HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY LiBRARY OF SAMUEL GARMAN CXyW/tcOAA/ û^d^^ I i ^ i \ • JAN 2 2 Î929 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, avec les figures dessinées d'après nature PAR BLOC H. Ouvrage classé par ordres , genres et espèces , d'après le système deLiniié; /■ r AVEC LES CARACTERES GENERIQUES ; Par RENÉ-RICHARD CASTEL , auteur du poëni« des Plantes. TOME IV. DE L'IMPRIMERIE DE CRATELET, A P A R I S, Chez Deterville, rue du Battoir, n° 16. AN IX. CA:.:-ulDGii. MA USA HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. SUITE DU XXXV^II^ GENRE. LE LABRE A CINQ TACHES, LABRUS QUINQUEMACULJTUS. Xj a tête couverte d'écaillés , et les quinze aiguillons du dos, font les ca- ractères de ce poisson. La membrane branchiale a cinq rayons , la nageoire pectorale en a quinze, la ventrale six, celle de l'anus douze , celle de la queue seize , et la dorsale vingt-cinq. Excepté la différence marquée, la tête est comme celle de tous les autres labres : il en est de même des autres Poissons, IV. 1 2 HISTOIRE NATURELLE parties de la bouche , et des branchies simples. Les yeux consistent en une prunelle noire et un iris jaune: devant les yeux l'on voit une narine solitaire ovale , et dessous Pon apperçoit un demi-cercle de canaux pituitaires. L'o- percule , qui forme chez la plupart des poissons de celte espèce une membrane pointue , est rond chez celui-ci , et sur- monté d'une tache noire; la membrane des ouies est couverte pour la plus grande partie ; la ligne latérale est courbée à la fin de la nageoire dorsale , et l'anus approche plus de la nageoire de la queue que de la tête : l'on apper- çoit à ce poisson cinq taches , dont l'une marque le nez , une l'opercule postérieur , une autre la nageoire de l'anus , et deux la dorsale ; les na- geoires courtes ont des rayons four- chus. La dorsale est armée de quinze aiguillons ; trois défendent la nageoire de l'anus, et un la ventrale. Le fond du poisson est d'un jaune ^'•..-^.JDGH. MA.U.3A l'a^e 3. To7n ■ ir. i.LK LAliKE k petites écaïUcs . i.LAVIFJl.LK de mer . ?, . LE LAl'^lŒ tacheté' . DU LABRE, &c. 3 qui tire sur le violet foncé , et il n'y a que la tête qui ait plus de violet que de jaune : les nageoires sont d'un janne pâle, et le bord en est violet. Mon ami, M. Spengler , inspecteur du cabi- net de curiosités àCopenbague, m'a . procuré ce poisson, qu'il a reçu de la Nor^vège. On le nomme : he Labre à cinq taches , en français. Derfunfflechige Lîppfisch , en allemand. Thefive maculated Harasse , en anglais. LE LABRE A PETITES ÉCAILLES , LABRVS MICROLEFIDOTUS, Les écailles qui couvrent les oper- cules distinguent ce poisson des autres de ce genre , et le manque des taches , de celui que nous venons de décrire. Je ne puis déterminer le nombre des rayons de la membrane bran- chiale , vu que le peintre , qui l'a des- siné pour moi dans la collection de M. Linke à Leipzig , n'y a pas fait 4 HISTOIRE NATURELLE attention. Il trouva douze raj'^ons dans la nageoire pectorale, six dans la ven- trale , treize dans celle de l'anus , dix- huit dans celle de la queue , et trente dans la dorsale. La tête est étroite et sans écailles jusqu^aux ojoercules ; les narines sont solitaires , et près des yeux, dont la prunelle noire est bordée d'un iris jaune étroit , et d'un autre large cou- leur d'argent j l'ouverture delabouclio est petite •, les mâchoires sont de lon- gueur égale , n'ayant qu^un rang de dents pointues et non serrées : l'ou- vertvire des ouies est large j leur nieni- hrane est cachée. La ligne latérale est voisine du dos, et l'anus est presqu'au centre du tronc j les écailles sont trèvS- petites -, la tête et le dos sont d'un jaune-brun , et les côtés sont argen- tins de même que le ventre : la na- geoire dorsale est presque générale- ment brune , et elle n'a que le bout blanchâtre , couleur également propre DE LA VIEILLE DE MER. 5 anx autres nageoires j les nageoires pectorales sont plus en avant que les ventrales , et les rayons de celles-cî , comme des autres , sont tous à quatre branches , à l'exception du premier r la nageoire du ventre a un aiguillon , celle de l'anus trois, celle du dos dix- sept. Je ne connois 'pas la patrie de ce poisson. On le nomme : he Labre à -petites écailles , en finançais. Den kleinschuppigen Lippfisch y en alle- mand. Et i he Utile scaled Wrasse , en anglais. LA VIEILLE DE MER, LABRVS V ET V LA. Le bord noir des nageoires du ven- tre, de l'anus et de la queue , désigne ce poisson. La membrane branchiale est soute- nue par six rayons, la nageoire pecto- 6 HISTOIRE NATURELLE raie en contient quatorze , la ventrale six, celle de l'anus quatorze , celle de la queue seize , et la dorsale vingt-neuf. La tête est en forme de coin , et sans écailles jusqu'aux yeux ; les narines sont doubles , et plus près des yeuK que des grosses lèvres j l'ouverture de la bouche est petite ; le palais et la langue dégagée sont lisses, et la gueule con- tient trois os avec des dents en forme de perles ; les mâchoires d'égale lon- gueur ne sont armées que d'une ran- gée de dents pointues j les opercules sont écailleux , et l'on voit à l'inté- rieur de l'opercule du devant une bran- chie simple ; les yeux sont placés près du sommet : ils ont la prunelle noire dans un iris bleu , et sont munis d'une membrane clignotante. L'ouverture des ouies est grande , et la membrane se cache pour la plus grande partie ; le tronc et la moitié de la nageoire de la qneue sont couverts d'écaillcs lisses ; la ligne latérale est non loin du dos , DE LA VIEILLE DE MEP.. 7 et fort courbée vers le bout de la dor- sale; l'anus occupe le milieu du tronc ; la tête est roiigeâtre , le tronc jaune , marqué de taches couleur de plomb , qui est aussi la couleur du dos. Les na- geoires sont pour la plupart bleuâtres-, celles du ventre , de l'anus et de la queue sont bordées de noir , et les deux dernières , de même que la dorsale , marquées de gouttes. Tous les rayons ont quatre branches, excepté à la na- geoire de la queue , où ils sont à plu- sieurs rameaux : la ventrale a un ai- guillon, la nageoire de l'anus trois , et la dorsale seize. Ce poisson se trouve en Norwège , aux côtes de la Bretagne et dans la Normandie : le mien que j'ai reçu de mon ami M. Spengler , est de la mer du Nord , et M. Duhamel nous parle des deux autres régions qu'habite cette espèce. Il acquiert dix à douze pouces de longueur ) il est charnu et de bon goût , 8 HISTOIRE NATURELLE sur -tout quand il a demeuré sur un fond net : les Bas - Bretons en font grand cas ; on l'y sale , et on le con- serve ainsi. Il vit de proie , et on le prend aisément à la ligne. On le nomme : En France , Vieille , Vielle , Carpe de mer. X-es habitans de Granville le nom- ment , Vrac , Vracq. A Tréguier et à Lannion , il s'appelle Crahatte, Les Allemands lui donnent le nom de Seeweib. Et les Anglais celui de Sea-wife. Je n'ai point appris le nom que lui donnent les Norwégiens. J'ai vainement cherché ce poisson dans les livres d'histoire naturelle du Danemarck et de Norwège ; car j e n'eu ai rencontré aucun, dont le nombre des aiguillons ou des rayons eût ré- pondu à celui de ce poisson. Le dessin que nous a donné Duha- DU LABRE TACÏIETi:. 9 ïnel n'est pas des meilleurs j car les écailles sont mal rendues , l'aiguillon de la ventrale manque , et la nageoire de l'anus en exprime à peine un seul» Aussi la vessie à l'anus ne doit pas en- trer dans le dessin, car ce n'en est qu'un morceau pendant au -dehors : cet accident arrive souvent lorsque le poisson est pressé, ou qu'il entre en pourriture. LE LABRE TACHETÉ, LABRVS M A C V L AT V S. Les nageoires tachetces et les vingt aiguillons du dos constituent le carac- tère de ce poisson. La membrane branchiale contient cinq rayons, la nageoire pectorale qua- torze , la ventrale six , celle de l'anus douze, celle de la queue dix-sept , et la dorsale trente. La tête est obtuse et alépidote jus- qu'aux opercules j les lèvres sont gros- Poisfioas. IV, 3 ÎO HISTOIRE NATURFXLE ses ; les mâclioires d'égale longueur n'ont qu'un rang de dents pointues , dont les inférieures sont les plus lon- gues ; le palais et la langue sont lisses, et la gueule est munie de trois os gar- nis de inâclielières courtes et arron- dies. De chaque côté l'on discerne deux narines dans la proximité des yeux , et il y a une branchie simple à l'inté- rieur de l'opercule de devant. Les yeux sont près du sommet; ils ont la prunelle noire bordée d'un iris d'or. Les opercules sont unis^ et les écailles en sont plus petites que celles du Ironc. A l'opercule antérieur, l'on dé- couvre des pores qui sont les ouver- tures de canaux pituitaires. L'ouver- ture des ouies est large, et une partie de la membrane est cachée; le tronc est assez large , et gros à proportion ; la ligne latérale courbée sur le derrière, approche plus du dos que du ventre , et l'anus plus de la nageoire de la queue que de la tête ; les écailles sont DU LABRE TACHETE. Il minces , grandes , unies, et couvrent une partie de la nageoire de la queue ; le dos est jaune foncé, le ventre plus clair y les couleurs du mâle sont plus vives que celles de la femelle. Toutes les nageoires sont d'un jaune qui tire Sur le violet, et oinées de belles taches brunes. Ce poisson habite la mer du Nord , et il cherche les bas-fonds , qui n'ex- cèdent pas la profondeur de deux toi- ses près du rivage ; on le trouve aussi dans la baye nommée Christiansbucht près de Haaven. Il se nourrit de lima- çons ; de coquilles , d'écrevisses , qu'il trouve abondamment au rivage. Dans la mer du Nord on le pêche long d© quinze pouces. Les grands sont char- nus , gras et de bon goût , lorsqu'ils ont été pêches sur un bon fond. On nomme ce poisson ; En France , Bergvlte et Lahre tacheté. En Dancmarck, Soe-Carpe, 12 HISTOIRE NATURELLE En Norwège, Berg-Galt, Berg-Gylte, Soe-Ahorre. En Allemagne , der gejîeckte Lippfisch. Et en Angleterre , the maculated Mirasse. C'est à M. Ascanius , que nous sommes redevables de la connoissance de ce poisson , mais son dessin ne mon- tre point la ligne latérale. Après lui Millier et Bonnaterre en ont fait men?- tion dans leurs écrits , mais il ne se trouve point dans le Système de Linné par Gmelin. LE LABRE PONCTUÉ^ LABRUS P U NCTJT US. Les quatre aiguillons dans la na- geoire de l'anus distinguent ce poisson. La membrane brancliiaîe a cinq rayons , la nageoire pectorale en a quatorze , la ventrale six , celle de l'anus douze, celle de la queue quinze,, et la dorsale vingt-cinq. J't/f/r li 1. L.E T^ARIIK vouctuc. * Lr. CRIN. 3 TiK MELAGASTIU*:. ^.\A\ LABIUî k ua^eoucsmolcs C.i '■ DU LABRE PONCTUK. 1^ La tcte est petite , en pente , et alépidote jusqu'aux opercules. Les doubles narines tiennent le milieu entre les yeux et l'ouverture de la bouche : celle-ci est petite , les mâ- choires sont d^égale longueur; les yeux pourvus d'une membrane clignotant© ont la prunelle noire bordée d'un iris jaune. Les écailles de l'opercule pos- térieur sont de la grandeur de celles du tronc: c'est ce qu'on ne trouve que rarement. Outre ces écailles remar- quables , et les quatre aiguillons an- noncés , nous ne trouvons aucun pois- son , qui ait la nageoire de la queuo ronde , et les autres nageoires aussi pointues que notre poisson. L'oper'cnle postérieur est arrondi , et l'antérieur présente une branchie simple. L'ouver- ture des ouies est large , et la mem- brane couverte. Le tronc est mince , large et couvert d'écailles grandes , minces ; rondes et unies, qui couvrent en même temps une partie des na- l4 HISTOIRE NATURELLE geoires du dos et de l'anus, où cepen- dant elles sont moins grandes. La ligne latérale est entrecoupée. La plus grande partie en va depuis le dos , dont elle est voisine, jusqu'au bout de la dorsale , et la plus petite , qui prend vis-à-vis , se perd dans la na- geoire de la queue. L'anus prend le milieu du corps ; le dos et le ventre sont ronds. Le dos de ce poisson est brun , le ventre et les flancs sont plus clairs ; ceux-ci sont marqués de neuf lignes Jongitudinales jaunes, et tachetés par des points bruns. Les nageoires de la queue , du dos et de l'anus sont ornées de lignes noires ; les nageoires du ventre et de la poitrine sont d'un gris foncé. Les rayons mous de toutes les nageoires sont longs et fourchus. Parmi les rayons de la poitrine le septième en est le plus long , parmi ceux de la ventrale le second , mais dans la na- îreoire du dos at de l'anus, c'est I© DU LABRE PONCTUÉ. l5 pénultième. Ces derniers rayons sont tellement alongés , qu'ils paroissent comme des poils. La ventrale consiste comme à l'ordinaire , en un aiguillon et cinq rayons mous , la dorsale en quinze aiguillons et dix rayons mous, et la nageoire de l'anus en quatre ai- guillons et huit rayons mous. La tête , les côtés , et le bout de la queue sont marqués d'une tache ronde noire. Ce poisson habite les rivières de Su- rinam. N'étant que mince , il ne peut guère devenir vin objet intéressant d'économie. Ce poisson se nomme : En France , le Ponctué. En Allemagne, der punktirte Lippjîsch, En Suède , Prick-Snylta. Et en Angleterre , the punctulated Wrasse, *6" HISTOIRE NATURELLE QUATRIÈME DIVISION, liA QUEUE EN CROISSANT. ïiE CRIN , LAERUS TRICHOPTERUS, . Les rayons sétiformes de la ven^ traie de ce poisson constituent son ca- ractère d'une manière indubitable. La membrane branchiale a quatre rayons , la nageoire pectorale en con- tient dix, la ventrale trois ^ celle de l'anus va j usqu'au nombre de quarante- quatre , celle de la queue en compte seize , et la dorsale quatorze. La tête et la bouche sont petites , les lèvres fortes , et les mâchoires d'égale longueur, hérissées de petites dents ; les narines sont doubles , et celles de devant sont munies d'un© membrane qui les ferme. Les yeux ont un iris d'or autour d'une prunelle noire. Les opercules sont unis, arron- dis , et le postérieur est pourvu d'une D U C RI N. 17 membrane qui le serre. Le tronc est liirge , mince , arrondi vers le dos par- devant, mais tranchant sur le derrière comme au ventre ; celui - ci est très- court , et l'anus est près de la tête. L'on apperçoit aux deux côtés une tache oblongue noirâtre , et une autre tache ronde , qui touche la nageoire de la queue. La ligne latérale près du dos fait une forte inflexion vers le bout de la pectorale jusqu'au milieu du corps, et delà elle va droit à la nageoire de la queue. Les écailles sont très- petites , dures et dentelées. La courte dorsale a sept aiguillons et autant de rayons mous fourchus , et la nageoire de l'anus a onze aiguillons et trente trois rayons mous. Les rayons de la pectorale sont fourchus , ceux de la nageoire de l'anus sont à quatre rameaux. Le long rayon de la ven- trale est composé de plusieurs pha- langes comme les antennes des escar- botS; qui sont fortes et courtes à la iS HISTOIRE NATURELLE base et qui deviennent minces et lon- gues à mesure qu'elles approchent de 3a pointe, Ce rayon s'étend jusqu'à la nageoire de la queue ; il lui sert pro- bablement de ligne, pour attirer l'ale- vin des poissons, qui le prennent pour un vers , et pour s^en emparer. Le dos est brun , et le reste du corps est d'un bleu pâle marbré de jaune. La na- geoire de la queue est tout-à-fait tachetée de jaune , et celle de l'anus l'est en partie ; les nageoires pecto- xales sont bleuâtres. Le Japon est la patrie de ce poisson. Il est nommé : Par les Japonnais , Ikan Marate Djan." tan , Pangay et Kapirat. En Allemagne , der Borstenjlosser, En France , le Crin. Et en Angleterre, the Jiair - jinned PFrasse, Le chevalier Pallas croit à la vé- rité , que M. Kolilreuter a fait la première description de notre poisson j D U C R I N. ig et qu'il faut entendre sous le Kapirat de Renard , qui est le Ikan Marate Djantan de Valentyn , son Gymnote notoptre ; mais Renard et Valentyn l'ayant représenté avec des nageoires sétiformes , il est bien plus croyable que c'est notre poisson , et que Va- lentyn en a fait la première desciip- tion. Dans la suite Koblreuter et Pallas l'ont décrit avec exactitude ; le premier nous en a donné un dessin , et il l'a compté parmi les brèmes de mer : mais la place qu'il lui a assignée dans le système naturel, est aussi mal choisie que son tableau est fautif. Car la très -petite bouche et les dents à peine perceptibles prouvent indubi- tablement qu'il n'est point du genre des brèmes de mer ; et le dessin est défectueux en ce qu'il n'a représenté la ventrale que comme un filament, et qu'il a omis les aiguillons des na- geoires du dos et de l'anus. Mons. Boddart se trompe grossière- SO HISTOIRE NATURELLE ment en prenant notre poisson pour le myste (i) , vu que la situation de Ja ventrale l'exclut même de la classe des harengs. li'abbé Bonnaterre a emprunté sa description et son dessin de Koliîreu- ter , et Renard a copié Valentyn. Si d'ailleurs M. Pallas ne donne que quatre aiguillons à la nageoire de l'a- nus , ce n'est qu'une faute ou d'écri- ture ou d'impression : car les trois poissons que j'en ai , m'offrent onze aiguillons. Cette petite défectuosité a été transmise par M. le professeur Gmelin dans le S3'^stême de Linné et par M. Bonnaterre dans l'Encyclopédie. Valentyn etBoddart tiennent notre poisson pour le mâle du Ikan Marate Belina ; mais le dernier n'ayant ni ventrale , ni dorsale , et la bouclie en étant munie de deu.x cirrhes , il faut que le dessin ou bien l'assertion soit fausse. (i) Clupea, I^Tystus, Linn, DU M É L A G A S T R E. 21 Nous devons le premier dessin à Valentyn \ mais il est très-mauvais -, les écailles même n'y paroissent point. I^e dessin de Renard n'a pas plus de valeur. LE MÊLAGASTRE, LABRVS MELAGASTER. Ce labre étant le seul de ceux cfue noasconnoissons, qui n'ait que l'oper- cule antérieur écailleux , ce caractère suffit pour le discerner des autres. La membrane branchiale a cinq rayons , la nageoire pectorale en a douze , la ventrale six , celle de l'anus dix , celle de la queue dix - neuf, et la dorsale vingt- cinq. La tête est courte , en pente et comprimée *, la bouche très-petite ; de petites dents pointues , presqu'imper- ceptibles , garnissent les mâchoires , qui sont d'égale longueur. La petitesse de la bouche m'a empêclié d'examiner Poissons. ÏV. 3 22 HISTOIP.E NATURELLE la langue et le palais. Les narines soli- taires approchent des yeux : ceux-ci sont grands , ont la prunelle noire , l'iris d'or , et leur place est près du sommet. L'opercule postérieur est composé de deux lames égales. La sur- face interne de l'opercule antérieur est munie d'une branchie simple. L'ouverture des ouies est très-grande, et une partie de la membrane est couverte. Le tronc est large et mince ; les écailles sont grandes , unies et ron- des , noires et avec des lignes blanches au ventre , mais les autres sont bor- dées de brun et de noir. Elles avan- cent à l'anus et au dos , forment un sillon à ces deux endroits, et couvrent une partie de la nageoire de la queue. La ligne latérale près du dos , se rompt vers le bout de la dorsale , reprend au milieu du corps , et va se perdre dans la nageoire de la queue qui forme un croissant. Les nageoires sont noires, se termi- DU LABRE, &C. 23 naTit en pointe ; celles de la poitrine et du ventre sont très-longues; chose que je n'ai encore trouvée en aucun poisson de ce genre. La ventrale est composée d'un aiguillon et de cinq rayons mous ; la nageoire de l'anus a trois aiguillons et sept rayons mous; et la dorsale a quinze aiguillons et dix rayons mous. Les aigullons sont ra- mentaccs; les rayons mous sont divi- sés en plusieurs branches. J'ai reçu ce poisson de Surinam, On le nomme : Le Mélagastre , en français. Der Schwar^-Bauch j en allemand. Et The Black-belly , en anglais. LE LABRE A NAGEOIRES MOLLES, LABRUS MALAPTERUS. Tous les rayons de ce poisson, à l'exception d'un seul piquant de la ventrale , étant mous , il est très-bien caractérisé par- là. La nageoire pectorale a douze rayons, la ventrale six , celle de l'anus douze , 24 HISTOIRE NATURELLE celle de la queue seize , et celle du dos vingt. Le corps est étroit et comprimé, la tête n'a point d'écaiiîes , l'ouverture de la bouche est petite ; une seule ran- gée de dénis petites et pointues arme les deux mâchoires qui sont de lon- gueur égale ; les dents de devant de la mâchoire supérieure sont plus gran- des que les autres. Les narines sont so- litaires. Une prunelle noire bordée d'un iris jaune constitue î'œil ; l'oper- cule antérieur est composé de plusieurs petites lames, et le postérieur se ter- mine en pointe obtuse. Les écailles sont grandes et unies j la ligne latérale va tout près du dos , s'en éloigne à la fin de la dorsale , et finit dans la na- geoire de la queue ; l'anus occupe le milieu du corps. Les rayons de la na- geoire du dos et de l'anus ont le bout fourchu, ceux des autres nageoires sont ramifiés. Le foud de ce poisson est blanc tirant sur le bleu vers le dos j DU LABRE, &c. z5 les nageoires sont jaunâtres, nuancées de bleu , el les côtés offrent cinq ta- ches noirâtres à la vue. Il se trouve au Japon. On le nomme : Le Labre à nageoires molles , en fran- çais. Der W eichjîosser y en allemancl. The softfinned ff^rasse ^ en anglais. 26 HISTOIRE NATURELLE XXXVIir GENRE. LA SCIENE ou OMBRE DE MER, s C IMN J. Caractère gêner. Les écailles bien ad- hérentes , la tête écailleuse , deux nageoire au dos. PREMIÈRE DIVISION. A QUEUE RONDE. LE CORBEAU DE MER, SCI JE N A N I G RA. Li ES deux aiguillons de la nageoire noire de l'anus caractérisent ce pois- son. 11 est vrai que plusieurs autres de ce genre n'ont que ce petit nombre /' \.\,\\ COKUF.Ar (le nior . i . I,A SCIKNK a OT,\iidcs écailles . li . I/OMlM'vK cvluidriquo . 4.. I/O.MIWU'L taeiieiee . G DU CORBEAU DE MER. 27 d'aiguillons à la nageoire de l'anus , mais aucun n'a en môme temps la na- geoire de l'anus noire. Le premier de ces aiguillons est très-court , l'autre est fort. * On trouve six rayons dans la mem- brane branchiale , quinze dans la na- geoire pectorale , six dans la ventrale , ^ix dans celle de l'anus , dix-neuf dans celle de la queue , dix dans la pre- mière dorsale , et vingt-quatre dans la seconde. La tête est courte , en pente et tout écailleuse. Les narines solitaires et oblongues touchent aux yeux. Les mâ- choires sont d'égale longueur; il n'y a que la mâchoire supérieure qui soit ar- mée de deux rangs de dents petites et pointues , dont le rang intérieur est très-petit ; la mâchoire inférieure est munie d'un grand nombre de dents en forme de lime. Les lèvres sont minces , les os en sont larges. Un iris rouge îoncé borde la prunelle noire desycux. fiS HÎSTOIKE NATURELLE L'opercule antéiienr est uni , et l'oîi remarque deux aiguillons au posté- rieur. L'ouverture des ouiesest grande, et la membrane est presque entière- ment couverte. On voit^u tronc ses écailles minces et finement dentelées. La seconde nageoire du dos , celles de la queue et de Fanus en ont à leur base. La ligne latérale plus proche du dos que du ventre est un peu arquée. L'a- nus est situé plus près de la nageoire de la queue que de la tête. Le dos est noir , et ce noir se perd insensiblement vers le ventre rond argentin. Les cô- tés sont parsemés d'un nombre de points noirs. Dans la première dorsale noire le premier aiguillon ainsi que les deux derniers , sont courts et durs ; ceux du milieu sont flexibles et beau- coup plus longs ; la seconde n'a que des rayons mous. Toutes les autres na- geoires sont noires^ à l'exception de leur base qui est iaune. Ce poisson se trouve dans la Médi- DU CORBEAU DE MER. 29 terranée. Les eaux de Narbonne le nouiHssent en quantité. Salvian le met du nombre des pois- sons romains, Cetti de ceux de la Sar- daigne. Ils cherchent par troupeaux les fonds pierreux et sablonneux; les li- maçons, les coquilles et d'autres crus- tacées leur servent de nourriture ; ils déposent en automne leurs œufs entre les éponges de mer. Aux pre- mières gelées , ce poissson cherche les profondeurs et ne reparoît qu'au prin- temps. Il atteint dix à douze pouces. Sa chair est assez bonne ; on grille ou frit les petits dans la poêle , mais les grands se mangent avec une sauce au vin. Pour le conserver , on le grille et on le met après dans du vinaigre épicé. On peut encore le saler , puis le cuire à l'eau et le manger à l'huile et au vi- naigre. On le prend à la ligne et au filet. L'estomac est grand , et le bout en est muni de sept à huit appendices. 3o HISTOIRE NATURELLE Le canal intestinal n'est guère long. Le foie est pâle , la rate noirâtre ', la laite et l'ovaire sont doubles. On nomme ce poisson : En Italie , Corvo de Fortiei'a, En Sardaigne , Vmhi'ina. En France , Corbeau , Corp et Durdo. En Allemagne , Schwnrzumber. Et en Angleterre , Black-umher. Salvian , le premier qui ait décrit notre poisson , l'a séparé avec raison de la sciène propre, pour en faire une espèce isolée ; ce que Rondelet a fait presqu'aumême temps. Ceux-ci furent imités de Gesner etd'Aldrovand. Mais Wiilugliby ne le distingue point d'avçc la sciène. Artédi ne l'a pas fait non plus dans son ouvrage intitulé Gênera pis- cium j mais il en fait une variété dans sa Synonymie. Linné et Klein ne font point de relation particulière de ce poisson , probablement parce qu'ils le te noient pour la sciène. Le premier dessin de notre poisson vient de Sal- DU CORBEAU DE MER. 3l vian ; mais il n'est pas assez exact , car la première dorsale n'y a que cinq rayons , la nageoire de l'anus un seul aiguillon , la tète n'a point d'écaillés et la ligne latérale y manque. Rondelet nous donna presqu'aii même temps un nouveau dessin , qui vaut un peu mieux. Je ne sais la raison pourquoi on l'a omis dans l'édition fran- çaise qui en parut un an après. Gesner , non content de copier Ron- delet , nous a fait présent d'un nou- veau dessin; lequel, vu le temps où l'art étoit encore dans l'enfance, étant sur-tout gravé sur bois , est assez bon. Depuis, Aldrovand a copie Salvian et Gesner. Willugliby nous a laissé une nou- velle représentation de ce poisson ,qui est meilleure que toutes les autres. Jonston et Ruyscli oilt copié celte der- nière. Le système de Linné renferme une faute d'impression quant à ce poisson. 32 HISTOIRE NATURELLE et cette faute a été transmise dans la nouvelle édition de Gmelin : on y voit pinnis ventralibus integerrimis au lieu de nigerrimis. Linné a tort de citer la sciène de Hasselquist pour le nôtre : car cet au- teur lui donnant un cirrhe , il diffère absolument de notre poisson. LA SCIENE A GRANDES ÉCAILLES , SCIMNA MACKOLEPIBQTA, liEs grandes écailles qui couvrent lout-à-fait ce poisson , servent à le ca- ractériser. La nageoire pectorale renferme treize rayons, la ventrale six, celle de l'anus onze, celle de la queue dix- liuit, la première dorsale sept, et la seconde dix. La tête est courte , en pente et toute couverte d'écaillés , la bouche petite, la mâchoire inférieure un peu avancée , l'une et l'autre hérissées de DE LA S C I È N E 5 &C. 3.