dunated 5 PS HAE M PA si AUS DA La DAS ane Ds ES a PEL AN 13 Po EE] RE En NRA AN ra ele Lee TR SRR D NN RAT SE NUE 2 APN CNT D ERA RAS GE RÉ 4 “de FRAIS" RT eee heat DOTE EH La À recre LUS TS: 73 PRES nn Qu Lara GANT “& c DU RAA OU “Yore à se y ri ne LA Ath tirehés à RTE TO ne Le LOL A 2 Hp sen RP NÉ re k ERP NiE AA aug CRD ES AA) HORCES he ape 1 Fe à jà SE 2%, A at Ie En 7 al HER TAN AA @ DU PEL) ADD) D ALT Û fi 114 RARE dur 14 \ L 14 Due» | it i AN LA f Ja h: RAS di Ti a) 70 l'E RUN 00 HEURE Du | AI Had: E:O: LR :E NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIERE. D ES’ PO ES: O NS: TOME CINQUIEME. O N SONO SECRET ANELN.R HS Durarr, Imprimeur-Faäbraire ei éditeur, rue des Noyers, N° 22; BEnTRrAND, Libraire, quai des Aungustins, N° 55. A ROUEN, Chez VazLéfe, frères, Libraires , rue Beffroi , N° 22. A STRASBOURG, Chez Lrvrauzr, frères, Imprimeurs-Libraires, A LIMOGES, hez Barcras, Libraire. A MONTrELEIEFR, Chez Vinaz, Libraire. A MONS, Chez Hoyois, Libraire. CxErEz Et chez les principaux Libraires de l'Europe. HISTOIRE NATURELLE, GÉNERALE ET PARTICULIÈRE, DES, P Or S\S O0 N:S: 4 OuvrAcE faisant suite à l’Histoire naturelle, générale et particulière, composée par Leczerc DE Burron, et mise dans un nouvel ordre par C. S. SonNint, avec des Notes et des Additions. PA R CS) SON NINI, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTES SAVANTES ET LITTÉRAIRES. TOME CIN OULEME. A! PPAUWRUES, DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART, ES À N XL. AM ' =) ( } - ! a” h / 4 L- \ o e “ l pl + - nl æ + - + 1 ! Z: À »“ A \ 1 . vi + L . , w x r Î #07 ' ét : * : 1 = | { £ ; x LE. n 18 . 4 Û “ N \ \ ; L " à i 1 — } } é . UE n H Ag # : ” L ES % J ; * K 4 da +4 ! " 1 x de i R “ Y 1% + : € rs !# # M 4 ÿ . # 1 le A) SQL A 1% « à V 4 i ér "ge à Fe i M q > y # an } , 4 t } À 1f t'a "n Ÿ 2 |Wr 2 # / * E ' HISTOIRE NATURELLE D'Eb9,: PROS STOuN.S. QUATRIÈME DIVISION. Poissons cartilagineux qui ont un oper- cule et une membrane des branchies. PAR LACÉPEDE. ARR, LE MES ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUXa Poissons apodes , ou qui n'ont point de nageoires dites ventrales. DIXIÈME GENRE. LES OSTRACIONS. Lr corps dans une enveloppe osseuse, des Y dents incisives à chaque mâchoire. A 3 6 HISTOIRE PREMIER SOUS-GENRE. Point d’aiguillons auprès des yeux, ni au dessous de la queue. PiR:E MI-h-R-5._F-5 P-DLcC-r. L'oSTRACION TRIANGULAIRE.— Le corps triangulaire , et garni de tubercules saillans sur des plaques bombées. SECONDE ESPÉCE: L'OSTRACION MAILLE. — Le corps triangulaire , et garni de tubercules peu sensibles, mais dont la disposition imite un ouvrage à mailles. TROISIÈME ESPÈCE. L'oSTRACION POINTILLÉ.— Le corps quadrangulaire ; de petits points rayonnans, et point de figures polygones sur l'enveloppe osseuse ; de petites taches blanches sur tout le corps. QUATRIÈME ESPÈCE. L'OSTRACION QUATRE-TUBERCULES.— Le corps quadrangulaire; quatre grands tuber- cujes disposés en carré sur le dos. CINQUIÈME ESPÈCF. L'oSTRACION MUSEAU - ALONGÉ. — Le corps quadrangulaire ; le museau alongé. DES OSTRACIONS. 7 SIXIÈME ESPÈCE. L'OSTRACION DEUX - TUBERCULES. — Le corps quadrangulaire; deux tubercules, l’un au dessus, et l’autre au dessous de l’ouver- ture de la bouche. SEPTIÈME ESPÈCE. L'oSTRACION MOUCHETÉ. — Le corps quadrangulaire ; un grand nombre de taches noires, chargées chacune d’un point blanc ou bleuûtre. HUITIÉÈME ESPECE. L’osTrACIOoN Bossu.— Le corps quadrangulaire ; le dos relevé en bosse. SECOND SOUS-GENRE,. Des aiguillons auprès des yeux, et non au dessous de la queue. NEUVIÈME ESPÈCE. L’OSTRACION TROIS - AIGUILLONS. — Le corps triangulaire ; un aiïguillon sur le dos et auprès de chaque oeil. L 4 8 HTSTOER E TROISIEME SOUS-GENRE. Des aiguillons au dessous de la queue, et non auprès des yeux. DIXIÈME ESPÈC E: L'OSTRACION TRIGONE.— Le corps triangulaire; deux aigmuillons cannelés au dessous de la queue; des tubercules saillans sur des plaques bombées ; quatorze rayons à la nageoire du dos. OLNIA EE EUM BR ES D CE. L'OSTRACION DOUBLE- AIGUILLON. — Le corps triangulaire ; deux aiguillons sillonnés au dessous de la queue; des tubercules peu élevés ; dix rayons à la nageoire du dos. QUATRIEME SOUS-GENRE. Des aiguillons auprès des yeux et au dessous de la queue. DO WA LEME EE SPECE L'OSTRACION QUATRE-AIGUILLONS.=—= Le corps triangulaire ; deux aiguillons auprès des yeux, et deux autres sous la queue. TREIZIÉME ESPÈCE. L’OSTRACION LISTER.— Le corps DES OSTRACIONS. 9 triangulaire ; un grand aiguillon sur la partie de la queue qui est hors du têt. QUATORZIÈME ESPÈCE. L'oSTRACION QUADRANGULAIRE. — Le corps quadrangulaire ; deux aiguillons au- près des yeux, et deux autres sous la queue. Q'UUIINZIÉEME ESPÈCE. L’OSTRACION DROMADAIRE. — Le corps quadrangulaire ; une bosse garnie d’un ai- guillon sur le dos. 10 HS TOIRE LES POISSONS-COFFRES. OsTracIoNs de Lacépede et de quelques autres Naturalistes. Srrazox est, parmi les anciens, le seul auteur qui ait parlé d’un poisson du Nil appelé ostrakion ; et cette dénomination grecque, d’abord employée par Gesner pour désigner un poisson d'Egypte (1), est de- venu le nom d’un genre entier dans les ouvrages de Linnæus, d'Artedi, de Lacé- pêde, etc. Ostrakon en grec signifie une cuirasse , et les poissons dont il est question sont en effet revêtus d’un têt dur, d’une sorte de cuirasse osseuse. Mais , comme cette enveloppe solide a l’apparence d’un étui ou d’un cofire dans lequel les poissons se- roient logés, on leur a donné en français le nom de poissons-coffres où simplement de coffres , que je leur conserverai, d’abord parce que les termes français doivent être (1) De Aquatilibus, lib. 3, p. 757. DES OSTRACIONS. 11 préférés dans les livres écrits en notre langue, ensuite parce que la dénomination grecque ostracion a été imposée par quel- ques naturalistes à des poissons d’un genre difiérent. A À On diroit que la Nature, en répan- dant la plus grande variété parmi les êtres vivans et sensibles dont elle a peuplé le globe, n’a cependant jamais cessé d'imprimer à ses productions des traits de quelques formes remarquables, dont on retrouve des images plus ou moins imparfaites dans presque toutes les classes d'animaux. Ces formes générales, vers lesquelles les lois qui régissent l'organisation des êtres animés, paroissent les ramener sans cesse, sont comme des modèles, dont la puissance créatrice semble avoir voulu s’écarter d'autant moins, que les résultats de ces conformations principales tendent presque tous à une plus sûre con- servation des espèces et des individus. Le genre dont nous allons nous occuper va nous présenter un exemple frappant de cette multiplication de copies plus ou moins ressemblantes d’un type préservateur, et de leur dissémination dans presque toutes les classes des êtres organisés et sensibles. Cette arme défensive, cette enveloppe solide, 12 HIS TOTRE celle cuirasse tutélaire, sous laquelle Ta Nature a mis à l'abri plusieurs animaux dont Buffon, ou nous, avons déjà donné l'histoire, nous allons la retrouver autour du corps des ostracions ; et si nous pour- suivons nos recherches jusques au milieu de ces légions innombrables d'êtres connus sous le nom d'animaux à sang blanc, nous la reverrons, avec des dissemblances plus ou moins grandes, sur des fainiiles entières, et sur des ordres nombreux en familles. L’é- paisse cuirasse et les bandes osseuses qui revôtent les tatous, la carapace et le plas- tron qui défendent les tortues, les gros tu- bercules et les lames très-dures qui protègent les crocodiles, la croûte crétacée qui envi- ronne les oursins, le têt solide qui revêt les crustacés, et enfin les coquilles pierreuses qui cachent un si grand nombre de mol- lusques, sont autant d'empreintes d’une pre- mière forme conservatrice, sur laquelle a élé aussi modelée la couverture la plus ex- térieure des ostracions ; et voilà pourquoi ces derniers animaux ont reçu le nom qu'ils portent, et qui rappelle sans cesse le rapport, si digne d'attention, qui les lie avec les ha- bitans des coquilles. Ils ont cependant de plus grandes ressemblances superlicielles DES OSTRACIONS 19 avec les oursins : leur enveloppe est en effet garnie d’une grande quantité de pe- tites élévations, qui la font paroître comme ciselée; et ces petits tubercules qui la re- haussent sont disposés avec assez d’ordre et de régularité, pour que leur arrangement puisse être comparé à la distribution s: régulière et si bien ordonnée que l’on voit dans les petites inégalités de la croûte des oursins, lorsque ces derniers ont été privés de leurs piquans. La nature de la cuirasse des ostracions n’est pas néanmoins crélacée ni pierreuse : elle est véritablement osseuse ; et les diverses portions qui la composent sont si bien jointes les unes aux autres, que l’ensemble de cette enveloppe, qui recouvre le dessus et le dessous du corps, ne paroït formé que d’un seul os, et représente une espèce de boite ou de coïfre alongé, à trois ou quatre faces, dans lequel on auroit placé le corps du poisson pour le garantir contre les attaques de ses ennemis, et qui, en quelque sorte , ne laisseroit à découvert que les organes extérieurs du mouvement, c’est- à-dire, les nageoires, et une partie plus ou moins grande de la queue. Aussi plusieurs voyageurs, plusieurs naturalistes, et les ha- bitans de plusieurs contrées équatoriales, 14 HIS T'O'IRE ont-ils donné le nom de poisson-coffre aux différentes espèces d’ostracions dont ils se sont occupés. On croiroit que cette matière dure et osseuse , que nous avons vue ramassée en boucliers relevés et pointus, et distribuée en plusieurs rangs très-séparés les uns des autres sur le corps des acipensères, rapprochée au- tour de celui des ostracions (esturgeons ), y a clé disposée en plaques plus minces et étroitement attachées les unes aux autres, et que par là une armure défensive complette a été substituée à des moyens de défense très- isolés, et par conséquent bien moins utiles. Nous venons de voir que l'espèce de coffre dans lequel le corps des ostracions est ren- fermé, est en forme tantôt de solide trian- gulaire, et tantôt de solide quadrangulaire, c'est-à-dire, que les deux faces qui revêtent les côtés se réunissent quelquefois sur le dos et y produisent une arête longitudinale plus ou moins aiguë, et que d’autres fois elles vont s'attacher à une quatrième face placée horisontalement et au dessus du corps. Mais indépendamment de cette différence, il en est d’autres qui nous ont servi à distinguer plus facilement les espèces de cette famille, en les distribuant dans quatre sous-genres, il est de ces poissons sur lesquels la matière DES OSTRACIONS. 15 osseuse, qui compose la cuirasse, s'étend en pointes ou aiguillons assez longs, le plus souvent sillonnés ou cannelés, et auxquels le nom de cornes a été donné par plusieurs auteurs. D’autres ostracions n’ont au con- traire aucune de ces proéminences. Parmi les premiers, parmi les ostracions cornus ou aiguillonnés, les uns ont de longues pointes auprès des yeux; d’autres vers le bord inférieur de l’enveloppe qui touche la queue, et d’autres enfin présentent de ces pointes non seulement dans cette extré- mité, mais encore auprès des yeux. Nous avons, en conséquence, mis dans le premier sous-senre ceux de ces poissons qui n’ont point d’aigtillons; nous avons placé dans le second ceux qui en ont auprès des yeux ; le troisième comprend ceux qui en pré- sentent dans la partie de leur couverture osseuse la plus voisine du dessous de la queue , et le quatrième renferme les ostra- cions qui sont armés d’aiguillons dans cette dernière partie de l'enveloppe et auprès des yeux. A SUR Plusieurs observations sur la conformation des coffres ont été ajoutées par Lacépèce à celles de ses prédécesseurs. A & Le solide alongé que représente la 16 HES 'TOTR.E couverture des coffres peut être considéré comme composé de deux sortes de pyra- mides irrégulières, tronquées, et réunies à leurs bases. Au devant de là pyramide antérieure, on voit dans presque tous les ostracions l’ouverture de la bouche. Les mâchoires peuvent s'écarter d'autant plus l'une de l'autre, qu’elles sont plus indépen- dantes de la croûte osseuse , dont une inter- ruption plus ou moins grande laisse passer et déborder les deux, ou seulement une des deux mächoires. La partie qui déborde” est revètue d’une matière quelquefois assez dure, et presque toujours de nature écail- leuse..... L'on a été pendant long -tems dans l’incertitude sur la manière dont l’ou- verture des branchies peut être fermée à la volonté de l’animal ; mais diverses obser- vations faites sur des ostracions vivans par le savant Commerson et par d’autres voya- geurs, réunies avec celles que j'ai pu faire moi-même sur un grand nombre d’indivi- dus conservés dans différentes collections, ne permettent pas de douter qu'il ny ait sur l’ouvertrue des branchies des ostracions un opercule et une membrane. L’opercule est couvert de petits tubercules disposés comme sur le reste du corps, mais moins réguhérement a DES :OSTRACIONS. 7 régulièrement ; et la membrane est mince, flottante et attachée du même côté que le tubercule (1). ..... Au reste, sur tous les ostracions, l'ensemble de l'enveloppe osseuse est recou- vert d’un tégument très - peu épais, d’une sorte de peau ou d’épiderme très - mince, que j'applique très-exactement à toutes les inégalités, et n'empêche de distinguer au- cune forme. Après un commencement d’al- tération ou de décomposition, on peut faci- lement séparer les uns des autres, et cette peau, et les diverses pièces qui composent la croûte osseuse. À A L'on a vu, dans le tableau qui précède cet article, lés caractères que Lacépède assigne à ce genre de cartilagineux ; ce sont une enveloppe osseuse et des dents incisives à chaque mâchoire. Bloch se contente d'ad- mettre le premier de ces caraclères pré- (1) D’après cette dernière observation, commune à plusieurs voyageurs instruits , et confirmée par les recherches de Lacépède, il faut rayer de la liste des attributs caractéristiques , présentés par les 1ich- thyologistes comme distinctifs du genre des poissons coffres, le défaut de membrane à l’opercule des ouïes. Poiss. Tom E.V. B | :. HN HISTOIRE sentés par Lacépède, c’est-à-dire, une écaillé dure enveloppant le corps (1). D’autres na- turalistes ont employé des distinctions moins simples, et par conséquent plus susceptibles de se trouver en défaut. Les ostracions de Linnæus ont à chaque mâchoire dix dents alongées, menues et uh peu obtuses ; l'ou- verture des ouïes linéaire; le corps cuirassé par une enveloppe osseuse et entière; point de nageoires au ventre (2). En adoptant une partie de ces distinctions génériques , M. Gouan a partagé l'erreur de Linnæus, qui n’attribue généralement à ces poissons que dix dents aux deux mà- choires , tandis que quelques espèces en ont plus et d’autres moins. Voici, au reste, la phrase caractéristique de M. Gouan : Le coffre. Le corps polygone, couvert, cuirassé d’une seule écaille marquetée; la tête pelle; dix dents avancées, grèles, ob- tuses ; l'ouverture des ouïes est linéaire, latérale , au dessus des nageoires pecto- rales (3). (1) Histoire naturelle des poissons, genre 70, le coffre. (2) Syst. nat. edit. Gmel. gen. 136, ostraciox. (3) Histoire des poissons, p. 109. DES OSTRACIONS 19 Artedi s'étend davantage dans l’énumé- ration des attributs qu'il regarde comme pro- pres au genre enlier des coffres. I dit que ces poissons manquent de membrane bran- chostège, ou de la membrane plissée qui, dans le plus grand nombre des espèces , est cachée sous l’opercule des ouïes auquel elle est attachée (1) ; que la forme de leur corps est insolite, puisqu'elle est ou sphérique, ou arrondie, ou ovale, où oblongue et qua- drangulaire, ou presque conique; que leur peau dure est hérissée d’épines ou de grands aiguiHons sur tout le corps ou sur une de ses parties, mais aussi quelquefois lisse; qué les nageoires ventrales manquent; que le nombre de celles qui existent est de cinq, savoir deux pectorales ou latérales, une sur le dos, l’anale et celle de la queue: que la bouche est petite et armée de longues dents; que les yeux sont couverts par une pellicule ; qu'il y a deux ouvertures des narines devant les yeux; qu'enfin les lèvres qui peuvent se retirer couvrent les dents en partie (2). Suivant Brunnich , les coffres ont les ouïes incomplettes, c’est-à-dire, qui manquent a (1) Voyez la note de la page 17. (2) P. Artedi, Generel. pisc. gen. 50, os’racion. B a 20 HISTOIRE de membrane branchiale (1); les nageoires membraneuses, soulenues par des rayons osseux ; nulle rageoire au ventre; le corps cuirassé par un os entier (2). Les coffres ne se trouvent point dans les mers d'Europe, ni dans les autres mers bo- réales; ils ne vivent que dans celles qui sont échaufflées par les feux de la zone torride ; ils ne s’écartent guère des côtes, et la mer en se relirant les laisse souvent dans des lieux où il ny a qu'une petite quantité d’eau , bientôt évaporée. Ces poissons se nourrissent de crustacés et de petits coquillages qu'ils brisent aisé- ment avec leurs dents. Leur chair, peu abondante, est assez généralement blanche et succulente. Quand ils sont cuits, on les retire de leur enveloppe solide, comme un escargot de sa coque , ou une tortue de sa carapace. (1) Voyez la note de la page 17. (2) Fandam. Zool. p. 150. \ J bati qq S N Da ÿ È | AU À F \ JS oves ce 1.LE COFFRE LISSE. 2.LE COFFRE MAILIE. DES OSTRACIONS. 21 D a ———_————————_—— LE, (COFFRE. LISSE: \:). PREMIÈRE. ESPÈCE. Voyez la figure planche XIT, figure 1. D: tous les poissons du genre des coffres, celui-ci seul est entièrement privé des épines ou des aiguillons qui servent de défenses aux autres espèces; de là est venue l’épithète de lisse qu'on lui a donnée. Ce n’est pas qu'il ne soit pourvu, comme les autres es- pèces, d’une couverture solide; cette sorte — (1) Le coffre lisse. En allemand, glattes-dreiek , biegel- eisen. En hollandais, sérykyzer-visch, à cause de sa res: semblance avec un fer à repasser. En anglais, oldvife- fish. A a Jamaïque, érunck-fish. En suédois, trekautad- £urra. À la Martinique, couchon, cochon ou coffre. Piscis triangularis ex toto cornibus carens. Wil- lughby , Hist: pise. append. p. 20, n° 6. — Ray, P45 ;:nf Ostracion tuberculis exiguis , inermis , asper | acu- leis carens. Seb. Thes. tom: III, p. 63, tab. 24, fig. 6. Ostracion trigonus , muticus... ostracion triqueter, Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 1. | Ostracion polyodon, inermis ; triqueter. Mus. Ad, Fred. tom. T, p. 60. sa Ostracion triangulus; tuberculis exiguis innumeris , B 5 32 HISTOIRE de tèt est même remarquable par ia régu- larité des pièces hexagones qui la composent, et dont le nulieu est relevé en bosse en forme de bouclier, du centre duquel partent des lignes de tubercules semblables à de pe- ttes perles qui s'étendent jusqu'aux côtés. et qui font paroître la crête du dos, non seulement festonnée, mais encore finement dentelée. La croûte ou l'enveloppe, si élé- gamment divisée en compartimens en rehef, se termine au dela de l’origine de la queue par une ouverture échancrée , d’où sortent environ les deux tiers de cette partie. L'on a encore appelé ce poisson iriangu- laire, à cause de sa conformation. Bloch ajonte que, si on coupe le coffre lisse en morceaux du haut en bas, chacun de ces morceaux représente un triangle dont les deux côlés sont égaux (1). Dans cette espèce les yeux sout silués un peu plus près du acudeis earens. Ariedi , Gen. pisc. gen. 39, sp. 10, et Synonym. p. 85, n° 14. Le coffre lisse. Bloch | Hist. nat. des poiss. gen. #0. C:ffre triangulaire sans épines. Daub. Encyci, mét. Le coffre triangulaire, Bon. pl. de l’Encycl. méth. L'ostracion triangulaire. Lacépède, Hist. nat. des poissons, tom. T,in-4°, p. 444 (x) Hist. des poissons ; oo cifato. DES OSTRACIONS. 23 bout du museau que du milieu du dos; l'endroit de la tête qui répond aux sourcils est saillant de part et d'autre; la prunelle est noire , l'iris blanc et entouré d’un cercle jaune. Les narines alongées se trouvent près des yeux. L'ouverture des ouïes, également alongées et étroites, paroissent devant les nageoires pectorales. La queue longue se termine par une nageoire arrondie et com- posée, suivant Eacépède, de dix rayons, de même que lanale et celle du dos; les nageoires pectorales en ont douze. Bloch compte dix-sept rayons à ces dermières, douze à la nageoire anale, onze à celle du dos, et quatorze à celle de la queue. Toutes les nageoires sont jaunes; un fond brun rougeâtre couvre tout le poisson; les bou- cliers sont étoilés de blanc sur leur milieu, et des taches rondes , blanches et cerclées de brun ornent la queue. Le coffre ne parvient pas au delà d’un pied ou d'un pied et demi de longueur ; 1} fréquente les mers qui baignent les côtes des deux Indes. La délicatesse de sa chair le fait rechercher ; Browneassure qu’elle est d'un si bon goût qu'elle surpasse celle de tous-les autres poissons de l'Amérique, et qu'à la Jamaïque c’est un mets réservé paur B 4 BA HISTOIRE la table des riches (1). Lacépède fait à ce sujet les réflexions suivantes : AA Quoiqu'il (le coffre lisse) ne paroisse se plaire que dans les contrées équatoriales , on pourroit chercher à l’acclimater dans des pays bien plus éloignés de la ligne, les diffé- rences de température que les eaux peuvent présenter à différens dégrés de latitude étant moins grandes que celles que lon observe dans l’atmosphère. D'un auire côté, on sait avec quelle facilité on peut habituer, à vivre au milieu de l’eau douce, les poissons que l’on n'avoil cependant jamais trouvés que dans les eaux salées. Le goût exquis et la nature irès-salubre de la chair du triangulaire (le lisse) devroient engager à: faire avec cons- tance des tentatives bien dirigées à ce sujet : on pourroit tendre à cette acclimalation, qui seroit utile à plus d’un égard, par des désrés bien ordonnés : on n’exposeroit que succes- sivement l'espèce à une température moins chaude ; on attendroit peut-être plusieurs générations de cet animal pour labandonner entièrement, sans secours étranger, au climat dans lequel on voudroit le naturaliser. On pourroit faire pour le triangulaire (le lisse) (1) Hist. of Jamaïc. DES OSTRACIONS. 25 ce que l’on fait pour plusieurs végétaux : on apporteroit des individus de cette espèce, et on les soigneroit pendant quelque tems dans de leau que l’on conserveroit à une tempé- rature presque semblable à celle des mers équatoriales auprès de leur surface; on di- minueroit la chaleur artificielle des petits bassins dans lesquels seroient les triangu- laires (les lisses), par dégrés presque insen- sibles, et par des variations extrêmement lentes. Dans les endroits de l'Europe, où d’autres parties du globe, éloignés des tro- piques et où coulent des eaux thermales, on pourroit du moins profiter de ces eaux, naturellement échauflées, pour donner aux triangulaires (aux lisses) la quantité de cha- leur qui leur seroit absolument nécessaire, ou les amener insensiblement à supporter la température ordinaire des eaux douces ou des eaux salées de ces divers pays. A A 26 HISTOIRE Ds ed LE COFFRE MAILLÉ. L’OSTRACION MAILLÉ (1)(2}, PAR LACÉPÈDE. SECONDE ESP ÉÊ CE. C'ssr d’après un dessin trouvé dans des manuscrits de Plumier, que Île professeur Bloch a publié la description de ce poisson. Son enveloppe est triangulaire comme celle de l’ostracion que nous venons d'examiner, À l’aide d’une loupe, ou avec des yeux 1rès- bons et très-exercés, on dislingue des ran- gées de tubercules, placées sur des lignes blanches, formant des triangles de diffé- rentes grandeurs et de diverses formes, eë (1) Ostrarion concatenatus, eoffre maillé, Block, pl. cxxxr. Coffre mailié. Bonat. pl. de l'Encycl. méth. (2) Le coffre maillé. En allemand, keftenfisck. Ostracion trianvularis mutieus, ficuris catenuia- æ&) ? oo "2 7 AMOR ostracion concatenatus, Arledi, Gon. pisc, gen. 59, sp. 13, additament. SONNENLe DES OSTRACIONS. 27 se réunissant de manière à représenter un réseau, ou un ouvrage à mailles. La mà- choire supérieure est plus avancée que lin- férieure (1). La tête est d’un gris cendré avec des raies violettes; les facettes latérales sont d’un violet grisâtre ; le dessous du corps est blanc; les nageoires sont un peu rouges (2) (3). nel (1) Chacune est garnie de cinq dents. Les ouver- tures des narines , placées près des yeux, sont simples et alongées. SONNINI. (2) Il y a aux nageoires pectorales. . . 12 rayons. AbeNe Eole pe Sn A LE 00 celle dedans. dons. nine à © À celle de la queue, qui est arrondie. . 8 (5) La quene est brunâtre , la prunelle noire , avec une bordure jaune et Piris verd. La nageoire de la queue est arrondie à son extrémité. On pêche le coffre maïllé près des côtes de l'Inde et de l'Amérique , dans les mêmes endroits que le coffre lisse. Bloch et, sur son autorité, quelques ichihyolo- gistes ont rapporté au coffre maillé la troisième espèce de guamaiacu-ape, décrite par Marcgrave, et qui diffère néanmoins du maillé à plusieurs égards , ainsi qu’on [e verra dans l’articie suivant. SONNINI. 28 HISTOIRE LEP CA NT TUE AT TROISIÈME ESPECE. + Mancoenavs a décrit un poisson du Brésil, auquel il applique la dénomination de guamaiacu-ape, qui paroît être dans cette partie de l'Amérique méridionale le nom générique de toutes les espèces de poissons coffres. Bloch (2), Walbaum dans Artedi(3), et l’abbé Ray (4) le rapportent au coîffre maillé (5). Il ressemble en effet à l'espèce précédente par plusieurs traits de confor- mation; mais il s’en éloigne par autant de traits de dissemblance. Il me paroît même que celle troisième espèce de guamaiacu-ape de Marcgrave est beaucoup plus rapprochée du coïfire lisse que du maillé, et je serois (1) Guamaiacu-ape. Maregr. Hist. nat. bras. lib, 3, cap. 1,p. 142. Nota, que Lacépède ne fait aucune mention de ce coffre de Marcgrave. (2) Hist. nat. des poissons, genre 70, article du coffre maillé. (3) Arted. Gen. pisc. edit. Waïb. p. 477, add. n° 13. (4) Zoologie universelle, p. 151. (5) Voyez l’article précédent, DES OSTRACIONS. 9 assez porté à le regarder comme de la même espèce; mais la comparaison la moins ap- profondie suffit pour ne pas le confondre avec le maillé. L’'individu que Marcgrave a examiné avoit un pied de longueur et quatre doigts de hauteur ; sa cuirasse éloit divisée en pièces hexagones, fragiles sur le poisson frais, et qui devenoient des boucliers solides lorsque l'animal avoit été exposé au soleil, La bouche éloit étroite, et les mâchoires ‘avoient de petites dents oblongues et peu saillantes, cinq en bas et onze en haut. Les yeux étoient grands, ronds, et de couleur de terre d'ombre mêlée d'argent. La queue avoit deux doigts et denn de longueur et de largeur ; sa forme étoit à peu près carrée, mais ses côtés s’arrondissoient en arc. La couleur générale du poisson est un gris blanchâtre. Ce guamaiacu a peu de chair; il est presque vuide, et il n’a guère de solide que l’épine du dos à laquelle les viscères tiennent par des membranes. Marcsrave a trouvé beaucoup de sable dans son estomac. 30 HAS TOTRE + en LEUCOFRRE «POINT IL IE. L’'OSTRACION POINTILLÉ (1); PAR .L'ACIÉ PÉDE. QUATRIÈME ESPÈCE. Lez voyageur Commerson a trouvé ce car- tilagineux dans les mers voisines de FIle de France. Il n’a vu de cette espèce que des individus d’un demi-pied de longueur. Ce poisson a une enveloppe osseuse, qua- drangulaire, c’est-à-dire, composée de quatre grandes faces, dont une placée sur le dos. Cette couverture solide présente un grand nombre de petits points un peu rayonnans, qui la font paroïître comme ciselée ; mais elle n’est pas garnie de tubercules qui en divisent la surface en compartimens poly- gones et plus où moins réguliers. J'ai tiré (1) Ostracion tetragonus oblongus muticus, seutis testæ indistinctis, toto corpore maculis lenticularibus, sub ventre majoribus, guttato. Commerson, manus- crits déjà cités. DES OSTRACIONS. 53: le nom que j'ai donné à cet ostracion , de cette sorte de pointillage que présente sa croûle osseuse , ainsi que la disposition de ses couleurs. On voit en effet sur tout l’ani- mal, tant sur l'espèce de cuirasse qui le recouvre , que sur les parties de son corps que ce têt ne cache pas, une quantité innombrable de très - petites taches lenti- culaires et blanches, un peu moins petites sur le dos, un peu moins petites encore et réunies quelquefois plusieurs ensemble sur le ventre, et paroissant d'autant mieux qu’elles sont disséminées sur un fond brun. Les deux mâchoires sont également avan- cées ; les dents sont souvent d'une couleur foncée , et ordinairement au nombre de dix à la mâchoire d'en haut et à celle d’en bas. D AE Au dessous de chaque œil on voit une place assez large, aplalie, déprimée même, et ciselée d’une manière particulière. La nageoire de la queue est arrondie (1). (1) On compte aux nageoires pectorales 10 rayons, À la nageaire dorsale. . , , . . . . 9 À celle de l'anus, qui est un peu plus étendue que celle du dos. . . . . . . A celle de la queue {914 0 (lan 32 HISTOIRE ro LE COFFRE TUBERCULÉ (1). EL” OS EF R:A. C L:O N QUATRE-TUBERCULES (2), PAR LACÉPÉÈÉDE. CINQUIÈËÈME ESPÈCE. Cr ostracion est quadrangulaire comme le pointillé ; mais il est distingué de tous le | , (1) Le coffre tuberculé. En anglais, the great square fish. Piscis maximus quadrangularis id est, dorso plano. Ray, pag. 45. Ostracion tetragonus,muticus , tuberculis dorsalibus quatuor. .... ostracior tuberculatus. Lan. Syst. nat. edit. 15, gen. 156 , sp. 7. SONNINI. (2) Ostracion tuberculatus. Tin. edit. de Gmel. Ostracion oblongo quadrangulus, tuberculis qua- tuor majoribus in dorso. Artedi , gen. 55 , syn. 63. Coffre quadrangulaire & quatre tubercules. Bonat. pl. de l’Encycl. méth. — Daub. Encyc. méth. Piscis maximus quadrangularis, quatuor tuber- culis in dorso, non longè à capite, insignitus. Wil- lughby, Ichihyol. append, p. 20. es DES OSTRACIONS. 53 les, cartilagineux , compris dans le premier sous - genre , par quatre gros tubercules placés sur le dos, disposés en carré, et assez éloignés de la tête. On le trouve dans l’Inde (1). (1) Cé poisson a la tête et la bouche petites; le museau obtus ; les yeux grands, à iris d’un verd blan- châtre , et prunelle ronde d’un verd noir; les ouver- tures des narines placées devant les yeux ; les dents srandes , à moitié cachécs par des lèvres mobiles ; les nageoires pectorales petites, l’anale oblongue, celle lu dos courte et eelle de la queue , grande. SONNINI. Poiss. Tome V. C 84 HISTOIRE LE COFFRE'BELONIEN (1): SIXIÈME ESPÉCE. Jr donne à ce coffre le nom d’un de nos plus anciens et de nos meilleurs obser- valeurs, parce que c’est dans ses ouvrages que l'on en irouve la première notice. Belon rapporte que , de son tems, des ba- teleurs faisoient voir un poisson queiquefois d’un pied de long , et dont la forme étoit à cinq angles; qu’on le vuidoit de ses parties intérieures, pour en garder la cuirasse dure comme un os, mais fragile ; que cette en- veloppe ne se corrompt point et que les cu- rieux l’achetoient (2). Plusieurs naturalistes (1) Zolosteos , poisson du Nil. (Belon, Nature ct diversité des poissons, liv. 1, p. 297.) Ostracion Nili,quem Belonius holosteum appellat. Gesner , de Aquat. p. 757. — Willughby , Hist. pisc. lib. 4, Cap. 2, p. 148. Holosteum Belonii, sive ostracion Gesneri, Char- leton , pag. 154. Ostracion. Artedi, var. a , sp. 6, syaonym. p. 84. (2) Nat. des poiss, à l’endroit précédemment cité. DES OSTRACIONS. 55 ont pensé avec Cesner (1), que l’animal dont parle Belon et qu'il appelle holosteos, c'est-à-dire, tout os , est une espèce de coffre; ce dont l’on ne peut douter en jetant un coup d'œil sur la figure que Belon a faite de la cuirasse de ce poisson. Artedi prétend y reconnoître une simple variété du coffre tuberculé (2); mais c’est une conjecture sans fondement ; il n’est pas plus probable que ce soit un poisson du Nil, ainsi que Belon la avancé sur la foi des bateleurs ; en sorte que le coffre, dont parle ce natu- raliste, est encore à ajouter à la longue liste des êtres peu connus que l’histoire naturelle recommande à de nouvelles ob- ser vations, _ (1) De Aquat,. /oco suprà citato. (2) Synony mia nominum piscium , loco citato. 30 "EDIT STOAR E ee 2 —— he LE COFFRE.A,BEC. (1). E,0:S TR. A. C:T O.,N MUSÉAU - ALONGÉ (), | Planvke XUH, fig. à. à PAR LACÉPBERDT SÉPTIÈME ESPÈCE. Cær ostracion est remarquable par Ja forme de son museau avancé, pointu et prolongé, de manière que Pouverture de la bouche est placée au dessous de cette exten- sion. On trouve quatorze dents à la mà- choire supérieure , et douze à l’inférieure. (1) Le coffre à bec. En allemand, rasenbein-fisch. Piscis majusculus , quadrangularis , rostratus, Willughby, Ilist. nat. pisc. append. p. 20. — Ray, p: LAN à Ostracion oblongo - quadrangulus, rostro acuto, maculis in dorso et capite. Arted. Gen. pisc. gen. 39, sp. 3; et Synonym. n° 7, p. 14. SONNINI. (2) Artedi , gen. 56 ,m° 3. Ostracion nasus, coffre à bee. Bloch, pl. cxxxvixr. Coffre à bec. Bonat. pl. de lEncycl. méth. «7 B.ARaCtIRe d. \ LLE COFFRE A BEC. 92.LE TAUREAU DE MER. qu + " DES OSTRACIONS. _57 L'iris est d’un jaune verdâtre, et la pru- nelle noire. La croûte osseuse présente quatre faces; elle est toute couverte de pièces figurées en losange, et réunies de six en six , de manière à offrir l’image d’une sorte de fleur épanouie en roue et àsix feuilles ou pétales. Au milieu de chacune de ces espèces de fleurs paroissent quelques tuber- cules rouges. On voit d’ailleurs des taches rouges sur la tête et le corps, qui sont gris ; d’autres taches brunes répandues sur Ja tête et la queue, et les nageoires sont rougeñtres (1) (2). (1) Aux nageoires pectorales. . . . . qrayons. À celle ag dos SH 8. UMTS g À cellesdé l'anus. sk, #éiieie 19 A celle de la queue, qui est arrondie. . 9 (2) Le coffre à bec atteint la longueur de deux pieds. Bloch dit que ce poisson se trouve dans la Méditerranée, à l'embouchure du Nil,et qu'ilremonte dans le Nil même. SONNINI. 38 HISTOTRE LE Ci OE ER di A BEC. TRÈS-POINTU (à). HUITIÈME ESPÈCE Lie museau de ce.coffre est plus prolongé que celui de lespèce précédente , et sa pointe avance en quelque sorte comme un poignard. Ïl n’y a point de tubercuies sur le dos du poisson. C’est à cette notice beaucoup trop succinte que se réduisent les renseignemens que Lister nous a transmis au sujet de ce coffre (2), auquel j'ai donné le nom de coffre à bec trés-pointu, pour le rapprocher , et en même tems le distinguer du précédent. Cependant il pourroit bien se faire que ce fût la même espèce mal décrite , ainsi que Artedi le soupconne (5) De nouvelles recherches mettront fin à celte incertitude. (:) Ostracion tertius rostratus. Lister, apud. Wil- laghby, Hist. pisc. lib. 4, cap. 6, n°5, p. 156. — Ray, p. 45. — Artedi, Gen. pisc. gen. 59, sp. 34. Synonym. p. 85 , n° 7, var. a. (2) Willughby, loco suprà citato. (3) Synonym. loco citato. r DES OSTRACIONS. 39 1 , EE ÉD" C'OMRTPIRPE A DEUX TUBERCULES. LOS TT REA.CE CON DÉUX-FUBEROULES (G), PAR LACÉPÉDE. NEUVIÈME. ESPÈCE. L'rxvecorrr dure et solide qui revêt ce carliJagineux est à quatre faces. Elle est toute couverte de pelites plaques hexagones, marquées de points disposés en rayons, moins régulières sur la tête, moins distin- guées l’une de l’autre sur le dos, et cepen- (1) Ostracion oblongus, quadrungularis (mutieus), tuberculo cartilagineo suprà et infrà os; scutis cor poris hexagonis punctato-radiatis; dorsalibus centro nisricantibus ; caudæ basi crocea. Commerson, ma- nuscrits déjà cités. Ca 40 HISTOER E dant aussi faciles à séparer que celles que Von voit sur les autres ostracions. Celles de ces plaques qui garnissent le dos sont noires dans leur centre. D'ailleurs la couleur géné- rale de la croûte osseuse est d’un rouge obscur. Toutes les nageoires sont brunes ; l'extrémité de la queue, l'iris, et les inter- valles des pièces situées auprès des opercules des branchies , sont d’un beau jaune, et le dessous du corps est d’un jaune sale et blan- châtre. Le museau est comme tronqué; l’ouver- ture de la bouche petite ; les dents sont brunes , et au nombre de dix à chaque mâchoire ; mais ce qui distingue principa- lement l’ostracion que nous cherchons à faire connoître , c’est qu'il a deux tuber- cules cartilagineux et blanchâtres, l’un au devant de l’ouverture de la bouche , et l'autre au dessous. Ce dernier est le plus grand. La langue est une sorte de cartilage in- forme, un peu arrondi et blanchâire. L'ouverture des narines est élroite , et siluée au devant et très-près des yeux. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave des DES. OSTRACIONS. 41 demi-cercles qui les soutiennent est finement dentelée (1). Nous devons la connoissance de cette espèce à Commerson , qui l’a observée dans Ja mer voisine de l’île Pralin , où elle par- vient au moins à la longueur d’un pied. (:) Aux nageoires pectorales. . . . . 10 rayons. À celle de dose 4 «je ce té ét ete %e 010 À rellede lPangs., 4 eut cts A celle de la queue, qui est arrondie. 10 42 HIS TIOTR E LE COFFRE TIGRE (1): L’OSTRACION MOUCHETÉ (2), PAR LACÉPÉDE. D?E X:IÈ M ÉE: -E S PE CE: Carr ostracion est peint de couleurs plus belles que celles qui ornent le deux.- tuber- cules, avec lequel il a cependant de très- grands rapports. Chacune des pièces hexa- (1) Le coffre tigré. En allemand, slachelloses viereck, todtenruhe. En suédois, kub - kurra. En anglais, square-fish. En hollandais, coffervisch, gestreipte kistkenvisch, doodikist, teerlingse beenvisch. En arabe, abou senduk. Ostracion quadrangulus , nigrescens , tuberculis minimis et maculis albis varius. Seb. Thes. vol. LT, p61., tab.%4, fig. b. Ostracion polyodon , inermis...... ostracion tetra- gonus. Mus. Adolph. Fred. 1, p. 59. Ostracion tetragonus, mutius , lateribus planius- CUS Se ete à ostracion cubicus. Lin. edit. Gmel. gen. 136, sp. Q. Ostracion quadrangulus , maculis variis plurimis. Petiv. Gazoph. 1, tab. 1, fig. 2. SONNINI. DES! OSTRACIOINS. 45. gones, que lon voit sur la croûte ‘osseuse , présente une tache blanche ou d’un bleu très-clair, entourée d’un cercle noir qui la rend plus éclatante, et lui donne l'apparence d'un iris avec sa prunelle. Les nageoires pectorales, du dos et de lanus sont jau- nâtres (3). Le dessous du:corps offre des taches blanches sur les petits boucliers de l'enveloppe solide , et jaunes ou blanchâtres sur les intervalles ; et enfin, la-portion de la queue qui déborde la couverture osseuse (2) Ostracion cubicus. Lin. edit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1 ,p. 59. — It. Wgsoth, p. 138. Ostracion quadrangulus , maculis variis plurimis. Artedi, gen. 56 ,.syu. 85 , n° 8. Coffre quadrangulaire, sans épines. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Coffre tigré. Bonat. pl. de l’Encycl. méth. . Piscis mediocris quadrangularis, maculosus. Lister, ap. Willughby, p. 20. — Ray, p. 45. — Pet. Gaz.1, tab. 1, fig. 2. — Seb. Mus. 3, tab. 24, fig. 4 et 5. Ostracion tetragonus oblongus, muticus, scutis. testæ hexagonis punctato-scabris , ocello nisro cæruleo in singulis. Commerson, manuscrits déjà cités, Ostracion cuvicus, coffre tigré. Bloch, pl. cxxxvi1. (5) Aux nageoires pectorales. + . ., 10 rayons. A cellé du dos. 42 di so A 9 À celle de l'anus: à à 34147400 À celle de la queue , qui est arrondie. 10 4 HISTOIRE est brune et parsemée de points noirs. Mais, ce qui différencie le plus le moucheté d'avec l'espèce précédente , c’est qu’il n’a pas de tubercule cartilagineux au dessus ni au dessous de la bouche. D'ailleurs il n’y a ordinairement , suivant Commerson, que huit dents à la mâchoire supérieure, et six à l’inférieure (1). Au reste, la sorte de coffre dans lequel la plus grande partie de l’animal est renfermée , est à quatre faces longitudi- nales , ou quadrangulaire. Le moucheté vit dans les mers chaudes des Indes orientales, et particulièrement dans celles qui avoisinent l'Ile de France (2). (1) Selon Bloch, la mâchoire supérieure est garnie de douze dents, et linférieure de dix. (Hist. des poissons , gen. 70 , article du coffre tigré.) Le même naturaliste ajoute que les lèvres du coffre tigré sont grosses , et les yeux alongés, avec une prunelle noire et un iris jaune; que les ouvertures des ouïes sont plus petites que dans les autres espèces du même genre; que la couleur des boucliers est plus foncée vers le dos que vers le ventre , et que les petites perles roudes dont ils sont couverts les rendent rudes au toucher. Ce poisson parvient ordinairement à la longueur d’un pied; il compose sa subsistance de vers et d’in- sectes marins. SONNINI. (2) Le coffre tigré vit aussi dans les eaux de la mer DES: OSTRACIONS. 45 Sa chair est exquise. On le nourrit avec soin en plusieurs endroits ; on ly conserve dans des bassins ou dans des étangs ; et il y devient , selon Renard, si familier, qu'il accourt à la voix de ceux qui l’appellent , vient à la surface de l’eau , et prend sans crainte sa nourriture jusques dans la main qui la lui présente (1). Rouge , selon Forskæœl; les pêcheurs arabes qui lui donnent le nom d’abou senduk , ont coutume de Pouvrir et d'en extraire la chair. (Fauna Ægypt, Arab. pag. 17, n° 48, ostracion cubicus. ) SONNINTI. (1) Cette particularité, rapportée par Renard, ne paroît pas vraisemblable aux yeux,du docteur Bloch, ( Voyez son histoire du coffre tigré.) Sonnani. 46 HISTOFRE LE: COFFRE: BOSSU : (a). L' *OSTRACION BOSSU (), PUR LACÉPÈDE. GUN Z-LUÉLM RL E:SLP D. CE Cr carlilagineux. quadrangulaire , ou dont la couverture solide présenie quatre faces oi Le coffre bossu. En anglais, gtbbose ostracion. Ostracion àlter. AYdrov. Fise, Hbs ous 19; p.561. — Jonston } Pisc. tab. 25, Pire | Ostracion tetragonus , mulicus ; LED DOS Sr ee eee ostracion gibbosus. Lin. Re nat. ‘edit. LG gen. 136, Sp. ©. Nota. Gmelin se demande si ce poisson ne seroit pas une simple variété du coffre lisse. Je ne le crois pas; cependant on ne peut rien dire de positif à cet égard , parce que le genre des coffres étant encore peu connu, l’on ne sait pas quelles sont les différences extérieures qui distinguent les mâles des femelles ; en sorte qu’il est très-probable que les espèces décrites sont trop multipliées; et que lorsque l’on aura obtenu les éclaircissemens qui manquent , l’on trouvera que le mâle et la femelle d’une même espèce ont été pré- sentés comme des espèces séparées. SONNINI. DES OSTRACIONS. 47 longitudinales, a pour caractère distinctif une élévation en forme de bosse , qu'offre sur le dos la croûte osseuse. Cette élévation et la conformation de son enveloppe suf- fisent , étant réunies ; pour empêcher de confondre cet animal avec les autres ‘{ÿois£ sons inscrits dans le premier sous-genre des osiracions (5). On: pêche le bossu dans les mers Africamnes. On trouve dans. Knorr (4) la figure et la description d’un cartilagineux que lon a pris pour un ostracion , auquel on à donné (2) Ostracion sibbosus. Lin. edit. de Gmel. Coffre bossui Daubent. Encycl. méth.— Bonater re! , planches de l’Encycl: méthod. Ostracion oblongus , quadrangulus gibbosus. At gen. 55 , syn. 85. Den alter. Aldrov. 1. #4 ,c. 19, p. 561. — Jonst 10, Deus Ostracion- alter gibbosus. Aldrovand. Lister , ap. Willughby ,'p. 156. Piscis quadrangularis gibbosus. Ibid. p. 20. — Ray , p. 44. (5) Les nageoires pectorales sont larges et chlongues, celle du dos est courte et médiocrement large, l’anale est plus longue, et celle de la queue est grande ; toutes ont une teinte olivâtre, plus foncée sur la nageoire de la queue. SONNINI. (4) Knorr, Del. nat, selectæ, p. 56, tab, H, 4, fig. 3. 48 HITS TOIRE le nom d'ostracion porte - créte (1), et qui, n'ayant point de cornes ou grands piquans, devroit être compris dans le premier sous- genre de cette famille , comme le bossu , et les autres véritables ostracions dont nous venons de nous occuper. Mais, si l’on exa- mine avec attenlion cette description et cette figure, on verra que l'animal auquel elles se rapportent n’a aucun des véritables trails distinctifs des ostracions , mais qu'il a ceux des lophies, et particulièrement des lophies comprinées par les côtés. Au reste , il est figuré d’une manière trop inexacte et décrit d’une manière trop peu étendue, pour que l'on puisse facilement déterminer son espèce, qui est d’ailleurs d'autant plus difficile à reconnoître ; que le dessin et la description paroissent avoir été faits sur un individu altéré, | | (1) Planches de l'Encyclopédie méthodique. LE DES OSTRACIONS. 49 COFFRE A TROIS AIGUILLONS (1), LE COFFRE À PERLES (2), LE COFFRE DEUX-PIQUANS (5). L’'OSTRACION TROIS-AIGUILLONS (4), L’OSTRACION TRIGONE (5), ET L'OSTRACION DEUX-AIGUILLONS (6), PAR LACÉPÉDE. 12° ,,19° ET 14 ESPÈCES. Nous placons dans le même article ce que nous avons dit de ces trois espèces, parce qu’elles ne présentent que peu de différences a indiquer. (1) Ostracion trigonus , spinis frontalibus duabus , dorsali unicä..... ostracion tricornis. Lan. Syst, nat, edit. Gmel. gen. 136, sp. 27. SONNINI: Poiss. Tome V. D bo HISTOIRE Le trois-aiguillons , inscrit dans le second sous-genre , monire auprès des yeux deux (2) Le coffre à perles. En allemand, dreieck , ge- perltes dreieck. En anglais, triangular-fish. Au Brésil, guamacaju-ape par les naturels, et capines par les portugais. En France, coffre à perles , coffre , bourse, cochon de mer. Ostracion spinis subcaudalibus duabus, pinné dor- sali radiis quatuordecim..... ostracion trigonus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 136 , sp. 2. — Ostracion polyodon tetragonus , abdomine ponè bicorni. Iter Scan. p. 160. SONNINI. (5) Le coffre à deux piquans. En allemand, pfloct- schwanz et zweistachelichtes dreieck. Ostracion trigonus , spinis subcaudalibus duabus, pinné dorsali radiis decem..... ostracion bicaudalis. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 3. SONNINI. (4) Ostracion tricornis. Lin. édit. de Gmel. ( Les passages de divers auteurs, rapportés au trois- aiguillons par Gmelin, ont trait à d’autres ostra- cions ; et ce qu'ont dit Daubenton et Bonaterre, dans l'Encyclopédie méthodique du coffre triangu- laire à trois épines, doit être appliqué à l’ostracion lister.) (5) Oxstracion trigonus, Lin. édit. de Gmel. — It. Scan. 160. Ostracion triangulus , limbis figurarum hexagona- rum eminentibus, aculeis duobus in imo ventre. Artcd. gen. 56, syn. 85. — Jbid. n° 12. DES OSTRACIONS 5% Jongues prolongations de sa croûte osseuse, faconnées en pointes el dirigées en avant, 11 à d’ailleurs un troisième aiguillon sur la partie supérieure du corps. Al vit dans les mers de l'Inde , ainsi que le trigone et le deux-aiguilions. Ces deux derniers ostracions ont beau- coup de traits de ressemblance l’un avec l'autre. Placés Lous les deux dans le troi- sième sous-genre, 1is n'ont point de piquans sur la tête; mais leur enveloppe solide , triangulaire , ou composée de trois faces Ostracion trigonus , coffre à perles. ( Bloch, pl. cxxxv.) Piscis triangularis Clusit, cornibus carens, Wil= Jughby , p. 156. — Ray, p. 44. Coffre triangulaire tuberculé à deux épines. Daub. Encycl. méth. — Bonaterre , pl. de l’Eucycl. méth. (6) Ostracion bicaudalis, Lin. édit de Gmel. Ostracion triangulatus, tuberculis hexagonis radia- tis, aculeis duobus in imo ventre. Art. gen. 57, syn. 65, — Seb. Mus. 5 , tab. 24, fig. 5. Piscis triangularis parvus, non nisi imo ventre cor- nutus. Lister , App. Willughby, p. 20. — Ray, p. 45. Coffre triangulaire chagriné à deux épines. Daub. Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encyel. méth. Ostracion bicaudalis, coffre deux-piquans. ( Bloch, pl. cxxx11.) D 2 55 a EDS 'F'OUSR E longitudinales comme celle du trois-aiguii- lons, se termine, du côté de la queue, et à chacun des deux angles qu’y présente Îa face inférieure, par un long aiguillon ES en arrière. Au premier coup d'œil on est embarrassé pour distinguer le trigone du deux-aiguil- lons; voici cependant les différences princi- pales qui les séparent. Les boucliers ou pièces hexagones du premier de ces deux poissons sont plus bombés que ceux du second ; d'ailleurs ils sont relevés par des tubercules plus saillans, que l’on a comparés à des perles; de plus, les deux piquans qui s'étendent sous la aucue sont cannelés lon- gitudinalement dans le trigone , au lieu qu'ils sont presque lisses dans le deux- aiguilions ; et enfin la nageoire dorsale com- prend ordinairement quatorze rayons sur le trigone (1), tandis que sur le deux-aiguillons elle n’en renferme que dix (2). (1) Aux nageoires pectorales . . . . . 12 rayons. PACE ML Us s où he and ne email AU ASGENRE dE l'anus te LARMES UE aSUre A celie de la queue, qui est arrondie. 7 (2) Aux nageoires pectoralés « . . . . 12 rayons. A'CELLE Qu 408 SSL PRET INR RE OT A'wèlle de l'anus. 770 5 EPL À celle de la queue, qui est arrondie. 10 DES OSTRACIONS. 55 Lorsqu'on veut saisir le trigone, il fait entendre, comme le baliste vieille, et vrai- semblablement comme d’autres ostracions ; une sorte de petit bruit produit par Pair, ou par les gaz aériformes qui s’échappent avec vitesse de l’intérieur de son corps qu'il comprime. On a donné le nom de grogne- ment à ce bruissement qu'il fait naître; et voilà pourquoi ce cartilagineux a eté nommé cochon de mer, de mème que plusieurs aulres poissons. Au reste, sa chair est dure, et peu agréable au goût (1). (1) Ce poisson vit dans les mers de l'Amérique méridionale ; Marcgrave l’a vu au Brésil, et plusieurs voyageurs l’ont observé aux Antilies. On le pêche au à filet ; 11 mord aussi à l’hamegçon, mais si on ne l’en- jus pas sur le champ, il brise l’hamecçon avec ses dents. Les boucliers de substance osseuse et dure dout il est revêtu ne l’empêchent pas de devenir la proie des poissons voraces; Marcorave a tr ouvé un coffre à perles dans l'estomac d’une perche tachetée. C’est dans l’océan Indien qu’existe le coffre à deux piquans. SONNINI. > D 5 64 HISTOIRE COFFRE A QUATRE-PIQUANS (1), LBLCOFERE LISTER. L’'OSTRACION QUATRE-AIGUILLONS (2), Er L'OSTRACION LISTER (5), PAR, LACÉPÉDE. QUINZIÈME ET SEIZIÈME ESPÈCES. Czs deux cartilagineux sont compris dans le quatrième sous-genre de leur famille. Ils Qi) Le coffre à quatre-piquans. En allemand, triangel, see-guckouck , et vierstachelichtes dreieck. En hollan- dais, £ockkock , zeekalzge, vierhovrnige , beenvisch. En anglais, old husband-fish , toadfish , mikoldfisk, horned conux-fish. Au Brésil, gaamäcaju-ape. À la Jamaïque , ttaoca. Ostracion anterius quadrangsulus , sed dorso acuto , gibboso ; aculeis duobus in capite et totidem in ventre. Scb. Thes. tom. HT, p.61, tab. 24, fig. 9. Ostracion trigonus , spinis frontalibus subcaudali- busque duabus.... ostracion quadricornis. Lin. Syst. nat. edit. 13 , gen. 136, sp. 5. SONNINI. DES OSTRACIONS. 55 ont tous les deux l'enveloppe triangulaire ; tous les deux ont quatre piquans, deux auprès des yeux, et deux au dessons de la queue, aux deux angles qui y terminent la face inférieure de la croûte osseuse : mais ils diffèrent l’un de l’autre par la conforma- tion de la queue , qui, dans le lister, pré- sente un piquant dur, pointu, et aussi long que la nageoiïre de l'anus, tandis que celte partie du corps n’en montre aucun dans le (2) Ostracion quadricornis. Lin. édit. de Gmel. Ostracion triangulatus , aculeis duobus in fronte , eë totidem in imo ventre. Artedi, gen. 56, syn. 85. Coffre triangulaire à quatre épines. Daub. Encyel. méthod. — Bonaterre, pl. de l’'Encycel. méthod. Piscis triangularis Clusii cornutus. Ray, Pisc. p. A4: Ostracion quadricornis , coffre quatre - piquans. (Bloch, pl. cxxxiv.) (5) Lister, Ap. Willaghby, Ichthyol. p. 19. Ostracion triangulatus, aculeis duobus in capite, et unico longiore supernè ad caudam. Art. gen. 56, syn. 85. Coffre triangulaire à trois épines. Daub. Enc. