m ^i^. HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY ^^m^-J^d^^ ..^ Ql.;^: ytT: MAR 27 1923 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS.: TOME TROISIEME. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, PAR LE CITOYEN LA CEPÈDE, Membre du Sénat , et de l'Institut national de France ; l'un des Professeurs du Muséum d'Histoire naturelle; membre de l'Institut national de la République Cisalpine ; de la société d'Arragon ; de celle des Curieux de la Nature, de Berlin; des sociétés d'Histoire naturelle, des Pharmaciens, Philotechnique, Philomatique, et des Observateurs de l'homme, de Paris; de celle d'Agriculture d'Agen ; de la société des Sciences et Arts de Montauban; du Lycée d'Alençon; de l'Athénée de Lyon, etc. TOME TROISIÈME. A PARIS, CHEZ PLASSAN, IMPRIMEU Il-L I B H A I R E, Rue de Vaughard, N" iigS. L'AN X DE LA RÉPUBLIQUE. Hrâ* i4|»,"wC» . TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. Avertis sèment, page 8. Suite du Tableau des genres des poissons osseux, page g. Des effets de l'art de l'homme sur la nature des poissons. page ]. L E scoiîibre germon , jiage i. Le scombre thazaid, g. Le scombre bonite , 14. Le scombre alatunga , 21. Le scombre chinois , 28. Le scombre maquereau , 24. Le scombre japonois , 45. Le scombre doré, 46. Le scombre albacore, 48. Tableau des espèces du genre des scombéroïdes, ^o. Le scombéroïde noël , 5r. Le scorabéroïde sauteur, ^^. Le scombér. commersonnien , 53. Tableau des espèces du genre des caranx, b'j. Le caranx tracliure, 60. Le caranx amie , et le caranx queue-jaune, 64. Le caranx glauque ^66. Le caranx blanc , et le caranx queue-rouge , 68. Le caranx filamenteux , 70. Le caranx daubenton , 71. Le caranx très-beau , 72. Le caranx carangue , 74. Le caranx ferdau , le caranx gaess, le caranx sansun , et le caranx korab , 75. Tableau des espèces du genre des trachinotes, 78. Le trachinote faucheur, 79. T O M E 1 1 I. a s TABLE Tableau des espèces du genre des caranxomores, 82. Le caranxomore pt^lagîque , 83. Le caranxomore plumiérîen, 84. Ta b l £ a u des espèces du genre des caesio , 85. Le caesio azuror, 86. Le cœslo poulain , 90. Tableau des esi)èces du genre des cœsiomores, 92. Le caesiomore bâillon , 98. Le cœsiomorc bloch , 95. Tableau des espèces du genre des coris, 96. Le coris aigrette, 97. Le coris anguleux, 99. Tableau des espèces du genre des gon:]j)hoscs, 100. Le gomphose bleu , lor. Le gomphose varié, 104. Tableau des espèces du genre des nasons, io5. Le nason licornet, 106. Le nason loupe, m. Tableau des espèces du genre des kjphoses, 114. Le kypliose double- bosse, 11 5. Tableau des espèces du genre des osphronèmes, 116. L'osphronème goramy, 117. L'osphronème gai ,122. Tableau des espèces du genre des trichopodes, 12-5. Le trichopode mentonnier , 126. Le trichopode tricboptère , 129. Tableau des espèces du genre des monodactjles , i3i. Le monodactyle faicifornae, 182. Tableau des espèces du genre des plectorhinques, 184. Le plectorhinque cliétodonoïde , i35. Tableau des es))èces du genre des pogonias, 187, Le pogonias fascé, i38. DES ARTICLES. 3 Tableau des espèces du genre des bostrjches, T40. I.ebostryche chinois, 141. Le bostryclie tacheté, 143. Tableau des espèces du genre des boslrjchoïdes , 144. Le bostrychoïde œillé, 145. Tableau des espèces du genre des échénéis, 146. L'échénéis rémora, 147. L'échénéis rayé , 167. L'échénéis naucrate , 162. Tableau des espèces du genre des macroures, 169. Le macroure berglax , 170. Tableau des espèces du genre des cor^'phènes, ryS. Le coryphène hippurus , 178. Le coryphène rasoir, 2o3. Le coryphène doradon , 184. Le coryphène perroquet, 2o5. Le coryphène chrysurus, 186. Le corypliène camus, 207. Le coryphène scombéroïdc , 192, Le coryphène rayé, 208. Le coryphène onde, 196. Le coryphène chinois, 20g. Le coryphène pomplle, 198. Le coryphène pointu, 211. Le coryphène bleu , 200. Le coryphène verd , et Je cory- Le coryphène plumier, 2cr. phène casqué, 212. Tableau des espèces du genre des hémiptéronotes, 214, L'hémiptéroDOte cinq-taches, 2i5. L'hémiptéronote gmelin, 218. Tableau des espèces du genre des coryphénoïdes, 219. Le coryphénoïde liottuynien, 220. Tableau des espèces du genre des aspidophores, 221. L'aspidophore armé, 222. L'aspidophore lisiza, 225. Tableau des espèces du genre des aspidophoroïdes, 227. L'aspidophoro'ide tranquebar, 228, 4 TABLE Tableau des espèces du genre des cottes, i3o. Le cotte grognant ,282. Le cotte insidiateiir, 247. Le code scorpion , 2.36. Le cotte ixiadégasse, 248, Le cotte qiiatie-cornes , 241. Le coite noir, 25o. Le cotte raboteux , 244. Le cotte chabot , 252. Le cotte austral , 246. Tableau des espèces du genre des scorpènes, ^58. La scorpène horrible, 261. La scorpène rascasse , 275. La scorpène africaine, 266. La scorpène mahé , 278. La scorpène épineuse, 267. La scorpène truie, 280. La scorpène aiguillonnée, 268. La scorpène plumier, 282. La scorpène marseilloise , 269. La scorpène américaine , 284. La scorpène double-filament, 270. La scorpène didactyle, 285. La scorpène braciiion , 272. La scorpène antenuée, 287. La scorpène barbue, 274. La scorpène volante, 28g. Tableau des espèces du genre des scombéromores , S92. Le scombéroniore plumier, 293. Tableau des espèces du genre des gastërostées , 2g5. Le gastérostée épinoche, le gastérostée épinochette, et le gastérostée spinachie , 296. Tableau des espèces du genre des centropodes , 3o3. Le centropode rhomboïdal , 804, Tableau des espèces du genre des centrogastères, 3o6. Le centrogastère bruniltre, et le centrogastère argenté , 807. Tableau des espèces du genre des centronotes, Soç. Le centronote pilote , 3ii. lyzan , 816. Le centronote acanlhias, et le Le centronote carolinin , le cen- centronote glaycos, 3i5. tronote gardénien, et le ccntro- Le centronote argenté, le centro- note vadigo, 3:8. note ovale , et le ceutionote DES ARTICLES. 5 Tableau des esj)èccs du genre des Icpisacanthcs, 3^0. Le lépisacautlie Japonois, 021. Tableau des espèces du genre des céphalacanlhes, 32 ^ Le céphalacanthe spinarelle , 824. Table au des esjîèces du genre des dact^'loptères, 325. Le dactyloptère pirapède, 826. Le d-ictyloptère japonois, o35. Tableau des espèces du genre des j^rionolcs , 336. Le prionote volant, 887. Tableau des espèces du genre des trigles, 339. La trigle asiatique, 842. La trigle gurnau, et la higle gvon- La trigle lyre , 845. din , 85o. La trigle Caroline, la trigle ponc- La trigle iniian , 862, tuée, et la trigle lastoviza, 849. La trigle menue , 865. La trigle hirondelle, 358. La trigle caviiloue , 866. La trigle pin , 856. Tableau des espèces du genre des péristédions, 368. Le péristédion nialarmat , 869. Le péiislf^dion chabronlèrej 3'j3, Tableau des espèces du genre des istiophores, 374. L'istiopliore porte-glaive , 875. Tableau des espèces du genre des gjmnètres, 379. Le gymnctre hawken , 38o. Tableau des espèces du genre des mulles, 382. Le niulle rouget, 385. cyclostome, le nmlle trois-ban- Le niullc eurmuîct , 894. des, et le nuille inacroncme , Le niulle japonois, 899. ^04. Le muUe auiinanniie , 400. Le inulle barbevin , le mulle rou- Le mulle rayé, 401. gcâfie, le niulIc rougeor, et le Le mulle lachctc' , 402. mulle cordon-jaune , /jo6. Le mulle deux-bandes, le liiulle 6 TABLE Tableau des csj)èccs du genre des apogons, 411. L'apogon rouge, 412. Ta b l e a u des espèces du genre des lonchures, 41 3. Le loiichure dianèaie, 414. Tableau des es})èccs du genre des macropodes, 416. Le macropode verd-doré, 417. Nomenclature des labres , cheilines , cheilodiptères ; ophicéphales, hologymnoses, scares, ostorhinques, spares, diptérodons , lutjans, centropomes, bodians, taenianotes, sciënes, microptères, holocentres , et persèques, 419. Tableau des espèces du genre des labres, 424. Le labre hépale , 456. bandes, le labre inacrogastère, Le labie operculé , le labre aurlte, le labre filamenteux, le labre le labre fauclieur, le labre o)ène, anguleux, le labre liuit-raies, le labre sagittaire, le labre cap- le labre moucheté, le labre pa , le labre lépisuie, le labre comniersonnien , le labre lisse, iinimaculé, le labre boliar, et le et le labre macroptère , 477. labre bossu, 46.3. Le labre quinze-épines , le labre Le labre noir, le labre argenté, le macrocéphale , le labre plumié- labre nébuleux, le labre grisâtre, rien, le labre gouan , le labre le labre armé , le labre chapelet, cnnéacanthe , et le labre rouges- le labre long-museau, le labre raies, 480. thunberg, le labre grison , et le Le labre kasmira , 488. labre croissant , 467. Le labre paon , 484. Le labre fauve , le labre ceylan , le Le labre bordé , le labre rouillé, le labre deux bandes, le labre mé- labre œillé, le labre niélops, le lagastre , le labre malaptère, le labre nil , le labre louche, le labre à demi rouge, le labre té- labre triple-tache , le labre ceti- tracantlie, le labre demi-disque, dré, le labre cornubien le labre le labre cerclé, et le labre hé- mêlé, et le labre jaunâtre, 487. risse, 472. Le labre merle , le labre rône , le Le labre fourche, le labre six- labre fuligineux , le labre brun , DES ARTICLES. 7 le labre échiquier, le labre mar- bré, le labre large -queue, le labre girelle , le labre parotique, et le labre bergsuyltre, 492. Le labre guaze, le labre tancoïde, le labre double- tache , le labre ponctué, le labre ossifage , le Jabre onite , le labre perroquet, le labre tourd , le labre cinq- épines , le labre cbinois , et le labre japonois, 5oi. Le labre linéaire , le labre lunule , le labre varié, le labre luailié , le labre tacheté, le labre cock, le labre canude, le labre blan- ches-raies, le labre bleu, et le labre rayé, 5o8. Le labre ballan , le labre bergylfe, le labre hassek , le labre aristé, le labre birayé, le labre grandcs- écallles, le labre tête bleue, le labre à gouttes , le labre boisé, e( le labre cinq-taches , 5i3. Le labre microlépidole , le labre vieille, le labre karut , le labre anéi , le labre ceinture , le labre digramnie, le labre hololépi- dote,le labre taenioure, le labre parterre, le labre sparoïde , le labre léopard, et le labre ma- laptéronote , 5ij. Le labre diane, le labre macro- donte, le labre neustrien , le labre calops , le labre ensanglan- té , le labre perrucliC , le labre keslik , et le labre combre, 622^ Le labre brasllien , le labre verd , le labre trilobé , le labre deux- croissans , le labre hébraïque , le labre large-raie , et le labre annelé, 626. Tableau des espèces du genre des cheilines, 629. Le clieiline scare , 53o. Le cliciline trilobé, 53j. Tableau des espèces du genre des cheiîodiptères, 5oç. clieilodiptère boops , et le cliei- lodiptère acoupa , 546. Le cbeilodiptère lieptacantlie , le cheilodiptère chrysoptère , et le cheilodiptère rayé , 642. Le cheilodiptère maurice, 545. Le cheilodiptère cyanoptère , le Le cheilodiptère uiacrolépidote , et le cheilodiptère tacheté , 54g. Tableau des espèces du genre des ophicéj)hales, 55i. L'ophicéphale karruwey, et l'ophicéphale wrahl , 552. Tableau des espèces du genre des hologyninoses , 556. L'hologymnose fascé, BSj. AVERTISSEMENT. v> E troisième volume de l'Histoire des poissons renferme la description de deux cent fjuatre-vingt-dix-huit esjjèces , dont cent sont encore inconnues. Elles sont réparties dans quarante- huit genres, parmi lescpiels on devra en compter trente-quatre qu'aucun naturali.^te n'avoit encore établis. Les trois preniicrs volumes de l'Histoire des poissons com- prennent donc des articles relatifs à six cent dix espèces, dont cent cinquante-quatre n'avoient été décrites par aucun auteur, avant notre travail sur ces animaux, et (jue nous avons distri- buées dans quarante - neuf genres connus depuis long-temj)S, et dans soixante autres genres que nous avons formés. Le nombre des ]:)Ianches du troisième volume est moindre que nous ne l'avions cru, parce que l'histoire de plusieurs espèces de poisson auxquelles ces planches sont relatives , ne paroîtra que dans le quatrième , ou dans le cinquième et der- nier volume. Elle a été ainsi reculée pour faire place à celle d'un grand nombre d'espèces qui dévoient la précéder d'après l'ordre méthodique suivi dans cet ouvrage, et au sujet desquelles nous avons reçu de nos correspondans des notes tiès-multipliées et très-étendues, dejniis l'impression du second volume. Ce second volume renferme la figure d'une espèce décrite dans le troisième ; c'est celle du labre té/racanthe^ représenté pi. X\l{, Jig. 3. On trouvera dans le quatrième, dont l'impression est presque terminée, l'article relatif au lui j an trilobé ^ dont on peut voir la figure au if 3 de la planche XVI du second rolume^ SUITE DU TABLEAU DU DIX-NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou DU TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX*. Genres. iUne plaque très-grande , ovale , composée de lames transversales , et placée sur la tête, qui est déprimée. 79- Deux nageoires sur le dos ; la queue deux rueux nageoires sur le aos ; Ja ^ MACROURE. \ ^ ' l fois plus longue que le corps. Le sommet tle la tête très - comprimé et comme trancliant par le haut, ou très- élevé et finissant sur le devant par im plan presque vertical, ou terminé anté- 80. CORYPHENE. / rieiirement par un quart de cercle, ou garni d'écaillés semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale, et cette na- geoire du dos presque au.ssi longue que le corps et la queue. [Le sommet de la léte très-comprimé, et I. HÉ M I PT É RON O T E. \ comme trancliant par le haut, ou très- \ élevé et finissant sur le devant par un plan * Vo_ycz le tableau ([ui est à la tcte du premier volume , et celui cpi est à la tête du secoud. TOME III. ■ ^ Genres. îr. H E MI P TÉRONO TE. 52. C O R Y P H É N 0 ï D E. 83. ASPIDOPHORE. 84. A,S PI DOPHOROÏD E, 85. COTTE. 86. S C O R P È N E, TABLEAU (presque vertical , on terminé antérieure- ment par un cjuart de cercle, ou garni ^ d'écaillés semblables à celles du dos; une seide nageoire dorsale, et la longueur de cette nageoire du dos ne surpassant pas ou suq^assant à peine là moitié de la lon- gueur du corps et de la queue pris en- semble. Le sommet de la tête très-coixiprimé , et comme tranchant par le haut , ou très- élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical , ou terminé anté- rieurement par un quart de cercle , on garni d'écaillés semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; l'ouverture des branchies ne cousistaut que dans une fente transversale. pLe corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écallleuse ; deux nageoires sur le dos ; moins de quatre rayons aux na- geoires thoracines. [Le corps et la queue couverts d'une sorte de cuirasse écailieuse ; une seule nageoire sur le dos ; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. [•La tête plus large que le corps; la forme i générale un peu conique ; deux nageoires I sur le dos ; des aiguillons ou des tuber- I cules sur la tête ou sur les opercules des I branchies; plus de trois rayons aux na- \ geoires thoracines. (La tête garnie d'aiguillons, ou de protubé* rances , ou de barbillons , et dépourvue de I petites éeailles3 une seule nageoire dc-r- I sale. DES GENRES. I l Genres. 87. S C O M B É 11 O M O R E. 88. GASTÉROSTÉE. 8 9. c E NT » OP 0 DE. 90. CENTROGASTERE. 91. C EN T R ON 0 T E. 92. t E P I S A C A N T H E. 93. CÉPHALACANTHE. Une seule nageoire dorsale ; de peliics na- geoires au - dessus et au - dessous de la queue; point d'aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. Une seule nageoire dorsale ; des aiguillons isolés , ou presque isolés , au-devant de la nageoire du dos ; une carène longitudi- nale de chaque côté de la queue ; un ou deux rayons au plus à claque nageoire tlioracine ; ces rayons aiguillonnés. Deux nageoires dorsales; un aiguillon et cinq ou six rayons articulés très-petits à claque nageoire thoracine ; point de pî- quans isolés au-devant dès nageoires du dos , mais les rayons de la première dor- sale à peine réunis par une membrane j point de carène latérale à la queue. Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire tlioracine. Une seule nageoire dorsale; quatre rayons au moins à chaque tlioracine ; des pî- quans isolés au-devant de la nageoire du dos; une saillie longitudinale sur chaque côté de la queue, ou deux aiguillons au- devant de la nageoire de l'anus. Les écailles du dos, grandes, ciliées et ter- minées par un aiguillon ; les opercules den- telés dans leur partie postérieure, et dé- nués de petites écailles ; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale. Le derrière delà tête garni , de chaque côté, de deux piquans dentelés et très-longs; point d'aiguillons isolés au-devant de la cageoire du dos. 12 Genres. 94. DACTYLOPTERE. 95. 96. PRIONOTE. T R I G L E. 97. P E R I S T E D I 0 N. TABLEAU (Une peliie nageoire composé^e de rayons isoufenus par une membrane, auprès de la base de cbaque nageoire pectorale. 'Des aiguillons dentelés, entre les deux na- geoires dorsales ; des rayons articulés et non réunis par une nienîbrjiue , auprès de chacune des nageoires pectorales. Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dorsales; des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprès de cliacune des nageoires pectorales. Des rayons articulés et non réunis par une membrane, auprès des nageoires pecto- rales; une seule nageoire dorsale; point d'aiguillons dentelés sur le dos; une ou plusieurs plaques osseuses au-dessous du corps. 98. I STI O PH O R E. 99. lOI. G Y M N E T R E. M U L L E. A P O G O N. Point de rayons articulés et libres auprès des nageoires pectorales , ni de plaques osseuses au-dessous du corps ; la premièie ' nageoire du dos, arrondie, très-longue, et d'une liauteur supérieure à celle du corps; deux rayons à chaque tlioracine. fPoint de nageoire de l'anus; une seule na- geoire dorsale ; les rayons des nageoires [ tlioracines très-alongés. 'Le corps couvert de grandes écailles qui se détacbent aisément ; deux nageoires dor- sales; plus (l'un barbillon à la mâcuoire inférieure. ILes écailles grandes et Ceicile? à détacVer ; le sommet de la tête élevé; deux nageoires "I dorsales; point de barbillons au-dessous V. de la niùclioue iniéricure. Gcurcs. 102. LONCHtlRE. ic3. MACROPODE. 104. LABRE. io5. CHEILINE. 106, CHEILODIPTÈRE D E S G E N R E S. i3 La nageoire ('e la queue lancéolée; cc((e na- geoire et les peclorales aussi longces, au moins , que le quart de la longueur totale de ranimai ; la nageoire dorsale longue , et profondément échancrée ; deux barbillons à la mâchoire inférieure. Les tiioracines au moins de la longueur du corps proprement dit ; la UcTgeoire caudale très-fourchue , et à peu près aussi longue que le tiers de la longueur totale de l'ani- \ mal ; la tète proprement dite et les oper- cules revêtus d'écaillés semblables à celles du dos; l'ouverture de Id bouclie très- petite. La lèvre supérieure extensible- point de dents incisives ou molaires ; les opercules des brajjchies, dénués de piquans et de dentelure ; une seule nageoire dorsale; celte nageoire du dos très-séparée de celle de la queue , ou très éloignée de la nuque, ou composée de rayons terminés par un fila- ment. La lèvre supérieure extensible; les opercules des branchies dénués de piquans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très - séparée de celle de la queue, ou très - éloignée de la nuque, ou composée de r.iyons tevn)i- nés p.ir un filament ; de grandes écailles ou des appendices placés sur la base de la nageoire caudale, ou sur 1rs côtés de la queue. La lèvre supérieure extensible ; point de dents incisives ni molaires; les opercules des b'aneliies dénués de pi([uans et de den- telure ; deux nageoires dorsales. Genres; 107. OrHICEPHALE, 108. HOLOGYMNOSE. log. S C A E E. 110. OSTORHINQUE. III. S P A R E. TABLEAU Point de dents incisives ni molaires ; les oper- cules des branchies dénués de piguans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; la tête aplatie, arrondie par-devant, sem- blab'e à celle d'un serpent , et couverte d'écaillés polygones , plus grandes que celles du dos , et disposées à peu près comme celles que l'on voit sur la tête de la plupart des couleuvres ; tous les rayons des nageoires articulés. Toute la surface de l'animal dénuée d'é- cailles facilement visibles; la queue re- présentant deux cônes tronqués, appliqués le sommet de l'un contre le sommet de l'autre , et inégaux en longueur ; la cau- dale très-courte; chaque tlioracine compo- sée d'un ou plusieurs rayons mous et réu- nis ou enveloppés de manière à imiter un bai bi lion charnu. Les mâchoires osseuses, très-avancées, et ' tenant lieu de véritables dents ; une seule [ nageoire dorsale. [Les mâchoires osseuses, très -avancées , et [ tenant lieu de véritables dents ; deux na- I geoires dorsales. .•, Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles ; ou des dents incisives , ou des dénis molaires disposées sur un ou plusieurs rangs; point de piquans ni de dentelure aux opercules ; une seule na- geoire dorsale ; cette nageoire éloignée de celle de la queue , ou la plus grande hau- teur du corps proprement dit, supérieure, ou égale , ou presque égale à la longueur de ce même corps. Genres. 112. DIPTÉRODON. Il3. L U T J A N. 114. CENTROPOME. Il5. B O D I A N. T^ N I A N 0 T E. 117. S C I EN E. DES GENRES. i5 Les lèvres supérieures peu extensibles , ou non extensibles; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs ; point de piquans ni de dentelure aux opercules ; deux nageoires dorsales; la seconde nageoire du dos éloi- gnée de celle de la queue, ou la plus grande hauteur du coips ]nopremeni dit, supérieure, ou égale, ou presque égale à la loiigueur de ce même corps. 'Une dentelure à une ou à phisieurs pièces de chaque opercule; point de piquans à ces pièces; une seule naf cuire dorsnlc; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâclioiies. Une dentelure à t;ne ou à plusieurs pièces de chaque opercule; point d'aiguillons à ces pièces ; un seul barbillon ou point de bar- billons aux màclioirts; deux nageoires dorsales. Un ou plusieurs aiguillons et point de den- telure aux opercules; un seul barbillon ou point de baibillons aux mâciioires; une seule na eoire dorsale. Un ou plusieurs aiguillons et point de den- telure aux opercules; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires; une nageoire dorsale étendue depuis l'entre- deux des yeux Jusqu'à la nageoire de la queue, ou très-longue et comrosée de plus de quarante rayons. Un ou plusieurs aiguillons et point de dcn- teluie aux opercules; un seul baibi'lon ou point de barbillons aux mâchoires ; deux nacreoires dorsales. i6 Gem-es. ii; M I C R O P T E R E. TABLEAU DES GENRES. Un ou plusieurs aiguillons et point de den- telure aux opercules ; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; deux na- geoires dorsales ; la seconde très-basse , irès-courte, et comprenant au plus cinq rayons. 119. H 0 LO C EN T R E. 120. PERSEQUE. Un OU plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules 5 un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; une seule na- Q-eoire dorsale. 'Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux opercules ; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires 5 deux nageoires dorsales. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME^' SUR LA NATURE DES POISSONS. C'est un beau spectacle que celui de l'intelligence humaine, disposant des forces de la Nature, les divi- sant, les réunissant, les combinant, les dirigeant à son gré, et, par l'usage habile que l'expérience et l'obser- vation lui en ont appris, modifiant les substances, TOME III. A ] j EFFETS DE l'a R T DE L H O IVÎ M E transformant les êtres , et rivalisant, pour ainsi dire, avec la puissance créatrice. L'amour propre, l'intérêt, le sentiment et la raison applaudissent sur-tout à ce noble spectacle , lorsqu'il nous montre le génie de l'homme exerçant son empire, non seulement sur la matière brute qui ne lui résiste que par sa masse, ou ne lui oppose que ce pouvoir des affinités qu'il lui suffit de connoître pour le maî- triser , mais encore sur la matière organisée et vive , sur les corps animés, sur les êtres sensibles, sur les propriétés des espèces, sur ces attributs intérieurs, ces facultés secrètes, ces qualités profondes qu'il domine, sans même parvenir à dévoiler leur essence. De quelques êtres organisés et vivans que l'on veuille dessiner l'image , on voit presque toujours sur quel- ques uns de leurs traits l'empreinte de l'art de l'homme. : Sans doute l'histoire de son industrie n'est pas celle c la Nature : mais comment ne pas en écrire quelques pages , lorsque le récit de ses procédés nous montre jusqu'à quel point la Nature peut être contrainte à agir sur elle-même, et que cette puissance admi- rable de l'homme s'applique à (\ç,^ objets d'une haute importance pour le bonheur public et pour la félicité privée? Parmi ces objets si dignes de l'attention de l'économe privé et de l'économe public, comptons, avec les sages de l'antiquité, ou, pour mieux dire, avec ceux de tous les siècles qui ont le plus réuni l'amour de SUR LA NATURE b E S POISSONS. ilj riiumanité à la connoissance ces productions de Ja Nature, la possession des poissons les plus analogues aux besoins de l'homme. Deux grands mojens peuvent procurer ces poissons que l'on a toujours recherches, mais auxquels, dans certains siècles et dans certaines contrées, ou a attaché un si grand prix. Le premier de ces mojens, résultat remarquable du perfectionnement de la navigation, multiplianl chaque jour le nombre des marins audacieux, et accroissant les progrès de l'admirable industrie sans laquelle il n'auroit pas existé , obtiendra toujours les plus grands encouragemens des chefs des nations éclairées : il consiste dans ces grandes pêches auxquelles des hommes entreprenans et expérimentés vont se li- vrer sur des mers lointaines et orageuses. Mais l'usage de ce mojen, limité par les vents , les courans et les frimas, et troublé fréquemment par les innombrables accidens de l'atmosphère et des mers, exige sans cesse une association constante, prévoyante et puissante, une réunion difficile d'instrumens variés, une sorte d'alliance entre un grand nombre d'hommes que l'on ne peut rencontrer que très -rarement et rapprocher qu'avec peine. Il ne donne à nos ateliers qu'une partie des produits que l'on 23ourroit retirer des animaux poursuivis dans ces pêches éloignées et fameuses, et ne procure pour la nourriture de l'homme que des préparations peu substantielles, peu agréables, ou peu salubres. iV EFFETS DE l'a R T DE l' lï O M M E Le second mojen convient à tons les temps, à iouè les lieux , à tons les hommes. Il ne demande que peu de précautions, (jue peu d'efforts, que peu d'instans, que peu de dépenses. Il ne commande aucune absence du séjour que l'on affectionne , aucune interruption de ses habitudes, aucune suspension de ses affaires; il se montre avec l'apparence d'un amusement varié, d'une distraction agréal^le, d'un jeu plutôt que d'un travail; et cette apparence n'est pas trompeuse. Il doit plaire à tous les âges; il ne peut être étranger à aucune condition. Il se compose des soins par lesquels on par- vient aisément à transporter dans les eanx que l'on veut rendre fertiles , les poissons que nos goûts ou nos besoins réclament, a les j acclimater, aies j conserver, a les j multiplier, à les j améliorer. Nous traiterons des grandes pêches dans un discours particulier. Occupons -nous dans celui-ci de cet ensemble de soins qui nous rappelle ceux que les Xénophon , les Oppien, les Varron , les Ovide, les Columelle, les Ausone, se plaisoient à proposer aux deux peuples les plus illustres de l'antiquité , que la sagesse de leurs préceptes, le charme de leur éloquence, la beauté de leur poésie et l'autorité de leur renommée inspiroient avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui étoient en très-grand honneur chez ces vainqueurs de l'Asie et de l'Europe, que la gloire avoit couronnés de tant de lauriers. s U I^ LA NATURE D E S P O I S S O N s; V L'homme d'élat doit les encourager, comme une seconde éigricuilure : l'homme des champs doit les adopter, comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs. En rendant en eiïct les eaux plus productives que la terre, en répandant les semences d'une abondante et utile récolte , dc.ns tous les lacs , dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus foible source arrose , ou qui conservent sur leur surface le produit des rosées et des pluies, ces soins que nous allons tâcher d'indiquer, n'augmenteront-ils pas beau- coup cette surface fertile et nourricière du globe , de laquelle nous tirons nos véritables trésors? et l'accrois- sement que nous devrons à ces procédés simples et peu nombreux, ne sera-t-il pas d'autant plus considé- rable, que ces eaux dans lesquelles on portera, en- tretiendra et multipliera le mouvement et la vie , offriront une profondeur bien plus grande que la couche sèche fécondée par la charrue , et à laquelle nous confions les graines des végétaux précieux? Et dans ses momens de loisir, lorsque l'ami de la Nature et des champs portera ses espérances , ses sou- venirs, ses douces rêveries , sa mélancolie même, sur les rives des lacs, des ruisseaux ou des fontaijics , et que, mollement étendu sur une lici be fleurie, à îombre d'arbres élevés et touffus, il goûtera cette sorte d'ex- tase, cette quiétude touchr.nte, cette volupté du repos, cet abandon de toute idée trop forte, cette absence VJ E F F E T s D E l'a R T D E L H O M M E de toute affection trop vive , dont le charme est si grand pour une ame sensible, n'éprouvera - t - il pas une jouissance d'autant plus douce qu'il aura sous ses veux, au lieu d'une onde stérile, déserte, inanimée, des eaux vivifiées, pour ainsi dire, et embellies par la légèreté des formes, la vivacité des couleurs, la variété des jeux, la rapidité des évolutions? Vojons donc comment on peut transporter, accli- mater, multiplier et perfectionner les poissons; ou, ce qui est la même chose , montrons comment l'art modifie leur nature. Tâchons d'éclairer la route élevée du physiologiste par les lumières de l'expérience, et de diriger fexpé- rience par les vues du physiologiste. Disons d'abord comment on transporte les poissons d'une eau dans une autre. De toutes les saisons, la plus favorable au transport de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigoureux. Le printemps et l'automne le sont beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut toujours les préférer à l'été. La chaleur auroit bientôt fait périr des individus accoutumés à une température assez douce ; et d'ailleurs ils ne résisteroient pas à rinliuence funeste des orages qui régnent si fréquem- ment pendant l'été. C'est en effet un beau sujet d'observation pour le physicien , que l'action de félectricité de l'atmosphère sur les habitans des eaux, action à laquelle ils sont SUR LA NATURE DES POISSONS.' vlj soumis non seulement lorsqu'on les force à changer de séjour, mais encore lorsqu'ils vivent indépenclans dans de larges fleuves, ou dans des lacs imtnenses, doîit la profondeur ne peut les dérober à la puissance de ce feu électrique. Il ne faut exposer aux dangers du transport que des poissons assez forts pour résister à la fatigue , à la contrainte, et aux autres inconvéniens de leur vojage. A un an, ces animaux seroient encore trop jeunes 3 Fàge le plus convenable pour les faire passer d'une eau dans une autre, est celui de trois ou quatre ans. On ne remplira pas entièrement d'eau les tonneaux dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution , les poissons, montant avec rapidité vers la surface de Feau , blesseroient leur tête contre la partie supérieure du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux devront d'ailleurs présenter un assez grand espace. Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l'art d'élever les animaux dont nous nous occupons, demande qu'un tonneau destiné à transporter des poissons du poids de cinquante kilogrammes (cent livres, ou à peu près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d eau. Il est même nécessaire que vers la fin du printemps^ ou au commencement de l'automne , c'est-à-dire, lors- que la chaleur est vive au moins pendant plusieurs heures du jour, cette quantité d'eau soit plus grande, et souvent double; et quelle que soit la température de l'air, il faut qu'il y ait toujours une coramiinicatiyii Viij EFFETS DE l'a R T DE l' H O M M E libre entre l'atmosphère et l'intérieur du tonneau, soit pour procurer aux poissons , suivant l'opinion de quel- ques plijsiciens, l'air qui peut leur être nécessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisans et les gaz funestes qui , ainsi que nous l'avons déjà dit dans cette histoire , se forment en abondance dans tous les endroits où les habitans des eaux sont réunis en très-grand nombre, même lorsque la chaleur n'est pas très-forte , et leur donnent la mort souvent dans nn espace de temps extrêmement court. Mais comme ces soupiraux si nécessaires aux pois- sons que l'on fait voj ager , pourroient , s'ils étoienfe faits sans attention , laisser à l'eau des mouvemens trop libres et trop violens qui la feroient jaillir, pous- seroient les poissons les vuis contre les autres, les frois- seroient et les blesseroient mortellement, il sera bon de suivre, à cet égard, les conseils de Bloch , qui recommande de prévenir la trop grande agitation de l'eau par une couronne de paille ou de petites planches minces introduites dans le tonneau , ou en adaptant à l'orifice qu'on laisse ouvert, un tujau un peu long, terminé en pointe, et percé vers le haut de plusieurs trous qui établissent une communication suffisante entre l'air extérieur et l'intérieur du vaisseau *. Toutes les fois que la distance le permettra , on emploiera aussi des bêtes de somme tranquilles, ou ^ I:itroduction à V histoire naturelle des poissons j par Bloch, SUR LA NATURE DES POISSONS. IX même des porteurs attentifs, plutôt que des voitures exposées à des cahots rudes et à des secousses brusques et fréquentes. On prendra encore d'autres précautions, suivant les circonstances dans lesquelles on se trouvera , et les espèces dont on voudra porter des individus vivans à un assez grand éloignemeut de leur premier séjour. Si l'on veut, par exemple, conserver en vie, malgré un long trajet , des truites, des loches, ou d'autres poissons qui périssent facilement, et qui se plaisent au milieu d'une eau courante, on change souvent celle du tonneau dans lequel on les renferme, et on ne cesse de communiquer à celle dans laquelle on les tient plongés , un mouvement doux, mais sensible, qui sub- siste lors môme que la voiture qui les porte s'arrête , et qui, bien inférieur à une agitation dangereuse, représente les courans naturels des rivières ou des ruisseaux. * Pour peu que l'on craigne les effets de la chaleur , on voyagera la nuit ) et l'on évitera avec le plus grand soin, en maniant les poissons, de les presser, de les froisser, de les heurter. On ne les laissera hors de l'eau que pendant le temps le plus court possible, sur-tout lorsqu'un soleil sans nuages pourroit , en desséchant promptement leurs organes et particulièrement leurs branchies, les faire p^rir très-promptement. Cependant, lorsque le temps sera froid , on pourra transporter des anguilles, des Tome I u. b X EFFETS DE L*ART' DE l' HOMME rarpes, des brèmes, et d'autres poissons qui vivent assez long-temps hors de leau, sans emplojer ni tonneau ni voiture, en les enveloppant dans de la neige et dans des feuilles grandes, épaisses et fraîches, telles que celles du chou ou de la laitue. Un mojen presque sem- blable a réussi sur des brèmes que l'on a portées vi- vantes à plus de dix mjriamètres (vingt lieues). On les avoit entourées de neige , et on avoit mis dans leur bouche un morceau de pain trempé dans de l'eau-de- Tie. C'est avec des précautions analogues que dès le seizième siècle ou a répandu dans plusieurs contrées de l'Europe, des espèces précieuses de poisson, dont on j étoit privé. C'est en les employant, qu'il paroît que Maschal a introduit la carpe en Angleterre eii i5i4; que Pierre Oxe la donnée auDanemarck en i55o; qu'à une époque plus rapprochée on a naturalisé l'acipensère strelet en Suède , ainsi qu'en Poméranie ; et qu'on a peuplé de cjprins dorés de la Chine les eaux non seulement de France, mais encore d'Angleterre ^ de Hollande et d'Alleaiagne. Mais il est un procédé par le mojen duquel on par- vient à son but avec bien plus de sûreté , de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. Il consiste à transporter le poisson , non pas déve- loppé et parvenu à une taille plus ou moins grande, mais encore dans l'état d'embrjon et renfermé dans son œuf Pour réussir plus aisément, on prend les SUR LA NATURE DES POISSONS. X) herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs , et les mâles leur laite , et on les porte dans un vase plein d'eau, jusqu'au lac, à l'étang, à la rivière , ou au bassin que Ton désire de peupler. On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés, d'avec ceux qui n'ont pas été arrosés de la liqueur pro- lifique du mâle, et que l'on doit rejeter : les premiers paroissent toujours plus jaunes, plus clairs, plus dia* plianes. On remarque cette différence dès le premier jour de leur fécondation, si l'on se sert d'une loupe; et dès le troisième ou le quatrième jour on n'a plus besoin de cet instrument, pour voir que ceux qui n'ont pas été fécondés par le mâle , deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes : ils perdent tout leur éclat, s'altèrent, se décomposent; et dans cet état de demi-putréfaction , ils ont été com- parés à de petits grains de grêle qui commencent à se fondre *. Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécon- dés, d'une eau dans une autre, il faudra s'attacher à connoître dans chaque pajs le véritable temps de la ponte de chaque espèce , et du passage des mâles au- dessus des œufs 3 et comme dans presque toutes les espèces de poissons on compte trois ou quatre époques du frai , les jeunes individus pondant leurs œufs plus tard que les femelles plus avancées en âge, et celles-ci * Blocli, Introduction à l'histoire naturelle dss poissons% Xij EFFETS DE l' A R T DE l' Il O M M E plus tard que d'autres femelles plus âgées encore, que ces époques sont ordinairement séparées par un inter- valle de neuf ou dix jours, et que d'ailleurs il s'écoule toujours au moins près de neuf jours entre l'instant de la fécondation et celui où le fœtus brise sa coque et vient à la lumière , on pourra chaque année, pendant un mois ou environ, chercher avec succès des œufs fécondés de l'espèce qu'on voudra introduire dans une eau qui ne l'aura pas encore nourrie. Si le trajet est long, on change souvent l'eau du vase dans lequel les œufs sont transportés. Cette pré- caution a paru nécessaire même dans les premiers .Jours de la ponte, où l'embryon contenu dans l'œuf ne peut être supposé respirer en aucune manière, puisque, dans ces premiers jours, non seulement le petit animal est renfermé dans ses enveloppes et dans la membrane qui entoure l'œuf, mais encore montre au microscope le cours de son sang , dirigé de manière h circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni développées ni visibles. Elle ne sert donc dans ce pre- mier temps qu'à préserver les œufs et les embrjons, de l'action des gaz ou miasmes qui se produiroient dans une eau que l'on ne renouvelleront pas, et qui, péné- trant au travers de la membrane de l'œuf, agiroient d'une manière funeste sur les nerfs ou sur d'autres organes encore extrêmement délicats des jeunes pois- sons. La nécessité de ce changement d'eau est donc une îiouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce SUR LA NATURE DES P O ï S S O N sT xil] Discours , et dcins celui que nous avons publié sur la nature des poissons , au sujet du besoin que l'on a pour conserver ces animaux en vie , d'entretenir une communication très-libre entre l'atmosphère et le fluide dans lequel ils sont plongés. On favorise le développement de l'œuf et la sortie du fœtus, en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le soleil. On les hâte même par cette attention; et Blocli nous apprencl dans l'introduction que nous avons déjà citée, qu'ajant fait quatre paquets d'herbes chargées d'œufs de la même espèce, ajant exposé le premier au soleil du midi , le second au soleil levant, le troisième au couchant, et ajant fait mettre le quatrième à l'abri du soleil, les œufs du premier paquet furent ouverts par le fœtus deux jours avant ceux du quatrième, et les œufs du second et du troi- sième un jour plutôt que ceux du quatrième pa([uet, que la chaleur du soleil n'avoit pas pénétrés. Cependant les eaux dans lesquelles vivent les pois- sons, peuvent être salées ou douces , troubles ou lim- pides, chaudes ou froides, tranquilles ou agitées par des courans plus ou moins rapides. Elles doivent tou- jours présenter ces qualités combinées quatre à quatre, la même eau devant être nécessairement courante ou tranquille, froide ou chaude, claire ou limoneuse, douce ou saiée. Mais ces huit modifications réunies quatre à quatre peuvent produire seize combinaisons: l'eau qui nourrit les poissons peut donc olïrir seize XIV EFFETS DE LART DE L HOMME manières d'être frès-différentes Tune de l'autre, et très-faciles à distinguer. Nous en trouverions un nombre immense si nous voulions faire attention à toutes les nuances que chacune de ces modifications peut mon- trer, et à toutes ]es combinaisons qui peuvent résulter du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons compte que des seize caractères bien distincts qui peuvent a])parfcnir à l'eau; et vojons l'influence de la nature des dillerentes eaux sur la conservation des poissons que l'on veut acclimater. Il est évident que si l'on jette les jeux au hasard sur une des seize combinaisons que nous venons d'indi- quer, ou ne la verra pas séparée des quinze autres par un égal nombre de différences. Que l'on dépose donc les poissons que l'on viendra de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles dans lesquelles ils auront vécu ; et lorsqu'on sera embarrassé pour trouver de ces eaux adaptées aux in- dividus que l'on voudra conserver, que l'on préfère de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur vo- lonté des eaux courantes qui s'j jettent ou en sortent, et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils ren- contreront des touffes de végétaux aquatiques et des rochers nuds , des fonds de sable et des terrains vaseux, où ils jouiront d'une température douce en s'enfonçant dans les endroits les plus profonds , et où ils pourront se réchauffer aux rajons du soleil en s'élevaut vers la surface. SUR LA NATURE DES POISSONS. XV Que l'on choisisse néanmoins les lacs dont les rives sont unies, ])lutôt que ceux dont les rivages sont très- hauts; et si l'on est obligé de se servir de ces lacs à bords très-exhaussés , et où par conséquent les œufs déposés sur des fonds trop éloignés de l'atmosphère ne peuvent pas recevoir l'heureuse influence de la lumière et de la chaleur, qu'on supplée aux côtes basses et aux pentes douces , en faisant construire dans ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de parcs ou de viviers en bois, qui présenteront des plans incli- nés très-voisins de la surface de l'eau , et que l'on gar- nira , dans la saison convenable , de branches et de rameaux sur lesquels les femelles puissent frotter leur ventre et se débarrasser de leurs œufs. Aura-t-on à sa disposition des eaux thermales assez abondantes pour remplir de vastes réservoirs , et y couler constamment en si grand volume, que dans toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On en profitera pour acclimater des espèces étrangères , utiles par la bonté de leur chair , ou agréables aux jeux par la vivacité de leurs couleurs , la beauté de leurs formes et l'agilité de leurs mouvemens , et qui n'auront vécu jusqu'à ce moment que dans les contrées renfermées dans la zone torride ou très-voisines des tropiques. Lorsque les poissons ne sont pas délicats , ils peuvent néanmoins supporter très-facilement le passage d'une eau à une eau très-différente de la première. On l'a XVJ EFFETS DE l' A R T DE l' H O M M E remarqué particulièrement sur l'anguille; et le citojen De Septfontaines , observateur Irès-éclairé, que nous avons eu le plaisir de citer très-souvent dans nos ou- vrages , nous a écrit dans le temps, qu'il avoit fait; transporter des anguilles d'une eau bourbeuse dans le vivier le plus liinpide, d'une eau froide dans une eau tempérée , d'une eau tempérée dans une eau froide, 'd'un vivier très-lim])ide dans une eau limoneuse, etc. ; qu'il avoit fait supporter ces transmigrations à plus de trois cents individus ; qu'il les y avoit soumis dans différentes saisons ; qu'il n'en étolt pas mort la ving- tième partie j et que ceux qui avoient péri, n'avoient succombé qu'à la fatigue et à la géjie que leur avoit fait éprouver un séjour très -long dans des vaisseaux très-étroits. On pourroit croire, au premier coup d'œil , qu'une des habitudes les plus difficiles à donner aux poissons seroit celle de vivre dans l'eau douce après avoir vécu dans l'eau salée , ou celle de n'être entourés que d'eau salée après avoir été continuellement plongés dans de l'eau douce. Cependant on ne conservera pas long^temps cette opinion , si l'on considère qu'à la vérité l'eau salée, comme plus pesante , soutient davantage le poisson qui nage, et dès-lors lui donne, tout égal d'ailleurs, plus d'agilité et de vitesse dans ses mouvemcns, mais que lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour en- tretenir par sou oxjgène la circulation du sang , ou SUR LA NATURE DES POISSONS. Xvij seulement dans le canal intestinal pour servir par son hjdrogène à la nourriture de l'animal, le sel dont elle est imprégnée, n'altère ni Fun ni l'autre produit de cette décomposition. L'oxjgène et riijdrogène reti- rés de l'eau salée, ou obtenus par le mojen de l'eau douce , offrent les mêmes propriétés , produisent les mêmes effets. Si le poisson est plus gêné dans ses mou- vemens au milieu d'un lac d'eau douce que dans le sein de l'océan, il tire de l'eau de la mer et de celle du lac la même nourriture 5 et il peut, au milieu de l'eau douce, n'être privé que de cette sorte de modificatioa qu'impriment la substance saline et peut-être une matière particulière bitumineuse ou de toute autre nature, contenues dans l'eau de l'océan, et qui l'envi- ronnant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent traverser ses tégumens , pénétrer sa masse , et s'iden- tifier avec ses organes. De plus, un très -grand nombre de poissons ne passent- ils pas la moitié de l'année dans l'océan , et l'autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves? et ces poissons voyageurs ne paroissent-ils pas avoir absolument la même organisation que ceux qui, plus sédentaires, n'abandonnent dans aucune saison les rivières ou la mer? Quant à la température, les eaux, au moins les eaux profondes, présentent presque la même, dans quelque contrée qu'on Içs exnmine. D'ailleurs les ani- maux s'accoutument beaucoup plus aisément qu'on ne T O M £ I I I. C Xviij EFFETS DE l'aRT DE l' HOMME le croit, à des températures très-différentes de celle à laquelle la Nature les avoit soumis. Ils s'y habituent même lorsque, vivant dans une très-grande indépen- dance, ils pourroîent trouver dans des contrées plus chaudes ou plus froides que leur nouveau séjour, une sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habita- tion aussi adaptée à leur organisation, une nourriture aussi abondante. Nous en avons un exemple frappant dans l'espèce du cheval. Lors de la découverte de TAmérique méridionale, plusieurs individus de celte espèce-, amenés dans cette partie du nouveau conti- nent, furent abandonnés, ou s'échappèrent dans des contrées inhabitées voisines du rivage sur lequel on les avoit débarqués : ils sj multiplièrent; et de leur postérité sont descendues des troupes très-nombreuses de chevaux sauvages, qui se sont répandus à des dis- tances très-considérables delà mer, se sonttrès-éloignés de la ligne équinoxiale, sont parvenus très-près de Textrémité australe de l'Amérique, j occupent de vastes déserts, n j ont perdu aucun de leurs attributs, ont été plutôt améliorés qu'altérés par leur nouvelle manière de vivre, j sont exposés à un froid assez rigourt-ux pour qu'ils soient souvent obligés de chercher leur nourriture sous la neige qu'ils écartent avec leurs pieds; et néanmoins on ne peut guère disconvenir que le cheval ne soit originaire du climat brûlant de l'Arabie. Il n J a que les aniniaux nés dans les environs des cercles polaires, qui ont des leurs premières années SUR LA NATURE DES POISSONS, xix supporté le poids des hivers les plus rigoureux , et dont la nature, modifiée par les frimas, non seule- ment dans eux, mais encore dans plusieurs des géné- rations qui les ont précédés, est devenvie, pour ainsi dire, analogue à tous les effets d'un froid extrême, qui ne paroissent pas pouvoir résister h une tempéra- ture très-différente de celle à laquelle ils ont toujours été exposés. Il semble que la raréfaction produite dans les solides et dans les liquides par une grande éléva- tion dans la température, est pour les animaux un changement bien plus dangereux que l'accroissement de ton, d'irritabilité et de force, que les solides peuvent recevoir de l'augmentation du froid ; et voilà pourquoi on n'a pas encore pu parvenir à faire vivre pendant; long -temps dans le climat tempéré de la France les rennes qu'on j avoit amenés des contrées boréales de l'Europe. On doit donc , tout égal d'ailleurs, essayer de trans- porter les poissons du midi dans les lacs ou les rivières du nord, plutôt que ceux des contrées septentrionales dans les eaux du midi. Lors même que les rivières ou les lacs dans lesquels on aura transporté les poissons méridionaux, seront situés de manière à avoir leur sur- face glacée pendant une partie plus ou moins longue de l'année, ces animaux pourront j vivre. Ils se tien- dront dans le fond de leurs habitations pendant que l'hiver régnera; et si dans cette retraite profonde ils manquent d'une communication suffisante avec lair XX EFFETS DE l'aRT DE l'hOMME de l'atmosphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant, leur fait subir son influence, descend jusqu'à eux et les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou moins prolongée, qui conservera leur existence en en ralentissant les princi{)aux ressorts '. Combien d'indi- vidus et même combien d'espèces cet engourdisse- ment remarquable ne préserve-t-il pas de la destruc- tion en concentrant la vie dans l'intérieur de l'animal, en l'éloignant de la surface où elle seroit trop forte- ment attaquée, en la renfermant, pour ainsi dire, dans une enveloppe qui ne conserve de la vitalité que ce qu'il faut pour ne pas éprouver de grandes décom- positions, et en la réduisant, en quelque sorte , à vuie circulation si lente et si limitée, qu'elle peut être in- dépendante des objets extérieurs =^1 S'il ne répare pas, comme le sommeil journalier, des organes usés par la fatigue, il maintient ces organes; s'il ne donne pas de nouvelles forces , il garantit de l'anéantisse- ment ; s'il lie ranime pas le souffle de la vie, il brise les traits de la mort. Quelles que soient la cause, la force ou la durée du sommeil^ il est donc toujours lUi grand bienfait de la Nature; et pendant qu'il charme les ennuis de l'être pensant et sensible, non seulement il guérit ou suspend les douleurs, mais il prévient et écarte les maux de l'animal , qui , réduit h un instinct ' ' Voyez l'article du scomhre maquerecu. ^ Voyez le Discours sur la nature des quadrupèdes ovipares. SUR LA NATURE DES POISSONS; XxJ borné , n'existe que dans le présent, ne rappelle aucun souvenir , et ne conçoit aucun espoir. La qualité et l'abondance de la nourriture , ces grandes causes des migrations volontaires de tous les animaux qui quittent leur pajs, sont aussi les objets auxquels on doit faire le plus d'attention , lorsqu'on cherche a conserver des animaux en vie dans un autre séjour que leur pajs natal, et par conséquent lorsqu'on veut acclimater des espèces de poisson. L'aliment auquel le poisson que l'on vient de dé- pajser est le plus habitué, est celui qu'il faudra lui procurer ; il retrouvera sa patrie par-toUt où il aura sa nourriture familière. Par le mojen d'herbes, de feuilles, d'amas de végétaux, de fumiers de toute sorte, on donnera un aliment très -convenable aux espèces qui se nourrissent de débris de corps organisés; on cher- chera , on rassemblera des larves et des vers pour celles qui les préfèrent ; et lorsqu'on aura transporté des bro- chets ou d'autres poissons voraces , il faudra mettre dans les eaux qui les auront reçus, ceux dont ils aiment à faire leur proie, qui se plaisent dans les mêmes habitations (|ue ces animaux carnassiers , ou qui sont peu recherchés par les pêcheurs, comme des éperlans, des cjprins goujons , des cjprins gibèles , des cjprins bordcliêrcs, etc. On trouvera , en parcourant les différens articles de cette histoire, un grand nombre d'espèces remarquables par leur bcciuté, parleurgrandeur et par le goût exquis Xxi) EFFETS DE l'ART DE l' HOMME de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre patrie, et qu'on pourroit aisément acclimater en France, avec les précautions ou par les mojens que nous venons d'indiquer, ou en employant des procédés analogues à ceux que nous venons de décrire , et qu'on prëféieroifc d'après la longueur du trajet , la nature du vojage , le climat que les poissons auroient quitté , la saison que l'cjn auroit été obligé de choisir , et plusieurs autres circonstances. De ce nombre seroient, par exemple,' le centropome sandat de la Prusse, l'holocentre post des contrées septentrionales de l'Allemagne ; et on ne devroit même pas être ellrajé par la grandeur de la distance, sur-tout lorsque le transport pourroit avoir lieu par mer, ou par des rivières, ou des canaux. On peut en effet, lorsqu'on navigue sur l'océan, sur des canaux ou sur des fleuves, attacher à l'arrière du bâtiment une sorte de vaisseau , ou, pour mieux dire, de grande caisse, que l'on rend assez pesante pour qu'elle soit presque entièrement plongée dans l'eau , et dont les parois sont percées de manière que les poissons qui j sont renfermés reçoivent tout le fluide qui leur est nécessaire , et communiquent avec l'atmosphère de la manière la plus avantageuse , sans pouvoir s'échapper et sans avoir rien à craindre de la dent des squales ou des autres animaux aquatiques et féroces. Nous indi- quons donc à la sviite du post et du sandat , et entre plusieurs autres que les bornes de ce discours ne nous permettent pas de rappeler ici , l'osphronème goramj, / SUR LA NATURE DES P 0 .1 S S O N S. Xxiij dëja apporté de la Chine à l'Isle de France, le bodian aja des lacs du Brésil, et riiolocentre sogo des grandes Indes , de l'Afrique et des Antilles. Quand on n'aura pas une eau courante à donner à ces poissons arrivés d'une terre étrangère, et princi- palement lorsque ces nouveaux hôtes auront vécu , jus- qu'à leur migration , dans des fleuves ou des rivières , on compensera le renouvellement perpétuel du fluide 'environnant que le courant procure, par une grande étendue donnée à l'habitation. Ici, comme dans plu- sieurs autres phénomènes, un grand volume en repos tiendra lieu d'un petit volume en mouvement; et dans un espace de temps déterminé, l'animal jouira, de la même quantité de molécules de fluide, différentes de celles dont il aura déjà reçu l'influence. Sans cette précaution , les poissons que Ton voudroit acclimater éprouveroient les mêmes accidens que ceux de nos contrées que l'on enlève aux petites rivières, et particulièrement à la partie de ces rivières la plus voi- sine de la source , et qu'on veut conserver dans des vaisseaux ou même dans des bassins très-étroits. Ouest obligé de renouveler très-souvent l'eau qui les entoure ; sans cela , les diverses émanations de leur corps, et l'ef- fet nécessaire du rapprochement d'une grande quan- tité de substances animales, vicient feaUjla corrompent par la production de gaz que Ton voit s'élever en petites bulles, et la rendent si funeste pour eux , qu'ils périssent s'ils ne viennent pas à la surface cliercher XXIv EFFETS DE l'aRT DE l'hOMME . le voisinage de l'atmosphère, et respirer, pour ainsi dire, des couches de fluide plus pures. Ces faits sont conformes à de belles expériences faites par mon confrère le citoyen Silvestre le fils , et à celles qui furent dans le temps communiquées à Bufïbn par une note que ce grand naturaliste me remit quelques années après, et qui avoient été tentées sur des gades lotes , des cottes chabots, des cvprins gou- jons, et d'autres cjprins , tels que des gardons, des vérons et des vaudoises. Les poissons que l'on veut acclimater sont plus ex- posés que les anciens habitans des eaux dans lesquelles on les a placés , non seulement aux altérations dont nous venons de parler, mais encore à toutes les ma- ladies auxquelles leurs diverses tribus sont sujettes. Ces maladies assaillent ces tribus aquatiques, même lorsque les individus sont encore renfermés dans l'œuf. On a observé que des embrjons de saumon, de truite et de beaucoup d'autres espèces, périssoient lorsque des substances grasses, onctueuses, et celles que l'on désigne par le nom de saletés et d'ordures , s'attachoient à l'enveloppe qui les contenoit, et qu'une eau courante ne nettojoit pas promptement cette membrane. On suppléera facilement à cette eau courante par une attention soutenue et divers petits mojens que les cir- constances suggéreront. Lorsque les poissons sont vieux , ils éprouvent sou- vent une altération particulière qui se manifeste à la SUR LA NATURE DES POISSONS. XXV surface de lanimal j les canaux destinés à entretenir ou renouveler les écailles s'obstruent ou se déforment; les organes qui filtrent la substance nourricière et répa- ratrice de ces lames, s'oblitèrent ou se dérangent; les écailles changent dans leurs dimensions; la matière qui les compose n'a plus les mêmes propriétés ; elles ne sont plus ni aussi luisantes, ni aussi transparentes, ni aussi colorées ; elles sont clair-semées sur la peau de l'animal vieilli ; elles se détachent avec facilité ; elles ne sont pas remplacées par de nouvelles lames , ou elles cèdent la place, en tombant, à des excroissances dif- formes , produites par une matière écailleuse de mau- vaise qualité, mélangée avec des élémens hétérogènes, et mal élaborée dans des parties sans force, et dans des tujaux qui ont perdu leur première figure. Cette alté- ration est sans remède ; il n'j a rien à opposer aux eflfets nécessaires d'un âge très-avancé. Si dans les poissons, comme dans les autres animaux, Fart peut reculer l'é- poque de la décomposition des fluides, de laffoiblisse- ment des solides , de la diminution de la vitalité , il ne peut pas ciétruire l'influence de ces grands change- mens , lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la rapidité du cours de la vie , il ne peut pas la faire remon- ter vers sa source. Mais les maux irréparables de la vieillesse ne sont pas à craindre pour les poissons que l'on cherche à acclima- ter : dans la plupart des espèces de ces animaux, ils ne se font sentir (ju'après des siècles , et l'éducation des T o M E 1 1 I, D ÎXXVJ EFFETS DE l'a RT DE l'hOMME individus que Ton transporte d'un pajs dans un autre, est terminée long-temps avant la fin de ces nombreuses années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées, leur nature est d'autant plus changée avant qu'ils ap- prochent du terme de leur existence, qu'on a com- mencé d'agir sur eux pendant qu'ils étoient encore très- jeunes. C'est d'autres maladies que celles de la décrépitude qu'il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons que Ton élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet de nos pensées j et tout ce (jue nous allons dire doit s'applicjuer non seulement aux poissons que l'on veut acclimater dans telle ou telle contrée, mais encore à tous ceux que la Nature fait naître sans le secours de l'art. Ces maladies qui rendent les poissons languissans et les conduisent à la mort, provij?nnent quelquefois de la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits sont saisis par l'animal qui se dresse, pour ainsi dire, sur la rive, ou tombent dans l'eau, y flottent, et vont ensuite former au fond du lac ou de la rivière nn sédiment de débris de corps organisés. Ces plantes peuvent être, dans certaines saisons de l'année, viciées au point de ne fournir qu'une substance mal-saine , non seulement aux poissons qui en mangent, mais encore à ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont SUR LA NATURE DES POISSONS. XXvij composé la nourriture. Ou prévient ou on arrête les suites funestes de la décomposition de<*es végétaux en détruisant ces plantes auprès des rives de Fliabitatiou des poissons , et en les remplaçant par des herbes ou des fruits choisis que l'on jette dans l'eau peuplée de ces animaux. La plus terrible des maladies des poissons est celle qu'il faut rapporter aux miasmes produits dans le fluide qui les environne. C'est h ces miasmes qu'il faut attribuer la morta^ lité qui régna parmi ces animaux dans les grands eit nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu du département de l'Ain , lors de l'hiver rigoureux de la fin de 1788 et du commencement de 1789, et dont l'estimable Varenne de Feuille donna une notice très- -bien faite dans le Jh*iirnal de physique de novembre 1789. Dès le 26 novembre 1788, suivant ce très -bon observateur, la surface des étangs fut profondément gelée; la glace ne fondit que vers la fin de janvier. Dans le moment du dégel, les rives des étangs furent couvertes d'une quantité prodigieuse de cadavres de poissons , rejetés par les eaux. Parmi ces animaux morts , on compta beaucoup plus de carpes que de perches , de brochets et de tanches. Les étangs blancs, c'est-à-dire ceux dont les eaux reposoient sur un sol dur, ferme et argilleux, n'offrirent qu'un petit nombre de signes de cette mortalité ; ceux qu'on avoit récem- ment réparés et nettoyés , montrèrent aussi sur leurs XXviij EFFETS DE l'a R T DE l' II O M M E bords trcs-peii de victimes : mais presque tous les poissons renfermés dans des étangs vaseux, encombrés de joncs ou de roseaux , et surchargés de débris de végétaux, péiirent pendant la gelée. Ce (jui prouve évidemment cpie la mort de ces derniers animaux n'a pas été Teflet du défaut de l'air de l'atmosphère , comme le penseroicnt plusieurs physiciens , et qu'elle ne doit être rapportée qu'à la production de gaz délé- tères qui n'ont ])as pu s'échapper au travers de la croûte de glace , c'est que la gelée a été aussi forte à la superficie des étangs blancs et des étangs nouvelle- itient nettoyés, qu'à celle des étangs vaseux. L'air de l'atmosphère n'a pas pu pénétrer plus aisément dans les premiers que dans les derniers; et cependant les poissons de ces étangs blancs ou récemment réparés ont vécu, parce que le fond âeç leur séjour, n'étant pas couvert de substances végétales, n'a pas pu pro- duire les gaz funestes qui se sont développés dans les étangs vaseux. Et ce qui achève, d'un autre côté, de prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui est importante pour la physique i\QS poissons, c'est que des oiseaux de proie, de» lotqos, des chiens et des cochons mangèrent les restes des animaux rejetés .après le dégel sur les rivages des étangs remplis de joncs, sans éprouver les inconvéniens auxquels ils auroient été exposés s'ils s'étoient nourris d'animaux morts d'une maladie véritablement pestilentielle. Ce sont encore ces gaz malfaisans que nous devons SUR LA NATURE DES POISSONS. XXÎX regarder comme la véritable origine d'une maladie épizootique (jui fit de grands ravages, en 17-^7, dans les environs de la forêt de Crécj. M. de Chaignehriin, qui a donné dans le temps un très-bon traité sur ce(te épizootie, rapporte qu'elle se manifesta sur tous les ani- maux ; qu'elle atteignit les chiens, les poules, et s'éten- dit jusqu'aux poissons de plusieurs étangs. li nomme cette maladie ^cV/'e èpidémîque contagieuse , iiijlawma- toire , putride et gangreneuse. Un médecin d'un excel- lent esprit, dont les connoissances sont très-variées , et qui sera bientôt célèbre par des ouvrages importans, le citoven Chavassieu-Daudebert, lui donne, dans sa AV;- so/ogie comparée y le nom de charbon syniptoniatiijue. Je pense que cette épizootie ne scroit pas parvenue jus- qu'aux poissons, si elle n'avoit pas tiré son origine de gaz délétères. Je crois, avec Aristote, que les poissons revêtus d'écaillés , se nourrissant presque toujciurs de substances lavées par de grands volumes deau, res- pirant par un organe particulier, se servant, pour cet acte de la respiration, de l'oxjgène de l'eau bien plus fréquemment que de celui de l'air, et toujours envi- ronnés du fluide le plus propre à arrêter la plupart des contagions , ne peuvent pas recevoir de maladie pestilentielle Oiç^ animaux qui vivent dans l'aimo- sphère. Mais les poissons des environs de (àécy n'ont pas été à l'abri de l'épizootie, au-dessous dis couches d'eau (jui les recouvroient , parce qu'en même (emcs que hs marais voisins de la forêt cxhah)ieiU les XXX EFFETS DE l'a R T D E L H O M M E miasmes qui donnoient la mort aux chiens, aux poules, et à d'autres espèces terrestres, le fond des étangs ptoduisoit des gaz aussi funestes que ces miasmes. Il ijy a pas eu de communication de maladie; mais deux causes analogues, agissait en même temps, Tune sous l'eau, et fautre dans l'atmosphère, ont produit des effets semblables. On peut prévenir presque toutes ces mortalités que causent des gaz destructeurs, en ne laissant pas dans le fond des étangs ou des rivières, des tas de corps organisés qui puissent, en se décomposant, produire des émanations pestilentielles , en les entraînant par de l'eau courante que l'on introduit dans ces étangs, et par de l'eau très-pure et très-rapide que Ton con- duit dans ces rivières pour en renouveler le fluide, de la même manière que l'on renouvelle celui des temples , des salles de spectacle et d'autres grands- édifices par les courans d'air que l'on j dirige, et enfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se forment sur la surface des étangs et des rivières , et qui retiendroient les gaz pernicieux dans l'habitation des poissons. Il paroît que lorsque la chaleur est très-grande, elle agit sur les poissons indépendamment des fer- mentations , des décompositions et des exhalaisons qu'elle peut faire naître. Elle influe directement sur ces animaux , sur-tout lorsqu'ils sont renfermés dans des réservoirs qui ne contiennent qu'un petit volume SUR LA NATURE DES POISSONS. XXXJ d'ean. Elle j3ar vient alors jns(juau fond du réservoir, qu'elle pénètre, ainsi que les paroisj et réfléchie en- suite par ce fond et ces parois très ^échauffés , elle fittaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent dès-lors placés comme dans un fojer , et elle leur nuit au point de leur donner des maladies graves. (Test ainsi (ju'on a vu des anguilles mises pendant l'été dans des bassins trop peu étendus , gagner une maladie qu'elles se communiquoient, et qui se manifestoit par des taches blanches. On dit qu'on les a guéries par le niojen du sel , et de la plante nommée slratioïdes aloidcs. Mais quoi cju'il en soit, il vaut mieux empêcher cette maladie de naître, en préservant les poissons de Texcès de la chaleur, en pratiquant dans leur habita- tion des endroits profonds où ils puissent trouver \\w abri contre les feux de l'astre du jour, en plantant sur une partie du rivage des arbres touffus qui leur donnent une ombre salutaire. Et comme il est très -rare que tous les extrêmes ne soient pas nuisibles, parce qu'ils sont le plus éloignés possible de la combinaison la plus commune et par consécpient la plus naturelle des forces et des lésis- tances; pendant que les eaux trop échauffées ou trop impures donnent la mort à leurs habitans, celles qui sont trop froides et trop vives les font aussi périr, ou du moins les soumettent à diverses incommodités, et particulièrement les rendent aveugles. Nous trouvons à ce sujet , dans les Mémoires de P Académie des sciences XXxij EFFETS DE L A R T DE L II O M M E pour 174B, des observations curieuses du général Montalembert , faites sur des brochets ; et le comte d'Acbard en adressa d'analogues à BulFon, en 1779» dans une lettre, dont mon illustre ami m'a remis dans le temps un extrait. « Dans une terre que j'ai en Nor- r^ mandie, dit le comte d'Acbard, il existe une fon- » taine abondante dans les plus grandes sécheresses. >' Je suis parvenu, au mojen de canaux de terre cuite, » a amener l'eau de cette source dans trois bassins que » j'ai dans mon parterre. Ces bassins sont murés et :» pavés à chaux et à sable; mais on nj a mis l'eau iî qu'après qu'ils ont été [)arfaitement secs. Après les » avoir bien nettojés et fait écouler la première eau, 3' on j a laissé séjourner celle qui y est venue depuis, 3) et qui coule continuellement. Dans les deux premiers « bassins, j'ai mis des carpes de la plus grande beauté, ï> avec des tanches; dans le troisième, des poissons de » la Chine (des cjprins dorés) : tout cela existe depuis » trois ans. Aujourd'hui les carpes , précieuses par leur « beauté et leur grandeur vraiment prodigieuse, sont « attaquées d'une maladie crvielle et dont elles meurent « journellement. Elles se couvrent peu à peu d'un « limon sur tout le corps, et sur-tout sur les jeux, où » il j a en sus une espèce de taie blanche qui se forme « peu à peu , comme le limon, jusqu'à l'épaisseur de M deux ou trois lignes. Elles perdent d'abord un œil , 5. puis l'autre, et ensuite crèvent Les tanches et ?. les poissons chinois ne sont pas attaqués de cette SUR LA NATURE DES POISSONS. XXxlij » maladie. Est- elle particulière aux carpes? quel en » est le remède? d'où cela peut-il venir? de la vivacité ^ de l'eau ? etc. etc. etc. » Cette dernière conjecture nous paroît très-fondée ; et ce que nous venons de dire devra faire trouver aisé- ment le mojen de garantir ces poissons de cet(e cécité que la mort suit souvent. Ces poissons sont aussi quelquefois menacés de périr, parce qu'un de leurs organes les plus essentiels est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent , et que composent des membranes si délicates et des vaisseaux sanguins si nombreux et si déliés , peuvent être déchirées par des insectes ou des vers aquatiques qui sj attachent, et dont ils ne peuvent pas se débar- rasser. Peut-être, après avoir bien reconnu l'espèce de ces vers ou de ces insectes , parviendra-t-on à trouver, un mojen d'en empêcher la multiplication dans les étangs, et dans plusieurs autres habitations des pois-^ sons que Ton voudra préserver de ce fléau. Les poissons étant presque tous revêtus d'écaillés dures et placées en partie les unes au-dessus des autres , ou couverts d'une peau épaisse et visqueuse, ne sont sensibles que dans une très-petite étendue de leur surface. Mais lorsque quelque insecte, ou quelque ver, .s'acharne contre la portion de cette surface qui. n'est pas défendue , et qu'il s'j place et s'j accroche de manière que le poisson ne peut , en se frottant contre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la T 0 M E I 1 I. E XXXÎV EFFETS DE l' A R T DE l' II O M M E "vase, Fécrfiser , ou !e détacher et le faire tomber, la grandeur, la force, l'agilité, les dents du poisson , ne sont plus qu'un secours inutile. En vain il s'agite se secoue, se contourne, va, revient, s'échappe, s'en- fuit avec la rapidité de l'éclair; il porte toujours avec li]i rennemi. attaché à ses organes; tous ses efforts sont inipuissans; et le ver ou l'insecte est pour lui au milieu des flots ce ([ue la mouche du désert est dans les sables brùlans de l'Afrique, non seulement pour la timide gazelle, mais encore pour le tigre sanguinaire et pour le fier lion, qu'elle perce, tour- mente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs bonds violens, leurs mouvemens impétueux et leur rugissement terrible. Mais ce n'est pas assez pour l'intelligence humaine de conserver ce que la Nature produit: ({ue, rivale de éetté pirissance admirable, elle ajoute à la fécondité ordinaire des espèces; qu'elle multiplie les ouvrages de la Nature. On a remarqué que, dans presque toutes les espèces de poissons, le nombre des mâles étoit plus grand et même quelquefois double de celui des femelles; et comme cependant un seul mâle peut féconder des inii-liotis d'œufs , et par conséquent le produit de la ponte de plusieurs femeiles, il est évident que l'on favorisera beaucoup la multiplication des individus, si on a le soin, lorsqu'on péchera, de r.e garder (lue les mâles, et de rendre à l'eau les femelles. Un distinguera SUR LA NATURE DES P G P S S O N S. X-XXV facilement, dans plusieurs espèces, les femelles des mâles, sans risquer de les blesser, ou de nuire à la reproduction , et sans chercher, par exemple, d-ans le temps voisin du frai, à faire sortir de leur corps quel- ques œufs plus ou moins avancés. En efîet, dans ces espèces, les femelles sont plus grandes cjue les mâles; et d'ailleurs elles offrent dans les propoi'tions de leurs parties, dans la disposition de leurs couleurs, ou dans la nuance de leurs teintes , des signes distinctifs qu'il faudra tâcher de bien connoître , et que nous ne né- gligerons jamais d'indiquer en écrivant l'histoire de ces espèces particulières. Lorsqu'on ne voudra pas rendre à leur séjour natal toutes les femelles cpie l'on péchera, on préférera de conserver pour la reproduction les plus longues et les plus grosses, comme pondant une plus grande c|uan- tité d'œufs. f De plus, et si des circonstances impérieuses ne s'y opposent pas, que l'on entotire les étangs éf les viviers de claies ou de filets, (pii, dans le temps du frai, retiennent les herbes ou les branches chargées d'œufs, «t les empêchent d'être entraînées hors de ces réservoirs par les débordemens fréquens à l'époque de la ponte. Que Ton éloigne, autant c|u'on le pourra, les fri- ganes , et les autres insectes aquatiques voraces qui détruiscjit les œufs et les poissons qui viennent d'éclore. Que l'on construise quelcpiefois dans les viviers difi- férenies eiaceintes , l'une pour les oeufs, et les autres XXXVJ EFFETS DE l'aRT DE LFIOMME pour les jeunes poissons, que l'on séparera en plusicura bandes, formées d après la diversité de leurs âges, et renfermées chacune dans un réservoir particulier. Il est des viviers et des étangs dans lesquels des poissons très-recherchés , et, par exemple, des truites , vivroient très-bien, et parviendroient à une grosseur considérable : mais le fond de ces étangs étant très- vaseux, c'est en vain que les femelles le frottent avec leur ventre avant d'j déposer leurs œufs; la vase repa- roît bientôt, salit les œufs, les altère, les corrompt, et les fœtus périssent avant d'éclore. Cet inconvénient a fait imaginer une manière de faire venir à la lumière ces poissons , et particulière- ment les saumons et les truites, qui d'ailleurs ne ser- vira pas peu , dans beaucoup de circonstances, à multi- plier les individus des espèces les plus utiles ou les plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régi- ment de la Marine, tempérant les austérités des camps par le charme de l'étude des sciences utiles à l'huma- nité, écrivit la description de ce procédé à Hameln en Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea cette description sur les mémoires de M. J. L. Jacobi , lieutenant des miliciens du comté de Lippe -Detmold , .et l'envoja à Bullon, qui me la remit lorsqu'il voulut bien m'engager à continuer l'Histoire naturelle. On construit une grande caisse à laquelle on donne ordinairement quatre mètres de longueur, un demi- mètre de largeur, et seize centimètres de hauteur. SUR LA NATURE DES POISSONS. XXXvij A un bout cie cette longue caisse, on pratique un irou carré, que l'op ferme avec un treillis de fer dont les fils sont éloignés les uns des autres de cinq ou six millimètres. On ménage un trou à peu près semblable dans la planche du bout opposé, et vers le fond de la caisse. Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle de la caisse j et on le garnit, ainsi que le second, d'un treillis pareil à celui du premier. Ces trous servent et à soumettre les fœtus ou les jeunes poissons à finfluence des rajons du soleil , et à les préserver de gros insectes et de campagnols aquatiques, qui mangeroient et les œufs et les poissons éclos. Un petit tuyau fait entrer l'eau d'un ruisseau ou d'une source par le premier treillis ; et cette eau courante s'échappe par la seconde ouverture. On couvre tout le fond de la caisse d'un gravier bien lavé de la hauteur de deux ou trois centimètres , et ou étend sur ce gravier de petits cailloux bien serrés, de dimensions semblables à celles d'une noisette, et parmi lesquels on place d'autres cailloux de la grosseur d'une noix. A l'époque du frai de l'espèce dont on veut multi- plier les individus, on se procure un mâle et une femelle de cette espèce, et, par exemple, de celle du saumon. Ou prend un vase bien net, dans lequel on met deux ou trois litres d'eau bien claire. On lient le saumon XXXViij EFFETS DE LART DE l'hOMME femelle dans une situation verticale , et la tête en haut au-dessus du vase. Si les œufs sont déjà bien dévelop- • pés, ou bien murs , ils coulent d'eux-mêmes; sinon, on. facilite leur chute en frottant le ventre de la femelle doucement de haut en bas , et avec la paume de la main. Dans plusieurs espèces de poissons , on peut voir un organe particulier que nous avons remarqué avec soin , qui n'a été observé que par un petit nombre de natu- ralistes, dont très-peu de zoologues ont connu le véri- table usage , et que le savant Bloch a nommé nombril. Cet organe est une sorte d'appendice d'une forme alon- gée et un peu conique , et dont la place la plus ordinaire est auprès et au-delà de l'anus. Cet appendice creux et percé par les deux bouts, communique avec les réser- voirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les femelles. Ce petit tujau est le conduit par lequel les œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le nommons en conséquence appendice ^énitaL L'urine du poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet organe une analogie de plus avec les parties sexuelles et extérieures des mammifères. 11 ne peut pas servir à distinguer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi- bien qu'à la femelle : mais sa présence ou son absence, et ensuite ses proportions et sa ligure particulière, peuvent être emplojées avec beaucoup d'avantage pour établir une ligne de démarcation exacte et constante entre des espèces voisines , ainsi que-nous le montre- rons dans la suite de l'histoire que nous écrivons. SUR LA NATURE DES POISSONS. XXxix C'est par cet appendice génital que, dans la méthode de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous décrivons, les femelles qui sont pourvues de cet orgajie extérieur, laissent couler leurs œufs. Lorsque les œufs sont tombés dans l'eau , on prend le mâle , on le tient verticalement au-dessus de ces œufs; et pour peu que cela soit nécessaire, on aide })ar un léger frottement Tépancliement de la liqueur j)ro- lifique , dont on peut arrêter l'écoulement au uioiiient où feau est devenue blanchâtre par son mélange avec cette liqueur spermatique. Il est des espèces de poissons, et notamment de cjprins, comme le nase , le roethens , dans lesquelles on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation des œufs que l'on a obtenus. Dans ces espèces , les mâles, sur-tout lorsqu'ils sont jeunes, présentent des taches, de petites protubérances , ou d'autres signes extérieurs qui annoncent qu'ils sont déjà surchargés d'une lai le abondante. On met dans la grande caisse les œufs fécondés; on les j distribue de manière qu'ils soient toujours cou- ver(s par l'eau courante ; on empêche que le mouve- ment de cette eau ne soit trop rapide, afin qu'il ne puisse pas entraîner les œufs. On écarte soigneusement avec des plumes, ou par tout autre mo)^en, les saletés qui pourroient s'introduire dans la caisse j et au bout .d'un temps qui varie suivant les espèces, la tempéra- ture de l'eau, et la chaleur de l'almosphère, on voit éclore les poissons que l'on desiroit. xl EFFETS DE l'aRT DE l'hOMME Au reste , la sorte de fécondation artificielle opérée avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la pré- sence de la femelle : il suffit de ramasser les œufs qu'elle dépose dans son séjour naturel; il seroit même possible de connoître, à l'instant où on les recueilleroit , s'ils auroient été déjà fécondés par le mâle , ou s'ils n'au- roient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure en effet que lorsqu'on observe avec un bon microscope des œufs de poisson arrosés de la liqueur séminale du mâle, on peut appercevoir très-distinctement dans ces œufs une petite ouverture qui ne paroissoit presque pas , ou étoit presque insensible avant la fécondation , et dont il rapporte l'extension à l'introduction dans l'œuf d'une portion du fluide de la laite. Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant le pro- cédé de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On peut u'emplojer la liqueur prolifique que quelque temps après sa sortie du corps de l'animal , pourvu qu'un froid excessif ou une chaleur violente ne des- sèchent pas promptement ce fiuide vivifiant; et même la mort du mâle, pourvu qu'elle soit récente, n'em- pêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des qsufs. On a écrit que les digues par le mojen desquelles on retient les eaux dc^ petites rivières, diminuoient la multiplication des poissons dans les contrées arrosées par ces eaux. Cela n'est vrai cependant que pour les poissons qui ont besoin , à certaines époques , de SUR LA NATURE DES POISSONS. xlj ï-emonier dans les eaux courantes jusqu'à une distance très-grande des lacs ou de la uier, et qui ne peuvenÉ pas, comme Jes saumons, s'élancer facilement à de grandes hauteurs, et franchir l'obstacle que les digues opposent à leur vojage périodique. Les chaussées trans- versales doivent, au contraire, être très-favorables à la nuiUiplication des poissons sédentaires, qui se plaisent dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue, la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de grand réservoir, dont l'eau tranquille, quoique suffi- samment renouvelée , pourra donner à un grand nombre d'individus d'espèces très- utiles le volume de fluide, Tabri, l'aliiuent et la température le plus con- venables. Quelle est, en effet, la pièce d'eau que l'art ne puisse pas féconder et vivifier ? On a vu quelquefois des poissons remarquables par leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons déjà dit dans cet ouvrage * , que le citojen De Sept- fontaines s'étoit assuré qu'une grande anguille avoit passé un temps assez long, sans perdre non seulement la vie , mais même une partie de sa graisse , dans une fosse qui ne contenoit pas une moitié de mètre cube d'eau ; et il est des contrées où des cjprins, et par- ticulièrement des carassins , réussissent assez bien dans de petits amas d'eau dormante , pour j donner * Article de V anguille. '1 OME 1 II. F Xli j EFFETS DE l'ART DE l' HOMME une nourriture abondante aux habitans de la cam- pagne. On a bien senti les avantages de cette grande multi- plication des poissons utiles , dans, presque tous les pays où le progrès des lumières a mis l'économie publique en honneur, et où les gouvernemens, profi- tant avec soin de tous les secours des sciences perfec- tionnées , ont cherché à faire fleurir toutes les bran- ches de l'industrie humaine. C'est principalement dans quelques états du nord de l'Europe , et notamment en Prusse et en Suède , qu'on s'est attaché à augmenter le nombre des individus dans ces espèces précieuses; et comme un gouvernement paternel ne néglige rien de ce qui peut accroître la subsistance du petiple dont le bonheur lui est confié , et que les soins en apparence les plus minutieux prennent un grand caractère dès le moment où ils sont dirigés vers Ititilité publique, on a porté en Suède l'attention pour l'accroissement du nombre des poissons jusqu'à ne pas sonner les clo- ches pendant le temps du frai descypriuM brèmes , qui y sont très-recherchés , parce qu'on avoit cru s'apper- cevoir que ces animaux, eflVajés par le son de ces clo- ches, ne se livroient pas d'une manière convenable aux opérations nécessaires h la reproduction de leur espèce. Aussi y a-t-on souvent recueilli de grand.s fruits de cette vigilance étendue aux plus petits détails, et, par exemple , en 1749 , a-t-on pris d'un seul coup de filet, dans un lac voisin de Nordkiseping , cinquante SUR LA NATURE DES POISSONS. xlllj mille brèmes, qui pesoient plus de neuf mille kilo- grammes. Et comment n'auroit-on pas cherché , dans presque, tous les temps et dans presque tous les pajs civilisés , à multiplier des animaux si nécessaires aux jouissances du riche et aux besoins du pauvre , qu'il seroit plus aisé à l'homme de se passer de la classe entière des oiseaux , et d'une grande partie de celle des mammi- fères , que de la classe des poissons ? En effet , il n'est , pour ainsi dire , aucune espèce de ces habitans des eaux douces ou salées , dont la chair ne soit une nourriture saine et très-souvent copieuse. Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche , cette chair, recherchée avec tant de raison, devieut,lorsqu'elle est transformée en garum , un assaisonnement piquant; fait les délices des tables somptueuses, même très-loin du rivage où le poisson a été péché , quand elle a été marinée ; peut être transportée à de plus grandes distances , si on a eu le soin de l'imbiber d'une grande quantité de sel ; se conserve pendant un temps très- long , après qu'elle a été séchée, et, ainsi préparée , est la nourriture d'un très-grand nombre d'hommes peu fortunés , qui ne soutiennent leur existence que par cet aliment abondant et très-peu cher. Les œufs de ces mêmes habitans des eaux servent à faire ce caviar qui convient au goût de tant de nations; et les nageoires des espèces que l'on croiroit les moins propres à satisfaire un goût délicat,, sont Xliv EFFETS DE l'aRT DE L' HO M ME regardées à la Chine et dans d'autres contrées de l'Asie comme un mets des plus exquis '. Sur plusieurs rivages peu fertiles , on ne peut com- pléter la nourriture de plusieurs animaux utiles, et, par exemple, celle des chiens du Kamtschatka que la nécessité force d'atteler à des traîneaux, ou des vaches de Norvège, destinées à fournir une grande quantité de lait, que par le mojen des vertèbres et des arêtes de plusieurs espèces de poissons. Avec les écailles des animaux dont nous nous occu- pons , on donne le brillant de la nacre au ciment destiné à couvrir les murs des palais les plus magni- fiques , et on revêt des boules légères de verre , de l'éclat argentin des perles les plus belles de l'Orient. La peau des grandes espèces se métamorphose dans les ateliers en fortes lanières , en couvertures solides et presqvie imperméables à l'humidité , en garnitures agréables de bijoux donnés au luxe par le goût \ Les vessies natatoires et toutes les membranes des poissons peuvent être facilement converties, dans toutes les contrées , en cette colle précieuse sans laquelle les arts cesseroient de produire le plus grand nombre de leurs ouvrages les plus délicats. L'huile qu'on retire de ces animaux , assouplit , amé- > Relution de Vajnhassadt: de lord Macartncy à la Chine. - Voyez les articles de la raie sephcn , du squale recjui-j , du s.cuaîe rous- sette , âes acipensèns j etc. SUR LA NATURE DES POISSONS. xlv liore , et conserve clans presque (ouf es les maniif^n-- tures , les substances les plus nécessaires aux pron'uits qu'elles doivent fournir ; et dans ces contrées borcoles où régnent de si longues nuits , entretenant seule la lampe du pauvre , prolongeant son travail au-delà de ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui donnant tout le temps que peuvent exiger les soins nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille , elle tempère pour lui Thorreur de ces climats téné- breux et gelés, et l'affranchit lui et ceux qui lui sont chers des horreurs plus grandes encore d'une extrême misère. Que l'on ne soit donc pas étonné que Bellon , parta- geant l'opinion de plusieurs auteurs recommandables, tant anciens que modernes , ait écrit que la Propontide étoit plus utile par ses poissons , que des champs fer- tiles et de gras pâturages d'une égaie étendue ne pour- roient l'être par leurs fourrages et par leurs moissons. Et douteroit-on maintenant de l'influence pro- digieuse d'une immense multiplication des poissons sur la population des empires ? On doit voir avec facilité comment cette merveilleuse multiplication soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine, l'innombrable quantité d'habitans qui j sont, pour ainsi dire, entassés. Et si des temps présens on remonte aux temps anciens, on peut résoudre un grand problème histori(pie; on explique comment l'anticpTC Égjpte nourrissoit la grande population sans laquelle les Xlvj EFFETS DE l'ART DE l' HOMME admirables et immenses monumens qui ont résisté au ravage de tant de siècles , et subsistent encore sur cette terre célèbre , n'auroient pas pu être élevés , et sans laquelle Sésostris n'auroit conquis ni les bords de l'Euphrate, du Tigre, de l'indus et du Gange, ni les rives du Pont-Euxin, ni les monts de la Thrace. Nous connoîssons l'étendue de l'Egjpte : lorsque ses pyra- mides ont été construites , lorsque ses armées ont soumis une grande partie de l'Asie, elle étoit bornée presque autant qu'à présent, par les déserts stériles qui la circonscrivent à l'orient et à l'occident ; et néanmoins nous apprenons de Diodore que dix-sept cents Egyp- tiens étoient nés le même jour que Sésostris : on doit donc admettre en Egypte, à l'époque de la naissance de ce conquérant fameux, au moins trenle-quatre mil- lions d'habitans. Mais quel grand nombre de poissons lie renfermoient pas alors et le fleuve et les canaux et les lacs d'une contrée oii l'art de multiplier ces ani- maux étoit un des principaux objets de la sollicitude du gouvernement, et des soins de chaque famille? Il est aisé de calculer que le seul lac Myris ou Mœris pouvoit nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons de plus d'un demi-mètre de longueur. Cependant, que l'homme ne se contente pas de trans- porter à son gré , d'acclimater, de conserver , de multi- plier les poissons qu'il préfère; que l'art prétende à de nouveaux succès ; qu'il se livre à de nouveaux elforts; qu'il tente de remporter sur la Nature des victoires SUR LA NATURE DES POISSONS. xlvl) plus brillantes encore; qu'il perfectionne son ouvrage; qu'il améliore les individus qu'il se sera souînis. On sait depuis long-temps que des poissons de la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux une chair également délicate. Plusieurs observations prouvent qu€, par exemple, dans les mêmes rivières , leur chair est très-saine et très-bonne au-dessus des villes ou des torrens fangeux, et au contraire insa- lubre et très-mauvaise au-dessous de ces torrens vaseux et des amas d'immondices, souvent inséparables des villes populeuses. Ces faits ont été remarqués par plu- sieurs auteurs, notamment par Rondelet. Qu'on pro- fite de ces résultats ; qu'on recherche les qualités de leau les plus propres à donner un goût agréable ou des propriétés salutaires aux différentes espèces de pois- sons que Ton sera parvenu à multiplier ou à conserver. Qu'on n'oublie pas qu'il est des mojens faciles et peu dispendieux d'engraisser promptement plusieurs poissons , et particulièrement plusieurs cjprins. On augmente en très-peu de temps leur graisse , en leur donnant souvent du paia de chènevis , ou des fèves et des pois bouillis, ou du fumier , et notamment de celui de brebis. D'ailleurs une nourriture convenable et abondante développe les poissons avec rapidité, fait jouir beaucoup plutôt du fruit des soins que l'on a pris de ces animaux , et leur donne la faculté de pondre et de féconder une très-graoïle (juantité d'œufs pendant lui très-srrand nombre d'années. Xlviij EFFETS DE l' A R T DE l' II O M M E Ou a observé dans tous les temps que le repos et un ali- ment très-copieux engraissoient beaucoup les animaux. On s'est servi de ce moyen pour quelques poissons^et on Fa emplojé d'une manière remarquable pour les carpes: on les a suspendues hors de l'eau , de manière à leur interdire le plus foible mouvement de nageoires; et elles ont été envelo))pées dans de la mousse épaisse qu'on a fréquemment arrosée. Vnr ce procédé , ces cjprins ont été non seuloment réduits à un repos absolu , mais plongés perpétuellement dans une sorte d'humidité ou de liuide aqueux qui, parvenant très-divisé à leur sur- face , a été facilement pompé, absorbé, décomposé, combiné dans l'intérieur de l'animal , assimilé à sa substance, et métamorphosé par consétpient en nour- riture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en l'air, mais retenues au milieu d'une mousse humectée presque continuellement, ont-elles bientôt acquis une graisse copieuse , et de plus un goût très-agréable. Dès le temps de Willughbj, et même de celui de Gesner , on savoit que l'on pouvoît ouvrir le ventre à certains poissons, et sur-tout au brochet et à quelques autres ésoces , sans qu'ils en périssent , et même sans qu'ils en parussent long-temps incommodés. Il suffit de séparer les muscles avec dextérité , de rapprocher les chairs et les tégumens avec adresse , et de les recoudre avec précaution, pour qu'ils puissent plus facilement se réunir. Cette facilité a donne l'idée d em- ployer, pour engraisser ces poissons , le même moyen SUR LA NATURE DES POISSONS. xlht dont on se sert pour donner un très-grand surcroît de graisse aux bœufs, aux moutons, aux chapons, aux poulardes, etc. On a essajé, avec beaucoup de succès , d'enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs laites. La soustraction de ces organes , faite avec habi- leté et avec beaucoup d'attention, n'a dérangé que pen- dant un temps très-court la santé des poissons qui l'ont éprouvée 5 et toute la partie de leur substance qui se portoit vers leurs laites ou vers leurs ovaires , et qui y donnoit naissance ou à des centaines de milliers d'œufs, ou à une quantité très-considérable de liqueur fécon- dante , ne trouvant plus d'organe particulier pour l'éla- borer ni même pour la recevoir , a reflué vers les autres portions du corps , s'est jetée principalement dans le tissu cellulaire , et j a produit une graisse non seulement d'un goût exquis, mais encore d'un volume extraordinaire. Mais que l'on ait sur-tout recours, pour l'amélioration des poissons , à ce moyen dont on a retiré de si grands avantages pour accroître les bonnes qualités et les belles formes de tant d'autres animaux utiles , et qui produit des phénomènes physiologiques dignes de toute l'attention du naturaliste : c'est le croisement des races , que nous recommandons. On sait que c'est par ce croisement que l'on est parvenu à peri'ectionner le bélier, le bœuf, l'âne et le cheval. Les espèces de poisson , et principalement celles qui vivent très-près de nous , qui préfèrent à la haute iner les rivages de TOME m. G 1 E F F E T s D E l'a R T D E l' H O M M E rocëan , les fleuves , les rivières et les lacs , et qui , par la nature de leur séjour , sont plus soumises à l'in- fluence de la nourriture , du climat, de la saison , ou de la qualité des eaux , présentent des races très-dis- tinctes, et séparées Tune de lautre, par leur grandeur, leur force , leurs propriétés ou la nature de leurs or- ganes. Qu'on les croise; c'est-à-dire, qu'on féconde les œufs de Tune avec la laite d'une autre. Les individus qui proviennent du mélange de deux races , non seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui ont concouru à les former , mais encore sont préférables à la meilleure de ces deux races qui se sont réunies. C'est un fait très-remarquable , très- constaté , et dont on n'a donné Jusqu'à présent aucune explication véritablement satisfaisante , parce qu'on ne Tavoit pas considéré dans la classe des poissons , dont l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à l'examen dans quelques unes de ses circonstances , que celui des mammifères et des oiseaux qui avoient été les objets de l'étude et de la recherche des zoologues. Rapprochons donc ce qu'on peut dire de ce curieux phénomène. Premièrement , une race qui se réunit à une seconde^ éprouve, relativement à l'infiuence qu'elle tend à exer- cer, une sorte de résistance que produisent les disparités et les disconvenances de ces deux races : cette résistance est cependant vaincue, parce qu'elle est très-limitée. Et Ton ne peut plus ignorer en phjsiologie, qu'il n'ea SUR LA NATURE DES POISSONS. 1) est pas des corps organises et vivans comme de la matière brute et des substances mortes. Un obstacle tend les ressorts du corps organisé , de manière que son énergie vitale en est augmentée , au point que lors- que cet obstacle est écarté, non seulement la puis- sance du corps vivant est égale à ce qu'elle é(()it avant la résistance, m.ais même qu'elle est supérieure à la force dont il jouissoit. Les disconvenances de deux races qui se rapprochent , font donc naître un accrois- sement de vilah'té, d'action et de développement, dans le produit de leur réunion. Secondement, dans un mâle et une femelle d'une race, il n'j a que certaines portions analogues les unes aux autres, qui agissent directement ou indirectement pour la reproduction de l'espèce. Lorsqu'une nouvelle race s'en approche, elle met en mouvement d'autres portions qui, h cause de leur repos antérieur, doivent produire de plus grands effets que les premières. Troisièmement, les deux races mêlées l'une avec Tautre ont entre elles des rapports desquels résulte un grand développement dans les fruits de leur union, parce que ce développement ne doit pas être considéré comme la somme de l'addition des qualités de l'une et de l'autre des deux races, mais comme Ic produit d'une multiplication, et, ce qui est la même chose, comme l'effet d'une sorte d'intus-susception et de com- binaison intime , au lieu d'une simple juxta-positioii et d'une jonction superficielle. lij EFFETS DE l'a R T D E l'h O M M E C'est un fait semblable à celui qu'observent les chi- mistes, lorsque, par une suite d'une pénétration plus ou moins grande , le poids de deux substances qu'ils ont combinées Fune avec l'autre, est plus grand que la somme des poids de ces deux substances avant leur combinaison. Le résultat du croisement de deux races n'est cepen- dant pas nécessairement, et dans toutes les circons- tances, le perfectionnement des espèces : il peut arriver et il arrive quelcjuefois que ce croisement les dété- riore au lieu de les améliorer. En effet, et indépen- damment d'autre raison , chacun des deux individus qui se rapprochent dans l'acte de la génération , peut être regardé comme imprimant la forme à l'être qui provient de leur union, ou comme fournissant la ma- tière qui doit être façonnée, ou comme influant à la fois sur le fond et sur la forme : mais nous ne pouvons avoir aucune raison de supposer qu'après la réunion de deux races, il j ait nécessairement entre la matière qui doit servir au développement et le moule dans lequel elle doit être figurée, plus de convenance qu'il n'y- en avoit avant cette même réunion, dans les individus de chacune de ces deux races considérées séparément. Il j a donc clans l'éloignement des races Time de l'autre , c'est-à-dire, dans le nombre des dilférences qui les séparent, une limite en deçà et au-delà de laquelle le croisement est par lui-même plus nuisible qu'avan- tageux. SUR LA NATURE DES POISSONS. Il îj L'expérience seule peut faire connoître cefte limite : mais on sera toujours sûr d'éviter tous les ii5r()n\énîei}s qui peuvent résulter du croisement considéré en lui- même , si dans cette opération on n'emploie jamais que les meilleures races, et si, par exemple, en mêlant les races des poissons , on ne cesse de rechercher celles qui offrent le plus de propriétés utiles, si^it pour obte- nir les œufs que l'on voudra féconder, soit pour se procurer la liqueur active par le mojen de la(|uelle on désirera de vivifier ces œufs. Voilà à quoi se réduit ce que nous pouvons dire du croisement des races, après avoir réuni dans notre pensée les vérités déjà publiées sur cette partie de la phjsiologie, les avoir dégagées de tout appareil scien- tifique, les avoir débarrassées de toute idée étrangère, les avoir comparées, et j avoir ajouté le résultat de quelques réflexions et de quelques observations nou- velles. Considérons maintenant de plus haut ce que peut l'homme pour l'amélioration des poissons. Tachons de voir dans toute son étendue l'infiucnce qu'il peut exer- cer sur ces animaux par l'emploi des quatre grands moyens dont il s'est servi, toutes les fois qu'il a voulu modifier la Nature vivante. Ces quatre mojens si puis- sanssont, la nourriture afiondante et conven;iî)!e ([u'il a donnée, l'abri qu'il a ])rocuré, la contrainte cpi'il a imposée, le choix qu'il a fait des mâles et des femelles pour la propagation de l'espèce. liv EFFETS DE l'a R T D E l' H O M M E En réunissant ou en employant séparément ces quatre instrumens de son pouvoir, l'homme a modifié les poissons d'une manière bien plus profonde qu'on ne le croiroit au premier coup d'œil. En rapprochant un grand nombre de germes, il a re 8. ^ Voyez la partie du Discours préliminaire relative à la phosphores- cence des poissons. 36 HISTOIRE NATURELLE de temps- et on lit dans les 'Transaclions philosophiques de Londres ( an. 1 666 , pag. 116), qu'un cuisinier, en re- muant de l'eau dans laquelle il avoit fait cuire quelques- uns de ces scombres , vit que ces poissons rajonnoient vivement, et que l'eau devenoit très- lumineuse. On appercevoit une lueur pbosphorique par- tout où 011 laissoit tomber des gouttes de cette eau , après l'avoir agitée. Des cnfans s'amusèrent à transporter de ces gouttes qui ressembloient à autant de petits disques lumineux. On observa encore le lendemain , cpie j lorsqu'on imprimoit à l'eau un mouvement circulaire rapide, elle jetoit une lumière comparable à la clarté de la lune : cette lumière égaloit l'éclat de la flamme, lorsque la vitesse du mouvement de l'eau étoit très- accélérée • et des jets lumineux très-brillans sortoient alors du gosier et de plusieurs autres parties des ma- quereaux. Mais avant de terminer cet article , montrons avec précision les formes du poisson dont nous venons d'in- diquer les principales babitudes. En général , le maquereau a la têle alongée , l'ou- verture de la boucbe assez grande , la langue lisse , pointue, et un peu libre dans ses mouvemens ;le palais garni dans son contour de dents petites , aiguës , et semblables à celles dont les deux mâchoires sont héris- sées ; la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, la nuque large, l'ouverture des bran- chies étendue, un opercule composé de trois pièces 5 DES POISSONS. 37 le tronc comprimé; la ligne latérale voisine du dos ^ dont elle suit la courbure; Fanus plus rapproché de la tête que de la queue; les nageoires petites, et celle de la queue fourchue *. Telles sont les formes principales du scombre dont nous écrivons l'histoire : ses couleurs ne sont pas tout- à-fait aussi constantes. Le plus fréquemment , lorsqu'on voit ce poisson nager entre deux eaux , et présenter au travers de la couche fluide qui le vernit, pour ainsi dire, toutes les nuances qu'il peut devoir à la rapidité de ses mou- vemens et à la prom})te et entière circulation des liquides qu'il recèle, il paroît d'une couleur de soufre, ou plutôt on le croiroit plus ou moins doré sur le dos: mais lorsqu'il est hors de l'eau , sa partie supérieure n'offre qu'une couleur noirâtre ondulée de ])leu ; de grandes taches transversales, et d'une nuance bleuâtre sujette à varier, s'étendent de chaque côté du corps et de la queue, dont la partie inférieure est argentée, ainsi que l'iris et les opercules des branchies : presque toutes lesf nageoires sont grises ou blanchâtres. Plusieurs individus ne présentent pas de grandes * A la première nageoire dorsale 12 rayons, à la seconde 12 à chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus i3 à celle de la queue ao 38 HISTOIRE NATURELLE taches latérales ; ils forment une variété à laquelle on a donné le nom de marchais dans plusieurs pêcheries françoises , et qui est communément moins estimée pour la table que les maquereaux ordinaires. Au reste , toutes ces couleurs ou nuances sont pro- duites ou modifiées par des écailles petites , minces et molles. Ajoutons que les vertèbres des scombres que nous décrivons , sont grandes , et au nombre de trente ou trente-une, et que l'on compte dans chacun des cotés de Fépine dorsale onze ou douze cotes attachées aux vertèbres par des cartilages. On peut voir par les détails dans lesquels nous venons d'entrer, que les formes ni les armes des maquereaux ne les rendent pas plus dangereux que leur taille, pour les autres habitans des mers. Cependant, comme leurs appétits sont très- violens , et que leur noinbre leur inspire peut-être une sorte de confiance, ils sont voraces et même hardis : ils attaquent souvent des poissons plus gros et plus forts qu'eux ; et on les a même vus quelquefois se jeter avec une audace aveugle sur des pêcheurs qui vouloient les saisir, ou qui se baign oient dans les eaux de la mer. Mais s'ils cherchent à faire beaucoup de victimes, ils sont perpétuellement entourés de nombreux ennemis. Les grands habitans des mers les dévorent j et des poissons en apparence assez foibles , tels que les murènes et les murénophis , les combattent avec DES POISSONS. ^9 avantage. Nous ne pouvons donc écrire presque aucune page de cette Histoire sans parler dattaques et de défenses , de proie et de dévastateurs , d actions et de réactions redoutables, d'armes, de sang, de carnage et de mort. Triste et horrible condition de tant de milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par la destruction, à ne vivre que pour être immolées ou prévenir leurs tjrans , à n'exister qu'au milieu des angoisses du foible, des agitations du plus fort, des embarras de la fuite, des fatigues de la recherche, du trouble des combats, de la douleur des blessures, des inquiétudes de la victoire, des tourmens de la défaite! Combien tous ces affreux malheurs se seroient sur-tout accumulés sur la foible espèce humaine, si la sensibilité éclairée par l'intelligence, et l'intelligence animée par la sensibilité, n'avoicnt pas, par un heureux accord, fait naître la société, la civilisation, la science, la vertu î Et combien ils pèseront encore sur sa tête infortunée, jusqu'au moment où la lumière du génie, plus géné- ralement répandue , éclairera un plus grand nombre d'hommes sur leurs véritables intérêts, et dissipera les illusions de leurs passions aveugles et funestes ! C'est au maquereau que nous croyons devoir rap- porter le scombre qu'Aristote , Athénée, Aldrovande, Gesner et Willughbj, ont désigné par le nom de collas *, * Scomber colias. Linné, édition de Gmelin. KûXixs. Aristot. Hist. anim. V, g j VIII, i3; et IX , 2. ïtl. AthenœuSi Deipuoscph, III , ii8, 1205 VII, 32i. 40 HISTOIRE NATURELLE que Ton pêche près des côtes de la Sardaigne , qui est rsouvent plus petit que le maquereau , qui en diffère quelquefois par les nuances qu'il offre, puisque, sui- %^aut le naturaliste Cetti, il présente un verd gai mêlé à de l'azur, mais qui d'ailleurs a les plus grands rapports avec le poisson que nous venons de décrire. Le profes- seur Graelin lui-même , en l'inscrivant à la suite du •maquereau , demande s'il ne faut pas le considérer 24g. Scomber lineâ laterali acuminatâ, etc. Artedi , gen. 3i , sjn, 5o, Tça.yjiç.oc, Atheii. lib. y, ft, 826. Ici. Oppian. Hal. lib. i , /;. 5. Galen. class. % , fol. 3o, ^. Saurus. V. Jov. c. 19, p. 86. Salvian. fol. 79, a. b. ad iconem. Lacerfus, sù'e trachurus. Bellon. Lacertorum genus , quod trachurum Graeci vocant , etc. Gesner, p. 467 et 562. Trachurus, aut lacertus privatim. Id, [germ.) fol. 56, h. Sleurel. Rondeletj preniière partie, liv. 8, chap. 6. . Trachurus. Schonev. p. jS. Id. ^Idroi'. lib. 2 , cap. 62 , p. 268. Id. Jonston, lib. i , tit. 3, c. 3 , art. i ypunct. 5 , tab. 21 , fig. 8. Charte t. p. 143. Trachurus. TVillughby , p, 290, tah. S, 12, S, 22. Id. Raj. p, 92 , n. 8. Scomber lineâ laterali... omnino loricatâ, etc. Gronov. Mus. i^p. 84, n, 80 5 et Zooph. p, 94 , 77. 3o8. Ara. Kœn^pfer, Jap. i , tab. 1 1 , fig. 5. Marcgrav. Brasil. p. i5o. Fis. Ind. p. Si. Brit. Zoolog. 3, p. 225 , 71. 3. Scomber... lineâ laterali... loricatâ, etc. Act. Helvet. IV, p. 264, n, iS6, 62 HISTOIRE NATURELLE vojageiir les a nommés ainsi à cause de l'espèce de proéminence que présente leur tête, de la force de cette partie, de Féclat dont elle brille, et d'ailleurs pour ^ annoncer la sorte de puissance et de domination que plusieurs osseux de ce genre exercent sur un grand nombre de poissons qui fréquentent les rivages. Parmi ces animaux voraces et dangereux pour ceux des habitans de la mer qui sont trop jeunes ou mal armés, on doit sur-tout remarquer le tracliure. Sa dénomination, qui signifie queue aiguillonnée , vient du grand nombre de piquans dont sa ligne latérale est hérissée sur sa queue , aussi-bien que sur son corps : chacun de ces dards est recourbé en arrière , et attaché à une petite plaque écailleuse , que l'on a comparée , pour la forme , à une sorte de bouclier; et la série longitudinale de ces plaques recouvre et indique la ligne latérale. Lorsque l'animal agite vivement sa queue , et en frappe violemment sa proie , non seulement il peut l'étourdir, l'assommer, l'écraser sous ses coups redou- blés, mais encore la blesser avec ses pointes latérales, la déchirer profondément , lui faire perdre tout sou sang. D'ailleurs ce caranx parvient à une grandeur assez considérable , quoiqu'il ne présente jamais une longueur égale à celle du thon: il n'est pas rare de le voir long d'un mètre. On le trouve dans l'Océan atlantique , dans le grand Océan ou mer Pacifique, dans la Méditerranée : par- DES POISSONS. 63 tout il s'avance par grandes troupes , lorsqu'il s'ap- proche des rivages pour déposer ses œufs ou sa liqueur fécondante. Sa chair est bonne à manger, quoique moins tendre et moins agréable qne celle du maquereau. Dlï temps de Bellon , les habitans de Constantinople recher- choient beaucoup le garuin fait avec les intestins de ce poisson. Les écailles qui couvrent le trachure, sont petites, rondes et molles. Sa couleur générale est argentée. Un bleu verdâtre règne sur sa partie supérieure. L'iris brille d'un blanc rougeâtre. Une tache noire est placée sur chaque opercule. Les nageoires sont blanches ; et une teinte noire dislingue les premiers rajons de la seconde dorsale *. La caudale est en croissant; l'ensemble de l'animal comprimé y la tête grande ; la mâchoire inférieure recourbée vers le haut, phis longue que la supérieure , et garnie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës; le palais rude; la langue lisse; chaque opercule com- posé de deux lames; et la nageoire de l'anus précédée d'une petite nageoire composée de deux rajons et d'une membrane. * A la première nageoire du dos 8 rayons. à la seconde 84 à cliacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 3o à celle de la queue 2a LE CARANX AMIE, E T LE CARANX QUEUE-JAUNE'. Le nombre des rajons que présentent les nageoires du caranx amie , peut servir à le distinguer des autres poissons de ce genre, indépendamment des caractères ' Caranx amîa. Sconiber amia. Linné, édition de Gmelin. Scomber dorso dipterygio , ossicuîo ultimo pinnœ dorsalis secundee prœlongo. Artedi, gen. 3i, syn. 5i. Scornbre amie. Daiibenton, Encyclopédie métliodique. Id. Bonnaterre , planches de l' Encyclopédie métliodique. Nota. Il est utile d'observer que les passages des auteurs et les figures des dessinateurs, rapportés par Artédi , et d'après lui par Daubenton , à leur scornbre amie , sont relatifs , nou pas à ce poisson , mais au caranx elauque, ou au centronote lyzan , ainsi que nous l'indiquerons en détail dans la synonymie des articles dans lesquels nous traiterons du glauque et du lyzau. Cette fausse application faite par Artédi, a trompé aussi le pro- fesseur Bonnaterre, qui a fait graver, pour son scornbre amie, une figure que Salvian a publiée pour un poisson nommé amia, mais qui cependant ne peut appartenir qu'à un centronote lyzan. * Caranx clirysurus. Scomber chrysurus. Linné, édition de Gmelin, Yeliow tail (queue jaune). Garden, Scornbre queue jaune. Daubenton^ Encyclopédie méthodique. Id. Buiinaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique. HISTOIRE NATURELLE. : 65 particuliers à cette espèce que nous venons d'exposer dans le tableau des caranx '. La queue-jaune habite dans la Caroline; elle y a été observée par Garden. Son nom vient de la couleur de sa queue, qui est d'un jaune plus ou moins doré, ainsi que quelques unes de SQs nageoires. Ses dents sont très- petites, très-difficiles avoir. On a même écrit que ses mâchoires étoient entièrement dénuées de dents. Une petite nageoire à deux rajons est placée au-devant de celle de l'anus *. * A la première nageoire du dos du caranx amie, 5 rayon?. à Ja seconde 34 a. chacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus g^ * A la première nageoire dorsale du caranx queue-Jaune , 9 rayons, à la seconde aq à chacune des pectorales ig à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 3-cu>i:ç y en grec. Deibio , dans plusieurs de'parlemens méridionaux de France. Biche, ihid, Cabrole , ibid^ Damo , ibid. Scomber glaucus. hinné, édition de Gmelin. Scombre glauque. Daubenton , Encyclopédie mélîwdique. Id. Bonnaterre, planches de T Encyclopédie mctkodique. Scomber dorso dipterygio, ossiculo secundo pinnre dorsalis altisslniO' ■Artedij gen. o2ySyji. 5i. Mus. Ad. Frid. 2 , /;. 89. Scomber Ascensiouis. Osbechj It. 296. Derbio. B-ondelel j première partie ^ lù>. 8, cJiap. i5. Glaucus. Plin. lib. 9 , cap. 16. Caranx lineâ lalerali inermi, maculisque signatâ quatuor nigris , ante- ïioribus duabus majoribus. Commerso7i, manuscrits déjà cités. Glaucus (derbio.) Vubuoni-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. HISTOIRE NATURELLE. 67 de la mer pendant les très-grandes chaleurs de l'été. La couleur générale de cet osseux est indiquée par le nom qu'il porte : elle est en effet d'un bleu clair mêlé d'une teinte verdâtre; quelquefois cependant elle paroît d'un bleu foncé et semblable à celui que présente la mer agitée par un vent impétueux. La partie inférieure de l'auimal est blanche. On voit souvent une tache noire à l'origine delà seconde nageoire dorsale et à celle de la nageoire de l'anus; et quatre autres taches noires, dont les deux premières sont les plus grandes , sont aussi placées ordinairement sur chaque ligne latérale. Le second i-ajon de la seconde nageoire du dos est très-haut, et le premier aiguillon de la première na- geoire dorsale est tourné , incliné , et même couché vers la tête. Une petite nageoire h deux rajons précède celle de l'anus *. La chair du glauque est blanche, grasse, et commu- nément de bon goût. * A la nageoire du dos y rayons, à la seconde 26 à chacune des pectorales 20 à chacune des tlioracines 5 à celle de l'anus 25 à celle de la queue , qui est très-fourchue , 20 LE CARANX BLANC, E T LE CARANX Q U E U E-R O U G E ^ La mer Rouge nourrit le caranx bîanc, que Forskael a décrit le premier, et dont la couleur générale blanche ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les côtés de l'animal et sur la nageoire caudale. Un rang de petites dents garnit chaque mâchoire. Chaque ligne latérale est revêtue, vers la queue, de petites pièces écailleuses. Les écailles proprement dites qui recou- vrent le caranx , sont fortement attachées. La pre- mière nageoire du dos forme un triangle équilatéraP. * Caranx albus- Scomber albus. Linné ^ édition de Gniclin. Torshicl, Fuun. Arah. j). 56, Ji. jS. Scornbre sufnok. Bonnaierre, planciies de VEncj-clojTédie méihodiquei. 'Caranx erithrurus. Scomber hippos. Linné j édition de GmeJin. Scombrc queue-rouge. Daubent on , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterrej planches de l' Encyclopédie méthodique. ^ A la membrane des branchies du caranx blanc , 8 rayons. à la première nageoire dorsale 8 à la seconde 25 à chacune des pectorales 22 à chacune des thoracines 5 à celle de l'anus 20 9 celle de la que^e 17 HISTOIRE N A. T U R E L L E. 69 On voit une petite nageoire composée de deux rajons aii-devant de l'anus du blanc, aussi-bien qu'au-devanC de l'anus du caranx queue -rouge. Ce dernier a été observé dans la Caroline par Garden , et à Fisle dô Tahiti par Forstcr. Il montre une tache noire sur chacun de ses opercules. Sa seconde nageoire du dos est rouge, comme celle de la queue; les thoracines et l'anale sont jaunes. La partie postérieure de chaque ligne latérale est comme hérissée de petites pointes. Les deux dents de devant sonty dans chaque mâchoire, plus grandes que le^ autres *. * A la première nageoire dorsale du cai'anx queue-rouge, 7 rayons, à la seconde 22 à chacune des pectorales 22 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus j.o à celle de la queue 3o LE CARANX FILAMENTEUX'. C'est au célèbre Anglois Mungo Park que Ion doit la description de ce caranx , que l'on trouve en Asie , auprès des rivages de Sumatra. Le nom de Jjlajnejiteiix que Mungo Park lui a donné , vient des fîlamens qui garnissent la seconde nageoire dorsale , ainsi que celle de l'anus. La couleur générale de ce poisson est argentée , et son dos est bleuâtre ; ses écailles sont petites , mais fortement attachées. Le museau est arrondi ; l'œil grand ; l'iris jaune ; chaque mâchoire hérissée de dents courtes et serrées ; chaque opercule formé de trois lames dénuées d'écaillés semblables à celles du clos ; la nageoire caudale fourchue ; la petite nageoire qui précède celle de l'anus , composée de deux rajons , dont l'antérieur est le moins grand. Les pectorales sont en forme de faux ; la première du dos peut être reçue dans une fossette longitudinale =. ' Caranx filamentosus. Scomber filamentosus. Mungo Farîij Transact. de la société Unnéenne âe Londres, vol. 3. * A la membrane des branchies 7 rayons. à la première nageoire dorsale 6 rayons aiguillonnés. à la seconde nageoire du dos 22 rayons. à chacune des pectorales icj à chacune des thoracines 5 • à celle de l'anus 18 à celle de la queue 2% LE CARANX DAUBENTON', Nous consacrons à la mémoire de notre illustre ami Daubenton , ce beau caranx représenté d'après Plumier dans les peintures sur vélin du Muséum d'histoire naturelle. Ce caranx a ses deux nageoires dorsales très-rap- procliées : la première est triangulaire , et soutenue par six rajons aiguillonnés ; la seconde est très-alongée et un peu en forme de faux". Deux aiguillons sont placés au-devant de la nageoire de l'anus. Les deux mâchoires sont également avancées. On voit, à chaque opercule branchial , au moins trois pièces , dont les deux dernières sont découpées en pointe du côté de la queue. La ligne latérale est tortueuse , rude et dorée. Des taches couleur d'or sont répandues sur les nageoires. La partie supérieure du corps est bleue , et l'inférieure argentée. ' Caranx Daiibentonii. Trachurus argento-cseruleus , aureîs maculis notatus. Manuscrits de Tlinnier. ^ 3 rayons aiguillonnés et rg rayons articulés à la seconde nageoire du dos,- I rayon aiguillonné et i3 rayons articulés à celle de l'anus, La nageoire de la queue est fourchue. LE CARANX TRÈS-BEAU*. Ce poisson mérite son nom. Ses écailles, petites et foiblemenl attachées , brillent de l'éclat de For sur le dos , et de celui de l'argent sur sa partie inférieure. Ces deux riches nuances sont variées par des bandes transversales , ordinairement au nombre de sept , d'un beau noir, et dont chacune est communément suivie d'une autre bande également d'un beau noir et trans- versale , mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du dos sont bleues , et les autres jaunes. Trois lames composent chaque opercule. Les na- geoires pectorales , beaucoup plus longues que les thoracines , sont en forme de faux. Celle de la queue est fourchue. Forskael a vu ce caranx dans la mer Rouge. Com- merson , (|ui l'a observé dans la partie du grand Océan qui baigne i'isle de France et la cote orientale d'Afri- que , rapporte dans ses manuscrits , que les deux indi- vidus de cette espèce qu'il a examinés , n'avoient pas * Caranx speciosus. Scomber speciosiis. Linné, édition de Ginelin. Forshael, Faun. Arab. p. 64, //. 70. Scombre rim. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Caranx fasciis Iraiisversis nigris alternatim angustioïibus, caudse apicl- bus atiatis. ConimersoUj maniiscriis déjà cités. Tome 3. -PI z. ^a^e. y2 . j 1. CyiH^JVX tre^ beau.2.J[.ABRM Dzjramrne 5 HOL O GYMI^O S B Faéc^' HISTOIRE NATURELLE. j3 plus à celle de la queue t5 ou 16 rayons. * A la première nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. à cliacune des pectorales i rayon aiguillonné et 20 ray. articulés.. à chacune des thoracines i rayon aiguillonné et 5 ray. articulés, à celle de la queue 18 ou 19 rayons. DES POISSONS. 77 sommet de la tète : ime ranoëe de dents arme charnue mâchoire; la mâchoire supérieure est d'ailleurs garnie d'une grande quantité de dents petites et flexibles , placées en seconde ligne. Les n^igeoires pectorales et les thoracines sont blcuiches ; celle de l'anus et le lobe inférieur de la caudale sont jaunes ; le lobe supérieur de cette même caudale est brun comme les dorsales, qui, d'ailleurs , sont bordées de noir'. Le korab a chaque mâchoire hérissée d'une rangée de dents courtes , et comme renflées ; la ligne latérale est ondulée vers la nucpie , et droite ainsi que marquée par des écailles particulières auprès de la queue. Les nageoires pectorales et les thoracines sont roussâtres ; les dorsales glauques ; l'anale transparente et comme bordée de jaune ; le lobe inférieur de la caudale jaune, et le supérieur d'un bleu verdâtre % 5 A la première nageoire dorsale du sansun, 7 rayons aiguillonnés. à chacune des pectorales i rayon aiguillonné et 29 rayons articulés. à chacune des tlioracines 1 rayon aiguillonné et S- rayons articulés, à relie de la queue 17 ou 18 rayons. * A la membrane branchiale du korab , 8 rayons. à la première nageoire dorsale 7 rayons aiguillonnés. à chacune des pectorales 1 rayon aiguillonné et 23' rayons articulés. à cliacune des thoracines i rayon aiguillonné et 5 rayons articulés.- à celle de la queu« 17 ou 18 rayons. SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. LES T R A C H I N O T E S. Deux nageoires dorsales; point de peliles nageoires au- dessus ni au-dessous de la queue; les cotés de la cjueue relevés longitudinale ment en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d'une mem^ hrane , au-devant de la nageoire de tanus; des aiguil- lons cachés sous la peau, au - devant des nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTèRES. ACfi ( Tracliii Le TRACHiN. FAUCHEUR. fLa seconde nageoire du dos, et celle d inotits falcanes.) \ Taiius, u'prt-scntani la forme d'une faux,. LE TRACIIINOTE FAUCHEUR*. C'est clans la mer d'Arabie qu'habite ce poisson, que Forskael , en Je découvrant, crut devoir comprendre parmi les scombres, mais que l'état actuel delà science ichthjologique et nos principes de distribution métho- dique et régulière nous obligent à séparer de ces mêmes scombres, et à inscrire dans un genre parti- culier. Nous donnons à cet osseux le nom générique de trachinote , qui veut à'we aiguillons sur le dos , pour désigner l'un des traits les plus distinct ifs de sa con- formation. Cet animal a toujours en effet auprès de la nuque , des aiguillons cachés sous la peau, et au-devant desquels un piquant très-fort, couché horizontalement, est tourné vers le museau , et quelquefois recouvert par le tégument le plus extérieur du poisson. La pre- mière nageoire dorsale, dont la membrane n'est sou- tenue que par des rajons aiguillonnés , et dont la peau recouvre quelquefois le premier rajoii , peut se baisser et se coucher dans une fossette. * Tracliinotus falcatns. Scomber falcatus. TAinic , édilion de Gmclin. Scomber rhomboïclalls, pinnil stcunclâ dorsi et raiî, faicatis. Forshietf JFjitiia Arabie, p. 67, n. 'jG. Scoïxibre liogel. Bo ntialerre j planches de PEiicycIo-pcdic mé hodlque. 8c HISTOIRE NATURELLE La seconde nageoire dorsale et celle de l'anus * ont la forme d\ine sorte de faux; et voilà d'où vient le nom spécifique que nous avons conservé au trachinote que nous décrivons. Ce faucheur , dont la hauteur égale souvent la moitié de la longueur, est revêtu, sur le corps et sur la queue, d'écaillés minces et fortement attachées ; on ne voit pas d'écaillés proprement dites sur les opercules ; on n'apperçoit pas de dents aux mâchoires , mais on remarque des aspérités à la mâchoire inférieure ; la lèvre supérieure est extensible 3 la ligne latérale est un peu ondulée ; les thoracines , plus longues que les pec- torales , sont comme tronquées obliquement ; il y a au - devant de l'anus une petite nageoire à deux rajons. La couleur générale de ce trachinote est argentée avec une teinte brune sur le dos. Une nuance jaunâtre paroît sur le front. La nageoire caudale est peinte de trois couleurs ; elle montre du brun , du glauque et du jaune : les thoracines sont blanchâtres en dedans , et dorées ou jaunâtres en dehors, ce qui s'accorde avec les principes que nous avons exposés au sujet des * A la première nageoire dorsale 5 rayons aiguillonnés. à la seconde i rayon aiguillonné et 19 ray. articulés. à chacune des pectorales 18 rayons. à chacune des thoracines 6 rayons. à celle de l'anus i rayon aiguillonné et 17 ray. articulés. à celle de la queue , qui est fourchue , 6 rayons. DES POISSONS. 8l couleurs des poissons et même du plus grciul nombre d'animaux ; et les pectorales ne présentent qu'une nuance brune. Il paroît par une note très-courte que j'ai trouvée dans les papiers de Commerson , que ce naturaliste avoit vu auprès du fort Dauphin de Madagascar, noire trachinote faucheur, qu'il regardoit comme uncaranx, et auquel il attribuoit une longueur d'un demi-mètre= TOME m; 11 SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. LES C A R A N X O M ORES. ZT/ic seule jia7 7 • \ i ecoiie dorsale ; le corps et la queue dénués {Lo'SiomoTUS hlochii.) 1 -n r •/ • • i I d'écailles facilement visiblest Tt:>//ie 3 jy 3 J*aj/e. ç3 j. CŒSIOMORE 3a,I/o7t 2 CŒSIOMORE BlocAS LABIŒ Cha^e/et LE CESIOMORE BAILLON*. Nous allons faire connoître deux cœsiomores; aucune de ces deux espèces n'a encore été décrite. Nous en avons trouvé la figure dans les manuscrits de Com- merson ; et elle a été gravée avec soin sous nos jeux. Nous dédions Tune de ces espèces au citojen Bâillon , l'un des plus zélés et des plus habiles correspondans du Muséum national d'histoire naturelle , qui rend chaque jour de nouveaux services à la science que nous cultivons , par ses recherches , ses observations ,' et les nombreux objets dont il enrichit les collections de la république , et dont Bufifon a consigné le juste éloge dans tant de pages de cette Histoire naturelle. Nous consacrons l'autre espèce à la mémoire du savant et célèbre ichthjologiste le docteur Bloch de Berlin , comme un nouvel hommage de l'estime et de l'amitié qu'il nous avoit inspirées. Le csesiomore bâillon a le corps et la queue couverts dYcaillcs assez grandes , arrondies, et placées les unes au-dessus des autres. On n'en voit pas de semblables sur la tête ni sur les opercules, qui ne sont revêtus que de grandes lames. Des dents pointues et un peu séparées les unes des autres garnissent les deux * Cseâiamorus Baillonii. 94 HISTOIRE NATURELLE. mâchoires , dont l'inférieure est plus avancée que ht supérieure. On voit le long de la ligne latérale, qui est courbe jusque vers le milieu de la longueur totale de l'animal, quatre taches presque rondes et d'une cou- leur très-foncée. Deux aiguillons forts, isolés, et tournés en arrière , paroissent au-devant de la nageoire du dos , laquelle ne commence qu'au-delà de l'endroit où le poisson montre la plus grande hauteur , et qui , con- formée comme une faux , s'étend presque jusqu'à la nageoire caudale. La nageoire de l'anus, placée au-dessous de la dor- sale , est à peu près de la même étendue et de la même forme que cette dernière , et précédée , de même , de deux aiguillons assez grands et tournés vers la queue. La nageoire caudale est très-fourchue ^ les thora- cines sont beaucoup plus petites que les pectorales. LE C^SIOMORE BLOCH*. C E poisson a beaucoup de ressemblance avec le bâillon: la nageoire dorsale et celle de l'anus sont en forme de faux dans cette espèce , comme dans le cœsiomore dont nous venons de parler j deux aiguillons isolés hérissent le devant de la nageoire de lanus , la nageoire caudale est fourchue , et les tlioracines sont moins grandes que les pectorales dans les deux espèces : mais les deux lobes de la nageoire caudale du blocli sont beau- coup plus écartés que ceux de la nageoire de la queue du bâillon ; la nageoire dorsale du blocli s'étend vers la tête jusqu'au-delà du plus grand diamètre vertical de l'animal , cinq aiguillons isolés et très-forts sont placés au-devant de cette même nageoire du dos. La nu(|ue est arrondie ; la iète grosse et relevée ; la mâchoire supérieure terminée en avant, comme l'infé- rieure , par une portion très-haute , très-peu courbée , et presque verticale ; deux lames au moins composent chaque opercule ; on ne voit pas de tache sur la ligne latérale , qui de plus est tortueuse; et enfin, les tégu- mens les plus extérieurs du bloch ne sont recouverts d'aucune écaille facilement visible. * Cseslomorus Blochii. SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES C O R I S. La tête grosse et plus élevée que le corps ^ Je corps com- primé et très-aïongé- le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines, une ou deux fois plus alongé que les autres; point d'écaillés semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamelleuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. ESPÈCES. CARACTÈRES, !Le premier rayon de la nageoire du dos, une ou deux fois plus long que les autres j l'opercule terminé par une ligne couibe j une bosse au-dessus des yeux. Le premier rayon de la nageoire du dos un I P^" P'"^ court que les autres, ou ne les 2. Lecoris ANGULE. j , T 1 ^ < surpassant pas en longueur : 1 opercule ter- iCoris angidatus.) I • , ,• / • ^ j- *• I lîiiDt par une ligne anguleuse 5 point ue bosse au-dessus des veux. To/^fie 3 J'I ^ . Si^e çy. y-^> 3- .-^--r*<-5;*SSS!SS!%SsS ^'«âs 1 COR 18 ^ijre^fe . 2 C ORI S An^itle 3 . L^BRE Trilo b^^ LE CORIS AIGRETTE*. Quelles obligations les naturalistes n'ont- ils pas au célèbre Coniinersonî Combien de genres de pois- sons dont ses manuscrits nous ont présenté la des- cription oiî la figure, et qui, sans les recherches multipliées auxquelles son zèle n'a cessé de se livrer, seroient inconnus des amis des sciences naturelles! Il a donné à celui dont nous allons parler, le nom de C0/7.S', qui, en grec, signifie .so/;?/;ze/, tête, etc., à cause de l'espèce de casque qui enveloppe et surmonte la tète des animaux compris dans cette famille. Cette sorte de casque, qui embrasse le haut , les côtés et le dessous du crâne, des jeux et des mâchoires, est formée d'une substance écailleuse, d'une grande lame, d'une seule pièce, qui même est réunie aux opercules , de manière à ne faire qu'un tout avec ces couvercles des organes respiratoires. L'ensemble que ce casque renferme , ou la tète proprement dite, s'élève plus haut que le dos de l'animal, dans tous les coris ; mais dans l'espèce qui fait le sujet de cet article , il est un peu plus exhaussé encore : le sommet du crâne s'arrondit de manière à produire une bosse ou grosse loupe au- dessus des jeux; et le premier rayon de la nageoire * Goiis aygula. T O M E I I L ' l3 98 HISTOIRE NATURELLE^ dorsale, une ou deux fois plus grand que les autres,, étant placé précisément derrière celte îoiine, paroît comme une aigrette destinée h orner le casque du^ poisson. Chaque opercule est terminé du côté de la queue par une ligne courbe. La lèvre supérieure est double; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; chacune des deux mâchoires , garnie d'un rang de dents fortes, pointues, triangulaires et inclinées. La ligne la(érale suit de très -près la courbure du dos. Le premier rajon de chaque thoracine, qui en ren- ferme sept, est une fois plus alongé (jue les autres. La nageoire dorsale est très -longue, très - basse , et de la même hauteur, dans presque toute son étendue.. Celle de l'anus présente des dimensions bien diffé- rentes j elle est beaucoup plus courte que ta dorsale: ses ravons, plus longs que ceux de cette dernière, lui donnent plus de largeur; sa figure se rapproche de celle d'un trapèze. Et enfin la nageoire caudale est rectiligne, et ses rajons dépassent de beaucoup la mem!}rane qui les réunit*. A la nageoire du clos 21 rayons à chacune des pectorales it à chacune des tboracines 7 à celle de l'anus 14 À celle de la queue 10 LE CORIS ANGULEUX". Ce coris diffère du précédent par six traits princi- paiix : son corps est beaucoup plus alongé que celui de Faigrette ; le premier rajoii de la nageoire dorsale ne dépasse pas les autres ; la ligne latérale ne suit pas dans toute son étendue la courbure du dos , elle se fléchit en en-bas , à une assez petite distance de la nageoire caudale, et tend ensuite directement vers cette nageoire; le sommet du crâne ne présente pas de loupe ou de bosse ; chaque opercule se prolonge vers la queue, de manière à former un angle saillant, au lieu de n'offrir qu'un contour arrondi ; et les deux mâchoires sont également avancées \ ' Coris angulatus. * A la nageoire du dos 20 ravons. à chacune des pectorales i5 à la nageoire de l'anus i5 à celle de la queue 10 SOIXANTE-HUITIEME GENPvE. LES G O M P H Ô S E S. Le miLsean alongé en forme de clou ou de niasse, la tête et les opercules dénués décallles senibJahles à celles du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES, I, Le GOiîPHosE BLEU, /Toute la surface du poisson, d'une couleur {Goinphoms ccvrulcus.) \ bleue foncée. 3. Le gomphose varié, [La couleur g(^nérale mêlée de rouge , de {Gomphosus varius.) \ jaune et de bleu. 7 h //7 e 3. n S- J>a/7c ■zçe joi r^^?^^ ^m Le. /e< c rJel 1. GOMPHOSE Bleu 2 GOMFHOisE Varie 3 L^é^BRE Marh> ViUetiu , Jcalp LE GOMPHOSE BLEU CoMMERSON a laissé dans ses manuscrits la descrip- tion de ce poisson qu'il a observé dans ses vojages , que nous avons cru , ainsi que lui , devoir inscrire dans un genre particulier, mais auquel nous avons donné le nom générique de gomplios, plutôt, que celui ôiclops, qui lui a été assigné par ce naturaliste. Le mot goiiiphos désigne , aussi-bien que celui è'elops, la forme du museau de ce poisson,, qui représente une sorte de clou ; et en empiovant la dénomination que nous avons préférée , on évite toute confusion du genre que nous décrivons, avec une petite famille d'abdo- minaux connue depuis long -temps sous le nom . ô'élops. Le gomphose bleu est, suivant Commerson , de la grandeur du cjprin tanche. Toute sa surface présente une couleur bleue sans tache , un jieu foncée ou noi- râtre sur les nageoires pectorales , et très-claire sur les aulrcs nageoires. L'œil seul montre des nuances diffé- rentes du bleu; la prunelle est bordée iVun cercle blanc,, autour duquel Firis présente une belle couleur d'émeraude ou d'aigue-marine. * Goniphosus Cceruleus, Elops , totus intense cseruleus ; rosf ro subiilato , capite et operculis.^ branchiostegis, alepidotis. Commerson, manuscrits déjà cités,- ÏOfZ HISTOIRE NATURELLE Le corps est un peu arqué sur le dos, et beaucoup plus au-dessous du ventre. La tète, d'une grosseur médiocre, se termine en devant par une prolongation du museau, cvae Cvommerson a comparée à nn clou, dont la longueur est égale au septième de la longueur totale de Tanimal, et qui a (pie'qncs ra|)p>orts avec le boutoir du sanglier. La mâchoire supérieure est un peu extensible, et quelquefois un peu pbjs avancée que Tinférieure ; ce qui nVmpêche pas cpie Favant- bouche , dont Fouverture est étroite, ne forme une sorte de tuj^au. Chacjue mâchoire est composée d'un os garni d'un seul rang de dents très-petites et très- serrées l'une contre l'autre ; et les deux dents les plus avancées de la mâchoire d'en -haut sont aussi plus grandes que celles qui les suivent. Tout l'intérieur de la bouche est d'ailleurs lisse, et d'une couleur bleuâtre. Les yeux sont petits et très-proches des orifices des narines, C|ui sont doubles de chaque coté. On ne voit aucune écaille proprement dite , ou sem- blable à celles du dos , sur la tète ni sur les opercules du gomphose bleu. Ces opercules ne sont hérissés d'au- cun piquant. Deux lames les composent : la seconde de ces pièces s'avance vers la queue , en forme de pointe ; et une partie de sa circonférence est bordée d'une membrane. On voit quelques dentelures sur la partie concave des arcs osseux qui soutiennent les branchies. Tome 3 -iZ 6 J'a^e, _i02 ^^.