^ flents en forme de lime ; les narines sont ovales , solitaires et placées an milieu de l'espace qui sépare les yeux et la bouche Les yeux ont la prunelle noire et l'iris bleu. L'opercule anté- rieur a les écailles plus petites que le postérieur, mais l'un et l'autre ont le bord uni. L'ouverture des ouies est grande , et la membrane cachée. Le tronc est étroit , le devant du dos courbé et rond. Le ventre est court et arrondi comme le dos. L^anus est plus voisin de la tête que de la nageoire de la queue. Les grandes écailles sont unies et tendres. Les aiguillons de la première nageoire du dos finissent en filamens. L'on apperçoit un seul ai- guillon dans la nageoire de l'anus. Les rayons mous dans toutes les nageoires sont ramifiés en plusieurs branches. Le fond du poisson est jaune avec des bandes violettes au tronc; les na- geoires pectorales sont d'un jaune clair, les ventrales couleur de brique ; les Poissons. IV. 4 34 HISTOIRE NATURELLE autres sont bleues à la base et jaunes au bord , avec des taclies brunes. La nageoire de la queue est couverte d'é- cailles à la base. La tête est marbrée du jaune , brun et violet. D'après le catalogue hollandais , ce poisson habite les Indes. La grandeur peu commune de ses écailles m'a déterminé à le nommer: En français , la Sciène à grandes écailles. Ln anglais, the great scaled Umber. Et en allemand , der grossschuppige Umber. L^OMBRE CYLINDRIQUE, SOIGNA et LIN BRI C A. Les cinq aiguillons de la première dorsale distinguent ce poisson. L'ai- guillon du milieu est le plus long, ceux du bout sont les plus courts : tous sont filamenteux. On compte cinq rayons dans la mem- brane branchiale , douze dans la na- DE l'ombre cylindrique. 35 geoire pectorale , six dans la nageoire ventrale , dix-huit dans celle de l'anus , treize dans celle de la queue , cinq dans la première dorsale, et vingt-un dan» la seconde. La tête est petite, conique et sans écailles jusqu'aux yeux. La bouche est grande , les lèvres sont fortes ; des deux mâclioires, armées d^m grand nombre de dents petites et pointues, l'inférieure est la plus longue. Les narines solitaires sont situées plus près des yeux que du museau : les yeux verticaux ont l'iris jaune, la prunelle noire et une membrane clignotante. Les opercules sont écaillenx; l'anté- rieur a au-dedans une branchie sim- ple , et l'on découvre deux aiguillons à l'extérieur de l'opercule de derrière. L'ouverture des ouies est grande , la membrane est dégagée. Le tronc est aîongé et gros, et comme il est rond, il a une forme cylindrique, qui m'a fourni le nom de ce poisson. Ses écailles 36 HISTOIRE NATURELLE sont dentelées et dures; la ligne laté- rale est droite et près du dos ; la cavité ventrale est courte, et l'anns proche de la tête. La vcntrvale est longue et ses rayons sont tendres. La nageoire de l'anus n'a qu'un seul aiguillon : ses raj'ons mous sont tendres et fourchus, et la nageoire de la queue seule en porte de quatre hranches. La première dorsale est noire , la nageoire de la queue jaunâtre , les nageoires pecto- rales et ventralessont d'un jaune pPile, celle de l'anus et la seconde du dos sont bleuâtres et jaunâtres. Le dos et la tête sont bruns ; le reste du corps est argenté, tout le tronc est embelli de onze bandes brunes tranjversales, et de deux lignes longitudinales, d'un brun pâle. Les nageoires de l'anus, de la queue et de la seconde dorsale , sont tachetées de points noirs. Je ne connois pas la patrie de ce poisson. DE l'ombre tachetée. 57 On le nomme : En France , VOmbre cylindrique. En Allemagne , der cylinderformige Umher. Et en Angleterre, the cylindric Umher, L'OMBRE TACHETÉE, SOIGNA MACULAT A, La division présente n'a que ce seul poisson dont la nageoire de k queue soit en forme de lancette j carac- tère qui suffit à le faire connoître. La membrane branchiale contient quatre ra3^ons , la nageoire pectorale douze , la ventrale six , celle de l'anus hnit , celle de la queue quinze , la pre- mière dorsale sept, et la seconde dor- sale neuf. La tête courte , grosse , obtuse sur le devant , n'a point d'écaillés jus- qu'aux yeux. Les mâchoires d'égale longueur sont garnies de petites dents pointues et séparées. La langue est o8 HISTOIRE NATURELLE lisse et libre ; les narines sont solitaires et prennent le milieu entre le museaa et les yeux : ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris bleuâtre. Les opercules sont unis , écailleux , et l'ouverture des ouies est large. Le tronc est alongé et comprimé. Le dos est rond et arqué par-devant. La ligne latérale qui est près du dos , est aussi arquée. Le ven- tre est long, l'anus est au milieu du corps. Les nageoires de l'anus et du ventre n'ont qu'un seul aiguillon , et la première dorsale en a sept. Les rayons mous sont fourclius, excepté ceux de la queue qui sont ramifiés en plusieurs brandies. La tête et le corps ont le fond jaune et tacheté de brun. Les nageoires sont bleuâtres à la base , mais jaunâtres pour le reste , elles sont toutes mar- quées de points noirs , excepté celles de la poitrine et du ventre. J'ignore encore la patrie de ce pois- son. / Tqçe 3g. rom . // Dej-eoe de/. ~ ~~ TTërrôfl Je/tZ/J X . I.A SCIENK barT)Tie . a . LE LOUP . 3 . liK DIA.CANTTÏE . DE LA SCIÈNE BARBUE. ^9 On le nomme : En français, l'Ombre tachetée. En allemand, der fleckig,3 Umber. Et en anglais, the spotted Umber. SECONDE DIVISION. QUEUE EN CROISSANT. LA SCIÈNE BARBUE, s C I JEN A C I R R OS A. Ce poisson se reconnoît au barbillon qu'il porte au menton L'on remarque cinq rayons dans la membrane branchiale , dix-sept dans la nageoire pectorale , six dans la ven- trale , neuf dans celle de l'anus , dix- neuf dans celle de la queue , dix dans la première dorsale, et vingt-six dans la seconde. La tête est comprimée, tout écail- leuse et forme une poinle obtuse. L'ouverture de la bouche n'est pas 4o HISTOIRE NATURELLE bien grande •, L-i mâclioire supérieure avance sur l'inférieure, elles sont tou- tes deux armées de dents en forme de lime. A la mâchoire inférieure l'on voit pendre un barbillon court. Les os des lèvres sont forts; les narines qui touchent aux yeux , sont doubles ; les premières en sont rondes , les autres ovales. Les yeux consistent en une prunelle noire et un iris argenté. L'opercule antérieur est dentelé, le postérieur armé d'un aiguillon. L'ou- verture des ouïes est large, et la mem- brane presque dégagée. Le tronc est comprimé et large, le dos arrondi et arqué. La ligne latérale , près du dos , est aussi arquée. Le ventre est rond, long, et l'anus est plus près de la na- geoire de la queue que de la tête. Les écailles sont grandes, rhomboïdules et «n peu dentelées. Les nageoires du dos se joignent par une membrane j l'un discerne dix aiguillons dans la pre- mière , un dans la seconde , dans la DE LA SCIÈNE BARBUE. 4i ventrale un , et deux dans celle de l'anus. Les rayons mous se terminent en quatre pointes. Le fond du poisson est jaune. Aux côtés l'on voit des raies ondoyantes, argentines et bleues, al- lant du dos à la tête. Le ventre est blanc , la nageoire de l'anus rougeâtre , les dorsales sont brunes, la postérieure est embellie de deux lignes blanches, les nageoires du ventre et de la poi- trine sont noirâtres. Nous trouvons ce poisson dans plu- sieurs mers. Il faut qu'il habite encore les eaux de la Grèce, va que les Grecs l'ont connu. Hasselquist le vit en Egypte ; Sal- vian le compte parmi les poissons ro- mains ; le père Plumier l'a dessiné aux Antilles , et j'en ai emprunté mon dessin. Ce poisson atteint une grandeur très-considérable. Hasselquist nous dit, qu'il va pour l'ordinaire jusqu'à deux pieds de long. Mais ceux qu'a vus 42 HISTOIRE NATURELLE Williigliby à Rome, n'avoieiit que la grandeur d'une carpe. Il se trouve , selon Aristote , dans les endroits pier- reux ; il fraie en automne et dépose ses œufs près du rivage entre les épon- ges dfl mer. H croit vite , et en hiver il cherche les profondeurs des rives. Il vit de vers , sur-tout de plantes ani- males et d'algue qu'on trouve dans son estomac. Il a la chair ferme et diges- tivc, comme tous les poissons qui vi- vent dans les fonds pierreux. Petit, on le mange frit , on cuit les grands au sel et à l'eau , et on les sert à l'huile ou au beurre fondu avec du jus de citron. Il faut que la tête de ce poisson ait passé autrefois à Rome pour un morceau très-friand , puisqu'il en falloit faire , suivant Rondelet , des présens aux triumvirs. Le péritoine est argenté et fort ; l'estomac long, mince ,muni de six ap- pendices au bout ', le canal intestinal a, trois sinuosités , le foie est jaune pâle , DE LA SCIÈNE BARBUE. 43 €t consiste en deux lobes , dont l'un est court, l'autre long ; la vésicule du fiel s'attache à ce dernier lobe. L'ovaire et la laite sont doubles ; les rognons vont le long de l'épine depuis le dia- phragme jusqu'à l'anus , et la vésicule aérienne est indivisée , large et d'une membrane forte. On nomme ce poisson : En France , Lmbre et Ombre j ou Sciène barbue, A Rome , Corvo et Corvetto. Aux Antilles, Gris- Gris et Gros- Gros, Parmi les Grecs modernes , Millocono. Chez les Arabes , Schifsch, Chez les Allemands , Bartumber et Meerasclifl. Chez les Anglais, bearded Umber et Crow-Jîsh. On a de la peine à concevoir que les écrivains aient pu confondre avecd'au- Ires ce poisson , qui a plusieurs carac- tères distinctifs et frappans ; savoir, le barbillon court , la mâchoire supé- 44 HISTOIRE NATURELLE rieure avancée et les raies ondoyantes. Peu d'iclithyologues en ont fait la description, sans avoir commis cette faute. Belon en fit deux descriptions , sa- voir : sous la dénomination de Glaucus et de Chromis , comme il est clair par ses dessins. Gesner , non content de suivre cette erreur , lui adjoint encore un troisième poisson , sous le nom à'Umbra Ronde- letii. Les dessins qui se trouvent avec ses descriptions, prouvent ce que j'a- vance. Le coracinus Salviani dans Aldro- vand , et son glaucus Bellonii, ne sont encore qne la sciène barbue ; c'est ce que les dessins prouvent aussi. Willughby nous a laissé un dessin du corvo des Italiens , lequel est notre poisson , comme cela est manifesté par Salvian ; mais les caractères y sont omis. Artédi prend mal-à-propos Tumbr.a DE LA SCIENE BARBUE. 45 marina de Belon et d'Aldrovand pour notre poisson : car c'est l'ombre pro- prement dite , comme le dessin le prouve incontestablement. Hasselcjuist se trompe en prenant l'ombre qu'il décrit pour celle de Linné ; le poisson qu'il détailloit étant muni d'un barbillon et des raies sus- mentionnées. Je réponds négativement à la ques- tion de Linné , si l'ombre dont Gronov fait la description dans son Muséum , est notre poisson , vu qu'il ne lui a trouvé ni barbillon ni raies. Encore n'a-t-il compté à la nageoire de l'anus de ce poisson qu'un aiguillon et six rayons mous , pendant que le nôtre a deux aiguillons et sept rayons mous. Bonnaterre aussi a confondu la sciène barbue avec l'ombre , vu qu'il cite pour l'ombre qui est notre poisson , la sciœna umbra , et pour le corp qui est la sciœna umbra, la sciœna cirrosa do Linné. L'on n'a qu'à consulter Ronde- Poissons. IV. 5 46 HISTOIRE NATURELLE let pour trouver mon assertion fondée* Klein a décrit notre poisson comme deux espèces particulières, en le pla- çant une fois parmi les muges , et une autre fois parmi les perches. LE LOUP, sci.^NA lAbrax. Les quatorze rayons de la nageoire de l'anus et les petites écailles, nous font distinguer cette sciène des autres. La membrane branchiale contient cinq rayons, la nageoire pectorale diic- Imit , la ventrale six , celle de l'anus quatorze , celle de la queue vingt, la première dorsale neuf , et la seconde quatorze. Le corps est alongé , la tête forme une pointe obtuse , et ce poisson réu- nissant à une grande ouverture de bou- che des os de lèvres larges , il a beau- coup de ressemblance avec le saumon, dont les Allemands lui ont aussi donné le nom. Les mâchoires d'égale Ion- D U L O U p. 47 gueiir ont des dents courtes et pointues. L.e palais et la gueule sont hérissés de dents en forme de lime, et les doubles narines sont séparées les unes des au- tres par une membrane intermédiaire. Les yeux qui toucLcnt le sommet de la tête , joignent à une prunelle noire un iris ronge et une membrane cligno- tante. Les deux opercules sont écail- leux , mais celui du devant est le seul dentelé. La pointe de l'opercule pos- térieur est marquée par une tache noire , et à la mâchoire inférieure Ton remarque des ouvertures pituitaires. La grande ouverture des ouies fait voir cinq rayons de la membrane. Le tronc est comprimé et couvert de pe- tites écailles. La ligne latérale est pres- que droite et plus près du dos que du ventre ; l'anus approche plus de la queue que de la tête. Le dos est bru- nâtre-les côtés et le ventre sont blancs, lesnageoires de la poitrine et du ventre sont jaunes , la nageoire de l'anus et les 48 HISTOIRE NATURELLE deux dorsales sont lougeâtres, la na- geoire de la queue est noirâtre. Tous les aiguillons de la première dorsale sont raclés La nageoire ventrale a un aiguillon , celle de l'anus en a trois , et la première dorsale neuf. Les rayons mous de toutes les nageoires ont quatre branches. On trouve ce poisson dans la mer Grecque , car les naturalistes grecs en parlent ; il se trouve aussi en Angle- terre , en divers endroits de la France , comme dans les eaux de la Gascogne , près de l'île de Noirmoutier, à la côte septentrionale de la Bretagne , près de Tréguier , dans la Garonne et aux en- virons de Marseille; en Italie, aux en- virons de Venise , de Rome , de la Sardaigne et de Malte. Il arrive même qu'on le trouve dans la mer du Nord , aux environs de la Hollande. Il devient grand. Rondelet lui donne trois aunes de longueur ; Willugliby lui donne quinze livres , et Duhamel DU L O U 1'. ^() assure qu'à Noirmoutier on en prend quelquefois de trente livres. Ce poisson est de l'espèce de ceux qui passent souvent dans les rivières ; mais comme il ne quitte que très-rarement la mer, on ne peut le compter parmi les poissons de passage. On le trouve ordinairement sur la superficie des eaux , sur-tout aux endroits où les ri- vières ont leur embouchure dans la mer. 11 a la cliair délicate; c'est pour- quoi les Romains en firent beaucoup de cas et le payèrent fort cher, sur- tout celui qui fut péché dans le Tibre, prin- cipalement sous les ponts de Rome : au reste ceux de la mer sont meilleurs que ceux des rivières. Aujourd'hui en- core les Vénitiens le paient fort cher. Ce poisson est très-vorace : c'est pour- quoi les anciens lui ont donné le nom de Lupus, Loup , et cette voracité est cause encore qu'il mord aisémentàl'ha- meçon. On le pèche toute l'année avec loiitc sorte de filets : mais les mois 5o HISTOIRE NATURELLE d'août, de septembre et d'octobre sont îa saison la plus favorable à cette pêche. Galène dit sa chair salubre ^sur-tout celle des poissons péchés dans les ri- vières , apparemment parce que ceux- ci sont moins gras que ceux de la mer. C'est peut-être aussi , suivant Duha- mel, cette graisse qui est la cause qu'il pourrit si aisément. Selon Aristote ce poisson fraie en été et en hiver ; mais le dernier frai n'est pas aussi bon que le premier. Il dépose ses œufs aux embouchures des rivières. L'estomac, dont la membrane est mince , porte six appendices au bout. Le foie est pâle consistant dans deux lobes , dont l'un est long et l'autre court. Une grande vésicule de fiel s'at- tache au premier. La rate est bleue et obloncue ; la vésicule aérienne est in- divisée et affermie aux côtés. D tJ LOUP. 5l Ce poisson est connu sous les noms suivans. Les Hollandais le nomment , Zee- Snoeck. Les Anglais, Basse. En France il a plusieurs noms , comme , aux Sables d'Olonne , Bar; à Noir- moutier , Loubine ; à Treguier et plusieurs autres endroits , Loup ; en Provence , Dréligny ; à Marseille , Loup ou Loupasson , et dans les en- virons de la Garonne , Brigue, Les Italiens lui donnent encore plu- sieurs dénominations ; les Romains le nomment Spigola ; à Venise on l'appelle Bronchini ; en Toscane , Araneo. Les Allemands le nomment Salmbarsch et Lachsumber. A Spolatra il est appelé Cavalla. Belon nous en a donné le premier dessiu; mais qui est mauvais : car les na- geoires ventrales y manquent. Ronde- let n'a pas commis cette faute ; mais il 52 HISTOIRE NATURELLE le représente sans dents. Le dessin de Salvian est meilleur, mais il ne rend pas les écailles de la tête , ni la den- ture des opercules. Gesner a copié le dessin de Rondelet ; et Willughby , Jonston et Ruysch ont copié Salvian. jMdrovand aaussi copié Rondelet, mais il y ajoute un dessin nouveau qui n'est pas meilleur. Après cela nous reçnmes deux dessins nouveaux , l'un de Pen- nant , et l'autre de Duhamel, mais ils ne sont pas non plus sans défaut ; car le premier a représenté la mâchoire inférieure trop longue , et l'autre n'a point marqué les dents et les écailles de la tête. Enfin Bonnalerre nous a donné une copie de Pennant. LE D I A C A N T PI E , SCIMNA DIACANTHA. Cette sciènese distingue de toutes les autres par les neuf aiguillons de la DU D T A C A N T II E. 5.i première dorsale, les deux aiguillons de Topercule elle tronc ligué. L'on remarque cinq rayons dans la membrane branchiale , seize dans la nageoire pectorale, six dans la ventrale, quatorze dans celle de l'anus , vingt dans celle de la queue , neuf dans la première dorsale, et treize dans la se- conde. La tête est courte et sans écailles jusqu'aux yeux : les mâchoires d'égale longueur ont les dents petites. Les lè- vres sont minces , mais les os en sont larges -, les narines sont doubles , les antérieures rondes , les autres ovales , et les deux paires touchent aux yeux : ceux ci sont verticaux , avec une pru- nelle noire et un iris blanc et jaune. Les deux bords de l'opercule anté- rieur sont dentelés , et le postérieur est armé de deux aiguillons ; l'ouver- ture des ouies est large, et la mem- bjane est cachée ; le tronc est alongé , Gompriniéetorné delignes j les écailles 54 HISTOIRE NATURELLE sont dures et dentelées : elles couvrent aussi une partie de la seconde dorsale et de la nageoire de la queue. Le dos est mince et presque droit ; la ligne latérale qui en est près , prend la même direction ; le ventre est long , et l'anus s'éloigne plus de la tête que de la na- geoire de la queue ; les neuf aiguillons de la première dorsale sont forts; la seconde et la ventrale en ont un, et la nageoire de l'anus en a trois. Tous les rayons mous sont à quatre branches. Le fond de ce poisson est argenté ; les lignes sont jaunes ; le dos est bleuâ- tre, la base des nageoires rougeâ tre , et le bout bleuâtre ; les dorsales sont bleuâtres , et onlles rayons jaunes : 1;3S deux aiguillons de l'opercule posté- rieur m'ont fourni le nom de ce pois- son : En français , le Oiacantlie. En allemand, der Zweistachel. Et en anglais , the two spined Umber, Il habite la Méditerranée, To/ii . W. Jiej'evc Je/ ■ Le Afi/u- il'culp ■ i.TiV SCIENE à ox\AO ravous . i . LA SCIKNK à Lio'uca . <3 . LA SC'IKNJ'Î pointée. I DE LA SCIÈNE , 6cc. 55 LA SCIÉNE A ONZE RAYONS , SCl^ENA VNDECIMALIS. La ligne latérale noire près du dos forme le caractère de ce poisson. L'on compte cinq rayons dans la membrane branchiale , treize dans la nageoire pectorale , six dans la ven- trale , dix dans celle de l'anus , dix- huit dans celle de la queue, huit dans la première dorsale, et onze dans la seconde. La tête ressemble entièrement à celle du brochet , et il n'y a que les dents qui diffèrent de celles du bro- chet; car elles sont petites et en forme de lime. Les narines sont solitaires , ovales, divisées en dedans et près des yeux ; la prunelle noire est placée dans un iris jaune étroit, et dans un autre large , violet ; la tête n'a point d' écailles jusqu'aux opercules, dont l'antérieur est dentelé j le postérieur qui se termine 5S HISTOIRE NATURELLE en pointe obtuse , a une petite dente- lure en haut , et les écailles en sont plus grandes que celles de l'antérieur. Des rayons forts soutiennent la mem- brane branchiale *, les écailles forment un sillon aux nageoires du dos et de l'anus , et couvrent en même temps une partie de la nageoire de la queue et de la seconde dorsale : la première dorsale compte onze rayons, d'où j'ai pris occasion de le nommer 5 les rayons mous sont ramifiés. Le dos, les flancs , les nageoires de la poitrine , du ventre et de l'anus, sont rouges ; le ventre est blanc ', les nageoires de la queue et du dos sont jaunes à la base , et bleues vers l'extrémité. Ce poisson se trouve abondamment à la Jamaïque dans les fonds pierreux. On le nomme : La Sciène à onze rayons j en français. Der Eilfstrahl , en allemand. Et The Eleven-ray , en anglais. DE LA SCIÈNE A LIGNES. 5f La SCIENE A LIGNES, s C I^ N A LIN E AT A. Les huit aiguillons du dos et les lignes jaunes longitudinales font dis- tinguer ce poisson. La membrane branchiale contient cinq rayons , la nageoire pectorale en compte seize , la ventrale six , celle de l'anus treize, celle de la queue seize, la première dorsale huit, et la seconil© treize. La tête n'est que peu en pente , et alépidote jusqu'aux yeux ; la mâchoire inférieure avance sur l'autre : elles sont toutes deux armées d'un nombre de petites dents. Les os des lèvres sont larges , les narines ovales solitaires , et fort près des yeux : ceux ci ont une membrane clignotante , et leur pru- nelle noire est entourée d'un iris tant blanc que jaune : l'opercule antérieur est dentelé ; l'autre a à son bord une échancrure qui forme deux pointes, et Poissons. IV* 6 58 HISTOIRE NATURELLE au-dessus une petite pièce dentelée ; l'ouverture des ouies est large , et la membrane brancliioslège dégagée en partie ; le corps est alongé , le tronc assez mince , et le dos caréné -, les lignes qui vont le long du tronc sont jaunes; les écailles du tronc sont assez gran- des , et l'anus est de beaucoup plus près de la nageoire de la queue que de la tête : les rayons mous de la seconde dorsale ont trois branches , et ceux des autres nageoires sont à plusieurs rameaux : la plus grande partie de la tête et des nageoires est jaune , le dos violet ; les côtes et le ventre sont ar- gentés. La première dorsale a kuit ai- guillons, la seconde et la ventrale n'en ©nt qu'un , et la nageoire de l'anus en a trois. La Méditerranée produit ce poisson. On le nomme : La Sciène à lignes , en français. "Der lineirte Umher ^ en allemand. Et The lineated XJmher , en anglais. DE LA SCIÈNE POINTEE. 69 LA SCIÊNE POINTÉE, s C IMN A P U N C TATA. Les points noirs ou les petites ta- ches dont ce poisson est marqueté de- puis le haut du dos jusqu'à sa ligne la- térale , en font le caractère dislinctif. La membrane branchiale a cinq rayons , la nageoire pectorale douze , la ventrale six , celle de l'anus douze , celle de la queue dix-huit , la premièro dorsale neuf, et la seconde douze. La tête en pente et obtuse n'a point d'écaillés jusqu'aux opercules : les mâ- choires d'égale longueur sont armées de beaucoup de petites dents ; les os des lèvres sont larges; les narines, qui touchent aux yeux , sont ovales et so- litaires, et les yeux près du sommet ont la prunelle noire et l'iris d'or ; le premier opercule est dentelé, et le se- cond porte deux aiguillons; les écailles du dernier sont plus grandes que celles So HISTOIRE NATURELLE clu premier. L'ouverture des ouies est grande, et la plus grande partie de la membrane branchioslège est dégagée ; la ligne latérale prend la même direc- tion que le dos, dont elle est voisine; ]e corps est assez gros -, le dos et le ventre sont ronds. Le dos est blcuêlre i les côtés et le ventre sont argentés ; les nageoires de la poitrine et du ventre sont d^un rouge-brun ; celles de l'anus et de la queue sont rougeâtres à la base , et bleues au bord. La première dorsale a neuf aiguillons raclés , de couleur jaune , qui sont liés par une membrane bleue ', la seconde , comme la ventrale , en a un , et celle de l'anus en a trois : ces derniers sont raclés comme ceux de la première dorsale. Les rayons mous de toutes les nageoires ont plusieurs branches. Ce poisson habite la Méditerranée , comme le précédent. On le nomme : JLa Sciène pointée , en français. MCZ T "^'^''^^'' ft5-.'.--, r V>* '.iti — . Il i-- \w>!_.. !S Poçe Ûi. 7bm IF. /Jr,rcffe i/e/ ■ Jh'erron Jai/p ■ i JiA SCIENK stric'c. a . I,n ir. J'tu/e O'S . 3 . L 'A R G EN T É . ^ay . 7jg . U;. D U s A N D R E. 69 son corps alongé et ses dents fortes, et à la perche , par ses écailles dures et ses raies noirâtres : voilà pourquoi les Latins lui ont donné le nom de lucio- -perça, brochet-pcrclie. Sa tête est alon- gée , sans écailles, et finit en pointe émoussée. L'ouverture de la bouche est large. La mâchoire supérieure avance un peu sur l'inférieure : l'une et l'autre sont armées de quarante dents, dont les unes sont plus grandes, les autres plus petites. Les yeux ont une pru- nelle d'un brun foncé, et un iris d'un rouge-brun. Il faut remarquer comme quelque chose de particulier, que les yeux de ce poisson paroissent aussi né- buleux que ceux d'un homme qui a la cataracte. Les joues sont fort épaisses, et ont une couleur changeante verte et rouge. Le dos, qui est rond, a des ta- ches d'une couleur mêlée d'un noir bleu et rouge. Les côtés sont argentins et le ventre blanc. Les nageoires de la poitrine sont jaunâtres, et les autres Poissons. IV, 7 70 HISTOIRE NATURELLE blanchâtres. La nageoire de la queue est fourchue, et chaque nageoire dor- sale est tachetée de noir. Les rayons de la première nageoire du dos sont durs , ceux de la seconde mous : ils sont sim- ples à toutes les deux, et dans les au- tres nageoires ils sont ramifiés. Cet excellent poisson se trouve en Allemagne, en Russie et en Hongrie; et comme il demande une eau pure et profonde , on ne le prend que dans les lacs profonds qui ont un fond de sable ou de glaise , et qui ont une com- munication avec des eaux vives. lî parvient à une grosseur considérable. On en trouve quelquefois qui ont trois à quatre pieds de long. On en pêche dans le Danube qui pèsent vingt livres, et j^en ai vu un de vingt-deux livres, qui avoit été péché dans le lac Schwu- low en Saxe. C'est un poisson vorace. Il se tient ordinairement dans le fond. Il réussit sur-tout dans les étangs oii il y a des éperlans. Le sandre s'en DU SANDRE. j\ empare aisément , parce qu'ils vivent comme lui au fond. Quand il est bien nourri , il croît presqu'aussi vite que le brochet. On en trouve quelques- uns qui ont une forme tortue , et dont l'épine du dos va en serpentant. Je conserve une épine de cette espèce. Tant qu'il est jeune , il a pour enne- mis la perche , le brochet , le silure et quelques espèces de plongeons. Ils se mangent aussi les uns les autres. Dans le temps de son frai , qui tombe vers la fin d'avril ou au commence- ment de mai, il sort du fond, et dé- pose ses œufs sur les broussailles, les pierres , ou les autres corps durs qu'il trouve sur les bords. L'ovaire d'un sandre de trois livres pesoit , vers la lin de décembre , quatre onces et demie. Les œufs étoient très -petits, et la soixante-quatrième partie d'une demi- once en contcnoit 618; ce qui faisoit à -peu -près en tout 356,968 œufs. Malgré ce grand nombre d'œufs> on 72 HISTOIRE NATURELLE ne trouve pas que ce poisson rauUipUe beaucoup ; ce qui vient sans doute de ce qu'ils se dévorent mutuellement les uns les autres , et aussi de ce qu'ils tombent fréquemment entre les mains du pêcheur , parce que dans le temps du frai , ils sont fort hardis et fort imprudens. Ils n'ont pas la vie dure, et meurent aisément hors de l'eau quand il fait chaud , et même lorsqu'on les met dans des vaisseaux pleins d'eau. Q uand on veut les transporter , il faut faire en sorte que la voiture ne reste pas long-temps en repos , et choisir pour cela une saison froide. Cepen- dant , on peut s'épargner toutes ces précautions coûteuses , en se servant des oeufs fécondés de ce poisson pour les faire éclore. Il faut chercher dans le temps du frai les branches où se trouvent ces oeufs , les mettre dans un vase où il y a peu d'eau, et mettre le tout dans l'étang où l'on veut avoir des sandres. Comme il n'y a dans nos DU SANDRE. fZ environs aucun lac où il se trouve des sandres , je n'ai pu faire aucune expérience à ce sujet -, mais ayant réussi cette année à faire éclore des œufs de perche , qui dépose ses œufs comme le sandre sur des brancbes , il est très-vraisemblable que ceux de ce poisson peuvent éclore de la même manière. Mais si l'on veut qu'ils pro- filent , il faut leur donner une nour- riture abondante. On peut pour cela se servir de poissons blancs , de pea de valeur , tels que le rotengle , la rosse et l'ablette. L'éperlan et le goujon sont les meilleurs pour cet usage. On prend ce poisson avec divers instrumens , tels que filets, colerets, hameçons et lignes de fond. Quoiqu'il ne le cède point au brochet en vora- cité , il ne mange pourtant point quand on le met dans les réservoirs , ou han- netons. De sorte qu'il ne faut pas le garder long-temps, si l'on ne veut pas qu'il perde de son bon goût. Sa chair 74 HISTOIRE NATURELLE est blanche , agréable au goût , tendre et facile à la digestion ; quand elle est fraîche , elle peut servir de nourriture aux personnes foibles. L'automne et le printemps avant le frai , sont les, temps où ce poisson est le plus gras. On envoie le sandre d'ici et de Prusse , frais, salé et fumé dans diffé- rens pays , et il passe pour un bon manger. Quand on l'envoie frais, on lui perce la queue , et après l'avoir fait assez saigner , on l'empaquette dans de la neise ou de l'herbe. Dans les deux derniers cas , on le met dans des tonneaux. On l'accommode de dif- férentes manières. L'œsophage est large , et garni de plusieurs plis. L'estomac a la forme d'un sac, à l'extrémité duquel com- mence le canal des intestins. Le canal intestinal a six appendices et deux sinuosités , et n'est pas aussi long que le poisson. Le foie est gros, rougeâtre, et consiste en trois lobes pointus. La DU SANDRE. y^ vésicule du fiel est grosse , jaune et transparente. La rate est d'un rouge brun , et forme un triangle isocèle. La vésicule aérienne est posée le long du dos , et consiste en une peau forte. Derrière elle , on apperçoit les grands vaisseaux sanguins, qui contiennent un sang d'un rouge clair. La laite est double ; les ovaires sont ronds , séparés en baut, et unis en bas. On trouve vingt côtes de cbaque côté , et qua- rante-six vertèbres à l'épine du dos. Ce poisson est connu sous difFérens noms. On le nomme : Zander, dans nos contrées. Xant , Zander, Sandbaarsch , en Po- méranie. Sandart , dans le Mecklenbourg , la Prusse et le Holstein. Schiel , en Autricbe. I^agmaul et Schindel , en Bavière. Zant et Zahnt , en Silésie. Sandat , Sonder, en Livonie. Sandats f clicz les Lcttcs. yG HISTOIRE NATURELLE Stahrks et Kahha , en Estonie. Schmul et Syllo , en Hongrie. Sudacki , en Russie. Sedax , en Pologne. Santor , en Danemark. Cioes y en Suède. Gesner est le premier qui ait décrit ce poisson. Il en donna deux dessins , dont l'un est supportable ; mais l'autre ne vaut rien. Aldrovand , Jonston et Ruysch ont copié le premier dessin de cet auteur. Ensuite , Marsigli , Klein, Willugliby et Pontoppidan , nous donnèrent cha- cun un nouveau dessin. Le dessin du premier est bon ; celui du second pas- sable; mais ceux des derniers sont fort mauvais. Quand Gmelin ne donne que trois rayons à la membrane branchioslège , il faut qu^il n'ait pas remarqué ceux qui se trouvent cachés sous l'opercule des ouies. DE LA PERCHE. 