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méithod. (Artedi, Daubenton et Bonaterre n’ont pas vu les deux aiguillons situés à l’extrémité de la face infé- rieure du têt, et au dessous de la queue; et voilà pourquoi les deux derniers de ces trois naturalistes et le professeur Gmelin ont confondu l’ostracion que nous nommons ser avec le trois-aiguillons. ) D 4 56 HISTOIRE quatre -aiguillons (1). Cette pointe longuë et dure est placée sur la portion de la queue du lister qui est hors de l'enveloppe, et elle y est plus rapprochée de la nageoire caudale que de lextrémité de la croûte solide. La nageoire dorsale du lister est plus près de la tête que celle de lanus. On ne voit pas sur la queue de ce cartilagineux d’écailles sensibles pendant la vie de l'animal; le dos et les côtés de sa tête présentent de grandes taches ondées ; et nous avons donné à ce ‘poisson le nom sous lequel il est inscrit dans cel ouvrage, parce que c’est au savant Lister que l’on en doit la connoissance. [/on ne sait dans quelles mers vit cet ostracion ; le quatre-aiguillons se trouve dans celles des Indes et près des côtes de Guinée (2). (1) 1 y a aux nageoires pectorales du trois-aiguil- lonssndiens Sodoxd pidieniess Leu ds At IMEGrayOns. Aa nageoire dorsale. . ,.:., 4, 4:47 .10 A'ecllé dédantisesns à à et sf dé te nLT0 Aicelle de Ja gueue.. Jus vel. 4 Lens D (2) Il se trouve aussi aux îles Antilles et au Brésil, Marcgrave dit que ce poisson n’a que peu de chair ,et que l’on n’en fait pas grand cas. SONNINI. DES OSTRACIONS 57 LE "COFFRE TAUREAU DE MER (), LE COFFRE CHAMEAU (2), L’OSTRACION QUADRANGULAIRE (G), Planche XIII, figure 2. er L’OSTRACION DROMADAIRE (4), PAR LACÉPEDE. DIX-SEPT. ET DIX-HUITIÈME ESPÉCES. Css deux ostracions ont le corps recouvert d’une enveloppe à quatre faces longitudi- nales : mais ces quatre côtés sont bien plus réguliers dans le premier de ces poissons que dans le second. Le quadrangulare a (1) Le coffre taureau de mer. En allemand, seekalz- chen, see-stier. En hollandais, £offervisch , zeekatje, Par les hollandais qui habitent les Indes, gedoornde doosktensisch , groote dooskenvisch. En suédois, Lorn- 58 HISTOIRE d’ailleurs, comme le quatre - aiguillons et | Æurra. Aux Indes, bakatoche capitano , ikan setang, ican toe tombo , tandoe kœning. Ostracion quadranoularis , aculeis duobus in fronte et totidem in imo ventre. Gronov. Mus. 1, n° 18. Ostracion tetragonus , spinis frontalibus subcauda- libusque duabus...... ostracion cornutus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 6. — Artedi , Gen. pisc. gen. 39, sp. 12. additament. SONNINI. (2) Le coffre chameau , ou le coffre chameau marin. En allemand , éhurnitrager, viereckigter , gehornter kropfisch. En hollandais, strykyser ko )ffervisch, zeekatze. En arabe, djemel , c’est-à-dire , chameau. En japonais, ican toe tombo. Ostracion subtetragonus , superciliis dorsoque spinis soditariis, abdomine utrinque quatuor.... ostracion turritus. Forskœl, Faun. Ægypt. Arab. p.71,n° 113. — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 10. — Artedi, Gen. pisce. gen. 59 , sp. 11. additam. S ONNINI (5) Ostracion cornutus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1, p.59. — Gronov. Mus. 1 , n° 118.— Wil- Jughby , Ichthyol. tab. x , 15, fig. 1. Piscis cornutus. Bont. Jav. 70. — Edw. Glan. pl. cezxxxiv, fig. 1.— Seb. Mus.3, tab. 24, is. 8 et 15. Coffre quadrangulaire à quatre épines. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de lEncycl. mêth. Ostracion cornutus , coffre taureau de mer. ( Bloch, DhÉRErRIII. olosteus cornutus. Vlumier , dessins sur vélin déjà cités. DES OSTRACIONS. bà comme le lisler, quatre pointes ou espèces de cornes fortes et longues : deux situées au dessous de Ja queue, dirigées en arrière, et attachées aux deux angles de la croûte osseuse ; ei les deux autres placées auprès des yeux, tournées en avant, et assez sem- blables en petit aux armes menaçantes d’un taureau, pour avoir fait donner au quadran- gulaire le nom de taureau marin (5). Ii RS (4) Ostracion turritus. Lin. édit. de Gmel. — Forsk. Faun. arabic. p.75 , n° 113. Ostracion turritus , coffre chameau marin. (Bloch, pl. cxxxvr.) Tkan toe tombo ekor tiga. Vaïlentyn, Ind. 5, p. 306, n° 150: Coffre chameau marin. Bonaterre , pl. de l'Encyc. mélhod. — Knorr, Délices de la nature, pl. H,7, fig. 1 et 2. (5) La tête du taureau marin est conrte et tron- quée ; ses yeux grands ont la prunelle noire , et liris d’un jaune verdâtre. Bloch a compté dix dents à la mâchoire supérieure , et huit à l’inférieure. Tout le poisson est d’un brun jaunâtre ; les nageoires sont jau- nâtres , excepté celle de la queue dont la teinte est brune , et qui a une large bordure de brun plus foncé. La grandeur de ce coffre n’excède guère huit à dix pouces. SONNINI1: 60 “HAS TOIRE habite les mers de l'Inde, et sa chair est dure (1) (2). Le dromadaire se trouve également dans les mers des Indes orientales, mais il a élé aussi observé dans la mer Rouge (3). Au milieu de la face supérieure de sa couver- ture solide s'élève une bosse très - grosse, quelquefois en forme de cône, d’autres fois un peu semblable à une pyramide triangu- (1) Aux nageoires pectorales du quadran- BUIATPES es ame ie ot & pit de :MTOMTAYONS: Hate ner last ot AA het. 9 A’cellede l'anus. "es." ,5,4 0 (19 A celle de la queue , qui est arrondie# 10 (2) C’est principalement sur les côtes de la Chine et des iies Moluques que cette espèce est commune : quoique sa cuirasse solide et ses coïnes menaçÇantes paroissent la mettre à l’abri de la voracité desanimaux marins , clle devient néanmoins la proie de quelques- uns , et particulièrement du loup marin (anarichas Lin.) qui ne craint pas de Paltaquer. A la Chine il n’y a que les pauvres qui s’accom- modent de la chair coriace da taureau marin. Selon Renard , son foie est si gras, qu’il se résout presque entièrement en huile. C’est Bontius qui a donné le premier dessin , mais incorrect , de ce poisson. SONNINI:. (5) IL est irès-commun aux îles Moluques. SOKXNINI DES OSTRACIONS. Ga laire, le plus souvent très- large dans sa base, et toujours terminée par un gros ai- guillon recourbé, cannelé, et un peu dirigé vers l'arrière. Un aiguillon plus petit, mais figuré de même, est placé verticalement au dessus de chaque œil, et d’autres piquans cannelés, aussi très-forts et recourbés, gar- nissent les deux côtés de la face inférieure du coffre. Ces pointes inférieures et latérales Varient en nombre suivant l’âge de l’animal, et depuis trois jusqu’à cinq de chaque côté. Les tubercules semés sur la croûte osseuse y forment des figures triangulaires , les- quelles, réunies, donnent naissance à des hexagones, comme sur presque tous les os- tracions, et ces hexagones sont séparés par es intervalles un peu transparens (1) (2). Le coffre est d’un cendré jaunâtre, les (1) Aux nageoires pectorales du dro- AAA NE dt an KO FAVONS Acelléldn dos. Sale Le en nc) À, celle deil'anus.:s |. sd me 4 à Q A celle de la queue , qui est arrondie . 10 (2) De sorte que le poisson paroît être enveloppé d'un filet. R La tète est grosse et tronquée ; la bouche un peu avancée ; l'ouverture des ouies large , et leur mem- brane garnie d’un rayon seulement, SoNnint. 62 HISTOIRE autres parties de l’animal sont brunes, et Yon voit, sur plusieurs endroits du corps et de la queue, des’ taches brunes et rondes (1). Ceile espèce a été nommée chameau marin ; Mais nous avons préferé à ce nom celui de dromadaire, l'animal n'ayant qu'une bosse sur le dos (2). Au reste, eile parvient à la longueur d’un pied et demi, et sa chair est coriace et désagréable au goût (5). Voilà donc la chair du dromadaire, du quadrangulaire, du quatre - aiguillons, du trigone , qui est dure et dénuée de saveur agréable. Il paroît que tous où du moins presque tous les ostracions armés de pointes (1) Les yeux ont la prunelle noire et l’iris doré. 11 y a douze dents à la mâchoire supérieure, et huit à l’inférieure. SONNINI. (2) Cette distinction nominale entre le chameau et le dromadaire, fixée anciennement par Aristole, par Pline , etc. et que Buffon a très - judicieusement réla- blie, n'existe que dans les livres. Les arabes appliquent le nom générique de chameau ( djemel) à l'espèce qui n’a qu’une bosse sur le dos. SONNINI. (5) Son foie est très - gras et fournit beaucoup d’huile. Les européens établis aux Indes dédaignent de se nourrir de ce poisson, maïs on dit que les natu- rels de ces contrées ont une manière de le préparer qui lui donne un bon goût. SONNINI: ns rh AT DES OSTRACIONS. 63 l'ont coriace, tandis qu’elle est tendre et savoureuse dans tous les poissons de cette famille qui ne présentent aucun piquant. La différence dans la bonté de la chair est souvent un signe de la diversité de sexe. La présence de piquans, ou d’autres armes. plus ou moins puissantes, peut aussi être la marque de cette même diversité. L'on n'a point encore d'observations exactes sur les variétés de formes qui peuvent être attachées à l’un ou à l’autre des deux sexes dans le genre dont nous nous occupons : peut-être , lorsque les ostracions seront mieux connus, trouvera-t-on que ceux de ces cartilagineux qui présentent des piquans sont les mâies de ceux qui n’en présentent pas ; peut-être, par exemple, regardera-t-on le dromadaire comme le mâle du bossu, le quadrangulaire comme celui du moucheté, le quatre-aiguillons, dont la croûte n’a que trois faces longitudinales, comme le mâle du triangulaire : mais, dans l’état actuel de nos connoissances, nous ne pouvons que décrire comme des espèces diverses, des ostracions aussi différens les uns des autres par leur conformation, que ceux que nous venons de considérer comme appartenans, en effet, à des espèces distinctes. à 64 MES TOTRE ON: L'ETÉ M ECC UNN RE: PAR LACÉPÉDE. LES TÉTRODONS. Lrs mâchoires osseuses, avancées, et di- visées chacune en deux dents. PREMIER SOUS-GENRE. Les deux mächoires inégalement avan- cées ; le corps non comprimé. PREMIÈRE ESPÈCE. LE TÉTRODON PERROQUET. — La mû- choire supérieure plus avancée que linfé- rieure ; de trés-petits piquans sur le ventre. SECONDE ESPÈCE, LE TÉTRODON ÉTOILÉ. — La mâchoire supérieure plus avancée que liuférieure ; de petits piquans sur tout le corps; la base des piquans répandus sur les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons, T:RLO:ÉS LÉ ME E SPE CE LE TÉTRODON POINTILLÉ.— La mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; de petits DES TETRODONS. 65 petits piquans sur tout le corps ; la base des piquans répandus sur les côtés et sur le ventre, éloilée à cinq ou six rayons; des taches noires sur le ventre; la nageoire dorsale presque linéaire, et sans rayons distincts. QUABRIÉM'E ESPÈCE. LE TÉTRODON SANS-TACHE. — La mâ- choire supérieure plus avancée que linfé- rieure; de petits piquans sur tout le corps, dont toutes les parties sont sans tache; les yeux petits et très- rapprochés du bout du museau. CINQUIÉME ESPÈCE. LE TÉTRODON HÉRISSÉ. — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; tout le corps hérissé de très-petits piquans. SEX LÉ MIE (E 8 PE CE LE TÉTRODON MOUCHETÉ.—- La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; tout le corps hérissé de très-petits piquans; des taches noires sur le dos, sur la queue, et sur la nageoire caudale; les nageoires pectorales arrondies. Si LP ŒUIÉ ME, .E:S\R EE NE LE TÉTRODON HONCEÉNIEN, = La mâ- Poiss, Tomux V. En 66 HIS T'OMR E choire inférieure plus avancée que la su- périeure; des aiguillons sur le ventre; la ligne latérale très-marquée. SECOND SOUS-GENRE. Les deux mächoires également avancées; le corps non comprimé. H (U.I TIME. ES PE CE. LE TÉTRODON LAGOCÉPHAIE.— Le ventre garni d'aiguillons à trois racines. NEUVIÈME ESPÈCE. LE vÉrRoDON RAYÉ. — Des raies longi- tudinales ; un tubercule surmonté de deux filamens, au devant de chaque oeil. DIXIÈME ESPÉCE. LE TÉTRODON CROISSANT. — Une bande en croissant sur le dos. à ONZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON MAL-ARMÉ.— Des piquans répandus presque uniquement sur la partie antérieure du ventre; deux lignes latérales de chaque côté. DOUZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON SPENGLERIEN.— Des bar- billons et des piquans sur le corps. DES TETRODONS. 67 TREIZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON ALONGÉ.— Le corps très- alongé ; deux lignes latérales très-marquées, de chaque côté ; une pointe à l’opercule des branchies. QUATORZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON MUSEAU ALONGÉ. — Les machoires très-avancées. QUINZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON PLUMIER. — Une éléva- tion pyramidale , à quatre faces, jaune, et recourbée en arrière, à la place d’une pre- miere nageoire dorsale. SEIZIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON MÉLÉAGRIS. — La tête, toutes les parties du corps, la queue, et les nageoires, brunes et parsemées de petites taches lenticulaires et blanches. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON ÉLECTRIQUE. — Un grand nombre de taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d’autres couieurs. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON GROSSE -TÈTE. — La tête tres-srosse. E 2 68 THE S TOUR E TROISIEME SOUS-GENRE. Le corps très-comprimé par les côtés. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. | LE TÉTRODON LUNE.— Point d’aiguillons ; les nageoires du dos, de la queue, et de l’'aaus, réunies. 2 de CC >. OR De ‘eve ; 1.TETRODON PERRO QUET : O.TÉTRODON HFRISSE. LE TETRODON PER: OO: OC ET ::.(m) : (2), PAR LACÉPÈDE. PREMIÈRE ES PÉ.C Fr. Pass Le Lies, pl. XIV HE. 2: Les poissons carlilasineux que nous allons examiner ont reçu le nom de {étrodon, qui signifie guatre dents, à cause de la ont mation particulière de leurs mâchoires. Elles De (1) Tetrodon testudineus. Lin. édit. de Gmel. — Amænit academ. 1 , p. 309, tab. 14, fig. 3. + Ostracion oblongus glaber , cupite longo, corpêre figuris variis ornato. Artedi , gen. 60 , syn.86 , n° 23. l'etrodon testudineus , tête de tortue, ( Bloch, pl. CXXXIX. Orbis oblongus testudinis capite. Clusii Exot.l.6, c. 26. — Willughby, p. 147. — Ray , p. 43. Quatre-dents perroquet. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre, pl de l’Encyel. méthod. (2) Le tétrodon perroquet, ou tête de tortue. En alle- mand , schildkrotenfisch. in anglais, krotenfish- et toad-fish. En hollandais, bont-visch. Osiracion oblongus , glaber , corpore fignris variis 70 HISTOIRE sont en effet larges, dures, osseuses, sail- lantes, quelquefois arrondies sur le devant, et séparées chacune , dans celte partie anté- rieure, par une fente verticale, en deux portions auxquelles le nom de dents a été donné. Ces quatre dents, ou ces quatre por- tions de mâchoires osseuses, qui débordent les lèvres, sont ordinairement dentelées, et ont beaucoup de rapports avec les mâchoires dures et dentelées des tortues. Dans les es- pèces où leur partie antérieure se prolonge un peu en pointe, ces portions de mâchoires ressemblent un peu aux mandibules du bec d’un perroquet; et de là vient le nom que nous avons conservé au tétrodon que nous allons décrire dans cet article. Ces mâchoires, placées hors des lèvres, fortes et crénelées, sont très-propres à écraser les crusiacés et les coquillages, dont les tétrodons se nourrissent souvent. Ces pois- sons ont, par la nature de cet appétit pour les animaux revêtus d’un têt ou d’une ornato. Lin. Amænit. acad. tom. I, pag. 309, tab. 14, fig: 3. Tetrodon abdomine plano læviore, dorso suturis curvis albis picto. .... tetrodon testudineus. Lin, Syst. nai. edit. 15 , gen. 137, sp. 2. SONNINI. DES TETRODONS. Ti coquille, un rapport d'habitude avec les os- tracions, auxquels ils ressemblent aussi par des traits de leur conformation. Comme les ostracions , 1is ont une membrane branchiale et un opercule : la membrane est commu- nément dénuée de rayons; et l’opercule, plus ou moins difficile à distinguer, sur-tout dans les individus desséchés ou allérés d’une autre manière, consiste ordinaireinent dans une petite plaque cartilagineuse. Ils n’ont pas recu de la puissance créatrice cette en- veloppe solide dans laquelle la plus grande partie du corps des ostracions est garantie de la dent de plusieurs poissons assez forts et assez bien armés; la Nature ne leur a pas donné les boucliers larges et épais qu’elle a disposés sur le dos des acipensères; elle ne les a pas revêtus de la peau épaisse des balisies : mais une partie plus ou moins grande de leur surface est hérissée, dans presque toutes les espèces de cette famille, de petits piquans dont le nombre compense la brièveté. Ces pointes blessent assez la main qui veut retenir le poisson, ou l'animal qui veut le saisir, pour contraindre souvent à lâcher prise et à cesser de poursuivre le tétrodon ; el il est à remarquer que la seule espèce de'ce genre que lon ait vue abso- E 4 72 HAS TOMR:E lument sans aiguilions, a été douée, pour se défendre, de la force et de la grandeur. Mais, indépendaminent de ces armes, au moins très -mulüpliées, si elles sont peu visibles , les tétrodons jouissent d’une faculté qui leur est ulile dans beaucoup de circons- tances, et qu'ils possèdent à un plus haut digré que presque tous les poissons connus. Nous avons vu les balistes, et d’autres cartilagineux, gonfler une partie de leur corps à volonté et d’une manière plus ou moins sensible. Les tétrodons enflent ainsi leur partie inférieure ; mais ils peuvent donner à celte parlie une extension si con- sidérable, qu'elle devient comme une grosse boule soufflée, dans {a portion supérieure de laquelle disparoît, pour ainsi dire, quel- quelois, le corps proprement dit, quelque cylindrique où quelque conique que soit sa forme. Îis usent de cette faculté, et s’ar- rondissent plus où moins, suivant les diffé- rens besoms qu'ils veulent satisfaire; et de es gonflemess plus ou moins considérables, sont venues les erreurs de plusieurs obser- vaieurs qui oni rapporté à différentes espèces des individus de la même, enflés et étendus à des dégrés inégaux. Mais quelle est précisément Ja partie de DES TETRODONS. 73 leur corps dont les tétrodons peuvent aug- menter le volume, en y introduisant ou de l'air atmosphérique, ou un gaz, ou un fluide quelconque ? C’est une sorte de sac formé par une membrane située entre les intestins et le péritoine qui les couvre; et cette pelli- cule très-souple est la membrane interne de ce même péritoine. Au reste, un habile ichthyologiste (1) s’est assuré de la commu- nicaiion de l’intérieur de ce sac avec la cavité qui contient les branchies; il l’a en eflet gonflé, en soufflant par l'ouverture branchiale : et ce fait ne pourroit-il pas être regardé comme une espèce de confir- mation des idées que nous avons exposées (2) sur l'usage et les effets des branchies des poissons ? Mais, quoi qu'il en soit, les par- lies voisines de cette poche partagent sa souplesse, se prêtent à son gonflement, s’é- tendent elles-mêmes. La peau de l'animal, ordinairement assez mince et plissée, pou- vant recevoir aussi un grand développement, toute la portion inférieure du corps du té- trodon, et même ses côtés, s’enfient et se dilatent au point de représenter un globe (1) Le docteur Bloch, de Berlin. (2) Voyez le Discours sur la nature des poissons, F4. TS TOIRE plus où moins parfait, et si grand à pro- portion du volume du poisson, que l’on eroi- raif, en le voyant nager dans cet état, n'avoir sous les yeux qu’un ballon flottant entre deux eaux, ou sur la surface des mers. C’est principalement lorsque les tétrodons veulent s'élever, qu'ils gonflent ainsi leur corps, le remplissent d’un fluide moins pesant que l’eau, et augmentent leur légè- reté spécifique. Ils compriment au con- traire le sac de leur poitrine, lorsqu'ils veulent descendre avec plus de facilité dans les profondeurs de l'Océan; et la partie in- férieure de leur corps est pour ces cartila- gineux une seconde vessie naltatoire , plus puissante même peut-être que leur véri- table vessie aérienne , quoique cette der- niére soit assez étendue, relativement à la grandeur de lanimal. Les tétrodons s’enflent aussi et s’arron- dissent, lorsqu'ils veulent résister à une atiaque ; et ils se boursouflent ainsi non seulement pour opposer à leurs ennemis un volume plus grand et plus embarrassant, mais encore parce que, dans cet état de tension des légumens, les petits aiguillons qui garnissent la peau sont aussi saiilans et aussi dressés qu’ils peuvent l'être. DES TÉTRODONS. 75 Le perroquet, le premier de ces létro- dons que nous ayons à examiner, a été nominé ainsi à cause de la forme de ses mâchoires, dont la supérieure est plus avan- cée que l’inférieure, el qui ont, avec le bec des oiseaux appelés perroquets, plus de res- semblance encore que celles des autres car- ülagineux de la même famille. Lorsque ce poisson n’est pas gonflé, il a le corps alongé comme presque tous les té- trodons vus dans ce même élat de moindre éxtension. Les yeux sont gros, et au devant de chacun de ces organes est une narine fermée par une membrane, aux deux bouts de laquelle on voit une ouverture que le perroquet peut clore à volonté, en éten- dant ceite même membrane ou pellicule. L'orifice des. branchies est étroit, un peu en croissant, placé verticalement, et situé de chaque côté au devant de la nageoire pectorale, qui est arrondie, et souvent aussi éloignée de l'extrémité du museau que de la nageoire de l’anus. Cette dernière et ceile du dos sont presque au dessus lune de l’autre, et présentent à peu près la même surface et la même figure. La nageoiïre de la queue est arrondie; et comme aucune couverture épaisse ou solide ne gêne dans 76 EH ÉS)'TOIRE le perroquet, ni dans les autres tétrodons, le mouvement de la queue et de sa na- geoire, et que d’ailleurs ils peuvent s’éle- ver avec facilité au milieu de l’eau, on peut croire que ces animaux, n'ayant be- soin , en quelque sorte, d'employer leur force que pour s’avancer, jouissent de la faculté de nager avec vitesse. C’est dans l'Inde qu'habite ce cartilagi- neux, dont la partie supérieure est com- munément brune avec des taches blanches et de diverses figures, et dont les côtés sont blancs avec des bandes irrégulières longitu- dinales, et de couleur foncée (1). Des aiguillons revêtent la peau du ventre, el sont renfermés presque en entier dans (1) Le tétrodon perroquet ne parvient pas au delà d’un à deux pieds de longueur. Clusius est le premier qui ait donné la figure de ce poisson, figure très-fautive, que Fonston et Willughby ont copiée. Ce dernier ichthyologiste ayant vu depuis la vraie représentation du perroquet, et par consé- quent différente de celle que Clusius avoit publiée , a cru qu’il s’agissoit de deux poissons d'espèce distincte. Seba et Ray sont tombés dans la même erreur. Le chevalier Hans Sloane (Hist. nat. Jamaïc. ) & fait mention d’un tétrodon que l’on pêche dans les eaux de ja Jamaïque 561 qui est le même que le DES TETRODONS,. 77 des espèces de petits enfoncemens, qui dis- paroissent lorsque l'animal se gonfle et que la peau est tendue (1). tétrodon perroquet. (Orbis lœvis, oblongus , cinereis et fuscis maculis notatus. Sloan. Jamaïc. — Artedi, Gen. pisc. gen. 39 , sp. 21 ; et Sÿnonym. p. 87.) En sorte que le tétrodon de cet article habite également les mers de l’Inde et de l'Amérique méridionale. SONNINI. (1) On compte aux nageoires pectorales 14 rayons. A DEME JA UOBIS aan TRUE (4e T0 A'eel6 deFénus & À COSIREUN ON Ga r 6 Areellerde la:quene 1 55 4 vs, 9 78 HISTOIRE ————_—_—_— LE TÉTRODON ÉTOILE (1)(2), PAM LA CE P É D:E. SECONDE ESPÈCE. Nous avons trouvé la description de ce cartilagineux dans les écrits de Commer- son, qui avoit vu parmi d’autres poissons apportés au marché de lile Maurice, au- près de lle de France. Ce voyageur com- pare la grandeur que présente le tétrodon étoilé, lorsqu'il est aussi gonflé qu’il puisse l'être, à celle d’un ballon à jouer, dont ce cartilasimeux montreroit assez exactement la figure, sans sa queue, qui est plus ou moins prolongée. Cet animal est grisätre, mais d’une couleur plus sombre sur le dos, lequel est semé , ainsi que la queue, de (1) T'etrodon cinereus , nigro guttatus , hispidus setis à basi stellata exortis. Comm. Manusc. déjà cités. (2) L’on ne doit pas confondre sette espèce avec un autre tétrodon ou orbe étoilé, décrit par le docteur Bloch, et dont il sera question ci-après sous les noms de tétrodon blanc et de tétrodon lagocéphale. SONNINI. DES TETRODONS. taches pelites, presque rondes et très-rap- prochées. La partie inférieure du corps est d’une couleur plus claire et sans taches, exceplé auprès de l’anus, où l’on voit une espèce d’anneau coloré, et d’un noir très- foncé. L'ensemble du poisson est hérissé de piquans roides, et d’une ou deux lignes de longueur. Ceux qui sont sur le dos sont les plus courts et tournés en arrière; les autres sont droits, au moins lorsque le ventre est enflé, et attachés par une base étoilée à cinq ou six rayons. Nous verrons une base ana- logue retenir les piquans de plusieurs autres poissons, et particulièrement de la plupart de ceux auxquels le nom de diodon a été donné. Au reste, ces piquans tiennent lieu, sur l’étoilé, ainsi que sur le plus grand nombre d’autres télrodons, d’écailles pro- prement dites. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l'inférieure. Les deux dents qui garnisseut chacune de ces mâchoires sont blanches, larges, à bords incisifs, et attachées de très-près l’une à l’autre sur le devant du museau. Les yeux, séparés par un intervalle un peu déprimé, sont silués de manière à 80 LS T'OPPRE regarder avec plus de facilité en haut que par côte. On n’aperçoit pas de ligne latérale. La nageoiïre du dos, arrondie par le bout, et plus haute que large, est attachée à une appendice qui la fait paroître comme pédonculée (1). La caudale est arrondie, et la partie de la queue qui lavoisine est dénuée de piquans. L'individu observé par Commerson avoit treize pouces de longueur. Il pesoil à peu près deux livres. (1) Aux nageoires pectorales . . . 17 rayons. Hbelle ON 08... à 0e +, + fe - 10 A:velle dé Fanus. 2.0. LOMIUL A0 Acelle de la queue : + . à , 1." 51 Hg LE DES TETRODONS. 81 a — _— LE TÉTRODON POINTILLÉ (1), PAR LACÉPÉDE. T/É 0 TS LE M PTS PE C EL C'as encore d'aprés les manuscrits de linfatigable Commerson que nous donnons la description de ce cartilagineux, dont un individu avoit été remis à ce naluraliste par son ani Deschamps. Ce tétrodon est conformé comme l’étoilé dans presque toutes ses parties ; il a parti- culièrement sa mâchoire supérieure plus avancée que celle de dessous, et la base de ses piquans étoilée comme le cartilagineux décrit dans l'article précédent. Mais ses couleurs ne sont pas les mêmes que celles de l’étoilé. Il a en effet non seulement de petits points noirs semés sur la parlie supé- rieure de son corps, qui est brune, mais encore des taches plus grandes, irrégulières, (1) Tetraodon hispidus , punctis in dorso, guétis in ventre defluentibus atris, pinn& dorsi lineari spurië, Commerson , Manuscrits déjà cités. Poiss. Tome V. F 4 82 HISTOIRE et d’un noir plus foncé, sur la partie infés veure, qui est blanchâtre. Ses nageoires pectorales présentent à leur base une raie Jarge et noire, et sont livides et sans taches sur tout le reste de leur surface. D'ailleurs la nageoire dorsale est très-étroile, presque linéaire, ne montre aucun rayon distinct; et ce dernier caractère suffit, ainsi que Ja pensé Commerson, pour le séparer de létoilé (1). (1) Aux nageoires pectorales. .-. . 20 rayons. À celle de la queue, qui est arrondie. Q DES TETRODONS. 85 ms) LE TÉTRODON SANS-TACHE, PAR LACÉPÈDE. QUATRIÈME ESPÈCE. Ce poisson a la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure , et il diffère des tétrodons, qui ont également la mâchoire d'en bas moins avancée que celle d’en haut, par la place et les dimensions de ses yeux, qui sont petits et très-rapprochés du bout du museau, et par sa couleur, qui est plus claire sur le ventre et à l’extrémité des na- geolres pectorales que sur le reste du corps, mais qui ne présente absolument aucune tache. Presque toute la surface de l’animal est d’ailleurs hérissée de petits piquans. C’est dans les dessins de Commerson que nous avons trouvé la figure de ce cartilagineux. FE 2 84 HISTOIRE LE TÈTRODON HÉRISSÉ (1) (2),°! PAR :LACÉPÉÈDE. GE N QUE ME: ESP É,CE. | Voyez planche XIV , fig. 2. Cx nest pas seulement dans les mers de linde qu'habite ce tétrodon ; il vit aussi dans la Méditerranée, où on le trouve particu- rer (1) Dans plusieurs endroits d'Italie , pesce colombo. Dans plusieurs contrées du Levant, flascopsaro. T'etrodon lispidus. Lin. édit. de Gmel. — Lagerstr. Chin. 923. | Ostracion tetraodon sphæricus , aculeis undique exiquis. Artedi, gen. 58, syn. 83. Ostracion maculosus , aculeis undique densis exiguis. Idém , sen, 58, syn.85,, n° 15. Quaire-dents hérissé, Daubenton Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. F'lascopsaro. Rondélet, Hist.des poissons, première partie, livre 15, chap. r. Orbis. Plin. Hist. mundi, lib. 32 , cap. 2. Orbis primus Rondeletii. Willughby, p. 143. f'lascopsari , orbis , orchis. Belon, Voyage, liv.2, 74 chap. 32. — Isidor. Hisp. lib, 12, cap. 6. — Salv. DES TETRODONS. 89 hérement auprès des côtes septentrionales de l'Afrique, et où il se tient quelquefois dans l’embouchure du Nil, et des autres rivières dont les eaux descendent des mon- tagnes plus ou moins voisines de ces rivages africains. Aussi les anciens lont-ils connu, et Pline en a parlé en lui donnant le nom d’orbis. Il mérite en effet cette dénomina- tion, qui lui a été conservée par plusieurs auteurs ; il la justifie du moins par sa forme, plus que la plupart des autres tétrodons, Jorsqu’en se gonflant il s’est donné toute £ 208 ,b, ad iconem , et 209. — Jonston, lib. 2,t.2, cb; t. 24; n° 9. Orbis vulgaris. Charleton , Onom. p. 154. Orbis, vel orchis. Gesner, p. 651 , 744. Orbis species ex Gesnero. Aldrov. 1. 4, c. 15, p. 554. Tetrodon hispidus , flascopsaro. Bloch, pl. cxzir. (2) Le tétrodon hérissé. En allemand , seekropfer , seeflasche, meertaube , meerflasche , sternflasche , schnottfisch , kugelfiseh. À Venise, pesce palombo. En anglais, scull-fish, weather-cock, globe-fish. Aux Indes , ican papoewa , djantan. Orbis. Plin. Hist. nat. lib. 32, cap. 2. Ostracion tetraodon ventricosus , corpore {oio murt- cato. Lagerstr. Chin. Tetrodon totus hispidus, papillis setaceis... tetrodon hispidus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 6. SONNINI. Là 86 HESTOIRE Fextension dont il est susceptible. Dans cet état d’enflure, il ressemble d’autant plus à un globe que la dilatation s'étend au des- sous de la queue, presque jusqu'a l’extré- milé de cette partie, et que l’on n’auroit besoin de retrancher de l'animal qu’une très-petite portion de son museau et sa nageoire caudale, pour en faire une véri- table boule. Aussi Pline a-t-1l dit que ce poisson étoit, en quelque sorte, composé d’une tête sans corps ; mais, comme l'ont observé Rondelet et d’autres auteurs, on devroit plutôt le croire formé d’un ventre sans tête, puisque c’est sa partie inférieure qui, en se remplissant d’un fluide quel- conque, lui donne son grand volume et son arrondissement (1). Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et la surface de tout son corps est parsemée de très-petits piquans. Sa couleur est foncée sur le dos, et très- claire sur les côtés, ainsi que sous le ventre. (1) « Les grecs, dit Belon , voyans qu’ils (orbis ou orchis) sont ronds comme bouteilles, dient fZascopsarti. On les prend en la jurisdiction du Saet : et de là on les apporte au Caire pleins de foin ; ear üls ne valent rien à manger », (De la nature et pourtraits des pois= sons, Liv. 1, p. 299. ) SONNINI. DES TETRODONS. 87 Mais ces deux nuances sont séparées l’une de l’autre par une ligne très-sinueuse, de manière que la teinte brune descend de chaque côté au milieu de la teinte blan- châtre par quatre bandes transversales plus ou moins larges, longues et irrégulières. Nous avons trouvé, dans les dessins de Commerson, une figure du hérissé, qui a été faite d’après nature. Le dessus du corps y paroît parsemé de taches très-pelites, rondes, blanches, et disposées en quinconce. Nous ignorons si ces taches blanches sont le signe d’une variété d’âge, de pays, ou de sexe; ou si, dans les divers dessins et les descriptions que l’on a donnés du hérissé, on a oublié ces taches, uniquement par une suite de laltération des individus qui ont été décrits ou figurés. Les nageoires pectorales se terminent en croissant; celles de l'anus et du dos sont très- petites ; celle de la queue est arrondie (à). Le tétrodon hérissé n’est pas bon à man- (1) Aux nageoires pectorales . . . . 17 rayons. A'celle di dos,i. «Aie à hébiilent409 À celle de Fans, a taimtletio te cui 4010 À celle de luquene, si Si beat K'Eo F 4 88 H'ES T OTR E ger (1); il renferme trop de parties suscep- bles d'extension, et trop peu de portions charnues. Dans plusieurs contrées voisines des bords de la Méditerranée, ou des rivages des autres mers dans lesquelles habite ce cartlagineux, on l’a souvent fait sécher avec soin dans son état de gonflement; on la rempli de matières légères, pour conserver sa rondeur; on la suspendu autour des temples et d’autres édifices, à la place de girouettes : et en effet la queue d’un hérissé, ainsi préparé et rendu très-mobile, a dû (1) Le savant naturaliste qui a enrichi de notes la traduction des voyages de Thunberg, prétend que le poisson connu chez les japonais sous le nom de kefacua kara , c’est-à-dire , poisson mortel, est le même que le tétrodon hérissé { tom. IIT, p. 420). Mais Thunberg ne donne aucune description , ni même aucune notice indicative sur ce poisson mortel ; en sorte que l’opi- nion du professeur Lamarck ne peut être regardée que comme une conjecture, à la vérité fort imposante, S'il a rencontré juste, il nous aura appris que le tétro- don hérissé, seulement mauvais à manger dans nos mers, prend une qualité vénéneuse et même mortelle sur les côtes du Japon. Les naturels de cette contrée disent que ce poisson a placé le chevet de son lit au nord, parce que c’est l’usage parmi eux de tourner la tête des agonisans du côté du septentrion. SONNINI. DES 'TETRODONS. 89 toujours se tourner vers le point de l'hori- son , opposé à la direction du vent (1). Le tétrodon hérissé vivant au milieu des eaux salées de la Méditerranée, on ne sera pas étonné qu’on ait reconnu des individus de cette espèce parmi les poissons pétrifés que l’on trouve en si grand nombre dans le Mont-Bolca, près de Vérone, et dont on a commencé de publier la description dans un trés-bel ouvrage, déjà cité dans cette histoire ; et entrepris par le comte Gazola, ainsi que par d’autres savans physiciens de cette ville italienne (2). (r) Rondelet rapporte que le flascopsaro passe pour engendrer des perles de la rosée reçue dans la bouche, ce que , dit cet ancien naturaliste , je pense être faux. ( Hist. des poissons, Liv. 15, p. 323. ) Personne ne sera tenté d’être en cela plus crédule que Rondelet. | SONNINI. (2) Ichthyolithologia veronensis, pars secunda,. tab. 8 , fig. 3. 90 HISTOIRE es ae rer | LE TÉTRODON MOUCHETE (#), PAR LACÉPÈDE. SIXIÈME ESPÉC'E. Dixs les divers enfoncemens que pré- sentent les côtes des iles Pralin, ce poisson a été observé par ie voyageur Commerson, qui la décrit avec beaucoup de soin. Ce naturaliste a comparé la grosseur de cet anhinal, dans son état de gonflement, à la tête d’un enfant qui vient de naître. Comme le hérissé, ce Létrodon a sa surface garnie, dans presque toules ses parties, de petites pointes longues d’une ligne ou deux, et sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Mais il diffère du hérissé par la disposition et les nuances de ses couleurs. Il est d’un brun sale par dessus, et blan- châtre par dessous. De petites taches noires (1) Tetrodon hispidus supernè fuscus , deorsum exalbidus, gutlis nigris toto corpori temerè inspersis , ore et oculis squalidè liventibus. Commerson, Manusc. déjà cités. DES TETRODONS mm sont répandues sans ordre-et avec profusion sur le dos, sur les côtés et sur la nageoïre de la queue. Les nageoires pectorales sont d’un jaune rougeûtre; celle de l'anus et l'ex- trémité de celle du dos sont jaunâtres; et l’on voit une teinte livide autour des yeux et de l'ouverture de la bouche. La langue est comme une masse 1in- forme, cartilagineuse , blanchâtre et un peu arrondie. L'inis présente les couleurs de Por et de l'argent. Les branchies ne sont de chaque côté qu'au nombre de trois ; et chacune est com- posée de deux rangs de filamens. Ce nombre de branchies, que l’on retrouve dans les autres tétrodons, suffiroit pour séparer le genre de ces poissons d'avec celui des ostra- cions, qui en ont quatre de chaque côté. Les nageoires pectorales sont arrondies, ainsi que celle de la queue, au lieu d’être en demi-cercle comme celles du hérissé (1). (1) Aux nageoires pectorales . . . . 17 rayons. celle du da ler Ne. Ne te A'celle de Panas 131.040. ra Acelle de la quene 0:44 %,0%27 T0 92 HISTOIRE < Le moucheté: fait entendre, lorsqu'on veut le saisir, un petit bruit semblable à celui que produisent les balistes et les ostra- cions : plus on le manie, et plus il se gonfle ; plus il cherche, en accroissant son volume, à se défendre contre la main qui le touche et qui l’inquiète. DES TETRODONS. 95 LE TÉTRODON TIGRÉ (1). LE TETRODON HONCKENIEN (2), PAR. .LACEPÉÈDE. EPTIEME ESPÈCE. 2» C£ tétrodon a la mâchoire de dessus moins avancée que celle de dessous, comme le hérissé et le moucheté; mais au lieu d’avoir de petits piquans sur tout son corps, il n’en montre que sur son ventre et sur ses côlés. Il a d’ailleurs une ligne latérale très-mar- quée , l'ouverture de la bouche très-grande, le front large, et les yeux petits. (1) Le tétrodon tigré, ou le hérisson tigré. En aïle- mand , getigerte stachelbauch. Tetrodon maxilla inferiore longiore...... ftetrodon Honckenii, Lan. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 157, sp. 11. | SONNINI. (2) Tetrodon Honckenii, hérisson tigré. (Bioch, pl. Cx£I 1x. Tetrodon Honckenii. Lin. édit. de Gmel. Quatre-denés tisré, Bonaterre, pl. de l'Enc, méth. . sé HISTOIRE On voit sur son dos des taches jaunes et d’autres bleues; les nageoires sont bru- nâtres, mais celles de la poitrine sont bor- dées de bleu (1) (2). (1) Aux nageoires pectorales . . . . 14 rayons. A tdorsealer en adite de anal et ES A\celle delngnsr #0) LL À 9 7 À celle de la queue, qui est arrondie . (2) Voici les autres traits de la description du tétrodon tigré : les narines sont simples, cylindriques et placées près de ki lèvre supérieure. Le dos est droit, arrondi et de couleur brune ; c’est aussi la couleur des côtés. Le ventre et la queue sont blancs jusqu’à la ligne latérale, laquelle commence au dessous des yeux, s'élève vers le dos, et en suit la direction jusqu’au milieu de la nagcoire de la queue. La pru- nelle de l’œil est noire et l’iris bleuâtre. Bloch a trouvé que la peau, qui est épaisse , forme devant l’ouverture des ouïes un pli qui la couvre en partie , et fait l’office de la membrane des ouïes ; du moins cet observateur n’a-t-il pu trouver cette mem- brane. L’opercule des ouïes consiste, selon le même ichthyologiste, en une petite plaque cartilagineuse , qui est cachée en dedans de l’ouverture des ouïes ; celles-ci sont au nombre de trois, dont chacune con- siste en deux feuillets velus, comme celles des pois- sons à écailles. Le foie est long et entier; la vésicale du fiel petite, de même que la rate ; l'estomac grand et mince ; enfia le canal intestinal a deux courbures. SONNINI. ns DES TETRODONS. 95 Ce poisson se trouve dans la mer du Ja- pon. M. Honckeny a envoyé dans le tems un individu de cette espèce au docteur Bloch; et de là vient le nom qu'a donné à ce cartilagineux le naturaliste de Berlin, qui Ja décrit et fait graver. Nous avons vu que l’on avoit trouvé, parmi les poissons pétrifiés du Mont-Bolca près de Vérone, le tétrodon hérissé, qui vit dans la Méditerranée ; il est bien plus utile, pour les progrès de la géologie, de savoir qu'on a découvert aussi, parmi ces monuinens des catastrophes du globe, et des bouleversemens produits par le feu et par l’eau dans la partie de l'Italie voisme des Alpes, des restes pétrifiés du tétrodon honckenien, que l’on n’a pêché jusqu’à pré- sent que près des rivages du Japon, vers l'extrémité orientale de l'Asie, et non loin des mers véritablement équatoriales (1). (1) Tetrodon Honctenii. Ichthyolithologia vero- neusis, pars secuuda , tab. 8, fig. ?. \ 96 HISTOIRE NX LD Es AE T'R:0:D:O:N LAGOCÉPHALE (i)(), PAR LACÉPÉDE. HUITIÈME ESPÉCE. Panvenus au second sous- genre des tétrodons (3), nous n'avons maintenant à examiner parnu ces carlilagineux que ceux (1) Tetrodon lugocephalus. Tin. edit. de Gmel. Quatre-dents blanc. Daubenton, Encycl. méth. — Bouaterre, pl. de l'Encycl. méthod.— Mus. Ad. Fr. 7, p- 99. — Amænit. acad. 1, p. 510, fig. 4. Ostracion cathetoplateo -oblongus , ventre tantum aculeato et subrotundo. Artedi , gen. 58 , syn. 86. — Gronov. Mus. 1 , n° 120, Zooph. 185. — Seb. Mus.5, tab. 25, fig. 5. — Willughby , p. 144, tab. 5, fig. 2. — Ray , Pisc. p. 43. Kan, kascasre. Valent. Pise. Amb. fig. 19, p.553, TO; T'etrodon lagocephalus , orbe étoilé. (Bloch, pl. ex.) (2) Le tétrodon lagocéphale, par quelques-uns, orbe étoilé. En allemand , Lasentopf , sternbauch. En sué- dois, belk-kurra. En hollandais, groot-blaser , see-duif. En anglais, kart-olobefish , globe diodon. Aux Indes, &an , kascasre, pl dont DES TETRODONS. 07 dont les deux mâchoires sont également avancées. Le lagocéphale a les côtés et le dessous du corps garnis de piquans, dont la base se divise en trois racines ou en trois rayons. Ce caractère, qui le sépare de tous les pois- sons renfermés dans le sous-genre dont il fait partie, le rapproche de l’étoilé, dont il diffère cependant par un très-grand nombre de traits, et particulièrement par légal avan- cement de ses deux mâchoires, labsence de toute espèce de pointes sur son dos, le nombre des rayons de ses nageoires, la dis- tribution de ses couleurs, et même par les racines. ou rayons de ses piquans inférieurs Orbis lagacephalus. Grew. Mus, Ostracion tetraodon, ventricasus, ab domine muricato, Mus. Adolph. Frid. 1, p. 59. — Ainænit. academ, tom. L,p. 310, fig. 4. Ostracion cathetoplateus, tetraodon compressus, inaculasus., glaber. Gron: Mus. 1,n° 120. Zvoph. 185. T'etroden ahdomine aculeato , corpare lœvi., humeris prominentibus.... tetrodon lagocenhalus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel, gen. 137 , sp. 2. SONNINI. (3) C'est-à-dire, de ceux qui ont les deux mâchoires également avancées, et le corps non comprimé. SONNINI. Poiss. ToME V. G 08 TS TOME ou latéraux, qui n’ont que trois de ces rayons ou racines, tandis qu'il y en a cinq ou six à la base des pointes de l’étoilé. Au reste, cette division en trois, de la base des petits dards du lagocéphale, lui a fait don- ner, par quelques naturalistes, le nom d’étoilé. Le lagocéphale a ses piquans éloilés dis- posés en rangées longitudinales, un peu courbées vers le bas, et ordinairement au nombre de vingt (1). Le dessus du corps est jaune avec des bandes brunes et transversales ; le ventre est blanc avec des taches rondes et brunes (2) (3). (1) La tête du tétrodon lagocéphale est alongée, et l’ouverture de la bouche très-petite. Les yeux, qui sont ovales , ont la prunelle noire et l’iris jaune. Bloch n’a point trouvé de ligne latérale , mais il a reconnu que plus le poisson est jeune , plus il peut enfler son ventre. SONNINI. (2) Aux nageoires pectorales . . . . 15 rayons, A 'ccie/du dos" 007 SNS fre A'cele de l'anime 0. ROMANE NUE À celle de laquene :. 45.7, t%4%40 (3) Toutes les nageoires sont jaunes et bordées d’une teinte plus foncée. SONNINI. DES TÉTRODONS. gg On trouve le lagocéphale non seulement dans l’Inde et auprès des côtes de la Ja- maïque , mais encore dans le Nil; ce qui doit faire présumer qu’on pourroit le pêcher dans la Méditerranée, auprès des rivages de l'Afrique. G a 10ù MES TOIRE EE id LE TETRODON RAYÉE (1)(2}, PAR LACÉPÉDE. NEUVÉIÉÈME.ESPECE: Voyez planche XV, fig. 1. Lz rayé se trouve dans le Nil (3). Depuis la tête jusqu'au milieu du corps, il est hérissé de piquans extrêmement courts, (1) Tetrodon lineatus. Tan. édit. de Gmel. — Mus. Ad Er 2, p:99,7 Quatre-dents rayé. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod, | Tetraodon fahaca. Hasselquist , 1ter , etc. 400. Tetraodon lineatus. Forskœl , Faun. arab. p. 76; n° 114. Tetrodon lineatus ,tétrodon rayé. (Bloch , pl. cxur.} (2) Le tétrodon rayé, ou le globe rayé. En allemand, gtstreifter stachelbauch. En arabe , fahaka ou focaca , selon Vansleb. Tetrodon jfasciis longitudinalibus fuscis palilidis- que... tetrodon lineatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137 , sp. 3. SONNINI. (5) Hhsselquist Fa trouvé en effet au dessous du Caire ; mis les pêcheurs l’assurèrent qu’on ne voyoit ce poisson dans le Nil que depuis peu de tems. Cette ce PBigant € f° ’ 4 1e CROISSANT. TRODON RAYTH ! Ée 1 D TE Eur L del, TETRODON LE 2 «1 0 ha. -.s D” DES: TETRODONS. 101 tournés vers la queue, et qui occasionnent des démangeaisons et d’autres accidens assez analogues à ceux que l’on éprouve lors- qu’on à touché des orties, pour qu'on ait regardé cet animal comme venimeux (1). Depuis le milieu du corps jusqu'à l’extré- mité de la queue, la ‘partie inférieure du rayé ne présente que de petits creux qui le font paroître pointillé. Au devant de chaque ocil est un tubercule terminé à son sommet par deux filamens très-courts ; les deux tubercules se touchent (2). La ligne latérale espèce , de même que les autres du même genre, vivent dans la mer, et ce n’est que par hasard qu’ils entrent , mais jamais fort haut , dans les fleuves. Le père Vansleb { Nouvelle relation d'Egypte , p. 72) dit posilivement que le fococa ( c’est ainsi que ce missiou- naire écrit le nom arabe du rayé } est Porbis marin. SONNINI. (1) Hasselquist , à l'endroit précédemment cité. Les égyptiens ont ce tétrodon en horreur, et ils sont persuadés que sa chair donneroit la mort. Ils disent aussi que ce poisson devient d’ane grosseur monstruense. SONNINI: : (2) Le rayé a aux nageoires pectorales 19 rayons. A célle du dos" OUR SES Re Æcelle-de l'anus 4 ere Le Ua" a A celle dela queue , qui est arrondie. 12 G 5 102 HIS TOLCRE passe au dessous de l'œil, descend ensuite; se relève, et s’élend enfin presque directe- ment jusqu'à la nageoire caudale (1). Le rayé est, par dessus, d’un verd bleuâtre ; par dessous, d’un jaune roux; sur les côtés, d’un bleuâtre foncé ; et sur ce fond on voit régner longitudinalement et de chaque côté quatre raies brunes et blanchâtres, dont les deux supérieures sont courbes, et dont la troisième se partage en deux (2). a (1) L’avancement considérable du ventre et l’élé- vation du front sont , selon Bloch, les signes caracté- ristiques de cette espèce. La tête est petite et tronquée par devant ; les ouvertures des narines sont étroites et cylindriques ; les yeux à moitié recouverts par la membrane clignotante et les nageoires petites. SONNINI. (2) Les nageoires sont jaunes ; les yeux ont la pru- nelle noire et l’iris doré. À l’intérieur, le tétrodon rayé a le cœur petit et en forme de poire; l’estomac ample; le foie gros et par- tagé en trois lobes; la vésicule du fiel petite, de même que la rate , et le canal intestinal faisant trois chconvolutions. SONNINI: DES TETRODONS. 103 LF TETRODON CROISSANT (1) (2), PAR UACÉPÉDE Foyez la figure plancie XV ;; Jéo 2 à æ DIXIE M EUERSPECE Lx croissant vit en Egypte comme le rayé (3); mais il habite aussi en Asie, et particulièrement dans les eaux de la Chine et dans celles du Japon. Il est regardé, dans toutes les contrées où on le pêche, comme une nourriture très - dangereuse, lorsqu'il (1) T'etrodon ocellatus. Yin. édit. de Gmel. T'etrodon fasciä humerali ocellatä. Mus. Ad. Fr. 2, p. 55. — IL. Scan. 260. Diodon ocellatus , kay-po-y. Osbeck, Iter , etc. 226. Tetrodon ocellatus , tétrodon croissant. ( Bloch, pl. cxzv.) Fu-rube. Kæmpfer, Jap. 1, p. 152. — Seb. Mus.3, tab. 23 , fig. 7 et 8. — Rumph. A mb. 49. Quatre-dents petit monde. Daubenton, Enc. méth. — Bonaterre , Encycl. méthod. Orbis asper maculosus. Willughby , p. 157. — Ray, pag. 43. x (2) Le tétrodon croissant , et quelquefois hérisson croissant. En allemand, g-fleckter stachelbauch. En G 4 104 HISTOIRE n’a pas été vuidé avec un très-grand soin (4). La qualité funeste qu’on lui attribue vient peut-être le plus souvent de la nature des alimens qu’il préfère , et qui, salutaires pour ce poisson, sont très-mal-faisans pour d’au- tres animaux, et sur-tout pour l’homme; mais il se pourroit qu'une longue habitude de convertir en sa propre substance des alimens nuisibles fit contracter à la chair même du croissant, ou aux sucs renfermés dans l’intérieur de son corps, des propriétés vénéneuses. Cetle qualité délétère du crois- sant est reconnue depuis plusieurs siècles au Japon et en Egypte, où la superstition a fait croire pendant long-tems que l'espèce hollandais, geoget ophlaazerviseh. En anglais, bladder fish. À Va Chine, kai-po-y. Au Japon, furube. Ositracion maculosus, abdomine muricato. It. Scan. p- 260. Tetrodon fasci& humerali ocellaté.... diodon ocel- latus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157 , sp. 4. — Artedi , Gen. Pisc. gen. 59. additam. SONNINI. (5) C'est-à-dire, qu'habitant les eaux de la Méditer- raute, il remonte quelquefois le Nil à une distance peu considérable de la mer. SUNNINI. (4) Non seulement il faut laver la chair de ce pois- son à différentes reprises , et en séparer les arêtes et les entrailles, mais on doit aussi lui couper la tête. SONNINI. DES TETRODONS. : 105 entière de ce tétrodon avoit été condamnée à renfermer ainsi un poison actif, parce que des individus de cette même espèce avoient autrefois dévoré le corps d’un Pharaon tombé dans le Nil. Au reste, le venin que renferme le croissant, à quelque cause qu’il faille le rapporter, est très-puissant, au moins dans le Japon, puisque, suivant Osbeck , cet animal peut y donner la mort, dans deux heures, à ceux qui s’en nour- rissent (1). Aussi les soldats de cette contrée orientale, et tous ceux de ses habitans sur lesquels on peut exercer une surveillance exacte, ont-ils reçu une défense rigoureuse de manger du tétrodon croissant (2). (1) Suivant Ramphius, l’antidote du poison con- tenu dans le tétrodon croissant est la plante à laquelle il a donné le nom de rex amoris (*). (2) Si un soldat perd la vie pour avoir mangé du tétrodon croissant , ses fils sont exclus des places militaires. L'on a observé que la badiane , ou anis étoilé , aug- mente singulièrement la subtilité et la violence de la qualité vénéneuse de la chair du croissant ; il suffit même qu’elle en soit saupoudrée, pour que le poison devienne plus actif. SONNINT. (*) Cette plante , que Rumphius a nommée rot d'amour , est Vophioxilon serpentinum de Linnæus. SonniNt, 106 HIS TOTRE Mais, si l’on doit redouter de se nourrir de ce cartilagineux , on doit aimer à le voir à cause de la beauté de ses couleurs. Le dessous de son corps est blanc; ses nageoires sont jaunâtres; sa partie supérieure est d’un verd foncé, et sur son dos on voit une tache, et au devant de la tache une bande trans- versale large, et en croissant , toutes les deux noires et bordées de jaunes (1). H n’y a de piquans que sur la partie in- férieure du corps. La ligne latérale com- mence au devant de l'œil, passe au dessous de cet organe, se relève ensuite et s'étend jusqu’à la nageoire caudale , en suivant à peu près la courbure du dos (2) (3). (2) Osbeck assure que c’est un des plus jolis pois- sons qu’il ait vus. ( Voyages, à l’endroit cité.) SoNNini. (2) Le croissant a aux nageoires pectorales 18 ray. A'HCelE di MOSS ee he RES TS A Celle de Amis se 1 ue NES re À celle de la queue, qui est arrondie. . 8 (5) Le croissant a la tête petite, large en haut et an peu comprimée sur les côtés; l’ouverture de la bouche arrondie , ainsi que la langue qui est unie; les yeux petits à prunelle noire et iris jaune; l’ouverture des ouïes en forme de croissant, et placée en devant et très-près des nageoires pectorales ; le dos rond et la queue courte et unic, SONNINI: Tv: De d'eve del ’ GUOR LUNEF. DES TETRODONS. 