£ ,ie^'n,e /lîtiu ni- îaires, ainsi que nous l'avons vu. ' i3 aiguillons et 12 rayons articulés à ia nageoire dorsale. 13 ou 14 rayons à chacune des pectorales. 5 ou 6 rayons à chacune des thoraciues. 14 ou i5 à celle de l'anus. TUME 1 il. 15* * / SOIXANTE^ONZIÈME GENRE. LES OSPHRONÈMES. Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguillonné , et le second terminé par un filament très-long, ESPÈCES. CARACTÈRES. I. L'0SPHR0NÊMEG0RAMY.(^^ partie postérieure du clos tres-élevée ; la {Osfhron.mus goraruy.) \ l'gne latérale droite 5 la nageoire de la \ queue, arrondie. T* ' (La lèvre inférieure plissée de chaque côté; a. L'OSPHRONEME GAL. i , ^ ^ * ,^ , ,, . ^ les nageoires du dos et de l'anus très-- {Usphronemus galltis.) \ ,1,1 ri I basses j celle de la queue , rourchue. L'OSPHRONÊME GORAMY'. Nous conservons à ce poisson le nom générique qui lui a été donné par Commerson, clans les manuscrits duquel nous avons trouvé la description et la figure de ce thoracin. Cet osphronème est remarquable par sa forme, par sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut par- veniii jusqu'à la longueur de deux mètres; et comme sa hauteur est très-grande à proportion de ses autres dimensions, il fournit un aliment aussi copieux qu'a- gréable. Commerson Fa observé dans Flsle de France, en février 1 770 , par les soins de Seré , commandant des troupes nationales. Ce poisson j avoit été apporté de la Chine, où il est indigène, et de Batavia, où on le trouve aussi, selon feslimable citojen Cossignj*. On l'avoit d'abord élevé dans des viviers; et il s'étoit ' Osphronemus goramy. Osphronemus oifax. Commerson ^ manuscrite déjà cités. Poisson gourarnie , ou gouramy. ( Il faul observer naturalisé ^>. Voyage au Bengale , etc. par le citoyen Charpentier Cos- signy , tome /, ]iage i8i. * 6 rayons à la membrane des branchies. i3 aio;uil!ons et 12 rayons articulés à la nageoire du doô. 14 rayons à chacune des pectorales. I ait^uillon et 5 ravons articulés à chacune des thoracines, 10 aiiiuillons et 20 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 16 rayons à celle de la queue. DES P 01 S S O N S. i 19 on voit facilement ({ue sa partie inférieure est plus arrondie, et setcnd an-dessous du diamèire loiiiritii- dinal qui va du bout du museau à la fin de la ([ueue, beaucoup plus cpie sa partie supérieure ne s'élève au- dessus de ce rnénie diamètre. De larges écailles couvrent le corps, la queue, les opercules et la tôle ; et d'autres écailles plus petites revêtent une portion assez considérable des nageoires du dos et de l'anus. Le dessus de la tête, incliné vers le museau, offre d'ailleurs deux légers enfoncemens. La mâchoire supérieure est extensible j l'inférieure plus avancée que celle d'cn-liaut : toutes les deux sont gar- nies d'une double rangée de dents ; le rang extérieur est composé de dents courtes et un peu recourbées en dedans; l'intérieur n'est formé que de dents plus petites et plus serrées. On apperçoit une callosité au palais • la langue est blanchâtre, retirée, pour ainsi dire, dans le fond de la gueule, auquel elle est attachée; les orifices des narines sont doubles; chaque opercule est formé de deux lames, dont la première est excavée vers le bas par deux ou trois petites fossettes , et dont la seconde' s'avance en pointe vers les nageoires ];>ectorale8 , et de plus est bordée d'une membrane. On apperçoit dans l'intérieur de la bouche, et au- dessus des branchies, une sorte d'os ethmoïde, lal/Y-- mitJii/ormc, pour emplojer l'expression de Comuierson^ et placé dans une cavité particulière. L'usage de cet os. 120 HISTOIRE NATURELLE a paru au vojageur que nous venons de citer, très- digne d'être recherché, et nous nous en occuperons de nouveau clans Jiotre Discours sur les parties solides des poissons. La nageoire du dos commence loin de la nuque, et s'éiève ensuite à mesure qu'elle s'approche de la cau- dale, auprès de laquelle elle est très-arrondie. Chaque nageoire thoracine renferme six rajons. Le premier est un aiguillon très-for( ; le second se termine par un filament qui s étend jusqu'à l'extrémité de la nageoire de la queue , ce qui donne à Tosphronème un ra])port très-marqué avec les trichopodes : mais dans ces derniers ce filament est la continuation d'un raj'on unique , au lieu que, dans rosphronème, chaque thoracine présente au moins cinq rajons. L'anus est deux fois plus près de la gorge que de l'extrémité de la queue: la nageoire qui le suit a une forme très-analogue à celle de la dorsale ; mais, ce qui est particulièrement à remarquer , elle est beaucoup plus étendue. On ne compte au-dessus ni au-dessous de la cau- dale, qui est arrondie, aucun de ces rayons articulés,, très-courts et inégaux, qu'on a nomu^és faux rayons, ou rayons bâtards, et qui accompagnent la nageoire de la queue d'un si grand nombre de poissons. Enfiu la ligne latérale, plus voisine du dos que du ventre 5 n'offre pas de courbure très-sensible. Au reste, le goramj est brun avec des teintes DES POISSONS. 121 roiigeâtres plus claires sur les nageoires que sur le dos ; et les écailles de ses côtés et de sa partie infé- rieure , qui sont argentées et bordées de brun , font paroître ces mêmes portions comme couvertes de mailles. TOME MI. 16 L' O s P H R O N È M E G A L FoRSKAEL a VU sur les cotes d'Arabie cet osphro- iième, qu'il a inscrit parmi les scares , et que le pro- fesseur Gmelin a ensuite transporté parmi les labres, mais dont la véritable place nous paroît être à côté du goramj. Ce poisson est regardé comme très-veni- meux par les habitans des rivages qu'il fréquente j et dès-lors on peut présumer qu'il se nourrit de mol- lusques, de vers, et d'autres animaux marins, impré- onés de sucs malfaisans ou même délétères pour l'homme. Mais s'il est dangereux de manger de la chair du gai, il doit être très -agréable de voir cet ospliro- iième : il offre des nuances gracieuses, variées et bril- lantes; et ces humeurs funestes, dérobées aux regards par des écailles qiii resplendissent des couleurs qui émaillent nos parterres , offrent une nouvelle image du poison que la Nature a si souvent placé sous des fleurs. Le gai est d'un verd foncé; et chacune de ses écailles étant marquée d'une petite ligne transversale violette * Osphronemus gallus. Scarus gallus. Forskael;, Fauji. Arah. p. 26, tz. ii. Labrus gallus. Linné, édition de Cmeiin» HISTOIRE NATURELLE. 1^3 oiî pourpre, rospbronème paroît rajé de pourpre ou de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes bleues régnent de plus sur son abdomen. Les nageoires du dos et de Fanus sont violettes à leur base , et bleues dans leur bord extérieur; les pectorales bleues et vio- lettes dans leur centre; les thoracines bleues ; la cau- dale est jaune et aurore dans le milieu , violette sur les côtés , bleue dans sa circonférence ; et l'iris est rouge autour de la prunelle , et verd dans le reste de son disque. Le rouge , Forangé , le jaune , le verd , le bleu , le pourpre et le violet, c'est-à-dire, les sept couleurs que donne le prisme solaire, et que nous vojons briller dans Farc-en-ciel, sont donc distribuées sur le gai, qui les montre d'ailleurs disposées avec goût, et fondues les unes dans les autres par des nuances très- douces *. Ajoutons , pour achever de donner une idée de cet osphronème , que sa lèvre inférieure est plissée de chaque côté; que ses dents ne forment qu'une rangée; que celles de devant sont plus grandes que celles qui * 5 rayons à la membrane des branchies. 8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoire du dos. 14 rayons à chacune des pectorales. I aiguillon et ^ rayons articulés à chacune des thoracines. 3 aiguillons et 12 rayons articulés à celle de l'anus. i5 rayons à celle de la queue. 1^4 HISTOIRE NATURELLE. les suivent, et un peu écartées l'une de l'autre; que la ligne latérale se courbe vers le bas, auprès de la fin de la nageoire dorsale ; et que les écailles sont striées, foiblement attachées à l'animal, et membra- neuses dans une grande partie de leur contour. SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE, LESTRICHOPODES. JJn seul rayon beaucoup plus long que Je corps, à chacune des nageoires thoracines; une seule nageoire dorsale. I. Le trichopode MEN 1 ON N 1 ER. ESPÈCES, CARACTÈRES. La bouclie dans la partie supérieure de la tête ; la mâchoire inférieure avancée de ,„"/'/ . . X ] manière à représenter une sorte de men- l. ton. 2. Le TRICHOPODE (La tète couverte de petites écailles; les TRiCHOPTÈRE. } rayons des nageoires pectorales prolongé» {Tricliopcdus trichopterns.) y en très-longs filaœens. LE TRÏGHOPODE MENTONNIERE. C'est encore le savant Commerson qui a observé ce poisson , dont nous avons trouvé un dessin fait avec beaucoup de soin et d'exactitude dans ses précieux manuscrits. La tète de cet animal est extrêmement remarquable; elle est le produit bien plutôt singulier que bizarre d'une de ces combinaisons de formes plus rares qu'ex- traordinaires, que l'on est surpris de rencontrer, mais que Ton devroit être bien plus ëtoniié de ne pas avoir fréquemment sous les jeux, et qui n'étant que de nouvelles prenves de ce grand principe que nous ne cessons de chercher à établir, tout ce qid peut être, existe, méritent néanmoins notre examen le plus attentif et nos réflexions les plus profondes. Elle présente d'une manière frappante les principaux caractères de la plus noble des espèces, les traits les plus recon- Fioissables de la face auguste du suprême dominateur des êtres; elle rappelle le chef-d'œuvre de la création ; ell»e montre en quelque sorte un exemplaire de la figure humaine. La conformation de la mâchoire in- férieure , qui s'avance, s'arrondit, se relève et se recourbe, pour représenter une sorte de menton 3 le ■ I I I III II HM^iWN I I iWWM^q^HiM^V.^^^^aB ^ Tricliopodiis mentuiTi. Gouramy, ou gouramie. HISTOIRE NATURELLE. 1 27 Jéger enfoncement qui suit cette saillie ; la position de la bouche, et ses dimensions; la forme des lèvres j la place des jeux, et leur diamètre; des opercules à deux lames , que Ton est tenté de comparer à des joues ; la ^ convexité du front; l'absence de toute écaille propre- ment dite de dessus l'ensemble de la face, qui, revêtue uniquement de grandes lames, paroît comme couverte d'une peau; toutes les parties de la tète du menton- nier se réunissent pour produire cette image du visage de l'homme, aux jeux de ceux sur-tout qui regardent ce trichopode de profil. Mais cette image n'est pas complète. Les principaux linéamens sont tracés : mais leur ensemble n'a pas reçu de la justesse des propor- tions une véritable ressemblance ; ils ne produisent qu'une copie grotesque, qu'un portrait chargé de détails exagérés. Ce n'est donc pas une tête humaine que l'imagination place au bout du corps du poisson mentonnier • elle j suppose plutôt une tète de singe ou de paresseux; et ce n'est même qu'un instant quelle peut être séduite par un commencement d'illusion. Le défaut de jeu dans cette tète qui la frappe, labsence de toute phjsionomie, la privation de toute expression sensible d'un mouvement intérieur, font bientôt dispa- roître toute idée d'être privilégié , et ne laissent voir qu'un animal dont quelques portions de la face ont dans leurs dimensions les rapports peu communs que nous venons d'indiquer. C'est le plus saillant de tes rapports que j'ai cru devoir désigner par le nom 128 HISTOIRE NATURELLE. spécifique de mentonnière de même que j'ai fait allusioti par le mot trichopodc (pieds en forme de filamens) au caractère de la famille particulière dans laquelle j'ai pensé qu'il falloit l'inscrire. Chacune des nageoires thoracines des poissons de cette famille , et par conséquent du. mentonnier, n'est composée en effet que d'un rayon ou filament très- délié. Mais cette prolongation très-molle, au lieu d'être très-courte et à peine visible, comme dans les mono- dactjles, est si étendue , qu'elle surpasse ou du moins égale en longueur le corps et la queue réunis. Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et cette queue très-comprimés, assez hauts vers le milieu de la lon- gueur totale de l'animal; la nageoire dorsale et celle de l'anus, basses, et presque égales l'une à l'autre; la caudale rectiligne; et les pectox^ale^ courtes , larges et arrondies *. * A la nageoire du dos i8 rayon& à chacune des thoracines i à la nageoire de l'anus i8 LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE *. Ce tricliopode est distingué du précédent par plu- sieurs traits que l'on saisira avec facilité en lisant la description suivante. Il en diffère sur-tout par la forme de sa tète, qui ne présente pas cette sorte de masque que nous avons vu sur le menton nier. Cette partie de l'animal est petite et couverte d'écaillés semblables à celles du dos. L'ouverture de la bouche est étroite, et située vers la portion supérieure du museau pro- prement dit. Les lèvres sont extensibles. La nageoire du dos est courte, pointue, ne commence r|u'à l'en- droit où le corps a le plus de hauteur , et se termine h une grande dislance de la nageoire de la queue. II est à remarquer que celle de l'anus est, au contraire, très-longue; qu'elle renferme, h très-peu près, quatre fois plus de rajons que la dorsale ; qu'elle touche pres- que la caudaie; qu'elle s'étend beaucoup vers la tête, et que, par une suite de cette disposition , lorifice de l'anus, qui la précède, est très-près de la base des tho-» racines. * Triclîopodus trichopterus. Labrus iûchoTpterus. Lin Jiéj édition de Cmelin, Pallas, Spicil. zoolog, 8 , p. 45. Sparus, etc. Koelreuterj Nov. Coimn. Petrop. IX, 77.452, n. 'j^tab. i?. Labre crin. Bonnaterre, planches de V ^encyclopédie méthodique. TOME 111. 17 1 3o HISTOIRE NATURELLE. Ces dernières nageoires ne consistent chacune que dans un rnyou ou filament plus long que le corps et la queue considérés ensemble *; et de plus, chaque pectorale, qui est très-étroite, se ternn'ue par un autre filameut très-alongé, ce qui a fait donner au poisson dont nous parlons le nom de iric/ioplcre, ou cVaile d Jilameiil. Nous lui avons conservé ce nom spécifique 3 mais au lieu de le laisser dans le genre des labres ou des spares , nous avons cru, d'après^ les principes qui nous dirigent dans nos distributions méthodiques, devoir le comprendre dajis une petile famille parti- culière, et le placer dans le même genre que le men- tonnier. Le trichoptère est onde de diverses nuances de brun. On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, une tache ronde, noire, et bordée d'une couleur plus claire. Des taches brunes sont répandues sur la tête dont la teinte est, pour ainsi dire, livide ) et la nageoire de la queue, ainsi que celle de l'anus, sont poiutiiiées de blanc. Ce trichopode ne parvient guère qu'à un décimètre de longueur. On le trouve dans la mer qui baigne les grandes Indes. 4 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. g rayons à chacune des pectorales. I rayon à chacune des ihoracines. 4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de l'anuy, 16 rayons à celle de la cjueue, qui est fourchue. SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES MONODACTYLES. U/i aeul rayon très-court et à peine risibJe à chacjue nageoire thoracine ; une seule nageoire dorsale, ESI'ÈCE. CARACTERES. Le monod. FALCiFORME. J^'' "ageoire du dos, et celle de l'anus, e« [Moiwdactjlus fulcijormis.)] ^"^'"'^ ^^ ^""^'^ ' "'^'e de la queue eu crois^ I sniit. , t i ; , LE MONODACTYLE FALCIFORME Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont nous avons trouvé la description et la figure dans les manuscrits de Commerson. Nous l'avons placé dans un genre particulier que nous avons appelé monodactyle, c'est-à-dire, à un seul doigt, parce que chacune de ses nageoires thoracines , qui représentent en quelque sorte ses pieds, n'a qu'un rajon très-court et aiguil- lonné, ou, pour parler le langage de plusieurs natu- ralistes, n'a qu'un doigt très-petit. Le nom spécifique par lequel nous avons cru devoir d'ailleurs distinguer cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses nageoires du dos et de l'anus, dont la figure ressemble un peu à celle d'une faux. Ces deux nageoires sont de plus assez égales en étendue, et touchent presque la nao"eoire de la queue , qui est en croissant. L'anus est presque au-dessous des nageoires pectorales , qui sont pointues. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est peu éloignée. L'opercule des branchies est coniDOsé de deux lames , dont la postérieure paroît irrégulièrement festonnée. Les jeux sont gros. L'ou- verture de la bouche est petite : la mâchoire supérieure * Monodactylus falciformis. PsetUis spinis pinnarum ventralium loco àws^^wi. Commerson, viamis--- criis dcja cités. HISTOIRE NATURELLE. 1 33 présente une forme demi - circulaire , et des denfs courtes, aiguës et serrées; eJle est d'ailleurs exten- sible et embrasse l'inférieure. La lanorne est larpe , arrondie à son extrémité, amincie dans ses bords, rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque côté du museau, deux orifices de narines, dont l'anté- rieur est le plus petit et quelquefois le plus élevé. La concavité des arcs osseux qui soutiennent les bran- chies , présente des protubérances semblables à des dents, et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le corps et la queue sont très - comprimés , couverts d'écaillés petites, arrondies et lisses, que l'on retrouve avec des dimensions plus petites encore sur une par- tie des nageoires du dos et de l'anus, et resplendis- sans d'une couleur d'argent , mêlée sur le dos avec des teintes brunes. Os mêmes nuances obscures se montrent aussi sur la portion antérieure de la nageoire de l'anus et de celle du dos, ainsi que sur les pecto- rales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incar- nate. Le monodactjle falciforme ne parvient ordinai- rement qu'à une longueur de vingt-six centimètres *. * 7 rayons à la membrane des branchies. 33 rayons à la nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. I rayon aîguiiionné à chacune des thoracines» 3 aiguillons et 3o l'ayons à celle de l'anus. SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES PLECTORHINQU ES. Une .-^cide nageoire dorsale j point d'aiguillons isolés an^ devant de la nageoire du dos, de earcne latérale, ni de y élite nageoire au-devant de eelle de F anus; les lèvres j) lissées et contournées; une ou plusieurs lames de Voper-- Lule branchial, dentelées. ESPECE. CARACTERES. f Treize aiguillons à la nageoire du dos ^ de grandes taches irrégulières chargées de [Vicaovhin. diœlodonouies.)\ taclies beaucoup plus foncées, inégales, et (. presque rondes. LE PLECTORH. CHÉTODONOIDE Le mot plectorJiiiujne désigne les plis extraordinaires que présente le museau de ce poisson, et qui forment, avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux caractères génériques. Nous avons employé de plus, pour cet osseux , le nom spécifique de cliétodonoide, parce que l'ensernble de sa conformation lui donne de très-grands rapports avec les chétodons, dont l'histoire ne sera pas très-éloignée de la description du plecto- rhinquc. Ce dernier animal leur ressemble d'ailleurs par la beauté de sa parure. Sur un fond d'une cou- leur très-foncée, paroissent, en effet, de chaque côté, sept ou huit taches très-étendues, inégales, irrégu- lières, mais d'une nuance claire et très -éclatante , variées par leur contour, agréables par leur disposi- tion, relevées par des taches plus petites, foncées, et presqae toutes arrondies, qu'elles renferment en nombre plus ou moins grand. On peut voir aisément, parle mojen du dessin que nous avons fait graver, le bel effet qui résulte de leur figure, de leur ton, de leur distribution, d'autant plus qu'on apperçoit des taches qui ont beaucoup d'analogie avec ces pre- mières, à l'extrémité de toutes les nageoires, et siu^- * Plectorliinchus chsetodonoïdes. l36 HISTOIRE NATURELLE. tout de la partie postérieure de la nageoire du dos. Cette nageoire dorsale montre une sorte d'échancrure arrondie qui la divise en deux portions très-coiiti- guës , mais faciles à distinguer, dont Tune est soutenue par i3 rayons aiguillonnés, et l'autre par 20 rajons articulés *. Les thoracines et la nageoire de l'anus pré- sentent h peu près la même forme et la même surface Tune que l'autre : les deux premiers rajons qu'elles comprennent, Sont aiguillonnés; et le second de ces deux piquans est très-long et très-fort. La nageoire caudale est rectiligne ou arrondie. Il n'j a pas de ligne latérale sensible. La tête est grosse, comprimée comme le corps et la queue , et revêtue , ainsi que ces dernières parties , d'écaillés petites et placées les unes au-dessus des autres. Des écailles semblables recouvrent des appendices charnus aux- quels sont attachées les nageoires thoracines, les pec- torales, et celle de l'anus. L'œil est grand ; l'ouverture de la bouche petite; le museau un peu avancé, et comme caché dans les plis et les contours charnus ou membraneux des deux mâchoires. Nous avons décrit cette espèce encore inconnue des naturalistes, d'après un individu de la collection hol- landoise donnée à la France. * j5 rayons à chacune des nageoires pectorales. 2 rayons aiguillonnés et i3 rayons articulés à celle de l'anus. 18 rayons à celle de la cjueue. SOIXANTE-QUIiNZIÈME GENRE. LES POGONIAS. Une seule nageoire dorsale^ point (Taiguillons isolés au- devant de la nageoire du dos, de carène latérale, ni de petite nageoire au-devant de celle de Vanus; un très- grand nombre de petits barbillons à la mâchoire infé- rieure. ESPECE. CARACTÈRES. ILes opercules recouverts d'écailles sem- blables à celles du dos; quatre bandes transversales , et d'une couleur très-fon- cée ou très-vive. TOME m. 18 LE POGONIAS FASCE*. Nous donnons ce nom de pogonias à un genre dont aucun individu n'a encore été connu des naturalistes. Cette dénomination signifie barbu, et désigne le grand nombre de barbillons qui garnissent la mâchoire infé- rieure, et, pour ainsi dire, le menton de l'animal. Nous avons décrit et fait figurer l'espèce que nous distinguons par l'épitliète d^fascé, d'après un poisson très-bien conservé, qui faisoit partie de la collection du stathouder à la Haje, et qui se trouve maintenant dans celle du Muséum national d'histoire naturelle. Ce pogonias a la tête grosse ; les jeux grands ; la bouche large ; les lèvres doubles ; les dents des deux mâchoires aigués, égales, et peu serrées; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; l'opercule composé de deux lames et recouvert d'écaillés arron- dies comme celles du dos, auxquelles elles ressemblent d'ailleurs en tout; la seconde lame de cet opercule branchial terminée en pointe ; la nageoire du dos étendue depuis l'endroit le plus haut du corps jusqu'à une distance assez petite de l'extrémité de la queue, et presque partagée en deux portions inégales par une sorte d'échancrure cependant peu profonde ; un *■ Pogonias fasciatns.- HISTOIRE NATURELLE. 1 89 aiguillon presque détaché au-devant de cette nageoire dorsale et de celle de Faniis ; cette dernière nageoire très-petite et inférieure même en surface aux tliora- cines, qui néanmoins sont moins grandes que les pec- torales j la caudale rectiligne ou arrondie; les cotés dénués de ligne latérale; la mâchoire inférieure gar- nie de plus de vingt fîlamens déliés, assez courts, rapprochés deux à deux, ou trois à trois, et représen- tant assez bien une barbe naissante *. Quatre bandes foncées ou vives; étroites, mais très- distinctes, régnent de haut en bas de chaque coté du pogonias fascé; de petits points sont disséminés sur une grande partie de la surface de l'animal. * A la nageoire dorsale 33 rayons, à chacune des pectorales i3 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 8 i celle de la queue j(j SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES BOSTRYCHES. Le corps alongé et serpentifonnej deux nageoires dor- sales- la seconde séparée de celle de la cjneue-^ deux barbillons à la mâchoire supérieure- les yeux assez PTa?ids et sans Toih\ o ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le eostryche CHiNOis.fLa couleur brune. {^Boclrychus sinensis.) (^ 2. Le EOSTRYCHE TACHETÉ, j De très - petites taclies vertes sur tout le {^Bosirjchiis maciilalus.) (_ corps. LE BOSTRYCHE CHINOIS'. C'est dans les dessins chinois dont nous avons déjà parlé, que nous avons trouvé la figure de ce bos- trvche , ainsi que celle du bostrjche tacheté. Les bar- billons que ces poissons ont à la mâchoire supérieure, et qui nous ont indiqué leur nom générique', les distingueroient seuls des gobies , des gobioïdes , des gobiomores et des gobiomoroïdes , avec lesquels ils ont cependant beaucoup de rapports par leur confor- mation générale. Nous ne doutons pas que ces osseux n'aient des nageoires au-dessous du corps, et ne doivent être compris parmi les thoracins , quoique la position dans laquelle ils sont représentés, ne permette pas de distinguer ces nageoires. Au reste , si de nou- velles observations apprenoient que les bostrjches n'ont pas de nageoires inférieures, ils n'en devroient pas moins former un genre séparé des autres genres déjà connus- il sufïiroit de les retrancher de la colonne des thoracins, et de les porter sur celle des apodes. On les j rapprocheroit des murènes, dont il seroit néan- moins facile de les distinguer par la forme de leurs yeux et les dimensions ainsi que la position de leurs ' Bostrychus sinensis. * Bostrjchos en grec veut ù'ne /Iluînentj barkillou, etc. 142 HISTOIRE NATURELLE. nageoires. Ajoutons que cette remarque relative à l'absence de nageoires inférieures et au déplacement qui en seroit le seul résultat, s'applique au genre des bostrjchoïdes dont nous allons parler. Le bostrjche chinois est d'une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoire qui termine cette partie, une belle tache "bleue , entourée d'un cercle jaune vers le corps et rouge vers la nageoire. L'animal ne paroit revêtu d'aucune écaille facile à voir. Sa tête est grosse; l'ou- verture de sa bouche arrondie; l'opercule branchial d'une seule pièce j la première nageoire dorsale très- courte relativement à la seconde; celle de l'anus , semblable et presque égale à la première dorsale , se montre au-dessous de la seconde nageoire du dos 3 celle de la queue est lancéolée. Les mouvemens et les habitudes du bostrjche chinois doivent ressembler beaucoup à ceux des murènes. LE BOSTRYCHE TACHETE*. ^E bostryclie diffère du chinois par quelques unes? de ses proportions , par plusieurs de ces traits vagues de conformation que l'œil saisit et que la parole rend difficilement , et par les nuances ainsi que la disposi- tion de ses couleurs. Il est , en effet , parsemé de très- petites taches vertes. * Bostrychus maculatus. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES BOSTRYCHOiDES. Le corps alongé et serpentifonne j une seule nageoire dorsale; celle de la queue séparée de celle du dos; deux barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez fi'rands et sans Toile* o ESPÈCE. CARACTÈRES. ILa nageoire de l'anus basse et longue; celle du dos, basse et très-longue; une tache verte entourée d'un cercle rouge, de chaque côté de l'extrémité de la queue. LE BOSTRYCIIOIDE (EILLÉ*. Ce poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Muséum dliistoire naturelle de France. Sa tête , son corps et sa queue sont couverts de petites écailles ; sa tête est moins grosse que la partie antérieure du corps. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies ; celle de la queue est lan- céolée. La couleur de l'animal est brune, avec des bandes transversales plus foncées, et un très -grand nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à une prunelle entourée de son iris, paroît de chaque coté de l'extrémité de la queue. La conformation générale de ce poisson doit faire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostrjches , a beaucoup de rapports avec les habitudes des murènes. * Bostryclioïdes oculatus. TOME II [. 19 SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES É C H É N É I S. Une phujiie très-grande, ovale, composée de lames trans- versales, et placée sur la téte,_ qui est déprimée. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. L'ÉCHÉNÉis RÉMORA. fMolns de vingt et plus de seize paires de [Echencis rémora.) (. lames, à la plaque de la tête. 2. L'ÉCHÉNÉIS NAUCRATE. Jpius de vingt-deux paires de lames à la {Echeneis naucrales.) {^ plaque de la télé. 3. L'ÉCHÉNÉIS RAYÉ. jMoins de douze paires de lames à la plaqua [Echeneis lineala.) \ de la tête. 7"t>fne S I. i:CIIE]\EIS J^^mora.. 2 E CHENE I.' 3. IjABRE Larçe-jQrieue L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA*. i^'iiiSTOiRE de ce poisson présente un phénomène relatif à l'espèce hnmaine , et que la philosophie ne dédaignera pas. * Echeneis rémora. Héuiore. Sucet. Arrête-neF. Pilote. Hemelioo. o Siicking fisli , en Angleterre. Siigger, dans plusieurs endroits de la B-elgique et de la Hollande^ Pieîj^ pogador , en Portugal. Piexe pioltho , ihid. Echeneis rémora. Linné j édition de Gwelin. Échène réœore. Daubenton, En<:jclopédie méthodique. id. Bonnaterre 3 j)laiiches de V Encyblojiédie méthodique. Eclieneis rémora. Commerson , manuscrits déjà cités, Id. Forskaelj Faun. Arabie, p. ig. ^ Blochj pi. 172. Artedi, gen. i5 , syn. 28. Sucet o;/ rémore. Duhamel , Traité des pêches ^ seconde partir , quatrième section j chap. 4 , art. 6^ p. 56 , pi. ^ifig' 5. Rémore ou rémora. Valmont-Bornare , Dictionnaire d'histoire naturelle. 'Ej(;;ev«K. Arist. lib. 2 , cap. 1 4. ïd. Mlian. lib. 2 , cap. 17, p. qS. Id. Oppian. Hal. lib. i , p. 9. Eclieneis. Plin. lib. 9 , cap. 26 ; et lib. 32 , cap. i. ïd. Wotton, lib. 8 , cap. 166 ^fol. 149, a. Echineis. Cuba, lib. 3 , cap. 34. 148 HISTOIRE NATURELLE Depuis le temps d'Aristote jusqu'à nos jours, cet anima] a été l'objet d'une attention constante; on Ta examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes, considéré dans ses efî'ets : on ne s'est pas,contenté de lui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés absurdes , des forces ridicules ; on fa regardé comaie un exemple frappant des qualités occultes départies par la Nature à ses diverses productions ; il a paru une preuve convaincante de l'existence de ces qualités secrètes dans leur origine et inconnues dans leur essence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux des poètes , dans les comparaisons des orateurs , dans Achandes. Id. lib. 3 , cap. i ,/ «. Echeneis. Gesiier^ Aquat. p. 440. Rémora. Aldrovand. lib. 3, cap. 22 , p. 336. Id. Raj. p. 71. ïd. Rondelet j Hist. des poissons^ part, i , lib. i5 , chap. 17, Echeneis rémora. Appendlxdu Voyage à la Noiuelle-Galles méridionale , par Jean TVhile , premier chirurgien de l'expédition commandée par le capitaine Philipp, p, 296, pi. G^^fig. 3. Willughby , Ichlhjol. append.p. 5, tab. (^^fig. 2. Eclieneis. Amœnit. académie. ï ^ p. 6o3. Grotiot'. Mus. I , p. 12 , 72. 33 ; et Zooph. p. y5 , n. 206. Echeneis caerulescens , ore retuso. Klein^Miss. pisc. 4, p. 5i , n. i, Kemora corpore tereti. Petii'er, Gazoph. l. 44, tab. 12. Adam Olearii, Gottorjîsche \unstT\ammer , p . 42, tau. 25, BelloUj Aquat. p. 440. Sloan. Jamaïc. l , /?. 8. Catesb. Carolin, 2 , tab. 26. Bu Tertre, Antill. 2, p. 209, 222. .(vemoia. Edyi,'ards, lab. 2\o ^fig. infcr. DES POISSONS. î^ij les récits des voyageurs , dans les descriptions des naturalistes ; et cependant à peine , dans le moment où nous écrivons, Fimage de ses traits, de ses mœurs, de ses effets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélitév Écoutons, par exemple, au sujet de ce rémora, l'un des plus beaux génies de l'antiquité. « L'échénéis , dit Pline, est un petit poisson accoutumé à vivre au milieu des rochers : on croit que lorsqu'il s'attache à la carène des vaisseaux, il en retarde la marche; et de là vient le nom qu'il porte , et qui est formé de deux mots grecs , dont l'un signifie ye retiens, et Vautre navire. Il sert à composer des poisons capables d'amortir et d'éteindre les feux de l'amour. Doué d'une puissance bien plus étonnante, agissant par une faculté morale, il arrête l'action de la justice et la marche des tribunaux : compensant cependant ces qualités funestes par des propriétés utiles, il délivre les femmes enceintes des accidens qui pourroient trop hâter la naissance de leurs enfans ; et lorsqu'on le conserve dans du sel, son approche seule suffît pour retirer du fond des puits les plus profonds l'or qui peut v être tombé * ». Mais le naturaliste romain ajoute , avant la fin de la célèbre histoire qu'il a, écrite, une peinture bien plus étonnante des attributs du rémora; et vojons comment il s'exprime au commencement de son trente-deuxième livre. * Pj ! n e , lù>. 9 , chap^ 20. 100 HISTOIRE NATURELLE « Nous voici parvenus au plus haut des forces de ia Nature, au sommet de tous les exemples de son pouvoir. Une immense manifestation de sa puissance occulte se présente d'elle-même; ne cherchons rien au-delà , n'en espérons pas d'égale ni de semblable : ici la Nature se surmonte elle-même, et le déclare par des effets nombreux. Qiiy a-t-il de phis violent que la mer, les vents, les tourbillons et les tempêtes? Quels plus grands auxiliaires le génie de l'homme s'est- il donnés que les voiles et les rames? Ajoutez la force inexprimable des flux alternatifs qui font un fleuve de tout l'Océan. Toutes ces puissances et toutes celles qui pourroient se réunir à leurs efforts , sont enchaînées par un seul et très -petit poisson qu'on nomme êcJicnéis. Que les vents se précipitent , que les tempêtes bouleversent les flots , il commande à leurs fureurs, il brise leurs efforts, il contraint de rester immobiles des vaisseaux que n'auroit pu retenir aucune chaîne, aucune ancre précipitée dans la mer, et assez pesante pour ne pouvoir pas en être retirée. Il donne ainsi un frein à la violence, il dompte la rage des élémens , sans travail, sans peine , sans chercher à retenir, et seulement en adhérant: il lui suffit, pour surmonter tant d'impétuosité, de défendre aux navires d'avancer. Cependant les flottes armées pour la guerre se chargent de tours et de remparts qui s'élèvent pour que Ton combatte au milieu des mers comme du haut iles murs. O vanité humaine! un poisson très -petit DES POISSONS, l5ï rontient leurs éperons armés de fer et de bronze , et les lient enchaînées î On rapporte que , lors de la bataille d'Actium , ce fut un écliénéis qui , arrêtant le navire d'Antoine au moment où il alloit parcourir les rangs de ses vaisseaux et exhorter les siens , donna à la flotte de César la supériorité de la vitesse et l'avantage d'une attaque impétueuse. Plus récemment , le bâtiment monté par Caïus lors de son retour d'Andura à Antiuni, s'arrêta sous TefTort d'un échénéis : et alors le rémora fut un augure ; car à peine cet empereur fut-il rentré dans Rome , qu'il périt sous les traits de ses propres soldats. Au reste, son étonnement ne fut pas long, lorsqu'il vit que, de toute sa flotte, son quinquérème seul n'avançoit pas : ceux qui s'élancèrent du vaisseau pour en rechercher la cause , trouvèrent l'échénéis adhérent au gouvernail y et le montrèrent au prince indigné qu'un tel animal eût pu l'emporter sur quatre cents rameurs, et très-surpris que ce poisson , qui dans la mer avoit pu retenir son navire , n'eût plus de puis- sance jeté dans le vaisseau. Nous avons déjà rapporté plusieurs opinions, continue Pline, au sujet du pouvoir de cet échénéis (|ue quelques Latins ont nonimé rvmora. Quant à nous, nous ne doutons pas que tous les genre.*^ des habitans de la mer n'aient une faculté semblable. L'exemple célèbre et consacré dans le temple de Guide ne permet pas de refuser la même puissance à des conques marines*. Et de quelque manière que toiis ces * Yoyez, au sujet de ces coquilles, le chap. ^5 du Hv. 9 de Plitie. 102. HISTOIRE NATURELLE effets aient lieu, ajoute plus bas l'éloquent naturaliste que nous citons , quel est celui qui, après cet exemple de la faculté de retenir des navires, pourra douter du pouvoir qu'exerce la Nature par tant d'effets spontanées et de phénomènes extraordinaires? « Combien de fables et d'erreurs accumidées dans ces passages, qui d'ailleurs sont des chefs-d'œuvre de stjle ! Accréditées par un des Romains dont on a le plus admiré la supériorité de l'esprit, la variété des connoissances et la beauté du talent, elles ont été presque universellement accueillies pendant un grand nombre de siècles. Mais l'on n'attend pas de nous une inythologie ; c'est l'iu'stoire de la Nature que nous devons tâcher d'écrire. Cherchons donc uniquement à faire connoître les véritables formes et les habitudes du rémora. Nous allons réunir, pour j parvenir, les observations que nous avons faites sur un grand iîom]3re d'individus conservés dans des collections , avec celles dont des individus vivans avoient été l'objet, et que Conimerson a consignées dans les manuscrits qui nous ont été confiés dans le temps par Buffon. La longueur totale de l'animal égale très-rarement trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache; et ce qu'il faut remarquer avec soin , la teinte en est la même sur la partie inférieure et sur la partie supé- rieure de l'animal. Ce fait est une nouvelle preuve de ce que nous avons djt au sujet des couleurs des poissons, dans notre Discours sur la nature de ces DES POISSONS. I 53 animaux : en effet, nous allons voir, vers la fin de cet article, qne, par une suite des habitudes du rémora, et de la manière dont cet écbénéis s'attache aux rochers , aux vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit être aussi souvent exposé que son dos aux rajons de la lumière. Les nageoires présentent quelques nuances de bleuâtre. L'iris est brun , et montre d'ailleurs un cercle doré. Une variété que Ton rencontre assez fréquemment , suivant Commerson , et que Ton voit souvent attachée au même poisson, et, par exemple, au même squale que les individus bruns , est distinguée par sa couleur blanchâtre. Le corps et la queue sont couverts d'une peau molle et visqueuse , sur laquelle on ne peut appcrcevoir aucune parcelle écailleuse qu'après la mort de l'animal, et lorsque les tégumens sont desséchés; et l'ensemble formé par la queue et le corps proprement dit , est d'ailleurs trcs-alongé et presque conique. La tête est très-volumineuse, très-aplatie, et chargée dans sa partie supérieure d'une sorte de bouclier ou de grande plaque. Cette plaque est alongée , ovale, amincie et mem- braneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt armé de petites lames placées transversalement et atta- chées des deux côtés d'une arête ou saillie longitudinale qui partage le disque en deux. Ces lames transversales TOME III. 20 l54 HISTOIRE NATURELLE et arrangées ainsi par paires, sont ordinairement art nombre de trente-six, on de dix-hnit paires : leur lon- gueur diminue d'autant plus (qu'elles sont situées plus près de l'une ou de l'autre des deux extrémités du bou- clier ovale. De plus, ces lames sont solides, osseuses, presque parallèles les unes aux autres , très-aplalies , couchées obliquement, susceptibles d'être un peu rele- vées, hérissées, comme une scie, de très-petites dents, et retenues par une sorte de clou articulé. Le museau est très-arrondi, et la mâchoire infé- rieure beaucoup plus avancée que celle d'en -haut, qui d'ailleurs est simple, et ne peut pas s'alonger à la volonté de l'animal : l'une et l'autre ressemblent à une lime, à cause d'un grand nombre de rangs de dents très-petites qui y sont attachées. D'autres dents également très- petites sont placées autour du gosier, sur une éminence osseuse faite en forme de fer à cheval et attachée au palais, et sur la langue, qui est courte , large, arrondie par-devant, dure , à demi cartilagineuse , et retenue en dessous par un frein assez court. Au reste, l'intérieur de la bouche est d'un incarnat communément très-vif, et l'ouverture de cet organe a beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur proportionnelle , avec l'ouverture de la bouche de la lophie baudroie. L'orifice des narines est double de chaque côté. Les jeux, placés sur les côtés de la tête, et séparés. DES POISSONS. i55 par toute la largeur du bouclier, ne sont ni voilés ni très-saillans. Deux lames composent chaque opercule des bran- chies , et une peau légère le recouvre. La membrane branchiale est soutenue par neuf rajons *. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave de leurs arcs est denticulée. Les nageoires thoracines offrent la môme longueur, mais non pas la même largeur, que les pectorales : elles comprennent chacune six rajons; le plus extérieur cependant touche de si près le rayon voisin, qu'il est très-difficile de l'appercevoir. La nageoire du dos et celle de l'anus préscnfent h peu près la même figure, la même étendue et îc même décroissement en hauteur, à mesure qu'elles sont plus près de celle de la queue, qui est fourchue. L'orifice de Fanus consiste dans une fente dont les bords sont blanchâtres. La ligne latérale est composée d'une série de points saillans; elle part de la base des nageoires pectorales;» s'élève vers le dos, descend auprès du milieu du corps, * A la nageoire du dos 22 rayons. à chacune des pectorales 25 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 22 à celle de la queue jj Vertèbres dorsales, 12. Vertèbres caudales, i5. l56 HISTOIRE NATURELLE et fend ensuite directement vers la nageoire de la queue. Telle est la figure du rémora , tracée d'après le vivant par Commerson , et dont j'ai pu vérifier les traits principaux , en examinant un grand nombre d'individus de cette espèce conserves avec soin dans diverses collections. Ce poisson présente les mêmes formes dans les diverses parties, non seulement de la Méditerranée, mais encore de l'Océan , soit qu'on l'observe à des latitudes élevées , ou dans les portions de cet Océan comprises entre les deux tropiques. Il s'attache souvent aux cétacées et aux poissons d'une très-grande taille, tels C|ue les squales, et par- ticulièrement le squale requin. Il y adhère très-forte- ment par le mojen des lames de son bouclier, dont les petites dents lui servent, comme autant de cro- chets, à se tenir cramponné. Ces dents, qui hérissent le bord de toutes les lames, sont si nombreuses, et multiplient à un tel degré les points de contact et d'adhésion du rémora, que toute la force d'un homme très -vigoureux ne peut pas suffire pour arracher ce petit poisson du côté du squale sur lequel il s'est accroché , tant qu'on veut l'en séparer dans un sens opposé à la direction des lames. Ce n'est que lorsqu'on cherche à suivre cette direction et à s'aider de l'incli- naison de ces mêmes lames, qu'on parvient aisément à détacher I echénéis du squale , ou plutôt à le faire DES POISSONS. 107 glisser sur la surface du requin , et à Teu écarter ensuite. Commerson rapporte * qu'ajant voulu approcher son pouce du bouclier d'un rémora vivant qu'il obser- voit , il éprouva nne force de cohésion si grande, qu'une stupeur remarquable et même une sorte de paraljsie saisit son doigt , et ne se dissipa que long- temps après qu'il eut cessé de toucher l'échénéis. Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, dans cette adhésion du rémora au squale, le premier de ces deux poissons n'opère aucune succion, comme on l'avoit pensé -, et la cohérence de l'échénéis ne lui sert pas immédiatement à se nourrir, puisqu'il n'j a aucune communication proprement dite entre les lames de la plaque ovale et Fintérieur de la bouche ou du canal alimentaire, ainsi que je m'en suis assuré, après Com- merson, par la dissection attentive de plusieurs indi- vidus. Le rémora ne s'attache, parle mojen des nom- breux crochets qui hérissent son bouclier, que pour naviguer sans peine , profiter, dans ses déj^lacemens, de mouvemens étrangers, et se nourrir des restes de la proie du recpiin , comme presque tous les marins le disent , et comme Commerson lui-même l'a cru vrai- semblable. Au reste, il demeure collé avec tant de constance à son conducteur, que lorsque le requin est" pris, et que ce squale, avant d'être jeté sur le pont, * Manuscrits déjà ciié.-.,- lS8 HISTOIRE NATURELLE éprouve des frottemens violens contre les bords du vaisseau, il arrive très -souvent que le rémora ne cherche pas à s'échapper, mais qu'il demeure cramponné au corps de son terrible compagnon jusqu'à la mort de ce dernier et redoutable animal. Commerson dit aussi que lorsqu'on met un rémora dans un récipient rempli d'eau de mer plusieurs fois renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver en vie pendant quelques heures, et que l'on voit pres- que toujours cet échénéis privé de soutien et de corps étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur le dos , et ne nager que dans cette position très-extraor- dinaire. On doit conclure de ce fait très-curieux, et qui a été observé par un naturaliste des plus habiles et des plus dignes de foi , que lorsque le rémora change de place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses propres forces, qu'il se meut sans appui, qu'il n'est pas transporté par un squale, par un cétacée ou par tout autre moteur analogue , et qu'il nage véritablement , il s'avance le plus souvent couché sur son dos, et par conséquent dans une position contraire à celle que presque tous les poissons présentent dans leurs mou- vemens. L'inspection de la ligure générale des rémora, et particulièrement la considération de la grandeur, de la forme , de la nature et de la situation de leur bouclier, doivent faire présumer que leur centre de gravité est placé de telle sorte qu'il les détermine à yoguer sur le dos plutôt que sur le ventre; et c'est ainsi DES POISSONS. 1*^9 que leur partie inférieure étant très - fréquemment exposée , pendant leur natation , à une quantité de lumière plus considérable que leur partie supérieure, et d'ailleurs recevant également un très-grand nombre de rayons lumineux, lorsque l'animal est attaché par son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n'est pas surprenant que le dessous du corps de ces échénéis présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces poissons. Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se coller contre quelque grand habitant des eaux, ils s'accrochent à la carène des vaisseaux ; et c'est de cette habitude que sont nés tous les contes que l'antiquité a imaginés sur ces animaux, et cjui ont été transmis avec beaucoup de soin, ainsi que tant d'autres absurdités, au travers des siècles d'is;norance. Du milieu de ces suppositions ridicules , il Jaillit cependant une vérité : c'est que dans les instans où la carène d'un vaisseau est hérissée, pour ainsi dire, d'un très-grand nombre d'échénéis, elle éprouve, en cinglant au milieu des eaux, une résistance semblable à celle que feroient naître des animaux à coquille tiès-nom- brcux et attachés également à sa surface , qu'elle glisse avec moins de facilité au travers d'un fluide que choquent des aspérités , et qu'elle ne présente plus la même vitesse. Et il ne faut pas croire qr:e les circons- tances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés- contre la charpente extérieure d'un navire , soient l6o HISTOIRE NATURELLE extrêmement rares dans tous les parages : il est des mers où Ton a vu ces poissons nnger en grand nombre autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes pour saisir les matières animales que l'on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des substances corrom- pues dont on se débarrasse, et même pour recueillir jusqu'aux excrëmens. C'est ce qu'on a observé particu- lièrement dans le golfe de Guinée ; et voilà j)our(|Uoi, suivant Barbot', les Hollandois qui fréquentent la côte occidentale d'Afrique, ont nommé h s rémora poissons cVordures, Des rasscmblemens semblables de ces éché- néis ont été apperçus quelquefois autour des grands squales, et sur-tout des requins, qu'ils paroissent suivre, environner et précéder sans crainte , et dont on dit qu'ils sont alors les pilotes; soit que ces poissons redou- tables aient, ainsi qu'on l'a écrit, une sorte d'antipathie contre le goût ou l'odeur de leur chair, et dès-lors ne cherchent pas à les dévorer; soit que les rémora aient assez d'agilité, d'adresse ou de ruse, pour échapper aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par exemple , un asjle sur la surface même de ces grands animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instans de leur plus grand danger, aussi -bien que dans les momens de leur plus grande fatigue. Ce sont encore des réunions analogues et par consécpient nombreuses de ces échénéis , que l'on a remarquées sur des rochers 1^' ' '■■ I I ■ ■■-— — — Il -*■ — — I ■ I. ■■ ■ .1 --.■ , 1^ , , . ,», I II ,,.,,., I, .. ,^^, ,„ M ^ Hist. générale des voyages ^ lii\ 3j p, 242. DES POISSONS. ï6l auxquels ils adhéroient comme sur la carène d'un vaisseau , ou le corps d\iii requin , sur-tout lorsque 1 orage avoit bouleversé la mer, qu'ils craignoient de se livrer à la fureur des ondes , et que d'ailleurs la tempête avoit déjà brisé leurs forces. TOM EUT. 21 L'ÉCHÉNÉIS N AU C RATE*. On trouve, dans presque toutes les mers, et particu- lièrement dans celles qui sont comprises entre les deux tropiques, cette espèce d'échénéis, qui ressemble beaucoup au rémora, et qui en diffère cependant non seulement par sa grandeur, mais encore par le nombre des paires de lames que son bouclier comprend, et par quelques autres traits de sa conformation. On lui a donné le nom de naucrate , ou de naucrciLçs , qui en grec signifie pilote , ou conducteur de vaisseau. Les. * Echcneis naucrates. Id, Linné, édition de Gnielin. Echène succet. Daubenton , Encyclopédie viélhnd'ique.- Id. Bonnaterre, -planches de V Encyclopédie méthodique,. Bloch, pi. 171. Echeneis caudâ iutegrâ , strils capitls viginti-quatuor. Hasselquist. Il, Palest. 324, n. 68. Gronow Zooph, p. yS , «. 262 ; et Mus. i , ;?. i3 , 7;. 84. Echeneis fuscus, pinnis posterioribus albo marginatis. Brown. Jamaic;, Echeneis, capite striis viginti quinque, etCi Commerso7ij ynanuscri/s déjà cités. Echeneis in extremo subroliinda. Seba, Mus. 3, iah 33, fig. 2- Echeneis vel rémora. Aldrovand. de Piscib. p. 335. Jonsl. de Piscibus, p. 16, tab. 4, fig. 3. Iperuquiba , et piraquiba. Marcgrav. Brasil.p. 180. Vf'ilhighby , Ichthyol. p. 119, tab. G, S^/ig. 2. Kemora imperati. Raj. Fisc. p. 7, n. 12. -Jgiemora. Petit. Gazoph. tab, 44, fig. 12. HISTOIRE NATURELLE. 1 63 individus qui la composent, parviennent quelquefois- jusqu'à la longueur de vingt-trois décimètres , suivant des mémoires manuscrits cités par le professeur Bloch, et rédigés par le prince Maurice de Nassau, qui avoit fait quelque séjour dans j)lusieurs contrées maritimes de l'Amérique méridionale. Le bouclier placé au-dessus de leur tête présente toujours plus de vingt -deux et quelquefois vingt -six paires de lames transversales et dentelées. D'ailleurs la nageoire de la queue du nau- crate , au lieu d'être fourchue comme celle du rémora, est arrondie ou rectiligne. De plus, les nageoires du dos et de l'anus, plus longues à proportion que sur le rémora, montrent un peu la forme d'une faux *. La figure de l'une de ces deux nageoires est sem- blable à celle de l'autre. L'ouverture de l'anus est alongée , et située, à peu près, vers le milieu de la longueur totale de l'échénéis; et la ligne latérale, com- posée de points très-peu sensibles, s'approche d'abord du dos, change ensuite de direction, et tend vers la (jueue, à l'extrémité de lacpielle elle parvient. Le naucrate offre des habitudes très-analoorues à celles du rémora; on le rencontre de même en assez * A la membrane des branchies 9 rayons, à la nageoire du dos 40 à chacune des pectorales 20 a chacune des thoracines 4 ou 5 à celle de l'anus 40 à cjlle de la queue 16 î64 HISTOIRE NATURELLE grand nombre autour des requins. Sesmouvemens ne sont pas toujours faciles : mais comme il est pkis grand et plus fort que le rémora, il se nourrit quelquefois d'animaux à coquille et de crabes \ et lorsqu'il adiière à un corps vivant ou inanimé, il faut des efforts bien plus grands pour l'en détacher que |)our séparer un rémora de son appui. Commerson, qui Ta observé sur les rivages de Fisle de France , a écrit que ce poisson fréquentoit très- souvent la côte de Mozambique, et qu'auprès de cette cote on employoit pour la pêche des tortues marines, et d'une manière bien remarquable, la facilité de se cramponner , dont jouit cet échénéis. Nous crojons devoir rapporter ici ce que Commerson a recueilli au sujet de ce fait très-cui ieux, le seul du même genre que l'on ait encore observé. On attache à la queue d'un naucrate vivant, un anneau d'un diamètre assez large pour ne pas incom- moder le poisson, et assez étroit pour être retenu par la nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet anneau. Lorsque Féchénéis est ainsi préparé , on le renferme dans un vase plein d'eau salée, (ju'ou renou- velle très -souvent ; et les pêcheurs mettent le vase dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les parages fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont l'habitude de dormir souvent à la surface de l'eau sur laquelle elles flottent; et leur sommeil est alors si léger, que l'approche la moins brnjante d'un bateau DES POISSONS. l6S pêcheur siiffiroit pour les réveiller et les faire fuir à de grandes distances, ou plonger à de grandes pro- fondeurs. Mais voici le piège que Ton tend de loin à la première tortne que l'on apperçoit endormie. On remet dans la mer le naiicrate garni de sa longue corde: l'animal, délivré en partie de sa captivité, cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On lui lâche une longueur de corde égale à la distance qui sépare la tortue marine , de la barque des pêcheurs. Le naucrate , retenu par ce lien , fait d'abord de nou- veaux efforts pour se soustraire à la main qui le maî- trise ; sentant bientôt cependant qu'il s'agite en vain , et qu'il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle dont la corde est en quelque sorte le rajon , pour rencontrer un point d'adhésion, et par conséquent un peu de repos. Il trouve cette sorte d'asjle sous le plas- tron de la tortue flottante, s'j attache fortement par le mojen de son bouclier, et donne ainsi aux pêcheurs, auxquels il sert de crampon , le mojen de tirer à eux la tortue, en retirant la corde. On voit tout de suite la différence remarquable qui sépare cet emploi du naucrate, de l'usage analogue auquel on fait servir plusieurs oiseaux d'eau ou de rivage , et particulièrement des cormorans , des hérons et des butors. Dans la pêche des tortues faite par le moyen d'un échénéis , on n'a sous les jeux qu'un poisson contraint dans ses mouvemens , mais conser- vant la même tendance , faisant les mêmes efïbrls , 1 66 HISTOIRE NATURELLE. répétant les mêmes actes que lorsqu'il nage en liberté , cl n'étant qu'un prisonnier qui cherche à briser ses chaînes , tandis que les oiseaux élevés pour la pèche sont altérés dans leurs habitudes, et modifiés par lart de l'homme , au point de servir en esclaves vo- lontaires ses caprices et ses besoins. On a pu entrevoir dans deux de nos Discours généraux *, la cause de cette différence, qui mérite toute l'attention des phj- siciens. * Discours sur la nature des poissnnsj et Discours sur la durée des jsspèces. L' É C H É N É I s RAYÉ*. Le naturaliste anglois Archibald Menzies a donné, dans le premier volume des Transactions de la société- linnéenne de Londres, la description de ce poisson , qui diffère des deux échénéis dont nous venons de parler,, par le nombre des lames qui composent sa plaque ovale. En effet, cet osseux n'a que dix paires de stries transversales , dans Tespèce de bouclier dont sa tête est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale , au lieu d'être fourchue comme celle du rémora, ou rectiligne,. ou arrondie comme celle du naucrate, se termine en: pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. Les dents des deux mâchoires sont petites,., ainsi que les écailles qui revêtent l'animal. La cou- leur générale est d'un brun foncé , et relevée de chaque coté par deux raies blanches qui s'étendent depuis les jeux jusque vers le bout de la queue. L'échénéîs rajé se trouve dans le grand Océan , connu sous le nom de tner Pacijicjue ; on l'j a vu adhérer à * Echencis lineafa. Id. Archibald Menzies, Transact. de la scciéié linnéenne de Londres. ViOl. I» l68 HISTOIRE NATURELLE. des tortues. L'individu décrit par l'auteur aiiglois avoit treize centimètres de long *, * A la meaibiane branchiale lo rayons, à la nat'coire dorsale 33 à chacune tles jjcctoralos i8 k cliacune des thoracines 5 à celle de l'anus 33 à celle de la queue 14 SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. LES MACROURES. Deux nageoires sur le dos; la queue deux fois plus longue cjue le corps, ESPÈCE, CARACTÈRES. Le macrodre berglax. (^^ premier rayon de la première nageoire {MacrouTus bcrglu.i;.) \ ^«""^f ^^ » ^^"^^1^ par-devant j les écailles l aiguillonnées , et relevées en carène. TOME m; 22 LE MACROURE BERGLAX*. Auprès des rivages du Groenland et de l'Islande y habite ce macroure que Bloch et Gunner ont cru, avec raison, devoir placer dans un genre particulier. La longueur de sa queue sépare sa forme de celle des autres poissons thoracins , et donne un caractère particulier à ses habitudes , en accroissant l'étendue de son principal instrument de natation, et en douant cet osseux d'une force particulière pour se mouvoir avec vitesse au milieu des mers hjperboréennes. Long d'un mètre, ou environ, il fournit un aliment utile et quelquefois même abondant aux peuplades de ces côtes groenlandoises et islandoises, si peu favorisées par la Nature, et condamnées pendant une si grande partie de l'année à tous les effets funestes d'un froid excessif. Son nom de berglax vient des rapports qu'il a paru présenter avec le saumon que Ton nomme * Macroiirus berglax. Macrouius rupestris. Bloch, pi. 177. Coryphœnoïdes rupestris. Gunner , Act. Nidros, 3 y p. 48, tab. 3 ^ Jlg; ji. Minier j Prodrom. Z.oolog. Danicp. a^3 ^ n. 363. CorypliÊena rupestris. Xi/z/z^'^ édition de Gnielin, Id. Ot. Fabric. Faiin. Groenland.]). i54j n. m,. Ingmingoak. Id. ibid, Fiskligen brosme. Ingminniset. Cranz, Groenland, p. 14p.- Berglax, Sirom, Sondm. i , p. 2.67.. 1*1. 20 J'a//e .2yo. J M^CJZ-OURE 7}er//las.2 CORYFHEjVJE: D^rad^^i :}. CONVUd'EUli V<;i/ror,<,/e HISTOIRE NATURELLE. I^î îachs, ou îax, dans plusieurs langues du Nord, et des rochers au milieu desquels il séjourne fréquemment. Sa tête est grande et large ; ses yeun sont rouds et saillans; les ouvertures des narines doubles de chaque coté; et les deux mâchoires proprement dites, à peu près égales. Cependant le museau est très-avancé au- dessus de la mâchoire supérieure, qui est armée ordi- nairement de cinq rangées de dents ; et la mâchoire inférieure, qui n'en montre que trois rangées, est gar- nie d'un filament ou barbillon semblable , par sa forme, sa nature et sa longueur, à celui de plusieurs gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, blanche, et lisse comme le palais. Un opercule d'une seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. L'anus est plus près de la tète que de l'extrémité de la queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, dans une grande partie de sa direction. Deux nageoires s'élèvent sur le dos; la seconde est réunie avec celle de la queue, qui touche aussi celle de l'anus*; et les écailles qui recouvrent ce macrourc, ou , ce qui est la même chose, ce poisson à longue queue, sont relevées par une arête qui se termine en pointe ou en aiguillon. * A la membrane des brancliies 6 rayons. à la première nageoire du dos ii à la seconde 124 à chacune des pectorales ig à chacune des tlioracines 7 h, celle de l'anus 148 IJ51 HISTOIRE NATURELLE. Présentant d'ailleurs nn éclat argentin, ces écailles donnent une teinte très-brillante au berglax, dont la partie supérieure montre néanmoins une couleur plus foncée ou plus bleuâtre que l'inférieure ; et les na- geoires ajoutent quelquefois à la parure de l'animal, en offrant une nuance d'un assez beau jaune , et une bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. Le berglax fraje assez tard. On le pêche avec des lignes de fond * : lorsqu'il est pris, il se débat violem- ment , agite avec force sa longue queue , anime ses gros yeux, et se gonfle d'une manière assez analogue à celle que nous avons observée en parlant des tétro» dons. »■ I ^^"^^^ ■" ' IIW ■■ ■ ■■■! I MW^^II ■ ■■■■■■ ■^■^—^——^—^^——^^■^1^ * Voyez ce que nous avons dit des lignes de fond , dans l'histoire do. murè/ic congre. QUATRE-VINGTIÈME GENRE. LES CORYPHÈNES. Le sommet de la ieLe très-comprimé et connue tranchant par le liant, on trcs-éleçé et Jinissant snr le devant par un plan presqne vertical, on terminé antérienrement par un quart de cercle, on garni d'écaillés semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale, et cette nageoire du dos presque \anssi longue que le corps et, la queue. P R E M I E Pv S O U S - G E N R E. i« nageoire de la queue , fourcliue, ESPÈCES. CARACTÈRES. ISoiTiante rayons, ou environ , à K; nageoire cia clos ; plus de six rayons à la membrane des branchies ; plus d'un rang de dents <à chaque mâchoire; uncseuJe lame à cliaque opercule; -des taclies sur la plus grande partie du corps et de la queue. rCinqnante rayons , ou environ, à la nageoire 2. Le CORYPH. DORADON. j ^^" ào%-^ six rayons à la membrane bran- [Coryphœna anratiu) \ chiale ; des taches sur la partie supc'iievsr^ du corps et de la queue. 1 74 HISTOIRE ESPÈCE S. NATURELLE C AR ACTE HES. 3. Le coryph. chrtsurus. [Corjphœua chiysuriis.) 4. Le cor. scombéroïde {Corjphœna scomberoides.) 5. Le CCNRYPHÈNE ONDE. {Coryphœnci undulata.) C. Le coryph. pompile. ( Coryph, au a pompilus.) Cinquanfe-buit rayons à îa nageoire du dos; six rayons à la membrane tîes branchies; la langue osseuse datjs le milieu , et car- tilagineuse rians les borrls : un seul rang cle dents à chaque mâchoire; deux lames à chaque opère u!e ; des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. Cinquante-cinq rayons , ou environ , à la na- geoire du dos ; cette nageoire dorsale très- feston née au-dessus de la queue; la langue bisanguleuse par- devant , osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords; point de dents sur le devant du palais; ^^ point détaches sur le corps ni sur la queue. Cinquante-quatre rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; la ligne latérale droite ; des bandes transversales placées sur la nageoire dorsale, et s'étendant sur le dos et les côtés, où elles ondulent et se réu- nissent les unes aux autres. Trente-cinq rayons, ou environ, à la nageoire du dos; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure ; la ligne latérale courbe; des ban des transversales et étroites. DES POIS SONS. 175 SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la (jucue en croissant. ESPECES. 7. Le coryphène bleu. {^Corjphœna cœrulea.) 8. Le coryph. plumier. (Coryj)hœna Plumieri.) CARACTERES. Dix-neuF rayons, ou environ , à la nageoire du dos 5 les écailles grandes j toiile la siir- [ face du poisson , d'une couleur bleue. 'Quatre-vingts rayons, ou environ, à la na- geoire du dos ; un grand nombre de raies étroites, courbes et bleues , situées sur le dos. TROISIÈME S O U S - G E N R El- La nageoire de la cjiieue rectiUgne, E SP EC ES* g. Le coryphène rasoir. [Corjphœna novacula.) to.Le coryph. perroquet. {Coryphœna psiltacus.) ïT. Le coryphène camus. [Corjplicena sima.) CARACTERES. La partie supérieure terminée par une aréie aiguë; des raies bleuâtres , et croisées sur [ la tête et sur les nageoires. 'La nageoire dorsale commençant à l'occi- put, composée de trente rayons, ou en- viron, et très-basse, ainsi que celle de l'anus; la ligne latérale interrompue; des- raies longitudinales et vivement colorées sur les nageoires. iTrente-deux rayons à la nageoire du dos; la lèvre inférieure plus avancée que la- [ supérieure. 176 HISTOIRE NATURELLE. QUATRIÈME SOU S-G E N R E. La nageoire de la queue arrondie. ESl'ECES. CARACTERES. f'L'extr^mifë antérieure de .chaque mâclioîre garnie de deux dents aiguës, très-longues, 11. Le coryphÈne rayé. I et écartées l'une de l'autre ; les écailles [Corypha-nalineata.) \ grandes; la tête dénuée d'écaillés sem- blables à c( lies du dos , et présentant plu- sieuis bandes transversales. 'La nageoire du dos très-longue; celle de l'anus assez courte; la mâchoire inférieure i3. Le corypH. chinois. Ï plus avancée que la supérieure, et relevée; [Coryphœna sinensls.) \ de grandes écailles sur le corps et sur les opercules ; la couleur générale d'un vevd arçrenlin. CINQUIÈME SO U S-G E N R E. La nageoire de la queue lancéolée. ESPÈCE. CARACTERES. CORYPH. POIN' [Corjplicvna aculu. J4. Le CORYPH. POINTU. JQuarante-cinq rayons à la nageoire du dos; (.) |_ la ligne latérale courbe. DES POISSONS. 177 espèces dont la forme de la nageoire de la queue Jicst pas encore connue. ESPÈCES. CARACTÈRES. La nageoire du clos, celle de l'anus, et les thc racines , garnies x;hacune d'un long fila- ment. lô. Le coryphène verd. ( Coryphœna viridis ■ ) 16. Le coryph. casqué. rTrente-deux rayons à la nageoire du dos; [Corjphœna galeata.) \ une lame osseuse sur le soamiet de la tête. TOME TU. ^^ LE CORYPHÈNE HIPPURUS De tous les poissons qui habitent la haute mer, aucun ne paroît avoir reçu de parure plus magnifique que les corj phènes. Revêtus d écailles grandes et polies , réfléchissant avec vivacité les rajons du soleil, bril- lant des couleurs les plus variées , couverts d'or, pour ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du dia- mant et des pierres orientales les plus précieuses, ils ajoutent d'autant plus, ces corj phènes privilégiés, à la beauté du spectacle de l'Océan, lorsque, sous un ciel sans nuages, de légers zéphjrs commandent seuls aux ondes , qu'ils nagent fréquemment à la surface * Coryphijena hippurus. Dorade. Pvondanino, sur la cote de Gênes^ Lampugo, en Espagne. Dolphin , en Angleterre. Dorade, dans plusieurs autres endroits ds VEiiropet- Coryphaena hippurus. Linné ^ édition ds Gnielin. Bloch, pi. 174. Coryphène dofin. Dauhenton, Encyclopédie méthodique. îd. Bo'inaterre j planches de VEmyclopédie méthodique. OsbecTi, If. 807. Coryphfena caudâ bifurcû , e(c. Artedi, gcn, i5, syn, 28» l'tffOTyçê^. Ari.sf. Ub. 8 , cap, i5. id. Oppian. Ub. T, p. 8. Id, Aihen. Ub. 7, p. So^,. >'9 des eaux, qu'on les voit, en quelque sorte , sur le som- met des vagues , que leurs mouvemens très-agiles et très-répétés multiplient sans cesse les aspects sous lesquels on les considère , ainsi que les reflets éclatans qui les décorent, et que, voraces et audacieux, ils en- tourent en grandes troupes les vaisseaux qu'ils ren- contrent, et s'en approchent d'assez près pour ne rien dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la richesse des nuances qu'ils étalent. (>'est pour indiquer cette prééminence des coryphènes dans Téclat et dans îa diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélocité de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et pour faire allusion d'ailleurs à la hauteur à laquelle ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs écri- vains, ils ont reçu le nom générique qu'ils portent, et qui vient de deux mots grecs, dont l'un, Kopv(p7j , veut Plippurus. Ouid. v. ()5. Id. Plin. lib. g, cap. 16; et lih. 82, cap. ir. Lampugo. Rondelet j première partie j liu, 8 , chap, 18 , édition de Lyon, 2 558. lïippurus. Id. ibid. Ici. Gesner, p. 5oi et 428. — [Germ] fol. 44 , a. — Icon. animal, p. 75. Aldrov, lib. 3, cap. l'j^p- 3o6. Jonston. lib. i , tit. i , cap. i , a. 6 , tab. i. Charlet. p. 124. TVillughhy , Ichthyol. p. 2i3 , tab. O ,\ , fig- 5. Raj. p. 100 , 77. I. « Ec[uisele. Gaz. Arist. lib. 4, cap. 10; et lib. 8 , cap. ï5. Equiselis. Id. ibid. Hippurus pinnis braachialibus deauratis, etc. Klciiij Miss. pibc. 5, p, sS ^ n. 1,2. t8o HISTOIRE NATURELLE flire sominety et Tautre , i/£w , signifie yc72<7^c. On a éga- lement prétendu que la dénomination de coiyphènc,^ employée dès le temps des anciens naturalistes , dési- gnoit une des formes les plus remarquables des pois- sons dont nous parlons, c'est-à-dire, la position de leur nageoire dorsale, qui commence très-près du haut de la tète. Quelque o})inion que Ion adopte à cet égard ^ on ne peut pas douter que le nom particulier àliip- punis, ou de queue de cheval, donné à Tune des plus belles espèces de corjphène , ne vienne de la confor- mation de cette même nageoire dorsale , dont les rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les crins du cheval. Cet hippurus , qui est l'objet de cet article, parvient quelquefois jusqu'à une longueur d'un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi-bien que sa tête; l'ouverture de sa bouche très-grande; sa langue courte; ses lèvres sont épaisses; ses mâchoires garnies de quatre rangs de dents aiguës et recourbées en arrière. Un opercule composé d^une seule pièce couvre une large ouverture branchiale; la ligne laté- rale est fléchie vers la poitrine, et droite ensuite jus- qu'à la nageoire caudale, qui est fourchue *; les écailles sont minces, mais fortement attachées. * A la membrane des brancliies lo rayons. à la nageoire du dos 60 ,, à cliacune des pectorales 20 à chacune des thoracines 6 . à ctlle de l'anus 2.6. à celle de la q^iieue zo DES POISSONS. ï 8 i A Findi cation des formes ajoutons l'exposition des nuances , pour achever de donner une idée de ce superbe corjphène. Lorsqu'il est vivant, dans l'eau , et en mouvement, il brille sur le dos d'une couleur d'or très-ëclatante, mêlée à une belle teinte de bleu ou de verd de mer , que relèvent des taches dorées et le jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps est argenté. Les nageoires pectorales et thoracines présentent un jaune très-vif, à la splendeur duquel ajoute la teinte brune de leur base; la nageoire cau- dale, qui offre la même nuance de jaune , est d'ailleurs bordée de verd ; celle de l'anus est dorée ; et une dorure des plus riches fait remarquer les nombreux rajons de la nageoire dorsale , au milieu de la mem- brane d'un bleu céleste qui les réunit.