77 LA Perche, perça flwiatilis. liES onze rayons de la nageoire de l'anus, dont les premiers sont durs, sont un signe caractéristique qui dis- tingue ce poisson des autres espèces de perches de l'Allemagne. On trouve sept rayons à la membrane des ouics, quatorze à la nageoire de la poitrine , cinq à celle du ventre , vingt-cinq à la queue , quinze à la première na- geoire du dos , et quatorze à la se- conde. La perche est un des plus beaux poissons de nos contrées , sur - tout lorsqu'elle vit dans une eau pure et claire. On voit briller sur son corps une couleur d'or d'un verd jaune, qui est interrompue par des bandes noires ; et cette belle couleur est encore re- levée par le beau rouge des nageoires. L'ouverture de la bouche est large. Les deux mâchoires sont d'égale Ion- 78 HISTOIRE NATURELLE guenr, et armées de petites dents poin- tues. Le palais est garni de petites dents dans trois endroits difFérens , et l'oesophage dans quatre. La langue est courte et unie. Les narines sont dou- bles, et ne sont pas fort loin des.j'^eux. Devant les narines , on remarque qua- tre petites ouvertures , dont j'ignore encore l'usage. Les yeux sont grands, et ont une prunelle noire , entourée d'un iris bleuâtre , qui est garni en dedans d'une bordure jaune. L'oper- cule des ouies est garni d'écaillcs très- petites; la lame supérieure est dente- lée , et garnie de petites pointes vers le ventre. L'ouverture des ouies est large , le dos rond : on voit de chaque côté six. bandes, les unes longues, les autres courtes , et davantage dans les poissons qui sont vieux. Les écailles sont dures et fortement attachées à la peau. Le ventre est large et blanc. L'anus est plus près de la queue que de la tête. Les nageoires de la poi- DELA PERCHE. 79 trille sont rougeâtres ; celles du ventre , rie l*anus et de la queue d'un rouge foncé , et les deux dorsales violettes, La première a une tache noire à l'ex- trémité , et ses rayons sont durs ; au lien que dans les autres , ils sont mous; simples aux deux nageoires du dos , ramifiés aux autres. Comme ce poisson est naturel dans presque toutes les contrées de l'Eu- rope, les Grecs et les Romains l'ont aussi connu. Il vit dans les eaux dou- ces , vives ou tranquilles. Il parvient chez nous à la longueur de deux pieds, et au poids de trois à quatre livres. En Laponie et en Sybérie , on en trouve d'une grosseur monstrueuse. Les La- pons conservent dans une de leurs églises , une tête sèche de perche qui a. presqu'un pied de long. En Angle- terre , on en a péché qui pesoient neuf livres. Ce poisson fraie en avril dans les lacs peu profonds , et en mai dans ceux o8 HISTOIRE NATURELLE qui le sont davantage. La manière dont il se défait de ses œufs est re- marquable: il cherche un bois pointu, ou d'autres corps de la même espèce , auxquels il se frotte 1q trou ombili- cal , et presse ainsi la capsule de l'o- vaire. Dès qu'il sent qu'elle s'y est attachée , il se retire, et fait des mou- vemens en serpentant çà et là , jusqu'à ce qu'il ait lâché tous ses œufs , qui sont dans une peau commune en forme ' de rets. Cette peau , qui forme en même temps un boyau troué , est large de deux pouces , et longue de deux à trois aunes. Quand on la considère au microscope , on trouve toujours quatre à cinq œufs unis par une peau durej et la peau forme un angle où ces œufs se réunissent ; de sorte qu'ils parois- sent quarrés ou hexagones. Au milieu de chaque œuf, on peut remarquer une petite bulle claire , autour de laquelle on voit le jaune qui est en- touré du blanc. Dans une perche de DE L A P E RC H E. 8l deux livres trois quarts, l'ovaire en- tier pesoit sept onces , et contenoit deux cens cinquante-huit mille et huit cents œufs. Selon le calcul de Harmcrs , une perche d'une demi - livre avoit :i8 ijOOO œufs : nombre immense , mais nécessaire pour la conservation de l'es- pèce , sans cesse exposée à la voracité de plusieurs habitansdes eaux, et dont les œufs sont souvent perdus , disper- sés par les tempêtes , ou deviennent la proie des oiseaux aquatiques- Ajou- tez à cela , que le mâle ne peut jamais féconder tous les œufs : car il y en a qui s'attachent les uns aux autres par le moyen de la matière gluante dont ils sont couverts ; et ceux qui sont en dessous restent infécondes. La perch© fraie comme le brochet , dès la troi- sième année *, et vers ce temps , quand l'occasion s'en présente , elle passe des lacs dans les ruisseaux et les rivières. Elle nage avec autant de rapidité que le brochet , et reste à une certain© PoissoQs. IV, 8 8i2 HISTOIRE NATURELLE Laiileur : ce qu'il faut observer quand on veut faire une pêche heureuse de ce poisson à l'hameçon. D'ailleurs , c'est un poisson vorace ; mais comme il ne parvient jamais à une grosseur considérable , il ne s'attaque point aux gros poissons , mais seulement aux pe- tites espèces ou aux petits des grandes. Quand il fait chaud, la perche vient aussi sur la surface de l'eau , pour at- traper des cousins. Comme le brochet, elle n'épargne pas sa propre espèce ; mais elle n'est pas si prévoyante que ce premier dans sa chasse. Le brochet ne se jette sur la perche et la petite perche que faute d'autre nourriture ; parce qu'il redoute leurs écailles poin- tues 5 mais il ne s'attaque jamais à l'é- pinoche. La perche au contraire , est si vorace , qu'elle se jette sur tout ce qu'elle peut attraper, et perd quelque- fois la vie en voulant saisir sa proie. L'épinoche dès qu'elle est prise , se démène comme les autres poissons. DE LA PERCHE. 83 enfonce ses pointes dans la bouche de la perche , qui est obbgée de mourir de faim. Lorsque les pécheurs la pren- nent dans cet état , ils I irent l'épinoche de sa bouche y et rejettent la perche dans l'eau , parce qu'alors elle est très- maigre. Cependant elle perd la faculté de pouvoir refermer la bouche : car quand on la reprend , on lui retrouve toujours la bouche ouverte. On prend la perche de plusieurs ma- nières différentes : savoir , avec les hameçons , les filets ; en hiver , au coleret , et dans le temps du frai , avec un filet ou tramail particulier, connu sous le nom de filet à perches. L'ha- meçon est l'instrument le plus com- mode et le plus favorable pour la prendre. On met pour appât un petit poisson , un ver de terre , ou une patte d'écrevisse. Il y a une chose à remar- quer dans la pêche de la percbc aa filet: dès qu'elle y est entrée, elle iiage sur le dos, et paroît morte ; puis 84 HISTOIRE NATURELLE elle revient bientôt. Peut - être cela vient - il du coup qu'elle se donne contre le filet dans sa course rapide, qui lui cause un étourdissement. La perclie est aussi sujette à pren- dre sous la glace une maladie particu- lière. Son corps est enflé ; et alors quand on la pêche dans les lacs profonds, on voit une espèce de vessie cunéi- forme qui lui sort de la bouche; mais quand on la tire du lac peu profond , on trouve cette même vessie au nom- bril. J'ai examiné quelques perches de cette espèce , que l'on avoit pêchées parmi les marènes dans le lac Madui ; et cette vessie n'étoit autre chose que ]a peau de la bouche qui étoit sortie. Ainsi les pêcheurs se trompent en pen- sant que la vésicule aérienne leur sort du corps : car ces poissons n'ont point proprement de vésicule aérienne ; mais au lieu de cela , ils ont une peau ten- dre qui va depuis un côté des côtes jus- qu'à l'autre. Dans le temps du frai, on DE LA PERCHE. 85 les prend dans des nasses et des louves , en mettant dans les gorges des bran- ches de pin , ou de la bruyère , qu'elles chercbent alors pour s'y frotter. La perche a la chair blanche , ferme et de bon goût -, et comme elle n'est point grasse , elle fournit aussi une bonne nourriture aux personnes foi- blcs. Voilà pourquoi les Romains esli- moient aussi beaucoup la perche (i). Avec la peau de ce poisson , on pré- pare une colle qui surpasse de beau- coup celle des autres poissons. Les La- ponais s'en servent pour coller leurs arcs , qu'ils font de bouleau ou d'épine, et leur donnent par ce moyen beau- coup de durée. Comme cette colle est d'un grand usage économique , il ne sera pas inutile de dire ici la manière (i) Voici ce qn'Ausone dit de ce pois- 8UU dans son Eleg. Mosel. vers n5. "Ne te delicias mensarum , -perça , sileho , Ainnigenos inter pièces dignate inarinis. 86 HISTOIRE NATURELLE dont on la prépare , sur -tout parce qu'il y a des cas où. l'on ne trouve pas à vendre la perche , tels qu'en été , quand l'endroit de la pêche est éloigné des villes, ou quand la foudre est tom- bée dans le lac ; ce qui les rend malades et les fait périr. Dans ces deux cas, on peut employer la perche à faire de la colle. Les Lapons la font de la manière suivante : ils ôtent la peau des grosses perches , la sèchent ; puis la ramollis- sent dans l'eau froide , de manière qu'on puisse détacher les écailles. Ils prennent ordinairement quatre à cinq de ces peaux de perches à la fois , les mettent dans une vessie de renne , ou les enveloppent dans une écorce de houleau , afin qu'elles ne touchent pas immédiatement à l'eau. Ils mettent ces peaux dans un pot, avec de l'eau "bouillante , et une pierre dessus , afin de les assujétir au fond, et les laissent bouillir pendant une heure. Quand elles sont amollies et visqueuses , ils D E L A P E R C H E. %7 les tirent , et en enduisent les bois dont ils veulent faire leurs arcs. Avec quelque changement , il seioit aisé de mettre celle colle en morceaux comme la nôtre. La perche a la vie dure. Par un temps frais, on peut la transporter vi- vante à quelques milles dans de l'herbe; et par conséquent on peut la mettre dans des étangs. Mais il faut prendre garde de la mettre auprès d'autres pois- sons ; car elle détruiroit les petits. Il vaut mieux lui donner un étang à part , ' et lui fournir des poissons de peu de valeur pour sa nourriture. On peut aussi empoissonner par le moyen des œufs, comme je l'ai fait avec succès cette année. Malgré le froid qu'il a fait dans le mois de mars , j'ai vu éclore des œufs de perche dans ma chambre. Le foie consiste en deux lobes de dif- férente grosseur. Le fiel est jaune et transparent , la laite double , et l'o- vaire qui est rond , consiste en un seul 88 HISTOIRE NATURELLE sac. Les oeufs sont de la grosseur de îa graine de pavot, La vésicule aérienne est comme nous l'avons dit plus haut. Le canal des intestiris a deux sinuosi- tés , trois appendices et un estomac en forme de sac. Les appendices sont atta- chées au boyau, à une distance assez considérable de l'estomac. Les rognons sont placés le long de l'épine du dos. La vessie consiste en une peau mince , d'une forme cylindrique. On trouve de chaque côté dix neuf côtes, et trente- neuf vertèbres à l'épine du dos. Ce poisson est connu sous différeus noms. On le nomme : Bars , Baarsch et Stockhaarsch , dans la Marche et en Poméranie. Barsch et Perscke , en Prusse. Berstling , Perschling , Warschîeger , en Autriche. Bûrstel , en Bavière. Rijigel-Persing , Bunt-Baarsch , dans quelques provinces de l'Allemagne, DE LA PERCHE. 89 , Heuerling , en Suisse , quand il n'a qu'un an ; Egle ou Eglen, quand il en a deux; Stichling f quand il en a trois ; Keeling et Bersichj à quatre ans et plus ; Baars , en Livonie. Assure j Assaris , chez les Lettes. Ahxt'en , en Estonie. ff^retensa, en Hongrie. Ovium , en Pologne. Okum , en Russie. Fersh- Vands-Aborre , en Danemarck. Abhorre, en Suède. Tryde et Skybbo , en Norwège. Baars , en Hollande. Perch y en Angleterre. Baarse y dans le Cumberland. Perche, en France. Versera , en Italie. Belon ne donne que douze ra3'^ons pointus à la première nageoire du dos, et deux appendices au canal des intes- tins ; mais l'expérience m'a prouvé que go HISTOIRE NATURELLE la première a quinze rayons , et que le dernier a trois appendices. Le caractère distinctifqu'Artédi tire des six raies noires est incertain , parce que leur nombre , et même leur cou- leur , est variable. Car j'ai vu des perches qui les avoient d'un verd fon- cé ; d'autres d'un bleu foncé : j'en aj trouvé aussi quelquefois plus ou moins de six ) j'en ai même vu une qui n'en avoit point du tout. Richter parle d'une telle perche , et Marsigli donne le dessin d'une semblable. Schœffer en a remarqué huit à une vieille perche Gesner autant ; Gronov six à neuf Aldrovand , AVillughby et Klein neuf Blasius et Jonslon douze , et Pennant quatre. Klein ne fjiit qu'une espèce des perches de rivière et des perches de mer , quoiqu'elles diffèrent soit par l'endroit de leur séjour , soit par les nageoires dorsales. Quand Zuckert dit que la percho DE LA PETITE PERCHE. 91 ij'est pas saine dans le temps du frai , )e ne sais sur quoi il fonde son opinion. Scliwenckfeld fait sans raison diver- ses variétés delà perche. Ce ne sont que des signes accidentels qui l'y ont engagé. Il nomme , par exemple , la grosse perche , hauptbaarsch ; celle qui se cache dans les racines et les arbres , stockbaarsch ; ringelbaarsch celle qui a des raies blanches ; Jlusd>aarsch celle qui habite les rivières , et seehaarsch , celle qu'on pêche dans les lacs. Je ne puis être de l'avis ni de Linné, ni de Pennant , lorsqu'ils font une variété particulière des perches bos- sues : car la courbure de l'épine du dos ne vient que d'une cause accidentelle. LA PETITE PERCHE , PERÇA CERNUA, La petite perche se dislingue de toutes les autres perches , par la na- geoire dorsale unique ^ et les différens ga HISTOIRE NATURELLE enfoncemens qu'elle a à la têle. On trouve sept rayons à la membrane des ouies , quatorze à la nageoire de la poi- trine , six à celle du ventre , huit à celle de l'anus , dix-sept à la queue , quinze à la première nageoire du dos, et douze à la seconde. Le corps de ce poisson est long et gluant. La tête est grosse etapplatiede haut en bas. La nuque , aussi bien que le dos,esl d'une couleur noirâtre. Lesyeux sont grands , la prunelle est bleue , en- tourée d un iris brun , et a une tache jaune. L'ouverture d& la bouche est de moyenne grandeur. Les mâchoires sont d'égale longueur , et armées , aussi bien que le palais et l'œsophage , de pe- tites dénis très- pointues. Le fond des côtés est d'un jaune tirant sur le verd et le brun. Cependant , on en trouve aussi quelquefois qui ont par-tout une couleur jaune d'or : voilà pourquoi Tragus l'appelle poisson doré. Les co- tés sont , aussi bien que les nageoires de Ï)È LA PETITE PERCHE. qS la. poitrine, du dos et de la qneue, or- nés de petites taches noires. Le ventre est large, et l'anus plus près de la têt© que de la queue. La poitrine est blan- che , et toutes les nageoires sont jaunes. A la première nageoire du dos , les quinze premiers rayons sont durs et pointus , de même que les deux anté* ïieurs de la nageoire ventrale : tous les autres sont mous et ramifiés aux ex- trémités. La nageoire de la queue est fourchue. Ce poisson est naturel aux contrées septentrionales de l'Europe, où il ha- bite les rivières et les lacs qui ont un fond de sable ou de glaise, et une eau pure et claire. On le trouve sur -tout en quantité en Prusse; et, selon Klein , en péchant un jour sous la glace dans le Frisch-Haff, on prit d'un coup tant do petites perches et de petits saumons , qu'on eut de quoi en remplir sept cent quatre-vingts tonnes. Ce poisson ne parvient pas à la Ion- Poissons. lY^ 9 9* HISTOIRE N.àTUKELLE gueur de plus de six à huit pouces. Ce- pendant , on en trouve d'une grosseur extraordinaire dans quelques lacs près de Prenzlow. Il est du nombre des poissons voraces, vit des petits des au- tres espèces , de vers et d'insectes. Ses ennemis sont le brochet , la perche , Fanguille , la lote et les oiseaux pê- cheurs. 11 fraie au mois de mars et d'a- vril j il dépose ses œufs dans le fond , sur les bancs de sable, ou autres corpt* durs, qu'il trouve dans des profondeurs de cinq jusqu'à dix pieds de hauteur. Ses œufs sont petits et d'un blanc jau- nâtre. J'ai trouvé soixante - quinze mille six cents œufs dans un ovaire de trois drachmes. 11 m-ultiplie beaucoup, et ne croît que lentement. Au prifU- temps , il passe des grands lacs dans les rivières, et en revient en automne. Lê^ pêche de ce poisson sous la glace est §ur-lont fn^t avantageuse. D'ailleurs , on le pêche au filet , au tramail et à l'iidnieçou,, Ce poisson a une chair tcn- DE LA PETITE Î'ERCITE. 96 drc , de bon goût et de facile digestion ; ce qui fait qu'on peut la conseiller aux personnes valétudinaires. Dans nos cnntrées, les lacs de Golis et de Wan- dolitz sont renommes pour les excel- lentes perches de cette espèce. Comme ce poisson offre une nourri- ture saine et agréable, et qu'il est trop petit pour nuire beaucoup aux autres poissons, un économe fait bien de le mettre dans ses lacs. La meilleure sai- son pour cela est le printemps et l'au- tomne j mais il faut observer de le prendre dans des lacs peu profonds ; car ceux des lacs profonds se fatiguent beaucoup dans les filets, et meurent bientôt après être sortis de l'eau. D'ail- leurs, la petite perche a la vie dure, et en hiver on peut l'envoyer vivante as- sez loin. Quoiqu'elle gèle quelquefois et qu'elle paroisse morte, elle se remet bientôt, dès qu'on l'a mise dans de l'eau fi'oide. Quant aux parties intérieures de ce 9^ HISTaiRE NATURELLE poisson , elles ressemblent à celles des précédens : toute la différence qu'il y a, c'est qu'elles sont plus petites à pro'- portion , et qu'il n'a que trois appen- dices comme la perche ordinaire , mais elles sont beaucoup plus courtes. L'o- vaire est double. On trouve quinze côtes de cliaque côléj et trente vertè-^ bres à l'épine du dos. Ce poisson est connu sous différens noms. Oale nomme: Kaulbaarsch , en Allemagne. Stuer et Stuerbass , à Hambourg, Pfajfenlaus et Rotzwolf , en Alitri:* elle. Schroll , en Bavière. Kaulbarsch , en Livonie. Rissis et Ullisy cliez les Lettes. Kiisy en Estonie. Jerschay en Russie. Giers, Schnorgers , en Suède. Jiorcke , Tarrike , Siibling , en Dane- ïuarck. DE LA PETITE PERCHE. 97 Kulehars , Ahoruden - Flos , en Nor- wège. Posf j Posch f Pos et Poschje, en Hol- lande. Kuffe et Pope, en Angleterre. Petite Perche, en France. Cerna , à Malte. Belon est le premier qui ait décrit ce poisson , et Gesner le premier qui en ait donné un dessin. Mais le dernier le rapporte comme deux poissons diffé-^ rens ; une fois sous le nom de kaul- haarsch , et une autre sous celui dç schfoll- C'est ce que fait aussi Aldro- vandj Charleton même en a fait trois espèces. Nous répondons négativement à Klein, quand il demande s'il faut en- tendre notre poisson par le scluoetsçr de Willugliby. ^* HISTOIRE NATURELLE LE CINGLE, PERc^ zing^l, La mâchoire supérieure avancée en forniQ de nez , et les dix -neuf rayons de la seconde nageoire du dos, sont les caractères qui distinguent ce poisson des autres espèces de perches. La na- geoire pectorale a quatorze rayons , celle du ventre six , celle de l'anns treize , celle de la queue quatorze, la première du dos seize, et la seconde dix-neuf. La tête est grosse, appîatie de haut en bas ; elle est de même que le tronc , garnie d'écaillés dures et dentelées qui y sont fortement attachées. liC dos est rond; la bouche, qui s'ouvre par en- bas , est large. Les deux mâchoires , ainsi que le palais, sont garnis de dents pointues. La langue est dure et déga- gée, et la mâchoire supérieure beau- coup plus longue que l'inférieure. Les narines sont doubles et placées au sonw DU C 1 N G L K. ()} iTict , aussi bien que les yeux. Ces der- jiiers ont une prunelle noire , entourcu d'un iris jaunâtre. L'ouverture des ouies est large, et l'opercule n'est for- mé que d^ine petite plaque. La cou- leur foncière du poisson est jaune, gar- nie de raies brunes,, qui vont en tra- vers, et entre lesquelles on remarque des laelies de la même couleur. Le ventre est blanc. C(?ux que l'on prend dans le Danube , ont une couleur plus pâle que ceux que l'on trouve dans les rivières. lia ligne latérale parcourt le corps , non loin du dos , dans une direc- tion droite. Tous les rayons des na- geoires sont jaunes et ramifiés aux ex- trémités, excepté ceux de la première nageoiie du dos, qui sont simples et pîquans. La nageoire de la queue a une échancrure en forme de croissant. Ce poisson est naturel aux contrées méridionales de l'Allemagne. On le trouve dans différens lacs et rivières de la Bavière et de l'Autriche , de lOO HISTOIRE NATURELLE même que dans le Danube. Il parvient à. la longueur de quatorze à seize pou- ces , et pèse deux à trois livres. Sa chair est blanclie, ferme et aisée à digérer. On le sert sur les tables des grands. Ce poisson aime une eau claire. Il fraie en mars et en avril , et dépose ses œufs dans des endroits pierreux. Il est du nombre des poissons voraces, comme on le voit par les dents dont sa bouche est armée. Il n'y a que le brochet qui ose s'attaquer à lui , à cause de ses écailles dures et rudes, et des piquans qui défendent son dos. Ainsi , il n'est pas étonnant qu'il se multiplie beau- coup , malgré la guerre que lui font les hommes. Comme il a la vie dure, on peut aisément le transporter et le met- tre dans d'autres eaux. La saison la plus propre pour cela est le printemps; car, après l'accouplement, il se retire (Ijus les fonds, et alors on ne le prend f|Liu fort rarement. On le prend ù l'ha,- BU CINGLE. 104 iMeçon et à la nasse , sur -tout dans le. temps du frai. L'estomac est alongé et sa peau dure ^ Non loin de l'estomac, on remarque le canal intestinal , qui a trois sinuosités et trois, appendices vermiformes. La Jaite et l'ovaire sont doubles et ronds. Les œufs, qui sont jaunes, sont de la grosseur de la graine de pavot. La vé- sicule aérienne est blanche et garnie de points noirs. Le foie consiste en trois lobes. On trouve quarante-quatre ver- tèbres à l'épine du dos, et vingt-deux côtes à chaque côté. On nomme ce poisson : Ziugel , Zindel et Zinnehaarsch , eu Allemagne. Kolez j en Hongrie. Cingle y en France. Gesner est le premier qui ait décrit ce poisson. Il en a donné un mauvais dessin , oii l'on ne voit pas même leS; nageoires de l'anus , et Aldrovand l'a copié avec ses défauts. Jonston nous exsk 102 HISTOIRE NATURELLE a donné un nouveau dessin , mais il a omis pareillement cette nageoire , ainsi que Ruyscb qui en a donné un autre dessin. M. Sclioeffer et Gronov rapportent faussement à notre poisson le strœbcr, ou apron d'Artédi et de Linné, car il est clair, par les auteurs que cite Ar- tédi au sujet de ce poisson , et par la manière dont Linné le caractérise en lui donnant treize rayons à la seconde nageoire du dos, il est clair, dis -je, qu'ils ont voulu décrire l'apron et non le cingle. Linné et Klein se trompent , lors- qu'ils prennent pour notre poisson l'as- predo de Rai, qui est naturel à l'An- gleterre ; car ce poisson est notre pe- tite perche , comme on peut le voi£ dans Penuant. D E L'A P R O K. lo3 L'APRON, PERÇA ASPER, L\ màcîioire supérieure avancée en forme de nez , et les treize i-ayons de la seconde nageoire du dos, sont les ca- ractères distinctils de ce poisson. On compte sept rayons à la membrane des oui€s,onze à la nageoire de la poitrine , six à celle du ventre, neuf à celle de l'anus, dix -Luit à celle de la queue , huit à la première du dos, et treize à la seconde. Le corps est alongé et la tête large ; la bouche, qui s'ouvre par en bas, est petite, en forme de croissant, et gar- nie de dents qui sont à peine visibles. La mâchoire supérieure est la plus longue. On trouve près de l'ouverture de la bouche, les narines qui sont dou- bles : les antérieures sont rondes, et couvertes d'une peau comme d'une sou- pape; mais les postérieures sont oblon- gues et sans couvercles. Les yeux ont to4 htstoire naturelle tme prunelle noire, et l'iris blanc aveè une bordure rougeâtre. L'opercule des ouies n'est foi-mé que d'une petile J)laque. La couleur foncière tîu poisson est jaunâtre, avec trois ou quatre ban- des noires qui vont en travers. Le dos est rond et noir, le ventre blanc, court et uni. Toutes les nageoires sont d'un jaune pâle. Le corps est couvert d'é- cailles grandes, dures et rudes; et al*- Jant vers la queue , il devient aussi mince qu'un tuyau de plume. La ligne latérale s'étend non loin du dos, avec lequel elle a une direction droite. L'a- nus est plus près de la tête que de la na- geoire de la queue. Cette dernière est fourcbue. Tous les rayons des nageoi- res sont ramifiés, excepté ceux de la première nageoire du dos, qui sont sim- ples et piquans. Nous trouvons ce poisson non-seule- ment en France, dans le Rhône et dan» difFérens lacs et rivières de la Bavière, mais aussi dans le Volga et le Jaik*^ ÎDÈ L'A P R O N. iù5 Celai que je possède m'a été envoyé de Bonrchllausen , par mon ami M. lo professeur de Paula Schrank. Il par- vient àla longueur de six à huit pouces, et ne vit que dans l'eau claire, comme ]e précédent. Ses œufs sont petits et blancliâtres. Le temps du frai tombé en mars. Alors on le pêche en quantité avec des filets et à l'iiaitieçon. Après ce temps , il se tient presque toujours dans les fonds. On le prend aussi eu hiver sous la glace , avec de grands fi- lets propres à tirer les poissons des fonds. Il vit d'insectes et de vers. Sa cliair est saine et de bon goût : aussi ou le sert sur la table des riches. Comm© ce poisson a la vie dure , on peut faci- lement le transporter dans d'autres eaux. L'automne et le printemps sont les saisons les plus convenables pour cet effet. Les parties intérieures sont de la înême nature que celles du poisson précédent, excepté que celui- ci n*a Foissons. IV. lo lo6 HISTOIRE NATURELLE que quarante-deux vertèbres à l'épine du dos , et seize côtes de chaque côté. Ce poisson se nomme : Strœber , Ffeiferl et Strœberbasch , en Allemagne. Zindel , en Suisse. Apron, en France. Alabuga , en Tartarie. Berschik , chez les Calmouqnes. Artcdi caractérise notre poisson d'une manière insuffisante par huit à neuf bandes noires \ car M. SchœlTer n'en compte que cinq , et j'en ai à peine apperçu autant sur celui que j'ai examiné. Rondelet, Gesner, Jonston et AI- drovand rapportent , d'après un dire vulgaire , que ce poisson vit cle pail- let tes d'or , qu'il avale avec le sable ; mais cette assertion est contredite par l'expérience. Paç ■ jo^ J)ejeve «aï»/. ~~ Jh'erron ilriifp- 1 . I.K SAI.IN . % . LK Jl U . 