107 DE: GÜt OR», (5)! Voyez, la planche XVI , figure x. ONZIÈME ESPÈCE. J £ laisse à ce tétrodon le nom de guor qu’il porte chez les yolofes, sur les côtes du cap Verd. Les français établis à l'ile de Gorée, et les navigateurs de la même nation qui fréquentent ces parages, le connoissent sous la dénomination de poisson perroquet , commun à toutes les espèces de ce genre. Pendant mon séjour à Gorée j'ai trouvé l’occasion d’observer et de faire dessiner le guor, dont il n’existe point encore de figuré dans les ouvrages des ichthyologistes. Sa peau est dure, lisse et épaisse ; ses yeux sont grands. La partie antérieure de son ventre est susceptible d’un renflement très- considérable ; cette partie est entrecoupée longitudinalement de lignes ou de rayons cartilagineux qui se ramifient diversement, et garnie de petits crochets solides, blan- (1) Ze tétrodon mal-armé, Lacépède, Histoire des poissons, 108 HISTOIRE châtres, d’un peu plus d’une ligne de long, et dont la pointe se recourbe vers la queue. Ces aiguillons, qui commencent au museau, ne s'étendent guère au delà des nageoires pectorales , d’où Lacépède la nommé le mal-armé. Les ouvertures des narines sont ovales; la nageoïre du dos alongée, mais peu large, a quinze rayons; les nageoires des ouïes en ont dix-sept, l’anale douze; et celle de la queue vingt; cette dernière est fourchue. Un attribut: caractéristique du guor est une double ligne latéräle, bien. distincte, sur chaque côté du corps; la ligne supérieure, commence à l'œil, suit la cour- bure du dos jusques vers la nageoire, se recourbe par une sinuosité brusque jusqu’au dessous du milieu de la queue, et remonte ensuite un peu pour aboutir au milieu de la nagcoire de la queue. La ligne inférieure prend son origine au dessous des nageoires pectorales, et se prolonge en ligne droite Jusqu'au bout de la queue. Ce poisson est bleuâtre sur le dos, blanc en dessous, argenté sur les côtés, et jau- nâtre sur les nageoires ; lanale a quelques taches de couleur de sang. L'individu qui a servi à ma description et à mon dessin avoit un pied huit pouces DES TETRODONS. :10g de longueur totale, et quatorze pouces et demi dans sa plus grande circonférence. L'espèce du guor n’est pas fort nombreuse, et ce n'est pas un mal, car sa chair est vé- néneuse. Les nègres des côtes voisines du cap Verd, près desquelles on le pêche quel- quefois, le regardent comme trés-dangereux ; cependant il ne leur est pas tout à fait inu- tile ; ils le coupent par morceaux, dont ils font d’excellens appâts pour pêcher d’autres poissons qui, en les avalant, ne contractent aucune qualité nuisible. | Il paroït que ce tétrodon fréquente aussi les côtes de la Caroline, où, dit Lacépéde, 1] parvient à une grandeur assez considé- rable (1). (1) Histoire des poissons. 110 HISTOIRE LE PENTON DE MER (1). LE TETRODON SPENGLERIEN (2). PAR LACEPÈDE. DOUZIÉÈME ESPÈCE. C & tétrodon vit dans les Indes. Le docteur Bloch lui a donné le nom de M. Spengler de Copenhague , qui lui avoit envoyé un individu de cette espèce ; il se fait remar- quer par deux ou trois rangées longitudi- nales de filamens ou barbillons que l’on voit de chaque côté de son corps, indépendam- ment des aiguillons dont son ventre est hé- rissé. Sa parlie supérieure est d’ailleurs (1) Le penton de mer. En allemand, zottenfisch. Tetrodon capite cirris plurimis barbato......... tetrodon Spengleri. Lin. Syst. nat, edit. Gmel. gen. 157, Sp. 10. SON NINI. (2) Tetrodon Spengleri. Lin. édit. de Gmelin. Quatre-dents penton. Bonat. pl. de l’Enc. méthod. Tetrodon Spengleri , penton de mer. Bloch, pl. cxziv, DES TETRODONS. 111 rougeûtre , avec plusieurs taches d’un brun foncé, et sa partie inférieure d’une blan- cheur qui n’est communément variée par aucune autre nuance (1) (2). (1) Aux nageoires pectorales du tétro- don spenglémen j\e(tths Ni Fins fr is Le 19 TayOons. Aeclle du dos PRE SL ER EE TS A célle dé Hans ri4s De Ad TS tré A celle de la queue, qui est arrondie... 8 (2) La tête de ce poisson est grosse , son œil petit, la prunelle noire et l'iris jaune. L'ouverture de la bouche est fort petite et les narines sont cylindriques. La ligne latérale prend son origine devant les yeux, au dessous desquels elle forme un demi-cercle , re- monte vers le dos, en suit la courbure et se termine au milieu de la nageoire de la queue. Tontes les na- geoires sont petites ; elles ont leurs rayons ramifés et ane couleur grise, ( Bloch, à l’endroit cité.) SONNINIH. 112 HISTOIRE Et LE TETRODON A BEC QG). LE TÉTRODON ALONGÉ (2)(3);. et LE TETRODON MUSEAU-ALONGE (4), PAR LACÉPÉÈDE. 19%,ET 14° ESPÈCES. Ces deux tétrodons habitent dans les Indes. ! Le premier a tiré son nom de la forme de (1) Le tétrodon à bec ou le. hérisson, & bec. En alle- mand , schnabelfisch. Tetrodon maxillis in rostrum elongatis .... tetrodors rostratus. Lin.Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157, sp. 13. SONNINI. (2) Tetrodon oblongus. Lin. édit. de Gmelin. | Tetrodon oblongus, maxillis æqualibus; hérisson | oblong. Bloch ,pl. cxzviI , fig. 1. | Quatre-dents hérisson oblong. Bonaterre , planches | de l'Encyclopédie méthodique. (5) Le tétrodon alongé ou le hérisson oblong. En allemand , gestreck£er stachelbauch. T'etrodon oblongus , maxillis æqualibus... tetrodon oblongus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 12. SONNINI ren son DES TETRODONS 113 son corps, qui est beaucoup plus alongé que haut, et d’ailleurs cylindrique. Ce poisson présente de plus deux lignes latérales de chaque côté; la supérieure part au dessus de l'œil, se baisse , se contourne, se relève et suit à peu près la courbure du dos jus- qu'à la nageoire caudale ; la seconde com- mence auprès de la mâchoire d’en bas, et suit assez régulièrement le contour de la partie inférieure du corps jusqu’à la nageoire de la queue, excepté auprès de la nageoire pectorale, où elle se relève et forme un petit angle. L'ouverture des narines est double ; une pointe très-sensible et triangulaire est atta- chée à l’opercule des branchies, et tournée vers la queue ; le dessus du corps offre des bandes transversales brunes, variables dans leur nombre ; les côtés sont argentés; les nageoires jaunâtres, et de petits piquans (4) T'etrodon rostratus. Lin. édit. de Gmelin. T'etrodon rostratus; tétrodon à bec. Bloch, pl. cx£zvr, fig. 2. Quatre dents hérisson à bec. Bonaterre , planches de l’Encyclopédie méthodique, Poiss. ToME V. H 114 HISTOIRE hérissent presque toute la surface du pois- son (1) (2). (1) Il y a aux nageoires pectorales de Paloñsé ne cute su, AU 04 "40 mayonse Ala nageoirbidorsale., 4! :, +, d: Li. 1% À celle de lénus etes di ns ver LOUE À celle de la queue , qui est arrondie. 19 (2) Ni lune ni l’autre des deux lignes latérales ne se perd au milieu de la nagcoire de la queue , comme cela arrive ordinairement dans les autres poissons; mais elles se terminent aux deux extrémités exté- rieures de cette nageoire. Le docteur Bloch a remar- qué en outre que ce poisson a la tête longue, large par en haut et un peu comprimée sur les côtés; les lèvres grosses ; les yeux au sommet de la tête à pru- nelle noire et iris ja: ne ; l’ouverture des ouïes large, et les rayons de la nageoiïre de la queue se prolongeant au dehors de la membrane qui les unit. Le même savant ichthyologiste fait mention d’une variété de cette espèce dont les différences consistent en ce qu’il n’a que six bandes brunes sur le dos, en ce que ses côtés sont lisses, que son ventre est plus gros et que le nombre des rayons de ses nageoires n'est pas le même; chaque nageoire pectorale en a dix-huit, l’anale neuf, celle du dos onze, enfin la nageoire de la queue neuf. Gmelin a indiqué cette variété : éetrodon dorsi fas- ctis sex fuscis. Lin. Syst. nat. gen. 157, sp. 12, Var. 0. SONNINI. DES TETRODONS. 115 Le museau-alongé n’a de petits aiguillons que sur le dos et sur le devant du ventre. Il est gris par dessus et blanc par dessous; les nageoires sont jaunâtres, sur - tout les pectorales qui sont courtes et larges (1); on voit autour des yeux des taches brunes disposées en rayons. Il n’y a qu’une ouver- ture à chaque narine; on n’aperçoit pas de ligne latérale, et les mâchoires sont en forme de petit cylindre et très-alongées (2). (1) La nageoire de la queue est brune en haut et en bas. SONNINI. (2) Le museau-alongé a aux nageoires HeCiOrales ANS ER RCE ER RU OUR Ni Fayons Atcelletdu dos tt ete Li 9 Acellé del’anus © ti, 4 tri À celle de la queue, qui est arrondie. 10 116 HISTOIRE « LE TETRODON PLUMIER (1), PAR LACÉPÉDE. ke OU: NZ EE NM E..E 8. P FE C:E. Ces tétrodon, dont la descripüion n’a pas | encore été publiée, est représenté dans les dessins sur vélin que renferme la collection du museum national d'histoire naturelle, |! et qui ont été faits d’après ceux du natu- | raliste Plunner ; et comme ce n’est qu'à ce | voyageur que nous devons la connoissance de cet animal, j'ai donné à ce poisson le | nom de l’habile observateur qui en a trans- mis la figure. Lorsque le tétrodon plumier n’est pas gonflé, son corps est assez alongé relative- | ment à sa hauteur. Au delà de sa tête on | voit une sorte d’élévation pyramidale à | quatre faces, jaune et recourbée en arrière, qui tient lieu, pour ainsi dire, d’une pre- miére nageoire du dos. oo (x) Orbis minimus non aculeatus. Plumier , dessins sur velin déjà cités. A — DES TETRODONS. mu Au dessus de la nageoire de l'anus, qui est de la même couleur, on voit d’ailleurs une nageoire dorsale qui est également jaune, aussi bien que celle de la queue. Cette der- nière est arrondie, et présente deux bandes transversales brunes. L’iris est bleu; le dessus du corps brun et lisse ; le dessous blanchâtre, très-exten- sible, et garni de très-petits piquans. Deux rangées longitudinales de taches d’un brun verdâtre règnent de chaque côté de l’animal et ajoutent à sa beauté. ET 5 118 HISTOIRE LE TETRODON MELEAGRIS (1), PAR LACÉPÉDEÉ. SÉTIZIÉÈME ESP Ê CE | Comwerson a laissé dans ses manuscrits | une description très-étendue de ce poisson, qu'il a vu dans les mers de l'Asie, et au- quel il a donné le nom de méléagris, à. cause de la ressemblance des nuances et de la distribution des couleurs de ce cartilagi- neux, avec celles de la pintade que lon a désignée par la même dénomination. Ce tétrodon est en effet brun, avec des taches innombrables , lenticulaires , blanches, et distribuées sur la tête, le dos, les côtés, le ventre, la queue, et même les nageoires. La peau est d’ailleurs hérissée de très-petites pointes un peu plus sensibles sur la tête. Chaque narine w’a qu’un orifice. Les bran- (1) Tetrodon brunneus , hispidulus , maculis lenti- cularibus albis undequaque conspersus. Commerson , Manuscrits déjà cités. DES TETRODONS. 114 chies sont au nombre de trois de chaque côlé ; leur ouverture est en forme de crois- sant; leur membrane mince et flottante est attachée au bord antérieur de cette ouver- ture ; ef les demi-cercles solides qui les soutiennent sont dentelés dans leur partie concave. Ce poisson fait entendre le bruissement que l’on a remarqué dans la plupart des cartilagineux de son genre, d’une manière peut-être plus sensible que ces derniers , au moins à proportion de son volume (1). (1) Aux nageoires pectorales . . . « 18 rayons, Acelle du dos.:t/409 it et TOR A’cellede l’anus:;;i". aisinrenc: a(30 À celle de la queue , qui est arrondie. 9 H 4 L20 HISTOIRE LE: T'ÊT R'OD'ON Ets BiCNT AR: IQ USE na) PAR LACÉPÈDE. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. Less plus belles couleurs parent ce poisson, Il est en effet brun sur le dos, jaune sur les côtés, verd de mer de dessous; ses na- geoires sont rousses ou vertes ; son iris est rouge ; et cet agréable assortiment est relevé par des taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d’autres nuances très - vives. Mais il est encore plus remarquable par la propriété de faire éprouver de fortes com- motions à ceux qui veulent le saisir. Cette qualité est une faculté véritablement élec- rique, que nous avons déjà vue dans la (1) Tetrodon electricus. Lin. édit. de Gmelin. — Guillaume Paterson; Act. anglic. 76,2 ,p. 582, t. 15. (2) Tetrodon maculis rubris, viridibus et albis, suprà fuscus , subtùs thalassinus, ad latera flavus , pinnis viridibus. Paterson, loco citato. — Lin. Syst. mat. edit. Gmel, gen. 157, sp. q. SONNINT:. DES TETRODONS. 12} torpille , que nous examinerons de nouveau dans un gymnote, et que nous retrouverons encore dans une silure, et peut-être mêine dans d’autres poissons. Ce cartilagineux habite au milieu des bancs de corail creusés par la mer, et qui entourent l’île Saint-Jean, près de celle de Comorre, dans l'océan Indien. Lorsqu'il y a été pêché, l’eau étoit à la température de seize dégrés du thermomètre auquel on donne le nom de Réaumur. I] parvient au moins à la longueur de sept pouces; et c’est M. Paterson qui l’a décrit le premier (1). (1) L'on verra avec plaisir la lettre que Paterson écrivit au célèbre Banks, pour lui annoncer la décou- verte du tétrodon électrique. Si cette lettre, dont la traduction est insérée dans le Journal de physique du mois de janvier 1787, n’est pas d’un naturaliste , elle n’est pas moins intéressante par le ton de candeur et de franchise qui y règne, et qu’il est bon de rappeler quelquefois, dans un tems où ce ton semble être passé de mode. Traduction de la lettre du lieutenant William Pater. son , à sir J. M. Joseph Bancks, président de la Société royale , contenant la description d’un nou- veau poisson électrique ; du premier mai 1786. « Lorsque j’étois aux grandes Indes avec le quatre- vingt-dix-huitième régiment, je trouvai dans l'ile de 192 HISTOIRE Jean (*), près de celle de Comorre , un poisson élec- tique que les naturalistes n’ont pas encore observé, et qui diffère de tous ceux qu’on a connus ou décrits jusqu’à présent. Malgré le peu de talent que j'ai, j'ose entreprendre sa description : heureux si mon obser- Vation peut mériter l’attention de la Société royale à qui j'ai l'honneur d’en faire hommage ! La situation d’un officier subalterne, occupé sans cesse de son ser- vice , sollicitera pour moi son indulgence sur l'imper- fection de l’esquisse que je vais faire de ce poisson véritablement étonnant. » Il a sept pouces de long , deux et demi de large ; la bouche très-longue et avancée, et il me semble pouvoir être mis dans fa classe des tétrodons. Son dos est de couleur brune foncée ; son ventre verd de mer; ses côtés jaumes; ses nageoires et sa queue rousses ; son corps moucheté a des taches rouges et vertes, et singulièrement brillantes. 11 a les yeux grands, l’iris en est rouge et jaune ; les nuances en sont excessive- ment tranchantes. » L'ile de Jean est située au 12, 13 dégré de lati- tude sud ; ses côles sont entièrement composées de rochers de corail qui sont creusés dans plusieurs endroits par les flots battans de la mer. On trouve dans ces cavités une grande quantité de ces poissons électriques. L’eau y est de la température de 56 ou Go° dégré du thermomètre de Fahrenheit. J’en pêchai deux dans une espèce de sac de toile fait pour la pêche; je les pris à la main, et la commotion que je reçus fut si forte , que je fus obligé de les quitter; je les ramassai cependant avec précaution, les mis dans un filet , et (*) L'ile de Jowanna. DES TETRODONS. 193 les apportai au camp, qui étoit à deux milles de dis- lance. À mon arrivée j’en trouvai un mort, l’autre dans un état de foiblesse étonnant ; mais cependant encore assez en vie pour prouver son électricité. Je le mis dans. un vase rempli d’eau de mer. J’appelai Le chirurgien du régiment ; je l’engageai à le prendre dans ses mains ; il reçut une commotion électrique aussi forte que celle que j’avois reçue. L’adjudant da régi- ment le toucha simplement avec le doigt sur le filet, et éprouva la même sensation. J’en citerois d’autres qui éprouvèrent le même effet; mais ces deux exemples suffisent. » Recevez avec bonté et indulgence cette courte description; elle doit engager ceux qui viendront dans l’île à observer avec plus de détail ce poisson singulier. Je ne sais pas assez d'histoire naturelle pour entre- prendre de décrire ses organes intérieurs. » J'ai l'honneur d’être, etc.» Paterson, SONNINI: 124 HISTOIRE om , oo LE MÉTRO D\0.N G:R:0 $ SE TE TE (a}(e), PAR LACÉPÉDE. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. Vorcr encore un tétrodon très-aisé à dis- ünguer des autres espèces de sa famille. Il en est en effet séparé par la grosseur de sa tête, beaucoup plus volumineuse à pro- portion des dimensions du corps que dans les autres cartilagineux de son genre. Il devient très-grand relativement à la longueur ordinaire de presque tous les autres tétro- dons; il est quelquefois long de deux pieds et demi. Il fait éprouver à ceux qui en mangent les mêmes accidens qu'un poison très-actif. Il se trouve dans les mers chaudes de l'Amérique et dans la mer Pacifique, et l'on en doit la connoissance au voyageur Forster. (1) Tetrodon sceleratus. Lin. édit. de Gmel. — G. Forster , It. 1, p. 405. (2) Tetrodon tetragonus , capite maximo.... tetro- don sceleratus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157, sp. 8. SONNINI: DES TETRODONS. 325 LA DIN EU Voyez la planche XVI, figure 2. LE TETRODON LUNE (), PART DA CE D'É DE DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. ! Cs poisson, un des plus remarquables par sa forme, habite non seulement dans la (1) La lune. En allemand, schwimmendekopf, c’est- à-dire , téte nageante, et mühlensteinfisch, meule de moulin. En hollandais , molensteenvisch. En anglais, sun-fish , molebute. En italien , pesce tamburro , molo, et pesce petazzo. À Malte, tamar. À Marseille , molle. Ostracion cathetoplateus subrotundus inermis asper, pinnis pectoralibus horizontalibus , joraminibus qua- tuor in capite, Artedi, Gen. pisc. gen. 39, sp. 22. — Synonym. p.83, n° 4. Tetrodon inermis , asper , compressus , rotundatus , caud4 brevissimé rotundatä ; pinn4 dorsal: analique annexé , spiraculis ovalibus..... tetrodon mola. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 7. Salvien est le premier qui ait donné la figure de ce poisson ; elle est bonne. SONNINI. 120 HLS'T'O LR E Méditerranée, où on le trouve très-fréquem- ment, mais encore dans l'Océan, où on le (2) Dans plusieurs départemens méridionaux, molle, meule. Dans plusieurs contrées d’Espagne , bout, mole .bout, lune de mer, poisson d'argent. En anglais , sun-fish. T'etrodon mola. Lin. édit. de Gmel. Quatre-dents lune. Daubenton, Encycel. méth. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. method. Mola , lune. (Bloch , pl. cxxvitr.— Art. gen. Gr, syn. 09 » 4. Mola. Monti, Act. Bonon. 2, part. 2, p. 297, tab. 5 , fig. 1. Orthragoriscus, luna piscis. Gesn. Hist. anim. 4, pag. 640. Klump-fisch. Plancus, Promptuar. Hamb. 18, p.:is tab. 1; fis.r. Short sun-fish. Pennant, Brit. zool. 3 , p. 102, n° 2. Ostracion cathetoplateus , subcompressus , brevis, latus, scaber, pinnis dersi anique lanceolatis caudæ proximis. Gronov. Zooph. n° 186. Orthragoriscus. Plin. 1. 52, c.2et rx. Lune ou mole. Rondelet, première partie, Liv. 15, chap. 6. Mola. Salvian. fol. 154 et 15, a. ad iconem.— Joust. Thaumat. p.419, 420. — Charleton , p. 129. — Willughby, p. 151. — Ray, p.51. Lune de mer. Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. Sun-fish of ray. Boxrlase, Hist. nat. of Cornwall ; tab. 26 , fig. 6, DES TETRODONS. 197 pêche à presque toutes les latitudes, depuis le cap de Bonne - Espérance jusques vers lextrénuté septentrionale de la mer du Nord. Il est très-aisé de le distinguer d’un trèés-srand nombre de poissons, et particu- lièrement de ceux de son genre, par l’apla- tissement de son corps, si comprimé laté- ralement, et ordinairement si arrondi dans le contour vertical qu’apercoivent ceux qui regardent un de ses côtés, qu’on a comparé son ensemble à un disque; et voilà pour- quoi le nom de soleil lui a été donné, ainsi que celui de lune, qui a été cependant plus généralement adopté. Il a d’ailleurs, sur cette grande surface presque circulaire que chaque côté présente, cet éclat blanchâtre qui dis- tingue la lumière de la lune. En effet, si son dos est communéiment d’une nuance très - foncée et presque noire, ses côtés et son ventre brillent d’une couleur argentine très-resplendissante, sur-tout lorsque le té- trodon est exposé aux rayons du soleil. Mais _ ce n’est pas seulement pendant le jour qu'il répand ainsi cet éclat argentin qu'il ne doit alors qu’à la réflexion d’une clarté étrangère : pendant la nuit il brille de sa propre lumière ; il montre, de même qu’un très-grand nombre de poissons, et plus vivement que plusieurs 128 ST OUR E de cesanimaux, une splendeur phosphorique qu'il üent de la matière huileuse dont il est imprégné. Cette splendeur paroît d'autant plus vive que la nuit est obscure ; et lorsque le poisson lune est un peu éloigné de la sur- face de la mer, la lumière qui émane de presque toutes les parties de son corps, et qui est doucement modifiée et rendue on- dulante par les couches d’eau qu’elle tra- verse, ressemble beaucoup à cette clarté iremblante dont la lune remplit latmos- phère , lorsaw’elle est un peu voilée par des nuages légers. Ceux qui s’approchent, au milieu de ténèbres épaisses, des rivages de la mer auprès desquels nage le tétro- don dont nous nous occupons, éprouvent souvent un moment de surprise en jetant les yeux sur ce disque lumineux, et en le prenant , sans y songer, pour l’image de la lune, qu’ils cherchent cependant en vain dans le ciel. Plusieurs individus de cette espèce très - phosphorique , voguant assez près les uns des autres, multiplient cette sorle d'image ; et les figures lumineuses, nombreuses et très-mobiles, que présentent ces poissons, composent un spectacle d’au- tant plus étendu , que ces télrodons peuvent être vus de très-loin. Ils parviennent en effet DES TETRODOINS 9 effet à la longueur de quatre mètres, ou un peu plus de douze pieds ; et comme leur hau- teur est à peu près égale à leur longueur, on peut dire qu’ils peuvent montrer de chaque côté une surface resplendissante de plus de cent pieds carrés. On assure même qu’en 1735 on prit, sur les côtes d'Irlande , un tétrodon lune qui avoit vingt-cinq pieds anglais de longueur (1), et qui par consé- quent paroissoit pendant la nuit comme un disque lumineux de plus de quatre cents pieds carrés de surface. | T'out le monde sait que les objets opaques et non resplendissans ne disparoïissent pen- dant le jour, et n’échappent à une bonne vue qu'à peu près à la distance de trois mille six cents fois leur diamètre. Le tétrodon lune pêché sur les côtes d'Irlande auroit donc pu être aperçu, pendant le jour, à la distance au moins de quatorze mille toises, s’il avoit été placé hors de l’eau de la manière la plus favorable. Mais, pendant la nuit, dans quel éloignement bien plus grand à proportion ne voit-on pas le corps lumineux le plus petit! Cependant, comme l’eau, et sur-tout (1) Hist, of Waterford, p. 271.— Borlase, Hist. nat. of Cornwall, p. 267. Poiss. Tome V. I 130 HEÉS TE OTR E les vagues agilées de la mer, interceptent une très - grande quantité de rayors lumi- neux, on ne doit voir de très-loin les plus grands tétrodons lunes, malgré toute leur phosphorescence, que lorsqu'ils sont tirès- près de la surface des mers, et qué l’on est placé sur les côtes ou d’autres points très- élevés, cette double position ne laissant aux rayons de lumière qui partent de l'animal et aboutissent à l’œil de l’observateur qu’un court trajet à faire au travers des couches d’eau. Lorsque le tétrodon lune est parvenu à de grandes dimensions , lorsqu'il a atteint la longueur de plusieurs pieds, il pèse quel- quefois Jusqu'à cinq cents livres ; et on a pris en étlet auprès de Plymouth, il n’y a pas un très-long tems, un poisson de cette espèce dont le poids étoit de cinq cents livres, ou près de vingt-cinq myriagrammes. Les tétrodons lunes peuvent donc, rela- tivement à la grandeur, être placés à côté des cartilagineux dont les dimensions sont les plus prolongées ; et comme leurs deux surfaces latérales sont très-étendues à pro- portion de leur masse totale, on peut par- ticulièrement les rapprocher des grandes raies, dont le corps est également comprimé D ES !TETROÏDIONS. ra: de manière à présenter un déploiement très- considérable, quoique dans un sens différent. Mais, s'ils offrent la longueur des grands squales , s'ils les surpassent même en hau- teur, ils n’en ont reçu ni la force, ni la férocité. Leurs muscles sont bien moins puissans que ceux de ces squales très-alon- gés ; et leur bouche, quoique garnie de quatre dents larges et fortes, montre une ouverture trop petite pour qu’ils aient jamais pu contracter l'habitude de poursuivre un ennemi redoutable, et de livrer des combats hasardeux (1). Les nageoires pectorales sont assez éloi- gnées de l’extrémité du museau, et leur mouvement se fait de haut en bas, beau- coup plus que d'avant en arrière. Celle du dos et celle de l’anus sont très-alongées, et composées de rayons très-inégaux, dont les plus antérieurs sont les plus longs. La na- geoire de la queue peut être comparée à une bande étroite placée .à la partie poste- rieure de l'animal, que l’on seroit tenté de regarder comme tronquée; et elle est étroi- (:) Le plus grand diamètre de la bouche n’étoit que d’un pouce et demi dans un individu long de trois pieds un pouce. TL 2 132 HISTOIRE tement liée avec les nageoires du dos et de Fanus par une membrane commune à ces trois organes, ce qui distingue parliculiè- rement le tétrodon lune de tous les autres cartilagineux de son genre (1). La hauteur de ce poisson est presque égale à sa longueur. Il est cependant dans cette espèce une variété plusieurs fois observée, et dans laquelle la longueur est double de la hauteur (2). Indépendamment de cette différence très-notable dans les dimensions, celte variété présente une petite bosse ou saillie au dessus de ses yeux, et à une dis- tance plus ou moins grande de l'extrémité du museau. Au reste, je me suis assuré , par l’observalion de plusieurs tétrodons lunes, que des individus de l’espèce que nous exa- minons présentoient différentes figures in- (1) Aux nageoires pectorales 12 ou 13 rayons. Acetlé dnidos"t 9.4, SM rtDonrrs Arcelledefl'anns Ses 0 2 A:6elle de la queue:....… .' .17.0n0 18 (2) Tetrodon mola truncatus. Lin. édit. de Gmel. — Retzius, Nov. Act. Stockh. 6, 2, p. 116. — Planc. Promt. Hamb. 18 , tab. 1, fig. 2. — Monti, Act. Bonon.2 ,p.2,p. 297 , tab. 2, fig. r. Oblong sun-fish. Brit. Zool. 5, p. 100, n° 1.—- Borlase , Hist. nat. of Cornwall, tab. 26, fig. 7. D'ESSTETRODONS.. 8 termédiaires entre celle qui donne la hau- teur égale à la longueur, et celle qui produit une lonsueur double de la hauteur. Mais cette espèce ne varie pas seulement daus sa forme , elle varie aussi dans ses cou- leurs; el nous avons trouvé, parmi les ma- nuscrits de Commerson, le dessin d’une lune dont la longueur est presque doubie de la hauteur, qui n’a pas cependant délévation parüculière au dessus du museau , et qui, au lieu des nuances que nous avons déjà ex- posées, est peinte de couleurs disposées dans uu ordre remarquable. Un grand nombre de taches irrégulières, les unes presque rondes, les autres alongées , sont distribuées sur chaque face latérale de l’animal, et s'y réu- nissent plusieurs ensemble de manière à y former, sur - tout vers la tête et vers les nageoires pectorales, des bandelettes qui, serpentant dans le sens de la longueur ou dans celui de la largeur de la lune, se sé- parent en bandelettes plus petites, ou se rapprochent et se touchent dans plusieurs endroits, et sont presque toutes couvertes de petits points d’une couleur très-foncée. Mais, quelles que soient les couleurs dont la lune soit peinte, sa peau est épaisse, tenace , et revêtue le plus souvent de tuber- 15 194 HIS TOERE cules assez sensibles pour donner un peu de rudesse à ce tégumeni. Immédiatement au dessous de la peau proprement dite se trouve une couche assez considérable d’une substance qui a été très- bien observée par mon confrère Cuvier, dans une lune qu’il a disséquée (1). Cette matière est d’une grande blancheur, assez semblable au lard du cochon, mais plus compacte et plus homogène : lorsqu'on la presse, elle laisse échapper beaucoup d’eau limpide; elle se dessèche sans se fondre, quand on lexpose à la chaleur; et si on la fait bouillir dans l’eau, elle se ramollit et se dissout en partie. Cuvier a aussi vu dans la cavité de l’or- bite de l'œil, et contre cet organe, un tissu remarquable, composé de vésicules, les- quelles sont formées de membranes molles et peu distinctes, et sont remplies d’une substance semblable à du blanc d'œuf par la couleur et la consistance. Ce tissu a un très-grand nombre de vaisseaux et de nerfs propres, et cède à la moindre impression (2). L'ouverture de la peau, au travers de (1) Notes manuscrites communiqnées par Cuvier. {>) Idem. DES TETRODONS. . 155 laquelle on aperçoit en partie le globe de l'œil , n’a ordinairement, dans son plus grand diamètre, que la moitié de celui de ce globe. Æile est garnie intérieurement d’une sorte de membrane molle et ridée; et autour de cette ouverture on découvre, immédiatement au dessous de la peau, un anneau charnu, derrière lequel lanimal peut retirer son œil, qui est alors caché par la membrane ridée comme par une paupière. | L'on doit encore observer, dans l'organe de la vue du tétrodon lune, deux parties qui ont éié trés-bien décrites par Cuvier, ainsi que celles dont nous venons de parler, Premièrement, on peut voir une glande rougeâtre , un peu cylindrique, irrégulière- ment placée autour du nerf optique, à l'endroit où il a déjà pénétré dans le globe de l'œil, recouverte par la membrane inté- rieure de cet organe, à laquelle le neim de chororde a été donné, et tenant à Ja mern- brane plus intérieure encore de ce même organe par un très-grand nombre de pelits vaisseaux blancs, qui serpentent de manière à former une sorte de réseau. * Secondement, il y à uñe espèce de poche ou bourse conique, composée d’une mem- Là 136 HÆSTOTRE brane très-mince, d’une couleur brune, et qui va depuis le nerf optique jusqu’au cris- tallm, en paroissant occuper un sillon de l'humeur vitrée. Au reste, les nerfs optiques se croisent au dessous du cerveau sans se confondre : le droit passe au dessus du gauche pour aller jusqu’à l'œil ; et ils sont l’un et l’autre très- renflés, et comme divisés en plusieurs filets a l'endroit du croisement. La cavilé du crâne est près de dix fois plus grande qu'il ne le faut pour coutenir le cerveau. Elle forme un triangle isocèle dont la pointe est vers le museau, et dont les côtés sont courbés irrégulièrement. A chaque angle de la base, cette cavité s’agran- dit pour renfermer l'organe de louïe. Le diamètre de l'estomac n’est guère plus grand que celui du reste du canal intestinal. Ses membranes, ainsi que celles du duode- num et du rectum, sont fortes et épaisses; et ce canal alimeniaire renferme souvent, ainsi que celui d’un très-grand nombre de poissons, une quantité considérable de vers intestinaux de différentes espèces. Les reins soni situés dans la partie supé- rieure de la cavité abdominale; ils se ter- nunent vers la tête par deux longs prolon- DES TETRODONS. 137 gemens; ces prolongemens sont reçus dans deux sinus de la cavité de l'abdomen ; ces sinus sont séparés l’un de l’autre par une cloison musculeuse, et ils s'étendent hori- sontalement jusqu'auprès des yeux. Le péritoine contient une grande quan- tité d’eau salée et limpide, qui a beaucoup de rapports avec celle que l’on trouve dans la cavité abdominale des raies, des squales, des acipensères, et d’autres poissons cartila- gineux ou osseux, et qui doit y parvenir au travers des membranes assez perméables des intestins et d’autres parties intérieures du tétrodon lune. Le foie est très-grand; il occupe presque Ja moitié de la cavité abdominale , et est situé dans la partie supérieure de cette ca- viié, au dessous des reins. Il est d’ailleurs demi-sphérique, jaune, gras, mou, parsemé de vaisseaux sanguins; il ne paroît pas di- visé en lobes; et on le dit assez bon à manger. La chair de la lune n’est pas aussi agréable au goût que le foie de cet animal; elle déplaît non seulement par sa nature, en quelque sorte trop gluante et visqueuse, mais encore par l'odeur assez mauvaise que répand le tétrodon pendant sa vie, et 138 HÉSTOIRE qu'elle conserve souvent après avoir été préparée ; elle fournit, par la cuisson, une quantité assez considérable d'huile bonne à brüler , mais dont on ne se sert presque pas pour les alimens : aussi la lune est-elle peu recherchée. Lorsqu'on veut la saisir, elle fait entendre, de même que la plupart des tétrodons et plusieurs autres poissons osseux ou carlilagineux, un bruissement trés-maraué ; et comme cette sorte de bruit est souvent assez grave dans le tétrodon lune, on l’a comparé au grognement du cochon; et voilà pourquoi la lune a été nommée porc, même dès le tems des au- ciens grecs (1). (1) Les anciens lacédémoniens donnoient le nom d'orthagoriscoi, c’est-à-dire , porc, à un poisson fort grand , qui fait entendre , lorsqu'on le saisit, un bruit semblable au grognement âu cochon. C’est à cette scule indication que se réduisent les notices que les anciens écrivains nous ont transmises au sujet de Por- thagoriseoi, poisson de la Méditerranée. Or, ainsi que Lacépède l’a déjà observé, plusieurs autres espèces de poissons , tant osseux que cartilagineux , jetient dans le danger Ja même sorte de cri, et comme parmi les espèces propres aux eaux de la Méditerranée, il en est qui acquièrent aussi une grandeur remarquable ,ie ne vois pas que l’orhagoriscoi des lacédémoniens doive être rapporté au poisson lune plutôt qu’à tout autre de DES TETRODONS. 13% ces grandes espèces. C’est Rondelet , qui le premier a fait ce rapprochement , après, dit-il, avoir bien pensé à tout. ( Hist. des poissons, Liv. 15, chap. 6, p. 527-) Une conjecture émise avec ce ton d’assurance a été adoptée par les ichthyologistes qui ont suivi Rondelet, el qui, dans leur synonymie , n’ont pas manqué d’ins- crire l’orthagoriscoi comme se rapportant à la lune. Un seul néanmoins s’apercevant qu’une pareille sup- position étoit hasardée , a exprimé ses doutes sur ce sujet par un point d’interrogalion. { ? Oréhragoriscus Plin. Artedi, Synonym. pisc. ) La chair de la lune n’étant pas de bonne quaïité , Von voit rarement ce poisson dans les marchés ües villes maritimes. M. Brunnich (Ichthyologia Massil. pag. 8 Tetrodon mola ) raconte que, navigant entre Antibes et Gênes, l’on découvrit à la surface de la mer une lune si pro- fondément endormie, qu’elle ne s’aperçut point de l'approche du navire , et qu’un matelot s’élançant sur elle , eut le tems de la saisir avant qu’elle se réveillat. Lorsque les lunes avancent dans les eaux , elles ont un mouvement très-singulier ; elles roulent sur elles- mêmes comme une roue. On prend ces poissons dans les madragues et dans les autres filets destinés à la pêche des thons. SONNINIE. 140 HIS TOEIRE DOUZIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE. LES OVOIDES. Le corps ovoïde ; les mâchoires osseuses; avancées, et divisées chacune en deux dents; point de nageoires du dos, de la queue, ni de l'anus. E S P È C E. L’ovoipe FAsCÉ.— Des bandes blanches; étroites , horisontales , et divisées à leur ex- trémité, de manière à représenter un ?. DES OV O:ID ES: 141 PAON'OTDETENS CE "NE PAR LACÉPÉDE. N OUS avons cru devoir séparer de la famille des tétrodons, et inscrire dans un genre particulier , ce poisson très - remar- quable , non seulement par la forme de son corps, qui paroît encore semblable à un œuf lors même que son ventre n’est pas gonflé ; mais encore par le défaut absolu de nageoires de la queue, du dos et de Janus. Il ne présente que deux nageoires pectorales, aussi petites que les ailes d’une mouche ordinaire, dans un individu d’un pouce et demi de longueur, rapprochées du sommet du museau, et composées de dix-huit rayons très-déliés. C’est dans les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé la description de cette espèce. Ce savant voyageur n’en avoit vu qu’un indi- vidu desséché ; mais il avoit réuni à ses me (x) T'etraodon oviformis , pinnis tantüm pectoralibus gaudens , hispidulus , niger , rivulis albis è dorso ad ventrem descendentibus. Comm. Manuse, déjà cités. 142 HISTOIRE observations celles que lui avoit communi- quées son ami Deschamps, habile chirurgien de la marine, qui avoit observé des ovoïdes fascés dans toute leur intégrité. Le fascé examiné par Commerson étoit alongé , mais arrondi dans tous ses contours, véritablement conformé comme un œuf, et tenant le milieu pour la grandeur entre un œuf de poule et un œuf de pigeon. Son grand et son petit diamètre éloient dans le rapport de trente-un à vingt-six. Non seulement on ne voit pas, dans cette espèce ,; de nageoire caudale, mais il n’y a pas même d'apparence de queue propre- ment dite. La tête est renfermée dans les- pèce de sphéricité de l’ensemble de l'animal; le museau est à peine proéminent; et on ne voit saillir que les deux dents de chaque mâchoire, qui sont blanches comme de Pivoire , et semblables d’ailleurs à celles des tétrodons. Les yeux sont petits, alongés, éloignés du bout du museau, et voilés par une membrane transparente qui n’est qu'une continualion de la peau de la tête. L'on aperçoit les ouvertures des branchies au devant des nageoires pectorales, L’anus est, suivant Deschamps , situé à l'extrémité DES OVOIRDES. 149 du dos, mais un peu dans la partie supé- rieure de l’animal, et la position de cette ouverture est par conséquent absolument sans exemple dans la classe entière des poissons. Tout l'animal est d'un brun noirâtre; ce fond obscur relève des bandelettes blanches placées en travers sur le ventre, disposées en demi-cercles irréguliers au- dessous du museau, et divisées vers le dos en deux branches, de manière à imiter une fourche, ou un ÿ. La peau du fascé est d’ailleurs hérissée de très-petits piquans, blancs sur les ban- delettes , et noirâtres sur les endroits foncés; en les regardant à la loupe, on s'aperçoit que leur base est étoilée. | Le poisson que nous décrivons habite dans la mer des Indes. 144 HIS F OFFRE Œ——— PREMIER GENRE (bis) *, PAR LACÉPÉÈDE. LES GASTROBRANCHES. Bt ouvertures des branchies situées sous le ventre. PR, EM IIÉ:R EME SUPIÉ CE. LE GASTROBRANCHE AVEUGLE. — Une nageoire dorsale très-basse, et réunie avec celle de la queue. S EC O N°'D'E ES P EC E. LE GASTROBRANCHE DOMBEY. — Point de nageoire dorsale. * Plusieurs des matériaux nécessaires pour com- poser les articles relatifs aux gastrobranches , ne m'étant parvenus qu'après l’impression d’un assez grand nombre de feuilles de cet ouvrage, je n’ai pu placer qu'ici la description de ces animaux, dont l’histoire auroit dû suivre celle des pétromyzons. Au reste , le genre des gastrobranches est inscrit à sa véritable place sur le tableau des ordres des poissons tant osseux que cartilagineux ; et il le sera de même sur le tableau général de tous les genres et de toutes les espèces de poissons décrits dans cette Histoire naturelle , tableau par lequel notre travail sera terminé. L’AVEUGLE. Mlle > «À Ê À, T4 EE = — 5 De eve de MIT ar dééi J'AVEUGLE. DES GASTROBRANCHES. 3145 eee ee ne nn + LAVE U Gb E!{a}st Planche XVI: +. in, GASTROBRANCHE AVEUGLE (2), PAR LACÉPÉDE. | PRÉMIÉRE ES PEÈCUE. dr, Less gastrobranches ressemblent beaucoup aux pétromyzons par la forme cylindrique et trés-alongée de leur corps, par la flexibi- (1) L’aveugle. En allemand , schleimwurm , blind- Jisch. En suédois, blindal, putal. En danois , Avud- aal , ingeris pitt , sugare , inschuvier. En norvégien, sleepmark , pihral, pilov. En ‘islandais et en groeu- landais, ivik. En anglais , blindfish. Myxine corpore elongato glutinoso , ore dentato...,.. myxine glutinosa. Oth. Fabric. Fauna groenl. p. 344. Petromyzon myxine. Artedi , Gen. pisc. edit. Wal- baum , gen. 42 ,n° 6. additam. (2) Gastrobranchus cæcus. Bloch. Myxine glutinosa. Lin. édit, de Gmel. — Faun. suec. 2086. — Mus. Ad. Fr. 1, p. 91, tab. 8, fig. 4. — Stroem. sondm. 1 , p.287. — Act. 'nidros. 2, p. 250, tab. 3. — Mull. Zool. dan. prodrom. 2955. — Otl. Fabric. Faun. groenland. p. 344 , n° 334. Poiss. TomE V. K 246 HISTOIRE lité des différentes portions qui le composent; par la souplesse et la viscosité de la peau qui le revêt, et sur laquelle on ne peut aper- cevoir, au moins facilement , aucune sorte d’écaille. Ils se rapprochent encore des pé- tromyzons par le défaut de nageoires infé- rieures et même de nageoires pectorales, par la conformation de leur bouche, par la disposition et la nature de leurs dents, et ils ont sur-tout de très-grands rapports avec ces cartilagineux par la présence d’un évent au dessus de la tête, et par l’organisation de leurs branchies. Ces organes respiratoires consistent en effet, ainsi que ceux des pé- tromyzons, dans des vésicules ou poches, lesquelles d’un côté s'ouvrent à l'extérieur da corps, de l’autre communiquent avec l'intérieur de la bouche, et présentent de nombreuses ramifications artérielles et vei- neuses. [Il est donc très-aisé, au premier coup d'œil, de confondre les gastrobranches avec les pétromyzons, ainsi que Font fait d'habiles naturalistes : en les examinant cependant avec attention, on voit facile- ment les différences qui les séparent de cette famille. 'L'ous les pétromyzons ont sept branchies de chaque côté; le gastrobranche aveugle n’én a que six à droite et six à DES GASTROBRANCHES. 147 gauche, et il est à présumer que le gastro- branche dombey n’en a pas un plus grand nombre. Dans les pétromyzons, chaque branchie a une ouverture extérieure qui lui est particulière ; dans le gastrobranche aveugle, il n’y a que deux ouvertures ex- térieures pour douze branchies. Les ouver- tures branchiales des pétromyzons sont si- tuées sur les côtés et assez près de la tête ; celles des gastrobranches sont placées sous le ventre. Les lèvres des gastrobranches sont garnies de barbillons; on n’en voit point sur celles des pétromyzons. Les yeux des pétro- myzons sont assez grands; on n’a pas encore pu reconnoître d’organe de la vue dans les gastrobranches, et voila pourquoi l’espèce dont nous parlons dans cet article a reçu.le nom d'aveugle. | On remarquera sans peine que presque tous les traits qui empêchent de réunir.les gastrobranches avec les pélromyzons con- courent, avec un grand nombre de ceux qui rapprochent ces deux familles, à faire méconnoitre la véritable nature des gastro- branches, au point de les retrancher de la classe des poissons, de les placer dans celle des vers, et de les inscrire particulièrement. parmi ceux de ces derniers animaux aux- K 2 148 IIS TORRTE quels le nom d’intestinaux a été donné. Aussi plusieurs naturalistes, et même Linnæus, ont-ils regardé les gastrobranchés aveugles comme formant une famille distincte, qu’ils ont appelée myxine, et qui, placée au milieu des vers intestinaux, les repoussoit néan- mioins, pour ainsi dire, ne montroit point aux yeux les plus exercés à examiner des vers les rapports nécessaires pour conserver avec convenance la place qu’on lui avoit donnée , dérangeoit en quelque sorte les distributions : méthodiques imaginées pour classer les nombreuses tribus d'animaux dé- nués de sang rouge , et y causoit des dis- parates d'autant plus frappantes que ces méthodes plus récentes étoient appuyées sur ün plus grand nombre de faits, et par con- séquent plus perfectionnées. Le célèbre ichthyologiste, le docteur Bloch de Berlin, ayant été à même d'observer soigneusement Forganisation de ces gastrobranches, a bientôt vu leur véritable nature ; il les a restitués à la classe des poissons, à laquelle les attache leur organe respiratoire, ainsi que la couleur rouge de leur sang; il a montré qu’ils ap- partenoient à un genre voisin , mais distinct, de celui des pétromyzons, et il les a fait connoître très-en détail dans un Mémoire DES GASTROBRANCHES. 149 et par une planche enluminée très-exacte qu’il a communiqués à l'institut national de France (1). Je ne puis mieux faire que d'extraire de ce Mémoire une grande partie de ce qu’il est encore nécessaire de dire du gastrobranche aveugle. Ce cartilagineux est bleu sur le dos ; rougeâtre sur les côtés, et blanc sur le ventre; quatre barbillons garnissent sa lèvre supérieure, et deux autres barbillons sont placés auprès de la lèvre de dessous. Entre les quatre barbillons d’en haut on voit un évent qui communique avec l'intérieur de la bouche comme celui des pétromyzons ; cet évent est d’ailleurs fermé , à la volonté de l'animal, par une espèce de soupape. Les lèvres sont molles, extensibles, propres à se coller contre les corps auxquels l’aveugle veut s'attacher ; elles donnent une forme : presque ronde à l'ouverture de la bouche, qui présente un double rang de dents fortes, dures, plutôt osseuses que cartilagineuses ; et retenues , comme celles de Ïa lamproie , dans des espèces de capsules membraneuses. On compte neuf dents dans le rang supé- rieur , et huit dans l’inférieur. Une dent (1) Le premier prairial de l’an 5. K 3 150 H'ESP'O TEE recourbée est de plus placée au dessus des autres, et sur la ligne que l’on pourroit tirer de l’évent au gosier , en la faisant passer par dessus la lèvre supérieure. On n’aperçoit pas de langue ni de narines; mais on voit au palais et autour de l’ouver- ture par laquelle l’évent communique avec la bouche une membrane plissée , que Je suis d'autant plus porté à regarder comme l'organe de l’odorat du gastrobranche aveugle que son organisation est très-analogue à celle de l'intérieur des narines du plus grand nombre de cartilagineux , et que les plus fortes analogies doivent nous faire supposer dans tous les poissons un odorat très- sensible. Le corps de laveugle, assez délié et cy- lindrique, ne parvient presque jamais à la longueur d’un pied, ou d'environ trois dé- cinètres. 1l présente de chaque côté une rangée longitudinale de petites ouvertures qui laissent échapper un suc très-gluant : une matière semblable découle de presque tous les pores de l’animal ; et ces liqueurs non seulement donnent à la peau de l’aveugle, qui en est enduite , une sorte de vernis et une grande souplesse, mais éncore, suivant Gunner et d’autres naturalistes, elles rendent DES GASTROBRANCHES. 151 visqueux un assez grand volume de leau dans laquelle ce gastrobranche est plongé. Ce cartilagineux n’a d’autres nageoires que celle du dos, celle de la queue et celle de l'anus qui sont réunies, très-basses, et com- posées de rayons mous que l’on ne peut compter à cause de leur petitesse et de l'épaisseur de la peau qui les revêt. L'ouverture de l'anus est une fente très- alongée , et sur le ventre sont placées deux ouvertures dont chacune communique à six branchies. Uneartère particulière, quiaboutit à la surface de chacun de ces organes respi- ratoires, s’y distribue, comme dans les autres poissons, en ramifications très-nombreuses , au milieu desquelles sont disséminées d’autres ramifications qui se réunissent pour former une veine. Le canal intestinal est sans sinuosités. Les petits éclosent hors du ventre de Ia mére. L’aveugle habite principalement dans l'Océan septentrional et européen (1) : il se (1) On le trouve jusques sur les côtes du Groën- land; mais il y est rare, selon Othon Fabricius. ( Faun. groenland. co citato. ) Kalim (Reise nach Amer, t.Ï, p.118) rapporte K 4 152 HESTOIR:E, etc: cache souvent dans la vase; il pénètre aussi quelquefois dans le corps de grands poissons, se glisse dans leurs intestins, en parcourt les divers replis, les déchire et les dévore; et cette habitude n’avoit pas peu servi à le faire inscrire parmi les vers intestinaux ; avec le tænia et d’autres genres d'animaux dénués de sang rouge. ce qui suit au sujet de l’aveugle : « Je jetai, dit-il, un de ces poissons dans un grand bassin rempli d’eau de mer fraîche; au bout d’une heure cette eau étoit remplie d’une viscosité blanchâtre et gluante qui res- sembloit à une colle claire et transparente; en y trempant un tuyau de plume ou un bâton , on en pou- voit tirer de longs fils. En la remuant , la matitre, visqueuse s’y attachoit de l’épaisseur d’un pouce, et avoit parfaitement l’air d’un glaçon de gouttière. Enfin l’eau devint si gluante , qu’en la tirant de l’ustensile comme une corde, le poisson lui-même fut entraîné. Je jetai cette eau et j’en pris de la fraiche; mais le suceur y fut à peine un quart d'heure , que cette eau devint aussi gluante que la première. On m’a assuré qu’une quantité d’eau, fût -ce un bateau à demi- rempli, où on n’auroit laissé qu’un seul de ces pois- sons, scroit convertie dans quelques heures en un limon pareil à celui dont nous venons de parler. » D’après ces observations de Kaiïm, le docteur Bloch pense que l’aveugle, dont on n’a tiré jusqu’à présent aucun pari, pourroit servir à faire de la colle. SONNINI PAIE, PEER A Em PEER EL EN EDR 2 EX, P LIC A TEON DE LA PLANCHE XVII La figure première montre en a l’ouver- ture cylindrique par laquelle aveugle, après s'être attaché à quelque objet, lance l’eau qu'il a humée. Cette ouverture est surmontée par une soupape ou valvule qui se relève ou s’abaisse à la volonté de l'animal. cc, ligne de petits trous qui s'étend de chaque côté depuis la tête jusqu’à la queue: en pressant le poisson, il en sort une hu- meur visqueuse. b, l'anus. Figure seconde.— a, les deux ouvertures branchiales. b, l’anus en fente alongée , à laquelle aboutit une ligne proéminente, qui marque le milieu du ventre dans toute sa longueur entre les deux séries de petits points. Figure troisième.—a, membrane plissée au palais, autour de la fente oblongue, par où l’eau passe à l’évent, réprésenté en a dans la figure première. 354 EXPLICATION b, muscle creux qui environne un autre muscle plus long et en forme de cône. cc, vaisseaux qui conduisent l’eau dans les vésicules, d’où elle passe par d’autres canaux vers l’épine du dos, et va se rendre dans. les vaisseaux qui s’y trouvent. dd, veines placées sur l’épine du dos, qui conduisent le sang des artères à la veine cave; cette veine descend et renvoie le sang au cœur, après qu'il a été rafraichi par le moyen des vésicules. ee, vaisseaux qui mènent l’eau à la bouche , d’où elle s'écoule ou passe par l'évent. Î, le cœur qui renvoie le sang à chaque vésicule par une branche de la grande ar- tère qui le couvre et se partage en un nombre infini de petits vaisseaux. | g£g, le foie. A, les œufs attachés ensemble par une membrane très-déliée. 2, un rein long et étroit. Figure quatrième. — a, dent recourbée: bb, deux rangées de dents en forme de peigne et d’une substance osseuse : il y en a neuf à la rangée supérieure, et huit à linférieure. DE LA PLANCHE. 155 ce, les mêmes vaisseaux aqueux que dans la figure troisième, cc. dd, les deux muscles dont il a été ques- tion figure troisième, en b, qui se séparent aisément l’un de l’autre. Le muscle exté- rieur se termine vers la mâchoire en deux tendons larges, et l’intérieur en deux tendons étroits. j ee, les vaisseaux aqueux conduisant l’eau à la bouche. ff, veines qui conduisent le sang des artères à la veine cave. gg, œufs oblongs, plus gros que ceux représentés en h, figure troisième ; ils sont rangés sur l’épine du dos, depuis le dia- phragme jusques près de l’anus ; ils res- semblent aux œufs de serpens. hk h, glandes qui forment de chaque côté une ligne de globules semblables à des perles; leurs canaux secréteurs se remarquent sur leur côté externe. 156 HISTOIRE gr LE GASTROBRANCHE | DOMBE Y. Nous donnons ce nom à un cartilagineux dont la peau sèche a été apportée au museum nalional d'histoire naturelle par le voyageur Dombey , et dont aucun naturalisten’a encore parlé. Il est évidemment de la même famille que l’aveugle, mais il appartient à un autre hémisphère; et c’est dans la mer voisine du Chili, et peut-être dans celle qui baigne les rivages des autres contrées de l'Amérique mé- ridionale , qu’on le trouve. [la de très-grands rapports de conformation avec l’aveugle , mais il parvient à une longueur et à une grosseur deux fois au moins plus considé- rables; il en est d’ailleurs séparé par d’autres différences que nous allons indiquer en le décrivant. La tête de ce gastrobranche est arrondie et plus grosse que le corps ; elle présente quatre barbillons dans sa partie supérieure ; mais l’état d’altération dans lequel étoit l’in- dividu donné par Dombey n’a pas permis de s'assurer s’il y en avoit deux auprès de DES GASTROBRANCHES. 1257 ja lèvre inférieure, comme sur l’aveugle. Les dents sont pointues, comprimées, trian- gulaires, et disposées sur deux rangs circu- laires : l'extérieur est composé de vingt-deux dents, et l’intérieur de quatorze. Une dent plus longue que les autres, et recourbée, est d’ailleurs placée à la partie la plus haute de l’ouverture de la bouche. L’organe de la vue et celui de l’odorat ne sont pas plus apparens sur le dombey que sur jJ’aveugle. La couleur du gastro- branche que nous cherchonsà faire connoître étoit effacée, où paroissoit dénaturée dans la peau que nous avons vue. La queue, dont la longueur n'excède guère le double du diamètre du corps, est arrondie à son extrémité, et terminée par une nageoire qui se réunit à celle de lanus. Ces deux nageoires sont les seules que présente l’ani- mal ; elles sont très-basses, très-difficiles à distinguer, et composées de membranes au milieu desquelles on n’a pu que soupçonner des rayons sur l'individu desséché que nous avons examiné. ———————— ——— —" TABLEAU DES 57 PREMIERS GENRES DES POISSONS OSSEUX,; PAR LACÉPÉÈDE. CLASSE DES POISSONS. Le sang rouge; des vertèbres ; des branchies au lieu de poumons. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEU X. Les parties. solides de l’intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, ou CINQUIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule branchial, et une membrane branchiale,. DES GENRES. 159 DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIERE DES POISSONS; ou PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS SA PODES. Point de nageoires inférieures entre le museau et l'anus. VINGT-UNIÈME GENRE. CÉcILIE. — Point de nageoires; l’ouver- ture des branchies sous le cou. VINGT-DEUXIÈME GENRE. MoNoPpTÈRE.— Point d'autre nageoire que celle de la queue; les ouvertures des narines placées entre les yeux. VINGT-TROISIÈME GENRE. LEPTOCÉPHALE. — Point de nageoires pectorales, ni caudales; lPouverture des branchies située en partie au dessus de la tête. VINGT-QUATRIÈME GENRF. Gymnore. — Des nageoires pectorales et de l’anus; point de nageoires du dos, ni de la queue. 260 TABLE ÆC VINGT-CINQUIÈME GENRE. TRICHIURE. — Point de nageoire cau- dale ; le corps et la queue très-alongés, très-comprimés , et en forme de Jame ; les opercules des branchies placés très-près des yeux. VINGT-SIXIÈME GENRE. NoToPTÈRE. — Des nageoires pectorales, de l’anus et du dos; point de nageoire cau- dale ; le corps très-court. VINGT-SEPTIÈME GENRÉ. OPHISURE. — Point de nageoire caudale; le corps et la queue cylindriques et très- alongés relativement à leur diamètre; la tête petite; les narines tubulées ; la nageoire dorsale et celle de l’anus très - longues et très-basses. VINGT-HUITIÉÈÉME GENRE. TRIURE.— La nageoire de la queue très- courte; celle du dos et celle de l'anus éten- dues jusqu’au dessus et au dessous de celle de la queue; le museau avancé en forme de tube ; une seule dent à chaque mâ- choire. VINCGCT-NEUVIÈME GENRE. APTÉRONOTE.— Une nageoire de la queue ; DES GENRES. 161 queue; point de nageoire du dos; les mâ- choires non extensibles. TRENTIÈME GENRE. Récazec.— Des nageoires pectorales, du dos et de la queue; point de nageoire de Janus, ni de série d’aiguillons à la place de cette dernière nageoire ; le corps et la queue très-alongés. TRENTE-UNIÈME GENRE. OboNTOGNATHE. — Une lame longue, large , recourbée, dentelée, placée de chaque côté de la mâchoire supérieure, et entrainée par tous les mouvemens de la mâchoire de dessous. TRENTE-DEUXIÈME GENRE. MuRENEe.— Des nageoires pectorales, dorsale, caudale, et de l'anus; les narines tubulées ; les yeux voilés par une mem- brane ; le corps serpentiforme et visqueux. TRENTE-TROISIÈME GENRE. AMMODYTE. — Une nageoire de Panus ; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de celle du dos; la tête comprimée et plus élroite que le corps; la lèvre supé- rieure double : la mâchoire inférieure étroite et pointue ; le corps très-alongé. Poiss. Tome V. L 162 TAB BA TRENTE-QUATRIÈME GENRE. Oprxin1e. — La tête couverte de grandes pièces écailleuses ; le corps et la queue com- primés en forme de lame, et garnis de petites écailles; la membrane des branchies très-large ; les nageoires du dos, de la queue et de l’anus réunies. TRENTE-CINQUIÈME GENRE. MACROGNATHE. — La mâchoire supé- rieure très-avancée et en forme de trompe ; le corps et la queue comprimés comme une lame ; les nageoires du dos et de l'anus distinctes de celle de la queue. TRENTE-SIXIÈME GENRE. X1pH14s.—La mâchoire supérieure pro- longée en forme de lame ou d'épée, et d’une longueur au moins égale au tiers de la longueur totale de l’animal. TRENTE-SEPTIÈME GENRE. ÂNARHIQUE. — Le museau arrondi; plus de cinq dents coniques; des dents molaires en haut et en bas; une longue nageoire dorsale. TRENTE-HUITIÈME GENRE. ComÉPHore.— Le corps alongé et com- primé; la tête et l’ouveriure de la bouche DES GENRES. 163 très-srandes ; le museau large et déprimé ; les dents très-petites ; deux nageoires dor- sales; plusieurs rayons de la seconde garnis de longs filamens. TRENTE-NEUVIEME GENRE. STROMATÉE.— Le corps très-comprimé et ovale. QUARANTIÈME GENRE. RuoMge.— Le corps très - comprimé et assez court; chaque côté de l’animal repré- sentant une sorte de rhombe; des aiguillons ou rayons non articulés aux nageoires du dos ou de Fanus. DIX-HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou DEUXIEME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, POISSONS JUGULAIRES. Des nageoires situées sous la gorge. QUARANTE-UNIÈME. GENRE. MuURÉNOIDE. — Un seul rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à la L 2 164 TAB. EAU membrane des branchies; le corps alongé, comprimé, et en forme de lame. QUARANTE-DEUXIÈME GENRE. CALLIONYME.— La tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales sur la nuque ; les nageoires jugulaires très-éloignées lune de lautre; le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles. QUARANTE-TROISIÈME GENRE. Cazriomore.— La tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales placées sur les côtés de l’animal; les nageoires jugu- laires très-éloignées l’une de l’autre; le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles. QUARANTE-QUATRIÈME GENRE. UraAnoscope.— La tête déprimée, et plus grosse que le corps; les veux sur la partie supérieure de la tête, et très-rap- prochés; la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la supérieure; l’ensemble formé par le corps et la queue presque co- nique, et revêtu d'écailles très - faciles à distinguer ; chaque opercule branchial com- posé d’une seule pièce, et garni d’une mem- brane ciliée. DES GENRES. 165 QUARANTE-CINQUIÈME GENRE. TRACHINE.— La tête comprimée, et garnie de tubercules ou d’aiguillons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule , dentelées; le corps et la queue alongés, comprimés, et couverts de petites écailles ; l'anus situé très-près des nageoires pecto- rales. QUARANTE-SIXIÈME GENRE. GADE.— La tête comprimée ; les yeux peu rapprochés l’un de l’autre, et placés sur les côtés de la tête; le corps alongé, peu comprimé et revêtu de petites écailles ; les opercules composés de plusieurs pièces, et bordés d’une membrane non ciliée. QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. BaATrACHOIDE. — La tête très-déprimée et très-large ; l'ouverture de la bouche très- grande ; un ou plusieurs barbillons attachés autour ou au dessous de la mâchoire infé- rieure. QUARANTE-HUITIÈME GENRE. BLENNIE. — Le corps et la queue alon- gés et comprimés; deux rayons au moins, et quatre rayons au plus à chacune des nageoires Jugulaires. L 5 166 TABLÉAU QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. OricopoDpe. — Une seule nageoire dor- sale ; cette nageoïre du dos commençant au dessus de la tête, et s'étendant jusqu’à la nageoire caudale, ou à peu près; un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. CINQUANTIÈME GENRE. KURTE. — Le corps très-comprimé, et caréné par dessus ainsi que par dessous; le corps élevé. DIX-NEUVIÈME ORDRE. DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIEME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX: POISSONS THORACINS. Des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au dessous des pectorales. CINQUANTE-UNIÈME GENRE. Lépipope. — Le corps très - alongé et comprimé en forme de lame; un seul rayon aux nageoires thoracines et à celle de l’anus. DES'/GENRES. 167 CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. HIATULE. — Point de nageoire de l'anus. CINQUANTE-TROISIÈME GENRE. Cépore. — Une nageoire de l'anus; plus d’un rayon à chaque nageoire thoracine ; le corps et la queue très-alongés et comprimés en forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tête ; les écailles très- petites. CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. T'æNIOÏiDE. — Une nageoïre de l'anus ; les nageoires pectorales en forme de disque, et composées d’un grand nombre de rayons; le corps et la queue très-alongés et com primés en forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la tête; les écailles trés-petites ; les yeux à peine visibles; point de nageoire caudale. CINQUANTE-CINQIÈME GENRE. Gogie. — Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre ; deux nageoires dor- sales. CINQUANTE-SIXIÈME GENRE. Gogioïpe. — Les deux nageoires thora- cines réunies l’une à l’autre; une seule na- L 4 168 TABLEAU geoire dorsale; la tête petite; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. GogiomMore. — Les deux nageoires tho- racines non réunies l’une à l’autre ; deux nageoires dorsales; la tête petite; les yeux rapprochés; les opercules aitachés dans une grande partie de leur conicur. CINQUANTE-HUITIÈME GENRE. GoBiomoroïDE. — Les deux nageoires thoracines non réunies l’une à l’autre ; une seule nageoire dorsale ; la téte petite ; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE. Gogtésoce. — Les deux nageoires thora- cines non réunies l’une à l’autre; une seule nageoïre dorsale; cette nageoire courte et placée au dessus de l'extrémité de la queue, trés-près de la nageoire caudale ; la tête très- grosse , et plus large que le corps. SOIXANTIÈME GENRE. SCOMBRE. — Deux nageoires dorsales ; une ou plusieurs petites nageoires au dessus DES CENRES ‘to et au dessous de la queue; les côlés de la queue carénés, ou une petite nageoire com- posée de deux aiguillons réunis par use membrane , au devant de la nageoire de Janus. SOIXANTE-UNIÈME GENRE. SCOMBÉROIDE. — De pelites nageoires au dessus et au dessous de la queue ; une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguillons au devant de la nageoire du dos. SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. CARANX. — Deux nageoires dorsales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène , ou une petite nageoire composée de deux aiguil- lons et d’une membrane , au devant de la nageoire de l'anus. SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. TRACHINOTE. —- Deux nageoires dor- sales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de‘la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aisuillons et d’une membrane, au devant de la nageoire de l'anus; des aiguillons cachés 170 LA BD EE AND sous la peau, au devant des nageoires dor- sales. SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. CARANXOMORE. — Une seule nageoire dorsale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d’une membrane, au devant de la nageoiïre de lanus , ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très-peu extensible, ou non extensible; point d’aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos. SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. Czæsro. — Une seule nageoire dorsale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une pelile nageoire composée de deux aiguillons et d’une membrane , au devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; Ja lèvre supérieure très - extensible ; point d'aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos. DES GENRES. 171 SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. CzÆsriomore. — Une seule nageoire dor- sale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; point de carène latérale à la queue, ri de petite nageoire au devant de celle de l'anus ; des aiguillons isolés au devant de la nageoiïre du dos. SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. Coris. — La têle grosse et plus élevée que le corps; le corps comprimé et très- alongé ; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une ou deux fois plus alongé que les autres ; point d’écailles semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamelleuse et d’une seule pièce représente une sorte de casque. SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. GomprHose. — Le museau alongé en forme de clou ou de masse ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos. SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE. Nasow. — Une protubérance en forme de corne ou de grosse loupe sur le nez; 172 TABLE AU deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue ; le corps et la queue recouverts d’une peau rude et comme chagrinée. SOIXANTE-DIXIEME GENRE. KipHosEe. — Le dos très-élevé au dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire caudale ; uue bosse sur la nuque ; des écailles semblables à celles du dos sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. OSPHRONÈME. — Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguillonné , et le second terminé par un filament très-long. SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. TricHoPoDe. — Un seul rayon, beaucoup plus long que le corps, à chacune des na- geoires thoracines ; une seule nageoire dor- sale. SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. MonNoDpacTYLE. — Un seul rayon très- court et à peine visible à chaque nageoire thoracine ; une seule nageoire dorsale. DES GENRES 175 SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. PLECTORHINQUE. — Une seule nageoire dorsale ; point d’aigsuillons isolés au devant de la nageoire du de , de carène latérale ni de petite nageoire au devant de celle de anus ; les lèvres plissées et contournées ; une ou plusieurs lames de l’opercule bran- chial dentelées. SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. PoconrAs. — Une seule nageoire dorsale; point d’aiguillons isolés au devant de la na- geoire du dos, de carène latérale ni de petite nageoire au devant de celle de lanus; un irès-grand nombre de petits barbillons à la mâchoire inférieure. SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. : Bosrrycxe.— Le corps alongé et serpen- tiforme ; deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue ; deux barbillons à la mâchoire supérieure ; les Fee assez grands et sans voile. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. BosTRYCHOIDE. — Je corps alongé et serpentiforine ; une seule nageoire dorsale celle de la queue séparée de celle du dos deux barbillons à la mâchoire supérieure les yeux assez grands et sans voile. 174 HISTOIRE CS a S TÉREBEZIÉE MENCGEN PE HE D'LO D'O NE Lss mäâchoires osseuses , avancées , et chacune d’une seule pièce. PREMIÈRE ESPÈCE. LE DIODON ATINGA. — Le corps alongé ; des piquans très - rapprochés les uns des autres ; la nageoire de la queue arrondie. SECONDE ESPÈCE. LE DIo0DON PLUMIER. — Le corps alongé; point de piquans sur les côtés de la tête, qui est plus grosse que la partie antérieure du corps; la nageoire de la queue arrondie. TROISIÈME ESPECE LE DIODON HOLOCANTHE. — [Le corps alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres ; la nageoire de la queue fourchue. / QUATRIÈME ESPÈCE. LE DIODON TACHETÉ. — Le corps un peu alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres, et deux ou trois fois plus longs sur le dos que sur le ventre ; la nageoire DES DIODONS. 175 de la queue arrondie ; trois grandes taches de chaque côté du corps ; une tache en forme de croissant sur la nuque. CTI N'O) UT EME 615 P E)C/E LE DI0DON oRBE. — Le corps sphérique, ou presque sphérique ; des piquans forts, courts et clair-semés. SIXIÈME ESPÈCE LE DIODON MOLE. — Très - comprimé, demi-ovale, comme tronqué par derrière. 176 HISTOIRE 17 AT LINÉC UM). Voyez la planche XVIII, fig. 1. LE DIODON ATINGUA (2), PAR LACÉPEDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Àirs diodons ont de très-srands rapports, dans leur conformation et leurs habitudes, avec les tétrodons et les ovoïdes : mais ils en différent par la forme de leurs mâchoires osseuses, dont chacune ne présente qu’une pièce ; et de là vient le nom qu'on leur a (1) L’atingue, atinga ct poisson armé. En allemand, langer stackelfisch. En hollandais, zee -egel , steekel- varken. En anglais, little olobfish , porcupine. En por- lugais, pesce welgo. En brasilien , guamacu atinga. Crayracion oblongus , spinosus, etc. crayuracion oblongus supr& et infrà utramque pinnam post bran- chialem ad caudam maculi nigerrimé , ete. et crayra- cion capite contracto, etc. Klein, Miss. pisc. 5, P- 19,n 9,12 et 15, fig. tab. 5, n° 6. Ostracion oblongo-ovatus , aculeis undique longis doniné , . XVZIZ . NA AU S À Y È 1. L'ATINGUE. 2.1 GUARA. nl 4 DES DiODONS hr donné , et qui désigne qu’ils n’ont que deux dents , l’une en haut, et l’autre en bas. Ils en différent encore par la nature de leurs La teretibus et retroversis. Seb. Mus. tom. IX, p. 62, n° 10, tab. 24 , fig. 10. Ostracion sphærico oblongiusculus bidens, aculeis teretibus prælongis subulatis. Gron. Zooph. n° 181. Ostracion oblongo tumidus, aculeis lonsis nndique muricatus. Browne , Jamaïc. p. 456 , n° 4. Orbis muricatusranæ rictu. Willughb. Ichth. p. 145. Ostracion diodon , corpore spinis, undique armato. Mus. Adolph. Frid. 1, p. 58. Ostracion coniro-obiongus, aculeis undique longis teretiformibus, in primis lateribus. Amæn. acad, t, pag. 310. — Ït. scan. p. 285. Diodon oblongus , aculeis teretibus........ diodon atinga. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 138 , sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum, nov. gen. Lin. p: 5097; h; 2. Marcgrave est le premier naturaliste qui ait parlé de ce poisson. Klein a cru reconnoïitre quatre espèces dans quelques différences indiquées par les descriptions de l’atingue; mais c’est une erreur. SONNINI. (2) Nous devons prévenir qu’en rapportant aux différentes espèces de poissons que nous décrivons dans cet ouvrage, le texte ou la figure publiés par différens auteurs, nous n’entendons en aucune ma- nière adopter l’opinion de ces écrivains relativement à l'application qu’ils ont pu faire de telle ou telle description, ou de telle ou telle planche qu’ils ont Poiss. ToME V. M 178 HMS TO DRTE piquans beaucoup plus longs , beaucoup plus gros, beaucoup plus forts que ceux des tétrodons les mieux armés. Ces piquans sont d’ailleurs très-mobiles , et répandus sur toute la surface de la plupart des diodons. Cette dissémination , ce nombre, cette mo- bilité, celte grandeur ont fait regarder avec raison les diodons comnie les analogues des porc-épics et des hérissons dans la classe’ des poissons. La diversité de couleurs que montrent fréquemment ces aiguillons, a dü contribuer encore à ce rapprochement ; et comme on a pu en faire un presque sem- citées , à l’animal dont ils se sont occupés. Cet aver- tisscment nous a paru sur-tout nécessaire au com- mencement de l’histoire des diodons. Diodon atinga. Lin. edit. de Gmelin. Diodon atinga. Bloch, pl. cxxv. Deux-dents courte-épine. Bonaterre , planches de VEncycl. méthod. pl. xx , fig. Go. Hérisson de mer. Diodon supernè fuscus, maculis denticularibus nigris undique inspersus , ventre albo zmmaculato. Commerson , Manuse. déjà cités. Deux-dents longue-épine. Daub. Encycl. méth. — Browne, Jam. p. 459, n° 4. — Seb. Mus. 5, pl. xxtir, fig. 1 et2; et pl. xxrv, fig. 10. Guamajacu atinga. Marcgrav. Brasil. pl. c£LxvII rt. = Willughby, 1chthyol. pl. 1, 53 1,6; et1, 7. — Jonston, tab. 3, fig. 1 ; et tab. 39, fig. 5. D BS:DTO DONS. 179 blable entre les cartilagineux que nous exa- minons et Îles vers que l’on a nommés oursins , on doit considérer la famille des diodons comme formant un des principaux liens qui réunissent et attachent ensemble la classe des quadrupèdes à mamelles, celle des poissons, et celle des vers. Ce genre remarquable ne renferme qu’un petit nombre d'espèces; mais le plus grand nombre des naturalistes en ont mal saisi les caractères distinctifs ; et comme d’ailleurs elles sont presque toutes très-variables dans plusieurs points de leur conformation exté- rieure, une grande confusion a régné dans la détermination de ces espèces, dont on a très - souvent trop étendu ou resserré le nombre ; et le même désordre s’est trouvé dans lapplication que plusieurs auteurs ont faite aux espèces qu'ils avoient admises des noms donnés aux diodons, ou des descrip- tions de ces animaux déjà publiées. Ce n’est que parce que nous avons été à portée de comparer de ces cartilagineux de différens âges, de difiérens sexes, de différens pays, et pris à des époques de lannée très-éloi- gaées l’une de l’autre, que nous avons pu parvenir à fixer le nombre des espèces de diodons connues jusqu’à présent, à recon- M 2 180 HISTOIRE noître leurs formes distinctives et invariables ; et à composer la table méthodique qui pré- cède cet article. L/atinga a le corps très-alongé ; chaque narine n'a qu'une ouverture placée dans une sorte de petit tube; les yeux sont assez près du museau : l'anus en est au contraire à uhe assez grande distance, et par consé- quent la queue proprement dite est très- courte. Les nageoires du dos et de l'anus se ressemblent beaucoup, sont petites, et placées au dessus l’une de l’autre; celle de la queue est arrondie (1). Les piquans mobiles dont latinga peut se hérisser sont très-forts, très-longs, creux vers leur racine, variés de blanc et de noir, et divisés à leur base en trois pointes qui s’'écartent , s'étendent, et vont s attacher au dessous des tégumens de l'animal. Iis sont revêtus d’une membrane plus ou moins déliée qui n’est qu'une continuation de la peau du diodon. Cetie membrane s'élève autour de laiguillon jusqu'au dessus de (1) À la nageoire du dos. . . . 15 ou 16 rayons. Aux nageoires pectorales. . . . 24 ou 25 A'-celle de l'anus. 29 107 0 ST Ou ED À celle de la queue. , 2 0 4) DES DIODONS. 181 l'extrémité de ce piquant, ou jusqu’à une distance plus ou moins grande de la pointe de ce dard, qui le plus souvent perce cette membrane et paroît à découvert. L'atinga est brun ou bleuâtre sur le dos, et blanc sur le ventre; ses nageoires sont quelquefois jaunes dans le milieu de leur surface, et ces mêmes nageoires, ainsi que toute la partie supérieure du poisson, sont semées de petites taches lenliculaires et noires, que l’on voit fréquemment répan- dues aussi sur le dessous de l’atinga. Ce cartilagineux vit au nulieu des mers de l'Inde et de l'Amérique, voisines des tropiques, ainsi que dans les environs du cap de Bonne-Espérance. Il s'y nourrit de petits poissons, de cancres et d'animaux à coquille, dont 1l brise aisément l'enveloppe dure par le moyen de ses fortes mâchoires. Il ne s'éloigne guère des côtes; et quoiqu'il ne parvienne qu'à la longueur de quinze pouces ou d’un pied et demi, il sait si bien, lorsqu'on l'attaque, se retourner en différens sens , exécuter des mouvemens rapides , s’agiter, se couvrir de ses armes, en pré- senter la pointe, qu'il est très - difficile et même dangereux de le prendre. Aussi le M 5 182 H EST O KR € poursuit-on d'autant moins que sa chair est dure et peu savoureuse (1). C’est principalement dans les momens où l'on veut le saisir qu’il gonfle sa partie infé- rieure. Il à la faculté de l’enfler comme les tétrodons et les ovoïdes , quoique cependant il paroisse ne pouvoir pas donner à cette portion de son corps un aussi grand dégré d'extension. Ii augmente ainsi son volume pour donner plus de force à sa résistance, ou pour s'élever et nager avec plus de faci- lité ; il se grossit et se tuméfie particulière- ment lorsqu'après lavoir saisi on cherche à le tenir un moment suspendu par sa nageoire dorsale ; mais quelque cause qui le contraigne à se boursoufler, 11 détend souvent tout d’un coup sa partie inférieure , et, faisant alors sortir avec rapidité par l'ouverture de sa bouche , par celle de ses branchies, ou par son anus, le fluide contenu dans son inté- rieur , il produit un bruissement semblable à celui que font entendre les balistes, les ostracions et les tétrodons. D (1) On prend l’atingne dans les filets tendus pour la pêche des autres poissons ; il mord aussi à l’hamecçon auquel une queue d’écrevisse est atiachée pour appât. SONNINI. DES DIODONS. 185 La vessie natatoire de l’atinga est très- grande , ainsi que celle des tétrodons ; et, d’après la nature de la membrane qui la compose, il paroït que, préparée comme celle de l’acipensère huso, elle donneroit une colle supérieure par sa bonté à celle que l’on pourroit obtenir de la vésicule aérienne d’un très-grand nombre d’autres espèces de poissons. | L’estomac du diodon que nous décrivons n'est composé que d’une membrane assez mince ; mais il est garni de beaucoup d’ap- pendices qui, comme autant de petites poches ou d’intestins ouverts uniquement par un bout, peuvent ou augmenter la quantité des sucs digestifs, ou contribuer à l'élaboration , à la perfection, à l’activité de ces sucs, ou prolonger la durée de l’action de ces liquides sur les alimens, en retardant le passage des substances nutritives dans la partie des intestins la plus voisine de lanus. Ces alimens, quelque dure que soit leur nature, peuvent arriver à l’estomac d'autant plus broyés et par conséquent susceptibles de subir l’action des liqueurs digestives , qu'indépendamment des mâchoires osseuses qui tiennent lieu à l’animal de deux dents très-larges et très- fortes, l’atinga a deux M 4 h84 HISTOTRE véritables dents molaires très-grandes, relati- vement à l'étendue de la cavité de la bouche, à peine convexes, et sillonnées transversale- ment. L'une occupe presque tout le palais; et autre , qui ne cède que très-peu en gran- deur à la première, revêt la partie opposée de la gueule dans l'endroit le plus voisin du devant de la mâchoire inférieure (1). Lorsqu'on a mangé de l’atinga, non seu- lement on peut éprouver des accidens graves, si on a laissé dans l’intérieur de cet animal quelques restes des alimens qu’il préfère , et qui peuvent être très-mal-sains pour l’homme ; mais encore, suivant Pison, la vésicule du fiel de ce cartilagineux contient un poison si actif que, si elle crève quand on vuide l'animal, ou qu'on Foublie dans le corps du poisson, elle produit sur ceux qui mangent de l’atinga les effets les plus funestes : les sens s’émoussent, la langue devient immobile, les membres se roidissent ; et, à moins qu'on ne soit promptement se- couru, une sueur froide ne précède la mort que de quelques instans. | Au reste, si la vésicuie du fiel, ou quelque (1) Le foie de l’atinga est gros et divisé en trois lobes ; il s'étend jusqu’à l'anus. Soxnini. DES DIODONS. 185 autre portion intérieure du corps de Fatinga contient un venin dangereux, il ne peut point faire perdre la vie en parvenant jus- qu’au sang des personnes blessées par ce cartilagineux , et en y arrivant par le moyen des longs piquans dont la surface du poisson est hérissée, ainsi que quelques voyageurs lont redouié. Ces piquans ne sont point creux jusqu’à leur extrémité ; leur cavité ne présenie à l’extérieur aucun orifice par lequel le poison püt être versé jusques dans la plaie; et l’on ne découvre aucune com- munication entre l’intérieur de ces aiguillons et quelque vésicule propre à contenir el à répandre un suc délétère. 186 HISTOIRE LE DIODON PLUMIER (:}, PAR LLACEPENE SÉCONDE ES PÉCE. Îs étoit convenable de désigner ce carli- lagineux par le nom du naturaliste auquel nous devons la figure de cette belle espèce de diodon , que l’on trouve dans la zone torride, auprès des côtes orientales de FA- mérique. Ce poisson, que l’on voit aussi auprès des rivages de plusieurs îles améri- caines, a beaucoup de ressemblance avec Patinga; mais il en diffère par plusieurs ca- ractères. Premièrement, 1l est souvent plus alongé, sa longueur totale étant presque toujours quatre fois aussi élendue que sa hauteur. Secondement , il présente un étran- glement lrès-marqué à l'endroit où la tête (1) Orbis piscis acuicatus major. Plumier , dessins sur vélin déjà cités. Orbis aculeatus, maculis albis notatus , apud insu- das americanas vulgô poisson armé. Plumier, dessins déposés dans le cabinet des estampes de la biblio- thèque nationale. DES DIODONS. :8 est attachée au corps, et par conséquent entre les yeux et les nageoires pectorales. Troisièmement, il n’y a pas de piquans sur les côtés de la tête, au dessous, ni sur le devant de cette partie ; et au delà de la na- geoire dorsale ; la queue est également dé- nuée d’aiguillons. Le diodon plumier est blenâtre avec des taches blanches, presque rondes, assez pe- tites, et très-nombreuses (1). (1), A nascoiredu dos. . 1.4.1.) 7rayons À chaque nageoire pectorale. . . . . 9 icciioide anus ee Ten CR 6e A celle de la queue , qui est arrondie. gou 10 188 HISTOIRE L'EUGT AR AC). Voyez la planche XVIII, jigure 2. LE DIODON HOLOCANTHE (2); PAR LACÉPÈDE. TROISFÉÈME ESPÈCE. Pix trait le plus constant et le plus sensible par lequel la conformation extérieure de ’holocanthe diffère de celle de l’atinga, est (1) Le guara, poisson armé. En allemand, runde stachelfisch , meerflasche et mecrtaube. En anglais, globe, suel-fish, hedgehogg. En arabe, schokiæ et aboumechajat. Au Brésil par les natnrels, guama- jacu guara, piquitingua , araguagua, camurt. Par les portugais, peixe porco. Chez les caraïbes, foujou cocciou. Aux Indes, ikan doerian , terpaudjaug , doeri, docrinja. Gmelin (Lin. Syst. nat.) a présenté ce poisson comme une simple variété de l’atinga. En général, les ichthyologistes qui ont précédé Lactpède n’a- voient pas une idée bien nette de cette espèce. SONNINI. < DES DIODONS. 189 la forme de la nageoire de la queue. Cette nageoire, au lieu d’être arrondie comme dans latinga, est échancrée, et par consé- quent fourchue ou un peu en croissant dans l’holocanthe. L'ensemble de la tête, du corps et de la queue, est aussi, au moins le plus souvent, moins alongé dans l’holo- canthe que dans latinga; le dos est plus convexe , et les. piquans sont quelquefois plus longs (35) : mais d’ailleurs toutes les formes sont presque semblables; les nuances et la distribution des couleurs ne le sont pas moins; et l’on remarque les mêmes ha- bitudes dans les deux espèces. Comme l’atinga , l’holocanthe se livre à divers mouvemens irès-violens et très-rapides (2) Dicdon hystrix, guara. Bloch, pl. cxx vi. Le deux-dents longue-épine. Bonaterre, planches de l’'Encyclop. méthod. pl. x1x, fig. 6r. Diodon atinga holocanthus. Lin. édit. de Gmelin. Ostracion oblongus holocanthus , aculeis longissimis teretiformibus , in capite imprémis et in collo. Artedi, gen. 60, syn. 66. | (3) On trouve souvent à la nageoire du dos e 2 e 0 . L] e e e L e CL] . e C2 e e 14 rayons. Aux pectorales. AD AE AR AMAR CD A celle deil’agus . 9 4 47217) À celle de la queue. . . . . , , . . 16 190 HISTOIRE lorsqu'il se sent saisi, et particulièrement lorsqu'il est pris à l’hamecon. Il se gonfle et se comprime, redresse et couche ses dards, s'élève et s’abaisse avec vilesse, pour se dé- barrasser du crochet qui le relient. Ses pi- quans étant quelquefois plus longs et plus forts que ceux de l’atinga, ses efforts mul- tipliés pour s'échapper et se défendre sont pius redoutés que ceux de cet autre diodon; et bien loin d’oser le prendre au milieu de l'eau et lorsqu'il jouit encore de toute sa force, on n’ose approcher sa main de son corps Jeté et gisant sur le rivage, qu’au mo- ment où sa puissance affoiblie et sa vie près de s’éteindre rendent ses mouvemens à peine sensibles, et ses armes presque nulles. Au reste, se nourrissant des mêmes ani- maux que l’atinga , il fréquente les côtes, ainsi que ce cartilagineux , et ainsi que la plupart des poissons qui vivent de crabes et d'animaux à coquille. On le trouve dans Jes mêmes mers que celles où l’on pêche l'atinga (1). (1) On le pêche aussi dans la mer Rouge et dans celle du Japon. Sa chair maigre et dure n’invite pas à le poursuivre ; cependant sa pêche ne laisse pas DES DIODONS. 191 d’être amusante. Voici, selon le père Dutertre, la manière dont on s’y prend : Ga jette au guara une ligne amorcée avec un mor- ceau de crabe, duquel il approche d’abord; mais comme il a peur de la ligne, il tourne pendant quelque tems autour de l’hamecçon , en faisant diFférens mou- vemens ; enfin il se hasarde de goûter à l’appât, puis le lâche tout-à-coup , le frappe de sa queue comme s’il n’en avoit aucune envie, puis lorsqu'il s’est assuré que la ligne est immobile , il se jette dessus et lPavale avec l’hameçon. Dès qu’il se sent accroché , il hérisse ses piquans, s’enfle comme un ballon , rend un bruit sourd comme le coq d'Inde quand il fait la roue, entre en fureur et cherche à blesser tout ce qui l’en- vironne. Quand il voit que tous ses efforts sont inu- tiles , il a recours à la ruse; il baisse ses piquans, se dégonfle et devient aussi flasque qu’un gant mouillé. Dès qu'il s'aperçoit que ses arlifices ne lui servent de rien et que le pêcheur le tire à terre, sa rage se ranime , et il fait de nouveaux efforts pour se débar- rasser et se défendre, SONNINI. 192 HISTOIRE LE; DIODON:TACHETE.(), PAR DACÉPÉDE. QUATRIÈME ESPÈCE. Cowuersox a laissé dans ses manuscrits la description de cette espèce de cartilagi- neux , au sujet de laquelle aucun naturaliste n’a encore rien publié, que l’on a trouvée auprès des côtes de la Nouvelle - Cythère, et à laquelle les navigateurs qui l'ont vue ont donné le nom de crapaud marin, et de hérisson de mer. À mesure qu’on s'éloigne ? de l’atinga, en continuant cependant d’ob- server les diodons dans l’ordre suivant le- quel nous les avons placés, on voit l’alon- gement du corps diminuer dans les espèces que l’on examine, et la sphéricité presque parfaite succéder enfin à une très- grande différence entre la longueur et les autres () Diodon muricatum , brunneum , spinis albis, maculis dorsalibus quinque majusculis nigris , occipi- tali maximä semilunatäé. Commerson , Manuscrits déjà cités, dimensions DES DIODONS: 193 dimensions de l'animal. Les holocanthes sont. en effet moins alongés en général que le tacheté ; le tacheté paroît l’étre moins que lholocanthe ; des variétés de l’orbe se rap- prochent encore davantage de la forme glo- buleuse, que lon retrouve presque dans toute son intégrité, lorsqu'on a sous les yeux d’autres individus de cette dernière espèce. Indépendamment de sa forme moins alongée , le tacheté est séparé de latinga et de l’holocanthe par da disposition de ses cou- leurs. Il est brun par dessus, et blanchätre par dessous; 1l présente sur:sa nuque une très - grande tache en forme de croissant ; un. peu festonnée, et dont les pointes sont tournées vers les yeux. On en voit de chaque côté du corps üne aütre un peu ovale, située au. dessus de la nageoire peclorale, et deux autres transversales, dont la première est aw:dessous de Fœil, et la seconde entre l’œil et la nageoire pectorale; le dessous du museau est comme entouré d’une tache nuageuse; et enfin ou en trouve une presque ronde au dessus: du dos, autour de la na- seoire dorsale. Au reste, ces différentes taches sont d’un noir plus où moins foncé. Toutes les nagedirés sont d’un jaune ver- Pois Tome NW, NN 194 | HESTOTRE dâtre (1). Lies piquans sont'blancs, et mon: trent leurs pointes au dessus. de prune très- brunes. à q 9 | Ces mêmes aiguillons , mobiles à la vo- lonté de l'animal, ainsi que ceux de presque tous les autres diodons, sont très-longs sur le dos, mais deux ou trois fois plus courts sur le ventre. ‘::Les narines ,' situées entre les yeux et Fextrémité du museau , ontles bords de leurs ouvertures relevés de manière à re- présenter une .verrue. Les yeux sont voilés par une :continua- tion transparente du tégument le plus exté- rieur de ns cependant'ils sont gros et très-saillans. : L'ouverture Hu hiale a Fe in FRE sement de: cércle > et'est nee vertica lement. : | JECAGUET On ne compte de “aque ‘côté: dns trois branchies: : ©5 Ë La nageoireide la queue est: arrondie; ce qui rapproche’un peu le tacheté de pipi de, mais l’éloigne dé lholocanthe. (1) A la nageoire du dos .,,. ..:,.:..14 rayons, Aux nageoires pectorales. . . . . .: 24 A icblle de l'anusé … Me vera 14 À celle de la queue . . . " 198, «9 DÈS DIODONS. 195 L’'ORBE HÉRISSON (i), Fi E DI0DO N OR BE (); PAR ne Se CINQUIÈME. Co Cs nom d’orbe désigue la forme presque entièremént sphérique que, pr ésente ce .car- tilagineux. Il ressemble d'autant plus à une (1) L’orbe hérisson, oi tic armé. Ên allemand , stachelkugel, ‘stachelflaseh: Æn hollandais | “penne- visch. En anglais, prickly bottlefish. Par les hollaus dais qui habitent les Mo luques; éroutoen. 1 Crayracion -oblongo-rotundus ; superciliis RÉ, et lævibus. Klein , Miss. pisc. 3 pag. 20 , n° 1427 Diodon sphæricus aculeis triquètriss.... à diodon hystrix. Lin. Syst. nat. edit: Gmel: gen. 138 , sp. C’est à Rondelet qu’est dû la première connoissance de ce poisson ; mais la figure qu’il en donne est défec- tueuse jet il dit mal à propos pes cette espèce vs tn la mer du Nord. | Sr La synorfymie que les noméëñélatenrs ont faite de cette ge est très-embrouillée et souvent fautivés SONNINI 0 N 2 196 HISTOIRE boule, sur-tout lorsqu'il s’est tuméfié, que ses nageoires sont très-courtes, et que son museau étant trés-peu avancé, aucune grande proéminence m’altère Ja rondeur de son ensemble. Des piquans dont la surface est hérissée, sont irès-forts; mais ils sont plus courts et plus clair-semés à proportion du (2) Deux dents ras D énat: nl de PÉREREIPES méthoë, pl. x1x , fig: 622 Diodon orbicularis , orbe hérisson. ( Bloch, Deux- dents courte- “épine. Daubenton, Enc, méth. — Diodon lysérix. Lin. édit, de Gmel, OstYacion bidens spAæricus , aculèis nndique densis éréquetris.-Artedi-gens 59, syn. 86. — Seb. bé. tab,,231fig5 sons Poisson. rond ef Ga Atéis REED orbis nuricatus. Rondelct ; première part Liv. 15, chap, 3, — Willughb. Ieh#. (ab, L3145 fig. 6.;et4.,:8,.fig. 1 et 2 Gugmajaou., gUANG), : piqUiLiNgUG, «AAGUAGA , camuyt, Marcgrav.-Bras,p. 158. 45 , 49 “bar doerian:,: nrsdiene , doërt, ;: doexi-nju. Valenäyn+bnd:5, po4b8 à: ni835m tv cut une Æoïsson armé. Datertré, Antill, 2 ,P-209 Diodon hystrix reticulabus,, B. Lain.édit, de Gmelr, cu Oséracion subrotundus., aculeis. undique breyibus triquetris raris. Artedi L gen. 59, syn. 86: oi & -Driodon subsphæricus acileatus, aculeës enr adibus MeTTR macul& flavisente. notatis,:præler., maculas quinque nigras., Commerson, Manuscrits déjà cités. pl, cxxvit. ) DES DTOGDOINS. <7 volünie du poisson qué ceux de latinga, de l'holôcanthe ét du tacheté. Ils paroiïssent d’ailleurs rétenus sous la peau par des ra: cmes à trois pointes, plus étendues ét plus dures; ils réssémblent davantage à uñ cône; ou plutôt à une sorte de pyramide triangu- laire, dont lés faces séroient plus où moins marquées; ils peuvent fairé des blessures plus larges; ils sônt moms fragiles; ils don- nent à l'animal des moyens de défense plus capables de résister à une longue attaque ; et voilà pourquoi l’orbe a été nommé par excellence , et au milieu des autres dio- dons, le poisson armé. C'ést sous ce noi que sa dépouille a été conservée pendant si long-téms, suspendue à la voûte de presque tous les museum d'histoire natürelle, et même dans un grand nombre de cabinets de physique, de laboratoires de pharma- cie, et de magasins de drogués étrangères. Cornmerson, qui a vu ce poisson en vie dans la mer voisine de Rio-Janeïro, a tres- bien décrit les couleurs de cét animal ; et c'est d’après Jui que nous allons les fairé connoître. L’orbe est d’un gris livide sur toute sa surface; maïs ce fond est varié par des taches de formes et de nuances difié- rentes. Premièrement , des gouttes blan- N 5 598 HISTOIRE châtres sont répandues sur tout le dos ; secondement, quatre taches plus grandes ; noires, presque arrondies, sont situées, une auprès de chaque nageoiïre pectorale , et une sur chaque côté du corps; troisième- meut, une cinquième tache également noire, mais très-échancrée , paroît auprès de la na- geoire caudale ; quatrièmement , un croissant nojirâlre est au dessous de chaque œil ; et cinquièmement, la base de chacun des aiguil- lons placés sur le ventre est d’un jaune plus ou moins pâle. Au reste, on remarque souvent des va- riétés dans la forme du corps de l’orbe, et daus celle de ses aiguillons. Ces piquans sont quelquefois, par exemple, taillés, pour ainsi dire, à pans plus sensibles, et attachés par des racines plus fortes et plus divisées. D’un autre côté, la sphéricité de l’animal se change en une sorte d’ovoide, ou de petit cône, qui le rapproche du tacheté, ou de l’holo- canthe, où de l’atinga, sur-tout lorsque ces derniers, ayant accidentellement leur partie inférieure très - gonflée, s’éloignent davan- tage de la figure alongée, et sont plus près de la rondeur d’une boule, Mais les atin- gas, les holocanthes et les tachetés les plus voisins de la forme globuleuse seront tou- DES DIODONS. 19 Jours séparés de l’orbe dont la sphéricité sera la moins parfaite, par la conformation des piquans de ce dernier , plus courts, plus forts, plus clair-semés, mieux enraci- nés, et plus comprimés latéralement et sur plusieurs faces, que ceux des autres dio- dons (1). L’'orbe a , comme d’autres cartilagineux de sa famille, deux dents molaires presque plates, très-étendues en surface, et situées l’une au palais, et l’autre en bas vers le bout du museau. Sa chair est un aliment plus ou moins dangereux, au moins dans cer- taines circonstances, comme celle de l’atinga et d’autres diodons (2). C'est principalement dans l’orbe que l’on avoit cru voir de véritables poumons en même tems que des branchies; et c’est cette observation qui avoit particulièrement en- (r) À la nageoire du dos. . . . . . . 14 rayons: Aux nageoires pectorales . . . . . . 22 Afrcëlle de l'anus AA UE Te 2e ra A celle de la queue, qui est arrondie. . 10 (2) Ce poisson se trouve dans la mer de l’Amerique méridionale, près du cap de Bonne - Espérance et aux Meoluques. SONNINI. N 4 200 HS TOUHRE à] gagé Linnæus à séparer les cartilagineux des poissons proprement dits, et à les con- sidérer comme appartenant à la classe que ce grand naturaliste a désignée par le nom d'amplubie (1). (1) Voyez le Discours sur la nature des poissons. PIX. RE CR S? à De .fere. del. Voyvare 1. DIODON MOLE. 2.LA TROMPETTE 3. L'AIGUILLE DE MER. DES DIODONS. 201. LE DIODON MOLE a)(2);x PAR LACÈPEDE. SIXIÈME ES PIÈCE. Voyez la planche XIX , fig. r. Cr diodon, que le savant naturaliste Pallas a fait connoître, a beaucoup de ressem- blance avec le tétrodon lune par le grand aplatissement de son corps, qui est très- comprimé par les côtés, et par la forme demi-ovale qu’il présente lorsqu'on regarde une de ses faces latérales. Mais ces deux poissons appartiennent à deux familles diffé- rentes ; il est donc très-aisé de les distinguer l’un de l’autre : d’ailleurs le diodon mole, au lieu de parvenir aux dimensions très- (1) Diodon mola. Lin. édit, de Gmel. — Pallas, Spic. zool. 8, p. 59,tab. 4, fig. 7. — Koœælreut. nov. Comm. petropol. 10, p. 440 , tab. 6. (3) Ostracion cathetoplateus subcompressus , pinn& dorsali et ani cum caud& continuatis. Groun. Mus. 1, n°.125 Diodon verticaliter semiovalis , posteriüs ferè trun- catus , ventre carinato semidiscoideo .. diodon mola. Lin. Syst. nat. edit, Gmel. gen. 158, sp. 3. SONNINI: 202 HISTOIRE étendues de la lune, n’a encore élé vu que de la longueur de quelques pouces; et l’on n’a encore comparé la grandeur de l'espèce de disque qu'offre le corps de ce cartilagi- neux qu'à celle de la paume de la main. Le sommet de la tête du mole est creusé en petit canal dont les deux bouts sont garnis d'une petite pointe ; le museau est saillant ; la grande dent qui compose la partie antérieure de chaque mâchoire est plutôt cartilagineuse qu’osseuse. Le dos est armé de deux piquans et de trois tubércules; on voit aussi deux aiguillons auprès de la gorge, et d’autres piquans sur les côtés du corps ou sur la carène formée par le dessous de l'animal. La partie postérieure du mole pa- roi comme tronquée. On compte quatorze rayons à chacune de ses nageoires pecto- rales. On le trouve dans les mers voisines des tropiques, ainsi que les autres espèces de diodons, qui habitent, au reste, non seulement dans les eaux salées qui baignent l'ancien continent, mais dans celles qui avoi- sinent les rivages du nouveau (1). (1) Le diodon mole est noirâtre sur le dos et les La ? Q ; F , côtés ; il est en dessous d’un blanc argenté jusqu’au dessus des nageoires pectorales. SONNINI.: DES SPHEROIDES. 203 QUATORZIÈME GENRE, PAR LACÉPÉDE. LES SPHÉROIDES. Po: NT de nageoires du dos, de la queue; ni de l’anus; quatre dents au moins à la mâchoire supérieure. b'SUP'E C'E LE SPHÉROÏDE TUBERCULÉ. — Un grand nombre de pelits tubercules sur la plus grande parlie du corps. L] 204 HISTOIRE LE SPHÉROIDE TUÜBERCULÉ (à), PAR LACÉPEDE. Les naturaliste Plumier a laissé parmi les dessins originaux que l’on doit à son zète éclairé, et qui sont déposés dans le cabinet des estampes de la bibliothèque nationale, ja figure de ce cartilagineux, que je n’ai pu inscrire , d'après sa forme extérieure, dans aucun des genres de poissons déjà connus. fl a beaucoup dé rapports avée l’ovoïde fascé; mais il en diffère, ainsi qu'on va le voir, par plusieurs traits essentiels. Il est presqire entièrement sphérique, et voilà pourquoi le nom générique de sphéroïde m'a paru lui convenir. Sa forme globuleuse n’est altérée que par deux saillies très-marquées , dans chacune desquelles un des deux yeux est placé. Les deux narines, très-rapprochées, sont siluées entre les yeux et louverture de la bouche , dans l’intérieur de laquelle (1) Orbis minimus non aculeatus. Plumier , dessins déposés dans le cabinet des estampes de la bibliothèque nationale. DES SPHEROIDES. 05 On voit au moins quatre dents attachées à Ja mâchoire supérieure , et deux à la mâ- choire d'en bas. Une portion assez considé- rable des environs de la bouche n’est recou- verte que d’une peau lisse; mais lout le reste de la surface du corps est parsemé d’un très-grand. nombre de petits tubercules qui m'ont suggéré le nom spécifique de ce carlilagineux, L'animal ne présente aucun aiguillon; il n'a-que deux nageoires : ce sont deux nageoires. pectorales assez éten- dues , et dont chacune est soutenue par six ou sept rayons. Il est à présumer que c’est dans la; mer qui baigne les: côles orientales de la partie de l'Amérique comprise entre les tropiques; :que)l’an trouve ce tuberculé, dout les habitudes doivent-xessembler beau- coup à celles de l’ovoïde fascé, [ea 306 HKSTORR EF QUINZIÈME CENRE, PAR LACÉPÈDE. LES'SYNGNATÉES. L'ouvsrrurs de la bouche très-pelite, et placée à l'extrémité d’un museau très- long et presque cylindrique; point de dents; les ouvertures des branchies s sur la nuque. ne SOUS GENRE. Une nageoire des ll ueue, des na- 8 ; geoires Dee ÿ et” une AE ee 82 ro ie ' de l’anu PREMIÈRE ESPÈCE. LE SYNGNATHE TROMPETTE. — Le corps ä six pans. 8,0 ON D'E ESP Ê CE. LE SYNGNATHE AIGUILLE. — Le corps à sept pans. DES SYNGNATHES. 507 SECOND SOUS-GENRE | Une nageoire de la queue ; des na- geoires pectorales; point de nageoire de Panus. T'R/O/I1)S I È M E'!E/S;P É(C E: LE sYNGNATRE TUYAU. — Le corps à à sept pans. TROISIEME SOUS. GENRE. Une nageoire de la queue’; point de nageoires-pectorales,, ni de nageoire de lanus. QUATIR L'È ME E S;PiÈ C Es LE SsYNGNATHE, PIPE. — Trente rayons à la nageoire du Foseu cinq : à ‘celle de ‘la queue. “©” QUATRIEME SOUS- GENRE. Point de nageoire, FF la queue ; des na- geoires, pectorales; une nageoire de l'anus. CIN QUIÈME ES PECE LE SYNGNATHR HIPPOGAMPE. — Cinq 208 HISTOIRE excroissances barbues et cartilagineuses au dessus de la tête. SIXIÈME ESPÈCE. Le SYNGNATHE DEUX-PIQUANS. — Deux piquans sur la tète. CINQUIEME SOUS-GENRE. Point de nageoire de la queue; des na- geoires pectorales; point de nageoire de lPanus. SE P TI ÈMIE BB SPÉCE. LÉ SYNGNATŸHE BARBE. -—— Le corps à six pans. STXIÈME SOUS:GENRE. Point de nageoire de la queue, de na- geoires pectorales, ni de nageoire de l'anus. HUITIÈME ESPÈCE. [LE SYNGNÂTHE oPHIDIONS 2 Le ‘corps très 2 délié ; trérité- - quatre räÿüns à là na- geoire du He ef RS D à Le. ui : ii I DES SYNGNATHES. 200 DAMTROMPETEIL GR Voyez planche XIX , fig. 2. LE SYNGNATHE TROMPETTE (2), PAR LACÉPÉDE. | PREMIÈRE ESPÈCE. Dr toutes les manières dont les poissons viennent au jour, il n’en est point de plus digne d'attention que celle que l’on observe (1) La trompette. En allemand, nadelfisch, tru- meter. En anglais, shorter-pippe, needle-fish , horn- fish, gar-fish , longer pipe. En norvégien, liden-foe- naal, nebbe-sild, mariæ sye-naal. En suédois, sex- £antad spina. En hollandais, zesbantige naald-visch. En japonais, sajori. En grec moderne, nerophidia. En Languedoc, érompette. À Marsciile , gagnola. Dans Belon, orveul marin. Solenostomus in medio corpore hexagonus , à podice ad pinnam usque quadratus. Klein, Miss. pisc. 4, D'A2 SL 2: Synoenathus pinnis caudæ , ani , pectoralibusque, radiatis , corpore sexangulatos... syngnathus typhle. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 41,sp.1. SONNINI. Poiss. ToME V. O0 &10 HISTOIRE dans la famille des syngnathes, de ces car- tilagineux très-alongés, dont les nageoires sont très-petites, et qui par ces deux traits ressemblent beaucoup aux serpens les plus déliés. En effet, non seulement les femelles des syngnathes ne déposent pas leurs œufs comme celles du plus grand nombre des poissons, sur des bancs de sables, sur des rochers, sur des côtes plus où moins favo- rables au développement des fœtus ; non seulement elles ne les abandonnent point sur {2) Dans plusieurs départemens méridion. gagnole. Synonathus typhle. Lin. édit. de Gmel. Cheval marin trompette. Daubenton, Encyc. méth. — Bonat. pl. de l’Encycl. méth. — Fauna suec. 377. Syngnathus corpore medio hexagono, caudé pinnatd. Artedi , gen. 1 , syn. 1, sp. 3. — Bloch, pl. xci, fig. 1. — Klein , Miss. pisc. 4,p. 42,n° 2 Piscis septimis. Salvian. Aquat. p. . 68. Typhle marina. Bel. Aquat. p. 448. Trompette , aiguille d’ Aristote. Rondel. prem, part. lv. 8, chap. 4. — Willughby , Ichthyol. p. 158. — Ray, Pise. p. 46. — Gesn. Aquat. p. 9; Ic. anim. p. 92. Sea-adder. Borlase , Cornw. p. 267. Sorter pipe-fish. Pennant, Brit. zool. 5, p.108, Po; tab 6.19 0 Syrgnathus pinnis caudæ, ani, pectoralibusque , radiatis, corpore hexagono. Commerson , Manuscrits déjà cités, DES SYNGNATHES. 211 des rivages, mais on diroit que, modèles de la véritable tendresse maternelle, elles con- sentent à perdre la vie pour la donner aux petits êtres qui leur devront leur existence. On croiroit même qu’elles s’exposent à périr au milieu de douleurs cruelles pour sauver les jeunes produits de leur propre substance. Jamais l'imagination poétique, qui a voulu quelquefois élever linstinct des animaux, animer leur sensibilité, ennoblir leurs affec- tions, embellir leurs qualités, et les rap+ procher de celles de l'homme, autant qu’une philosophie trop sévère et trop prompte dans ses jugemens a cherché à les dégrader et à les repousser loin d'elle, n’a pu être si fa- cilement séduite lorsqu'elle a erré au milieu des divers groupes d'animaux dont nous avons enirepris d'écrire l’histoire, et même de tous ceux que l’on a placé avec raison plus près de homme, ce fils privilégié de la Nature, qu’elle ne lauroit été par le tableau des soins des syngnathes mères , et de toutes les circonstances qui accompagnent le développement de leurs foibles embryons; jamais elle ne se seroit plue à parer de plus de charmes les résultats de Porganisation des êtres vivans et sensibles. Et combien de fois les syngnathes mères n’auroient -elles pas O 2 212 HISTOIR'FE été célébrées dans ces ouvrages charmans : heureux fruits d’une invention brillante et d'un sentiment touchant que la sagesse re- çoit des mains de la poésie pour le bonheur du monde, si le génie qui préside aux sciences naturelles avoit plutôt révélé à celui des beaux aris le secret des phénomènes dérobés à presque tous les yeux, et par les eaux des mers dans lesquelles ils s’opèrent , et par la petitesse des êtres qui les produisent ! Mais, au travers de ces voiles précieux et transparens dont l'imagination du poëte les auroit enveloppés, qu'auroit vu le phy- sicien ? Que peut remarquer dans la repro- duction des syngnathes l’observateur le plus froid et le plus exact? Quels sont ces faits à la vue desquels la poésie auroit bientôt allumé son flambeau? Oublions les douces images qu'elle auroit fait naître, et ne nous occupons que des devoirs d’un historien fidèle. On a pensé que les syngnathes étoient hermaphrodites : un savant naturaliste, le professeur Pallas, l’a écrit (1); et ses soup- cons à ce sujet ont été fondés sur ce que, dans tous les individus de ce genre qu'il a (1) Pallas, Spicil. zool. 8, p. 35. DES SYNGNATEHES. 