- C'est ce magnifique assortiment de couleurs d*or et d'azur qui trahit de loin le corjphène hippurus, lors- que, cédant à sa voracité naturelle, il poursuit sans relâche les trigles et les exocets, dont il aime à se nourrir, contraint ces poissons volans à s'élancer hors de l'eau, les suit d'un regard assuré , pendant que ces animaux effrajés parcourent dans fair leur demi-cercle, et les reçoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l'ins- tant où, fatigués d'agiter leurs nageoires pectoral^s^ et ne pouvant plus soutenir dans l'atmosphère leur corps- trop pesant, ils retombent au milieu de leur fluide natal sans pouvoir j trouver un asjle. Non seulement les hippurus cherchent ainsi à satis- l82 HISTOIRE NATURELLE faire le besoin impérieux de la faim qui les presse, au milieu des bandes nombreuses de poissons moins grands et plus foibles qu'eux; mais encore, peu diffi- ciles dans le choix de leurs alimens , ils voguent en grandes troupes autour des vaisseaux , les accom- })agnent avec constance, et saisissent avec tant d'avi- dité tout ce que les passagers jettent dans la mer, qu'on a trouvé dans Festomac d'un de ces poissons jusqu'à cpiatre clous de fer, dont un avoit plus de quinze centimètres de longueur. Ou profite d'autant plus de leur gloutonnerie pour les prendre, que leur chair est ferme, et très-agréable au goût. Pendant le temps de leur frai, c'est-à-dire, dans le printemps et dans l'automne, on les pêche avec des filets auprès des rivages, vers lesquels ils vont déposer ou féconder leurs œufs; et dans les autres saisons, où ils préfèrent la haute mer, on se sert de lignes de fond * que la voracité de ces corjpbènes rend très-dangereuses pour ces animaux. Ce qui fait d'ailleurs (jue leur recherche est facile et avantageuse, c'est qu'ils sont en très-grand nombre dans les parties de la mer qui levu^ conviennent, parce qu'indépendam- ment de leur fécondité, ils croissent si vite , qu'on les voit grandir d'une manière très -prompte dans les nasses où on les renferme après les avoir pris en vie. * Voyez , sur les lignes de fond , rarticle de la raie bouclée, et celui de la muiciie confère. DES POISSONS. i83 Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes et même tempérées. On les trouve non seulement dans Je grand Océan équatorial, improprement appelé mer Pacififjue, mais encore dans une grande portion de rOcéan atlantique, et jusque dans la Méditerranée. LE CORYPHÈNE DORADON*. JN ous conservons ce nom de doradon à un coryphène qui a plusieurs traits communs avec l'hippurus , mais qui en diffère par plusieurs autres. Il en est séparé par le nombre des rajons de la nageoire dorsale, qui n'en renferme que cinquante ou environ , par celui des rajons de la membrane des branchies, qui vl^w com- prend que six, pendant que la membrane branchiale de riiippurus en présente sept et quelquefois dix , et de plus par la disposition des taches couleur d'or qui ne sont disséminées que sur la partie supérieure du corps et de la queue. D'ailleurs , en jetant les jeux sur une peinture exécutée d'après les dessins coloriés et origi- naux du célèbre Plumier, laquelle fait partie de la belle collection de peintures sur vélin déposées dans le Muséum d'histoire naturelle, et qui représente avec autant d'exactitude que de vivacité les brillantes * Coryphaena aurata. Coiyphcrna equiselis. Linné, édition de Grnelin. Coryphène doradon. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterrc y planches de V Encyclopédie méthodique. Dorado. Oshccli, Ti. 3o8. Guaracapema, Marcgrav. Brasil. -p. i6o. Id. JisOj Ind.p. i6o. JViUughhy , Ichtliyol, p. 214. Boj. Fisc. p. 100, n. 2. HISTOIRE NATURELLE. 1 85 nuances du doradon, on ne peut pas douter que ce dernier corjphène n'ait chacun des opercules de ses branchies composé de deux lames, 2:)endant que l'oper- cule de l'hippurus est formé d'une seule pièce. On pourra s'en assurer , en examinant la copie de cette peinture, que nous avons cru devoir faire graver*. Au reste, l'agilité, la voracité et les autres qualités du doradon , ainsi que les diverses habitudes de ce pois- son , sont à peu près les mêmes que celles de Thip- purus 5 et on le trouve également dans un grand nombre de mers chaudes ou tempérées. * A la membrane des brancliies 6 rayons, à la nageoire dorsale 53 à chacune des pectorales ig à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 23 à celle de la queue 20 TOME ÏH. 24 LE CORYPHÈNE CHRYSURUS*. C'est dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le grand Océan équatorial , que ce superbe corjphène a été vu par Commerson, qui accompagnoit alors notre célèbre navigateur Bougainville. Il Fa observé sur la fin d'avril de 1768, vers le 16*^ degré de latitude aus- trale, et le 170^^ de longitude. Au premier coup d'œii, on croiroit devoir le rapporter à la même espèce que riiippurus; mais en le décrivant d'après Commerson, nous allons montrer aisément qu'il en diffère par un grand nombre de caractères. Toute la surface de ce corvphène et particulière- ment sa queue brillent cFune couleur d'or très-écla- tante. Quelques nuances d'argent sont seulement répandues sur la gorge et la poitrine; et quelques teintes d'un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au milieu des reflets dorés du sommet du dos. Une belle couleur d'azur paroît aussi sur les nageoires, princi- palement sur celle du dos et sur les pectorales: elle est relevée sur les thoracines par le jaune d'une partie * Coryphaena chrysurus. Coryplius chrysurus. — Undique rleauratus ; dorso, pinnis, guttulisque îateralibus , caeruleis, caudâ ex auro flavescente. Commerson^ viamiscriîs déjà cités. Dorât de la mer du Sud. Id. ibid. HISTOIRE NATURELLE. I 87 des rajons , et sur celle de l'anus , par les teintes dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne se montre sur la nageoire de la queue que pour y former un léger liséré, et pour j encadrer, en quelque sorte, l'or resplendissant qui la recouvre, et qui a indiqué le nom du corjphène *. Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique parure du chrjsurus , que des taches bleues et lenti- culaires sont répandues sans ordre sur le dos , les •cotés et la partie inférieure du poisson, et scintillent au milieu de For, comme autant de saphirs enchâssés dans le plus riche des métaux. L'admirable vêtement que la Nature a donné au chrjsurus , est donc assez différent de celui de l'hip- purus , pour qu'on ne se presse pas de les confondre dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par des caractères encore plus constans et plus remar- quables. Le corps du chrjsurus , très-alongé et très-compri- mé, est terminé dans le haut par une sorte de carène aiguë qui s'étend depuis la tête jusqu'à la nageoire de la queue ; et une semblable carène règne en-dessous, depuis cette même nageoire caudale jusqu'à l'anus. La partie antérieure et supérieure de la tête repré- sente assez exactement un quart de cercle , et se termine dans le haut par une sorte d'arête aiguë. * Chrysurus signifie queue d'or» 1 88 HISTOIRE NATURELLE La mâchoire inférieure, qui se relève vers la suj3é- rieure, est un peu plus longvie que cette dernière^ Toutes les deux sont composées d'un os qu'hérissent des dents très-petites, très-courtes, très-aiguës, assez écartées l'une de l'autre, placées comme celles d'un peigne , et très-différentes, par leur forme, leur nombre et leur disposition, de celles de l'hippurus. On voit d'ailleurs deux tubercules garnis de dents très -menues et très -serrées auprès de l'angle inté- rieur de la mâchoire supérieure, trois autres tuber- cules presque semblables vers le milieu du palais, et un sixième tubercule très-analogue presque au-dessus du gosier. La langue est large , courte , arrondie par-devant , osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords. L'ouverture de la bouche est peu étendue : on compte de chaque côté deux orifices des narines; une sorte d'anneau membraneux entoure l'antérieur. Les opercules des branchies sont, comme la ièie , dénués de petites écailles ; ils sont de plus assez grands , et composés chacun de deux pièces, dont celle de devant est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière se prolonge également vers la queue , en appendice quelquefois un peu recourbé. Six rajons aplatis soutiennent de chaque côté une membrane branchiale, au-dessous de laquelle sont placées quatre branchies très-rouges, formées chacune de deux rangées de filamens alongés : la partie concave DES POISSONS. f 89 de lare de cercle osseux de la première et de la seconde est garnie de longues dents arrangées comme celles d un peigne; la concavité de lare de la troisième et de la quatrième ne présente que des aspérités. La nageoire du dos, qui commence au-dessus des jeux, et s'étend presque jusqu'à celle de la queue, comprend cinquante-huit rajons * : les huit premiers sont d'autant plus longs qu'ils sont situes plus loin de la têtej et la longueur des autres est au contraire d'au- tant moindre, quoiqu'avec des différences peu sen- sibles, qu'ils sont plus près de la nageoire caudale. L'anus est placé vers le milieu de la longueur totale de l'animal; et l'on voit entre cet orifice et la base des nageoires thoracines , un petit sillon longitudinal. La nageoire de la queue est fourchue, comme celle de tous les corjphènes du premier sous-genre; la ligue latérale serpente depuis le haut de l'ouverture bran- chiale, où elie prend son origine, jusqu'auprès de l'ex- trémité des nageoires pectorales, et atteint ensuite la nageoire de la queue en ne se fléchissant que j)ar dg légères ondulations; et enfin les écailles qui recouvrent le poisson, sont alongées , arrondies à leur sommet, lisses, et fortement attachées. * A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du dos 58 à chacune des pectorales 20 a. chacune des thoracînes 5 à la nageoire de l'anus 28 à.celle de la queue iS> 190 HISTOIRE NATURELLE On a donc pu remarquer sept traits principaux par lesquels le chrjsurus diiière de l'hippurus: première- ment, le nombre des rajons n'est pas le même dans la plupart des nageoires de ces deux coryphènes ; secon- dement, la membrane branchiale du chrjsurus ne ren- ferme que six rajons, il v en a toujours depuis sept jus- qu'à dix à celle de l'hippurus; troisièmement, le dos du premier est caréné, celui du second est convexe; qua- trièmement, l'ouverture de la bouche est peu étendue dans le chrjsurus, elle est très-grande dans l'hippurus; cinquièmement, les dents du chrjsurus sont confor- mées et placées bien différemment que celles de l'hip- purus; sixièmement, Fnpercule branchial du chrjsu- rus comprend deux lames, on ne voit qu'une pièce dans celui de l'hippurus; et septièmement, nous avons déjà montré une distribution de couleurs bien peu semblable sur l'un et sur l'autre de ces deux corj- phènes. Ils doivent donc constituer deux espèces dif- férentes , dont une , c'est-à-dire , celle que nous décri- vons, est encore inconnue des naturalistes; car elle est aussi très - distincte du corjphène doradon, ainsi qu'on peut facilement s'en convaincre, en comparant les formes du doradon et celles du chrjsurus. Au reste , les habitudes du corjphène qui fait le sujet de cet article, doivent se rapprocher beaucoup de celles de l'hippurus. En effet, Commerson ajant ouvert un chrjsurus qui avoit plus de sept décimètres de longueur, il trouva son estomac^ qui étoit alozigé DES POrSSONS. ïçii ût membraneux, rempli de petits poissons Yolans,et d'autres poissons très-peu vohnnineux. Il vit aussi s'agiter au milieu de cet estomac, et dans une sorte de pâte ou de chj'me, plusieurs vers filiformes, et de la longueur de deux ou trois centi- mètres. Ce vojageur rapporte d'ailleurs dans ]cs manuscrits qui m'ont été confiés dans le temps par Buflon , que lorsque les matelots exercés à la pêche ont pris un chrjsurus, ils l'attachent à une corde, et le suspendent à la proue du vaisseau , de manière que l'animal paroît être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils attirent et réunissent, par ce procédé , un assez grand nombre d'autres chrjsurus , qu'ils peuvent alors percer facilement avec une Joi/l/ie'*, Commerson ajoute que les chrjsurus l'emportent' sur presque tous les poissons de mer par le bon govit de leur chair, que Ton prépare de plusieurs manières ? et particulièrement avec du beurre et des câpres. * La foitnie est un peigne de fer atfaclié à un long manche. On donne aussi ce nom, ainsi que celui de Joèiie tt de foi/annej à une brociie terminée par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois ou un plus grand nombre de lames, pour former une fouannr, ou focne , ou fouine. D'autres fois on emploie ce-^ noms pour désigner une simple fourche. On attaclie l'insirument au bout d'une perche, et Vou s'en sert pour percer les poissons que l'on apperçoit au fond de l'eau, ou qui sont cacli(f! dans la vase , les enfiler et les retirer. LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIDE ^ Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- son la description de cette espèce de coryphène, que ce savant voyageur avoit vue, au mois de mars 1768, dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le grand Océan équatorial, vers le 18^ degré de latitude auslrale, et le 184^ degré de longitude , et par consé- quent à une distance de la ligne très-peu différente de celle où il observa, un ou deux mois après, le corjpliène chrjsurus. Le scombéroïde est d'une longueur intermédiaire entre celle du scombre maquereau et celle du hareng. Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle n'est pure que sur les côtés et sur le ventre. Une teinte brune mêlée de bleu céleste est répandue sur le dos ; cette teinte s'étend aussi sur le sommet de la tête, où elle est plus foncée, plus noir^itre, et mêlée avec des reflets dorés que Ton voit également autour des jeux et sur les lames des opercules. * Corypheena scomberoïdes. Covyphus argenteus. — Coryphus pinnâ dorsaîl longissimà radiorura .quinquag'inta quinque, osse quadratulo in mcdia litigua. — Et coryphus argenteus , immaculatus , pinnis fuscis , dorsali radiorum quinquaginta quinque, anali viginti quinque, caudâ bifurc/i t'uscescente, Comnicrson^ manuscrits déjà cités. Osteoglossus, ostéoglosse, ou languosseux de la mer du Sud. Id. ibld^ Petite dorade. Id. ibid. HISTOIRE NATURELLE. ï g? Toutes les nageoires sont entièrement brunes , ex- cepté les thoracines , dont la partie extérieure est blanche, et les pectorales, qui sont un peu dîorées. La mâchoire supérieure est plus courte que l'infé- rieure. Les os qui composent l'une et l'autre, sont hérissés d'un si grand nombre de petites dents tour- nées en arrière, qu'ils montrent la surface d'une lime, et qu'ils tiennent l'animal facilement suspendu à un doigt, par exemple , que l'on introduit dans la cavité de la bouche. La langue a une figure remarquable ; elle ressemble en quelque sorte à un ongle humain : elle est large , un peu arrondie par-devant , et néanmoins terminée par un angle à chaque bout de son arc antérieur; de plus, elle présente dans son milieu un os presque carré , et couvert de petites aspérités dirigées vers le gosier; sa circonférence est formée par un cartilage qui s'amincit vers le bord ; et un frein large et épais la retient par-dessous. La voûte du palais est entièrement lisse, excepté l'endroit le plus voisin du gosier, où l'on voit de petites élévations osseuses et denticulées. Deux lames arrondies par-derrière, grandes et lisses, composent chaque opercule ; six rajons soutiennent la membrane branchiale ; et les branchies sont assez semblables, par leur nombre et par leur conformation, à celles du chrvsurus. La ligne latérale oITre plusieurs sinuosités qui TOME 111. 25 194 HISTOIRE NATURELLE décroissent à mesure qu'elles sont plus voisines de la nageoire caudale. Les nageoires thoracines sont réunies à leur base par une membrane qui tient aussi à un sillon longi- tudinal placé sous le ventre, et dans lecjuel le poisson j^eut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles renferment chacune cinq ou six rajons. Le dessous de la queue est terminé par une carène très-aiguë. La nageoire dorsale règne depuis Focciput jusque vers l'extrémité de la queue ; elle est festonnée dans sa partie postérieure, de manière à imiter les très- petites nageoires que l'on voit sur la queue des scombres : la nageoire de l'anus offre une conforma- tion analogue ; et ces traits particuliers au poisson que nous décrivons , ne servant pas ptii à le rappro- cher des scombres , avec lesquels d'ailleurs on peut voir, dans cette histoire, que les corjphènes ont beau- coup de rapports, j'ai cru de\o\r noininev scof/ibéroïde, l'espèce que nous cherchons, dans cet article , à faire connoitre des naturalistes *. Commerson vit des milliers de ces scombéroïdes * A la menibrane des branchies 6 rayonsr à la nageoire du dos 55 à chacune des pectorales i8 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 25 à celle de la queue j qui est fourchue, i5 DES POISSONS. rgS suivre les vaisseaux françois avec assiduité, et pendant plusieurs jours. Ils vivoient de très-jeunes ou très- petits poissons volans , qui, pendant ce temps, volti^ geoient autour des navires comme des nuées de pa- pillons qu'ils ne surpassoient guère en grosseur j et c'est à cause de la petitesse de leurs dimensions, qu'ils pouvoient servir de proie aux scombéroïdes , dont la bouche étroite n'auroit pas pu admettre des animaux plus gros. En effet, l'un des plus grands de ces corj- phènes observés par Commerson n'avoit qu'environ trois décimètres de longueur. Cet individu étoit cepeU' dant adulte et femelle. Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avoient une forme alongée , occupoient la plus grande partie de l'intérieur du ventre , comme dans les cj prins , et contenoient une quantité innombrable dœufs; ce qui prouve ce que nous avons déjà dit au sujet de la grande fécondité des corjphènes. LE COPy.YPHÈNE ONDE*. Pallas a décrit le premier cette espèce de corj- plièiie. L'individu qu'il a observé et qui avoit été péché dans les eaux de Tisle d'Amboine, n'étoit long que de cinq centimètres ou environ. Les formes et les cou- leurs de cet animal étoient élégantes : très-alongé et un peu comprimé, il montroit sur la plus grande partie de sa surface une teinte agréable qui réunissoit la blancheur du lait à Féclat de l'argent; une nuance grise varioit son dos ; la nageoire dorsale et celle de l'anus étoient distinguées par de petites bandes trans- versales brunes; les bandelettes de la première de ces deux nageoires s'étendoient sur la partie supérieure de l'animal, j onduloient, pour ainsi dire, s'j réu- iiissoient les unes aux autres , disparoissoient vers la partie inférieure du poisson ; et la nageoire de la queue , qui étoit fourchue , présentoit un croissant très-brun. D'ailleurs ce corjphène avoit des jeux assez grands; l'ouverture de sa bouche, étant très>large, laissoit voir * Coryphsena undulata. Coryphœua fasciolata. Linné, édition de Gmelin. Pallas , Spicil. zoolog. 8 , /?. 28 , tab. 3 , fig. 2. Coryphène ondoyant, Bonnaterrcj jilanches de l'Encyclopédie méiko"- dique. HISTOIRE NATURELLE. Igy facilement une langue lisse, et arrondie par-devant; im opercule composé de deux lames non découpées couvroit de chaque côté un grand orifice branchial 5 la ligne latérale étoit droite et peu proéminente *. * A la membrane des brancliies 6 rayons. à la nageoire du clos 54 à chacune des pectorales 19 à chacune des tlioracines 5 à celle de l'anus 27 * celle de la queue 17 LE CORYPHÈNE POMPILE*. D E tous les corjphènes du premier soiis^-genre , le pompile est celui dont la nageoire caudale est la moins fourchue; et voilà pourquoi quelques naturalistes, et particulièrement Artedi , le comparant sans doute à Fhippurus, ont écrit que cette nageoire de la queue lî'étoitpas ëchancrée. Cependant, lorsqu'on a sous les jeux un individu de cette espèce, non altéré , on s*ap- perçoit aisément que sa nageoire caudale présente à son extrémité un angle rentrant. Les anciens ont nommé pompile^ le corjphène dont nous traitons dans * Corypliaena pompilus. Id. Linné, édition de Gmelin. Corypliène lampuge. Daubenfon, Encyclo-pédic méthodique» ïd. B onnal erre , planches de L'Encyclopédie méthodique^ Coryphspna.... lineâ laterali curvâ. Artedi, geii. i6 , syn. 2g, rîo/Arok^^ç. ^lian. lih. 2, cap. i5 ; :''""= ([ui signifient moitié^ na- geoire, et ilos. Sl6 HISTOIRE NATURELLE est presque Louiours une fois plus étendue. Les osseux que nous examinons maintenant, ressemblent d'ail- leurs, par beaucoup de formes et d'habitudes, à ces mêmes corjphènes avec lesquels on les a confondus jusqu'à présent. Le cinq -taches, le poisson le plus connu des hémi ptéronotes , habite dans les fleuves de la Chine , des Moluques et de quelques autres isles de l'archipel indien. Il y parvient communément à la longueur de six décimètres ; sa tête est grande ; ses yeux sont rapprochés l'un de l'autre , et par consé- quent placés sur le sommet de la tête; l'ouverture de la bouche est médiocre; les deux mâchoires sont gar- nies d'une rangée de dents aiguës, et présentent deux dents crochues plus longues que les autres ; l'orifice branchial, qui est très-grand, est couvert par un oper- cule composé de deux lames ; la ligne latérale s'éloigne moins du dos que du ventre ; l'anus est plus près de la gorge que de la nageoire caudale , qui est fourchue *; des écailles très-petites couvrent les joues , et d'autres écailles assez grandes revêtent presque tout le reste de la surface du cinq-taches. Voici maintenant les couleurs dont la Nature a peint ces diverses formes. * A la inembiane des branchies 4 rayons, à la nageoire du dos 21 à cjiacune des pectorales i3 à cliaciine des ihoracines 6 à celle de l'anus i5 à celle de la queue 12 DES POISSONS. Sîy La partie supérieure de l'animal est brune; les eûtes sont blancs ainsi que la partie inférieure; une raie bleue règne sur la tête; l'iris est jaune : des cinq taches qui paroissent de chaque côté du corps , la première est noire, bordée de jaune, et ronde; la seconde est noire , bordée de jaune , et ovale ; les trois autres sont bleues et plus petites. Une belle couleur d'azur distingue la nageoire caudale et celle du dos , qui d'ailleurs montre un liséré orangé ; et deux taches blanches sont situées à la base des nageoires thoracines, lesquelles sont, comme les pectorales et comme celle de l'anus, orangées , et bordées de violet ou de pourpre. Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, du noir, de l'orangé, et du pourpre ou du violet, composent donc l'assortiment de nuances qui caractérise le cinq- taches, et qui est d'autant plus brillant qu'il est ani- mé par le poli et le luisant argentin des écailles. Mais cette espèce est aussi féconde que belle; aussi va-t-elle par très-grandes troupes ; et comme d'ailleurs sa chair est agréable au goût, on la pêche avec soin; on en prend même un si grand nombre d'individus, qu'on ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses manières ces indi- vidus surabondans ; on les fait sécher ou saler ; on les emporte au loin ; et ils forment , dans plusieurs contrées orientales , une branche de commerce assez analogue à celle que fournit le gade morue dans les régions septentrionales de l'Europe et de Tx^mérique. TOME III. 28 L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN Ckt hémiptéronote a la nageoire dorsale encore plus courte que le cinq-taches j ses mâchoires sont d'ailleurs à peu près également avancées. On le pêche dans les mers d'Asie; et nous avons cru devoir lui donner un nom qui rappelât la reconnoissance des naturalistes envers le savant Gmelin , auquel ils ont obligation de la treizième édition du Système de la Nature par Linné. * Hemipteronotus Gmelinî. Coryphsena hemiptera. Linné, édition de Gmelin. Goryphène à demi-nageoire. Bcnnaterre^ planches de l'Encyclopédie méthodique. QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRK LES CORYPHÉNOÏDES. Le sommet de la tête très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant par un plan prescjue vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, ou garni d'écaillés semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; V ouverture des branchies ne consistant que dans une fente trans- versale. ESPÈCE. CARACTÈRE. Le CORYPH. HOTTUYNIEN. f,^. . . , , ... (Coryrhenoia.s HoUuynii. {V'"gt-quatre rayon» . 1» nageo.re du do,. LE CORYPHÉN. HOTTUYNIEN'. On trouve dans la mer du Ja]:)on, et dans d'autres mers de l'Asie, ce poisson que Ton a inscrit parmi les corjphènes , mais qu'il faut en séparer, à cause de plusieurs dififérences essentielles , et particulièrement à cause de la forme de ses ouvertures branchiales, qui De consistent chacune que dans une fente transver- sale. Nous le nommons corypliénoïde pour désigner les rapports de conformation cpii cependant le lient avec les corjphènes proprement dits; et nous lui donnons le nom spécifique àlwtliiynien, parce que le natura- liste Hottujn n'a pas peu contribué à le faire connoître. Il n'a communément que deux décimètres de lon- gueur; les écailles qui le revêtent sont minces; sa couleur tire sur le jaune*. ' Coryphsenoïdes Hottuynlt. Coryphaena branchiostega. Linnêj édition de GmeU'n, Coiyphaena japonlca. Ibid. Hoitiiyn. Act. I^aarl. 20 , 2, />. 3i5. Coryphène branchiostège. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. * A la nageoire du dos 24 rayons, à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 10 à ctUe de la c[ueue 16 QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. LES ASPIDOPHORES. Le corps et la queue couverts (Tune sorte de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos j moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOUS-GENRE. TJn ou plusieurs barbillons â la mâchoire inférieure. ESPECE»^ CARACTERES j. L'aspidophore armé. , ^Plusieurs baibillons à la mâchoire inférîeurej , . , r . ^ la cuirasse a huit pans : deux verrues [Aspiaopnorus armalus.) 1 I écuancrées sur le museau. SECOND SOU S-G E N R E. 'Point de barbillons à la mâchoire inférieure^ ESPÈCE, caractères. 2. L'aspidophore ltstza. fLacuîraspe à huit ou plusieurs pans, et gar- TZA. ( a.) 1 {^Aapidophorus litaza.) \ nie d'aiguillons. L'AS PIDO PHORE ARMÉ*. Nous avons séparé des cottes, les poissons osseux et thoraicins dont le corps et la queue sont couverts de plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à former un grand nombre d'anneaux solides, et dont l'ensemble compose une sorte de cuirasse , ou de * Aspidophorus armatus. A pogge , dans le nord de V Angleterre. Coftus cataphractus. Limié, édition de Gmelin. Cotte armé. Daubentoii, Eiicyclopédie méthodique. Ici. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie méthodique. Bloch, pi. 38 , fig. 3 et 4. Cottus cirris plurinais, corpore octogono. Artedi, gen. 49, spec. 87, syn. 77. Cottus cataphractus. Schonev. p, 3o. Jonston, lib. 2 , tit. i , cap. 9 , tah. 46 ^fig. 5 et 6. Charlet. Onom. p. 1S2. TVillughby , IchtJiyolog. p. zii. Raj. p. 77. Faun. Suecic. 824. Briinn. Fisc. Massil. p.Zi , /i. 48. MUll.Prodrom. Zoolog. Danic. p. 44, n. 43. G. Fabric. Faun. Groenland, p. xSS , n. 112. Mus. Adol. Fr. i , p. 70. Gronov. Mus. i , ;». 46, n. io5 ; et Zooph. p. 79 , jî, lyi. Act. Heli). 4, p. 262, n. 140. Cottus cataphractus, rostro lesimo , etc. Klein, Miss. pisc. 4,7?. 42, n. r. Cottus cataphractus. Scba, Mus. 3 , 77. 8r , fab. 28 ^Jîg- 6. 'Pogge. Pen/iantf Brit. Zoolog. 3, ;;. 178, n. 2 , tab. 11. HISTOIRE NATURELLE. 512.S fourreau à plusieurs faces longitudinales. Nous leur avons donné le nom générique d''aspidophore, qui veut dire porte-bouclier, et qui désigne leur conformation extérieure. Ils ont beaucoup de rapports, par les traits extérieurs qui les distinguent, avec les sjngnathes eÊ les pégases. Nous ne connoissons encore que deux espèces dans le genre qu'ils forment^ et la 23lus an- ciennement ainsi que la plus généralement connue des deux, est celle à laquelle nous conservons le nom spécifique à'anné, et qui se trouve dans l'Océan atlan- tique. Elle j habite au milieu des rochers voisins des sables du rivage ; elle y dépose ou féconde ses œufs vers le printemps ; et c'est le plus souvent d'insectes marins, de mollusques ou de vers, et particulière- ment de crabes , qu'elle cherche à faire sa nourriture. La couleur générale de l'armé est brune par -dessus et blanche par-dessous. On voit plusieurs taches noi- râtres sur le dos ou sur les côtés ; d'autres taches noires et presque carrées sont répandues sur les deux nageoires du dos, dont le fond est gris; les nageoires pectorales sont blanchâtres et tachetées de noir; et cette même teinte noire occupe la base de la nageoire de l'anus. Une sorte de bouclier ou de casque très- solide ^ écailleux, et même presque osseux, creusé en petites cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des tubercules , garantit le dessus de la tète. Les deux mâchoires et le palais sont hérissés de plusieurs rangs S24 HISTOIRE NATURELLE. de dents petites et aiguës; un grand nombre de bar- billons garnissent le contour arrondi de la mâchoire inférieure, qui est plus courte que la supérieure ; Topercule branchial n'est composé que d'une seule lame; un piquant recourbé termine chaque pièce des anneaux solides dont se forme la cuirasse générale de l'animal; cette même cuirasse présente huit pans lon- gitudinaux , qui se réduisent à six autour de la partie postérieure de la queue ; la ligne latérale est droite ; l'anus situé à peu près au-dessous de la première nageoire du dos ; la nageoire caudale arrondie ) les pectorales sont grandes, et les thoracines longues et étroites'. L'aspidophore armé parvient communément à une longueur de deux ou trois décimètres. Nous pensons que l'on doit rapporter à cette espèce le poisson auquel OlalFen et Mliller ont donné le nom de cotte hrodame\ et qui ne paroît différer par aucun trait important, du thoracin qui fait le sujet de cet article,. ' 5 rayons non articulés à la première nageoue du dos. 7 rayons articulés à la seconde. j5 rayons à chacune des pectorales. 3 à chacune des thoracines. 6 à celle de l'anus. 10 à celle de la queue. ' Cottus hrodamus. Olaffen, Isl. tom. i , ]). 58g. Id. Mail. Zoolog. Danic, Prodiom. Cotte \iXQàd.mQ. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, L'ASPIDOPHORE LISIZA*. Pallas a faitconnoître ce poisson , qui vit auprès du Japon et àcs isles Kuriles, et qui a beaucoup de rap- ports avec l'armé. La tète de cet aspidopliore est alongée , comprimée, et aplatie dans sa partie supérieure, qui présente d'ail- leurs une sorte de goutti-ère longitudinale. De chaque côté du museau, qui est obtus, et partagé en deux lobes , on voit une lame à deux ou trois échancrures, et garnie sur le devant d'un petit barbillon. Les bords des mâchoires sont hérissés d'un grand nombre de dents ; les jeux situés assez près de l'extrémité du museau, et surmontés chacun par une sorte de petite corne ou de protubérance osseuse ; et les opercules dentelés ou découpés. Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces dont se composent les anneaux et par conséquent l'ensemble de la cuirasse, dans lesquels le corps et la queue sont renfermés. Ces pièces offrent d'ailleurs des stries disposées comme des rayons autour d'un centre; * Aspidophorus lisiza. Cottus japonicus. Pallas, Splclleg. zoolog. 7, p. 3o. Id. Linné j édition de Gmelin. Cotte lisiza. Daubenton^ Encyclopédie méthodique, îd. Bjnnaterre j planches de V Encyclopédie méthodique, TOME III. 29 SSÔ HISTOIRE NATURELLE. et les anneaux sont conformés de manière à donner à la cuirasse ou à l'étui général une très-grande ressem- blance avec une pjramide à huit faces, ou à un plus grand nombre de côtés, qui se réduisent à cinq, six, ou sept, vers le sommet de la pjramide. La première nageoire du dos correspond, a peu près, aux pectorales et aux tlioracines, et la seconde à celle de l'anus. Chacune des thoracines ne comprend que deux rajons ; ceux de toutes les nageoires sont, en général , forts et non articulés ; et l'orifice de l'anus est un peu plus près de la gorge que de la nageoire caudale *. Le fond de la couleur de faspidophore que nous décrivons, est d'un blanc jaunâtre ; mais le dos, ])lu- sieurs pelites raies placées sur les nageoires, une grande tache rajonnante située auprès de la nuque, et des bandes distribuées transversalement ou dans d'autres directions sur le corps ou sur la queue , oHrent une teinte brunâtre. La longueiu' ordinaire du lisiza est de trois ou quatre décimètres. * A la membrane des branchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 6 à la seconde nageoire dorsale 7 à chacune des nageoires pectorales 12 à chacune des thoracines z à celle de l'anus 8 à celle de la queue 12 QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE, LES ASPIDOPHOROÏDES. Le corps et la queue couverts dune sorte de cuirasse écailleuse; une seule nageoire sur le dos } moins de quatre rayons aux nageoires iho racines. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'ASPiDOPH.TRANQUEBAR.f Quatre rayons à chacune des nageoires pec- {Aspido-phor. tranquebar.) l torales , et deux à chacune des thoracines. L'ASPIDOPHOROIDE TRANQUEBAR '. Les aspidophoroïdes sont séparés des aspidophores par plusieurs caractères , et particulièrement par Funité de la nageoire dorsale. Ils ont cependant beau- coup de rapports avec ces derniers ; et ce sont ces ressemblances que leur nom générique indique. Le tranquebar est d'ailleurs remarquable par le très-petit nombre de rajous que renferment ses diverses na- geoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson est si sensible, que tous les rajons de la nageoire du dos, de celle de l'anus , de celle de la queue, des deux pectorales , et des deux thoracines , ne montent en- semble qu'à trente-deux'. Cet aspidoplioroïde vit dans les eaux de Tranquebar. ainsi que l'annonce son nom spécifique. Sa nourriture ' Aspidophoroïdes tranquebar. Bloch, ;;/. 178,./%-. i et 2. Cottus monopterygius. Limier édition de Gmelin. Cotte, cliabot de l'Inde. Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie inclho-- di(jue, '' A la membrane des branchies 6 rayons, à la nageoire du dos 5 à chacune des pectorales 14 à chacune des thoracines 2 à celle de l'anus 5 à celle de Ja queue 6 fl l s T O I R E NATURELLE. 5i2i) ordinaire est composée de jeunes cancres, et de petits mollusques, ou vers aquatiques. Il est brun par-dessus, gris sur les côtés ; et Ion voit sur ces mêmes côtés des bandes transversales et des points bruns, ainsi que des taches blanches sur la partie inférieure de l'ani- mal, et des taches brunes sur la nageoire de la queue et sur les pectorales. Sa cuirasse est à huit pans longitudinaux, qui se réunissent de manière à n'en former que six vers la nageoire caudale ; les yeux sont rapprochés du som- met de la tète ; la mâchoire supérieure, plus longue que finférieure, présente deux piquans recoui-bés en arrière; une seule lame compose Topercule des bran- chies, dont l'ouverture est très-grande; on apperçoit sur le dos une sorte de petite excavation longitudi- nale ; la nageoire dorsale est au-dessus de celle ds l'anus, et celle de la queue est arrondie. QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES COTTES. La tête plus large que le corps ; la forme générale un peu conique j deux nageoires sur le clos; des aiguillons ou des tubercules sur la tête ou sur les opercules des bran- cliies} plus de trois rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOU S- GENRE. Des barbillons à la mâchoire inférieure. ESPECE. CARACTERES. Plusieurs barbillons à la mâchoire inférieure; cette mâchoire plus avancée que la supé- rieure. i. Le cotte grognant. [Coltiis griinniens.) SECOND SOU S-G E N R E. Point de barbillons à la mâchoire inférieure. espèces. caractères. 2. Le cotte scorpion. ^Plusieurs aiguillons sur la tête; le corps par- [Cottits scorpius.) l semé de petites verrues épineuses. 3. Le COT, QUATRE-CORNES. (-Quatre protubérances osseuses sur le soiu- [Cotlus quadricornis.) l met de la tête. 4. Le cotte RABOTEUX. (r V 1 , - 1 • i> • -n > .j La ligne latérale garnie a aiguillons. (CoUus scaher.) l HISTOIRE N A T U R E L L E. S>3 I ESPÈCES. CARACTÈRES. 5. Le cotte austral. f Des aiguillons sur la têie; des bandes (rans- [Coitiis aiistraliè.) l versales , et des raies longitudinales. 6. Le cotte iNSiDiATELiR.jDeux aiguillons de chaque côté de la tête; [Coilus insidiator.) l des stries sur cette même partie de l'animal. !Deux aiguillons recourbés de chaque côté de la (été; un sillon longitudinal, large et profond , entre les yeux ; des écailles assez grandes sur le corps et sur la queue. if Un aiguillon de cHaque côté de la tête; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; le corps couvert d'écaillés rures ; la couleur générale noire , ou noi- râtre. ^ Deux aiguillons recourbés sur chaque oper- icule ; le corps couvert d'écaillés à pein«- visibles. Le COTTE NOIR. [Cotlus nigcr.) Le cotte chabot. LE COTTE GROGNANT*. Presque tous les cottes ne j^résentent que des cou- leurs ternes, des nuances obscures, des teintes mono- tones. Enduits d'une liqueur onctueuse qui retient sur leur surface le sable et le limon, couverts le plus souvent de vase et de ])oue, défigurés par cette couche sale et irrégulière , aussi peu agréables par leurs pro- portions apparentes que par leurs tégumens , qu'ils dif- fèrent, dans leurs attributs extérieurs, de ces magni- Hcpies corjphèues sur lesquels [çs feux des dianians , de For, des rubis et des saphirs, scintillent de toutes parts , et auprès desquels on diroit que la Nature les a placés, pour qu'ils fissent mieux ressortir l'éclatante parure de ces poissons privilégiés ! On pourroit être * Cottus grunniens. 1(1. Linné, écUlion de Gmelin. Bloch, -pi. I^Q. Code grognard. Daubenton, Encyclopédie mélhodiquc. îd. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie mél]iodii.jite. Mus. Adolph.Frid. 2^ p. 65. Gronor. Mus. i , 77. 46 , 7^. 106 ; et ZoopJi. p. qc^ , n. 269. Seba, Mus. 3 , ;:. 80, /z. 4 , tab. ^i^fig. 4. Cojystion capîte ciasso, ore ranse aniplo , etc. Klein, Miss. pisc. 4, p. 46 , n. 8. JS'larcgr. Brasil. p. 78. TVillughby , Ichthyol, p. 28g , tab. S, ir ^fig. i ; Append. p. 3 , tab. 4 , '^\^\x\. Raj. Pisc. p. c^2 ^ n.'j 'j et p. i5o , Ji. 7. HISTOIRE NATURELLE. 5^33 tenté de croire que s'ils ont été si peu favorisés lors- que leur vêtement leur a été départi, ils en sont, pour ainsi dire , dédommagés par une faculté remar- quable et qui n'a été accordée qu'à un petit nombre d'iiabitans des eaux , par celle de proférer des sons. Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes , des zées, des trigles et des cobites , font entendre, au milieu de certains de leurs mouvemens, une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin cependant d'un simple bruissement assez foible , très-monotone , très- court , et fréquemment involontaire, non seulement à ces sons articulés dont les nuances variées et légères ne peuvent être produites que par un organe vocal très-composé , ni saisies que par une oreille très- délicate , mais encore à ces accens expressifs et si diversifiés qui appartiennent à un si grand nombre d'oiseaux, et même à quelques mammifères! Ce n'est qu'un frôlement que les cottes, les cobites, les trigles, les zées, les balistes, font naître. Ce n'est que lorsque, saisis de crainte, ou agités par quelque autre affection vive, ils se contractent avec force, resserrent subite- ment leurs cavités intérieures, chassent avec violence les différens gaz renfermés dans ces cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse, et s'échappant principa- lement par les ouvertures branchiales , en froissent les opercules élastiques, et, par ce frottement toujours peu soutenu , font naître des sons , dont le degré d'élévation est inappréciable, et qui par conséquent, TOME iij. 3o 2.3^ fîîSTOIRE NATURELLE n'étant pas une voix, et ne formant qu'un véritable brnit, sont même au-dessous du sifflement des reptiles'. Parmi les cottes, l'un de ceux qui jouissent le plus de cette facnlté de fruler et de bruire, a été nommé g/oo/ia/il , parce que l'envie de rapprocher les êtres sans discernement et d'après les rapports les plus vagues , qui l'a si souvent emporté sur l'utilité de comparer leurs propriétés avec convenance, a fait dire qu'il j avoit quelque analogie entre le grogne- ment du cochon et le bruissement un peu grave du coite. Ce poisson est celui que nous allons décrire dans cet article. On le trouve dans les eaux de l'Amérique méridio- nale, ainsi que dans celles des Indes orientales. Il est brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les cotés. Des taches brunes sont répandues sur ses na- geoires, qui sont grises, excepté les pectorales et les thoracines , sur lesquelles on apperçoit une teinte rougeatre . La surface du grognant est parsemée de pores d'où découle cette humeur visqueuse et abondante dont il est enduit, comme presque tous les autres cottes. ' Voyez le Discours sur la nature des poissons. ^Ala première nageoire du dos 3 rayons, à la seconde io à chacune des nageoires pectorales 22 à chacune des ihoracines 4 à celle de l'anus lô DES POISSON S. 235 Malgré la quantité de cette matière gluante dont il est imprégné , sa chair est agréable au goût; on ne la dédaigne pas: on ne redoute que le foie, qui est regardé comme très-malfaisant , que l'on considère même comme une espèce de poison ; et n'est-il pas à remar- quer que, dans tous les poissons, ce viscère est la por- tion de l'animal dans laquelle les substances huileuses abondent le plus? La tête est grande, et les jeux sont petits. L'ouver- ture de la bouche est très-large ; la langue lisse, ainsi que le palais; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et hérissée d'un grand nombre de bar- billons , de même que les côtés de la tête ; les lèvres sont fortes; les dents aiguës, recourbées, éloignées Tune de l'autre, et disposées sur plusieurs rangs. Les opercules, composés d'une seule lame, et garnis chacun de quatre aiguillons , recouvrent des orifices très- étendus. L'anus est à une distance presque égale de la gorge et de la nageoire caudale, qui est arrondie. LE COTTE SCORPION ^'est dans FOcéan atlantique, et à des distances plus ou moins grandes du cercle polaire, que Ton trouve ce cotte remarquable par ses armes, par sa force, par son agiîité. Il poursuit avec une grande rapidité, et * Cottus scorpius. Caramassou , à remhoiichure de la Seine. Scorpion de nier , dans -plusieurs départemens de France^ Kotsimpa , eti Sucde,^ Skrabba, ibid, Skjalryta , ibid.. Skialryta , ibid. Skiolrista , ibid, Pinulka , ibid. Fisksymp, en Nonége. Vid-kieft, ibid. Soë scorpion , ibid. Kaniok kanininak, dans le Groenland,- Kurliahn , dans la Poméranie. Donner krote, dans la Livonie. Kamtsclia , dans la Sibérie. Ulk , en Danernarck. XJlka , ibid. Wulk , dans quelques contrées du nord de V Europ?.. Donderpad, en Hollande. Posthoest , dans la Belgique, Posthoofdt , ibid. Father-laslier, sur plusieurs côtes d' Angleterre^. Sco]ping,« Terre-Neuve. Cottus scorpius. Linné j édition de Gmelin.,. HISTOIRE NATURELLE. sS/ par conséquent avec un grand avantage, la proie qui fuit devant lui à la surface de la mer. Doué d'une vigueur très-digne d'attention dans ses muscles cau- daux, pourvu par cet attribut d'un excellent instru- ment de natation, s'élançant comme un trait, Irès- vorace , hardi, audacieux même, il attaque avec promptitude des blennies, des gades, des dupées, des saumons ; il les combat avec acharnement , les frappe Cotte scorpion de mer. Hauhenton, Encjclojyédie méthodique. Id. Bonnaterrcy planches de V Encyclopédie méthodique. Autre espèce de scorpion marini Valmont-Bomare j Dictionnaire d'his- toire naturelle. Faun. Suecic. 323. Ulka. 11. Scan. 325- Cottus alepidotus, capite polyacantho, etc. Mus. Adolph. Frid. i , p. 73. Cottus alepidotus, capite polyacanlho, etc. Artedi^ gen, 4g, spec. 86,, sjn. 77. Scorpio raarinus , vel scorpius nostras. Schonei'. p. 67. Scorpius marinus. JonstoUj tab. 'YJtfiS' 4 ^' ^* Cotlus scorpœnœ Bellonii similis. TVillughby , p, i38 ; et Append. p. 25, tab. X, i5. Id. et scorpius virginius. Raj. p. 145, n. iZjCt 142 , n. 3. Aldrovand. lib. 2 , cap. 27 {pro 25), p. 202. Gronov. Mus. i , /?. 46 , n. 1045 Act, lielvetic, 4j /^. 2.()Z ^ n. r3g ; ep Xooph. p. 78 , n. 268. JBlochj pi. 39. Corystion capite niaximo, et aculeis valde horrido. Klein ^ Miss, pise, 4, p. 47, ". II , tab. l3 , fig* 2 et 3. Fisk sympen. Act. Nidros. 2, p. 3^5, tab. i3 , 14. Sea-scorpion; Edw. Glean. lab. 284. Seba, Mus. 3 , ;;. 8r , tab. 2Q^fig. 5. Father-lasher. Brit. Zoolog, 3 , p. 179 , n, 3. :238 HISTOIRE NATURELLE vivement avec les piquans de sa tête , les aiguillons de ses nageoires , les tubercules aigus répandus sur son corps, et en triomphe le plus souvent avec d'autant plus de facilité, qu'il joint une assez grande taille à l'im- pétuosité de ses mouvemens , au nombre de ses dards et à la supériorité de sa hardiesse. En effet, nous devons croire, en comparant tous les témoignages, et malgré l'opinion de plusieurs habiles naturalistes, que dans les mers où il est le plus à l'abri de ses ennemis, le cotte scorpion peut parvenir à une lon- gueur de plus de deux mètres : ce n'est qu'auprès des côtes fréquentées par des animaux marins dangereux pour ce poisson , qu'il ne montre presque jamais des dimensions très-considérables. L'homme ne nuit guère à son entier développement, en le faisant périr avant le terme naturel de sa vie. La chair de ce cotte, peu agréable au goût et à l'odorat, nVst ])as recherchée par les pêcheurs; ce ne sont que les habitans peu délicats du Groenland, ainsi que de quelques autres froides et sauvages contrées du Nord , qui en font quelquefois leur nourriture; et tout au plus tire-t-on parti de son foie pour en faire de l'huile , dans les endroits où , comme en Norvège, par exemple , il est très-répandu. Si d'ailleurs ce poisson est jeté par quelque accident sur la grève, et que le retour des vagues , le reflux de la marée, ou ses propres efforts, ne le ramènent pas promptement au milieu du fluide nécessaire à son existence, il peut résister pendant assez long- temps DES POISSONS. 2^9 au défaut d'eau , la nature et Ja conformation de ses opercules et de ses membranes branchiales lui don- nant la faculté de clore presque entièrement les orifices de ses organes respiratoires , d'en interdire le contact à l'air de Fatmosplière, et de garantir ainsi ces organes essentiels et délicats de l'influence trop active, trop desséchante, et par conséquent trop dangereuse, de ce même fluide atmosphérique. C'est pendant l'été que la plupart des cottes scor- pions commencent à s'approcher des rivages de la mer; mais communément l'hiver est déjà avancé, lorsqu'ils déposent leurs œufs, dont la couleur est rougeâtre. Tout leur corps est parsemé de petites verrues en quelque sorte épineuses, et beaucoup moins sensibles dans les femelles que dans les mâles. La couleur de leur partie supérieure varie; elle est ordinairement brune avec des raies et des points blancs: leur partie inférieure est aussi très-fréquem- ment mêlée de blanc et de brun. Les nageoires sont rouges avec des taches blanches; on dislingue quel- quefois les femelles par les nuances de ces mêmes nageoires, qui sont alors blanches et rajées de noir^^ et par le blanc assez pur du dessous de leur corps. La tête du scorpion est garnie de tubercules et d ai» guiilons; les jeux sont grands, alongés, rapprochés- l'un de l'autre, et placés sur le sommet de la tète; les- mâchoires sont extensibles , et hérissées , comme le palais, de dents aiguës; la langue est épaisse, court^j S40 HISTOIRE NATURELLE. et dure; l'ouverture branchiale très-large- l'opercule composé de deux lames; la ligne latérale droite, for- mée communément d'une suite de petits corps écail- leux faciles à distinguer malgré la peau qui les recouvre , et placée le plus souvent au-dessous d'une seconde ligne produite par les pointes de petites arêtes: la nageoire caudale est arrondie, et chacune des tho- racines assez longue *. '' ■ * A la première nageoire du dos lo rayons, à la seconde i6 à chacune des pectorales 17 à chacune des thoracines 4 à celle de l'anus 12 à celle de la queue iS Vertèbres dorsales, 8. Vertèbres lombaires , 2. Vertèbres caudales , i5. LE COTTE QUATRE-CORNES Quatre tubercules osseux, rudes , poreux , s'élèvent et forment un carré sur le sommet de la tête de ce cotte ; ils y représentent , en quelque sorte , quatre cornes, dont les deux situées le plus près du museau sont plus hautes et plus arrondies que les deux pos- térieures. Plus de vingt apoplijses osseuses et piquantes, mais recouvertes par une légère pellicule , se font aussi remarquer sur différentes portions de la iètc ou du corps: on en distingue sur-tout deux au-dessus de la membrane des branchies , trois de chaque côté du carré formé parles cornes, deux auprès des narines, deux sur la nuque, et une au-dessus de chaque na- geoire pectorale. Le quatre-cornes ressemble d'ailleurs par un très- * Cottus quaclrlcornis. ■Horn simpa, e?t Suède^ Cottus quadricornis. Lùmé, édition de Gmeîin. Cottus scabcr tuberculls quatuor corniformibus, etc. Avledi^ gen, 48, *;)rr. 84. Cotte quatre-cornes. Daubeiiton , Encyclopédie viéihodicjue, Id. Bonnaterre y planches de C Eucjclo'pe'die méthodique. Faiin. Siiecic. 821. "Mus. Adolph. Frid. i , p. 70 , tab. 82 , fig. 4. Cottus scorpioïdcs. Ot.Fabric. Faïai, Groenland, p. loq^n. 114. TOME III. 3l ^4^ HISTOIRE NATURELLE grand nombre de traits au cotte scorpion : il présente presque toutes les habitudes de ce dernier ; il habite de même dans l'Océan atlantique septentrional , et particulièrement dans la Baltique et auprès du Groen- land ; également armé , fort, vorace , audacieux, impru- dent , il nage avec d'autant plus de rapidité , qu'il a de très-grandes nageoires pectorales *, et qu'il les remue très-vivement: il se tient quelquefois en embuscade au milieu des fucus et des autres plantes marines , oii il dépose des œufs d'une couleur assez pâle; et dans cer- taines saisons il remonte les fleuves pour j trouver avec pins de facilité les vers , les insectes aquatiques et les jeunes poissons dont il aime à se noi.rrir. On dit, au reste , que sa chair est plus agréable à manger que celle du scorpion ; il ne parvient pas à une grandeur aussi considérable que ce dernier cotte ; et les couleurs brunes et nuageuses que présente le dos du quatre-cornes, sont plus foncées, sur-tout lorsque l'animal est femelle, que les nuances distribuées sur la partie supérieure du scorpion. Le dessous du corps <\n cotte que nous décrivons , est d'un brun jaunâtre. Lorsqu'on ouvre un individu de cette espèce, on * A la première nageoire dorsale g rayons, à la seconde 14 à chacune des pectorales 17 à chacune des thoracines 4 à celle de l'anus 14 à celle de la queue, qui est arrondie, 12 DES POISSONS. 243 voit sept appendices ou cœciiin auprès du pjlore ; quarante vertèbres à l'épine dorsale ; un foie grand , jaunâtre, non divisé en lol^es , situé du côté gauche plus que du côté droit , et adhérent à la vésicule du fiel qu'il recouvre j un canal intestinal recourbé deux fois ; un péritoine noirâtre ; et les poches membra- neuses des œufs sont de la même couleur. LE COTTE RABOTEUX'. Ce poisson habite dans le grand Océan, et particu- lièrement auprès des rivages des Indes orientales , où il vit de moliusques et de crabes. C'est nn des cottes dont les couleurs sont le moins obscures et le moins monotones: du bleuâtre règne sur son dos; ses cotés sont argentés ; six ou sept bandes rougeâtres forment comme autant de ceintures autour de son corps ; ses nageoires sont bleues j on voit trois bandes jaunes sur les thoracines '; et les pectorales présentent à leur base la mêine nuance jaune. Les écailles sont petites, mais fortement attachées,, dures et dentelées ; la ligne latérale offre une rangée longitudinale d'aiguillons recourbés en arrière ; cpiatre picpians également recourbés paroissent sur la tête ; * Cottus scaber. Id. Linné, édition de Gniflin, Cotte raboteux. Daubenton , Encyclopédie méthodique. Ici. Bonnatcne , 'planches de l'Encyclopédie mélhodique^. Bloch, pi. i8o. -• A la menibiane des branchies 6 rayons» à la première nageoire du dos 8 à la seconde 12 à chacune des pectorales 18 à chacune des thoracines 6: à celle de l'anus 12 à celle de la fjueue i6j HISTOIRE NATURELLE. 245 et indépendamment des rayons aiguillonnés ou non articulés qui soutiennent la première nageoire dorsale, Toilà de quoi justifier l'épithète de lahoteux donnée au eotte qui fait le sujet de cet article. D'ailleurs la tête est alongée , la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure , la langue mince, l'ou- verture de la bouche très-grande , et l'orifice branchial très-large. LE COTTE AUSTRAL*. Nous plaçons ici la notice d'un cotte observé dans le grand Océan équinoxial , ^t auquel nous conservons le nom spécifique à\iustral , qui lui a été donné dans TAppendix duVovage del'Anglois JeanWhite à la Nou- velle-Galles méridionale. Ce poisson est blanchâtre j il présente des bandes transversales d'une couleur livide, et des raies longitudinales jaunâtres; sa tête est armée d'aiguillons. L'individu de cette espèce dont on a donné la figure dans le Vojage que nous venons de citer, n'avoit guère qu'un décimètre de longueur. * Cottus australis. Id. Ay.pendix du Voyage à la NouveVe-G ailes méridionale , -par Jean VP^hite, i^reinier chirurgien de V expédition commandée par le capitaine Fhilrp-p, p, 265 , pi. 52 fjjg. I, LE COTTE INSIDTATEUR-. Ce cotte se couche dans le sable; il sj tient en cujbiis- cade pour saisir avec plus de facilité les poissons dont il veut faire sa proie ; et de là vient le nom qu'il porte. On le trouve en Arabie ; il j a été observé par Forskael,et ilj parvient quelquefois jusqu'à la longueur de six ou sept décimètres. Sa tête présente des stries relevées , et deux aiguillons de chaque côté. Il est gris par-dessus et blanc par-dessous ; la queue est blanche : l'on voit d'ailleurs sur cette même portion de l'animal une tache jaune et échancrée , ainsi que deux raies iné- gales, obliques et noires; et de plus le dos est parsemé de taches et de points bruns ^ ' Cottus insidiator. Id. hinné, édition de Gnielin, Tort^liael, Faun. ^rab.p. 25, n. 8. Cotte raktd. Bonnaterre, planches de VEncyclnpédie méthodique.. ? A la membrane des branchies 8 rayons, à la première nageoire dorsale 8 à la seconde i3 à chacune des pectorales ig à chacune des ihoracines 6 à celle de l'anus 14 à celle de la queue iSj aÊmtèmttMâmatMlt LE COTTE M AD É G AS SE*. La description de ce cotte n'a point encore été publiée; nous en avons trouvé une courte notice dans les manuscrits de Commerson , qui Fa observé auprès du fort Dauphin de l'isle de Madagascar, et qui nous en a laissé deux dessins très-exacts , l'un représentant l'animal vu par-dessus, et l'autre le montrant vu par- dessous. Ce poisson, qui parvient à quatre décimètres ou environ de longueur ,a la tète armée, de chaque côté, de deux aiguillons recourbés. De plus , cette tête , qui est aplatie de haut en bas , présente dans sa partie supérieure un sillon profond et très-large, qui s'étend longitudinalement entre les jeux , et continue de s'avancer entre les deux opercules , en s'y rétrécissant cependant. Ce trait seul suffiroit pour séparer le ma- dégasse des autres cottes. D'ailleurs son corps est couvert d'écaillés assez o-randes ; son museau arrondi , et la mâchoire infé- rieureplus avancée que la supérieure. Les veux, très- rapprochés l'un de l'autre, sont situés dans la partie supérieure de la tète ; les opercules sont pointillés ; * CoUiis spinîs quatuor lateralibus relioversis , cauda vaviegatâ; 2'el canite ictvorsum tctracantho , sulco inter oculos longitudinaii lato et pro»> fundo. Commerson, manuscrits déjà cites, Tome i ^/ n Faye 2 4 2. COTTEé Made'^tvrj-e vuj^ar desstis.lCOTTF^MadeytMsevuj^mrt^essûii^. 3. CYFRIN fcmmerjomne/L J^. >/. 79 , ô, L.itus. àiahian. Aqu.il . loi . 216. ïf'illuLhhy, p. i37, lab. H, 3 , /ig. 3. Gobius fluviatilis, sive capitatus. Aldrovand, lib, 5, cap. 28, p. 61 3, HISTOIRE NATURELLE. 253 i'usqii'à la longueur de deux décimètres *. Il s'y tient sou.ve!it caché parmi les pierres , ou dans une espèce de petii terrier ; et lorscju'il sort de cet asjle ou de cette embuscacie , c'est avec une très-grande rapidité qu'il nage , soit pour atteindre la petite proie qu'il pré- fère , soit pour échapper à ses nombreux ennemis. Il aime à se nourrir de très-jeunes poissons , ainsi que de vers et d'insectes aquatiques ; et lorsque cet aliment lui manque , il se jette sur les œufs des diverses espèces d'animaux qui habitent dans les eaux qu'il fréquente. Il est très-vorace ; mais la vivacité de ses appétits est trop éloignée de pouvoir compenser les effets de la petitesse de sa taille , de ses mauvaises armes et de Gobiiis fliiviatilis Gesneri. Raj. p. 76, ji. ^4. Gobiiis capitatus. Jo/ii/ojij lih. 3 , ///. i , caj). ro , a. 2 , tah. 2(^^fig. 11, Gobio capitatus. Charl. p. iS'j. ChaLot. Fulmont- Bomire , Dictionnaire d'histoire naturelle. Cottiis alepiclodis , capite plagioplateo , lato , obtuso , etc. Gvonov, MiiSs 2,7?. 14 , //. 166. ïcrcis capite Isevi, et bievis , etc. Klein, Miss. Fisc. p. 48, 72. 17. Gobtus fluvialilis alttr. BeLlon, Aquat.p. 32i. G(bio fluviatilis capitatus. Marsigli, Daraib. 4, p. 78 , tab. 24 ifig. 2, Bii'l-hpad. Brit. Zooh.g. 3 , /7. 177, /. il. KoiL kolbf. Mejer, Thierb. 2 , /;. 4, tab. 12. * A la membrane des brancliies 4 rayons, à lH\)reini<'re nageoire dorsale 7 à la .-^conde 17 à ebau !ie d^s pectorales 14 à chacune d<-s thoracines 4 à Cille ic l'ail .s 12 à celle le la cjueue iS 2 54 HISTOIRE NATURELLE SOU peu de force ; et il succombe fréquemment sous la dent des perches, des saumons, et sur -tout. des brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, qui devient rouge par la cuisson comme celle du saumon et de plusieurs autres poissons délicats ou agréables au goût, lui donnent aussi l'homme pour ennemi. Dès le temps d'Aristote , on savoit que pour le prendre avec plus de facilité, il falloit frapper sur les pierre» qui lui servoient d abri , qu'à l'instant il sortoit de sa retraite , et que souvent il venoit, tout étourdi par le coup , se livrer lui-même à la main ou au filet du pêcheur. Le plus souvent ce dernier emploie la nasse* ^ pour être plus sûr d'empêcher le chabot de s'échapper. Il faut saisir ce cotte avec précaution lorsqu'on veut le retenir avec la main: sa peau très- visqueuse lui donne en effet la faculté de glisser rapidenjent entre les doigts. Cependant, malgré tous les pièges qu'on hû tend , et le grand nombre d'ennemis qui le pour- suivent , on le trouve fréquemment dans plusiejrs rivières. Cette espèce est très-féconde. La femelle, plus grosse que le mâle , ainsi que celles de tant d'aitres espèces de poissons, paroît comme gonflée dans le t?mps où ses œufs sont près d'être pondus. Les protubérances formées par les deux ovaires, qui se tun-éfîtnt, pour ainsi dire , à cette époque , en se remplissant d'un * Voyez la description de la nasse dans l'article du pétronjzon lam- proie. DES POISSONS. 255 très-grand nombre cFœufs , sont assez élevées et assez arrondies pour qu'on les ait comparées à des ma- melles; et comme une comparaison peu exacte conduit souvent à une idée exagérée, et une idée exagérée à une erreur , de célèbres naturalistes ont écrit que la femelle du chabot avoit non seulement un rapport de forme , mai^s encore un rapport d'habitude, avec les animaux à mamelles , qu'elle couvoit ses œufs , et qu'elle perdoit plutôt la vie que de les abandonner. Pour peu qu'on veuille rappeler ce que nous avons écrit* sur la manière dont les poissons se reproduisent, on verra aisément combien on s'est mépris sur le but de quelques actes accidentels d'un petit nombre d'in- dividus soumis à l'influence de circonstances pas- sagères et très - particulières. On a pu observer des chabots femelles et même des chabots niâles se retirer, se presser , se cacher dans le même endroit où des œufs de leur espèce avoient été pondus , les couvrir dans cette attitude, et conserver leur position malgré un grand nombre d'efforts pour la leur faire quitter. Mais ces manœuvres n'ont point été des soins attentifs pour les embrjons qu'ils avoient pu produire; elles se réduisent à des signes de crainte, à des précautions pour leur sûreté; et peut-être même ces individus auxquels on a cru devoir attribuer une tendresse constante et courageuse, u'ont-ils été surpris que prêts * Voyez le Discours sur lu natwe des poissons. 256 HISTOIRE NATURELLE à dévorer ces mêmes œufs qu'ils paroissoient vouloir récIiaufFer , garantir et défendre. Au reste , les écailles dont la peau muqueuse du chabot est revêtue , ne sont un peu sensibles que par le mojen de quelques procédés ou dans certaines circonstances : mais si la matière écailleuse ne s'étend pas sur son corps en lames brillantes et facilement visibles , elle s j réunit en petits tubercules ou verrues arrondies. Le dessous de son corps est blanc : le mâle est , dans sa partie supérieure , gris avec des taches brunes ; et la femelle brune avec des taches noires. Les nageoires sont le plus souvent bleuâtres et tachetées de noir ; les thoracines de la femelle sont communément variées de jaune et de brun. Les jeux sont très - rapprochés l'un de l'autre. Des dents aiguës hérissent les mâchoires , le palais et le gosier ; mais la langue est lisse. Chaque opercule ne présente qu'une seule pièce et deux aiguillons recour- bés. La nageoire caudale est arrondie. On voit de chaque côté les deux branchies intermé- diaires garnies, dans leur partie concave, de deux rangs de tubercules. Le foie est grand , non divisé , jau- nâtre , et situé en grande partie du coté gauche de l'animal; l'estomac est vaste. Auprès du }nh)re sont attachés quatre cœciini ou appendices intesîinaux ; le canal intestinal n'est plié que deux fois ; les deux laites des mâles et les deux ovaires des fejnelles se réunissent vers l'anus , et sont contenus dans une membrane DES POISSONS. ^57 dont la couleur est très-noire , ainsi que celle du péri- toine ; les reins et la vessie urinaire sont très-étendus et situés dans le fond de l'abdomen. On compte dans la charpente osseuse du chabot trente-une vertèbres ; et il y a environ dix côtes de chaque côté. TOME Ilî. Z3 QUATRE-VINGT-SIXIEME GENRE, LES SCORPÈNES. La tête garnie cl' aiguillons, ou de protuhérances, ou de barbillons, et dépourvue de petites écailles ; une seule nageoire dorsale. PREMIER SOUS-GENRE. Foint de barbillons. ESPÈCES. CARACTÈRES. I. La scorpèjse horrible, {Scnrpœ''a Imnida.) \L.ç corps garni de tubercules gros et calleus. 2. La SCORPÈNE AFRiCAiNE. rQualre aiguillons auprès de chaque œil j la (Scor/tanu af ricana.) \ nageoire de la queue presque rectiligue. 3. La scorpène ÉpiNEtsE.r^ • •„ i , ^ ^ ^^ , . . ^ { L'fs aiguillons le long de la ligne latérale. {^Scor/'œ/ia i>pinosa.) l o o ; Quatre aiguillons recourbés et très-forfs au- 4.La SCORP. AIGUILLONNÉE. s , , i i i i , ^ J dessous des yeux ; les deux lames de chaque iScorpœiia ucuLu^u.) I , ... ^ ^ l opei cule garnies de piquans. 5.La SCORP. MARSEILLOISE. [Plusieurs aiguillons sur la tête; un sillon ou [Scorpcena niassilicnsià.) l enfoncement entre les yeux. ILa mâchoire inférieure repliée sur la mâ- choire supérieure; un filament double et très long, à l'origine de la uageuive dor- sale. HISTOIRE ESPÈCE. NATURELLE. 259 7. La scorpène brachion. [Scorpœna brachion.) CARACTERES. La mâclioire inférieme repliée sur la supé- rieure ; point de filament ; les nageoires pectorales basses , mais très-larges , atta- chées à une grande prolongation charnue, et composées de vingt-deux rayons. SECOND SOUS-GENRE. Des harhllluns. ESPÈCES. 8. La scorpène barrue. {Scoipœna barbata.) 9. La scorpène rascasse [Scorpo'na 7'ascasia.) îo. La scorpène mahé.) i^Scorpœna mahe.) II. La scorpène truie. {^Scorpœna scrofa.) 12. La scorpène plumier {^Scorpcena Plumieri) i3. La scorp. américaine [Scorpœna aniericaua.) 14. La scorp. didactyle [Scorpœna didacijla.) CARACTÈRES. 'Deux barbillons à la mâchoire inférieure; 1 des élévations et des eni'onccmens sur la ( tête. . (Des barbillons auprès des narines et des yeux ; l la langue lisse. fCinq ou six barbillons à la mâchoire supé- l rieure ; deux barbillons à chaque opercule, {Des barbillons à la mâchoire inférieure , et Je long de chaque ligne latérale ; la langue hérissée de petites dents. Quatre barbillons frangés à la mâchoire su- périeure ; quatre autres entre les yeux ; d'autres encore le long de chaque ligne latérale; des piquans tiiangulaiics sur la tête et les opercules. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; cinq ou six à l'inférieure ; la partie pos- térieure de la nageoire du dos, la nageoire de l'anus, celle de la queue, et les pec- torales, très arrondies. jDeux rayons séparés l'un de l'autre, auprès l de chaque nageoire pectorale. 5l6o HISTOIRE NATURELLE. ESl'ÈCES. CARACTÈRES. {Des appendices articulés , plaies auprès des yeux ; les rayons des nageoires pectorales , de la lon^^ueur du corps et de la queue. 16. La scorpène volante, f Les nageoires pectorales plus longues que le [Stor]yœiia volilans.) |_ corps. LA SCORPÈNE HORRIBLE*- On diroit que c'est dans les formes très-composées, singulières , bizarres en apparence , monstrueuses , horribles, et, pour ainsi dire, menaçantes, de la plu- part des scorpènes, que les poètes , les romanciers, les mjtbologues et les peintres ont cherché les modèles des êtres fantastiques, des larves, des ombres évoquées et des démons , dont ils ont environné leurs sages enchanteurs , leurs magiciens redoutables et leurs sorciers ridicules ; ce n'est même qu'avec une sorte de peine que l'imagination paroît être parvenue à sur- passer ces modèles, à placer ses productions menson- gères au-dessus de ces réalités, et à s'étonner encore plus des résultats de ses jeux que des combinaisons par lesquelles la Nature a donné naissance au genre que nous examinons. Mais si en façonnant les scorpènes la Nature a donné un exemple remarquable de l'infinie * Scoippena horrida. Scorpaena horrida. Linné , édition de Gmelint Elochj pi. i83. Scorpène crapaud. Daubenton, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. Perça alepîdota , dorso monopterygio , capite cavernato tuberciilato, eto. Gronov. Zooph. p. 88, //. 