3 IxA PiaiCHK //././^ ^^ DU SALIN. IG7 LE SALIN , PERÇA UNIMJCULATJ. La tache ronde et noire qui marque chaque côté au bout de la pectorale , constitue le caractère de ce poisson. Le manuscrit du prince Maurice m'ayant fourni le dessin de ce poisson , je n'ai pu examiner le nombre de« rayons de la membrane branchiale. La nageoire pectorale contient treize rayons , la ventrale six , celle de l'anus seize , celle do la queue quinze , et la dorsale vingt-huit. La tête est petite , et les écailles ne vont que jusqu'aux yeux. Le front est en pente , les opercules ne sont point dentelés , et l'ouverture des ouies est large j la prunelle noire des yeux est surmontée d'un iris d'argent. L'on trouve une tache jaune entre les yeux. Les mâchoires de longueur égale ont des dents pointues égales. Le tronc est large et argenté. Lcs^ raies longitudi- 108 HISTOIRE NATURFXLE îiales dorées embellissent le tronc. La tache annoncée est plus près du dos que de la tête. Les rayons mous sont rami- fiés , la nageoire ventrale a un aiguil- lon , celle de l'anus trois , et la dorsale douze -, toutes les nageoires sont jaunes. Ce poisson est du Brésil II a la cliair excellente, et le prince Maurice dit qu'il parvient à la grandeur de la carpe : mais Marcgraf ne lui donne qu'un pied de longueur. Il est du nombre des pois- sons de passage , qui quittent la mer au printemps , et passent dans les rivières pour ne retourner dans la mer qu'en automne. Suivant Piso , l'ovaire de notre pois- son est grand, les boyaux sont larges , Je foio rouge , la vésicule du fiel forte, et le cœur triangulaire. On nomme ce poisson: Au Brésil , Facu et Selumixira. Les Portugais du Brésil l'y nomment Sellema et Selim. X^e dialecte français l'exprime, Salin^ X.es Allemands le nomment denFleck ^ à cause de sa tache noire. Et les Anglais, the Pacu. Marcgraf nous a le premier fait con- noître ce poisson , nous laissant eu même temps un assez bon dessin , qui cependant ne représente point la tache noire. Piso l'a imité. Je ne sais pourquoi Willughby , Rai, Jonston et Klein , qui ont admis dans leurs écrits tous les poissons de Marc- graf, ont fait une exception à l'égard de celui-ci. LE JUB, PERÇA J VBA. Les deux taches brunes de la na- geoire de la queue distinguent ce pois- son. N'ayantque le dessin du prince Mau- rice pour en faire ma description , }e ne puis rien dire sur le nombre des ia3'onsde la membrane branchiale. La nageoire pectorale a douze rayons, IIO HISTOIRE NATURELLE la ventrale six , celle de l'anus douze , celle de la queue dix-sept , et la dor- sale vingt-huit. La tête fort en pente n'a des écailles que jusqu'aux yeux ; la bouche est grande , les mâchoires de longueur égale sont armées de dents pointues. Les os des lèvres sont forts ; une raie noire à bord jaune traverse l'œil. Les opercules sont unis, et l'ouverture des ouies est grande. Le tronc est large ,1e dos forme un arc sur le devant , et l'a- nus tient à~peu-près le milieu entre la nageoire de la queue et la tète. Le fond est argenté jusqu'au dos , qui est violet tirant sur le noir , et six raies jaunes vont le long du tronc. Les nageoires jaunes à la base ont les bords d'orange. Les rayons ressemblent à ceux du poisson précédent. Ce poisson devient deux fois plus grand que le précédent : mais il ne passe point aux rivières , il s'arrétt D ir J U B » lit enlre les rochers et les embouchures des rivières ; et c'est dans ces conlrces qu'on le pêche en grand nombre pen- dant toute l'année. Il a aussi la chair très-bonne. Marcgraf sur -tout compte parmi les friandises , la langue et la chair des joues de ce poisson. Pisodit que , rôti , il est un des meilleurs pois- sons de cette contrée. On le nomme : Au Brésil , Guatucupa Juha. En France , le Jub. En Allemagne , der Schwanzfleck , à cause des taches de la nageoire de la queue. Et en anglais , the Jub. La première description de ce pois- son est due à Marcgraf , lequel y a joint un mauvais dessin. Pi.-^o en a copié le dessin , et Willughby la description ; Jonston et Ruysch ont copié l'un et ruLitrc. 112 HISTOIRE NATURELLE LE PAON, PERÇA SJXATILIS. Les deux taches noires à bords blancs , dont l'une touche la nageoire pectorale , l'autre celle de la (jueue , désignent ce poisson an premier coup d'œil. L'on compte sept rayons dans I3. membrane branchiale , quatorze dans la nageoire pectorale, six dans la ven- trale , douze dans celle de l'anus , cjuinze dans celle de la cj^ueue, et trente-uu dans la dorsale. Le corps alongé est assez gros ; la tête, large sur le derrière et étroite sur le devant , est écailleuse jusqu'aux yeux. L'ouverture de la bouche est grande. La mâchoire inférieure est la plus longue , et les deux mâchoires sont armées de petites dents pointues en forme de lime. Les narines rondes et solitaires occupent le milieu entrs î'ouvertuj'e de la bouche et les yeux. Tom JT. JPa^fe un. 1 . I.R PAOX . n . LA D OUBLE - TACHE . 3 . l.A PEPvCHE du Brésil . 4 . LE JAP OIS . D U P A O N. 11 5 l^cs opercules sont unis , l'ant.érieuy Hiontre du côté interne une branchie simple ; et une raie noire les travers© Fun et l'autre. L'ouverture des ouies yui est granule , peut se fermer par le moyen de la membrane brancliiale , innnie d'os larges, longs et courbés. Le dos est rond ,,le ventre est long, et l'a,- Kus est du double plus voisin de la queue que delà tête. Le brun du dos devient clair aux côtés, et se perd dans le blanc vers le ventre. Les rayons mous de la nageoire du dos et de la poitrine sont fourclms ; ceux des autres nageoires ont plusieurs rameaux; la dorsale compte dix-liuit aiguillons ramentacés , la ventrale un , et la nageoire de l'anus trois. La ligne latérale très-voisine du dos, se rompt vers le bout de la dorsale , reprend au milieu de la queue, et finit dans la na- geoire de la queue. Les écailles dures sont dentelées ; les nageoires du dos et <3e l'anus sont parsemées de tacbes. Il4 HISTOIRE NATURELLE noires et blanches , et terminées en pointe ; les autres nageoires sont ar- rondies, et celle de la queue porte aussi les taches sus-mentionnées. Les contrées pierreuses de Surinam produisent ce poisson. Il a la chair blan- che et grasse, comme tous les poissons qui vivent sur des fonds purs. On nomme ce poisson : En France , Paon. En Angleterre ,iSfo72<î-P«rc/i. Et en Allemagne, Steinharsch et Stem- brachsem. Linné qui fit au même temps la des- cription de ce poisson avec Gronov , nous en a aussi donné un dessin , mais qui est de peu de valeur. Il le rangea d'abord au genre des ombres , ensuite il le compta parmi les brèmes de mer : mais ce poisson n'ayant ni sillon écail- leux au dos , ni les dents fortes , il ne peut , d'après les caractères adoptés dans son propre système, entrer dans aucun de ces deux genres. DE LA DOUBLE TACHE. 1 1 5 Gronov le mit d'abord da nombre des brèmes de mer , puis de celui des perroquets de mer ou scarus ; et il en fournit un bon dessin , où cependant les aiguillons de la dorsale et de la na- geoire de l'anus ne sont pas bien dis- tincts. Bonnaterre a , d'après Linné, compté ce poisson parmi les brèmes de mer , en gardant la copie de Gronov. LA DOUBLE-TACHE, PERÇA 31MAC VLATA. Les deux taches noires et rondes qu'on voit aux deux côtés , caractéri- sent fort bien ce poisson. Je ne puis déterminer le nombre des rayons de la membrane branchiale , le prince Maurice, dont j'ai emprunté le dessin , ne les ayant point observés. La nageoire pectorale contient qua- torze rayons, la ventrale six, la na- tl6 HISTOIRE NATURELLE geoire de l'anus douze , celle de la queue quinze , et la dorsale vingt-sept. La tête en pente et comprimée est sans écailles j usqu'aux opercules unis. Les yeux ont la prunelle noire dans uîi iris d'or. Le tronc est large , et Fanas est plus près de la nageoire de la queuo que de la tête. La ligne latérale est ua peu courbée et approche plus du dos que du ventre ; le premier est brun ^ le second argenté. Des taches mention- nées il y en a une au-dessus de la na- geoire pectorale , et l'autre tout près de la nageoire de la queue qui est ar- rondie. Celle-ci et les autres nageoires ont la couleur brune , et les rayons mous sont ramifiés. Quinze aiguillons arment la dorsale , quatre défendent la nageoire de l'anus ; et un seul garan- tit la ventrale. Ce poisson se trouve dans les rivîèi^es du Brésil. Il est charnu , mais il n'ex- cède pas la longueur d'un empan. Il a la chair bonne . sç>it rôtie ; soit cuite. t)É LA PERCHE DU BRÉSIL. II7 On le nomme : Au Brésil, Acara. En français , la Double tache. En allemand, den Doppeljîeck, Et en anglais , the Acara. Marcgraf , à qui nous en devons la connoissance , nous en donna un dessin assez bon, imité par Piso , Willughby> Jonston et Ruysch, LA PERCHE t)U BRESIL, PERÇA BRJS ILIENSIS. La perche du Brésil se distingue ai- sément de tous les poissons de son genre , par les taches ovales noires de sa ligne latérale. Le manuscrit du prince Maurice ayant été men guide, je ne puis énu- nlérer les rayons de la membrane bran- chiale : la, nageoire pectorale compte douze rayons , la ventrale six , celle de l'anus quatorze, celle delà queue seize , et la dorsale vingt-trois. Poissons. IV. 11 il8 HISTOIRE NATURELLE Le corps est alongé ; la tête va en pointe obtuse : les mâchoires de même longueur sont armées de petites dents pointues ; les narines solitaires tou- chent aux yeux, qui ont un iris tant jaune que blanc autour d'une prunelle noire ; les opercules unis et le tronc sont garnis d'écaillés petites , dures et argentées ; la ligne latérale est droite , et approche plus du dos que du ventre- Celui-ci est long, et l'anus est double- ment plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue : le dos est rond et bleuâtre ; les côtés et le ventre sont argentés , les nageoires dorées. Les nageoires du dos , de la poitrine et de la queue n'ont que des rayons mous , mais celles du ventre et de l'anus sont com- posées de rayons mous et d'aiguillons ; le ventre n'a qu'un aiguillon, et la na- geoire de l'anus en a trois. Ce poisson est encore des fleuves du Brésil. On le pêche de la longueur de D E l'a R g E N T É. 119 sept à liuit pouces : il a la chair salubre et digestive. On le nomme : Au Brésil , Nhoqunnda. T-iU France , la Perche du Brésil. En anglais, the Brasilian Perch. Et en Allemagne, den Brasilianischen Barsch. C'est aussi à Marcgraf qae nous en devons la connoissance : le dessin qu'il nous en a fourni n'est que médiocre, Piso , Willughby , Jonston et Ruysch l'ont imité. L'ARGENTÉ, perça jrgentjtj. Les vingt - sept rayons de la na- geoire du dos et les dix-sept de celle de l'anus nous font distinguer ce poisson. La membrane branchiale porte cinq rayons, la nageoire pectorale en compte quatorze , la ventrale en contient six celle de l'anus en a dix-sept , dix-huit composent celle delà queue , et la dor-» 120 HISTOIRE NATURELLE sale consiste en vingt - sept rayons^, lia tête est petite , sans écailles j u&- qu'aux opercules , et elle se termine eu pointe obtuse ; la bouche et les dents des mâchoires égales sont petites ; les opercules sont non - dentelés ; les na- rines solitaires sont près des yeux : ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris tant blanc que jaune. Le tronc est alongé ; la ligne latérale un peu ar- quée est voisine du dos; l'anus est deux fois plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue , qui forme uu croissant. La couleur de ce poisson est argen- tée; les nageoires sont grises : il n'y a que la ventrale , la pectorale et la na- geoire de l'anus qui sont rougeâtres à Jeur base ; et le dos est noirâtre. Les rayons moussent ramifiés, et ceux de la dorsale vsont les seuls fourchus. Celle- ci a seize de ces rayons, et onze aiguil- lons ; la nageoire de l'anus a trois ai- guillons et quatorze rayons mous , eC D U J A P O N. I2ï îa ventrale joint un aiguillon à cinq rayons mous. lie Japon est la patrie de ce poisson. On le nomme : En France , F Argenté, En Allemagne , den Silherbarsch* En Angleterre , the Silver-Perch, LE JAPON, PERÇA JAPONICA. Les caractères de ce poisson consis- tent en dix aiguillons à la nageoire du. dos, et deux à celle de l'anus. L'on trouve cinq rayons dans la membrane branchiale, quatorze dans la nageoire pectorale , six dans la ven- trale, huit dans celle de l'anus, seize- dans celle de la, queue , et vingt dans la dorsale. La tête est petite, et sans écailles Jusqu'aux yeux -, les mâchoires de lon- gueur égale sont munies de dents en forme de lime ; les narines sont soli- taires i la prunelle est noire , l'iris d'oJE. 122 HISTOIRE NATURELLE Jj'on voit des lignes jaunâtres le long^ du corps : la ligne latérale Toisine du dos , prend la même direction avec lui ; l'anus est plus voisin de la nageoire de la queue que de la tête ; le fond de ce poisson est blanc ; le dos est bronâtre ; les nageoires sont grisâtres , et ont des rayons mous à quatre branches : la na- geoire du dos a dix aiguillons-, celle de l'anus en a deux. La patrie de ce poisson est le Japon^ d'après lequel on le nomme : Le Japon , en français. The Japanese Perch , en anglais. Et Den Japanischen Barsch , en alle- mand. LA SANGUINOLENTE, PERÇA GVTT AT A. Le fond rouge parsemé de iachc? rouges distingue ce poisson de toutes les espèces des perclies. Aj'ant emprunté le -dessin du père Tof/i . //: /'m/< <((/(' 121 i . I . A SA N OU I N OJ^,N T F. . a . 1 .A TACH FTT.K. ;î.i..\ voxc riKE. t.- y. ' ■ DE LA SANGUINOLENTE. 1^3 Plumier, j'ignore le nombre des rayons de la membrane branchiale. La nageoire pectorale compte dix rayons , la ventrale six , celle de l'anus neuf, celle de la queue quinze, et la dorsale dix-neuf. La tête est grande , et sans écailles jusqu'aux opercules ; l'ouverture de la bouche est grande ; les mâchoires d'é- gale longueur sont garnies de dents pointues ; les yeux sont d'un rond ovale et à la proximité du sommet ; la prunelle est noire , et l'iris couleur d'or est ponctué de rouge ; les oper- cules sont grands , unis , et le posté- rieur se termine en pointe obtuse : l'ou- verture des ouies est très large, et des rayons forts soutiennent la membrane en partie dégagée; le ventre est con- vexe , et l'anus approche plus de la na- geoire de la queue que de la tête ; la ligne latérale située à-peu-près au mi- lieu du corps , prend une direction droite- les écailles sont assez grandes; 124 HISTOIRE NATURELLE les rayons mous ont plusieurs braiî- ches; la nageoire du ventre a un ai- guillon , celle de l'anus deux , et celle du dos en a neuf j la dernière a une échancrure au milieu : toutes les na- geoires sont arrondies. Le rouge cou- vre tout le corps-, et les taches d'un rouge foncé y font un bel effet. Ce poisson habite les eaux des deux Indes. Catesby le vit aux îles Baha- mes, et Plumier aux Antilles : le pre- mier nous assure que ce poisson se prend d'ordinaire long d'un pied. Mais il doit yen avoir qui parviennent jusqu'à deux pieds de long. Il se trouve pour l'ordinaire aux bas-fonds près du continent : on peut en manger lachain Les Allemands le nomment Blutbarsch, parce qu'il a la couleur du sang. ïiCs Français lui donnent deux noms, savoir , la Sanguinolente et le Jucob- Evertsen rouge. Les Anglais l'appellent tJie Hind. Nous sommes redevables de la con.- DE LA. SANGUINOLENTE. isS iioissance , de même que d'un bon des- sin de ce poisson , à Catesby ; cepen- dant les ventrales s'y trouvent trop en arrière sous les pectorales , mais d'ail- leurs le nombre des aiguillons du dos et du ventre répond parfaitement à celui de Plumier. Il se trompe , en croyant que le cugupuguacu des Brasiliens soit notre poisson, vu que celui-là a la tête beaucoup plus petite et pourvue d'un gros aiguillon , la couleur du corps grise et des points noirs. Klein et Gro- 310V donnent dans la même erreur. C'est encore à tort que ce dernier donne le lepras Bellonii de Gesner, et la quinzième perds de Klein , pour notre poisson : le premier , comme I0 dessin le démontre , est un labre , et le dernier diCTère également beaucoup du notre J'en juge ici par la confronta- tion des deux estampes. Les citations de Linné sont fausses jusqu'à celle de Catesby j car de cette snanièrele cugupuguacu est de la classa 126 HISTOIRE NATURELLE des apodes^ Marcgraf disant expressé- tnent qu'il n'a que cinq nageoires , et l'ayant représenté , de même que le prince Maurice , dépourvu de ven- trale. Notre poisson ne ressemble pas plus à la fig-ure citée par Willugliby. Statius Millier commet la faute fa- milière à tous les navigateurs des Indes orientales , savoir de nommer tous les poissons portant des taches ou points ronds , Jacoh-'Eversten , malgré la très- grande diâ'érence qui les dislingue. LA TACHETEE, PERÇA MACULA TA. L "E s taches rouges sur le fond blauo font le caractère de ce poisson. Le dessin de Plumier ne montrant point les rayons de la membrane bran- chiale , et ce dessin m'ayant ser'çi d'o- riginal , j'en ignore le nombre. La nageoire pectorale a douze rayons, la ventrale six , celle de l'anus. D E L A T A C H E T E E. 1 27 dix , celle de la queue douze , et la dor- sale vingt-quatre. Le corps est alongé , comprimé et couvert de grandes écailles argentées ; l'ouverture de la bouche est grande, et la mâchoire inférieure est la plus longue : elles sont munies l'une et l'au- tre de petites dent», et la mâcîN»irc su- périeure est garnie d'os de lèvres bien larges. Les narines sont doubles et tou t près des yeux : ceux-ci sont verticaux ; la prunelle noire est bordée d'un iris bleu et rouge - les opercules sont non- dentelés; le postérieur form e une poi n te molle , et la tête ne porte des écailles qu'aux opercules : la ligne latérale est plus proche du dos que du Ventre, /et l'anus avoisine plus la nageoire de la queue que la tête 5 les nageoires sont aiTondies , et les bouts des rayons mous ramifiés ; la ventrale a un aiguil-. Ion , celle de l'anus en a tïois , et la dorsale quatorze. 1Î28 HISTOIRE NATURELLE Ce poisson se trouve dans la mer At- lantique , vers les Antilles. On le nomme : .v^ "EriYrsincc, la Tachetée. Eh Allemagne ," den gejleckten Barscht Et en Angleterre , the dropped Pefch. liA PONGTUÉE, PERÇA PITNCTATA, Ijes points bleus sur îe fond blanc dénotent suffisamment ce poisson. Je ne puis déterminer le nombre des rayons de la membrane branchiale , ayant emprunté le dessin du manus* crit du père Plumier. On découvre dix rayons dans la na-. geoire pectorale, six dans la ventrale, neuf dans celle de l'anus , quatorze dans celle de la queue , et vingt-deux dans la dorsale. La tête est sans écailles jusqu'aux yeux , la bouche grande j les mâ- choires sont garnies de très - petites dents, les os des lèvres larges j les DE LA PONCTUÉE. 139 yeux dont la ïorme est ovale , sont ver- ticaux ,etont la prunelle noire et bleue et l'iris jaune. Les opercules sont non- dentelés ; le postérieur forme deux pointes , et la plus grande partie de la membrane est dégagée ; les écaillessont grandes ; la ligne latérale est presque dioite et plus voisine du dos que du ventre ; l'anus approche plus de la na- geoire de la queue que de la tête ; les nageoires sont arrondies, et les rayons mous en sont ramifiés ; la ventrale est armée d'un aiguillon , celle de l'anus de trois, et la dorsale de dix. Ce poisson est des deux Indes. Plu- mier le dessina aux Antilles , Catesby le trouva à la Caroline, et Valentyu aux Moluqucs. Il atteint la grandeur d'une perche -de rivière, et sa chair est de bon goût comme Tcelle de la per- che. Il est du nombre des beaux pois- sons qu'on trouve si abondamment aux deux Indes. Le beau fond argenté se perd dans le ronge vers le dos, et les Poissons. IV. 12 l3o HISTOIRE NATURELLE points bleu - clairs font un mélange agréable de couleurs. On nomnie ce poisson : Aux Indes orientales, l'an Soesalat et Lu ce e aie Mera. Chez les Hollandais des Indes , Roode Jacob Euertsen et Sousalat-Visch. Chez les Français, la Ponctuée et Jacob Ei/ers'e. Chez les Anglais , Negrofish. Et chez les Allemands , punktirte See- barsch et Sprenkelbarsch. Valentyn , le premier qui a décrit ce poisson , en a fait deux poissons difiPé- rens , tant dans la description que dans le dessin. Renard en fait égalertient deux dessins différens. Nous devons à Catesby un meilleur dessin , que Bon- natevre a rendu dans son Encyclo- pédie. • SL.. Ui.t\ U«>J J'tt^ ■ I^ Ta77i . JT. j J.i; RAKBIER . i . LE POLYMNE . 3 . 1.E JOURDIN. 4. LE POLYMNE variété DU BARBIER. l5l X L« GENRE. LE BARBIER, antuias. Caractère génér. La tête tout écail- Icuse , l'opercule antérieur dentelé, LE BARBIER, anthijs sacer, C E poisson se distingue aisément des autres de son genre par le second ai- guillon long de la dorsale. La membrane branchiale contient cinq rayons, la nageoire pectorale qua- torze , la ventrale six , celle de l'anus neuf, celle de la queue seize et la dor- sale vingt- cinq. La tête est courte, comprimée et tout écailleuse. La bouche s'ouvre par haut y la mâchoire inférieure est un 1^2 HISTOIRE NATURELLE peu plus longue que la supérieure y elles sont l'une et l'autre garnies d'une rangée de dents pointues , réfléeliies et séparées par des intervalles qui sont remplis de courtes dents serrées, en forme d'épingle. La langue est lisse, et la gueule rude par deux os en forme de lime. Les narines solitaires sont près des yeux , qui ont la prunelle lîoire et l'iris d'or. Les os des lèvres sont larges et garnis de petites écailles ^ l'opercule antérieur est dentelé, et la membrane branchiale est en parti© dégagée. Le tronc est étroit ; la ligne latérale qui approche du dos, se rompt au bout de la dorsale, et l'anus est plus près de la nageoire de la queue que de la tête. Les nageoires sont générale- ment longues, particulièrement celles du ventre et de la queue , et toutes se terminent en pointe , celle delà queue est fourchue , les rayons mous sont ramifiés. La dorsale a dix aiguillons ,^ la ventrale en a un, et la nageoire d^ *Vr ^ -r^ T^. ■» D U B A 11 B I E R. i35 l'anns trois. Un rouge pâle, agréable à la vue , nuance les écailles dures ar- gentées. Ce poisson habite la Méditerranée ; les naturalistes grecs en ayant fait des descriptions détaillées, il doit être commun dans les eaux de la Grèce. Suivant Aristate il est du nombre des poissons qui s'attroupent, opinion ap- puyée par Pline. Oppiaii croit qu'il vit dans la mer entre les rochers , et qu'il ne paroît que pour chercher sa subsis- tance, qui consiste en jeunes poissons et crustacées. Cet écrivain fait encore une description très -détaillée de la manière d'en faire la pêche. Il mord le plus à l'hameçon , quand on y met un morceau de chair du loup. D'après ce que cet écrivain nous raconte de la pêche de ee poisson, et la compa- raison qu'en fait ^Elian avec le thon, il résulte qu4l doit parvenir à une, grandeur bien considérable. Ce der- nier dit qu'il n'atteint point le Ihon l34 HISTOIRE NATURELLE pour la taille , mais qu'il acquiert la même force. On le peint très-vorace. Ce poisson ne pouvant briser la ligne , a induit Oppian à croire qu'il manquoit de dents •, mais ses dents en forme de lime trop foibles pour en venir à bout, en sont la raison essentielle. Ce poisson se nomme : En France , le Barbier. Les écrivains allemands le' nomment différemment, savoir : Meerscharer, Meerheiliger, Rundkopf, et Rothllng. Et les anglais le nomment , the red Grunt. Artédi n'a point admis ce poisson dans ses Gênera ; mais dans sa Syno- nymie il l'a compté au nombre des labres , genre duquel la, largeur de sa boucbe et ses os de lèvres forts doi- vent l'exclure. Eondelet met quatre poissons tout- à-fait dilFérens sous la môme rubrique : car son second anthias est le capel- DU BARBIER. l35 lan (i) , et appartient au genre des morues ; le troisième par ses grosses lèvres, est du genre dus labres; et les fortes dents du quatrième désignent sa place parmi les brèmes de mer. Les anciens naturalistes ont à la vérité connu quatre espèces de poissons sous le nom d'antliias , comme le passage d'Oppian cité ci - dessus le démon- tre clairement; mais ils ne paroissent avoir diiFéré que par les couleurs bi- garrées. On peut répondre négativement à la question d'Artédi , si Fanthias d'Al- drovand ne répond pas au premier de Rondelet , vu que les deux figures n'ont aucune ressemblance. Aldrovand en décrit aussi quatre es- pèces; mais elles semblent èlre toutes de la même espèce. Gesner et Willugbby ont copié les quatre espèces de Rondelet ; mais Jons- (i) Gadus minutas. Linu. ï36 HISTOmE NATURELLE ton et Ruyscli ont copié celles de Ron- delet et d'Aldrovand, et ces derniers ont fait la description de sept poissons différens sous un seul et même nom. LE POLYMNE, anthias poir m n us» Les trois bandes blanches font d'a- bord connoître ce poisson. Il a six rayons dans la membrane branchiale^ seize dans la nageoire pec- torale , six dans la ventrale , quinze dans celle de l'anus , quatorze dans celle de la queue , et vingt-six dans la dorsale. La tête est petite , en pente , et toute couverte de petites écailles dures et dentelées. L'ouverture de la bouche est étroite", les mâchoires sont de lon- gueur égale et garnies d'une quantité de petites dents, dont les antérieures sont les plus longues. La langue et le palais sont lisses , mais la gueule a deux os armés de ilents en forme de lime. DU P O L Y M N E. 15/ Les narines sont solitaires et ron.