213 disséqués, 1la trouvé des ovaires et des œufs. Peut-être dans cette famille, ainsi que dans plusieurs autres de la classe des poissons, le nombre des femelles l’emporte-t-1l de beau- coup sur celui des mâles. Mais, quoi qu’il en soit, les observations d’autres habiles physiciens, et particulièrement celles d’Ar- iedi, qui a vu des syngnathes mâles, ne permettent pas de regarder comme herma- phrodites les cartilagineux dont nous traitons dans cet article; et nous sommes dispensés d'admettre une exception qui auroit élé unique non seulement parmi les poissons , mais même parmi tous les animaux à sang rouge. Les jeunes syngnathes sortent des œufs dans lesquels ils ont été renfermés pendant que ces mêmes œufs sont encore attachés au corps de la femelle. T’intérieur de ces petites enveloppes a donc dû être fécondé avant leur séparation du corps de la mère. 11 en est donc des syngnathes comme des raies et des squales ; le mâle est obligé de chercher sa femelle, de s’en approcher, de demeurer auprès d’elle au moins pendant quelques momens, de faire arriver jusqu’à elle sa liqueur séminale. Il y a donc un véritable accouplement du mâle et de la Q:5 214 EH LS 'TOTRE femelle dans la famille que nous examinons; et la forcé qui les entraine l’un vers l’autre est d'autant plus remarquable qu’elle peut faire supposer l'existence d’une sorte d’affec- tion mutuelle, très-passagère à la vérité , mais cependant assez vive, el que ce sen- tüiment , quelque peu durable qu'il soit, doit influer beaucoup sur les habitudes de lani- mal, et par conséquent sur l'instinct qui est le résultat de ces habitudes. Lorsque la liqueur séminale du mâle est parvenue jusqu'aux œufs de la femelle, ils reçoivent de ce fluide vivifiant une action analogue à celle que l’on voit dans tous les œufs fécondés, soit dazs le ventre, soit hors du corps des mères, à quelque espèce d’ani- mal qu'il faille d'ailleurs Îles rapporter. l'œuf, imprégné de la liqueur du mâle, sanime, se développe, grossit , et le jeune embryon croît, prend des forces, et se nourrit de la matière alimentaire renfermée avec lui dans sa petite coque. Cependant le nombre des œufs que contiennent les ovaires est beaucoup plus grand, à proportion de leur volume et de la capacité du ventre qui les renferme, dans les syngnathes que dans les raies ou dans les squales. Lorsque ces œufs ont acquis un certain dégré de déve- DES SYNGNATHES. 215 loppement, ils sont trop pressés dans l’espace qu'ils occupent; ils en compriment trop les parois sensibles et élastiques pour n'être pas repoussés hors de l’intérieur du ventre avant le moment où les fœtus doivent éclore. Mais ce n’est pas seulement alors par l’anus qu’ils s'échappent; ils sortent par une fente lon- gitudinale qui se fait dans le corps, ou, pour mieux dire, dans la queue de la femelle, auprès de l'anus, et entre cette ouverture el la nageoire caudale. Cette fente non seu- lement sépare des parties molles de la fe- melle, mais encore elle désunit des pièces un peu dures et solides. Ces pièces sont plu- sieurs portions de l'enveloppe presque osseuse dans laquelle les syngnathes sont engagés en entier. Ces poissons sont en effet revétus d'une longue cuirasse qui s'étend depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue. Cette cuirasse est composée d’un très-grand nombre d’anneaux placés à la suite Fun de l’autre, et dont chacun est articülé avec celui qui le précède et celui qui le suit. Ces anneaux ne sont pas circulaires ,mais à plusieurs côtés; et comme les faces analogues de ces anneaux se correspondent d’un bout à lautre de l'animal, l’ensemble de la cuirasse, ou, pour mieux dire, du très-long étui qu'ils O 4 210 HT ST OL R F forment , ressemble à un prisme à plusieurs pans. Le nombre de ces pans varie suivant les espèces, ainsi que celui des anneaux qui recouvrent le corps et la queue proprement dite. En même tems que la sorte de gaîne qui renferme le poisson présente plusieurs faces disposées dans le sens de ia longueur du syngnathe, elle doit offrir aussi, aux en- droits où ces pans se touchent, des arêtes, ou lignes saillantes et longitudinales, en nombre égal à celui des côtés longitudinaux de cet étui prismatique. Une de ces arêtes est placée, au moins le plus souvent, au milieu de la partie inférieure du corps et de la queue, dont elle parcourt la Îon- gueur. C’est une portion de cette arête qui, au delà de l’auus, se change en fente alon- gée, pour laisser passer les œufs; celte fente se prolonge plus ou moins suivant les in- dividus, et suivant l'effort occasionré par le nombre des-œufs, soit vers le bout de la queue, soit vers l’autre extrémité du syngnathe. Cependant les deux pans les plus infé- rieurs du fourreau prismatique non seule- ment se séparent à l’endroit de cette fente, mais 1ls s’'enfoncent , vers l’intérieur du corps DES SYNGNATHES. 17 de l'animal, dans le bord longitudinal qui touche la fente, et se relèvent dans l’autre, de manière qu’au lieu d’une arête saillante, on voit un petit canal qui s'étend souvent vers la tête et vers le bout de la queue du syngnathe, bien au delà de la place où la division a lieu. En effet, une dépression semblable à celle que nous exposons s'opère alors au delà de la fente, tant vers le bout de la queue que vers la tête, quoique les deux pans longitudinaux les plus inférieurs n’y soient pas détachés l’un de l’autre, et qu'ils s’inclinent uniquement l’un sur l’autre, d’une manière très-différente de celle qu'ils présentoient avant la production de la sé- paration. Lorsqu'une arête saillante ne règne pas longitudinalement dans le milieu de la partie inférieure de l'animal, le pan qui occupe cette partie inférieure se partage en deux, et les deux lames alongées qui résultent de cette fraciure, ainsi que les pans collaté- raux , s'inclinent de manière à produire un canal analogue à celui que nous venons de décrire. C’est dans ce canal, dont la longueur varie suivant les espèces, et même suivant les in- dividus, que se placent les œufs à mesure 218 HISTOIÏRE qu'ils sortent du ventre de la mère : ils y sont disposés sur des rangs plus ou moins nombreux selon leur grosseur et la largeur du canal; et ils y sont revêtus d’une peau mince, que les jeunes syngnathes déchirent facilement lorsqu'ils ont été assez développés pour percer la coque qui les contenoit. La femelle porte ainsi ses petits encore renfermés dans leurs œufs, pendant un tems dont la longueur varie suivant les diverses circonstances qui peuvent influer sur lac- croissement des embryons; elle nage ainsi chargée d’un poids qu’elle conserve avec soin, et qui lui donne d’assez grands rapports avec plusieurs cancres dont les œufs sont également attachés pendant long-tems au dessous de la queue de la mère: Peut-être n'est-ce qu'au moment où les œufs des syngnathes sont parvenus dans le ‘pelit canal qui se creuse au dessous du corps de la femelle, que le mâle s'approche, s’ac- couple , et les arrose de sa liqueur séminale, laquelle peut pénétrer aisément au travers de la membrane très- peu épaisse qui les maintient. Mais, quoi qu’il en soit, il paroît que, dans la même saison, il peut y avoir plusieurs accouplemens entre le même mâle et la même femelle, et que plusieurs fécon- < DES SYNGNATHES. 19 dations successives ont lieu comme dans les raies et les squales ; les premiers œufs qui sont un peu développés et vivifiés par la liqueur séminale du mâle passent dans le petit canal, qu’ils remplissent, et dans le- quel ils sont ensuite remplacés par d’autres œufs dont laccroissement moins précoce avoit retardé la fécondation, en les retenant plus long -tems dans le fond de la cavité des ovaires. Au reste, le phénomène que nous venons de décrire est une nouvelle preuve de lé- tendue des blessures, des déchiremens et des autres altérations que les poissons peu- vent éprouver dans certaines parties de leur corps, non seulement sans en périr, mais mième sans ressentir de graves accidens. La tête de tous les syngnathes, et parti- culièrement de la trompette, dont nous trai- tons dans cet article, est très-pelite ; le museau est très-alongé , presque cylindrique, un peu relevé par le bout; et c’est à cette extrémité qu'est placée l'ouverture de la bouche, qui est très-étroite, et se ferme par le moyen de la mâchoire inférieure propre- ment dite, que l’on a prise à tort pour un opercule , et qui, en se relevant, va s’appli- 220 HISTOIRE quer contre celle d’en haut. Le long tuyau formé par la partie antérieure de la tête a été regardé comme composé de deux mâ- choires réunies l’une contre l’autre dans la plus grande partie de leur étendue; et de là vient le nom de syrgnathe que porte la fanulle de cartilagineux dont nous nous occupons. La trompette, non plus que les autres syngnathes, n’a point de langue, ni même de dents. Ce défaut de dents, la petitesse de l'ouverture de sa bouche, et le peu de largeur du long canal que forme la prolon- gation du museau, forcent la trompette à ne se nourrir que de vers, de larves, de fragmens d'insectes, d'œufs de poissons. La membrane des branchies des syngna- thes, que deux rayons soutiennent, s'étend jusques vers la gorge : l’opercule de cet or- gane est grand et couvert de stries disposées en rayons; mais cet opercule et cette mem- brane sont attachés à la tête et au corps proprement dit, dans une si grande partie de leur contour, qu’il ne reste pour le pas- sage de l’eau qu’un orifice placé sur la nuque. On voit donc, sur le derrière de la tête, deux petits trous que lon prendroit pour DES SYNGNATHES. 221 des évents analogues à ceux des raies et des squales, mais qui ne sont que les véritables ouvertures des branchies. Ces branchies sont au nombre de quatre de chaque côté. Ces organes, un peu diffé- rens dans leur conformation des branchies du plus grand nombre de poissons, ressem- blent , selon Artedi et plusieurs autres na- turalisies qui l’ont copié, à une sorte de ‘viscosité pulmonaire, d’un rouge obscur : mais je me suis assuré, en examinant plu- sieurs individus et même plusieurs espèces de la famille que nous décrivons, qu’ils étoient composés à peu près comme dans la plupart des poissons , excepté que cha- cune des branchies est quelquefois un peu épaisse à proportion de sa longueur, et que les quatre de chaque côté sont réunies en- semble par une membrane très-mince, la- quelle, ne s'appliquant qu'à leur côté exté- rieur, forme entre ces quatre parties trois petits canaux ou cellules, qui ont pu suggé- rer à Artedi l’expression qu’il a employée. Au reste, cette couleur rougeâtre, qu'il a très-bien vue, indique les vaisseaux sanguins très-ranufiés et disséminés sur ces branchies. Les yeux des syngnathes sont voilés par une membrane très - mince, qui est une 222 HISTOIRE continuation du tégument le plus extérieur de l'animal. Le caual intesiinal de la trompette est court et presque sans sinuosités. 3 La série de vertèbres cartilagineuses , qui s'étend depuis la tête jusqu’à l'extrémité de la queue, ne présente aucune espèce de côte: mais les vertèbres, qui sont renfermées dans le corps proprement dit, offrent des apo- physes latérales assez longues , qui ont quelque ressemblance avec des côtes; et elles montrent ainsi une conformation in- termédiaire entre celle des vertèbres des raies et des squales, sur lesquelles on ne voit pas de ces apophyses, et celle des ver- tébres des poissons osseux, qui sont garnies de véritables côtes. L'étui dans lequel elle est: enveloppée présente six pans, tant sur le corps que sur la queue, autour de laquelle cependant ce fourreau n'offre quelquefois que quatre pans longitudinaux. Le nombre des anneaux qui composent cette cuirasse est ordinairement de dix-huit autour du corps, et de trente-deux autour de la queue. La trompette a une nageoire dorsale comme tous les syngnathes : mais elle a de. DES SYNGNATHES. 225 plus des nageoires pectorales, une nageoire de l'anus, et une nageoire caudale (:); or- ganes dont les trois, ou du moins un ou deux, manquent à quelques espèces de ces animaux, ainsi qu'on peut le voir sur le tableau méthodique des cartilagineux de celte famille. Elle n’a guère plus d’un pied ou d’un pied et demi de longueur : sa couleur générale est jaune et variée de brun ; les nageoires sont grises et très-petites. On la trouve non seulement dans l'Océan ; mais encore dans la Méditerranée, où elle a élé assez anciennement et assez bien ob- (1) À la nageoire du dos . . . . . . 18 rayons. AUS pDECiOnaies se Re SN PRE Aicelléide l'annssvue.: Jen fus 0e A celle de la queue, qui est un peu prrondies 24 te 1 LEUR SNS CEE Un individu de l'espèce de la trompette, observé par Commerson, différoit assez des autres individus de cette mème espèce par le nombre des rayons de ses nageoires , pour qu’on püt le considérer comme formant une variété distincte. Il avoit en effet à la nageoire dorsale . . ... . .. . .« .:.:45 rayons. À chacune des nageoires pectorales . + 24 À celle-de l'anus, 44h eertonmentté À celle de la queue. té atsetué Don ‘CUT ESTOER E servée pour qu'Aristote et Pline aient connu une parlie de ses habitudes, et notamment la manière dont elle vient aa jour (1). Sa chair est si peu abondante, que ce poisson est à peine recherché pour la nour- riture de l’homme ; mais comme il perd dif- ficilement la vie, qu'il ressemble à un ver, et que, malgré sa cuirasse, qui se prête à plusieurs mouvemens, il peut s’agiter et se contourner en différens sens, on le pêche pour l’employer à amorcer des hamecons. (1) J'ai vu cette espèce fort nombreuse le long de la côte d'Egypte, entre Aboukir et Alexandrie. On là trouve aussi dans la mer du Nord et dans la mer Baltique. Belon rapporte que, quand les pêcheurs de Marseille aperçoivent une trompette dans leurs filets, ils la regardent comme un signe de bonheur , et croient avoir assez gagné ; c’est dé là qu’ils appellent ce poisson gaponola. Le même ichthyologiste dit encore que quelques savans ont donné à ce poisson le nom de pissorbulus, parce qu'il a le museau long et creux comme un tuyau, et que la partie d’en bas ressemble au cou- vercle d’une boîte qui se ferme contre l’autre. ( De la nature et diversité des poissons, liv. 2, p. 446 et 445.) Du reste c’est un poisson de rivage qu’on ne prend jamais à l’hameçon ; on le trouve quelquefois dans les älets, principalement au printems. SONNINI. L’AIGUILLE DES SYNGNATEHES. 225 L’AIGUÏILLE DE MER (i). Voyez planche XIX , fig. 3. LE SYNGNATHE AIGUILLE (2); LE SYNGNATHE TUYAU (3)(4); zr LE SYNGNATHE PIPE (5)(6), PAR LACÉPÈDE. 22, 3° ET 4 ESPÈCES. L'arcurcze habite, comme la trompette ; dans l'Océan septentrional; elle présente la même conformation, excepté dans le nombre (x) L’aiguille de mer. En allemand, nadelfish. En prussien , see-nadel, sack-nadel. En danois, stork , hav-naal. En anglais, pipe-fish. En norvégien , Lant- naal. En danois , bantnal. Syngnathus pinnis caudæ , ani pectoralibusque radiatis , corpore septemangulato,.. syngnathus acus, Lin. Syst. nat. edit Gmel. gen. 41 , sp. 2. . SONNINI. (2) Syngnathus acus. Lin. édit. de Gmel. Poiss. Tome V. P 226 H TZ SOIR E des faces de sa cuirasse, qui offre sept pans plus longitudinaux autour de son corps pro- prement dit, tandis qu’on n’en compte que Syngnathus corpore medio heptagono ,caudé pinnaté. Art. gen. 1, syn.2,sp. 2. — Bloch, pl. xcr, fig. 2. Solenostomus à capite ad caudam heptagonus. Klein, Miss. pisc, 4, p. 24 , n°3. T'yphle. Gesner , Aquat. p. 102. Acus Aristotelis. Aldrov. Pisc. p. 105. — Willughb. Ichthyol. p. 159, tab. 1, 25, fig. 1. — Ray, Pise. p.46, n° 2. Scenadel, sacknadel. WulfF, Icht. boruss. p. 70. Cheval marin aiguille. VDaubenton , Encycl. méth. — Bonaterre', pl. de l’Encycl. méthod. (5) Syrgnathus pelagicus. Tin. édit. de Gmel. Cheval marin tuyau de plume. Daub. Encycl. méth, — Bonaterre, pl. de l’'Encycl. méthod. Syngnathus pelagicus. Osb. It. 105. Nota. La figure 4 de la planche c1x de Bloch, que Von a rapportée au syngnathe tuyau, représente une variété du syngnathe aiguille. (4) En allemand, corallensauger. En arabe, abou summéra. Par les français , trompette du Cap. Synonathus pinnis pectoralibus caudæque radiatis, ani nulla, corpore septemangulato,..... syngnathus pelagicus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141, sp. 3. | — ÂArtedi, Gen. pisc. gen. 1, sp. 6, additament. Syngnathus corpore medio heptagono ; pinn&ä dorsi anum versus.... Syngnathus pelagicus, Osbeck, Itin. p: 401. SONNINI. DES SYNGNATHMES. 227 six sur le fourreau analogue de la trompette. Elle parvient d’ailleurs à une grandeur plus considérable ; elle a quelquefois trois pieds de long; et l’on voit, sur presque toute sa surface , des taches et des bandes transver- sales alternativement brunes et rougeûtres. Son anus est un peu plus rapproché de la tête que celui de la trompette, et l’on a écrit que la femelle donnoit le jour à soixante- dix petits (7) (8). Le syngnathe tuyau a autour de son corps (5) Syrgnathus æquoreus. Tin. édit. de Gmel. Cheval marin pipe. Daubenton, Encyc. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. métbod, (6) Syrgnathus pinné caudæ radiat®, pectoralibus anique nullis ,corpore angulato ..: syngnathus æquo- eus. Lin. Syst. nat. edit. Gimel. sen, 141, sp. 4. — Artedi, Gen. pisc. gen. 1, sp. 10. additament. species dubice. SONNINI: (7) À la membrane ‘des branchies du syugnathe deuil à 0 à must de PRO my ons: A chaque nageoire pectorale : nn 0 4 A'éeHé tdi te PMP RENE SEP SS à A'eclié de l'anus re nb ee PR ONCE GR A'eelle de I Queue EN ENTRE (8) Ses œufs ne sont pas plus gros que des érains de millet; les ovaires sont cylindriques et de couleur orangée ; le droit est le plus los. SONNINI. : , Gi 228 HTSCT-OLER E une longue enveloppe à sept pans, comme l'aiguille; mais il s'éloigne de la trompette plus que ce dernier poisson : 1l n’a point de nageoire de l'anus. On le trouve dans des mers bien éloignées l’une de lautre : on le voit en effet dans la mer Caspienne, dans celle qui baigne les rivages de la Caroline (1), et dans celles dont les flots agités par les tempêtes battent si fréquemment le cap de Bonne-Espérance et les côtes africaines voi- sines de ce cap. On lobserve souvent au milieu des fucus; il est d’un jaune foncé, plus clair sur les nageoires du dos et de la queue, et relevé par de petites bandes transversales brunes (2). (1) Gmelin fait de ce syngnathe de la Caroline une variété dans l'espèce du tuyau ; il la désigne comme il suit : syzgnrathus carolinensis , laminis trunci viginti quinque , caudæ triginta dua. Sp.3 , var. b. Dans un des bras du Jaïk , aujourd’hui rempli de limon, au point que les poissons Re peuvent plus le remonter, on n’y voit que le syngnathe tuyau , qui s’avance quelquefois jusqu’à Gourief, ce qu’on regarde comme un pronosiic de tempête. ( Pallas, Voyage en différentes provinces de Russie et dans l’Asie septen- irionale , traduct. franc. tore. 1, in-4°, p.671.) DCE SoNNIini. (2) 11 y a à la nagooire du dos du sybgnathe tuyan. . . 4 . { . . . « 31 rayons, DES SYNGNATHES. 2% Nous avons reçu de Noël de Rouen plu- sieurs individus de cette même espèce de syngnathe, qui avoient été pêchés auprès de l'embouchure de la Seine. « Les tuyaux, nous écrit cet estimable observateur, sont pêchés sur les fonds du Tot, de Quillebeuf, de Berville , de Grestain ». On les prend avec des guideaux, sorte de filet dont nous par- lerons. Noël les a nommés aiguuillettes , ou petites aiguilles , parce qu’ils ne parviennent guère, près des côtes de la Manche, qu’à la longueur de deux décimètres (sept pouces). Le corps de ces poissons représente une sorte de prisme à sept faces ; mais les trois pans supérieurs se réunissent auprès de la nageoire dorsale , et les deux inférieurs auprès de l'anus, de manière que la queue proprement dite n'offre que quatre faces longitudinales. La couleur de ces cartilagineux est d’un gris pâle, verdätre dans leur partie supérieure, et d’un blanc sale dans leur partie inférieure. Aux nageoires pectorales . . . , . 14 rayons. Acelle dela queues ME ere ra À la cuirasse qui recouvre le corps . 18 anneaux. À celle qui revêt la queue . . . . . 32 I paroît qu’on a compté vingt - cinq anneaux dans une variété de cette espèce, vue auprès de la Caroline. pa 230 HASTO ER E Noël a vu dans l’œsophage d’un de ces ani- maux une très-petile chevrette, qui, malgré son peu de volume, en remplissoit toute Îa capacité, et n’avoit pu être introduite par l'ouverture de la bouche qu'après de très- grands efforts. 11 a trouvé aussi, dans cha- cune de deux femelles qu’il a disséquées, uue quarantaine d'œufs assez gros, relati- vement aux dimensions de l’animal. La forme de la trompette se dégrade encore plus dans le syngnathe pipe que dans les deux autres cartilagineux de la même fanulle , décrits dans cet article. La pipe n'est pas seulement dénuée de nageoire de l'anus; elle n’a pas même de nageoires pectorales (1). (1) À la nageoire dorsale du syngnathe DIDER LP MES EPP A EL OC RSS Arocllé(de laqueut! 7". 29224 ADAM ee 2e Jeve V4 PL, > 1 LHIPPOCAMPE. 2.LE LOMPF. 3.LE PEGASE DRAGON. DES SYNGNATHES. 251 L'HÉP P'OlC'ÆMBE (1)! Voyez planche XX, fig. 1. L'HIPPOCAMPE É PANNE DOUBLE (à) LE SYNGNATHE HIPPOCAMPE (5), E T LE SYNGNATHE DEUX-PIQUANS (4), PAR LACÉPÈDE. CINQUIÈME ET SIXIÈME ESPÈCES. Quer contraste que celui des deux images rappelées par ce mot hkippocampe, qui dé- sighe en mème tems et un cheval et une chenille ! Quel éloignement dans l’ensemble (1) L’hippocampe , cheval marin, cheval, chevalet. En grec, ippokampos. Un latin , Lippocampus: En allemand , seepferdchen. En. hollandais, zeepardje. En anglais, sea-horce. En danois , Lawbæver. En nor- végien , s0e hest , s0e baver. En espagnol , cax/inho. A P 4 4 232 H'ESPTOTITRE des êtres vivans et sensibles sépare ces deux animaux, dont on a voulu voir les traits réunis dans l’hippocampe , et dont on s’est efforcé de combiner ensemble les deux idées Venise , biscia. Aux îles Moluques , ican couda, lauwd femelle. Aux Indes, tœdeæ levet, jong-koning. Syngnathus caud& apterigi4 , capite inflego. Gron. Zooph. n° 170. Syngnathus parte antericri hexagon& ; posteriori quadrangulé , caud& impennis. Browne, Jamaïc. DP:441s n° 1. Syngnathus pinnä die quadrangulæ null , cor- pore septem angulato tuberculato....... RP hippocampus. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141,sp. 7. Syngnathus pinnä caudæ quadrangulæ null , cor- pore septemangulato tuberculato ; cirroso....... syn- gnathus hippocampus. Brunnich , Icht. Massil. p. 10, n° 19. SONNINI. (2) L’épine-double. En allemand, stachelnadel. Syrgnathus pinné caudæ null&, corpore quadran- gulato, caud& antice hexagonä 5 posticè Letragoné , apice tereti.... syngnathus tetragonus. Lin. Syst. mat. edit. Ginel. gen. 141, sp. 8. SONNINI. (5) En Italie ,cavallo marino. Syngnathus hippocampus. Lin. édit. de Gmel. — Brunn. Pise. Massil. n° 19. — Mull. Prodrom. zool. danic. n° 327. Syngnathus corpore quadrangulo , pinn4 caudæ carens. Art. gen. 1 ,syn. 1.— Bloch , pl. c1x, fig. 3. Cheval marin, hippocampe., Daub. Eneycl. méthod. DES SYNGNATHES. 933 pour en former l’idée composée du syn- gnathe que nous décrivons ! L’imagination, qui, au lieu de calculer avec patience les véritables rapports des objets, se plaît tant à se laisser séduire par de vaines espérances, et à se laisser entraîner vers les rapproche- mens les plus bizarres , les ressemblances les plus trompeuses et les résultats les plus mer- veilleux , a dû d'autant plus jouir en s’aban- — Bonat. pl. de l’Encycl. méthod. — Green: Zooph. n° 170. — Browne, Jamaïc. p. 441, n° 1. Crayracion corpore circumflexo , etc. Klein, Miss, pisc. 5, p.25 ,n° 32. — Ælian. lib. 14, c. 14. Cheval marin. Rond. des Ins. et zcoph. chap. 9. — Gesner, Aquat. p.414. — Willughby , Ichth. p. 157, tab. 1,29, fig. 3 et 4. — Ray, Pise. p.45,46,n° 1,4. Iippocampus æquivoca. Aldrov. Pise. p. 716. Cheval marin. Belon , Aquat. p. 444. Geël zeepaardje. Valent. Mus. p.358, n° 130. Syngnathus hippocampus , le cheval marin. ( Ap- pendix du Voyage à la nouvelle Galles méridionale, par Jean White , premier chirurgien de l’expédition commandée par le capitaine Philipp.—-pl. v, fig. 2.) Syngnathus hippocampus. Commerson, manuscrits déjà cités. | (4) Syngnathus tetragonus. Lin. édit. de Gmel. — Thunberg, Act. soc. physiogr. lund. 1, 4, p. 301, n° 30, lab. 4 , fig. 1 et 2. Syngnathus biaculeatus, épine-double. (Bonaterre, planches de l’'Encycl. méthod.) nn, CUMMSTOTIRE donnant pleinement au sens de ce mot hippocampe, que, par ladoption la plus entière de cette expression, elle a exercé, pour ainsi dire, en même tems, une triple puissance. Reconnoître en quelque manière un cheval dans un petit cartilagineux , Voir dans le même moment une chenille dans un poisson, et lier ensemble et dans un même être une chenille et un cheval, ont été trois opérations simultanées, trois espèces de petits miracles compris dans un seul acte, trois signes de pouvoir devenus insépara- bles, dans lesquels l'imagination s’est com- plue sans réserve , parce qu’elle ne trouve de véritable attrait que dans ce qui lui permet de s’attribuer une sorle de force créatrice : et voilà pourquoi celle dénomi- nation d’hippocampe a été très -ancienne- ment adoptée ; et voilà pourquoi, lors même qu'elle n’a rappelé qu’une erreur bien reconnue, elle a conservé assez de charmes secrets pour être généralement maintenue par les naturalistes. Quelles sont cependant ces légères apparences qui ont introduit ce mot Aippocampe, d’abord quels sont les traits de la conformation extérieure du syngnathe dont nous nous occupons, qui ont réveillé l'idée du cheval à l'instant où on a vu ce DES SYNGNATHES. 23 cartilagineux ? Une tête un peu grosse; la partie antérieure du corps, plus étroite que la tête et le corps proprement dit ; ce inême corps plus gros que la queue, qui se re- courbe ; une nageoire dorsale dans laquelle on a trouvé de la ressemblance avec une selle ; et de petits filamens qui, garnissant l'extrémité de tubercules placés sur la tète et le devant du corps, ont paru former une petite crinière : tels sont les rapports éloï- gnés qui ont fait penser au cheval ceux qui ont examiné un hippocampe , pendant que ces mêmes filamens , ainsi que les anneaux qui revêtent ce cartilagineux, comme ils recouvrent les autres syngnathes , l'ont fait rapporter aux chenilles à anneaux hérissés de bouquets de poil. Mais , en écartant ces deux idées trop étrangères de chenille et de chevals: déter- iMminons ce qui différencie lhippocampe d'avec les autres poissons de sa famille. Il parvient ordinairement à la longueur de trois ou quatre décimètres (environ un pied ). Ses yeux sont gros, argentés el brillans. Les anneaux qui lenveloppent sont à sept pans sur le corps, et à quatre pans sur la queue : chacun de ces pans, qui quelquefois sont très-peu sensibles, est ordi- 230 ETSTOTR FE nairement indiqué par un tubercule garni le plus souvent d’une petite houppe de filamens déliés. Ces tubercules sont com- munément plus gros au dessus de la tête, et l’on en voit particulièrement cinq d’assez grands au dessus des yeux. On compte treize anneaux à l’étui qui enveloppe le corps, et de trente-cinq à trente-huit à celui qui renferme la queue, laquelle esl armée, de chaque côté, de trois aiguillons, de deux en haut et d’un en bas. Au reste, ce nombre d’anneaux varie beaucoup, du moins sui- vant les mers dans lesquelles on trouve l'hippocampe. Les couleurs de ce poisson sont aussi très-sujelle à varier, suivant les pays et même suivant les individus. Il est ou d’un livide plombé, ou brun, ou noirâtre, ou verdâtge ; et quelque nuance qu’il présente , il est quelquefois orné de petites raies ou de petits points blancs ou noirs (1). (1) H y a à la membrane des branchies. 2 rayons. À chacune des nageoires pectorales . . 9 (On en compte 18, parce que chaque rayon se divise en deux, presque dès son origine.) À celle de la queue de. , . . . . . . 16 à 2e Acelle-de Ranus à) 4. het nt 4 DES. SYNGNATHES. 57 Les branchies de l’hippocampe ont été mal vues par un grand nombre de natura- listes ; et leur petitesse peut avoir aisément mduit en erreur sur leur forme. Mais je me suis assuré, par plusieurs observations, qu'elles étoient frangées sur deux bords, el semblables , à très-peu près, à celles que que nous avons examinées dans plusieurs autres syngnathes, et que nous avons décrites dans l’article de la trompette. La vésicule aérienne est assez grande; le canal intestinal est presque sans sinuosités (1). La bouche de lhippocampe étant d’ailleurs couformée comme celle des autres cartila- gineux de son genre, il vit, ainsi que ces derniers, de petits vers marins, de larves, d'insectes aquatiques , d'œufs de poissons peu développés. On le trouve dans presque toutes les mers, dans l'Océan, dans la Médi- terranée , dans la mer des Indes. Pendant qu'il est en vie, son corps est alongé comme celui des autres syngnathes : mais, lorsqu'il est mort, et sur-tout lorsqu'il commence à (1) L’estomac est ample, le cœur petit, le foie alongé , étroit et d’un jaune pâle. La vésicule du fiel est de la grosseur d’un grain d’orge ; l’ovaire est double. SONNINI. 238 HAS FLOUE E se dessécher , sa queue se replie en plusieurs sens, sa tête et la partie antérieure de son corps se recourbent ; et c’est dans cet état de déformation qu’on le voit dans les cabi- nets, et qu'il a été le plus comparé au cheval. On a attribué à l’hippocampe un grand nombre de propriétés médicinales, et d'au- tres facultés utiles ou funestes, combinées d’une manière plus ou moins absurde : et comment n’auroit-on pas cherché à douer des vertus les plus merveilleuses et des qua- htés les plus bizarres, un être dans lequel on s’est obstiné, pendant tant de tems, à réunir par la pensée un poisson , un cheval et une chenille (1)? Le syngnaihe deux-piquans habite dans la mer des Indes (2). Il est varié de jaune et de brun. Les anneaux qui composent sa (1) Dioscoride , Galien, Pline, Elien ont fait une longue énumération :des propriétés de l'hippocampe en médecine. Aujourd’hui encore ce poisson passe en, Dalmatie comme un remède efficace contre la coagu- lation du lait dans le sein des femmes. Les norvégiens au contraire regardent l’hippocampe comme un poison. -SONNINI. : (2) Klein dit que ce poisson vit dans la mer Baltique; mais c’est sans doute une méprise. , SONNINI. DES SYNGNATHES. 239 longue cuirasse, ne présentent chacun que quatre pans ; et au dessus des yeux on voit deux aiguillons courbés en arrière (1) (2). (1) À la membrane des branchies. . 2 rayons. À chaque nageoire pectorale . . . 21 À celle dudos/% LU (EL Senna O4 Ace ide anus Le h0 TRS" CN NUE Sur le:corpsit Eee RS QE À y anneaux, DOUX AMENER OMR RE (2) Entre ces deux aiguillons on remarque un léger enfoncement , et derrière eux une échancrure en forme de croissant. L'ouverture des ouïes est fort droite , et l’opercule est une lame mince. Le docteur Bloch a compté dix-sept. boucliers à la cuirasse sur le tronc , et quarante-cinq sur la queue. Ceux du tronc portent des taches claires, qui forment une ligne laté- rale. Le même ichthyolosiste a observé sur un indi- vidu de cette espèce deux raies qui se croisent sur le ventre en À. »« SONNINE, 240 HISTOIRE LE SYNGNATHE BARBE (à) (2), LA VIPÈRE DE MER (3), ou LE SYNGNATHE OPHIDION (4), PAR LACÉPÈDE. SEPTIÈME ET HUITIÈME ESPÈCES. T | Nox seulement le barbe n’a point de nageoire caudale, mais encore il n’a pas de nageoire de l'anus. Aussi le voit-on placé (1) Syngnathus barbarus. Lin. édit. de Gmel. Cheval marin sexangulaire. Daub. Encycl., méthod. — Bonaterre, pl. de l'Encycl. méthod. (2) Syngnathus pinnis caudæ anique nullis, corpore sexangulato... syngnathus barbarus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141, sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum , gen. 1, sp. 11. additament. Species dubic. SONNINI. (2) La vipère de mer. En allemand , meerschlange. En suédois , Lafsnæl , trangslipa. Au Japon, sajori. Soleostomus maris ballici gracilis, variegatis , etc. Klein, Miss. pisc. 4,p.26,n° 15 , tab. 5, fig. 4. Acus lumbriciformis aut serpentinus. Willughby , Ichthyel. p. 160. dans DES SYNGNATHES. ea dans un cinquième sous-genre sur le tableau méthodique de la famille que nous décrivons. Son corps est d’ailleurs à six pans longitu- dinaux. L'ophidion est encore plus dénué de na- geoires ; il n’en a pas de pectorales : il n’en my site he Nr Nii Li Lie 4, el, - Acus lumbriciformis seu ophidion lumbriciforme. Ray, Pisc. p.47. Syngnathus pinnis caudæ , ani pectoralibusque nullis, corpore tereti...... syngnathus ophidio. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 141, sp. 5. SONNinr. (3) Sur quelques côtes d'Angleterre, sea-adder. En Suède , 2av-h6l. Syngnathus ophidion. Lin. édit, de Gmel. — Fauna suec. 27). — Otto, Schrift. der Berlin. naturf. fr.3, pag. 456. Syngnathus teres, pinnis pectoralibus caudæque carens. ÂArtedi, gen. 1, syn. 2, sp. 3. — Gronov. Mus. 1 , n° 2. — Bloch, planch. xcr, fig. 3. — Klein, Miss. pisc. 4, p.26, n°15, tab. 5, fig. 4. — Wil- lughby, Icht. p. 160.— Ray, Pise. p. 47. Sajori. Kæmpfer, Japon, 1, p. 155. Little pipe-fish. Britan. zoolog. 3, p. 109 , n° 5, pl. vi, fig. 5. Cheval marin serpent. Daubenton, Encyc. méth, — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (4) A chaque nageoire pectorale du barbe 22 rayons, À. celle ir asie 01:74 OS ROUE NAS Poiss. TomMEz V. Q o4o HPS'TOPFRE montre qu’une qui est située sur le dos (1); et qui est assez peu élevée. De tous les synguathes il est celdi qui ressemble le plus à un serpent, et voilà pourquoi le nom d’ophidion lui a été donné, le mot grec ophis désignant un serpent. Nous avons cru d'autant plus devoir lui conserver cette dé- nomination, que son corps est plus menu et plus délié à proportion que celui des autres cartilagineux. de son genre. Il par- vient quelquefois à la longueur de deux pieds, ou de plus de sept décimètres (2). Son museau est moins alongé que celui de la trompette. Cet animal est verdâtre avec des bandes transversales, et quatre raies longitudinales, plus ou moins imterrompues, d’un très-beau bleu. Il habite dans l'Océan septentrional (3). (1) À la membrane des branchies de Voplidion. ME 2 … sl ORNE 2 va vpns. ANfanageoire dorsale.s : (aie ee 54 (2) Il n’est pas ordinairement plus gros qu’une plume d’oie ou de cygne. SONNINI. (5) On l’a trouvé aussi dans la mer Baltique, et, selon Kæmpfer , près des côtes du Japon. SONNINI. DES CYCLOPTERES. 943 a ——— QUINZIÈME ORDRE. DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIEME ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX, PAR LACÉPÈDE. Poissons thoracins , ou qui ont une ou deux nageoires situées sous le corps, ou dessous ou presque au dessous des nageoires pectorales. SÉUATEMEICENRE LES CYCLOPTERES. Ds dents aiguës aux mâchoires ; les nageoires peclorales simples ; les nageoires inférieures réunies en forme de disque. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoires du dos, de la queue et de lanus, séparées l’une de l’autre. PREMIERE ESP 20 LE CYCLOPTÈRE LOMPE.— Le corps garni _ de plusieurs rangs de tubercules très-durs, Q 2 344 HISTOIRE D'EUX IÉÈME ESP É CE: LE CcYCLOPTÈRE ÉPINEUX.— De petites épines sur le corps; des rayons distincts à la première nageoire du dos. TROISIÈME ESPÈCE. LEcYCLOPTÈRE MENU.—/Î'roistubercules sur le museau. OU AT ROLE MF) € S PE CIRE LE CYCLOPTÈRE DOUBLE-ÉPINE. — Le derrière de la tête garni, de chaque côté, d’une épine. CI N QU I HOMPUIRIS PPÉUM'E LE cycLOPTÈRE GÉLATINEUX. — Les nageoires peclorales très-larges; l’ouverture de la bouche tournée vers le haut. STIRETNE N EE 9) Pi C.R. LE CYCLOPTÈRE DENTÉ.— L'ouverture de la bouche presque égale à la largeur de la tête; les dents fortes, coniques, et dis- tribuées en nombre très-inégal des deux côtés des deux mâchoires. S EP FT LÈME ESPÈCE LE CYCLOPTÈRE VENTRU.— Le ventre tres - gonflé par une double et irès-grande vessie urinaire. [l DES CYCLOPTERES. 245 HUITIÈME ESPÈCE. LE CYCLOPTÈRE BIMACULÉ.— Les nageoires pectorales situées vers le derrière de la tête, une tache noire sur chaque côté du corps. N'EUUUNV NE NE M EP. ES PE CE, LE CYCLOPTÈRE SPATULE. — Le museau en forme de spatule. DIXIFÉ ME E SP É CE. LE CcYCLOPTÈRE souris ( Cyclopterus musculus. )— Cinq rayons à la membrane des branchies; trente-cinq rayons à la dor- sale; les deux mâchoires presque également avancées, et garnies l’une et l’autre de dents très-fines et. très-rapprochées ; l’ouverture de lanus assez grande, et plus voisine de la tête que de la caudale; la peau dénuée d’écailles facilement visibles; la couleur d’un gris roux et clair vers la tête, et d’un gris brun vers l'extrémité de la queue. «®) (aS 246 HISTOIRE SECOND SOUS-GENRE. Les nageoires du dos, de la queue et de lPanus réunies. ON ZIÈME ESPÈCE. LE CYCLOPTÈRE LIPARIS.— Sept rayons à la membrane des branchies. DOUZIÈME ESPÉCE, LE CYCLOPTÈRE RAYÉ. — Un seul rayon à la membrane des branchies ; des raies lon- gitudinales. ——— DES CYCLOPTERES. 247 LE LOMPE (1) Woyez la planche XX, figure 3, LE CYCLOPTÈRE LOMPE (2), PAR LL AC EP EDP. PREMIÉRE ESPÈCE. OQus ceux dont la douce sensibilité re- cherche avec tant d'intérêt et trouve avec tant de plaisir les images d’affections tou- (1) Le lompe ou le lièvre de mer. En allemand, see-hase. À Feiligeland , Laffpadde. En hollandais, lump et suottolf ou bufolt, à cause de la bave qui lui sort de la bouche, /4mp. En zélandais, klief. En suédois, sjuryggfisk , stenbit, quabbsu. En Prusse, seel-nase , haff-padde. En Norvège, rogn-kesxe , rogn- kal. En Islande, krognkellse, En Laponie , rogn-kiælse, rogn-kiagse. Au Groenland, nepisa , anguesedlok , le mâle , arnardlosk , la femelle. Cyclopterus corpore squamis osseis angulato..... : cyclopterus lumpus. Lin. Syst. natur. edit. Gmel, gen. 139, sp. 1. — Oth. Fabric. Faun. groenland. p. 152}n%02. SONNINI. (2) Lièvre de mer. En Angleterre, ump , ou sea- owl. En Ecosse, cock-padd. En Irlande, haff-podde, Q 4 248 HISTOIRE chantes que présentent quelques êtres heu- reux au milieu de l'immense ensemble des Dans la Belgique , snoftolff. En Danemarck , séenbeit, En Suède, sjurygg-fisk. En Norvège , rongbiegse. Cyclopterus lumpus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1, p. 57. — Faun. suec. 320. — It. Scan. 168. — Mall. Prodrom. Zool. danic. p.39,n° 23. Bouclier lompe. Daubent. Encycl. méth. — Bonat. pl. de l'Encyc. méthod. — Gronov. Mus. 1, 127; Zooph. 197. — Bloch, pl. xc. Oncotion. Klein, Miss. pisc. 4,p. 49, n° 1,2,3, tab. 14, fig. 5.—Willughby, Icht, p.208, tab. N, 11. — Ray, Pise. D. 77. Lump-fish. Pennant, Brit. zool. 3 , p.105 ,n° Seel-nase , haff-padde. Wulf®, Ichth, boruss. p. 24. Cyclopterus. Artedi , gen. 62, syn. 87: Ostracion rotundo - oblongus , tuberculis utrinque , pinné dorsi longissimä. Artedi, gen. 59, syn. 86. Orbis britannici sive Oceani species. Gesner, German. fol. 85. Lumpus Anglorum. Gesnerx , Paral, p. 25, v. UE — Aldrov. lib. 3, cap. 68, p. 479. Suetolt et bufolr. Mondelet | prem. part. liv. r , éhap. 2:— Jonst: Dr} tit. r, 5, a! %, punct. 12, p. 4%, tab. 13, fig 1. — Charlet. p. 131.—Schelham, Anat. xiphi. p. 20. Lepus marinus nostras, orbis species. Schon. p. 41. — Morret, Pin. 186. — Dale, His!. of Harv. p. 110. Orbis ranæ rictu. Clus. Exot. lib. 6, cap. 25. Cyclopterus lumpus. Ascagne, quatrième cahier, pl. XXxXLv. DES CYCLOPTÉÈRES. 549 produits de la création sur lesquels la Nature a si inégalement répandu le souffle de la vie et le feu du sentiment, écoutent un instant ce que plusieurs naturalistes ont raconté du poisson dont nous écrivons l’histoire. Qu'ils sachent que parmi ces innombrables habitans des mers, qui ne cèdent qu’à un besoin du moment, qu'à un appétit grossier, qu’à une jouissance aussi peu partagée que fugitive , qui ne connoissent ni mère, nl compagne ;, ni petits, on a écrit qu’il se trouvoit un ani- mal favorisé qui, par un penchant irrésis- tible, préféroit une femelle à toutes les autres, s’'attachoit à elle, la suivoit dans ses courses, l’aidoit dans ses recherches, la se- couroit dans ses dangers, en recevoit des soins aussi empressés que ceux qu'il lui don- noit, facilitoit sa ponte par une sorte de jeux amoureux et de frottemens ménagés, ne perdoit pas sa tendresse avec la laïte destinée à féconder les œufs, mais étendoit le senti- ment durable qui Panimoit jusques aux petils êtres prêts à éclore; gardoit avec ceile qu'il avoit choisie les fruits de leur union; les dé- fendoit avec un courage que la mère éprou- voit aussi, et déployoit même avec plus de succès, comme plus grande et plus forte ; 250 HISTOIRE et après les avoir préservés de la dent cruelle de leurs ennemis jusqu’au tems où, déjà un peu développés, ils pouvoient au moins se dérober à la mort par la fuite, attendoit, toujours constant et toujours attentif, auprès de sa compagne qu’un nouveau printems leur redonnât de nouveaux plaisirs. Que ce tableau fasse goûter au moins un moment de bonheur aux ames pures et tendres ; mais pourquoi celte satisfaction, loujours si rare, doit-elle être pour eux aussi courte que le récit qui l'aura fait naître? Pourquoi l’aus- ière vérilé ordonne-t-elle à l'historien de ne pas laisser subsister une illusion heureuse ? Amour sans parlage, tendresse toujours vive, fidélité conjugale, dévouement sans bornes aux objets de son affection, pourquoi la peinture attendrissante des doux eftets que vous produisez n’a-t-elle été placée au milieu des mers que par un cœur aimant et une imagination riante ? Pourquoi faut-il réduire ces habitudes durables que lon s’est plu à voir dans l'espèce entière du lompe , et qui seroient pour l’homme une leçon sans cesse renouvelée de vertuset de félicité, à quelques faits isolés, à quelques qualités individuelles et passagéres, aux produits d’un instinct un DES CYCLOPTERES. 251 peu plus étendu, combinés avec les résultats de circonstances locales, ou d’autres causes fortuites ? Mais, après que la rigoureuse exactitude du naturaliste aura éloigné du lompe des attributs que lui avoit accordés une erreur honorable pour ses auteurs, le nom de ce cartilagineux rappellera néanmoins encore une supposition toujours chère à ceux qui ne sont pas insensibles ; il aura une sorte de charme secret qui naîtra de ce souvenir , et n’attirera pas peu lattention de lesprit même le plus désabusé. Voyons donc quelles sont les formes et les habitudes réelles du lompe. Sa tête est courte, mais son front est large. On ne voit qu’un orifice à chaque narine, et ce trou est placé très-près de Pouverture de sa bouche, qui est très-grande. La langue a beaucoup d'épaisseur et assez de mobilité; le gosier est garni, ainsi que les mâchoires, d'un grand nombre de dents aiguës. Le long du corps et de la tête règnent ordinairement sept rangs de gros tubercules disposés de manière que l'on en compte trois sur chaque côté, et qu’un septième occupe l'espèce de carène longitudinale formée par la partie la plus élevée du corps et de la 252 HISTOIRE queue. Ces tubercules varient non seulement dans le nombre de rangées qu’ils composent, mais encore dans leur conformation, les uns étant aplaiis, d’autres arrondis, d’autres ter- minés par un aiguillon, et ces différentes figures étant même quelquefois placées sur le même individu. Les deux nageoires inférieures sont ar- rondies dans leur contour , et réunies de manière à représenter, lorsqu'elles sont bien déployées, une sorte de bouclier, ou pour mieux dire de disque ; et c’est cette réunion, ainsi que cette forme, qui, se retrouvant dans toutes les espèces de la même famille, et constituant un des principaux caractères distinctifs de ce genre, ont fait adopter ce nom de cycloptère qui désigne cette dispo- sition de nageoires en cercle, ou plutôt en disque plus ou moins régulier. Le lompe a deux nageoires dorsales; mais la plus antérieure n’est soutenue par aucun rayon ; €t étant principalement composée de membranes, de tissus cellulaires, et d’une sorte de graisse, elle a reçu le nom . d'adipeuse. Ses cartilages sont verdâtres. Son organe de louie a paru plus parfait que celui d’un grand nombre d’autres pois- — DES: CYCLOPTBRES. 255 sons , et plus propre à faire éprouver des sensations délicates; on a vu dans le fond de ses yeux des ramifications de nerfs plus distinctes ; ses nageoires inférieures , réunies en disque, ont élé considérées cômme un siège particulier du toucher et une sorte de main assez étendue ; sa peau n’est revêlue que d’écailles peu sensibles , et enfin nous venons de voir que sa langue présente une surface assez grande et assez molle, et qu’elle est assez mobile pour s'appliquer facilement et par plusieurs points à plusieurs corps sa- voureux. Voilà donc bien des raisons pour que l'instinct du lompe soit plus élevé que celui de plusieurs autres cartilagineux, ainsi qu’on l'a observé; et celte petite supériorité des résultats de l’organisation du lompe a dû servir à propager l'erreur qui l’a supposé attaché à sa femelle par un sentiment aussi constant que tendre. "Il est très-rare qu’il parvienne à une lon- gueur d'un mètre, ou d'environ trois pieds; mais son corps est, à proportion de cette dimension, et irès-large et très-haut. Sa couleur varie avec son âge ; le plus souvent il est noirâtre sur le dos, blanchâtre sur les côtés, orangé sur le ventre ; les rayons 254 HISTOIRE de presque ioutes les nageoires sont d’un jaune qui tire sur le rouge; celle de l'anus et la seconde du dos sont d’ailleurs grises avec des taches presque noires. On rencontre ce poisson dans un grand nombre de mers; c’est néanmoins dans l’océan Septentrional qu'on le voit le plus fréquem- ment. Il y est très-fécond, et sa femelle y dépose ses œufs à peu près vers le tems où l'été y commence. Il s’y tient souvent attaché au fond de la mer et aux rochers, sous les saillies desquels il se place pour éviter plus facilement ses ennemis , pour trouver une plus grande quantité de vers marins qu'il recherche, ou pour surprendre avec plus d'avantage les petits poissons dont il se nourrit. C’est par le moyen de ses nageoires inférieures, réunies en forme de disque, qu'il se cramponne, pour ainsi dire, contre les rocs, les bancs et le fond des mers; et 1l s’y colle en quelque sorte d'autant plus fortement que son corps est enduit, beaucoup plus que celui de plu- sieurs autres cartilagineux, d’une humeur visqueuse assez abondante sur-tout auprès des lèvres, et que quelques auteurs ont en conséquence comparée à de la bave. Cette liqueur gluante étant répandue sur tous les DES CYCLOPTERES. 255 cycloptères , et tous ces animaux ayant d’ailleurs leurs nageoires inférieures confor- mées et rapprochées comme celles du lompe, ils présentent une habitude analogue à celle que nous remarquons dans le poisson que nous décrivons. On doit avoir observé plusieurs fois deux lompes placés ainsi très-près l’un de l’autre, et long-tems immobiles sur les rochers ou le sable des mers. On les aura supposés mâle et femelle; on aura pris leur voisinage et leur repos pour l'effet d’une affection mu- tuelle ; et on ne se sera pas cru foiblement autorisé à leur accorder cette longue fidélité et ces attentions durables que l’on s’est plu à représenter sous des couleurs si gracieuses. Au reste, le suc huileux qui s'épanche sur la surface du lompe pénètre aussi très-pro- fondément dans l’intérieur de ce poisson; et voilà pourquoi sa chair, quoique mangeable, est muqueuse, molle et peu agréable, 256 ÉEFSTOIRE Ta en LE CV CHLORE ÉPINEUX (6), 4 PAR "LA CLÉ P'É'D'E. SECONDE ESPÈCE. Ce poisson diffère du lompe en ce qu'il a le dos et les côtés recouverts d’écailles inégales en grandeur, disposées sans ordre, et dont chacune est garnie dans son milieu d'un piquant assez long. La première na- seoire du dos est d’ailleurs soutenue par six (1) Oth. Fabricius , Fauna groenlandica , p. 154. Bouclier épineux. Bonaterre , pl. de l’'Encyc. méth. {2) Le cycloptère épineux. Au Groenland , zepi- sardluk. Diodon subrotundus , aculeis planis , abdomine lœvi. Lin. Syst. nat. edit. Gimel. gen. 159. sp. 1 , var. b. Cyclopterus subrotundus , aculeis confertis, abdo- mine lœvi... cyclopterus spinosus. Oth. Fabric. Faun. groenl. p. 154, n° 95. — Artedi, Gen. pisc. gen. 40, 5p. 1, var. additament. SONNINI. rayons DES CYCLOPTERES. 257 rayons (1). L’épineux est noirâtre par dessus, et blanc par dessous. On voit à son palais deux tubercules dentelés. On le trouve dans les mers du Nord (2). em (1) A la seconde nageoire du dos. . . 11 rayons. À chaque nageoire pectorale. . . . . 23 A chaque nageoire inférieure . . . . 6 À \cellétde/ l'anus toner nt ro Acelle;de laquene its (TD JL ira (2) Principalement dans les golfes et les anses des côtes méridionales du Groenland. Ce poisson fraie au mois de mars; ses œufs ont une couleur fauve. Quoique les groenlandais fassent une grande consommation du lompe , dont ils mangent la chair cuite ou séchée et même la peau crue, ils ne touchent point à l’épineux. SONNINE. Poiss. Tome V. R 258 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE MENU (1}(2), PAR LACÉPÉDE. TROISIÈME ESPÈCE. Trors tubercules sont placés sur le museau de cet animal. Un long aiguillon tient lieu de première nageoire dorsale (3). L'on voit de plus, auprès de louverture de chaque branchie, deux tubercules blancs, dont le premier est armé de deux épines, et dont (1) Pallas, Spicil. zool. 7, p. 12, tab. 2, fig. 7, 9. Cyclopterus minutus. Lin. édit. de Gmel. Bouclier menu. Bonaterre , pl. de l'Encyc. méthod. (2) Cyclopterus corpore nudo , rostro supr& os tribus tuberculis inœquali. Pallas, Spicil. zool. — Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 139, sp. 4.— Artedi, Gen. Pise. gen. 40 , sp. 2. additament. Soin. (3) À la membrane des branchies . . 4 rayons: À la première nageoire dorsale . . + 1 AAÉDSECOndE Le Lee se SUR à À chaque nageoire pectorale : . . . 1G À chaque nageoire inférieure . . . . 7 À celie de la queue, qui est arrondie. 10 DES CYCLOPTERES. ‘°5q le second est moins saillant et hérissé d’as- pérités. Les lèvres sont doubles; le contour du palais est garni, ainsi que les mâchoires, de très-petites dents. L’océan Atlantique est lhabitation ordinaire de cette espèce de cy- cloptère, dont un individu observé par le professeur Pallas n’avoit qu'un pouce de longueur. R # 260 HISTOIRE L'ECYCL OP TÈRE D 'O'USB DE'LÉ PEN EN (ME), PAR LACÉPÉÈDEÉ. QUATRIÈME ESPÈCE. Lss individus de cette espèce, qui paroît réduite à des dimensions presque aussi petites que celles du cycloptère menu, ne présentent pas de tuüubercules sur leur surface ; mais le derrière de leur tête est armé, de chaque côté, d’un double aiguillon. Les nageoires inférieures du cycloptère double-épine ont d’ailleurs une forme particulière à ce car- tilagineux. Elles sont réunies ; mais chacune (1) Cyclopterus nudus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Bd Er xp. 97, 14b.:27, fir:/r. Bouclier sans tubercules. Daubent. Encyc. méth. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (2) Cyclopterus corpore nudo , capite posticè utrinque unispinoso.... Ccyclopterus nudus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 139 , sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. sen. 40, sp. 3. additament. SONNINT. DES CYCLOPTERES. 2:61 de ces nageoires offre deux portions assez distinctes ; la portion antérieure est soutenue par quatre rayons, et l’autre en contient un nombre extrêmement considérable (1). Ce cycloptère vit dans les Indes. (1) À la membrane des branchies . . 1 rayon. À la nageoire dorsale. . . . . . . . 6 rayons À chaque nageoire pectorale. . . . . 21 À chaque nageoire inférieure . . . . 100 À. celle de læ queue à. Ÿ “4. 4 19 KR 3 209 HESTOUHRE he le —" ct LLC NCÉOMPERTE GÉLATINEUX (1), LE CYCLOPTÈRE DENTÉ (3) (4), pe ER LE CYCLOPTÈRE VENTRU (5) (6), PAR LACÉPÉDE, 5e, 6 ET 7° ESPÈCES. C’est au professeur Pallas que nous de- vons la première description de ces trois (1) Pallas, Spicil. zool. 7 , p. 19, tab. 3 , fig. 1, 6. Cyclopterus gelatinosus. Lin. édit:de Gmel. Bouclier gélatineux. Bonat. pl. de l’Encyc. méth. ‘2) Cyclopterus corpore nudo subdiaphano gelatinoso, ptanis pectoralibus latissimis..... cyclopéerus gelati- #osus. Pallas, Spicil. zool. — Lin. Syst. nat. edit, mel. gen. 139 , sp. 7. — Artedi , Gen. pisc. gen. 40, co. 6. additament. SONNINI. (5) Pallas , Spicil. zool. # , p.6, tab. 1 ,fig. 1, 4. Cyclopterus dentex. Lin. édit. de Gmel. Bouclier denté. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth. (4) Cyclopterus corpore nudo , capite inermi glaber- rimo ; pénis sejunctis.... cyclopterus dentex. Pallas, DES CYCLOPTERES. 