à mesure qu’ils grandis- sent; elle a bientôt la forme d’un erochet émous- séquientre dans un enfoncement de la mâchoire d’en bas; et cette conformation, qui leur a fait donner le nom de Bécard, où Becquet, les avait fait regarder, par quelques naturalistes, comme d’une espèce différente de celle que nous décri- vons. Leur laite est entièrement formée, et le temps du frai commence à une époque plus où moins avancée de chaque printemps ou de chaque été, suivant qu'ils habitent dans des eaux plus ou | moins éloignées dela zone glaciale. Les femelles cherchent alors un endroit commode pour leur ponte. Quelquefois elles aiment mieux dé- poser leurs œufs dans de petits ruisseaux que dansles grandes rivières auxquelles ils se réunis- sent !; et elles paraissent chercher le plus sou- vent à déposer leurs œufs dans un courant peu rapide, et sur du sable ou du gravier. On a écrit que, dans plusieurs rivières de la Grande-Bretagne, la femelle ne se contentait pas de choisir le lieu le plus favorable à la ponte; qu’elle travaillait à la rendre plus commode en- core; qu’elle creusait dans l'endroit préféré un dont la longueur est de près de trois pieds, et dont la tête est dans un des appendices. 4 Notes manuscrites et trés-intéressantes communiquées par M. Pénières. 483 trou allongé , et de quinze où dix-huit pouces de profondeur, quelle s'y déchargeait de ses œufs, et qu'avec sa queue elle les recouvrait ensuite de sable. Peut-être peut-on douter de cette der- nière précaution; mais les autres opérations ont lieu dans presque tous les endroits où lessaumons ont été bien observés. Le docteur Grant nous apprend, dans les Mémoires de Stockholm, que, lorsque les femelles travaillent à donner les | dimensions nécessaires à la fosse qu'elles pré- parent, elles s’agitent à droite et à gauche, au point d'user leurs nageoires inférieures, et en laissant ordinairement leur tête immobile. On en a vu se frotter si vivement contre le terrain, qu'elles en &étachaient avec violence la terre et les petites pierres, et qu'en répétant les mêmes mouvements de cinq en cinq minutes, ou à peu près, elles parvenaient, au bout de deux heures, à creuser un enfoncement de trois pieds de long, dedeux pieds de profondeur, et de six à huit pouces de rebord. Lorsque la femelle a terminé ce travail, dont la principale cause est sans doutele besoin qu’elle a de frotter son ventre contre des corps durs, pour se débarrasser d’un poids qui la fatigue et la fait souffrir , et lorsque les œufs sont tombés dans le fond de la cavité qu’elle a creusée, et que l’on nomme /rauère dans quelques-uns de nosdépartements,lemâle vientlesféconderen les arrosant de sa liqueur vivifiante. Il peut se faire qu'alors il frotte le dessous de son corps contre le fond de la fosse , pour faire sortir plus facile- ment la substance liquide que sa laite contient : mais on lui a attribué une opération qui suppo- serait une sensibilité d'un ordre bien supérieur, et un instinct bien plus reievé; on a prétendu qu’il aidait la femelle à faire la fosse destinée à recevoir les œufs. Au reste, si nous ne devons pas admettre cette derniere assertion, nous devons croire que le mâle est entrainé à la fécondation des œufs par une affection plus vive, ou d’une nature différente, que celle qui y porte la plupart des autres poissons. Lorsqu'il trouve un autre mâle: auprès des œufs déjà déposés dans la frayère, ou auprès de la femelle pondant encore, il Pat- taque avec courage, et le poursuit avec achars nement, ou ne lui cède la place qu'après lavoir disputée avec obstination ‘. Les saumons ne fréquentent ordinairement ka À 4 Notes ruanuscrites de M. Pénieres. 484 frayère que pendant la nuit. Néanmoins, lors- que des brovillards épais sont répandus dans l'atmosphère, ils profitent de l'obscurité que donnent ces brouillards pour se rendre dans leur fosse, et ils y accourent aussi comme pres- sés par de nouveaux besoins, lorsqu'ils sont ex- posés à l’influence d’un vent très-chaud ". Il arrive quelquefois cependant que les œufs pondus par les femelles, et la liqueur séminale des mâles, se mêlent uniquement par l’effet des courants. Après le frai, les saumons, devenus mous, maigres et faibles, se laissent entraîner par les eaux, ou vont d'eux-mêmes reprendre dans l’eau salée une force nouvelle. Des taches brunes et de petites excroissances répandues sur leurs écailles sont quelquefois alors la marque de leur épuisement et du malaise qu'ils éprouvent. Les œufs qu'ils ont pondus ou fécondés, se développent plus ou moins vite, suivant la température du climat, la chaleur de la saison , les qualités de l’eau dans laquelle ils ontété dé- posés. Le jeune saumon ne conserve ordinaire- ment que pendant un mois ou environ, la bourse qui pend au-dessous de son estomac, et qui renferme la substance nécessaire à sa nourriture pendant les premiers jours de son existence. Il grandit ensuite assez rapidement, et parvient bientôt à la taille de quatre ou cinq pouces. Lorsqu'il a acquis une longueur de huit à dix pouces , il jouit d'assez de force pour quitter le haut des rivières, et pour en suivre le courant qui le conduit vers la mer , mais souvent, avant cette époque, une inondation l’entraîne vers l’embouchure du fleuve. Les jeunes saumons qui ont atteint une lon- gueur de quinze ou dix-huit pouces, quittent la mer pour remonter dans les rivières : mais ils partent le plus souvent beaucoup plus tard que les gros saumons; ils attendent communément le commencement de l'été. On les suppose âgés de deux ans, lorsqu'ils pèsent de six à huit livres. M. Pénières assure que, même dans les contrées tempérées, ils ne fraient que vers leur quatrième ou cinquième année ?. Agés de cinq ou six ans, ils pèsent dix ou douze livres, et parviennent bientôt à un déve- loppement très-considérable. Ce développement peut être d'autant plus grand, qu'on pê’he fré- 42 Notes manuscrites de M. Pénières, HISTOIRE NATURELLE quemrent, en Écosse et en Suède, des saumons du poids de quatre-vingts livres, et que les très-grands individus de l'espèce que nous dé- crivons présentent une longueur de six pieds. Les saumons vivent d’insectes, de vers, et de jeunes poissons. Ils saisissent leur proie avec beaucoup d’agilité; et, par exemple, on les voit s’élancer, avec la rapidité de l'éclair, sur les moucherons, les papillons , les sauterelles, et les autres insectes que les courants charrient, ou qui voltigent à quelques pouces au-dessus de la sur- face des eaux. Mais s'ils sont à craindre pour un grand nombre de petits animaux, ils ont à redouter des ennemis bien puissants et bien nombreux. Ils sont poursuivis par les grands habitants des mers et de leurs rivages, par les squales, par les phoques, par les marsouins. Les gros oiseaux d’eau les attaquent aussi ; et les pécheurs leur font surtout une guerre cruelle. Et comment ne seraient-ilspas, en effet, très- recherchés par les pêcheurs? ils sont en très- grand nombre; leurs dimensions sont très- grandes et leur chair, surtout celle des mâles. est, à la vérité, un peu difficile à digérer, mais grasse, nourrissante, et très-agréable au goût. Elle plaît d’ailleurs à l'œil par sa belle couleur rougeâtre. Ses nuances et sa délicatesse ne sont cependant par les mêmes dans toutes les eaux. En Écosse, par exemple, le saumon de la Dée est, dit-on, plus gras que celui des rivières moins septentrionales du même pays; et en Allemagne, on préfère les saumons du Rhin et du Wéser à ceux de l’Elbe, et ceux que l’on prend dans la Warta, la Netze etle Kuddow, à ceux que l’ontrouve dans l’Oder. Mais dans presque toutes les rivières qu'ils fréquentent, et dans toutes les mers où on les trouve, les saumons dédommagent amplement des soins et du temps que l’on emploie pour les prendre. Aussi a-t-on eu recours, dans la recherche de ces poissons, à presque toutes les manières de pècher. On les prend avec des filets, des pares, des caisses, de fausses cascades, des nasses, des hamecons, des tridents , des feux , ete. Les filets sont des érubles, des trémails*, semblables à ceux dont on se sert en Norvège, 4 Voyez à l'article du Gade colin, l'explication du mot trémail; et à celui du Misgurne fossile, celle du mot - hle. DES POISSONS. que Fon tend le long du rivage de la mer, qui forment des arcs ou des triangles, et dans les- quels on attire les saumons en couvrant les ro- chers de manière à leur donner la couleur blanche de l'embouchure d’un fleuve qui se précipite dans l'Océan. La ficelle dont on fait ces filets doit être aussi grosse qu'une plume àécrire. Ils présentent jus- qu'à cent brasses de longueur, sur quatre de hauteur ; et leurs mailles ont communément de quatre à cinq pouces de large. On place les parcs auprès des bouches desri- vières, ainsi qu’au-dessus des chutes d’eau. On leur donne une figure telle, que l'entrée de ces enclos est très-large, et que le fond en est assez étroit pour qu'un saumon puisse à peine y passer et qu'on l’y saisisse facilement avec un harpon . On se sert de ces parcs pour augmenter la ra- pidité des rivières en resserrant leur cours, pour en rendre le séjour plus agréable aux sau- mons, qui ne s’engagent que rarement dans les eaux trop lentes; et ce moyen a été particuliè- rement mis en usage auprès de Dessau, dans la Milde, qui se jette dans l’Elbe. Derrière ces parcs, auprès des moulins, et dans d’autres endroits où le lit des rivières est rétréci par l’art ou par la nature, on forme des caisses à jour, quiont une gorge comme une louve ?, et dans lesquelles se prennent les saumons qui descendent ou ceux qui montent, suivant la direction que l’on donne à ces caisses. Dans certaines contrées, et particulièrement à Chä- teaulin, lieu voisin de Brest, et fameux depuis longtemps par la pêche du saumon, on élève des digues qui déterminent le courant à se jeter dans une caisse composée de grilles, et dont chaque face a quinze ou dix-huit pieds de lar- geur. Âu milieu de cette caisse on voit, à fleur d’eau, un trou dont le diamètre est d’un pied et demi à deux pieds. Autour de ce trou sont at- tachées par leur base des lames de fer-blance, allongées, pointues , un peu recourbées, qui for- ment dans l'intérieur de la caisse un cône lors- que leur éiasticité les rapproche, et un cylindre lorsqu'elles s’écartent les unes des autres. Les saumons, conduits par le courant, éloignent les * Ces enceintes portent le nom detweir, auprès de Ballys- hannon, dans la partie occidentale du nord de l'Irlande, (Voyage de Twiss, déjà cité.) 3 On trouvera, dans l'article du Pétromyzon lamprole, l'esplication du mot louve. &85 unes des autres les extrémités de ces lames : entrent facilement dans la caisse, ne peuvent pas sortir par un passage que ferment les lames rapprochées, et s'engagent dans un réservoir d’où on les retire parle moyen d'un filet attaché au bout d'une perche. On tend cependant d’autres filets le long des digues, pour arrêter les saumons qui pourraient se dérober au cou- rant , et échapper au piéce. Dans quelques rivières, comme dans la Stolpe et le Wipper, on construit des écluses dont les pieux sont placés très-près les uns des autres. Les saumons s’élancent par-dessus cet obstacle ; mais il trouvent au delà une rangée de pieux plus élevés que les premiers, et ils ne peuvent ni avancer ni reculer. On prend aussi les saumons dans des nasses de neuf à douze pieds de longueur, et faites de branches de sapin que l’on réunit avec des ficelles , et que l’on tient assez écartées les unes des autres, pour qu’elles ne donnent pas une ombre qui effraierait ces poissons. On ne néglige pas non plus de les pêcher à la ligne, dont on garnit les hamecons de poissons très-petits, de vers, d'insectes, et particulière- ment de demoiselles. Pour mieux réussir, on a recours à une gaule très-longue et très-souple, qui se prête à tous les mouvements du saumon. Le pêcheur qui la tient, suit tous les efforts de l'animal qui cherche à s'échapper; et, si ia nature du rivage sv ceppose, il lui abandonne la lisne. Le sau- mon se débat avec violence et longtemps; il s’élance au-dessus de la surface de l’eau; et après avoir épuisé presque toutes ses forces pour se débarrasser du erochet qu'il a avalé, il vient se reposer près de la rive. Le pêcheur se ressaisit alors de sa ligne, et le tourmente de nouveau pour achever de le lasser, et le tirer facilement à lui ‘. Lorsqu'on préfère de harponner les saumons, on lance ordinairement le trident à la distance de trente-six à quarante-cinq pieds. Les sau- mons que le harpon a blessés sans les retenir, quittent l'espèce de bassin ou de canal dans lequel ils ontété attaqués, pour se réfugier dans le canal ou bassin supérieur. Si on les y pour- suit, et qu'on les y entoure de filets, ils s’en- foncent sous les roches, ou se collent contre le sable, et immobiles laissent glisser sur eux les 4 Notes manuscrites de M. Pénières. 486 plombs du bas des filets que traînent les pé- ] cheurs. On les a vus aussi se précipiter dans un | courant rapide, et cachés sous lécume et les bouillons des eaux, souffrir avec constance, et | sans changer de place, la douleur que leur cau- sait une gaule qui frottait avec force, et com- primait leur dos. La pêche du saumon forme, dans plusieurs contrées, une branche d'industrie et de com- merce, dont les produits peuvent servir à la nourriture d’un grand nombre de personnes. À Berghen , par exemple, il n’est pasrare de voir les pêcheurs apporter deux mille saumons dans un jour. Nous lisons dans le Voyage de l'infor- tuné la Pérouse?, qu'auprès de la baie de Castries, sur la côte orientale de Tatarie, au fond de la manche du même nom, on prit, dans un seul jour du mois de juillet, plus de deux mille saumons. Il est des pays où l’on en pêche plus de deux cent mille par an. En Norvège, on a pris quelquefois plus de trois cents de ces animaux d'un seul coup de filet *. La pèche que l'on fait de ces poissons dans la Tweed, rivière de la Grande-Bretagne, est quelquefois si con- sidérable, qu'on a vu un seul coup de filet en amener sept cents. Et, en 1750, on prit d'un seul coup, dans la Ribble*, trois mille cinq cents saumons déjà parvenus à d'assez grandes dimensions. Mais quelque nombreux que soient les indi- vidus de l'espèce que nous décrivons, plusieurs gouvernements ontétéforcésd'en régler la pêche, pour qu'une avidité imprévoyante ne détruisit pas dans une seule saison l'espérance des an- nées suivantes. Au reste, les saumons meurent bientôt, non- seulement lorsqu'on lestient hors de l’eau, mais encore lorsqu'on les met dans une huche qui n'est pas placée au milieu d'une rivière. Des pêcheurs prétendent que, pour empêcher ces poissons de perdre leur goût, il faut se presser | de les tuer dès le moment où on les tire de. l'eau; et qu'après cette précaution , leur chair, | quoique très-grasse , peut se conserver pendant | plusieurs semaines. Mais, lorsqu'après la mort | | de ces animaux, on veut les transporter à de | grandes distances, et par conséquent les gar- | der très-longtemps, on les vide, on les coupe 4 Notes manuscrites de M. Pénieres. | 3 Voyuge de la Pérouse, rédigé par le général Kiiet-btu= reau, t. III, p. 64. 5 Penvoant, Zool. brit., t: FEI, p. 288 4 Richter. Lehitis., p. 417 | saumure; BISTOIRE NATURELLE en morceaux , on les saupouare ae sel, on les renferme dans des tonnes, on les couvre de: où on les fend depuis la tête, que l'on sépare du corps, jusqu'à la nageoire de æ | queue, on leur ôte l'épine du dos, on les laisse dans le sel pendant trois ou quatre jours, et en les expose à la fumée pendant quinze jours où trois semaines. Auprès de la baie de Castries dont nous ve- nons de parler , les Tatares tannent la peau de grands saumons, et en forment un habillement très-souple !. Les grands avantages que procure la pêche du saumon doivent faire désirer d’acclimater cette espèce dans les pays où elle manque. Nous pensons, avec Bloch, qu'il serait possible de la transporter, et de la faire multiplier dans les lacs dont le fond est de sable, et dont l'eau très-pure est sans cesse renouvelée par des ri- vières ou des ruisseaux. On y transporterait en même temps un gran@ nombre de gGujons, qui aiment les eaux limpides et courantes, et qui y pulluleraient de maniere à fournir aux saumons une nourriture abondante. Les saumons sont sujets à une maladie par- ticulière dont on ignore la cause, et qui leur fait donner le nom de Ladres dans quelques départements méridionaux de France. Leur chair est alors mollasse, sans consistance; et si on les garde après leur mort pendant quelques jours, elle se détache de l’épine dorsale, et glisse sous la peau, comme dans un sac *. Il paraît que l’on doit compter dans l’espèce du saumon quelques variétés plus ou moins constantes, et qui doivent dépendre, au moins en tres-grande partie, de la nature des eaux dans lesquelles elles séjournent. Par exemple, on a observé en Écosse, que les saumons de la Cluden ont la tête et le corps plus gros et plus | courts que ceux de la rivière de Nith. On assure aussi qu'à l'embouchure de l'Orne’, on voit | des saumons sans tache, et un peu bas allon- gés que les saumons de site 4 Voyage de la Péronse, t. I, p. 40, 61. 2 Notes manuscrites de M. Noël de Rouen. 442 rayons à la membrane brauchiale du salmone saumon, 414 à chaque pectorale, 10 à chaque ventrale, 24 à la nageoire de la queue, DES POISSONS. LE SALMONE ILLANKEN ‘. Salno lllanken, Lac.; Salmo Salar, var. Illanken, Lino., Gmel. ?. On connait, sous le nom d'/Ulanken, des sal- mones que l’on pêche dans le lac de Constance, et au sujet desquels M. Wartmann, médecin de Saint-Gall, a fait de très-bonnes observations. D'habiles naturalistes ont regardé ces poissons comme une variété du saumon ; mais nous pen- sons avec Bloch , qu'ils forment une espèce par- ticulière. Ces salmones passent l'hiver dans le lac de Constance, comme les saumons dans la mer. Ils ne quittent jamais l’eau douce. Ils sont une preuve de ce que nous avons dit sur la facilité avec laquelle on pourrait multiplier les saumons dans les lacs entretenus par des courants lim- pides. Il ne faut pas croire cependant qu'ils vivent pendant l'hiver dans le lac de Constance, par une préférence particulière pour ce séjour, ou par une convenance extraordinaire de leur pature avec les eaux qui y coulent. Ils y restent, lorsque la mauvaise saison arrive, parce qu'un obstacle insurmontable les y retient. Ils ne peuvent franchir la grande cascade de Schaf- fhouse, qui barre le Rhin inférieur, et par conséquent la seule route par laquelle ils pour- aient aller du lac dans la mer. Ce lac est l'Océan pour eux. Mais s'ils présentent des signes de leur habitation constante au milieu de l'eau douce, ils offrent toujours les traits principaux de leur famille. Ils annoncent par ces carac- tères leur origine marine; et ils ne la rappellent pas moins par leurs habitudes, puisque, n'é- prouvant pas, comme les saumons, le besoin de quitter l'eau salée pendant la belle saison, ils désertent cependant le lac de Constance lorsque le printemps arrive, et n'y reviennent que vers la fin de l'automne. [ls remontent dans les rivières qui se jettent dans le lac. Ils entrent dans le Rhin supérieur. Ils s'arrêtent pendant quelque temps auprès de son embouchure, parce que, dans cetendroit, il coule avec rapidité sur un fond de cailloux. Ils vont jusqu'à Feldkirch, où ils pénètrent dans la rivière d’//l, qui leur a donné son nom; c'est même dans cette rivière qu'ils aiment à frayer. Les mâles, néanmoins, ne remontent dans son ananken. — Rheinanken.— Illanken. Bloch. ? Non mentionné par M. Cuvier. D. 487 lit que lorsque le temps est serein, et que ja June éclaire; de sorte que si le ciel est couverz pendant plusieurs jours, un grand nombre d'œufs ne sont pas fécondés. Ils parviennent quelquefois jusqu’à Coireet à Rheïawald ; mais ils voyagent lentement, parce que si le Rhin est trouble, ils s'appuient contre des pierres , et attendent, presque immobiles, que l'eau ait repris sa transparence. Si au contraire le Rhin est limpide, et qu'il fasse un beau soleil, ils aiment à se jouer sur la surface du fleuve. Ils pèsent souvent plus de quarante livres, et pondent ou fécondent une très-grande quan- tité d'œufs. Leur multiplication n’est pas cepen- dant très-considérable : un grand nombre d'œufs servent d'aliment à l’anguille, à la lotte, au brochet, aux oiseaux d’eau; et une très- petite partie des illankens qui éelosent échappe aux poissons voraces. Après le frai, leur poids est ordinairement diminué d’un tiers ou de la moitié, lorsqu'ils sontremontéstrès-haut vers les sources du Rhin. Leur chair, au lieu d’être rouge, de bon goût, et facile à digérer , devient blanche et de mau- vais goût : aussi ne sont-ils plus, à cette époque, les poissons les plus recherchés du lac de Constanceet du Rhin supérieur. Ils se hâtent alors de retourner dans le lac, et se laissent aller au courant , la tête fréquemment tournée contre ce même courant, qui les entraîne, et les délivre de la fatigue de la natation dans le temps où ils n ont pas encore réparé leurs forces. Ils vivent non-seulement de vers et d'insectes, mais encore de poissons. Ils sont surtout fort avides de salmones très-estimés dans les marchés; et les pêcheurs du lac assurent que, dans certaines années, ils leur causent plus depertes qu'ils ne leur procurent d'avantages. Malgré leur grandeur et leurs armes, ilssont poursuivis par le brochet, qui, confiant dans ses dents et dans sa légèreté, lors même qu'il leur est très-inférieur en grosseur , les attaque avec audace, les harcèle avec constance, et, à force de hardiesse, d'évolutions et de ma- nœuvres, parvient sous leur ventre qu'il dé- chire. Cependant ils trouvent bien plus souvent une perte assurée dans les filets qu'où tend sur leur passage , particulierement dans le Rhin supé- rieur. Pour qu'ils ne puissent pas échapper au piége a construit de chaque côté du fleuve 488 une cloison composée de bois entrelacés. On l’assujettit avec des pieux, et on l’étend depuisle rivage jusque vers le milieu du courant le plus rapide. Les deux cloisons transversales ne lais- sentainsi qu'un intervalleassez étroit. On adapte à cette ouverture un verveux ‘, dans lequel les illankens vont s’enfermer, mais qu’ils déchirent cependant si ce verveux n’est pas très-fort , ou au-dessus duquel ils parviennent souvent à s’élancer. Ils ont la tête moins petite que les saumons. Dès la seconde année de leur âge, leur mâchoire inférieure se termine par une sorte de crochet émoussé. On ne distingue pas aisément les taches noires, allongées et inégales, qui sont distribuées irrégulièrement sur leur corps et sur leur queue. Les pectorales , les ventrales, et la nageoire de l’anus, sont grisâtres; la na- geoire adipeuse est variée de noir et de gris, la caudale ordinairement bordée de noir. On trouve auprès du pylore soixante-huit appen- dices placés sur quatre rangs ?. LE SALMONE SCHIEFFERMULLER *, Salimo Schielfermulleri, Bl., Lac., Cuv. *. ET LE SALMONE ÉRIOX 5. Salmo Eriox, Linn., Gmel., Lac, 6. Le premier de ces salmones se trouve dans la Baltique. On le pêche aussi dans plusieurs lacs de l'Autriche, où on le prend dans les environs de mai; ce qui lui a fait donner, dans les con- urées voisines de ces lacs, le nom de May fo- relle. Bloch l’a dédié à M. Schieffermuller de Lintz, qui lui avait envoyé des individus de cette espèce 7. 4 Voyez la description du Ferveux, à l'article du Gade colin. 310 rayons à la membrane branchiale du salmoneillanken, 14 à chaque pectorale, 41 à chaque ventrale, 21 à la nageoire de la queue. # May ferche, en Bavière. — May forelle, en Autriche, — Silberlachs , en Poméranie. — Saumon argenté. Bouna= terre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 105. 4 Du genre el du sous-genre SAUMON, dans la famille des Salmones, ordre des Malacoptérygiens abdominaux, Cuv. D. 5 Salmone ériox. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonvaterre, pl, de l'Enc. méth. — Faun. Suec. 546.-— Artedi, gen. 12, syn. 25, spec. 50. — Willughby, Ichth., p. 195. — Rai, Pisc., 65. “M. Cuvier ne cite pas l'espèce du Salmone ériox. D. 742 rayons à la membrane branchiale du salmone schief- HISTOIRE NATURELLE Il pèse de six à huit livres. Sa partie supé- rieure est brune ; ses joues, sa gorge , ses uper- cules , ses côtés et son ventre sont argentés ; la ligne latérale est noire; les nageoires sont bleuâtres ; les taches ont la forme de très-petils croissants. On voit un appendice triangulaire à côté de chaque ventrale; les écailles tombent facilement, et argentent la main à laquelle elles s’attachent. Le foie est petit, jaunâtre, et divi- sé en deux lobes, l’estomac assez long, et la membrane de la vessie natatoire ordinairement très-mince. L’ériox habite dans l'Océan d'Europe, et re- monte, pendant la belle saison, dans les fleuves qui s’y jettent. LE SALMONE TRUITE". Salmo Fario, Linu., Bl., Lac., Cuv. 2. La truite n’est pas seulement un des poissons les plus agréables au goût; elle est encore un des plus beaux. Ses écailles brillent de l'éclat del’argentetde l'or; un jaunedoré mêlé de vert resplendit sur les côtés de la tête et du corps. Les pectorales sont d’un brun mêlé de violet; les ventrales et la caudale dorées; la nageoire adipeuse est couleur d’or avec une bordur brune ; l’anale variée de pourpre, d'or, et de gris de perle; la dorsale parsemée de petites gouttes purpurines ; le dos relevé par des taches queue. — 12 rayons à la membrane branchiale du salmone ériox, 44 à chaque pectorale. 4 Trotta, Torrentina, en Italie.—Fore, Bachfore, Forell, Teichforelle, Goldforelle, en Allemagne. — Lashens, Nor- jar, en Livenie. — Dawatschan, en Tatarie. — Araspaja ryba, en Russie. — Forell. Stenbit. Backra, Rofisk, en Suede, — Forel-kra, Elv-hia, Muld-kra, Or-rivie, en Nor- vège — Trout,en Angleterre. — Salmone truite, Salmone fario. Daubeuton et Haüy, Euc. méth. — Zd. Bounaterre, pi. de l'Enc. méth. — Fario, truite. Bloch, pl. 22. — Artedi, gen. 12, syu. 25, spec. 51.—Tructa. Cub., 1. 5, c. 94, fig. 91, b. — Trutta. Ambrosii, episcupi Mediolaui, Hexæmeron 5, c. 5. — Id. et salar et varèus. Salvian., fol. 96 b, et97 a et b.— Trutla fluviatilis. Bélon. — Id, Rondelet, part. 3, p.169. — Id. et Lrutta fario. Gesner, p. 1002, 4006, 1007, et (germ.), fol. 175, a. Trutla fluviatilis. Aldrov., L. 5, c. 42, p: 589. — Jonston, 1.5, t. 4, c. 1, tab, 26, fig. 1. —Willughby, p. 199, tab. 12,/ig. 4. — Raï, p. 65. — « Trutta fluviatilis yulga- ris. » Charlet., p. 155. — Trutta, vel trutta vulgo, forina, et forio. Schon., p. 77. — Kram. Elench., p. 589, n. 5. — Scopoli, ann, 2, p. 40. — Müller, Prodr. Zool. Dan., p. 48, n. 408. — Faun. Suec. 548. — Trutta dentata. Klein, Miss. pisc. 5,p. 49, tab. 5, fig. 5. — Trout. Brit. Zool. 5, p. 250, n. 4. — Truite. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 Du sous-genure SAUMON, dans le grand genre du même nom, famille des Salmones, ordre des Malacoptérygiens ab- trmuller, 48 à chaque pectorale, 19 à la nageoire de la j dominaux. D. DES POISSONS. noires; et d’autres taches rouges, entourées d’un bleu clair, réfléchissent sur les côtés de l’animal les nuances vives et agréables des ru- bis et des saphirs. 1 On la trouve dans presque toutes les contrées du globe, et particulièrement dans presque tous les lacs élevés, tels que ceux du Léman, de Joux, de Neufchâtel; et cependant il paraît que le poëte Ausone est le premier auteur qui en ait parlé. Sa tête est assez grosse; sa mâchoire infé- rieure un peu plus avancée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière, de dents pointues et recourbées. On compte six ou huit dents sur la langue; on en voit trois rangées de chaque côté du palais. La ligne latérale est droite; les écailles sont très-petites; la peau de l’estomac est très-forte ; et il y a soixante vertèbres à l’épine du dos, de chaque côté de laquelle sont disposées trente côtes. Le savant anatomiste Scarpa a vu, dans l'organe de l’ouïe de la truite, un osselet sem- blable à celuique Camper avait découvert dans l'oreille du brochet. Cet osselet est le troisième ; il est pyramidal, garni à sa base d’un grand nombre de petits aiguillons, et placé dans la cavité qui sert de communication aux trois ca- naux demi-cireulaires. La truite a ordinairement un pied ou quinze pouces de longueur, et pèse alors six à dix onces. On en pêche cependant, dans quelques rivières, du poids de quatre ou six livres‘; Bloch a parlé d’une truite, qui pesait huit livres, et qu'on avait prise en Saxe; et je trouve dans des notes manuscrites qui m'ont été envoyées , il y a plus de douze ans, par l’é- vèque d’Uzès, qui les avait rédigées avec beau- coup de soin, que l'on avait pêché, dans le Gardon , des truites de dix-huit livres. Le salmone truite aime uneeau claire, froide, qui descende de montagnes élevées, qui s’échap- pe avec rapidité, et qui coule sur un fond pier- reux. Voilà pourquoi les truites sont très-rares dans la Seine, parce que les eaux de ce fleuve sont trop douces pour elles, et trop lentes dans teur cours? ; et voilà pourquoi au contraire, mon célebre confrère, M. Ramond , membre de l’Ins- titut, a rencontré des truites dans des amas d'eau situés à près de six mille pieds au-dessus 4 Notes manuscrites de M. Péuières. 5 Rotes manuscrits de M. Noël de Rouen, 11. 489 du niveau de la mer, dans ces Pyrénées qu'il connaît si bien, et dont il a fait comme son domaine. Ilnous écrivait de Bagnères, en 1797, que le fond de ces amas d’eau est rarement cal- caire ou schisteux , mais le plus souvent de gra- nit ou de porphyre. On n’y voit en général au- cun autre végétal que la plante nommée Sparqanium natans, et plus fréquemment des ulves solides, croissantes sur des blocs sub- mergés : mais le fond est presque toujours enduit d’une couchemince dela partieinsoluble de l’Aurmus que les eaux pluviales y entraînent des pentes environnantes. Les grandes chaleurs peuvent incommoder la truite au point de la faire périr. Aussi la voit-on vers le solstice d’été, lorsque les nuits sont très- courtes et qu'un soleil ardent rend les eaux pres- que tièdes, quitter les bassins pour aller habiter au milieu d’un courant, ou chercher près du rivage l’eau fraîche d’un ruisseau ou celle d’une fontaine. Elle peut d'autant plus aisément choisir entre ces divers asiles, qu’elle nage contre la direc- tion des eaux les plus rapides avec une vitesse qui étonne l’observateur, et qu’elle s’élance au- dessus de digues ou de cascades de plus de six pieds de haut. Elle ne doit cependant changer de demeure qu'avec précaution. M. Penières assure que si pendant l'été lès eaux sont très-chaudes, et qu'après y avoir péché une truite, on la porte dans un réservoir très-frais , elle meurt bientôt, saisie par le froid soudain qu'elle éprouve ?. Au reste, une habitation plus extraordinaire que celles que nous venons d'indiquer paraît pouvoir convenir aux truites, même pendant plusieurs mois, aussi bien et peut-être mieux qu'à d’autres espèces de poissons. M. Duchesne, professeur d'histoire naturelle à Versailles, et dont on connaît le zèle louable et les bons ou vrages , m'a communiqué le fait suivant, qu’il tenait du célèbre médecin Lemonnier, mon an- cien collègue au Muséum d'histoire naturelle. Environ à dix-huit cents pieds au-dessous du pie du Canigou dans les Pyrénées, on voit un petit sommet dont la forme est semblable à celle d’un ancien cratere de volcan. Ce cratère se rem- plit de neige pendant l'hiver. Après la fonte de la neige, le fond de cette sorte d’entonnoir de- 1 Voyez, à ce sujet, le Disrours sur la nature des poissons, 2 Notes mauuscrites déjà citées 62 490 vient un petit lac, quise vide par l’évaporation, au point qu'il est à sec à l’équinoxe d'automne. On y pêche d'excellentes truites pendant tout l'été. Celles qui restent dans la vase, à mesure que le lac se dessèche , périssent bientôt, ou sont dévorées par des chouettes. Cependant, l’année suivante , on retrouve dans les nouvelles eaux du cratère un grand nombre de truites trop gran- des pour être âgées de moins d'un an, quoique aucun ruisseau ni aucune source d’eau vive ne communiquent avec le lac. Ce fait, dont M. Duchesne a bien voulu me faire part, prouve que le cratère est placé auprès de cavités souterraines pleines d’eau, dans les- quelles les truites peuvent se retirer lorsque le lac se déssèche, et qui, par des conduits plus ou moins nombreux, exhalent dans l'atmosphère des gaz dangereux pour la santé et même pour la vie des poissons ; et dès lorsil se trouve presque entièrement conforme à d’autres faits déjà con- nus depuis longtemps. La truite se nourrit de petits poissons très- jeunes, de petits animaux à coquille, de vers, d'insectes, et particulièrement d’éphémères et de friganes, qu’elle saisit avec adresse lors- qu'elles voltigent auprès de la surface de l'eau. Il paraît que le temps du frai de la truite va- rie suivant le pays et peut-être suivant d’autres eirconstances. Un habile naturaliste, M. Decan- dolle, de Genève, nous a écrit que les truites du lac Léman et celles du lac de Neufchâtel remon- taient dans le printemps, pour fraver dans les ri- vièreset même dans les ruisseaux ‘. Dans les con- trées sur lesquelles Bloch a eu des observations, ces poissons fraient dans l'automne; et dans le département de la Corrèze, selon M. Pénières ?, les truites quittent également, au commence- ment ou vers le milieu de l'automne, les grandes rivières, pour aller frayer dans les petits ruis- seaux. Elles montent quelquefois jusque dans des rigoles qui ne sont entretenues que par les eaux pluviales. Elles cherchent un gravier cou- vert par un léger courant, s’agitent , se frottent, pressent leur ventre contre le gravier ou le sa- ble, et y déposent des œufs que le mâle arrose plusieurs fois dans le jour de sa liqueur fécon- dante. Bloch a trouvé, dans les ovaires d’une truite, des rangées d'œufs gros comme des pois, et { Notes manuscrites données par M. Decandolle. 2 Notes manuscrites déjà citées. HISTOIRE NATURELLE dont la couleur orange s’est conservée pendant longtemps même dans de l'alcool. D'après cette grosseur des œufs des truites, il n’est pas surprenant qu’elles contiennent moins d'œufs que plusieurs autres poissons d’eau douce; et cependant elles multiplient beaucoup, paree que la plupart des poissons voraces vivent loin des eaux froides, qu'elles préfèrent. Mais si elles craignent peu la dent meurtrière de ces poissons dévastateurs , elles ne trouvent pas d’abri contre la poursuite des pêcheurs. On les prend ordinairement avec la truble !, à la ligne, à la louve, ou à la nasse 2. Si l'on emploie la truble ou le truble, il faut le lever très-vite lorsque la truite y est entrée, pour ne pas lui donner le temps de s’élancer et de s'échapper. La ligne doit être forte, afin que le poisson ne puisse pas la casser par ses mouvements va- riés, multipliés et rapides. La manière de garnir l'hameçon n’est pas 17 même dans différents pays. On y attache de k chair tirée de la queue ou des pattes d’une écre- visse ; de petites boules, composées d’une partie de camphre, de deux parties de graisse de hé- ron , de quatre parties de bois de saule pourri, et d’un peu de miel ; des vers de terre ; des sang- sues coupées par morceaux; des insectes arti- ficiels faits avee des étoffes très-fines de diffé- rentes couleurs, des membranes, de la cire, des poils , de la laine, du erin , de la soie, du fil, des plumes de coq ou de coucou. On change la couleur de ces fils, de ces plumes, de ces soies , de ces poils, non -seulement suivant la saison et pour imiter les insectes qu’elle amène, mais encore suivant les heures du jour *; et on les agite de manière à leur imprimer des mouve- ments semblables à ceux des insectes les plus recherchés par les truites. Dans l'Arnon, auprès de Geneve, on pique ces poissons avee un trident, lorsqu'ils remon- tent contre une chute d'eau produite par une digue *. Mais on en fait une pêche bien plus considé- rable à l'endroit ou le Rhône sort du lac Leman, dans lequel se jette cette rivière d’Arnon. Nous 4 Voyez la description de la truble, à l'article du Misgurné fossile. 2 La description de la louve et celle de la nasse sont das l'article du Petromyzon lamproie. 5 Notes manuscrites de M, Pénieres. 4 Kotes manuscrites de M. Decandoile. DES POISSONS. lisons dans une lettre que le savant professeur Pictet, membre associé de l’Institut, adressa en 4788, aux auteurs du Journal de Genève, qu'à cette époque le Rhône était barré, à sa sortie du lac, par un clayonnage en bois disposé en zig- zag. Les angles de ce grillage, alternativement saillants du côté du lac et du côté du Rhône, présentaient de partet d’autre des espèces d’ave- nues triangulaires, dont chacune se terminait par une nasse ou Cage construite en fil de lai- ton, et arrangée de manière que les poissons qui y entraient ne pouvaient pas en sortir. Celles de ces nasses qui répondaient aux angles sail- lants du côté du lac, se nommaient nasses de remonte; et les autres, nusses de descente. On laissait ordinairement tous les passages libres dès la fin de juin, afin de donner aux truites la li- berté d'aller frayer dans ce fleuve ; on les re- fermait vers le milieu d'octobre : ce qui divi- sait le temps de la pêche en deux saisons: celle du printemps, qui durait depuis la fin de jan- vier jusqu'en juin, et celle de l'automne, qui commencait en octobre, et qui finissait avec le mois de janvier. Dans lune et dans l’autre de ces saisons , on prenait des truites à la remonte et à la descente, mais dans des proportions bien différentes. Sur quatre cent quatre-vingt-neuf truites on en pêchait trente-six à Ha descente du printemps, trente-quatre à la descente de l’au- tomne , seize à la remonte du printemps , qua- tre cent trois à la remonte de l'automne. Il est aisé de voir que cette différence provenait de la liberté qu’avaient les truites de descendre dans le Rhône, depuis la fin de juin jusqu'au mois d'octobre. Pour attirer un plus grand nombre de truites dans les nasses ou dans les louves , on y place un linge imbibé d'huile de lin, dans laquelle on a mêlé du cas{oreum et du camphre fondus. On marine la truite comme le saumon, et on la sale comme le hareng. Mais c'est surtout lorsqu'elle est fraîche que son goût est très- agréable. Sa chair est tendre, partieulièrement pendant l'hiver; les personnes même dont l’es- tomac est faible, la digerent facilement. Pendant longtemps, ce salmone a été nommé, dans plu- sieurs pays, le roi des poissons d’eau douce ; et dans quelques parties de l’Allemagne les prin- ces s’en élaient réservé la pêche. Comme on ne voit guère la truite séjourner satuwrellement que dans les lacs élevés et dans les rivières ouruisseaux des montagnes, elle est . 4 très-chère dans un grand nombre d'endroits : elle mérite par conséquent à beaucoup d'égards l'attention de l'économe , et voici les principaux des soins qu'elle exige. Pour former un bon étang à truites, il faut une vallée ombragée, une eau claire et froide, un fond desable ou decailloux placé sur de la glaise ou sur une autre terre qui retienne les eaux , une source abondante, ou un ruisseau qui, cou- lant sous des arbres touffus, et n'étant pas très- éloigné de son origine, amène, même en été, un? eau limpide et froide ; des bords assez élevés, pour que les truites ne puissent pas s'élaneer pardessus ; degrands végétaux plantés assez près de ces bords, pour que leur ombre entretienne la fraicheur de l’eau; des racines d’arbres, ou de grosses pierres, entre lesquelles les œufs puis- sent être déposés ; des fossés ou des digues, pour prévenir les inondations des ravins où des ri- vières bourbeuses ; une profondeur de neuf pieds ou environ , sans laquelle les truites ne trouve- raient pas un abri contre les effets de l'orage, monteraient à la surface de l’eau lorsqu'il me- nacerait, y présenteraient souvent un grand nombre de points blanchâtres ou livides, et pé- riraient bientôt; une quantité tres-considérable de loches ou de goujons, et d’autres petits cy- prins dont les truites aiment à se nourrir , ou une très-grande abondance de morceaux de foie hachés, d’entrailles d'animaux, de gâteaux secs, faits de sang de bœufet d'orge mondé ; des ban- des garnies d’une grille assez fine pour arrêter l'alevin, une attention soutenue pour éloigner les poissons voraces, les grenouilles, les oiseaux pêcheurs, les loutres, et pour casser pendant Fhi- ver la glace qui peut se former sur la surfae de l’eau ‘. Lorsque, pour peupler cet étang, on est oblig d’y transporter des truites d’un endroit un peu éloigné, il faut ne placer dans chaque vase qu'un petit nombre de ces salmones, renouve- ler l'eau dans laquelle on les a mis, et f'agiter souvent. Différentes eaux peuvent cependant être as sez claires, assez froides et assez rapides pour que les truites y vivent, et avoir néanmoins des propriétés particulières qui influent sur ces sal: monés au point de modifier leurs qualités, leurs couleurs, leurs formes et leurs habitudes, et de 4 Voyez le Discours intitulé : Des effets de l'ar4 de l'homme sur la nature des poissons. 492 produire des variétés très-distinctes et plus ou moins constantes. M. Decandolle assure que les truites prises dans le Rhône diffèrent de celles que l’on pêche dans le lac de Genève, par la grandeur de deux taches noirâtres placées sur les joues ‘. Suivant le même naturaliste, celles de l’Arve sont plus minces et plus allongées. On en voit, dit M. Pénières, d’effilées, et d’autres très-courtes. Le ruisseau appelé le Quey- rou, près de Pénières, dans le département du Cantal, en nourrit d’arrondies, avec le dos voûté; dans celui de Narbois , les truites sont courtes, arrondies, et d’une nuance presque jaune ; dans un autre ruisseau nommé Enlan, elles sont al- longées, grises et légèrement tachetées. M. Noël de Rouen nous a écrit : « Les truites « de Palluel ont une grande réputation dans le « département dela Seine-Inférieure : ce sont les « plus délicates que nous possédions dans nos « eaux douces. On m'a assuré à Cany qu'elles «ne remontaient pas au-dessus du pont de ce « gros bourg, qui n’est éloigné de la mer que « d’une lieue. Après les truites de Palluel vien- « nent celles de la rivière de Robec, qui se perd « dans la Seine à Rouen. On connaît dans nos « différentesrivières sept ou huit variétés detrui- «tes, qui diffèrent entre elles par la couleur, « les taches, ete. » Dans les eaux de Lethnot, comté de Forfar, en Écosse, les pêcheurs distinguent deux varié- tés de la truite : la première est jaune, et beau- coup plus large ou haute que la truite ordinaire ; la seconde a la tête beaucoup plus petite, et les côtés tachetés d’une manière aussi élégante que brillante. On pêche aussi dans quelqueslacs, ruisseaux ourivières d'Écosse, d’autres variétés de latruite, auxquelles on a donné les noms de Truite de mousse, Truite de petile rivière, Truile noire, Truite blanche, et Truite rouge. Bloch en a fait connaître une, qu'il a dési- gnée par la dénomination de Truite brune *. Cette variété a la tête et le ventre plus gros que la truite commune ; le dos arrondi; la partie su- périeure des côtés et la tête, d’un brun-noir avec des taches violettes; la partie inférieure de ces mêmes côtés, jaunâtre, avec des taches rouges entourées de blanc et renfermées dans un se- 4 Notes manuscrites déjà citées, 2Bloch, pl. 22. — Salmo fario, sylvaticus, B. Linnée, éd. de Gmelin. HISTOIRE NATURELLE cond cercle brunâtre; les nageoires du ventre, de l'anus et de la queue, mélangées de jaune, la chair très-délicate, et rouge lorsqu'elle est cuite, de même que celle du saumon et du sal- mone truite-saumonée. Cette variété habite plu- sieurs des rivières qui se jettent dans la Balti que, Gu dans la mer qui baigne les côtes de Norvège ‘. LE SALMONE BERGFORELLE ?. Salmo punctalus, Cuv.; Salmo alpinus, BI., Lac.:. Ce salmone a de petites écailles sur letrone, un appendice étroit à côté de chaque ventrale. la ligne latérale droite, la première dorsale jaune avec des taches noires, les autres nageoires rou- geâtres, le dos verdâtre, le ventre blanc, la chair rouge, de bon goût et facile à digérer. On le trouve dans les eaux de très-hautes montagnes, particulièrement de celles de Lapo- nie, du pays de Galles, et du voisinage de Saint- Gall *. LE SALMONE TRUITE-SAUMONÉE 5. Salmo Trutta, Linn., Gmel., B1., Cuv.; Salmo Trutta, Salar, Lac.; Salmo lacustris, Linn., Gmel.s, On a prétendu que la truite-saumonée prove- nait d’un œuf de saumon fécondé par une truite, 410 rayons à la membrane branchiale du salmone truite, 10 à chaque pectorale , 18 à la nageoire de la queue. 2 Faun. Suec. 549. — Ræding. It, Wgoth. 257. — Salmone bergforelle. Danbenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 104. — « Salmo vir « pedalis, pinnis ventris rubris, etc.» Artedi, gen. 15,syn. 25, Willughby, Pisce., p. 196. tab. N, 1,3, 4.— Red charre. Rai, Pisc., p. 63°. — Charr. Brit. Zool. 5, p. 265, n. 6, t. 15. 5 Le texte de cet article se rapporte an Salmo alpinus de Linnée; mais la pl. de Bloch 104 représente la truite pointillée (Sulmo punctatus) de M. Cuvier, qui est pent-être le Car- pione des lacs de Lombardie. Le Bersforelle appartient au sous-genre SAUMON, dans le grand genre du même nom. D, 410 rayons à la membrane branchiale du salmone berg- forelle, 14 à chaque pectorale, 23 à la nageoire de la quene. S Lachs forelle, en Allemagne. — Rheinanke, Rhein- lanke, sur le Rhin. — Zachskindchea, en Saxe. — Lachs- fahren, en Prusse. — Taimen, Taimini, en Livonie. — Soborting, en Laponie. — Orlar, Tuanspol, Borting, Sickmat, Lodjor,en Suède. — Soe-borling, Aurride,en Norvège. — Lar-ort, Maskrog-ort, en Danemarck.— Salm- forel, en Hollande, — Sea trout, Salmon-trout, en Angle- terre. — Salmone truile-saumonée. Daubenton et Haüy, Enc, méth. — Zd. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Bloch, # Du sous-genre SAUMON , dans le grand genre du même nom, Cuv. D. * Le Charr des Anglais est le Salmone salyeline ou Truite rouge selon M. Cuvier, Di DES POISSONS ou d’un œuf de truite fécondé par un saumon ; qu’elle ne pouvait pas se reproduire; qu’elle ne formait pas une espèce particulière. Cette opi- nion est contraire aux résultats des observations les plus nombreuses et les plus exactes. Mais la truite-saumonée n’en mérite pas moins le nom qu'on lui a donné : sa forme, ses couleurs et ses habitudes, la rapprochent beaucoup du sau- mon et de la truite; elle montre même quel- ques-uns des traits qui caractérisent l’un ou l’au- tre de ces deux salmones, et c’est depuis bien du temps qu’on a reconnu ces caractères pour ainsi dire mi- partis. Non-seulement en effet Schwenckfeld, Schoneveld, Charleton et John- son l'ont distinguée et décrite ; mais encore le consul Ausone l’a chantée, dès le cinquième siè- cle, dans son poëme de la Moselle, où il l'a nommée fario, et où il l’a représentée comme tenant le milieu entre la truite et le saumon. La truite-saumonée habite dans un très-grand nombre de contrées; mais on la trouve princi- palement dans les lacs des hautes montagnes, et dans les rivières froides qui en sortent ou qui s’y jettent. Elle se nourrit de vers, d'insectes aquatiques et de très-petits poissons. Les eaux vives et courantes sont celles qui lui plaisent : elle aime les fonds de sable ou de cailloux. Ce n’est ordinairement que vers le milieu du prin- temps qu’elle quitte la mer, pour aller dans les fleuves, les rivières, les lacs et les ruisseaux, choisir l’endroit commode et abrité où elle ré- pand sa laite ou dépose ses œufs. Elle parvient à une grandeur considérable. Quelques individus de cette espèce pèsent huit ou dix livres; et ceux même qui n’en pèsent encore que six ont déjà plus de deux pieds de longueur. On la confond souvent avec le salmone huch, auquel elle ressemble en effet beaucoup, et | qu’on a nommé, dans plusieurs pays, 7ruite- saumonée. Ajoutons donc aux traits indiqués dans le tableau générique pour l'espèce dont nous traitons, les autres principaux caractères qui lui appartiennent, afin qu’on puisse la dis- tinguer plus facilement de ce salmone huch, qui, au reste, peut parvenir à un poids sept ou huit Id. 21. — Faun. Suec. 547. — Müll. Prod. Zool, Dan., p. 48, 0. 407. — Kramer, El., p. 589, n. 2. — « Silmo latus, macu- «lis rubrisnigrisque, etc. » Artedi, gen. 12, syn. 44.—Gronov. Mus. 2, n.164. — Trulla salmonata. Willughby, Ichth., p.195, 198. — Jd. Rai, Pisc., p. 65. — Bull-trout. Pennant, Brit. Zool. 5, p. 249, n. 5. — Truile-saumonce. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 495 fois plus considérable que celui de la véritable truite-saumonée. Sa tête est petite, et en forme de coin; ses mâchoires sont presque également avancées; les dents qui les garnissent sont pointues et recour- bées, et celles d’une mâchoire s’emboîtent en- tre celles de la mâchoire opposée. On voit d'ail- leurs trois rangées de dents sur le palais, et deux rangées sur la langue. Les yeux sont petits, ainsi que les écailles. La ligne latérale est pres- que droite. Le nez et le front sont noirs; les joues d’un jaune mêlé de violet; le dos et les côtés d’un noir plus ou moins mêlé de nuances violettes; la gorge et le ventre blancs ; la caudale et l’adie peuse noires ; les autres nageoires grises, les taches noires répandues sur le poisson , quelques fois angulaires, mais le plus souvent rondes. Au reste, la forme et les nuances de ces ta- ches varient un peu , suivant la nature des eaux dans lesquelles l'individu séjourne. La bonté de sa chair dépend aussi très-souvent de la qualité de ces eaux ; mais en général, et surtout un peu avant le frai, cette chair est toujours tendre, ex- quise et facile à digérer. Elle perd beaucoup de son bon goût lorsque la rivière où la truite- saumonée se trouve, reçoit une grande quantité de saletés ; il suffit même que des usines y in- troduisent un grand volume de sciures de bois, pour que ce salmone contracte une maladie à laquelle on a donné le nom de consomption , et dans laquelle sa tête grossit, son corps devient maigre , et la surface de ses intestins se couvre de petites pustules. On pêche les truites-saumonées avec des filets, des nasses et des lignes de fond, auxquelles on attache ordinairement des vers. Dans les en- droits où l’on en prend un grand nombre, on les sale, on les fume, on les marine. Pour les fumer, on élève sur des pierres un tonneau sans fond et percé dans plusieurs en- | droits; on suspend ces salmones, et on les y expose, pendant trois jours, à la fumée de bran. ches de chène, et de grains de genièvre. Pour les mariner, on les vide, on les met dans du sel, on les en retire au bout de que!- ques heures, on les fait sécher, on les arrose de beurre ou d'huile d'olive, on les grille; on étend dans un tonneau une couche de ces pois- sons sur des feuilles de laurier et de romarin, des tranches de citron, du poivre , des clous de girofle; on place alternativement plusieurs cou- 194 ches semblables de truites-saumonées, et de por- ons de végétaux que nous venons d'indiquer ; on verse par-dessus du vinaigre très-fort que l'on a fait bouillir, et l’on ferme le tonneau. Bloch a observé, sur une truite-saumonée , un phénomène qui s'accorde avec ce que nous avons dit de la phosphorescence des poissons, dans le Discours relatif à la nature de ces ani- maux. Entrant un soir dans sa chambre: il y aperçut une lumière blanchâtre et brillante, qui te surprit d’abord, maisdontil découvrit bientôt la cause : cette lumière provenait d’une tête de truite-saumonée. Les yeux, la langue, le palais et les branchies, répandaient surtout une grande clarté. Quand il touchait ces parties, il en aug- mentait l’éclat; et lorsque, avec le doigt qui les avait touchées, il frottait une autre partie de la tête, il lui communiquait la même phosphores- cence. Celles qui étaient le moins enduites de mucilage ou de matières gluantes, étaient le moins lumineuses; et ces effets s’affaiblirent à mesure que la substance visqueuse se dessécha ", LE SALMONE ROUGE ?, Salmo erytbrinus, Linn., Gmel., Lac. 5. Le Salmone gæden +, Salmo Gæ leni, Linn., Gmel., Lac. 5. — Le S. Huch ®, Saimo Hucho, Linn., Gin., Lac., Cuv.T. — Le S. Carpione 5, Salmo Carpio, Linn., Gmel., Lac. ?. — LeS. Salveline 0. Salmo Salvelinus, Linn.; Gm., Lac., CuvM.— Le S. Omble Chevalier 4, Salmo Umbia, Lian., Gum., Bl., Lae., Cuv. ‘5, Le rouge habite des lacs et des fleuves de la Sibérie. Il parvient à deux pieds de longueur. Sa chair est rouge, grasse, tendre. Ses œufs 412 rayons à la membrane branchiale du sulmone truite- zaumonée, 44 à chaque pectorale, 20 à la nageoire de la queue. 2 Georg. It. , p. 156, tab. 1, fiz. 1. 5 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. + Silberforelle, sur quelques rivages de la Baitique. — Bloch, pl. 102. — Truile de mer. Bonnaterre pl. de l'Enc. méth. 5 Non mentionné par M. Cuvier. D. 6 Heuch, ainsi que huch, en Bavière. — Hauchforelle, dsns plus autres contrées de l'Allemagne. — Sa/mone huch. Maubenton et H.üy. Enc. méth. — /t Bonnaterre, pl. de «Euc. méth. — Bloch, pl. 100. — Meidenger, 45. — « Salmo & oblongus, dentium lineis duabus palati, maculis tautum- Z modù migris. » Artedi, gen. 12, syn. 25. — « Salmo derso brunneo, maeulis nigris, ete. » Krarn. Austr. 588. — Gesn. quat., p. 1015. Thierb., p. 174, Icon. an., p.515. — Aldrov. sC., p, 592. — Willughby, Ichth., p. 199, tab. n. 1, fig. 6. Lai, Pisc., p.69, n. 9. — Marsigli, Danub. 4, p. 81, tab. 28, gg. 4. 7 Du sous genre SALMONE, dans le graud genre du même sem. D. 5 Chare, Gill charre, dans quelques contrées d'Angle- HISTOIRE NATURELLE sont jaunes; son dos est brun ; sa première dor- sale grise, avec des taches rouges bordées d’une autre couleur; la nageoire adipeuse brune et allongée; le front et les opercules sont gris. On voit des dents aux mâchoires, sur la langue qui est large, et sur le palais, où elles forment deux rangées disposées en arc. Le gæden, que Bloch dédia dans le temps à l'un de ses amis, le conseiller Gæden, de la basse Poméranie, vit dans la Baltique et dans l'Océan Atlantique boréal. Il pèse ordinairement deux livres ou environ : sa longueur n'excède guère dix-huit pouces. Sa chair est maigre, mais blan- che et agréable au goût. Ses deux mâchoireset le palais sont garnis de dents pointues; l’ouver- ture de la bouche et les orifices des branchies ont une largeur considérable; les yeux sont gros; et les ventrales fortifiées chacune par un appen- dice; la ligne latérale est droite. Les joues, les opercules, les côtés et le ventre sont argentés ; le dos, le front et les nageoires sont brunâtres ; terre. — Roding, Roie, en Norvèze. — « Salmo pede minor, «dentium ordiibus quinque palati. » Artedi, gen. 15, syn. 21.— Ot. Fabric. Fann. Groenl., p. 171. — Salmone car- pion. Daubeuton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bounatrrre, pl. de l'Enc. méth.— Ascagne, cah. 4, p. 2, pl. 52. M. Cuvier cite le nom du Carpione des lacs de Lombar- die comnie pouvaut se rapporter à l'espèce de sa truite poin- tillée, Salmo alpinus, BL, pl. 404, qui n'est pas celui de Liinée, Conséquemment, il place ce poisson daus le sous- genre SAUMON. D. t0Schwartzreuterl,Schwartzreucherl, quand il estencore très-jeune, — Salvelin, Salmarim , en Allemagne. — Sal- bling, en Bavière. — Lambacher salhling. en Autriche. — Salmarino, Salamand'ino, Salmo saimarinus, auprès de Trente. — Omble, Bloch, pl.99*. — Sulmone salvelène, Salmone salmarine. Daubenton et Haüy, Enc. méth.—/d. Bonnaterre, pl. de l'Ene. méth — « Silmo pedalis maxillä su- « periore longiore. » Arteui, gen. 15. syn, 26.— « Salino dorso s fu vo, maculis luteis, caudâ bifurcatä. » 1d, syn. 24. — « Trutia dentata, etc. » Klein, Miss, Pisc. 5, p. 18, n. 5, — Umbla prima, salbling. Marsigl. Danub. 4, p.82, tab. 2, fig. 2. — Umbla tertia, lambacher sulbling. Id. #4, p. 85, tab. 29, fig. 2. — Schwartzreuterl. Schrank. Schr. der Ber- lin. Naturf. fr. 4, p. 580. — Salmarinus. Salvian. Aquat., p. 101, 402. — Jd. Jonst. Pise , p. 155, tab. 28. 41 M. Cuvier donue à la Salveline le om de Truite rouge. C'est le Charr des Anglais, le Sa/mo alpinus de Meidinger, 19. 11 la place dans le sous-genre SAUMON, du grand genre du méme nom, D 41 Salmone humble chevalier. Daubenton et Haüy, Ence. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 404. — « Salmo liueis lateralibus sursum recurvis, caudà bi- furcä, » Artedi, gen. 15, syn. 25. — Klein, Miss. pi-c. 5, p.18, n.5. - Umble. Rondelet, part. 2, ch. (2, p. 115. — Umbla altera. Aldrov. Pisc., p. 607. — Willughby, Ichth., p. 495, tab. n.1, fig. 4. — Rai, Pisc., p. 64. — « Salmo alter Lemani lacüs. » Gesner, Aquat., p. 1004. 4 Du genre et du sous-geure SAUMON de M. Cuvier, dans la familie des Malacoptérygiens abdomiuaux salmuones. D. * M. Cuvier rapporte cette figure de Bloch au véritable SYLMo ALPIRUS de Linnée. D DES POISSONS. des taches brunes distinguent d’ailleurs la pre- mière nageoire du dos. On trouve deux rangées de dents sur le pa- lais, ainsi que sur la langue du huch, et un ap- pendice aupres de chacune de ses ventrales. Sa ligne latérale est droite et déliée; son anus très- près de la caudale ; le dessus de sa tête brun ; sa gorge argentée, ainsi que ses joues ; la couleur de ses côtés , d’un rouge mêlé de teintes argen- tines; chacune de ses nageoires rouge pendant sa jeunesse, et jaunâtre ensuite. Son corps et sa queue sont très-allongés et très-charnus. 11 parvient à une longueur de près de six pieds, et à un poids de plus de soixante livres. Sa chair est quelquefois molle, et n’a pas un goût aussi agréable que celle de la truite ou de la truite-saumonée : on l’a cependant con- fondu, dans beaucoup d’endroits, avec cette der- nière, dont on lui a même donné le nom. On le prend à l’'hamecon, ainsi qu’au grand filet. On le pêche particulièrement dans le Danube, dans les grands lacs de la Bavière et de l’Autriche, dans plusieurs fleuves de la Russie et de ia Sibérie : il paraît qu'il habite aussi dans le lac de Genève; et, d’après une note manuscrite adressée dans le temps à Buffon, on pouvait croire que, dans la partie orientale de ce lac, il pèse quelquefois plus de cent livres. Peut-être faut-il aussi rap- porter à cette espèce un salmone dent M. De- candolle parle dans ses observations manuscri- tes, et qui, suivant cet habile naturaliste, vit dans le lac de Morat, y porte ie nom de Sulut, s’en échappe souvent par la Thicle, pour aller dans le lac de Neufchâtel, et pèse de quatre- vingts à cent livres. Le carpion a beaucoup de rapports avec ie salmone bersforelle. Son palais est garni de cinq rangées de dents; sa chair est rouge. On le trouve daas les rivières d'Angleterre et dans celles du Valais. On le conserve assez facilement dans les étangs. La salveline ressemble aussi beaucoup à ia bergforelle. Elle ne fait qu'un avec la salmarine, que Linnée et plusieurs autres auteurs n'auraient pas dû considérer comme ure espèce particu- lière. Elle a la tête comprimée; ouverture dela bouche large ; les deux mâchoires armées de petites dents pointues; la langue cartilagineuse, un peu libre, dans ses mouvements, et garnie, comme le palais, de deux rangées de dents; l'o- rifice de chaque narine, double; la ligne laté- rale presque droite; un appendice auprès de 495 chaque ventrale; cinquante vertèbres à l’épine du dos; trente-huit côtes de chaque côté de l’é- pine. La tête et le dos sont bruns, les joues et les opercules argentins ; les côtés blanchâtres ; les nuances du ventre orangées: les pectorales rou- ges ; ies dorsales et la caudaäie brunes ; le corps et la queue parsemés de taches petites, randes, orangées et bordées de blanc. Plus l’eau dans laquelle elle séjourne est pure et froide, plus sa chair est ferme, et plus ses couleurs sont vives. Elle pese jusqu'à dix livres. Elle fraie vers la fin de l’automne, et quelque- fois au commencement de l'hiver. On la pêche particulièrementen Bavière, et dans tous les lacs qui s'étendent entre les montagnes depuis Salz- bourg jusque vers la Hongrie. On la prend à l'hamecon, aussi bien qu’au colleret ‘. On la fume en l’exposant à un feu d’écorce d'arbre, dont on augmente la fumée en l'arrosant sans cesse. L'omble chevalier doit son nom à la grandeur de ses dimensions. 11 pèse quelquefois vingt li- vres ; et, suivant M. Decandolle, son poids peut s'élever jusqu’à soixante ou quatre-vingts ?. On a souvent confondu ce salmone avee le huch où avecle Salu/, qui parvient à un très-grand volu- me;et, dans quelques endroits, on l’a pris pour unetruite-saumonée : il constitue cependant une espece bien distincte. Il habite dans le lac de Ge- nève et dans celui de Neufchâtel ; il s’y nourrit ; communément d’escargots , de petits animaux à coquille, et de très-jeunes poissons. On le pé- che près du rivage au filet et à l’hamecon. Il devient très-gras : sa chair est très-délicate, et il est très-rechercné. Il a une rangée de dents pointues à la mä- choire d’en haut; deux rangs de dents sembla- bles à la mâchoire d’en bas; chaque opercule composé de deux pièces; l'ouverture branchiale assez grande; les écailles tendres et si petites, qu'on a peine à les distinguer au travers de la substance visqueuse dont elles sont enauites; le dos verdâtre ; les joues d’un verdâtre mêlé de blanc ; l'iris orangé et bordé d'argentin; les opercules et le ventre blanchâtres ; toutes les na- geoires d'ur vert mêlé de jaune ; ces organes de mouvement ont d’ailleurs peu de longueur 5. 4 Voyez. pour la descriplion du filet nommé colleret, l'ar- ticle du Centropome sandal. 2 Notes manuscrites déjà citées. 5 12 rayons à la membrane branchiale du safmone ronge LE SALMONE TAIMEN , Salmo Taimen, Linn.,Gmel., Lec. ?. Le Salmone Nelma *, Salmo Nelma, Linn., Gmel., Lac. 4. — Le S. Lenvk 5, Salmo Leuok, Lion., Gmel., Lac. . — Le S$. Kundscha 7, Salmo Kuadscha, Linn., Gmel., Lac. #. — Le S. arctique *, Sahno arcticus, Liun., Gmel., Lac. 1°. — LeS. Reidur 4, Salmo Reiïdur, Linn., Gmel., Lac. {?.— Le S. Icime 4, Salmo Icimus, Lac.: Salmo nivalis, Lion., Gmel.4#4,— Le S. Lepéchint5, Salmo Lepechini, Linn., Gmel., Lac. 44, — Le S. Sil 11, Salmo Silus, Ascag., Lac.; Goregonus Silus, Cuv. 4. — Le S, Lodde 4, Mallotus (salmo) groeulandicus, Cuv.; Salmo groenlandicus, Bloch ; Clupea villosa, Linn., Gmel. 20, — Le S. blanc ?!, Salmo albus, Lac. ??, Ces onze salmones vivent dans les mers ou les rivières de l'Europe ou de l'Amérique sep- 15 à chaque pectorale, 19 à la nageoire de la queue. — 10 rayons à la membrane branchiale du salmone gæden, 15 à chaque pectorale, 18 à la caudale. — 12 rayons à la mem- brane branchiale du salmone huch , 47 à chaque pectorale, 146 à la nageoire de la queue. — 12 rayons à la membrane branchiale du salmone carpion, 14 à chaque pectorale, 50 à la nageoire de la queue. — 10 rayons à la membrane des branchies du salmone salveline, 14 à chaque pectorale, 24 à la caudale. — 15 rayons à chaque pectorale du salmone omble chevalier, 18 à la nageoire de la queue. Pallas, It. 2, p. 716, n.54. — Salmone taimen. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 3-4-6.8.40 A, Cuvier ne mentionne aucune des espèces qui correspondent à ces numéros, et que Pallas a décrites le premier. Ce sont les salmones Taimen, Nelma, Lenok, Kundscha et Arctique. D. 5 Pallas, At. 2, p. 716, n. 55. — Lepéchin, It. 2, p. 192, tab. 9, fig. 4, 2, 5.— Salmone nelma. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Pallas, It. 2, p.716, n. 55.— Salmone lénok. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 7 Pallas, 1t. 5, p. 706, n. 46. — Salmone kundscha. Bon- uaterre, pl. de l'Enc. méth. * Pallas, It. 5, p. 706, n.47. — Salmone arclique. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth. 4 Ot. Fabric. Faun. Groenl., p.178, u.126 — Salmone reidur. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. 43-44 Les salnones Reidur et Icime qu'Othon Fabricius a fait conuaitre, ne sont pas cilés par M. Cuvier. D. 45 Ot. Fabr. Faun. Groenl., p.176, n.127.—Salmone icime. Ponuaterre, pl. de l'Enc. méth. 45 Lepéchin, It. 5, p.229, tab. 14, fig. 2. +6 M. Cuvier ne cite pas celte espèce , que Lepéchin a dé- cite dans son Voyage. D, 47 Ascagne, pl. 24.—Salmone sil. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 4# M. Cuvier place le Sil d'Ascagne dans le sous-genre LA- YARET, de son grand genre SAUMON. D, 49 Capelan d'Amérique. — Cupelan de Terre-Neuve. — Gronlander, par les Allemands. — Angmaksak, Keplings, £ern lodde (le mäle), Quetter lodde (idem). Sild lodd, (a femelle, Rong lodde (idem), en Groenland. — Laaden- sild, Lodna, en Islande. — Salmone lodde. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 581, fig. 4. 2 Ce poisson est le type d'un sous-genre formé par M. Cu- sier, sous le uom de LODDE, Mallotus, dans son grand genre SAUMON. D. # Salmone blanc. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Pen- gant, Zool. Brit., t. 3. p. 502. 2? M. Cuvier ne fait pas mention de cette espèce. D. HISTOIRE NATURELLE 1 tentrionale. Nous devons à l’illustre Pallas la connaissance des cinq premiers. Le taimen, des torrents et des fleuves de la Sibérie qui versent leurs eaux dans l'Océan gla- cial, a la chair blanche et grasse ; des dents au palais, à la langue et aux mâchoires ; un appen dice auprès de chaque ventrale; les côtés ar- gentés ; le ventre blanc; la caudale rougeâtre; l’a- naletrès-rouge; une longueur de plus d’un mètre. Le nelma, des mêmes eaux , est long de plus de six pieds ; et de larges lames sont placées au près de l’ouverture de sa bouche. Le lénok , qui préfère les torrents rocailleux, les courants les plus rapides et les cataractes écumeuses de la Sibérie orientale, a plus de trois pieds de longueur ; la forme générale d’unetan- che ; des appendices aux ventrales, qui sont rougeâtres , ainsi que la caudale; le dessus du corps et de la queue brunätre; le dessous jau- nâtre; l’anale très-rouge , et la chair blanche. Le kundscha, qui n’entre guère dans les fleu- ves, et que l’on trouve pendant l'été dans les golfes et les détroits de l'Océan glacial arctique, est long de plus d’un pied et demi, bleuâtre au- dessus et au-dessous de la ligne latérale; et ses ventrales ont chacune un appendice écailleux. L’arctique, qui habite dans Les petits ruisseaux à fond de cailloux des monts les plus septentrio- naux de l'Europe, ne parvient ordinairement qu'à la longueur de quatre pouces. Le reidur des montagnes de Groenland a près d’un pied et demi de long; la tête grande et ovale ; lemuseau pointu ; la langue longue ; le pa- lais garni de trois rangs de dents serrées ; les mächoires armées de dents fortes, recourbées, et très-pointues ; les opereules grands, lisses, com- posés de deux pièces; les pectorales très-allon- gées ; deux rayons de la première dorsale très- longs; la chair blanche, etle ventre de la même couleur. L'icime , dont le museau est arrondi, et la longueur de quatre à huit pouces , vit dans les petits ruisseaux et les étangs vaseux du Groen- land , y dépose ses œufs sur le limon durivage, passe l'hiver enfoncé dans ce même limon , qui le préserve des effets funestes du froid le plus rigoureux , et lorsqu'il est poursuivi, se cache avec précipitation sous cette même rive, qu'il n’abandonne, pour ainsi dire, jamais. Le lepéchin, des fleuves de Russie et de Si- bérie dont le fond est pierreux , a la chair rou- geâtre, ferme et agréabie au grût; plusieurs DES POISSONS. dents furtes, aiguës et recourbées à la mâchoire superieure ; soixante dents semblables à la mâ- choire d'en bas ; la tête grande; les yeux gros; les joues argentées; des taches noires et carrées sur la première nageoire du dos; les autres na- geoires couleur de feu. Lesil, des mers du Nord, présente une tête large et aplatie; deux mâchoires presque éga- les; un dos convexe; un ventre plat ; une anale placée au-dessous de la nageoire adipeuse ; une longueur de deux pieds et demi. Le lodde habite les mers de Norvège, d'Is- lande, de Groenland et de Terre-Neuve. Les individus de cette espèce sont si multipliés en Islande, qu’on en sèche une très-crande quan- tité pour nourrir les bestiaux pendant l'hiver; et il paraît que le voisinage de cette île leur con- vient depuis bien ds siècles, puisqu'on y trouve dans des couches de glaise des squelettes de ces poissons. Le lodde n’a ordinairement que six ou sept, pouces de longueur. On le pêche pendant tout l'été près des rivages du Groenland. Les femel- les arrivent vers la fin du printemps , viennent | par milliers dans les baies, y déposent leurs œufs sur les ; lantes marines, et en laissent tomber | un si grand nombre, que l’eau de la mer, quoi- que assez profonde au-dessus de ces plantes, pa- | reît d’une couleur jaunâtre. Lorsque les loddes accourent vers les bords de la mer pour y pondre ou pour y féconder les œufs, ils ne sont arrêtés ni par les vagues ni par les courants; ils franchissent avec audace les obstacles; 1ls sautent par-dessus les barriè- res. S'ils sont poursuivis par quelque ennemi, ils s’élancent sur la rive, ou sur des pièces de glace; et, s'ils sont blessés mortellement, ils 497 ! corps et la queue, sont aussi tres-petites. Les ! nageoires présentent un bord bleuâtre. Les mâles ont le dos plus large queles femeiles : presque tous ont d’ailleurs, depuis la poitrine jusqu'aux ventrales, au moins pendant le temps du frai, plusieurs filaments déliés et très-courts. Le péritoine des loddes est noir ; la membrane de l'estomac très-mince; la laite simple, ainsi que l'ovaire; l'épine dorsale composée de soixante-cinq vertèbres; chaque côté de cette épine fortifié par quarante-quatre côtes , et les os , auxquels sont attachés les rayons de la na- geoire del’anus, sont très-longs ; ce qui donne à la portion antérieure de la queue la hauteur in- diquée dans le tableau générique. Le blanc, qui, pendant l'été, remonte de {a mer dans les rivières de la grande-Bretagne , a deux rangées de dents à la mâchoire d'en haut, une seule rangée à celle d'en bas ; six dents sur la langue; le dos varié de brun et de blanc; et la première dorsale rougeâtre . LE SALMONE VARIÉ?, Salmo varius, Lac. 5. Le Salmone René, Salmo renatus, Lacep. 4.— Le S. Rille, Salmo Rillus, Lac. 5. — Le S$, gadoïde, Salmo gaduides, Lac. Les quatre salmones dont nous parlons dans cet article sont encore inconnus des naturalistes. Le varié a été observé, par Commerson, près des rivages de l'Ile de France. On ne l'y trouve que très-rarement. Sa longueur est de huit pouces ou environ. Les couleurs de ce poisson sonttrès-variées, et mariées avec élégance. Les nuances un peu brunes du dossontrelevées par des taches rouges, tournoient à la surface de l’eau , périssent et. tombent au fond. Ils se nourrissent d'œufs de crabe, d'œufs de poisson, et quelquefois de plantes aquati- ques. Leurs chair est blanche, grasse, de bon goût. On les mance frais ou séchés ; et ils sont un des aliments les plus ordinaires des Groen- landais. Leur tête est comprimée, et cependant un peu large ; les mâchoires,dont l'inférieure excede la superieure, sont hérissées de petites dents, ainsi que la langue et le palais. Il n’y a qu'un orifice à chaque narine. La ligne latérale est droite; Fauus tres-pres de la caudale. De petites écailles revêtent les opercules, ceiles qui couvrent le 11. ‘18 rayons à chaque pectorale du salmone taimen , 40 à la metnbraue b anchiale ‘‘u salmone nelina, 16 à chaque pec- torae du salnone lénok, 41 à la membrane brauchiale du salmone kundscha, 14 à chaque pectorale. —9 rayons à la membrane branchisle du salmone arctique, 16 à chaque pes- torale, — 12 rayons à la membrane des branchies du sabmone reidur, 14 à chaque pectorale, 21 à la nageoire de la queue, — 14 vayons à la membrane branchia!e du sain.one lepéchin, 44 à ch-que rectorale, 20 à la nageoire de la yrieue.—6 ravona à L, membrane des branchies du salmone sil, 17 à chaud pe: lorale, 40 à la caudale. — 6 rayous à la membrane brane chiate du salnone loitde, 19 à chaque pectorale, 8 à la na- geoire de la queue —15 rayons à chaque pecturale du sal- more biunc. 2, Salm : variegalus,corpore è tereti conico, tænià lateram «lonsiudinai v'cibus alteruis rubris, migris, s Comnersun, manuscrits déià cités. 34.5.8 M, Cuvi r ue fait mention d'aucun des poissons dé- crits daus cet article. D. 63 498 et s'accordent très-bien avec le rouge, le jaune et le noir, que deux raies longitudinales pré- sentent symétriquement de chaque côté du sal- mone , ainsi qu'avec le noiret le rouge dont les nageoires sont peintes. Le dessous de l’animal est blanchâtre ; et les iris, couleur de feu, bril- lent comme desescarboucles au milieu desteintes sombres de la tête. La forme générale de cette dernière partie lui donne beaucoup de ressemblance avec la tête d'un anguis. L'ouverture de la bouche est très- prolongée en arrière. Les dents de la mâchoire supérieure sont avérées, mais éloignées les unes des autres ; celles de la mâchoire inférieure sont au contraire très-serrées. Au reste, cette dernière mâchoire est un peu plus avancée que la supérieure, qui n'est ni extensible ni rétractile. Les dents semblables à des aiguillons recour- bés hérissent la langue, qui d'ailleurs est très- courte et très-dure; d’autres dents plus petites et moins nombreuses garnissent la surface du palais. Le bord supérieur de l'orbite est très-près du sommet de la tête. Deux lames composent cha- que opereule. L’anus est très-près de la caudale, et la ligne latérale presque droite. On pêche dans la Moselle, et particulièrement vers les sources de cette rivière, une espèce de salmone, à laquelle on a donné, dans la ci-de- vant Lorraine, le nom de Æené, et dont un in- dividu m'a été envoyé, il ya plus de douze ans, par Dom Fleurant, bénédictin de Flavigny près de Nancy. Ce poisson a deux rangées de dents sur la langue, et trois sur le palais; le dessus de la tête et du corps, ainsi que les nageoires du dos et de la queue , d'une couleur foncée ; le dessous du corps et ies autres nageoires, blanches ou dlanchätres. Le rille parvient rarement à une grandeur élus considérable que celle d'un hareng. Il ha- bite dans plusieurs rivières, et particulièrement dans celle de la Rille, dont il porte le nom, et quise jette dans la Seine auprès de l'embouchure de ce fleuve. On l’a souvent confondu avec de jeunes sau- mons ; ce qui n’a pas peu contribué aux fausses idées répandues parmi quelquesobservateurs au sujet de sa conformation et de ses habitudes. Mais on est allé plus loin : on a prétendu que ce Salmone rille ne mvatrait jamais ni œuf ni laite, HISTOIRE NATURELLE qu'il était infécond, qu'il provenait dela ponte des saumons, qui, ayant en même temps et des œufs et de la laite, réunissent les deux sexes : et cette opinion a eu d'autant plus de partisans, qu'on aime à rapprocher les extrèmes, et qu'on a trouvé piquant de faire naître d’un saumon hermaphrodite un poisson entièrement privé de sexe. Il y a dans cette assertion une double er- reur. Premièrement, il n’y a pas de poisson qui présente les deux sexes , ou, ce qui est la même chose, qui ait ensemble et une laite et des ovaires : nous avons déja vu que des œufs très- peu développés avaient été pris, par des obser- vateurs peu éclairés ou peu attentifs, pour une laite placée à côté d’un véritable ovaire. Secon- dement, il est faux que le salmone dont nous traitens ne renferme ni œufs ni organe propre à leur fécondation : nous indiquerons au contraire dans cet article la nature de la laite de ce sal- mone de la Rille. Ce poisson constitue uneespèce particulière, dont la description n’a pas encore été publiée. Nous allons le faire connaitre d’après un dessin tres-exact, que M. Noël de Rouen nous a fait parvenir, et d'après une note très- étendue que ce savant naturaliste a bien voulu y joindre. Le salmone rille a la tête petite; l'œil assez gros ; les deux mâchoires et la langue garnies de petites dents ; l’opercule composé de trois pièces; le bord inférieur de la pièce supéricure un peu crénelé; la ligne latérale droite; les écailles ovales, très-petites et serrées ; le dos d’un gris olivâtre ; les côtés blanchâtres et comme marbrés de eris; le ventre très-blanc; la première dor- sale ornée de quelques points rougcâtres; la laite grande, double, ferme au toucher, et très- blanche; la chair également très-blanche, agréable au goût, et imbibée d'une huile ou plutôt d'une graisse douce et légère; la colonne vertébrale composée de soixante vertébres, ce qui suffirait pour séparer cette espèce de celle du saumon. Au reste , il aime les eaux froides, comme la truite, avec laquelle il a beaucoup de rapports. On trouve dans l'étang de Trouville, auprès de Rouen, un antre salmone, dont M. Noël nous a communiqué une description, et à laquelle nous avons cru devoir conserver le nom spéci- fique de Gadoide qu'il lui a donné. Ce poisson parvient à la longueur d'un pied et demi ou environ. Sa tête ressemble beau- coup, par sa conformation, à celle des gades , DES POISSONS. et particulièrement à celle du gade merlan. L'ouverture de la bouche peut étre tres-agrandie par l'extension des lèvres. On voit deux ran- gées de dents à la mâchoire d'en haut, ure rangée à celle d'en bas, plusieurs autres dents sur la langue , qui est grosse et rougeätre, et des dents très-petites auprès du gosicr'. LE SALMONE CUMBERLAND. Salmo Cumberland, Lac. 2. Les lacs du Cumberland et ceux de l'Écosse nourrissent ce salmone, dont les naturalistes ignorent encore l'existence, et dont M. Noël nous a envoyé une description, après son retour d'Angleterre. Ce salmone , auquel nous donnons le nom de sa patrie, a la ligne latérale droite; la tête petite; l'œil grand et rapproché du bout du museau; l'ouverture de la bouche grande; la langue un peu libre dans ses mouvements , et garnie de deux rangées de dents; les écailles petites ; la nageoire adipeuse longue; la couleur générale blanche; le dos gris ; la chair blanche, mais peu agréable au goût *. CENT SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES OSMÈRES *, La bouche à l’extrémilé du museau; la tête comprimée; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons, drux nageoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons ; la première plus éloi- gnée de la lêle que lesventrales ; plus de quatre rayons à la membrane des branchies; des dents fortes aux mdchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. Onze rayousà la première nageoire du des; dix-sept rayors à celle n de l'anus. huit à chaque vertraie; la caudale fourchue ; la mâchure inférieure rec urbee el p us avati- cée que la suprrieure ; la tête et le corps derui transparents. L'OSNÈBE ÉPEBLAN. 412 rayons à la membrane branchiale du salmone varié, 14 à chaque pctorale, 19 à la nageoire de la queue.— 12 rayons à la merubrane des branchies du silmont rené, 15 à chaque pectoralr, 25 à la candale. — 15 rayons à la meinbrane bran- chiale du salmone rille. 4% à chaque pectorale, 55 à la na- geoire de la queue. — {1 rayons à la membrane des brau- chies du salmone gadoïde, 15 à chaque pectorale, 20 à la caudale. 