îes-, la prunelle est noire, l'iris llcvi. On découvre au côté interne de l'opercuîe antérieur une branchie simple, et le bord du postérieur montre une éclian- crure. Le dernier est beaucoup plus dentelé que le premier. L'ouverture des ouies est large , et la membrane en est dégagée. Le tronc est large, le dos trancliant et le ventre rond; la ligne latérale pas loin du dos prend avec lui l'a même direction , se rompt vers la fin de la nageoire dorsale et recom- mence au milieu de la queue. L'anus est plus voisin de la nageoire de la queue que de la tête. Le fond de ce poisson est brun clair, cette couleur fait un contraste agréable avec les ti ois bandes blanches, bordées de noir. Les rayons de la ventrale et de la pecto- rale sont ramifiés, à l'exception des aiguillons-, les rayons mous des autres nageoires sont fourchus. Les Indes orientales sont la patli© l38 HISTOIRE NATURELLE tle ce poisson. J'en ai plusieurs indivi- dus, mais dont aucun n'est plus grand que celui qui est représenté sur mon. estampe ( i ) • apparemment que ce pois* son ne devient pas plus grand. On nomme ce poisson: En France, le Polymne. Dans sa patrie et en Angleterre , Toit" ielton. En Allemagne, den Weissband. Et en Hollande , Genaarde Baars. Nous sommes redevables à Séba de la première description et d'un bon dessin de ce poisson ; mais c'est à tort qu'il l'a rapporté et dess^^ié comme trois espèces différentes. ' Linné déclare aussi par erreur la vingt-troisième figure de Séba pour notre poisson : car Artédi, qui en a fait la description , disant expressément que ce poisson a les écailles grandes, ce ne peut nullement être le nôtre. (i) Edit. in- fol. DU P O L Y M N E. l5f) La figure de Renard est bonne , quand on la compare avec ses autres dessins. Boddart , dans la description de ce poisson , cite mal-à-propos le Muséum Adolph. Frid. pag. 64 , vu que tous les poissons nommés à la page citée appar- tiennent aux bandoulières. Bonnaterre a emprunté sa figure de Séba. VARIÉTÉ DU POLYMNE, ANTHIAS P 0 L¥ M N US. VAR. Ce poisson ressemble au précédent, quant aux écailles , aux bandes , à la couleur , aux opercules , &c. et n'en diffère que par les points snivans. 1. 11 est plus alongé. 2. Toutes ses nageoires sont bor- dées de noir. 3. Les nageoires, excepté la partie des aiguillons de la dorsale, sont cou- leur de cendre. l4o HISTOIRE NATURET.LE 4. La bande du milieu a un double bord , de blanc et de noir. 5. La ligne latérale continue sans interruption. Au reste ce beau petit poisson ha- bile aussi les Indes orientales, et ne parvient probablement pas à une gran- deur au-delà de celle du précédent j du moins les cinq individus que j'en ai , et celui qui est peint par Klein., ne la passent point. Klein a le premier décrit ce petit poisson , et il nous en a laissé un bon dessin ; mais sa figure même fait voir, qu'il lui attribue à tort dans sa des- cription une dorsale divisée. Je ne conçois pas pourquoi il le compte au nombre de ses tetragonoptres, tandis qu'il est d'une figure oblongue. Je trouve dans Séba un poisson, qui paroit être le nôtre. Mais la nageoire de la queue n'étant ni ronde , ni les opercules dentelés, je ne sais s'il faut attribuer cela à la précipitation du DU JOURDIN. i4l dessinateur, ou si c'est un poisson tout difFérent. LE JOURDIN, ANTHIAS BIFASCIATVS. « • » Les deux bandes blanches caracté- risent ce poisson. Dans la membrane branchiale il y a six rayons, la nageoire pectorale en a quatorze , la ventrale six , celle de l'a; nus seize , celle de la queue quatorze , et la dorsale vingt-quatre. La tête est comprimée , en pente , grosse ejt tout écailleuse. L'ouverture de la bouche est petite ; les mâchoires de longueur égale sont armées d'un grand nombre de dents en forme de lime. Le palais et la langue sont lisses; la gueule est rude , les narines sont so- litaires , les yeux garnis d'une mem- brane clignotante , ont une prunelle noire et un iris blanc. Les opercule^ sont dentelés , le côté interne de l'anr. Poissons. lY. i3 l42 HISTOIRE NATURELLE térieur a une branchie simple , et la bande blanche qui prend à la nuque , traverse les deux opercules. La mem- brane branchiale se cache dans l'ouver- ture des ouies. Le tronc est large sur le devant , étroit sur le derrière , et couvert d'écaillés dures et dentelées. La ligne latérale , voisine du dos , prend la direction de celui-ci. Le dos est tran- • chant, charnu aux côtés ; le ventre est rond , et l'anus approche plus de la na- geoire de la queue que de la tête. Les nageoires sont arrondies, brunes, et il n'y a que Celle de la queue qui est blanche par les côtés , ce qui est aussi la couleur de la partie postérieure de la dorsale . Le reste du corps a aussi une belle couleur brune , excepté les deux bandes blanches ,et ce brun est nuancé par la couleur d'or qui perce. Aussi Valentyn dit que c^est un beau coup- d'œil que de voir nager ensemble une quantité de ces poissons. Les aiguillons de ladorsab forment un arables rayons DU JOURDIN. l45 mous de cette nageoire sont fourclius , ceux des autres nageoires sont à quatre branches. L'anus a deux aiguillons , la ventrale en a un , et la dorsale onze. Amboina produit ce poisson. Suivant Valentyn il parvient à deux tiers de pied de longueur et un tiers de lar- geur. Il est nommé : Par les habitans de sa pairie , Ikan Jor- dain. Par les Hollandais d' Amboina , J.or'^., daiîiVisch. Les Français l'appellent Jourdin. Les Allemands , Doppelband, Les Anglais , Jordaine. Valentyn nous a donné la première description et le premier dessin de ce poisson , mais son dessin est mauvais. Celui de Renard a mieux réussi. Gronov , qui depuis en a fait une description exacte ,1e prit d'abord pouf une sciène , et le mit ensuite au nom- bre de ses corbeaux de mer. Enfin, j44 histoire naturelle Boddart l'a déclaré pour la perche po- Ivmne du chevalier Linné ; mais il ré- suite par la confrontation des dessins et des descriptions des deux poissons, que le nôtre en diffère en plusieurs points. L'ARGUS , A NT H I AS ARGUS. L E S taches rondes qui marquent tout le corps de ce poisson , en font le carac- tère distinctif. Le dessin étant pris sur l'original qui se trouve au cabinet de M. Linke à Leipsig, je n'ai pu examiner le nom-, bre des rayons de la membrane bran- chiostèse. La nageoire pectorale contient seize rayons'jla ventrale six, celle de l'anus douze , celle de la queue seize , et la dorsale vingt-deux. La tête, de même que le corps, sont entièrement couverts de Irès-petitos écailles dures cl dentelées j l'ouverture' Tom tTT 7*qf/e v//. 1 T.AKGITS. a. I/K .fOlIN . ,5 T.K MAC I\01MI'l"HAl<.ME . feia*xi.4. DE l'a r g u s. i45 de la touche est petite. La mâoholre inférieure est la plus longue , et les deux mâchoires sont armées de petites dents pointues; les os des lèvres sont larges, les narines doubles et près des yeux; ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris argenté. Le premier des opercules ^ est le seul dentelé. L'ouverture des ouies est grande , et la membrane est cachée. Le dos et la ligue latérale , qui en est près , sont arqués. L'anus est un peu plus éloigné de la te te que de la nageoire de la queue. Le fond de ce poisson est bleu , et ce n'est que vers le ventre qu'il tire sur le blanc. Les taches sont brunes ^ les nageoires arrondies , à l'exception de la ventrale; tous les rayons mous sont ramifies. La nageoire dorsale a neuf aiguillons , celle de l'anus eu a trois , et la ventrale un. Je ne connois pas la pairie de ce Tîoissoii. 146 HISTOIRE NATURELLE On le nomme : Argus , dans les trois langues , à cause de ses taches , dont celles du tronc ont la forme d'un œil. LE JOHN, ANTHIJS JOHNII. L'opERcuiiE antérieur, dont 1q bas est profondément dentelé , fait le caractère de ce poisson. La membrane des ouies a six rayons, la nageoire pectorale en a seize, la ven- trale six , celle de l'anus onze, celle de la queue dix-huit, et la dorsale vingt- quatre. La tête est en pente et tout ccaîl- leuse ; la mâchoire inférieure avance un peu ; et des dents aiguës , séparées , les arment toutes deux ; deux dents de la mâchoire supérieure sont courbées et plus longues que les autres. Les ^s des lèvres sont larges ; l'opercule pos- térieur consiste en deux lames , dont celle d'en haut est garnie de grandes jy V JOHN. 14/ écailles , et forme une pointe L'ouver- ture des ouies est grande , et la mem- brane dégagée. Le tronc large est cou- vert de grandes écailles , qui forment un sillon au dos et à l'anus. Une partie de la nageoire de la queue ronde est aussi couverte d'écaillés. L'anus est plus éloigné de la tête que de la nageoire de la queue. La ligne latérale descend près du dos, et fait une inilexion en arrière. Le tronc et la tête sont argen- tés , et taclietés de noir vers le dos ; les nageoires du ventre , de la poitrine et de la queue sont rouges, celles du dos et de Tanus sont bleuâtres et couleur d'orange ; les rayons mous sont rami- fiés. La nageoire du dos contient dix aiguillons et quatorze rayons mous , celle de l'anus a trois aiguillons et huit ra)''ons mous , et celle du ventre a un aiguillon et cinq rayons mous. Tranquebar est la patrie de ce pois- son. Il a la chair blanche et de bon goût , l48 HISTOIRE NATURELLE on l'aime à manger comme notre per- che de rivière , à laquelle il ressemble pour le goût. V J'ai donné à ce poisson le nom do M. John , missionnaire , à qui j'en suis i^edevable. LE macrophthalme; JNTHIJS MACROPHTHALMVS. C E poisson se distingue par ses grands yeux.. La membrane des ouies contient Qinq rayons , la nageoire pectorale en a seize, la ventrale six, celle de l'anus, dix-neuf, celle delà queue dix-huit, et la dorsale vingt- trois. La tête en pente est tout écailleuse; les mâchoires de longueur égale sont armées de très-pelites dents j les os des lèvres sont larges , les narines soli- taires et très-proches des yeux , dont U pruucUc noire est bordée d'uu iris DU MACROPHTHALME. l49 large argenté. L'opercule antérieur est finement dentelé, l'ouverture desouics est très-grande , et la membrane est eu partie dégagée. La ligne latérale , pa- rallèle au dos, en est voisine. Le ven- tre est court , et l'anus est de la moitié moins éloigné de la tête que de la na- geoire de la queue. Les bouts des rayons mous sont ramifiés en plusieurs bran- ches j et quant aux aiguillons , la na- geoire de l'anus en a trois , celle du ventre un, et celle du dos en contient dix. Les écailles sont petites , dures , dentelées , forment nn sillon à la na- geoire du dos et à celle de l'anus , et s'étendent sur la base de la nageoire de la queue. Le dos est d'un jaune fiDncé , qui s'éclaircit aux côtés et change en blanc vers le ventre. Les nageoires de hi poitrine et du ventre sont rouges , la base de la nageoire du dos et de l'anus cstbleuâtre, les extrémités sont jaunes. lOO HISTOIRE NATURELLE La base de la nageoire de la queue est jaune , le bord en est bleu. Ce poisson vit au Japon. Il devient probablement grand , l'original du moins est plus grand que le dessin. On le noQime : En français , le Macrophthalme. .En allemand , das Grofs-auge. Et en anglais^ tJie goggle-eyed Grunt, LE DIAGRAMME, ANT H lAS D 1 A G R 4 M M A. Les raies brunes qui vont le longda corps de ce poisson , en font le carac- tère le plus sûr. La membrane des ouies contient cinqrayons ,1a nageoire pectorale seize, la ventrale six , celle de l'anus onze, celle de la queue dix-neuf, et la dor- sale vingt-huit. La tête en pente et comprimée est toute couverte de petites écailles. Les mâclioires d'égale longueur sont gar- Poi^e lâo ■ 1 I,E DLVGl^AMMT, . % .\JL VOSMAl\. 3.1.A TOKTUE. DU DIAGRAMME. l5l nies d'une quantité de petites dents ; le palais et la langue sont lisses , les narines doubles et plus voisines des yeux que du museau. Les 5'^eux sont grands et pourvus d'une membrane clignotante , leur prunelle noire est bordée d'un iris jaune d'or. L'opercule antérieur n'est dentelé que par-de- vant , et sa surface intérieure porte ïine branchie simple ; les écailles de ropcrcule antérieur sont plus petites que celles de l'opercule postérieur. L^ouverlure des ouies est grande ,et la moitié de la membrane branchiale est dégagée. Le tronc est comprimé , le ventre rond et long , l'anus plus près de la nageoire de la queue que de la tête. La ligne laltérale est à la proxi- mité du dos. Les écailles sont très- petites , dures , dentelées , prominentes au dos , et forment un sillon qui peut recevoir sa nageoire. Celle-ci a une écliancrure au milieu , et elle est com- posée de neuf aiguillons et de dix- neuf iSa HISTOIRE NATURELLE rayons mous. Ces derniers sont ici , comme dans toutes les nageoires , à plusieurs rameaux. La nageoire del'a- nus a trois aiguillons , celle du ventre en renferme un. Le fond du poisson est blanc , les raies , les taches , les nageoires de la poitrine , du ventre et de l'anus sont brunes , et celles du dos et de la queue partagent ces deux couleurs. Ce poisson habite les eaux des Indes orientales. Il est fort gras ; sa chair , suivant Valentyn , est ferme, et est de meilleur goût que celle de la perche. Il parvient à la longueur d'un pied , et à la grosseur d'une petite morue ; il vit de proie, et étant naturellement hardi , il attaque même les poissons su- périeurs en taille. Les Indiens lui donnent le nom de Té- méraire , à cause de sa liardiesse ; ce qu'ils expriment dans leur langue par Ikan If^arnay IFarna Roepanja. DU V O S M A R. 1 53 Dnns les autres contrées indiennes on le nomme Prique. Les Français lui donnent le nom de Diagramme. Les Allemands celui de Titelharsch et de gestreifte Rothling. Les Anglais l'appellent ff^arna. Valentyn en a fait la première des- cription et donné un mauvais dessin. Gronov nous donna une description plus exacte, et Séba un dessin meil- leur. Le dessin de Renard égale celui de Valentyn. C'est sans fondement que Gronov cite le bruyne jacob evertsen de Va- lentyn pour le nôtre ; celui-ci ayant des raies brunes sur un fond blanc , et l'autre des taches noires sur un fond brun. LE VOSMAR, JNTHIJS V0S3IERL La raie jaune parallèle à la ligne la- térale , fait le caractère de ce poisson. Poissons. IV. i4 l54 HISTOIRE NATURELLE . La membrane des ouies a cinq rayons, la nageoire pectorale en a quatorze jla ventrale six , celle de l'anns dix , celle delà queue vingt, et la dorsale dix- neuf. La tête et l'ouverture de la bouche sont petites, les mâchoires de longueur égale n'ont qu'une dentelure en forme de lime , les narines sont doubles, près du sommet , et touchent aux j'^eux : ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris jaune. L'opercule antérieur n'est guère dentelé , et le postérieur est couvert de grandes écailles, comme le tronc. La ligne latérale n'est pas éloignée du dos , ni la nageoire de l'anus de celle de la queue. Les rayons mous des na- geoires du dos et de l'anus sont à trois branches : la première consiste en dix aiguillons et neuf rayons mous, et la dernière a trois aiguillons et sept rayons mous. Les autres rayons flexibles ont quatre branches. Le rouge fait la cou- .leur dominante de ce poisson , le ven- -D E L A T O R T U E. i55 tre tire sur le jaune et le violet. Les nageoires de la poitrine, du ventre et de la queue sont rouges , les autres bleuâtres. Ce poisson est encore du Japon, . On le nomme : En français , le Vosmar. En anglais, Vosmar's Grant, Enallemand, der Vosmarsche Rothling^ LA T O K T U E, J N T H lAS TESTUDINEUS. Ce poisson étant le seul de son genre qui ait dix aiguillons dans la nageoire de l'anus , il est aisé de le distinguer par-là. L'on compte cinq rayons dans la membrane branchiale , seize dans la nageoire pectorale , six dans la ven- trale , dix-huit dans celle de l'anus, quinze dans celle de la queue ,et vingt- sept dans la dorsale. La tête est en pente, courte et toute l56 HISTOIRE NATURELLE couverte d'écailles. L'ouverture de la bouche est petite ; les mâchoires sont de longueur égale et garnies de plu- sieurs rangs de dents serrées. Les na- rines solitaires sont plus proches du mu- seau que des yeux: ceux-ci ont la pru- nelle noire dans un iris blanc étroit , et un autre bleu , large. Une partica- larité remarquable de ce poisson con- siste dans le crâne , qui est aussi dur que l'écailIe de la tortue ; particularité qui m'en a fourni la dénomination. Sa structure diffère de celle de plusieurs autres poissons, en ce que l'os antérieur de la cavité de l'oeil est dentelé par- devant , et que l'opercule postérieur est dentelé , au lieu que les autres pois- sons ont l'opercule antérieur dentelé ; et enfin en ce qu'il est couvert de grandes écailles et armé au dos et à l'anus d'un grand nombre d'aiguillons , vu que la nageoire dorsale en a dix- liuit , et celle de l'anus , comme nous l'avons dit, en contient dix, La ligne Pa^ ■ jJy . Tom IF. 7T^ "^7: yfarf'/te ifrf/^ . 1 . I/KCITRETIIL . a . LE STRIK . DE L' É C U R E U I L. 1 5 r latérale proche du dos prend avec lui li même direction , excepté vers la queue où elle fait une inflexion en bas. Les aiguillons et les rayons mous de ce poisson sont plus forts qii'àl'oi dinairc. Les derniers sont ramifiés. Ce poit-soii est généralement brun , et le troue plus clair que les nageoires. Je reçus , il y a quelques aimées , ce poisson du Japon; dans la suite j'ea ai tenu plusieurs individus de Tran- quebar. On le nomme : En français, la Tortue. En allemand, der Schildhroten-fiscJu Et en anglais , the Torloise-fish. L'ECUREUlt , ÀNTH US FORMOSUS. Les lignes bleues le long du corps de ce poisson, le distinguent de tous les autres de son genre. Il a cinq rayons dans la membrane des ouics , seize dans îa nageoire pec- l58 HISTOIRE NATURELLE lorale , six dans la ventrale , douz© dans celle de l'anus , dix-sept dans celle de la queue , et vingt neuf dans la dorsale. La tête n'est que peu en pente et tout écailieuse ; l'ouverture de la bouche est grande , la langue large , dégagée et lisse , et l'on découvre une membrane velue au palais. Les mâ- clioires d'égale longueur, sont armées d'une rangée de dents petites, poin- tues , et recourbées ; celles de la mâ- choire supérieure sont un peu pins iirandes. Les narines doubles sont tout près des yeux ; ceux-ci ont la prunelle bleue et l'iris argentin. L'opercule an- térieur n'est que peu dentelé ; le pos- térieur est uni. L'ouverture des ouies est grande , et la membrane branchiale presque tout-à-fait couverte. Le tronc est large , le dos rond, la cavité ven- trale longue , et l'anus plus près de hi nageoire de la queue que de la tète. La partie postérieure de la ligne latérale DE L* JE C U R E U ï L i5r^ qui est près du dos, est arquée sur le derrière. Les écailles sont jaunes , bor- dées de brun , dures et dentelées. Les lignes bleues ont aussi le bord brun et étroit ; les nageoires sont jaunes et les rayons ramifiés. Douze aiguillons ar- ment la dorsale , trois , dont celui du milieu est le plus fort , garantissent la nageoire de l'anus , et la ventrale en a un. La nageoire de l'anus étant toute couverte d'écaillés comme celles des bandoulières , est roide. Les nageoires du dos et de la queue ne sont qu'à demi couvertes d'écaillés ; tous les aiguillons sont raclés , et les raj'^ons mous de la dorsale ont quatre branches. Il ressemble aux labres , à cause des grosses lèvres; mais ayant l'ouverture de la bouche grande, et n'étant point armé de dents en forme de scies, il né peut être compté ni parmi les bandou- lières ni parmi les labres. "Nous trouvons ce poisson aux Indes orientales et dans la mer Atlantique. l6o HISTOIRE NATURELLE Catesby le trouva aux îles Bahames.^ le docteur Isert m'en apporta un do l'île de Ste.-Croix , et Renard le cite parmi les poissons des Moluques. On nomme ce poisson : A la Caroline et en Angleterre Gruni, En Hollande , Irikhoorn-Visch. En français, Ecureuil. En Suède , Squirrelfisch. Et en Allemagne , Blaukopf, Eichhorn^ Jisch j et Rothmund. Catesby , le premier qui ait décrit ce poisson , nous en aussi donné un dessin , mais défectueux , vu que la membrane des ouies est trop éloignée de l'opercule, que la ventrale n'a point d'aiguillons , que la nageoire de l'anus n^en a qu'un seul, et que la dorsale en a un de trop. Sa description annonce encore deux dorsales qu'il n'a point. Klein , dont la description est une imitation de Catesby , et Bonnaterre qiii en. a copié le dessin , eu ont aussi ■ V 1 A Paae jÛj a LE RAYE , a . EE JAPON . 3 LE LINEAIRE 4 . LE BARBIER tacLete . .» LE MLT^T . DU STRIE. i6l l'un et l'antre copié les fautes dans leurs écrits. Renard nous livre encore un dessin nouveau , mais bien mauvais. Boddart n'ayant pas confronté no- tre poisson avec la perça formosa de Linné, ou avec la figure queCatesby en a donnée, uesavoit pas le caracté- riser. LE STRIÉ, JNTHUS STRIJTUS. La grande tache noire qui est entre la nageoire du dos et celle de la queue, fait connoître ce poisson. N'ayant pas moi-même l'original, mais mon dessin étant tiré du manus- crit du père Plumier, je ne puis déter- miner le nombre des rayons de la mem- brane des ouies. L'on compte quatorze rayons dans la nageoire pectorale , six dans la ven- trale , seize dans celle de l'anus , dix- huit dans celle de la queue, et vingt- qnalre dans la dorsale. lC)2 HISTOIRE NATURELLE La tête est comprimée , en pen(e et tonte couverte d'écaillés. Des deux mâchoires armées de dents courtes et pointues, l'inférieure avance. Les os des lèvres sont larges, les narines ova- les , doubles et tout près des yeux ; ceux-ci ont la prunelle noire, enfer- mée dans un iris d'or. L'opercule anté- rieur est dentelé, le postérieur forme une pointe émoussée, et la membrane branchiale est dégagée en partie. Le tronc et la tête sont jaunes et surmon- tés de huit raies brunes, qui vont du dos au ventre. Les nageoires sont rou- geâtres et les rayons ramifiés. La dor- sale a dix aiguillons, la ventrale un, la nageoire de l'anus trois, toutes les na- geoires sont arrondies. Ce poisson naît dans la partie de la mer Atlantique qui borde les Antilles, et a , selon que Tassure le père Plu- mier , la chair de bon goût et digcstive. On le nomme : L^ 5/m, en français. D U ÏIA Y É. i63 The streaked Grunt , en anglais. Der gezeichnete Rothling, en allemand. LE RAYÉ , ANTHUS BILINEJTUS. Les deux lignes violettes qui vont de la tête au dos , et la tache noire de la nageoire de l'anus, font connoître ce poisson. La membrane branchiale porte cinq rayons , la nageoire pectorale en à quatorze, la ventrale six, celle de l'a- nus dix, celle de la queue vingt , et la dorsale dix-neuf. La tête est en pente et tout écail- leuse. L'ouverture de la bouche est étroite, les mâchoires sont d'égale lon- gueur et garnies d'un rang de dents courtes et pointues , les narines soli- taires touchent aux yeux -, ceux - ci sont verticaux, grands, et ont la pru- nelle noire et l'iris jaune clair. L'oper- cule antérieur est dentelé en arrière €t au-dessous, le postérieur uni est l64 HISTOIRE NATURELLE composé de deux lames. La membrane est dégagée , la ligne latérale est un peu arquée par -devant , et va à la proximité du dos. L'anus est fort éloi- gné de la tête. Celle-ci est jaunâtre, le dos est brun et verdâtre, les flancs blan- chissent vers le ventre , la nageoire dorsale, celle de la queue et les pecto- rales sont violettes, les ventrales sont violettes à la base et jaunâtres à l'ex- Irémité, la nageoire de l'anus est jau- nâtre par -derrière et noire par-devant, Jja dorsale a dix aiguillons, la ventrale un et la nageoire de l'anus trois. Les rayons mous sont à quatre brandies. Le Japon produit ce poisson. On le nomme : 'Le Rayé, en français. Ver Afierjîeck, en allemand. 2'he Double- strin^f en anglais. D U J A P ON. i65 LE JAPON , ^iVT/fj^i" JjiPONicvs. Les nageoires rouges et l'échancrure de la nageoire de la queue en forme de croissant, font le caractère de ce pois- son. Il y a à la vérité plusieurs poissons de ce genre à nageoires rouges , et d'au- tres à nageoire de la queue en crois- sant ; mais aucun ne réunit les deux caractères. On compte six rayons dans la mem- brane branchiale, quatorze dans la na- geoire pectorale, six dans la ventrale, dix dans celle de l'anus , seize dans celle de la queue, et dix -neuf dans la dor- sale. La tête est comprimée, en pente et tout écailleuse; les mâchoires sont de Jongueur égale et armées d'une rangée de dents pointues. Les narines sont so- litaires et tout près des yeux : ceux-ci sont à la proximité du sommet j ils ont Poissons. IV. i5 lG6 HISTOIRE NATUHELLE la prunelle noire, l'iris brun et jaune. L'opercule antérieur est dentelé , le postérieur est uni -, les écailles de celui- ci sont plus grandes que celles de l'au- tre ; l'ouverture des ouies est grande, et la membrane ne se cacîie qu'en par- tie. Les côtés sont comprimés , le dos est arrondi ; la ligne latérale qui lui est voisine prend sa direction, et fait une inflexion derrière sa nageoire vers le bas. La cavité du ventre est longue, et l'anus est du double plus éloigné de la tête que de la queue. Les rayons mous se terminent en quatre pointes : dix ai- guillons arment la dorsale, un la ven- traie, et trois celle de l'anus. Une par- tie de la nageoire de la queue se couvre d^écailles. Le dos est d'un jaune foncé , les côtés sont d'un jaune clair. Le ven- Ire est rougeâtre , et la partie anté- rieure de la nageoire du dos tire sur le violet. Le nom de ce poisson annonce sa pa- trie. DU LINÉAIRE. 1C7 On le nomme : Le Japon, eh français. The Japanese Grunt, en anglais- Ver Japanische RothUng, en allemand. LE LINÉAIRE, antuias lineatvs. Les lignes qui vont de la tèle à la nageoire cie la queue , distinguent ce poisson de tous ceux de son genre. La membrane branchiale a cinq rayons , la nageoire pectorale seize , la ventrale six^celle de l'anus onze, celle de la queue vingt - un , et la dorsal© vingt-trais. La tête est grande , en pente , ter- minée en pointe et tout écailleuse ; la mâchoire inférieure avance un peu , et les deux mâchoires sont garnies de pe- tites dents. Les os des lèvres sont étroits, les narines solitaires sont plus prèsdes yeux que du museau ; les yeux , près du sommet , ont une prunelle noire et un iris jaune et rouge. L'onerculo l68 HISTOIRE NATURELLE antérieur est dentelé, et le postérieur terminé en pointe obstusc ; l'ouverture des onies est fort grande. La ligne laté- rale approche plus du do5 que du ven- tre, et l'anus du double plus de la na- geoire de la queue que de la tête. Les écailles , qui sont plus grandes au tronc qu'à la tête , forment des sillons pour la nageoire de l'anus et du dos. Le fond du poisson est blanc, le dos et la tête sont jaunâtres ; les lignes, dont deux sont au-dessus et dtux au- dessous de la ligne latérale, sont bru- nes; les nageoires sont rougeâtres pour la plus grande partie , mais celles du dos et de l'anus sont jaunes par-der- rière-, les pectorales ont aussi les poin- tes jaunâtres. La dorsale et la nageoire de la queue sont marquées de taches bleues et noires. Onze aiguillons dé- fendent la nageoire du dos, celle du ventre n'en a qu'un, et celle de l'anus trois. Les rayons mous de toutes les na- geoires ont quatre rameaux. DU BARBIER TACHETÉ. 