^^ LIBRARY OF 1085- IQ56 STOIRE NATURELLE DES INSECTES. HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, Composée d'après Réaumur , Geoffroy, Degeer, Roesel, Linnée, Fabricius, et les meilleurs ouvrages qui ont paru sur cette partie j Rédigée suivant la méthode d'OnviER ; Avec des noies, plusieurs observations nouvelles, et des figures dessinées d'après nature. Far F. M. G. T. DE TIGNY , Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris. TOME IV. DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET. A PARIS, Chez Deterville, rue du Battoir, n'^ iG, AN X. HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES. SUITE DE L'ABEILLE. Les autres cellules de la ruche sont destinées à contenir les œufs. Selon M. Huber, c'est quarante -six heures après raccouplement que la femelle commence sa ponte. Avant l'intéres- sante découverte de cet auteur, on ne savoit rien de positif sur l'accouplement des abeilles ; les anciens ont cru que leurs œufs étoient fécondés de la même manière que le sont ceux des poissons. Butler et Swammerdam ont pensé qu'il suffisoit à l'abeille de se trouver auprès des mâles pour être fécondée , que les vapeurs , que les esprits qui s'exhalent du corps des mâles pouvoient vivifier Insectes. IV, i fi HISTOIRE NATURELLE les œufs qui sont dans le corps de la femelle. Mais Pteaumur , quoiqu'il n'ait point eu de preuve de l'accouplement , n'a 2)u admettre ces différentes opinions ; il n'a pu croire que les œufs d'un in- secte qui a tant de rapport avec beau- coup d'autres , dont les œufs sont fé- condés par 'la jonction du mâle avec la femelle , le fussent d'une manière si différente. M. ï:^uber a levé tous les doutes à cet égard , en acquérant la preuve d'un accouplement réel. Il nous ftpprend que c'est dans les airs que cet «.ccouplenient a lieu et jamais dans les ruches , où une femelle peut rester en- vironnée d'un millier de mâles , sans qu'il en résulte la moindre fécondation. I^'est ordinairement cinq ou six jours après sa naissance que la femelle sent le besoin impérieux de s'unira un in- dividu de son espèce ; alors elle aban- donne sa ruche , prend l'essor , et man- que rarement de renconLrcr un mâle, tiii cette première sortieest infi uctueiuse, DES ABEILLES. 3" elle sort une seconde fois , et ne rentre pas sans avoir été fécondée. Selon le même auteur , ce seul accouplement suffît pour vi-safier tous les œufs qu'elle doit pondre pendant deux ans, peut- être même, ajoute -t- il , tous ceux qu'elle doit pondre pendant la durée de sa vie. Le mâle qui contribue à donner la vie à tant de milliers d'abeilles, après avoir fécondé une femelle, n'est plus pro- pre à en féconder une seconde, et meurt peu de temps après l'accouplement. Son union avec la première le prive des parties de la génération , qui restent fixées dans le corps de la femelle , qui s'en débarrasse le plus pix)mptement qu'elle peut. Les premiers œufs que la femelle pond , sont ceux qui doivent donner des ouvrières , et elle continue pendant onze mois à pondre prcsqu'uniquement des œufs de cette sorte. Ce n'est qu'an bout de ces onze mois qu'elle commence à faire une ponte considérable, etsuivie. 4 HISTOIRE NATURELLE d'œufs de faux-bourdons. C'^st au prin- temps que la ponte des faux-bourdons a lieu : elle est d'en^'^^on deux mille. Il y a une seconde ponte moins consi- dérable des mêmes œufs vers le milieu de l'été; et dans l'intervalle de ces deux poutcs,elle ne pond presque que des œufs d'ouvrières. La femelle dépose ses œufs dans les cellules destinées aux différens individus qui doivent en sortir , en in- troduisant l'extrémité de son ventre dans chaque cellule. L'œuf qui sort du corps de la femelle est enduit d'une es- pèce de glu au moyen de laquelle il reste collé au fond de la cellule par un de ses bouts. M. Huber est parvenu à faire pondre àplusieurs femell«s des œufs d'une seulo espèce en retardant l'époque de leur ac- couplement. Toutes celles auxquelles il n'a permis de s'accoupler que vingt jours après leur naissance , n'ont jamais pondu que des œufs de faux-bourdons. Dans l'état ordinaire, outre les œufs DES ABEILLES. 5 d^ouvrières et de faux-bourdons , la fe- melle en pond qui sont destinés à pro- duire des femelles : ces œufs sont dépo- sés dans des cellules d'une forme diffé- rente et beaucoup plus grandes ; elles ne sont point hexagones comme les au- tres : leur forme est oblongue , elles sont plus grosse à une extrémité qu'à l'autre , leur surface est couverte de ca- vités : souvent elles sont placées sur le milieu d'un gâteau -, le plus ordinaire- ment elles pondent au bord inférieur d'un de ces gâteaux. Dans l'année , la femelle pond quinze ou vingt de ces œufs destinés à donner des reines, quel- quefois trois ou quatre , ou point du tout. Dans ce dernier cas, la ruche ne donne point d'essaim. Tous les œufs sont de forme oblon- gue , un peu recourbés, plus gros par un bout , et plus minces par l'autre , qui est celui par lequel ils sont attachés clans la cellule. Les larves sortent des œufs au bout de trois jours : elles sont sans 6 HISTOIRE NATURELLE pattes, de couleur blanche ; leur corps est composé de treize anneaux , sur les- quels on voit les stigmates ; la tête est brune , un peu plus dure qne le reste du corps ; la filière est placée à sa par tie antérieure. Ces larves sont roulées en cercle au fond dé leur cellule sur une couche assez épaisse d'une sorte de bouillie ou gelée blanchâtre. La nature a accordé aux abeilles une tendresse étonnante pour ces petites larves : elles leur prodiguent les soins les plusaiïec- tueux j elles sont sans cesse occupées à visiter les cellules , à y entrer j elles y restent un certain temps , pendant le- quel il paroît qu'elles donnoit à cha- cune la matière dont elle doit se nour- rir , ou qu^'elles renouvellent sa provi- sion. Après qu'une de ces abeilles atten- tives est sortie , on en voit une ou plu- sieurs autres successivement et en dif- férens temps, avancer la tête à l'entrée de kl cellule , comme poui'reconuoîtra si DES ABEILLES. 7 là !arvc y est logée à Faise , et si elle- a ec qu'il lui faut. L et sur toute chose, ne point souffler sur elles ; parce que , selon M. Huber , l'air que nous respirons paroît les mettre en fureur. La nature de cet air a sans doute une qualité qui les irrite , car , si on les évente avec un soufflet, elles se dispo- seront plutôt à fuir qu'à piquer. Ces ruches sont très-commodes pour former des essai xus artificiels. M. Hu- ber va nous apprendre les moyens d'y réussir. Suivant la découverte de M. Schirach , les abeilles qui ont perdu leur mère , peuvent s'en procurer une autre , pour- vu qu'il se trouve dans leurs gâteaux du couvain d'ouvrière , dont l'âge ne passe pas trois jours ; il en résulte qu'on peut, à volonté, faire naître des fe- DES ABEILLES. 35 inelles dans une ruclie , en enlevant la mère qui y existe. Si on divise en deux vine ruche sulFisamment peuplée , Ttine de ces moitiés conservera la mère , l'au- tre moitié ne tardera pas à s'en procu- rer une. Mais pour le succès de l'opé- ration , il faut choisir un moment pro- pice , et le choix n'est facile et sûr, que dans les ruch^ en feuillets. Ce sont les seules où l'on puisse voir si la population est suffisante pour per- mettre la division , si îe couvain a l'âge requis , s'il y a des mâles nés ou prêts à naître, pour féconder la jeune femelle à sa naissance. M. Huber suppose que toutes ces con- ditions se trouvent réunies. Voicile dé- tail du procédé qu'il faut suivre. Ou séparera par le milieu la ruche en feuil- lets , sans lui doinier aucune secousse. On glissera entre les deux demi-ruches deux cadres vides , qui s'appliquent exactement contre les autres , et qui soient fermés, en fonds de boîtes, du cô tu 34 HISTOIRE NATURELLE par leqnel ils seront adossés. On cher- chera à savoir dans laquelle des deux moitie's se trouve lanière, et on la mar- quera pour ne pas l'oublier. Si par ha- zard elle ëtoit restée dans l'une des deïix divisions où il y auroit le plus de cou- vain , on la feroit passer dans celle où il y en auroit le moins , afin de donner aux abeilles le plus de ctijinces possibles pour se procurer une autre femelle. Il faudra ensuite rapprocher les deux demi-ruches, les unir l'une avec l'au- tre, par le moyen d'une petite corde fortement serrée autour d'elles, et avoir soin qu'elles occupent sur la table du rucher, la même place qu'avant l'opé- ration. L'ouverture qui avoit servi d'entrée aux abeilles dans leur ruche jusqu'à ce moment, devient inutile, on la fermera \ mais comme il faut que chaque demi-ruche ait sa porte , et que les deux ouvertures soient éloignées l'une de l'autre , le plus qu'il est pos- sible , il faudra en pratiquer une au bas DES ABEILLES. 35 de cliacLin des deux cadres extérieurs , c'est-à-dire dupremier et du douzième. Cependant on ne doit point ouvrir ces deux entrées le même jour. Les abeilles privées de leur femelle , doivent être tenues prisonnières dans leur demi- ruche , pendant vingt-quatre heures , €t leur port€ ne doit être ouverte jusqu'à cette époque qu'autant qu'il le faut , pour donner accès à Tair. Sans cette pré- caution elles sortiroient bientôt pour chercher leur femelle au-dedans etau- dehors durucher ; elles ne manqueroient pas de la trouver dans la division où on l'auroit placée , elles y passeroient en grand nombre , s'y fixeroient , et il n'en resteroit plus assez dans l'autre partie pour les divers travaux néces- saires; au lieu que cet accident n'arri- vera point , si on les emprisonne pen- dant vingt-quatre heures, attendu que cet espace de temps suffit pour leur faire oublier leur femelle. Lorsque toutes les ciï-con&tawees sont 56 lïTSTOTRE NATURELLE favorables, les abeilles de la division, pri- vées de femelle , commencent le même jour leur travail pour s'en pi'ocurer une autre , et leur perte se trouve répare'e dix ou quinze jours après l'opération. La jeune femelle sort bientôt pour cher- clier les mâles , revient féconde , et au bout de deux jours, commence à pondre des œufs d'ouvricres. Alors il ne manque pius rien aux abeilles de cette demi-ru- cke , et le succès de l'essaim artificiel est assuré. M. Huberafait une observation qu'il croit nouvelle. Selon lui, les naturalis- tes en faisant admirer le parallélisme quç,les abeilles suivent constamment dans la construction de leurs gâteaux , n'ont pas fait attention à un autre trait de l'industrie de ces abeilles, qyii met- tent toujours un intervalle dp quatre lignes entre leurs gâteaux. A l'appro- cke de l'hiver les abeilles alongent les cellules qui doivent contenir du miel , et elles rétrécissent , par cette opéra- DES ABEILLES. Zj tlon , l'intervalle qui se trouvoit entre leurs gâteaux j mais ce travail particu- lier est fait pour une saison où il im- porte d'avoir de grands magasins , et où d'ailleurs l'activité étant fort ralen- tie, il n'est plus nécessaire que les com- munications soient aussi spacieuses ou aussi libres. Au retour du printems , les abeilles se hâtent de raccourcir ces cel- lules prolongées , afin qu'elles devien- nent propres à recevoir les œufs que la femelle doit y pondre , et elles rétablis- sent ainsi la juste distance dont la na- ture leur a fait une loi. Pour forcer les abeilles à travailler en cire, ou ce qui revient au même , pour les obliger à construire de nouveaux gâ- teaux , selon M. Huber , il suffit d'écar- ter assez les uns des autres ceux qu'elles ont déjà bâtis , pour qu'elles puissent en établir d'autres dans l'intervalle. Sup- posons, dit cet auteur , qu'un essaim ar- tificiel soit logé dans luie ruclie en feuil- lets , composée de six cadres , dont cha* Insectes. IV. 4 58 HISTOIRE NATURELLE Clin contient un gâteau. Si la jeune fe- melle de cet essaim t;st aussi féconde qu'elle doit l'être , ses abeilles seront très-actives au travail et disposées à faire de grandes récoltes en cire. Pour les y déterminer , il faudra placer un cadre vide entre deux autres , qui contien- nent chacun un gâteau. Comme tous ces feuillets sont de même dimension, qu'ils ont tous l'épaisseur nécessaire pour loger un gâteau , les abeilles trouvant dans le cadre vide l'espace précisément nécessaire pour y cons- truire un gâteau neuf, ne manqueront point de le faire , parce que , d'après l'observation de notre auteur , elles sont dans l'obligation de ne laisser ja- mais qu'un espace de quatre lignes en- tre ces gâteaux. Si la ruche est forte et la saison bonne, on entrelacera d'abord trois ca- dres vides entre les vieux gâteaux , un entre le premier et le second, un autre entre le troisième et le quatrième , et DES ABEILLES. ^9 le dernier, enfin ^ entre le cinquième et le sixième. Il faudra aux abeilles un. travail de sept ou huit jours pour les remplir , et la ruche contiendra alors neuf gâteaux. Si le temps se soutient à une température favorable , on pourra encore entrelacer trois nouveaux feuil- lets, et par conséquent dans l'espace de quinze jours 6u trois semaines , on aura obligé les abeilles à construire six gâ- teaux neufs. On peut , suivant M. Huber , conti- nuer plus loin cette opération dans les climats chauds, et où la campagne offre perpétuellement des fleurs. L'avantage que présentent ces ruches , c'est que chaque jour on peut observer ce qui s'y passe, et juger du moment le plus con- venable pour enlever aux abeilles une |jartie de leur récolte. Notre auteur ajoute qu'on court risque de ruiner en- tièrement les ruches , quand on s'em- pare en trop grande quantité du miel et de la cire des abeilles, et qu'il faut 4o HISTOIRE NATUKELLK user modérément du droit de partage avec elles , et se dédommager de cette modération, en multipliant le nombre des ruches qu'on exploiteroit avec dis- crétion , parce qu'on nuit beaucoup à la multiplication des abeilles quand on leur enlève plusieurs gâteaux dans une saison peu favorable à la récolte de la cire , parce que le temps quelles em- ploient à les remplacer , est pris sur ce- lui qu'elles doivent consacrer au soin des œufs et des vers, et que le couvain en souffre. D'ailleurs , il faut toujours leur laisser une provision de miel suffisante pour l'hiver ; car quoiqu'elles consom- ment moins dans cette saison , elles consomment cependant : elles ne sont point engourdies comme quelques au- teurs l'ont prétendu. Nous avons cru devoir extraire de l'ouvrage de M. Huber , cet article si in- téressant sur le perfectionnement de la science économique des abeilles. On a divisé les abeilles en deux fa- DES ABEILLES. 4l milles : en ahcilles très- velues , qn'on a désignées par le nom de faux -bour- dons , et en abeilles moins velues : l'abeille domestique est de cette seconde famille. Les faux-bourdons ou abeilles de la première famille sont beaucoup plus gros que les abeilles ordinaires , et font plus de bruit en volant. Des poils longs et très - pressés couvrent presque toutes leurs parties extérieu- res , et les font paroître plus gi'os qu'ils ne sont réellement. Ces abeilles vivent en société comme l'abeille à miel ; leurs sociétés sont également composées de trois sortes d'individus ; mais elles soivt peu nombreuses : on n'y trouve ordi- nairement qvie cinquante à soixante in- dividus. Les abeilles à miel qui ont été abandonnées à elles-mêmes, celles qu'on n'a pas logées dans des rucbes , clier- cbent, pour s'établir, quelques grandes cavités qui les mettent à l'abri des im- tempéries de l'air; elles ne savent pas se faire une habitation ; elles ont besoin 42 HISTOIRE NATURELLE de la trouver toute faite. Nos bourdons se font la leur. L'extérieur en est ex- trêmement simple : on ne le prendroit que pour une motte de terre un peu élevée et recouverte de mousse ; mais toute la mousse qui s'y trouve , j a été apportée par les abeilles qui en ont dépouillé la terre des environs. Les nids de ces abeilles se trouvent princiimlementdans les prairies et dans les champs de sain -foin et de luzerne; ils ont ordinairement cinq à six pouces de circonférence, et s'élèvent au-dessus de la surface de la terre de quatre à cinq pouces. liCS abeilles ménagent une ouverture en bas du nid pour pouvoir y entrer ; souvent elles construisent un chemin de plus d'un pied de long , par lequel chaque abeille peut arriver à la porte sans être vue. Ce chemin est voûté et couvert de mousse. Tous les individus de la société travaillent à la construction du nid : les abeilles ont soin de le faire dans un endroit où elles DES ABEILLES. 43 seront à même de se procurer les maté- riaux dont elles ont besoin ; car elles ne transportent point la mousse , elles ne font que la pousser : après l'avoir cou- pée avec ses mandibules, l'abeille tourne sa partie postérieure du côté du nid , prend avec ses mandibules plusieurs brins de mousse. Les pattes antérieures qui agissent en même temps, l'aident à faire passer le petit paquet formé par la réunion de ces brins, jusqu'à la se- conde paire de pattes qui s'en empare , et le pousse près du derrière. Enfin la troisième paire de pattes saisit ces brins de mousse , et les conduit par-delà le derrière aussi loin qu'elle les peut faire aller. L'abeille répète cette manœuvre jusqu'à ce qu'elle ait poussé la mousse auprès du nid. Lorsqu'elle y est arri- vée , elle s'occupeà la mettre en œuvre, pour former la voûte du nid à laquelle ces abeilles donnent quelquefois deux pouces d'épaisseur \ elles font ensuite une espèce de plafond à la paxtie inté- 44 HISTOIHE NATURELLE rieiire de cette voûte avec une sorte de cire brute. Cette couche , qui n'a pas plus d'épaisseur que deux feuilles de papier, suffit pour empêcher l'eau «le pénétrer dans le nid , et pour lier en- semble tous les brins de mousse. Elles enduisent de la même matière tout l'intérieur du nid , ce qui le rend lisse et poli. La matière de ces enduits a une odeur de cire, sa couleur est d'un gris jaunâtre , elle peut être pétrie comme une pâte; mais la chaleur ne la rend point liquide , ni ne l'amol- lit sensiblement. Les nids de ces abeilles contiennent plus ou moins de gâteaux , et ils sont plus ou moins grands. La surface supé- rieure de ces gâteaux est convexe , et lïnférieure concave , la masse de cha- cun de ces gâteaiix est faite de corps oblongs comme des œufs appliqués les uns contre les autres , de cou- leur janne pâle , et de trois grandeurs différentes. Comme cea espèces d'xufs DES ABEILLES. 45 sont placés les uns à côté des antres , ils rendent la sui'face des "âteanx iriésu- lière. Chacun de cette sorte d'œufs est une coque de soie qui a été filée par une larve , et dans laquelle elle s'est renfer- mée pour subir sa première métamor- phose. Celles qui renferment une larve sont fermées par les deux bouts , et celles dont les larves sont soriies , sont ouvertes à l'une des deux extrémités. Outre les coques qui font le corps do chaque gâteau, il s'y trouve encore des masses irrégulières de couleur brune, dont plusieurs remplissent les vides que les coques laissent entrelles. Les plus considérables de ces masses se trouvent sur les bords et les côtés du gâteau ; elles renferment dans leur intérieur les œufs , et servent à nourrir les larves qui doivent en sortir. La matière de ces masses est une espèce de pâtée : telle masse est occupée par une ou plusieurs larves , quelquefois par trente ou qua- rante. Lorsque les larves }'" sont en 46 HISTOIRE NATURELLE grand nombre , elles n'occupent pas la même cavité. Les œufs sont oblongs , d'un blanc bleuâtre , long d'environ une ligne et demie. Dès que les larves en sont sorties , il paroît qu'elles s'éloi- gnent un peu les unes des autres , man- gent la pâtée qui les entoure, et les abeilles qui connoissent les endroits où les couches de cette matière sont de- venues ti"op minces , ont soin d'y en apporter de nouvelle. La base de cette pâtée est la poussière des étamines , hu- mectée par une sorte de miel un peu aigre. On présume que les abeilles font passer dans leur estomac cette pous- sière d'étamine , et qu'elles la dégor- gent après l'avoir tenue en digestion. On ne trouve pas dans les nids de ces abeilles des provisions , comme on en trouve dans les ruches -, elles y ont au plus trois ou quati^e espèces de petits pots plus ou moins pleins d'un fort bon miel. Ces petits vases sont presque cy- lindriques j ils font partie du gâteau su- DES ABEILLES. 47 périetir; ils sont au moins aussi grands que les plus grandes coques , et sont toujours couverts. Ils sont formés d'une cire pareille à celle que ces abeilles em- ploient pour plafonner leur nid. La première chose que ces abeilles font dans leur nid, est d'y déposer une masse de pâtée , et déplacer auprès un pot à miel. La pâtée est ordinairement posée sur un lit de mousse , et n'y est point adhérente. Lorsque les larves sont parvenues au terme de leur accroisse- ment , elles filent leur coque dans l'in- térieur même de la pâtée où elles ont vécu j et il paroît que les abeilles en- lèvent à mesure la matière dont chaque coque est recouverte, ou pour la man- ger, ou pour la porter à d'autres en- droits du nid. Toutes les coques sont attachées les unes aux autres, et chaque nymphe y est placée la tête en bas. Réaumur présume que chaque nid est commencé au printemps par une «eule abeille ; qui deyient la mère de 48 HISTOIRE NATURELLE toutes celles qu'il renferme j)ar la suite, parce qu'à la fin de l'Iiiver on ne voit voler que des femelles. Au commence- ment du printemps , ayant ouvert quel- ques nids , il n'y a trouvé qu'une fe- melle avec deux ou trois autres abeilles : chaque nid ne contenoit encore qu'un très-petit gâteau composé de peu de co- ques , dont quelques - unes étoient ou- vertes par le haut. D'après cet examen, notre auteur a jugé que les abeilles qui étoient avec la femelle, étoient ses en- fans , qui l'aidoient alors dans ses tra- vaux. Il naît dans ces nids des mâles , des ouvrières et des femelles. Ces der- nières n'ont pas les unes pour les autres l'aversion qu'on remarque dans les fe- melles des abeilles à miel : il s'en trouve plusieurs dans le même nid, et elles y vivent enbonne intelligence. D'aprèsles observations de Réaumur , il paroît qu'à la fin de la belle saison tous les mâles et les ouvrières périssent , et que les femelles , après avoir été fécondées , DES ABEILLES. 49 passent Tliiver dans des trous qu'elles creusent en terre , et y restent engour- dies jusqu'au renouvellement de la belle saison. Toutes ces abeilles abandonnent leurs nids à la fin de Vété : on n'en trouve aucun d'habité pendant l'hiver. Ces abeilles ont pour ennemies une espèce de mitte qui s'attache sur leurs poils , une teigne et une mouche à deux ailes ; celles-ci déposent leurs œufs dans les nids , les larves y croissent , et s'y métamorphosent. Les fourmis cher- chent à s'emparer de la pâtée que ces abeilles ont en provision , lorsque les nids ne sont pas assez peuplés pour que ieshabitans en chassent ces insectes : ils les leur abandonnent, et vont s'établir ailleurs. Mais le plus redoutable de tous leurs ennemis est la fouine; en une seule nuit , elle disperse les gâteaux , détruit entièrement le nid, et mange toutes les abeilles qu'il contient. Après avoir examinéla manière dont vivent les abeilles , qui sont réunies en Insectes, IV. 5 ÔO HISTOIRE NATURELLE société , il nous reste à parler de celles qui sont solitaires , de celles qui tra- vaillent seules à la construction de leurs nids , et qui sont chargées de l'appro- visionnement de leurs petits. Quoique les nids que font ces abeilles soient com- posées de plusieurs cellules , que ces cel- lules soient près les unes des autres , les larves n'ont aucune communication. Parmi ces abeilles , les unes placent leurs nids dans le bois qu'elles creusent ou percent avec leurs mandibules ; les au- tres font des ouvrages en maçonnerie le long des murs -, enfin les autres font des troLis en terre et y font leurs nids avec des feuilles. Nous parlerons de chacun de ces nids en décrivant les es- pèces qui les construisent. Ce genre est composé de plus de cent espèces : on en trouve beaucoup aux environs de Paris. DES ABEILLES. 5l PREMIÈRE FAMILLE. Abeilles très- velues. L'Abeille perce -bois , Apis vio- lacé a. Elle est velue, d'un noir fonce', ses ailes sont d'un noir violet très-luisant. Cette abeille est pourvue de deux for- tes mandibules avec lesquelles elle perce le bois dans lequel elle dépose ses œufs. C'est ordinairement le bois mort qu'elle creuse : les trous qu'elle fait ont quel- quefois douze à quinze pouces de lon- gueur , et sept à huit lignes de diamè- tre. Elle construit dans ces trous dix à douze cellules qui sont séparées parune espèce de fond, de manière que la pre- m ière qui est fermée , a son couvercle qui sert de base à la cellule qui doit se trouver au-dessus. Toutes ces cellules ne sont pas fermées en même temps. L'abeille , après avoir disposé la pre- 52 HISTOIRE NATURELLE mière , l'avoir remplie d'une pâtée com- posée de poussière d'étamines humec- tée d'un peu de miel , y dépose un œuf, et ferme ensuite cette cellule. C'est au-dessus de celle-ci qu'elle en cons- truit une autre qu'elle emplit égale- ment de pâtée, y pond un œuf, et suc- cessivement jusqu'à ce qu'elle ait rem- pli la totalité du trou qu'elle fait avec autant de cellules qu'il peut en con- tenir. Les larves qui sortent des œufs de cette abeille ressemblent à celles des autres abeilles ; elles passent environ quinze jours sous cette forme : pendant ce temps , elles consument leur proA i- sion de pâtée , et restent ensuite à- peu-près dix jours sans manger avant de se clianger en nymphes : elles res- tent près de vingt jours sous cette der- nière forme. C'est vers le milieu de l'été que Tabeille perce sa coque et de- vient habitante de l'air. Toutes les lar- ves renfermées dans le nid n^en sortent point le même jour ; comme les œufs D F. s ABEILLES. 53 ont ëtë déposés suecessivement , les abeilles paroissent les unes après les autres. Le mâle de cette espèce est de même couleur que la femelle , et presque de même grandeur. On trouve souvent sur ces abeilles une espèce de mitte d'un brun rougeâ- tre , de la grosseur de la tête d'une pe- tite épingle , dont l'abdomen est ter- miné par deux poils trois ou quatre fois plus longs que son corps. Cette abeille habite l'Europe, l'Afri- que ; les Indes orientales et l'Amérique. Celles qui se trouvent dans les pays chauds sont plus grandes, et ont la tête plus grosses que celles d'Europe. L'Abeille de Surinam , ^^jns Surinamensis. Elle a la tête , les antennes , le cor- selet et les pattes d'un noir violet obs- cur j l'abdomen est couvert de poils 54 HISTOIEE NATURELLE courts, de couleur jaune , à l'exception (lu premier anneau qui est noir; les jambes des pattes postérieures sont pla- tes , luisantes , très-larges , de forme un peu triangulaire , écliancrées à l'ex- trémité 5 elles ont une cavité sur leur partie extérieure. Le premier article des tarses est grand , large , applati, bordé de longs poils , les autres sont courts et déliés ; les ailes sont brunes. On la trouve à Surinam. L'Abeille Américaine , j4pis udinej^icanorum» Elle ressemble à l'abeille terrestre : sa tête est noire ; son corselet est de la même couleur, avec deux bandes d'un jaune citron , l'une antérieurement , l'autre postérieurement; l'abdomen est d'un jaune citron , à l'excej^tion des derniers anneaux qui sont noirs ; les ailes sont d'un brun noirâtre. Elle habite l'Amérique septentrionale. DES ABEILLES. 