263 eycloptères. Le premiér ne pouvoit pas être mieux désigné que par le nom de gélati- neux, que nous lui avons conservé. En effet sa peau est iñnolle, dénuée d’écailles facile- ment visibles, gluante, et abondamment enduite d’üne humeur visqueuse, qui dé- coulé particulièrement par vingt-quatre orifices, dont deux sont placés entre chaqué narine et l’ouverturé de la bouche, et dont dix autres règnent depuis chaque cComimuis- sure des lèvres jusiues vers loperculé bran- chial qui correspond à éette comimissure ; les lèvres sont doubles, épaisses, charnues, et l’intérieure est aisément étendue en avañt et retirée en arrière par l'animal; les 6per- cules des branchies sont mollasses ; les na- geoires pectorales qui sont très- larges, les Spicti. zoo], — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gén. 139, sp. 5. — Artedi , Gen. pisc. gen. 40, sp. 6. additam. SONNINI. (5) Pallas, Spicil. zool. 7 , p. 15, tab. 2, fig. 1 , 5. Cyclopterus ventricosus. Lin. édit. de Gmel. Bouclier ventru. Bonat. pl. de l’Encyc. méth. (6) Cyclopterus corpore nudo ,vesicä urinarié am- plissimé geminé, abdomine distendente... cyclopterus ventricosus, Pallas, Spicil, zool. — Lin. Syst. nat. édit. Gmel. gen. :5q, sp. 6. — Ariedi, Gén. pise, gen. 40 ÿ SP. 9: SONHINT, R 4 + 264 HIS; TONER £ inférieures qui sont très-petites, la dorsale et celle de Fanus qui sont très-longues et vont jusqu’à celle de la queue, sont flasques et soutenues par des rayons très-mous; l’ensemble du corps du poisson est pénétré d’une si grande quantité de matière hui- leuse qu’il présente une assez grande trans- parence; et tous ses muscles sont d’ailleurs si peu fermes que, même dans l'état du plus grand repos du cycloptère, et quelque tems après sa mort, ils sont soumis à cette sorte de tremblement que tout le monde connoît, et qui appartient à la gelée ani- male récente. Aussi la chair de ce cartila- gineux est-elle très-mauvaise à manger; et dans les pays voisins du Kamtschatka, au- près desquels on pêche ce cycloptère, et où on est accouiumé à ne nourrir les chiens que de restes de poisson, ces animaux même, quoique affamés, ont-ils le dégoût le plus insurmontable pour toutes les por- tions du gélatineux. Ce cycloptère parvient amtEtent à la longueur d’un demi-mètre , ou d'environ un pied et demi; son corps est un peu alongé, et va en diminuant de grosseur vers la queue; l'ouverture de sa bouche est tournée vers le haut; sa langue est si petite DES CYCLOPTERES. 9265 qu'on peut à peine la distinguer. Un blanc mêlé de rose compose sa pi générale; les opercules sont d’un pourpre foncé, et les nageoires du dos et de l'anus d’un violet presque noir (1). Le denté est ainsi nommé à cause de la force de ses denis, de leur forme, et de leur distribution irrégulière et remarquable. Elles sont coniques et inégales : on en compte, à la mâchoire supérieure, quatre à droite et trois à gauche, et la mâchoire inférieure en présente sept à gauche, trois à droite et dix dans le milieu. La peau qui le revêt est un peu dure, maigre, sans aiguillons, tubercules ni écailles aisément visibles, rougeâtre sur la partie supérieure du corps, et blanchâtre sur l’inférieure. La tète est aplatie par dessus et par dessous, très-grande, beaucoup plus large que le corps ; et cependant le diamètre transversal de l’ouveriure de la bouche en égale la largeur. Les lèvres sont épaisses , doubles , et (1) À ‘chaque membrane branchiale du cycloptère gélatineux + » 4 2474 5.340 Sr rayons, À la nageoire-dorsdles508 41.209 55 À chaque nageoire pectorale . . . . 3o A: celle de l'anus. :. 1.4. 1, DNS 928 À cellè:de larqueners 25 1 [5500 8 406 266 HISTOTRE garnies sur leur surface intérieure de caron- cules charnues et très-molles. Les opercules des branchies sont durs et étendus. On voit enfin auprès de l’anus du mâle une pro- longation charnue, creuse, percée par le bout, que nous remarquerons dans plu- sieurs autres espèces de poissons, et qui sert à répandre sur les œufs la liqueur des- tinée à les féconder (1). Le dénté à le ventre assez gros; mais lé cycloptère ventru a cette partie bien plus étendue encore. Elle ést, dans cé dernier cartilagineux , très-proéminente, ainsi qué son nom l'indique; et elle est mäinténué dans cet état de très-grand gonflement par une vessie urinairé double et très-volumi- feuse: L'ouverture de la bouclie, qui est très-large et placée à la partie supérieuré de la tête, laisse voir à chaque mâchoiré un grand nombré de petites dents recour- bées, inégales en longueur, et distribuées sans ordre. Les opercules des branchies sont ms ns | (1) A la membrane des branchies du denté 2 rayons. Àla.nagstoire dorsale : 4 2 eus à 08 À chaque nageoire pectorale. : 4... 23 A chaque nageoire inférieure +14 + « : 4 # cells de l’angs ; 1,4 1 amant 306 o À celle de la queue, qui est arrondie . 10: DES CYCLOPTERES. °67 attachés, dans presque tout leur contour, aux bords de l'ouverture qu'ils doivent fermer. La peau dont l'animal est revêtu est d’ailleurs enduite d’une mucosité épaisse ; toutes les portions de ce cycloptère sont un peu flasques, et une couleur olivâtre règue sur presque tout le dessus de ce poisson (1). Le ventru vit, ainsi que le gélatineux, dont il partage jusqu’à un certain point la mollesse, dans la mer qu sépare du Kamt- schatka le nord de l'Amérique : on n’y a pas encore observé le denté; on n’a encore vu ce dernier animal que dans les eaux salées qui baignent les rivages de lAmé- rique méridionale. Au reste, le denté est quelquefois long de près d’un mètre (trois pieds), tandis que le ventru ne parvient guère qu'à la longueur de trois décimètres, ou d'environ un pied. {1} À la membrane desbranchies du ventru 4 rayons. À la nageoire dorsale, : .,4::.,4 +: 10 À chaque nageoire pectorale . . . . 20 À chaque nogeoire inférieure . . . . 6 celle de l'anus Ab hatsimR EN" @ À: cellé de queue en. 4. #0 Cette dernière est termiuée par une ligne presque droite. 0 LE CYCLOPTÈRE BIMACULÉ (1), PAR LACEPÉDE. HUITIÈME ESPECE. Ox rencontre auprès des côtes d'Angle- terre ce cartilagineux, sur lequel on n’aper- çoit aucun tubercule, ni aucune écaille, non plus que sur les trois cycloptères que nous venons de décrire dans l’article pré- cédent. La tête de ce poisson, qui n’a pré- senté jusqu’à présent que de pelites dimen- sions, est aplatie par dessus et plus large que le corps. Les nageoires pectorales sont attachées presque sur la nuque, et au delà de chacune de ces nageoires on voit sur le côté une tache noire et arrondie. La tête et le dos sont d’ailleurs d’un rouge tendre, relevé par la couleur des nageoires qui sont d’un très-beau blanc. Pennant a le premier fait connoître ce joli cycloptère, dont la nageoire caudale est terminée par une ligne droite. (1) Pennant , Zool. brit. 5, suppl. p. 597. Bouclier à deux taches. Bonat. pi. de l’Enc. méth: DES CYCLOPTERES. °6% LE CYCLOPTÈRE SPATULE (1), PAR LACÉPÉÈDE. NEU VIÉME ESPÈCE. Ce poisson est dénué d’écailles facilement visibles, ainsi que presque tous les cartila- gineux de sa famille. Sa couleur est d’un rouge foncé; et ce qui le distingue des autres cycloptères, c’est que son museau aplati, très-long, et élargi à son exlrémité, a la forme d’une spatule. (1) Borlase, Hist. nat. de Cornouaïlles, pl. xxv, fig. 28. Bouclier pourpré. Bonat. pl. de l’Encycl. méth. 270 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE SOURIS (1}, PAR LACÉPÉDE DIXIÈME ESPÈCE. Norz nous a envoyé une note très-dé- taillée sur ce cycloptère. Cet habile obser- vateur a pêché plusieurs individus de cette espèce dans les parcs de la digue de l'Eure, auprès du Havre. La souris, que l’on prend ordinairement pendant lauiomne, a un décimètre ( trois pouces et demi environ } de longueur sur vingt-cinq millimètres ( un pouce environ ) de largeur. La tête est plus large que haute. La langue occupe une grande partie de la gueule. Le palais est lisse ; mais on voit auprès du gosier deux o$ garnis de petites dents. Les yeux sont petits et ronds. l'ouverture de chaque na- rinc est ovale. Une peau molle recouvre chaque opercule, qui se prolonge vers la queue en appendice émoussée. Le corps et OR ue Tr, 114, ANS M RAM SE (x) Cyclopterus musculus. Par les pêcheurs des environs du Häâvre, souris de UE DES CYCLOPTERES.: ax la queue sont revêtus d’une peau très- souple. Une petite gouttière, légèrement creusée , est située sur la nuque. Au milieu des thoracines, qui sont réunies en disque, comme sous tous les cycloptères, et fran- gées à l'extérieur, on trouve des mamelons plus ou moins nombreux. La caudale est d'un gris cendré; les autres nageoires sont brunâtres. | Le cycloptère souris, qui tire son nom de sa petitesse, de sa couleur, ou de la rapidité de ses mouvemens, se nourrit de petits poissons et de chevrettes, ou d’autres crustacés très-Jeunes (1). (1) À chaque pectorale du cycloptère SOA Le A + Lesiolis mb nûent iaanst (412 yons à lanale sie lee tetes le) air te) 1119 À la nageoire de la queue. . . . . . 5 272 HISTOIRE LE CYCLOPTÈRE BARBU (1), LE CYCLOPTERE LIPARIS (2), er LE CYCLOPTÈRE RAYÉ (5) (4), PAR LACEPÉDE. 11° ET 12% ESPÉÈCES. Css deux cycloptères ont beaucoup de rapports l’un avec l’autre. Tous les deux se rencontrent dans ces mers septentrionales — (1) Ze cycloptère barbu. En allemand, bartfisch , ringbauch. En hollandais, £ringbuyk. En anglais, sea- snail, unctuous-suker. En russe , morskot, uschkahn. En groenulandis, abapokitsock , amersulack. Cyclopterus corpore nudo , pinnis dorsali, anali caudalique unitis..... cyclopterus liparis. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 139, sp. 3. — Artedi , Gen. pisc. gen. 40, sp. 7. additament. — Oth. Fabric. Faun. groenland. p. 155 , n° 05. SONNINI. (2) Cyclopterus liparis. Lin. édit. de Gmel. Cyclopterus liparis , barbu. Bloch , pl. cxxurr, fig. 5. Bouclier liparis. Daubenton, Encycel. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. mêth. — Gronov. Mus. 2, 157. — Act, helvetic. 4, p. 265, tab. 23, — Act. qui DES CYCLOPTERES. 275 qui paroissent être l'habitation de choix de presque toutes les espèces de leur genre connues jusqu'à présent. Il semble même affectionner tous les deux les portions de ces mers les plus voisines du pole et les plus exposées à la rigueur du froid. On voit le liparis auprès de presque toutes les côtes de la mer Glaciale jusques vers le Kamt- schatka, et souvent dans les embouchures des fleuves qui y roulent leurs glaces et leurs eaux (5) ; et c’est particulièrement dans la mer Blanche que l’on a observé Le rayé. Haarlem. 1 , p.581, tab. 9, fig. 3 et 4. — Kælreuter, nov. Comment. petropol. 9, p. 6, tab. 9, fig. 5 et 6.— Brit. zool. 5 ,p. 105 , n° 2. — Willughby, Ichthyol. app. p.17, tab. H,6, fig. 1. — Ray, Pise. p. ER — Borlase , Cornw. f. 28 et 20. (3) Lepéchin, nov. Comment. petropol. 18 , p. 522, tab. 5, fig. 2 et 3. | Cyclopterus lineatus. Lin. édit. de Gmelin. Bouclier rayé. Bonaterre , pl. de Encycl. méthod. (4) Cyclopterus corpore nudo , pinnis dorsali, et anali sensim in caudalem excurrentibus..... cyclop= terus lineatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 139, sp. 6. SONNINI. (5) Le cycloptère barbu se tronve plus fréquemment près des côtes de la Hollande , de l'Angleterre et du Groenland. Il entre aussi dans les rivières, et on lo prend à Amsterdam dans celle d’Y. SoNNinr. Poiss. Tome V. 5 Bas HISTOIRE Ces deux cartilagineux ont la nageoiïre du dos et celle de l’anus longues et réunies avec celle de la queue; et leur surface ne ‘présente aucune écaille que lon puisse faci- lement apercevoir. D'ailleurs le liparis, qui a ordinairement un demi-mètre ( ou envi- ron un pied et demi ) de longueur, montre une ligne latérale très-sensible et placée vers le milieu de la hauteur du corps. Son mu- seau est un peu arrondi, sa tête large et aplatie ; l’ouverture de sa bouche assez grande ; sa lèvre d’en haut garnie de deux courts barbillons ; sa mâchoire supérieure un peu plus avancée que linférieure , et hérissée, comme cette dernière, de dents petites et aiguës; sa chair grasse et mu- queuse; sa peau lâche et enduite d’une vis- cosité épaisse (1). Brun sur le dos, jaune sur les côtés et sur la tête, blanc par des- sous, et quelquefois varié par de petites raies et par des points bruns ; il a les na- (1) À la membrane des branchies du liparis 7 rayons. À la nageoire dorsale. . . 324444 41 À chaque nageoire pectorale. . . . . 34 À claque nageoïire inférieure . . . . 6 A:cclle de l'anus 52! 010 ruse at 0133 À celle de la queue, qui est arrondic. 1e DES CYCLOPTERES. s75 geoires brunes, excepté les inférieures, qui sont bleuâtres. 11 se nourfit d'insectes aqua: tiques, de vers marins, de jeunes poissons, et répand ou féconde ses œufs sur la fin de l’hyver ou au commencement du prin- tems (1). Le rayé est couleur de marron avec des bandes longitudinales blanchâtres, dont les unes sont droites, et les autres ondées; ses lèvres sont recouvertes d’une peau épaisse, garnies de papilles du côté de l’intérieur de la bouche ; son dos est comme relevé en bosse, et l’espèce de bouclier formé par les nageoires inférieures est entouré de papilles rougeûtres (2). (1) Au Groenland, suivant les observations d’Othon Fabricius ( Faun. groenland. Loco citato), cette espèce fraie au mois de mars. Steller dit que les œufs ont la grosseur d’un pois. La chair de ce poisson est grasse , visqueuse, et fond aisément au soleil ; les groenlandais s’en nourrissent. Ils pèchent les barls à la fouenne , où ils les prennent vivans pendant le reflux. SOoNNINI. (2) La nageoire de la queue du rayé est terminée en pointe, (#» LS) 276 HISTOIRE RD = ET DO DEAR. OLPC mn mm DIX-SEPTIÈME GENRE. PA RIT'A C LP 'EDE. LES LÉPADOGASTÈRES. Lss nageoires pectorales doubles ; les nageoires inférieures réunies en forme de disque. ESPÈCE. LE LÉPADOGASTÈRE GOUAN. — Deux barbillons entre les narines et les yeux ; cinq rayons à la membrane des branchies. DES LEPADOGASTERES. 2977 LE LÉPADOGASTÈRE GOUAN (1), PAR LA CÉPBÉDE LA famille des lépadogastères a beaucoup de traits de ressemblance avec celle des cycloptères ; elle est liée particulièrement avec cette dernière par la forme et par la réunion des nageoires inférieures : mais nous avons cru devoir ia comprendre dans un genre différent, à cause du caractère remar- quable qu’elle présente , et qui consiste dans le nombre des nageoires pectorales. Ces der- nières nageoires sont en effet au nombre de deux de chaque côté sur les lépadogas- tères, au lieu qu’on n’en compile que deux en tout sur les cycloptères et sur presque tous les autres poissons déja décrits. Nous n'avons encore pu inscrire, dans le genre dont nous nous occupons, qu’une seule espèce, dont nous devons la connoissance au professeur Gouan. Cet habile naturaliste lui a donné le nom de lépadogastère à cause (1) Gouan , Histoire des poissons , p. 106. Bouclier porte-écuelle, Bonat. pl. de l'Encyc. méth. S 3 278 HISTOIRE de la conformation de ses nageoires infé- rieures, qui, réunies ensemble, offrent l'image d’une sorte de conque. Mais comme nous avons adopté cette même dénomina- tion pour désigner le genre de ce poisson, nous avons dû donner à cet animal un autre hom qui indiquât son espèce, et nous n'avons pas cru pouvoir choisir une appellation plus convenable que celle qui retracera au sou- venir des ichthyologistes le nom du savant professeur qui a décrit le premier et très- exactement ce cartilagineux. Le lépadogastère gouan n’a le corps revêtu d'aucune écaille que l’on puisse apercevoir facilement ; mais il est couvert de petits tu- bercules bruns. Son museau est pointu ; sa tête plus large que le tronc; sa mâchoire supérieure plus avancée que linférieure. Deux appendices ou filamens déliés s'élèvent entre les narines et les yeux, et l’on voit, dans l’intérieur de la bouche, des dents de deux sortes : les unes sont mousses et comme granuleuses, et les autres aiguës, divisées en deux lobes, et recourbées en arrière. Chaque côté du corps présente deux na- geoires pectorales, dont l’antérieure est placée un peu plus bas que la postérieure. Celle du dos est opposée à celle de l’anus; DES LEPADOGASTERES. 279 la caudale est arrondie (1). Il y a sur la tête trois taches brunesen forme de croissant, et sur le corps une tache ovale parsemée de points blancs. L’'individu observé par Gouan avoit un peu plus de trois décimètres de longueur (à peu près un pied), et avoit été pêché dans la Méditerranée. (:) A la membrane des branchies . . 5 rayons. A la nageoire dorsale. .« . . . .« . 11» À chaque nageoïire inférieure . . + 4 À celle de l'anus . . .: . . . . . 9 280 HISTOIRE ————— SEIZIEME ORDRE. DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS , ov QUATRIÈME ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX, PAR LACÉPÉÈÉDE. Poissons abdominaux, ou qui ont une ow deux nageoires situées sous l’abdomen. DIX-HUITIEME GENRE. LES MACRORHINQUES. Lx museau alongé; des dents aux mâ- choires ; de petites écailles sur le corps. ES PÉCE. LE MACRORHINQUE ARGENTÉ. — Un seul rayon à chaque nageoire ventrale. DES MACRORHINQUES. 281 LE MACRORHINQUE ARGENTÉ (1), PNR BAC EE DT DE Csrre espèce de poisson , décrite par Osbeck lors de son voyage à la Chine, lie par un assez grand nombre de rapports les syngnathes avec les pégases. Elle ne peut cependant appartenir à aucune de ces deux familles; et nous avons dù la placer dans un genre particulier , auquel nous avons donné le nom de macrorhinque, pour désigner la forme du museau des animaux que nous y avons inscrits. Le macrorhinque argenté, la seule espèce que nous ayons encore com- prise dans ce genre, a en effet le museau non seulement pointu, mais très-long. Les deux mächoires sont d’ailleurs garnies de dents; on en compte plus de trente à la (1) Osbeck , Voyage à la Chine , p. 107. Syngnathe argenté. Bonat. pl. de l'Encyc. méthod. 282 HISTOIRE mâchoire supérieure, et celles de la mà- choire inférieure sont moins larges et poin- tues. La nageoire du dos s'étend depuis la tête jusques à la queue; celles de la poitrine sont très-près de la tête; chacune des ven- trales ne présente qu’un seul rayon; et le corps de ce cartilagineux, qui est très-alongé, est de plus couvert d’écailles argentées. Ce poisson vit dans la mer. | DES PEGASES. 283 DIX-NEUVIÈME GENRE. PAR LACÉPÈDE. L'ESLPÉ CASTS. LL museau très-alongé ; des dents aux mà- choires ; le corps couvert de grandes plaques et cuirassé. PREMIÈRE ESPÈCE. LE PÉGASE DRAGON. — Le museau très- peu aplati, et sans dentelures; les nageoires pectorales très-grandes. SECONDE ESPÈCE. LE PÉGASE VOLANT. — Le museau aplati et dentelé; les nageoires pectorales très- grandes. TROISIÈME ESPÉCE. Le PÉCAsSE SsPATULE. Le museau en forme de sratule, et sans dentelures ; les nageoires pectorales peu grandes. 284 HISTOIRE 3 LE PÉGASE DRAGON ()(2), PAR LACÉPÉÈDE. Voyez la planche XX, figure 3. PREMIÈRE ESPÈCE. Parsoue tous les pégases ont leurs na- geoires pectorales conformées et étendues (1) Pegasus draconis. Lin. édit. de Gmel. Pegasus draconis , dragon de mer. de SDPlCIX, fig. 1et.) Pégase dragon. Daubenton, Parle méthod. — Bouaterre, pl. de l'Enc. méth.— Gronov. Zooph. 356, tab. 12 , fig. 2 et 3. Naja lavet jang Litsjil, klein zeedraakje. Valent. Ind. 35, p.428, tab. 271.—Seb. Mus. 3 , tab. 34, fig. 4. (2) Le pégase dragon, dragon de mer. En allemand, seedrache, En hollandais , klein draakje, zee-drakje. Pisciculus amboinensis volans , osseo-tuberculosus, proboscide serratä. Gronov. Mus. 1 ,p. 64, n° 146.— Cataphractus corpore tetragono , brevi, scabro. Idem, Zooph. tab. 12, fig. 2 et 3. Nota, que dans la figure donnée par Gronovius, les yeux ne sont pas assez apparens , et le museau est trop court. Pegasus rostro conico..... pegasus draconis. Lan. . Syst. nat. edit. Ginel, gen. 142, sp. 1. — Artedi , Gen. Pisc. gen. nov. p.605, sp. 1. SONNINI. DES PEGASES. 285 de manière à les soutenir aisément et pen- dant un tems assez long, non seulement dans le sein des eaux, mais encore au milieu de l'air de l'atmosphère qu’elles frappent avec force. Ce sont en quelque sorte des poissons ailés , que l’on a bientôt voulu regarder comme les représentans des animaux ter- restres qui possèdent également la faculté de s'élever au dessus de la surface du globe. Une imagination riante les a particulière- ment comparés à ce coursier fameux quêè l'antique mythologie plaça sur la double col- line; elle leur en a donné le nom à jamais célèbre. Le souvenir des suppositions plus merveilleuses , d'images plus frappantes, de formes plus extraordinaires, de pouvoirs plus terribles, a vu, d’un autre côté , dans l'espèce de ces animaux que l’on a connue la première, un portrait un peu ressem- blant, quoique composé dans de très-petites proportions, de cet être fabuleux, qui, en- fanté par le génie des premiers chantres des nations , adopté par l'ignorance, divinisé par la crainte, a traversé tous les âges et tous les peuples, toujours variant sa figure fan- tastique, toujours accroissant sa vaine gran- deür, toujours ajoutant à sa puissance idéale, : et vivra à jamais dans les productions im- 236 HISTOIRE mortelles de la céleste poésie. Ah!sans doute, ils sont bien légers, ces rapports que l’on a voulu indiquer entre de foibles poissons vo- lans découverts au milieu de lOcéan des grandes Indes, et l'énorme dragon dont la peinture présentée par une main habile a si souvent effrayé l'enfance, charmé la jeu- nesse , et intéressé l’âge mür, et ce cheval ailé consacré au dieu des vers par les pre- mers poëtes reconnoissans. Mais quelle erreur pourroit ici alarmer le naturaliste philosophe ? Laissons subsister des noms sur le sens desquels personne ne peut se méprendre , et qui seront comme le signe heureux d’une nouvelle alliance entre les austères scrutateurs des lois de la Nature et les peintres sublimes de ses adimirables ouvrages. Qu’en parcourant l’immense en- semble des êtres innombrables que nous cherchons à faire connoître, les imagina- tions vives , les cœurs sensibles des poëtes ne se croient pas étrangers parmi nous. Qu'ils trouvent au moins des noms hospi- taliers qui leur rappellent et leurs inventions hardies, et leurs allégories ingénieuses , et leurs tableaux enchanteurs , et leurs illu- sions douces; et que, retenus par cet attrait puissaut au milieu de nos conceptions sé- DES PEGASES. 287 vères , ils augmentent le charme de nos con- templations en les animant par leur feu créateur ! Comme tous les animaux de sa famille, le pégase dragon ne parvient guère qu’à un décimètre ( quatre pouces environ) de lon- gueur : il est donc bien éloigné d'avoir dans l'étendue de ses dimensions quelque trait de ressemblance avec les êtres poétiques dont 1] réunit les noms. Mais tout son corps est couvert de pièces inégales en étendue, assez grandes, dures, écailleuses, et par conséquent analogues à celles que l’on a supposées sur le corps des dragons ; elles sont presque carrées sur le milieu du dos, triangulaires sur les côtés; et, indépendamment de cette cuirasse , la queue, qui est longue, étroite, et très- distincte du corps, est renfermée dans un étui composé de huit ou neuf an- neaux écailleux. Ces anneaux, placés à la suite l’un de l’autre et articulés ensemble, ont beaucoup de rapport avec ceux qui entourent et la queue et le corps des syn- gnathes ; comprimés de même par dessus, par dessous, et par les côtés, ils offrent ordinairement quatre faces, et composent par leur réunion un prisine à quatre pans. Au dessous du museau, qui est très- 285 HISTOIRE alongé, un peu conique et échancré de chaque côté, on voit l'ouverture de la bouche située à peu prés comme celle des squales et des acipensères , et qui, de même que celle de ces derniers cartilagineux , a des bords que l’animal peut un peu retirer et alonger à volonté. Les mâchoires sont gar- nies de très-petites dents : les yeux sont gros, saillans, très-mobiles, et placés sur les faces latérales de la tête ; l'iris est jaune : l’oper- cule des branchies est rayonné. De chaque côté du corps s’'avance une prolongation couverte d’écailles, et à l’ex- trémité de laquelle est attachée la nageoire pectorale. Celte nageoire est grande, arrondie, et peut être d’autant plus aisément déployée, qu’une portion assez considérable de mem- brane sépare chaque rayon, et que tous les rayons simples et non articulés partent d’un centre, ou d’une base très-étroite. Aussi le pégase dragon peut-il, quand il veut , éviter plus sûrement la dent de son ennemi, s’é- Jancer au dessus de la surface de l’eau, et ne retomber qu'après avoir parcouru un espace assez long. On aperçoit sur la partie inférieure du corps, qui est très-large, une petite émi- nence longitudinale , à laquelle tiennent les nageoires DES PEGASES. 58 nageoires ventrales, dont chacune ne consiste que dans une sorte de rayon très-long , très- délié, très-mou et très-flexible. La nageoire dorsale est située sur la queue ; elle est trés-petite, ainsi que la caudale et celle de l’anus, au dessus de laquelle elle est placée (1). Au reste, le pégase dragon est communé- ment bleuâtre, et le dessus de son corps est. garni de tubercules rayonnés et bruns. il vit de petits vers marins, d'œufs de poisson , et des débris de substances organisées qu'il trouve dans la terre grasse du fond des mers (2). : (1) A a nageoire dorsale. . . . . 4 À chaque nageoire pectorale . . . 9 À chaque nageoire ventrale. . . . 1 A.celle de Fans, sn ge it tn 5 A celle de da quennn Re 1e Cette dernière est arrondie. . (2) Le pégase dragon vit dans la mer des Indes. SONNINI, =" Poiss, ToME V. LT 200 HISTOIRE a ————— —————————— " ———_——— LE PÉGASE VOLANT (1)(2), PAR LACÉPÉDE. SECONDE ESPÈCE. No us avons trouvé dans les manuscrits de: Commerson une description très - étendue et très-bien faite de ce pégase, dont on n’a jusqu'à présent indiqué que quelques traits, et dont on ne connoît que très-imparfaite- ment la forme; et c’est d’après le travail de ce laborieux naturaliste que nous allons marquer les différences qui séparent du dragon ce cartilagineux. fa (1) Pegasus volans. Lin. édit. de Gmel. Pégase volant. Daübenton, Encyclop. méthod. — Bonaterre, pl. de l'Encycl. méthod. Pegasus rostro ensiformi utrinque serrato, caudæ articulis duodecim. Commerson, Manuscrits déjà cités. (2) Pegasus rostro conico. Mus. Ad. Fr. 2 , p. 56. Pegasus rostro ensiformi denticulato..... pegasus volans. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 142 , sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 605, n° 2. SONNINI: D'ES FE'G'A SES. ‘ao Le museau est trés-alongé, aplati, arrondi et un peu élargi à son extrémité. La face inférieure de ce museau présente un petit canal léngitudinal, ainsi que des stries dis- posées en rayons; et la face supérieure, qui montre un sillon semblable, a ses bords relevés et dentelés. Sur la tête et derrière les yeux on voit une fossette rhomboïdale; et derrière le crâne on aperçoit deux cavités profondes et presque pentagones. Les derniers anneaux de la queue sont garnis d’une petite pointe dans chacun de leurs angles antérieurs et poslérieurs. On compte communément douze rayons a chacune des nageoires pectorales, qui sont arrondies, très-étendues, et très-propres à donner à l’animal une faculté de s’élancer dans Fair assez grande pour justifier lépi- thète de volant qui lui a été assignée. Chaque nageoire ventrale est composée d’un ou deux rayons très-déliés, très-longs et très-mobiles (1). (x) A la nageoire dorsale . . . . . . 5 rayons. Aeelle de. l'anus: A tot rte A celle de la queue, qui est arrondie. 8 TT 2 292 HISTOIRE Le volant habite, comme les autres pé- sages, dans les mers de l'Inde; mais il paroit qu’on le voit assez rarement aux environs de lile de France, où Commerson n’a pu observer qu'un individu desséché de cette espèce, individu qui lui avoit été donné par l'ofhicier général Boulocq. DES PEGASES. 299 LE PÉGASE SPATULE (1) (2), PAR LACÉPÉDE. F TROISIÈME ES P Ë C E. C: poisson diffère des deux pégases que nous venons de décrire, par la forme de la queue, dont la partie antérieure est aussi (1) Pegasus natans. Lin. édit. de Gmel. — Gronov. Zooph. 357. Pégase nageur. Bloch, pl. exxr, fig. 3, 4. Pégase spatule. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méthod. (>) Le pégase spatule , ou le pégase nageur. Eu allemand , schwimmer. En hollandais , zeelzamer, zeedrach. Cataphractus rostro spatuliformi truncato. Gronov. Zooph. p. 357. Nota, que ce naturaliste est le premier qui ait parlé du pégase spatule. | Pegasus rostro ensiformi inermi... pegasus nalans. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 142, sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. nov. gen. p. 606, n° 3. Si lon n’avoit pas à chaque instant l’occasion de se convaincre de la futilité , et quelquefois de l’inconve- nance de la plupart des dénominations spécifiques dont les ouvrages de nomenclature sont remplis, lon N 3 294 HISTOIRE grosse que la partie postérieure du corps proprement dit. Le corps est d’ailleurs moins large à proportion de la longueur de lani- mal ; le museau, très-alongé, aplati, élargi et arrondi à son extrémité, de manière à représenter une spatule , n’est point dentelé sur les côtés; et les mageoires peclorales, beaucoup plus petites que celles des autres pégases, ne paroissent pas pouvoir donner au carülagineux dont nous nous occupons le pouvoir de s’élancer au dessus de la sur- face des eaux. Les anneaux écaiileux qui recouvrent la queue sont plus nombreux que sur les autres poissons de la même fa- mille ; on en compte quelquefois une dou- zaine : le prisme, ou plulôt la pyramide qu'ils composent, est à quatre faces, dont l’inférieure est plus large que les trois. pourroit être surpris de l’épithète de nageur (natans} appliquée comme distinctive à une espèce de poissons; comme si la faculté de nager n’étoit pas inhérente à la nature de tous les animaux de cette classe; comme si le pégase auquel on 2 donné le surnom de so/ant, parce que, par une conformation particulière de ses nageoires, il se soulient pendant de courts instans au dessus de la surface des eaux, n’étoit pas autant nageur que le pégase spatule. SONNINI: DÉS PEGAISES 205 autres; l’anneau le plus éloigné de la tête est armé de deux petites pointes. Le pégase spatule est d’un jaune foncé par dessus , et d’un blanc assez pur par des- sous. Ses nageoires pectorales sont violettes ; les autres sont brunes (1) (2). Cet animal n’a été vu vivant que dans les mers des grandes Indes ; et cependant parmi les poissons pétrifiés que l’on trouve dans le Mont-Bolca près de Vérone, on distingue très-facilement des restes de ce pégase (3). (1) À la nageoire dorsale . . . . . . 5 rayons. À chaque nageoire pectorale. . . . . 9 À chaque nageoire inférieure:..". .".19%7 A. celle de L’anus x... & Ji A, vB A celle de la queue, qui est arrondie. 8 (2) Ses yeux ont la prunelle noire et l'iris jaune. Comme il n’a presque point de chair ,on ne le mange point. SONNINI. (3) Pegasus natans , rostro elongato spatulæformi, corpore oblongo , tetragono. {chthyolithologie de Vé- rone ,par une société de physiciens, seconde partie, pl. v, fig. 5. s T 4 296 HISTOIRE VIN GTIEME GENRE. PAR LACÉPÈDE. LES CENTRISQUES. : E museau très-alongé; les mâchoires sans dents; le corps très-comprimé ; les nageoires ventrales réunies. PRÉMIÉRE ESPÈCE. LE CENTRISQUE CUIR ASSÉ.— Une cuirasse placée sur le dos, et aussi longue que le corps et la queue réunis. SECONDE ESPÈCE. LE CENTRISQUE SsUMPIT. — Üne cuirasse placée sur le dos, et plus courte que le corps et la queue réunis. T'R OI SUITE M LE. ES P'É C E. LE CENTRISQUE BÉCASSE.— Le dos garni de petites écailles. FES. TI 297: De J'eve. del ©, VoysaT4 d 1.LE CENTRISQUE extasre 2.1E GYMNOTE ectrigue, DES CENTRISQUES. 2097 Ab 46: NERO UE CUIRASSÉ (1) (2), PAURAL A CLÉ P' ED 'E, Voyez planche XXI, Jige 1: PREMIÈRE ESPEÈCE. Not avons vu les ostracions, dont la tête, le corps et une partie de la queue (1) Centriscus scutatus. Lin. édit. de Gmel. Id, bécasse bouclier. Bloch, pl. cxxtir, fig. 2. Centrisque cuirassé. Daubenton , Encycl. méth. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méth. — Gronov. Mus. 2, pe18,n° 1971, tab. 7; fig. 3; Zooph. p.129, n° 306. Amphisilen. Klein, Miss, pisc. 4, p. 28, tab.6, fig. 6. — Seba , Mus. 3, p. 107 , tab. 34, fig. 5. Tkan pisan, mesvisch, Val. Ind.5, p. 420 , n° 243, fig. 245 , 254. Ikan , peixe. Ruysch , Theat.an.p.5, tab.3, fig. 7. (2) Le centrisque cuirassé, la bécasse bouclée. Eu allemand , messerfisch. En hollandais , mesvich, gehar- naste schildevisch. Aux Indes, ikan pisan , mes-visch, gala roepanrja. En arabe, farras el bahr, kesab el bakr. Centriscus dorso Loricato lævi..... centriscus SCu- tatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen, 140, sp. 1. — Artedi, Gen. pisc. nov. gen. p.603, n°1. Centriscus corpore loricato , pellucido , lœvi ; caudë 298 HISTOIRE sont entourés d’ane croûte solide et préser- vatrice, représenter, au milieu de la nom- breuse classe des poissons, la tribu remar- quable des tortues, qu’une carapace et un plasiron très-durs environnent aussi d’une enveloppe presque impénétrable, Mais, parmi ces tortues, et particulièrement parmi celles qui, plus rapprochées des poissons, passenk. la plus grande parlie de leur vie au nulieu des eaux salées, il en est qui n’ont reçu que des moyens de défense moins complets : la tortue luth, par exemple, qui habite dans la mer Méditerranée, n’est à l’abri que sous une carapace; elle est dénuée de plastron : elle n’a qu’une sorte de cuirasse placée sur son dos; elle a aussi son analogue parmi les poissons, et c’est la famille des centrisques, et sur-tout le centrisque cuirassé, qui, comme la tortue luth, a sur son dos une longue cui- rasse terminée, du côté de la queue, par une pointe aiguë, laquelle a fait donner à incurvaté. Gronov. Zooph. n° 396; et Mus. n° 177, tab. 5, fig. 3. Amphisilen caudé rectä, Seb.Thes. tom. IE, p. 107, tab. 54, fig. 5. Centriscus scutatus. Forskœl, Faun. Ægypt. arab. par, n° 55. SONNINI. DES CENTRISQUES. 209 tout le genre le nom de centrisque ou d’ai- guillonné. Si les centrisques sont, à quelques égards, une sorte de portrait de la tortue luth, ils n’en sont cependant qu’une image bien diminuée. Quelle différence de gran- deur en effet entre une tortue qui parvient à plus de deux mètres de longueur (environ six pieds), et des centrisques qui le pius souvent ne sont longs que de deux décimètres (environ sept pouces) !, "Tant la Nature, cette cause puissante de toute existence , cette source féconde de toute beauté, ne cesse de varier par tous les dégrés de la grandeur , aussi bien que par toutes les nuances des formes, ces admirables copies par lesquelles elle multiplie avec tant de profusion, et sur la surface sèche du globe, et au mulieu des eaux, les modèles remar- quables sur lesquels on seroit tenté de croire qu'elle s’est plue à répandre d’une mamiére plus particulière le feu de la vie et le prin- cipe de la reproduction ! D'ailleurs la cuirasse longue et pointue qui revêt le dos des centrisques, au lieu de s'étendre presque horisonialement sur un corps aplali, comme dans les tortues, se plie dans le sens de sa longueur , an dessus des animaux que nous allons décrire, pour 300 HES TOTRE descendre sur les deux côtés d’un corps très- comprimé. Cette forme est sur - tout très- marquée dans le centrisque cuirassé. Ce dernier cartilagineux est en effet si aplati par les côtés qu’il ressemble quelquefois à une lame longue et large. La cuirasse qui le couvre est composée de pièces écailleuses très-lisses, attachées ensemble, unies de si près que l’on ne peut quelquefois les dis- tüinguer que très - difficilement l’une de Fautre, et si transparentes que l’on aperçoit aisément la lumière au travers du dos de lammal. Au reste, cette sorte de demu- transparence appartient, d’une manière plus ou moins sensible, à presque toutes Les parties du corps du centrisque cuirassé. La couverture solide qui garantit sa partie supérieure est terminée, du côté de la na- geoire de la queue, par une pointe très ralongée qui dépasse de beaucoup le bout de celte nageoire caudale ; et cette espèce d’aiguillon se divise en deux parties d’égale longueur, dont celle de dessus emboîte à demi linfé- rieure, et peut être un peu soulevée au . dessus de cette dernière. Au dessous de ce piquant, et à un grand éloignement du corps proprement dit, est là première nageoire dorsale , qui le plus DES CENTRISQUES. 3oi souvent ne renferme que trois rayons, et dont la membrane est communément atta- chée à ce même piquant, lequel alors peut être considéré comme un rayon de plus de cette première nageoire dorsale, Le museau est très-alongé ; il est d’ailleurs fait en forme de tube, et c’est à l'extrémité de ce long tuyau qu'est placée l'ouverture de la bouche. Cet orifice est très-étroit:; mais quelquefois, et sur-tout après la mort de l'animal, la membrane qui réunit les deux longues mâchoires dont le tube est composé se déchire et s’oblitère; les deux mâchoires se séparent presque jusqu’au dessous du siège de l’odorat ; l'ouverture de la bouche devient très-grande , et la mâchoire supérieure se divise longitudinalement en deux ou trois pièces qui sont comme les élémens du tuyau formé par le museau. L'ouverture des narines est double; celle des branchies est grande et curviligne , lopercule lisse et transparent. Chaque côté du corps est garni de dix ou onze pièces écailleuses, minces, et pla- cées transversalement. Elles sont relevées dans leur milieu par une arête horisontale; et la suite de toutes les arêtes qui aboutissent l’une à l’autre forme une ligne latérale assez 302 HISTOIRE saillante. Ces lames sont un peu arrondies dans leur partie inférieure, et réunies avec les lames du côté opposé par une portion membraneuse très-mince qui fait paroître le dessous du corps irès-caréné. Les nageoires pectorales sont un peu éloignées des branchies; les ventrales sont réunies, et de plus si petites et si déliées que souvent elles échappent à l'œil, ou sont détachées, par divers accidens, du corps de Vanimal (1). La seconde dorsale et celle de Vanus sont très-près de celle de la queue, dont la colonne vertébrale est détournée de ‘sa direction, et fléchie, pour ainsi dire, en en bas par la partie postérieure de la cui- rasse qui la recouvre. Les différentes formes remarquables que nous venons de décrire attirent d’ailleurs l'attention par la beauté et la richesse des couleurs qu’elles présentent : le dos est d’un brun doré brillant, quoique foncé ; les cÔLÉS (1) A la première nageoire du dos . . 3 rayons. AMAR SECONdE a 26) 1e ds Med au RE A chaque nageoire pectorale. . . . 11 AFIA vVeRtrAle "se APR NAN MEL ES A'celle de lanus rs SN SIND LE SMANOsS À celle de la queue, quiest rectiligne 12 DES CENTRISQUES. %o3 sont argentés èt jaunes; le dessous du corps est rouge avec des raiestransversales blanches, et presque toutes les nageoires sont jaunâtres. Le poisson qui montre cet éclatant assor- tunent de plusieurs nuances vit, comme les pégases, de petits vers marins et des débris de corps organisés qu’il peut trouver dans la vase; mais bien loin de jouir, ainsi que les pégases, de la faculté de s’élancer avec force au dessus de la surfaçe de l’eau , :ül est réduit, par la petitesse de ses nageoires et la roideur d’une grande partie de son corps, à n’exécuter que des mouvemens peu rapides. Il habite dans les mers de l'Inde , ainsi que l’espèce dont nous allons parler (1). (1) « Après avoir coupé, dit Biocch , les boucliers du ventre de ce poisson, j'ai trouvé sa chair si mince, qu’elle ne pouvoit guère peser plus de quelques grains. Elle avoit crû des deux côtés par dessus les boucliers, et étoit d’ane belle couleur blanche et brillante. Le foie consistoit en deux petites plaques; appuyées des deux côtés sur les boucliers. L’estomac étoit mince , long et rond, et rempli de petites écre- visses. Le canal des intestins avoit deux sinuosités, et étoit encore moilié aussi long que le poisson », (Histoire naturelle des poissons , article de la bécasse &ouclée, ) . SONNINI, 504 HISTOIRE LE CE NT R PSOU E SU SEP TEL" (2) PA CRE DUA; C'ÉCPAEDE SÉCONDE ESPÈCE. C E poisson est très-petit; il ne parvient ordinairement qu'à la longueur de cinq ou six centimètres ( un pouce dix lignes à deux pouces ) : sa parure est élégante; l'éclat de l'argent brille sur les côtés de son corps, et se change sur sa partie supérieure en une (1) Centriscus sumpik. Centriscus velitaris. Lin. édit. de Gmelin. — Pallas, Spicil. zool. 8, p.56 , tab. 4 , fig. 6. Centrisque sumpit. Daubenton , Encyc. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (2) Dans la langue des malais , :lan-sumpit , ou iktan-pisan. Centriscus corpore ex oblonso lanceolato , setulis recumbentibus et adnatis hispido.,... centriscus veli- taris. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 140, sp. 3. — Artedi, Gen. pisc, nov. gen. p.603, n° 3. Sonnini. sorte DES CENTRISQUES: 3ob sorte de couleur d’or un peu pâle, que re- lèvent quelques raies de différentes cou- leurs et placées obliquement. On ne voit sur son dos qu’une cuirasse assez courte , en comparaison de celle qui garantit l’es- pèce de centrisque que nous avons déjà décrite ; et c'est parce que cette arme dé- fensive ne s'étend pas jusqu’à l’extrémité de la queue, que Pallas, auquel nous de- vons la connoissance de cet animal, la désigné par l’épithète d’armé à la légère. Cette armure moins étendue lui donne d’ail- leurs des mouvemens plus libres, qui s’ailient fort bien avec l’agrément des couleurs dont il est peint. Au reste, cette couverture se iermine en pointe, et se réunit, pour ainsi dire ,; à une sorte de piquant couché en arrière, un peu mobile, très-aigu, dentelé, creusé par dessous, et placé au dessus d’un second aiguillon que le poisson cache à vo- lonté dans une fossette longitudinale. A la suite de ces pointes, que l’on peut consi- dérer comme une première nageoire dor- sale, d'autant plus qu’elles sont réunies par une membrane, on voit la seconde na- geoire du dos, dans laquelle on compte Poiss. TouE V. A: 506 ÉHES TOIRE douze rayons (1). Une petite raie saillanté s'étend de chaque côté, depuis le bout du museau jusqu'à l'œil, et un petit aiguillon recourbé vers l’anus est placé au devant de celte dernière ouverture. (1) À la membrane des branchiesilya 3 rayons. A chaque nageoire pectorale . . . 13 À chaque nageoire ventrale. , . . 4 Aicellede l'ame res St 20 À celle de dla queue .. 4 1. 12 DES CENTRISQUES. 5o7 =. LE CENTRISQUE BÉCASSE (1) (2), PAR "LACEPÉDE. TROISIÈME ES PECE. Czr animal , que l’on voit quelquefois dans le marché de Rome , et dans ceux (1) Centriscus scolopax. Sur la côte de Gênes, érombelta. Aux environs de Rome, soflietta. — Elephas. Centrisque bécasse. Daubenton , Encyc. méthod., — Bonaterre , pl. de l’Encyc. méthod. Centriscus scolopax. Lin. édit. de Gmel. Bécasse , scolopax , ascalopax. Rondelet, Histoire des poissons, liv. 15 , chap. 4. Centriscus squamosus. Bloch , pl. exxz11, fig. 1. — Gronov. Zooph. p. 128 , n° 506. Me erschnepf. Jonst. lib. 1, tit. 1, cap. 1, a. 4, tab. 1 , n° 0. Solenostomus rostro trientem totius piscis æquante. Klein , Miss. pisc. 4, p. 24, n° 1. — Gesner, Aquat. p. 838 , Icon. anim. p. 11, Thierb. p. 4. Scolopax. Aldrov. Pise. p. 298. — Willughby, Icht. p.160 tabsa, 25422 Trumpet, or bellows fish. Ray, Pisc. p. 50. — Charleton , Onom. p. 123. Balistes aculeis duobus, loco pinnarum ventralium, solitario intra anum. Artedi, gen. 54, syn. 82. N'a 308 HIS TE OR FE des pays voisins, n’est pas tout à fait aussi petit que le sumpit : il présente ordinaire- ment une longueur de plus d’un décimètre ( trois pouces huit lignes ), et se distingue facilement de plusieurs autres poissons avec lesquels on lapporte, par sa couleur qui est d’un rouge tendre et agréable. Les pièces qui composent la couverture supérieure du cuirassé el du sumpit, sont remplacées sur le centrisque bécasse par des écailles dures, pointues, et placées les unes au dessus des autres; mais on voit un piquant à l’extré- milé du dos de ce cartilagineux , comme sur celui des poissons de son genre qui sont déjà connus. Cet aiguillon très-fort, dentelé des deux côtés, et mobile de manière à pouvoir être couché dans une fosselte, est le premier rayon de la nageoire dorsale (2) La bécasse. En grec et en latin, dérivé du grec, scolopax et ascalopax. Par quelques-uns, elphas, à cause de son museau alongé que l’on a comparé à la trompe d’un éléphant. En allemand, meerschnepffe,, schneppenfisch. En anglais, snippe- fish, trumpet- bellows fish. À Marseille, cardilagno. Centriscus corpore squamoso, scabro , caud& rectä extensä.... centriscus scolopax. Lin. Syst. nat. edit, Gmel. gen. 140, sp. 2. — Bruuuich , Ichthyol. massil. P. 8: Sp.417. SONNINI. DES CENTRISQUES. 3oa antérieure, dans laquelle on compte quatre rayons en tout ; la seconde nageoire dor- sale est composée de dix - sept rayons (1). L’extrémilé du long museau du poisson que: nous. décrivons, est un peu relevée, et: présente l’ouverture de la bouche ; que. l'animal peut fermer à volonté par le moyen d’un opercule attaché au bout de la mâ- choire inférieure. C’est la grande prolonga- tion de ce museau , et la forme assez ténue de cette sorte de tuyau, qui ont fait com- parer ce carlilagineux dout nous nous oc- cupons, tantôt à une bécasse, et tantôt à l’un des quadrupèdes les plus éloignés de ce poisson. par les divers traits de leur confor- mation, ainsi que par l’énormité de leur taille, à l’éléphant , dont le nez s'étend cependant en une trompe bien différente, dans son organisation, du museau d’un cen- trisque. La figure de ce même museau a fait aussi donner le nom de soufflet à la bécasse, (1) À la membrane des branchies . . 3 rayons. À chaque nageoire pectorale . . . 17 À chaque nageoire inférieure . . «+ 5 RE A celle de la queue ,quiest arrondie 9 V 5 Nceherïde Panda "Tete | sud mo ‘EI DST O T RUE) ct; dont on s’est beaucoup occupé, parce que ce poisson a une chair délicate (1). Le premier rayon des uageoires pectorales de ce cen- trisque est très - long ; les nageoires infé- rieures sont très-petites, et lanimal peut les cacher aisément dans un sillon osseux, (1) Mais commeil est fort petit , on le vend presque toujours dans les marchés , mêlé avec d’autres éspèces aussi pelites , mais moins délicates. SonNint. PUOPFSS ON SEEOS SEE NU X'; PAR LACÉPÉÈÉDE. Lorsque nous avons, par la pensée ; réuni autour de nous les diverses espèces de poissons qui peuplent les:mers ou les eaux douces du globe, lorsque nous les avons contraintes, pour ainsi dire, à se dis- tribuer en différens groupes, suivant l’ordre des rapports qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en deux immenses tribus. D’un côté ont paru les poissons car- tilagineux ; de l’autre, les osseux. Nous nous sommes occupés des premiers ; examinons avec soin les seconds. Nous avons assez in- diqué les différences qui les séparent; expo- sons donc, au moins rapidement, les res- semblances qui les rapprochent. Elles sont grandes, en effet, ces ressemblances qui les lient. Les formes extérieures , les. organes intérieurs , les armes pour attaquer, les boucliers pour se défendre ; la puissance pour nager, l'appareil pour le vol, et jus- qu’à cette faculté invisible et terrible de faire éprouver à de grandes distances des commotions violentes et soudaines, tous ces V 4 312 POTIS:S OùN'S attributs, que nous avons remarqués dans les cartilagineux ; nous allons les retrouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, opposer aux pétromyzons et aux gastro- branches , les cécilies , les murènes, les ophis ; aux raies, les pleuronectes ; aux squales , les ésoces ; aux acipensères, les loricaires ; aux syngnathes, les fistulaires ; aux pégases, les trigles et les exocets; aux torpilles et au tétrodon électrique, le gym- note et le silure, également électriques ou engourdissans. À la vérité, les diverses con- formations des cartilagineux ne se montrent dans les osseux qu'altérées, accrues, dimi- nuées, ou du moins différemment combi- nées; mais elles reparoissent avec un grand nombre de leurs premiers traits, pour qu’on les reconnoisse sans peine. Elles annoncent toujours l’identité de leur origine; elles at- testent l’unité du modèle d’après lequel la Nature a façonné toutes les espèces de poissons qu'elle à répandues au milieu des eaux. Et que ce type de la vitalité et de Vanimalité de ces innombrables animaux est digne de l'attention des philosophes ! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à la grande classe dont nous cherchons à dé- voiler les propriétés : son influence irrésis- OFSCS EEUL X. 313 tible embrasse tous les êtres qui ont reçu la sensibilité. Bien plus, son image est em- preinte sur tous les produits de la matière organisée. La Nature n’a, pour ainsi dire, créé sur notre globe qu’un seul être vivant, dont elle a ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. Sur la planète que nous habitons, avec la matière brute que nous foulons aux pieds, au milieu de l’atimos- phère qui nous environne , à la distance où nous sommes placés des différens corps cé- lestes qui circulent dans l’espace, et sous l'empire de cette loi qui commande à tous les corps et les fait sans cesse graviter les uns vers les autres, il n’y avoit peut-être qu'un moyen unique de départir aux agré- gations de la matière la force organique, c’est-à-dire , le mouvement de Ja vie et la chaleur du sentiment. Mais, comme cette cause première présente une quantité infnre de dégrés de force et de développement, et que par conséquent elle a donné naissance à un nombre incalculable de résultats pro- duits par les différentes combinaisons de cette série immense de dégrés, la Nature a pu être aussi admirable par la variété des détails qu’elle a créés, que par la sublime simplicité du plan unique auquel elle s’est 514 PŒTS:S ONS asservie. C’est ainsi qu’en parcourant Îe vaste ensemble des êtres qui s'élèvent au dessus de la matière brute ; nous voyons une diversité, pour ainsi dire, sans bornes, de grandeurs, de formes el d'organes, de- venir, par une suile de toutes les combi- paisons qui ont pu êlre réalisées, le prin- cipe et le résultat d’une intussusception de substances très-divisées , de l’élaboration de ces substances dans des vaisseaux parlicu- liers, de leur réunion dans des canaux plus ou moins étendus, de leur mélange pour former un liquide nutritif. C’est ainsi quelle est la cause et l'effet de l’action de ce li- quide, qui, présenté dans un état de divi- sion plus ou moins grand aux divers fluides que renferment l’air de l'atmosphère , ou l'eau des rivières et des mers, se combine avec celui de ces fluides vers lequel son essence lui donne la tendance la plus forte; en reçoit des qualités nouvelles, parcourt toutes les parties susceptibles d’accroissement ou de conservation; maintient dans les fibres lirritabilité à laquelle il doit son mouve- ment; devient souvent, en terminant sa course plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une nouvelle substance plus ac- tive encore; donne par cette métamorphose OSS EU X. 315 à l'être organisé le pouvoir de sentir; ajoute à la faculté d’être mu celle de se mouvoir; convertit une sujétion passive en une vo- lonté efficace, et complette ainsi la vie et V’animalité. Nous venons de voir que les mêmes formes extérieures et intérieures se présen- tent dans les poissons cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats de la con- formation, prise dans toute son élendue ; doivent donc être à peu près les mêmes dans ces deux sous -classes remarquables. Et voilà pourquoi les osseux nous offriront des habitudes analogues à celle que nous avons déjà considérées en traitant des carti- lagineux, non seulement dans la manière de venir à la lumière, maïs dans celle de combattre, de fuir, de se cacher, de se mettre en embuscade, de se nourrir, de rechercher les eaux les plus saluiaires, la température la plus convenable, les abris les plus sûrs. Voilà pourquoi encore nous verrons dans les osseux, comme dans les cartilagineux, l'instinct se dégrader à mesure que des formes très-déliées et un corps très- alongé seront remplacés par des proportions moins propres à une grande variété de mou- vemens, et sur-toul par un aplatissement r4 316 PO ES:S"0 NS très-marqué. Nous verrons même ce décrois- sement de lintelligence conservatrice, dont nous avons déjà. parlé (4), se montrer avec bien plus de régularité dans les poissons osseux que dans les cartilagineux, parce qu’il n’y est pas contrebalancé, comme dans plusieurs de ces derniers, par des organes particuliers propres à rendre à l'instinct plus de vivacité que ne peuvent lui en ôter les autres porlions de l’organisation. . En continuant de considérer dans tout leur ensemble les osseux et. les cartilagi- neux, nous remarquerons que les prenuers coniprennent un bien plus grand nombre d'espèces rapprochées de nos demeures par leurs habitations, de nos besoins par leur ublité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C'est principalement leur histoire qui, en- trainant facilement la pensée hors des limites et des lieux et des tems, rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire, à notre cœur attendri, et les ruisseaux , et les lacs, et les fleuves, et les jeux innocens de l'enfance, et les joyeux aimusemens d’une jeunesse aimante sur les bords verdoyans de ces eaux romamiques. On ébranle vivement l’imagi- : (1) Discours sur la nature des poissons. OS SEHUÛUX 317 nation en peignant l'immense Océan qui soulève majestueusement ses ondes, et les flots tumultueux mugissant sous la violence des tempêtes, et les énormes habitans des mers resplendissans au milieu de l’éclatante lumière de la zone torride , ou luttant avec force contre les énormes montagnes de glace des contrées polaires : mais on émeui pro- fondément l’ame en lui retraçant la surface tranquille d'un lac qui réfléchit la clarté mélancolique de la lune, ou le murmure léger d’une rivière paisible qui serpente au milieu de bocages sombres, ou les mou- vemens agiles, les courses rapides , et, pour ainsi dire , les évolutions variées de poissons argentés, qui, en se jouant au milieu d’un ruisseau limpide, troublent seuls le silence et la paix d’une rive ombragée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour le génie; les seconds appartiennent à la touchante sensibilité. 