5 Nou mentionnéparM.Cuvier. D. 5 10 rayons à la membrane branchiale du salmone cum- derland, 8 à chaque pectorale, 28 à La nageoire de la quere, 4 M. Cuvier admet le sous-génre ÉPERLan (O0 rus) 499 ESPÈCES, CARACTÈBES, Douze rayons à la première dor- sale; Onze rayons à la nageorre de l'anus; huit à chaque veutrale; la caudale fourehue: l'onverture de la bouche très-longne : un en foncement au-dessus des yeux. É rayons à la première na- 2. L'OSMÈRE SAURE. groire du dos; seize à l'anale: huit à chague ventrale ; la came dale fourchue; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supé- rieure, le dessus du museau derni- ep les yeux très-rappro- chés de son extrémuté ; la partie supérieure de l'orbiie deutelée, Onze rayons à la premiere dorsale; Viugi-Six rayons à la nageoire de l'auus ; huit à chaque veutrale; la caudale fourchue ; l'auale en forme de faux; deux taches noires de chaque côté, l'une auprès de la tête, et l'autre aupres de la caudale. | Douze rayons à la première na- | geoire du dos; onze à celle de J. L'OSNÈRE BLANCHET 4 L'OSMÈRE FAUCILLE. l'anus ; huit à chaque ventraie; la caudale fourchue ; plusieurs rangées de dents égales et ser- rées à chaque mächoire ; la tête et les opercules couverts d'écail- les semblables à celles du dos; la mâchoire d'en bas plus avan . cée que celle d'en haut. Quatorzerayons à la première dor- sale; onze à la nageoire de l'a- au»; dix à chaque ventrae ; la caudale fourchue; la téte com- 6. primée et déprimée; les yeux L'Osmman ciLONnE: rapprochés et sañlauts; la mä- chotre inférienre plus avanvee que la supérieure ; la coutenr gé- nérale jaune; cinq ou six raies longitudinales bleues de chaque côté du poisson. 2. L OSMÈRE TUMBIL, L'OSMÈRE ÉPERLAN !. Osmerus (salmo) Eperlanus, Cuv.; Salmo eperlanus, Linn., Gmel., BI. ; Osmerus eperlanus, Lac. ?, L'éperlan n’a guère que six pouces ou envi- ronde longueur; mais:il brille de couleurs très- agréables. San dos et ses nageoires présentent d'Artedi, dans le grand genre SAUMON; il n'y place que la seule espèce de l'Éperlan ordinaire. Les autres osmières de Lacéprde -ont rangées par lui dans les sous-genres SAURE et Hypaocyn. dansle grand genre SAUMON, D. 4 Slint, en Allemagne. — Xleiner stint, Loffel stint, Kur'zer stint, Stintites, en Livonie. — Jern lodder, Siné lodder, en Laponie. — Nars, en Suède. — Lodde, Riqn. sild-lodde, Roke. Krochle, en Norvege.— Spiering. en Hol- lande, — Sme/t , en Angleterre. — Sjiro iwo, au Japon. — Salmone éperlan. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — /4, Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Faun. Suec. 350, —« OR « merus, radiis piunæ ani septemdecim, « Artedi , gen, 10, syn. 21, spec. 45. — Gronov. Mus. 1, p. 18, n. 49. - Bloch, pl. 28, fig. 2. — Klein, Miss. pisc. 5, p. 20, tab. 4, fig. 5,4. — Esperlan. Rondelet . part. 2, chap. 18. — Eper- lanus fluviatilis. Gesner, Aquat., p. 362; Thierb., p 489, — Eprrlanus. Aldrov. Pisc., p. 556. — 1d. Willnghhy, Ichth., p. 202. — /d. Raï, Pise., p. 66, n. 14.-— Small. Br t. Zo,1.3, p. 269, n.8. — Eperlan. Valmont de Bomare, Dict. d'hist, nat. — /d. Duhamel, Traité des pêches. 3 Type du sous-genre ÉP£BLAN, dans le grand geure Saus | Mon, uv. D. 500 HISTOIRE un beau gris; ses côtés et sa partie inférieure sont argentés ; et ces deux nuances, dont l'une très- douce et l’autre très-éclatante se marient avec grace, sont d’ailleurs, relevées par des reflets verts, bleus et rouges, qui, se mélant ou se succédant avec vitesse, produisent une suite très-variée de teintes chatoyantes. Ses écailles et ses autres téguments sont d’ailleurs si dia- phanes, qu'on peut distinguer dans la tête le cerveau, et dans le corps les vertèbres et les eôtes. Cette transparence, ces reflets fugitifs, es nuances irisées , ces teintes argentines, ont fait comparer l'éclat de sa parure à celui des perles les plus fines; et de cette ressemblance est venu, suivant Rondelet, le nom qui lui a été donné. Cet osmère répand une odeur assez forte. Des observateurs que ses couleurs avaient séduits, voulant trouver une perfection de plus dans leur poisson favori, ont dit que cette odeur res- semblait beaucoup à celle de la violette : il s'en faut cependant de beaucoup qu'elle en ait l'agré- ment, et l’on peut même, dans beaucoup de circonstances, la regarder presque comme fé- tide. : L'ensemble de l’éperlan présente un peu la forme d’un fuseau. La tête est petite; les yeux sont grands et ronds. Des dents menues et re- courbées garnissent les deux mâchoires et le palais ; où en voit quatre ou cinq sur la langue. Les écailles tombent aisément. Cet osmère se tient dans les profondeurs des lacs dont le fond est sablonneux. Vers le prin- temps, il quitte sa retraite, et remonte dans les rivières en troupes très-nombreuses, pour déposer ou féconder ses œufs. 11 multiplie avec | tant de facilité, qu'on élève dans plusieurs mar- chés de l'Allemagne, de la Suède et de l’An- gleterre, des tas énormes d'individus de cette | espèce. Il vit de vers et de petits animaux à coquille. Son estomac est très-petit, quatre ou cinq ap- pendices sont placés auprès du pylore ; la vessie natatoire est simple et pointue par les deux bouts; l'ovaire est simple comme la vessie na- tatoire; les œufs sont jaunes et très-difficiles à compter; des points noirs sont répandus sur le péritoine, qui est argentin. On trouve cin- quante-neuf vertèbres à l'épine du dos, ettrente- cinq côtes de chaque côté ‘. “11 est difficile de présenter l'histoire de l'éperlan avec | NATURELLE Une variété de l'espèce que nous décrivons habite les profondeurs de la Baltique, de l'Océan atlantique boréal, et des environs du détroit de Magellan ‘. Elle diffère de l’éperlan des lacs par son odeur, qui n’est pas aussi forte, et par ses dimensions, qui sont bien plus grandes. Elle parvient communément à la longueur d’un pied ou quinze pouces, et, dans l'hémisphère an- tarctique, on l’a vue longue de dix-huit pouces. Vers la fin de l'automne, elle s'approche des côtes; lorsque le printemps commence, elle remonte dans les fleuves; et l'on prend un si grand nombre d'individus de cette variété en Prusse, auprès de l'embouchure de l'Elbe, et en Angleterre, qu'on les y fait sécher à l'air pour les conserver longtemps et les envoyer à de grandes distances 2. L'OSMÈRE SAURE, Saurus...… Cuv. ; Salmo Saurus, Linn., Gmel.; Osmerus Saurus, Lac. 4, L'Osmére blanchet 5, Saurus (salmo) fœtens, Cuv.; Salmo fœtens, Linn., Ginel.; Osmerus albidus, Lac, #, — L’O. faucille*, Hydrocyon (silmo) falcatus , Cuv.; Salmo fal- catus. Bl.; Osmerus falcatus, Lacep.#. — L'O. Tumbil*, Saurus (salmo) Tuabil, Cuv.; Salimo Tumbil. Bl.; Osmerus Toumbil, Lac. 0, L'O. galonne !, Saurus (salo) lemnis- catus, Cuv.; Osmerus lemuiscatus, Lac. ‘2, Le saure a la tête, le corps et la queue très- allongés ; les deux mâchoires garnies de dents plus d'étendue et d'une manière plus utile, que M. Noël, daus l'ouvrage qu'il a publie à ce sujet il ÿ a quelques années. 4 Eperlan de mer, auprès de Rouen. — Srint. Seeslint, Grosser stint, eu Allemagne — Stinter, Sallukas, Srinck- fisch, Tint. eu Livouie.— Slom, en Suède. — Quatie, Jern- lodde, en Norvege.— Smell, en Angleterre. — Salmo eper- larus, var. B. Linnée, éd. de Gmelin. — Salmone eperlan de mer,variété de l'éperlan. Waubenton et Haüy, Enc. méth. — {d. Bounaterre, pl. de | Enc. méth. — Bloch, pl. 28, fig. 4. — Willughby, Ichth., tab. n. 6, fig. 4. — Eperlanus. Gesner, Thierb., p. 180, b. — Spirinchus. Jouston, Pisc., tab. 47, fig. 6. 27 rayons à la membrane branchiale de l'osmére éperlan, 41 à chaque pectorale, 19 a la nageotre de la queue. 5 Tarautola, auprès de Rome. — See eidechse. en Alle- mague. — Sea bizard, en Angleterre. — « Osinerus radiig epinuæ ani decem. » artedi, gen, ‘0, syn. 22. — Salmone saure. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /a. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth, — Bloch, pl. 384, fig. 1. 4 M. Cuvier place ce poisson uans le sous-geure SAURE , du grand geure SAUMON. D. 8 Stankiachs, Stinksalm , en Allemagne. — Slender sal- mon, ex Augleterre. — Sea sparrow hawk, dans la Caro- liue. — Sulmone blanchet. DaubentGu et 11 üy, Enc. méth. — jd, Bouuaterre pl, de | Enc. méth.— Bloch, pl. 584, fig. 2. — Cateshy, Carolin. 2, p. 2, tab, 2. fig. 2. # Du son--geure SALRE, dans le geure SAUMON, Cuv. D. 1 S'almo falcatus. Bloch, pl. 583. DES POISSONS. tès-fortes, conformées et disposées comme celles de plusieurs lézards; un seul orifice à chaque narine; les opercules revêtus de petites écailles; le dos d’un vert mélé de bleu et de noir; des bandes transversales , étroites , irré- gulières, sinueuses et roussâtres, sur cette même partie; des raies de la même couleur sur la première dorsale; d'autres raies également roussâtres, et de plus tachetées de brun, sur chaque pectorale ; une raie longitudinale bleuä- tre, et chargée de taches rondes et bleues , de chaque côté du corps et de la queue; la partie inférieure de la queue et du corps argentée et très-brillante. On le pêche dans les eaux des Antilles , dans la mer d’Arabie, dans la Médi- terranée. De petites écailles placées sur les opercules et: sur presque toute la tête; une double rangée de dents sur la langue , au palais et aux mâ- zhoires ; un seul orifice à chaque narine ; le dos noirâtre ; les flancs et le ventre argentins ; les nageoires d’un rouge mêlé de brun : tels sont les traits qui doivent compléter le portrait de l’osmère blanchet que l’on a pêché dans la mer de la Caroline, et dont la longueur ordinaire est d’un pied ou quinze pouces, ainsi que celle du saure. Surinam est la patrie de l’osmère faucille. La mâchoire supérieure de ce poisson est plusavan- cée que l'inférieure; les dents de ces deux mâ- choires sont fortes et inégales; d’autres dents pointues garnissent les deux côtés du palais; la langue est étroite et lisse. Un os court, large, dentelé, et placé à l'angle de la bouche, s'avance lorsque la gueule s'ouvre, et reprend sa pre- mière position lorsqu'elle se referme; ce qui donne à l’osmère faucille un léger rapport de conformation avec l’odontognathe aiguillonné. Il y a deux orifices à chaque narine; les oper- cules sont rayonnés ; les écailles assez minces se détachent facilement; la ligne latérale se courbe vers le bas; l'anus est à une distance presque égale de la tête et de la caudale; on voit un ap- pendice à chaque ventrale. La couleur générale est argentée; le dos violet; chaque nageoire grise à sa base, et brune vers son extrémité. * Du sous-genre HYDROCYN ( Hydrocyon ), Cuv., dausle genre SaUMON. D. ® Tunbile, sur la côte de Malabar, — Bloch, p!. 450. * Du sous-genre SAURE, daus le genre SAUMON, Cuv. D. 444 Trutla marina, rictu obtuso. » Plumier, peiutures sur véiin deja citées. 4? Du sous geure SAURE, dansle genre SAUMON, Cuv. D. 501 Le tumbil, de la mer qui baigne le Malabar, à la bouche très-grande; la tête longue; le mu- seau pointu; l’opercule arrondi; la ligne laté- rale droite; l'anus très-rapproché de la caudale; la dorsale et l’anale en forme de faux ; les côtés jaunes; le ventre argentin ; des bandes transver- sales d’un jaune mêlé de rouge; les nageoires bleues, avec la base jaune. Plumier a laissé une peinture sur vélin de l’osmère auquel j'ai donné le nom de Galonné, et dont la description n’a encore été publiée par | aucun naturaliste. La nageoire adipeuse de ce poisson est en forme de petite massue renversée vers la caudale ‘. Il présente, indépendamment des raies longitudinales bleues, dix ou onze bandes transversales brunes; mais il offre en- core d’autres ornements. Sa tête, couleur de chair, est parsemée de petites taches rouges et de petites taches bleues; deux raies bleues relè- vent le jaunâtre de la première nageoire du dos; les ventrales sont variées de jaune et de bleu; l’anale est bleue avec une bordure jaune; et cette parure, composée de tant de nuances bleues , jaunes, brunes et rouges, distribuées d’une manière très-agréable à l'œil, est complé- tée par le bleu de l'extrémité de la caudale. CENT QUATRE-VINGTIÈME GENRE. LES CORÉGONES ?, La bouche à l'extrémité du museau; la lêle comprimée ; des écailles facilement visibles sur le corps el sur la queue ; point de grandes lames sur les côlés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons ; deux nageoîres dorsales ; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; plus de quatre rayons à la membrane des branchies; les mâchoires sans dents, ou garnies de dents très-peliles et difficiles à voir. CABACTÈRES. | Quinze rayons à la première na- geoire du dos; quatorze à ceile de l'anus; douze à chaque ven- { trale; la Candale fourchue; la Lo G mächoire su,érnuie pr lonu-ée LEJCORECORELET SENTE: en furme ue pelle JE uu peiit appendice auprés de cha- que ventrale ; les ecaiiles échan- crées. ESPÈCES. 4 12 rayons à chaque pectorale de l'osmère saure, 48 à la nagsoire de la queue. — 12 rayons à la membrane braucliale de l'osmère blanchet, 12 à chaque pectorale, 23 à la canilale, — 5 rayons à la membrane des brauchies de l'asmère fau- cille, 16 à chaque pectorale, 20 à la nagevire de la queue. — 3 M. Cuvier donne le nom de LAVARETS aux Curégones de Lacépède, dt il fait un sous-genre du grand genre SaUMON. | D. 502 ESPÈCES. 2. LE CO@FGONE P1ps- CSIAN. / 3. Lr CORÉGONE SCHOKUR. 4. LE CORÉGONE NEZ. | | | 5. LE CORÉGONE LARGE. 6. Le CORÉGONE THYMALLE. Ce LE CORÉGONE VIMBE. 8. Le COREGONE VOYA- GEUR. 9. | LE CORÉGONE MULLER. | 10. LE CORÉGONE AUTUM- NAL. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES, Treize ou quatorze rayons à la pre- nuêre du:sale: se ze a la nag one del anus: 0nze à chaque veotrale: la caudal- fourchue:; uu appen- dice triangulire , aigu, et plus loug que les ventiales , auprée de chacune ce crs n ge: iress le d 8 élevé et arrondi en bosse ; la mä- chuire supéri-ure plus avancée que l'iuferieure. Douz- rayons à la première na- g'oire du: des; quaiorze à l'a- hole ; onze à chaque ventrale: la caudale fourchue ; un sppendice court et oblus suprès de chaque ventrale ; la partie «ntéieur- du dus carénér-; deux tubercoles sur le museau; la mâchoire su- péreure pius avancée que l'infé- rieure, Douze rayons à la première dor- sale ; treize à la nageoire de l'a- nus; ‘due Où trr-1z€ à chaque ventrale ; la caudole fourchue; la tet grosse; la mâchoire supé- rieure plus avan ée que l'infé- rieure, arrondie, COuvexe et bos- sue au-devani des yeux ; le cor.# épais ; les appendices des ven- tral-strianzul es et (rès-courts; les écailles giandes. Quinze rayons à la première na- geuire du dos ; quatorze à c‘ile de l'anus; douze à chaque ven- trale; la Candale fourchoe; la mâchoire supérieure prolongée +n forme de petite trompe ; Le dos élevé; sa prrtie antéri-ure Caré- née; le veutre gros et arrondi; les nageoires courtes ; La dorsale placée dans une concavité; les écailles rondes; la prunelle an- guleuse du côié du museau; des raits longitudinales. Vingt-trois rayons à la première dorsale. qui est tres-haute ; qua- torze à la nagroire de l'anus; douze à chique veutrale; la cau- dale fourchue; là mâchoire su- périeure un peu plu- avancée que cell- den bas: la ligne laterale : presque droite; des points noirs sur ‘a tête; un grand nombre de | raies longiludinales. Douze rayons à la première na- geoire du dos: quatorze à l'a- nale; dix à chaque ventrale: la Dageoire adi,euse ; un peu deu- telre, Douze rayons à la première dor- sale; treize à la nagrore de l'a- nus; douze à chaque ventrale; les deux mâchsures presque éga lement avancres ; l'uue el l'autre dénuées de dents; le museau on peu @ nique; la couleur géné- rale arg“utée, san- taches ni ruies ; l-s uazeoires ventrale- et de l'anus, d'un brun rougrärre. La mäch are imféri-ure plus avan- cree que la supérieure: l'une et l'autre denué-s de dents; le ven- tre moucheté. Douze rayons à la première na- geoire du dos; treize à celle de l'anus; douze à chaque venirale; la caudale fourchue ; la mâchoire 6 rayons à la membrane branchiale de l'osimère tumbil, 15 à chaque pectorale , 20 à la caudale. — 7 rayons à chaque pec- torale de l'osmère gslonné. — Nota. Nous iguorous le nom- bre des rayons de la membrane branchiale du galonné. Si, contre notre vpinion , cette membrane n'en avait que qua- tre , il laudrait placer le galonné dans le genre des Chara- cIus. —% | ESPECE, LE CORÉGONE AUTUM- NAL. | n 11. LE CORÉGONE ABLE. 42. LE CORÉGONE PELED. 15. LE CORÉGONE MABÈNE. | EE LE CORÉGONE OXYRHIN-( AT QUE. LE COBÈGONE LEUCI- | É 14. LE CORÉGONE MARE- NULE. 15. LE CGREGONE WART- MANN. CHTHE. CARACTÈRES, inférieure plus avancée que la supérieure ; l'une et l’antre dé- nuées de dents ; l'ouverture des br nchres trèegrande; la con- leur généraie arg utée, Quatorze rayous à la première dor- sale: qu'ue à l'an le; douze à chaqne veut «le; la cou iale four chue; 4 mâ boire iuférieure plus av aucée que vel den haut; l'une et l'autre -ans dents: l'ofice des branches tres-graud; sept rayons à la mem ne bra chiale; cha- que opercule © mposé de trois laves; la parte antérieure. du dos caréné: ; la ligne latérale flé- chie en bas 4 près de la pecto- rale, et ensuile tres-d'oite; les écailles sins échanvrure et poin- tilées de noir, Dix rayons à la première nageoire du dos; quatorze à la nageoire de l'auns; treize à chaque ven- trale ; la mdchoire inferieure un pu pus avancée que la supé rieure , et deuuée de dents, ainsi que celle d'en haut: douze rayons à la mermrane des branclnesz la couleur géurrale blanche; le dos bieuätre ; la téle parsemée de points bruns. Quatorze rayons à la première dor- sale ; quinze à la nag: oire de l'a- nu- ; onze à chaque ventrale; la caudale furchue ; huit rayons à la membrane bran hiale; print de denis: une sorte de bourrelet sur le bont di museau; la mä- choire inférieure ovale, plus étroite et plus courte que la su- érienre ; point de taches, de andes ni de raies. Dix rayons à la première nageoïre du «8; quitorz à l'anale ; onze à chaque venirale: la caudale fourchue; sept rayons à la meme braue des branches; point de dents ; la mâchoire inférieure recou bée, plus stroite et plus longue q e lasupérieure: la ligne latérale droit; la couleur géné- rale arge..lée ; le dus bleuâtre. Quinze rayons à la première dor- sale : quiterze à l'aual. ; donze à chique veutral- ; la caudale en croissant; 1e nins“an on peu semblable à an cône tronqué ; pornt de dents: les eux mâchoi- res presque égalesent avancées; la ligur- liter le droite ; la cou- lenr générale bleue el sans ta- cles. Quatorze rayons à la première na- gene du dos; «ynslorze où quioze à celle de l'anus; douze à chaque ventrale ; neuf à la meme braue des branclnes; point de dent: ; le cräne transparent; la mächoire superirure plus avan céeque cell den bas. el en forme de cône; la ligne la érale courbe vers son origine ; les écailes as- sez g'andes; la couleur générale blauchâtre. Quinze rayons à la première dor- sale; quatorze à la nageoire de Lau +; onz- à “haque ventrale; la candale en croi -ant; la mâ- choire sup:rieure trèslarge et prus courte que l'inferneure, qui est reconrbre et tub-r-uleuse à son -xtremite; la couieur géné- rale argeutée avec des poiutw poirs. DES POISSONS. CARACTÈRES. Quatorze rayons à la première ma- © geoire du dos; tr-1ze à | anale; dix à chaque ventrale : la eau- dale fourchue : la tête petite: la mächoire superieure un peu jilus ESPÈCES. avaucée que l'inférieure, et heris- sé, atnsi que cette dernière, d'un tre-granu nombre d'aspériés : le corps et la queue tres aliongés et tres-compriues; la Couleur grné- raie doree; te dos d'un b eu rêlé de vert ; des raies longitudinales et d'une nuance vb cure de «ha- que côté du pois-on , ou des ta ches ebscures et carrée: sur le dus, ou des raies dorees entre les pectorales et les veutrales. Ouize rayons à la première dorsale, qui est haute eQ un peu en forme de faux: ouzerayon- à la nageoire de l'anus ; la Caudiale fourchue ; le museau arrondi et aplati: la mächoice inférieure un peu plus avancée que la supérieure; lo percule arranui el com rosé de deux pièces; toute la su: fice un poisson, d'un rouge plus ou ous vif. Douze rayons à la première dor- sale: treize à l'auale; neufà cha que ventraie; six pieces à chique upercnle; deux orifices à chaque uarine ;1es deux tuachoires esd= lement avancées: point de deuts; la ligue latérale droite. 48. LE COREGONE OMBRE. 19. Le CORÉGONE ROUGE. 20. Le COREGONE CLU- PEOÏDE. LE CORÉGONE LAVARET !. Coregonus (salmo) oxyrinchus et Coregonus ( salmo) WVartmauni, (uv.; Salmo Lavaretus et S. oxyrin- chus, Linn. ; Salmo Lavaretus, Lac. ?. Les corégones , ainsi que les osmères et les characins, ont de très-grands rapports avec les 4 Féra, Ferrat, dans plus. lacs de la Suisse, ou voisins de œette contrée. — Schnepel, en Allemagne. — Sihka, Siey, Sia-kaile, en Hivonie. — Säck, Slor säck, en Suède et en Norvège. — Hell ,en Danemarck. — Gwiniard, eu Angie- terre. — Farre, dans plus. auteurs. — Salmone lararet. Daubenton et Haüy. Euc. méth — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Bl ch, ÿl. 25. — Salmo L'varetus. Faun. Succ. 532. — /d. Act. Stockh. 1755, p. 195. — /d. Müller, Prodr. Zool. Danic., p. 48, n. 413. — /d Koelreuter. NGv, Comm. Petrop. 45, p. 504. — Id Pallas, It. 3, p. 705. — /d. S. G. Gmelin . Lt. 4, p. 60. — /d. Schrauck , Schr. der Berl. naturf. fr. 4.— « Coregonus maxillä superiore lougiore, piunà « dorsali , ossiculorum quatuordecim. » Artedi, geu. 10, spec. 37, syn. 19. — Waillushby, Ichth., tab. n.6, fig. 1. — Albula nobilis. Raï, Pisc., p. 60, n. 4. — Lavarel. Ronde- let, part. 2, c. 15. 3 Sous le nom ünique de Lawaret , il est question de denx poissons différents dans cet article, L'un est le À utting on Hautin des Belges: Sulmo oxyrhinchus, Lion , BL, pl. 25, (sous le faux nom de Lavarei):il habite dans La mer du Nord, la Baitique, le lac de Harlem, F'Escaut , etc. 1e second, auquel M. Cuvier assigne le nom de Lavaret , se trouve dans les lacs de la Suisse, le Rhin , etc. : Bloch l'a figuré, 1. 455, sous le nom de Salmo Wartmannii (V. ci après, p.507). Le Férat (Corrgonus Feru, Jurme), la Gra auche (Coregonus hyemalis, Jurine), et la Palée (Coregonux Pulæa, Cuv.), sont trois autres espéces aussi confudues avec les deux pre- mières. Les unes et les autres sout placées. par M. Cuvier, dans le sous-geure LAVAKET, Coregonus, du grand geure SAUMON. D. 505 salmones, dans le genre desquels ils ont été compris par Linnée et par plusieurs autres au- teurs. Les habitudes des corégones sont cepen- dant moins semblables à celles des salmones, que la manière de vivre des osmères et des cha- racins, parce que leur, mâchoires ne sont pas garnies , comme celles de ces derniers, des dents très-fortes qui hérissent les mâchoires des sal- mones, et que, moins bien armés pour attaquer ou pour se défendre, ils sont forcés le plus sou- vent d’avoir recours à la ruse, ou de fuir dans un asile. Parmi ces corégones, une des espèces les plus remarquables est celle du lavaret. Nous avons vu dans le tableau du genre des corégones, que Ja conformation de la tête du lavaret présente un trait particulier : la prolon- gation de la mâchoire supérieure, qui compose ce trait, est molle et charnue. D'ailleurs, la tête est petite, et demi-transparente jusqu'aux yeux. La mâchoire inférieure, plus courte que celle d'en haut, s’emboîte dans cette dernière , et se trouve couverte par une grosse lèvre lorsque la bouche est fermée. Ces deux mâchoires sont dé- nuées de dents. La langue est blanche, cartila- gineuse, courte et un peu rude; la ligne latérale presque droite, et ornée de petits points d'une nuance brune; la couleur générale bleuâtre ; le dos d'un bleu mêlé de gris; l'opercule, ainsi que les joues, d’un jaune varié par des reflets bleus ; la partie inférieure du poisson argentine, avec des teintes jaunes; presque toutes les na- geoires ont la membrane bleuâtre , et les rayons blanchâtres à leur origine. Le lavaret a d’ailleurs la membrane de l’esto- mac forte; le pylore entouré d’appendices; le canal intestinal court; l'ovaire ou la laite double; cinquante -neuf vertèbres à l’épine du dos; et trente-huit côtes de chaque côté de cette colonne dorsale. On le trouve dans l'Océan Atlantique septen- trional, dans la Baltique, dans plusieurs lacs, et notamment dans celui de Genève. Il se tient souvent dans le fond de ces lacs et de ces mers : mais il quitte particulièrement sa retraite marine lorsque les harengs commencent à frayer; il les suit alors pour dévorer leurs œufs. H se nourrit aussi d'insectes. M. Odier, savant mé- decin de Genève, ayant disséqué un individu de cette espèce, que l’on nomme Ferrat sur 1 C'est le Coregonus Fera, Jurine. Espèce particulière. D 504 les bords du lac Léman, a trouvé dans son ca- pal intestinal un grand nombre de larves de libellules ou demuiselles, mêlées avec une sub- stance d’une couleur grise. Il crut même voir la vessie natatoire pleine de cette même substance vraisemblablement vaseuse, et de ces mêmes larves; ce qui aurait prouvé que, par un excès de voracité, l'individu qu'il examinait avait ayvalé une si grande quantité de larves et de matière grise, que de l'estomac elles étaient pas- sées par le canal pneumatique jusque dans la vessie natatoire ". Le lavaret multiplie peu , parce que beaucoup de poissons se rourrissent de ses œufs, parce q:'il les dévore lui-même, et qu'entouré d’en- nemis , il est surtout recherché par les squales. On croirait néanmoins qu'il prend, pour la sûreté de sa ponte, autant de soin que la plu- part des autres poissons. Il se rapproche des rivages lorsqu'il doit frayer ; ce qui arrive ordi- nairement vers la fin de l'été ou au commence- ment de l’automne. Il fréquente alors les anses, les havres et les embouchures des fleuves dont les eaux coulent avecle plus de rapidité. La fe- melle , suivie du mâle, frotte son ventre contre les pierres ou les cailloux , pour se débarrasser plus facilement de ses œufs. Plusieurs lavarets remontent cependant dans les rivières : ils s’avancent en troupes; ils présentent deux ran- gées réunies de manière à former un angle, et que précède un individu plus fort ou plus hardi, conducteur de sescompagnons dociles. On a cru remarquer que pius la vitesse de ces rivières est grande, plus ils la surmontent avec facilité, et font de chemin en remontant; ce qui confir- merait les idées que nous avons présentées sur la natation des poissons, dans notre Discours sur leur nature; et ce qui prouverait particu- lièrement ce principe important, que les forces animales s’accroissent avec l'obstacle, et se multiplient par les efforts nécessaires pour le vaincre dans une proportion bien plus forte que les résistances, jusqu’au moment où ces mêmes résistances deviennent insurmontables. Lorsque les eaux du fleuve sont bouleversées par la tem- pête, les lavarets lutteraient contre les vagues avec trop de fatigue; ils se tiennent dans le {Lettre écrite, en 1797 ou 1798, par M. Odier à son fils, jeune homme d'une grande espérance, qui suivait alors més cours avec b-aucoup de zèle, et que la mort a enlevé àses anus + t à sa lainille, au momeut où, à l'exemple de sou respectable père; il allait parcourir avec houneur la carriere des sciences. HISTOIRE NATURELLE fond du fleuve. L’orage est-il dissipé, ils se remet tent dans leur premier ordre, et reprennent leur route. On prétend même qu'ils pressentent la tempête longtemps avant qu'elle n'éclate, et qu'ils n'attendent pas qu'elle ait agité les eaux pour se retirer dans un asile. Ils s'arrêtent cependant vers les chutes d'eau et les embou- chures des ruisseaux ou des petites rivières, dans les endroits où ils trouvent des cailloux ou d'autres objets propres à faciliter leur frai. Après la ponte et la fécondation des œufs, ils retournent dans la mer; les jeunes individus de leur espèce, qui ont atteint une longueur de quatre pouces, les accompagnent. Ils vont alors sans ordre, parce qu'ils ne sont point poussés, comme lors de leur arrivée, par une cause des plus actives, qui agisse en même temps, ainsi qu'avec une force presque égale, sur tous les indi- vidus, et de plus, parce qu'ils n'ont pas à sur- monter des obstacles contre lesquels ils aient besoin de réunir leurs efforts. On assure qu'ils pressent leur retour lorsque les grands froids doivent arriver de bonne heure, et qu'ils le différent au contraire lorsque l'hiver doit être retardé. Ce pressentiment seraitune confirmation de celui qu’on leur a supposé relativement aux tempètes ; et peut-être, en effet, les petites va- riations qui précèdent nécessairement les grands changements de l'atmosphère, produisent-elles, au milieu des eaux, des développements de gaz, des altérations de substances, ou d'autres acci- dents auxquels les poissons peuvent être aussi sensibles que les oiseaux le sont aux plus légères modifications de l’air. On pêche les lavarets avec de grands filets ; on les prend avec le tramail et la louve ‘; on les harponne avec un trident. La chair des lavarets est blanche, tendre, et agréable au goût. Dans les endroits ou la pêche de ces animaux est abondante, on les fume ou on les sale. Pour cette dernière opération , on les vide; on les lave en dedans et en dehors; on les met sur le ventre, de manière que l'eau dont ils sont imbibés puisse s'égoutter ; on les enduit de sel; on les laisse deux ou trois jours rangés par couches; on les lave de nouveau, et on les sale une seconde fois, en les plaçant entre des couches de sel, et en les pressant dans des tonnes, que l'on bouche ensuite avec soin. 4 On trouvera la dsscription du b'amait ou tremnil, dans l'article du Gade colin; et celie de La louve, uaus l'article Gu Pétromyzon lamproie. DES POISSONS. Si on les prend pendant les grandes chaleurs, on est obligé, avant de les saler, de les fendre, et de leur ôter la tête et l'épine dorsale, qui se gâteraient aisément, et donneraient un mauvais goût au poisson. Ils meurent bientôt après être sortis de l’eau. On peut cependant, avec des précautions, les transporter dans des étangs, où ils prospèrent et croissent lorsque ces pièces d'eau sont grandes, profondes, et ont un fond de sable. Au reste, ils varient un peu et dans leurs formes et dans leurs habitudes, suivant la nature de leur séjour. Voilà pourquoi les Ferrals du lac Léman ne ressemblent pas tout à fait aux autres lavarets. Voilà pourquoi aussi on doit peut-être regarder comme de simples variétés de l'espèce que nous décrivons, les Gravanches, les Pulées et les Bondelles, dont M. Decandolle a fait mention daus les notes manuscrites que ce naturaliste si digne d’estime a bien voulu nous adresser. Les Gravanches! ont le museau plus pointu, le goût moins délicat, et ordinairement les di- mensiens plus petites que les tavarets proprement dits. Elles habitent dans le lac de Genève, entre Rolle et Morges. Elles s’y tiennent trop constamment dans les fonds, pendant onze mois de l’année, pour qu'alors on puisseles prendre : ce n’est que vers la fin de l’automne qu’elles paraissent. On les pêche à cette époque avec un filet, la nuit comme le jour, et on a essayé avec succès de les prendre à la lanterne. Les Palées? vivent dans le lac de Neufch4- tel. Ayant à peu près les mêmes habitudes queles gravanches , elles ne paraissent que pendant un mois ou environ, vers le milieu ou la fin de l’au- tomne. On en prend alors une grande quantité avec des filets perpendiculaires, soutenus par des liéges, et maintenus par des plombs et des pierres arrondies, qui roulent ou glissent faci- lement sur les fonds de cailloux, préférés par les palees. On sale beaucoup de ces corégones, qu'on envoie au loin dans de petites barriques. Il paraît que les Hordrlles ne sont que de jeu- nes palées. On les pêche pendant toute l’année sur tous les bords du lac de Neufchâtel. On en mange beaucoup de fraiches en Suisse, et on sale les autres comme les sardines , auxquelles 4 La Gravanche est une espèce distincte, décrite par M. de Jærine (Coreyonus hyemalis), et adopiée par M. Cuvier., D, 2M. Cuvier sépare, curume espêce distincte, la Palce noire (Coregonus Palæwa.) D. 505 on dit qu’elles ne sont pas inférieures par leur goût . LE CORÉGONE PIDSCHIAN ?, Coregonus Pidschian, Lacep.; Salmo Pidschian, Linn., Gmel. 5. Le Corégone Schokur 4, Coregonus Schokur, Lacep.; Salmo Schokur, Linn., Gm. 5, — C. nez, Coregonus nasus, Lac.; Salmo nasus, Liun., Gmel. 7. — C. large %, Curegonus la- lus, Lacep.; Salimo lavareius, var. B,. Liun., Ginel. *, — C. Thynalle ®,Thymallus salmo) corumun s, Cuv.; Core- gouus Thymallus. Lacep.; Salmo Thymallus. Liun.. Gnel., Bloch 11, — C. Fimbe !?, Coregonus Vimba, Lacep.; Saimo Vimba, Linu., Gmel. 4%, — C. voyageur ‘4, Coregonus migraturius, Lac.; Salmo m gratorius, Linn., Gm. ‘#. — C. Muller ‘#, Coregonus Mulleri, Lac.; Salino Mulleri et Salmo Stroemi, Linn., Gmel. 47, — C. autumnal tt, Coregonus autumnalis, Lacep.; Salmo autumaalis, Lian., Gmel, !, Une variété du premier de ces corégones , à laquelie on a donné le nom de #uchsan, et 18 rayons à la membrane branchiale du corégone lavaret, 15 à chaque pectorale, 20 à la nageoire de la queue. % Pallas, It. 5, p. 705, n. 5. 5.8.1. M, Civie* ne cite aucun des poissons auxquels se rap- porteut ces notes. D. 4 Salmone sch kur. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 8 Salmone chucalle. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. — Pallas, It. 3, p.705, n. 44. — Tschar. Lepéchin, It. 5, p. 227, tab. 45. 877 eisfisch, à Dantzig. — Breile aesche, en Poméranie. — Schnepel, à Hambourg. — S&ch,en Dauemarck. — Lap- psüäcn, en Suède. — Lavaret large, et thymatle Large. Block, pl. 26. — S'almone large. Ronn:terre, pl. d2 l'Enc. méth. 40 Ombre d’Auvergne.— Temelo, eu Italie. — Kressling, avant l'âge d'uu an, /ser, après l'âge d'uu an, et avant l'âge de deux aus, Æsrherling, après l'âg- de deux ans, eu Suisse, — A:ch, Æscta, Excher, en Allemagne. — Sprensling, Mauling, en Autriche. — Charius. en Russie. — Harr, en Suède. — /d. en Norvege. — Zjotzhja, en Laponie. — Spelt, Stalling,en Danemarck.—Grayling, Smrllinglike, Thyme, en Angleterre. — Salmone, ombre de riviére. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Boouaterre, pl. de l'Enc. meih, — Bloch, pl. 24. — Müller, Prodr. Zool. Dan., p. 49, n. 416. — « Coregonns maxillà superiore long ore, pinnä dorsi ossicu- « lorum viginti trinm. » Artedi, gen. 10, syn. 20, pc. 41. — Oupakics. Ælian., lib. 14, c. 22, p. 851. — Thymulus. seu thymus. Gesner, p.978, 979 et HA7I. — Ascher, id. Thierb., p 774. — Thymallus. Atübros. Hexam., 1.5, c. 25. S. H. — Thymallus. Salvian., fol. 81, a. — Thymus, 14. fol. 80, b, ad icouem. — Z'hymalus. Wotton, 1. 8. c. 190, fol 170. — Thymalus. Aldrov ,L 5. ©. 14.p 59%.—Jonston, 1.3,1.41.C.5, tab, 2, fig 5.4.5, ettab 51, fig 6. Thumallns. Charleton, p. 135.— /d. Willug! by, p. 187. — Id Rai, p. 62. — Tunal- lus. Albert. Auim., 124, — Thymo. Koudelet vart.2 c.10, — Faun.Suecic., 554. — Kram. El., p 590, n. 2. — Gronov, Mus. 2. n 162.— Kleiu, Miss. prsc. 5 p. 21, n. 15, tab. 4, fig.5. — Thymallus. Mars. Dauub. 4, p.75, Lab. 25. li3. 2. — Brit. Zouol. 5. p.262 n 7. 4 bu sons geure OnBae, Thymallus, dans le grand genre SAUMON. Cuv. D. F 43 Sal me vimbe. Daubenton et Haûy, Enc. méth. — /d. Bouuaterré. pl. de l'Euc. méth.—Faun. Suec. 351.—-Wimba lt. Wgoth., p. 251. SE pere uv dont on doit la connaissance, ainsi que celle du vidschian, à l'illustre Pallas, a le dos plus élevé que ce dernier. On trouve l’un et l'autre en Si- bérie, de même que le schokur, dont la tête est petite, moins comprimée et plus arrondie par-devant que celle du lavaret. C’est également dans la Sibérie qu’habite le corégone nez, dont la lon sueur est ordinaire- ment de dix-huit pouces. Le corégone large a pour patrie une grande partie des contrées dans lesquelles on pêche le lavaret , avec lequel il a beaucoup de rapports. Son poids est de quatre ou six livres. On voit une rangée de petites dents sur les deux mâchoires du thymalle. On trouve aussi quelques dents tres-petites sur le devant du pa- lais, et prus de l'œsophage. La langue est unie; le corps allongé , ainsi que la queue ; le dos ar- rondi ; le ventre gros ; les écailles sont dures et épaisses. La couleur générale est d'un gris plus ou moins mêlé de blanc; les raies longitudinales jont bleuâtres ; une série de points noirs règne le long de la ligne latérale ; la partie supérieure du poisson présente un vert noirâtre; les pecto- rales sont blanches ; une nuance rougeätre dis- tingue les nageoires du ventre, de l'anus et de la queue. La première dorsale s'élève comme une petite voile au-dessus du corégone; elle est peinte d'un beau violet, avec la base et les rayons verdâtres, et des raies ainsi que des taches bru- nes. La membrane de l'estomac du thymalle est presque aussi dure qu'un cartilage : le foie jaune et transparent ; l'épine dorsale composée de cin- quante-neuf vertebres, et fortifiée de chaque côté par trente-quatre côtes. Les anciens ont connu le thymalle. Élien et l'évèque de Milan, saint Ambroise, en ont parlé. Ce poisson aime l'eau froide et pure, qui coule avec rapidité sur un fond de cailloux ou de sa- ble. Il n’est done pas surprenant qu'on le trouve particulierement dans les ruisseaux ombragés des gorues des montagnes. Le nom d'Ormnbre d'Auvergne , qui lui a été donné, indique qu'il 43.484749 M, Cuvier ne cite aucun des quatre poissons aux- quels se rapportent ces notes. D. 44 Georg. I 1, p. 182, 46 Sabno Stremii. Linnée, — Strom, Sondmor. 1, p. 292. — Müller, Prodr, Zool. Dan., p. 49, D. 415. — Salmone strom. Bouuaterre, pl. de | Euc.'meth. 4 Nalmonr sangrhalle. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. — Pallas, 11.3, p. 703, n. 45. — Omul. Lepéchin, It. 5, p. 228, tab. 14, fig. 4. HISTOIRE NATURELLE | vit en France : il a été d’ailleurs observé dant presque toutes les contrées montueuses , tempé rées ou froides de l'Europe et de la Sibérie; il est même si commun en Laponie, que les habi- tants de ce pays se servent de ses intestins pour | faire plus facilement du fromage avec le lait des rennes. Îl se nourrit d'insectes, de petits animaux | à coquille, de jeunes poissons, d’œufs de sau- | mon et de truite. Il croît fort vite, parvient à la | longueur de dix-huit pouces, et pèse quelque- fois plus de quatre livres. En automne, il descend ordinairement dans les grands fleuves, et de là dans la mer, d’où il remonte, vers le milieu du printemps, dans les fleuves, les rivières et les ruisseaux qui lui con- viennent. On le prend surtout lors de ses passa- ges, et notamment quand il remonte pour aller frayer. On le pèche avec le colleret, la louve, la nasse, et à la ligne. Sa chair est blanche, ferme, douce , très-bonne au goût, principale- ment dans les temps froids, tres-grasse en au- | tomne, très-facile à digérer dans toutes les sai- sons ; et ilest d'autant plus recherché, qu'on a attribué à son huile ou à sa graisse la propriété d'effacer les taches de la peau, et mème les mar- ques de la petite vérole. Il ne multiplie pas beaucoup, parce qu'ilest très-délicat, et l'une des proies les plus agréables aux oiseaux d'eau. Il meurt bientôt, non-seule- ment quand il est hors de l'eau, mais encore lersqu'il est dans une eau tranquille; «et si lon veut le conserver dans des huches , il faut qu'elles soient placées dans un courant, Il répand, dans plusieurs circonstances, une odeur agréable, qu'Elien a comparée à celle du thym, et saint Ambroise à celle du miel, et qui parait provenir de certains insectes dont il se nourrit, et qui, tels que le {ourniquet (gyrènus nulator ), sont plus ou moins odorants. Le corégone vimbe habite en Suede. Le voyageur se trouve en Sibérie, dans le lac Baïkal, d'où il remonte, pour la ponte ou la fé- condation des œufs, dans les rivières qui s'y jettent. Il a un pied et demi de longueur, la partie supérieure grise, la chair blanche, les œufs jaunes et tres-bons à manger ?. 4 Voyez la description du colleret dans l'article dn Centro: pome sanddt ; et celle de la louve, dans l'article du Pétro- myzon lamyrote. 310 rayous à la membrane des branchies du corégone pids- chian, 14 à chaque pectorale. — 9 rayons à la rmembrand brauchiale du curégone schokur, 17 à chaque pectorale, — DES POISSONS. Le müller a été pêché dans les eaux du Da- nemarck. Le coregone autumnal passe l'hiver dans l'O- céan glacial arctique. Les. individus de cette es- pèce en partent, après la fonte des glaces, pour remonter dans les fleuves, Ils vont jusqu'au lac Baïkal, et dans d'autres lacs tres-éloignés de la mer; et lursque l'automne arrive, ils se réunis- sent en grandes troupes, et redescendent jusque dans l'Océan. ls perdent très-promptement la vie lorsqu'ils sont hors de l’eau. Ils sont gras, et ont dix huit pouces de longueur. LE CORÉGONE ABLE !, Coregonus Albula, Lac ; Salino Albula, Linn., Gmel. ?. Le Corégone Prled, Corezonus Peled, Lacep., Cuv.;Salmo Peled, Pallas, Linn , Gmel. 4, — C. Waréme, Corezonus Maræna, Las, Cuv.; Sahino Maræuula, Blo-h, Linn., Gm.#. —C.marénuleT, Corr-gonus Marænula, Cuv., Lic.; Salmo Marænula. Bi., Lion,, Ginel. #.— C. H'aritmann*, Core- gonus Warimannii Cuv , Lac.; Silmo Wartmanni. Bloch, Linn., Gin. ‘0.— C. oxyrhinque ‘1, Coregonusoxyrirchus, Cuy., Lacep.; Salmo oxyrinchns, Linn.; Sihino Lavarelus, Bl., pl. 25 41, — C. Leucichthe ‘5, Goregonus lencichthys, Lacep. ##. — C. omhre ‘5, Coregonus Umbra, Lac.; Salmo Thymus, Bonnaterre #*, — C. rouge ‘1, Coregouus ruber, Lac. tt. L’able, dont l’Europe est la patrie, a huit pou- ces, ou à peu pres de longueur, le dos d'un vert 8 rayons à la membrane des branchies du corégonre nez , 18 à chaque pectorale. — 8 rayons à la m-mbrane brauchiale du corégone la ge, 13 à chaque pecturale, 20 à la nagroire de la queue, — 10 rayons à la membrane «les branchies du coré- gone thymalle, 16 à chaque pectorale. 48 à ia caudale, — 16 rayons à chaque prctorale du corégone vimbe. — 9 rayons à la membrane branchiale du corégune voyageur, 47 à chaque pectorale, 20 à la nagevire de la queue. —9 rayons à la imem- brane des branchies du corégone autumnal, 16 à chaque pectorale. 4 Sik-loja, Stint. en Suède.— Moïka, Rapis, en Finlande. Elicta, daus plus. contrées du nord de l'Europe. — Faun. Suec. 333. — Sa/mone able, Daubr-uton et H üy Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Kuwlrenter, Nos. Comm. Petropol. 18, p. 505. — « Coregouus edentulus, « maxillà inferiore lonsiore. Artedi, gen. 9, spte 40. syn. 18 ? M. Cuvier ne dit rien de ce poisson qui. »aus d'ute. a été confondu avec ‘l'autre espèces. Toutefois il appartient au sousgenre LAVARET, Coregrnus, du graud g-nre SaUMON. D. 5 Lepé hin, IL. s, p. 226, tab. 12. + Du sons-genre LAVARET (Curegonus), Cuv., dans le grand genre SAUMOw, D, : 5 Grande maréne. Bloch. pl. 27. — Salmone marêne. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. * Du sous genre LAVARET (Coregonus), du genre SAUMON, selon M. Cu-ier. D. T Muræne, en Prusse. — Moréne, en Sibérie et dans le Mecklembourg. — Sthnt, en Danemarck. — Fikloja, en Suède. — Smanfisk, Blege, Lak.-siltd. Vemme, en Nor- vêge. — Pelile marène. Bloch, pl. 28. fig. 5. — Cyprinus marænula. Wulff, Ichih. Boruss., p. 48, 1.65. — Murena. 507 brunâtre , les côtés argentins, et des points noi- râtres sur les nageoires. Le peled vit dans la Russie septentrionale. Sa chair est grasse, et sa longueur ordinaire de dix- huit pouces. La marène a la ligne latérale un peu courbée, les yeux gros, et les écailles grandes, minces & brillantes. Le nez, le front et le dos, sont noirs ou bleuâtres ; le menton et le ventre blancs; les côtés argentins; les joues jaunes; les opercules bleuâtres et bordés de blanc; les nageoires, ex- cepté l'adipeuse qui est noirâtre, bleues, bor- dées de noir , et violettes à la base ; les nuances de la ligne latérale relevées par une série de plus de quarante points blanchâtres. On trouve ce corégone dans le lac Maduit, et dans quelques autres grands lacs de la Pomé- ranie ou de la nouvelle Marche de Brandebourg. Il est quelquefois long de plus de trois pieds. Sa chair grasse, blanche et tendre, a un très- bon goût. Son canal intestinal est très-court ; mais on compte près de cent cinquante appen- dices aupres du pylore. Les marènes se plaisent dans les eaux profon- des, dont le fond est de sable ou de glaise. Elles Willughby, Ichth:, p: 229. — Rüui, Pisc., p. 107, n. 12. — Kiein, Miss, pise. 3, p. 21. 16, tah. 6, fig. 2. * Du sousgenre LavABET, dans le grand genre SAUMON, Cuv. D. * Bésola, dans plus. contrées de l'Europe. — Heverling, Maydel: pendant sa première année. S'ubel et stenher, pendant sa seconde année Gangfisch, pend nt sa treisi ma année, Rhenken, pendant sa quitrièine année, Halbfelch, pendant sa cinquièwe année. Dreyrr. pendant sa sixième année, Blaufelchen, pendant sa s-ptieme année et l:s an- nées suivantes, en Allemazine.— Omhre-bleu. Bloch, pl 105. — Salmone ombre bleu. Bounaterre. pL de l'Eue, meth, — Albula parva. Gesnrr. Aquat , p.34. Icon. anim., p. 540. Thierb., p. t88, b. — Alhula cærulea. \d. Thierb. p. 187, & — Albula parva. Aldrov. Pise., p,659.— /d, Jonston, Pise... p; 173.— Id. Willnghby. Ichth:, p 3x4 — /1d, Raï, Pisc., p- 61. m 4. — Blafelchen. Wartmann, Besch Berl, naturf. fr. 5, p. 184. — Bezole. Rondelet, part. 2, c. 16. ‘® Du sons-genre LAvaReT, daus le genre SaUMON, selon M.Cuvier. D, 4 Salmone oxyrhinque. Danbenton et Haüy. Enc. méth, —1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— € Coregonus maxillà æsuperiore: longiure Conicà. » Artedi, gen 10, syn. A.— Gronov, Mus. 1,p 48. 43 Du sous genre LAVABET, dans le genre SAUMON, Cur. D. 4 Salmone leuci-hthe. Bonnaterre , pl. de l'Euc. méih. — Güldenst. Nov. Comm. P-tropol. 16, p.351. 44 Ce poisson n'est pas cité par M. Cuvier. D. 45 Saimne ombre (salmo ‘hymus. Bonnaterre, pl. d£ l'Euc. méth.—Ombre de rivière. Roudelrt, part. 2, poissons de riviere, €. 5. — « Coregonus maxillà superiore lou- « giore, elc..» Var, B. Artedi, syn., p. 21. 14 Non mentiwncé par M. Cuvier, D. 47 e Trutts miariua, riclu acuto, » Plumier, peinture? sut vélin déja citées. 4 Non cité par M. Cuvier. D, 508 y vivent en troupes nombreuses; elles ne quittent leur retraite que vers la fin de l'automne, pour frayer sur les endroits remplis de mousse ou d’autres herbes, et dans le printemps, pour cher- cher de petits animaux à coquille, dont elles ai- ment beaucoup à se nourrir ; et s’il survient une tempête, elles disparaissent subitement. Elles ne commencent à se reproduire qu’à l’âge de cinq ou six ans, et lorsqu'elles ont déjà un pied ou plus de longueur. Pendant l'hiver, on les pê- che sous la glace avec de grands filets dont les mailles sontassez larges pour laisser échapper les individus trop petits. Elles meurent dès qu’elles sortent de l'eau. Cependant Bloch nous apprend que M. de Marwitz de Zernickow est parvenu, en employant des vaisseaux larges, profonds , dont le fond était garni de glaise ou de sable, et dans l'intérieur desquels la chaleur ne pouvait pas pénétrer, à transporter un très-grand nom- bre de ces corégones dans ses terres éloignées de huit lieues du lac Maduit, et à les acclimater dans ses étangs. Bloch a le premier décrit la grande marène. La marénule, ou petite marène, est connue de- puis longtemps. Schwenckfeld et Schoneveld en ont parlé dès le commencement du dix-septième siècle. Sa tête est demi-transparente; sa langue cartilagineuse et courte; sa longueur de huit à douze pouces; sa surface revêtue d'écailles min- ces, brillantes et faiblement attachées ; son épine dorsale composée de cinquante-huit vertèbres ; le nombre total de ses côtes, de trente-deux ; sa ligne latérale ornée de plus de cinquante points noirs; la couleur de ses nageoires , d’un gris blanc; sa caudale bordée de bleu; sa chair blanche, tendre, et de très-bon goût. Ses habitudes ressemblent beaucoup à celles de la marène. On la pêche dans les lacs à fond de sable ou de glaise, du Danemarck, de la Suède et de l'Allemagne septentrionale. Il est des endroits où on la fume apres l'avoir arro- sée de bière. Ses œufs sont plus petits que ceux de presque tous les autres corégones. Le wartmann a les écailles grandes; un ap- pendice assez long auprès de chaque ventrale ; ‘estomac dur et étroit; plusieurs cœcums; le foie gros; le fiel vert ; la vessie natatoire simple et située le long du dos; la tête petite et argen- tine comme le ventre; les nageoires jaunâtres ou blanchâtres, et bordées de bleu ; une série de po‘ats noirs le long de la ligne latérale. 1j norte Je nom d'un savant médecin de Saint- HISTOIRE NATURELLE Gall, qui l’a décrit avec beaucoup d’exactitude. Il se trouve dans plusieurs lacs de la Suisse, et surtout dans celui de Constance, où , depuis le printemps jusqu’en automne, on prend plusieurs millions d'individus de cette espèce. Onle marine; on l’envoieau loin; et lorsqu'il est frais, il est regardé comme le meilleur pois- son du lac. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait été observé avec beaucoup de soin, et qu’on sache que c’est vers sa septième année qu'il a près de deux pieds de longueur. Il fraie vers le commencement de l'hiver. On le recherche à cette époque, mais alors sa chair est moins tendre que pendant l’éte. Voilà pour- quoi c’est particulièrement dans cette dernière saison qu’un grand nombre de bateaux partent chaque soir pour aller le pêcher. Les filets ont soixante ou soixante-dix brasses de hauteur, parce que le corégone wartmann se tient sou- vent à une profondeur de cinquante brasses. Il s’approche cependant à vingt, et même à dix brasses de la surface de l’eau , lorsqu'il tombe une grosse pluie, ou qu’un orage règne dans l'atmosphère : aussi la pêche de ce poisson est- elle beaucoup plus abondante dans ces moments d’agitation. Mais lorsque le froid commence à régner, le wartmann se retire à une si grande distance de la surface du lac, que les filets ne peuvent pas y atteindre. Ce corégone se nourrit d'insectes, de vers, de plantes aquatiques. Vers l’âge de trois ans, il a quelquefois une maladie qui lui donne une couleur rougeâtre, et qui em- pêche qu'on ne veuille en manger. L'oxyrhinque est un des habitants de l'Océan Atlantique septentrional. Le leucichthe a été vu dans la mer Caspienne. Sa longueur est de plus de trois pieds. Ses écailles sont unies et presque arrondies ; le sommet de la tête est convexe, lisse, dénué de petites écail- les; les yeux sont gros, et peu rapprochés l’un de l’autre; la langue est triangulaire et un peu rude; des dents, que l’on distingue au tact plu- tôt qu'à l'œil, hérissent le devant du palais ; cha- que opercule est composé de quatre lames. Les pectorales sont blanches; la nageoire adipeus est transparente et pointillée de noir ; les ven- trales sont blanches , avec des points brunâtres et des appendices triangulaires ; l’anale est rou- geâtre et tachée de brun; le dos présente des nuances blanchâtres mêlées de noir. C'est dans plusieurs rivières d'Allemagne et d'Angleterre, ainsi que d'autres contrées euro. DES POISSONS. péennes, que se plaît le corégone ombre. Il a la langue lisse ; deux tubercules garnis de petites dents, et placés auprès du gosier ; les nageoires tachetées de noir, et peintes d’un rouge noi- râtre ‘. Le corégone rouge est très-allongé. Ses ven- trales sont presque aussi grandes que la pre- mière dorsale, ou que celle de l’anus ; elles sont aussi plus près de la tête que cette première na- geoire du dos, et moins éloignées du bout du museau que de l’anale. La nageoire adipeuse est recourbée et en forme de massue ; les pectorales ont un peu la figure d’une faux. Ce corégone appartient à la mer qui baigne les rivages amé- ricains et voisins des tropiques. Si, contre mon attente, on ne trouvait pas plus de quatre rayons à la membrane branchiale de cet osseux, il fau- drait l’inserire parmi les characins. LE CORÉGONE CLUPÉOIDE ?. Coregonus clupeoides, Lac. °. Les naturalistes ignorent encore l’existence de ce corégone , au sujet duquel M. Noël vient de m'adresser une note manuscrite très-détaillée. Ce savant m'apprend que l’on désigne, en Écosse , par la dénomination de Hareng d’eau douce, un poisson du Lochlomond, le plus beau lac des montagnes de l'Ecosse occidentale. On avait écrit à M. Noël que ce même poisson était un hareng de mer , acclimaté dans l’eau douce, et que cet osseux avait pu remonter dans le Lochlomond par la Clyde et la petite rivière de Leven. M. Noël, empressé de vérifier ce fait, alla visiter le Lochlomond en août 1802, se pro- cura plusieurs clupéoides à Inchtonachon, une des îles de ce lac, les examina avec beaucoup de 416 rayons à chaque pectorale du corégone able , 55 à la nageoire de la queue. — 16 rayons à chaque pectorale du corégone pelr d , 22 à la caudale. — 14 rayons à chaque pec- torale du corégone ruarène, 20 à la nageoire dé la queue, — 45 rayous à chaque pectorale du corégone maré, ule, 20 à la caudale. — 9 rayons à la membrane brauchiale du corégoue wartmann, 47 à chaque pectorale, 23 à la nageoire de la queue. —17 rayons à chaque pectorale du corégone oxyrhin- que. — 10 à la membrane branchiale du corégone leucichthe, 44 à chaque pectorale, 27 à la caudale. — 16 rayons à chaque pectorale du coregone ombre, 149 à la nageoire de la queue.— 10 ou {1 rayous à chaque pectorale du corégone rouge, 8 à chaque ventrale. 2 Fresh water herring, Span, Pollock, en Écosse. 3 M, Cuvier ne fait pas mention dé ce poisson, mais il cite, vomme apparter:ant au sous-genre LAYARET (Coregomus), le Salmo clupevides de Pallas, qui doit être une espèce dif- férente de ceile qui fait Le sujet do cer article. D 509 soin, et a eu la bonté de me faire parvenir le résultat de son observation. J'ai dû placer, parmi les corégones, ce clu- péoïde , qui a beaucoup de rapports, en effet, avec les Clupées, et particulièrement avec le ba- reng, mais qui, d’après M. Noël, n’a pas les caractères des clupées , et présente la nageoire adipeuse des salmones , des osmères, des coré- gones , etc. !. Ce clupéoïde a la tête petite, un peu convexe par-dessus , et dénuée de petites écailles; trois petites pièces autour de l'œil, qui est grand et vif. Ses œufs sont d’un rouge orangé, sa chair est blanche, feuilletée , et très-délicate. Il fraie au commencement de l'hiver. On le cherche, pendant l'été et pendant l'automne , dans les endroits du lac où il y a le moins d’eau. On le prend avec un filet. Il vit en troupes ; et sa lon- gueur est quelquefois de plus de quinze pouces. CENT QUATRE-VINGT -UNIÈME GENRE. LES CHARACINS ?. La bouche à l'extrémité du museau; la têle comprimée, des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côlés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons ; deux nageoires dorsales; la seconde adipeuse el dénuée de rayons; quatre rayons au plus à la membrane des branchies. CABACTÈRES. {Neuf rayons à la première na- genie du dos; quarante- trois à celle de l'auus; la canule four- chue. les ‘eux mächoï: es garnies de dents à trois pointes; une raie longitudt ale «1 argentée de cha que cûté du poisson. | Dix rayons à la première dorsale; : ESPÈCES. LE ere PIABUQUE. vingt-six à la nageoire de l'anus; les dents très-grandes, renflées, et tres-apparentes; là conteur générale argentée ; ues raies bru- nes et blanchäres. Dix rayons à la première dorsale; cinquaute-cinq à l'auale; la cau- dale furchue; la uuque très- élevee eu bosse. | Onze rayons à la première nageoire du dos ; vingi-trois à la nageorre de l'anus: la eaudale fourchue ; une tache noire auprès de cha- que opercule. . l'E rayons à la première na- LE CHARACIN DENTÉ. LE LE CHARACIN BOSSU. LE CHARACIN MOUCHE. g'oire du dos; tr nte quatre à l'anale; la caudale fourehus ; deux LE CHARACIN DOUBLE- | ta hes norres de chaque côté, ROLCHES l'une auprès de la tête. et l'autre auprès ue la ageoire de la gneue. 48 rayons à la membrane brauchiale du corégone clu- péoïde . 14 à chaqne pectorale. 33 à la nageoire de la queue. 3 Une partie des espèces comprises dans le genre des Cha- racins se rapporte aux sous-geures que M. Cuvier admet dins le grand genre Saumon , sous les noms de PIARUQUE, aus, CURIMATE et CITHARINE. D. 540 BSPÈCES. ÆARACTÈRES. LA Onze rayons à la première dorsale; LE CHARACIN SANS- douze à la vageoire de l'anus; TACLE, le corps et la queur saus tache. Onze rayonsàla pr mière nageoire du dus et à celle de l'anus; la caudile fourchue; les mâ: hoires sans dents; le dos élevé et ar- rondi; la dorsale très haute, Neufrayons à la première dorsale; viugi-six à la Higeoire de l'anus; la caud.le fonrchue : le corps et la queue blancs; toutes les na- gcoires Jaunatres. Viagt-trois rayons à la première na- gevire du dos;les dents “e Ja mächoire inférieure, plus gran- des que les autres; de petites écailles sur la base de la caudaie; le dos veriâtre. 7e Lx CHARACIN CARPEAU. 8. LE CHARACIN NILOTIQUE. | JE. Ly CHARICIN NÉFASCH. Onze rayons à la première nageoire 10. à du dos; vingt-six à la nagoire de LE CHARACIN PULVÉRU- l'anus; la caudale fourchue ; la LENT. ligne laiérale descendante; les nageuires un peu puivérulentes. Onze rayons à la première dorsale; 11. | dix à l'anale; la Caudale fourchat; l'ouverture de la bouche, dans la partie supérieure du bout du museau. Onze rayons à la première nageoire du dos ; dix à l'anale ; la cauuale fourchue ; de petites écailles sur la base de la nageoire de l'anus; trois taches noirätres de chsqne côté, entre l'anus et la nageuire de la queue. Treize rayons à la première dor- sale; dix à la nageoire de l'anus; la caudile en croissant ; les eux mächoirrs égilement avaucées ; deux orifices à chaque narine; un grand nombre de bandes (rans- versaies, irrégulières, noirätres, et dout plusieurs sont réunies deux à deux. Neuf rayous à la première nageoire du dos ; trente à l'anale; la can- dale fourchue; les deux mächoi res également avancées ; un senl orifice à chaque narioue; une tache nuire et irrégulière sur chaque côté de la nagevire de L1 queue. Onze rayons à La premiere dorsale ; dix à la nageoire de l'anus; la caudale fourchue; la mâchoire su- périeure uo peu plus avancée que l'inférieure; un s-ul orifice à cha- que narine; une tache noire sur la ligne latérale, très-près des ven- trales. LE CHARACIN ANOSTOME. 12. LE CHARACIN FRÉDÉRIC. 3. LE CHARACIN À BANDES. 14. Le CHARACIN MELANURE. | / Neuf rayons à la première nageoïre | du dos: onze à celle de l'anus ; 15. LE CHARACIN CURIMATE. la mâchoire supérieure plus avau- cée que celle d'en bas; les dents fortes, inégales et pointues; denx orifices à chaqne narine ; les na- * geoires d'un brun noirâtre, 16. LE CHABACIN ODOE. LE CHARACIN PIABUQUE , Piabnque argenlinus, Cuv.; Characinus Piabucu, Lac.; Salmo argentious, Bloch., Liun., Gmel. 2. 1e Characin denté ‘, Myletes Hasselquistii, Cuv.; Characi- aus dentex et Characinus nilot eus, Lacep.; Salino dentex, Hasselquist, Linu.{. — C, bossu 5, Piabuque gibbosus, Cuv.; Characinus gihbosus, Lac.; Salmo gibbosus, Linn., Gmel. *. — C. mourte 7, Characinu, notatus, Lacep. #, — C. douhle-mouche*, Piabuque bimaculatus, Cuv.; Chara- sinus bituaculatus. Lac.; Saliuo oimagulatus, Linn., Gm. ‘#, — C. sons tache ‘t Characinus immaculatus, Lacep.; HISTOIRE NATURELLE Salimo immaculatus, Linn., Gmel 41, — C. carpeauM, Curimata? cyprinoides. Cuv.; Characinus cyprinoideg Lacep.; Salmo cyprinoides, Lins., Gmel. 4, = C. nitoti que t5, Myletes Hasselguistii. Guv.; Ch iracinus niloticus eæ Charicinus ventex, Las; salino niluticus et saine dentex, Lina:, Gmel, ‘6, — C. Néfasch ‘1, Citharinus Nefasch, Geoffr., Cuv.; Characinus Nefasch. Lac.; Salmo uiloticus, Hasselquist; Salmo Egyptius. Linn., Ginel 44, — €. pulvé- rulent 4%, Characinus pulveruleutus, Lac.; Salmo pulve- rulentus, Linu., Gmel. 2, Nous approchons de la fin de nos études. Nous avons devant nous le but vers lequel nous ten- 4 Silberstreit, Silberforelle, par les Allemands. — Sat- mone piabuque. Danbenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — « Trutia deulata, dorso « plano , elc. » Act. Petr. 1761, p. 404. — Piabucu. Marcg. Bras. 170. — Bloch, pl. 582, fig. 1. 2 Du sous-genre PIABUQUE, dans le grand genre SAUMON de M.Cuvier. D. 5 Phager des anciens, suivant mon collègue, M. Geoffroy, professeur au Muséum d'histoire naturel.e (lettre écrite d'É- gypie). — Salmone denté. Bonnaterre, pl. de l'Euc, méth. — Forskael, Faun. Arab. p. 66, n. 98. — Salmo dentex. Hasselquist, It. 595. — Cyprinus dentex.Mus. Ad. Frid. 4, p. 108. 4 Ce poisson est du sous-genre Ratt (Myletes), dans le grand genre SAUMO# de M. Cuvier. M. de Lacépède l'a décrit deux fois; 1° sous le nom de Characin denté, et 2° sous ce- lui de Characin nilotique. La même erreur existe dans le Systema naturæ de Gmelin. D. Fa Charax dorso admodüm prominulo, ete, » Gronov. Mus. 1, n.35.t4b. 1, fig. 4. — Salmone bossu. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Euc. iméth. # Du sous-genre PIABUQUE , daus le grand genre SAUMON de M. Cuvier. D. T Salmone mouche, Daubenton et Haüy, Enc. méth.—/d. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. # M. Cuvier ne fait pas mention de ce poisson. D, * Doppri fleck. en Ailemagne. — Flackig-hoïitting, en Suède.— Salmone double-mouche, Daubenton el Haüy, Enc. méth.— /d. Bonuaterre, pl. de l'Euc. méth. — Bloch, pl.582, fig. 2. — Gronov. Mus. 4, n. 54, lab. 1, fig. 5. — Mus. Ad. Frid, 1, p.78, tab. 52, fig. 2. — Corrgonus amboinensis. Artedi, spec. 44. — Telragonvplerus. Séba, Mus. 5, p. 106, tab. 54, Mg. 5. 19 Du sous genre PIABUQTrE, dans le grand genre SAUMON de M, Cuvier, Ce naturaliste remarque qu'on a confondu à tort avec ce poisson le Tetragonuplterus de Séba , ou Core- gonus ambhoinensis d'Artedi, dont il compose un sous- genre à part, sous le nom de Tétragunvpiére. D. 4 « Aibula pinnd aui radis duodecrm. » Mus. Ad. Frid. 4, p.78. — Salmone sans tache. Daubeuton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bunnaterre. pl. de l'Enc. méth. 12 M. Cuvier ne cite pas ce poisson. D. 15 Salmune carpeau. Daubenton et Haüy, Enc. méth. —- Id. Bunnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Sulmone édenté. Bloch, pl. 580, — « Charax maxillâ superiore lougiore, capite « auticè plagioplateo, etc: » Gronov. Mus. 578. 44 M. Cuvier pense que ce poisson doit appartenir au sous- genre CURIMATE. dans le grand genre SAUMON. D, 15 Rai, par les Arabes. — Mus Ad. Frid. 2, p 99. — Sal mone blanc-jaune. Dsubentou et Haüy, Enc. méth. — 7d. Bo nalerre, pl. de l'Enc. meth. 48 Du sous-genre Ran (Myleles), dans le grand genre SAU mon de M. Cuvier. Ce poisson est le même que le Characin denté du méme article (voyez ci-avant. note3). D. ‘1 Salbricne néfasch. Bonnaïerre. pl. de l'Enc. métè. — Salmo niloticus. Hasselquist. — Forskael, Faun. Arab. P- 66. DES POISSONS : dans depuis si longtemps. Plus exercés main- | tenant, hâtons notre marche, et contentons- | nous de remarquer rapidement : La petitesse de la tête du piabuque; la saillie de sa mâchoire inférieure, au delà de celle d'en | naut ; la surface unie de sa langue; la mem- | brane er forme de faucille, qui est tendue à son | palais ; l'orifice unique de chacune de ses na- rines; la courbure de sa ligne latérale; le ver- dâtre de son dos; le gris de ses nageoires; sa longueur , qui ne passe pas un pied ; la blan- cheur et la délicatesse de sa chair; la facilité | avec laquelle on le prend dans les rivières de l'Amérique méridionale, en attachant à l'hame- con un ver ou un mélange de sang et de fa- rine : La couleur blanchâtre des nageoires du denté; et le rouge dont brille le lobe inférieur de sa caudale dans les eaux du Nil, ou dans celles | de quelques fleuves de la Sibérie : Le séjour de choix que fait dans la mer qui baigne Surinam le characin bossu ; la petitesse de sa tête, que la bosse de la nuque fait parai- tre comme rabaissée ; l’aiguillon incliné vers la queue, et placé auprès de la base de chacune de ses pectorales ; le roux argenté de sa cou- leur générale ; et la tache noire de chacun de ses côtés : La forme pointue de la tête du characin mou- che, qui vit à Surinam, comme le bossu. Le peu de largeur de l'ouverture de la gueule du characin double-mouche; l'égale prolonga- tion de ses deux mâchoires; la double rangée de | dents qui garnit sa mâchoire d'en haut; la surface lisse de sa langue et de son palais; le double orifice de chacune de ses narines ; Ja | forme tranchante du dessous de son ventre; l'arrondissement de son dos; la direction de sa | ligne latérale, qui est droite, le bleu argentin | de ses côtes; le verdâtre de sa partie supérieure; les nuances jaunes de sa dorsale, de ses pecto- rales et de ses ventrales ; la couleur brune de | ses autres nageoires; la blancheur et la graisse délicate que présente sa chair dans les rivières de Surinam et dans celles d'Amboine. Le blanc argentin du characin sans tache, que l'on a pêché en Amérique. 44 Du sous-genre CITHARINE , dans le grand genre SAUMON, Cuv. D. 4’ Mus. Ad. Frid. 2, p. 99. — Sa/mone pointillé Dauben- ton et flaüy, Euc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. | 3° M. Cuvier ne fait pas mention de ce poisson. D. >!1 La tête compriméeeet dénuée de petites écailles du carpeau ; la grosseur de son museau arrondi; la forme de ses lèvres charnues, qui compense un peu son défaut de dents aux mâchoires ; Ja surface douce de sa langue ; le double orifice de chacune de ses narines ; les trois pièces de chacun de ses opereules ; la convexité de son | ventre ; la carène de son dos ; la rectitude de sa ligne latérale ; la mollesse de ses écailles, le brunâtre de sa partie supérieure; l’argentin de ses côtés ; le rougeâtre de ses nageoires ; la bonté de sa chair; et l'intérêt qu’à Surinam on at- tache à sa prise ! : La briéveté de la nageoire adipeuse du nilc- tique, dont le nom indique la patrie : La préférence que donne le néfasch au fleuve qui nourrit le nilotique : : La force et l’inésalité des dents qui garnis- sent la mâchoire supérieure du characin pulvé- rulent d'Amérique ?, ainsi que sa mâchoire inférieure, laquelle est un peu plus courte que celle d'en haut ; la surface lisse de sa langue ; le rayon aiguillonné de sa dorsale et de sa na- geoire de l'anus; la blancheur d’un grand nom- bre de ses écailles. En tout, les characins ont de très-grands rapports avec les salmones, parmi lesquels ils ont été placés par d'illustres naturalistes, mais dont nous avons dû les séparer pour obéir aux véritables principes d’une distribution métho- dique des poissons. {Nous n'avons pas cru, malgré l'antorité de Bloch , devoir séparer son édenté de notre characin carpeau. ? 4 rayons à la membrane branchiale du characin piabuque, 12 à chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 20 à la nageoire de la quene. — 4 rayons à la membrane des branchies du Charaein denté, 13 à chaque pectorale, 9 à chaque ventrale, 25 à la caudale, — 4 rayons à la membrane branthiale du characin bossu, {4 à chique pectorale, 8 à chaque ven- trale, 19 à la nageo:re de la queue. — 4 rayons à la membrane des branchies du characin mouche, 16 à chacune de ses pec- torales, 7 à chacune de ses ventrales, 24 à lacaudale,—# rayons à la membrane brauchiale du characin double mouche, 41 à chacune de -es pectorales, 8 à chaque ventrale, 19 a |a na- geoire dela queue. — 4 :ayons à la membrane des branchies du characin sans tache, 14 à chayne pectorale, 41 à chaque ventrale, 20 à la vaudale — 4 rayons à la membrane bran- chiale du characin carpeau, 13 à chaque pectorale, 10 à cha- que ventrale, 25 à la nageoire de la queue. — 15 à chaque peclorale du characin uitotiqne 9 à chaque ventrale, 19 à la caudule. — 4 rayons à la membr-ne des branchies du chara- cin néfasoh, 14 à chaque pactorale, 9 à chaque ventrale. — 4 rayons à la membrane brauchiale du characin pulverul: nt, 16 a chaque pectorale, 8 à chaque ventrale, 18 à la Hapwoire de la queue. HISTOIRE NATURELLE LE CHARACIN ANOSTOME !, Anostomus..……, Cuv.; Characinus anostomus, Lac. ?. Le Characin Frédéric ®, Curimata Fridericii, Cuv.; Chara- cinus Friderici, Lac.; Salmo Friderici , Bl. 4. — C. à ban- des 5, Curimate fasciatus, Cuv.; Characinus fasciatus, Lac,; Salmo fasciatus, BI, #. — C. mélanure T, Piabuque melanu- rus, Cuv.; Characiuus melanurus, Lac.; Salmo melauurus, Bloch *, — C. Curimaie *, Curuuate unimaculatus, Cuv.; Characinns Curimata, Lac ; Salmo unimaculatus, BI. 40, — — C. Odvé !!, Hydrocyon Odoe, Cuv. ; Characinus Odoe, Läac.; Salmo Odoe, BI. ‘1, L’anostome a la tête comprimée ; la mâchoire inférieure terminée par une sorte de mamelon arrondi; la nuque abaissée; la partie antérieure du dos convexe; les écailles grandes ; la cou- leur générale brune ; les raies longitudinales moins foncées. Bloch a publié le premier la description des cinq characins dont il nous reste à parler, et qu'il a inscrits parmi les salmones. Il faut compter au nombre des caractères prin- cipaux du frédéric le peu de grosseur de la tête, qui n’est pas revêtue de petites écailles ; la force des lèvres; l’évcal avancement des deux mäâ- choires; les six dents allongées et inégales de la mâchoire d'en bas; les huit dents petites et poin- tues de celle d'en haut; la verrue qui est der- rière le milieu de ces huit dents; la surface unie du palais, et de la langue qui est très- courte ; le double orifice de chaque narine; l’é- Hévation de la partie antérieure du dos; la cour- bure de la ligne latérale ; l'appendice de chaque nageoire du ventre; la grandeur des écailles ; l'excellent goût de la chair; le jaune argentin de la couleur générale ; les nuances yiolettes de la partie supérieure ; le jaune et le bleu des nageoires. Le characin à bandes, qui vit à Surinam, 4 Salmone anostome. Daubenton et Haüy, Enc. méth.—/d. Bonnater. e, pl. de l'Enc. méth. 3 Le characin anostome de Lacépède forme le type du sons- genre ANOSTUME, que M. Cuvier admet dans le grand genre SAuUMON. D. 5 Bloch, pl. 578. 4 Le Characin Frédéric est placé par M. Cuvier dans le sous-genre CUBIMATE, du grand genre SAUMON. D. 5 Bloch, pl. 379. $ Du sou:-genre CURIMATE , dans le grand genre SAUMON, Cuv. D. * Bloch, pl. 581, fig. 2. “Du sous-genre P1ARUQUE, dans le grand genre SAUMON. D. *Uapelan, par les Auglais.—Æingleck, par les Allemands. — Bloch, pl. 5x1, fig. 5. < Du sous-geure CURIMATE, dans le genre SAuUmON. D. #4 Bloch, pl. 3k6. #3 Du sous-genure HYDROCIN (Æydrocyon), dans le grand senre SAUMON, selon M. Cuvier. D. comme le frédérie, a l’orifice de chaque narine double; son dos est caréné ; on voit un appen- dice auprès de chacune de ses ventrales. Surinam est encore la patrie du mélanure rt du curimate. Le corps et la queue du mélanure sont argen- tés ; son dos est gris; ses nageoires sont jau- nâtres; des dents très - petites garnissent ses mâchoires, chacune de ses narines n’a qu’un orifice. Le curimate a la langue libre et unie ; le dos est brunâtre ; les côtés et le ventre sont argen- tins ; une teinte grise distingue les nageoires. Ce characin habite les eaux douces, et par- ticulièrement les lacs de l'Amérique méridio- nale. Sa chair est blanche, feuilletée et très-dé- licate. L'odoé se trouve sur les côtes de Guinée !. Il est très-vorace, et d'autant plus dangereux pour les petits poissons, qu'il parvient à la lon- gueur de trois pieds. Il est poursuivi à son tour par beaucoup d'ennemis; et les pêcheurs lui font une guerre cruelle, parce que sa chair rou- geâtre est grasse et très-agréable au goût. Son museau est avancé ; l'ouverture de sa bouche très-grande ; le palais rude ; la langue lisse; l’orifice de chaque narine double; le dessus de la tète comme ciselé et rayonné en deux endroits; le ventre très-long; la première dorsale plus rapprochée de la caudale que les nageoires du ventre; la ligne latérale un peu courbée ; le dos presque noir ; la couleur des côtés, d'un brun ou d’un roux plus ou moins clair. CENT QUATRE - VINGT - DEUXIÈME GENRE. LES SERRASALMES ? La bouche à l’extrémilé du museau ; la têle, le corps et la queue, comprimés ; des écailles facilement visibles 4 4 rayons à la membrane branchiale du characin anos- tome, 13 a chaque pectorale, 7 à chaque veutrale, 25 à la na- geviie de la queue. — 4 rayons à la embraue des brauchies du characiu frédéric, 12 à chaque pecto ale, 9 à chaque ven- trale, 20 à la caudaie. — 4 rayons à la meimbran- branchiale du characin à bandes, 43 à chaque pectorsile, 10 à chaque ventrale, 22 à l4 nageoire de la qu'ue. — 4 rayons à la mem- braue des brauchies du characin mélinure . 42 à chaque pec- tora.e, 8 à chaque veutraie, 20 à la caudale. — 4 rayons à la membrane branchiale du cheracin curunate, 14 à chaque pectorale, 11 à chaque ventrale. 20 à la nazevire de la queue, — À rayons à la meinbrane des branchies du characin odoé, 44 à chaque pectorale , 9 à chaque ventrale, 28 a la caudale, 3M. Cuvier adople ce groupe, miis le considere comme ua sous-genre de sun grand geure SAUMON. D. DES POISSONS. sur le corps el sur la queue; point de grandes lames sur les côlés, de cuirasse, de piquants aux oper- cuies, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux na- geoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; la parlie inférieure du ventre carénée el dentelée comme une scie. CABACTÈRES. ; Deux ou trois rayons aiguillonnés et quinze rayons articules à la première nageoire du dos; deux rayous atgthiluunés et trente rayons a ti ulés à celle de l'anus; la caudile en croissaut, le dos tres-élevé auprès de Li première dorsale; la Caudale bordée de noir, ESPÈCE, LE SERRASALME RHOM- | BUIDE. LE SERRASALME RHOMBOIDE . Serrasalmus ( Salmo.) Rhombeus, Lac. , Cuv.; Salmo Rhombeus, Bl., Linn., Gmel.?, Les serrasalmes ressemblent beaucoup aux clupées, dont nous parlerons dans un des arti- cles suivants, et aux salmones, parmi lesquels ils ont été comptés. Ils ont, par exemple, sur la carène de leur ventre, une dentelure analo- gue à celle que l'on voit sur la partie inférieure des clupées ; et ils présentent la nageoire dor- sale et adipeuse des salmones. Leur nom désigne cette den‘elure, ainsi que leur affinité avec le genre qui comprend les saumons et les truites. Nous n'avons encore inscrit qu'une espèce parmi les serrasalmes ; nous lui avons conservé la dénomination de Rkomboide, pour rappeler celle qu'a employée le célèbre Pallas en faisant connaître cette espèce remarquable. Le rhomboïde vit dans les rivières de Suri- nam ; il y parvient à unegrosseur considérable; et il y est si vurace, qu'il poursuit souvent les jeunes oiseaux d’eau. L'ouverture de sa bou- che est vrande: la mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supérieure ; l’une et l'autre, et surtout celle d'en bas, sont armées de dents larges, fortes et pointues. La langue est libre, mince et unie; mais les deux côtés du palais sont garnis d'une rangée de peti- tes dents. Le front est presque vertical. Cha- que narine a deux ouvertures très-rapprochées; les opercules sont ravyonnés; la ligne latérale est droite ; les écailles sont molles et petites; l'anus est à une égale distance de la tête et de la cau- 4 Sagebaurh , par les Allemands. — Salmone rhomboïde, Daubeutou et H.üv, En. méth. — /d. Bunaterre, pl de l'Enc. meth. — Pal as, Spicil. zuolog. 8, p 32, tab. 5, fig. 5.— Bloch, pl 385. 3 Voyez la note 2 de la pige précédente, D, 6) dale ; des écailles semblables à celles du dos cou- vrent une grande partie de l’anaie; on voit un appendice auprès de chaque bageoire du ventre; la dentelure qui règne sur la partie inferieure 4 poisson, est formée par une suite de piquants recourbés, dont chacun tient à deux lobes écail- leux, placés sous la peau, des deux côtés de {a carène; le piquant le plus voisin de l'anus est double ; il y a d’ailleurs au-devant de Ja pre- mière dorsale un autre piquant à trois pointes, dont la plus longue est inclinée vers la tête. Au reste, cette première dorsale et la nageoïre de l'anus sont en forme de faux. La chair du rhomboïde est blanche , grasse , délicate ; la couleur générale de ce poisson mon- tre des nuances rougeâtres , relevées par des points noirs; les côtés sont argentins; les na- geoires sont grises !, CENT QUATRE - VINGT - TROISIEX } GENRE. LES ÉLOPES ?. Trente rayons, ou plus, à la membrane des branchies; les yeux gros, rapprochés l’un de l’autre, et presque verticaux ; une seule nageoire dorsale ; un appendice écailleux auprès de chaque nageoïre du ventre. CARACTÈRES. ! Vingt-deux rayons a la nageoire du | üu-; serse à celte de l'anus; la cauiale fourchne; la machoire d'en bas ylus avancée que celle d'en haut; :a L'ugue, les deux machores et le palas, garnis d'un graud nombre de petites deuls. ESPÈCE. L'ÉLOPE SAURE. L'ÉLOPE SAURE *. Saurus....…, Cuv.; Elops Saurus, Lac. ; Salmo Saurus, BI., Linon., Gmel. *, Les élopes se rapprochent des salmones pas plusieurs traits. 4 4 rayons à la membrane branch'a'e du serrasalme rhrom boïde, 15 à chaque pectorile, 8 à chaque ventiale, 18 à la ua geui:e de la queue. . 2 M. Cuvier cousidère le genre ÉLOPE, Lac., comme dev: bl foriuer un sousgenre dns le grand genre SAUMON, el li le nomme SAuuE, Saurus. M. Cuvier conserve d'ailleurs le genre ÉLoPg de Linuée, mais il Le place dans la famille des CLUPES. D. 3 Élop” saure. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— Zd. Bon- vaterre. pl. de l'Enc. iméth, — Saurus Maximus. Sloan, Jamaic 2, p. 284. tab. 251, fig. 1 — Bloch. pl. 505. fig. 4 et 2. 4 Du suus-geure SAURE de M. Cuvier, daus sun grand genre 65 514 Le saure a la tête longue, dénuée de petites écailles, comprimée et un peu aplatie dans sa surface supérieure ; les os de ses lèvres sont longs, et leur bord est un peu dentelé ; chacune de ses narines a deux orifices; son opercule est composé de deux pièces, mais ne couvre pas en entier la membrane branchiale ; sa ligne latérale est droite ; son anus est une fois plus loin de la tête que de la nagcoire de la queue. Des nuan- ces bleues et argentines composent ordinaire- ment sa couleur générale: sa tête est souvent comme dorée ; et des teintes rouges brillent sur ses nageoires ‘. CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES MÉGALOPES ?. Les yeux très-grands; vingt-quatre rayons au plus à la membrane des branchies. ESPÈCE. CARACTÈRES. 4 Le dernier rayon de la nagroire LE MÉGALOPE FILAMENT. dorsale terminé par un filament très-lung et très-uélié. LE MÉGALOPE FILAMENT :. Megalops filamentosus, Lac., Cuv. *. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commerson une description très-courte et très- précise de ce poisson. Cet osseux se rapproche des élopes par plusieurs traits; mais il ne peut pas appartenir au genre de ces derniers. Nous avons dû d'ailleurs l'inserire dans un genre dif- férent de tous ceux que l’on connaît. Il vit dans les environs du fort Dauphin de l'île de Mada- gascar. des SAUMONS, famille des poissons Malacoptérygiens abdomi- maux salinones, D, 454 rayons à la meubrane des branchies de l'élope saure, {8 à chaque peciorale, 13 à chaque ventraie, 50 à la nageoire de la queue. 3 M. Cuvier adopte ce genre de M. de Lacépède, D. 5 Oculeus seu meyalops. — « Postiemo piunæ dorsalis ra- « dio. in setam longisshoam retroducto; vel, pionà dorsalt in « setam longissimamn abeuute; radis membiauæ branchios- «tegæ vigiati quatuor. s Commer-on. maiunscrits dejà cites. 