55 L'Abeille à corselet jaune , ^pis œsiuans. Sa tête est noire, très- velue -, le cor- selet est entièrement couvert en dessus de poils d'un beau janue citron \ l'abdo- men est ovale , nn peu applati , lisse en dessus et en dessous, avec des poils noirs sur les côtés et àrextrémité ; les pattes sont très - velues -, les ailes sont d'un violet noirâtre et très-luisantes. On la trouve en Egypte , en Ame'- rique et dans la Nouvelle-Hollande. L'Abeille à corselet gris , Apis griseo - collis. Elle est noire , le corselet et la partie antérieure de l'abdomen sont entière- ment couverts de poils d'un gris jau- nâtre ou couleur d'olive clair •, les ailes sont brunes et luisantes. Le mâle a la lèvre supérieure jaune , et l'abdomen d'un bleu foncé. 56 HISTOIRE NATURELLE Elle fait sou nid dans la terre : on la trouve en Pensylvauie. L'Abeille terres tre,^/>i5 terrestris. Elle est noire ; elle a une bande jaune à la partie antérieure du corselet ; le premier anneau de l'abdomen noir , le second couvert de poils jannes , le troi- sième noir , les autres sont couverts de poils blancs. Cette espèce vit en société : le mâle est moins grand que la femelle : les ou- vrières sont très-petites. Elle habite l'Europe : elle est très- commune aux environs de Paris. On la trouve sur les fleurs : elle fait son nid dans la terre, et le recouvre de mousse. L'Abeille des mousses , Apis mucoruin. Sa tête est noire , son corselet est cou- vert en dessus de même c[ue l'abdomen , T.nn . //r l'a^. se. BaraianJ (^. f^'TarJieu d'elle. X. Ab . terres (ro 4. Nom. à auteiines a.vVb. à ÎNIielF. ronÀses • 5 . Y, xvc . à I o u (T lies an (eruies . S . Fui .porte -lanteiTLe ■ DES ABEILLES. Sj de poils fauves \ le dessous du corps et les pattes sont noirs , avec quelques poils gris. Elle fait son nid en terre , et le recouvre avec de la mousse. Elle habite l'Europe : elle est très- commune aux environs de Paiis. On la trouve sur les fleurs. T/Abeille lapidaire , j4pis lapi- da ri a» La tête et le corselet sont noirs et velus ; l'abdomen est noir , avec les derniers anneaux couverts de poils rou- geàtres. Les ouvrières sont deux fois plus petites que les femelles. Elle vit en société , elle construit son nid en terre ou entre des tas de pierres , et le recouvre de mousse. On trouve ordinairement ces nids dans les prai- ries : ils contiennent peu d'abeilles. Elle habite l'Europe : elle est com- mune aux environs de Paris. 58 HISTOIRE NATURELLE L'Abeille bicorne, Apis bicornis. Elle est beaucoup plus petite que les précédentes, noire,velue ; l'abdomen est couvert de poils roux ■, à la partie anté- rieure de la tête , elle a deux petites cornes, dirigées en avant, et placées au-dessous des antennes. Cette abeille fait son nid dans les murs ; elle fait usage de ses cornes pour percer l'endroit qu'elle a choisi. On la trouve aax environs de Paris au commencement du printemps. DEUXIÈME FAMILLE. Abeilles moins velues, L'Abeille à miel, Apis mellifica. Elle est brune , couverte de poils d'un gris jaunâtre plus serrés sur le corselet que sur les autres parties du corps. La femelle est beaucoup plus grande que DES ABEILLES. 59 le mâle ; son abdomen est plus alongé 3 ses ailes sont plus courtes j les yeux du mâle sont très -grands , et occupent toute la partie supérieure de la tête. Les ouvrières sont plus petites que le mâle et la femelle. Nous trouvons dans l'Encyclope'die , qu'elle a été nommée melissa par les Grecs , Dehorah par les Hébreux ; aïbara nahalea zahar par les Arabes , fp^eziela ^a.r les Esclavons , apisipax les Latins , ape , api , sticlia , moscatella par les Italiens, abeja par les Espagnols, einymme hynle par les Allemands, bee, bées , been par les Anglais , bie par les Flamands , bi par les Suédois , pztzota par les Polonais , honingbye par les Hollandais , camlij par les Irlandais. On élève cette abeille dans des ru- ches , et c'est elle qui nous fournit la cire et le miel. Nous renvoyons aux généralités de ce genre , pour voir ce que nous avons dit sur ses habitudes. €o HISTOIRE NATURELLE L'Abeille maçonne, ^/;i«77iwraria. Le mâle a le corselet et la plus grande partie du dessus de l'abdomen couverts de poils fins et serrés de couleur rousse ; l'extrémité et le dessous de l'abdomeii couverts de poils noirs. La femelle est d'un noir foncé un peu bleuâtre , avec quelques poils jau- nâtres sous l'abdomen. Cette abeille vit solitaire : la femelle , comme toutes celles qui ne vivent point en société, est seule chargée de la cons- truction du nid , et de pourvoir les pe- tits d'alimens. Ces abeilles font, vers le milieu du printemps, des nids en maçonnerie ; elles les placent sur les pierres qui se trouvent à découivert sur les murs et les faces des bâti mens ex- posés au midi , telles que celles des sail- lies de fenêtres, des corniclies , ou celles qui forment des angles avec le plan du mur. Ces nids sont construits avec une DES ABEILLES. 6l espèce de mortier dont la base est du sable que l'abeille joint à un peu de terre , en l'humectant avec une liqueur visqueuse qu'elle fait sortir de sa bou- clie. Elle construit des petites masses de ce mortier qu'elle transporte entre ses mandibules dans l'endroit qu'elle a choisi pour bâtir : cet endroit est quel- quefois éloigné de plus de cent pas du lieu où elle prend ses matériaux. Cha- que nid est composé de plusieurs cel- lules semblables , qui ont à-peu-près la forme d'un dé à coudre d'environ un pouce de hauteur et six lignes de dia-» inètre j une plaque circulaire composée de plusieurs petites masses de mortier, fait la base sur laquelle l'abeille bâtit chaque cellule. Ses mandibules font l'of- fice de truelle ; elles lui servent à appîa- nir son mortier , qu'elle humecte de li- queur à mesure qu'elle le met en œu- vre. Quoique souvent son nid soit éloi- gné de l'endroit où elle prend ses ma- tériaux , elle construit à-peu-près uiig Insectes. lY. 6 62 HISTOIRE NATURELIE cellule dans la journée. Dès qu'elle en a e'ievé une à environ les deux tiers de la hauteur qu'elle veut lui donner, elle va sur les fleurs chercher la poussière des étamines , l'apporte dans le nid , où elle riiumecte ensuite avec le miel qu'elle a recueilli en même temps ; elle forme avec ces deux matières une sorte de pâtée assez liquide , dépose un œuf auprès de cette provision , et ferme la cellule avec la même matière dont elle est construite. Dès que la première cel- lule est finie, l'abeille en recommence une nouvelle , qu'elle achève de même et successivement. Chaque nid ren- ferme souvent sept ou huit de ces cel- lules , quelquefois trois ou quatre : elles sont placées les unes à côté des autres , et recouvertes d'une couche de mortier d'une si grande solidité, qu'il ne peut être brisé qu'avec un instrument de fer. Quelquefois , pour s'éviter la peine de construire entièrement leur nid, on voit ces abeilles chercher ceux qui ont DES ABEILLES. 63 été habités l'année précédente ; alors elles se contentent de réparer les dé- gradations qu'ils ont éprouvées, et y déposent leurs œufs. Il arrive sovivent à ces abeilles , pen- dant le temps qu'elles sont occupées à bâtir , d'avoir des combats à livrer pour défendre leur propriété. On voit des abeilles paresseuses profiter de l'absence de Tabeille laborieuse pour s'emparer de l'édifice qu'elle a commencé ; mais aussi-tôt que celle-ci apperçoit Fétran- gère , elle tâche de la chasser. L'usur- patrice n'abandonne le nid que lors- qu'elle y est forcée : c^est en l'air que ces abeilles combattent avec le plus d'a- charnement. Il leur arrive quelquefois , en allant à la rencontre l'une de l'au- tre , de se heurter si rudement , qu^elles tombent à terre , et là le combat conti- nue jusqu'à ce qu'enfin , épuisées de fa- tigue , l'une des deux se débarrasse de son adversaire , et prend l'essor. Celle qui est restée sur le champ de bataille 64 HISTOIRE NATURELLE ne poursuit point celle qui l'a abandon- née; elle se contente de la possession de la cellule qui lui a été disputée. Les larves qui sortent des œufs de ces abeilles ressemblent à celles des au- tres abeilles : parvenues au terme de leur accroissement, elles filent une co- que de soie blanche , d'un tissu très-fin et très-serré dans laquelle elles se mé« tamorphosent en nymphes -, les rnies vers le milieu de l'automne , les autres plus tard, suivant l'époque où les œufs ont été pondus. Mais sous quelque for- me qu'elles se trouvent dans cette sai- son , elles ne sortent de leur nid , sous la forme d'insecte parfait , qu'au renou- vellemeiit de la belle saison. Quand l'abeille a quitté sa dépouille de nym- phe, elle perce avec ses mâchoires le double mur qui la recouvre , et quitte sa cellule pour devenir habitante de l'air. On trouve ces abeilles au prin- temps. Renfermées comme ces larves le sont, DES ABEILLES. G5 il semble qu'elles devroient n'avoir rien à craindre des insectes parasites : cepen- dant elles servent de nourriture à quel- ques larves d'ichneumons et à une es- pèce de clairon. Les œufs d'où sortent ces deux sortes de larves , sont déposés par les mères dans le nid de l'abeille pendant son absence , et elles les enfer- ment avec les siens. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris sur les fleurs, L'Abeille Lagopode , /4pis LagO" jpoda. Elle est à-peu-prèsde la grandeur de l'abeille à miel ; elle est brune ; le de- vant de sa tête est couvert de poils d'un gris cendré , l'abdomen est cou- vert de poils d'un- gris fauve; les pattes sont un peu noirâtres \ les jambes pos- térieures un peu renflées : les tarses des pattes antérieures sont jaunâtres, ap- platis , dilatés j leur partie postérieure 66 HISTOIRE NATURELLE est bordée de poils roides très-serrés, noirs à l'extrémité ; l'anus est terminé par deux petites pointes très-peu appa- rentes. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris sur les fleurs. li' Abeille cendrée, ^pis cbieraria. Elle a environ six lignes de lon- gueur ; elle est presque lisse , d'un noir bleuâtre ; elle a quelques poils d'unjaune pâle sur le devant de la tête , à l'extré- mité du corselet et en dessus des pattes postérieures j les ailes sont noirâtres, plus foncées à l'extrémité que sur le milieu. Elle fait son nid dans les trous des vif /lies murailles. Elle habite l'Europe: on la trouve aux environs de Paris. DES ABEILLES. Gy L'Abeille à cinq crochets , Apis manlcata. Sa tète est brune, avec quelques poils de couleur cendrée sur le derrière ; la lèvre supérieure est jaune 5 le corselet est couvert de poils de la même couleur que ceux de la tête ; l'abdomen est d'un brun clair, avec deux taches jaunes sur chaque anneau ; il est terminé par cinq petites pointes courbées en crochets , trois sur le dernier anneau, deux sur l'avant-dernier ; les pattes sont brunes, avec quelques lignes longitudinales jau- nes sur les jambes et sur les tarses. Elle habite l'Europe : elle est très- commune aux environs de Paris. On la trouve en été sur les fleurs. L'Abeille coupeuse, Apis centun- cularis. Elle est noire ; le devant de la tête et le corselet sont couverts de poils gri- GS HISTOIRE NATURELLE sâtres ; l'abdomen est lisse , noir en dessus , avec le bord des anneaux garni de poils blanchâtres; le dessous est cou- vert de poils roux ; les pattes sont noi- res, avec des poils gris . Les mulets sont d'un tiers plus petits que les mâles , auxquels ils ressemblent entièrement. Cette abeille fait son nid dans la terre : elle choisit des endroits battus, tels que ceux qui bordent les chemins. Elle creuse un trou d'une grandeur propor- tionnée à la quantité d'œufs qu'elle veut y déposer ; elle y construit plu- sieurs cellules avec des feuilles : ce sont ordinairement celles du rosier qu'elle emploie. Ses mâchoires lui servent de ciseaux pour couper chaque portion dont elle a besoin. Son adresse mérite que nous l'examinions un moment dans ce travail décrit par Réaumur.. Placée sur une feuille , elle saisit avec ses dents l'endroit du bord dont elle est le plus proche , le coupe , et fait passer entre ses pattes les bords de la partie qu'elle a DES ABEILLES. 69 détachés. La direction de la coupe est toujours en ligne courbe , et elle conti- nue de couper en s'approcliant de la principale nervure. Arrivée à ce point, elle retourne vers le bord d'oii elle est partie , et marche aussi vite en cou- pant , qu'elle marcheroit sur un ter- rein uni, quoique la pièce qu'elle déta- che semble devoir Tembarrasser , sur- tout lorsque l'entaille commence à de- venir profonde. Lorsqu'elle a coupé presque toute sa pièce , elle la plie en deux entre ses pattes, et lorsqu'elle donne le dernier coup qui doit la déta* cher , elle la serre entre ses six pattes : comme elle n'a plus de point d'appui , elle a recours à ses ailes , prend l'essor, et part chargée du morceau qu'elle a. détaché avec tant d'adresse et de célé- rité. C'est ainsi qu'elle coupe et trans- porte successivement toutes les pièces dont elle a besoin. Chaque nid est un tuyau ou rouleau cj^lindrique , souvent long de cinq à six JO HISTOIRE NATURELLE pouces , composé de six ou sept petits tuyaux , dont chacun a la forme d'un dé à coudre, placés les uns dans les au- tres : ils renferment une larve et la pâ- tée qui est nécessaire pour la nourrir, jusqu'au moment où elle doit changer de forme. Toutes ces cellules sont com- posées chacune de neuf morceaux de feuilles qui forment trois couches ou trois espèces de cellules placées l'une dans l'autre. Ces feuilles ne sont point collées ensemble j c'est en se desséchant qu'elles conservent la courbure que l'a- beille leur donne en les mettant en ceuvre. Dès qu'elle a rempli chaque cel- lule d'une pâtée rougeâtre , de saveur aigre , et aussi liquide que le miel , elle y dépose un œuf, elle la bouche avant d'en construire une nouvelle , elle fait un couvercle circulaire composé de trois morceaux de feuille ; elle le fait entrer dans la cellule , afin de ménager xm vide pour y placer le fond de la cel- lule qu'elle va construire : le diamètre DES ABEILLES. 'Jt de ces petits tuyaux est d'environ trois lignes , et leur longueur de six. Tou» ces tuyaux sont recouverts d'une enve- loppe générale de plusieurs couclies de morceaux de feuilles : ils sont couchés horizontalement. Les larves renfermées dans les cel- lules ressemblent aux larves des abeilles à miel. Parvenues au terme de leur ac- croissement , elles filent une coque épaisse et solide dans laquelle elles se changent en nymphes , passent l'hiver en terre , et ne paroissent qu'au prin- temps sous la forme d'insecte parfait. Ces larves servent quelquefois de nour- riture à la larve d'une mouche à deux ailes , qui dépose ses oeufs à côté de ceux de l'abeille, qui les renferme avec les siens. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. Les tuyaux de ces abeilles si ingé- nieusement fabriqués, n'ont pas tou- jours excité l'admiration ) de même 72 HISTOIRE NATURELLE que le sphinx à tête de mort , ils ont aussi excité la frayeur. Nous trouvons dans Rëaumur, qu'un jardinier des en- virons de Rouen ayant trouvé de ces rouleaux , vint à Paris annoncer à son maître qu'on avoit jeté un sort sur sa terre. Il avoit cependant eu le courage d'apporter avec lui les pièces qui dé- voient l'en convaincre , et il prëtendoit que son curé n'étoit pas éloigné de pen- ser comme lui. Le maître , qui n'étoit pas aussi crédule que son jardinier , mais n'ayant aucune connoissance en histoire naturelle , consulta son cliirur- gien , qui ne put donner aucun éclair- cissement. Enfin, ces rouleaux furent présentés à l'abbé NoUet , qui ne tarda pas à prouver à cet homme , en lui montiant les larves qu'ils renfermoient, que ces tuj'^aux étoient l'ouvrage de quelque insecte , et non celui d'un sor- cier ; ce qui rendit au pauvre jardinier sa gaîté , que la crainte d'un sort lui ftvoit fait perdre. DES ABEILLES. jZ L^ Abeille patte veijue , ^pis pilipes. Elle a environ six lignes de longueur : la base de ses antennes est jaune ; le devant de la tête et la lèvre supérieure sont d'un jaune citron ; l'abdomen est noirâtre ; le bord de chaque anneau est terminé par des poils blancs qui for- ment des bandes transversales; les jam- bes et les tarses des pattes intermédiai- res des femelles ont à leur extrémité deux liouppes de poils assez longs , de couleur grise. Cette abeille fait, en vo- lant , un bruit semblable à celui des abeilles bourdons. Elle habite l'Europe : on la trouve au commencement du printemps sur les fleurs. Insectes. IV. 74 HISTOIRE NATURELLE L'Abeillie cordiforme , Apis cordata. Elle est à -peu-près de la grandeur d'une mouclie bleue de la viande, d'un vert doré, luisant, lisse-, l'abdomen est court et gi'os , en forme de cœur ; les pattes sont vertes ; les jambes posté- rieures sont larges et applaties , de for- me triangulaire , avec une cavité sur le côté extérieur -, le premier article des tarses de ces pattes est grand , large , applati , et bordé de poils noirs. On la trouve à Surinam. L'Abeille amaltliée , u^^pis amal- thea. Cette abeille est petite et toute noire ; elle a les pattes postérieures très-lon- gues , les jambes grandes , comprimées et ciliées ; les ailes blanches , transpa- rentes , légèrement lavées d'une couleur obscure. DES ABEILLES. 75 Cette abeille habite Caj^enne et Su- rinam. Elles vivent en société très -nom- breuse. Elles construisent vers le som- met des arbres un peu haut , un nid dont la figure approche de celle d'une cornem asCj mais dont la grandeur varie suivant que la société est plus ou moins nombreuse: ces nids ont ordinairement dix-huit à vingt pouces de long et huit à dix de diamètre : on lesprendroitpour une motte de terre appliquée contre l'arbre. 11 est très-dilhcile , ou presque impossible , de les avoir sans abattre l'arbre. Malgré leur solidité, ces nids s écrasent en tombant de si haut. Les alvéoles sont très-grands, et contien- nent un miel très -doux , très- agi éa- ble ; très-fluide , d'une couleur roussâ- tre. Ce miel est si aqueux, qu'il fer- mente peu de temps après qu'on l'a re- tiré des alvéoles , et il fournit alors aux Indiens une liqueur spiritueuse qui est assez agréable lorsqu'elle n'est pas trop 7<^ HISTOIRE NATURELLE ancienne. Pour conserver ce miel, on est obligé de le faire cuire , afin de dis- siper la quantité d'eau surabondante qu'il contient. Lorsqu'on a retire' le miel, on met le nid dans des terrines de terre : la cire qu'on en obtient au moyen d'un feu modéré , est d'une couleur brune obs- cure. On a tenté en vain jusqu'à pré- sent de la blanchir. Les Indiens trem- pent dans cette cire fondue , de longues mèches de coton , les laissent refroidir, les roulent ensuite , et en font des bou- gies très-minces qui servent à les éclai- i^r. Encyclopédie , art. abeillE; p. 79. DES E U C È R E S. 77 X L V° GENRE. E U C E R E. Caractères génériques. Antennes longues , filiformes ; aiticles égaux , presque cy- lindriques. — Trompe divisée en sept piè- ces ; suçoirs libres. — Quatre antennules courtes, filiformes, inégales j les anté- rieures un peu plus longues , composées de six articles , les postérieures de deux. — Aiguillon simple et pointu , caché dans l'abdomen. — Trois petits yeux lisses. Les eucères ressemblent aux abeilles^ parmi lesquelles Liunée et le citoyen GeoJSroy les ont placées. M. Fabricius, dans ses premiers ouvrages , ne les en a point sépare'es. Scopoli est le premier qui ait fait un genre de ces insectes , et après lui le citoyen Olivier. Ce genre a été adopté par M. Fabricius : on le trouve dans ses derniers ouvrages ; il est com- posé de sept espèces. Les larves et les habi tildes des eucères ne sont point con- fS HISTOIRE NATURELLE nues. Nous n'en décrirons que quelques espèces. L'Eucère à longues antennes^ JEucera longicornis. Elle a environ six lignes de longueur ; ses antennes sont plus longues que son corps , elles sont noires , composées de treize anneaux : l'insecte les porte cou- chées sur son corps ; le devant de la tête et la lèA^re supérieure sont jaunes j le corselet et l'abdomen sont couverts de poils d'un jaune roux, quelquefois gri- sâtres. Les ouvrièresont moins de poils sur l'abdomen que les mâles et les fe- melles. Elle habite l'Europe : elle est com- mune aux environs de Paris ; où on la trouve en été sur les fLeurs. I> E s NOMADES^ 79 L'Eucère tumulorum , Eucera tumulorum. Ses antennes sont noires, de la lon- gueur du corps , les pattes très-gi-andes , de couleur jaune. On la trouve en Europe sur les fleurs, XLVr GENRE. N O M A D E. Caractères génériques. Antennes filiformes, courtes ; premier article un peu plus long que les autres. — Trompe divisée en cinq pièces ; suçoirs libres. — Quatre anten- jiules filiformes , très-courtes ; les anté- rieures composées de six articles , et les postérieures de quatre, — Aiguillon sim- ple , pointu y caché dans l'abdomen. — Trois petits yeux lisses,. liEs inoo: tes qui composent ce genre , de même que ceus du genre précédent; ont été placés par Lânnée parmi les 8o HISTOIRE NATURELLE abeilles, et avec les guêpes par le citoyeii Geoffroy. M. Fabricins les a séparés de ces deux genres, et après lui , le citoyen Olivier. liCs nomades diffèrent des abeilles , en ce qu'elles ont le corps lisse , la tête arrondie , un peu plus large que le corselet , le chaperon renflé , les yeux entiers. Le corselet est gros , arrondi , coupé postérieurement avec quelques points élevés sur l'écusson. L'abdomen est conique , attaché au corselet par un pétiole très-court. Les femelles ont un aiguillon foible caché dans l'abdomen. Les quatre pattes postérieures sont assez longues ; le premier article des tarses est très-alongé. On trouve ces insectes en été sur les fleurs. Leurs larves et leurs habitudes ne sont point connues. Ce genre est composé d'une quin- zaine d'espèces : on en trouve plusieurs aux environs de Paris. Nous allons D E s N O M A D E s. 8l passer à la description de quelques- unes. La Nomade à antennes rousses, Nomada ruficornis» Elle a les antennes rousses , plus lon- gues que le corselet ; le corselet brun , avec des lignes ferrugineuses , et quatre points de même couleur sur l'écusson ; l'abdomen ferrugineux, varié de jaune j les pattes ferrugineuses. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris sur les fleurs. La Nomade fabricienne , Nomada fahriciancu Elle a la partie antérieure de la tête blanche ; le corselet noir, avec des li- gnes blanches -, l'abdomen ferrugineux, avec deux taches jaunes j les ailes blan- châtres , avec deux taches en forme de lunule vers le bord postérieur. On la trouve en Suède. Sa HISTOIRE NATURELLE La Nomade variée , Nomada variegata» Elle est de couleur ferrugineuse, avec quelques taches blanches sur le corse- let ; l'écusson est blanc ou ferrugineux; elle a sur chacun des deux premiers an - neaux de l'abdomen deux taches , et quatre svir chacun des autres \ les pattes sont ferrugineuses. On la trouve en Europe. La Nomade bossue , Nomada g'ihha. Elle est entièrement noire, à l'ex- ception de l'extiémité de l'abdomen qui est rousse. On la trouve en Angleterre , dans la Carniole , et aux environs de Paris, DES NOMADES. La Nomade agreste , Nomada agrestis. Elle est de la grandeur de la nomade à antennes rousses j elle est velue ; les antennes sont noires ; le corselet est cou- vert de poils de couleur grise ; l'abdo- men est velu , de couleur rousse , avec l'extrémité de chaque anneau noire. On la trouve en Espagne. 4^ *» HISTOIRE NATURELLE CARACTERES DES GENRES D E L'O RDRE DES HEMIPTERES. PREMIERE SECTION. Elytres d'égale consistance. Jb ULGORE. — Antennes très-courtes , suLu- lées , posées sur les j-^eux: premier article très-^ros, globuleux. Trompe alongée , filiforme, ob- tuse , composée de cinq articles renfermant trois soies. Trois articles aux tarses. Q MembrACIs. — Antennes très-courtes, subu- lées , posées «levant les yeux ; pre- mier article plus gros que les au- tres , presque arrondi. Trompe recourbée , longue , ob- tuse , composée de trois articles; renfermant trois soies. Trois articles aux tarses» Coiselet dilaté. DES HÉMIPTÈRES. 85 GiGALE. — Antennes courtes , sétacées, po- sées entre les yeux, composées de cinq articles, le premier plus gros que les autres. Trompe recourbée , longue, ftli- forme, composée de deux articles, renfermant trois soies. Trois articles aux tarses , dont les deux premiers très-courts. Tettigone. — Antennes très-courtes, min- ces , subulées , posées devant les yeux; premier article globuleux; les autres à peine distincts. Trompe courte, recourbée, com- posée de trois articles, renfermant trois soies. Trois articles aux tarses. PsYLLE. — Antennes cylindriques j onze ar- ticles égaux. Trompe recourbée, naissant en- tre la première et la seconde paire de pattes. Deux articles aux tarses. Pattes propres à sauter. Aleyrode. — Antennes courtes, cylindri- ques , farineuses. Bec court, composé de trois ar- ticles presque égaux. Corps court, farineux. Insectes. IV. 3 8G HISTOIRE NATURELLE Puceron. — Antennes filiformes, plus lon- gues que le corselet , posées devant les yeux : premier article un peu plus pros que les autres. Trompe alongée, recourbée, com- posée de cinq articles, renfermant une seule soie. Un seul article aux tarses. Abdomen terminé par deux filets droits et distans. Trips. — Antennes filiformes , de la lon- gueur du corselet , composées de sept articles , dont le premier plus grand , le dernier pliis petit. Trompe cachée dans une fente longitudinale. Deuxarticles aux tarses, dont le dernier forme une espèce de vési- cule. Kermès. — ^Antennes filiformes, terminées par un filet sétacé. Trompe alongée, recourbée, com- posée (le trois articles , posée entre la première et la seconde paire de pattes. Trois articles aux tarses. Femelle aptère. CocHENii-LE. — Antennes courtes , fillforr mei , presque cylindriques. DES HÉMIPTÈRES. 87 Trompe courte, recourbée, com- posée de trois articles , posée en- tre la seconde et la troisième paire de pattes. Pattes très- courtes, souvent im- perceptibles. Femelle aptère. SECONDE SECTION. Elytres moitié coriaces , moitié mem- braneuses. NoTONECTE. — Antennes courtes , posées au- dessous des yeux , composées de trois articles , le premier plusgros, le dernier plus petit. Trompe courte , conique , re- courbée y composée de trois arti- cles renfermant trois soies. Deux articles aux tarses ; les postérieurs larges , applatis et ci- liés. GoRisE. — Antennes tr&s-courtes , posées sous les yeux ; trois articles pres- que égaux. Trompe courte, recourbée, com« 88 HISTOIRE NATURELLE posée d'un seul article, renfermant trois soies. Un seul article aux tarses ; les postérieurs applatis,larges et ciliés. NÈPE, — Antennes très-courtes , peu appa- rentes, posées sous les yeux, cachées dans une fossette , et composées de trois articles. Trompe courte, recourbée, com- posée de trois articles, renfermant trois soies. Un ou deux articles aux tarses» Pattes antérieures portées en avant. Abdomen terminé par deux filets sétacés dans la femelle. Naucore. — Antennes très-courtes , posées au-dessous des yeux. Trompe très-courte, recourbée , composée de trois articles, renfer- mant trois soies. Deux articles aux tarses; les pos- térieurs applatis , larges et ciliés. Pattes antérieures courtes , ar- mées d'un onglet très-fort. Punaise. — Antennes filiformes, composées de quatre articles tiès-distincts. Trompe recourbée sous la poitri- DES HÉMIPTÈRES. 