318 HISTOIRE 2 ——— ———————— — —————— — : SE d qe | ————— SECONDE SOUS-CLASSE. FOOT SIONS ONCE DU X; P'A:B “L'AUC É P Ë D El Les parties solides de l'intérieur du corps , osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une mem- brane des branches. DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION: DES OSSEUX: Poissons apodes, ou qui n'ont pas de nageoires inférieures entre le museau et l'anus. VINGT-UNIEME GENRE. LES CECILIES. Por N Tr de nageoires ; l'ouverture des bran- chies sous le cou. D ES CP CTLTE S. 51q ESPÈCEXÆ, LA CÉCILIE BRANDÉRIENNE; cœcilia Branderiana. — Le corps anguilliforme ; le museau très-pointu ; les dents aiguës; huit petits trous sur le devant de la tête, sept sur le sommet de celte même partie; sept sur l’occaput. 520 HISTOIRE L'A::C É C'EBTDTE BRANDERIENNE (à), Ph R:LACEPEUE. N ous avons dû nous déterminer d'autant plus aisément à placer les cécilies dans un genre différent de toutes les autres familles de poissons osseux , et particulièrement des murènes, parmi lesquelles elles ont été ins- crites, qu’elles présentent un caractère dis- ünctif des plus remarquables : elles n’ont absolument aucune sorte de nageoire ; et ce defant constant est d’auiant plus digne d'attention, que pendant long -tems on a regardé la présence de plusieurs nageoires, ou au moins d'une de ces parties, comme une marque caractéristique de la classe des (1) Cæcilia branderiana. Muræna cæca. Lin. édit. de Gmel. Murène aveugle. Bouaterre, pl. de l'Encyc. méth. (2) Muræna apterygia , rostro acutiusculo....... muræna cæca. Lan. Syst. nat. gen. 145, sp. 7.— Art, Gen. pisc. gen, 17. additament. species dubiæ , sp. 10. SONNINI. poissons. D ES: GE GELDREÉE S. Si poissons. Cette absence totale de ces organes extérieurs de mouvement sufliroit même pour séparer les cécilies de tous les pois- sons carlilagineux , puisqu'elle n’a encore été observée sur aucun de ces derniers ani- maux, ainsi qu'on à pu s'en convaincre en lisant leur histoire. D'ailleurs on n’a pas encore découvert un organe de la vue dans les cécilies : elles en paroissent entièrement privées ; et par cette cécité, elles s’éloignent non seulement de presque ious les pois- sons, mais même de presque tous les ani- maux vertébrés et à sang rouge, parmi lesquels on ne connoît encore qu’un mam- mifère nomimé éyphle (1), et le genre des cartilagineux nominés gastrobranches, qui aient paru complettement aveugles. C'est donc avec les gastrobranches qu'il faut par- ticulièrement comparer les cécilies. D’autres rapports que celui de la privation de la vue, les lient d'assez près. Les ouvertures des branchies sont placées sous le corps dans ces deux genres ; mais, dans les gastro- (1) Nous avons donné l’histoire et la figure de ce singulier animal sous le nom de rat - taupe, dans notre Histoire des quadrupèdes, tom. X XV, p. 299. SONNINI. Poiss. Tome V. ‘ à 522 FE HSPL0 PRE branches , elles son! situées sous le ventre, pendant que dans les cécilies on les voit sur la partie inférieure du cou. Ces deux familles ont le corps trés -alongé, cylin- drique , serpentiforme, souple comme celui des murènes , enduit d’une humeur abon- dante; et on distingue aisément sur la tête des cécilies les principales ouvertures par lesquelles se répand celle viscosité. Dans la seule espèce de ce genre décrile jusqu'à présent, on remarque aisément huil pores ou petits trous sur le devant de la tête, sept u sommet de cette même partie, et sept autres sur l’occiput : ces vingt-deux orifices sont certainement les extrémités des vais- seaux destinés à porter à la surface du corps la liqueur onctueuse propre à la ramollir et à la lubrifier. Cette même espèce dont Linnæus a dû-la première connoissance à Brander, et que nous avons cru devoir en conséquence nommer la brandérienne, a les mâchoires très-avancées, et garnies de dents très-aigués ; c’est au dessous de son museau, qui est très-pointu , que l’on voit de chaque côté, au bout d’un très-petit tube, l’ouver- ture des narines ; et de plus, Panus est plus près dé la tête que de l’extrémiié de la queue. Ceite cécilie vit dans les eaux de la à — D ES 'CECILIHES. 9328 Méditerranée, auprès des côtes de la Bar- barie, où elle a été observée par Brander. Nous n'avons pas vu cette espèce. Nous soupconnons qu'elle n’a ni opercule, ni membrane des branchiès. Si notre conjec- ture à cet égard étoit fondée, il faudroit ôter les cécilies dé la place que nous leur avons donnée dans le tableau général, et les transporter de la tête du premier ordre de la première division des osseux, au premier rang du premier ordre de la quatrième divis sion de ces mêmes osseux. X 2 524 HISTOIRE LE COLLIBRANCHE (1). Cr poisson, dont Lacépède n’a pas parlé, se rapproche beaucoup des cécilies. Il n’a ni écailles, ni nageoires. Sa tête se termine en pointe; il a la forme d’un ver, sa bouche est au dessous de la tête et l’anus au milieu du corps. Sept petites dents garnissent Îles mâchoires. En élargissant l'ouverture des ouïes, on en aperçoit quatre de chaque côté. Le collibranche vit dans la mer des Indes; le docteur Bloch; à qui les naturalistes en doivent la connoissance, l’a placé dans un genre qui ne comprend encore que celte seule espèce; genre que Bloch a nommé sphabrange , et auquel il assigne pour carac- tère des ouvertures branchiales à la gorge. Cet arrangement méthodique est tout ce que l’on sait au sujet du petit poisson de cet article; c’est dire assez que son histoire naturelle est encore très-peu avancée. (1) Ze collibranche. En allemand, doppelte halskieme. En anglais , double-chin-gilt. Sphagenbranchus rostratus; le collibranche. (Bloch, Estoire naturelle des poissons, genre 4.) ‘ Le DES MONOPTERES. 32h a VINGT-DEUXIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE: LES MONOPTÈRES. Poinx d'autre nageoire que celle de la queue ; les ouvertures des narines placées entre les yeux. LS PTE E LE MONOPTÈRE JAVANAIS; mOonopéerus javanensis. — Le corps plus long que la queue, et dénué d’écailles facilement vi- sibles. 326: HISTOLRE LE MONOPTÈRE JAVANAIS (1), PAR LACÉPÉÈDE. Cr poisson n’est pas entièrement privé de nageoires, comme la cécilie brandérienne; mais il n’en a qu'à la queue, et même lex- trémité de cette partie est une sorte de pointe assez déliée, autour de laquelle on n'aperçoit qu'à peine la nagcoire caudale. C’est de ce caractère que nous avons tiré le nom de monoptère, ou de poisson à une seule nageoire, que nous avons donné au genre non encore connu des naturalistes, dans lequel nous avons inscrit le javanais; el cette dénominalion de Javanais indique le pays qu'habite l'espèce dont nous allons décrire rapidement les formes. Cette espèce se trouve en effet dans le détroit de la (1) Monopterus javanensis. Conger sive anguillu , desuper è livido nigricans, subteriës ferruginea , caud4 pinnat&, apice subnu- diusculo peracuto , naribus in oculorum intercapedine, Manuscrits de Commerson , cinquième cahier de des- criplions zoologiques, 1 768. DES MONOPTERES. 327 Sonde, auprès des côtes de l'ile de Java : elle y a été vue par Commerson, auquel nous devons d’être instruits de son exis- tence, et qui a laissé dans ses manuscrits des observations très-détarilées au sujet des formes et des dimensions de cet animal, qu'il avoit rapporté au genre des anguilles ou des congres, parce qu'il n’avoit pas fait atlention au caractère tiré da nombre des nageoires. EHe y est très-bonne à manger, et si nombreuse en individus que chaque jour les naturels du pays apportoient une trés-grande quantité de ces monoptères Ja- vanais au vaisseau sur lequel étoit Com- merson. Son goût doit ressembler beaucoup à celui des murènes, dont elke'a en très- grande partie la conformation, et particu- Hèrement le corps serpentiforme, visqueux; et dénué d'écailles facilement visibles. La tête est épaisse, comprimée ; bombée cepen- dant vers l’occiput, et terminée en devant par un museau arrondi. l'ouverture de la bouche est assez grande : la:maàchoire supé- rieure n'avance guère au delà de Finfe- rieure; elles sonk toutes les deux garnies de dents courtes et serrées comme celles d'une lime; et une rangée de dents sem- blables est placée dans: lintérieur de la X 4 328 HISTOIRE gueule, tout autour du palais. La base de la langue, qui est cartilagineuse et creusée par dessous en gouttière, présente deux tubercules blanchâtres. Les ouvertures des narines ne sont pas placées au haut d’an petit tube ; on'ne les voit pas au devant des yeux, comme sur le plus grand nombre de poissons, mais au dessus de ces mêmes organes. T'opercule des branchies, mollasse et flasque, paroît comme une duplicature de la peau; la membrane branchiale n’est soutenue que par trois rayons, que l’on ne disiingue qu'en disséquant cette même membrane : les branchies ne sont qu’au nombre de trois de chaque côté; les os qui les soutiennent sont très-peu courbés, et ne montrent, dans leur côté concave, aucune sorte de denticule, ni d’aspérité. Si la na- geoire caudale renferme des rayons, ils sont imperceptbles, tant que cette nageoire n’est pas altérée; et comme la queue est très- comprimée, cetle dernière partie ressemble assez à une lame d’épée à deux tranchans. La ligne latérale, plus rapprochée du dos que du ventre, s'étend depuis les branchies jusqu’à l'extrémité de cette même queue; elle est presque de la couleur de l'or. Le dos est d’un brun livide et noirâtre; les DES MONOPTERES. 3% côtés présentent la même nuance, avec de petites bandes transversales couleur de fer : cette dernière teinte s'étend sur tout le ventre, qui est sans tache. La longueur des monoptères javanais est ordinairement de près de sept décimètres (deux pieds envi- ron); leur circonférence, dans l’endroit le plus gros de leur corps, d’un décinètre (environ trois pouces et demi); et leur poids de plus d’un kilogramme (environ deux livres et demie ). 330 THIS TO CE VINGT-TROISIEME GENRE. PAR LACÉPÈDE. LES LEPTOCÉPHALES. Poixr de nageoires pectorales, ni cau- dales; Fouverture des branchies située en partie au dessous de la tête. FSLPRE CIE. LE LEPTOCÉPHALE MORRISIEN ; /eploce- phalus morrisianus.— Le corps très-alongé et comprimé; les nageoires du dos et de l'anus très-longues et très-étroites. DES" LEPTOCEPHALES. 3351 ES ct J’HAMECON DE MER (1). Voyez planche XXE, fig. 2. LE LEPTOCÉPHALE MORRISIEN (2), PAR LACÉPEDE Coevre espèce est la seule que lon con- noisse dans le genre des leptocéphales. Elle n’est point entièrement privée de nageoires, comme les cécilies; elle n’est pas réduite à une seule nageoire, comme les monoptéres : mais elle n'a point de nageoïre de la queue, ni même de nageoires pectorales; elle ne présente qu'une nageoire dorsale et une nageoiïre de: l'anus, toutes les deux très- (1) L’hamecon de mer. En anglais, morris anglesea. Leptocephalus. Artedi, Gen. pise. nov.gen. p: 605;, n°1. SONNINI. . (2) ZLeptocephalus morrisianus. Leptocephalus Morrisii. Lin. édit. de Gmelin. — Grouov. Zooph. n° 409, tab. 13, fig. 3. — Britan. 7.001. 3:p- 195. | Petite tête, hameçon de mer. Bonaterre, pl. de VEncycel. method, 332 HISTOIRE longues, mais très-étroites, et dont l’une garnit presque toute la partie supérieure de Vanimal, pendant que l’autre s'étend depuis anus jusques vers l'extrémité de la queue. Le morrisien se rapproche encore des cé- cilies par la position des ouvertures bran- chiales, qui sont situées en partie au dessous de la tête. Son corps n’est cependant pas cylindrique comme celui des cécilies; il est très-comprimé latéralement ; et comme ses tégumens extérieurs sont minces, mous et souples, ils indiquent par leurs plis le nombre et la place des différentes petites parties musculaires qui composent les grands muscles du dos, des côtés et du dessous du corps. Ces plis ou ces sillons sont transver- saux, mais inciinés et trois fois coudés, de telle sorte qu'ils forment un double rang longitudinal d'espèces de chevrons brisés, dont le sommet est tourné vers la queue. Ces deux rangées sont situées lune au des- sus et l’autre au dessous de la ligne laté- rale, qui est droite, et qui règne d’un bout à l’autre du corps et de la queue à une distance à peu près égale du bord supérieur et du bord inférieur du poisson; et chacun des chevrons brisés de la rangée d'en haut rencontre, le long de cette ligne latérale, DES LEPTOCEPHALES. 333 un de ceux de la rangée d’en bas, en for- mant avec ce dernier un angle presque droit. La tête est très-petite et comprimée comme le corps, de manière que l’ensemble du pois- son ressemblant assez à une lame mince, il] n’est pas surprenant que l'animal ait une demi - transparence très-remarquable. Les yeux sont gros; les dents qui garnissent les deux mâchoires très-petites. Les individus les plus grands n’ont guère plus de douze centimètres (environ cinq pouces) de lon- gueur. Ou trouve les leptocéphales dont nous nous occupons auprès de la côte de Holy- head , et d’autres rivages de la Grande-Bre- tagne ; et on leur a donné le nom qu'ils portent à cause du savant anglais Morris, qui les a observés avec soin. 354 HES'TO'IR E VINGT-QUATRIEME GENRE. PAR LACÉPÉÈDE. LE SAN MN: O TES: Ds nageoires pectorales et de l’anus ; point de nageoires du dos ni de la queue. PREMIER SOUS-GENRE. La mächoire inférieure plus avancée. PREMIÈRE ESPÈCE. LE GYMNOTE ÉLECTRIQUE ; gymnoëius electricus. — La tête parsemée de petiles ouvertures ; la nageoire de l’anus s’étendant jusqu'à l'extrémité de la queue. DEUXIÈME ESPÈCE. LE GyMNoTE puTAOL ; gymnotus pulaol. — La tête petite; la queue courte; des raies transversales. TROISIÈME ESPÈCE. LE GYMNOTE BLANC; gymnotus albus: — Deux lobes à Ja lèvre supérieure ; la couleur blanche. DES GYMNOTES. 335 SECOND SOUS-GENRE. La mâchoire supérieure plus avancée. QUATRIÉÈME ESPÈCE. LE GYMNOTE CARAPE; gy/MnnotuS carapo. — La nageoire de l’anus étendue presque jusqu'à l’extrémité de la queue. CINQUIÈME ESPÈCE. LE GYMNOTE FIERASFER; gÿmnolus Jierasfer. — Une saillie sur le dos; la nageoire de l'anus ne s'étendant pas jusqu’à l'extrémité de la queue. SIXIÈME ESPÈCE. LE GYMNOTE LONG-MUSEAU; gymnotus longirostratus. — Lie museau très-alongé; la nageoire de l’anus ne s'étendant pas jusqu’à l'extrémité de la queue. | 336 HISTOIRE LE GYMNOTE ELECTRIQUE (1)(2), PAR LACÉPÉÈDE. Voyez la planche X XI, figure 3. PREMIÈRE ESPÉCE. TL est bien peu d'animaux que le physicien doive observer avec plus d’atiention que le symnote auquel on a donné jusqu’à présent le nom d’électrique. l'explication des effets (1) Gymnotus electricus. En hollandais, stddervis. Œn allemard , zifter fisch , zitter aal , et trill fisch. Gymnotus electricus. Lin. édit. de Gmel. Gymnote anguille électrique. Daubenton, Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de lEncycl. méthod. — Bloch, pl. ezvr. — Gronov. Zooph. 169, tab. 8, fig. 1. — Act. Helvet. 4, p. 27, tab. 3, fig. 1 et 5. — J. B. Leroi , Journ. de phys. etc. vol. VIII, p. 531. Anguille trembleuse, anguille torpille de Cayenne. Valmont de Bomare, Diction. d’hist. natur. Siddervis. J. Nic. Séb. Allamand, Act. Haarl. 2, p. 572.— Frantz vander Lott, Act. Haarl. 6,2, p. 87. Gymnotus. Muschenbroeck , Introd. 1, p. 200. Electrical eel, Hunter , Trans. philos. 65 ,2, pl. 1x. — Bajon , Journal de phys. janv. 1774; et Histoire de Cayenne ,t, 2, p. 287.—Schilling, Diatribe de morbo remarquables DES GYMNOTES. 337 remarquables qu'il produit dans un grand nombre de circonstances se lie nécessaire- ment avec la solution de plusieurs questions des plus importantes pour le progrès de la physiologie et de la physique proprement dite. Tâchons donc, en rapprochant quelques jaws. Traject. 1970,8 , p. 52 ; et Act. acad. Berol. ad an.1770 , p. 68.—Seba, Mus. 3, p. 108 ,tab. 54, fig. 6. Poisson trembleur, ou torpille, Gumilla, Oren., 5, pag. 156. Toorpedo , etc. Desc. Zurin, Leeward ,1718, p. 194. Meer-ael, id est, ae marina Nieuhoffi. Ray, Synops. pisc. p. 149, n° 4. — Blumenbach, Handbuch der naturgesch. p. 266. — Behn , Descript. de l’'Orén. — Williamson , Trans. philos. t. 65 , p. 94. Torpedo of Surinam. W. Bryant, Trans. of the Americ. society, vol. If, p. 166. Numb fish, or torporific eel. H. Collins Flagg, ibid. vol. IT, p. 170.— R. Maria de Termeyer, Sielta di opuscoli, t. 4, p. 524. — Garden, Trans. philos. t. 65 , p. 102. (2) Le gymnote électrique. Var les colons de la Guiane française, anguille tremblante. Par les naturels de la même contrée, pouratè. À Surinam, 2aki-fischi. En France, par quelques-uns, anguille de Cayenne, anguille de bœuf. En allemand, zitteraal, befaal, electrischer aal, betaubender aal, En hollandais, beef- aal, sidder-aal. En anglais , electrik-eel , torporfic-eel, Anguilla lacustris, tremorem inferens, anguille Poiss. Tome V. Y 538 EST O" DRE vérités éparses, de jeter un nouveau jour. sur ce sujel; mais pour suivre avec exacti- tude le plan que nous nous sommes tracé , et pour ordonner nos idées de la manière la plus convenable, commençons par expo- ser les caractères véritablement distincts du genre auquel appartient le poisson dont nous allons écrire l’histoire. Les cécilies ne présentent aucune sorte de nageoires; les monoptères n’en ont qu’une qui est située à l'extrémité de la queue; on n’en voit que sur le dos et auprès de l’anus des leptocéphales. Les trois genres d’osseux que nous venons de considérer sont donc dénués de nageoires pectorales. En jetant les yeux sur les £ymnotes, nous apercevons ces nageoires latérales pour la première fois r depuis que nous avons passé à la considé- tremblante. ( Barrère, Hist. nat. de la France équi- noxiale , p. 160.) Gymnotus nigricans ; capite plagioplateo ; caud4 curt& obtus4. Seb. Thes-tom. IT , p. 108, fig. tab. 34. Gyimnotus caudé truncatä , maxillé inferiore lon- giore. Gronov. Zooph. p. 169. Gymnotus nudus, dorso apterygio ; pinn& caudali obtusissimé , anali annex&..... symnotus electricus. Jan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144, sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. gen. 21. additament. n° Te SONNINI-. DES GYMNOTES. 3% ration de la seconde sous-classe de poissons. Les gymnotes n’ont cependant pas autant de différentes sortes de nageoires que le plus grand nombre des autres poissons osseux qu'il nous reste à examiner. En effet, il n’en ont m sur le dos, ni au bout de la queue; et c’est ce dénuement, cette espèce de nudité de leur dos qui leur a fait donner le nom qu’ils portent, el vient du mot grec gymnotos , dos nud. T’ensemble du corps et de la queue des gymmnotes est, comme dans les poissons osseux que nous avons déjà fait connoître, très- alongé, presque cylindrique , et serpenti- forme. Les yeux sont voilés par une mem- brane qui n’est qu'une continuation du té- gument le plus extérieur de la tête. Les opercules des branchies sont irès-grands ; on comple ordinairement cinq rayons à la mem- brane branchiale. Le corps proprement dit est très-court, souvent un peu comprimé , et quelquefois terminé par dessous en forme de carène ; l'anus est par conséquent très- près de la tête. Et comme cependant, ainsi que nous venons de le dire, l’ensemble de l'animal, dans le genre des gymnotes, forme une sorte de long cylindre, on voit facile- ment que la queue proprement dite de tous 1 540 HISTOIRE ces poissons doit être extrêmement longue relativement aux autres parties du corps. Le dessous de cette portion est ordinairement garni, presque dans la totalité de sa lon- sueur, d’une nageoire d'autant plus remar- quable que non seulement elle s'étend sur une ligne très-étendue, mais qu’elle offre même une largeur assez considérable. De plus, les muscles dans lesquels s’insèrent les ailerons osseux auxquels sont altachés les nombreux rayons qui la composent, et les autres muscles très-multipliés qui sont des- tinés à mouvoir ces rayons, sont conformés. et disposés de manière qu'ils représentent comme une seconde nageoire de l’anus pla- cée entre la véritable et la queue très-pro- longée du poisson, ou, pour mieux dire, qu'ils paroissent augmenter de beaucoup, et souvent même du double, la largeur de la nageoire de l'anus. L'els sont les traits généraux de tous les vrais symnotes : quelles sont les formes qui distinguent celui que l’on a nommé élec- trigue ? Cette épithète d’éZectrique a déjà été donnée à cinq poissons d'espèces très-différentes : à deux cartilagineux et à trois osseux ; à la raie torpille , ainsi qu'à un tétrodon dont DES GYMNOTES. 541 nous avons déjà parlé, à un trichiure, à un silure, et au gymnote que nous décrivons. Mais c’est celui dont nous nous occupons dans cet article qui a le plus frappé l’ima- ginalion du vulgaire, excité l'admiration des voyageurs, et étonné le physicien. Quelle a dû être en effet la surprise des premiers observateurs lorsqu'ils ont vu un poisson en apparence assez foible, assez semblable , d’après le premier coup d'œil, à une an- guille où à un congre, arrêter soudain, et malgré d'assez grandes distances, la pour- suite de son ennemi ou la fuite de sa proie; suspendre à l'instant tous les mouvemens de sa victime ; la dompter par un pouvoir aussi invisible qu'irrésistible ; l’inimoler avec la rapidité de l'éclair au travers d’un très-large intervalle ; les frapper eux-mêmes comme par enchantement ; les engourdir et les en- chaîner, pour ainsi dire, dans le moment où ils se croyoient garantis, par l’éloigne- ment, de tout danger et même de toute at- teinte ! Le merveilleux a disparu même pour les veux les moins. éclairés, mais l’intérèt s’est accru et l'attention a redoublé lorsqu'on a rapproché de ces effets remarquables les phénomènes de l'électricité que chaque jour l'on étuüdioit avec plus de succès. Peut-être N0 342 HIS T'OTR'E cependant croira-t-on, en lisant la suite de cette histoire, que cette puissance invisible et soudaine du gymnote ne peut être con- sidérée que comme une modification de cette force redoutable et en même tems si féconde qui brille dans l'éclair, retentit dans le ton- nerre, renverse, détruit, disperse dans les foudres, et qui, moins resserrée dans ses canaux , moins précipilée dans ses mouve- mens, plus douce dans son action , se ré- pand sur tous les points des êtres organisés, en pénètre toute la profondeur, en parcourt toutes les sinuosités, en vivifie tous les élé- mens. Peut-être faudroit-il, en suivant ce principe et pour éviter toute erreur, ne donner , avec quelques naturalistes , au poisson que nous examinons , que le nom de gymnote engourdissant , de gymnole tor- porifique, qui designe un fait bien prouvé et indépendant de toute théorie. Néanrioins comime la puissance qu’il exerce devra être rapportée dans toules les hypothèses à une espèce d'électricité, comme ce mot élec- tricité peut être pris pour un mot générique commuu à plusieurs forces plus où moins voisines et plus ou moins analogues, comme les phénomènes les plus imposans de l’élec- tricité proprement dite sont tous produits DES SGYMNOITES: 339 par le gymnote qui fait l’objet de cet article, et enfin comme le plus srand nombre de physiciens lui ont donné depuis long-tems ceite épithète d’électrigue, nous avons cru devoir, avec ces derniers savans, la préférer à toule autre dénomination. Mais avant de montrer en détail ces diffé- rens effets, de les comparer, et d'indiquer quelques-unes des causes auxquelles il faut les rapporter, achevons le portrait du gym- note électrique : voyons quelles formes par- ticulières lui ont été départies, comment el par quels organes il naît, croît, se meut, voyage et se multiplie au milieu des grands fleuves qui arrosent les bords orientaux de l'Amérique méridionale, de ces contrées ardentes et humides, où le feu de l’atmos- phère et l’eau des mers et des rivières se disputent l'empire; où tous les élémens de la reproduction ont été prodigués; où une surabondance de force vitale fait naître les végétaux et les animaux vénéneux; où, si je puis employer cette expression, les excès de la Nature, indépendamment de ceux de l’homme, sacriñient chaque jour tant d'in- dividus aux espèces; où tous les dégrés du développement , entassés, pour ainsi dire; les uns contre les autres, produisent néces- * 4 F4 EU S TO PRIE sairement toules les nuances du dépérisse- ment ; où des arbres immenses éiendent leurs branches innombrables, pressées, gar- mes des fleurs les plus suaves, et chargées d’essaims d'oiseaux resplendissans des cou- leurs de l'iris au dessus de savannes noyées, ou d'une vase impure que parcourent de très - grands quadrupèdes ovipares, et qué sillonnent d'énormes serpens aux écailles dorées; où les eaux douces et salées montrent des légions de poissons dont les rayons du soleil réfléchis avec vivacité changent, en quelque sorte, les lames Juisantes en dia- mans, en saphuirs, en rubis; où lair , la terre , les mers, et les êtres vivans, et les corps inanimés, tout aitire les regards du peintre, enflamme l'imaginatiou du poëte , élève le génie du philosophe. C’est en effet auprès de Surinam qu’ha- bite le gymnote électrique (1) ; et il paroît même qu'on n'a encore observé de véritable (1) Ce n'est pas seulement auprès de Surinam, c’est-à-dire , dans la Guiane hollandaise , que vit le gymnote électrique; on le trouve aussi communément au Pérou et à la Gaiane française; je l’ai vu sonvent dans les eaux des vastes savannes noyées qui com- posent une partie du sol de cette dernière contrée. SONNINI. DES GYMNOTES. 345 gymnote que dans l'Amérique méridionale, dans quelques parties de l'Afrique occiden- iale et dans la Méditerranée, ainsi que nous le ferons remarquer de nouveau en traitant des notoptères. Le gymnole électrique parvient ordinai- rement jusqu’à la longueur d’un mètre un ou deux décimètres (environ trois pieds sept pouces ) ; et la circonférence de son corps, dans l'endroit le plus gros, est alors de trois à quatre décimètres (environ un pied deux pouces ); il a donc onze ou douze fois plus de longueur que de largeur. Sa têle est percée de petits trous ou pores très-sensi- bles, qui sont les orifices des vaisseaux des- tinés à répandre sur sa surface une liqueur visqueuse ; des ouvertures plus petites, mais analogues, sont disséminées en très - grand nombre sur son corps et sur sa queue : il n’est donc pas surprenant qu’il soit enduit d’une matière gluante trés-abondante (1). Sa peau ne présente d’ailleurs aucune écaille (1) Cette matière gluante est si abondante que si Jon veut conserver , ainsi que cela se pralique à Surinam, des gymnotes électriques dans de larges baquets où on les nourrit de petits poissons et de vers, Von est obligé de changer l’eau au moins de deux jours l’un. SONNINI. 346 HISTOIRE facilement visible. Son museau est arrondi; sa mâchoire inférieure est plus avancée que Ja supérieure, ainsi qu’on a pu le voir sur le tableau du genre des gymnotes ; ses dents sont nombreuses et acérées ; et on voit des verrues sur son palais , ainsi que sur sa langue qui est large. Les nageoires pectorales sont très-petites et ovales; celle de l'anus s'étend jusqu’à l’extrénuté de la queue, dont le bout, au lieu de se terminer en pointe, paroît comme tronqué. La couleur de l’animal est noirâitre, et relevée par quelques raies étroites et lon- gitudinales d’une nuance plus foncée. Quoique la cavité du ventre s'étende au delà de lendroit où est située l'ouverture de l'anus, elle est cependant assez courte relativement aux principales dimensions du poisson ; mais les effets de cette brièveté sont compensés par les replis du canal intestinal, - qui se recourbe plusieurs fois. Je n’ai pas encore pu me procurer des observations bien sûres et bien précises sur la manière dont le gymnote électrique vient à la lumière : il paroïit cependant qu’au moins le plus souvent la femelle pond ses œufs, et qu'ils n’éclosent pas dans le ventre DES GYMNOTES. 347 de la mère, comme ceux de la torpille, de plusieurs autres cartilagineux, et même de quelques individus de lespèce de l’anguilile et d’autres osseux avec lesquels le gymnote que nous examinons a de très-grands rap- ports. On ignore également le tems qui est né- cessaire à ce même gymnote pour parvenir a son entier développement : mais, comme il n’a pas fallu une aussi longue suite d’ob- servalions pour s'assurer de la manière dont il exécute ses différens mouvemens, on connoît bien les divers phénomènes relatifs à sa natation; phénomènes qu'il étoit d'ail- leurs aisé d'annoncer d'avance, d’après une inspection attentive de sa conformation ex- térieure et intérieure. Nous avons déjà fait voir (1) que la queue des poissons étoit le principal instrument de leur natation. Plus cette partie est étendue, et plus, tout égal d’ailleurs, le poisson doit se mouvoir avec facilité. Mais le gymnote électrique, ainsi que les autres osseux de son genre, a une queue beaucoup plus longue que l’ensemble de la tête et du corps proprement dit ; la hauteur de cette partie (1) Discours sur la nature des poissons. 348 HISTOIRE est assez considérable; cette hauteur estaug- mentée par la nageoire de l'anus, qui en garnit la partie inférieure : l'animal a donc à sa disposition une rame beaucoup plus longue et beaucoup plus haute à proportion que celle de presque tous les autres poissons ; cette rame peut donc agir à la fois sur de grandes lames d’eau. Les muscles destinés à la mouvoir sont très-puissans; le gymnote la remue avec une agilité très-remarquable : les deux élémens de la force, la masse et la vitesse sont donc ici réunis; -et en effet, l'animal nage avec vigueur et rapidité. Comme tous les poissons très - alongés, plus ou moins cylindriques, et dont le corps est entretenu dans une grande souplesse par une viscosilé copieuse et souventrenouvelée, il agit successivement sur l’eau qui l’envi- ronne par diverses portions de son corps ou de sa queue, qu’il met en mouvement les unes aprés les autres, dans l’ordre de leur moindre éloignement de la tête; il ondule; il partage son action en plusieurs actions particulières, dont il combine les dégrés de force et les directions de la manière la plus convenable pour vaincre les obstacles et parvenir à sou but; 1l commence à recourber les parties antéricures de sa queue, lorsqu'il DES GYMNOTES. 340 veut aller en avant ; il contourne, au con- traire, avant toutes les autres, les parties postérieures de cette même queue, lorsqu'il esire d’aller en arrière (1); et, ainsi que nous l’expliquerons un peu plus en détail en traitant de l’anguille, il se meut de la même manière que les serpens qui rampent sur la terre ; 1l nage comme eux ; il serpente véritablement au milieu des eaux. On a cru pendant quelque tems, et même quelques naturalistes très - habiles ont pu- blié, que le gymnote électrique m’avoit pas de vessie aérienne ou natatoire. On a pu être induit en erreur par la position de cette vessie dans l’électrique, posilion sur laquelle nous allons revenir en décrivant l'organe torporifique de cet animal. Mais, quoi qu'il en soit de la cause de cette erreur, cette vessie est entourée de plusieurs rameaux de vaisseaux sanguins que Hunter a fait connoitre, et qui partent de la grande ar- ‘tère qui passe au dessous de l’épine dorsale du poisson; et il nous paroît utile de faire observer que cette disposition de vaisseaux sanguins favorise l'opinion du savant natu- raliste Fischer, bibliothécaire de l’école (1) Garden, à l'endroit déjà cité, 850 HISTOIRE centrale de Mayence, qui, dans un ouvrage irès-intéressant sur la respiration des pois- sons, a montré comment 1l seroit possible que la vessie aérienne de ces animaux servit non seulement à faciliter leur natation, mais encore à suppléer à leur respiration et à maintenir leur sang dans l’état le plus propre à conserver leur vie. Il ne manque donc rien au gymnote électrique de ce qui peut donner des mou- vemens prompts et long-tems soutenus ; et comme parmi les causes de la rapidité avec laquelle il nage, nous avons compté la faci- hté avec laquelle 1l peut se plier en différens sens, et par conséquent appliquer des par- ties plus ou moins grandes de son corps aux divers objets qu’il rencontre, il doit jouir d'un toucher plus. délicat et présenter un instinct plus relevé que ceux d’un très- grand nombre de poissons. Cette intelligence particuhère lui fait dis- tinguer aisément les moyens d’atieindre les animaux marins dont il fit sa nourriture, et ceux dont il doit éviter l’approche dan- gereuse, La vitesse de sa natation le trans- porte dans des tems hr'ès-courts auprès de sa proie, ou loin de ses ennemis; et lorsqu'il n'a plus qu’à immoler des victimes dont il DES :GYMNOTES. 351 s’est assez approché, ou à repousser ceux des poissons supérieurs en force auxquels il n’a point échappé par la fuite, il déploie la puissance redoutable qui lui a été accordée; il met en jeu sa vertu engourdissante ; il frappe à grands coups, et répand autour de lui la mort ou la stupeur. Cette qualité tor- porifique du gymnote électrique découvert, dit-on, auprès de Cayenne, par 7’un-Ber- Kel (1), a été observée dans le même pays, par le naturaliste Richer , dès 1671. Mais ce n’est que quatre - vingls ans, ou environ, après cette époque, que ce même gymnote a été de nouveau examiné avec attention par La Condamine, Ingram, Gravesand, Allamand, Muschenbroeck, Gronou, Van- der-Lott, Fermin, Bankroft, et d’autres habiles physiciens qui l'ont vu dans l'Amé- rique méridionale, ou l'ont fait apporter avec soin en lurope. Ce n’est que vers 1773 que Williamson à Philadelphie, Garden dans la Caroline, Walsh, Pringle, Magel- lan, etc. à Londres, ont apercu. les phéno- mènes les plus propres à dévoiler le principe de la force torporifique de ce poisson. L’or- (x) Sammlurg selténer und merkwürdiger reise- geschichien ; vol. 1, Memmingen , 1789 ; p. 220. 552 HAS TOR E gane particulier dans lequel réside cette vertu, et que Hunter a si bien décrit, wa été connu qu’à peu près dans le même items, pendant que l'organe électrique de la tor- pille a été vu par Stenon dès avant 1673, et peut-être vers la même année par Lorenzint. Et l’on ne doit pas être étonné de cette différence entre une gymnote que l’on n’a rencontré, en quelque sorte, que dans une partie de l'Amérique méridionale ou de l'Afrique, et une raie qui habite sur les côtes de la mer d'Europe. D'un autre côté, le gymnote torporifique n'ayant été fré- quemment observé que depuis le commen- cement de l’époque brillante de la physique moderne, il n’a point été l’objet d'autant de théories plus ou moins ingénieuses, et cependant plus ou moins dénuées de preuves, que la torpille. On n’a eu dans le fond qu’une même manière de considérer la na- ture des divers phénomènes présentés par le gymnote : on les a rapportés ou à l’élec- tricité proprement dite, ou à une force dérivée de cette puissance. Et comment des physiciens instruils des effets de l'électricité n’auroient-ils pas été entraînés à ne voir que des faits analogues dans les produits du pouvoir du gymnote engourdissant ? Lorsqu'on DES'GYMNOTES. 353 Lorsqu'on touche cet animal avec une seule main, on n’éprouve pas de commo- tion, ou on n'en ressent qu’une extrême- ment foible : mais la secousse est très-forte lorsqu'on applique les deux mains sur le poisson, et qu’elles sont séparées l’une de l'autre par une distance assez grande. N’a- t-on pas ici une image de ce qui se passe lorsqu'on cherche à recevoir un coup élec- trique par le moyen d’un plateau de verre garni convenablement de plaques mélal- liques, et connu sous le nom de carreau fulminant ? Si on n’approche qu’une main et qu’on ne touche qu’une surface, à peine est-on frappé ; mais on reçoit une commotion violente si on emploie les deux mains, et si en s'appliquant aux deux surfaces, elles les déchargent à la fois. | Comme dans les expériences électriques, le coup recu par le moyen des deux mains a pu être assez fort pour donner aux deux bras une paralysie de plusieurs années (1). Les métaux, l’eau, les corps mouillés, et toules les autres substances conductrices de l'électricité transmettent la vertu engour- dissante du gymnote ; et voilà pourquoi (1) Henri Collins Flagg , à l'endroit déjà cité. Poiss. Tome V. Z 554 EDR SEROERÉE on est frappé au nulieu des fleuves, quoi- qu'on soit encore à une assez grande dis- tance de lanimal ; et voilà pourquoi encore les petits poissons, pour lesquels cette se- cousse est beaucoup plus dangereuse, éprou- vent une commotion dont ils meurent à l'instant, quoiqu'ils soient éloignés de plus de cinq mètres (environ quinze pieds) de l'animal torporifique. Ainsi qu'avec l'électricité, l’espèce d’arc de cercie que forment les deux mains et que parcourt la force engourdissante , peut être itrès-agrandi, sans que la commotion soit sensiblement diminuée ; et vingt-sept personnes se tenant par la main et compo- sant une chaîne dont les deux bouts abou- tissoient à deux points de la surface du gymnote, séparés par un assez grand inter- valle, ont ressenti, pour ainsi dire à la fois, une secousse très-vive. Les différens obser- Valeurs, ou les diverses substances facilement perméables à l'électricité, qui sont comme les anneaux de cette chaîne, peuvent même être éloignés l’un de l’autre de près d’un décimèire (irois pouces et demi), sans que celte interruption apparente dans la route préparée arrête la vertu torporifique qui en parcourt également tous les points, DES GYMNOTES. 355 Mais, pour que le gymnote jouisse de tout son pouvoir, il faut souvent qu'il se soit ; pourainsidire, progressivement animé. Ordi- nairement les prentières commotions qu'il fait éprouver ne sont pas les plus fortes ; elles deviennent plus vives à mesure qu'il'séver- tue, s’agite, s'irrite; elles sont terribles ; lorsque, si je puis employer les expressions de plusieurs observateurs, il est livré à une sorte de rage. Quand il a ainsi frappé à coups redoublés autour de lui, 1l s'écoule fréquemment un intervalle assez marqué avant qu'il ne fasse ressentir de secousse, soit qu'il ait besoin de donner quelques momens de repos à des organes qui viennent d'être violemment exercés , ou soit qu'il emploie ce tems plus ou moins court à ramasser dans ces mêmes organes une nouvelle quantité d’un fluide foudroyant ou torporifique. Cependant il paroît qu'il peut produire non seulement une commotion, mais même plusieurs secousses successives, quoiqu'il soit plongé dans l'eau d’un vase isolé, c'est-à- dire, d’un vase entouré de matières qui ne laissent passer dans l’intérieur de ce réci- pient aucune quantité de fluide propre à Z 2 556 EL ST OI ER €: remplacer celle qu’on pourroit supposer dis- sipée dans l'acte qui frappe et engourdit. Quoi qu’il en soit, on a assuré qu’en ser- ant fortement le gymnote par le dos, on lui Ôtoit le libre exercice de: ses organes extérieurs, et on suspendoit les effets de la vertu dite électrique qu'il possède. Ce fait est bien plus d'accord avec les résultats du plus grand nombre d'expériences faites sur le gymnote, que l’opinion d’un savant physicien qui a écrit que l’aimant altiroit ce poisson, et que par son contact cetle substance lui enlevoit sa propriété torpo- rifique. Mais, s'il est vrai que des nègres soient parvenus à manier et à retenir impu- nément hors de Peau le gymnote électrique, on pourroit croire, avec plusieurs natura- Bstes, qu'iis emploient, pour se délivrer ainsi d’une commotion dangereuse , des morceaux de bois qui, par leur nature, ne peuvent pas transmeltre la vertu électrique ou engourdissante, qu'ils évitent tout con- tact immédiat avec l'animal, et qu'ils ne le touchent que par lintermédiaire de ces bois non conducteurs de l'électricité. Au reste, le gymnote torporifique pré- sente une autre phénomène bien digne d’at- tention, que nous tâcherons d’expliquer DES GYMNOTES. 357 avant la fin de cet article, et qui ne sur- prendra pas les physiciens instruits des belles expériences relatives aux divers mouvemens musculaires que l’on peut exciter dans les animaux pendaut leur vie ou après leur mort, et que l’on a noîmmées ga/vaniques, à cause de leur premier auteur, Galvani. Il est arrivé plusieurs fois (1) qu'après la mort du gymnote, il étoit encore, pendant quelque tems, impossible de le toucher sans éprouver de secousse. Mais nous avons à exposer encore de plus grands rapports entre les effets de l’électri- cité et ceux de la vertu du gymnote en- sourdissant. Le premier de ces rapports très- remarquables est l’analogie des instrumens dont onse sert dans les laboratoires de phy- sique pour obtenir de fortes commotions électriques, avec les organes particuliers que le gymnote emploie pour faire naître des ébranlemens plus ou moins violens. Voici en quoi consistent ces organes, que Hunter a très-bien décrits. R L'animal renferme quatre organes torpo- rifiques, deux grands et deux petits. L’en- (1) Voyez Henri Collins Flagg, à l'endroit que nous avons déjà indiqué. 2 3 358 HISTOIRE semble de ces quatre organes est si étendu, qu’il compose environ la moitié des parties musculeuses et des autres parties molles du symnote, et peut-être le tiers de la tota- lité du poisson. Chacun des deux grands organes engour- dissans occupe un des côtés du gymnote, depuis l'abdomen jusqu’à l'extrémité de la queue; el comme nous avons déjà vu que cet abdomen étoit très-court, et qu’on pour- roit croire, au prenuer coup d'œil, que l'animal n’a qu'une tête et une queue très- prolongées , on peut juger aisément de la longueur très - considérable de ces deux grands orgaues. Ils se terminent vers le bout de la queue, comme par un point , et ils sont assez larges pour n'être séparés l’un de l’autre que vers le haut par les muscles dorsaux , vers le milieu du corps par la vessie natatoire, et vers le bas par une cloison particulière avec laquelle ils s'unis- sent intimement , pendant qu'ils sont atta- chés par une membrane cellulaire, lâche, mais très-forte, aux autres parties qu’ils touchent. De chaque côté du gymnote, un petit organe torporifique , situé au dessous du grand, commence et finit à peu près aux DES GYMNOTES. 55g mêmes points que ce dernier , se termine de même par une sorte de pointe, présente par conséquent la figure d’un long triangle, ou, pour mieux dire, d'une longue pyra- mide triangulaire, et s’élargit néanmoins un peu vers le milieu de la queue. Entre le petit organe de droite et le petit organe de gauche s'étendent longitudinale- ment les muscles sous-caudaux, et la longue série d’ailerons ou soutiens osseux des rayons très-nombreux de la nageoire de lanus. Ces deux petits organes sont d’ailleurs séparés des deux grands organes supérieurs par une membrane longitudinale et presque horisontale , qui s'attache d’un côté à la cloi- son verticale par laquelle les deux grands organes sont écartés l’un de l’autre dans leur partie inférieure , et qui tient, par Île côté opposé, à la peau de lanimal. De plus, cette disposition générale est telle, que lorsqu'on enlève la peau de lune des faces latérales de la queue du gymmnote, on voit facilement le grand organe; tandis que, pour apercevoir le petit qui est au dessous, il faut Ôter les muscles latéraux qui accompagnent la longue nageoire de l'anus. Mais quelle est la composition intérieure Z 4 h 560 HISTOIRE de chacun de ces quatre organes grands ou petits ? L'intérieur de chacun de ces instrumens, en quelque sorte électriques, présente un grand nombre de séparations horisontales , coupées presque à angles droits par d’autres séparalions à peu près verticales. Les premières séparations sont non seu- lement horisontales, mais situées dans le sens de la longueur du poisson , et paral- léles les unes aux autres. Leur largeur est égale à celle de l’organe , et par conséquent, dans beaucoup d’endroits, à la moitié de la largeur de l'animal, ou environ. Elles ont des longueurs inégales. Les plus voisines du bord supérieur sont aussi longues ou presque aussi longues que l’organe ; les inférieures se terminent plus près de leur origine ; et l'organe finit, vers l'extrémité de la queue, par un bout trop amiuci pour qu’on puisse voir s1l y est encore composé de plus d’une de ces séparations longitudinales. Ces membranes horisontales sont éloignées une de l’autre, du côté de la peau, par un intervalle qui est ordinairement de près d'un millimètre ( une demi - ligne environ }; du côté de l’intérieur du corps, on les voit plus rapprochées, et même, dans plusieurs DES GYMNOTES. 361 points, réunies deux à deux ; et elles sont comme onduleuses dans les petits organes. Hunter en a compté trente-quatre dans un des deux grands organes d’un gymnoie de sept décimètres, ou à peu près ( deux pieds environ ), de longueur, et quatorze dans un des petits organes du même individu. Les séparations verticales qui coupent à angles droits les membranes longitudinales, sont membraneuses, unies, minces, et si serrées l’une contre l’autre, qu’elles parois- sent se toucher. Hunter en à vu environ deux cent quarante dans une longueur de vingt-cinq millimètres, ou à peu près (onze lignes environ ). C'est avec ce quadruple et très - grand ._ appareil dans lequel les surfaces ont été multipliées avec tant de profusion, que le gymnote parvient à donner des ébranlemens violens, et à produire le phénomène qui établit le second des deux principaux rap- ports par lesquels sa vertu engourdissante se rapproche de la force électrique. Ce phé- nomène consiste dans les étincelles entière- ment semblables à celles que l’on doit à l'électricité. On les voit, comme dans un grand nombre d'expériences électriques pro- prement dites, paroître dans les petits in- 563 HIS DOTR.E tervalles qui séparent les diverses portions de la chaîne le long de laquelle on fait cir- culer la force engourdissante. Ces étincelles ont été vues pour la première fois à Londres par Walsh, Pringle et Magellan. Il a suffi à Walsh, pour les obtenir, de composer une partie de la chaîne destinée à être par- courue par la force torporifique, de deux lames de métal, isolées sur un carreau de verre, et assez rapprochées pour ne laisser entre elles qu’un très - petit intervalle; et on a distingué avec facilité ces lueurs, lors- .que lensemble de lappareil s’est trouvé placé dans une chambre entièrement dé- nuée de toute autre lumière. On obtient une lueur semblable , lorsqu'on substitue une srande torpille à un gymnote électrique , ainsi que l’a appris Galvani dans un Mé- moire que nous avons déjà cité (1); mais elle est plus foible que le petit éclair dû à la puissance du gymnote, et l’on doit presque toujours avoir besoin d'un micros- cocpe dirigé vers le petit intervalle dans lequel on l'attend, pour la distinguer sans erreur. Au reste , pour voir bien nettement 1) Discours sur la nature des poissons. DES GYMNOTES. 363 comment le gymnote éiectrique donne nais- sance à de petites étincelles et à de vives cofimotions, formons- nous de ces organes eagourdissans la véritable idée que nous devons en avoir. Où peut supposer qu’un grand assem- blage de membranes horisontales ou verti- cales est un composé de substances presque aussi peu capables de transmettre la force électrique que le verre et les autres matières auxquelles on a donné le nom d’idioélectri- ques , ou de non-conductrices, et dont on se sert pour former ces vases foudroyans appelés bouteilles de Leyde, ou ces carreaux aussi fulminans, dont nous avons déjà parlé plus d’une fois. Il faut considérer les quatre organes du gymnote comme nous avons considéré les deux organes de la torpille : il faut voir dans ces instrumens une suite nombreuse de petits carreaux de la nature des carreaux foudroyans, une batterie com- posée d’une quantité extrêmement considé- rable de pièces en quelque sorte électriques. Et comme la force d’une batterie de cette sorte doit s’évaluer par létendue plus ou moins grande de la surface des carreaux ou des vases qui la forment, j'ai calculé 36% HISTOIRE quelle pourroit être la grandeur d’un en- semble que l’on supposeroit produit par les surfaces réunies de toutes les membranes verticales et horisontales que renferment les quatre organes torporifiques d’un gym- note long de treize décimètres ( quatre pieds environ), en ne comptant cependant pour chaque membrane que la surface d’un des grands côtés de cette cloison : j'ai trouvé que cet ensemble présenteroit une étendue au moins de treize mètres carrés, c’est-à- dire, à très-peu près, de cent vingt-trois pieds également carrés. Si l’on se rappelle mainicnant que nous avons cru expliquer d'une manière très-satisfaisante la puissance de faire éprouver de fortes comumotions qu’a reçue la torpille, en montrant que les sur- faces des diverses portions de ses deux or- ganes électriques pouvoient égaler par leur réunion cinquante-huit pieds carrés, et si Von se souvient en même tems des effels terribles que produisent dans nos labora- tones des carreaux de verre dont la sur- face n'est que de quelques pieds, on ne sera pas étonné qu'ua animal qui renferme dans son intérieur et peut employer à vo- ionté un instrument électrique de cent vingt- DES GYMNOTES. 365 trois pieds carrés de surface, puisse frapper des coups tels que ceux que nous avons déjà décrits. | Pour rendre plus sensible l’analogie qui existe entre un carreau fulminant et les organes torporifiques du gymnote, il faut faire voir comment cette grande surface de treize mètres carrés (environ quaraute pieds) peut être électrisée par le frottement , de la même manière qu'un carreau fou- droyant ou magique. Nous avons déjà fait remarquer que le gymnote nage principa- lement par une suite des ondulations suc- cessives et promples qu'il imprime à sa queue, c’est-à-dire , à celte longue partie de son corps qui renferme ses quatre or- ganes. Sa natation ordinaire, ses mouve- mens extraordinaires, ses courses rapides ; ses agitations , l'espèce d’'irritation à laquelle il peut se livrer, toutes ces causes doivent produire sur les surfaces des membranes horisontales et verticales un frottement suf- fisant pour y accumuler d'un côté, et raréfier de l'autre, ou du moins pour y exciter, réveiller, accroître ou diminuer le fluide unique ou les deux fluides auxquels on a rapporté les phénomènes électriques et tous les eifets analogues; et comme par 366 HEDSTOTR'E | une suite de la division de l’organe engour- dissant du gymnote en deux grands et en deux petits, et de la sous-division de ces quatre organes en membranes horisontales et verticales, les communicatirns peuvent n'être pas toujours très-faciles, ni très- promptes entre les diverses parties de ce grand instrument, on peut croire que le rétablissement du fluide ou des fluides dont nous venons de parler, dans leur premier état, ne se fait souvent que successivement dans piusieurs portions des quatre organes. Les organes ne se déchargent donc que par des coups successifs ; et voilà pourquoi, indépendamment d'autre raison, un gym- note placé dans un vase isolé peut conti- nuer, pendant quelque tems, de donner des commotions; et de plus, voilà pourquoi il peut rester dans les organes d’un gymnote qui vient de mourir assez de parties chargées pour qu'on en reçoive un certain nombre de secousses plus où moins vives (1). Et ces fluides, quels qu’ils soient, d’où {1) Un des meilleurs moyens de parvenir à la véri- fable théorie des effets produits par le gymnote engourdissant et par les autres poissons torporifiques, est d’avoir recours aux belles expériences électriques DES GYMNOTES. 