4 Du genre MEGALOPK, dans la famille des Clupes, ordre des alacoptérygiens abdominaux. Ds HISTOIRE NATURELLE CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES NOTACANTEHES !, Le corps el la queue très-allongés; la nuque élevée et arrondie ; la lète grosse; la nageoïre de l'anus très- longue el réunie avec celle de la queue ; point de na- geoire dorsale; des aïguillons courts, gros, forts, et dénués de membrane à la place de celte dernière na- geoire. CARACTÈRES, La mâchoire supérieure plus avan- cée que celle d'en bas ; l'ouver- ture de la bouche située au-des- sous du museau, qui est prolongé en avaut, el un peu arrondi; la tète et les opercules garnis de petiles écailles; dix gros aiguil- lons sur le dos. ESPÈCE. LE NOTACANTHE NEZ. LE NOTACANTHE NEZ?. Notacanthus nasus, Bl., Lac., Cuv. ‘. Bloch a fait graver la figure de cet animal, beau dans ses couleurs , délié dans ses formes, agile dans ses mouvements, rapide dans sa na- tation, vorace, hardi, dangereux pour les jeunes poissons, dont il aime à faire sa proie, et qui serait lié par les plus grands rapports avec les trichiures, si ces derniers, au lieu d'être entièrement privés de ces nageoires infé- rieures qu'on a comparées à des pieds, avaient des nageoires ventrales, comme le notacanthe. Cet osseux parvient à une longueur considé- rable. Sa couleur générale est argentine, variée par des teintes dorées ; les reflets d’or et d’argent brillent d'autant plus sur sa surface, qu’en un clin d'œil il offre un grand nombre d’ondula- tions diverses, présente à la lumière mille faces différentes, réfléchit les rayons du soleil dans toutes les directions; et d’ailleurs ces nuance; éclatantes sont relevées par quinze où seizc bandes transversales et brunes, que lon voit sur son corps et sur sa queue, ainsi que par les tons brunätres qui distinguent ses nageoires. Son iris est argenté; ses yeux sont gros : chaque narine n'a qu'un orifice; les dents des deux mäâchoires sont égales, fortes et serrées ; on compte deux pièces arrondies à l’opercule; lecommencementde lanageoire de l'anus montre une douzaine d'aiguillons écartés l'un de l’autre, 45 M, Cuv er «dmet ce genre dans la famille des Acanthop térvgiens aber maux. D. 2 Der stuchelracken. Bloch, pl. 454, DES POISSONS. recourués, et soutenus par une membrane que revétent de petites écailles; la caudale est lan- céolée ; les pectorales sont grandes ’. CENT QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. LES ÉSOCES ?. L'ouverture de la bouche grande; le gosier large; les mdchoires garnies de dents nombreuses, fortes el poin- tues; Le museau aplati; point de barbillons ; l’oper- gule el l’orifice des branchies très-grands ; le corps et La queue très-allongés et comprimés laléralement ; les écailles dures; point de nageoire adipeuse; les na- geoires du dos et de l'anus courtes; une seule dorsale; celte dernière nageoire placée au-dessus de l'anale, ou à peu près, el beaucoup plus éloignée de la lêle que Les ventrales. PREMIER SOUS-GENRE. La rageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissan£. CARACTÈRES. Vingt rayous à la nageoire du dos; dix-sépt à celle de l'auns ; quinze à la membrane des branches ; la F 4 tête comprimée; le musean très- L'EsOCE BROCHET. aplati; L'entre-deux des yeux et la nuque élevés et arrondis; la dor- sale, l'auale et la candale brunes, avec des taches noires, Seize rayous à la vageoire du dos; douze à la anenilrane des bran- chies ; huit à chique veutrale ; la tele com,rimée ; le rmu-ean trés- aplai; l'entre-deux des yeux et La nuque elevés et arrondis; la niû- choire d'en haut plus courte que celle d'en bas. ; Vingt rayons à la nageoire du dos ; trois à l'anale; quatorze à la mem- brane drama la dorsile et la mageoire de l'anus, un pen en forme de faux; la tête petite; x 3. la mâchoire iuférieuce un peu L'ESOC& BELONE. plus avancée que celle d'en haut; ces deux mäâchoires très-etroiles, et deux fois plus lougues que la tète proprement dite; le corps et la uueue très déliés et serpeuti- formes. Lecorps et la queue très-déliés; la couleur géué.ale brune ; de: ta- che: jaunes et forme üe lettres. Un rayon aiguillouné et quatorze rayons articulés à la nageoi e du ds; ua rayon aiguiloone et quatorze rayons articulés à la na- ë 3. geoire de l'anus : quatorze rayons L'ESOCE GAMBARUR. a La tuembrune des brauchies: la mächoire mfériewre six fois plus loungne que la supérieure ; uüe raie longitudinale et argentée de chaque côté de l'animal, ESPÈCES. 2. L'ÉSOCE AMÉUICAIN. 4. L'ÉSOCE ARGENTÉ. { 445 ou 16 rayons à chaque pectorale du Notacanthenez, 2rayons aiguiilounés et 8 rayons articulés à chaque ventrale, plas de 80 rayons articulés à la nageoire de l'anus et à celle de la queue réunies. 3 Le genre Ésoce est le type d'une famille particulière dans l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux, selon M. Cuvier. LPS 515 ESPÈCES. CARACTÈBES. Quitorze rayons à \a dursale; douze à l'aule; juaiorze à la merhbrauq branchaie; ta imachoirenrérieure lecnnnée Par Une prolongation 6. FRE : Sopure * EL S pt ou F4 ait lois plus longue que Là mä- L'ESOCE ESPADON. dite en haut; Ta ete ltérale située resp és uu dessus du Cris el de la queue, dont elle suit là courbure iuféricuie; des baudes transversales. ! Treize ravons à la nageoire du dos; : Jinsl six à celle de l'anus; sept CON E à chaque ventrale; les den: ma L'ESOCE TÉTE-NUE, cos égacment avancées; la té e denuée de petil s écailles. La mächoire infériure plus avan- cee que ceke deu haut; les dents longues et cr chues ; 14 nageotre du dos plus courte que ceile de l'anus; Ces deux nagro res falci- formes; Les ventral s tres-pétités; point de petites ecailles sur la tele, ni sur les opercu es ; tu pi- quaut tres-fort, long, et dégagé, au-dessus ue la base de chuque pectorale. é 8. L'ÉSOCE CHIROCENTRE. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue arrondie ow rectiligne, et sans échancrure. Onze rayons à la naveoire dn dos; dix-sept à L'anale; la caudale ar- Hat roudie; la machoire isfrrienre L'ESOCE VERT. plus avancée qne la supérieure; les écailles minces: la couleur générale verte ou verdätre. L'ÉSOCE BROCHET !, Esox Lucius, Linu. Bloch., Lae., Cuv. ?. ET L'ÉSOCE AMÉRICAIN ©. Esox Lucius, var. B. Linn., Gmel. ; Esox Americanus, Lacep. 4. Le brochet est le requin des eaux douces; il y règne en tyran dévastateur, comme le requin + Lançm, Lanreron, quand il est très-jenne.—Poignard, quan il est d'une grosseur moyenne. — Carreau., quand il est plus gros. — Brquet, Bech t. Lucs, Lupule, dans quel- ques départ. de France. — Luccio, Luzso, en Italie. — Tré- gle, à Malte, — Grashecht (quand bu'a qu'un in), Hecht,en Allemazine. — S/ukha, Csuka, en Hongrie, — Szuk, Szulia, eu Poiugne.— Zurcha, chez les Caliiouques. — Tschortau, en Tatarie.— Aug, en Livonie. —Tschuk, Tschua, Scehecre tan, Scheschuk, en Russie, — Giadde, en Suese. — Gidde, en Danemarck. — Sroek, Geepvisch, en Hollan e — Pike, Pikerelle. en Angleterre, — Ka mas, au Japon.— Ésoce bro= chet. Daubenton et Haüy. Enc. méth. — /4 Bonnaterre, pl, de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 32. — Fanu. S ec. 55. — Meéi- ding. 4. pise. Austr , L 40. —-« Esox rostro plagioplateo.» Arledi, gen. 10, spec. 55, syn. 26. — Lurius. Auson. Mos. v. 122. — Id. Wattou, L. 8, €. 190, fol. 489. — Brochet, Ron délet, poissons de rivière, €. 44. — Zæuciws. Salvian., fol. 94, b. 95. — Id. Gesn., p. 500, 5304, et (germ.) 175.0. —/Jd. Schonev., p. 44. — 1d. Aldrow., 1 à, ©. 39. p.650. 653. — /d. Junston., 1.5, 1.5, c. 5, c. 29, fig. 4. Thaum., p. 417. — /d, Clarleton, p. 162.—Willughby, p.256,— /d. Rai. p. 112. Grouov. Mus. 4, p.28. — Bélou, Aguat., p. 292. it. p. 104, 516 au milieu des mers. S’il a moins de puissance, il ne rencontre pas de rivaux aussi redoutables; si son empire est moins étendu , il a moins d'es- pace à parcourir pour assouvir sa voracité; si sa proie est moins variée, elle est souvent plus abondante, et il n’est point obligé, comme le requin, de traverser d'immenses profondeurs pour l’arracher à ses asiles. Insatiable dans sesap- pétits , ilravage avec une promptitudeeffrayante les viviers et les étangs. Féroce sans discerne- ment, il n'épargne pas son espèce , il dévoreses propres petits. Goulu sans choix , il déchire et avale, avec une sorte de fureur, les restes mêmes des cadavres putréfiés. Cet anima! de sang est d’ailleurs un de ceux auxquels la nature a ac- cordé le plus d'années : c’est pendant des siècles qu'il eflraie, agite, poursuit, détruit et con- somme les faibles habitants des eaux douces qu'il infeste ; et commesi, malgré son insatiable cruauté , il devait avoir reçu tous les dons , il a été doué non-seulement d’une grande force , d'un grand volume, d'armes nombreuses, mais encore de formes déliées, de proportions agréa- bles, de couleurs variées et riches. L'ouverture de sa bouche s'étend jusqu’à ses yeux. Les dents qui garnissent ses mâchoires sont fortes, acérées et inégales : les unes sont immobiles, fixes et plantées dans les alvéoles ; les autres, mobiles, et seulement attachées à la peau, donnent au brochet un nouveau rapport de conformation avec le requin. On a compté sur le palais sept cents dents de différentes gran- deurs, et disposées sur plusieurs rangs longitu- dinaux, indépendamment de celles qui entourent le gosier. Le corps et la queue, très-allongés, très-souples et très-vigoureux , ont depuis la nuque jusqu'à la dorsale, la forme d’un prisme à quatre faces dont les arètes seraient effacées. Pendant sa première année, sa couleur géné- rale est verte; elle devient, dans la seconde année, grise et diversifiée par des taches pâles, qui, l’année suivante, présentent une nuance d’un beau jaune. Ces taches sont irrégulières, distribuées presque sans ordre, et quelquefois Brochel. Camper, Mém. des sav. étr., 6, p. 177. — Pike. Brit. Zool. 5, p.270, n. 1. — Bruchet. Valmont de Bomäre, Dict. d'hist. nat. 3 Le Brochet forme le type du sous-genre des BROCHETS, dans le grand genre du meme nom. D. 3Schæpf. Naturf. 20, p. 26. 4 L'Ésoce américain décrit dans cet article est peut-être une des deux especes des États Unis qui ont été nommées, par M. Lesueur, Esox relicularis et Esox Eston, Act. de l'Ac. des Sc. nat. de Philadelphie, tome I. D. HISTOIRE NATURELLE si nombreuses qu’elles se touchent et forment des bandes ou des raies. Elles acquièrent souvent l'éclat de l'or pendant le temps du frai, et alors le gris de la couleur générale se change en un beau vert! Lorsque le brochet séjourne dans des eaux d'une nature particulière, qu'il éprouve la disette, ou qu'il peut se procurer une nour- riture trop abondante, ses nuances varient. On le voit, dans certaines circonstances , jaune avec des taches noires. Au reste, parvenu à une certaine grosseur , il a presque toujours le dos noirâtre et le ventre blanc avec des points noirs. L'œsophage et l'estomac montrent de grands plis pâles ou rouges, par le moyen desquels l'animal peut rejeter à volonté les substances qu'il avale dans les accès de sa voracité, et qu'il ne peut pas digérer. Cette faculté lui est commune avec la morue, ainsi qu'avec les squales, et particulièrement avec le requin, dont elle le rapproche encore. L’estomac est d’ailleurs très- long; et, comme de ces grandes dimensions résulte une très-grande abondance de sucs di- gestifs, dont l’action très-vive se manifeste par les appétits violents qu'elle produit, il n'est pas surprenant que le canal intestinal proprement dit soit très-court, et n'offre qu'une sinuosité, comme dans un très-grand nombre d'animaux féroces et carnassiers. Le foie est long et sans division; la vésicule du fiel grosse; le fiel jaune; la laite double, ainsi que l'ovaire ; le péritoine blanc et brillant ; l'épine dorsale composée de soixante et une ver- tèbres ; le nombre des côtes est de soixante. L'organe de l’ouie renferme un troisième os- selet pyramidal, garni à sa base d'un grand nombre de petits aiguillons , et placé dans la ca- vité qui sert de communication aux trois Canaux demi-cireulaires. Cet organe contient aussi une sorte de rudiment d'un quatrième canal demi- circulaire, qui communique avec le sinus par lequel se réunissent les trois canaux auxquels le nom de demi-circulaire a été donné. Voilà donc le sens de l’ouïe du brochetplus parfait que celui de presque tous les autres poissons osseux. Cet avantage lui donne un nouveau trait de ressem- blance avec le requin et les squales ; il lui donne de plus la facilité d'éviter de plus loin un en- nemi dangereux , ou de s'assurer de l’approche d'une proie difficile à surprendre; et d'après 4 Voyez ce que nous avons dit des couleurs des poissons, dans le Discours sur la nature de ces animaux, DES POISSONS. l’organisation particulière de son oreille, on doit être moins étonné que l'en ait remarqué, du temps même de Pline, la finesse de son ouïe, et que, sous Charles IX, roi de France, des individus de l’espèce que nous décrivons, réunis dans un bassin du Louvre, vinssent, lorsqu'on les appelait, recevoir la nourriture qu'on leur avait préparée. La vessie natatoire du brochet est simple, mais grande; et sans cet instrument, ce poisson ne parcourrait pas avec la rapidité qu'il déve- : loppe, les espaces qu'il franchit, contre les courants des fleuves impétueux, et au milieu des eaux les plus pures, et par conséquent les moins pesantes et les moins propres à le soutenir. C’est en effet dans les rivières, les fleuves, les lacs et les étangs, qu'il se plaît à séjourner. On ne le voit dans la mer que lorsqu'il y est entrainé par des accidents passagers, et retenu par des causes extraordinaires, qui ne l’em- pêchent pas d'y dépérir; mais on l’a observé dans presque toutes les eaux douces de l'Europe. Bélon a écrit qu'il l'avait vu dans le Nil, où il croyait que les anciens lui avaient donné le nom d'Oxyrhynchus (museau pointu). Mon colle- gue, M. Geoffroy, professeur du Muséum d'histoire naturelle, va publier une dissertation très-savante sur les animaux de l'Égypte, dans laquelle on trouvera à quel poisson, différent de celui quenousexaminons, les anciens avaient réellement appliqué cette dénomination d'Oxy- rhynque. Le brochet parvient jusqu’à la longueur de six à neuf pieds , et jusqu’au poids de quatre-vingts ou cent livres. Il croit très-promptement. Des sa premiere année, il est très-souvent long d'un pied ; dès la seconde, de quinze pouces ; dès la troisième, de deux pieds; dès la sixième, de près de six pieds ; dès la douzième, de huit pieds ou environ : et cependant cet animal destructeur arrive jusqu'à un âge très-avancé. Rzaczynsky parle d'un brochet de quatre-vingt-dix ans. En 1497 on prit à Kaiserslautern, près de Manheim, un autre brochet qui avait plus de dix-huit pieds de longueur , qui pesait trois cent soixante livres , et dont le squelette a été con- servé pendant long-temps à Manheiïm. Il portait un anneau de cuivre doré, attaché, par ordre de l’empereur Frédéric-Barberousse, deux cent soixante-sept ans auparavant. Ce monstrueux * Bélon, liv. 2, chap. 52. 517 poisson avait done vécu près de trois siècles. Quelle effrayante quantité d'animaux plus faibles que lui il avait dû dévorer pour ali- menter son énorme masse pendant une si lon- gue suite d'années ! Le brochet cependant n’est pas seulement dangereux par la grandeur de ses dimensions, la force de ses muscles, le nombre de ses armes; il l'est encore par les finesses de la ruse et les ressources de l'instinct. Lorsqu'il s'est élancé sur de gros poissons, sur des serpents, des grenouilles, des oiseaux d’eau , des rats, de jeunes chats, ou même de petits chiens tombés ou jetés dans l'eau , et que l'animal qu'il veut dévorer lui oppose un trop grand volume, il le saisit par la tête, le retient avec ses dents nombreuses et recourbées jusqu’à ce que la portion antérieure de sa proie soit ra- mollie dans son large gosier, en aspire ensuite le reste, et l’engloutit. S’il prend une perche ou quelque autre poisson hérissé de piquants mo- biles, il le serre dans sa gueule, le tient dans une position qui lui interdit tout mouvement, et l’é- crase, ou attend qu'il meure de ses blessures. Tous les brochets ne fraient pas à la même époque : les uns pondent ou fécondent les œufs dès le milieu de février, d’autres en mars, et d’autres en avril. S'ils sont très-redoutables pour les habitants des eaux qu'ils fréquentent , ils sont très-souvent livrés sans défense à des en- nemis intérieurs qui les tourmentent vivement. Bloch a vu dans leur canal alimentaire diffé- rents vers intestinaux, et il a compté dans un de ces poissons, qui ne pesait qu'unelivre et demie, jusqu’à cent vers, du genre des vers solitaires. Mais ils ont encore plus à craindre des pê- cheurs qui les poursuivent. On les prend de di- verses manières : en hiver, sous les glaces; en été, pendant les orages, qui, en éloignant d'eux leurs victimes ordinaires, les portent davantage vers les appâts ; dans toutes les saisons, au clair de la lune; dans les nuits sombres , au feu des bois résineux. On emploie, pour les pêcher, le trident , la ligne, le colleret, la truble, l'éper- vier, la louve, la nasse . q 4 On trouve la description du colleret dans l'article du centropome sandat; de la truble, dans celui du misgurne fossile; de la louve et de la nasse, das celui du petromyzon lamproie. L'épercier est uu filet en forme d'entounoir ou de cloche, dont l'ouverture a quelquelois soixante pieds de cir- couférence. Cette circonférence est garnie de balles de plomb, et le long de ce contour le filel est retroussé en de- | dus, et attaché de distance en distance, pour furmer des 518 HISTOIRE NATURELLE Leur chair est agréable au goût. On les sale | transporta de vivants dans les eaux douces de dans beaucoup d'endroits, après les avoir vidés, nettoyes, et coupés par morceaux. Sur les bords du Jaïk et du Volga, on les sè- che où on les fume apres les avoir laissés pen- dant trois jours entourés de saumure. Dans d'autres contrées et particulièrement en Allemagne, on fait du caviar avec leurs œufs. Dans la marche électorale de Brandebourg, on méle ces mêmes œufs avec des sardines, on en compose un mets que l’on nomme #e{zin, et que l'on regarde comme excellent. Cependant ces œufs de brochet passent, dans beaucoup de pays, au moins lorsqu'ils n'ont pas subi certaines pré- parations , pour difliciles à digérer, purgatifs et malfaisants. C'est sur des brochets qu’on a essayé parti- culièrement cette opération de la castration dont nous avons déjà parlé, et par le moyen de la- quelle on est parvenu facilement à engraisser les individus auxquels on l'a fait subir. Si l'on veut se procurer une grande abon- dance de gros brochet:, il faut choisir, pour leur multiplication, des étangs qui ne soient pas pro- pres aux carpes, à cause d’embrages trop épais, de sources trop froides, ou de fonds trop ma- recageux : les brochets y réussiront, parce que toutes les eaux douces leur conviennent. On y placera , pour leur nourriture, des cyprins ou d’autres poissons de peu de valeur, comme des Rotengles et des Rougeätres , si le fond de l’é- tang est sablonneux ; et des bordelieres ou des hamburges, si ce même fond est couvert de vase. Au reste, on peut les porter facilement d’un séjour dans un autre, sans leur faire per- dre la vie ; et on assure qu'ils n'ont été connus en Angleterre que sous Henri VII, où on en bourses. On se sert de l'epervier de deux manières : en le trainsnt, et eu le jetant. Lorsqu'on le traine, deux hommes placés sur les bo ds du courant d'eau maintiennent l'ouv r- ture du filet dans une position à peu pres verticale, par le moy:n de deux cor:tes attachess à deux poins &e C: Lie ou- verlure, Lu tronsieme pecheur lie tune corde qui répoud à la poiute du filet. SH on s'aperçoit qu'il y sit du poisson de pris, et qu'on veuille rel-ver l'épervrer, les de:.x premiers pêcheurs iä-hent leurs rordes, de manière que toute la cir- couféreuve de l'ouverture du filet porte sur Le fond; le troi- sième Lire à lui la corde quite. au sommet sie la cloche, se bala ce pour que les bles de plomb se rapprochent lés unes les autres, et quaud il les voit réunies. tre l'eperbues de loutes ses forces, et le met sur ls re. LoPsqu us jeu ce filet, on à besoin de beancoup d'adre se, de iorce et de précautions. On deplore Fepervier par utrélan qui | il faire la roue au fi et, et qui prut entrainer le pêche r Lans le cou- rant, si nue maille 8 accroche a ses habits. La corde plhunbée se préci, it au foud de l'ean, et eufermne les puissous Cuii- pris uans l'inté:jeur de la cloche. cette ile. Le professeur Gmelin regarde comme une va- riété du brochet, un ésoce d'Amérique dans le- quel la mâchoire supérieure est plus courte à proportion de celle d'en bas que dans le brochet d'Europe : mais le nombre des rayons de 13 membrane branchiale de ce poisson américain, de sa dorsale et de ses ventrales, nous oblige à le considérer comme appartenant à une espèce différente de celle du brochet ‘. L'ÉSOCE BELONE 2. Belone....….., Cuv. ; Esox Belone, Lion. Gwel., Bloch. , Ese. Le museau de cet ésoce ressemble au bec d’un barle, ou à une très-longue aiguille; son corps et sa queue sont d'ailleurs si déliés, que la lon- gueur totale de l'animal est souvent quinze fois plus grande que sa hauteur : il n’est done pas surprenant qu'on lui ait donné le nom d’Ai- 4 44rayons à chaque pectorale de l'ésoce brorhet, 40 à cha- que ventrale, 47 à là nageoire de l'anus. 20 à la nigeoire de la queue. —15 rayons à chaque pectoraie de l'ésuce anrérieain. 2 Orshie. — Arphye.— Aiguille de mer. — Equillette, anprès dr Brest. — ÆHagrjr, Agullo, aupres de M rseille. — Aquio, dans le départ. du Var. (Note envoyée par M.Fau- chet , préfet). — Acuchia, dugusicuia, en Mabe. — Char- man, Choram, en Arabie, — Horuhecht, Nadelhecht , en Allemagne.— Schneffel, auprès de Dantzig.— Nub? giadda, en Suède. — /Jorn-give, Nehhesild, Horn-igel, en Nurvège. — Giernefur, en Isiande., — 4 n-jik. eu Danemark, — Gerpwisch, en Hollauue,— Naed!-fish, Gar/ish, Horn-fish, Sea-needel. Ga; pike. cn Augietiire. — Timucu, Peisce agutha , au Brésit, — Jkan ts): kalang hidjoe, Gronetsja- hatanwy of grep, daus Les Indes or.— Ablenues. pur plus. au- leurs. — Esuce bélune. 1 aubeiton et Hauy. Euc. méth, — 1d. Bonuaterre, pl, de FEue. meih. — Oryhue. Bloch, pl. 55. — Esox belone. Ascagne, 5. pl. 6 — brünu Pisc. Massil. p. 79, n. 95. — Müiler, Prodr, Zuul. Danie., p. 49, n, 420. — Fauu, Suec. 5.6. — « Esox rosu 0 cuspidato, gracili, subte. rete et spithanmali, » Artedi, gen. 40, syn. 7. — Pzois. Op- pian., 1. 1, 472, el 5.605. — J4. Athen, 1 8 p. 555. — Aha= niger. Alberl., L. 24. p. 241. u, ed. 1495. — Acus piscis. Salsian., ol. 68. — Belone et raphis, li estacus. Petri Ar- ledi Synonymia p scium , etc. auci0.e J. G. schueider, ete. — Gronov. Mas, 1, 0.59. Zoojh., p. M7, 1. 562.— « Mastae- a cermbelus mandibulis lougissuni.. ete.» Kien, Miss. pise. 4, p. 21, n.1, tab. 5, fig, 2. — Aiguitie. Rondel t, part. 4,18, © 5. — « Acus prima secies. » Gesner, Agnäl., p. 9, 40 Tlhierh., p. 48 b. — « Acus vulgaris. aus Oppiani.» Al- drov. Pic, pe 106, 107. — Arus vulgaris. Willughby. Ichh., p. 251, tab. p. 2, lg. 4, Append., lab. 5, Üg. 2. — Raï, Pise, p 109. -— Seaprke. Brit. Zuul., p. 274. u.2.—Timucrs. Mar grav. Brasil., 408.— ©, phie. V.lmont de Bomare, Dict. d hist. al. 5 Du sous-genre ORPHIE, Belon», Cuv., dans le grand genre des BRocHETS, famiile des Malacuptér) giens abdominaux és@» ces. D. DES POISSONS. guille. On l'a nommé aussi Anguille de mer, parce qu'il vit dans l'eau salée, et que ses for- mes générales ont beaucoup d’analogie avec celles de la murène anguille. La ressemblance dans la conformation amène nécessairement de grands rapports dans les mouvements et dans les habitudes ; et en effet la manière de vivre de l'ésoce bélone est semblable, à plusieurs égards, à celle de l'anguille. Les dents du bélone sont petites, mais fortes, égales , et placées de manière que celles d'une mâchoire occupent , lorsque la bouche est fer- mée, les intervalles de ceiles de l’autre. Les yeux sont gros. La ligne latérale est située d'une ma- nière remarquable; elle part de la portion infe- rieure de l'opercule , reste toujours très-près du dessous du corps ou de la queue, et se perd pres- que à l'extrémité inférieure de la base de la eau- dale. La queue s'élargit, ou pour mieux dire, grossit à l'endroit ou elle pénètre en quelque sorte dans la nageoire de la queue ; les autres nageoires sont courtes. La partie supérieure du poisson est la seule sur laquelle on voie des écailles un peu grandes, tendres et arrondies. Lorsque le belone serpente, pour ainsi dire, dans l’eau, ses évolutions, ses contours, ses re- plis tortueux , ses elans rapides, sont d'autant plus agréables, que ses couleurs sont belles, bril- lantes et gracieuses ; le front , la nuque et le dos, offrent un noir mélé d'azur; les opercules rétle- chissent des teintes vertes, bleues et argentines : la moitié supérieure des côtés est d’un vert di- versifié par quelques reflets bleuâtres ; l'autre moitié répand , ainsi que le ventre, l'éclat de l'argent le plus pur : du gris ou du bleu sont distribués sur les nageoires. Ce poisson si bien paré et si svelte a été ob- servé dans presque toutes les mers; il en quitte les profondeurs pour aller frayer pres des riva- ges, où il annonce, par sa présence, la prochaine apparition des maquereaux. Il n'a communé- ment qu'un pied et demi de longueur, et ne pèse que deux à quatre livres ; il devient alors très-souvent la proie des squales, des grandes espèces de gades, où d'autres habitants de la mer voraces et bien armés : mais il parvient quel- quefois à de plus grandes dimensions. Le che- valier Hamilton a vu pêcher, à Naples, un indi- vidu de cette espece, qui pesait quatorze livres; et Renard assure qu'on trouve, dans les Indes «rientales, des bélones de six à neuf pieds de 519 longueur, dont la morsure est, dit-on, très-dan- gereuse, et même mortelle, apparemment à cause de la nature de la blessure que font leurs dents nombreuses et acérees. On prend les bélones pendant les nuits cal. mes et obscures, à l’aide d’une torche allumée, qui les attire en contrastant avec des ténebres épaisses, et par le moyen d'un instrument garni d'une vingtaine de longues pointes de fer, qui les percent et les retiennent; on en pêche jusqu'à quinze cents dans une seule nuit. En Europe, où le bélone a la chair sèche et maigre, on ne le recherche guère que pour en faire des appâts. Son canal intestinal proprement dit n'offre pas de sinuosité, et n’est pas distinct, d’une ma- nière sensible, de la fin de l'estomac. L'épine dorsale est composée de quatre-vingt- huit vertebres ; elle soutient de chaque côté cin- quante et une côtes : lorsque ces côtes et ces ver- tebres sont exposées à une chaleur très-forte, elles deviennent vertes. Un effet semblable a été observé dans quelques autres poissons, et partieulièrement dans des espèces de blennies ; et ces phénomènes paraissent confirmer ce que nous avons dit de la Nature des poissons (voyez notre Discours sur ce sujet), surtout lorsqu'on rapproche cette coloration rapide de la lueur phosphorique que répandent dans l'obscurité ces os verdis par la chaleur ". L'ÉSOCE ARGENTÉ ?, Butirinus indicus, Cuv.; Esox argenteus , Forsk., Lac., Lion , Gmel.; Argentina Glossodouta, Forsk. ; Ar- geutina Bonuk, Lac. *, L'ESOCE GAMBARUR #, {lemiramphus marginalus, Cuv.; Esox Gambarur, Lac.; Esox marginatus, Linn., Gimel, Ÿ, ET L'ÉSOCE ESPADON 5. Hemirampbhus brasiliensis, Cuv.; Esox brasiliensis, Lumu., BL, pi. 591; Esox Giadius, Lac. 7. George Forster a découvert l'argenté dans les eaux douces de la Nouvelle-Zélande, et d'autres 4 15 rayons à chaque pectorale de l'ésoce bélone, 7 2 cna- qe veutr.de, 25 à du nageoire de la queue. 2 su fusus, eu. G. Lorsler. Bi. Gr aorb 1, p. 139, > Lu ceure BUTHUN, daus La Fuuilie des CLUPES, rire des Malacopérygeus abdounaux Guv. M. de Lacépede 4 décrit dus Das er poisson 1° sous le not d'ÉSOCE ABGENTS, et Lo sous EE ARGENTINE BONUK. EL. A£suc hepsetus, Liuu, Gel. — Furskael, Faun. Arab. 520 {les du grand Océan équinoxial. Nous n'avons pas vu d'individu de cette espèce : si sa caudale n'est pas échancrée, il faudra la placer dans le second sous-genre des ésoces. Le gambarur nous a paru, ainsi qu'à Commer- son, appartenir à la même espèce que le piqui- tingue ou l'hepsète, qu'on n’a séparé du premier poisson, suivant ce celebre voyageur, que parce qu'on a eu sous les yeux des piquitingues allé- rés, et privés particulièrement de la plus grande partie de leur longue mâchoire inférieure. 11 habite dans les eaux de la mer d'Arabie, ainsi que dans celles qui arrosent les rivages du Brésil. Son corps est un peu transparent, très-al- longé, ainsi que la queue, et couvert comme cette dernière partie d’écailles assez grandes ; la mâchoire supérieure dure et très-courte ; l'infé- rieure prolongée en aiguille, six fois plus longue que la mâchoire d'en haut, et un peu mollasse à son extrémité; l'ouverture de la bouche garnie sur ses deux bords de petites dents; l'œil grand et rond ; le dessus du crâne aplati : le lobe infé- rieur de la caudale près de deux fois plus long que le supérieur; la couleur générale un peu claire, le haut de ia tête brun ; le dos olivâtre à son sommet. et orné de raies longitudinales sé- parées par des taches brunes et carrées ; la par- tie inférieure de l'animal marquée de quatre au- p.67, n.98. — « Argentina, pinnà dorsali pinnæ ani oppo- « sild. » Anœnit. acad, 4, p. 521. — Piquitinga. Mircgrav. Braul.159. — Æsoce piquitingue. Daubenton et Hiüy Enc. métb.— /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. métlh. — Esoce gam- barur. Id.— Orphie de Rio Janeiro, « esox dorso monop- « teryoio, rostro apice coccineo, lineà lateral Lità, argen- « teà, ete, » Comimerson, maonserits déjà cites. — « Menidia « corpore subpellucido, lineà laterali lalieri argenuteä. » Browne, Jamaie. 441, tab. 45, fig. 5. 5 Du sousgenre DEMI-REC, Hemiramphus, Cuv., dans le grand geure Bnocuwr, de la famille des Malacoptéry tiens «b- dorninaux ésoces. L'£soc hepsetus de Lu née, cité dans la synonyimie de cette espèce, est un composé de deux p'is- sons; ao le Piquilinga de Maregrave, où Mœuidia de Browne, qui estun anchois; 2° l'autre que M. Cuvier ne peut recornaitre, mais qui cependant est un Hémiramphe. D. 8 Demi-muscau. — Berassine de mer.— Pelitespadon. — Elepnuntennuse, Kleiner schwerdifisch ; par les Alle- mabus. — AHalt-bec, Brasilianischen süvek par les Hollan- dais.— Under-sword fish, Piper, par les Auglais. — Baluon, aux Antilles. — Jhan moeloel betang daus les Indes or, — Mus. Ad, Frid. 2, pu. 102. — « E0x maxillà in'eriure tereli, « cuspdatà longissimä,etc. » Gronov. Zooph-565.—Browue, Jamaïc. 445. tab. 45, fig. 2.-Under-swon fish.GreW.Mus. 87, tab. 7 — Æsore petit espad n. Daubenten et Haüy, Enc. méth — /d. Bouuaterre, pl. de l'Euc. méth — € Acus minor ainferuè rostrata, vulg balon, ete. » Plumier, manuscrits de i» Bibioihèque. — Petit «spadon Bloch, pl 591. 1 Ce joisson appartient au sous genre DEMI-BEC, Hemi- ramphus, el parait se rapporter surtout a l'Henuramphus brasitiensis de M. Cuvier. D. HISTOIRE NATURELLE tres raies ; chaque côté paré, ainsi que l'indique le tableau générique , d’une raie longitudinale , large, argentée et éclatante ; la dorsale ordinai- rement très-noire, et le bout de la mâchoire in- férieure d’un beau rouge. Commerson a observé, en juin 1767, aupres de Rio-Janeiro, un gambarur, qui n'avait guère plus de huit pouces de longueur. L'espadon a beaucoup de rapports avec le gambarur; il en a aussi avec le xiphias espadon, et sa tête ressemble, au premier coup d'œil, à une tête de xiphias renversée. La prolongation de la mâchoire inférieure est encore plus longue que dans le gambarur, aplatie et sillonnée auprès de l'ouverture de la bouche, dont les deux bords sont hérissés de plusieurs rangées de petites dents pointues : d’autres dents sont situées autour du gosier ; mais le palais et la langue sont unis. Le dessus de la tête est déprimé ; les opercules sont rayonnés ; le lobe inférieur de la caudale dé- passe celui d’en haut. La couleur générale est argentée ; la tête, la mâchoire inférieure, le dos et la ligne latérale sont communément d’un beau vert, et les nageoires bleuâtres *. On trouve l’espadon dans les mers des deux Indes. Nieuhof et Valentyn l'ont vu dans les Indes orientales; Plumier, Du Tertre, Browne et Sloane l'ont observé en Amérique. Sa chair est délicate et grasse. On l’attire aisément dans les filets, par le moyen d'un feu allumé au milieu d'une nuit sombre. I paraît qu'il multiplie beau- coup. L'ÉSOCE TÊTE-NUE ?, Erytbrinus..…., Cuv.; Esox g'mnocephalus, Linn., Gmel., Lac.”. ET L'ÉSOCE CHIROCENTRE. Chirocentrus...…, Guv.; Esox Chirocentrus, Lae.; Clupea dentex, Schueïd ; Clupea Dorab, Gmel. #. Le premier de ces deux ésoces habite dans les 4 10 ou 12rayons à chaque pectorale de l'ésoce gambarur, 6 à chaque ventrale, 14 à la nageoire de la queue, —18 rayons à chaque pectorale de l'esuce espadun , 6 à chaque ventrale, 18 à la caudale. 2 Ésuce téte-nue. Daubenton et Haüy, Euc. méth. — 1d. Bonuaierre, pl. de l'Euc. méth. : 3 Ce poisson est probablement du genre ERYTHRIN, Ery- thrinus, de Gronow et de M.Cuvier, dans la famille des Ciupes, ordre d s Malacoptéryaieus ablominanx. D. 4 Ce poisson est le ty. e du genre CHIROGENTHE, Chirocen- trus, de M. Cuvier, dans la famille des Clupes, ordre des Malacoptérygieus abdominaux. D. DES POISSONS. 321 Indes ; le second a été observé par Commerson, qui en a laissé un dessin dans ses manuscrits. Nous lui avons donné le nom de Chirocentre, pour indiquer le piquant ou aiguillon placé au- près de chacune de ces nageoires pectorales que l’on a comparées à des mains. Une sorte de loupe arrondie paraît au-dessus de ces mêmes pectorales. La ligne latérale règne près du dos, dont elle suit la courbure. Les écailles sont pe- tites et serrées. Les deux lobes de la caudale sont très-srands ; l’inférieur est plus long que l'autre *. L'ÉSOCE VERT :. Esox viridis, Linn., Gmel., Lac. 5. Ce poisson habite dans les eaux douces de la Caroline , où il a été observé par Catesby et par le docteur Garden “. CENT QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES SYNODES. L'ouverture de la bouche grande; le gosier large: les mMâthoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues; point de barbillons ; l'opercule et l’orifice des branchies lrès-grands ; le corps el la queue très- allongés el comprimés laléralement; les écailles du- res; point de nageoïre adipeuse ; les nageoires du dos et de l'anus courtes ; une seule dorsale ; celle dernière nageoire placée au-dessus ou un peu au-dessus des ventrales, ou plus près de la lêle que ces dernières PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue fourchue ou échancrée en croissant. CARACTÈRES. Onze rayons à la nageoire du dos; six à celle de l'anus; cinq à la membraue des branchies. Quatorze rayons à la dorsale; dix ESPÈCES. 4° LE SYNODE FASCÉ. 2. a celle de l'anus; trois à la meimn- LE SYNODE RENARD. braue brauchiale; la caudale en croissant. 410 rayons à chaque pectorale de l'ésoce tête-nue, 49 à la nageoire de la queue. ; 3 Ésore verd 1. Naubenton et Haüy, Enc. métb. — Esoce miquille écailleuse Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 Sous le nom d'Esox viridis, M. Cuvier pense que Linnée a réuni une description de L'Orphie envoyée par Garden, avec la figure du Caiman (espèce de Lépisostée) , donnée par Catesby, Il, xxx. Cela étant, l'espèce de l'ésoce vert serait factice D. 441 rayons à chaque pectorale de l'ésoce vert, 6 à chaque ventrale, 16 a la nagevire de la queue. LE ESPÈCES, CAUACTÈNES, eufoncement au devaut de la nu- que ; trois pièces à chaque oper- 5. cule; les upercules et 1, tête dé- uués de peiites écailles ; la ligne latérale courbee vers le b 183 la couleur générale d'un argenté verdâtre; point de bandes, de raies, ui de taches, | tête trés-longue; le museau La tête petite; le musean pointu; un LE SYNODE CHINOIS. | tres allongé; La machorre infé- rieure pus avan: ée que la supé- rieure; les yeux très-rapprochés l'un de l'autre, et 0 bout du mu- | seau; l'oprreule anguleux du côté \ 4. LE SYNODE MACROCÉ- PHALE. de la queue . tt composé de trois peces; la ligne latérale conrbée vers L- ba»: li do:sileel l'analeen forme ‘'e faux ; la couleur géné rale d'un verdätre argenté. SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, arrondie. ou rectiligne, et sans échancrure. Quatorze rayons à la nageoire du dus; dix à l'anale; cinq à la mem- bra ie ds ranchies ; veux orifi- ces à chaque uarine; la caudale arroudie. GE LE SYNODE MALABAR. LE SYNODE FASCÉ !, Saurus..…, Cuvy.; Synodus fasciatus, Lac. ; Esox Syno- dus, Liun., Gmel. ?. Le Synode Renard®, Butirinus americanns, Cuv ; Synodus Vuipes, Lac ; Esox Vulpes. Linn., Ginel, 4. — 5, chinois, Elops indicus, Guy ; Argentina machnat:, Forskael: Mugil salmoneus, Forster; Syuodus chinensis, Lacep, 5. — S. Ma- crocéphale, Synodus microcephalus, Lac. %, — S. Mala- bar 7, Ecythrinu. malabari us, Cuv.; Esox malabaricus, BL.; Synodus malabaricus, Lac. #. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer combien les synodes ont de ressemblance avec les ésoces , dont nous avons cru cependant de- 4 Ésoce synode. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méih.— Grouov., Mus. 2, n. 151, tab. 7, fig. 1. 2 Le synode fascé de Lacépède est . selon M. Cuvier, une espèce du sons-genre SAURE (Sawrus), dans le graud genre SAUMON , qui avait perdu sa nag'oire adipense. Consé- quemment il appart ent à la famille des S :Imoues, daus l'ore dre des Malacoptérygiens abdominaux. D. 5 Ésoce renard. Daubenton et Haüv, lne. méth. — 7d, Bonnaterre, pl. de l'Euc. mith. — Catesby, Carol. 2, tab. 4, fig. 2. 4 Ce poisson est du genre BUTIRIN, Bulirinus, Comm. Cuv., de la famille des Clupes, eriie des Malacoptérygiens abiominaux. M. Lacépède l'a déjà decrit sous le nom de BUTIRIN BANANE. et il le reprouuit une troisième fois sous la dénomination de CLUPÉE MACROCÉPUALE. (V. ci- après.) D. : 5 Ce poisson est l'ÉLOrs de la mer des Indes. Son genre es de la famille des Clopes , dans l'ordre des Malacoptérygiens abdouwinaux, Cuv. D. 5 M. Cuvier uecite pas ce poisson. D. 1 Eso.c malubaricus. Bloch, pl. 592, 3 Du genre ÉRYTURIN, Er gthrimus, üans la famille des Clu- \ pes, ordre des Malacuptérygiens abduwinaux, Cuv. D, 522 voir les séparer, pour établir plus de régularité et de convenance dans la distribution méthodi- que des poissons. Les deux premiers de ces synodes vivent dans les mers de l'Amérique septentrionale. Celui auquel nous avons donné le nom spéci- fique de f'ascé, se trouve cependant dans la Méditerranée, auprès de Nice, ainsi que nous apprend le savant inspecteur du Muséum d’his- toire naturelle de Turin, M. Giorna. Ce poisson a la tête un peu enfoncée entre les yeux; deux ou trois rangées de dents à chaque mâchoire, sur le palais, et auprès du gosier ; la partie su- périeure de la langue toute couverte de petites dents; la dorsale triangulaire; des écailles gran- des; des bandes transversales brunes ; des raies brunes sur les nageoires; le ventre blanc. Le renard présente une rangée de dents peti- tes et aivuëés à chacune de ses mâchoires; une dorsale, une anale et des pectorales peu échan- crées ; des écailles grandes ; des teintes jaunâtres sur le dos; une couleur blanchäâtre sur le ven- tre, et une longueur de six à vingt pouces. Nous avons vu les synodes, que nous avons nommes { Linois et Macrocéphale, et qui n'ont encore été décrits par aucun naturaliste, très- bien representés dans la collection de peintures chinoises cedee à la France par la Hollande, et conservée dans la bibliothèque du Muséum d'his- toire naturelle. La line latérale du macrocéphale est dorée ; ses ventrales sont très-petites ; il ne montre ni taches, ni bandes , ni raies longitudinales. La mâchoire inférieure du malabar exeèdeun peu celle d'en haut‘; l'une et l'autre sont armées de dents inégales, peu serrées, mais grandes, fortes et pointues : d’autres dents hérissent la langue et le palais. Les écailles sont larges et lis- ses. Le dos est verdâtre ; la tête, les flancs et le ventre sont jaunâtres ; les nageoires, variées de jaune et de oris, présentent des raies brunes. Le malabar habite dans les rivières de la côte dont il porte le nom; sa chair est blanche, agréa- bie et saine. 4.42 rayons a chaqne pectorale du synode fascé, 8 à cha- gue veutral . — 14 ravons à chaque pertorale du synode re- uard, 8 a chaque ventrale, {7 à la nageoire de la queue. — 44 rayous à chuque pe-torale du synode malabar, 8 à chaque vertraie, 17 a la caudale. HISTOIRE NATURELLE CENT QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENRE, LES SPHYRÈNES. L'ouverture de la bouche grande; le gosier large; les mächoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues; point de barbillons; l’opercule et l’orifice des branchies très-grands; le corps et la queue très- allongés, et comprimés laléralement; point de na- geoire adipeuse ; les nageoires du dos et de l'anus courtes ; deux nageoires dorsales. CARACTÈRES. [| Quat:e vayon à l1 première na- geore du dos; dix à la seconde; dix à celle ie L'anus; bi machoire infévisure plus avancee que celle d'en haut; lesueuts : ombrenses, iuégales, fortes e crochues ; ia dors.le et lanaie é hincrées ; l'operenie terminé prune pointe et couvert de prliles écailles ; la coul ur genre d'un bleuâtre argenté: point de taches, de ban- des. mi de ru s;l'anaue, les ven- trales et les pectorales rouges. Cinq rayous à Li premiere dorsale; neuf à ia seconde; : eul à l'anales la imachoire tofevieure plusavane cée que ec We d'en haut ; les dents forte:. crochue-, pres ne égales, et peu nombreuses: L: dorsale et l'auale nou «ch incrées: l'oper- cuie presine arrondi par der riére, et dénué die pelites écailles; la couleur sénerale et celle de ESPÈCES. 4. LA SPHYRENE SPET. 2. LA SPHYRÈNE CHINOISE. toute- les nagroires, d'un verdä- tre argenté. pornt de taches, de bandes, ni de ra es. Sept rayons à la première nageoire du dos, -1x à la secour €; ces deux nageoires pr sure cgales, très rapprochres For de l'autre, éle- vées, triansulures, six l'yons à la nazeoire. el nus: la mächoire inférieure plus avan ee que la supérieure: la couleur générale et celle des nageores d'un vert doré; , oiut de taches, de bandes, ni de raies. É rayous à la première dorsale; LA SPHYRÈNE ORVERD. dix a la seconde, huit à la na- geoire de l'anus: la tele très- allongée; le corps et la quene tres-déués: presque lentes les na- geoires écha crées en forme de faux; l'op reule Lesarrondi , et dénué de priies t cales ; la cou- leur générale tleue; un grand nombre de taches ron es, inéga- les et d'un biru lonce, le long de la ligne late ale, Six ou sept rayons à la première nageoiïre du ds: ui Täÿon al- guillonué et vingt quatre rayons articulé à la seconde ; un rayon aiguillonne «t VIngeLPOE FAXOUS articulés à L'auale : la Ca dule en croissant : 14 corne supérieure de la cauuaie jius lo sue que l'inférieure; LS ma hottes très- éirontes, pointues, #1 deux fois plus lunsues que la tele propre meut dite. LA SPHYRÈNE BECUNE. 5 2. LA SPHYRÈNE AIGUILLE. DIS POISSONS. 523 LA SPHYRÈNE SPET , Sphyræua Spet, Cuv. ; Esox Sphyrænua, Linn., Gmel. ; Sphyræna Spet, Lac. ?. La Sphyrène chinoise, Syhyræna…...., Cuv.; Sphyræna chi- nensis, Lacep. %. — S. Orverd 4, Centropoma undecimalis, Cuv.; Sihyræna aureoviridis, Lacep. 5. — S. Bécune®, Spbyræua Becuna, Lacep., Cuv.7.— S. aiguille *, Be- lone...? Cuv.; Sphyræna ACus, Lac. ?. Les sphyrènes ont été placées parmi les éso- ces ; leurs deux nageoires dorsales, et quelques autres traits, doivent cependant les en séparer. Des sucs digestifs très-puissants, des besoins impérieux, une faim dévorante très-souvent re- nouvelée, des dents fortes et aiguës, des for- mes tres-déliées, de l’agilité dans les mouve- ments, de la rapidité dans la natation; voilà ce que présententles sphyrènes, voilà ce qui leur rend la guerreet necessaire et facile; voilà ce qui leur faisantsurmonter lacrainte mutuelle qu'elles doivent s'inspirer , les réunit en troupes nom- breuses, dont tous les individus poursuivent si- 4 Cestra, en grec. — Malleus.— Marteau. — Pei escomé, dans le départ. du Var. (Note communiquée par le préfet Fauchet.) — Sfirena. Lucio di mare, en Sardaigne. — Luz- zaro, à Gênes. - Luzz0o marino, à Rome.— Zarganes, en Grèce.— Mugesil, :gam, Goedd, en Arabie.— Pfeil hecht, See hecht, en Allemague. — Pyl-snovk, en Hollande. — Sea- pike. Spit-ish , eu Augleterre. — Picuda, à la Havane. — Espedon, en Espazne. — Ésoce spet. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 4100.—Sphyræna. Artedi, gen. 84, syn. 112. — Zobpatve. Arist., L 9, €. 2. — Ælian, L 1, c. 55, p. 40. — /d. Atben., 1. 7.p. 525. — /d. Oppan., 1. 1, p. 7; et 1.2, p. 58.— Sphyræna.Charietou. p. 156. — Sphyræna, prima species. Rondelet, part. 1, L&, €. 4. — /d. Gesner, p. 882, 1059; ei serm., fol. 59, — /d. Willugbby, p. 275. — Sphyræna sive sudis. Salv.. fol. 70, a. — 1d. Aldrov., 1. 1, c. 21, p. 402. — Id. Joustou, 1. 1, tit. 2, c. 4,4. 16, tab. 18, fig. 4. — Zd. Rai, p- 84. — Bloch, pl. 589. — Spet. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 3 Ce poisson est du genre SPHYRÈNE, adopté par M.Ouvier, et placé par lui daus la famille des Acanthoptérygiens per- coides, D. 5 Daus la prenrère édition du Règne animal, M. Cuvier dit qu'il coüsidere la s,hyrene chincise de Larépede comme ne différant pas spécifiquement de la Sphyrène Suet. D. 4 a Lucius mar nus. » Piumier, peintures sur vélin déjà citées. ÿ 5 L'espèce de la Sphyrène orverd, Lac., est fondée sur une œauvaise ti ure du Ceutrojome brochet de mer, Cent: 0po- mus undecimalis, Cuv., famille des Acanthoptérygiens percuides. D. “a Sphyræna antillana, argentocærulea. » Plumier, pein- tares sur wé.1n dejà € tees. 1 M. Cuir, daus la première édition du Règne animal, admet ce poisson dans le genre SPHYRÈNE, et le regarde comme formaut uur espece distincte. D. #« Acus americana, rostro longsiori, » Plumier, manus- crits dela Biblioth. ruyale deja cités, *L'espece de la Sub, rene aiguile, Lac., ne paraît être éta- blie que -ur uue fizure d'Orphie, où la position du poisson fait paraître une des ventrales comme si c'était une pre- mière dorsale, Cuvier, Règne anim., première édition. multanément leur proie, s’ils ne l’attaquent pas par des manœuvres concertées, et auxquelles il ne manque que de grandes dimensions et plus de force pour exercer une domination terrible sur presque tous les habitants des mers. Une chair blanche et qui plaît à l'œil, délicate et que le goût recherche, facile à digérer et que la prudence ne repousse pas ; voilà ce qui donne aux sphyrènes presque autant d’ennemis que de victimes; voilà ce qui, dans presque toutes les contrées qu'elles habitent, fait amorcer tant d’hamecons, dresser tant de piéges, tendre tant de filets contre elles. Des cinq sphyrènes que nous faisons connaf- tre, les naturalistes n’ont encore décrit que la première; mais les formes ni les habitudes de cette sphyrène spet n'avaient point échappé à l'attention d’Aristote , et des autres anciens au- teurs qui se sont occupés des poissons de la Mé- diterranée. Le spet se trouve en effet dans cette mer in- térieure, aussi bien que dans l'Océan Atlanti- que. Il parvient à la longueur de deux pieds et demi. Ses couleurs sont relevées par l'éclat de la ligne latérale, qui est un peu courbée vers le bas. Le palais est uni; mais des dents petites et pointues sont distribuées sur la langue et auprès du gosier. Chaque narine n’a qu’un orifice ; les yeux sont gros et rapprochés ; les écailles min- ces et petites; quarante cæœecums placés auprès du pylore; le canal intestinal est court et sans sinuosités ; la vésicule du fiel très-grande, et la vessie natatoire située très-près du dos. Les yeux de la chinoise sont très-gros ; la pru- pelle est noire ; l'iris argenté ; la ligne latérale tortueuse. Commerson a laissé dans ses manus- crits un dessin de éette sphyrène, que nous avions déjà fait graver, lorsque nous avons vu ce poisson bien mieux représenté dans les pein- tures chinoises données à la France par la Hol- lande. La sphyrène orverd est magnifique; son dos est élevé; son museau très-pointu; et son œil, dont l'iris est d'un beau jaune, ressemble à un saphir enchässé dans une topaze. La parure de la bécune est moins riche, mais plus élégante ; des reflets argentins ajoutent les nuances les plus gracieuses à l’azur et au bleu foncé dont elle est variée. L’œil rouge a le feu du rubis. Ses formes sveltes ressemblent plus à p. | celles d'un serpent ou d’une murène, que celles 24 des autres sphyrènes dont nous venons de par- ler. La mächoire inférieure est un peu plus avan- cée que la supérieure; l’opercule composé de trois pièces ; la ligne latérale presque droite. La seconde dorsale et la nageoire de l'anus de la sphyrène aiguille sont échancrées de manière à représenter une faux. La mâchoire inférieure dépasse celle d'en haut. Chacune de ces mä- choires est armée d'une cinquantaine de dents étroites, crochues, longues, presque égales, et correspondantes aux intervalles laissés par les dents de l’autre mâchoire. Nous devons à Plumier la connaissance de ces trois dernières sphyrènes *. — CENT QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES LÉPISOSTÉES. L'ouverture de la bouche grande ; les mâchoires garnies de dents nombreusts, fortes et pointues ; point de bar- billons ni de nageoïre adipeuse ; le corps et la queue très-allongés ; une seule nageoire du dos ; cette na- geoire plus éloignée de la tèle que Les ventrales ; le corps el la queue revêlus d’écailles très-grandes , pla- cées les unes au-dessus des autres, très-épaisses , très-dures , el de nature osseuse. CARACTÈRES. Neuf rayons à L1 uageoire du dos: neuf rayons à cell- de l'anus ; le premier rayou de Chaque na- g'oire el le uernier ds la Car dae irès-foris et deuteié-; la mächoire superiesre plus avancée que ce le d'en bas;ies deux mâchoï. es très- 0e longues très-étroites, et grues LE LÉPISOSTÉE GAVIAL.\ d'un granu nombre de dents for- les el poilues disposées sur nn ou plusieurs rangs, el pa nn les- quels s'élevent pus eurs autres dents plus lougues, : rochues, et séparées les unex de; autres; la lougnenur de la iête égae, ou à peu pres, a celle du Corps. Onze rayons à la nageoïre du dos; neuf rayous à celle de l'anus ; le ESPECES. prenner rayon de chaque ua- geoire, Lrès lort et denteie: la mächoire superieure plis avan- cer que celle d'en bas ; les deux mâchoires longues, étroites et déprimées ; le tout du museau plu: large que le reste des imà- choires; la lougueur de la tete égile, on à peu près, à la moitié de ia longueur du corps. ue rayons à la dorsale; huit { 2. LE LÉPISOSTÉE SPATULE a ceile de l'anus; les veux rà- choires ézalem nt avancées ; les dents très-petites et serrées ; la langue et Le palais lisses. 5. L& LÉPISOSTEE ROBOLO. 47 rayons à la membrane branchiale de la sphyrène spet, V4 à chaque pectorale, 6 a chaque ventra e, 20 à la nageoire de 2 queue, — 8 ou 9 rayons à la membraue des brauchies de ka aphyrene aiguille. HISTOIRE NATURELLE LE LÉPISOSTÉE GAVIAL ! Lepisosteus, osseus, Cuv.; Lepisosteus Gavial, Lac. Esox osseus, Linn., Ginel. ?, LE LEPISOSTEE SPATULE, Lepisosteus Spatula, Lac., Cuv. 5. ET LE LÉPISOSTÉE ROBOLO #. Lepisosteus Robolo, Lac. ; Esox chilensis, Molina. 5, De tous les poissons osseux, les lépisostées sont ceux qui ont recu les armes défensives les plus sûres. Les écailles épaisses, dures et osseu- ses, dont toute leur surface est revêtue, for- ment une cuirasse impénétrable à la dent de presque tous les habitants des eaux, comme l’en- veloppe des ostracions, les boucliers des acipen- sères , la carapace des tortues, et la couverture des caymans, dont nous avons conservé le nom à l'espèce de lépisostée la plus anciennement connue. À l'abri sous leur tégument privilégié, plus confiants dans leurs forces, plus hardis dans leurs attaques que les ésoces, les synodes et les sphyrènes, avec lesquels ils ont de très-grands rapports ; ravageant avec plus de sécurité le séjour qu'ils préfèrent, exerçant sur leurs vic- times une tyrannie moins contestée, satisfaisant avec plus de facilité leurs appétits violents, ils sont bientôt devenus plus voraces et porteraient dans les eaux qu'ils habitent une dévastation à laquelle très-peu de poissons pourraient se déro- ber, si ces mêmes écailles défensives qui, par leur épaisseur et leur dureté, ajoutent à leur au- dace, ne diminuaient pas, par leur grandeur et leur inflexibilité, la rapidité de leurs mouve- ments, la facilité de leurs évolutions, l'impétuo- sité de leurs élans, et ne laissaient pas ainsi à { Trompette de mer. — Aguja , en Espagne. — Knochen hecht, par les Allemands. — Schild-snork. par les Hollan- duis. — Ch efis, à la Havane. — Green carfish, p:r les An- glais des Indes o cid. — /kan tsiakalang bili, dans les ludes or.— Balgeesche geeh. par les Hollandais des grandes ludes — Esoce cayman. Daubenton et Hañy, Enc. méth.— 1d. Bonuaterre, pl. de F'Enc. in th. — « Esox maxilà supe- « rire longioie, caudà quadraià. » Artrdi, zen. 44, syn. 27. « ACUS Maxima, Squamosa, viridis. » Catesby Carol. 2, t. 50, « Acus marina squamo-a. » Lister, App. Wiluzhby, p. 22.— Rai. p. 109. — Bloch, pl. 590. — Mus. Ad. Fri. 2, p. 101, — « Acus seu belone americana , squamis durissimis Cata- « phracta. » Poisson armé dv la rivière de Sasnt-Law- ren. Plumier, manuscrits déjà cités de la Biblioth. royale 2 Du genre LEPISOSTEE, Lac., Cuv., dans la famille des Clupes, ordre des Ma acoptéryg ens sbdominaux, Cuv. D, “ Seconde espèce du genre LEPISOSTEE ue M. Cuvier, D. 4 Molina. Hist. natur, Chil., p. 196, — ÆEsoce robolo. Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth. 5 M. Cuvier ne fait pas mention de cette espéce. D. DES POISSONS. leur proie quelque ressource dans l'adresse, l’a- gilité et la fuite précipitée. Mais cette même vo- racité les livre souvent entre les mains des en- nemis qui les poursuivent : elle les force à mor- dre sans précaution à l'hamecon préparé pour leur perte; et cet effet de leur tendance natu- relle à soutenir leur existence leur est d'autant plus funeste par son excès, qu'ils sont très-re- cherchés à cause de la bonté de leur chair. Le gavial particulièrement a la chair grasse et très-agréable au goût. On le trouve dans les laes et dans les rivières des deux Indes, où il par- vient à trois pieds de longueur. La dentelure remarquable qu'on voit aux premiers rayons de toutes ses nageoires et au dernier de sa caudale, provient de deux séries d’écailles osseuses , al- longées et pointues , placées en recouvrement le long et au-dessus de ce premier rayon, qui d’ail- leurs est articulé. La forme générale de sa tête; le très-grand allongement de ses mâchoires ; leur peu de largeur ; le sillon longitudinal creusé de chaque côté de la mâchoire d’en haut; les pièces osseuses, inégales, irrégulières, ciselées ou rayon- nées , articulées fortement les unes avec les au- tres, et enveloppant la tête proprement dite, ou composant les opercules; la quantité, la distri- bution, l'inégalité et la figure des dents ; la po- sition des deux oritices de chaque narine, que l’on découvre à l’extrémité du museau; la situa- tion des yeux, très-près de l'angle de la bouche : tous ces traits lui donnent beaucoup de ressem- blance avec le crocodile du Gange, auquel nous avons dans le temps conservé le nom de Gavial; et nous avons mieux aimé le désigner par cette dénomination de Gavial, quele distinguer, avec plusieurs naturalistes, par le nom de Cayman, ou Crocodile d'Amérique, auquel il ressemble beaucoup moins. Les écailles osseuses dont ce lépisostée est re- vêtu lui donnent un nouveau rapport avec le gavial ou les crocodiles considérés en général. Ces écailles, arrangées de manière à former des séries obliques, sont taillées en losange, striées, relevées dans leur centre, et paraissent compo- sées de quatre pièces triangulaires; celles qui s'é- tendent en rangée longitudinale, depuis lannque jusqu'à la dorsale, sont échancrées, et représen- tent un cœur. La ligne latérale est courbée vers le bas; l'anus deux fois plus voisin de la cau- dale que de la tête ; la dorsale semblable, par sa forme presque ovale et par ses dimensions, à la nageoire de l'anus , qui règne directement au- 525 dessous: la caudale obliquement arrondie; la par- tie supérieure de la base de cette caudale cou- verte obliquement d'écailles osseuses, qui doivent gèner un peu les mouvements de cette rame; L couleur générale verte ; celle des nageoires rou- geâtre, sans taches, ou avec des taches foncées : et le ventre rougeâtre ou d’un violet très-clair. Aucun naturaliste n’a encore publié de des- cription du lépisostée spatule. Le Muséum d’his- toire naturelle renferme depuis longtemps un bel individu de cette espèce. La forme de son museau nous à suggéré son nom spécifique, de même que nous avons voulu désigner les écailles osseuses des lépisostées par le nom générique que nous leur avons donné *. La tête du spatule, comprimée et aplatie, est couverte de pièces osseuses, grandes, rayonnées et chargées d’aspérités. Le dessus de la mâchoire supérieure offre de chaque côté quatre ou cinq lames également osseuses, et comme ciselées ou rudes. Un grand nombre de pièces petites, mais osseuses et articulées ensemble, couvrent, au delà des yeux, les parties latérales de la tête proprement dite. L’opercule , de même nature que ces lames, est rayonné, et composé de trois pièces. Chaque narine a deux orifices. Le pa- lais est hérissé de petites dents. Les deux mâ- choires sont garnies de deux rangées de dents courtes, inégales, crochues, et serrées. Indé- pendamment de ces deux rangs, la mâchoire d'en haut est armée de deux séries de dents Joneues , sillonnées , aiguës, éloignées les unes des antres, et distribuées irrégulièrement. La mâchoire inférieure ne montre qu’une série de ces dents allongées : cette rangée répond à l’in- tervalle longitudinal qui sépare les deux séries d'en haut; et les grandes dents qui forment ces deux rangées supérieures , ainsi que la rangée d'en bas, sont recues chacune dans une cavité particulière de la mâchoire opposée. On doit remarquer qu'au-devant des orifices des narines deux de ces dents longues et sillon- nées de la mâchoire d’en bas traversent la mâ- choire supérieure lorsque la bouche est fermée et montrent leurs pointes acérées au-dessus de la surface de cette mâchoire d'en haut, comme pous l'avons fait observer dans le crocodile, en écrivant, en 1788, l'histoire de cet énorme ani- mal. La mâchoire supérieure, étant plus étroite que ! Lepis, en grec, signifie écaille. 526 celle d'en bas, rend plus sensible l'élargissement qui donne au bout du museau la forme d'une spatule. L'œil est tres-près de l’angle de la bou- che. à Les écailles osseuses forment, depuis la nu- que jusqu'à la dorsale, cinquante rangées obli- ques ou environ : ces écailles sont en losange, rayonnées et dentelées ; celles qui recouvrent l’a- rête longitudinale du dos montrent une échan- crure qui produit deux pointes. La ligne laté- rale est droite; la dorsale placée au-dessus de l’anale; et les ventrales sont à une distance presque égale de cette anale et des pectorales. La mer qui arrose le Chili nourrit le robolo. Ce lépisostée a l'œil grand ; l’opercule couvert d’écailles semblables à celles du dos, et composé de deux pièces ; les nageoires courtes. La ligne latérale bleue; les écailles anguleuses, osseuses, mais faiblement attachées, dorées par-dessus, argentées par-dessous ; une longueur de près d’un mètre, la chair blanche, lamelleuse, un peu transparente , et très-agréable au goût '. CENT QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES POLYPTÈRES ?, Un seul rayon à la membrane des branchies; deux évents; un grand nombre de nageoires du dos. ESPECE. CARACTÈRES, spi ou dix-sept où dix-huit na- LE POLYPTÈRE picum. | la langue et du palais. Il invite | avec rais;a les observateurs à s’assurer de ce | HISTOIRE NATURELLE | fait, et à rechercher la cause générale ou parti- | eulière de ce phénomène, qui peut-être doit être réduit à l’effet local des qualités vénéneuses des Le métorien montre une dorsale élevée et échancrée, et une nageoire de l'anus également échancrée, ou en forme de faux. On l’a pêché dans la mer qui entoure les Antilles. Le sauteur à la chair grasse et délicate ; une | longueur de près d’un pied et demi, l'habitude de se nourrir de petits vers et de substances vé- gétales. Il se plaît beaucoup dans la mer d’Ara- bie et dans la Méditerranée, particulièrement aux environs de l'embouchure du Rhône ; mais on le rencontre, ainsi que le volant, dans pres- que toutes les parties de l'Océan un peu voi- sines des tropiques, et même à plus de quarante degrés de l'équateur. Commerson l’a vu à trente- quatre degrés de latitude australe, et à cinquante lieues des côtes orientales du Brésil. La tête est plus aplatie par devantet par des- sus que dans l’espèce du volant; l'intervalle des yeux plus large; le haut de l'orbite plus sail- lant; l’occiput plus relevé ; la mâchoire supé- rieure moins extensible ; l'ouverture de la bou- che moins tubuleuse; et la grande surface des ventrales doit faire considérer ces nageoires comme deux ailes supplémentaires , qui donnent à l'animal la faculté de s’élancer à des distances plus considérables que l’exocet volant. Le commersonnien a l’entre-deux des yeux, le dessus de l'orbite, la mâchoire supérieure, comme ceux du sauteur; l’occiput déprimé; et la dorsale marquée, du côté de la nageoire de la queue, d’une grande tache d’un noir bleuâtre. Cette quatrième espèce d’exocet est encore in- connue des naturalistes. Comment ne lui aurais- je pas donné le nom du voyageur qui l’a décou- verte ‘? 4 6 rayons à chaque ventrale de l'exocet volant, 13 à la na- geoire de la queue. — 6 rayons à chaque vernitrale de Fexocet métorien , 20 à la caudale. — 6 rayons à chaque ventrale de l'exocet sauteur, 46 à la nageoire de la queue. — 6 rayons à chaque ventrale de l'exocet commersonnien, 45 à la caudale DES POISSONS. 543 DEUX CENT QUATRIEME GENRE. LES POLYNÈMES ‘. Des rayons libres auprès de chaque pectorale; la têle revélue de petites écailles; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. Lu nageoire de la queue, fourchue, ou échancrée en croissant. CARACTÈRES, Huit rayons aiguillonnés à la pre- miere nageoire dn dos; un rayon aiguillonné et treize rayons arli- LA culés à la seconde; trois rayons Le POLYNÈME EMOI aiguillonnés et onze rayons arti- - culés à la nageoire de l'anus; cinq rayoos libres auprès de cha- que pectorale. Sept rayons à la première dorsale; seize à la seconde ; deux rayons aiguillonnés et vingt-huit rayons articulés à l'anale; cinq rayons jure auprès de chaque pecto- rale. ESPÈCES. LE nu PENTA- DAUTYLE. { Sept rayons aiguillonnés à la pre- mière nageoire du dos; un rayon aisuillonné et quatorze rayons arliculés à la seconde; un rayon aiguillonné et quatorze rayons articulés à l'anale; le museau conique ; la ligne latérale termi- née au lobe inférieur de la na- geoire de la queue ; cinq rayons Li auprès de chaque pecto- rale, LE PouNÈnE RAYÉ. { Huit rayons à la première dorsale ; treize à la seconde; seize à la na- geoire de l'anus ; sept rayons li- bres auprès de chaque pecto- rale. Huit rayons à la première nageoire du dos ; un rayon aiguillonné et treize rayons articulés à la se- conde ; deux rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à l'a- nale ; dix rayons libres auprès de chaque pectorale. 4 LE POLYNÈME PARADIS. dE LE POLYNÈME DECADAC- TYLE, SECOND SOUS-GENRE. La nagcoire de la queue, rectiligne, au arrondie, ou lancéolée, el sans échancrure. Sept rayons à la première dorsale; un rayon aiguillonné et douze rayons articulés a la seconde ; 6. deux rayons aiguillonnés et qua- && POLYNÈME MANGO. torze rayons articulés à la na- geoire de l'anus; la caudale lan- céolée; sept rayons libres auprès | de chaque pectorale. { Le genre POLYNÈME , conservé par M. Cuvier, est placé par lui dans la famille des Acanthoptérygiens percoïdes, et il supprime le genre POLYDAGTYLE, comme fondé sur une es- pèce de véritable polynème. Les six Polynèmes de M. de Lacépède et son Polydactyle Plumier se rapportent à quatre seulement des espèces admises par M. Cuvier, savoir : Le Polynéme Émoi et le P. rayé , au POLYNÈME PLEBÉIEN ; le Polynéme pentadactyle et le P. Paradis (Séba), au POLy- NÈME À LONGS FILETS; le Polynème décadactyle, au Po- LYNÈME À DIX BRINS ; le Polynème Mango et le P. Plumier, au POLYNÈME D'AMÉRIQUE. D. LE POLYNÈME ÉMOI *, Polynemus plebieus, Brouss., Cuv., Lac.; Polynemus lineatus, Lac.; Polynemus Sele, Buchan. 2. Le Polynème pentadactyle 5, Polynemus longifilis, Guv. : Polynemus quinquarius, Lin. Gmel.; Paradisea piscis Edwards; Pentanemus , Sébas Polynemus paradiseus ? Lion., Gmel. 4, — P. rayé 5, Polynemus plebeius, Brouss., Cuv.; Polynemus lineatus, Lac.f. — P. Paradis? , Poly- nemus longifilis, Cuv.; Polynemus Paradiseus, Linn., Gmel., Lacep.; Polynemus plebeius et Pol. quinquarius, Linn., Gmel., Lac.; Pentanemus, Séba; Paradiseus Piscis Edwards #. — P. décadactyle*, Polynemus decadactylus. BI., Cuv., Lac. 10, — P. Mango !!, Polynemnsamericanus, Cuv.; Polynemus virginicus, Linn.? Polynemus Mango et Polydactylus Plumieri, Lacep.; Polynemus Paradiseus, BI. 42, Nous conservons au premier de ces polynè- mes le nom d’Émoi ; ila été donné à ce poisson par les habitants de l’ile d'Otahiti, dont il fré- quente les rivages. Il est doux ; il retrace des souvenirs touchants ; il rappelle à notre sensibi- lité ces îles fortunées du grand Océan équi- noxial, où la nature a tant fait pour le bonheur de J’homme, où notre imagination se hâte de chercher un asile, lorsque, fatigués des orages de la vie, nous voulons oublier, pendant quel- 1 Peire royal, par les Portugais de la côte de Malabar. — Kalamin, par les Tamulaines. — /d. Broussonnet, Ichth. fascic. 4, tab. 8. — Polynéme émoi. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 400. * M. Cuvier réunit dans cette espèce le Polynéme emot de Broussonnet, adopté par M. Lacépède , et le Polynème rayé de ce dernier, fondé sur une figure de Commerson. D. 5 Polynéme pentadactyle. Daubenton et Haüy, Enc. métb. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, — Gronov, Mus. 1, n. 74. — Pentanemus. Séba, Mus. 5, tab. 27, fig. 2. 4 La véritable synonymie de cette espèce, selon M. Cuvier, est la suivante : Séba, t. IL, pl. 27, fig. 2; Edwards, pl. 208; Polynemus quinquarinus, et Pol. paradiseus, Gmel. — Le Polynemus paradiseus de Bloch, pl. 42, est un tout autre poisson, le même que le virginieus de Liunée ou que le POLYDACTYLE de M. de Lacépède. D. 5 « Polynemus cirris pectoralibus quinque ad anum vix « attingentibus, » Commerson, manuscrits déjà cités. 5 Ge poisson est le même que le Polynème émoi de cet ar- ticle. 11 n'est fondé que sur la description d'une figure de Commerson. D. 1 Polynéme poisson de paradis. Daubenton et Hay, Enc. méth. — /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc, méth. — Bloch, pl. 402. — Paradisea piscis. Edw. Av. 208, tab, 208. “Ce poisson est le même que le Polynème pentadactyle. seulement la figure de Bloch, pl. 402, ne s y rapporte pas: elle représente le Polynemus virginicus de Lionée, ou le POLYDACTYLE de M. de Lacépède. D. * Polynemus decadactylus , Polynème camus. Blocn, pl. 401. 40 Du genre POLYNÈME, Cuv. Famille des Acanthoptéry- gienspercoïdes. D M4 Polynème mango. Daubentonetllaüy, Enc. méth.— /d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 43 Cette espèce ne diffère pas du POLYDAGTYLE PLUMIER décrit ci-apres. Ce poisson se rapporte à la pl. 402 de Block. citée à tort par M. de Lacépède cormme appartenant à son Polynème paradis, sui n'est autre que le Pentadactyle, De 544 ques moments, les effets funestes des pas- sious qu'une raison éclairée n’a pas encore cal- mées, des préjugés qu’elle n’a pas détruits, des institutions qu’elle n’a pas perfectionnées. Et qui doit mieux conserver un nom consolateur, que nous, amis dévoués d’une science dont le pre- mier bienfait est de faire naître ce calme doux, cette paix de l’âme, cette bienveillance aimante, auxquels l'espèce humaine pourrait devoir une félicité si pure? La reconnaissance seule aurait pu nous engager à substituer au nom d’Emoi ce- lui de Broussonnet. Mais quel zoologiste ignore que c’est à ce savant que nous devons la con- naissance du polynème émoi ? Les côtes riantes de l’île d'Otahiti, celles de l'île Tanna , et de quelques autres îles du grand Océan équinoxial, ne sont cependant pas les seuls endroits où l’on ait pêché ce polynème : on le trouve en Amérique, particulièrement dans l'Amérique méridionale; il se plaît aussi dans les eaux des Indes orientales ; on le ren- contre dans le golfe du Bengale, ainsi que dans les fleuves qui s’y jettent; il aime les eaux lim- pides et les endroits sablonneux des environs de Tranquebar. Les habitants de Malabar le re- gardent comme un de leurs meilleurs poissons ; sa tête est surtout pour eux un mets très-délicat. On le marine, on le sale, on le sèche, on le prépare de différentes manières, au nord de la côte de Coromandel, et principalement dans les grands fleuves du Godaveri et du Krisehna. On le prend au filet et à l’hamecon. Mais comme il a quelquefois plus de quatre pieds et demi de longueur , et qu’il parvient à un poids très-con- sidérable , on est obligé de prendre des précau- tions assez grandes pour que la ligne lui résiste lorsqu'on veut le retirer. Le temps de son frai est plus ou moins avancé, suivant son âge, le climat, la température de l’eau. 11 se nourrit de petits poissons, et il les attire en agitant les rayons filamenteux placésauprès deses nageoires pectorales, comme d’autres habitants des mers ou des rivières trompent leur proie en remuant avec ruse et adresse leurs barbillons semblables à des vers. Sa tête est un peu allongée et aplatie, cha- cune de ses narines a deux orifices; les yeux sont grands et couverts d'une membrane; le museau est arrondi; la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; chaque mâchoire garnie de petites dents ; le palais hérissé d’autres dents très-petites ; la langue lisse ; la ligne laté- HISTOIRE NATURELLE rale droite ; une grande partie de la surface des nageoires revêtue de petites écailles ; la couleur générale argentée ; le dos cendré; les pectorales sont brunes, et parsemées, ainsi que le boré des autres nageoires, de points très-foncés. Il est bon de remarquer que l'on a trouvé dans les couches du mont Bolca, près de Vé- rone ‘, des restes de poissons, qui avaient ap- partenu à l'espèce de l’émoi ?. Le polynème pentadactyle habite en Amé- rique. Lerayé, dontles naturalistes ignorent encore l'existence, a été décrit par Commerson. Sa longueur ordinaire est d’un pied et demi ou en- viron. Ses écailles sont faiblement attachées. Sa couleur est argentine, relevée, sur la partie su- périeure de l'animal, par des teintes bleuâtres; les pectorales offrent des nuances brunâtres. Une douzaine de raies longitudinales et brunes augmentent de chaque côté, par le contraste qu'elles forment, l’éclat de la robe argentée du polynème. Le museau, qui est transparent, s’avance au delà de l'ouverture de la bouche. La mâchoire inférieure s’emboîte, pour ainsi dire, dans celle d’en haut. On compte deux ori- fices à chaque narine. On voit de petites dents sur les deux mâchoires, sur deux os et sur un tubercule du palais, sur quatre éminences voi- sines du gosier , sur les ares qui soutiennent les branchies. Les yeux sont comme voilés par une membrane, à la vérité, t msparente. Deux lames , dont la seconde est Lordée d’une mem- brane, du côté de la queue, composent l’oper- cule. Les cinq rayons libres, ou filaments placés un peu en dedans.et au-devant de chaque pecto- rale, ne sont pas articulés, et s'étendent, avec unedemi-rigidité, jusqu'aux nageoires ventrales. Cinq ou six écailles, situées dans la commissure supérieure de chaque pectorale ; forment un ca- ractère particulier. La seconde dorsale et l’anale sont échancrées Ÿ. 4 Ichthyolithologie des environs de Vérone, par le comte de Gazola, etc. 2 Voyez notre Discours sur la durée des espèces. 57 rayous à la membrane brauchiale du polynème émoi, 12 à chaque pectorale , { rayon aiguillonné et 5 rayons articulés a chaque ventrale, 22 rayons à la nageoire de la queue. — 3 rayops à la membraue des branchies du polynème penta- dactyle, 16 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné et % rayons articulés à chaque ventrale, 17 rayons à la caudale.— 7 rayons à la membrane branchiale du polynème rayé, 17 à chaque pectorale, 6 à chaque ventrale, dont les deux rayons intérieurs sont joints d'une manière particulière, 48 à la caudale, dont le lobe supérieur est un peu plus avancé que l'inférieur, — 5 rayons à la membrane des branchies du pa- DES POISSONS. Le polynème rayé est apporté, pendant pres- que toute l'année, au marché de l’îte Maurice. Celui qu’on a nommé Paradis a deux orifices à chaque narine; les mâchoires garnies de pe- lites dents; la langue lisse; le palais rude; la pièce antérieure de l’opercule dentelée ; le dos bleu ; les côtés et le ventre argentins ; les na- geoires grises; une longueur considérable; la chair très-agréable au goût; l’habitude de se nourrir de crustacées et de jeunes poissons ; les parages de Surinam , des Antilles et de la Caro- line pour patrie. Le devant du museau assez aplali pour pré- senter une face verticale ; les yeux très-grands ; la mâchoire inférieure plus étroite, moins avan- cée, moins garnie de petites dents que la mâ- choire d’en haut; la langue unie et dégagée; l’orifice unique de chaque narine ; les articula- tions des rayons libres ; l’inégalité de ces rayons, dont cinq de chaque côté sont courts, et cinq sont allongés ; la grandeur et la mollesse des écailles, l’argentin des côtés, le brun du dos et des nageoires, la bordure brune de chaqueécaille, peuvent servir à distinguer le décadactyle qui fait son séjour dans la mer de Guinée, qui re- monte dans les fleuves, pour y frayer sur les bas- fonds, que l’on pêche au filet et à la ligne, qui devient assez grand et qui est très-bon à manger. Le polynème mango a l'opercule dentelé, le premier rayon de la première dorsale très-court, la caudale large. C’est dans les eaux de l’Amé- rique qu'il a été péché, DEUX CENT CINQUIÈME GENRE. LES POLYDACTYLES !. Bes rayons libres auprès de chaque pectorale; La tête dénuée de petites écailles ; deux nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. Huit rayons siguillonnés à la pre- mière nageoire du dos; un rayon aiguillonné et dix rayons articu- lés à la seconde, un rayon aiguil- lonné et onze rayons articulés à l’anale : la caudale fourchue ; six rayons libres auprès de chaque z pectorale. LE POLYDACTYLE PLU- MIER. lynème paradis. 45 à chaque peclorale, 4 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque ventrale, 18 rayons à la na- geoire de la queue. — 10 rayons à la membrane branchiale du polynème décadactyle, 14 à chaque pectorale, 1 rayon ai- uillonné et 5 rayons articulés à chaque ventrale, 16 rayons à la caudale. — 7 rayons à la membrane des branchies du polynëme mango, 45 à chaque pectorale, 4 rayon aiguillonné el 5 rayons articulés à chaque ventrale, 48 rayons à la na- geoire de la queue. 1 M. Cuvier supprime ce genre en réunissant la seule es- LL, 54ù LE POLYDACTYLE PLUMIER !. Polynemus americanus, Cuv.; Polynemus virginicus Linn., Gmel.; Polynemus paradiseus, Bloch, pl. 403 Polydactylus Plumieri et Polynemus Mango, Lac. ?. La couleur générale de ce polydactyle est ar- gentée, comme celle de la plupart des polynèmes, Son museau est saillant; sa mâchoire supérieure plus avancée que l’inférieure. Les six rayons li- bres que l’on voit auprès de chaque pectorale ressemblent à de longs filaments; la seconde dorsale et la nageoire de l'anus sont égales en surface, placées l'une au-dessus de l’autre, et échancrées en forme de faux. Le corps pro= prement dit a son diamètre vertical bien plus grand que celui de la queue. Plumier a laissé un dessin de ce poisson encore inconnu des na- turalistes , et que nous avons cru devoir placer dans un genre particulier ÿ. DEUX CENT SIXIÈME GENRE. LES BUROS ‘, Un double piquant entre les nageoïres ventrales; une seule nageoire du dos; cette nageoïire très-longue ; les écailles très-pelites et très-difficiles à voir; cing rayons à la membrane branchiale, ESPÈCE. CARACTÈRES. Treize rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos : sept rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle de Vanus ; la caudale en croissant. Lr BURO BRUN LE BURO BRUN. Buro Brunneus, Lac. $. Nous publions la description de ce genre d’après les manuscrits de Commerson ?, pèce qu'il renferme à la dernière de celles que M. de Lacé- pède admet dans le genre POLYNÈME. D. 1 Cephalus argenteus barbatus. Plumier, manuscrits de la Biblioth. déjà cités 2 M. Cuvier fait remarquer que la figure, pl. 402 de Bloch, sur laquelle est établi le Polynemus plebeius de Bloch, n’esl qu’une copie d’un dessin de Plumier, sur lequel M. de Lacépède a fondé son genre POLYDACTYLE et l'espèce qu'il y comprend. C’est ce qui le détermine à supprimer ce genre, et à donner à l’espèce le nom de Polynemus americanus pour éviler toute confusion dans sa synonymie. D. 3 43 rayons à chaque pectorale du polydactyle plumier. 4 M. Cuvier ne cite pas ce genre. D. 5 « Buro brunneus gullis exalbidis variegalus, duplici im «tra pinnas ventrales spinä. » Commerson, manuscrits déjà cilés. 6 48 rayons à chaque pectorale du buro brun, 4 rayon ai- guillonné, 3 rayons articulés et un cinquième rayon aiguil- lonné à chaque ventrale, 46 rayons à la nageoire de la queue. 69 546 Le buro brun a toute sa surface parsemée de petites taches blanches, l'iris doré et argenté; à tête menue; le museau un peu pointu; la nâchoire supérieure mobile, mais non exten- ible ; et garnie, comme celle d’en bas, d’un ul rang de dents très-petites et très-aiguës ; anus situé entre les deux piquants qui séparent es nageoires ventrales ; la ligne latérale com- posée de points un peu élevés, et courbée comme le dos; le ventre et le dos carénés ; le corps et la queue comprimés; une longueur de huit à douze pouces. DEUX CENT SEPTIÈME GENRE. LES CLUPÉES !. Des dents aux mâchoires; plus de trois rayons à la membrane des branchies; une seule nageoïre du dos; le ventre caréné; la carène du ventre dentelée ou très- aiguë. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Dix-huit rayons à la nageoire du dos ; dix-sept à celle de l'anus ; neuf à chaque ventrale; la cau- 1 dale fourchue ; la mâchoire infé- ces : rieure plus avancée que celle La CLUPÉE HARENG. d'en “ns un TS {riangu- laire auprès de chaque ventraie ; point de taches sur les côtés du corps. Dix-sept rayons à la dorsale ; dix- neuf à l’anale ; six à chaque ven- trale; la caudale fourchue; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et recourbée vers le haut. Dix-neuf rayons à la nageoire du dos ; vingl à celle de l'anus; neuf à chaque ventrale ; la caudale fourchue ; la mächoire inférieure un peu plus avancée que celle d'en haut; cette dernière échan- crée à son extrémilé; la carène du ventre très-dentelée et cou- verle de lames transversales; un appendice écailleux el triangu- laire à chaque ventrale. La caudale fourchue ; la mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut; cette dernière échan- crée à son extrémité ; la carène du ventre très-dentelée et cou- verte de lames transversales; un appendice triangulaire à chaque ventrale:; le dessus de la tête un peu aplati; sept taches brunes de chaque côté du corps. 2, La CLUPÉE SARDINE. 3. La CLUPRE ALOSE. 4 LA CLUPÈE FEINTE. ‘ Le genre CLuPÉEe de Lacépède correspond en grande partie à celui de M. Cuvier, et notamment aux sous-genres qu'il y a distingués sous les noms de Harengs et Aloses. Il renferme aussi les espèces des genres ANCHOIS, THRISSE, MÉGaLoPE, BuTIRIN et CHIROCENTRE, et forme le type de ja famille des Clupes, ordre des Malacoptérygiens abdomi- vaux. D HISTOIRE NATURELYx+ ESPÈCES. CÂRACTÈRES, Dix-huit rayons à la dorsales vingt. quatre à la nagcoire de lanus ; dix à chaque ventrale, la caudale fourchue; une cavité en forme a losange sur le sommet de la tête. Qatorze rayons à la nageoire du dos ; dix-huit à l’anale ; sept à chaque ventrale; la caudale fourchue; la mächoire supé- rieure plus avancée que l'infé- rieure. Ë rayons à la nageoire du dos: LE LA CLUPÉE ROUSSE, 6. LA CLUPÉE ANCHOIS. trente-cinq à l’anale ; huit à cha- que ventrale ; la caudale four- chue; douze à la membrane des branchies ; la mâchoire d'en haut plus avancée que celle d’en bas; une raie longitudinale large et argentée, de chaque côlé du poisson. 7 La CLUPÉE ATBERI- NOÏDE. Quinze rayons à la dorsale ; vingt à la nageoire de l’anus; sept à chaque la caudale ventrale ; fourchue; la mâchoire d’en haut plus avancée que celle d’en bas. une raie longiludinale large € argentée, de chaque côté dr. poisson. Dix-sept rayons à la dorsale, vingt: cinq à l’anale; dix à chaque ven trale ; la caudale fourchue; El mâchoire inférieure plus avancé que la supérieure, et recourbée vers le haut ; le dernier rayon de la dorsale très-allongé, l'anale échancrée en forme de faux. | É rayons à la nageoire du 8. LA CLUPÉE RAIE- D'ARGENT. 9. LA CLUPÉE APALIKE, dos; trente-deux à l’anale ; sept à chaque ventrale; la caudale four- chue; la mâchoire inférieure moins avancée que celle d’en haut; les os de la lèvre supérieure terminés par un filament, Dix-sept rayons à la dorsale ; trente- quatre à l’anale; sept à chaque ventrale ; la caudale fourchue ; la mâchoire d'en bas plus avan- cée que celle d'en haut; deux dents longues et dirigées en avant au bout de la mächoire su- périeure, 10. LA CLUPÈE BELAME. mn. LA CLUPÉE DORAB. Huit rayons à la nageoire du dos ; trente-huit à celle de l’anus; sept à chaque ventrale; la caudale fourchue ; la mâchoire inférieure courbée vers le haut, Quatorze rayons à la nageoire du dos ; trente à celle de l'anus; sept à chaque ventrale; la cau- dale fourchue ; la mâchoire infé- rieure moins avancée que la supé- rieure ; un lubereule à l'extrémité du museau ; une tache rouge à la commissure supérieure de chaque pectorale. £ Une tache noire de chaque côté du corps; toules les nageoires jau- nes. / Sept rayons aiguillonnés et dix- sept rayons articulés à la na- geoire du dos; deux rayons ai- guillonnés et quatorze rayons articulés à celle de l'anus; un rayon aiguillonné et cinq rayons articulés à chaque ventrale; la caudale fourchue; le premier rayon de la nageoïre du dos, ter miné par un long filament ; les deux mächoires presque égale- ment avancées ; des bandes trans- versales depuis le sommet du dos jusqu’à la ligne latérale; des ta- ches pelites et arrondies au-des- sous de celle ligne, 12. LA CLUPRE MALABAR. 43. LA CLUPÉE TUBERCU- LEUSE. 1%. LA CLUPÉE CHRYs0- PTÈRE. 45. La CLUPÉE A BANDES. DES POISSONS. ESPÈCES. CARACTÈRES. YVouze ou treize rayons à la dor- sale; onze ou douze à l’anale ; 16 celte nageoire de l’anus à une CE D égale distance des ventrales et CLUPÉE MACROCÉ de la caudale ; la caudale four- PHALE. chue; la longueur de la tèle égale au moins au sixième de la longueur lotale. SECOND SOUS-GENRE. -A nageoire de la queue , rectiligne, ou arrondie, ou lancéolée, et sans échancrure. Vingt-six rayons à la nageoire du dos ; vingl-six à celle de l'anus; six à chaque ventrale; la dorsale el l'anale longues et voisines de la nageoire de la queue; la cau- dale lancéolée, 47. £a CLUPÉE DES TROPI- QUES. LA CLUPÉE HARENG!. Clupea Harengus, Linn., Gmel., BI., Lac., Cuv. ?. Honneur aux peuples de l’Europe qui ont vu dans les légions innombrables de harengs que chaque année amène auprès de leurs rivages, un don précieux de la nature! Honneur à l’industrie éclairée qui a su, par des procédés aussi faciles que sûrs, prolonger la durée de cette faveur maritime, et l’étendre jusqu’au centre des plus vastes continents ! Honneur aux chefs des nations, dont la toute- puissance s’est inclinée devant les heureux in- venteurs qui ont perfectionné l’usage de ce bien- fait annuel ! Que la sévère postérité, avant de prononcer son arrêt irrévocable sur ce Charles d'Autriche, dont le sceptre redouté faisait fléchir la moitié de l’Europe sous ses lois, rappelle que, plein de reconnaissance pour le simple pêcheur dont 1 Heering Strohmling (quand il vient de la Baltique; Büchling (quand il est fumé), en Allemagne.— Strimmalas, Silk, Konn, Keng, en Livonie. — Bectschutsch, au Kamis- pee- lorale ; la tèle pelite et conique ; le museau un peu plus avancé au-dessus de l'ouverture de la bouche ; les écailles petiles; la li- gne latérale courbée vers le bas. Douze rayons à la nageoire du dos; vingt-neuf à celle de l'anus; neul à chaque ventrale; dix-sept à chaque pectorale : la mächoire supérieure un peu plus avancée que celle d'en bas; les écailles grandes; le dos arqué, élevé et comprimé ; la ligne lalerale cour- bee vers le bas; un appendice au- prés de chaque ventrale; des buances noirâtres sur les na- geoires. Neuf rayons à la dorsale; trente à l'anale; neuf à chaque ventrale ; quinze à chaque pectorale ; la tête pelie el rès-comprimée; la mà- choire inférieure recourbée vers celle d'en haut; le corps et la queue très-comprimés; le ventre terminé vers le bas par une ca- rène très-aiguëé; la nageoire du dos siluée au-dessus de celle de l’anus; la ligne laterale droite près de son orisine, flechie en- suite vers le bas, eLenfiu recour- bée vers la caudale et lortueuse, | Onze rayons à la dorsale ; trente- sepl à l’anale; dix à chaque ven- trale; dix-huit à chaque pecto- rale ; le lobe inférieur de la cau- dale plus long que le supérieur; les deux mächoires presque éga- lement avancées; la tête, le corps et la queue comprimés; le dos élevé; la ligne latérale courbée vers le bas ; la couleur générale d’un argenté obscur. ESPÈCES. 60 LE CYPRIN LARGE. 61 LE CYPRIN S0PE. 62 LE CYPRIN CHUB. 63 LE CYPRIN CATOSTOME. 64 LE CYPRIN MORELLE. 65 k LE CYPRIN FRANGÉ. 66 LE CYPRIN FAUCILLE, 67 LE CYPRIN BOSsu. 68 Le CYPRIN COMMER- SONNIEN. | 1 n | | | | 565 CARACTÈRES. Douze rayons à la nageoire du dos vingt-cinq à celle de l'anus; dis à chaque ventrale ; quinze à cha que pectorale; le corps et la queue élevés eL comprimés, la tête pe- lite et pointue; l'orifice de la bouche très-pelit; le dos élevé el arqué: la ligne latérale cour- bée vers le bas; le lobe inferieur de la caudale plus loug que le supérieur. Dix rayons à la dorsale ; quarante- un à la nageoire de l'anus; neuf à chagne ventrale; dix-sept à chaque pecturale; le corps et la queue comprimés; la tête pelite; le museau arrondi; la ligne laté- rale presque droite; le lobe infé- rieur de la caudale plus long que celui d'en haut; les écailles pe- liles. Neuf rayons à la dorsale; huit à l'a- nale; la tête conique ; le corps et la queue presque cylindriques ; la couleur générale argentée. Douze rayons à la nagcoire du dos; huit à celle de l'anus; onze chique ventrale; la lèvre infé- rieure échancrée; des tubercules arrondis au bout du museau : des stries sur le sommet de la tête; les pectorales longues; la couleur générale argentée. Douze rayons à la dorsale; dix-huit à l’anale ; neuf à chaque ventrale; Quatorze à chaque peetorale ; la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d’en haut; le museau pointu; la partie antérieure du dos convexe; la ligne latérale courbée vers le bas, el marquée par des trails noirs, Dix-huit rayons à la nageoire du dos; neuf À l’anale; neuf à cha- que ventrale; les lèvres décou- pées en forme de franges; la lèvre supérieure garnie de peliles ver- rues ; deux orifices à chaque na- rine ; la ligne latérale plus voisine du bord supérieur que du bord inférieur du poisson. Douze rayons à la dorsale; huit à l'anale; neuf à chaque ventrale ; dix-huit à chaque peclorale ; les nageoires du dos et de l'anus échancrées ; la mâchoire supé- rieure plus avancée que celle d'en bas; un seul orifice à cha- que narine; la ligne latérale droite; les écailles grandes; un appendice auprès de chaque ven- trale, Onze ou douze rayons à la dor- sale; huit à la nageoire de l’a- nus; dix à chaque ventrale; vingt- cinq à chaque pecturale; la cau- dale fourchue; le corps et la queue allongés; une pelile bosse vers l’origine de la nageoire du dos; la mâchoire supérieure plus avancée que l’inferieure; la ligne LÉ un peu courbée vers le as. Onze rayons à la dorsale; sept à la nageoire de l'anus; neuf à cha- que ventrale ; huit ou neuf à cha- que pectorale ; la nageoire du dos er celle de l'anus quadrilatéres ; l'anale étroite ; l'angle de l’extré- mité de celte dernière nageoire très-aigu; la caudale en crois- sant; la ligue latérale droite ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que celle d'en bas; les écailles arrondies el très-peliles. 566 CARACTÈRES. Douze rayons à la nageoire du dos; neuf à celle de l'anus; neuf à } chaque ventrale; treize à chaque peclorale; la tête comprimee et aplatie ; l'ouverture de la bouche demi-eirculaire, et placee au- dessous du museau; la lèvre infé- rieure très-épaisse, échancree et courbée en dehors; le corps et la queue comprimés ; les écailles presque rhomboïdales, La dorsale et l'anale triangulaires; la nagroire de l’anus située très- près de la caudale; la ligne laté- rale un peu courbée vers le bas; les écailles grandes. ESPÈCES 69 LE CYPRIN SUCET. 70 LE CyvRiN piGo. LE CYPRIN CARPE". Cyprinus Carpio, Linn., Gmel., Bl., Lac., Cuv. ?. Nous venons de donner l'histoire du hareng; nous allons écrire celle de la carpe. Ces deux poissons, que lon transporte dans tous les mar- chés, que Pon voit sur toutes les tables, que tout le monde nomme, recherche, distingue, apprécie dans les plus petites nuances de leur saveur, et qui cependant sont si peu connus du vulgaire, qu'il n’a d’idée nette ni de leurs formes ni de leurs habitudes, inspirent un grand intérêt au physicien, au philosophe, à l’économe public. Mais les idées que ces deux noms réveillent, les images qu'ils rappellent, les grands tableaux qu’ils retracent, les sentiments qu'ils renouvel- lent, sont bien différents. À ce mot de Hareng, l'imagination se transporte au milieu des tem— pêtes horribles de l'Océan polaire; elle voit l'im- mensilé des mers, les vents déchainés, le bou- leversement des flots, le danger des naufrages, les horreurs des frimas, l’obseurité des nuits, épaisseur des brumes, l’audace des naviga- teurs, la longueur des voyages, l'expérience des 1 Carpa, Carpena, en Italie, — Rayna, aux environs de Venise — Ponily, Poidka, en Hongrie. — Strich Karp- fenbrut, en Allemagne, lorsque la carpe n’a qu’un an; Saamen, Salz, lorsqu'elle est dans sa seconde ou dans sa troisième année. — Cyprin carpe. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.— Bloch, pl. 46.— Faun. Suecic. 359. — Meiding. Ie. pise. Austr, tab. 6. — « Cyprinus cirris qualuor ; ossiculo tertio pinna- «rum dors!, anique serralo.» Artedi, gen. 4, syn. 3, spec. 25. — Gronov. Mus.1, n.49 — Cyprinos el ryprianos., Arist., L 4,0. 8; 1.6,c. 14%; 1.8, 0. 20, — Cyprianos. Athen., 1.7, Deipnosoph., p. 309.— 1d. Oppian, |. 4 et 4 — Cyprinus. Plin., 1. 32, ce. 44: — Id: Aldrov., |. 4,c. 40, p. 637. — Id. Jonsion, 1.3, lil. 3, ce. 6, tab. 29, fix. 3, 4 e16.—1d. Willugh- by, p.245. — Id. Rai, p. M5. — Cyprinus nobilis. Schonev., P. 32. — Carpe. Rondelet, Poissons des lacs, ©. 4. — Id. Val- mont de Bomare, Diet, d'hist. nat. ? Du genre et du sous-genre CYPRIN, Cyprinus, Cuv., dans l1 famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux, Cuv. D. HISTOIRE NATURELLE pêcheurs, la réunion du nombre et de la force, le concert des moyens, le fravail pour arriver au repos, la prospérité des empires, tout ce qui, en élevant le génie, s'empare vivement de l’âme et l’agite avec violence. En prononçant le nom du cyprin que nous allons décrire, on ne rappelle que les contrées privilégices des zones tempérées, un climat doux, une saison heureuse, un jour pur et serein, dec rivages fleuris, des rivières paisibles, des lacs enchanteurs,, des étangs placés dans des vallées romantiques, des rapprochements comme pour une fête, plutôt que des associations pour affron- ter des dangers souvent funestes; des jeux tran- quilles, et non des fatigues eruelles; une occu- pation quelquefois solitaire et mélancolique; un délassement après le travail ; un objet de rêverie douce, et non des sujets d’alarmes; Lout ce qui, dans les beautés de la campagne et dans les asréments du séjour des champs, plaît le plus à l'esprit, satisfait la raison, et parle au cœur le langage du sentiment. L'attrait irrésistible d’un paysage favorisé par la nature se répandra donc nécessairement sur ce que nous allons dire du premier des cyprins. Les eaux , la verdure, les fleurs, la beauté ra- vissante du soleil qui descend derrière les forêts des montagnes, Ja douceur de l'ombre, la quié- tude des bords retirés d’un humble ruisseau , la chaumière si digne d’envie de l'habitant des champs qui connaît son bonheur; tous ces ob- jets si chers aux âmes innocentes et tendres em— belliront doue nécessairement le fond des ta- bleaux, dans lesquels on tâchera de développer les habitudes du eyprin le plus utile, soit qu’on le montre dans une attitude de repos et livré à un sommeil réparateur, soil qu’on le fasse voir nageant avec force contre des courants violents, surmontant les obstacles avec légereté, et s’éle- vant avec rapidité au-dessus de la surface de Peau ; soit qu'on le représente cherchant les in- sectes aquatiques, les vers, les portions de vé- gélaux , les fragments de substances organisées, les parcelles d'engrais, les molécules onctueuses d'une terre limoneuse et grasse, dont il aime à se nourrir ; soit enfin qu’il doive, sous les yeux des amis de la nature, échapper à la poursuite des oiseaux palmipèdes, des poissons voraces, et du pêcheur plus dangereux encore. Les carpes se plaiseut dans les étangs, dans les laes, dans les rivières qui coulent doucement, Il y a même, dans les qualités des eaux, des dif- DES POISSONS. 567 KÉrences qui échappent le plus souvent aux ob- servaleurs les plus attentifs, et qui sont si sen- sibles pour ces eyprins, qu’ils abondent quel- quefois dans une autre partie d’un lac ou d'un fieuve, et sont très-rares dans une autre partie peu éloignée cependant de la première. Par exemple, M. Noël de Rouen dit, dans des notes manuscrites qu'il nous à communiquées, que dans la Seine on pêche des carpes à Villequier, mais rarement au-dessous, à moins qu'elles n'y soient entraînées par les grosses eaux ;'et le sa- vant Pictet écrivait aux rédacteurs du Journal de Genève , en 1788, que, dans le lac Léman, les carpes étaient aussi communes du côté du Valais que rares à l’extrémité opposée. Ces eyprins fraient en avril , et même en mars, quand le printemps est chaud. Ils cherchent alors les places couvertes de verdure, pour y déposer ou leur laite ou leurs œufs. On dit que deux ou trois mâles suivent chaque femelle, pour féconder sa ponte; et dans ce temps, où les faculiés de ces mäles sont plus exaliées, leurs forces ranimées, et leurs besoins plus pressants, on les voit souvent indiquer par des taches, et mème par des tubercules, les modilications profondes et les sensations intérieures qu'ils éprouvent. A «cette mênre époque , les carpes qui habitent dans les fleuves ou dans les rivières s’empres- sent de quitter leurs asiles , pour remonter vers des eaux plus tranquilles. Si dans cette sorte de voyage annuel, elles rencontrent une barrire, elles s'efforcent de la franchir. Elles peuvent, pour la surmonter, s'élancer à une hauteur de six pieds ; et elles s'élèvent dans l'air par un mécanisme semblable à celui que nous avons dé- crit en traitant du saumon, Elles montent à la surface de la rivière, se placent sur le côté, se plient vers le baut, rapprochent leur tête et l'extrémité de leur queue, formentun cercle, dé- bandent tout d’un coup le ressort que ce cercle compose, s'étendent avec la rapidité de l'éclair, frappent l’eau vivement, et rejaillissent en un clin d'œil. Leur conformation et la force de leurs muscles leur donnent une grande facilité pour celte ma- nœuvre. Leurs proportions indiquent, en effet, la vigueur et la légèreté. Au reste, leur tête est grosse; leurs lèvres sont épaisses ; leur front est large; leurs quatre barhillons sont attachés à leur mâchoire supé- rieare; leur ligne latérale est un peu courte; leurs écailles sont grandes et striées ; leur lon- que nageoire du dos règne au dessus de l'a- nale, des ventrales, et d’une portion des pec- torales. D'ailleurs, leur canal intestinal a cinq sinuo sités ; l’épine du dos est composée de trente-sep vertèbres, et chaque côlé de cette colonne es soutenu par seize côles. Ordinairement un bleu foncé paraît sur leur front et sur leurs joues; un bleu verdâtre sur leur dos; une série de petits points noirs le long de leur ligne latérale ; un jaune mêlé de bleu et de noir sur leurs côtés ; un jaune plus clair sur leurs lèvres, ainsi que sur leur queue; une nuance blanchâtre sur leur veutre; un rouge brun sur leur anale ; une teinte violette sur leurs ventrales et sur leur caudale, qui de plus est bor- dée de noirätre ou de noir, Mais leurs couleurs peuvent varier suivant les eaux dans lesquelles elles séjournent : celles des grands lacs et des rivières sont, par exemple, plus jaunes ou plus dorées que celles qui vivent dans les étangs ; et lon connaît sous le nom de Carpes saumonées celles dont la chair doit à des circonstances lo- cales une couleur rouseàlre. Quand elles sont bien nourries, elles croissent vite, et parviennent à une grosseur considé- rable, On en pêche dans plusieurs lacs de l’Alle- magne septentrionale qui pèsent plus de trente livres, On en à pris une du poids de plus de trente-huit livres à Dertz, dans la nouvelle {Marche de Brandebourg, sur les frontières de la Poméranie. On en trouve près d’Angerbourg en Prusse, qui pèsent jusqu'à quarante livres. Pallas dit que le Wolga en nourrit de parvenues à une longueur de plus de quatre pieds et demi, En 1714 on en pêcha une à Bischofshause, près de Francfort-sur-l'Oder, qui avait plus de neuf pieds de long, plus de trois pieds de haut, des écailles très-larges, et pesait soixante-dix livres. On assure qu'on en a pris du poids de quatre- vingt-dix livres dans le lac de Zug en Suisse ; et eufin , il en habite dans le Duiester de si grosses, que leurs arètes peuvent servir à faire des man- ches de couteau. Les cyprins dont nous nous occupons peuvent d'autant plus montrer des développements très- remarquables, qu'ils sont favorisés par une des principales causes de tout grand aceroissement, le temps. On sait qu’ils deviennent très-vieux ; et nous n'avons pas besoin de rappeler que Buf- 568 fon a parlé de carpes de cent cinquante ans, vivantes dans les fossés de Pontchartrain, et que, dans les étangs de la Lusace, on à nourri des in- dividus de la même espèce âgés de plus de deux cents ans!. Lorsque les carpes sont tres-vieilles, elles sont sujettes à une maladie qui souvent est mortelle, et qui se manifeste par des excroissances sem- blables à des mousses, et répandue sur la tête, ainsi que le long du dos. Elles peuvent, quoique jeunes, 1aourir de la même maladie, si des eaux de neige ou des eaux corrompues parvien- nent en trop grande quantité dans leur séjour, ou si leur habitation est pendant trop longtemps recouverte par une couche épaisse de glace qui ne permelle pas aux gaz malfauisants, produits au fond des lacs, des étangs ou des rivières, de se dissiper dans l’atmosphère, Ces mêmes eaux de neige, ou d’autres causes moins connues, leur donnent une autre maladie, ordinaire- meut moins dangereuse que la première, et qui, faisant naître des pustules au-dessous des écailles, a reçu le nom de petite vérole. Les carpes peuvent aussi périr d'ulceres qui rongent le foie, l’un des organes essentiels des poissons. Elles ne sont pas moins exposées à être tour- mentées par des vers intestinaux ; et cette dis- position à souffrir de plusieurs maladies doit moins étonner dans des animaux dont les nerfs sont moins sensibles qu’on ne le croirait, Le sa= vaut Michel Buniva, président du conseil supé- rieur de santé de Turia, a prouvé, par plusieurs expériences , que l’aimant exerce une influence très-marquée sur les carpes, même à quatre pouces de distance de ces cyprins, et que la pile galvanique agissait vivement sur ces pois- sons, principalement lorsqu'ils étaient hors de l'eau. C'est surtout dans leur patrie naturelle que les carpes jouissent des facultés qui les distin- guent. Ce séjour que la nature leur a prescrit depuis tant de siècles, et sur lequel Part ne pa- rait pas avoir influé, est l'Europe méridionale. Elles ont été néanmoins transportées avec faci- lité dans des contrées plus septentrionales, Que lon n'oublie pas que Maschal les porta en An- gleterre en 1514 ; que Pierre Oxe les habitua aux eaux du Danemarck en 1560 ; qu’elles ont été acelimatées en Hollande et en Suède ?. Mais on 1 Voyez le Discours sur la nature des poissons. 3? Consultez le Discours intitulé: Des effets de l’art de l'homme sur la natvre des poissons. HISTOIRE NATURELLE dirait que la puissance de l’homme n’a pas en- core pu, dans les pays trop voisins du cercle polaire, contre-balancer tous les effets d’un elimat rigoureux Les carpes sont moins grandes, à mesure qu'elles habitent plus près du nord, et voilà pourquoi, suivant Bloch, on envoie tous les ans, de Prusse à Stockholm , plusieurs vaisseaux chargés d’un grand nombre de ces cyprins. Dans sa lutte avec la nature, la constance de l’homme a cependant d'autant plus de chances favorables pour modifier l’espèce de la carpe, qu'il peut agir sur un très-grand nombre de sujets. Les carpes, en effet, se multiplient avec une facilité si grande, que les possesseurs d’é- tangs sont souvent embarrassés pour restreindre une reproduction qui ne peut accroître le nombre des individus qu'en diminnant la part d’aliment qui peut appartenir à chacun de ces poissons, et par conséquent en rapelissant leurs dimensions, en dénaturant leurs qualités, en altérant parti culièrement la saveur de leur chair. Lorsque, malgré ces chances et ces efforts, l'espèce s’est soustraite à l'influence des soins de l'homme, et qu’il n’a pas pu imprimer à des individus des caractères transmissibles à plu- sieurs générations, il peut agir sur des individus isolés, les améliorer par plusieurs moyens, et les rendre plus propres à satisfaire ses goûts. Il nous suffit d'indiquer, parmi ces moyens plus ou moins analogues à ceux que nous avons fait con- naître en traitant des effets de l’art de l'homme sur la nature des poissons, l'opération imaginée par un pêcheur anglais, et exécutée presque tou- jours avec succès. On châtre les carpes comme les brochets ; on leur ouvre lie ventre ; on enlève les ovaires ou la laite; on rapproche les bords de la plaie; on coud ces bords avec soin: la bles- sure est bientôt guérie, parce que la vitalité des différents organes des poissons est moins dé- pendante d’un ou de plusieurs centres com- muns , que si leur sang était chaud, et leur organisation très-rapprochée de celle des mam- mifères ; et l’animal ne se ressent du procédé qu'une barbare cupidité lui a fait subir, que parce qu'il peut engraisser beaucoup plus qu’aue paravant. Mais il est des soins plus doux que la sensi= bilité ne repousse pas, que la raison approuve, et qui conservent, multiplient et perfectionnent et les générations et les individus. Ce sont par- ticulièrement les précautions que prend un éco- . DES POISSONS. nome habile, lorsqu'il veut retirer d’un étang qui renferme des carpes, les avantages les plus grands. Il établit, pour y parvenir, trois sortes d’é- angs: des étangs pour le frai, des étangs pour ’accroissement, des étangs pour l’engrais, On choisit, pour les former, des marais ou des bassins remplis de jones et de roseaux, ou des prés dant le terrain, sans être froid et tres- mauvais, ne soit cependant pas trop bon pour être sacrilié à la culture des cyprins. Il faut qu'une eau assez abondante pour couvrir à la | hauteur de trois pieds les parties les plus élevées de ces prés, de ces bassins, de ces marais, puisse s y réunir, et en sorlir avec facilité, On retient celle eau par une digue; et pour lui donner l’é- coulement que l’on peut désirer, on creuse dans les endroits les plus bas de l'étang un canal large et profond , qui en parcourt toute la longueur, et qui aboutit à un orilice que l’on ouvre ou ferme à volonté, Les étangs pour le frai ne doivent renfermer qu’un hectare ou environ. Il est nécessaire que a chaleur du soleil puisse les pénétrer : il est donc avantageux qu'ils soient exposés à lorient ou au midi, et qu’on en écarte toutes sortes d’arbres ; il faut surtout en éloigner les aunes, dont les feuilles pourraient nuire aux poissons, | Les bords de ces étangs doivent présenter une peste insensible, et une assez grande quantité de jones et d’herbages pour recevoir les œufs et les retenir à une distance convenable de la sur— face de l’eau. On n’y souffre ni grenouilles, ni autres animaux aquatiques et voraces. On les garantit, par des épouvantails, de lapproche des oiseaux palmés , et on n’en laisse point sor- tir de l’eau , de peur qu’une partie des œufs ne. soit entraince et perdue. On emploie pour la porte et la fécondation de ces œufs , des carpes de sept, de buit, et même de douze ans; mais on préfère celles de six, qui annoncent de la force, qui sont grosses, qui ont le dos presque noir, et dont le ventre résiste au doigt qui le presse. On ne les met dans l’étang que lorsque la saison est assez avancée pour que le soleil en ait échauffé l'eau. On place communément dans une pièce d’eau d’un hectare, seize ou dix-sept males, et sept ou huit femelles. On a cru quel- quefois augmenter leur vertu proliique en frot- 565 dangereuses, parce qu'elles obligent à manier el à presser les poissons pour lesquels on les emploie. Les jeunes carpes habitent ordinairement, pendant deux ans, dans les étangs formés pour leur accroissement , et on les transporte ensuite dans un étang élabli pour les engraisser, d’où, au bout de trois ans, on peut les retirer, déjà grandes, grasses el agréables au goùl. Elles s’y sont nourries, au moins le plus souvent, d’in sectes, de vers, de débris de plantes allérées , de racines pourries, de Jeunes végélaux aqua- tiques, de fragments de liente de vache, de croltin de cheval, d'exeréments de brebis méiés avec de la glaise, de fèves, de pois, de pommes de terre coupées, de navets, de fruits avancés, de pain moisi, de pâle de chenevis, et de pois- sons gâtés. Où peut être obligé, après quelques années, de laisser à sec, pendant dix ou douze mois, l’élang destiné à l’engrais des carpes. On pro- fite de cel intervalle pour y diminuer, s’il est nécessaire, la quantité des jones et des roseaux , jet pour y semer de l’avoine, du seigle, des |raves, des vesces, des choux blancs, dont les racines et d’autres fragments restent et servent d’aliment aux carpes qu’on introduit dans l'é- |tang renouvelé. Si la surface de l'étang se gèle, il faut en faire sortir un peu d’eau, afin qu’il se forme au-des-— sous de la glace un vide dans lequel puissent se rendre les gaz délétères, qui dès lors ne séjour- nent plus dans le fluide habité par les carpes. IL suftit quelquefois de faire dans la glace des trous plus ou moins grands et plus où moins nom- breux , et de prendre des précautions pour que les carpes ne puissent pas s’élancer par ces ou- verlures, au-dessus de la croûte glacée de l’é- tang, où le froid les ferait bientôt périr. Mats on assure que, lorsque le tonnerre est tombé dans l’étan2, on ne peut en sauver le p us sou- vent les carpes, qu'en renouvelant presque en , entier l’eau qui les renferme, et que l’action de ! la foudre peut avoir imprégnée d’exhataisuns malfaisintes !. Au reste, il est presque toujours assez facile d'empêcher, pendant l'hiver, les carpes de s’é- chapper par les trous que lon peut avoir faits dans la glace. En effet il arrive le plus souvent que, lorsque la surface de l’étang commence à taut leurs nageoires et les environs de leur anus | avec du castoréum et des essences d’épiceries ; | mais ces ressources sont inuliles, et peuvent être IL. 1 Voyez le Discours intitulé : Des effets de l'art do L'homme sur la nature des poissons. 72 570 se prendre et à se durcir, les carpes cherchent Les endroits les plus profonds, et par conséquent Les plus garantis du froid de l'atmosphère, fouillent avec leur museau et leurs nageoires dans la terre grasse, y font des trous en forme de bassins, sy rassemblent, s’y entassent, s’y pressent, s’y engourdissent, et y passent l’hiver dans une torpeur assez grande pour n'avoir pas besoin de nourriture. On a même observé assez fréquemment et avec assez d'attention celte tor- peur des carpes, pour savoir que, pendant leur long sommeil et leur long jeûne, ces cyprins ne perdent guère que le douzième de leur poids. Lorsqu'on ne surmonte pas, par les soins éclairés de l'art, les effets des causes naturelles, les carpes élevées dans les étangs ne sont pas celles dont la chair est la plus agréable au goût ; on leur trouve une odeur de vase, qu'on ne fait passer qu'en les conservant, pendant pres d’un mois, dans une eau très-claire, ou en les renfer- mant pendant quelques jours dans une huche placée au milieu d’un courant. On leur préfère celles qui vivent dans un lac, encore plus celles qui séjournent dans une rivière, et surtout celles qui habitent un étang ou un lac traversé par les eaux fraiches et rapides d’un grand ruisseau , d’une rivière ou d'un fleuve. Tous les fleuves et toutes les rivières ne communiquent pas d’ail- leurs les mêmes qualités à la chair des carpes. il est des rivières dont les eaux donnent à ceux de ces cyprins qu'elles nourrissent une saveur bien supérieure à celle des autres carpes ; et parmi les rivières de France, on peut citer particuliere- ment celle du Lot*. 1 J'ai reçu, il y a plusieurs années, sur les carpes du Lot, des observations précieuses et très-bien faites, de feu Le chef de brigade Daurière, dont la maison de campagne était située sur le bord de celle rivière, el qui avail consacre à l'étude de la nature et aux progrès de l’art rural tous les moments que le service militaire avail laissés à sa disposi- tion. Les amis des sciences nalurelles me sauront gre de payer ici un tribut de reconnaissance el de regrels à cet officier supérieur, avec lequel j'étais lié par les liens du sang et de l’amitié la plus fidèle; dont le souvenir vivra à jamais dans mon âme atlendrie; dont la loyauté, la valeur, la gonslance héroïque, l'humanité généreuse, le dévouement sans bornes aux devoirs les plus austères, le Lalent disti gué dans les empiois militaires, le zèle éclairé dans les fonctions civiles, avaient mérité depuis longtemps la vénération et l'attachement de ses conciloyens, et qui , après avoir fail des prodiges de bravoure dans la dernière guerre de la Belgique et de la Hollande, y avoir conquis bien des cœurs à la répu- blique, els’étre dérobé sans cesse aux récompenses el à la renommée, a trouvé en [talie le prix de ses hauts faits et de ses verius le plus digne de lui, dans la gloire de mourir pour sa patrie, dans la douleur de ses frères d'armes, daus les éloges de Bonapar'e. Nous ne croyons pas pouvoir lui dé- cerner ici un hommage plus cher à ses mänes, qu’en trans- HISTOIRE NATURELLE Dans les fleuves, les rivières et les grands lacs, on pêche les carpes avec la seine : on emploie pour les prendre dans les étangs, des co/lerets, des louves et des nasses, dans lesquels on met un appt. On peut donc aussi se servir de l’ha- meçon pour la pêche des carpes. Mais ces cy- prins sont très-souvent plus difficiles à prendre qu’on ne le croirait : ils se mélient des diflérentes substances avec lesquelles on cherche à les atti- rer. D'ailleurs, lorsqu'ils voient les lilets s’ap- procher d’eux , ils savent enfoncer leur tête dans la vase, et les laisser passer par-dessus leur corps, ou s'élancer au delà de ces instruments, par une impulsion qui les élève à six pieds ou environ au-dessus de la surface de l’eau. Aussi les pé- cheurs ont-ils quelquefois le soin d'employer deux trubles*, dont la position est telle, que lorsque les carpes sautent pour échapper à l’un, elles retombent dans l’autre. La frequence de leurs tentatives à cet égard, et par conséquent l'étendue de leur instinct, sont augmentées par la facilité avec laquell elles peuvent résister aux contusions, aux bles crivant la note suivante, qui nous a été remise dans le temps par le ‘brave chef de bataillon Cohendet , digne ami et digne camarade de Daurière : « Le chef de la quatorzième demi-brigade de ligne, le « citoyen Daurière, aussi recommandable par un courage «digne des plus grandes âmes que par ses rares verlus el «ses lalents, marchant à la Lête et en avant de ses grena- « diers, et excitant encore leur bouillant courage du geste « el de la voix, fut tué, au mois de nivôse an v (25 février « 4797), à la prise des formidables redoutes d’Alla, qui dé- « fendaient les gorges du Tyrol et les approches de Trente. « En dernier lieu, lors de l'évacuation du Tyrol par les «troupes françaises, un détachement de la qualonzième «Cpassant par Alla, sur les lieux témoins de ses exploiss, el « de la perte irréparable qu'elle avait faite de son chef, fil «halte par un mouvement spontané, el d'une voix unanime € Lémoigna à l'officier qui le commandait, le besoin qu'il « avail d’honorer les mänes de son généreux colonel. Le « capitaine met sa troupe en bataille , lai fait présenter les «armes, prononce un éloge funèbre de leur respertable « commandant, et ordonne une decharge générale sur Ja «terre qui renferme les restes précieux du chef de brigade, € Brave Daurière, quelle douce récompense pour ton cœur « paternel , si Lu eusses pu voir ces fiers vélérans des ar- « mees du Nord et d'Italie, les yeux baigués de larmes, « s'encourager, par le récit de tes vertus, à redoubler ‘de « zèle, de courage et d'amour pour leurs devoirs ! Leur « intention était de recueillir et de suspendre au drapean, « dans une boîte d'or, des os du sage qui, pendant six ans, « les avait commandés avec tant d'honneur; mais resiée sur « le champ de bataille le jour et la veille d'un combat, la « demi-origade avait été forcée de confier le pén ble soin da « sa sépulture à un pelit nombre d'officiers : aucun de ce « derniers n’élait présent, et l'on eut la douleur de ne pou « voir découvrir le corps de Daurière. » 1 Voyez la description de la seine, à l'article de la Raia bouclée; du colleret, à l'article du Centropome sandal; d la Louve et de la nasse, à l’article du Petromyzon lamproie, et du truble, à l'article du Misgurne fossile, DES. POISSONS. sures, à un séjour prolongé dans l'atmosphère. C’est par uue suite de cette faculté qu’on peut les transporter à de très-grandes distances sans les faire périr, pourvu qu’on les renferme dans de la neige , et qu’on leur mette dans la bouche un petil morceau de pain trempé dans de l'al- cool aflaibli; et c’est encore celte propriété qui fait que, pendant l'hiver, on peut les conserver en vie dans des caves humides , et même les en graisser beaucoup, en les tenant suspendues après les avoir entourées de mousse, en arrosant souvent leur enveloppe végétale, et en leur don- nant du pain, des fragments de plantes et du lait. Dans le temps de Bélon, on faisait avec les œufs de carpes du caviar, qui était très-recher- ché à Constantinople et dans les environs de la mer Noire, ainsi que de l’Archipel , et qui était acheté avec d'autant plus d'empressement par les Juifs de ces contrées asiatiques et euro- péennes, que leurs lois religieuses leur défendent de se nourrir de caviar fail avec des œufs d’aci- pensères. La vésicule du fiel de ces cyprins contient un liquide d’un vert foncé, très-amer, et dont on a fait usage en peinture pour avoir une couleur verte; el si nous écrivions l'histoire des erreurs et des préjugés, nous, parlerions de toutes les vertus extraordinaires et ridicules que l'on à supposées pour la guérison de plusieurs mala- dies, dans une petite éminence osseuse du fond du palais des eyprins que nous considérons, que l’on a nommée Pierre de carpe, et que lon a souvent porlée avec une confiance aveugle, comme un préservatif infaillible contre des maux redoutables. On trouve parmi les carpes, comme dans les autres espèces de poissons, des monstruosités plus ou moins bizarres. La collection du Mu- séum d'histoire naturelle renferme un de ces cv- prins, dont la bouche wa d'autre orifice exté- rieur que ceux des branchies. Mais ces poissons sont sujets à présenter dans leur tête, et plus particulierement dans leur museau, une diffor- mité qui a souvent frappé les physiciens, et qui a loujours étonné le vulgaire, à cause des rap- ports qu'elle lui à paru avoir avec la téte d'un cadavre humain, ou au moins avec celle d’un dauphin. Rondelet!, Gesner, Aldrovande, et d’autres naturalistes, en ont donné la figure ou 1 Etrange espèce de carpe. Rondelet, part. 2. Poissons des lacs. €, 7. 571 la description : on en voit des exemples dans un grand nombre de cabinets. Le Muséum d’his- toire naturelle a reçu dans le temps, de feu le président de Meslay, une carpe qui offrait cette conformation monstrueuse, et que l’on avait pêchée dans l'étang. de Meslay; et M. Noël de Rouen nous à transmis, un. dessin d’une carpe allérée de la même: manière dans les formes de sou museau, que l’on avait prise dans un élang voisin de Caen, et qui était remarquable dail- leurs par l’uniformité de la couleur verte égale- ment répandue sur toute la surface de l'animal. Mais, indépendamment de ces monstruosités et des variétés dont nous avons déjà parlé, l'es- pèce de la carpe est fréquemment modifiée, sui- vant plusieurs naturalistes, par sen mélange avec d’autres espèces du genre des eyprins, par- ticulièrement avec des carassins et des gihèles. Il résulte de ce mélange, des individus plus gros que des gibèles ow des carassins , mais moins grands que des carpes, et qui ne pèsent guère que de: deux à quatre livres. Gesrer, Aldrovande, Schwenckfeld, Schoneveld, Marsigli, Willughby et Klein, ont parlé de ces métis, auxquels les pê- cheurs de l'Allemagne septentrionale ont donné différents noms. On les reconnait à leurs écailles, qui. sont plus petites, plus attachées à la peau que celles des carpes, et montrent des stries lon- gitudimales ; de plus, leur tête est plus grosse, plus courte, et dénuée de barbillons, Mais Bloch pense qu'on ne voit ces dernières différences que lorsque des. œufs de earpes, ont été fécondés par des carassins ou par des. gibèles, parce que les métis ont toujours la tête et la caudale du mâle. Si ce dernier fait est bien constaté, il fau- | dra le regarder comme un des phénomènes les plus propres à fonder la théorie de la génération des animaux !. LE CYPRIN BARBEAU ?, Barbus communis, Cuv.; Cyprirus Barbus, Linn., Gmel., BI, Lae.; Cyprinus Capito, Linn., Gmel. *, Ce poisson à quelques rapports extérieurs. 1 3rayons à la membrane branchiale du eyprin carpe, 48 à chaque pectorale, 49 à la nagcoire de la queue, 2 Burbio, en Espagne. —-1d. Barbo, en lalie: —Merenne, en Hongrie. — Ssasana, Ussalch, en Russie. — Barb, 3 Dusous-genre BarBeAU, Barbus, Cuw., dans le. grand genre Cyprin, famille des Cyprinoïdes, ordre des Malaco- vtérygiens abdominaux. D. 572 avec le brochet, à cause de l'allongement de sa te, de son corps et de sa queue. La partie su- périeure de ce eyprin est olivâtre; les côtés sont bleuâtres au-dessus de la ligne latérale, et blan- châtres au-dessous de cette même ligne, qui est droite et marquée par une série de points noirs; lè ventre et la gorge sont blancs; une nuance rougeâtre est répandue sur les pectorales, sur les ventrales, sur la nageoire de l'anus et sur la caudale, qui d’ailleurs montre une bordure noire; la dorsale est bleuâtre. La lèvre supé- rieure est rouge, forte, épaisse, et conformée de manière que l'animal peut l’étendre et la re- tirer facilement. Les écailles sont strices, dente- lées et attachées fortement à la peau. L’épine dorsale renferme quarante-six ou quarante-sepl vertèbres, et s'articule, de chaque côté, avec seize côtes. Le barbeau se plait dans les eaux rapides qui coulent sur un fond de cailloux ; il aime à se cacher parmi les pierres et sous les rives avan- cées. Il se nourrit de plantes aquatiques, de li- maçons, de vers et de petits poissons, on l’a vu même rechercher des cadavres. Il parvient au poids de dix-huit ou vingt livres. On le pêche dans les grands fleuves de l’Europe, et particu- lièrement dans ceux de l’Europe méridionale. Suivant Bloch, il acquiert dans le Véser une graisse très-agréable au goût, à cause du lin que l'on met dans ce fleuve, Il ne produit que vers sa quatrième ou sa cinquième année. Le prin- lemps est la saison pendant laquelle il fraie : il remonte alors dans les rivières, et dépose ses œufs sur des pierres, à l’endroit où la rapidité de l’eau est la plus grande. On le pêche avec des filets ou à la ligne, et on l’attire avec de très-pe- Barbet, Barme, Steinbarben, Rothbart, en Allemagne, — Barm, Berm, Burbeel, en Hollande. — Barbell, en Angle- terre — Cyprin burbeau, Daubenton et Häüy. Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Guidenstedt. Nov. Comm. Petropol., p.519. — Cyprin cabot. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Mus. Ad. Frid., p.2, p. 407. — Wuif. Ichth. Bor., p. 41, n. 52. — Kram. El., p. 3H, n. 2. —S. G. Gmelin. 11 3, p.242, lab. 25, fig 4. — « Cyprinus maxillà « superiore longiore, cirris qualuor; pin ani, ossiculorum {sepiem. » Ar di, gen. 4, syu. 8. — Bloch, pl. 48. — Bar- beau. Roudeiet, part, 2, Poiss de rivière, €. 18 — Barbus. Salviun., fol. 86. — 1d Gesner, p 124, et (germ ) fol. 74. — Id. Aldrov., 1, 5, ©. 46, p. 598. — Id. Jonston, |. 3, Lil. 4, c.5, tab. 86, fol. 6. — Id. Charieion, p. 156. — Id Willughby, P- 259. — Id. Raï, p. 124. — « Barbatulus , mullus barbaius, «@mullus fluviatilis nonnullis.» Schonev, p. 29 — Mustus fuvitilis. Bélon, — Gronov. Zooph. 4, p. 404; Mus 1, p.5, D. 20,.—4 Barbus oblongus, olivaceus.» Leske, Specim., p.17. — Mystus. Klein, Miss. pise. 5, p.64, n. 4.—Barbus, Marsig. Dauub., p.18. Lab. 7, fig. 1.—Bril. Zool. 3, p. 304, n. 2. Barbeau. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat, HISTOIRE NATURELLE tits poissons, des vers, des sangsues, du fro- maye, du jaune d'œuf ou du camphre. Sa chair est blanche et de bon goût. On assure cependant que ses œufs sont très-malfaisan(s : mais Bloch, je ne sais pourquoi, regarde comme fausses les propriétés funestes qu’on leur attribue, Nous lisons dans les notes manuscrites de M. Pénières, que nous avons déjà cité plusieurs fois, que, dans le département de la Corrèze, les barbeaux cherchent les bassins profonds et pierreux. Au moindre bruit, ils se cachent sous les rochers saillants, et ils se tiennent sous cette sorte de toit avec tant de constance que, lors- qu'on fouille leur asile, ils souffrent qu’on en- leve leurs écailles, et reçoivent même souvent la mort plutôt que de se jeter contre le filet qui entoure leur retraite, et dans les mailles duquel le rayon dentelé de leur dorsale ne contribuerait pas peu à les retenir, Ils se réunissent en troupes de douze, de quinze et quelquefois de cent individus. Ils se renferment dans une grotte commune, à laquelle leur association doit le nom de nichée, que leur donnent les pêcheurs. Lorsque les rivières qu’ils fréquentent charrient des glaçons, ils choisissent des graviers abrités contre le froid, et exposés aux rayons du soleil ; et si la surface de la rivière se gèle et se durcit, ils viennent assez fréquem- ment auprès des trous qu’on pratique dans la glace, peut-être pour s'y pénétrer du peu de chaleur que peuvent leur donner les rayons affai- blis du soleil de l'hiver. Plusieurs barbeaux se trouvent-ils réunis dans un réservoir où ils manquent de nourriture, ils sucent la queue les uns des autres, au point que les plus gros ont bientôt exténué les plus pe- its!. LE CYPRIN SPÉCULAIRE?, Cyprinus Carpio, var. Cuv.; Cyprinus specularis, Lac Cyprinus Rex cyprinorum, B1.3. ETL'EACYPRINMANCUIRE Cyprinus Carpio, var. Cuv.; Cyprinus coriaceus, Lac.; Cypriuus nudus, BI. $. Nous donnons le nom de Spéculaire à un cy- 1 47 rayons à chaque pectorale du cyprin barbeau, 19 à la nageoire de la queue. 2 Spiegelkarpfen. — Rex cyprinorum, reine des carpes. Bloch, pl. 17. — Reine des carpes. Bonnaterre, pl. de l’'Ens 1 méth, DES POISSONS. prin très-remarquable par les graudes écailles disposées en séries, et quelquefois distribuées d’ailleurs avec plus ou moins d’irrégularité sur sa surface. Ces écailles sont souvent quatre ou cinq fois plus larges à proportion que celles de la carpe, et, quoique striées de manière à pa- raître comme rayonnées, elles ont assez d’éclat pour être comparées à de petits miroirs. Ces lames brillantes sont ordinairement placées de manière | qu’elles forment de chaque côté deux ou trois rangées longitudinales, Leur couleur est jaune, et une bordure brune relève leurs nuances. Elles se détachent facilement de l'animal; et lors- au’elles ne sont pas répandues sur tout le corps du poisson, les places qu’elles laissent dénuées de substance écailleuse sont recouvertes d’une peau noirâtre, plus épaisse que celle qui croît au-dessous de ces lames spéculaires. On trouve les cyprins qui sont revêtus de ces écailles grandes et luisantes , dans plusieurs contrées de l’Europe ; mais ils sont très-multipliés dans PAI- lemagne septentrionale, particulièrement dans le pays d’Anhalt, dans la Saxe, dans la Franco- nie, dans la Bohême, où on les élève dans des étangs, où ils parviennent à une grosseur très-| considérable, et où leur chair acquiert une sa- veur que l’on a préférée au goût de celle de la carpe. Si les cyprius spéculaires perdaient tous les miroirs écailleux qui sont disséminés sur leur | surface, ils ressembleraient beaucoup aux Cy-| prins à cuir. Ces derniers néanmoins ont la peau plus brune, plus dure et plus épaisse; ce qui! leur a fait donner le nom spécilique que nous leur conservons. Ces cyprins à cuir vivent en Silésie, où on peut les multiplier et les faire croître aussi promptement que les carpes. Bloch rapporte que M. le baron de Sierstorpff, qui en a eu dans ses étangs auprès de Breslau, et qui les à très-bien observés, a vu des cyprins qui par leurs caractères paraissaient tenir le milieu entre les Cyprins à cuir et les Cyprins spécu- laires, et qu'il regardait comme des métis pro- | venus du mélange de ces deux espèces !. 3-5 Ces deux poissons sont considérés, par M. Cuvier, romme de simples variétés de la carpe ordinaire, Cyprinus carpio, voyez ci-avant, p. 566. D. 4 Cyprinus nudus, carpe à cuir. Bloch. 1 48 rayons à chaque peclorale du cyprin spéculaire, 25 à | à nageoire de la queue. l 573 LE CYPRIN BINNY'!, Barbus Binny, Cuv.; Cyprinus Binny, Forsk., Linæ Gmel., Lac.; Cyprinus lepidotus, Geoffroy. ?. Le Cyprin Bulatmai3. Barbus Bulatmai, Cuv.; Cyprinus Bulatmai, Pallas, Linn , Gmel., Lacep., {. — C. Murse, b, Barbus Mursa, Cuv.; Cyprinus Mursa, Guldenst., Linn. Gmel., Lac. 6, — C. Rouge-brun, Cyprinus rubro fuscus, Lac. ?. Le binny, que les eaux du Nil nourrissent, a la tête un peu comprimée: le dos élevé ; le ventra arrondi; la ligne latérale courbée vers le bas; l’anale et la caudale rouges, avec du blanc à leur base, et les autres nageoires blanchâtres et bordées d’une couleur mêlée de roux. L'éclat de l'argent dont brillent ses écailles le fait remar- quer, comme celui de l'or attire l'œil de Pob- servateur sur le bulatmai de la mer Caspienne. Ce dernier poisson présente en effet des reflets dorés au milieu des teintes argeutines du ventre, et des nuances couleur d'acier de sa partie su- périeure. Sa tête, brune par-dessus, et blanche par-dessous ; la dorsale noirâtre; la nageoire de la queue rougeûtre; l'anale rouge, avec la base blanchâtre ; l'extrémité des pectorales et celle des ventrales, d'un rouge plus ou moins vif; la base de ces ventrales et de ces pectorales, grise ou blanche, ou d’un blanc mêlé de gris. La mer Caspienne, dans laquelle on trouve le bulatmai, nourrit aussi le murse. Une couleur dorée, mêlée de brun dans la partie supérieure du poisson , et de blanc dans la partie inférieure de l'animal; des opercules bruns et lisses; une anale semblable par sa forme aux ventrales, et blanche comme ces dernières ; les taches brunes de ces ventrales , la teinte foncée des autres na- geoires ; l'allongement de la tête, du corps et de la queue ; la convenité du crâne; la petitesse des écailles ; la mucosité répandue sur les téguments, servent à distinguer ce cyprin murse, qui par- vient à la longueur de douze à seize pouces, et 1 Lepidotus, par les anciens auteurs, suivant une note ma- nuscrite que notre savant ami et confrère le professeur Geol- froy nous a fait parvenir du Caire. — Benny et benni, eu Egypte, suivant M. Cloquet. — Cyprin binny. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth.—Forskael, Faun. Arab., p. 71, n. 103. 21.6 Les trois poisso s auxquels se rapportent ces nolcy sont du sous-genre des BARBEAUXx, Barbus, dans le grani genre Cyprin de M. Cuvier, famille des Cyprinoïdes, ordro des Malacoptérygiens abdominaux. D. 3 Hablizl apud S. G. Gmelin, It 4, p. 435. — Pallas, N. Nord. Beytr. 4, p. 6. 5 Cyprin murse. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Guk denst. Nov. Comm. Petropol. 47, p. 513, tab. 8, fig. 3-5. * M. Cuvier remarque que le cyprin rouge-brun, connu- seulement par une peinture chinoise, se rapproche beaucoup de la carpe commune. D, 274 qui remonte dans la fleuve Cyrus, lorsque le printemps ramène le temps du frai'. Les deux mâchoires du rouge-brun sont pres- que également avancées. Ce eyprin vit dans les! eaux de la Chine : on peuten voir une figure très-bien faite dans la collection des peintures | chinoises données à la France par la Hollande, Nous en publions les premiers la description. LE CYPRIN GOUJON?. Gobio communis, Cuv.; Cyprinus Gobio, Linn., Gmel., BL., Lac. 3. ET LE CYPRIN TANCHE*. Tinea vulgaris, Cuv.; Cyprinus Tinca, Linp., Gmel., BL, Lac, S: Lacs paisibles, rivières tranquilles, ombrages parfumés, rivages solitaires, et vous, retraites 147 rayons à chaque pretorale du cyprin binny, 19 à la nageoire de la queue.—19 rayons à chaque pectorale du cyprin bulatmai, 24 à la caudale, — 47 rayons à chaque pec- torale du cyprin murse, 42 à la nageoï®n e la queue, 2 Goujon de rivière. — Goifjon, varon, dans quelques départements de la France.— Gründling, Gressling, Gos, en Allemagne. — Grandulis, Phops, en Livonie. — Grumpel , Sandhart, Gympel, en Davemarck. — Gronüel, en Hol- lande. — Greyling, Gudjeon, en Angleterre, — Cyprin goujon. Daubenton et Haüy, Enc. meth.— 14. Bonratcerre, pl. de l'Enc. méth. — Goujon. Valmont de Bomare, Dici, d'hist, nal. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 407. —Müll. Prodr. Zool, Danic., p. 50, n.427. — « Cyprinus quincuncialis, macula- «lus, maxillà superiore longiore, cirris duobus ad os, » Ar- tedi, gen. 4, spec. 43, syn. 44. — Eluviatilis gobio. Salwian., . 214 a.—Goujon de riviere. Rondelet, part. 2, poissons de rivière, ©. 28. — Gobio fluviatilis. Gesner, p. 399 et 474 ; el (germ.) 459. — Id. et fundulus, et qgobio non capitatus. Charleton, p.157. — Gobius fluviatilis. Aldrov., 1. 5, ©: 27, p. 612. — Gobius fluviutilis Gesneri. Willughby, p. 604, tab. Q.8, fig. 4. — Id. Rai, p. 123: — Gobius non capilatus. Jonston, 1. 3,t.1, c.40, a, 1, L 26, fig. 16. — Fundulus. Schonev., p. 35. — Gronov. Mus. 2, p.2, n. 149; Zooph. 1, p. 404. — Bloch, pl. 8, fig. 2.— Leske, Spec., p. 26, n.3, — Klein, Miss. pise. 4, p. 60, n. 5, Lab 45, fig. 5 — Marsig. Danub, 4, p. 23, Lab, 9, fig. 2. — Brit. Zool. 3, p. 308, n.4. 3 Le goujon est le type du sous- genre GouJon. Gobios Cuv., dans le grand genre CyYPrRiN, famille des Cyprinaïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux. D, 4 Tenca, en Halie, — Schlei, Knochen-schleye, le mâle; Bauch-schleye, la fem lle, en Allemagne, — Schumacher, en Livonie. — Kuppesch, Lichnis, Line, Schleye, eu Esto- nie, — Skomacker, Linnore, Surore, en Suède. — Suder, Slie, en Danemarek. — Muythonden, en Frise. — Zeelt, en Hollande, — Tench, en Angleterre, — Cyprin tanche. Dau- benton et Haüy. Enc, méth. — Id, Bounaterre, pl. de l'Enc. méth, — anche. Valmont de Bomare, Dictionnaire d’hist. nat. — Bloch, pl, 44. — Faun. Suecic. 263. — Wullf, Ichth, Boruss., p. 42, n. 55. — Müll. Prodr. Zool. Dauic., P- 50, n 428. — « Cyprinus mucosus nigrescens, » Arledi, gen. 4, spec. 27, syn. 5, — Tinca. Auson. Mosella, vers. 4125, — Id. Jov. 124. — Tenche. Rondelet, part. 2, poissons des 3 lacs, ©. 49. — Tina. Wolion, 1. 8, c. 490, f. 469 d. — Id. Sslvian., fol, 89-90.—1d. Gvsner, p. 984 ; et (germ.) 167 b. — HISTOIRE NATURELLE hospitalières, où la modération ne plaça sur une table frugale que des mets avoués par la sagesse, séjour du calme, asile du bonheur pour les cœurs sensibles que la perte d’un objet adoré n’a point condamnés à des regrets éternels , vos images enchanteresses ne cessent d’entourer le portrait du poisson que nous allons décrire, Son nom rappelle et les rives fortunées près des- quelles il éclôt, se développe et se reproduit, et l'habitation touchante et simple des vertus bien- faisantes, des affections douces, de l'heureuse médiocrité dont il sert si souvent aux repas sa— lufaires, On le trouve dans les eaux de l'Eu- rope dont le sel n’altère pas la pureté, et parti- culicrement dans celles qui reposent où coulent mollement et sans mélange sur un fond sablon- neux. 11 préfère les lacs que la: tempête n’agite: pas. Il y passe l’hiver; et lorsque le printemps est arrivé , il remonte dans les rivières, où il dé- pose sur les pierres sa laite ou ses œufs dont la couleur est bleuâtre et le volume très-petit. Il ne se débarrasse de ce poids incommode que peu à peu, et en employaut souvent près d’un mois à celte opération, dont la lenteur prouve que tous les œufs ne parviennent pas à la fois à la matu- rilé, et que les diverses parties de la laite ne sont entièrement formées que successivement. Dans quelques rivières, et notamment dans celle de la Corrèze , il ne fréquente ordinairement les Jrayères' que depuis le coucher du soleil jus- qu’au lever de cet astre. M. Pénières, de qui nous tenons cette der- nière observation , nous a éeril que, dans le Cantal et la Corrèze, les femelles de l'espèce du goujon, et de plusieurs autres espèces de pois- sons, étaient cinq, ou six fois plus nombreuses que les mâles. Vers l’automne, les goujons reviennent dans les lacs; ou les prend de plusieurs manières; on les pêche avec des filets et avec l’hamecçon. Ils sont d’ailleurs la proie des oiseaux d’eau, ainsi que des grands poissons, et cependant ils Id. Aldrov., L. 5, ©. 45, p. 646. — Id. Jonston, 1.3, t. 3, c. 10, p. 446, tab. 29, fig. 7.— id. Charlet., p 462.— 14. Willughby, p.251, Lab Q.5. — id. Rai, p. 447. — id. er phycis, vel me- rula fluviatilis. Schonev., p.76 — Kramer. El., p. 392, n. 6. — Gronov. Mus, 1, p. 4, n. 18. — Klein, Miss, pise. 5, p. 63.— Mars. Danub., p.47, tab. 45. — Brit. Zvol. 3, p: 306, n.3. 5 La Tanche est le type du sous-genre TANCHE, Tinca, formé par M. Cuvier, dans le grand genre CyYpmN, Cypri= nus. D. 1! Nom donné dans plusleurs contrées aux endroils où fraient les Poissons. DES POISSONS. sont très-multipliés. Ils vivent de plantes, de petits œufs, de vers, de débris de corps orga- nisés. Ils paraissent se plaire plusieurs ensemble; on les rencontre presque toujours réunis en troupes mombreuses. Is perdent diflicilement la vie. À peine parviennent-ils à la longueur de quatre à huit pouces. Leur canal intestinal présente deux sinuo- sités; quatorze côtes soutiennent de chaque côté l'épine dorsale, qui renferme trente-neuf ver- tèbres. Leur mâchoire supérieure est un peu plus avancée que celle de dessous; leurs écailles sont grandes, à proportion de leurs principales di- mensions ; leur ligné latérale est droite. Leur couleur varie avec leur âge, leur nour- riture, et la nature de Peau dans laquelle ils sont plongés : mais le plus souvent un bleu noi- râtre règne sur leur dos : leurs côtés sont bleus dans leur partie supérieure; le bas de ces mêmes côtés et le dessous du corps offrent des teintes mêlées de Ianc et de jaune; des taches bleues sont placées sur la ligne latérale, et lon voit destaches noires sur la caudale et sur la dorsale, qui sont jaunâtres ou rougeâtres, comme les autres nageoires. Les tanches sont aussi sujettes que les gou- jons à varier dans leurs nuances, suivant l'âge, lesexe, le climat, les aliments et les qualités de l’eau. Communément on remarque du jaune verdâtre sur leurs joues, du blanc sur leur gorge, du vest :oncé sur leur front et sur leur dos, du vert «lair sur la partie supérieure de leurs côtés, Ju jaune sur la partie inférieure de ces dernières portions , du blanchâtre sur le ventre, du violet sur les nageoires : mais plusieurs indi- vidus montrent un vert plus éclairei, ou plus voisin du noir; les mâles particulièrement ont des teintes moins obscures. Ils ont aussi les ven- trales plus grandes, les os plus forts, la chair plus grasse et plus agréable au goût, Dans les semelles comme dans les mâles, ja tête est grosse; le front large; l'œil petit; la lèvre épaisse; le dos un peu arqué; chacun des os qui retiennent les pectorales ou les ventrales, tres- sort ; la peau noire; toute la surface de Panimal couverte d’une matiere visqueuse assez abon- dante pour empêcher de distinguer facilement les écailles ; l’épine dorsale composée de trente- neuf vertèbres et soutenue à droite et à gauche par seize côles. 575 | parties du globe. Elles habitent dans les lacs et dans les marais : les eaux stagnantes et vascuses sont celles qu'elles recherehent, Elles ne crai- gnent pas les rigueurs de l'hiver : on n'a pas même besoin, dâns certaines contrées, de casser en différents endroits la glace qui se forme au- dessus de leur asile; ce qui prouve qu'il n’est pas nécessaire d'y douner une issue aux gaz qui peuvent se produire dans leurs retraites, et ce qui paraît indiquer qu’elles y passent Ja sai- son du froid enfoncées dans le limon, et au moins à demi engourdies, ainsi que l’ont pensé plu- sieurs naturalistes, On peut mettre des tanches dans des vivicrs, dans des mares, même dans de simples abreu- voirs; elles se contentent de peu d’espace. Lors- que l'été approche, elles cherchent des places couvertes d'herbe pour y déposer leurs œufs, qui sont verdâtres et très-petits. On les pêche à l’'hamecçon ainsi qu'avec des filets : mais fré— quemment eiles rendent vains les efforts des pê- cheurs, ainsi que la ruse ou la force des poissons voraces, en se cachant dans la vase. La crainte tout comme le besoin de céder à l'influence des changements de temps, les porte aussi quelque- fois à s’élancer hors de Feau, dont le défaut ne leur fait pas perdre la vie aussi vite qu'à beau- coup d’autres poissons. Elles se nourrissent des mêmes substances que les carpes, et peuvent par conséquent nuire à leur mulliplication, Leur poids peut être de "six à huit livres. Leur chair molle, et quelque- fois imprégnée d’une odeur de limon et de boue, est diflicile à digérer. Mais d’ailleurs, suivant les pays, les Lemps, les époques de l’année, les altérations ou les modifications des individus, et une sorte de mode ou de convention, elles ont été estimées ou dédaignées'. On s’est même assez occupé de ces abdominaux dans beaucoup de contrées, pour leur attribuer des propriériés très-extraordinaires. On a cru que, coupées en morceaux, et mises sous la plante des pieds, elles guérissaient de la peste et des fièvres brû- lantes ; qu'appliquées vivantes sur le front, elles apaisaient les maux de tête; qu'awachées sur la nuque, elles calmaient l’inflammation des yeux ; que placées sur le ventre, elles faisaient disparaître la jaunisse ; que leur fiel chassait les vers et que les poissons guérissaient leurs bles- t 46 rayons à chaque pectorale du cyprin goujon, 49 à la nageoire de la queue, —48 rayous à chaque pectorale du On trouve des {anches dans presque toutes les l cyprin tanche, 49 à la caudale. 576 sures, en se frottant contre la substance huileuse qüi les enduit. LE CYPRIN CAPOET!, Gobio Capoeta, Cuv.; Cyprinus Capoeta, Guldenst., Linn., Gmel., Lac. ?. se Cyprin Tanchor3, Tanca vulgaris, var. aurea, Cuv.; Cyprinus Tinca auratus, Bl., Lac.; Cyprinus Tinca, var B aurea, Linn , Gmel, 4. — C. Voncondre ÿ, Cirrhinus Yon- conder, Cuv.; Cyprinus cirrhosus, Bloch ; Cyprinus Von- conder, Lacep. €. — C. verdâtre, Cyprinus viridescens, Lsc. 7. Le capoet habite dans la mer Caspienne; il remonte daus les fleuves qui se jettent dans cette mer : mais ce qui est remarquable, c’est qu’il passe la belle saison dans cette mer intérieure , et qu’il ne va dans l’eau douce que pendant l'hi- ver. Sa longueur est de douze ou quinze pouces. Il a les écailles arrondies, minces, striées, ar gentées, et pointillées de brun, excepté celles du ventre, qui sont blanches; la tête courte, très-large et lisse; le sommet de la tête brun et convexe; le museau avancé; les opereules unis, bruns et pointillés ; la ligne latérale cour- bée vers le bas, auprès de son origine; les na- geoires brunes et parsemées de points obscurs ; un appendice auprès de chaque ventrale, Le cyprin tanchor doit être compté parmi les plus beaux poissons. La dorure éclatante répan- due sur sa surface, le noir brillant des points ou des taches que l’on voit sur son corps, sur sa queue et sur ses instruments de natation, le blanchâtre transparent de ses nageoires, les teiutes noires de son front et de la partie anté- rieure de son dos, font paraître très vifs et ren- dent très-agréables le rose des lèvres et du nez, celui qui colore ses rayons d’ailleurs très-agiles, et le rouge qui, distribué en petites gouttes plus où moins rapprochées, marque le cours de 1 Cyprin capoet. Bonnaterre, pl. de l’Ene. mêth. — Gul- denst. Nov. Comm. Petrop. 41, p. 507, tab. 18, fig. 4, 2. 2 Du sous-genre Gougon, Gobio, dans le grand genre des Cyprins. Cuv. D. 3 Dorée d'étang. Bloch., pl. 45. — Cyprin tanche dorée. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. # Le Tanchor de M. Lacépède est une simple variété de la tanche vulgaire, remarquable par sa belle couleur dorée ; conséquemment il appartient au sous-genre TANCHE, dans le | genre CypriN. D. 5 Woukondey, en langue tamulique. — Cyprinus cirro- sus, voncondre. Bloch, 44. 6 Le voncondre est le type du sous-genre CIRRHINE, Cir- rhinus, formé par M. Cuvier, dans le grand genre CYPpRix. D. | ? M. Cuvier ne fait pas mention de celte espèce. D. HISTOIRE NATURELLE sa ligne latérale. 11 a cette même ligne latérale large et droite; sa tête est petite. Ce eyprin, qui peut faire l'ornement des ca- paux et des pièces d’eau, habite les étangs de la haute Silésie, d'où 1l a été transporté avec suceès dans les eaux de Schœnbausen en Bran- debourg, par les soins de la reine de Prusse. femme du grand Frédéric. Il résiste à beaucout d'accidents. Il ne croit que lentement; mais il parvient à une longueur de près de trois pieds. On peut le nourrir avec des débris de végétaux, des vers, du pain, des pois, des fèves cuites. On à cru remarquer qu'il était moins sensible que les carpes au son de la cloche dont on se sert dans plusieurs viviers pour avertir ces derniers poissons qu’on leur apporte leur nourriture or- dinaire. Le voncondre vit dans les lacs et dans les ri vières de la côte du Malabar. {1 parvient à la longueur d’un pied et demi. On ne doit pas ou- blier la compression de son corps; la surface unie de sa tête, de sa langue, de son palais; le peu de largeur des os de ses lèvres ; la direction droite de sa ligne latérale; le violet argenté de sa couleur générale; le bleu de ses nageoires. Le verdâtre, dont la description n’a pas en- core élé publiée, et dont M. Noël a bien voulu nous envoyer un dessin accompagné d’une note relative à cet abdominal, montre un barbillon blanc, court et délié à chacun des angles de ses mâchoires. Ses couleurs sont très-chatoyantes. Un individu de cette espèce a été pêché, vers la fin de mars, à la source d’un petit ruisseau, auprès de Rouen, LE CYPRIN ANNE-CAROLINE, Cyprinus Anna-Carolina, Lac., Cuv. 3. Voici le troisième hommage que mon cœur rend, dans cette histoire, aux vertus, à l'esprit supérieur, aux charmes, aux talents d’une épouse adorée et si digne de l'être. Ah! lorsque naguère j’exprimais, dans cet ouvrage, mes sen- liments immortels pour elle, je pouvais encore 1 49 rayons à chaque pectorale du cyprin capoet, 19 à la nageoire de la queue. —46 rayons à chaque pectorale du cyprin lanchor, 19 à la caudale.—17 rayons à chaque pecto- rale du evprin voncondre, 28 à la nageoire de la queue. 2 M. Lacépède a établi cette espèce de poisson, seulement d'après uue peinture chinoise, qui fait partie de la collection du Muséum d'Histoire naturelle, M. Cuvier pense que celte espèce se rapproche beaucoup de la carpe commune. D, DES POISSONS. et la voir, et lui parler, et l'entendre. C'était au- près d'elle que j’écrivais cet éloge si mérité, que j'étais obligé de cacher avec tant de soin à sa modestie, L’espérance me soutenait encore au milieu des peines cruelles que ses douleurs hor- ribles me faisaient souffrir, et de la tendre ad- miration que m'inspirait celle patience si douce qu’une année de tourments n’a pu altérer. Aujourd’hui j'écris seul, livré à la douleur profonde, condamné au désespoir par la mort de celle qui m'aimait. Ah! pour trouver quelque soulagement dans le malbeur affreux qui ne ces- sera de m'accabler que lorsque je reposerai dans la tombe de ma bien-aimée ‘, que n’ai-je le style de mes maîtres pour graver sur un monument plus durable que le bronze l'expression de mon amour et de mes regrets éternels ! Du moins, les amis de la nature, qui parcour- ront celle histoire, ne verront pas cette page ar- rosée de mes larmes amères sans penser avec attendrissement à ma Caroline, si bonne, si par- faite, si aimable, enlevée si jeune à son époux désolé. . Le cyprin que nous consacrons à sa mémoire, et dont la descriplion n’a pas encore été publiée, est un des poissons les plus beaux et les plus utiles. A l'éclat de l'or et de l’argent, qui brillent sur son corps et sur sa queue, se réunit celui de ses nageoires, qui sont d’un jaune doré. Au milieu de l'or qui resplendit sur le derrière de la tête et sur la partie antérieure du dos, on voit une tache verdätre placée sur la nuque, et trois {aches d’un beau noir, la premitre ovale, la seconde allongée et sinueuse, et la troisième ronde, situées de chaque côté du poisson. Des taches très-inégales, irrégulières, noires, ct distribuées sans ordre, relévent «vec grâce les nuances verdâtres qui règnent sur le dos. Chaque commissure des lèvres présente un barbillon ; l'ouverture de la bouche est petite ; un grand orilice répond à chaque narine; les écailles sont striées et arrondies ; les pectorales étroites et longues; les rayons de chaque ven- {rale allongés, ainsi que ceux de l’anale, qui est 1 Sa dépouille mortelle attend la mienne dans le cimetière de Leuvilie, village du département de Seine-et-Oise, où elle était née, où j'ai passé auprès d'elle tant de moments heu- reux, où elle a voulu reposer au milieu de ses proches, et où les larmes de tous les habitants prouvent, plus que ‘ous les éloges, sa bienfaisance el sa bonté. Bénis soient ceux qu me déposeront auprès d'elle dans son dernier asile ! 517 |à une égale distance des ventrales et de la na- geoire de la queue. On trouvera une image de ce cyprin dans la collection des peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle. Sa chair fournit une nourriture abondante et très-agréable, LE CYPRIN MORDORÉ, Cyprinus nigro-auratus, Lac. f. ET LE CYPRIN VERT - VIOLET. Cyprinus viridi-violaceus, Lac. 3, Ces deux poissons sont encore inconnus des naturalistes, Ils halitent dans les eaux de la Chine. On peut en voir la figure et les couleurs dans les belles peintures chinoises que nous avons souvent citées, et qui sont déposées au Muséum d’histoire naturelle. La parure du mordoré paraît d’autant plus riche, que ces teintes dorées se marient avec des reflets rougeâtres, distribués sur sa partie inférieure. Indeépendamment de la bosse que l’on voit sur la nuque, trois petites élévations convexes sont placées l’une au devant de l’autre, sur la partie supérieure de la Lête, Chaque oper- cule est composé de trois pièces. Les pectorales et les ventrales sont de la même grandeur et de la même forme. L’anale est plus petite que cha- cune de ces nageoires, triangulaire, et compo- sée de rayous articulés, excepté le premier, qui est fort et légèrement dentelé. La ligne latérale est courbée vers le bas. Le vert-violet a ses opercules anguleux par- derrière, et composés chacun de deux pièces. L'ouverture de la bouche est petite. Les pecto- rales, les ventrales et l’anale sont presque ovales ; mais les premières sont plus grandes que les secondes, et les seconles plus grandes que la nagcoire de l'anus. La ligne latérale est presque droite. Les écailles sont en losange, 1-2 M. Cuvicr considère ces deux poissons, connus seule ment par des figures chinoises, “mime appartenant au sous genre des Canpes dans le grand genre CYPRIN, et même comime elaut furt voisins de la carpe ordinaire. D, CS] 8 LE CYPRIN HAMBURGE"!, Cvorinus Carassius, Cuv., Linn., Gmel., Bl., Lac. ?. Le Cyprin céphale3, Cyprinus Cephalus, Linn., Gmel., Lacep.f, — C soyeuæx5, Cyprinus sericeus, Linn., Gmel., Lac. — C. Zéeli, Cyprinus Zeelt, Lac.?. Le museau de l’hamburge est arrondi; sa tête paraît d'autant plus petite, que son corps à une trés-grande hauteur, que ce poisson est tres- épais, et que son dos se recourbe en are de cercle. La partie supérieure est d’un brun foncé, qui se change en olivâtre sur la tête. Ses côtés sont verdâtres vers le haut, et jaunâtres vers le bas. Son ventre est d’un blanc mêlé de rouge. Ses pectorales sont violettes ; des nuances jaunâtres et une bordure grise distinguent les autres na- geoires. L'hamburge se plaît dans les eaux dont le fond est de glaise ou marneux ; il aime les lacs et les élangs. Il ne contraete pas facilement de mauvais goût danses eaux fanseuses : il vit dans celles qui sont dormantes , et qui n’occu- pent qu’un petit espace. Lorsque l’hiver règne, il peut même être conservé assez longtemps hors de l’eau sans périr; et, dans cette saison froide, on le transporteen vie à d'assez grandes distances en le plaçant dans de la neige, et 1 Carassin. —Garois, dans plusieurs contrées de l’Allema- gne mérid. —Zobelpleinzl, Braæen, en Autriche.— Coras, en Hongrie, — Karuusse, en Silésie. — Karsche, dans la basse Silésie. — Karausche, en Saxe. —Karutz, en West- phalie. — Ruda, Carussa, en Suède. — Karuuse, en Dane- marck, — Hamburger, Sternkarper, en Hollande. — Cru- cian, en Angleterre. — Cyprin ‘hamburge Paubenton et Haüy, Enc. méth.— 14. Bonnaterre, pl. de l’Ene. méth. — Faun. Suecic. 364. — Müll. Prodr. Zool. Danic., p. 50, n. 429. — «Cyprinus pinnä dorsi ossiculorum viginti, lineà laterali «rec.» Art di, gen. 4, spec. 29, syn. 5.—«Charax, «karass, et carassius simpliciter dic us, et carassi terliuin «genus. » Gesner, p. 222 (germ.), 166 D, et paralip. 46,7 et 4275 — « Cyprinus lalus, alias gorais, etc.» Willughby, p. 249, tab. Q. 6, fig. 4. — Id. Rai, p. 446. — « Cyprinus latus «alius. » Aldrov., 1.5, €. 43, p. 644. — {d. Jonston. 1. 3, L 3, ce. 9, p. 465, Lab. 27, fig. 12.— Kramer, El., p. 392, n.7. — Gronov. Mus. 4. n. 41, Zooph., n. 343.— Cyprinus Hamibur- ger. Act. Upsal. 4741, p. 75, n. 55. — Bloch. pl. 14.— Lesk. Spec,, p. 78, n.17.— Klein, Miss. pisc. 5, p. 59, n. 4, tab. 44, fig. 4. — Carassius. Marsigl. Danub.4, p. 45, lab. 44. — Rud. Brit. Zoo!. 3, p. 310. 2 L'Hamburge, ('arassin ou Carreau est du sous genre des Canves, dans le grand genre CyPRiN, selon M.Cuvivr, D, 2 Mus. Ad, Frid., p. 77, tab. 30. — Cyprin cylindrique. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— Id. Bonnaterre, pl. de l'Ene, méth, — « &yprinus oblongus macrolepidotus, pinnà « ani ossiculis undecim, » Artedi, gen. 5, Syn. 7. — Gronov. Mus. 4, n.42,9;1p.3. 4 Ce poisson n’est pas menuonné par M. Cuvier. D. S Cyprin soyrux. Bonnaterre, pl. de l’'Enc. méth.—Pallas, IL 3, p. 704, n. M 67 M, Cuvier ne fait aucune men’‘on de ces deux der nières espèces, D. | | HISTOIRE NATURELLE en l'entourant de feuilles de chou, de laitue, ou d’autres végétaux analogues à ‘ces dernières plantes. Il se nourrit, comme les carpes, de vers, & végétaux , de débris de substances organisées, qu'il ramasse dans la vase. On l’engraisse avec des fèves cuites, des pois, du pain de chenevis, du fumier de brebis. 11 croît lentement, Sox poids n'excède guère une livre; mais sa chair est blanche, tendre, saine, et peut devenir très- délicate. C’est ordinairement à l’âge de deux ans qu’il commence à frayer. On le prend avec des nas- ses, au filet ét à l’hamecon. Son eanal intesti- nal présente cinq sinuosités. Quinze côtes sont placées de chaque côté de son épine dorsale, qui renferme trente vertèbres. Ses œufs sont jau- nâtres, elà peu près de la grosseur des grüines de pavot. Le Danube, le Rhin et d’autres fleuves nour- rissent le céphale, dont la ligne latérale est si- tuée très-bas ; ses écailles sont d’ailleurs grandes et arrondies ; sa éaudale est ovale. Des teintes bleuâtres paraissent sur son dos; son ventre et ses côtés, argentés pendant sa jeunesse, sont ensuite d’uu jaune doré, parsemé de points bruns. Sa longueur est de douze à seize pouces !, Le soyeux, qui habite les eaux dormantes de la Daurie, n’a le plus souvent que deux ou trois pouces de longueur. Il est très-brillant d'argent, de violet et d'azur; une couleur de ros pâle paraît sur son abdomen ; sa caudale est d'un brun rouseâtre; l’extrémité de ses ventrales et de sa nageoire de l'anus montre une nuance plus ou moins noire. Le zéelt, que les naturalites ne connaissent pas encore, et dont nous avons vu un individu parmi les poissons desséchés donnés par la Hol- lande à la France, a les écailles petites, et les pectorales arrondies, ainsi que les ventrales. 143 rayons à chaque pectorale du cyprin hamburge , 24 à la nageoire de la queue. — 16 rayons à chaque pectorale du eyprin céphale, 17 à la caudale, — 16 rayons à chaque pec- torale du cyprin zéelt, 23 à la nagcoire de la queue. DES POISSONS. LE CYPRIN DORÉ !, Cyprinus auratus, Linn., Gmel., Lac., Cuv.?. Le Cyprin argenté3, Cyprinus argenteus, Lac. {. — C. Té- lescope 5, Cyprinus auratus, var. Cuv.; Cyprinus Telesco- pus, Lac. 6. — C. gros-yeux, Cyprinus auralus, var. Cuv., Csprinus macrophihaluus, Lacep.7. — C. quatre lobes; Cyprinus auralus, var. Cuv.; Cyprinus tLetralobalus, Lacep.*. La Beauté du cyprin doré inspire une sorte d’admiration ; la rapidité de ses mouvements charme les regards. Mais élevons notre pensée : nous avons sous les yeux un des plus grands triomphes de l'art sur la nature. L'empire que l’industrie européenue est parvenue à exercer sur des animaux utiles et alfectionnés, sur ces compagnons courageux, infaligables et fidèles, qui n’abandonnent l'homme ni dans ses courses, ni dans ses travaux, ni dans ses dangers, sur le chien si sensible, et le cheval si généreux, Pin- dustrie chinoise l'a obtenu sur le Doré, celte espèce plus garantie cependant de son influence par le fluide dans lequel elle est plongée, plus indépendante par son instinct, et plus rebelle à ses soins, comme plus sourde à sa voix : mais la constance et le temps ont vaincu toutes les ré- sistances. Le besoin d’embellir et de vivifier les eaux de leurs jardins, de leurs retraites, d’un séjour con- sacré aux objets qui leur étaient les plus chers, a inspiré aux Chinois les tentatives, les précautions et les ressources qui pouvaient le plus assurer leur succès ; et comme, depuis bien des siecles, 1 Dorade de la Chine. — Poisson d’or. — Doré de la Chine. — Silberfisch, Goldkarpfen, en Allemagne, quand il est jeune. — Goldfisch, en Suéde. — Id. en Hollande. — Golfish, en Anglelerre. — Kingjo, à la Chine. — Kinjn, au Japon. — Cyprin doré de la Chine. Daubenton et Haüy, Enc. méth: — Id. Bonuaterre, pl. de PEnc. méth.— Bloch, pl. 93 et pl. 4%, 6g 4,2 13. — Dorade de La Chine, ec. Valmont de Bomare, Dict. d'hist nat. — Faun. Suecic. 2, p.425, L 2,—Act. Siockh 14740, p 403, Lab fig. 4-8.— Piscis aureus. Baster, ACL. Haarl, 7, p. 215, Lab. 2, 4, 6.— Grouov. Mus. 4,p.3, n.15; et Mus. 2, 1.450. — Kingio. Kœmpfer, Japon. 4, p. 455. — Brit. Zool., 2, p. 319, n. 12. — Edwards, AV; lab. 209. — Petiv. Gazoph., Lab. 78, fig. 7. 26.78 Tous les pois ons qui sont décrits dans cet article appartiennent à l'espèce u CYPRIN DORE, où Dorade de la Uniue, qui est placée par M Cuvier, dans le sous-genre des Cauves, le premier du grand genre CypriN. Le Cyprin doré est le type de l'espèce, et tous les autres n’en sont que des yarietés. D. # Koclreuter, Comment. Acad. Petropol., L 9, p. 420 — Cyprin argenté. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth. % M. Cuvier ne cite pas le Cyprin argenté. La division de ga queue en trois lobes semble Le rapprocher de quelques varié- dés du Cyprin doré, mais il est de bien plus grande taille, D. $Glotzauge, par les Allemands. — Long-tsing yu, par les Chinois. — Télescope, cyprinus miacrophthalnus. Bloch, ‘pl. Ho, 579 ils imilent avec respect les procédés qui ont réussi à leurs pères, c’est Loujours par les mêmes moyens qu'ils ont agi sur l’espèce du doré; ils l'ont attaquée, pour ainsi dire, par les mêmes faces; ils ont pesé sur les mêmes points; les empreintes ont été de plus en plus creusées de génération en génération; les changements sont devenus profonds, et les allérations out trop pénétré dans la masse, pour n'être pas dura- bles. Ils out modiliée à un tel degré , que les or- ganes mêmes de la natation du doré n’ont pu ré- sister aux effets d’une attention sans cesse re- nouvelée. Dans plusieurs individus, la surface des nageoires a été augmentée ; dans d'autres, diminuée : dans ceux-ci, la dorsale à été ré- duile à un très-petit nombre de rayons, où remplacée par une sorte de bosse et d'exerois- sance double ou simple, ou retranchée enlière- ment, sans laisser de trace de son existence per- due ; dans ceux-là, les ventrales ont disparu ; dans quelques-uns, l’anale a été doublée, et la caudale , doublement échancrée, à montré un croissant double, ou trois pointes au lieu de deux ; et si l’on réunit à ces signes de la puis- sance de l'homme toutes les différences que ce pouvoir de l’art a introduites dans les propor- tions des organes du doré, ainsi que toutes les nuances que ce mème art a mèlées aux couleurs naturelles de ce eÿprin, et surtout si l'on pense à toutes les combinaisons qui peuvent résulter des divers mélanges de ces modilications plus ou moins importantes, on ne sera pas étonné du noinbre prodigieux de métamorphoses que le cyprin doré présente dans les eaux de la Chine ou dans celles de FEurope. On peut voir les principales de ces dégradations, ou, si on l'aime mieux, de ces améliorations, représenttes d’une manière très-intéressaute dans un ouvroge pu- hlié, il y a plusieurs années, par MM. Martinet et Sauvigny, et exécuté avec aulant d’habileté que de soin d’après des dessins coloriés en- voyés de la Chine au ministre d’état Bertin. En examinant avec attention ce recueil précieux, on serait lenté de compter près de cent variétés, plus ou moins remarquables, produites par la main de l’homme dans l'espèce du eyprin; ef c'est ce titre assez rare de prééminence el de do- mivalion sur les productions de la nature, que nous avons cru devoir faire observer !. ! Voyez, daus ce volume, le Discoursintitulé: Des effets de l'art &e l'homme sur La nature des poissons. 580 fectionnement des eyprins dorés; la nouvelle parure, les nouvelles formes, les nouveaux mou- vements que leur a donnés léducation, ont rendu leur domesticité plus nécessaire encore aux Chinois, Les dames de la Chine, plus sé- dentaires que celles des autres contrées, plus obligées de multiplier autour d'elles tout ce qui peut distraire l'esprit, amuser le cœur, et char- mer des loisirs trop prolongés, se sont surtout entourées de ces eyprins si décorés par la nature, si favorisés par l’art, images de leur beauté ad- mirée, mais captive, et dont les évolutions, les jeux et les amours peuvent remplacer, dans des âmes mélancoliques, la peine de l'inaction , l'ennui du désœuvrement, et le tourment de vains désirs, par des sensations légères mais douces , des idées fugitives mais agréables , des jouissances faibles mais consolantes et pures. Non seulement elles en peuplent leurs étangs, mais elles en remplissent leurs bassins, et elles en élèvent dans des vases de porcelaine ou de cristal, au milieu de leurs asiles les plus secrets. Les dorés sont particulièrement originaires d'un lac peu éloigné de la haute montagne que les Chinois nomment Tsienking, et qui s'élève dans Ja province de The-kiang, auprès de la ville de Tchang-hou, vers le trentième degré de latitude. Leur véritable patrie appartient donc à un climat assez chaud. Mais on les a accoutu- més facilement à une température moins douce que celle de leur premier séjour : on les à trans- portés dans les autres provinces de la Chine, au Japon, en France, en Allemagne, en Hol- lande , dans presque toute l'Europe, dans Îles autres parties du globe ; et suivant Bloch, l'An- gleterre en a nourri dès 16114, sous le règne de Jacques I. Le même savant rapporte que M. Oelrichs, bourgmestre de Brême, availélevé avec succès un assez grand nombre de cyprins dorés dans un bassin de trente-six pieds de long, qu’il avail fait creuser exprès. Lorsqu'on introduit ainsi de ces poissons dans un vivier ou dans un étang où l’on désire de les voir multiplier, il faut, si cette pièce d’eau ne présente ni bords unis, ni fonds tapissés d'herbe, y placer, dans le temps du frai, des branches et des rameaux verts. Cette même pièce d'eau renferme-t-elle du terreau ou de la terre grasse? les eyprins dorés trouvent dans cet humus un aliment suffisant. HISTOIRE NATURELLE Le désir d’orner sa demeure a produit le per- | Le fond du bassin est-il sablonneux ? on donne aux dorés du fumier, du pain de froment et du pain de chènevis. S'il est vrai, comme on l’a écrit, que les Chinois ne jettent pendant l'hiver aucune nourriture aux dorés qu’ils conservent dans leurs jardins, ce ne doit être que dans les provinces de la Chine où celle saison est assez froide pour que ces cyprins y suient soumis au moins à un commencement de lorpeur. Mais, quoi qu'il en soit, il faut procurer à ces poissons un abri de feuillage dont l'ombre, s'étendant jusqu’à leur habitation, puisse les garantir de l'ardeur du soleil, ou des effets d’une vive lu- miere, lorsque cette chaleur trop forte, ou cette chirté trop grande, pourraient les incommoder ou blesser leurs yeux. Préfère-t-on de rapprocher de soi ces abdo- minaux dont la parure est si superbe, et de les garder dans des vases? on les nourrit avec des fragments de petites oublies, de mie de pain blanc bien fine , des jaunes d'œufs durcis et ré- duits en poudre, de la chair de pore hachée, des mouches ou de petits limaçons bien onctueux. Pendant l'été, il faut renouveler l’eau de leur vase {ous les trois jonrs ; et même plus souvent, si la chaleur est vive et élouffante : mais, pen- dant Phiver, il suffit de changer l’eau dans la- quelle ils nagent, tous les huit ou tous les quinze jours. L'ouverture du vase doit être telle qu’elle suflise à la sortie des gaz qui doivent s’exhaler, et cependant que les cyprins ne puissent pas s'élancer facilement par-dessus les bords de cet orifice. Les dorés fraient dans le printemps, ont une grande abondance d’œufs ou de laite, multi- plient beaucoup, et peuvent vivre que'que temps bors de l’eau. Leur instinet est un peu supérieur à celui de plusieurs autres poissons. L’organe de l'ouie est en effet plus sensible dans ces abdo- minaux que dans beaucoup d’osseux et de car- tilagineux ; ils distinguent aisément le son parti- eulier qui leur annonce l’arrivée de la nourriture qu'on leur donne. Les Chinois les accoutument à ce son par le moyen d’un sifflet; et ces cyprins reconnaissent souvent l’approche de ceux qui leur apportent leur nourriture, par le bruit de leur démarche. Cette supériorité d'organisation et d’instinet doit les avoir rendus un peu plus susceplibles des impzessions que l’art leur a fail éprouver. Les couleurs brillantes dont les dorés sont peints ne sont pas toujours effacées en entier par DES POISSONS. la mort de l'animal; mais si alors on met ces poissons dans l'alcool, ces riches et vives nuances disparaissent bientôt. Ces teintes dé- pendent, en très-grande partie, de la matière visqueuse dont les técuments des eyprins dorés sont enduits, et qui, emportée par l'alcool, co- lore cette dernière substance, ainsi que Bloch l'a observé, Au reste, pendant que ces abdominaux jouis- sent de toutes leurs facultés, ils ont ordinaire- ment l'iris jaune; le dessous de la tête rouge ; les joues dorées ; le dos parsemé de diverses ta- ches noires ; les côtés d'un rouge mêlé d'orangé ; le ventre varié d’argent et de couleur de rose ; toutes les nageoires d’un rouge de carmin. Ces couleurs cependant n’appartiennent pis à tous les âges du doré. Communément il est noir pendant les premières années de sa vie : des points argentins annoncent ensuite la magnifi- que parure à laquelle il est destiné; ces points s'étendent, se touchent, couvrent toute la sur- face de l'animal, et sont enfin remplacés par un rouge éclatant, auquel se mêlent, à mesure que le cyprin avance en âge, tous les tons admira- bles qui doivent l'embellir. Quelquefois la robe argentine ne précède pas la couleur rouge; cette dernière nuance revêt même certains individus dès leurs premières an- nées : d'autres individus perdent , en vieillis- sant , cette livrée si belle ; leurs teintes s’affai- blissent : leurs taches pâlissent; leur rouge et leur or se changent en argent, ou se fondent dans une couleur blanche sans beaucoup d'é- clat. Lorsque le doré vit dans un étang spacieux , il parvieut à la longueur d’un pied ou quinze pouces. Son canal intestinal présente trois si- nuosités; la laite et l'ovaire sont doubles; la vessie nalaloire est divisée en deux parties, dont une est plus étroite que l’autre. Le cyprin argenté est quelquefois long de plus de deux piels. Sa caudale paraît souvent divisée en trois lobes ; ce qui semble prouver que son espèce a été allérée par une sorte de domesticilé. Sa tête est plus allongée que celle du doré. On trouve dans les eaux douces de la Chine le télescope, dont la tête est courte et grosse, et lorifice de la bouche petit !. ‘46 rayons à chaque pectorale du cyprin doré. 27 à la nageoire de la queue, — 45 rayons à chaque pectorale du 581 Les peintures chinoises, que nous citons si fréquemment, offrent l’image du Cyprin gros- yeux et du Cyprin quatre-lobes, qui, l’un et l'autre, sont encore inconnus des naturalistes. La beauté de leurs formes , la transparence de lenrs nageoires, et la vivacité de leurs couleurs blanche et rouge, les rendent auisi propres que le doré à répandre le charme d’un mouvement très-animé, réuni aux nuances les plus attrayan- tes au milieu des jardins fortunés et des retraites tranquilles. LE CYPRIN ORPHE!, Leuciscus Orphus, Cuv.; Cyprinus Orphus, Linn., Gmel., Lac.?, Le Cyprin royal#, Cyprinus regius, Molina, Linn, Gmel., Lacep.#. — C. Caucus5, Cyprinus Caucus, Molina, Linn.., Gmel., Lacep.6. — C. Mulchus ?, Cyprinus Malchus, Mo- lina, Linn., Gmel., Lacep.#. — C. Jule 9, Cyprinus Julas, Molina, Linn, Gel, Lac.W, — C. Gibèlel!, Cyprinus Gibelio, Cuv., Linu., Gmel., Lacep 1? — C, Goleian!3 Cyprious rivulanis, Linn., Gm.; Cyprinus Goleian, Lac.ts. — C. Labéo 5, Cyprinus Labeo, Linn., Gmel., Lacep. 16, — C. Leptoréphale M, Cyprinus leptocephalus, Linn., Gmel., Lacep.t$, — C. chalcoïde ®, Cyprinus chalcoides, Linn., Gmel., Lac. 0, — C, clupéotde, Leuciscus clu- peoides, Cuv.; Cyprinus celupcoides, BL 408, 2; Lac,21, Quelle est la patrie de ces onze poissons? L'orphe vit dans l'Allemagne méridionale; le cyprin royal, dans la mer qui baigne le Chili ; torale du cyprin télescope, 22 à la nageoire de la queue. — 6 ou 7 rayons à chaque pectorale du cyprin gros-yeux, 16 ou 17 à la caudale.—6 ou 7 rayons à chaque pectorale du cyprin quatre lobes, 27 ou 28 à la nageoire de la queue, URotele. — Finscale. — Orff, Urff, OŒErve, OErfling, Wüfling, Elfl, Frauen fisch, en Allemagne, — Jakseke, en Hougrie. — Jasz, en Ullyrie. — Golowlje , Golobr, en Rus-ie -- Rudd, en Angleterre —Cyprin orfe. Daubenton et H,üy, Ene. méth.—1d. Bonnaterre, pl. de lEuc. méth. Bloch, pl. 96 — « Cyprious orfus dictus.» Artedi, Syn., p. 6, n.8.—Klein, Miss pisc. 5,p.66, n. 4. — « Capilo flu- «wiatilis subruber,» Gesner., Ic. animal., p.298; et Thierb., p.466 b.—«Orphus Germarorum, etc,» Aldrov. Pise., p. 605. — Id, Jonston, Pise., p 153, 1. 2, fig. 7, lab. 26, fig. 9. — Frou-fish. Willugh?,, {chih. p. 253, ab. Q. 9, fig. 1 et 2 — Id. Rai, Pise -418.— Mars. Danub, 4, p.43, Lab. 5. — Meyer, ThierF 5, p.31, 1. 43. 2 Du sous genre ABLE, Leuciscus, dans le grand genre Cypein, de la famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacopté rygiens abdominaux, M.Cuv. D. 3 Cyprin royal, Bounaterre, pl. de l’Enc. méth. — Molina Hist. nat. Ch1., p. 198, n. 4. 4 M. Cuvier ne fait nulle mention de cette espèce. D. SMolina, Hist. nat. Chil., p.198, n. 5. — Cyprin caucus. Bonnaterre, pl. de l'Euc.méth, 8 M. Cuvier ne cile pas celte espèce, D. 1 Molina, Hist. nat. Chil., p. 499, n. 6. — Cyprin malchus Bonnaterre, pl. de l'Enc. meth, 8 Ce poisson, indiqué plutôt que décrit comme les deux exprin argenté, 36 à la caudale, — 40 rayons à chaque pec- | précédents et le suivant, par Molina, n’esl pas meulionné 582 le caucus, le malchus , et le jule, habitent les eaux douces de celte partie de l'Amérique; on trouve le cyprin gibèle dans la Germanie et dans plusieurs autres contrées de l’Europe ; on pèche le goleïan dans les petits ruisseaux ef dans les lacs les plus petits de la chaîne des monts Al- taïques; on rencontre le labéo et le leptocéphale dans les fleuves pierreux et rapides de la Dau— rie, qui roulent leurs flots vers le grand Océan Boréal; le chalcoïde se plaît dans la mer Noire, d’où il passe dans le Dniéper ; il se plaît aussi dans la Caspienne, d’où il remonte dans le Te- rek et dans le Cyrus, lorsque la fin de l'automne ou le commencement de lhiver amènent pour lui le temps du frai; et c’est auprès de Tran- quebar que l’on a observé le ciupéoïde, Quels signes distinelifs peuvent servir à faire connailre ces onze cyprins? Pour l’orphe : La beauté des couleurs, qui l’a fait rechercher et nourrir dans les fossés de plusieurs villes d'Allemagne, pour les orner et les animer; la petitesse de la tête; le jaune de Pris; la faeilité avec laquelle l'alcool fait disparaitre la vivacité par M. Cuvier, qui, en général ; n’accorde aucune confiance aux travaux de ce voyageur. D Cyprin jule. Bonnaterre, pl. de l’Enc. méth. — Molina, Hist. nat, Chil., p. 199, n.7. Autre espèce indiquée par Molina, et non cilée par M. Cuvier. D. !Gieben, en Prusse, — Kleiner karass, Giblichen, en Silésie. — Stein karausch, en Saxe. — Cyprin gibèle. Bon- sakwrre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 12.— Wuif. Ichth. Boruss., p. 50, n. 67. — larassi primunm genus. Wil- lughby, Ichth., p. 259.— Klein karas, etc. Gesner, Thierb., P- 166, b. # La Gibèle apppartient, selon M. Cuvier, au sous-genre des Canpes, dans le grand genre Cyprin. D. 15 Cyprin goléian. Bonnaterre, pl. de l’Enc. méth. — Pal- las, Et. 2, p. 747, m. 36. Celle espèce, décrite par Pallas, n’est pas citée par M. Cuvier, D. 15 Cyprin labe. Bonnaterre, pl. de l’Enc. méth. — Pallas, It. 3, p. 703, n. 39-40. 16 Espèce dont la distinction est due à Pallas mais qui n’est pas citée par M. Cuvier. Il se pourrail néanmoins que le sous-genre LABéoN, Labeo, du graud genre CYPRIN, établi par M. Cuvier, dût renfermer ce poisson, D. 17 Pallas, 1 3, p. 703, n. 40. — Cyprin pelile-têle. Bonna- terre, pl. de l’'Enc, méth. 18 Pallas à fait connaître cette espèce, qui n'est rapportée, par M Guvier, à aucun des sous-genres qu’il admet dans le grand genre CypriNn. D. Girnaya ziba, près des bords de: la Caspienne, — Ska- bria, auprés du Dniéper. — Cyprin chalroïde. Bonnaterre, pl. de l'Enc. mêth. — Guldenst. Nov. Com. Petrop. 16, | P+ 540, lab. 16. — Cyprinus clupeoides P- 9%, n. 41. 20 M. Cuvier ne cite pas ce poisson, D. 21 Du sous-genre ABLE, Lenciscus, dans le grand genre CYrnin, famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacoptérygiens abdominaux, Cuv. D Pallas, It, 3, HISTOIRE NATURELLE de ses nuances ; la difficulté avec laquelle il vit hors de l’eau ; la couleur blanche et quelque- fois rougeñtre de sa chair, et son bon goût, sur- tout pendant le frai, et par conséquent dans le printemps ; l'avidité avec laquelle il saisit le pain que l’on jette dans les pièces d’eau qu'il habite; sa fécondité; les vingt-deux côles que chacun de ses côtés présente; les quarante vertèbres qui composent son épine dorsale. Pour le royal : Ses dimensions, à peu près semblables à celles du hareng; le jaune etla mollesse de ses na- geoires; le goût exquis de sa chair. Pour le caueus : Sa longueur d’un pied et demi. Pour le malebus : L'infériorilé de ses dimensions à celles du caucus. Pour le jule : Sa longueur de huit à douze pouces. Pour le gibèle : La couleur générale, qui est souvent noirâtre, et souvent d’un bleu tirant sur le vert dans la partie supérieure de lanimal, et d’un jaune doré dans la partie inférieure; les points bruns de la ligne latérale ; les nuances foncées de la tête; le gris de Ja caudale ; le jaune des autres nageoires; la facilité avec laquelle ce cyprin multiplie; la faculté de frayer, qu'il a dès sa troisième année; son poids, qui est quelquefois de deux ou quatre livres; la difficulté avee la- quelle on l’attire vers l’hameçon; la nature de son organisation, qui est telle qu’on peut le trans- porter à d'assez grandes distances en l’envelop- pant dans des herbes ou des feuilles vertes, qu’il ne meurt pas aisément dans les eaux dor- mantes, qu'il ne prend un goût de hourbe que diflicilement, et que très-peu d’eau liquide lui suffit pour vivre longtemps sous la glace; la double sinuosité de som canal intestinal; ses vingt-sept vertèbres ; ses côles, qui sont au nom- bre de dix-sept de chaque côté. Pour le goleïan : ù La direction de la ligne latérale qui est pres- que droile ; la pelitesse du poisson ; les taches de son corps et de sa queue; le brun argenté de sa couleur générale; les nuances pâles de ses nageoires. Pour le labéo : Sa réunion en troupes nombreuses; la rapi- dité avec laquelle il nage ; l'exceilent goût de sa |ébair ; sa longueur à peu près de trois pieds ; sa DES POISSONS. tête épaisse; son museau ‘arrondi; le brun de Ja caudale ; le rouge des pectorales, des ventra- les, et de la nageoire de l'anus. Pour Le leptocéphale : La couleur rouge de toutes les nageoires , 2xcepté celle du dos. Pour le chalcoïde : La forme générale qui ressemble beaucoup à celle du hareng ; la longueur, qui est d'un pied ; les écailles arrondies et striées ; le museau pointu; la surface lisse de la langue et du palais ; l’osse- let aplati et rude du gosier; le verdâtre argenté ét pointillé de brun de la partie supérieure de l'animal; le blanc de la partie inférieure ; les points noirs du haut de Piris, et la tache rouge du segment inférieur de cette partie; le brillant des opercules; les points blancs et saillants de la ligne latérale; la blancheur des ventrales et de presque loute la surface des pectorales ; la couleur brune des nageoires du dos et de la queue. Pour le clupéoïde : Qu'il ne parvient pas ordinairement à de gran- des dimensions *, LE CYPRIN GALIAN ?. Cyprinus Galian, Linn., Gmel. Lac. 8, Le Cyprin nilotique, Cyprinus niloticus, Linn., Gmell., Lac. 5. — C. Gonorhynque 5, Gonorhynchus …., Cuv.; Cy- prinus Gonorhynehus, Linn.,1Gm., Lac. 7, — C, Véron®, Leuciseus Phoxinus, Cuv.; Cyprinus Phoxinus, Linn., Gmel., Bl., Lac. ®. — C. Aphye 1, Cyprinus Aphya, Linn., Gmel., Bl., Lac, 11, — C. Vaudoise "2, Leuciscus vulgaris, Guv.; Cyprinus leuciscus, Linn,; Gmel., BI., Lacep 13, — C. Dobule ‘, Leuciscus Dobula, Cuv.; Gyprinus Dobula, Linn., Gmel., Bloch., Lacep.; Cyprinus Grislagine, Linn., Gmel, 15, — C. rougeûtre ‘8, Leuciscus rutilus, Cuv.; Cyprious rutilus, Lin., Gmel., Lac., BI. 17, — C, Ide 15, Leuciseus Idus, Cuv.; Cyprinus Idus, Linn., Gm., Lacep.; Cyprinns Idbarus, Linn., Gm. 1%, — €. Brggenhugen %, Abramis Buggenhagii, Bl., Linn., Gm., Lac, 21, — C. Ro- tenyle 2, Leuciscus erythrophthalinus, Cuv.; Cyprinus erytbrophthalmus, Bl., Lin., Gm , Lac. #3, Le galian habite dans les ruisseaux rocailleux | 1 A rs ons à Chaque pectorale du cyprin orphe, 22 à la na- geoire de la queue. — 15 rayons à chaque pectorale du cy- prin royal 21 à la caudale. — 46 rayons à chaque pectorale du cyprin caucus, 29 à la nageoire de la queue. — 14 rayons à Chaque pectoraie du cyprin malchus, 18 à la caudale — 49 rayons à la wayeoire de la queue du cyprin jule. —15 rayons à chaque perlorale du cyprin gibèle, 20 à la caudale, — 47 rayons à chaque pectorale du cyprin chalcoïde, 49 à la na- geoire de la queue. — M rayons à chaque peclorale du cy- prin clupéoïde, 23 à la candale, 2 Lepéchin, IL 2, tab. 9, fig. 4, 5; Nov. Comm. Petrop. 45, p. 491. $ Non cilé par M. Cuvier, D, # Cyprin roussarde. Daubenton et Haüy, Enc. méth., — 583 des environs de Cathérinopolis en Sibérie, Sa longueur est de quatre pouces. Il a des taches brunes, sur un fond olivâtre ; le dessous de son Id. Bonnaterre, pl. de l’Enc. méth. — Mus. Ad. Frid, 2 P. 108. — Cyprinus rufescens. Hasselquist, Il, 393, n, 94, $ M. Cuvier ne fail pas mention de ce poisson, qu'il n faut sans doute pas confondre avec le Cyprinus niloticus di M. Geoffroy. D. 5 Cyprin sauteur. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id, Bonuaterre, pl. de l'Enc. méth, — Gronov. Zoop. 499; lab. 10, fig. 2. 7 Du sous-senre GONORNYNQUE, Conorhynchus, Cuv, dans le rand genre CypRix, famille des Cyprinoïdes, ordre des Malacopterygiens abdominaux. D, 8 Vairon. — Sunguinerolla, Pardela , en Italie, — Mo rella, aux environs de Rome, — 0/szanca , en Pologne, — Erwel, Elritze, en Livonie. — Td. en Silésie. — Ellerling, en basse Saxe. — Grimpel, en Westphalie. — Elbute, en Danemarck. — Elve-ritze , en Norvège. — Pinck, Minow, Minim, en Angleterre, — Cyprin Véron. Daubenton et Haüy, Enc. méth.— 14. Bounaterre, pl, de l’Enc. méth. — Bloch, pl. 8, fig. 5.— Müller, Prodr. Zool. Dan., p. 50, n.430 — « Cyprinus tridactylus, varius , oblongus, etc. » Artedi, syn. 42. — « Phoxinus qui vulgô veronus (quasi varius) dici- tur Belouii,» — « Pisciculus varius (ex phoxinorum ge- nere).» Gesner, p.715 el 843 ; serm.), p.158 b.— « Phoxinus «lævis seu varius » Charleton, p 460. — « Varius seu phoxi- «nus lævis.» Aldrov., |. 5, ©. 40, p. 582. — 14. Jonston, |. 3 2, c.8,tab 98, fig. 1,2 et 3. — 1d. Willughby, Ichth. p. 268 — /d, Rai, p.125 — Véron. Rondelet, part. 2, poissons de rivière, & 26 — Brit Zool. 3, p. 318, n.11. ° Du sous-senre ABLE, Lenciscus, dans le grand genre Cyrrin, Cuv. D. 10 Spierlinq , Moderliepken, en Allemagne. — Pfrille, en Bavière. — Mutterloxeken , en Prusse. — Gallien ,en Sibé- rie. — Solsensudg, en Laponie. — Loie, Gorlole, Kime, Gorkme , 'Gorkytte, en Nurvèze, — Mudd, Build , en Suède. Quidd , Igglina, en Dalécarlie. — Gli, en Gothie. — A/kutta, en Dalie., — Cyprin Aphye. Daubenton et Haüy, Enc. méth, — 14. Bonvaterre, pl. d: l'Enc. méth. — Bloch, pl. 97. — Fauu. Suec. 374. — Cyprinus minimus, 11. Wgoth. 232, — « Cyprinus biuncialis, iridibus rubris, etc. » Artiedi, gen. 4, spec. 30, syn. 43. — Müller, Prodrom. Zool, Dan., p. 59, n. 431. 1 L’aphye n’a pas été citée par M. Cuvier. D. 3 Dard, — Sophio.— Saiffe. — Abugrgmby, Gugrumby, Budjen , en Arabie, — Zinnfisch ; Seele, pendant son jeune âge ; Agoneu, Lagonen, quand il approche de tout son dé- veloppement; Laugele, quand ÿ a atteint tout son dévelop- pement, en Suisse, — Lauben, Windlauben, en Bavière. — Weisfich, en Allemagne. — Vittertje, en Hollande. — Dace, Dare, en Awg'eterre. — Cyprin Vaudoise, Daubenton « jet Haüy. Enc. méth. — 14 Bonnaterre, pl de l'Euc. méth Bloch , pl. 97. — « Cyprinus novem diglorum, etc.» Ar- tedi, syn. 9. — Lenciscus. Charleton, p. 456 — 1d. Jonston, 1.3,1.1,0c. 73 et tab, 26, fig. 44. — Id. Willughby, p. 260. — Id. Rai, p. 121. — Vaudoise, Rondelet, part. 2, poissons de rivière, ©, 44. — « Leucisei secunda species ; leucisci fluvia- La tilis secunda species; leuciscus Bellouii, qui albicilla, vel « albicula latiné dici potest.» Gesner, 26, 27, icon. animal, p. 2905 et (germ.) fol, 162, — « Lruciscus secundus Ronde- «lelii.» Aldrov., 1 5, ec, 22, 607. — « Leuciscus seu al. «bula.» Bélon, Aquat., p. 313. — Brit. Zool. 3, p. 312, n. 8. 13 La vaudoise appartient au sous-genre ABLE, Leuciscuts, dans le grand genre Cyprin de M Cuvier, D, 14 Sége, Brigne bâtarde, à Bordeaux. ( Note communiquée par M. Dutrouil, officier de santé, etc.) — Sc hnofiltsch, à Strasbourg, — Dobel, Sard dobel, Diebel, Tievel, Ehrl, Sand-ehrl, Weissdobel, pendant son jeune âge; Rotldobel, HE corps est rouge. Ses écailles sont arrondies et fortement attachées à la peau. Le nom du nilotique annonce qu’il vit dans le Nil. quand son âge est assez avancé pour que ses nageoires soient rouges, en Allemagne, — Hassel, en Autriche, — Hasslng, Weissfisch, en Siésie, en Saxe, en Poméranhie. — Tabelle, Tubarre, en Prusse. — Dobeler, Manusebeisser, daus quelques environs de l’Elbe. — bover, dans le Holstein. — Hes-sele, Hesling, en Danemark. — Cyprin dobule, Cyprin grislagine. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — 1d. Bounaterre, pl. de l'Ene. méth. — Bloch, pl. 5. — Müller, Zool. Danic. Prodr., p. 50, n. 432. — « Cyprinus pedalis, «gracilis, oblongus, crassiusculus, etc.; ef cyprinus oblon- «gus figurâ rutili, ete; et cyprinus oblongus, iride argen- «leä, etc, » Ariedi, gen. 5, spec. 12, syn. 5 el 10. — « Mu- « gilis vel cephali fluvialilis genus minus, et capilo vel squa- «lus fluviatils minor, » Gesner, p. 28, et germ., fol. 470 a. —(«Capilo fluviatilis, sive squalus minor.» Aldrov.,l.5, c.18. p. 603. — Id. Jouston, 1.3, L4,c.6, a 2.— Capilo minor, Schonev., p. 30, — « Mugilis vel cephali fluviatilis shecies «minor, et grislagine, ete. » Willughbv, Ichth., p 261 et 263. — Id. Rai, p. 122 et 123. — Lesk Spec., p. 38, n.6 — Kram. El, p. 394, n. 10. — Klein. Miss. pisc. 5, p. 66, n. 5. — Faun. Suec, 367. — Act. Ups. 1744, p. 35, tab.3. — Gronov. Mus.1,n.148. 5 Du sous-genre ABLE, Leuciscus, dans le grand genre Cyprrix, Cuv. D. 16 Rosse, — Piota, en ltalie. — Rothflosser, Rodo, en Al- lemayne. — Rothuuye, Rothethe, en Saxe. — Rothfrieder, à Magdebourg — Plotze, en Prusse, — Jotz, Gacica, en Po- logr.e, — Radane, Raudi , en Livonie, — Flotwi, en Russie. Ræskalle, Fles-roie, en Norvège. — Rudskulle, en Dane- marck. — Woorn ,en Hollande. — Roach , en Angleterre, — Cyprin rousse. Daubenton et Haüy, Enc. méih. — 1d. Bon- paterre, pl. de 1 Enc. méth. — Faun. Suec, 372. — Bloch, pl. 2. — Kælreuter, Nov Comm, Peirop. 15, p. 494 — « Cy- «prinus,iride, pinnis veniris ac ani plerumque rubentibus. » Artedi, gen.3, spec. 40, syn. 40.— Rubiculus Figul. fig 5 a. — Rosie. Belon, — « Rutilus sive rubellus fluvialilis. » Ges- ner, p. 281, et (germ.) lol. 467 a. — Id. Willuzhby, p. 262. — Id, Rai, p. 122. — Id. Charlet., p. 458. — Rutilus Gesneri, Aldrov., 1. 5, €. 32, p. 621. — « Rutilus fluviatilis Gesneri. » Jonst., 1. 3, 1. 4, €. 44, p. 130, tab. 26. — « Rulilus, rubellio, «rubiculus. » Schonev., p. 63. — Gronov. Mus. 1, n. 8; Zooph., p. 107, n. 338; Act Upsal 474, p. 74, n.51 et 52; Act. Helvel. 4, p.268, n. 183. — Klein, Miss. pisc. 5, p. 67, n. 9, tab,48, fig. 1, — Brit. Zool. 3, p.311, n. 7. 17 Du sous-genre ABLE, Leuciscus, dans le genre CYPRIN, Cuv. D. 18 KHühling, en Westphalie. — Dœbel, en Poméranie. — Nerfling, Efling, Bradfisth, en Autriche. — Poluwana, en Talarie.— Juss, Plotwa,en Russie — 1d Tiosck{ jæting, n Suède, — Rod fiæwrig, en Norvège. — End, en Dane- narck. — Cyprin ide, Caprin idbare. Daubenton et Haü, Euc. méth, — Id. Bounaterre, pl. de l'Enc. meth. — Bloch, pl. 36. — Faun, Suecic. 362. — Müll, Prodrom. Zoo!. Dan c., p. 51, 0. 436. — Kramer, El., p. 394, n. 1.—S.G Gmelin, IL. 3, p. 241. — « Cyprinus iride subluleä, etc.» Artedi, gen. 5, spec. 6, syn. 44, - Grouov. Mus, 1, p. 3, 0.13 1% Du sous-genre ABLE, Leuciscus, de M. Cuvier, dans le genre Cyprin. D, 2 Bloch, pl. 95. — Cyprin de Buggenhagen. Bonnaterre, pl. de l'Enc méd. 2 Du sous-yenre BRÈME, Abramis , Cuv., dans le grand genre CypriN. D. #2 bloize, daus l'Allemagne septent, — Rothauge, dans | l'Allemagne mérid., ete. — S:anuyu ketzegh, en Hougrie, — | HISTOIRE NATURELLE On trouve le gonorhynque auprès du cap de Bonne-Espérance + Le véron a le dessus de la tête d’un vert noir, les mâchoires bordées de rouge; les opercules jaunes; l'iris couleur d’or; le dos tont noir ot d’un bleu clair; presque toujours des bande lettes transversales bleues; des raies variées dé bleu, de jaune et de noir, onu de rouge, d’azut el d'argent; les nageoires bleuâtres et marquées d'une tache rouge. Presque toutes les nuances de l’arc-en-ciel ont donc été prodiguées à ce joh poisson, qui réunit d'ailleurs à l’agrément de proportions très-svelles toute la grâce que peut donner une petite taille. Il se plaît dans plusieurs rivières de France, de Silésie et de Westphalie. Sa chair est blan- che, tendre, salubre, de très-bon goût; et on le recherche comme un des poissons les plus dé- licats du Véser. On le pêche dans toutes les saisons, mais surtout vers le commencement de l'été, temps où il pond ou féconde ses œufs. On le prend avec une ligne, ou avec de petits filets dont les mailles sont très-fines. Il ne peut vivre hors de l’eau que pendant très-peu d’instants. Il fraie dès l’âge de quatre ans, et multiplie beaucoup. Il aime quelquefois à se tenir à la sur- face des eaux pures et courantes. Les fonds pier- reux ou sablonneux sont eux qui lui con- viennent, Il préfère surtout les endroits peu fréquentés par les autres poissons. Le professeur Bonnaterre a vu, dans les lacs de Bord et de Saint-Andenol des montagnes d’Au- brac, une variété du véron, à laquelle les habi- tants de la ci-devant Auvergne donnent le nom de Vernhe Les individus qui forment celte va- riélé ont une longueur de deux pouces environ; la tête comprimée et striée sur le sommet; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que celle d'en has ; le dos grisâtre; des taches bleues, jaunes et verdâlres sur les côté,; la partie infé- en Norvège. — Skalle, Rodskalle, en Danemarek, — Ruisch, Ried vooren, en Hollande, — Rud, Finscale, en Angleterre. — Cyprin sarve. Da benten et Haüy. Euc, meth, — Id. Bonnaterre, pl, de l'Ene. méth. Blch, pl 4. — Faun. Suecic, 366. — Kram. El., p. 393, nu, 9. — Müller, Proûr, Zool. Danc., p. 51, n. 437. — « Cyprinu., rude, pinis om- «ubus caudäque rubrs. » Arledi, gen. 3 srec. 9 3yn.4, — Wilughbs, 249, tab. Q 3, 62.4. — Erythrophrhalmns, eles Raï, p.116. — Rutilus. Leske, Spec., p.64, 1.44, — Gronov. Zooph. 4, p. 107, n 340, — Klein, Miss, pisc. 5, p. 63, n° à tab, 13, fig. 2, — Rubellus. Mars. Danub. #4. p.39, tab. 43, fis 4, — Brit, Zoo! 3, p.310, n.6.— M yer, Tnicrb.2, p. 45, 1. 53. 23 Du sous-genre ABLE, Lenciscus, Cuv., dans le grand genré CyYPuiN, ordre des Malaçupierygieus abdoninaux, fa- Ploc, Ploika, en Pologne. — Surt, en Suède, — Fluh-ro1e, | uuile des Cyprinoides. De DES POISSONS. rieure argentée ; une tache rouge et ovale à cha- que coin de l'ouverture de la bouche, ainsi que sur la base des pectorales et des ventrales !. Les anciens donnaient le nom d’Apäye(Aphya) aux pelits poissons qu’ils supposaient nés de l’é- cume de la mer. Le cyprin qui porte le même nom n’a ordinairement que dix-huit lignes à deux pouces de longueur. On le trouve sur les rivages de la Baltique, dans les fleuves qui s’y jettent, et dans presque tous les ruisseaux de la Nor- vège, de la Suède et de la Sibérie, Sa chair est blanche, agréable au goût, facile à digérer, Ses écailles se détachent aisément. Son dos est bru- nâtre ; les côtés sont blanchâtres ; le ventre est rouge ou blanc; les nageoires sont grises ou ver- dâtres. La couleur générale de la vaudoise est argen- tée ; les nageoires sont blanches ou grises; le dos est brunätre. L'Allemagne méridionale, l'Ita- lie, la France et l'Angleterre, sont la patrie de ce poisson, qui peut parvenir à la longueur de deux pouces. Il multiplie d'autant plus, que la rapidité de sa natation le dérobe souvent à la dent de ses ennemis. On le prend avec des filets ou avec des nasses; mais, dans beaucoup de contrées, il est peu recherché à cause du grand nombre de petites arêtes qui traversent ses mus- cles. Son péritoine est d’une blancheur éclatante, et parsemé de poiuts noirs; la laite est double, ainsi que l'ovaire; les œufs sont blanchâtres et très- petits. La dobule a le dos verdâtre; le ventre argenté; une série de points jaunes le long de la ligne la- térale ; toutes les nageoires blanches pendant sa première jeunesse ; les pectorales jaunes, la dor- sale verdàtre , l’anale et les ventrales rouges, la caudale bleuatre, quand il est plus âgé ; deux si- nuosilés au canal intestinal ; quarante vertèbres, et quinze côtes de chaque côté. On la pêche dans le Rhin, le Véser, l’Elbe, la Havel, la Sprée, l'Oder. Son poids est quel- quefois de deux à quatre livres. Elle préfère les eaux claires qui coulent sur un fond de marne ou de sable. Elle passe souvent l'hiver dans le fend des grands lacs; mais lorsque le printemps arrive, elle remonte et fraie dans les rivières, On veut voir alors de petites taches noires sur le 4 Le canal intestinal du cyprin véron présente deux sinuo- silés: son épine dorsale contient trente-quatre vertèbres ; el quatorze , quinze ou seize côtes sont placées de chaque côté de cette épine 585 corps et sur les nageoires des jeunes mâles. Elle aime quelquefois à se nourrir de petites sangsues et de petits limaçons. La grande chaleur lui est contraire : elle perd promplement la vie lors- qu’on la tire de l’eau. Sa chair est saine, mais remplie d’arûtes. Le eyprin rougeâtre pèse près de deux livres. Il montre des lèvres rouges; un dos d’un noir verdâtre ; des côtés et un ventre argeutins ; des écailles larges. Il a une épine dorsale composée de quarante-quatre vertèbres ; une grande pré- férence pour les eaux claires, dont le fond est marneux ou sablonneux. Bloch rapporte que dans le temps où les ma- récages des environs de l’Oder n'avaient pas élé desséchés, on y trouvait une si grande quantité de eyprins rougeâtres, qu’on les employait à engraisser les cochons. Leur chair est blanche et facile à digérer , mais remplie d’arêtes petites et fourchues. La cuisson donne à ces animaux une nuance rouge. On les pêche à l'hameçon, ainsi qu'avec des filets ; et on les prendrait avec d’au- tant plus de facilité, que leurs couleurs bril- lantes les font distinguer un peu de loin an mi- lieu des eaux, s'ils n'étaient pas plus rusés que presque tous les autres poissons des eaux douces de l'Europe septentrionale, Ils restent cachés dans le fond des lacs ou des rivières, tant qu’ils entendent sur la rive ou sur l'eau un bruit qui peut les alarmer. Lorsqu'ils vont frayer dans ces mêmes rivières ou dans les fleuves, ils remontent en formant | plusieurs troupes séparées. On a cru observer que la première troupe est composée de mâles, la seconde de femelles, la troisième de mâles. Ils déposent leurs œufs, qui sont verdâtres, sur des branclies ou des herbes plus ou moins enfoncées sous l’eau. Le cyprin ide a le front, la nuque et le dos noirs ; le ventre blanc; les pectorales jaunâtres ; la dorsale et la caudale grises; l'anale et les ven- trales variées de blanc et de rouge. On le trouve dans presque toute l’Europe, et particulièrement en France, dans l'Allemagne septentrionale, ev. Danemarck, en Norvege, en Suède et en Rus sie, Il aime les grands lacs où il trouve de grosses pierres et des eaux limpides. Lorsque le prin< temps arrive, et qu'il remonte dans les rivières, il cherche les courants les plus rapides, et les rochers nus sur lesquels il se plail à déposer ses œufs, dont la couleur est jaune, et la grosseur | semblable.à celle des graines de pavot. Il fraie dès 14 586 la troisième année de son âge, «et parvient à une longueur d’un pied et demi, ét au poids de six ou huit livres Sa chair est blanche, tendre, et agréable au goût; ‘sa laiterest doulile , ainsi que son ovaires sa wessie natatoire grosse et séparée en deux cavités; son épine dorsale composée de quaranteiet une vertèbres, et articulée de chaque côlé avec quinze côtes. Mon savant collègue le professeur Faujas de Saint-Foud a trouvé un squelette d’ide dans la France méridionale, au-dessous de six cents pieds de Have compacte. On pèche le cyprin bugghenhagen dans la Pène de la Poméranie suédoise, et dans les lacs qui communiquent avec celle rivière. La chair de ce poisson, dont on doit la connaissance à M. de Buggenhagen, est blanche, mais garnie de pe- lites arêtes. 11 offre une lonsueur de douze ou quinze pouces. Il ressemble beaucoup aux brêmes, dont il précède souvent l’arrivée, et dont on la appelé le conducteur. Son dos est noirâtre; ses côtés et son ventre sont presque toujours argentés; des teintes bleues distinguent ses nageoires. Son anus est situé très-loin de sa gorge. î Le rotengle a communément un pied de lon- gueur. Son dos est verdâtre ; ses côtés sont d'un blane tirant sur le jaune; sa dorsate est d’un verdâtre mêlé de rouge ; ses pectorales sont d’un rouge brun, On doit le compter parmi les pois- sons les plus communs de l’Allemigne septen- trionale. Il multiplie d'autant plus que sa ponte dure ordinairement plusieurs jours, et que par conséquent un graud nombre de ses œufs doi- vent échapper aux effets d’un froid soudain, des inondations extraordinaires, et d’autres accidents analogues. Les écailles du mâle présentent, pen- dant le frai, des excroissances petites, dures et pointues. Ou peut le transporter facilement.en vie : mais sa chair renferme beaucoup d’arêtes ; elle est d’ailleurs blanche , agréable et saine. On compte seize côtes de chaque côté de r’épine du dos, qui comprend trente-sept ver- tèbres !. 144 rayons a chaque poctorale du cyprin galian, 49 à la sageoire de la queue. — 24 rayons à la caudale du cyprin ni- otique. — 18 rayons à la nageoire de la queue d cyprin £o torhynque. —17 rayous à chaque pectorale du cyprin véron, 20 à la caudale.—20 rayons à la nagvoire de li qui ue du cyprin aphye.—18 rayone à la caudile du eyprin vaudoise —15 rayons à chaque pectorale du cyprin dobule, 48 à la nageoire de a queue — 20 rayons à la caudale du cyprin roùgeâtre, — 19 HISTOIRE NATURELLE LE CYPRIN JESSE#. Leuciscus Jeses, Cuv.; Cyprinus Jeses, Linn., Gmel, BL., Lac.?. Le Cyprin Nase 3, Leuciscus Nasus, Cuv.; Cyprinus Nasus, Linn., Gmel., BL, Lacepf.— C. Aspe$, Leuciseus Aspius, Cuv.; Cyprious Aspius, Bloch, Linn,. Gmel., Lac 6. — C Spirlin?, Leuciscus bipunctatus, Cuv.; Cyprinus bipunc talus, BI, Linn., Gmel.; Cyprinus Spirling, Lacep #. — € Beuviére®, Leuciscus amarus, Cuv.; Cyprinus armarus BI, Liun., Gmel., Lacep.10, — C. Américuin , Cyprinuf americanus, Linn., Gmel, Lac.l2, — C. Able 3, Leuciseus Alburous, Cuv.; Cyprinus Alburnus, Linn., Gmel., Bloch Lac, — C Vimbé, Abramis Vimba, Cuv.; Cyprinus Vimba, Bl., Linn., Gmel., Lac.'6 — C, Bréme 17, Abra- mis communis, Cuv.;Cyprinus Brama, Linn , Gmel, Lac.t8, — C. Couteau ?, Leuciscus culiratus, Cuv; Cyprinus cultratus, Linn., Gmel., Bl., Lae 2, — C, Farène 1, Cy- prinus Farenus, Linn., Gmel., Lac.??. Le jesse a le front large et noirâtre; le dos et les opereules sont bleus; les côtés sont jaunes rayons à la nageoire de la queue du cyprin ide. — 48 rayons à la caudale du cyprin buggenhagen. — 20 rayons à la na- groire de la queue du eyprin rotengle. 1 Vilain. — Meunier. — Chevanne. — Chevesné. — Che- venne. — Testard.— Barbottenu. — Garbottin. — Garbot- teau. — Chabo.xseau. — Genglin, quand il ne pèse pas deux hvres; Bratfisch, quand il pèse deux livres el au-dessus, en Autriche, — Deverckesogi, en Hongrie. — Dæbel, quand il est encore tlrès-jeune; &icbel, Dikkopf, lorsqu'il est plus âgé , en Saxe. — Aland, ans le Brandebourg. — Hwkopf. lagenfisch, Divel, dansla Ponéranie. — Gæse, en Prusse. — Cyprin jesse, Daubenlon et Haüy, Euc. méth, — 1d. Bonuaterre, pl. de l'Enc niéth. — Bloch, pl. 6. — Cyprinus cubitulis. Arledi, syn. 7.—-«Capito fluvialis cæruleus, et «capilo fluvialilis ille que jesem voc. ni, ele. » Gesner, Paralip.,p 9, et(germ), p. 469 — « Capito cæruleus Ges- «neri. » Aldrov., L 5, ©. 49, p. 603. — 14. Willughb, Ichth. p-. 256, ab. Q. 6, fig. 3. — Id. Rai, p.126. — « Cyprinus « dobula, etc. » Leske, Spec., p. 34, n. 5. — Klein, Miss. pisc. 5, p. 68, n. 43. — Munier, ou viluin, premiére espèce de muige, Roudelet, part. 2, Poissons de rivière, C. 42. — Marsig Dauub. 4, p. 53, tab. 48, fi3. 1. — Meunier. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat. 2 Du sous-senre ABLE, Leuciscus, dans le grand genre Cxpiun, de la famille des Cypriuoïdes, ordre des Malaco- piérygiens abdominaux, Cuv. D. 3 Écrivain. — Ventre noir. — Poisson blanc, pendant qu'il est jeune. — Savetta, Suelta, en Atalie. — Nasting, en Autriche. — Æsling, en Allemagne. — Schnæper, Schwara- bauch, en Poméranie. — Schneider fisch, aux euvirons de Dantzig. — Cyprin nase. Daubenton el Haüy, Euc, meth, — id. Bounaterre, pl. de l'Enc. méth — Bioch, pl. 3, — «Cyprious rostro nasiformi prominente, etc.» Ariedi, gen. 5 syn. 6. — Nasus, ele. Gesner, 620, et (germ.), {. 470 b. — 14 \idrov, L. 5, ©. 26, p. 610. — Id. Schonev., p. 52. — Id. Charleton, p. 456. — Id. Jonston, 1.3, L 4, €. 9, tab. 24 fig. 45.—Nasus Alberti, Willughby, p. 254, lab. Q. 40, fig. 6 — Id. Rai, p. 449.— Gronov. Mus. 2, n. 147; Zocph, p. 105, n. 332; Act. Helvet. 4, p. 268, n. 484. — Kramer, El., p. 394 n. 42. — Klein, Miss. pisc. à, p. 66, n. 6, tab. 46, fig. 4. — Nasus. Marsig. Danub. 4, p. 9, tab. 3. — Nase. Meyer. Thierb. 2, p. 3, L 44. 4 Du sous-genre ABLE, Leuciscus, Cuv., dans le gran geure CYPRIN. D. 5 Srheed, en Autriche. — Rappe, en Silésie, — Raubalet Aland, en Saxe. — Rapen, en Prusse, — 45p, em Suède. — DES POISSONS. au-dessus de la ligne latérale, et d’un bleu ar— gentin au-dessous ; une série de points d’un jaune brun marque cette même ligue; le bas des Bla-spol, en Norvège. — Cyprin aspe. Daubenton el Haür. Enc. méth. — 1d. Bonnaterre, pl. de l'Enc. mélh. — Raphe. Bloch , pt. 7. — Faun. Suecic, 361. — « Cyprinus maäagnus «Crassus argenteus, ete. e/ cyprinus maxillà inferiore lon- « giore, cum apice elevato, ele. » Artedi, gen. 6,, spec 45, syn, 8 el 44. — «Rappe, ec capito fluviatilis rapax, etc.» Gesner, Paral., p. 9 (ed. Franef.), fol, 469, b, et (germ.) 170. — Id, Gesneri. Aldrov., l: 5,6. 20, p. 604. — Id. Jonston, 1.3, 1,0. 6, à, 3, Lab. 26, fig. 8. — Id. Willughby, p. 256. — Id. Rai, p. 120. — Rupax. Schonev., p. 30. — Kramer, El., p. 391, n. 4 — Leske, Spec., p: 56, n. 12. — Klein, Mis- pise. 5, p. 65, n. 4. — Marsig. Danub. 4, p. 20, tab. 7, fiz. 2. 6 Du sous-senre ABLE, Leuciscus, dans le grand genre des Cyprins, Cuv. D 1 Lauben, en Bavière.— Aland bleke, en Westphalie. — Cyprin spirlin. Bonnaterre, pl. de L'Euc. méth. — Bloch, pl. 8, fig. 1. $ Du sius-genre ABLE, Leuciseus,. dansle grand genre CyPRiN, Cuv. D. 9 Bitterling, en Allemagne. — Cyprin Bouvière. Bonna- terre, pl. de l'Enc. méth — Bloch, pl. 8, fig. 3. 10 Dans la première édition du Règne animal, M. Cuvier cile ee poisson comme apparlenant à son sous-genre ABLE Leuciseus, dans le grand genre Cyprin. La cilalion de celte espèce est supprimée dans la seconde édition du même ou vrage. D. 1 Silverfish, dans la Caroline. — Cyprin azuré. Dauben- ton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — «Cyprinus americanus, »— «Cyprinus pinnâ ani «radiis sexdecim, corpore argenteo, pinnis rufis. » Bosc, notes manuscriles déjà citées, 12 M. Cuvier n’a cité le cyprin américain que dans la pre- rière édition du Règne animal Il le rapporte au sous-genre ABLE, Leuciscus, du genre CypriN. D. 13 Ablette. — Ovelle. — Borde. — Nesteling, Zuwmpal fischlein, en Allemagne. — Schneider fischel, Spitzlauben, Windlauben, en Autriche, — Bälte, Blercke, Oche'betze, Vecheley, Weidenblatt, en Saxe. — Ockeley, en Silésie. — Gusezova, en Pologne. — Aukschie, en Lithuanie. — Plite, Maile, Wulykalla, en Livonie. — Kalinkan, en Russie. — Loja, en Suède. — Mort, en Norvège. — Skalle, Luyer, Blikke, en Danemarck. — Witinck, Witecke, en Schleswig. — Mayblecke, en Westphalie. — 4/phenaur, en Hollande. — Bleak, en Angleterre: — Cyprin able, Daubenton el Haüy, Enc. méth. — 14. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 8, fig. # — Able, Valmont de Bomare, Dict. d’hist nat. — Faun. Suec. 377, — Kramer, El., p. 395, n. 14. — Müll. Prodr. Zool. Danic., p. 51, n. 439. — « Cyprinus quiu- «cuncialis, ele. » Artedi, gen. 6, spec. 17, syn. 40. — 4/bur- nus. Auson. Mosell. v. 426. — Id Wotton,l. 8,e. 490, f 469. b. — Rondelet, part. 2, Poissons de rivière, €. 30. — Alburnus Ausoniü. Gesner, p. 23; el (germ.) f. 459 a — Id. Atdrov., 1.5, € 37, p. 629. — Id. Jonston, L 3, L. 3, © 4, p. 446, lab. 29, fig. 13. — Id. Charlel., p. 164 — Id Wil- lughby, p. 263, tab, Q. 10, fig. 7. — Id. Raï, p. 123. — Ablat Bélon. — 4Abula minor. Schonev., p. 44. — Gronov. Mus 1. n. 40; Zvoph , p 106, n.336; Act Ups. 174, p. 75, n. 58 — Leske, Spec., p 40, u. 7. — Brit. Zoo! 3, p.345, n, 10. — Klein, Miss. pise. 5, p.68, n 16, lab 48, üg. 5. 14 Ce poisson est le type du sous-genre ABLE, Leuciscus, admis, par M. Cuvier, dans le grand genre ds Cyrrins, D 15 Zurthe,en Aliemagne. — Wengalle, Wemgulle, Sie- bris, en Livonie. — Taraun, en Russie. — Cyprin vimbe, Daubenton, et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, p. 4. — Faun. Suecic. 368, — Müll. Prodr. Zool. Dan., pl. 5, n. 440, — « Cyprinus anadro- a mus, elc., eéeyÿprinus rosiro nasiformi, etc.» Artedi, gen. 6 587 écailles est bordé de bleu, ainsi que la caudale ; les pectorales, les ventrales et l’anale sont d’un violet clair, Le cyprin jesse nage avec force; il aime à lutter contre les courants rapides, et cependant il se plait dans les eaux dont le mouvement est retardé par le voisinage des moulins. Le frai de ce poisson dure ordinairement. pendant huit jours, à moins que le retour du froid ne le force à hâter la fin de cette opération. IL pèse de huit à dix livres, mais il croît lentement. Il mulli- plie beaucoup: le défaut d’eau ne lui ôte pas tès-promptement la vie. Sa chair est grasse, molle, remplie d'arêtes, et devient d’une cou- spec. 18, syn. 8 et 44. — Capito'anadromus, Gesn., p. {1 eL 1269 ; et (germ.) f. 480 ; et Paral., p. 41.—Id. Aldrov:, l. 4. c.7. p. 513. — Id. Jonston, l. 2, t. 4, c. 5, L 23, fig. 6. —Id. Charleton, p.151.— 14. Willuhghy, p. 257.— Id. Rai p., 420, — Leske, Spec. p. 4, n. 8. — Klein, Miss. pise. 5, p. 65, n. 3. — Marsig. Danub. 4, p. 17, tab. 6. 15 Du sous-genre Brème , 4bramis,, dans le grand genre des Cyprins, Cuv. B. 17 Braexen, en Portugal. — Scarda, Scardola , en Italie. Breilzen, Brassen, Braden, Windluuben, lorsque ce pois- son es encore jeune. — Pessegi, en Hongrie. — Bleye , Brassle, en Saxe.—Schoss-bley, lorsque la brême n'a qu’un an ou deux; Bley-flinnk, lorsqu'elle a trois ans, dans la Marche électorale.—Bressmen, eu Prusse. — Rhein braxen, à Dantzig —Klorzez, en Pologne.—Flussbrachsen, Plaudis, Lattikar, en Livonie,—Letsch, en Russie.—Brax, en Suède, — Brasem, en Danemarck. — Bream, en Angleterre, — Cyprin Bréme. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — 1d Bon- naterre, pl. de l'Enc. méth. — Bloch, pl. 13. — Faun. Suecic 360.— Wulff kchth. Bor:, p 49, n. 66.— Müil. Prod. Zoo. Danie., p. 31, n 441. — « Cyprinus pinnis omnibus «nigrescentibus, etc. » Artedi, gen 6, spec. 22, syn. 4. — Abramus, ete. Charlelon, 462. — Brame, Rondelet, part. 2, voissons des lacs, €. 6. — «Cyprinus latus sive brama. » Gesner, p. 316, 347; el (germ.) 465 b. — Id. Willughby, p- 248, tab. Q. 10, f. 4. — Id. Rai, p. 146.— 1d. Schon., p. 33. — Aldrov., [. 5, c. 42, p. 641-642. — Jonston, | 3, L. 3, c. 8, p.165, tab. 29, fig. 5 — Gronoy. Mus. 1, n.44; Zooph. 4, u. 345.— Kicin. Miss. psc. 5, p. 71, n. 4. —Ruysch. Theatr. anim. 4, p. 473, Lab. 29, fig. 5. — Marsig. Danub. 4, p. 49: tab, 16-17.— Brit. Zool. 3, p. 309, n. 5. — Meyer, Thierb. 4, L 72 18 La Bnème est le lype d’un sous-genré particulier, Abramis, formé par M. Cuvier, dans le genre Cyprin. Di 19 Sichel, en Autriche. — Sæblar, en Hongrie. — Ziege, en Prusse, — Zicke, en Poméranie. — Skerknif, en Suède — Zuble. Tschecha, en Russie, — Tschekou, sur les rives du Wolga. — Cyprin couteau. Waubenton et Haüy, Enc. méth.— 14. Bonnaterre, pl. de l'Enc métb. — Bloch, pl. 37. — 1. Scan 82, t 2. — Faun. Suecic. 370. — Krammer. El, p.392, 0.5. — Wulff. Ichth. Bor., p. 40, n. 51. — Klein Miss. pisc..5, p. 74, n. 2 eL3, Lab. 20. fig 3.—Mars. Danub. 4 p: 21, lab. 8. 2 Le couteau ou Rasoir, Cyprinus cultratus, Linn., ape partient, selon M. Cuvier, au sous-senre ABLE, Lenciscus, dans le grand genre Cxpmin. Il forme, avec quelques espèces de Pinde, un petil groupe auquel Buchanam a imposé le noi de Chela. D. 2 Faren. Artedi, spec. 23— Faun. Suecic. 369. — Cyprin furène. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — 14. Bonnaterre, pl. de FEuc. méth. 2 Ce poisson n’est pas cilé par M. Guvier. D, 588 leur jaune lorsqu’elle est cuite. On le trouve dans les fleuves et dans les rivières de presque toute l'Europe tempérée et septentrionale. Ses œufs sont jaunes, et de la grosseur d’une graine de pavot. L'épine dorsale est composée de quarante vertèbres. On compte dix-huit côtes de chaque côté. Le nase a le péritoine noir. Les nageoires sont rougeâlres, excepté la dorsale qui est presque poire, et la caudale, dont le lobe inférieur est rougeâlre, pendant qu’une nuance noirâlre règne sur le lobe supérieur. La nuque est noire; le dos noirâtre, et chaque côté blanc, de même que le ventre, Lorsque ce eyprin pèse deux livres, il ar- rive souvent que ses nageoires offrent une cou- leur grise. Il se plait dans le fond des grands lacs, d'où il remonte dans les rivières, lorsque le prin- temps, c’est-à-dire la saison du frai, arrive. Ses œufs sont blanchâtres, et de la grosseur d'un grain de millet. Pendant que cette espèce se dé- barrasse de sa laite ou de ses œufs, on voit sur les jeunes mâies des taches noires dont le centre est un petit point saillant. Sa chair est molle, fade, et garnie de beaucoup d’arêtes. Son canal intestinal présente plusieurs sinuosités ; chaque côté de l’épine dorsale, dix-huit côtes, et cette même épine, quarante-quatre vertèsres. Le nase habite dans la mer Caspienne, ainsi que dans un très-grand nombre de rivières ou fleuves de l’Europe, particulièrement de l’Europe du nord. On pêche à peu près dans les mêmes eaux l’aspe, dont la nuque est d’un bleu foncé ; l’o- pereule d’un bleu mêlé de jaune et de vert; le dos noirâtre ; la partie inférieure blanchâtre; la dorsale gnse pendant la jeunesse de l’animal, et ensuite bleue; la caudale également grise et bleue successivement; et l’anale peinte, ainsi que les pectorales et les ventrales, de jaunâtre quand le poisson est peu avancé en âge , et de bleuâtre mêlé de rouge lorsqu'il est plus âgé. L'aspe parvient souvent au poids de dix ou douze livres. Ce cyprin peut alors se nourrir de très-petits poissons, aussi bien que de vers, de yégétaux, et de débris de corps organisés. Il préfère les rivieres dont le fond est propre, et le courant peu rapide. Il est rusé, perd aisément Ja vie, a beaucoup d’arêtes, une chair molle et grasse, trois sinuosités à son canal intestinal, dix-huit côtes de chaque côté, et quarante-quatre vertèbres, HISTOIRE NATURELLE Les eaux douces de l'Allemagne nourrissent k spirlin. Sa dorsale est plus éloignee de la tk que les ventrales. Cette nageoire est verdâtre ainsi que celle de la queue ; les autres sont d'unv couleur rougeâtre. Une tache verte paraît sur le haut de l'iris; les joues montrent des reflets argentins et bleus; le dos est d’un gris foncé ; un brun mêlé de vert règne sur les côtés au-dessus de la ligne latérale, dont le rouge fait ressortir la double série de points noirs qui distingue le spirlin; et la partie inférieure de ce cyprin est d’un blanc argenté. À mesure que l'animal vieil- lit, ou que ses forces diminuent, on voit s’affai- blir et disparaître le rouge de la ligne latérale. Le spirlin ne se plaît que dans les courants rapides, dout le fond est couvert de sable ou de cailloux. Il se tient ordinairement très-près de la surface de l’eau, excepté pendant le temps du frai. Ses œufs sont tres-petits et très-nom- breux; sa chair est blanche et de bon goût; ses côles sont au nombre de quinze de chaque côté, et son épine dorsale est composée de trente-trois vertèbres. La bouvière est un des plus petits cyprins: aussi est-elle transparente dans presque toutes ses parties. Ses opereiles sont jaunâtres ; le dos est d’un jaune mêlé de vert, les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne latérale, qui est noire ou d’un bleu d’acier ; la partie inférieure du poisson est d’un blanc éclatant ; la dorsale et la caudale sont verdâtres; une teinte rougeàtre est répandue sur les autres nageoires. La bouvière habite les eaux pures et courantes de plusieurs contrées de l’Europe, et particu- licrement de l'Allemagne. On ne la voit commu nément dans des lacs que lorsqu'une rivière les traverse. Sa chair est amère : ses œufs sont très- tendres, très-blancs et très-petits #, Le savant naturaliste Bose a vu le cyprin amé- ricain dans les eaux douces de la Caroline, Il nous à appris que ce poisson a les deux lèvres presque également avancées; que les orifices des narines sont très-larges ; que l’opercule est petit; l’iris jaune ; le dos brun; que la partie du ventre comprise entre les ventrales et l'anus es carénée, et que cet abdominal parvient à la lon- sueur de huit à douze pouces. Le cyprin américain se prend facilement à l'hameçon, suivant notre confrère Bosc; et lors- 1 On compte qualorze côles de chaque côté de l'épine dorsale du eyprin bouvière; et cette même épine renferme trente vertèbres. DES POISSONS. qu’il est très-jeune, on l’emploie comme une excellente amorce pour pêcher les truites. Il sert pendant tout l’été à la nourriture des habitants de la Carol ne, quoique sa chair sente la vase. Il varie beaucoup suivant son âge et la pureté des eaux dans lesquelles il passe sa vie. La mer Caspienne est la patrie de P’able, aussi bien que les eaux douces de presque toutes les contrées européennes. Ce eyprin a quelquefois huit à douze pouces de longueur; et sa chair n’est pas désagréable au goût. Mais ce qui la fait principalement rechercher, c'est l'éclat de ses écailles. L’art se sert de ces écailles blanches et polies, comme de celles des argentines et de quelques autres poissons, pour dédommazer, par des ornements de bon goût, la beauté que la fortune a moins favorisée que la nature, et qui, privée des objets précieux que la richesse seule peut procurer, est cependant forcée, par une sorte de convenance impérieuse, à montrer l'apparence de ces mêmes ohjets. Ces écailles argentées donnent aux perles factices le brillant de celles de l'Orient. On enlève avec soin ces écailles brillantes; on les met dans un bassin d’eau claire; on les frotte les unes contre les autres ; on répète celte opération dans différentes eaux, jusqu'à ce que les lames écailleuses ne laissent plus échapper de substance colorée; la matière argentée se précipite au fond du vase dont on verse avec précaution l’eau surabon- dante : ce dépôt éclataut est une liqueur argen- line, qu'on nomme essence orientale. On mêle celte essence avec de la colle de poisson; on en introduit, à l’aide d'un chalumeau, dans des globes de verre creux, très-minces, couleur de girasol ; on agite ces pelites boules, pour que la liqueur s’étende et s'attache sur toute leur surface intérieure ; et la perle line la plus belle se trou\e imitée dans sa forme, dans ses nuances, dans son eau, dans ses reflels, dans son éclat. Toutes les écailles de l’able ne sont cependant pas également propres à produire celle res- semblance. Le dos de ce cyprin est en effet oli- vâtre. Ses joues sont d’ailleurs un peu blenes ; des points noirs paraissent sur le front; l'iris est ar gentin ; les pectorales sont d’un blanc mêlé de rouge ; l’anale est grise; la caudale ver: âtre; la dorsale moins proche de la tête que les ventrales; l'œil grand ; la ligne latérale courbée; la chair remplie d’arêles. Bloch rapporte qu'il a vu des poissons métis 589 provenus de l’Able et du Rotengle. Ces mulets avaient les écailles plus grandes que l’able, le corps plus haut, et moins de rayons à la nageoire de l’anus. La vimbe a l'ouverture de la bouche ronde; l'œil grand ; l'iris jaunâtre; des points jaunes sur la ligne latérale : la partie supérieure bleuä- tre; l’inférieure argentine; le péritoine argenté; une longueur d’un pied et demi: la chair blan- che et de bon goût; dix-sept côtes de chaque cÔlé, quarante-deux vertèbres à l’épine du dos. Elle quitte la mer Baltique vers le commen- cement de l'été : elle remonte alors dans les ri- vières, aime les eaux claires, cherche les fonds pierreux ou sablonneux, ne se laisse prendre facilement que pendant le temps du frai, perd aisément la vie, a été cependant transportée avec succès par M. de Marwitz dans des lacs profonds et marneux, croît lentement, mais mulliplie beaucoup, et a été envoyée marinée à de grandes distances du lieu où elle avait été péchée, On dirait que la tête de la brème a été tron- quée. Sa bouche est petite; ses joues sont d'um bleu varié de jaune; son dos est noirâtre; cin- quante points noirs, ou environ, sont disposés le long de la ligne latérale; du jaune, du blane, el du noir, sont mélés sur les côtés; on voit du violet et du jaune sur les pectorales, du violet sur les ventrales, du gris sur la nageoire de l’anus. Ce poisson habite dans la mer Caspienne; if vit aussi dans presque toute l’Europe. On le trouve dans les grands lacs, et dans les rivières qui s’échappent paisiblement sur un fond com- posé de marne, de glaise et d’herbages. Il est l’objet d’une pêche importante. On le prend fréquemment sous la glace; et il est si commun dans plusieurs endroits de l’Europe bo= réale, qu’en mars 1749 on prit d’un seul coup de lilet, dans un grand lac de Suède, voisin de Nordkiæping, cinquante mille brèêmes qui pe- saient ensemble plus de dix mille livres. Plusieurs individus de cette espece ont plas de dix-huit pouces de longueur, et pèsent vingt livres. + Lorsque, dans le printemps, les brêmes cher chent, pour frayer, des rivages unis ou des fonds. de rivière garnis d’'herbages, chaque femelle es souvent suivie de trois ou quatre mâles Elles font un bruit assez grand en nageant en trou- 590 pes nombreuses; et cependant elles distinguent le son des cloches, celui du tambour, ou tout autre son analogue, qui quelquefois les effraie, les éloigne, les disperse, ou les pousse dans les filets du pêcheur. On remarque trois époques dans le frai des brèmes. Les plus grosses fraient pendant la pre- mière, et les plus petites pendant la troisième. Dans ce temps du frai, les mâles, comme ceux de presque toutes les autres espèces de eyprins, ont, sur les écailles du dos et des côtés, de pe- tits boutons qui les ont fait désigner par diffé- rentes dénominations, que lPon avait observés dés le temps de Salvian, et que Pline même a remarqués. Si la saison devient froide avant la fin du frai, les femelles éprouvent des accidents funestes. L'orilice par lequel leurs œufs seraient sortis, se ferme et s’enflamme; le ventre se gonfle, les œufs s’altérent, se changent en une substance granuleuse, glaante et rougeätre; l'animal dé- périt et meurt. Les brêmes sont aussi très-sujeltes à renfer- mer des vers intestinaux, et très-exposées à une phthisie mortelle. Elles sont poursuivies par l’homme, par les poissons voraces, par les oiseaux nageurs. Les buses et d’autres oiseaux de proie veulent aussi, dans certaines circonstances, en faire leur proie; mais il arrive que si la brème est grosse et forte, et que les serres de la buse aient pénétré assez avant dans son dos pour s'engager dans sa char- pente osseuse, elle entraine au fond de l’eau son ennemi qui y trouve la mort. Les brèmes croissent assez vite. Leur chair est agréable au goût par sa bonté, et à l'œil par sa blancheur. Elles perdent diflicilement la vie lors- qu'on les tire de l’eau pendant le froïd ; et alors où peut les transporter à vingt-cinq lieues sans les voir périr, pourvu qu'on les enveloppe dans de la neige, et qu'on leur mette dans la bouche du pain trempé dans de lalcool. M. Noël nous a écrit qu’on avait cru recon- naître dans la Seine trois ou quatre variétés de la brème. On peut voir à la tête d’une troupe de brêmes un poisson que les pècheurs ont nommé chef de ces e\prins, et que Bloch était tenté de regarder comme un métis provenu d’une brême et d'un rotengle. Ce poisson à Pœil plus grand que la brème ; les écailles plus petites et plus épaisses ; licis bleuâtre; la tête pourpre; les nagcoires HISTOIRE NATURELLE pourpres et bordées de rouge ; plusieurs taches rouges et irrégulières; la surface enduite d’une matière visqueuse très-abondante. Bloch considère aussi comme des métis de la brême et du cyprin large, des poissons qui ont la tête petite ainsi que le corps tres-haut du ey- prin large, et les nageoires de la brème. Ce dernier abdominal a trente-deux vertèbres, et quinze côtes de chaque côté de l'épine dor- sale. Le eyprin couteau a été pêché non-seulement dans le Danube, dans l’'Elbe, dans presque loutes les rivières de l’Allemagne et de la Suède, mais encore dans la Ballique, dans le golfe de Fiulande, dans la mer Noire, dans la mer d’Asow et dans la Caspienne. La dorsale de ce eyprin est située au-dessus de la nageoire de l'anus. Les yeux sont grands. Presque toutes les écailles sont larges, minces, sculptées de manière à presenter cinq rayons divergents, et faiblement attachées. La nugue est d’un gris d'acier; les côtis sont argentins; le dos est d’un gris-brun; les pectorales, dont la longueur est remarquable, l’anale et les ven- trales, sont grises par-dessus et rougeâlres par- dessous; la dorsale est grise, comme la nageoire de la queue. Le cyprin couteau parvient à la longueur d’un pied et demi, et au poids de deux livres. Il peut échapper plus difficilement que plusieurs autres poissons aux oiseaux de proie et aux poissons destructeurs, parce que son éclat le trahit, Ses ovaires sont grands, et divisés chacun en deux par une raie". Le farène appartient au lac de Suède nommé Méler. Il a les yeux gros; l'iris doré et ar- genté ; le dos et les nageoires noirâtres; une longueur de douze à quinze pouces; quarante- quatre vertèbres, et treize eôtes de chaque côté? 1 Le cyprin couteau a quarante-sept verlèbres, et vingt côtes de chaque côté. 2 20 rayons à la nageoire de la queue du cyprin jesse.—21 rayons à la caudale du cyprin nase —20 rayons à la nageoire de la queue du cyprin aspe.—20 rayons à la caudale du ey- prin spirlin.—20 rayons à la nagroire de la queue du eyprin bouvière. — 18 rayons à la caudale du cyprin américain. — 18 rayons à la nageoire de la queue du cyprin able. — 24 rayons à la caudale du cyprin vimbe. — 19 rayons à la na- geoire de la queue du cyprin brème.—19 rayons à la caudale du cyprin couteau.—19 rayons à la nageoire de la queue du cyprin farène. DES POISSONS. LE CYPRIN LARGE, Abramis Blica, Cuv.; Cyprinus Blica, BL; Cyptinus Latus, Linn., Gmel., Lac.; Gyprinus Bjorkna, Linn., mel. ?. Cyprin Sope 3, Abramis Ballerus, Cuv.; Cyprinus Balle- rus, Bloch, Lion., Gmel., Lacep. 4. — C. Chub S, Cyprinus Cbub, Lacep. 6, — C. Catastome ?, Catastomus.…, Cuv.; Cyprinus Catostomus, Lacep. 8. — C. Morelle ?, Cyprinus Morella, Lacep. 10, — C. frangé"\, Labeo fimbriatus, Cuv.; Cyprinus fimbriatus, Bloch, Linn., Gmel., Lacep. 12, — C. Faucille #, Leuciscu: falcatus, Cuv.; Cyprinus falcatus, Bloch, Lacep. 1 — C. bossu, Cyprinus gibbus, Lacep. !5, — L. Commersonnien, Cyprinus Gommersonniü, Lacep.16, — C. Sucet 17, Carastomus.……, Cuv.; Cyprinus Sucetla, Lac, 18, — C. Pigo 1, Cyprinus Pigus, Lac. 2, Nous n'avonspas besoin de répéter que, pour se représenter neltement les poissons dont nous 1 Plotze, Bleyer, en Saxe. — Geuster, Güchstern, Weis- fisch, en Silésie. — Bleicke, Jüster, en Prusse. — Bley weis- fisch Bleyblicke. à Dawzig. — Brasen, Bunka, en Norvège. — Pliten, Pli fisch, à Hambourg. — Bley, Bliecke, en Hol- lande. — «Cyprines quineuncialis; pinnä an, essiculorum «y ginliquinque. » Artedi, gen. 3, spec. 20, syn. 13. — Cy- prin plestie, Cyprin bierkna. Daubenton et Haüy, Enr. méth — Id. Bounat-rre, pl de l'Enc. méth. — Cyprin bor- delière, Cyprinus blicea. "Bloch, pi. 40.— Gronov. Zooph.1, p.140, m. 344. — Leske, Spec., pl 69, n. 45. — Klein, Miss. pisc. 5, p. 62, n. 4 — Bordelière. Roudelet, part. 2, Poissons des lacs, c. 8. — Wulff. Ichih. Bor:, p.51, n.69. — Ballerus et bicke. Gesuer, Aqua, p. 24; et (germ.)-p. 467 b. — Id Aldrov. Pise. p.645. — Id. Jouston, Pisc., p. 165, tab. 27, fig. 7.— Meidinger, Ic. pisc. Aust., 1. 7. 2 Ce poisson, que M. Cuvier nomme en français Bordelière. pelite Brême, ou Hazelin, est placé par lui dans le sous- genre BRÈME, Abramis, du grand genre Cyprin. D. 3 Zope, dans le Brand bourg.— Schwope, en Poméramie. — Bleyer, Rudulis, Surg, eu Livonie. — Ssapa, en Russie. — Blicca, Blecca , Braxen blicca, Braxen vanka, Braxen flin, en Suède, — Bunke, Brasen, en Norvège. — Flires Blikka, en Danemarck. — Cyprin bordelière, Daubeutou et Haüy, Euc. melb. — 1/4 Binnaterre, pl. de l'Euc. méth. — Sope, Bloch, pl 9. — Bord-lière. Valmont de Bomare, Dict. d'hist nal.—«Cyprinus admodüm latus et tenuis » Arledi, gen. 3, spec. 23, syn. 12. — Zope, Wulff. Ichlh. Bor., p. 50, n. 63. “ Du sous-genre BRÈME, Abramis, dans le grand genre Cxprin. — D. 5 Cyprin chevanne. Bonnaterre, pl. de l’'Enc. méth. 5 Le Cyprin chub ou chevanne n’est pas cité par M Cuvier. Al est probable qu'il appartient au sous-genre ABLE, Leucis- cus, dans le grand g-ure CXPRIN. — D. 7 Cyprin catostome, Bounaterre, pl. de l'Enc méth, — Forster, Trans. phil, L 65, p. 158. 8 Ce poisson parait ètre le Lype du sous-geure CATASTOME, Htabli par M. Cuvier, dans le grand genre des Cyprins. Les Calasiomes, dont M, Lesueur a décrit et figuré au moins seize espèces, sonltous des poissons d’eau douce, de l’Améri- que septentrionale. [ faut y ajouter le Cyprinus Leres de Mitchill, et le Cyprin suchet de Lacépède, décrit ci-après D. * Cyprin morelle Bounaterre, pl. del'Enc. meth. —Leske, Ichth. Leips. Spec., p. 48. 10 M. Cuvier ne fait aucune mention du Gyprin morelle, D. 1 Solkondei. en langue tamulique. — Bloch, pi. 412. 12 Du suus-genre LAëéoN, Labeo, formé par M. Cuvier, dansle grand genre Cyprin. Ce sous-genre LABEON renferme 591 traitons, il faut ajouter les traits esquissés dans le tableau générique à ceux que nous indiquons dans le texte de leur histoire, Le eyprin large a l'iris jaune et pointillé de noir; la courbure de sa nuque est excentrique à celle du dos; l’un et l’autre sont bleuâtres ; la ligne latérale.est distinguée par des points jaunes: les côtés sont d’un blanc bleuâtre au-dessus de celte ligne, et blancs au-dessous ; le ventre est bleu ; les pectorales et les ventrales sont rouges; la caudale est bleue; l'anale et la dorsale sont brunes et bordées d'azur, Le large est très-commun dans les laes et les rivières d’une grande partie de la France , de l’Allemagne.et du mord de l'Europe, Il a beau- coup d’arêtes. Sa timidité le rend diflicile à prendre, excepté dans le temps où il fraie, el où il est, pour ainsi dire, si occupé à déposer ou à féconder ses œufs, qu’on peut souvent le saisir avec la main, Il est d’ailleurs trahi par le bruit qu'il fait dans l’eau pendant l’une et l’autre de ces deux opéralions. Dans celte espèce, les femelles les plus grosses poudent les premières, et leur ponte dure com- muuément (rois où quatre jours. Huit ou neuf jours après paraissent les femelles d’une moyenne grosseur; el à une troisi me époque, éloignée de la seconde également de huit ou neuf jours , on voit arriver et frayer les plus petites. Le large multiplie beaucoup, perd difficile- ment la vie, pèse une livre; son épine dorsale est composée de trente-neuf vertebres, Le cyprin sope à la nageoire du dos plus éloignée de la tête que les ventrales. L'œil est grand ; le front brun; l'iris jaune et marqué de encore le Cyprinus niloticus de M. Geoffroy, et le Catasto- mus cyprènus de M. Lesueur. D, 15 Bloch, pl. 412. 1% M. Cuvier, dans la première édition de son Règne ani- mul, cite cette espèce parmi celles dont il co npose le sous genre ABLE, Leuciscus, dans le grand genre Cyrrix. D, 5 M Cuvier ne cile pas ceue espêce. D 16 Dans la première édition du Règne animal, M. Cuvier cite le Commersonnien comme appartenant au sous-genre ABLE, Leuciscus, dans le graud genre Cyrrin. D. 1 «Id. Cyprinus pinnâ ani, radiis novem; dorsali, duo« «decim; corpore albo ; are minimo: labio inferior recur- «vato.» Bosc. notes manuscrites déjà citees. 18 Du sous-senre CarasTromus, Cuv., dans le grand genre Cyenin. D. 1 picho. — Piclo. — Pigo. Cyprinus aculeatus. Ronée- let, pari. 2, Poissons des lacs, © 5. — « Cyprinus piclo, elc., « dicius. » Artedi, syn. 43. — Piclo, et piqus, Salvian., fol, 82 a ; icon, 17, et fol. 83. — Pigo.Valmont de Bomare, Dict d’hist. nat. 20 M. Cuvier ne fait aucune mention de celte dernière es- lpèce. D. 592 deux taches noires; la joue bleue, jaune et HISTOIRE NATURELLE individu desséché, mais bien conservé, dans la rouge ; l’opere:le peint des mêmes couleurs que | collection hollandaise cédée à la France. La la joue; le ventre rougeâtre; la couleur générale argentine ; le dos noirâtre; la ligne latérale dis- tinguée par des points no rs ; le bord des na- geoires d’un bleu plus ou moins vif, La supe se plait dans les eaux du Have en Po- méranie, et du Curisch-Have en Prusse. Elle a peu de chair et beaucoup d’arêtes. Son poils est quelquefois de deux à quatre livres. On compte dns cette espèce quarante-huit vertèbres et dix- huit côtes de chaque côté. Dans plusieurs rivicres de l’Europe habite le chub. Son dos ét sa nuque sont d’un vert sale: ses côles variée de jaune et de blanc; ses pecto- rales jaunes ; ses ventrales et son anale rouges ; le brun et le bleuâtre, les couleurs de sa cau- dale, On a observé dans la baie d'Hudson le calo- stome , sur lequel il faut remarquer les écailles evales et striées; la tête presque carrée et plus étroite que le corps; la strie longitudinale qui part du museau, passe au-dessous de l'œil, el ya se réunir à la ligne latérale; la teinte dorce de cette dernière ligne; la forme rhomboïdale de la dorsale, et la position de celte nageoire au- dessus des ventrales. La morelle a sept pouces et demi de longueur. Ses écailles sont parsemées de points noirs; le sommet de sa tête est d’un bleu sale; ses na- geoires sont couleur d'olive; son dos est ver- dâtre; le blanc règne sur sa partie inférieure. Elle a été observée dans plusieurs rivières d’AI lemagne. Elle a trente-sept vertèbres et seize eôtes de chaque côté. La tête du frangé est petite; son iris argentin et entouré de deux cercles rouges; sa langue dé- gagée; son palais uni; son dos violet, ainsi que ses nageoires; son ventre blanc; le tronc par- semé de points rouges. On l’a découvert dans les eaux douces de la côte de Malabar. Il est bon à manger; et, soigné dans un lac, il peut peser six livres, Les mêmes eaux du Malabar nourrissent le yprin faucille, dont l’anus est une fois plus éloi- mé de la tête que de la caudale, La tête de ce Joisson est pelile; Son palais et sa langue sont anis. Son iris es{ jaune; son corps et sa queue sont d’un argenté mêlé de bleu; le dos est bleu ; les nageoires sont rougeâtres, Les naturalistes ne connaissent pas encore l'espèce de cyprin bossu. Nous en avons vu un | nagooire dorsale est un peu échancrée en forma de faux. Le commersonnien, dont nous publions k; premiers la description, et que le savant Com- merson à observé, présente un double orifice pour chaque narine; sa tête est dénuée de petites écailles ; ses ventrales et ses pectorales sont ar- rondies à leur extrémité ; la dorsale s'élève vers le milieu de la longueur totale du poisson. Nous avons trouvé dans les notes intéressantes que notre confrère Bosc a bien voulu nous com- muniquer, la description du sucet, que nous avons fait graver d’après un dessin qu’il avait fait de cet abdominal, Ce cyprin est très-com- mun dans les rivières de la Caroline; sa chair est peu recherchée, et il est très-rare qu'il par- vienne à la longueur de quinze pouces ou envi- ron, Il montre un iris jaune, des nageoires brunes, un dos d’un brun plus ou moins clair, des côtés argentés, avec des taches brunes sur la base des écailles. Plusieurs lacs d'Italie, et particulièrement le lac de Côme et le lac Majeur nourrissent le Pigo. Son poids est quelquefois de six livres. Il fraie près des rivages. Sa partie supérieure est d’un bleu mêlé de noir, et sa partie inférieure d’un rouge faible et blanchâtre. Les mâles de presque toutes les espèces de cyprins montrent, pendant le temps du frai, des excroissances aiguës sur leurs principales écailles : il paraît que les pigos mâles présentent, dans ce même temps, des piquants qui ont quelque chose de particulier dans leur couleur blanchâtre, dans leur appa— rence cristalline, et dans leur forme pyramidale; et c’est de ces aiguillons qui n'étaient pas incon- nus à Pline, qu'est venu le nom que nous leur avons conservé. Ces piquants ne disparaissent qu'après trente ou quarante jours. La chair des pigos est très-agréable au goût !. "22 rayons à la nageoïire de la queue du cyprin large. — 19 rayons à la caudale du cyprin sope. — 47 rayons à cha- que pectorale du cypr n cato-lome, 47 à la nazcoire de la queue, — 19 rayons à la caud.le du cyprin morelle, — 47 rayons à chaque pectorale du cyprin frangé, 25 à la nageoire de la queue. — 44 ray ns à la caudale du cyprin faucille. — 49 rayons à la nageuire de la queue du cyp in bossu. — 49 rayons à la caudale du cyprin commersonnien, — 18 rayons à la nageoire de la queue du cyprin sucet. DES POISSONS. 593 SECONDE SOUS-CLASSE. {ment aiguillonné, mais épineux, et dont la membrane est légèrement dentelée sur le bord. Les opercules sont mous; le devant du dos pré- sente deux carènes qui divergent vers les na— POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l'intérieur du corps, osseuses. —@o- rines ; les yeux sont grands; la langue est épaisse et rude; les dents sont très-petites. La lèvre SECONDE DIVISION supérieure est courte; l’'inférieure se relève DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, presque perpendiculairement , et montre quatre petites dépressions demi-cireulaires : on voit trois enfoncements semblables sous l'ouverture buissons qui ont un opercule branchial, sans membrane | de SRE FES Qe ee 5 poitEns au a D'AnCh as | réunissent dans la partie inférieure du poisson pour y former une carène transparente, offrent dix ou onze plis. Le sternoptyx hermann vit dans l’île de la Jamaïque #, ot SIXIÈME DIVISION DE LA CLASSE ENTIÈRE. VINGT-UNIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS , où —Qo— PREMIER ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES OSSEUX. SECONDE SOUS-CLASSE. Poissons apodes, où qui n'ont pas de nageoires infé- POISSONS OSSEUX. rieures entre le museau el l'anus. : 2 : Les pasties solides de l'intérieur du corps, osseuses, DEUX CENT SEIZIÈME GENRE. LES STERNOPTYX !. TROISIÈME DIVISION Le corps et la queue comprimés; Le dessous du corps ca-\ DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, réné el transparent, une seule nageoïre dorsale. ot HER to AT de PPT Done SEPTIÈME DIVISION DE LA CLASSE ENTIÈRE. # n = J Le Srenvorryx gen-| 9fticulés à la nageoire du dos; | poissons qui ont une membrane branchiale, sans opercule treize rayons à celle de l’anus; la caudale fourchue ; point de ligne latérale, MANN. branchial. LE STERNOPTYX HERMANN?. VINGT-CINQUIÈME ORDRE * Sternoptyx diaphana, Herm., Linn., Gmel.; Sternoptyx DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, Hermann, Lac.5. ot Ce poisson, que nous dédions à feu notre PREMIER ORDRE confrère le professeur Hermann, et que ce sa- DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. vant a fait connaître aux naturalistes, a sa sur- , ee ne ne à É x Poissons apodes, ou qui n’ont pas de nageoires inférieure face dénuée d’écailles apparentes, mais argentée; entre Le museau et l'anus. son dos est d’un brun verdâtre; ses pecto- rales, sa caudale et sa cornée sont couleur del ‘8 rayons à chaque pectorale du sternoplix hermanr, : de nee N : 40 à la nageoire de la queue. succin. Sa longueur ordinaire est à peine de| 2 On ne connaît pas encore de poissons qui appartiennent quatre pouces. Une petite bosse paraît derrière | au vingt-deuxième, au vingt-troisième ni au vingl-quatritine la dorsale, dont le premier rayon, dirigé obli- | °"dre. ù quement, immobile et {rès-fort, est non-seule- 13 M. Cuvier adopte le genre SrerNoPrTyx d'Hermann, et £ place dans la famille des SALMONES, ordre des Malacopté- rygiens abdominaux. D. 2 Hermann, Naturf, 46, p. 8, tab. 1, fig. 12, u, T5 = DEUX CENT DIX-SEPTIÈME GENRE. LES STYLÉPHORES . Le museau avancé, relevé et susceptible d'être courbé en arrière par lemoyen d'une membrane, au point d'al- der toucher la partie antérieure de la tête proprement dite; l'ouverture de La bouche au bout du museau: point de dents ; le corps et la queue très-allongés et comprimés; la queue terminée par un filament très- long. ESPÈCE. CARACTÈRES. rh . Les yeux au bout d'un cylindre LE FRERE AR | épais; la couleur générale argen- liée. LE STYLÉPHORE ARGENTÉ?. Stylephorus chordatus, Shaw, Cuv.; Stylephorus ar- genteus, Lacep. 5. Un individu de cette singulière espèce, dont on doit la description à M. George Shaw, a été pris entre Guba et la Martinique, à dix ou douze lieues du rivage, nageant près de la surface de l'eau. Sa longueur totale était de plus de vingt- huit pouces; et le filament qui terminail sa queue avait plus d’un pied et demi de longueur. On ne pouvait distinguer aucune 6caille sur sa surface argentée. On apercevait sur son dos deux nageoires, dont la première partait de la tête, était très-longue, et n'était séparée de la seconde que par un intervalle très-court. Peut- être ces deux nageoires n'étaient-elles que deux portions d’une nageoire unique , altérée et di- visée en deux par quelque accident, Le museau était d’un brun très-foncé; les na- geoires, le long filament, et le cylindre oculaire, offraient des nuances d’un brun clair. La caudale était courte, disposée en éventail, composée de cinq rayons aiguillonnés ; l'animal avait trois paires de branchies. 13 M. Cuvier adopte le genre Siyléphore de Shaw, et le place à la suite des Trichiures et des Gymnètres dans la famille des Acanthoptérygiens Tænioïdes, ou Poissons en rubans. D. 2 Stylephorus chordatus. Georg. Shaw, Act. de la Société Linnéenne de Londres , décembre 1788, t. 4, p. 90. HISTOIRE NATURELLE SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l'intérieur du corps, osscuges. TROISIÈME DIVISION | DE [LA SECONDE SOUS-CLASSE , ot SEPTIÈME DIVISION DE LA CLASSE ENTIÈRE. Poissons qui ont une membrane branchiale, sans opercule branchial, VINGT-HUITIÈME ORDRE! DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou QUATRIÈME ORDRE DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. Poissons abdominaux , ou qui ont des nageoires inférieures placées sur l'abdomen, au delà des pectorales, et en deçà de la nageoire de l'anus. DEUX CENT DIX-HUITIÈME GENRE, LES MORMYRES ?. Le museau allongé; l'ouverture de La bouche à l'extrémité du museau; des dents aux mâchoires ; une seule na- geoire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. Soixante-trois rayons à la nageoire du dos ; dix-sept à celle de l'anus ; 4. : la caudale fourchue; le museau Le MORMYRE KANNU-| pointu et arqué ; la mâchoire in- ME. ferieure un peu plus avancée que celle d’en haut. Le museau pointu et droit; la mâ- 2. choire inférieure un peu plus LE MonMyYRE oxY- avancée que celle d'en haut; la RHYNQUE. dorsale régnant sur toute la lon- gueur du dos. [ Ningt-six rayons à la nageoire du dos ; quarante-un à celle de l'a- 3 nus; la caudale mnrst ri mu- fe seau pointu; les deux mächoires Le MORMYRE DEN- lee avancées: la dorsale DERA. placée au-dessus de l’anale, eLun peu plus courle que celle na- geoire. Le museau obtus; la mâchoire 4 OR GR AL Dal » e que la supérieure ; la dorsale pla Le or SALA- cée au-dessus de l’anale, Lu peu plus courle que celle na- geoire. 