89 ne , creusée en gouttière , et con- tenant trois soies. Trois articles aux tarses. Corps alongé, rarement ovale, souvent déprimé. PentAtome. — Antennes filiTormes, com- posées de cinq articles cylindri- ques. Trompe recourbée sous la poi- trine, creusée en gouttière, et con- tenant trois soies. Trois articles aux tarses. Corps souvent ovale. Reduve. — Antennessétacées , plus longues que le corselet, composée de quatre articles. Trompe courte , courbée en arc sous la poitrine , creusée en gout- tière , et contenant trois soies. Trois articles aux tarses. Corps alongé. Tête étroite et avancée. 90 HISTOIRE NATURELLE ORDRE QUATRIEME. DES HEMIPTERES. vTEOFFiioY et Linnée avoient réuni sous ce nom , des insectes qui se distin- guoient principalement des insectes à étuis coriaces, parce que leurs étuis ou él)'"tres sont moitié coriaces et moitié membraneuses ; mais ce caractère, pris de la structure des élytres, est commun à des insectes qui sont d'ailleurs trop dilFérens les uns des autres par leur ma- nière de vivre , pour être réunis dans le même ordre. Nous réserverons donc ce nom d'Ae- miptère , qui veut dire demi- élytres^ pour des insectes qui ont tous les carac- tères que nous allons développer. Nous placerons dans le cinquième ordre , les DES HEMIPTERES. 9I insectes qui avoient ëté réunis avec les hémiptères par les auteurs que nous ve- nons de citer. La forme ou la nature des ëlytres ne peut pas toujours servir à distinguer les lic'miptères des autres insectes. Les uns ont des ailes presqu'entièrement coria- ces ; telles sont certaines tettigones ; d'autres les ont complètement membra- neuses , et dans une position qui ne peut guère servir à les faire distinguer de quelques insectes à ailes membraneuses ; tels sont les psylles , les pucerons _, les kermès. D'autres enfin ont les ailes supérieu- res réellement moitié coriace et moitié membraneuse. C'est toujours l'extrémi- té qui est membraneuse, et la base qui est coriace. Cette différence de nature ne se remarque que sur les ailes supé- rieures j les ailes inférieures sont cons- tamment membraneuses. Ni les ailes supérieures de ces in- sectes, ni 1^ inférieures, ne sont pliées 92 HISTOIRE NATURELLE dans aucun sens. Lorsque lïnsccte n'etî fait point usage , il les place longitudi- nalement sur l'abdomen , en les croi- sant un peu l'une sur l'autre ; en sorte que les bords internes des deux ailes su- périeures figurent Tespèce de croix que l'on nomme croix de saint André. Les ailes inférieures , toujours plus petites , plus minces que les supérievu^es , se glissent sous les inférieures , et s'y ca- chent presqu'entièrement , à l'excep- tion du bord externe qui excède quel- quefois le bord externe des ailes supé- rieures , et qui acquiert ordinairement leur consistance ou leur couleur. La partie importante par laquelle les liémiptères se distinguent des autres in^ sectes , c'est la bouche. La position et la structure de cet organe , facile à ap- percevoir, les ferarcconnoître aisément. Tous les hémiptères , sans aucune exception , ont une bouche faite pour pomper les liquides végétaux et ani- niaux dont ils se nourrissent. DES HEMIPTERES. 9^ "Leur boiiclie est composée principa- lement d'an tube corné divisé par plu- sieurs articulations. Ce tube va en di- nuant de sa base à son extrémité ; il présente à sa partie antérieure et vers sa base, une rainure distincte; et c'est par cette rainure que des soies déliées et ai- guës pénètrent dans l'intérieur de ce tube. Ces soies y sont assujetties par une pièce cornée placée au-dessous du front qui descend sur la partie antérieure de la base du tube corné qui forme la bou- clie : cette pièce peut être comparée à la lèvre supérieure. Il n'y a d'ailleurs ni mandibules , ni mâchoires, ni même de palpes. Le tube qui forme le bec prend nais- sance de la partie inférieure de la tête ; il est recourbé en dessous et appliqué sous le ventre , lorsque l'insecte n'en fait pas d'usage. Mais lorsqu'il veut s'en servir , il le redresse , et le tient per- pendiculaire à l'axe de son corps. C'est à l'aide de ce bec garni de soies 94 HISTOIRE NATURELLE que les punaises, les cigales.les pucerons, les kermès , &c. sucent les animaux et les végétaux ; ils percent la peau avec des soies fines et pointues qu'il renferme \ la liqueur s'épanche et monte dans le tube corné du bec comme dans un tuyau capillaire. Il est possible que l'insecte imprime aux soies dont nous venons de parler , un mouvement qui accélère cette ascension. La description générale que nous ve- nons de donner de la bouche des hé- miptères , fait voir que ces insectes ne peuvent prendre aucun aliment so- lide , qu'ils sont forcés de se nourrir de matières liquide? ; mais ce n'est pas par le même procédé que les mou- ches communes , qui pompent aveo leur trompe les liqueurs répandues sur les surfaces. La structure du bec des hémiptères ne leur permettroit pas d'exercer ce genre de succion. Il faut qu'ils paissent enfoncer leur bec dans le lieu où sont les liquides qu'ils pren- DES HÉMIPTÈRES. ^5 neiit, et la faculté de lécher les surfaces que les mouches semblent posséder , est refusée aux hémiptères, qui jouis- sent en place de celle de piquer forte- ment que n'ont pas les mouches pro- prement dites. Aussi les hémiptères sont-ils la plu- part le fléau des végétaux et le tour- ment des animaux. On sait le tort que font les pucerons , les psylles , les ker- mès aux plantes. Presque tout le monde a connu l'importunité dégoûtante et souvent douloureuse des punaises de lit. Les Naturalistes , instruits des moj'^ens employés par ces insectes pour nuire, ont cherché ceux d'en débarrasser la société; mais jusqu'à présent, ils n'ont pu y parvenir , tant il est vrai que la petitesse et l'obscurité met bien mieux à l'abri des persécutions que la force et l'éclat. L'Angleterre est débarrassée de loups -, les lions et les autres bêtes fé- roces ont été chassés de la partie de l'Afrique habitée pax des peuples civi- 9^) HISTOIRE NATURELLE lises, et il est presqu'impossible de pur- ger une chambre des punaises qui l'in- fectent , ou un oranger , des kermès qui le fatiguent. Nous venons de parler avec quelques détails des parties qui distinguent essen- tiellement les hémiptères des autres in- sectes. Nous allons continuer d'exami- ner ce qu'ils ont de commun dans les formes , l'organisation et les habitudes. La tête est assez ordinairement ter- minée en une pointe, qui est même quelquefois très - prolongée en avant comme dans quelques cigales, fulgores, psylles. C'est sous cette pointe et à sa base qu'est placé le bec dont nous avons donné la description. Les yeux sont placés sur les côtés de la tête , ils sont de l'espèce des yeux nommés à réseau. Mais outre ces yeux, on voit dans cer- taines espèces , sur le sommet de la tête , des petits yeux lisses qui sont très- remarquables dans les cigales. Les antennes diffèrent beaucoup par DES HÉMIPTÈRES. 97 leur forme : elles sont plutôt courtes que longues, plutôt filiformes que ter- minées en masse , ou composées d'arti- cles globuleux ; souvent elles ressem- blent à un poil très-court , et on n'y compte jamais un grand nombre d'ar- ticles. Le corselet ofiPre quelquefois des ap- pendices frangées ou épineuses, remar- quables par leur forme singulière On ne conçoit guère de quel usage ces par- ties peuvent être à ces insectes. L'abdomen est presque toujours pris- matique , et ce prisme a trois pans : il est rarement terminé par des appendi- ces , et ne porte jamais d'aiguillon. Les pattes antérieures sont quelque- fois plus longues et quelquefois plus cour- tes que les autres ; mais alors elles sont fortes, et terminées en forme de pinces à genou , ce qui donne aux insectes qui les ont ainsi faites, la faculté de saisir la proie qu'ils veulent sucer. Les hémiptères volent avec assez de Insectes. IV. 9 gS HISTOIRE NATURELLE facilité , sur -tout lorsqu'il fait chaud : ils ont cejîendant moins d'activité que les espèces d'insectes dont nous avons déjà fait l'instoiie. Si plusieurs d'entre eux peuvent courir et sauter facilement, il en est d'autres , tels que les puce- rons, les kermès, qui sont d'une len- teur remarquable ; elle est telle , qu'il» se laissent prendre et blesser , sans pa- roître songer à s'enfuir. Il faut les ob- server long-temps , pour s'assurer que ce ne sont point des animaux morts , ou même que ce sont des animaux. Fixés sur la plante dans laquelle ils en- foncent leur bec ou suçoir ponr en pom- per les sucs, ils ont l'air d'en faire par- tie, et d'en être une production mala- dive. Ce qui contribue à rendre cette illusion plus complète , c'est le duvet soyeux dont quelques espèces ont la propriété de s'oivelopper , et ce duvet appartient encore aux pucerons et aux kermès. Ces particularités , qui nous obligent de citer souvent ces insectes DES HEMIPTERES. Çjg comme exemples frappans , ou comme exception des règles que nous posons , nous font soupçonner déjà que leur his- toire doit nous présenter de ces phéno- mènes singuliers, qui sont presque tou- joursannoncés par des différences sensi- bles dans les formes ou l'organisation. Ce que l'accouplement des hémiptè- res peut oifrir de remarquable , doit être décrit lorsque nous ferons l'his- toire des espèces. Leurs œufs sont tan- tôt placés à nu sur les plantes, tantôt ils sont enfoncés dans leur intérieur par la mère. Dans le premier cas , ils sont enduits dune matière visqueuse qui les colle. Ils sont ordinairement rangés par la mère avec beaucoup de symétrie. Les œufs des insectes de la famille des pu-^ naises sont garnis d'une couronne de poils plus ou moins nombreux. La métamorphose des hémiptères est de l'ordre de celle que nous avons nom- mée demi-complète. L'insecte , en sor- tant de l'œuf, ressemble à sa mère , et lOO HISTOIRE NATURELLE il lien diffère que parla taille et l'abs- cence totale des ailes : il grandit avec cette forme , et change plusieurs fois de peau. Lorsque ces espèces de larves ont pris leur accroissement complet ^ il leur vient des moignons d'ailes , et on les considère alors comme chrysalides ; mais ce sont des chrysalides bien dilTé- rentes de celles dont nous avons déjà parlé. Ces dernières sont aussi agiles que la larve et que l'insecte parfait : elles mange\it comme eux, et se nour- rissent des mêmes alimens qu'eux. En- fin rinsecte change une dernière fois de peau, et paroît avec toutes les parties qu'il doit avoir , c'est-à-dire , avec les ailes et les élytres entières. Parmi les hémiptères, les uns vivent dans l'air, et d'autres habitent cons- tamment dans l'intérieur des eaux , ou à leur surface. Cet ordre est, comme nous allons le voir , beaucoup plus nom- breux en espèces qu'en genres. DES F U L G O R E S- 1^1 ■ - -^ ORDRE QUATRIÈME, LES HÉMIPTÈRES. X L V I P GENRE, -OfULGORE. Caractères génériques. Antennes très-cour- tes , subulées , posées sous les yeux ; pre- mier article très - gros , globuleux. Trompe alongée , filiforme , obtuse, com- posée de cinq articles renfermant trois soies. — Trois articles aux tarses — Deux petits yeux lisses , placés sous les yeux à réseau. X LUsiEURs Naturalistes ont placé ces insectes parmi les cigales ; Liime'e les en a séparés , et en a fait un genre sons le nom dié laternaria., auqneliLa donné 102 HISTOIRE NATURl-.LLE ensuite celui de fulgore. Les fulgores diiFèrent des cigales , en ce qii'elles ne chantent point; au lieu que celles-ci font entendre un bruit qu'on appelle cliant. Mais lorsque nous décrirons ces insectes , nous parlerons des parties qui le produisent. Les antennes sont plus courtes que la tête, placées au-dessous des yeux, elles sont composées de cinq articles : les deux premiers sont courts et gros, le troisième est plus gros , arrondi ; le quatrième très-petit , le cinquième est une espèce de poil très-fin : tous ces ar- ticles paroissent emboîtés les uns dans les autres. La tête est pointue , plus ou moins prolongée en avant , de forme irrégu- lière ; les 5^eux sont arrondis , saillans , placés aux deux parties latérales de la tête , et au-dessous , on voit les deux petits yeux lisses. La trompe est coucliée , et renferme trois soies. DES FULGORES. 10^ lie corselet est moins long que la tête, mais un peu plus large. L'abdomen est composé de plusieurs anneaux. Les élytres sont coriacces , un peu plus longues et plusétroites que lesailes ; elles ont les nervures très-ëlevées ; les ailes sont membraneuses , le plus ordinaire- ment colorées et pliées à leur bord in- terne ; elles forment avec les élytres une espèce de toit au-dessous de l'abdo- men. Les pattes sont de moj'enne lon- gneur; les jambes postérieures sont ar- mées d'épines ; les tarses sont terminés par deux crochets et par une pelotte spojigieuse qui forme deux lobes. Ces insectes sont non-seulement re- marquables par la forme de la tête de quelques espèces , mais encore par la beauté et la variété des cou] eurs dont pi u- sieurs sont ornés. On en connoît une es- pèce qui a la propriété de répandre pen- dant la nuit une lumière si considérable. 104 HISTOIRE NATURELLE qu'au rapport de mademoiselle de Me- rlan , elle permet de lire facilement les caractères les plus fins. Nous coniiois- sons quelques insectes qui jouissent également de cette propriété ; tels sont les lampj^res et quelques taupins. Dans les lampyres , cette lumière est pro-^ duite par de petits corps pliosplioriques placés près de ^extrémité de l'abdo- men ; et dans les taupins , ces corps se iTouvent de cliaque côté de la partie pos^ tcrieure du corselet. C'est la partie an-' térieure de la tête de cette espèce de fulgore à laquelle on adonné le nom de porte-lanterne, qui est lumineuse. Réau- mur a ouvert la tête d'un de ces insec- tes. Dans la vessie qui fait partie de la: tête , et qui est l'eiidroit indiqué pour produire la lumière , il a trouvé une cavité considérable , renfermée par un cartilage médiocrement épais , et cette^ cavité étoit absolument vide. Quand on supposeroït , dit cet auteur^ que les parties qu'elle contenoit lorsque l!in- DES F U L G O R E S, lo5 ïccte vivoit , se seroient desséchées , elles n'anroient jamais pu remplir, lors même qu'elles étoient molles , qu'ime petite partie de cette cavité. Nous trou- vons dans l'Encyclopédie, que plusieurs Naturalistes , qui ont habité les paj^s où on trouve lesfulgores, n'ont jamais re- marqué qu'elles répandissent aucune lumière ; et que le citoyen Richard , qui a élevé l'espèce citée par mademoi- selle de Mérian , n'a jamais remarqué sur son corps aucune partie lumineuse. Il faut espérer que des observations sui- vies lèveront les doutes à cet égard. Les plus grands de ces insectes sont apportés en Europe de l'Amérique mé- ridionale , de Cayenneetde Surinam: ils vivent sur les grands arbres. Ceux qui habitent l'Europe sont très-petits : on les trouve sur les arbustes et iaè buissons. Leurs larves sont inconnues. Ils forment un genre composé d'envi- ron cinquante espèces , qui ont été di- visées en trois familles. Nous allons 106 HISTOIRE NATURELLE passer à la description des plus remar- quables. PREMIÈRE DIVISION, Tête prolongée. La Fulgore porte - lanterne , ^ Fulgora laternaria. Cette espèce est fort grande \ elle a environ trois pouces et demi de lon- gueur ; le front est très-avancé , vésicu- leux ; aiTondi à son extrémité , bossu en dessus près de son origine , garni en dessous et sur les côtés de quatre ran- gées de tubercules épineux , applatis , de couleur rougeâtre •, cette partie vési- cule use est couleur d'olive -, elle a en dessus quelques lignes rougeâtres ; le corselet est d'un jaune pâle \ les élytres sont de la même couleur que le corse- let, avec les nervures et quelques traits noirâtres ; les ailes sont grisâtres • elles jPu^/. JOJ . Tom . ir. ^e^eve de/. Xefeffier Jcuk ■ 1 . F . Porfc - Qiaii Aellc . C/ 4 .M. Am^eillardc V ^ al*' Pliai énoide 5. M. Copuuc • SQ. Oi-ui , DES FULGORES. 107 ont une grande tache en forme d'yeux , entourée d'un cercle noir , avec une double prunelle blanche et noire j les pattes sont d'un jaune pâle. On la trouve dans l'Amérique méri- dionale y à Cayenne et à Surinam. La Fulgore porte- chandelle ^ ^ Fidgora candelaria. Elle a environ deux pouces de lon- gueur ] le front est très-prolongé , min- ce , presque cylindrique , recourbé , can- nelé en dessus et en dessous ; il est de couleur jaune ; les yeux sont bruns ; la tête et le corselet sont jaunes ; l'abdo- men est jaune en dessus , noirâtre en dessous; les élytres sont d'un beau vert, avec plusieurs bandes transversales et des taches jaunes; les nervures sont éle- A^ées , et entre chacune , on voit des traits élevés qui forment des espèces de grilles ; les ailes sont d'un jaune foncé, avec une large bande uoiae à l'extré- lo8 HISTOIRE NATURELLE mité, les pattes sont jaunes ; les quatre jambes antérieures noires , les posté- aieures épineuses. Cette espèce se trouve à la Chine. La Fulgore ténébreuse , Fulgora tenehrosa. Elle est à -peu -près de la gran- deur de la précédente ; le front est avancé , plus long que le corselet , mince , presque droit , cylindrique , tronqué à son extrémité \ la tête et le corselet sont bruns ; l'abdomen est brun, avec des taches noires 5 les éiytres sont d'un brun gris , avec un grand nombre de points noirs relevés \ les ailes sont brunes , avec une teinte d'un bleu foncé ; les pattes sont brunes , avec des taches ïioircs. Elle habite la Guinée. «ES F U L G O R E S. 109 La Fulgore pliosphorique , Ful^ gora phosphorea. Elle a environ sept lignes de lon- gueur ; le front est avancé , filiforme , mince , recourbé en dessus , de la lon- gueur du corselet , de couleur brune ; l'abdomen du mâle est noir , avec des taches jaunes en dessus ; celui de la fe- melle est d'un rouge brun en dessus; la tête , le corselet et les ély très sont d'un brun obscur ; les ailes sont transparen- tes et sans couleur-, les pattes d'un jaune grisâtre ; les jambes postérieures sont très-longues et garnies d'épines très- fines. On la trouve à Surinam. La Fulgore lumineuse , Fulgora, noctivida. Elle est im peu plus petite que la pré- cédente ; la tête est coniqi^y , terminée Insectes. IV. 10 riO HISTOIRE NATURELLE en pointe , recourbée en dessus, de cou- leur verte , avec quelques lignes d'un brun iaunâtre ; l'abdomen est vert ; les élytres et les ailes sont transparentes , comme vitrées, avec un grand nom- bre de nervures brunes qui forment des inailles en réseau; les pattes sont vertes. On la trouve à Surinam. Jja Fulgorée luisante, Fulgora lucernaria. Elle a environ sixlignes de longueur; la tête , le corselet et les élytres sont en dessus d'un vert foncé presque noir; en dessous, tout le corps est d'un jaune citron ; l'abdomen est noir en dessus ; la tête est prolongée , conique , un peu courbée en haut et pointue ; les pattes sont d'un jaune citron ; les élytres et les ailes sont transparentes et vitrées à l'ex- trémité , noires en dessous. On la trouve à Cayenne et à Snri- DES FULGORES. 1 1 1 o. La Fulgore euro-péenne , Fulgora europœa* Elle a environ six lignes de longueur; elle est de eouleur verte; le front est prolongé, conique, relevé; il a en dessus deux lignes longitudinales élevées , et cinq en dessous -, les ailes sont transpa- rentes , avec les nervures vertes. On la trouve dans les départemens méridionaux de la France, en Italie et en Sicile. DEUXIÈME FAMILLE. Tète sans prolongement. La Fulgore nerveuse, Fulgora neruosa. Elle a trois lignes de longueur : elle est brune ; sa tête est jaunâtre : à sa partie antérieure, elle a une plaque alon- gée , qui a trois lignes longitudinale;» v^. 112 HISTOIRE NATUP..ELLE saillantes ; le corselet est brun j les ély- tres sont blanches et transparentes, avec des taches brunes , dont plusieurs for- ment des bandes transversales, les unes vers la base , les autres sur le milieu : il y a , en outre , sur les nervures , un grand nombre de petits points bruns ; les ailes sont transparentes , sans taches j les pattes sont jaanes. Elle habite l'Europe : elle est com- mune aux environs de Paris. TROISIÈME FAMILLE. Elytres penchées, un peu dilatées. ^ La Fulgore phalénoïde , Fulgora phalenoides. Elle ressemble à une phalène ; elle a environ huit lignes de longueur j la tête est petite, arrondie , applatie en devant ; elle est ju.une , de même que le corselet et l'abdomen ; les élytres sont très-gran- des ; arrondies à la base , où elles for- DES FULGORES. Il3 ineiit des espèces d'ëpaules ; elles sont blanches , jaunâtres à leur origine; elles ont depuis cette partie jusques vers les deux tiers des petits points bruns ; les ailes sont plus courtes et plus étroites que les ëlytres , et de même couleur, . sans taches, les pattes sont jaunes, avec une tache brune à l'extrémité des jam- bes -, les tarses sont bruns. Onla trouve àCayenne et à Surinam. yà La Fulgore bossue , Fulgora gibbosa. Elle a près de trois lignes de long -, sa couleur est brune ; sa tête est grosse , les yeux sont saillans , les élytres sont très-dilatées , un peu au-dessus du mi- lieu du bord extérieur, et -vont en ré- trécissant vers l'extrémité ; les nervu- res sont saillantes , et entre chacune d'elles, on voit de petits traits bruns qui forment une espèce de réseau ; les ailes sont transparentes et sans taches ) les Il4 HISTOIRE NATURELLE pattes sont d'un blanc jaunâtre ; les cuisses ont quelques taches obscures à l'extrémité près de la jambe, Elle habite l'Europe : elle est assez commune aux environs de Paris. XLVIir GENRE, M E M B R A C I S. Caractères génériques. Antennes très-cour- tes , subulées , posées devaiit les yeux ; premier article plus gros que les autres , presque arrondi. — Trompe recourbée , longue , obtuse, composée de trois arti- cles ,r nferraant trois soies. — Trois arti- cles aux tarses. — Corselet dilaté. — Deux petits yeux lisses. Les membracis ont été placées parmi les cigales par Linnée et le citoyen GeoJBFroy. M. Fabricius les en a séparées, et en a formé un genre qui a été adopté par les autres Naturalistes. Ces insectes cnt les antennes très- D t. s M E M R R A C I S^ 1 1 5 courtes , composées de deux articles^ cylindriques, et d'une soie qui les ter- mine : elles sont place'es devant les yeux. La tête est irrégulière; dans quel- ques espèces , le front est avancé ; la bouche a la forme d'un bec alongé , re- courbé sous la poitrine , il est composé de trois articles , et renferme le suçoir formé de trois soies. Les^'cux sont petits, arrondis, sail- lans , placés de chaque côté de la tcle ,. sur la partie antérieure de laquelle sont deux petits yeux lisses. Le corselet est large, court, dans quel- ques espèces ; l'écusson est prolongé jus- qu'à l'extrémité de l'abdomen. Les élytres sont grandes, élevées en toit au-dessus du corps.. Les pattes sont de grandeur moj'enne,^ les jambes assez longues. Les larves des membracis ne sont pas connues -, mais comme sous leur der- nière forme , ces insectes ont beaucoup llG HISTOIRE NATURELLE de rapport avec les cigales, excepte' qu'ils ne chantent pas , on peut présumer que les larves des insectes de ces deux genres vivent de la même manière. Le genre membracis est composé d'à- peu-près quarante espèces *, on n^en trouve que quatre en Europe, dont trois aux environs de Paris ; les autres habi- tent l'Amérique , Cayenne et Surinam. Ce genre a été divisé en deux familles : nous décrirons quelques espèces de cha- cune. / PREMIERE FAMILLE. Foliacées. — Corselet comprimé , mem- braneux , plus grand que l'abdomen. O La Membracis feuille , Memhracis foliata» Elle est d'un brun noirâtre ; le front est avancé , applati ; le corselet est très- élevé, applati des deux côtés, et forme une arête saillante; et s'avance sur la UES MEMBRACIS. II7 tête qu'il couvre presqu'enlièremcnt ; sa partie postérieure se termine en pointe, qui se prolonge au-delà de l'ab- domen; les ëlytres sont ovales, plus longues que les ailes; les pattes sont alonge'es , applaties , assez larges ; les jambes antérieures sont courtes , de forme ovale, applaties. On la trouve à Cayenne et à Surinam. La Membracis frondi forme , ^^ Menihracis fronditla. Elle est de la grandeur d'une mouche ordinaire , de couleur brune ; les ailes sont blanches et transparentes; le corse- let est de la longueur du corps ; il se pro- longe au-delà de la tête , où il forme une espèce de museau; il est applati et circu- laire à l'extrémité; l'écusson finit en pointe : les éhi;res sont alongées , un peu angulaires; les nervures sont d'un brun obscur. On la trouve à Surinam. Il8 HISTOIRE NATURELLE La Membracis squa«iigère , ^''JMemhracis squainigera. Elle est d'un gris brun • le corselet est plus long que le corps , garni à sa partie [supérieure d'une arête tran- chante ; il se prolonge au-delà de la tête , oti il forme une longue pointe, un peu recourbée en bec ; l'écusson se termine en pointe fine recourbée sur l'abdomen , il a quelques nervures lon- gitudinales ; les él5''tres sont ovales , grises et transparentes \ les pattes sont larges et applaties. On la trouve à Surinam. La Membracis du Genêt, Mem» hracis Genistœ. Elle est d'un brun obscur ; son cor- selet est large, lisse , terminé postérieu- rement par une longue pointe droite , aiguë f courbée sur Tabdomen. DES MEMBRACIS. I19 Elle habite l'i^ ngleterre ; elle est très- commune en Champagne et aux environs de Paris : on la trouve en été en grande quantité sur le genêt. La Membracis rousse, Mernhracis fuse a. Elle est d'un brun noirâtre ; le cor- selet est grand, applati, en feuille ver- ticale : il s'avance au-delà de la tête , qu'il couvre en partie ; les élytres sont alongées; les pattes sontapplaties, assez larges. On la trouve à Surinam. La Meinbracis bossue ^ Mernhracis gihhosa, ' Cette espèce est extrêmement pe tite ; son corps est court et gros , d'un brun obscur -, le corselet est très-élevé , bossu, arrondi par-devant , terminé postérieu- rement par une pointe qui s'étend près- 120 HISTOIRE NATURELLE que jusqu'à l'extrémité de l'abdoinen ; les élytres sont d'un jaune pâle, presque entièrement transjmrentes ; les ailes sont transparentes comme du verre , les pat- tes sont renflées. On la trouve à Surinam. DEUXIÈME FAMILLE. Croisées. — Corselet défendu de chaque côté par une corne. La Membracis cornue, Memhracis cornuta. Elle est d'un brun noirâtre ; sa tête est comme écrasée ; son corselet est assez large ; il a de chaque côté une corne aiguë qui se termine en pointe assez longue ; sur le milieu du corselet est une crête qui se prolonge , et forme une espèce de corne sinuée qui se ter- mine en pointe entre les élytres , près de leur extrémité j l'écusson est placé sous cette corne ; les élvtics sont ob- CES M E M Ji R A C I S. 121 tuses , veinées de brun j les ailes sont lin peu transparentes. On la trouve en Europe, dans les bois , posées sur les tiges de fougères : elle est commune aux environs de Pa- ris ; elle saute , et n'est pas facile à prendre. La Membracïs aureillarde, Mem- bracis aurita. Elle est plus grande que la précé- dente, d'vm brun verdâtre, pointillée de noir et lavée d'un peu de rouge ; sa tête est très-large , aj)platie \ elle forme une espèce de chaperon ; elle a trois pointes mousses , une au milieu , et une de chaque côté , et en dessus quel- ques stries ; le corselet a de chaque côté une espèce de corne ou aileron arrondi, dilaté , élevé , porté un peu en dehors, terminé en crête ; le dessous du cori>s et les pattes sont d'un jaune verdâtre j Insectes. IV. x\ 122 HISTOIRE NATURELLE les élytres sont transparentes , avec les nervures brunes. On la trouve aux environs de Paris , sur le chêne : elle est assez rare. XLIX* GENRE. ^ CIGALE. Caractères génériques. Antennes courtes , sétacécs , posées entre les yeux; compo- sées de cinq articles , dont lepremicr plus gros que les autres. — Trompe recourbée', longue , filiforme , composée de deux ar- ticles , renfermant trois soies. — Trois articles aux tarses , dont les deux pre- miers très-courts. — Trois petits yeux lisses. Les cigales ont les antennes de la longueur de la tète, placées entre les yeux , composées de cinq articles , le premier plus gros , court , arrondi ; le second moins gros , plus alongé , cylin- driauc ) les trois autres presque égaux. DES CIGALES. 