1G9 Ce poisson se trouve dans les eaux des Indes orientales. On le nomme : he Linéaire , en français. Vér lineirte Rothling , en allemand. The lineated Grunt , en anglais. LE BARBIER TACHETÉ, JNTHIAS M ÀCVLJTUS. Lis taches irrégnlièrés et les dix aiguillons de la dorsale caractérisent ce poisson. L'on compte cinq rayons dans la membrane branchiale , la nageoire pec- torale en contient quinze , la ventrale six , celle de l'anus dix , celle de la queue seize, et la dorsale vingt-quatre. La tête est fort en pente et toute couverte d'écaillés. Les mâchoires sont d'égale longueur et n'ont que des dents très-courtes et pointues. Les os des lèvres sont étroits , les narines soli- taires ; les yeux près du sommet ont IJO HISTOIRE NATURELLE la prunelle noire dans un iris jaune. L'opercuîe autérieur est dentelé , le postérieur est étroit ; la ligne latérale est courbée vers le dos , et l'anus est du double plus éloigné de la 1 été; que de la nageoire de la queue., Les écailles sont dures et argentées , les taches bleu noires, et les nageoires rougeâ- tres. La dorsale a dix aiguillons , et les nageoires du ventre et de l'anus ont leur nombre ordinaire, savoir d'un et de trois. Ce poisson se trouve encore au:M Indes orientales. On le nomme : Eu français, i<î Barbier tacheté. En anglais , the maculated Grunt, Et e^- allemand der gefleckte Rothllng^ LE ML'LAT, anthi^is orzejut^lis. Le corps tacheté et les douze aiguil- lons du dos font les caractères distiiic- tifs de ce poisson. D U M U L A T. I 71 La membrane brancliiale contient cinq rayons , la nageoire pectorale cti a douze ,la ventrale six, celle de l'anus dix , celle de la queue dix-huit , et la. dorsale vingt-sept. La tête est fort en pente et tout écailleuse ; l'ouverture de la bouche de même que les dents sont très-petites ; les narines sont solitaires et très- proches des yeux, qui ont la prunelle noire dans un iris rouge. L'opercule antérieur est dentelé *, la membrane branchiale est couverte , la ligne laté- rale est droite , l'anus prend le milieu entre la tête et la nageoire delà queue. Les écailles sont petites , dures et den- telées ; les nageoires , excepté les ven- trales , sont arrondies , et les rayons mous à quatre branches. Outre les douze aiguillons du dos sus- mention- nés ,1a nageoire du ventre en a un ^ et celle de l'anus en a trois. Le fond de tout le corps est orange , les lâches, grandes sont noirâtres. I72 HISTOIRE NATURELLE Ce poisson est encore du Japon. On le nomme : En français , le Mulat. En allemand , der Mulaiie. Et en anglais, the MongreL TY .A I^ac/ j^3 Tom ■ /r^. ^. L . L'KPTNOCHR. a. La petite EPINOCHE de mer ."i. La oraude KPIN OCJIK . 4 . La petUc PERCHE. DE L'ÉPINOCHE. 173 X L r GENRE. L'EPINOCHE, GASTEROSTEUS. Caractère générique. Le dos garni d'ai- guillons libres. L'ÉPINOCHE, gas1:erostevs acvleatvs. Trois aiguillons au dos distinguent suffisamment ce poisson. On compte trois rayons à la membrane des ouies ^ dix à la nageoire de la poitrine , deux à celle du ventre , neuf à celle de l'a- nus, douze à celle de la queue, et treize à celle du dos. La tête est tronquée par- devant , et oomprimée des deux côtés. Les deux niâchoires sont d'égale longueur , «t Ï7^ HISTOIRE NATURELLE l'ouverture de la honclie est assez large. Les yeux sont avancés , et ont une pru- nelle noire entourée d'un iris argentin, li'opercule des ouies est grand et de couleur argentine comme les côtés. Chez quelques-uns , la gorge et la poi- trine sont d'une belle couleur rouge , qui est si durable , qu'elle paroît en- core lorsque le poisson a été pendant quelques mois dans l'eau-de-vie. On voit deux boucliers à la poitrine , un aa ventre , et treize de chaque côté. Au lieu de boucliers , j'ai trouvé à la queue une peau avancée et plissée. La ligne latérale va en hau t le long des boucliei^s : elle est inégale et plus près du dos quo du ventre. Les nageoires soj}t jaunâ- tres y celles du ventre sont composées d'un aiguillon fort et dentelé des tleux côtés , et d'un rayon court et mou. Ces aiguillons sont trcs-pointus et très- durs , et tellement enfoncés dans lea os, que si , même après la mort du pois- son ; on veut leur donner une directioa DE L'ÉPINOCHE. 175 droite, on ne peut leur faire reprendre qu'avec peine leur direction précé- dente. Si le Créateur n'avoit pas pour- vu de telles armes ce petit poisson foi- ble , qui vit peu de temps , et qui, relativement aux autres poissons , n'a pas un œuf sur mille , l'espèce seroit bientôt finie. A la nageoire du dos et de l'anus , le premier rayon est un ai- guillon. La nageoire de la queue est droite. Nous trouvons ce poisson dans toutes les eaux vives et dormantes. Il devient long d'environ trois pouces , fraie en avril et en juin, et dépose son frai sur les plantes aquatiques -, on en trouve sur-tout sur les tiges du nénuphar jaune et blanc. Dans ce temps il multi- plie beaucoup , au grand regret des pê- cheurs j et quand il se trouve une fois dans un endroit , on a de la peine à le détruire. Dans le temps du frai , il sort des lacs , pour remonter dans les fleuves qui y sont joints. 17^ HISTOIRE NATURELLE L'cpinoche vit d'oenfs et de petits poissons des autres espèces; elle mange aussi des vers et des insectes, mais sur- tout des demoiselles. Quoique ce pois- son soit très- petit , il ne devient pas aisément la proie des espèces voraces , qui redoutent ses aiguillons ; mais il a beaucoup à craindre des vers qui per- cent les intestins. Car selon les obser- vations de Friscli, de Linné, de M. d'An- iiône et de Pallas , il est tourmente par le ver solitaire; et selon M. Fabricius , par plusieurs autres espèces de vers. Le dommage que ce poisson fait à la pcclie , est cause qu'on le jette : il n'y a que le peuple qui en fasse usage à cause des oeufs. Dans les endroits où il y en a beaucoup , les économes s'en servent pour fumer leurs terres. Près de Danizig , où il y en a une grande quantité , on s'en sert pour faire de rjinile. On peut s'en servir encore plus utilement , en y joignant de la glaise , pour engraisser les jeunes canards et DE L'ÉPINOCHE. 177 pour nourrir les porcs. Quoique ce pois- son soit de si peu de valeur, il est ce- pendant intéressant pour l'observa- teur : il est dans les poissons ce que les éphémères sont dans les insectes. Pen- dant que les autres poissons vivent des siècles , celui-là termine sa carrière à la seconde ou à la troisième année après S.1 naissance ; et pendant que les autres pondent plusieurs milliers d'oeufs , il n'en pond que fort peu. L'estomac de ce poisson est grand , et le canal intestinal court , comme dans les autres espèces voraces. Le foie consiste en trois lobes. La vésicule du fiel est petite. La laite et l'ovaire sont doubles. Le péritoine est garni de petits points blancs et noirs , et les œufs, que je ne trouvai qu'au nombre de cent trente dans les deux ovaires, sont delà grosseur de la graine de millet. On irouve quinze côtes de chaque côté, et t» ente vertèbres à l'épine du dos. Pcissons. IV. 16 îyS HISTOIRE NATURELLE Ce poisson est connu sous différens ïioms. On le nomme : StichUng , Stacheljisch et JP^olf , dans nos contrées. ' Slechhïïltel , Stechling , en Prusse. Stikiing , Hornsille , Lille , Tind , Oiire^ Hundstigler , Hundstage , en Nor- wège. Skittspigg y Skitthœr den Stœrre , en Suède. Kakilisak , en Groenland. Hornsille, en Islande. Steckelhaars , en Hollande. Stichleback , Bandsticle, Scarpling , en Angleterre^ Hunde-Steyîe , Gund-Stichel , Hnnd- Stigel , Tind Oret , en Danemarck. Epinoche , Eschai'de , Epinarde , en France. Belon, comme nous l'avons dit , est le premier qui ait décrit ce poisson , etRolideletle premierquien aitdonné un dessin assez mauvais. E^es ichthyolo- DE LA PETITE ÉPINOCHE. I79 gistes suivans se sont contentés de le copier. Klein nous en a dédommagé par dcn x sneilleurs. Mais il se trompe , en don- nant l'un comme une variété à cause des deux aiguillons. Peut-être que dans sa première espèce, le troisième rayon étoit placé à la nageoire du dos, et qu'il ne l'a pas remarqué. LA PETITE ÉPIXOCHE DE MER, GASTEROSTEUS PUNGITIVS. Les dix aiguillons du dos distinguent cette épinoclie des autres. On trouve trois rayons à la membrane des ouies , dix à la nageoire de la poitrine , un à celle du ventre , dix-sept à celles de Tanus et de la queue, et seize à celle du dos. Ce petit poisson a les parties de la tête comme le précédent-, mais le tronc est un peu plus alongé. Les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne latérale , iSo HISTOIRE NATURELLE et argentins au-dessous et au ventre : on n'y remarque ni écailles , ni bou- cliers. La nageoire du ventre consiste en un seul aiguillon, et à la nageoire de Tanus le premier rayon est aussi pi- quant. Les nageoires de la poitrine sont jaunâtres ; celles de l'anus , du dos et de la queue grises , et la dernière est droite comme dans le poisson précé- dent. Ce poisson ne passe pas une once et demie. C'est sans contredit le plus pe- tit de tous les poissons, et le seul dont les hommes ne puissent faire aucun usage. On le trouve dans la Baltique et la mer du Nord , de même que dans tous les lacs et les havres qui communiquent avec la mer. Mais on le prend rare- ment , parce qu'il passe à travers les mailles des filets. On le trouve quel- quefois pris entre plusieurs autres pois- sons; mais les pêcheurs le jettent comme inutile. Le coeur est triangulaire, et à peine DE LA PETITE ÉPINOCHE. l8l anssi gros qu'un grain de chenevis ; mais le foie est gros , et consiste en trois lobes, dont l'un est si long, qu'il va jusqu'à l'anus. La petite vésicule du fiel y est attachée La rate est trian- gulaire et très-petite ; restomac long et gros. Le canal intestinal n'a qu'une sinuosité : il est court et sans appen- dices. La laite et l'ovaire sont doubles. La vésicule aérienne est simple et sa peau épaisse. Le péritoine est blanc et garni de points noirs. Ce poisson est connu sous difiFérens noms. On le nomme : Stichling et Stichbuttel, à Hambourg. Seestichling , Steckerling , Stachelfisch j en Livonie. Oggalick et Ogg;aluuck , en Estonie. Skittspig den mindre , Bennunge , G add- sor, Oorquad, en Suède. Steckelbaars , en Hollande. Lesser-Sticrleback, en Angleterre. Petite Epinoche, en France. Spinarola, en Italie. (• lS2 HISTOIRE NATURELLE Belon est , comme nous l'avons dit , le premier qui ait décrit ce poisson , et qui en ait traité dans un article avec les pi'écédens. C'est cç que firent *ussi sessuccesseurs, jusqu'à WiilugUb)'-, qui les sépara. C'est dans Rondelet q,ue nous trou- vons le premier dessin de ce poisson. Sans ce dessin , la description, impar- faite qu'il en fait, n'auroit pas suffi pour le distinguer des précédons* Fischer a tort de citer WuliFau 'vu.jet de notre poisson ; car c'est le précqd,ent que cet auteur a décrit. LA GRANDE ÉPINOCHE, GASTEROSTEUS SPI N A.CH IJ. Les quinze aiguillons du dos sont une marque certaine qui sert à distin- guer ce poisson. On trouve dix rayons à la nageoire de la poitrine , deux à celle du ventre, six à celle de l'anus, DE LA GRANDE ÉPINOCHE. i83 douze à la queue, et six à la nageoire (lo)"sale. Ce poisson a le corps alongé ; la tête est cyliqdrique , le tronc est à cinq côtés, et la queue est applatic. La tête est unie , brune en dessus et blanche en dessous. L'ouverture de la bouche est petite. La mâchoire supérieure avance sur l'inférieure -, l'une et l'autre est garnie de petites dents pointues. La prunelle est noire et entourée d'un iris argentin. L'opercule des ouies et le bouclier de la poitrine sont bruns par-dessus , blancs et rayés par en bas. J-iC dos et les côtés sont olivâtres, et le ventre argentin. La ligne latérale est élevée, tranchante, composée de plu- sieurs petits boucliers. De chaque côté du ventre, on voit un bouclier long et étroit qui avance. Ces quatre avance- niens avec les aiguillons du dos, don- nent au tronc la forme d'un pentagone. Les nageoires de la poitrine sont alon- gées • celles du ventre consistent en 184 HISTOIRE NATURELLE deux piqnans ou aiguillons, dont l'an- térieur est le plus long. Le premier rayon de la nageoire de l'anus consiste en un piquant courbé ; les rayons des autres nageoires sont mous et ramifiés. La nageoire dorsale est placée vis-à-vis de celle de l'anus. La nageoire de la queue est arrondie. Les piquans du dos «ont courbés en arrière , et on ne les sent plus au toucher , dès que le poisson les a abaissés : ils sont petits en comparaison des précédens. Ces poissons se trouvent également dans la Baltique et la mer du Nord : on les trouve sur-tout en quantité en Hollande ; on en rencontre aussi sou- vent auprès de Lubeck. Je dois celui que i'ai observé à mon savant ami , M. le docteur Wallbaum de cette ville. Ce poisson parvient à la longueur de six à sept pouces. Il vit des œufs et des petits des autres poissons, et aussi de vers et d'insectes. J'ai trouvé dans l'es- tomac de petites écievisses. La grande DE LA GRANDE ÉPINOCHE. l85 épinoche ne va point comme les autres dans les embouchures des fleuves; elle reste toujours dans la mer, où on la prend parmi les autres poissons. D'ail- leurs, on peut en prendre aussi une grande quantité en allumant du feu , qui l'attire en foule dans les filets. On en tire une huile pour la lampe, et ensuite on en fume les terres. Ce- pendant les pauvres gens la mangent aussi. Le foie consiste en quatre lobes , dont celui qui est à droite est aussi long que toute la cavité du ventre , et n'est que peu attaché aux autres, li'estomac est en forme de sac; le canal intestinal a deux sinuosités , et la par- tie supérieure est large. L'ovaire con- sistoit en deux cylindres , qui se réu- iiissoient au trou ombilical, et conte- noit cent quatre-vingt-huit œufs d'un iaune pâle, gros comme des grains de millet. Le péritoine est blanc, parsemé d'un grand nombre de points noirs. La l86 HISTOIRE NATURELLE peau de la vésicule aérienne est Irès- mince. Derrière celte vésicule , de chaque côté des vertèbres , on trouve un corps blanchâtre qui commence au diaphragme ; il est étroit par en haut et par en bas à l'endroit où il se réunit à l'autre , et large vers le trou ombili- cal : ce sont sûrement les reins. J'ai compté dix-sept côtes de chaque côté , et quarante-une vertèbres à l'épine du dos. Oh nomme ce poisson : Steinbicker , à Kiel. Tlrsshruper , en Heiligeland. Trangsnarre , Ershraber , en Dane- marck. Temkanliga Spiggen , en Snède. Store y Tind-Oure y en Norwège. SticHeback , Great PiicIclebacJc , en An- gleterre. Grande épinoche , en France, Schoneveld est le premier qui ait décrit ce poisson et qui nous en ait donné undessin.Lcsichlhyologistes qui DE LA GRANDE ÉPINOCHE. 187 sont venus après lui , Font peu ob- servé -, car sans cela Linné et M. Pen- iiant ne lui auroient pas refusé la na- geoire du ventre. îS8 HISTOIRE NATURELLE XLII^ GENRE. LE MAQUEREAU, scomber. Caractère générique. La nageoire de la queue roide. LE MAQUEREAU, SCOMBER SCOMBER, Les cinq petites fausses nageoires que l'on trouve à la queue en haut et eu bas , sont une marque sûre pour dis- tinguer ce poisson des autres du même genre. On trouve sept rayons à la membrane des ouies , vingt à la na- geoire de la poitrine , six à celle du ventre , treize à celle de l'anus, vingt à la queue , et douze à chaque nageoire du dos. Tom . //: -Pq^e jSS. Detfeve t/e/-- i/ou-rJan ifcuù>- 1. LE MAQUEREAU . ji . EE THO^ . :^ .LE MAÇXE3\EAU l>àtard . BU MAQUEREAU. 189 Ce poisson a le corps alongé et la têto longue, finissant en pointe émoussée. L'ouverture de la bouche est large ; la langue libre , pointue et unie. Le pa- lais est uni dans le milieu ; mais aux bords il est garni aussi bien que les deux mâchoires, d'un rang de petites dents pointues, dont les dernières engrènent les unes dans les autres. La mâchoire inférieure avance un peu sur la supé- rieure. Les narines sont oblongues, doubles , et plus près de l'œil que de la pointe de la bouche. La nuque est large et noire ; les yeux grands , la prunelle noire et l'iris argentin. En automne il se forme , comme chez le sandre , une peau au-dessus de l'oeil , qui est plus considérable au printemps ; ce qui fait que le poisson a Tair d'être aveugle. En été, cette peau disparoît. Sclione- veld a remarqué cette particularité dans notre poisson , mais elle mérite- roit d'être examinée plus soigneuse- ment. Poissons. IV. 17 jgo HISTOIRE NATURFXLE Les mâchoires et les opercules des «nies sont argentins, les derniers con- sistent en trois lames. La membrane des ouies est placée à la gorge, elle est étroite et a des rayons courts et min- ces. L'ouverture des ouies est large. Le tronc est couvert de petites écailles jninces et molles, comprimé des deux côtés, étroit et quarré vers la queue. Lcs de dilié- rente grandeur. La rate est noire et oblongue. Ij'estomac est triangulaire , et le canal intestinal a deux sinuosités et douze à treize appendices. La vési- cule aérienne est placée le long du dos. Ce poisson est conna sous dilTérens noms. On le nomme : Stœcher, M'ùseken ,àa.ï\s les environs de la Baltique. Stoikkert en Danemarck. 230 HISTOIRE NATURELLE Pur^ en Norwège. HorsmakriU , en Stiède. Marsbancker, eii Hollande. Scad , en Angleterre. Uorsema'rel, à Londres. Maquereau bâtard , en France. Savereou et Macareo , à Marseille. Saurd et Sieureljk Montpellier. Saiirou , à Venise. Suaro, à Rome. Sou, à Gênes. Savrella, à l'île de Malte. Staurit-Bal'ùk , en Turquie. ^ra , au Japon. Curçata pinima, au Brésil. Bointo , parmi les Portugais du Brésil. Bonite ,duyi Antilles. Belon ; Rondelet , Salvien , Aldro- vand et Jonston ont tort de refuser les écailles à ce poisson. Willugliby est le premier qui les a observées. Aldrovand le décrit d'après Ronde- let , dont il a aussi copié le dessin \ m ai& DU MAQUEREAU B VTAED. 25 1 tlans la suite il en décrit un qu'il a vu et fait dessiner lui-même. Mais on voit clairement , par sa description et son dessin , qui offre une ligne latérale droite et unie, et trois nageoires dor- sales, qu'il avoit sous les yeux un pois- son tout différent du noire. BriinnicLe doute que le poisson de Salvicn, représenté page 78, soitjpelui dont il est question ici. Cependant, en comparant ce poisson avec le nôtre, on voit que c'est vraiment le maquereau bâtard. Il a seulement divisé la seconde nageoire du dos et celle de l'anus. Gronov demande si c'est notre poisson que Linné décrit dans son Muséum , sous le nom de trachinus trachyurus. Nous répondons affirmativement , et nous pouvons le prouver par le dessin même et par les auteurs cités, JEMen raconte , que si l'on coupe la queue à ce poisson lorsqu'il est encore vivant, qu'on le jette dans la mer, et qu'on attache cette queue à une ju- ^32 HISTOIRE NATURELLE ment pleine , elle met bas plutôt qu^à l'ordinaire. Mais c'est une chose qu'il faut mettre au rang des fables. Enfin, nous pouvons aussi répondre alTiimativenient àMorîimer, quand il demande si la horse makrel que Wil- lughby a représentée sur la plancliede la tab. S. 12 est notre poisson ou le cliajdes Anglais. LE TASSARD , scomber regalis^ Ce poisson se distingue des autres de cette division par sa rayure d'or la- térale qui va le long du corps. Le manuscrit du P. Plumier m'en a fourni le dessin , qui n'annonce point le nombre des rayons de la membrane branchiale. La nageoire pectorale porte seize rayons, la ventrale six , celle de l'anus dix, celle de la queue vingt-un, la pre- mière dorsale dix- huit; et la seconde treize. Tom . JF: Pa^e 33i a.I.E TASSARD. i . LE BONITE. 3 . LE se OMBRE df^ Rottler . Y DU T A S S A n D. u33 Le dessin représente encore sept petites nageoires derrière celle de l'a- nus , et huit autres derrière la dorsale. La têfe est comprimée , alépidote et terminée en pointe obtuse. Les mâ- choires sont de longueur égale, et ar- mées de dents pointues et isolées. Les os dos lèvres sont larges, les narines doubles, celles du déviant sont rondes , les antres ovales et tout près des yeux , dont la prunelle noire est placée dans un iris doré. L'ouverture des onies est grande, le tronc est alongé , charnu et cans écailles. La ligne latérale à peine perceptible, commence à la proximité du dos , dont elle s'éloigne derrière la nageoire pectorale jusqu'à la rayure dorée susmentionnée, dans laquelle elle s'étend en droite ligne jusqu'à la na- geoire de la queue. Au-dessus et au- dessous de cette rayure , se trouvent des taches ovales de la même couleur. Le ventre est rond, court, et l'anus est an milieu du corps. Tout le corps est 234 HISTOIRE NATURELLE couvert d'une belle peau argentée, à l'exception des nageoires qui sont jau- nes. La première nageoire dorsale , qui n'est séparée de la seconde que par un très-petit intervalle, compte dix-huit rayons durs, qui vont en diminuant ^ tous les autres rayons , hormis le pre- mier de la ventrale, sont mous et ra- mifiés. Nieuhof et Valentyn placent ce pois- son aux Indes orientales. Plumier et Dutertre l'ont encore vu aux Indes oc- cidentales près des Antilles. Le der- nier , qui le prend pour une espè< e de brochet, rapporte qu'il fait son séjour ordinaire entre les îles où le cournnt est le plus rapide ', qu'il est très voracc ; qu'il mord à l'hameçon, garni soit de lard, soit d'un crabe ou d'un morceau de bois; qu'il nage d'une vitesse qui le fait atteindre un vaisseau dont il ap- perçoit l'hameçon de loin. Il nous dit encore qu'il déchire la ligne , dès qu'elle est foible et sans fil d'archalj que l'on DU TASSARD. 2."55 Kii avoit pris parfois , avec deux ou trois crocliels d'hameçon dans le corps. Cet auteur leur attribue encore une chair blanche et de bon goût , mais moins digestiveque celle du brochet. Nieuhof raconte que ce poiss: n est estimé pour le plus délicat aux Indes , et qu'il doit son nom de koenigsvich ( poisson royal ) à sa délicatesse. Je reçus une variété du tassard de Neuyorck, sous le nom de waqaereaa d'Espagne. Il avoit des écailles petites, minces jet rondes , qui se détachoient facilement : mais les écailles des côtés étoient oblongues et fortement atta- chées à la peau. Les taches jaunes étoient rondes , et la ligne latérale étoit un peu serpentée en arrière : la nageoire pectorale étoit aussi un peu plus longue et en forme de faucille. M. John m'écrit de Tranqucbar, que ce poisson ne s'y trouve pas en grand nombre , et qu'il est un des mets les S>:56 HISTOIRE NATURELLE plus délicats à cause de sa cLair tendre et grasse. Oii le mange on frais , ou saîé , ou mariné : on eh prend en grand nom- bre, parce qu'ils se tiennent ensemble. La mer en est le séjour ordinaire, il y fraie aussi. Cependant , il fait aussi des émigrations dans les rivières. Nieuliot lui donne sept pieds de long. C'est sur les côtes de l'Afrique , près de Maroc , sur- tout dans la petite baie près de Ta- mara et de Ste-Croix en Barbarie, qu'on le prend en grande quantité , et qu'on en fait un trafic assez important. Les Nègres en font la pêche; ils le salent , et les Français l'exportent aux îles Ca- naries et Açores. Dans ces contrées, il est du nombre des poissons de passage, il arrive vers la fin de juin , époque de sa pêche, qui dure jusqu'en août. On en prend le plus dans les courans. Les plus petits ont cinq à six livres, et les gros pèsent quinze à vingt livres. Il a la chair molle dans ces régions, mais DU TASSARD. 25? cette mollesse se perd pdr la salaison. 3^'on se sort da sel de mer d'Afriiine , faute de l'espagnol, que ron préfère , parce que le poisson s'y conserve mieux. Les bâtimens français construits pour le commerce de cette espèce de poissons, sont d'ordinaire de soixante à quatre-vingts tonneaux. Dès qu'un bâtiment arrive, le maître delà car- gaison se rend chez le gouverneur ou l'alcayde , le seul personnage à qui il ait à faire. Celui-ci commande les pê- cheurs , qui vont à la pêche avec des bateaux garnis chacun de cinq Nègres , dont quatre rament et le cinqu^me tend les filets. Au retour de ces ba- teaux, on donne lefi poissons par cen- taine au capitaine, et l'on en compte deux pour un de ceux qui n'ont pas le poids de dix livres. Pour lurs le mate- lot les fend depuis la tête jusqu'à la queue , en sort les entrailles , et en coupe la tête , l'épine du dos reste - il près on les rince dans l'eau de la mer. Poissons. IV. 21 258 HISTOIRE NATURELLE on les met sur une planche en pente y pour faire découler l'eau , et on les sale à l'instant même. Si la pêche est forte , au point que les bateliers ne suf- fisent pas à l'ouvrage , l'on paie des Nègres pour aider. Souvent la cargai- son d'un de ces bâtimens s'achève en deux jours , preuve que ces contrées ont une grande abondance de ces pois- sons. Les Français qui font ce commerce, sont en partie Provençaux , en partie établis à Cadix. Le même commerce attire aussi quelques bâtimens anglais vers les côtes de Fez et de Maroc. Ce poisson est nommé : Par les Hollandais aux Indes, ConingS' ^isch et Mac^elange-Conin^s-Visch. Par les Français , Tazard et Tassard» Par les Allemands, Konigs-fisch, Par les Anglais , the King-fish. Les Tamules de Tranquebar le nom- ment Wollramin. A Ceylan il est nommé Aracola, DU T A S S V R D. 2% Willugliby, Rai; Jonslon et Ruyscli sont dans l'erreur, en prenant ce pois- son pour le guarubucu de Marcgraf , celui-ci n'ayant point les taches jaunes et sa dorsale étant courte. Nous devons la connoissance de no- tre poisson à Nieuhof ; mais son dessin est très -défectueux, le représentant sans ventrale , sans écailles , sans ligne latérale , et avec une seule dorsale courte. Willughby l'a copié, et nous en a fourni un dessin qui n'est pas tout- à-fait si mauvais , à moins qu'il n'ait prétendu nous rendre le guarubucu de Marcgraf, qui est le thon. Valentyn l'a encore mal dessiné , mais Renard l'a un peu mieux repré- senté. Le nouveau dessin de Duhamel n'a pas donné la j uste longueur à la dorsale antérieure. Tous les auteurs systématiciens ont exclu ce poisson ; mais il faut s'éton- ner que Bonnaterre ne l'ait poijit ad- 24o HISTOIRE NATURELLE mis dans son Encyclopédie iclitli3'^olo- gique , tandis que son compatriote M. Duhamel, en a fait récemment la description et le dessin. J'ignore par quel motif Boddart a mis notre poisson au nombre des labres. LE BONITE, scoMBER sarda. Les écailles qu'on x^oit depuis la nuque jasqu'au-dessous de la nageoire •pectorale, désignent aisément ce pois- son. Ces écailles forment un noeud aux deux pectorales; elles sont très-petites, lisses et minces. La membrane branchiale contient six ra3''ons , la nageoire pectorale en a seize , la ventrale six, celle de l'anus quatorze , celle de la queue vingt , la première dorsale vingt-un , et la se- conde quinze ; l'on apperçoit derrière celle-ci sept nageoires touffues , et six derrière celle de l'anus. Ce poisson a la tête comprimée , alé« D U B O X I T E. 2'U pidote , large par le haut j l'onverliire de la bouche est grande , les mâchoires sont de longueur égale et munies d'une rangée de dents séparées. La pointe de la mâchoire inférieure porte encore quelques petites dents. La langue est lisse et dégagée, un os long et peu large armé de dents petites et pointues comme celles des mâchoires, se trouve à côté du palais. Jusqu'ici je n'ai point encore apperçu ces os à d'autres pois- sons. Les narines sont doubles, les an- térieures rondes , les postérieures obloiigues et à la proximité des yeux. Ces postérieures sont tournées vers le bas y et très-éloignées des antérieures. Les os des lèvres sont forts: les yeux sont près du sommet , leur prunelle noire est bordée d'un iris jaune. Les opercules sont unis , l'ouverture des ouies est large , et la membrane cou- verte. Les côtés un peu comprimés sont dépourvus d'écaillés , et outre les écailles annoncées plus haut ;l'ou n'eu 242 HISTOIRE NATURELLE trouve qu'un rang étroit le long de la dorsale , et les nageoires de l'anus, de la queue et la seconde dorsale en ont à leur base. Le dos est rond , la cavité du ventre est longue , la ligne latérale im* perceptible , et l'anus du double plus près de la nageoire de la queue que de la tête. Le corps est argenté , et l'on n'y voit des raies noires que du dos au s flancs. La première dorsale est noire et n'a que des rayons simples, toutes les autres nageoires sont grises. Le pre- mier rayon delà ventrale est aus^si sim- ple. Les autres rayons sont mous et ra- milles. Ce poisson se trouve dans la Médi- terranée et dans la mer Atlantique. On le pêche en divers endroits de la Méditerranée , sous diverses dénomi- na lions. Dans le Poitou on le nomme Gerjnon ; Aàus quelques ports proven- çaux on lui donne le nom de Boniton ; mais ailleurs il est nommé Bonite, Les DU PONITE. 