567 peut-on présumer qu'ils tirent leur origine ? ou, pour éviter le plus possible toute hyÿpo- thèse, quelle est la source plus ow moins immédiate de cette force électrique, ou presque électrique, départie aux quatre organes dont nous venons d'exposer la siructure ? Cette source est dans les nerfs, qui, dans le gymnote engourdissant, ont des dimen- soins et une distribution qu'il est utile d’exa- miner rapidement. Premièrement, les nerfs qui partent de la moëlle épinière sont plus larges que dans les poissons d’une grandeur égale, et plus que cela ne paroît nécessaire pour l'entre- tien de la vie du gymnote. Secondement, Hunter a fait connoitre un nerf remarquable qui, dans plusieurs poissons, s'étend depuis le cerveau jusqu'au- près de l’extrémiié de la queue en donnant naissance à plusieurs ramifications, passe, à peu près, à une égale distance de l’épine et aux idées très-ingénieunses dont on trouvera l’expo= sition dans une lettre qui m'a été adressée par Aldini, de l’Institut national de Bologne, et que cet habile physicien a publiée dans cette ville , il y a environ un an (en 1797, v. st. ). 368 HESTAPRE et de la peau du dos dans la murène an- guille, et se trouve immédiatement au des- sous de*la peau dans le gade morue. Ce nerf est plus large, tout égal d’ailleurs, et s’ap- proche de lépine dorsale, dans le gymnote électrique , beaucoup plus que dans plusieurs autres poissons. Troisièmement, des deux côtés de chaque vertèbre du gymnote torporifique part un nerf qui donne des ramnlications aux muscles du dos. Ce nerf se répand entre ces muscles dorsaux et lépine ; il envoie de petites branches jusqu'à la surface extérieure du grand organe, dans lequel pénètrent plu- sieurs de ces rameaux, et sur lequel ces rameaux déliés se distribuent en passant entre cet organe et la peau du côté de Fanimal. Il continue cependant sa route, d’abord entre les muscles dorsaux et la vessie natatoire , et ensuite entre cette même vessie natatoire et l'organe électrique. Là 51 se divise en nouvelles branches. Ces bran- ches vont vers ia cloison verticale que nous avons déjà indiquée, et qui est située entre les deux grands organes électriques. Elles s'y séparent en branches plus petites qui se disent vers les ailerons et les muscles de ja TRES € DES GYMNOTES. 36g la nageoire de l’anus, et se perdent, après avoir répandu des ramifications dans cette même nageoire, dans ses muscles, dans le petit organe et dans le grand organe élec- triques. Les rameaux qui entrent dans les organes électriques sont à la vérité très - pelits ; mais cependant 1ls le sont moins que ceux de toute autre parte du système sensitif. Tels sont les canaux qui font circuler dans les quatre instrumens du gymnote le principe de la force engourdissante ; et ces canaux le reçoivent eux-mêmes du cer- veau d’où tous ces nerfs émanent. Et com- ment en effet ne pas considérer dans le gymnote, ainsi que dans les autres poissons engourdissans, le cerveau comme la pre- mière source de la vertu particulière qui les distingue, lorsque nous savons, par les expériences d’un habile physicien, que la soustraction du cerveau d’une torpille anéantit l'électricité ou la force torporifique de ce cartilagineux, lors même qu’il paroïît encore aussi plein de vie qu'avant d’avoir subi cette opération, pendant qu’en arra- chant le cœur de cette raie, on ne la prive pas, avant un tems plus ou moins long, de Poiss. ToME V. Aa 570 HISTOIRE la faculié de faire éprouver des commotions et des tremblemens (1)? Au reste, ne perdons jamais de vue que; si nous ne voyons pas de mammifére, de cétacé, d'oiseau, de quadrupède ovipare ;, ni de serpent, doué de cette faculté élec- trique ou engourdissante que l’on a déjà bien constatée au moins dans deux poissons cartilagineux et dans trois poissons osseux, c’est parce qu'il faut, pour donner naissance à cette faculté, et l’abondance d’un fluide ou d’un principe quelconque que les nerfs paroissent posséder et fournir, et un ou plusieurs instrumens organisés de manière à présenter une très-grande surface, ca- pables par conséquent d'agir avec efficacité sur des fluides voisins (2), et composés d’ailleurs d’une substance peu conductrice d'électricité, telle, par exemple, que des (1) Mémoires de Galvani, Bologne , 1797. (2) J'ai publié en 1781, que l’on devoit déduire l'explication du plus grand nombre de phénomènes électriques , de l’accroissement que produit dans l’affinité que les corps exercent sur les fluides qui les environuent , la division de ces mêmes corps en plu- sieurs parties, et par conséquent l’augmentation de leur surface. DES GYMNOTES. 8371 matières visqueuses, huileuses et résineuses. Or de tous les animaux qui ont un sang rouge et des vertèbres, aucun, tout égal d’ailleurs , ne présente, comme les poissons, une quantité plus ou moins grande d'huile et de liqueurs gluantes et visqueuses. On remarque sur-tout dans le gymnote engourdissant une très-crande abondance de cette matière huileuse, de cette substance non conductrice, ainsi que nous l’avons déjà observé. Cette onctuosité est très-sensible, même sur Ja membrane qui sépare de chaque côté le grand organe du petit ; et voilà pour- quoi, indépendamment de l'étendue de la surface de ses. organes torporifiques , bien supérieure à celle des organes analogues de la torpille, il paroît posséder une plus grande vertu électrique que cette dernière. D'ailleurs il habite un climat plus chaud que celui de cette raie, et par conséquent dans lequel toutes les combinaisons elioutes les décom- positions intérieures peuvent s’opérer avec plus de vitesse et de facilité; et de plus, quelle différence entre la fréquence et l’agi- lité des évolutions du gymnote et la nature ainsi que le nombre des mouvemens ordi- naires de la torpille! | Aa 2 372 HE TL'OE RE Mais, si les poissons sont organisés d’une manicre plus favorable que les autres ani- maux à vertébres et à sang rouge, relative- ment à la puissance d’ébranler et d’en- gourdir , étant doués d’une très - grande irritabihité, ils doivent être aussi beaucoup plus sensibles à tous les effets électriques, beaucoup plus soumis au pouvoir des ani- maux torporifiques, et par conséquent plus exposés à devenir la victime du gymnote de Surinam (1). Cette considération peut servir à expli- quer pourquoi certaines personnes, et par ticulièrement les femmes qui ont une fièvre nerveuse , peuvent toucher un gymnote électrique sans ressentir de secousse ; et ces faits curieux , rapportés par le savant et in- fatigable Frédéric - Alexandre. Humboltz , s'accordent avec ceux qui ont été observés dans la Carohine méridionale par Henri- Collins Flagg. D’après ce dernier physicien, (rx) C’est par une raison semblable que, lorsqu’une torpille ne donne plus de commotion sensible , on obtient dés signes de la vertu qui lui reste encore, en soumettant à son action une grenouille préparée comme pour les expériences galvaniques, ( Voyez les Mémoires de Galvani, déjà cités.) DES GYMNOTES. 573 on ne peut pas douter que plusieurs nègres, plusieurs indiens , et d’autres personnes ne puissent arrêter le cours de la vertu élec- rique ou engourdissante du gymnote de Surinam , et interrompre une chaîne pré- parée pour son passage; et cette interrup- tion a élé produite spécialement par une femme que l’auteur connoissoit depuis long- tems, et qui avoit la maladie à laquelle plusieurs médecins donnent le nom de fièvre hectique. C’est en étudiant les ouvrages de Galvani ; de Humboltz, et des autres observateurs qui s'occupent de travaux analogues à ceux de ces deux physiciens , qu’on pourra par- venir à avoir une idée plus précise des ressemblances et des différences qui existent entre la vertu engourdissante du gymnote, ainsi que des autres poissons appelés élec- triques , et l'électricité proprement dite. Mais pourquoi faut-il qu’en terminant cet article lapprenne que les sciences viennent de perdre l’un de ces savans justement célèbres, Gal- vani, pendant que Humboltz, commencant une longue suite de voyages lointains, utiles et dangereux, nous force de mêler l’expres- sion de la crainte que le sentiment inspire 'Ala 5 3574 HISTOIRE à celle des grandes espérances que donnent ses lumières, et de la reconnoissance que l’on doit à son zèle toujours croissant (1)! (1) Le gymnote électrique , on l’anguille tremblante de la Guiane ne vit que dans l’eau douce , et c’est par erreur qne des naturalistes l’ont donné comme un poisson marin. On ne le trouve pas même dans Îles grandes rivières, et il ne se plaît que dans les criques onruisseaux ,et dans les pelits amas d’eaux stagnantes. Je rapporterai ici en détail quelques expériences faites par Williamson sur le gymnote électrique. Outre qu’elles jettent un grand jour sur la nature du fluide qui émane de ce poisson , le tableau que l’on en présente pourra engager les colons instruits et les voyageurs à les répéter et à en essayer de nouvelles, propres à fixer d’une manière certaine l’opinion et les idées sur nne espèce qui, bien que connue, laisse encore des incertitudes à lever , des contradictions dans les observations à faire disparoître, et des rensei- gnemens curieux à acquérir. Première expérience. En touchant l’anguille avec le doigt, Williamson ressenltit dans les articulations des doigts une commation aussi vive que s’il eût touché la bouteille de Leyde. 2° expérience. Y la toucha très-fort , et il ressentit une douleur égale qui se communiqua jusqu’au coude. 3° expérience. 1] la toucha avec un long fil d’archal, et 1] sentit le même effet dans les articulations du pouce et des doigts, avec lesquels d tenoit le fil d’archal. , © CRE . 4 expérience, Pendant qu’une autre personne qu’il DÉS GYMNOTES. 375 touchoit frottoit légèrement le poisson , il mit une main dans l’eau, à une distance de trois pieds, et il éprouva au bout des doigts ce qu’il auroit éprouvé s’il avoit touché lui-même ; mais pourtant avec moins de douleur. 5° expérience. I] jeta près de l’anguille quelques petits poissons qu’elle tua et avala sur le champ. 6° expérience. I] lui jeta aussi un chat marin, silurus calus ; qui avoit au moins un pouce et demi d’épais- seur ; elle le tua aussi, et voulut l’avaler ; mais elle ne put en venir à bout, parce qu’il étoit trop gros. 7° expérience. Pour s'assurer si les poissons qu’on jetoit auprès de l’anguille étoient tués par l’inflacnce de la matière électrique , il mit une maïn dans l’eau, à quelque distance de l’anguille , et on jeta un autre chat marin dans ia même eau. L’anguille nagea vers le poisson; mais elle retourna bientôt. Peu de tems après elle se retourna , lui lança pendant quelques secondes des regards pleins de feu, et lui fit éprouver une telle commotion , qu’ii fut retourné sur le dos et resta sans mouvement. L’observateur ressentit au même instant, dans les doigts, une douleur semblable à celle de la quatrième expérience. 8° expérience. L’anguille donna une telle commotion à un troisième chat marin qu’on mit dans l’eau, qu’il se mit sur le côté; mais il continua à donner quelques signes de vie. L’anguille parut le remarquer , elle retourna et acheva de le tuer. Il put sentir aisément que le second coup étoit plus fort que le premier. L'’anguille n’essaya plus d’avaler ces poissons, quoi- qu’elle continuât à les tuer. Îl remarqua constamment que, lorsqu’eile vouloit eu tuer un, elle avançoit Aa 4 \ 376 HISTOIRE droit vers lni, comme pour le manger ; que lorsqu’elle en étloit près elle restoit tranquille pendant quelques momens avant que de donner le coup ; que quelque- fois aussi le coup partoit dès qu’elle en approchoit. Quand on portoit un de ces silures qui paroissoit mort dans un autre vase plein d’eau , il revenoit à la vie comme les poissons que l’on a étourdis par l'électricité. 9° expérience. Quand il touchoit l’anguille avec la main de manière à l’irriter, et qu’il avoit l’autre main dans l’eau, à une petite distance, il ressentoit dans les deux bras un coup aussi violent que celui que produit la bouteille de Leyde. 10° expérience. I] enfonça dans l’eau un bâton qw’il tenoit à la main , et toucha de l’autre l’anguille, et il ressentit le coup dans les deux bras, comme dans l'expérience précédente. 11° expérience. Pendant qu’il teuoit par la main un de ses compagnons de voyage qui touchoit languille , il mit l’autre main dans l’eau, et tous deux éprou- vèrent une commotion. 12° expérience. I] prit doucement le poisson dans la main , et pendant qu’une autre personne lui toucha fortement la tête, l’un et l’autre sentirent une forte commotion. 13° expérience. Huit à dix personnes formèrent un rond en se prenant par la main. La première mit la main dans l’eau à une petite distance du poisson, et dès que la dernière toucha la tête, tontes ressentirent une foible commotion. 14° expérience. La mème expérience fut répétée, avec cette différence que la première personne toucha Ja tète el la dernière la queue, et toutes ressentirent une forte commotion. DES GYMNOTES. 377 15° expérience. Il tint avec une autré personne le bout d’une chaîne de cuivre. L’un d’eux mit la main libre dans l’eau, pendant que l’autre excitoit fortement l’anguille, et tous deux ressentirent la commotion. 16° expérience. Il s’enveloppa la main dans une étoffe de soie et toucha l’anguille; mais il ne res- sentit aucune commotion, pendant que son compa- gnon , qui dans le même tems tenoit la main dans l’eau , à une petite distance de l’anguiïlle, reçut la commotion. 17° expérience. On fit une quantité d’autres expé- riences avec deux personnes, dont l’une tenoit la main dans l’eau, à une petite distance de la queue, ou même la touchoit , et l’autre prenoit la tête. Avec les deux autres mains elles tenoient un charbon de bois, un fil de fer ou d’autre métal, un morceau de bois lourd ou léger, du verre, de la soie, etc. Le résultat fut que tous les corps qui conduisent l’élec- tricité ordinaire le firent aussi, et que ceux qui l’ar- rêtent l’arrêterent aussi. Maïs la chaîne de métal ne donnoit la commotion que quand elle étoit tendue. 18° expérience. Une personne de la compagnie, qui se plaça sur une bouteille de verre, reçut quelques coups provenus de l’attouchement de l’anguille; mais elle ne donna plus aucun signe d’électricité ; l’élec- tromètre ne marqua plus lélectricité , ni quand il étoit au dessus du dos de l’anguille, ni quand il étoit arrèté sur la personne qui recevoit le coup. 19° expérience. Une personne tint dans une main une fiole préparée pour des expériences électriques, et posa l’autre sur la queue du poisson, pendant que 378 HISTOIRE son compagnon tenoit dans une main un court fil d’archal qui communiquoit avec la fiole : de lautre main, elle prit le poisson par la tête, et reçut une vive commotion dans la main et dans les bras; mais l’auire ne sentit rien. 20° expérience. Il prit deux fils de métal de la grosseur d’une plume de corbeau et arrondis par les bouts : on les posa sur du bois, tellement vis-à-vis l’un de lautre, qu’ils n’en étoient éloignés que d’un tiers de pouce. 1} tient un bout du fil dans une main, et pendant que son compagnon prenoit dans sa main le bout de l’autre fil, l’un d’eux mit la main dans l’eau près de l’anguille, et l’autre toucha l’anguille avec sa main libre. Ce dernier reçut un coup et le premier ne sentit rien. [Il répéta la même expérience jusqu’à quinze ou vingt fois , et toujours avec le même effet. Mais, lorsque ces mêmes fils étoient à la distance de l’épaisseur de deux feuilles de papier à lettre, la commotion se communiquoit vivement à l’un et à l’autre. Dans ce dernier cas, les étincelles électriques avoient sans doute passé d’un fil dans l’autre ; mais on ne put parvenir à rendre ces étincelles visibles. Vers la fin de ces expériences, il remarqua que l’anguille ne se laissoit pas irriter et paroissoit être malade; car il lui avoit souvent passé la main sur le dos et sur les côtés de la tête à la queue, il avoit même sorti de Peau une partie de son corps sans que le poisson opposät la moindre résistance. L'on à dit, mais à tort, que lon ne trouvoit point d’autres espèces de poissons dans les eaux fréquen- DES GYMNOTES. 379 tées par les gymnotes électriques ou anguilles trem- blantes. J’ai eu mille occasions de vérifier le contraire, et il n’est pas un habitant de notre colonie de la Guiane qui ne sache que les periperis ( bois noyés) à les criques et les petits lacs dans lesquels vit le gym note électrique, ne contiennent par exemple un grand nombre de poissons connus à Cayenne sous le nom de coulans. Quoique munie d’une arme invisible et terrible, cette espèce ne paroît pas vorace,; il n’est pas même assuré qu’elle se nourrisse de proie. Son naturel est paisible ; ses habitudes sont douces et tranquilles, ses mouvemens peu prompts et ses affections peu vives. Il ne seroit pas diflicile de prendre ces poissons , si l’on n’avoit à craindre la commotion qu’ils communiquent. J'en ai vu tuer à coups de flèches par les naturels de la Guiane et assommer à coups de bâton par les nègres; tous ne les tirent de l’eau qu'avec précaution et toujours avec du bois, l’expérience leur ayant appris que cette substance n’est point un conducteur des secousses électriques. Le corps du gymnote électrique est composé de deux substances très-distinctes : l’une musculeuse qui occupe la partie supérieure, l’autre très-molle dont la partie inférieure est composée. « La première, dit Bajon (Mémoire sur Cayenne, tom. 11, p. 320), s'étend depuis le sommet de la tête jusques à l’extré- mité de la queue. Elle paroît résulter de l'assemblage de plusieurs muscles très-forts, dont les fibres s’entre- lacent d’une infinité de manières. Si on dissèque ce corps musculeux , on trouve dans sa substance beau- coup de petites arêtes très -fines qui n’ont pas plus 380 HIS TOMR:E de deux ou trois lignes de longueur, et qui suivent dans leur arrangement la même disposition des fibres musculaires , c’est-à-dire, qu’elles s’entrecroisent de différentes façons. Cette substance musculaire est séparée supérieurement au milieu du dos par des arêtes courtes qui représentent les apophyses épi- neuses des vertèbres qui, dans la plupart des autres poissons , sont fort longues ; elle n’y est jointe qu’au moyen d’un tissu cellulaire assez lâche; ce qui fait qu'on peut facilement la désunir. Cette même subs- tance est distinguée de celle qui forme la partie infé- rieure du corps de l’anguille , par une ligne qui com- mence de chaque côté à l’extrémité du ventre, et se continue jusqu’à celle de la queue , et c’est encore au moyen d’un trssu cellulaire fort lâche que ces deux substances sont jointes ensemble. Si l’on dissèque la première jusqu’à l’épine ou arête, on trouve qu’elle ÿ est attachée par de petits tendons très-forts et très- nombreux. « La substance, qui occupe les parties latérales et inférieures de ce poisson , est bien différente de celle que nous venons de décrire ; elle n’est point ferme, mais au contraire très-mollasse. On ne peut y décou- vrir aucune espèce de fibre, et elle paroît n’être qu’une substance mucilagineuse fort épaissie , qui, pressée entre les doigts , se divise et se casse de tous côtés. Cette substance est divisée en deux parties, une de chaque côté : elles sont séparées par deux lignes très-sensibles; la première est celle que nous avons dit la séparer de la substance supérieure : la seconde est à la parlie moyenne et inférieure sur iaquelle se trouve la nageoire en forme de frange DES GYMNOTES. 38i dont nous avons parlé. Chacune de ces parties s’étend depuis l'extrémité du ventre jusqu’à celle de la queue. J’ai observé que toutes les lignes de séparation se joignent dans le centre de l’anguille , et forment , an moyen d’une membrane très-fine, un canal considé- rable qui s'étend depuis la fin du ventre jusqu’à l'extrémité de la queue. A côté de ce conduit mem- braneux , j'en ai trouvé deux autres beancoup plus petits, mais qui sont des vaisseaux sanguins; je les ai suivis jusqu’à leur naissance, ou plutôt jusqu’à leur communication avec la chair ». La chair du gymnote électrique n’est pas bien bonrie à manger ; eile a même quelque chose de répu- gnant , tant à cause de la mauvaise odeur qu’elle exhale lorsqu'on ouvre le poisson, que par son peu de consistance sur les côtés et le ventre, consistance qui diminue encore par la cuisson, au point de ressem- bler à du mucilage. Les colons de la Guiane dédai- gnent ce gymnote, ct il n’y a guère que les nègres qui en mangent. | On lit néanmoins dans quelques ouvrages que Île gymnote électrique a la chair délicate et savoureuse. C’est une erreur qui prouve que les auteurs qui en font l'éloge n’en ont jamais goûté. | | SoNNiIni. 382 HT SO DRE GYMNOTE:PUTAOZL..(:)(6).;: PAR LACÉPÈDE. S E C ON D:E ES P.È C E. C> gymnote ressemble beaucoup à l’élec- trique ; indépendamment d’autres traits de (1) Gymnotus putaol. Gyimnotus fasciatus. Lin. édit. de Gmelin. Gymnote putaol. Bonaterre, pl. de PEncycl. méth. — Pallas, Spicil. zool.' 7, p. 55. — Seba , Mus. 3, MAD, 32 S'Hpe reties Carapo. 2. Marcg. Bras. p. 120. — Pison, Ind. p. 72. Kurz-schwanz. Bloch, pl. cvir, fig. 1. (2) Le gymnote putaol: En allemand , furz-schwanz. Eu suédois, putaol. d'a Gymnotus lineis transversalibus varius , maxillé inferiore longiore, caudä curtä subulatä. Seba, Mus.3, tab 59 fig reel 2 Gymnotus nudus fasciatus , dorso apterygio, pinn& ani longitudine caudæ atienuatæ , maxill& inferiore longiore, caudé curtä subulatä... gymnotus fasciatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144, sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. gen. 21 ,additament p.163, n° 1. SONNINI. DES GYMNOTES. 383 conformité , il a de même la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure. Sa tête est pelite, sa queue courte, sa couleur jaunâtre, avec des raies transversales, sou- vent ondées, et brunes, ou rousses, ou blanches. 11 vit dans les eaux du Brésil (1). (1) On compte à chaque nageoïre pectorale 13 ray. Et à celle de l'anus. + + + + + , + + . 193 384 HS) D'ORDRE LE GYMNOTE BLANC (1)(2), DAR.LACÉPÉDNE. TROISIÈME ESPÈCE. Ce gymnote a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; il appartient donc au premier sous-genre, comme lélec- trique et le putaol.Il en diffère par sa couleur, qui est ordinairement d’un blanc presque sans tache, par les proportions de quelques parties de son corps, parliculièrement par le rapport de son diamètre à sa longueur , et par une espèce de lobe que l’on voit de chaque côté de la lèvre supérieure, auprès de la commissure des lèvres. Ce poisson se trouve à Surinam et dans les environs, comme l’électrique (3). (1) Gymnotus albus. Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Seba, Mus. 5, pl. xxx1r, fig. 5. — Pallas, Spicil. zool. 7, p. 36. (2) Gymnotus albus, dorso convexo, apterygio, maxillé inferiore longivre, labio superiore utrinque ante sinum lobulo notato... symnotus albus. Yan.Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144, sp. 7. — Artedi, Gen. pisc. gen. 21. additament. sp. 4. SONNINI. (5) IL y a à chaque nageoïire pectorale 13 rayons. Hta'cclle de Fanus:.1. 1 SNS M8 LE DES GYMNOTES. 385. BC RAT OST, Hal RL BU ARS EUR RER (a LE GYMNOTE CARAPE (3), LE GYMNOTE FIERASFER (4), | E T LE GYMNOTE LONG-MUSEAU (5)(6), PAR LACÉPÈDE. 4H, 5 ET 6 ESPÈCES. Nous croyons pouvoir réunir dans cet article Ta description de trois poissons qui, indépendamment des caractères communs à (x) Le carapo, carape à longue queue. En allemand, lang schwanz, fin aal, surinamscher aal, brasilia+ nischer aal. En suédois, fet-kulsa. Au Brésil , carapo. Gymnotus maxillé superiore longiore , caudé elon- gatà subulatä. Gronov. Zooph. p. 168. | Gymnotus, fuscus maxillé inferiore breviore dorso ad caudam sulcato. Seb. Mus. tom. II , tab. 32, fig. 1. Gymnotus nudus , unicolor, derso apterygio » ja aa Poiss. Tous. V. Bb 586 HISTOIRE tous les gymnotes, et par lesquels ils se rap* prochent l’un de l’autre, sont encore liés ani longitudine caudæ attenuatæ maxillé superiore longiore...... gymnotus carapo. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144, sp. 1. — Artedi, Gen. pisc. gen. 2r. additament. sp. 2. SONNINI, (2) Le Jierasfer, nom sous RER ceite espèce est connue à Marseille. Gymnotus nudus, dorso, ventre caudäque apterygiis, pinné anali @rtè apicem cœudæ terminatä radiis sexa- SRE. + se gymnotus acus. Brunnich , Ichth. massil. p. 13,n° 24. — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144, sp-9-:— Artedi, Gen./pise.-gen..21: additament. sp. 3. SONNINI. (5) Gymnotus carapo.. Idein. Lin. édit. de Gmel. Gymnote carape. Vaubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre, pl. de l'Enc. méth.— Gronov. Zooph. 168, Mus. r1p.2g:;m° 72. 1: Gymnotus. Artedi,,gen, 25, syn. 43, — Amænit. acad, Lugd. Batav, 1740., p. Goo, tab. 11, fig. 6. — Mus. Ad. Fr. 1, p. 76. Carapo brasiliensib. Marcg. Bras. L 4, c. 14, p. 170. —… Pison, Hist. nat. Ind: utr. p. 72. — Wiilughby, p.715, tab, G: 7, fig: 4. Ray, Pisce.p. 41,n° 10. Ln-adisoan Blech , pl. cp > Êe 2. — Seba, Mus. 5, pl. xxxir , fig. 1. (4) Gymnotus fiérisfer. der Gymnote fierasfer. Bonat. pi. de S’Encycl. méth. “Gÿmnotus acus. Lin. édit. de Gmelin. — Brusm Bisc: massil, Dei al DES GYMNOTES,. 387 Par un trait particulier, distinctif du second 5ous-genre des osseux dont nous noûs oC- cupons, et qui consiste dans la prolongation de là mâchoire supérieure, plus avancée que celle de dessous. Le carape, le premier de ces trois gym- notes, dont on dit que la chair est toujours agréable au goût, habite dans les eaux douces de l'Amérique méridionale, et particulière- inent dans celles du Brésil. La nageoire de lanus ne s'étend pas tout à fait jusqu’à l'extrémité de la queue, qui se termine par un filament délié. Sa couleur générale est (5) Gymnotus longirostratus, Gymnotus rostratus Lin. édit. de Gmel, €ymnote museau iong. Daubenton, Encycel. méth, Bonaterre, pl. de l’Encyc. méthod. — Seba, Mus. 3, p. 09, tab. 32, fig, 5. — Gronov. Zooph. 167, Mus. 73, (6) Gymnotus varius rostro productiore. Seba, Mus, tom. FIL, p. 09, tab. 52, fig. 5. Crymnotus maxillis elongatis tubulosis subconnalis , corpore maculoso, caud& subacut&. Gronov. Zooph, p- 167, Mus. p. 75. Gymnotus rostro subulato, pinné ani caudé& bre viore...... gymnotus rostratus. Lin. Syst, nat, édit, Gmel, gen, 144 , sp. 4. — Art. gen. 21 , sp. 6. additam, SONNINI. Bb 2 588. EX SO PR'E brune ; son dos est noirâtre, tacheté de brun (1) (2). - Le fierasfer a été décrit pour la première fois par Brunnich, dans son Histoire des poissons des environs de Marseille. IL est blanchâtre, avec des taches rougeûtres et brunes, qui font paroitre son dos comme nuageux ; le bleuâtre règne sur la partie inférieure. La nageoire de l'anus ne s’étend pas jusqu’au bout de Ja queue. On voit sur le dos une saillie qui n’est pas une nageoire, mais que l’on peut considérer, en quelque sorte, comme un rudiment de cet organe, comme une indication de l'existence de cetie partie dans un si grand nombre de poissons, et qui rapproche le genre des gymnotes de presque toutes les autres familles de ces ani- (1) On compte à la membrane des branchies 5 ray. A chacune des nageoires pectorales. . . 10 A-celle de l'anus... "#27. cat 0990 (2) Cette espèce est longue de deux et quelquefois de trois pieds. Sa bouche est armée de dents; mais comme l'ouverture en est fort petite, l’on peut juger que le poisson ne se nourrit que de proies fort menues. La cavité du ventre est fort courte, le péritoine blanc , le foie mince et entier , l’estomac court , épais et pourvu de deux appendices. SONNINI. DFS'GYMNOTES. 20 maux. Au reste, il est à remarquer que le seul gymnote qui ne vit pas dans les eaux de l'Amérique méridionale, et qu’on trouve dans celles de la mer Méditerranée , est aussi le seul qui présente sur sa partie su- périeure une sorte de commencement de cette nageoire dorsale qui appartient à tant d’osseux et de cartilagineux (1). Des mâchoires très-avancées, et confor- mées, ainsi que rapprochées l’une de autre, de manière à ressembler à un tube, suffiroient seules pour distinguer le long-museau de tous les autres gymmotes. On voit aisément l’origine de son nom. La nageoire de l’anus est beaucoup plus courte que la queue, qui d’ailleurs finit par une sorte de filet très- délié, comme celle du carape. La couleur est blanchâtre, et diversifiée par des taches irrégulières et brunes. On trouve le long- museau dans l'Amérique méridionale, ainsi que nous venons de l'indiquer (2). (1) A la membrane des branchies . . 5 rayons. À chacune des nageoires pectorales . 16 Atceleide l'anus: M) AR ENT EE 4160 (2) À chaque nageoire pectorale. . . 19 rayons. À celle de l’anns: .12 24,540. 208 Bb 3 390 HISTOIRE RE Eee, “> s + VINGT-CINQUIÈME GENRE, PAR LACÉPEÈEDE,. LES TRICHATURES. Porxr de nagcoire caudale; le corps et la queue très-alongés , très-comprimés , et en forme de lame; les opercules des branchies placés très-près des veux. PREMIÈRE ESPÈCE. LE TRICHIURE LEPTURE; érichiurus Zlepturus, — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. DEUXIÈME ESPÈCE: LE TRICHIURE ÉLECTRIQUE ; érichinriss electricus. — Les deux mächoires également avancées: Nat F HOT A A Det à ‘4 NE) 4 ALI 'EUE CORRE Au OE [NP ANNEE AU L D 'É-O LOUE RE rez ut ir ne ' » 0% FPS. T, 5 J. 34% SSSS SR > ‘De Jeve del . ©, Voyvare A 1. LE PAILLE-EN CUL. 2.L'ANGUILLE. p DES TRICHIURES 501 LE PAÏLLE-ENSCUL (1) Voyez la planche XXI, fig. x. LE TRICHIURE LEPTURE (2), PAR LACEPÉDE. ÉR EMILE R E::ES PÈCE:. es trichiures sont encore de ces poissons apodes qui ne présentent aucune nageoire à l'extrémité de la queue. On les sépare (1) Le paille -en- cul, trichiure, anguille de: le Jamaïque , ceinture d'argent et ceinture argentée. En allemand, chinesischer aal, et spitz - schwanz. Lu suédois, stlver-sliærel. En anglais, schword fish. Au Japon, fammo. Au Brésil, mucu, Encheliopus totus argenteus ; ‘riclu sérpentino ; ventre nudo; caudä acuminaiä apinni. Seb. 'Thes. tom. IIE, p. 102, tab. 55 , fig. 1. Gymuogaster argenteus compressus., caudé ‘atle- nuaté impinnis. Brown. Jamaïc. p.444, tab. 45, fig. 4. Trichiurus mandibul& inferiore longiore....."#ri- chiurus lepturus. Lin. Syst, nat. edit. Gmel. gen. 145, sp. 1.— Artedi, Gen. pisc.nov. gen. p. 607, n°, r. SONNINI. BD 4 392 HES TG TR:E cependant très-aisément de ces osseux qui n'ont pas de véritable nageoire caudale. En effet, leur corps ; très-alongé et très-com- primé , ressemble à une lame d'épée, ou, si on le veut, à un ruban; et voilà pour- quoi le lepture, qui réunit à ceite confor- mation la couleur et l'éclat de l'argent, a été nommé ceinture d'argent, OU ceinture argentée. D'ailleurs les opercules des bran- chies sont placés beaucoup plus près des veux sur les trichiures que sur les autres poissons avec lesquels on pourroit les con- fondre. À ces traits généraux réumissons Îles traits (2) Trichiurus lepturus. Par plusieurs voyageurs et naturalistes, paille-en-cul. Trichiurus lepturus. Lin. édit. de Gmel. Trichiure ceinture d'argent. Vaubenton , Encyc. méthod. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. Lepturus. Artedi,sp. 111. Gymnogaster. Gronov. Mus. 1 , n° 47.— Browne, Jamaïc. 444, tab. 45, fig. 4. Enchelyopus. Seba , Mus. 3 , tab. 35, fig. 1. — Klein, Miss. 4 ,p.52,n° 3. Mucu Brasil. Willughby, Ichth. tab. G. 7, fig. 7. Mucu. Marcg. Brasil. 161. Ubirre. De Laët , Annot. ad Marcg. Lepturus. Mus. Ad. Fr. 1, p. 76, tab. 26, fig. 2. Spitz-schwanz. Blach, pl. cLviur. DES TRICHIURES. 599 ‘ particuliers du lepture, et voyons, si je puis employer cette expression, cette bande ar- gentine et vivante se dérouler, pour ainsi dire, s’agiter, se plier, s'étendre, se rac- courcir, s’avancer en différens sens, décrire avec rapidité mille courbes enlacées les unes dans les autres, monter, descendre, s’'élancer et s'échapper enfin avec la vitesse d’uneflèche, ou plutôt, en quelque sorte, avec celle de l'éclair. La tête du lepture est étroite, alongée, et comprimée comme son corps et sa queue. L'ouverture de sa bouche est grande. $es dents sont mobiles, au moins en très-grand nombre ; et ce caractère que nous avons vu dans les squales, et par conséquent dans les plus féroces des cartilagineux , observons d'avance que nous le remarquerons dans Ja plupart des osseux qui se font distinguer par leur voracité. Indépendamment de cette mobilité qui donne à l’animal la faculté de présenter ses crochels sous l'angle le plus convenable , et de retenir sa proie avec plus de facilité, plusieurs des denis des mâchoires du lepture, et particulièrement celles qui avoisinent le bout du museau, sont longues et recourbées vers leur pointe; les autres sont courtes et aiguës. On n’en voit pas sur 594% HISTOIRE la langue, ni sur le palais; mais on en aper“ çoit de très-petites sur deux os placés vers le gosier. Les yeux sont grands, très -rapprochés du sommet de la tête, et remarquables par un iris doré et bordé de blanc autour de la prunelle. | L’opercule, composé d’une seule lame, et membraneux dans une partie de son contour, ferme une large ouverture branchiale (1). Une ligne latérale couleur d’or s'étend sans sinuosités depuis cet opercule jusqu’à lex- trémité de la queue. L'anus est assez près de la tête. Les nageoires pectorales sont très-petites et ne renferment que onze rayons; mais la nageoire dorsale en comprend ordinaire- ment cent dix-sept, et règne depuis la nuque jusqu'à une très-petite distance du bout de la queue. On ne voit pas de véritable nageoire de anus : à la place qu’occuperoit cette na- geoire, on trouve seulement de cent à cent vingt, et le plus souvent cent dix aïguillons très-courts, assez éloignés les uns des autres, (1) On compte sept rayons à Ja membrane des bianchies. DES TRICHIURES. 3% dont la première moitié, ou à peu prés, ést recourbée vers la queue, et dont la se- conde moitié est fléchie vers la tête. La queue du lepture, presque toujours très - déliée et terminée par une sorte de prolongation assez semblablé à un ff ou à un cheveu, a fait donner à ce poisson le nom de Zepiure, qui signifie petite queue , ainsi que celui de trichiure, qui veut dire queue en cheveu, et que l’on a étendu, comme nom générique, à toute la petite famille dont nous nous occupons. Cepen- dant , comme cette queue très - longue est en même tems assez coimprimée pour avoir été comparée à une lame, comme le corps et la tête présentent une conformation sem- blable, et que tous les muscles de l’animal paroissent doués d’une énergie très-soutenue, on supposera sans peine dans le lepture une mobilité rare, une natation très-rapide, une grande souplesse dans les mouvemens, pour peu que l’on rappelle ce que nous avons déjà exposé plus d’une fois sur la cause de la natation célèbre des poissons (1). Et en (1) La collection du Museum renferme une variété du lepture qu’il est aisé de distinguer par Ja forme du bout de la queue. Cette partie ; au lieu de se terminer 396 HISTOIRE effet, les voyageurs s'accordent à attribuer au lepture une agilité singulière et une vé- locilé extraordinaire. S’agitant presque sans cesse par de nombreuses sinuosilés , ondu- lant en différens sens, serpentant aussi fa- cilement que tout autre habitant des eaux, il s'élève, s’abaïsse, arrive et disparoïil avec une promplitude dont à peine on peut se former une idée. Frappant violemment Feau par ses deux grandes surfaces latérales, il peut se donner assez de force pour s’élancer au dessus de la surface des fleuves et des lacs; et comme 1l est couvert par-tout de très- petites écailles blanches et éclatantes, et, si je puis parler ainsi, d’une sorte de par une prolongation filamenteuse , paroît comme tronquée assez loin de sa véritable extrémité ; elle présente à l’endroit où elle finit une ligne droite et verticale. Et quoique nous ayons vu deux individus avec cette conformation particulière , nous ne savons pas si, au lieu d’une variété plus ou moins constante, nous n’avons pas eu uniquement sous les yeux deux produits d’accidens semblables ou analogues , deux résultats d’une sorte d’amputation extraordinaire, dont on trouve plusieurs exemples parmi les animaux à sang froid , qu'ils peavent subir sans en périr , et qui, pour les deux individus dont nous parlons , auroit emporté la portion la plus déliée de leur quene. DES TRICHIURES. 397 poussière d’argent qui relève l’or de ses iris et de ses lignes latérales, il brille et dans le sein des ondes, et au milieu de lair, particulièrement lorsque, cédant à sa vora- cilé qui est très-grande, animé par une affection puissante, ajoutant par l'effet de ses mouvemens à la vivacité de ses couleurs, et déployant sa riche parure sous un ciel enflammé , il jaillit de dessus les eaux, et, poursuivant sa proie avec plus d’ardeur que de précautions, saute jusques dans les bar- ques et au milieu des pêcheurs. Cette bande d'argent si décorée, s1 élastique, si vive, si agile, a quelquefois plus d’un mètre (trois pieds environ) de longueur. Le lepture vit au milieu de l’eau douce: Ou le trouve, comme plusieurs gymnotes, dans l'Amérique méridionale. Il n’est pas étranger néanmoins aux contrées orientales de l’ancien continent : il se trouve dans la Chine; et nous avons vu une image très- fidelle de ce poisson dans un recueil de pein- tures chinoises données par la république batave à la république française , déposées maintenant dans le museum national d’his- toire naturelle, et dont nous avons déjà parlé dans cet ouvrage. Au reste, la beauté et la vivacité du lep- 538 HESTOIRE turesont si propres à plaire aux yeux, à parer une retraite, à charmer des loisirs, qu’il n’est pas surprenant que les chinois l’aient re- marqué, observé, dessiné; et vraisembla- blement ce peuple ; qui a su tirer un si grand parti de poissons pour ses plaisirs, pour son commerce , pour sa nourriture, ne se 5era pas contenté de multiplier les portraits de cette espèce; il aura voulu aussi en répandre les individus dans ses nombreuses eaux, dans ses larges rivières, dans ses lacs enchanteurs, DES TRICHIURES. 309 PR EE ee NE Bern Er ee Em LE TRICHIURE ÉLECTRIQUE (1) (2), PAR LACÉPÉDE. 8 E CO N DE E 5 P Ë. CE. Ox a reconnu dans ce trichiure une fa- culté analogue à celle de la torpille et du gymnote torporifique. Mais comme, en dé- couvrant ses effets, on n’a observé aucun phénomène particulier propre à jeter un nouveau Jour sur cette puissance que nous avons long-tems considérée en traitant du gymnote engourdissant et de la torpille, nous croyons devoir nous contenter de dire que le trichiure électrique est séparé du (1) Trichiurus electricus. Par quelques naturalistes et voyageurs, paille-en-cul, Trichiurus electricus. Lin. édit. de Gmel. Anguilla Indica. Willughby, Append. tab. 3, fig. 3. — Ray, Pisc. p. 171.— Nieuh. It. Ind. 2, p. 270. (>) Trichiurus mandibulis æqualibus... trichiurus indicus. Lin. Syst, nat. edit. Gmel. gen. 145 , sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. nov. sen. species adhuc dubiæ ,n° 5. SONNINI. 400 HISTOIRE lepture, non seulement par la conformation de ses mâchoires, qui sont toutes les deux également avancées, mais encore par la forme de ses dents, loutes extrêmement petites. D'ailleurs le bout de la queue n’est pas aussi aigu que dans le lepture. De plus, au lieu de présenter l’or et largent qui dé- corent ce dernier poisson, il n’offre que des couleurs ternes ; il est brun et tacheté. S'il à été doué de la puissance, il est donc bien éloigné d’avoir reçu léclat de la beauté. C'est dans les mers de l’Inde qu’il exerce le pouvoir qui lui a été départi. VINGT- DES NOTOPTERES. 4oi a — — —————————————— ———————— —————————————————————— ————— — ——— ——————— — —————— —— 2, eg VINC'I-SIXIÈME GENRE. PAR LA CÉPEÉED'E. LES NOTOPTÉÈRES. D Es nageoires pectorales, de l’anus et du dos ; point de nageoire caudale; le corps très-court. PREMIÈRE ESPÈCE. LE NOTOPTÈRE KAPIRAT; notopterus Ka- pirat. — La nageoire du dos très-courte. | SECONDE ESPÈCE. LE NOTOPTÈRE ÉCAILLEUX; 7olopterus sg'amosus, — La nageoire du dos très- lougue; le corps couvert de petites écailles arrondies. Poiss. Tome V. Ce 402 HISTOIRE a en ne LE NOTOPTÈRE KAPIRAT (1) (2), PAR)EACÉEP PDE PR EMI ÉERE, ES PE CE. Lics deux poissons dont nous allons don ner la description ont été jusqu’à présent confondus avec les gymnotes : mais la pré- cision que nous croyons devoir introduire dans la distribution des objets de notre étude, et les principes sur lesquels Ja clas- sification des animaux nous a paru devoir être fondée, ne nous ont pas permis de (1) Motopterus kapirat. Dans l’Inde , ikan pengay. Gymnotus notopterus. Lin. édit. de Gmel, Gymnotus kapirat. Bonat. pl. de l'Encyc. méth. Pengay , seu kapirat. Renard, Poiss. 1 ,p.16,n° go. Tinca marina, seu hippuris. Bont. And. c. 25, p.78. (2) Tinca marina , seu hippuris mira species. Bont. Ind. cap. 25, p. 78. Gymnotus argenteo-inauratus , dorso pinnato pin- nisque cinerescentibus.... gymnotus notopterus. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 144 , sp. 8. —- Artedi, Gen. pisc. gen. 21. additament. species adhuc dubiæ, n° 8. SONNINI. DES NOTOPTERES. 408 laisser réunis des poissons dont les uns n’ont reçu le noim de gymnotes que parce que leur dos est entièrement dénué de nageoire, et d’autres osseux qui au contraire ont une nageoire dorsale plus ou moins étendue. Nous avons donné à l’ensemble de ces der- niers le nom générique de notoptère, dont plusieurs naturalistes se sont servis jusqu’à présent pour désigner le Kapirat, la pre- mière espèce de ce groupe, et qui, venant de deux mots grecs, dont lun signifie dos, et l’autre aile ou nageoire, indique la pré- sence d’une nageoire dorsale. Les noms de ces' deux genres très-voisins annoncent donc la véritable différence qui les sépare ; on pourroit même, à la rigueur, dire la seule différence générique bien sensible et bien constante qui les écarte l’un de l’autre. Le kapirat sur-tout seroit aisément assimilé en tout, ou presque en tout, à un gymnoie, si on le privoit de la nageoire qu’il a sur le dos. Ce poisson qui fait le sujet de cet article se trouve dans la mer voisine d’Amboine. Il ne parvient ordinairement qu'à la lon- gueur de deux ou trois décimètres (huit ou dix pouces environ). Son museau est Ccz2 404 HI STORE court el arrondi; on aperçoit une petite ouverture, ou un pore très-sensible, au dessus de ses yeux qui sont grands. La mâchoire supérieure est garnie de dents égales et très-peu serrées; la mâchoire infé- rieure en présente sur son bord extérieur de plus grandes et de plus éloignées encore les unes des autres; et de plus, on voit sur le bord intérieur de cette méme mâchoire d'en bas, ainsi que sur celui du palais, une série de dents irès-pelites. L'opercule des branchies est garni d’écailies et membra- reux dans son contour. La gorge et l’anus sont très-rapprochés. L’étendue de la na- geoire de l’anus (1) et la forme très-alongée de la queue sont assez remarquables pour avoir fait donner au Kapirat, par Bontius, le nom d’Aippuris, qui veut dire queue de cheval. Et enfin ce notoptère brille des cou- leurs de l’or et de l'argent qui sont répan- dues sur les très-petites écailles dont sa peau est revêtue. (1) À la membrane des branchies . ‘: * 6 rayons. À la nageoire du dos. . . . . . . 7 À chacune des nageoires pectorales. 13 À la nageoïre de l’anus. . . ./.,..116 ji DES NOTOPTERES. 405 Ter es à LE NOTOPTÈRE É°C'A% PL E UK: Ur) (2): PAR LACÉPÉÈDE. $S E C/O N D É ES PF E.C E. Cove nous n'avons pas Vu ce poisson, nous ne pouvons que présuümer qu'il ne présente pas de véritable nageoire caudale. Si le bout de sa queue étoit cependant garni d’une nageoire distincte et véritablement propre à cette extrémité, il faudroit le sé- parer des noloptères, et le comprendre dans un genre particulier. Mais si au con- traire, et comme nous le pensons, il n’a point de nageoire que l’on doive appeier caudale |, il offre tous les caractères que (1) Motopterus squamosus. Gymnotus Asiaticus. Lin. édit. de Gmelin. (2) Gymnotus squamosus , dorso pinnato....... £gymnotus astaticus. Lin. Syst. natur. edit. Gmel. ‘ gen. 144 , sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. gen. 21 ; sp. 9. additament. SONNINI. Cc 3 406 HISTOTREÆE nous avons assignés au genre des notop- tères, et 1l doit être inscrit à la suite du kapirat. Il diffère néanmoins de ce dernier animal, non seulement parce que sa na- geoire dorsale, au lieu d’être courte et de ne renfermer que sept rayons, en comprend un très- grand nombre et s'étend presque depuis la nuque jusqu’à la queue, mais encore parce qu'il est revêtu, même sur la tête, d’écailles assez grandes et presque toujours arrondies, qui nous ont suggéré son nom spécifique. Où voit au devant de chacune de ses na- rines un petit barbillon qui paroït comme tronqué. 11 y a sur la tête plusieurs pores très-visibles, et cinq très-petits enfoncemens. Les dents sont acérées; et l’entre-deux des branches de la mâchoire supérieure en est garni. La ligne latérale est droite, excepté au dessus de l'anus, où elle se fléchit vers le bas. La couleur de l’écailleux est obscure, avec des bandes transversales brunes. Il devient ordinairement un peu plus grand que le kapirat , et il habite, comme ce der- nier poisson, dans les mers de l’Asie (1). (1) A la membrane des branchies . . 5 rayons. DES NOTOPTERES. 407 Tous les vrais gymnotes connus jusqu’à présent vivent donc dans.les.eaux de l’Amé- rique méridionale ou de l'Afrique occiden- tale, excepté le fierasfer, que l’on a pêché dans la Méditerranée, pendant qu’on ne trouve que dans les mers de l'Asie les no- toptères déja découverts. Fin du cinquième L’olume. Ce 4 da a: voa 5e Des matières contenues dans ce cinquième Volume. Cire division. Treizième ordre. Dixième genre , par Lacépède. Page 5 Les poissons coffres. 10 Le coffre lisse, première espèce, pl. X1I. 21 —— maillé. L'ostracion maiilé, seconde espèce, par Lacépède. | 26 Le guamaiacu, troisième espèce. 28 Le coffre pointillé. L'ostracion pointillé, quatrième espèce , par Lacépède. 5o —— tuberculé, L'ostracion quatre-tubercules , cin- quième espèce , par le même. 02 —— belonien , sixième espèce. 34 —— à bec. L’ostracion museau - alongé, septième espèce, par Lacépède. 56 à bec très-pointu , huitième espèce. 385 à deux tubercules. L’ostracion deux-tubercules, neuvième espèce , par Lacépède. 59 tigré. L’ostracion moucheté, dixième espèce, par le méme. 42 —— bossu. L’ostracion bossu , onzième espèce, par le méme. 46 —— à trois aiguillons, le coffre à perles, Le coffre d'ux-piquans. L’ostracion trois-aivuillons , l’ostra- cion frigone, et l’ostracion deux-aiguillons, 12°, 13° et 14° espèces, par le même. 49 TABLE. 409 Le coffre à quatre piquans, le coffre lister. L’ostra- cion quatre-aiguillons, et l’ostracion lister , quin- zième et seisième espèces , par Lacépède. 54 —— taureau de mer, le coffre chameau. L’ostracion quadrangulaire, pl. XIII, eé l’ostracion droma- daire, dix-septième et dix-huitième espèces, par le même. 57 Onzième genre. Les tétrodons , par le méine. 64 Le tétrodon perroquet , première espèce, pl XIV, par le même. 69 —— étoilé, seconde espèce , par le même. 78 . . , . 7 * ? A e] —— pointillé, iroisième espèce , par ie même. 81 —— sans-tache, quatrième espèce, par le même, 83 —— hérissé, cinquième espèce , pl. XIV, par le même. , REC 4 A —— moucheté, sixième espèce, par le même. 00 —— tigré. Le tétrodon honckenien , septième espèce, par le même. 09 —— lacocéphale , huitième espèce , par le méme. 96 —— rayé, neuvième espèce, pl. XV, par le même. 100 —— croissant , dixième espèce, pl. XV, par le même. 103 Le guor , onzième espèce , pl. XVI. 107 Le penton de mer. Le tétrodon spenglerien ; douzième espèce, par Lacépède. 110 Le tétrodon à bec. Le tétrodon alongé, et le tétrodon museau-alongé , treizième el quatorzième espèces, par le méme. 112 —— plumier, quinzième espèce , par le méme. 116 —— méléagris, seizième espèce , par de même. 118 410 TASB'L EF Le tétrodon électrique, dix - septième espèce, par Lacépède. 120 —— grosse-lêle, dix-huilième espèce, par le même. 124 La lune, pl. XVI. Le tétrodon lune, dix-neuvième espèce, par le même. 125 Douzième genre. Les ovoides , par le méme. 140 L'ovoide fascé, par le méme. 1#1 Premier genre ( bis). Les gastrobranches , par le même. | 144 L'aveugle, pl. XVII. Gastrobranche aveugle, pre- mière espèce , par le même. 145 Explication de la planche XVII. 153 Le gastrobranche dombey. 156 Tableau des cinquante-sept premiers genres des pois- sons osseux , par Lacépède. Seconde sous - classe. 157 Treizième genre. Les diodons. 174. L’atingue, pl. XVIII. Le diodon atingua , première espèce , par Lacépède. 176 Le diodon plumier , seconde espèce , par le méme. 186 Le guara, pi. XVIII. Le diodon holocanthe, troi- sième espèce, par le même. 188 Le diodon tacheté, quatrième espèce, par le méme. 192 ZL'orbe hérisson. Le diodon orbe, cinquième espèce, par le même. 19) Ze diodon mole, sixième espèce, pl. X1X , par le même. 20L Quatorzième genre. Les sphéroïdes , par le méme. 203 Le sphéroide tuberculé, par le méme. 204 Quinzième genre. Les syngnathes , par le méme, 206 \ TABLE: 411 La trompette, pl. XIX. Le syngnathe trompette, première espèce , par Lacépède. 209 L'aiguille de mer, pl. XIX. Le syngnathe aiguille, le syngnathe tuyau, et le syngnathe pipe, 2°, 5° et 4° espèces, par le méme. 229 L’hippocampe , pl. XX. L’hippocampe épine double. Le syngnathe hippocampe, et le syngnathe deux+ piquans, cinquième et sixième espèces , par le méme. 231 Le syngnathe barbe , la vipère de mer, ou Le syngnathe ophidion, septième et huitième espèces , par le méme. 240 Quinzième ordre, par le même. 243 Seizième genre. Les cycloptères. ibid Le lompe, pl. XX. Le cycloptére, première espèce, par Lacépède. 247 Le cycloptère épineux , seconde espèce , par le méme. 256 —— menu , {troisième espèce , par le méme. 258 —— double - épine , quatrième espèce , par le même. | 260 —— gélatineux , le cycloptère denté, et le cycloptère ventru , 5°,6° et 7° espèces , par le méme. 262 —— bimaculé, huitième espèce , par le méme 268 —— spatule, neuvième espèce , pur le même. 269 —— souris , dixième espèce , par le même. 270 —— barbu, le cycloptère liparis, et le cycloptère rayé, 11° eé 12° espèces , par le même. 272 Dix-septième genre. Les lépadogastères, par le méme. 276 Ze lévadogastère gouan, par le même, 277 Seizième ordre, par le méme. 200 412 T A BL E. Dix-huitième genre. Les macrorhinques. 260 Le macrorhinque argenté, par Lacépède. 281 Dix-neuvième xenre. Les pégases , par le même. 283 Le pégase dragon , pl XX, première espèce, par le méme. 204 —— volant, seconde espèce , par le même. 290 —— spatule, troisième espèce, par le même. 293 Vinglième genre. Les centrisques, par le méme. 206 Le centrisque cuirassé, pl XXT, première espèce, par le même. 297 sumpit , Seconde espèce , par le méme, 304 —— bécasse , troisième espèce , par le méme. 307 Poissons osseux , par le méme. TE: Seconde sous-classe. Poissons osseux , par le même. 3138 V'ingt-unième genre. Les cécilies. ibid La cécilie brandérienne , par le méme. 320 Le collibranche. 324 Vingt deuxième genre. Les monoptéres, par Lacépède. | 325 Le monoptère javanais , par le même. 326 V'ingt-troisième genre. Les leptocéphales , par le méme. 350 L’hamecon de mer, pl. XXA. Le leptocéphale morrisien, par le même. 33r Vingt quatrième genre. Les gymnotes, par le même. 554 Le gymnote électrique, pl. XX\, premiere espèce, pr le méme. 356 —— putaol, seconde espèce, par le méme. 582 —— blanc, troisième espèce , par le méme. 384 Le carapo, le fierasfer, Le gymnote carape , le symnote TABLE | 415 fierasfer, et le gymnote long-museau, quatrième , cinquième et sixième espèces, par Lacépède. 385 Wingt-cinquième genre, Les trichiures , par le même. 390 Le paille-en-cul, pl XXII. Le trichiure lepture , Preinière espèce , par le même. 391 Le trichiure électrique , seconde espèce, par le même. 559 Vingt-sixième genre. Les notoptères , par le méme. 49 Le notoptère kapirat, première espèce, par le même, 402 Le notoptère écailleux, seconde espèce, par le méme. 405 Fin de ja Table, 4 VIT : NrOU ANT HQU M EE Frs rh? fa Et D LE Sos VENIR ES ll L Lu ï > : qu = : 3 D —— S—— : HART. Z—— ‘ v EL — \ = EE ———— e Fe . | , ' : Emme x ; : D——— £ x Z— ; 2 48% = ; 2 E— ; s Z — Qe À à - S ‘ > Du 4 . à Het = 4 È . - < % , ‘ % - \