123 La tête est large , courte , appliquée contre le corselet-, les yeux sont globu- leux , saillans , placés de chaque côté de la tête -, sur la partie antérieure de la tête , sont les trois petits yeux lisseâ placés en triangle. Le corselet est gros , large , composé de deux pièces , l'écusson est en arête. L'abdomen est conique : à la base de celui du mâle , sont deux grandes pla- ques ou opercules qui couvrent les or- ganes du chant : à l'extrémité de celui de la femelle , est une tarière en scie, renfermée entre deux lames écailleuses. Les pattes sont de longueur moyenne, les cuisses antérieures sont renflées. Les élytres et les ailes sont élevées en toit au-dessus du corps ; elles sont mem- braneuses , d'égale consistance , veinées et transparentes , beaucoup plus lon- gues que l'abdomen ; les élytres sont plus grandes que les ailes qu'elles recou- vrent. La bouche forme une espèce de bec 124 IlISTOIllE NATURELLE ou rostre : il est appliqué sous la poi- Iriue , lorsque l'insecte n"eu ftiit point usage ; il est composé de deux articles, cannelé à sa partie supérieure , et ren- ferme le suçoir qui est composé de trois soies. Les cigales sont des insectes connus depuis très-long-temps ; leur grosseur et le chant monotone que le mâle fait entendre pendant une partie de Tété , les ont fait découvrir. Aristote, et les anciens Naturalistes après lui , ont ré- duit les cigales à deux principales es- pèces, lia nommé celles de la plus grande espèce, achetœ , et celles de la petite espèce , tettigoniœ. Le citoyen 01iviv?r n'a point changé ces noms-, il a conservé aux grandes espèces, dont il a fait un genre . le nom de cigale , et aux petites, qui forment un autre genre , celui de tettigonc. Les cigales habitent les pays chauds ; elles se tiomient ordinairement sur les arbres ; leurvol est fort el légoi : pendant DES CIGALES. 125 la clialenr , elles sont très-vives , mais le froid les engourdit. Ce qui dans ces insectes mérite le plus de fixer l'attention , ce sont les organes qni produisent le chant. Plu- sieurs personnes , même des hommes éclaires, ont cru que les femelles seules avoient la faculté de chanter. Ceux qui ont attribué le bruit que les cigales font entendre , à une agitation prompte des ailes , accompagné d'un frottement des supérieures contre les inférieures, ont, selon Réaumur, donné dans une erreur plus grossière , puisqu'une simple ins- pection sulïït pour distinguer les ci- gales muettes d'avec colles qui chan- tent. Ce célèbre observateur ayant dé- crit, dans le plus grand détail, toute» les parties qui produisent le chant , il nous fournira ce que nous allons dire sur ces organes singuliers. Ils sont lo- g(''S dans la cavité du ventre. En obser- vant un mâle de cigale , on remarque au-dessous de l'extrémité du corselet,.» 13.6 HISTOIRE NATURELLE l'origine de rabclomci) , deux grandes plaques écailleuses de figure arrondie , qu'on ne trouve point aux femelles , elles n^en ont que les rudimens. Cha- cune de CCS plaques tient au corselet sans aucune articulation ; elles sont un j)eu en recouvrement l'une sur l'autre , et atteignent presque le troisième an- neau. En soulevant ces deux plaques , on voit une cavité pratiquée dans le ventre , partagée en deux loges ou cel- lules. Le fond de chacune de ces cellu- les est occupé par une petite lame ten- due , mince , transparente comme le verre , ou comme le plus beau talc, Réaumur les compare à deux petits mi- roirs: c'est de dessous ces deux plaques écailleuses que Linnée a nommées oper- cules, que sortent les sons que la cigale fait entendre. Plusieurs anteurs ont cru que ces parties que nous venons de dé- crire , étoient les organes du cLant. Les uns ont voulu que le frottement des an- neaux du ventre contre les opercules^ DES CIGALES. 127 fnt suffisant pour produire ce bruit j d'autres ont regardé les deux petits mi- roirs comme deux tambours qui ren- doient des sons. Mais en ouvrant une cigale sur le dos, Rcaumur y a trouvé deux grands muscles , composés chacun d'un faisceau prodigieux de fibres droi- tes , appliquées les unes sur les autres, aisées à séparer. Ces muscles sont aussi gros et aussi forts que ceux qui se trou- vent dans le corselet des mouches, et qui servent à faire mouvoir leurs ailes. En tiraillant un de ces muscles avec une épingle , notre observateur a fait chanter une cigale morte depuis plu- sieurs mois. Ces muscles aboutissent à deux membranes , contournées en for- me de timbale , contenues dans deux réduits placés dans la grande cavité; un de cliaque côté. Du côté du ventre , on ne voit que les ouvertures de l'une et de l'autre qui sont courbée?. Ces ouver- tures sont pour la voix des cigales , ce que notre larynx est pour la nôtre : les 1^8 HISTOIRE NATURELLE sons qui en sortent sont modifie's par les opercules, par les miroirs, la gi-aiide cavité, et toutes les parties qu'elle con- tient. Chaque timbale a sa partie con- Texe, plissëe , et couverte de rugosités. En touchant cette partie avec un pa- pier roulé, PLcaumur l'a fait résonner : ce bruit a été produit par les enfonce- inens que le petit corps a occasionnés sur les portions de la timbale qui se sont ensuite relevées. Dans l'insecte vivant , ce sont les deux grands mus- cles dont nous avons parlé qui les pro- duisent : les fibres qui composent cha- cun de ces muscles , se terminent à une plaque tendineuse, presque circulaire , de laquelle partent plusieurs filets ou tendons qui sont attachés à la surface concave de la timbale ; d'où il s'ensuit , que lorsque le muscle se contracte et se relâche alternativement avec vitesse , une portion convexe de la timbale devient concave, et cette portion, en reprenant sa convexité , fait entendre DKS CIGALES. ISg le bruit qu'on appelle le cliant des ci- gales. Les femelles n'ont point la faculté de chanter , mais elles sont pourvues d'un instrument qui leur est propre. Cet instrument est une tarière corn- pose'e de deux pièces, que la nature leur a accorde'e pour couper , percer et entailler le bois dans lequel elles dé- posent leurs œufs -, elle est très -forte , de consistance écailleuse, ayant, dans les grandes espèces, environ six lignes de long , et à-peu-près d'égale grosseur dans toute sa longueur ; son extrémité est terminée par une pointe anguleuse oa de la figure de celle d'un fer de pique ; elle est dentelée tout le long de cha- cun des côtés des deux pièces qui la forment. Lorsque la cigale veut faire un trou dans une branche , elle fait jouer alteruativement une de ces limes ; c'est ordinairement dans le bois sec que ces insectes déposent leurs œufs ; les petites branches auxquelles ils les con- l3o HISTOIRE NATURELLE fient sont aisées à connoître ; on re- marque de petites inégalités , de petites élévations formées par une portion de bois qui a été soulevée -, ces éléva- tions sont à la file les tines des autres, et toujours du même côté. Chaque trou a environ quatre lignes, et chacun con- tient huit à dix œufs , quelquefois que quatre ou cinq. Ces œufs sont blancs , oblongs , pointus par les deux bouts ; dans le corps de la cigale ils sont con- tenus dans deux ovaires , quelquefois au nombre de six à sept cents. Autant le corps de la femelle est rempli d'œufs , autant celui du mâle est rompli de vais- seaux où se prépare la liqueur qui doit les vivifier ; on y trouve des paquets de ces vaisseaux qui font une infinité de tours -, ils sont appliqués les uns contre les autres. Par la pression on fait sortir de l'abdomen du mâle un gros crochet brun écailleux , qui lui sert à saisir sa femelle dans l'accouplement. Les larves des cigales sont blanches , DES CIGALES. l3l elles ont six pattes ; leur forme appro- che de celle d'une puce , leur tète se recourbe en dessous , vers le ventre -, l'extrémité des deux premières pattes est fourchue ; entre ces pattes il s'élève un tuyau cylindrique qui paroît être le bout de la trompe que doit avoir Tin- secte parfait. Ces larves sortent du nid pour s'en- foncer dans la terre ; Alphonse assure que c'est en été ; Pontedera prétend que ce n'est qu'après l'hiver : Réaumur est incertain si elles quittent leur pre-^ mière dépouille dans le nid ou après en être sorties. Après cette mue , leur tête n'est plus fendue, et elles ont une trompe. Les larves croissent en terre et s'y transforment en nymphes , "qui prennent de la nourriture et de l'ac- croissement sous cet état. Ces nymphes ont été très-connues des anciens : Aris^ tote les a nommées tettigomètres ou mères des cigales. La nymphe est d'un blanc sale -, la figure de sa tête diffère peu l32 HISTOIRE NATURELLE de celle qu'elle aura sous l'état parfait , elle est munie d'une trompe ; ses ailes sont l'enfermées dans des fourreaux qui tiennent au corselet, et qui est sembla- ble à celui de la cigale. Son corps est composé de huit anneaux ; mais on ne découvre point dans celles qui doivent devenir des mâles les parties qui com- posent les organes du cliant, ni la ta- rière dans celles qui doivent être des femelles. Les pattes antérieures de ces nym- plies sonttrès-remarquables; il semble qu'elles leur ont été données pour s'ou- vrir des chemins sous terre ; elles sont composées de trois pièces : la première est la cuisse qui est assez longue et cy- lindrique ; la deuxième , qui est la jambe , est très-grosse , un peu com- primée , arquée , armée d'épines assez fortes à sa partie postérieure ) elle a une sorte de ressemblance avec les pattes des" écrevisses : le tarse est beaucoup plus mince ; de substance écailleuse j il est DES CIGALES. 1 33 pointu , arqué , denté , divisé en deux à soji extrémité ; on trouve quelquefois ces nymphes à deux ou trois pieds sous terre. Lorsqu'elles sont parvenues au ternie de leur accroissement ; auquel elles n'arrivent , selon Pontedera , que l'année d'après qu'elles se sont chan- gées en nymphes , et dès que les cha- leurs de l'été se font sentir , elles sor- tent de terre , grimpent sur les bran- ches des arbres , se dépouillent de leur enveloppe de nymphes et passent à l'état parfait. En sortant de son enveloppe , la cigale est presque verte par-tout, ensuite le dessus de son corps prend des nuances de couleur marron , et au bout de quelques jours elle est d'un brun noirâtre. Au rapport d'Aristote , les Grecs faisoient servir sur leurs tables les lar- ves des cigales , dans un temps de l'an- née où elles étoient excellentes , et man- geoient même les cigales; avant l'accou- plement , on préféroit les mâles , et Insectes. lY. 12 î34 HISTOIRE NATURELLE après l'accouplement les femelles , parce qu'elles avoienl alors le ventre plein d'œufs , que les Grecs trouvoient très- agi'éables. Telle est l'histoire de ces insectes qui nous a été fournie par les auteurs que nous avons cités ; les anciens ont cru qu'ils se nourrissoient de la rosée, mais il paroît que sous l'état d'insecte parfait les cigales vivent du sac contenu dans les vaisseaux des feuilles et des bran- ches des arbres. Il est souvent arrivé à Alphonse , en saisissant une cigale sur un arbre , de tirer avec peine la trompe dont le bout étoit piqué dans l'écorce. Réaumur présume que les lar- ves et les nymphes de ces insectes ti- rent leur nourriture des racines des plantes. Ce genre contient plus de soixante espèces, on n'en trouve que quelques- unes en Europe , les autres se trouvent en Amérique , en Afrique , en Chine; etc. DES CIGALES. l55 Nous décrirons quelq^ties espèces de ce genre nombreux. 0 . La Cigale tibicen , Cicada tibicen, La tête de cette grande espèce est noire avec quelques lignes jaunes ; les antennes sont noires : les yeux à ré- seau sont un peu oblongs ; les petits yeux lisses sont placés en triangle à la partie antérieure de la tête. Le cor- selet est fauve avec des lignes verdâtres ; le dos est noir, luisant . avec des taches fauves sur les côtés ; l'écusson est relevé en forme d'un X , il a deux lignes fau- ves ; l'abdomen est brun , luisant ei\- dessus ; tout le dessous du corps est couvert d'une pous<;ière blauclie que le frottement enlève ; les opercules sont de la longueur de la moitié de l'abdo- men un peu oblongs ; les pattes sont d'un gris verdâtre ; les élytres et les ailes sont transparentes, avec les ner- vures brunes j les élytres sont vertes l'^6 HISTOIRE NATURELLE à la base ainsi que la nervure exté- rieure. Le chant de cette espèce est très- bruyant. Elle se trouve à Surinam. La Cigale opère ulaire , Cicada opercularis* Elle est un peu moins grande que la précédente \ la tête et le corselet sont noirs ; on voit sur le milieu du corselet une ligne longitudinale , d'un rouge foncé , et sur les côtés deux taches de même couleur ; les élytres et les ailes sont noirâtres ; le bord extérieur des élytres est d'un verd pâle ; les oper- cules sont grands et couvrent les deux tiers de l'abdomen ; les pattes sont noi- râtres. On la trouve à l'île de Java. DES CIGALES» l'^J La Cigale dix-sept ans , Cicada sepieindecinu Elle a la tête noire j les yeux jan- ïies , le corselet et le dos noirs , ce der- nier est bordé latéralement de jaune; les élytres sont transparentes , bordées cle jaune extérieurement-, les ailes sont transparentes ; l'abdomen est noir., avec les anneaux, d'an jaune foncé ; tout le dessous du corps est jaune y nuancé d'un jaune plus foncé avec quelques taches noires, les pattes sont jaunes^ elles ont quelques taches noL- râtres^ Nous trouvons dans l'Encyclopédie , que ces cigales paroissent en grande quantité tous les dix-sept ans dans la Pensylvanie, et qu'elles font un tel bruit qu'où ne peut s'entendre parler. Elle se trouve dans L'Amériqiie sep- tentrionale > ' l38 HISTOIRE NATURELLE La Cigale noirâtre , Cicadafusca^ Elle est noirâtre , la tête est tachetée de brun , les élytres sont transparen- tes , avec les bords extérieurs bruns ; elles ont quelques taches et sept à huit points noirâtres près du bord postérieur. Elle se trouve sur la côte occiden-» taie de Sumatra. La Cigale oculée, Cicada oculata^ Elle a un pouce et demi de longueur ; la tête est fauve avec un peu de noir; le corselet et la poitrine sont de cou- leur verte , avec des taches fauves et des lignes brunes ; le ventre est verd mêlé de fauve ; les élytres sont d'un brun pâle ^ vertes dans quelques en- droits ^ avec plusieurs taches d'un brun obscur et d'autres blanches, 'et quelques petits lobes bruns en forme d'yeux. Les ailes sont d'un jaune foncé, avec DES CIGALES. 1^9 une large bande ondée , et coudée d'un brun noirâtxe. Elle habite le Cap de Boime-Espe'- rance. La Cigale liémalode, CLcada hematodes. Elle a environ deux pouces et demi de longueur ; elle est noire ; les yeux sont gris , les petits yeux lisses rouges ; le corselet et le dos ont plus ou moins de taches jaunes; l'écusson est jaune, relevé en X \ l'abdomen et noir , avec le borddes anneaux jaunes outestacés ; les élytres sont transparentes, beaucoup plus longues que l'abdomen, leur bord postérieur, et les nervures près de la base , sont rouges ou verdâtres ; les ailes sont transparentes ; les opercules noirs , bordés de jaunâtre; les pattes jaunes, avec des taches noires; les cuisses anté^ rieures ont ti'ois épines. Elle habite les départemens meridio l4o HISTOIRE NATURELLE naux de la France et le midi de VEH" rope : on la trouve sur les arbres ; elle se fait entendre au commencement de Tëté y mais son chant n'est pas aussi fort que celui de la cigale plébéienne. L*a Cigale panachée, Clcada orni» Elle a la tête noire , avec quelques ta- ches jaunes ; les yeux gris ; le corselet )aune , mélangé de noir j le dos noir , lisse , avec deux lignes jaunes sur le milieu , qui forment une M renversée; l'écusson est relevé en X , jaune j l'ab-- domen est noir, avec le bord des an- neaux fauves; les opercules sont jau- nâtres \ les pattes sont de la même cou- leur que les opercules; les ély très sont transparentes avec les nervures brunes, et quatre taches de la même couleur vers l'extrémité. Elle se trouve dans les déparî!emens méridionaux de la France. Elle n'est pas aussi commune que les grandes DES CIGALES. l4l espèces. Selon le citoyen Olivier , son cliant est comme enroué , et ne se fait pas entendre de loin. On la trouve sur les arbres. Elle habite aussi le midi de l'Europe. La Cigale de l'Orme , Cicada XJlmu Elle a environ deux pouces depuis I» tê te j Lisqu'à l'extrémité des él)''tres ; la tète est d'un jaune fauve -, la lèvre est de la même couleur , avec une ligne noire au milieu ; les yeux sont d'un gris jaunâtre ; le corselet est d'un jaune fauve ; le dos luisant, testacé avec une tache circulaire noire sur le milieu ; l'écusson est applati, de la figure d'un X , labdomen testacé , avec l'extrémité des anneaux brune \ les opercules sont tes» tacés de même que les pattes ; les cuisses antérieures sont renflées , armées d'une épine assez forte; les élytresetles ailes sont transparentes , avec les nervure&et l4ia HISTOIRE NATURELLE le bord extérieur des élytres d'un brun jaunâtre. L'endroit où on trouve cette espèce ne nous est pas connu. La Cigale plébéienne , Cicada plebela» Cette cigale est la plus grande de celles qui se trouvent en Europe ; la tête est noire , avec quelques petites taches jau- nes ; les yeux sont jaunes ; le corselet est noir , avec une ligne longitudinale sur le milieu , quelques taclies sur les côtés, et le bord postérieur jaune ; le dos est noir; l'écusson jaune, avec deux taches de la même couleur au-dessous; l'abdomen est noir en dessus , testagc en dessous ; les opercules sont grands , testacés ; les pattes sont de la même couleur; les cuisses ont un peu de noir; les élytres et les ailes sont transparen- tes , noirâtres à leur origine , avec les nervures de la base rougeâties, et deux; DES CIGALES. l4.^ petites taches jaunâtres peu apparentes. Le cliant de cette espèce est très-fort et très-aigu. On la trouve dans les dé- parte mens méridionaux de la France , et au midi de l'Europe , sur les arbres. n La Cigale sinuée,' C/cac?a rependa» Elle a environ un pouce de longueur ; elle est fauve ou d'un brun jaunâtre ; elle a sur la tête et le corselet une ligne noire et plusieurs petites taches de la même couleur ; les opercules sont très-grands ; l'abdomen est noir en dessus; les élytres et les ailes sont fauves, transparentes le long du bord postérieur ; auprès de ce même bord , est une suite de taches ovales transparentes ; les élytres ont une tache semblable à leur bord extérieur , avec une ligne transversale ondée brune sur le milieu. Elle habite les Indes, l44 HISTOIRE NATURELLE La Cigale réticulée, Cicada reti- culata» Cette espèce est une des petites de ce genre ; elle est d'un brun jaunâtre ; sa tête est très-courte, tronquée antérieu- rement , de la largeur du corselet , qui la couvre en partie -, les yeux à réseau sont grands et saillans. Degéer n'a re- marqué que deux petits yeux lisses sur la tête ; le corselet est convexe , garni d'une infinité de points concaves , et d'une éminence angulaire de chaque côté , avec une raie blanche sur le mi- lieu j l'écusson est long , triangulaire de couleur fauve ; les élytres sont ovales , courtes, arrondies à l'extrémité , à-peu- près d'égale largeur dans toute leur lon- gueur , avec des nervures blanches qui forment des mailles ; les ailes sont blan- ches et transparentes j les jambes des pattes posténeures ont trois taches noires. DES CIGALES. l45 On la trouve à Surinam. Le cito) en Olivier croit que cette espèce pourroit bien appartenir à un autre genre. c La Cigale cotonneuse , Cicada toTnentosa. Cette espèce est connue sous le nom de cigalon dans les départemens méri- dionaux de la France ; elle est noire , couverte, clans plusieurs endroits, d'un léger duvet cendré , un peu soyeux ; la tête est noire , les yeux sont bruns ; le corselet a des taches jaunâtres à sa partie antérieure , et son bord postérieur est de même couleur ; les côtés du dos et récusson sont jaunâtres j les élytres et les ailes sont transparentes, sans taches; les élytres ont leurs nervures verdà- très ; l'abdomen est d'un jaune testacé , couvert d'un duvet cendré ; les pattes sont jaunâtres ; les cuisses antérieures sont renflées et armées de deux dents. Cette cigale a un chant aigu , quoi- lasectes.lV. i3 l46 HISTOIRE NATURELLE que foible : elle se trouve dans les liaies, «ur les arbustes. On la trouve dans les dëpartemens méridionaux de la France. La Cigale nébuleuse , Cicada nehulosa. La tète est noire , les yeux sont gris , le corselet est noir, les élytres et les aile* sont nébuleuses , avec les bords posté- rieurs transparens ; l'abdomen , le des- sous du corps et les pattes, testacés noi- râtres. Elle habite le Cap de Bonne -Espé- rance. La Cigale velue, Cicada villosa. Le front est vert, avec une raie trans- versale noire ; le corselet est vert , mé- langé de noir ; l'écusson est noir , avec ipatre lignes jaunes \ les élytres et le& ailes sont transparentes , avec les lier- DES CIGALES. 14; vures noires , et deux ou trois point* blancs. Elle habite le Cap de Bonne-Espe- rance. Q La Cigale noircie^ Cicada atrata. Elle est noire ; les élytres et les ailes sont blanchâtres, noires à leur base, avec les nervures testacées ; le bord de l'abdomen , et celui du dernier anneau, sont teslacés. On la trouve en Chine, 248 HISTOIRE NATURELLE L^ GENRE. TETTIGONE. Caractères génériques. Antennes très-cour- tes , minces , subulées , posées devant les yeux ; premier article globuleux , les autresà peine distincts. — Trompe courte, recourbée, composée de trois articles, renfermant trois soies. — Trois articles aux tarses, — Deux petits yeux lisses. liEs tettigones diffèrent des grandes cigales jen ce qu'elles ne chantent point j elles en diffèrent encore par les anten- nes : celles des cigales sont composées de cinq articles ; celles des tettigones n'en ont que trois , dont le premier est gros et court; les deux autres sont à peine distincts , et paroissent être une seule soie qui sert de premier article ; elles sont , comme celles des cigales , placées entre les yeux. Xiû tête est presque triangulaire , uu DES TETTIGOKES. 1 49 peu moins large que le corselet contre lequel elle est appliquée -, les yeux sont saillans , entiers, posés de chaque coté de la tête j sur la partie antérieure de la tête sont placés les deux petits yeux lisses ; la trompe est recourbée sous la poitrine, lorsque l'insecte n'en lait point usage. Le corselet est grand, l'écusson trian- gulaire. L'abdomen est conique : celui des femelles est terminé par deux lames qui renferment la scie ou tarière, qui pro- bablement sert à entailler les plantes ou ces femelles déposent leurs œufs. Les pattes sont de longueur moyenne *, les jambes postérieures de quelques es- pèces sont plus ou moins épineuses. Les élytres sont presque écailleuses , souvent colorées , beaucoup plus lon- gues que l'abdomen-, les ailes sont trans- parentes , presque sans couleur ; elle's forment avec les élytres un toit élevé au-dessus de i' abdomen. l5o HISTOIRE NATURELLE Les larves des tettigones ont six pat- tes : on en voit quelquefois sur les plan- tes. Quelques-unes ont la proprie'té sin- gulière de répandre par l'anus et les pores de leur corps, des bulles qui , en se réunissant , forment une espèce d'e'c Li- me , sous laquelle la larve est cache'e. Cette ëcume est vraisemblablement des- tine'e à garantir la larve des intempe'- ries de l'air , et à la cacher à ses enne- mis. Si on ôtc la larve de dessous cette liqueur mousseuse , elle ne tarde pas à en reproduire une nouvelle , pour se mettre à l'abri. D'autres larves courent sur les plantes : elles sont très-agiles , et sautent avec beaucoup de légèreté. Ces larves se changent en nymphes , qui ne diffèrent des larves qu'en ce qu'elles n'ont que des rudimens d'ailes : elles courent de même sur les plantes. Parvenues à l'époque où elles doivent se métamorphoser, elles se débarrassent de l'enveloppe de nymphe de la même manière que beaucoup d'autres insectes^ J^aç- lài. To/n . ir. ft Jfeunier del. J^eteSier tfcu^ ^\. Te< . à iaclies routes ^4 --i • P"^ • ^^ l'Onnc . -^ a.Tet.a e'ciiuie . ^ S ■ ■ Tlir. de l'OiMue . 