292 , tab. 11 , 12 , t3, fig. i. Ikan swangi bezar, de groote tovervisch. Valent. Iiid. 3 , p. Zt^q^fig. ijOt Ikan swangl touwa, lienardj Poiss, i , pi. Sg,^/^, 199, 202 HISTOIRE NATURELLE variété que ses ouvrages peuvent présenter, elle a montré d'une manière bien plus frappante combien sa manière de procéder est toujours supérieure à celle de l'art; elle a imprimé d'une manière éclatante sur ces scorpènes, comme sur tant d'autres produits de sa puissance créatrice, le sceau de sa prééminence sur l'intelligence humaine : et ceMe cons!<îération n'est-elle pas d'une haute importance pour le philosophe? Le génie de l'homme rapproche ou sépare, réunit ou divise, anéantit, pour ainsi dire, ou reproduit tout ce qu'il conçoit : mais de quelque manière qu'il place à côté les uns des. autres ces êtres qu'il transporte à son gré, il ne peut p.'s les lier complètement par cette série infinie de nuances insensibles, analogues et inter- médiaires, qui ne dépendent que de la Nature 3 le grand art des transitions appartient par excellence à cette na- ture féconde et merveilleuse. Lors même qu'elle associe les formes que la première vue considère comme les plus disparates, soit qu'elle en revête ces monstruosités passagères auxquelles elle refuse le droit de se repro- duire, soit qu'elle les applique à des sujets constans qui se multiplient et se perpétuent sans manifester de changement sensible, elle les coordonne, les grouppe et les m.odlfie d'une telle manière, qu'elles montrent facilement à une attention un ])eu soutenue une sorte d'air général de famille, et que d'habiles dégrada- tions ne laissent que des rapports qui s'attirent, à la place de nombreuses disconvenanccs qui se repousse- roi en t. 1) POISSONS, £i63 La scorpène horrible offre une preuve de cette ma" nière d'opérer, (pii est un des grands secrets de la Nature. On s'en convaincra aisément, en exciminant la description et la figure de cet animal remfircptable. Sa téîe est très-grande et très- inégale d^ns sa sur- face : creusée par de profonds sinus, relevée en d'rnîres endroits par des protubérances très-sailiantcs, i ér;ssée d'aiguillons, elle est d'ailleurs parsemée, sur iescotesy de tubercules ou de callosités vn^peu arrondies, et cependant irrégulières et très -inégales en gro.'seur. Deux des plus grands enf'onccmens qu'elle ]^ré>enîe^ sont séparés, par une cloison très-inch'née, en deux creux inégaux et irréguliers, et sont pb ces an-de^sous des yeux, qui d'ailleiirs sont tiès-petils, et situes chacun dans une proémiwence très-relevée et un peu arrondie par le haut; sur la nu(|ue s'élèvent deux autres profu- bérauces comprimées dans leur partie supérieure , an- guleuses , et qui montrent sur b ur côté extérieur une cavité assez profonde; et ces deux éminences réunies avec celles des jeux, forment, sur la grande tête de riiorrible, quatre sortes de cornes très-irrégulières ^ très-frappantes, et, pour ainsi dire, hideuses. Les deux mâchoires sont articulée^ de manière que lorsque la bouche est fermée, elles s'élèvent presque verticalement, au lieu de s'étendre horizontalement: la mâchoire inférieure ne peut clore la bouche qu'eu se relevant comme un battant ou comme une sorte de pont-levis, et eu dépassant même quelquefois en 264 HISTOIRE NATURELLE arrière la ligne verticale, afin de s'appliquer plus exac- tement contre la mâchoire supérieure j et quand elle est dans cette position, et qu'on la regarde par-devant, elle ressemble assez h un fer-à-chcval : ces deux mâ- choires sont garnies d'un grand nombre de très-petites dents, ainsi que le gosier. Le palais et la langue sont lisses; cette dernière est, de plus, large, arrondie, et assez li})re. On la découvre aisément, pour peu cjue la scorpène rabatte sa njâchoire inférieure et ouvre sa grande gueule; lorifice branchial est aussi très-large. Les troiîj oii quatre prcrniers rajons de la nageoire du dos, très-gros, très-dillormes, très-séparés l'un de l'autre, très-inégaux, très - irréguliers , très-dénués d'une véritable membrane , ressemblent moins à des pîquans de nageoire qu'à des tubéFosités branchues, dont le sommet néanmoins laisse dépasser la pointe de l'aiguillon *; la ligne latérale suit la courbure du dos. Le corps et la queue sont garnis de tubercules calleux semblables à ceux qui sont répandus sur la tète ; et 4'on en voit d'analogues, mais plus petits, non seule- ment sur les nageoires pectorales, qui sont très-longues, mais encore sur la membrane qui réunit les rajons de la nageoire dorsale. * 5 rayons à la membrane des branchies. i3 rayons non articulés et sept rayons articulés à la nageoire du dos. 16 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des tlioracines. 3 rayons non articulés et 6 articulés à celle de l'auus» 12 rayons à celle de la ç[ueueo DES POISSONS. s65 La nageoire de la queue est arrondie et rajée; la couleur générale de l'animal est variée de brun et de blanc j et c'est dans les Indes orientales que Ton ren- contre cette espèce, qui se nourrit de crabes et de mollusques, sur laquelle, au milieu de rapprochemens bizarres en apparence et cependant merveilleusement concertés, des formes très-disparates au premier coup d'œil se liant par des dégradations intermédiaires et bien ménagées, montrant des parties semblables où l'on n'avoit d'abord soupçonné que des portions très- diflérentes, paroissent avoir été bien plutôt préparées les unes pour les autres que placées de manière à se heurter, pour ainsi dire, avec violence , mais dont l'en- semble, malgré ces sortes de précautions, repousse tellement le premier regard , qu'on n'a pas cru la dégrader en la nommant honihlc , en l'appelant de plus crapaud de mer, et en lui donnant ainsi le nom d'un des animaux les plus hideux. TOME m. 34 LA SCORPÈNE AFRICAINE'. On rencontre auprès du cap de Bonne-Espérance et de quelques autres contrées de TAfrique, cette scorpène dont la longueur ordinaire est de quatre décimètres; elle est revêtue d'écaillés petites, rudes, et placées les unes au-dessus des autres comme les ardoises des toits. Les jeux sont situés sur les cotés de la tête , qui est grande et convexe; une prolongation de l'épiderme les couvre comme un voile transparent; l'ouverture de la bouche est très-large; les deux mâchoires sont également avancées ; deux lames composent chaque opercule ; quatre pointes garnissent la supérieure 5 l'inférieure se termine en pointe du coté de la queue; et le dos est arqué ainsi que caréné \ ' Scorpsena africana. Scorpaena capensis. Linné, édition de GmcUn, Gronov. Znoph. p. 88 , ?i. 298. ' 6 rayons à la membrane des branchies. 14 rayons non articulés et i 2 rayons articulés à la nageoire du dos. 18 rayons à chacune des ])ec(orales. I rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoracines». 3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à celle de l'anus, 12 rayons à celle de la queue. LA SCORPÈNE ÉPINEUSE Le corps de ce poisson est comprimé; des aiguillons paroissent sur sa tête 3 sa ligne latérale est d'ailleurs hérissée de pointes, et sa nageoire dorsale, plus étendue encore que celle de la plupart des scorpènes, règne depuis lentre-deux des jeux jusqu'à la nageoire cau- dale. * Scorpaena spinosa. Id. Linné} édilinn de Gmelin. Ind. Mus. Liuch i ^ji, ^i. LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE'. La description de cette espèce n'a encore été publiée par aucun auteur; nous en avons vu des individus dans la collection de poissons secs que renferme le Muséum national d'histoire naturelle. Quatre aiguil- lons recourbés vers le bas et en arrière paroissent au- dessous des jeux; ces pointes sont d'ailleurs très-fortes, sur-tout la première et la troisième 3 des piquans garnissent les deux lames de chaque opercule : la partie des nageoire^^du dos et de l'anus, que des rajons articulés soutiennent, est plus élevée que l'autre por- tion; elle est de plus arrondie comme les pectorales , et comme la nageoire de la queue \ ' Scorppena aculeata. * 10 rayons non articulés et 18 rayons articulés à la nageoire dorsale. 37 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des thoraciues 2 rayons non articulés et 14 ra)ons articulés à celle de l'anus. 16 rayons à celle de la queue. LA SCORPÈNE MARSEILLOISE -, Ce poisson a beaucoup de rapports avec les cottes, parmi lesquels il a même été inscrit, quoiqu'il n'otiie pas tous les caractères essentiels de ces derniers , et qu'il présente tous ceux qui servent à distinguer les scorpènes. Il ressemble particulièrement au cotte scor- pion, dont il dilîère néanmoins par plusieurs traits, et notamment par l'unité de la nageoire dorsale, qui est double au contraire sur le scorpion. La tête du marseillois est armée de plusieurs piquans; lin sillon est creusé entre ses deux jeux, et son nom indique la contrée arrosée par la mer dans laquelle on le trouve '. ' Scorpsena massiliensis. Cottus massiliensis. Linné, édition de Gnieliu. ' 12 rayons non articulés et lo rayons articub's à la nageoire dorsale. 17 rayons à chacune des nageoires pectorales. I rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des nageoIre& thoracines. 3 rayons non articulés et 6 rayons articulés à eelle de l'anuSr 12 rayons à la nageoire de la queue. LA SCORPÈNE DOUBLE-FILAMENT *. Nous devons la connoissance de ce poisson au voya- geur Commerson, qui nous en a laissé une figure très-exacte que nous avons cru devoir faire graver. Cet animal est couvert d'écaillés si petites, que Ton ne peut les voir que très-difficilement. La tète est grosse, un peu aplatie par-dessus, garnie de protubé- rances; et la mâchoire inférieure est tellement relevée, repliée et appliquée contre la supérieure , qu'elle dépasse beaucoup la ligne verticale , et s'avance du côté de la queue au-delà de cette ligne, lorsque la bouche est fermée. Au reste, ces deux mâchoires sont arrondies dans leur contour. Les jeux sont extrême- ment petits et très-rapprochés; les nageoires pectorales très -larges , et assez longues pour atteindre jusque vers le milieu de la longueur totale de la scorpène* La nageoire de la queue est arrondie j celle de l'anus l'est aussi, et d'ailleurs elle est à peu près semblable à la portion de la nageoire du dos au-dessous de laquelle elle est située , et qui est composée de rajons articulés. Les autres rajons de la nageoire dorsale sont au nombre de treize, et comme Irès-séparés les uns des autres, parce que la membrane qui les réunit est * Scorpœna biclnata. HISTOIRE NATURELLE. SIJÏ profondément échancrée entre chacun de ces aiguil- lons, qui, par une suite de cette conformation, pa- roissent lobés ou lancéolés. Au-dessus d© la nuque on voit s'élever et partir du même point deux filamens très-déliés, d'une si grande longueur qu'ils dépassent la nageoire caudale , et c'est de ce trait particulier que j'ai cru devoir tirer le nom spécifique de la scor- jîène que je viens de décrire *. * i3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 7 à celle de l'anus. X4 à celle de la queue. LA SCORPÈNE BRACHION*. Nous allons décrire cette scorpëne cr^près un dessin Irès-exact trouvé dans les papiers de Commerson , et que nous avons fait graver; elle ressemble beaucoup à la scorpène double -filament par la forme générale de la tête, la petitesse et la position des jeux , la conformation des mâchoires, la place de l'ouverture de la bouche, la situation de la mâchoire inférieure nui se relève et s'applique contre la supérieure de manière à dépasser du côté de la queue la ligne ver- ticale, la nature des tégumens qui ne présentent pas d'écaillés facilement visibles , et l'arrondissement de la nageoire caudale. Mais elle en diffère par plusieurs caractères, et notamment par les traits suivans : pre- mièrement, elle n a sur la nuque aucune sorte de fila- ment; secondement, l'échancrure que montre la mem- brane de la nageoire du dos, à côté de chacun des rayons aiguillonnés qui composent cette nageoire, est très-peu sensible relativement aux échancrures ana- logues que l'on voit sur la scorpène à laquelle nous romparons le brachion ; troisièmement, chacune des nageoires pectorales forme comme une bande qui s'étend depuis le dessous de la partie antérieure de * Scorpasna bracUiou. Tome 3 . n iz . Ta^e^ ^fe. 2^2 5 LA SCORPÈNE BARBUE'. L.A tête de ce poisson est relevée par des protubé- rances, et creusée dans d'autres endroits, de manière à présenter des cavités assez grandes. Deux barbillons garnissent la mâchoire inférieure 3 les nageoires tliora- cines sont réunies l'une à l'autre par une petite mem- brane ; la nage(jire caudale est prescjue rcctiligne'. ' ScorpctMia barbat.T. Scorpènc barbue. Boiinuterre , planches de l' Encyclopédie méthodique. Scorpicna capite cavernoso , cirris getninis in niaxilla infcriore. Gronoi,. Mus. ichlhjolog. i , /;. 46. "12 rayons aiguillonnés et 10 rayons arliculés n la nageoire du dos. i5 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à celle de l'anus. i3 rayons à celle de la queue. LA SCORPÈNE RASCASSE*. La rascasse habite dans la Méditerranée et dans plusieurs autres mers. On l'v trouve auprès des rivages, où elle se met en embuscade sous les fucus et les autres plantes marines , pour saisir avec plus de facilité les poissons plus foil)les ou moins armés qu'elle ; et lors- que sa ruse est inutile, que son attente est tromp.ée , et que les poissons se dérobent à ses coups, elle se jette sur les cancres, qui ont bien nioins de force, * Scorpéena rascassa. Scrofanello, dans plusieurs contrées de l'Italie. Scnrpaena porcus. Linné, édition de Grnelin, Scorpène rascasse. Daubenton , Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie viêtliodique. Bloch, pi, iSi. Zeus cirris supra oculos et nares. Mus, Âdolph. Frid. i , p> 68. Scorpsena pinnulis ad oculos et nares. Arledi, gen. 47, syn. -yS. o' o-xo:7ri©-. Aristot. lih. 2, cap. t'] '■, et lib. 5 , cap. 9,10: et lii). 8 , c. i , tab. 2.^Jig. 3. Perça amboinensis. Raj. Pisc. p. 98, n. 26, TOME JIJ. OJ ûgo HISTOIRE NATURELLE lensemble de la nageoire qu'ils composent, s'étende on se" rétrécisse h. la volonté de l'animal; que le poisson puisse agir sur l'air par une surf^ice très-ample ou très- resserrée; qu'indépendamment de l'inégalité des efforts de ses muscles , la scorpène emploie une sorte" d'aile plus développée, lorsqu'elle frappe en arrière contre les couches atmosphériques , que lorsque, ramenant en avant sa nageoire pour donner un nouveau coup d'aile ou de rame , elle comprime également en avant une partie des couches qu'elle traverse ; qu'il y ait une su- périorité très-marquée du point d'appui qu'elle trouve dans la première de ces deux manœuvres, h la résis- tance qu'elle éprouve dans la seconde ; et qu'ainsi elle jouisse d'une des conditions les plus nécessaires au vol des animaux. Mais si la facilité de voltiger dont est douée la scorpène que nous décrivons , lui fait éviter quelquefois la dent meurtrière des gros poissons fjui hi poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l'abri des pêcheurs qui la recherchent , et qui s'efforcent d'autant plus de la saisir, c|u@ sa chair est délicieuse j elle la livre même quelquefois entre leurs mains , en la faisant donner dans leurs pièges , ou tomber dans leurs Blets 9. lors(pi'attaquée avec trop d'avantage , ou menacée de trop grands dangers au milieu de l'eau , elle s'élance du sein de ce fluide dans celui de l'atmosphère. C'est dans les rivières du Japon et dans celles d'Am- boine que l'on a particulièrement observé ses précau- tions heureuses ou funestes j et ses autres habitudes.. DES POISSONS. ^29^ îl paroît qu'elle ne se nourrit communément que de poissons très-jeunes, ou peu redoutal^les pour elle. ** Sa peau est revêtue de petites écailles placées avec ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente, d'ailleurs , des bandes transversales alternativement orangées et blanches , et dont les unes sont larges et les autres étroites. Les rajons aiguillonnés de la nageoire dorsale sont variés de jaune et de brmi ; les autres rajons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune *j et les pectorales et les thoracines, violettes et tachetées de blanc. Des points blancs marquent le cours de la ligne latérale. L'iris présente des rajons bleus et des rajons noirs. Et quant aux formes de la scorpène vo- lante, il suffira de remarquer que la tête, très-large par- devant , est garnie de barbillons et d'aiguillons ; que les deux mâchoires, également avancées, sont armées de dents petites et aiguës ; que les lèvres sont extensibles ; que la langue est petite , pointue , et un peu libre dans ses mouvemens; que de petites écailles sont placées sur les opercules ; et que la membrane qui réunit les rajons aiguillonnés de la nageoire du dos, est très- basse , comme la membrane analogue de la scorpène antennée. * 6 rayons à Ja membrane des brancliies. 12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire dorsale. 14 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 12 rayons à la nageoire de la (jueue , qui est arrondie. QUATRE-VINGT-SEPTIÈME GENRE. LES SCOMBÉROMORES. Une seule nageoire dorsale; de petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue; point d'aiguillons- isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCE, CARACTÈRES. iHuît petites nageoires au-dessus et au des- sous de la queue: les deux macnoires ega=- 1 lement avancées. LE SCOMBÉROMORE PLUMIER*. Les peintures sur vélin qui font partie de la collec- tion du Muséum d'histoire naturelle , renferment la figure dun poisson représenté d'après un dessin de Plumier, et qui paroît avoir beaucoup de rapports avec la bonite. Le savant vojageur que nous venons de citer, Tavoit même appelé bonite ou pélamis, petite et tachetée, vulgairement tézard. Mais les caractères génériques que montrent les vrais scombres, et particulièrement la bonite, ne se retrouvant pas sur le poisson plumier, nous avons dû le séparer de cette famille. Les principes de distribution méthodique que nous suivons, nous ont même engagés à l'inscrire dans un genre particulier que nous avons nonuné sconihêminore , pour désigner les ressemblances qui le lient avec celui des scombres, et dont nous aurions placé la notice à la suite de l'his- toire de ces derniers , si quelques circonstances ne s j étoient opposées. Le scombéromore plumier vit dans les eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale présente deux portions si distinctes par leurs figures, que l'on croiroit avoir sous les jeux deux nageoires dorsales très -rappro- chées. La première de ces portions est triangulaire , et * Scomberomorus Plumieriio 2.q4- HISTOIRE NATURELLE. composée de vingt rayons aiguillomiés ; la seconde est placée au-dessus de ccîle de Fanus, à laquelle elle ressemble par' son é^'"ndue, ainsi que par sa forme comparable à cehe -''^m^p faux. Hn^" petites nageoires paroissent au-de.-s'.s et au-dessou,s de la queue. Les coulevu^s de Faniin' ! sont d'ailleurs magnifiques : l'azur de son dos, et l'argenté de sa partie inférieure, sont relevés par les teintes brillantes de ses nageoires, et par l'éclat d'une bande dorée qui s'étend le long de la ligne latérale , et règne entre deux rangées longitudi- nales de taches irrégulières et d'un jaune doré. QUATRE-VINGT-HUITIÈME GENPvE, LES GASTÉROSTÉES. Une seule nageoire dorsale; des aiguillons isolés^ ou presque isolés, au-devant de la nageoire du dos-, une carène lon- gitudinale de chaque cdté de la queue; un ou deux rayons au plus à chaque nageoire thoracine; ces rayons aiguillonnés. ESPÈCES. CARACTÈRES. X. Le gastér. ÉPiNOCHE.fTrois aiguillons au-devant de la nageoire du [^Gasterosleus 1er acide a t us ?j «. dos. 2. Le gast. ÉpiNOCHETTE. fDix aiguillons au-devant de la nageoire du [Gasterosteus -puiigitius.) l dos. 3. Le gastér. spinachie. îQuinze aiguillons au-devant de la nageoira> [Gasteiosteiis spiiiachia.) *• du dos. LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHE^ LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHETTE ET LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE^. C'est dans les eaux douces de l'Europe que vit Fëpi- «oche. Ce gastërostée est un des plus petits poissons ' Gasterosteus teraculeatus, Skitfspigg, en Suède. Skillbrir ûtn stôrre, ibid. Steckîe back , en Aiigttterre. Banslickle j ibid, Sharpling, ibid. Épinarde, dans quelques déparlemens méridionaux de France, Gastré trois épines. IDaubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, Bloclij pi. So^/ig' 3. Gasterosteus aculeaius. Linnéj édition de Gmelin. Fauiu Suecic. 336. Gasterosteus in clorso tribus. Artedi, gev. S% , spec, 26 , syn. Sô. Minier j Prodrom. Zoolog. Danic. p. 47, n. 3. Cronoi'. Mus. i , p. 4g, n. m; Zooph.p. i34, /z. 4o5. Centriscus duobus in dorso arnialo aculeis , totideai in ventre. Klein j ^'liss. pisc. 4, ;7. 48, //. 2 , tab. J^^Jig. 4 cl S. .Spinarellao Belloii, Aquat.p. ozj. Brit. Zoolog. 3, p. 217, n, 1. Willughhy , Ichthyol, '6\\. Raj. Pisc. 145. Epinoche. JR.oiidelel ^ Des poissons de ritièrCj chap. 17. Slicliling et sfachelfîsch. IVulff, Ichtliyolog. ^pinoche. Fabnoni-Bomare j Dictionnaire d'histoire naturelle. HISTOIRE NATURELLE. 297 que l'on connoisse ; à peine parvient-il à la longueur d'un décimètre : aussi a-t-on voulu qu'il occupât dans ^ Gasterosteus pungitius. Skitfspigg den mindre , en Suède. The lesser stickleback, en Angleterre. Tlie lesser sharpling, ibid. Gasterostcus pungitius. Linné, édition de Gmelin. Gastré épinoche. Daubenton , Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre 3 planches de VEiicycloyiédie viéthodique. Blochj j)l. h'^^fig. 4. Faun. Suecic. 23y. Gasterostcus aculeis in dorso tribus. Artedi, gen. Sz , spec. 97, sjn. 8®. Gronov. Mus. i y p. 5o , n. 112; Zoop/i. p. 184, ?i. 406. Centriscus spinis decem vel undecim, etc. Klein, Miss. pisc. 4,^,48, n. 4, Spinarella pusillus. Bellon, Aquat.p. 227. Gesner, Aquat. p. 8; Icon. anim. p. 284 ; Thierb, p. 160 , a, Pungitius, alteruni genus. Aldrou. Pisc. p. 628. Raj. Pisc. p. 145 , ?/. 4. Lessler stickleback. TVillughhy , Ichlhyolog. p. 342. Ten spined stickleback. Bril. Zoolog. 3,yP. 21g, n. 2. ^ Gasterosteus spinachia. Sfeinbicker, dans plusieurs contrées de l'Allemagne. Ersskraper, danb plusieurs pays du Nord. Gastré quinze-épines. Daubenton , Encyclopédie méthodique, Id. BonnaterrCj planches de V Encyclopédie méthodique. Gasterosteus spinachia. Z,i/27ic'j édition de Gmelin. Faun. Suecic. 338. Grtnoi'. Mus. i , p. 5o , n. ii3; Zooph. p. 184, n. 407. .Bloch, pi. 53 , fig. I. Gasterostt'us pentagonus. Mus. Ad, Frid. p. 84. Centriscus aculeis quindecim in dorso. Klein, Miss, pisc, 4, p. 48, n. r. Aculeatus vcl pungitius iHarinus longus. PVillughby , Lhihyol. p. 840, tab. X, i3,^g. 1 ; Appcnd. p. 28. R(tJ. Pisc. p. 14.5, 7/. i5. Fifteen spined stickleback, Brit, Zoolog. 3 , p. 220, n. 3. i U M tS 11], 38 298 HISTOIRE NATURELLE réchelle de la durée une place aussi éloignée des pois- sons les pins favorisés , que sur celle des grandeurs. On a écrit qu'il ne vivoit tout au plus que trois ans. Quelque sûres qu'aient pu paroître les observations sur lesquelles on a fondé cette assertion, nous crojons qu'elles ont porté sur des accidens individuels plutôt que sur des faits généraux; et nous regardons comme bien peu vraisemblable une aussi grande brièveté dans la vie d'un animal qui, dans ses formes, dans ses qua- lités, dans son séjour, dans ses mouvemens , dans ses autres actes, dans sa nourriture, ne présente aucune différence très-marquée avec des poissons qui vivent pendant un très-grand nombre d'années. Et d'ailleurs ne reconnoît-on pas dans l'épinoche la présence ou l'influence de toutes les causes que nous avons assignées à la longueur très-remarquable de la vie des habitans des eaux, et particulièrement des poissons considérés en général? C'est dans le printemps que ce petit osseux dépose ses œufs sur les plantes aquatiques , qui les main- tiennent à une assez grande proximité de la surface des lacs ou des rivières, pour que la chaleur du soleil favorise leur développement. 11 se nourrit de vers, de chrysalides, d'insectes que les bords des eaux peuvent lui présenter, d'œufs de poissons; et, malgré sa foi- blesse, il attaque quelquefois des poissons, à la vérité, extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d'éclore. Les aiguillons dont son dos est armé , et le bouclier DES POISSONS. 2(^9 ainsi que les lames dont son corps est revêtu , le dé- fendent mieux qu'on ne le croiroit au premier coup d'œil, de l'attaque de plusieurs des animaux qui vivent dans les mêmes eaux que lui : mais ils ne le garantissent pas de vers intestinaux dont il est fréquemment la vic- time ; ils ne le préservent pas non plus de la recherche des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, au moins le plus souvent, pour la nourriture de l'homme, parce que son goût est rarement très-agréable : mais comme cette espèce est grasse et féconde en individus , il est plusieurs contrées où l'on répand les épinoches par milliers dans les champs, sur lesquels elles forment en se corrompant un excellent fumier; ou bien on les emploie à engraisser dans les basses-cours voisines des lacs qui leur ont servi d'habitation, des canards, des cochons, et d'autres animaux utiles dans l'économie domestique.. On peut aussi exprimer de milliers d'épinoches une assez grande quantité d'huile bonne à brûler j et nous ne devons pas oublier de faire remarquer qu'il est un grand nombre d'espèces de poissons, dédaignées à cause du goût peu agréable de leur chair, dont on pourroit tirer, comme de l'épinoche , un aliment convenable à plusieurs animaux, un engrais très-propre à fertiliser nos campagnes , ou une huile très-utile à plusieurs arts. Les jeux de l'épinoche sont saillans, et ses mâ- choires presque aussi avancées l'une que l'autre : 3oC HISTOIRE NATURELLE chaque ligne latérale est marquée oiî recouverte par des plaques osseuses placées transversalement, |)lus petites vers la tête ainsi que vers la queue , et qui , au uombre de vingt cîn(|. de vingt-six ou de vingt-sept, forment une sorte de cuirasse assez solide. Deux os alon- gés , durs, et afîermis antérieurement par un troisième , couvrent le ventre comme un bouclier; et de là vient le nom générique de gastérostée que porte lépinoche. Chaque thoracine est composée de deux rajons : le preiuier, grand, pointu, et presque toujours dentelé, frappe aisément la vue 5 le second, blanc, très-court, très-mou, est difficilement apperçu. Trois aiguillons alongés, et séparés l'un de l'autre, s'élèvent au-devant de la nageoire du dos : les deux premiers sont dentelés des deux côtés ; le troisième l'est quelquefois, mais il est presque toujours moins haut que les deux premiers. On compte trois lobes au foie, qui est très-étendu, et dont le lobe droit est particulièrement très -long. On ne voit pas de ca'ciim auprès du pj lore 3 et le canal intestinal se recourbe à peine vers la tête , avant de s'avancer en ligne droite vers l'anus , ce c[ui doit faire présumer que les sucs digestifs de Tépinoche sont très-actifs. La vésicule natatoire est épaisse , simple , grande , et attachée à fépine du dos^ dont cependant on peut la séparer avec facilité. Au reste 5 firis , l'opercule branchial et les côtésde DES POISSONS. 3oi l'épinoche brillent de Téclat de l'argent; ses nageoires de" celui de For; et sa gorge, ainsi que sa poitrine, montrent souvent celui du rubis'. Lepinochette vit en troupes nombreuses dans les lacs et dans les mers de l'Europe ; on la voit pendant le printemps auprès des embouchures des fleuves 3 et suivant le citojen Noël, on la pêche dans la Seine, jusqu'au-dessus de Quillebœuf. La spinachie ne se trouve ordinairement que dans la mer. Elle est plus grande du double , ou environ , que l'épinoche , pen- dant que l'épinochette ne parvient communément qu'à la longueur d'un demi-décimètre. Cette épinochette est d'ailleurs dénuée de lames osseuses et môme d'é- cailles facilement visibles; sa couleur est jaune sur son dos, et blanche ou argentée sur sa partie infé- rieure % La spinachie offre à peu près le même ton et la même ^ A la membrane des branchies de l'épinoche, 3 rayons, à la nageoire du dos 12 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 2 à celle de l'anus g à celle de la queue , qui est rectiligne , 12 % ' A la nageoire du dos de l'épinochette , 11 rayons, à chacune des pectorales 10 à chacune des thoruines , dont la mem- brane est très-blanche , 2 à celle de l'anus 11 à celle de la qr.eue ï3 3o£> H J s T O I R E NATURELLE. dispositioa dans ses nuances que Fépinochette ; mais ses cutés sont garnis de lames dures. Elle a de plus le museau avancé en forme de tube , l'ouverture de la ])ouche petite , et l'opercule ciselé en rajons *. ^ A la nao;coire du dos de la spinachie, 6 ou 7 rayons, à chacune des pectorales 10 à chacune des tlioracines 2 à celle de l'anus 6 ou 7 à celle de la queue, qui est arrondie, 12 QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GENRE. LES CENTROPODES. Deux nageoires dorsales-, un aiguillon et cinq ou six rayons articulés très-petits à cluujue nageoire thoracine ; point de piquans isolés au-devant des nageoires du dos, mais les rayons de la première dorsale à peine réunis par une membrane; point de carène latérale d la queue. espèce. caractere. Le centeop. rhomboïdal. {^Centropodiis HOMBOlDAL.f^ ^^ , .^ , .,, \ Le corps revêtu de petites écailles. rhombciis.) < LE CENÏROPODE RHOMBOÏDAL ". La conformation de ce poisson nous oblige à le placer dans un genre particulier. Il a été observé par Fors- kael dans la mer Rouge. Les petites écailles jdont il est revêtu , brillent comme des lames d'argent. Les nageoires sont blanches, excepté celle de la queue, qui est d'un verd bleuâtre; et la seconde dorsale est noire dans sa partie la plus élevée. Cette seconde nageoire du dos est d'ailleurs triangulaire et écailleuse dans sa partie antérieure, comme celle de l'anus, et basse, ainsi que transparente, dans le reste de son étendue. Les cinq rajons articulés qui, réunis avec un aiguillon, com- posent chacune des nageoires tlioracines , sont à peine visibles'. Une membrane assez peu large soutient les quatre ou cinq pi(|uans qui forment la première dor- ' Cetitropoclus rliombeus. Forshaelj Fauii. Arab. p. 58, n. 78. Cenirogaster. Linné, édition de Giutlin. Scouibre tabak. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. * A la membrane des blanchies 6 rayons. à la première nageoire du dos 4 ou 5 ^ à la seconde 32 àcliacune des pectorales i5 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 'S^ à celle de la queue, qui est un peu arrondie, 16 HISTOIRE N A T U R E L L E. So5 snle. r.es dents sont déliées et nombreuses; et aii-dessui du bout de ia langue, ou voit une callosité ovale et rude. La queue proprement dite est très-courte ; ce qui donne à chaque côté de Tan [mal une ligure rhoniboïdale. TOME in.' 39 QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. LES CENTROGASTÈRES. Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageoire thoracine. ESPECES. CARACTERES. La nageoire dorsale très-longue; celle tle la 1. Le CENTROG. BRUNATRE , ^^^^^^^ très-peu fourchue; la couleur du {Centro^aster fuscescens.) ^ ^^^^^^ ^^^ corps, brune. 2. Le CENTROG. argenté. rLa nageoire de la queue, fourchue ; la cou- {Centrogaster argeiitutus.) *■ leur du dessus du corps, argentée. LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE', E T LE CENTROGASTÈRE ARGENTÉ^ Les mers qui arrosent le Japon , nourrissent ces deux centrogastères , dont on doit la connoissance au savant Houttujn , et dont le nom générique vient âes aiguil- lons que Ton voit au-dessous de leur corps, et qui com- posent une partie de leurs nageoires inférieures. Ces poissons ne parviennent qu'à une longueur très -peu considérable : le brunâtre n'a pas ordinairement deux décimètres de long , et l'argenté n'en a qu'un. La mâchoire supérieure du premier est garnie de dents aiguës ; le second a sur la nuque une grande tache brune, et communément arrondie. Les notes suivantes^ * Centrogaster fuscescens. Jd. Linné, édition de Gmeîin. Houttujn y Act. Haarl. XX j 2j p. 333 , /r. 2r. ^ Centrogaster argeofatus. Id. Linné , édition de Gmelin» Houttuynf Act. Haarl. XX j 2, /?. 334 » "• ^^* ? i3 aiguillons et 11 rayons articulés à la nageoire du dos du brunâtre. 16 rayons à chacune des pectorales. 7 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire de l'anus. 20 rayons à la nageoire de la queue. 3o8 HISTOIRE NATURELLE. et % et le tableau de leur genre, indiquent leurs autres traits principaux. ^ 8 aiguillons à la partie antérieure de la nageoire dorsale de l'argenlé. 3 aigyillons et 12 rayons à la nageoire de l'anus. QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. LES CENTRONOTES. Une seule nageoire dorsale-^ quatre rayons au moins a chaque thoracine ; des piquans isolés au-devant de la nageoire du dos; une saillie longitudinale sur chaque côté de la queue, ou deux aiguillons au -devant de la nageoire de tanus. ESPÈCES. CARACTÈRES, 'Quatre aiguillons au-devant de la najreoire f Quatre aigu du dos; s^ I. Le CENTRONOTE PILOTE.] du dos; sept rayons à la membrane des uchies ; vingt-se lageoire dorsale. {Cenlronoius conductor.) j brauchies; vingt-sept rayons au inoins à y la rxi. 2. Le CEI {Centronolus acatilhias.) | ENTR. ACANTHiAS.f^"^*"^ aiguillons au-devant de la nageoire ^nolus acanlhias.) \ '^°'''^'^.' *'°*' '"^^^^^ '"^ '^ «membrane des branchies. ICinq aiguillons au-devant de la nageoire du dos; le premier tourné vers le museau, et les autres inclinés vers la queue; la ligne latérale ondulée par petits traits. 4. Le centroN. argenté, f Sept aiguillons au-devant de la nageoire du [Centronolus argenteus.) \ dos; onze rayons à cette nageoire. „ _ (Sept aiguillons au-devant de la nageoire du 5. Le centronote ovale, l , . . ^ ,^ j. s { dos; vingt rayons a cette nageoire: sijs (Centronoius oi^alis.) \ f ■' , , ,. (^ rayons a la membrane des branchies. Sept aiguillons au-devant delà nageoire du 6. Le centronote lyZAN.; ^^^ . ^i^g^. „„ rayons à cette nageoire j (Centionoius Ijzan.) | j^^^-^ ^^^^^^ ^ j^ membrane des branchies. 3 I O H i s lO I R E ESPÈCE S. N A T U R E L L E. CARACTERES. iHiiit aiguillons au-devant de la nageoire du 7. Le centr. CAROf.iNiN. s , . ^ . , ,. . , ' J' dos ; vingt-six rayojîs a celle nageoire ctoy- iCi'iUio/iolus iiirolinub ) J , , i- 1 ^^ 1 j •. ^ l sale; la ligne latérale droite. /Huit aiguillons au-devant de la nageoiie du dos; trente trois rayons à celle nageoire dorsale; point d'aiguillons au -devant tie celle de l'anus; deux rayons seulement à chacune des pectorales. 8. Le centr, gardénien. ( Centronotus Gurdenii.) 9. Le centronote vadigo. {^Centronotus yadlgo.) [Huit aiguillons au-devant de la nageoire du dos ; plus de deux rayons à chacune des [ pectorales j la ligne latérale tortueuse. LE CENTRONOTE PILOTE Presque toutes les espèces du genre des centronoics^ ainsi que celui des ^aslérostL^es et celui des centra- podes, ne renferment que d'assez petits individus. Le centronote dont nous traitons dans cet article, parvient très-rarement à la lono-neur de deux décimètres. Mal- gré les dards dont quelques parties de son corps sont hérissées, il ne pourroit donc se défendre avec succès que contre des ennemis bien peu redoutables , ni attaquer avec avantage qu'une proie presque invisible. Son espèce n'existeroit donc plus depuis long-temps, * Centronotiis conductor. Gasteiosteus conductor. Linné, édition de Gmelin. Gastié pilote. I^aiihentnn, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterrej -planches de V Encyclopédie méthodique. Mus. yfd, Frid. 2 , p. 88, *. Pilot fish. TT'illughbj , Tdithyol. fab. append.Z ^ fig. 2. Glaucus aculeatus , fascîatus, etc. Klein, Miss. pisc. 5 ^ p. 3i, 77. 5. Le pilote. Duhamel j Traité des pêches, pm t. 2 ysect.^j chap. 4, art. 5, p. 55, pi. ^,fig. 4, et pi. g.fig. 3. Scomber ductor. Nosselquistj It, 336. OshecJi, It. 73, tab. \2^fig. 2 ; et Act. StocJih. 1^55 , p. 71. Scomber fasciis quatuor caeruleo-argenleis, aculeis quatuor ante pinnam dorsalem. Larfi. If. Scomber dorso nionopterygio , pinnulis nullis , etc. Cronov. Zooph. Sog. Pilote piscis. Baj. Pisc. i56. Lootsmaunekens. Britun, ii. SaS, iab. 190. 3 I 2 II I s T () IRE IN A i:' r R ELLE s'il u'avoit reçu i'cigilité en partage : il se soustrait par des mouvemens rapides aux dangers qui peuvent le menacer. D'ailleurs sa petitesse fait sa sûreté, et com- pense sa foiblesse. Il n'est recherché ni })ar les pécheurs, ni par les grands habitans des mers; i'exiguité de ses membres le dérobe souvent à leur vue; le peu de nourriture qu'il peut fournir, empêche qu'il ne soit l'objet des désirs des marins , ou des appétits des squales. Il en est résulté pour cette espèce, cette sorte de sécurité qui dédommage le foible de tant de pri- vations. Pressée par la faim , rfe trouvant pas facile- ment à certaines distances des rivages les œufs , les vers, les insectes, les mollusques qu'elle pourroit saisir, elle ne fuit ni le voisinage des vaisseaux, ni même la présence des squales , ou des autres tjrans des mers ; elle s'en approche sans défiance et sans crainte; elle joue au-devant des bâtimens, ou au milieu des ter- ribles poissons qui la dédaignent; elle trouve dans les alimens corrompus que l'on rejette des navires , ou dans les restes des victimes immolées par le féroce requin, des fragmens appropriés par leur ténuité à la petitesse de ses organes; elle précède ou suit avec constance la proue qui fend les ondes , ou des troupes carnassières de grands squales; et frappant vivement l'imagination par la tranquillité avec hupielle elle habite son singulier asjle , elle a été bientôt douée , par les amis du merveilleux, d'une intelligence parti- culière : on lui a attribué un instinct éclairé , une DES POISSONS. 3î3 prévoyance remarquable, un attachement courageux; on Ta revêtue de fonctions très-extraordinaires 3 et on ne s^est arrêté qu'après avoir voulu qu'elle partageât avec les échénéis , le titre de conducteur du requin, de pilote des vaisseaux. Nous avons été bien aises de rap- peler cette opinion bizarre par le nom spécifique que nous avons conservé à ce centronote avec le plus grand nombre des auteurs modernes. Celui qui écrit l'his- toire de la Nature , doit marquer les écueils de la raison, comme Fliydrographe trace sur ses cartes ceux où ont péri les navigateurs. On voit sur le dos de ce petit animal , dont on a voulu faire le directeur de la route des énormes requins, ces aiguisons qui appartiennent à tous les poissons cojnpris dans le quatre-vingt-onzième genre , et dont la présence et la position sont indiquées par îe nom de centronote* que nous avons cru devoir leur donner : mais on n'en compte que quatre au-devant de la nageoire dorsale du pilote. Les côtés de la queue de ce poisson sont relevés longitudinaîement en carène. La ligne latérale est droite. Plusieurs bandes transver- sales et noires font ressortir la couleur de sa partie supérieure , qui présente des teintes brunes et des reflets dorés. H paroît que le nombre de ces bandes varie depuis quatre jusqu'à sept. Les mâchoires , la ■*Kevt|;oi', en grec, signifie aiguillon; et ^ù-tc,-, signifie dos. T O M E 1 I I. 4® 3l4 HISTOIRE NATURELLE. langue , et la partie antérieure du palais , sont garnies de Irès-petites dents*. * A la nageoire du dos 28 rayons, à cliacune dfs pecloralcs 20 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 17 ^-"~' ■" — *r^ •• "Tl-ii-irt-i ii'iTi fiilri Éwn m lin nfla I LE LENTRONOTE ACANTHIAS ^ ET LE CENTRONOTE GLAYCOSV Les mers qui arrosent le Danemarck , nourrissent; selon Pontoppidan, l'acanthias; et la Méditerranée est la patrie du glajcos. Nous avons conservé ce nom grec glaycos , qui veut dire glaïKjue [à\\i\ bleu de mer), à un centronote décrit et figuré par Rondelet, et auquel , suivant ce naturaliste , les anciens avoient donné cette dénomination. Cette espèce a le corps alongé , les dents très-pointues , la ligne latérale ondée à petits traits ; la partie supérieure du corps d'un bleu obscur, Finférieure très- blanche; la chair grasse, ferme, et de bon goût. ' Centronotus acanlliias. Pontoppid. Nuturg. Danaem, p. i8S, 7i. 3. Gasterosteus acanthias. Linné , édition de Gmflin. * Centronotus glaycos. Troisième espèce de glaucus. Rondelet, Bes poissons, liv, 8, chap. 17. LE CENTRONOTE ARGENTÉ^ LE CENTRONOTE OVALE% ET LE CENTRONOTE LYZAN^ On pèche auprès des côtes de rAmërique équinoxiale ^ l'argenté, dont la couleur est désignée par le nom spécifique que nous avons cru devoir lui donner % ' Centroiiotus.avgenîeiis. Gastevosteus occidentalis. Linné^ édition de Gmelin. Gastré saure. Danheuimij Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre., planches de l'Encyclopédie méthodique. Samus aroenteus caudâ longitudicaliter striatà. Brown^ Janu^Bz^ iah^ 46 , f'g' 2- ' Centronotus ovalis. Gastevosteus ovatus. Linné, édition de Gmelin. Gastié ovale. Daubenton, Encyclopédie méthodique^ Id. Bonnaterrt, planches de V Encyclopédie méthodique. 3 Centronotus lyzan. Gastcrosteus lyzan. Linné, édition de Gmelin. Scombre lyzan. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodiquei. Amia. Salidan.fol. I2T , 122. Forshael, Faun. Arabie, p. 54, n. 6g. ■^ 7 rayons à chacune des nageoires pectorales de l'argenté. 6 rayons à chacune des thoiacines. 2 aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus. 3 aiguillon et 6 rayons articule's à la nageoire anaJe,. a6 rayons à la pageoire de la queue. HISTOIRE NATURELLE. Siy pendant que c'est dans les mers de l'Asie que vit l'ovale , dont l'aiguillon dorsal le plus antérieur est couché vers la tête , dont les mâchoires sont hérissées de petites dents, et dont le corps très -comprimé , comme celui des chétodons, a indiqué par sa figure la dénomination spécifique de ce centronote '. Forskael a vu le Ijzan sur les côtes de l'Ara J3ie. Ce poisson est couvert d'écaillés petites, lancéolées, et resplendissantes comme des lames d'argent; ses lignes latérales sont ondées vers l'opercule et droites auprès de la queue; son dos est d'un brun mêlé de bleu \ Z i6 rayons à chacune des nageoires pectorales de l'ovale. 6 rayons à chacune des thoracines. 2 aiguillons au-devant de la nageoire anale. I aiguillon et i6 rayons à la nageoire de l'anus. 20 rayons à la nageoire caudale. f 17 rayons à chacune des pectorales du lyzan. 1 aiguillon et 5 rayons à chacune des thoracines. 2 aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus, I aiguillon et 18 rayons à cette même nageoire de l'anus». LE CENTRONOTE CAROLININ\ LE CENTRONOTE GARDENIEN^ ET LE CENTRONOTE VADIGO'. J-^E carolinin et le gardénien habitent la Caroline : le nom du premier indique ienr pays; celni du second, l'observateur qui les a fait consioitre. C'est en effet le docteur Garden (jui en envoya, dans le temps, la description à Linné. Ces deux poissons, et le vadigo, (pli se trouve dans la Méditerranée, se ressemblent par la forme de leurs ncngcoires du dos et de l'anus, qui présentent la ligure d'une faux , et par cel!e de la nageoire de la queue, qui est fourchue: niais, ' Centronodis caroliinis. Gasfevosteus carolinus. Li/niéj éj/tiou de GmeJin. Gaslré crevallc. Dauhcntou , Encyclopédie mélhodiqi Id. Boiiualevre , planches de l' Kncjdopédic nxéthod.iquc. * Centronotus Gardenii. Gasteiosteiis canadus. Linné, édition de Gmelin. Gasué caiiade. Daubenlon, Encyclopédie méthndiqne. îcl. Bonnatci^rc , planches de V Encyclopédie mélhodique. ^ Centronotus vadigo. Liclie, rf.-/7zs plusieurs dcp.ivlewcns méridionaux de France. P(?!araide , ihid. Liche, ou seconde espèce de glaucus. Rond.letj Des poissons j part, i , //(-', 8 j cJiap> 1 6. lue. HISTOIRE NATURELLE. 3 1 9 indépeDclamnieDt des disseniblaiices que nous 11 avons pas besoin d'énuniérer, ie carolinin na que \ingt-six rajons à la nageoire du dos ', et le gardénien y en a trente-trois 'j celui-ei n'a que deux rajons à chacune des pectorales, et le vadigo y en présente un nombre bien plus grand, pendant que ses lignes latérales sont tortueuses et courbées vers le bas, au lieu d'être droites comme celles du carolinin. Au reste, l'aiguillon dorsal le plus antérieur du vadigo est incliné vers le museau. ' 18 rayons à chacune des peclorales du carolinin. 5 rayons à chacune des thoracînes. 3 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire de l'anus, 27 rayons à celle de la queue. - 7 rayons à la membrane des branchies du gardénien. 2 à chacune des nageoires pectorales. «7 à chaci:ne des thoracines. 26 à la naireoiie de l'anus. 20 à celle de la queue. — ,......^-. ... ,.«—^».— . .,.,.■.<»■ I. Mil r..im -Jniri.^.li^ r QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE. LES LÉPISACANTHES. JLes écailles du dos, grandes, cillées, et terminées par un aiguillon j les opercules dentelés dans leur partie posté- rieure, et dénués de petites écailles; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire dorsale, ESPÈCE. CARACTÈRE. X.E LÉpiSACANTHE JAPONOIS. /Quatre aiguillons au-devant de la na- {Lepisacanthus japonicus.) 1 geoire du dos. iifl' — I «I. lr>«, aiiii ffc I ifc. LE LÉPISACANTHE JAPONOIS'. Le noîTi générique de cet animal désigne la forme particulière de ses écailles'; et sa dénomination spé- cifique , les mers dans lesquelles on l'a vu. Houttujn l'a fait connoître, et nous avons cru devoir le séparer des centronotes, et des autres poissons avec lesquels on l'avoit placé dans le genre des centrogastères , afin d'être fidèles aux principes de distribution métho- dique que nous avons préférés. Le museau de cet osseux est arrondi- ses mâchoires sont hérissées de petites aspérités, plutôt que garnies de dents propre- ment dites. Uni" fossette longitudinale reçoit et cache, à la volonté de Fanimaî , les piquans épais, forts, iné- gaux et isolés , (|ue l'on voit au-devant de la nageoire du dos. Les ravons de chacune des ilioracincs sont réunis et alougés de manière à former un aiguiHon peu mobile, rude, et égal en longueur aux trois dixièmes, ou à peu près, de la longueur totale du poisson. Le Japonois ne parvient d'ailleurs qu'à de très-petites- * Lepîsacanthus Japonîcus. Gasterosleus japoni^us. Linné, édition de Gmeliiu Gastré du Japon. Bonnaterre ^ planches de l'Encjclopédie méihodi(]ite, IloulliiyTi, Acl. îlaarL JVXj 2, p. 329. * Aettk signifie écaille , et a.v.oi.v'-^a^, aiguillon, TOME JU. 41 322. HISTOIRE NATURELLE. dimensions; il n'a pas un double décimètre de long; et sa couleur est jaune *. * A la membrane des branchies 5 rayons, à ]a nageoire du dos lo ,"i chacune des pectorales 12 à celle de l'anus 9 à celle de la queue 22 QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE. LES CÉPHALACANTHES. Le derrière de la tête garni, de chaque coté, de deux plquans dentelés et très-longs j point d^ aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos, ESPÈCE. CARACTÈRE. 3^E CÉPHALAC. SPINARELLE.f^ , i i • ' t r^ T_ , 7 „ »■{ Quatre rayons a chacune des tuoraciue«. ( Lepnalacanttuis spmai'eila.) (. : LE CÉPHALACANTHE SPINARELLE '. Ce ccphalacanthe ne présente qu'une petite longueur.' Sa tête , plus large que le corps , est striée sur toute sa surface, et garnie par derrière de quatre grands aiguil- lons. Les deux supérieurs sont plus dentelés , plus larges et plus courts que les deux inférieurs. La spi- iiarelle, cjui vit dans l'Inde, a été placée dans le même ?renre que les gastérostées et les centronotes : mais elle en diffère par trop de traits pour que nous n'ajons pas dû Fen séparer. L'absence d'aiguillons isolés au- devant de la nageoire dorsale au roi t suffi pour l'éloi- c/ner de ces osseux. Nous lavons donc inscrite dans un & oenre particulier qui précède immédiatement celui des dac(vloptëres, parun lesquels on compte la pirapède dont la lète ressemble beaucoup à celle de la spina- relle \ ' Cephalacanthus spinarella. {Nota. KstpaAo; veut dire léie _, et uKxvtcSj aiguillon ou piquant.) Gasterosteus spinarella. Linné ^ édition de Gmeîin. Pun^itius pusillus. Mus. Adolpli. Frid. i , p. 74, tob. 32,^/%-. 5. Gaslré spinarcile. Dauhenlon , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre y planches de V Encyclopédie méthodique. ? A la membrane des brancliies 3 rayons. à la nageoire du dos 16 h chacune des pectorales 20 à chacune des thoraciues 4 à celle de l'anus 8. QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE, LES DACTYLOPTÈRES. Une petite nageoire composée de rayons soutenus par une membrane j auprès de la base de chacfue nageoire pectorale, ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. Le dactylop. pirapÈDE.j^SIx rayons réunis par une membrane auprès ^Dac/jlopierus pirapeda.) X de chaque nageoire pectorale. 2. Le dactylop. JAPONOis.rOnze rayons réunis par une membrant au--- [Dacfylopterus japonicus.) \ près de chaque nageoire pectorale» LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÈDE*. Parmi les traits remarquables qui distinguent ce grand poisson volant et les autres osseux qui doivent appartenir au même genre, il faut compter particu- lièrement les dimensions de ses nageoires pectorales. Elles sont assez étendues pour qu'on ait dû les dési- gner par le nom d\/l/es ; et ces instrumens de nata- tion, et principalement de vol, étant couîposés d'une * Dactylopterus pirapcda. Volodor, en Espagne. Ilondirc, aux em irons de Rome. Kondola, on londela , sur les bords de l\^hJriatùjue. Falcone, à Malte et en Sicile. Flygande fibk, en Suède. Swallow floh, en Angleterre. Klte fisli , ibid. Arondelle , dans iilusieurs dc'partcmcns méridionaux de France. Rondole, ibid. Chauve-souris, ibid. Ratepenade , ibid. Trigla volitans. Linné, édition de Gmelin, Trigle pirapède. Daubenlon et Haiiy , Encyclopédie méthodique. Id. Borinalerre , planches de V Encyclopédie méthodique. Bloch, pi. 35 1. Trigla capite parùm aculeato , pinnulâ singulari ad plnnas ventrales; Artedi, gen, 44 , sjn. 78. Gronnr. Mus. 1 , n. 102. Trigla capite quatuor spondylis armato. Brown^ Jam. ^S?j. Scbçif. Mus. 3, tab. zuj^g. 7. HISTOIRE NATURELLE, 3^7 large membrane soutenue par de longs rajons arti- culés que Ton a comparés à des doigts comme les rajons des pectorales de tous les poissons , les ailes de la pirapède ont beaucoup de rapports dans leur conformation avec celles des chauve -souris , dont on leur a donné le non] dans plusieurs contrées 3 et nous avons cru devoir leur appliquer la dénomination géné- rique de dactyhplère, qui a été souvent employée pour ces chauve-souris, aussi-bien que celle de chcimptère , et qui signifie aile attachée aux doigts, ou formée par les doiofs *, Milivipira, ci pirabelle. Marcgr. Hist. JJrasi'/. lib. 4, cap. ii, /;. 162. Hirundo. PUn, Lust. miindi, lih. 9, cap. 48, édit. de Deux-Pom^. Milvus cirratus. 5/ou//. Jamaïc. vol. 2.^ p. 288. Mugil alalLis Rondeletli. Jacob. Mm. rcg. p. i ^fig. 3 , De piscib. purasr^ 3g, tah. 2 , 77. 3g. Uligende vise. Valent. Amhoin. jv'sc. iom. 3, tab. 52, £. Omopteros. Klein, Miss, pi'sc. 4 , /). 44 , «. 11. Hirundo aijualica. Bout. Ind. orient. ]i. 'yB. Hirundo Plinii. JVorm. Mus. i , p. 266. GesneVj p, -j34 , 014 ; [germ.) fol. 17, b. BelloUj Aquat. ig2. SaUdan. fol. 187. Aldrovand. lib. 2 , cap. 5 , p. 141. JonstoUf Ub. I , tit. 3, cap. i , a. 3, tah. \']^fig. 12. TVillughbj , p. 283, iah. S,fg. 6. Ka], p. 8g. XiAi^uv. Arisl. lib. 4, cap. g. Arondelle de mer. Rondelet, première partie, liv. 10, chap. i. Hirondelle de mer, ou rondole. Valniont-Bomare , Dictionnaire dlils' f^ire naturelle. * AatMTvKoi; yeut dire doigt, et ifï^ov, aile. 3^8 HISTOIRE NATURELLE La pectorale des pirapèdes çsl d'ailleurs double , et présente par conséquent un caractère que nous n'avons encore vu que dans le lépadogastère gouan. A la If se de cette aile, on voit en eflet un assemblage de six rajons articulés réunis par une membrane, et compo- sant par conséquent une véritable nageoire qu'il est impossible de ne pas considérer comme pectorale. De plus, l'aile des poissons que nous examinons offre une grande surface; elle montre, lorsqu'elle est déployée, une figure assez semblable à celle d'un disque, et elle atteint le plus souvent au-delà de la nageoire de l'anus et très-près de celle de la queue. Les rajons qu'elle renferme étant asse? écartés l'un de l'autre lorsqu'elle est étendue, et n'étant liés ensemble que par une membrane souple qui permet, facilement Jour rapprochement, il n'est pas surprenant que l'ani- mal puisse donner aisément et rapidement h la surface de ces ailes, cette alternative d'épanouissement et de contraction, ces inégalités successives, qui, produisant des efforts alternativement inégaux contre l'air de l'atm^osphère, et le frappant dans un sens plus violem- ment que dans un autre, font changer de place h l'animal lancé et suspendu, pour ainsi dire, dans ce fluide, et le douent véritablement de la faculté de voler*. Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever au-dessus V-- ■ ■ ' — " ^ Voyez le Discours sifr la nature des poissons. DES POISSONS. 829 de la mer, à une assez grande hauteur, pour que la courbe qu'elle décrit dans l'air ne la ramène dans les flots que lorsqu'elle a franchi un intervalle égal, sui- vant quelques observateurs, au moins à une trentaine de mètres ; et voilà pourquoi encore , depuis Aristote jusqu'à nous , elle a porté le nom de Jaucon de la mer, et sur-tout di hirondelle marine. Elle traverseroit au milieu de l'atmosphère des espaces bien plus grands encore , si la membrane de ses ailes pouvoit conserver sa souplesse au milieu de l'air chaud et quelquefois même brûlant des contrées où on la trouve : mais le Huide qu'elle frappe avec ses grandes nageoires, les a bientôt desséchées, au point de rendre très-difficiles le rapprochement et l'écarte- ment alternatifs des» rajons ; et alors le poisson que nous décrivons, perdant rapidement sa faculté dis- tinctive , retombe vers \çs> ondes au-dessus desquelles il s'étoit soutenu, et ne peut plus s'élancer de nouveau dans l'atmosphère que lorsqu'il a plongé ses ailes dans une eau réparatrice , et que, retrouvant ses attri- buts par son immersion dans son fluide natal, il offre une sorte de petite image de cet Antée que la mytho- logie grecque nous représente comme perdant ses forces dans l'air, et ne les retrouvant qu'eu touchant de nouveau la terre qui l'avoit nourri. Les pirapèdes usent d'autant plus souvent du pou- voir de voler qui leur a été départi , qu'elles sont poursuivies dans le seiu des eaux par un grand nombre TOME 111. 42 S3o HIStOIRE NATURELLE d'ennemis. Plusieurs gros poissons , et particulière-^ ment les dorades et les scombres , cherchent à les dévorer; et telle est la malheureuse destinée de ces animaux qui , poissons et oiseaux, sembleroient avoir un double asjle , cju'ils ne trouvent de sûreté nulle part, qu'ils n'échappent aux périls de la mer que j)our être exposés à ceux de l'atmosphère , et qu'ils n'évitent la dent des habitans des eaux que pour être saisis par le redoutable bec des frégates , des phaétons, des mauves, et de plusieurs autres oiseaux marins. Lorsoue des circonstances favorables éloignent de la partie de l'atmosphère qu'elles traversent, des ennemis dangereux, on les voit offrir au-dessus de la mer un spectacle assez agréable. Ayant quelquefois un demi- mètre de longueur, agitant vivement dans l'air de larges et longues nageoires, elles attirent d'ailleurs l'attention par leur nombre , qui souvent est de plus de mille. Mues par la même crainte , cédant au même besoin de se soustraire à une mort inévitable dans l'Océan, elles s'envolent en grandes troupes; et lors- qu'elles se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu d'une nuit obscure, on les a vues briller d'une lumière phosphorique , semblable à celle dont resplendissent plusieurs autres poissons , et à l'éclat que jettent, pen- dant les belles nuits des pajs méridionaux, les insectes auxquels le vulgaire a donné le nom de vers luisans„ Si la mer est alors calme et silencieuse, on entend I3, DES POISSONS. S3l petit bruit que font naître le mouvement rapide de leurs ailes et le choc de ces instrumens contre les couches de l'air; et on distingue aussi quelquefois un bruissement d'une autre nature , produit au travers des ouvertures branchiales par la sortie accélérée du gaz que l'animal exprime, pour ainsi dire, de diverses cavités intérieures de son corps , en rappro- chant vivement leurs parois. Ce bruissement a lieu d'autant plus facilement, que ces ouvertures bran- chiales étant très-étroites, donnent lieu à un frôlement plus considérable ; et c'est parce que ces orifices sont très-petits, que les pirapèdes , moins exposées à un dessèchement subit de leurs organes respiratoires , peuvent vivre assez long-temps hors de l'eau *. On rencontre ces poissons dans la Méditerranée et dans presque toutes les mers des climats tempérés; mais c'est principalement auprès des tropiques qu'ils habitent. C'est sur-tout auprès de ces tropiques qu'on a pu contempler leurs manœuvres et observer leurs évolutions. Aussi leur nom et leur histoire ne sont- ils jamais entendus avec indifférence par ces voja- geurs courageux qui, loin de l'Europe, ont affronté les tempêtes de l'Océan , et ses calmes souvent plus funestes encore. Ils retracent à leur souvenir leurs peines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succès. Ils nous ramènent , nous q\û tâchons de dessiner leurs * Discours sîtr la nature des poissons. 33s HISTOIRE NATURELLE traits, vers ces compagnons de nos travaux, qui^ dévoués à la gloire de leur pays, animés par un ardent amour de la science, dirigés par un chef habile, con- duits par le brave navigateur Baudin , et réunis par les liens d'une amitié touchante ainsi que d'une estime mutuelle, quittent, dans le moment même où mon cœur s'épanche vers eux, les rivages de leur patrie, se séparent de tout ce qu'ils ont de plus cher, et vont braver sur des mers lointaines la rigueur des climats et la fureur des ondes, pour ajouter à la pros- périté publique par l'accroissement des connoissances humaines. Noble dévouement, généreux sacrifices! la reconnoissance des hommes éclairés , les applaudisse- mens de l'Europe, les lauriers de la gloire, les em- brassemens de l'amitié, seront leur douce et brillante récompense. Opendant quelles sont les formes de ces poissons ailés dont l'image rappelle des objets si chers, des entreprises si utiles , des efforts si dignes d'éloges? La tète de la pirapède ressemble un peu à celle da- céphalacanthe spinarelle. Elle est arrondie par-devant^ çt comme renfermée dans une sorte de casque ou d'en- veloppe osseuse à quatre face,s, terminée par quatre aiguillons larges et alongés, et chargée de petits points arrondis et disposés en rajons. La mâchoire supé- rieure est plus avancée que l'inférieure. Plusieurs, rangs de dents très - petites garnissent l'une et l'autre de ces deux mâchoires; et l'ouverture de la bouche DES POISSONS. 333 est très-large, ce qui donne à la pirapède un rapport de plus avec une hirondelle. La langue est courte, épaisse , et lisse comme le palais. Le dessous du corps présente une surface presque plate. Les écailles qui couvrent le dos et les côtés , sont relevées par une arêfe longitudinale *. Le rougeâtre domine sur la partie supérieure de Lanimal, le violet sur la tête, le bleu céleste sur la première nageoire du dos et sur celle de la queue , le verd sur la seconde nageoire dorsale; et pour ajouter à cet élégant assortiment de bleu très-clair, de violet, de verd et de rouge, les grandes ailes ou nageoires pectorales de la pirapède sont coulevir d'olive , et par- semées détaches rondes et bleues , qui brillent, pour ainsi dire, comme autant de saphirs, lorsque les rajons du soleil des trepiques sont vivement réfléchis par ces larges ailes étendues avec force et agitées avec vitesse. On compte plusieurs appendices ou cœcums auprès du pylore ; et les œufs que renferment les doubles * A la membrane branchiale 7 rayons, à la première nageoire du dos 6 à la seconde 8 à chacune des grandes nageoires pectorales 20 à chacune des petites 6 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 11 à celle de la queue ^ XA 334 HISTOIRE NATURELLE, ovaires des femelles, sont ordinairement très-roug'^5. La chair des pirapèdes est maigre; elle est aussi un peu dure , à moins qu'on ne puisse la conserver pen- dant quelcjues jours. * ^* LE DACTYLOPTÈRE JAPONOIS On trouve dans les mers du Japon ce dactjloptère , qui, de même que la pirapède, a été inscrit jusqu'à présent dans le genre des trigles. Il a été décrit par Houitujn. Il ne parvient guère qu'à la longueur d'un décimètre et demi. On voit deux aiguillons longs et aigus à sa mâchoire inférieure et au bord postérieur de ses opercules. On compte onze rayons à chacune de ses petites nageoires pectorales \ ' Dactyloplerus japoniciis. Houltuyn, Act. -haarl. XX , 2 , ;?. 336 , 72. 25. Trigla alata. Linné j édition de Gmelin. ? A la première nageoire du dos 7 rayons, à chacune des petites nageoires pectorales 11 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus 14 à celle de la queue 14 QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GENRE. LES PRIONOTES. Des aigtâllons dentelés, entre les deux nageoires dorsales; des rayons articulés et non reunis par une membrane , auprès de chacune des nageoires pectorales. ESPÈCE. CARACTÈRE. (Trois rayons articulés et non réunis par une 3-.E PRIONOTE VOL ANT.I / , , , i ,„ . , \ \ membrane, auprès de chacune des ua- [frionotiis evoLans.) \ \ geoires pectorales. LE PRIONOTE VOLANT'. En comparant les caractères génériques des dactj- loptères et des prionotes, on voit qu'ils diffèrent assez les uns des autres pour que nous ajons dû les séparer; et cependant ils se ressemblent assez pour qu'on ait placé les prionotes, ainsi que les dactjloptères , parmi les trigles dont nous allons nous occuper. Ils sont liés particulièrement par la forme de leur tête et par une habitude remarquable. Le prionote que nous décri- vons, a la surface de sa tête ciselée de manière à repré- senter des rajonsj et de plus il a la faculté de s'élever dans l'atmosphère, et de s'y soutenir pendant quelque temps , comme les dactjloptères. C'est cette dernière faculté qui lui a fait donner le nom spécifique de volantj et nous avons cru d'autant plus devoir le dési- gner par le nom générique de prionote^, qu'indépen- damment de trois aiguillons dentelés qui s'élèvent entre les deux nageoires de son dos , le premier rajoii de la seconde dorsale et les deux premiers de la pre- ^ Prîonotus evolans. Trigla volitans minor. JJrowrtj Jamaïc, 453, tab, ^q^fig. 3. Trigla evolans. Linné, édition de Gmelin. Trigle le volant. DaubentoUy Encyclopédie méthodique, Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. * Ilpw» signifie scie, et vwtoç veut dire dos. T O M E 1 1 1. 4.3 338 HISTOIRE NATURELLE. mière sont un peu dentelés par-devant. Les pectorales sont assez longues pour atteindre à la moitié de la longueur du corps; et étant d'ailleurs très-larges, elles forment des ailes un peu étendues, que leur couleur noire fait souvent distinguer à une grande distance. La nageoire de la qu'eue est fourchue *. * A la membrane des branchies 8 rayons, à la première nageoire du dos 8 à la seconde 1 1 à chacune des pectorales i3 à chacune des thoiacines 6 ^ à celle de l'anus 1 1 à celle de la queue i3 QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE. LES TRIGLES. Point cT aiguillons dentelés entre les deux nageoires dor^ sales y des rayons articulés et non réunis par une nieni-' hrane, auprès de chacune des nageoires pectorales. PREMIER SOU S- GENRE. Plus de trois rayons articulés, auprès de chaque nageoire pectorale. ESPÈCE. CARACTÈRE. î. La trigle asiatique. [Quatre rayons articulés, auprès de cliaque [Trigla asialica.) l nageoire pectorale. SECOND SOUS-GENRE. l.yois rayons articulés , auprès de chaque nageoire pectorale, ESPÈCES. caractères. 'Les nageoires pectorales longues ; la ma- T.™,^,^^ «„™ i choire supérieure prolongée en deux lobes 2. La trigle lyre. 1 . . , rr, . j j > < dentelés : les orifices des narines tubuleui; {Trigla Ijra.) \ \ . ' la nageoire de la queue un peu en crois- sant. 340 HISTOIRE NATURELLE E S P'E CES. 3. La TRIGLE CAROLINE. ( Trigla car o lin a.) 4. La TRIGLE PONCTUÉE. ( Trigla punciata.) 5. La TRIGLE LASTOVIZA. ( Trigla lastoiiza.) 6.L A TRIGLE HIRONDELLE. [Trigla hirunch.) 7. La TRIGLE PIN. ( Trigla piiii.) 8. La TRIGLE GLiRNAU. {^Trigla gurnardus.) 9. La TRIGLE GRONDIN. ( Trigla griinniens.) JO. La TRIGLE MILAN. ( Trigla m Unis.) ÏI. La TRIGLE MENXJE. {^Trigla minuta.) CARACTERES. 'Les nageoires pectorales longues ; onza rayons à celle de l'anus ; celle de la queue arrondie 5 six rayons à la membraue des branchies. Les nageoires pectorales longues ; celle de la queue arrondie; la t^te alongce ; Is ' corps parsemé de petites taches rouges. 'Les nageoires pectorales longues ; les écailles qui garnissent le corps, disposées en ran- gées transversales; la ligne latérale garnie d'aiguillons à deux pointes. 'Les nageoires pectorales larges; quatorze rayons à la nageoire de l'anus; celle de la queue fourcliue , ou en croissant; la ligne latérale garnie d'aiguillons. Des lames ou ft\iilles minces et étroites atfa- I Giiées le long de la ligne latérale; la na- geoire de la queue en croissant. "Les nageoires pectorales courtes; celle de la queue Iburchue; la ligne latérale large, et garnie d'aiguillons; des taches noires, tt des taches rouges sur le dos. Les nageoii-es pectorales courtes; celle de la I queue fourchue; la ligne latérale dénuée de larges écailles. [Les nageoires pectorales courtes ; celle de la queue fourchue; la ligne latérale divisée [ en deux vers la nageoire caudale. La nageoire de la queue, arrondie; deus- arêtes ou saillies longitudinales sur le dos;; les nageoires pectorales et thoracines très- pointues ; huit rayons à chacune de ces nageoires pectorales; vingt-quatre à Ifc seconde cageoire du doso DES POISSONS. TROISIEME SOUS-GENRE, Idoins de trois rayons articulés , auprès de chaque nageoire pectorale. ESPÈCE. CARACTÈRE, la. La TRIGLE CAVILLONE.f, • , i 1^1- ■j La nageoire de la queue lancéolés. {^Trigla cavillone.) «. LA TRIGLE ASIATIQUE'. Les tableaux génériques montrent les différences qui séparent les trigles des prionotes et des dactjloptères. Mais si leurs formes extérieures ressemblent assez peu à cellef> de ces deux derniers genres, pour que nous ajons dû les en séparer, elles s'en rapprochent beau- coup par leurs habitudes; et presque toutes ont, comme la pirapède, le pouvoir de voler dans l'atmo- sphère , lorsque la mer ne leur ofïVe pas un asjle assez sûr. Elles sont d'ailleurs , comme les dacfjloptères et les prionotes , extrêmement fécondes : elles pondent souvent jusqu'à trois fois dans la même année; et c'est cette reproduction remarquable que plusieurs anciens Grecs ont voulu désigner par le nom de rpt^Xr^, rpiyXocy rptyXiç , rpiyXo; y corromjHi de rpiyovcç , en latin ter paiiens (qui produit trois fois)'. De même que les pirapèdes, elles volent et nagent en troupes nombreuses ; elles montrent une réunion constante 3 et quoi(|ue la simul- tanéité des raouvemens et des manœuvres de milliers d'individus ne soit pour ces animaux que le produit d'un danger redouté à la fois par tous, ou d'un besoin ' Trigla asiaîica. ïd. Luivéj édition de Gmelin. = Voyez Oppien, l , 5goj et Èlicn, A", chap. i. HISTOIRE N A T U R E l. L E. 34a agissant sur tous dans les mêmes mouiens , elles n'en présentent pas moins l'apparence de cette société tou- chante et fidèle, qu'un sentiment mutuel fait naître et conserve. Peintes d'ailleurs de couleurs très-vives , très- variées, très-agréables, elles répandent souvent l'éclat du phosphore. Resplendissantes dans leurs tégumens, brillantes dans leur parure, rapides dans leur natation, agiles dans leur vol , vivant ensemble sans se combattre, pouvant s'aider sans se nuire, on croiroit devoir les comprendre parmi les êtres sur lesquels la Nature a répandu le plus de faveurs. Mais les dons (ju'elles ont reçus ne sont presque tous que des duns iunc stes ; et comnje si elles avoient été destinées à donner à l'homme des leçons de sagesse et de modération, leur éclat les trahit et les perd ; la magnificence de leur parure les empêche de se dérober à la recherche active de leurs ennemis ; leur grand nombre les décèle lors- qu'elles fendent en troupes le sein des eaux salées; leur vol les livre plus facilement à l'oiseau de proie ; et leurs attributs les plus frappans auroient bientôt amené la destruction de leurs espèces , si une fécon- dité extraordinaire ne réparoit sans cesse, par la pro- duction de nouveaux individus, la perte de ceux qui périssent victimes des tjrans des mers , ou de ceux de l'atmosphère. La première de ces trigles condamnées par la Nature à tant de périls, à tant d'agitations , à tant de traverses, est, dans l'ordre que nous nous sommes prescrit, celle HISTOIRE NATURELLE. h laquelle j'ai donné avec Linné le nom i\ asiatique. On la trouve en général dans TOcéan, mais particu- lièrement dans les mers de l'Asie. Son cor[)S est mince; sa couleur argentée; son museau proéminent; l'inté- rieur de sa bouche hérissé d'aspérités ; la première pièce de l'opercule branchial, denlelée; et chaque na- geoire pectorale conformée comme une sorte de faux*. * A la première nageoire du dos 7 rayons. à la seconde 16 à cliacune des pectorales 18 à chacune des llioracines 6 à celle de l'anus 17 à celle de la queue 18 LA TRIGLE LYRE*. Heureux nom que celui qui rappelle et le beau ciel et les beaux jours de la Grèce, et sa riante mjthologie, et sa poésie enchanteresse , et l'instrument favori du dieu du génie, et cet Homère à qui le dieu avoit remis sa lyre pour chanter la Nature! Non, je ne supprime- rai pas ce nom magique, qui fait naître tant d'idées * Trigla lyra. Gronau, dans plusieurs départemens de France. Rouget , ibid. Boureau , sur les ravages voisins des Pyrénées occidentales, ■ Organie, à Gènes. Pesce organo , à Naples, V\\}er ^ en Angleterre, Meer leyer, ou see leyer, en Allemagne, Trigla lyra. Linné, édition de Gmelin. Trigle gronau. Daubenlon, Encyclopédie vtétîiodlque. Id. Bonnaterre, planches de l' Encyclopédie méthodique» Trigla rostro longo diacantho, naribus inhuXoûs. Artedi, gen. ^(t^syn, y^f. Gronau et lyre. Rondelet , première partie 3 liv. 10 , chap. 8. Ges/ierj p. 5i6; et (germ.) fol. 20, b. Jonston, lib. i ^ tif. 3 , cap. i , a. 3. Lyra prior Rondelet. Aldrouand. lib, 2 , cap. 7 , p, 146. Piper. Raj.p. Sgr Bloch, pi. 35o. Willughby y Ichthyol. p. 282. Brit. Zoolog. 