1 On ne connaît pas encore de poissons qui appartiennent au vingt-sixième ni au vingt-seplième ordre, 2 M. Cuvier, en adoptant le genre Mormyre de Linnée, le place à la suite de la famille des Ésoces, dans l'ordre des Malacoptérygiens apdominaux D. DES POISSONS. ESPÈCES. CARACTÈBES Le museau obtus; les deux mâchoi- res également avancées ; la dor- sale placée au-dessus de l'anale, el six fois plus courte que celle nageoire. Le museau obtus ; la mâchoire su- périeure un peu plus avancée que celle d’en bas; la dorsale étendue sur toute la longueur du dos, | Vingt-sept rayons à la nageoire du dos; trente-deux à celle de l'anus; la caudale fourchue ; le museau obtus ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que celle d'en bas; la dorsale située au-dessus de lanale, el égale en longueur à celle nageoire ; deux orifices à chaque narine. Le museau obtus; la mâchoire su- périeure beaucoup plus avancée que l’inférieure; la dorsale égale en longueur à la nageoire de l’a- nus, un seul orifice à chaque na- rine, 9 { Vingt rayons à la nageoire du dos; Le Monmyre nasser-) dix-neuf à celle de l'anus ; la cau- QUIST. | dale fourchue. Le PAS BÉBÉ. | Le MORATRE HERSÉ. Te Le MOoRMYRE CYPRI- NOÏDE. mn 8. Le MORMYRE BANÉ. LE MORMYRE KANNUMÉ!. Mormyrus Cannume , Forsk., Cuv.; Mormyrus Kan- nume, Linn., Gmel., Lac. ?. Le Mormyre Oxyrhynque 3, Mormyrus oxyrhynchus, Geoff., Cuv., Lacep.; Centriscus niloticus, Schn. f. — M. Den- dera, Mormyrus Dendera, Geoff., Cuv, Lac; Mormy- rus Herse, Sonnin., Geoff., Lacep.f. — M. Salahié?, Mormyrus labiatus, Geoff., Egypr., pl. vu, fig. 14 ; Mormy- rus Salleyhe, Cuv.; Mormyrus Salahie, Lac.$.— M. Bébé, Mormyrus dorsalis, Geoif., EgypL., pl. vu, fig. Mor- myrus Belbess, Cuv.; Mormyrus Bebe, Lacep.1°.—M. Her- sé!1, Mormyrus Herse, Sonn., Geoff,, Lac; Mormyrus Dendera, Geoff., Lac., Cuv.!2. — M. Cyprinoïde 3, Mor- myrus cyprinoides, Geofl , Cuv., Lacep.; Mormyrus Bane, Geoff., Lacep.!f, — M. Bané , Mormyrus Bane, Geoff, Lac.; Mormyrus cyprinoides, Geoff., Cuv., Lac. 16 — M. Hasselquist"7, Mormyrus Hasselquist, Lacep.; Mor- myrus Caschive, Hasselq.'8, Le Nil est la patrie des mormyres. C’est prin- cipalement d’après les notes manuscrites que 1 Kachoué ommou bouele, c'est-à-dire kachoué mère du baiser, en Arabie, suivant mon collègue Geoffroy. — Fors- kael, Faun. Arab., p. 75, n. 441. — Mormyre khannumé. Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth. — Id. Geoffroy, notes déjà citées. 2 M. Cuvier admet le Kannumé de Forskael, comme for- mant une espèce dislincle dans le genre MormyRE. D. 3 Mormyre oxyrlumque. Geoffroy. 4 M Cuvier cite celle espèce de MORMYRE, qui a élé repré- sentée par M Geoffroy, dans le grand ouvrage sur l'Ég gypte, pl. VI fig.1. D. $ Mormyre dendera. Geoffroy. — Mormyre caschivé. Daubenion et Haüy, Enc méth. — 14, Bonnaterre , pl. de l'Enc. méth.— Mus. Ad. Frid. 440. 6 Le Mormyre de Dendera étant, selon M. Cuvier, le même poisson que le Hersé de Sonnini, Geoffroy et Lacépède , il s'ensuit que, dans cet article, l'espèce du Herse devient pu- rement nominale. M. Cuvier fait aussi remarquer que c'est mal à propos qu'on a confondu le mormyre dendera avec le Caschive d'Hasselquist, qui en paraît différent par plusieurs traits essentiels, à en juger par sa description. D. 595 notre collègue M. Geoffroy a bien voulu, dans le temps, nous envoyer du Caire, que nous allons parler de ces poissons curieux, si mal con- ous encore, et dont les dénominations rappellent tant de prodiges, de monuments, de grands noms, de hauts faits, de siècles et de gloire. Et d’abord , voici les traits généraux qu'a des- sinés le professeur Geoffroy. Le museau allongé des mormyres a quelques rapports avec celui des quadrupèdes fourmiliers. On voit plus d’un rayon à la membrane bran- chiale ; et c’est à ces rayons que sont attachés les muscles destinés à mouvoir la mâchoire infé- rieure. Quatre branchies sont placées de chaque côté ; une masse de graisse est située au-devant de l'estomac, qu’un muscle épais peut contrac- ter, et d’une partie du canal intestinal , qui, après avoir tourné autour de deux cœæcums égaux, courts et roulés sur eux-mêmes, se rend droit à l'anus, toujours garni de deux bandes grais- seuses. Il n’y a qu'un ovaire ou qu’une laite. La ves- sie natatoire est aussi longue que l'abdomen ; elle présente la forme d’un ellipsoïde très-aliongé. Un vaisseau sanguin règne de chaque côté de la colonne vertébrale. Il est renfermé entre deux muscles rouges, dont la longueur égale celle dy corps, et dont les contractions, suivant M. Geof- * Mormyre Salahié. Geoffroy. 8 M. Cuvier cile cette espèce du genre MORMYRE, en adop- tant le nom que lui a donné M. Geoffroy. D. 9 Mormyre bébé. Geoffroy 10 Espèce distincte de Mormyre pour M. Cuvier, qui fait remarquer qu'elle se rapporte au Kaschoué de Sonnini. Voyage en Égypte, pl. XXI, fig. 3. D. 1 Mormyre hersé. Geoffroy. 12 Le Mormyre hersé, selon M. Cuvier, ne diffère pas spé- cifiquement du Mormyre de Dendera, décrit plus haut. D. 13 Mormyre cyprinoïde. Daubenton ct Haür, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l’Enc. méth. — Mus. Ad. Frid. 409. — Mormyre cyprinoïde. Geoffroy. 14 M. Cuvier réunit les deux espèces dislinguées par MM. Geoffroy et Lacépède , sous les noms de Mormyre cy= prinoïde et de Morimyre bané, comme n'en faisant qu'ure seule. D, 15 Mormyre bané. Geoffroy. 16 Cette espèce ne diffère pas de la précédente, selon M. Cuvier. Voyez la note 44. D. 17 Mormyrus caschive, Hasselquist, It. 398. — Mormyre hasselquist. Geoffroy. 18 M. Cuvier regarde comme appartenant à deux espèces distinctes:40 Le Mormyrecaschive, Hasselquist, decetarticlez et 20 le Mormyre hasselquist de Geoffroy, Egypte, pl. VE, fig. 2, que ce dernier naturaliste et M Lacépède considèrent comme n'en faisant qu'une seule. Il y a encore dans le Nil etle Sénégal, suivant M. Cuvier, plusieurs autres espèces de Mormyres non encore publiées. D, 596 froy, produisent des pulsations dans le vaisseau sanguin. La queue est très-longue, et, au lieu d’être zomprimée comme le corps, elle est grosse, renflée, et presque cylindrique, parce qu’elle renferme des glandes, lesquelles filtrent la sub- stance huileuse qui s'écoule le long de la ligne latérale. Passons aux espèces. On n’en comptait que trois; nous en comptons neuf, d’après M. Geof- froy. Le kannumé est blanchâtre. Il a la ligne la- térale droite; sa dorsale est très-longue, mais très-basse. Le mormyre oxyrhynque est, suivant M. Geof- froy, l’oxyrhynque (oæyrhynchus) des anciens auteurs. Le dendera habite particulièrement dans la partie du Nil qui coule auprès du temple antique, admirable et fameux, dont il porte le nom. C’est auprès de Salahié que M. Geoffroy a vu pour la première fois le mormyre auquel il donné le nom de la patrie de cet osseux. Ce natu- raliste a trouvé dans le désert un grand nombre d'individus de cette espèce. Ces poissons y élaient à sec; ils v avaient été apportés par une inonda- tion, etils y étaient restés dans un enfoncement dont l’eau s'était évaporée. On peut voir un nombre très-considérable de Bébés dans le voisinage d’un lieu nommé Bébé par les habitants de l'Égypte, et où l’on admire encore les ruines imposantes d’un magnifique temple d'Isis. Le mormyre Hersé a recu son nom spécifique des Arabes. Le nom du Cyprinoïde indique les rapports de eonformation qui le lient avec les Cyprins. Les Arabes ont donné le nom de Bané à notre huitième espèce de mormyre. M. Geoffroy dit, dans ses notes, qu’il a tout lieu de croire que le mormyre observé par Has- selquist est différent des huit espèces que nous venons de rappeler. Nous sommes persuadés de celte diversité d'espèce. Au reste, les Arabes désignent tous les mor- myres par le nom générique de Kachoué",. 145 rayons à chaque peclorale du mormyre kannumé, 6 à chaque ventrale, 20 à la nageoire de la queue. — 10 rayons à chaque pectorale du mormyre dendera, 6 à chaque ventrale, 49 à la caudale. — 9 rayons à chaque pectorale du mormyre eyprinoïde, 6 à chaque ventrale,49 à la nageoire de la queue. —10 rayons à chaque pectorale du mormyre hasselquist, 6 à chaque ventrale, 24 à la caudale, HISTOIRE NATURELLE SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX, Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. QUATRIÈME DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, ou HUITIÈME DIVISION DE LA CLASSE ENTIÈRE. Poissons qui n'ont ni opercule branchial, ni membrane branchiale. VINGT-NEUVIÈME ORDRE! DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS , ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES OSSEUX. Poissons apodes, ou qui n'ont pas de nageoires inférieures placées entre La gorge et l'anus. DEUX CENT DIX-NEUVIÈME GENRE. LES MURÉNOPHIS?. Point de nageoires pectorales; une ouverture branchiale sur chaque côté du poisson ; le corps et La queue presque cylindriques ; la dorsale et l'anale réunies à lanageoire de La queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. La dorsale commençant à une dis- tance des ouvertures branchiales égale, ou à peu près, à celle qui sépare ces orifices du bout du museau ; les deux mâchoires gar- nies de dents aiguës el éloignées l'une de l’autre ; des dents au pa- lais ; le corps et la queue parse- més de taches irrégulières, gran= des el accompagnées ou chargées de taches plus petites. CE VLa tête petile el déprimée; la nu= La MURÉNOPHIS que très-grosse ; la couleur géné- ÉCHIDNE. rale variée de noir et de brun. ë museau pointu; les yeux très-pes \ 4, La MurÉNOPHIS HÉLÈNE. tits; les deux mâchoires également ou presque également avancées: la nageoire dorsale très-basse et commencant à la nuque; quinze bandes transversales, dont cha- cune forme un cercle autour du poisson. s2 La MuréNobnIs COLUBRINE. 1 On ne connaîl pas encore de poissons qui appartiennent au trentième, au trente et unième ni au trente-deuxième ordre , c'est-à-dire au second, au troisième ni au quatrième ordre de la huilième et dernière division des animaux dont nous écrivons l'histoire, 2 Sous le nom de MurÈNES, M. Cuvier forme un sous-genre du grand genre ANGUILLE, Muræna, ordre des Malacoptéry- giens apodes, qui comprend les genres MURÉNOPHIS, GYMNO- MURÈNE © MURÉNOBLENNE de Lacépède. D. ESPÈCES LA Mééntiuts NOI- RATRE. 5. 4 MURÉNOPRIS CHAI- NEITE. La MURÉNOPHIS RÉTI- CULAIRE. Te La MURÉNOPHIS AFRI- CAINE. 8. La MURÉNOPHIS PAN- THÉRINE. La Men cu ÉTOI- LÉE. La M oN- DULÉE. LLE La MURÉNOPHIS GRISE | | | | DES POISSONS CARACTÈRES. La tête aplatie, les mâchoires allon- gées ; le museau arrondi; la mà- choire inférieure plus avancée que celle d'en haut; les dents de la mâchoire supérieure et celles de l'extrémité de la mâchoire d'en bas plus grosses que les autres; une rangée de dents de chaque côté du palais ; la couleur géné- rale noirâtre. La lête et l’ouverture de la bouche petites; les deux mächoires gar- nies de dents petites, pointues el très-serrées; le palais et la langue lisses; la ligne latérale peu dis- incte ; l'orifice de la dorsale plus éloigné des ouvertures bran- chiales que celles-ci du bout du museau; des taches en forme de chainons. La tête et l'ouverture de la bouche petites ; chaque mâchoire garnie d'une rangée de dents pointues et écartées l’une de l’autre; les dents de devant plus longues que les autres; le palais et la langue lisses; la nageoire dorsale com mencant à la nuque; des taches réticulaires. L'orifice de la bouche grand; les deux mâchoires armées de dents fortes et recourbées en arrière; les dents de devant plus grandes que les autres; la langue lisse; le palais garni de grandes dents; la dorsale commençant à la nuque; le corps et la queue marbrés. L'ouverture des branchies à une distance de la tête égale à la lon- gueur de cetie dernière partie; l'origine de la nageoire dorsale aussi éloignée des orifices des branchies que ces orifices le sont de la tête; la couleur générale jaunâtre ; la partie supérieure du poisson parsemée de laches pe- tites, noires, et réunies de ma- nière à former des cercles plus ou moins enliers et plus ou nioins réguliers. La dorsale très-basse et commen- çant très-près de la nuque; les deux mâchoires garnies de dents aiguës elclair-semées; deux1 n- gees de dents semblables de cha- que côté du palais; deux séries lonziludinates de taches en forme d'étoiles irrégulières de chaque côté de l'animal. La tête grosse; le museau avancé el menu;les yeux très-près de l'extrémité du museau ; ; des dents très-peliles el très-clair-semces aux deux mächoires; la dorsale haute e! commençant à la nuque; la surface de celle nageoire el celle du corps et de la queue va- rices par des bandes transversa- les, étroites, réunies plusieurs ensemble et ondulées. /Le museau arrondi; la mâchoire supérieure plus épaisse et un peu plus avancée que celle d'en bas; l'une et l'autre garnies d'un rang de dents recourbées, el séparées dans [a partie antérieure de la bouche; une dent droite et plus grosse que les autres à l'angle antérieur du palais; la dorsale commençant au-dessus des ori- fices des branchies ou à peu près; l'anus plus près de la tête que de la caudale; la couleur générale variée de brun et de blanchâtre par de très-pelits trails, 597 CARACTÈRES. Les dents fortes el un peu recour- bées: la dorsale commençant à une distance desorifices des bran- chies égale à celle qui sépare ces orifices de la tête ; l'angle extré- mement courte; la longueur de celte nageoire égale , au plus, ala distance des ouvertures branchia- les au bout du museau ; un très: grand nombre de petites tach2s sur la surface du poisson. ESPÈCES. 12. La MURÉNOPHIS HAUY. LA MURÉNOPHIS HÉLÈNE"!. Muræna Helena, Linn., Gmel., Bl., Lac., Cuv. 3. Cette murénophis est la Hurène des anciens. Son histoire est liée avec celle des derniers temps de ce peuple politique et guerrier, qui, après avoir étonné et subjugué le monde, perdit Pem- pire avec ses vertus, et fut précipité par la cor- ruption dans l’abîme creusé par la tyrannie la plus avilissante. Mais avant de voir ce que l’homme a fait de cette espèce, voyons ce qu'elle tient de la nature. Dénuée de pectorales et de nageoires du ven- tre; ayant sa dorsale, sa caudale et sa nageoire de l’anus non-séulement très-basses , mais re- couvertes d’une peau épaisse qui empêche d’en distinguer les rayons et la forme ; semblable aux serpents par sa conformation presque Cy- lindrique, ainsi que par ses proportions déliées; douée d'une grande souplesse et d’une grande force, flexible dans ses parties, agile dans ses mouvements, elle nage comme la couleuvre rampe ; elle ondule dans l’eau comme ce reptile 1 Zubomva, — Serpent de mer. — Sminaria, par les Grecs modernes. — Morena, en Italie. — Mourene, en Allemagne. — Murane , en Angleterre. — Murène ( gymnothorax muræna ). Bloch, pl. 153. — Murène flûte. Daubenton et Haüy, Enc. méth. — Id. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — «Muræna pinnis pectoralibus carens. » Mus. ad Frid.14, p. 349. — Id. Artedi, gen. 55, syn. 41. — ‘H püpave. Arist., |. 4, c-551.2,c.43,45:11.%8,c.40;1.5,10.40;1%8/c.2,43;45;11.9, c. 2.— Id. Ælian., |. 4, ©. 32, 50; 1. 9, c. 40, 66 — Id. Athen, 1.7, p. 312. — Id, Oppian, 1.4, p. A; 1. 8, p. 39.— Muræna. Columell., 1. 8, ce. 46 — Id. Cicero, Famil., |. 7, ep. 27. — Id. Varro, Ruslic., |. 2, c. 6. — Id. Plin., 1.9, c. 46, 49, 20, 23, 54, 55; 1. 32, c. 2, 5, 7, 8. — Id. Ambros, Hexam., 1. 54 c. 2,7, p.52. — Id. Bélon. — Murène. Rondelet, part. 1, 1. 44, c. 4.—Muræna. Salvian., fol. 59, 60 —Id. Gesner, p.575, et (germ.) fol. 46 a. — Id. Jonston, 1.1, L. 2, a. 7, lab. 5 fig. 3, 4; Thaum., p. 422.—Id. Charleton, p.126.—1d. Will= ughby, p. 403. — Id. Raï, p. 34. — Grouov. Mus. 1, n.16. — Myraina el smyraina. Artedi, Synonymia piscium, ete. auctore 3. G. Schneider, etc. — Séba, Mus. 2, lab. 69, fig. 4 et5. Catesby, Carol. 2, tab. 20, 24. — Murène. Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. 2 Ce poisson est le type du sous-genre des MURÈNES, dans le grand genre ANGUILLE, Murœæna. famille des Anguillifor- , mes, ordre des Malacoplérygiens apodes. D. 598 sur la terre ; elle change de place par les con- tours sinueux qu’elle se donne; et tendant ou débandant avec énergie les ressorts produits par les diverses portions de sa queue ou de son corps, qu'elle plie, rapproche, déplie, étend en un clin d'œil, elle monte, descend, recule, avance, se roule et s'échappe avec la rapidité de l'éclair, Aristote et Pline ont même prétendu, et l’o- pinion de ces grands hommes est assez vraisem- blable, que la murénophis pouvait, comme l’an- guille et comme les serpents, ramper pendant quelques moments sur la terre sèche, et s’éloi- gner à quelque distance de son séjour habituel. Tant de rapports avec les vrais reptiles nous ont engagés à joindre le nom d'Ophis, qui veut dire Serpent, à celui de Murène, pour en faire le nom composé de Murénophis, lorsque nous avons voulu séparer de l’anguille et de quelques autres osseux auxquels nous avons laissé la dé- nomination simple de Murène, les poissons dont pous allons nous occuper. Les murénophis établissent donc des liens assez étroits entre la classe des poissons et celle des reptiles. Nous terminons done l’examen de celte grande classe des poissons, comme nous Vavons commencé, c’est-à-dire en ayant sous nos yeux des animaux qui ont de très-grands rapports avec les serpents : les murénophis pla- cées à la fin de la longue chaîne qui rassemble tous les poissons, comme les pétromyzons à son origine, rapprochent avec ces derniers les deux extrémités de cette immense réunion, et après avoir elos, pour ainsi dire, le cercle, le rattachent de nouveau aux véritables reptiles. Les dents de la murénophis hélène étant fortes, nombreuses , et pointues ou recourbées , sa morsure a élé souvent assez dangereuse pour qu'on ait cru que ce poisson était venimeux. Chacune de ses deux narines a deux orifices. L'ouverture antérieure est placée au bout d’un petit tube voisin de l'extrémité du museau, et, somme ce tube flexible ressemble à un barbillon très-court, on à écrit que l’hélène avait deux petits barbillons vers le bout de la mâchoire supérieure, Une conformation semblable peut ètre observée dans presque toutes les espèces du genre que nous décrivons. L'orifice des branchies est étroit, et situé presque horizontalement. Une humeur visqueuse et très-abondante en- duit la peau, et donne à l'animal la faculté de HISTOIRE NATURELLE glisser facilement au milieu des obstacles, et de n'être retenu qu'avec beaucoup de peine. Les femelles ont des couleurs plus variées que les mâles : ieurs nuances ne sont pas toujours les mêmes ; mais ordinairement leur museau est noirâtre. Un brun rougeâtre et {acheté de jaune distingue le dessus de la tête; la partie supé- \rieure du corps et de la queue offre une teint : d’un brun également rougeàtre, et d'autant plui foncée qu'elle est plus près de la caudale ; de points noirs et des taches jaunes, larges et poin tillées ou mouchetées de rougeûtre, sont dis- tribuées sur ce fond brun; la partie inférieure et les côtés de ces mêmes femelles sont d'une | couleur fauve, relevée par de petites raies et par des taches brunes. Telles sont les couleurs que le savant et zélé observateur Sonnini a vues sur les hélènes fe- melles pendant son voyage en Grèce, où il a pu en examiner un très-grand nombre de vi- vantes !. La livrée des mâles diffère de celle que nous venons d'indiquer, en ce que les taches sont très-clair semées sur leur surface, pendant que le corps et la queue des femelles en sont presque entièrement couverts?. Sur quelques individus femelles ou mâles, le fond de la couleur est vert ou blanchâtre, au lieu d’être fauve où d’un rougeàtre brun. Lorsque les murénophis hélènes ont atteint une longueur de trois pieds, leur plus grand diamètre n'égale pas tout à fait le douzième de leur longueur. Leur chair est grasse, blanche , très-délicate , et, sans les arêtes courtes et recourbées dont elle est remplie , elle serait très-agréalle à man- ger. Suivant M. de Sonnini, les hélènes ont l’es— tomac assez grand, gris, et tacheté de noirâtre vers son origine ; un foie long et d’un rouge jaunâtre; une vessie nataloire petite, ovale, jaune en dehors, blanche en dedans, et formée par une membrane très-épaisse. Le même naturaliste nous apprend que les œufs de ces murènes sont ellipliques et jaunes. Ces œufs sont fécondés comme ceux des raies, des squales et d’autres poissons, par l'effet d'une réunion intime du mâle et de la femelle, qui, pendant leur accouplement, semblable à 1 Voyage en Grèce et en Turquie, par C.S. Sonnini, ete, t.4,p.190 ets. 2 Bélon, de Aqualilibus, 1, 4, c. 42. DES POISSONS. celui des couleuvres , entrelacent leurs queues et leurs corps déliés. Le témoignage de M. de 599 ‘jaunâtres de diverses formes, et dont chacune contenait un ver, sur la tunique externe de l’es- Sonnini conlirme , à cet égard , l'opinion d’A-|tomac, sur la surface extérieure du canal intes- ristote el de Pline; et cest cette conformité entre Paccouplement des couleuvres et celui des bélènes, qui a lait eroire à tant de naturalistes, et persuade encore aux Grecs modernes, que les serpents s’accouplent avee les murénophis qui leur ressemblent par un si grand nombre de traits extérieurs. Les œufs des hélènes étant fécondés dans le ventre même dela mere, on doit regarder comme possible, et même comme très-probable , que dans beaucoup de circonstances ces œufs éelo- sent dans le corps de la femelle; et dès lors les murénophis hélènes devraient être complées parmi les poissons ovovavipares *. Ces apodes vivent non-seulement dans l’eau salée, mais encore dans l'eau douce. On les trouve dans les mers chaudes ou tempérées de l'Europe et de lAmérique, particulièrement dans la Méditerranée , et surtout près des côtes de la Sardaigne. Ils se retirent au fond de l’eau pendant que l’hiver règne. Dans toutes les saisons ils aiment à se loger dans les creux des rechers. Quand le printemps commence, ils fréquentent les rivages. Ils dévorent une grande quantité de cancres et de poissons. Ils recherchent avec avidité les polypes. Rondelet raconte que le polype le plus grand et le plus fort fuit l'approche de la muré nophis hélène ; que cependant, lorsqu'il ne peut éviter son altaque, il s’efforce de la retenir au milieu des replis tortueux de ses bras longs et nombreux, de la serrer, de la comprimer, de l'étouffer; mais qu’elle glisse comme une co- lonne fluide, échappe à ses étreintes, et le dé- chire avec ses dents aiguës. Les helènes sont d’ailleurs si voraces, que lorsqu'elles manquent de nourriture, elles ron- gent la queue les unes des autres. Elles ne meu- rent pas pour avoir perdu une partie considé- rable de leur queue, non plus que lorsqu'elles sont longtemps hors de l’eau, dont elles peuvent se passer pendant quelques jours, si la séche: resse de l'atmosphère n’est pas trop grande, ou si le froid n’est pas trop violent: mais on a re- marqué que pendant Fhiver elles sont sujettes à des maladies. Plusieurs de ces murénophis ont présenté, pendant celte saison, des vessies = Voyez l'article du Blennie ovovivipare, etc. tinal, sur le foie, ou sur les museles du ventre entre les arêtes, dans la tunique extérieure de l'ovaire, et dans l'intervalle qui sépare les deux tuniques de la vessie urinaire. On pêche la murénophis hélène avec des nasses et avec des lignes de fond ; mais son in- stinet la fait souvent échapper à la ruse. Lors- qu’elle a mordu à lhamecon, elle Pavale pour pouvoir couper la ligne avec ses dents, ou bien elle se renverse et se roule sur cette ligne, qui cède quelquefois à ses efforts. La renferme-t-on dans un filet, elle sait choisir les mailles dans l'intervalle desquelles son corps glissant peut en quelque sorte s’écouler. Les Romains voisins de ces temps où la ré- publique expirait opprimée par une ambition orsueilleuse , étouffée par une cupidité insatia— ble, et ensanglantée par une horrible tyrannie, recherchaient avec beaucoup de soin la muré- nophis hélène : elle servait et le caprice , et le luxe, et la cruauté. Ils coustruisirent à grands frais des réservoirs situés sur le bord ou très- près de la mer, et y élevèrent des hélènes. Co- lumelle, qui savait combien la culture des pois- sons était utile à la chose publique, exposa, dans son fameux ouvrage sur Pagriculture, l'art de construire ces réservoirs, et d’y pratiquer des grottes tortueuses, où les hélènes pussent trou- ver des abris. Mais ce qu’il (it pour la prospé- rité de son pays et pour les progrès de l’écono- mie publique, avait été fait avant lui pour les besoins du luxe et le goût des riches habitants de Rome. Les murénophis hélènes étaient si mullipliées du temps de César, que, lors d’un de ses triomphes, il en donna six mille à ses amis; el on était parvenu à les apprivoiser au point que M. Licinius Crassus en nourrissait qui venaient à sa voix et s'élançaient vers lui pour recevoir l’aliment qu’il leur présentait. La mode et l’art de la parure avaient trouvé dans les formes de ces poissons des modèles pour des pendants d'oreille et d’autres ornements des belles Romaines!. Le prix qu’on attachait à la possession de ces animaux avait même fait naître une sorte d’affection si vive, que ce Cras- sus que nous venons de citer, et, ce qui est plus étonnant, Quintus Hortensius, duquel Cicéron ! Voyez l’article de la Murène anguille, relativement aux bracelets des Romaines, etc, 600 a écrit quil avait été un orateur excellent, un bon citoyen et un sage sénateur, ont pleuré la perte de murénophis mortes dans leurs viviers. Cela n’est que ridicule : mais ce qui est hor- rible, et ce qui peint les effets épouvantables de la corruption des mœurs, c’est qu'un Pollio, qu'il ne faut pas confondre avec un orateur cé- lèbre du même nom, engraissait ses muréno- phis hélènes avec la chair et le sang des esclaves qu'il condamnait à périr; que recevant Auguste chez lui, il ordonna qu’on jetât dans la funeste piscine un esclave qui venait de casser invo- lontairement un plat précieux; et que l’empe- reur, révollé de cette atroce barbarie, n’osa cependant punir ce monstre qu'en donnant la liberté à l’esclave et en faisant casser tous les vases de prix que Pollio avait ramassés, La plume tombe des mains après avoir tracé le nom de cet exécrable Pollio. LA MURÉNOPHIS ÉCHIDNE". Murenophis Echidna, Lac. ?. La Murénophis colubrine3, Ophisurus colubrinus, Cuv. ; Muræna colubrina, Linn., Gmel., Murænopbhis colubrina, Lacep. 4, — M. noirâtre 5, Murænopbis nigricans, Lac. 6, — M. chaînette 7, Muræna catenala, Cuv.; Gymnothorax Catenata, Bl.; Murænophis Catenula, Lac. 8. — M. réticu- laire %, Muræna reticularis, Cuv ; Gymnolhorax reticula- ris, BL; Murænophis reticularis, Lac. 10.— M. africaine M, Muræna afra, Cuv.; Gymnothorax afer, BL; Murænophis afra, Lacep. #2, — M. panthérine, Muræna pantherina, Cuv.; Muræna picta, Thunberg; Murænophis pantherina, Lac.13,— 31 étoilée 15, Muræna stellata, Cuv.; Murænophis slellata, Lac. 15, — D. ondulée, Muræna undulata, Cuv.; Murænophis undulata, Lacep. #6. — M. grise 7, Muræna grisea, Cuv.; Murænophis grisea, Lac. t8. L'échidne, que les compagnons de l’illustre Cook ont vue dans l’ile de Palmerston, a près 1 Ellis, It. Cooket Clerk, 4, p 53. 2 M. Cuvier ne cite pas l'espèce de murénophis échine. D. 3 Boddaert apud Pallas N. Nord. Beytr. 2, p. 56, lab. 2, fi .3. — « Conger fasciis brunneis et pallidè fuscis transver - a sis, allernalis. » Commerson, manuscrits déjà cités. % La Murénophis colubrine de Lacépède est considérée par M. Cuvier comme se rapportant au groupe des Ophisu- res, dans le sous-zenre des ANGUILLES proprement dites, D. 5 Murène noirältre. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth. — Gronov. Zooph., n.163. 5 M. Cuvier ne fail pas mention de la Murérophis noirâtre de Lacépède. D. 1 Gymnothorax à bracelets, gymnothorax catenatus. Bloch, pl. 415, fig. 4. 8 Du sous-genre MurENE, Cuv., dans le grand genre des ANGUILLES, ordre des Malacoptérygiens apodes. D. * Gymnothorax réticulaire. Bloch, pl. M6. 10 Du sous-genre MURÈNE, dans le genre des ANGUILLES, Cuv. D. M Gymnothorax afer. Bloch, pl. 417, HISTOIRE NATURELLE de six pieds de longueur ; ses yeux sont pelits, mais très-vifs; l'ouverture de sa bouche est très-grande ; plusieurs dents hérissent ses mâ- choires ; sa chair est très- agréable au goût : mais les navigateurs anglais n’ont vu cet ani- mal qu’avec une sorte d'horreur, à cause de sa ressemblance avec un serpent dangereux. Commerson a rencontré la colubrine au milieu des rochers détachés du rivage qui envi- ronnent la Nouvelle-Bretagne et les îles voi- sines. On la trouve aussi auprès des côtes d’Am- boine. On à comparé la grandeur de cette muréno— phis à celle de l'anguille. Les trente zones qui l'entourent sont alternativement d’un brun noi- rtre et d’un brun mêlé de blanc; le dessus de la tête est d’un vert jaunâtre; les iris sont couleur d’or. Les écailles qui révêtent la peau sont très- difficiles à distinguer. Il n’y a pas de véritable ligne latérale. L’anus est beaucoup plus près de la tête que de la nageoire de la queue. La chair de ce poisson fournit un aliment délicat; mais la forme aiguë de ses dents rend sa morsure dangereuse. La noirâtre vit dans l'Amérique méridionale, ainsi que la réticulaire, dont Surinam est la pa- trie. Cette dernière murénophis a les yeux petits ; l'iris blanc et fort étroit; les flancs un peu comprimés ; l’anus plus voisin de la caudale que de la tête; la couleur générale brune, et les taches blanches. Remarquez dans la réticulaire, que lon pêche auprès de Tranquebar, la posilion des yeux très-près de la lèvre supérieure ; la situation de l'anus à une distance un peu plus grande de la tète que de la caudale; la blancheur de Piris, qui est très-étroit; celle de la couleur générale ; les petites bandes brunes du dos et du ventre: 13 Du sous-genre MURÈNE, dans le grand genre ANGUILLE, Cuv. D. 13 Du sous-senre MURÈNE, Muræna, dans le grand genre ANGUILLE, Cuv. D. 1# « Conger ex albido lutescens, ocellis at°o-purpurei « flexuosè radiatis, maculosus, pectore aplerygio.» Commer son, manu crils (déjà cilés. 15 Du so s-genre MURÈNE, Murwna, dans le grand genr ANGUILLE, Cu. D. 16 Du sous-genre MURÈNE, dans le grand gere des An GUILLES, sel n M. Cuvier. D. 17 « Conger griseus, fusco varius, infimo ventre albus, late a ribus aplerysiis. » Commerson, manuscrits déjà cites, 18 M. Cuvier admet la Murénophis gr se de Lacépède dans le sous-genre MuRÈNE, dépendant du grand genre ANGUILLE, D. ge DES POISSONS. les nuances brunâtres et les taches jaunes de la dorsale. L’africaine séjourne au milieu des écueils de la côte de Guinée. Son œil est grand et ovale ; son iris bleu; sa couleur générale brune , son corps comprimé ; son anus situé au milieu de sa longueur totale; la peau qui revêt les nageoires, très-épaisse, comme dans presque toutes les murénophis. La panthérine a les yeux gros et voilés par une membrane transparente , ainsi que presque sous les poissons de son genre; ses deux mâ- >hoires sont à peu près également avancées. Nous avons vu dans la collection hollandaise cédée à la France, un individu de cette espèce encore inconnue des naturalistes, et dont nous avons choisi le nom spécifique de manière à in- diquer la ressemblance de la distribution et du ton de ses teintes, avec ceux de la robe de la panthère. L’étoilée n’est pas plus connue que la pan- thérine, On l’a pêchée au milieu des rochers de la Nouvelle-Bretagne, sous les yeux de Com- merson, qui en a laissé une très-bonne descrip- tion dans ses manuscrits, La longueur de cette murénophis est d’un pied et demi. Sa couleur générale paraît d’un jaune mêlé de blanc ; le dessus du museau est bleuâtre, les taches étoilées sont d’un pourpre tirant sur le noir ; la série supérieure de ces taches étoi- lées en renferme ordinairement vingt , et l’infé- rieure vingt et une; l'iris est doré. Une liqueur épaisse humecte les téguments; la mâchoire supérieure est un peu plus avancée que celle d’en bas; on voit l’anus situé vers le milieu de la longueur totale, On doit rechercher l’étoilée à cause de la bonté de sa chair, mais avec pré- caution, parce que ses dents aiguës peuvent faire des blessures fâcheuses. L'ondulée a été observée par Commerson, qui en a laissé un dessin. La description de cette espèce n’a pas encore été publiée, Son anus est situé plus près de la tête que de la caudale. La grise aime les mêmes eaux que l’étoilée et la colubrine. On en devra la connaissance à Commerson, dont les manuserits en contiennent une description étendue. Cette murénophis a la grandeur de l’anguille; l'iris doré, avec des points bruns ; la peau dénuée d’écailles facile- ment visibles ; la langue très-difficile à distinguer. Commerson a écrit que l'effet de la morsure de ce poisson était semblable à celui d’un rasoir, 11, 601 LA MURÉNOPHIS HAUT. Muræna Hauyÿ, Cuv.; Murænophis Hauy, Lac, Nous dédions cette espèce, qui n’a pasencorg été décrite, à notre célèbre collègue, confrère et ami, M. Haüy, membre de l’Institut, et pro— fesseur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle. Non-seulement l’Europe savante rend hommage, dans ce savant illustre, au physicien du premier ordre, au créateur de la cristallo- graphie, à l’auteur du bel ouvrage qui répand une lumière si vive sur la science des miné- raux; mais encore elle sait, malgré la modestie de ce grand naturaliste, que c’est à lui qu’elle doit une très-grande partie du travail ichthyo- logique dont l'Encyclopédie méthodique a été enrichie, La couleur générale de la Murénophis Haüy est d’un jaune doré , mêlé de teintes blanches ou argertines, À la place de la ligne latérale, on voit une raie longitudinale rouge. Les taches dont la surface du poisson est parsemée , sont d'un brun jaunâtre plus ou moins foncé ; les nageoires présentent les mêmes nuances que £es taches. L’ouverture branchiale, située beaucoup plus vers le bas que vers 'e haut de l’animal, lie les murénophis avec les Sphagebranches, dont nous allons bientôt nous occuper. M. Noël de Rouen à vu, dans la collection d’un de ses amis, un individu de l’espèce que nous faisons connaître, et a bien voulu nous en envoyer un dessin. DEUX CENT VINGTIÈME GENRE. LES GYMNOMURÈNES?. Point de nageoires pectorales; une ouverture branchiale sur chaque côté du poisson: Le corps et la queue pres- que cylindriques; point de nageoire du dos, ni de na- geoire de l'anus ; ou ces deux nageoires si basses et si enveloppées dans une peau épaisse, qu'on ne peul recon= naître leur présence que par La dissection. CARACTÈRES. L’anus beaucoup plus près du bou de la queue que de la tête; la 4. couleur générale brune: soixante La GYMNOMURÈNE CER- (ou environ) bandes transversa- CLÉE. les, blanches, trés-étroi es, et formant presque loutes une zône autour du poisson. ESPÈCES. 1M. Cuvier a cilé, dans la première édition du Règne animal, celle espèce comme appartenant au sous-genr Mu- RÈNE, dans le grand genre ANGUILLE, de l'ordre des Mala- coptérygiens apodes, D. 3 Les Gymnomurènes de M. de Lacépède sont rangées par 76 602 ESPÈCES. CARACTÈRES. ° L’anus plus près de la tête que du RE Re bout de la queue; la caudale très- LA GRAS ee: courte; le corps et la queue mar- brés de brun et de blanc. LA GYMNOMURÈNE CERCLÉE!, Muræna Zebra, Cuv.; Gymnomuræna doliata, Lac. ?. ET LA GYMNOMURÈNE MARBRÉE®, Gymnomuræna marmorata, Lac. *. La description de ces poissons n’a pas encore été publiée. Ils ont été observés par Commer- son, auprès des rivages de la Nouvelle-Bretagne. Nous les avons séparés des murénophis, parce qu’ils manquent de nageoire dorsale et de na- geoire de l'anus, ou n’ont qu’une anale et une dorsale très-difliciles à distinguer ®. Ces traits de conformation les placent à une distance des serpents encore plus petite que celle qui sépare ces repliles des marénophis. La longueur de fa cerclée est de trois pieds, ou environ, Outre Îes zones dont nous avons parle dans la table générique , quelques bandes transversales plus où moins longues, irrégulières et interrompues, paraissent sur les côtés de l'ani- mal. La tête présente plusieurs petites raies irré- gulières et blanches. Le corps et la queue sont un peu comprimés. La mâchoire d’en haut est un peu plus avancée que celle d’en bas : des dents moiaires garnissent le disque formé par chaque mâchoire, Les narines ont chacune deux ori- fices ; et il paraît que l’orifice antérieur est placé au bout d’un petit tube noir à son extrémité el qui ressemble à un barbillon. Les arcs de cercle qui soutiennent les branchies sont entièrement lisses. On ne voit pas de véritable ligne latérale. On ne peut s'assurer de l’existence de la dorsale et de l’anale, ni reconnaître les rayons qui les composent, qu'après avoir enlevé la peau qui les recouvre. M. Cuvier dans son sous-genre MuRÈNE, l’un de ceux qui divisent le grand genre ANGUILLE. D. 1 « Conger brunneus, zonis transversalibus albis, utrinque «cireiter sexaginla; pinnis dorsi el ani dubiis, pectoralibus rocher, qu'on retourne pour découvrir ces gym- nopurènes laissées à sec. On (ue alors ces osseux à coups de bâton ; mais on ne les saisit qu'avec précaution, pour éviter les douleurs aiguës que peut causer leur morsure. Les Marbrées ont des dimensions très-peu différentes de celles des Cerclées. On les voit souvent cachées à demi sous des roches peu submergées, levant leur tête au-dessus de l’eau dans lattente de leur proie, la lançant, pour ainsi dire, avec rapidité contre leurs victimes, et les mordant avec force et même acharne- ment. Elles peuvent d'autant plus déchirer ce qu’elles saississent, qu'indépendamment d'une rangée de dents très-aiguës qui garnit chaque mâchoire, des dents semblables hérissent le palais. Le museau est allongé; les joues sont comme gonflées, ainsi que le derrière des yeux. La mà- choire d’en bas est un peu moins avancée que celle d'en haut. Nous eroyons que l’orifice antérieur de chaque narine est placé au bout d’un petit tuyau, que l'on peut comparer à un barbillon, et qui s’élève vers le bout du museau. Il n’y à pas de ligne latérale. L'iris est doré. On ne peut découvrir aucune nageoire, excep= té à extrémité de la queue, où l’on aperçoit sur le bord un rudiment de caudale. La peau, dénuée d’écailles facilement visibles, est enduite d’une humeur très-visqueuse. DEUX CENT VINGT-UNIEME GENRE, LES MURÉNOBLENNES ', Point de nageoires pectorales; point d'apparence d'autres nageoires; le corps et la queue presque cylindriques ; La surface de l'animal répandant, en très-graude abon- dance, une humeur laiteuse et gluante. ESPÈCE. CARACTÈRES. La MURÉNOBLENNE | La couleur générale olivâtre et sans OLIVATRE, 4 laches; le veutre blanchätre, 1 M. Cuvier, dans la première édition du Règne animal, réunit les Murénoblennes et les Gymnomurènes de M de La cépède aux Murèses, pour en former un sous-geure dans le grand genre A\GuILLE , ordre des Malacoplérygiens apa= des, Cuy D, DES POISSONS. LA MURÉNOBLENNE' OLIVATRE*. Muræna…, Cuv.; Murænoblenna olivacea, Lac. ÿ. Commerson a vu, dans le détroit de Magellan, ce poisson que les naturalistes ne connaissent pas encore, et qui semble organisé de manière à répandre avec plus d’abondance que tout autre une matière visqueuse. Cette faculté et sa conformation extérieure nous ont obligés à l’in- scrise dans un genre particulier. Il parvient à la longueur d’un pied et demi. Son diamètre est alors le dix-huitième ou à peu près de sa longueur totale. La matière huileuse et gluante qui suinte de ses pores, paraît inépuisable : Commerson dit qu'elle donnait même aux malelots une très- grande répugnance pour la murénoblenne oli- vâtre, et qu’elle devait former une si grande par- tie du volume de ce singulier poisson, que lors- qu'on avait mis dans de l’alcool un individu de celle espèce, et qu’on l’y avait laissé pendant deux mois, on trouvait ce même individu réduit presque en entier en une masse muqueuse, hui- leuse et gluante. DEUX CENT VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES SPHAGEBRANCHES Point de nageoires pectorales, ni d'autres nageoires; Les deux ouvertures branchiales sous la gorge; le corps et la queue presque cylindriques. ESPÈCE. CARACTÈRES. \Le museau terminé en pointe; la mâchoire supérieure beaucoup plus avancée que celle d’en ras. LE SPRAGEBRANCUE MUSE AU-POINTU, Ï LE SPHAGEBRANCHE MUSEAU-POINTU*, Sphagebranchus rostratus, Bl., Lac, Cuv. 9, Bloch à reçu dans le temps, des Indes orien- tales, un individu de cette espèce. L'anus de ce poisson était placé vers le milieu de sa longueur totale; sept pelites dents garnissaient les mâ- 1 Blenna, en grec, signifie mucosité. 2 «Conger olivaceo-virens, immaculalus, lac ct gluten « plurimum fundens, » Commersen, manuscrits déjà cités. 5 Vozez la note 1 de la p. 602, col. 2. 4 Les Sphagebranches de Lacépède forment pour M. Cu- ïer un petit sous-genre dans le grand genre ANGUILLE, fa- aille des Auguilliformes, ordre des Malacopiérygiens apo- es. D. 5 Collibranche. — Doppelte kalskieme, en allemand, — Louble-chin-gilt, en anglais. — Bloch, pl. 419, fig. 2. 5 Le Sphagebranchus réstratus est le mème poisson que le Leptocephalus spallanzani de Risso. Voyez la noie 4. D. 603 choires ; quatre branchies étaient situées de cha: que côté de l'animal. On ne pouvait distinguer aucune écaille sur la peau. DEUX CENT VINGT-TROISIÈME GENRE. LES UNIBRANCHAPERTURES !. Point de nageoïres pectorales; Le corps et la queue serpe n- tiformes ; une seule ouverture branchiale, et cet orifice situ£ sous La gorge; la dorsale et l'anale basses et réu- nies à la nageoire de La queue. CARACTÈRES. ! La tête plus grosse que le corps; I dessus de la tête convexe ; le museau arrondi; les deux mâ-« choires presque égales, el gar- nies de plusieurs dents pelites et coniques; le palais el la langue lisses; le corps el la queue mar- brés. ! La tète plus grosse que le corps; le dessus de la téle convexe ; le mu- seau pointu; les deux mächoires presque égales; le corps et la queue sans laches. | tête pelite; le museau pointu; ESPÈCES, L' UNIBRA NCHAPER- TURE MARBRÉE. 2 : L'UNIBRANCRAPER- TURE IMMACULÉE. les mâchoires garnies de dents ; la mâchoire supérieure plus avan- cée que l’inférieure ; la dorsale ne commençant qu au delà du milieu de la longueur du tronc; les nageoires adipeuses : toute la surface du poisson d’un gris- cendré. La tête grosse ; le museau avancé el pointu; les deux mächoires garnits de plusieurs rangs de dents très-pelites el crochues ; la dorsale, la caudale et l’anale très-courles el adipeus:s ; le des- sous du corps et de la queue la- cheté ; une raie noirâtre étendue sur le dos, depuis la tète jusqu'à ’extrémite de la dorsale. La lé e grosse; le museau court, RS et arrondi; la mâchoire superieure plus large et plus . avancée que celle d’en bas; les yeux trés-pelils el silués très-près FA du bout du museau; 11 dorsale ‘IX de commençant aux (rois quarls, ou L A NGTARER environ, de la longaeur totale : l'anus iruis fois plus éloigné de la gorge qu: du bout de la queue; la dorsale , l'anale el la caudale, très-dilficiles à distinguer et adi- peuses; des plis transversaux sous la gorge. l'Umsnintmartn TURE CENDRÉE. L'Uxrex KM \ER- TURE RA1|\'. 1 M. Cuvier admet ce genre sous le nom de Synbranchus que lui a donné primitivement B.och; mais il n’en fait qu'un simple sous-genre dans le grand genre ANGUILLE, ordre des Malacoptérygiens apodes, D, 60% L'UNIBRANCHAPERTURE MARBRÉE!, Synbranchus marmoratus, Bl., Cuv.; Unibranchaper- tura marmorata, Lac. 2. L'Unibranchaperture immaculée %, Synbranchus immacu- latus, Bl., Cuy., Unibranchaperturus immaculatus, Lac. 4. — U. cendrée 5, Unibranchapertura grisea, Lacep. 4. — U. rayée, Unibranchapertura lineala, Lacep. 7. — U. lisse, Unibranchapertura lævis, Lac. 8. Dans les eaux douces et bourbeuses de Suri- nam, se trouve la marbrée, dont la chair est} grasse, mais quelquefois imprégnée d’un goût et| d’une odeur de vase; elle est Vorace et se nour- rit de petits animaux. Ses lèvres sont charnues ; chaque narine n’a qu’un orifice. Les yeux sont bleus; le dos est d’un olivâtre foncé ; le ventre et les côtés sont d’un vert jaunâtre ; les taches, qui font paraître l'animal comme marbré, pré- sentent des nuances violettes. La peau est épaisse et lâche ; la ligne latérale droite ; l’anus deux fois plus près de l'extrémité de la queue que de la gorge ; l'estomac allongé ; et la membrane de cet organe mince. L'unibranchaperture immaculée vit dans les 1 Surinamische kalskieme , en aïilemand. — Synbranche marbré. Bloch, pl. 418. 2 Du sous-genre SYNBRANCHE, dans le grand genre AN- SUILLE, Cuv. D. 3 Synbranche immaculé. Bloch, pl. 449, fig. 1. 4 Du sous-genre SYNBRANCHE, dans le grand genre AN- GUILLE, Cuv. D. 5 Murène cendrée. Bonnaterre, pl. de l'Enc. méth, 6 M. Cuvicr ne cite pas celte espèce. D. 7 Non mentionnée par M. Cuvier. 8 M. Cuvier soupçonne que la figure de l'Unibranchaper- ture lisse, donnée par M. de Lacépède, représente le Mono- ptère javanais, décrit dans le commencement de cette His- ‘aire des poissons. D. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. eaux de Surinam et de Tranquebar. Sa peau est moins lâche que celle de la marbrée ; son corps est charnu. La cendrée n’a pas de taches. Sa longueur est de plus de huit pouces, l'ouverture de la bouche médiocre; l'œil très-petit; la peau dé- nuée d’écailles facilement visibles. Cette uni- branchaperture a été pêchée dans les eaux de la Guinée. M. Leblond nous a envoyé de Cayenne un individu qui appartenait à une espèce d'uni- branchaperture encore inconnue des natura- listes, ainsi que la lisse, dont nous allons par- ler. Cette espèce, que nous avons nommée la rayée, a les yeux très-pelits, et placés vers le milieu de la longueur des machoires ; on voit dans l’in- térieur de la bouche, et dans l'angle antérieur de chaque mâchoire, un groupe de dents cro- chues et très-petites ; l'ouverture branchiale est ovale, longitudinale et petite ; on n’aperçoit pas de taches sur la partie supérieure du poisson. La rayée parvient à la longueur de deux pieds. L'anus est situé aux trois quarts de la longueur totale. La lisse a la ligne latérale droite ; l’orifice branchial assez grand, un peu triangulaire et allongé ; l’anale très-courte ; la peau très-lisse et sans aucune apparence d’écailles; la couleur générale sans taches, et sans aucune bande ni raie. Nous avons fait dessiner un bel individu de cette espèce, que nous avons trouvé dans Ja collection cédée à la France par la Hollande, X @09S3200000000000000000000000000000920000000000000002000800% DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME SUR LA NATURE DES POISSONS. 1802. ———— sm 090— €’est un beau spectacle que celui de l’intelli- gence humaine, disposant des forces de la na- ture, les divisant, les réunissant, les combinant, les dirigeant à son gré, et par l’usage habile que l’expérience et l’observation lui en ont ap- pris, modifiant les substances , transformant les êtres, et rivalisant, pour ainsi dire, avec la puis- sance créatrice. L’amour-propre , l'intérêt, le sentiment et la raison applaudissent surtout à ce noble specta- cle, lorsqu'il nous montre le génie de l’homme exerçant son empire, non-seulement sur la ma- tière brute qui ne lui résiste que par sa masse, ou ne lui oppose que ce pouvoir des affinités qu’il lui suflit de connaître pour le maîtriser, mais en- core sur la matière organisée et vive, sur les corps animés, sur les êtres sensibles, sur les proprié- tés des espèces, sur ces attributs intérieurs, ces facultés secrètes, ces qualités profondes qu'il domine, sans même parvenir à dévoiler leur essence. De quelques êtres organisés et vivants que l'on veuille dessiner l’image, on voit presque toujours sur quelques-uns de leurs traits l'em— preinte de l’art de l’homme. Sans doute l’histoire de son industrie n’est pas celle de la nature: mais comment ne pas en écrire quelques pages, lorsque le récit de ses procédés nous montre jusqu’à quel point la na- ture peut être contrainte à agir sur elle-même, et que cette puissance admirable de l’homme s'applique à des objets d’une baule importance pour ie bonheur publie et pour la félicité pri- vée ? Parmi ces objets si dignes de l'attention de l'économe privé et de l’économe public, comp= tous , avec les sages de l’antiquité, ou, pour mieux dire, avec ceux de tous les siècles qui ont le plus réuni l’amour de l'humanité à la connaissance des productions de la nature, la possession des poissons les plus analogues aux besoins de l’homme. Deux grands moyens peuvent procurer ces poissons que l’on a toujours recherchés, mais auxquels, dans certains siècles et dans certai- nes contrées, On à attaché un si grand prix. Le premier de ces moyens, résultat remar- quable du perfectionnement de la naviyation, multipliant chaque jour le nombre des marins audacieux, et accroissant les progrès de l’admi- rable industrie sans laquelle il n'aurait pas existé, obliendra toujours les plus grands en- couragements des chefs des nations éclairées : il consiste dans ces grandes pêches auxquelles des hommes entreprenants et expérimentés vont se livrer sur des mers lointaines et orageuses, Mais l'usage de ce moyen, limité par les vents, les courants et les frimas, et troublé fré- quemment par les innombrables accidents de l'atmosphère et des mers , exige sans cesse une association constante, prévoyante et puissante, une réunion difficile d'instruments variés, une sorte d'alliance entre un grand nombre d’hom- mes que l’on ne peut rencontrer que très-rare- ment et rapprocher qu’avec peine. Il ne donne à nos ateliers qu’une partie des produits que l’on pourrait retirer des animaux poursuivis dans ces pêches éloignées et fameuses, et ne procure pour la nourriture de l’homme que des prépa- rations peu substantielles, peu agréables, ou peu salubres. Le second moyen convient à tous les temps, 606 à tous les lieux, à tous les hommes. Il ne de- mande que peu de précautions, que peu d'efforts, que peu d’instants , que peu de dépenses. Il ne commande aucune absence du séjour que Pon affectionne, aucune interruption de ses habitu- des, aucune suspension de ses affaires; il se montre avec l'apparence d’un amusement varié, d’une distraction agréable, d’un jeu plutôt que d’un travail; et cette apparence n’est pas trom- peuse. Il doit plaire à tous les âges; il ne peut être étranger à aucune condition. Il se com- pose des soins par lesquels on parvient aisé- ment à (ransporter dans les eaux que l’on veut rendre fertiles, les poissons que nos goûts ou nos besoins réclament, à les y acclimater, à les y conserver, à les y multiplier, à les y amé- liorer. Nous traiterons des grandes pêches dans un discours particulier. Occupons-nous dans celui-ci de cet ensemble de soins qui nous rappelle ceux que les Xéno- phon, les Oppien, les Varron, les Ovide, les Columelle, les Ausone , se plaisaient à proposer aux deux peuples les plus illustres de Panti- quité, que la sagesse de leurs préceptes, le charme de leur éloquence, la beauté de leur poésie et l'autorité de leur renommée inspiraient avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui étaient en grand honneur chez ces vain- queurs de l'Asie et de l'Europe, que la gloire avait couronnés de tant de lauriers. L'homme d'état doit les encourager , comme une seconde agriculture ; l’homme des champs doit les adopter, comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs. En rendant en effet les eaux plus producti- ves que la terre, en répandant les semences d’une abondante et utile récolte, dans tous les lacs, dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus faible source arrose, ou qui conservent sur leur surface le produit des rosées et des pluies, ces soins que nous allons tâcher d'indiquer n'augmenteront-ils pas beaucoup cette surface fertile et nourricière du globe, de laquelle nous tirons nos véritables trésors? et l’accroissement que nous devrons à ces procédés simples et peu nombreux, ne se- ra-t-il pas d'autant plus considérable, que ces eaux dans lesquelles ‘on portera, entretiendra et multipliera le mouvement et la vie, offriront une profondeur bien plus grande que la couche sèche fécondée par la charrue, et à laquelle EFFETS DE L'ART nous conlions les graines des végétaux précieux ? Et dans ses moments de loisir, lorsque l'ami de la nature et des champs portera ses espéran- ces, ses souvenirs , ses douces rèveries, $a mé-— lancolie même, sur les rives des lacs, des ruis- seaux ou des fontaines, et que, mollement étendu sur une herbe fleurie, à ombre d’ar- bres élevés et touffus, il goûtera cette sorte d’ex- tase, cette quiétude touchante, cette volupté du repos, cet abandon de toute idée trop forte, cetta absence de toute affection trop vive, dont Île charme est si grand pour une âme sensible, n’é- prouvera-{t-il pas une jouissance d'autant plus douce qu'il aura sous ses yeux, au lieu d’une onde stérile, déserte, inanimée, des eaux vivi- fices, pour ainsi dire, et embellies par la légè- roté des formes, la vivacité des couleurs, la va- riété des jeux, la rapidité des évolutions ? Voyons donc comment on peut transporter, acclimater, multiplier et perfectionner les pois sons; ou ce qui est la même chose, montrons comment l'art modifie leur nature. Tâchons d'éclairer la route élevée du physio- logiste par les lumières de l'expérience, et de diriger l'expérience par les vues du physiolo- giste. Disons d’abord comment on transporte les poissons d’une eau dans une autre, De toutes les saisons , la plus favorable au transport de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigoureux. Le printemps et l’automne le sont beaucoup moins que la sai- son des frimas; mais il faut toujours les pré- férer à l'été. La chaleur aurait bientôt fait périr des individus accoutumés à une température assez douce ; et d’ailleurs ils ne résisteraient pas à l’influence funeste des orages qui règnent si fréquemment pendant l'été. C’esten effet un beau sujet d'observation pour le physicien, que l’action de l'électricité de l’at- mosphère sur les habitants des eaux, action à laquelle ils sont soumis non-seulement lorsqu'on les force à changer de séjour, mais encore lors- qu'ils vivent indépendants dans de larges fleu- ves, où dans des lacs immenses , dont la pro- fondeur ne peut les dérober à la puissance de ce feu électrique. Il ne faut exposer aux dangers du transport que des poissons assez forts pour résister à la | fatigue, à la contrainte, et aux autres inconvé- nients de leur voyage. À un an, ces animaux seraient encore trop jeunes; l'êge le plus con- TANCHE, \ LAS CARPE, BARBEAU . LI sd let es 1 VAR: - II ru fit tt An , PEN DCR E mb à | : h , Eu pers TEE EE : 1 | LT e ! ais " CSS HS TE vie) LCL > Le RE ln #; C0 1 1 = eu 10 D / K Fa , * ï ï n es k MAS [ re # » D i Le A ñ sv F ' ï * 5 r * = LL " 3 : s à. 4 _ \ : ï ' el E EN 1 ï Ï . « SUR LES POISSONS. venable pour les faire passer d’une eau dans une autre, est celui de trois ou quatre ans, On ve remplira pas entièrement d’eau les ton- neaux dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution, les poissons, montant avec rapidité vers la surface de l’eau, blesseraient leur tête contre la partie supérieure du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux de- vront d’ailleurs présenter un assez grand es- pace. Bloch , qui a écrit des observations très- utiles sur Part d'élever les animaux dont nous vous occupons, demande qu’un tonneau destiné à transporter des poissons du poids de cent livres, ou à peu près, contienne trois cent vingt litres ou pintes d’eau. Il est même nécessaire que vers la fin du prin- temps, ou aë commencement de l'automne, c’est-à-dire lorsque la chaleur est vive au moins pendant plusieurs heures du jour , cette quan- tité d’eau soit plus grande, et souvent double; et, quelle que soit la température de Pair, il faut qu’il y ait toujours une communication libre en- tre l'atmosphère et l'intérieur du tonneau, soit pour procurer aux poissons, suivant opinion de quelques physiciens, l'air qui peut leur être né- eessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisants et les gaz funestes qui, ainsi que nous l'avons déjà dit dans cette histoire, se for- ment en abondance dans tous les endroits où les habitants des eaux sont réunis en très-grand nombre, même lorsque la chaleur n’est pas très- forte, et leur donnent la mort souvent dans un espace de temps extrêmement court. Mais comme ces soupiraux si nécessaires aux poissons que l’on fait voyager, pourraient, s’ils étaient faits sans attention , laisser à l’eau des mouvements trop libres et trop violents qui la feraient jaillir, pousseraient les poissons les uns contre les autres, les froisseraient et les blesse- raient mortellement, il sera bon de suivre, à cet égard , les conseils de Bloch , qui recommande de prévenir la trop grande agitation de l'eau par une couronne de paille ou de petites planches minces introduites dans le (onneau, ou en adap- tant à orifice au’on laisse ouvert, un tuyau un peu long, terminé en pointe, et percé vers lehaut de plusieurs trous qui établissent une communi- cation suffisante entre l'air extérieur et l’intérieur du vaisseau *. Toutes les fois que la distance le permettra, 1 Jutroduction à l'histoire naturelle des poissons, par Biocb, ‘607 on emploiera aussi des bêtes de somme tran- quilles, ou même des porteurs attentifs, plutôt que des voitures exposées à des cahots rudes et à des secousses brusques et fréquentes. On prendra encore d’autres précautions, sui- vant les circonstances dans lesquelles on se trou- vera , et les espèces dont on voudra porter des individus vivants à un assez grand éloignement de leur premier séjour. Si l’on veut, par exemple, conserver en vie malgré un long trajet , des truites, des loches, ou d’autres poissons qui périssent facilement , et qui se plaisent au milieu d’une eau courante, on change souvent celle du tonneau dans lequel on les renferme, et on ne cesse de communiquer à celle dans laquelle on les tient plongés, un mouvement doux, mais sensible, qui subsiste lors même que la voiture qui les porte s’ar- rête, et qui, bien inférieur à une agitation dans gereuse, représente les courants naturels des ri- vières ou des ruisseaux. Pour peu que lon craigne les effets de la chaleur, on voyagera la nuit; et l’on évitera avec le plus grand soin, en maniant les pois- sons, de les presser, de les froisser, de les heurter. On ne les laissera hors de l’eau que pendant le temps le plus court possible, surtout quand un soleil sans nuages pourrait, en desséchant promplement leurs organes, et particulière- ment leurs branchies, les faire périr très-promp- tement. Cependant, lorsque le temps sera froid, on pourra transporter des anguilles, des carpes, des brêmes, et d’autres poissons qui vivent as- sez longtemps hors de l’eau, sans employer ni tonneau ni voiture, en les enveloppant dans de la neige, et dans des feuilles grandes, épaisses et fraiches , telles que celles du chou ou de la lai tue. Un moyen presque semblable a réussi sur des brêmes que l’on a portées vivantes à plus de vingt-cinq lieues. On les avait entourées de neige, et on avait mis dans leur bouche un morceau de pain trempé dans de l’eau-de« vie. C’est avec des précautions analogues que dès le seizième siècle, on a répandu, dans plu- sieurs contrées de l’Europe, des espèces pré- cieuses de poisson dont on y était privé. C'est en les employant qu’il paraît que Maschal a in— troduit la carpe en Angleterre en 1514 ; que Pierre Oxe l’a donnée au Danemarck en 4550 ; qu’à une époque plus rapprochée on a natura= 608 lisé l'acipensère strelet en Suède, ainsi qu'en Poméranie, et qu’on a peuplé de cyprins dorés de la Chine les eaux non-seulement de France, mais encore d’Augleterre , de Hollande et d’AI- Jemagne. Mais il est un procédé par le moyen duquel on parvient à son but avec bien plus de sürcté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. Il consiste à transporter le poisson , non pas développé et parvenu à une taille plus ou moins grande, mais encore dans l’état d'embryon, et renfermé dans son œuf. Pour réussir plus aisé- ment, on prend les herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un vase plein d’eau, jusqu’au lac, à l'étang, à la rivière, ou au bassin que l’on désire de peu- pler. On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés d’avec ceux qui n’ont pas été arrosés de la liqueur prolifique du mâle, et que l’on doit rejeter : les premiers paraissent tou- jours plus jaunes, plus clairs, plus diapbanes,. On remarque celte différence dès le premier jour de leur fécondation, si l’on se sert d’une loupe ; et dès le troisième ou le quatrième jour on n’a plus besoin de cet instrument, pour voir que ceux qui n’ont pas été fécondés par le mâle, deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes : ils perdent tout leur éclat, s’altèrent, se décomposent ; et dans cet état de demi-putréfaction, ils ont été comparés à de petits grains de grêle qui commencent à se fon- dre! Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécondés, d’une eau dans une autre, il faudra s'attacher à connaître dans chaque pays le véritable temps de la ponte de chaque es- pèce, et du passage des mâles au-dessus des œufs ; et comme dans presque toutes les espè- ces de poissons on compte trois ou quatre épo- ques du frai, ïes jeunes individus pondant leurs œufs plus tard que les femelles plus avan- cées en âge, et celles ci plus tard que d'autres femelles plus âgées encore, que ces époques sont ordinairement séparées par un intervalle de neuf ou dix jours, et que d’ailleurs il s'é- coule toujours au moins près de neuf jours en- tre l’instant de la fécondation et celui où le fœ- tus brise sa coque et vient à la lumière, on 1 Bloch, Introduction à l'histoire naturelle des poissons, EFFETS DE L'ART pourra chaque avnée, pendant un mois ou en- viron, chercher avec succès des œufs fécondés de l'espèce qu'on voudra introduire dans une eau qui ne l’aura pas encore nourrie. Si le trajet est long, on change souvent l’eau du vase dans lequel les œufs sont transportés. Cette précaution a paru nécessaire même dans les premiers jours de la ponte, où l'embryon contenu dans l’œuf ne peut être supposé respi- rer en aucune manière, puisque, dans ces pres miers jours, non-seulement le petit animal ed reufermé dans ses enveloppes et dans la mem- brane qui entoure l'œuf, mais encore montre, au microscope, le cours de son sang dirigé de manière à circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni développées ni visibles. Elle ne sert done, dans ce premier Lemps , qu’à préser- ver les œufs et les embryons de l'action des gaz ou miasmes qui se produiraient dans une eau que l’on ne renouvellerait pas, et qui, péné- trant au travers de la membrane de l’œuf, agi- raient d’une manière funeste sur les nerfs ou d'autres organes encore extrêmement délicats des jeunes poissons. La nécessité de ce change- ment d’eau est done une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce Discours, et dans celui que nous avons publié sur la nature des poissons, au sujet du besoin que l’on à, pour conserver ces animaux en vie, d'entretenir une communication très-libre entre l'atmosphère et le fluide dans lequel ils sont plongés. On favorise le développement de l'œuf et la sortie du fœtus, en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le soleil. On les hâte même par celte attention; et Bloch nous apprend dans l’Introduction que nous avons déjà citée, qu'ayant fait quatre paquets d'herbes chargé d'œufs de la même espèce, ayant exposé le pre mier au soleil du midi, le second au soleil le+ vant, le troisième au couchant, et ayant fait mettre le quatrième à labri du soleil , les œufs du premier paquet furent ouverts par le fœtus deux jours avant ceux du quatrième, et les œufs du second et du troisième un jour plus tôt que ceux du quatrième paquet, que la chaleur du soleil n’avait pas pénétrés. Cependant les eaux dans lesquelles vivent le: poissons peuvent être salées ou douces , trou- bles ou limpides, chaudes ou froides, tranquilles ou agilées par des courants plus ou moins ra- pides. Elles doivent toujours présenter ces qua- lités combinées quatre à quatre, la même eau SUR LES devant être nécessairement courante ou tran- quille, froide ou chaude, claire ou limoneuse, douce ou salée. Mais ces huit modilications réunies quatre à quatre peuvent produire seize combinaisons : l’eau qui nourrit les poissons peut done offrir seize manières d’être très-diffé- rentes l’une de l’autre , et très-faciles à distin- guer. Nous en trouverions un nombre immense si nous voulions faire attention à toutes les nuances que chacune de ces modifications peut montrer, et à Loutes les combinaisons qui peu- vent résulter du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons compte que des seize ca- ractères bien distincts qui peuvent appartenir à l’eau ; et voyons l'influence de la nature des différentes eaux sur la conservation des poissons que l’on veut acclimater. IL est évident que si l’on jette les yeux au hasard sur une des, seize combinaisons que nous venons d'indiquer, on ne la verra pas séparée des quinze autres par un égal nombre de diffé- rences. Que l’on dépose done les poissons que l’on viendra de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles dans lesquelles ils auront vécu; et lorsqu'on sera embarrassé pour trou- ver de ces eaux adaptées aux individus que l'on voudra conserver, que l’on préfère de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur vo- lonté des eaux courantes qui s’y jettent ou en sortent, et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils rencontreront des touffes de végétaux aquatiques et des rochers nus, des fonds de sa- ble et des terrains vaseux, où ils jouiront d'une température douce en s’enfonçant dans les en- droits les plus profonds, et où ils pourront se réchauffer aux rayons du soleil, en s’élevant vers la surface. Que l’on choisisse néanmoins les lacs dont les rives sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont très-hauts ; et si l’on est obligé de se servir de ces lacs à bords très-exhaussés, et où par conséquent les œufs déposés sur des . fonds trop éloignés de atmosphère ne peuvent pas recevoir l'heureuse influence de la lumière et de la chaleur, qu’on supplée aux côtes basses et aux pentes douces, en faisant construire dans ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de pares ou de viviers en bois, qui présenteront des plans inclinés très-voisins de la surface de l'eau, et que l’on garnira, dans la saison conve- pable , de branches et de rameaux sur lesquels HI, POISSONS. 609 les femelles puissent frotter leur ventre, et se débarrasser de leurs œufs. Aura-t-on à sa disposition des eaux therma- les assez abondantes pour remplir de vastes réservoirs, et y couler constamment en si grand volume, que dans toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On en profitera pour accli- mater des espèces étrangères, utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux yeux par la vi- vacité de leurs couleurs, la beauté de leurs for- mes et l’agilité de leurs mouvements, et qui n'auront vécu jusqu'à ce moment que dars les contrées renfermées dans la zone torride ou très-voisines des tropiques. Lorsque les poissons ne sont pas délicats, ils peuvent néanmoins supporter très-faciiement le passage d’une eau à une eau très-différente de la première. On l'a remarqué particulièrement sur l’anguille ; et M. de Septfontaines, observa- teur très-éclairé , que nous avons eu le plai- sir de citer très-souvent dans nos ouvrages, nous à écrit, dans le temps, qu’il avait fait transporter des anguilles d’une eau bourbeuse dans le vivier le plus limpide, d’une eau froide dans une eau tempérée, d’une eau tempérée dans une eau froide, d’un vivier très-limpide dans une eau limoneuse , etc.; qu’il avait fait supporter ces {ransmigrations à plus de trois cents individus; qu'il les y avait soumis dans différentes saisons ; qu’il n’en était pas mort la vingtième partie; et que ceux qui avaient péri n'avaient succombé qu’à la fatigue et à la gêne que leur avait fait éprouver un séjour très-long dans des vaisseaux très-étroils. On pourrait croire, au premier coup d’æil, qu'une des habitudes les plus difficiles à don- ner aux poissons serait celle de vivre dans l’eau douce après avoir vécu dans l’eau salée, ou celle de n’être entourés que d’eau salée après avoir été continuellement plongés dans de l’eau douce. Cependant on ne conservera pas longtemps celle opinion, si l’on considère qu'à la vérité l’eau salée, comme plus pesante, soutient da- vantage le poisson qui nage, et dès-lors lui donne, tout égal d’ailleurs , plus d’agilité et de vitesse dans ses mouvements, mais que lors- qu’elle se décompose dans les branchies pour entretenir par son oxygène la circulation du sang, ou seulement dans le canal intestinal pour servir par son hydrogène à la nourriture | de l'animal, le sel dont elle est imprégnée n’al- vil 610 tère ni l’un ni l’autre proënit de cette décom- position. L’oxygène et l'hydrogène retirés de l’eau salée, où obtenus par le moyen de l’eau douce, offrent les mêmes propriétés, produi- sent les mêmes effets. Si le poisson est plus gêné dans ses mouvements au milieu d’un lac d’eau douce que dams le sein de l’Océan , il tire de l’eau de la mer et de celle du lac la même nourriture; et il peut, au milieu de l’eau douce, n'être privé que de cette sorte de modification qu’impriment la substance saline et peut-être une matière particulière bitamineuse ou de toute autre nature , contenues dans l’eau de l'Océan, et qui, l’environnant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent traverser ses téguments, pénétrer sa masse, et s'identifier avec ses or- ganes, De plus, un très-grand nombre de poissons ne passent-ils pas la moitié de l’année dans l'Océan, et l’autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves ? et ces poissons voyageurs ne paraissent-ils pas avoir absolument la même organisation que ceux qui, plus sédentaires , n’abandonnent dans aucune saison les rivières ou la mer ? Quant à la température, les eaux, au moins les eaux profondes, présentent presque la même, dans quelque contrée qu’on les examine, D'ail- leurs les animaux s’accoutument beaucoup plus aisément qu’on ne le croit à des températures très-différentes de celle à laquelle la nature les avait soumis. Ils sy babituent même lorsque, vivant dans une très-grande indépendance, ils pourraient trouver dans des contrées plus chau- des ou plus froides que leur nouveau séjour, une sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habitation aussi adaptée à leur organisa- tion, une nourriture aussi abondante. Nous en avons un exemple frappant dans l'espèce du cheval. Lors de la découverte de l'Amérique méridionale, plusieurs individus de cette es- pèce, amenés dans celte partie du nouveau continent, furent abandonnés, ou s’échappe- rent dans des contrées inhabitées voisines du rivage sur lequel on les avait débarqués : ils s'y mulüiplièrent ; et de leur postérité sont descen- dues des troupes très-nombreuses de chevaux sauvages, qui se sont répandus à des distances très-considérables de la mer, se sont très-éloi- gnés de la ligne équinoxiale, sont parvenus urès-près de l'extrémité australe de l'Amérique, ÿ occupent de vastes déserts, n’y ont perdu au- EFFETS DE L'ART cun de leurs attributs, ont été plutôt améliorés qu’allérés par leur nouvelle manière de vivre, y sont exposés à un froid assez rigoureux pour qu'ils soient souvent obligés de chercher leur nourriture sous la neige qu'ils écartent avec leurs pieds ; et néanmoins on ne peut guère dis- convenir que le cheval ne soit originaire du climat brûlant de l'Arabie. I n’y à que les animaux nés dans les envi- rons des cercles polaires, qui ont dès leurs pre- mières années supporté le poids des hivers les plus rigoureux, et dont la nature, modifiée par les frimas, non-seulement dans eux, mais en- core dans plusieurs des générations qui les ont précédés, est devenue, pour ainsi dire, analo- gue à tous les effets d’un froid extrême, qui ne paraissent pas pouvoir résister à une lempéra- ture très-différente de celle à laquelle ils ont loujours été exposés. Il semble que la raréfac- tion produite dans les solides et dans les liquides par une grande élévation dans la température, est pour les animaux un changement bien plus dangereux que l’accroissement de lon, d’irrita- bilité et de force , que les solides peuvent rece- voir de l’augmentation du froid; et voilà pour- quoi on n’a pas encore pu parvenir à l'aire vivre pendant longtemps dans le climat tempéré de la France les rennes qu’on y avait amenés des contrées boréales de l’Europe. On doit done, tout égal d’ailleurs, essayer de transporter les poissons du midi dans les lacs ou rivières du nord, plutôt que ceux des contrées seplentrionales dans les eaux du midi. Lors même que les rivières ou les lacs dans les- quels on aura transporté les poissons méridio- naux, seront situés de manière à avoir leur surface glacée peudant une partie plus ou moins longue de l’anaée, ces animaux pourront y vivre. Ils se tiendront dans le fond de leurs habita- tions pendaut que l’hiver régnera: et si, dans celle retraite profonde, ils manquent d’une communication suffisante avec l'air de latmo- sphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant, leur fait subir son influence , descend jusqu'à eux et les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou moins prolongée, qui conservera leur existence, en en ralentissant les principaux res- sorts !. Combien d'individus, et même com- bien d'espèces cet engourdissement remarqua- ble ne préserve-t-il pas de la destruction en - 1 Voyez l'article du Scombre maquereau. SUR LES POISSONS. concentrant la vie dans l’intérieur de l'animal, en l’éloignant de la surface où elle serait trop fortement attaquée, en la renfermant, pour ainsi dire, dans une enveloppe qui ne conserve de la vitalité que ce qu'il faut pour ne pas éprouver de grandes décompositions , et en la réduisant, en quelque sorte, à une circulation si lente et si limitée, qu’elle peut être indépen - dante des objets extérieurs ! ! S'il ne répare pas, comme le sommeil journalier, des organes usés par la fatigue, il maintient ces organes; s’il ne donne pas de nouvelles forces , il garantit de l’anéantissement; s’il ne ranime pas le souffle de la vie , il brise les traits de la mort. Quelle que soient la cause, la force ou la durée du sommeil, il est donc toujours un grand bienfait de la nature ; et pendant qu'il charme les en- nuis de l’être pensant et sensible, non-seule- ment il guérit ou suspend les douleurs, mais il prévient et écarte les maux de l'animal, qui, réduit à un instinet borné, n’existe que dans le présent, ne rappelle aucun souvenir, et ne con- çoit aucun espoir. La qualité et l'abondance de la nourriture , ces grandes causes des migrations volontaires de tous les animaux qui quittent leur pays, sont aussi les objets auxquels on doit faire le plus d'attention, lorsqu'on cherche à conserver des animaux en vie dans un autre séjour que leur pays natal, et par conséquent lorsqu'on veut acclimater des espèces de poisson. L’aliment auquel le poisson que l’on vient de dépayser est le plus habitué, est celui qu’ii fau- dra lui procurer, il retrouvera sa patrie partoul où il aura sa nourriture familière, Par le moyen d'herbes, de feuilles, d’amas de végétaux, de fumiers de toute sorte, on donnera un aliment très-convenable aux espèces qui se nourrissent de débris de corps organisés ; on cherchera, on rassemblera des larves et des vers pour elles qui les préferent ; et lorsqu'on aura transporté des brochels ou d’autres poissons voraces, il faudra mettre dans les eaux qui les auront reçus ceux dont ils aiment à faire leur proie, qui se plaisent dans les mêmes habitations que ces animaux carnassiers, ou qui sont peu recherchés par les pêcheurs, comme des éperlans, des evprins goujons, des cyprins gibèles, des eyprins bor- delières, etc. On trouvera, en parcourant les différents ar- 1 Voyez le Discours sur la nature des quadrupèdes ovi= pares. 