3 Ps. diL Fio-ULer 6 . . Ker.F divpedt Cliène DES TETTIGONES. l5l et passent à l'état parfait. Les tettigo- nes marclient et sautent assez vivement. Ce genre est composé de près de qua- tre-vingts espèces : on en trouve beau- cou j) aux environs de Paris. Nous ferons la description de celles qui offrent le plus d'intérêt par leur couleur ou leurs habitudes. ^ Lia Tettigone à taches rouges , Tettigonia sanguinolenta* Elle est d'un noir luisant : les élytres ont trois grandes taches d'un rouge fon- cé , une à la base , vuie sur le milieu , l'autre vers l'extrémité ; les ailes sont transparentes , noirâtres , lavées d'un peu de rouge ; les jambes des pattes postérieures sont armées de deux épines assez fortes. On la trouve en Europe sur le saule et le gramen ; elle est assez rare aux environs de Paris. Elle saute peu : on la prend facilement. ï52 HISTOIRE NATURELLE C? La Tettigorie à quatre bandes , [Tettigonia qiiadrifasciata. Elle a environ six lignes de longueur; elle est d'un beau jaune orangé ; la tête est ronde et grosse , avec une ligne trans- versale noire à sa partie postérieure ; les élytrcs sont jaunes, avec trois ban- des transversales noires , la première à la base ; la seconde sur le milieu , et la troisième à l'extrémité 5 les ailes sont fcrunes. Ou la trouve à Surinam. Ô La Tettigone à deux bandes , Tettigonia hifasciata» Elle est à-peu-près de la grandeur de la précédente ; la tête est d'un brun noi- râtre en dessus , jaune en dessous ; le dessous du corselet est d'un gris jau- nâtre : il a en dessus ime bande blanche ; les élytres son arrondies à l'extrémité , de couleur brune , avec deux bandes DES TETTIGONES. l53 transversales blancîics ; les pattes sont noires , les cuisses d'un brun jaunâtre. On la trouve en Europe sur les plantes. ■^ La Tettigone à écume, Tettlgonla spumaria. Cette espèce est une des plus grandes de celles qu'on trouve aux environs de Paris : elle est de couleur brune , quel- quefois un peu verdâtre ; la tête , le corselet et les ëlytres sont pointillés : on voit sur ces dernières , deux grandes taclies d'un blanc jaunâtre, placées le long du bord extérieur , Tune vers le milieu , Fautre près de l'extrémité •, Iq dessous du corps est d'un jaune fauve. Sa larve vit sur les plantes : elle se tient ordinairement sur une feuille , cachée sous une espèce d'écume pro- duite par de petites bulles qu'elle rend par l'anus et les pores de son corps. Cette mousse ressemble à de la salive : on en voit souvent sur les feuilles dans l54 HISTOIRE NATURELLE les prairies. Si on Fôte de dessus la lar- ve , elle en produit bientôt d'autres ; mais selon Degéer, ce n'est qu'après avoir sucé en assez grande quantité le suc des plantes qu'elle peut fournir assez abondamment cette liqueur mous- seuse , sous laquelle elle subit toutes ses métamorphoses , et n'en sort qu'après avoir quitté sa dépouille de nymphe. On commence à trouver cette écume sur les feuilles, vers le milieu du prin- temps ; les larves y sont quelquefois rassemblées au nombre de six ou huit. Il paroît que les œufs passent l'hiver sur les branches et les tiges des plantes où la femelle les a déposés en automne. Ces larves ont pour ennemie une petite espèce de guêpe qu'on voit fondre sur les masses d'écume , en tirer les larves ou les nymphes, et s'envoler avec elles. On la trouve en Europe : elle est com- mune à la fin de l'été et au commen- cement de l'automne , aux environs do Paris. DES TETTIGONES. l55 La Tettigoiie slriée, Tetligonia s triât a. Elle a environ une ligne et demie de longueur ; la tête est d'un vert pâle , avec six points noirs ; le corselet est de la même couleur, avec quelques points noirs souvent peu marques j on en voit deux sur l'écusson très-distincts en- tourés d'un cercle pâle -, les élytres ont des raies obliques alternativement noi- râtres etblancbâtres; le dessous du corps est brun \ les pattes sont noires ou pâles. Elle babite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. '■^ La Tettigone rouge , Tettlgonia rubra» Cette jolie espèce a environ cinq li- gnes de longueur ; tout le corps et les pattes sont d'un rouge fonce luisant ; la tête est grosse , triangulaire ', les yeux i^ont saillans \ les petits yeux lisses trè^» • o l56 HISTOIRE NATURELLE brillans j le corselet est convexe; il a de chaque côté mie pointe mousse sail- lante, et son rebord est un peu élevé ; l'écusson est long, triangulaire, ses re- bords sont tranchant , un peu relevés ; les élytres sont de forme ovale , assez larges , arrondies à l'extrémité , d'un brun noirâtre, avec deux bandes trans- versales jaunes -, les ailes sont un peu transparentes , d'un brun clair. On la trouve à Surinam. La Tettigone à tête jaune, Tettl- gonia leucocepliala. Elle a environ deux lignes et demie de longueur : la tête et le devant du corselet sont d'un jaune pâle j le der-- rière du corselet et l'écusson brun, mé- langé de jaune -, les élytres sont brunes, bordées de jaune j le dessous du corps est jaunâtre. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. DES TETTIGONES. 15/ Q La Telligone à bordure , Tettigo^ nia lateralis. Elle a environ trois lignes de lon- gueur ; elle est noire ; les jeux sont blanchâtres ; les ëlytres ont une large bordure blanche -, le dessous du corps est blanc , avec un peu de noir vers le milieu. On la trouve en Europe dans les prai- ries. 0 LaTetligoneduSaule, Tettigonia Salicina, La tête est d'un gris verdâtre, sans ta- ches, lesyeux sont noirs, lespetits jexjcsi lisses, roses; le corselet et les ëlytres sont de même couleur que la tête, fine- ment pointillés \ les ailes sont transpa- rentes , vitrées ; le dessous du corps est d'un brun obscur ; les pattes d'un jaune foncé. Insectes. IV. i4 l58 HISTOIRE NATURELLE Cette espèce est très-vive , et saute fort loin. Sous la forme de larve et de nymphe , elle vit comme celle de la tettigone à écume à laquelle elle ressemble : on la trouve sur le saule , cache'e sous de grosses plaques d'écume blanche qu'elle tire des jeunes pousses de cet arbre. Elle habite l'Europe. ^^ La Tettigone ver le _, Tettigonla vlridis* La tête est jaune , avec quelques points noirs en dessus et sur les côtes -, le corselet est jaune ante'rieuremeiit , vert postérieurement ; l'écusson est jaune; les élytres sont vertes , transpa- rentes le long du bord extérieur et à l'extrémité ; tout le dessous du corps et les pattes sont jaunes ; les jambes postérieures sont garnies , dans toute leur longueur, d'épines très-fines. On la trouve aux environs de Paris. DES TETTIGONES. lOg La Telligone à ligues interrom- pue^^ Tettigoîiia interrupta, La tête est jaune avec plusieurs taches noires en dessus -, les yeux sont noirs ; le corselet est noir, bordé de jaune, avec une ligne longitudinale jaune sur le mi- lieu ; les élytres sont jaunes , avec deux lignes obliques noires, dont l'une prend naissance à la base, et l'autre vers le milieu; elles s'étendent jusqu'à l'extré- mité des élytres *, l'abdomen est jaune en dessus et en dessous, avec quelques ta- ches brunes • les pattes sont jaunes -, les jambes postérieures sont armées d'épi- nes fines dans toute leur longueur. Elle habite l'Europe ) on la trouve aux environs de Paris. La Teltigone de l'Orme, Tetti- gonia Uhni, Elle est très-petite , d'un vert jau- nâtre; l'extrémité des élytres est brune. l6o HISTOIRE NATURELLE vue à un certain jour elle paroît dorée ; les ailes sont blanclies j Tabdomen est noirâtre. On la trouve en été et pendant toute la belle saison sous les feuilles de l'orme, dont elle tire le suc avec sa trompe. Elle est très-commune aux environs de Paris. La Tettigone du Rosier, Tettigo- nia Rosœ, Elle est de la grandeur de la préci- dente, elle est entièrement d'un jaune- verdâtre ; l'extrémité des élytres est transparente, vitrée. Elle court et saute avec la plus grande vivacité ; la larve et la nymphe ressem- blent à celles de la précédente ; on en trouve en quantité sur les feuilles du rosier , du groseiller et du tilleul. Elle est très-commune aux environs de Paris. DES TETTIGONES. iGl La Tetligone à collier, Tettlgonia collaris. La tête est d'un jaune fauve , les an- tennes sont très-longues-, le corselet est d'nn jaune fauve , avec une bande trans- versale d'un rouge pâle à sa partie pos- térieure -, les ëlyfcres sont fauves , les ailes blanclies et transparentes; le corps est d'un jaune fauve en dessus et en dessous. On la trouve à Surinam. La Tettigone du Châtaignier , K.Q Tettlgonia Castanece. Elle a environ deux lignes ; elle est d'un brun noir luisant ; ses yeux ne sont point saillans ; elle a sur Tëcusson quelques points enfoncés. On la trouve aux environs de Paris sur le châtaignier j elle est très-difficile à attraper. l62 HISTOIRE NAïUllELLE LaTetligone à trois bandesbrunes, Tettigonia tristriata. Elle a une ligne de longueur ; la tète, le corselet et l'écusson sont d'un brun jaunâtre, avec des points noirs j les oly- tres sont blanches , transparentes , avec trois bandes transversales brunes et les nervures d'un brun pâle. Elle habite l'Europe j on la trouve aux environs de Paris. L r GENRE. P S Y L L E. Caractères génériques. Antennes cylindri- ques ; onze articles égaux. — Trompe re- courbée , naissant entre la première et la seconde paire de pattes. — Deux arti- cles aux tarses. — Trois petits yeux lisses. Les psylles sont de petits insectes ^ont les antennes sont longues ; minces , DES FSYLLHS. l65 composées de onze articles peu dis- tincts. Elles ont la tête large, courte ; le front bifide; les yeux saillans -, les petits yeux lisses sont places sur le derrière de la tête. L'abdomen est un peu conique. Les ailes sont membraneuses , vei- nées , grandes, posées en toit sur le corps. Les pattes sont de moyenne lon- gueur , les postérieures ont un mouve- jnent qui donne à l'insecte la faculté de sauter. Les psylles viennent de larves à six pattes , dont la forme est alongée -, elles se changent en nymphes , qui ne difiPè- rent des larves que par deux boutons applatis ; placés de chaque côté du cor- selet, ces boutons renferment les ailes que doit avoir l'insecte parfait-, ce qui donne à ces nymphes une forme sin- gulière. On trouve les larves et les nymphes sur les feuilles dont elles se l64 HISTOIRE NATURELLE nourrissent. Pour subir sa dernière mo- tamorpliose , la nymplie s'attache sous une feuille où elle reste immobile jus- qu'à ce qu'elle soit parvenue à quitter son enveloppe. Les femelles sont pourvues d'une tarière , dont elles se servent pour percer les feuilles des plantes où elles déposent leurs œufs. On trouve sou- vent aux sommités des brandies du sapin des tubérosités écailleuses, pro- duites par l'extra vasation des sucs que causent les piqûres de ces insectes. Les larves qui sortent des œufs qui y sont déposés croissent dans les cellules dont ces tubérosités sont remplies. Les feuil- les du pin en nourrissent une espèce qui n'est pas aussi bien renfermée que celle-ci , elle est seulement couverte d'un duvet blanc qui sort de dessus son corps. Les feuilles du buis servent aussi de nourriture et de logement à une autre espèce qui se trouve dans des feuilles courbées ; dont la courbure est DES PSYLLES. l65 occasiomiëe par les piqûres de ces in- sectes. Les larves et les nymphes de cette espèce et de quelques autres , ren- dent par l'anus une matière blanche , sucrée, à laquelle le citoyen Geoffroy a trouvé une sorte de ressemblance avec la manne. Souvent ces insectes ont au derrière un filet de cette matière, et on en voit de petits grains dans les feuilles qu'ils ont habitées. Ce genre est peu nombreux : nous allons passer à la description de quel- ques espèces. La Psylle du Figuier, Psylla Ficus, Cette espèce est la plus grande de ce genre , elle a environ deux lignes ; ses antennes sont brunes, grosses, velues, plus longues que le corselet; elle est brune en dessuis , verdàtre en dessous ; ses ailes sont transparentes avec des nervures brunes ; elles sont beaucoup l66 HISTOIRE NATURELLE plus longues que l'abdomen , au-dessus duquel elles forment un toit aigu ; les pattes sont jaunâtres. Sa larve vit sur le figuier, elle est verte; sa tête est cachée sous le corse- let, elle est munie d'une trompe lon- gue dont elle se sert pour piquer et su- cer les feuilles; son corps est applati j sur les côtés de la poitrine de la nym- plie sont deux appendices qui renfer- ment les ailes que doit avoir l'insecte parfait ; parvenue à l'époque où elle doit se métamorphoser , la nymphe s'at- tache à une feuille, y reste immobile pendant plusieurs jours avant de deve- nir insecte parfait. Cette dernière mé- tamorphose s'opère à la fin du prin- temps ou au commencement de l'été : on trouve cet insecte sur le figuier en très-grande quantité. DES PSYLLES. lOy La Psylle du Buis, Psylla Buxus» Elle est à-pen-près de la grandeur de la précédente -, elle est verte , le cor- selet a quelques taches rouges \ les ailes sont d'un roux pale , beaucoup plus lon- gues que l'abdomen, au-dessus duquel elles forment un toit aigu ; la tarière de la femelle est grosse et assez longue. La larve vit dans les feuilles conca- ves qu'on trouve à l'extrémité des bran- dies du buis et des arbres verts. Sou- vent ces larves sont réunies au nombre d'une vingtaine, dans un duvet blanc j dans leur jeunesse elles sontrougeàtres; en vieillissant elles deviennent jaunes, elles ont la tête , les antennes et les pat- tes noires; les nymphes sont vertes.elles ont les fourreaux des ailes rouges. On les trouve aux environs de Paris sur les buis et les arbres verts. l68 HISTOIRE NATURELLE LaPsylle du Sapin, PsyllaAhietis, Elle a une ligne et demie de lon- gueur ; elle est de couleur jaunâtre , avec les yeux bruns -, ses ailes sont trans- parentes; vues à un certain jour elles ont un reflet plombé. La larve vit dans des tubérosités qui se forment à l'extre'mité des branches du sapin , qui sont produites par des pi- qûres que la femelle y fait pour déposer ses œufs ; ces larves sont dans les cel- lules dont chaque tubérosité est rem- plie , enveloppées dans un duvet blanc qui leur sort de l'anus. L'insecte par- fait saute et vole très-bien. On la trouve en Europe. La Psylle des pierres , Psylla lapidiun. Elle a un peu plus d'une ligne de longueur j les ajiitenues sont très-fines , DES P S YLL E S. 1% plus longues que le corps -, elle est brune, avec quelques points noirs ; les ailes sont plus longues que l'abdomen , elles sont transparentes avec les nervures noires et plusieurs taches brunes -, les pattes sont très -longues, de couleur brune. La larve vit sur le lichen des pierres, elle ne diffère de l'insecte parfait que par le défaut d'ailes. On trouve l'une et l'autre en très-grande quantité pen- dant l^automne sur les vieux murs. Elle habite l'Europe ; elle est très- commune aux environs de Paris. Insectes. IV. i5 170 HISTOIRE NATURELLE LIT G E N Pl E. PUCERON. Caractères génériques > Antennes aVi^ormcSf de la longueur du corselet ; sept articles, dont le premier plus grand, le dernier plus petit. — Trompe cachée dans une fente longitudinale. — Deux articles aux tarses, dont le dernier forme une espèce de vésicule. — Deux petits yeux lisses. Les pucerons ont les antennes lon- gues , quelquefois ils les portent cou- chëes sur leur dos; elles sont placées à la partie antérieure de la tête au- dessus des yeux •, ils ont la tête posée verticalement. Leur trompe est lon- gue , courbée sous le corps , souvent couverte à sa base par une espèce de sty- let qui part de la tête -, elle prend nais- sance entre la première paire de pattes. Ils ont le corps gros , court , l'abdo- men ovale , avec deux petites pointes DES PUCERONS. 171 ou deux tubercules écartées l'une de l'autre , placées de chaque côté de l'ex- ;frémité de l'abdoinen. Leurs élytres et leurs ailes sont mem- braneuses, transparentes, grandes, éle- vées en toit aigu au-dessus du corps. Ils ont les pattes longues et minces. Les pucerons sont de petits insectes qu'on trouve communément réunis en très-grande quantité sur presque toutes les plantes; ils sont lourds, marchent peu ; on en voit d'immobiles former des masses sur des tiges ou sur des feuilles. Les plus célèbres Naturalistes ont écrit l'histoire de ces insectes, qui offrent des singularités dignes de fixer l'attention. La première , celle qu'on remarque sans observations suivies , c'est que parmi des pucerons de la même espèce on trouve des femelles ailées et sans ailes ; ces dernières , qu'on pour- voit prendre pour des nymphes, sont des insectes parfaits en état de se re- produire de même que les femelles 172 HISTOIRE NATURELLE ailées. Une des autres singularités cle ces insectes, c'est que pendant un cer- tain temps de l'année ces deux sortes de femelles mettent au jour des petits vivans, et pendant un autre elles pon- dent des œufs de forme oblongue , qui paroissent destinés à perpétuer l'espèce qui périt pendant l'hiver. Ces femelles s'accouplent en automne , et c'est après leur accouplement qu'elles sont ovipa- res; pendant tout Tété elles sont vivi- pares Les petitsauxquels la mère donne naissance sortent de son corps le der- rière le premier,les femelles ailéeset cel- les sans ailes produisent également des petits qui deviennent ailés, et d'autres qui n'auront jamais d'ailes. Ces femel- les sont très-fécondes; elles font quinze à vingt petits dans la journée sans que leur ventre paroisse moins gros. Si on les écrase doucement, on ne fait sortir de leur corps que deux ou trois petits prêts à naître ; mais on en voit des cen- taines à la file les uns des autres ; dont DES PUCERONS. lyS la plupart n'ont encore que la forme d'œufs. La troisième singularité de ces in- sectes , celle qui étonne le plus et qui les a fait observer avec la plus grande attention par Bonnet, Réaumur et Lyo- net, c'est qu'ils peuvent se reproduire sans s'être accouplés; et il paroit qu'un seul accouplement suffît pour féconder des femelles pendant plusieurs généra- tions. Les observateurs que nous avons cités ont pris des petits en sortant du ventre de la mère , les ont élevés dans la plus parfaite solitude, et les ont vus en faire d'autres qui , ensuite élevés séparément et successivement, ont été féconds pendant plusieurs générations sans avoir eu de communication avec aucun individu de leur espèce. Bonnet, qui est celui qui a le plus observé ces insectes , a vu neuf générations succes- sives de cette sorte en trois mois. Quoi- qu'il paroisse extraordinaire qu'il y ait dans la nature des animaux en état do 174 HISTOIRE NATURELLE se reproduire sans le concours d'un autre individu , on ne peut cependant douter de ce fait, qui est attesté par tant d'observateurs dignes d'être crus. Des que les pucerons sont nés , ils marchent et vont chercher sur la plante un endroit pour s'y fixer et la sucer ; comme ils aiment à vivre en société , c'est toujours auprès d'un avitre puce- ron qu'ils se placent. Ils restent envi- ron douze jours sous la forme de nym- phe , qui ressemble entièrement à la femelle aptère ; pendant ce temps ils changent quatre fois de peau, et sont en état de se perpétuer après avoir quitté la dernière : on distingue parmi les nym- phes celles qui , sous leur dernière for- me , doivent avoir des ailes ; elles ont de chaque côté du corps des fourreaux dans lesquels ks ailes sont renfermées. Les pucerons , comme nous l'avons dit , sont rassemblés en grand nombre sur les feuilles et les tiges des arbres j ils paroissent être dans l'inaction ; mais DES PUCERONS. 1 76 ils sont occupés à tirer le snc de la plante avec la trompe dont ils sont pourvus. On en voit sur les feuilles du sycomore qu'on prendroit pour des œufs ; ils y forment des couches pres- que concentriques ; toutes les têtes sont tournées \ers une esj)èce de centre, in- clinées vers la surface de la feuille où. leur trompe est appliquée. Souvent ils causent des altérations très-considéra- bles aux feuilles, même aux tiges des plantes et des arbres par les piqûres qu'ils y font avec leur trompe. Ceux qui vivent sur le tilleul s'attachent aux jeunes pousses, sur lesquelles les petits s'arrangent à mesure qu'ils naissent, ils se placent à la file les uns des autres sur un des côtés du jet, font prendre à la nouvelle tige différentes courbures , et se logent dans les calâtes qu'elle forme. On voit souvent sur les groseillers et les pommiers des feuilles couvertes de tubérosités -, ce sont les pucerons qui les fout naître. Siu' les feviilles de l'orme- 176 HISTOIHE NATURELLE et sur celles de plusieurs plantes , ils produisent des vessies ou espèces de galles creuses -, celles de l'orme sont communément de la grosseur d'une noix , quelquefois aussi grosses que le poing ; si on ouvre ces vessies , on les trouve remplies de pucerons ; peu de temps après leur formation elles sont habitées les unes par une mère seule , les autres par une mère et quelques pe- tits. Ces galles , qui n'ont alors que quelques lignes, augmentent de volume à mesure que la famille s'accroît. Nous avons vu que des femelles de dipîolèpes et de quelques autres insectes , font des piqûres sur les jeanes tiges des plantes pour y déposer leurs œufs , que ces œufs y font naître des galles ; mais ici ce sont les mères qui les produisent, et qui s'y trouvent enfermées avec leur nom- breuse famille. Les pucerons de presque toutes les espèces sont plus on moins couverts d'un duvet cotonneux) ceux qui vivent DES PUCERONS. 'i.']f sur le cliou et snr le prunier n'ont que très-peu de cette matière qui ressem- ble à de la farine^ ceux des vessies de l'orme en sont entièrement couverts. Cette même matière se trouve sur ceux du peuplier , sous la forme de filets co- tonneux , et donne à ces insectes une fisure bizarre; mais elle ne se trouve sur aucun en aussi grande quantité que sur les pucerons du hêtre -, chaque puceron ressemble à un petit paquet de fil ex- trêmement fin et très-blanc-, ces fils ont quelquefois un pouce de longueur, ils sont flottans sur le corps de l'insecte, qu'ils couvrent de manière qu'il fautexa- niiner cette masse de très-près pour de'- couvrir l'insecte dessous. Cette matière tient très-peu au corps des pucerons ; si Ton touche à ceux du hêtre ils se mettent aussi-tôt à marcher , peu à peu la matière cotonneuse se détache , et laisse presqu'entièrement leur corps à découvert. Les petits de cette espèce n'ont souvent qu'un léger duvet de la Î7"8 IIISTOIKK NATl/JU^LLE longueur (l'une demi-Ii^ne , et ceux qui viennent de changer de peau n'en ont pas (In tout. Par-tout oii Pontrouvfî des pucerons, on est pre.sque sîir de trouver des l'our- mis : celles-ci les suivent , non pour les d(3Vorer, comme Leuwcnlio«"k f*t (juel- <]uos autres Naturalistes l'ont cru , ni pour les prot(5ger contre leurs ennemis, comme le dit Goëdaert, qui a cru voir Jes fourmis caresser les pucerons; mais c'est par gourmandise. Les pucerons rendent par rextr(;mit(; du corps et par les deux cornes qu'ils ont à l'abdomen, des gouttes d'une eau mielleuse dont l(;s fourmis sont tiùs-Oiandes, comme elles le sont de toute liqueur sucrtic. Ainsi le pr(itendu attachement des fourmis pour les pucerons n'est pas aussi d(isin- tcress(3 que Goëdaert le suppose, et c'est parce qu'elles trouvent auprès d'eux de quoi satisl'aire leur goût, qu'(^nles ren- contre dans l(\s mêmes lieux. Les puce- rons rendent une assez grande quantité DES PUCERONS. 179 de cette liqueur : les •vessies des feuil- les de l'orme , et les tube'rosilés des feuilles du groseiller , en contiennent des gouttes de la grosseur d'un pois : en sortant du cfjrps de l'insecte , elle est très- transparente et limpide ; mais elle s'épaissit à l'air. Réaumur , qui a goûté cette liqueur , l'a trouvée aussi douce que le miel , et d'un goût plu» agréable. Les pucerons sont très -nombreux ; mais ils le seroient encore davantage sans des ennemis terribles qui les dé- vorent chaque jour par centaine. Nou« avons d(;jà parlé des larves des hémero- bes qui en détruisent une grande quan- tité. Il y a encore la larve d'une espèce de mouche qui ne les épargne pas plus que celles-ci. Ces larves carnassières , en suivant leur inclination, délivrent les cultivateurs d'un fléau •, car si les })Ucerons , qui sont si féconds et qui sont déjà en si grand nombre sur les plantes, ne servoient de nourriture i ces larves, l8o HISTOIRE NATURELLE ils se niultiplieroient à un tel point , qu'ils finiroient par dessécher les plan- tes qu'ils rendent difformes ; et quoi- que leurs piqûres soient légères , elles sont si multipliées , qu'elles font beau- coup de tort aux plantes sur lesquelles ils s'attachent. On a décrit près de soixante espèces de pucerons , et on peut croire que tous ne le sont pas. Ces insectes^ dont la cou- leur approche assez souvent de celle de la plantQ.^ échappent à la vue de l'ob- servateur. Quoi qu'il en soit , nous ne devons pas désirer qu'il y en ait davan- tage. Nous en décrirons quelques es- pèces. liC Puceron de l'Orme , Aphis JJlmu Ses antennes sont assez grosses ; il a le corps alongé , de couleur brune , cou- vert d'une poussière blanche farineuse ; ses ailes sont très - longues ; transpa- 13 E s PUCERONS* l8l rentes , avec une petite tache brune vers le milieu du bord extérieur ) les cornes de l'abdomen sont courtes. On trouve ce puceron en grande quantité sur les feuilles de l'orme , ren- fermé dans une vessie , ou espèce de galle creuse , de forme ronde , ordinai- rement de là grosseur d'une noix, quel- quefois plus grosse , attachée à lafeuiUe par un pédicule très - court. Elle est produite par l'extravasation des sucs de la feuille piquée par ces puceipns. Les petits sont de^ couleur verdâtre dans leur jeunesse , et ensuite deviennent bruns. On le trouve aux environs de Paris* Le Puceron du Frêne , Apliis Fraxini, Ses antennes sont annelées de noir et de vert pâle ; la tête et le corselet du mâle sont noirs ; l'abdomen est vert , avec quelques anneaux noirs ) les ailes Insectes. IY« lô l82 HISTOIRE NATURELLE sont grandes et transparentes ; les pattes annelées de noir et de vert pâle \ les cornes sont très-apparentes j la femelle est entièrement noire. On le trouve sur le frêne. Le Puceron du Hêtre , Apliis Fagi. Il est vert , entièrement couvert d'ua duvet blanc cotonneux , quelquefois long d'un pouce , lorsque l'insecte est âgé , très-court sur les jeunes. Ce duvet tient peu au corps : le plus léger frot- tement l'enlève. On le trouve sur le frêne. Le Puceron du Peuplier, Aphis Populi. Il est de couleur verte , entièrement couvert d'un duvet cotonneux , moin» long que celui du précédent. On 1© trouve ©n quantité sur le« Dr:s PUCERONS. i83 feuilles du peuplier noir , renfermé clans une feuille pliée en deux , qui forme une vessie. Chaque feuille est en outre couverte de tubérosites de cou- leur rouiieàtre. O" Le Puceron du Sureau , Aphis Sanibiicù Il est entièrement d'un bleu noirâ- tre , quelquefois il est en si grande quantité sur le sureau , que les feuilles et les tiges en sont couvertes. Le Puceron du Chêne , Apliis Roboris, Il est assez gros , d'un brun noirâtre; ses pattes sont très-longues ; les anté- rieures sont d'un briin jaunâtre; ses cornes sont très-courtes. On le trouve sur le chêne. l84 HISTOIRE NATURELLE Le Puceron dei'Erable, Aplils Aceris. Ses antennes sont longues et minces \ sa tête est verte , noire sur le milieu , le corselet est noir ; l'abdomen est vert , avec une grande tache brune sur le milieu , et quelques tubercules sur sa partie postérieure ; ses cornes sont peu apparentes. On le trouve sur les feuilles de l'c- rable. Le Puceron du Laiteron , Apliis Sonclii, n est d'un vert mat ou bronzé , ou peut-être ceux qu'on rencontre ensem- ble de ces deux couleurs sont d'espèces différentes. Ce qui porte à le croire , c'est que les femelles bronzées font des petits de cette cx)uleur , et les femelles vertes n'en font que des verts. Ce que DES PUCERONS. l85 cette espèce a de plus remarquable , c'est qu'outre les deux cornes qu'on trouve sur l'abdomen de la plus grande partie des pucerons , elle a une espèce de queue entre ces deux cornes , qui est recourbe'e en haut. On le trouve sur le laiteron. Le Puceron du Tilleul , Apliis Tilliœ* Ses antennes sont annele'es de noir et de blanc ; le corps est alongë , ver- dàtre ; il a, de cbaque côté au corselet, une tache noire, et sur l'abdomen qua- tre rangées de points noirs. Les ailes sont grandes, transparentes^ avec quel- ques taches noires à l'extrémité ; les pattes sont annelées de noir et de blanc. On le trouve en quantité caché dans des cavités qu'on voit sur les jeunes pousses du tilleul ; ces cavités sont pro^ duites par les piqûres de ces insectes. lS6 HISTOIRE NATURELLE TiC Puceron des écorces, ^phis quercus. Il est très-petit , entièrement d'un brun roux ; mais ce que cet insecte a de singulier , c'est sa trompe qui est trois fois plus longue que son corps ; il la porte sous son ventre , et son ex- trémité est recourbée vers le dos \ il la racco lU'cit et l'alonge à volonté ; il s'en sert pour piquer l'écorce des arbres , danslaquelle elle tient si bien, que lors- qu'on l'enlève de dessus l'écorce , on en- traîne avec lui un petit fragment de bois. Ce puceron n'a point de cornes. On le trouve sur l'écorce du chêne. DES THRIPS. l8f L I I r GENRE. THRIPS. Caractères génériques. AntennesfiVi£ormes, de la longueur du corselet , composées de sept articles, dontle premier plus grand, le dernier plus petit. — Trompe cachée dans une fente longitudinale. — Peux ar- ticles aux tarses , dont le dernier forme une espèce de vésicule. — Deux petits yeux lisses. Les trips ont les antennes de la lon- genr du corselet , placées au-devant de la tête , rapprochées à leur base ; les ar- ticles sont distincts. Ils ont la tête arrondie , de la longueur du corselet , mais moins large -, la bou- che est en forme de bec ; les yeux asse^ gros, sphëriques ; les petits yeux lisses , placés à la partie supérieure de la tête. Leur corselet est cylindrique ; l'ab- domen alongé, étroit, terminé en pointe, se recourbant sur le dos. Les pattes sont de longueur moyen- l88 HISTOIRE NATURELLE ne, les cuisses des antérieures renflées; l'extrémité des tarses est garnie d'une espèce de vessie membraneuse. liCs élytres et les ailes sont membra- neuses , étroites , garnies de poils longs qui forment une espèce de frange sur les bords • elles sont couchées horizon- talement sur l'abdomen. Ces insectes sont extrêmement pe- tits , ils vivent sur les fleurs et sur les ccorces , où on trouve aussi leurs lar- ves , qui ne difiFèrent de l'insecte par- fait que parce qu'elles n'ont ni ailes , ni élytres. Ce genre est peu nombreux , il ne contient que six espèces; on en trouve trois ou quatre aux environs de Paris, dont nous allons faire la description. Le Thrips noir , Thrips physapus. Il a , au plus , une ligne ; les antennes sont de la longueur du corselet , termi- nées en pointe 3 la tête est petite; noire j DES T H R 1 P S. 189 le corselet est arrondi , de même cou- leur que la tête -, l'abdomen alongé , gros à sa base , renflé vers le mi lie a, terminé en pointe -, les pattes sont lon- gues ; les cuisses antérieures , renflées -, les élytres et les ailes sont blanches, transparentes , garnies de longs poils autour de leurs bords. La larve vit sur les fleurs , elle est blanche , sans ailes -, son corps est alon- gé , terminé en pointe et garni de poils -, ses pattes sont grosses et transparentes de même que ses antennes. L'insecte parfait est très-agile, court avec vitesse et vole à peu de distance -, lorsqu'on le touche , il élève le derrière et courbe son corps en arc. On le trouve aux environs de Paris. Le Tlirips du Genévrier , T/irip^ Juniperina* Il est moins grand que le précédent; il est d'un brun grisâtre, les yeux sont noirs ; les ailes blanches, J90 HISTOIRE NATURELLE On le trouve en Europe dans les gal- les ou boutons des fleurs du genévrier; il saute très-bien, et s'éeliaiDpe dès qu'on le touche. Le Thrips de l'Orme , Thrlps Ulnii. Il a environ une ligne ; il est entière- ment noir, à l'exception des élytres et des ailes qui sont blanches et trans- parentes j borde'es par une frange de longs poils. La larve vit en société ; on la trouve au commencement de l'été , sur l'écorce et dans le tronc des vieux aulnes j elle est d'un blanc rougeâtre , avec quel-- ques taches rouges ; de forme alongée , étroite ; sa tête est ovale ; les antennes sont renfermées dans une espèce de bour- relet placé à la partie antérieure de la tête j l'abdomen est terminé par une pointe assez longue , chaque côté des an- neaux est garni d'une espèce de tuber- DES THRIPS. 