543 cAtes espagnoles de la mer Atlantique en fournissent. Dans la Biscaye et la Provence on le pêche toute l'année tant au filet qu'à I.i ligne. La chaloupe destinée à cette pêche porte six pêcheurs. L'on en pê- clioit encore autrefois toute l'année à l'île Dieu ; mais ne s'y trouvant plus en abondance , l'on n'y envoie que quel- ques chaloupes depuis le mois de mai jusqu'en septembre. Le propriétaire d'un tel bâtiment reçoit deux parts de la pêche , et les pêcheurs chacun une part pour salaire. Ce poisson fait son séjour ordinaire au milieu de la mer , et on le prend à trente lieues de France des côtes. Il n'atteint pas au-delà de vingt à vingt-quatre pouces j mais étant charnu , il n'en pèse pas moins dix à douze livres. Sa chair est grasse et blanche, quoiqu'inférieure à celle que l'on coupe du ventre du thon. Onle sale comme celui-ci, et alors il ne lui cède en rien pour le goût. Mais la salaison 244 HISTOIRE NATURELLE ïi'a lieu que dans le cas d'un vent con- traire , qui retient les pêcheurs dans la mer; car on l'aime mieux frais. S'il n'est pas bien salé , sa graisse est cause qu'il ne se conserve point. Les lignes dont on se sert pour le prendre , ont vingt-cinq à trente toises de long , les crocliets en sont forts, et garnis d'un morceau d'anguille. Ce poisson est d'une voracité excessive , les anchois et les harengs volans lui servent sur-tout d'aliment. Pour le prendre on a ima- giné de se servir d'une petite plaque de fer blanc , à laquelle on attache quel- ques plumes blanches. Cette plaque est attachée par une corde au bâtiment, lequel étant agité par les ondes , notre poisson croit voir des poissons volans, il happe avidement, et est pris de cette manière aux crochets qui y sont atta- chés. Si la mer ^st calme, l'on fait nioii- voir ces cordes. La pêche du bonite esttrès-lucraîive à Cadiii. Elle commence sur lu Un d'à- DU BONITE. 2^5 vril et dure jusqu'à la fête de S t. -Pierre. Quatre bâtimens gouvernés par cent hommes s'en occupent. Cette pêche est copieuse, car il arrive qu'on en prend iiisqu'à huit mille pièces , et encore quelques thons. Les Espagnols cher- chent aussi ce poisson sur la côte d'A- frique, et cette pêche s'appelle Boni- taras. On le sale ici comme le thon , et les bateliers qui amènent du vin de la Catalogne , l'achètent à leur re- tour. Galène a déjà remarqué que ce pois*» son étant salé , est bon à manger. M. Godeheu a fait la remarque que la graisse du bonite rcluisoit dans l'obs- curité , et il en conclut que la lueur nocturne de la mer provenoit en par-^ tie de la graisse des poissons ; mais la graisse des poissons ne se montrant point extérieurement tant qu'ils vi- vent, et leurs cadavres étant bientôt consumés par d'autres habltans de la rJicr , la raison des apparitions phos- 24f5 HISTOIRE NATURELLE pliorîques ne sauroit leur être attri- buée. Ce poisson a reçu divers noms. En France on le nomme généralement Bonite. En Poitou , Germon ; et en dififérens ports de Provence, Boniton. En Espagne , on l'appelle Bize, En Allemagne , Erustschuppe, En Angleterre ^the Scale-breast. Pline est le premier qui fasse men- tion de notre poisson ; du moins ce qu'il raconte de son sarda , y répond parfaitement. Il l'adjuge aux poissons de mer, et dit que c'est une espèce de thon long. Rondelet nous en a fourni le pre- mier dessin , copié par Gesner et Wil- lughby. De nos jours Pernetti l'a très- mal peint -, mais Duhamel l'a bien re- présenté. Quoique ce poisson ait été connu par les anciens, et peint par Rondelet , il faut néanmoins disculper Artédi et Linné de ne l'avoir point in- DU SCOMBRE DE ROTTLER. 247 séré dans leurs systèmes , vu qu'il n'y en avoit ni description exacte, ni des- sin juste ; et que la confusion des es- pèces de ce genre est si excessive , qu'ils ne pouvoient guère différencier les es- pèces citées, sans les avoir examinées eux-mêmes. Mais Duhamel l'ayant récemment, assez bien représenté et détaillé , et ayant nommé plusieurs endroits de France où ce poisson vient abondam- ment , Bonnaterre a tort de ne l'avoir pas incorporé dans son Encyclopédie- ichthyologique qui vient de paroitre. Klein se trompe quand, il ditqu'Ar- tédi confond le pelamys sarda avec le tbon ; car celui-ci ne fait nulle mention de ce poisson. LE SCOMBRE DE ROTTLER , SCOMBER ROTTLERL La mâchoire inférieure avancée et les dix petites nageoires au-dessus et 248 HISTOIRE NATURELLE au-dessous de la queue , caractérisent ce poisson. La membrane branchiale a cinq rayons , la nageoire pcclorale quinze , la ventrale six , la première de l'anus deux, la seconde huit, celle dela^ueue vingt , la première dorsale sept , et la seconde huit. Le corps est alongé , la tête coutpri- niée et dépourvue d'écaillés ; les mâ- choires n'ont que de petites dents poin- tues , la langue est plate , et le deX^ant du palais hérissé. Les os des lèvres sont larges , les narines solitaires; une pru- nelle noire dans un iris argentin et jaune forme les yeux. Les opercules sont unis , l'ouverture des ouies est large , et la membrane couverte. Le tronc a de petites écailles molles , le dos est sillonné pour recevoir les na- geoires. La ligne latérale forme un arc en commençant , et de-là elle va le long du corps en droite ligne. Cette partie est garnie de mailles munies DUSCOMBRE DEROTTLER. s'ig d'i n crochet inverse vers le bas. Le premier rayon de la nageoire du ven- tre , de la seconde de l'anus et de la se- conde du dos est dur ;la première dor- sale et la première ventrale n'ont que des aiguillons , les autres rayons sont mous. Les flancs et la tête sont couleur d'argent , le dos est bleu ,les nageoires delà poitrine et du ventre sont rouges, les autres nageoires sont violettes et jaunâtres. Les vingt petites nageoires de la queue sont jaunes. M. John me marque que ce poisson se trouve continuellement dans la mer, et qu'on le prend en grand nombre dans les mois de février et de mars , sur les côtes de Coromandel -, mais que sa chair n'a pas un goût extraordinaire, et qu'il est par rapport à cela peu estime des Européens. Il n'y a que les pauvres Malabares qui se nourrissent de sa chair fraîche et séchée. Il fraie au mois de février; sa chair est alors moins bonne qu'en novembre , et il n'excède Poissons, IV. 22 25o HISTOIRE NATURELLE pas la longueur de quatorze pouces. On le nomme : A Malabar, Walangadei-Parei. En allemand , en français et en anglais , je lui ai donné le nom de Rottler , qui me l'a envoyé duTranquebar. LE SAUTEUR , scumber saliens, liEs quatre aiguillons devant la na- geoire du dos distinguent ce poisson des maquereaux de cette division. Le père Plumier , duquel j'ai em- prunté ce dessin, n'a point marqué le nombre des rayons de la membrane branchiale. La nageoire pectorale porte quatorze rayons , la ventrale six , la première nageoire de l'anus deux . la seconde treize, celle de la queue vingt, et la dorsale neuf. Les nageoires du dos et de l'anus sont encore suivies chacune de huit nageoires touffues. Ce poisson a le corps lisse , alépidote , To/ii J/ . I ' Dcj-eae c/e/ ■ 7 !" 'Ai/ -tZ/Vu < >'cu^ ■ 1 . LK SArTEV R . ^ T^A LI CHK . 3 .liEPKllON • "S \J '"V DU SAUTEUR. 25l comprimé et large; la tête est de gran- deur moyenne et en pente ; l'ouverture de la bouche est grande , la mâchoire inférieure avance un peu sur l'autre; les deux mâchoires ne sont armées que d'une rangée de dents très-petites et pointues. La langue est libre et lisse; les narines sont doubles et à la proxi- mité des yeux , dont la prunelle noire est bordée d'un iris jaune qui tire sur le blanc. Les opercules sont unis, l'ou- verture des ouies est large i la mem- brane est couverte. Le dos et le ventre sont tranchans , celui-ci est court, et l'autre arqué. Les côtés sont verds en haut , et argentés en bas. La ligne laté- rale formant un petit arc par-devant, s'approche plus du dos que du ventre. L'anus est du double plus éloigné do la nageoire de la queue que de la tête. La nageoire de la queue , celle de l'anus, la seconde dorsale et les touffes sont bleues, les au très nageoires sont jaunes. Les rayons mous sont ramifiés , ex- 'j52 HISTOIRE NATURELLE cepté ceux de la nageoire de l'anus qui sont simples ; les aiguillons devant la dorsale ont à la base une membrane, qui donne à ce poisson la faculté de les baisser. Le premier rayon des nageoi- res du dos , de l'anus et du ventre est piquant. Ce poisson demeure aux Antilles, où il se trouve abondamment , sa chair est blanche et bonne, comme celle de tous les maquereaux ; il vit de proie : il est rusé , car se sentant pris au filet , il tâche d'échapper en sautant. C'est pourquoi on le nomme : En français, le Sauteur. En allemand , der Springer. Et en anglais, the Jumper. LA LICHE , scoMBER aculeatus. Les sept aiguillons dorsaux dégagés font la marque distinctive de ce pois- son. L'on remarque à la vérité encore mi autre aiguillon horizontal tourné DE LA LICHE. 253 vers îa tête ; mais il est immobile, et fait partie des os, que l'on trouve aux poissons entre les vertèbres. Les ai- guillons se dirigent pour la plupart vers la queue ; ils sont enfoncés dans un sillon, et attachés les uns aux au- tres par un lien étroit, de façon qu'en attirant le premier, les autres se dres- sent en croix , ce qui leur donne quel- que ressemblance avec les chevaux de frise. La membrane branchiale contient six rayons , la nageoire pectorale en a seize , la ventrale six , celle de l'anus neuf, celle de la queue seize , et la dorsale onze. Derrière les nageoires de l'anus et du dos il y a encore onze petites nageoires touffues. La tête est petite , lisse , et compri- mée de manière qu'au-dessus des yeux elle est mince comme le fourreau d'un couteau. Les narines sont solitaires, rondes, et au milieu entre l'ouverture de la boucbe et les yeux. Les mâchoires 254 HISTOIRE NATURELLE de longueur égale sont armées d'un rang de petites dents pointues. JLa mâchoire inférieure a les deux dents de devant plus longues que les antres, et derrière celle-ci il y en a plusieurs autres petites. La langue est mince et dégagée ; l'oeil a la prunelle noire et l'iris argenté. Les opercules sont unis, le postérieur est composé de trois la- mes ; l'ouverture des ouies est large, et la membrane est couverte Les côtés sont comprimés et sans écailles ; lo ventre et le dos sont tranchans ; la ligne latérale à peine visible forme un petit arc au-dessus de la pectorale , et vade-là en droite ligne jusqu'au milieu de la nageoire de la queue , qui est roide. L'anus est de la moitié moins éloigné de la tête que de la nageoire de la queue, et derrière l'anus l'on distingue deux aiguillons liés à la base par une membrane. Les nageoires ont des rayons à quatre branches, et elles DE LA LICHE. ^55 sont bleues. Celles de la poitrine et du ventre sont très-courtes. Ce poisson se trouve en plusieurs endroits de la Méditerranée^ sur-tout vers la Provence et le Languedoc. Il se montre aussi en différens endroits de l'Amérique. Brown le vit à la Ja- maïque, et Parra à la Havane. Il de- vient grand, M. Gautier en vit un il Toulon de quarante -deux livres. 11 assure que la chair en est délicate, et préférable à celle du thon. L'estomac à l'endroit du canal in- testinal est entouré d'une quantité d'appendices. Le foie est rougeâtre , et consiste en deux lobes dont le droit est le plus grand. Le canal intestinal a deux sinuosités, et l'ovaire est double comme la laitance. La France donne divers noms à ce poisson. En Languedoc il porte le nom de Vélamyde ; la Provence le nomme Liche , et Marseille en particulier lui a donné le nom de Lampaga. Z5G HISTOIRE NATURELLE Les Italiens le nomment , Leczia. Les pêcheurs des environs de Rome l'appellent Mella. Les Allemandsle nomment, iSpanisc^^r Reiter. Les Anglais, Cross-spine. Dans la Havane , il s'appelle Quiebra- Acha. Et à la Jamaïque, ihe Lealher-cnat. Belon a le premier décrit et peint ce poisson : mais son dessin n'est pas juste 5 car il joint les petites nageoires avec celles du dos et de l'anus ; il place trop bas la ligne latérale , et trop en arrière la ventrale sous la pectorale. Peu après Rondelet nous en a donné un autre dessin où il a évité les deux derniers défauts de Belon , mais le premier y est resté. Gesner et Willughby ont copié Ron- delet. Duhamel nous en a donné ré- cemment un nouveau dessin , mais plus mauvais que les précédcns; vu cju'iî omet une partie des aiguillons DE LA L I C II E. 25/ dorsaux, qu'il y ajoute des touffes et qu'il rend mal la ligue latérale. Willughby a examiné et analysé exactement une espèce de maquereau à Rome ; mais il n'a pu constater, si c'étoit le premier ou le second glaucus de Rondelet : cependant la différence de sa description et de la mienne qui répond à celle du second glaucus de Rondelet , prouve que le poisson de Willughby ne peut être le second Glaucus de Rondelet , le sien étant large , tandis que le nôtre est grêle. Le nôtre n'a encore ni écailles , ni taches , dont le sien est pourvu. C'est pUitôt le premier glaucus de Ron- delet. L'incertitude de Klein sur le même objet disparoît par la même raison. Artédi , Linné et Klein ont exclu ce poisson de leurs systèmes , quoique les anciens ichlhyologues l'ayent dé- crit et dessiné avec assez de clarté pour l'agréger à la première vue au nombre a58 HISTOIRE NATURELLE des maquereaux. Je suis surpris que Klein l'ail omis, d'autant, plus qu'il admet d'ailleurs non - seulement les poissons de Rondelet , mais encore ceux de Marcgraf bien moins détail- lés. Mais ce qui me surprend encore davantage c'est que Bonnaterre n'eu fait aucune mention dans son Ency- clopédie ichtliyologique. Le nouveau dessin de Brown n'est pas des meilleurs j celui de Parra vaut mieux. » r L'EPERON, SCOMBER cjlcjr. Les trois aiguillons dorsaux distin- guent ce maquereau de tous ceux de cette division. L'on remarque à la vé- rité un quatrième aiguillon tourné vers la tête en ligne horizontale , mais il en est comme du poisson précédent. L'on compte six rayons dans la ^ membrane branchiale , quatorze dans la nageoire pectorale , six dans la ven- DE l' É P E R O N. 25g traie , deux dans la première nageoire de l'anus, vingt-un dans la seconde, treize dans la nageoire de la queue , et vinst-un dans la dorsale. Le corps est large, mince, alépi- rlote , argenté et noirâtre vers le dos. La tête est comprimée, l'ouverture de la bouche grande ; les mâchoires dont l'inférieure est la plus longue , sont munies d'une rangée de dents peu distantes. La langue est dégagée , lisse et large -, les yeux sont grands , la pru- nelle est noire , et l'iris argenté. Les narines sont grandes, solitaires et plus près des yeux que du museau. Lps opercules , dont le postérieur est com- posé de trois lames , sont unis. La ligne latérale va en droite ligne le long du dos , qui est tranchant j le ventre est court, et sillonné pour recevoir la na- geoire ventrale. L'anus approche du double plus de la tête que de la na- geoire de la queue. Les nageoires sont bleuâtres, elles portent des rayons à 26o HISTOIRE NATURELLE qnatre branches. La première nageoire de l'anus consiste en deux aiguillons , la seconde de même que la dorsale et la ventrale n'ont qu'un seul aiguillon. Le défunt docteur Isert m'a donné ce poisson , qu'il a péché dans la mer à Acara sur la côte de Guinée. Il me rapporta qu'il atteignoit la grandeur ordinaire des maquereaux , que sa chair n'étoit pas mauvaise , et qu'on en pre- noit quelquefois en quantité. On le nomme : Eu français , VEperon. En allemand , der Sporn. Et en anglais , the Spur-back, LE NÈGRE, SCO MBER kiger, La couleur noire de ce poisson , qui m'en a fourni la dénomination , en fait en même temps le caractère distinctif. Le manuscrit du prince Maurice m'ayant fourni le dessin de ce pois- son, je ne puis rapporter le nombre de D U NE G R E. 261 rayons contenus dans la membrane branchiale. Ce manuscrit donne douze rayons à la nageoire pectorale , six à la ven- trale , vingt-un à celle de l'anus , dix- sept à celle de la queue, trente -trois à la dorsale , qui est précédée do huit aiguillons dégagés. Ce poisson a le corps alongé , la tête Jisse , alépidote et plate , l'ouverture de la bouche large , et les mâchoires armées de petites dents en forme de lime. La langue est large et dégagée j les narines sont doubles- un iris ar- genté borde la prunelle noire des yeux. Les opercules sont unis \ l'ouverture des ouies est large , et la membrane couverte. Les écailles du tronc sont petites , minces et lisses ; la ligne laté- rale droite est large et voisine du dos. Celui-ci est rond et noir , comme le reste du corps ; il n'y a que le ventre qui soit blanc. Les nageoires ventrales sont grises à bord noir , mais les autres Pois:ion5. IV. 23 262 HISTOIRE NATURELLE nageoires sont noires et longues, finis- sant en pointe , et généralement avec des rayons à quatre branches. Les ai- guillons dorsaux sont liés à la base, et entrent dans un sillon au gré du pois- son. Ces aiguillons sont forts et trian- gulaires ; et Marcgraf dit que ce pois- son s'en sert comme d^unc arme défen- sive, i Ce poisson habite les eaux méridio- nales entre l'Afrique et l'Amérique : Marcgraf, Piso , et le prince Maurice l'ont trouvé au Brésil , et Barbot à la Côte-d'Or de la Guinée. 11 parvient à une taille considérable. Piso dit qu'il atteint l'embonpoint et la taille d'un homme, le prince Maurice lui donne la longueur d'un silure , suivant Barbot il a cinq pieds de long , et Marcgraf lui donne neuf à dix pieds de longueur, 11 a la chair grasse , blanche et solide , c'est pourquoi les Brasiliens lui don- nent la préférence sur tous leurs autres poissons. Il doit être de la même qua- DU NÈGRE. 2G3 ïiiè vers la côte du Cap Corse. Etant frais , on dit qu'il a le goût de l'an- guille ; séché il doit avoir celui du saumon fumé. 11 séjourne dans la haute mer , et de temps en temps il en vient des légions entières vers la côte ; il cherche les endroits pierreux, et les Nègres en font la pêche dans les bas- fonds , à la lueur de torches allumées. Les écrevisses , les homards , les co- quilles et les escargots lui servent de nourriture. On le nomme : Sur les côtes de l'Afrique, Sefser , Ko- nifrsfisck , Negfrjisch. Les Brasiliens le nomment Ceixupira» Les Français , Nègre. Les Allemands, Negerfisch et slachlicher Blauling. Les Anglais, the Negro-Mackrel. Marcgraf, le premier qui ait décrit ce poisson , nous en a donné un dessin assez exact , imité par Piso , Willugli- by , Jonslon , et Ruysch, 2^4 HISTOIRE NATURELLE Quoique le dessin et la description de ces auteurs distinguent assez bien ce poisson , pour le classifler dans un système , aucun systématicien , hor- mis Klin, ne l'a admis dans son sys- tème. Le dessin de Barbot , imité dans le premier volume des Voyages géné- raux , planche deuxième , est du nom- bre des dessins mauvais , car les écailles n'y sont point exprimées , le dos n'a que six aiguillons , et la pectorale s'y trouve surmontée d'une autre petite nageoire. LE PILOTE, SCOMBER ductor. Ce poisson se distingue par sesbandes, et par les quatre aiguillons du dos qui sont courts et dégagés. La membrane branchiale porte six rayons , la nageoire pectorale en a quinze , la ventrale six , ceJle de l'anus seize , celle de la queue dix-lwiit , et la dorsale vingt-quutre. To»t jr. J'a(/e îO^i- i 3.1". PlI.OTl''- . a. 1^ VKliniKR . 3. LE CAUANCtXJK . DU P I L O T E» 265 Le corps est alongé , la tète compri- mée, en pente, et sans écailles jus- qu'aux opercules. La bouche est petite , les mâchoires sont d'égale longueur , et munies de petites dents , le palais est armé sur le devant de dents pa- reilles en forme d'arc , et la langue en est garnie tout en long ; celle-ci est courte , charnue et peu dégagée. Les narines sont doubles , et plus voisines du museau que des yeux , dont la pru- nelle noire se trouve dans un iris jaune. Nous avons déjà dit ailleurs que la couleur des poissons comm^ celle d^'au- tres créatures est sujette à varier, de quoi notre poisson nous fournit un exemple remarquable, vu que Statius Millier peint l'iris rouge , Hasselquist , noir mêlé de jaune,. Pernetti, jaune GrouDV, blanc , et Osbeck, jaune et Waiic^ Les opercules sont unis,, arro-ndîs et sans écailles -, l'ouverture des ouies est très-large ,. et la membrane branchiale 266 HISTOIRE NATURELLE entièrement couverte. Le tronc est garni de petites écailles, le dos et le ventre sont ronds et charnus , l'anus approche plus de la nageoire de la queue que de la tête. La ligne latérale forme une inflexion vers le haut , puis elle baisse peu-à-peu se perdant vers le bout au milieu de la nageoire de la queue. Laqueueestrehaussée des deux côtés , ce qui lui donne une forme quar- rée assez ordinaire à beaucoup d'autres maquereaux. Cela vient des apophyses en forme de scie , qui se trouvent aux deux côtés des spondyles de la queue. Tous les rayons sont mous , fourchus dans ja nageoire du dos et de l'anus , et à plusieurs branches dans les autres nageoires. Les nageoires de la poitrine et du ventre sont grises, celles de l'anus et du dos sont bleuâtres , celle de la queue est gi ise vers la base , noire vers le mi- lieu et blanche par le bout. Le tronc montre cinq bandes bleues, dont les DU PILOTE. 267 quatre intervalles sont blancs. Les handes d'un bleu- foncé vers le dos de- viennent plus claires vers le ventre. Le nombre de ces bandes n'est pas toujours égal ;LoefllinglLii trouve quatre bandes bleues et autant de blanches. Hassel- quist en compte cinqde chaque espèce , Pernetti , six bleues, et pas plus de quatre blanches, et Osbeck lui attri- bue sept bandes de la première sorte et six de la seconde. Ce beau poisson habite différentes contrées du monde. Plumier, duquel j'en ai emprunté le dessin, le dessina aux Antilles; Hassel- quist l'a trouvé dans la Méditerranée près de l'île Iviça ; Eriinniche , près dé Marseille; Osbeck, aux environs de ]à ligne ; Loeffling , dans rOcéau mé- ridional ; Nieuhof , aux Indes orien- tales , et Kolbe , au Cap de Bonne- Espérance. Nieuhof donne un pied jusqu'à un pied et demi de longueur à ce poisson tandis que d'autres voyageurs ne l'ont 2G8 HISTOIRE NATURELLE Vaque de six à huit pouces. L'assertion de Nieuliof cependant paroît la plus vraisemblable , vu que Plumier l'a des- siné d'après nature. Ce poisson a la chair délicate , et Os- beck la compare à celle du maquereau. P«rnetti dit que c'est un des meil- leurs et des plus beaux poissons do mer, Hasselquist a trouvé son estomac rem- pli de poissons, cela prouve qu'il est ichth3a;phagc. Comme on le voit d'or- dinaire accompagner le requin , l'on croit qu'il indique la nourriture à ce- lui-ci , et que ce dernier par gratitude lui en donne une portion , vu qu'iV s'empare de ce qui échappe au requin en mâchant ; mais celte opinion est fausse : le requin n'a que des dents iii- cisives , de façon qu'il ne peut que cou- per et avaler, mais non pas triturer , action qui seule peut occasionner la perte d^une partie des alimens. Il suit le requin pour saisir comme lui ce que l'on jette des vaisseaux , et souvent il DU PILOTE. 2Gf) poursuit encore les bâtimens après quo le requin les a quittés. Aussi Bilin- niclie nous dit qu'ils se trouvent à Mar- seille pendant que les vaisseaux y pas- sent l'hiver. Loefflin^et Dutertre eu ont vu de grandes quantités suivre les vaisseaux sans requins. Mais ils aiment le voisinage des requins pour se mettre à couvert des poissons carnassiers : car Hasselquist a vu lui-même que ces pe- tits poissons deviennent souvent la proie de la dorade et d'autres poissons de mer plus grands; le requin ne les épargneroit pas, s'il pouvoit s'en em- parer ; mais dès que celui-ci se tourne lourdement vers eux , ils sautent de côté , chose dont Dutertre a été té- moin oculaire. L'estomac n'a qu'une membrane tnince ; le foie est petit et consiste en deux lobes. La rate est noirâtre , le canal intestinal a deux sinuosités et vingt-cinq appendices au commence- ment. Le péritoine est mince , blanc 2/0 HISTOIRE NATURELLE et luisant. L'ovaire et la laite sont doubles. Les bateliers nomment ce poisson , Pi- lote. Les Hollandais , Lootmanties et Viif- Vinger-Visch. Les Anglais , Pilot-fish, Les Français, Pi7o/^, Pilote de Requin. El à Marseille en particulier, on l'ap- pelle Fanfer. Les Suédois lui donnent le nom de Loods. Et les Allemands, celui de Lootsmann. En 1667 , Dutertre a fait la descrip- tion, ainsi que le dessin de notre pilo- te ; mais il faut qu'on ait fait une faute en faisant le dessin , car il ne ressemble ni à celui que je décris ni à aucun de ceux que je connois. Long-temps après (1693) Nieuliof en fit la description et un bon dessin , quoique les écailles et les aiguillons y manquent. Willugliby, Duhamel et DU PILOTE. 271 Bonnaterre nous rendent la même li- gure. Dans la suite Pernetty nous dessina aussi ce poisson, mais av€;c peu de suc- cès ; car il fait non-seulement les fautes mentionnées, mais il rend aussi la têto trop pointue. Duhamel a fait faire une copie de ce dessin. Statius Millier prétend encore avoir dessiné notre poisson 5 mais l'ayant re- présenté avec six longs aiguillons dor- saux , avec plusieurs bandes étroites et une tête pointue, c'est une autre espèco qui approche de notre poisson. Duha-» mel a reçu encore ce dessin dans son ouvrage , et si cet auteur dispute les écailles à ce poisson, il n'a donné dans cette erreur qu'étant séduit par ce dessin et faute de l'avoir examiné par lui-même. Gronov et Osbeck ne donnent à no- tre poisson que trois aiguillons dor- saux , mais il faut que cela se soit fait par inadvertance , ce qui arrive aisé- 2-2 HISTOIRE NATURELLE ment lorsque le poisson est gras, et la peau par conséquent épaisse , ce qui fait qu'on ne remarque point un ou plu- sieurs de ces aiguillons courts. Hasselquist et Osbeck, qui ont exa- miné ce poisson dans leurs voyages , le mettent du nombre des maquereaux; Klein et Gronov sont delà même opi- nion ; Linné , au contraire , le met au nombre des épinoches, à cause de ses aiguillons dégagés. Kolbe , en faisant la description de ce poisson, a fait la faute de lui attri- buer la qualité du sucet , en quoi Bo- mare l'imite. liE VERDIER , scoMBER ciiloris. La largeur du corp.T et la mâcboire inférieure avancée font distinguer fa- cilement ce poisson de tous les autres de cette division. Lamembranebranclîialc compte six rayons , la nageoire pectorale seize , la DU VERDIE R. 273 ventrale six , la première de l'anus deux, la seconde vingt-huit , celle de la queue vingt-trois, la première dor- sale sept , et la seconde vingt-neuf. Il a le corps large et mince, la lête en pente , petite et alépidote , l'ouver- ture de la bouche étroite, la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, Tune et l'autre foiblement garnies de dents fines. 