3 , /;. 234, n. 3, tub. 14. Gronau , ou grognant. Valmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire natu- relle. TOME m, 44- 346 HISTOIRE NATURELLE élevées, qui retrace tant de doux souvenirs, pour le remplacer [)ar un nom barbare. Le dieu qui inspire le poète est aussi celui des amans de la Nature; et son emblème ne peut jamais leur être étranger. Une ressemblance bien foible , je le sais, a déterminé les naturalistes grecs à décorer de ce nom Tctre que nous allons décrire ; mais toutes les fois que la sévérité de l'histoire le permet, ne nous refusons pas au charme de leur imagination agréable et féconde. Et d'ailleurs le poisson que nous voulons continuer d'appeler /j/y% a été revêtu de nuances assez belles pour mériter de joaroitre à jamais consacré, par sa dénomination, pour ainsi dire, mj thologique, au dispensateur de la lu- naière qui colore en même temps qu'elle éclaire et vivifie. Un rouge assez vif règne en effet sur tout le corps de la trigle que nous desirons de faire connoître ; il se diversifie dans la partie inférieure de l'animal, en se mêlant à des teintes blanches ou argentées; la sorte de dorure qui distingue les rayons par lesquels la membrane des nageoires est soutenue , ajoute à l'éclat de ce rouge que font ressortir d'ailleurs quelques nuances de verd ou de noir répandues sur ces mêmes nageoires; et ainsi les couleurs les plus brillantes^ celles dont la poésie a orné le char radieux du dieu des arts et de la lumière , resplendissent sur le poisson que Tingénieuse Grèce appela du nom de l'instrument qui fut cher à ce dieu. DES POISSONS. 347 Au bout du museau de la trigle que nous examinons, s'avancent deux lames osseuses, triangulaires et den- telées ou plutôt découpées, de manière à montrer une image vague de cordes tendues sur une Ijre antique. La tête proprement dite est d'ailleurs arrondie et comme emboîtée dans une enveloppe lamelleuse, qui se termine par-derrière par quatre ou six aiguillons longs, pointus et très - forts , qui présente d'autres piquans au-dessus des jeux, ainsi qu'cà la pièce anté- rieure de chaque opercule , et dont presque toute la surface est ciselée et agréablement rajonnée. De petites dents hérissent le devant du palais, et les deux mâchoires, dont l'inférieure est la plus courte. Le corps et la queue sont couverts de petites écailles ; et des aiguillons courts et courbés vers l'arrière gar- nissent les deux cotés de la fossette longitudinale dans laquelle l'animal peut coucher ses nageoires dorsales*. La trigle lyre habite dans l'Océan atlantique, aussi- bien que dans la Méditerranée. Elle j parvient quel- quefois à la longueur de six ou sept décimètres. Sa chair est trop dure et trop maigre pour qu'elle soit très-recherchée. On la pêche cependant de temps en * A la membrane des branchies 7 rayons^ à la première dorsale 9 à la seconde 16 à chacune des pectorales 12 à chacune des tlioracines 6 à celle de l'anus 16 à celle de la queue i^ 348 HISTOIRE NATURELLE. temps; et lorsqu'elle est prise, elle fait entendre, par lïn mécanisme semblable à celui que nous avons exposé en traitant de plusieurs poissons, une sorte de bruis- sement que Ton a comparé à un sifflement proprement dit, et qui l'a fait nommer dans plusieurs pajs , et par- ticulièrement sur quelques côtes d'Angleterre, poisson sîjfleiir [tlie piper, thc JisJi piper) *. * La vessie natatoire est longue et simple. LA TRIGLE CAROLINE', LA TRIGLE PONCTUÉE', ET LA TRIGLE LASTOVIZA'. Ces trois trigles ont les nageoires pectorales très- longues et assez grandes pour s'élever au-dessus de la surface des eaux. Nous devons donc les inscrire parmi ^ Trigla carolina, The smaller flying fisli, dans quelques contrées anglaises. Trigla carolina. Limier édition de Gineliii, Tri;::!^^ caioline. Boanaterre , planches de L^ Encyclopédie méthodique, Tr.gle caroliii , ou Caroline. Blochj pi. 352, ^ Trigla puncfafa. Rubio volaclor, eii espagnol. Trigle ponctuée. Bloch, pi. 353. Lyra alata. Plumier j peintures sur vélin du Muséum d'histoire natur" relie. 3 Trigla lastovîza. Trigla adrîatica. Linné j édition de Gmelin. Trigla lineata. Td, Briinn. Pisc. Massil. p. 99. Trîgle lastoviza. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, JBrit. Zoolog. 3 , p. 236 j n. 5. Raj. Pisc. p. j65yf. II. Imbriago. Bloch, pi. 354. Autre espèce de surmiilet-imbriaco. Rondelet ^ première partie j lit', 10 y chiip. 4. 35o HISTOIRE NATURELLE les véritables poissons volans. Vojons rapidement leurs traits principaux. Dans ces trois espèces , la tète est comme ciselée , et parsemée de figures étoilées ou rayonnantes qui ont un peu de relief. L'enveloppe lamelleuse qui la recouvre, montre, dans la Caroline, deux petits pi- quans dentelés au-dessus de chaque œil, deux plus grands à la nuque, trois ou quatre à chaque opercule, et un à chac[ue os claviculaire. Les écailles qui revêtent le dos, sont petites et dentelées. La ligne latérale est droite et lisse ; et le sillon longitudinal dans lequel l'animal peut coucher ses nageoires dorsales, est bordé, de chaque côté, d'aiguillons recourbés. Une tache noirâtre qui occupe la moitié supérieure de Fœil , donne à cet organe une apparence singu- lière. Une autre tache noir/itre paroît vers le haut delà première nageoire dorsale. Le corps et la queue sont jaunâtres avec de petites taches violettes, et les na-- geoires pectorales sont violettes avec quatre bandes transversales brunes et arquées *. On trouve cette trigle , dont la chair est dure et iTiaigre , et la longueur d'un ou deux décimètres, aux * A la membrane branchiale de la Caroline^ 6 rayons, à la première nageoire du dus g à la seconde l^ à chacune des pectorales i3 à chacune des thoracincs 0 à celle de l'anus jr à celle de la cjucue i5 DES POISSONS. 35 f environs de la Caroline et des Antilles. Cest dans ics mêmes mers quliabite la ponctuée, dont les conleurs sont plus vives , plus variées et plus gaies. Nous décri- vons ces nuances d'après une peinture qui fait partie de celles du Muséum dliistoire naturelle, et dont on a dû à Piumier le dessin original. La partie supérieure de l'animal est d'un rouge clair, et la partie inférieure d'un beau jaune. Les cotés et le dos sont parsemés de taches rondes, petites, et d'un rouge foncé. Ces mêmes taches rouges se montrent sur les nageoires du dos et de l'anus, qui sont lilas j sur celle de la queue, qui est bleue à sa base et jaune à son extrémité; et sur les ailes , qui sont également jaunes à leur extrémité et bleues à leur base. La tête de la ponctuée est plus alongée que celle de la Caroline *. Quant à la trigle lastoviza, elle est rouge par-dessus et blanchâtre par-dessous, avec des taches et des bandes couleur de sang, ou noirâtres, placées sur le dos. Les ailes offrent souvent par-dessus quelques taches brunes, et par-dessous une bordure et des points bleus sur un fond noir. Les thoracines et l'anale sont blanches, et quelquefois noires à leur sommet. Au reste , la ligne latérale de ce poisson est hérissée de piquans à deux pointes; la mâchoire supérieure presque aussi avancée * A chacune des nageoires pectorales de la ponctuée, i3 rayons, à chacune des thoracines 6 k celle de la queue xz 35^ HISTOIRE NATURELLE. que l'inférieure ; le dessus des jeux garni de petites pointes ; la nuque hérissée de deux aiguillons dente- lés ; chaque opercule armé de deux aiguillons sem- blables; l'os claviculaire étendu, pour ainsi dire, en épine également dentelée, et , de plus, longue , aiguë à son sommet et large à sa base ; et la fossette dorsale bordée , de chaque côté, de piquans à trois du quatre pointes. Ce beau poisson parvient quelquefois h la longueur d'un demi -mètre, et habite dans la Méditerranée et dans l'Océan atlantique *. * lo rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale de la trigle lasloviza. 17 rayons à la seconde. 10 rayons à chacune des pectorales, 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 16 rayons à celle de l'anus. jd rayons à celle de la queue. MBii^^MB«^k4B LA TRIGLE HIRONDELLE*. La partie supérieure de ce poisson est d'un violet mêlé de brun, et l'inférieure d'un blanc plus ou moins pur et argentin. Il vit dans la Méditerranée , et dans * Trigla liirundo. Cabote , en France, Galiine, ibid. Galliaette , ibid. 1,1 nette , ibid. Perl on , ibid. Grondin , ibid. Tigiega, à Malte. Corsano , et corsavo, dans la Ligurie. Capone , à Rome. Tiib fish, en Angleterre, Sapphirine gurnard , ibid. Knurr-hahn , en Allemagne. Soe-hane, oz^knurr-hane , en Danemarcfc, Kiot, ouskarriot , knorrsoehane, soekok^ en Norvège:* Knorrhane , knoding , knot, ou schmed , en Suède. Trigla liirundo. Linné, édition de Gmelin. Trigle hirondelle de mer. Daubenton, Encyclo-pédie mdtIiodiqîi€, Id. Bonnaterre j planches de V Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2 , 77. 98 *. Miill. Prodrom. Zoolog. Danic, p. 47, ». 400, IFaun. Suecic. 840 *, It. Vf^goth. p. 176. Trigla capite acukato, appendiclbus utrinque tribus, etc. Artedi, gsn, 44» ^y^' 73- T O M E 1 1 1, 45 354 HISTOIRE NATURELLE les eaux de l'Océan. 11 j devient assez grand, puisque sa longueur surpasse quelquefois deux tiers de mètre. Il nage avec une grande rapidité , ses pectorales pou- vant lui servir de raines puissantes. Comme il habite les fonds de la pleine mer pendant une grande partie de l'année, on le prend ordinairement avec des lignes de fond ; et quoique sa chair soit dure , il est assez recherché dans plusieurs psjs du Nord , et particu- lièrement sur les rivages du Danemarck, où on le sale et le sèche à l'air pour l'approvisionnement des vaisseaux *. Le bruissement qu'il fait entendre lorsqu'on le KSf'al, Alhen. lib, i , fol. 177. Hirundo prior. Aldrovand. lib. 2 , cap, 3, /;. l35. Hirundo. TVilhighby , -p. 280. JRaj. Fisc. -p. 88. Corvus. Plin. Lib. 82 , cap. 11. Salvian. fol. 194, igS. V^v\on. Bloch, pi. do. Coiystion venliicosus. Klein, Miss.pisc. /\. ^ p. 45, n. 3. Corax. Gesner, Aquat. p. 2995 Thierb.p, 21. 'Brit. Ziolcg. 3 , p. 235, /;. 4. Corbeau de mer. Rondelet ^ première partie, li{\ 10 , chap. (». * A la membrane des branchies 7 rayons, à la première nageoire du dos 8 à la seconde i5 à cliacune des pectorales 12 à chacune des tboracines 6 à celle de l'anus 14 à celle de la queue 19 DES POISSONS. 355 touche , a paru aux anciens naturalistes grecs et ro- mains avoir quelque rapport avec le croassement des corbeaux ; et voilà pourquoi ils l'ont nommé corbeau de mer. LA T R I G L E PIN". Les lames ou feuilles minces, élroites, et semblables à des feuilies de pin, qui garnissent les deux côtés de chaque ligne latérale, ont suggéré à Bloch le nom spécifique qu'il a donné à cette trigle , lors(pi'il Ta Fait connoître. Le museau de ce poisson est un peu éclian- cré et terminé par plusieurs aiguillons ordinairement au nombre de six ou de huit. De petites dents hérissent les mâchoires. On apperçoit un os transversal et rude sur le devant du palais, et quatre os rudes et ovales auprès du gosier. On voit un piquant au-dessus de chaque œil, ou à la pièce antérieure de chaque oper- cule , deux à la pièce postérieure , et un aiguillon pres(}ue triangulaire et dentelé à chaque os clavicu- laire. La fossette longitudinale du dos est bordée d'épines inclinées vers la queue \ Les écailles sont très-- ' Trîgla pini. Id. Bloch, />/. 355. = A la membrane des brancliies 7 rayons. à la première nageoire dorsale 9 il la seconde ig à chaque nageoire pectorale 10 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus t6 à celle de la queue 18 HISTOIRE NATURELLE. ofyj petites; et toute la surface de ranimai réfléchit lui rouge un peu foncé, excepté le dessous du corps et de la queue, qui est jsuiiiitre, et les nageoires du dos, de la poitrine, de la queue et de Tanus , qui sont d'un verd tirant sur le bleu. LA TRIGLE GURNAU', ET LA TRIGLE GRONDIN'. I.M première de ces trigles présente une faculté sem- blable à celle que nous avons remarquée dans la lyre. Elle peut faire entendre un bruissement très-sensible ^' ' I I I » I ■ I ■ ■ ■ I 11 ■» ■■ I ■■ ■ IIMI»! ■■— P»P Ml W^lll ■■■! !■■ BtW ■ ■ Wll ^i— — ^^^— B^pll^^^—^W^I^^— ^W» ' Tiisla 2:urnardiis. Beilicant , dans plusieurs contrées de France. Gourneau , ibid. Schmiedkncclît , dans le Holstein. See-hahn , ou kurre , ou kurre-fish, à Heiligeland, Knorhaan, en Hollande. Tigîega , à Malle. Kirlanldsl-baliick , en Turquie. Tiigla gurnardiis. Linné, édition de Gmelin. Trigle grondin. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Tilgle grondeur. Bonnaterre , planches de l' Encyclopédie méthodique, Tiigla varia, rostro diacautîio , aculeis geminis ad ulrumque oculum, ^Artediygen. 46, syn. 74. Gronor. Mas. i , p. 44, ji. loi ; Zooph. p. 84, n. 283, Briinn. Fisc. Alassil. p. 74, n. go. Gurneaii. Bloch, pi. 58. Charlet . Ouow. p. i3g. Corystion gracilis griseus , etc.Klei/ij Miss. fisc. 4, p. 40, 77. 5, fab. Coccyx alter. Bellon, Aquat. p. 204. Grey gurnard. Brit. Zoolog. 3, p. 281 , n. i. Willughhy , Ichthyol. p. 279, tab. S, 2,^g. r. ^aj. Fisc. p. 86. HISTOIRE NATURELLE. o5c) p'àY le frôlement de ses opercules, que les gaz de l'in- térieur de son corps Ibnt , pour ainsi dire, vibrer, en s'échappant avec violence lorsque l'animal comprime " Trigla gninniens. Morrnde, dans plusieurs àcpariemens de Fiance. Rouget , ihid. Rouget grondin , ibid. Perl on , ibid. Gailine, ibid. ■ . Rondeia , ibid. Hun elle m , dans le nord de la France. Sehe-hanen , dtins plusieurs contrées du nord de l'Europe» The rtd gurnard , en Angleterre. Roi chet , ibid, Qocc\\ou ^ aux environs de Naples. Cabriggîa, dans la Lignrie. Oroant, sur plusieurs côtes de f Adriatique. , Trigla CLiciilus. Linné, édition de Gntclin, Trigle perlon. Daubcntcn, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. yidoljfh. Frid. 2 , p. gS *. Trigla tota rubens, rostro parùm bicorni , operculis branchîaruin sfrlalî&» Arted^, gen. 46, syn. 74. Rouget, et rouget grondin. Bloch, pi. 5g. o' xûxx:|. Aribt. lib. 4 , cap. 9; et lit, 8 , cap, i3» ALlian. lib. 10, cap. il. Opplan. lib. I , p. 5. Athcn. lib. 7, p, 3og. Cucuius. Gaz. Aristot. Morrude ,0?/ rouget. Rondelet j première partie j liv, 10, chap, ».. Gesnerj p, 3o5 et3o6, et (germ.) fol. 17,^. Aldrovand. lib. 2, cup. 4, p. i3g. Jonston, Fisc. p. 64, iah. 17 ^fig. li. TVillugh by ,p. 2 8 1 . Baj. p. 8g. S6o HISTOIRE NATURELLE ses organes internes 3 et voilà d'où lui vient le nom de giiniau qu'elle porte. Ce giirnau a d'ailleurs plusieurs rapports de conformation avec la Ijre , et, de plus, il ressemble beaucoup au grondin, qui est doué, comme la Ijre, delà faculté de siffler ou de bruire. Mais, indé- pendamment des différences indiquées sur le tableau du genre des trigles , et qiii séparent le grondin du gurnau , le grondin a la tête et l'ouverture de la bouche plus petites que celles du gurnau : celui-ci peut parvenir à la lonp^ueur d'un mètre'; celui-là n'atteint ordinai- rement qu'à celle de trois ou quatre décimètres'. Les écailles qui revêtent le gurnau , sont blanches ou grises, et bordées de noir; des taches rouges et noires sont Cuculus minor. Bellon^ Aqiiat. p. 104. Cuculuslyree species. Sclionei''. p. 82. Lyra. Charlei.p. 189. Corystioii capite conlco, etc. Klein^Miss. pjsc. 4 , 77. 46 , n. 6, hib. 4, E.ed gurnavd. Brit. Zoolog. 3 , p. 288 , lu 2. * A la première nageoire dorsale du gurnau , 7 rayons, à la seconde 19 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines -6 à celle de l'anus 17 à celle de la queue 9 *A l'i première nageoire dorsale du grondin, 10 rayons, à la seconde 18 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 6 à celle de Tan us 12 il celle de la queue i.5 DES POISSONS. 36 ï souvent répandues sur son dos ; ses nageoires de la poitrine et de la queue offrent une teinte noirâtre ; celles de Tanus et du dos sont d'un gris rougeâtre ; la première dorsale est parsemée de taches blanches ; les lames épaisses et larges qui recouvrent la ligne laté- rale, sont noires et bordées de blanc. Le grondin a les lames de ses lignes latérales blanches et bordées de noir; la partie supérieure de son corps et de sa queue, rouge et pointillée de blanc ; la partie inférieure argentée ; les nageoires caudale et pectorales , rou- geâtres ; celle de l'anus, blanche; et les deux dorsales, blanches et pointillées d'orangé. Au reste, le gurnau et le grondin ont tous les deux les thoracines blanches. Leur chair est très-agréable au goût : celle du grondin est même quelquefois exquise. Ils habitent dans la Méditerranée ; on les trouve aussi dans l'Océan atlantique , particulièrement auprès de l'Angleterre ; et c'est vers le commencement ou la lin du printemps que l'un et l'autre s'avancent et se pressent, pour ainsi dire, près des rivages, pour j déposer leurs œufs , ou les arroser de la liqueur fécon- dante que la laite renferme *. — — ^— ■^■^t— ^1— ■■!■ ■■■■■ I III I !■ ■ —^—^1 II Wl I ■— I ■- m I ■ ■ I ■■ I ■ I ■MWIWLIMIMI W^ * On voit deuï aiguillons auprès de chaque œil du grondin. TOME m. 46 LA TRIGLE MILAN*. Plusieurs trigles ont reçu des noms d'oîseaux ; on les a appelées hirondelle , coucou, milan , etc. Il étoit en effet assez naturel de donner à des poissons ailés qui s'élèvent dans l'atmosphère, des dénominations qui rappelassent les rapports de conformation , de facultés et d'habitudes, qui les lient avec les hahitans de l'air. Aussi ces noms spécifiques ont-ils été imposés par des observateurs et adoptés assez généralement, même dès le temps des anciens naturalistes; et voilà * Trlgla milviis. Belugo, c'esL-à-dirCj étincelle, dans plusieurs départemens méridionaux de France. Galline , ibid, Organo , dans la Ligurie. Cocco , dans les deux Siciles. Trigla lucerna. Linné, édition de Gmelin. Trigle milan. Daubenlon, Encyclopédie vwlhodique, Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. Trigla rostro parùm bifido, lineâ laterali, ad câudam bifurcâ, Artedi , gen. 45 , syn. 78. Milan marin. Rondelet, première partie, lii>. 10 , chap, 7. Aldroi'. lib. 2 , cap. 58 , ;;. 276. Lucerna, milvns, et milvago. Gesner, p. 497 5 et [germ,) foL in, a». Lucerna Venetorum. TJ'illughby, p. 281. Baj. p. 88. Cuculus. 5a/wa72.yb/. 190, 191. Grono^>. Mus. ij n. 1003 Zooph, p, 84, n, 284. HISTOIRE NATURELLE. 363 pourquoi nous avons cru devoir en conserver deux. La trigle milan a été aussi appelée , et même par. plu- sieurs célèbres naturalistes, lanterne, oxi fanal , parce qu'elle offre d'une manière assez remarquable la pro- priété de luire dans les ténèbres, qui appartient non seulement aux poissons morts dont les chairs com- mencent à s'altérer et à se décomposer, mais encore à un nombre assez grand d'osseux et de cartilagineux vivans * . C'est principalement la tête du milan , et par- ticulièrement l'intérieur de sa bouche, et sur-tout son palais, qui brillent dans l'obscurité, de l'éclat doux et tranquille que répandent, pendant les belles nuits de l'été des contrées méridionales , tant de substances phosphoriques vivantes ou inanimées. Lorsque dans un temps calme , et après le coucher du soleil , plu- sieurs centaines de trigles milans, exposées au même danger, saisies du même effroi, emportées hors de leur fluide par la même nécessité d'échapper à uu ennemi redoutable , s'élancent dans les couches les plus basses de l'air et sj maintiennent pendant quel- ques instans , en agitant leurs ailes membraneuses, courtes à la vérité , mais mues par des muscles puis- sans, c'est un spectacle assez curieux que celui de ces lumières paisibles qui montant avec vitesse au-dessus des ondes, s'avançant, retombant dans les flots, des- sinant dans l'atmosphère des routes de feu qui se * Voyez le Discours sur la nature des poissons. 364 HISTOIRE NATURELLE. croisejil , se séparent, se réunissent, ajoutent une illu- mination aérienne , mobile, et perpétuellement variée, à celle qui repose, pour ainsi dire , sur la surface phos- phorique de la mer. Au reste, les milans volant ou nageant en troupes, ofirent pendant le jour un coup d'œil moins singulier , mais cependant agréable par la vivacité, la disposition et l'harmonie de leurs cou- leurs. Le rouge domine fréquemment sur leur partie supérieure; et l'on voit souvent de belles taches noires-, bleues ou jaunes, sur leurs grandes nageoires pecto- rales. Leur ligne latérale est garnie d'aiguillons, et divisée en deux vers la queue. On les trouve dans l'Océan atlantique, aussi-bien que dans la Méditerra- née. Leur chair est presque toujours dure et sèche *; et il se pourroit que ces milans ne fussent qu'une variété des trigles hirondelles. * A la première nageoire du dos lo rayons, à la seconde 17 à chacune des pectorales 10 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus i5 LA T R I G L E M E N U E '. Le nom de cette trigle désigne sa petitesse : sa lon- gueur n'égale ordinairement que celle du doigt. Les deux saillies longitudinales qui forment la fossette propre à recevoir les nageoires du dos lorsque l'ani- mal les incline et les plie, sont composées de petites lames un peu redressées et piquantes. Le museau est échancré et dentelé. On compte deux aiguillons au- dessus des jeux , deux autres aiguillons , et deux piquans plus forts que ces quatre premiers , auprès de l'occiput; et une épine assez grande à proportion des dimensions de l'animal, garnit la partie postérieure de chaque opercule '. On trouve la trigle menue dans les mers de l'Inde.' ' Trîgla minuta. Id. Linné j édition âe Gmelin. La petite trigle. Bonnaterrcj -planches de l'Encyclopédie méthodique» * 5 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, 24 rayons à la seconde. 8 à chacune des pectorales. 6 à chacune des thoracines. 14 à celle de l'anus. 10 à celle de la queue. LA TRIGLE CAVILLONE'. Rondelet a décrit cette trigle, dont il a aussi publié une ligure gravée. N'ajant que deux rajons articulés et isolés à chaque nageoire pectorale, non seulement elle est séparée des espèces que nous venons de décrire, mais elle appartient même à un sous-genre particulier. On Fa appelée cai^illone dans plusieurs départemens françois voisins de la Méditerranée, à cause de sa ressemblance avec une cheville , que l'on y nomme ca- vl/le. L'animal est en effet beaucoup plus gros vers la tête que vers la nageoire de la queue. Il est couvert d'écaillés petites , mais dentelées , âpres et dures. La ligne latérale est très-droite et très-voisine du dos. On voit un piquant au-dessus de chaque œil , et six aiguil- lons très -grands et un peu aplatis à la partie posté- rieure de cette sorte de casque ou d'enveloppe laniel- leuse et ciselée, qui défend la tête. La cavillone est d'un très-beau rouge, lequel fait i^essortir la couleur de ses ailes, qui sont blanches par-dessus, et d'un verd noirâtre par-dessous \ Ses ' Trigla cavillone. Autre espèce tle surmulet, dite cavillone. Botidelctj première partie;, lit'. lo , chap. 5. JMullus asperiis. Id. ihid. ^7 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos, qui est triangulaire. HISTOIRE NATURELLE. 867 dimensions sont ordinairement aussi petites que celles de la menue. Son foie est très-long ; mais son estomac est peu étendu, et son pjlore garni d'un petit nombre d'appendices ou cœcums. La chair de cette trigle est dure , et peu agréable au goût. QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES PÉRISTÉDIONS. Des rayons articulés et non réunis par une membrane , auprès des nageoires pectorales; une seule nageoire dorsale; point d^ aiguillon dentelé sur le dos; une oii plusieurs plaques osseuses au-dessous du corps. ESPÈCES. CARAC T È R E S. 1. Le périst. malaumat. f^ , . , < lout le corps cuirasse. (Pei isfcdion malarmat.) (. 2. Le pér. chabrontère. fDeux plaques osseuses garnissant le dessous [Perisledion cJiabronicra.) l du corps. LE PÉRISTÉDION MALARMAT *. Les plaques osseuses qui garnissent le dessous du corps des péristédions, et y forment une sorte de * Peiistedion malarmat. Pesce capone , en Italien Pesce furca , ibid. Foichato , ibid. Pesce forclia , ibid, Scala feno , dans la Ligiirie. Gabel fîsch , en Allemagne. Panzerhalm , ibid. Roode duyvel visch, en Hollande. Pvocliet , en Angleterre. Ikan seytan mera, et ikan paving, dans les Indes orientales, OXorEOf ) en grec. Trigla cataphracta. Linné, édition de Gmelin. Blochj -pi. 349. Trigle malarmat. Daubent on , Encyclopédie méthnûixpie, Id. Bonnaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Adolp. Fr. 2 , p. 92 *. Trigla . . . corpore octogone. Artedi, gen. 46 , syn. 7^. Lyra altéra Rondeletii. Aldrov, Ub. 2 , cap. 7, p. 147. Id. JVillughbyy p. 283. Id. Raj. p. 89. Lyra. Salvian, fol. 192 , bj ad icnneni, et 198. Malarmat. Rondelet, première partie , liv. 10, chap. 9. Gesner, p. 617, 6105 et [germ.)fol. 20, b. Gronov. Mus. r , n. 98. Malarmat. Duhamel , Traité des pêches, pari. 2, sect, 5, eliap. 0, p. Ii3, pi. ^tfig. I et 2. Id. Falrno nt~Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. TO'ME m. 47 SjO HISTOIRE NATURELLE plastron, séparent ces poissons des trigles proprement dites , et nous ont suggéré le nom générique que nous leur donnons*. Cette cuirasse est très-étendue sur la partie inférieure du malarmat ; elle la couvre en entier; elle se réunit avec celle qui défend la parîie supérieure; ou, pour mieux dire, la totalité dn corps et de la queue de cet osseux est renfermée dans une sorte de gaine composée de huit rangs de lames, qui la font paroître octogone. Ciîacune de ces lames est plus large que longue, irrégulièrement hexagone, et relevée dans son milieu par un picpiant recourbé vers rarrière. Ces plaques ou lames dures sont d'autant moins grandes qu'elles sont placées plus près de la queue, et Ton compte quelquefois plus de qucranîe pièces à chacune des rangées longitudinales de ces lancs aiguillonnées. La tète est renfermée, comme celle de presque toutes les trigles, dans une enveloppe à (juatre faces, dure, un peu osseuse, relevée par des arêtes longitudinales, et parsemée de piquans dans sa partie supérieure. Le museau se termine en deux os longs et plats, dont l'ensemble ressemble assez à celui d'une fourche. Les mâchoires sont dépourvues de dents proprement dites; le palais et la langue sont lisses. On voit à la mâchoire inférieure plusieurs barbillons très -courts, et deux autres barbillons longs et ramifiés. Chaque opercule est composé d'une seule lame, et riEpir/',?!»)' , en gî't'C , signifie pectoral, plastr on-, DES POISSONS. Syt terminé en pointe. L'anus est plus près du museau que de la nageoire caudale, qui est en croissant; et on ne compte auprès de chaque nageoire pectorale que deux rajons articulés et libres, ce qui donne au malarmat un rapport de plus avec la trigle cavillone *. Presque tout l'animal est d'un rouge pâle, comm© plusieurs trigles 3 les thoracines sont grises, et les pec- torales noirâtres. Le malarmat habite non seulement dans la mer Méditerranée, mais encore dans celle qui baigne les Moluques. Il ne parvient guère qu'à la longueur de six: ou sept décimètres. Et l'on doit croire que si le pois- son nommé coniuta par Pline est le malarmat, il faut h"re dans cet auteur, et avec Rondelet, que les cornes ou appendices du museau de cet osseux ont un demi- pied [coniLia scniipedalla), et non pas un pied et demi (^sesquipedalia). Nous devons même ajouter cju'il y auroit encore de l'exagération dans cette évaluation des appendices du malarmat, et que des cornes de deux décimètres de longueur supposeroient, dans les di- mensions générales de ce poisson, une grandeur bien au-dessus de la réalité. * 7 rayons à la membrane branchiale. n à la première partie de la nageoire du dos, dont la mem- brane est plus basse que ces mêmes rayons. 26 à la seconde partie de cette aiéme nageoire. 32 à chaque pectorale. 20 à celle de l'anus. i3 à celle de la queue. SySl HISTOIRE NATURELLE. Lepéristédion que nous décrivons, se nourrit de mol- lusques , de vers marins et de plantes marines. Il se tient souvent au fond de la mer; et quoique sa chaiF soit dure et maigre, on le pêche dans beaucoup d'en- droits pendant toute Tannée , particulièrement pen- dant le printemps. On le prend communément avec des filets. Il nage avec beaucoup de rapidité; et comme il est très-vif dans ses mouvemens , il brise fréquem- ment ses appendices contre les rochers ou d'autres corps durs. La vessie natatoire est grande; ce qui ajoute à la facilité avec laquelle le malarrnat peut se soutenir dans l'eau, malgré la pesanteur de sa cuirasse. Le pjlore est entouré de six petits cœcums» sac LE PÉRISTÉDION CHABRONTÈRE '. I.A rliabrontère n a , comme le malarmat, que àe\m rayons libres et articulés, auprès de chaque nageoire pecroraîe. Son museau est fourchu, comme celui du malarmat ; mais elle n'est pas renfermée dans une gaine octogone. Deux plaques osseuses défendent cependant la partie inférieure de son corps : elles s'étendent depuis la poitrine jusqu'à l'anus. On compte plusieurs aiguil- lons droits ou recourbés au-dessus du museau ; et on en voit trois au-dessus et trois autres au-dessous de la queue. Toutes les nageoires, excepté la caudale, sont très-longues, et d'un rouge éclatant '. On trouve la chabrontère dans la Méditerranée. ' Peristedion chi.bvoiitera. Osbsck, Fiajni. ichlhyol. Bispan, Trigle chabrontère. Bonnalerre , -planches de VEncjclopédie méihodiquey ' A la rrevnbrane (!es branchies 7 rayons, à la nageoire du dos i6 à chacune des ihoracines 6 à celle de l'anus £® QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE. LES ISTIOPHORES. Point de rayons articulés et libres, auprès des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps; la première nageoire du dos, arrondie, très-longue, et d'une hauteur supérieure à celle du corps; deux rayons à chaque thoracine. ESPÈCE. CARACTÈRES. ISTIOPH. POETE-GLAIVE. fLa inâchoiie supérieure prolongée en ferrai {Isiiùphorus gladifer.) \ de lame d'épée ; deux nageoires de l'anus. L'ISTIOPHORE PORTE-GLAIVE Marcgrave, Pison, Willughbj, Ray, JonstoD, Riivscliy mon savant confrère Broussonnet , et feu le célèbre Bloch, ont parlé de ce poisson très-rt raarqiiable par sa forme, sa grandeur et ses habitudes. En efiet, sa têle ressemble beaucoup à celle des xiphias; il par- vient, comme ces derniers , à une longueur de plus de trois mètres : comme ces derniers encore, il jouit d'une grande force , d'une grande agilité , d'une grande audace; il attaque avec courage, et souvent avec avantage, des ennemis très-dangereux. Cependant les xipbias appartiennent à l'ordre des apodes de la cin- quième division; et le porte-glaive doit être inscrit dans la même division, à la vérité, mais dans l'ordre des thoracins. La mâchoire supérieure de l'istiophore que nous * Istioplioi us ghuiifer. Y oxWer, par p/usieurs auteurs ou voyageurs françois. Brochet volant , id. Bécasse de mer, £.7, Scliwerdt-makrebe , -par les AlIcmaTids.^ Ola , el sword-Csh , par les ylnglois. Zeyl-visch , par les Hollandois des Indes orientales» Layer , id. Zee-snipp , id. Ikan tsjabeiang jang tcvbang , oitx Indes orientales^ YoUieV; scoTnber g]adius. Llochj pL "è^S, S76 HISTOIRE NATURELLE décrivons, est trois fois plus avancée que l'inférieure: très-étroite, très-longue, convexe par-dessus, et poin- tue, elle ressemble à une épée ^ et a indiqué le nom spécifique de l'animal. Elle est garnie , ainsi que le palais et la mâchoire inférieure, de dents très-petites dont on ne trouve aucun vestige sur la langue. La tête est menue ; chaque opercule composé de deux lames; le corps alongé, épais, et garni, ainsi que la queue, d'écaiiles difficiles à voir au-dessous de la membrane qui les couvre 5 la ligne latérale courbe , et terminée par une saillie longue et dure; le dos noir; chaque côté bleu; le dessous du corps et de la queue , argen- tin ; la couleur des pectorales et de l'anale, noire; et celle de la première nageoire dorsale , d'un bleu céleste parsemé de taches petites et d'un rouge brun*. Les pectorales sont pointues ; la caudale est four- chue; chaque nageoire thoracine ne présente que deux rayons longs, larges et un peu courbés : on compte deux nageoires de Tanus ; elles sont toutes les deux triangulaires , et à peu près de la même surface que * A la membrane branchiale 7 rayons, à la première nageoire dorsale 45 à la seconde 7 à chaque pectorale i5 à chaque tlioracine 2 à la première de l'anus 9 à la seconde de l'anus 5 à celle de la queue 20 DES POISSONS. 377 la seconde dorsale , au-dessous de laquelle la seconde nageoire de Tanus se trouve placée. Quant à la première dorsale, sa forme et ses dimen- sions sont très-dignes d'attention. Elle s'étend depuis la nuque Jusqu'à une petite distance de l'extrémité de la queue : elle est donc très-longue. Elle est aussi très- haute, sa hauteur surpassant la moitié de sa longueur. Son contour est arrondi ; et elle s'élève comme un demi-disque, ou plutôt comme vuie voile, qui a fait nommer l'animal, voilier, et d'après laquelle nous lui avons donné le nom générique de porte-voile (/5//0- phonis, istio])h()re * j. Le porte -glaive nage souvent à la surface de l'eau, au-dessus de laquelle sa nageoire dorsale paroît d'assez loin , et présente une surface de quinze ou seize décimètres de long, sur huit ou neuf de haut, ïl habite les mers chaudes des Indes orientales aussi- bien que des occidentales. Le célèbre chevalier Banks l'a vu à Madagascar et à flsle de France. Il a pris à Surate un individu de cette espèce, qui avoit plus de trois mètres de longueur, dont le plus grand diamètre du corps étoit d'un quart de mètre, et qui pesoit dix mjriagra m m es . Dans sa natation rapide, l'istiophore porte-glaive s'avance sans crainte , se jette sur de très-gros pois- sons, ne recule pas devant fiiomme, et se précipite * IfKv, en grec, signifie voile de navire* 'i o M E m, 48 SyS HISTOIRE NATURELLE. contre les vaisseaux , dans le bordage desquels il laisse quelquefois des tronçons de son arme brisée par la violence du c!ioc. l! lutte avec facilité contre les on.des agitées , ne se cache pas h l'approche des orages , paroît même rechercher les tempêtes , pour saisir plus promptement une proie troublée, fatiguée, et, pour ainsi dire, à demi vaincue par le boulever- sement des flots ; et voilà pourquoi son apparition sur l'Océan a été regardée par des navigateurs comme le présage d'un ouragan. Il avale tout entiers des poissons longs de trois ou quatre décimètres. Lorsqu'encore jeune il ne pré- sente qu'une longueur d'un mètre, ou environ, sa chair n'est pas assez imbibée de graisse pour être indigeste 3 et de plus elle est très-agréable au goût. QUATB.E-yiNGT-DIX-]NEUVIÈME GENRK LES GYMNÈTRES. Point de nageoire de Tanus; une seule nageoire dorsale j les rayons des nageoires thoraeines très-a/ongés. ESPÈCE, CARACTÈRE. Le cïmnètre hawken. r^ , ... < Deux rayons a chaque naeeoire (hoiacine. {Cjmnelriis JJawkeiiii.) (. LE GYMNÈTRE HAWKEN Les poissons renfermés dans ce genre n'ajant pas de nageoire de Ta nus , nous aurions inscrit les gjni- nètres à Ja tète des thoracins de la cinquième divi- sion, si l'espérance de recueillir de nonveanx rensei- gnemens au sujet de ces animaux ne mavoit fait dif- férer jusqu'à ce moment Timpression de cet article. Les gjmnètres ont beaucoup de rapports avec les régalées ; mais indépendamment de plusieurs diffé- rences qu'il est aisé d'appercevoir , et sans considérer, par exemple , que les régalées ont deux nageoires dorsales, et que les gjmnètres nen ont (ju'rme, ces derniers appartiennent à l'ordre des thoracins, et les régalées à celui des apodes. Le hawken a été ainsi nommé par reconnoîssance pour l'ami des sciences naturelles (M. Hawken) qui a envojé dans le temps un individu de cette espèce à Bloch de Berlin. Chaque nageoire thoracine de ce poisson est com- posée de deux rajons séparés l'un de l'autre, et pro- longés en forme de filament jusque vers le milieu de la longueur totale de l'animal. A son extrémité, chacun * Gymnetrus Hawkenii. Id. Bloc/ij -pL 423. HISTOIRE NATURELLE. 38 I de ces rajons s'épanouit, s'élargit, se divise en six ou sept petits rajons réunis par une membrane , et forme comme une petite palette arrondie. L'ensemble du hawken est d'ailleurs serpentiforme, mais un peu comprimé ; la mâchoire inférieure dépasse la supérieure ; l'ouverture branchiale est grande • on voit un petit enfoncement au-devant des jeux; la nageoire dorsale commence au-dessus de ces derniers organes, et s'étend jusqu'à la caudale, comme une bande à peu près également élevée dans tous ses points 5 la caudale est en croissant; toutes les nageoires sont couleur de sang ; le corps et la queue sont d'un gris bleu avec des taches et de petites bandes brunes , disposées assez régulièrement. L'individu décrit par Bloch a voit été pris auprès de Goa. 11 avoit plus de huit décimètres de long, et pesoit près de cinq kilogrammes. CENTIÈME GENRE. LES MULLES. Le corps couvert de grandes écailles qui se détachent aisément; deux nageoires dorsales; plus d'un barbillon à la mâchoire inférieure, ESrÈCES. CARACTERES. ILe corps et la queue rouges , même lorsqu'ils sont dt'nués d'écaillés; point de raies lon- ojiudinalcs; les deux mâchoires également avancées. 2. ^ îLe corps et la rrucue rouc.es; des raies lon- Le ml'lle surmulet. 5 ..... 1 • < piludiuaies jaunes : la mâcnoiie supérieure {Mullns surmulelus.) ' ° un peu plus avancée que 1 luléneure. 3. Le mulle japonois. jLe corps et la queue Jaunes ; point de raies i^Miillus japonicHs.) [^ long! tudiiiales. Le dos comme bronzé; une raie longitudi- nale large et rousse, de cliaque côté de 4. Le mulle AURlFLAMME.j l'animal ; une tache r ' e vers l'extrémité [MuUiis ain i/Iamma.) j de la ligne latérale; ia n;igeoiie de la queue, jaune et sans taclie ; les barbillons blancs; des dents petites et isoiiibreuses. 5. Le mulle rayé. Blanchâtre; cinq raies longitudinales de chaque côté, deux brunes et trois jaunes; la nageoire de la queue rayée obliquement [Mullui vittuliis,) 1 i„ 1 1 I 1 II 111 j ^ ' J de brun ; les baib:Jlons de la longueur des opercules; les écailles légèrement dcntéest H I s T O i R ESPÈCES. 6. Te mulle tacheté. ( Midlus macu la tus . ) NATURELLE. 383 7. Le mulle deux- B A iV D E S. (Midlui hifaiCUitus.) 8. Le mulle cyclostome. (^Mullus cycioslomus.) 9. Le mulle trois- BANDES. {^Miillus trijusL iatiis.) io. Le mulle macsonème. {^Mullus macioneini..») 31. Le mulle barberin. [Muilus barbcrinus.) CARACTERES. La tête, le corps, la queue et îes nageoires rouges 5 trois taches grandes , presque londes , et noires , c!e chaque côté du corps ; huit rayons à la première nageoire du dos 5 dix à celle de l'anus. Une bande très-foncée, transversale, et ter- minée en pointe, à l'origine de la pre- mière nageoire du dos ; une bande presque semblable vers l'oiigine de la queue; la nageoire caudale divisée en deux lobes très-distincls ; la tête couverte d'écaillcs semblables à celles du dos ; les barbillons épais à leur base , et déliés à leur exliéuiité. Point de raies , de bandes ni de taches ; l'ex- trémité des barbillons atteignant à l'origine des thoracines; l'ouverlure de la bouche représentant une très-grande portion de cercle; la ligne latérale , parallèle au dos; huit rayons à la première dorsale. (Trois bandes transversales, larges, très-fon-» cées , et finissant en pointe ; la tête cou- verte d'écaillés semblables à celles du dos; l'extrémité des barbillons atteignant à i'ex- trémîté des nageoires tlioracine?. Une raie longitudinale de chaque côté du corps; une taclie noire vers l'extrémité de la ligne latérale; sept rayons à la première dorsale; l'extrémiié des barbillons attei»- gnaiit à l'extrémité des nageoiies thora- cines. Une raie longitudî-nale de chaque côté du corps; une tache noire vers l'extrémité de la ligne latérale ; huit rayons à la première dorsale j l'extrémité des barbillons n'attei- 384 HISTOIRE NATURELLE. ESPÈCES. ir. Le mulle barberin* ( Mu lias barherinus . ) 12. Le mulle rougeatre.. {Mullus rubescens,) 10. Le mulle rougeor. ( Mu (lus ch ryserjdro s . ) ï4. Le mulle cordon- jaune. (^Mulliis JlayoUneatiis.) CARACTÈRES. gnant que uisqu'à la seconde pièce clés opercules : cette seconde pièce garnie d'un piquant recourbé. Le corps et la queue rougeâtres ; une tache noire vers l'extréuiité de la ligne latérale; la seconde dorsale parsemée , ainsi que la nageoire de l'anus et celle de la queue, de taclies brunes et faites en forme de lentilles. Le corps et la queue rouges; une grande tache dorée entre les nageoires dorsales et celle de la queue ; des rayons dorés aboutissant à l'œil comme à un cenfre ; les opercules dénués de piquans , et non d'é- cailles semblables à cdlcs du dos; les bar- billons atteignant jusqu'à la base de- tho- racines, et se recourbant ensuite; quatre rayons à la membrane des branchies. Le dos bleuâtre ; une raie latérale et lon- gitudinale, dorée; la nageoire de la queue et le sommet de celles du dos, jaunâtres; trois pifces à chaque opercule; un petit piquant à la seconde pièce operculaire ; les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos ; quatre rayons à la mem- brane des branchies ; les barbillons recour- bés , et n'atteignant pas tout-à-fait jusqu'lt la base des nageoires thoracines. LE MULLE ROUGET*. Avec quelle magnificence la Nature n'a- t- elle pas décoré ce poisson î Quels souvenirs ne réveille pas ce mulle dont le nom se trouve dans les écrits de tant * Mullus ruber. Barbet, dans plusieurs contrées de Francs» Petit surmulet, zôic?. Red surmulet, en Angleterre. Smaller red-beard, ibid. Der kleine rotli-bart, en Allemagne. Die rothe see barbe, ibid. Nagarey, par les Tamules, Tekir, par les Turcs. Triglia, en Italie. Triglia verace , sur les rivages de la Ligurie. Barboni, à Venise. Barbarin, en Portugal, Mullus barbatus. Linné, édition de Gmelin. Mus. Adolph. Frid. 2 , /?. 91 *. Bloch, pi. 348,». 2. Mulet rouget. Daubenton et Uaily , Encyclopédie méthodique, ïd. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Trigla capite glabro , cirris geminis in maxilla inferiore. Artedi, gen. 48, syn. 78. H' rpyxa. Jristot. lib. 2, cap. 17 ; Ub. 4 , cap. iT ; lib, 5 , cap. 9 ; Ub. 6 , cap. 17 ; Ub. 8 , cap. 2 , i3 ; et Ub. 9 , cap. 2 , S?. Tf^yM. Mlian. Ub. 2 , cap. 41, />. 118 ; lib. 9 , cap. 5i , 65 , p. SS-J ; et Ub, 10 , cap. 2. Athen. lib. 7, p. 824, 325. Oppian. Ub. i , p. 5, 6. T O M E 1 1 I. 49 386 HISTOIRE NATURELLE dVai tours célèbres de la Grèce et de Rome î De quelles réflexions, de quels mouvemens , de quelles images son histoire n'a-t-elle pas enrichi la morale, l'éloquence et la poésie ! C'est à sa brilh'nte parure qu'il a dii sa célébrité. Et en elïet, non seulement un rouge éclatant le colore en se mêlant à des teintes argentines sur ses côtés et sur son ventre , non seulement ses nageoires resplendissent des divers reflets de l'or, mais encore le rouge dont il est peint, appartenant au corps propre- ment dit du poisson, et paroissant au travers des écailles très-transparentes qui revêtent l'animal , reçoit par sa transmission et le passage que lui livre une substance diaphane , polie et luisante , toute la vivacité que l'art peut donner aux nuances qu'il emploie, par le mojeii d'un vernis habilement préparé. Voilà pourquoi le rou- Plin. lib> 9, caj). 17, 18, 5i ; r/ lih. 32, clj]t. 10, iî. WottoUi lib. 8, cap. 169 ,/b/. i5ij c». P.Jov. cap. 18,7;. 83. Mullus minor. Sali^ian. Schonei'. 7?. 47» TVillugliky, p. 285, Mullus. Raj. p. 90, Mulus , vel mullus. Ciiha^ lib, 3, cap. do ^ fol. 84, h, Mullus barbatus. Varron, Rustic. lib. 3, cap. 17. Rondelet j première partie^ liv. JO , chap. 3. Mullus barbatus. Gesnerj Aquat. p. 565. Mullus Gesnerî , qui rainor Salviaoi dicitur. Aldrovand. lib. 2 , cap, i j p, i3i. Bellou, Fisc, p. 170. Red surmulet. Brii. Zoolog. 3, p. 227, n. i. Surmulet. Vulnwnt-Bomare j Diciionnaire d'histoire naturelle. DES POISSONS. 387 get montre encore la feinte qui le distingue lorsqu'il est dépouillé de ses écailles ; et voilà pourquoi encore les Romains du temps de Varron , gardoient les rougets dans leurs viviers , comme un ornement qui devint bientôt si recherché , que Cicéron reproche à ses com- patriotes l'orgueil insensé auquel ils se lîvroient, lors- qu'ils pouvoient montrer de beaux muUes dans les eaux de leurs habitations favorites. La beauté a donc été l'origine de la captivité de ces mulles ; elle a donc été pour eux , comme pour tant d'autres êtres dignes d'un intérêt bien plus vif, une cause de contrainte , de gène et de malheur. Mais elle leur a été bien plus funeste encore par un effet bien éloigné de ceux qu'elle fait naître le plus souvent; elle les a condamnés à toutes les angoisses d'une mort lente et douloureuse ; elle a produit dans l'ame de leurs possesseurs une cruauté d'autant plus révoltante qu'elle étoit froide et vaine. Sénèque et Pline rapportent que les Romains fameux par lein^s richesses, et abrutis j)ar leurs débauches , mèloient à leurs dégoûtantes orgies le barbare plaisir de faire expirer entre leurs mains un des mulles rougets, afin de jouir de la variété des nuances pourpres , violettes ou bleues , qui se suc- cédoient depuis le rouge du cinabre jusqu'au blanc le plus pâle, à mesure que l'animal passant par tous îes degrés de la diminution de la vie . et perdant peu à peu les forces nécessaires pour faire circuler dans les ramifications les plus extérieures de ses vaisseaux 388 HISTOIRE NATURELLE le fluide auquel il avoit dû ses couleurs en même temps que son existence ' , parvcnoit enfin au terme de ses souff*rances longuement prolongées. Des mou- vemens convulsifs marquoient seuls , avec les dégra- dations des teintes , Fapproche de la fin des lourmens du rouget. Aucun son , aucun cri plaintif , aucune sorte d'accent touchant , n'annoncoient ni la vivacité des douleurs, ni la mort qui alloit les faire cesser. Les mulles sont muets comme les autres poissons ; et nous aimons à croire pour l'honneur de l'espèce humaine , que ces Romains , malgré leur avidité pour de nouvelles jouissances qui échappoient sans cesse à leurs sens émoussés par l'excès des plaisirs , n'auroient pu résister à la plainte la plus foible de leur malheureuse victime: mais ses tourmens n'en étoient pas moins réels ; ils \\ç:\x étoient pas moins les précurseurs de la mort. Et cepen- dant le goût de ce spectacle cruel ajouta une telle fureur pour la possession des mulles au désir rai- sonnable , s'il eût été modéré , de voir ces animaux animer par leurs mouvemens et embellir par leur éclat les étangs et les viviers , que leur prix devint bientôt excessif: on donnoit quelquefois de ces osseux leur poids en argent '. Le Calliodore , objet d'une des satires de Juvénaî , dépensa quatre cents sesterces pour ' Voyez le Discours sur la nature des -poissons. * Des rougets ont pesé deux kilogrammes. Le kilogramme d'argent yaut à peu près 200 francs^ DES POISSONS. 009 quatre de ces miilles. L'empereur Tibère vendit 4000 sesterces un rouget du poids de deux kilogrammes , dont on lui avoit fait présent. Un ancien consul nommé Célère en paja un 8000 sesterces ; et selon Suétone, trois mulles furent vendus 3o,ooo sesterces. LesApicius épuisèrent les ressources de leur art pour parvenir à trouver la meilleure manière d'assaisonner les mulles rougets ; et c'est au sujet de ces animaux que Pline s'écrie : « On s'est plaint de voir des cuisiniers « évalués à des sommes excessives. Maintenant c'est >> au prix des triomphes qu'on achète et les cuisiniers et » les poissons qu'ils doivent préparer «. Et que ce luxe absurde , ces plaisirs féroces , cette prodigalité folle , ces abus sans reproduction , cette ostentation sans goût , ces jouissances sans délicatesse , cette vile dé- bauche , cette plate recherche, ces appétits de brute, qui se sont engendrés mutuellement , qui n'existent presque jamais lun sans l'autre , et que nous rap- pellent les traits que nous venons de citer, ne nous étonnent point. De Rome républicaine il ne restoit que le nom ; toute idée libérale avoit disparu ; la servitude* avoit brisé tous les ressorts de l'ame ; les senti mens généreux s étoient étemts ; la vertu , qui n'est que la force de Tame , n'existoit plus ; le goût, qui ne consiste que dans la perception délicate de convenances que la tjrannie abhorre , chaque jour se dépravoit ; les arts > qui ne prospèrent que par Télévation de la pensée , la pureté du goût, la chaleur du sentiment, éteiguoient ogo HISTOIRE NATURELLE leurs flambeaux ; la science ne convenoit plus à des esclaves dont elle ne pouyoit éclairer que les fers; des joies fausses, mais brujantes et qui étourdissent, des plaisirs grossiers qui enivrent , des jouissances sen- suelles qui amènent tout oubli du passé , toute con- sidération du présent, toute crainte de l'avenir, des représentations vaines de ces trésors trompeurs en- tassés à la place des vrais biens que l'on avoit perdus, plusieurs recherches barbares , tristes sjmptômes de la férocité, dernier terme d'un courage abâtardi, dévoient donc convenir h des Romains avilis , à des citojens dégradés, à des hommes abrutis. Quelques philosophes dignes des respects de h\ postérité s'élevoient encore au milieu de cette tourbe asservie ; mais plusieurs furent iraiiiolés par le despotisme; et dans leur lutte trop inégale contre une corruption trop générale , ils éternisèrent par leurs écrits la honte de leurs contem- porains, sans pouvoir corriger leurs vices funestes et contagieux. Les poissons dont le nom se trouve lié avec l'histoire de ces Romains dégénérés, ont fixé l'attention de plu- sieurs écrivains : mais comme la plupart de ces auteurs étoientpeu versés dans les sciences naturelles, comme d'ailleurs le surmulet a été , ainsi que le rouget , l'objet de la recherche prodigue et de la curiosité cruelle que nous venons de retracer , et comme ces deux osseux ont les mêmes habitudes, et assez de formes et (ie cpialités communes pour cju'on ait souvent appliqué les mêmçs DES POISSONS. 891 dénominations à l'un et à l'autre, on est tombé dans une telle confusion d'idées au sujet de ces deux mulles , que d'illustres naturalistes très-récensles ont rapportés à la même espèce, sans supposer même qu'ils formassent deux variétés distinctes. En comparant néanmoins cet article avec celui qui suit , il sera aisé de voir que le rouget et le mulet sont différens l'un de l'autre. Le devant de la tête du rouget paroît comme tronqué, ou , pour mieux dire, le sommet de la tête de cet osseux est très-élevé. Les deux Qiâchoires, également avancées, sont, de plus, garnies d'une grande quantité de petites dents. De très-petites aspérités hérissent le devant du palais, et quatre os placés auprès du gosier. Deux bar- billons assez longs pour atteindre à l'extrémité des opercules , pendent au-dessous du museau. Chaque narine n'a qu'une ouverture. Deux pièces composent chaque opercule, au-dessous duquel la membrane branchiale peut être cachée presque en entier *. La ligne latérale est voisine du dos ; l'anus plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue , qui est fourchue; * A la membrane branchiale 3 rayons, à la première nageoire du clos 7 à la seconde 9 à chacune des pectorales i5 à chacune des thoracines 6 à celle de l'anus ,7 à celle de la cjueue • 17 oqsl histoire naturelle et tous les rajons de la première dorsale, ainsi que le premier des pectorales , de l'anale et des thoracines , sont aiguillonnés. Les écailles qui recouvrent la tête , le corps et la queue , se détachent facilement '. Le rouget vit souvent de crustacées. Il n'entre que rarement dans les rivières ; et il est des contrées où on le prend dans toutes les saisons. On le pêche non seu- lement à la ligne , mais encore au filet. On ne devine pas pourquoi un des plus célèbres interprètes d'Aris- tote , Alexandre d'Aphrodisée , a écrit que ceux qui tenoient ce mulle dans la main , étoient à l'abri de lii secousse violente que la raie torpille peut faire éprouver '. On trouve le rouget dans plusieurs mers , dans le canal de la Manche, dans la Baltique près du Dane- marck , dans la mer d'Allemagne vers la Hollande , dans l'Océan atlantique auprès des côtes du Portugal, de l'Espagne , de la France , et particulièrement à une petite distance de l'embouchure delà Gironde, dans la Méditerranée aux environs de la Sardaigne, de Malte, du Tibre et de FHellespont, et dans les eaux qui baignent les rivages des isles Moluques. I L'estomac est composé d'une membrane mince ; vingt-six cœcums sont placés auprès du pylore j le foie est divisé en deux lobes, et la vésicule (du fiel petite. * Voyez YHistoire naturelle et littéraire des poissons^ par le savant professeur Schneider, page iij. DES POISSONS. 893 Quoique nous ajons vu que l'empereur Tibère ven- dit un rouget du poids de deux kilogrammes, ce mulle ne parvient ordinairement qu'à la longueur de trois décimètres. Il a la chair blanche , ferme , et de très- bon goût , particulièrement lorsqu'il vit dans la partie de l'Océan qui reçoit les eaux réunies de la Garonne €t de la Dordogne. TOME ni. So LE MULLE SURMULET*. Des raies dorées et longitudinales servent à distin- guer ce poisson du rouget. Elles s'étendent non seu- lement sur le corps et sur la (pieue, mais encore sur la tête, où elles se marient, d'une manière (rès-agréable à Fœil, avec le rouge argentîii qui fait le fond de la * Mullus suvmuîctus, Barbarin , dans plusieurs coîilrées de France, Rouget barbé, ibid. Mulet barbé , ihld. Tekyr, en Turquie. Rothbart, en Allemagne,,. Peter rafennchen , dans le Holstein. Goldecken , ibid. Schmerbulten , et bagunlkcn , près d' Eclernfœrde. Konig van de haaring, en Hollande. . Byenaneque, e/ baait-manneîje, dans les Muluqiies hollaiidcises, Ikan tamar, à t'a Chine. Mullus surmuletus. Linné, édit-ion de Gmelin. Mulet surmulet. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie inétJiodiijiie. Blochj pi. S'j. Trigla capite glabro , llneis utrinque quatuor luteis , etc. Ariedi, gen, ^3 , sjn. 72. Mullus major. Sulvian. Mullus major ex Hispania missus. Aldroi. lib. 1 , cap. i , p, ,12,3- Mullus major noster et Salviani. Willughby , p. 286, tah. Sj J,yig. x-, Raj. p. 91 , n. 2. Briinji. Pisc. Massi-. p. 71 , n, 88, * Surmulet. Bellnn, Aquat.p. 176. Striped surmulet. Brit, Zoolog, 3,;». 229, ji. 2, fab, i3. HISTOIRE NATURELLE. SçS couleur de cette partie. Il paroît que ces nuances dis- posées en raies appartiennent aux écailles , et par conséquent s'évanouissent par la chute de ces lames, tandis que le rouge sur lequel elles sont dessinées, provenant de la distribution des vaisseaux sanguins près de la surface de l'animal, subsiste dans tout son éclat, lors même que le poisson est entièrement dé- pouillé de son tégument écailleux. Le brillant de l'or resplendit d'ailleurs sur les nageoires; et c'est ainsi que les teintes les plus riches se réunissent sur le surmulet, comme sur le rouget, mais combinées dans d'autres proportions, et disposées d'après un dessin différent. L'ouverture de la bouche est petite; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que finférieure ; et la ligne latérale parallèle au dos, excepté vers la nageoire caudale. Les deux barbillons sont un peu plus longs à proportion que ceux du rouget *. Le surmulet vit non seulement dans la Méditerra- née et dans l'Océan atlantique boréal, mais encore dans la Baltique, auprès des rivages des Antilles, et dans les eaux de la Chine. Il j varie dans sa longueur * 3 rayons à ia meaibrane des branchies. 7 rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale^ g rayons à la seconde. ïS à chacnne des pectorales. 6 à chacune des thoracines. 7 à celle de l'anus. 22 à celle de la queu?. 896 HISTOIRE NATUHELLE depuis deux Jusqu'à cinq décimètres ; et quoique Juvénal ait écrit qu'un mulle qui paroît devoir être l'apporté à la même espèce que notre surmulet, a pesé trois kilogrammes, on ne peut pas attribuer à un sur- mulet, ni à aucun autre mulle, le poids de quarante kilogrammes, assigné par Pline à un poisson de la mev Rouge , que ce grand écrivain regarde comme un mulle , mais qu'il faut plutôt inscrire parmi ces silures si communs dans les eaux de l'Egjpte, dont plusieurs deviennent très -grands, et qui, de même que les niulles , ont leur museau garni de très-longs bar- billons. Le mulle surmulet a la chair blanche , un peu feuil- letée, ferme, très-agréable au goût, et, malgré l'au- torité de Gaiien, facile à digérer, quand elle n'est pas très-grasse. Nous avons vu dans l'article précédeiit , qu'il étoit , comme le rouget , pour les Romains qui vivoient sous les premiers empereurs , un objet de recherche et de jouissance insensées. Aussi ce poisson avoit-il donné lieu au proverbe. Ne le mange pas qui le prend. Les morceaux que l'on en estimoit le plus , étoient la tête et le fuie. Il se nourrit ordinairement de poissons très-jeunes ,- de cancres, et d'animaux à cotpiille. Gaiien a écrit que l'odeur de ce poisson étoit désagréable, quand il avoit mangé des cancres; et suivant Pline, il réj>and cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux à coquille. Au reste, comme le surmulet est vorace, il DES POISSONS. 097 se jette souvent sur des cadavres, soit d'hommes, soifc d'animaux. Les Grecs crojoient même qu'il poursuivoit et parvenoit à tuer des poissons dangereux ; et le regardant comme une sorte de chasseur utile , ils l'avoient consacré à Diane. Les surmulets vont par troupes, sortent, vers le commencement du printemps , des profondeurs de la mer, font alors leur première ponte auprès des em- bouchures des rivières, et, selon Aristote , pondent trois fois dans la même année, comme d'autres mulles, et de même que plusieurs trigles. On les pêche avec des filets, des louves *, des nasses, et sur-tout à l'hameçon; et dans plusieurs contrées, lorsqu'on veut pouvoir les envojer au loin sans qu'ils se gâtent, on les fait bouillir dans de l'eau de mer aussitôt après qu'ils ont été pris, on les saupoudre de farine, et on les entoure d'une pâte qui les garantit de tout contact de l'air. Nous ne rapporterons pas le conte adopté par Athénée , au sujet de la prétendue stérilité des sur- mulets femelles, causée par de petits vers qui s'en- gendrent dans leur corps lorsqu'elles ont produit trois fois. Nous ne réfuterons pas l'opinion de quel- ques auteurs anciens qui ont écrit que du vin dans lequel on avoit fait mourir des surmulets, rendoit incapable d'engendrer , et que ces animaux attachés * Voyez , relativement à la lonce^ l'article du pénofyijzon lampi^oie. 898 HISTOIRE NATURELLE. criuls sur iiiie j^artie du corps , guérissoient de la jau- nisse ] et nous terminerons cet article en disant que ces poissons ont le canal intestinal assez court , et yingt-six cœcums auprès du pjlore. LE M U I. L E J A P O N O I S \ Ce poisson qu'Houttujn a fait connoîlre, ressemble beaucoup au rouget et au surmulet; mais il en diffère par la petitesse des dents dont «es mâchoires sont gar- nies, si même elles n'en sont pas entièrement dénuées: et d'ailleurs il ne présente pas de raies longitudi- nales; et sa couleur est jaune, au lieu detre rouge. Il habite dans les eaux du Japon, ainsi que l'indique son nom spécifique '. ' Mullus japonicus. J(l. Linné, édition de Gmelin. HoiitUiyn, Âct. Haarl. XX , i^p. 334, "• ^^' A la première nageoire du dos 7 rayons, à la seconde 9 LE MULLE AURIFLAMME". FoRSKAEL a VU cc poîssoii dans la mer d'Arabie; Ajoutons à ce que nous en avons dit dans le tableau de son genre, que les côtés de sa tête sont taches de jaune; que deux raies jaunes ou couleur d'or sont placées au-dessous de sa queue ; que la même nuance distingue ses dorsales; que ses pectorales, son anale et ses thoracines sont blanchâtres ; et enfin que les écailles dont il est revêtu , sont membraneuses dans une partie de leur circonférence \ Un des dessins de Commerson, que nous avons fait graver, présente une variété de i'auriflamme. ' Mulliis auriflanama. Id. Linné, édition de Gnielin. ForsJiaelj Faun. Arab. p. 3o, n. ig. IVJulet ambir. Bonnaterre j planches de V Encyclopédie méthodique, * 3 rayons à la membrane des branchies. 7 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 1 rayon aiguillonné et 9 rayons articulés à la seconde dorsale, 17 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 2 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à celle dif l'anus. j5 rayons à celle de la queue. Tome 3 T/ /3 .Taj/e 4oo. ■PcJ'cveJe/ ■ Jlarj 2îc„ou Scuif J- MZ^IjIjK AU/i/'/amnie . 2 MULLE 3Iac/onè/ne 5. MUZiIjB 3ar/)errn . Jorn^ 3- yy y 4 J'a^& 4f2. J.MVLIuIL Raye ■ 2.MULLE de^ca- BariJe^ ■ 3 . MJJLjLE (^cUd'fv/fve "— *'*■— r-""--'- '■■*- ■i^-* -ti-iVt LE MULLE RAYÉ'. Les petites dents qui garnissent les mâchoires de ce mulle, sont serrées les unes contre les autres. Ses nageoires pectorales, thoracines , et anale, sont blan- châtres j les dorsales présentent des raies noires sur un fond blanc. Ou peut voir les autres traits du rajé , dans le tableau de son genre. Ce poisson habite la mer d'Arabie -. ■ - "I I- ■- «I ■ ■ I Il, I u' ^ Mulliis vittatus. Id. Linné j édition de Gnielin, "Forskael, Faun. Arabie. p. Zi , n. 20. Mulet rayé. Bonnaterre , ]')lanches de l'Encyclopédie méthodique, ? 3 rayons à la membrane des branchies. 7 rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. I rayon aiguillonné et g rayons articulés à la seconde. TOME m. Si LE M U L L E TACHE T É '. Marcgrave, Pison , Rnysch , Klein, et le prince Maurice de Nassau, cité par Bfoch, ont parlé de ce niiîlle, (|ne ie jM'ofesscnr Gmelin ne regarde qne comme nne variété du snrnii^let. On trouve ie tacheté dans la mer des Antilles ; et on le pèclie au.<^si dans les lacs que le Brésil renferme. Ce poisson a dans certaines eaux , et particulièrement dans celles qui sont peu agitées, la chair tendre, grasse et succulente. Les deux mâchoires sont également avancées; louverture de l'anus ' est placée vers le milieu de la longueur totale^ une belle couleur rouge répandue sur pres- que tout l'animal est relevée par la teinte dorée ou ' MuUus maculatus, Salmoneta , en Espagne et en Portugal, Pirametara , au F. r es il. Blochj j)L 348,/'^. 1. Muîlus surrnuletus, var. ^. Linné, édition de Gmelinr Marcgr. Brasil. 181. Piso. Ind. p. 60. * A la premièic nageor.e du dOs 8 rayons, à la seconde 10 à chaque pectorale 3 5 à chaque thoracine 6 i) celle de Tanus 10 ù oelle de la queue 1^ HISTOIRE K À ï Ù R E L L E. 4o3 Jaune des barbillons, ainsi que du bord de la nageoire caudale, et par trois taches noires, presque rondes et assez grandes, que l'on voit de chaque côté sur la b'gne latérale. LE MULLE DEUX-BANDES, LE MULLE CYCLOSTOME% LE MULLE TROIS- BANDES ^ ET LE MULLE MACRONEME^ C'est d'après les observations manuscrites de Com- merson, qui m'ont été remises dans le temps par Buflon , que j'ai inscrit parmi les mulles ces quatre espèces encore inconnues des naturalistes , et dont j'ai fait graver les dessins exécutés sous les jeux de ce célèbre vojageur. Le tableau des mulles présente les traits principaux de ces quatre poissons : disons uniquement dans cet article , que le deux-bandes a les écailles de sa partie supérieure tachées vers leur base , et ses mâchoires garnies de petites dents ^; que le cjciostome ^ a sa ' Mullus bifasciatus. * Mullus cyclostomus» ^ Mullus trlFasciatus. ^ Mullus tïiacroDcmus. ' 7 rayons aiguillonnés à la première dorsale du muîle deux-bandes. I rayon aiguillonné et g rayons articulés à la seconde, 6 ou 7 rayons à celle de Fanus. * La dénomination de cyclostome désigne la forme de la bouche t *ix^oç signifie CÊ"rc7e; eto-To//.«j bouche. J'/ jS . J'ofe 4^4. udineu ; Jad/. 2. MULLE Trau---jSflnJe E C E s. 24. .Le labre deux- bandes. [Lahjiis bij^asciatus.) 25. Le labre mélagastre. {Labrus melagasier.) 26. Le labre malaptère. ( Lahrits inalupteriis.) 27. Le labre a demi ROUGE. {Labîus semiruber.) 28. L E L A B R E T É T R A C A N T H E. {Lubrus tetracanthus,) CARACTÈRES. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale 5 trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; deux bandes brunes et transversales sur le corps pro- prement dit. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; les tlioia- cines alongées ; la pièce intérieure de l'opercule seule garnie d'écaillcs semblables à celles du dos. Vingt rayons ariiculés et point de rayons aiguillonnés à la nageoire dorsale ; douze rayons articulés à celle de l'anus; la tête dénuée d'écallles semblables à celles du dt)s. Douze rayons aigiâllonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos ; le sixième rayon articulé «le la dorsale , beaucoup plus long que les autres; la base de la paifie postérieure de la dorsale, garnie d'écaillés; quatre dents plus grandes que les autres à la mâchoire supérieure ; la partie antérieure de l'aniiual , rouge, et la postérieure jaune. Quatre rayons aiguillonnés et vingt un rayons articulés à la nag-oire dorsale; la lèvre supérieure large , épaisse et plissée; dix- huit rayons articulés à celle de i'anu^s; ces derniers rayons, et les rayons aiticulés de la dorsale , terminés par des filameus 5 trois rangées longitudinales de points noirs sur la dorsale ; une rangée de points semblables sur la partie postérieure de la nageoire de l'anus; la caudale en crois^ sant. DES ESPÈCE S. POISSONS. 429 19. Le labre demi-disque. {Labriis semidiscus.) 3o. Le labre cerclé. {Labrus doliatub.) 3i. Le labre hrrissé. {^Laùiua liiisutus.) 32. Le labre fourche. {Lubrus furca,) CARACTERES. Vingt-un rayons à la nageoire dorsale ; cette nageoire festonnée , ainsi que celle de l'a- mis ; la téîe et les opercules dénués d'éctiilles semblables à celles du dos : la seconde pièce de chaque opercule , angu- leuse ; dix-neuf bandes transversales de chaque côté de i'animaî ; une tache d'une nuance très-claire, et en forme de demi- disque , à l'extrémité de la nageoire cau-^ dale , qui est en croissant. 'Neuf rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du des; la tête et ■ les opercules dénués d'écai'les semblables à celles du dos; la seconde pièce de chaque opercule , anguleuse ; la caudale en crois- sant ; vingt trois bandes transversales , de chaque coté de l'animaL 'Onze rayons aiguillonnés et douze rayons aiticulés à la dorsale; la nageoire en crois- sant ; six grandes dents à la mâchoire supérieure; la ligne latérale hérissée de petits piquans; douze raies longitudinales de éhaqu'e côté du poisson ; quatre autres raies longitudinales sur la nuque; le dos parsemé de points. Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à la nageoire du dos ; le dernier rayon de la dorsale et le dernier rayon de l'anale , très- longs; les deux lobes de la caudale pointus et très-prolougés ; la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure j de très-petites dents à chaque mâchoire^- 43o HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 'S2- Le labre STX-BA.NDES, {•i^abriis sexfaiciatus.) CARACTÈRES. Treize rayons aiguillonnés et dix rayons articule's à la dorsale j le museau avancé; l'ouverture de la b(;uclie très-petite; la mâchoire inférieure plus longue que la supérieure ; six bandes transversales ; la caudale fourchue. 