191 cule , sur cliaciin desquels on voit quel- ques poils ; les élytres et les ailes sont renfermées dans des fourreaux placés de chaque côté du corps -, les pattes sont blanciics et transparentes. Parmi ces larves on en trouve une qui , sous l'état parfait, est dépourvue d'ailes et qui ressemble entièrement à l'insecte SLÏiéj et qui est peut-être la femelle. Le Tlnips à bandes , TJirips fasciata. Il est plus petit que les préccdens , entièrement noir , à l'exception des an- tennes, qui ont un article blanc près de la tête , et des ailes qui ont trois lignes transversales blanches. On le trouve sur les fleurs , princi- palement sur celles qui sont composées. 192 HISTOIRE NATURELLE L I V^ GENRE. KERMÈS. Caractères génériques. Antennes filifortnesj terminées par un filet sétacé. — Trompe alongée , recourbée , composée de trois articles , posée entre la première et la se- conde paire de pattes. — Trois articles aux tarses. — Femelle aptère. Les kermès ont beaucoup de rap - port avec les cochenilles , dont nous parlerons par la suite. Le mâle a les antennes longues , composées de neuf articles ; son corps est alongé , terminé par deux filets longs , sétacés ; ses ély- tres et ses ailes sont droites et élevées. La femelle est sans ailes , ses antennes sont courtes, composées de sept articles; sa bouche prend naissance sous le cor- selet entre la première et la seconde paire de pattes , elle est composée d'un luyciu charnu, d'où, soit un filet long, DES KERMÈS. Iij3 qu'elle enfonce dans les écorces des plantes, pour prendre sa nourriture; son corps est composé de cinqanneaux, d'abord de forme ovale , il prend en- suite la figure d^mc galle ou d'une graine ; il finit par se dessécher, et sert à couvrir les œufs. Dans leur jeunesse , ces femelles res- semblent à de petits cloportes blancs, qui n'auroient que six pattes ; elles courent sur les feuilles, ensuite elles se fixent sur les tiges ou les branches des arbres et des arbrisseaux, y pas- sent plusieurs mois de suite; c'est alors qu'elles prennent la figure d'une galle ou d'une excroissance , ce qui leur a fait donner , par Réaumur , le nom de galle-insecte. C'est dans les mémoires de ce célèbre Naturaliste , qui a écrit leur histoire , que nous puiserons les faits intéressuns qu'offrent ces insectes singuliers. C'est sur les arbres , les arbrisseaux et les plantes qui passent l'hiver que Jnsectes. lY. 17 îg^ HISTOIRE NATURELLE croissent les kermès. Il leur faut une plante qui les nourrisse pendant près d'un an , terme où est fixée la durée de leur vie. Après avoir pris leur ac- croissement , les uns ressemblent à des petites boules j ils sont attachés contre une brandie par une assez petite partie de leur circonférence \ il y en a de ceux- ci qui ne sont jamais plus gros qu'un grain de poivre , et d'autï-es qui de- viennent plus gros qu'un pois j d'au- tres sont de forme spliérique , tronquée ou alongée, quelques-uns sont oblongs; d'autres , enfin , et c'est le plus grand nombre , ont la forme d'un bateau ren- versé. Leurs couleurs sont variées. Les arbres fruitiers, et sur-tout les pêchers, sont quelquefois tellement cou- verts de kermès , tant d'une espèce en bateau renversé , que d'une en petits grains, que leurs branches enparoissent toutes galeuses. Quoique depuis long- temps on recueille le kermès avec soin, <[ue depuis long- temps on sache en faire DES KERMÈS. igS «sage , il n'a etë bien connu ponr ce qu'il est , par quelques Sa vans , que peu de temps avant celui où Réaumur a ëcrit; parce que, outre sa forme , diver- ses circonstances se sont réunies pour le de'guiser si bien , qu'il n'y a eu que ceux qui Font observé pendant une année entière , qui ayent pu se convaincre qu'il est réellement un animal. Le plus grand nombre des kermès sont parvenus au terme de leur accroisse- ment vers le milieu , ou au plus tard , vers la lin du printemps. Si on observe les pêchers à cette époque , on remarque sur leurs brandies des tubérosités de deux sortes , les unes en bateaux ren- Tersés , les autres de forme ronde ; l'en- veloppe extérieure de ce premier ker- mès et tout ce qu'on apperçoit alors, est lisse, d'un brun foncé ourougeàtre. Tous ne sont pas dans le même état , quoique également immobiles , les uns sont vivans , les autres morts dès l'an- née précédente j on les distingue les uns 196 HISTOIRE NATUR.EI.LE des autres en les écrasant : ceux qui sont vivans rendent une liqueur épaisse et tiennent davantage à la plante que ceux qui sont morts ; ces derniers contiennent une poudre blanche. L'insecte vivant est très-adhérent à la plante ; la place où il est attaché est couverte d'une matière cotonneuse sur laquelle son ventre est appliqué , et il est aussi plein et aussi renflé qu'il est possible. Si on observe ces insectes un peu plus tard, ils sont encore plus gonflés, mais la peau ne paroîtplus être qu'une simple coque sèche, qui con- tient et qui couvre une infinité de pe- tits grains rougeâtres , qui ne sont point adhérens les uns aux autres : regardés à la loupe , on voit que ces petits grains sont oblongs , que ce sont des œufs. Si on attend plus tard encore pour obser- ver ces insectes , on trouve alors sous cette peau , au lieu d'oeufs , des mil- liers de petits insectes , mêlés avec de petits grains de poussière , qui sont les oeufs d'oii les petits sont sortis. On re- DES KERMÈS. J^/ marque quelquefois sur ces galles plu- sieurs trous; ils ont été faits par des insectes parasites, qui ont vécu aux dé- pens du kermès , et qui sont sortis de son corps. On ne peut voir sans admiration la manière dont ces femelles , instruites pai' la nature , parviennent à conserver leurs œufs et les petits qui en sortent. Quantité d'insectes savent filer des co- ques dans lesquelles ils renferment les leurs avec beaucoup d'art : c'est son propre corps que la femelle du kermès emploie pour couvrir les siens, il leur tient lieu d'une coque bien close ; elle ne les laisse pas un instant exposés aux impressions de l'air ; elle les met par- faitement à l'abri, elle les couve, pour ainsi dire , dès l'instant où elle vient de les pondre. Les petits qui sortent des œufs se trouvent encore couverts dès l'instant de leur naissance , et pendant plusieurs jours, par leur mère , ou au moins par son cadavre 3 de sorte que 198 HISTOIRE NATURF-LLK eette mère , même après être morte , est encore utile à ses œufs ou à ses pe- tits j eu les couvrant avec son corps desséche. La femelle du kermès vit peu de temps après la ponte. C'est une loi assez générale, que les insectes périssent après avoir assuré l'existence de leur posté- rité : celle-ci meurt dans le même en- droit oi!i elle s'étoit fixée depuis long- temps. Les petits commencent à pa- roître environ douze jours après que les œufs ont été pondus , et ils restent sons la peau de leur mère , jusqu'à ce que toutes leurs parties soient assez affer- mies pour leur permettre de marclier. Selon quelques auteurs , les femelles de certaines espèces ne pondent que deiiK mille œufs ^ et d'autres en pondc:it quatre mille. Une ouverture qui se trouve à la partie postérieure du corps de chacune , est l'endroit par où les y.c- tits sortent de dessous sa peau. Dès qu'ifs sont sortis ; ils couinent sur les arbres. DES KERMES. 1 99 Nous avons déjà dit qu'ils ressemblent à de petits cloportes. Ils se nourrissent du suc des plantes , qu'ils tirent avec leur trompe en l'enfonçant dans l'écorce. Ils font beaucoup de tort aux arbres sur lesquels ils vivent , non-seulement par la sève qu'ils en tirent , mais encore parce qu'ils lui facilitent les moyens de s'écouler par les nombreuses piqûres qu'ils font en dififérens endroits. L'accroissement de ces petits est très- lent depuis la fin du printemps ou le commencement de l'été , époque de leur naissance , jusques vers le milieu de l'automne. Mais c'est au renouvelle- ment de la belle saison que les kermès du pêcher commencent à devenir plus renflés. On apperçoit alors sur leur dos lin grand nombre de petits tubercules, et quelques fils ou poils assez longs, qui partent de differens endroits de leur corps. Ces poils ^ qui sont dirigés en plusieurs sens , vont s'attaclier sur le boiS; assez loin de l'insecte. Les femelles 200 HISTOIRE NATURELLE continuent à croître j usqu'au moment de la ponte. On a été assez long-temps à savoir comment ces femelles ëtoient fécondées ; quelques auteurs ont cru qu'elles jouissoient des deux sexes , et qu'elles pouvoient joondre sans le con- cours du mâle ; d'autres ont cx'U que , dans de certaines espèces , telle que celle qui vit sur l'oranger , il y avoit des mâles et des femelles, et qu'ils s'ac- couploient peu de jours après leur nais- sance. Réaumur , qui a vu l'accouple- ment du kermès en forme de grain hé- misphérique qui vit sur le pêcher , nous apprend que vers le milieu du prin- temps , on voit des mâles sortir de leur enveloppe de nymphe ; que ces nym- phes se trouvent placées sur les bran- ches des pêchers , auprès des femelles, avant que celles-ci aient pris leur ac- croissement, et lorsqu'elles commen- cent à se fixer. Ces mâles sont très-pe- tits ; ils ont tout le corps , les pattes et les antennes d'un rouge foncé , deux DES K E II M E S. 301 aile3 du double plus longues que lecorps : dans rétat de repos, ils portent leurs ailes parallèles au plan de position , couche'es sur l'abdomen , et recouvertes Fune par l'autre. Ils ont à l'extrémité de l'abdomen, deux filets blancs, assez longs , e'cartés l'un de l'autre , et entre ces filets , une espèce de queue en for- me d'aiguillon moins long que les filets, et un peu recourbée en dessous. Lors- que ces mâles veulent s'accoupler, on les voit parcourir le corps de la femelle, et finir par introduire l'espèce d'aiguil- lon dont ils sont pourvus , dans l'ou- verture que nous avons dit se trouver à l'extrémité du corps de celle-ci, et par où sortent les petits lorsqu'ils aban- donnent la peau de leur mère. Ces fe- melles , qui paroissent immobiles sur la plante où ellçs sont fixées , ne sont point insensibles aux approches du mâle : certains mouvemens que Réau- mur leur a vu faire , l'en ont convain- cu. D'après cet accouplement qui s'est 302 HISTOIRE NATURELLE fait sous ses yeux , et les observations de quelques auteurs qui n'ont vu qu'une partie des kermès de l'oranger pondre des œufs , on peut croire que les autres se changent en mâles analogues à ceux du pécher , et qu'ils s'accouplent de même. On ne découvre à ces petits ma- ies aucun organe propre à prendre des alimens : ilparoît qu'ils ne parviennent à l'état parfait que pour perpétuer leur espèce , et qu'ils meurent peu de temps après. Malgré la ressemblance extérieure qu'on remarque entre les jeunes ker- mès , et qui pourroit faire douter qu'ils fassent difFérens , il en existe cepen- dant de différentes espèces ; mais ils ne sont faciles à distinguer qu'après la der- nière mue. Ce n'est que lorsqu'ils pren- nent leur ciccroissement qu'ils acquiè- rent la forme qui le ur est particulière. Plus ils sont spliériques , plus , après leur ponte , ils ressemblent à une coque faite pour renfermer des oeufs. Ceux DES K E R M È S. 2o5 en forme de bateau ne font que couvrir les leurs , qui sont entr'eux et l'arbre; mais les kermès qui sont sphériques, font des espèces de bourses dans les- quelles les œufs sont contenus. Tout se passe cependant dans la ponte de ceux- ci comme dans la ponte des autres. Le ventre remplissoit en grande partie l'intérieur de la boule j à mesure qu'il se vide , à mesure que les œufs sortent , ils laissent une place en dehors de ses t'Jgumens, oii les œufs se logent ; ils y sont, et les petits y sont placés ensuite^ comme dans une espèce de boule qui w'est formée par l'accroissement de l'in- secte qui alors ne tient presque plus à la brandie que par sa trompe qu'il a piquée dans l'écorce pour en pomper le suc. Le kermès le plus renommé est celui dont la figure approche d'une boule dont on auroit retranché un petit seg- ment. Il vient sur une espèce de petit cbène vert, qui n'est qu'un arbrisseau qui s'élève à enviroii deux ou trois 204 IITSTOIRE NATURELLE pieds : ilex acideata cocci glandifera , €. B. Pin. Ce petit chêne croît en grande quantité dans les terres incultes des départeniens méridionaux de la France , en Espagne et dans les îles d« l'Arcliipel. C'est sur ces petits arbris- seaux que les paysans vont faire la ré- colte du kermès dans la saison conve- nable. Ce kermès a excité pendant long- temps la curiosité des Naturalistes , avant d'en être bien connu. En 1711, M. de Marsilly l'a placé au rang des vé- ritables galles , dont la production est occasionnée jDar des insectes ; il prétend qu'un insecte dépose ses œufs dans une entaille qu'il a faite au petit cliêne sur lequel on trouve le kermès \ que les œufs déposés , avant l'automne, restent presqu'in visibles pendant tout l'hiver , et qu'ils croissent au printemps lorsque l'arbre leur fournit de la sève : que la galle dans laquelle ces œufs sont renfer- més croît en même temps et devient le grain d'écarlate ou de kermès d« DES KERMES. 20a grosseur sensible. ]\I. de Marsillv a été induit en erreur par une expérience qui lui a réussi. Tout le monde connoît la composition de l'encre ; on sait que c'est par le mélange de la iioix-de-galle que la dissolution du vitriol prend une cou- leur noire. M. de Marsilly éprouva s'il feroit de l'encre avec le kermès et le viti'iol , et il eu fit; delà il conclut que le kermès , qui produisoit un effet sem- blable à celui des galles qu'on trouve sur les grands chênes, é toit une grJle de petit chêne. Mais ce que cette expé- rience découvre de curieux, c'est que les matières végétales propres à faire de lencre , le sont encore après avoir passé dans le corps d'un animal. Tout ce que nous avons dit sur le kermès, fait voir que M. de Marsilly s'est trompé sur la natuï"e de ces insectes. Le kermès , qui a pris toute sa gros- seur, paroit comme une petite coque .sphérique attachée contre l'arbrisseau : sa couleur est d'un rouge brun , il est Insectes. IV. iS 2o6 HISTOIRE NATURELLE Jëgèrement couvert d'une poussière cendrée. Celui qu'on voit dans le com- merce ne doit sa couleur , qui est d'un rouge bien foncé , qu'au vinaigre avec lequel il a été arrosé. Les babitans du pays où se fait la récolte du kermès, le considèrent sous trois états dififérens. Le premier , au commencement du printemps : à cette époque il est d'un très-beau rouge , presqu'entièrement enveloppé d'une espèce de coton qui lui sert de nid, alors il a la forme d'un bateau renversé. Le second état, c'est lorsqu'il a pris tout son accroissement, et que le coton qui le couvroit s'est étendu sur son corps sous la forme d'une poussière grisâtre , il paroît alors être une simple coque , remplie d'une liqueur rougeàtre. Enfin, il est arrivé à son troisième état, vers le milieu ou la fin du printemps ; c'est à cette époque qu'on trouve sous le ventre de cet insecte 1800 ou 2000 pe- tits grains ronds qui sont les œufs du DES KERMES. 207 kermès : ces œufs sont une fois plus pe- tits que la graine du pavot et remplis d'une liqueur rougeâtre. Les observa- tions faites sur ces kermès, prouvent que la ponte a lieu de la même manière que dans les autres espèces , et que les petits qui sortent des œufs deviennent des insectes semblables à ceux d'où ils sont sortis. Emeric décrit deux espèces de kermès , celui dont nous venons de parler , et un autre qui pond des œafs de couleur blanche. Les petits, dans leur jeunesse , ressemblent à de petits cloportes dont les uns sont blancs et les autres rouges; mais ce que ces der- niers ont de particulier , c'est deux es- pèces de cornes presqu'aussi longues que les antennes placées à l'extrémité de l'abdomen. Vus au microscope , ils paroissent couverts de petits points d'or, et les autres de petits points d'argent. Ceux-ci sont beaucoup moins nom- breux que les premiers. Le même au- teur décrit deux espèces de nymphes 208 HTSTOIT^E NATURELLE qu'on trouve dans certains grains de kermès, qui se transforment en insectes ailés ; l'une de ces espèces a les ailes blauclies comme celles du mâle du ker- mès du pêcher , et sans doute est le kermès mâle. C'est cet insecte et quel- ques autres qui ont fait croire que le kermès étoit une véritable galle. La récolte du kermès est plus ou moins abondante , selon que l'hiver a été plus ou moins doux ; et on espère qu'elle sera bonne lorsque le printemps se passe sans brouillards et sans gelées. A la suite de cette remarque, M. Eme- ric ajoute qu'on observe que les arbris- seaux les plus vieux , qui paroissent les moins vigoureux , et qui sont les moins élevés^ sont les plus chargés de kermès. Le terroir contribue à sa gros- seur et à la vivacité de sa couleur; celui qui vient sur des arbrisseaux voisins de la mer, est plus gros et d'une cou- leur plus éclatante que celui qui vient jsur des arbrisseaux qui en sont éloignés. DES K E n M E S. 209 Si quelques espèces de kermès font du tort aux arbres , nous en sommes amplement dédommagés par l'usage qu'on fait de celui dont nous Amenons de parler ; il tient une place distinguée parmi les animaux qui nous sont utiles. Les paysans de certains cantons de la France et de quelques pays étrangers , font tous les ans une récolte sans avoir la peine de semer et de labourer. Ils vont détacher de dessus certains ar- brisseaux une moisson de petits grains qu'on appelle le kermès , la graine d'é- carlate, le vermillon, que les Latins ont désigné par le nom de coccus ba- phica, et que Pline a nommé simple- ment cœcum. C'est avec ce kermès , cette graine d'écarlate , qu'on fait le syrop de kermès. Si on doute de l'avan- tage que laMédecine retire de cette dro- gue , on ne peut douter que l'art de la teinture ne tire un parti utile du ker- mès , qui sert à teindre la soie et la laine dans un beau rouge cramoisi. Il 210 HISTOIRE NATURELLE faut pourtant avouer que depuis que îa cochenille a été découverte , le kermès a cessé d'être une matière aussi impor- tante qu'elle l'étoit autrefois ; peut-être aussi n'en tirons-nous pas aujourd'liui tout le parti qu'on en peut tirer. Ce sont des femmes qui font cette récolte : elles enlèvent avec leurs ongles le kermès de dessus les arbrisseaux ; telle femme en ramasse deux livres par jour , et il n'est pas rare d'en avoir deux récoltes dans l'année •, celui de la seconde est attaché contre les feuilles , et le kermès n'est jamais ni aussi gros ni aussi propre à donner tant de teinture que le pre- mier. Les marchands qui achètent le kermès pour la teinture , l'arrosent de vinaigre , et le font ensuite sécher au soleil pour faire périr les petits. C'est cette opération qui change sa couleur , et qui lui en fait prendre une d'un rouge foncé. On trouve sur de grands chênes plu- sieurs espèces de kermès de différente* DES K E Tl M È S. SU formes et de différentes couleurs, dont un rouge qui ressemble beaucoup à ce- lui du petit chêne, qui n'est pas propre àla teinture, mais qu'on regarde comme aussi bon , pour la confection d'alker- mès , que celui qui vient sur Vilex cocci glandifera. Tous les kermès dont nous avons parlé jusqu'ici finissent leur ponte sans qu'on s'en apperçoive , parce que leur corps même couvre tous les œufs. Maisil y en a plusieurs espèces dans lesquelles il n'en couvre qu'une partie. Leurs œufs n'ont pas besoin de cette espèce de couverture, ils sont logés dans une masse de fils de soie ou de coton très-blanc, qui les fait prendre pour des œufs d'araignée : cette masse est beaucoup plus grosse que n'a jamais été le kermès d'où elle est soriie. On trouve de ces œufs sur la charmille , le chêne et la vigne, qui sont d'espèces différentes j mais on n'en voit nulle part autant que sur certains pieds de vignes en espalier. •2\1 HISTOIRE NATURELLE La niasse qui couvre ces niellées d'œufs est assez ordinairement de forme arrondie par-dessus ; mais pour peu qu'on la touche on la dérange : l'enve- loppe blanche s'attache aux doigts qui enlèvent une infîuité des fils qui sont parallèles les uns aux autres. La faci- lité que ces fils ont à s'attacher aux corps qui touchent le nid, fait que les feuilles de vigne qui en approchent s'en trouvent couvertes. Mais comment les kermès , qui sont immobiles dans le temps de la ponte , parviennent-ils à couvrir leurs œufs d'une aussi grande quantité de fils ? Réaumur s'est assuré que les kermès ne filent point. Cette matière cotoinieuse s'échappe de des- sous leur corps, de même qu'il s'en échappe du corps de certains pucerons, et de quelques larves qui mangent les pucerons. Ce n'est point par une seule filière , semblable à celles des chenilles et des araignées \ mais il y a sous le ventre dukennès un très-grand nombre DES KERMÈS. 2l3 d'ouvertures imperceptibles, analogues aux filières des autres insectes; et les filières principales sont autour du corps. Les espèces de kermès qui font de ces nids cotonneux, sont ceux quiavant leur ponte ont la forme d'un bateau renverse'. Ce genre contient une vingtaine d'es- pèces qui se trouvent toutes en Europe. Nous en décrirons quelques-unes. Le Kermès oblong du Pêcher, CJiennes Persicœ oblongus. Le mâle est d'un rouge foncé , ses ailes sont blanches , plus longues que le corps , bordées extérieurement d'un peu de ronge ; son corps est terminé par deux filets alongés, entre lesquels est une espèce de queue recourbée eu dessous ; la femelle est oblongue , très* coiivexe , d'un brun foncé. Il habite l'Europe. :*l4 HISTOIRE NATURELLE Le Kermès rond du Pécher , Chenues Persicœ rotundus. Il est rond, de coaleur brune *, son «orps est terminé par quatre filets. On le trouve en Europe. !Le Kermès de la Vigne, Chermes J^itis, La femelle est oblongue , de couleur brune , avec un peu de duvet blanc en dessous , et sur les côtés son corps est terminé par six filets blancs 5 on ne trouve jamais ce kermès sur les fiîuilles de la vigne, il s'attache de bonne heure sur le tronc et les branches; il renferme une grande quantité d'œufs dans sou corps ; les petits qui en sortent sont de Couleur brune. Il habite TEurope. DE3 KERMES. 2i5 Le Kermès du petit Cliciie Chermes Ilicis, La femelle est spbërique , d'un roucre brun luisantjlëgèrement couverte d une poudre blanche j elle est appliquée sur les tiges et les feuilles d'une espèce de petit chêne dont les feuilles sont épi- neuses. On la trouve dans plusieurs parties de l'Europe et dans les départemens méridionaux de la France. Ses œufs sont connus sous le nom de graine d'é- carlate. Voy. Génér. de ce genre. Le Kermès du Tilleul , Chermes Tilliœ» n est oblong, arrondi, attaché aux tiges du tilleul. On le trouve en Europe, Î2l6 HISTOIRE NATURELLE Tue Kermès panaché, Chermes vaj^iegatus. Il est spliérique ;, de la grosseur d'un pois , d'un jaune fauve , avec quatre bandes longitudinales brunes et quel- ques points de même couleur entre le» bandes. On le trouve collé sur les ra- meaux du chêne. L V^ G E N R E. COCHENILLE. Caractères génériques. Antennes courtes , filiformes , presque cylindriques — Trom- pe courte , recourbée , composée de trois articles , posée entre la seconde et la troisième paire de pattes. — Pattes très- courtes, souvent imperceptibles. — Fe- melle aptère. La cochenille est un assez petit in- secte , dont le mâle a deux ailes plus longues que le corps j la femelle est ap- DES COCHENILLES. 217 tère. Ces insectes ont deux antennes filiformes , celles du mâle sont longues, celles de la femelle très-courtes j le corps est composé de quatorze anneaux peu distincts , terminé par quatre filets sé- tacés ; ceux du mâle sont longs , ceux de la femelle courts. Ils ont six pattes très-courtes , à peine distinctes dans la femelle. Les cochenilles ont beaucoup de rap- port avec les kermès par leur manière de vivre et par l'accroissement des fe- melles ; elles se fixent sur les plantes comme celles des kermès, comme elles elles ne grossissent qu'après l'hiver; et après la ponte , les œufs et les petits sont placés sous son corps comme les petits kermès sous le corps de leur mère. Mais ce qui distingue ces insec- tes , c'est que la femelle du kermès , en prenant de l'accroissement, perd entiè- rement sa figure d'insecte pour prendre celle d'une baie ou d'une galle , au lieu que celle de la cochenille conserve U Insectes. IV. 19 21 8 HISTOIPxE NATURELLE sienne : et on distingue snr son corps , même après la ponte , les segmens qui séparent les anneaux. En parlant des kermès , nous avons dit que l'art de la teinture tiroit un parti utile de celui qui vit sur une espèce de petit chêne qui croît dans diffêrens endroits de l'Europe et dans les départemens méri- dionaux de la France j mais la cou- leur que produit ce kermès n'est pas comparable à celle que fournit la coche- nille du commerce. Cet insecte précieux est apporté en Europe duMexique, qui est le seul pays connu où on en fasse la récolte. On lui doit la teinture pourpre et écarlate. On a employé pendant long- temps la cochenille sans savoir ce qu'elle étoit, sans la cpnnoître. On l'apporte en Europe en petits grains, de figure irrégulière ; la couleur de celle qui est la plus estimée est d'un gris mêlé de rougeâtre et de blanc. Ce qu'on a su d'abord sur la cochenille, c'est qu'on la ramassoit au Mexique sur de cer- DES COCHENILLES. 