1-a langue est lisse, les os des lèvres sont larges: les narines solitaires , les yeux grands et verticaux , l'iris est blanc et rouge, et la prunelle noire. Les opercules sont unis , et le postérieur est composé de trois lames ; l'ouverture des ouies est grande , et la membrane branchiale couverte en partie. I.e tronc est large , le dos et le ventre sont tranchaiis , et l'anus n'est guère éloigné de la tête. La ligne latérale qui commence à la proximité du dos, s'en éloigne vers le milieu et va se perdre en droite ligne au milieu delà nageoire de la queue. Poissons. IV. 2\ 274 HISTOIRE NATURELLE Les écailles sont petites , minces et lis- ses ; les rayons mous sont à quatre branches ; la pectorale est très-longue et la ventrale très- courte; la seconde nageoire de l'anus et la seconde dor- sale sont diamétralement opposées, de longueur égale , munies d'un nombre égal de rayons, et d'un aiguillon court , dont la ventrale est également pour- vue. La première nageoire de l'anus a deux aiguillons , et la première dor- sale en a sept. Ce poisson portant les couleurs de l'oiseau connu sous le nom de i^erdier , j'en ai pris l'occasion de le nommer: l^e Verdiêr , en français. Ver Gr'ùnzling, en allemand. Et The green Mackrel , en anglais. Cette espèce de maquereau se trouve aux côtes d'Afrique vers la province d'Acara. Feu le docteur Isert me l'a apporté de ces régions. Suivant son l'apport , il a la chair grasse , mais molle , et elle pourrit aisément dans DU CARANGUE. QyS ces climats cliauds ; et comme lesliabi- taiis aiment les poissons de cette na- ture , celui-ci fait une de leurs délica- tesses. • LE CARANGUE, scomjber carangus, La tache noire au bord de l'oper- cule postérieur , et la tête tronquée , distinguent ce poisson. L'on trouve sept rayons dans la membrane branchiale , seize dans la nageoire pectorale , 'six dans la ven- trale ,deux dans la première de l'anus, quinze dans la seconde, dix -huit dans celle de la queue , sept dans la pre- mière dorsale, et dix-neuf dans l'autre. Le corps est large et mince, la têto comprimée et garnie de petites écail- les ; l'ouverture de la bouche est grande; les mâchoires sont de longueur égale et armées d'un rang de dents pe- tites et pointues j les deux antérieures en sont les plus grandes. La langue est 276 HISTOIRE NATURELLE libre , large et hérissée de petites dents j les os des lèvres sont larges, les narines doubles et à la proximité des yeux , dont l'iris argenté entoure la prunelle noire. Les opercules sont écailleux , unis , et le postérieur est composé de trois lames. L'ouverture des ouies est grande, et la membrane cachée ; le dos arqué est tranchant; le ventre est court et plat , et l'anus s'éloigne plus de la nageoire de la queue que de la tête. La ligne laté- rale qui prend de la nuque , va d'abord à la proximité du dos, mais elle s'in- cline peu après vers le milieu du tronc , d'où elle va droitemcnt à la nageoire delà queue, La partie postérieure de cette ligne est garnie de mailles ; le ventre et le dos ont sur le devant un sillon pour recevoir les nageoires ; les écailles sont petites, les nageoires jau- nes, excepté celle du ventre qui est grise -, les flancs sont verdâtrcs ; le ventre est argenté. Les rayons motts DU C A R A N G U E. 277 de toutes les nageoires ont quatre branclies. Les deux Indes et l'Amérique mé- ridionale produisent ce poisson C'est pourquoi Valentyn et Renardle comp- tent parmi les poissons des Mola- ques , Dutertre et Plumier parmi ceux des Antilles , et Marcgraf et Piso parmi ceux du Brésil. Ces der- niers ne lui donnent à la vérité que sept à huit pouces de long : mais Plu- mier l'ayant dessiné un peu plus grand qu'il n'est représenté ici , il faut qu'il soit considérablement plus grand aux Antilles qu'au Brésil. Cette remarque a lieu à l'égard de plusieurs sortes de poissons et d'autres animaux , ce qui peut jiaître de la contrée plus ou moins fertile , et des embûches plus ou moins fréquentes. Le climat influe d'ailleurs encore beaucoup sur les quadrupèdes et sur les insectes. Ce poisson, comme tous ceux de son espèce; a la chair blanche et boune. 2/8 HISTOIRE NATURELLE La construction de sa bouche prouve qu'il est carnassier. On le pêche à l'ha- meçon comme an filet. Il se nomme : Ikan SalkoLitoec , aux Indes orientales. Guara-Tereba , au Brésil. Corrovado , en Portugal. Carango , aux Antilles. Carangue et Guara , en France. Ohrjleck et IVesiindische Makrele , er^ Allemagne. Et Carangoe, en Angleterre. Je réponds négativement à la ques- tion de Gronov , savoir , si le groene Konigsfisch de Valentyn est notre pois- son , le nôtre étant large et mince , et l'autre au contraire grêle et long. C'est le tassard donl nous avons fait la des- cription plus haut. La seconde ques- tion de cet auteur , si le maquereau à dix nageoires touffues, qui est le cor- dyla de Linné , n'est pas noire pois- son , reçoit encore une réponse néga- tive , vu que le notre en est entière- DU CARANGUE. 27g ment dépourvu. Or Linné se trompe , en confondant ce poisson do Gronov , et le giiara-tereba , avec son cordyla. Cette erreur se trouve encore dans Fé » dition de Gmelin , et dans la traduc- tion allemande de Millier , lequel y a joint le dessin que Séba donne de notre poisson. Bonnaterre a commis la même faute. Nous devons à Marcgraf la première Gonnoissance et un assez bon dessin de ce poisson, imité par Piso,Wiilughby, Jonston et Ruysch. Séba nous en a donné une figure nouvelle , qui n'est pas mauvaise. La figure qui se trouve dans les Voyages généraux , manque de na- geoire ventrale , et celle de l'anus y est trop raccourcie. Le carangue de Duhamel ne doit pas être confondu avec notre poisson , celui-là étant, comme la figure le prouve clairement , le maquereau Là- tard. SSO HiSTOmE NATURELLE LE SCOMBRE A BANDES, SC0M3ER lASClATVS. Les ban(3es brunes du corps de ce poisson en font le caractère. L'on trouve six rayons dans la mem- brane branchiale, dix-huit dans la na- geoire pectorale, six dans la ventrale, deux dans la première de l'anus , dix- neuf dans la seconde , autant dans celle delà queue, sept dans la première dorsale , et trente dans la seconde. Le corps est mince , large , et garni de petites écailles; la tête en pente, argentine , et avec des taches brunes. Les mâchoires sont de longueur égile , et armées de petites dents pointues ; la langue est dégagée, mince, et hé- rissée, de même que le palais, de pe- tites dents. Les narines sont solitaires , et au milieu entre le museau et les yeux : ceux-ci ont la prunelle noire et l'iris jaune. Les os des lèvres sont lar- DU SCOMKRE A BANDES. 281 ges. Les opercules sont écdillcux ; l'ou- verlnre des ouies est grande , et la membrane branchiale est couverte. La ligne latérale est plus voisine du dos que du ventre , et forme sur le devant un arc. L'anus est au milieu du tronc. Les premières nageoires du dos et de l'anus n'ont que des aiguillons; les se- condes , de même que celles de la queue et de la poitrine , n'ont que des rayons mous , et la ventrale a un ai- guillon sur cinq rayons mous: le ventre a deux sillons pour recevoir les ven- trales. Les nageoires du ventre sont jaunes vers la base , et violettes pour le reste. Les autres nageoires sont bleues et ta- cbetées de brun. Tous les rayons mous sont divisés en plusieurs ra- meaux. L'argentin est encore la couleur do- minante de ce poisson, et le nombre des bandes brunes mentionnées est de dix dans rindividu que je possède. Sa pa- 282 HISTOIRE NATURELLE trie m'est inconnue : je l'ai acheté dans un encan hollandais. On nomme ce poisson : Le Scombre à bandes , en français. Die bandirte Makrele , en allemand. Et The streaked Mackrel , en anglais. LE SCOMBRE ROUGE^ s C 0 M B E R RVBER. . Le rouge dislingue ce poisson des autres de cette division. . La membrane branchiale contient six rayons , la nageoire pectorale quinze , la ventrale six , la première de l'anus deux, la seconde vingt-six y celle de la queue dix-sept, la première dorsale sept, et la seconde vingt-huit. Le corps est alongé , charnu et garni de très-petites écailles fines ; la tête est comprimée et sans écailles jusqu'aux opercules ; les mâchoires sont d'égale longueur et armées de petites dents pointues j les os des lèvres sont larges j, I^açe 2<^a i. I.E SCOMBRK Ttmo^ç a I^E CRUMÉNOPH THAI;ME . 3 LlE JVlAQUliIir^\U dx- Plumier '^^ jC.. hiA u^ A DU SCO M BUE ROUGE. 28^ la langue est dégagée et lisse , et le pa- lais g^arni de dents en forme de lime. Les yeux ont la prunelle noire et l'iris d'or; les narines sont doubles et plus près des yeux que du museau. Les bords des opercules sont unis , et l'o- percule postérieur consiste en deux la- mes; l'ouverture des ouies est grande, et la membrane cachée. La ligne laté- rale s'éloigne plus du ventre que du dos : elle s'incline en arrière vers le bas , et est garnie de petites mailles minces. L'anus approche un peu plus de la tête que de la nageoire de la queue. Les écailles sont très- petites , minces, lisses, et se détachent aisé- ment. Le dos et les flancs sont rouges jus- qu'à la ligne latérale , et l'argentin y perce foiblement; mais plus bas , c'esf le contraire : les nageoires sont jaunes tirant sur le violet. Ce poisson se trouve dans la mer près de l'île de Sain te- Croix. C'est là 234 HISTOIRE NATURELLE que le défunt docteur Isert l'a péché. Il m'assura en avoir pris et mangé plu- sieurs , et que la chair en étoit de bon goût. Il dit encore en avoir péché de bien plus grands que celui-ci. On le nomme : Le Scornbre rouge , en français. Die rothe Ma '.rele , en aliemancî. Et The redMackrel , en anglais. LE CRUMÉNOPHTHALME, SCOMBER CRUMENOPHTHJLMVS. La bourse qui borde l'œil distingue ce poisson , non-seulement de tous les maquereaux , mais encore de tous les poissons que j'aie jamais vus. Cette bourse vient de la peau ordinaire du poisson, laquelle en se tournant forme un pli ou une bourse. Cette bourse est oblongue , elle s'étend depuis Voper- cule jusqu'à la mâchoire supérieure, et forme au milieu une ouverture oblon- gue. Probablement que ce poisson peut DU CRUMÉNOPHTHALME. ^85 fermer et ouvrir cette membrane , comme les paiipières,ponr voir et pour garantir les yeux : car il vit dans des endroits pierreux, et garnis de plantes marines épineuses. La membrane branchiale porte six rayons-, la nageoire pectorale en porte vingt, la ventrale six, la première de l'anus deux , la seconde vingt-sept , celle de la queue dix-huit, la première dorsale huit , et la seconde vingt-huit. Le corps est alongé , gros et rond ; la tête est comprimée ; les mâchoires dont l'inférieure est la plus longue , ont des dents pointues et si fines , qu'on ne les apperçoit que par une loupe ; deux os larges garnissent la mâchoire supérieure. Le palais et la langue sont lisses ; celle-ci est mince et dégagée. Ce poisson a les narines dou- bles , tenant le milieu entre les yeux et le museau ; les premiers sont oblongs et ont une prunelle noire entourée d'un iris argentin. Les opercules sont unis , Poissons. IV. 2.5 286 HISTOIRE NATURELLE le postérieur est composé de deux îames ; l'ouverture des ouies est grande, et la membrane couverte. De petites écailles minces couvrent le corps ; la ligne latérale , plus voisine du dos que du ventre , est courbée au milieu • Li moitié supérieure est à peine percep- tible , mais l'inférieure se distinn-ne par des mailles minces. La première nageoire du dos porte huit aiguillons , la première de l'anus en a deux, et la ventrale et la seconde du dos ne sont armées que d'un seul. Les rayons mous sont ramifiés. Les nageoires sont grises, les flancs et le ventre -argentins , et le dos tire sur le bleu. Ce poisson a , comme presque tontes les espèces des maquereaux , la chair blanche, grasse et délicate. 11 est au nom- bre des poissons de mer , et se trouve en grande quantité sur la côte de Gui- née , vers Acara. Le défunt docteui" Lert me l'a donné. DU MAQUEREAU , &C. 287 On le nomme : Tai. français , le Crummophthalme . V.n allemand, das Beutelauge. Et en anglais , the Bag-eye. LE MAQUEREAU DE PLUMIER, SCOMBER PLUMIER!. Ce poisson se dislingue par îa gran- deur des écailles et par la couleur jaune des nageoires. Il y a encore d'autres maquereaux à nageoires jaunes, mais, ceux-ci sont ou sans écailles ou sont couverts de très-petites. Plumier, duquel j'ai imité ce dessin , n'aj^ant point fait attention aux rayons de la membrane branchiale, je ne puis, en déterminer le nombre. La nageoire pectorale en a quinze , la ventrale six ^ la première de l'anus deux, la seconde vingt , celle de la queue quatorze , la première dorsale sept , la seconde vingt-quatre. Ce poisson a le corps alongé, la tête 288 HISTOIRE NATURELLE petite , comprimée , en penle et alépi- dolc. Les mâcljoïres sont de longueur égale , les os des lèvres larges et les na- rines doubles; l'iris jaune renferme nne prunelle vcrdâtre , les opercules sont unis , le postérieur terminé en pointe , l'ouverture des onies est large , et la membrane en partie cacliée. Des écail- les minces et lisses couvrent le tronc ; l'anus s'éloigne de la nageoire de la queue du double plus que de la tête ; la li^ne latérale depuis la nageoire pec- torale s'incline vers le bas , où elle est garnie de mailles. Le dos est bleu, les côtés sont blancs; les nageoires du dos, de la queue et de l'anus sont jaunes , mais celles de la poi- trine et du ventre sont bleuâtres vers les bords. Les taches qui marquent le tronc , sont jaunes. La première na- geoire dorsale compte sept aiguillons , et la seconde deux ; la première de l'a- nus en a deux , et la seconde un. Les rayons mous de la nageoire du dos et •TA ll'^A !'(/(/(>■ m3(} rom . ir. 3 r.E PKTIT J^VOUKRIA^UT. DU V 0 I L I E Tî. 2S<) de l'anus sont à ouatre branches , ceux des autres sont divisés eu plusieurs ra- meaux. Ce poisson se trouve dans la mer Atlantique , près des Antilles. On le nomme d'après Plumier. LE VOILIER , 'scoifBER gladius. L'os avancé de la mâclioire supé- rieure en forme d'épée, désigne ce pois- son. Cette mâclioire du poisson présent avance comme celle de la scie , avec la seule différence que celle de la scie est tout-à-fait plate, au lieu que celle de notre poisson n'est plate que près de la tête , mais ronde vers le bout ; la mâchoire supérieure des deux poissons finit en pointe. La mâchoire inférieure a la même forme , mais la pointe est un peu inverse , et sa longueur n'est que du quart de celle de la mâchoire supé- rieure. Les deux mâchoires et le palais sont hérissés de petites dents , la langue est lisse. 290 HISTOIRE NATURELLE La membrane brancliialc conliciit sept rayons, la nageoire pectorale en a quinze ,1a ventrale deux , la première de l'anus neuf, la seconde cinq , celle de la queue vingt , la première dorsale quarante-cinq , et la seconde sept. La tête est unie et petite, avec un pli au sommet. Les yeux sont ronds, la prunelle noire , l'iris argentin Les na- rines sont solitaires , cylindriques et près des yeux ;les opercules sont unis , une membrane entoure le bord de l'o- percule postérieur. L'ouverture des ouies est large, et la membrane est dé- gagée eu dessous. Le corps est aîongé , épais etarméd'écailles dures et ohlon- gucs , qui ne se touchent pas , et ne s'apperçoivent que peu , étant cou- vertes de la membrane extérieure. Ces écailles s'arrondissent dans la ligne latérale , dont le commencement forme un arc. Des sillons reçoivent les na- geoires du dos et du ventre. Les deux côtés de la queue sontgarnis d'un bour- DU VOILIER. 291 îet long et dur. La ligne latérale ap- proche plus du dos que du ventre , et l'anus est plus voisin de la nageoire do îa queue que de la tête. Les nageoires de la poitrine et de la queue sont étroites et noires : il n'y a que la dorsale qui est large , d'un bleu-clair avec des taches d'un rouge-brun ; la seconde dorsale et les deux nageoires de l'anus sont aussi bleuâtres avec des rayons simples. La ventrale consiste en deux os longs . larges et courbés. Les ravons do la dorsale élevée sont fourchus à l'excep- tion des trois derniers. Le dos est noir ; les flancs sont bleus , et le ventre est argentin. La membrane de la dorsale est épaisse , et souple comme le par- chemin. Ce poisson habite les mers des Indes orientales et occidentales. Rochefort l'a vu aux Antilles, Marcgraf au Bré- sil , Nicuhof et Valentyn aux Indes orientales , et le chevalier Banks l'a trouvé à Surate ; à Madagascar et aux 292 HISTOIRE NATURELLE îles de France. Il devient grand. M. Banks en prit un à Surate , long de neuf pieds , pesant deux cents livres. Son plus grand circuit faisoit le quart de sa longueur. Cette force prouve que par son épée il devient dangereux lors- qu'il est dans sa course , comme nous le racontent Piso et d'autres. Cet au- teur lui attribue même l'audace d'at- taquer non - seulement des animaux marins, mais encore les hommes et les vaisseaux ; dans ces derniers l'on trouve souvent des morceaux brisés de son épée. Il se trouve ordinairement dans la haute mer vers la surface de l'eau. Sa nageoire dorsale qui sort de l'eau , le découvre. Cette circonstance lui a fait donner en Hollande le nom de Zeyl-Visch , et en France .celui de Voilier. Les bateliers croient que quand il se fait voir , l'orage succède bientôt après. Il se nourrit de poissons qu'il avale entiers. Marcgraf a trouve dans son estomac des poissons encore entiers DU VOILIER. 095 de la longueur d'un pied. Quand il n'a que quatre pieds de longueur , il est bon à manger: mais plus long, il est in- digeste par sa graisse. Ce poisson est connu sous différens noms. Les Brasiliens le nomment Guehucu. Les Portugais du Brésil , Picuda. Aux Indes orientales il est appelé Ikan Tsjabelang Jang Terhang. Les Français le nomment Voilier y Brochet volant et Bécasse de mer. Les Hollandais aux Indes orientales lui donnent les noms de Zeyl- Visch , Layer, Zee-Snipp et Museau bleu. Les Anglais , ceux de Ola et Sword- Fish» Et les Allemands l'appellent Schwerdt- Makrele. Ce poisson, suivant Piso , ressem- ble, quant à la structure des entrailles, au thon. M'illugliby et Ray le mettent au nombre des poissons alongés : mais 39^i^ HISTOIRE NATUPvELLE Klein le compte parmi les épées de mer. Quoique Marcgraf l'ait décrit et dessiné , Artédi et Linné n'en font aucune mention. Broussonnet lui assigne un genre particulier : c'est pourquoi il est sur- prenant que Bonnatcrre ne l'ail point reçu dans son Encyclopédie , qui n'a paru que quelques années après. Marcgraf, qui nous a indiqué le pre- mier ce poisson , en laissa un dessin mauvais , mais nonobstant copié par Piso, Wiliuizlibv, Jonslon et Rnyscli. Dans la suite Nieuliof nous en don ni un dessin nouveau, et Valenlyn en fit même deux; mais mauvais tous trois. Willugliby a copié Nieuliof, et Re- nard a copié Valentyn. M. Broussonnet vient de nous don- ner un autre dessin; mais il ne répond pas exactement à sa description ,a3'-ant fait la mâchoire inférieure plus couri e , et compté plus de rayons dans la plu- DU MAQUEREAU DE KLEIN. 295 part (les nageoires que le dessin n'eu représente. Le doute de M. Kolpin, si le dessin des deux nageoires qu'on lui a com- muniqué dénote la nageoire pectorale ou la nageoire ventrale, cesse ,vu que ce dessin montrant plus de deux rayons, ce ne peuvent être les ventrales. LE MAQUEREAU DE KLEIN , SCOMBER KLENU. L'on reconnoît ce poisson par sa "bouche oblique et par sa ligne latérale à demi-couverte de mailles. La membrane branchiale porte cinq rayons , la nageoire pectorale en a î^eize , la ventrale six, la première de l'anus deux, la seconde vingt et un, celle de la queue vingt-deux , la pre- mière dorsale sept , et la seconde vingt- trois. Le corps est large, mince et alépi- dote p la tête courte et comprimée j 296 HISTOIRE NATURELLE l'ouverture de la bouche large, la ma- clioire inférieure la plus longue ; les deux mâclioires sont armées de petites dents pointues. Le devant du palais est rude , le derrière en est lisse j la langue est dégagée et lisse , les os des lèvres sont larges; les narines cylin- driques prennent le milieu entre le museau et les yeux. Ces derniers ont un iris jaune , avec une prunelle noire, lies opercules sont unis-, et l'on dis- cerne une tache bleue sur le postérieur. L'ouverture des ouies est large , et la membrane branchiostège est en partie dégagée. Le ventre est court et tran- chant , l'anus est deux fois plus éloigné de la nageoire de la queue que de la tête; la ligne latérale, qui forme d'a- bord un arc , va en droite ligne jusqu'à la nageoire de la queue ; et elle est garnie de mailles, comme nous venons de le dire. Le dos est brun; les côtés sont argentins , les nageoires sont gri- ses. La première de l'anus et la pre- DU MAQUEREAU DE KLETK. 297 iiiière dorsale n'ont que des aiguillons; la seconde du dos, la seconde de l'anus, et la ventrale n'ont que le premier ' rayon piquant , tous les autres sont liions et ramifiés. Ce poisson se trouve sur les côtes de Coromandel. On le nomme dans la langue des Tamulcs, JValen-Favei ; dans les lan- gues européennes ]e lui doiine le nom de Klein f qui me l'a envoyé. M. Klein est médecin de la mission à Tranque- bar. Il remarque que notre poisson reçoit la longueur de onze pouces , qu'il ne vient point dans les rivières , et qu'on le prend en plus grande abon- dance dans les mois de février et de mars. Il ne devient pas fort gras, et son goût n'est que passable. Poissons. IV. 26 398 HISTOIRE NATURELLE ILE MAQUEREAU ÈDENTÊ , SCOMBER EDENTULUS- Ce maquereau-ci se distingue faci- lement des autres , par sa bouche petite et édentée. La membrane branchiale contient sept rayons ; la nageoire pectorale en contient seize , celle du ventre six, «elle de l'anus seize, celle de la queue vingt - quatre , et la dorsale vingt- deux. La tête est plate et obtuse, et l'ou- verture branchiale est large. Le corps est large et mince. La ligne latérale est tin peu courbée et proche du dos. L'anus est au milieu du corps. Le corps est couvert d'écaillés lar- ges, minces et argentées. Au-dessus de la ventrale il se trouve une appendice; la ventrale môme est munie d'un aiguillon, la nageoire do DU MAQUEREAU ÉDENTE. 299 l'anus a trois aiguillons, et celle du dos en a cinq. J'ai encore reçu ce poisson de M. John de Tranquebar , et il m'a marqué en même temps que ce poisson ne deve- noit pas plus grand que l'exemplaire que j'ai fait représenter ici (i) d'après nature; qu'il reste la plupart du temps dans la mer, et qu'il n'entre que très- rarement dans les rivières-, qu'on le prend dans toutes les saisons , mais sur-tout, et à foison, en décembre. Il a la cbair grasse et de bon goût , et fournit aux Portugais, de ces envi- rons, un bon mets pour les jours mai- gres. Ce poisson se nomme: En langue malaie, Mnntschihareî. En allemand, zahnlose Makreile. En français, Maquereau édenté. En anglais, toothless Malrel. (1) Edit. in-foU OOO HISTOIRE NATURELLE LE PETIT MAQUEREAU, s C03ISER 31 IN UTVS. La mâchoire inférieure plus longue que la supérieure , et huit piquans clans la nageoire du dos ; forment les carac- tères distinctifs de ce genre de maque- reaux. La membrane branchiale a sept rayons ; la nageoire pectorale en a seize; celle du ventre en a six, celle de l'anus dix-sept, celle de la queue vingt-quatre, et la dorsale en a tout autant que cette dernière. La bouche est petite , et les mâ- clroires sont armées d'une rangée do petites dents. Les narines sont simples et proches des yeux. La prunelle est jaune. La tête est sans écailles ; mais le tronc est couvert d'écaillés , petites et DU PETIT MAQUEREAU. 5oi minces, qui se détachent très-facile- ment. La ligne latérale est proche du dos, et l'anus est une fois plus proche de la tête que de la queue. Outre les aiguillons mentionnés du. dos , nous en trouvons encore trois à la nageoire de l'anus , et un à la ventrale. Ce maquereau, selon que M. John me le marque , ne devient pas plus grand que la représentation de la plan- che. Il se prend également dans la mer et dans les embouchures des rivières; quelquefois on en prend en fort grande quantité. Il a la chair grasse et de fort bon goût. On nomme ce poisson: En langue malabare, Pilitschei. En allemand , kleine Makrele. En français, petit Maquereau. Et en anglais, lilile Makrel. 5o2 HISTOIRE NATURELLE XLIir GENRE, LE JOHN, JOHN lUS. Caractère génér. La tête tout écaiî- leuse , les opercules non-dentelés , les nageoires dorsales jointes. . liE KARUTj JOHNius carutta. li A mâclioire supérieure avancée ca- ractérise ce poisson. La membrane brancliiale a cinq rayons , la nageoire pectorale seize , la ventrale six , celle de l'anus neuf, celle de la queue dix-liuit , et la dor- sale quarante. La tête est arrondie , comprimée eÊ toute couverte d'écaillés. La bouche est petite , et le nez avance un peu To/n . //f Pat/e 3o2 De^eve f/e/- , J)e/vauj- Jcu//> ■ 1 I.K KARUT . 1 l/ANEI . 3 . I.A TAYK . Uordcc . /o/zi . J /"f'Z ■ .' . 4 1-A TAYK bi une - .luGc. MA USA DU K A R U T. 3o5 au-dessus d'elle. Les mâclioires ont plusieurs rangs de petites dénis poin- tues. Le palais est rude ; les narines sont doubles et tout près des yeux; ceux-ci sont verticaux et ont la pru- nelle noire dans un iris orange. L'oper- cule antérieur est étroit, le postérieur est large ; l'ouverture des ouies est grande , et la membrane branchiale couverte pour la plus grande partie. Le tronc est comprimé ; le dos rond , la ligne latérale large, droite , et plus près du dos que du ventre. L'anus ap- proche plus de la nageoire de la cjueue (jue de la tête. La nageoire dorsale est composée de deux parties, l'antérieure a dix aiguillons , la postéi ieure a un . aiguillon et vingt-neuf rayons mous ; la ventrale a un aiguillon , et celle de l'anus deux. Les rayons mous de la nageoire de la queue et de l'anus ont six branches, les autres en ont quatre. Le dos et les flancs sont bleu d'acier;, le ventre et la ligne latérale sont jau- 3o4 HISTOIRE NATURELLE lies ; les nageoires du dos et de îa queue sont bleuâtres, les autres d'un brun rouge. Ce poisson a dix-biiit pouces de lon- gueur- On le pêche dans toutes les sai- sons aux côtes de Tranquebar. Son séjour est dans la mer , et il ne passe pas dans les rivières. C'est au mois de décembre que sa chair est la plus grasse et la meilleure à manger. A ce que disent les pêcheurs, il n'a point de temps fixe pour frayer, mais il fraie en toute saison. Les Malabares nomment ce poisson, Karatta^Kattalei. Les Français, le Kacut. Les Anglais , the Karut. Et les Allemands, den Karut, L'AN El , JO if 2V I t/- s AN EU s. Ce poisson diffère du précédent par la mâchoire inférieure qui avance. La juembrane branchiale contient D E L'A N É I. wo5 cinq rayons , la nageoire pectorale qua- torze , la ventrale six , celle de l'anus îieuf , celle de la queue dix-huit , et la dorsale trente-trois. La tête comprimée, tout ccaillcuse, n'est que peu en pente. L'ouverture de la bouche est grande ; les mâchoires ont de petites dents minces et poin- tues ; les os des lèvres sont étroits; les narines doubles sont à la proxi- mité des yeux, lesquels sont grands, verticaux , ayant la prunelle noire dans un iris jaune. L'opercule anté- rieur est étroit , le postérieur large. L'ouverture des ouies est grande , la membrane branchiale est couverte. Le corps est alongé ; la ligne latérale est arquée sur le devant et voisine du dos; et l'anus est moins éloigné de la nageoire de la queue que de la tête. La dorsale est composée de neuf aiguil- lons, dont huit forment sa partie anté- rieure , et le neuvième est le premier de la partie postérieure ; celte dernière 3o6 HISTOIRE NATURELLE, &C. contient encore vingt -quatre rayons mous qui sont à quatre branches. La nageoire de l'anus a deux aiguillons et sept rayons mous. La ventrale n'est armée que d'un seul aiguillon , les au- tres rayons sont mous et ramifiés. Le dos est noirâtre , les côtés sont iblancs ; les nageoires de la poitrine et du ventre sont d'un rouge brun ; la partie antérieure de la dorsale est noi- râtre ; sa partie postérieure , la na- geoire de la queue et celle de l'anus sont rouges à la base et bleuâtres pour le reste. Ce poisson naît aussi dans les eaux àe la côte de Coromandel. Mon ami John me marque qu'il n'est pas de si bon goût que le précédent, avec lequel il a d'ailleurs le même séjour et îe même temps de frai. Les Malais le nomment y4nei Kat~ ialei ; en français, en allemand et en anglais il peut garder le nom d^Anéi, riN DU TOME QUATRIÈME-