04. ^jE I.ABIIE MACROGASTtaE , [Lahrus macro gmster.) Treize rayons aiguillonnés et quinze rayons articulés à la dorsiile; le ventre très-gros; des écailles semblables à celles du dos , sur la tétc et les opercules ; la caudale ea croissant ; six bandes transversales. Quinze rayons aiguillonnés et garnis chacuii ,,„ _ j d'un filament, et neuf rayons articulés, à àb. Lk r.ABr>E filamenteux • -> j •> { f^abiHs filumciilosusS) 36. Le labre Anguleux, ( Labrus cmjulosuS') 3'7. Le labre HTTIT-nAIES. ÇLahr/is ocio-vitlatus.) la dorsale; l'ouverture de la bouche , en forme de demi cercle vertical ; quatre ou cinq bandes transversales sur it" dos. Douze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale ; les rayons articulés de cette dorsale beauc(!up plus hîngs que les aiguillonnés de cette même nageoire; [ç& lèvres 1 irgcs et épaisses ; des lignes et des points représentant un réseau sur la première pièce de l'opercule ; la seconde pièce échancrée et anguleuse; cinq ou six rangées longitudinales de petits points de chaque côté de l'animal. Onze rayons aiguillonnés et dot'ze ra\ ons ar- ticulés à la dorsale ; trois rayons aiguillon- nés et sept rayons articulés à la nageoire de l'anus ; la caudale en croissant ; les dents de la mâchoire supérieuie beaucoup DES ESPÈCES. P O I S S O N S, 43 ï 87. Le labre hcit-kaies. [Liibrus octO'vittciH-'s.) 38. Le I.ABRE MOUcnETÉ. [Labriis piinclulatus.) 89. Le labre r o M M E R s o N N I E ^', ( Labriis Comuicrsonnii.) jj.0. Le labre lisse. {Labrus lœi'isr) CARACTÈRES. plus longues que celles de l'inCéi ieiirc : la pièce post(^ri( lire de l'opercule , angu- leuse ; la tête et les opercules dénués d'écaillés semblabl-es à celles du dos ; quatre raies un peu obliques, <]e chaque côté du poissoué Treize rayons aiguillonnés à la dorsale, qui- est très-longue; celte dorsale, l'anale et les tlioracines, pointues f la caudale en croissant 5 la niâcbotre inférieure plus avancée que Ja supérieure* l'ouverture de la bouclie , très-grande ; cinq où six glandes dents à la mâclioire d'en-bas, et deux denfs également grandes à celle d'en- haut ; toute la surface du poisson parsemée de petites taclies rondes. Neuf ra)ons aiguillonnés et seize rayons arti- culés à la nageoire du dos ; les dents des deux mâchoires presque égales ; un rayon aiguillonné et dix-sept rayons articulés à la nageoire de l'anusj le dos et une grande partie des côtés du poisson , parsemés de , taches égales, rondes et petites. Quinze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale ; les rayons articulés de cette nageoire , plus longs que les aiguillonnés ; la mâclioire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; les dtnts grandes, recourbées et égales; la ligne latéale presque droite ; la caudale un peu en croissant j les écailles très-diffi- cilement visibles 5 cinq graude^à taches oa bandes Iransvcrsaies 432 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 41. Le labre macroptêre. ^ [Labius macropterus.) CARACTERES. ''Vingt-huit rayons à la dorsale; vingt-un à l'anale; piesque tous les rayons de ces deux nageoires, longs , et garnis de fila- mens; la caudale en croissant ; une tache noire sur ran^:.le postérieur des opercules, qui sont couverts , ainsi que la tête , d'é- cailles semblables à celles du dos. 42. Le labre quinze-épines. ^Labiiis quindecim-aciilea- iits.) 48. Le LABRE MACROCÉPHAI K. {^Labrus macrocephalus.) AA. Le labre plitmiériex. {^Labrus Phimierii.) Quinze rayons aiguillonnés et neuf ravons articulés à la nageoire dorsale; trois rayons aiguillonriés et neuf rayons articulés à celle de l'anus ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; les dents petites et égales ; l'opercule anguleux ; six bandes transversales sur le dos et la nuque. [ Onze rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons artictilés à l'anale; Ja tête grosse ; la nuque et l'entre-deux des yeux, tiès-élevés; la mâclioire inféi ieure plus avancée que la supérieure; les dents crochues, égales, et très-séparées l'une de l'autre ; la nageoire de Ja queue divisée en deux lobes un peu arrondis ; les pectorales ayant la forme d'un trapèze. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale; un rayon aiguillonné et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; des raies bleues sur la tête ; le corps argenté et parsemé de taches bleues et de taches cor.leur d'or; les nageoires dorées ; une bande transversale et courbée sur la caudale.. DES POISSONS. 433 I SPE C ES. 45. Le LA BEE GOUAN, (Lcidriis Gouailii.) CARACTERES, Huit rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- nés et treize rayons articulés à la nageoire de l'anus; chaque opercule composé de trois pièces dénuées d'écailles semblables à celles du dos, et terminé par une prolongation large et arrondie; la ligne latérale insensible; un appendice pointu entre les thoracines ; la caudale en crois- sant. 4'6, Le LAT5RE ENNÉACANTHE. {^Labrus emieacanthus.) Neuf rayons aiguillonnés et dix rayons arti- culés à la dorsale; la ligne latérale inter- rompue; six bandes transversales; deux autres bandes transversales sur la caudale, qui est en croissant; deux ou quatre dents grande*, fortes et crochues, à l'extré- mité de chaque mâchoire ; les écailles grandes. An, Le labre rouges-raies. ^Labrus ritbro linealus.) Douze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à celle de l'anus ; les dents du bord de chaque mâchoire, alongécs , séparées l'une de l'autre , et seulement au nombre de quatre; la niâclioire supérieure un peu plus avan- cée que l'inférieure; onze ou douze raies rouges et longitudinales de chaque côté dq poisson ; une tache œillée à l'origine de la dorsale ; une autre tache très-grande à la base de la caudale qui est un peu ea croissant. TOME 111. 00 404 HISTOIRE N A T U R E L L, E ESPECES. 48. L r. L A B K E K A s M I E. A (Lahnis kasmira.) C A R A C T K R E S. Dix rayons tiiguillonnés et rjiiiize rayons articulés à Lt dorsale ; trois rayons aiguil- lonnes et neuf rayons articulés à l'anale ; la îèvie inféiieure J)lus courte que la supérieuie; les dents coniques; la pièce antérieure des opercules, éclianciée; la caudale en croissant ; sept raies petites et blei.es sur chaque coté de la léie; quatre raies plus grandes et bleues , le long de chaque coté du corps. SECOND SOU S-G E N R E. La nageoire de la queue rcctUlgue , ou arrondie , ou lancéolée. 49- ESPECES. Le labre paon, {Lahnis -pavo») 5o. Le xabre bort^é, {Labius }narginalis.) ROUILLE. 5i. Le labre [j^abrusjerrugineiis.) CARACTÈRES. (Quinze rayons aiguillonnés et dix-sept rayons articulés à la dorsale; le corps et la queue d'un verd mê!é de jaune, et parsemé, ainsi que les opercules et la nageoire cau- dale , de taches rouges et de taclies bleues; une grande tache brune auprès de chaque pectorale , e( une tache presque semblable de chaque côté de la queue. 'Deux rayons aiguillonnés et vingt - deux rayons articulés à la nageoire du dos; la I couleur générale brune; la dorsale et l'a- [ nale bordées de roux, 'Deux rayons aiguillonnés et vingt-six rayons articulés à la nageoire du dos ; trois aiguil- lons et quatorze rayons articulés à celle de l'anus ; le corps et la queue couleur de rouille et sans tache. DES POISSONS. 4.35 ESPECES. CARACTÈRES. 52. Le labre oe I l I. é. [Lubtiis ocelluris.) 53. Le labre MÉLOPf, [Laùrus jnclops.) Quaforze rayons aigiiillonn(fs et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à l'anale ; les dents égales ; les rayons de la naoeoire du dos, terminés par un filament; une (facile bordée , auprès de la nageoire cau- dale. Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la nageoire du dos ; les oper- cules ciliés ; l'anale panachée de différentes couleurs ; un croissant brun derrière les yeux; des filamens aux rayons de la na- geoire du dos. 'Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; les dents très-petites et écliancrées-; la couleur générale blan- cliâtre ; la dorsale, l'anale et !a caudale nuageuses. 'Dix-huit rayons aiguillonnés et tieize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiouil- lontiés et onze rayons articulés à l'anale- le dessus de l'œil, noir; toutes les na- \ geoires jaunes ou dorées. ,' Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons I articulés à l'a nageoire du dos ; trois aiguil- 56. Le labre TRii'LE-TAciir.j Ions et neuf rayons articulés à celle de {Labrus trimaculafus,) \ l'anus ; le corps et la queue rouges et I couverts de grandes écailles ; trois grandes l taches. I Quatorze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus ; l'ouverture de la bouche étroite • S4. Le labre NIL, . {^Labrus nilqticiis.) L E L A R n E L O U C ÏI i: ( r ubrus lu se Ui .) 436 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. B'j. Le labre cendr (Labrus cinercus.) 58. L E LAB R E C O R N U R r E [Labrus cornubius.) >9. Le labre m i l é. [Labrus mixtiis^) 60. Le LABRE jaunatr: [Labrus fuli'u s.) )X. Le labre merle. [Labrus merula.) 62. Le labre rône. [Labrus roucj) CARACTERES, les dents petites ; celles de devant plus longues 5 des raies bleues sur les côtés de la tête j une tache noire auprès de la cau- dale. 'Seize rayons aiguillonnés et neuf rayorts arti- culés à la nageoire du dos 5 trois rayons aiguillonnés et luiit rayons articulés à celle de l'anus; le museau en forme de boutoir; les premiers rayons de la dorsale tachetés de noir; une tache noire sur la queue, dont la nageoire est rectiligne. La partie inférieure de l'animal , jaune ; la supérieure bleue , avec des nuances brunes ou jaunes ; les dents antérieures plu* grandes que les autres. L'ouverture de la bouche large; trois ou quatre grosses dents à l'extrémité de îa mâchoire supérieure ; de petites dents au palais; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure , et garnie d'une double rangée de petites dents ; un fort aiguillon à la caudale-; les écailles minces; la couleur fauve ou orangée. Dix rayons aiguillonnés et garnis d'un fila- ment, et quinze rayons articulés à la dorsale; la caudale rectiligne; l'ouver- ture de la bouche médiocre ; les dents grandes et recourbées; les mâchoires éga- lement avancées; les écailles grandes ; la couleur générale d'un bleu tirant sur le noir, 'Seize rayons aiguillonnés et neuf rayons arti- culés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et six rayons articulés à celle de l'anus 5 la caudale rectiligne 3 la iia- D p: s ESPÈCES. 62 . Le r a b r e r a X E. [Laèjus roue») POISSONS. 437 63. Le labrk fuligineux. [Labrus fuliginosus.) 64. Le I, a b r e brun. {^Lahriis fiiscus.) 65. Le labre échiquier. [Labrus centiqiiadrus.) CARACTÈRE S. geolre du clos s'étendant depuis la nuque jusqu'à une petite distance de la caudale; les rayons de cette nageoire garnis d'un ou deux filamens; la partie supérieure du poisson, d'un rouge foncé, avec des taches et des raies vertes ; la partie inférieure d'un rouge mêlé de jaune. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons ar- ticulés à la dorsale; deux rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale; la mâchoire supérieure un peu plus courte que l'inférieure; les deux premières dents de chaque mâchoire, plus alongées que les autres ; la tête variée de verd , de rouge et de jaune ; quatre ou cinq bandes trans- versales. (-^Sept rayons aiguillonnés et filamenteux et treize rayons articulés à la dorsale; deux rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à l'anale ; les deux dents de devant de chaque mâchoire, plus longues que les autres; des rugosités disposées en rayons^ auprès des yeux ; deux raies vertes , larges et longitudinales de chaque côté du corps; des écailles sur une partie de la caudale, qui est recliligne ; des traits colorés et semblables à des lettres chinoises , le long, de la ligne latérale. Neuf rayons aiguillonnés et filamenteux et treize rayons articulés à la dorsale ; deux: rayons aiguillonnés et douze rayons arti- culés à la nageoire de l'anus; les quatre dents antérieures de la mâchoire supé- rieure et les deux de devant de la mâ- choire inférieure, plus alongées que les- 438 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. 65. Le lAEEE ÉCJIIQUIErv. {lahrus centiquadius.) 66. Le lAeke marbré. [L.iùius marmoratus.) 67, Le labre lakge-qieuf (^Laùnis maciouns.) 68. I>E L/BRE GinELLF. ( Labrus jiilis.) CARACTÈRES. autres; la Icte variée de rouge; {or.fe la surface du coips et de la queue, peinte en petits espaces al(ernaliveraent blan- l châtres et d'un noir pourpré. Dix rayons aiguijlonnés, et treize rayons arti- culés plus longs que les aiguillonnés, à la dorsale ; deux rayons aiguillonnés et six rayons articulés à l'anale; les dents égales et écartées l'une de l'autre: la nageoire caudale rectiligiie; la léte et les opercules dénués d'écaiiles .sen.blablcs à celles du dos; presque (ouïe la surface de l'animal parsemée de petiier, taches foncées, et de taches nioîns petites et blancliâtres , de manière à paroîlre marbrée. Vingt-six rayons à la nageoire du dos; dix- neuf à celle de l'anus ; le museau petit et avancé ; les dents grandes , fortes et triangulaires ; dix rayons divisés chacun en cjuatre ou cinq ramificctious , à la cau- dale , qui est rectiligne et très -large , ainsi que très-longue, relativement aux autres Uiîgeoiies; un grand nombre de petites raies longitudinales sur le dos ; une tache sur la dorsale , à ?on origine ; presque toute la queue, l'anale, et l'extrémité de y^ la nageoire du dos, d'une couleur foncée. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; les deux dents de devant de la n^âchoire supérieure , plus grandes que les autres; une large raie lon- gitudinale , dentelée, et d'un blanc jau- nâtre, de chaque côté ^u corps; le plus souvent, une raie bleue, étroite et lon- gitudinale, au dessous delà raie dentelée ; la caudale arrondie. DES ESPECES. 69. Lx LABRE PAROTIQUE. [I abrus paro/uiis.) "-0. Le labre BEKGSNTLTn. [Labrus bergsnyluus.^ y I . Le l a b k. e g u a z e . [Labrus guaza.) POISSONS. CARACTÈRES. 439 ''Neut rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; les dents de devant plus grandes que les autres ; les n^^jj^eoircs roMsses ; une (ache d'un beau bleu sur chaque operculct (Neuf rayons aiguillonnés et huit rayons artl culés à la nageoire du do-; trois rayon' l yons aiguill .nnés et sept rayons articulés à celle de l'anus 5 les rayons de la dorsale garnis de filamens; une tache noire sur la queue. ■72. Le labre tancoïde. {f abrus iaiicoïdes.) rOnze rayons aiguillonnés et seize rayons articulés à la dorsale; la caudale arron- die, et composée de rayons p'us longs que la membrane qui les réunit 5 la couleur biune. Qjînze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aio-uil- lonnés et dix rayons art culés à l'anale ; le museau recourbé vers le haut; !a caudale arrondie : la couleur générale d'un rouo-e nuageux , ou des raies nombreuses, rouges , bleues et jaunes. ^Quinze rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la dorsale ; quatre rayons ai- guillonnés et huit rayons articulés à j'anaie- des filaniens aux rayons de la nageoire du 73. Lb labre nouELE tache./ j^^^ ^^ ^,,^ jp^,^ premiers rayons de ch^q .e {Labrus bimaculalu^.) \ thoracine ; l'anale lancéolée; l'extrémilé de la dorsale en forme de faux ; i-ne t'^rande tache sur chaque côlé du corps et sur chaque côté de la queue de l'animal. 440 HISTOIRE NATURELLE ESPECES. wj.. Le laere ponctué, [Labrus punctatus.) w5. Le LAKRE OSSIFAGE. (La^nis ossifugus.) iy^6. Le labre OiViTE, [Labriis ont lis.) 11' Le labre perroquet. {^labrus psiltacus.) CARACTERES. Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos ; quatre rayons aiguillonnés et huit rayons articu- lés à celle de l'anus; toutes les nageoires pointues, excepté la caudale, qui est arron- die; la pièce postérieure de chaque oper- cule couverte d'écaillés semblables par leur forme, et égales par leur grandeur, à celles du dos ; la ligne latérale interrom- pue; de petites écailles sur une partie de la dorsale et de l'anale ; plusieurs rayons articulés de la dorsale beaucoup plus alongés que les aiguillons de cette na- geoire; un grand nombre de points, neuf raies longitudinales, et trois taches rondes, sur chaque côté du poisson. Dix - sept rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus. Dix-sept rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la dorsale; trois rayons ai^uil- lounés et huit rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie et jaune; la couleur générale brune ; la partie inférieure de l'animal tachetée de gris et de brun; des fîlamensaux rayons de la nageoire dorsale. Dix-huit rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et dix rayons articulés à la nageoire de l'anus; la couleur générale verte; le dessous du corps jaune; une raie longitu- dinale bleue , de chaque côté du corps ; quelquefois des taches bleues sur le ventre. DES ESPÈCES, r8. Le labre tourd. (Labriis liirJus.) 79. Le taere cinq-Épines. {^l ahrus pentacanlliuf.) 80. Le labre chinois. ( / ahrus c],inensih.\ POISSONS. CARACTERES, 441 T)ix-huît rayons aiguillonnas et quinze rayons articulés à la nageoire du clos 5 trois rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à l'anale 5 le corps et la queue alongés ; li partie supérieure de l'animal Jaune, avec des taches blanclies ou vertes, et quel- quefois avec des taches blanches et bor- dées d'or au-dessous du museau. Dix-neuf rayons aiguillonnés et six rayons arti- culés à la dorsale ; cinq rayons aiguillonnés et huit ravons articuU'S à l'anale 5 des fila- niens aux rayons de la nageoire du dos; le corps et la queue bleus, ou rayés de bleu. 'Dix-neuf rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la dorsale; cinq rayons aiguil- lonnés et sept rayons articulés à l'anale; des niamens aux ravons de la nageoire du dos; le sommet de la tête très-obtus; la couleur li\ ide. Le l a r r e .t a r o n o I s. {^Labnis j'aponicus.) *2. Le LAr.RE I.INilAIRE. ( f^abi us lineariti . ) TOME III. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et cinq rayons articulés à la nageoire de Lan us ; des fîlaniens aux rayons de la nageoire du dos ; les opercules couverts d'écaillés semblables à celles du corps; des dents petites et aiguës aux mâclioires ; la couleur jaune. Vingt rayons aiguillonnés et un rayon arlî- culé à la nageoire du dos; quinze rayons à celle de l'anus; la dorsale très-longue; le corps alor.gé ; la tête corapriuiée ; la couleur blauc!)e ou bbaichiUre. 5(^ 442 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Neuf l'ayons aiguillonnés et onze rayons artî" culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- nés et neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; les écailles larges et striées en creux; les pectorales et la caudale arron- dies; la ligne latérale interrompue ; la cou- leur générale d'un brun verdûtre , avec des bandes transversales plus foncées ; le plus souvent un croissant jaune et bordé de noir , sur le bord postérieur de cliaque opercule; deux taches jaunes sur la niem- ^ brane branchiale , qui est verte. !. Lk labre X un il k [Lahrus lumtlaliis.) B4. Le l a. b r e varié. [Lahrus variegatus.) Dix-sept rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et douze rayons articulés à l'anale; les lèvres larges et doubles; la caudale un peu arrondie; le corps et la queue alongés ; la couleur générale rouge ; quatre raies longitudinales ollvât les , et quatre autres- bleues, de chaque côté du poisson; la dorsale bleue à son origine , ensuite blanche, ensuite rouge; la caudale bleue en haut, et jaune en bas. 85. Le labre !\i aillé. [Labrus reticulaius.) 'Quinze rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à celle- de l'anus; l'ensen)ble du poisson compri- mé et ovale ; la couleur verte avec un réseau rouge ; une tache noire sur chaque opercule et sur la dorsale ; des bandes et des filamens rouges, à la nageoire dm dos. DES ESPÈCES. 86i Le labre tacheté. {Labriis guitatus.) 87. Le labre cock. [Labriis coquus.) S8. Le- labre canude, {la brus cinœdus.) POISSONS. CARACTÈRES. 443 69.Lelaerebla.\ches-raii:s. [T abrus albotillatiis.) go. Le labre bleu. (Labrus caruleus,) Quinze rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et onze rayons articulés à l'anale- la couleur générale rougeâtre; un grand nombre de points blancs disposés avec ordre ; des taches noires ; une tache au milieu- de la base de la caudale. fLa caudale arrondie j la partie supérieure nuancée de pourpre et de bleu foncé} [ l'inférieure d'un beau jaune. Des rayons aiguillonnés à la dorsale , qui s'étend depuis la nuque jusqu'à la caudale; la gueule petite ; les dents crénelées, ou lobées; la couleur générale jaune; le dos d'un rouge pourpre. Neuf rayons aiguillonnés et onze rayons arti- culés à la dorsale; trois rayons aiguillon- nés et dix rayons articulés à l'anale; une seule rangée de dents petites et aiguës à chaque niâclioire; les lèvres très-épaisses; le corps alongé; la couleur générale jau- nâtre ; deux raies longitudinales blanches et très -longues , et une troisième raie supérieure semblable aux deux premières, mais plus courte , de chaque côté de l'a- nimal ; la caudale arrondie. Dix-sept rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nageoire de l'anus; la couleur générale bleue, avec des taclies jaunes et des raies bleuâtres ; une grande taclie bleue sur le devant de la dorsale ; les thoraciues , 441 H I s T O I ESPÈCES. ço. Le labre bleu. [^ abnis cœrulcub.) (jT. L" lA". RE RAYÉ. (Liibrit^ lineatiis) 02 Le labre b \ l l a n. (Labrus hulLiii ) lyo. Le labre bergylt [f abrus bergjlia.) 94. Le labre hassek. ( Lubrus haasch) RE NATURELLE CARACTÈRES. ( l'anale et la caïuiiile, bordées de la même } coi leur ; les c!enls de devant plus loiiii^ues I que les autres. O'x-sept rayons aignillonnés et treize rayons articulés à la dorsale; trois rayais aiguil- ionnés et douze rayons artietilés à l'anale; les dents de devant plus longues que les au(res; le museau long; la nuque un peu releve'e et convexe; le coips alongé ; hi caudrile arrondie; le dos rougeâtre ;- les côlés bleus; la poitrine jaune; le ventre d'un bleu pâle; quatre raies vertes et lon- gitudinales de chaque côté du poisson. /Vinoit rayons aignillonnés et onze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguil- lonnés et neuf rayons articulés à l'anale ; la caudale arrondie; un sillon sur la (été; une petite cavité rayonnée sur chaque opercule ; la couleur jaune , avec des taches couleur d'orange. A'^ingt rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguil- lonnés et six rayons articulés à l'anale; la caudale arrondie ; la tête ah ngée ; les écailles grandes; les derniers rayons de la dorsale et de l'anale , beaucoup plus longs que les auti es ; des tachrs sur les nageoires; des raies brunes et bleues, disposées alter- nativement sur la poitrine. ["Point de myons aiguillonnés aiîx nageoires j le corps très - alongé ; la ligne latérale droite ou presque droite ; une raie lon- gitudinale et mouchetée de noir, clet chaque côté de l'animal. DES ESPÈCES. g5. Le tABRE ARISTÉ. ( Lubriis uristutHS.) V O I 96. Le l a r, r e b i r a y e , {Labrus biiiltutut.) 97 . Le I a e r e g II a n d e s- ÉCAILEES. ( Labiiis nuicrolepidotiis.) 08. Te labre tète-bleue. [Labi us cyaiiocephulus.) ; S O N S. CARACTÈRES. 445 Trente-deux rayons à ]a dorsale; vingt-cinq à l'anale 3 le corps comprimé et ovale ; les écailles courtes, et relevées chacune par deux avéles ; les dents éloignées l'une de l'autre; les deux de devant de la mâchoire inférieure, plus avancées que les autres. Neuf rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguiL lonnés et onze rayons articulés à l'anale j toutes les nageoires pointues , excepté celle de la queue, qui est arrondie; le dos rouge ; les côtés Jaunes; deux raies longi- tudinales et brunes , de chaque côté du poisson ; la supéiieure placée sur l'œil ; des taches Jaunes sur la caudale , qui est violette ; le ventre rougeâtre, aisib]e on fréqueniiiient bouleversée par d'horribles tempêtes. Il ne faut pas conclure néanmoins de ce qne nous venons de dire, que toutes les espèces de labres aient absolument la même organisation : les unes ont le dos élevé, et une hauteur remarquable relativement à leiir longueur, pendant que d'autres, dont le corps et la cjueue sont trcs-alongés, présentent dans cette même queue une rame plus longue, plus étendue en surface, plus susceptible de mouvemens alternatifs et préci- pités. La longueur, la largeur et la figure des nf^geoires offrent aus;^i de grandes difïerences, lorsqu'on les con- sidère dans diverses espèces de labres. D'ailleurs plusieurs de ces poissons ont les jeux beaucoup plus gros que ceux de leurs congénères, et conformés de manière à leur donner une vue plus fine, ou plus forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée par la vive lumière (ies régions polaires, ou j)ar les rajons plus éblouissans encore que le soleil répand dans les contrées voisines des tropiques. De plus, la forme, ies dimensions, le nombre et la disposition des dents varient beaucoup dans les h'ibres, suivant leurs différentes espèces. Ceux-ci ont des dents très-grandes, e( ceux-là des dents très-petites; dans quehpies espèces ces armes sont égales entre elles , et dans d'autres très-inégales 5 et enfin, lorsqu'on examine successive- ment tous les labres déjà connus , on voit ces mêmes DES POISSONS. 461 dents tantôt presque droites et tantôt très-crocliues, souvent implantées perpendiculairement dans les os des mâchoires, et souvent inclinées dans un sens très- oblique. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait aussi de la diversité dans les aiimens des différentes espèces que ngus allons décrire rapidement; et voilà pourquoi, tandis que la plupart des labres se nourrissent d'œufii, de vers, de mollusques, d'insectes marins," de poissons très-jeunes ou très-petils, cpielques uns de ces osseux, et particulièrement le tancoïde , qui vit dans ]a mer Britannique, préfèrent des crustacées ou des animaux à coquille, dont ils peuvent briser la croûte, ou con- casser Técaille. Au reste , si les naturalistes qui nous ont précédés , ont bien observé les couleurs et les formes d'un assez grand nombre de véritables labres, ils se sont peu attachés à connoître leurs habitudes générales , qui. ne présentant rien de différent de la manière de yivre de plusieurs genres de thoracins osseux, n'ont piqué leur curiosité par aucun phénomène particulier et remar- quable. Nous n'avons donc pu tirer de la diversité des mœurs de ces poissons , qu'un petit nombre d'indica- tions pour parvenir à distinguer les espèces auxquelles ils appartiennent. Mais en combinant les traits de la conformation extérieure avec les tons et les distri- butions des couleurs , nous avons obtenu des carac- tères spécifiques d'autant plus propres à faire éviter toute équivoque, que la nuance et sur-tout les dis-- 462 HISTOIRE NATURELLE, positions de ces mèiiies couleurs m'ont pnru cons- tantes dans les diverses espèces de labres, malgré les différences d'âge, de sexe et de pajs natal, que les individus m'ont présentées dans les nombreux exa- mens que j'ai été à portée d'en faire; et c'est ainsi que nous avons pu composer un tableau sur lequel on dis- tinguera sans peine les signes caractéristicjues des cent vingt-huit espèces de véritables labres qne l'on devra compter d'après les recherches que j'ai eu le bonheur de faire. La première de ces cent vingt-huit espèces qui se présente sur le tableau méthodique de leur genre, est i'hépate. Ajoutons à ce que nous en avons dit dans ce tableau, que l'on trouve ce poisson dans la Méch'ter- ranée, et dans quelques rivières qui portent leurs eaux au fond de l'Adriatique, que son museau est pointu, que son palais montre un espace triangulaire hérissé d'aspérités, et que ses mâchoires sont garnies de petites dents *. * i3 rayons à cliaque pectorale. I rayon aiouillûnné et 5 rayons articulés à chaque tlioracine, 3 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés h la nageoire de J'anus, LE LABRE OPERCULÉ \ LE LABRE AURITES LE LABRE FAUCHEUR ^ LE LABRE OYÈNE ^ LE LABRE SAGITTAIRE ^ LE LABRE CAPPA^ LE LABRE LÉPISME^ LE LABRE UNIMAGULÉ% LE LABRE BOHAR^ et LE LABRE BOSSU'\ L'operculé et le sagittaire habitent les mers qui baignent l'Asie , et particulièrement le grand golfe de l'Inde ; la mer d'Arabie nourrit l'ovène , le boliar ' Labrus operculatus. Id. Unné , édition de Gmelin. Amœnil, académie. \ -, p. 248. Labre raonclie. Daubenton et Haiij, Encyclopédie inélhodique. Id. Bonnaierre , planches de V encyclopédie méthodique. ' Labrus auritus. Id. Linnéj édition de Gmelin. Labre aurite. Daubenton et Hcdiy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. 2 Labrus falcatus. Id. Linné j édition de Gmelin. Labre faucheur. Daiibefilon et Haiiy , Encyclopédie méthodique, ïd. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. ■* Labrus oyena. Id. Linné , édition de Gmelin. Forshiel, Faun. Arab.p. 35, n. 2g. Labre oyènct Bonnaierre ^ planches de l'Encyclopédie viéthodii^uCy 464 HISTOIRE NATURELLE et le bossu; la Méditerranée est le séjour du cappa et de l'uiiîmaculé ; et c'est dans les eaux douces ou dans les eaux salées de l'Amérique septentrionale que vivent l'aurite et le faucheur. Les dents du fau- cheur sont aiguës; celles de l'ojène nombreuses et très-courtes 3 l'unimaculé a quatre dents à la mâchoire ^ Labrus jaculatrix. Sciène sagittaire. Bonnatcrrr , planches de V Encyclovédie méthoâ'ujiie^ Trausact. philosopha vol. 56, p. 187. ^ Labrus cappa. Scia-na cappa. Linné ^ édilion de Cmelin. Mus. Ad, Frid. 2 , /?. 81, '^. Sciène daine. Boniiatcrre , planches de V Encyclopédie méthodique. là. Dauhenton et Haiij, Encyclopédie méihodiqiie, '' Labrus lepisnia. Sci.ena lepisnia. Linné, édition de Gmelin. Sciène lépisme. Bonnatcrre , planches de l'Encyclopédie méthodique, IJ. Dauhenton et Haiiy , Encyclopédie méthodique. ^ Labrus unimaculalus. Scipena unimaciiiata. Liniiéf édition de Gmelin. Sciène mouche. Uonnaterre, planches de V Encyclopédie inJtJiodique, Id, Dauhenton et Jiaiiy ^ Encyclopédie méthodique. ^ Labrus boîiar. Sciaena bohar. hinné, édilion de Gmelin. Forskael, Faun. Arab. p. 46, //. 47. Sciène bohar. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie méthodique, '0 Labrus gibbus. Scisena gibba. Linné, édition de GmcUn. ForsTiacl , Fau??. Arab. p. 46 , n. 48. Sciène nagiL Bonnaterre) planches de l'Encyclopédie méthodique. Tl. 2/ ■ J^'^/c ■/^'4 > / 1. VABJUTTj JicZaire immiacu. U.^ I^éBIŒ Jfozœhefe 3, K4RLETM du Sf>are /^rzcnàh' DES POISSONS. 465 d'eu- haut, et six dents un peu grandes, ainsi que quelques autres plus petites, à la mâchoire d'en-bas. Bailleurs l'operculé* présente de petites taches noires sur le derrière de la tête- le faucheur, une couleur argentée; rojène, des nageoires d'un verd de mer, et * 16 rayons à chaque nageoire pectorale de l'operculé. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i5 rayons aiguillonnés et i3 rayons articulés à la nageoire de l'anus. î6 rayons à celle de la queue. 10 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à la nageoire dorsale de l'aurite. i5 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines» 3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l'anale. 17 rayons à la caudale. 20 rayons articulés à la nageoire dorsale du faucheur. 17 rayons à chacune des pectorales. 5 rayons à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 17 rayons articulés à l'anale. 20 rayons à la caudale. i5 rayons à chacune des pectorales de l'oyène. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l'anale. 16 rayons à la caudale. 4 rayons aiguillonnés et onze rayons articulés à la nageoire dorsale du sagittaire. 12 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l'anale. 17 rayons à la caudale. TOME 111. 59 466 HISTOIRE NATURELLE. quelquefois des raies rouges ; et le sagittaire , des nuances d'uu jaune doré *. * i6 rayons à chacune des pectorales du cappa. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracinesi 3 rayons aiguillonnés et lo rayons articulés à l'anale. ly rayons à la caudale. Il rayons à chaque nageoire pectorale du lépisnfie. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à l'anaic. i3 rayons à la caudale. 10 rayons à chacune des nageoires pectorales de l'unintiaculé. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et g rayons articulés à l'anaie. 17 rayons à la caudale. 7 rayons à la membrane brauchiak du bohar. 16 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale. 27 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du bossu. 10 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés à la nageoire du clos. 16 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 3 rayons aiguillonnés et g rayons articulés à l'anale. J7 rayons à la caudale. LE LABRE NOIR', LE LABRE ARGENTÉ% LE LABRE NÉBULEUX', LE LABRE GRISATRE*, LE LABRE ARMÉ^ LE LABRE CHAPELET% LE LABRE L ONG-MU S EAU ^ LE LABRE THUNBERG^ LE LABRE GRISON', et LE LABRE CROISSANT'". On' peut remnrquer aisément que rexlrémlté de chaque mâchoire du hibre noir est dépourvue de dents, et que son gosier est garni d'un très-grand ' I abrus niger. Se a?na nigra. Linné , édition de Gni Un. Forsliciel , Faun. Arah p. 47, n. 4g. Sclène gatle. Bonnuicn e^ planches de l' Encyclopédie méthodique. ^ Labrus avgentatus. Sciaena argentata. I inné, édition de Gmelin. ForsJiaelj Faun. Arab. p. 47, n. 00 ■ Sciène scliaaffii. Tionnaterre, planches de l' Encjclvpédie méthodicpte. ^ Labriis nebiilosus. Sciaena nebulosa. hinné , édition de Gmelin. FoTshiel, Fuiin. Arab. /?. 52 , ■'. 6x. Sciène bonkose. Boninxten c , planches de V Encyclopédie niétJicdiijtie, ^ Labrus cinerascens- Scitena cindascens. lànné , édition de Gmelin, Forskaelj Faim. Arah. p. 53, /;. 66. Sciène taliiiu'^ Tonnaterrc , planches de l'Encyclopédie méinod^que. 468 HISTOIRE NATURELLE nombre de dents petites et effilées ; dnns l'r.rgenté , les dénis sont d'autant plus graqdcs qu'elles sont plus éloignées du bout du museau; six grandes dents arment la mâchoire supérieure du chapelet; et les deux mâchoires du thunberg en présentent chacune quatre plus grandes que les autres. La ligne latérale du croissant n'est courbe que jusqu'à la fin de la nageoire du dos. L'armé montre un aiguillon presque horizontal, tourjié en avant, et situé entre la tête et la dorsale; ce qui lui donne un rapport assez grand avec les Cccsiomores , dont il diffère néanmoins par '' Labrus armatus. Sciœna arniata. Linné, édition de Gnielin. ForsJiuel, Faiin. Arab.p. 53, n. 68. Scièiie galenfish. Bonnaterrej]ilanches de V Encyclopédie méthodique, ^ Labrus catenula. ' Labrus longîrostiis. ^ Labrus Thunberg. Sciaena fusca. Tiiunherg, Voyage au Japon. ^ Labrus griseus. Id. 5, Linné, édition de Gmelin. Ciitesh. Carolin. 2 ^ p. 9, tab. g. Labre grîson. Daubenton et Haiiy , Encyclopédie méthodique, ïd. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie métJtodique* '° Labrus lunarîs. Id. Linné, édition de Gnielin. Gronov. Mus. 2 . n. 180 , tab. 6 , fig. 2. Labre croissant. Daubenton et Uaiiy, Encyclopédie viétlwdiquc. \à. Bonnaterre 3 planches de V Encyclopédie méthodique. Torne 3 FI 7d\ l'aye ^ôV 2. J^^41iIET:E duZaire A7yefUe'2.Jj.^BRE J^i/afnenfeu^ 3 . SPAIŒ 3rai/uon DES POISSONS. 469 ])]Lisieurs traits, et avec lesquels il seroit iaipossible de le confondre, par cela seul que les Ccesiomores ont au moins deux piquans entre la dorsale et le derrière de la tète *. 7 rayons à ]a membrane biancliiale du labre noir. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracinea.. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale. 17 rayoîîs à la caudale. 7 rayons à la membrane brancaiale de l'argenté. 37 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracincs. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale. 18 rayons à la caudale. i3 rayons à chaque nageoire pectorale du nébuleux. ■» I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 17 rayons à la caudale. 7 rayons à la membrane branchiale du grisâtre. iB rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines» 3 rayons aiguillonnés et ri rayons articulés à l'anale, i5 rayons à la caudale. 3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de l'anus du long- museau. 6 rayoïjs à la membrane branchiale du thunberg. x5 ra)ons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoraciuca, 3 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à l'anale. 19 rayons à la caudale. 17 rayons à ch^'que nageoire pectorale du croissant. 6 rayons à chaciine des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à l'anale. 16 rayons à la caudale. 470 H î s 1' O I R E NATURELLE Au reste, complétons ce que nous avons h fnire connoître relativement aux couleurs des dix labres nommés dans cet article , en disant que le noir tire son nom d'un noir ordinairement foncé qui règne sur sa* partie supérieure, et dont on voit des teintes au milieu des nuances blanchâtres et brunes de son ventre; que les écailles de Fargenté sont brunâtres et bordées d'argent, et qu'une bandelette bleue paroît cui- dessous de chaque œil de ce poisson j que le nébuleux offre des taches nuageuses bleues et jau- nâtres, et (quelquefois des raies longitudinales inégales en largeur, et de diverses nuances de rouge ou de vioiet; que le grisâtre est d'un gris tirant sur le verd, avec des raies longitudinales jaunes, et un liséré blanc autour des pectorales; que la dorsale et Fanale de l'armé sont blanches et bordées de noir, pendant que sa caudale est l^rune et lisérée de blanc; que Ton peut compter, sur chaque côté du long-museau , quatre ou cinq petites raies longitudinales , et trois ou quatre séries de taches très - petites et éloignées Tune de l'autre; et eiifin, qu'une couleur brune, ainsi qu'une bordure blanchç, distinguent les écailles du thunberg. De ces dix labres, il en est deux, le cliapclvt et le h)n^-}]}iLseau, qui ne sont pas encore connus des natu- ralistes , et dont nous avons fait graver la Çgure d'après des dessins de Comn^ierson. On les trouve dans le grand golfe de l'Inde et dans les mers voisines de ce golfe. C'est aussi dans ces mômes mers, et particu= Jbnte 3 . J'I 7ç . ^a^e . 470 . uT>c/ _'/i;/V /îr/tou J'cu/i 9' J. LyiBRE Zont/miiseau 2 . JjABIITj Six =3anJes 3. JjABRE Jfarroças/^re DES POISSONS. 471 lièrement dans celle d'x^rabie, qu'habitent le noir, Targenté, le nébuleux, le grisâtre et l'armé; les eaux salées qui mugissent si souvent autour des rivages orageux d\i Japon , nourrissent le tlnuiherg, auquel nous avons cru devoir, par reconnoissance , donner lé nom de 1 iiàbile voyageur qui Fa observé et décrit ; le grisou vit dans l'Amérique septentrionale; et le croissant préfère les eaux de l'Amérique méridionale, ainsi que celles des grandes Indes. LE LABRE FAUVE'. LE LABRE CEYLAN% LE LABKE DEUX-BANDES^ LE LABRE MÉLAGASTRE\ LE LABRE MALAPTÈRE^ LE LABRE A DEMI ROUGE ^ LE LABRE TÉTRACANTHE^ LE LABRE DEMLDISQUE% LE LABRE CERCLÉ % et LE LABRE HÉRISSÉ '% Ij E fauve, qui parvient communément à la longueur (Je trois ou quatre décimètres, est, sur toute sa surface, d'un roux plus ou moins mêlé de jaune ou d'orangé. ' Labrus rufus. Id. Linné, édition de Gmelin. Catesby, Carol. 2, /i. ii , tab. ii. Labre lauve. Duubcntcn et Haiiy , Encyclopédie métliodicjiie, Id. Bonnaterrc , jdanches de l'Encyclopédie métliodique^ * Labrus zeylaniciis. Dschîrau-nialû , pa?' les Cliingulais. Papegaay-vlsch , à Batcuia. Id. Linné, édition de Gmelin. J. Pi. Forster, Ind. zoolog. tab. i.?)^fig. 3. ^ Labrns bifasclatus. Labre à deux bandes. BlocJi, pi. 283. * Labrus meîagaster. X-t*bre inélagastre. Bloch, pi, 2(^G^fg. i. HISTOIRE NATURELLE. 478 Le cej laii , dont les dimensions sont ordinairement plus grandes que celles du fauve, a la tête bleue, la dorsale et Fanale violefetes et bordées de verd , et la caudale jaune , rajée de rouge , et bleue à la base. La partie supérieure du labre deux-bandes est grise ; sa tête violette ; sa poitrine blanche; sa dorsale rougeâtre et bordée de bleu, ainsi que son anale; chacune de ses pectorales jaune, de même que les thoracincs; et la caudale brune avec une grande tache bleue. Les écailles qui recouvrent le mélagastre, sont variées de brun et de noir, excepté celles qui revêtent le ventre, et qui sont noires comme les nageoires. La couleur générale du malaptère est d'un blanc bleuâtre , avec cinq taches noirâtres de chaque côté , et les nageoires nuancées de jaune et de bleu. Quatre rangées de taches presque rondes, à peu près égales, et très-rapprochées Lune de l'autre , paroissent sur chaque côté du tétra- cantlie, qui d'ailleurs a des points noirs répandus sur ^ Labrus malapterus. Labre à nageoires molles. Blocli, -pi. 2<)G.,fig. 2. "^ Labrus semiruber. Labrus semiruber , semiflavus. Commerson, tnanitscrifs déjà cités. Labrus hemichrysus. Id. ibid. ^ Labrus tetracantlms. ^ Labrus seraidiscus. 5 Labrus doliatus. ■ -.v î" Labrus hirsutus. TOME Ilï. 60 474 HISTOIRE NATURELLE sa caudale. Le hérissé montre sur sa queue une large bande transversale. Voilà ce (|ue nous devions ajouter au tal^leau géné- rique, pour bien faire connoître Jes couleurs des dix labres que nous considérons maintenant. Les trois derniers de ces labres, c'est-à-dire, le hérissé, le cerclé et le demi-disque, dont nous avons fait graver la figure d'après les dessins de Commcrson, et dont la description navoit pas encore été publiée, habitent dans le grand golfe de flnde ou dans les mers qui commun icjuent avec ce golfe. Nous ignorons la patrie du tétracanthe, que nous avons fait dessiner d'après un individu conservé dans de l'alcool, et qui faisoit partie de la collection cédée par la Hollande à la France. Le demi-rouge, dont nous avons trouvé une descrii3tion étendue dans les manuscrits de Commer- son, fut vu par ce voyageur, en juin 1767, dans le marché au poisson de la capitale au Brésil, Surinam est la patrie du méîagastre; la Caroline, et en général l'Amérique septentrionale, celle du fauve; Cejian, celle du labre qui porte le nom de cette grande isie , et que Ton dit bon à manger; les eaux des grandes Indes nourrissent le labre deux-bandes, et celles du Japon le malaptère*. * 17 rayons à chaque nageoire pectorale du labre fauve. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 7 II /ne 3 . y/ lo . l'aj^e 4 '^ 4 1. LABRR Herisj-e' . 2 B OUI AN (rro.y.?e-Tète 3. B OUTA N Cycl*>j-to/m . DES POISSONS. 475 Finissons cet article en parlant de quelques traits de la conformation de ces animaux, que nous n'avons pas encore indiqués. La mâchoire inférieure du fauve est plus longue que la supérieure; les dents antérieures de la mâchoire d'en ^^raut sont plus longues que les autres, dans ce même poisson, dans le deux -bandes*, dans le malaptère; * 5 rayons h la membrane branchiale du labre deiix-bandes. 12 rayons à chaque nageoire pectorale, î rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thcracine. i3 rayons à la caudale. 5 rayons à la uifmbrane branchiale du mêiagnstre. Z2 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque fhoraciae. 3 rayons aiguillonnés et j rayons articulés à l'anale. 19 rayons à la caudale. 12 rayons à chaque nageoire pectorale du malaptère. 6 rayons à chaque tlioracine. 16 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du labre à demi rouge. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. ^ 3 rayons aiguillonnés et i3 rayons articulés à l'anale. 14 rayons à la caudale. 18 rayons articulés à la nageoire de l'anus du tétracanthe. 14 rayons à la nageoire de l'anus du demi-disque. i3 rayons à la caudale. 14 rayons à la nageoire de l'anus du cerclé. Il rayons à la caudale. 4. ra3ons aiguillonnés et 9 ray ns articulés à la nageoire de l'anus du hérissé. î3 rayons à la caudale. 476 HISTOIRE NATURELLE. les dents des deux mâchoires sont presque égales les unes aux autres en longueur et en grosseur, dans le mélagastre, dans le demi-disque, dans le cerclé. La ligne latérale du mélagastre est interrompue j celle du tétracanthe est peu sensible; celle du cerclé très-droite pendant la plus grande partie de sa longueur j et ,1^ base de la nageoire de Fanus du labre à demi rouge est revêtue d'écaillés , comme une partie de la base de la nageoire du dos de ce même poisson *. * Commerson , dans la description manuscrite et latine que nous avons sous les yeux, dit que l'opercule du demi-rouge est composé de deux pièces , et que le bord de la pièce antérieure est très légèrement dentelé. Les différentes comparaisons que nous avons été à même de faire des expressions employées parce voyageur dans son manuscrit latin, avec les dessins exécutés sous sa direction, ou avec des individus des espèces qu'il avoit décrites, nous ont portés à croire que ce naturaliste n'avoit pas voulu indiquer autour de la lame antérieure de l'opercule du demi-rouge, une dentelure proprement dite et telle que celle qui caractérise le genre de nos lutjans. Si cependant des observations ultérieures faisoient recon- noître dans ce poisson mi-parti de rouge et de jaune une véritable den- telure operculaire, il seroit facile de le retrancher du genre de nos labres, et de le transporter dans celui des lutjans, dont nous nous occuperons bientôt. Tome 3. F/ 21 ^tiye 4 77. .r BDe J'eve ,/<•/ /W ,w . ','///-/ J JOABRE Fourche 2. J^UKE SoIolépjJofey. 3. CHJi:iLOJ>IPnrERKJ/.^v/^,rrunée LE LABRE FOURCHE, LE LABRE SIX-BANDES% LE LABRE M ACKOG AS TER E ^ LE LABRE FILAMENTEUX^ LE LABRE ANGULEUX^ LE LABRE HUIT-RAIES% LE LABRE MOUCHETÉ ^ LE LABRE COMMERSONNIEN «, LE LABRE LISSE % et LE LABRE MACRO- PTÈRE'°. Aucun de ces dix labres n'est encore connu des naturalistes ; nous en avons fait graver la figure d'après des dessins trouvés parmi les manuscrits de Commerson , que BulFon nous remit lorsqu'il nou& ' LabrL'.s furca. ' Labrus sexfasclatus- ^ Labrus macrogaster.. ^ Labrus filamentosus. ^ Labrus angulosus. * Labrus octovittatus^ ' Labrus punctulatus, ^ Labrus CommersonniL. ' Labrus laevis. " Labrus macropterus*. 478 HISTOIRE NATURELLE engagea à couliniier V Histoire Jialnicî/e y et voilà pour- quoi nous avons donné à l'un de ces poissons le nom de labre comme rsonnien. La patrie de ces dix espèces est Je grand golfe de Flnde ; et on peut aussi les trouver dans la partie du grand Océan qui est comprise entre la Nouvelle-Hollande et le continent de l'Amérique, ainsi que dans cette mer si souvent bouleversée par les tempêtes, et qui bat la cote sud -est de l'Afrique et les rives de Madagascar. Leur forme et leurs carac- tères dîstinctifs sont trop bien représentés dans les planches que nous joignons à cette Histoire, pour que nous aj'ons besoin d'ajouter beaucoup de détails à ceux que renferme le tableau générique. On peut voir aisément que le macroptère, qui tire son nom de la grandeur de ses nageoires du dos et de l'anus', a la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supé- rieure, et vraisemblablement garnie, ainsi que cette dernière, de dents très-petites; que l'anguleux et le six -bandes doivent avoir des dents très -fines 3 que celles du filamenteux et du macrogastère sont très- courtes et presque égales les unes aux autres j que la ligne latérale de ce même macrogastère " est inter- rompue ; qu'une tache irrégulièi'c et foncée, et cinq ou six petits points blancs , sont placés sur chaque ' Mx*|.à,' veut dire lotTgon grand ; et ttIc.o^ , aile ou nageoire. * r«7îip signifie ventre. On peut voir sur le tableau générique, que le macrogastère a en efl'tt le l'eutre trèà-gros. F/ 21 Ta./e ^-.r iX.iBRB An^ulez^x 2.I.AB1Œ ma/^-Aaies 3. TZ4RIETE .ùtZa/'re/^yt./meiuv. Y}'//ie S FI 23. luffe 4-ç. J. I.^éBBE (o7Hfner\ro>mte/t Z. LABRE Ln,\,^e 3. LUTJ^dN r^y/>uioc/)aIe DES POISSONS. 479 Coté de la nageoire dorsale de langideux^ et que la dorsale du huit-raies est bordée de noir ou de brun *. * 2 rayons aiguillonnés et lo rajons articulés à la nageoire de l'aniis^ du labre fourche. 12 rayons à chaque pectorale du six-bandes. lo rayons à l'anale. 10 rayons à cliaque nageoire pectorale du macrogastère. 14 rayons à l'anale. 11 rayons à la caudale. i5 rayons à la nageoire caudale du filamenteux. 6 ou 7 rayons un peu éloignés l'un de l'autre à chaque nageoire pectorale de l'anguleux. 3 rayons aiguillonnés et 6 rayons articulés à l'anale. 14 rayons à la caudale. 16 rayons à la nageoire caudale du huit-raies. 12 ou i3 rayons à la nageoire caudale du moucheté, 12 rayons à chaque nageoire pectorale du lisse. II rayons à l'anale. 16 ou 17 rayons à la caudale. LE LABRE QUINZE-ÊPINES', LE LABRE M AC R OCÉPH ALE% LE LABRE PLUMIÉRIEN^ LE LABRE GOUAN% LE LABRE ENNÉACANTHE^ et LE LABRE ROUGES-RAIES^ Ces six labres sont encore inconnus des naturalistes^ le premier sous -genre de la famille des véritables labres en renferme donc, sur quarante-huit espèces, vingt -trois dont la description n'a pas encore été publiée. C'est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans l'article intitulé, De la umneiiclatare des labres , des clieilines , des chellodiptères , etc, » Labrus quindecim-aculeatus. * Labrus macrocephalus. 3 Labrus Plumierii. Turdus aureo-caeruîeus. rîumier^ ]]eiiitures sur vélin, conserpée^ dans le Muséum d'histoire naturelle. * Labrus Gouanli. (Un individu de cetle espèce, conservé dans de i'alcool , faisoit partie de la collection liollandoise donnée à la France.) * Labrus enneacantbus. ^ Labrus rubro llneatus. Labrus lineis lateralibus plurimis riibris variegatus , ocello pinnae dor- salis, latissimoque ad basim caudœ , cingulo , aigris. Comniersoiip vianus- çrifs déjà cilési> Tontf J . r)0JOIar% J"!'.)-'' J. LABRF, Jlacropfère. Z I^ABIiE S/^',iron^,' S LUTJ^N Jhafuj/e . Tom 3 ■ ^/ -13. Aiçe 4 Si. Dss^..a..f ju 7 LABRE euin~^^-K^nne.r . z {IIUTÛJJÛiV T/ie'ha c<7N//ie 3 CIIKTODOW Zél>rc HISTOIRE NATURELLE. 48 1 Le rouges-raies, que Commerson a décrit avec beau- coup de soin dans son recueil latin et manuscrit , habite au milieu des sjrtes et des rochers de corail qui environnent les isles de Madagascar et de la Réu- nion. Nous ignorons la patrie de Fennéacanthe ' et du gouan , que nous faisons conuoître d'après des indivi- dus de la collection hollandoise cédée à la France. Le plumiérien vit en Amérique; et le macrocéphale*, ainsi que le quinze-épines, représentés dans nos planches d'après les dessins de Commerson, se trouvent vrai- semblablement dans le grand golfe de l'Inde, et auprès des isles dites de la mer du Sud. Les dents du labre gouan sont crochues, et d'autant moins longues que leur place est plus éloignée du bout du museau. La ligne latérale est interrompue dans le quinze- épines^, dorée dans le plumiérien, et garnie, vers la " EnnéacaïuJie désigne les neuf aiguillons de la dorsale,. E"vvea veut dire neuf. * Mavfôs signifie lo77g ou grand, et KEtpaAiî veut dire tête. ^ 12 rayons à la nageoire caudale du labre quinze-épines. 8 rayons à chaque nageoire pectorale du macrocéphale. 6 ou 7 rayons à la membran-e brancliiaîe du plumiérien, S rayons à la membrane brancliiaîe du gouan. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 14 rayons à la caudale. TOME m, 61 48f2 HISTOIRE NATURELLE. tête, de petites ramifications dans le rouges- raies. Ce dernier labre a le fond de ses couleurs d'un brun plus ou moins foncé, et ses nageoires pectorales d'un ronge incarnat ; et la caudale du macrccéphale est bordée, à son extrémité, d'un liséré d'une nuance vive ou très- claire *. * i3 rayons à chaque nageoire pectorale du labre ennéacanthe. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et g rayons articulés à l'anale. i5 rayons à la caudale. 6 rayons à chacune des thoracines du rouges-raies. Tarn/ 3 -PI 2f J'aj^e 4J2 \\ '\\\\ ^MW^^^'^''- 7'. .',»,• .M . Jlarg.it/ /i',y/,v/ i_lc///n 1. ZyîBRE Marrar^thale . 1 SPARE Mvlw 3 SPARE ferr.x/ix-/ m^aSMU^ÊH^m LE LABRE KASMIRA Ce beau poisson a le sommet de la tête blanc, et la couleur générale jaune. Quelquefois sa queue montre de chaque côté une tache grande et brune. Il vit dans la mer Rouge , auprès des rivages de FArabie \ ' Labrus kasmira. Sciaena kasmira. Linné ^ édition de Gmelin, ForsJiael, Taiin. Aral), j). 46 , n. 46. Sciéne tyrki. Bonnaterre , planches de U Encjclopédie méthodique, *■ 7 rayons à la membrane brancliiale. 16 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 17 rayons à la caudale. LE LABRE PAON ^-•E labre habite dans la Méditerranée, et particulière- ment auprès des côtes de Sjrie. A l'époque où on commença à l'examiner, à le distinguer, à le désigner par nn nom particulier, l'histoire naturelle avoit fait peu de progrès; le nombre des animaux déjà connus n'étoit pas encore très-grand ; on n'avoit pas décou- vert la plupart de ces poissoiis richement colorés qui vivent dans les mers de l'Asie on de l'Amérique méridionale : le labre paon dut par conséquent frapper les observateurs par la magnificence de sa parure: et il n'est pas surprenant qu'on lui ait donné le nom de * Labrus pavo. Papagallo , dans plusiei/rs contrées de l'Italie. Labrus pavo. Linné j édition de Gniclin. Labre paon. Baubenlon et Haiiy , Encyclopédie méthodique^ Id. Bonnateire j planches de L'Encyclopédie méthodique, Labrus pulchrè varius, etc. Artedi^ gen.Zi^^ syn. 55. Pavo. Sahnan.fol. 228, a, ad iconem, et fol. 94 et 234. Id. Aldrovand. lib. i , cap. 4, yf. 29. Id. Jonston. lib. i , ///. 2, cap. i , «. 3 , ^. i3, tï. 12. Charlet. p. \ 32. Seconde espèce de tourd , nommée paon. Rondelet^ première partis^ liv. 6 , chap. 6, Turdus secundiis pavo , etc. Gesner^ p, 1016. Turdus peibella dictus, etc. JVillugld)y ^ Ichihyol. p. oiz. Eaj.p. 187. Labrus pavo, Jiasselquist , //. 844, n. n'j. HISTOIRE NATURELLE. 48a î'oiseau que l'on regardoit comme émaillé des nuances les plus vives et les plus variées. Ce labre présente en effet presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel , que l'on se plaît à retrouver étalées avec tant de pompe sur la belle queue de l'oiseau paon ; et d'ailleurs le poli de ses écailles, le contraste éclatant de plusieurs des tons dont il brille, et les dégradations multipliées par lesquelles ses autres nuances s'éteignent les unes dans les autres , ou s'animent pour se séparer et res- plendir plus vivement , imitent les reflets rapides qui se jouent, pour ainsi dire, sur les plumes chatojantes du paon , et les feux que Ton croiroit en voir jaillir. Lorsque le soleil éclaire et dore la surface de la Méditerranée , que les vents se taisent , que les ondes sont paisibles , et que le labre paon nage sans s'agiter au-dessous d'une couche d'eau mince et lim- pide , qui le revêt, pour ainsi dire, d'un vernis transparent, on admire le verd mêlé de jaune que montre sa surface supérieure , et au milieu duquel des taches rouges et des taches bleues scintillent , en quelque sorte , comme les rubis et les saphirs de l'oiseau de Junon. Des taches plus petites, mais égale- ment bleues ou rouges, sont répandues sur les oper- cules, sur la nageoire de la queue, et sur celle de l'anus, qui est violette ou indigo; et un bleu mêlé de pourpre distingue le devant de la nageoire dorsale, pendant que deux belles taches brunes sont placées siu' chaque côté du poisson , que les thoracines offreot 486 HISTOIRE NATURELLE. 1111 rouge très-vif , et que des teintes d'or, d'argent, rouges, orangées et jaunes, éblouissantes ou gra- cieuses , constantes ou fugitives , étendues sur de grandes places, ou disséminées en traits légers, com- plètent un des assortimens de couleurs les plus splen- dides et les plus agréables. Au reste, ces beaux reUels se déploient sur un corps et sur une queue alongés et comprimés ; il n j a qu'un seul rang de dents aux mâchoires ; les nageoires pec- torales sont arrondies; les rajons de la dorsale et de la nageoire de l'anus ont une longueur plus considé- rable, à mesure qu'ils sont placés plus loin de la tête; et communément le labre paon a trois ou quatre déci- mètres de longueur totale *. ^ 5 rayons à la membrane branchiale du labre paon. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des taoracines. 3 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à l'anale. x3 rayons à la caudale. LE LABRE BORDÉ, LE LABRE ROUILLÉ % LE LABRE ŒILLÉ^ LE LABRE MÉLOPS^ LE LABRE NIL^ LE LABRE LOUCHE% LE LABRE TRIPLE-TACHE^ LE LABRE CENDRÉ^ LE LABRE CORNUBIEN% LE LABRE MÊLÉ '% ET LE LABRE JAUNATRE". La couleur générale du louche est jaunâtre; la dor- sale, Fanale et la caudale du triple-(ache sont quel- quefois lisérées de bleu. La nourriture ordinaire de ' Labrus tnarginalis. Id. Linné ^ édition ds Gmelin. Labre bordé. Duuhenlon et Haiij 3 Encyclopédie niéihodique^ Id. BonnalerrCj planches de l'Encyclopédie inélhodique, Lœfl. It. io3. * Labrus ferrugîneus. Id. Linné, édition de Gmelin. Labre rouillé. Daubenton et Haiiy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterrej planches de l'Encyclopédie méthodique, ^ Labrus ocellaris. Id. Linné j édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2 , p. 78 *. Labre œillé. Daubenton et JJaiiy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnalerre, planches de V Encyclopédie méthodique^ 488 HISTOIRE NATURELLE. ce dernier labre, dont les écailles réfléchissent diffé- rentes nuances d'un heéui ronge , consiste dans des animaux à coquille, dont il brise l'cnvc^loppe calcaire par le mojen de ses dents antérieures, plus longues et plus fortes que les autres ; nouvel exemple de ces rapports de la qualité des alimens avec la vivacité des couleurs , que nous avons fait remarquer dans notre ■* Labrus melops. Id. Linné, édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2 , 77. 78 *. Labre niélope. Dajtbenton et Ilaiiy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre j planches de V Encyclopédie méthodique. * Labrus nil. tiens. Id. 1 inné, édition de G n^ clin. Mus. Ad. Frid. 2 , p. 79 *. Labrus niloticus. dlassehpiist , II. p. 346, n. 78. Labre nébuleux. Daubenton et Ha'ûj, Encyclopédie mélliodiquf» Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie mélhodique. ^ Labrus luscus. Id. Linné , édition de Gmelin. Mus. Ad. Frid. 2 , 77. 80 *. Labre louche. Daubenton et Haiiy, Eficyclopédie méthodique. Id. Bunnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. ^ Labrus trimaculatus. Sudernaal , en Non'ége. Red wrasse , en Angleterre. Id. Linné , édition de Gmelin. Labre triple-tache. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie méthodique. Paon rouge, labrus carneus. Blodi, pi. 289. Labrus ruber , vel carneus. Ascagne, 2 cah. p. 6, /)/. i3. Tiim^culated wrasse. Fennant, Brit. Zoolog. 3, j). 206 , n. 3. DES POISSONS. 489 Discours sur la nature des poissons , qu'il ne faut jamais Kégliger d'observer, et qui ont été très-bien saisis par le naturaliste Ascagne. Le cendré a sa partie supérieure grise et pointillée d'un gris plus foncé, et les nageoires rougeâ^res avec des taches d'un jaune obscur. La tête du mêlé et la partie supérieure de sa caudale sont d'un beau bleu. Ce labre mêlé habite dans la Médi- terranée , ainsi que le cendré ; le jaunâtre vit dans ^ Labrus cinereus. Lrabrus griseus. Id. 64. Linné, édition de Gmelin. ( Nota. Le nom spécifique de griseus a été employé par Gmelin pX)Lir son cinquième et pour son soixante-quatrième labre.) Briinn. Fisc. Massif, p. ■SS , /?. "jB. Labre cendré. Bonnaterre , -planches de P Encyclopédie méthodique. ^ Labrus cornubius. Id. Linné, édition de Gmelin, , Labre goldsinny. Bonnaterre, planches de V Ency clopédie méthodique. Goidsinny Cornubiensium. Pennant, Brit. Zoolog. 3 , p. 209, n. 6. Eaj. Fisc. p. 1^3 j fi ff. 3. '° Labrus mixtus. Id. Li/iné, édition de Gmelin. Labrus ex flavo et cœruleo varîus, dentlbus anterioribus majoribus. Aïtedij gen. 84 , syn. Sj. Turdus major varias praîcedenti similis. TVillugliby , p. 822. Raj.p. 187. Labre mélangé. Bonnaterre, planches de VEncyclopédie iliélho'Iiquc. " Labrus fuîvus. Id. Linné, édition de Gmelin. Cateshy , Carol. 2 ^ p, 10 , tab. 10 , fig. 2. Labre jaunâtre. Daubenton et Ha'ùy , Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique, TOME m. 62 8 4gO HISTOIRE NATURELLE l'Amérique septentrionale; le rouillé, dans les Indes; le mélops, dans l'Europe australe; le nil, en Égjpte ; le triple-tache , en Norvège ; le cornubien , dans la mer Britannique : on ignore la véritable patrie du bordé, de l'œillë, et du louche*. * 17 rayons à chaque n?f;coire pectorale du labre bordé. 6 rayons à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale. 17 rayons à la caudale, 36 rayons à chaque najicoire pectorale du rouillé. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 17 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale de l'œlllé. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i3 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du mélops. i3 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliaque thoracine. 3 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à l'anale. 12 rayons à la caudale. i5 rayons à chaque nageoire pectorale du nil. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 3 rayons aiguillonnes et 9 rayons articulés à l'anale. 20 rayons à la caudale. j.j. rayons à cliaqne nageoire pectorale du loiiche. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine» 14 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du triple-tache. 30 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine». DES POISSONS. 49 ï Que devrions-nous ajouter maintenant à ce que nous disons dans les notes ou dans le tableau générique, au sujet des onze labres renfermés dans cet article*? * 5 rayons à la membrane branchiale du cendré. i3 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 13 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du cornubien. 6 rayons à chaque thoraciue. LE LABRE MERLE', LE LABRE RONE% LE LABRE FULIGINEUX^ LE LABRE BRUN^ LE LABRE ÉCHiQUIER^ LE LABRE MARBRÉ^ LE LABRE LARGE-QUEUE^ LE LABRE GIRELLE^ LE LABRE PAROTIQUE% et LE LABRE BERGSNYLTRE'°. Le noir bleuâtre que présente le labre merle, lui a fait donner, dès le temps d'Aristote, le nom spécifique qu'il porte» Il olïVe en effet les mêmes nuances et les ' Labriis merula. » Torclo d'Alga, dans la Ligiirie. Labriis merula. Linné, édition de Gmelin. Labre inerle. Daiibenton et Ha''''j_, Encyclopédie viélhodique^ Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie niéthodicjue. Labriis cseruleo-nigricans. Artedi. 'O y.orrv(pos. Arist. I.ib. 8, cap. i5 et 30o Id. Alhen. lit. 'Jyfnl. i52, 35. Id. Oppian. lib. i , /'. ig , c/ lib. 4. ^lian, lib. i , cap. 14. Merula. Odumell. lib. 8, cap. 16. Id. Plin. lib. 9, cap. i5 ; et lib. 82 , cap. 11. Id. .Toc. cap. 20, p. 87, 88. Merle. Rondelet, première partie, liv. 6, chap. 5. Merula. Salviau. fol. 220 b. ad iconem, 87 j et 228 , h. 224 a,. Id, Cesnevj p. 648, et {germ.) fol. 8 b* HISTOIRE NATURELLE. 490 mêmes reflets que Foiseau si commun en Europe et connu sous le nom de merle ; et il n'est pas indifïérent de faire remarquer que les premiers observateur;^ , Id. Jonston, lib. l , tit. 2 , cap. T , a. 4 , i. 14, n. 2. Id. Charlef. p. i33. Aldrovand. lib. 1 , cap 6 , p. 35. Turdus niger, merula Salviani et Rondeletii. Willughby , p. 820. Raj. p. 187. Merle o/i merlot. Valinonl-Bomarej Dictionnaire d'histoire naturelle, * Labriis lone. Strand karasse , en Danemarck. Asca^ne, cah. 2 , p. 6, pi. 14. Midi. Zoolog. Demie. Prodrom. 77. 46. Labre rône. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. " Labrus fuliginosus. Id. capite ex viridi , rubro , hiteoque , variegato ; fasciîs transversis qt'a- tuor vel quinque , è fusco decoloribus. Commerson, manuscrits déjà cités. * I abrus fuscus. Id. taeniis utrinque duabus , longitudinalibus , pinnarumque margini- bus extiniis virldibus. Commerson ^ manuscrits déjà cités. ^ Labrus centiquadrus. Id. capite et pinnis posteviorlbus rubro variegatis, tofo corpore areolis^^^ atro-piirpurels et exalbidis tessellato. Commerson, manuscrits déjà cités.- ^ Labrus marmoratus. ' Labrns macrourus. ^ Labrus julis. Donzella, dans la Ligurie. Zigorella , ibid. Jiirella nu jula, dans plusieurs contrées d^Italie,. Donzellina , ibid. Menchina dire , ibid,. 494 HISTOIRE NATURELLE frappés des grands rapports qu'ils trouvoieiit entre les écailles et les plumes, la parure des oiseaux et le vête- ment des poissons, les ailes des premiers et les nageoires des seconds, le vol des hahitans de FatHiosphère et la natation des habitans des eaux, airaoieut à indiquer Zillo, dans Vigile de Rhodes. Afdelles ^ dans Vitle de Cund'e. Dovella , dans quelques départemens méridionaux de France. Haruza, à Malle, Arusa, en Arabie, See fraulein , meerjunker, f/ regeobogenfisch, en Allemagne. Sea junkerlin et rainbow fish , en Angleterre. Jonkerviscli , eji Hollande. Labius julis. Linné , édition de Gmelin, Mus. Âd. Frid. 2 , ;;. yS *. Blocli, -pi. 287, fig. I. Labre girelle, Daubenton et Hai'iy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Labrus palmaris varius, dentibiis duobus majoribus niaxillie siipeiiorîs. Art. gen. 84 , syn. 35. 'h 'lov>^i. Aribt. lih. 9, cap. 2. Id. Athen. lib. 7, cap. 804. '{nUi. AElian. lib. 2 , cap. 44, p. 123. Id. Oppiun, lib. i , p. G] et lib. 2 , fol. 127, 36. Id. Galen. class 2 ,/b/. 29, D, E. Julia ou julis. Sahiau. fol. 217, ad iconem, et fol. 219, Julis. Plin. lih. 82, cap. 9. Glrt'Wa. Rondelet j secofide partie j lir. 6, chap. 7. Julis. Gesner, p. 464 et 649 ; et [germ.) f)l. 14, a, Aldrov. lib. i , cap. 7, p. 89. Jonston, lib. i , ///. 2 , cap. \ ., a. 5 , /. 14, n. 3. IVillughhy y Ichthyolog. p. 824. Baj-r- i38. Girelle. Vabnont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. D, ES POISSONS. 495 cfs ressemblances curieuses par des noms d'oiseauii donnés à des poissons. Cette intention adoptée par plusieurs naturalistes modernes, leur a fait employer les noms de merle et de toind ou de grive, pour le genre des labres, dont cependant ils connoissoient à peine quelques espèces; et comme, lorsqu'on a fait valoir une ressemblance, on aime à l'étendre de même que si elle étoit devenue son propre ouvrage , on a voulu trouver dç^ individus blancs parmi les merles labres, comme on en voit quelquefois parmi les merles oiseaux. On est ensuite allé plus loin. On a prétendu que ce passage du noir au blanc étoit régulier, pério- dique, annuel, et commun à toute l'espèce pour le labre qui nous occupe, tandis que, pour le merle oiseau, il est irrégulier, fortuit, très-peu fréquent, et propre à quelques individus de la couvée dans laquelle on compte d'autres individus qui ne présen- tent en rien cette sorte de métamorphose, Aristote a ' Labrus paroticus. 1(1. Linné, édllimi Je Ginelin. Mus. Ad. Frid. 2 ^p- 76 *. Labre parot. Daiihenton, Encyclopédie inélhodique. Ici. Bonnalerre , planches de V Encyclopédie méthodii.jue, '° Labrus bergsnyltrus. Labrus suillus. Linné , édition de Gmclin. Labre bergsnyl(re. Daubcnton et, Ha'ùy, Encyclopédie méthodique, Id. Bonnafene, planches de V Encyclopédie métliodique, Faun. Suc ci c. 33o. Sparus bergsnyltra. It. JJ'^gotJt. 170t. 496 HISTOIRE NATURELLE écrit que les merles, ainsi que Icstoiircls, se montroient au printemps, après avoir passé l'hiver dans les pro- fondeurs des rochers des rivages marins, qu'ils étoient alors revêtus de leur beau noir chatoyant en bleu, et que pendant le reste de Tannée ils étoient blancs. Il faut tout au plus croire que, dans certaines contrées, le défaut d'aliment, la qualité de la nourriture, la nature de Fean, la température de ce fluide, ou toute autre cause semblable , alfoiblissent l'éclat des écailles du labre merle , en ternissent les nuances, en altèrent les tons, au point de les rendre plutôt pâles et un peu blanchâtres que d'un bleu foncé et presque noir. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas passer sous silence une autre assertion d'Aristote , analogue à des idées que nous exposerons dans un des discours que doit oft'rir encore l'histoire que nous écrivons. Ce philosophe a dit que les merles poissons fécondoient les œufs d'autres espèces de labres , et que ces autres labres rendoient féconds les œufs des poissons merles. Ce fait n'est pas impos- sible : mais il en a été de cette remarque comme de beaucoup d'apperçus d'homme de génie; l'idée d'Aris- tote a été dénaturée , et Oppien , par exemple , l'a altérée jusqu'à écrire que les merles n'étoient que les mâles des tourds. Au reste , l'iris du merle labre est d'un beau rouge , comme celui de plusieurs oiseaux dont le plumage est d'un noir plus ou moins foncé. L'iris n'est pas rouge dans le labre fuligineux, mais d'un jaune doré. Ce iiiligiueux a d'ailleurs la dorsale DES POISSONS. '497 d'un pourpre noir avec quelques points bleuâtres; les pectorales rougeâtres avec une tache noire à leur base; les thoracines variées de bleu, de pourpre, de noir et de verdâtre ; l'anale, d'un noir tirant sur le bleu; la caudale , d'un verd mêlé de brun ; et une petite tache noire à l'extrémité de chaque ligne latérale. Le nom du labre brun vient de la teinte de son dos et de sa tète, qui est brune; sa dorsale, son anale et sa caudale sont bordées de verd , ses thoracines légè- rement verdâtres, et ses pectorales jaunes à leur base, et brunes à leur extrémité. Nous n'avons besoin d'ajouter à ce que nous avons ait, dans le tableau générique, des couleurs du labre échiquier, que fjuelques mots relatifs aux nuances de ses nageoires. On voit des points et des lignes rouges sur la dorsale et sur l'anale; une tache noire paroît sur chacune des pectorales ; et la caudale est jaunâtre. Une couleur bleuâtre ou d'un verd foncé, répandue sur la partie supérieure de la girelle, relève avec tant de grâce les raies larges et longitudinales que le tableau générique nous montre sur chacun des côtés de ce labre, qu'il n'est pas surprenant qu'on le regarde comme un des poissons de l'Europe dont la parure est la plus belle et la plus agréable. La dorsale et l'anale oifrent une bande jaune, une bande rouge et une bande bleue placées l'une au-dessus de l'autre, et l'on croit que les mâles sont distingués par deux taches, dont la supé- rieure est rouge et l'inférieure noire, et que Ton voit TOME 111. 63 498 HISTOIRE NATURELLE en effet ainsi disposées sur les j^remiers rajons de la nageoire du dos de plusieurs individus. Une variété de celle espèce a sa parlie supérieure rouge, l'inférieure blaiîche, la caudale verte, et le I)oui des opercules bleu. Des couleurs vives, gracieuses, brillantes, va- riées , et distribuées de manière à se faire ressortir sans aucune dureté dans les tons, appartiennent d(nîc à tous les individus que l'on peut compter dans cette espèce de la gi relie. Ce labre vit souvent par troupes , et se plaît parmi les rochers. Elien a écrit cpje ces troupes nombreuses atta- quoient quelquefois les hommes qui nageoient auprès d'elles, et les mordoient avec plus ou moius de force. Il est ])ossil)le que quelques accidens particuliers aient donné lieu à cette opinion, que Rondelet a confirmée par un témoignage formel; mais lorsc^u'Elien ajoute que leur bouche, pleine de venin, infecte toutes les substances alimentaires qu'elles rencontrent dans la nier , et les rend nuisibles à l'homme , il faut relé- guer son assertion parmi les erreurs de son siècle; et tout au plus, doit-on croire que, dans (j^uelques cir- constances de temps ou de lieu, des girelles auront pu avaler des mollusques ou des vers marins vénéneux,, et avoir été ensuite funestes à ceux qui s'en seront nourris sans précaution *, et peut-être sans les avoir * Voyez le savant ouvrage de J. G. Schneider, Iniitulé , Peiri Artedi S/ynonjniia pisciumj etc\p, 8q. DES POISSONS. 499 vidées avec soin. Passons aux couleurs du parotique. Ce labre a le dos gris et le ventre blanchâtre. Le violet paroît être la couleur dominante du bero-- snjltre , dont la mcîchoire inférieure et les pectorales sont quelquefois d'un beau jaune. Quant aux formes principales iïes dix labres nommés dans cet article, nous ne pouvons que renvoyer au tableau générique. Le merle % le premier de ces dix labres , habite dans les mers de l'Europe ; le rône se trouve particulièrement dans celle de Norvéo"e- le fuligineux , le brun et l'échiquier vivent parmi les rochers qui environnent les isles de Madagascar, de * I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine du labre merle. 3 rayons à la membrane branchiale du rône. 14 rayons à chaque nageoire peclorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du fuligineux. I rayon aiguillonné et 5 rayons, articulés à cliaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 16 rayons à chaque nageoire pectorale du brun. 6 rayons à ciiaque tiioracine. 12 ou 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale de l'échiquier. 6 rayons à chaque thoracine. X2 rayons à la caudale. i3 rayons à chaque nageoire pectorale du marbré. 6 rayons à cliaque thoracine. i5 rayons à la caudale. 500 HISTOIRE NATURELLE. France et de la Réunion ; le marbré et le large-queue appartiennent au grand Océan éc]uatorial : ces cinq der- niers labres ont été observés par Commerson, auquel nous devons les descriptions et les figures de ces ani- maux, que nous publions aujourd'hui, et qui sont encore inconnues des naturalistes. On pêche la girelle dans la Méditerranée, ainsi que dans la mer Rouge; les Indes sont la patrie du parotique; et le bergsnjltre paroît préférer l'Océan atlantique boréal *. * 14 rayons à chaque nageoire peciorale du large-queue. 6 rayons à la membrane branchiale du girelle. 33 rayons à cliaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à l'anale. i3 rayons à l'anale. 12 rayons à la caudale. 3 2 rayons à chaque nageoire pectorale du parotique. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à l'anale. 14 rayons à la caudale. i3 rayons à chaque nageoire pectorale du bergsnyltrc. 3 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque nageoire thoracine, 34 rayons à la caudale. Tan^e 3 J*/ 2 7. Taçe J'ai. 1- JjABliK Oue /on r(ri.r,'//t/>/u/>/t//i<'f// r;nu>orter an (ru,i\(' 2. HOLOCENTRK (^^/^nno.e 3 nOLOCKXTlŒ FanHwrni LE LABRE GUAZE^ LE LABRE TANCOÏDE^ LE LABRE D O U BL E-T A C H E ^ LE LABRE PONCTUÉ^ LE LABRE OSSIFAGE^ LE LABRE ONITE% LE LABRE PERROQUET^ LE LABRE TOURD«, LE LABRE CINQ-ÉPINES^ LE LABRE CHINOIS'", et LE LABRE JAPO- NOIS". Le guaze et l'onite vivent dans les hautes mers; lossi- fage et le tourd, dans l'Océan atlantique ou dans la Méditerranée; le perroquet se trouve dans cette même ' Labrus guaza. Id. Linné, édition de Gmeliii. Lœfl. II. 104. Labre guaze. Daubenton et Haîiy , Encyclopédie jvéthodiqiie, Id. Bonnaterre j planches de l'Encyclopédie inéLliodique. - Labrus tancoïdcs. Wrasse , old wife , et gwrach , en Angleterre. Labrus tinca. Linné, édition de Gmelin. Labre tanclie de mer. Daubenton et Haiiy , Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterrc , planches de l' Encyclopédie méthodique. Labrus rostro sursum reflexo , caudâ in extremo circulari. ^//erZ/j gcn^ 33 y syn. 56. Turdus vulgatissimus ; tinca marina Venetis. Willughhy , p. Sic. The \xrsLS%e, Pennant, Brit. Zoolog. t. 2, p. 2o3. Tanche de mer. Valmont-Bomare j Dictionnaire d'histoire naturelle. 5o2 HISTOIRE NATURELLE Méditerranée, où Ton pèche également le labre double- tache, qu'on a observé aussi dans les eaux salées qui ^ Labvus bimaculatus. Id. Linné j édition de Gnieliu, Labre double-tache. Dauhenton et Ha'ùy , Encyclopédie méthodique. Id. Boiinalerre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Sciaena macula fuscâ in medio corporis et snpra basim caudœ. Mus. Ad. Fiid. I , p. 66, Brit. Zoolog. 3, p. 200, n. 2. * Labrus punctatus. Prick snylta, en Suéde. Labrus punctatus. Linné, édition de Gmelin. Labre ponctué. Dauhenton et Ha'ùy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. Sciaena lineis longitudinalibus plurimis fusco punctatis. Mus, Ad. Frid. i, /). 66. Gronor. Mus. i , n. 87. JSlochj pi. 2C)5,yiff. I. ^ Labrus ossiphagus. Id. Linné , édition de Gmelin, Labre ossifage. Dauhenton et Ha'ùy , Encyclopédie méthodique, Id. Bo]inaterre , planches de V Encyclopédie méthodique, ^ Labrus onitis. Id. Linné, édition de Gmelin, Mus. Ad. Frid. 2 , ;;. 7g. Labre onite. Dauhenton et TTa'ûy , Encyclopédie méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l* Encyclopédie méthodique. ' Labrus psittacus. Labrus viridis. Linné, édition de Gmelin. Labrus viiidis, lineâ utrinque cœruleâ. Artedi, gen, 84. Dixième espèce de tourd. Rondelet, première partie, lii'. 6, chap. 6. Turdus viridis , seu decimus Rondeletii. TVillughby , Tchthyol. p, 820. Labre perroquet. Dauhenton et Ha'ùy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre j planches de l'Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 5o3 entourent la Grande-Bretagne; le tanc(3Ï(le habite pen- dant une grande partie de Tannée dans les profondes ant'ractuosités des rochers qui ceignent les rivages bri- tanniques, ou qui sont peu éloignés de ces rivages; le cinq-épines a été rencontré dans cette mer si sou- vent hérissée de montagnes de glace, et qui sépare la ® Labrus turdtis. 1(1. Linnéj, édition de Ginelin. Labrus obiongus viriclis , iride luteâ. Artedi^ gen. 84, syn. Sy, Turdiis vil idis major. JViUughbj , p. 822. Turdus obiongus , fuscus , maculosus. Id. p. 323. Riij. p. iBy. Labre lourd. Daubentnn et Hai'iy ^ Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique. Liibrus obiongus, virldescens , maculatus, etc. Brimn. Pisc. MassiL p. 5i , n. 67. ' Labrus pentacanthus. Labrus exoletus. Linné j édition de Gmelin. F cl un. Suecic. 33 t. Mail. Prodrom. '/oolog. Dan ic. 386. Ot. Fubric. Faim. Groenland, p. 166, n, 120. Strom. Sondm. 267, n. 3. Labre cinq-épines. dJauhenton et Ha'vy , Encyclopédie mélhodique. Id. Bunnaterre 3 planches de V Encyclopédie méthodique. '" Labrus chinensis. Id. Linné, édition de Gmtdin. Labre livide. Daubenton et HaUy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnatcrrcj planches de l' Encyclopédie méthodique, " Labrus japonicus. Id. Linnéj édition de Gmelin. Hoitttiiyn, Act. Baarl. XX, 2, p. 824. Labre du Janon. Boiinaterrc, planches de l'' Encyclopédie mélhodiquCr 5o4 HÎSTOIRE NATURELLE Norvège du Groenland; les eaux de la mer éqnatoriale qui baigne Surinam, paroissent au contraire préférées par le ponctué; le chinois a été vu près des cotes de la (>hine; et Houttujn a découvert le japonois auprès de celles du Japon. Nous crojonsque quelques naturalistes ont été induits en erreur par des accidens ou des altérations que leur ont présentés des individus de l'espèce du tancoïde , lorsqu'ils ont écrit que la lame supérieure de l'opercule de ce labre étoit dentelée; nous pensons que la confor- mation qu'ils ont apperçue dans l'opercule de ces indi- vidus, étoit une sorte d'érosion plus ou moins irrégu- lière, et bien différente de la véritable dentelure, que nous regardons comme un des principaux caractères du genre des lutjans : mais si notre opinion se trouvoit détruite par des observations constantes et nombreuses, il seroit bien aisé de transporter le tancoïde dans ce genre des lutjans, et de l'j insci'ire dans le second sous- genre. Les dents antérieures du tourd sont plus grandes que les autres. Il est facile de voir, en parcourant le tableau générique, que ce labre tourd peut présenter, relati- vement à ses couleurs, trois variétés j^lus ou moins permanentes. Lorsqu'il est jaune avec des taches blan- ches, sa tète montre communément, et indépendam- ment des taches blanches, quehpies taches noires vers son sommet, et quelques filets rouges sur ses côtés j son ventre est alors argenté avec des veiues rouges, DES POISSONS. SoS et ses nageoires dorsale, thoraciiies, anale et caudale, sont rouges et tachées de blanc. Si ce même tourd a sa couleur générale verte , ses pectorales sont d'un jaune pâle, ses thoracines bleuâtres, et sa longueur est un peu moins grande que lorsqu'il offre une autre variété de nuances. Et enfin , quand il a des taches dorées ou bordées d'or au-dessous du museau, avec la partie supérieure verte , il parvient aux dimensions ordinaires de son espèce, il est long de trois décimètres ou environ ; il a le ventre jaunâtre et parsemé de taches blanches , irrégulières , bordées de rouge ; une raie formée de points blancs et rougeâtres règne avec la ligne latérale, et est placée au-dessus de plusieurs autres raies longitudinales, composées de petites taches blanches et vertes *. * i6 rayons à chaque nageoire pectorale du labre guaze. 6 rayons à chaque thoracine. i3 rayons à l'anale. i5 rayons à la caudale, 5 rayons à la membrane branchiale du tancoide. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. i3 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du double-tache. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et cinq rayons articulés à chaque thoracitie. 6 rayons à la membrane branchiale du ponctué. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 18 rayons à la caudale. TOME m. 64 5o5 HISTOIRE NATURELLE Quelle différence de ces couleurs variées et vives qui gr'wèlent, pour ainsi dire, le tourd, et lui ont fait donner le nom spécifique qu'il porte, avec les nuances sombres et peu nombreuses du ponctué! Ce dernier labre est brun , et cette teinte obscure n'est relevée que par des points d'un gris très-foncé ou noirâtres, qui composent les raies longitudinales indiquées dans le tableau générique, et par d'autres taches, ou points ,, t^ rayons à chaque nageoire pectorale de l'ossifage. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliaqiie thoracine. i3 rayons à la caudale. i5 rayons à chaque nageoire pectorale de l'onite. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale du perroquet. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tourd. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliaque tlioracine.- i3 rayons à la caudale. i3 rayons à cliaque nageoire pectorale du cinq-épines. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 18 rayons à la caudale. i3 rayons à chaque n.ngeoire pectorale du chinois. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque tlioracine» 12 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du japonois. 16 rayons à chaque pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine»^ 18. rayons à la caudale. DES POISSONS. S07 OU petites raies transversales ou longitudinales , du même ton ou à peu près, et épars sur la queue ainsi que sur une partie de la dorsale et de la nageoire de l'anus. * ta LE LABRE LINÉAIRE', LE LABRE LUNULE % LE LABRE VARIER LE LABRE MA1LLÉ\ LE LABRE TACHETÉ^ LE LABRE COCK^ LE LABRE CANUDE', LE LABRE BLANCHES- RAIES«, LE LABRE BLEU% et LE LABRE RAYÉ'°, Le linéaire a , comme plusieurs autres labres , et particulièrement comme le bleu et le rajé, les dents de devant plus grandes que les autres; le lunule a la * Labrus linearis. Id. Linné j édition de Gmelin. Ainœn. academ. i) /?. 3ï5. Labre linéaire. Daubenlon et Haiiy, Encyclopédie métliodiqxie.. Id. Bonnateire j pLuiches de V Encjclopédie méthodique, " Labrus lunulalus. Id. Linné j édition de Gmelin. Forskacl, Faun. Arub.p. 87, n. 84. Labre hmulé. Bonnaterre , planches de V Encyclopédie méthodique, ' Labrus variegatus. Id. Linné , édition de Gmelin. Striped wrasse. Brit. Zoolog. 3 , p. 207 , n. 4. ■* Labrus reticulatiis. Labrus venosus. Linné , édition de Gmelin. Briinn. Fisc. Massil. p. 58, ".74. Labre maillé. Bonnaterre , planches de V Encjclopédie méthodique^ HISTOIRE NATURELLE. S09 tète et la poitrine parsemées de taches rouges, les pec- torales jaunes , les autres nageoires vertes avec des * Labrus guttatus. Id. Limié, édition de Grnelin» Sriinn. Fisc. NlassiJ. jj. 5g , n. 'j6. Labre tacheté. Boniiaterre, planches de l'Encyclopédie mélhodique, * Labrus coqiius. Id. Linné, édition de Gnielin. Cock Cornubiensiiim. Brit. Zdolog, 3 , p. 210 , 7z. 8, Raj. Fisc. p. 163, y. 4. ' Labrus cinaedus. Rochau , dans plusieurs départemens méridionaux de France. Canus , ibid. Canudo , ibid. Ilosa , dans la l.ignrie. L.abrus cinaedus. Linné, édition de Gnielin. Labrus luteus , dorso purpureo , pinnâ à capite ad caudam continua» Arledif sjn. 56. 'A'K^rsxt. Athen. lib. 7, cap, 281. Cipaedus. Plin, Canuf:. Rondelet, première partie j liv. 6, chap. ^. Cinaedus Rondeletii. Aldrovand. lib. i , cap. 14, p. 67. Jonston, lib. l , ///. 2, cap, i , a. 10 , tah, i5 , /?. i. Alphefctes , re/ cinœdus. Gesner^p.'hd ^ â^o ^ et (germ.)fol.iS, Alpbestes. Charlet. p. i35. Alphestes, sive cinaedus. Willughby , p. 323. Raj. p. 137. Labre canude. Daubenton et Haïiy, Encyclopédie méthodique. Id. Bomiaterre, planches de V Encyclopédie méthodique. * Labrus albo vittatus. Labre rayé de blanc. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie métho'^ dique. Koelreuleri Noy. Corn. Petrop. iom. 9, p. 458. SlO HISTOIRE N A T U R E L î. E taches rouges ou rougeâtrcs, et quelquefois des rajons rouges autour des jeux. Les opercules du varié sont gris et rajés de jaune; ses pectorales tachées d'olivâtre à leur base; et ses thoraciues, ainsi que son anale, bleues à leur sommet. Le rave présente un liséré bleu au bout des thoracines, de l'anale et de la caudale; les rajons de cette dernière nageoire sont jaunes à leur base, et une tache bleue est placée sur la partie antérieure de la dorsale. Ce labre rajé vit dans les mers de la Grande-Bre- tagne, ainsi que le bleu, qui fréquente aussi les rives de la Norvège et du Danemarck , le cock et le varié, que Ton rencontre particulièrement près des isles Skerrj; le linéaire se trouve dans les Indes et près des rivages de l'Amérique méridionale ; le lunule , près des côtes de l'Arabie; et le maillé, le tacheté et le canude sont péchés dans la Méditerranée, où ce canude étoit connu dès le temps d'Athénée et même de celui d'Aristote, et où on l'avoit nommé aîphestas et cinœdiis, parce qu'on vojoit presque toujours les individus de cette espèce nager deux à deux à la queue l'un de ^ Labrus cseruleus. Blaastaal et blaustak, en Danemarch Paon bleu. Âscagnej cah. z ^ p. 5 , pi, 12. Lcibre h\eu. Bonnaterre ^ planches de V Encyclopédie mélhodiq-ue. '° Labrus linealus. Pennant , Brit. Zoolog. 3, p. 24g. Labre rayé. Bonualerre, planches de V Encyclopédie niéihodii]iie> DES POISSONS. 5l î î autre *. La chair de ces canndes présente les mêmes qualités que celle de la plupart des autres poissons qui vivent au milieu des rochers, et qu'on a nommés saxadles; elle est, suivant Rondelet, molle, tendre^ 6 rayons à la membrane branchiale rlu labre linéaire. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 3 2 rayons à hi caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du lunule. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 13 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane brancliiale du varié. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et b rayons articulés à chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du maillé. i3 ra\ons à chaque nageoire pectorale, I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i3 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tacheté. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aignillauné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. jj rayons à la caudale. i5 rayons à chaque nageoire pectorale du blanches-raies. 6 rayons à chaque thoracine. 12 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du bleu, 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracîaa,- 14 rayons à la caudale. 5l2 HISTOIRE NATURELLE. friable , facile à digérer , et fournit une nourriture convenable aux malades ou aux convalescens. 5 rayons à la membrane branchiale du rayé. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. î rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. LE LABRE BALLAN', LE LABRE BERGYLTE% LE LABRE HASSEK^ LE LABRE ARISTÉ\ LE LABRE BIRAYÉ^ LE LABRE GRANDES- ÉCAILLESS LE LABRE TÊTE-BLEUE% LE LABRE A GOUTTES^ LE LABRE BOISÉ% ET LE LABRE CINQ-T ACH E S'°. Quelles nuances devons-nous décrire encore, pour compléter l'idée que nous donne le tableau générique des couleurs de ces labres ? La teinte générale du ' Labrus ballan. - Pennant, Brit. Zoolog, 3, />. 246. Labre ballan. Boimaterre ^ -planches de l'Encyclopédie méthodique, ' Labrus bergylta. Berg-galt, en Non-ége. Berg-gylte, ibid. Sea-aborne, ibid, See carpe (carpe de mer) , en DanemarcJi. Labrus bergylta. Ascagne, pi. i. Labre tacheté. Blocli, pi. 294. Labre bergylte, Bonnaterre ^ planches de V Encyclopédie méllwdique. 2 Labrus liassek. Labre liassek. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie méthodique. Labrus înernils. Id. ibid. Forshiel, Descript. animal, p. 34. TOME 111. 65 Sl4 HISTOIRE NATURELLE berg;ylte est brune, et ce brun est mêlé de jaune sur les opercules; le hassek est vercl, avec le dos brun, et des taches blanchâtres sur les côtés ; presque toutes les nageoires du birajé sont d'un violet mêlé de jaune; le labre grandes -écailles présente des nageoires colo- rées de même, des lâches violettes sur ses opercules, et quelques taches bleues à l'origine de la dorsale ; un gris tirant sur le verd distingue les nageoires du labre tete-bleue; presque toutes les taches que l'on voit sur le labre à gouttes, sont ordinairement rondes comme des gouttes de pluie; le boisé a les thoracines noires, les pectorales et la caudale bleues, la dorsale et l'anale variées de bleu , de jaune et de brun ; et le cinq-taches ■* Labrus aristatus. Labre aristé. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Sparmanu , Amœn. acadctn. vol. 7,/^. 5o5. ^ Labrus bivittalus. Bluchj pi. 2^^^ fig. I. '• Labrus macrolepidotus. Blochj pi. 2^.\yjîg. 2. ■^ Labrus cyanocepha!us= Blochj pi. 286. * Labrus gultulatus, Bluchj pi. 2?)']jfig. 2, 5 Labrus tessellatus. Blochj pi. 291, /"o-. 2. '° Labrus quinque-maculatus, Bloch, pi. 291 ^fig. I. DES POISSONS. SiS a les nageoires jaunes, bordées de violet. Nous devons à Blocli la connoissance des six derniers labres que nous venons de nommer, et nous savons parce naturaliste que le cinq-taches vit, ainsi que le boisé, dans la mer de Norvège, d'où M. Spengler, de Stockhohn, avoit reçu des individus de ces deux espèces. C'est dans les mers de la Grande-Bretagne, on à une distance assez peu considérable de la Norvège, que l'on trouve le bergjlte et le ballan*. On pêche le hassek dans la mer d'Arabie; * 4 rayons à la membrane branchiale du labre ballao. 14 rayons h chaque nageoue pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés k chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du bergyite. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 4 rayons articulés à chaque tboracine.- 18 rayons à la caudale. 12 rayons à chaque nageoire pectorale de l'aristé. 6 rayons à chaque thoracine. 5 rayons à la membrane branchiale du birayé. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i3 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du grandes-écailles. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 19 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du tête-bleue. 12 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 12 ravons à la caudale. 5l6 HISTOIRE NATURELLE. et M. Sparmann dit que le labre aristé a pour patrie les eaux de la Chine. Les mâchoires du labre grandes-écailles n'offrent qu'un seul rang de dents, dont les antérieures sont les plus longues; la ligne latérale de ce poisson est interrompue ; une seule rangée de dents petites et aiguës garnit les deux mâchoires du labre boisé. i3 rayons à chaque nageoire pectorale du labre ù gouttes, 6 rayons à chaque thoracine. i6 rayons à la caudale. 4 rayons à la membrane branchiale du boisé. i6 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracme= i6 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du cinq-taches. i5 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i6 rayons à la caudale. To, _Pl_2â_^a^e ,;.- \ LE LABRE MICROLÉPIDOTE ', LE LABRE VIEILLE% LE LABRE KARUT^ LE LABRE ANÉP, LE LABRE CEINTURES LE LABRE DIGRAMME% LE LABRE H O L OL ÉP IDO TE ', LE LABRE T^NIOURE^ LE LABRE PARTERRE^ LE LABRE SPAROIDE'°, LE LABRE LÉOPARD", ET LE LABRE MAL AP TÉ RONOTE'\ Bloch, qui le premier a publié la description du microlépidote, du labre vieille, du karut et de l'anéi, ignoroit quelle est la patrie du microlépidote. Le labre "vieille est péché près des côtes de Norvège, d'où on * Labrns niicrolepidotus. Bloch, pi. 2g 2. ^ Labrus vetula. Carpe de mer, sur quelques côtes occidenlales de France. Bloch^ -pi. 298. \ ^ Labrus karut. Johnius carut. Eloch, pi, 356. •* Labrus aneus. Anéi kattalel , par les Malais. Johnius aneus. Bloch^ pi. SSy- ^ Labrus cingulum. Labrus saturnio anticâ medietate lividus , postieâ fuscus, cîngulo inter- medio exalbido, punctis atro-purpureis capiti inspersi?. Commerson^ ma." nus crûs déjà cités ^ 5l8 HISTOIRE NATURELLE avoit fini parvenir des individus de cette espèce h. M. Spengler ; on le trouve aussi auprès des rivages occidentaux de France. Le karut et Fanéi, cjue Bloch avoit cru pouvoir comprendre dans un genre parti- culier, qu'il avoit consacré à son ami JoJin , vojageur et missionnaire dans les Indes, en donnant à ce grouppe le nom de johnius , nous ont paru devoir être inscrits avec les véritables labres, d'après les principes de dis- tribution méthodique que nous suivons; et, en effet, ils n'offrent aucun caractère qu'on ne retrouve dans une ou plusieurs espèces, considérées, par presque tous les naturalistes et par Bloch lui-même, comme des labres proprement di(s. Ce karut et cet anéi vivent dans les eaux salées des Indes orientales, et particu- lièrement dans celles qui baignent la grande presqu'isle de l'Inde , tant au levant qu'au couchant de cette immense péninsule. Quant aux autres huit labres nommés dans cet ar- ticle, nous en donnons les premiers la descri])tion, ^ Labnis digramma. ^ Labrus hololepldotus- ^ Labrus fa^niounis. ^ Labrus liortulanus. '° Labrus sparoïdes. " Labrus leopardiis. '■ Labrus malaptcrcnotug. " 7 orne J"/ 2<,. Ta./r :>ij^ J^c Jei>^ di'i iL^BRE Tœmaure Z L^B II E Fca- ferre J. E^BRE Jléirau^ue . DES POISSONS. 519 d'après les manuscrits de Comiiierson ou les dessins qui faisoient partie de ces manuscrits , et que nous avons fait graver. Ces huit labres habitent le grand Océan équatorial , ou les mers qui en sont voisines ; et le labre ceinture a été observé particulièrement auprès de l'Isle de France. Les deux mâchoires du microlépidote et du labre vieille sont aussi longues l'une que l'autre; elles sont de plus garnies de dents pointues et peu serrées ; et le karut et l'anéi n'ofîVent que des dents petites et pointues. Disons encore quelques mots des couleurs des douze labres que nous examinons. La dorsale du microlépidote * est presque entière- ment brune ; ses autres nageoires sont blanchâtres. Le dos et les flancs du karut réfléchissent un bleu d'acier; une nuance d'un beau jaune distingue son ventre et ses lignes latérales^ ses nageoires offrent un brun rougeâtre, excepté la dorsale et la caudale, cjui sont bleues. L'anéi a le dos noirâtre, les cotés blancs, les pectorales et les thoracines rougeâtres; la partie postérieure de la dorsale, l'anale et la caudale rouges '^Microlépidote désigne les petites écailles, digramme la donhle ligne latérale, hololépidole les écailles placées sur toute la surface de l'animal, tcenioure le ruban ou la bande que l'on voit sur la nageoire caudale, et malaptéronote les rayons mous qui composent seuls la nageoire dorsale, Mixoaî signifie petil^ hi-na écaille, Sa deux fois, yfa.i/.ij.c6 ligne , c.\os entier,^ To-uta. rulinn ou bande j èypa queue, u.a.f^.a.Koi 7nou, wlêfay nageoire jÇt vmt«; dos*- 52.0 HISTOIRE NATURELLE à leur base et bleuâtres à leur sommet. Le bord de la dorsale et de Tanale du labre ceinture est souvent blanclîâtre *, et l'on voit ordinairement sur Fangle postérieur de Topercule de ce poisson une tache noire, * 12 rayons à chaque nageoire pectorale cki labre microlépidote. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. i8 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque nageoire pectorale de la vieille, I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, 16 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du karut. 26 rayons à chaque nageoire pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine, Z rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à l'anale. 18 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale de l'anéi. 14 rayons à chaque nageoire pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cliaque thoracine, 2 rayons aig,uIllonnés et 7 rayons articulés à l'anale. 38 rajons à la caudale. 3 3 rayons à chaque nageoire pectorale de lu ceinture. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à la caudale. II rayons à chaque nageoire pectorale du digrammc. 6 rayons à chaque thoracine, 32 rayons à la caudale. 20 rayons à la caudale du labre hololépidote. i3 rayons à la caudale du taenioure, 32 rayons à chaque nageoire pectorale i\u parterre^ f.6 rayons à la caudale. To/fi <:* I'/ ^o J^,/(/f 5 zj 1. LABRE Léonard, t . IJIFTKROD ON Heœacmf/i*' 3 HOLO CKJVTIŒ Jariua DES POISSONS. 521 remarquable par un point blanc ou blanchâtre, qui lui donne l'apparence d'un iris avec sa prunelle. 17 rayons à la caudale du sparoïde. 12 rayons à la caudale du léopard. ïi rayons à la caudale du malaptéronofe. 7 Oi\1 E !1I. ^^^ LE LABRE DIANE', LE LABRE MACRODONTE% LE LABRE NEUSTRIEN^ LE LABRE CALOPSn LE LABRE ENSANGLANTÉ^ LE LABRE PERRUCHES LE LABRE KESLIK^ çt LE LABRE COMBRE^ La description comparée des six premiers de ces huit labres n'a encore été publiée par aucun naturaliste. Suivant le citojen Noël, qui nous a fait parvenir des notes manuscrites au sujet du labre neustrien et du ' Labrus diana. " Labrus macrodontus. ^ Labrus Neustriae. Grande vieille, ai/pi'ès de Fécavip. Bandoulière marbrée. ( Note tnanuscriie communiqués par le citojen Noël de Rouen.) * Labrus calops. La brune , par les pêcheurs de Dieppe. Bandoulière brune. ( Note manuscrite coinmuniquée par le citoyen "Noël de Rouen. ) ^ Labrus cruentatus. Lupus minimus , argenteus , maculis purpureis fessellatus. Peintures sur vélin faites d'après les dessins de Plumier ^ et déposées dans la hihlio^ îhèque du Muséum national d'histoire nalurells> 'J(>/?ie 3 /'/ _V 7'ûr/c' 3 22 ^^' r^ 1. **^ï. * . DeJeve.c/ct. JJCrouteite. Scalp. 1. ZABRE MaUptero?wte . 2 XABRE Deux -Croissants 3 CBEILINE Triloie Tome 3 . J'I 32 fa^c-âzÔ 2. LABRE J)ia/,<' z OSTORHll^QUE Fleuneu J. H OLO CENTRE Diadème HISTOIRE NATURELLE, 523 calops, ce dernier poisson a les deux mâchoires gar- nies d'une rangée de dents doubles et pointues. La dorsale du nenstrien présente des nuances et une disposition de couleurs assez semblables k celles que l'on voit sur les côtés de cet animal, et les pectorales, les thoracines, l'anale et la caudale, olirent des tons et une distribution de teintes pareils à ceux que montre le dos. L'iris du calops, qui est très-grand, ainsi que l'œil considéré dans son ensemble, est d'un noir si éclatant, que j'ai cru devoir tirer de ce trait de la physionomie de ce labre le nom spécifique de calops que j'ai donné à ce poisson, et qui signifie bel œil\ Le dos du labre calops est brunâtre; mais cet osseux est revêtu sur toute sa surface, excepté celle de sa tête, d'écaiiles fortes, larges et très-brillantes'. L'éclat des * Labrus psittaculus. Turdus marinus varius , vulgo petit perroquet. Peintures sur vélin faites ^ d'après les dessins de Plumier, et déjà citées. ' Labrus keslikr Labrus perdica. Linné, édition de Gmelin, Forshiel, Descript. anim. p. 84 , n. 26. Labre keslik. Bonnaterre , planclies de l' Encyclopédie méthodique, 5 Labrus cotnber. * Id. Linné , édition de Gmelin. Labre combre. Bonnaterre , planches de V encyclopédie mélliodiqtie. Coinber. Biit. Zcot.og,'^ , p. 210, n. 7. Raj. Fisc. p. ï(i?>yfg. 5. ' KaXos veut dire /}cou, et «4 œil. * Le citoyen Noë! , qui a disséqué le calops , nous écrit que ce po'sso» 5^4 HISTOIRE NATURELLE diamans et des rubis, qui charme les jeux dos obser- vateurs sur l'ensanglanté, est relevé par les nuances des nageoires, qui sont toutes dorées. L'anale du labre perruche est Jaune avec une bordure rouge, et sa cau- dale est également jaune, avec quatre ou cinq bandes courbes, concentriques, inégales en largeur, et alter- nativement rouges et bleues. Le kesiik a la tète brune, et la dorsale, ainsi que l'anale, rouges. Le combre a souvent le ventre d'un jaune clair, et les nageoires rougeâtres : il habite dans les mers britanniques j le keslik, dans celle (jui baigne les murs de Constanti- nople; les beaux labres ensanglanté et perruche vivent dans rAméri(|ue, oii ils ont été dessinés et observés avec soin par Plumier; le neustrien et le calops, près des rives de l'ancienne Neustrie ; et le labre diane *, dont nous devons la figure à Commerson, se trouve n'a point d'appendices ou cœciims auprès du pylore; que la vessie nata- toire est d'une grande capacité; qu'elle est située au-dessous de l'épine dorsale ; que cette épine est composée de vingt-deux vertèbres, dont dix répondent à la capacité du ventre, et que la cliair de cet animal est blanche, et ferme comme celle d'une jeune morue. * 12 rayons à la caudale du labre diane. 5 rayons à la membrane branchiale du labre macrodonfe. l5 rayons à chacune des pectorales. I rayon aigu lionne et 5 rayons articulés à chacune des thoracines, 14 rayons à la caudale. y rayons à la membrane branchiale du neustrien. i5 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune dt's thoracines, i5 rayons à la caudale. DES POISSONS. 5^5 dans le grand Océan équatorial : quant au raacrodonte, que nous avons décrit d'après des individus de la col- lection cédée à la France par la Hollande, nous ignorons sa patrie. 4 rayons à la membrane branchiale du calops. ly rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des lboracines> 22 rayons à la caudale. 12 rayons à la nageoire de l'anus de la perruche. 12 rayons à la caudale. 14 rayons à chacune des pectorales du keslik. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des {/oraclnes. 14 rayons à la caudale. 14 rayons à chacune des pectorales du combre. 5 rayons à chacune des thoracines. LE LABRE BRASILIEN^ LE LABRE VERD% LE LABRE TRILOBÉ % LE LABRE DEUX- CROISSANS\ LE LABRE HÉBRAIQUE% LE LABRE LARGE-RAIE% et LE LABRE ANNELÉ'. Blocii a publié la description et la figure clés deux premiers de ces labres ^ ; nous allons faire connoître les cinq autres , dont nous ayons trouvé des dessins ' Labrus brasilîensis. Tctimixira, au Bréail. JBlochj })l. 280. ' Labrus vlrlclls. Bloch, pi. 282. ^ Labrus tiilobatus. ^ Labrus biluuulatus. ^ Labrus hebraïcus. *• Labrus latovIttaUis, ' Labrus annulatus. ^ La belle gravure cnluti5in<5e du brasilien , que l'on trouve dans l'ou- vrage de Blocb , me paroît donju-r une fausse idée de la caudale de ce poisson, en ne la reprcs(Mi(ant pas comme fiilubée. SI mon opinion à cet <^gard n'étoit pas fondée, il faudioil ôler le brasilieu du troisième sous- genre des labres j el le placer dans le preniier. H î S T O î P; E NATURELLE, ÔEl'J parmi les manuscrits de Commerson. La ligue latérale des deux derniers de ces cinq labres, c est-à-dire, du lalire large-raie et de l'annelé, est courbe à son origine, et droite vers la nageoire caudale : une grande tache, ajant h peu près la forme d'un croissant, est d'ailleurs placée sur la base de la caudale de ce labre annelé, et occupe presque toute la surface de cette nageoire; on voit de plus une ou deux raies longitudinales sur Tanale de ce même poisson,.et une raie oblique passe au-dessus de chacun de ses j'eux. La dorsale et l'anale du trilobé sont bordées d'une couleur vive ou foncée. Le brasilien brille*, sur presque toute sa surface, de l'éclat de l'or, et cette dorure est relevée par quelques * II rayons à chacune des nageoires pectorales du labre brasilien, I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoraciues» i8 rayons à la caudale. 12 rayons à chacune des pectorales du labre verd, 6 rayons à chacune des thoraclnes, 14 rayons à la caudale. ï3 rayons à chacune des pectorales du trilobé. i3 rayons à la caudale. i3 rayons à chacune des pectorales du labre deux-crolssans. i5 rayons à l'anale. 9 rayons à la caudale. îo rayons à chacune des pectorales du labre hébraHjne. 16 rayons à la caudale. Il rayons à la caudale du large-raie. 7 rayons à chacune des pectorales de l'annelé. r3 rayons à la caudale.- 5^8 H ï s T o I R p: Naturelle. traits bleus, par le bleu des raies longitudinales qui s'étendent sur la dorsale et sur l'anale, et par la cou- leur également bleue des pectorales , des thoracines €t de la caudale : ce beau poisson vit dans les eaux du Brésil; il est recherché à cause de la bonté de sa chair, et sa longueur excède quelquefois un tiers de mètre. Le verd habite dans les eaux du Japon ; le trilobé, le deux-croissans, Thébraïque, le large -raie et l'annelé ont été vus dans le grand Océan équa- lorial. CENT CINQUIÈME GENRE. LES CHEILINES. I^a lèvre supérieure extensible ; les opercules des bran- chies dénués de jmjuans et de dentelure ; une seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos très-séparée de celle de la queue, ou très -éloignée de la nuque , ou composée de rayons terminés par un fJament ; de grandes écailles ou des appendices placées sur la base de la nageoire caudale, ou sur les cotés de la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. I. Le cheiline scare. r_ ,. i > , i i < Ues appendices sur les cotes de la queue. ( Cheilin us s carii s . ) E CHEILINE TRILOI [Cheilinus trilobalus.) t. trilobée. a. Le CHEILINE TRILOBÉ. fDeux lignes latérales ; la nageoire caudale l tril TOME \\\, ^7 LE CHEILINE SCARE". Il est peu de poissons, et même d'animaux, qui aient été, pour les premiers peuples civilisés de l'Europe, l'objet de plus de recherches , d'attention et d'éloges , que le scare dont nous allons parler. Nous avons cru devoir le séparer des labres proprement dits, et le mettre à la tête d'un genre particulier dont le nom cheiliiie ' indique la conformation des lèvres , qui » Cheilinus scarus. Sargo , dans le midi de l'Europe. Cantheno , ihid. Denté , dans quelques départemens méridionaux de France. Labrus scarus. Linné , édition de Gvielin. Labre scare. Daubenton et Haiijt Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique, Scarus aulorum. Artedij syn. B^. O <7x.a.fo<;. Aristot. lib. a, cap. 17 ; lih. 8 , cap. 2 ; et lib. 9 , cap. 87. lA.Mlian. lib. i , cap. 2 , p. 5; et lib. 2 , cap. 64. Oppian. lib. i , 7^ 5, 6 ; et lib. 2 , p. 53. Athen. lib. 7, /?. 819. Scarus. Vlin. lib. 9 , cap. 17. Aldrovand. lib. l , cap. 2 , p. 7. Scare. Rondelet j première partie , liv. 6 , chap. i^ Jonston, lib. i , til. 2 , cap. i , a. l , /. l3. Scaruspiscis. Jor. cap. i , p. 7. Willughhy , p. 3o6. JRaj. p. 129. Scarus. Pétri Artedi Syn. piscium, auctore J. G. Schneider, p. 85 et 3i8, Scare. Valmont-Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle, - X"^'5 signifie Uyn. HISTOIRE NATURELLE. 53 1 rapproche des labres cette petite famille , pendant qu'elle s'en éloigne par d'autres caractères. Mais il ne faut pas sur-tout le confondre avec les osseux connus des naturalistes modernes sous le nom de scares, qui forment un genre très-distinct de tous les autres, et qui diffèrent de notre cheiline par des traits très- remarquables , quoique plusieurs de ces animaux habitent dans la Méditerranée, comme le poisson dont nous écrivons l'histoire. La dénomination de scare est générique pour tous ces osseux qui composent une famille particulière j il est spécifique pour celui que nous décrivons. Nous aurions cependant, pour éviter toute équivoque, supprimé ou ce nom générique ou ce nom spécifique , si le premier n'avoit été générale- ment adopté par tous les naturalistes récens , et si le second n'avoit été consacré et par tous les écrivains anciens, et par tous les auteurs modernes qui ont traité du cheiline que nous examinons. Ce poisson non seulement habite dans la Méditerra-*. née, ainsi que nous venons de le dire, mais encore vit dans les eaux qui baignent et la Sicile , et la Grèce, et' les isles répandues auprès des rivages fortunés dé cette Grèce si fameuse. 11 n'est donc pas surprenant que les premiers naturalistes grecs aient pu observer cet osseux avec facilité. Ce cheiline est d'une couleur blanchâtre ou livide mêlée de rouge. Il ne parvient guère qu'à la longueur de deux ou trois décimètres. Les écailles qui le recouvrent sont grandes et très- SSii HISTOIRE NATURELLE IraDsparentes. Il montre, sur les côtés de sa queue, des appendices transversales, dont la forme et la pos-ition ont frappé les observateurs. La conformation de ses dents n'a pas été moins remarquée: elles sont émous- sées, au lieu d'être pointues, et par conséquent très- propres à couper ou arracher les algues et les autres plantes marines que le scare trouve sur les rochers qu'il fréquente. Ces végétaux marins paroissent être l'aliment préféré par ce cheiline , et cette singularité n'a pas échappé aux naturalistes d'Europe les plus anciens. Mais ils ne se sont pas contentés de rechercher les rapports que présente le scare entre la forme de ses dents , les dimensions de son canal intestinal , la qualité de ses sucs digestifs , et la nature de sa nour- riture très-différente de celle qui convient au plus grand nombre de poissons : ils ont considéré le scare connue occupant parmi ces poissons carnassiers la même place que les animaux ruminans qui ne vivent que de plantes, parmi les uiammifères qui ne se nour- rissent que de proie ; exagérant ce parallèle, étendant les ressemblances, et tombant dans une erreur qu'il auroit été cependant facile d'éviter , ils sont allés jusqu'à dire que le scare ruminoit ; et voilà pourquoi, suivant Aristote , plusieurs Grecs l'ont appelé f^vjpvKuu. Les individus de cette espèce vivent en troupes- et le poète grec Oppien, qui a cru devoir chanter leur affection mutuelle , dit que lorsqu'un scare a été pris à l'hameçon , vui de ses compagnons accourt, et coupe DES POISSONS. 533 îa corde qui retient le crochet et l'animal , avec ces dents obtuses dont il est accoutumé à se servir pour arracher ou scier Fherbe qui tapisse le fond des mers; il ajoute que si un scare enfermé dans une nasse cherche à en sortir la queue la première , ces mêmes compagnons l'aident dans ses efforts en le saisissant avec leur gueule par cette queue qui se présente à eux, et en la tirant avec force et constance; et enfin, pour ne refuser à l'espèce dont nous nous occupons, aucune nuance d'attachement, il nous montre les mâles accourant vers une femelle retenue dans une nasse ou par un hameçon, et s'exposant , pour l'amour d'elle , à tous les dangers dont les pêcheurs les me- nacent. Mais je n'ai pas besoin de faire remarquer que c'est un poète qui parle; et combien le naturaliste, plus sévère que le poète, n'est-il pas forcé de réduire h quelques faits peu extraordinaires, des habitudes si touchantes , et que la sensibilité voudroit conserver comme autant d'exemples utiles et d'heureux souve- nirs î Le scare s'avançoit, lors des premiers siècles de l'ère vulgaire, dans l'Archipel et dans la mer dite alors de Carpathie, jusqu'au premier promontoire de la Troade, C'est de ces parages que , sous l'empire de Tibère Claude, le commandant d'une flotte romaine, nommé Optatus FJiperùiLs ou Elipartlus , apporta plusieurs scares vivans qu'il répandit le long du rivage d'Ostie et de la Campanie. Pendant cinq ans, on^ eut le soiii 534 HISTOIRE NATURELLE de rendre à la mer ceux de ces poissons que les pêcheurs prenoient avec leurs lignes ou dans leurs filets; et par cette attention bien facile et bien simple, mais soutenue, les scares multiplièrent promptement et devinrent très-communs auprès des cotes italiques, dans le voisinage desquelles on n'en avoit jamais vu auparavant. Ce fait est plus important qu'on ne le croit, et pourroit nous servir à prouver ce que nous dirons, avant de terminer cette histoire, au sujet de laccli- matation des poissons , à ceux qui s'intéressent à la prospérité des peuples. Le commentateur d'Aristote, l'Egyptien Philoponus, a écrit vers la fin du sixième siècle, ou au commen- cement du septième, que les scares produisoient quel- que son, lors(|ue, placés à la surface de la mer, et élevant la tète au-dessus des ondes, ils faisoient jaillir l'eau de leur bouche avec rapidité. Peut-être en effet faudra-t-il attribuer à ces cheilines la faculté de faire entendre quelque bruissement analogue , et par sa nature, et par sa cause, à celui que font naître plu- sieurs trigles et d'autres espèces de poissons cartilagi- neux ou osseux, dont nous avons déjà parlé *. Dans le temps du grand luxe des Romains, le scare étoit très -recherché. Le poète latin Martial nous apprend que ce poisson faisoit les délices des tables les plus délicates et les plus somptueuses; que son foie * Voyez le Discours sur la nature des poissons. DES POISSONS. 535 étoit la partie de ce poisson que Ton préféroit ; et que même l'on mangeoit ses intestins sans les vider, ce qui doit moins étonner lorsqu'on pense que cet osseux ne vit que de végétaux , que de voir nos gourmets mo- dernes manger également sans les vider, des oiseaux dont l'aliment composé de substances animales est sujet à une véritable corruption. Dans le siècle de Rondelet , ce goût pour le scare , et même pour ses intestins, étoit encore très-vif: ce naturaliste a écrit que cet osseux devoit être regardé comme le premier entre les poissons qui vivent au milieu des rochers , que sa chair étoit légère, friable, facile à digérer, très-agréable , et que ses bojaux , qu'il ne falloit pas jeter, sentoient la violette. Mais le prix que l'on don- noit du scare , à l'époque où Rondelet a publié son Histoire des poissons, étoit bien inférieur à celui qu'on en ofFroit à Rome quelque temps avant que Pline ne mît au jour son immortel ouvrage. Ce poisson entroit dans la composition de ces mets fameux pour lesquels on réunissoit les objets les plus rares , et que l'on servoit à Vitellius dans un plat qui, à cause de sa grandevn-, avoit été appelé le bouclier de Minerve. Les entrailles du scare paroissoient dans ce plat avec des cervelles de faisans et de paons , des langues de phé- nicoptères, et des laites du poisson que les anciens appeloient murène, et que nous nommons murénophis. Au reste, ce ne sont pas seulement les plantes ma- rines qui conviennent au scare :il se nourrit aussi de S36 HISTOIRE NATURELLE. végétaux terrestres; et voilà pourquoi, lorsqu'on a voulu le pêcher, on a souvent emplojé avec succès, pour amorce , des feuilles de pois, de fèves, ou d'autres plantes analogues à ces dernières *. * Le scare a le cœur anguleux, le foie divisé en trois lobes, l'estomac petit , le pylore entouré de quatre ou cinq ccecums , et le casai intestinal eourbé plus d'une ibis. LE CHEILINE TRILOBÉ*. Suivant Commersoii , dans les papiers duquel nous avons trouvé une note très-étendue sur ce cheiline encore inconnu des naturalistes , le trilobé a la gran- cjeur et une [)ar(ie des proportions d'une carpe ordi- naire. La couleur générale de ce poisson est d\ui brun bleuâtre relevé sur la tète, la nuque et les opercules, 'par des traits, des taches ou des points rouges, blancs et jauhes. Ses pectorales sont jaunes, particuliè- rement à leur base ; et ses thoracines variées de rouge. La tète et le corps du trilobé sont d'ailleurs hauts et épais. Presque toute sa surface est revêtue d'écaillés arrondies, grandes et lisses. Les deut dents antérieures de chaque mâchoire sont plus longues que les autres. Deux laraes composent chaque opercule. Indépendam- ment de la forme trilobée et de la surface très-étendue de la caudale, cette nageoire est recouverte à sa base et de chaque côté par trois ou quatre appendices presque membraneuses, semblables par leur forme à des écailles longues , larges et pointues, et qui flottent, pour ainsi dire, sur cette même base, à laquelle elles * Cheilinus trilobatus. Labriis capite guttato, caudâ trîcuspidatâ, sqiiamîs membranaceis ad baslm imbricatîs. Comwersnu , vunuscrits iJc'ja cilés. TOME 111. 6i-> 4 538 HISTOIRE naturelle; ne tiennent que par une peti(e portion de leur con- tour. La dorsale et Tanale se prolongent en pointe vers la caudale. Les deux litcnes latérales sont très- droites : la supérieure règne depuis loperciile jusque vers la fin de la dorsale; la seconde va depuis le point correspondant au milieu de la longueur de Tanale, jusqu'aux appendices de la nageoire de la queue; et chacune paroît composée de petites raies qui, par leur ligure et leur position, imitent une suite de caractères chinois. Commerson a observé le trilobé, en 1769, dans la mer qui baigne les cotes de l'isle de la Réunion, de celle de France, et de celle de Madagascar*. * g rayons aiguillonnés et lo rayons articulés à la nageoire du dos. 12 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à cliacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 9 rayons articulés à l'anale. 12 rayons à la nageoire de la cjueue. CENT SIXIÈME GENRE. LES CHEILODIPTÈRES. JLa U'^'te supérieure extensible; point de dents incisii>es, ni molaires; les opercules des branchies , dénués de pi(juans et de dentelure; deux juigeoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue , fourchue, ou en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. (Sept rayons aiguillonnés et plus longs que la membrane , à la première nageoire du dos j la caudale fourchue ; la mâclioire infé- ( Clieilodipterus he]Hacan-\ rieure plus avancée que la supérieure; les tlius. ) I opercules couverts d'écaillés semblables à ^ celles du dos. iNeuf rayons aiguillonnés à la première dor- sale, qui est arrondie; la caudale en crois- sant ; les deux mâchoires à peu près aussi longues l'une que l'autre ; la seconde dor- sale , l'anale, la caudale et les thoracines dorées. 3. Le cheilodiptere fNeuP rayons aiguillonnés à la première dor- _ . Yg . j sale ; la caudale en croissant ; la mâchoire iClieilodiplcrus lincatus.) ) i"f^»ieure un peu plus avancée que la su- l, périeure j les dents longues, crochues, et S4< HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. séparées l'une de l'aiitie; une bande trans- versale , large et courbe , auprès de la caudale 5 liuit raies longitudinales de cbaque côté du corps. Neuf rayons aiguillonnés à la première na- geoire du dos; quatorze rayons à celle de l*anus ; la caudale en croissant; la tête et les opercules dénués d'éaailles semblables à celles du dos ; la couleur générale argen- tée , sans bandes , sans raies et sans taclies. 3. Le cheilodiptère RAYÉ. ( Cheilodi]Hcriis lineatm \. Le cheilodiptère MAURICE. ( Cheilodipterus Maiirilii.) SECOND SOUS -GENRE. La nageoire de la qiieiie^ rectlligne, ou arrondie* ESPÈCES. CARACTÈRES. „ _ . /Neuf rayons aio-uillonnés à la première na- 5. Le CHEILODIPTERE i • , 1 , t 1 f 1 I eeoire du dos; les deux dorsales et \a cau- CTANOPTERE. I , , , , / . ! rv 1 / dale bleues; la cauciaie rectiJigne; la ma- ( Cheilodipterits cyanopîe-\ ■ , . , ,,. I cJioire supérieure plus avancée que 1 mie- V^ neure, qui est garnie u un barbillon. 6. Le CHEILODIPTÈRE [Cinq rayons aiguillonnés à la première dor- EOOPS. l sale; les yeux très-gros; la mâchoire infé- [Chcilodipîerus hoops.) \ rieure plus avancée que la supérieure» IDix rayons aiguillonnés à la première dor- sale ; la caudale arrondie; la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure j plusieurs rangs de dents crochues et iné- gales; plusieurs rayons de la seconde dor- sale terminés par des filarnens. 8, Le CHEILODIPTÈRE (Sept rayons aiguillonnés à la première na- MACROLÉPirJDTE. ) geoire du dos; la caudale arrondie ; la ( Cheilodipienis matrolepi-\ mâchoire inférieure un peu plus avancée doiiis.) \ q^ue la supérieure j l'entre-deux des yeux. DES POISSONS. S4I ESPÈCES. CARACTÈRES. 8. Le cheilodiptÈre f très-relevé; les opercules et la (été garnis MACROLÉPIDOTE. j d'écailîes de même figure que celles du ( Cheilodipierus inaciolcpi-\ dos ; le corps et la queue revêtus de grandes Juins.) \ écailles. ISept rayons aiguillonnés à la première na- geoire du dos; la caudale îazicéolée ; les niâclioires égales; de petites taches sur les deux dorsales) la caudale, et la nageolie de l'anus. LE CHEILODIPTÈRE HEPTACANTHE \ LE CHEILODIPTÈRE CHRYSOPTÈRE% ET LE CHEILODIPTÈRE RAYÉ^. Le premier de ces trois cheilodiptères a été dessiné sous les jeux de Comiiierson, qui la vu daus le grand Océan équatorial. Nous lui avons donné le nom ùliep- iacaiiilie\ pour indiquer les sept rajons aiguillonnés, forts et longs, que présenle la première nageoire du dos, et à la suite desquels on a[)pcrçoit un huitième rajon très-petit. La seconde dorsale est \m\ peu en forme de faux'. Nous n'avons pas besoin de faire observer que le nom générique chcilodlptcre désigne la forme des lèvres, semblable à celle que présentent ' Cheiîodipterus îiepUicanlhus. ^ Cheiîodipterus chrysoptcrus. Clielonig;er ex aiiro et argenteo virgatus. Peintures sur vélin , cVapri-s les dessins de Phniner. 3 Ciieloclipterus lineatus, ''* ETTJi signifie scpl j et a.Kty.t'^ a. piquant , épine, aiguillon. ^ 24 rayons à la seconde dorsale de l'heptacanihc. i3 rayons à l'anale. i5 lavons à la caudale. Ta/ne 3. J'iSS.Taye 543\ 1. CHEILODIPTEKK r/,ry.f,y>fère 2 SPARK JToA>ryii„e'^.re J.SrARE Aoayeo? HISTOIRE NATURELLE. 548^ les lèvres des labres , et les deux nageoires que Foii voit sur le dos de rheptacauthe et des autres poissons compris dans le genre que nous examinons. La seconde espèce de ce genre, celle que nous appe- lons le çhrjsoptère\ est encore inconnue des natura- listes, de même que l'heptacanthe, le rajé, le cya- noptère et l'acoupa. Cet osseux chrjsoptère vit dans les eaux de l'Amérique méridionale, où Plumier Ta dessiné. Ses couleurs sont (rès-belles. Indépendamment de celle qu'indique le tableau générique, il présente le ton et Féclat de l'argent sur une très-grande partie de sa surface. \J\\e nuance d'un noir rougeâtre ou violet est répandue sur le dos, sur les côtés, où elle forme, à la droite ainsi qu'à la gauche de l'animal, neuf grandes taches ou bandes transversales , un peu trian- gulaires et inégales, sur le premier rajon de l'anale, et sur le premier et le dernier rajon de la nageoire de la queue. Quatre raies longitudinales et dorées régnent d'ailleurs de chaque côté du chrjsoptère, dont l'iris brille comme une topaze \ Le rajé % dont nous avons fait graver la figure " - I II I 11 I— ^— ^p— — ^— — . I I, LU- ' Xov<^^i veut dire or, et itt^^ov nageoire. ' 10 rayons à la seconde dorsale du chrysoptère- 11 rayons à l'anale. 2 10 rayons à la seconde dorsale du rayé. 8 rayons à chaque pectorale. 12 rayons à Tanale. ï5 rayons à la caudale.. 544 ^^ ^ ** ^' OIRE NATURELLE, d'après un dessin trouvé dans les papiers de Com- nierson , habite , comme Theptacanthe, dans le grand Océan éqnatorial. Ses yeux sont gros, très-brillans, et entinirés (Vun cercle dont la nuance est très-éclatante. To7ne 3. PI 34 Pa^e S 44 ^'<^bv i^ i>.-. '>,.,. y>,./ 1. CHEILODIPTMBJE JU^ye' Z.LUTJANMwrosà>T?i^ i.HOLOCJ^N'TliE JalmoiJe . \ LE CHEILODIPTÈRE MAURICE'. Nous rapportons au premier sous-genre des cheilo- diptères ce poisson, que Blocli a compris parmi les thoracins auxquels il a donné le nom de sciènes. Mais nous avons déjà vu les raisons d'après lesquelles nous avons dû adopter une distribution méthodique diffé- rente de celle de ce célèbre ichtliyologiste. Cet habile naturaliste a décrit cette espèce d'après un dessin et un manuscrit du prince J. Maurice de Nassau -Siegen, qui, dans le commencement du dix-septième siècle, gouverna une partie du Brésil, et dont il a donné le nom à ce thoracin , pour rendre durable le témoi- gnage de la reconnoissance des hommes instruits envers un ami éclairé des sciences et des arts. Le chei- lodiptère maurice vit dans les eaux du Brésil, où il parvient à la grandeur de la perche. Sa ligne laté- rale est dorée; ses nageoires présentent des teintes couleur d'or mêlées à des* nuances bleuâtres ; et ce même bleu règne sur le dos du poisson \ * Cheilodipterus Mauritli. Guavu, au Brésil. Sciaena Mauritli. Bloch, pi. 307,/^. r. ^ 2 rayons aiguillonnés et i5 rayons articulés à la seconde dorsale. 10 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 rayons aiguillonnés et 11 rayons articulés à la uageoire de l'anus. 17 rayons à celle de la queue, TUME 111. ^9 LE CHEILODIPTÈRE CYANOPTÈPlE \ LE CHEILODIPTÈRE BOOPS% ET LE CHEILODIPTÈRE ACOUPA^. Le cjanoptère et rciconpa n'ont pas encore été dé- crits. Nous faisons connoître le premier d'après un dessin de Plumier, et le second d'après un individu femelle qui m'a été adressé des environs de Cajenne par le citojen le Blond , que j'ai déjà eu occasion de citer avec gratitude dans cet ouvrage. Ces deux espèces vivent dans l'Amérique méridionale, ou dans la partie de l'Amérique comprise entre les tropiques. Quant au boops , il se trouve dans les eaux du Japon. Le nom spécifique de ce dernier, qui veut dire œil de hœiij'. ' Cheilodipterus cyanopterus. Gry-gry. Gro-gro. Chromis, seu tembra auieo-caerulea, linuris fuscis variegata. Peintures sur vélin d'après les dessins de Plumier. ' Cheilodipterus boops. * Labrus boops. Linné, édition de Gnielin. Boutlujn, Mém, de Haarl. vol. XX, p. 826. Labre grand-œil. Bonnaterre, planches de V Encyclopédie métlîodiqiw^. ^ Cheilodipterus acoupa. HISTOIRE NATURELLE. 5^J désigne la grandeur du diamètre de ses jeux, qui , par une suite de leurs dimensions , sont très-rapprochés l'un de Tautre , et occupent presque la totalité de la partie supérieure de la tête. Ses opercules sont garnis d'écaillés semblables à celles du dos. Ceux de Tacoupa sont composés chacun de deux pièces. On compte une pièce de plus dans l'opercule du cjanoptère; et cette troisième pièce est échancrée du côté de la queue, assez profondément pour j présenter deux saillies ou prolongations , dont la supérieure a le bout un peu arrondi, et l'inférieure l'extrémité très-aigué. L'acoupa montre une ligne latérale prolongée jusqu'à la Rn de la nageoire caudale. La ligne latérale du cjanoptère' divise d'une manière très -tranchée les couleurs de la partie supérieure de l'animal et celles de la partie inférieure % Au-dessus de cette ligne, le cjanoptère est ' Kvoi.moç signifie bleit, et cjanoptère désigne la couleur bleue des dorsales et de la caudale du poisson auquel nous avons cru devoir donner ce nom spécifique. ~ I rayon aiguillonné et 18 rayons articulés à la seconde dorsale du cyanoptère. 11 ou 12 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 6 rayons articulés à chacune des thoracinCs. 12 rayons à la caudale. 12 rayons à la seconde dor«ale du boops. 14 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. II rayons à l'anale. 22 rayons à la caudale. S48 HISTOIRE naturelle; varié de nuances dorées, vertes et ronges, disposées par bandes étroites, inégales, ondulées, et inclinées vers la caudale , tandis qu'au-dessous de cette même latérale on voit des bandes pins irrégulières, plus sinueuses, plus inclinées, et qui n'offrent guère que des teintes vertes et brunes. Au reste , les pectorales , les thoracines et lanale du cjanoptère réfléchissent l'éclat de l'or. 6 rayons à la membrane des branchies de l'acoupa. I rayon aiguillonné et 18 rayons articulés à la seconde nageoire du dos. 17 rayons à chacune des pectorales. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chacune des tlioracines. I rayon aiguillonné et 7 rayons articulés à l'anale. 20 rayons à la caudale. LE CHEILODIPTÈRE MACROLÉPIDOTE \ E T LE CHEILODIPTÈRE TACHETÉ\ Le macrolépicîote et le tacheté ont été décrits par Bloch. Le premier vit dans les Indes , suivant cet ichthjoîogiste. Les deux mâchoires de ce cheilodiptère sont hériî-sées de dents petites, aiguës et égales. Ses écailles sont grandes, mais unies et tendres. Sa couleur générale est d'un jaune doré avec six ou sept bandes transversales violettes. Les pectorales sonfd'un jaune clair; les thoracines d'un rouge couleur de brique; les dorsales, l'anale, et la nageoire de la queue, jaunes dans la plus grande partie de leur surface, bleuâtres à leur base , et marquées de plusieurs rangs de taches petites, arrondies et brunes ^ ^ Cheilodipterus inacrolepidotus. Sciène à grandes écailles. Bloch j pi, 2g8. ' Cheilodipterus Tnaculatus. Sciaena niaculata, umbre tachetée. Bloch^pL zgg,^^. 2, ^ 10 rayons à la seconde dorsale du macrolépidote, i.Tà chaque pectorale. 6 à chaque thoracine. I rayon aiguillonné et 10 rayons articulés à la nageoire de l^aniis. ^i8 rayons à la caudale. Soo fi I s T o I R f: naturelle. Les taches que l'on voit sur la caudale , Faiiale et les dorsales du cheilodiptère tacheté , sont d'une nuance plus foncée, mais d'ailleurs presque sem- blables h celles du macrolépidote , et disposées de même. Les nageoires du tacheté présentent aussi des couleurs générales de la même teinte que celles de ce dernier cheilodiptère : mais ses thoracines sont jaunes, et non pas rouges ; et de plus , au lieu de bandes vio- lettes sur un fond d'un jaune doré , le corps et la queue offrent des taches brunes, grandes et irrégulières, placées sur un fond jaune. Le devant de la tête est, en outre, dénué d'écaillés semblables à celles du dos ; la langue lisse et un peu libre ; et chaque mâchoire garnie de dents courtes, pointues, et séparées les unes des autres *. * 4 rayons à la membrane brancliiale du tacheté. 9 rayons à la seconde nageoire du dos. 12 rayons à chaque pectorale. I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracîne. I rayon aiguillonné et y rayons articulés à la nageoire de l'anus» 2 5 rayons à celle de la queue. CENT SEPTIÈME GENRE. LES OPHICÉPHALES. Point de dents inciswes ni molaires; les opercules des branchies dénués de picjuans et de dentelure; une seule nageoire dorsale; la tête aplatie, arrondie par-devant, semblable à celle d'un serpent^, et couverte d'ecailles polygones, plus grandes que celles du dos, et disposées à peu près comme celles que Ton voit sur la tétt delà plupart des couleuvres; tous les rayons des nageoires articulés» ESPECES. ■ CARACTÈRES, I. L'OPH 1 C ÉPH AL E ( KARRUWEY. \ T''^"*^'"" rayonp à la nageoire du dos; tout {0;hicephalus J:arru^'ey.) \ ^' ^°'"P^ P^*"'^"^^ ^^ P°'"'« "°"^'-S- 2. L'OPHICÉPHALE WR A HL.JQ"'''''''"^^-*'"^'^ v^jon^ à la nageoire dorsale;, {Ophtceplialus ^vrahl ) | "" §'"^"^ nombre de bandes étroites , Uans. l versales et irr(^2ulièrcf= L'OPHICÉPHALE KARRUWEY'. E T L'OPHICEPHALE WRAHLs IjE naturaliste Bloch a fait connoître le premier ce genre de poissons , qui mérite l'attention des physi- ciens et par ses formes et par ses habitudes. Indépen- damment de la conformation particulière de leur iète, que nous venons de décrire dans le tableau générique, et qui leur a fait donner par Bloch le nom d'op/iicc- phale, lequel veut dire îcte de sfrpcnL % les osseux compris dans cette petite famille sont remarquables par la forme des écailles qui recouvrent leurs oper- cules, leur corps et leur queue. Ces écailles, au lieu d'être ou lisses , ou rajonnées , ou relevées par une arête, sont parsemées , dans la portion de leur surface qui est découverte, de petits grains ou de petites élé- vations arrondies qui les rendent rudes au toucher^ ' Ophlcephalus karruwey. Op'iicephalus punctatus. Bloch, -pi. 358. - Oplûcephalus strialus. Bloch, pi. 35g. ^ 'Q<^ii signifie serpeni ; et »!Ç'«à>5j, tête. HISTOIRE NATURELLE. 553 Les eaux des rivières et des lacs de la côte de Coro- maiidel, et particulièrement du Trauquebar, nour- rissent ces animaux: ils sV tiennent dans la vase, et ils peuvent même s'enfoncer dans le limon dautant plus profondément, que la pièce postérieure de cha- cun de leurs opercules est garnie intérieurement d'une sorte de lame osseuse , perpendiculaire à ce même opercule , et qui . en se rapprochant de la lame opposée, ne laisse pas de passage à la bourbe ou terre déla"^ ée , et ne s'oppose pas cependant à Feutrée de l'eau nécessaire à la respiration de l'ophicéphale. Le côté concave des arcs des branchies est d'ailleurs garni d'un grand nombre de petites élévations hérissées de pointes, et qui contribuent à arrêter le limon que Teau entraineroit dans la cavité branchiale, lorsque l'animal soulève ses opercules pour faire arriver au- près de ses organes respiratoires le fluide sans lequel il cesseroit de vivre. On ne couipte encore que deux espèces d'ophicé- phalesile karruwey, auquel nous avons conservé le nom que lui donnent les Tamules; et le u-ralil, auquel nous avons cru devoir laisser la dénomination emplojée par les Malais pour le désigner. Le premier de ces ophicé- phales a l'ouverture de la bouche médiocre , les deux mâchoires aussi longues l'une que l'autre et garnies de dents petites et pointues, le palais rude, la [langue lisse , l'orifice branchial assez large , la membrane branchiale cachée sous l'opercule, le ventre court, la TOME iii. 70 554 HISTOIRE NATURELLE ligne latérale droite, le corps et la queue alongés, la caudale arrondie, la couleur générale d'un blanc sale , rextrémité des nageoires noire , et presque toute la surface parsemée de points noirs *. C'est un de ces poissons que l'on trouve dans les rivières de la partie orientale de la presqu'isle de l'Inde, et particulière- ment du Kaiveri , lorsque, vers le commencement de l'été et dans la saison des pluies, les eaux découlant abondamment des montagnes de Gâte, les fleuves et les lacs sont gonflés , et les campagnes arrosées ou inondées. Il présente communément une longueur de deux ou trois décimètres, est recherché à cause de la salubrité et du bon goût de sa chair, se nourrit de racines d'algue , et fraie dans les lacs vers la fin du printemps, ou le milieu de l'été. Le missionnaire John avoit envoyé des renseignemens sur cette esj:)èce à sou ami Bloch , en lui faisant parvenir aussi un individu de l'espèce du vraJi/. ♦ Ce second ophicéphale a sa partie supérieure d'un verd noirâtre, sa partie inférieure d'un jaune blan- châtre, et ses bandes transversales jaunes et brunes. Il parvient quelquefois à la longueur de douze ou treize décimètres. Sa chair est agréable et saine; et comme * A la membrane branchiale du karrun ey , 5 rayons., à cbacune de ses pectorales i6 à chaque thoracine 6 à l'anale 22 à la nageoire de la queue 14 DES POISSONS. 555 il se tient le plus souvent dans la vase , on ne cherche pas à le prendre avec des filets , mais avec des bires ou paniers d'osier, ronds, hauts de six ou sept déci- mètres, larges vers le bas de quarante-cinq ou cin- quante centimètres, plus étroits vers le haut, et ouverts dans leur partie supérieure. On enfonce ces paniers en différens endroits pkis ou moins limoneux j on sonde, pour ainsi dire; et le mouvement du poisson avertit de sa présence dans la bire le pêcheur atten- tif, qui s'empresse de passer son bras par l'orifice su- périeur du panier, et de saisir l'ophicéphale *. * A la membrane branchiale du wrahl, 5 rayons, à chaque pectorale 17 à chaque thoracine 6 à la nageoire de l'anus 26 à la caudale, qui est arrondie , 17 C E N T H U I T I È M E GENRE. LES H O L O G Y M N O S E S. Toute la surface de T animal dénuée d'écaillés facile-* ment 7'isibles- la queue représentant deux cônes tron- (jués, appliqués le sommet de Vun contre le sommet de Vautre, et inégaux en longueur; la caudale très-courte; chaque tlioracine composée d'un ou plusieurs rayons mous et réunis ou enveloppés de manière à imiter un barbillon charnu. ESPÈCE. CARACTÈRES. Dix-huit rayons à la nageoire du dos , qui est T > . ri longue et basse: Quatorze bandes trans- L HOLOGYMNOSE FASCE. I *. . ' ^ ,.. ( Uologjmnosus fasciatiis.) vcrsales , étroites , régulières et inégales , et trois raies très-courtes et longitudinales, de chaque côté de la queue. L'HOLOGYMNOSE FASCÊ-. Aucun auteur n'a encore parlé de ce genre dont le nom hologymnose (entièrement nud^) désigne Tun de ses principaux caractères distinctifs, son dénuement de toute écaille facilement visible. Nous ne comptons encore dans ce genre particulier qu'une espèce, dont nous avons fait graver la figure d'après un dessin de Commerson , et que nous avons nominée IJiohgymnose fascc, à cause du grand nombre de ses bandes trans- versales. La forme de sa queue , qui va en s'élargissant à une certaine distance de la nageoire caudale, est très-remarquable , ainsi que la brièveté de cette cau- dale , qui est presque rectiligne. Les deux mâchoires sont à peu près égales et garnies de dents petites et aiguës. La dernière pièce de chaque opercule se ter- mine par une prolongation un peu arrondie à son extrémité. L'anale est moins longue, mais aussi étroite que la dorsale. Cette dernière offre, avant cl>acun des dix derniers ravons qui la composent, une tache sin- gulière qui , en imitant un petit segment de cercle dont la corde s'appuieroit sur le dos du poisson, présente une couleur vive ou très-claire , et montre dans sa partie ? Hologymnosus fasciatus» ""_ 0 7rj: veut dire entier;^ et yvf.vo^ signifie mid. 558 H I s T O I R E NATURELLE. supérieure une première bordure foncée , et une seconde bordure plus foncée encore. Les quatorze bandes que Fou voit sur chaque côté de la queue, n'aboutissent ni au bord supérieur ni au bord infé- rieur du poisson. Les trois raies qui les suivent ne touchent pas non plus à la caudale. On distingue un© raie étroite et quelques taches irrégulières sur l'anale, et d'autres taches nuageuses paroissent sur la tête et sur les opercules*. L'hologjmnose fascé vit dans le grand Océan équatorial. Nous ignorons quelles sont les qualités de sa chair. * i6 rayons à I*anale. lo à la caudale. FIN DU TOME TROISIEME. DjE L'IMPRIMERIE DE P L A S S A N. S0> ■?,.