2KJ tailles plantes, qu'on en faisoit la ré- colte-, ce qui a fait croire à plusieurs savans d'Europe qu'elle étoit un fruit. Mais ceux qui l'ont observée avec des 3^eux éclairés et attentifs , l'ont bientôt reconnue pour un insecte. On distingue deux espèces de cette cochenille : 1 une est la cochenille fine, appelée mestèque, parce qu'on en fait des récoltes à Mestèque , dans la pro- vince de Honduras -, l'autre est nommée cochenille sylvestre. On n'a la première qu'au moyen des soins qu'on prend pour l'élever sur les plantes qu'on cultive pour la nourrir; on ramasse l'autre sur des plantes qui croissent naturellement; elle fournit moins de teinture que l'au- tre , peut-être parce qu'elle se nourrit d'une plante d'où, elle ne tire pas un suc aussi bien préparé que celui qui est fourni à la cochenille mestèque ou do- mestique. Les plantes sur lesquelles elles s'élèvent l'une et l'autre , sont ap- pelées par les Indiens nopalli , et cou- 220 HISTOIRE NATURELLE nues en français sous les noms d'opun- tia , de figuier d'Inde , de raquette et de nopal. Les Indiens plantent et cul- tivent autour de leurs habitations des nopals, sur lesquels ils élèvent des co- clienilles dont ils font plusieurs récoltes dans l'année. La dernière récolte se fait avant la saison des pluies , qui est con- traire à ces petits insectes. Les Indiens coupent des feuilles de nopals sur les- quelles sont de petites cochenilles , les portent dans leurs habitations ; ces feuilles fournissent une nourriture suf- fisante aux cochenilles, qui grossissent pendant que dure cette saison, et elles sont en état de faire leurs petits quand elle est passée. Celles qui ont été conservées de cette sorte , sont celles qui doivent être se- mées pour fournir la récolte dans la belle saison. Pour les mettre en état de multiplier , les Indiens font des espèces de nids semblables à ceux des oiseaux , avec de la mousse , du foin ou de la DES COCHENILLES. S2I paille. On met daiïs chaque nid une douzaine de cochenilles ; on porte ces nids dans les plantations d'opuntia, et on les place entre les feuilles ; ces co- chenilles font leurs petits trois à quatre jours après avoir été portées sur ces plantes. Les cochenilles nouvellement nëes sont très-petites , elles abandonnent bientôt le nid pour courir sur les feuilles du nopal, et n'y sont pas long-temps sans se fixer ; ces petites cochenilles en- foncent leur trompe dans la feuille , en tirent le suc , et restent dans l'end voit où elles se sont fixées jusqu'à ce qu'elles aient pris tout leur accroissement , et qu'elles aient fait leurs petits. Elles en font toujours un très-grand nombre. La première récolte qui se fait dans la belle saison est celle de ces mères que les Indiens ont portées sur les arbres ; au bout de trois à quatre mois , les pe- tits qui sont sortis d'elles fournissent la seconde , et trois à quatre mois après 2^2 HISTOIRE NATURELLE cette récolte les petits de celles-ci cl©n- nent la troisième. Aussi-tôt après cha- que récolte , les Indiens font périr les petits qui se trouvent dans le corps des mères , en exposant celles-ci à la cha- leur du four et de l'eau bouillante. La manière dont elles ont été scellées al- tère plus ou moins leur couleur; mais elles Yi'eii conservent pas moins leur propriété tinctoriale , et elles peuvent è tre gardées pendant un très-grand nom- bre d'années sans éprouver la moindre altération; la vieille cochenille est toute aussi bonne pour la teinture que celle qui est la plus nouvellement récoltée. On trouve en Pologne une autre es- pèce de cochenille qu'on eraployoit au- trefois pour la teinture , avant que celle du Mexique ITit connue. Les récoltes , qui n'étaient ni aussi abondantes ni aussi faciles que celle de la vraie co- chenille , ont été abandonnées. Cette cochenille est connue soiis le nom de çoccus tinctorius polonicùs y en frau- DES COCHEZ^ILLES. 223 çais, graine d'e'carlate de Pologne. On la trouve sur la racine d'une espèce de renouée ou de centinode , que Ray a nommée polygonum coccifermrij qu'on croit être V alchemilla gramineo folio flore majore de Tournefort. Quelques auteurs prétendent qu'on trouve la même graine d'écarlate ou une sem- blable sur la racine de la piloselle, de la pimpreneile et de la pariétaire. 0\\ ramasse cette graine au commencement de rété ; chaque grain est alors à-peu- près spliérique, d'une couleur de pour- pre ; les plus gros sont de la grosseur d'un gi^ain de poivre -, chacun est logé en partie dans une espèce de calice comme un gland l'est dans le sien : le dehors de cette enveloppe est raboteux, lintérieut' est poli. On ne trouve quel- quefois qu'un ou deux de ces grains sur la plante, quelquefois plus de quarante. Des observations ont fait voir qu'il sort de ces petits grains des insectes qui ont deux antennes et six pattes j qu'au bout 224 HISTOIRE NATURELLE de qvielques jours ces insectes se raccour- cissent, cessent de marcher, et quand ils sont devenus immobiles, leur corps se couvre d'un duvet cotonneux , sem- blable à celui qui entoure le corps d'une espèce qui vit sur l'orme. Les mâles de cette espèce sont semblables aux mâles de certaines espèces de kermès , et s'ac- couplent de la même manière que ces insectes. On trouve en Europe sur différentes plantes plusieurs autres espèces de co- chenilles, auxquelles on ne connoît jus- qu'à présent aucune propriété pour la teinture. L'orme en nourrit une espèce qui se place principalement dans les bi- furcations des branches qui ont un ou deux ans. Vers le milieu de l'été, ces cochenilles ont acquis toute leur gros- seur 5 elles ont alors la figure d'une pe- tite masse ovale et convexe, d'un rouge brun , entourée d'une espèce de cordon blanc et cotonneux, qui ne laisse à dé- couvert que la partie supérieure du DES COCHENILLES. 225 corps. Cette matière forme une espèce de nid dans lequel le ventre de l'insecte se trouve placé. Ce nid est destiné à re- cevoir les petits. Réaumur croit ces fe- melles vivipares. Mais toutes celles que le citoyen Geoffroi a connues , lui ont toujours paru être ovipares , et le sont en effet. Vers la fin de juin ou le corn- mencement de juillet, on trouve dans ces nids un très-grand nombre de petits vivans , d'un blanc jaunâtre : ils ont deux antennes -, la forme de leur corps est assez semblable à celle des petits kermès nouvellement nés. Ils ont six pattes courtes, avec lesquelles ils mar- chent vite. Il y a apparence qu'un jour ou deux après sa naissance, cbaque pe- tit quitte le nid pour courir sur les branches d'orme , où l'on en découvre à cette époque une grande quantité ; maisils ne sont pas long-temps sans s'y fixer . Leur accroissement , comme ceux des autres espèces , n'a lieu qu'après l'hiver : au commencement du pria- 22S HISTOIRE NATURELLE temps , leur corps est nn peu rougeâ- tre ; chaque anneau est bordé de poils gris et courts qui disparoi ssent pour faire place à la matière cotonneiise qui forme le nid. Il paroît vraisemblable que cette matière s'ëcbappe du corps de l'insecte , comme nous avons vu qu'il s'en échappe de celui des pucerons et des kermès. Les œufs sortent du corps de leur mère par l'anus ou par une ou- verture qui est auprès , et passent sous elle à mesure. Quand Ja femelle a fini sa ponte , elle périt , se dessèche, et par la suite tombe du nid. Ce genre est composé d'une vingtaine d'espèces. Nous allons passer à la des- cription de quelques-unes. La Coclienille du Figuier commun, Coccus Ficus caricœ. Elle est ovale , convexe , de couleur cendrée, avec une ligne circulaire à sa partie supérieure , d'où parlent plu-' Pa^ ■ 2ij. Tûm. IF. 11. Coc . F. de TOi'aiiç'er . ja.a.Al. de l'EcLurc 3 . . Not . Glauque . 4 . Cor. Sin.ee . S • JV ep . Linéaire . 6. Nep. Ceiidi'ee, DES COCHENILLES. 22'' sieurs autres lignes qui vont aboutir à la circonférence. Son mâle n'est point encore connu. On trouve cette espèce au midi de l'Europe et dans tout le Levant , sur les figuiers communs , auxquels elle fait beaucoup de tort , tant parce qu'elle en pompe le suc , que parce qu'elle facilite i'extravasation delà sève parles piqûres qu'elle y fait avec sa trompe. Les ar- bres sur lesquels elle est en quantité , perdent leurs feuilles plutôt que les au- tres. La Cochenille de l'Oranger, Coccus Hesperiduni, La femelle est ovale, oblongue , de couleur brune luisante : elle a une échan- crure à sa partie postérieure. Le mâle est ailé, il a quatre filets à l'extrémité de l'abdomen. Les orangers , les citronniei's , et leî» autres arbres de cette famille, soutatta- 2^8 HISTOIRE NATÛRFXLE qiiés par ces insectes. Leur nombre est si considérable , que souvent ils font languir ces arbres et nuisent à leur pro- duction. La Cochenille des serres , Coccus aonidum. Le mâle est petit *, ses antennes sont longues ; son corps et ses pattes de cou- leur rose , couverte d'une poussière fa- rineuse , blanche ; les ailes et les filets de la queue sont d'un blanc de neige. La femelle est ovale , oblongue , cou- verte d'une poussière farineuse ; son corps est composé de quatorze anneaux, qui ont sur les côtés des appendices : les deux dernières , plus longues que les autres , forment une espèce de queue. Cette espèce est originaire du Séné- gal , d'où elle a été apportée en Europe sur des plantes, et s'est multipliée dans les serres. DES COCHENILLES. 229 La Cochenille de l'Olivier , Coccus Oleœ. La femelle est ovale , d'un brun rouge plus ou moins foncé , avec des nervures élevées , irrégulières. Le mâle n'est pas connu. On la trouve dans les départemens méridionaux de la France , sur l'oli- vier : elle ne touche jamais au fruit de cet arbre. Les petits , peu après être nés, se répandent sur la partie infé- rieure des feuilles et sur les jeunes pousses , qu'ils abandonnent lorsqu'ils veulent se fixer , et vont se placer sur les tiges. Ils font beaucoup de tort à ces arbres. La Cochenille de l'Orme , Coccus La femelle est ovale , convexe , d'un rouge brun : après son accroissement, elle est presque entièrement couvert© Insectes. IV. 20 ai^O HISTOIRE NATURELLE * . DES N A U C O R E S. ^55 sons la poitrine -, le corselet large, ver- dàtie aver. des taches brunes ; récusson grande l'abdomen applati en dessus, di- minuant depuis le milieu jusqu'à l'ex- trémité , en scie sur les côtés ; les ély- tres sont larges, flexibles, croisées vers l'extrémité , recouvrant les ailes ; les pattes antérieures attachées au corse- let , faites en forme de pince , le tarse est terminé par un onglet très-fort ; les quatre autres pattes sont attachées à la poitrine , les postérieures plus longues que les intermédiaires; les jambes des quatre pattes garnies de poils en forme d'épines ; les tarses fortement ciliés , ter- minés par deux crochets. On la trouve dans les eaux sta- gnantes; elle pique très-fort. 256 HISTOIRE NATURELLE L X r GENRE. PUNAISE. Caractères génériques. AntennesfiViîoTrv.eif composées de quatre articles très- dis- tincts. — Trompe recourbée sous la poi- triae , creusée en gouttière , et contenant trois soies. — Trois articles aux tarses. — Corps alongé, rarement ovale , souvent déprinaé. Les punaises sont des insectes assez généralement connus , on les trouve sur presque toutes les plantes ; Linnée et le citoyen Geoffroy les ont divisées en plusieurs familles. M. Fabricius en a fait sept genres ; le cit. Olivier trois , qui sont les punaises , les pentatomes et les reduves. Nous suivrons dans la division de ce genre , l'ordre établi par Linnée , en séparant les pentatomes et les reduves des punaises , comme a fait le cit. Oli- vier. DES PUNAISES. 25/ Les punaises diffèrent des pentato- mes et des reduves par les antennes , la trompe et la forme du corps, mais elles ont beaucoup de rapport avec eux dans leur manière de vivre , tant sous l'ëlat do larve que sous celui d'inseote parfait. Les punaises ont la tète peti te, les an- tennes souvent très-longues, composées de quatre articles presque égaux , rap- ])rocbées à leur base, placées à la par- tie antérieure de la tête ; elles ont les yeux à réseau, petits, globuleux , sail- lans de chaque côté de la tête , et deux petits yeux lisses sur sa partie supé- lieme ; la trompe longue , recourbée sous la poitrine , elle sert de gaine à trois soies qui sont contenues dans une rainure longitudinale qui se trouve à sa partie supérieure j le corselet est plus large que la tête, souvent très- graud avec des élévations en forme de pointes ou des épines sur les côtés ; l'écusson grand , triangulaire ; l'abdo- men alongé , souvent plat en dessus, Vt58 HISTOIRE NATURELLE convexe en dessous ; deux élytres co- riacées dans la plus grande partie de leur longueur , membraneuses à l'extrémité, croisées sur Tabclomen ; deuxailes mem- braneuses cachées par Tes élytres dans l'élat de repos ; les deux pattes anté- rieures courtes , attacliées au corselet , les quatre autres attachées à la poi- trine ; les tarses composés de trois ar- ticles terminés par deux crocliets. Parmi les punaises, quelques espèces ont des forme très-singulières, d'autres ont le corps , le corselet et les élytres or- nés de couleurs très - vives et très- brillantes , mais la partie membraneuse des élytres et les ailes sont peu colo- rées -, on en trouve quelques-unes qui sont ajîtères , c'est-à-dire sans ailes ni élytres , mais elles ne sont pas moins parfaites que les autres , et, comme elles, sont capables de se reproduire. On eu trouve dans les jardins une espèce qui n'a point d'ailes , ou seulement des moitiés d'élytres auxquelles la partie DES PUNAISES. sSg membraneuse manque, et qui s'accou- plent sous cette forme. La punaise des lits , qui est toujours aptère , est très-féconde ; cette espèce, qui est un vrai fléau pour l'homme , qui interrompt son sommeil et se nourrit de son sang, dont elle est très-avide , ir épargne passes semblables lorsqu'elle ne trouve pas d'autre nourriture. Linnée croit que cette punaise , qui est si généra- lement répandue , n'est pas originaire de l'Europe ; qu'elle y a été apportée de quelque contrée du nouveau - monde» Un auteur anglais a remarqué qu'avant 1 670 , ces punaises étoient peu connues en Angleterre -, mais actuellement il n'y a pus de canton 011 elles n'abondent , et comme elles n'abandonnent jamais les maisons, le froid qrri se fait sentir, même dans les ]ya.js du Nord , ne les empêclie pas de se multiplier , et il est très-difficile de les détruire. Nous nous dispenserons de faire la description de cette espèce , c^ui n'est que trop connue. 26o HISTOIRE NATURELLE îion- seulement par les vives piqareîf qu'elle nous fait , mais encore par l'o- deur infecte qu'elle exhale. Les larves des punaises ne diffèrent de l'insecte parfait que par le manque d'ailes et d'clvtres. On voit de ces larves qui courent sur les plantes -, elles ont la forme et les couleurs qu'elles auront par la suite ; lorsqu'elles parviennent à l'état de nymphes , on remarque qu'elles ont alors un commencement d'ailes et d'él3'tres * mais elles ne s'ac- couplent que lorsqu'elles ont subi leur dernière métamorphose , et qu'elles sont devenues insecte parfait. L'accou- plement de ces insectes a lieu de denx manières , quelquefois le mâle est mon té sur la femelle , ou le mâle et la femelle sont posés sur le même plan , la tête opposée l'une à l'autre , et ne se tou- chent que par la partie postérieure, et souvent , dans cette position , le mâle se laisse entraîner par sa femelle ; après la fécondation ; les femelles pondent un DES PUNAISES. 261 assez grand nombre cl'œufs qu'elles placent sur les plantes , les uns à coté des autres ; la forme de ces œufs va- rie , les uns ont leur partie supe'- rieure couronnée de poils , et d'autres sont bordés par un petit cercle ; pres- que tous ont une petite plaque ronde qui leur sert de couvercle j la petite pu- nai se le détache lorsqii'elle sort de l'œuf, et ce couvercle reste attaché à Tœuf comme s'il y étoit retenu par une cliar- nière. Dès que les petites punaises sortent de l'œuf, elles se répandent aussi-tôt sur les plantes pour y chercher leur nourriture ; les unes la trouvent sur les plantes , dont elles tirent le suc avec leur trompe -, les autres font la iîLierre aux chenilles et aux insectes , qu'elles sucent jusqu'à ce qu'elles en ayent tiré toute la substance : souvent les plus grosses chenilles deviennent la proie des punaises qui sont carnassières , tant 2f)2 HTSTOTRE NATURELLE sons l'étal de larve que sous celui d'in- secte parfait. Quelques espèces exhalent une odeur très - désagréable , qui s'attaclie aux doigts lorsqu'on les touche , et se fait encore sentir long-temps après les avoir touchés. On trouve ces insectes , pen- dant une grande partie de l'année, sur presque tontes les plantes , dans les jardins et dans les bois ; ils forment un genre très-nombreux , on en trouve beaucoup d'espèces aux environs de Paris. PREMIÈRE FAMILLE. Lèvre nulle. PREMIÈRE SECTION. Elj'tres presqu'entlèrement coriacées. La Punaise à antennes en masse , Clinex clav'wornis. Cette petite punaise a la tête et le dessous du corps noirs ; les antennes DES PUNAISES. a()3 velues ; les deux premiers articles courts, le troisituie très-long , le quatrième court et fort gros , formant une espèce de masse ; le corselet est noir au mi- lieu, où sont trois sillons longitudi- naux élevés , et blanc sur les côtés ; les élytres sont blanches , transparentes en forme de réseau, elles ont leurs bords ponctués de noir. Sa larve habite l'intérieur des fleurs du chamoedrys qui , avant de sonvrir , paroissent plus grosses et pi us gonflées qu'à l'ordinaire , lorsque cette larve y est renfermée. On la trouve aux environs de Paris. t^ECONDE SECTION. Corps membraneux et très-déprimé. La Punaise feuille épiueuse, Clmex iDaradoxa, Cette singulière punaise a le corps large , applati en dessus ; convexe en 2S4 HISTOIRE NATURELIE dessous ; elle est d'un jaune pâle , aven quelques taches brunes ; sa tête et ses antennes sont garnies d'épines; son cor- selet est concave sur le milieu, grand, dilaté ; il forme , sur chaque côté , un lobe arrondi, très-large et très-élevé , garni d'épines tout autour ; l'abdomen forme , dans son milieu , une cavité très-profonde , dans laquelle les élj^tres sont placées ; il a de chaque côté, quatre lobes arrondis , très - élevés , couverts d'épines ; tout le dessous du corps est également couvert de petites épines ,- courtes et fines; les pattes sont longues , très-minces et épineuses. On la trouve au Cap de Bonne-Espé- rance. La Punaise rongée , Cimex erosa. Cette espèce est à-peu- près de même forme que la précédente ; son corps est large , applati en dessus , convexe en dessous j elle est jaune ayec des taches DES PUNAISES. 'j65 brunes sur une partie du corselet , et elle a une bande transversale de même couleur sur le milieu de l'abdomen ; ses elytres sont brunes , avec une tache jaune ; elle a les antennes courtes ^ le dernier article plus gro^ que les autres ; le dessus de la tête arm4 de six épines , trois de chaque côté ; lè^ corselet est élevé , très-raboteux , il a s\ir ses bords latéraux , des sinuosités et des pointe? anguleuses ; l'abdomen forme une ca- vité dans laquelle les élytres sont cou- chées , il a , de chaque côté, une pointe anguleuse , saillante , et les bords rele- vés ; les deux pattes anguleuses sont courtes et grosses, faites en forme de pince, comme celles des nèpes ; elles pa- roissent servir à l'insecte pour saisir sa proie. Elle habite la Caroline et Surinam. lasectes. IV. aS 2GG HISTOIRE NATURELLE La Punaise rhomboïde, Ciinex rhornbeus. Elle est à-peu-près de même forme que les précédentes. En dessus, elle est couleur de feuille morte, pointillée de brun , d'un jaune livide en dessous ; le premier article des antennes est de même couleur que le dessus du corps , les d(iux suivans sont d'un jaune roux, le dernier est brun et renflé j le corselet a de ciiaque côté un angle aigu peu élevé j l'abdomen est plat en dessus , dilaté sur les côtçs , terminé par six dents arron- dies ; les pattes sont minces, d'un jaune livide. On la trouve en Afrique , sur les ar- bres , et aux environs de Paris. DES P U N A T S i: S. 267 DEUXIÈME F A M I L L E. Lèvre aloiigée^subuléc; annulée. PREMIÈRE DIVISION. Corselet armé d'épines. La Punaise porte-croix, Clinex cruciger» Elle est d'un noir mat en dessus ; sa tête est petite; son corselet étroit an- térieurement , large postérieurement, .armé d'une dent saillante en forme d'épine de chaque côté , bordé tout autour par une ligne janne , il a sur le devant une petite ligne longitudi- nale de même couleur ; les élytres ont chacune une ligne jaune qui forment une croix , lorsque linsecte porte ses élytres couchées sur son corps •, tout le dessous de l'abdomen est brun avec quelques taches jaunes \ les pattes sont Îi68 HISTOIRE NATURELLE noires ; les cuisses sont armées d'épi- nes 5 principalement les intermédiaires et les postérieures , ces dernières sont renflées. Elle habite la Caroline et le Brésil. La Punaise bordée, Ciinex inar~ ginatus. Elle a environ six lignes de longueur; sa couleur est d'un brun roussâtremat, un peu plus clair en dessous -, le pre- mier et le dernier article des anteimes sont plus gros que les autres ; la tête a, sur sa partie antérieure , deux épines courtes, dirigées en devant, entre la base des antennes-, le corselet est large avec les bords relevés , formant deux angles saillans arrondis; l'écusson est de moyenne grandeur ; l'abdomen est creux dans le milieu, relevé sur les cô~ tés ; les pattes sont longues , les cuisses ïin peu ren flées. Elle habite l'Europe : elle est très- commune aux environs de Paris. DES PUNAISES. 269 La Punaise Y, Cimex ypsilon. Elle est à-peu-près de la grandeur de celle des lits , de forme ovale , de cou- leur grise ; les antennes sont noires avec denx articles jaunes ; les yeux noirs ; le corselet a deux points blancs sur sa partie antérieure ; l'écusson est bronzé , luisant , il est bordé par des lignes d'an blanc jaunâtre qui forment un Y \ les ély très sont bronzées , lui- santes ; la partie membraneuse est trans- parente , de couleur brune 5 les ailes sont d'u.n blanc verdàtre luisant ; la tête, le corselet et les élytres ont un grand nombre de petits points enfoncés \ tout le dessous du corps est d'un gris clair j les pattes sont de la même couleur, avec des taches noires. On la trouve dans l'Amérique mé- ridionale et à Surinam. 270 HISTOIRE NATURELLE La Punaise à qualre épines, Ciinex quadrispijiosus* Sa longueur est de quatre lignes ; elle a le corps alongé , de couleur rouge *, la tête est longue , étroite , garnie de deux longues pointes en forme d'épines ; les antennes sont très-longues et min- ces , d'un brun obscur ; le corselet est raboteux , garni par-derrière de quatre longues pointes épineuses , placées transversalement ; l'abdomen est ap- plati , un peu concave en dessus, ses bords sont relevés, tranclians, armés de plusieurs pointes , les élytres sont rouges, la partie membraneuse est d'un brun clair; les pattes sont d'un brun obscur. On la trouve à Surinam. La Punaise Kermès , Cimex Ker- mesinus. Elle est longue d'environ neuf li- gnes ; elle a le cox'ps alongé, app loti j sa DES PUNAISES. 2/1 couleur est d'un rouge foncé ; ses anten- nes sont noii es , presque de la longueur du corps ] elle a sur le milieu de la tête une pointe longue , dirigée en devant ; le corselet a, de chaque côté , un angle arrondi ; les élytres ont , svn le milieu, une large bande transversale blanclie, dont le bord antérieur a liuit points noirs , le bord postérieur six ; les pattes antérieures et les intermédiaires sont de longueur moyenne , les cuisses ont quelques épines ; les pattes pos- térieures sont très-longues , les cuisses renflées et dentées intérieurement ; le dessous du corps est moins brun que le dessus. On la trouve dans l'Amérique et à Surinam. La Punaise à deux pustules , Clinex hlpusiulatus. Elle a environ dix lignes de lon- gueur j le corps est alongé, peu large. Elle ^72 HISTOIRE NATUR-FLt.E est de couleur noire ; les antennes sont aussi longues que le corps, noires avec quelques taches blanches; la tête est alongée ; le corselet est armé de deux épines courtes ; la partie antérieure des élytres est d'un jaune fauve, la partie niembranense noire; les ailes sont d'un, violet foncé , luisant ; le corps est d'un rouge jaunâtre , tant en dessus qu'en dessous ; les pattes sont longues , min- ces, de couleur noire. On la trouve à Surinam. La Punaise dragon , Clmex leviathan. Elle a environ six ligues. Cette sin- gulière punaise a le corps alongé , étroit; elle est de couleur brune ; en dessus de la tète, elle a des appendices ramifiés et branchus ; sur le corselet deux poin- tes aiguës dirigées en devant , une de chaque côté. On la trouve aux environs de Paris, sur les plantes. DES PUNAISES. D.n'h DEUXIÈME DIVISION. Corselet sans épines. TJIEMIÈRE SUBDIVISION. Corps oblong. La Punaise noire, Cimex ater. Elle est entièrement noire , le pre- mier article des antennes est gros , le second alongé ; les deux autres sont fins comme des cheveux , de couleur jaune. Elle liabite l'Europe bore'ale , la Ca- labre : on la trouve communément dans les bois aux environs de Paris. La Punaise gothique, Clmex gothicus. Elle a environ cinq lignes de lon- gueur -, le premier article des antennes est court, de couleur jaune ; le second très-long , jaune à sa base , noir à l'ex- 27^ KTSTOÎRE NATrPxKLI.E trémilé ; les clenx derniers sont noirs et fort courts; sa tête est petite, noire; le corselet est noir , bordé de jaune des deux côtés ; les élytres sont variées de jaune et de noir ; tout le dessus de l'in- secte est finement pointillé ; les pattes sont annelées de noir et de jaune. Elle est très-commune en Europe : on la tronve aux en^"irons de Paris. La Punaise œil de cancre, Clmex oculus cancri. Elle a environ quatre lignes de lon- gueur ; son corps est alongé , peu large ; sa couleur est d'un gris jaunâtre , avec quelques taches d'un rouge pâle sur la tête, le corps et les élytres ; les antennes sont longues , le dernier article est en forme de bouton alongé ; mais ce que cette punaise a de singulier, ce sont ses yeux à réseau _, dont chacun est porté sur un pédicule cylindrique plus long quelatête , et dirigé de côté, faisant un DES PUNAISES. 