611 ticles de celte Histoire, un grand nombre d’es- pèces remarquables par leur beauté, par leur grandeur et par le goût exquis de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre patrie, et qu'on pourrait aisément acclimater en France, avec les précautions ou par les moyens que nous venons d'indiquer, ou en employant des procé- dés analogues à ceux que nous venons de dé- crire, et qu'on préférerait d’après la longueur du trajet , la nature du voyage, le climat que les poissons auraient quitté, la saison que l’on au- rait été obligé de choisir, et plusieurs autres cir- constances. De ce nombre seraient, par exemple, le centropome sandat de la Prusse, l’holocentre post des contrées septentrionales de l'Allemagne ; et on ne devrait même pas être effrayé par la grandeur de la distance, surtout lorsque le trans- port pourrait avoir lieu par mer, ou par des ri- vières, ou des canaux. On peut en effet, lors- qu'on ‘navigue sur l'Océan, sur des canaux ou sur des fleuves , attacher à l'arrière du bâtiment une sorte de vaisseau , ou pour mieux dire, de srande caisse, que l’on rend assez pesante pour qu'elle soit presque entièrement plongée dans l’eau, et dont les parois sont percées de manière que les poissons qui y sont renfermés reçoivent tout le fluide qui leur est nécessaire, et commu- niqueut avec l'atmosphère de la manière la plus avantageuse, sans pouvoir s'échapper et sans iwoir rien à craindre de la dent des squales ou des autres animaux aquatiques et féroces. Nous indiquous donc à la suite du post et du sandat, et entre plusieurs autres que les bornes de ce Discours ne nous permettent pas de rappeler ici, l’osphronème goramy, déja apporté de la Chine à l’île de France, le bodian aya des lacs du Brésil, et l’holocentre sogo des grandes Indes, de PAfrique et des Antilles. Quand on n'aura pas une eau courante à don- ner à ces poissons arrivés d’une terre étrangère, et principalement lorsque ces nouveaux hôtes auront vécu, jusqu à leur migration, dans des fleuves ou des rivières, on compensera le renou- vellement perpétuel du fluide environnant que le courant procure, par une grande étendue don- née à l'habitation. Ici comme dans plusieurs autres phénomènes, un grand volume en repos tiendra lieu d’un petit volume en mouvement ; et, dans un espace de temps déterminé, l'animal jouira de la mème quantité de molécules de fluide, différentes de celles dont il aura déjà recu l'influence (12 Sans cette précaution , les poissons que l’on voudraif äcclimater épouveraient les mêmes ac- cidents que ceux de nos contrées qu’on enlève aux petites rivières, et particulièrement à la partie de ces rivières la plus voisine de la source, et qu'on veut conserver dans des vaisseaux ou même dans des bassins très-étroits. On est obli- gé de renouveler très-souvent l’eau qui les en- serre; sans cela, les diverses émanations de leur corps, et l'effet nécessaire du rapproche- ment d’une grande quantité de substances ani- males, vicient l’eau, la corrompent par la pro- duction de gaz que l’on voit s'élever en petites bulles, et la rendent si fweste pour eux, qu'ils périssent s’ils ne viennent pas à la surface cher- cher le voisinage de l’atmosphère, et respirer, pour ainsi dire, des couches de fluide plus pures. Ces faits sont conformes à de belles expé- riences faites par mon confrère M. Silvestre le fils, et à celles qui furent dans le temps commu- niquées à Buffon par une note que ce grand na- turaliste me remit quelques années après, et qui avaient été tentées sur des gades lotes, des eattes chabots, des cyprins goujons, et d’autres eyprins, tels que des gardons, des vérons et des vaudoises. Les poissons que l’on veut acclimater sont plus exposés que les anciens habitants des eaux dans lesquelles on les a placés, non-seulement aux altérations dont nous venons de parler, mais encore à toutes les maladies auxquelles leurs di- verses tribus sont sujettes. Ces maladies assaillent ces tribus aquatiques, même lorsque les individus sont encore renfer— més dans l'œuf, On a observé que des embryons de saumon, de truite et de beaucoup d’autres espèces, périssaient lorsque des substances grasses, onctueuses, et celles que l'on désigne par le nom de saletés et d’ordures, s’atlachaient à l'enveloppe qui les contenait, et qu'une eau courante ne nettoyait pas promptement celte membrane. On suppléera facilement à cette eau courante par une attention soutenue et divers petits moyens que les circonstances suggéreront. Lorsque les poissons sont vieux, ils éprouvent souvent une altération particulière qui se ma- nifeste à la surface de lanimal ; les canaux des- tinés à entretenir ou renouveler les écailles s’obstruent ou se déforment; les organes qui EFFETS DE L'ART de ces lames, s’oblitèrent ou se dérangent; les écailles changent dans leurs dimensions ; la ma- ticre qui les compose n’a plus les mêmes pro- priétés; elles ne sont plus ni aussi luisantes, ni aussi transparentes, ni aussi colorées ; elles sont clair-semées sur la peau de l’animal vieil, elles se détachent avec facilité ; elles ne sont pas remplacées par de nouvelles lames, ou elles cèdent la place, en tombant, à des excroissances difformes, produites par une matière écailleuse de mauvaise qualité, mélangée avec des élé- ments hétérogènes, et mal élaborée dans des parties sans force, et dans des tuyaux qui ont perdu leur première figure. Cette altération est sans remède; il n’y a rien à opposer aux effets nécessaires d’un âge très-avancé. Si dans les poissons, comme dans les autres animaux, l'art peut reculer l’époque de la décomposition des fluides, de l’affaiblissement des solides, de la di- minution de la vitalité, il ne peut pas détruire l'influence de ces grands changements, lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la rapidité du cours de la vie, il ne peut pas la faire remon- ter vers sa source. Mais les maux irréparables de la vieillesse ne sont pas à craindre pour les poissons que l’on cherche à acclimater : dans la plupart des es- pèces de ces animaux, ils ne se font sentir qu'après des siècles, et l'éducation des individus que l’on transporte d’un pays dans un autre, est terminée longtemps avant la fin de ces nom- breuses années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées, leur nature est d'autant plus changée avant qu'ils approchent du terme de leur existence, qu’on a commenté d'agir sur eux pendant qu’ils étaient encore très-jeunes. C'est d'autres maladies que celles de la dé- crépitude qu’il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons qu’on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet de nos pensées, et tout ce que nous allons dire doit s’appliquer non- seulement aux poissons que l’on veut acclima ter dans telle ou telle contrée, mais encore à tous ceux que la nature fait naître sans le seco urs de l’art. Ces maladies qui rendent les poissons languis- sants et les conduisent à la mort, proviennent quelquefois de la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits sont saisis par filtrent la substance nourricière et réparatrice | l’animal qui se dresse, pour ainsi dire, sur la SUR LES POISSONS. 613 rive, ou tombent dans l’eau, y flotient, et! des étangs vaseux, L'air de l'atmosphère n’a vont ensuite former au fond du lac ou de la rivière un sédiment de débris de corps organi- sés. Ces plantes peuvent être, dans certaines saisons de l’année, viciées au point de ne four- nir qu'une substance malsaine, non-seulement aux poissons qui en mangent, mais encore à ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont composé la nourriture. On prévient ou on arrête les suites funestes de la décomposition de ces végétaux en détruisant ces plantes auprès des rives de l'habitation des poissons, et en les remplaçant par des herbes ou des fruits choisis que l’on jette dans l’eau peuplée de ces ani- maux. La plus terrible des maladies des poissons est celle qu’il faut rapporter aux miasmes produits dans le fluide qui les environne. C’est à ces miasmes qu'il faut attribuer la mortalité qui régna parmi ces animaux dans les grands et nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu du département de l'Ain, lors de l'hiver rigoureux de la fin de 1788 et du com- mencement de 4789, et dont l’estimable Va- renne de Fenille donna une notice très-bien faite dans ie Journal de physique de novem- bre 1789. Dès le 26 novembre 1788, suivant ce tres-bon observateur, la surface des étangs fut profondément gelée ; la glace ne fondit que vers la fin de janvier, Dans le moment du dégel, les rives des étangs furent couvertes d’une quan- tité prodigieuse de cadavres de poissons, rejetés par les eaux. Parmi ces animaux morts, on compta beaucoup plus de carpes que de perches, de brochets et de tanches. Les étangs blancs, c’est-à-dire ceux dont les eaux reposaient sur un sol dur , ferme et argileux, n'offrirent qu'un petit nombre de signes de cette mortalité; ceux qu’on avait récemment réparés etnettoyés, mon- trèrentaussi sur leurs bords très-peu de victimes : mais presque tous les poissons renfermés dans des étangs vaseux , encombrés de jones ou de roseaux, et surchargés de débris de végétaux, pé- rirent pendant la gelée. Ce qui prouve évidem- ment que la mort de ces derniers animaux n’a pas été l'effet du défaut de l’air de l’atmesphère, comme le penseraient plusieurs physiciens , et qu’elle ne doit être rapportée qu'à la produc- tiôn de gaz délétères qui n’ont pas pu s’échapper au travers de la croûte de glace, c’est que la gelée a été aussi forte à la superlicie des étangs blancs et des élanss nouvellement nettoyés, qu'à celle pas pu pénétrer plus aisément dans les premiers que dans les derniers ; et cependant les poissons . de ces étangs blancs ou récemment réparés ont vécu, parce que le fond de leur séjour, n'étant pas couvert de substances végétales, n’a pas pu produire les gaz funestes qui se sont dévelop- pés dans les étangs vaseux. Et ce qui achève, d’un autre côté, de prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui est importante pour la physique des poissons, c’est que des oiseaux de proie, des loups, des chiens et des cochons mangerent les restes des animaux rejetés après le dégel sur les rivages des étangs remplis de jones, sans éprouver les inconvénients auxquels ils auraient été exposés s'ils s'étaient nourris d'animaux morts d’une maladie véritablement pestilentielle. Ce sont encore ces gaz malfaisants que nous devons regarder comme la véritable origine d’une maladie épizootique qui fit de grands ravages, en 1757, dans les environs de la forêt de Créey. M. de Chaïgnebrun, qui a donné dans le temps un très-bon traité sur celte épizootie, rapporte qu’elle se manifesta sur tous les animaux ; qu’elle atteignit les chiens, les poules , et s’étendit jus- qu'aux poissons de plusieurs étangs. Il nomme cette maladie fièvre épidémique contagieuse , inflammatoire, putride et gangréneuse. Un médecin d’un excellent esprit, dont les connais- sances sont très-variées, et qui sera bientôt cé- lèbre par des ouvrages importants, M. Chavas- sieu-Daudebert, lui donne , dans sa Nosologie comparée, le nom de charbon symptomatique. Je pense que cette épizoolie ne serait pas parve- nue jusqu'aux poissons, si elle n'avait pas tiré son origine de gaz délétères. Je crois, avec Aristote, que les poissons revêtus d’écailles, se nourrissant presque toujours de substances lavées par de grands volumes d’eau, respirant par un organe particulier, se servant, pour cet acte de la respiration, de l’oxygène de l’eau bien plus fréquemment que de celui de l’air, et toujours environnés du fluide le plus propre à arrêter la plupart des contagions, ne peuvent pas recevoir de maladie pestilentielle desanimaux qui vivent dans l’atmosphère. Mais les poissons des environs de Crécy n’ont pas été à l'abri de l’épizootie, au-dessous des couches d’eau qui les recouvraient, parce qu’en même temps que les marais voisins de la forêt exhalaient les miasmes qui donuaient la mort aux chiens, aux poules, 614 et à d'autres espèces terrestres, le fond des étangs produisait des gaz aussi funestes que ces miasmes, Il n’y a pas eu de communication de maladie; mais deux causes analogues , agissant en même temps, l’une dans l’eau, et l’autre dans l'atmosphère, ont produit des effets sembla- bles. On peut prévenir presque toutes ces mortali- tés que causent des gaz destructeurs, en ne lais- sant pas dans le fond des étangs ou des rivières, des las de corps organisés qui puissent, en se cécomposant , produire des émanations pesti- leutielles, en les entrainant par de l’eau cou- rante que l’on introduit dans ces étangs, et par de l’eau très-pure et très-rapide que l’on conduit dans ces rivières pour en renouveler le fluide, de la même maniere que l’on rencuvelle celui des temples, des salles de spectacle et d’autres grands édifices par les courants d’air que lon y dirige, et enfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se forment sur la surface des étangs et des rivières , et qui retiendraient les gaz perni- cieux dans l'habitation des poissons. Il paraît que lorsque la chaleur est très-grande, elle agit sur les poissons indépendamment des fermentations, des décompositions et des exhalaisons qu'elle peut faire naître. Elle in- flue directement sur ces animaux, surtout lors- qu'ils sont renfermés dans des réservoirs qui ne conliennent qu'un pelit volume d’eau, Elle parvient alors jusqu’au fond du réservoir, qu'elle pénètre , ainsi que les parois; et réfléchie en- suile par ce fond et ces parois très-échauffés, elle attaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent dès lors placés comme dans un foyer, et leur nuit au point de leur donner des mala- dies graves. C’est ainsi qu’on a vu des anguilles mises pendant l'été dans des bassins trop peu étendus, gagner une maladie qu’elles se com- muniquaient, etqui se manifestait par des taches blanches. On dit qu’on a les guéries par le moyen du sel, et de la plante nommée Stratioles aloi- des. Mais quoi qu’il en soit, il vaut mieux em- pêcher cette maladie de naître, en préservant les poissons de lexcès de la chaleur , eu prati- quant dans leur habitation des endroits profonds où ils puissent trouver un abri contre les feux de Pastre du jour, en plantant sur une partie du rivage des arbres touffus qui leur donnent uue ombre salutaire. Et comme il est très-rare que tous les extré- mes ne soient pas nuisibles, parce qu’ils sont EFFETS DE L’ART le plus éloignés possible de la combinaison la plus commune , et par conséquent la plus natu- relle des forces et des résistances, pendant que les eaux trop échauffées ou trop impures don- nent la mort à leurs habitants, celles qui sont trop froides et trop vives les font aussi périr, ou du moins les soumettent à diverses incom- modités, et particulièrement les rendent aveu- ges. Nous trouvons à ce sujet, dans les Hé- moires de l'académie des sciences pour 1748, des observations curieuses du général Monta- lembert, faites sur des brochets; et le comte d’Achard en adressa d’analogues à Buffon , en 1779, dans une lettre, dont mon illustre ami m'a remis dans le temps un extrait, « Dans une « terre que j’ai en Normandie, dit le comte @’A- « chard , il existe une fontaine abondante äans « les plus grandes sécheresses. Je suis parvenu, «au moyen de canaux de terre cuite, à amener « l’eau de cette source dans {rois bassins que « j'ai dans mon parterre. Ces bassins sont mu- «rés et pavés à chaux et à sable ; mais on n’Y «a mis l’eau qu'après qu'ils ont été parfaile- « ment secs. Après les avoir bien nettoyés et « fait écouler la première eau, on y a laissé « séjourner celle qui y est venue depuis, et qui « coule continuellement. Dans les deux premiers « bassins, j'ai mis des carpes de la plus grande « beauté, avec des tanches; dans le troisième « des poissons de la Chine (des cyprins dorés) : « tout cela existe depuis trois ans. Aujourd’hui «les carpes, précieuses par leur beauté et «leur grandeur vraiment prodigieuse, sont « attaquées d’une maladie cruelle et dont elles « meurent journellement. Elles se couvrent peu « à peu d'un limon sur tout le corps, et sur- « tout sur les yeux, où il y a en sus une espèce « de taie blanche qui se forme peu à peu, « comme le limon, jusqu'a l'épaisseur de deux «ou trois lignes. Elles perdent d’abord un « œil, puis l’autre, et ensuite crèvent..… Les « tanches et les poissons chinois ne sont pas « allaqués de celte maladie. Est-elle particu- «lière aux carpes? quel en est le remède ? « d’où cela peut-il venir? de la vivacité de « l’eau ? etc., ete., etc. Cette dernière conjecture nous paraît très- fondée; et ce que nous venons de dire devra faire trouver aisément le moyen de garantir ces poissons de cette cécité que la mort suit sou- vent, Ces poissons sont aussi quelquefois menacés SUR LES de périr , parce qu’un de leurs organes les plus essentiels est atlaqué. Les branchies par les- quelles ils respirent, et que composent des membranes si délicates et des vaisseaux san- guins si nombreux et si déliés, peuvent être dé- vhirées par des insectes ou des vers aquatiques qui s’y attachent , et dont ils ne peuvent pas se débarrasser. Peut-être, après avoir bien reconnu l'espèce de ces vers ou de ces insectes, parvien- dra-t-on à trouver un moyen d’en empêcher la wultiplication dans les étangs et dans plusieurs autres habitations des poissons que l’on voudra préserver de ce fléau. Les poissons étant presque tous revêtus d’é- cailles dures et placées en partie les unes au- dessus des autres, ou couverts d’une peau épaisse el visqueuse, ne sont sensibles que dans une très-pelite étendue de leur surface. Mais Jorsque quelque insecte, ou quelque ver, s'a- charne contre la portion de cette surface qui n’est pas défendue, et qu'il s’y place ou s’y ac- croche de manière que le poisson ne peut, en se frottant contre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la vase, l’écraser, ou le détacher, et le faire tomber, la grandeur, la force, l'agilité, les dents du poisson , ne sont plus qu’un secours inutile. En vain il s’agite, se secoue, se con- tourne, va, revient, s'échappe, s'enfuit avec la rapidité de l'échir; il porte toujours avec lui l'ennemi attaché à ses organes ; lous ses efforts sont impuissants; et le ver ou l’insecte est pour lui au milieu des flots ce que la mouche du dé- sert est, dans les sables brülants de l'Afrique, non-seulement pour la timide gazelle, mais en— core pour le tigre sanguinaire, et pour le fier lion, qu’elle perce, tourmente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs bonds violents, leurs mouvements impétueux et leur rugissement terrible. Mais ce n’est pas assez pour l'intelligence humaine de conserver ce que la nature produit : que, rivale de cette puissance admirable, elle ajoute à la fécondité ordinaire des espèces; qu’elle multiplie les ouvrages de la nature. On a remarqué que, dans presque toutes les espèces de poissons , le nombre des mâles était plus grand et même quelquefois double de celui des femelles ; et comme cependant un seul mâle peut féconder des millions d'œufs, et par conséquent le produit de la ponte de plusieurs femelles, il est évident que l’on favorisera beau coup la mulliplication des individus, si on a le POISSONS. 615 soin, lorsqu'on pêchera , de ne garder que les mâles, et de rendre à l’eau les femelles. On dis- tinguera facilement, dans plusieurs espèces, le: femelles des mâles, sans risquer de les blesser: ou de nuire à la reproduetion , et sans chercher, par exemple, dans le temps voisin du frai, à faire sortir de leur corps quelques œufs plus ou moins avancés. En effet, dans ces espèces, les femelles sont plus grandes que les mâles; et d’ailleurs elles offrent dans les proportions de leurs parties, dans la disposition de leurs cou- leurs, ou dans la nuance de leurs teintes, des signes distinetifs qu’il faudra tâcher de bien con- naître, et que nous ne négligerons jamais d’in— diquer en écrivant l’histoire de ces espèces par- ticulières. Lorsqu'on ne voudra pas rendre à leur séjour natal toutes les femelles que l’on pêchera, on préférera de conserver pour la production les plus longues et les plus grosses, comme pondant une plus grande quantité d'œufs. De plus, et si des circonstances impérieuses ne s’y opposent pas, que l’on entoure les étangs et les viviers de claies ou de filets, qui, dans le temps du frai, retiennent les herbes ou les branches chargées d'œufs, et les empêchent d’être entraînées hors de ces réservoirs par les débordements fréquents à l’époque de la ponte, Que l’on éloigne, autant qu’on le pourra, les friganes, et les autres insectes aqualiques voraces qui détruisent les œufs et les poissons qui vien- nent d’éclore. Que l’on construise quelquefois dans les vi- viers différentes enceintes, l’une pour les œufs, t les autres pour les jeunes poissons, que l’on séparera en plusieurs bandes , formées d'après la diversité de leurs àges, et renfermées chacune daus un réservoir particulier. Il est des viviers el des étangs dans lesquels des poissons très-recherchés, et, par exemple des truiles, vivraient très-bien, et parviendraieni à une grosseur considérable : mais le fond de ces élangs étant très-vaseux , c’est en vain que les femelles le frottent avec leur ventre, avant d'y déposer leurs œufs; la vase reparaît bientôt, salit les œufs, les altère, les corrompt, et leÿ fœtus périssent avant d’éclore, Cet inconvénient a fait imaginer une manière de faire venir à la lumière ces poissons, et par— tieulièrement les saumons et les truiles, qui d’ailleurs ne servira pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multiplier les individus des es- 616 pèces les plus utiles ou fes plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régiment de la Marine, tempérant les austérités des camps par le charme le l’étude des sciences utiles à l'humanité, écrivit a description de ce procédé à Hameln en Alle- migne, pendant la guerre de sept ans. I rédigea cette description sur les mémoires de M. J. L. Jacobi, lieutenant des miliciens du comté de Lippe-Detmold, et l’envoya à Buffon, qui me la -emit lorsqu'il voulut bien m'engager à continuer l'Histoire naturelle. On construit une grande caisse à laquelle on donne ordinairement douze pieds de longueur, un pied et demi de largeur, et six à sept pouces de hauteur. A un bout de cette longue caisse, on pratique un trou carré, que l’on ferme avec un treillis de fer dont les fils sont éloignés les uns des autres de deux ou trois lignes. On ménage un trou à peu près semblable dans la planche du bout opposé, et vers le fond de la caisse. Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d’un treillis pareil à celui du pre- nier. Ces trous servent et à soumettre les fœtus ou les jeunes poissons à l'influence des rayons du soleil, et à les préserver de gros insectes et de campagnols aquatiques, qui mangeraient et les œufs et les poissons éclos. Un petit tuyau fait entrer l’eau d’un ruisseau ou d'une source par le premier treillis; et cette eau courante s'échappe par la seconde ou- verture. On couvre tout le fond de la caisse d’un gra- vier bien lavé de la hauteur d’un pouce, et on étend sur ce gravier de petits cailloux serrés, de dimensions semblables à celles d’une noisette, et parmi lesquels on place d’autres cailloux de la grosseur d’une noix. A l’époque du frai de l'espèce dont on veut multiplier les individus, on se procure un mäle et une femelle de cette espèce, et, par exemple, de celle du saumon. On prend un vase bien net, dans lequel on met deux ou trois pintes d’eau bien claire, On ‘ient le saumon femelle dans une situation ver- ticale, et la tête en haut au-dessus du vase. Si les œufs sont déja bien développés, ou bien murs, ils coulent d'eux-mêmes ; sinon on faci- lite leur chute en frottant le ventre de la fe- EFFETS DE L'ART melle doucement de haut en bas, et avec ia paume de la main. Dans plusieurs espèces de poissons, on peut voir un organe particulier que nous avons re- marqué avec soin, qui n’a été observé que pat un pelit nombre de naturalistes, dont très-peu de zoologues ont connu le véritable usage, el que le savant Bloch a nommé nombril. Cet or- gane est une sorte d'appendice d'une forme allongée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire est auprès et au delà de lanus. Cet appendice creux et percé par les deux bouts, communique avec les réservoirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les femelles. Ce petit tuyau est le conduit par fequel les œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le nommons en conséquence appendice génital. L’urine du poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet organe une analogie de plus avec les parties sexuelles et extérieures des mam- mifères. Il ne peut pas servir à distinguer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi bien qu'à la femelle : mais sa présence ou son absence, et ensuite ses proportions et sa figure particu- liere, peuvent être employées avec beaucoup d'avantage pour établir une ligne de démarcation exacte et constante entre des espèces voisines , ainsi que nous le montrerons dans la suite de l’histoire que nous écrivons. C'est par cet appendice génital que, dans ja méthode de reproduction, en quelque sorte arli- ficielle, que nous décrivons, les femelles qui sont pourvues de cet organe extérieur laissent couler leurs œufs. Lorsque les œufs sont tombés dans l’eau, on prend le mâle , on le tient verticalement au-des- sus de ces œufs ; et pour peu que cela soit né- cessaire, on aide par un léger frottement l'épan- chement de la liqueur prolifique, dont on peut arrêter l'écoulement au moment où l’eau est de- venue blanchâtre par son mélange avec cette liqueur spermatique. Il est des espèces de poissons, et notamment de cyprins, comme le nase, le roethens, dans lesquelles on peut choisir avec facilité un mâle pour a fécondation des œufs que l'on a obtenus, Dans ces espèces, les mâles, surtout lorsqu'ils son! jeunes, présentent des taches, de petites pro- tubérances, ou d’autres signes extérieurs qui an- noncent qu’ils sont déjà surchargés d’une laite abondante, On met dans la grande caisse les œufs fécon- SUR LES POISSONS. dés; on les y distribue de manière qu’ils soient toujours couverts par l’eau courante; on em- pêche que le mouvement de cette eau ne soit “op rapide, afin qu'il ne puisse pas entraîner es œufs. On écarte soigneusement avec des )lumes, ou par tout autre moyen, les saletés qui pourraient s’introduire dans la caisse; et au bout d’un temps qui varie suivant les espèces, la température de l’eau, et la chaleur de l’at- mosphère, on voit éclore les poissons que l’on . désirait. Au reste, la sorte de fécondation artificielle cpérée avec suecès par M. Jacobi, peut avoir heu sans la présence de la femelle : il suffit de ramasser les œufs qu’elle dépose dans son séjour naturel; il serait même possible de connaître, à l'instant où on les recuei!lerait, s’ils auraient été déjà fécondés par le mâle, ou s’ils n’auraient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure en effet que lorsqu'on observe avec un bon micro: scope des œufs de poisson arrosés de la liqueur séiinale du mâle, on pent apercevoir très-dis- tinctement dans ces œufs une pelite ouverture qui ne paraissait presque pas, ou était presque insensible avant la fécondation, et dont il rap- porte l'extension à l'introduction dans l'œuf d’une portion du fluide de la laite. Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant | le procédé de M. Jacobi, se passer de la pré-| sence du mâle, On peut n’employer la liqueur | prolifique que quelque temps après sa sortie du corps de l'animal, pourvu qu’un froid excessif ou une chaleur violente ne dessèchent pas promp- tement ce fluide viviliant; et même la mort du mâle, pourvu qu’elle soit récente, n'empêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des. confié, et que les soins en apparence les plus us. On a écrit que les digues par le moyen des- quelles on retient les eaux des petites rivières, diminuaient la multiplication des poissons dans les contrées arrosées par ces eaux. Cela n’est vrai cependant que pour les poissons qui ont sesoin, à certaines époques, de remonter dans les eaux courantes jusqu'à une distance très- grande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent pas, comme les saumons, s’élancer facilement à de grandes hauteurs, et franchir l’obstacle que les digues opposent à leur voyage pério- isue. Les chaussées transversales doivent, au contraire, être très-favorables à la multiplica- tion des poissons sédentaires, qui se plaisent dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaquef 1 Article de V'Anguille. IT, 617 digue, la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de grand réservoir, dont l’eau tranquille, quoique suffisamment renouvelée , pourra donner à un grand nombre d'individus d'espèces très-utiles le volume de fluide, l'abri, l'aliment , et la température les plus conve- nables. Quelle est, en effet, la pièce d’eau que l’art ne puisse pas féconder et vivifier ? On à vu quelquefois des poissons remar- quables par leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons déjà dit dans cet ouvrage !, que M. de Septfontaines s'était assuré qu’une grande anguille avait passé un temps assez long, sans perdre non-seulement la vie, mais même une partie de sa graisse, dans une fosse qui con- tenait à peine la moitié d’un cube de trois pieds d’eau; et il est des contrées où des cyprins, et particulièrement des carassins, réussissent assez bien dans de petits amas d’eau dormante, pour y donner une nourriture abondante aux habi- tants de la campagne. On à bien senti les avantages de cette grande multiplication des poissons utiles dans presque tous les pays où le progrès des lumières a mis l’économie publique en honneur, et où les gou- | vernements, profitant avec soin de tous les se- cours des sciences perfeclionnées, ont cherché à faire fleurir toutes les branches de l’industrie humaine. C’est principalement dans quelques états du nord de l’Europe, et notamment en Prusse et en Suède, qu'on s’est attaché à aug menter le nombre des individus dans ces espèces | précieuses; et comme un gouvernement pa- ternel ne néglige rien de ce qui peut accroître la subsistance du peuple dont le bonheur lui est minutieux prennent un grand caractère dès le moment oùils sont dirigés vers Putilité publi- que, on à porté en Suède l'attention pour l'ac- croissement du nombre des poissons jusqu’à ne pas sonner les cloches pendant le temps du frai des cyprins brêmes, qui y sont très-recherchés , parce qu'on avait cru s’apercevoir que ces ani= maux, efirayés par le son des cloches, ne se livraient pas d’une manière convenable aux opé- rations nécessaires à la reproduction de leur es- pèce. Aussi y a-f-on souvent recueilli de grands fruits de celte vigilance étendue aux plus petits détails, et, par exemple, en 4749, a-t-on pris 78 618 d'un seul coup de filet, dans le lac voisin de Nordkiæping, cinquante mille brêmes, qui pe- saient plus de dix-huit mille livres. Et comment n’aurait-on pas cherché, dans presque tous les temps et dans presque Lous les pays civilisés, à multiplier des animaux si néces- saires aux jouissances du riche et aux besoins du pauvre, qu'il serait plus aisé à l’homme de se passer de la classe entière des oiseaux et d’une grande partie de celle des mammifcres , que de la casse des poissons ? En effet, il n’est pour ainsi dire, aucune espèce de ces habitants des eaux douces ou salées, dont la chair ne soit une nourriture saine et très-sou- vent copieuse. Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche, cette chair, recherchée avec tant de raison, de- vient, lorsqu'elle est transformée en garum , un assaisonnement piquant ; fait les délices des tables somptueuses, même très-loin du rivage où le poisson a été pêché, quand elle à été marinée; peut être transportée à de plus grandes dis- tances, si on a eu le soin de l'imbiber d’une grande quantité de sel ; se conserve pendant un temps très-long, après qu’elle a été séchée, et, ainsi préparée, est la nourriture d’un très-grand nombre d'hommes peu fortunés, qui ne sou- tiennent leur existence que par cet aliment abon- dant et très-peu cher. Les œufs de ces mêmes habitants des eaux servent à faire ce caviar qui convient au goûl de tant de nations; et les nageoires des espèces que lon croirait les moins propres à satisfaire un goût délicat, sont regardées à la Chine, et dans d’autres contrées de l'Asie, comme un mets des plus exquis !. Sur plusieurs rivages peu fertiles, on ne peut compléter la nourriture de plusieurs animaux utiles, et, par exemple, celle des chiens du Kamtschaika , que la nécessité force d’alteler à des traineaux, ou des vaches de Norvège, desti- nées à fournir une grande quantité de lait, que par le moyen des vertèbres et des arêtes de plu- sieurs espèces de poissons. Avec les écailles des animaux dont nous nous occupons, on donne le brillant de Ja nacre au ciment destiné à couvrir les murs des palais les plus magnifiques, et on revêt des boules lévères de verre de l'éclat argentin des perles les plus belles de l'Orient, 1 Relation de l'ambassade de lord Macariney en Chine, EFFETS DE L'ART La peau des grandes espèces se métamorphose dans les ateliers en fortes lanières, en couver- tures solides et presque imperméables à l’humi dité, en garnitures agréables de bijoux donnés au luxe par le goût !. Les vessies natatoires et toutes les mem- branes des poissons peuvent être facilement converties, dans toutes les contrées, en cette colle précieuse sans laquelle les arts cesseraienf de produire le plus grand nombre de leurs ou- vrages les plus délicats. L'huile qu’on retire de ces animaux, assou- plit, améliore, et conserve dans presque toutes les manufactures les substances les plus néces- saires aux produits qu’elles doivent fournir ; et dans ces contrées boréales où règnent de si lon- gues nuits, entretenant seule la lampe du pauvre, prolongeant son (ravail au delà de ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui don- nant tout le temps que peuvent exiger les soins nécessaires à sa subsistance et à celle de sa fa- mille, elle tempère pour lui l'horreur de ces eli- mats ténébreux et gelés, etl’affranchit, lui et ceux qui lui sont chers, des horreurs plus grandes en- core d’une extrême misère, Que l’on ne soit donc pas étonné que Bélon, partageant l'opinion de plusieurs auteurs recom- mandables, tant anciens que modernes, ait écrit que la Propontide était plus utile par ses pois- sons , que des champs fertiles et de gras pâtu- rages d’une égale étendue ne pourraient l'être par leurs fourrages el par leurs moissons. Et douterait-on maintenant de l'influence pro- digieuse d’une immense multiplication des pois- sons sur la population des empires? On doit voir avec facilité comment cette merveilleuse multi- plication soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine, linnombrable quantité d'habitants qui y sont, pour ainsi dire, entassés. Et si des temps présen{s on remonte aux temps anciens, on peut résoudre un grand problème historique : on explique comment l’ancienne Égypte nour- rissait la grande population sans laquelle les admirables et immenses monuments qui ont ré- sisté au ravage de tant de siècles, et subsistent encore sur cette terre célèbre, n'auraient pas pu être élevés, et sans laquelle Sésostris n'aurait conquis ni les bords de l'Euphrate, du Tigre, de l’Indus , et du Gange, ni les rives du Pont- 1 Voyez les articles de là Raie sephen, du Squale requin, du Sauale roussette, des Acipensères, ele. CYPRIN DORE, [EU Paris Publié par l'urne, SUR LES POISSONS. Euxin , ni les monts de la Thrace. Nous connais- sons l'étendue de l'Égypte: lorsque ses pyra- mides ont été construites, lorsque ses armées ont soumis une grande partie de l'Asie, elie était bornée presque autant qu'à présent, par les déserts stériles qui la cireonscrivent à l'o- rient et à l'occident; et néanmoins nous appre- nons de Diodore, que dix-sept cents Égyptiens étaient nés le même jour que Sésostris : on doit donc admettre en Égypte, à l’époque de la naissance de ce conquérant fameux , au moins trente quatre millions d’habilants. Mais quel grand nombre de poissons ne renfermaient pas alors et le fleuve, et les canaux , et les lacs d’une contrée, où l’art de mulliplier ces animaux étail ua des principaux objets de la sollicitude du gouvernement et des soins de chaque famille ? Il est aisé de calculer que le seul lac Myris ou Maris pouvait nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons de plus de dix-huit pouces de longueur. Cependant, que l'homme ne se contente pas de transporter à son gré, d’acclimater, de con- server, de multiplier les poissons qu’il préfère; que l’art prélende à de nouveaux succès; qu'il se livre à de nouveaux efforts; qu'il tente de remporter sur la nature des victoires plus bril- lantes encore; qu’il perfectionne son ouvrage; qu'il améliore les individus qu’il se sera soumis, On sait depuis longtemps que des poissons de la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux une chair également délicate. Plusieurs observations prouvent que, par exemple, dans les mêmes rivières, leur chair est très-saine et très-bonne au-dessus des villes ou des torrents fangeux, et au contraire iusalubre et très-mau- vaise au-dessous de ces torrents vaseux et de ces amas d'immondices, souvent inséparables des villes populeuses. Ces faits ont été remarqués par plusieurs auteurs, notamment par Rondelet, Qu'on profile de ces résultats ; qu'on recherche les qualités de l’eau les plus propres à donner un goût agréable ou des propriétés salutaires aux diflérentes espèces de poissons que l’on sera par- venu à multiplier ou à conserver. Qu’on n'oublie pas qu'il est des moyens faciles et peu dispeudieux d’engraisser promptement plusieurs poissons, et particulièrement plusieurs cyprins. On augmente en très-peu de temps leur graisse, en leur donnant souvent du pain de chè- nevis, ou des fèves et des pois bouillis, ou du fumier, et notamment de celui de brebis. 619 D'ailleurs une nourriture convenable et abon- dante développe les poissons avec rapidité, fail jouir beaucoup plus tôt du fruit des soins que l’on a pris de ces animaux, et leur donne la faculté de pondre et de féconder une très-grande quantité d'œufs pendant un très-grand nombre d'années. On a observé dans tous les temps que le repos et un aliment très-copieux engraissaient beau- coup les animaux, On s’est servi de ce moyen pour quelques poissons, et on l’a employé d'une manière remarquable pour les carpes . on les a suspendues hors de l’eau , de manière à leur in- terdire le plus faible mouvement des nageoires; etelles ont été enveloppées dans de la mousse épaisse qu'on a fréquemment arrosée. Par ce procédé, ces eyprins ont été non-seulement ré- duils à un repos absolu , mais plongés perpétuel- lement dans une sorte d'humidité ou de fluide aqueux qui, parvenant très-divisé à leur surface, ä été facilement pompé, absorbé, décomposé, combiné dans l’intérieur de P’animal , assimilé à sa substance, et métamorphosé par conséquent en nourriture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en air, mais retenues au milieu d’une mousse humectée presque continuelle- ment, ont-elles bientôt acquis une graisse co— pieuse, et de plus un goût très-agréable. Dès le temps de Willughby, et même de celui de Gesner, on savait que l’on pouvait ouvrir le ventre à certains poissons, et surtout au bro- chet et à quelques autres ésoces , sans qu’ils en périssent, et même sans qu’ils en parussent long- temps incommodés. Il suffit de séparer les mus- cles avec dextérité, de rapprocher les chairs et les Léguments avec adresse, et de les recoudre avec précaution, pour qu’ils puissent plus faci— lement se réunir. Cette facilité a donné l’idée d'employer, pour engraisser ces poissons, le mème moyen dont on se serl pour donner un très-grand surcroit de graisse aux bœufs, aux moutons, aux chapons, aux poulardes, etc. On a essayé avec beaucoup de suecès d’enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs laites, La soustraction de ces organes, faite avec habi- leté et avec beaucoup d'attention, n’a dérangé que pendant un temps tres-court la santé des poissons qui l'ont éprouvée ; et toute la partie de leur substance qui se portait vers leurs laites ou vers leurs ovaires, et qui y donnait naissance ou à des centaines de milliers d'œufs, ou à une quan- tité très-considérable de liqueur fécondante, ne 620 trouvant plus d’organe particulier pour l’éla- borer ni même pour la recevoir, a reflué vers les autres portions du corps, s’est jetée principale- ment dans le tissu cellulaire, et y a produit une graisse non-seulement d’un goût exquis, mais encore d’un volume extraordinaire. 3 Mais que l'on ait surtout recours, pour l’amé- lioration des poissons, à ce moyen dont on a re- tiré de si grands avantages pour accroître les bonnes qualités et les belles formes de tant d’au- tres animaux utiles, et qui produit des phéno- mènes physiologiques dignes de toute l'atten- tion du naturaliste : c’est le croisement des races que nous recommandons. On sait que c’est par ce croisement que l’on est parvenu à perfection ner le bélier, le bœuf, l'âne et le cheval. Les espèces de poisson, et principalement celles qui vivent (rès-près de nous, qui préfèrent à la haute mer les rivages de l’Océan , les fleuves, les rivières et les lacs, et qui par la nature de leur séjour, sont plus soumises à l'influence de la nourriture, du climat, de ia saison, ou de Ja qualité des eaux, présentent des races très-dis- tinctes, et séparées l’une de l’autre, par leur grandeur, leur force, leurs propriétés ou la na- ture de leurs organes. Qu'on les croise, c’est-à- dire qu’on féconde les œufs de l’une avec la laite d’une autre. Les individus qui proviennent du mélange de deux races, non-seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui ont concouru à les former, mais encore sont préférables à la meilleure de ces deux races qui se sont réunies. C'est un fait très-remarquable, très-constalé, et dont on n’a donné jusqu’à présent aucune expli- cation véritablement satisfaisante, parce qu’on ne l’avait pas considéré dans la classe des pois- sons, dont l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à l’examen dans quelques-unes de ses circonstances, que celui des mammiferes et des oiseaux qui avaient été les objets de l’étude et de la recherche des zoologues. Rapprochons donc ce qu’on peut dire de ce curieux phénomène. Premièrement, une race qui se réunit à une seconde, éprouve, relativement à l'influence : qu’elle tend à exercer, une sorte de résistance que produisent les disparités et les disconvenances de ces deux races: cette résistance est cependant vaincue, parce qu'elle est très-limitée. Et l’on ne weut plus ignorer en physiologie, qu'il n’en est pas des corps organisés et vivants comme de EFFETS DE L'ART la matière brute et des substances mortes. Un obstacle tend les ressorts du corps organisé, de manière que son énergie vitale en est augmentée, au point que lorsque cet obstacle est écarté, non- seulement la puissance du corps vivant est égale à ce qu’elle était avant la résistance, mais même qu’elle est supérieure à la force dont il jouissait. Les disconvenances des deux races qui se rap— prochent font donc naître un accroissement de vitalité, d'action et de développement, dans le produit de leur réunion. Secondement, dans un mâle et une femelle d'une race, il n’y a que certaines portions an2- logues les unes aux autres qui agissent directe ment ou indirectement pour la reproduction de l’espèce. Lorsqu'une nouvelle race s’en approche, elle met en mouvement d’autres portions qui, a cause de leur repos antérieur, doivent produire de plus grands effets que les premières. Troisièmement, les deux races mêlées l’une avec l’autre ont entre elles des rapports desquels résulte un grand développement dans les fruits de leur union, parce que ce développement ne doit pas étre considéré comme la somme de l'ad- dition des qualités de l’une et de l’autre des deux races, mais comme le produit d’une mul- liplicalion , et, ce qui est la même chose, comme l'effet d’une sorte d’intussusception et de combi- vaison intime, au lieu d’une simple juxtaposition et d'une jonction superlicielle. C'est un fait semblable à celui qu’observent les chimistes, lorsque, par une suite d’une pénétra- tion plus ou moins grande, le poids de deux sub- stances qu'ils ont combinées l’une avec l’autre. est plus grand que la somme des poids de ces deux substances avant leur combinaison. Le résultat du croisement de deux races n’est cependant pas nécessairement, et dans toutes les circonstances, le perfectionnement des es- pèces : il peut arriver et il arrive quelquefois que ce croisement les détériore au lieu de les amé::0- rer. En effet , et indépendamment d'autre raison, chacun des deux individus qui se rapprochent dans l'acte de la génération, peut être regardé comme imprimant la forme à l'être qui provient de leur union, ou comme fournissant la matière qui doit être faconnée, ou comme influant à X fois sur le fond et sur la forme : mais nous ne pouvons avoir aucune raison de suppposer qu'a- près la réunion de deux races, il y ait nécessai- rement entre la malière qui doit servir au déve- loppement et le moule dans lequel elle doit être SUR LES POISSONS. figurée, plus de convenance qu'il n’y en avait avant celte même réunion, dans les individus de chacune de ces deux races considérées sépa- rément. Il y a done dans l’éloignement des races l’une de l’autre, c’est-à-dire dans le nombre des diffé- rences qui les séparent, une limite en decà et au delà de laquelle le croisement est par lui- même plus nuisible qu'avantageux. L'expérience seule peut faire connaître cette limite : mais on sera toujours sûr d'éviter tous les inconvénients qui peuvent résuller du croi- sement considéré en lui-même, si dans cectte opération on n’emploie jamais que les meilleures races, el si, par exemple, en mélant les races des poissons, on ne cesse de rechercher celles qui offrent le plus de propriétés utiles. soit pour obtenir les œufs que l’on voudra féconder, soit pour se procurer Ja liqueur active par le moyen de laquelle on désirera de vivilier ces œufs. Voila à quoi se réduit ce que nous pouvons dire du croisement des races, après avoir réuni dans notre pensée les vérités déja publiées sur cette partie de la physiologie, les avoir dégagées de tout appareil scientifique, les avoir débar- rassées de toute idée étrangère, les avoir com- parées, et y avoir ajouté le résultat de quelques réflexions et de quelques observations nouvelles. Considérons maintenant de plus baut ce que peut l'homme pour l’amélioralion des poissons. Tâchons de voir dans toute son étendue l’in- fluence qu'il peut exercer sur ces animaux par l'emploi des quatre grands moyens dont on s’est servi, toutes les fois qu’il a voulu modifier la nature vivante. Ces quatre moyens si puis- sants sont : la nourriture abondante et conve- nable qu'il a donnée, l'abri qu’il a procuré, la contrainte qu’il a imposée, le choix qu’il a fait des mäles et des femelles pour la propagation de l'espèce. En réunissant ou en employant séparément ces quatre instruments de son pouvoir, l’homme a modifié les poissons d’une manière bien plus profonde qu'on ne le croirait au premier coup d'œil. En rapprochant-un grand nombre de germes, il a resserré dans un espace assez étroit les œufs de ces animaux, pour que plusieurs de ces œufs se soient collés l’un à l’autre, compri- més, pénétrés, entièrement réunis, et, pour ainsi dire, identiliés, et de cette introduction d'un œuf dans un autre, si je puis parler ainsi, il est résullé une confusion si grande de deux 621 fœtus, que l’on a vu éclore des poissons mons- trueux , dont les uns avaient deux têtes et deux avant-corps, pendant que d’autres présentaient deux têtes, deux corps et deux queues liés en- semble par le ventre ou par un côté qui appar- tenait aux deux corps, et attachés même quel- quefois par cet organe commun , de manière à représenter une crois. Mais laissons ces écarts que la nature, con- trainte d’obéir à l’art de l'homme, peut présen- ter, comme lorsque indépendante de cet art elle n'est soumise qu'aux hasards des accidents : les produits de cette sorte d’accouplement extraor- dinaire ne constituent aucune amélioration ni de l’espèce, ni même de l'individu; ils ne se perpétuent pas par la génération; ils n’ont en général qu’une courte existence; ils sont étran- gers à notre sujet. Examinons des effets bien différents de ces phénomènes , et par leur durée, et par leur es- sence. Voici tous les attributs des poissons que la do- meslicité a déjà pu changer : Les couleurs; elles ont été variées et dans leurs nuances et dans leur distribution. Les écailles: elles ont acquis ou perdu de leur épaisseur et de leur opacité; leur figure a été ailérée; leur surface étendue ou rétrécie; leur adhésion à la peau affaiblie ou fortifiée ; leuc nombre diminué ou augmente. Les dimensions générales ; elles ont été agran- dies ou rapelissées. Les proportions des principales parties de la tête, du corps, ou de la queue; elles ont mon- tré de nouveaux rapports. La nageoire dorsale; elle a disparu. La nagcoire de la queue; elle a offert une nouvelle forme , et de plus elle a été ou doublée ou triplée, comme on a pu le voir, par exemple, en examinant les modifications que le cyprin doré a subies dans les bassins d'Europe, et sur- tout dans ceux de la Chine, où il est élevé avee soin depuis un grand nombre de siècles. L'art à donc déjà remanié, pour ainsi dire, non-seulement les téguments des poissons, e même un des plus puissants instruments de leut natation , mais encore presque tous leurs or ganes, puisqu'il en à changé les proportions ainsi que l’étendue, C'est par ces grandes modifications qu'il a produit des variétés remarquables. À mesure que l'influence a été forte, que l'impression a 622 été vive, qu’elle a pénétré plus avant, le chan- gement a été plus profond, et par conséquent plus durable. La nouvelle manière d’être, pro- duite par l'empire de l’homme, a été assez in- térieure , assez empreinte dans tous les organes qui concourent à la génération , assez liée avec toutes les forces qui contribuent à cet acte, pour qu'elle ait été transmise, au moins en grande partie, aux individus provenus de mâles et de femelles déja modifiés. Les variétés sont deve- nues des races plus ou moins durables; et lors- que, par la constance des soins de l’homme, elles auront acquis tous les caractères de la sta- bilité, c’est-à-dire lorsque toutes les parties de l'animal qui, par une suite de leur dépendance mutuelle , peuvent agir les unes sur les autres, auront reçu une modilicalion proportionnelle, et que par conséquent il n’existera plus de cause intérieure qui tende à ramener les variétés vers leur état primitif, ces mêmes variétés, au moins : , , ere | si elles sont séparées par d'assez grandes diffé- rences de la souche dont elles auront été déta- chées, constitueront de véritables espèces per— manentes el distinctes. C’est alors que l’homme aura réellement exer- cé une puissance rivale de celle de fa nature, et qu'il aura conquis l'usage d’un mode nouveau et bien important d'améliorer les poissons. Mais il peut déjà avoir recours à ce mode, d’une manière qui marquera moins la puissance de son art, mais qui sera bien plus courte et bien plus facile. Qu'il fasse pour les espèces ce que nous avons | dit qu’il devait faire pour les races; qu'il mêle | une espèce avec une autre; qu’il emploie la laite | c ë Re : ë 1 Û les époques du frai sont séparées par un inter- | valle de quelques jours ? Que l’on garde des œufs de l’une à féconder les œufs de l’autre. Il ne craindra dans ses tentatives aucun des obstacles que l’on a dù vaincre, toutes les fois qu’on a voulu tenter l’accouplement d’un mâle ou d’une femelle avee une femelle ou un mâle d'une es- pèce étrangère, et que l'on a choisi les objets de ses essais parmi les mammifères ou parmi les oiseaux. On dispose avec tant de facilité de la laite et des œufs! En renouvelant ses efforts, non-seulement conds, et qui transmettront leurs qualités aux générations qui leur devront le jour. On aura des espèces mélives, mais durables, distinctes, et existantes par elles-mêmes. On sait que la carpe produit facilement des | EFFETS DE L'ART métis avec la gibèle, ou avec d’autres cyprins. Qu'on suive cette indication. Pour éprouver moins de difficultés, qu'on cherche d’abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même temps, ou dont les époques du frai arrivent de maniere que le commencement de Fune de ces deux époques se rencontre avec la fin de l’autre. Si l’on ne peut pas se procurer facilement de la liqueur séminale de l’une des deux espèces, et Pobtenir avant qu’elle n’ait perdu , en se dessé- chant ou en s’altérant, sa qualité viviliante, qu’on place des œufs de la seconde à une pro- fondeur convenable , et à une exposition favo- rable, dans les eaux fréquentées par les mâles de la première. Qu'on les y arrange de manière que leur odeur atlire facilement ces mâles, et que leur position les invite, pour ainsi dire, à les arroser de leur fluide fécondant. Dans quelques circonstances, on pourrait les y con- traindre en quelque sorte, en délruisant autour de leur habitation ordinaire, et à une distance assez grande, les œufs de leurs propres femelles. Dans d'autres circonstances, on pourrait essayer de les faire arriver en grand nombre au-dessus de ces œufs étrangers que l’on voudrait les voir vivilier, en mélant à ces œufs une substance com- posée, factice et odorante, que plusieurs tenta tives feraient découvrir, et qui, agissant sur leur odorat comme les œufs de leurs espèces, les déterminerait aussi efficacement que ces der- niers à se débarrasser de leur laite, et à la ré pandre abondamment. Voudra-t-on se livrer à des essais plus hasar- deux, et réunir deux espèces de poissons dont de l'espèce qui fraie le plus tôt; que l’on se sou- vienne que l’on peut les préserver du degré de décomposition qui s’opposerait à leur féconda- | tion ; et qu’on les répande, avec les précautions nécessaires , à la portée des mâles de la seconde espèce, lorsque ces derniers sont arrivés au terme | de la maturité. Au reste, les soins multipliés que l’on est obligé | de se donner pour faire réussir ces unions que on obliendra des mulets, mais des mulets fé-| lon pourrait nommer artificielles, expliquent | pourquoi des réunions analogues sont très-peu fréquentes dans la nature, et par conséquent pourquoi celte nature, quelque puissante qu’elle soit, ne produit cependant que très-rarement des espèces nouvelles par le mélange des espèces SUR LES POISSONS. anciennes, Cependant, depuis que l’on observe avec plus d'attention les poissons, on remarque, dans plusieurs genres de ces animaux, des indivi- dusqui, présentantdes caractères de deux espèces différentes, et plus ou moins voisines, paraissent appartenir à une race intermédiaire, que l'on de- vra regarder comme une espèce métive el dis- tinste, lorsqu'on laura vue se maintenir pen- dantun temps très-long avec toutes ses propriétés particulières, et du moins avec ses attributs essentiels. Nous avons commencé de recueillir des faits curieux au sujet de ces espèces, pour aipsi dire, mi-parties, dans les lettres de plusieurs de nos savants correspondants, et notamment de M. Noël de Rouen. Ce dernier naturaliste pense, par exemple, que les nom- breuses espèces de raies qui se rencontrent sur les rives françaises de la Manche, lors du temps de la fécondation des œufs, doivent, en se mêlant ensemble, avoir donné ou donner le jour à des espèces ou races nouvelles. Cette opinion de M. Noël rappelle celle des anciens au sujet ‘des monstres de l'Afrique. Ils croyaient que lesgrands mammifères de cette partie du monde, qui ha- bitent les environs des déserts, et que la chaleur et la soif dévorantes contraignaient de se rassem- bler fréquemment en troupes (rès-nombreuses autour des amas d’eau qui résistent aux rayons ardents du soleil, dans ces régions voisines des tropiques, doivent souvent s'accoupler les uns avec les autres; et que de leur union résultent des mulets féconds ou intéconds, qui, par lemé- lange extraordinaire de diverses foîmes remar- quables, et de divers attributs singuliers, mé- ritent ce nom imposant de monstres africains. Cependant ne cessons pas de nous occuper de ces poissons mulels que l'art peut produire, ou que la nature fait naître chaque jour par lunion de la carpe avec la gibèle, ou par celle de plu- sieurs autres espèces, sans faire une réflexion importante relativement à la génération des ani- maux dont nous écrivons l’histoire, et même à celle de presque tous les animaux. Des auteurs d’une grande autorité ont éerit que, dans la reproduction des poissons, la fe— melle exerçait une si grande influence, que le fœtus était entièrement formé dans l’œuf avant l'émission de la late du mâle, et que la liqueur séminale dont l'œuf était arrosé, imbibé et pé- nétré, ne devait être considérée que comme une sorte de stimulus propre à donner le mouve- ment et la vie à l'embryon préexistant. 1 623 Cette opinion a été étendue et généralisée au point de devenir une théorie sur la génération des animaux, et même sur celle de l’homme. Mais l'existence des métis ne détruit-elle pas celle hypothèse? ne doit-on pas voir que si la liqueur fécondante du mâle n'était qu'un fluide excitateur , n'influait en rien sur la forme du fœtus , ne donnait aucune partie à l'embryon, les œufs de la même femelle, de quelque laite qu'ils fussent arrosés, feraient toujours naître des in- dividus semblables? le stimulus pourrait être plus ou moins actif; l'embryon serait plus fort ou plus faible ; le fœtus éclorait plus (ôt ou plus tard ; Panimal jouirait d’une vitalité plus ou moins grande ; mais ses formes seraient toujours les mêmes; le nombre de ses organes ne va- rierait pas; les dimensions pourraient être agran- dies ou diminuées; mais les proportions, les attributs , les signes distinctifs, ne montreraient aucun changement, aucune modilicalion; aucun individu ne présenterait en même temps et des traits du mâle et des traits de la femelle; il ne pourrait, dans aucune circonstance, exister un véritable métis. Quoi qu'il en soit, les espèces que l’homme produira, soit par l'influence qu’il exercera sur les individus soumis à son empire, soit par les alliances qu'il établira entre des espèces voisines ou éloignées, seront un grand moyen de compa- raison pour juger de celles que la nature a pu ou pourra faire naître dans le cours des siècles. Les modifications que l’homme imprime servi- ront à déterminer celles que la nature impose. La connaissance que l’on aura du point où aura commencé le développement des premières, et de celui où il se sera arrêté, dévoilera l'origine et l'étendue des secondes. Les espèces artificielles seront la mesure des espèces naturelles. On sait par exemple, que le eyprin doré dela Chine perd dans la domesticité, non-seulement des trails de son espèce par l’altération de la forme de sa na- geoire caudale, mais encore des signes distinetifs du groupe principal ou du £enre auquel ilappar- tient, puisque la nageoire du dos lui est Ôtée par l'art, et même des caractères de la grande fa- mille ou de l’ordre dans lequel il doit être com- pris, puisque la main de l’homme le prive deses nageoires inférieures, dont la position ou l'ab- sence indique les ordres des poissons. A la vérité, l'action de l'homme n’a pas en- core pénétré assez avant dans l’intérieur de ce eyprin doré, pour y changer ces proportions 62% générales de Pestomac, des intestins, du foie, des reins, des ovaires, ete., qui constituent véri- tablement la diversité des ordres, pendant que l'absence ou la position des nageoires inférieures n'est qu’un signe extérieur qui, par ses relations avec la forme et les dimensions des organes in- ternes, annonce ces ordres sans en produire la diversité. Mais que sont quelques milliers d'années, pen- dant lesquels les Chinois ont manié, pour ainsi dire, leur eyprin doré, lorsqu'on les compare au temps dont la nature dispose? C'est cette len- eur dans le travail, c’est cette série inlinie d'actions successives, c’est celle accumulation perpétuelle d'efforts dirigés dans le même sens, c’est cette constance et dans l'intensité et dans la tendance de la force, c’est cet emploi de tous les instants dans une durée non interrompue de milliers de siècles, qui, survivant à tous les obstacles qu'elle n’a pu ni dissoudre ni écarter , est le véritable principe de la puissance irrésis— tible de la nature. En ce sens, la nature est le temps, qui règne sans contrainte sur la matière qu'elle façonne , et sur l’espace dans lequel elle distribue les ouvrages de ses mains immortelles. Ce sera donc toujours bien au-delà de la limite du pouvoir de Phomme, qu’il faudra placer celle de la force victorieuse qui appartient à la na- ture. Mais les jugements que nous porterons de éelte force d’après l'étendue de l’art, n’en seront que plus fondés ; nous n’aurons que plus de rai- son de dire que les espèces artificielles, excel- lentes mesures des espèces naturelles produites dans la suite des âges, sont aussi le mètre d’après lequel nous pourrons évaluer avec précision le nombre des espèces perdues, le nombre de celles qui ont disparu avec les siècles. Deux grandes manières de considérer l'uni- vers animé sont dignes de toute l’attention du véritable naturaliste, D'un côté, on peut voir, dans les temps très- anciens, tous les animaux n’existant encore que dans quelques espèces primitives, qui, par des moyens analogues à ceux que l’art de l’homme peut employer, ont produit, par la force de la nature, des espèces secondaires, lesquelles par elles-mêmes, ou par leur union avec les primi- tives, ont fait naître des espèces tertiaires, etc. Chaque degré de cet accroissement successif offrant un plus grand nombre d’objets que le degré précédent, les a montrés séparés les uns des auires par des intervalles plus petits, el EFFETS DE L'ART distingués par des caractères moins sensibles ; et c’est ainsi que les produits animés de la créa- tion sont parvenus à cette multitude innombrable et à cette admirable variété qui étonnent et en- chantent l'observateur. D'un autre côté, on peut supposer que, dans les premiers ages, toutes les manières d’être ont été employées par la nature, qu’elle a réalisé toutes les formes, développé tous les organes, mis en jeu toutes les facultés, donné le jour à tous les êtres vivants que l'imagination la plus bizarre peut concevoir ; que dans ce nombre in- fini d'espèces, celles qui n'avaient reçu que des moyens imparfaits de pourvoir à leur nourri ture, à leur conservation, à leur reproduction, sont tombées successivement dans le néant; et que tout s’est réduit enfin à ces espèces majeures, à ces êtres mieux parlagés qui figurent encore sur le globe. Quelque opinion qu'il faille préférer sur le point de départ de la nature créatrice, sur celte multiplication croissante, ou sur celte réduction graduelle, l’état actuel des choses ne nous per- met pas de ne pas considérer la nature vivante comme se balançant entre les deux grandes li- mites que lui opposeraient à une extrémité un petit nombre d'espèces primitives, et à l’autre extrémité l'infinité de toutes les espèces que l’on peut imaginer. Elle tend continuellement vers l’une ou vers l’autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant en approcher, parce qu’elle obéit à des causes qui agissent en sens contraire les unes des autres , et qui, tour à tour victorieu- ses et vaincues, ne cèdent , lors de quelques époques, que pour reparaître ensuite avec leur première supériorité. Quel spectacle que celui de ces alternatives! quelleétude que celle de ces phénomènes ! quelle recherche que celle de ces causes ! quelle his- toire que celle de ces époques! Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les connaître dans toute leur étendue, il faut les contempler sous les différents points de vue que donnent trois suppositions , parmi lesquelles le naturaliste doit choisir, lorsqu'il examine l’élat passé, présent et futur du globe sur lequel s'opère ce balancement merveilleux. La température de la terre est-elle constante, comme on l’a cru pendant longtemps, ou la cha- leur dont elle est pénétrée, va-t-elle en croissant ainsi que quelques physiciens l'ont pensé, ou celte chaleur décroit-elle chaque jour , comme l'ont SUR LES POISSONS. écrits de grands naturalistes et de grands géo- mètres, les Leibnitz, les Buffon, les Laplace ? Présentons la question sous un aspect plus direct. La nature vivante est-elle toujours ani- mée par la même température ? ou la chaleur , re grand principe de son énergie, diminue-t-elle ou s'aceroît-elle à mesure que les siècles aug- Amentent? 17. 622 Quels sujets sublimes pour la méditation du géologue et du zoologiste ! quelle immensité d’ob- jets ! quelle noble fierté l’homme devra ressen- tir, lorsqu’après les avoir contemplés, son génie les verra sans nuage, les peindra sans erreur, et, mettant chaque événement à sa place, fera fa part et des temps écoulés et des temps qui s’avan- l'centi 79 | borne 6 0 5 mn oLrc Le der “ur: , Put ni] an’ EUMPICE 1 (aNr F } | sd ECO A'èr HA tmitioer : à [ PbeS OR Mr LE" DATE" lé | Arf SM PLUS l'A + Ga! ‘064à ru ND CT Fa ha 15 ré us 70 DLETL 0 Et ar: af ste soi a à Ftheeent ul "+ { n: ee 3 44 # de Vos ra: L'ONU Pt pre Gi à Av herT y} ide) Dnreditvgrqatient FAT # AUX fyitis SUR CRU TEL TAC UE Us (Ar ALT IS RrS hétinity 2, | PC PALETTE OCR ét M y! 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Les âges se rassemblèrent devant lui: le temps s'agrandit à ses yeux à mesure que l’espace se rétrécissait; et le senti- ment de l’immortalité lui fit oublier les bornes de sa vie. IL crut donc devoir tout embrasser dans son vaste plan. Il se souvint que le naturaliste de Rome avait écrit l'Histoire du monde ; que ce- lui de la Grèce avait donné celle des animaux : il compara ses forces à celles d’Aristote et de Pline, son siècle à ceux d'Alexandre et de Trajan, Ja nation française à la nation grecque et à la romaine ; et il voulut être l'historien de la na- ture entière. Au moment de celle conception hardie , il ne se souvint pas que, du temps des Grecs et des Romains, le monde connu n’était, en quelque sorte, que cette petite partie de l’an- cien continent dont les eaux coulent vers la Mé- diterranée, et que cette petite mer intérieure était pour eux l'Océan. En méditant sa sublime entreprise, il résolut done de soumettre à son examen les trois règnes de la nature, et rejetant toute limite, d'interroger déjà présenté, dans de magnifiques tableaux ; les nobles résultats de ses travaux assidus sur la structure de la terre, l'ouvrage de la mer, l’origine des planètes, les premiers temps du monde. Aidé par les savantes recherches de l’un de ces pères de la science, dont la mémoire sera toujours vénérée, éclairé par les avis de lillus- tre Daubenton, il avait gravé sur le bronze l'image de l’homme et des quadrupèdes. Il pei-— gnait les oiseaux , lorsque, descendant chaque jour davantage des hauts points de vue qu’il avait d’abord choisis, découvrant des dissem- blances que l'éloignement lui avait dérobées, reconnaissant des intervalles où tout lui avait paru ne former qu’un ensemble , apercevant des milliers de nuances, de dégradations, et de ma- | nières d’être, où il n’avait entrevu que de l’uni- formité, et contraint de compter des myriades d'objets, au lieu d'un nombre très-limité de groupes principaux , il fut frappé par l'énorme disproportion qu'il trouva entre l’infinité des sujets de ses méditations, et le peu de jours qui lui étaient réservés. Les Bougainville, les Cook, abordaient les parties encore inconnues de la terre; d’habiles naturalistes, parcourant les con- tinents et les îles, lui adressaient de toutes parts, de nouveaux dénombrements des productions de la nature : tout se mullipliait autour de lui, excepté ie temps. Il voulut hâter ses pas, et, se débarrassant sur son digne ami, Guénaud de Montbelliard , du soin d'achever une portion de cette admirable galerie où toutes les tribus des oiseaux sont si bien représentées, il continua sa course avec une nouvelle ardeur. Mais il voyait approcher le terme de sa vie, et celui de ses glorieux travaux s’éloignait cha- que jour davantage ; il réfléchit de nouveau sur sur chacun d’eux le passé, le présent et l'avenir. | l’ensemble de ses projets. Il médita avec plus Cependant les années s’écoulèrent. Il avait d'attention sur la nature des objets dont il n’a- 628 yait pas encore présenté l’image : 11 vit bientôt que la grandeur de ses cadres ne pourrait pas longtemps convenir aux sujets de ses peintures ; que la multitude innombrable de ceux dont il lui restait à dessiner les traits, s’opposerait in vinciblement à ce que chacun de ces sujets rem- plit une place distincte comme chacun des oiseaux, des quadrupèdes, et même des miné- raux, dont il s’était occupé. Il décida qu’il cher- cherait une manière nouvelle pour parler des mollusques, des insectes, des vers et des végé- taux. II ne considéra plus l’histoire que l’on pourrait en faire que comme un ouvrage distinct et séparé du sien. Se renfermant, relativement aux animaux, dans l’exposition de l'homme, des mammifères, des oiseaux, des quadrupèdes ovipares, des ser- pents, et des poissons, il confondit les limites de son plan avec celles qui séparent des mollusques, des insectes et des vers, les légions remarquables des animaux vertébrés et à sang rouge, les- quelles, par leur conformation, leurs mouve- ments, leurs affections, leurs habitudes, leur grandeur, leur puissance et leur instinct, jouent les premiers rôles sur la scène du monde, et ne le cèdent qu’à l’homme, qui leur commande par le droit de son intelligence dominatrice , et que la nature leur a donné pour roi. L'Histoire des poissons devait done terminer dans cette vue nouvelle l'Histoire naturelle, dont il avait enrichi son siècle et la postérité. Il venait de planer de nouveau sur les temps écoulés , de marquer les époques de la nature, et de représenter, dans sept grands tableaux, les sept grands changements que la force irrésis- tible de la puissance créatrice lui paraissait avoir fait subir au globe de la terre ; il allait écrire Vhistoire des cétacées, pour compléter celle des mammifères, lorsqu'il se sentit frappé à mort par les coups d’une maladie terrible, Il ne compta plus devant lui qu’un petit nombre d’in- stants; il ne se réserva, pour le complément de sa gloire, que l’histoire des cétacées ; et daignant nous associer à ses trayaux immortels, content d’avoir le premier tracé le plan le plus vaste, d'en avoir exécuté d’une manière admirable les principales parties, d’avoir particulièrement sou- mis à son génie les habitants de la terre et des airs, il nous chargea de dénombrer et de décrire ceux des rivages et des eaux. À peine eut-il disposé en notre faveur de ce noble héritage, qu’il entra dans l’immortalité. DISCOURS Nous n’avions encore publié que l'Histoire des quadrupèdes ovipares; depuis nous avons donné celle des serpents ; et aujourd’hui nous sommes près de linir celle des poissons. Avant de cesser de parler de ces habitants des fleuves et des mers aux amis des sciences natu- relles, achevons d'indiquer ceux de leurs traits généraux, qui méritent le plus lattention de l'observateur, Et d’abord, pour achever de faire connaître leur instinct, parcourons d’un coup d’œil rapide tous les piéges que l’art de l’homme sur la sur face entière du globe tend à leur faiblesse, à leur inexpérience, à leur audace, à leur voracité,. La pêche a précédé la culture des champs : elle est contemporaine de la chasse. Mais il y a cette différence entre la chasse et la pêche, que cette dernière convient aux peuples les plus civilisés, et, que bien loin de s’opposer aux progrès de l’agriculture, du commerce et de l’industrie, elle en multiplie les heureux résultats. Si, dans l'enfance des sociétés, la pêche pro- cure à des hommes encore à demi sauvages une nourriture suffisante et salubre, si elle les accou- tume à ne pas redouter l’inconstance de l'onde, si elle les rend navigateurs, elle donne aux peuples policés d’abondantes moissons pour les besoins du pauvre, des tributs variés pour le luxe du riche, des préparations recherchées pour le commerce lointain, des engrais fécondants pour les champs peu fertiles ; elle force à traver- ser les mers , à braver les glaces du pôle, à sup- porter les feux de l'équateur, à lutter contre les tempêtes; elle lance sur l'Océan des forêts de mâis, elle crée les marins expérimentés, les com- merçants audacieux, les guerriers intrépides. Mère de la navigation, elle s'accroît avec co chef-d'œuvre de l'intelligence humaine. À me- sure que les sciences perfectionnent l’art admi- rable de eonstruire et de diriger les vaisseaux, elle multiplie ses instruments, elle étend ses filets, elle invente de nonveaux moyens de succès, elle s'attache un plus grand nombre d'hommes, elle pénètre dans les profondeurs des abimes , elle arrache aux asiles les plus secrets , elle poursuit jusqu'aux extrémités du globe les objets de sa constante recherche ; et voilà pour- quoi ce n’est que depuis un petit nombre de siècles que l’homme a développé, sur tous les fleuves et sur toutes les mers, ce grand art de concerter ses plans, de réunir ses efforts, de diversilier ses attaques, de diviser ses travaux, SUR LA de combiner ses opérations, de disposer du “emps, de franchir les distances, et d’atteindre sa proie en maîtrisant, pour ainsi dire, les sai- sons, les climats, les vents déchainés et les ondes bouleversées. Mais si, au lieu de suivre l’ordre chronologi- que des progrès de l’art de la pêche, nous voulons uous représenter ce qu'il est, nous examinerons sous des points de vue généraux ses instruments, son théâtre, ses principaux objets. Nous pouvons diviser en quatre classes les in- struments ou les moyens qu’il emploie : premiè- rement, ceux qui attirent les poissons par des appäts trompeurs et les retiennent par des cro- chets funestes; deuxièmement, ceux avec les- quels on les surprend, les saisit et les enlève, ou avec lesquels on va au-devant de leurs lé- gions, on les cerne, on les resserre, onles presse, on les renferme dans une enceinte dont il leur est impossible de s'échapper, ou ceux avec les- quels on attend que les courants, les marées, leurs besoins, leur natation dirigée par une sorte de rivage artificiel, les entraînent dans un es- pace étroit dont l’entrée est facile, et toute sor- tie interdite; troisièmement , les couleurs qui les blessent, les lueurs qui les trompent , les feux qui les éblouissent, les préparations qui les éner- vent, les odeurs qui les enivrent, les bruits qui les effraient, les traits qui les percent, les ani- maux exercés et dociles qui se précipitent sur eux , et ne leur laissent la ressource ni de la ré- sistance, ni de la fuite ; quatrièmement enfin, les instruments qui se composent de deux ou de plusieurs de ceux que l’on vient de voir distri- bués dans les classes précédentes. Parmi les instruments de la première classe, le plus simple est cette ligne flexible, au bout de laquelle un fil léger soutient un frêle hamecçon caché sous un ver, sous une boulette artifi- cielle, sous un petit fragment de substance or- ganisée, ou sous toute autre amorce dont la forme ou l'odeur frappe l'œil ou l’odorat du poisson trop jeune, ou trop inexpérimenté, ou trop dénué d’instinct, ou trop entrainé par un appétit vorace, pour n’être pas facilement sé- duit. Quels souvenirs touchants cette ligne peut rappeler !! Elle retrace à l'enfance, ses jeux ; à Voyez la description des cordes flottantes, des empiles, des haims, des hameçons, des cordes par fond, des bauffes ou bouffes, et des palangres, dans l'article de la Raie bou- clée; celle de la vermille, à l’article de la Murène anguille; elle des lignes et des piles, à l'article de la Murène congre, PÊCHE. 