2/5 angle droit avec la tête, de sorte que les yeux ont quelque ressemblance avec ceux des crabes et des écrevisses ; le corselet a, en dessus, des pointes en- fonce'es , et une incision de chaque côté. On la trouve à Surinam. La Punaise triste^ Cimexmœstus» Elle a environ six lignes de longueur; elle est d'un brun obscur en dessus, avec plusieurs points enfoncés noirs et luisans ; d'un gris jaunâtre en dessous, oii sont également des points enfoncés; les antennes sont courtes , d'un brun noirâtre ; le premier et le dernier ar- ticles sont plus gros que les autres ; le corselet est triangulaire , il fotme des angles obtus vers les côtés , qui sont bordés de gris ; l'abdomen est noir en dessus, applati , convexe en dessous; la partie membraneuse des élytres et les ailes sont presque noires ; les pattes bru- lies avec des taclies noires. Llle habite la Pensj'ivanie. :>7^ HISTOIRE NATURELLE La Punaise à lête jaune, Cimex leucocephalus. Elle est petite, d'un noir luisant, avec la tête et le premier article des an- tennes d'un jaune roussâtre ; les youx sont noirs jles pattes delà même couleur que la tête. Elle habite l'Europe : on la trouva aux environs de Paris. La Punaise de la Jusquiame, Cimex Hyoscyajni, Elle est de couleur rou^e , les anten- nés sont noires , le dernier article est plus gros que les autres ; la tête est noire , avec une taclie rouge sur le mi- lie u ; le devant du corselet est noir , le derrière est rouge , avec deux grandes taches noires ; l'écussonestmoitié rouge et moitié' noir ; les ély très sont rouges , avec deux taches ngires, et leur partie DES PUNAISES. 277 membraneuse est noire ; les ailes sont brunes, le dessus de l'abdomen est rouge et l'extrémité noire ) on voit quelques points noirs sur la partie rouge, tout le dessous du corps est rouge , avec des points noirs ; les pattes sont noires. On la trouve en quantité sur la j us- quiame ; elle vit du suc des feuilles et des tiges de cette plante ; elle n'a point la mauvaise odeur des autres pu- naises : Degeer a trouvé qu'elle exlia- loit une forte odeur de tliim. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Punaise rouge et noire, Clinex erjthromela. Elle a les antennes longues , de cou- leur noire , avec une partie du dernier article blanche , la tête rouge , le corselet est de la même couleur ; il a sur sa par- tie postérieure, une large bande trans- versale noire , et il est bordé tout autour Insectes. IV". 2^ 278 HISTOIRE NATURELLE. par une ligne d'un blanc jaunâtre -, les é!y très sont noires avec une bande trans- versale blanche sur le milieu , et une U-» gne blanche le long du bord extérieur ; les ailes sont brunes , la poitrine est noire en dessous , les pattes sont noires, les cuisses antérieures dentées. On la trouve aux Indes orientales. La Punaise équestre , Cimex equestris» Elle a environ cinq lignes de lon- gueur ; elle ressemble à la punaise de la jusquiame, elle est rouge, les yeux, les antennes et les pattes sont noirs ; le corselet a , sur le devant , une large bande noire, terminée postérieurement par deux appendices de même cou- leur ; les élytrcs ont sur le milieu une bande transversale noire et une tache de même couleur \ leur partie membra- neuse a plusieurs taches blanches , le dessous de l'abdomen est rouge avec DES PUNAISES. ^279 quatre points noirs , le dessous de la poitrine est noir. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. LaPunaise aptère, Cimex apterus. Cette espèce est remarquable en ce qu'elle n'a point d'ailes, mais seule- ment des élytres auxquelles la partie membraneuse manque , et elles ne couvrent qu'une partie de l'abdo- men. Elle est de couleur rouge , la tête et les antennes sont noires . le corselet est rouge avec une grande tache quar- rée de couleur noire . sur le milieu ; les élytres sont rouges , bordées de noir avec deux taches noires ; l'écussoii est noir, le dessus de l'abdomen est moitié rouge et moitié noir, le dessous est noir , bordé de rouge; les pattes sont noires , elles ont un peu de rouge à leur origine. Elle habite l'Europe ; on la trouve 28o IITSTOIRE NATURELLE en quantité et par tas, dans les jar- dins , aux pieds des arbres : elle ne sent point mauvais. La Punaise à ceinture , C'unex fiuccinctus. Elle a environ six lignes , sa forme est alongée. Elle est d'un noir cendré , les antennes sont noires , la tête est pe- tite ; le corselet lisse , plus étroit anté- rieurement que postérieurement , et bordé de rouge sur les côtés et par-der- rière ; l'abdomen est également bordé en dessus et en dessous ; les élytres sont d'un noir cendré avec leur partie membraneuse brune -, les pattes sont de la même couleur que le corps, les cuis- ses ont une tache rouge à la base , les deux antérieures sont armées de deux dents en forme d'épines. On la trouve en Pensvlvanie. DES PUNAISES. 2^1 La Punaise des prés , Ciniex pratensis» Elle a environ trois lignes ; ses an- tennes sont jaunâtres , sa tête et son corselet gris , nuancés de fauve et de verdàtre ^ le derrière de la tête a une petite ligne transversale noire ; l'écus- son a une tache jaune en forme de cœur, entourée de noir ; les él5^tres sont de même couleur que le corselet avec l'extrémité noire, et deux taches, l'une fauve , vers le milieu et une pe- tite jaunâtre au-dessous ; les ailes sont brunes ; le dessous du corps est jau- nâtre, avec quelques taches fauves; les pattes sont fauves. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Punaise du Pin , Ciniex Plni» Elle a environ cinq lignes ; elle a les antennes ; la tête, la partie antérieure 'j82 histoire naturelle cln corselet, î'écussoii et l'abdomen de couleur noire; la partie poste'rieure du corselet et les élytres d'un brun clair, avec une tache ovale noire sur les ély- tres ; les ailes sont jaunâtres, les pattes noires. Elle habite l'Europe : on la trouve les premiers jours du printemps dans les bois et aux bords des eaux sta- gnantes. La Punaise à deux taches, Cinicx rolandru Elle a environ trois lignes ; sa cou- leur est d'un noir mat ; ses antennes sont plus longues que le corps , de cou- leur brune ; les élytres ont à leur ex- trémité une tache fauve ; les pattes sont brunes avec des taches noires. On la trouve en été , sur les saules \ elle est très-vive et vole facilement. DES PUNAISES. 283 SECONDE SUBDIVISION. Corps linéaire. La Punaise des marais , Cimex lacustrls. Elle a environ quatre lignes-, elle est d'un noir mat ; les antennes sont presque aussi longues que le corps, de couleur noire ; le corselet est alongë , il a trois sillons , un peu élevé en dessus ; les élytres paroissent couvertes d'une poussière jaunâtre ; le dessous de l'in- secte vu à un certain jour, paroît blan- châtre -, les pattes intermédiaires et les postérieures sont longues^ les antérieu- res courtes. On la trouve en Europe sur la surface des eaux, des mares et des bassins, oii elle court fort vite. Ce qui est singu- lier , c'est que cette punaise s'accouple avant d avoir des ailes et des élytres. a84 HISTOIRE NATURELLE La Punaise des étangs, Ciniex stagjioriun» Elle a environ cinq lignes de lon- gueur, elle est d'un brun noirâtre; son corps est extrêmement mince , alongé y cylindrique ; l'abdomen se termine en pointe ; les antennes sont aussi lon- gues que la tête et le corselet , et très- fines ; les pattes sont très-minces , les intermédiaires et les postérieures sont fort longues , principalement ces der- nières. On la trouve à la surface des eaux dormantes , où elle marche moins vîtô que la précédente. La Punaise filiforme, CimexfHum, Cette punaise est très - singulière , elle ressemble à une espèce de mante dont le corps a la forme d'un petit bâ- ton cjàindrique j elle est entièrement DES PUNAISES. 285 brune , la tête est longue , divise'e en deux parties par une incision transver- sale ; les yeux à réseau sont placés sur la seconde partie 5 les antennes sont très-longues et fines comme des che- veux ; le corselet est composé de deux parties; l'antérieure est longue^ presque cylindrique , la postérieure est courte et grosse , couverte en dessus par une plaque écailleuse convexe ; l'abdomen est très-long , filiforme , cylindrique , nn peu recourbé à l'extrémité ; les ély- tres sont courtes , étroites , et ne cou- vrent que le tiers de la longueur de l'abdomen; les pattes antérieures sont plus courtes que les autres, mais beau- coup plus grosses ; les jambes de ces pattes ont quelques épines ; les inter- médiaires et les postérieures sont très- longues , l'insecte les tient élevées à la manière des tipules , leurs tarses sont ti'ès-courts. Elle habite la Pensjdvanie. 286 HISTOIRE NATURELLE La Punaise vagabonde , Cimex vagabundus. Elle ressemble à une petite tipule ou à un cousin. Elle a environ deux lignes de longueur ; sa couleur est brune , panachée de blanc ; ses an- tennes sont aussi longues que son corps , le dernier article est plus long que les autres; lorsque cette punaise marche, elle les pose contre le plan de position , et paroît s'en servir comme de pattes ; sa tète est de forme ovale •, sou corse- let est alongé , cylindrique j l'abdomen est arrondi à rextrémité •, les élytres sont plus longues que l'abdomen , leur partie membraneuse est courte*; les pattes antérieures sont plus courtes et plus grosses que les autres ; les inter- médiaires sont très-longues et très- fines. On la trouve sur les arbres , o\\ elle se balance continuellement comme font DES PUNAISES. 287 les tipules , à cause de la finesse de ses pattes , qui paroissent avoir de la peine à la portei\ La Punaise linéaire , Cimex linearis. Elle a envii'on quatre lignes ; elle est alongëe , entièrement de couleur vert pâle ; ses antennes sont de la longueur du corps ; elle les porte droites , diri- gées en devant , rapprochées l'une de l'autre j ses pattes sont très-longues. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Punaise des jardins ^ Cimex liorturum. Elle a trois lignes de longueur ; elle est d'un verd plus ou moins foncé ) ses yeux sont bruns ; sa tête et son corse- let ont leurs bords d'un jaune pâle. On la trouve sur les plantes, prin- cipalement sur les orties : elle court très- vite, et s'envole facilement. a8S HISTOIRE NATURELLE LXir GENRE. PENTATOME. Caractères génériques. Antennes filiformes, composées de cinq articles cj'lindriques. — Trompe recourbée sous la poitrine > creusée en gouttière , et contenant trois soies, — Troisarticles aux tarses. — Corps souvent ovale. Les pentatomes diffèrent des pu- naises par le nombre des articles des antennes , par la forme du corps et par l'écusson. Ces insectes ont les antennes d'égale grosseur dans toute leur longueur ; elle sont placées de chaque côté de la partie antérieure de la tête, assez pr6s de la base de la trompe ; leur tête est étroite , de forme oblongue , terminée par une trompe longue, creusée en gouttière à sa partie supérieure ) les trois soies qui composent ie suçoir sont placées dans DES PENTATOMES. 289 celte cavité. Les yeux sont petits , sail- lans, arrondis , placés de cliaqne côté de la tête , assez près du corselet -, le corselet est de forme triangulaire, très-étroit antérieurement , large posté- rieurement , souvent armé de pointes épineuses sur les côtés ; l'écusson est gi^and , triangulaire , arrondi dans quel- ques espèces : il est aussi long et pres- que aussi large que l'abdomen , et il recouvre presque entièrement les ély- tres ; les élytres sont moitié coriacées , moitié membraneuses ; les ailes sont entièrement membraneuses- les pattes sont de longueur moyenne, les anté- rieures sont attachées au corselet, les intermédiaires et les j^ostérieures sont attachées à la poitrine. Les larves de ces insectes vivent de la même manière que celles des pu- naises , et subissent les mêmes méta- morphoses. On trouve également Tin- sec le parfait sur les plantes. Ce genre contient moins d'espèces Insectes. IV. 20 290 HISTOIRE NATURELLE que le précédent. Les ^mes liabitent l'Europe , les autres sont exotiques : on en trouve une assez grande quantité aux environs de Paris. Nous allons pas- ser à la description de quelques-unes. Nous diviserons ce genre en deux fa- milles, d'après la forme de l'écusson. PREMIÈRE FAMILLE- A écusson de la longueur de l'abdomen. La Pentatome de Fabricius , Pentatoma Fahiicii, Elle est de couleur pourpre en dessus; la tête et les antennes sont noires j elle a huit ou dix taches rondes d'un rouge orangé sur le corselet, et quatorze de la même couleur sur l'écusson : dans l'un des deux sexes , le dessous de l'abdomen est d'un bleu noirâtre luisant -, dans l'autre . il est d'un rouge brun , avec quelques taches d'un bleu verdâtre. On la trouve à Cayenue. DES PENTATOMES. 29I La Penlatome Maure, Pentatoma Maurus. Elle a environ huit lignes de lon- gueur, elle est entièrement de coiileur grise en dessus , avec deux points blancs à la base de l'écusson; le dessous de l'abdomen est d'un gris brun. Elle habite l'Orient et l'Europe : celles d'Europe , sont de moitié plus pe- tites c[ue les autres. La Penlatome à lignes noires , Pentatoma nigrolineatus. Cette belle espèce a les antennes noires -, la tête noire , bordée de rouge sur les côtés, avec une ligne longitudi- nale rouge sur sa partie postérieure ; le corselet rouge, avec cinq lignes lon- gitudinales noires-, l'écusson est noir, avec trois lignes longitudinales rouges j le dessous de l'abdomen est d'un rouge ^92 HISTOIRE NATURELLE foncé , avec des points noirs ; les élytres sont ronges, avec lenr partie membra- nense brune ; les pattes sont noires , avec un peu de rouge , principalement sur les jambes. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris , sur les fleurs du pommier et sur celles du sureau. La Pentatome brune ^ Pentaioma fuscus. Elle a environ cinq lignes de lon- gueur ; elle est d'un brun jaunâtre ; l'écusson couvre l'abdomen dans toute sa longueur, et laisse les côtés à décou- vert , où on apperçoit les élytres qui sont de couleur pâle -, l'extrémité de l'abdomen est noire j les jiattes sont jau- nâtres. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris , sur les seigles , vers le milieu de l'été. DES PEN TATO]\TES. 29^5 La Penlatome à capuclion , Pe/z- tatoma cucullatus. Elle a près de six lignes de longueur; elle est entièrement d'un noir mat, avec des points enfoncés. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris. DriIXlÈME FAMILLE. Ecusson ti'iangulaire , moins long que l'ab- domen. La Penlatome à pustules, Penta- toma pustidatus» Elle est de couleur rousse; elle a sur la tête, le corselet et 1 ecusson, un grand nombre de taches de grandeur diffé- rente , et des lignes d'un jaune pâle ; la partie membraneuse des élytres est d'un brun clair; l'abdomen est jaune en dessus, avec des taches rousses; tout Sg'ï HISTOIRE NATURELLE le dessous du corps est jaune , sans ta- ches-, les pattes et les antennes sont de la même couleur. Elle habite les Indes. La Pentatome à deux dents, Pentatoma hidens. Elle est d'un brun obscur en dessus , les antennes sont d'un rouge pâle; le corselet a de ciiaque côté une pointe saillaute ; rcxtrémitë de l'écusson est jaunâtre ; le dessus de l'abdomen est d'un brun presque noir , et le dessous brun mêlé de roux; le dessous du cor- selet a quelques taches rouges , et il est bordé d^une ligue d'un jaune ron- geât re ; les pattes sont d'un brun roux , ou rouçeâtre. Ou la trouve en Europe , sur les arbres, où elle vit de rapines; elle fait la guerre aux larves qui mangent les pucerons. DES PENTATOMES. 295 La Penlalome gvise , Peniatoma grlseus. Elle a environ quatre lignes de lon- gueur ; elle est en dessus d'un giis ver- dàtre, nuancé de brun, quelquefois de rou2eâtre,avec des petits points enfoncés de couleur noire-, ses antennes sont gri- ses, avec le dernier article noir-, le dessus de l'abdomen est noir , les côtés ont des taches d'un jaune clair, le dessous est d'un vert jaunâtre j les pattes sont d'un vert grisâtre. Elle habite l'Europe : on la trouve eu été sur le bouleau. La Pentatome du Groseiller , Pejitatoma Baccarum, Elle a environ cinq lignes de lon- gueur j la tête, le corselet, l'écusson et îesélytres sont d'un brun grisâtre , avec une légère teinte rougeâtre ) les anten- 296 HISTOIRE NATURELLE lies sont annelces de jaune et de noir; les angles du curselet sont arrondis \ l'ë- cusson a une tache jaune à l'extrémi- té ; les côtés de l'abdomen ont des taclies noires et jaunes fauves , placées alterna- tivement ; tout le dessous du corps est d'un bran pâle, quelquefois taclié de noir ) les pattes sont de la même cou- leur ) la partie membraneuse des ély très est transparente , et point colorée. Cette punaise pue très-fort : on la trouve aux environs de Paris , sur les arbres, et souvent sur le groseiller; elle se nourrit d^nsectes ; elle perce les ély- tres des coléoptères avec sa trompe , et les suce ensuite. La Penlatome des buissons , Pentatoina dianosus. Cette belle espèce a environ sept lignes de longueur ; elle est d'un brun roLigeatre bronzé, avec des points en- foncés sur la tète , le corselet , lecus- DES PENTATOMES. '2^f son et les élytres ; les antennes sont noires ; la tête a sur son milieu une ligne longitudinale^ d'un rouge foncé ; le corselet a ses cotés bordés de rouge , et en dessus cinq lignes longitudinales de la même couleur, dont une sur le milieu , qui le partage en deux parties , et quatre très-courtes sur le devant ; l'écusson est arrondi , il a de chaque côté près de sa base , une tache rouge , et une ligne longitudinale , de même couleur sur le milieu ; la partie coriacée des élytres est bordée de rouge exté- rieurement, la partie membraneuse est bronzée ; tout le dessous du corps est d'un noir luisant ; les pattes sont noi- res ; les jambes ont une grande tache rouge. Elle habite l'Europe ; elle est rare aux environs de Paris : on la trouve au printemps. 'J^S HISTOIRE NATURELLE La Pentatome clii Genévrier , Pentatoma Juniperinus, Elle a environ cinq lignes de lon- gueur -, elle est d'une belle couleur verte en dessus *, ses antennes sont pâles à la base, brunes à l'extrémité; la partie membraneuse des élytres est brune; tout le dessous du corps estd'un vert pâle ou jaunâtre ; les pattes sont pâles ; les tarses d'un brun pâle. Elle habite l'Europe : on la trouve aux environs de Paris sur diJGférens arbres, et principalement sur le gro- seiller •, elle pue très-fort. La Pentatome Mono, Pentatoma Morio, Elle a environ trois lignes de lon- gueur ) elle est d'un noir luisant en dessus et en dessous', ses antennes sont rousses ; ses pattes sont de la même DES P E N T A T O M E S. 299 couleur-, les cuisses sont renflées et épi- neuses ] les jambes antérieures larges , applaties, garnies d'épines tout autour; les intermédiaires et les postérieures cylindriques et chargées d'épines sur toute leur surface ; la partie membra- neuse des élytres est blanche. On la trouve en Europe, sur les plantes légumineuses. La Pentalome bleue, Pentatoma cœruleus. Elle est de la grandeur de la précé- dente; ses antennes et ses pattes sont noires ; tout le corps , tant en dessus qu'en dessous , est d'un bleu verdâtre , bronzé, brillant; le corselet, l'écusson et les élytres sont ponctués; les ailes sont brunes. On la trouve en Europe. 30O HISTOIRE NATURELLE La Pentatome des légumes , Pentatoma oleraceus. Elle est de la même grandeur que la précédente ; tout le dessus du corps est d un noir bleuâtre ou verdâtre cui- vreux ; les antennes sont noires -, le corselet a une ligne longitudinale , d'un jaune roux sur le milieu, et une sur chacun de ses bords latéraux • l'écusson a trois taclies de la même couleur, une de chaque côté , près de sa base , et qui s'étendent jusque vers le milieu, et l'autre à l'extrémité ; les élytres ont également deux taches d'un jaune roux, l'une à la base, le long du bord exté- rieur , l'autre près de l'extrémité j le dessous du corps est noir ; les pattes sont de la même couleur. On la trouve en Europe sur les plan- tes crucifères. En 1760, cette espèce a détruit , en Suisse, un grand nombre de ces plantes» Tivn ly. Paij . ^oo. l'y . To/fi ■ f^/uiç . 2z #: *-*v XJftiim^'v Jel. ^ Tofn . ^^. paç . 10 . Deino/icJn/ Jcu^ 1 . IVut. dos leeTTiincs 3, .J eut . oi'iice . 3. Red. à Masque . 4 . Blat . de JVIadère ^.Blat.KafekerW . DES r EXT ATOMES. 3 01 La Penlalome ornée , Pentatoma ornatus. Elle a quatre à cinq lignes de lon- gueur; sa tête et ses antennes sont noi- res; le corselet est rouge, avec quatre taches noires; l'écusson noir, arec deux taches rouges, l'une grande, l'autre pe- tite ; les élytrcs sont rouges, elles ont chacune trois taches noires , celles du milieu forment une espèce de bande transversale , lorsque les élytres sont rapprochées l'une de l'autre; la partie membranease des élytres est noire; le dessous de l'insecte est de cette couleur; les bords de l'abdomen sont panachés de rouge et de noir. On la trouve ordinairement sur le choux et quelques plantes crucifères; elle dépose ses oeufs sur les feuilles de cette plante ; ils y sont rangés par ban- des serrées ; leur forme est oblongue ; leur couleur grise ; ils ont à chaque fciscctes, IV. 26 3o2 HISTOIRE NATURELLE extrémité une bande brune, et sur leur milieu de petits points bruns. Pour sor- tir de l'œuf, la petite punaise en fait sauter la partie supérieure, qui forme une es])èce de couvercle , et cette partie reste attachée à la coque lorsque la larve est sortie de l'œuf, comme si elle y tenoit avec une charnière. La Pentatome aiguë , Pentatoma acuniiaatus. Cette espèce est de forme ovale alon- gée -, elle est d'un jaune pâle; sa tête est très -longue et se termine en pointe mousse ; elle a sur son milieu deux lignes longitudinales brunes , qui s'éten- dent sur le corselet et sur l'écusson; l'ab» domen est très-étroit antérieurement, large postérieurement ; l'écusson est assez long ; tout le dessous du corps et les pattes sont pales. Elle habite l'Europe : on la trouve quelquefois sur les épis de l'orge. DES REDUVES. 3o3 L X I I r GENRE. R E D U V E. Caractères génériques. Antennes sétacées, plus longues que le corselet , composée de quatre articles. — Trompe courte , cour- bée en arc sous la poitrine, creusée en gouttière , et contenant trois soies. ^ Trois articles aux tarses. — Corps alongé. — Tète étroite et avancée. Les reduves ont été placés par Lin- née et le cit. Geoffroy , avec les punaises et les pentatomes; AI. Fabriciiis les en a séparés et en a formé tin genre , que le cit. Olivier a adopté. Les reduves dif- fèrent des insectes de ces deux premiers genres par la forme de la trompe ; nous avons vu que celle des punaises et des pentatomes est longue ; celle des reduves est très-courte , recourbée sous la poi- trine, et ne s'étend que jusqu'à la pre- mière paire de pattes j comme celle de;? 3o4 HISTOIRE Î^AïURELLE insectes des deux genres précédens , sa partie supérieure est creusée en gout- tière, et c'est dans cette cavité que les trois soies sont contenues, loisqne l'in- secte n'en fait point usage. La tête des reduves est étroite , alongée , portée sur une espèce de col , et terminée an- térieurement par la trompe; les yeux à réseau , sont petits , globuleux , saillans, placés de chaque côté de la tête ; et les deux petits yeux lisses , sur la partie su- périeure ; les antennes , qui sont de quatre articles , sont longues, plus min- ces à l'extrémité qu'à la base , elles sont insérées à la partie antérieure de la tête, près de l'origine de la trompe -, le corselet est bilobé , plus étroit antérieurement que postérieurement, anguleux sur les côtés , près du bord postérieur ; l'écus- son est triangulaire, moins grand que celui des punaises , rabdomen est con- cave en dessus , ses bords sont relevés , il est convexe en dessous ; les élytres sont moitié coriacées, moitié membra- DES REDUVES. 5o5 neuses, de la longueur de l'abdomen, sur lequel elles sont croisées ; les ailes sont entièrement membraneuses, et dans l'é- tat de repos , elles sont cachées par les élytres ; les pattes antérieures sont atta- chées au corselet, et plus courtes que les intermédiaires et les postérieures , ces quatre dernières sont attachées à la poitrine ; les tarses sont composés de trois articles ; terminés par deux cro- chets. Les larves des reduves , vivent de rapine comme celles de plusieurs espè- ces de punaises et de pentatomes , et elles subissent les mêmes métamorpho- ses j les larves lie diffèrent de l'insecte parfait qae par le manque d'ailes. Ce genre est assez nombreux , il con- tient une cinquantaine d'espèces : on en trouve peu en Europe , et seulement quelques-unes aux environs de Paris 5 que nous décrirons. 3oG HISTOIRE NATURELLE Le Reduve à masque , Reduvius personatus» Il est d'un noir brunâtre; sa tête est petile, alongée, portée sur une espèce de col \ sa trompe est grosse et courte , recourbée en arc sous la poitrine ; il a les antennes de la longueur du corps , les deux derniers articles sont très- minces; le corselet est inégal, et paraît divisé en deux parties ; il est étroit anté- rieurement, large postérieurement, ce qui lui donne une figure triangulaire y l'écusson est com t, terminé en pointe \ l'abdomen est concave en dessus , et re- levé sur ses bords , il est convexe en dessous ; les élytrcs sont presqu'entiè- rement membraneuses, coucliées et croi- sées sur 1 abdomen , et recouvrent les ailes; les pattes antérieures sont plus courtes que les intermédiaires et les postérieures. Il habite l'Europe : on le trouve DES REDUVES. 30/ souvent dans les maisons; il a le vol rapide et. pique fort; il répand une odeur très -désagréable. Lorsqu'on le tient entre les doigts, il fait entendre un bruit qui est produit par le frottement de son corselet sur lesélytres. Sa larve se trou- ve également dans les maisons ; elle est entièrement couverte d'ordures , qui , en s'attacliant sur toutes les parties de son corps, la rendent hideuse; mais si on ôte les ordures avec un pinceau , on voit qu'elle ressemble à l'insecte parfai t, àl'exception des ailes qui lui manquent; sous cet état, et après sa dernière mé- tamorphose , elle se nourrit d'insectes, même des punaises des lits. Le Reduve annulé , Reduvius annulatus. Il est moins grand que le précédent ; ses antennes sont noires ; sa tête et son corselet sont noirs et couverts de poils courts; grisâtres; l'abdomen est noir ^ i^oS HISTOIRE NATITlELLE avec l'extrémité ronge , et quelques ta- ches de la même couleur sur les côtés; les ély très et les pattes sont noires ; les cuisses antérieures et les postérieures ont chacune une grande tache rouge. On le trouve en Europe. Le Reduve à pattes noires ^ Redu' vins jiigripes. Il a environ six lignes de longueur ; les antennes sont moins longues que le corps; le premier article est noir, les deux autres rouges; le dernier est rouge à la base , noir à l'extrémité ; la tête, le corselet et l'écusson , sont noirs, un peu velus ; l'abdomen est d'un rouge foncé, tant en dessus qu'en dessous ; les élytres sont de la même couleur , avec une ta- che noire à la base , leur partie membra- neuse est d'un brun noirâtre ; les pattes antérieures sont très-grosses et très- longues , de couleur noire , et entière- ment couvertes de poils noirs , lins et DES REDUVES. ^09 serres ; les tarses sont très-courts et minces \ l'insecte porte ses pattes diri- ge'es en devant ; les pattes intermédiaires et les postérieures sont rouges. On le trouve à Surinam. Le Redtive Staphylin , Reduvius StapIiyUnus» Ce reduve ressemble à un staphylin ; il n'a point d'ailes ; ses élytres ne cou- vrent que la moitié de l'abdomen ; il a la tête, le corselet, l'écusson et l'abdo- men d'un noir luisant , un peu velus ; les élytres et les pattes sont rouges ; les cuisses antérieures et les intermédiaires, sont larges et comprimées. Il habite l'Europe : ou le trouve aux environs de Paris , dans les mousses. r I N DU T O :m E QUATRIEME. i^'w^^ ^■■^ ^i 1; -H :Jr^^^'^^-^^^.^^.:!m^^