629 l’âge mûr, ses loisirs ; à la vieillesse , ses distrac- tions; au cœur sensible, le ruisseau voisin du toit paterael ; au voyageur, le repos occupé des peuplades dont il a envié la douce quiétude; au philosophe, l’origine de Part. Et bientôt l'imagination franchit les espaces et les temps; elle se transporte au moment et sur les rives où ce roseau léger fait place à ces lignes flottantes ou à ces lignes de fond si longues, si ramitiées , soutenues ou enfoncées avec tant de précautions, ramenées ou relevées avec tant de soins, hérissées de tant de Aaïms ou de crochets, et répandant sur un si grand espace un danger inévitable. Dans la seconde classe paraissent les filets; soit ceux que la main d’un seul homme peut placer, soutenir, manier, avancer, déployer, je- ter, replier, retirer, ou qu’on traine comme les dragues et ganguys, après en avoir fait des manches , des poches et des sacs ; soit ceux qui, présentant une grande étendue, élevée à la sur- face de Peau par des corps légers et flottants, maintenus dans la position la plus convenable par des poids attachés aux rangées les plus basses de leurs mailles, simples ou composés, formés d’une seule nappe ou de plusieurs réseaux paral- lèles, assez prolongés pour atteindre jusqu’au fond des rivières profondes, et assez longs pour barrer la largeur d’un grand fleuve, ou, dé ployant leurs extrémités de manière à renfermer un grand espace maritime, composant une seule enceinte, ou repliés en plusieurs parcs, déve- loppés comme une immense digue, ou contour- nés en prisons sinueuses, sont conduits, at- tachés, surveillés et ramenés par une entente remarquable, par un concert soutenu , par des combinaisons habilement conçues d’un grand nombre d'hommes réunis !, et celle du Libouret et du grand couple, à l'article du Scombre thon. 1 On trouvera la descriplion de la louve dans l’article du Pétromyzon lamproie; celle de la folle, de la demi-folle, de la seine, de la ratingue, dans l'article de la Raie bouclée; celle de la madrague, de la chasse, et de la chambre de La mort, dans l'article de la Raie mobular ; celle du dranguel, dans l’article de la Murène anquille; celle de la drége, et du manet, dans l'article de la Trachine vive; celle du ver- veux, du guideau, des étaliers, du trémail, des hamaux, de la Loile, de la flue, dans l’article du Gade colin; celle du boulier, des aissaugues, des atlas, des courantilles, des engarres, dans l'article du Scombre thon; celle du carrelet, dans l'article du Cobite Loche; celle de la truble , dans l’arti- cle du Misgurne fossile; celle de l'épervier, dans l'article de l’Ésose brochet ; etcclle de la chaudrette ou chaudèire, dans l’article de l’Athérine joël. 630 A la seconde classe appartiennent encore ces asiles trompeurs , faits de jone ou d'osier, ces nasses perlides dans lesquelles le poisson, égaré par la crainte, ou entrainé par le besoin, où conduit sans précaution par le courant auquel il s'est livré, et croyant trouver une retraite semblable à celle que lui ont donnée plus d’une fois les grottes de ces rivages hospitaliers , pénè- tre facilement en écartant les branches rappro- chées qui ne lui présentent, lorsqu'il veut en- trer, que des tiges dociles , mais qui, lui offrant, lorsqu'il veut sortir, des pointes enlacées, le retiennent dans une captivité que la mort seule termine. Parmi les moyens de la troisième classe, doi- vent être compris ces feux que lon allumait, dès le temps de Bélon, sur les rivages de la Pro- pontide pour favoriser le succès des pêches de nuit ; ces plantes blanchâtres, vernies et luisantes, | placées sur les bords des bateaux pêcheurs de la Chine , et qui , réfléchissant les rayons argentins de la lune, imitant la surface tranquille et lumi- | neuse d’un lac, et trompant facilement par celte image les poissons qui se plaisent à s’élancer hors de l’eau, les séduisent au point qu'ils sau- tent d'eux-mêmes dans la barque , et, pour ainsi dire, dans la main du pêcheur en embuscade et caché; ces fouennes dont on perce les cory- phènes chrysurus , et tant d’autres osseux ; ces tridents avec lesquels on harponne les redou- tables habitants de la mer; ces cormorans appri- voisés, dont les Chinois se servent depuis si long- temps dans ieurs pêches, qui saisissent avec tant d'adresse le poisson, el qu’un anneau placé autour de leur cou contraint de céder à leurs maitres une proie presque intacte. Les grandes pêches, si remarquables par le temps qu’elles demandent, les préparatifs qu’elles exigent, les arts qu’elles emploient , les précau- tions qu’elles commandent, le grand nombre de bras qu'elles meltent en mouvement, et qui dounentau commerce la morue des grands bancs, le hareng des mers boréales, le thon de la Médi- terranée , et les acipensères de la Caspienne, nous offrent de grands exemples de ces moyens composés, que l'on peut regarder comme for- mant une quatrième classe. EL tous ces moyens si variés, sur quel im- mense théâtre ne sont-ils pas employés par Part perfectionné de la pêche? Si, du sommet des Cordillières, des Pyrénées, des Alpes, de l'Atlas, des hautes montagnes de DISCOURS l'Asie, de toutes les énormes chaines de monts qui dominent sur la partie sèche du globe, nous descedons par la pensée vers le rivage des mers, en nous abandonnant, pour ainsi dire, am cours des eaux qui se précipitent de ces hauteurs dans les bassins qu'entourent ces antiques mon- tagnes, sur quel ruisseau , sur quelle rivière, sur quel lae, sur quel fleuve, ne verrons-nous pas la ligne ou le filet assurer au pêcheur attentif la récompense de ses soins el de sa peine? Et lorsque, parvenus à l'Océan, nous nous élèverons encore par la pensée au-dessus de sa surface pour en embrasser un bémisphère d’un seul coup d’œil, nous verrons depuis un pôle jusqu’à l'autre de nombreuses escadres voguer pour les progrès de l’industrie, l’aceroissement de la population, la force de la marine protec- trice des grands états , la prospérité générale, et la renommée des empires. Ah! dans cette mois- son de bonheur et de gloire, puisse ma nation recueillir une part digne d’elle ! puisse-t-elle ne jamais oublier que la nature, en l’entourant de mers, en faisant couler sur son territoire {ant de fleuves fécondants, en la plaçant au centre des elimats les plus favorisés par ses douces et vives influences, lui a commandé dans tous les genres les plus nobles succès ! Quels prix attendent en effet, au bout de la carrière, le pêcheur intrépide ! combien d’objets peuvent êlre ceux de sa recherche, depuis les énormes poissons de trente pieds de longueur, jusqu’à ceux qui, par leur petitesse, échappent aux mailles les plus serrées ; depuis le féroce squale dont on redoute encore la queue gigan- tesque ou la dent meurtrière, lors même qu'on est parvenu à l’enlourer de chaines pesantes, jusqu’à ces abdominaux transparents el mous, qu'aucun aiguillon ne défend ; depuis ces pois- sons rares el délicats que le luxe paie au poids de l'or, jusqu’à ces gades, ces clupées , et ces eyprins si abondants, et nourriture si néces- saire de la multitude peu fortunée ; depuis les ar- gentines et les ables, dont les admirables écailles donnent à la beauté opulente les perles artifi- cielles, rivales de celles que la nature fait croître dans l’Orient, jusqu'aux espèces dont le grand volume, profondément pénétré d’un fluide abon- dant et visqueux , fournit cette huile qui accélère tant de machines, assouplit tant de substances et entretient dans l'humble cabane du pauvre cette lampe sans laquelle le travail, suspendu par de trop longues nuits, ne pourrait plus alimenter SUR LA PECHE. sa nommbrense famille; depuis les poissons que l'on ne peut consommer que très-près des para- ges où ls ont élé pris, jusqu'à ceux que des précaul:ons bien entendues, et des préparatifs soignés, conservent pendant plusieurs années, et permettent de transporter au centre des plus grands continents; depuis les salmones, dont les arêtes sont abandonnées, dans les pays dis- graciés, au chien lidele ou à la vache nourri- cière, jusqu'à ces gastérostées qui, répandus par myriades dans les sillons, s’y décomposent en engrais fertile ; et enfin, depuis la raie, dont la peau préparée donne cette garniture agréable et utile, connue sous le nom de beau galuchat, jusqu'aux acipensères et à tant d’autres poissons dont les membranes, séparées avec attention de toute matière étrangère , se convertissent en cette colle qui, dans certaines circonstances, peut remplacer les lames de verre, et que les arts réclament du commerce dans tous les temps et dans tous les lieux ! Mais quelque prodigieux que doive paraître le nombre des poissons que l’homme eulève aux fleuves et aux mers, des millions de millions de ces animaux échappent à sa vue, à ses instru- ments, à sa constance. Plusieurs de ces derniers périssent victimes des habitants des eaux, dont la force l'emporte sur la leur ; ils sont dévorés, engloutis, anéanlis, pour ainsi dire, ou plutôt décomposés de manière qu’il ne reste aucune trace de leur existence. Plusieurs autres cepen- dant succombent isolément à Ja maladie, à la vieillesse, à des accidents particuliers ou meu- rent par froupes, empoisonnés , étouffés, ou écrasés par les suites d’un grend bouleverse ment. Il arrive quelquefois, dans ces dernières circonstances, qu'avant de subir une altération très-marquée , leurs cadavres sont saisis par des dépôts terreux qui les enveloppent, les recou- vrent, se durcissent, et, préservant leur corps de tout contact avec les éléments destructeurs, en font en quelque sorte des momies natu- relles, et les conservent pendant des siècles. Les parties solides des poissons, et notamment les squeleltes de poissons osseux, sont plus facilement préservés de toute décomposition par ces couches futélaires; et d’ailleurs ils ont pu résister à la corruption pendant un temps bien plus long que les autres parties de ces ani- maux, avant le moment où ils ont été incrus- tés, pour ainsi dire, dans une substance con- servalrice. Ces squelettes reposent au milieu de 631 : ces sédiments épais, comme autant de (émoins des révolutions éprouvées par le fond des ri vières ou des mers. Les couches qui les renfer- ment sont comme autant de tables sur lesquelles la nature a écrit une partie de l’histoire du globe. Des hasards heureux qui donnent la facilité de pénétrer jasque dans l'intérieur de la croûte de la terre, ou la main du temps, qui l’entr'ouvre et en écarte les différentes portions, font décou- vrir de ces tables précieuses. On connaît, par exemple, celles que l’on a trouvées au mont Bolca près de Vérone, non loin du lac de Constance, et dans plusieurs autres endroits de l’ancien et du nouveau continent. Mais en vain aurait-on sous les yeux ces inscriptions si importantes , si l’on ignorait la langue dans laquelle elles sont écrites, si l’on ne connaissait pas le sens des signes dont elles sont composées. Ces signes sont les formes des différentes par- ties qui peuvent entrer dans la charpente des poissons. C'est, en effet, par la comparaison de ces formes avec celles du squelette des poissons encore vivants dans l'eau douce ou dans l’eau salée, et répandus sur une grande portion de la surface de la terre, ou relégués dans des cli- mats déterminés, que l’on pourra voir, sur ces tables antiques, si l'espèce dont on examinera ia dépouille subsiste encore ou doit être présu- mée éteinte; si elle a varié dans ses attribuls, ou maintenu ses propriétés ; si elle a été expo- sée à des changements lents, ou brusquement attaquée par une catastrophe soudaine; si les feux des volcans ont joint leur violence à Ia puissance des inondations ; si la température du globe a changé dans l'endroit où les individus dont on observera les os ou les cartilages, ont été enterrés sous des {as pesants, ou de quelles contrées lointaines ces individus conservés pen- dant tant d'années ont élé entraînés par un bouleversement général, jusqu'aux lieux où ils ont été abandonnés par les courants et recou- verts par des monceaux de substances ramol- lies. Achevons donc d’exposer tout ce qu’il est im portant de savoir sur la conformation des par- ties solides des poissons; servons ainsi ceux qui se destinent à l'étude si instructive des pois- sons fossiles ; tâchons de faire pour l'histoire de la nature, ce que font pour l’histoire civile ceux qui enseignent à bien connaitre et la matière, et l’âge, et le sens des diverses médailles #, 1 Voyez le Discours sur la durée des espèces 632 coup plus simple que la charpente des poissons osseux, a été trop souvent l’objet de notre exa- men, soit dans le Discours qui est à la tête de cette Histoire, soit dans les articles particuliers de cet ouvrage, pour que nous ne devions pas nous borner aujourd'hui à nous occuper des parties solides des poissons osseux. Nous n’en- trerons même pas dans la considération de tous les détails relatifs à ces parties solides et osseuses. Nous éviterons de répéter ce que nous avons déjà dit en plusieurs endroits. Mais pour avoir une idée plus complète de cette charpente, nous l’observerons dans les poissons du second, du troisième et du quatrième ordre de la seconde sous-classe, comme dans ceux qui présentent le plus grand nombre des parties et des formes qui appartiennent aux animaux dont nous écrivons l'histoire. Et cependant, pour donner plus de précision à notre pensée et à son expression , au lieu de nous contenter d'établir des principes généraux sur la conformation du squelette des jugulaires et des thoracins de la première division des os- seux, c’est-à-dire des animaux du secend et du troisième ordre de cette sous-classe, faisons con- paire, dans chacun de ces ordres, la charpente d’une espèce remarquable. Observons d’abord, parmi les jugulaires, l’Uranoscope rat, et disons ce qui compose son squelette, Chaque côté de la mâchoire inférieure est formé de trois os; ces deux côtés sont réunis par un cartilage, et garnis d’un seul rang de dents grandes, pointues, et séparées l’une de Vautre. La mâchoire supérieure est plus arrondie et beaucoup moins avancée que celle de dessous ; les deux côtés de cette mâchoire d’en haut sont hérissés de plusieurs rangs de dents petites, presque égales et crochues. Un os triangulaire et allongé règne au-dessus et un peu en arrière de chacun des côtés de la mâchoire supérieure, L'os du palais présente plusieurs rangées de dents crochues et petites. Il se divise en deux branches qui imitent une seconde mâchoire su- périeure. Il se réunit aux os auxquels les oper- cules sont attachés, A la base de los du palais, on voit deux émi- nences un peu lenticulaires, garnies de plu- DISCOURS Le squelette des poissons cartilagineux, beau- | deux éminences touchent des os qui soutiennent les arcs des branchies, Les orbites sont placées sur le sommet de la tête, de chaque côté d’une fossette qui reçoit deux branches horizontales de la mâchoire su périeure. La partie supérieure de la tête est d’ailleurs d’une seule pièce , dans les individus qui ont at- teint un certain degré de développement. Les arcs des trois branchies extérieures sont composés de deux pièces. Ceux de la droite se réunissent en formant un angle aigu avec ceux de la gauche, dans l’intérieur de la mâchoire in- férieure. Au-dessous du sommet de cet angle aigu, on aperçoit deux lames osseuses, triangulaires, réu- nies par devant, transparentes dans leur milieu , étroites vers leurs extrémités , inclinées et éten- dues jusqu’au-dessous des opercules. Ces lames soutiennent les rayons de la mem- brane branchiale, qui sont simples, sans articu- lation , et au nombre de cinq ou de six de chaque côté. Chaque opercule est de deux pièces. La pre- mière montre quatre pointes vers le bas, et la seconde en présente une. L’opercule bat sur la clavicule, La clavicule s'étend obliquement, depuis la partie supérieure et postérieure de la seconde pièce de l’opercule, jusqu’au-dessous des os qui soutiennent les arcs osseux des branchies. Elle s’y réunit, sous un angle aigu, avec la clavicule du côté opposé, à peu près au-dessous du bord antérieur de la mâchoire supérieure. Le bout postérieur de la clavicule se termine par une épine longue, forte, sillonnée, et tour- née vers la queue. A la base de cette épine, la clavicule s’attache à la partie postérieure du crâne par deux osse- lets. On remarque derrière la clavicule deux piè- ces, l’une placée en bas et presque droite, l’autre située en arrière et courbée. Ges deux pièces, dont la séparation disparaît avec l’âge de l'individu, forment, avec la clavi- cule, une sorte de triangle curviligne. Une lame cartilagineuse, transparente, et dans le haut de laquelle on voit un trou de la gran- deur de l'orbite, occupe le milieu de ce triangle dont la pièce courbée soutient la nageoire pec- sieurs dents courtes et courbées en arrière. Ces | torale, SUR LA La base des nageoires jugulaires est placée presque au-dessous des yeux. Les ailerons de ces nageoires, très-minces et fransparents, se réunissent de manière à repré- enter une sorte de nacelle placée obliquement de haut en bas, et d’avant en arrière. Cette na- celle a sa concavité tournée du côté de la tête, et sa proue touche à l’angle formé près du mu- seau par la réunion des arcs osseux des bran- chies. Faisons attention à cette position des ailerons : elle est un des caractères les plus distinctifs des ordres de poissons jugulaires. La poupe de cette même nacelle, à laquelle les nageoires jugulaires sont attachées, offre une épine forte, sillonnée, presque semblable à celle des clavicules, et dont l'extrémité aboutit auprès de l’angle produit par la réunion de ces deux derniers os. Le derrière de la tête montre une lame mince et tranchante ; et cette lame est découpée de ma- nière à finir par une pointe qui s'attache à l’apo- physe supérieure de la première vertèbre. Cette vertèbre et la seconde sont dénuées de côtes. Les neuf vertèbres suivantes ont chacune une côte double de chaque côté. Sur les (roisième, quatrième et cinquième ver-- tèbres, chaque côte double est placée au-dessus de l’apophyse transverse, el à une distance d’au- tant plus grande de cette apophyse, qu’elle est plus près de la tête. Les douzièmes, treizième, quatorzième, quin- ième et seizième vertèbres n’ont que des apo- physes transverses extrêmement petites : mais elles offrent une apophyse inférieure; et quoi- qu'elles soient situées au delà de l’anus, chacun de leurs côtés est garni d’une côte simple, plus courte, à la vérité, que les côtes doubles. La dix-septième vertèbre et les suivantes, jusqu’à la dernière qui est la vingt-cinquième, n’ont ui côles ni apophyses transverses. Maintenant ayons sous nos yeux le squelette des poissons thoracins. Voici celui de la Scorpène horrible. Trois os forment chacun des côtés de la mà- choire inférieure, Ces côtés sont réunis par un cartilage, et garnis de dents très-petiles, aiguës et rapprochées. La mâchoire supérieure, beaucoup moins avancée que celle d’en bas, plus arrondie que celte dernière, est d’ailleurs hérissée de dents semblables à celles de la mâchoire inférieure. ME PÈCHE. 633 Dans l'angle formé par chacune des deux branches de la mâchoire d’en haut et le côté qui lui correspond, on découvre un petit os len ticulaire, ou à peu près. Ces deux branches, inclinées en arrière et vers le bas, pénètrent jusqu'à une cavité ar- rondie, creusée dans l'os frontal, et dont le haut des parois est bizarrement plissé. Un os allongé et triangulaire est appliqué au dessus el un peu en arrière de chaque côté de la mâchoire supérieure. 11 aboutit au petit os lenticulaire dont nous venons de parler. L’os du palais se divise en deux branches, qui ressemblent à une seconde mâchoire supérieure, que la première entourerait, Ces branches ne sont cependant garnies d'aucune dent : chacune se réunit à los latéral auquel l’opercule est at- taché. À la base de los du palais paraissent deux éminences osseuses, ovales, presque lenticu— laires, hérissées de dents petites et recourbées en arrière. Ces éminences {ouchent les os qui s'unissent aux arcs des branchies. L’orbite est placée près du sommet de la tête, auprès de la fossette du milieu , et ses bords re- levés diminuent le champ de la vue. L’os de la pommette, un peu triangulaire et trèes-plissé, présente plusieurs crêtes. Son angle le plus aigu aboutit à un petit os placé entre l’or- bite et l'os triangulaire et latéral de la mâchoire supérieure. Ce petit os représente une étoile à cinq ou six rayons relevés en arête, La partie supérieure et postérieure de la tête est rehaussée par deux crêtes hautes et plissées, placées obliquement, et qui forment trois cavi- tés, l’une postérieure et les autres latérales, Les arcs des trois branchies extérieures d’un côté se réunissent, dans l’intérieur de la mâchoire d’en bas, avec les arcs analogues de l’autre côté. Deux pièces’ composent chacun de ces arcs. Au-dessous du sommet de l'angle aigu que forment ces six ares, on voit deux lames osseuses qui se séparent et s'étendent jusqu'aux oper- cules. Un os hyoide , échancré de chaque côté , est placé au-dessus de l’endroit où ces lames sont jointes ; et un osselet aplati, découpé en losange et presque vertical, est silué au-dessous de ce même endroit. Ces lames soutiennent les rayons de la mem- brane des branchies, Ces rayons sont au nom- s0 634 bre de cinq ou six ; et leur contexture n'offre pas] W'articulation. Deux pièces forment chaque opercule. On compte cinq pointes sur la première, et trois sur la seconde. L’opercule bat sur la clavicule, qui se réunit avec la clavicule opposée , au-dessous des os qui soutiennent les ares des branchies, et à peu près au-dessous du bord antérieur de la mâchoire su- périeure. Un os terminé par une pette épine, une apo- physe aplatie et un peu arrondie, et un os aplati et plissé, font communiquer la clavicule avec la partie postérieure et latérale du crâne. Au-dessous et au delà de la clavicule, on trouve une pièce étroite, et ensuite une autre pièce large, mince, un peu arrondie, qui montre dans son milieu plusieurs parties ovales, vides , ou très- transparentes et cartilagineuses, et qui sert à maintenir la nagcoire pectorale. Mais voici le caractère le plus distinctif des thoracins. La base des nageoires thoracines est placée au-dessous de la partie postérieure du crâne. Leurs ailerons sont très-minces et trauspa- rents. La nacelle que forme leur réunion, est placée obliquement du haut en bas et d’avant en arricre, La proue de la nacelle est bien moins avan cée que dans les poissons jugulaires. Au lieu de toucher à l'angle formé par la réu- nion des arcs des branchies, elle aboutit seule- ment à l'angle que produit la jonction des deux clavicules, Les apophyses supérieures ae répine du dos sont tres-clevées. Les cinq premières vertèbres n’ont que des apophyses transverses, à peine sensibles; les autres vertèbres n’en offrent point. Mais dès la sixième vertèbre, les apophyses inférieures vont en s’allongeant jusqu’auprès de la nageoire de l'anus. Aussi des neuf côtes que l’on voit de chaque côté, chacune des quatre dernières est- elle attachée à l'extrémité de l’apophyse infé- rieure qui lui correspond, et qui est double. Avant de cesser de nous occuper de la char- pente des thoracins , indiquons une articulation d’une nature particulière, qui avait échappé à ous ceux qui avaient traité de l’ostéologie, et que nous avions découverte et exposée dans nos cours publics au Muséum d'histoire naturelle , dès l'an 3 de Père française. DISCOURS On peut la nommer articulation à chaïnette. Elle est en effet, composée de deux anneaux os- seux et complets, dont l’un joue dans l’autre comme l’anneau d'une chaîne se meut dans l'anneau voisin qui le retient. Il est aisé à tous ceux qui se sont occupés d’ostéologie , de voir que, par une suite de cette construction, l’anneau qui se remue dans Pau tre a dû se développer d'une manière partieu lière, qui peut jeter un nouveau jour sur la question générale de laccroissement des pièces osseuses, Cette articulation appartient à des os de quatre pouces ou environ de longueur, que l’on a re- marqués depuis longtemps dans plusieurs grandes collections d'histoire naturelle, qui ont un rap- port très-vague avec une tête aplatie, un peu arrondie, et terminée par un bec long et courbé, et qui ont souvent reçu le nom d’os de la joue d'un grand poisson. Nous avons trouvé que £es 05 n'étaient que de grands ailerons, propres à soutenir les pre— miers rayons, les rayons aiguillonnés de la na- geoire de l’anus dans plusieurs thoracins, et notamment dans quelques chétodons, dans quel- ques acanthinions et dans quelques acanthures. La portion inférieure de l’aileron, qui montre une articulation à chaînette, est grande, très- comprimée, arrondie par le bas, par le devant et par le haut, Cette portion un peu sphéroïdale se termine, dans le haut de son côté postérieur, par une apophyse deux fois plus longue que le sphéroïde aplati, très-déliée, très-étroite, con— vexe par devant, un peu aplatie par derrière, comprimée à son extrémité, et qui s'élève pres- que verticalement. Le sphéroïde aplati et irrégulier présente des sillons et des arêtes qui convergent vers la par- tie la plus basse; et c’est dans cette partie la plus basse, située presque au-dessous de la lon< gue apophyse, que l’on découvre deux vérita- bles anneaux. Chacun de ces anneaux retient un des deux premiers rayons aiguillonnés de la nageoire de l'anus, dont la base percée forme elle-même un autre anneau engagé dans l'un de ceux du sphé- roide aplati. Cependant, que nous reste-t-il à dire au sujet du squelette des poissons ? ® Dans plusieurs de ces animaux , comme dan: l'Anarhique loup, qui est apode, et dans l'E. soce brochet, qui est abdominal le devant du “+ SUR LA crâne n’est qu’un espace vide par lequel pas- sent les nerfs olfactifs ?. Dans d’autres poissons, tels que les raies et les squales, ces mêmes nerfs sortent de l’inté-| rieur du crâne par deux trous éloignés l’un de l’autre. Les fosses nasales des raies, des squales, des trigles et de plusieurs autres poissons, sont os- seuses; celles de beaucoup d’autres en partie osseuses et en partie membraneuses, Le bord inférieur de l'orbite, au lieu d’être composé d’une seule pièce, est formé, dans quelques poissons, pat plusieurs osselets articu- lés les uns avec les autres, ou suspendus par des ligaments. Le tubercule placé au-dessous du trou occi- pital, et par lequel l’occiput s’altache à la co- lonne vertébrale dans le plus grand nombre de poissons, s'articule avec cette colonne par le moyen de carlilages , et par des surfaces telles, que le mouvement de la tête sur l’épine dorsale est extrêmement borné dans tous les sens. Chaque vertèbre de poisson présente, du côté de la tête et du côté de la queue, une cavité conique, qui se réunit avec celle de la vertèbre voisine. Il résulte de cette forme, et de cette position, que la colonne dorsale renferme une suite de cavités dont la figure ressemble à celle de deux cônes opposés par leur base. Ces cavités communiquent les unes avec les autres par un très-petit trou placé au sommet de chaque cône, au moins dans un grand nombre d'espèces. Leur série forme alors ce tuyau alier- nativement large et resserré, dont nous avons parlé dans le premier Discours de cette Histoire. Les apophyses épineuses, supérieures et infé- rieures, sont très-longues dans les poissons très- comprimés, comme les Chélodons, les Zées, les Pleuronectes. La dernière vertèbre de la queue est le plus souvent triangulaire, très-comprimée, et s’at- tache à la caudale par des facettes articulaires, dont le nombre correspond à celui des rayons de cette nageoire, La cavité abdominale est communément ter- minée par l’apophyse inférieure de la première 4 Tout le monde sait combien notre savant collègue et ex- cellent ami M. Cuvier a répandu de lumières nouvelles sur "les organes intérieurs des poissons, et particulièrement sur lès parties solides de ces animaux. Que l'on consulte ses Lecons d'anatomie comparée, LA PÉCHE. 635 vertèbre de la queue. Cette apophyse est souvent remarquable par ses formes, presque toujours très-grande, et quelquefois terminée par un aiguillon qui paraît en dehors. Dans les abdominaux, les ailerons des na- geoires ventrales, que l’on a nommés os du bas= sin, ne s’articulent avec aucune portion dela charpente osseuse de la tête, ni des clavicules, ni de l’épine du dos. Ils sont, ou séparés l’un de l’autre, et main tenus par des ligaments ; ou soudés, et quelque- fois épineux par devant, comme dans quelques Silures; où réunis en une seule pièce échan- crée par derrière, comme dans les Loricaires ; ou larges, triangulaires , et écartés par leur ex- trémité postérieure qui soutient la ventrale, comme dans l’Ésoce brochet; ou très-petits el rapprochés, comme dans la Clupée hareng ; ou, allongés et contigus par derrière , comme dans” le Cyprin carpe. Craignons cependant de fatiguer l’attention de ceux qui cultivent l’histoire naturelle, et pour- suivons notre roule vers le but auquel nous ten- dons depuis si longtemps, et que maintenant nous sommes près d’atteindre. En cherchant, dans le premier Discours de cet ouvrage ! , à réunir dans un seul tableau les traits généraux qui appartiennent à tous les poissons , nous avons été obligés de laisser quel- ques-uns de ces traits faiblement prononcés : tâchons de leur donner plus de force et de vi- vacité. J On peut se souvenir que nous avons exposé dans ce Discours quelques conjectures sur la respiration des poissons. Nous y avons dit qu’il n'était pas invraisemblable de supposer que les branchies des poissons décomposent l’eau, comme les poumons des mammifères et des oi- seaux décomposent l'air. Nons avons ajouté que, lors de cette décom- position , l'oxygène, l'un des deux éléments de l'eau , se combinait avec le sang des poissons, pour entretenir les qualités et la cireulation de ce fluide, et que l’autre élément, le gaz inflam- mable ou Aydrogène, s’échappait dans l’eau et ensuite dans l'atmosphère, ou, dans certaines circonstances, parvenait par l'œsophage et l’es— tomac jusqu’à la vessie nafatoire, la gonflait, et, augmentant la légèreté spécifique de l’ani- mal, facilitait sa natation. Nous avons parlé, à Discours sur la nature des poissons. 636 l'appui de cette opinion, du gaz inflammable que nous avions trouvé dans la vessie natatoire de quelques Tanches. Une conséquence de cette conjecture est que les poissons doivent vivre dans l’eau qui con- tient le moins d’air atmosphérique répandu en- dre ses molécules. M. Buniva, président du conseil supérieur de santé à Turin , vient de publier un mémoire dans lequel il rapporte des expériences qui prouvent la vérité de cette conséquence. Ce savant physicien annonce que des Cy- prins tanches, et par conséquent des individus de l'espèce de poisson dont la vessie natatoire nous a présenté de l'hydrogène, ont élé mis dans une eau que l’on avait fait bouillir pen- dant une demi-heure, et qui s'était refroidie sans contact avec l’air atmosphérique, et qu’ils y ont vécu aussi bien que dans de l’eau du PÔ bien aérée. Cette faculté qu'ont les branchies de décom- poser l’eau, rend plus probable la vertu que nous avons attribuée à plusieurs autres organes intérieurs des poissons, et par le moyen de la- quelle ces animaux peuvent altérer ce fluide , le décomposer, se l'assimiler, et s’en nourrir. Ces derniers faits sont d’ailleurs prouvés par l'expérience. On sait que l’on peut faire vivre pendant longtemps des individus de plusieurs espèces de poissons, en les tenant dans des vases dont on renouvelle l’eau avant que des exhalaisons malfaisantes l’aient corrompue, et cependant sans leur donner aucun autre ali- ment. A la vérité, M. Buniva nous apprend dans son mémoire que ces animalcules si difliciles à voir, même avec une loupe, que l’on nomme infusoires , et qui pullulent dans presque toutes les eaux, servent à la nourriture des poissons. Mais les faits suivants, dont nous devons la connaissance à cet habile naturaliste, ne prou- vent-ils pas l’action directe et immédiate de l'eau sur les organes digestifs, et sur la nutri- tion ces espèces dont nous achevons d'écrire l'histoire ? Une dissolution de certaines substances sa— lines dans l’eau qui renferme des poissons , al- tère et détruit les couleurs brillantes de ces animaux. Etde plus, une quantité de soufre, mise dans quarante-huit fois son poids d’une eau assez | DISCOURS imprégnée de gaz funestes pour faire périr des poissons, conserve leur vie en neutralisant ces gaz. Nous avons vu aussi dans le premier Discours ou dans plusieurs articles particuliers de cette Histoire, que les poissons supportaient, san mourir, le froid des contrées polaires, qu’ik s’y engourdissaient sous la glace, qu'ils y pas- saient l'hiver dans une torpeur profonde, el qu'au retour du printemps, ils étaient rappelés à la vie par la douce influence de la chaleur du soleil, après que la fonte des glaces avait ou- vert leur prison. Quelque violent que soit le froid , ils peuvent résister à ses effets, pourvu qu'il ne se fasse sentir que par degrés, qu’il ne s’accroisse que lentement, et qu’il n’arrive que par des nuances très-nombreuses à toute son intensité, Mais M. Buniva nous dit dans son imporlant mémoire, qu'un refroidissement subit et vio= lent, tel que celui qu’on opère par un mélang de glace et de muriate calcaire, donne la mort aux poissons qui en éprouvent l'attaque forte et soudaine. C'est une grande preuve des suites funestes que tout changement brusque doit avoir dans les corps organisés. En effet, la chaleur natu- relle des poissons, bien loin de s’élever à plus de trente degrés, comme celle de l’homme, des mammifères , et des oiseaux, n’est que de deux ou trois degrés au-dessus de celui de la congéla- tion. Lorsqu'un poisson est exposé subitement à un refroidissement très-grand , la température de ses organes intérieurs parcourt, pour arriver à un froid extrême, une échelle bien plus courte que celle qu'est forcée de parcourir la tempé- rature d’un mammifère où d’un oiseau placé dans les mêmes circonstances; et cependant il ne peut résister aux modifications qu'il ressent, il succombe sous Paction précipitée qu’il éprouve, il est détruit, pour ainsi dire, en même temps qu’attaqué. Quand l’homme écoutera-t-il done les leçon que la nature lui donne de tous côtés? quand ses passions lui permettront-elles de voir qu’en tout les commotions rapides renversent, brisent anéanlissent, et que les mouvements ordonnés les accélérations graduées, les changements ame nés par de longues séries de variations insen sibles, sont les seules qui produisent, dévelop: pent, perfectionnent et fécondent? Nous avons eu sous les yeux de grands exeme Le, SUR LA ples de cette importante vérité dans tout le cours de cet ouvrage. Soit que nous ayons examiné les propriétés dont jouissent les différentes espèces de pois- sons, et que, pour mieux les connaître, nous ayons comparé ces qualités aux attributs des oiseaux; soit qu'abandonnant le présent, et nous élançant dans l'avenir et dans le passé ?, nous ayons porté un œil curieux sur les modi- fications que ces espèces ont subies, et sur celles qu'elles subiront encore, nous avons toujours vu la nature nuancer son action ainsi que ses ouvrages, user de la durée comme du premier instrument de sa puissance , ne pas laisser plus d'intervalle entre les actes successifs de sa force créatrice qu'entre les admirables produits de eelte force souveraine, graduer les temps comme les choses, et appliquer ainsi à toutes les mani- festations de son pouvoir, comme à tous les 1 Discours sur la nature des poissons, et troisième Vue de b nature, 2 Discours sur la durée des espèces; ctcelui qui est intitulé ! Ges effets de Ehomme sur La nature des poissons. PÊCHE. 637 modes de la matière, le signe éclatant de son essence merveilleuse, Mais il est temps de terminer ce Discours Peut-être est-ce le dernier que j’adresse aux amis des sciences naturelles. Trente ans, j'ai travaillé pour leurs progrès. Le coup affreux qui m'a frappé lorsque la mort m'a enlevé une épouse accomplie, a marqué près de moi la fin de ma carrière. Tant que je serai condamné à supporter un malheur sans espoir, je m'’effor- cerai de consacrer quelque monument à la science. Mais le fardeau de la vie pèsera trop sur ma tête infortunee, pour ne pas amener bien- tôt la fin de ma douleur. Des naturalistes plus favorisés que moi peindront d’une manière di- gne de la nature les immenses tableaux et les grandes catastrophes dont je n'ai pu donner qu'une faible idée. Qu'ils daignent se souvenir que ma voix aura prédit leurs succès immortels, let qu’ils chérissent ma mémoire. Paris,le 5 mars 1803 OMAN ESRI RER SE SE SE RRRER LEE AR ES E RSR OR DT ST STE CHINE LINTLETTAN TELL TITLE TABLE DES ARTICLES CONTEN NUS DANS CE VOLUME. Pages. Pages. HRESSONSIOSSEUX Se Me M NN UOTE, 1 | Les ANARWIQUES. (Tableau méth. des espèces.).. 57 Tableau des genres des poissons osseux. . , . . . 3| L'Anarhique Loup. De cn di tas do ibid. Les Cécicies. (Tableau méthodique des espèces.) 12| L'Anarhique Karrak, et l'A. panthérin. . . . . 99 La Cécilie brandérienne. . . . . DAMON LOR NCA ibid. | Les Comépnores (Tabl. méth. des espèces.). . 60 Les Monorrères. (Tableau méth. desespèces.) . 13| Le Coméphore Baïkal. . . . . . . . . : . . . . ibid. Le Monopière javanais. . . . . . . . . . . . .. ibid. | Les Srromarées. (Tableau méth. des espèces). 61 Les LEPTOCÉPHALES. (Tabl. méth.des espèces )}. 1#| Le Stromatée Fiatole.. . . . ......... ibid. Le Leptocéphale morrisien. gs Morse ADI. Le Stromatée Paru. ! . 0 62 Les Gymnorss. (Tableau méth. des espèces.). . ibid. | Le Stromatée gris. le S. argenté, et le S. noir. ibid. Le Gymuole électrique. . . . . . . .. . . . . 15 | Les Raomges (Tableau méth. des See 63 Le Gymnote Putaol. … 27. 2. 1.011, 23) ‘Le Rhombe alépidote. . , . . . «4 . «4. ibid. Le Gymnote blanc, . . . . . . . .. +... 24] Supplément au tableau du genre des Cycloptères. ibid. Le Gymnote Carape, le G. Hisrasfens et le G. Le Cycloptère Souris. . . . . . . . . . . « . 6% On SIMULER REA eee ibid. | Les Murénoïpes. (Tableau méth. des espèces.). ibid. Les Tricuiures. (Tableau méth, des espèces.). 25| Le Murénoïde Sujef. . . . . . . . . . . . . . . ibid. Le Trichiure lepture. .. . . . . . ...... ibid. | Les Cazcionvmes. (Tableau métb. Fe espèces.). ibid. Le Trichiure électrique. . . . . . . ARE 26) MApe Callionyme Lyre.f. 10. RM EN 65 Les Nororrères. (Tableau méth. des espèces). 27| Le Callionyme Dragonneau. . . . . . . « .. . 66 Le Notoptère Kapirat. . . .. .. +... .ibid.| Le Callionyme Flèche, elle C. japonais. . . . . 67 Le Notoptère écailleux.. . . . ......, srabid./| "Le Callionyme poinfil{é. 1... 68 Les Opgisures. (Tableau méth. des espèces.). 28 | Les Cazr1OMORES. (Tableau méth. des espèces.) ibid. L'Ophisure Ophis. . . ...... 5,5 NOR D: ibid Le’Calliomore. indien. 1,210 + NN ibid. L'Ophisure Serpent. .. . . .« . . . ibid. | Les UrAnosco?es. (Tableau méth. des espèces.) 69 L'Ophisure Fascé. . . .. soso. 29)| Br Uranoscope Rat: UE NAN ibid. Les Triures. (Tableau méthodique des espèces.) ibid. | L'Uranoscope Houttuyn. . . . . . . . NS OUT 0) Le Triure bougainvillien. . . . ........ ibid. | Les TRAcHINES. (Tableau méth. des cspèces.), . ibid. Les Arréronores. (Tableau méth. des espèces.) 31] La Trachine Vive. . . . . . . . . . . . . . . . ibid. L’Aptéronote Passan. : 01: 21002 RMI ER. ibid.1| Ia ïTrachine Osbeck. :2.:,:.1. 0 MA NN. 73 Les RécaLecs. (Tableau méth. des espèces.). . . 33 | Les Gapes. (Tableau méthodique des espèces.). 7% Le Régalec Glesne. . . . . COMENT ET ibid Te GadeMorue: 1-11". - eee . ibid. Le Régalec dancéelé... . 2.114 NN, er. 86/|MLelGade Æglefin.r.n. MURS NON 83 Les OponToGNATHES. (Tabl. méth. des espèces.) ibid. | Le Gade Bib. seu de . 184 L'Odontognathe aiguillonné. . . . . . .. .. .ibid.| Le Gade Saida, ‘et le. G. Menmioite ol iee 85 Les MurENes. (Tableau méth. des espèces.). . 35| Le Gade Callarias, le G, Traçaud , et le G. Ca- La Murène Anguille. . . . 4 « "mn . 36 DEAR SF er eet-e-de IEC + 86 La Murène tachetée, et la M. Myre. . . . . .. 47 Le Gade rouge, le G. nègre, et le G. Lubb. 87 Ta MuréneiConpre UM ET ENCIENTNOPIALES 48| Le Gade Colin, le G. Pollack, et le G. ses. 188 Les Ammopyres. (Tableau méth. des espèces.). . 49] Le Gade Merlan. . . . . . . . . . . o er 00) L'Ammodyte appât. . ........... . .ibid.| Le Gade Molve, et le G. danois. . . . . .. Qu 1398 Les Opnivtes. (Tableau méth. des espèces.). . . 50 Le:Gade Lote:. 500. . elfe te eee RICE L’'Ophidie barbu, 10. imherbe, et l'O. Uner- Le Gade Mustelle, et le G. Cabrel SORTE RNIOE ÉNERGIE DE coin IDE El oA 511 Me \Gade/Merlus. een 96 Les MACROGNATHES. (Tableau méth.des espèces.) 52| Le Gade Brosme. . . . . .. . . . . . . . . .. ibid. Le Macrognathe aiguillonné. . . . . . . . . . . ibid. | Les BarrAcHoïpes. (Tabl. méth. des espèces.). . 97 LeMacrognathe armé... 1... Meet ibid.\Néme-BatrachoiderTau. MEN CNET ibid. Les Xipni4s. (Tableau méthodique des espèces.) 53| Le Batrachoïde blennoïde. . . . . . . . : . .. 98 He Xiphias /ESpadon "Are Re CINE ibid. | Les BLENNIES. (Tableau méth. des espèces.). ibid. Le Xépias pee ee EMILE Eee 21055) life Blennie Lièvre, … MUNIE CANNES 99 Les MaKaiRas. (Tableau méth. des espèces.). . 56| Le Blennie Phycis. . . . . . .. Re Es te 0 100 Le Makaira noirâtre. . . . . . .. +... ibid. à Le Blennie méditerranéen.. . . . . 640 TABLE Pages. | Pages. Le Blennie Gattorugine. . . . . .. .. 101 | Les GoBiésoces. (Tableau méth. des espèces).. 130 LeBlenniesourcilleux: 27215 2... ibid. || "Le GobiésoceiTestar- "Tr ibid. Le Blennie cornu , le B. tentaculé, le B. Sujé- Les Scomgres. (Tableau méth. des espèces.). . 131 flengret le BAS PER AR cet 102] Le Scombre Commerson, . . . ....... . -ibid. Le Blennie Goquillade. . . - .: . . . . ." . . 103| Le Scombre Guare.. . . . . DOS 00 2eC 0137 TefBlennib/santeE EL. ee cc ibid” |"Le Scombre:Thon-".... "0..." 10. Be BlenniellinArt eee EE icie ie 10#/ "Te Scombre Germon.- "1... Nil Le Blennie gadoïde, le B. Belette, et le B. tri- KelScombre Thazatd REC T CRE CORNE CAO a Se a So al de ibid. LelScombreBonite:..1. #11. oo, LT LeBlennie Pholis. 7." 1... 105 Le Scombre sarde. . . . . . RE on Vol Le Blennie bosquien. . . . . .. .. : 106| Le Scombre Alatunga. . . . . . . . . . . . . . ibid Le Blennie-ovovivipare. . . « . + + + + + + + » 107 Le Scombre chinois. . . . . . cute le COR ibid. LeBlenmelGUNnREl ER RE EE Ce 109| Le Scombre Atun. . . .. DANOIONO D + CARTES Le Blennie ponmtilé PERRET 110| Le Scombre Maquereau. . . . . . . . + « . . . ibid. Le Blennie Garamit, le B. Lumpène, et le B Le Scombre japonais. . . .. Adi MCIAIDE TOPSK ei Eee Etc ibid. Le Scombre doré ER Cr Rubi Les OLiGopopEs. (Tableau méth. des espèces.) . 111 He'Scombre Albacore "Pre Eee . 0155 L'Oligopode-vélifère. ct er ibid. | Les ScomBÉRoïDEs. (Tabl. méth. des espèces.). . ibid. Les Kurres (Tableau méth. des espèces. . . . . 112| Le Scombéroïde de Noël . . . . . DONS © © UE Le/Kurte-DieChien CRE CR . . ibid Le Scombéroïde commersonnien. . ...... 156 LEs CHRYSOSTROMES. (Tabl. méth. des espèces.) 113 | Le Scombéroïde sauteur. . . . . ........ ibid. Le Chrysostrome fiatoloïde. . . ........ ibid. | Les CaARANx. (Tableau méthodique des espèces.) 157 Les LÉpipopes. (Tableau méth. des espèces.). . ibid. | Le Caranx Trachure. . . ............ 158 Be Lépidopegouanien..- .. :U.-.- het ibid. Le Caranx Amie, et le C. queue-jaune. , . . . 159 Les HiATULES. (Tableau méth. des espèces.). . . 11#| Le Caranx fascé, le C. chloris, et le C, crume- La Hiatule gardénienne. . . . . . . . . .. .. ibid. nophthalme #70 0r- te rie upid: Les CépoLes. (Tableau méthodique des espèces.) 115 | Le Caranx glauque. . . . . .. . .. .. 0-7. 160 ÉelCénole Tæenn EC ECC ibid. | Le Caranx blanc, et le C. queue-rouge. . : . ibid. Le Cépole serpentiforme. . . . . . . eric et16; Le Caranx Plumier, et le C. Klein. . . .. . . . ibid. FeCépoleïtrachypiere re CR er ER ibid. | Le Caranx filamenteux.. . . : . . . . . . . : . 461 Les TæÆN1oïDEs. (Tableau méth. des espèces.)... ibid, Le Caranx Daubenton. . . .. enstolete lee MDITE Le Tænioïide hermannien. . . .. . ..... +... ibid. Le Caranx très-beau. . . . . . . BD oo ibid. Les Gogies. (Tableau méthodique des espèces.) 117 Be Caranx Carangue. "me Rnn 162 LelGobieipeclinirostre tr "1020 118| Le Caranx Ferdeau, le C. Gæss , le C. Sansun, Le Gobie Boddaert. +. « .2"....2... 119 etile/C-'Korab 7 -ETCE ML 0 to0b Le Gohie aol eee Cce ibid Me CATANX- TOUT... etre © 163 LeGobie &phnyre. 0 - = -1 - + 120 | Les TrAacHiINoTES. (Tableau méth. des espèces)! ibid. Le Gobie Paganel, le G. ensanglanté , et le G. Le Mrachinote faucheur.-.2 #0. Cm ibid. MOW=NTUNEe ee eici Ce cr ibid. | Les CarANxOMORES. (Tabl. méth. des espèces.). 16% Le Gobie Boulerot. . . . . . .. .. .... 121| Le Caranxomore pélagique. . .. .:. . ibid. J'e'Gobie Bosc." -"-"1"7 Ju 1-ADid: Le Caranxomore plumiérien. . . ........ ibid. Le Gobie arabique, et le G. Jozo. . . . . . . . 122 Le Caranxomore Pilitschei. SHRDIOLO 0 10 LOU MelGobie DIU CEE . - ibid. Le Caranxomore Sacrestin. . . . . . . . NO 065 Le Gohie Plumier. . . . .. +... 123 |Les Cæsio. (Tableau méth. des espèces.). . . . ibid. Le Gobie Thumberg. . . . . . . . . Ce And Le Cæsio AZUrOT.Ple Re te ee EE ibid. Le Gobie Éléotre, et le G. nébuleux. . . . .. ibid Be Cæsio Poulain... "VRP UE AO 166 Le Gobie Awaou. . ..... . . . . . . ..-... 124 |Les Cæsiomores (Tableau méth. des espèces.). . 167 DeGobienOir- "2-5 ---- "ft ibid Le Cæsiomore Baïllon. . . . . : . ibid. Le Gobie Lagocéphale, le G. menu, et le G Le Cæsiomore Bloch. #5 "ENTRE rCuDide Cyprinoïde.l-Nfh:4ref-le elec otel-bielle 125 | Les Coris. (Tableau méthodique des ÉspÈres ). 168 Le GobieiSchlosser. ML CRE eu... . ibid. Le Coris Aïgrelte. -MAEUMAEMAE EE dec octo Les Gogioïnes. (Tableau méth. des espèces. 1261 De Coris anEuleux. 4 HR CCE ibid. Le Gobioïde anguilliforme. . . ......., HR Les GomPnoses. (Tableau méth. des espèces ). . 169 Le Gobioïde smyrnéen.. . . . . SES 2.141271 Te Gomphosebleu t-TE EN PEER . ibid. Le Gobioïde Broussonnet. . . ......... ibid Le Gomphose varié. . . . . . .. . .. te DDIds Le Gobioïde ques NON CE - . ibid. | Les Nasows. (Tableau méth. des espèces.). . . . 170 Les Gosiomores. (Tableau méth. des espèces. J ibid Le Nason Licornet. . . . . SIC on à DIU Le Gobiomore Re ele Ce-tericle 128 Le Nason Loupe... "ME TRU-tIee NE | Le Gobiomore Taiboa. . . . . ........ibid. | Les Kyenoses. (Tableau méth. des espèces) . . 17 Le Gobiomore dormeur, . . . . .. SCO 129| Le Kyphose double-bosse. . . ,........ ibid, Le Gobiomore Koelreuter. . . . . . . . ibid. | Les Ospnronëmes. (Tableau méth. des espèces.) ibid. Les Gogiomoroïpes. (Tabl. méth. des espèces.). 130 | L'Osphronème Goramyÿ. . ........... ibid. Le Gcbiomoroïde Pison. . .. « te. «0. ibid. | ML'Osphronème Gal... METRE DES ARTICLES. Pages. LES Tricnopones. (Tableau méth, des espèces) . 174 Le Trichopode mentonnier . .. ....... ibid. Le Trichopode trichoptère . . . , . . . . . . . 175 LEs MONOBACTYLESs. (Tableau méth. desespèces). 176 Le Monodactyle falciforme . . .,. ....... ibid. LES PLECTORHINQUES. (Tableau méth.des espèces) ibid. Le Plectorhinque chétodonoïde. . . . - . - . . 177 LES PocoxtaAs. (Tableau méth. des espèces). . . ibid. Le Pogonias fascé. . . .. . . . . . . . . . . . ibid. LEs BosrrycHes. (Tableau méth. des espèces) . 178 Le Bostryche chinois... . . . . . . . . . « . . ibid. Le Bostryche tacheté . . . . . . . . . . ibid. Les Bosrrycnoïpes. (Tableau méth. des espèces). 179 Le Bostrychoïde œillé . . . . . . . . . . . . . ibid. Les ÉcHÉNEIS. (Tableau méth. des espèces). . . ibid. L'Échénéis Rémora . .............. ibid L'Échénéis Naucrate. . "0272 mu 183 L'ÉGHÉNEISTAYÉ Valle et ob eue ton ou EU UE à 154 Les Macroures. (Tableau méths des espèces). . 185 Le Macroure Berglax . . . . . - SUR r os | ibid. LES CORYPHÈNES. (Tableau méth. des espèces). 186 Le Coryphène Hippurus. . . .......... ibid. Le Coryphène Doradon. . . .......... 188 Le Coryphène Chrysurus . . . . . . . CTMIDIde Le Coryphène scombéroïde. . . . . é 714190 Le Conyphène ondé meme een rio Le Coryphène Pompile . ........ TE UM92 Le Coryphène bien "AMEN ibid. Le Coryphène Plumier . . . . . . Re ubid Le Coryphène Rasoir … + MR AT. à 193 Le Coryphène Perroquet.. . . . . . . . . . < . ibid. Le Coryphène camus.. . . . . . . .. ae 194 Le Coryphène rayé. . . - « . . - RL Didé Le Coryphène chinois. . . . . . . . . . :001bid: Le Coryphène pointu . . . .... D OS 195 Le Coryphène vert, et le C. casqué. . . . . .. ibid. Les HémiPTÉRONOTES. (Tableau méth. des esp.). ibid. L'Hémiptéronote Cinq-Taches. . . . . . . . . . ibid. L'Hémiptéronote Gmelin . . . . . . . . . . .. 196 Les CorvrHénoïnes. (Tableau méth. des esp.). ibid. Le Coryphénoïde Houttuynien . . . . , .... 197 LES AsPinpoPnores. (Tableau méth. des espèces) ibid. L’Aspidophore armé . . .. . . . .. +. …... ibid. L'Aspidophore Eisiza .…. - . . :..... .. 198 LEs Asp1boPHOROÏDES. (Tableau méth. des esp.) ibid. L'Aspidophoroïde Tranquebar . . . . . . . .. ibid. Les Corres. (Tableau méth. des espèces) . . . 199 Le GCotte grognant. . . . . D OS CUS D ONE ibid Le Cotle Scorpion... .... 1. 1. 1 200 Le Coite Quatre-Cornes. . . . . NO OC 202 Le Coîte raboteux. . . . . . . . . CD COL ibid MelGotte australe en NT Ce tel. de 203 PelCotiesinsidiatenr: M EN ROME. ibid Le Cotte Madégasse. . . . ..... ibid Le Cotte noir... . . . PO DE MED Lio is die ibid Te Gotte Chabot MEN Een 20% Les Scorpènes. (Tableau méth. des espèces) . . 205 La Scorpéne horrible, 1." UM Emma 206 La Scorpène africaine . . . . . «. . . . . . .. 207 La:Scorpène épineuse. . . . . : «+ + « . 208 La Scorpène aiguillonnée. . . ....... .. ibid. La Scorpène marseillaise . . . .. BON a DO ibid. La Scorpène Double-Filament . . ...,... ibid I. 1 641 rages. LaSeorpene:Brachion. ::1 00e Ve Res 209 La Scorpène barbue. . :. . . . . 0, . . . IDD, La Scorpène Rascasse. . . .... Ê Le ibid. La Scorpène Mahe. . . .... . Dojo à 210 Ha SCON THERE FERME ee ee ee eee : 211 La: Scorpène Plumier.#."-". .. ... . - - ibid. La Scorpène américaine. . . . . . . DÉMOS 212 FaSCOrpénedIdaC ty le CA Ce ee - - ibid. La’Scorpene antennée Elec 0e ibid. La'SCOrpene volante". tete eee 2.213 Les ScomBéromoREs. (Tableau méth. des esp.). 214 Le Scombéromore Plumier . ......... . ibid. LES GASTÉROSTÉES. (Tableau méth. des esp.) . . ibid. Le Gastérostée Épinoche, le G. Épinochette et le S PIANO RE re 215 Les CENTROPODES. (Tableau méth. des espèces). 216 Le Centropode rhomboïdal.. . . .. - 217 LES CENTROGASTÈRES. (Tableau méth. des esp.) ibid. Le Centrogastère brunâtre et le G. argenté . . ibid. Les CENTRONOTES. (Tableau méth. des especes) . ibid. Fertentranote Pilote = Ce ct ... 218 Le Centronote Acanthias et le C. Glaycos . . . 219 Le Centronote argenté, le C. ovale et le C. A Aie ua 0 à ALOMe DID CD OM CN EEE ibid Le Centronote Carolinin, le C. gardénien et le (CON EE ai oectc at ia te E ibid. * Le Centronote Éperon et le C. nègre. . . . . . 220 Les LÉPISACANTHES. (Tableau méth. des esp.) . ibid. Le Lépisacanthe japonais. . . . . . ... . . 221 Les CÉPHALAGANTHES. (Tableau méth. des esp.) ibid. Le Céphalacanthe Spinarelle . : . . . . . ibid. Les DAcTyYLOPTÈRES. (Tableau méth. des esp.) . ibid. Le Dactyloptère Pirapède. . . . . . . . . . .. ibid. Le‘Dactyloptère Japonais". 1.00. 224 Les PRIONOTES. (Tableau méth. des espèces) . . ibid. EePriono(e VOIAnt NU ES cyan re ibid. Les TRIGLES. (Tableau méth. des espèces). . . . ibid. . La Trigle asiatiques .".1. ...1... A 225 MAT OI ete colors ete onde 226 La Trigle Caroline, la T. ponctuée et la T. ÉASOVIZAS EN NERO he leredetese 227 La Trigle Hirondelle. . . .. ... ...... 228 De ONE oo AGE" en eee Did: La Trigle Gurnau et la T. Grondin . ..... . ibid. annee RME ARRETE E Eree 229 ÉarEnelementre ePACN CNRS eee 230 ladnrelie CAviIlone Er . . ibid. Les PÉRISTÉDIONS. (Tableau méth. des espèces). 231 Le Péristédion Malarmat. . . .. . . .. ... ibid. Le Péristédion Chabrontère. . . . .. . .... 232 Les Isriopnores. (Tableau méth. des espèces) . ibid. L'Istiophore Porte-Glaive. . . . ........ ibid. Les Gymwèrres. (Tableau méth. des espèces). . 233 Le Gymnètre Hawken ............. ibid. Les Muzzes. (Tableau méth. des espèces). . . . 234 ONU, 0 doit lo Minsto toto c ibid. PerMule SUFMUIEL EN COS OS NE 237 Le Mulle japonais . . . . . .. . DE . 238 Te‘Malle Auriflamme. "#5... ibid ÉeMulelrAiNe tr Et EE tee ibid. FÉMMUe ENE ONCE EE NE EC 239 Le Mulle Deux-Bandes, le M. cyclostome, le M. Trois-Bandes et le M. macronème. . . . .. ibid. 642 Paxes, Le Mulle Barberin, le M. rougeître, le M. Rou- geor et le M. Cordon jaune. . . . ... ... 259 Les ApoGons. (Tableau méth. des espèces) . . . 2#1 L'Apogon rouge. . . .. EN 0 LE Les Loncuures. (Tableau méth. des espèces). . ibid. Le Lonchure Dianème . ............ ibid. Les Macropopess. (Tableau méth. des espèces) . ibid. Le Macropode vert-doré . . . ....,.... ibid. NOMENCLATURE des Labres, Cheilines, Cheilodi- ptères, Ophicéphales, Hologymnoses, Scares, Ostorhinques, Spares, Diptérodons, Lutjans, Centropomes, Bodians, Tænianotes, Sciènes, Microptères, Hulocentres et Persèques. . . . 242 Les LABRes. (Tableau méth. des espèces). . . . . 243 LeFabre Hépate 0e. -ccmerpi-t- 201 LePabreopercule Pr Cere ce c 20 Le Labre Aurite, le L. Faucheur, le L Oyène, le L. Sagittaire, le L. Cappat, le L. Lépisme, le L. unimacule, le L. Bohar et le L. bossu. . ibid. Le Labre noir. MORT IT NON DO CIO CE ul Le Labre argenté, le L. nébuleux, le L. grisàtre, le L.armeé, le L. Chapelet, le L. Long-Museau, le L. Thumberg, le L. Grison et le L. Crois- SANTE cel eee cerete ee ibid. Le Labre fauve MAN 2 CE cie 00 Le Labre de Ceylan, le L. Deux-Bandes, le L. melagastre, le L.makptère, le L.à demi rouge, le L. tétracanthe, le L. Demi-Disque, le L. cerclé et le L. hérissé. . . . . . « . . . . . - ibid. Lelabre Fourche 2-7" MNT TE UO N 257 Le Labre Six-Bandes, le L. macrogastère, le L. filamenteux, le L. anguleux, le L. Huit-Raies, le L. moucheté, le L. commersonien, le L. lisse et le L. macroplère. . : . . . .. . .. ibid. Le Labre Quinze-Épines . . . . . . . . . ... ibid. Le Labre macrocéphale, le L. plumiérien, le L Gouan, le L. ennéacanthe et le L. Rouges- Raïes sete see elec ibid. Le Labre Kasmira. . . . . . . . . 258 LeLabre/Paon:/. 1.1. lee ell-hete ibid. Le Labre bordé. . . . . ÉTOIOONTOID Doit 259 Le Labre rouillé, le L. œillé, le L. Melops, le L. Nil, le L. louche, le L. Triple-Tache, le L. cendré, le L. cornubien, le L. mêlé et le AaUnAtTeR ER ET oct Ce leDIde Lerabre Merle Re Cr. Celle 260 Le Labre Rone, le L. fuligineux, le L. brun, le L. Échiquier, le L. marbré, le L. Large Queue, le L. Girelle, le L.-parotique et le L. Bergsnyltre.. . . . . . ..… De eo ioileile - ibid. LeHabrelGuaze 0 CE. 2e cie 262 Le Labre tancoïde , le L. Double-Tache, le L. ponctué, le L. ossiphage, le L. Onite, le L. Perroquet, le L. Tourd , le L. Cinq-Épines, le L. chinois, et le L. japonais. . . . . . . . ibid. LeLabre linéaire... 1.1. 1 lets 264 Le Labre Lunule, le L. varié, le L. maillé, le L. tacheté, le L. Cock, le L. Canude, le L. Blanches-Raies, le L. bleu et le L. rayé. . . ibid. Le Labre Ballan, le L. Bergy, le L. Hasseck, le L. aristé, le L. birayé, le L. Grandes-Ecailles, le L. Tète-Bleue , le L. à gouttes, le L. boisé et le L, Cing-Taches. , ,.,.,9+.+. 26 TABLE Pages. Le Labre microlépidote, le L. Vieille, le L. Ka- rut, le L. Anei, le L. Ceinture, le E. digram- me, le L. hololépidote, le L. tamioure, le L. Parterre, le L. sparoïde, le L. Léopard et le L:.malaptéronote. 1.160 SEAT MAG: Le Labre salmoïde et le Labre Iris. . . . . . . 267 Le Labre Diane, le L. macrodonte, le L. neus- trien, le L. Calops, le L. ensanglanté, le L. Perruche, le L. Keslik et le L. Combre . . . ibid. Le Labre brasilien, le L. vert, le L. trilobé, le L. Deux-Croissants, le L. hébraïque, le L. Large-Raie et le L. annelé. . . . . . .. . . 268 Les CHEILINES. (Tableau méth. des espèces). . . 269 Le Cheiline Scare. . . . . .. TR Ce DId: Le Cheiline trilobé . . . . . .. 20 D Goes t) Les CHEILODIPTÈRES. (Tableau méth. des esp.) . ibid. Le Cheilodiptère heptacanthe, le C. me etile)G:rayé en heal RATE Le Cheiïlodiptère Maurice. . . . . . ONE RTS Le Cueilodiptère cyanoptère, le C. Boops et le CHACONPA EE ER ER ET ENT CCR obuiTE Le Cheilodiptère Aigle. - . + : . . : . . 2. 274 Le Cheilodiptère macrolépidote et le C. tacheté. ibid. Les OPnicéPnALes. (Tableau méth. des esp.). . 275 L'Ophicéphale Karruwey et l'O. Wrahl . . . . ibid. Les HocoGymwoses. (Tableau méth. des esp.). . 276 L’Hologymnose fascé . . . . =..." . . ibid. Les Scaress. (Tableau méth. des espèces). . . . . 277 Le Scare Sidjan, le S. étoilé, le S. ennéacanthe et le S pourpre te CR 278 Le Scare Harid, le S. Chadri, les. Perroquet, le S. Kakatoe, le S. denticulé et le S. bridé. 280 Le Scare Gatesby:. |..." NE 281 Le Scare vert, le S. Ghobban, le s: ferrugi- neux, le S. Forskael, le S. Schlosser et le S. RONA d'ou à ct D CCE Che c . . . ibid. Le Scare trilobé et le S. tacheté. . . . . . . . . 282 Les OsToRBHINQUES. (Tableau méth. des esp.). . ibid L'Ostorhinque Fleurieu . : . . . :. . . . ibid. Les SpaRes. (Tableau méth. des espèces) . . . . 283 Le Spare Dorade PP PEN ORREREEE 290 Le Spare Sarpaillon, le S. Sargue, le S. Oblade ete. SASMArIS. 1.60 CNE COTE 295 Le Spare Mendole , le S. argenté, le S. Hurta, le:SPagellettle|S#Pagre MEET Hood Ft Le Spare Porte-Épine, le S. Bogue, le S. Can- ibère, le S. Saupe et le S. Sarbe . . . . . . . 301 Le Spare Synagre, le S. élevé, le S. strié, le S. Haffara, le S. Berda et le S. Chili. . . . . . 303 Le Spare éperonné, le S. Morme, le S. brunà- tre, le S. bigarré, le S. Osbeck et le S. mar- seillais se detente MORE 303 Le Spare Castagnole, le S. Bogaraveo, le S. Mahséna, le S. Marak, le S. Ramak et le S. Grand OBTIENT CRC CTI 30: Le Spare Queue-Rouge, le S. Queue-d’Or, le s. Cuning, le S. galonné, le S. Brème et les. Gros-OEil. Ga DERNIER 305 Le Spare rayé, les. Ancre, le S. trompeur, le S. Porgy, le S. Zanthure et le S. denté. 306 Le Spare fascé, le S. Faucille, le S. japonais, le S. Surinam, le S. Cynodon et le S. tétra- canthe.h: Lt tele RENE * DES ARTICLES. Pages. ! Le Spare Vertor, le S. Mylostome, le S. Mylio, le S. breton et le S. rayé d’or. . . . . . . . 3 Le Spare Catesby, leS. sauteur, le S. venimeux, % leS. salin, le S. JupetleS mélanote.. . + Le Spare Niphon, le S. Demi-Lune, le S. Holo- cyanose , le S. Lepisure, le S. bilobé, le S. Cardinal, le S. chinois, le S. Bufonite et le SAPÉRROQUERS MEN NN RAP AMETENES Le Spare Orphe, le S. marron, le S. rhomhoïde, le S. bridé, le S. galiléen et le S. Carudse. . Le Spare Paon, le S. rayonné, le S. plombé, !& S. Clavière, le S. noir et le S. chloroptère. . Le Spare Zonéphore, le S. pointillé, le S. san- guinolent, le S. Acara , le S. Nhoquunda et leSratlantiquen sstieis uns is Le Spare Chrysomélane, le S. hémisphère, le S. Panthériou, le S. Brachion, le S. Meaco et le S: DESTON AIRES EPA NET Le Spare Abildgaard, le S. Oneue-vérte et le DAROUSEOP LiDE is cel ee Les DiPTÉRODONS. (Tableau méth. des espèces). ibi Le Diptérodon Plumier, le D. noté et le D. HERACANTNE EME Ne. ee CAS le Le Diptérodon Apronet le D. Zingel. . . . . . i Le Diptérodon Queue-jaune. , ,........ Les Luryans. (Tableau méth. des espèces). . , . Le Lutjan virginien, le L. Anthias, le L. de l’Ascension, le L. Stigmate et le L. strié. . . Le Lutjan Pentagramme , le L. argenté, le L. Serran, le L. Écureuil, le L. jaune, le L. OEil- d’or et le L. Nageoires-rouges. .: . . . . .. Le Lutjan Hamrur, le L. Diagramme, le L,. Bloch , le L. Verrat et le L. Macrophthalme. Le Lutjan Vosmaer, le L. elliptique, le L. japo- nais, le L. hexagone et le L. Croissant. . . . Le Lutjan Galon d’or, le L. Gymnocéphale, le L. Triangle et le Lutjan microstome. . . . . Le Lutjan argenté-violet. . . . . . . . .. . .: Le Lutjan Décacanthe, le L. Scine, le L. La- pine, le L. rameux, le L. OEïllet, le L. bossu etile Erolhvatre ni NE ETATS ren i LeLutjan Brunnich,leL. marseillais, le L.adria- tique, le L. magnifique et le L. Polymne. . . i Le Lutjan Paupiére, le L. noir, le L. chryso- ptère, le L. méditerranéen et le L. rayé. . Le Lutjan Écriture, le L. chinois, le L. Pique, le L. Selle et le L. Deux-Dents. . . : . . .. Le Lutjan marqué, le L. Linke, le L. Surinam, le L. verdàtre, le L. Groin et le L norvé- THEN n 600 Pan oo oo don ccta Le Lutjan Jourdin, le LL. Argus, le L. John, le L. Tortue, le L. Plumier et le L. oriental Le Lutjan tacheté, le L. Orauge, le L. Blanc-or, le L. Perchot, le L. Jaunellipse, le L. grim- peur, le L. chétodonoïde, le L, Diacanthe et 309 310 315 le AGayenne st ea sm IST EeXutjan peint. :-.,..-.. ee Mot d De LutjanAraunas CU Ar ib Le Lutjan Trident et le L. Trilobé. . . . . .. Les CEexrrRopomes. (Tableau méth. des espèces!. i Le Centropome Sandat, le C. Hober, le €. Saf- ga, le C. Alburne, le C. Lophar, le C. arabi- que, et le C. rayé, , . . ; eur SOAARICES s La: Persèque diacanthe, la P. pointillée, la P. Murdjan, la P. Porte-Épine, la P Korkor, 643 Pages, Le Centropome Loup, le C. Onze-Rayons, le C. Plumier et le C. Mulet. . . . . .. MC Gt D 383 Le Centropome Ambasse, le C. de Roche, le C, Macrodon, le C. doré et le C. rouge.. . . . , 3%4% Le Centropome Nilotique et le C. œillé. . . .. 346 Le Centropome Six-Raies. . . . ........ ibid. Le Centropome fascé et le C. Perchot . . . . . ibid Les Bopiaws. (Tableau méth. des espèces) . . . . ibid. Le Bodian OEïllère. le B. Louti, le B. Jaguar; le B. macrolépidote, le B. argenté, le B. Bloch CNE EP ECO MEGA 5 0 . . 348 Le Bodian tacheté, le B. Vivanet, le B. de Fis- cher, le B. décacanthe, le B. ‘Lutjan, le B. Grosse-Tête et le B. cyclostome . . ..... 350 Le Bodian Rogaa, le B. lunaire, le B. mélano- leuque, le B. Jacob-Évertsen, le B. Bænak, le B. Hiatule, le B. Apue et le B. étoilé. . . . . 351 Le Bodian tétracanthe et le PB. Six-Raïes . . . . 353 Les TÆNIANOTES. (Tableau méth. des espèces) . ibid. Le Tænianote Large-Rate. . . . . . . . . .. . ibid. Le Tænianote triacanthe SAE'aco : 35% Les SciÈes. (Tableau méth. des espèces). ibid. La Sciène Abusamf, la S, Coro, la S. ciliée et lh'SSheptacanthes 1. 10 -le cietre 355 La Sciène Chromis, la S. Croker, la S. Umbre, la Sciène cylindrique, la S. Sammara, la S. pentadactyle et{aSSrayée tn emaenr ibid. Les MicroprÈres. (Tableau méth. des espèces). 358 Le Microptère Dolomieu . . . . ........ ibid. LES HOLOCENTRES. (Tableau méth. des espèces). 359 L'Holocentre Sogo, l'H. Chani, l'H. Schraitser, lH crénelé, l’'H. Ghanam, l’H. Gaterin et DAPIATDUR EE CR CO ROC IEC 364 L'Holocentre verdàtre, l'H. tigré, l’'H. Cinq- Raies, l'H. Bengali, l'H. FERerEAE l'H. Post, 'H. noir et l'H. Acérine. : 20,367 L'Holocentre Boutton , l'H. ne el bleu, TH. Queue-rayée, l’'H négrillon, l'H. Léopard, l'Hcibé et LH: Thunbere MERE ET 369 L'Holocentre blanc-rouge, l’H. bande blanche, l'H. diacunthe, l'H.tripétale, l’'H. tétracanthe, lH. Acanthop, l'H. Radjaban, l’'H. Diadème et LI GyMnose re ect 371 ÉHoivocentre Rapallo ect 372 L'Holocentre marin, l'H. Tétard, TH. philadel- phien l'H. Mérou, l’H. Forskael, l'H. tria- canthe et LH: arcentés. MAN ee. ibid. L'Holocentre Tauvin, l’'H. Ongo, l’'H. doré, l'H. Quatre-Raïies, l’H. à bandes, l'H.Pira-pixanga eLIPHeHAnCÉOIÉ NE CIE Cu 373 L'Holocentre Points-blens; TH. blane et brun, l'H. Surinam, l’'H. Éperon, l'E. africain, l'H. bordé, l’'H. brun, l'H. Merra et l'H. rouge. . 374 L'hotocentre rouge-brun, l'H. Soldado, l'H. bos- su, l'H. Sonnerat, l’H. heptadactyle, l’H. pantberin, l’'H. Rosmare, l'H. océanique, l'H. salmoïde et l'H. norvégien. . . .. . . . . <+ 316 Les PersÈkques. (Tableau méth. des espèces). . . 377 La PerséquePerehe- Et. le." Ir e… 318 La Persèque américaine et la P. Brunnich. . 382 Fa tPersèque Umbre”..2747.N CENTER 383 644 TABLE Pages. Pages la P. Lourbine et la P. Praslin. . . . . . .. 382 | Les GLYPHISODONS. (Tableau méth. des espèces). ibid. La Persèque triacanthe, la P. pentacanthe et la Le Glyphisodon Moucharra et le G. Kakaïitsel. 41% PAEOUFCrTOy: Re ET Te 385 | Les ACANTHURES. (Tableau méth. des espèces). ibid Les Harprës. (Tableau méth. des espèces). . . . 386| L'Acanthure Chirurgien, l'A. Zèbre, l'A. noi- L'e'Harpé \bleu-doré = 2 ibid raud, l'A. Voilier, l'A. Theuthis et l'A. rayé. 416 Les PIMÉLEPTÈRES. (Tableau méth. des espèces) 387 | Les Aspisures. (Tableau méth. des espèces). . . 418 Le Piméleptère bosquien. . . . . . . . .... ibid. E’AspisurelS0bAar. CR REC PAR ibid. Les CHeiLions. (Tableau méth. des espèces). . ibid. | LES ACANTHOPODES. (Tableau méth. des esp.). . ibid. Le Cheilion doré et le C. brun . .. ... . .. ibid. L'Acanthopode argenté et l’A. Boddaert. . . . 419 LEs PomaTomEs. (Tableau méth. des espèces). . 388 | Les SÉLÈNES. (Tableau méth . des espèces). . . . ibid. Te Pomaiome Skib: "#1. CN ee ibid. La Sélène argentée . . . . . .. : . .. ibid. Les LEIOSTOMES. (Tableau méth. des espèces). . 359 | La Sélène quadrangulaire. t- CCT . 420 Le Leiostome Queue-jaune. . . . ibid. | Les ARGYRÉIOSES. (Tableau méth. des espèces). ibid. Les CENTROLOPHES. (Tableau méth. des esp.). . ibid L’'Areyréiose Omer D SEEN Ne . ibid Le Centrolophe Nègre. « + .4 2... 212 ibid. | Les ZéEs. (Tableau méthodique des espèces) . . 421 Les CHevaLiers. (Tableau méth. des espèces). . 390 Le Zée Longs-Cheveux et le Z. rusé . . . . . . ibid Le Chevalier américain. . . . . . . . . . . . . ibid [Le ZéeForrer On MEN DC TE Les LÉIOGNATHES. (Tableau méth. des espèces). 391 | Les GALs. (Tableau méth. des espèces). . .. 424 Le Léiognathe argenté . . . . . - . . . . . .. ibid. | Le Gal verdätre. . . .. . . .. LI. Ibid: Les Caéropons. (Tableau méth. des espèces). . ihid. { Crs (#eysoroses. (Tableau méth. des espèces). ibid. Le Chétodon bordé, le C. Curaçao, le C. Mau- jjelChrysotose Lune Er M EM EMEA 425 rice.et le G.-Bengali. : . +... 4, 394 | Les Capros. (Tableau méthodique des espèces). . ibid. Le Chétodon Faucheur, le C. Rondelle, le C. Le Capros Sanglier. . . . . . . . : SNS ENG sargoïde, le C. cornu, le C. tacheté, le C. Ta- Les PLEURONECTES. (Tableau méth. des espèces) ibid. che-noire, le C. Soufilet, le C. cannelé, le C. Le Pl:Flétan: 4 AS ce 2 HTAUTES pentacanthe et le C. allongé... . . . . . .. 397 | @Le PL Limande NN MER EI NRRE 433 ‘Le Chétodon Couagga et le C. tétracanthe.., . ibid.| Le PI. Sole. . ... . ..... PETER MESE Le Chétodon pointu, le C. Queue-blanche, le C. Le PI PReN SE CE MNT RO . 435 Grande-Écaille, le C. Argus, le C. vagabond, Le PI. Flez, le PI. Flyndre, le PI. Pole, le PI. le C. Forgeron, le C. Chili et le C. à bandes. 399 Languette, le PI. glacial, le PI. Limandelle, le Le Chétodon Cocher, le C. Hadjan et le C. PL chinois, le PI. limandoïde et le PI. Pé- peint. ................... .. 400 DOUZE 1 ee ee ee ee M CRE 436 Le Chétodon Museau-allongé. . . . . . . . .. 401 le PI. œilléet le PI. ichoda tiIee 5: ASORUERS Le Chétodon Orbe, le C. Zebre, le C. bridé, le Le PI. Zèbre, le PI. Plagieuse et le PI. argenté. 439 C. Vespertilion, le C. œillé, le C. Huit-Bandes Be PlEUrDOI- IN tee Ne Te ObIde etle C..Collier: +5. 00 ARS ET A ibid. Ie PL Carre RC CRAN 410 Le Chétodon Teïra, le C. Surate, le C. chinois, Le PI. Targeur, le PI. denté, le PI. Moncus Æ le C. Klein, leC. bimac1lé, le C. Gallinne et PI papilleux, le PI. Argus, le PI. japonais, le le C. Trois-Bandes. . . . .... PRSENCUSEe 403 PI. Calimande, le PI. Grandes-Écailles et le LES ACANTHINIONS. (Tableau méth. des espèces) 40% Pl YCommersonnien IEEE 441 L'Acantbhinion Rhomboïde, l’A. bleu. et l’A or- Les AcHires. (Tableau méth. des espèces). . . . 442 biculaire: .. .. 21.20. 21m . -ibid.} L'Achire barbu, l'A. marbré et l'A. pavonien. 443 Les CHÉTODIPTÈRES. (Tableau méth. des ne 405] L'Achire fascé. ELU US à 1 DOUÉ Le Chétodiptère Plumier. . . . . . . .. . ibid L'Achire Deux-Lignes et l'A. orné . . . . . . . ibid. Les POMACENTRES. (Tablean méth. des espèces). 406 | Seconde sous-classe, première division, vingtième Le Pomacentre Paon et le P. ennéadactyle.. . ibid. ordre de la classe entière des Poissons ou qua- Le Pomacentre Burdi, le P. Symman, le P. trième de la division des osseux. POISSONS AB- Filament, le P. Faucille et le P. Croissant . . 407 DOMINAUXS EN CU ARMOR CEE 485 Les PomADasys. (Tableau méth. des espèces).. . 408 | Les CIRRHITES. (Tableau méth. des espèces). . . ibid. Le Pomadasys argenté. . . ... "NN 10: ibid. Le Cirrhiteitacheté EM eTRR EE . ibid. LES POMACANTHES. (Tableau méth. des espèces). 409 | Les CHEILODACTYLES. (Tableau méth. des esp). 445 Le Pomacanthe Grison et le P. sale. . .. . .. ibid. Le Cheilodactyle fascé. . . . . . . . . .. . +. ibid Le Pomacanthe arqué, le P. doré, le P. Paru, Les Cogires. (Tableau méth. des espèces). . . . ibid le P. Asfuret le P. jaunâtre. . . - . . . . : . 410] Le Cobite Loche, le C. Tænia et le C. Trois- Les HoLACANTHES. (Tableau méth. des espèces). 411 Barbillons. . ..-......... CAD L'Holacanthe tricolore, l’'H. Ataja et l’H. La- Les MiseurNEs. (Tableau méth. des espèces) . . 447 MarCK Pre 20 le UE NE EE #13 Le Misgurde fossile 1... ele ibid. L'Holacanthe Anneau, l'H. Cilier, l'H. Empe- Les ANABLEPs. (Tableau méth. des espèces). . . 450 reur, l’H. Duc, l'H. bicolor, l’H. Mulat, l'H. L'Anableps Surmamee. 1-2 2e - . ibid. Aruset, l'H. Leux-Piquants, l’'H. géométri- - Les FunouLes. (Tableau méth. des espèces). . . 453 que et l'H. jaune et-noir. .... ..".. . .. ibid. Le Fundule Mudfish et le Fundule japonais . . ibid. Les ÉNoPLoses. (Tableau méth. des espèces). . 414| Les CocuBrines. (Tableau méth. des espèces). . ibid” L'Énoplose White 134.7%% "ibid. JUTEa Colubrine chinoise: : : . M1. EN PERINU . DES ARTICLES. Pages. | Les Amies. (Tableau méth. des espèces.). . . . . 645 Pages. 45% | LES SALMONES. (Tableau méth. des espèces.). , . 478 L'Amie chauye.1.#.1.#.1.1.-.100e ou | Le Silmone Saumon. Pme .. . 480 Les Buryrins. (Tableau méth. des ele DIS MTS ITAnKEN.. CIC .. 487 Le Butyrin Banané. . . . . .. Steele ibid. | Le S. Schieffermuller et le S. Ériox. 1.150488 Les TRIPTÉRONOTES. (Tableau méth.des espèces.) ibid. | Le S. Truite. . ..,....... = . . ibid° Le Triptéronote Hautin. . . . .. . . . . - . 450) |IMEeS Bergtorelle eh. 0), DAS LR LD Les OmPoxs. (Tableau méth. des espèces.). . . . ibid. Le Sélruite-Siumonée. 1.1.1. 20 ibid. L'Ompock siluroide 22 -"IRAMRT- ibid. Le S. rouge, le S. Gæden, le S. Hucb, le S. NomencLaTurE des Silures, des Macroptéronotes, Carpione, le S. Salveline et le S. Omble Che- des Malaptérures, des Pimélodes, des Doras, des valier. PRE RE 2 CO CEE 49% Pogonathes, des Cataphractes, des Plotoses, des Le S. Taimen, le S. Nelma, le S. Res le S. Agénéioses, des Macroramphoses et des Centra- Kundscha, le S arctique, le S. Reïdur, le S. nodens > 0. Eros Dh c Se -FIDId: Icime, le S. Lepéchin, le S. Sil, le S. Lodde Les SiLuREs. (Tableau méth. des espèces.) - 456 CLIC: SAINS ET Er eee 496 Pen GlAnIS ee ateliers tee SU. 457 Le S. varié, le S. René, le S. Rille et le S. ga- LeS. verruqueux et le S. Asote. . . . . . . .. 460 doter CT CE ci +. 497 LeiS.afossile PA PASTUIORS. LAS ENS Mel 461 LéSACumberland Re 2-00 499 Le S. Deux-taches, le s. Schilde et le S. undé- Les OsmÈëres. (Tableau méth. des espèces.). . . ibid. CHAR CR Te ed Je Pme uiDid. | L'OsméreiÉperlans ete. te ie here . ibid Le S. Asprède et le S. cotyléphore. . . . . .. 462| L'O. Saure, l'O. Blanchet, l'O. Faucille, l'O. Le S. chinois et le S. hexadactyle. . . . . . . 463 TumbiletlO calonné. 7 1 .4:500 Les MACROPTÉRONOTES. (Tableau méth. desesp.). ibid. | LES CoRÉGONES. (Tableau méth. des ra . 501 Le Macroptéronote Charmuth et le M. gre- Le Corégone Lavaret. . . . . . . . . .. 503 MoUllés elb alle Lette 51e ibid. Le C. Pidschian, le C. Schokur, le C. Nez. le Le M. brun et le M. hexacicinne. . . . . . . . 464 C. large, le C. Thymalle, le C. Vimbe, le C. Les MaLAPTÉRURES. (Tableau méth. des esp.). . 465 voyageur, le C. Muller et le C. autumnal. . 505 Le Malaptérure électrique. . . . . . . .. . . ibid. Le C. Able, le C. Peled, le C. Marène, le C. ma- LES PimÉLones. {Tableau mét. des espèces ). . . ibid. rénulé, le C. Wartmann, le C. oxyrhynque, le Le Pimélode Bagre, le P. Chat, le P. Scheilan C. Leucichthe, le C. Ombre et le C rouge. . 507 GE OPEN Jbtolo Dore le De ce de 466] Le CG. clupéoïde. . ..... .. ...... 508 Le P. Ascite, le P. argenté, le P. nœud, le P. Les CHaRACINs. (Tableau méth. des espèces.). . ibid Quatre-Taches, le P. barbu, le P. tacheté, Le Characin Piabuque, le C. denté, le C. bossu, le P. bleuûtre, le P. doigt-de-Nègre et le P Le C. Mouche, le C. Double-Mouche, le C COMMErSQRNIERAE ER CR - . 467 sans tache, le C. Carpeau, le GC. nilotique, le Le P. Thumberg. . . .. MR SE CPE 470 C. Néfasch et le C. pulvérulent. . . . . =. 510 Le P. Matou, le P. Cous, le P. Docmac, le P. Le C. Anostome, le C. Frédéric, le G. à bandes, Bajad, le P. erythroptère, le P. Raïe d'argent, le C. Mélanure, le C. Curimate et le CG. Odoé. 512 le P. rayé et le P. moucheté. . . . ..... ibid. | LES SERRASALMES. (Tableau méth. des espèces.). ibid. LeP“casqué-etile P: Chili. 10 Leu tete 471 Le Serrasalme Rhomboïde. . DER US Les Dors. {Tableau méth. des espèces.). . . . . ibid. | Les ÉLoPEs. (Tableau méth. des espèces ). « . ibid. Le Doras caréné'et le D. Cote... : : - . .. . ibide | AL'É(Ope Saure 2 : . ibid. Les PoconaTnes. (Tableau méth. des espèces.). 472 |LEs MÉGALOPES. (Tableau métb. des espéces). 514 Le Pogonathe Courbine et le P. doré. . . . .. ibid. Le Mégalope Filament. . ibid. Les CATAPHRAGCTES. (Tableau méth. des esp.). 473 | Les NOTACANTHES. (Tableau méth. des espèces). ibid. Le Cataphracte Callichte, le G. américain et le LeNotacanthe Nez "1-1" ne ibid. Gponctué."". 1." : sie Fate ele . ibid. | Les Ésoces. (Tableau méth. des espèces.). . . . 515 Les PLoroses. (Tableau méth. des espèces.). . 474| L'Ésoce Brochet et l'É. américain. . . . . . . . ibid. Melplotoseanguillé te --onbd. || IE BélOne RC Cr rie 518 Le P. Thunbergien. ; SOC .. 415| LÉ. argenté, l'É. Gambarure et l'É. Espadon. 519 Les AGéNÉIoSES. (Tableau méth. des espèces.). ibid. | L'É. Tète-Nue et l'É. Chirocentre. . . . . . . . 520 L’Agénéiose armé et l'A. désarmé. . . . . .. . ibid.| L'É. vert. . . ................. n°1 Les MACRORAMPHOSES. (Tableau méth. des esp). 476 | Les SyNopes. (Tableau méth. des espèces.). . . ibid. Le Macroramphose cornu . . .. . . . . . .. ibid. | Le Synode fascé, le S. Renard, le S. chinois, Les CENTRANODONS. Tableau méth. des espèces.). ibid. | le S. macrocéphale et le S. Malabar. . . . . . ibid. Le Centranodon japonais. . . . ..... . .. ibid. | Les SPayrènes. (Tableau méth. des espèces.). 522 Les LoricaiRes. (Tableau méth. des espèces.). ibid. | La Sphyrène Set, la S. chinoise, la S. Orverd, La Loricaire sétifère et la L. tachetée. . . . ibid. la S. Bécume et la S. Aiguille. . . . . . . . 523 Les Hyposromes. (Tableau méth. des espèces.). 477 | Les Lépisostées. (Tableau méth. des espèces.). 524 L'Hypostome Guacari. . . . . . . . . . .. ..ibid.| Le Lépisostée Gavial, le L. Spatule et le L. Ro- Les CoryporAs. (Tableau méth. des espèces.). . 478 NME SOS OS D OR OA 00 7e © . . ibid. LefCorydoras Geoffroy. #1... 7100.15 NE ibid. | Les PoypTÈREs. (Tableau méth, des espèces.). 526 Les Tacaysures. (Tableau mn ELES des espèces.). ibid.| Le Polyptère Bichir. . ............. . ibid. Le Tachysure chinois. . . ........... ibid. | Les ScomBrésoces. (Tableau méth. desespèces.). 527 646 TABLE , Pages. | Pages. Le Scombrésoce Campérien. . . . . ...... 927 | Les CYPRINODONS. (Tableau méth. des espèces.). 564 Les FisruLaiRes. (Tableau méth. des espèces.). 528| Le Cyprinodon varié. Ê TR Out La Fistulaire Petimbe. . :............. ibid. | Les Cyprixs. (Tableau méth. des espèces). - . . ibid. LEs AULOSTOMESs. (Tableau méth. des espèces.). 530 Le Cyprin Carpe. .. ......... nlrbrtat 0 L'Aulostome chinois. . .... .. ........ ibid.| Le C. Barbeau. . . . . + » + se corn £Es SOLÉNOSTOMESs. (Tableau méth. désespèces. ). ibid.| Le C. spéculaire et Je/C' A CHI SOA 572 Le Solénostome paradoxe. . . . . . . . . . . 531| Le C. Binny, le C. Bulatmai, le C. Murse et le Les ARGENTINES. (Tableau méth. des espèces.). 532 C. Rouge-Brun. . . . . .. DONEVT NC LC 573 L'Argentine Sphyrène, l'A. Bonuk, l'A. Caroline Le C. Goujon et le C. Tanche. . . . . . . . .. 574 ELA" Machnate: : .« : :52 2-01. M ibid. | Le C. Capoet, le C. Fe le CG. Voncondre Les ATHÉRINES. (Tableau méth. des espèces.). . 533 eule C. verdâtre. . . . . . RE Dreers ol L'Athérine Joel, l'A. Menidia, l'A Sihana et Le C. Anne- Drdine LAN hr ehibale l'AMGrASAEAU LE 2 ERP ibid.| Le C. Mordoré et le C. Yert-Violet. MO 577 Le: HypranrGrres. (Tableau méth. desespèces.). 534| Le C. Hamburge, le C. Céphale, le C. soyeux et L'Hydrargire Swampine. . . . . . . « .« . . . . ibid. le OC Zee EE .. 95178 Les Srocépnores. (Tableau méth. des espèces.). 535| Le C. doré, le G. argenté, le CG: Télescope, le Le Stoléphore japonais, le S. Commersonnien. ibid. C. Gros-Yeux et le C. Quatre-lobes. . . . . 1579 Les Muces. (Tableau meth. des espèces.). . . . ibid. Le C. Orphe, le C. royal, le C. Caucus, le C. Le Muge Céphale, le M. Albule, le M. crénilabe, Malchus, le G. Jule, le C. Gibèle, le G. Go- le M. Tang, le M. Tranquebar, le M. Plumier leian, le C. Labéo, le C. leptocéphale, le C. et le M. Tache-Bleue. . . . . . . . . . . . . 537 chalcoïde et le C. clupéoïde. . . . . . . .. 581 Les MucrLoïpes. (Tableau méth. des espèces.). . 538| Le C. Galian, le G. nilotique, le C. Gonorhyn- Le Mugiloïde Chili, . . ............. 539 que, le C. Véron, le C. Aphye, le G. Vaudoise, Les CHanNos. (Tableau méth. des espèces.). . .. ibid. le C. Dobule, le C. rougeûtre, le C. Ide, le Le Chanos arabique. . . . . . . . . . . . .« - . ibid. C. Buggenbhagen et le C. Rotengle. . . . .. 583 Les MuciLomores. (Tableau méth. des espèces.). ibid. | Le C. Jesse, le C. Nase, le C Aspe, le C. Spir- Le Mugilomore Anne-Caroline. - . . . . . +. ibid. lin, le C. Bouvière, le C. américain, leC. Able, Les Exocets. (Tableau méth. des espèces.). . . 540 le C. Vimbe, le C. Brême, le C. Couteau et le L'Exocet volant, l'E. Métorien, l'E. Sauteur et CsHarène. 2 RE ENS ER CAE 586 l'E. Commersonnien. : “ . .ibid.| Le C. large, le C. Sope, le C. ‘Chub, le C. Ca- Les PozynÈèmes. (Tableau méth. de espèces.). . 543 tostome, le C. Morelle, le GC. frangé, le C. Le Polynème Émoi, le P. pentadactyle, le P Faucille, le C. bossu, le C. Commersonnien, rayé, le P. Paradis, le P. décadactyle et le P. le/CiSucettetile CG PIgO. FUN. CHEN NE 591 MADONNA CERN ONE ibid. | Seconde sous-classe, seconde division, vingt-unième or- Les PozvpacryLes./Tableauméth. des espèces.). 545 dre de la classe entière des poissons ou premier de la Le Polydactyle Plumier. . . . . . . + . . . . . ibid.| seconde division les osseux. PoIssons OssEUx. 593 Les Buros. (Tableau métb. des espèces.). . . . . ibid. | Les Srernorryx. (Tableau méth. des espèces.). ibid. HEBUTO DEN, CSN ENT NOIRE ibid. | Le Stornoptyx Hermann. . . . .. ... dt I ADIC: Les CLupées. (Tableau méth. des espèces.). . . 546 | Secondesous-classe, troisième division, vingt-cinquième La Clupée Hareng. . . 4. « . . . « « « « . . . 547| ordre de la classe entière des Poissons on premier La €. Sardine. . «ce + + ++ + + + + 552| de la troisième division des osseux. POISSONS 0s- a lC MATOS CR CNRS RES LD ISISEUX PS NEA EC CCI CRE ibid. La C. Feinte et la C. Rousse. . . . . . . « . « 553 | LES STYLÉPHORES. (Tableau méth. des espèces.). 59% PACHPANCNOIS PCR er crie 554| Le Styléphore argenté. . .. . . . . . . . . .. ibid, ja C. athérinoïde, la C. Raie-d’argent, la C. Seconde sous-classe, troisième division, vingt-huitième Apalike, la C. Bélame, la C. Dorab, la C. Ma- ordre de la classe entière des Poissons ou quatrième labar, la C. tubereuleuse, la C. Crysoptère, de la troisième division des osseux. POISSONS 0s- la C. à bandes, la CG. macrocéphale et la C. SEULS ten Did Mer NT ES ibid. dESATTOPIQUES- Eee eee .... 555|Les Mormyres. (Tableau méth. des espèces.). . ibid. Les Mysres. (Tableau méth. des espèces.). . . . 557| Le Mormyre Kannumé, le M. Oxyrhynque, le Le Myste clupéoïide. . . . .. ibid. M. Dendera. le M. Salahié, le M. Bébé, le M. (Les CLupanopons. (Tableau méth. des espèces.). 558 Hersé, le M. cyprinoïde, le M. Bané et le M. Le Clupanodon Cailleu-Tassart, le G. nasique, Hasselquist. - - MIEL MN RENNES 595 Le C. Pilchard, le C. chinois, le C. africain et Seconde sous-classe, quatrième division, vingt-neu- LENS ATUSSIENE SR MER Dee . ibid. vième ordre de la classe entière des Poissons ou pre- LES Serpes. (Tableau méth. des espèces.). . . . 560 | mier de la quatrième division des osseux. Poissons TAMSErPE ATPEN TEE ee eee ere ete rite ibid. APODES. . « - le s LD HAT ON STE 596 Les MÉNÉS. (Tableau méth. des espèces). . . . . ibid. | Les MURÉNOPHIS. (Tableau méth: des espèces.). ibid.. La Méné Anne-Caroline. . . . . . - . . . .. 561| La Murénophis Hélène. . . . .. . ....... 597 Les DorsuaiRres. (Tableau méth. des espèces.). ibid. | La M. Échidne, la M. Colubrine, la M. noi- EC Dorsuaire DOITAITE RENE NE CE ibid, râtre, la M. Chainette, la M. réticulaire, la LES XysrÈREes. (Tableau méth. des espèces.).. . ibid. M. africaine, la M. panthérine, la M. étoilée, LebXyStère Drun eee ele eee DIE la M. ondulée, la M. grise et la M. Haüy. . . 600 DES ARTICLES. 647 Les GYMNOMURÈNES. (Tableau méth. des esp.). La Gymnomurène cerclée et la G. marbrée. . Les MURÉNOBLENNES. (Tableau méth. des esp.). La Murénoblenne olivâtre. . . . . . . . . . . LES SPHAGÉBRANCHES. (Tableau méth. des esp \. Le Sphagebranche Museau-Poiniu. . . . .. LES UNIBRANCHAPERTURES. (Tab. méth. desesn_). Pages. " Pages. 604| ZL’Unibranchaperture marbrée, l'U. imma- 602 culée, l'U. cendrée, l'U. rayée et l’U. lisse. . 604 ibid. | Des effets de l’art de l’homme sur la nature des GO MMDOISSONS El ete ne clac lee 605 ibid. | Discours sur la pêche, sur la connaissance des pois- . ibid, | sons fsssiles, et sur quelques attributs généraux des ibid, DOISSOHS A ere latest cer. LUZ PIN DE LA TABLE. TABLE DES PLANCHES L'INDIGATION DES PAGES OU ELLES PEUVENT ÊTRE PLACÉES DANS LES VOLUMES AVEC LORSQU'ON NE LES RÉUNIRA PAS EN ATLAS. Tomes. ee Pianches. 4. La Baleine franche. . + + 2. Pêche de la Baleine . . . 3. Le Cachalot macrocéphale. . h. Le Physaie cylindrique. . 5. Le Dauphin vulgaire . . ( La Tortue géométrique . 6. + La Tortue jaune. ( La Tortue franche. Ton LelGrocodile Me. Er 8 La Tèête-Fourchue . . . . MibTeBalic ee M Ce 9 LenLézardivent MS ° { Le Porte-Crèête . . . . . 10. | Le Caméléon. SRONDMES LE (RLPISCMUER SES CRC NT ai { La Tête-Plate . . . (BTeNTapaye Le Dragon. . . ds | HeNSEPr ee 13 La Salamandre terrestre . © { La Salamandre à queue plate. ( La Grenouille. . . . . . AL AMD R RaAÏNE Verte NN CN l Le Crapaud . 15 La Vipère commune . Le. Céraste. . . . 46 La Vipère fer-de-lance . | La Couleuvre à collier 17 La uNasique …..".: ‘ | Le Serpent à lunettes. 18 Le Boa constrictor (Devin). HE BE TEINE, SNMONS 20. PefBoqura eee TONY re 21. Le Squale Requin. . . . 22 La Pêche du Requin. 3164, — ni Eee © em ee EE MIEL A EE et et et EN M Pag. 11 34 60 Planches. Tomes. 23. Le Squale Scie." I ( La Trigle Grondin. : Il 2H ATEN MENAN TOR Il l La Raie batis. I \ Le Blennie ovovivipare . c Il 25 MM DraChINEMVIVTE CRE Il ( Le Gade Morue-_""..""." Il 26! Mes Dhon CN Cl ë | Fe Mequereau ON CR 27. La Madrague ou Pèche du Thon. II ( Le Coryphène Hippurus . II 28. } L'Échénéis Rémora . . . I l Le Nason Licornet. . . Il Le Chétodon Argus . . . . IT 99 Le Dactyloptère pirapède II ° )} Le Centronote Pilote . II La Trigle Lyre . Il ( Le Tricolor . IT 30. À L'Horrible. Il l Le Chirurgien II LÉ QUREN OM ONG oo 0 IT DÉpinoches 10e IT 31. 4 Le Cotte Chabot. IL MelGOL]ONS NOR II L’Ablette. (Cyprin Ablc). Il ( Le Mulet . D: Moro Il S9 OUPS OI CR RENE IL ( La Timande CRC nl 33. La pêche du Hareng... II Le Barbillon (Cyprin Barbeau), . II 3h. 4 La (Carpe NON RL HaMDanche "ne II 35. Le Cyprin doré . II ( Le Brochet . IT 86-012 Perche." NX Il ( D'Amnelulle ECC Il Paris. Imp. F, Levé, 17, rue Cassette, SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES UN il 9088 00744 6099 * f, à + A D NOTDET #7 1